REVUE ET MAGASIN DE ZOOLOGIE PURE ET APPLIQUÉE. RECUFIL MENSUEL DESTINÉ À FACILITER AUX SAVANTS DE TOUS LES PAYS LES MOYENS DE PUBLIER LEURS OBSERVATIONS DE ZUOLOGIE PURE ET APPLIQUÉE A L'INDUSTRIE ET 4 L'AGRICULTURE, LEURS TRAVAUX DE PALÉONTOLOGIE, L'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE COMPARÉES, ET A LES TENIR AU COURANT DES NOUVELLES DÉCOUVERTES ET DES PROGRÈS DE LA SCIENCE, PA M. F.-E. GUÉRIN-MÉNEVILLE, Mewbre de la Légion-d'Honneur, de la Société nationale et centrale d'Agriculture; des Académies royales des Sciences de Madrid et de Turin; de l'Académie royale d'Agriculture de Turin; de la Suciété impériale des naturalistes de Moscou, et d'uu grand nombre d'autres Sociétés nationales et étrangères, AÙ BUREAU DE LA REVUE ET MAGASIN DE ZOOLOGIE RUE DES BÉAUX-ARTS, 4, ce UD: MIRE ti KT 11 7 (er. ñ ñ ar a Hs 1 ë ñ :dQ s' 4 ‘saevte si dr. né NL Latest ma mur st 4724 av mate eva * Le Vo. 4x mére 128 leOi rs SEE | NPA D Van ea a MANGA du A A POELE ÉTue mn 2 CE St békssun fu, eù But « AUTANT KE ENT fe "Ne x k LP HR Do one G Pi hd alba à S'en +, cf ge + Ne MY PR vi ci vu | VAT, So PE mn: sa Ti. * émis à Agios idiot af ou va te t à runs aus | at PRÉ rer ei ol an gr ed mere vor à D # Éantelitet oder 4 At à space: av. Qi ML DES , ————————————— de SEIZIÈME ANNÉE — JANVIER 1853. I. TRAVAUX INÉDITS. Nonce sur les Lanius pitanqua et sulphuratus de Linné, par M. O. Des Murs. Ainsi que le dit fort bien M. de Lafresnaye, en décri- vant deux nouvelles espèces de Tyrans, «il est certain que l'Amérique possède des groupes d'oiseaux dont les espèces ont une telle similitude de coloration, qu’au premier abord il est difficile de ne pas les coufondre, et que ce n’est qu'après une scrupuleuse observation qu’on parvient à reconnaître les pelites différences qui, se relrouvant néanmoins chez tous les individus d’une même localité, en constituent récllement des espèces distinctes; c’est ce qui se remarque dans le groupe des Bécardes, dans celui des Picucules, et enfin daus celui des Tyrans. » Nous craignons que cette même cause de confusion n'ait induit en erreur, au sujet des deux espèces préci- tées, soit notre sayant collègue, soit quelqu'un des au- teurs qui, depuis Buffon jusqu’à ce jour, se sont occupés de l’étude des Tyrannidés. En continuant le travail dont nous nous sommes chargé pour la partie Ornithologique de l Encyclopédie d'histoire naturelle du docteur Chenu, nous nous sommes lrouvé un instant arrêté par une difficulté que nous ne nous chargerons pas de résoudre, mais que nous venons soumettre aux Ornithologistes, surtout aux Méthodistes. On sait que, sous les noms différents de Bécçarde à À AV. ET MAG. DE ZOOLOGIg. (Janvier 1853.) ventre jaune (pl. enl. 296) et de Geai à ventre jaune de Cayenne (pl. enl. 249), Buffon a confondu une seule et même espèce de Tyran. Tout le monde, depuis Sonnini qui le premier l’a si- gnalée, s’est même trouvé d'accord pour reconnaître cette erreur. Mais, quelqu’effort que nous ayons fait, nous n'avons pu retrouver la même entente au sujet de l'espèce de Tyran que cachait cette double dénomina- tion. Sonnini, dans son édition des OEuvres de Buffon, y a cru reconnaitre de la manière la plus explicite le Lanius Cayanensis luteus de Brisson, ct sulphuratus de Linné, reproduisant les deux diagnoses de ces auteurs. Plus tard, traduisant d’Azara, il a, conséquent avec lui-même, également cru reconnaitre dans le Nei-nei, qu’il appelle aussi Tictivie, n° 199 de ce voyageur, la même espèce, c'est-à-dire le Lanius sulphuratus, L.; identifiant le numéro suivant, 200, le bentaveo ou pi- tangua avec le cuiriri de Buffon et le Lanius pitangua de Linné. Vicillot, dans son Histoire naturelle des oiseaux de l'Amérique septentrionale, est exactement resté dans les mêmes termes, et a suivi et adopté les errements de Sonnini, reconnaissant, du reste, l’erreur qu'il était facile de commettre dans la distinction des deux espèces. Il en a été de même de M. le prince de Neuwied, qui, dans les notes qu’il nous pria de publier en son nom dans la Revue Zoologique (mai 1846), fit la même dis- tinction. Nos incertitudes auraient donc dû se trouver et se trouvaient parfaitement fixées à cet égard. Mais, outre la faute que nous aurions commise en suivant aveuglé- ment et de confiance ces auteurs, là ne se bornait pas ce que nous voulions savoir. Chacune de ces deux espèces est devenue, dans ces derniers temps, le type d’un genre nouveau, l’une du TRAVAUX INÉDITS. 5 genre Saurophagus, Swainson, l’autre du genre Scapho- rhynchus du prince de Wied, tous deux de 1831. Mais, laquelle doit être considérée comme type du premier de ces genres, laquelle du second? Nous avons alors consulté les synonymies indiquées pour ces deux espèces par MM. Gray et Ch. Bonaparte; et ici nos hésitations ont recommentcé. En effet, ces deux auteurs indiquent ainsi la synony- mie de l’espèce type, selon eux, du genre Scaphorhyn- chus : Lanius pitangua, Linné, pl. enl. 212. Tyrannus carnivorus, Vieïllot, ex Azara 497, par er- reur pour 199, qui lui-même est encore une autre er- reur. Scaphorhynchus sulphuratus, prince Max. Tyrannus Brasiliensis, Brisson. Megastoma ruficeps, Swainson. En reproduisant cette synonymie, M. Ch. Bonaparte fait suivre le Scaphorhynchus sulphuratus du prince de Wied de son point d'exclamation d'habitude, oubliant que, comme M. Gray, il commet une grave erreur; car, dans les mêmes notes que nous rappelions tout-à-l’heure, le savant ornithologiste allemand s'exprime ainsi : « Le même Pilangua de Marcgrave a été nommé La- nius pilangua par Linné et Gmelin; de sorte que le Sul- phuratus est un autre oiseau, et, à ce qu’il me paraît, le Nei-nei d'Azara.…, qui a très-bien différencié ces deux oiseaux. Mais le Bentareo est le Lanius pitangua de Lin- né, et le Sulphuratus de cet auteur doit être le Nei-nei d'Azara, que j'ai nommé dans mon ouvrage Scaphorhyn- chus sulphuratus. » Il est donc bien constant quant à présent, et d’après le témoignage même du prince de Wied, fondateur du genre Scaphorhynchus, que c’est le Nei-nei d’Azara qu'il en a pris pour type; et nous verrons bientôt que ce nom générique ne fait que reproduire textuellement l'un dos 6 REV. ET MAG, DE Z60L0GIE. (Janvier 1853.) principaux caractères zoologiques indiqués par l’auteur espagnol pour son espèce. Mais, combien plus grand encore a été notre embar- ras, en lisant la note, de M. de Lafresnaye sur deux es- èces nouvelles de Tyrans (Revue Zoologique, octobre 4851), dans laquelle, au rebours de Sonnini, de Vieil- lot et du prince de Wied, il donne pour synonymie au Bentaveo ou Pitangua d’Azara le Lanius sulphuratus de Linné, et au Nei-nei du même le L. pitangua, en recon- naissant toutefois ce Nei-nei comme type du genre Sea- phorh ynchus. Ce qui ressort de tot ce qui précède, et de nos eila- tions, c'est qu’il y a eu jusqu’à présent interprétation différente : 1° Relativement à la spécification distincte des La- nius pitanqua et sulphuratus de Linné ; 2° Relativement à l'identification des Nei-nei el Ben- taveo d’Azara avec chacune des deux espèces linnéennes. Or, en mettant de côté la première de ces interpréta- tions contradictoires, nous demanderons aujourd’hui de quel côté est l’erreur? Est-elle chez M. de Lafres- naye ? Est-elle chez ses prédécesseurs? Sans trop chercher à approfondir la question, il nous a semblé que peut-être serait-elle chez ceux-ci. Voici nos motifs : D’Azara, en décrivant les formes de son Nei-nei, n°199, dit : « Le bec est beaucoup plus large qu'épais; ses bords sont saillants en dehors, comme les plat-bords d'une em- barcation. » Expressions textuellement reproduites en quelque sorte par M. de Lafresnaye en ces termes : « Celui-ci (le Nei-nei) se distingue au premier abord du premier (le Bentaveo) par un bec singulièrement * élargi, déprimé, arqué en dessus, et ayant un peu la forme d'un bateau renversé. » TRAVAUX PNÉDITS. 1 Or, remarquons bien que c’est ce caractère de forme de bateau renversé où d'embarcation qu’a eu en vue de reproduire, dans sa dénomination générique, M. le prince de Wied, en composant le mot de Scaphorhyn- chus, qui ne veut rien dire autre chose qu’un bec en forme de bateau. Décrivant ensuite les formes de son Bentavea ou Pi- tangua, d’Azara dit du bec : « Le bec aussi large qu’épais, volumineux, droit, avec une échancrure et un petit crochet à son bout. » Quant à la description du plumage, la seule différence qu'il fasse entre les deux espèces est que : « Le Nei-nei n’a pas de bordures rouges (rousses) aux ailes, que les pennes intermédiaires de sa queue sont noirâtres, et qu’une nuance plus verte est mêlée aux couleurs de ses parties supérieures. » Ce qui nous fait pencher pour cette interprétation, c'est qu’elle se (trouve également d’accord avec l'opinion de M. le prince de Wied, qui, ainsi que nous venons de le remarquer, a fort bien su faire du Nei-nei d'Azara le type de son genre Scaphorhynchus, tandis qu'il a con- servé au Bentaveo où Pitangua le simple nom généri- que de Muscicapa. Ce premier point vidé, reste à examiner la confusion faite par les auteurs au sujet de la spécification des La- nius pitangua et sulphuratus, puisque l’une de ces deux espèces, la dernière, est invoquée pour type par chacun des fondateurs des deux genres Scaphorhynchus et Sau- rophagus, prince de Wied et Swainson, H faut, de toute rigueur, admettre que M. le prince de Wied a fait erreur sur ce point, en suivant les don- nées de Sonnini et de Vicillot sur l'assimilation du Sul- pliuratus au Nei-nei d'Azara, qui doit être le Pitangua de Linné, et se conformer, comme à la véritable, à la leçon de M. de Lafresnaye, appuyée en partie de eelles de MM. Gray et Ch, Bonaparte, Mais il faut en même £ REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1853.) temps maintenir comme type du genre Scaphorhynchus, dans les espèces d’Azara, le Nei-nei, ct du genre Suuro- phagqus, son Bentaveo, ce que n’ont point fait ces deux méthodistes. Par suite, et dans cet ordre d’idées, la synonymie de l'espèce type du genre Scaphorhynchus devrait être celle-ci : Lanius pitanqua, Linné, pl. enl. 212. Tyrannus sulphuratus, Vieillot, ex d'Azara 199 et non 200. Seaphorlynchus sulphuratus, prince de Wied. Scaphorhynchus pitangua, Strickland. Megastoma ruficeps, Swains., d'après M. Lafresnaye. flaviceps, id. utriceps, id. Par contre, la synonymie de l'espèce lype du genre Saurophagus, Swainson, doit se rétablir ainsi : Lanius sulphuratus, Gmelin, pl. enl. 249 et 296. Tyrannus carnivorus, Vieillot, ex d'Azara 200, et non 199. Muscicapa pitanqua, de Wied. Saurophagus sulphuratus, Swainson. Ce que démontrent le plus clairement ces deux sy- nonymies, c’est que le Pitangua d'Azara n'est pas le Pitangua, de Linné; de là cette confusion qui s'est per- pétuée jusqu’à ce jour. MonocrarnE de la tribu des Scylliens ou Roussettes (Poissons Plagiostomes), comprenant deux espèces nouvelles, par M. le docteur Aueusre Dunérir. L. But et plan de cette Monographie. — Le travail que je viens soumettre aux lecteurs de cette Revue est, en partie, un extrait raisonné du Catalogue encore ä.édit de la collection si riche des Poissons cartilagineux Pla- TRAVAUX INEDITS. 9 giostomes rassemblés au Muséum d'histoire naturelle de Paris. Il a pour but de faire connaître les particularités anatomiques et physiologiques, puis les caractères z00- logiques d’une nombreuse et intéressante Tribu de la grande famille des Squales. J'exposerai ainsi l'état ac- tuel de la science touchant ce point spécial d’ichthyo- logie. Ce Mémoire, comme celui où j'ai traité de la tribu des Torpédiniens (1), ne doit donc pas contenir simple- ment la description des espèces nouvelles. Il est sur- tout destiné à présenter, dans son ensemble, l’arrange- ment systématique des nombreuses espèces rapportées au groupe des Scylliens, et dont la classification, telle qu'il convient maintenant de l'admettre, facilite singu- lièrement l'étude. IL. Historique abrégé de la classification des Squales. — Ce serait un travail rétrospeclif plein d’intérèt que de suivre pas à pas la marche des progrès faits par les naturalistes dans les connaissances qu’ils on£ successi- vement acquises sur les Poissons cartilagineux, et sur les Rousseltes en particulier. On verrait, au reste, ces progrès se faire lentement, depuis la première réunion de ces Poissons, proposée par Aristote, sous le nom de Sélaques, remplacé plus tard par celui de Cartilagineux, dont Pline fit usage. Il faudrait, en effet, malgré l’ensemble remarquable de documents sur les espèces, fournis par Rondelet, par Bélon et par les différents écrivains qui ont précédé Artedi et Linné, arriver jusqu’à cet illustre naturaliste pour trouver une première systémalisation établissant la division de tous les Sélaciens connus en deux grands (1) Revue ct Magasin de Zoologie de M. Guérin-Méneville, 4832. p- 176, 227 et 270, pl. 12, 10 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1853.) ‘genres: celui des Squales et celui des Raïes. Nonobs- tant les différences les plus remarquables, offertes par les diverses espèces comparées entre elles, dans chacun de ces genres, celte division fut trouvée suffisante par les zoologistes; mais, au commencement de ce siècle, mon père d’abord, puis Cuvier, proposèrent des coupes secondaires qui furent toutes acceptées, et qu’il fallut seulement diviser, et même subdiviser encore pour ex- primer toutes les particularités d'organisation, soit in- térieure, soit surtout extérieure, propres à permettre un classement régulier. C'est ainsi que mon père, faisant d’abord un ordre spécial, parmi les Poissons cartilagineux, des Lam- proies et des Sélaques, sous le nom de Trématopnés, destiné à rappeler leurs larges ouvertures branchiales, que ne protège aucune partie solide, les rangea dans deux familles principales, les Cyclostomes et les Pla- giostomes, principalement caractérisées par la confor- mation si différente de la bouche. Ces derniers, suivant que les orifices des branchies sont situés à la face inférieure du corps ou sur ses par- ties latérales, furent nommés par lui Hypotrèmes et Pleurotrèmes. A ceux-ci, il rapporta le genre Squale, dont il sépara une espèce très-remarquable, pour en former un genre nouveau, sous le nom de Squatine, adopté depuis par tous les auteurs. A cette première division du genre Squale de Linné, Cuvier en ajouta d’autres, en prenant pour types de gen- res nouveaux, auxquels il imposa des noms qui, tous, ont été conservés, les espèces les plus tranchées du grand genre linnéen. La seule de ces coupes dont il soit nécessaire de faire mention ici est celle des Squales en Squales propre- ment dits, comprenant eux-mèmes beaucoup de genres, et en Roussettes, auxquelles il appliqua, comme déno- TRAVAUX INÉDITS. 1 mination générique, le nom grec de ces poissons (Seyllium ) (1). * Les deux principaux représentants de ce genre fu- rent, pour lui, les deux Roussettes de Rondelet, dont il rapprocha quelques autres Squales. Le nombre de ceux qu’il devint nécessaire de grou- per dans ce genre s'étant successivement accru, M. J. Müller seul d’abord, puis conjointement avec M. Henle (2), put, en raison des particularités notables offertes par quelques-unes des espèces, le diviser en plusieurs genres très-distincts. Ils conservèrent, en outre, la séparation proposée par M. le prince Ch. Bonaparte pour l’espèce à queue dentelée, et dont ce zoologiste a fait le genre Pristiure. Je ne parle ici que du seul groupe qui doit être l'ob- jet de cette monographie; mais toutes les Raies et tous les Squales ont été soumis au même contrôle, rendu nécessaire par le grand nombre de ces Plagiostomes maintenant rassemblés dans les collections. C’est le mode de classement proposé à la suite de ces études nouvelles, peu connu en France, et d’après le- quel les deux grandes familles de Poissons cartilagineux dont il s'agit sont maintenant rangées dans le Musée de Paris, par mes soins et par ceux de M. Guichenot, qui va me servir de guide pour l’étude des espèces que ce Musée renferme et pour la détermination des deux es- pèces inédites que j'y ai rencontrées. L’une d’elles est une véritable Roussette (Seylhum laticeps), et Fautre doit former une division nouvelle dans le genre Hé- miseylle ( Hemiscyllium variolatum), genre auquel il faut rapporter, en outre, une espèce décrite par (9) Que se ous vocat Aristoteles, Gaza caniculas interprela- tur Rondelet, De piscibus, lib. XILE, p. 380. 2 Lt ft Beschreibung der Plagiostomen. Berlin, 1841, - page 12 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1853.) M. John Richardson postérieurement à la publication de MM. Müller et Henle. IL. Importance de l'emploi de la méthode analytique en zooloyie. — Quand on étudie l'ouvrage de ces deux sa- vants naturalistes, et quand on suit les détails de leurs descriptions sur les animaux mêmes dont ils parlent, on admire l'exactitude et le soin qu’ils ont apportés à ce travail considérable, qui contient un classement excellent, et très-perfectionné par eux, de tous les Poissons Plagiostomes. Une petite lacune cependant peut y être remarquée : elle consiste dans l’absence de comparaison entre les genres et les espèces. L'ordre d’après lequel ils décrivent chaque animal est toujours le même, et l'observateur peut, il est vrai, reconnaitre, par la lecture comparative des paragraphes qui portent un même titre, les analogies ou les dissemblances des espèces les plus voisines, mais les particularités essen- tielles qui s'opposent à toute confusion entre l'espèce qu'on observe et celle qui précède ou celle qui suit ne sont pas spécialement mises en saillie. On ne saurait nier toutefois combien il est important de mettre en évidence les caractères propres à démon- trer la réalité dé la distinction établie entre des ani- maux qui, malgré de nombreux liens de ressemblance, doivent cependant être considérés comme spécifique- ment différents. Cette omission, j'ai cherché à la faire disparaître dans les descriptions sommaires du Catalogue. C’est surtout par l'emploi persévérant de la méthode dont mon père a posé les premières bases, il y a quarante- sept ans, dans sa Zoologie analytique, c’est-à-dire par la construction de tableaux dicholtomiques, où la note destinée à caractériser chaque espèce permet de l’oppo- ser à l’une de ses congénères, que la distinction est rendue facile. La possibilité de construire ces tableaux est mème un criterium précieux pour le zoalogiste, TRAVAUX INÉDITS. 15 qui doit renoncer à regarder comme distincte uñe es- pèce à laquelle il ne peut pas trouver un caractère dis- tinctif qui lui permette de l’opposer à l’une de celles que reuferme le genre auquel on la rapporte. Tels sont les principes suivis par mon père dans l'étude si appro- fondie qu'il a faite des Reptiles ct des Poissons, et des Insectes en particulier, dont il à consigné l’histoire complète dans le grand Diclionnaire des sciences natu- relles publié par Levrault. Ces principes sont ceux sur lesquels je m’efforce de m'appuyer dans les études que je poursuis. IV. Considérations anatomiques et physiologiques. — Avant d’entrer dans des détails purement zoologiques, il me semble indispensable, pour rendre aussi complète que possible cette monographie, de passer rapidement en revue les particularités de structure spéciales aux Poissons de la tribu des Scylliens, et celles qui peuvent en résulter dans l’accomplissement des fonctions. 1° Squelette. — Les pièces de leur colonne vertébrale n’offrent pas de caractères qui leur soient absolument spéciaux. On y remarque cependant une disposition propre seulement aux espèces de cette tribu et à celles des genres dont l’un des caractères communs les plus remarquables consiste dans la présence d’une membrane niclilante. Je crois donc devoir m’arrêter un instant sur les observations de M. 3. Müller relatives à ce sujet. Chez les Squales munis de cette membrane protec- trice de l'œil, c’est-à-dire chez les individus rapportés aux genres Mustelus, Galeocerdo, Carcharius et Zygœna, puis chez les Roussettes, qui n’ont pas cette membrane, et enfin chez les Squatines et chez les Chimères, il y a, dans la composition de la colonne vertébrale, des pièces carlilagineuses que les autres Squales n’ont pas. Elles sont indépendantes des cartilages cruraux, dont le rôle, comme l’a constaté M. J. Müller, est identique à celui qu'ils remplissent dans la composition de la colonne 44 hEV, EŸ MAG, DR Z00L00r, (Janvier 4855.) vertébrale des Porssons osseux, c'est-sdire que des sus fèrieurs forment; en s'unissant à là pièce médiañe, l'arc supérieur, et que les inférieurs constituent les apo- physes transverses costales auxquelles les côtes sont attachées. Les cartilages dont je veux parler sont également indépendants des pièces propres uniquement aux Squa- les, et qui, placées à la région supérieure des vertèbres, de manière à compléter le canal vertébral, ont reçu de Panatomiste de Berlin le nom de cartilages interoru- raux, et sont situées, leur nom d’ailleurs ar nd entre les cruraux. Ces parties constituantes de la colonne vertébrale, sur lesquelles j’appelle l'attention, sont des pièces im- paires supérieures qu’on trouve à l’endroit où les piè- ces vertébrales convergent en haut, et elles correspon- dent aux cartilages cruraux, aussi bien qu'aux inter- cruraux, avec lesquels elles alternent. Il résulte de cette alternance que ces porlions impaires du squelette oc- cupent les intervalles laissés entre chaque cartilage crural et le cartilage intercrural qui le suit. Le texte de M. J. Müller, inséré dans le troisième volume de l'Histoire des Poissons fossiles de M. Agassiz, troisième partie, et les dessins qui l’accompagnent, planche 40 B, figures 7 et 7 a, fournissent sur la dis- position de ces différents éléments de la colonne ver- tébrale tous les renseignements nécessaires, dont les lignes qui précèdent sont le résumé. Quant à la forme et à la composition même du corps des vertèbres, je trouve, dans le savant Mémoire que que je viens de citer, des indications intéressantes que je me borne à mentionner. Elles sont relatives à la dif- férence du degré d’ossification de ces vertèbres, qui of- frent, sous ce rapport, des dissemblances très-remar- quables, Ainsi, tandis que dans les genres Echinorhinus, Hexanchus et Heptanchus, la colonne vertébrale entière TRAVAUX INÉDIRS. ‘ 45 reste vartilagineuse pendant toute la vie; les corps de ver tèbres de tous les Seylliuni, ainsi que de la plupart des Squales à membrane mictitante, sont complètement os- seux, à l’exception de quatre points, dirigés de la sur- face vers le centre, et qui sont de cartilage pur. Ils pénètrent jusque près de l'endroit où se rencontrent les deux surfaces articulaires coniques dont se compose la pièce centrale de la vertèbre. Ces quatre points car- tilagineux font suite aux cartilages cruraux supérieurs et aux inférieurs ou transverses, et sont, en quelque sorte, les racines de ces pièces, qui pénètrent dans la substance du corps des vertèbres, et y persistent à l’état de cartilage. Aussi, lorsqu'on fait une coupe verticale, dans le milieu de sa longueur, d’une vertèbre prove- nant de l’un des Squales où cette disposition se rencon- tre, et en particulier d’une espèce du genre Roussette, on voit, sur cette coupe, une croix cartilagineuse, sans trace d’ossification, provenant de ces quatre racines des pièces vertébrales supérieures et inférieures. On conçoit l'importance, pour l’anatomiste comme pour le géologue, de cette particularité de structure pour la détermination du groupe auquel appartient l’a- nimal d’où provient une semblable vertèbre. Quand elle est desséchée, on y voit quatre trous cor- respondant aux points d’insertion des quatre pièces vertébrales paires. Je rappelle enfin que, chez aucun Squale, les vertèbres ne présentent, au milieu de la longueur, dans le point qui correspond à celui où les deux cavités coniques se rencontrent à l'intérieur, une dépression aussi marquée que celle qui se voit chez les Mustéliens et chez les Scylliens. Quant aux autres portions du squelette, il n’y en a pas qui méritent une mention spéciale, mon but n’étant que de mettre en saillie les différences propres à dis- tinguer les Roussettes des autres Squales, Je dois cependant parler des cartilages labiaux, des- 46 REV. KT MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 18553.) tinés à soutenir l’orifice buccal, et qui manquent chez un assez grand nombre de Plagiostomes. Dans les genres où on les trouve (Galeus, Scymnus, Centrina, Squatina, Mustelus et Scyllium), ils varient en nombre. Tous les Scylliens, de même que les Musté- liens, en ont quatre. Il ÿ en a un à droite et un à gau- che, à la lèvre supérieure, comme à l’inférieure. Au nombre des pièces carlilagineuses de l'extrémité antérieure de la tête, il faut encore rappeler les cartila- ges des valvules nasales, parce que les Rousselles, de même que les Narcines, de la tribu des Torpédiniens, paraissent être les seuls Plagiostomes à valvules, dont les cartilages des ailes du nez, comme on les nomme, soient complètement isolés dans l'épaisseur du rhino- pome (1), ou membrane valvulaire, et n’adhèrent point avec les bords de la fosse nasale. ® Système nerveux. — Relativement à cet appareil organique, j'ai à faire connaître la détermination ré- cente des diverses parties de l’encéphale de la Rous- sette. Elle est due à MM. Philipeaux et Vulpian, qui, dans un Mémoire présenté à l’Académie des Sciences en 1852 (C. rendus, t. XXXIV, p. 537), et approuvé dans un rapport de M. Duvernoy (1d., t. XXXV, p. 169), ont cherché à démontrer que l’encéphale des Poissons est composé des mêmes parlies que celui des animaux vertébrés supérieurs, et que ces parties, à très-peu de différences près, sont disposées de la même façon. Faisant ici l'application des principes qui les ont constamment guidés, et qui consistent dans l’observa- tion rigoureuse des rapports que les mêmes parties doivent nécessairement toujours affecter entre elles, ils ont pu ramener au type normal l’encéphale dont il s’agit. (1) De piv, nez, et de maux, couvercle. opercule. — Je pro- pose ce mot comme abréviation du langage. TRAVAUX INÉDITS. 17 Ainsi, le renflement volumineux, situé tout-à-fait en avant, n’est pas formé, comme on le croyait, par les lobes olfactifs soudés sur la ligne médiane. Ces lobes, d’où partent les nerfs olfaclifs, ne sont représentés que par les angles latéraux de ce gros renflement, dont tout le reste constitue les hémisphères ou lobes céré- braux, qui contiennent une cavité plus vaste que chez la Raie; elle est l'analogue des ventricules latéraux, et, dans son intérieur, on rencontre les plexus choroïdes. En arrière des hémisphères, il y a un étranglement considérable sur le milieu duquel on voit un petit sac membraneux, sans pédicules, et qu’on regarde comme l'analogue de la glande pinéale. A sa partie postérieure, on trouve les corps striés tout-à-fait à l’état rudimen- taire. Les deux renflements qui suivent, et qui contiennent une cavité spacieuse, ne doivent pas conserver le nom vague de lobes creux, qui sert à les désigner : ce sont les portions antérieures des couches optiques, et la cavité qu’on y remarque n’est autre chose que le troisième ventricule, percé, à son plancher, d’une ouverture qui est celle de l’infundibulum. En avant, ce ventricule communique avec les ventricules latéraux, et, en ar- rière, avec le quatrième, au moyen de l’aqueduc de Sylvius. Quant au lobe médian volumineux qui suit, il est la continuation évidente de la couche optique; il en re- présente les portions postérieures très-repliées sur elles- mêmes. Lorsque, à cette détermination si simple jusqu'ici, on ajoute les traits suivants, on voit combien elle est juste et précise sous tous les rapports, car les tubercules qua- drijumeaux qu'il a souvent paru si difficile de retrouver se voient manifestement en arrière et au-dessous du lobe médian, Ils sont au nombre de quatre. La preuve que ces corps, de forme moins globuleuse que dans la Raie, 2° séme. r. v, Aunée 1853. 2 18 REV. ET MAC. b 400100k, (Janvier 1853.) qui sout mis à nu par l'écartement dés deux portions latérales de ce lobe médian, sont bien réellement les tubercules quadrijumeaux est fournie par la présence des deux prolongements que le cervelet envoie toujours à la paire postérieure, et que l’on connait sous le nom de processus cerebelli ad testes, puis par le passage, au- dessous de ces tubercules, de l’aqueduc de Sylvius. Le cervelet n’est donc pas formé, comme on le sup- posait, par le troisième lobe médian (portions posté- rieures des couches optiques), mais par des lames de substance grise qui, nées des parties latérales du bulbe, sont situées en arrière de tous les renflements de l’en- céphale. La justesse de la dénomination imposée à ces feuillets de substance grise est démontrée par ce fait, que c’est entre ces véritables lames cérébelleuses d’un côté et celles de l’autre, que se trouve le quatrième ven- tricule mis en communication en avant, par l’agueduc de Sylvius, avec le reste des cavités ventriculaires. 9 Appareil digestif, — Cet appareil ne différant pas, d’une manière essentielle, de ce qui se voit chez les au- tres Squales, je ne m'étendrai que sur les caractères spéciaux du Système dentaire. — Les dents des Rous- seltes offrent une disposition qui est l’un des types les plus simples du système dentaire des Squalides. Ainsi, dans les deux espèces vulgaires, prises comme exem- ples, pour le genre Scyllium, elles ont la forme d’un triangle constitué par une large pointe médiane armée, du moins dans le jeune âge, d'une ou deux petites den- telures de chaque côté de sa base, qui est toujours plus ou moins sillonnée dans le sens de la longueur. Dans les Crossorhines, elles présentent ce caractère particulier que leur base est trilobée. Chez les Ginglymostomes, les dents ont une base simple, rhomboïdale, supportant un large cône mé- dian dont chacun des deux bords a deux ou quatre den- telures peu apparentes. Ce qu’il y a de plus remarqua- : TRAVAUX INEDIRS, 6 ble dans le système dentairé des espèces groupées dans -ce genre, c’est le nombre considérable des dents, ea il y en a souvent dix sur chaque rang vertical. Il est à peine nécessaire de rappeler, comme le fait observer M. Richard Owen dans sa savante Odontogra- phie, p. 26, que ces dents, inelinées en arrière, qui complètent l’armure des arcs maxillaires, ne peuvent pas être relevées par la volonté de l'animal, ainsi qu'on l'a quelquefois supposé, mais à tort. Ces dents, en ef- fet, sont encore en voie de développement, et plusieurs d’entre elles sont recouvertes par un repli de la mem- brane muqueuse de la bouche, laquelle serait déchirée dans ces mouvements. C’est par un changement gra- duel de position dans la membrane fibreuse, sur laquelle leur base est fixée, que les dents se consolident et se placent dans le point où elles doivent rester. Il faut noter encore, avec le même anatomiste, que l’âge modjlie l'aspect des dents. Ainsi, la dentelure uni- que, ou double, que porte, de chaque côté, la grande pointe médiane, dans les Roussettes, disparaît souvent chez les vieux sujets. Æ Système vasculaire. — 1 ne diffère pas de celui des autres Poissons cartilagineux; je m’y arrêterai donc à peine. Je dois cependant rappeler quelques-unes de ses dispositions. Ainsi, dans les deux espèces communes, on voit très-bien, ainsi que Meckel l’a signalé (Anatom. comp., L. IX, p. 245), non-seulement pour ces Plagios- tomes, mais pour plusieurs Raies, et, parmi les Squa- lides, pour les genres Zygæna, Squatina, Acanthias et Alopias (Squalus vulpes), la communication du péricarde avec le péritoine, découverte d'abord chez la Raie par Monro, qui en a donné une excellente figure dans sa grande Anatomie, pl. 14. Elle se fait au moyen de deux conduits, dont l’origine se trouve à la région supérieure ë postérieure du péricarde, et la terminaison à la face inférieure de l’œsophage, immédiatement au-devant de 20 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIZ.. (Janvier 1853.) l'extrémité antérieure de l’estomac. Il résulte de cette disposition, comme Meckel le fait observer, que le péri- toine et le péricarde ne forment, en dernière analyse, qu’une seule cavité, et que, l'enveloppe péritonéale com- muniquant avec le dehors par deux ouvertures, l’eau peut, par celte voie, arriver jusqu'au cœur. Cet organe, qui, dans la série des vertébrés, offre le volume proportionnel le plus petit chez les Poissons, est plus gros cependant chez les Roussettes et chez tous les autres Plagiostomes, que chez aucun autre animal de cette mème classe. Le genre de vie, selon la remarque ingénieuse de Broussonnet, en est sans doute l’une des causes. C’est, en effet, dans les espèces les plus vora- ces, et qui, pour trouver une nourriture suffisante, doivent déployer une grande activité musculaire, qu'il a trouvé les dimensions les plus considérables, c’est-à- dire chez les Plagiostomes, comme je viens de l'indi- quer, et, parmi les Poissons osseux, chez les Lophies et chez les Brochets. Cette sorte de loi a été confirmée par les recherches ultérieures de M. Tiedemann et par celles de Meckel, qui a trouvé le cœur relativement très-grand dans les Dactyloptères et dans les Exocets. La situation de l'oreillette n’est pas tout-à-fait la même dans la Roussette que chez les autres Squales, si l’on en excepte l'Emissole ; elle est placée un peu plus en arrière qu’à l'ordinaire, et sa communication avec le ventricule ne se fait pas à la base de cette dernière ca- vité, comme d'habitude, mais au milieu de sa face supé- rieure. Quant à la forme générale du cœur, elle offre cette particularité que, chez les Scylliens, où cet organe a été étudié, sa forme est assez manifestement triangulaire, tandis que dans la {ribu voisine, celle des Mustéliens (Emissole), il est globuleux. De même que la configuration de cet organe varie dans des genres voisins et d'une même famille, de même TRAVAUX INÉDITS. 91 aussi il ÿ a des variations dans le nombre des rangs des valvules situées à l’intérieur du bulbe aortique. Il peut être, chez les Squalides, de cinq, de quatre, de trois ou même de deux seulement, comme on l’observe dans le Scyllium catulus, où chaque rang, situés l’un à l'entrée, l’autre à la sortie de cet organe, se compose de trois valvules. Elles ont, comme chez tous les autres Poissons, une forme semi-lunaire, et leur bord libre est. lourné vers celte artère, de manière à pouvoir opposer une résistance au retour du sang dans le ventricule. 5° Organes de la génération. — L'étude de ces organes, chez les Scylliens, et des fonctions qu’ils sont appelés à remplir, donne lieu à quelques observations que je dois signaler ici, pour achever la revue des caractères ana- tomiques et physiologiques propres à distinguer cette tribu de celles qui composent avee elle la grande famille des Squalides. A. Il faut rappeler d’ahord qu’un seul des ovaires ac- quiert son développement normal. Ce défaut de symé- trie, qui est Ja règle constante pour les oiseaux, n’est qu’une exception chez les Squales, comme chez les Poissons osseux, car, parmi les premiers, on ne peut rapprocher des Rousselles, sous ce rapport, que les genres Guleus, Mustelus, Carcharias et Zygœænu. B. On trouve un oviducte unique seulement dans ün certain nombre d'espèces ovo-vivipares. Chez les autres Plagiostomes, ce conduit est double, même quand un seul ovaire fonctionne : c'est ce qui se voit, en parlicu- lier, dans la grande Roussette. Ces oviductes n'ont jamais qu'un orifice abdominal commun. Tandis que leur structure est simple dans les espèces où les petits subissent leur développement à l’intérieur, elle offre, au contraire, dans les ovipares, une compii- calion remarquable, due à la nécessité d’une sécrétion indispensable pour la formation de l'enveloppe cornéo 22 REV. ET MAG. DE Z00LOGIr. (Janvier 1853.) des œufs. On trouve, en effet, dans les parois de l’ovi- ducte, une glande volumineuse qui, indiquée dans la Raie, par Monro (Anat. of the fishes, p. 27, pl. 9, n° 17), et décrite, en 1805, par M. Duvernoy (Leg. d’Anüt. comp.) .chez la Chimère et chez les Raies ovipares, a dépuis été l’objet de nouvelles recherches pour M. J. Müller, qui l’a également vue très-développée chez les Scylliens. Comme dans les Raies qui pondent des œufs, la par- tic antérieure de l’oviducte de ces Squales est destinée à revêtir l’œuf de son albumen; la seconde partie, ou portion glandulaire, renferme dans ses parois une glande, dont les portions supérieure et inférieure ont la forme de l’enveloppe qu'elle sécrète, en versant à l'intérieur du conduit une matière fournie par les nom- breux tubes dont elle se compose. Il y a lieu de croire, comme le dit M. Cuvier (Hist. des Poiss., t. I, p. 558), que les cordons filamenteux qui se voient aux angles des œufs, chez les Squales (et spécialement chez certains Scylliens), se filent dans les enfoncements latéraux de la partie de l’oviduécte qui traverse la glande. Après avoir franchi cette région, l’œuf arrive dans une portion plus large de ce canal, et qu’on nomme l’u- térus. Cette sorte de poche, qui est commune aux ovi- ductes, quand il y en a deux, s’ouvre, par un vaste ori- fice, à l'extrémité du rectum, à sa paroi supérieure, dans la région nommée cloaque. C. Les œufs des Scylliens ont des formes bizarres : on trouve sur ce sujet des détails très-complets dans le grand Mémoire où M. J. Müller a fait connaître le dé- veloppement des fœtus du Mustelus lœvis, qui offre, chez les Squales, un des exemples les plus TERRA: bles de viviparité (1). (4) Abhandlungen der Akad. der Wissenschaften zu Berlin TRAVAUX INÉDITS. A LES Tous ces œufs de Roussettes sont revètus d’une en° veloppe cornée, jaunâtre, plus ou moins transparente, et ont quelque ressémblance avec ceux des Baies, qui sont cependant moins allongés; mais ceux des espèces du genre Scyllium en diffèrent surtout par les longs prolongements filamenteux que porte chaque angle. Tous ont des fentes parallèles à leurs extrémités, indi- quées par Home, et qui servent à la respiration du fœæ- tus et facilitent sa sortie, quand il a acquis son dévelop- pement. Les œufs du Scyllium catulus sont presque le double de ceux du S. canicula; ils ont, au milieu, O0 m. 087 de longueur, et 0 m. 037 de largeur, ci leurs bords sont plus anguleux que dans l’autre espèce. Dans trois autres genres de cette tribu, les seuls jus- qu'ici dont on connaisse l’œuf, il n’y a plus de filaments terminaux : celui du Pristiure (P. melanostomus) a des angles plus courts que l’œuf des Raies, surtout à l’ex- trémité, qui est tournée du côté de l’orifice extérieur de l’oviducte. … Chez le Chiloseylle (Ch. griseum), la forme est la même que chez les Roussettes proprement dites, mais les pro- longements en spirale manquent. Enfin, le Ginglymostome (G. cirrhatum) a des œufs allongés, plus larges au milieu qu'aux extrémités, où il nya pas d’angles saillants, et dont l’une est étroite et l'autre arrondie. D. On trouve dans le Mémoire de M. J. Müller la dé- monstralion à peu près complète de l’ovo-viviparité des Seylliens. Certains zoologistes cependant ont dit, à l'exemple d’Aristote, puis de Rondelet, que la Roussette (Seyllium canicula) fait ses petits vivants; mais, si l’on parcourt 14842, Uber den glatten Hai des Aristoteles. Voyez aussi l'arti- cle Ovologie, Dict. de D'Orbigny, par M. Davernoy. 2% REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1853.) attentivement les passages où cette assertion se trouve, et que le défaut d'espace ne me permet pas de rapporter ici (1), on voit qu'il n’y a d'observation bien précisée que celle de Klein, qui a trouvé un fœtus dans un des œufs que des organes génitaux de Roussette conte- naient, et dont il fit la dissection. On peut donc conclure, avec M. J. Müller, qu’au- cun des faits mis en avant, excepté celui que je viens d'indiquer, n’écläire suffisamment la question. Comme d’ailleurs, bon nombre d’observateurs que cite cet anatomiste ont constaté, ainsi que lui-même, que l’embryon des Roussettes n’est pas développé tant que l'œuf est dans l’utérus; comme ils ÿ ont trouvé cet œuf revêtu de son enveloppe cornée, et que c’est seule- ment dans les œufs flottant au milieu des eaux de la mer qu'ils ont vu le fœtus à des degrés variables de développement (2), il est rationnel d’admettre seule- ment comme une exception la possibilité de l’apparition de l'embryon du Scyllium canicula avant la ponte de l'œnf. E. Sons entrer ici dans l'examen d'aucune des ques- tions que soulève l’élude si intéressante de la formation des prenuers linéaments du germe que l’œuf contient, je me bornerai à signaler une observation faite par M. J. Müller. Elle porte sur la configuration des cellu- les du jaune, laquelle n’est pas la même chez tous les animaux. Ainsi, tandis que chez les Poissons, comme chez les Reptiles, la forme ronde est la plus ordinaire, ce physiologiste a trouvé ces cellules vitellines ellipti- (1) On les trouve réunis dans le Mém. cité de M. Mül'er, p. 243 et 24%. Dans le 5° cahier de F.-Th. Kleiïa (Missé hist. piscium na- tur. promovendæ, p. 42, on voit combien étaient vagues les don- nées qu'on possédait à celle époque sur la question qui nous occupe, eL pour la solution de laquelle ce zoolugiste a apporté des matériaux utiles. (2) C'est encore au Mém. du professeur de Berlin qu’il faut avoir recours, pour trouver rassemblées toutes ces observations. 2 > Aeoue et Mag. de Zoologie, 1853. PEN #2 de DiXA PA) a. k “AE | | ï oR 246. Sympiczocera Zawrasii. Lucus Gay. Eurvchora Zevailantit: for 8. Albunea Symnista. 9 Guerini Zucur 20e Paretn éver TRAVAUX INÉDITS. 25 ques chez un très-petit nombre de Poissons, les Myxi- noïdes, et, parmi les Squales, dans les genres Acan- thias, Squatina et Seyllium (1). Il faut noter enfin, avec Rathke, que, dans les espè- ces de ce dernier genre, comme Klein d’ailleurs l’a re- présenté (Missus IT, tab. vn, fig. 5), la résorption de la portion extérieure du sac du jaune a lieu avant que le fœtus sorte de l'œuf, mais qu’il y a un grand sac in- terne dont le jaune qui le remplit était déjà connu d’A- ristote. (La suite prochainement.) Nore sur un nouveau genre de la famille des Longicor- nes (Genus Sympiesocera), qui habite les possessions françaises du nord de lAfrique, par M. H. Lucas (pl. 1, f. 1 à5). Dans le Bulletin des Annales de la Société entomolo- gique de France, 2° série, tome IX, séance du 22 octo- bre 1851, p. cvr, j'ai signalé un nouveau genre de co- léoptères que je range dans le groupe des Callidiices, et auquel j'ai donné le nom de Sympiezocera (2). En étu- diant le consciencieux travail de M. Mulsant sur les Longicornes de France, et particulièrement le groupe des Callidiites, dans lequel il a établi cinq nouvelles coupes génériques, j'ai remarqué que le genre Sympie- socera se rapproche beaucoup plus des Hylotrupes de M. Audinet-Serville que de ceux de M. Mulsant, dési- gnés par ce savant sous les noms de Semanotus et d'Oxypleurus. Dans les Hylotrupes, les antennes sont courtes, à peine aussi longues que la moitié du corps, méme dans les mâles, subfiliformes, à troisième article une fois aussi long que le suivant. Le dernier article (1) Man. de Physiol., trad. par Jourdan, t. I, p.642. (2) Zuuruéo, comprimé, aplati; xx:, corne, antenne. 26 REV. ET MAG. DE ZO00LOCIE. (Janvier 1853.) des palpes est subeylindrique, aussi long que les précé- dents réunis. Le prothorax est chargé, de chaque côté de la ligne médiane, d’un tubercule ou empätement lisse, luisant. La pointe du médisternum est échancrée, mais peu apparente. Les élytres sont flexibles, un peu arrondis à l’angle sutural. L’oviducte des femelles est souvent saillant. Tels sont les caractères du genre Hy- lotrupes, qui empècheront de confondre celte coupe générique avec celles des Semanotus et des Oxypleurus de M. Mulsant. Chez les premiers ou les Semanotus, les antennes sont sétacées, aussi longues que le corps dans les mâles; le troisième article, au lieu d’être une fois aussi long que le suivant, comme dans les Hylotrupes, lui est égal, ou à peine un peu plus grand que lui. La pointe du médisternum est plus sensiblement échancrée que dans les Hylotrupes; enfin, les fémurs sont en mas- sue, tandis que chez les Hylotrupes ces organes, qui sont aussi en massue, le sont bien moins que dans le genre des Semanolus. Chez les seconds, ou les Oxy- pleurus, les antennes sont à peine aussi longues que le corps dans les mâles, moins longues chez les femelles; le troisième article est plus court que le suivant, au lieu d’être une fois aussi long que le quatrième, comme dans les Hylotrupes, et égal au suivant, ou à peine plus long que lui, comme chez les Semanotus. Le der- nier article des palpes, au lieu d’être cylindrique, comme dans les Æylotrupes, est au contraire élargi vers le sommet et sécuriforme. Enfin, le prothorax, au lieu d'être chargé de chaque côté de Ja ligne médiane, d’un tubereule on empâtement lisse, luisant, comme chez les Semanotus et les Hylotrupes, est au contraire pres- que hexagonal dans les Oxypleurus et armé de chaque côté d’une pelite épine, Quant à la pointe du médister- num, elle est bilobée, avec les fémurs renflés et en massue, Maintenant, si on cempare le genre Sympiexocera avec les Semanotus, les Orypleurus, et surtout les Hylo- TRAVAUX INÉDITS. 27 trupes, on verra que ce nouveau genre se rapproche beaucoup plus de ceux-ci que des Semanotus et des Oxy- pleurus; cependant je dois dire que la forme du dernier article des palpes maxillaires, qui est sécuriforme, rap- proche un peu le genre Sympiexocera de celui des Oxy- pleurus. Mais cette nouvelle coupe générique ne pourra être confondue avec les Æylotrupes à cause des articles des antennes, qui, au lieu d’être filiformes ou sétacés, sont au contraire comprimés, surtout les cinq derniers. De plus, la longueur du troisième article diffère beau- coup : ainsi, au lieu d’être une fois aussi long que le suivant ou le quatrième, comme dans les Hylotrupes, ou égal au suivant, ou à peine plus grand que lui, comme chez les Semanotus, il est au contraire plus court, ou au moins ne dépasse pas en longueur le quatrième ar- ticle. Le dernier article des palpes, au lieu d’être élargi vers le sommet et sécuriforme, comme dans les Oxy- pleurus, ou subeylindrique et aussi long que les précé- dents réunis, comme chez les Hylotrupes, estcomprimé, aplati par conséquent, élargi au côté interne, et obli- quement tronqué. Le prothorax ressemble plutôt à ce- lui des Hylotrupes qu'à celui des genres Semanotus et Oxypleurus; mais au lieu d'être chargé de chaque côté de la ligne médiane d’un tubercule ou empâtement lisse, comme dans les Semanotus et les Hylotrupes, cet organe ne présente qu'une dépression profondément marquée. Ce qui différencie encore cette nouvelle coupe généri- que de celles des Hylotrupes, Semanotus et Oxypleurus, ce sont les poils longs, nombreux, dont sont revêtus la tête, les premiers articles des antennes, le prothorax, tout le sternum et les organes de la locomotion. Genus Syempezocera (1), Lucas. — Caput pilosum, latius quèm longius, inter antennas fortiter depressum ; anticè Lransversim concavum: | us 1e Fr _ (1) Ann. de la Soc. ent. de France, 2° série, tom. IX. — Bulle- tin, p. vi, (1852). Hu 28 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1855.) Labrum longius quàm latius, angustum, anticè rotundatum. Mandibulæ valdæ, intüs unidentatæ. Palpi maxillares elongali, robusti, primo articulo parum elon- gato, secundo breviore, tertio aut terminali elongato, cOMpresso, intüs lato, obliquë rotundato. Palpi labiales brevissimi, exiles, ultimo articulo compresso, sub- securiformi. Antenuæ (f. 3) breves dimidio corporis paulù longiores, primis articulis pilosis, cylindraceis, subsequentibus fortiter compressis, articulo tertio pauld breviore quam quarto aut pari. Prothorax latior quàm longior, pilosus, ad basim fortiter utrin- que depressus. Scutellum posticè rotundatum. Elytra sat convexa, elongata, ad humeros prominentia, posticè angusta, disjuncta. Sternum abdomenque pilosa. Pedes (f. 4, 5) pilosi, elongati, femoribus præsertim in tertio quartoque pare inflatis. Tête poilue, plus large que longue, sensiblement dé- primée entre les antennes, avec son bord antérieur transversalement concave. Lèvre supérieure plus longue que large, étroite vers sa partie intérieure, qui est arrondie. Mandibules robustes, unidentées à leur côté interne. Palpes maxillaires allongés, assez robustes, ayant leur premier article peu allongé, le second plus court; quant au troisième ou terminal, il est allongé, comprimé, élargi au côté interne et obliquement arrondi. Palpes labiaux très-courts, grêles, ayant leur dernier article comprimé et légèrement sécuriforme. Antennes un peu plus longues que la moitié du corps, composées d'articles comprimés, surtout les sept der- niers: les premier, second, troisième et quatrième, cy- lindriques, fortement psilus: premier article le plus long de tous, renflé surtout vers son extrémité; second très-court; troisième un peu plus court que le qua- trième; cinquième, sixième, septième et huitième, de même longueur, aplalis; neuvième et dixième, de même longueur, plus courts que les précédents; onzième à TRAYAUX INÉDIIS. 29 peu près de même longueur que le dixième, eu ovale allongé, et terminé en pointe à son extrémité. Prothorax plus long que large, poilu, ne présentant qu’une dépression fortement marquée de chaque côté de la base. Ecusson terminé en pointe arrondie à sa base. Elytres allongées, assez convexes, saillantes et larges vers les épaules, étroites el terminées en pointe arron- die à leur extrémité, où elles sont sensiblement écarlées. Sternum et abdomen poilus. Pattes poilues, allongées, surtout celles de la troi- sième paire; fémurs renflés, surtout dans les première et deuxième paires; tibias grêles et allongés; tarses as- sez courts, excepté ceux des pattes de la troisième paire, qui sont grêles et assez allongés. Sympiezocera Laurasii, Lucas (pl. 4, f. 4). — Long. 14 mill.; lat. 5 millim. 4/4. — S. nigra, fulvo-pilosa, fortiter punctata, ely- iris fulvo-rubesceute trausversim utrinque bifasciatis, ultimis ar-- ticulis autennarum tarsisque rufescenlibus,. La’tête est noire, couverte de points assez forts et serrés; des poils jaunâtres, allongés, clairement semés, revêtent cet organe, ainsi que la lèvre supérieure. Les mandibules sont noires. Les palpes maxillaires et la- biaux sont noirs, à l’exception cependant du second et du troisième article des palpes maxillaires, qui sont roussâtres, Les deux premiers articles des antennes sont noirs, fortement ponctués; les troisième et qua- trième sont roussâtres, ponctués; quant aux suivants, ils sont tomenteux et d’un brun roussâtre; des poils jaunätres, allongés, peu serrés, hérissent les quatre premiers articles, et même la naissance du cinquième. Le thorax est noir, arrondi et gibleux sur ses parties latérales, qui sont revêtues de poils jaunätres, longs et serrés; il est couvert de points beaucoup plus forts, plus prolondément marqués que ceux de la tête; quelques espaces lisses, d’un noir brillant, non ponctués, se #0 REV, ET MAG. £ £001061$. (Janvier 1855.) font” réfnatquer de chaque côté du thorax, et partred- lièrement à la base. L'écusson est noir, lisse. Les élytres noires, couvertes de points assez forts et peu serrés, sont traversées de chaque côté par deux bandes d’an fauve rougcûtre, dont les premières, qui sont plus gran- des, envahissent toute la partie antérieure de ces orga- nes; quant aux secondes, elles sont beaucoup plus étroi- tes; des poils Jaunâtres, très-allongés et clairement semés, couvrent les élytres, particulièrement toute leur partie antérieure, ainsi que la saillie des épaules. Tout Je steïnum et l’abdomen sont d'un noir brillant, fine- ment ponctués et revêtus de poils jaunâtres. Les pattes sont noires, ponctuées et couvertes de longs poils jau- nâtres; quant aux articles des tarses, ils sont roussä- tres. C'est avec le plus vif plaisir que je dédie cette es- “pète à notre collègue M. le docteur Lauras, et je saisis cette occasion pour le remercier sincèrement de la bonne et cordiale hospitalité qu’il m’a donnée pendant ‘mon second voyage en Algérie, et surtout des intéres- santes communications que cet entomophile plein de zèle a bien voulu me faire. Ce joli longicorne, qui mal- heureusement a séjourné longtemps dans l'alcool, et dont je ne possède qu’un seul individu, a été pris aux environs de Teniet-el-Haad (province d'Alger), dans le voisinage des forêts de cèdres qui couvrent ce haut pla- teau. Nore sur une nouvelle espèce d’Eurychora, qui habite les possessions françaises du nord de l'Afrique, par M. H. Lucas (pl. 4, f. 9, 3). Lorsque A. S. Lagus créa le genre Eurychora in Dissert. Acad. Ups. C. P. Thunberg, tom. IL, p.226 (1), (1) Edition Gottingue. L TRAVAUX INÉDITS. ñi dans uû Méinoire ayanL. pour titre : Disserlatio.sistens novas inseclorum species, pars VII, 28 mai 17914, il ne connaissait qu’une seule espèce, qui est l'Eurychora ciliata des auteurs, et qui avait été placée par Fabricius in Mantissa insectorum, tom. 1, p. 209 (1787), parmi les Pimelia. Plus tard Fabricius, à l'exemple des autres entomologistes, reconnaissant la valeur des caractères imposés à celte coupe générique, adopla ce genre dans son Syst. Eleuth., tom. I, p. 135 (1801). Solier, dans son eslimable ouvrage sur les Collapté- rides, inséré dans les première et deuxième séries des Annales de la Société entomologique, à adopté aussi celle coupe générique, 1" série, tom. VI, p. 154, etil la range dans sa famille des Adélostomides, op. cit. 1° série, tom, VI, p. 151 (1837). C'est dans ce travail mo- nographique, qui a pour litre modeste : Essai sur les Collaptérides, que Sollier, observateur consciencieux, entomologiste trop tôt enlevé aux sciences naturelles, qu'il avait déjà tant illustrées, fait connaître quelques espèces nouvelles d’Eurychora, et en porte le nombre à quatre. Toutes ces espèces sont exclusivement africai- nes, car Solier leur donne pour patrie le cap de Bonne- Espérance, Telles sont les ÆEurychora ciliata, op. cit. p. 157, major, p. 158, cinerea, p. 159, et crenata, p. 160. M. Guérin-Méneville, dans son iconographie du Rè- gne animal de Cuvier, pl. 28, fig. 10, texte p. 113(1829 à 1855), décrit et figure une nouvelle espèce de ce genre, à laquelle il donne le nom d’Eurychora rugulosa, et qui habite le Sénégal. Cette espèce est le type du genre Pogonobasis de Solier, op. cit. 4° série, tom. VE, p. 164, et, dans l’ouvrage que nous avons cilé plus haut de ce savant Marseillais, elle est désignée sous le nom d’opatroides, op. cit. 4° série, lom. VI, p. 165. Nous eroyons qu'il faut encore rapporter au genre Eurychora le Pogonobasis ornata, Solier, op. cit. 4r° sé- 32 REV. ET MAG. LE ZOOLOGIE. (Janvier 1853.) rie, toin. VI, p. 163, et qui a pour patrie la Nubie et l'Egypte. Olivier, dans son Histoire des insectes, tom. UT, p. 26 (1795), décrit et figure une nouvelle espèce de ce genre, à laquelle il donne le nom de Pime'ia (Eu- rychora) barbata, pl. 4, fig. 7; l’auteur n'indique pas la patrie de cette espèce, mais nous avons appris par M. Guérin-Méneville, qui nous a montré l'individu, type de sa note. que cette Eurychora habitait proba- blement le cap de Bonne Espérance. M. de Castelnau, dans son Histoire naturelle des in- sectes, tom. Il, p. 192 (1840), fait connaitre une nou- velle espèce d’Eurychora, qu’il désigne sous le nom de rotundata, et qui habite l'Egypte. Le même entomolo- giste, op. cit.. dit, p. 192 : « On trouve en Egypte une espèce (Eurychora elongata, Klug), mais un peu plus pe- üte, plus allongée, à corselet plus étroit que les ély- tres, celles-ci moins convexes. » Enfin Dejean, dans son catalogue des Coléoptères, p. 201 (1837), cite plusieurs espèces de ce genre qui n’ont point été connues par Solier : ce sont les Eury- chora complanata et punctata, qui habitent le cap de Bonne-Espérance , et la squalida, qui est signalée comme ayant été rencontrée en Egypte. Telles étaient les espèces d’'Eurychora connues jusqu’à présent et les diverses régions africaines où elles avaient été rencon- trées, lorsque M. le général J. Levaillant, dans une ex- pédition qui eut lieu en 1849 dans le Djebel-Amour, en découvrit une nouvelle espèce sur les pentes sud de ces montagnes élevées. Nous ne pensons pas que cette coupe générique ait élé jusqu’à présent signalée dans cctte partie de l’Afrique, qui est la limite de nos posses- sions en Algérie, et il est curieux de voir, géographi- quement parlant, les espèces de ce genre s'étendre jus- que dans le nord de l'Afrique. Nous avions déjà fait connaître cette Eurychora dans les Annales de la Société entomologique, Bullet: 2 série, tom. VI, p. 1v (1850), TRAVAUX INÉDITS. 33 mais elle n'avait pas encore été représentée, et nous croyons qu’une figure exacte de cette espèce algérienne ne sera pas sans intérêt pour la science. Euryrhora Levaillantii, Lucas (Ann. de la Soc. ent. de France, 2e série, tom. VIT. — Bulletin, p. 1v, (1850). — Long. 7 millim. ; lat. 4 millim. (pl. 4, f. 6, 7). — E. nigro-rufescens; capite subiili- er puuetate, utrinque profundè depresso : thorace elougato, sub- uiliter granulato, quinque suprà depresso: margivibus maxime di- Jatalis, his spinosis, minûs elevatis quam in E. crenatà scutello subtilissime granuloso; elytris sat elongatis, profundè in medio utrinque depressis. lortiter puuc atis, Suturà granulatà pro-minen- teque, suprà marginibus lougitodivaliter utrinque spinoso quadri- Jineatis, Hineà po-ticà abbreviatà : abilomine nigro, granario; pedi- bus rufesceu-ibus. subtilissime spinosis. Elle est plus petite que l'E. crenata, Solicr, Ann. de la Sociét. ent., 1 série, tom. VI, p. 160, n° 4, dans le voisinage de laquelle cette curieuse espèce vient se ran- ger. Elle est d'un noir roussâtre. La tête, finement granuleuse, présente de chaque côté, un peu avant les yeux, une dépression très-profonde. Les antennes sont d’un brun roussätre, avec le dernier article entièrement de cette dernière couleur. Lethorax, dont les expansions sont très-dilatées sur les parlies latérales, est bien moins relevé en dessus que dans l'E. crenata, et, quoique cet organe soit bordé d’épines sur les côtés latéraux, il n’est cependant pas crénelé en dents de scie, comme dans celte dernière espèce; de plus, il est plus allongé, finc- ment granulé, et présente cinq dépressions ainsi dis- posées : deux antéricurement, assez profondes, mais petiles, deux postérieurement, plus grandes, mais moius profondes, et enfin une médiane à la base, pe- tite, plus profondément marquée que les précédentes, surtout celles qui sont postéricures; dans son milieu, on aperçoit une impression longitudinale, assez forte- ment accusée, avec les bords de cette impression sur- montés de chaque côté de deux pelites saillies épineu- ses. L'écusson est très-finement granulé. Les élytres 2 séma, r, v. Année 14853. 5 54 REV. ET MAG. DE 200LOGIE. (Janvier 1853.) (f. 7), assez allongées, un peu plus étroites que le tho- rax, sont profondément déprimées de chaque côté de leur partie médiane; elles sont fortement ponctuées, avec la suture finement granulée et faisant saillie; les” bords latéraux présentent deux rangées longitudinales d’épines assez fortes, qui se réunissent seulement à la partie humérale, laquelle est fortement dilatée de cha- que côlé, de manière à former un angle aigu; en dessus on aperçoit de chaque côté une troisième rangée longi- tudinale d’épines, qui atteint les parties antérieure et postérieure; de la base de ces mêmes organes et de cha- que côté part une quatrième rangée d’épines, qui n’at- teint pas lout-à-fait la moitié des élytres, et à laquelle vient se réunir la deuxième rangée d’épines du bord latéral; à leur partie inférieure, elles présentent des points beaucoup plus gros et plus profondément mar- qués que ceux offerts par la partie médiane de ces mé- mes organes. L’abdomen est noir, chagriné. Les pattes sont roussätres, très-finement épineuses; quant aux tarses, ils sont de même couleur que les pattes. Cette jolie espèce habite les plateaux élevés du Djebel- Amour; c'est sous les pierres que cette Eurychora, nouvelle pour la Faune entomologique algérienne, a été découverte par M. le général J. Levaillant, auquel je me fais un plaisir de la dédier. Descriprion de quelques nouvelles espèces d’Echino- dermes fossiles, par M. Harooun Micneun. Magnosia, Michelin. — XL. Nodoti, Michelin. — M. testà altà, inflatà, subcylindricà ; basi concavà ; tuberculis numerosis, parvis, æqualibus, obliquè dispositis; ore maximo ; ano minimo. — Dia- mètre, 25 millim. ; hauteur, 45 à 48 millim, Comme on ne connaît encore que l’espèce dont il va être question, la description servira à caractériser le genre. TRAVAUX INÉDITS, 85 Test élevé, enflé, à basé concave et à tubereules nom breux, pelils, égaux, ni perforés ni crénelés; les pores; qui sont disposés par paires du sommet jusque vers le milieu, se divisent ensuite, en allant vers la base, en. plusieurs séries. La bouche est très-grande, occupant presque toute la partie inférieure; anus petit et arrondi, Aires ambulacraires étroites, avec des rangs obliques de tubercules. Nous devons à M. Nodot, conservateur du Musée d’his: toire naturelle dé Dijon, la communication de cet Echi- nide, qui est indiqué audit Musée comme provenant de l’oolite inférieure d’Avosnes (Côte-d'Or). Nous en pos- sédons, depuis peu de temps, un échantillon, en assez mauvais état, de Nattheim (Wurtemberg). L’analogie du genre Magnosia est très-grande avec ceux Arbacia, Polycyphus et Eucosmus, mais il en dif- fère : 4° Par la disposition oblique des lignes de tuber- cules; 2° Par la grandeur de la bouche. Cette espèce porte, dans la série des moules d’Agas: siz, la marque n° V 52. Glypticus, Agassiz. — G. Burgundiacus, Michelin. — G. Testà conicà, crassà ; ore magno ; tuberculis rotundis, in facie inferiore: maximis, crassis; interstitiis granulosis ; ano pentagonale magno; assulis ovarialibus quinque elongatis, extremitate exteriore latera- liver perforatis ; assulis interovarialibus, quinque minoribus cordi- formibus, in medio sulcatis. — Diam. 25 à 50 millim. ; altit, 45 mmilim. Ce joli Echinide fait partie du Musée d’histoiré natu- relle de Dijon, et il est annoncé avoir été trouvé dans les couches ferrugincuses de l'Oxford clay d'Etroché (Côte-d'Or), près Châtillon-sur-Seine. Très-voisin du G. hieroglyphicus, il en diffère par sa forme conique, par ses tubercules ronds et très-élevés. Dans la série des moules d'Agassiz, il porte la marque V 53. Nüéleolites, Lamarck. — N. quadratus, Michelin, — N, infla- 36 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1853.) tus, subquadratus, anticè rotundatus, posticè irunçatus; auv ovali in parte superiori sulci postici; suco areæ imparis brevi, marginali; ambulacris strictissimis. — Long. 28 millim. ; allit. 12 millim. Cette espèce fait partie du Musée de Dijon, comme provenant du terrain oolitique de la Haute-Saône. J'ai cru d’abord qu'elle était une variété du Clypeus Hugü, Agassiz, mais, après un examen attentif, j'ai reconnu qu’elle en dillérait par ses ambulacres très-étroits, par sa bouche plus centrale, et surtout par la forme moins anguleuse de sa partie postérieure. Elle est presque aussi longue que large. Dans la série des moules d’A- gassiz, elle a la marque V 54. Pygaster, Agassiz. — P. Kæchlini Michelin. — P. testà sub- angulari, compressà minori, lateraliter tumidà; ore depresso, sub- cireulari; areis ambulacribus strictis, proeminentibus ; ano supero, masno, piriformi., — Long. 47 millim.; larg. 45 millim. ; alut. 42 millim. Cet Echinide provient de la collection de M. Joseph Kæœchlin Schlumberger, de Mulhouse, qui l’a rencontré dags les couches du terrain néocomien de Sainte-Croix, dans le Jura Vaudois. Les tubercules en sont un peu usés, de sorte qu'il est difficile d’en donner plus ample description. Nous avons dédié cette espèce à M. Kæch- lin, qui a bien voulu nous la confier, et elle porte la marque V 51 des moules d’Agassiz. Nous signalerons que, depuis peu de temps, en dé- gageant les bouches de deux moules intérieurs du Py- gaster umbrella, Agassiz, nous avons reconnu qu’elles étaient garnies d'appareils servant à la mastication, et à peu près confurmes à ceux des Clypeaster. Leur mau- vais élat de conservation empêche de les décrire exac- tement. Il est cependant bon de signaler que les pièces réunies doivent former une sorte de pyramide assez aiguë. Ce genre devra donc, pour les espèces qui seront re- SOCIÉTÉS SAVANTES. 37 connues pourvues desdits appareils, passer des Cassi- dulides dans les Clypeastroïdes. II. SOCIETÉS SAVANTES. ACADÉMIE DES SCIENCES DE Pants. Séance du 3 Janvier 1853. — M. Paul Laurent adresse de Nancy un travail très-étendu ayant pour titre : Etu- des physiologiques des animalcules des infusions végétales, comparées aux organes élémentaires des végétaux. Pre- mière parlie : Des infusoires. C’est un grand et beau travail, accompagné de plan- ches nombreuses, et qui paraît être le fruit de recher- ches bien dirigées. Il a été renvoyé à une commission dont nous ferons connaître le rapport s’il a lieu. Séance du 17 Janvier. — M. Duvernoy lit un Mémoire ayant pour litre : Nouvelles études sur les Rhinocéros fossiles. Dans ce travail, le vénérable et savant anatomiste a entrepris la révision de ce groupe de Pachydernes “dont l'étude est peut-être la meilleure introduction pour celle des genres détruits de ce même ordre, tels que les Pu- læotherium, ete., dont on ne trouve plus que des osse- ments à l’état fossile. Dans son immortel ouvrage sur les ossements fossi. les, Cuvier ne décrit que quatre espèces de Rhinocéros. Dans l'intervalle qui s’est écoulé depuis la publication du dernier volume des Recherches, en 1824, jusqu’à celle de l’importante livraison sur les espèces de Rhi- nocéros vivantes et fossiles, qui parut en 1844, et qui fait partie de l'Ostéographie, par M. de Blainville, di- vers paléontologistes en ont proposé seize espèces, ce qui porterait à vingt les espèces détruites, tandis qu'on n’en resonnail que cinq qui vivent actuellement en Asie et en Afrique. M. Duvernoy, riche des belles collections 88 ‘REV. ET MAG. DE ZO00LOGIE. (Janvier 1853.) du Muséum, cherche, dans le présent travail, à arriver à une détermination plus précise des espèces fossiles de Rhinocéros, en se servant de deux sortes de preuves, qu’il prend à la fois dans les données géologiques et æ0ologiques. Il donne ensuite un exposé très-remarqua- ble, et pris à un point de vue très-élevé, des principes qui doivent guider le paléontologiste, et il annonce qu'il divise ces études en trois parties, ainsi qu'il suit : Dans la première, il traitera des espèces de Rhinocé- ros que l’on trouve dans les terrains miocènes. La seconde comprendra les Rhinocéros des terrains pliocènes. Et la troisième les espèces des cavernes et des ter- rains diluviens. — M. Edouard Robin adresse un Mémoire ayant pour titre : Sur les causes de la mort sénile. — M. Duméril, en faisant hommage à l’Académie d’un Mémoire de son fils, M. Auguste Duméril, fait connaitre le but de ce travail, qui vient de paraitre dans le tome VI des Archives du Muséum d’histoire naturelle ; il a pour titre : « Description des Reptiles nouveaux ou imparfaitement connus de la collection du Muséum d'histoire naturelle de Paris, et remarques sur la clas- sification ct les caractères des Reptiles. » (?est un pre- mier Mémoire où sont passés en revue les Chéloniens et les deux premières familles de l'ordre des Sauriens, celles des Crocodiliens et des Caméléoniens, Il est ac- compagné de neuf planches, dont six coloriées, repré- sentant les espèces nouvelles, qui sont, parmi les Tor- tues, deux Emydes (Emys aleorata et Berardi), deux Cinosternes (Cinosternon cruentatum et leucostonum), et une Podocnémide (Podocnemis Lewyana), un Crocodile de l'Amérique centrale (Cr. Moreletü), et enfin deux Caméléons (Cham. Calyptratus et balteatus). La dernière planche représente les têtes de la plupart des espèces SOCIÉTÉS. SAVANTES: 39 connues: de Caméléons, et montre ainsi l'importance des caractères que l’on en a tirés pour le classement de ces animaux. Outre les espèces nouvelles qui viennent d'être mdi- quées, ce Mémoire contient des détails relatifs à un as- sez grand nombre de Reptiles peu connus jusqu'ici. Séance du 24 Janvier. — M. Duvernoy lit la suite de ses Etudes sur les Rhinocéros fossiles. — Des espèces des terrains miocènes. L'auteur démontre que les terrains tertiaires miocè- nes des vallées de la Loire, de la Garonne ou du Rhin, ou des affluents de ces fleuves, ont enfoui les ossements de six espèces au moins de Rhinocéros, qui sont : 1° l’4- cerotherium tetradactilum; ® le Rh. inciswus; 3° le R. pleuroceros Duvernoy; # lAcerotherium gannatense, Duv.; 5° le R. brachypus; 6° et le R. minutus. Coxcnès des délégués des Sociétés savantes des départe- ments, Session tenue à Paris du 20 au 50 janvier 1853. Cette réunion est due à l'initiative de M. de Cau- mont, à qui la France doit la féconde institution des Congrès scientifiques et de l’Institut des provinces, et qui consacre noblement sa fortune et son temps à celte œuvre si utile. Outre le grand avantage de faire connai- tre les travaux, souvent si remarquables, des hommes d'étude qui habitent les départements, cette institution, en réunissant chaque année à Paris un grand nombre de ces hommes d'élite, les met en relations intimes, leur offre l’occasion de mieux se connaître et s’appré- cier, et resserre entre eux les liens déjà établis par la connaissance qu'ils ont mutuellement de leurs travaux. A la section d’histoire naturelle, M. le baron de La- fresnaye a ln un Mémoire ayant pour titre: « Sur les modifications que l’on remarque dans Ja forme du sque- 40 REV. ET MAG, DE ZOOLOGIr. (Janvier 1853.) lette, et principalement de l’appareil alaire chez les oi- seaux suivant les différents genres de vol particuliers à leurs différentes familles. » Après avoir reconnu toute l'importance de l’observa- tion du squelette, comme moyen de classification chez les Oiseaux, ainsi que le démontra, il y a déjà un cer- ain nombre d'années, notre célèbre professeur de Blain- ville, il s’élonne que ce savant, ct après lui un de ses élèves, Lhcrminier, se soient restreints à l'observa- tion-seule du slernum et de ses annexes pour cetleclas- sification, en l’isolant par conséquent du reste du sque- lette et même de l'aile osseuse. Pour prouver combien celte méthode est insuffisante, et peut même entrainer de graves erreurs dans le rap- prochement des espèces, sans donner d'indication cer- taine sur le genre de vol particulier à chacune d’elles, il expose un certain nombre de squelettes qu'il a faits lui-même, et, commençant par la comparaison de ceux du Faucon pèlerin, oiseau remarquable par le vol le plus puissant, et de la Buse, au vol lent ct pesant, il prouve que l'inspection seule de leur sternum et de ses annexes ne pouvait donner aucune idée de cette énorme différence dans la faculté du vol, mais qu’en à obser- vant sur le squelette entier on reconnait qu'il est plus petit chez la Buse, sa crèle sternale ou bréchet moins développée en longueur ct en hauleur, ses os coracoi- des, sa fourchette, plus faibles; que, par conséquent, chez elle toutes les parties osseuses servant de point de départ et d'attache aux deux grands muscles moteurs de l'aile (le grand et le moyen pectoral, présentent moins de développement que chez le Faucon, tandis que les trois parties composant l'aile osseuse, l’humé- rus, l’avant-bras et la main, forment un ensemble beau- coup plus long, et par conséquent plus difficile à faire mouvoir avec célérité. IL observe toutefois que chez le Faucon cette troisième partie, destinée chez les Oiseaux SOCIÉTÉS SAVANTES At à porter les dix grandes pennes qui terminent l'aile, est plus longue que chez la Buse, parce que chez lui ces pennes étant beaucoup plus fermes et plus grosses, avaient besoin que la main sur laquelle elles prennent leur attache fût plus grande. IL fournit une seconde preuve dans la comparaison de deux échassiers, le Héron butor et la Bécasse. Chez le premier, le sternum pris isolément annoncera, par sa forme et son ensemble, un vol assez puissant; mais, lorsqu'on vient à lui comparer l'aile osseuse, que les muscles pectoraux doivent faire agir, on est surpris de ses disproportions en grandeur, ainsi que de celles du squelette entier, avec ce sternum, d’une si faible di- mension. Il n’est pas difficile d’en conclure alors, avec vérité, que cet oiseau ne doit avoir qu’un vol lent et pénible. Chez la Bécasse au contraire, oiseau d’une di- mension infiniment moindre, le sternum est tout aussi grand, sa crête sternale paraît même plus développée, tandis que son aile osseuse est incomparablement plus courte dans ses trois parties. Aussi la Bécasse a-t-elle un vol puissant, le soir surtout, qui est le moment où elle quitte le fourré pour aller chercher sa nourri- ture’, * Il dit en second lieu que l'opinion généralement adoptée que la grande dimension du sternum, en lon- gueur ct en largeur, était le principal indice d'une grande puissance de vol chez les Oïseaux n’était pas exacte, et que c'était bien plutôt la grande dimension en hauteur et en longueur du bréchet ou crête sternale qui annoncait la perfection de cette facuhié. Il en four- uit des preuves par les sternums du Martinet et du Co- hbri, excellents voiliers, chez lesquels cette crête ster- nale a un développement énorme presque anomal avec un sternum très-rétréci antérieurement, tandis que chez le groupe des coureurs, tels que l’Autruche, le Nandou, ele... oiseaux entièrement privés de la faculté 42 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1853 ) ‘du vol, il y a absence totale de crête sternale sur un sternum assez développé d’ailleurs, chez certains Mam- mifères qui volent (les chauve-souris); et chez la Taupe, qui avait besoin d’une grande force musculaire dans ses membres antérieurs pour fouiller la terre avec célérité, il y a des indices de crête sternale. Il dit en troisième lieu que la longueur et la largeur de la partie de l'aile, appelée la main chez l'oiseau, et sur laquelle sont insérées les dix pennes primaires, et la brièveté au contraire de lhumérus, telles qu’on le remarque chez le Martinet, le Colibri et même le Fau- con pèlerin, doués au plus haut degré d’un vol rapide ‘el puissant, était par conséquent un indice certain d’une grande perfection de vol, qui ne se retrouvait nulle- ment chez les espèces qui ont l’humérus très-long avec Ja main courte. 4° Chez les Gallinacés, a-t-il dit, cés Oiseaux au corps lourd, épais, doués néanmoins d’un vol rapide et préci- pité, mais peu durable, on remarque avec étonnement un sternum et sa crête sternale très-repoussés en ar- rière, et ce sternum ayant sur les côtés des échancrures si profondes qu’elles en occupent presque la totalité, et qu’au lieu d’être osseuses ces parties sont au contraire presque entièrement membraneuses. Jusqu'ici, a-t-il dit, cette double singularité a été reconnue et indiquée par la plupart des zoologues, mais sans en chercher la cause. Il attribue celle de la première à ce que les Galli- nacés vivant presque exclusivement de semences et de végétaux, qui subissent dans leur jabot une première élaboration, il en résulte que ce jabot, souvent gonflé d’une manière extraordinaire par le volume de ces ali- ments, aurait produit une énorme saillie au-devant du sternum et sur la poitrine de l’oiseau, si ce sternum et son bréchet w'eussent pas été fortement repoussés en arrière. Il a été amené à cette opinion par la vue du sternum tout anomal de l’Hoazin, cet oiseau d’Amréri- SOCIÉTÉS SAVANTES. 43 que qui nese nourrit que des fruits et des feuilles d’une grande espèce d’arum du Nouveau-Monde. Chez lui, le sternum et sa crèêle sont tellement repoussés en arrière que le bréchet a pour ainsi dire disparu, laissant par là un espace notable antérieurement et même inférieure- ment pour le jabot de cet oiseau, qui, lorsqu'il est gon- flé par cette nourriture toute végétale, acquiert souvent un volume égal à celui du corps entier de l'oiseau; il lui a paru rationnel d'expliquer les rapports du sternum des Gallinacés avec celui de cet oiseau par les rapports de leur alimentation. Quant à l’état membraneux des parties latérales du sternum chez les Gallinacés, il pense que c’est une suite naturelle de ce que l’on remarque dans la grande di- mension du Jabot, c’est-à-dire d’une nourriture souvent toute végétale. Les viscères abdominaux gonflés comme le jabot lui-même par ce genre d'alimentation n’eussent peut-être pas trouvé sur la surface interne du sternum, sur laquelle ils reposent, la même facilité pour opérer leur mouvement digestif, si cette surface eût été osseuse comme elle l’est dans les autres ordres au lieu d’être en grande partie membraneuse. 5° Il a ensuite fait remarquer un squelette de Ganga, cet oiseau que l’on placait autrefois dans l’ordre des Gallinacés, mais qu'avec raison on met aujourd’hui près des Pigeons. En effet, outre une grande conformité dans l'éducation de leurs petits, ces deux genres en pré- sentent encore dans leur squelette, annonçant une grande aptitude au vol, Car chez le Ganga on remarque une crête sternale singulièrement développée en hau- teur, rappelant même en cela celle du Martinet et du Colibri, mais beaucoup moins saillante en avant, ce qui, joint à une fourchette singulièrement petite, simu- lant un demi-anneau suspendu au-devant des humérus, fait présumer à M. de Lafresnaye que cet oiseau de transition aurait, comme les Gallinacés, une nourriture 44 REV. ÉT MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1853.) souvent végétale, par conséquent un jabot volumineux se logeant dans l’espace resté vide par le reculement du bréchet, quoique très-développé en hauteur, et par la petitesse et la suspension élevée de la fourchette. Cet oiseau, d’après la hauteur de sa crête sternale et son reculement en arrière, la longueur et la roideur de ses pennes primaires, ce qui en fait un oiseau de tran- sition entre les Pigeons, et les Gallinacés, vient encore à l'appui de deux des opinions émises par M. de La- fresnaye. 6° 11 a ensuite exposé le squelette d’un Tinamou, gal- linacé d'Amérique présentant un sternum très-étroit ct très-allongé, avec ses côtés presque entièrement mem- braneux, et a dit que l'on trouvait dans le rétrécisse- ment de leur sternum et la compression du squelette enlier de ces Oiseaux une grande analogie avec ces mé- mes parlies chez la Poule d'eau, analogie qui avait dé- cidé M. Lherminier à les placer à la fin des Gallinacés, et les Poules d'eau en tête des Echassiers. Pour lui, cctle analogie n'était qu’une indication des rapports de leur habitat dans les herbes fourrées, la Poule d'eau se cachant souvent dans les hautes herbes et les roseaux des rivages, dont sa forme comprimée lui facilite l’en- trée et le parcours, et le Tinamou, qui se lient cons- tamment caché dans les herbes épaisses des terrains élevés du Nouveau-Monde, trouvant aussi dans le rétré- cissement de tout son squelette une plus grande facilité à s’y frayer un passage et même à les parcourir rapide- ment pour se soustraire au danger. En résumé, M. de Lafresnaye pense que chez les Oi- seaux, où les modifications dans la faculté du vol sont si nombreuses et si diversifiées dans chaque genre, pour ainsi dire, l'inspection du sternum, point de départ des principaux muscles moteurs de l'aile, en se gardant bien de l'isoler de l'aile osseuse, et même du reste du squelette, peut foriner d'excellents caractères pour rej MÉLANGES ET NOUVELLS#. 45 connaître ces modifications, mais que l'inspection du squelette entier est indispensable pour servir de base à une bonne classification. III. MÉLANGES ET NOUVELLES. M. H. Lucos nous prie d'insérer la lettre suivante: « Monsieur et cher collègue, «a En étudiant dernièrement les Albunea des deux sexes, que j'ai rapportées d'Algérie en 1850, je me suis aperçu que j'avais confondu cette espèce méditerra- néenne avec celle de l'Océan indien. Lorsque j'ai com- mis celle erreur, je ne possédais malheureusement que quelques individus mâles de ce Ptérygure, que j'avais pris pendant mon premier voyage en Afrique, duran{” les années 1840, 1841 et 1842, dans la rade d’Alger, entre le cap Malifou et le fort de l'Eau. Désirant me procurer d’autres individus de ce curieux crustacé à l’é- poque de mon deuxième voyage, en 1850, je me trans- portai sur les mêmes lieux, et j’eus la satisfaction de prendre une douzaine d'individus de cette Albunea, qui habile des fonds sablonneux et qui se plaîil à une pro- fondeur de 50 à 40 mètres environ. Parmi ces indivi- dus, je rencontrai une femelle, et c’est avec l’aide de ce sexe qu'il m'a été possible de caractériser d'une ma- nière positive cette nouvelle espèce, qui a une très- grande analogie avec l’Albunea (Cancer) symnista de Linné (1), à laquelle je l'ai rapportée, mais à tort, dans mon Histoire naturelle des animaux articulés de l'Algé- rie, tom. 1, p.27, n° 55, pl. 5, fig. 2. Si on étudie com- parativement le front de ces deux espèces, on voit que, dans celui de l’Albunea symnista (pl. 1, f. 8), les dents M) Syst. nat., tom. 1, p. 630, n° 39, (1757). sé Rev. ET MAG. DE Y00L0c1é. (Janvier 1853.) tont allongéés, scrfces, et au nôMbré de one à que torze, tähdis qhe dafis celui de V’Albuñea d'Algérie, où tre que les pédoncules oculaires soient moins allongés et plus étroits, ces dents sont plus courtes, à base Ma coup plus large, moins serrées par conséquent, et ordi- nairement au nombre de neuf. Outre ce caractère, qui est constant dans les deux sexes, il en existe encore un qui est beaucoup plus sensible et qui réside dans la forme du dernier segment abdominal. Si on compare l'Albunea symnista mäle (f. 8 a) avec un individu du même sexe de l’Albunea d'Algérie (f. 9 a), on remar- quera que, dans l'espèce de la mer des Indes, ce dernier segment abdominal est large sur les côtés latéro-postérieurs avec la partie antérieure ou celle qui reçoit l’avant-dernier segment profondément échan- crée; tandis que chez l'espèce d'Algérie ce même “segment est tout-à-fait cordiforme, c’est-à-dire élargi sur les côtés latéro-antérieurs avec la partie mé- diane non échancrée pour recevoir l’avant-dernier seg- ment abdominal ; il est aussi à remarquer que de chaque côté du sillon médian on en aperçoit un autre, mais plus petit, transversal, surmonté de quelques poils, qui atteint les parties latérales du segment ab- dominal et du bord duquel naissent des soies allongées, roides, serrées, à direction postérieure. Si on étudie ensuite, et toujours comparativement, l’Albunea sym- nista femelle et ce même sexe de l’Albunea d'Algérie, on verra que. dans l’espèce de l'Océan indien, l’abdo- men est plus étroit, faiblement échancré à la partie an- térieure, tandis que celui de l’Albunea de la Méditerra- née est ovale, beaucoup plus large, et présente une échancrure assez profonde de chaque côté de la portion segmentaire, avec laquelle vient s’articuler l’avant-der- fier segment abdominal. Je ferai encore observer que, de chaque côté du sillon médian, on aperçoit une série de points assez profondément marqués, et, au-dessus HÉLANGES ET NOUVELLES. 41 des sillons latéraux, on remarque aussi, comime dans le: mâle, quelques points formant une ligne transversale, Tels sont les caractères aÿec lesquels il sera facile de différencier désormais cette espèse, que je propose de désigner sous le nom d’Albunea Guerinü, en rectifiant de la manière suivante la synonymie de ce Ptérygure : Albunea Guerinü, Lucas (pl. 1, f. 9). — Mâle. Long. 50 à 55 millim. ; lat. 18 à 22 millim. — Femelle. Long. 40 millim.; lat. 24 millim. Albunea symnista, Lucas (non Linné), Hist. nat. des anim. art. de l'Algérie, tom. 1, p. 27, n° 55, pl. 3, fig. 2. A. simillima Albuneæ symnistæ, Linné sed differt : pedonculis ocularibus brevioribus atque angustioribus ; spinis frontalibus mi- püs elongatis, minüs confertis ad basim latioribus ; ultimo segmento abdominali omninà cordiformi in mari, ovato et latiore in fæminà. Rencontré, pendant les mois de juin et de juillet seulement, sur les côtes Est de l'Algérie (rade d'Alger), dans un fond sablonneux et à unc profondeur de 30 # 40 mètres environ. Agréez, elc. H. Lucas » L'observation de mon ami M. Lucas, et la rectification à laquelle elle a donné lieu, ajoute une espèce bien dis- lincle à ce singulier genre, qui ne se composait que de deux espèces. En voilà une autre que je dois à l'amitié d’un géologue très-distingué, de M. le marquis Pareto, de Gênes. Ce savant me l’a donnée, avec quelques au- tres crustacés péchés dans les environs de cette ville ; mais, comme il avait aussi reçu quelques crustacés d’A- mérique d’un capitaine de navire marchand, il n’a pu m'affirmer que cette Albunée provenait bien positive- ment de la mer de Gênes, 48 REY. ET MAG DE 200LO0GiE. (Janvier 1853.) Aujourd’hui ; la découverte dans la Méditertanée d'une espèce de ce genre permet de penser qu’il peut bien y en avoir une autre sur les côtes européennes, ct, en appelant l’attentio® des zoologistes à ce sujet, nous espérons que, sous peu, le doute qui nous reste sur l'habitat de cette nouvelle espèce scra levé. Je vais donc donner une courte description de cette Albunée, que je me fais un plaisir de dédier à M. Pareto comme un faible témoignage de gratitude pour la réception pleine de bienveillance qu’il m’a faite l’année dernière. Albunea Parelii, Guer. (pl. 14, . 40). — A simillima Albuncæ Guerini Lucas, sed differt : pedonculis ocularibas clongatissimis atque angustissimis; spinis frontalibus subelongatioribus minusque confertis ; ultimo segmento abdomiuali ut in A. Simnista Gucrinii- que sed augustiore (Mariignoto. — Hab. Mediterranea ?) Les figures qui accompagnent cette notice montrant comparativement les principaux caractères de celte es- pèce et des Albunea symuista et Guerini, me dispen- sant, pour le moment, d'une plus longue description. Guénin-MÉNE VILLE. TABLE DES MATIÈRES. ©. Des Mons. — Lanius pitangua et sulphuratus. 3 A. Douéuz. — Monographie des Rousseltes. 8 Lucas. — Genre Simpiezocera. 25 _ Eurychora Levaillantii. 30 Micueuin. — Echinodermes fossiles. 54 Académie des Sciences de Paris. 37 Congrès des déiégués des Sociétés savantes des départements. 59 Mélanges et nouvelles, — Albunea. 45 Paris, — mp. Simen Lagon st Ce, rue d'Érfueth, 8 Æev et Mag de Zoologie, 1853. PAR à j ÿ / S s 1 l us 2 =— PT = Sn — cle g- er ps nt a Troglodytes Gorilla , Savage an Gorilla Savagei ? Ô S2ZIZIÉME ANNÉE. — FÉVRIER 1853. I. TRAVAUX INÉDITS. Erures sur les Primates du genre Gore (Cours de M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, 1853), par M. Henri AucarTanE. — (Voy. pl. 2.) Avec cet esprit de haute sagacité qui présidait à tous ses travaux, Etienne Geoffroy-Saint-Hilaire émit, dès 1898, l’idée de l’existence d'une seconde espèce de son genre Zroglodytes (1), habitant la côte ouest de l’Afri- que. Ce fut après l'examen d’un crâne de la collection anatomique du Muséum, qu’il soupçonna (Cours de l’hist. nat. des Mammifères , leçon VII, p. 19) (2), ce fait que rien n’était venu confirmer depuis. En 1847 M. Savage, missionnaire américain qui s’occupait de zoologie sur les bords de la rivière du Gabon (entre l’E- quateur et le 3° de latit. N. côte E. du golfe de Guinée). signala (5) et décrivit une nouvelle espèce de Troglo- (1) Etienne Geoffroy-Saint-Hilaire (Tableau des Quadrumanes, 4812) établit le genre Troglodytes (rpéÿodr#:, habitant des cavernes) pour le Simia troglodites de Gmelin, Trogl. niger, Et. Geoffroy. C'est le singe que Tulpius fit connaître, en 1636, dans ses Observationes medicæ, sous le nom de Satyre indien, et le Jocko figuré par Buffon, pl. I, t. XIV, édit. 4766. M. de Blainville a décrit (Ostéogra. fasc.1, p. 39), le squelette de cette espèce d'après un jeune individu. . (2) Voyez Catal. des Primates du Muséum de Paris, Isid. Geoff., P 1v. (3) Journal of the natural Ilistory of Boston, 4847, trad. par M. J. Haime, dans les Ann. des Se. nat., V, 16, p. 158. 2° séme. Tr. v Aunée 14855. À 50 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1853.) dytes qu’il nomma Gorille, nom heureux puisque quel- ques auteurs avaient déjà cru reconnaître dans le Tro- glodytes les femmes gorilles dont parlent les anciens. Malheureusement, le sujet d'étude de M. Savage était en si mauvais élat qu’il ne put continuer ses observa- tions. Mais, peu de temps après, M. Owen s’étant pro- curé un crâne, publia un Mémoire où il établissait la même espèce sous le nom de Troglodytes Savagei, la dé- diant ainsi à celui qui l’avait découverte (1). Un autre zoologiste, M. Wymann, confirma (2) les faits avan- cés par M. Savage. Il y a peu de temps M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire communiqua à l’Académie des Sciences une Nolc (3) par laquelle il annonçait l’arrivée à Paris de deux échantillons du genre Troglodytes, rap- portés par M. Penaud, commandant la frégate l’Eldo- rado : Vun de ces échantillons était donné par cet offi- cier, l’autre par M. Franquet, chirurgien de la marine, Le Muséum avait également recu en 1849, de M. Gau- tier-Laboulaye, un crâne et un squelette complet d’a- dulte, qui fut remis à M. de Blainville; malheureuse- ment cet illustre savant mourut avant d’avoir donné jour au résultat de ses études. A l'intérêt immense pour la zoologie et l'anatomie de la découverte de cette es- pèce s’en rattache un non moins grand pour les scien- ces historique et géographique. Nous allons, dans un premier aperçu, esquisser rapidement l'historique du Gorille avant d'aborder les détails qui se rattachent à son organisation et à ses mœurs. (1) Proceeding of the Zoological Society, feb. 1848, et depuis Transactions of the Zoological Society, t. II, p. 381, sous le titre d'Osteological contributions to the natural history of the Chim- panzee (Troglodytes, Geolf., including the descriptions of the Skult of a large species (Troglodyles gorilla, Savage). Discovered by 1. Savage, M. D. in the Gabon, country west Africa. (2) Trans. of. the Zool. Soc., etc. (3) Rev. zool.. 1852, P. 37. TRAVAUX INÉDITS. 51 I. Indépendamment de son intérêt zoologique, la dé- couverte du Primate nommé Gorille se rattache à une des grandes questions de géographie moderne ; car elle fixe d’une manière précise le terme de la navigation d’Hannon (1), que les géographes n'avaient encore pu déterminer, puisque, selon M. Gosselin (2), il arriva aux environs du cap Non, et selon Forster (3), aux gol- fes des Medaïos et Gonzalo da Cintra (4). Dans un re- marquable Mémoire historique présenté à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, le savant M. Dureau de la Malle (5) a fourni les documents propres à éclairer ce sujet. Hannon, dans son Periple (6), mentionne évi- demment, sous le nom de Gorilla, cette espèce du genre Troglodytes. Kluge (loc. cit., p. 6), démontre encore que l'habitat du Gorille actuel ou des Gorgones latines est le même, en dégageant les récits de Pline et en re- courant à l'inscription traduite du punique par Han- non lui-même, qui expose ce qui suit (7): A Nous arrivämes dans le golfe appelé la Corne du Sud (#mcv vorou xépus Aeyouewv). Dans le fond de ce golfe était une île semblable à la première, qui avait un (4) Hannon (Aw&v) suffète Carthaginoïs, regardé par quelques auteurs comme contemporain d'Hérodote, navigua hors des colon- nes d’Hercule, afin de fonder des colonies Lybiphéniciennes; il ap - pareilla emmenant soixante pentécontères et trente mille Lybiphé- niciens, tant hommes que femmes. (2) Recher. I, p.156. (5) Magas. univ. des Voyage, V. 312. {4) Consultez E. Dodwell, Dissert. de peripl. Hannon dans la géographie ancienne d'Hudson, I, et la récente et meilleure tra- duction de M. Dureau de la Malle, revue par M. Hase. (5) Annales des Sciences naturelles, t. XVI, p.454. (6) Cité par Pline, LVI, chap. 56, inscript. orig. en grec, com- mentée par Kluge, Dissertation, p. 7 à 49, Lipsiæ, 4829. {1) Periple d'Hannou, suffète (c’est-à-dire roi) des Carthaginois dans les parties de la Lybie situées au-dessus des colonnes d'Her- cule (Periple qu'il a consacrées dans le temple de Saturne, et qu'exposa.…., ete... Trad, Dureau de la Malle). 52 REV. ET MAG. E ZOOLOGIE. (Février 1853.) lac, et dans ce las était une autre île remplie d'hommes sauvages. En beaucoup plus grand nombre étaient les femmes velues, que nos interprètes appelaient Gorilles. Nous les poursuivimes; mais nous ne pümes prendre les hommes, tous nous échappaient par leur grande agi- lité, étant cremnobates (c’est-à-dire grimpant sur les rocs les plus escarpés et les troncs d’arbres les plus droits), et se défendant en nous lançant des pierres. Nous ne primes que trois femmes qui, mordant ct dé- chirant ceux qui les emmenaient, ne voulurent pas les suivre : on fut forcé de les tuer. Nous les écorchâmes et portâmes leurs peaux à Carthage; car nous ne naviguä- mes pas plus avant (Corne du Sud ou cap des Trois- Pointes, golfe de Guinée), les vivres nous ayant man- qué..…. » Ces peaux furent, en effet, transportées à Carthage, et déposées par l'amiral dans le temple de Junon Astarte, et le rapport atteste qu’il fut consacré et scellé dans le temple de Saturne, où, lors de la prise de la ville (146 avant J.-C.), les Romains les trouvèrent suspendues. Pline, qui raconte le fait, dit (t. VI, p. 56) qu’au-delà du golfe appelé Hesperion-Ceras est le pays des Ethio- piens Espériens occidentaux. En face, et séparées par deux jours de navigation, sont les iles Gorgades, habi- tées par les Gorgones. « Hannon y pénétra, et nous a montré des corps velus de femmes; les hommes s’é- taient échappés, grâce à leur grande agilité. En preuve de ces assertions, Hannon avait placé et consacré deux (le navigateur carthaginois dit trois) de ces Gorgones empaillées dans le temple de Junon, où on les a vues jusqu’à la prise de Carthage. » Trois cent quarante-cinq années s’étaient écoulées depuis ce voyage, un des plus célèbres de l'antiquité. Depuis cette époque, le dévelop- pement pris par la navigation nous a, dans le siècle dernier, apporté de nombreux témoignages de l'exis- tence du Gorille. Presque tous sont cités par Buffon. TRAVAUX INÉDITS. d3 {Pour les singes du Sénégal, voyez le Voyage de Le- maire, p. 101, Buffon, t. XIV, édit. 1766.) Nous devons probablement voir dans le Gorille la se- conde espèce de Singe cilée (1) et non décrite par Ty- son. Nous avons encore un autre document cité par Buffon (2), c’est la lettre d’un médecin français résidant en Guinée, du nom de Noël, correspondant du savant Perseic, qui publia une lettre dont Buffon donne le pas- sage suivant, que nous croyons devoir reproduire : « Suat in Guineà simiæ, barbà procerà, canàque et pexà prope- modum venerabiles, incedunt lente ac videntur præceteris sapere ; maximi sunt et Barris dicunlur; pollent maxime judicio, semel dumtaxat quidpiam docendi veste induti, illico bipedes incedunt, Scite ludunt fstula Cytharà aliisque id genus.…... Fæminæ denique in ïis paliuntur menstrua et mares mulierum sunt appetentis- simi (3). » Buffon cite encore les voyageurs Nieremberg (Hist. nat. pereg., lib. IX, cap. 44 ct 45, d’après Buffon), Dap- pert (Descript. Afrique, p. 249, id.), et la relation de Battell, citée par M. Is. Geoffroy dans son cours. Comme c’est la plus intéressante, nous allons la reproduire : Appelé Pungo par Battell (4), ce singe «..…. est, dans toutes ses proportions, semblable à l’homme, seule- ment qu'il est plus grand, grand comme un géant; qu'il a la face comme l’homme, les yeux enfoncés, de longs cheveux aux côtés de la tête, le visage nu et sans poils, aussi bien que les oreilles et les mains, le corps légèrement velu, et qu’il ne diffère de l’homme, à l’ex- téricur, que par les jambes, parce qu’il n’a que peu ou point de mollets; que cependant il marche toujours de- bout; qu'il dort sur les arbres et se construit une hutte, (1) The Anatomy of a Pygmie, London, 4699, in-4°. (2) T. XIV, p. 47, éd. 1766. (5) Gassendi miscellanea, lib. V. (4) Purchass Pilgrims, part. IF, lib. VIL. chap. 3, — Hist. génér. des voyages, t. V, p. 89. 54 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1853.) un abri, contre le soleil et la pluie; qu’il vit de fruits et ne mange point de chair; qu’il ne peut parler, quoi- qu’il ait plus d’entendement que les autres animaux ; que, quand les nègres font du feu dans les bois, ces Pungos viennent s’asseoir autour et se chauffer, mais qu’ils n’ont pas assez d'esprit pour entretenir le feu em y mettant du bois (1); qu’ils vont de compagnie et tuent quelquefois des nègres dans des lieux écartés; qu’ils attaquent même l’éléphant; qu’ils le frappent à coups de bâton et le chassent de leurs bois; qu’on ne peut prendre ces Pungos vivants, parce qu’ils sont si forts que dix hommes ne suffraient pas pour en dompter un seul; qu’on ne peut donc attraper que les petits tout jeunes ; que la mère les porte marchant tout debout, et qu’ils se tiennent attachés à son corps avec les mains et les genoux; qu’il y a deux espèces de ces Singes très- ressemblants à l’homme, le Pungo, qui est aussi grand et plus gros qu’un homme, et l’Enjocko, qui est beau- coup plus petit. » A d’autres détails donnés par Buffon, on doit encore citer la note de Purchass (2), qui raconte tenir de Bat- tel: « que communément ils étaient de la hauteur de l'homme, mais qu'ils sont plus gros et qu'ils ont à peu près le double du volume d’un homme ordinaire; » ce qui se rapporte facilement au Gorille. Ce qui peut en- core prouver l'exactitude des narrations des anciens voyageurs, ce sont les documents qui établissent deux espèces distinctes, et que les naturalistes modernes ont seuls niés. Bosman (3) dit encore : « Les Singes de Guinée, que (1) Ce fait est inexact, car d’autres relations nous ont appris que les Singes savent entretenir le feu ; seulement, comme ils ne peu- vent en faire, cela a suggéré cette définition assez singulière de l'homme : « Un animal sachant produire du feu. » (2) Loc. cit. t. IL, p. 295. (5) Voyage de Guinée par Bosman, p. 258, 4 vol in-12, 4705. TRAVAUX INÉDITS. 55 l’on appelle Smitten en flamand, sont de couleur fauve et deviennent extrêmement grands: j'en ai vu un de mes propres yeux qui avait cinq pieds de haut... Ces Singes ont une assez vilaine figure, aussi bien que ceux d’une seconde espèce, qui leur ressemblent en tout, si ce n’est que quatre de ceux-ci seraient à peine aussi gros qu'un de la première espèce... » — Gauthier Schout- tel): >. sont presque de la même figure et de la même grandeur que les hommes, mais qu’ils ont le dos et les reins tous couverts de poils... » Tous les voyageurs qui ont parlé de ces animaux af- firment leur passion pour les femmes : «..……. qu’il n’y a point de sûreté pour elles à passer dans les bois, où elles se trouvent tout d’un coup attaquées et violées par ces singes (2). » — Quoi qu’il en soit de cette dernière allégation, réfutée par les uns, alléguée par les autres, de nombreux témoignages affirment l'existence d’une seconde espèce de grand singe dans l’ouest de l'Afrique. Tous les faits de mœurs que citent les voyageurs ont une grande analogie avec ceux avancés par M. Savage et les naturalistes qui se sont occupés du Gorille. C’est ce que nous étudierons dans le prochain numéro de la Revue. Comme le résume M. Dureau de la Malle, la dé- couverte du Gorille et son identification avec les Gorgo- nes de Pline et les femmes velues d'Hannon, ont rendu un notable service à l’érudition et à la géographie com- parée, car elle tranche une longue et scientifique con- troverse, élablie depuis près d’un siècle, pour fixer la position des iv ëynuz (Pline, traduction Littré), point où s'arrête la navigation d’Hannon, et que d’Anville avait fixé au 6° lat. N. de l’Equateur. Elle détermine (4) Voyage de Gauth. Schoutten, Amsterdam, 4707 (de 4658 à 1665). (2) Mme voyage de Schoutten et relations d’un voyage à la côte d’Angole, par M. de la Brosse, 1758, Dampier, Fro- ger, ele... 56 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1853.) aussi celle du golfe ou de la corne occidentale 2xèpies pas, celle du pays des Ethiopiens occidentaux, et enfin des îles Gorilles, où Hannon s'empara des trois indivi- dus déposés et vus depuis à Carthage. (Lu suite prochainement.) Quecques nouvelles espèces d’Oiseaux, par le baron DE LAFRESNAYE. 1. Tyrannula erythroptera. — «T. supra olivaceo-fusca, cristà late flavo-aurantià, alæ medià parte latè et ob'ongè rufo cinna- momeà, superciliis a naribus ad nucham albis; subtüs tota flava, gulà flavescente-albidà, pectoris lateribus fuscis; rostro pedibus- que nigris, — Longit. Lota, 48 cent. 1/2; alæ plicatæ, 9 cenc 4/2; caudæ, 8 cent. — Habit. in Brasilià? » (Ave nondum àrte farc:o.) Cette espèce, que nous croyons brésilienne, d'après l'étiquette du Muséum, a les plus grands rapports de forme et de coloration avec le Tyrannula, muscicapa flava, Nieïll., ou Cayennensis, Lin., cet avec le Tyrannus superciliosus, Swains., B. Procecd., 1857, 118; mais elle est de plus grande dimension que le M. Cayennen- sis, et diffère du superciliosus par sa huppe, d’un jaune orangé et non rouge. Sa principale différence avec ces deux espèces consiste dans la couleur brun-canelle qui couvre toutes les rectrices primaires, depuis leur base jusqu'aux trois quarts de leur longueur, et y forme par conséquent une large bande longitudinale de cette cou- leur. Sur les secondaires, cette couleur se trouve égale- ment sur les barbes internes, mais elle n’est plus qu’en bordure sur leurs barbes externes. Le dessous de l’aile est presque entièrement, c’est-à-dire sur les {rois quarts de sa longueur, de couleur ochreuse, ce qui toutefois se remarque aussi chez le Cayennensis. C'est néanmoins une espèce bien distincte. 2. Tyrannula Peruviana. — «T, supra olivacea, alis caudique fusco nigris, remigibus, tectricibusque leviter olivaceo fimbriatis, cristà verlicali (lavo-aurantià; sub'üs intense jonquillaceo flava, TRAVAUX INÉDITS. ù7 mento grisco, gulà colloque antico griseo albescentibus, hypo- chondriis late olivaceis; alis subtus flavidis; rostro nigro, satis lato, apice valde adunco, pedibusque nigris. — Longit. tota, 19 cent 1/2; alæ plicatæ, 14 cent. ; caudæ, 8 cent. — Ilabit. Quito, in Peruvià.» (Ave nondum a'te farcto.) Cette espèce péruvienne, qui n’a point été décrite par M. Cabanis dans la Fauna Peruana, paraitra peut-être à quelques ornithologistes, d’après l’ensemble de ses formes, devoir plutôt figurer dans les vrais Tyrans que dans les Tyrannula ; mais, comme nous avons adopté le genre Tyrannus tel que l’a caractérisé Swainson, ayant par conséquent les premières rémiges échancrées et at- ténuées à l'extrémité, la queue plus ou moins échan- crée, les pieds courts et faibles, les ailes longues. Cette espèce n'offrant nullement ces caractères, nous l’avons placée dans le genre Tyrannula et dans notre section des Tyrannulæ flavidæ aut coronatæ de notre Catalogue. Elle est toutefois assez remarquable, parmi ces espèces à ventre jaune, par la couleur olive foncée de ses flancs, couleur qui descend sur les côtés du ventre, de manière que Îe jaune n’y occupe guère que la partie médiane. 5. Tyrannula pallescens. — «T. supra grisescente-olivacea vertice sericco-flavo, loris griseis subtus tota cincrea, abdomine anoque flavescente albidis; rostrum mediocre, triangulare, non depressum, brunneo-fuscum; pedes brunnescentes. — Longit- Lola, 13 cent. 3/4; alæ plicatæ, 8 cent.; caudæ, 6 cent. 4/2. — Jbit. Bahia. » Celle espèce, qui, d’après son bec peu large et peu déprimé, devrait peut-être figurer dans quelques-uns de ces nombreux pelits groupes nouveaux avec lesquels je ne suis pas encore bien familiarisé, est remarquable par la simplicité de ses couleurs gris olive en dessus, gris cendré en dessous, et qui ne sont relevées que par la nuance jaune soyeuse qui couvre tout le vertex. Cette espèce faisait partie d’un envoi de Bahia. 4. Tyrannula ornata. — «T. supra olivacea uropygio flavo- aurco, pileo nigro, auchà shistaceà ; frontis plumis basi albidis, 58 REV, ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1853.) verlicis autem flavo aureis uti in plurimis tyrannis et tyrannulis cauda basi rufo-brunneà apice fusco-nigrà; collo antico griseo, pectore olivaceo, abdomine flavo; rostro lato, valde depresso, fere triangulari. — Longit. tota, 10 cent.; alæ plicatæ, 6 cent. 4/3; caudæ, 4 cent, — Habit. in Colombià vel in Rio-Negro ? » Cette petite espèce de Tyrannule est remarquable par la diversité et l’agrément de sa coloration, d’un vert olive sur la partie antérieure du dos, du plus beau jaune jonquille sur le croupion, se dégradant en roux sur les rectrices, qui sont de cette nuance à leur base et noirä- tre à leur extrémité. Le même jaune se retrouve en dessous, depuis la poitrine jusqu’à la naissance de la queue. La poitrine est vert olive, le cou gris, et les plu- mes noires du vertex ont leur base du même jaune que le croupion, et celles du front et des lorums d’un beau blanc formant une tache blanche devant chaque œil. Les tarses sont de longueur moyenne et les doigts très- faibles et très-courts. 3. Todirostrum striaticolle. — «T. supra olivaceum, pileo nu- châque fumigato-griseis, loris albis, remigibus, rectricibusque ni- gris, olivascente flavo limbatis ; subtüs flavum, pectoris lateribus hypochondriisque olivaceis ; gulà totà albà pectoreque striis oblon- gis nigris notatis ; rostrum mediocre, conico-elongatum, nigrum. — Longit. tota, 40 cent. 1/2. — Habit. Bahia. » Cette espèce offre, dans sa coloration, des rapports avec le Todus maculatus de Desmarest, Platyr. macula- tus, V. D. 27, 19. Mais, chez elle, le blanc de la gorge et du cou s'arrête au haut de la poitrine, où il prend une nuance jaunätre, tandis que chez le maculatus ce blanc couvre la poitrine. Chez ce dernier, les stries noires descendent sur les flancs. Chez notre espèce nou- velle, elles ne descendent que sur le haut et le milieu de la poitrine. Elle diffère encore de l’ancienne espèce par la forme de son bec, plus court, moins large, longi- cone et non linguiforme; par celle de sa queue et de ses ailes, beaucoup plus longues. Par ses formes et sa taille, et même sa coloration, il a beaucoup de rapports TRAVAUX INÉDITS. 29 avec notre Zodir. palpebrosum; mais ses patles sont noires et non d’un jaune päle, et son bec est également tout noir. Chez le palpebrosum, la mandibule supérieure est cornée et l’inférieure blanche. Il vient de Bahia. C’est la quinzième espèce, en lui réunissant le Todi- rostrum multicolor de Sclater, à ajouter à notre mono- graphie des Todirostres (Rev., 1846, p. 360). 6. Limnornis ou Thryothorus unibrunneus. — «L. totus fusco- brunneus, umbrinus, capite nullo modo pallidiore, loris obseurio- ribus ; remigibus intüs fusco-nigris, extüs, rectricibusque totis li- neis fuseis approximatis striatis. — Longit. tota (ave arte farcto), 46 cent.; alæ plicatæ, 7 cent. 4/2; caudæ, 7 cent. — Habit, in Republica æquinoctiali. » C’est avec quelque doute que nous donnons à cette espèce, si voisine de notre Limnornis unirufus, Rev., 1840, 105, un autre nom; car elle lui est entièrement conforme dans toutes ses parties, et sa coloration seule diffère. Elle est en effet, sur toutes ses parties, d’un brun couleur de terre d’ombre foncé, un peu plus clair seulement sur la gorge et le devant du cou ; mais la tête et le dessus du cou sont de la teinte foncée du dos, ce qui n’a pas lieu chez les Limnornis unirufus et canifrons, qui ont au contraire des parties plus claires que le reste du corps, qui, chez eux, est roux et non brun terreux. Ces rectrices sont traversées par de petites lignes noirä- tres plus rapprochées et plus visibles que chez les deux espèces voisines, et les rémiges, noirätres intérieure- ment, le sont aussi, mais moins visiblement, à l’exté- rieur ; elles ont leur base interne de couleur chamois ; le bec et les pattes sont noires. Cette espèce vient de Phichincha (Equateur). Outre les quatre individus que nous possédons des Limnornis unirufus et canifrons, Rev., 1840, 105, nous en avons sous les yeux trois autres individus, venant comme eux de Bogota, et présentant de même une colo- ration d’un roux vif sur toute la partie supérieure, s’é- claircissant sur le cou et la tête, où elle prend une 60 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1855.) nuance grise chez notre Limnornis canifrons, tandis que les trois Limnornis unibrunneus que nous avons sous les yeux sont uniformément d’un brun terreux, comme nous l’avons déjà dit. Que conclure de cette différence de coloration ? La seule supposition que l’on puisse faire avec quel- que apparence de probabilité, c’est que notre unibrun- neus serait femelle de notre unirufus, car rien n’annonce le jeune âge dans son plumage, tandis que la différence de localité autorise à les regarder comme espèces diffé- rentes; mais on peut opposer à cette idée que les Lim- nornis unirufus et canifrons, venant eux-mêmes de la même localité (de Bogota), devraient alors, et à plus juste titre, être regardés comme les deux sexes de la même espèce ; car, sauf la temte grise frontale, plus prononcée même chez certains individus que chez d’au- tres, ils n’offrent pas d’autres différences entre eux. Nous sommes donc portés à croire que les Limnornis unirufus et canifrons ne forment qu’une espèce, tandis que l'unibrunneus, appartenant à une autre localité, se- rait espèce distincte. Ces deux espèces, toutefois, d’après leurs fascies caudales et alaires, qui rappellent de suite celles des Troglodytes et des Thriothores, figureraient peut-être mieux avec ces derniers qu'avec les Limnornis. Lesson en avait fait son genre CinnicerTHIA cinnamo- mea (Echo du monde savant, 1844, p. 182). 7. Cuculus Gabonensis. — (C. supra niger, pennis totis, fron- talibus, remigibusque exceptis chalibæo-relucentibus ; rectricibus Lotis apice et præterea duabus lateralibus versus medium albo-ma- culatis; subtüs, gutture, collo, pectoreque intense badiis, hoc co- lore ad gulam paulo pallidiore dein a pectore totus albidus rufes- cente parum tinctus; vittis fuscis ad hypochondrias striatus, ad ventrem medium autem squamatus ; alis subiùs nigro fuscis, ad flexuram irregulariter, ad rectricum marginum internem regula- riter albo-maculatis ; rostro nigro, mandibulà inferà basi corneà ; pedes flavescentes, ungulis nigris. — Longit. tota (ave nondum TRAVAUX INÉDITS. 61 arte farcio), 34 cent.: alæ plicatæ, 47 cent.; caudæ, 15 cent. — Habit. ad. Occidentalis Africa liltora in Regno Gabonensi. » Au premier abord, cette espèce rappelle singulière- ment le Cuculus Capensis, Lin., solitarius, Vieill.; ce- pendant ses dimensions sont un peu plus fortes :il en diffère surtout 4° en ce que toutes ses parties supérieu- res, excepté le dessus de la tête et les rémiges, sont d’un noir à reflets d’acier : ces mêmes parties sont d’un ardoisé mat chez le Capensis ; 2’ en ce que le brun mar- ron de la poitrine est d’une nuance plus foncée, en ce qu’elle commence, quoiqu’un peu plus päle. dès le men- ton, couvrant par conséquent la gorge, le devant du cou et la poitrine. Chez le Capensis, la gorge, le devant du cou et ses côtés, ainsi que ceux de la tête, sont d’un cendré clair, et le brun roux ne commence que sur la poitrine. Chez ce dernier, les stries noires qui couvrent tout le dessous du corps, depuis la poitrine, y forment des bandes droites et régulières, également espacées jusqu’à l’anus. Chez notre nouvelle espèce, ces bandes ne sont régulières que sur les flancs; elles cesseni de l'être et prennent la forme de chevrons ou festons iso- lés sur toute la partie médiane du ventre. Enfin, sous les sous-caudales du Capensis, et surtout sur les plus grandes, on retrouve encore ces bandes noires. Chez le Gabonensis, il n’y en a aucune trace. Chez ce dernier, les pattes sont jaunes avec les ongles noirs; chez le Ca- pensis, elles sont jaunes avec les ongles jaunes. Enfin, cette espèce, de l'Afrique occidentale, qui, par sa colo- ration supérieure, tient du Cuculus clamosus, et par l’inférieure du Cuculus Capensis, tous deux du cap de Bonne-Espérance, forme évidemment une quatrième espèce africaine du genre Cuculus proprement dit à ajouter aux trois indiquées par le prince Bonaparte dans son Conspectus avium, p. 105. 8. Embernagra striaticeps. — «E. supra nitide olivacea, capite colloque canis, superciliis antice albescentibus postice cinereis; 62 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1853.) pileo vittis duabus latis nigris a fronte usque ad nucham ductis, notato; loris vittàäque post-oculari nigris, cum duabus verticalibus quatuor vittas nigras capitis formantibus ; subtüs cinerea, gulà ab- domineque medio albis, ano olivascente; flexurà alæ vivide flava , rostrum forte conico-elongatum nigrum, mandibulà inferà basi flavescente ; pedes fortiores, tarsis, digitis unguibusque totis pal- lidis. — Longit. tota (ave arte farcto), 17 cent. 4/3; alæ plicatæ, 7 cent. 2/5 ; caudæ, 7 ceut. ; tarsi, 2 cent. 3/4. — Hab. Panama. » En comparant cette nouvelle et intéressante espèce avec l’Embernagra platensis, type du genre, on est d’a- bord frappé de la grande analogie qui existe dans leur ensemble, et vient par conséquent fortifier la formation de ce genre de Lesson; puis, on remarque qu’elle dif- fère de cette ancienne espèce par une queue et des ailes sensiblement plus courtes, quoique les pattes soient de même dimension; par un bec un peu plus grand, et surtout plus haut, à mandibule supérieure toute noire, ainsi que la pointe et le bord interne de l’imfé- rieure. Chez le platensis, la mandibule supérieure n’est d’un brun noir que sur sa tranche ; ses bords et la man- dibule inférieure sont entièrement jaunes. Elle en dif- fère surtout par ses deux grandes bandes verticales et ses deux autres post-oculaires noires, par ses sourcils blancs antérieurement et sa gorge, ainsi que le devant de son cou, de cette dernière couleur. C’est une espèce intéressante à ajouter à ce petit groupe peu nombreux. Elle vient de Panama. M. le Baron de Lafresnaye, en nous envoyant les des- criptions ci-jointes, nous prie d’insérer aussi les ob- servations suivantes : « Dans la Revue, 1852, p. 8, M. Sclater publia, sous le nom d’Arremon mysticalis, Sclater, une espèce que nous avions déjà publiée et décrite avec détail dans le même journal, en 1840, p. 68, sous le nom d’Arremon albifrenatus, Boiss. et Laf., époque à laquelle, d’après TRAVAUX INÉDITS. 63 l'invitation de M. Boissonneau, nous nommämes et dé- crivimes, conjointement avec lui, un certain nombre d'espèces nouvelles de Colombie qu’il avait récemment reçues. Aujourd’hui, M. Sclater, venant de donner la figure, très-exacle d’ailleurs, de cette espèce dans les Contrib. to ornit. de W. Jardine, 1852, Part. 6, t. XCIX, tou- jours sous le nom de Mysticalis, qu’il lui avait imposé d’abord, nous avons cru que, dans l'intérêt de la science et pour éviter des embarras aux ornithologistes qui ont pu nommer cet oiseau anciennement d’après le nom que nous lui avions donné, il valait mieux relever cette légère erreur de M. Sclater, bien pardonnable sans nul doute, que de la laisser se propager plus longtemps. On lui doit d'autant plus d’indulgence, pour une faute aussi légère, que chaque jour il rend de nouveaux ser- vices à l’ornithologie par ses observations sur les oi- seaux d'Amérique. » « Comme il est juste de rendre à chacun ce qui lui appartient, après avoir lu, dans le dernier numéro de la Revue, l’article de M. Des Murs sur les Lanius pitan- gua et sulphuratus, nous devons convenir que si, en 1837, nous donnâmes, dans notre Synopsis avium ab Alcide d'Orbigny collectarum noc nan a Delafresnaye in ordine redactarum, la véritable synonymie du Lanius sulphuratus, telle que Corvus flavus, Gm., Tyrannus magnanimus, Vieillot, Dict., vol. XXXV, p. 81, — le Bienteveo ou Puitanga, Azara, n° 200 (Certe) Synopsis, p. 42. c'était parce que M. d’Orbigny, nous ayant dit que pendant son séjour au Paraguay il avait reconnu que l’espèce à laquelle les habitants espagnols donnaient le nom de Bienteveo, d’après son cri, était bien l’espèce à bec droit aussi haut que large, le sulphuratus enfin ; nous lûmes alors dans Azara, et avec la plus grande 64 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Fivrier 1853.) attention, sa description du Bienteveo ou Puitaga, et nous y reconnümes qu'elle appartenait bien positive- ment à l’espèce à bec droit et non élargi, tandis qu’en lisant celle de son Nei-nei, n° 199, dont le bec est, dit-il, beaucoup plus large qu'épais, ses bords étant saillants en dehors, comme les plat-bords d'une embarcation, nous y reconnûmes, à n’en pouvoir douter, l’oiseau appelé à tort le Bentaveo, le Pintangua quacu par divers auteurs, noms qui désignent, au contraire, l’espèce précédente, ce que nous publiâmes alors dans la Revue. « Du reste M. d’Orbigny, en publiant son Voyage un peu plus tard, après avoir donné une synonymie des plus étendue à notre Tyrannus sulphuratus, ajoutait page 504 dudit Voyage : « Comme on le voit par la synonymie, cette espèce porte un grand nombre de noms dans les auteurs qui se sont copiés les uns les autres sans critique; confu- sion provenue sans doute de ce que, sous le nom de Bienteveo (sa dénomination espagnole), elle a été con- fondue avec le Pitanga (Tyran bec en cuiller), qui en est bien différent; et cela, parce que le nom guarani Pitanga est le même pour les deux. Nous avons cru dès-lors devoir revenir au nom le plus ancien pour dé- signer celle-ci... Leur cri habituel rend assez bien ces paroles espagnoles bien te veo (je te vois bien), qui est leur nom à Montevideo et à Buenos-Ayres. Les Guara- nis les nomment Pitaguu. » On voit, par l'observation de M. d'Orbigny, la vraie cause de cette synonymie si embrouillée et si étendue, provenant de ce que, comme il le dit, le nom guarani Pitanga a été donné indifféremment en Amérique aux deux espèces. Il est toutefois assez singulier que Azara, décrivant son Nei-nei, n'indique aucune dénomination guaranie ou espagnole pour cetle espèce, ce qu'il fait, au contraire, pour l’autre, son Bienteveo ou Puitaga. » TRAVAUX INÉDITS. 65 Eruves sur les Types peu connus du Musée de Paris, par M. le Docteur Pucaerax.— (Sixième article. — Grimpeurs.) C. Types de M. Lesson. Les seuls sur lesquels de nouveaux renseignements nous paraissent nécessaires sont les suivants : 4° Melias Diardi (Traité d'Ornithologie, p. 132). — Ce Malcoha a été figuré par M. Des Murs (1); mais, en l'assimilant au Cuculus Sumatranus de Rafles (2), M. Charles Bonaparte (3) me semble avoir opéré un rapprochement inexact. Rafles dit, en effet, que, dans le Cuculus Sumatranus, la queue a à peu près deux fois (nearly twice) la longueur du corps. Dans nos deux types, le prolongement caudal est seulement de la longueur du corps: s’il le dépasse, c’est à peine. 2 Centropus Philippensis (Id., id., p. 135). — Evi- demment M. Lesson a, sous ce nom, confondu plusieurs espèces :il suffit, pour s’en convaincre, de-jeter les yeux sur les indications des lieux de provenance des Coucals qu'il a observé. Les distinctions des types pro- pres à ces diverses localités sont d’ailleurs fort obscu- res encore dans l’état actuel de l’Ornithologie. Ce sujet exige de sérieuses investigations, que la spécialité des études auxquelles est consacré le présent article ne nous permet point d'aborder présentement, Nous dirons seulement que, d’après les recherches que nous avons faites, le nom spécifique de Centropus viridis (Cuculus viridis) doit uniquement être appliqué aux in- dividus originaires des Philippines, dont les plumes de la tèle et du dessus du cou offrent des reflets plutôt verts que bleus, ainsi que le montre la planche enlumi- née de Buffon (n° 824) et la planche originale du Coucou (4) Icon, ornith., pl. 49. {2) Trans. of the Linn, Soc., vol. XIIL, p. 287. (3) Consp. av., p. 99. © sue. Tr, v. Année 1853. 5 66 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1853.) vert d'Antigue de Sonnerat, que nous avons examinée. Trois individus des Philippines, que nous avons pu voir, ont complètement confirmé notre observation. Sur tous les autres Coucals des Indes, de l’Archipel Indien et de Madagascar, ces mêmes parties élaient plutôt bleues que vertes. Ce dernier reflet se montra pourtant sur un de nos individus (Bengale, Macé), que M. Lesson indique comme un jeune du C. Philippensis, et qui, re- marquable par sa grande taille, appartient bien sûre- ment à une espèce lotalement différente. Il ya matière, dans tous ces faits, à de nouvelles investigations qui, indépendamment des résultats présentés par les nuau- ces diverses de coloration, devront prendre pour base les formes variées du bec, tantôt courbé dès la base, tantôt à son extrémité seulement. 3° Centropus affinis (p. 136). — « De la taille du Toulou ; bec et tarse noirs; plumage en entier varié de noir, de gris blanc et de roussâtre ; ailes d’un rouge vif; queue d’un bleu noirâtre. Est peut-être le mâle de l'espèce précédente (C.: tolu). » Je regarde cet individu comme étant bien un C. affinis, Horsf. (1), quoique, dans ses parties inférieures, le grand nombre de plaques de couleur blanche indique que la mue chez lui n’est pas aussi complètement terminée que chez l’exemplaire décrit par M. Horsfield. J'ajouterai qu’en disant que la queue est d’un bleu noirâtre, M. Lesson prouve suffi- samment qu’il n’a décrit ou vu que le dessous de cet or- gane. Le typeest originaire de Java (M. Diard, mai 1824). . & Centropus pumilus (p. 136). — Sous cette dénomi- nation spécifique, empruntée à M. Temminck, qui ne l’a probablement jamais publiée, se trouvaieut étique- tés autrefois, dans le Musée de Paris, les individus dé- crits par M. Lesson. La mue des adultes, que M. Les- son considère comme étant des mâles, est plus complète (1) Trans. of the Linn. Soc., vol. XIII, p. 480. TRAVAUX INÉDITS. 67 que chez le précédent. Ils se rapprechent par consé- quent plus, quoique inférieurs en taille, du C. affinis de M. Horsfield. Quant aux prétendues femelles, elles ne me semblent pas différer de l’élat de mue de ce mème type décrit par M. Horsfeld (1) sous le nom de Centropus lepidus (2). 5° Piaya chrysogaster (p. 140). — « Ressemble éton- namment, par les couleurs et par la taille, au Piaye à bec rouge. Bec roux; front et devant du cou d’un jaune rouille très-vif; ceinture ardoisée sur la poitrine : abdo- men, plumes des cuisses, région anale, d’un roux cho- colat franc; dos et ailes ardoisés. Queue très-longue, très-étagée, à rectrices bleu d’acier, terminées de blanc. — Habite la Guyane. » Le type de cette espèce, dont l’origine est inconnue, porte sur son éliquette Cuculus chrysogaster, Tem., dé- nomination appliquée par M. Temmiock au Cuculus Jaanicus de Horsfield, d’après ce que nous apprend M. Charles Bonaparte (3). En regardant cet oiseau avec attention, il m'est impossible de ne pas voir en Jui un Cuculus Javanicus, dont les plumes roux chocolat des parties inférieures ont été empruntées à un autre indi- vidu (4). Par tous les autres détails, les ressemblances sont incontestables. En second lieu, les plumes qui cou-. vrent les tarses et occupent leur intervalle, de mème que les couvertures caudales inférieures ressemblent (1) Loc. cit., id., id. (2) L'individu rapporté de Java par M. Leschenault, et dont parle M. Lesson, me parait devoir être détaché de cette espèce, dont il se distingue par un bec plus grêle et incurvé seulement à son extrémité, tandis que, chez nos autres iudividus, il est courbé dès la base. C'est bien sûrement celui qu'a décrit M. Dumont de Sainte-Croix (Dict. d'hist. nat., vol. IL, p. 444), et pour lequel il proposait, si c'était une espèce nouvelle, le nom de Centropus Javarensis. (3) Consp. av., p. 99. 4) An Malcoha rouverdin où au Ph. caliorynchus. 68 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Fevrier 1853.) de tout point, par leurs couleurs, à celles de ces mé- mes régions chez le Piaye de Java Leur nuance est, par cela même, différente de celles qui sont immédiate- ment au-dessus. Sur les hypocondres, enfin, immédia- tement au-dessus des plumes crurales, je retrouve les plumes grises spéciales à l'exemplaire asiatique. Je pense donc que, jusqu’à plus ample informé, le Piaye à ventre marron occupe, dans le système Ornithologique, une place usurpée. 6° Coccycua monachus (p.142). — C'est M. Temminck qui, d’après les étiquettes de nos deux types, a donné à cette espèce le nom de Cuculus monachus. M. Charles Bonaparte a récemment très-bien établi que Vieillot l'avait décrite sous deux noms différents (Coccyzus ru- tilus et Coccyzus minutus). Mais, si la dénomination due à M. Temminck doit constituer un synonyme, nous ne pensons pas qu’il doive en être de même du genre Coc- cycua, que les formes grêles et effilées de son bec et de ses tarses nous semblent devoir faire adopter. T° Piaya Nœvia (p. 142). — Suivant M. Lesson, qui admet, dans ce Cuculidé, des variations de grandeur, le Muséum de Paris possède un individu de cette espèce du double plus grand que ceux connus, et qui a été rapporté du Brésil. En voici, d’après M. Lesson, les ca- ractères : « Tète huppée ; les plumes qui la composent flam- mées de brun et de roux; gorge blanche; devant du cou tacheté de flammettes brunes; les parties infé- rieures blanchâtres. Queue brun clair, terminée de blanc sale; ailes brunâtres, chaque plume cerclée de plus clair. Quelques individus ont le cou très-roux, sans taches. — Habite le Brésil et la Guyane. » Il y a ici évidemment confusion. Les individus à cou très-roux, sans taches, sont bien des Cuculus Nœvius; mais le reste de la description de M. Lesson se rapporte à l'espèce que MM. Des Murs et Verreaux ont décrite TRAVAUX INÉDITS. 69 en 1849 (1), sous le nom de Cuculus macrourus, et qui a des rapports si intimes avec le Macropus phasianellus de Spix (2), que, malgré les détails incomplets donnés par Spix et l’imexactitude de sa figure, il me semble impossible de séparer ces deux types. 8° Cuculus tenuirostris (p. 146). — Sous ce nom, at- tribué, dans notre Collection nationale, à M. Temminck, et qui, d’après ce que nous apprend M. Charles Bona- parte (3), doit rester en propre à une espèce de Java et Sumatra, M. Lesson, à l’exemple, au reste, des zoologis- tes qui ont fait les étiquettes de nos Coucous, a confondu plusieurs espèces. Ainsi, son individu à bec grêle, noir, têle et joues grises, etc., est un Cuculus Lathami, Gray et Hardw. (4). La variété de Timor est le Cuculus inor- natus de MM. Vigors et Horsfeld. 9° Cuculus flavus (p. 151). — Sous ce nom se trou- vent décrites, à notre connaissance, quatre espèces, et la prétendue femelle appartient vraisemblablement à une cinquième. Ainsi : 1° Un des mäles (du Bengale, M. Dussumier), car c’est le seul que nous connaissions, est un Cuculus cœ- rulescens, Vieill. ; 2° Le jeune mâle (du port Jackson, M. Lesueur), in- dividu dont nous avons déjà parlé (5), nous paraît un jeune du Chalcites osculans, Gould. ; 3° Un des Coucous de la deuxième livrée (Java, M. La- billardière) est un C. pyrrhophanus, Vieïll. Celui du dé- troit d’Entrecasteaux, si nous en jugeons par la des- cription, était un Cuculus cineraceus, Vig. et Horsf. ; 4 La variété (de moitié plus petite, etc.) est le vérita- (1) Revue et Magasin de Zoologie, p. 277. (2) Avium Brasiliensum species novæ, vol. I, p. 25, pl. x. (3) Consp. avium, p. 105. {4) Hlustr. of Ind. zool. (5) Revue et Mag. de Zoologie, 4852, page 589. 70 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1853.) ble Cuculus flavus, et diffère fort peu de la figure en- luminée de Buffon, qui porte le n° 814. 10° Cuculus lineatus (p.152). — « Voisin du précédent (Cuculus flavus), mais de taille un peu plus forte. Tête, cou, d’un brun ardoisé, plus foncé sur les ailes et le dos; ventre, bas-ventre roux, rayés de noir. Queue brune en dessus, rayée de blanc en dessous. Bec jau- nâtre à sa base ; tarses jaunes. — Habite les îles indien- nes de l'Est (Musée de Paris). » Le type de ce Coucou est originaire de la Cochinchine (M. Diard, 27 décembre 1821). La description de M. Lesson reproduit, quoique très-concise, les traits principaux qui le caractérisent. Nous ajouterons seule- ment quelques détails complémentaires. Ainsi, la queue n’est vraiment pas rayée de blanc en dessous, mais il y a beaucoup de taches blanches le long du bord interne et du rachis des rectrices, qui toutes sont terminées de blanc. Sur le dessus de la queue, ces mêmes taches sont fort peu multipliées. Quant aux rémiges, les plus ex- ternes sont, en dessous, festonnées de blanc sur leur milieu ; plus en dedans, le dessous de l'aile est occupé par une bande obliquement dirigée de dedans en dehors, et de couleur également blanche. Les couvertures alai res inférieures sont d’un roux terne, finement fasciées de gris cendré. On aperçoit, sur quelques-unes des su- périeures, des festons blancs terminaux. Les dimensions de notre individu sont les suivantes : du bout du bec à l'extrémité des rectrices médianes (directement prise), 263 mm.; de la queue (mesurée en dessous), 133 mm. ; du bec (en suivant la courbure), 18 mm. ; du tarse, 148 mm. ; du doigt externe antérieur (sans l’ongle), 47 mm.; (avec l’ongle), 24 mm. Cette espèce, qui était bien nouvelle à l’époque où elle a été dénommée pour la première fois, offre, par son mode général de coloration, d’intimes rapports avec le Cuculus canorus. C’est un bien curieux représentant, TRAVAUX INÉDITS. 71 dans les régions orientales, de notre espèce européenne, dont elle se distingue : 1° par sa faille bien moins forte; 2 par son bec plus court et moins large; 3° par ses tarses plus grêles et ses doigts moins allongés ; 4° par les teintes plus foncées et plus sombres de ses parties grises ; 9° enfin, par la couleur rousse de sa région ab- dominale. | Présentement, est-ce la même espèce que M. Gould a plus récemment décrite (1) sous le nom de Cuculus mis- cropterus? C’est ce que nous n’osons assurer, quoique des analogies très-grandes réunissent nos deux Oiseaux. S'il en était ainsi, notre individu serait encore jeune, car M. Gould dit que le dessous du corps est blanc dans son type. AL° Indicator variegatus (p.155). — « Tête, joues et dessous du corps maillés de flammêches courtes et blanches sur un fond brun et jaunâtre; ailes olivâtre brun, tachetées ; rectrices moyennes noires, les exté- rieures blanches; ventre et bas-ventre jaunâtres. Est peut-être une femelle. — Habite l’Afrique. » Cet Indicateur, originaire du cap de Bonne-Espé- rance, a été figuré par M. Guérin-Méneville dans l’Zco- nographie du règne animal (2). Reste à savoir si c’est bien une espèce ou seulement un jeune de l’Indicator major, ainsi que le pense M. Jules Verreaux? Cette der- nière opinion, je l'avoue, me semble fort probable, quoique je n’ai point eu occasion d'observer tous les passages, et que, chez l’adulte, les zones vert olive des couvertures alaires soient bien plus saillantes qu’el- les ne le sont chez l'adulte. Au reste, on a tous les jours occasion, en Ornithologie, d'observer que chez les jeunes Oiseaux les bordures plus claires des plumes sont plus saillantes que chez les adultes. (1) Proc. of the zool. Soc. of Lond., 4837, p. 437. (2) PL. 32, fig. 2. 72 REV. ET MAG, DE ZOOLOGIE. (Février 1853.) S'il en est ainsi, si l’Indicateur varié est un jeune du grand Indicateur, l’Indicator maculatus de M. G.-R. Gray (1) a été établi d’après un individu encore moins avancé en âge. M. Charles Bonaparte (2) a du reste déjà rapproché les deux types, mais d’une manière dubita- tive, en ce qui concerne celui de M. Lesson. 49° Ramphastos sulfuratus (p.173). — «Bec de grande taille, rouge à sa pointe, orangé sur les côtés de la man- dibule supérieure , jaune sur l’inférieure; plumage noir ; devant du cou d’un jaune de soufre uniforme et pâle. Couvertures inférieures de la queue rouges (Mu- sée de Paris). — Habite le Mexique. » Nous ajouterons à cette description que les couvertu- res caudales supérieures sont de couleur blanche chez notre type (acquis par échange, en 1829), et que les plumes les plus inférieures de la plaque jaune du tho- rax ont leurs extrémités rouges. Aussi, rapportons-nous le Toucan à gorge soufrée, non point au R. citreopyqus de Gould, comme l'ont fait MM. G.-R. Gray et Charles Bonaparte (3), mais au Ramphastos carinatus de Swain- son. 13° Pteroglossus brevirostris (p. 178). — « Bec petit, en entier de couleur cornée ; tête, cou et gorge, noirs; une écharpe jaune sur le corps; plumes des cuisses d’un vert brun. Queue verdâtre en dessous. » Nous ajouterons à cette description que les parties supérieures (dos, ailes, rectrices en dessus) sont vertes et les couvertures caudales supérieures rouges. En des- sous, il y a du rouge sur certaines des plumes jaunes de la poitrine, et l’écharpe dont parle M. Lesson est rouge, et non pas jaune. Cette prétendue espèce n’est, par cela même, suivant nous, qu’un jeune Pteroglossus aracari. Le type a été acquis, par échange, à M. Floren (1) Genera of Birds, pl. cxm. (2) Conspectus avium, p. 100. (3) Consp. av., p. 92. nan D PAUT PNG INT “Un (TV ‘sdoone] unr1A0 np 939] 6 unTy ‘UN }e [O0 LIPA uns} \: Sie mécreor 2» Éey 2» 7 TRAVAUX INÉDITS. 73 Prevost en 1827. J'eusse, au reste, hésité beaucoup à re- trouver dans cet individu le type de M. Lesson, si je n’eusse trouvé le renseignement écrit sous le plateau de la main de M. le professeur Geoffroy-Saint-Hilaire fils. C'est une preuve, à mes yeux, que l’erreur de M. Lesson a été aussitôt constatée que commise. (La suite prochainement.) MoxocraPmE de la tribu des Scylliens ou Roussettes (Poissons Plagiostomes), comprenant deux espèces nouvelles, par M. le docteur Aucusre Dumériz. — Voir page 8. — (PI. 3.) NV. Etude zoologique de la tribu des Scylliens. — La première famille des Poissons cartilagineux plagiosto- mes, celle des Pleurotrèmes ou des Squales (Squalidés- Squalidæ), peut être ainsi caractérisée : Corps allongé, queue grosse et charnue; ouvertures des bran- chies latérales; bords des paupières libres; ceinture scapulaire incomplète; cartilages des pleuropes ne se prolongeant pas jus- qu’à la tête. Par cette diagnose, la distinction est nettement éta- blie entre les Raies et les Squales. Ceux-ci n’offrent que quelques combinaisons dans le nombre et dans la position des nageoires paires et im- paires; mais ces différences sont très-remarquables et assez constantes pour permettre la division de tous les Squales en quatre groupes, telle que l’indique le premier tableau synoptique (1). On y voit que la tribu des Scyl- liens, qui forme à elle seule le premier groupe, se dis- tingue des nombreuses espèces munies également d’une (1) Voir les tableaux synoptiques à la fin de ce Mémoire. 74 REV. ÊT MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 18553.) hypoptère (1) et de deux épiptères par la position très-reculée de ces deux dernières nageoires. Le premier groupe est donc ainsi caractérisé : Squales munis de 2 épiptères, dont la première est située immédiatement au-dessus ou en arrière des catopes; 4 hypop- tère. Tribu unique. — Sevuuens Scyllini, C. Bonap., Cons- pectus system. ichthyolog., 1850. Caractères : Des spiracules; narines percées près de la bouche; le plus souvent continuées en un sillon, qui règne jusqu’au bord de la lèvre, et plus ou moins fermées par un ou deux lobules cu- tanés ; dents à pointe médiane, avec deux à quatre dentelures plus petites, de chaque côté; régions supérieures ornées de couleurs vives et de dessins particuliers. À ces caractères, il faut joindre ceux que fournit la position relative des diverses nageoires, et que nous avons indiquée comme spéciale à cette tribu. En outre, l’uroptère est de forme allongée, mousse et arrondie, à lobe inférieur nul ou à peine apparent, et portant en dessous, vers son extrémité terminale, une profonde échancrure. Il n’y a pas de fossettes à la queue. Les ouvertures branchiales s'étendent en partie au- dessus de la racine des pleuropes ; elles sont également espacées entre elles, à l'exception des deux dernières. On voit des fossettes ou plis et des cartilages aux coins de la bouche, en haut et en bas. (1) Dans la rédaction du Catal. méth. et descriptif des Poissons du Musée de Paris, j'emploie, d’après l'usage adopté par mon père dans ses cours, les mots Pleuropes, Catopes, Epiptères, Hypop- tère, Uroptère, pour désigner, d’une façon plus correcte et plus abréviative, les nageoires pectorales, ventrales, dorsales, anale et caudale. ; Je donne la préférence au terme de spiracule, qui signifie sim- plement méat, ouverture, soupirail. Beaucoup de zoologistes l'em- ploient pour désigner les orifices que Daubenton a, le premier, nommés évents, et que Broussonnet (Mém. de l'Acad. des Sc., 4780, p. 641) voudrait que l'on désignât par le mot exspiracules. TRAVAUX INÉDITS.. 75 Les yeux n’ont pas de membrane nictitante. La valvule intestinale est en spirale. Les Scylliens sont ovipares, et leurs œufs sont plus ou moins semblables à ceux des Raies. Cette tribu renferme sept genres (Voir le tableau sy- noptique n° Il). Pour M. Smith (Proceed. of the x0ol. Soc., 1837, p. 85), ces divisions ne seraient que des sous-genres. I" genre. — Rousserre, Scyllium Müller et Henle (1). Caractères : Premièrè épiptère entre les catopes et l’hypoptère, et la seconde entre celle-ci et l'uroptère, qui est séparée de l'hy- poptère par un grand intervalle ; spiracules en arrière et très-rap- prochés des yeux ; museau court et mousse ; narines percées près de la bouche, et se continuant souvent par un sillon jusqu’à son bord antérieur. Les valvules nasales ou rhinopomes sont tantôt con- fondues par leur bord interne, tantôt séparées; elles recouvrent presque complètement les narines, qu’on ne voit que sous la forme de deux petites ouvertures arron- dies, au bord externe desquelles il y a souvent une autre petite valvule. La bouche est arquée, armée de dents à une ou deux dentelures de chaque côté de la pointe médiane. Les tubercules de la peau portent trois dentelures. Ce genre comprend onze espèces, dont une nouvelle, qui peuvent être distinguées les unes des autres comme je l'indique dans le tableau synoptique n° IL : L. Rousserre caniouce, Seyllium canicula, Cuvier, R. anim. t. IE, p. 386. — La grande Roussette (2). (4) Quoique l'emploi de ce mot comme nom de genre soit dû à Cuvier, ce sont MM. Müller et Henle qui, les premiers, en ont fait une division spéciale de la famille des Seylliens établie par eux. Quant à la dénomination de Roussette, tirée de la couleur rousse ou jaunâtre de ces poissons, elle se trouve déjà dans Bélon et dans Rondelet. (2) Les limites dans lesquelles je dois me renfermer m'obligent 76 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1853.) Guleus stellaris major, Bélon, De Aquatilibus, p. 73. — Canicula Aristotelis, Rondelet, De piscibus, p. 380. Les figures données dans ces deux ouvrages ont été co- piées par beaucoup d'auteurs. — S. canicula, Seyllio gattucio, Bonap., Fauna, pl. 131, fig. 1. — S. canicula, Müll. et Henle, System., p. 6, pl. 7, fig. pour le mu- seau. Caractères : Museau court, légèrement effilé; valvules nasales sans cirrhus; seconde épiptère commençant au niveau de la ter- minaison de l'hypoptère, qui est plus rapprochée de l'uroptère que des catopes, qui sont triangulaires, et ont leur bord interne com- plètement réuni l’un à l’autre, chez le mâle, au-dessus des ap- pendices génitaux. L'animal est allongé et élancé. Sa teinte générale est un gris roussâtre tirant un peu sur le rouge. Il est cou- vert de taches brunes ou noires, petites, quelquefois en- tremêlées de maculatures grises. Le plus grand exemplaire de la collection a O0 m. 72 c. de long. IT. RousseTTE cATULE, Scyllium catulus, Cuvier, R. anim, t. Il, p. 386. — La petite Roussette ou Chat Rochier. Galeus stellaris minor, Bélon vulgo Roussette, De Aqua- tilibus, p. 74, fig. — Canicula saxatilis, Rondelet, De piscibus, p. 383, fig. — Comme pour l'espèce précé- dente, ces figures ont servi de modèles à beaucoup de celles qui ont été publiées plus tard. — S. stellare, Scyl- lio gattopardo, Bonap., Fauna, pl. 151, fig. 2. — S. catulus, Müll. et Henle, loc. cit., pl. 7, fig. pour le mu- seau. Caractères : Museau court, tout-à-fait mousse; valvules nasales portant un cirrhus court, seconde épiptère commençant au-des- à omettre dans ce travail le plus grand nombre des synonymies qui feront partie du Catalogue, et qu’on trouve rassemblées avec un très-grand soin par MM. Müller et Henle et par M. le Prince Ch. Bonaparte pour les espèces qu'il a décrites dans sa Faune. TRAVAUX INÉDITS. 77 sus du milieu de l'hypoptère, qui est à égale distance de l'uroptère et des catopes, qui sont quadrangulaires, et n’ont, chez les mâles, leur bord interne réuni qu'en partie, l’un à l’autre, au-dessus des appendices génitaux. Outre les différences avec la première espèce signa- lées dans cette diagnose, il faut joindre les suivantes : Le Rochier est plus trapu, sa taille est, en général, su- périeure, aussi est-elle nommée à tort, par Cuvier, pe- tite Roussette ; son hypoptère est coupée moins oblique- ment en arrière, et son angle postérieur est moins pointu. Son uroptère a plus de hauteur. Le système de coloration consiste en une teinte géné- rale d’un brun cendré, plus foncé sur la tête, plus clair sur les flancs, parsemée de beaucoup de taches, dont les plus grandes atteignent à un diamètre égal à celui de l'œil, brunes ou d’un violet noirâtre. Souvent d’autres taches d’un gris blanchâtre, moins bien délimitées, moins grandes et moins nombreuses que les précéden- tes, leur sont entremêlées. En dessous, l’animal est d’un blanc sale. Le plus grand exemplaire de la collection est long de 1m.15c. Les téguments de ces deux Roussettes, comme ceux de tous les autres Scylliens, offrent des aspérités très- manifestes d’arrière en avant, et à peine appréciables dans le sens opposé. Cette différence tient à la direction des petits tubercules très-résistants et très-durs qui garnissent la peau, dans l'épaisseur de laquelle ils sont comme damasquinés, et dont la pointe est toujours tournée du côté de la queue. C’est à ce revètement gra. nuleux, d'aspect différent selon les espèces, que cette enveloppe tégumentaire doit la force de résistance, et surtout la rudesse qu’on a dès longtemps utilisée dans les arts. Ainsi dans Bélon, dont l’ouvrage De Aquatilibus parut en 4553, on lit déjà, à propos de la R. canicule : « Sa 18 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1853) peau est tellement rude, qu'elle est employée par les ou- vriers qui fabriquent les arcs et les flèches et par tous ceux qui travaillent le bois, pour en polir la surface. » Il ajoute qu’on en garnit la poignée des armes blanches, afin de les empêcher de glisser dans la main. Rondelet, en 1554, De piscibus, indique les mêmes usages, conservés encore actuellement, en parlant de la peau du Rochier, et mentionne même son emploi pour le polissage de l’ivoire. La peau de ces Roussettes sert, en outre, aux gaîniers, sous la dénomination de Galuchat (1), du nom d’un ou- vrier français, qui imagina d’aplanir avec la lime et de polir ensuite la peau sur la meule, pour la rendre-parfai- tement lisse. Il la teignit, après cette préparation, en vert clair, à l’aide d’une dissolution d’acétate de cuivre connu dans le commerce sous les noms de Vert distillé, de Verdet ou de cristaux de Vénus. Elle sert alors à cou- vrir des étuis, des fourreaux, des tubes de lunettes, etc. La peau de certains Squales, tels que l’Aiguillat, le Milandre et d’autres, est quelquefois préparée de la même façon, et mise en usage sous le nom de Roussette ou chagrin (2); mais le plus beau Gaiuchat est fait avec la peau de la Pastenague Sephen, comme l’a reconnu M. de Lacépède (Hist. nat. des Poiss., t. I, p. 124). Il est reconnaissable à ses gros grains et à de grandes mouches blanches, rondes et assez larges, qui en font la beauté. Il est beaucoup plus rare et plus estimé que le Galuchat à petits grains. IT. Rousserre TacneTée, Scyllium maculatum, Gray et Hardwick, Hlustrations Ind. zool., t. 1, pl. 98, fig. 4. (1) Je ne trouve rien de certain sur l'époque où vécut cet ou- vrier, dont Duhamel, dans son Hist. des pêches, 2° partie, sect. IX, p. 297, (dernier quart du dix-huitième siècle), me paraît en avoir parlé le premier. (2) L'orthographe de ce mot serait peut-être plus convenable si l’on écrivait Chagrain. TRAVAUX INÉDITS. 79 S. maculatum, Müll. et Henle, loc. cit., p. 5, pl. 7, fig. pour le museau, — Id. Cantor Catal. of Malayan fishes (Journ. of the Asiatic society of Bengal, Oct. to December 1849, n° CCVIII to COX, p. 1375). Caractères : Museau un peu allôngé, narines également distan- tes de l'extrémité du museau et des coins de la bouche, jusqu’au bord de laquelle elles s'étendent; valvule nasale sans cirrhus, non confondue, par son bord interne, avec celle du côté opposé. La position des narines est un bon caractère distinc- tif relativement aux deux espèces précédentes, où elles sont plus rapprochées du bout du museau que des coins de la bouche, et où, d’ailleurs, elles n’atteignent pas le bord labial, et, tandis que ces deux espèces n’ont pas de plis à la lèvre supérieure, la R. tachetée en a, comme elles, en bas, mais de plus, un en haut, de chaque côté. La première épiptère est située au milieu de l’espace qui sépare le commencement de la tête de celui de Pu- roptère, dont la seconde épiptère est éloignée, autant que de la base des catopes. Les tubercules cutanés ont trois pointes : la médiane est la plus longue. Régions supérieures d’un blanc bleuâtre, parsemées, ainsi que les nageoires, de nombreuses taches rondes, confluéntes, d’un brun foncé, formant, par leur réu- nion, une sorte de réseau. Deux exemplaires au Muséum. IV. Rousserre »'Enwaros, Scyllium Edwardsii, Cuvier, R. anim., t. I, p. 586, note. Greater cat fish,, Edwards, Gleanings of nat. hist., t. I, tab. 289. — Scyll. Edw., Müll. et Henle, loc. cit., p. 4, lab. 1. Caractères : Museau court, et tout-à-fait mousse; plis Jabiaux supérieurs plus longs que les inférieurs ; narines un peu plus rap- prochées de l'extrémité du museau que des coins de la bouche, jusqu'au bord de laquelle elles s'étendent presque; valvules na- sales sans cirrhus, confondues par leur bord interne; dents peu saillantes. 80 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1853.) Les caractères tirés de la forme du museau et de la disposition des valvules nasales suffiraient pour distin- guer cette espèce; mais, en outre, elle a un système de coloration tout-à-fait spécial, qui consiste en une teinte fondamentale d’un rouge brun ou brun noirâtre, avec de larges bandes transversales plus sombres et de nom- breux petits points, les uns blanchâtres, les autres fon. cés. Il y a quelques taches à la face inférieure des na- geoires paires. La position de la première épiptère varie un peu, mais la seconde commence toujours immédiatement au delà de l'hypoptère, qui est plus longue que haute. L’uroptère est fortement échancrée; les tubercules cu- tanés sont tricuspides. Les échantillons du Muséum viennent du Cap. V. Rousserte pe Burcer, Scyllium Bürgeri, Müll. ct Henle, loc. cit., p. 8, pl. 2. Caractères : Museau court, mais moins mousse que celui de la Roussette d'Edwards, et bouche plus arquée, plis labiaux presque nuls; valvules nasales courtes, sans cirrhus, non confondues par leur bord interne. La première épiptère est située à moitié au-dessus dé la base des catopes, qui sont quadrangulaires et petits relativement à ceux de l’espèce précédente. La seconde, égale à la première, est placée au milieu de l’espace compris entre lhypoptère et l’uroptère, qui est longue et basse. Le système de coloration constitue un bon ca- ractère différentiel. La teinte générale est un jaune brun, avec des stries transversales d’un brun rouge, étroites et parsemées de petites taches noires, dont quelques-unes se voient également entre les stries et sur les nageoires. Manque au Musée de Paris. Connue à Leyde par un spécimen recueilli au Japon par Bürger. VI. Rousserre pu Car, Scyllium capense, Smith. Idem, Rapp., Manuscr. und color. Abbild. von Cap- TRAVAUX INÉDITS. 81 schen Scyll., Tübingen. — Id. Müll. et Henle, Loc. cit., p- 11. Caractères : Museau court, un peu conique ; pas de plis Jabiaux en haut, les inférieurs courts; fente buccale fortement arquée ; na- rines plus près de l’extrémité du museau que des coins de la bou- che, jusqu'au bord de laquelle elles ne s'étendent pas; valvules nasales tout-à-fait semblables à celles du Rochier; catopes qua- drangulaires, un peu allongés en arrière, complètement réunis chez le mâle. De toutes les Roussettes, aucune ne ressemble plus que celle-ci-à la R. canicule, pac la réunion complète des catopes et par leur conformation, mais elle s’en distin- gue très-nettement par la disposition des valvules na- sales. Il est, en outre, facile de la séparer de toutes ses con- génères par l'allongement de l’uroptère, et surtout par le système de coloration, consistant en de très-larges bandes transversales, alternativement d’un brun clair et d’un brun plus foncé, parsemées d’un grand nombre de taches blanches, Le Muséum possède deux échantillons du Cap. VIL. Rousserre rivium, Scyllium bivium, Smith., Go- vernment journ. of the Cape, Nov. 1828, and south Afr. quart. journ. Oct. 1831, n° 5 (1). — Müll. et Henle, loc. cit., p. 8. Caractères : Museau court, arrondi ; plis labiaux grands et égaux en haut et en bas; narines rapprochées du bout du museau, et ne s'étendant pas jusqu’au bord de la bouche, qui est très-arquée; valvules nasales courtes, non réunies en dedans, à cirrhus court; dents bien saillantes, à dentelure interne peu apparente, Les pleuropes sont quadrangulaires, ainsi que les ca- topes, qui ne sont pas réunis, chez le mäle, au-dessus dés appendices génitaux. 11 résulte de la comparaison du sujet unique du Muséum et de la description de MM. Müller et Henle qu’il peut exister de petites varia- (1) J'ignore l'origine de cette dénomination. Pas plus que MM. Müller et Henle, je n’ai pu consulter ces journaux du Cap. 2e séme. T. v. Année 4853. 6 82 REV. ET MAG DE ZOOLOGIE, (Février 1853.) tions dans la position de la première épiptère et dans la forme de l’uroptère. Quant au système de coloration, il est tout-à-fait ca- ractéristique, et on y retrouve toutes les particularités mentionnées par ces zoologistes. Ainsi, sur un fond d’un jaune-brun, il y a de grandes taches brunes (quatre sur la tête, deux sur le dos et quatre sur la queue); elles sont entourées, et spécialement sur les flancs, de taches semblables, mais plus petites. VIT. Rousserte AFRICAINE, Scyllium Africanum, Cuvier, R. anim, t. IL, p. 986. Le Garonxé de Broussonnet et de Lacépède. — Sec. Afric. Müll. et Henle, loc. cit., p. 19, pl. 7, pour le museau. — Idem, Smith, loc. cit., pl. 25, fig. 1. — Cette espèce et les deux suivantes sont rangées, par M. Smith, dans son sous-genre Poroderma (Proceed., loc. cit.) Caractères : Museau très-court, narines n’atteignant pas la bou- che, dont l'ouverture est grande et peu arquée; un très-pelit cirrhus; première épiptère commençant immédiatement derrière la fin de la base des catopes; la seconde plus petite, un peu en arrière de l'hypoptère, et en partie au-dessus ; sur le dos et sur les flancs, qui sont bruns, cinq siries noires, longitudinales, pa= rallèles, quelquefois doubles, se réunissant sur le museau. Ces différents caractères, mais surtout le dermier, établissent les différences les plus tranchées entre cette espèce et ses congénères. Il est donc à peine utile d’a- jouter que les plis buccaux inférieurs sont très-courts et les supérieurs presque nuls, et qu'il y a une dente- lure très-évidente de chaque côté des dents. — Le Mu- séum possède plusieurs individus des deux sexes prove- nant du Cap. IX. RousserTe PANTRÈRE, Scyllium pantherinum, Smith., loc. cit., pl. %5, fig. 5, femelle. — Idem, Müll. et Henke, loc. cit., p. 15. Caractères : Museau un peu étroit; narines n’atteigrant pas la bouche, jusqu'au bord antérieur de laquelle arrive leur cirrhus; TRAVAUX INÉDITS. 83 première épiplère commençant un peu en arrière des catopes; hypoptère haute ; sur la tête et sur les nageoires, de petites taches d’un brun noir; sur le dos et sur les flancs, des anneaux irrégu- liers et à bords sinueux, de la même teinte. Aucune Roussette n’offrant cette disposition des cou- leurs, elle est une marque distinctive tout-à-fait nota- ble, qu’exprime très-bien l’épithète de mœandrinum donnée à cette espèce, par le professeur Rapp, dans le Musée de Tubingue. La longueur du cirrhus et la hauteur assez considé- rable de l’hypoptère, proportionnellement à la longueur de sa base, sont également des particularités remar- quables. L’individu type de la description de M. Smith, le seul que possède le Musée de Londres, est du sexe femelle, de même que les deux exemplaires de celui de Paris, lesquels proviennent également du Cap. X. Rousserte varlée, Scyllium variegatum, Smith, loc. cit., pl. 25, fig. 2, femelle. — Idem, Müll. et Henle, loc. cit., p.14. Caractères : Forme du museau et position des narines comme dans l’espèce précédente, mais cirrhus de la valvule nasale dépas- sant un peu le bord antérieur de la bouche, et accompagné, au côté externe de la valvule, par un pli cutané simulant une sorte de petit cirrhus; première épiptère tout-à-fait en arrière des catopes; hauteur de l’hypoptère égale seulement au tiers de la longueur de sa base; sur les régions supérieures, des bandes longitudinales et des taches, les unes et les autres d'un brun noir. Ce mélange de petites taches nombreuses et irrégu- lièrement éparses et de stries étroites qui sont, en gé- néral, au nombre de deux, de chaque côté, et d’où est tirée la désignation spécifique, distingue cette Rous- sette, non-seulement de celles qui, comme elle, habi- tent les eaux dont le Cap est baigné, mais de toutes ses congénères. De plus, si on la compare à la R. panthère, on remarque, comme le fait observer M. Smith, qui n’en a vu qu’un spécimen, également du sexe féminin, 84 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1853.) que toutes ses nageoires sont proportionnellement plus grandes, et que le bord postérieur des catopes est plus oblique. Elle manque au Musée de Paris. XI. Rousserre Larce Tête, Scyllium laticeps, À. Dum., ESPÈCE NOUVELLE. Voyez la planche 3 jointe à ce Mémoire, fig. 2. Caractères : Tête volumineuse proportionnellement au trone, remarquable par son élargissement en arrière, où elle est comme renflée, au niveau des angles de la mâchoire; museau très-court ettout-à-fait arrondi; narines à valvules sans cirrhus, et beaucoup plus près de son extrémité que des angles de la bouche, dont elles n’atteignent pas le bord. La conformation singulière de la tête chez cette Rous- sètte la distingue complètement de toutes les autres, aucune ne lui ressemblant sous ce rapport. Au-delà de ce renflement, le tronc est rétréci au-devant des pre- mières ouvertures branchiales ; il est d’ailleurs ro- buste, et trapu. L'ouverture de la bouche est fort considérable et en forme de parabole très-ouverte, comme la tête; les dentelures latérales des dents sont bien apparentes. Les pleuropes sont grands, quadrangulaires, à bord postérieur rectiligne; les catopes petits, en forme de triangle, à bord postérieur très-oblique, non réunis chez le mâle, au-dessus des appendices génitaux. La première épiptère commence au-dessus du milieu de leur base; la seconde, plus petite, est située juste au- dessus de l’hypoptère, qui a moins de hauteur que le lobe inférieur de l’uroptère. Sur un fond d’un brun jaunâtre, des maculatures fort irrégulières, de formes et de grandeurs très-varia- bles, d’un brun tirant sur le noir. Le Muséum doit l’unique spécimen qu’il possède, et qui est un mâle, à M. J. Verreaux. Cet habile voyageur l'a pêché sur les côtes de la Nouvelle-Hollande. TRAVAUX INÉDITS. 85 * La longueur totale de l'animal est de O m. 70 c. II Genre. — Pusnure, Pristiurus, Ch. Bonap., 1c0- nog. della Fauna italica. Caractères : Conformation générale et apparence extérieure semblables à celles des Roussettes proprement dites, mais, sur le bord supérieur de l’uroptère, une série de petits tubercules épi- neux simulant, par leur réunion, la dentelure d'une lame de scie. Ce caractère, toujours employé pour distinguer l’es- pèce qui le présente de toutes les autres Roussettes, est assez important pour permettre de la considérer comme le type d'un genre particulier. On peut d’ailleurs ajouter, comme particularités dis- tinctives, que le museau est plus allongé et plus étroit que chez les autres Scylliens; que les valvules nasales sont courtes, triangulaires; que la seconde épiptère commence avant la fin de l’hypoptère, et qu'il y a une trace de lobe inférieur à l’uroptère. Espèce unique. — PRiSTiURE À BOUCHE NOMRE, Pristurus melanostomus (1), Ch. Bonap., loc. cit. De la longue synonymie qui se rapporte à cette es- pèce, je ne cite que les dénominations suivantes : Squalus prionurus, Otto, Conspectus, p. 5. — Scyll. Artedi, Risso., Ichthyol., % édit., fig. 5. — Scylliorhinus Delarochianus (2) et S. melastomus, de Blainville, Faune franc, p. 74 et 75, spec. 10 et 11. — Pristiurus mela- nost., Müll. et Henle, oc. cit., p. 15, pl. 7, fig. pour le museau. Caractères : Sur l'uropitère, depuis son angle antérieur jusque vers le milieu de son bord supérieur, deux séries longitudinales, (1) De pêrz, noir, et de ozéux, bouche. (2) Du nom du savant naturaliste et physicien François Delaro- che, mort, en 4812, à trente ans, après avoir publié, outre des travaux de physique, de physiologie et de botanique, des Mémoi- rs Pleins d'intérêt sur la vessie natatoire et sur les poissons viça. 86 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1853.) et très-rapprochées, d’aiguillons plats, à pointe acérée, entre les- quelles on voit une troisième série d’aiguillons plus petits; épip- tères de même grandeur; bouche constamment d’un bleu noirâtre en dedans. Les narines sont situées à peu près à égale distance de l'extrémité du museau et des angles de la bouche; les spiracules sont petits et tout-à-fait derrière les yeux; les pleuropes et les catopes sont quadrangulaires. Les nombreux pores muqueux de la face inférieure du museau sont disposés en lignes longitudinales, pa- rallèles, un peu courbes et à convexité externe. La teinte générale est un brun grisätre, avec de gran- des taches oblongues plus foncées, cerclées de blanc. Il y a, selon la planche 38 d'Ascanio, une variété à hypoptère et à uroptère rouges, inconnue au Muséum. On y voit une série des deux sexes, de différents âges, provenant de la Méditerranée. IT genre. — Hémseyzze, Hemiseyllium (4), Müll. et Henle, loc. cit., p. 16. Caractères : Les deux épiptères à peu près égales entre elles, tout-à-fait en arrière des catopes, qui sont peu développés, ainsi que les pleuropes, et à angles arrondis comme elles; spiracules grands au-dessous de la moitié postérieure des yeux ; museau très- court; bouche fort rapprochée de son extrémité, et dont le bord antérieur, au niveau des narines, est confondu avec elles ; cartila- ges labiaux fort apparents ; formes élancées. De ce dernier caractère, joint à la grandeur et à la position des spiracules, à la brièveté du museau, à la situation de la bouche et au développement des cartila- ges des lèvres, il résulte un ensemble de particularités très-propres à faire distinguer ce genre. Enfin, les rhinopomes ne sont pas réunis en dedans; leur portion externe est grande; l’interne se termine (1) De x, demi, et de oxiñw, chiens de mer. Ce nom a sans doute été créé pour exprimer que, par certains caractères, qui les rapprochent un peu des Squales proprement dits, ces Plagiostomes sembleraient n'être que des demi-Roussettes. 1. Roussette. 'LITPASRERRRRRE PRE, AR POUSSE CRU ne ouate RE MR 2. so à spassant ee (ES ve ent le | 1 bouche; chus Cour: Afinopome 4 ne (a dépassant Fee % | Jane Sabre 2. Ry touchant pas | stma—, rchut cou Longue = so rmm manne mme nn Le dent ( age , Mouse .-- coute”, C 1L Mubeou À FES dbnge ee CT EPRRRENE FORSOEERRRre À hpopre Me Ligue RATE TN PAT nn, Chilosceylle . tepterc LS 2. ue RE" Veminala>… . nel des Catopes, he | non Herve . Ms Pipe pmencans— aw desua distance igale re Case> | de l'epiptèses 2e anbie fa 2% cpiptère PT | Heu ‘ plc cwke> PART Fe : TT À. large LR. Canicule 10. À. Variee.. 9-R Panthère 5. À. de Bürger . 8. R.Gfricaine . 7. À. Bivium LR d'Choard Er EP Ë SA Ce. GR. du Cp Cp À Ch. Gbeccukux Ô.@. Malaik 1 Ch Canon . 3. G. Gi 2. C Penclie. 1 Æ |. FAMILLE DES SQUALIDES Groupes. au deux oi en Ù er SEA è { dar die première RTRere se caképes .: I ete Luc jrleurope.e distingte” Ales LI. 1 à | pp î Hupytèe | IL. TRIBU DES SCYLLIENS. 4 7 Crrie . 11, Priskiure 0 flan DEAD | ARE Era +). Eee NE Cilosa lle. es | ? médhoice infra, ( | pes oeple…| #7 Hemiseylle préc 14 behle, 4 ; : . copacset Jf Roussekte. Grue: \ Directement en axtietz} | Spiracules. ypoptéue dcoptée? fi é rapprodhea.| VA Griglymoslome. FT 4 on Dartelee” 2 : LOST SEE Y. Crossorline . = f » ni sl NS {e en tx prelengue, éqole a la ancilie de L'amiul VI. Wkyostone ; ee La Pan rue EL Cm D Pan d IH Genre Roussette. ; re ce): couille darqie en amère . ... ee Ve... 0 11 À. large kk ES IR Canilet + ?. . ; EE sum M ATMIELE mn us x ” N Ce : Dépassant la | r0R. Varice. tuant de , Rides date Ê , M +3 ele passant: pe: 9. R Panthère à Cours : wow large Alinopeme Catepe Sectie|De te Biürger. e y re) dote, éuhuc coun … |8. À. (/ricaine . (re Tr A ee ee CE 7 À. 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Cette distance est courte, au contraire, chez les deux autres, mais il y a, derrière chaque pleurope, une tache noire, ovalaire, cerclée de bleuâtre, chez... V'H. œnxré. Il y a, dans la même région, une tache noire tout-à- fait circulaire et accompagnée de deux autres taches en demi-cercle chez... GAL V'H. TRI-SPÉCULAIRE. (La suite prochainement.) II. SOCIÉTÉS SAVANTES. ACADÉMIE DES SCIENCES DE Paris. Séance du 34 Janvier 1853. — M. Guérin-Méneville présente un travail de M. Lefébure de Cerisy sur les Métamorphoses des Cébrions. Voici ce qui a été inséré dans les Comptes rendus à ce sujet : « Quoique l’insecte, objet de ces observations, ait été connu dès 1787 et décrit à cette époque par Fabricius sous le nom de Cistela gigas (Mantissa Insect., 1. I, p. 84), ce n’est qu’en 1790 qu’il est devenu le type d’un genre propre, fondé par Olivier sous le nom de Cebrio, « À cette époque, Olivier, guidé par le facies et les caractères extérieurs de cet insecte, dont il ne connais- sait que le dernier état, l'avait placé, avec raison, dans le voisinage des Taupins (Elater), et il avait considéré sa femelle comme une autre espèce, en disant, avec Rossi (1790), qu’on serait tenté de regarder cette espèce comme appartenant à un autre genre. 88 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1853.) « La différence considérable qui existe entre la struc- ture des antennes des mâles et des femelles avait même porté Latreille, en 1810 et 1817, dans ses Considérations générales sur l'ordre naturel des Crustacés et Insectes, et dans le Nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle, à for- mer, avec cette femelle, un genre distinct, qu'il avait désigné sous le nom de Hammonia, et que Leach éta- blissait, à peu près à la même époque, sous celui de Tibesia. « C’est en 1812 que j'ai observé, à Toulon, un cas d’accouplement de deux individus, l’un appartenant au genre Cebrio et l’autre au genre Hammonia, et c’est à la même époque aussi que M. de Cerisy faisait la même découverte. Plus tard, notre célèbre maître Latreille en fut informé ; M. de Ccrisy lui envoya les insectes parfaits qu'il avait reconnus si positivement appartenir à la même espèce, et il promit de faire des recherches per- sévérantes pour découvrir leurs métamorphoses et ren- dre ainsi leur histoire naturelle complète. « Il y est enfin parvenu l’année dernière, comme on va le voir par l’extrait de son intéressant Mémoire; mais, avant de le donner, iles tutile de rappeler, en peu de mots, les particularités singulières que l’on connais- sait des mœurs de ces insectes à l’état parfait. « Tous les Cébrions connus n’ont été rencontres, jusqu'ici, qu’à l’état parfait. Ils volent en grand nombre pendant les fortes pluies de l'automne, cherchent leurs femelles, qu’ils ne devront jamais voir, car celles-ci ne sortent pas de terre; ils sentent leur présencé, grattent la terre, et finissent par mettre à découvert l'extrémité de leur abdomen pour les féconder. C’est en allant aux endroits où l’on voyait s’abattre plusieurs mâles qu’on est parvenu à trouver la femelle qui les attirait ainsi. « Ces particularités ont été l’objet des observations de M. de Cerisy et des miennes dès 1812. Depuis, on a publié plusieurs Notices sur Le même sujet, soit dans les Annales de la Société entomologique (1855 et 1837), soit SOCIÉTÉS SAVANTES. 89 dans mia Revue zoologique (1839) ; mais personne n’était parvenu à connaître la larve de ces insectes. « Cest à M. Lefébure de Cerisy que l’on doit enfin cette découverte. « Depuis longtemps il soupçonnait qu’une larve jaune, cylindrique et très-dure, qu’il trouvait à toutes les saisons dans la terre, aux endroits où il voyait cha- que année voltiger des Cébrions, pourrait bien être le premier état de ces insectes; mais toutes les tentatives qu'il avait faites pour l’élever élaient restées infruc- lueuses. « Ma persévérance obtint, cette année, un plein suc- « cès, ditil; je fus assez heureux pour trouver une « larve plus grosse que de coutume, et ayant déjà com- « mencé à former une cavité qui me semblait devoir être « la place destinée à sa métamorphose. Je pris avec soin « toute la masse de terre, qui fut consolidée dans une « boile faite exprès, et, le 22 juin 1859, la larve cessa « ses mouvements pour se changer en chrysalide le # « juillet. Le 4 août suivant, cette chrysalide donnait un « très-gros individu de Cebrio gigas femelle. « Je désirais savoir comment ces larves pouvaient vi- «wre à cinquante ou soixante centimètres dans une « Lerre aride, laissant à peine, pendant l'été, végéter « quelques espèces de plantes. Je cherchais à n’expli- « quer comment ces insectes pouvaient cheminer dans «un terrain qui, pendant les longues sécheresses, de- « vient d’une dureté extraordinaire. Plusieurs circons : « tances vinrent tout m'expliquer. Tenant un jour dans « Ja main de la terre contenant une de ces larves, j'ai « senti les efforts qu’elle faisait pour se frayer un che- « min, et j'ai reconnu qu’elle répandait une liqueur « destinée à ramollir la terre dure et compacte, et que « le premier anneau de son thorax avait Ja faculté, en se dilatant dans cette terre préalablement humectée, « de pouvoir agrandir les chemins que cette larve a be- = à 20 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE (Février 1853.) « soin de parcourir pour trouver sa nourriture, qui « consiste en racines. « Le 8 novembre dernier, j'ai rencontré, dans un es- « pace de terrain de quelques mètres, trois larves de « différents âges, ce qui permet de conclure que ces « larves séjournent plusieurs années dans la terre... » Séance du 7 Février. —M. Coste lit un Mémoire très. important sur lemoyen de repeupler les eaux de la France. La place nous manque pour donner ce beau Mé- moire, dont l’analyse occupe neuf pages des Comptes rendus; mais, comme il a été reproduit dans plusieurs journaux, il ne peut manquer d’avoir été porté à la con- naissance de nos lecteurs. Séance du 14 Février. — M. Auguste Duméril présente une Monographie de la tribu des Scylliens. Ce travail est inséré dans notre recueil, p.73. Séance du 21 Février. — Rien sur la zoologie. III. ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. De L’Howwe et des Races humaines, par Henry Hozrano. À vol in-12. — Paris, Labbé, libr., 1853. Tel est le titre d’un ouvrage qui nous semble mériter toute l'attention des savants et du public instruit. Nous avons cru devoir l’annoncer provisoirement, manquant aujourd’hui de place pour en donner une analyse. Dans un prochain numéro, nous reviendrons sur cet impor- tant travail, dû à la plume d’un savant bien connu par des ouvrages nombreux et estimés et par l'amitié dont l'honorait l’illustre Blamville, qu’il a suppléé à plu- sieurs reprises à la Faculté des Sciences de Paris. Quezoues rarrs relatifs à l’embryogénie des Ancyles, et en particulier sur l’A. capuloïides, Porro, par M. Gas- ss. (Extrait du Bulletin de la Société Linnéenne de Bordeaux, t. XVII, 2° série, t. VII, p. 365.) Un des genres les plus intéressants de la Faune fran- MÉLANGES ET NOUVELLES. 91 çaise, parmi les Mollusques, et l’un des moins étudiés: est le petit Ancyle de Geoffroy (Traité des coquilles des environs de Paris). Balloté de famille en famille, M. de Blainville avait créé pour ce genre et l’Haliotis la fa- mille des Otidés, se basant sur ce que les Ancyles étaient pectinibranches , supposition entièrement erronée. M. Moquin Tandon affirme à l’auteur du Mémoire qu’ils ne sont pas semi-Phyllidiens, comme l'assurent Férussac, Agassiz et Dupuy. En effet, le lobe oriforme faisant l'office de véritables branchies, par conséquent les Ancyles doivent être séparés des pulmonés pour rentrer dans les pectinibranches. Gray, dans Turton, a créé un genre Vettylia adopté par M. Moquin Tandon, et, basé sur ce que l’Ancylus fluviatilis est à coquille dex- tre et à animal senestre, tandis que l’Ancylus lacustris a sa coquille et son animal dextres, M. Gassies prononce la réunion de l’Ancylus capuloïdes de Porro (Malac. co- masca) à VA. fluviatilis de Müller, cette espèce n’étant qu’une variété produite par lhabitat et acquérant un plus grand développement. L'auteur fait suivre ces faits spécifiques d’études très-suivies sur l’embryologie et le développement des Ancyles. Une planche jointe au Mé- moire en donne l’explication. Les observations de M. Gassies sont presque identiques avec celles faites par M. Bouchard-Chantereau sur la ponte de l’Ancyle fluviatile et insérées dans le cinquième vol., p. 310-14 des Actes de la Soc. Linnéenne en 1832. Henri AUCAPITAINE. IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. Son Altesse le Prince Charles Bonaparte, à qui la Zoologie doit tant de beaux et utiles travaux, vient de montrer encore tout l'intérêt qu’il porte à la science et à ceux qui la cultivent, en faisant don à la ville d’A- jaccio de sa belle et riche collection d'Oiseaux. C’est un 92 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Férvier 1853.) cadeau d’une grande valeur sous tous les‘rapports, que les habitants de la Corse seront fiers de recevoir d’un savant aussi éminent, et qui contribuera certainement à développer chez eux le goût de l'étude et du travail, dont l’illustre donateur offre un si bel exemple. Ayant pu nous procurer une copie de la lettre que le Prince a adressée, le 7 mars 1855, à Monseigneur l’évêque d’Ajaccio, nous ne pouvons mieux faire que de la donner ici sans autres commentaires. «Je m'empresse de vous confirmer par écrit le don que je vous ai fait de vive voix de ma collection ornitho- logique pour un des établissements que vous avez fondés dans la ville d’Ajaccio. Je vous envoie une lettre pour mon intendant, M. Belloni, afin que vous puissiez la faire retirer lorsque vous le jugerez à propos. Il joindra, d’après mes ordres, si vous le désirez, quelques autres objets tels que quadrupèdes, microscope, et ce don n’est soumis à d'autres conditions que celles de l’ac- cepter à Rome même, et de permettre à mon ami, le professeur Geoffroy-Saint-Hilaire, de choisir les cent individus qui pourraient intéresser plus partliculière- ment le Muséum du Jardin des Plantes. « La jeunesse studieuse de notre ile verra sans aucun doute avec un vif plaisir que je vous ai choisi pour être mon intermédiaire, afin de lui donner un faible témoi- gnage de tous mes sentiments d’attachement pour elle : elle sait combien sont grands l'intérêt et le zèle que vous portez à tout ce qui peut propager en Corse les connaissances scientifiques. «Agréez, etc. — Signé Cm. Bonaparte. » NÉCROLOGIE, Les sciences viennent de faire une grande perte au Muséum d'histoire naturelle, par la mort subite de M. Laurillard, garde du cabinet d’Anatomie comparée. Ses obsèques ont eu lieu samedi, 29 janvier, au ci- MÉLANGES ET NOUYELLES. 93 metière du Mont-Parnasse. Le corps des professeurs administrateurs, tous les autres fonctionnaires ou em- ployés de cet établissement assistaient à ses funérailles, sauf ceux que des devoirs indispensables appelaient ail- leurs. On distinguait M. Elie de Beaumont, sénateur, membre de l'Institut ; M. Juncker, ingénieur en chefdes mines; M. Monin Japy, membre du Corps législatif et doyen des maires de Paris. M. Frédéric Cuvier, conseiller-d’état, et M. Duver- noy, membre de l'Institut et professeur d'anatomie com- parée au Muséum d'histoire naturelle, conduisaient le deuil pour la famille de M. Laurillard, absente. Trois discours ont été prononcés par MM. Duvernoy. Valenciennes et Gratiolet, qui ont rappelé les princi- paux traits de la vie exemplaire de M. Laurillard et les services qu'il a rendus aux sciences naturelles durant près d’un demi-siècle de travaux non interrompus. Celui de M. Gratiolet, que nous donnons ici, suffit pour ap- prendre à nos lecteurs qui n’ont pas connu Laurillard tous ses Litres aux regrets des savants. « Messieurs, c’est au nom des collègues de M. Lau- rillard, au nom de ses amis et de ses élèves, que je viens sur cette tombe encore ouverte faire entendre notre douleur commune et payer un tribut à sa mémoire. M. Charles-Léopold Laurillard, garde du cabinet d’A- natomie comparée du Muséum d'histoire naturelle de Paris, naquit à Montbéliard le 21 janvier 1783. Dès son enfance, il s'était destiné à la peinture, et c’est dans le but de se perfectionner dans cet art, qu’il vint à Paris en 4804, et s’attacha au célèbre Regnault. Doué d’une grande intelligence, d’un sentiment délicat, capable de concevoir et de créer, ileüt donné peut-être un peintre illustre à la France; mais sa destinée lui préparait une autre gloire. Compatriote de Georges Cuvier, M. Lau- rillard fut distingué par ce grand homme, qui bientôt après l’attachait à ses travaux et lui confiait l'exécution de ses dessins anatomiques. A cette école, le dessina- 94 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1853.) teur devint bientôt un savant ; car, pour lui, reproduire ces formes compliquées que la nature offre aux yeux de l’anatomiste c'était les concevoir, c'était saisir leurs analogies et leurs différences. C’est ainsi qu’il s’initiait par degrés à cet art si difficile, et dans lequel il brillait avec une modestie sans égale, de reconnaître, dans des fragments en apparence indéterminables, des parties caractéristiques d’animaux perdus, et de classer ces restes, que Buffon appelait avec tant de justesse des médailles de la nature, Il avait de ces choses une con- naissance si habituelle et si parfaite, que sa pensée re- construisait à l'instant, autour d’un fragment presque informe, tout l’édifice perdu; et, parce que son esprit était lumineux et qu'il voyait avec évidence, il semblait n’attacher aucun prix à cette faculté merveilleuse. Sa science lui paraissait une chose commune ; il l’exposait simplement, sans réticences. Aucun homme, peut-être, ne s’est plus dévoué, ne s’est plus donné aux autres. Tous les maîtres de la paléontologie ont perdu dans M. Laurillard un ami. Les jeunes hommes qu’attire la majesté de cette science ont perdu le guide le plus sûr et le plus désintéressé qui fût au monde. Cette générosité inouie explique comment M. Lauril- lard a pris toute sa vie peu de soin de sa propre gloire. Son bonheur était de se donner et de s’oublier. Content d’être utile, bienfaisant pour tous, fier seulement de la gloire de Georges Cuvier, il s’anéantissait en lui. Ce dé- vouement profond et simple réveille dans l’âmeune ad- miration religieuse; il nous dit assez quel fut l'élève et quel fut le maître qui l’avait inspiré. Dessinateur habile, anatomiste éminent, philosophe modeste, M. Laurillard était aussi un écrivain d’un haut mérite. Son Eloge de Georges Cuvier, les articles qu’il a publiés dans le Dictionnaire universel d’histoire na- turelle, ses travaux sur les Antilopes, sur les Osseménts fossiles, les additions qu'il a faites à certaines parties de la deuxième édition de l’Anatomie comparée, en colla- MÉLANGES ET NOUVELLES. 95 boration de M. Frédéric Cuvier; les soins qu’il a donnés à la publication de la grande Myologie de Cuvier, disent assez quelles furent ses qualités comme savant et comme écrivain. Il n’y eut jamais de vie mieux occupée. Il a en- richi le Muséum d’histoire naturelle par des prépara- tions nombreuses. Ses voyages ont puissamment contri- bué à l’avancement de la science. L'année dernière encore, malgré l’affaiblissement de sa santé, depuis longtemps chancelante, il accomplissait une seconde mission dans le département du Gers, et rapportait une riche moisson d’ossements fossiles, parmi lesquels je signalerai un squelette entier de Mastodonte qu’hier en- core il mettait sa gloire à rassembler, avec l’aide de son collaborateur, M. Merlieux, pour en faire l’ornement de ces galeries fondées par Georges Cuvier, et qu’il conser- vait avec un soin religieux. Hélas ! il ne lui a point été donné d’achever son œu- vre. Nous ne le verrons plus dans ces galeries dont il était le génie familier. Avant-hier soir, il avait ressenti de la faiblesse après quelques moments passés auprès de M. le professeur Duvernoy, notre maître ; il s’est re- tiré chez lui, s’est mis paisiblement au lit, et s’est en- dormi pour toujours. Il est mort, me disait-on ce matin, de la mort du juste. Et, en effet, quelle vie fut plus no- ble et plus pure? Quel cœur a-t-il blessé? Quelle infor- tune w’a-t-il pas soutenue? Notre bouche serait impuis- sante à faire son éloge, il est au fond de tous les cœurs, il est dans la douleur profonde qui nous anime. Adieu ! vous qui fûtes notre maître et notre ami ! votre souvenir vivra éternellement dans nos cœurs. Homme bienfaisant ! âme généreuse! en vous perdant, nous per-. dons comme une parlie de nous-mêmes. » Une mort prématurée ayant enlevé à l’Entomologie, qu’il cultivait avec succès, M. A. Allibert, médecin à Puymoisson (Basses-Alpes), sa collection d’Insectes est à vendre. 96 REV. ET MAG. DE ZOOLOCIE. (Février 1853.) Elle se compose de plus de 8,600 espèces de Coléop- tères, la plupart européens, formant environ 25,000 in- dividus, renfermés dans 150 boites. Cette collection, fruit des travaux d’un observateur habile et patient, est surtout riche en petites espèces, si difficiles à recueillir et à nommer. M. Allibert, pendant ses études médicales à Paris, l'a classée d’après les meilleurs auteurs et en comparant ses espèces dans les premières collections de la capitale, ce qui donne à ses Insectes beaucoup de prix. De plus, cette collection con- tient les types du travail que cet Entomologiste a publié dans la Revue x0ologique sur le genre Trychopteriæ ou Ptillium, grouper enfermant les plus pelits Coléoptères connus. S'adresser franco au bureau de la Revue zoologique, et à madame veuve Allibert, née Guichard, à Valensole {(Basses-Alpes). Un de nos abonnés nous price d'annoncer la vente d'une collection d'Oiscaux montés, s’élevant à environ 400 individus, dont 300 indigènes et 100 exotiques, plus 15 Mammifères d'Europe. S'adresser, pour des renseignements, à M. Faucheux, à l'Hôtel-de-Ville, administration de l’Octroi, tous les jours, de AO heures à 4, et, pour voir la collection, à M. Richard, architecte à Arpajon (Seine-et-Marne). Enrara. Dans la 4"°. part. de la Movogr. des Scylliens, p. 25, D, lisez la non-viviparité des Seylliens au lieu de l'ovo-viviparité. TABLE DES MATIÈRES. -H. Aucarrrarxe. — Etudes sur les Primates du genre Gorille. 49 Larnesxaxe. — Nouvelles espèces d'Oiscaux. 56 Pucnenax. — Etudes sur les Lypes peu connus du Musée de Paris. 65 A. Duéuz. — Monographie des Rousseltes, 75 Académie des Sciences de Paris. 87 Analyses d'ouvrages nouveaux, 90 Mélanges et nouvelles. 9t Paris. — Typ. Simox Raçox et GE, rue d'Erfurth, 4. S° die , SEÉIZIÈME ANNÉE. _ MARS 1853. I. TRAVAUX INÉDITS. Erunes sur les Primates du genre Gortze (Cours de M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, 1853), par M. Henri AucarTaine (pl. 2). — Voir page 49. IL. Ce fut par une lettre à M. Owen que M. Savage annonça sa découverte (1) en décrivant les caractères anatomiques de cette nouvelle espèce, que le squelette qui se trouve au Musée anatomique a permis d’étudier et de comparer aux autres Primates figurés par M. de Blainville dans son Ostéographie. Ce squelette a été mi- nutieusement et savamment décrit par M. Owen (2). D’après les dessins exécutés sous les yeux de M. Savage et l’échantillon que nous possédons, on voit que la face est allongée, la région malaire très-profonde, les bran- ches de la maxillaire inférieure étant très-étendues en arrière, Les yeux sont grands, et, dit M. Savage, sem- blables à ceux du Troglodytes niger. Nez long et plat, {1) Osteological, etc. Transactions zool. Soc., vol. IL, p. 381. Trad. J. Haime, Ann. Sciences nat., p. 465, 1. XVI. 4851. (2) Notice of the characters externals and habits of Troglodytes gorilla, a new species of Orang of Gabon river by Thomas Sa- vage, elc. Osteology of the same by Jelfries Wymaon, M. D, Har- vey, prof. anat. in Iarvard University. Journ. of nat. history. Boston, 4847, vol. V, p. 419. Ce travail est accompagné de quatre bonues planches représentant la craniologie complète du Gorille, et qui eu font parfaitement reconnaître les caractères saillants. Ce Mémoire est suivi d'un tableau comparatif de la grandeur des crà- nes des Simia satyrus, Troglodytes niger, Troglodytes gorilla, et de l'homme. 2 séme, Tr. v. Aunée 4855. 7 9$ REV. ET MAG. D£ ZOOLOGIE. (Mars 4853.) légèrement élevé près de la racine; museau long et proéminent. Quelques poils gris épars à la lèvre et au menton ; la lèvre inférieure très-mobile ; pendante sur le menton, quand l'animal est irrité ; oreille et face nue ; peau brun foncé. Cou court et épais; grâce au dévelop- pement des vertèbres cervicales et des muscles réunis en faisceau de chaque côté, l'animal peut remuer avec facilité son énorme tête. La poitrine et les épaules attei- guent près du double de taille de celle de l’homme, et tout-à-fait double de celle du Troglodytes niger. L’avant- bras un peu court; le bras, et surtout les mains, très- longs; les pouces sont beaucoup plus gros que Îes doigts, comparativement courts; les ongles plats aux membres antérieurs et postérieurs. Abdomen très-large, proéminent et couvert d’un pelage plus fin que celui du. dos. Ni queue ni callosités fessières. Le coccyx terminé. par une petite touffe de poils. Les parties génitales sont semblables, chez les deux sexes, à celles du Chim- pauzé ; elles sont cependant, au témoignage de M. Sa- vage, plus développées chez le mâle. Les membres pos- térieurs sont plus petits que chez l’homme, mais d’un volume double; jambes fléchies, comme chez les autres Singes ; muscles très-développés. La marche du Gorille n’est pas franche : il s’avance le haut du corps en avant, les bras avancés. Au dire de M. Savage, il marche sans fléchir les doigts, s'appuyant sur les jointures, mais qu'il les étend en faisant un arc boutant de sa main. M. Jules Haime fait observer avec juste raison (1) que l'individu envoyé au Muséum par M. Franquet présente de fortes callosités sur la face supérieure des deux der- nières phalanges aux doigts des membres antérieurs, ce qui fait évidemment supposer que toutes les fois que le Gorille pose les mains à terre, il fléchit les doigts comme le Troglodytes. (4) Ann. Sciences nat, L. XVI, 1851, p. 467. TRAVAUX INÉDITS. 99 Nous n'entrerons pas dans les minutieux détails du savant anatomiste anglais, ce serait une répétition et la traduction de M. Jules Haïime, à laquelle nous renvoyons le lecteur. Les dessins exécutés sous les yeux de M. Sa- vage montrent, pour le crâne, deux faibles arètes con- versentes s’unissant pour former une forte crête sail- lante dans la direction de la suture digitale, laquelle vient se joindre avec une crête latérale naissant du ro- cher de l'os temporal. Entre ces crêtes, 1l existe une fossette triangulaire très-prononcée ; la fosse sygomati- que temporale, dans la direction transversale, a un pouce trois quarts de profondeur; son diamètre antéro-posté- rieur est de trois pouces, et lon voit un sinus profond d'environ un demi pouce et long d'un pouce perforé pour le passage des nerfs et des vaisseaux sanguins. Le crâne de la femelle diffère (lettre de M. Savage) du mâle par la faible saillie des crêtes, les deux antérieures et centrale étant rudimentaires ; seulement cette dernière devient plus proéminente à son extrémité, où elle s’unit aux crêtes postérieures transversales. Les vraies vertè- bres sont au nombre de vingt-quatre, comme chez Vhomme, mais les côtes de celle qui correspond à la première lombaire conservent des mouvements indé- pendants et sont bien développés, ce qui donne sept vertèbres cervicales, treize dorsales, quatre lombaires. Les caractères fournis par les omoplaies, les os iliaques et le calcaneum, ont confirmé les conclusions tirées du crâne, à savoir que le Gorille se rapproche plus de l'or- ganisation humaine que le Troglodytes niger. M. Owen fait également observer, pour la dentition, que les inci- sives du Troglodytes niger égalent en grandeur celles du Gorille; seulement les canines et les molaires de ce- lui-ci présentent un développement bien plus considé- rable (1). La hauteur de ce plus grand de nos Primates (1) La série des cinq dents molaires occupe une étendue de 100 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1853.) dépasse cinq pieds; sa taille est donc la moyenne de celle de l’homme. Mais ses autres proportions sont co- lossales (1) : la largeur de ses épaules et le peu de lon- gueur de ses membres inférieurs en font un animal dis- proportionné, tandis qu’un caractère remarquable, qui lui est particulier, lui donne un aspect féroce, c’est une longue touffe, ou plutôt crinière, de poils le long de la suture sagittale, qui rencontre postérieurement une crête transversale semblable, un peu moins élevée, la- quelle entoure le derrière de la tête en s’étendant d’une oreille à l’autre. Le Gorille peut, à son gré, hérisser ou faire mouvoir cette crinière, et, quand il est furieux, il contracte ses poils en abaissant sa crèle et relevant sa chevelure. IL. C'est encore à la notice de M. Savage que nous devons puiser le plus de renseignements sur les mœurs du Gorille. Cet observateur distingué a eu des naturels, pendant son séjour au Gabon, des notes d’un haut inté- 0068 chez le Gorille, et seulement de 0048 pour le Troglodytes niger. «La couronne des canines s’incline davantage en dehors chez le Gorilie. La saillie longitudinale convexe de leur surface in- ierne est également plus marquée ; le sillon qui limite cette saillie en avant est plus profond, et le sillon postérieur interne se conti- nue sur la racine de la dent. La dernière molaire se rapproche da- vantage de la pénultième, et a une structure plus compliquée que chez le T. niger. Elle a le tubercule postérieur externe, et surtout le postérieur interne, plus développé, et elle montre distinctement la saillie transverse qui unit les tubercules postérieur interne et postérieur externe, saillie qui ne se développe pas sur la dernière molaire du T. niger. » (Voyez Owen, Odontographie, vol. V, p. 444.) (1) Voici les mesures de l'individu du Muséum de Paris telles qu'elles ont été prises en Afrique par le docteur Franquet : {luteur, 4 m. 67. — Circonférence au col, 0 m. 75. — Id. à la poitrine, 4 m. 55. — Envergure, 2 m. 48. Comptes rendus de l’Institut. — Note de M. Is. Geoffroy-Saint- Hilaire, 4851, t. XXXIV, p. 81. — Rev. Zool., 1852, p. 37. — Ann. Sciences nat., vol. XVI, p. 1459. TRAVAUX INÉDITS. 101 rêt sur les habitudes de cet animal. C’est dans le pays accidenté, arrosé par le fleuve Gabon depuis son em- bouchure jusqu’à cinquante ou soixante mille dans l’in- térieur des terres, pays appelé Mponwe, qu’habite le Go- rille, que sa férocité, redoutéc des naturels, a sans doute empêché de connaître plus tôt (1). Le Troglodytes vivant sur le littoral a été beaucoup plus connu, et, à son his- toire, sont venus se mêler beaucoup de faits narrés par les voyageurs qui doivent être rapportés au Gorille qui habite la basse Guinée, plus avant dans l’intérieur des terres. Les naturels l’appellent Engè-ena et les Portu- gais, dit Jobson (2), El salvago. Cet animal vit en troupes, où, en général, il n’y a que quelques mâles pour un plus grand nombre de femelles (3). Tous les voyageurs s'accordent à vanter la force de cet animal. « Jusqu'ici, dit M. le chirurgien Gauthier, on n’a pu prendre vivant un seul Gorille mâle adulte, car il est plus fort à lui seul que dix nègres. Son cri de bataille est un son terrible, keh-ah, prolongé, lugubre, per- çant. » Leurs habitudes agressives, jointes à l’aspect féroce que leur donne leur crête velue et leur chevelure hérissée, font considérer le meurtre d’un de ces ani- maux comme un acte d’un tel courage, que M. Savage, auquel nous empruntons ces détails, affirme qu'un es- clave ayant tué le mäle et une femelle fut immédiate- ment mis en liberté. Tant qu'aux éléphants assommés à coup de massue et aux femmes enlevées par ces ani- maux, ce sont des assertions que M. Savage réfute avec force. Ses canines, dit le professeur Owen, sont si (1) Le mot Pongo, employé par Buffon, est très-probablement originaire de la tribu Mpongwre du Gabon, tandis que celui de Jocko vient de Enché-cko, nom local du Chimpanzé. (2) Walknaër, Hist gén des Voyages, t. IV, p. 371. (3) Ho de cécv; nous yuvairss, d'aceiai vus dourasi. Le récit re dit M. Dureau de la Malle, est donc parfaitement con- 102 REV. ET MAG. DE Z00LOGIE. (Mars 1855.) grandes ei ses mâchoires si puissantes, que les blessu res qu’elles font sont très-dangereuses et quelquefois mortelles. Mais sa principale force est dans la vigou- reuse étreinte de ses longues mains, avec lesquelles il étrangle rapidement son ennemi; aussi, s’il n’est pas tué sur-le-champ, les nègres prennent-ils immédiate- ment la fuite. La femelle a des dents canines plus peti- tes que celles du mäle, et, pendant que celui-ci engage le combat avec les nègres, elle se cache avec son jeune. Ces Primates ont la singulière habitude de se construire une sorte, non pas d'habitation, mais de nid, composé de ramées et de bâtons pour y passer la nuit. Les natu- rels tournent le Gorille en ridicule parce qu’il se cons- truit, disent-ils, une habitation découverte dans un pays où il pleut pendant huit mois. Ces animaux savent na- ger, ce qui, dit encore M. Dureau de la Malle (Mém. cité), confirme la relation d'Hannon. Leur forte muscu- lature leur permettant cet exercice, il n’y a done rien d'étonnant à ce que Hannon en ait trouvé dans une île de l'estuaire du Gabon : vices pueorn avhporov ayetouv. — La majorité des indigènes considère le Gorille comme un homme, ce qui ne les empêche pas d’en faire un met que sa rarelé ne fait que plus rechercher. Ces animaux font leur nourriture habituelle de la pulpe acide d’une espèce d'Amomum ; la tige du Saccharum offlcinarum, le fruit de l'Elais quinensis, où palmier à huile, des Carica papaya, Musa sapientium, et plusieurs autres plantes. L’attention générale qu’a attiré la découverte de cette espèce ne pourramanquer de nous procurer, d'ici à quelque temps, de nouveaux et plus précis documents, qui serviront à fixer quelques points douteux de son ana- logie ou de ses différences de mœurs avec le Chimpanzé. Les caractères de l’animal qui nous occupe sont par- faitement distincts pour créer une espèce différente des autres Troglodytes. Mais ces caractères peuvent-ils auto- riser une coupe générique? Nous penchons pour l’af- er TRAVAUX INÉDITS. 403 firmative : les distinctions fournies par la tête sont trop variables, mais les extrémités peuvent, chez les Prima- tes, fournir d'excellents caractères. Chez le Gorille, ces extrémités présentent une conformation tout-à-fait par- ticulière : nous avons déjà dit que la main était longue et les doigts munis d’ongles plats, comparativement courts, les membres postérieurs parfaitement confor- mes en organes de préhension; mais, une circons- fance remarquable, et sur laquelle on doit insister, c’est que les trois orteils sont réunis sous la peau jusqu’à la première phalange, et que le petit orteil est très-court ; la main n’adonc plus, par la soudure des doigts, sa lon- gueur normale, ce qui le rend impropre à la station ver- ticale. L'ensemble de son organisation montre qu’il est particulièrement conformé pour grimper sur les arbres. Dans un Mémoire (1) spécial, le professeur Owen a donné le diagramme de la capacité moyenne du crâne du Gorille comparé au Chimpanzé et à la race éthio- pienne, ce qui doune : Ethiop. Australien, 75 pouces environ. Gorille . 30 » » Chimpanzé, 28 » » (2) Dans son Mémoire (3) sur le squelette du Gorille, le même professeur fait observer que le Troglodytes yo- rilla se rapproche davantage de l’organisation humaine que le Troglodytes niger. La conformation des mains, celle des organes des sens, sont, chez le Gorille, très- différentes de celles que l’on connaît au Chimpanzé, dit Au Litterary Gazette and Journal of Sciences aud. Arts Nov 1851. {2) Dimensions de trois crânes communiqués à la Sociétézoolo- gique de londres par M. Stutchbury : Troglodytes gorilla mâle très-vieux, 0 m. 29 longueur. — femelle adulte, © 23 _— niger 0 485 (5) dd. Sept. 1851. 104 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1853.) M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire : mais ce professeur ajoute qu’à une première inspection ces caractères ne lui ont paru que spécifiques. Il ajoute encore que, si le genre Gorilla était admis, il serait à quelques égards intermédiaires aux genres Troylodytes et Simia; et peut- être, par la conformation presque exactement humaine des mains antérieures, serait-il plus voisin de l’homme que ceux-ci eux-mêmes. L'intelligence du Gorille serait inférieure à celle du Chimpanzé ; sous le rapport des mœurs, cet animal ne présente aucune analogie avec le Troglodytes niger. Si le Gorilla est adopté, comme le fait pressentir l’illustre naturaliste français, cette espèce devra repren- dre le nom spécifique indiqué par M. Owen, et qui rap- pelle à la science le noin de l’observateur qui l’a décrit, Gorilla Suvagei, Geoffroy. Les changements amenés par l’âge chez cet animal ont fait supposer, par les naturels, Fexistence de plu- sieurs espèces différentes. Aussi, jusqu'à plus amples détails, doit-on regarder comme prématurée la seconde espèce annoncée par quelques zoologistes. Il existe au . Musée du Havre une peau incomplète de Troglodytes différente du Gorille, mais que son mauvais état ne per- met d’assigner à aucune des espèces connues. Nore sur une nouvelle espèce du genre Euchlornis, par M. Emile Convazra, Directeur-adjoint du Musée de Milan. (Planche 4.) En passant en revue, l’automne dernier, la collec- tion ornithologique du Musée de Milan, parmi les es- pèces que j’y ai trouvées, très-remarquables sous plu- sieurs rapports, et que je ferai connaître dans une nou- velle édition du Catalogue des Oiseaux du Musée, que oute ét Mag de Zoologie. 1858. 71.4 “alias dit Euchlornis Sclateri, Cornalia. TRAVAUX INÉDITS. 105 je pense publier prochainement (4), il y en a une qui mérite davantage d’être décrite et soumise au jugement des savants ornithologistes. C’est une charmante espèce de Cotinga, remarquable par sa beauté et par la réunion de plusieurs caractères qui le rangent entre les genres et sous-genres qui ont été introduits par les naturalistes modernes dans l’ancien genre Linnéen Ampelis. Cette petite espèce appartient au genre Euchlornis, que M. de Filippi (loc. cit.) a été le premier à établir (septembre 1847) pour les Cotinga qui se distinguent par un manteau vert émeraude peu luisant et d’un re- flet tout particulier, et généralement aussi par des pieds et un bec jaunc-brique. Dans ce genre, il proposa de rangér trois espèces, savoir : l’A. arcuata, Lafresn., l'A. aureopectus, Lafresn.., et probablement VA. cincta, Tschudi. Pour les deux premières espèces, el pour d’autres plus modernes, M. de Lafresnaye a élabli tout récemment (1849, Rev. Zool.) le genre Pyrrorhynchus, renfermant l'A. viridis, VA. Riefferi, V'A. aureopectus (elegans, Tschudi), et l’4. arcuata, genre, selon son auteur, caractérisé de préfé- rence par la couleur presque rouge du bec, comme sem- ble l'indiquer aussi l’étymologie de son appellation. Ce nouveau genre est donc tout-à-fait le synonyme du genre Euchlornis, et nous n’hésitons pas à adopter celui-ci, qui est le plus ancien, et celui encore qui ex- prime un caractère bien plus constant que ne l’est la co- loration du bec, qu’on voit se modifier facilement. En effet, dans mon espèce, la couleur rouge passe décidément au noir à la pointe, et, dans deux autres, VA. cineta, Tschudi et VA. rufaxilla, Tschudi, que nous croyons devoir être comprises dans le genre Euchlor- (4) La première édition a été publiée par mon prédécesseur, M. Ph. de Filippi, actuellement directeur du Musée de Turin, sous le titre : Museum mediolanense, — Animalia vertebrala, classis IL, août, seplembre 1847. 106 REV. ET MAG. DE Z00LOG1£: (Mars 1853.) nis, le bec.est, noir dans toute sa longueur, selon les diagnoses données par l’auteur. (Wies., Arch., 1845, pag. 585, et 1844, pag. 370.) M. Hartlaub, ne connaissant pas le genre Euchlornis, a adopté le genre Pyrrorhynechus, Lafr. Ainsi, le genre ÆEuchlornis devrait avoir, selon nous, la diagnose sui- vante : Euchlornis, De Filippi.— Rostrum breve, basiminus ampla quam in gen. Cotinga, apice denticulato, ptilosis laxa, non ut in Cotin- gis squammiformis, remiges primariæ non angustatæ ; prima bre- vior quam secunda; tertia et quarta longiores; color viridis in pictura dorsi, minime resplendens, rostrum pedesque sepe rubes- centes. Aujourd’hui, le genre Euchlornis, riche de toutes les espèces ci-dessous nommées, est ainsi composé : 1: E. viridis (Cotinga, Gray, Gen. of Birds), d'Orb. et Lafr. (Synop. «v., Mag. de Zool., 1857). — Bolivie. 2. E. Riefferi, Boiss. (Cotinga), Rev. Zool. Janvier 1840, p. 3. — Santa-Fé. 3. E. arcuatu, Lafr. (Carpornis), Rev. Zool., 4845: May., 1843. — Colombie. 4. E. aureopectus, Lafr. (Cotinga), Rev. Zool. 1845; Mag. 1843. — Pérou, Santa-Fé. 5. E.? cincla, Tschudi (Cotinga, Wiegm., Arch., 1845, 184%. — Forêts de Pergoa. 6. Æ.7? rufaxilla, Tschudi (Cotinga), Wiegm., 184%, Foun. Peruana, p. 40. — Pérou. 7. E. formosa, Hartlaub, Rev. et Mag. de Zool. Juin 1849, &. XIV. — Venezuela. 8. E. Sclateri, Cornalia, Musei Mediolanensis, 1853. — Bolivia. De toutes ces espèces, les numéros 1, 2 et 3 seule- ment ont le bec et les tarses rouges; les numéros 4 el 7 ont le bec rouge et les tarses noirs; enfin, les deux es- pèces de Tschudi ont ces parties noires; la dernière a EM PAN e TRAVAUX INÉDITS. 407 les jambes et la moitié postérieure du bec rouges. Ce- lui-ci est noir à la pointe. Voilà maintenant la phrase diagnostique que je pro- pose pour la nouvelle espèce de notre Musée : Euchlornis Sclateri, Cornalia. — E, smaragdina viridis, mento, gula, pectoreque igneo-ochraceo-aurantiacis, parte basali prima- rium istarum regionum læte flava et albida. — Abdomine viridi, crisso pallide flavo; remigibus quinque primariis nigris, externe colore virescente ac flavo margiuatis, prima exceptus alba termi- natis; secundariis viridibus, lunula nigra prope apicem macula albo-flava terminatis, nec non interne slbo-cireumdatis; rostro flavo rubro apice nigricante, pedibus rubris; cauda viridi, subtüs brunnea, plumis albo terminatis méc non in quodam puncto pro- tracis ; plumulis narium aperturam atfingentibus nigris, — Long. 101., 0.128; long. alar., 0,018. — Habite Bolivia. J'étais déjà presque sûr de la nouveauté de l’espèce que je viens de décrire (et je dis seulement presque sûr; car, si l’on possède peu d'ouvrages à consulter, on ne peut jamais l'être en entier consciencieusement), lorsque j'ai eu l'honneur de faire la connaissance de M. Sclater, ornithologiste très-distingué d'Angleterre, lors de son passage à Milan, qui a eu la bonté de dissi. per mes doutes, et d'accepter en hommage la nouvelle espèce que je lui ai dédiée, en témoignage de mon es- time et de ma gratitude. Il en à pris d'avance la diag- nose, qu'il fera paraître (si elle n'est déjà parue) dansles Contributions Ornithologiques publiées par M. Jardime. M. Gray. dans son Genera of Birds, met dans le genre Cotinga les numéros 1, 2, 4, 5 et 6, et dans le genre Carpornis V Amp. arcuata, Lafr., éloignement dont nous ne pouvons pas nous rendre compte, attendu que l’ha- bitus de ces espèces est tout-à-fait le même, et que les Euchlornis, qu’il a mis dans le genre Cotinga, ne possè- dent pas non plus le caractère soit de la forme, soit de la longueur relative des premières quatre rémiges, qu’il a adopté comme propre aux Cotinga, savoir : les rémi- 108 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1853) ges étroites, ct la première et la quatrième plus courtes que la deuxième et la troisième. La coloralion, comme nous le disions tout à l'heure, a quelque chose de frappant dans les espèces du genre Euchlornis : le vert prédomine sur toutes les parties su- périeures du corps et dans toutes les espèces que je con- nais (numéros 1, 2, 5, 4, 7 et 8); les plumes des ailes et de la queue ont une grande tendance à se terminer par une tache blanche ou jaunâtre précédée par une ta» che noire, ce qui est très-marqué dans les Euch. arcuala, aureopectus, Sclateri et Riefferi (4). Les espèces du genre Euchlornis habitent des pays peu éloignés les uns des autres : elles proviennent toutes du Pérou, de la Colombie et de la Bolivie. Si on voulait ranger ces espèces dans un ordre z0olo- gique selon leurs aflinilés, on devrait commencer par VE. Sclateri, à cause de la taille et des nuances du bec, et terminer par l'E. arcuata, dont le volume ct l’habitus général s’approchent beaucoup des Carpornis, genre qui devrait venir à la suite, avec la C. nigra, Less. en tête ( Cont. Zool., t. VI), lequel possède un bec rouge vif. Le genre Euchlornis reste ainsi bien établi, et consti- tue un groupe d'oiseaux fort naturel et pour ses carac- tères et pour sa patrie. Nous avons déjà suffisamment fait ressortir les carac- tères qui distinguent notre espèce nouvelle, mais il n’est peut-être pas inutile de présenter, en terminant, le ca- talogue des espèces dans le tableau suivant : (1) M. Gray, dans son magnifique ouvrage, fait de l'E. viridis et de VE. Riefferi une seule espèce, sous le nom d’E. viridis, qui est le plus ancien ; appuyé peut-être de la rectification qu’en a faite l'auteur même de la deuxième espèce, M. Boissonneau (Rev. Zool., 4840, p. 37). Pour moi, au contraire, après un examen détaillé de plusieurs individus de l’une et de l'autre espèce, je crois être dans le vrai en les admettant toutes les deux. TRAVAUX INÉDITS. 109 Tubleau synoptique des espèces du genre Euchlornis. Bec rouge en totalité. Tarses noirs. Tête noire, E. formosa. Tête verte, ventre jonquille, E. aureopectus. Tarses rouges. Dessus de la tête noir, E. arquata. Dessus de la tête vert. Bande noire à la queue, E. viridis. Pas de bande noire à la queue, E. Riefferi, Bec rouge, avec l'extrémité noire, E. Sclateri. Bec noir en totalité. Queue jaune à l'extrémité, E. cincla. Queue noire, E. rufaxilla. Norme tendant à prouver que le Pyrrhula erythrina et le Chlorospiza incerta sont une seule et même espèce, par M. le docteur J.-B. Jauperr. Les quelques observations que nous avons été à même de faire dans le Midi de la France sur la Chlorospiza in- certa m'ont amené à cette conclusion que cet oiseau n’é- tait qu’une variété obtenue en captivité. Au nombre des raisons qui m'ont fait adopter cette opinion, singulière au premier abord, les unes sont le résultat d’une obser- vation directe et les autres s'appuient sur une simple analogie ; car il n’y a rien de surprenant que les espè- ces qui présentent entre elles un caractère commun subissent des effets analogues lorsqu'elles sont soumises aux mêmes conditions. Voici en quelques mots, ct dans leur ordre de succession naturel, les raisons sur les- quelles je crois devoir m’appuyer : Il est d’abord inutile de dire combien sont peu con- nues les deux prétendues espêces qui font l’objet de cet article; nous n'avons, pour nous en convaincre, qu'à #10 REV. ET MAG. DE Z00LOGIE, (Mars 1855.) feuilleter les divers travaux de nos ornithologisies : si- gnalées depuis longtemps à notre attention, elles n’en sont pas mieux connues pour cela. Les premiersauteurs qui en ont parlé semblent mème avoir cherché à faire passer dans le nom de la plus douteuse des deux l’in- certitude qu'ils avaient dans l'esprit, et nous en som- mes encore à ignorer complètement quelle est sa patrie; or, cela s’expliquera sans peine, s’il est réellement prouvé que l'espèce ne se rencontre que dans nos vo- lières. Le Bouvreuil cramoisi, parfaitement connu dans la livrée d'adulte, tel qu'il nous arrive de l’Europe orien- tale et de l'Asie, nous est à peu près inconnu dans son jeune âge, quoique ce soit précisément dans cet état qu'il nous visite le plus communément. C’est aussi en livrée de jeune que le Gros-Bec incertain nous arrive, et ce n’est qu'après un certain temps de captivité que nous voyons le màle prendre une teinte jaune, quelque- fois brillante, tandis que la femelle devient grisätre. M. le docteur Degland, le premier, après avoir fait osciller un de ces oiseaux du genre Fringille au genre Bouvreuil, finit par croire que l'individu qu’il a eu en- tre les mains, ne pouvant se rapporter qu'à un Bou- vreuil, n’est autre que le Bouvreuil cramoisi. M. De- gland n'avait qu'un seul sujet entre les mains, et il lui était impossible d'aller au-delà du fait. Mais M. Ch. Bo- naparte, dont le coup-d’œil, ordinairement si juste, semble avoir été quelquefois en défaut dans sa critique du livre de M. Degland, se rit des hésitations de Fau- teur, car, plus heureux qué lui, il a pu voir le Chloros- piza incerta en nature, ét Va décrit avec soin dans sa Faune italienne. Parmi les auteurs, les uns ont donc vu ce certain Gros-Bec, mais toujours en très-petit nom- bre; les autres n’en ont parlé que d’après les descrip- tions. C'est ainsi que sa connaissance se trouve encore enveloppée d’une telle obscurité que l’on ignore même TRAVAUX IXÉDITS. 114 si c’est à un Bouvreuil ou à un Fringille que Yon à af: faire. at Pour nous, qui avons été assez favorisé du ciel pour voir à plusieurs reprises cet oiseau, capturé en Pro- vence, prendre entre nos mains sa livrée d’adulte, toute espèce de doute avait depuis longtemps disparu sur la place qu'il devait occuper dans la classification : nous n'y avions vu qu'un Bouvreuil très-voisin en effet du Bouvreuil cramoisi. Entre la livrée du jeune âge dans les deux sexes et celle des adultes, nous trouvions di- vers états propres à faire déjà naître quelques doutes, alors que la livrée du Bouvreuil cramoisi femelle ne nous était encore connue que par la description des au- teurs, description qui s’appliquait tout aussi bien à nos femelles du Gros-Bec. Et comme toute diagnose, quel- que bonne qu’elle soit, laisse toujours à désirer, il nous eût été impossible d'arriver par elle seule à aucune cer- titnde. Nos observations en étaient là lorsque dernièrement, dans une caisse d'Oiseaux venant de je ne sais trop quel point de l’Asie, je fus assez heureux pour rencontrer une douzaine environ de Bouvreuils cramoisis, mâles et femelles adultes, celles-ci présentant une livrée iden- tique à la livrée de nos femelles de Gros-Bec incer- tain.….. Dès-lors un examen plus minutieux des caraetè- res spécifiques de ces deux Oiseaux devenait indispensa- ble, et cet examen me démontra leur identité; mais il fallut avoir recours à l’analogie pour expliquer la mé- tamorphose qui, par le fait seul de la captivité, s’opé- rait dans le plumage du mäle. Nous savions avec quelle facilité certaines espèces à coloration rouge, telles que les Sizerins, les Becs-Croisés, etc., perdent en cage cette teinte brillante qui les caractérise pour revêtir une robe d'emprunt dont la nuance est généralement jaunâtre ; la connaissance de ce fait seul nous donnait naturelle- ment une indication précieuse, et l’on pouvait supposer 112 REV. ÊT MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1853.) qu’il devait en être sans doute de même pour un Bou- vreuil qui avait, avec ces espèces, une si grande analo- gie. Je comprends cependant combien une semblable livrée a pu en imposer aux premiers observateurs, qui, w’ayant pas eu entre les mains les éléments nécessaires pour vérifier la question jusqu’au bout, ont été forcés de laisser ce soin à ceux de leurs successeurs qui se- raient placés de manière à recueillir un nombre suffi- sant de faits. Une fois entré dans cette voie, il me fut facile de me rendre compte de certaines particularitès auxquelles je n'avais d’abord attaché aucune importance : à diverses reprises, notre prisonnier s'était montré à nous orné d’une livrée de transition dont le principal caractère était précisément un sous-gorge d’un beau rouge cra- moisi ; mais cette coloration fut de courte durée, et la plume prit bientôt sa teinte accoutumée, Dans une au- tre circonstance, la gorge se montra recouverte de peti- tes plumes encore renfermées dans la pellicule qui leur sert d’enveloppe: elle était, dans cet état, d’une couleur rouge orange; mais l'oiseau mourut en mue, et, après quelques mois de préparation, cette teinte devint plus claire, c’est-à-dire presque jaune. D'autre part, je pos- sède en collection un Bouvreuil cramoisi mâle semi- adulte, tué dans les champs ; cet oiseau a le poitrail'et le sommet de la tête d’un rouge bien prononcé, tandis que, au contraire, le dessous de la gorge est entière- ment jaune-paille, et la poitrine offre, sur divers points, quelques taches verdätres. Voilà donc deux livrées pas- sagères tout-à-fait en opposition avec la règle générale dans l’un et l’autre cas. Cet état exceptionnel, qui n’est pour nous que la représentation d’un fait anormal, de- vient, il faut, en convenir, d’une haute importance, puisqu'il s’agit de démontrer l'identité de ces deux oi- seaux. Les œufs du 2. erythrina seraient verdâtres, selon TRAVAUX INÉDITS. 113 Temminck, verdâtres avec des points rouges, suivant Brehm ; de là à la teinte azsuro verdognolo de Ch. Bo- naparte, il n’y a pas loin, et l'œuf pondu en cage peut bien être un œuf altéré. Ainsi donc, comme on le voit par ce qui précède, 1l est infiniment probable que le P. erythrina et le Chl. incerta sont deux états particuliers d’une même espèce. Les raisons qui m'ont fait adopter cette opinion sont as- sez nombreuses pour augmenter réciproquement leur importance respective, et je ne crois pouvoir mieux faire que de les résumer ici, en laissant toutefois à l’observa- tion future le soin de venir confirmer ou détruire mon assertion. 4° Entre les deux oiseaux, il n’existe aucun caractère distinctif qui puisse les séparer : quelques variations accidentelles du bec n’ont aucune importance quand on compare une série d'individus. 2° La femelle du Bouvreuil cramoisi adulte est iden- tique à la femelle du Gros-Bec incertain obtenue en cage. 3 Les jeunes sont semblables. 4° Aualogic entre ce phénomène de la captivité et ce- lui qui a lieu chez les espèces qui présentent cette même couleur rouge-cramoisi. 5° Nous avons vu, accidentellement, l’oiseau en li- berté prendre du jaune; nous l’avons vu prendre du rouge en captivité. 6° Le Gros-Bec incertain mâle adulte n’a point été observé dans les champs; il est enfant de nos volières. 7° Enlin, la patrie de ce prétendu Gros-Bec n’a été trouvée nulle part. La description du mâle adulte peut se résumer en deux mots : toutes les partics qui, dans l’état de liberté, sont rouges ou roses, sont, chez l'oiseau prisonnier, d’un jaune plus ou moins éclatant, suivant que l’indi- vidu est dans une livrée plus ou moins complète. C'est 2 séme, r. v. Année 4853. 8 414 REV. ET MAG. D£ ZOOLOGIE. (Mars 1855.) ainsi que les deux bandes de l’aile et le bord libre des pennes alaires et caudales sont ou d’un rose tendre ou d’un jaune verdâtre; les tarses eux-mêmes se ressen- tent de la livrée générale, et, par des teintes plus ow moins brunes, s’harmonisent avec elle ; la queue, légè- rement fourchue, est toujours unicolore en dessous. La femelle adulte a toutes les parties supérieures d’un brun olivâtre parsemé de taches longitudinales d’un brun plus foncé. Devant du cou, poitrine et flancs d’un blanc sale strié de brun; gorge, abdomen et sous-cau- dale d’un blanc assez pur ; bord externe des rémiges et des rectrices, ainsi que les deux bandes de l'aile, d’un gris verdâtre. Les jeunes de l’année, dans les deux sexes, ressem- blent un peu aux femelles adultes, mais ils s’en distin- guent par des teintes moins pâles, par des stries mieux dessinées et plus nombreuses. Les jeunes, avant la première mue, ont quelque ana- logie avec le jeune Verdier, sauf les teintes vertes. Les stries longitudinales sont très-nombreuses et très-fon- cées ; elles recouvrent toutes les partiesanférieures, et n’épargnent guère que le milieu de l’abdomen, ainsi que les plumes du dessous de la queue. Les grandes et les petites couvertures de l’aile sont d’un blanc sale ; le bord libre des rémiges secondaires d’un blanc pur ; les rectrices, moins foncées que chez l’adülte, sont aussi liserées d’un gris verdâtre plus clair. Descrprion de deux Oiseaux hybrides, par M. le docteur J.-B. Jaurerr. Ayant eu l’occasion de parler, dans un précédent tra- vail (1), du phénomène de l’hybridation chez les ani- (4) Quelques notes sur l'Ornithol. europ. de M. Degland, pages 37 et 66. TRAVAUX INÉDITS. 115 aux qui vivent en pleine liberté, je fus amené à for- muler alors la loi qui devait présider à cet acte, et en dehors de laquelle je regardais le rapprochement de deux espèces distinctes comme un fait à peu près im- possible. C’est à l’appui de cette loi, sur laquelle je crois devoir revenir en quelques mots, que je viens ap- porter aujourd’hui la description des deux hybrides nouveaux, dont la connaissance offrira, je l’espère, un certain intérêt scientifique. Nous savons tous combien sont nombreux les cas d’hy- bridation parmi les espèces qui vivent en domesficité, et vouloir nier l'influence de la main de homme sur un semblable phénomène, c’est fermer les yeux à ce qui se passe autour de nous. L'homme, après avoir soumis les espèces domestiques, après avoir tué l’un après l’au- tre tous leurs instincts, porta ses vues jusque sur l'acte de la reproduction, à l’aide duquel il put de nouveau varier et repétrir toutes les formes, toutes les races, suivant ses besoins, selon son caprice. Mais la nature sut mettre une limite à cet esprit d’envahissement, en condamnant à une mort certaine tous ces produits de l'adultère : quelques rares exemples de fécondité entre hybrides ont démontré d’une manière péremptoire que ce n’était là qu’une exception qui ne dépassait pas une première génération ; après quoi, la mort venait rendre à la nature tous ses droits. En état de liberté, au contraire, l'hybridation est un phénomène fort rare ; et cela devait être, puisque la na- ture avait confié à l'animal un instinct particulier pour présider d’une manière toute spéciale à la conservatien des types, au maintien des espèces. Nous avons toutefois entre les mains un nombre suffisant d'exemples pour conclure d’une manière définitive à l’existence de ces rapprochements anormaux ; et l'examen attentif de ces cas rares, joint à l’expérience que nous avons de ce qui se passe chaque jour entre nos mains, pouvait nous 116 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1853.) donner la clef d’une loi que j'ai cru devoir formuler ainsi : 4° L’hybridation, en liberté, n’a lieu qu’entre espè- ces extrêmement voisines. 2° Il faut que l’une des deux espèces, au moins, soit rare dans la localité où a lieu le rapprochement. 3 En liberté, comme en captivité, l’hybride est in- fécond. L’hybride, entre les mains de l’homme, n’est que le résultat d’une violence ; l'isolement au moment du rût est une condition sine qu non; car l'espèce ne violera jamais la loi qui veille à sa propre conservation si elle a les moyens de satisfaire son instinct : il faut la violenter pour lui voir accomplir un acte monstrueux. Connaissant, dès-lors, les répugnances instinctives de l'animal, et voyant, cependant, le même fait se pro- duire, en dehors de toute influence humaine, il fallait admettre, pour ces cas exceptionnels, des conditions analogues ; et ces conditions, nous les trouvons dans l'isolement des sexes par le fait même de la rarcté de l'espèce. Supposons en effet un oiseau (et c’est parmi les oiseaux que nous trouvons le plus souvent des cas d’hy- bridation), soit, par exemple, un Merle bleu (Turdus cya- neus), isolé par une cause quelconque, dans une localité où son espèce ne se trouve pas répandue; le temps des amours arrive, et le besoin de la reproduction se fait sentir avec toute sa bouillante ardeur, qu’arrivera-t-il? C'est que l'oiseau restera dans son isolement, ou bien, lorcé par l’impérieuse nécessité, cherchera à contracter avec l’espèce la plus voisine une union de circonstance : cette espèce sera naturellemeut le Petrocincla saxatilis; el de ce rapprochement naîtra le Merle azuré de Cres- pon… C’est ainsi que se sont montrés l’Anas purpureo- viridis de Schinz, la Perdrix rochassière de Bouteille, le Tetrao medius de quelques auteurs, et peut-être tant l’autres. TRAVAUX INÉDITS. 117 Les deux hybrides dont la description va suivre se rapportent, le premier à un cas exceptionnel, comme celui du Merle azuré, et le second semble, par sa fré- quence, rentrer précisément dans la catégorie du Tetrao medius et de la Perdrix Sabatier. Hybride entre le Pinson ordinaire et le Pinson d’Ar- dennes. — Prenez entre les mains un Pinson d’Arden- nes mâle, en livrée d'automne, et faites-lui subir les modifications suivantes : Demi-collier bleuâtre, exactement comme chez le Pin- son ordinaire; dos d’une teinte rouillée à peu près uni- forme ; croupion vert-jaunâtre ; couvertures supérieures de la queue gris-plomb. La tête ressemblerait assez à celle d’une femelle, sauf quelques teintes verdâtres sur les joues; le bec, unicolore comme chez le Pinson ordi- naire, se rapprocherait, par sa forme, de celui du Pinson d’Ardennes. La coloration de la poitrine est d’une nuance intermédiaire entre le rouge-vineux du Cœlebs et le jaune du Montifringilla; seulement, cette teinte ne s'arrête pas au poitrail, comme chez celui-ci, elle enva- hit une partie de l’abdomen ainsi que les flancs qui tournent au gris. On ne remarque pas sur les flancs ces lunules noires qui caractérisent le mäle du Gros-Bec d’Ardennes; la queue et les ailes ressemblent à celles de cel oiseau, mais les taches blanches y occupent un es- pace plus grand. Cette description se rapporte à un individu mâle pris au filet dans les environs de Marseille, en octobre 1851; son cri, que J'ai eu l’occasion d’entendre à diverses re- prises, était identique au cri bien connu du Pinson or- dinaire ; cetoiseau, mort en avril 1852, orne la petite collection de mon ami M. Laurin, à l’obligeance duquel je dois de l’avoir fait connaître. Hybride entre le Canard Milouin et le Canard Nyroca, — Description du mâle en hiver. — Lougeur totale, 43 centimètres; longueur du bec, 54 millimètres; le bec at REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1853.) se rappoche de celui du Milouin par sa forme générale, par sa couleur, par l'onglet et par la disposition des na- rines, Iris orangé-clair; tête et cou d’uu roux-rougeâtre, comme chez le Milouin; poitrine d’un roux-marron comme chez le Nyroca. On remarque à la base du cou un petit collier noir qui se fond en avant avec les teintes de la poitrine et va former en arrière un espace noirâtre qui limite la partie supérieure du dos. Région dorsale grise, fortement striée de brun; flancs, cuisses «et ab- domen d’un cendré bleuâire, striés de brun comme le dos ; le ventre demeure blanc jusqu’à la hauteur des cuisses; région anale noirâtre, couvertures inférieures de la queue blanches. Les ailes sont brunes avec un large miroir blanc; les {arses et les doigts bleuâtres, les membranes noires. La femelle m'est inconnue; quatre captures identi- ques sont venues confirmer celte livrée du mâle, dont le tableau suivant fera mieux saisir les caractères dis- tinctifs. Anas Ferina. Anes intermedia, Anas nyroca. Longueur totale, 40 à°41 cent. Longueur totale, 45 cent.| Longueur totale, 43 cent. Bec assez fort, noir à sal Bec moins fort, de même base et à son extrémité ,|forme et de même couleur ; bieuâtre dans son milieu ; longueur, 54 millim. longueur, 57 millim. Iris jaune orangé. Iris orangé clair. Tête et cou d'un roux| Tête et cou d'un roux rougedtre et brillant; largelrougeûtre plus terne; col- bande ou ceinture noire s’é-[lier noirâtre se fondant en tendant sur toute la poitrine|avant avec la nuance roux et sur les parties supérieu-|marron de la poitrme et res du dos. formant en arrière un es- pace noir qui limite la partie supérieure du dos. Région dorsale d'un gris] Région dorsale d'un gris clair fortement strié delplus foncé, fortement strié bron. de brun. Flanes, cuisses et abdo-| Flancs, cuisses et abdo- men, d'un cendré bleuñtre|men, d'an cendré blenître, finement strié. finement strié. Milieu du ventre blanchà-| Milieu du ventre blanc. tre, varié de zig-zags cen- dréspresque imperceptibles. Région anale etcouvertu-| Région anale noirâtre, res inférieures de la queue|couvertures inférieures de noires. la queue blanches. Queue cendrée, Queue brune. Bec plus court, presque noir, à natines relevées; longueur, 46 millim. Tris blanc. Tête et cou d’un roux marron, ainsi que la poi- trine ; à la base du cou est un pelit collier noir qui va se’ fondre en arrière avec la couleur brune du dos. Région dorsale d’un brun noirâtre, à reflets pourprés, sans aucune strie chez l’a- duite. Flanes, cuisses et abdo- men, d'un roux plus ou moins foncé. Milieu du ventre blanc. Région anale et convertu- res inférieures de la queue blanches. Queue noire. TRAVAUX INÉDITS. 119 Aïlesd'angris brun, avec, Ailes brunes, avec un] Ailes d'an brun noirâtre un large miroir cendré. large miroir blanc terminé|avee miroir d’un blanc pur de brun. terminé de noir. Tarses et doigts bleuâtres, Id. Tarses et doigts d'un gris avec membranes noires. foncé, avec membranes noires. LE du tarse, 35! Longueur du tarse, 30 nn LRHEu du tarse, 28 Longueur du doigt mé- (Longueur da doigt mé-| L:ngueur du doigt mé- dia, 70 millim. ldian, 51 millim. dian, 64 millim. L'examen attentif des signes que nous venons de pas- ser en revue fait reconnaître, dans ce Canard, tous les caractères de l’hybride, et, malgré les quelques captu- res que nous en comptons, on ne saurait en faire une espèce. Il en est, à ce qu’il paraît, de cet oiseau, comme du Tetrao medius, et la fréquence de rapprochement entre les deux espèces, dont il est le produit, ne peut s’expliquer, ainsi que dans l'exemple précédent, que par l’inégalité qui existe dans la distribution géogra- phique des espèces. Moxocrarme de la tribu des Scylliens ou Roussettes (Poissons Plagiostomes), comprenant deux espèces nouvelles, par M. le docteur Aucusre Duméiz. — Voir page 8. — (PI. 3.) Les descriptions qui suivent montrent que d’autres différences permettent, avec celles-là, une distinction facile. L. Hémscyze œuté, Hemiscyllium oculatum, Müll. et Henle, loc. cit., p.16. Squalus oculatus, Banks, fig. manuser. — L’œuxé, Broussonnet, Ac. des sc., 1780, p. 660, n° 10. — Il est figuré dans le Natur. miscell. de Shaw, 1. V, pl. 161, et dans le t. X, pl. 3, de Anim. Kingd. of Griffith. Caractères : Seconde épiptère très-antérieure à l'hypoptère , dont elle est séparée par un intervalle égal environ à deux fois la longueur de sa propre base, d'où résulte la courte distance entre l'hypoptère et l'uroptère; bord postérieur des épiptères un peu échancré ; derrière la racine de chaque pleurope, une tache ellip- 120 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1853.) tique, à grand diamètre longitudinal, d’un brun noir, et entourée d’un cercle bleuâtre; sur le reste du corps et sur les nageoires, des taches foncées, irrégulières. Le Muséum possède un jeune mâle à catopes non réunis au-dessus des appendices génitaux. Il l’a reçu de la Faculté de Médecine de Montpellier, et provient de la collection de Broussonnet, à qui il avait été donné par Banks. Ce n’est pas, au reste, le type de l’Académicien français, car il est beaucoup plus petit que celui qu’il a décrit dans la Collection de Banks, et qui avait, dit-il, deux pieds et demi de long. IL. Hémsoyize TRI-SPÉCULAIRE , Hemise yllium trispecu- lare, Richardson, Icones piscium, part. I, p. 5, pl. 1, fig. 2, et in Zool. of the voy. of Erebus and Terror, Fishes, p. 45, pl. 28, fig. 5 à7. Caractères : Position relative des nageoires à peu pres semblable à ce qui se voit chez l'E. œillé, mais les pectorales, les dorsales et les catopes, proportionnellement un peu plus éloignées de l’extré- mité du museau; derrière la base de chaque pleurope, une grande tache noire, parfaitement circulaire, entourée d'un cercle blan- châtre, et auprès de laquelle on en voit deux autres plus peuites, en demi-cercles ; sur le corps, douze ou quatorze bandes brunes et un très-grand nombre de petites taches foncées, réunies par groupes de trois ou quatre. Ces différents caractères, constatés sur deux indivi- dus par M. Richardson, permettent de conclure, avec lui, que cet Hémiscylle représente une espèce tout-à-fait distincte de la précédente, dont elle diffère, en outre, par la forme des tubercules de la peau. La figure don- née par ce zoologiste montre qu’elles sont arrondies à leur bord postérieur, ainsi qu'à leurs angles latéraux, et qu’elles ont des lignes saillantes à leur surface supé- rieure, tandis que dans l’H. œillé, la forme générale du tubercule est modifiée par la saillie que forment et les angles latéraux et la réunion des deux portions du bord postérieur. La face libre d’ailleurs porte, en arrière, deux lignes saillantes, obliques, qui se coupent en se croisant. TRAVAUX INÉDITS. 121 Cette Roussette n’est pas connue à Paris. Les deux exemplaires décrits par M. Richardson ont été pris à l’île des Tortues, sur la côte nord-ouest de l'Australie. III. Hémscyice racueté, Hemiscyllium variolatum, A, Dum. Espèce NouveLLe ( pl. 5, f. 1). Caractères : Seconde épiptère commençant au-dessus de la fin de Ja base de l'hypoptère, qui est beaucoup plus éloiguée de l’uroptère que dans les deux autres espèces. Ce caractère suffit à lui seul pour éloigner cet Hémis- cylle des deux autres que je viens de décrire. Il leur ressemble d’ailleurs par l’allongement du corps et par ses formes élancées. Ses tubercules cutanés sont à peu près semblables à ceux de l'A. tri-spéculaire. N s'éloigne de l’un et de l’autre par les particularités suivantes de son système de coloration : Depuis les yeux, jusqu'à la racine des pleuropes, une large bande brune, transversale, occupant les régions supérieure et latérales du tronc, et semée d'un très-grand nombre de petites taches blanches, plus grandes et un peu plus espacées sur les côtés qu’au milieu ; sur tout le reste du corps, qui est d'un brun jaunâtre, de nombreu ses taches blanches, de grandeur inégale et arrondies ; à l’extré- mité de chaque nageoire, et à leur base, de grandes taches d'un brun foncé, et sur la moitié postérieure de la ligne médiane du dos, quelques taches de la même nuance. Le Muséum doit à M. le capitaine Bertille le spéci- men unique de cette espèce nouvelle. Il a été pris sur les côtes de l'Australie. Sa longueur est de O0 m. 36. c. IV° Genre. — Chiloscylle, Chiloscyllium (1), Müll. et Henle. Caractères : Museau mousse et obtus; narines fendues jusqu’à la bouche, qui est peu arquée; une lèvre inférieure formée par un large repli cutané, et séparée de la peau du cou par un sillon trans- versal; spiracules longitudinaux, derrière les yeux, dont ils sont (1) De peine, lèvre, et de ox, à cause du caractère distinctif essentiel fourni par le pli cutané du bord postérieur de la bou- che. 122 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1853.) très-rapprochés; un petit tubercule sur leur bord postérieur, hy- poptère et uroptère se touchant. Les valvules nasales ne sont pas réunies par leur bord interne; elles portent un cirrhus; les quatrième et cinquième ouvertures branchiales sont presque con- fondues. Ce genre comprend cinq espèces, qu’on peut aisé- ment distinguer, comme l'indique le Tableau synopti- que IV. I. Aïnsi, les individus nouveau-nés ou très-jeunes portent, sur les régions supérieures, de très-nombreuses bandes transverses noires, séparées par des bandes jaunâtres, parcourues en travers chacune par une ligne brune. Sur les flancs et sur les nageoires, il y a des taches claires, dont le centre est occupé par un point brun. — La longueur est alors de 4 à 6 pouces et demi, mesure an- glaise. EH. Trois individus de l’espèce dont il s’agit, con- servés au Muséum, et qui ont été pris dans la mer des Indes par Eydoux et Souleyet, dépassent cette taille, quoique jeunes encore. Ils appartiennent à la catégorie de ceux que M. Cantor décrit ainsi : Teinte générale d'un gris cendré ou isabelle, avec onze, douze ou treize bandes transversales, d'un brun noirâtre clair, larges sur le dos et plus étroites sur les flancs, à bords plus sombres ou ornés de points foncés peu nombreux; nageoires à taches, les unes claires, les autres foncées. . J. Cmiosoyice mransversal, Chiloscyllium plagiosum , Müll. et Henle, loc. cit., p. 17. Le jeune âge est représenté dans Russel, pl. 16, et dans les Zlustr. of Gen. Hardwick and Gray, t. I, pl. 98 fig. 2. — L’adulte est figuré sur la même planche @e Russel. — Chiloscyllium plagiosum, Cantor, loc. cit., p. 1374. Caractères : Première épiptère commençant immédiatement en arrière de la base des catopes et peu éloignée de la seconde, dont TRAVAUX INÉDITS. 125 la base.est égale en longueur à l'intervalle qui la sépare de l’hy- poptère; cirrhus des rhinopomes s’étendant jusqu’à la mâchoire supérieure. Les couleurs varient suivant l’âge; aussi M. Cantor regarde comme dues à cette cause les différences que MM. Müll. et Henle ont considérées comme consti- tuant des variétés. C’est à ce système de coloration que se rapportent le Bokee Sorrah de Russel, le Scyl. plagiosum de Bennet, et la 1" Variété de MM. Müll. et Henle. UT. D’autres individus de la même catégorie présen- tent les particularités suivantes : Dans l'intervalle des bandes transversales, qui sont brunûtres, bordées de noir, un double rang de points également noirs. Sur les flancs et sur les nageoires, des cercles foncés, avec une tache centrale sombre. Tels sont le Scyll. ornatum de Gray, le Chiloscyll. plagiosum de Richardson et la 2° Variété de MM. Müll. et Henle. IL. Cwwoscyzse poxcrté, Chiloscyllium punctatum, Müll. et Henle, loc. cit., p.18, pl. 3. Caractères : Museau arrondi; tiers antérieur de la base de la première épiptère situé au-dessus de la base des catopes et sépa- rée de la seconde par un intervalle un peu plus considérable que la longueur de sa propre base; distance entre l'hypoptère et la se- conde épiptère moindre que la longueur de la base de cette der nière. Les épiptères sont presque égales entre elles et plus grandes que celles du Ch. transversal, dont la pré- sente espèce diffère : 4° par les dimensions et la posi- tion des nageoires; 2° par les couleurs, dont l’arran- gement consiste en une série de bandes transversales, au nombre de huit ou de neuf, d’une teinte plus sombre que le reste du corps, et en un semis de petits points 124 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1853.) foncés, bien visibles, à ce qu’il paraît, sur le spécimen unique du Musée de Leyde, type du Sc. punctatum de Kuhl et Van-Hasselt. Ils sont, au contraire, très-peu apparents sur les trois individus de Ja collection de Pa- ris, rapportés de la baie de Pondichéry par Leschenault, et de la mer de Chine par M. Gernaert. TI. Caoscyzze cents, Chiloscyllium griseum, Müll. et Henle, loc. cit., p. 19, pl. 4, fautive pour la position de la 2° épiptère. Caractères : Tiers antérieur de la base de la première épiptère au-dessus de Ja base des catopes ; distance entre l'hypoptère et la seconde épiptère égale à la longueur de la base de cette na- geoire dorsale. A ce dernier caractère, tout-à-fait distinctif de cette espèce, il faut joindre ceux que fournit le système de coloration qui l’éloigne de toutes ses congénères. En effet, la teinte générale est d'un gris-jaunâtre uniforme, sans bandes, taches ou points. Le bord des nageoires est d’un brun- rougeûtre. Le Muséum possède plusieurs échantillons recueillis dans la mer des Indes par M. Dussumier, M. Bélanger et par Polydore Roux. IV. CunoscyLce rupercuzeux, Chiloscyllium tubercula- tum, Müll. et Henle, loc. cit., p. 19. Squale dentelé, Lacép., t. I, p. 281, pl. 11. — Sgq. tuberculatus, Bloch, Schn., p. 137. Caractères : Sur la ligue médiane du dos, depuis la tête jusqu’à la seconde épiptère, une carène saillante, constituée par une série de tubercules volumineux et à pointe relevée; parallèlement, et de chaque côté, une ligne saillante, composée de tubercules plus petits; teinte générale d'un gris-brunâtre, avec des taches irrégu- lières d'un rouge-brun. On ne connaît, à Paris, qu’un jeune mâle, type du Sq. dentelé, Lacépède. TRAVAUX INÉDITS. 125 V. Cuoscyze mazas, Chyloscyllium malaianum, Müll. et Henle, loc. cit., p. 20. Scyll. malaisianum, Lesson, Voy. aut. du monde, 29° livraison, Poiss., n° 6. — Scyll. Freycineti, Quoy et Gaim., Voy. aut. du monde, p. 192. Caractères : Museau très-court, à bouche presque terminale ; angle postérieur des dorsales pointu. Cette diagnose ne permet la confusion de ce Chi- loscylle avec aucun de ses congénères. Le Musée de Paris possède trois exemplaires recueil- lis aux îles Waigiou et Rawack par M. Lesson et par MM. Quoy et Gaimard. Ce sont les types des espèces que ces naturalistes ont décrites. N° Genre. — Crossormne, Crossorhinus (1), Müll. et Henle. Caractères : Tête large, plate, garnie, dans tout son pourtour, jusqu'aux ouvertures des branchies, d'appendices lobulés ; bouche grande, plus rapprochée de l'extrémité du museau que chez la plupart des Squales : spiracules plus considérables qu’à l'ordinaire, silués au-dessous et un peu en arrière des yeux; les deux épiptè- res entre les catopes et l'hypoptère, qui est très-rapprochée de l'uroptère. L'aspect tout-à-fait remarquable que donnent à cette Roussette les particularités énoncées dans cette diagnose l'éloigne assez des autres, pour qu’elle ait dû devenir le type d’un genre nouveau. Il ne comprend qu'une seule espèce. Le Crossonmne ganeu, Crossorhinus barbatus, Müll. et Henle, loc. cit., p. 21, pl. 5. Le Bareu de Broussonnet, loc. cit., p. 657, et de La- cépède, t. 1, p. 247. — Squalus barbatus, Linn. Gmel., t. I, p. 1493, n° 18, Bloch Schn., p. 128 et p. 137, (1) De zpcoobs, frange, et de st, givès, nez, à cause des barbillons qui bordent le pourtour du museau. . 126 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1855.) sous les noms de Sq. lobatus, Seyll. lobatum, Cuvier, R. an., t. II, p. 587, note. s Caractères : Corps déprimé dans sa moitié antérieure, cylindri- que à partir de l'anus; valvules nasales internes très-longues, multilobées ; deux ou trois grands lobes cutanés au-dessus et au- devant du pli labial supérieur, et entre ceux-ci et le commence- ment des pleuropes, plusieurs appendices digités. Les pleuropes sont en forme de triangle et les cato- pes quadrangulaires ; les spiracules sont longs une fois et demie comme les yeux. La couleur est un brun orné de stries transversales, plus som- bres, et de taches foncées, irrégulières, mais souvent circulaires, cerclées de blanc. Il ya, au Muséum, deux exemplaires de l'Australie : l’un rapporté par Lesueur, l’autre par M. J. Verreaux. VI° Genre, — Gmnezxmosroue, Ginglymostoma (1) Müll. et Henle. Caractères: Museau mousse; narines s’étendant jusqu’à la bou- che, sur laquelle passe un long cirrhus de la valvule nasale; plis labiaux supérieur et inférieur séparés, au niveau des angles de la fente buccale, par un sillon profond, d’où la ressemblance que ces plis offrent, jusqu’à un certain point, avec les deux pièces mobi- les d’une charnière; évents très-petits, directement derrière les yeux. A cette diagnose, qui éloïgne ces Roussettes de toutes les précédentes, on peut joindre les particularités sui- vantes : Dents très-nombreuses, sur dix rangs environ, à deux ou quatre dentelures de chaque côté; cinquième ouverture presque entière- ment confondue avec la quatrième; hypoptère ne touchant pas l'uroptère ; première épiptère au-dessus des catopes, et laseconde, en partie au-devant de l’anale, en partie au-dessus d’elle ; pleuro- pes plus longs que chez les autres Scylliens. L. Ginczymosroue concoLore, Ginglymostoma concolor, Müll. et Henle. (1) De yrypuuss, gond de porte, charnière, et de crue, bouche, à cause de la disposition particulière des plis labiaux. TRAVAUX INÉDITS. 427 Nebrius concolor, Rüppell, Fauna Abyssin.; Fische, p- 62, t. 17, fig. 2. Caractéres: Plis buccaux supérieurs s'étendant jusqu’à l'angle des narines; plis inférieurs égalant à peine chacun la moitié de la distance qui les sépare l’un de l’autre ; nageoires pectorales et dor- sales quadrangulaires ; tubercules cutanés en pavé et sans pointe, d’où l'absence d’aspérités sur les téguments. Toutes les particularités relatives à la position des nageoires ont été indiquées dans la description du genre. Quant au système de coloration, il consiste en une teinte d'un gris-brun uniforme; des tubercules isolés étant jaunes, il en ré- sulte l'apparence d’une fine moucheture. Cette espèce est inconnue au Musée de Paris. IL. GINGLYMOSTOME BARzILLON, Ginglymostoma cirrhatum, Müll. et Henle. Le Barbillon, Broussonnet, loc. cit., p. 656. — Sgq. cirrhatus, Linn., Gm., p. 4499, n° 17. Caractères : Chaque pli Jabial inférieur égal à la distance qui le sépare de celui du côté opposé; épiptère et hypoptère ovales; pleuropes triangulaires, à angles arrondis. En tout point, d’ailleurs, cette espèce ressemble à la précédente. La teinte générale est un gris-roussâtre uniforme : « Les indivi- dus, dont la longueur n'excède pas un pied, ont, sur tout le corps, de petites taches noires, rondes, qu’on ne retrouve pas dans les gros. » (Broussonnet.) Le même naturaliste ajoute : « Les écailles sont lar- ges, aplaties et très-luisantes; comme elles sont aussi très-rapprochées, nous sommes persuadé qu’on pour- rait faire avec la peau de ces Squales les plus beaux ou- vrages en Galuchat. Elle prendrait, à la vérité, difficile- ment les couleurs. » Les collections de Paris possèdent une très-belle série d'individus des deux sexes et de taille variée. 128 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1853.) VIF Genre. — Srécostose, Stegostoma (1), Müll. et Henle. Caractères : Bouche petite et tout-à-fait horizontale, non ar- quée; sur la mâchoire supérieure, comme sur l’inférieure, la peau forme un pli qui supporte les dents; portion des téguments com- prise entre les valvules nasales, large, et constituant une sorte d’o- percule au-devant de la bouche; valvules nasales réduites à une simple bande cutanée encadrant le lobe médian et prolongées en un cirrhus ; uroptère proportionnellement très-longue. Ce dernier caractère, et surtout la singulière disposi- tion des téguments au niveau de la bouche, motivent parfaitement la séparation proposée pour l’espèce qui est le type de ce genre remarquable. STÉGOSTOME TIGRE, Stegostoma fasciatum, Müll. et Henle, p. 24, pl. 7, fig. pour le museau. Cette espèce, qui a été figurée par Séba, IT, t. XXXIV, n° 4, p. 105, par Forster, Zool. ind., pl. 15, fig. 2, par Bloch, 113, par Russel, pl. 18, puis par M. Rüppell, sous les noms de Scyllium heptagonum (Abyss., tab. 17, fig. 1) a été décrit par Broussonnet, par Lacépède et par Gmelin, Syst nat., p. 1495, avec la dénomination de Sq. tigre. Quelques auteurs, à l’exemple de Bloch, ont employé l’épithète fasciatus, et, en particulier, M. Cantor, qui a donné beaucoup de détails sur le sys- tème de coloration, loc. cit., p. 1578. Caractères : Sur la ligne médiane du dos, une carène mousse; de chaque côté de celle-ci, une autre, qui lui est paralièle; au-des- sous, entre les pleuropes et les catopes et sur les parties latérales du corps, à droite et à ganche, deux lignes saillantes, longitudina- les, comme les précédentes; sur tous ces plis de la peau, des gra- aulations très-fortes, formées par les tubercules cutanés. C’est à cet ensemble de lignes saillantes qu’est due la conformation en quelque sorte heptagonale du corps, (1) De o:éye, je couvre, et de ozéux, bouche, à cause du bour- relet de la lèvre supérieure, qui forme une sorte d'opereule au- devant de la cavité buccale. TRAVAUX INÉDITS. 129 comme a cherché à l’exprimer M. Rüppel par la déno- minalion qu’il a choisie. Le système de coloration varie suivant l’âge, comme l’a constaté M. Cantor, et c’est à cause de ces différentes livrées, que MM. Müller et Henle ont admis, comme constituant trois variétés distinctes, les différences sui- vantes : I. Couleur fondamentale d'un blanc jaunûtre, relevé, sur le dos, par de larges baudes transversales noirätres, qui couvrent telle- ment la tête et les nageoires, que, sur ces régions, la teinte géné- rale ne forme plus que des taches ovales ou circulaires : ( Pollee- Makum Russel. — Nouveau-nés et très-jeune âge, Cantor.) I. Régions supérieures plus foncées, des bandes transversales bordées de noir et des taches d'un brun noirâtre (àge plus avancé, Cantor.) III. Plus de bandes, mais de nombreuses taches rondes (Sc. heptagonum, Rüppel, Steg. carinatum, Blyth. Adulte? Cantor.) On voit au Muséum des représentants de ces trois ca- tégories pèchés dans la mer des Indes et dans la mer Rouge. Il résulte des savantes recherches de M. Agassiz que l’on ne connait pas de véritables Rousseltes fossiles parmi le grand nombre de Squales dont on trouve des débris. « L'époque actuelle, dit ce naturaliste (Hist. des poiss. foss., t. II, p. 511), n’est pas moins riche en Squales que les époques antérieures. MM. Müller et Henle n’en décrivent pas moins de quatre-vingt-dix es- pèces (1). Nous y retrouvons tous les genres de l’époque tertiaire et un certain nombre de genres nouveaux. Mais, ce qui est surtout remarquable, c'est que ce soient les genres nouvellement survenus qui comptent le plus grand nombre d’espèces : tels sont particulièrement les (4) Cette monographie des Scyiliens, et les matériaux déjà ras- semblés du Catalogue méthodique du Musée de Paris, montrent que ce nombre est maintenant plus considérable, par suite de la con- naissance d'espèces nouvelles. 2 séwe, r. v. Année 1853. 9 150 REV. ET MAG DE ZOOLOGIE. (Mars 1853.) vrais Carcharias, et, parmi les Squales à dents hisses, les Scylliens. » Explication de la Planche. I. Hémiscylle tacheté, Hemiscyllium variolatum, A. Dum., Espèce nouvecce. — À 4. Tête vue en dessous, de grandeur naturelle, — 4 b. Dents. — 1 c. Tubercules cutanés. II. Tête de la Roussette large-tête, Scyllium laticeps, A. Dum., EsrècE NOUVELLE, vue en dessous, plus petite que nature. — 2 a. Dents. — 2 b. Tubercules cutanés. II. SOCIÉTÉS SAVANTES. ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS. Séance du 28 Février 1853. — M. P. Gervais pré- sente un Mémoire ayant pour titre: Observations relati- ves aux Reptiles fossiles de France. Il résulte de ce travail, renvoyé à l’examen d’une commission composée de MM. Duméril, Elie de Beau- mont et Duvernoy, que les Reptiles fossiles que l’on rencontre dans les formations tertiaires rentrent tous, jusqu’à présent, dans des familles actuelles, dont les espèces, propres aux divers continents, ont été étudiées et décrites avec tant de soin par MM. C. Duméril et Bi- bron. Ce sont des Chéloniens terrestres, élodites, pota- mites ou thalassites, des Crocodiliens à vertèbres con- cavo-convexes, comme ceux que possèdent maintenant les genres Crocodile, Caïman ou Gavial ; des Ophidiens, point encore d’Amphisbéniens , et quelques Sauriens de la catégorie de ceux qui ont les vertèbres concavo- convexes. Mais, de tous les débris de Reptiles éteints, que l’on SOCIÉTÉS SAVANTES. 151 trouve dans les terrains tertiaires, les plus nombreux appartiennent à la sous-classe des Chélonocampsiens. — M. Budge adresse un travail ayant pour titre : De l'influence de la mœlle épinière sur la chaleur de la tête. — M. Waller adresse un ouvrage intitulé : Neuvième Mémoire sur le système nerveux. Ces deux Mémoires sont renvoyés à une commission composée de MM. Magendie, Flourens et Coste. — M. Duchenne adresse des Recherches électro-phy- siologiques et pathologiques sur le diaphragme. Commissaire, MM. Magendie, Serres, Velpeau. M. Carbonnel rappelle, à l’occasion d’une communi- cation récente de M. Coste, les essais qu’il poursuit de- puis plusieurs années pour la formation de bancs artifi- ciels d'huîtres, essais mentionnés favorablement dès l’année 1845 par M. Bory de Saint-Vincent. Séance du 7 Mars. — M. C. Bernard lit une Note sur la multiplicité des phénomènes qui résultent de la destruc- tion de la partie cervicale du nerf grand sympathique. Ce travail est renvoyé à MM. Magendie, Flourens et Coste. Séance du 14 Mars. — M. Duvernoy donne lecture de la suîte de ses Etudes sur les Rhinocéros fossiles. Cette suite du travail du savant anatomiste se com- pose des deuxième et troisième Mémoires. Dans le deuxième Mémoire, il traite des espèces de Rhinocéros des terrains tertiaires pliocènes, et il dé- montre que l'espèce établie par Cuvier, sous le nom de Rh. leptorhinus, et qui avait élé supprimée par M. de Christol, doit être conservée, J’ai reconnu, dit-il, que le Rh. monspessulanus de M. Marcel de Serres ou le me- garhinus de M. de Christol devaient être rapportés à l'espèce caractérisée et nommée par M. Cuvier ; je dis caractérisée et nommée, ces deux circonstances étant nécessaires pour donner des droits à l’antériorité de dénomination. Ma conclusion est d’ailleurs conforme à 132 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1853.) la manière de voir de M. de Blainville, et même,-jus- qu’à un certain point, à celle de M. Gervais. M. Duvernoy distingue ensuite une autre espèce, que M. R. Owen avait rapportée au R. leptorhinus de Cu- vier, et qu'il nomme R. protichorhinus. Le troisième Mémoire est destiné à l'étude des espè- ces des terrains diluviens et des cavernes. L'auteur parle d’abord de l’espèce la plus répandue, le&. tichorinus, et il profile de la richesse des collec- tions du Muséum à son sujet pour étudier avec grand détail son système de dentitien à l’état jeune et à l’état adulte et de vieillesse. Il parle ensuite d'une autre es- pèce trouvée à Lunel Vieil, le R. Lunellensis, Gervais, et d’un fragment qui faisait partie de la collection cranios- copique du célèbre Gall, et dans lequel il a reconnu des caractères tels qu’il se croit autorisé à en former un genre nouveau sous le nom de Sfereoceros (S. typus ou S. gallii). Cette nouvelle partie du travail de M. Duvernoy montre que ce savant dédaigne, avec raison, ces Mémoi- res à effet, qui n’ont que de la superficie sans profon- deur. Il travaille pour les vrais savants et pour que ses observations restent dans la science. Nous croyons qu’il y est parvenu complètement. — M. Gervais adresse la seconde partie de ses Ob- servations relatives aux Reptiles fossiles de France. — Renvoyé à la commission précédemmént nommée. — M. Aug. Duméril adresse un Mémoire sur les Ba- traciens anoures de la famille des Hylæformes où Rai- netles. Ce travail résume une partie des études préliminaires entreprises pour la rédaction du Catalogue de la collec- tion des Reptiles. Il a pour but de faire connaitre les nouvelles espèces de Rainettes dont le Muséum s’est enrichi pendant les douze années qui se sont écoulées depuis l’époque où MM. Duméril et Bibron ont publié SOCIÉTÉS SAVANTES. 133 le tome VIII de leur Erpétologie générale, entièrement consacré à l’histoire des Batraciens sans membres ou peromèles et des Batraciens anoures ou sans queue. Les espèces décrites comme nouvelles dans ce travail sont au nombre de onze. « La partie purement zoologique de ce travail est précédée de considérations anatomiques et physiologi- ques sur les principaux caractères employés comme moyens de classification, tels que la conformation des doigts et de la langue, la disposition de l’appareil den- taire de la voûte palatine, etc. Ils sont étudiés isolé- ment, l’un après l’autre, et passés en revue dans tous les genres de la famille des Hylæformes, qui sont suc- cessivement réunis en différents groupes, fondés sur les modifications que chaque caractère subit dans la sé- rie des Rainettes. » Séance du 21 Mars. — M. Guérin-Méneville lit un Compte rendu, à l'Académie des Sciences, sur les princi- paux résultats d'une mission scientifique et agricole dans le Midi de la France et en Italie. Ce travail, qui forme le second Mémoire adressé par l’auteur pour rendre compte de la mission qui lui a été donnée l’année dernière par l’Académie, est une com- paraison entre la valeur des cocons de la grosse race de vers à soie de Provence et des cocons de la race accli- malée et améliorée depuis neuf ans à la magnanerie expérimentale de Sainte-Tulle (Basses-Alpes), études fai- tes pendant les années 1847 à 1852. Il résulte de ce travail que les cocons de diverses races peuvent conte- nir plus ou moins de soie, et qu’il est urgent de pro- pager celles de ces races qui donnent le plus de cette matière précieuse, L'auteur démontre que, si l’on par- venait à subslituer en France une race de vers à soie plus riche en soie à la plupart des races élevées encore aujourd’hui, la production, de cette matière se trouve- rait augmentée de 18 pour 100, soit 180,000 kilo- 134 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1853.) grammes, valant (à 60 fr. le kilogramme) 10,800,000 fr. — M. Lamare-Piquot lit un Mémoire intitulé : De la né- cessité d'introduire des races nouvelles de vers à soie. — De la nécessité de sauvegarder l'économie domestique et d'introduire en France des plantes farineuses alimentaires autres que les céréales. L'auteur rappelle qu’il y a vingt ans il proposait déjà d'introduire de nouvelles espèces de Bombyces de l'Inde. Il vient renouveler cette proposition et montrer les avantages que notre colonie d’Alger etmème le midi de la France retireraient de l’introduction de deux es- pèces (Saturnia cynthia et Paphia), qui vivent des feuil- les de deux végétaux très-communs en Algérie et dans le Midi, le Ricnus palma christi et le jujubier. Nous ne pouvons qu'applaudir aux louables efforts de M. Lamare-Piquot, car nous avons nous-mêmes, dans beaucoup de circonstances, appelé cette introduc- tion de tous nos vœux, et notamment dans quelques le- çons de zoologie appliquée faites au Collége de France, grâce à l’obligeance de M. le professeur Duvernoy, qui avait bien voulu nous céder la parole pour exposer nos vues à ce sujet. — M. Gauthier fait transmettre, par le ministre de l'instruction publique, un Mémoire sur les huîtres en gé- néral, et en particulier sur les huîtres de Marennes. Ce tra- vail est renvoyé à une commission. III. ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. Proproue de la classification des Reptiles ophidiens. Sous ce litre, M. le professeur Duméril vient de faire insérer, dans le tome XXIII des Mémoires de l’Acadé- mie des Sciences, un long travail qui contient une his- toire résumée de l’ordre des Serpents. Ce Mémoire fait connaître les résultats pleins d'intérêt des longues étu- ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 435 des que M. Duméril, de concert avec Bibron, poursui- vait depuis douze années environ. Quand la mort vint interrompre son habile et savant collaborateur au milieu des travaux que la maladie le forcait souvent de suspendre, M. Duméril continua seul l’œuvre commencée. Elle est achevée maintenant, et c’est le système de classement établi à la suite de ces recherches préliminaires que l’auteur vient soumettre au jugement et à l’appréciation des naturalistes. Le point de départ de cette classification, proposée déjà, mais seulement d’une manière générale, dans le tome VI de l’Erpétologie, publié en 1844, est la dispo- sition du système dentaire. L'absence d’un sillon sur les dents ou sa présence, soit sur les antérieures, soit sur les postérieures, ou la perforation complète des dents sillonnées, ou bien encore le défaut des dents à l’une ou à l’autre mächoire, sont les cinq différences essentielles de ce système dentaire. A des caractères anatomiques si précieux pour le zoologiste, il s’en joint d’autres tirés de la conformation générale, et, en s’appuyant sur ces différentes données, toutes faciles à saisir, M. Duméril a pu présenter l’ar- rangement des cinq cent une espèces de Serpents main- tenant connues dans cinq sous-ordres divisés en vingt- quatre familles, qui comprennent cent soixante-six espèces. Les noms peu convenables des cinq sous-ordres indi- qués dans l’Erpétologie générale ont été remplacés par des noms exprimant, pour chacun d’eux, le caractère essentiel, tiré de la disposition du système dentaire. Les noms de famille eux-mêmes font, pour Ja plupart, connaître la particularité anatomique qui les distin- gue. La description complète du plus grand nombre des espèces est maintenant achevée et prête à être livrée à l'impression, mais le Prodrome ne contient aucun détail 136 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1853.) descriptif touchant ces espèces. Il se borne à les grou- per dans les nouvelles divisions proposées, faisant ainsi connaître la place que chacune d’elles doit occuper dans cette méthode. Elles y sont désignées, soit par des noms nouveaux, quand elles sont inédites, soit par les noms qui leur ont été précédemment imposés, et sur- tout par ceux dont M. Schlegel a fait usage dans son in- génieux et savant Essai sur la physionomie des Ser- pents. Le Mémoire de M. Daméril est accompagné de deux planches, où sont représentées les têtes osseuses des différents types des sous-ordres et des familles. C’est un ouvrage important qui fera époque dans l’histoire de l’erpétologie, et qui montre encore que son illustre au- teur, quoique avancé en äge, conserve Loute la force de son intelligence et de son activité, et qu’il pourra long- temps encore continuer de rendre des services à la science, qui lui doit tant d'excellents travaux. Guérin-MÉNEvILLE. 1. Carazoeus des Mollusques du département de l'Oise, par A. Baunow, docteur en médecine. — Beauvais, 1853, in-8° de 20 pages, (Extrait du tome II des Mém. de la Soc. Acad. de l'Oise.) I: Description des Mollusques du département de l'Oise, par le même (1 partie). — (Mém. de la Soc. Acad. de l'Oise, t. II, 1852, p. 113-144.) I. Ce qui a été fait pour les départements de Maine- et-Loire, du Finistère, de la Sarthe, de la Gironde, de l'Isère, de la Moselle, des Vosges, etc., M. Baudon, doc- teur en médecine à Mouy (Oise), vient de l’exécuter pour l'Oise : on connaîtra désormais la Faune malacologique de cette contrée. Le Catalogue de M. Baudon contient ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 137 448 espèces de Mollusques terrestres et fluviatiles vi- vants recueillis par lui sur divers points de son dépar- tement : il est probable que ce nombre sera augmenté par des recherches ultérieures. Ce n’est qu’une simple liste nominale, sans descrip- tion ni synonymie, mais avec l'indication précise de chaque localité, et quelques courtes observations neuves et originales. On y trouve l'indication de deux espèces nouvelles : la Succinea Baudontü, Drt., et la Limnea mi- crostoma, Drt., que nous décrirons bientôt, avec d’au- tres coquilles peu connues, dans un opuscule en prépa- ration. Parmi les autres espèces intéressantes citées dans ce Catalogue, nous avons remarqué l’Helix eleguns, Gmel. (espèce de la zone littorale), les Pupa moulinsia- na, Dup. ct venetzii; Fér., la Valvata spirorbis, Drap., l’Anodonta elongata, Hol., l'Unio tumidus, Retz., la Dreissena polymorpha, Pall., et enfin onze formes de Pisidium, genre dont M. Baudon fait une étude particu- lière. Avec lui nous pensons que les Pisidium australe, Phil., lenticulare, Norm., sinuatum, Bourg, et quelques autres, ne sont que des variétés plus ou moins tran- chées du Pisidium cinereum, Ald., et qu’il faudra réu- nir au même litre, au P. pulchellum, Jen., les P. Gas- siesianum, Dup., et Normandianum, Dup. Ce Catalogue, inséré dans le tome II (1859) des Mé- moires de la Société académique de l'Oise, a été tiré à part à 200 exemplaires. II. En outre de ce Catalogue, et dans le même vo- lume des Mémoires précités, M. Baudon publie la moi- tié de la première partie de sa Description des Mollus- ques du département de l'Oise. Ce fragment renferme les généralités sur les Mollusques, la famille des Limaciens, et le commencement des Limaçons. lei, ce n’est plus une simple liste, mais un travail descriptif. L'auteur donne l'anatomie, peut-être un peu trop abrégée, de chaque famille; néanmoins, cette par- 138 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1853.) tie est bien traitée, et les naturalistes sérieux y trouve- ront de bons renseignements. Au surplus, reconnais- sons, chez M. Baudon, le mérite d’avoir le premier in- troduit des recherches anatomiques dans une Faune dé- partementale. Chaque espèce est ensuite décrite avec une grande exactitude, et l’auteur a pris soin de joindre aux descriptions des observations tout-à-fait neuves sur les mœurs de chacune d’elles. Nous regrettons seule- ment de ne trouver, en tête de ces descriptions, aucune synouymie de l’espèce dont il s’agit. Quoi qu'il en soit, cet ouvrage fait le plus grand hon- neur à son auteur; il rendra d'importants services à la malacologie, et nous engageons instamment les conchy- liologues à se procurer les Mémoires qui le renferment. Il n’en est point fait de tirage à part. En terminant cette courte analyse, nous formons deux souhaits : le premier, c’est que cette publication n’é- prouve aucune interruption; le second, c’est que la So- ciété académique de l'Oise se détermine à y joindre les dessins anatomiques et conchyliologiques (aquarelle) vé- ritablement parfaits que l’auteur a exécutés pour son texte, et qui en seraient le digne et somptueux complé- ment. H. Drour. Nomencrarure des Insectes Coléoptères de la collection du Musée Britannique, partie VI, Passalides; par M. Fred. Swru. In-19, avec 1 planche gravée. — Londres, 1852, Dans ce petit travail, M. Smith a suivi l’arrangement adopté par M. Percheron, Magasin de Zoologie, 18A. Toutes les espèces mentionnées dans cette nomencla- ture ne sont pas dans la collection du Musée Britanni- que; mais cette collection contient quelques espèces ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 139 nouvelles que M. Smith a décrites avec beauconp de soin, et dont il a représenté le corselet et la tête, comme l’avait fait M, Percheron dans notre Magasin de Zoo- logie. Cette liste se compose du nom et de la synonymie de 101 espèces. Celles que M. Smith a considérées comme nouvelles portent les noms de P, monticulosus, crassus, sagittarius, thoracicus, oroleius, basalis et humeralis ; celle que M. Smith a appelée P. crassus devait être dé- crite par nous sous ce nom, mais cette publication n’a pu être effectuée, ce qui fait que notre nom est demeuré manuscrit, et par conséquent de nulle valeur. Comme c’est celui qui fait connaître une espèce par une descrip- tion publiée qui a le droit de la nommer, et non celui qui lui donne un nom dans sa collection, c’est à M. Smith qu’appartient l’espèce en question; c’est le Passalus crassus Smith, et non Guérin. Ce fascicule est accompagné d’une table alphabétique des noms d’espèces et d’une très-bonne planche gravée. C’est un travail consciencieux, et qui sera très-utile aux Entomologistes pour classer les Passales de leurs col- lections. (G. M.) Meuors of the geological, etc. — Mémores de l’inspec- tion géologique du Royaume-Uni. Figures et descrip- tion des fossiles trouvés dans la Grande-Bretagne. 2° décade. — Londres, 1849. Cette publication est remarquable par l'excellente exécution des planches qui accompagnent le texte. Cette seconde décade renferme plusieurs fossiles appartenant à la famille des Trilobites. La première planche est consacrée aux Phacops ; la deuxième, aux Illænus, ainsi que la troisième et la quatrième; la cinquième, aux Asaphus; la sixième et la septième, aux Ogygia; la hui- 140 REV. ET MAG. DE Z00LOGIE. (Mars 1853.) tième, aux Calymene; la neuvième, aux Olenus, et la dixième aux Amphyx. Le plan suivi pour cet ouvrage, dont les deux décades déjà parues forment une partie, est de figurer avec tous les détails, et aussi complète- ment que possible, chaque groupe de fossiles, en choiï- sissant les types de genre et les espèces les plus remar- quables de tous les animaux et végétaux fossiles de la Grande-Bretagne. Le texte de la seconde décade est dû à MM. J.-W. Salter ct E. Forbes. L. Fairmaire. Descmrpcion de Algunos, etc. — Description de quelques insectes nouveaux appartenant à la Faune centrale d’Espagne, par D. Mariano de La Paz Graeris. (Ex- trait des Mémoires de l’Académie des Sciences de Madrid, 1850.) } Ce travail renferme la description de 26 Coléoptères, dont plusieurs ont été publiés auparavant dans les An- nales de la Société Entomologique de France. Les es- pèces nouvelles sont les suivantes : Pristonychus pini- cola, Argutor nemoralis et montanellus, Cebrio Dufouri et Amorü, Onthophagus stylocerus, Chasmatopterus parvu- lus, Brachyderes suturalis. Quant au Metallites cristatus, c’est le Sciaphilus carinula, O1. ; le Phœdon hispanicum n’est autre que l'auctum, et le Pachybrachys elegans est une variété de l’azureus, Suffr. Parmi les Orthoptères, nous trouvons une belle es- pèce de Bradyporus dont M. Graëlls a fait un nouveau genre, Pycnogaster. —Parmi les Névroptères, M. Graëlls décrit une charmante espèce d’Ascalaphe, À. Miegii, qu’il dédie à notre collègue M. Juan Mieg, bien connu par son zèle pour l’Entomologie et son talent de dessi- nateur. Ces descriptions sont accompagnées de 3 plan- ches, dont l’une, représentant la Saturnia Isabelle, est ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 441 la reproduction de celle qui a été publiée dans les An- nales de la Société Entomologique de France. L. Famwaire. Rose msecrs. — Insectes Des roses, par M. J.-0. Wesr- woop (Gardoners Magazine of Botany, vol. IT, page 274. — 1851). , Le savant entomologiste passe en revue les dégâts que font éprouver aux roses et aux rosiers la Cetonia aurata, la larve de l’Argyrotoxa Bergmanniana, de la Spilonota œquana de Stephens, du Cynips rosæ (Rhodites : rosæ, Hartig.); du Cynips Brandt (Aylax Brandtii, Hartig.); la larve du Cladius difformis, Panz; la che- aille du Bombyx auriflua (Euproctis auriflua, Hubn.); du Bombyx chrysorrhæu (Porthesia id., Steph.); la larve du Balaninus brassicæ, le Meligethes œneus, la Lyda ina- nita, la Megachile centuncularis, et la Microsetta centi- foliella (Tinea ruficapitella, Haw., Steph.). Toutes ces espèces sont représentées au moyen d’excellentes plan- ches coloriées ou de gravures intercalées dans le texte, ce qui permet aux horticulteurs les moins versés dans les connaissances entomologiques de les reconnaître fa- cilement. j (G.M.) Synopsis of the, etc. — Synopsis des espèces de Donacia qui habitent les Etats-Unis ; par M. Jon L. Le Conre. In-8°, 1852. Ce travail, qui a paru dans les Procès-verbaux de l’A- cadémie des Sciences naturelles de Philadelphie, séance du 25 novembre 1851, offre la description, par de bonnes phrases latines, de 33 espèces de ce genre de Coléoptères, à la suite desquelles l’auteur a placé la liste de 11 espèces décrites dans la Monographie des Coléop- 442 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1853.) tères subpentamères de M. Lacordaire, et qu’il ne pos- sède pas, et de 6 espèces douteuses décrites dans di- vers auteurs, et qu 11 n’a pas vues non plus. M. Le Conte répartit ces 33 espèces dans plusieurs divisions et subdivisions, ce qui facilite beaucoup les recherches. ZooLocicaz nores. — Notes z0oLociques, par M. Jon L. Le Cowre. (Proceed Acad. nat. Sciences of Philadel- phia; vol. V, n° VIL. — 25 novembre 1851.) Dans ce petit travail, le savant zoologiste américain fait connaître quelques Zoophytes qu’il a recueillis pen- dant une excursion à Panama. Il en donne de bonnes diagnoses, accompagnées de développements en an- glais. Dans le genre Ophiolepis, Müll., il décrit 4 espèces. Le genre Ophiothui ix en a une. Dans les Plunariæ, il dé- crit une espèce. Dans le nouveau genre Elasmodes, qu'il caractérise, il y a une espèce ; puis vient la description de la Typhlolepta? extensa et de la Zoantha Danai, belle espèce dédiée au savant Dana, qui a publié de si beaux travaux sur les Zoophytes. (G. M.) IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. Depuis que l’enseignement de l’histoire naturelle est introduit dans les colléges, MM. les professeurs et ad- ministrateurs de ces établissements sentent le besoin de fermer des collections pour montrer aux élèves les types des différents groupes naturels dont ils exposent les ca- ractères, l’organisation et l’histoire. Pour la Zoologie, ils ont à s’occuper des animaux ar- ticulés, dont le nombre est immense et constitue plus des deux tiers du nombre total des animaux, et ils ont MÉLANGES ET NOUVELLES. 143 la plus grande peine à se procurer des séries complètes, c’est-à-dire comprenant les Crustacés, Arachnides, Aptères et Insectes de tous les ordres, bien classés et nommés. En effet, la plupart des personnes qui font le com- merce de l’histoire naturelle ne peuvent fournir que des Insectes coléoptères plus ou moins bien nommés. Le plus souvent ils n’ont que des espèces exotiques, sur les mœurs desquelles l’on ne sait rien; mais il leur est im- possible de procurer les espèces du pays, qui forment les vrais types des groupes naturels, avec lesquelles la science a été constituée, et dont on connait le mieux l'organisation et les mœurs. Nous croyons donc être agréable aux professeurs d'histoire naturelle des colléges et institutions d’ins- truction publique, en leur annonçant l’offre qui nous est faite d’une collection de 6 à 7,000 espèces d’Insectes de tous les ordres, pouvant être divisée en plusieurs collections élémentaires que nous ferions arranger sous nos yeux, en y ajoulant les Crustacés, Arachnides et Aptères nécessaires, de façon à donner un tableau com- plet de ce groupe des animaux articulés. Le propriétaire de cette collection ne se déciderait à la morceler ainsi que dans le cas où il serait assuré du placement de la moitié au moins de ces 6,000 espèces. Il pourrait former deux ou trois collections de 1,000 es- pèces, à 500 francs chaque, et six collections de 500 es- pèces à 200 francs. Les séries composées d’un moindre nombre d'espèces seraient fixées au prix de 40 francs le cent d’espèces comprenant des représentants des prin- cipaux groupes naturels. Nous engageons les personnes qui voudraient profiter de cette occasion à vouloir bien écrire (franco) au Bu- reau de la Revue Zoologique. Dès que les demandes se- ront arrivées au chiffre de 800 francs, on commencera le travail de division de cette collection, et, quelques 144 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE (Mars 1853.) semaines après, les acquéreurs recevront les collections qu'ils auront demandées. Nos abonnés seront prévenus, par des notes insérées à la fin de chaque numéro, des demandes qui pourront nous arriver, et ils Jugeront ainsi du moment où devra commencer la distribution des collections partielles. V. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Description d'un monstre double monomphalien de l'espèce porcine, compliqué de rhinocéphalie chez l’un des sujets compo- sants. — Formation d’un nouveau genre appelé Gaslropage; par M. À. Thiernesse. — Bruxelles. 1851. Broch. in 8°. (Extrait du Bull. de l’Acad. roy. de Médecine de Belgique.) Osservazioni……… Observations microscopiques sur la ramifica- tion périphérique des filaments simples des nerfs sensilifs; par M. R. Molin. — Broch. in-8. (Extrait de la Correspondenza scien- tifica di Roma.) Muséum d'histoire naturelle de Paris. — Catalogue méthodique de la collection des Reptiles. Professeur adwinistrateur, M. C. Du- méril; aide-naturaliste, M. Aug. Duméril. Th-8°. — Paris, 4851. Beilrage.….…… Sur l'anatomie microscopique des dents humaines, par M. le docteur J. Czermak. — Broch. in-8°. 4850. TABLE DES MATIÈRES. H. Aucarrane. — Etudes sur les Primates du genre Gorille, 97 Cornaura, — Note sur une nouvelle espèce du genre Euchlornis. 104 3.-B. Jauserr. — Notice sur le Pyrrhula erythrina et le Chlorospiza incerta. 109 _ Description de deux oiseaux hybrides. 114 À. Duméuz, — Monographie des Rousseltes, 419 Académie des Sciences de Paris. 450 Analyses d'ouvrages nouveaux. 134 Mélanges et nouvelles, 142 Bulletin bibliographique. 1:4 Paris. — Typ. Sixon NAçon et Comp., rue d'Erfurth, 4. SEIZIÈME ANNÉE. — AVRIL 1853. I. TRAVAUX INÉDITS. Description d’une nouvelle espèce de Mamiifère du genre Dipus, par M. Edm. Fauame. Dipus prozimus, Edm. F. — D. suprà rufo-cinerescens; sub- nigro colore inæqualiter tinctus; subtüs integro candore niteus; pedes subalbidi ; digiti, præcipuè postici tenuissimè sericei; barbæ densæ, mediocriter longæ, caput superantes ; aures modicæ; cau- da longa, Lorosa, crassa, suprà et subtüs plana, ad basim maximè compressa, apice penicillata D. sagittæ viciaus; sat paucus iu Asià collectus est, haud pro- ul à Jamaukalà, ad rivuli Zon ripam trans fluvium Ural. Taille plus forte que celle du D. sagitta. Pelage doux, moelleux, serré, fourni, cendré à la base des poils. Dessus du corps, depuis l’occiput jusqu'à la croupe, d’un roux un peu cendré, lavé inégalement de noirâtre; cette teinte s’affaiblit graduellement sur les côtés, où elle passe au roux très-pâle. Gorge et tout le dessous du corps d’un blanc pur. Moustaches fournies, moyennes, dépassant la tête; ces barbes sont noires; quelques-unes, cependant, ont l'extrémité blanche. Oreilles développées, moyennes, à demi-cachées sous le poil. Pieds grèles, couverts d’un poil soyeux fin et serré, munis d'ongles faibles, blanchäâtres. Queue longue, charnue, épaisse, aplatie en dessus et en dessous, très-comprimée à la base et couverte d’un 2° séme, T. v, Année 4855. 10 146 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1853.) poil ras qui devient plus touffu à l'extrémité, d’un roux très-clair en dessous, et, en dessus, d’un roux mélangé de noirätre. Yeux moyens, couleur ? Recucilli en petit nombre jusqu'ici en Asie, près de Jamankala, vers les rives du Zou, au-delà de l’Oural. Cette espèce est très-voisine du D. sagitta; mais on la distinguera toujours de cette dernière par la supério- rité de sa taille, tant comme longueur que comme gros- seur, et surtout par Ja différence de forme de leurs queues, celle du D. sagitta étant toujours mince, du même volume et de couleur uniforme, sauf à l’extré- mité, qui prend en dessous une teinte noirâtre. Nous nous réservons de donner incessamment le {a- bleau comparatif de leurs dimensions respectives, en l’accompagnant des caractères ostéologiques différentiels qui séparent ces deux espèces. OsservaTiONs sur un nom spécifique : Catharte citadin, Lesson, Vultur urbis incola, Riccord, Cathartes urbis incola, Lesson, omis jusqu’à ce jour dans toutes les synonymies des espèces du genre Catharte; par M. O. Des Murs. M. Ch. Bonaparte, dans son Conspectus 1850, a cru pouvoir distinguer, dans les deux seules espèces de Ca- tharte ‘exception faite du Californianus) admises jusqu’à ces derniers temps dans la série Cat. urubu et aura des auteurs, quatre espèces, dont nous n’entendons ni con- tester ni diseuter la distinction, l’auteur l’ayant établie d’après ses observations faites sur des individus vivants au Jardin zoologique d'Amsterdam, quoiqu’elle nous paraisse reposer plus sur des différences de circonserip- tion géographique que sur des différences véritable- ment spécifiques. TRAVAUX INÉDITS. 147 Voici, au surplus, les diagnoses qui accompagnent ce travail remarquable : Cathartes atratus, Ch. Bonaparte. — Vultur atratus, Wils. — Cathartes urubu, Vieill. — Aura, id., p. 23, nec auct. — Jotu, Bonaparte. — Ord. nec, Molina, Am. orn., t. 75, 9, Vieill., Am. s. t. 2. — Aud. Am., t. 106. — Orb., Voy., fig. tantum. — Ex Amer. sept. major : caudû œquali : capite nigro, obliquè denudato. Cathartes Brasiliensis, Ch. Bonaparte. — Vultur Bra- siliensis, Ray., Br. — Cathartes fœtens, IL, Wied. — Cath. aura, Spix, nec auct., pl. enl. 187. — Ex Amer. merid., Antill. minor :niger splendens : caud@ œquali : capite nigro, cute sub-lævigatà. Cathartes jota, Ch. Bonaparte. — Vultur jota, Mo- lina. — Cathartes ruficollis, Spix, exclus. tab., Catesb. — C. aura, Wied., nec auct. — C. Burrovianus, Cassin. Ex Amer. merid. — Minor : caudà rotundatà : capte ru- bro, cute corrugatà. Cathartes aura, Iig. — Vultur aura, L. — Catharista aura, Wicill. — Cath. septentrionalis, Wied, Catesb. Car., t. 6, Vieill., Ann., 4,t. 2 bis. — Gal. Ois., t. 4. — Wils., Am. orn., t. 75, f. 1. — Orb., Voy. Am. m. Ois., t. 1, fig. 4, Audub. Am., t. 151. Ex Americà sept. Major : caudä longà, rotundatà : capite rubro, cireu- lariter denudato. Si complet que paraisse être ce travail, nous avons lieu de supposer que les termes et les éléments de com- paraison dont a pu se servir le savant méthodiste sont restés insuffisants; car, dans aucune de ses quatre syno- nymies, nous ne voyons figurer un nom spécifique pu- blié par Lesson, celui de Cathartes urbis incola (Ricord) Lesson, Catharte citadin, qui semble s’appliquer ou à une variété d’une des quatre espèces citées, ou à une es- pèce encore peu connue, quoique très-commune, s’il faut s’en rapporter à la notice fournie à ce naturaliste par M. Ricord, Nous reproduisons cet arlicle, qui, en- 148 REV. ET MAC. DE Z0OLOGIE. (Avril 1853.) foui dans la compilation si indigeste ayant pour titre: Compléments de Buffon, 1838, paraît avoir manqué d’une publicité suffisante, et que nous sommes bien aise de faire passer sous les yeux des juges compétents, pour la soumettre au crible d’une saine critique : « Le Catharte citadin, dit Lesson, est une espèce nouvelle et curieuse découverte par M. Ricord dans ses voyages entrepris pour enrichir l’histoire naturelle, et dont ce savant a bien voulu nous communiquer, avec une extrême bienveillance, la description suivante, que nous insérons textuellement : « Le Catharte citadin, dit M. Ricord, a reçu des Es- pagnols le nom de Carrancros, du eri qu’il fait entendre, et que l’on peut rendre par carrrancrrros. « Get oiseau, habitant toujours la ville, mérite bien le nom de citadin que je lui donne. «Il a les parties supérieures d'un noir bleuâtre lui- sant; peau nue de la tête et du cou rouge vineux, par- semée de granulations verruqueuses ; dessous des rémi- ges primaires gris-blanc sale ; rectrices égales ; bec noir, gros et fort, assez haut et peu large ; la mandibule su- périeure droite courbée seulement vers la pointe; l'in- férieure également droite, arrondie et inclinée à l’ex- trémité; narines nues, placées de chaque côté du bec et percées diagonalement vers les bords. Iris blanc; pieds forts, d’un rouge vineux, traversés de gris, munis d'ongles faiblement arqués ; quatre doigts, trois devait, l'intermédiaire très-long, uni à l'intérieur par la base ; ailes longues ; première rémige courte, n’égalant pas la sixième ; les deuxième et troisième moins longues que la quatrième, qui dépasse toutes les autres. « Sa taille est de quarante-huit pouces, approchant celle du Dindon sauvage, auquel il ressemble par sa démarche. « Cet oiseau habite les villes des colonies espagnoles aux Indes occidentales ; le gouvernement l'a pris sous attends mEReeS ÉnSRROneeSen TRAVAUX INÉDITS. 149 sa protection ; il est imposé une amende de deux pias- tres à celui qui se permeltrait d’en tuer un. Ces Oi- seaux, très-nombreux dans les iles espagnoles, sont fort utiles aux habitants des villes, qui sont dans quel- ques quartiers assez malpropres; c’est à ces Oiseaux qu'est laissé le soin de les neltoyer, ainsi que certaines places des bords de la mer où les esclaves viennent je- ter les ordures et les animaux morts. « C’est au point du jour que les Vautours citadins, réunis dans ces lieux infects, vont se repaitre des plus dégoütantes proies, qu’ils se procurent sans peine. « Pendant le jour, les Vautours citadins ont l’habi- tude de se tenir sur le sommet des toits des maisons, placés les uns à côté des autres, autant que peut en con- tenir la longueur de la loiture de l'édifice, et là, comme ailleurs, un d’entre eux est de faction pour prévenir des dangers, et tout aussitôt que celui-ci part tous prennent en même temps le vol. Lorsqu'il a beaucoup plu, ils sont moins en garde; tout occupés à se sécher leurs ailes, ils se perchent sur ces mêmes toits avec les ailes ouvertes. Les propriétaires se plaignent des dégâts qu'ils causent aux toitures. « Les créoles espagnols, très-superstilieux, comme le sont les créoles, disent que lorsqu'un Carrancros fait entendre son cri sur une maison, pendant la nuit, c’est un mauvais présage pour ses habitants, signe d’une mort prochaine. « Il y a des Vautours citadins tout blancs ; les nègres disent que ce sont les vieux; mais ils sont aussi rares que le Merle blanc chez nous, ce qui n'empêche pas qu'il existe. « Les créoles espagnols ont réduit le Vautour cita- din à l’état de domesticité : rien de plus familier que ce Rapace ; à peine se dérange-t-il dans certains quartiers de la ville pour vous laisser passer, ce qui contraste 150 REV. ET MAG. DE Z00LOGIE. (Avril 1853.) avec sa vigilance lorsqu'il est perché sur les toits des maisons. « Habituellement peu actif en vieillissant, il se prive assez longtemps de nourriture, s’il n’en rencontre pas facilement. « Le Vautour citadin a la démarche lente, mais il court très-bien ; il s'élève en {ournoyant à à de grandes hauteurs lorsque le temps est à l’orage et qu'il va pleuvoir. «Ils passent la nuit aux pieds des mornes les plus près de la ville. « Ils font une ponte par an, le plus ordinairement au mois de mai; leur ponte n’a rien de régulier : le nom- bre des œufs, qui sont blancs, varie jusqu'à cinq; ils les déposent dans un nid fait en creusant un trou dans la terre ou bien entre des rochers ; ils ont peu de soin de leurs petits, qui naissent avec un duvet grisâtre. La variété des couleurs n’est que dans le jeune âge. La fe- melle ne diffère du mäle qu’en ce qu’elle est un peu plus grosse et a la peau du cou d’une teinte moins vive. « J’ai rencontré le Vautour citadin à l’île d'Haïti (partie espagnole, Santo-Domingo, car il n’est pas dans la partie française) sur les bords de l'Orénoque; les Es- pagnols de l'île de la Trinité espagnole (port d'Espa- gne) en ont peuplé leur ville, qui appartient aujourd’hui aux Anglais, et c’est probablement des Espagnols que les Anglais ont pris l'habitude d’avoir des Vautours ci- tadins dans leurs colonies, car j’en ai vu à l’île de Saint- Vincent, à Sainte-Lucie, à la Dominique et à Santiago de Cuba ; tandis que dans les colonies françaises et sué- doises je n’ai pas rencontré le Vautour citadin, bien que ces colonies ne fussent qu'à peu de distance les unes des autres. Îl est bien probable que le créole français n’a pas éprouvé le besoin de s’adjoindre cet oiscau disgra- cieux pour nettoyer ses rues, {oujours assez propres. TRAVAUX INÉDITS. 151 « Le Vautour citadin est comme le Pigeon :il reste fidèle aux lieux qui l'ont vu naître. « Cet Oiseau n’est pas dans les collections du Muséum de Paris; il appartient au Catharte, genre de l’ordre des Rapaces. On pourrait avec raison s'étonner que le Vautour citadin, d’ailleurs si commun, ne se voie dans aucune collection, si l’on ne savait pas que c’est juste- ment parce qu’il est commun! Les naluralistes voya- geurs s'occupent d'ordinaire à des recherches lointai- nes, et négligent ce qui se rencontre en abondance sous leurs pas. » Observons avant tout que cet article est précédé de la description du Catharte urubu et de celle du Catharte aura, et suivi de celle du Catharte de la Californie. Ce qui ressort de la descriplion qui précède, à part la taille, dont nous parlerons tout à l'heure, c’est que M. Ricord a vu et observé l'Oiseau dont il parle en si grands délails; c’est que ses caractères diffèrent nota- blement des quatre espèces nouvellement établies. Ainsi, s’il a la peau de la tête mammelonnée, comme le Brasiliensis ct le Jota; s’il l’a colorée de rouge, comme ce dernier et l’Aura, ce rouge n’est ni vif ni sanguin, il est vineux; les rectrices sont de forme égale, comme chez les espèces de l'Amérique septentrionale et des Antilles, dont la peau nue est noire ; les pieds sont d’un rouge vineux traversé de gris; le bec est noir, gros et fort; les narines sont percées diagonalement sur les bords, et non parallèlement à ceux-ci. Tout, dans ces indications, semblerait donc dénoter une espèce suffi- samment distincte de celles reconnues par M. Ch. Bona- parte, ou une espèce devant au moins prendre la place de l’une d'elles. Ce qu’il y a de plus certain et de plus positif, c’est la localité, cet oiseau paraissant exclusivement propre aux Antilles espagnoles surtout ; et, ce qui est remarquable, c’est que le nom local ou indigène assigné à cet oiseau 152 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1853.) par M. Ricord ne figure dans aucune des synonymies de noms vulgaires imposés aux Cathartes, soit par les colons espagnols de la côte Pacifique, soit par ceux de la côte Atlantique, et nous apparaît ainsi pour la pre- mière fois; Carrancros offrant pourtant assez d’analogie et semblant la traduction en langue espagnole du nom anglais Carrion-crow, et se rapprochant tout autant du uom de Carancro donné à la Louisiane à l’une des es- pèces anciennes, ce nom de Carrancros ne se retrou- vant ni dans les nomenclalures de Spix, ni dans celles de M. d’Orbigny, ni dans celles de M. CI. Gay. Reste maintenant la question de taille, qui nous pa- raîtrait Ja plus importante et la plus déterminante, si elle n’était en même temps délicate. Les dimensions assignées par Ricord à son Oiseau sont tellement en dehors, en effet, de celles généralement admises pour les Cathartes, dont la plus petite espèce connue, Afra- tus, porte 60 centimètres, et la plus grande, Aura, 75, que nous avouons hésiter un peu à la prendre comme la véritable ; car cette taille est égale à celle du Condor, et le Californianus n’atteint lui-même qu’à un mètre. Et cependant M. Ricord ne se borne pas à une indica- tion de mesure de 48 pouces (ce qui donne un mètre 45 centimètres), il ajoute à ce nombre un terme de com- paraison tout-à-fait en rapport, celui du Dindon sau- vage, dont il se rapprocherait par la taille. Serait-ceune variété du Californianus? Serait-ce enfin l'espèce si vaguement indiquée (et surtout si peu étu- diée depuis lui) par Bartram sous le nom de Whitetai- led-vulture, Vultur sacra, le Vautour à queue blanche, rapporté par Latham et par tous les naturalistes qui l'ont suivi, moins Vieillot, qui a conservé tous ses doutes, ou Surroramphus papa? Nous faisons cette question à cause des assertions mises en avant par M. Ricord, que des individus blancs de cette espèce existeraient et auraient été parfois obser- TRAVAUX INÉDITS. R 153 vés dans cette partie des colonies espagnoles. Or, de l'admission d’une variété blanche à une autre à queue blanche, V'analogie paraît assez vraisemblable. Il n’en est pas moins vrai qu’à tort ou à raison le Ca- tharte citadin, que nous appellerons provisoirement Ca- tharte de Ricord, existe dans les livres, et qu’il est in- dispensable de lui trouver sa place. Espérons que le travail définitif de M. Ch. Bonaparte présentera quel- que solution à la question que nous soumettons aux or- nithologistes dans l'édition nouvelle qu'il prépare de son .utile et important Conspectus. Jusque-là nous croyons devoir proposer pour le nom de ce Catharte, en tant qu'on le maintiendrait dans la série comme es- pèce douteuse ou à étudier, soit le nom de Cathartes ur- bicola, soit encore mieux celui de Cathartes Ricordi. Nous profiterons de cette occasion, en terminant, pour émettre un doute au sujet de l'identification faite dans l’ouvrage dont nous parlons, identification déjà mal à propos opérée précédemment par MM. d'Orbigny et de Lafresnaye, de la planche 2 de Vicillot, Ois. de l'Am. sept. ou Vultur (Cathartes) atratus de Wilson. Nous comprenons peu qu'une figure, accompagnée d'une description explicative et littérale d’un Oiseau avec la peau de la tête et du cou nue et rouge, puisse appartenir à une espèce dont ces mêmes parlies sont {oujours noi- res. Il nous semble que cette planche de Vieillot doit se rapporter, dans l’état actuel de la science, soit au Jota, soit à l’Awra, quoique ses parties verruqueuses aient suffi avec raison à Vicillot pour le distinguer spécifique- ment de ce dernier. Nous ferons observer encore que les deux espèces anciennes ou classiques de Cathartes n’ont pas les nari- nes placées de même. Ainsi, l'espèce à lète rouge, l’Aura des auteurs, les a percées parallèlement aux bords du bec, tandis que l’espèce à tête noire, l'Urubu des au- teurs, les a percées diagonalement à ces bords. Or, la 154 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1853.) planche 2 de Vieillot (Ois. de l’Am. sep.) les représente de cette dernière forme dans l’espèce qu’il décrit et qu'il figure sous le nom d’Urubu, d'où l’erreur des mé- thodistes, qui ont inieux aimé y voir une faute chez Vieillot qu'y reconnaître une espèce dont ils ne soup- çonnaient pas l’existence. Et c’est ici le but principal de notre observation : Ricord donne aux narines de son espèce à tête rouge, son Catharte citadin, la forme dia- gonale, d’où cette conclusion : ou, en supposant erreur exagérée de mesures, son espèce est la même que celle de Vieillot, et, comme celle-ci n’a encore été rapportée à aucune de celles reconnues, il lui faut un nom et une place, ou elle en est distincte, et l’on a alors deux es- pèces au lieu d'une à faire figurer sur les catalogues. C’est en terminant un travail synonymique qui doit accompagner la Monographie iconographique des Accipi- tres, dont nous nous occupons en collaboration avec MM. Chenu et J. Verreaux, que ce doute s’est élevé dans notre esprit : nous le soumettons à qui de droit. Nogent-le-Rotrou, ce 2 mars 1853. Descnipriox d'une nouvelle espèce de Phalcobène, Phalcobænus carunculatus, par M. 0. Des Murs. En rangeant les matériaux qui devaient servir à la continuation de nos planches peintes (Iconographie or- nithologique), dont le défaut d’aide du gouvernement et les événements politiques nous forcèrent de suspendre la publication, il y a près de six ans, nous avons re- trouvé le dessin de plusieurs espèces inédites d’Oi- seaux, dont une avait été complètement oubliée par nous : c’est elle que nous allons décrire. Ce Phalcobène avait élé reçu de la Colombie par les frères Verreaux, et c’est grâce à leur obligeante communication que nous avions pu, à celte époque, le faire dessiner par Oudart. TRAVAUX INÉDITS. 155 Il porte les mêmes couleurs que le Mégaloptère mon: tanus d'Orbigny et de Lafresnaye et albogularis Gould. Ainsi, il a la gorge et les épaulettes blanches du second, mais il porte en plus un fin sourcil blanc; il a bien aussi les plumes occipitales détachées et prolongées en huppe, mais elles ne se rebroussent pas en avant et ne sont pas décomposées comme celles du premier ; elles sont relevées dans le sens de l’occiput, très-touffues, et forment un vrai toupet, garnissant tout le dessus de la tête; de plus, sa poitrine et son estomac ne sont ni en- tièrement noirs, comme chez le Montanus, ni entière- ment blancs, comme chez l’Albogularis ; chaque plume de ces parties est blanche et encadrée régulièrement et fort nettement d’une bande noire, ce qui forme une écaillure des plus marquées et des plus agréables à Ja vue. Enfin, ce qui est plus caractéristique et ce qui nous a fait lui donner le nom de Carunculatus, ce sont deux barbillons charnus partant du derrière de l'angle de la commissure, sous l'œil, encadrant la base de la mandi- bule inférieure et l’accompagnant dans la moitié de sa longueur, c’est-à-dire jusqu’au niveau de la cire qui gar- nit la base de la mandibule supérieure. Ces barbillons ou caroncules, qui ont, en petit, la forme de celles des poules, pendent sur l'animal desséché de 00 5 millimè- tres environ, et peuvent avoir, sur le vivant, À centimé- tre; ils sont revètus de quelques poils rares, et ont la même couleur rouge vermillon que la peau du lorum et la cire. Voici, en résumé, sa diagnose : Ph. suprà intensè niger : primariis secundariisque remigum al- bo ad apicem notatis; rectricibus nigris ad apicem albo latè fas- cialis; subtüs albus : pectoris plumis singulis nigro circum-mar- ginatis; supercilio albo; plumis occipitalibus crispis, elongatis, albido striolalis; commissurà subcarunculatà. Cette espèce sera figurée prochainement dans la Mo- nographie iconographique des Accipitres, que nous pu- blions en collaboration avec MM. Chenu et J, Verreaux, 156 REV, ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 18553 ) Eruves sur les Types peu connus du Musée de Paris, par M. le Docteur Pucxeran.— (Sixième article. — Grimpeurs.) — Voir page 65. 14 Banksianus fulgidus (page 181). — « Dos et cou- vertures supérieures des ailes d’un noir bleu intense et un peu lusiré ; croupion d’un rouge de sang qui s’étend sur les flancs; moyennes rémiges d’un rouge de feu; grandes rémiges d’un noir profond sur leurs barbes in- ternes et d'un rouge fulgide sur leurs barbes extérieu- res; tout le reste inconnu (Musée de Paris). » Cet individu, ou plutôt ce fragment d’individu, a été donné à notre Collection nationale par M. Florent Pré- vost, et indiqué dubitativement comme originaire de la Nouvelle-Guinée. Depuis le moment de Ja description de M. Lesson, un second est arrivé plus complet et plus entier. Le dos est bien noir, mais ce ne sont point les rémiges moyennes qui sont d’un rouge de feu, ce sont les couvertures externes du dessus de l'aile. Quant aux grandes rémiges, leur coloration est bien telle que l’in- dique M. Lesson; de sorte que, quand l'aile est fermée, son bord le plus externe est largement bordé de rouge; les couvertures caudales supérieures et inférieures sont rouges, el les rectrices noires, en dessus aussi bien qu’en dessous. La tête porte une huppe composée de plumes noirâ- tres, à texture effilée et retombant en arrière. Les plu- mes du cou et du thorax sont d’un brun noirâtre et ter- minées par un liseré brun roux. L’abdomen est d’un rouge vif, couleur qui n’occupe, au reste, que l’extérieur de la plume, la base étant noire. Cet individu, cédé, en 1851, par le Musée de Marseille, à celui de Paris, est à peu près fait plume à plume. Il nous a été donné comme originaire des îles Formose, et mesure (en lon- gueur directe) 42 centimètres du bout du bec à l’extré- milé de la queue. TRAVAUX INÉDITS. 157 Ce prétendu Banksien constitue évidemment une se- conde espèce du genre Dasyptilus, de Wagler, et doit porter le nom de Dasyptilus fulgidus. Par presque tous ses caractères, il ressemble au Psittacus Pesqueti, Less. (1); mais il en diffère par le rouge de ses rémiges primaires. Cette couleur, chez le P, Pesqueti, occupe, non pas les primaires, mais les secondaires. 15° Psittacula reticulala (p. 204. — « Bec rouge, plumage vert sale; tête et cou teintés de roux; ailes vertes, chaque plume bordée de jaune d’or ; ailes plus longues que la queue. Patrie? » Le seul individu auquel conviennent, d’une manière parfaite, ces quelques lignes, est indiqué, dans le Mu- sée de Paris, comme provenant de l'expédition de la cor- velte la Coquille, dont faisait partie M. Lesson. Quoi qu’il en soit, sur la région du croupion, on aperçoit quelques plumes qui se revêtent de la couleur bleue. Aussi, jus- qu’à plus ample informé, je n’hésite pas à considérer le Psittacule réticulé comme étant un jeune du Psittacula malaccensis, dont il se rapproche par le mode de colo- ration des rémiges et des tectrices alaires inférieures. 46° Platycercus rufifrons (p. 208). — « Bec plombé ; front roux; cou vert lustré clair ; ailes bleues sur leurs bords; thorax et ventre gris roux glacé, passant au pour- pré sur le ventre; côtés du bas-ventre verdâtres; cuis- ses rouges; couverlures inférieures de la queue rouges, {rangées de vert. — Habite la Nouvelle-Hollande. » Le type a été figuré dans le Supplément des Perro- quets de Vaillant (2). J'ajouterai à la description de {1) Illustrations de zoologie ; Oiseaux, pl. 4. — Dans le Cons- pectus psitlacorum du prince Bonaparte (inédit), nous trouvons les deux espèces ainsi caractérisées : 4. Dasyptilus Pesqueti ex Nova-Guinea. Remigibus primariis ex toto nigris; secundariis rubris. 2. Dasyptilus fulgidus ex Ins, Formosa. Remigibus primariis externe rubris; secundariis nigris. (2, Planche 9, 158 REV. ET MAG DE ZOOLOGIE. (Avril 1853.) M. Lesson que les parties les plus inférieures de la ré- gion abdominale sont bleu lilas. Le dessus du corps est d'un vert qui devient plus sombre sur la région cépha- lique. Le croupion est vert jaune, avec un pointillé rougeâtre sur l’extrémité des plumes. La queue est éta- gée; les rectrices, noires à la base, sauf peut-être l’inter- médiaire, sont ensuite vertes, puis bordées de bleu li- las en dehors, avec leur pointe et un.liseré au bord interne de couleur blanche. Je regarde cet individu comme étant un jeune du Platycercus pileatus, de Vigors (1). C’est la même forme de bec, le même fond de coloration sur la queue, les ailes et les tectrices caudales inférieures ; les plumes vertes, qui, dans l’adulte, forment la tache des côtés du cou, se trouvent de même très-bien indiquées. Du côté du thorax, un autre individu de notre collection offre des plumes qui prennent déjà la teinte bleu lilas de l'adulte. Le dessus de la tête est vert, il est vrai, dans le P. rufifrons, mais nous pensons qu’il en a été initia- lement de même dans le P. pileatus. Dans notre adulte, sous le rouge du bout de la plume, nous trouvons en- core du vert, et cetle dernière couleur est fort évi- dente, dans la ptilose de la même région, sur un des P. pileatus figurés par M. Gould (2). M. Lesson n’est point, au reste, le premier ornitho- losiste qui ait donné un nom à notre individu. C’est bien lui que Kubl (5) a décrit, dans les termes suivants, sous la dénomination spécifique de Psitt. spurius : « Frontis parte antica rubella; latere superiori olivaceo viridi (plumis nigricante marginatis) ; uropygio flavo (plumis rubro mar- ginatis) ; facie totà viridi ; pectore 1bdomineque vinaceis, hoc re- flexu cœruleseente viridique ; eristo viridi flivo rubroque vario, (4) Zoological Journal, vol. V, pige 274. (2) Birds of Australia, vol. V, pl. 32. (5) Nove acta, etc, naturæ curiosorum, vol, X, p. 4,p. 52, no 82. TRAVAUX INÉDITS. 459 scilicet basi plumarum viridi flava ; cauda supra obscure viridi, infra albo cœrulescente, fascia mediana nigra ; rectricis exteruæ vexillo externo cœterarumque parte subapicale cœruleis, apicali alba; remigibus nigris, primarum basi ad vexillum externum cæ- rulea. — Magnitudine P. elegantis. » En décrivant notre type, Kuhl (1) fait observer qu'il le croit le jeune d’une espèce dont l'adulte lui est in- connu. Wagler a été plus loin (2), en émettant, mais avec doute, l'opinion que le P. spurius de Kuhl est un jeune du P. pileatus. À nos yeux, cette hypothèse est présentement une réalité. 17° Australasia viridis (p. 210). — « Bec jaune ; taille moindre que celle des deux espèces précédentes; plu- mes d’un vert émeraude lustré sur le corps, maillé de jaune sur le ventre et la poitrine; queue verte, teintée de jaune roux; ailes vertes, ainsi que leurs rémiges, — Habite Timor ? » Le type est originaire, non point de Timor, mais de la Nouvelle-Hollande (MM. Quoy et Gaimard, exp. de l'Uranie). En outre, ce n’est qu’en dessous que la queue est teintée de jaune roux. Les tectrices alaires inféricu- res sont de couleur rouge, ainsi qu'une bande qui oc- cupe la partie médiane des rémiges. Ce Trichoglosse ne diffère donc pas du Trichoglossus Matoni, de MM. Vigors et Horsfield, que les modernes rapportent au Psittacus chlorolepidotus, de Kuhl. 48° Conurus griseocephalus (p. 214). — « Bec blanc; front, joues et devant du cou, gris clair ; tête bleuâtre ; plumage vert; ailes orangées et bleues en dessous; queue verte en dessous. Patrie? » Cette description exige quelques rectifications. Les tectrices alaires inférieures sont jaunes, en effet, mais le dessous des rémiges est plutôt vert émeraude que bleu, Il est difficile dès-lors de ne pas voir que cette es- {1) Loc. cit. id., id. (2) Mémoires de l'Acad. des Sciences de Bavière, 1832, p. 741. 160 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1853.) pèce ne diffère pas du Psittacus pyrrhopterus de Latham, déjà figuré par MM. Vigors (1) et Selby (2). Maintenant, une autre question se présente ; elle est relative à l’habilat de cette Perruche: est-elle vraiment originaire des îles Sandwich, ainsi que le prétendent MM. Vigors et Selby? J'avoue que, malgré toutes des preuves données à ce sujet par M. Selby, je la crois plutôt originaire de l'Amérique méridionale, ou plutôt du Brésil. Quoique ayant été acquis par la voie du com- merce, je ne doute pas que notre type ne vienne de ce pays. D'ailleurs, je tiens d’autre part, de M. Jules Ver- reaux, que tous les exemplaires qu’il a eu occasion de se procurer venaient de la région indiquée, ainsi, au reste, que l'avait dit Latham, d’après ce que nous ap- prend M. Selby. Le Psittacus griseocephalus n’est point, d’ailleurs, la seule espèce américaine dont le bec ressemble, par la forme, à celui des espèces du genre Trichoglosse. Les Psittacus rufirostris, virescens, xanthopterus, etc., se trouvent offrir la même conformation rostrale. Et de là, suivant nous, la nécessité d’adopter le genre Brotogeris de M. Vigors, dont le type est précisément le Psittacus pyrrhopterus, de Latham (3). 19° Conurus erythrogenys (p. 215). — « Bec rouge de cerise; tête verte; gorge noire et deux traits de cette couleur devant le cou; joues, côtés de la tête et du cou {4} Zool. Journal, vol. I, tab. sup. 4. (2) Selby, natur. libr. Parrots, pl. 22. (3) Plus nous nous occupons des Psittacidés, et plus il nous de- vient de plus en plus évident que dans le genre Conurus se trou- vent groupées des espèces qui, par la forme de leur bec, appar- tiennent à d’autres genres. C’est ainsi que le Psittacus cactorum etle Conurus frontalis nous semblent, sous ce rapport, plus voi- sins du P. passcrinus que des P. Guyanensis et P. nobilis. Cette manière de voir est appliquée dans le Conspectus Psittaco- rum du prince Bonaparte, qui non-sculement fait revivre le genre Brotogeris, mais en établit plusieurs autres, TRAVAUX INÉDITS. 161 d’un rose vineux ; plumage vert; rectrices très-grêles, vertes. » Si nous ajoutons que, dans notre individu, la rectrice médiane est bleue en dessus, vert olive en dessous, et que la couleur rose des côtés du cou occupe le dessus de cette région, on devinera sans peine que le Conurus erythrogenys ne diffère pas du Conurus malaccensis (P. malaccensis, Gm.). Le type de M. Lesson est, du reste, le même exemplaire qui nous paraît avoir servi à Buf- fon pour celle de ses planches enluminées qui porte le numéro 887 (1). 20° Picus Sonneratü (p. 221). — « Sommet de la tête rouge ; gorge noire, rayée de blanc ; ventre blanc roux, flammé de noir; ailes teintées de rouge rosé. — Habite Java (Sonneral). » Notre individu est indiqué comme venant des Indes, et non de Java. Du reste M. Malherbe (2) a déjà, avec raison, rapporté celte espèce au Picus erythronolus de Vieillot. 21° Picus thoracinus (p.223). — C’est bien, comme l’ont dit MM. Gray, Malherbe (5) et Charles Bona- parte (4), la femelle du Picus multicolor, Gm., que (1) Je ne m'occupe d'une manière vraiment assidue et suivie, dans cet article, que des espèces données comme nouvelles par MM. Lesson, Vieillot et Cuvier; mais il est évident que, dans le Traité d’ Ornithologie, se trouvent beaucoup de déterminations inexactes. C’est ainsi que le prétendu Psittacus Havanensis, Gm., {p. 196) me paraît ne pas différer du P. vinaccus, Pr. Max, quoique? suivant M. Lesson, il ait la face bleue. Il en est de même du P. autumnalis (p. 196), dont la synonymie était si douteuse dans l'es- prit de l’auteur : c’est le P. Pretrei de M. Temminck. La consta- tation de tous ces faits appartient aux Zoologistes occupés de Mo- nographies : aussi, je me plais à penser qu'ils voudront bien s'a- dresser à moi, lorsqu'ils se trouveront en face de quelque erreur que je pourrai les aider à élucider et à détruire. (2) Nouvelle classification des Picinés, p. 33. (3) Id., id , p, 22. (4) Consp. av., p. 130. 2° sémie, r, v, Année 1853. 11 162 REV. ET MAG. DE ZO0OLOGIE. (Avril 1855.) M. Lesson a décrite. Le type a été envoyé au Muséum par MM. Leschenault et Doumère. 22° Picus squammicollis (p. 229). — « Tête et huppe d’un roux brun ; demi-collier noir, varié de blanc; de- vant du cou roux; ventre vert; queue noire, al- longée » de Je regarde comme étant le type de M. Lesson un in- dividu de notre collection, acquis, par échange, au Mu- sée de Leyde, en 1825, et qui n’est qu’une femelle de Picus mentalis, Tem. 23° Picus squamosus (p.230). — « Tête et ailes rouge de sang; dos brun, ocellé de blanc roux; tout le des- sous du corps d’un brun marron; le milieu de chaque plume ocellé de blanc roux, cerclé de brun. » Celte espèce est décrile, telle est du moins ma con- viction, d’après un mâle du P. Philippinarum, Latham. La descriplion de la région dorsale est évidemment inexacte, mais c’est très-concevable, M. Lesson n’ayant assez bien vu de cet oiseau que les parties inférieu- res (1). 6 (1) Parini les espèces données comme nouvelles par M. Lesson, il en est une que je n'ai pu déterminer, c'est le Picus atrothorax (p. 229). En voici la description : «Tête brune, picotée en avant de rouge; gorge blanche; plas- tron noir sur le thorax ; parties inférieures blanches tachetées de brun. » Avant de prendre congé des Pics, nous croyons utile de publier que, depuis longtemps, et comme M. Malherbe vient aussi de s'en apercevoir, le prince Bonaparte a reconnu que le Picus hypopo- lius, Wagl., 4829, cité par lui avec doute, comme synonyme du Centurus elegans, était une excellente espèce, semblable au C. aurifrons de Lichtenstein; il en diffère par une taille plus petite et parce que le front, la nuque et le ventre, sont d'une couleur uniforme avec le reste du plumage; les couvertures de la queue et ses pennes miloyennes sont rayées de noir et de blanc. Le prince avait un instant cru l'espèce nouvelle, et voulait la dédier au savant directeur du Musée de Darmstadt, où il l'observa pour la première fois; mais elle figure dans le manuscrit de sa seconde TRAVAUX INÉDITS. 163 Additions. Pendant la rédaction du présent article, j'ai pu cons- tater certains faits nouveaux, que jene puis présente- ment passer sous silence. Ainsi, je me suis assuré que le Phœnicophaus nigriventris, récemment décrit par M. Peale (1), ne diffère pas du Phœnicophaus Diardi. M. Hartlaub a bien été dans le vrai (2) en établissant celte synonymie. Quant au Centropus nigrifrons de l'or- nithologiste américain (3), c’est, si j'en juge d’après le texte, la même espèce que le Centropus melanops de Cuvier. J'ajouterai, en terminant, que quelques doutes se sont élevés dans mon esprit relativement à la réalité spécifique du Psittacus loxia, de Cuvier. Je retrouve, à la partie supérieure du cou, chez le type de Cuvier, quelques plumes prêtes à disparaitre, et qui présentent les croissants jaunes bordés de noir, offerts dans cette même région par le Psiltacus torquatus, Gm. (4) : ce dernier en serait le jeune. Des différences séparent, il est vrai, les deux espèces, surtout en ce qui concerne la grosseur du bec, ainsi que nous avons pu nous en convaincre par l'examen de la planche originale de Sonnerat, que nous ayons comparée aux exemplaires de édition du Conspectus avium, comme Centurus hypopolius, Bp. (Picus hypopolius, Wag]., Isis, 4829, p. 514). Mus. Darmstadt ex Mexico, Zaca tecos. Albo nigroque fasciatus; subtus cum capite et collo rufescente cinereis ; crisso. subaurco. Mas macula verticis coccineo. — Foœm. vertice concolore. N. B. Le Dryocopus Malherbii doit constituer une espèce à part du Dr. palleus, Bp., qui n'a pour synonymie que le Picus Grayi de Malherbe, donné à tort pour le jeune du précédent, (1) United states Expl. Exped. Mam. and Ornith., p. 440. (2) Archiv. für Naturgesch., 4852, p. 407. (5) Loc. ci, p. 457. (4) Syst. nat., 43° éd. 4. p. 551. 16% REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1853.) notre collection. Mais, comme le Ps. loxia et le Ps. tor- quatus sont, l’un et l’autre, originaires des Philippines, il se peut que nos conjectures soient exactes. Des re- cherches ultérieures sont seules aptes à le décider. Nouverces Espèces DE Poissons, par le docteur Pa. pe Fiuwr, professeur de zoologie à l’Université de Turin. 4. Labraæ Osculatii.—L. cinereo argenteus, fusco æneo longi- tudinaliter lineatus: denticulorum lingualium insula unica ovali, Squam, ser. 56 +5. — D. 9, 4/13. A. 5/15. — Hab. in mare et fluviis confederationis Americanæ. On a presque droit d’être surpris de ce que cette es- pèce, qui parait commune aux Etats-Unis, soit passée inaperçue aux naturalistes américains, même à M. de Kay, qui a publié le plus récent et aussi le plus com- plet ouvrage sur l'ichtyologice de ce pays (Zoology of New-York, part. IV, Albany, 1842). On l’a probable- ment confondue avec le L. lineatus, mais les traits sui- vants suffisent à la faire reconnaitre. Son corps est plus élevé: en effet, sa hauteur est trois fois, non quatre, dans la longueur ; les séries des écailles sont 56 Æ, non 64 #. Dans le L. linealus, les dents de la langue sont groupées de manière à former deux îles linéaires par- faitement séparées, tandis que, dans notre espèce, elles ne forment qu’une seule ile ovale. Les véritables dents sont aussi plus petites ct plus nombreuses. Les deux espèces, du reste, ont la même coloration. Probable- ment aussi, elles vivent ensemble dans les mêmes eaux. Les individus de cette espèce que j'ai examinés ont été envoyés au Musée de Milan par le zélé et intrépide voyageur M. Osculati, qui les a pêchés dans le lac On- tario. 2. Clinus Veranyi. — C. pinna dorsali analique cum caudali continuis. — D. 50. G. 5. À. 22, — Ilab. in mare Mediterraneo, TRAVAUX INÉDITS. 165 - Les espèces méditerranéennes de ce genre sont à revoir. J’en ai trouvé une dans le golfe de Cogliari, qu’on confondrait, à la première vue, avec le C1. varia- bilis, Bp., maiselle en est {rès-distincte par les nagcoires dorsale et anale, qui sont entièrement continues avec la caudale : celle-ci n’a que cinq rayons, Le corps de cette espèce est plus ramassé que dans le CI. variabilis, et n’a que trois pelites taches argentées, presque impercepli- bles sur les côtés. La couleur dominante est le brun, nuancé, ça et là, de verdätre et de rougeûtre, avec mar- brures plus foncées sur le dos et un grand nombre de petites bigarrures presque noires sur la tête et les lè- vres. Je lui donne le nom de mon ami Verany, bien connu du monde savant pour son magnifique ouvrage sur les Céphalopodes de la Méditerranée. 5. Gasteropelecus securis. — G. abdomine cultrato valde con- vexo. Pinma anali radiis 44. — Hab. in Rio Napo. Très-ressemblant à la seule espèce connue de ce genre (G. sternicla), mais facile à reconnaître au tran- chant du ventre, d’une courbe beaucoup plus marquée, et au plus grand nombre de rayons à la nagcoire anale (44% non 35). Cette espèce, ainsi que celles qui suivent, numéros # et 8, provient du Rio Napo, et est due aux recherches de M. Osculati. 4. Chalcinus Müllerii. — C. pinna caudali radiis medianis elon- gatis; lobo superiore et infero truncatis. — D. 10. A. 28. — Hab. in Rio Napo. On reconnait très-aisément cette espèce, parmi le petit nombre de ses congénères, au prolongement des rayons moyens de la queue, qui du reste est tronquée comme celle du Cynodon vulpinus, Ag., de la même famille de Poissons, Un autre caractère très-marquant consiste dans la ligne latérale, qui suit le contour du ventre au tiers inférieur du corps. La forme générale de ce poisson est celle du Ch. an- 166 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE, (Avril 1853.) gulatus ; mais la dorsale est plus reculée, presque oppo- sée à l'anale, comme dans le Ch. brachypomus, Val. Les pectorales se prolongent jusqu’à l’anus. Le nom de cette espèce rappelle celui du célèbre physiologisle de Ber- lin, dont les nombreux travaux forment époque dans la science, et qui a illustré, conjointement avec M. Tros- chel, l’histoire des Characins. 3. Tetragonopterus Mexicanus. — T. linea laterali integra. Striga in utroque latere, longitudinali, mediana, argentea : macula nigra caudali, — D. 10. À. 22. — Hab. in lacu prope Mexico. Voisin du T!. interruplus et Peruvianus, mais distinct du premier par la ligne latérale complète; du second, par le nombre des rayons de la nageoire anale, qui est de 22. Le corps est verdâtre sur le dos, blanchätre sur le ventre, avec une bande argentée très-brillante, qui va longitudinalement, sur les côtés de la tête, à la queue. Celle-ci a une tache noire sur le milieu de sa na geoire. Le Musée de Turin a recu cette espèce, avec beaucoup d’autres objets du Mexique, de la part de M. Craveri. 6. Loricaria scolopacina. — L. rostro longo subulato : radiis extremis pinnæ caudalis elongatis. — D. 7. A. 6. — Hab. in rivis prov. Venezuelæ. Assez ressemblante à la L. rostrata, Spix., Agassiz. Elle s’en distingue d’abord par une proéminence très- prononcée de l’appendice rostral. Entre le bord anté- rieur de l'orbite et le bout de cet appendice, il ya une distance trois fois supérieure à celle qui sépare le bord postérieur de la même orbite du bord postérieur de la plaque temporale. Corps déprimé, fort allongé; sept séries de plaques entourent le corps à la région thoraco-abdominale. Les plaques dorsales, qui sont les plus grandes, présentent un sillon longitudinal dans le milieu. Vingt-lrois plaques sont alignées entre la na- geoire anale et la caudale; dix-neuf entre celle-ci et la dorsale. Les rayons supérieur et inférieur de la queue TRAVAUX INÉDITS. 167 sont prolongés en filet. La couleur est brunätre, plus sombre sur le dos. Les rayons des nageoires sont tache- tés de brun foncé. Cette espèce vient de Caracas, avec beaucoup d’autres objets de ce pays, dont M. le docteur Rubini a fait cadeau au Musée de Turin. 7. Doras papilionatus. — D. scutis lateralibus 48, papiliona- ceis; aliis à ovalibus in dorso; regione inter piunam adiposam et caudalem nuda. — D, 4/6. A. 42. — lab. in flumine Amazonum. Les caractères de cette espèce sont à peu près les mêmes que ceux que M. Valenciennes attribue à son D. dorsalis; mais elle s’en distingue par le défaut de pla- ques entre la nageoire adipeuse et la caudale. Il y en a cinq entre la dorsale et l'adipeuse, séparées en deux sé- ries de trois en avant et de deux en arrière, avec un intervalle nu. Les plaques qui garnissent les côtés ont la forme de papillons à ailes ouvertes. M. Ghiliani a apporté ce Poisson de la rivière des Amazones. 8. Auchenipterus Heckelii. — A. galei scutellis regulariter dis- posilis, quorum novem circum scutum verticis : radio osseo in pinna dorsali pectoralibusque longissimo, postice serrato. — D. 4/5. P. 4/7. À. 5. — Hab. in Rio Napo. C’est encore au voyage de M. Osculati, dans l’Amé- rique équatoriale, que nous devons la connaissance de ce joli poisson. Dans l'immense famille des Siluroïdes, il doit entrer dans le genre établi par M. Valenciennes sous le nom de Auchenipterus, à cause de son casque continu et dilaté jusqu'à la nuque et aux côtés des premiers rayons dorsaux ; les dents petites el coniques; la ligne latérale inerme, et, par surplus, légèrement pliée en 2ig-zag, avec de petits traits presque verticaux, qui partent du sommet de chaque angle, comme dans l’es- pèce type (A. nuchalis), liguréce dans les Poissons du Brésil, de Spix, pl. 17. Mais les autres caractères que je vais tracer détachent trop celte espèce, parmi les au- 168 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1855.) tres de ce genre, déjà peu naturel, pour croire que sa place puisse y être permanente. Son casque est formé par des plaques polygones fine- ment granulées, contiguës, et dent je compte neuf disposées, avec ordre symétrique, autour d’une grande plaque verticale presque en décagonc alongé. Une pla- que de chaque côté, qui correspond à la région sursca- pulaire, envoie un prolongement oblique d’avant en ar- rière, presque à la rencontre de l’huméral, qui est en stylet, et dont la longueur équivaut à la distance du bord de l’opercule au bout du museau. La tête est plate, fort déprimée à sa partie antérieure, et se rétrécit en descendant vers la région du menton, de manière que les yeux, qui sont très-grands (leur diamètre longitudi- pal étant égal à la moitié de la tête), regardent un peu en bas. On voit de chaque côté un grand barbillon maxillaire et deux petits sous la mandibule. Le premier rayon de la dorsale, ainsi que celui des pectorales, est très-long et dentelé à son bord postérieur. Les autres nageoires sont très-petites. La queue est fourchue. La couleur de ce petit poisson est plombée sur le dos; il est blanc argenté sur le ventre, sans taches visibles. Les mesures sont les suivantes : Longueur du bout du museau à l’extré- mité de la queue, centim., 7 4 — delatète, 15 — du rayon osseux pectoral, 21 — du rayon osseux dorsal, 15 Cette espèce porte le nom du savant ichtyologiste M. Heckel. 9. Muræna auloptera. — M. rimæ branchialis limbo cutaneo exuberante, pinnulæ fistular, ad instar. — Iab. in Oceano in- diano prope insulam Mauritii. Nous voici dans un cas qui nous rappelle l’ancien adage natura non fucit saltus. Le caractère principal qui sépare les Murènes des Congres, el qui consiste dans TRAVAUX INÉDITS, 169 l'absence de la nageoire pectorale, se trouve affaibli dans cette espèce par un rudiment très-apparent de cette na- geoire, formé par un lambeau cutané qui se prolonge en forme de tuyau comprenant l’ouverture branchiale. Dans les parois de ce tuyau manquent, à la vérité, les rayons qui pourraient en faire une véritable nageoire pectorale ; mais l'inspection microscopique démontre à leur place une disposition particulière par faisceaux rayonnés des fibres de tissu connectif, lesquelles sont entrelacées sans ordre dans tout le reste du tégument. Si l’on compare le M. auluptera aux autres espèces de ce genre, dont M. Richardson a donné une excellente monographie (Zoology of the voyage of Erebus and Ter- ror), c’est de la M. variegataz Forst. (ouvr. cité, pl. 47) qu'elle se rapproche le plus, à cause de la configuration et des dimensions proportionnelles de la tête, et de la forme et de la distribution des dents. J'ajouterai, pour la faire mieux reconnaitre, les traits suivants : quatre cryp- tes à la lèvre supérieure, cinq à l’inférieure, de chaque côté; deux sur le museau, entre les tubes des narines; deux sur le menton ; deux sur chaque côté de la nuque, près de l’origine de la nageoire dorsale. La couleur de l'individu unique que j'ai trouvé dans le Musée de Tu- rin, comme provenant de l’île Maurice, est blanchâtre uniforme, avec le bord des cryptes d’un brun foncé. La longueur du corps est de O0 m. 6 c.; celle des pseudo- nageoires pectorales 0 m. 005 c. 40. Scyllium.. n. sp. ? — $. aculeorum in regione dorsali se- , riebus duabus. — Hab. in mare Mediterraneo. Je dois à l’obligeance de M. le docteur Sassi, profes- seur à Gènes, auteur d’une très-bonne monographie des Poissons de la mer Ligurienne, un fœtus de Seyllium pris sur les côtes d’Albenga, qui présente une singula- rité frappante, étant muni des deux côtés du dos, depuis a nuque jusqu’à la première dorsale, de deux séries 470 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE, (Avril 1853.) de trente-cinq aiguillons courts, pointus et forts, un peu couchés d’avant en arrière, solidement implantés dans le derme. On peut néanmoins les arracher avec une pince; ils se montrent alors formés d’une subs- tance très-dure, véritable substance dentaire, analogue aux scabrosités ordinaires de la peau des Plagiostomes ; mais, au lieu d’être comme celles-ci soudés par la base au derme, de manière à ce qu’on ne puisse les en sé- parer sans en arracher une portion, ils sont libres, et seulement tenus en place par deux branches qui diver: gent horizontalement de la portion cachée dans l’é- paisseur de la peau : on pourrait les comparer à un poi- gnard implanté par le manche. Voilà donc un caractère qu’on ne trouve dans aucune autre espèce de ce genre; mais qu’en penser ? Est-ce une particularité permanente d’une espèce jusqu'ici inconnue ou bien un distinctif d'âge d’une des deux espèces méditerranéennes déjà connues depuis longtemps? Les fœtus de Scyllium exa- minés jusqu'ici n’ont présenté rien de semblable. On trouve quelque chose d’analogue dans les Squatines : il yen a qui portent des aiguillons épars sur la tête et. en ligne longitudinale sur le dos ; il y en a qui en man- quent, avec parfaite identité des autres caractères, ce qui néanmoins avait suffi à M. Duméril pour faire des premières une espèce qu'il a nommé Squatina aculeuta. Mais le prince de Canino (Zconografia della Fauna ita- lica), dont l’autorité ne saurait être contestée, tout en distinguant deux espèces de ce genre dans la Méditer- ranée, affirme que l’on trouve dans l’une et dans l'au- tre indifféremment des aiguillons caduques avec l’âge. L'individu qui forme le sujet de cette note est long de O0 m., 115, de couleur d'un gris clair, sans tache, et muni encore du sac vitellaire externe, mais déjà fort réduit, ce qui dénote un développement assez avancé. Le ventre, au contraire, est distendu par un grand sac vi- tellaire interne, évidemment formé par une évolvure du TRAVAUX INÉDITS. 171 conduit vitello-intestinal, ainsi que M. Leydig l’a vu dans les Acanthias (Beitrâge zur mikrosk. Anatomie und Enkwickelung der Rochen and Haïe, p. 107). tandis que M. Mayer de Bonn (Anulecten, t. 1”, p. 22) voit dans ce sac un intestin vitellaire particulier aux fœtus des Squalides (1). Descmeriox d’une nouvelle espèce du genre Saturniu, avec des Observations sur les métamorphoses de ce Lépidoptère nocturne, par M. Sazé. — (PI. 5.) Cette belle espèce a été découverte au Mexique par un de nos amis, qui s’occupe avec beaucoup de zèle de l’entomologie de son pays, et qui m'a envoyé d’excel- lents renseignements à son sujet, ainsi qu'une figure coloriée de sa chenille. Je connaissais déjà cette chenille pour l’avoir rencon- trée plusieurs fois et avoir éprouvé, en la touchant, des douleurs analogues à celles qu’on ressent quand on a touché des orties, mais beaucoup plus fortes. Mon ami a nourri ces chenilles pendant deux mois, en juillet et août, et il les a vues se construire un cocon entre quelques feuilles rapprochées et avec un tissu de soie grossière et très-läche. Sur un assez grand nombre de ces cocons, il n’a pu avoir que quatre de ces Bombyx en bon état, car les autres ont avorté ou sont morts avant leur dernière transformation. Une des femelles, (4) Des aiguillons n'ayant jamais été signalés chez aucune Rous. selte adulte ou à l’état de fœtus, ne serait-il pas possible que le poisson dont M. Filippi fait mention fût un jeune Squale bouclé (Brouss.) Echinorhinus spinosus, Bonap.? La position de la pre- miére dorsale, qui est située très en arrière, et toute la confor- mation générale de ce singulier Squale, lui donnent, en effet, une assez grande ressemblance avec les Rousseutes pour qu'il puisse y avoir confusion, surtout lorsque la comparaison ne peut porter que sur un fœtus (Note du Rédacteur). 172 REV. ET MAG, DE ZOOLOGIE. (Avril 1855 ) parmi ceux qui vinrent à bien, fut placée dans une boîte de toile métallique, afin de lui laisser le temps de bien développer ses ailes. De 7 à 8 heures du soir, des mâles vinrent voltiger à l’entour, ce qui montra à notre obser- vateur que, s'il n'avait encore jamais pris ce papillon, c’est qu’il n'avait pas connu le moment où il vole ct s’occupe du soin de sa reproduction. Il avait bien trouvé quelquefois dans les bois des fragments mutilés de ce Bombyx, mais il ne l'avait jamais vu vivant. Le mâle meurt deux ou trois jours après avoir fé- condé.la femelle, qui meurt, elle-même, quand elle a effectué sa ponte sur les feuilles du Platanus occidenta- lis ou de l'Erythrina rubra, que préfère généralement la chenille pour sa nourriture. Saturniu Metzli, Sallé (pl.5).—Envergure de 10 à 13 centimètres. Dessus des ailes supérieures d'un gris jaunâtre, nuancé de zones brunätres avec sept ou huit points disposés en rond vers le milicu; elles sont tra- versées d’une raie longitudinale pâle et ombrée. Ailes inférieures avec un grand œil noir nuancé de blanc et entouré d’un cercle jaunâtre, puis d’un noir et enfin d’un plus large rouge sanguin, avec de grands poils la- téraux de mème couleur, Tête et prothorax de la cou- leur des ailes. Abdomen rougeûtre, plus pâle en des- sous. Antennes jaunätres, pennées dans les mâles, fili- formes dans les femelles. Le dessous des ailes d’une couleur nniforme et plus pâle, avec un œil noir aux su- périeures, et correspondant aux points qu'on voit en dessus ; la raie longitudinale s’y retrouve d’une couleur lie de vin et une raie transversale sur un point aux in- férieures. Il y a des variétés plus ou moins foncées dans les deux sexes. Le nom que j'ai donné à cette espèce est celui de la lune en langue mexicaine. Sa chenille est entièrement d’un vert d'herbe, avec la tête, les pattes et des taches sur les segments, d’un noir vif, Chaque segment porte Fevue « Mag de Zoologie. (1853) VA) Salurnia Meztli, Sallé. TRAVAUX INÉDITS. 175 de chaque côté une tache ovalaire blanche, entourée de noir, et de longs piquants à tige rose et à barbules verts. Ce sont ces barbules qui occasionnent des brülu- res ou urtications très-douloureuses quand on en est touché. Revue crriue du groupe des Tettigonides et de la tribu des Cercopides, par M. V. Sicnorer. Conduit à Londres par le désir de recueillir, dans Ja riche collection du British-Muséum, de nouveaux ma- tériaux pour mon travail sur les Tettigones, j’ai pu ap- précier une partie des catalogues publiés sous la direc- tion de l’habile naturaliste auquel est confié la surveil- lance de cet établissement. Tout le monde est certainement d’accord sur lutilité des catalogues, qui, en facilitant le classement des col- lections, viennent en aide aux simples amateurs en même temps que par la synonymie et par l'énumération des espèces connues, ils servent de répertoire pour les recherches de l’entomologiste. Je commence donc par rendre juslice aux intentions de M. Gray. Examinons maintenant comment elles ont élé mises en pratique. La première qualité d'un catalogue est l’homogé- néité. Or, il y avait à choisir entre deux modes de pu- blication. Le premier consistait à dresser simplement le catalo- gue des espèces appartenant au Muséum en intercalant les espèces nouvelles; c’est le plan qui a été suivi par M. Dallas pour les Hétéroptères ; cette partie n’est pas encore terminée, et je le regrette d'autant plus que son auteur y a fait preuve de conscience et de talent. Le second mode, d’un intérêt plus général, consistait à dresser le catalogue de toutes les espèces décrites 174 REV. ET MAG, DE ZOOLOGIE. (Avrel 1853.) dans les auteurs, en y intercalant aussi les espèces en- core inédites. On pourrait croire, au premier abord, que telle a été la marche suivie par M. Walker, qui était chargé spé- cialement des Homoptères. Je voudrais pouvoir l’affir- mer; mais il suffit de jeter un coup d’œil sur l’ouvrage pour se convaincre de la légèreté, disons plus, de la négligence avec laquelle il a été travaillé. Je n’ai pu, dans un court séjour, étudier que quelques groupes, les Tettigones spécialement, mais l’on verra, par la liste d'errata qui termine cette note, si j’exagère les repro- ches qu’à mon grand regret je suis obligé d’adresser à l’auteur. M. Walker a suivi, pour l’ensemble de la classifica- tion, l’ouvrage de MM. Amyot et Serville; cependant il a modifié, dans plusieurs endroits, la méthode de ces auteurs. Pourquoi ne pas expliquer les motifs de ces changements ? Des genres nouveaux sont caractérisés en une ligne ; pourquoi au moins ne pas indiquer leurs affinités ? Les espèces nouvelles sont décrites absolument ; pourquoi ne pas faire ressortir les ressemblances ou les différences avec les espèces analogues? M. Walker pourrait bien répondre que la place occu- pée par chaque espèce suffit pour indiquer son affinité; mais on verra plus loin combien il faut se défier du classement même des espèces. J'ai dit qu'au premier abord on pouvait croire qu’il s'agissait d’un catalogue général. En effet, on y voit fi- gurer un grand nombre d'espèces qui n'existent nulle- ment au Musée; mais alors pourquoi n’avoir pas cilé tout Fabricius ? Les ouvrages de Perty, le voyage de Hum- boldt et Bonpland, ne valent-ils donc pas la peine d’être cités ? Pourquoi l'ouvrage plus récent de M. Blanchard a-t-il été omis? Comment se fait-il que, citant une es- pèce de Fabricius, vous décriviez, quelques pages plus TRAVAUX INÉDITS. 175 loin, une autre espèce sous le même nom, ou bien que vous décriviez la même espèce sous un autre nom, ou même encore la même espèce sous le même nom, ct comme espèce différente (1)? On conçoit bien qu’une pareille erreur puisse se produire une fois; mais ici, par malheur, il y a trop souvent récidive, et je suis bien sûr que, dans certains genres, il y aura plus de la moi- tié des espèces, décrites comme nouvelles, à réunir comme synonymes aux espèces déjà connues qui sont inscrites dans les mêmes genres. Il est pénible d’avoir à relever de semblables et si nombreuses fautes dans un ouvrage publié par le Bri- tish-Muséum, qui possède une riche collection et une belle bibliothèque, mais qui a peut-être voulu faire trop et trop vite. Pour appuyer mon assertion, je citerai d’abord, dans le groupe des Tettigones : N°2. T. farinaria, À. et Serville, est la Sanguinicol- lis, Latr. (Humb. et Bonpl., pl. 17, f. 11.) En consultant cet ouvrage, M. Walker aurait reconnu l'espèce de MM. A. et Serv. N° 4. T. farinosa, Fab. est le Brevifrons de M. Wal- ker (p. 754, n° 65). Il est vrai que l’espèce du Musée étant déflorée, il devient difficile de la reconnaitre. N° 10. 7. miniata, Hoffm., Germar, Mag. IV,p. 69, n’est autre que la fusciata, Linné, 4- fasciata, Fab., et %-vitlata, Le Pell et Serv. N° 15. T. sulcicollis, Germar, avec point de doute, il est vrai, est un aulacizes, A.etS. N° 20. T. bicincta, Germar, n’est autre que la bifas- ciata de Fabricius, n° 16. N°22. Quadrivittata, Le Pel et Serv., voyez le n° 10. (1) Pour exemple de ce que je dis ici, voir, page 74 du Catalo- gue, Tettigonia vespiformis, Walker, qui n’est que la Cic. vespi. formis, Fab., citée au Catalogue page 785. 176 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1855.) N° 24. Il ya icila plus grande confusion qu’il soit pos- sible de trouver : sous divers numéros, jevois la même espèce, qui n’est autre que la Tettigonia ferruginea de Fabricius, et dont le type est dans la collection de Bancs (Société Linnéenne), collection que l’auteur au- rait pu consulter. Ainsi, sous les n° 24, 95, 26, 27, 28, 29, 50, 35, 34, 44, je trouve la ferruginea, qui est indiquée dans le catalogue, page 783, dans le genre Proconia. Combien de noms à effacer ? Dix espèces juste à retrancher. N°55 est un Proconia, et je ne puis m'empêcher d’é- tre étonné de la place qu'occupe ici cet insecte, dont la forme, la couleur, la grandeur, est si différente des es- pèces qui l’avoisinent. J'en dirai autant des n° 36 et 59. N° 56 4-maculata est la femelle du 39. L'étude plus approfondie aurait fait voir cela à M. Walker, malgré la différence de couleur ; il convient de retrancher le nom de Pruinosa, qui est encore employé page 755. N° 58. Vespiformis, Walker, est justement le même insecte auquel Fabricius donne le nom de Vespiformis : M. Walker n’a donc point consulté Fabricius, sans quoi il w’aurait point placé son vespiformis dans les proco- nia, avec point de doute, page 783. N° 59. Voyez n° 56, ci-dessus. N° 41. Decora, Walker, est la rufipes, Fab., une des espèces Les plus faciles à reconnaître. Voyez Fab., Syst. Ryng., p. 68, n° 52. N° 42. Cardinalis, avec? Fab. n’est pas l'espèce fabri- cienne; il convient donc de changer ce nom : je la nom- merai rubro maculata. N° 45 est la même espèce que le n° 37, Walker, dé- crit sous le nom de rufa; il n'existe qu'une différence de couleur, ce qui est très-commun parmi les insectes. N° 49, Teltigonia lœta est un Dilobopterus décrit par TRAVAUX INÉDITS. 177 le mème auteur, page 809, n° 8, sous le nom de Dilo- bopterus fervens. N° 51, 52, 55, seraient des Proconia. N° 56. N'est pas du groupe des Tettigonides ; ce se- rait un Scaris. N° 63. Voyez n° #4, ci-dessus. N° 64. Nous avons déjà fait remarquer, au n° 56, que le nom de Pruinosa était double; mais le n° 39, qui le porte, est à retrancher, comme étant le mäle du n° 56, nommé #-maculata, Seulement le nom ne se trouvera juste que pour la femelle. N° 65. Concinna, Walker, est à effacer complète- ment, pour deux raisons : 1° ce nom est déjà employé pour une espèce décrite par Perty (page 180 et figurée pl. 55, f. 16, Delect. anim. artic.), espèce superbe que nous retrouvons encore dans l’ouvrage de M. Blanchard (Hist. nat., p. 184, ins., pl. 14, f. 7). Il est donc à re- grelter que l’auteur n’ait pas consulté plus d'ouvrages, et surtout Perly, que j'ai vu sur la table du cabinet en- tomologique ; 2° la seconde raison est que, pour dé- crire un insecte, il conviendrait au moins d’avoir les parties les plus essentielles. Or, ici, les deux élytres manquent (fore wings wanting). N° 67 est un Scaris et non une Telligone. N° 68 est Tettigonia elegantissima, Blanchard, Hist. nat., ins., t. II, p. 190, n° 6. N° 70. Je ne puis rien en dire, le type manquant à la collection du British-Muséum. N° 74. T. cephalotes est un dilobopterus et la même espèce que le n° suivant. N° 75. C'est le T, demissa, Fab. N° 77. Nous avions déjà Decora au n° À, mais, comme il est synonyme de rufipes, celui-ci, decorata, peut être conservé; mais pourquoi se servir de noms si voi- sins? 2° séme, tr. v. Année 4853. 12 178 REV. ET MAG. DE Z00LOG!r, (Auril 1853) N° 81. Ruficauda, Walk., est synonyme de contami- nata, Fab. N° 82. Rubriguttata est la même espèce que sangnino- lenta, Fab., figurée dans Coquebert, pl. 18, fig. 412. N° 89 n’est pas une Tettigonia, mais bien un Aulaci- zes, genre que M. Walker a indiqué plus loin, et qui est remarquable par un sillon longitudinal sur le vertex. N° 91. Ce nom se retrouve plus loin; mais, comme le n° 112 tombe, on peut conserver celui-ci. N°92 est une variété de l’Helochara communis, Fitch. N° 96 est la même espèce que celle ci-dessus, avec cette seule différence que le n° 92 a l’abdomen d’une couleur plus brune. N° 101,102, 105, ne sont que la même espèce, avec des différences de taille; c’est le Mollipes, Say, Journal acad. nat. Se. vi, 912. N° 10%. Me parait bien voisin des espèces précéden- tes; cependant on peut la conserver. N° 106. Tettigonia brevis est un cœlidia. N° 108 et 109 me paraissent identiques, ct la latera- lis, Fab. N° 410, 111, 119, 115, me paraissent des variétés d'une même espèce, et, dans tous les cas, ce serait la Tripuneluta, Fitch, p. 55. N° 118, 119, 190, 121, 199, 195, ne sont pas des Tettigones. N° 192%, 195, sont à effacer, les types manquant dans la collection du British-Muséum, et sans qu'on ait pu me dire pourquoi; du reste, à l’époque de ma visite, en novembre 1852, aucune épingle n’avait marqué son pessage sur la place restée nette, au-dessus de l’éti- quette. N° 196 n'est pas une Tettigone, mais bien le Jassus subfuseulus. N° 427 n’est pas une Tettigonc. Passons au genre suivant : TRAVAUX INÉDITS. 179 N° 1. Proconia obtusa, Fab., est le même que le n° 18. N°5. M. Walker cite undata, Fab. et Coqueb., pl. 8, f. 5. Il est étonnant qu’il n’ait pas reconnu le même insecte dans les n°” 8, 10, 41, 12, 13, 16, 17, qui sont l’undata, Fab., avec toutes les variétés possibles. N°4. Voyez ce que j'ai dit aux n° 25, 24 et suivants, du genre Tettigonix. N° 5. C’est la Tettigonia n° 38, Walker. N° 6. Ressemble beaucoup à la pruinosa, Walk., n° 64 des Tethyonia. N°7 est un Dilobopterus. N° 10. Lucernea, Linné, est undata, Fab. N° 18 est Obtusa, Fab. N° 19 et 20. Mème espèce. Je pense qu'il convient d'effacer le Proconia contraria. Genre AuLAcIZEs. N° 1. Quadripunctata, Germar, deviendrait le Dies- tostemma terminalis, Walker, page 798, n° 2. Je ne trouve rien dans cet insecte qui puisse permettre de le placer avec le Diestostemma albipennis, Fab. N° 3. Dives est synonyme de Dorica, Guérin. N°7 ct 8. Même espèce. N° 9 et 10. Mème espèce, mais le n° 10 est mutilé: les élytres manquent, ce qui a suffi à M. Walker pour ne pas reconnaître le même insecte, malgré le caractère saillant de la tête. Ceci vient d’ailleurs à l'appui de ce que je disais au n° 65 des Teltigones. N° 12 est synonyme d’Jrrorata de Fabricius. Genre Diesrosremma. N°2. C’est l’Aulacises 4 punolata de Germar. Voyez ci-dessus Aulacizes, n° 1. 180 REV. ET MAG, DE ZOOLOGIE. (Avril 1853.) Dans les Ciccus, nous continuons à trouver beaucoup d’erreurs, et d’abord : N° 2. Pourquoi mettre fulvo-fasciata, Gray, alors qu'ex- eavatus, Le Pell. et Serv. est antérieur, et pourquoi ne pas l'indiquer, même en synonymie ? (est pousser un peu loin l'esprit de patriotisme. N°5 est du genre Aulacizes, et non un Ciccus. N° 6. Depuis longtemps, j'ai plusieurs exemplaires de cet insecte dans ma collection, et je les ai toujours regardés comme une variété de l’Adspersus. N° 8 et 9. Je regarde ces deux espèces comme la même et synonyme du Rutilans, Fab. N° 10 se rapporte parfaitement à l’acuminata, Oli- vier. N°11. J'ai aussi cette espèce depuis longtemps, et je l'ai toujours considérée comme un spécimen plus petit de l’excavatus, Le Pell. et Serv. N°12 et 13 me paraissent une même espèce. Genre RHAPHRHNUS. N° 5 ne peut pas rester dans ce genre, et doit occu- per une place entre les Proconia et les Aulacixes. N°5 synonyme de Phosphoreus, Linné. Dans les Dilobopterus, nous avons vu que le n° 8 est déjà décrit comme Tettigonia, n° 49, p. 748, et qu'il faut ajouter dans ce genre la Proconia dispar, Germ., Walk., p. 783, n° 7, ainsi que les n* 74 et 75 des Tettigones. Ici s'arrête la série des Tettigonites, et, d’après ce que l’on vient de voir, il y a un grand nombre d’er- reurs à rectifier. En récapitulant ce qui a été dit ci-des- sus, il y aurait à retrancher : TRAVAUX INÉDITS. 481 Espèce mutilée, il Espèces décrites plusieurs fois par l’auteur sous divers noms, 54 Espèces venant en synonymie d’autres déjà connues, 23 Espèces n’appartenant pas à ce groupe, 11 Espèces dont les types manquent au Musée. 5 Ce qui, ajoutés aux espèces nouvelles, 69 Et aux espèces cataloguées des auteurs antérieurs, 56 Complète le nombre 197 espèces indiquées dans le livre de M. Walker. Ainsi, il y a plus du liers des espèces de ce groupe à effacer du catalogue du British-Muséum ; il est bien pénible de signaler de tels abus; dans l'intérêt de la science, je ne puis m'en dispenser. Dans les Cercopides, je puis signaler les erreurs sui- vantes : N°6 estun Tomaspis et non un Cercopis. N° 16 flavifascia, Walk., doit être considéré comme synonyme de Biviltata, Le Pell. et Serv., espèce signa- lée n° 14. N° 17 et 18. Me semble la même espèce. N° 20. Latissima, Walk., est le viridicans, Guérin, du n° 19. N° 91 estun Tomaspis, ainsi que le n° 30. N° 31, 32 et 38, me paraissent le même insecte. Il convient de ne conserver que le nom de Dorsimacula. N° 39 et 40, me paraissent être synonymes de mac- tans au n° 9, et devoir faire partie du genre Tomaspis. N° 43 me semble être encore le même insecte que 31, 32 et 38. 182 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1853.) N° #4 est synonyme de Concolor du n° 56. N° 45 et 46 me semble identiques et font partie du genre Tomaspis. Dans les Tomaspis : N° 4 me semble être répété plus loin dans les riec- phora, et doit être retranché, car ce n’est pas un 70- maspis. N°5 est un Monecphora. N°6 est un Triecphora. Dans les Rhinaulax : N°1. Rh. analis existe aussi page 670 du genre Triec- phora. C’est ici sa véritable place. Dans les Triecphora : N° 7 est une espèce déjà indiquée ci-dessus dans les Tomaspis (n° 4), et que nous retrouvons encore plus loin sous le nom de Sphenorhina hœmatina, Germar (page 695, Walker). Je comprendrais cette dernière erreur: c’est un nom différent, un auteur autre; mais, à quelques lignes de distance, mettre le même nom et du même auteur, avec la même indication pour la description, c’est faire preuve d’une trop grande distraction. N° 8 est un Rhinaulux. N°9, idem, et donne lieu à la même observation que ci-dessus. N° 11 est du genre Monecphora. Pourquoi, puisqu'il indique les genres, l’auleur n’a-t-il pas lenu compte des caractères de chacun d’eux ? N° 15 est synonyme de lineola, Fab., dans les Monec- phora, p. 676. N° 10 est bien rubra, Fab., syst. kyng., 95, 29, ct fi- guré dans Coquebert, pl. 8, f. 8. N° 16. Bifascia, Walker, est synonyme de bicincta, Say, et la même espèce que 18, 19, 26, N° 17 est le même que le n° 12, sous le nom de flexuosa. C'est donc encore une espèce à effacer. TRAVAUX JNÉDITS. 185 N° 22 est le 4-fusciata, Le Pell, et Serv. N° 25. Cette jolie espèce est un Ptyelus, que nous re- trouvons plus loin, p. 708, n° 14, sous le nom de Ptye- lus ocelliger, et, page 715, sous celui d’interruptus. Dans les Sphenorrhina : N®2 et 3. C’est la même espèce, marginata, Fab. N° 4 n’est pas compressa, Le Pell. et Serv., mais une espèce distincte, éliquetée dans ma collection sous le nom de nigrotarsis (inédit). N° 7 est la même espèce que la suivante, n° 8, qui est le Cireulata, Guérin., Icon. règ. an. N° 11 estun Triecphore. N° 12 est un Monecphora. N° 16. Comme il y a n° 1 Lineolata, Le Pell. et Serv., M. Walker aurait du éviter d'employer un nom si voi- sin. N°24 est un Triecphora et le coccinea, Fab., déjà in- diqué deux fois plus haut. N° 26 n'est autre que Festa, Germar, indiquée sous le n° 21. Dans les Aphrophora : N° 3. Siccifolia n’est autre que gigas, Fab., n° 7, du catalogue Waik. Dans les Ptyelus : N° G. Eburneus, Walk,, est pour moi variété du gros- sus, Fab., indiqué au n° 3. N° 10 est synonyme de ornatus, Guérin, 3-virgatus, Am. et Serv. N° 4%. Ocelliger. Cette espèce est celle qui est déjà décrite une fois. Voyez plus haut Monecphora, n° 95. N° 19 me parait être le Nebulosus, Fab , espèce indi- quée au n°8. N°25. C'est la même espèce que le n° 44. Cet insecte ne peut manquer d’être bien décrit, car il prend trois descriptions à lui seul. 184 REV. ÊT MAG. DE ZO0OLOGIE, (Avril 1853.) Passant aux Lepyronia, nous trouvons une espèce indiquée deux fois. N° 2 est subfasciata, Amyot et Serv., et le n° 4, id. Je ne sais quelle explication l’on pourrait donner ici de ces deux citations, dont l’une est avec point de doute. Il resterait encore à examiner bien des séries ; ce sera le but d'un autre travail, que je ferai dans le courant de l’année. Paris, 21 décembre 1852. II. SOCIÉTÉS SAVANTES. ACADÉMIE DEs SCIENCES DE Paris. Séance du 28 Mars 1853. — M. de Quatrefages com- munique à l’Académie un Mémoire sur les injections gazeuses appliquées à la destruction des Termites. Il y a près de vingt ans, M. Audouin observait, dans nos dé- partements de l'Ouest, le Termite lucifuge (Termes luci- fugum, Ross.), et le signalait comme un véritable fléau pour les localités qui en étaient infestées. M. de Quatre- fages, durant le séjour qu’il a fait l’année dernière à la Rochelle, a eu l’occasion d'étudier ce même Termite. Frappé, à son tour, des ravages qu'il occasionnait, il a cherché les moyens de détruire un insecte aussi redou- table. Il nous est impossible de rapporter ici les nom- breuses expériences qu'il a faites à ce sujet, et les procédés divers qu’il a mis en usage. Ces expériences, du reste, n'ayant élé tentées jusqu'ici que sur une échelle excessivement restreinte, nous devons attendre, pour en parler plus au long, des résultats plus pratiques. Quoi qu'il en soit, des Termites introduits dans des tubes en verre et en porcelaine, et soumis, les uns à l’action du chlore, les autres à celle de l’acide sulfu- rique, ont été rapidement frappés de mort : d’où M. de SOCIÉTÉS SAVANTES. 185 Quatrefages conclut que l’on peut, en employant les injections gazeuses de chlore et d’acide sulfurique, at- teindre les Termites dans leurs retraites les plus pro- fondes, et les tuer à coup sûr. Le même procédé de destruction, selon lui, est évidemment applicable à tous les insectes ou autres animaux nuisibles qui présentent des mœurs analogues. Séance du 4 Avril. — Nulle pour la Zoologie. Séance du 11 Avril. — M. Coste lit une Note sur le moyen de nourrir les jeunes Saumons et les jeunes Truites dans les viviers. En 1849, dans un Mémoire sur la domestication des Poissons et sur l’organisation des piscines, lu à l’Académie des Sciences, dans la séance du 51 décembre, M. Coste établissait, par des expé- riences, qu'à l’aide d’une pâte faite avec de la chair hachée de cadavres d'animaux domestiques, on pouvait nourrir les poissons nouveau-nés, et les faire rapide- ment passer, sous l'influence de ce régime, à l’état d’a- levin. Ce résultat, obtenu sur de jeunes Anguilles parquées dans des espaces très-restreints, M. Coste vient de le reproduire sur les Saumons et les Truites éclos au Collége de France. Deux mille Saumoneaux enfermés dans un petit bassin en terre cuite, de 55 cen- timètres de long, sur 15 de large et 8 de profondeur, sont nourris avec une päle formée de chair musculaire bouillie, réduite en fibrilles déliées. Ts y prospèrent et y grandissent visiblement. Leur taille serait même plus forte, selon M. Coste, que celle de Saumoneaux du même âge pris en liberté. Un Saumon de six mois, élevé dans un ruisseau artificiel de 2 mètres de long et de 50 centimètres de large, que l’auteur de la Note met sous les yeux de l’Académie, confirme, du reste, ce résultat. Séance du 18 Avril. — Rien pour la Zoologie, Séance du 25 Avril. — M. Duméril ht un Rapport sur la mission relative à des recherches sur la production de 186 REV. ET MAG, D£ ZOOLOGIE, (Avril 1855.) la soie. L'année dernière, l'Académie des Sciences confiait à M. Guerin-Méneville la mission d'aller étu- dier, dans le Midi de la France et en Italie, les procédés les plus avantageux pour élever, conserver, propager et perfectionner certaines races de vers à soie. À cet effet, et pour répondre dignement à la confiance dent l’Académie l'honorait, M. Guérin, de concert avec M. Eug. Robert, instituait, dans la magnanerie de Sainte- Tulle, des expériences comparatives sur plusieurs races de vers, et nolamment sur celle que l’on élève en Pro- vence, et sur une race chinoise, à cocons jaunes, pro- venant de graines distribuées par M. le ministre du commerce. Les larves obtenues de ces graines, soumises aux méthodes, aux procédés, aux soins intelligents depuis longtemps en usage à la magnancrie expéri- mentale de Sainte-Tuile, ont donné des cocons d’une valeur supérieure à ceux que produit la race de Pro- vence. Nous laisserons, du reste, M, le rapporteur ap- précier lui-mème ces résultats : « Pour l’espèce ou la race généralement employée en Provence, on s’est assuré qu’un cocon, privé de sa chrysalide, pèse alors en totalité 0,55; savoir : en vraie soie 0,18, et en frison 0,15. Dans la race clunoise, mise en expérimentation, le cocon pesait 0,40, la soie 0,50 et le frison 0,9; et on s'en rapportant aux essais, qui malheureusement n’ont pu ètre faits qu’approxima- Livement, on pourrait admettre que, pour obtenir un demi-kilogramme de cette espèce, il aurait été, tout au plus, nécessaire d’y employer 5 kilogrammes de co- cons; tandis qu'il a été prouvé, en 1851, que, pour la : race habituellement élevée en Provence, on a été obligé, pour obtenir 1 kilogramme de soie, d'y faire servir 15 et quelquefois 14 Kilogrammes, 470 de cocons du pays. « Les résultats de celte éducation soignée des vers chinois à cocons jaunes, semblent donc propres à dé- montrer qu'en peut obtenir un perfecüonnement nota- SOCIÉTÉS. SAVANTES, 187 ble et une grande amélioration de cetle race; surtout si l'on compare les procédés suivis dans la plupart des magnaneries où, par nécessité et par routine, la même série généralive d'individus chétifs se propage et se Jétériore successivement. En effet, ces chenilles perpé- tuent une race faible et peu productrice qui exige, par le fait, presque autant de soins et de dépenses que celle dont on a droit d'attendre un produit bien plus avanta- geux par les quantités et les qualités relatives de la soie que procure ce genre d'exploitation rurale. « Convaincuc, d’après les heureuses tentatives men- tionnées, que ces expérimentations donnent l'espoir d’une amélioration désirable, si l’on cultive de préfé- rence certains individus bien constitués d’une race re- tonnue comme très-productrice, qui serait uniquement appelée à être propagée, si l’on soigne la qualité et la nature des feuilles destinées à son alimentation, et si l'on préserve les chenilles des inconvénients qui résul- tent de l'accumulation et par d’autres précautions hy- giéniques, la Commission a l'honneur de vous proposer de reconnaitre d’abord que M. Guérin-Méneville a rem- pli avec zèle et une grande intelligence la mission dont l'avait chargé l'Académie. « De plus. comme les moyens positifs d’expérimen- lation sur une plus grande échelle n’ont pu être mis à la disposition de ce naturaliste pour ces recherches, qui sont dispendieuses, nous pensons que l’Académie pour- rait exprimer le désir que M. le Ministre de l'Intérieur, du Commerce et de l’Agricullure fût instruit de lPavan- age qui résultcrait de ces études pratiques, afin qu’il en autorisät la continuation comme profitable à l’indus- trie, » 188 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Auril 1855) III. ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. Monocrapae des Guêpes solitaires ou de la tribu des Euméniens, par Henri de Saussure. — Livraisons 5 et 6. Cet ouvrage est entièrement terminé, et forme un grand volume in-8”, petit caractère, avec un atlas du même format, composé de 22 planches très-bien exé- cutées et colorites avec soin. Ces planches offrent les caractères des genres et plus de cent insectes nouveaux ou mal connus, avec un grand nombre de détails au trait. Le nombre des espèces décrites est d’environ 350, sur lesquelles 200 nouvelles. Grâce à ce travail impor- tant, nous voyons enfin les genres de ce groupe, encore sur lequel il n’y avait jamais eu de travail d'ensemble, fixés par des caractères qui ne permettront plus aux auteurs de les confondre, comme il a été fait jusqu'ici. Les genres eux-mêmes sont subdivisés par des coupes qui conduisent le lecteur, par un ordre hiérarchique, jusqu'aux dernières limites possibles de la subdivision. Ainsi, non-seulement les genres sont classés selon leur ordre naturel, mais même les espèces dans les genres. A la suite de chaque genre se trouve la liste des espèces douteuses, sur lesquelles l’auteur demande à tous les entomologistes qui s’occupent d'Hyménoptères de vou- loir bien lui fournir les renseignements qu'ils pourraient posséder. À la fin de l'ouvrage se trouve la liste des espèces qui ont été placées, à tort, dans la famille des Vespides, et qui doivent en être expulsées. Enfin, dans l'introduction, l’auteur se plaint de la tendance de l’en- tomologie, et déclare que, grâce aux difficultés inhe- rentes aux recherches bibliographiques, rendues si dif- ficiles de nos jours, il ne répond pas des omissions MÉLANGES ET NOUVELLES. 189 qu'il a pu faire, et engage tous les entomologistes à les lui signaler. Ce volume est le premier d’un ouvrage en trois vo- lumes, que l’auteur intitule Études sur la famille des Vespides. Le deuxième volume comprendra la mono- graphie des Guêpes sociales, et le troisième, la mono- graphie des Guêpes masariennes, avec un supplément à la monographie des Guêpes solitaires. Ces ouvrages sont sous presse. IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. Nous avons annoncé, dans notre n° 2, p.91, que Son Altesse le prince Charles Bonaparte avait fait don à la ville d’Ajaccio de sa riche collection Ornithologique. Ce beau cadeau a été accueilli avec reconnaissance, comme on le verra par l’extrait suivant de la lettre que Monseigneur l’évêque d’Ajaccio vient d'adresser au sa- vant et généreux donateur : « Prince, je ne puis que vous renouveler l'expression de ma vive gralilude pour le don que vous avez bien voulu me faire, à Paris, de votre collection Ornitholo- gique, don que vous venez de me confier par votre ho- norée lettre du 7 de ce mois. « Cette riche collection, fruit de vos longues et sa- vantes recherches dans les deux mondes, éveillera, je n’en doute pas, dans la pauvre Corse, à qui vous l'avez destinée, l'amour des sciences naturelles, et surtout de la branche importante que vous avez cultivée avec tant de succès, « La pensée qui vous a si bien inspiré à l'égard du pays qui fut le berceau de vos pères était digne du fils de celui qui, aux jours de sa courte prospérité, donna à sa ville natale un témoignage si précieux de sa solli- cilude, en la dotant d'une magnifique bibliothèque, 190 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE, (Avril 1853.) « Votre don, Prince, figurera dignement à côté du cabinet de physique que possèdera notre école secon- daire, grâce à la générosité de l'Empereur votre cou- sin, » Onnraozocre pe LA Savoie, ou histoire des Oiseaux qui vivent en Savoie, à l’état sauvage soit constamment, soit passagèrement, par M. J.-B. Bazu, conservateur d'Ornithologie au Muséum de la Société d'Histoire naturelle de Savoie. Tel est le Uitre d’un ouvrage que va publier M. Bailly, et pour lequel il a rassemblé de nombreux matériaux, surtout en étudiant les Oiseaux dans des excursions ré- pétées, dirigées dans ce but, depuis plusieurs années. Nous ne pouvons mieux faire que de laisser parler l'auteur, qui indique ainsi son plan : « Le naturaliste et le chasseur trouveront dans cet ouvrage l'indication très-circonslanciée des signes ca- ractérisliques propres à chaque famille, à chaque genre d’Oiscaux dontil sera traité; les localités dela Savoie où les espèces habitent constamment ou momentanément durant leurs migrations, et les moyens de les capturer; quelques notes sur les contrées d’où les espèces de pas- sage nous arrivent; l’époque de leur apparition, de leur départ; en un mot, le travail que je me propose de publier contiendra : «4° Le nom de l’auteur qui le premier a dénommé chaque espèce que je décrirai; les noms vulgaires et patois annexés à chaque oiseau qui en a recu en Savoie, ce qui, faute de gravures, contribuera à faire connaître plus facilement à mes compatriotes les espèces qu'ils voudront étudier, et les dispensera même souvent, pour les distinguer, d’avoir recours aux descriptions tex- tuelles. MÉLANGCES ET NOUVELLES. 191 «2% La description de tous les Oiseaux qui ont été rencontrés jusqu'à cette époque en Savoie et sur les li- mites des pays circonvoisins; celle des deux sexes de tout âge, de leur taille, des divers plumages dont cer- laines espèces se parent, selon les saisons, et spéciale- ment au printemps, ct des variétés locales ou acciden- telles que l'on doit à l'influence d’un climat, au chan- gement de nourrilure, auxquels eertains oiseaux ne sont pas habituës, ou à une maladie survenue, par exemple, au moment de la mue, à un âge très-avancé, ou à d’au- tres causes {rès difficiles à connaitre. «3 Le iemps de la mue simple, double et ruptile, avec l'explication des changements que l’une ou l’autre, et l’âge, apportent dans les livrées. « 4° Des notions sur les mœurs et les habitudes, sur l’époque de la pariade et le nombre des pontes opérées par chaque espèce; la description des nids, celle des œufs qu'ils renferment, leur quantité, leur forme, leur longueur et leur largeur ; enfin divers observations sur chaque ponte, sur l’incubation et l’éducation des petits des espèces qui se reproduisent au pays. « 5° Les lieux où elles se tiennent par habitude ou seulement durant quelque temps de l'ännée; ceux que visitent les espèces voyageuses au temps deleurs passa- ges périodiques ou accidentels; les époques de l'an pendant lesquelles celles-ci se montrent en Savoie, et quand elles s’en éloignent. « 6° L'énumération des divers aliments qui servent à leur nourriture, et des moyens singuliers auxquels ont recours plusieurs espèces pour se procurer leur existence. « 7° Enfin quelques notes critiques sur des faits qui m'ont paru contraire, dans des ouvrages ornithologi- ques, aux observations dont je me sais cru parfaitement sûr, el quelques explicalions sur d’autres faits qui ont été jusqu'à présent regardés comme douteux, » 192 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1853.) J'ai adopté, sur plusieurs points de mon ouvrage, la classification de M. Temminck, comme étant la plus généralement suivie dans les collections particulières et les musées; mais je lui ai fait subir, sur d’autres points, de nombreuses modifications, pour rapprocher plus convenablement entre eux quelques genres d’oi- seaux, quelques familles qui, considérées sous le rap- port presque analogue de leur conformation extérieure et de leur manière de vivre, m’ont paru trop éloignées les unes des autres. L'ouvrage se publiera en quatre parties, dont cha- cune formera un volume in-8°, de 400 pages environ, paraissant chaque trimestre. — Prix du volume, 5 f. 50. — Pour l'étranger, 4 f. On souscrit chez l’auteur, à Chambéry, et chez les principaux libraires. Ennara, — Il s’est glissé dans notre précédent numéro, p. 147, ligue 5, une erreur qu'il est essentiel de corriger : c'est Perdrix Labatie, et non Sabatier, qu'il faut lire. Dans le numéro 42 de 41852, p. 575, ligne 7, au lieu de l'au- rait, lisez l'avait, et ligne 25, au lieu d'espèce, lisez classe. TABLE DES MATIÈRES. E. Famwaire. — Nouvelle espèce de Mammilère, 145 O. Des Muns. — Observalions sur le Catharte citadin. = 146 _— Nouvelle espèce de Phalcobène. 154 Pucnenax. — Études sur les Lypes peu connus du Musée de Paris. 156 P. Firmin. — Nouvelles espèces de Poissons. 164 Sazcé. — Nouvelle espèce du genre Saturnia. A V. Sicxoner. — Revue critique du groupe des Tettigonides et de la tribu des Cercopides. 175 Académie des Sciences de Paris. 184 Analyses d'ouvrages nouveaux. 188 Mélanges et nouvelles. 189 Paris, — Typ. Sox Racox el Comp., rue d'Erfarih, 4. PL6 leoue et mag de Zoologie. 10953 (1 del Lebrun SEIZIÈME ANNÉE. — MAI 1853. I. TRAVAUX INÉDITS. Fame Des TrocHILMÉS. Nore du genre Lophornis, Ch. Bp. — Lophornis Ver- reauxii, Bourc., par MM. Juzes et En. VEeRREAUx (PI. 6). Bec noir, cylindrique, terminé en pointe aiguë ; front, face, plumes des joues, dessus du corps, ailes et queue exactement semblables à ce qui existe dans le Chalybœus, avec la différence d’une huppe sur le vertex, composée de plumes allongées, lancéolées, d’un vert bronzé, prenant des tons de pourpre plus ou moins rougeûtres, selon les incidences de la lumière. La gorge, le thorax et l’abdomen sont uniformément d’une teinte noire bronzée. Longueur totale, 9 cent.; du bec, 19 mm. ; ailes fer- mées, 5 mm. ; de la queue, 36 mm. — Patrie, le Pérou. Cette belle espèce a la plus grande ressemblance avec le Trochilus chalybœus, de Vieïllot, Encycl., t. IL, p.574. Elle est dédiée à M. Edouard Verreaux, possesseur du type unique qui orne la magnifique collection de Tro- chilidés de cet amateur classique. Paris, le 42 mai 4853. Descriprion d’Oiseaux nouveaux, par MM, Jus et u Épouarn VerREAUx. 1° Araponga tricaronculé. — Casmarhynchus trica- runculatus, 3. et Ed. Verreaux. 2° séme. T. v. Année 1855. 45 194 REV. ET MAG. DE Z00LOGI£. (Mai 1853.) Ch. Suprà viridi-olivaceus; subtus flavidus : fronie sicut in Ca. albo super-caruneulato; mandibulà utrinque sub-caruneulatà. Front à plumes très-courtes et poilues, surmonté d’une caroncule de 12 millimètres de longueur, mais qui, dans l’état vivant, paraît devoir être plus longue; sourcils jaune-olivâtre ; parties supérieures du corps d’un vert-olive non uniforme, strié et maculé, tantôt de même couleur plus foncée, tantôt de jaune-olivâtre ; parties inférieures du même vert-olive, flammêché de jaune sur le thorax et les flancs, et passant au jaune pur sur labdomen; rémiges d’un olive-brunâtre. Bec, tarses et doigts noirâtres; ongles bruns; la mandibule inférieure portant à chacun des côtés de sa base une ca- roncule de 14 mm. de longueur. Longueur totale, 51 cent. — Habite Bocos del toro (Nouvelle-Grenade). Cette description a été prise sur un sujet jeune en- core, Nous avons eu sous les yeux deux autres sujets beaucoup plus jeunes; ils étaient d’une (aille moins forte d’un quart; le plumage en était en tout plus foncé et les flammêches jaunes plus tranchées; les caron- cules naissantes n’élaient visibles qu'à l’angle de la commissure, et à peine de 2 millimètres de longueur; le front et le taur des yeux emplumés. D'après la grande analogie qui existe entre cette nouvelle espèce et celles déjà connues, nous croyons pouvoir affirmer que, lorsqu'elle est arrivée à l’état adulte, elle doit pren- dre une livrée blanche et aussi pure que les autres, à pari cependant la femelle, qui reste toujours avec ses couleurs foncées, et dont la taille est toujours moindre. Nous considérons cette découverte comme quelque chose d’important pour la science, en ce qu’elle forme la quatrième espèce d'un genre très-anciennement connu, et remarquable par la bizarrerie des appen- dices charnus qui recouvrent certaines parties de ces oiseaux. Nous supposons aussi que, dans l’état parfait, TRAVAUX INÉDITS. 195 les trois appendices de notre espèce s'allongent et s’é- largissent d’une manière remarquable; mais celle du front ne paraît pas se recouvrir de ces bouquets de duvet que l’on observe dans le Carunculata (l Alba). Par anta- logie encore, nous supposons que cette espèce se nour- rit de fruits et de baies, comme nous Pavons observé pour l’Alba que nous avons tué à Bahia. Du reste, ce sont des oiseaux qui paraissent solitaires et vivre dans les grands boïs, se tenant presque toujours à une grande hauteur. Nous avons eu occasion d'observer, dans l’es- tomac des individus que nous avons préparé, des débris de larves et d'insectes mous. Leur vol est léger el assez soutenu. ® Tanagrelle élégante. — Tanagrelle elegantissima, J. et Ed. Verreaux. T. suprà nigerrima; maäculà collari faterali nigrà; uropygio flavidomicante ; subtüs cærulea ; abdomine ac cruribus castancis : fronte cùm facie cæruleis. Vertex. occiput, derrière du cou et dos d’un noir de vélours ; une tache de même couleur de chaque côté du cou; front, sourcils, face, menton, gorge, devant du cou, bleu-lapis ; thorax ct flanc bleu-glauque ; abdomen, cuisses et région anale d’un roux marron vif; croupion d'un jaune changeant avec les reflets de la pierre de Labrador. Bec et pieds noirs. — Habite le Pérou. Même grosseur que le Tunagrella icterophrys, figuré dans les Contributions de Jardine, c’est-à-dire de près d’un tiers en plus quele Tanagrella velia. Nous ne con- raissons encore rien sur les mœurs de cette magnifique espèce, qui a beaucoup de rapports avec le Chrysophrys, à part les sourcils. 3 Paléornis de Lagironière. — Palwornis Gironieri, J. et Ed. Verreaux. Corps, en dessus, gris, plus foncé sur la tête et à la lace, plus clair sur le dos, où il prend un ton jaunâtre, tournant au bleuätre-violet-cendré au bas du dos, sur le 196 REV. ET MAG. DE Z00LOGIE. (Mai 1853.) croupion et aux épaules, et passant au bleu indigo sur les rectrices, les deux médianes uniquement de cette couleur et terminées de jaunâtre, les autres n’ayant que leur page externe bleue, la page interne étant Jjaune-citron de même que leur face inférieure ; front bruns et tour des yeux verts: bas des joues et menton noirs ; rémiges secondaires et leurs couvertures, ainsi que le dessous du corps, vert-jaunâtre : rémiges pri- maires vert foncé, avec la page externe bleu-indigo noi- râtre; collier partant du bas de la gorge, et faisant le tour du cou, d’un joli vert émeraude ; bec d’un beau rouge vermillon en dessus, jaunâtre à la pointe, d’un brun corné en dessus, avec la pointe jaunâtre. Longueur totale, 26 cent.; de l’aile fermée, 14 cent. ; de la queue seule, 15 cent. Cette description a été prise sur un sujet parfaitement adulte, qui ressemblait en tout à deux autres provenant, comme celui-ci, des Philippines. Ce qu'il y a de re- marquable, c’est que, quoique modelée sur la forme de la Colomboïdes (avec laquelle elle a beaucoup de rap- port), cette espèce n’a pas, comme elle, de collier noir, ni les rectrices médianes allongées, ainsi qu’on le re- marque chez toutes les espèces de ce groupe, puisque, dans notre espèce, la queue est de la longueur du corps. Nous avons dédié cette belle espèce à notre ami M. Lagironière, comme un hommage dû à l’intérêt qu'il a Loujours pris à l’avancement des sciences en facilitant les naturalistes qui ont visité les Philippines à pour- suivre leurs recherches, chose que nous avons été à même d'apprécier nous-même, pendant notre séjour dans cette terre promise de l’histoire naturelle. La femelle est, en dessus comme en dessous, entière- ment verte, à l’exception du bas du dos et du croupion, qui, au lieu d’être d’un bleuâtre-violet-cendré, sont d’un bleu-lapis très-pur. La couleur de ces parties est tout aussi vive et aussi pure chez les jeunes mâles; TRAVAUX INEDITS. 197 mais la tête et les joues de ceux-ci commencent à devenir poudreuses et grisätres, et le menton noirâtre comme chez l'adulte; mais ces jeunes mâles ont le bec entière- ment noirâtre, tandis qu’il est d’un rouge-brun chez la femelle. Mécances z00oL0cIques. — Notices et observations sur quelques vertébrés nouveaux pour la Faune de la Provence; par M. Z. Gers. — Suite. (Voir t. IV, p. 128, 161 et 305.) IV. Nonce sur le Parus borealis, de Sélys (Mésange boréale.) En 1843, M. de Sélys-Lonchamps, dans une note qui fait partie des Bulletins de l’Académie royale des Sciences et Belles-lettres de Bruxelles (1), a signalé l’existence, en Europe, d’une nouvelle espèce de Mé- sange, à laquelle il a imposé le nom de Parus borealis, pour indiquer sa provenance des pays du Nord. Je rapporte à cette espèce un oiseau de nos Alpes provençales, dont l’abbé Caire a fait la découverte en 1848, et sur lequel il a appelé mon attention, lors de mon passage à Barcelonnette, en 1851. Une com- paraison de cet oiseau avec les trois types de P. bo- realis que le Muséum d'histoire naturelle de Paris pos- sède, types qui ont été mis à ma disposition avec un empressement et une obligeance que je me plais à signa- ler, justifie complètement cette assimilation. Sauf une légère dissemblance dans la couleur du bec et des tarses, ces parlies élant un peu plus päles chez les types du Muséum (ce qui peut être dû à des causes acciden- telles) que sur les sujets fraîchement préparés de nos (1) Note sur une nouvelle Mésange d'Europe, Bull. de l’Acadé- mie, etc., 4843, L, X, p. 24. 198 REV. ET MAG. DE Z00LOGIF. (Mai 1853.) Alpes, il ya identité parfaite entre les uns et les antres. Je lui rapporte également la Mésange que M. Bailly avait d’abord prise pour un P. lugubris, mais qu’il a décrite, plus tard, comme nouvelle, sous le nom de Parus alpestris (1). Ce P. alpestris, ainsi que j'ai pu m'en assurer par l'examen de plusieurs sujets donnés au Muséum par M. Bailly lui-même, est exactement semblable, non-seulement à la Mésange de nos Alpes provençales, mais aussi aux types de P. borealis que renferment les collections du Cabinet d'histoire natu- relle. Il doit, par conséquent, être identifié à ce P. boreali, et le P. alpestris disparaître du catalogue des oiseaux d'Europe. Mais le P. boredlis est-il distinct des autres espèces du même genre? Après l’excellent travail de M. de Sélys-Lonchamps, travail dans lequel sont parfaitement indiqués les ca- ractères qui séparent la Mésange boréale de celles qui lui sont voisines, il ne devrait pas y avoir lieu à poser une semblable question. Aussi ne l’aurais-je point fait, si la valeur spécifique de cette Mésange n’était mise en doute par quelques naturalistes, et si d’autres ne la con- sidéraient comme simple race locale, et ne la confon- daient mème avec le P. palustris, probablement parce qu'ils n’ont pu apprécier, de visu, les différences que présentent ces deux espéces. Par ces motifs, et avant de consigner ici quelques observations relatives aux mœurs et à l'habitat en Provence d’uu oiseau que l’on croyait propre au nord de l'Europe, je rappellerai en peu de mots ses caractères différentiels. La Mésange boréale, par sa physionomie, sa colora- tion, appartient manifestement à ce petit groupe que M. Kaup a érigé sous le nom générique de Poecile, et dont la Mésange nonnette (P. palustris, Lin.) est le type. M (1) Bullet, de la Soc. d'hist. nat. de Savoie; janvier 1852. TRAVAUX INÉDITS. 199 Ses affinités avec le P. Sibiricus et le P. luguübris, es- pèces du même groupe, ne sont pas telles qu’on puisse jamais la confondre avec elles. Ellé n’a pas la région anale et les sous-caudales d’un roux ocracé, comine le P. Sibiricus, et sa calotte, aù lieu de s’arrêter à la nuque, Comme chez le P. lugubris, se prolonge bien au-delà. Je néglige les autres traits distinctifs, ceux-ci étant suffisants pour empêcher que l’on confonde entre elles ces espèces. Des rapports plus étroits existent entre la Mésange boréale el deux autres de sés éongénères, le P. dtriva- pillus, et surtout le P. palustris. Aussi conçoit-on qu’on ait pa la mécoñnaitre pendant longtemps, et que, au- jourd'hui encoré, son individualité soit mise en qués- tion. Cépendant, si grands que soieñt ces rapports, une comiparaison, même superficielle, laisse saisir des difté- reñices 18$ez appréciables pou rendre facile là détérmi- nation de cette Mésange. Ellé se distingue du P. ülicapils, 6iseatt de l’Amé- rique septentrionale, par deux caractères essentiels : chez elle, l’ongle du pouce est fort et aussi long qüe ce doigt ; il est plus faible et un peu plus court chez le P. atricapillus. Le plastron noir qui, sur cetté dernière espèce, est large et descend jusqu’à la poitrine, est loin d'attéindre cette région ëhéz la Mésange boréale, et à, sur les côtés du cou, des limites plus bornées. J'ajoute- rai que, sur notre espèce, les franges des rémiges et les bordures dés moyennes et petités téctricés alaires sont d’un cénidré moins pur et moins étendu. Enfin, la Mésange boréale, bien plus voisine dé la Mésange notinette qué de sès autres congénères, en dif- fère cependant : 1° Par une taillé d'un centiñnètre environ plus grande; celte différence étant principalement due à ce que là queue, chez elle, a, en moyenne, 60 miim., tan- dis que celle du P. palustris n'en a que 52 ; 200 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1853.) 2 Par une aîle plus longue de 6 mm. : cet organe, mesuré de l'articulation radio-carpienne à l'extrémité des plus grandes rémiges, ayant 66 mm. chez le P. bo- realis, et 60 seulement chez le P. palustris ; 3° Par un bec plus fort, plus élevé, plus large à sa base, moins comprimé dans sa moitié antérieure ; 4° Par des pieds et des ongles notablement plus ro- bustes, le pouce ou le doigt du milieu, l’ongle compris, ayant environ 2 mm. de plus chez le P. borealis que chez le P. palustris ; 5° Enfin, par le blanc un peu plus pur des joues et de la région des oreilles. Je passe sous silence d’autres petits attributs tout aussi différentiels. Malgré les affinités que la Mésange boréale et la Nonnette présentent sous le rapport de l'étendue de la calotte et du plastron de la gorge, de la coloration des parties inférieures, et même des teintes du dos, les caractères que je viens de signaler rapide- ment me paraissent de nature à faire distinguer ces deux espèces. La Mésange boréale a le genre de vie et les habitudes générales de ses congénères ; comme elles, elle est ac- tive, d’une mobilité extrême, sociable, acariâtre et courageuse; comme elles aussi, elle se nourrit de grai- nes, de fruits sauvages, et principalement d’insecles qu’elle cherche en voltigeant et en se suspendant à l’ex- trémité des rameaux, ou en s’accrochant au tronc des arbres. Mais son histoire offre quelques particularités que je crois bon de signaler, parce qu’elles confirment la distinction établie entre cette Mésange et la Nonnette. Autant cette dernière paraît se plaire dans les en- droits humides, marécageux, complantés de saules, d'aulnes, d’osiers, sur les bords boisés des rivières, au- tant la Mésange boréale semble éviter ces lieux. Ce n’est pas à dire qu’on ne puisse l'y rencontrer quelquefois, inais elle préfère les localités montueuses, et elle les TRAVAUX INÉDITS. 201 abandonne rarement. Habituellemeut, comme la Cer- thia Costæ, elle fréquente les bois de pins, de sapins et de mélèzes, ceux surtout qui sont situés au nord des montagnes. Cependant, son habitat est moins limité que celui du Grimpereau Costa; car si elle s’éléve aussi haut que lui dans les régions moyennes de nos Alpes, elle descend aussi plus bas; et, l'hiver, lorsque les neiges les envahissent, elle vient habiter les bois des collines qui se trouvent à leurs pieds. On peut même alors la rencontrer dans quelques vallées basses et dans les vergers. Aux environs de Barcelonnette, où la Mésange bo- réale vit sédentaire, à l’exclusion de la Mésange non- nette, qui n’y a jamais été observée, pas même au mo- ment des passages de mars et d'octobre, il est excessi- vement rare de voir cet oiseau seul. Aussitôt que les pontes sont terminées, il forme de petites familles que viennent fréquemment grossir d’autres familles de Mésanges huppée, bleue, petite charbonnière, et même de Roitelet couronné. Toutes ces espèces, ainsi réunies, exploitent en commun les bois de sapins, de mèlèzes, au centre desquels ils s’enfoncent, ou dont ils se bor- nent à visiter les lisières. Mais la Petite charbonnière est, de tous ces oiseaux, celui dont la Mésange boréale semble préférer la société. Soit qu’il y ait entre elles une plus grande analogie de mœurs, soit qu’elles s’at- tirent réciproquement par leurs cris d'appel (1), ces cris {1) J'attribuerais volontiers à ce second miouif l'union étroite qui semble régner entre ces deux Mésanges. Une partie du cri d'appel de la Mésange boréale exprime, à s’y méprendre, celui de la Pe- tite charbonnière. On peut rendre ce premier cri par les syllabes ptehi, pichi, dites à égal intervalle, un peu vite et eu traïnant sur la voyelle {; mais ce cri est presque loujours suivi d'un autre, très-caractérisé, et qui distingue la Mésange boréale de toutes ses congénères. Ce dernier s'exprime par les syllabes brè, brè, br, dites comme les premières, en faisant grave et longue la voyelle 2. 202 REV. ET MAG, DE ZOOLOGIE, (Mai 1853.) ayant quelque rapport, toujours est-il que l’on rencon- tre rarement une espèce sans l’autre, C’est vers la fin de mars ou au commencement d'avril que la Mésange boréale se livre à l’acte de la reproduc- tion, Comme, à cette époque, les neiges n’ont pas en: core entièrement abandonné les régions moyennes où elle se plaît d'ordinaire, elle fait une première ponte dans des localités plus basses, et, dans ce cas, construit plus particulièrement son nid dans les trous naturels des arbres fruitiers, Sa seconde ponte ayant lieu lors- qu'il lui est possible de gagner des régions plus éle- vées, elle choisit alors de préférence les troncs creux des sapins et des mélèzes, Son nid, comme celui de presque toutes les Mésanges, est assez grossièrement construit : il se compose, à l'extérieur, de brins de mousses et d'herbes, et, à l’inté- riéur, de crins, de plumes, de bourre et d’aigrettes de chardons. | La ponte est de huit à dix œufs blancs, renflés, obtus aux deux extrémités, et parsemés de petites taches et de points rouges, Quelquefois ées taches sont assez nombreuses au gros bout pour se confondre ; mais, le plus ordinairement, clles n’y forment qu’une couronne très-incomplète. Ces œufs, qui diffèrent notablement de ceux dé la Mésange nonnette, se rapprochent tellement de ceux de la Mésange huppée, qu’il est assez souvent difficile de pouvoir les distinguer lorsqu'uné fois ils sont mêlés. Cependant, ceux de la dernière espèce sont, en général, un peu plus gros, ont un fond de coquille plus pâle ou plus jaunätre, et ont des faches plus gran- des, plus nombreuses et plus confluentes à leur grosse extrémité. Par suite de la découverte de la Mésange boréale dans nos Alpes provençales, et dans les Alpes de Ja Savoie, la distribution géographique de cette espèce se lrouve singulièrement agrandie, Cet oiseau n’est pas TRAVAUX INÉDITS. 205 seulement originaire des pays du Nord, tels que l'Is- lande, la Norwège, la Russie, comme sa provenance de ces contrées pouvait le faire croire; mais elle est également propre aux parties froides de l’Europe méri- dionale. Monocnarrue de lAncylus Janii (Ancylus capuloides , Porro), par M. J.-R. Bourcuicnar. L’Ancylus capuloides fut découvert, vers l’année 1835, dans les torrents de la Lombardie, par Jan, conchylio- logue italien, qui lui donna le nom sous lequel jusqu'à ce jour il a été connu dans la science, le répandit dans es collections, et chargea du soin de le décrire son ami Carlo Porro, de Milan. Ce dernier était sur le point de publier son petit tra- vail sur les Mollusques de la province de Comasca. C’est dans cet ouvrage (1) qu’il consacra à notre Ancyle, auquel il conserva le nom imposé par Jan, les quelques lignes de descriptions qui l'élevèrent au rang de$ es- pèces. Depuis cet auteur, il n’a été parlé, à notre connais- sance, de l'Ancylus capuloides que dans les ouvrages sui- vants : Villa (Ant. et Jo, Bapt. ). — Dispositio syst. conch. terr, fluv.quæ adservantur in collectionc fratrum, ele... 1841, p. 39. Villa (Ant. et Jo. Bapt.), — Catalogo dei Molluschi della Lombardia. 1844, p. 8. Catlow (Agnes), et Reeve (L.). — The Concholog. no- menc], a Catal. of all the recent species of Shells, ete. 1845, p. 184, n° 1. {1) Malac. terr. e fluv. della prov. Comasca, — 1838, p. 87, n°75, C1 07. 204 REV. ET MAG. DE Z00LOGIE. (Mai 1853.) Graëlls (P.). — Catalogo de los Moluscos terr. y de agua dulce observados en España. 1846, p. 22, n° 1. Dupuy (D.). — Catalogue extram. Galliæ test. in opere cui titulus : Hist. nat. des Moll. terr. et d’eau douce de France. Febv. 1849, p. 4", n° 5. Jay (John, C.). — A Catalogue of the Shells, ete... 1850, p. 272, n° 6375. Dupuy (D.). — Hist. nat. des Moll. terr. et d’eau douce qui vivent en France, etc... 1848-1852, — 5° fase. (1851), p. 499, n° 2, tab. xxvwr, n° 2. Enfin, sous le nom d’Ancylus fluviatilis (Müll.), var. B., capuloidea, cette espèce a été le sujet d’une no- tice (1) signée Gassies: — Quelques faits d’embryogénie des Ancyles, et en particulier sur l’Ancylus capu- loides, ete... In : Actes de la Soc. Linn. de Bordeaux, tom. VII, 2° série. 1852, p. 570, fig. 14, 15. Parmi ces divers auteurs, trois seulement ont décrit cet Ancyle : C. Porro en 1858, MM. D. Dupuy en 1851, et Gassies en 1852. Examinons maintenant la valeur des caractères qu’ils y ont attribués. 1° Diagnose de l’Ancylus capuloides, de C. Porro : Testa magna, alba, crassa, transverse subrugata; vertice poste- riore, subreflexo, obluso, mediauo; apertura ovata. 2 Diagnose de M. l'abbé D. Dupuy : Testa cucullata, subdepressa, transverse subrugata; vertice posteriore subreflexo, obluso; apertura late ovato-rotundata. — Solidula, subopacula, albida, epidermide griseo sæpe etiam vivente incola amolo. 3° Description de M. Gassies : « Coquille dextre, semblable, pour la forme, à celle de la va- riélé A (2), mais beaucoup plus grande, arrondie, patelliforme, à sommet recourbé, arrondi, dirigé en arrière; striée finement en (1) Cette notice a été analysée dernièrement par M. Aucapi- taine dans le deuxième n° de la Revue zoologique de l’année 1853, p. 90 et 91. (2) Ane, fluviatilis, TRAVAUX INÉDITS.* 205 loig et comme radiée ; zones blanches dans le seus des accroisse- ments ; bords tranchants et souvent relevés en gouttière; couleur cornée, blanchâtre, lorsqu'elle est nettoyée, verdâtre et encroutée à l'état normal; intérieur très-luisant. » On voit, par ces diagnoses, que les conchyliologues prétendent distinguer cet Ancyle au moyen de trois ordres de caractères : D'abord, par ceux qu'ils tirent du facies général de la coquille, tels que la grandeur, les dépressions, la couleur, la solidité, l'épaisseur, les stries, etc... du Lest ; Secondement, par ceux qui tiennent à la position, à la courbure, etc... du sommet; Troisièmement, enfin, par l’ovalisme plus ou moins symétrique de l'ouverture. Examinons cette méthode. Le premier ordre de caractère offre-t-il réellement l'importance que ces savants veulent y attribuer ? Les différences extérieures sont-elles assez constantes pour qu’on puisse fonder sur elles la création ou la conser- vation d’une espèce? Nous ne le pensons pas. À quoi tiennent, en effet, le plus souvent les formes et les signes extérieurs des coquilles? Aux milieux et aux circonstances dans lesquels elles vivent. C’est d’abord la composition géologique du terrain, ou la crudité plus ou moins prononcée des eaux : c’est ensuite l’alimenta- tion plus où moins abondante qu'il lui est possible de se procurer; ce sontencore les maladies et les accidents. Le terrain, les eaux font sentir leur action, particu- lièrement sur le test; c'est d’eux qu’en dépendent l’é- paisseur, l'opacité, la couleur, les rugosités. Par exemple, le calcaire y estil abondant? le test est opaque. Fait-il défaut? la coquille est vitracée. Si cette coquille est épaisse et opaque, elle présente une cou- leur blanchâtre ou grisâtre. Lorsqu'elle est mince et vi- tracée, la couleur en est jaunâtre el succinée. C'est ce 206 REV. ET MAG. DE Z00L061&. (Mai 1853.) que démontrait encore dernièrement le Journal de Conchyliologie dans deux notices curieuses, l’une de M. Ernest de Sauley (1), la seconde de M. Paul KFis- cher (2). Les Mollusques terrestres, aussi bien que ceux qui vivent au sein des eaux, subissent les influences de la composition du sol. Dans l'ile de Corse, l'Helix aspersa, qui habite un ter- rain calcaire, est grande, épaisse, opaque, crélacée cl enfin chagrinée à l'instar de celle de France. Celle, au contraire, qui se rencontre sur le sol siliceux et grani- tique est petite, unicolore, vitracée, et offre à peine la consistance d’une pelure d’oignon. L’Helix Hortensis des terrains granitiques de l’Au- vergne esttout-à-fait pellucide, unicolore, et ne présente plus ces zones si variées dans leur forme, leur position et leur couleur, qu'on lui connait. La Lymnæa Peregra des eaux calcaires est grande, épaisse, crétacée, d’une couleur foncée, enfin parfaite- ment bien formée. Celle des eaux des terrains siliceux est petite, pellucide, suceinée, toujours brisée au som- met; c’est alors la Lymnæa Blauneri de Shuttleworth. Nous pourrions citer une foule d'exemples analogues sur la variabilité des signes extérieurs chez les Mollus- ques terrestres et fluviatiles, tels queles Heliæ nemoralis, aspersa, piéta, ericetorum, variabilis, etc ; les Eymnæw ovata, minute, ete. ; les Neritina fluviatilis, etc., ete... Mais lon sait déjà que pour ces coquilles ce facies exté- rieur est si variable, qu’il ne peut être considéré comme un caractère distinctif. Il en est de même pour les plantes, Bien que la cou- leur soit un des caractères spécifiques les plus employés (4) Note sur FAmpullaire œil d'Amwmon fAmpullaria effusa, Lam), in : Journ. de Conch., 1851, p. 132-140. (2) Note sur l'érosion du têt chez quelq. coq. fluv. univ., in: Journ. de Conch., 1852, p. 505-510. TRAVAUX INEDITS 207 en botanique, c’est cependant, selon Gérard, le plus in. certain de tous. «Nimium ne erede colori, a dit Linnæus, et il ajoute plus tard, comme preuve, dans sa Crifica botaniea, qu’en se fondant sur ce seul caractère Tour- nefort a trouvé dans deux jacinthes 63 espèces, et 96 dans une seule tulipe. M. Moquin-Tandon (1) cite l'exemple de certaines gentianes qui, bleues dans la plaine, deviennent blanches à une grande élévation, etc.» Pour en revenir aux Mollusques, s'il en est un qui doive être soumis aux influences des milieux, c’est à coup sûr l’Ancyle, dont la locomotion lente, difficile, l'empêche de s’y soustraire. Pas plus pour lui que pour les espèces que nous venons de mentiovner plus haut, il n’est donc possible de s’en rapporter à la couleur el aux autres signes extérieurs du test pour y voir des ca- ractères distinctifs. C’est de l’Anceyle surtout qu’on peut dire : Color in eadem specie mire ludit, hinc in differentia nihil valet. L'alimentation, à son tour, influe puissamment sur l'animal, et e’est à elle qu’en est due le développement plus ou moins considérable en longueur, hauteur et épaisseur. Nous voyons pareille chose chez les Mammifères, les Oiseaux, les Insectes, les Plantes, ete. Aussi tous les naturalistes sont-ils d'aecord sur ce point, qu’il ne faut pas regarder comme des caractères sérieux les dimen- sions extérieures. Magnitudo, a dit Linnæus, species non distinquit. C'est à un principe qu’il faut appliquer aux Mollusques. Tous les conchyliologues ont pu re- marquer le volume extraordinaire des coquilles retirées de vieux viviers, et l'exiguité notable de eelles qui vivent dans les eaux calcaires. C’est ainsi que les Lymnæa stagnalis, palustris, deviennent énormes dans certains élangs, landis que dans des rivières, aux eaux crues, (1) Éléments de terat, végét., etc. 208 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1853.) elles atteignent à peine la taille de la Minuta. C’est sur- tout sur les Anodontes, les Pisidies et les individus de notre genre que l'influence de l’alimentation se fait sur- tout sentir. Nous citeronsnotamment, parmi les Ancyles, le simplex, qui tantôt grand ou petit, tantôt lisse ou strié, présente plus de dix-sept formes habituelles qui toutes ont été élevées à tort au rang d’espèces. Les maladies et les accidents enfin sont des causes manifestes de déformation. Tous les animaux ont des parasites. Le Limaçon (1), notamment, a un insecte qui le tourmente ; la Mulette, la Lymnæa (2) ont des vers qui les rongent ; l’Ancyle possède également des ennemis. Les uns appartiennent au règne animal; ce sont de petits vers du groupe des Naïs, et l’Hydre d’eau douce; ils se glissent entre le test et l'animal, ou dans les plis du collier, et causent alors des tuméfactions et des ex- croissances qui apportent un dérangement notable dans l'organisme et dans la forme de l’Ancyle. Les autres appartiennent au règne végétal ; ce sont certains cryp- togames aquatiques qui s’incrustent sur le test, en érosent le sommet, et contrarient le développement du Mollusque. À chaque instant ceux qui étudient les An- cyles peuvent remarquer des perturbations de cette sorte : les dénudations de la coquille, les renflements subits de certaines parties, les sinuosités brusques dans les bords du péristome, sont autant d’indices de ces accidents. N’a-t-on pas formé, en se fondant sur des signes de cette nature, l’Ancylus sinuosus, qui n’est qu’une monstruosité accidentelle ? Arrivons maintenant aux caractères du second ordre, (1) Réaumur. — Sur l’insecte des Limaçons. In : Mém. de l’Acad. des Sc. de Paris, 1710, p. 305-310. (2) Charvet. Note sur un Hydrachne parasite des Moll. d’eau douce, in :Bull. de la Soc. des Se. nat., etc., de l'Isère, 1840. tom. Ier, p. 400-402. TRAVAUX JNEDITS. 209 c'est-à-dire à la forme, à la courbure, à la position du sommet. Doivent-ils, plus que ceux du premier ordre, être pris au sérieux ? En général, les caractères pris du sommet sont d’une haute importance pour le genre Ancyle. Nous ne le nions pas; mais il se trouve justement que, pour l’es- pèce capuloides, ils ne peuvent être d'aucune valeur, le sommet de cet Ancyle étant identique à ceux des es- pèces simpleæ, gibbosus, ete... Or, en principe, les caractères communs à plusieurs espèces d’un même genre ne doivent point trouver place dans les diagnoses particulières de ces espèces, puisqu'ils sont inutiles pour en établir la distinction. Note collatitiæ, cum aliis speciebus ejusdem generis, malæ sunt. Quant aux caractères du troisième ordre, à savoir, l’ovalisme plus ou moins symétrique de l’ouverture, nous croyons également qu'il y a lieu de les rejeter. Ils offrent, S'il est possible, moins de constance encore que tous les autres. Les conchyliologues en auront fa- cilement la preuve matérielle s’ils le vealent ; que pour cela ils recueillent vingt, trente, cent échantillons de la même espèce, pris au même endroit, et il n’en est pas un seul qui n’offrira une forme d’ouverture toute diffé- rente des autres, depuis l'ovale parfait jusqu’à l’ellipse la plus régulière. Ainsi, voilà donc les caractères que jusqu’à ce jour l'on a pris pour distinguer l’Anc. capuloides. Comme on le voit, ils sont mauvais, ils n’ont aucune impor- tance scientifique ; et cela est si vrai que, lorsqu'il a eu à les apprécier, M. Gassies en a méconnu la valeur, et a cru pouvoir détruire une espèce qu’il ne pouvait distin- guer d’une manière suffisante ; et, sous ce rapport, il a eu raison, Il a eu raison et il a eu tort, parce que si le capu- loides, dans cet état de choses, n’avait pas une existence 2° sËme. r. v. Année 1853. 14 20 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1853.) bien déterminée au point de vue de la science, il n’en existe pas moins en fait. C’est une bonne espèce; le tout est d’en reconnaitre les caractères véritables, les signes réellement distinctifs, Mais, avant d'exposer les véritables caractères du ca- puloides, nous allons dire un mot des travaux anato- miques publiés jusqu’à ce jour sur ce Mollusque. Est-il vrai, ainsi que l’enseigne M. Gassies, qu'il n’y ait pas entre l'animal du capuloides et celui du fluvia- tilis de différences essentielles qui en motivent la sépa- ration ? Nous avouons, pour notre part, que, bien que notre conviction soit contraire, il nous est impossible de con- tester l’opinion du naturaliste d'Agen par des faits. Il ne nous a pas été permis de faire l’anatomie de cet animal, dont la coquille ne nous a été transmise que vide. Porro ne parle pas de l'animal du capuloides, par l'excellent motif qu'il n'en a trouvé la coquille que dans les alluvions, sur le bord des torrents. M. D. Dupuy en dit seulement ceci : Animal Ane. flu- viatilis incolæ omnino simile. Puis , si par suite de ce renvoi l’on se réfère à la diagnose qu’il consacre au flu- viatilis, Von s'aperçoit que cet auteur n’y énonce que cer- tains caractères extérieurs de ce Mollusque, caractères un peu trop secondaires auprès de ceux que peut four- nir la dissection des organes, — M. l'abbé Dupuy n’a done point fait l'anatomie du eapuloides. Reste donc le travail de M. Gassies, dont on connaît les conclusions. La lecture attentive que nous en avons faite n’a pu nous convaincre, nous l’avouons, de ce qu’a prétendu y démontrer cet honorable naturaliste, à savoir, qu’au point de vue anatomique le capuloides est identique au fluviatilis; qu’en conséquence, il ne peut en être séparé. Nous avons remarqué tout d'abord dans celle notice, TRAVAUX INÉDITS. 211 au sujet de certains points déjà connus, des inexacti- tudes si évidentes et si graves en même temps, que nous avons dû craindre que, sur les autres points éncore ignorés, des erreurs non moins capitales né se soient produites. L'on partagera nos craintes, si l’on veut bien songer qu'il s’agit ici d'animaux d’une extrème petitesse, et dont les organes sont si tenus, si délicats, que l’anatomiste le plus expérimenté peut à peine s’y reconnaitre. Voici d’ailleurs quelques-unes de ces inexactitudes faciles à vérifier, parce que le contraire est déjà connu, que nous avons relevées dans le travail de M. Gassies. Les citations que nous allons en faire justifieront l'ob- jection générale que nous opposons à l’opinion qui ÿ est exprimée. «…. Tout prouve, dit M. Gassies, la présence de ve- rilables branchies. — Ces branchies sont, en effet, pla- cées au milieu du côté gauche, dans une cavité où elles reçoivent l'air ambiant et le dégagent à volonté. » M. Gassies a reproduit là une erreur de M. de Blain- ville, que M. Moquin-Tandon a déjà relevée. « L’organe respiratoire de ce Mollusque est une poche petite, oblongue, étroite, et située à la partie gauche de Pani- mal et en avant du rectum. Elle présente simplement un plafond mince, membraneux, confondu avec le man- teau, dans lequel se trouve un réseau vasculaire à peine appréciable. » (Moq.) En supposant d’ailleurs, avec M. Gassics, que l’An- eyle soit un vrai pectinibranche, comment cet auteur a-Lil pu dire que Les branchies reçoivent l'air ambiant? M. Gassies: « D'après les auteurs anglais, et de l'avis de M.Moquiu-Tandon, l’Ancylus fluviatilis est à coquille dextre et à animal sénestre, tandis que l'Ancylus lacus- {ris à sa coquille et son animal dextres. » Gray, en créant, pour l’Ancylus lacustris, son genre Velletia, a dit seulement : « Animal but dextral ; 5 mais 912 REV. ET MAG DE ZOOLOGIE. (Maui 1853.) Jamais il n'a indiqué, pas plus que l’illustre professeur, quela coquille du lacustris était également dextre. Si M. Gassies veut examiner des échantillons de ce Mollus- que, il s’apercevra tout d’abord qne la coquille a son sommet rejeté à gauche, et doit, par conséquent, être qualifiée de sénestre. M. Gassies : « Organes de la génération monoïques. » En supposant que les termes monoïique, dicique . uniquement employés jusqu’à ce jour dans le langage de la botanique, puissent passer dans celle de la conchylio- logie, c’est celui de divique qui, dans tous les cas, eût pu seul caractériser les organes en question de l’Ancyle. Mais pourquoi ne pas dire, comme tout le monde, que cet animal est androgyne ? Nous ne répondrens rien aux observations que l’ho- norable auteur a présenté sur l’accouplement et sur la ponte de l’Ancyle. Nous serions d’abord obligé d’ana- lyser ces observations, et cela nous mènerait trop loin. MM. Bouchard-Chantereaux et Moquin-Tandon ont pu- blié, sur le même objet, des travaux remarquables. En s’y reportant, il sera facile de voir en quoi pèche l’ex- position de l’auteur des Mollusques de l’Agennais. Sans doute il a pu trouver que le dessin joint à la no- lice de M. Bouchard-Chantereaux offre une symétrie trop recherchée dans la position des embryons; mais était-ce un motif pour lui de tomber dans l'excès contraire et de donner, dans les Bulletins de la Société linnéenne de Bordeaux, qui méritaient mieux, des figures qui ne se- raient pas mêmesdignes des ouvrages de Belon et d’Al- drovande ? Terminons, avec l'honorable auteur, en lui rappe- lant, à propos de son mot capuloidea, une règle géné- rale ; c’est que, lorsque d’un nom d’espèce on veut faire un nom de simple variété, on doit conserver le mot in- tact, sans l’adjectiver. Puisque nous voici arrivé aux règles qui président à TRAVAUX INÉDITS. 215 la composition des noms d’espèces, profitons-en pour dire immédiatement, et aussi succinctement que pos- sible, en quoi le mot capuloides, donné par Jan à notre Ancyle, ne nous a pas paru irréprochable, et pourquoi nous l’avons rejeté. Le mot capuloides est composé du vocable latin ca- pula (Varron), tasse, petit vase, et, par extension, bon- net phrygien, et du mot grec #à:, forme, apparence. Or, Linnæus, dans sa Philosophica botanica, où il pose les diverses lois de l’histoire naturelle, et, en particu- lier, de la botanique, s'exprime ainsi : « Nomina yenerica, ex vocabulo græco et latino, hy- brida, non agnoscenda sunt. » Et un peu plus loin : « Nomina generica in oides desinentia, releganda sunt. » (1) Ces règles ont été de tout temps suivies par les natu- ralistes consciencieux ; elles ont le consensus omnium. On en voit la preuve dans presque tous les ouvrages des botanistes et de la plupart des zoologistes, parmi les- que!s nous citerons les travaux d’Artedius, de Dillen, de Decandolle, de Duby, d’Agassis, de Geoffroy-Suint-Hi- laire, de Koch, etc... C’est pour nous y conformer, et en même temps pour conserver le nom du premier auteur de cette coquille, que nous lui donnons la désignation inscrite en tête de cel article. Il nous paraît, en effet, indispensable de tout rame- ner dans la science à l’observation des principes. Si l'on était plus pénétré de cette vérité, la malacologie {1) Ces deux lois, que nous venous de citer, s'appliquent aussi bien aux noms génériques et spécifiques qu'aux noms des familles, des ordres, etc. C’est d'ailleurs ce qui résulte de cette règle de Linvæus : « Nominum classium et ordinum cum genericis par est ratio. » Et de cette phrase : « Ut genus se habeat ad species, {ta ordo ad genera, et classis ad ordines. » 214 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1853.) n’en serait pas arrivée au degré de confusion, au mé- lange de tous les systèmes qu’elle offre aujourd’hui. « Filum ariadneum methodus, sine quo chaos. » (La suite à un prochain numéro.) Onrservanions sur les métamorphoses des Coléoptères du genre Cebrio, par M. Leréeune pe Cenisy (1). — Planche 7. Quoique l’insecte, objet de ces observations, ait été connu dès 1787, et décrit à cette époque par Fabricius sous le nom de Cistelu gigas (Mantissa Insect., t. I, p. 84), ce n’est qu’en 1790 qu’il est devenu le type d’un genre propre fondé par Olivier sous le nom de Cebrio. A cette époque, Olivier, guidé par le facies et les caractères extérieurs de cet insecte, dont il ne connais- sait que le dernier état, l’avait placé, avec raison, dans le voisinage des Taupins (Eluter), et il avait considéré sa femelle comme une autre espèce en disant, avec Rossi (1790), qu’on serait tenté de regarder cette espèce comme appartenant à un autre genre. La différence considérable qui existe entre la struc- ture des antennes des mâles et des femelles avait même porté Latreille, en 1810 et 1817, dans ses Considéra- tions générales sur l'ordre naturel des Crustacés et In- sectes, et dans le Nouveau Dictionnaire d'Histoire natu- relle, à former, avec cette femelle, un genre distinct, qu'il avait désigné sous le nom de Hammonia, et que (4) Suivant l'invitation de M. de Cerisy, j’ai ajouté quelques no- tes à son travail et une description détaillée de cette curieuse larve, faite par M. Chapuis, naturaliste belge, auteur, avec M. Candèze, d'une Histoire naturelle des larves des Coléoptères, qui va paraître incessamment en Belgique. TRAVAUX INÉDITS. - 215 Leach établissait, à peu près à la même époque, sous celui de Tibesia. C’est en 1812 que j’ai observé, à Toulon, un cas d'ac- couplement de deux individus, l’un appartenant au genre Cebrio et l’autre au genre Hammonia, et c’est à la même époque aussi que M. de Cerisy faisait la même découverte. Plus tard, notre célèbre maître Latreille en fut informé ; M. de Cerisy lui envoya les insectes par- faits qu'il avait reconnus si positivement appartenir à la même espèce, et il promit de faire des recherches pérsévérantes pour découvrir leurs métamorphoses, et rendre ainsi leur histoire naturelle complète. Il y est enfin parvenu l’année dernière, comme on va le voir par l'extrait de son intéressant Mémoire ; mais, avant de le donner, il est utile de rappeler en peu de mots les particularités singulières que l’on con- naissait des mœurs de cet insecte à l’état parfait. Tous les Cébrions connus n’ont été rencontrés jus- qu'ici qu'à l’état parfait. Ils volent en grand nombre pendant les fortes pluies de l’automne, cherchent leurs femelles qu’ils ne devront jamais voir, car celles-ci ne sortent pas de terre; ils sentent leur présence, grat- tent la terre, et finissent par mettre à découvert l’extré- mité de leur abdomen pour les féconder. C’est en allant aux endroits où l’on voyait s’abattre plusieurs mâles, qu’on est parvenu à trouver la femelle qui lés attirait ainsi. Ces particularités ont êté l’objet ‘des observations de M. de Cerisy et des miennes, dès 4812. Depuis, on a publié plusieurs Notices sur lé même sujet, soit dans les Annales de la Société entomologique (1833 et 1837), soit dans ma Revue zoologique (1839); mais personne n'était parvenu à connaître la larve de ces insectes. C'est à M. Lefébure de Cerisy que l’on doit enfin cette découverte. Depuis longtemps il soupçonnait qu’une larve 216 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. (Mai 1853.) jaune, cylindrique et très-dure, qu’il trouvait à toutes les saisons dans la terre, aux endroits où il voyait chaque année voltiger des Cébrions, pourrait bien être le premier état de ces insectes ; mais toutes les tenta- tives qu’il avait faites pour l’élever étaient restées in- fructueuses. Aujourd’hui il a pu enfin faire connaître aux entomologistes le résultat de ses patientes investi- gations dans la note suivante : « Occupé à faire défricher quelques parties de mon jardin, situé dans les montagnes, à 27 kilomètres au nord de Toulon, et à 260 mètres au-dessus du niveau de la mer, j’eus souvent l’occasion de trouver dans des terres argileuses, mêlées de cailloux, une larve jaune, longue, cylindrique, très-dure, très-lisse, qui se pré- sentait à différents états de grosseur (fig. 1. 2.3.) dans toutes les saisons de l’année. Mes essais pour la nourrir n’eurent d’abord aucun succès. L’inspection des lieux où, chaque année, après les pluies d'orage, qui arri- vent en août et septembre, je voyais voltiger quelque Cebrio gigas mâle, me fit soupçonner que ces larves pouvaient être le premier état de ces insectes à la re- cherche de leurs femelles, qui, à cette époque, se pré- sentent pour être fécondées à l'ouverture des galeries qu’elles pratiquent dans la terre. « Je tenais d'autant plus à m’assurer de ce fait, que j'avais été, il y a déjà bien des années, le premier à of- frir à M. Latreille les Cebrio mâle et femelle que j'avais pris accouplés, et qui firent tant de plaisir à notre cé- lébre entomologiste. «Ma persévérance obtint cette année un plein succès. Le 20 juin dernier, je {us assez heureux pour trouver une larve plus grosse que de coutume, et ayant déjà commencé à former une cavité qui me semblait devoir être la place destinée à sa métamorphose. Je pris avec soin toute la masse de terre, qui fut consolidée dans une TRAVAUX INÉDITS. 217 boîte faite exprès, et, le 22 juin, la larve se replia sur elle-même (fig. 5.) et cessa ses mouvements. « Le 4 juillet, elle se changea en chrysalide (fig. 7. 8.) d’une couleur jaune pâle, qui prit, peu de jours après, une nuance fauve. La forme de cette nymphe confirma mes soupçons : on y voyait déjà l’insecte par- fait. «Devant faire un voyage à Digne à cette époque, et présumant que la dernière métamorphose aurait lieu pendant mon absence, je ne voulus pas abandonner mon insecte. Toutes les précautions furent prises en route pour éviter les secousses, et l’insecte parfait arriva le 5 août : c'était un Cebrio gigas femelle. « Parveru à bien connaître les divers états des Cebrio gigas, ma curiosité n’était cependant pas satisfaite. Je désirais savoir comment ces larves pouvaient vivre à une profondeur de 50 à 60 centimètres dans une terre aride, laissant à peine, pendant l’été, végéter quelques espèces de plantes; je cherchais à m'expliquer comment ces in- sectes pouvaient habiter et cheminer dans un terrain qui, pendant les longues sécheresses, devient d’une du- reté extraordinaire. Plusieurs circonstances vinrent tout m'expliquer. Tenant un jour dars la main de la terre contenant une larve, je sentis les efforts qu’elle faisait pour se frayer un chemin, et j'ai reconnu qu’elle répan- dait une liqueur destinée à ramollir la terre dure et compacte, et que le premier anneau du corps avait la faculté, en se dilatant dans une terre préalablement hu- mide, de pouvoir agrandir les chemins que la larve a besoin de parcourir pour trouver sa nourriture. Les autres anneaux du corps, à partir du troisième, por- tent, en dessus, des plis transversaux qui, par leur mou- vement, permettent d'avancer ou de reculer. Les pattes sont petites el ne peuvent gêner en rien la progression dans les galeries, qui n’ont que les dimensions néces- saires pour le passage du corps, et dont les parois sont 218 REV. ET MAG. DE Z00LOGIE. (Mai 1853.) dures et lisses. Quelques poils roides que l’on voit sur le dernier anneau peuvent encore servir à former un point d'appui; la terre, dure et rugueuse, peut pousser et écarter les molécules de terre; les mandibules, fortes ct tranchantes, peuvent facilement couper les racines dures, filamenteuses et profondes des végétaux qui ré- sistent aux grandes sécheresses. Le corps, cylindrique, lisse, dur, peut ain sans obstacle dans les galeries pratiquées. « L'existence souterraine de ces larves ainsi expli- quée, j'ai composé une terre renfermant la racine des plantes de la localité; jy ai joint les petites racines et le chevelu des arbrisseaux forestiers; et, en y mainte- nant une humidité convenable, je nourris depuis trois mois une vingtaine de larves qui se portent très-bien; mais je ne sais si cet état prospère pourra durer jusqu’à la métamorphose en chrysalide. Ces larves craignent la lumière. Lorsqu'on les met hors de terre, elles s’em- pressent d’y rentrer; et, dans ce cas, leurs petites pattes agissent avec toute la vitesse qu’elles peuvent dé- ployer. « Le 8 novembre dernier, j’ai rencontré dans un es- pace de terrain de quelques mètres trois larves de dif- férents âges et un Cebrio gigas femelle à l’état parfait, ce qui permet de conclure que ces insectes séjournent plusieurs années dans la terre, «J'aurais désiré joindre à ces notes les dessins en couleur de tous les états de l’insecte, avec quelques dé- tails anatomiques ; mais, faute de temps, je crois plus convenable de vous envoyer toutes les pièces à l'appui de mes observations : « 1° Quelques échantillons de terre où se trouvent les galeries pratiquées par les jeunes larves ; « 2° Trois larves de différents âges et un Cebrio gi- gas femelle, trouvés le même jour, 8 novembre, peu éloignés les uns des autres: TRAVAUX INÉDITS. 219 « 3° Une larve à son plus grand développement, d’un jaune fauve vif, mais qui a passé au brun en mou- rant dans une terre humide; « # La dépouille de la larve passant à l’état de nymphe ; « 5° La dépouille de la nymphe en devenant in- secte parfait; « 6° L’insecte parfait, Cebrio gigas femelle; « 7° Quelques larves dans la terre qui, probable- ment, arriveront encore vivantes à Paris; -« 8° Un dessin au crayon des différents états de l'insecte. » M. de Cerisy m'avait prié de compléter les dessins qu'il a faits, d’après le vivant, par une analyse de la bouche de ces larves; mais le temps, m'a manqué, comme à lui, pour remplir son désir, Heureusement ce travail a été exécuté, encore mieux que je ne l'aurais fait moi-même, par M. Félicien Chapuis, qui va pu- blier, en collaboration avec M. Candèze, une histoire naturelle des larves des Coléoptères. Voici la note que cel entomologiste m’a remise à cet elfet : « Nous devons à M. Lucciani la première observation concernant les états primitifs du Cebrio gigas, observa- tion trés-succincte (1) et dans laquelle l’auteur, qui n’a eu à sa disposition que la dépouille d’une larve, se borne à faire connaître qu’elle ressemble, pour la forme et la couleur, à celle des vers à farine. Dans ces der- (1) Voici la note de M. Lucciani, copiée des Annales de Ja So- ciété entomologique de France, année 4845, 2 série, t. III, p. 444. — « 2 Cebrio gigas. Dans le même champ, en recherchant les coques des Vesperus, je trouvai à la même profondeur (6 pouces) plusieurs Cebrio mäles et femelles, à l’état de nymphes, enfermés dans des cavités qu'ils avaient pratiquées dans la terre argileuse, à peu de distance entre eux. La dépouille de la larve est semblable, pour la figure et la couleur, à celle du Tenebrio mo- lilor, » 220 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 18553.) niers temps, M. Lefébure de Cerisy, ingénieur de la marine à Toulon, après de longues recherches, put en- fin se procurer plusieurs larves, et fut assez heureux pour assister à leurs métamorphoses. Il fit part de ses observations à M. Guérin-Méneville, et lui remit tous les objets qu’il avait pu recueillir concernant l’histoire de cette espèce. Le savant que nous venons de citer vient de communiquer à l’Académie des Sciences de Paris les découvertes pleines d'intérêt de M. Lefébure de Cerisy; en même temps il se proposait d’ajouter à ce Mémoire quelques observations plus détaillées et une description complète de la larve. M. Guérin-Méneville, avec cette bienveillance dont nous avons eu tant de preuves, dési- rait que nous pussions enrichir notre travail de ces dé- couvertes récentes; mais, sans cesse occupé de travaux importants, et à la veille d’un voyage scientifique au Midi de la France, il a vu le temps lui faire défaut pour com- pléter ces observations. Toujours désintéressé, et ne recherchant que l'utilité de la science, il a bien voulu nous remettre tous les matériaux qu'il possédait ; de notre côté, nous n'avons rien négligé pour atteindre le but que s'était proposé ce savant distingué. «Genre Ceerio, Oliv. — C. Gigus, Fabr. — Lucciani, Ann. de la Soc. entom. de Fr. 1845. T. III. 2° sér. ; Bull., p. cx1.—Lefébure de Cerisy, Mémoire manuscrit. — Guérin-Méneville. Comptes rendus de l’Acad. des Sc. de Paris, 1855, janvier, t. XXXVI, N°5, p. 225. « Cette larve présente les caractères suivants : « Tête cornée, en partie enfoncée dans le prothorax, à bouche partie en avant et un peu en bas. « Plaque sus-céphalique, légèrement convexe, à sur- face inégale, ridée, ponctuée, ornée en avant de deux carènes transversales flexueuses, peu élevées, sans cha- peron ni lèvre supérieure, présentant, à son bord anté- rieur, au milieu, une pointe aiguë, et, de chaque côté, TRAVAUX INÉDITS. 291 un prolongement subcorné, à contours arrondis et den- sément recouverts de longs poils dorés. « Ocelles nuls. « Antennes articuléés immédiatement en dehors de l'insertion des mandibules, dirigées en avant et reçues dans un sillon creusé à la face externe de ces dernières, formées de trois articles portant quelques soies, les deux premiers presque égaux, le troisième très-grêle, à peine le tiers du précédent en longueur, et accompa- gné d’un petit article supplémentaire de moitié moins long. «Mandibules très-dures, peu allongées, comme exca- vées à leur face supérieure, formées d’une lame falei- forme peu épaisse, large; munies à leur bord interne d’une dent triangulaire un peu arquée, et, en-dessous de celle-ci, de deux séries de longs poils dorés, dispo- sés réciproquement en angle. « Mächoires écailleuses, formées d’une pièce cardi- nale allongée, soudée au menton, dans toute sa lon- gueur, d’une pièce basilaire assez courte, prolongée en dedans en un lobe continu, densément recouvert sur ses bords de longs poils jaunes, portant en dehors un lobe externe mobile, formé de deux articles presque égaux, d’un palpe maxillaire de quatre articles, les deux pre- miers assez gros et courts, le troisième un peu plus long, le quatrième à peu près de même longueur, mais plus grêle. « Lèvre inférieure de Ja même consistance que les mâchoires, formée d’un menton allongé, étroit, soudé avec les pièces cardinales des mächoires dans une grande partie de sa longueur ; présentant antérieure- ment des pièces palpigères entièrement confondues et portant des palpes labiaux bi-arliculés sans trace de languette. « Segments thoraciques revêlus de téguments écail- leux comme les segments abdominaux ; prothorax plus 292 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1853.) long que les deux segments suivants réunis, coupé obli- quement d’arrière en avant aux dépens de sa face su- périeure, de manière que son prolongement inférieur recouvre la plus grande partie de la plaque sous-cépha- lique et la base des organes buccaux;. écusson dorsal lisse, très-développé, recouvrant les cinq sixièmes du segment; écusson ventral étroit, limité par deux sil- lons latéraux, écailleux dans Ha plus grande partie de sa longueur et fortement ridé transversalement. Méso- thorax et métathorax peu allongés, présentant des écus- sons ventraux un peu plus larges que celui du protho- rax et sub-membraneux ; des écussons dorsaux : le premier est lisse, le second est orné de quatre carènes transversales rugueuses. Chaque segment portant une paire de pattes courtes, fortement épineuses, articulées sur les côtés de la ligne médiane, formées d’une hanche obconique, courte, dirigée de dehors en dedans, d’un trochanter, d’une cuisse et d’une jambe à peu près de même longueur, d’un tarse formé par un ongle simple peu développé: Pattes de la paire antérieure insérées au bord postérieur du prothorax, très-réduites, plus courtes et beaucoup plus grêles que les postérieures. « Segments abdominaux au nombre de neuf, cylin- driques, revêtus en dessus et en dessous d’écussons écailleux, résistants; les inférieurs moins développés que les supérieurs ; écusson dorsal du premier orné de carènes semblables à celles du métathorax, mais au nombre de 7 à 8; celui du suivant présentant des ca- rènes analogues, mais beaucoup moins marquées; les autres segments ne présentent en dessus que de légères ondulations. Segment terminal du double plus long que les précédents, à extrémité obtuse, présentant en des- sous, vers son bord antérieur, l’anus sous forme d’une ouverture arrondie, limité par deux sillons latéraux convergents en arrière, de sorte que ce segment parail fornié presque en entier par l’arceau dorsal. TRAVAUX INÉDITS. 223 « Stigmates ovalaires au nombre de neuf paires, la première située inférieurement au bord antérieur de l’écusson dorsal du mésothorax, les huit autres au bord antérieur des huit premiers segments abdominaux. « Cette larve, longue de 5 à 6 centimètres, et large de 5 millimètres, est d’un jaune rougeâtre assez vif, lisse et brillante, parsemée de quelques poils rares, dressés, jaunes, plus nombreux sur les parties anté- rieures et postérieures, à corps tout-à-fait cylindrique, obtus à ses deux extrémités. Elle offre diverses particu- larités remarquables : les pattes sont extrèmement courtes et rapprochées les unes des autres; celles du prothorax, qui sont reportées tout-à-fait en arrière de ce sement, comme chez certaines larves de longi- cornes, sont en quelque sorte atrophiées et inutiles à la progression, comme j'ai pu m’en assurer dans l’exa- men d’une larve vivante. Un autre point beaucoup plus intéressant, et qui, jusqu’à ce jour, n’a été signalé dans aucune autre larve, c’est la faculté que possède celle-ci de gonfler, de dilater l’espace membraneux qui unit la plaque sous-céphalique au prothorax. A l’état ordi- naire, la larve ne présente rien de spécial à cet endroit ; mais, lorsqu'elle relève la tête, et elle peut la porter presque à angle droit avec le reste du corps, non-seule- ment on voit apparaître un espace mou, blanchâtre, orné de stries, mais la gorge est occupée par une dila- tation considérable, comme on peut le voir sur les figures que nous avons données. Il serait assez difficile d'exposer comment cette lamelle membraneuse se dé- ploie et disparaît dans les mouvements alternatifs de la tête de l’insecte. Du reste, ce n’est pas là le point es- sentiel ; il serait beaucoup plus intéressant de connaître le but, la fonction de cet appendice. M. Lefébure de Ce- risy, à qui il n'avait pas échappé, tenant un jour dans la main une motte de terre où se trouvait une larve, sentit les efforts qu’elle faisait pour pénétrer plus pro- 29% REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1853.) fondément, et s’aperçut en même temps que sa main était humectée à cet endroit. Ce fait nous éclairera peut- être un jour sur les fonclions de cet appareil. Est-il destiné à refouler la terre humectée par une espèce de salive, ou bien est-il le lieu de la sécrétion de ce liquide? Cette dernière conjecture paraît plus probable lors- qu'on réfléchit à la Lenture molle et translucide de cette membrane. Quoi qu’il en soit, de nouvelles recherches sont nécessaires pour parvenir à cette solution, sur laquelle l'anatomie pourrait peut-être jeter un grand jour. « De même que l'insecte parfait présente dans sa forme générale certaines analogies avec les Cistélides, la larve rappelle à un haut degré celles de cette famille, el en général des mélasomes. «Mais un examen plus attentif éloigne complètement l’idée de ce rapprochement: c’est aux larves d’Élatérides que nous devons comparer celles des Cebrio. Quelques détails sur ce point de classification ne seront. point hors de propos. La tête des larves d’Elater est toujours déprimée ; dans celle du Cebrio, la plaque sus-cépha- lique est légèrement convexe. A cette première diffé- rence ajoutons l’absence du pseudo-pode anal; la dis- position et l’atrophie de la première paire de pattes, la forme insolite du prothorax, nous aurons les points principaux qui distinguent ces larves. Les analogies sont plus nombreuses et plus importantes : ainsi, dans les demi-groupes, nous devons signaler l’absence d’o- celles, de chaperon, de lèvre supérieure, de languette; la même disposition des antennes, et surtout la compo- sition analogue des màchoires, c’est-à-dire que nous trouvons dans les deux types des palpes maxillaires de quatre articles des lobes externes mobiles, bi-articulés, des lobes internes plus ou moins développés. On observe cependant de légères différences dans la forme de ces parties, etlesmächoires elles-mêmes jouissent, chez les leve et mag. de Loologte, 1853. 1 Frs TRAVAUX INEDITS, 225 Cébrionides, d'une mobilité plus grande. Ces points suf- fisent pour montrer qu'Olivier était dans le vrai en rapprochant le genre Cebrio du genre Elater: mais aussi que les auteurs modernes ont eu raison de for- mer de ce genre une famille spéciale. « La larve du Cebrio gigas, d’après les renseigne- ments fournis par M. Lefébure de Cerisy, vit en terre dans les endroits secs, et se nourrit probablement du chevelu des racines des végétaux. Elle demeure plu- sieurs années sous ce premier état, peut-être trois ans. Parvenue à son entier développement, elle se creuse une loge dans la terre, et s’y métamorphose. La nymphe, dont nous ayons pu examiner la dépouille, ne nous a rien présenté de spécial : on y distingue, sous des formes voilées, les diverses parties des insectes par- faits. Explication de la planche 7. Fig. 1. Jeune larve. — 2. Larve arrivée à son plus grand développement. — 3. Id. Un peu grossie et vue en dessous. — 4. Id. Vue de profil. — 5. Tête et pre- miers segments du thorax grossis, pour montrer la di- latation de la partie membraneuse qui sert à la larve pour travailler et humecter la terre. — 6. Tête grossie et vue en dessus. — 7. Menton, lèvre inférieure, mà- choires et leurs palpes. — 8. Antenne. — 9. Une man- dibule isolée. — 10. 11. 12. Pattes thoraciques, vues au même grossissement pour montrer leur grandeur relative. — 13. Larve prête à se métamorphoser, et terminant une cavité dans la terre. — 14. Chrysalide {projection horizontale). — 15. Id. Projection latérale. 29 sÈRE, 1. v. Année 4855. 45 226 REV. ET MAG, DE Z0OLOGIE. (Mai 1853) II. SOCIÉTÉS SAVANTES. ACADÉMIE DEs SCIENCES DE Paris. Séance du 2 mai 1853. — M. de Sinéty adresse à l’A- cadémie une Note sur une poche buecale chez le Casse- Noix (Nucifr, caryocatactes). Comme la plupart des es- pèces de la famille des Corbeaux, le Casse-Noix a le singulier instinct de faire des provisions, qu’il cache dans des anfractuosités de rochers ou dans des trous d'arbres. C’est là un fait que les naturalistes, et parti- culièrement Buffon , nous ont depuis longtemps fait connaître ; mais, ce qu’ils ne nous ont pas appris, c'est la manière dont cet oiseau fait sa récolte. M. de Sinéty a recueilli à ce sujet des observations intéressantes que nous lui laissons exposer. A la fin de juillet et pendant le mois d’août, quand les noisettes sont mûres, le Casse-Noix descend réguliè- rement des régions neigeuses des montagnes de la Suisse, où il habite en grand nombre, et s'approche des lacs et des villages dans les parties où croissent les noisetiers. [l en cueille les fruits, les épluche de ma- nière à les dégager de leur enveloppe foliacée, en con- servant l’amande recouverte de sa coque ligneuse; puis, les introduisant une à une dans son gosier, il en emporte jusqu’à douze ou treize à la fois. « On pouvait croire qu’il les portait les unes après les autres, comme nous voyons des Oiseaux de genres voisins, les Pies et les Corneilles, enlever au bout de leur bec des noix ou des pommes de terre; ou bien que, comme le Geai, dans l’œsophage duquel on trouve quel- quefois deux ou trois glands, cet organe, très-dilatable aussi chez lui, l’aidait à ramasser plus de graines à la fois, et lui évitait ainsi de multiplier ses voyages à l'in- fini. Avec des moyens aussi simples, l’oiseau ne serait Jamais parvenu à accumuler la masse de fruits dont il SOCIÈTÉS SAVANTES. 297 fait provision, el la nature prévoyante lui a donné un organe particulier, dont ni Cuvier, ni Carus, ni Tied- manon, ni Meckel, n’ont jamais parlé. « Get organe est un sac à parois très-minces, ouvert immédiatement sous la langue bifide de l'oiseau, et dont l’orifice occupe toute la base de la cavité buccale. Il est placé immédiatement au-dessous du muscle peaus- sier, dans l'angle des deux branches de la mâchoire inférieure, où il occupe le triangle situé entre ces deux branches. Ce sac, entièrement dilatable, est situé au- devant du cou, où il fait saillie des trois quarts à gau- che de la ligne médiane. Sa longueur est environ des deux tiers de la longueur du cou de l’oiseau. «Mais, comme si la nature n'avait pas cru faire as- sez en dotant le Casse-Noix (cet oiseau éminemment voleur, de même que le sont certaines espèces de singes à abajoues)d'une poche assez semblable à celle des Péli- ans ; elle lui a denné, en outre, un œsophage très-di- latable aussi pour lui servir de seconde poche. A son origine, cet œsophage occupe les deux tiers de la face antérieure de la colonne vertébrale, sur laquelle il se trouve immédiatement placé, se dirigeant très-oblique- ment de haut en bas et de gauche à droite... Son ori- fice s'ouvre largement à la base de la langue, et peut atteindre le même diamètre que celui de la poche. « À son origine, cet œæsophage occupe les deux tiers de la face antérieure de la colonne vertébrale, sur la- quelle il se trouve immédiatement placé, se dirigeant très-obliquement de haut en bas ct de gauche à ‘'roite… Son orifice s'ouvre largement à la base de la langue, el peut atteindre le même diamètre que celui de la poche. « Lorsque ces Oiseaux sont chargés et regagnent leurs cachettes pour y déposer leurs provisions; la nourriture qu'ils ont entassée dans leur poche et dans leur osophage leur forme un énorme goitre sous le 298 REV. ET MAG, DE 200LOGIE. (Mai 1853.) cou; cette grosseur, qui atteint quelquefois le double du volume de la tête de l’animal, est très-apparente, même quand il vole. J’en ai tué souvent dans ce mo- ment-là, qui est aussi celui où les Casse-Noix se lais- sent le mieux approcher, et j'ai retiré jusqu’à sept noi- settes du sac buccal el six autres de l’œsophage d’un même individu. € Il n’est pas très-étonnant que l'existence de la po- che dont nous nous occupons ici ait échappé aux orni- thologistes et aux anatomistes; car ce n’est ordinaire- ment qu'au moment de sa récolte matinale que l'oiseau s’en sert. Passé dix ou onze heures, il quitte Le pied des montagnes pour rentrer dans la région des sapins, dont il ne s’écarte plus que le lendemain au lever du jour. » Un Casse-Noix, tué en novembre dernier à Barcelon- nette (Basses-Alpes), et présenté par M. de Sinéty à M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, avait la poche gorgée, non pas de noïseltes, mais de graines du pinus cimbra. — M. W. Vrolik, dans une lettre adressée à M. le se- crétaire perpétuel, réclame, pour un de ses compatrio- tes, la priorité de la découverte du mode d'action des Pholudes dans la perforation des pierres. Cette question, dont l’Académie des Sciences a été saisie, a déjà donné lieu, de la part de M. Robertson, à une réclamation de priorité qui a été contestée plus tard par M. Caillaud. M. W. Vrolik vient démontrer aujourd’hui que le fait de perforation mécanique par les valves, et comme ré- sultat du mouvement seul des Pholades, sans secours ‘d'acide quelconque, a été dûment décrit, il y a plus de soixante-dix ans (en 1778), par un directeur de la com- pagnie du commerce de Middelbourg, nommé Leendert Bomme. Son Mémoire, dans lequel on trouve beaucoup de détails sur ces animaux, qui, en 1759 et 1760, mena- gaient de destruction les digues de l’île de Walcheren, a été publié dans les travaux de la Société scientifique de Flessingue. M. W. Vrolik renvoie, pour plus de ren: SOCIÉTÉS SAVANTES. 229 seignements, à un autre Mémoire qui sera prochaine- ment publié par M. G. Vrolik dans le premier volume de l’Académie des Sciences des Pays-Bas. Séance du 9 Mai. — M. Coste lit un Mémoire sur les bancs artificiels d'huîtres du lac Fusaro. Non loin de Na- ples, au-delà du golfe de Baïa, existe un lac, le Fusaro, dont tout le pourtour est occupé de distance en dis- tance, et à la profondeur seulement de trois à six pieds, par des tas de grosses pierres, simulant des espèces de rochers qu'on a recouverts d'huîtres de Tarente, de manière à transformer chacun d’eux en un banc artifi- ciel. Autour de chacun de ces rochers factices, qui ont en général deux toises de diamètre, sont plantés des pieux assez rapprochés les uns des autres, de façon à circonvenir l’espace au centre duquel se trouvent les huîtres. Ces pieux s’élèvent un peu au-dessus de la sur- face de l’eau, afin qu’on puisse facilement les saisir avec les mains, et les enlever quand cela devient utile. Il y en a d’autres aussi qui, distribués par de longues files, sont reliés par une corde à laquelle on suspend des fa- gots de menu bois destinés à multiplier les pièces mo- biles qui attendent la récolte. Lorsque la saison du frai arrive, les huîtres effec- tuent leur ponte, gardent leurs œufs en incubation dans les plis de leur manteau; puis, quand les pelits sont nés, elles les rejettent ; et ces petits, qui sont au nom- bre de cent mille au moins, chaque individu adulte, trouvant des points solides dans tes pieux et les fagots qui entourent les bancs artificiels, s’y fixent el y crois- sent assez rapidement pour qu’au bout de deux ou trois ans chacun d’eux devienne comestible. Alors on retire les pieux et les fagots, dont on enlève successivement toutes les huîtres venues à maturité, et, après avoir cueilli les fruits de ces grappes artifi- cielles, on remet l'appareil en place pour attendre qu'une nouvelle génération amène une seconde récolte. 230 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1853.) D'autres fois, sans toucher aux pieux, on se borné à en détacher les huîtres au moyen d’un crochet à plusieurs branches. La source d’où ces générations émanent reste donc permanenté, se perpétuant et se renouvelant sans césse par l’addition annuelle de l’infime minorité qui ne déserte pas le lieu de sa naissance. Cette industrie curieuse, M. Coste voudrait la voir importée dans les étangs salés de notre littoral. Eten- due, en la modifiant, à l’exploitation des bancs naturels qui existent au sein des mers, elle produirait, à son avis, des récoltés abondantes, sans qu’on fût jamais dans la nécessité de toucher à la souche mère. Pour atteindre ce résultat si important, il suffirait, selon lui, d'appliquer, en y introduisant toutes les modifications commandées par les milieux où il faudrait opérer, les procédés employés avec tant de succès dans le Fusaro. On pourrait faire construire des charpentes formées de pièces nombreuses, hérissées de pieux solidement atta- chés, armées de crampons. Puis, à l’époque du frai, on les descendrait au fond de la mer pour les poser, soit sur les gisements d’huiîtres, soit autour d'eux. Elles y seraient laissées jusqu'à ce que la poussière reproduc- trice en eût recouvert les diverses pièces, et des câbles, indiqués à la surface par une bouée, permettraient de les retirer quand on le jugerait convenable. Ces espèces de bancs mobiles pourraient être transportés dans des localités où l’expérience aurait démontré que les hui- tres grandissent promptement, prennent une saveur estimée, ou bien dirigées vers quelque lagune où on les aurait toujours sous la main. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX 931 III. ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. Puncres pe Paystozocre et Éléments de MorPnocénie gé- nérale, par M. le docteur J.-E. Cornay (de Roche- fort). Paris, 1855; par M. O. Des Murs. Chaque siècle est l’expression d’un besoin de son époque ; aussi, à chacune de ces étapes de l'humanité, apparaît-il quelqu’une de ces intelligences supérieures qui viennent avec plus ou moins de succès servir d’in- terprètes à ce besoin. Si ces intelligénces, et cela s’est vu, apparaissent trop tôt, il en est d'elles comme de ces météores qui. sans aucun doute, concourent, à notre insu, à l’harmo- nie universelle du monde, mais qui demeurent lettre close pour l’état incomplet des lumières de notre esprit; ces êtres d’élite passent inconnus et retombent dans l'oubli. Si, au contraire, elles ne résument en elles que la somme des contiaissances de leur époque avec la dose de jugement nécessaire pour les perfectionner, elles aident puissamment au progrès humanitaire, et n’ont besoin que du concours de la publicité pour voir fructifier leurs doctrines, qui, dès-lors, ne sont plus incomprises. C’est à cet ordre d’intelligences qu’appartient le docteur Cornay (de Rochefort), qui, lui aussi, reflète le type de notre époque. Il ne faut pas se le dissimuler, nous sommes à l’heure qu'il est, et depuis près d’une dizaine d’années, dans une période de rénovation générale. Les esprits, en fermentation, rêvent l’inconnu dans toutes les branches des connaissances humaines, aspirant, non précisé- ment, à découvrir un monde nonveau, mais à remonter 232 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1853.) à la source, à l’origine des choses, pour arriver à mieux connaître celui dans lequel nous vivons. Bien à tort s’effraicrait-on de ces symptômes ou de ce qu’on appelle ces innovations ! Des esprits vulgaires seuls ou prévenus peuvent concevoir de pareilles appré- hensions. Les novateurs, en effet, ne veulent pas dé- truire ce qui existe, mais ils veulent le perfectionner; car c’est la loi de l'humanité de progresser, et de ten- dre, sinon à la perfection, au moins au perfectionne- ment progressif. Ainsi, sans parler du système si philosophique et en même temps si poétique de l’auteur de la Profession de Foi du dix-neuvième siècle, non plus que des divers sys- tèmes religieux, politiques ou sociaux de ces derniers temps, cette tendance n’est nulle part plus remarquable que dans les sciences, et elle a ses représentants, ses interprètes, ses prophètes dans une pléiade qui se gros- sit tous les jours, et où figurent Eugène Pelletan, Tous- senel, Victor Meunier, Emmanuel (l’auteur incompris de la Réforme au Système planétaire et de l’École astro- nomique), le docteur Cornay et tant d’autres. Or, perfectionner, pour nous, nous l’avons déjà dit, et nous le répétons, est la marche non vers une chose nouvelle, mais vers une chose vraie, et par conséquent réelle ; en un mot, un pas de plus vers la vérité. C’est à ce litre que nous croyons que l’on doit signa- ler, à chacune de leur apparition, les œuvres ou les re- cherches savantes dont nous parlons, et le contrôle de la publicité, qu’elle leur soit ou non favorable, est l’u- nique moyen, pour les individus comme pour les corps savants constitués, de servir utilement la science et les hommes, en démontrant ce que ces doctrines nouvelles ont de faux ou d’erroné, et ce qu’elles renferment de vérités utiles ou de progrès réels. C’est pour soumettre à ce contrôle l’œuvre du doc- ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 933 teur Cornay, que nous appelons l'attention des savants sur ses deux livres : Éléments de Morphologie humaine (1850), et Principes de Physiologie et Éléments de Mor- phogénie générale (1855). Car, quoique ce ne soit que du dernier que nous vou- lons rendre compte, nous regardons comme indispen- sable de rappeler en peu de mots les principales propo- silions et quelques-unes des conclusions que renferme le premier, dont il a été dit un mot en son temps dans cette Revue. Dans ses Éléments de Morphologie humaine, l’auteur a eu pour but, avant tout, de formuler la loi générale de l’Être, cette loi de formation, d’après lui, n'ayant jamais élé ni formulée ni connue, quoique tous les au- teurs en aient approché par leurs études, et il la for- mule : « Loi de polarisation et de dépolarisation, de progression et de proportion, de coexistence et de coïncidence ; » puis il essaye de prouver cette loi, qu’il nomme loi d'ordre universel, dans les formes matérielles, végétales et animales, ainsi que dans la science et dans l'intelligence, c’est-à-dire dans la réalisation de toutes les qualités de l’Etre, ce qu’il fait de la manière la plus neuve el la plus brillante dans sa seconde partie, intitu- lée: Physionomie naturelle, Genèse des Formes, et Loi d'ordre universel. Orfila avait déjà démontré l'insuffisance de la théorie alomique à cet égard, au moins quant aux corps gazeux, en concluant, de ses calculs sur l'hydrogène, que la théorie atomique serait insuffisante pour expliquer les faits résultant de ses expérimentations, si l’on n’admet- tait pas que les atomes des corps gazeux sont susceptibles de se diviser en entrant dans les combinaisons. L'auteur, s’emparant de cette conclusion, la généra- lise, et dit: « La théorie atomique n’est point vraie, puisque les atomes insécables se divisent dans les combi- 23% REV. ÊT MAG. DE ZOOLOGIE, (Mai 1853.) nasons, et que d’ailleurs jamais le microscope n'a pu dé- couvrir la prétendue juxta-position des atomes. » Nécessité, dès-lors, de recourir à une théorie nou- velle, qui est celle indiquée sous le nom de Théorie de polarisation et de dépolarisation. Dans cette théorie, l’élément universel, l'électricité, prévu par ses effets, se polurise en progressions et en proportions croissantes et coïncidentes, et forme, en se polarisant, les polarisations primaires révélées par les corps élémentaires impondérables et pondérables. Les progressions et les proportions sont l'expression de la variété des espèces, formes matérielles, végétales et anormales. La variété est le résultat immédiat des progressions et des proportions révélées en séries de types, c’est-à- dire de polarisation La variété, c’esl l'ordre, l'ordination. La coexistence est la simultanéité; c’est l'existence, dans le même temps, de plusieurs éléments ou de plu- sieurs faits, en non-progression et non-proporlion de quantités et de qualités. La coïncidence, au contraire, est la simultanéité har- monieuse ; c’est l'existence mutuelle et solidaire, c’est-à- dire par accords parfaits, par quantités et par qualités progressionnelles et proportionnelles de plusieurs élé- ments ou de plusieurs faits concourant à une même fin. Tous les corps composès sont des polarisations pro- gressionnelles et proportionnelles, coexistantes et coïn- cidentes, produites par les polarisations élémentaires primaires. La combinaison conduit à la polarisation, l’affinité indique la disposition des éléments, en rapport conve- nable de proportions, à se combiner pour se polariser en proportion binaire, ternaire, quaternaire. La plus petite polarisation matérielle} serait-elle un point? Ce | ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 93e point matériel élémentaire a un état spécifique comme cent points, etc. Les polarisations progressionnelles et proportionnelles, coexistantes et coïncidentes des éléments fluides, so- lides, liquides et gazeux, révèlent leur existence en progressions de formes matériales, végétales, etc. En résumé, d’après l’auteur, un minéral, un végé- tal, un animal seraient une polarisation complexe, c’est-à-dire qui résulte de l'assemblage de plusieurs po- larisalions distinctes, en rapport ou en relation de nom- bres, de quantités élémentaires, fluides, solides, liqui- des et gazeuses. Une fois la théorie des atomes déclarée fausse et arbi- traire ; une fois admis le système des centres de polari- salion, restait à démontrer le mode et l’élément de leur formation. C'est ce que fait l’auteur, dans son livre intitulé Morphogénie, où il pose les principes suivants : Les corps simples tiennent leur génération de l’élec- tricité centralisée comme radical générateur universel. Les corps simples s'associent en quantités et de qua- lités particulières dans la création des corps composés; el, une fois l'électricité transformée en corps pondéra- bles, ces corps prennent des arrangements, des formes spécifiques qui sont dues à de nonvelles quantités élec- triques appropriées à la distribution des faisceaux de leurs rayons chimiques constituants. Il y a des rayons électro-organiques attribués aux formes que prennent les corps simples et composés, par la cristallisation, comme il y en a pour celles des végé- taux et des animaux. Quant à la manière dont se produisent les formes matériales, l’auteur, dans toute cristallisation, par exemple, et dans toute genèse d’un simple cristal, dis- tingue le centre d'émission des rayons organiques, le 236 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1853.) point de leur division, et enfin leur distribution. En d’autres termes, chaque cristallisation a son point d’é- volution, son.essor végétatif et son apoterme, ou son commencement, son développement et la fin de sa crois- sance. Dès-lors, et comme conclusion de ce qui précède, unité de matière. L'électrieité est le corps radical générateur universel. L'électrieilé est créatrice de tout ce qui influence nos sens, c’est-à-dire des caloriques de la lumière, des corps simples, des corps composés, et, par suile, des espèces matériales, végétales et animales. Mais l’auteur n’admet pas les diverses électricités de l'école; il n’admet qu’une seule électricité distribuée dans tous les corps. L’électricité, pour lui, est un seul fluide engendrant le calorique et la lumière en harmonisant ses rayons. Le calorique et la lumière sont deux manifestations de l'électricité qui se produisent, soit dans la nature, soit dans les expériences artificielles, par des causes spé- cifiques. | Tous les fluides répandus dans la nature et dénom- més par les philosophes, les physiologistes et les phy- siciens, ne sont que l'électricité dans des conditions particulières dont les rayons sont dans un arrangement particulier qui dépend des corps ou des appareils con- densateurs. Ainsi qu’on a pu le comprendre, l’auteur appelle polarisation une centralisation vitale. Îl n'existe pas deux fluides électriques. L’électricité se présente sous trois polarisations diffé- rentes, suivant ses quantités el ses qualités centralisées ou les milieux dans lesquels ses centralisalions s’opè- rent. Ces trois polarisations sont: la polarisation concrète ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 937 ou pondérable, la polarisation récurrente ou magnétique, la polarisation rayonnante ou statique. L’électricité se modifie suivant les milieux qu’elle doit parcourir et les effets statiques, magnétiques ou dynamiques, qu’elle est appelée à produire ; et c’est à ces diverses modifications que la science moderne a ap- pliqué les dénominations d’électricité vitreuse, d’électri- cité résineuse, d'électricité dynamique, d'électricité gal- vanique, de fluide magnétique, de fluide chimique, de fluide nerveux, etc. L’électricité statique circule en rayons, qui se parta- gent la circonférence ou la sphère fictives, suivant les corps qu'ils traversent, et les rayons différents peuvent sortir d'un faisceau principal provenant d'un seul centre d'émission ou venir de plusieurs centres d'émission. Les fluides organiques des végétaux et des animaux et le fluide nerveux circulent et se comportent de la même manière que l'électricité statique. L’électricité des animaux, ou fluide organique, dis- pose leurs matériaux de formation suivant le partage de la sphère et de la circonférence, comme l'indique la disposition des cellules, des organes, des nerfs, des vaisseaux, des os, des muscles, etc., etc. Nous bornons à cet exposé fidèle les propositions principales et les formules nouvelles de l’auteur. Mais ces propositions, ces formules, ne sont pas, pour le docteur Cornay, le résultat d’un système pure- ment spéculatif; ce n’est qu'après une longue série d’études et d'expérimentations qu'il est arrivé à les éta- blir, et au moyen de ce qu’il appelle l’électro-motion, basée sur un appareil de son invention, l’Indicateur électrique, dont la description n’entre pas dans notre sujet. C'est à l’aide de cet appareil et au moyen de ces ex- [Ee 38 REV. ET MAG. D£ ZO0LOGIk. (Mai 1855.) périences qu’il a réussi à formuler les règles de la ge- nèse des formes dans les corps. « Les fornines animales, dit-il, appartiennent évidem- ment à la vie végétale. « … Les corps se constituent à l’état spécifique avant de prendre leurs formes géométriques ; la forme géomé- trico-polyèdre appartient à l’état solide, et la forme sphérique, en particulier, est attribuée plus spéciale- ment à l’état liquide et aux corps organisés dans leur rudiment cellulaire et leur forme générale, «.… Toute forme tient son existence de matériaux d’abord à l’état liquide ou gazeux, car toute forme ap- partient à l’état solide. » Puis, en reveuant àjl’application, il établit une théo- rie des plus simples et des plus ingénicuses sur la ge- nèse des formes chez les végétaux. De cette théorie surgit cette question nnportante ; Il y a-t-il des nerfs organiques dans les végétaux ? M. Corray les découvre dans ce que l’on a appelé, depuis Malpighi, des trachées, qu'il nomme spirules. Ces spirules, pour l’auteur, sont les nerfs organiques des végétaux, ce qui, démontré, serait une des plus grandes découvertes en physiologie végétale. Il démontre que les spirules n’existent point dans la graine, et que la graine vit comme les plantes cellulai- res ; qu’aussitôt que les graines se développent et pren- nent les formes grandioses des végétaux supérieurs, les spirules conduisent les grands courants électro-orga- niques de distribution, et que les formes végétales sont solidaires de leur disposition. Tel est, autant qu'on le peut faire d’une œuvre aussi complexe, pour son peu d’étendue, le résumé des vues et des idées de l’auteur. Nous les croyons dignes des méditations des hommes de science, tout autant que de celles des philosophes. Elles se rattachent trop intime- ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 2 39 ment à l’origine du monde pour ne pas avoir d’écho à cette heure, où toutes les intelligences convergent vers l'étude de sa composition intime et vers l’analyse des matériaux qui en sont ou la base ou le produit. Dans les travaux du docteur Cornay repose tout un avenir de découvertes dont il vient d'ouvrir la lice et le chemin en habile investigateur et en hardi pionnier. Un moment nous avons cru trouver, dans la décou- verte si intéressante de M. Brame sur l’éfat utriculaire des minéraux, la consécration et la confirmation de la doctrine du docteur Cornay, laquelle, d’ailleurs, vaut et se prouve par elle-même. Mais, en y réfléchissant, il est facile de voir que les faits nouvellement révélés ne concordent pas avec cette doctrine. En effet, les vésicu- les de M. Brame ne sont qu’un élat de forme passager, et cette vésicule elle-même n'est que la matrice, en quelque sorte, du cristal qu’elle renferme. Ce que M. Brame ne saurait encore démontrer, c’est que son cristal, une fois trouvé, soit composé d’une succession ou d’une aggrégation indéfinie de vésicules, comme les végétaux. Pour en revenir à l’œuvre du docteur Cornay, on peut la considérer comme une synthèse complète des questions les plus élevées et les plus controversées des sciences, surtout de la zoologie, La morphologie est in- séparable de la morphogénie; les propositions que ren- ferme la première sont en quelque sorte les prolégo- mènes de celle-ci; en un mot, elle forme une théorie purement spéculative, dont le complément, comme théorie d'application ou expérimentale, se retrouve dans ce dernier livre. Ce qu’il faut admirer tout autant et plus que le fond de l’ouvrage du docteur Cornay et de son corps de doc- trine, c’est la grande lucidité du style et le talent avec lequel il a su l’assouplir à un langage scientifique pour 240 REV, ÉT MAG. DE ZOOLOGIE. [Maui 1853.) ainsi dire nouveau, On peut le donner comme exemple et comme modèle aux hommes de science trop souvent. sinon étrangers à la langue, au moins peu familiarisés avec elle ou mal initiés à ses ressources, ce que prouve surabondamment le dernier article de V. Meunier rela- tif à la note sur le Nepenthès de M. de Paravey. In alcune caverne, ete. — Sur quelques cavernes ossifè- res des montagnes du lac de Côme, par le docteur Evo Cornauta (Brochure de vingt-huit pages, extrai- tes des Nouvelles Annales des Sciences naturelles de Bologne, 1850). Ce Mémoire donne des détails géologiques sur plu- sieurs cavernes situées aux environs du lac de Côme, telles que Buco dell’ Orso, Pertugio della Volpe (en pa- tois Pertüs de la Vôlp), Pertugio de Blevio, etc. Il ter- mine par l’énuméralion des ossements recueillis dans ces localités. TABLE DES MATIÈRES. J. et En. Venneaux. — Note sur le genre Lophornis. 193 — Description d'Oiseaux nouveaux. tb. Z. Geuse. — Notices et Observations sur quelques vertébrés nou- veaux. 197 JR. BouréuiGnar. — Monographie de l’Ancylus Janii. 203 Lerénune px Cemisy. — Observations sur les métamorphoses des co- 7% € léoptères du genre Cebrio. 214 Académie des Sciences de Paris. 226 Analyses d'ouvrages nouveaux. 231 PARIS, — TYP, SIMON RAÇON ET C®, QUE D'ERFURTH, À. SEIZIÈME ANNÉE, — JUIN 1853. I. TRAVAUX INÉDITS. u Sur le genre Ramphocelus, Desm, et trois nouvelles es- pèces qui lui appartiennent ; par F. pe LAFRESNASE. Nous croyons que le genre Ramphocèle doit être na- turellement subdivisé en deux sections, d’après la diffé. rence, dans la forme du bec, d’un certain nombre d’es- pèces. Effectivement, une partie d’entre elles, et c'est bien la plus nombreuse, offre, dans les dimensions re- latives de ses deux mandibules, une grande dispropor- tion, ce qui ne s’observe pas chez l’autre. Ainsi, dans la première, en prenant pour type le Ramphocèle ja- capa, par exemple, on remarquera sans peine que Ja mandibule supérieure, depuis les plumes du front, est d’un grand tiers plus courte que l’inférieure ; que, vue de profil, elle a en cette partie même moins de bauteur que l’inférieure au point correspondant, ce qui provient de ce que celle-ci, en se prolongeant fortement sur les . côtés de la tête jusque sous l'œil, éprouve une dilatation en longueur, comme en hauteur, des plus marquées, el s'y termine même par.un bourrelet ou renflement vi- sible. Si ensuite on regarde le bec d’en haut, en diri- geant les yeux sur sa partie supérieure, on remarquera que la mandibule supérieure, assez comprimée à sa base, et dout l’arête est assez prononcée, est dépassée 2e séme. r. v. Année 1853. 16 249 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 4853.) sur ses côtés par l'inférieure d’une manière assez no- table. Nous désignerons les espèces de cette première section par le nom de RawrnocELt MACROGNATH : la plu- part des espèces viennent s’y ranger. Prenons maintenant le Ramphocelus varians, Laf. (Rev., 1847, p. 217), cette belle espèce, ray portée des Andes de la Nouvelle-Grenade par M. Delâtie, et qui, selon le prince Bonaparte, aurait pour synonyme R. flammigerus, Jard. et Selby. Regardons son be de pro- fil, et comparons ses mandibules : nous verrons que la supérieure, vers l'insertion des premières plumes fron- tales, a beaucoup plus de hauteur que l’inférieure dans la partie correspondante; que celle-ci, se prolongeant très-peu sur les côtés de la tête, ne dépasse cn longueur la supérieure que d’un sixième à peu près. Si on regarde ensuite le bec d’en haut, on reconnaît que la mandi- bule supérieure n’est point comprimée à sa base ; qu'elle n’est point dépassée sur les côtés par l’inférieure, et qu’enfin sa tranche est plus arrondie. Il résulte donc, de la comparaison de ces deux espèces, types de nos deux sections, que la seconde, ayant la mandibule supérieure plus longue et plus élevée que la première, et l'in- férieure, au contraire, beaucoup moins prolongée en arrière et moins élevée que chez elle, son bec ne pré- sente plus cette forme presque anomale que l’on voit chez le jacapa et chez la plupart. Nous intitulons les espèces de la seconde section RauPHOCELT MICROGNATHI. Nous ne connaissons guère que quatre espèces qui doi- vent y figurer, et qui sont : 1° Ramphocelus flummigerus, Jard., ou varians, Laf.; 2° R. icteronotus, Bp. (varians, Laf.); 3° R. Passerinü, Bp.; # R. aterrimus, Laf., que nous allons décrire ci-dessous, ainsi que deux autres espèces que nous regardons aussi comme nouvelles, mais qui appartiennent à notre première section. TRAVAUX INÉDITS. 247% Sectio L. Raupxoceut macrocnaTin, La. 14. Ramphocelus magnirostris, Laf. — «R. suprà niger, pileo, capitis lateribus uropygioque purpurino-tinctis; subis, collo an- tico, pectoreque vividius purpureis, qui color sensim ad nigrum vertit. — Longit. tola (ave arte farcto), 148 cent.; alæ plicatæ, 8 cent. 314; caudæ, 8 cent. 4/2. — Habit. in Sanctæ-Trinitatis in- eulà. » Si l’on compare celte espèce avec le Ramphocelus ja- capa, on n’apercevra, pour ainsi dire, aucune différence de coloration; mais on en trouvera dans les propor- tions plus fortes, chez notre nouvelle espèce, et surtout dans le bec, dont la mandibule inférieure est évidem- ment plus développée en longueur et en hauteur, s'a- yançant encore davantage sous l'œil, où elle a un ren- flement plus prononcé. Sur deux individus que nous possédons, et venant tous deux de l'ile de la Trinité, nous n'avons pas remarqué cette couche blanc d'ivoire, à la base de la mandibule inférieure, qu’offrent certains individus du R. jacapa de Cayenne. Chez eux, au con- traire, cette partie est d’un bleu plombé comme chez la plupart des espèces. Si on regarde le R. magnirostris en face, le bec tourné vers soi, on reconuaîit sans peine que cette mandibule inférieure, depuis le point où elle se bifurque jusqu’à l’extrémité de son renflement sous les yeux, forme un écartement sensiblement plus grand et plus ouvert que chez le R. jacapa. 2. Ramphocelus Venezuelensis, Laf. — (R. valde affinis R. ja- capæ stalurà et coloribus: hæc species differt autem, suprà pileo, collo, dorso uropygioque tolis nigro-granalinis et subiüs rubedine paulo intentiore, medià parte abdominis nigrà, mandibu'a infera breviore, retro miaus productà, nigredine alarum et caudæ inten- tiore (in Ramphocelo jacapa, bis parübus nigro-fuscis). — Habit. in Venezuela. » Celle espèce, contrairement au magnirostris, diffère du jacapa par sa mandibule inférieure plus courte, 244 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE, (Juin 1853.) moins prolongée en arrière sous les yeux, quoique au moins aussi dilatée en hauteur; par sa mandibule supé- rieure un peu plus arquée dans le sens de la longueur; par une teinte uniforme grenat foncé sur toutes les parties supérieures, sauf les ailes et la queue, qui sont d’un noir prononcé (elles sont noirâtres chez le jacapa); par le rouge-grenat de la gorge, du devant du cou et de la poi- trine, d’une nuance plus vive, se dégradant en grenat obscur sur le ventre et les sous-caudales, et par le noir de la partie médiane de l'abdomen. Les deux individus que nous possédons faisaient partie d’un envoi d’oiseaux du Vénézuela. Sectio IT. RampHoceLi MicrogNaTHr, Laf. 3. Ramphocelus aterrimus, Laf. — « R. totus fusco-ater, hoc colore nullo modo granatino tincto; mandibulà infera parum pro- ductà, non tumidà; mandibulà supera illà altiore, suprâ paucissime eurvatà; rostro fusco-nigro, nen plumbeo-cœrulescente. » — Ha- bit, in Bolivià. Celte espèce, qui nous a été vendue comme venant de Bolivie, est assez remarquable par sa teinte noir mat uniforme, sans la moindre indication de nuance rouge sur aucune partie; par son bec d’un noir un peu brunâtre en dessous et nullement teinté de couleur de plomb. Quoique, d’après le peu de dilatation en lon- gueur comme en hauteur de sa mandibule inférieure, cette espèce nous ait paru devoir être rangée dans notre section des Micrognathi, elle s'en éloigne un peu ce- pendant, en ce que la tranche de sa mandibule supé- rieure est plus prononcée et moins arrondie, comme | chez les trois espèces précédentes, et que sa mandibule inférieure présente un peu plus de hauteur relative que chez elles. On a pu remarquer ci-dessus qu'après avoir regardé, autrefois, comme simples variétés dues à des tempéra- Été » , TRAVAUX INÉDITS. 24 tures plus ou moins élevées les individus à croupion rouge, à croupion orange et à croupion jaune de notre Ramphocelus vurians, uniquement, toutefois, d’après les indications et l'opinion de Delàtre lui-même, qui les avait observés et recueillis dans leur pays natal, peut, dis-je, s'étonner de nous voir faire aujourd'hui deux espèces des individus à croupion jaune et de ceux à croupion rouge. C’est que, en réfléchissant à l’énorme différence de ces deux couleurs, l’une d'un jaune de soufre, et l’autre d’un beau rouge un peu orangé, nous nous sommes dit que, quoique M. Delâtre ait trouvé chacune de ces prétendues variétés sur les Andes, à trois zones distinctes d’élévation sur les mêmes mon- tagnes, cela ne prouve pas positivement que ce soit Ja même espèce, sur laquelle ces trois températures diffé- rentes aient produit ces trois couleurs différentes. II nous paraît plus naturel d’en conclure, contre lopi- nion même du voyageur et des Indiens, que ce sont, au contraire, trois espèces distincles et agant besoin chacune d’une température différente, soit pour leur différent genre de nourriture ou tout autre motif. Nous possédons les deux espèces à croupion rouge et à crou- pion jaune, mais non la troisième, à croupion orangé. Il est assez probable que, comme ces deux-ci, elle con- stitue une espèce qui serait alors à nommer, et qui fe- rail la cinquième de nos Micrognathi. Nous observe- rons que jusqu'ici toutes les espèces qui en font partie se font remarquer par un plumage d’un beau noir ve- louté, n'ayant d’autre couleur vive et tranchée que sur le croupion, excepté chez notre aterrimus. Voici les espèces qui, à notre connaissance, doivent être classées dans ces deux sections : 246 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1853.) Seclio I. Scetio IL. RaAwrBoceLt MACROGNATRI, Laf. RawPocezt microcnaTm, Laf. 4. R. Brasilia, Laf. {. R. flammigerus, Jard, — va- rians, Laf. 2. R. jacapa, Laf. 2. R. icteronotus, Bp., Dubus, pl. 15. — varians, Laf. R. magnirostris, Laf. 1853.35. R. Passerinii, Bp. R. Venezuelensis, La. 1853. | 4. R. aterrimus, Laf. 4855. R. atrosericeus, Laf. 5. R. chrysonotus, Laf, 1853. — Olim, R. varians, Laf. (2)- . R. dimidiatus, Laf. R. Luciani, Laf. . R. nigrogularis, Spix. ns uropygialis ? Bp. (1). . R. affinis ? Less. . R. sanguinolenta ? Less. IiSrRe Nore sur la Mésange alpestre (Parus alpestris, Bailly), par M. Edm. Fairmame. Nous avons publié, dans la Revuede zoologie (octobre, 1850, p, 576), une note concernant les habitudes du Parus lugubris. — Nous commettions alors une erreur, que nous nous faisons aujourd’hui un devoir de recti- fier, en reportant au P. alpestris ce que nous avions rapporté à la Mésange lugubre, et en laissant à M, Bailly (4) Si nous avons mis un ? aux trois dernières espèces qui figu- rent dans nos Macrognathi, c'est que, ne les connaissant que par les descriptions, nous n'avons pu reconnaître (ex visu) à laquelle de nos deux sections elles appartiennent ; mais il est bien probable que c’est à la première. (2) Les mêmes motifs qui nous font regarder aujourd'hui comme espèces distinctes les individus à croupion jaune soufre et ceux à croupion rouge que nous avions indiqués autrefois comme variétés de notre Ramphocelus varians, nous font également supposer que les individus à croupion orangé que nous avions regardés comme troisième variété conslitueront aussi une troisième espèce que nous nommons R. chrysonotus. TRAVAUX INÉDITS. 247 le mérite de nos observations, qui d’ailleurs se trou- vent exactes. D'une communication récente, il résulterait que le Parus alpestris de Savoie et des contrées adjacentes de- vrait être réuni à la Mésange boréale (Parus borealis) décrite anciennement déjà par M. de Sélys. Éruves sur les Anodontes de l'Aube, par Henri Drouet. (Cinquième article.) .…. Ea tamen, ut video, aliquibus severioribus fere nihili œstimata sunt, nisi illorum etiam animalium aliquam anatomen exhiberem. (Lister, Exerc. Anat. de Cochl.) Dans l’article précédent, nous avons successivement examiné l'enveloppe cutanée, le système musculaire et le système nerveux des Anodontes. Aujourd'hui, repre- nant le scalpel avec M. Baudon, nous allons tour à tour explorer les organes des sens, l'appareil digestif, le système circulatoire et celui de la respiration, réser- vant, pour une livraison prochaine, la descriphon des organes sécréteurs et de ceux de la génération. V, APPAREIL DIGESTIF. «$ 24. La bouche est située entre le pied et le mus- cle adducteur antérieur. Cet orifice, irrégulièrement quadrangulaire, et qui semble très-enfoncé à cause de la saillie du muscle et de la proéminence du pied, a ses lèvres formées par les prolongements qui réunissent les tentacules. Au milieu de la lèvre supérieure passe la branche de communication des ganglions antérieurs. « De la bouche, on arrive, presque d'emblée, dans l'estomac; cependant, entre ces deux régions, il existe un conduit, large et très-court, suivant une direction 248 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 4855.) oblique de bas en haut vers la partie supérieure du foie, que l'on peut, à la rigueur, considérer comme un œso- phage ; ses parois sont lisses et assez solides. ; « L’estomac traverse la région supérieure du foie, qui l’environne de toutes parts, et l’on ne peut guère séparer du parenchyme de cette glande la mince mem- brane servant de paroi au tube digestif. Il est irrégu- lièrement ovale, et la paroi inférieure, plus solide que la supéricure, présente deux saillies allongées, assez épaisses, contournées, arrondies en avant, repliées sur elles-mêmes, garnies de stries blanchätres et élégantes, et séparées l’une de l’autre par une dépression termi- née elle-même par un trou en entonnoir. Au-dessus de ce pertuis se trouve un corps presque isolé, tant le point d'attache est tenu : c’est la tige crystalline, ou sim- plement le crystallin. Ce corps singulier est demi-mem- braneux, assez mou et translucide : une de ses faces est mince et comprimée; les deux autres, de forme obscu- rément quadrilatère, s'enfourchent au-dessus de l’en- tonnoir. Le crystallin ne se rencontre pas à toutes les époques : c'est principalement au printemps que je l’ai vu dans l’estomac des Anodontes de tout âge. Est-ce un organe servant à la trituration des aliments ? C’est bien douteux, car alors il se verrait constamment. Je ne sais pas au juste quelles fonctions lui attribuer. « De chaque côté des saillies striées, dont j'ai parlé tout à l'heure, naissent les intestins : à droite, un cœ- cum; à gauche, l'intestin grêle, dont le trajet se fait en partie dans l'estomac; l’un et l’autre ne tardent pas à s’abaisser et à plonger dans l'ovaire. « Plusieurs canaux, largement ouverts, communi- quent du foie dans l’estomac, où ils dégorgent une bile abondante. « Le cœcum, qui est très-étroit, suit la même direc- ti n que l'intestin grêle, et s’adosse à lui pendant son trajet; plus il avance, plus il s’effile, et, enfin, il se ter- TRAVAUX INÉDITS. 246 mine par une courbure au tiers postérieur du pied. « À sa sortie du foie, l'intestin grèle a un diamètre assez fort; du côté gauche s’échappe souvent un très- petit rameau. Il descend obliquement dans la substance de l'ovaire, se courbe au-dessus de l’oviducte, d’après la forme du pied et le long du bord inférieur, remonte ensuite en haut vers le bord postérieur, revient en avant, et semble se lerminer brusquement. Mais on aperçoit alors plusieurs ramuscules, dont les uns se perdent dans l’ovaire et dont les autres s’abouchent avec le gros intestin. L’intestin grêle a une forme car- rée, el il est strié transversalement. « Le gros intestin est arrondi, cylindrique, strié. IL décrit, dans son trajet, plusieurs sinuosités, et sort, du bord supérieur du pied, juste à l’origine de la glande mucipare. Jusqu'à présent, le tube digestif n’a eu pour enveloppe qu’une membrane extrêmement mince ; à la sortie du pied, cette membrane s’épaissit: elle devient même fibreuse à l'approche du rectum. Presque à sa sortie du pied, l'intestin prend une direction horizon- tale, et bientôt il traverse le cœur. Après avoir flotté dans la cavité cz Jiaque, au-dessous du raphé, il s’effile insensiblement, passe au-dessus du muscle postérieur, et enfin se renfle légèrement à sa terminaison dans le cloaque. L’anus est muni d’un sphincter dont le pour- tour est rayonné. « $25. La nourriture des Anodontes est presque en- tièrement végétale : les plantes décomposées ou en sus- pension dans l’eau suffisent le plus souvent à leur en- tretien. On peut donc affirmer que ces animaux concou- rent, pour une large part, à la purification des eaux au milieu desquelles ils vivent (1). Du reste, ils peuvent (1) Sembra pero che prèstino già naturalmente un prezioso ser- Migio, col distrüggere molti infusorj, che giacendo morti corrom- perébbero le aque (A. et G. B. Visa, Catal. Moll. Lomb., p. 4; 250 REV. ET MAG, DE Z00LOGIE. (Juin 1855.) vivre fort longtemps dans l’eau pure. Leur digestion se fait lentement et comme par imbibition; l'estomac étant presque inerte, il faut que le foie vienne l’aider au moyen des liquides qu’il sécrète; et les nombreux canaux que l’on remarque dans cette glande versent une bile abondante qui imprègne les aliments et les réduit en pâte semi-liquide, avant leur entrée dans le tube digestif. Les fèces sont expulsées avec l’eau que rejette l'animal. VI. SYSTÈME CIRCULATOIRE. «&$ 26. A la partie supérieure du dos se trouve une région entièrement isolée et circonscrile par la face in- terne du manteau : je la nomme région cardiaque, parce que c’est là que sont rassemblés {ous les organes de la circulation. Cette région est oblongue, et s'étend de chaque côté du raphé, en arrière du foie, jusqu’au mus- cle adducteur postérieur. Le manteau, en envoyant sa face externe s’attacher au raphé, lorme la paroi supé- rieure de cette région, tandis que sa face interne adhère au pourtour. À cet endroit, la peau est tellement mince et translucide qu’elle laisse apercevoir aisément le cœur et ses appendices suspendus au milieu du liquide con- tenu dans la cavité cardiaque. En avant, et très-superfi- ciellement, se trouvent les deux corps violacés; au mi- lieu, le cœur et ses oreillettes; postérieurement, les deux renflements de la glande mucipare; et, de chaque côté, les corps réticulaires, étroitement unis aux oreil- lettes. «Si l’on incise la paroi supérieure de la région car- diaque, on découvre une cavité que j'appellerai cavité cardiaque; elle renferme le cœur et ses accessoires. Cette cavité est assez vaste; elle est close de tous 484%). — Il y a là le thème d’une dissertation intéressante el neuve ! DS É TRAVAUX INÉDITS. 251 côtés : postérieurement et inférieurement par la glande mucipare ; supérieurement, par les corps viola- cés et la peau du manteau; à droite et à gauche, par les corps réticulaires. En avant, les corps violacés et la glande mucipare embrassent l’intestin, qui passe au milieu d'eux. L'intérieur de la cavité cardiaque est rempli d’un liquide abondant, légèrement visqueux, qui facilite les mouvements du cœur pendant la diastole et la systole. « Le cœur est placé au milieu de cette cavité. Il est piriforme, et ses prolongements embrassent fortement l'intestin rectum, comme ferait un anneau solide. La membrane qui le compose est un peu transparente, jaunâtre, assez extensible. Il est muni, vers le haut et latéralement, de deux orifices garnis d’une espèce de valvule, qui sort pendant la diastole et rentre pendant le mouvement de contraction. Un vaisseau large, mince et translucide, sert de canal de communication entre le cœur el les oreillettes. « Ces dernières longent, de chaque côté, la glande mucipare, sur laquelle elles s'appuient. Leur membrane ressemble à celle du cœur, si ce n’est qu’elle est un peu moins solide. Leur forme est demi-elliptique. Leur extrémité inférieure est libre, tandis que la supérieure adhère aux corps violacés; et, de plus, elles sont inti- mement connexes aux corps réticulaires, « Les corps réticulaires se présentent, de chaque côté de la région cardiaque, sous la forme d’un corps très- étroit, étendu le long des renflements de la glande mu- cipare, du muscle postérieur et des artères branchiales, auxquelles ils adhèrent fortement. Leur tissu, mou et blanchâtre, a l'aspect d’un réseau fin et poreux, analo- gue au tissu médullaire des os. Evidemment ces corps servent d'intermédiaire entre les oreillettes et les artè- res branchiales. « La partie antérieure de la région cardiaque se com- 252 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1853) pose de deux corps d’un rouge violacé, minces, larges, un peu quadrilatères et placés en avant du cœur, dé chaque côté du raphé et au-dessus du rectum. Ces corps s'étendent jusqu’à la partie postérieure du foie. Je les nommerai corps violacés, parce que cette coloration vio- lette se retrouve, d’une façon plus ou moins intense, chez la plupart des Anodonta. Les artères branchiales communiquent antérieurement avec ces corps, au mi- lieu desquels le sang subit une modification particu- lière. €S$ 27. Comme chez la plupart des Mollusques, le sang des Anodonta est incolore et très-fluide. Jai re- marqué qu’il élait stagnant en certains endroits. « Les impulsions du cœur sont irès-énergiques : elles s'étendent jusqu’à l’extrémilé inférieure des oreillettes. Les mouvements de ces organes sont très-apparents et durent fort longtemps. Après avoir plongé des 4. Cel- lensis dans une eau presque bouillante, pour les tuer et pour détacher l'animal de son (est, j'ai vu, au bout de huit heures, le cœur battre encore avec force, et les pul- sations ne cesser que par le dessèchement des Lissus. Au reste, il est nécessaire que le cœur chasse violem- ment le sang, pour le faire arriver aux longues artères branchiales, en traversant les corps réticulaires qui ser- vent d’intermédiaires, ainsi que je l'ai dit, entre les oreillettes et les artères. Et, en outre, les nombreux canaux capillaires des divers organes, et surtout du manteau, s’empliraient difficilement sous l'influence d’impulsions peu énergiques. VIT. SYSTÈME RESPIRATOIRE. « $ 28. Les Anodontes respirent par des branchies. Ce sont quatre grands feuillets disposés le long et de chaque côté du corps, recouverts par le manteau et at- tachés en avant à un repli de ce dernier vers le bord supérieur du pied et en arrière du foie, Dans toute leur TRAVAUX INÉDITS. 253 longueur, elles adhèrent au manteau, vers les bords de la glande mucipare placée au milieu d’elles et aux corps violacés faisant suite aux oreillettes. En arrière, elles s’attachent encore au bord postérieur du man- teau. : « I1 y en a deux paires, inégales du même côté, mais symétriques ; les externes élant plus petites que les internes, qui les dépassent un peu antéricurement, tandis qu’en arrière ce sont les externes qui débordent légèrement. Leur forme est à peu près celle d’une demi- ellipse assez aiguë postérieurement. On considère dans chaque branchie deux faces, deux bords et deux extré- mités. . «Les branchies externes ont leurs deux faces sim- ples, sans dédoublement. À une certaine époque, elles contiennent dans leur interstice les œufs fécondés. Des deux bords l’un est adhérent, l’autre libre et arrondi, Chaque extrémité s'attache au manteau. Le feuillet ex- terne de chaque paire n’est séparé de l'interne, supé- rieurement, que par une fine artère qui parcourt toute leur étendue. « Sous les branchies externes se trouvent les inter. nes, plus spécialement destinées encore à la respira- tion, si l’on peut dire. En même temps que leur artère, elles s’attachent antérieurement au manteau, derrière le foie, puis le long des corps violacés et des corps ré- ticulaires. Presque aussitôt après, ces branchies s’éloi- gnent sensiblement l’une de l’autre, de façon à laisser un large passage ovale pour le pied. Cet écartement permet de voir la glande mucipare. En même temps que se produit cet écartement, chaque branchie interne se dédouble par son bord supérieur (1). Une partie seu- WU) Ce dédoublement forme, de chaque côté, une poche dans laquelle l’eau peut se conserver pendant un certain temps. Le su- perflu s'écoule ; mais, quand l'animal ferme ses valves, il garde, 254 REV. ÊT MAG. DE ZO0OLOGIE, (Juin 1853.) lement reste libre et est suivie inférieurement par son artère branchiale. Puis, derrière le pied, ces deux bran- chies se rapprochent et s’accolent par leur artère (sans toutefois communiquer entre elles) pour ne se plus quitter jusqu'à leur terminaison. Elles forment ainsi le plancher inférieur de la cavité branchiale, dont la glande mucipare forme le plancher supérieur. Le bord infé- rieur des branchies internes reste libre dans toute son étendue et ne participe en rien au dédoublement supé- rieur des faces. « La seconde ouverture du cloique forme l’orifice de la cavité branchiale. L’eau passe sur les branchies au moyen de ce vaste canal, qui va toujours en s’élargis- sant. Les organes respiratoires se séparent ensuite; il n’y a plus de canal, mais une grande ouverture permet- tant à l’eau de s’échapper de chaque côté du pied, quoi- que cette dernière soit, en partie, reteune par les feuil- lets dédoublés des branchies. « Le système artériel des organes respiratoires se compose principalement de quatre grandes artères par- tant du bord externe des corps violacés. Celles des bran- chies externes sont moins fortes que les autres et direc- tes dans leur trajet. Celles des branchies internes sont situées le long du bord supérieur ; adhérentes antérieu- rement, elles deviennent libres vers leur milieu, s’acco- lent ensuite à celle de la branchie similaire, et se sui- vent jusqu’à la terminaison de la branchie. Ces artères projettent latéralement un grand nombre de vaisseaux, à peu près également dislancés, qui, à leur tour, reçoi- vent verlicalement (sans être toutefois traversés) une infinité de petits cordons jaunâtres parallèles, et réunis entre eux par de nombreux vaisseaux microscopiques. dans la cavité branchiale et dans ces poches, une certaine quan- tité de liquide servant à mouiller les branchies. Cette disposition explique le long temps qu'une Anodonte peut passer, sans périr, hors de l'eau. TRAVAUX INÉDITS. 955 Ces dispositions diverses forment un tissu régulier du plus bel aspect. C’est un réseau de la plus grande fi- nesse, mou, facile à déchirer, et éminemment vascu- laire. Chaque brarrchie possède deux feuillets vasculai- res appliqués l’un contre l’autre, adhérents seulement par les vaisseaux latéraux qui leur sont communs. «$ 29. J'ai rencontré, dans l’intérieur des branchies, de très-jeunes parasites en voie de développement. Par- venus à leur croissance complète, ces insectes rongent le tissu branchial et vont se loger au-dehors, soit entre les feuillets, soit sous le manteau. Au reste, ils parcou- rent toutes les parties du corps, et j'en ai vu jusque dans l'ovaire. « Ce parasite est de forme oblongue-arrondie; son enveloppe est d’un verttrès-pâle, transparente ; la masse intérieure, en dessus, a une nuance brunâtre ou vio:a- cée, avec une raie jaune presque disposée en Croix sur la partie médiane et simulant un corselet et deux ély- tres. En dessous, cette même masse intérieure pré- sente deux larges bandes longitudinales d’un violet foncé, séparées par un intervalle jaunâtre ou rosé, dans lequel se voient les œufs. A l’extrémité de Fabdomen s’ouvre l'anus, sous forme de fente. Les pattes sont al- longées, d’un vert pâle, transparentes, hispides, au nombre de quatre paires, la dernière étant bien plus grande que les autres. La tête est armée d’une paire de mandibules aiguës et articulées, et, au-dessous, d’une espèce de suçoir. Deux petits points noirs sur la région thoracique. Adulte, cet insecte a deux millimètres de long sur un et demi de large. « J'ignore si ce parasite est hermaphrodite ou non; mais tous les individus que j'ai tenus portaient une grande quantité d’œufs dans la région abdominale. Très-vivace de sa nature, il s’agite prestement dans l'eau, au milieu de laguelle il paraît vivre assez bien. 256 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1855.\ Dans certaines localités, il est extrêmement abondant sur l'A. Cellensis (1). » Troyes, 1* juin 1853. . Norice MONOGRAPHIQUE sur un nouveau genre de Coléop- tères de la famille des Longicornes, tribu des Céram- bycins, par M. Lucien Buouer. G. Eurvrrosorus, White, Catal. of Longicorn Coleop- tera of the British Museum, pag. 136 (1853). Corps aplati ou faiblement convexe, allongé. — Tête large, forte, saillante, anguleuse, inclinée, à peine ou pas rétrécie en arrière. Yeux ronds, petits, saillants, distants du bord du corselet. Antennes filiformes, de onze articles dans les deux sexes, de moitié plus lon- gues que le corps dans les mâles, d’un tiers seulement dans les femelles; le premier article moyennement long, épais, renflé vers l’extrémité, le plus souvent échancré en dessous à la base ; le second assez court, conique; le troisième aussi long que la tête et le corselet.réunis, orné à l'extrémité d’une touffe de poils couchés en avant; le quatrième de Ja longueur du précédent, les suivants allant en diminuant graduellement. Mandi- bules grandes, fortes, arquées, pointues, aplatices, échan- crées à l'extrémité interne dans les mâl’s, faibles et à peine saillantes au repos dans les femelles. Palpes ma- xillaires assez longs, les trois derniers articles égaux et coniques. Palpes labiaux plus courts que les maxillai- res, cylindriques, à dernier article plus court. Pro- (1) Ce parasite, que j'ai également rencontré sur l'A. Cellensis et sur l'A. piscinalis (Voy. 5° art., p. 8), paraît être le Lymno- charis Anodontæ, C. Pfeiff.. Carus cite encore, comme vivant sur les Nayades, les Hydrachna concharum, Baer, et Trombi- dium nolatum, Ratbke. Revte et Mag.de loolorte 1853 PL Lebruntes :2 6. Éurvprosopus me 7 Apochrvsa werénelr. Gner Men 8. Ectüipus Ærézeeus. Siynoree es Z TRAVAUX INÉDITS. 257 thorax aussi large que la tête, convexe. inégal, renflé ct arrondi sur les côtés, fortement étranglé à la base. Pros- ternum non saillant. Ecusson petit, triangulaire, ar- rondi au bout. Elytres allongées, semi-cylindriques, parfois presque planes, larges et carrées à la base, plus étroites etarrondies à l'extrémité. Pattes longues, fortes, cuisses en massue. Tarses de plus de moitié moins longs que les jambes, ayant les trois premiers articles assez larges, ap'alis, garnis en dessous de lamelles ovalaires, avec le quatrième article allongé et terminé par deux crochets simples. — Abdomen grèle, composé de cinq segments dans les deux sexes. Ce genre, qui est exclusivement propre al Amérique méridionale, compte déjà six espèces, dont cinq nou- velles; il rentre dans la tribu des Cérambycins de Ser- ville, et doit, selon moi, se ranger près de Compsocères. I Secriox. — Premier article des antennes échan- cré intérieurement à la base. Elyires moyennement convexes, 4. E. Alexianus. — Capite, thorace, scutelloque rufo-ferrusi- neïs ; elytris obscure viridis, antennis nigris, articulis quatuor pri- mis, pedibus abdomineque rufo-ferrugineis. — Loug. 41-19 m:1- lim. ; larg. 3-4 millim. 442. (PI. 8, f. 4.) Mûle. — Tête d’un rouge ferrugireux, très-forte, an- k, puieuse, finement chagrinée en avant, convexe, avec une ligne enfoncée bien marquée entre les antennes ; Pxirémite des mandibules noire ; labre transversal, fai- blement rebordé. Antennes noires, ornées d’une touffe de poils de même couleur, avec les trois premiers ar- ticles et les deux tiers du quatrième d’un rouge ferru- gineux. Corselet de cette dernière couleur, convexe eu “dessus, renflé sur les côtés, étranglé à la base, avec une tite fosselte au milieu, en regard de l’écusson, et une Sue enfoncée peu marquée de chaque côté. Ecusson, Mure également, petit, concave, avec deux lignes trans- “érsales arquées près de la pointe. Élytres : allongées, 2° séme, Tr. v, Année 1855. 17 258 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1853.) d’un vert bouteille bleuâtre mat, coupées carrément à la base, légèrement convexes, allant en diminuant jus- qu’à l'extrémité, qui est arrondie et luisante. Dessous du corps et pattes entièrement d’un rouge ferrugineux. Je ne connais pas la femelle de cet insecte, dont j'ai vu neuf individus, tant dans les collections de MM. le marquis de la Ferté-Sénectère, le comte G. Mniszech. que dans la mienne; ils varient sensiblement pour la taille, et ont été pris tous aux environs de Rio-Janeiro. 2. E. Dardanus.—Capite, thorace, scutelloque rufo-ferrugineis ; elytris viridis, macula magna, flava, dentata ornatis; antennis ni- gris, articulis quatuor primis, pedibus abdomineque rufo-ferrugi- neis. — Long. 18 millim. ; larg. 5 millim. (PI. 8, f. 2.) Müle. — Tête, antennes et corselet de la taille, de la forme et de la couleur de l’Alexianus ; le dernier en dif- fère seulement en ce qu’il a, de chaque côté, deux im- pressions longitudinales au lieu d’une, et en ce que la fossette du milieu de la base est plus allongée. Ecusson rouge, petit. concave, avec deux lignes transversales enfoncées. Elytres d’un beau vert, coupées carrément à la base, convexes, ayant chacune dans le milieu une large tache longitudinale fauve, dentelée à chaque ex- trémité. Dessous du corps el pattes d’un rouge ferrugi- neux comme la tête et le corselet. { Cet insecte, unique dans la collection de M. le comte G. Mniszech, a été trouvé au Brésil par feu M. Beské,« naturaliste voyageur, auquel la science est redevable« d’une quantité de nouveautés intéressantes. L 3. E. Clavipes, White, Catal. of Longicorn Coleoptera of the # British Museum, p. 437, pl. IV, f. 2. — Rufo ferrugineus; elytriss maculis duabus obscure-viridis, — Long. 45 millim. ; larg. 3 mil lim. 412. (PL. 8, f. 3.) Mûle.— Corps d’un rouge ferrugineux.Têtemoyenne, pointillée en dessus, avec une impression bien marquée. entre les antennes; extrémité des mandibules noires Antennes de cette dernière couleur, avec les trois pre: TRAVAUX INÉDITS. 259 miers articles et les deux tiers du quatrième rouges. Corselet légèrement étranglé à la base, à peine renflé sur les côtés, avec une ligne enfoncée au milieu et une impression peu marquée de chaque côté. Ecusson rouge également, petit, inégal. Elytres coupées carrément, convexes, à peine rétrécies en arrière, avec deux larges taches d’un vert obscur : la première, de forme trian- gulaire, prend naissance à la base des élytres, et se ter- mine en pointe vers le milieu; la seconde est située à l'extrémité. Pattes et dessous du corps d’un rouge fer- rugineux. Cet insecte fait partie de la collection de M. Chevro- lat, où il figurait sous le nom de Chorisophthalmus seutel- laris, que je n’ai pu lui conserver. Il a aussi été trouvé aux environs de Rio-Janeiro. 4. E. Apicalis. — Rufo-ferrugineus ; elytris apice obscure viri- dis. — Long. 47 millim. ; larg. 4 millim. (PI. 8, f. 4.) Mâle. — Corps d’un rouge ferrugineux. Tête forte, anguleuse, convexe, avec une ligne enfoncée bien mar- quée entre les antennes; extrémité des mandibules noire ; labre transversal et faiblement rebordé. Anten- nes noires, ornées d’une touffe de poils de même cou- leur, avec les trois premiers articles et les deux tiers du quatrième d’un rouge ferrugineux. Corselet convexe, … À peine renflé sur les côtés, faiblement étranglé à la - base, avec une ligne enfoncée au milieu et deux autres lignes ou impressious assez marquées de chaque côté. Ecusson petit, concave et inégal. Elytres coupées carré- ment à la base, moyennement convexes, à peine rétré- “Lies en arrière, avec une lache d’un vert noir aux extré- Y _mités. Pattes et dessous du corps d’un rouge ferrugineux. Cet insecte a été trouvé au Brésil par M. Beské, et fait partie de la riche collection de M. le comte G. Mniszech, Lo a bien voulu me le communiquer. Il pourrait bien m'être qu'une variété de l'espèce précédente; il n'en 260 REV. ET MAG. DE Z0OLOGIE. (Juin 1855.) diffère, en effet, que par la taille, qui est un peu plus grande, et par l'absence de la tache triangulaire située à la base des élytres. TI Secrion. — Premier article des antennesnonéchan- cré à la base. Elytres presque planes. 5. E. Nigripennis. — Capite, thorace, scutelloque rufo-testaceis; elytris nigris, antennis articulis quatuor primis, pedibus abdomine- que rufo-testaceis. — Long. 14 millim.; larg. 4 millim. (PI. 8, f. 3.) Femelle. — Tête d’un rouge testacé, moyenne; angles peu saillants, légèrement convexes, avec une ligne en- foncée bien marquée entre les antennes ; extrémité des mandibules noire; labre transversal, rebordé. Antennes noires, ornées d’une touffe de poils de même couleur, avec les trois premiers articles et la moitié du quatrième d’un rouge testacé. Corselet de cette dernière couleur, cylindrique, à peine renflé et inégal sur les côtés, étran- glé à la base, avec une petite fossette au milieu, en re- gard de l’écusson. Celui-ci d’un rouge testacé également, petit, avec une ligne transversale enfoncée au milieu. Elytres planes, d’un noir mat, coupées carrément à la base, allant en diminuant jusqu’à l'extrémité. On voit, à la hauteur de l’écusson, et ne le dépassant guère, une petite ligne suturale d’un rouge testacé. Dessous du corps et pattes de cette dernière couleur, avec les deuxième, troisième et quatrième segments abdominaux maculés de noir. Cet insecte, qui provient du Brésil, m’a été commu-« niqué par M. Chevrolat sous le nom que je lui ai conservé. 6. E. Cyanipennis. — Capite, thorace, scutelloque rufo-ferru-« gineis; elytris nigro-cyaneis, antennis nigris, arliculis quatuor primis, pedibusque rufo-testaceis ; abdomine cyaneo. — Long. 121 millim.; larg. 5 millim. (PI. 8, f. 6.) . Femelle. — Tête d’un rouge ferrugineux, moyenne, à angles peu saillants, convexe et lisse en dessus, avec une ligne enfoncée entre les antennes; extrémité des, TRAVAUX INÉDITS. 261 mandibules noire; labre transversal faiblement rebordé. Antennes noires, ornées d’une touffe de poils de même couleur, avec les trois premiers articles et la moitié du quatrième d’un rouge ferrugineux. Corselet de cette dernière couleur, presque cylindrique, renîlé sur les côtés, étranglé à la base, sans fosselte au milieu, avec une impression longitudinale et un enfoncement trian- gulaire de chaque côté. Ecusson d’un rouge ferrugineux également, petit, avec deux lignes transversales enfon- cées. Elytres d’un beau bleu foncé, presque planes, coupées carrément à la base, parallèles, arrondies et luisantes à l'extrémité seulement. Paltes et dessous du corps d’un rouge testacé; segments abdominaux bleuà- tres, maculés de rouge au milieu. Cet insecte, unique dans ma collection, a été pris aux environs de Rio-Janeiro. Descrprion d’une nouvelle espèce de Névroptères, par M. Guérix-MÉNEVILLE. M. Schneider, dans sa belle Monographie des Héméro- biens, p. 37, établit ainsi les caractères des deux gen- res qu’il admet dans sa division des Chrysopinorum : I. Caput antice conicum, paulo elongatum ; antennarum arti- culi ju apice pilis setosis duobus oppositis ornati; alæ inferiores superioribus paulo breviores; in alæ area discoidali duæ venula- rum gradatarum series; area cubitalis angusta, e cellulis cubitali- bus plerumque quinquangulis vel quadrangulis composita; venula cellulam cubitalem (plerumque) tertiam secans aut curvata ante primi secloris radii primam venulam transversalem in hunc aperta, aut directa cum ipsa proxima venula cubitali conjuncla. — Chry- sopa, Leach. IL. Caput antice paulo abbreviatum ; alæ inferiores superioribus wix longiores ; in area discoidali tres vel quatuor venularum gra- “datarum interrupta series; area cubitalis angustissima; cubitus mon fractus, primo sectori parallelus; areolæ cubitales oblongæ “quadrangulkæ, tertia sine venula secante. — Apochrysa, Schnei- der. s 262 REV. ET MAG, DE Z00LOGIE, (Juin 1855.) Dans ce genre, il n’y a qu’une seule espèce, décrite par M. Schneider, et que M. Rambur avait publiée sous le nom de Hemerobius leptaleus. (Hist. nat. des Névrop- tères, Buff., Roret, p. 429.) M. Schneïder en donne la diagnose suivante : Apochrysa leptalea. — Fulva; palpis pallidis; antennis mas alis paulo longioribus, fæmina brevioribus, fulvis, duobus priori- bus articulis exterius stria obscure rufa; prothorace latitudine duplo longiore, postice utrinque liueola nigra; alis magnis, açuuis, albidis ; venis pallidis, in margine posteriore nebula funcata di- luta; prima venularum gradatarum serie in media ala inferiore nigra, ncbu'a fusca, aureosplendente circumfusa ; abdomine in lateribus linca obscure rufa cincto. — Hab. Prom. Bonæ Spei. — Long., 4 cent. 4 mill. Enverg., 4 cent. Notre nouvelle espèce se distingue de celle-ci par des caractères tranchés, et surtout par les deux petits dis- ques élevés et si extraordinaires de ses ailes supérieu- res. En voici la diagnose : Apochrysa marianella (PI: 8, f. 7). — Flava; abdominis apice supra et Jateribus saturatioribus; palpis, antennis, pedibusque albidis antennis alis paulo longioribus, articulo basali crasso sub ferrugineo, proximis hirsut's, lineaque tenui fusca externe nota- tis, prothorace e tertia parte latitudine longiore ; alis magnis apice rotundatis, posticis sub apicem paulo angulatis , lutescente vix tinctis, valde iridescentibus, venis, albidis, anticis bullis duabus mioutis ovalibus nitidissimis discoïdalibus (una ante alteraque pone medium), venis in parte bullata dilatatis et nigris, omnibus macula parva fusca in loco stigmatis nebulaque fusca prope me- dium marginis posticis (in alii posticis fere obliterata); abdomine valde elongato. — Hab. Para Brasiliæ. — Long., 20. Enverg., 65 millim. (D. Bates). In Mus. Britann. Corps et antennes jaunes, Ailes transparentes, iri- sées, à nervures jaunes, cilices. Les supérieures ayant sur le disque deux élévations luisantes, creuses en des- sous, ornées de raies noires. Une grande tache noirâtre triangulaire près du bord inférieur et une petite tache au bord antérieur, près de l'extrémité, à la place du stygmate. Aux inférieures, trois petites laches égale- TRAVAUX INÉDITS. 263 ment brunes: l’une près de la base, au bord inférieur, l'autre au bord antérieur, à la place du stygmate, et la dernière, plus large, vers le milieu du bord inférieur. Cette singulière espèce est surtout remarquable par les élévations luisantes et à nervures noires qui se voient sur les ailes supérieures, lesquelles forment deux espèces de bulles creuses en dessous. Nous l’avons dé- crite et figurée au Muséum britannique, où l’on n’en possède qu’un seul individu, rapporté du Para par M. Bates, et nous lui avons donné le nom de la jolie petite fille de notre savant ami, M. Adam White, qui nous avait permis d'étudier et de publier ce remarqua- ble Névroptère. Nonce sur un insecte de la section des Homoptères de la tribu des Tettigonoïdes, par V. Sicnorer. Genre Ectypus, Signoret. — Homoptère de la tribu des Teltigonoïdes, Spix. — L’insecte qui fait l'objet de celle notice est remarquable par sa forme, qui sort un peu de l'ordinaire; et, malgré mon avertion pour toute création nouvelle, comme je ne peux le rapporter à au- cun groupe connu, je me vois forcé de créer un genre nouveau pour celte espèce. Par le facies, il ressemble à une Tettigone de la série des Aulacizes, el qui aurait les élytres beaucoup plus courtes que l'abdomen; mais l’absence des ocelles l'en fait éloigner de suite ; toutefois, il ne peut guère s’éloi- gner de ce genre par la forme de sa tête et de son cha- peron. Il ne resterait que les Jassites, avec lesquels on pour rait le confondre. En effet, sa forme est identique à cer- fains d’entre eux, tels que l’Afhysanus stylatus, Bohem. Comme ce dernier, il a la face séparée du vertex par un rebord presque tranchant; les élytres sont égale- 264 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1853.) ment moins grandes que l’abéomen : un seul caractère les fait rejeter de ce groupe, c’est la forme convexe de la face, et surtout du chaperon, sur un plan différent des joues et l'insertion des antennes en dessous d'un rebord qui va de l'œil au bord antérieur de la tête. Ce dernier caractère me paraît surtout très-bon pour éta- blir le groupe des Tettigonoïdes; mais nous avons vu que, s’il cadre avec ceux-ci, malgré l'absence des ocel- les, qu'il est impossible d’apercevoir avec les plus forts grossissements, quoique la place qu’ils devraient occu- per soit bien indiquée par la présence de deux fossettes entre les yeux et la ligne médiane, cependant nous ne pouvons le rapporter à aucun genre de ce groupe. Peut-être, à cause de la brièveté des élytres, pourrait- on me contester l’état parfait de l’insecte; mais je pense que, dans l’état actuel de la science, ce fait seul ne peut pas faire objection pour certains cas. En eflet, un grand nombre d'insectes, et surtout d'Homoptères, nous pré- sentent ce caractère; mais il est évident que tous ceux ayant subi leur dernière métamorphose sont à l’état parfait, c’est-à-dire celui auquel ils pourront se repro- duire. Cela ne veut pas dire que les élytres, le meilleur caractère sans contredit pour faire reconnaître cet état, auront atteint toute la grandeur qu’elles peuvent avoir, qu’elles auront plus tard; mais, entre les élytres, qui sont souvent à l’élat de moignon, mais se développent, et ces fourreaux qui les contiennent quand l’insecte est encore nymphe, il y a une grande différence, et, pour moi, il ne peut y avoir doute. En effet, ces derniers ont les fourreaux rejetés de chaque côté de l’abdomen et sans pouvoir se toucher, tandis que, dans tous les insec- tes à demi-élytres el reconnu comme étant à l’état par- fait, ces organes se trouvent réunis vers la ligne mé: dianc. Un second caractère est encore là pour nous aider, c’est la présence de l’écusson. Enfin, un dernier, c'est Ja présence d'œufs dans l'abdomen; ici, dans l’in- TRAVAUX INÉDITS. 265 secte qui nous occupe, ils sont trés-développés et exces- sivement grands; ils ont trois millimètres de long sur un de large. Voici les caractères du genre que je nommerai Ecty- pus, de rs, relief. Tête triangulaire, avec un sillon médian; sommet aplati; le front très-convexe et le chaperon en forme de coin. Rostre court, épais; antennes courtes, pas plus longues que la tête; yeux très-saillants. Absence d’ocelles. Prothorax avec un sillon transversal antérieurement, légèrement protubescent en arrière; bord postérieur droit. Ecusson très-pelit et convexe. Elytres sans nervures, coriaces, bosselées et dépas- sant à peine le milieu de l'abdomen. Ailes à l’état rudimentaire. Abdomen épais, court, arrondi, avec l’appendice vul- vaire large, à bord apical sinueux et avec les angles ex- ternes arrondis. Ecailles vulvaires épaisses, courtes et très-convexes. Pattes fortes, avec les tibias postérieurs offrant de très-petits cils au côté interne et quelques fortes épines courtes au côté externe. E. Coriaceus, mibi., pl. 8, fig. 8. — Long., 0, 015. — Femelle de ma collection. — Bolivie. Nigro flavo et ferrugineo variegato capite triangulare supra plano, apice excavato thorace antice sulcato ; elytris rugosis, con- vexis nigris, Concavis ferrugineis; abdomine nigro rotundato, pedibusque nigris. Tête obtusément triangulaire, sillonnée, et présen- tant, en dessus, une large excavalion au sommet; la portion postérieure jaune et l’antérieure noire, ainsi que le dessous, qui présente aussi une large fossette en avant; le chaperon pyramidal. 266 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1853.) Rostre très-épais, atteignant, sans en dépasser, les jambes antérieures. Yeux très-proéminents, et, entre ceux-ci, un petit point enfoncé représentant la place que devraient occu- per les ocelles. Près le bord postérieur, de chaque côté de la ligne médiane, une petite tache brune. Prothorax deux fois plus large que long ; le sommet plus étroit que la base. On remarque antérieurement un large et profond sillon, dont le fond est noir; le bord antérieur présente une bande étroite jaune, de même nuance que la partie postérieure de la tête; le reste de la surface est d’un ferrugineux brunâtre. Bords latéraux sinueux. Ecusson petit, convexe, d’un brun ferrugineux. Elytres très-convexes, ne dépassant pas le troisième, el présentant une surfacc inégale rugueuse et finement ponctuée ; les parties convexes noirâtres et les parties enfoncées ferrugineuses, avec une très-fine pubescence soyeuse. Ailes à l’état rudimentaire. Abdomen noir, arrondi sur les côtés, lisse: appen- dice vulvaire le double plus large qu’un segment, à sur- face légèrement ridée transversalement et à bord posté- rieur sinué. Ecailles vulvaires très-convexes, avec l’oviducte les dépassant un peu au sommet. Pattes assez longues, entièrement noires, avec les tibias postérieurs ne présentant que de très-petits cils et quelques fortes épines, mais petites. 4er avril 4853. TRAVAUX INÉDITS. 267 CaraoGue des Carabiques recueillis par M. Bocandé dans la Guinée portugaise, avec la description sommaire des espèces nouvelles ; par M. de Larerré-SéNectÈRe. — Suite. Voy. 1850, p. 256, 526, 388. — 1851, p. 81, 221, 346, 427. — 1859, p. 65. Chlænius aterrimus. — Nous réparons ici une omis- sion, en décrivant tardivement une espèce de. Chlænius que nous avons retrouvée, après coup, parmi les Cara- biques de M. Bocandé, confondue avec les Abacetus, dont elle a le facies. Cette espèce a déjà été citée et clas- sée par nous dans notre catalogue des Chlænius (Ann. Soc. ent., 1851, p. 246); mais, comme elle est inédite, il n’est pas inutile d’en donner ici une courte descrip- tion. Sa couleur est entièrement noire; ses élytres, gla- bres, sont couvertes de stries profondément gravées, et laissent voir quelques reflets irisés. Le corselet pré- sente deux stries longitudinales très-profondes, dont le fond est lisse. Les antennes, noires à la base, sont rous- sâtres à partir du cinquième article. Tout le dessous du corps, même la poitrine, est d’un noir très-luisant à reflets irisés. Mais, ce qui le distingue de toutes les es- pèces du même groupe à élytres striées, c’est la couleur de ses pattes, qui, au lieu d’être ferrugineuses, sont aussi noires que le reste du corps. — Longueur, 11 à 12 millim. ; largeur, 4 1/2 à 5 millim. Pogonus Senegalensis (Dej., t. V, p. 705). Sphodrus punetatus. — C’est la première espèce de ce genre qui ait été découverte dans les régions tropicales de PAfrique. Il est de la taille du $. planus. La forme des antennes, celle du labre, des mandibules et de la dent du menton, n’offrent pas de différence importante, et ne permettent pas de séparer cet insecte des Sphodrus. Mal- heureusement, l’état de mutilation des palpes laisse 268 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1853.) dans la comparaison une lacune regrettable. La forme du corselet est encore à peu près la même, bien qu'il soit un peu moins rétréci postérieurement. Mais, ce qui diffère essentiellement, ce sont les élytres. Première- ment, leur forme les rapproche de celles du S. Goliatht, Karclin, de la Turcomanie; c’est-à-dire qu’elles sont convexes, pas plus larges vers le milieu qu’à la base, et diminuant de largeur à partir du milieu. Eu second lieu, leur ponctuation est tout-à-fait anormale dans ce geure : au lieu d’offrir simplement des stries peu pro- fondes, finement ponctuées, à intervalles plats et lisses, elles présentent des stries profondes, séparées par des côtes entièrement couvertes d’une ponctuation abon- dante qui donne naissance à un duvet roussâtre. — Lon- gueur, 25 millim. ; largeur, 8,3 millim. Anchomenus insignicornis. — Tête étroite et allongée, avec les yeux peu saillants; les mandibules longues et très-pointues; les palpes très-allongés, et la dent de l’é- chancrure du menton simple et peu avancée; les an- tennes très-longnes, brunes, avec le premier article ferrugineux, remarquables par la grosseur des articles, qui est la même d’un bout à l’autre. Le corselet, très-fortement cordiforme, est relevé en gouttière sur les côtés d’une manière très-sensible ; il est, en outre, très-bombé sur le disque, et coupé carrément à la base, qui est un peu moins large que la tête, avec les angles postérieurs coupés très-carrément ; lisse et très-noir sur le disque, il est un peu moins foncé et abondamment chagriné vers-les bords; la ligne longitudinale du milieu forme un sillon assez sensible. Les élytres, deux fois aussi larges environ que le corse- let, sont complètement noires et assez chatoyantes, mal- gré la ponctuation abondante qui couvre l'intervalle des stries, qui, elles-mêmes, ne présentent pas de ponctua- Lion distincte; leur forme est en ovale régulièrement allongé et tronquée seulement à la partie antérieure, TRAVAUX INÉDITS. 269 avec les angles huméraux très-arrondis et une échan- crure très-marquée à peu de distance de l’angle apical, Ce qui caractérise encore cette espèce, déjà très-excen- trique, c’est la couleur des pattes, dont les cuisses sont d’un jaune clair, et le reste, tibias et tarses, d’un brun foncé, comme le dessous du corps. Nous ne possédons que deux femelles de cette inté- ressante espèce, qui pourrait bien devenir le type d’un genre nouveau parmi les Anchoménides, à cause de la forme de ses antennes, de ses palpes et de son corselet. — Longueur, 11 à 12 millim. ; largeur, 4 à 4,5 millim. Anchomenus causticus. — Cet insecte n’est pas très- éloigné de l'A. planicollis, Dej., et doit appartenir au même groupe. Il est presque entièrement d’un noir peu foncé, tournant au brun. Les antennes sont entièrement roussâtres, la tête convexe, extrèmement lisse; le cor- selet faiblement transversal, légèrement relevé en gout- tière sur les bords, surtout postérieurement ; le milieu du disque convexe et très-lisse, avec une ligne médiane très-marquée ; la base et les côtés du disque finement rugueux; les bords latéraux, arrondis dans les trois quarts de leur longueur, suivent une direction rectili- gne en approchant de la base, de manière que les an- gles postérieurs bien marqués sont presque droits. Les élytres ont environ une fois et demie la largeur du cor- selet; elles sont ovalaires, arrondies aux angles anté- rieurs, très-brillantes, et comme vernissées; les stries, finement guillochées plutôt que ponctuées, sont profon- des et séparées par des côles assez saillantes; le bord postérieur est sensiblement échancré à peu de distance de l’angle apical. Le dessous du corps est d’un noir brillant ; les pattes sont entièrement d’un jaune testacé très-clair, — Longueur, 12 à 12 192; largeur, 5,3 millim. Anchomenus rufocinctus. — Cette espèce, voisine de la précédente, est un peu moins large et plus allongée, 270 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1853.) Les antennes sont entièrement rougeâtres. Le corse- let a presque la même forme, mais il est un peu plus long ; les angles postérieurs sont arrondis ; la gout- tière est plus régulièrement relevée tout autour, et sa transparence la fait paraître roussätre. Les élytres, d’un brun noir mat, sont peu arrondies sur les côtés et peu convexes; les stries, finement gravées, n’offrent pas de ponctuation distincte; les espaces qui les séparent sont parfaitement plats, et on entrevoit deux points en- foncés sur le troisième espace, l’un à peu de distance de la base, l’autre vers le milieu de la longueur; le bord latéral, légèrement relevé, est, dans toute son étendue, coloré d’une teinte ferrugineuse. Le dessous du corps est d’un noir très-brillant, avec les pattes d’un jaune ferrugineux clair. — Longueur, 13 millim. ; largeur, 5 millim. Anchomenus rugicollis. — Les antennes sont brunes, avec le premier article seulement rougeâtre. Le corse- let, dans son ensemble, est arrondi: néanmoins, il pa- raît un peu anguleux vers le milieu des bords latéraux; les angles postérieurs, sans être précisément arrondis, sont très-obtus ; la gouttière, médiocrement large, n’est pas ferrugineuse; le disque, dans toute son étendue, est couvert d’une ponctuation confluente qui lui donne un aspect terne et rugueux. Les élytres ont une forme allongée, assez régulièrement ovale; les stries, assez profondes, sont distinctement pointillées, et les inter- valles forment des côtes légèrement saillantes, les deux points enfoncés de la troisième sont placés comme dans l'espèce précédente. Le dessous du corps est d’un noir brillant, avec les pattes d’un jaune ferrugineux clair. — Longueur, 12 millim. 472; largeur, 4,8 millim. Anchomenus subvirescens. — La tête, d’un brun foncé, présente deux impressions profondes entre les anten- nes, qui sont brunes, avec le seul article basilaire d’un jaune ferrugineux. Le corselet, brun, est cordiforme, RAR. - TRAVAUX INÉDITS. 271 arrondi sur les côtés, plus large antérieurement que postérieurement ; la gouttière, sensiblement relevée, est d’un jaune transparent; les angles postérieurs mar- qués, mais arrondis. Les élytres, plus parallèles, plus carrées à la base que dans les espèces précédentes, sont d’un brun verdâtre mat, sans apparence de reflets ; les stries, très-fines, sont distinctement ponctuées et sépa- rées par des intervalles plats; elles sont sensiblement échancrées à l’angle postérieur externe, et leur bord la- téral est teinté de jaune dans toute sa longueur, jusqu’à l'angle apical, qui est légèrement aigu. Le dessous du corps est brun, avec les paltes d’un jaune ferrugineux clair. — Longueur, 11 millim. 1/2; largeur, 4,2 millim. Cette espèce, voisine du Rufocinctus par la bordure jaune du corselet et des élytres, s’en distingue par l’in- fériorité de sa taille, par la forme plus parallèle et par la teinte verdâtre des élytres. Anchomenus fulvipes (Dej., Catal.). — Cette petite es- pèce est de la taille et de la couleur de l'A. pallipes, F.; mais la forme de son corselet l’en éloigne et la rappro- che des espèces précédentes. Les antennes sont brunes, avec le premier article seulement ferrugineux. Le cor- selet est arrondi latéralement, et même à la base, avec les angles postérieurs très-obtus et presque insensibles, Il est fortement transversal, d’un Liers environ plus large que long. Les côtés, comme dans les espèces pré- cédentes, sont relevés en gouttière et ornés d’une teinte ferrugineuse. Les élytres ont à peu près la même forme que celles du pallipes; seulement, elles sont plus plates et plus échancrées postérieurement, près de l'angle api- cal, qui est arrondi; elles ne sont ni plus ni moins bril- lantes. Les stries sont fines et non ponctnées ; les points enfoncés du troisième intervalle sont au nombre de trois, et placés à peu près au premier, au deuxième et au troisième quart de la longueur. Le dessous du corps 279 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1855.) est brun; les pattes sont entièrement d’un jaune fauve. — Longueur, 6 millim 1/2; largeur, 2,8 millim. II. SOCIÉTÉS SAVANTES. ACADÉMIE DEs SCIENCES DE PARIS. Séance du 16 Mai 1853. — Rapport sur un Mémoire de M. Gratiolet sur l’organisation du système vasculaire de la sangsue médicinale et de l'Aulastome vorace, pour servir à l’histoire du mouvement du sang dans les Hirudinées. C’est par une série d’habiles préparations anatomiqnes que M. Gratiolet a complété l'étude des Hi- rudinése, dont M. Moquin-Tandon avait précédemment décrit les caractères. Les premières recherches de l’au- teur se sont bornées à deux espèces représentant deux groupes bien distincts : l’un est celui des Hirudinées suceuses de sang (Hirudo officinalis); l'autre est celui des Hirudinées voraces (Hæmopis vorax, Savigny). Les études de M. Gratiolet ont principalement fait connai- tre : 1° la description circonstanciée des quatre réseaux variqueux sous-cutanés ; 2° celle du réseau cutané, com- posé de rameaux en arcades et fournissant aux tégu- ments leurs vaisseaux nutritifs ; 3° l'existence bien cons- tatée d’un réseau dorsal sous-épidémique respirateur ; 4° la démonstration des réseaux de l'intestin, et parti- culièrement de sa valvule spirale, dont l’auteur a donné une description détaillée; 5° dans les branches infé- rieures du vaisseau latéral, qui éprouve une dilata- tion en passant sur la face externe de chaque testicule, vus par Brandt (i), M. Gratiolet a distingué trois ou quatre renflements sphériques disposés en chapelet, qu’il regarde comme de véritables cœurs; 6° les vési- (1) Zoologie médicale. SOCIÉTÉS SAVANTES, 275 cules, regardées par Dugès comme des organes respira- toires, ont élé plus spécialement étudiées par M. Gratio- let, qui a trouvé, dans la paroi du boyau annexé au réseau sanguin de ces vésicules, une structure glandu- leuse; il a démontré qu'une de ces branches s'ouvrait dans la vésicule qui lui correspond, ct il a décrit avec une remarquable clarté toutes les dispositions, tous les rapports de cet appareil, regardé par lui comme servant à une sécrétion excrémentielle. M. Duvernoy annonce, dans son rapport, que M. Gra- tiolet prépare un second Mémoire sur la Néphelis vul- gaire et sur la Trochélie, qu’il regarde comme une vraie Néphelis terricole. Séance du 25 Mai. — Mémoire sur l’organisation des Reptiles Batraciens, qui ont et conservent une queue pendant toute leur vie, ou Urodèles, par M. C. Dumé- ril (1:. L'étendue de ce Mémoire, dû au savant erpéto- logiste du Muséum, ne nous permet pas d'en donner une analyse; c’est l’histoire de l’organisation générale et des mœurs des Reptiles Batraciens qui constituent aujour- d’hui le sous-ordre des Urodèles, ordre d’autant plus intéressant à étudier que, par sa structure, successive- ment modifiée, il semble établir une sorte de transition “naturelle à la dernière classe des Vertébrés respirant uniquement par des branchies, qui est celle des Pois- sons. — Mémoire de M. Remak sur des fibres nerveuses ganglieuses chez l’homme et chez les animaux verté- brés. Ce Mémoire établit que les fibres ganglieuses pos- sèdent des propriétés dislinctives offrant aux recherches nervo-physiologiques une voie toute nouvelle. Séance du 30 Mai. — M. Duvernoy lit un Mémoire sur les caractères anatomiques que présentent les squelet- tes du Troglodytes tschego, Duv., et du Gorilla yina, (4) Extrait du £, IX de l'Erpétologie générale. 2e séme, T. v. Année 4853. 15 274 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE, (Juin 18553.) Isid. Geoff., nouvelles espèces de grands singes pseu- do-antropomorphes de la côte occidentale d'Afrique. Le travail publié dans ce recueil par M. Henri Aucapi- taine ayant retracé l'historique de la découverte du Go- rille (1), nous dirons seulement que M. Duvernoy divise son Mémoire en quatre parties : la première traite des caractères ostéologiques de la tête des genres Troglo- dytes, Orang et Gibbon, et des espèces de ces genres, dont il existe des spécimens dans les collections d’ana- tomie comparée du Muséum. Dans la seconde, l’auteur passe en revue les principaux caractères que ces mêmes espèces présentent dans le reste de leur squelette. La troisième parlie est consacrée à des caractères qui dis- tinguent le Gorille dans tout son squelette comparative- ment aux genres précédents. La quatrième résume les précédentes en présentant les conclusions, qui sont que le Tr. chimpanzé est distinct du 7. tscheyo, déduction tirée d’un examen du squelette ; que le Gorille doit for- mer un genre distinct du Chimpanzé, ce que démontre son système de dentition, la face et les deux courbu- res des arcades zygomatiques, le développement ex- traordinaire de la crête sagittale et occipitale, consé- quemment des fosses temporales ; l’allongement du museau, la longueur extraordinaire des apophyses épi-° neuses et transverses des vertèbres cervicales, la lon- gueur de sa dernière paire de côtes, attachée aux iléons, la dimension considérable de ces os, qui s’avancent à la rencontre de la treizième paire de côtes, fournissent ainsi une large paroi à la cavité abdominale. Enfin, dans la forme élargie de l’omoplate du Gorille, dont l’épine est transversale, par là très-différent de celui du Tro- glodytes. Cette différence serait assez caractéristique à elle seule, dit M. Duvernoy, pour distinguer le genre. La troisième question est l’ordre dans lequel on doit (1) Février et mars 1853. SOCIÉTÉS SAVANTES, 275 placer les quatre singes : le Gorille est rangé avant les Orangs et après les Troglodytes, tel que l’avait anoncé M. Isid. Geoffroy dans son cours, et que l'avait repro- duit M. Aucapitaine (1). M. Duvernoy donnera succes- sivement un Mémoire sur la myologie du Gorille et un autre sur les organes de la voix et de la génération. Dans la même séance, M. Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire a présenté quelques notes à la suite du Mémoire de M. Duvernoy : elles portent sur les rapports naturels du Gorille. Dans les leçons de son cour, reproduites dans ce journal, M. Isid. Geoffroy avait provisoirement appelé cette espèce Gorilla Savagei. Par des motifs faciles à comprendre, le professeur y a substitué, dans son cours à la Sorbonne, celui de Gorilla gina, ainsi qu'il est éti- queté dans les galeries du Muséum; l’ensemble de la note confirme la conclusion de M. Duvernoy, par rap- port à la place du Gorille parmi les Primates. — Application de la physiologie comparée. Recher- ches sur la vitalité des spermatozoïdes de quelques poissons d’eau douce, par M. A. de Quatrefages. Séances des 6 et 13 Juin. — Rien pour la zoologie. Séance du 20 Juin. — Physiologie comparée. — Sur les mouvements du fluide nourricier chez les Arachni- des pulmonaires, par M. E. Blanchard. Dans plusieurs précédents Mémoires et dans les plan- ches de sen grand ouvrage sur l’organisation du règne animal, l’auteur a montré la complication et la dispo- .sition que présente le système artériel chez les Arachni- des pulmonaires (ordre des Pedipalpes), animaux chez lesquels le système veineux est dans un état incomplet analogue à celui des Mollusques. M. E. Blanchard con- clut de son travail que ces Arachnides, dont le sang veineux circule, dans presque tout son parcours, dans des canaux nettement circonscrits, qu’il arrive dans la (4) Revue zoologique, p. 404, 276 REV. ET MAG. DE Z0OLOGIE. (Juin 1855.) cavité abdominale comme dans un vaste sinus, pour de là pénétrer dans les organes respiratoires, d’où il re- monte vers le cœur par un mécanisme particulier. Par analogie, on doit présumer et rechercher des faits ana- logues. chez les Mollusques et les Crustacés. — Rapport verbal sur l'ouvrage de M. Carus ayant pour titre Symbolique de la forme humaine, par M. Du- vernoy. Ceci ouvrage, excessivement important, com- prend trois parties : symbolique générale, symbolique particulière, applications. C’est, sans contredit, la par- te la plus intéressante du livre, éducation, médecine, jurisprudence, état social, beaux-arts, application aux individualités, afin de déterminer les âges, les sens, les origines nationales. La symbolique, devenue science, apprend à connaitre les lois morphologiques; elle est à la fois sensuelle et supra-sensuelle. Dans l'axe verté- bral, l’auteur a découvert le module de la forme hu- maine, dans le tiers de la longueur verticale des vingt- quatre vertèbres mobiles de cet axe, composant les ré- gions cervicales, dorsales et lombaires. III. ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. Du Lour, de ses races ou variétés, par M. Maupuyr, conservateur du cabinet d'histoire naturelle, — Poi- tiers, broch. de 12 pages et 5 pl. 1851. Dans quelques pages, l’auteur retrace l’histoire du Loup et quelques notes sur ses mœurs, divers faits re- latifs à son accouplement avec le chien, et cite des frag- ments d’une lettre de M. de Lafresnaye renfermant des détails sur les métis, et appuyant l'opinion de M. Mauduyt, qui, contrairement aux idées émises par l’auteur de l’article Chien du Dictionnaire universel (t. III, p. 354, art. Chien), pense que l’accouplement ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX : 277 du chien et de la louve peut avoir lieu en liberté. Trois planches lithographiées représentent le Loup métis mâle ou Loup-chien ; le même femelle, et le Loup com- mun (Var. fauve). Henri AUCAPITAINE. HerpéroLocie pe LA Vienne, ou Tableau méthodique, iu- dicatif et descriptif des Reptiles, tant vivants que fossiles, observés jusqu’à présent dans le départe- ment de la Vienne, par M. Maupuyr, conservateur du Musée de Poitiers. — Broch. in-8°, 62 pages. Ce Catalogue, précédé de l'histoire naturelle des Rep- tiles, de notes anatomiques, comprend trente et une espèces. Nous y remarquons l’Emys europea, Bron., vivant à l’état libre dans les eaux du Clain et de quel- ques étangs. Cette espèce s’y est reproduite depuis plu- sieurs années; on ne la connaissait précédemment qu'à l'état domestique. M. Mauduyt cite quelques fragments de Sauriens ; mais ces débris étaient en trop mauvais état pour être déterminés : la Coluber glaucoïdes, Mil. (1), le Buso vineainsis, Lesson (2). L'auteur annonce avoir répété sur le Triton cornifex, Laurt., les expé- riences de Spallanzani sur la régénération des parties retranchées, mais il n’en donne pas les résultats. Cha- que espèce est accompagnée de sa description française et de notes sur son habitat spécial et ses mœurs. La seule espèce réellement nouvelle pour la Vienne est Triton zonarius, Mill. H:uAÿ {4) Cette espèce a été rencontrée dans la Charente-Inférieure par feu l'abbé Delolande, professeur d'histoire naturelle à Nan- tes, qui l’a figurée dans son excursion botanique, — Nantes, 1849. (2) Revue z00log., p. 35, 1845. 278 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE (Juin 1853.) ToryoLocre DE LA Vienne, ou Tableau méthodique et des- criptif des Poissons qui vivent actuellement dans ce département ou qui y remontent périodiquement et accidentellement, par M. Maupuyr, conservateur du cabinet d'histoire naturelle, — Poitiers, broch. pu- bliée en deux parties, 75 pages. Précédé de quelques notions historiques, la classifi- cation, les moyens de pêche, ce travail comprend la des- cription étendue et des notes sur quarante et une espè- ces de Poissons. L'auteur se proposait d'y décrire aussi les espèces fossiles, mais il en a été détourné par le man- que de documents; aussi renvoie-t-il ce travail à plus tard. Les espèces les plus intéressantes pour la faune du département de la Vienne sont le Gasteroteus gymnurus, le Leucyscus auratus, Mauduyt (à l’état libre dans les ri- vières), le Salmo hastatus, Cuv., Accipenser sturio, Guv., le Petromyson planeri, Bloch. Ces descriptions sont sui- vies d'un Catalogue des Poissons de mer qui se rencon- trent sur le marché de Poitiers. La brochure est accom- pagnée de deux planches au trait représentant le Salmo hastatus, Cuv., et le Sal. sulmar, Lin. H, A. Nota. Le même auteur a publié un tableau indicauf et descriptif des Mollusques terrestres et fluviatiles du département de la Vienne, avec pl. in-4, 1839, Poi- tiers. Catalogue des animaux mammifères du dép., in-8", 14 p. (Extrait des bull. de la Soc. d’agricul., belles- leti., scienc. ct arts de Poitiers), et une ornithologie, qui complètent sa Faune des Vertébrés. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 279 Journaz DE Concavzouocte publié sous la direction de M. Pernir ne La Saussave, t. IV, 1855, n° 1 et 2. Nous n’avons pas besoin de faire ressortir l’utilité de cette publication ; les applications de la Conchyliologie à la paléontologie en font une chose trop sérieuse pour qu'il soit besoin d’en parler. On pourrait diviser en deux séries les travaux contenus dans ce recueil, les uns d'anatomie, les autres de critique et de description. Nous allons indiquer sommairement, et dans l’ordre du journal, ces différents travaux, qui en font un ou- vrage remarquable à différents titres. IN°eT: Observations sur l'organe de la glaire des Gastéropodes terrestres et fluviatiles, par M. de Saint-Simon. — C’est un. travail anatomique-très-bien fait sur un organe ap- pelé testicule supérieur par Cuvier, albuminipare par M. Gratiolet, et que l’auteur, avec M. Moquin-Tandon et la plupart des anatomistes, désigne sous le nom d’or- gane ou glande de la glaire, ordinairement situé vers le côté droit de l’animal, dans le tortillon. Nous ne pou- vons, dans cette rapide analyse, entrer dans les minu- tieux détails descriptifs de M. de Saint-Simon, qui a ob- servé la glande de la glaire dans un grand nombre d’es- pèces terrestres et fluviatiles des genres Helix, Zonites, Vertigo, Bulime, Cyclostome, Ancyle. Cet organe avait été considéré par Swammerdam comme un ovaire, el Cuvier le regardait comme la partie la plus impor- tante du testicule. Les observations d’un grand nombre d’anatomistes ont prouvé que les spermatozoïdes et les ovules se développent à la fois dans l’organce en grappe, les premiers dans l’intérieur des lobules, les seconds à leur paroi interne. Les œufs passent de là dans le canal excréteur, pénètrent dans l'organe de la glaire, s’en- 280 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1853.) tourent d’une certaine quantité d’albumen et descen- dent dans l'utérus. Recherches anatomo-physiologiques sur les Mollus- ques de l'Algérie, par le docteur Louis Raymond, de la Glandine algérienne (Glandina algira, Beck). — Le genre Glandine est encore peu connu, et la G. algira est peut- être la seule espèce type des Glandines exotiques qui soit en Europe ou dans le nord de l'Afrique. L’anato- mie de cette espèce est divisée en description exté- rieure, anatomie du système digestif et de ses annexes, des systèmes respiratoire, circulatoire, sensitif, loco- moteur et reproducteur, enfin les mœurs et fonctions physiologiques de cette espèce, dont le docteur Ray- mond donne la synonymie; elle habite dans le nord de l'Algérie, dans les lieux boisés voisins de la mer, et généralement tout le Levant. Ce travail est accompagné d’une planche, sur laquelle sont figurés les différents organes décrits dans le Mémoire. Recherches sur la génération des Huitres, par M. C. Davaine. — Ce travail est le résumé d’une communi- cation faite à la société de Biologie en août 1852. On peut conclure de ce Mémoire très-important que les or- ganes de la génération, peu étudiés et presque incon- nus chez ces Acéphales, offrent tantôt l'apparence du testicule par la présence exclusive des zoospermes, tan- tôt l'apparence d’un ovaire par la présence des ovules, tantôt l’apparence d’un organe hermaphrodite par la présence de ces deux éléments réunis, et de déterminer que l’huître est douée de l'hermaphrodisme le plus complet. Le développement des embryons y est parfai- tement décrit, malgré la difficulté de la dissection par la réunion des divers organes générateurs. Note sur l'anatomie de la Mélanie fasciolée (Melania fasciolata), par le docteur Louis Raymond, 2° article. Description de l'animal, anatomie du système repro- ducteur. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 281 Description d’un Bulime nouveau, par M. Bernardi. Bulimus Alcantaræ, Bernardi (pl. 3, f. 1). — «B. Testa ovato- oblonga, alba; labro magno, extüs expanso, valdè reflexo; colu- mella obliquè medio concava; anfractibus septenis, convexo-de- pressis, longitudinaliter et irregulariter rugulosis : apertura intùs fusco-pallido tincta; spira conico-acuta, supernè pallide fusca. » Cette belle espèce, qui habite les îles Salomon, est dédiée au prince royal de Portugal, que le Journal de Conchyliologie compte au nombre de ses protecteurs ! Descriplion d'une espèce du genre Planorbis, par M. Moricand. Planorbis dentifer, Mor. — « P. testa orbiculata, nitens, fer- rugineo-cornea, ntrinque concava ; anfractibus subquinis, subro- tundatis, subtilissimè transversim et longitudinaliter strialis ; aper- tura obliqua, lunata, intus tuberculo albo, in medio anfractu pe- uultimo silo, ornata. » — Habite le lac Baril, près Bahia. Note sur le genre Mulleria de Férussac, par M. Petit de la Saussaye (1). Parmi les coquilles rapportées d'Egypte par M. F. Caïllaud se trouvait un Acéphale trouvé dans le Nil Bleu et qui fut décrit avec quelques autres Mollusques par M. de Férussac. Ce Mollusque. voisin des Ostrea, présentait le caractère tout nouveau d’une impression musculaire centrale, fandis que, comme chacun sait, les Ostrea n’en ont qu’une latérale et les Ethéries deux latérales distantes, de telle sorte, disait M. de Férussac, que si ces coquilles se trouvaient être des Ethéries, cette nouvelle Ethérie se trouvait à son tour être une Huitre, ou du moins semblait appartenir à la famille qui comprend ce genre. Frappé de ces caractères hétéroclites , ce conchyliologue en fit un genre dis- tinct, dédié au célèbre Müller, et dont voici la caracté- ristique : : G. Mulleria. — Coquille adhérente, inéquivalve, ir- régulière; valves réunies par un ligament extérieur, (1) Mém. Soc. hist. nat, de Paris, & 1, 1825, in-4°, p. 555. 282 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1853.) court latéral, et par une charnière sinueuse, munie de fossettes obliques, dans lesquelles s’emboîtent des: proëminences correspondantes garnies les unes et les autres par un appendice ligamenteux. Cette coquille, trouvée avec des Ethéries, en a sans doute les mêmes habitudes, est dans la collection de M. Delessert, Les conclusions de l’Académie à laquelle était soumis le travail de M. de Férussac étaient l’a- doption de ce genre, que Sowerby mentionna et fit figu- rer dans son Genera of schells, exemplaire sur lequel on n’aperçoit pas les crénelures mentionnées par Férus- sac. M. Deshayes, dans sa nouvelle édition de Lamarck (vol. VI, p. 695, 1835), cite, mais n’admet pas le genre Mulleria, se fondant sur ce que les deux impressions musculaires des Ethéries ne sont apparentes qu’à l’état adulte, et qu’il arrive alors de n’en voir qu’une sur de jeunes échantillons ; tant qu’à la crénelure, elle ne se- rait due, à ce qu’assure M. Deshayes, qu’à l'incident fortuit d'un instrument de fer introduit par le talon de la coquille. En 1851, M. A. d'Orbigny publia dans ce recueil (p. 59 et 185), sous le nom d’Acostea, un Mollusque de la famille des Unionidæ provenant de la Nouvelle-Gre- nade. D’après les caractères énoncés de ce nouveau genre, on eût pu reconnaitre de l’analogie avec la Mul- leria de Férussac par les suivants : 1° présence d’une seule impression musculaire ; 2° position latérale du li- gament avec le sinus signalé par M. Sowerby; 3° le pro- longement en talon de la valve inférieure ; # la couleur d’un vert noirâtre de l’intérieur des valves. Ce qui rend fort naturelle l’erreur de M. A, d’Orbigny, c’est l'omission faite par Sowerby et Deshayes de la petite valve régulière persistante et fixée à l’extrémité du ta- lon, caractère de premier ordre. M. Lea, de Philadel- phie, a publié, dans le Journal des sciences de Philadel- phie, une note dans laquelle il dit que le genre Acostea ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 283 doit, avec les Mulleria de Férussac, ne former qu'un seul et même genre. Etant venu à à Paris, le conchylio- logue américain a pu voir l'échantillon type dans la collection de M. Delessert, examen qui l’a confirmé dans son opinion. M- Petit dit même que l’A. Guaduasana paraît appartenir à l'espèce décrite par Férussac en 1825. Ce genre-devrait hranise place dans la famille des Unionidés. Descriptions de énlée nouvelles, par M. C. Recluz. Pholas Beauiana. — «P. tesla ovato-cuneata, anticè hiantis- sima, posticè sensim attenuata; valvulis anticè obliquè ac tenue cancellatis et ventricosis, posticè sulcatis; valvarum callo cardi- uali lineari, libero, altero inferiore cum valvis consolidato : la- mina dorsali elongato-transversa, irregulari. » — Habite la Gua- deloupe. : Poronia rugosa. — « P. testa trigona, iuflata, valde inæquila- tera, anticè longiore, concentricè sulcato-rugosa, rugis latioribus; natibus validis, anticé inflexis; albido-lutescente, margine dor- sali, regioneque cardinali purpureis. » Habite la Nouvelle-Hol- lande. Voisin du P. Scalaris Philippii. Pecten Philippii. — « P. testa subæquivalvi, rotundata, utrin- que convexa, radis 40 à 48, fusco-roseo maculatis, sulcatis, transversim crebrè striato-cancellatis ; interstitiis Jineà elevatà ac crenulatà notatis; auriculis parvis, valdè inæqualibus. « Variété: Testa radis lœvigatis, interstitiis crebre strialis. » — Habite les côtes de Sicile. Natica Taslei. — « Testa ovato-globosa, pallidè fulva, zonis albis quaternis cincta; zona supera unicolore, secunda maculis hastalis atro-purpureis notata, mediana duplicis seriebus maculo- rum spadicearum, cum serie infera angustiore, infima maculis concoloribus obliquis; anfractibus quaternis, convexis, radianter sulcatis; infimo ventricoso longitudinaliter ac regulariter lineis impressis æquidistantibus sulcato; spira conico-depressa, acuta plicata : funiculo crasso, umbilicum fere obtegente. Operculo… (Calcareo). » — Habite Mazatlan (Mexique). Notice sur le genre Ancylus, suivie d'un Catalogue des espèces de ce genre, par M. A. Bourguignat. — Déjà l’année dernière, M. Moquin-Tandon avait donné, dans le Journal de Conchyliologie, un Mémoire sur l'anatomie de VA. fluviatilis. M. A. Bourguignat donne aujour- 284 REV, ET MAG. D£ ZOOLOGIE. (Juin 1855.) d’hui plus qu’une notice, comme il l’appelle modeste- ment, c’est le prodrome d’une monographie du genre Ancyle, pour lequel il adopte les deux coupes section- naires Ancylastrum et Velletia. Pour ne pas revenir sur cet excellent travail, nous dirons que le second numéro contient le catalogue exact et une sévère critique de la synonymie des espèces. On ne saurait trop louer l’au- teur de la voie où il est entré relativement aux lois de la nomenelature impudemment violée chaque jour par le fanatisme du nobis, et dont il s'occupe d’une façon digne d’éloges; aussi avons-nous élé étonné de la note de M. Petit ajoutée à la suite du travail de M. Bourguignat relativement à ces mêmes lois, Pour notre part, nous devons dire que l’on doit partout extirper et les noms en duplicata, dans l’une ou l’autre classe du règne animal, de même qu’on doit se mettre en garde des noms singu- liers, comme ceux, par exemple, dont s’est servi M. Co- quand dans son travail sur la paléontologie africaine Passons. Parmi les espèces nouvelles indiquées seule- ment pour prendre date, nous signalerons : À. char- penterianus, B. (H. Valparaiso), 4. Raymondi (Algérie), A. Deshayesianus (.....?). Avec une érudition profonde, M. Bourguignat a donné une exacte synonymie de l’A. fluviatilis, auquel il rend son nom primitif, 4. simplex, Buc-’hoz (1), À. cyclostoma, B. (Aube), À. Moquinanus, B. (Dijon). A la suite de cette notice est la réplique de M. Petit, dont nous venons de parler. Nous avons dit notre pensée à ce sujet, ct nous croyons avoir les mêmes vues que M. Bourguignat; nous ajouterons seulement quesi les lois précises de la nomenclature linnéenne eus- sent été régulièrement observées, la science ne serait pas obstruée par des recherches arides de catalogues. Au milieu d’une foule de dénominations diverses qui en font un chaos, il n’est pas trop tard de revenir, sinon (1) Buc-’hoz, Aldrov. Lotharingiæ, ete., p. 236, n° 1130, 1771. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 285 sur les erreurs passées, du moins de n’en plus com- mettre à l'avenir! Description de deux coquilles nouvelles, par M. Ber- nardi. Mitra Rollandi. — « B. Tesla coniforme, lœvigata castaneo- fusca, supernè planulata; spira exsertiuscula, brevi, subacula; anfractibus octonis, ultimo supernè rotundato, superioribus tenue sulcatis ; apertura oblonga ; columella quinque-plicata; labro aculo. » — Habite... ? Voisine de la Mitra carbonaria. Marginella Vautieri. — « B. Testa ovato-oblonga, punctis ru- fulis, minutissimis, transversè crebrè seriatis, et fascia supra me- dium punctis spadiceis majoribus oruata ; apertura angusta, plicis columellæ senis, tribus superioribus cbsoletis, infimo bifido; labio pone maculà rufà ornato ; labro albo, intus tenuè crenulato; spira vix conspicua, maculis cincta. » — Habite..…..? Description de quelques coquilles provenant de Syrie, par M. Bourguignat. M. B. ayant publié un opuscule, d’où sont tirées ces caractéristiques, et dont nous devons parler dans la Re- vue, nous aurons donc à revenir ultérieurement sur ce travail. Description de deux nouvelles espèces des genres Tur- binella et Fusus, par M. Petit de la Saussaye. Turbinella dubia, Petit. — Testa ovata, crassa, ferrugineo- rufescente; spira subacuminata; anfractibus senis, tuberculato- nodosis, ultimo infra medium zonulà albidà cincto; apertura lu- teo-auraulia; columella 4 plicata; labro intus crenulato, infernè dentato, dente subcanalieulato. » — Habite Bahia. — Voisin des Turb, cingulifera leucozonias, Lam. Fusus Couderti, Petit. — « Testa ventricosa, longè caudata, al- bicante, ferrugineo nebulosè maculata; spira acuminata ; anfrac. tibus oclonis spiraliter gracile sulcatis, carinato-tuberculatis ; apertura ovato-rotundata, intüs sulcata; columella callosa, ad basim valdè plicato dentata; canali elongata, infernè subre- curvo. » — Habite les mers de Chine... ? Notice sur l'Helix nubigena, par M. F. de Sauley. — C’est une note qui donne quelques détails sur une Hé- lice nouvelle décrite par M. F, de Sauley dans le troi- 286 REV. ET MAG, DE ZOOLOGIE. (Juin 1853.) sième volume du Journal (p. 458) et qu'il a récoltée à Barèges (Hautes-Pyrénées); en voici la diagnose : Helix nubigena, F, de Sauley. — « Testa profundè umbilicata, globosa-depressa, striata, albidula, vel ad aperturam subluteola seu rosea ; anfractibus quinis convexiusculis, regulariter crescen- tibus, ultimo rotundato, anticè ad aperturam paululum descen- dente; umbilico pervio : apertura rotundata; peristomate acuto, intus albido-incrassato ; marginibus approximatis, penultimo an- fractu vix separatis » — Habite Barèges (les Apennins?). L'auteur nous promet prochainement un catalogue des Mollusques de la vallée de Barèges. Henri Aucarrrane. {La suile prochainement.) IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. À M. le rédacteur de la Revue z0ologique. J'ai vu la note que vous avez fait suivre à la descrip- tion d'un fœtus de Scyllium, publiée par moi dans votre journal, page 169, et je suis à même de vous assurer que votre doute d’une confusion de ma part du Squale bouclé avec une Roussette n’est pas fondé. Le poisson - que j'ai décrit, par la forme des dents, la position des nageoires, et surtout la présence de la nageoire anale, diffère essentiellement des Echinorinus, ct se range na- turellement dans les Scyllium. La description que j'ai donnée des aiguillons de mon Scyllium aurait pu suffire à dissiper votre doute, les aiguillons du Squale bouclé étant tout-à-fait différents et différemment rangés, J'ai l'honneur d’être, monsieur, Votre dévoué serviteur, Pu, pe Pur. Turin, ce 4er juin 4853. MÉLANGES ET NOUVELLES. 287 Nous croyons faire une chose utile en publiant cette lettre, qui nous est adressée : Monsieur, Veuillez permettre à un de vos abonnés de vous com- muniquer un fait ovographique qui lui a semblé de na- ture à pouvoir intéresser les savants. Il s’agit d’an œuf de poule à coque dure et de la grosseur et de la longueur d’un œuf d’oie ordinaire, à cela près qu’il est plus renflé sur son centre et plus aigu vers les pointes. Cet œuf, remarquable par sa gros- seur, en renferme un autre, qui est gros comme un œuf de poule ordinaire, ayant une coque encore plus dure que celle du premier. Ces deux œufs, renfermés l’un dans l’autre, contien- nent, le plus gros, une dissolution d’albumine, au mi- lieu de laquelle surnageait le plus petit. Ce dernier m'a offert tous les caractères externes et internes de l’œuf ordinaire. J'ai vidé avec soin ces deux œufs et les conserve avec précaution au milieu d’une petite collection ovographi- que que je me suis créée. Je me trouve ainsi à même de produire ce phénomène aux yeux de ceux qui pour- raient douter. La poule dont provient cet œuf vit dans ma basse- cour et mit vingt-quatre heures à le pondre. Depuis ce moment, je l'ai fait observer, et n'ai rien obtenu de semblable. Connaissant votre amour pour la science, monsieur, j'ai pensé que je ne pouvais pas mieux faire que de m'adresser à vous pour savoir si réellement ce phéno- mène est digne de remarque. Je viens donc, dans le cas seulement où il le serait, vous prier de le mentionner dans votre Revue zoologique. 288 REV. ET MAG, DE ZOOLOGIE. (Juin 1853.) Je saisis avec empressement, monsieur, celte cir- constance, pour vous offrir l'assurance de ma considé- ration très-distinguée. Baron pe Morocues. Château de Luet, près Bourges, ce 15 juin1853 (1). (4) Ayant eu occasion de lire l’intéressante note de M. le baron de Morogues, nous croyons devoir dire qu'il existe au Musée zoologique de La Rochelle un œuf identique qui n’est pas un des échantillons ovographiques les moins curieux de cette galerie, et M. O. Des Murs nous a dit que ce fait se répétait quelquefois. (Baron Henri AuCArITAINE.) ERRATA Page 167, Aucheripterus, etc., au lieu de Galei scutellis, lisez Galæ scutellis. Page 168, Muræna, etc., au lieu de Pinnulæ fistular, lisez Pinnule fistulosæ. MN. J. et Ed. Verreaux nous demandent de rectifier une erreur qui à été commise en imprimant leurs noms à la suite de celui de M. Bourcier. C’est à M. Bourcier seul qu’est due la description du Lophornis Verreauxii, page 193, pl. 6. TABLE DES MATIÈRES. F. pe Larresaye, — Note sur le genre Ramphocelus. 241 Ex. Famaamme. — Note sur la Mésange alpestre. 246 Henri Drouer. — Etudes sur les Anodontes de l'Aube. 247 Lucrex Buquer. — Notice sur un nouveau genre de Coléoptères de la famille des Longicornes. 256 Guéux-Méxevize, — Nouvelle espèce de Névroptères, 261 V. Sicxorer. — Nolice sur un insecte de la section des Névroptères. 263 Larenré-Sénecrère.—Catalogue des Garabiques de la Guinée portugaise. 267 Académie des Sciences de Paris. 272 Analyses d'ouvrages nouveaux. 279 Mélanges et nouvelles, 286 Paris. — Typ, Sniox Racçox et C€, rue d'Erfurth, 4. SEIZIÈME ANNÉE. — JUILLET 1853. I. TRAVAUX INÉDITS. Fracmenr d’une lettre de M. Pa. Derppi à Son Allesse le prince Bonaparte. M. Brun Rollet, négociant savoyard résidant à Kar- toum, ayant poussé par le Nil Blanc une excursion jus- que entre le quatrième et le troisième degré nord {lati- tude) dans l'Afrique orientale, a bien voulu faire profiter son pénible voyage au Musée de Turin, qu’il vient d’en- richir d’une belle suite d’oiseaux du pays qu'il a visité. Si j'ai été trompé dans mon espoir d'y trouver quelques individus du Balæniceps rex, j'ai eu du moins la satis- faction de découvrir dans ce précieux envoi quelques espèces nouvelles et d’autres bien connues, mais non mentionnées dans le dernier résumé de l’ornithologie de l'Afrique orientale de notre ami Rüppel (System. uebers. Vôgel nord-ost Afrika’s). Voici le catalogue de ces cspèces : Micronisus monogrammicus, Temm. Polihierax semitorquatus, Smith. Athene perlata, Vieïllot. Irrisor Cabanisi, Defilippi. — Magnitudine, forma, pictura, Jrrisori minori, Rüpp. valde affinis; sed abs- que remigum maculis albis. Muscipeta cristata, Gmel. Lanius dealbatus, Defilippi. — Supra pallide cine- reus : uropygio scapularibusque sensim albis : ros- tro, villa a naribus orta parum ultra regionem paroti- 2e sémEe. Tr. v. Année 4853. 19 290 REV. ET MAG. DE ZO0OLOGIE. (Juillet 1853.) cam protensa, tectricibus alarum et remigum tertii ordinis maxima parte, nigris :remigibus primariis ad basim per dimidiam partem, secundariis pogonio in- terno et limbo lato apicali, albis; ceterum fuscis : sub- tus pure albus. Cauda gradata : rectricibus angustatis; duabus ex- ternis in utroque latere albis scapo fuscescente; tertia macula magna oblonga fusca in pogonio interno ; quarta nigra, apice albo; quatuor medianis totidem migris : pedibus fuscis. — Longitudo O m. 20. Specimen in R:Museo Taurinensi, jam extabat a Tripoli. Lanius macrocercus, Defilippi. — Supra cinereus, infra albus : vita magna frontali per oculos ad latera colli totius ducta : alis nigris, excepta remigum primi et secundi ordinis dimidia parte basim versus alba : plumis axillaribus nigris in plerisque (pro ætate aut sexu?) chocoladinis : cauda longa gradata; rectrici- bus dilatatis dimidia parte basali alba, apicali nigra ; duabus intermediüs nigris ad-basim tantum cinereis, transversim nigro-fasciatis ; pedibus nigris. — Longitu- dine, O0 m. 24 (1). Corvinella cissoïdes, Vieïllot. Orioblus larvatus, Lichtenst. Corospiza simplex, Lichtenst. Amadina cantans, Gmelin. Buphaga Africana, Gmelin. Indicator albirostris, Temm. Pogonias Rolleti, Defilippi. — Magnitudine P. Du- bii : differt collo toto pectoreque cum capite et dorso uni- coloribus nigro-violaceis sericeo resplendentibus; plumis veniris lateralibus stramineis rarissime nigro flammula- tis ; rostro valde convexo ; sulco maxilla profundissimo, (4) Voyez, à la fin de l'article, la note ajoutée par Son Altesse le prince Bonaparte. TRAVAUX INÉDITS. 291 mandibula lævi; pedibus fuscis. Ceterum cum P. Du- bio confert (1). Laimodon leucocephalus, Defilippi.— Capite, collo toto, pectore, dorso infimo, uropygio crissoque albis : dorso supremo, tectricibus alarum ventreque fuscis albicanti longitudinaliter flammulatis : remigibus rectricibusque fuscis, illis margine interno albescenti. Rostro nigro levissime unisulcato; pilis mystacalibus exiguis albis. Pedibus nigrescentibus. — Longitudine, 0 m. 16. Parra Africana, Lath. Juv. — Pectore ventreque albis. Ardea ardesiaca, Wagj]. — atricollis, Wagl. Ciconia umbellata, Wag]. Je saisirai cette occasion pour regretter, avec tous les ornithologistes, l’interruption de votre excellent Cons- pectus avium ; j'espère, mon prince, que vous ne laisse- rez pas incomplet cet ouvrage, qui devrait trouver des imitateurs daus les autres branches de la zoologie. Pg. Dericrepi. Turin, ce 49 juin 4853. Note. Cette espèce ne diffère pas de celle figurée planche 8 du voyage de Lefèvre en Abyssinie, et que M. O. Des Murs a nommée, p. 89, Lanius excubitorius ; elle a été aussi nommée Lanius princeps par M. Cabanis, et se trouve, ainsi que L. dealbatus, Defilippi, exposée de- puis longtemps au public sans aucune dénomination ou les galeries du Muséum d'histoire naturelle de aris. (1) Cette belle espèce est la seconde du genre Pogonias, comme il convient de le restreindre sous le nom imposé par flliger, et qui, sous celle forme, n'avait jamais été employé. Charles L. Bonapante. 292 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1853.) J'espère que mon savant ami Defilippi ne me saura pas mauvais gré de cette note, et que surtout il ne vou- dra pas la confondre avec celle insérée à la page 1714 de ce volume. A cette occasion, j'ai fait subir une revue sévère à toute la famille des Laniides, qui doit être con- sidérablement restreinte pour former, avec les Edo- lides, les Oriolides et les Artamides, le groupe supé- rieur des Dentirostres. Les Lanüdes ne doivent être constitués que par les sous-familles des Laniens et des Malaconotiens. Les vrais Laniens se composent des genres Lanius, Enneoctonus, Eurocephalus, Corvinella, et Basanistes (ou pour mieux dire Urolectes, Cabanis), Sigmodus lui-même devant prendre rang parmi les Ma- laconotiens. Voici, d’après mes notes et l’étude approfondie des richesses exposées et enfouies du Muséum du Jardin des Plantes, l’énumération des espèces de Laniens en commençant par celles de véritable Lanius, que je crois devoir subdiviser ultérieurement en plusieurs petits groupes ou sous-genres. Charles L. Bonaparte. Moxocrapu pes Lamens, par Charles L. prince BONAPARTE. SUBFAM. 85. LANIINÆ. Genus I. LANIUS, L. (Collyrio p. Merr. — Colluno, Vig.) Subgenus I. Lans, Bp. (1). A. Europ@i. 4. Lamus excusiror, L. (major, Brehm. — cinereus, (4) Lans minor, Gm. (italicus, Lath., — vigil, Pall. — longi- pennis, Blyth.) est un Exeocronus ! | TRAVAUX INÉDITS. 293 Leach, ex Br.), pl. enl. 445. — Roux, Orn. Prov. t. 452. — Gould, Eur. t. 66. ex Eur. s. et media. Dilute griseus, capistro concolore, dorso albo-marginato; sub- tus cum speculo alarum duplici, maguo, albus : remigum secunda sextam æquante; lerlia, quarta et quinta omnium longissimis : rectricibus latis, exterioribus fere omnino albis. 9, Lanus mermionauts, Temm. pl. col. 143. — Roux, Orn. Prov. t. 152. — Gould, Eur. t. 66. ex Eur. m. occ. Fusco-cinereus, capistro albido ; subtus roseus : superciliis, gula, crissoque albis : speculo alari unico, cireumscripto : rectricibus exterioribus partim albis. B. Africani. 3. Lanius ALGERIENSIS, Less. Rev. 2001. 1839, p. 134. ex Afr.s. Cinereo-plumbeus, capite obscuriore, capistro nigro, superci- lis concoloribus : subtus cinereus : speculo alari unico circum- scriplo : cauda elongata, rectricibus angustioribus, externis dimi- diato albis : rostro robusto. %. Lanus excusrronus, O. Des Murs (princeps, Ca- banis, — macrocercus, Defilippi) Lefevr. Voy. Abyss., p. 89. t. 8. ex Afr. or. et centr. L. nomcos, Licht. (brubru, Sibthr.) constitue à lui seul mon nouveau genre LEucOMETOPON. L. arer, Lath. (signatus, Shaw) et L. Pexpexs, Lath., Lev. Afr. t. 66.1, sont des espèces très-douteuses. L. meraxunus, Licht. est synonyme de son B. cissomes (melano- leucos, Smith), bien différent de celui de Vieillot, qui doit rester seul dans le genre Convinecca, tandis que l'oiseau de Lichtenstein est le type du genre Unozesres, Cabanis, nom substitué à Basanis- TE8, préoccupé. 294 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1853.) Griseus; subtus candidus : fronte lata et vitta transoculari pro- tracta, alis caudaquenigerrimis : speculo alari vix ullo : rectricibus omnibus ad medium usque albis. 5. Lanros pEarvarus, Defilippi (Mus. Paris ex Nilo albo, Arnaud, 1845!!!) Fig. nulla. ex-Afr. or. et centr. Griseus, fronte concolore; subtus albo-roseus : speculo alarum latissimo albo : cauda brevi, rectricibus angustis, acutis, mediis nigris, externis albis, rachide tantum nigro. C. Asiatici. 6. Cozzurio caruora, Sykes (L. burra, J. Gr., — ex- cubitor, var. C. Lath., — excubitor, Franklin, — magni- rostris, Less., — Lanius lathora, Blyth.), Hardw. Il. Ind. #0ol. t. 52.1, 2 ett. 33. 3. ex India univ. excel. Bengal. infer. Griseus, capistro nigro; subtus albus : remigibus, rectricibusque lateralibus magne ex parte albis. 7. Laxius aucuert, Pucheran, Mus. Paris. ex Persia Aucher, 1840. Similis præcedenti, medius quasi inter lathoram et etcubito- rem; sed obscurior et dorso sine albo; cauda longiore, rectricibus angustioribus et cum remigibus minus albo variis : remigibus se- eundariis brevissimis ! D. Americani. 8. Lamius sepreNTrIonauIs, Gm. (excubitor, Wilson, — borealis, Vieill.) Ois. Am. s. t. 50. — Wiüls. Am. On. t. 5. 1.— Sw. Faun. Bor. Am. t. 33, — Aud. Am. t. 492. ex Amer. bor. Spurco-cinereus, capistro albido, macula postoculari nigra cir- cümscripta : subtus albus undulis plus minus cinereis vix evanes- centibus; speculo alarum albo restricto; remigum secunda bre- vioré quam sextam; quarta omnium longissima : rectricibus latis, lateralibus apice tantum albis : mandibula basi pallida. TRAVAUX INÉDITS. 295 9. Lawvws Lupovicranus, L. (ardosiaceus, Vieillot, — carolinensis, Wüils., — excubitorides, Sw.), Ois. Am.s., t. 51, — Wils. Am. Orn, t. 22. 5 — Faun. Bor. Am. t. 34, — Aud., Am. t, 57. ex Am.s. Fusco-cinereus, capistro concolore vix nigricante, superciliis albis : subtus albo-griseus : speculo alari albo circumscripto; remi- gum secunda sextam æquante; tertia omnium longissima : rectri- cibus angustis, lateralibus apice late albis : rostro nigerrimo. 10. Lans ecEcans, Sw. Faun. Bor. Am. Fig. nulla, ex Am. s. Pure cinereus, capistro concolore, linea superciliari vix alba : subtus albidus; pectore sub-griseo-rosaceo parum undulato; alis albo-variis ob speculum conspicuum et latos remigum margines apicales ; tertia et quarta omnium longissimis : cauda nigerrima, rectricibus lateralibus apice lato albis : rostro nigerrimo. Nouvelle espèce du genre Metallura, Gould, par M. J. Bouraer (1). Famille des Trocmmmées. Genre Metallura, Gould (Mellisuga, Gr.), Metallura primolinus, Bourc. Mâle adulte : Bec noir, droit; toutes les plumes de la partie supérieure du corps vert foncé luisant, à base gris noir; celles de la gorge, devant du cou, à base rousse, écaillées vert-or brillant ; plumes de l’abdomen bronzées, à base fauve; sous-caudales bronzées ; ailes falciformes, brun violacé; queue à rectrices égales, larges et arrondies, irisées à reflets violets en dessus M) M. Bourcier vient de publier, dans les Annales de la Société d'agriculture de Lyou, quelques nouvelles espèces d'Oiseaux-Mou- ches dont nous donnons plus loin la nomenclature. (Voyez : Bulle- tin bibliographique.) 296 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1853.) et vert satiné très-brillant à la page inférieure; tarses denudés ; pattes blanches. Longueur du bec, 15 millim.; ailes, 50 millim.: queue, 30 millim. Patrie : L’Equateur, environs de Laguano, sur les bords du Napo. Cette espèce a beaucoup de ressem- blance avec le Troch. Williami de De Latt. et Boure., Rev. z0olog., 1846, p. 308. Le type de notre description a été rapporté par M. G. Osculati, voyageur intrépide, qui, sans autre compagnon que quelques Yumbos, a descendu des sources du Napo jusqu’au Para, traversant ainsi, seul, le plus grand fleuve du monde presque inconnu au dix- neuvième siècle ! Nous dédions cette espèce au petit-fils du prince Charles Bonaparte et fils de la comtesse de Primoli, avec l'espoir de voir se perpétuer dans cette illustre famille le goût et l'étude des sciences naturelles. Osservations sur l’Helix pellis-serpentis, Chemn., et descriptions d'espèces nouvelles du genre Hélice, par M. H. Hvré, attaché au Muséum d’histoire naturelle de Paris. Parmi les coquilles recueillies par MM. Castelneau et Deville pendant leur voyage dans l'Amérique du Sud, et dont nous avons déjà fait connaître, dans cette Revue, une série d’espèces nouvelles, se trouvaient deux co- quilles du genre Hélice, voisines du pellis-serpentis : nous en avons décrit une sous le nom d’Helix Castel- neaudü; quant à l’autre, nous l’avions omise à dessein, à cause des incertitudes qui nous restaient encore sur sa valeur spécifique, pensant qu’elle n’était qu'une va- riété de l’Helix pellis-serpentis. Ayant eu depuis l'occa- sion d'étudier avec détail cette dernière espèce, nous TRAVAUX INÉDITS. 297 nous aperçûmes qu’elle n’était pas établie, ou plutôt interprétée avec toute la précision désirable, et qu’elle comprenait plusieurs espèces confondues sous une même dénomination. Déjà, cependant, M. Deshayes en a commencé la ré- forme, en établissant son Helix Brasiliana; mais nous croyons qu’il y a lieu de la compléter en la poussant plus loin. Toutes les personnes qui s'occupent de conchyliologie ont remarqué, sans aucun doute, que l’Helix pellis-ser- pentis se trouve dans les collections sous deux formes très-distinctes au premier aspect : certains individus, en effet, portent, sur le côté opposé à l’ouverture, un double enfoncement très-profond et en forme de pli; d’autres, au contraire, avec des différences que nous si- gnalerons plus loin, manquent complétement de cet enfoncement. Ce caractère imporlant, réuni à quelques autres, nous a paru suffisant pour permettre la distine- tion des deux espèces ; cela posé, il reste à savoir quelle est celle qui devra conserver le nom imposé par Chem- nitz. Or, si nous examinons les figures données par cet auteur, nous voyons que précisément c’est l'espèce sans enfoncement qui y est représentée ; il en résulte que c’est à elle seule que devra être appliqué le nom de pellis-serpentis. Quant à l'autre, caractérisée par son enfoncement, et dont nous donnons plus loin la description sommaire, nous proposons de l'appeler Helix constrictor. Une troisième espèce. provenant du voyage de MM. Castelneau et Deville, sera notre Helix pellis- Boc. Une quatrième, du même voyage, plus voisine de V’'Heliz Brasiliuna, Desh., prendra le nom d’Helix an- quicula nobis. Une cinquième enfin, provenant de la province de 298 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1853.) Bahia, et qui nous a été communiquée par M. J. Feis- thamel, sera notre Helix Feisthameli. Maintenant, pour compléter le tableau de ces espèces si voisines, désignées en général sous le nom de Peau de serpent, mentionnons : 6° L’Helix Brasiliana, Desh. TL'Helix heliaca, D'Orb., remarquable par les stries en chevron de sa surface. 8° l’Helix Gibboni, Jay, grande espèce aplatie, de la Cordillière de Colombie. ® Notre Helix Castelneaudii, Hup., Deville (Revue 00l., 1850, p. 638.) 40° L’Helix monile, Brod. Ces deux dernières espèces s’éloignent déjà un peu, par leur forme, du pellis-serpentis, mais elles en ont en- core le même système de coloration. Helix constrictor, Nobis. — H. pellis-serpentis (pars). Fer., Hist. Moll. — Id. — Pfeiffer, Monog. Helic. La coquille qui constitue cette nouvelle espèce étant parfaitement connue et décrite dans beaucoup d’ouvra- ges de conchyliologie, il est tout-à-fait inutile d’en don- ner de nouveau la description; nous allons seulement indiquer les caractères différentiels des deux espèces : et d’abord, dans l’Helix pellis-serpentis, il n’y a jamais d'impression sur la carène du côté opposé à l’ouver- ture, Landis que, dans notre espèce, il y en a constam- ment; de plus, dans la première, le dernier tour est plus anguleux, d’où il résulte que la spire et la face in- férieure paraissent plus bombées, et par suile l’ouver- ture est un peu plus anguleuse ; l’ombilic est également plus étroit; enfin, les taches et les fascies qui consti- tuent sa coloration sont généralement plus étroites. Localité : Nous ignorons si celte espèce est d’une lo- calité différente que l’Helix pellis-serpentis proprement Revue et Wag. de Loologie. 1933 21. 9 Vicoutaut, del Lith Brequet frires, Puris Helix pellis-Booce. hupé. TRAVAUX INÉDITS. 299 dit; toutes ces coquilles sont indiquées dans les collec- tions comme étant de la Guyane. Heliz pellis-Boæ, Nobis (PI. 9). — H. testà orbiculato-depressà; fulvà fascià lata spiram decurrente maculis fuscisque albis angula- üs articulatà, alterà minimà in dorso ultimi anfractu; anfractibus sex, striis transversis corrugatis; ultimo rotundato obsoletè sub- angulato; aperturà transversà semi-lunari, peristome flexuoso, extùs reflexo; umbilico pervio. — Diam. maj. 55; min. 48 ; alt. 25 millim. Coquille orbiculaire, déprimée, à spire légèrement - convexe obtuse, composée de six tours étroits, convexes, réunis par une suture bien marquée; le dernier est presque arrondi; il porte seulement, vers le milieu, un angle spiral à peine indiqué, vu du côté de l’ouverture; il est très-convexe et presque lisse; on y voit souvent des stries d’accroissement sur la spire; ces stries sont mieux marquées et rendent sa surface un peu ru- gueuse. L'ouverture est transverse, demi-circulaire ; les bords sont flexueux et réfléchis en dehors en un péris- tome épais et blanc. L’ombilic est ouvert, mais étroit. La coloration consiste en un fond fauve, avec une large fascie décurrente, près de la suture spirale ; cette fascie est formée de taches anguleuses, alternativement brunes et blanches et comme articulées ; une autre fas- cie, beaucoup plus étroite, mais composée de la même manière, occupe l’angle spiral du dernier tour. La face inférieure ou de l'ouverture est fauve, avec quelques légères traces de lignes transversales plus foncées. Cette espèce, qu'un examen superficiel ferait pren- dre pour l’Helix pellis-serpentis, s’en distingue par sa forme plus régulièrement orbiculaire, plus déprimée dans son ensemble ; par ses tours de spires plus étroits, plus convexes, et marqués de stries d’accroissement ru- gueuses; enfin, sa face inférieure est plus convexe. Quant à sa coloration, elle est à peu près semblable 300 REV. ET MAG. DE ZUOLOGIE. (Juillet 1853.) comme système et comme ensemble, mais on remarque cependant que la fascie décurrente ou spirale est en général formée de taches plus grandes. Cette espèce, rapportée par MM. Castelneau et De- ville, provient de la mission de Sarayacu (Pérou). Helix anguicula, Nobis (P1.10).— H. testà orbiculato-depressà; fulvà, supernè… infernè seriebus, punctorum fuscorum concentrice dispositis ornatà : spirà obtusà, anfractibus quinque convexis, striis transversalibus insculptis : ultimo rotundato; aperturà sub- semilunari transversà; umbilico pervio, magno. — Diam. maj. 37; min. 32; alt., 48 mill. Coquille orbiculaire déprimée, à spire obtuse un peu convexe, formée de cinq tours étroits convexes ; le der- nier est arrondi, sans angle spiral; tous sont chargés de stries transversales bien marquées. L’ouverture est grande, presque semi-lunaire. L’ombilic est arrondi et assez large. Toute la coquille est fauve sur la face inférieure, c’est- à-dire du côté de l’ouverture ; elle est ornée de séries de points bruns formant des lignes concentriques assez nombreuses; l'ouverture et le péristome sont blancs. Quant à la face supérieure ou spirale, il est probable qu’elle porte des fascies plus ou moins larges formées de taches anguleuses, alternativement brunes et blan- ches, comme toutes les espèces voisines; mais le mau- vais état de conservation des individus que nous avons à notre disposition ayant cette partie altérée et toute blanche, il nous est impossible d’en bien préciser la couleur. Cette espèce ressemble beaucoup plus, par l’ensemble de ses caractères, à l’Helix Brasiliana, Desh. qu'aux autres du même groupe. On peut dire qu’elle est à cette dernière espèce ce que notre Helix pellis-Boæ est à l’Helix pellis-serpentis. ' Elle s’en distingue néanmoins par sa forme moins aplatie, ses tours plus arrondis, et notamment le der- Revue t Mag de Loologre. 1853 /7. 70. ES LE . Æ » Æ Pi { } N ZI / re à D à Helix anguicula, hupé eo) levue ct May de Zoologie. ( 1853 } LE IT th, Buguet frères, Farû HELIX 1. Feisthamelii. 2. Furcillata, hupé. TRAVAUX JNÉDITS. 301 nier ; son ombilic est un peu plus ouvert et son péris- tome moins flexueux, surtout près de l’ombilie, où l’on remarque dans l’Helix Brasiliana une sinuosité pro- fonde. Enfin, elle est généralement plus épaisse que cetle dernière. Cette espèce a été rapporiée par MM. Castelneau et Deville. Elle a été trouvée, avec notre Helix pellis-Boæ, dans la mission de Sarayacu (Pérou). Helir Feisthamelii, Nobis (PI. 41). — H. testà orbiculatà, te- nui, supernè convexo-planulatà; infernè rotundatà exilissimè striatà et granulatà; pallidè rufà, fascià ad suturam decurrente, maculis fuscisque albis articulatis ornatà, subtüs lincolis fuscis puncticulatis instructà; anfractibus quinque, ultimo valdè angu- lato peristome flexuoso, extüs reflexo, albicante; umbilico pe- rio, submaguo. — Diam. maj. 56, min. 30; all., 45 mill. Coquille orbiculaire, mince, aplatie, à spire surbais- sée, presque plane : on y compte cinq tours à suture peu marquée; le dernier est pourvu, sur son angle spi- ral, d’une carène saillante, sa face inférieure est con- exe et arrondie; toute la surface de la coquille est comme chagrinée par un grand nombre de stries ex- trêmement fines et granuleuses, surtout du côté de Ja spire. L'ouverture est transverse ; ses bords sont forte- ment flexueux, réfléchis en dehors par un péristome mince. L'ombilic est assez grand et arrondi. La colora- tion consiste en un fond fauve roussätre, un peu plus foncé du côté de la spire, sur laquelle on voit d’abord près de la suture une petite fascie décurrente, articulée de taches brunes et blanches. Une autre fascie sembla- ble, mais plus étroite, existe sur l’angle du dernier tour ; la face inférieure est ornée de linéoles articulées et ponctuées, très-nombreuses. Cette espèce, dont le système de coloration rappelle tout-à-fait soit l’Helix pellis-serpentis, soit, mieux en- core, l'Heliz Brasiliana, s'en distingue facilement par son test plus mince, plus léger; par sa spire plus apla- 302 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1853.) tie, fortement carénée sur le dernier tour, et enfin par son ornementation, composée de fascies et de taches plus délicates. Elle provient de la province de Bahia; elle nous a été communiquée par M. J. Feisthamel, amateur de Conchyliologie, et fils du général de ce nom, bien connu du monde savant par ses riches collections d'En- tomologie et par ses travaux sur cette partie de la z00- logie. - Helix furcillata, Nobis (PI. 41, f. 2). — H. testà orbiculato- planatä, discoida; fusco-castaneà, fauce albo; lavigata, striis transversis subcorrugata; spirà obtusà, anfractibus quinque, ultimo angulifero ; apertura subovata, peristome crasso, integro extùs reflexo, labro inferiori dente bifurcato et altero calloso, instructo labro superiori, lamellà obliqua elevata, internè ex- pansà, umbilico pervio, dilatato. — Diam. maj. 44; min. 58; alt, 45 mill. Coquille orbiculaire, discoïde, assez épaisse, lisse ou seulement couverte de stries d’accroissement ; la spire est peu élevée, légèrement convexe ; elle est formée de cinq tours, dont le dernier est limité extérieurement par un angle médiocrement aigu. La face inférieure est convexe ; elle est percée, au centre, d’un ombilic assez large et profond. L'ouverture est ovalaire, transverse ; ses bords, réfléchis en dehors, forment un péristome épais et calleux qui s’infléchit un peu dans l’ombilic : cette ouverture est resserrée par des éminences denti- formes, dont une, assez élevée et fourchue, est placée sur le bord inférieur ; plus en dedans, du côté de l’om- bilie, il en existe un autre à base très-large et calleuse, près du bord supérieur et en dedans de l'ouverture, on voit une lamelle calleuse assez élevée et oblique, dont la crète est placée vis-à-vis de la dent fourchue du bord opposé. : Cette coquille est entièrement d’un brun marron, à l'exception du péristome, qui est blanchâtre. TRAVAUX INÉDITS. 303 Cette jolie espèce appartient au groupe dont l’Helix labyrinthus est en quelque sorte le type, parmi les es- pèces voisines de ce dernier ; c’est avec l’Helix furcata, Desh. que notre espèce a le plus d’analogie ; mais elle en diffère par une taille plus considérable, une forme beaucoup plus aplatie, et par quelques autres caractères dans les proportions des dents de l'ouverture. Elle provient du voyage de MM. Castelneau et De- ville, qui l’ont trouvée dans les Cordillières, aux envi- rons de Huancavelica (Pérou). CarazoGue des Carabiques recueillis par M. Bocandé dans la Guinée portugaise, avec la description sommaire de espèces nouvelles ; par M. de Larerré-SéÉNnecrèRe. — Suite. Voy. 1850, p. 236, 326, 388. — 1851, p. 81, 221, 546, 427. — 1852, p. 65. — 1855, p. 267. Nota. M. Bocandé ayant découvert un nombre consi- dérable d’Abacetus complètement nouveaux, il nous a paru utile, avant de les décrire, de classer ces insectes dans un ordre méthodique en les groupant de la ma- nière suivante : A. Corselet plus étroit que les élytres à la base. B. Corselet subcordiforme, c’est-à-dire fortement rétréci avant la base, avec les angles postérieurs droits ou légèrement aigus. — Premier groupe. Type, Abace- tus cordatus, Dej. BB. Corselet arrondi latéralement, sans rétrécisse- ment brusque avant la base, avec les angles postérieurs légèrement obtus. — Deuxième groupe. Type, Abu- cetus crenulatus, Dej. AA. Corselet presque aussi large que les élytres à la base, de forme subquadrangulaire ou trapezoïdale, — Troisième groupe. Type, Abacelus gagates, Dej. A. Corselet plus étroit que les élytres à la base. B. Corselet subcordiforme. 304 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1853.) 1. Abacetus grandis, (Buquet, inédit). — Cette remar- quable espèce se distingue de toutes les autres par sa taille, qui excède de moilié celle des plus grandes espè- ces qui viennent après elle. La tête présente entre les antennes deux impressions longitudinales. Le corselet est sensiblement cordiforme, régulièrement arrondi sur les côtés jusqu'aux 7/8 environ de sa longueur, après quoi les côtés se dirigent perpendiculairement sur la base, qui n’est pas plus large que le corselet n’est long; il est fortement marginé latéralement, de manière à présenter sur les côtés une gouttière étroite, mais pro- fonde. Cette gouttière ne s’arrète pas à l’angle posté- rieur; elle tourne à angle droit, et va se réunir, le long de la base, à la strie longitudinale qui existe chez tous les Abacetus, de chaque côté de la partie postérieure du corselet, et qui se prolonge dans l'espèce actuelle jus- qu'aux 2/5 au moins de la longueur. Les élytres sont sensiblement plus larges que le corselet, surtout chez la femelle; elles sont subparallèles, mais légèrement arrondies en approchant de la base, et en ovale un peu pointu postérieurement, avec une très-faible échancrure avant l’angle apical ; elles sont ornées de stries profon- des peu distinctement ponctuées, avec des intervalles lisses, qui deviennent de véritables côtes en s’éloignant du disque. On distingue, sur le troisième intervalle, un point enfoncé vers le milieu de la longueur. Cette es- pèce, comme toutes celles du même groupe, est entiè- rement d’un noir foncé, y compris les pattes et les an- tennes. — Longueur, 18 à 20 millim.; largeur, 6,8 à 7,7 millim. 9, Abacetus cordatus (Dej., t. V, p. 742). 3. Abacetus elongatus. — D'un tiers plus petit que le Cordatus; corselet de même forme, avec la gouttière latérale beaucoup moins profonde et moins relevée sur les bords; les stries basilaires sont rectilignes et légè- rement obliques vers le centre du disque; l'intervalle TRAVAUX INÉDITS. 305 qui les sépare est parsemé, près de la base, de quel- ques points irréguliers ; la ligne longitudinale du mi- lieu est bien marquée dans toute sa longueur. Les ély- tres sont étroites, allongées, très-parallèles, arrondies seuleinent tout près de la base, très-brillantes, avec des siries profondes distinctement ponctuées. Les pattes sont noires, comme tout le reste du corps. — Lon- gueur, 9,07 millim.; largeur, 5 millim. 1/2. 4. Abacetus tenuis. — Le corselet de cette petite es- pèce est encore plus rétréci postérieurement que dans les précédentes, et les angles postérieurs sont exacte- ment droits; la goutlière latérale est très-étroile et peu profonde ; les stries basilaires sont longues et atteignent presque le milieu du disque; elles sont profondes et peu rectilignes; la ligne du milieu, fortement gravée vers la base, s’oblitère en approchant du bord anté- rieur. Les élytres ont, à la taille près, la même forme que celles du Cordatus ; elles sont également brillantes, et le fond des stries n’est nullement ponctué. Les pattes sont noires. Longueur, 6 millim. 1/2; largeur, 2 mil- lim. 1/2. BB. Corselet arrondi. 5. Abacetus crenulatus (Dej., t. V, p. 745). 6. Abacetus pubescens (Dej., 1. V, p. 744). 7. Abacetus audax. — Les antennes sont entièrce- ment d’un brun roussâtre; l’espace qui les sépare pré- sente deux impressions triangulaires. Le corselet est presque aussi long que large, régulièrement arrondi sur les côtés, avec les angles postérieurs obtus. La goultière est très-étroite el peu relevée; les stries basi- laires profondément gravées ne dépassent guère le tiers de la longueur; la ligne du milieu, à peine visible sur le disque, n’est bien marquée qu’à la base. Les élytres ont la même forme que celles du Crenulatus; elles sont d’un cinquième environ plus larges que le corselet, en ovale très-allongé, avec le milieu des côtés parallèle ; 2° séme. Tr. v. Année 1855. 20 306 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1855.) les stries sont profondément gravées, sans ponctuation, séparées par des côtes très-lisses et remarquables par leurs reflets fortement irisés. Le dessous du corps est également irisé, et les pattes sont noires, avec quel- ques reflets sur les cuisses. — Longueur, 8 millim. 1/2; largeur, 5,4 millim. 8. Abacetus rufipes. — Cette jolie espèce est extré- mement voisine de la précédente; mais, outre qu’elle est plus petite, il y a dans le corselet et dans les élytres des différences sensibles. Le corselet est un peu moins long, plus arrondi sur les côtés et bordé d’une gouttière plus large et plus relevée. Les élytres sont plus larges, ce qui les fait paraître plus courtes; elles sont un peu moins irisées, et le fond des stries est distinctement ponctué. Le dessous du corps est très-brillant, mais sans reflets, et les pattes sont entièrement d’un rouge ferrugineux très-vif. — Longueur, 6,8 millim.; lar- geur, 2,8 milhim. AA. Corselet presque aussi large que les élytres à la base, subquadrangulaire ou trapézoïdal,. 9. Abacetus melancholicus. — De la taille des À. cor- datus et crenulatus. Tête bi-impressionnée entre les an- tennes, qui sont entièrement d’un brun foncé. Corselet subquadrangulaire, aussi large antérieurement que pos- térieurement, légèrement arrondi sur les côtés, jusqu’à une très-faible distance de la base, après quoi les côtés se dirigent parallèlement, de manière à former avec la base des angles postérieurs droits ; fortement bombé sur le disque, entouré d’une gouttière profonde à bords épais et fortement relevés, contournant carrément les angles postérieurs et aboutissant, le long de la base, aux stries basilaires, qui sont profondes, un peu tor- tueuses et prolongées jusqu’au milieu du disque ; ligne longitudinale du milieu profondément gravée posté- rieurement et s’oblitérant en approchant du bord anté- rieur, qu’elle n’atteint pas complétement. Elytres de TRAVAUX INÉDITS. 507 même forme que celles du Cordatus, seulement un peu plus larges, plus carrées à la base et surtout beaucoup moins lisses et moins brillantes; les stries, profondé- ment enfoncées, n’offrent pas de ponctuation distincte. Le dessous du corps est noir, ainsi que les pattes, à l’exception des tarses, qui sont d’un brun rougeûtre. — Longueur, 13 millim.; largeur, 3,8 millim. 10. Abacetus gagates (Dej., t. INT, p. 197). 11. Abacetus iridescens. — I] est aussi long, mais plus étroit que le Gagates. Son corselet est plus carré postérieurement et plus bombé sur le disque ; la gout- tière latérale est médiocrement profonde, et elle s’ar- rête à l'angle postérieur, sans aller se réunir, le long de la base, aux stries basilaires; celles-ci, profondes et un peu tortueuses, comme dans le Melancholicus, ne se prolongent pas tout-à fait jusqu’au milieu du disque. Les élytres, médiocrement larges el peu arrondies sur les côtés, ont la même forme que celles du Cordatus ; elles sont lisses et fortement irisées, comme celles de l’Au- dax ; les stries, quoique bien marquées, sont peu pro- fondes et ne sont nullement poncluées. Le dessous du corps est noir, faiblement irisé; les pattes sont entière- ment d’un brun très-foncé. — Longueur, 10 millim. à 40 millim. 1/2; largeur, 4,3 millim. 19. Abacetus amaroides. — Cette espèce, large et aplatie, a beaucoup du facies de certaines Amara; elle a les élytres irisées comme la précédente, mais elle en diffère par la forme du corselet, qui est moins convexe sur le disque, et qui est exactement aussi large que les élytres ; la gouttière est large, mais très-peu relevée et si mince vers les angles postérieurs que la transpa- rence lui donne une teinte ferrugineuse; les stries ba- silaires, profondes et rectilignes, ne se prolongeut pas jusqu’au milieu du disque ; on distingue entre elles et les angles postérieurs quelques points enfoncés ou iné- galités de surface. Les élytres irisées, comme celles du 308 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. (Juillet 4853.) précédent, sont un peu plus courtes, et le fond des siries est légèrement ponctué. Le dessous du corps est d’un noir un peu brun, excessivement lisse et brillant, avec les pattes entièrement d’un rouge ferrugineux. — Lon- gueur, 8 millim. ; largeur, 5,6 millim. 13. Abacetus harpaloides. — Plus petit, et surtout moins aplati que le précédent ; antennes d’un brun rou- geâtre. Corselet médiocrement large, pas plus large à la base qu’au bord antérieur, légèrement arrondi sur les côtés, bombé sur le disque; gouttière latérale peu sensible ; stries basilaires courtes, atteignant à peine le tiers de la longueur du corselet. Elytres assez convexes, subparallèles, légèrement arrondies en approchant de la base, très-brillantes, un tant soit peu irisées ; stries fines, peu profondes, nullement ponctuées. Dessous du corps brun, excessivement brillant ; pattes entièrement d’un rouge ferrugineux. — Longueur, 7 millim. 1/2; largeur, 5 millim. 1/2. (La suile prochainement.) Desoriprion d’une nouvelle espèce de Buprestide, par À. CHEvroLaT. Chalcophana Langeri. — Viridi-æneo-nitida, infrà rubricans, supra irregulariter et infra rugoso-punctata. Caput profunde sul- catum, antennis nigris, tribus primis articulis cupreis. Prothorax antice angustior, basi subsinuatus, lateribus obliquis, rectis, ad latera valde depressus rugosoque punctatus, antice longitudina- liter costatus et postice sulcatus cum fovecla basali. Elytra sub- sinuala, paululum ampliata ultrà medium, in margine postice laxè subserrata, apice subtruncata nervulis tribus longitudinalibus tribusque stigmatibus. Tarsi obscuri. — Long., 26 millim.; larg., 19 millim. D'un vert cuivreux brillant, avec ponctuation très- irrégulière, à surface inégale, lisse en dessus, rouge métallique ruguleux ou rèticulé en dessous. Tête exca- TRAVAUX INÉDITS. 309 vée lougitudinalement, ruguleuse, ponctuée et sillon- née. Chaperon rebordé et échancré anguleusement, muni d’un long duvet blanc. Mandibules convexes, cui- vreuses, noires et lisses au sommet, grossièrement ponctuées sur les côtés. Antennes noires, cuivreuses sur les trois premiers articles; ceux-ci, pour la plupart, sont de forme obconique. Prothorax bisinueux à la base, échancré sur la tête; côtés obliques, déprimés et forte- ment ponctués près des bords; sillon longitudinal étroit, élevé en sorte de côte près du bord antérieur ; une fos- sette punctiforme au-dessus de l’écusson. Ecusson nul. Elytres assez finement ponctuées, un peu plus larges que le prothorax, subsinueuses avant le milieu, élargies au-delà des deux tiers, à peine denticulées sur le bord postérieur, et presque tronquées au sommet; pointe su- turale faible. Elles offrent trois nervures longitudinales qui se réunissent en une seule avant l’extrémité; de plus, trois stigmates : premier, géminé, situé sur la base; deuxième, au-dessous et environ au tiers de la longueur ; troisième, assez étendu et arrondi, en regard du second segment abdominal. Poitrine et dessous du prothorax grossièrement ponctués (points allongés et rugueux). Tibias verts, tarses d’un noir verdtre. Je dois cette belle espèce nouvelle à M. Edouard Lan- ger, qui l’a trouvée à Greenville, près de la Nouvelle- Orléans, en novembre, dans le tronc d’un chêne. Elle se distingue de ses congénères par une forme plus aplatie, et par son corselet, coupé droit et oblique- ment de haut en bas; elle a le facies des Helecia Cast. Gory (Pristiptera, Dej.), et a aussi quelque ressem- blance avec les Chrysobothris. 310 REV. ÊT MAG. DE ZO0LOGIE. (Juillel 1853.) Descrpriox de nouvelles espèces de Lépidoptères appar- tenant aux collections entomologiques du Musée de Paris, par M. H. Lucas. — Voir 1852, pages 1928, 189, 290, 324, 422. (Septième décude.) Peridromia Arete. — Enverg., 68 à 70 millim. — Mâle. Elle ressemble beaucoup à la P. Arethusa, tout à côté de laquelle elle vient se placer, Les ailes, en des- sus, sont d’un noir foncé châtoyant, avec les taches d’un bleu verdâtre moins grandes que chez la P. Arethusa, et surtout bien moins nombreuses ; en dessous, elles sont d’un brun verdätre chatoyant, plus foncé que dans la P. Arethusa, etles supérieures ne présentent pas, comme chez le mâle de cette espèce, de ligne bleue, oblique et interrompue ; les inférieures offrent onze taches rouges plus grandes que dans la P. Arethusa, et ainsi dispo- sées : trois à la base, deux sur le repli abdominal, dont la première forme une bande en forme de croissant, et six sur le bord postérieur, vers l'angle anal. Les palpes sont noirs, revêtus de poils blancs à leur côté externe ; la tête est noire, tachée en dessus, et sur les parties la- térales, d’un point d’un blanc bleuâtre; les antennes sont noires ; le thorax est noir, maculé de bleu en des- sus, avec les parties latérales du sternum tachées de rouge foncé ; les pattes sont noires, avec la partie anté-- rieure des tibias de la première paire tachée de blanc; l’abdomen est noir et maculé de bleu sur les parties la- térales. Cette espèce, dont nous ne connaissons pas la fe- melle, ne pourra être confondue avec la P. Arethusa des auteurs, à cause des taches d’un bleu verdätre de ses quatre ailes en dessus, qui sont petites et en moins grand nombre ; du dessous des supérieures, qui ne pré- sente pas de ligne bleue oblique, et de celui des infé- TRAVAUX INÉDITS. 311 rieures, dont les taches sont plus accusées et au nombre de onze au lieu de dix, comme cela a lieu pour la P. Arethusa. Cette espèce habite le Mexique. Peridromia Mexicana. — Enverg., 75 millim. — Mâle. Elle ressemble beaucoup à la P. Amphinome, tout près de laquelle elle vient se placer. Les ailes sont d’un noir chatoyant, avec un assez grand nombre de taches bleuâtres hiéroglyphiques, mais dont les postérieures, chez les secondes, présentent une suite d’yeux ovalai- res. Les premières offrent une bande blanche, oblique, saupoudrée d’atomes jaunätres, bien moins large que dans les P. Amphinome et Arinome, fortement sinuées el plus largement coupée par les nervures que dans ces deux espèces; entre la bande et le sommet, il existe deux taches blanches, dont la seconde, transversale et plus grande, est fortement saupoudrée d’atomes grisâ- tres ; les échancrures sont liserées de blanc, et une ran- gée marginale de points de cette couleur, petits, arron- dis, occupent le bord externe; en dessous, elles sont brunes, avec la base ferrugineuse; une tache oblique, plus longue que large, d’un gris cendré, est placée presque dans le milieu de la cellule discoïdale ; la bande oblique du dessus est blanche en dessous, moins forte- ment coupée par les nervures ; s taches qui exis- tent entre cette bande et le sommet sont blanches ; trois petits points arrondis, d’un blanc bleuâtre, placés sur les nervures, se font remarquer en avant et en arrière de la seconde tache: on en aperçoit même un qua- trième qui est triangulaire et placé dans l’espace que laissent ces deux taches entre elles; les points margi- paux blancs, dont quelques-uns sont teintés de bleu, sont beaucoup plus largement accusés qu’en dessus ; les secondes ailes sont ferrugineuses et émettent au-delà de leur centre trois taches oblongues de cette couleur; les nervures sont noires, ainsi que tout le bord externe 312 MEV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1853) et une partie du bord antérieur ; une rangée marginale de taches blanches occupe le bord externe; antérieure- ment, entre cette rangée et la couleur ferrugineuse, on aperçoit une suite de quatre taches d’un blanc bleuâtre situées dans l'intervalle que laissent les nervures, et dont la troisième est placée presque sur la même ligne. Les palpes sont noirs, avec tout leur côté externe blanc : les antennes sont noires ; la tête est noire, maculée de blanc ; le thorax est noir, taché de points et de lignes bleuâtres, avec tout le sternum ferrugineux ; l’abdomen manquait. Cette espèce ne pourra être confondue avec la P. Am- phinome, à cause de la bande des ailes inférieures, qui est plus étroite, plus largement coupée par les nervures, et fortemént saupoudrée d’atomes grisâtres; de plus, l’espace qui existe entre cette bande et le sommet, au lieu d'offrir une tache, comme dans la P. Amphinome, en présente, au contraire, deux ; enfin, les ailes en des- sous, au lieu d’être rouges à leur base, sont, au con- traire, ferrugineuses. Elle habite le Mexique. Peridromia Arinome. — Enverg., 75 millim. — Mâle. Elle a beaucoup d’analogie avec la P. Amphinome. et vient se placer tout près de cette espèce. Les ailes sont d’un noir chatoyant, et présentent une multitude de taches d’un vert Bleuâtre, de forme hiéroglyphique, mais dont celles qui occupent le bord postérieur des se- condes représentent une suite d'yeux ovalaires. La bande blanche oblique qui se distingue sur les premiè- res ailes est plus fortement sinuée que dans la P. 4m- phinome, et, de plus, on n’aperçoit pas entre cette bande et le sommet un point blanc, comme cela se voit chez la P. Amphinome. En dessous, elles sont d’un brun foncé plus clair, cependant, vers la base ; la bande blan- che du dessous des supérieures est semblable à celle du dessus, dont elle n’est au reste que la répétition; au D à 2 tone L TRAVAUX INÉDITS. 33 sommet, elles sont blanchâtres, avec les échancrures li- serées de cette couleur; deux petits points bleuâtres, très-faiblement marqués, sont placés, l’un sur le mi- lieu du bord externe, l’autre sur le bord interne; les inférieures, en dessous, ont la naissance de la côte rouge, et un point de cette couleur, bordé de noir, à son côlé interne, situé près du bord antérieur ; près du bord postérieur, on aperçoit une rangée presque mar- ginale de lunules rouges au nombre de quatre; les échancrures sont bordées de blanc, avec les deux ou trois postérieures surmontées de taches de cette cou- leur, mais faiblement marquées. La tête et les antennes sont noires. Le thorax est noir, taché de bleu sur les côtés, avec les parties latérales du sternum unimaculées de rouge. L'abdomen est d’un noir brun en dessus, ma- culé de bleu ; en dessous, il est d’un blanc grisâtre. Cette espèce, dont nous ne connaissons pas la femelle, ne pourra être confondue avec la P. Amphinome, à cause de la tache blanche, qui est plus fortement sinuée, de l'absence d’un point blanc entre cette tache et le som- met, et des ailes, en dessous, qui sont brunes au lieu d’être rouges à la base. Elle habite Cayenne. Euplæa Dehaani. — Enverg., 60 à 68 millim. — Mâle. Elle est un peu plus pelite que l’E. Midamus. Les ailes sont d’un brun noirâtre légèrement velouté, avec les supérieures présentant un léger reflet violacé; cel- les-ci offrent, entre le milieu et le sommet, cinq taches bleues qui forment deux rangées. Ces taches sont ainsi disposées : trois placées sur une ligne longitudinale, dont la première est située presque sur le bord anté- rieur; la seconde, un peu plus grande, est placée en dedans de la nervure disco-cellulaire; quant à la troi- sième, qui est transversale, elle est plus ou moins grande, et située au-dessous «le la troisième nervure in- férieure. Dans l'espace laissé par les troisième et qua- 314 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1853.) trième nervures, on aperçoit une quatrième tache, mais qui n’est que celle du dessous vue par transparence ; la seconde rangée n’est représentée que par deux taches situées en regard des première et seconde taches de la première rangée; enfin, près du bord externe, on re- marque une suite de taches brunätres, marquées d’un point blanc dans leur centre, formant une ligne cour- bée, et dont celles du sommet sont presque conjointes ; le bord intérieur est dilaté, et recouvre une partie de la cellule discoïdale des secondes ailes. Les ailes in- férieures ont leur bord antérieur d’un gris satiné, cou- leur qui envahit une grande partie de la cellule discoï- dale, dans laquelle on aperçoit une tache ovalaire d’un brun noirâtre; près de leur bord externe, elles présen- tent trois petits points bleus, dont l’antérieur est ordi- nairement plus grand. Les ailes, en dessous, sont d’un brun cendré, avec le centre des premières ayant un re- flet bleu violacé et tout le bord intérieur d’un gris cen- dré; quant aux taches, elles sont disposées comme cel- les du dessus, seulement elles sont beaucoup plus petites, et la seconde rangée n’est représentée que par une seule tache; outre que la ligne courbée du dessus n’est représentée en dessous que par de très-petits points, on remarque, à partir de l’angle interne, une suite de quatre ou cinq points bleus très-petits; les se- condes, tachées de blanc à leur base, présentent près du bord externe des points bleus très-petits formant deux lignes transversales, dont l’intérieure, très-arquée, monte jusqu’à la côte, et dont l’extérieure, également arquée et formée de très-petits points, part de l’angle anal et ne dépasse pas le milieu du bord externe. Les qualre ailes ont un liseré bleu interrompu et très-fin. Les palpes sont d’un brun noirâtre et tachés de blanc à leur côté externe ; les antennes sont noires; la tête est noire, tachée de blanc en dessus et en avant, avec les yeux bordés de cette couleur postérieurement ; le tho- TRAVAUX INÉDITS. 315 rax est d’un brun noirâtre, bimaculé de blanc de cha- que côté de sa partie antérieure ; le sternum est noirâtre el laché de blanc sur les côtés latéraux; quant à l’ab- domesn, il est entièrement d’un brun noirâtre. Nous ne connaissons pas la femelle de cette espèce, qui a été prise à Java par M. Diard. Euplæa Ochsenheimeri. — Enverg., 76 millim. — Müle. Les ailes sont d’un brun noirâtre, couleur qui devient plus foncée surtout à leur base ; les premières ont deux rangées de taches blanches, dont l’intérieure, arquée, atteint presque le bord antérieur de la côte, et l’extérieure, représentée par de petits points arrondis, part du bord de l’angle anal et n’atteint pas tout-à-fait le sommet ; deux petits traits blancs sont placés un peu au-dessus de la quatrième nervure supérieure; enfin, en dedans de la nervure disco-cellulaire et dans le voi- sinage de la cellule discoïdale, on aperçoit de petits es- paces plus clairs que la couleur du fond, et qui ne sont autre chose que les taches du dessous vues en dessus par transparence; le dessus des secondes ailes pré- sente, parallèlement au bord externe, deux rangées de points blancs : ceux de la rangée intérieure sont plus gros, surtout les antérieurs ; ceux de l’autre rangée, au contraire, sont de même grosseur et à peu près arron- dis; vers le bord antérieur et au dedans de la cellule discoïdale, qui est en partie recouverte par la dilatation du bord intérieur des ailes supérieures, on aperçoit une grande tache jaunätre, oblongue, et qui envahit une partie de cette cellule. Les ailes en dessous sont de même couleur qu'en dessus, mais moins foncées, avec la répétition des taches du dessus, mais plus grandes et plus nettement accusées ; en outre, elles présentent troie fashno hlamake. 3-— _—_— ellule 72 es rvure - Q: ndie ; ; DS ande, ‘ % eo 4 a - , æ ! ue ce" \ ) 0” # ‘ oi ot PTT CATTTVE NS sv” Lx bad) berge PP Zi! 314 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1853.) trième nervures, on aperçoit une quatrième tache, mais qui n’est que celle du dessous vue par transparence ; la seconde rangée n’est représentée que par deux taches situées en regard des première et seconde taches de la première rangée; enfin, près du bord externe, on re- marque une suite de taches brunätres, marquées d’un point blanc dans leur centre, formant une ligne cour- bée, et dont celles du sommet sont presque conjointes ; le bord intérieur est dilaté, et recouvre une partie de la cellule discoïdale des secondes ailes. Les ailes in- férieures ont leur bord antérieur d'un gris satiné, cou- leur qui emvahit une grande partie de la cellule discoï- dale, dans laquelle on aperçoit une tache ovalaire d’un brun noirâtre; près de leur bord externe, elles présen- tent trois petits points bleus, dont l’antérieur est ordi- nairement plus grand. Les ailes, en dessous, sont d’un brun cendré, avec le centre des premières ayant un re- flet bleu violacé et tout le bord intérieur d’un gris cen- dré; quant aux taches, elles sont disposées comme cel- les du dessus, seulement elles sont beaucoup plus petites, et la seconde rangée n’est représentée que par une seule tache; outre que la ligne courbée du dessus n'est représentée en dessous que par de très-petits points, on remarque, à partir de l'angle interne, une suite de quatre ou cinq points bleus très-petits; les se- condes, tachées de blanc à leur base, présentent près du bord externe des points bleus très-petits formant deux lignes transversales, dont l’intérieure, très-arquée, monte jusqu’à la côte, et dont l’extérieure, également arquée et formée de très-petits points, part de l’angle anal et ne dépasse 7 hard externe. Les quatre ailes ont u ER Les palpes sont d’ leur côté externe : noire, tachée de ] yeux bordés de c TRAVAUX INÉDITS. 315 rax est d’un brun noirâtre, bimaculé de blanc de cha- que côté de sa partie antérieure ; le sternum est noirâtre el laché de blanc sur les côtés latéraux; quant à l’ab- domen, il est entièrement d’un brun noirätre. Nous ne connaissons pas la femelle de cette espèce, qui a été prise à Java par M. Diard. Euplœæa Ochsenheimeri. — Enverg., 76 millim. — Mäle. Les ailes sont d’un brun noirâtre, couleur qui devient plus foncée surtout à leur base ; les premières ont deux rangées de taches blanches, dont l’intérieure, arquée, atteint presque le bord antérieur de la côte, et l’extérieure, représentée par de petits points arrondis, part du bord de l'angle anal et n’atteint pas tout-à-fait le sommet ; deux petits traits blancs sont placés un peu au-dessus de la quatrième nervure supérieure; enfin, en dedans de la nervure disco-cellulaire et dans le voi- sinage de la cellule discoïdale, on aperçoit de petits es- paces plus clairs que la couleur du fond, et qui ne sont autre chose que les taches du dessous vues en dessus par transparence; le dessus des secondes ailes pré- sente, parallèlement au bord externe, deux rangées de points blancs : ceux de la rangée intérieure sont plus gros, surtout les antérieurs ; ceux de l’autre rangée, au contraire, sont de même grosseur et à peu près arron- dis; vers le bord antérieur et au dedans de la cellule discoïdale, qui est en partie recouverte par la dilatation du bord intérieur des ailes supérieures, on aperçoit une grande tache jaunätre, oblongue, et qui envahit une partie de cette cellule. Les ailes en dessous sont de même couleur qu’en dessus, mais moins foncées, avec la répétition des taches du dessus, mais plus grandes et plus nettement accusées; en outre, elles présentent trois taches blanches dans le voisinage de la cellule discoïdale, dont une est située en dedans de la nervure disco-cellulaire ; la seconde est plus petite et arrondie ; quant à la troisième, elle est beaucoup plus grande, 316 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1853.) transversale et oblongue; les secondes ressemblent à celles du dessus, avec cette différence cependant que, dans le voisinage de la cellule discoïdale, on remarque une troisième rangée de points blancs également arquée comme les précédentes, et au côté interne de la nervure disco-cellulaire, un petit point blanc de forme oblongue. Les palpes sont noirs, bimaculés de blanc à leur côté interne ; les antennes sont d’un brun noirâtre; la tête est noire, tachée de blanc en dessus et au-dessous de l'insertion des antennes, avec le bord postérieur des yeux bordé de cette couleur ; le thorax est d’un brun noirâtre bimaculé de blanc de chaque côté de sa partie antérieure; quant au sternum, il est noir et taché de blanc ; l’abdomen est d’un brun noirâtre, avec sa partie inférieure d’un brun cendré, et les segments bordés de noir postérieurement et sur les côtés. Cette espèce, dont nous ne connaissons pas la femelle, habite les Indes-Orientales. Euplœu Gyllenhalü. — Enverg., 105 millim. — Mâle. Les ailes sont d’un brun noirâtre de part et d’au- tre ; le dessus des premières jette un reflet d’un noir velouté assez vif, et, de plus, il présente trois rangées de points bleus dont l’une occupe le bord externe; les deux autres, plus internes, sont fortement cour- bées : les points qui forment ces rangées sont assez bien marquées, excepté ceux qui avoisinent le sommet, et qui sont d’un blanc saupoudré de gris cendré; un point de cette couleur, plus ou moins arrondi, occupe le sommet de la cellule discoïdale en dedans de la ner- vure disco-cellulaire ; le bord intérieur est dilaté, d’un noir velouté, et recouvre presque la cellule discoïdale des ailes inférieures. Le dessus des secondes ailes, dont le bord externe jette un reflet d’un noir velouté bril- lant, présente trois rangées de points blancs parallèles au bord externe, dont les plus rapprochés de ce bord sont très-petits. Le dessous des inférieures ressemble au TRAVAUX INÉDITS. 517 dessus, et n’en diffère que parce que les rangées de points blancs ne sont qu’au nombre de deux et que les points sont très-petits ; trois points blancs dont le se- cond est très-grand, et qui se voient un peu en dessus par transparence, sont placés dans les intervalles lais- sés par les première, deuxième et troisième nervures inférieures. En dessous, les secondes diffèrent du des- sus en ce que le bord externe est très-faiblement mar- giné de noir, d’un brun brillant, et en ce que les points qui forment les rangées sont beaucoup plus petits et at- teignent l’angle anal; les points qui forment la rangée qui avoisine la cellule discoïdale sont légèrement tein- tés de lilas ; un point de cette couleur, très-petit, occupe presque le sommet de la cellule discoïdale; de plus, ces ailes sont tachées de blanc à leur base. Les quatre ailes sont, en outre, finement liserées de blanc par in- tervalles, Les antennes sont noires; les palpes sont noirs, bimaculés de blanc de chaque côté ; la tête, le thorax cet le sternum sont noirs, tachés de blanc; l’ab- domen est d’un noir brun. Femelle. Elle diffère du mâle en ce que les ailes sont d’un brun roussâtre de part et d'autre, que les rangées de points blancs sont plus fortement accusés, et que les supérieures ne présentent pas de dilatation à leur bord intérieur ; les rangées de points blancs qui se trouvent sur les inférieures, en dessus, sont au nombre de trois, et plus distinctement marquées que dans le mâle. Cette espèce habite Java. Euplæa Haworthii. — Enverg., 80 millim. — Mûle. Elle est un peu plus petite que l'E. Amymone. Les ailes sont d’un brun foncé chatoyant, avec leur base d’un brun noirâtre. Les premières, en dessus, présentent au sommet une suite de points blancs au nombre de quatre, peu marqués et saupoudrés de brun; par transparence, on aperçoit les taches du dessous, particulièrement cel- les qui sont situées dans le voisinage de la cellule dis- 318 REV. ET MAG. DE ZO0LOGIE. (Juillet 1855.) coïdale et du bord externe; les secondes, en dessus, sont sans taches, mais, par transparence, on aperçoit aussi celles qui se trouvent en dessous. Les quatre ailes, en dessous, sont d’un brun clair avec les secondes bordées en dessus et en dessous, par intervalle, d’un fin liseré blanc. Les supérieures offrent deux rangées de taches blanches, dont celle située près du sommet, et qui cor- respond à celle du dessus, est courbée et formée de taches assez grandes; la seconde, occupant le bord externe, est représentée par cinq petits points arrondis ; au côté interne de la nervure disco-cellulaire, on re- marque une tache arrondie, d’un blanc légèrement teint de lilas; deux petits traits de cette couleur se font remarquer : le premier, sur le bord costal et dans l’in- tervalle laissé par les quatrième et troisième nervures supérieures; le second, dans l’intervalle de la première nervure supérieure et de la première nervure infé- rieure; enfin, dans l’espace laissé par les première et deuxième nervures inférieures on aperçoit deux ta- ches, dont l’une, arrondie, d’un blanc légèrement teint de lilas, et l’autre transversale, assez grande et entiè- rement blanche; les secondes ailes présentent, paral- lèlement au bord postérieur, deux rangées de points blancs ; les points de la rangée intérieure sont allongés et oblongs; ceux de l’autre rangée sont presque tous arrondis ; le milieu offre trois points d’un blanc légère- ment teint de lilas, dont deux très-petits, sont situés : le premier, un peu avant le sommet de la cellule dis- coïdale; le second, au-delà de la nervure disco-cellu- laire. Les antennes sont noires; les palpes, la tête et le thorax, ainsi que les parties latérales du sternum, sont noirs, tachés de blanc; l'abdomen est d’un brun noi- râtre, avec les segments tachés de blanc en dessous et sur les côtés. Elle a été rencontrée dans l'ile de Java. Euplæa Crameri. — Enverg., 82 millim. — Müle. TRAVAUX INÉDITS. 319 Elle a un peu d’analogie avec l'E. Gamelia. Les ailes sont d’un brun noir velouté : les premières, en dessus, présentent au sommet une suite de taches blanches for- mant une ligne courbée de cette couleur, et dont les antérieures sont grandes et ovalaires ; un peu au-delà du milieu du bord antérieur, on aperçoit un petit point blanc, et, dans l’espace laissé par les première et deuxième nervures inférieures, on remarque un autre petit point également blanc et de forme arrondie. Les secondes ailes sont sans taches : en dessous, elles sont d’un brun noirâtre, tirant un peu sur le roux, avec la base des quatre aïles tachée de blanc; les supérieures présentent le mème dessin qu'en dessus, avec cette dif- férence cependant que près du bord externe on aper- çoit une suite de quatre ou cinq points blancs, très-pe- tits ; que la cellule discoïdale offre à son sommet une tache blanche arrondie et que l'espace des troisième et quatrième nervures inférieures présente une tache blanche transversale et de forme oblongue : celte tache, ainsi que celle de la cellule discoïdale, se voient un peu en dessus par transparence ; les inférieures offrent, pa- rallèlement au bord postérieur, une rangée de points blancs, et dans le milieu cinq taches d’un blanc très-lé- gèrement teint de lilas, formant une ligne assez cour- bée; presque au sommet de la cellule discoïdale, on aperçoit une sixième tache de forme à peu près trian- gulaire. Les quatre ailes, en outre, en dessus et en dessous, sont liserées de blanc par intervalle. Les an- tennes sont noires; les palpes sont d’un brun noirâtre, bimaculés de blanc de chaque côté ; la tête, le thorax et les parties latérales du sternum sont noirs, tachés de blanc; l'abdomen est d’un blanc noirâtre avec les seg- ments, en dessous et sur les côtés, tachés de blanc. Cette espèce habite Manille. Euplæa Godartiü. — Enverg., 95 millim. — Mile. Elle ressemble un peu aux £. Goudotii et Cora. Le des- 320 REV. ET MAG DE 200LOGIE. (Juillet 1853.) sus des quatre ailes est d’un brun noirätre, avec l’ex- trémité des premières plus claire et jetant un léger reflet lilas ; près du sommet, elles présentent deux petits points blancs ovalaires; et, à partir de l’angle interne, on aperçoit deux rangées de points, également blancs, et qui ne dépassent pas le milieu du bord externe ; les secondes ont, parallèlement au bord postérieur, deux rangées de points blancs dont ceux de la rangée interne sont oblongs, longitudinaux, à l'exception cependant des trois premiers, qui avoisinent l’angle externe, et qui sont plus ou moins arrondis ; ceux de la rangée ex- terne sont plus petits et à peu près de forme arrondie. Le dessous des premières ailes ressemble au dessus; les points cependant y sont plus distinctement accusés et correspondent exactement à ceux du dessus; dans Je voisinage de la cellule discoïdale, on aperçoit quatre points d’un blanc légèrement teint de lilas, qui se voient un peu au-dessus par transparence, et dont un est situé près de la côte; le second, de forme arrondie, occupe presque le sommet de la cellule ; le troisième, plus pe- tit, est situé dans l'intervalle laissé par les premiére et deuxième nervures inférieures ; quant au quatrième, il est plus grand, transversal, et placé dans l’espace des troisième et quatrième nervures inférieures ; le dessous des secondes ailes ressemble entièrement au dessus: seulement, les deux rangées de points sont plus dis- tinctement accusés, et, en outre, le centre présente deux points d’un blanc légèrement teint de lilas, dont un est situé dans l'intervalle des première et deuxième nervu- res supérieures; l’autre, de forme arrondie, occupe presque le sommet de la cellule discoïdale. Il y a des individus chez lesquels les points offerts par le disque sont en plus grand nombre; alors ils forment une ran- gée assez fortement courbée. En outre, les quatre ailes sont finement liserées de blanc par intervalle, Les an- tennes sont noires, les palpes sont noirs, bimaculés de TRAVAUX INÉDITS. 324 blanc de chaque côté ; la tête, le thorax et les parties latérales du sternum sont noirs, maculés de blanc; l'abdomen est d'un brun noirâtre, avec les segments 1a- chés de jaune en dessous et de blanc sur les côtés. Cette espèce habite Java, où elle a été découverte par M. Diard. Euplœa Boisduvalü. — Enverg., 77 millim. — Mäle. Elle vient se placer dans le voisinage de l'E. Eleutho. Les ailes sont d’un brun noir de velours, plus clair ce- pendant sur les bords; les supérieures ont au sommet trois ou quatre points blancs très-petits, et, à partir de l'angle interne jusque vers le milieu du bord externe, trois ou quatre espaces plus clairs que la couleur du fond ; les secondes ont deux rangées de points blancs parallèles au bord externe, et dont ceux qui forment Ja rangée interne sont assez grands; ceux de la rangée ex- terne sont beaucoup plus petits et ne dépassent pas le milieu du bord extérieur. Le dessous des quatre ailes est d’un brun noirâtre, avec les bords d’un brun teinté de gris brillant; les premières ont deux rangées de points blancs, dont ceux de la rangée interne, qui se voient un peu en dessus par transparence, sont en forme de fer de lance; la seconde rangée occupant le bord ex- terne est représentée par des points petits, arrondis et irrégulièrement disposés ; le disque présente trois points blancs, dont un est situé en dedans de la nervure disco- cellulaire; les secondes offrent aussi parallèlement au bord postérieur deux rangées de taches blanches, dont celles de la rangée interne sont plus grandes ; celles qui forment la première rangée sont pelites, et s'arrêtent bien avant l’angle anal; dans le voisinage de la cellule discoïdale, on apercoit une rangée fortement courbée, formée par de petites taches bleuâtres et une tache de cette couleur située presque au sommet de cette cellule, Outre que les quatre ailes sont très-finement liserées de blanc, les premières présentent, en dessus, une tache 2° sue. r. v. Année 4853, 21 322 REV. ET MAG.-DE Z00L0G1E. (Juillet 1853.) transversale d’un brun! noirâtre brillant, qui.se voit, un peu en dessous, par transparence, où. elle est, finement saupoudrée de blanc, Les antennes sont noires; les pal- pes, la tête, le thorax, ainsi que les parties latérales du sternum, sont noirs etimaculés de blanc; l'abdomen est d’un brun noirâtre, maculé de blanc en dessous ctisur les-parties latérales, Elle habite l’Australie, où elle.a été découverte par M. Jules Verreaux. II. SOCIÉTÉS SAVANTES, L'abondance des matières nous force à renvoyer au numéro prochain l'analyse des Comptes rendus de l'A- cadémie des Sciences. III. ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. EmpoRTANZA ECONOMICA, etc. — Importance économique des Poissons et dé leur multiplication artificielle, par M. ve Faxvrr (Brochure de 25 pages, sans date). Dans an moment où la multiplication artificielle du Poisson est à l’ordre du jour, on pourra lire avec inté- rêt, cette brochure, qui constate les diverses mesures introduites dans le nord de l'Italie dans l'intérêt de la pisciculture, Jounvaz pe Coxcmimotoce publié sous la direction de M. Périr ne La Sausôave, t. IV, 1853, n° À et 2. (Suite et fin). … Descriplion de coquilles nouvelles du nord de l'Afrique, par le docteur Louis Raymond, Helix Moquiniana, Raym. — « Testa perforata, subgloboso- ANALYSES . D'OUVRAGES (NOUVEAUX. 523 depressa, rufescens, pellucida, ténuis, levissime granulata, holo- serica; anfract. 6, convexiusculis ; apertura oblique lunato-ovata; peristomate recto, subaculo, intus roseo, labiato, et eviter in: crassalo. » — Habite Constantine. Bulinus Milevianus, Raym. — « Testa ovato-turrita, vix per- orata vel’ rimala, tenéra ; fusco-covnea, subslria(a ; anfraët. 7, ultimo subgloboso; apertura obliqua, ovato-acuta; peristomate recto, simplici; margimibus inequalibus, columellari breviore in foramine leviter dejecto. ».— Habite Milab, Constantine, Planorbis Brondelii, Raym. — Testa parvula, subovata, sub- depressa, utrinque concava, niida, corneo-lutescens, subtilissime striolata; anfract. 5, celeriter accressentibus, convexis, ultimo ampliore; apertura obliqua, ovalo-lunata ; peristomale simpliei. » — Habite Meridji, près Gonstantine (An. P.1œvis Halder?). Description de deux nouvelles espèces du! genre Gna- thodon, par M. Petit de la Saussaye. Gnathodon-rostratum, Petit: —"«Testa æquivalvi, vildè inæ- quilatera, gibbosa, crassa, alba; epidermide 4enui, cormeäinduta, antice-rotundata, posticè longiore, subrostrata, intès, caudida; lu- nula ampla, subrotunda ; area planiuseula, in carinam duplicem obtusam posticè evanescente; umbonibns remolis, opposilis; fo- vea ligamenti antè projecta ; dente cardinali unico, in valvä dex- trà concavo, in valvà sinistrà profundè: inciso; dentibus laterali- bus duvbus, lævis, dente-antico crassiore, subconico, late-trigono, in medio internè depresso, deute postico minore, compresso ; im- pressiouibus museularibus inæqualibus, ,valdè cavis. », — Hab. la côte des Florides. Gnathodon trigonwm, Petit. — «Testa æquivalvi, sabtrigona, gibbosula, solida, ba, epidermidetenui, corneà, rugulosà indata, anticè angulato-rotundata, posticè lougiore, subaugulata, intus candida; lunula plans, ovato-angulala ; area oblongo-acuta ; um- bonibus subapproximatis, antice paululum incumbentibus, in ca- rigam oblusum anticè ac posticè evanescentibus ; dente cardinal; unico, in valva dextrà duplici, vel bipartito, in valvà sinistrà fissu- rato ; dentibus lateralibus duobus kévis, antico subcrasso, postico subcompresso; impressionibus muscularibus conspicuis | antica Cava, postica ferè plaua. » — Hab. Mazatlan. Observation sur le Mytilus subdistatus, Recluz. — Es- pèce précédemment décrite et notée sur un échantillon adulte communiqué par M. Largilliert. Note sur l'Areu Martini, Recluz. — Additions faites 324 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1853.) aux caractères de cette espèce, donnés par M. Recluz, par M. B. Lapomeraye, de Marseille. Biographie. Nous signalerons : Catalogue des coquilles recueillies à Panama par M. Adams, professeur de zoologie au collége d'Amherst, Massachussets. Notice sur le genre Davidsonia (Brachiopodes), par M. de Konninck, professeur à l’Université de Liège; broch. in-8, 16 p., 2 pl. Lethœa Rossica, ou le monde primitif de la Russie, décrit et figuré par Ed. d’Eichwald, 4 vol. Terrains modernes ; atlas, 14 pl., Stuttgard, 1852. Zoologie du voyage de la Bonite, par MM. Eydoux et Souleyet, médecins de l’expédition. Mollusques et zoophytes par M. Souleyet. C’est une belle tâche que s’est noblement imposée M. Pierre Gratiolet, d'analyser ces remarquables tra- vaux d’un savant qu’une mort prématurée a enlevé aux sciences, qu'il cultivait avec tant de succès, et à la ma- rine, qu'il honorait; il a parfaitement fait ressortir les nombreux travaux anatomiques de l’auteur de l’histoire des Ptéropodes, qui, bien jeune encore, venait se pla- cer près des notabilités dont s’enorgueillit à juste titre la marine nationale. Immédiatement après, M. Petit a consacré quelques lignes nécrologiques à M. Souleyet, mort à quarante et un ans à Fort de France (Martini- que), en soignant les populations décimées par la fièvre EU ONE ET RME see nie De se VEN NRA Après notre compatriote, M. Petit annonce égale- ment la mort de M. Adams, le professeur américain d’Amberst, dont nous venons de mentionner un ouvrage; il est mort, comme Souleyet. victime de son dévoue- ment à la science, à Saint-Thomas des Antilles. L'Amérique a été fatale pour les sciences, surtout pour les Français, depuis deux années : Mittre, Em. Deville, Duret, Ad. Delessert, Girardeau, Souleyet!!! ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 325 N° IL. Observations sur le talon de l'organe de la glaire des Hélices et des Zonites, par M. de Saint-Simon. — Cet appareil, nommé talon par l’auteur et M. Moquin-Tan- don, est l’organe éjaculatoire accessoire du canal défé- rent de M. Gratiolet. Comme pour le premier article nous devons passer rapidement sur les détails anatomi- ques qui révèlent de la part de l’auteur un grand talent d'observation ; nous dirons qu’on est borné à supposer que cet organe sert à lubréfier la partie du canal défé- rent qui pénètre dans l’organe de la glaire. Description d'un genre nouveau, G. Recluzia, appar- tenant à la famille des Janthinidés. Ce genre est voisin des Litiopes de Rang (1), et com- prend deux espèces : G. Recluzia, Petit. — « Animal, Pelagicum, magnà parte igno- tum, Janthinarum sat affine. « Testa, ovalis, vel oblonga, bucciniformis, tenuis, sub eper- mide fusco albicans; spira elongata ; anfractibusven tricosis, infimo spiram superante; apertura ovato-obliqua, ad basim parum ef- fusa, marginibus disjunctis; labio obliquo, medio subsinuoso; labro acuto, integro ; operculo nullo. » Recluzia Jehennei, Petit. — «R. Testa-ovata, imperforata, te- auissima, sub epidermide fusco albida ; anfractibus quinis, ventri- cosis, superioribus transversim obsololete striatis, infimo ventri- cosiore, obsolete transversim sulcato, sutura angustiore: spira conica; apertura ovato-rotundala ; columella medio subsinuosa, subtüs vix recta; labro semi-seculari, tenuissimo, » — Habite le golfe Arabique. Recluzia Rollandiana, Petit. — « R. Testa ovato-oblonga, sub epidermide fulvo albido-fusca, subperforata ; anfractibus senis, valde ventricosis, striis transversis hinc profundis, hinc obsole- tis; sutura profunda; spira couica, elevata; apertura ovala; co- lumella medio subsinuosa, subis rectiuscula; labro 4% 7 D) 4 > 0 Q90 90 4 lorcelho, Mlavomarginalus, Las 2 € yrtocephalts lapütart 77 7 J'adticus Ê (lavipay DS, Lasers 4 Z egenarta CL'CLLCA, Lucas 6 Julus obesus, Lu SOCIÉTÉS SAVANTES. 409 mettre que, dans un même groupe naturel, les petites espèces soient toujours moins intelligentes que les grandes. Nous ne possédons d’ailleurs que trop peu d'observations sur l’intelligence des animaux pour pou- voir répondre à cetle question d’une manière complète. J'ai toutefois rappelé dans mon Mémoire d'anciennes observations faites par Audouin ei par M. de Humboldt sur les Ouistilis et les Saimiris, observations qui dé- montrent que chez ces animaux l'existence d’un cerveau lisse n'exclut point un notable développement des fa- cultés intellectuelles. « Enfin, je termine mon Mémoire par la mention d'un fait très-curieux de l’anatomie comparée du cer- veau, l’existence des circonvolutions dans les poissons du genre Mormyre. Ce fait, que J'ai pu constater moi- même sur le Mormyre oxyrhynque, a élé décrit par M. Marcusen, de Saint-Pétersbourg, dans une Note manuscrite dont je dois la communication à M. CI. Bernard. » — M. Nordmann, professeur à Helsingfors, annonce qu'il envoie pour le Cabinet d’anatomie, au Jardin des Plantes, deux squelettes d’Enhydris marina, animal fort rare, qui habite le golfe de Béring, et qui constitue un type fort remarquable faisant le passage entre les Lou- tres et les Phoques. Son pelage est la plus précieuse de toutes les fourrures, et se vend, à Saint-Pétersbourg, jusqu’à deux mille francs. Séance du 19 Septembre. — M. Robineau-Desvoidy lit une Notice sur la caverne ossifère d’Arcy-sur-Cure (Yonne). Elle est voisine de la grotte explorée par Buf- fon et M. Bonnard, qui y trouva les débris d'un Hippo- potame. M. Robineau-Desvoidy a fait des recherches dans une caverne appelée grotte aux Fées : la couche ossifère peut avoir deux pieds d'épaisseur, mais les os- sements sont tellement décomposés qu’on peut à peine en retirer quelques débris. 470 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1855.) — M. Bonniceau fait connaître les résultats de ses nouvelles recherches concernant l'âge auquel se repro- duit la sangsue médicinale. Il affirme qu'à l’âge de vingt- deux mois environ cette Annélide est propre à la re- production. Mais, pour les sangsues qui vivent entière- ment libres, M. Bonniceau ne s’étonnerait pas qu'il y eût un retard de toute une année. Nous croyons que, pour les sangsues élevées dans une sorte de domesti- cité, vingt mois suffisent pour que l'animal soit propre à la reproduction. Il est probable qu’on arrivera à di- minuer encore un peu ce laps de temps, ce qui permet- tra de multiplier ‘plus rapidement cette précieuse An- nélide, qui devient de plus en plus un moyen curatif de luxe pour les malades peu aisés. Séance du 26 Septembre. — MM. 4. Kolliker ct H. Muller adressent une Note sur la structure de la rétine humaine. — M. Virchow adresse une Note intitulée : Décowerte d'une substance qui donne lieu aux mêmes réactions chi- miques que la cellulose végétale dans le corps humain. — M. Gegenbaur envoic des Recherches sur le mode de reproduction et sur le développement dans divers grou- pes de Zoophytes et de Mollusques. Ces observations, fort intéressantes, portent sur le mode de développement des œufs d’une nouvelle espèce de Lizzia. L'embryon de cette Méduse devient un Po- lype, tandis que certains Polypes produisent des Mé- duses. L'auteur a reconnu que les organes marginaux des Méduses sont composés d’un appareil auditif et d’un or- gane de vision. Il a opéré la fécondation artificielle chez les Siphonophores, et suivi le développement de l'œuf. Dans les Ptéropodes et les Hétéropodes, M. Gegen- baur a observé l'embrycn de presque tous les genres de la Méditerranée. Enfin. il a constaté, chez beaucoup de SOCIÉTÉS SAVANTES. 471 Mollusques, que l'organe de la génération contient en même temps des œufs et des spermatozoaires. Séance du 10 Octobre. — M. Serres lit une Note sur la paléontologie humaine. Ce travail remarquable a été fait à l’occasion de la découverte d’un Dolmen gaulois dans la commune de Villers-Saint-Sépulcre, canton de Noailles. - — S. A. le Prince Bonaparte (Charles-Lucien) pré- sente à l'Académie, de la part de M. Pucheran, natura- liste atlaché au Muséum, le volume de la Zoologie du voyage au pôle sud de l'Astrolabe et de la Zélée, qui traite des Mammifères et des Oiseaux, et dont il est l’auteur. Le Prince se déclare heureux de remplir cette commission, à cause de l'intérêt qu'il porte à l’auteur, et du mérite de l'ouvrage qu’il s’efforce de faire ressor- ür; il insiste surtout sur la modestie, égale à la science, dont M. Pucheran a donné la plus belle preuve, en faisant aussi large que possible la part de gloire de MM. Hombron et Jacquinot, en leur accordant entière- ment l'honneur des excellents genres établis, etc. Il fait remarquer les vues philosophiques de M. Pucheran sur la géographie zoologique, et termine en déclarant que son livre révèle un homme capable (pour peu qu’il soit encouragé) de donner à la France une Faune océanienne dans laquelle seraient finalement décrites et coordon- nées les innombrables richesses que nous devons à l’in- trépidité de nos savants navigateurs, enfouies depuis trop longtemps et devenant tous les jours la proie de l'étranger. Séance du 17 Octobre. — M. Duvernoy lit un Rapport snr plusieurs Mémoires d'Erpétologie et d'Ichthyologie communiqués successivement à l'Académie par M. Auguste Duméril. Comme nous avons rendu compte de ces importants travaux, nous ne suivrons pas le rapporteur dans l’ap- préciation qu'il en donne. Qu'il nous soit seulement 472 REV. ET MAG. DE Z00LOGIE. (Octobre 18553.) permis de dire que M. À. Duméril, qui suit si digne- ment les {races de son illustre père, a mérité l’appro- bation du savant rapporteur, qui termine son travail par les conclusions suivantes : «En résumé, nous espérons avoir mis l’Académie à mème de juger, par ce rapport, que les quatre Mé- moires de M. À. Duméril sont des travaux conscien- cieux d'observations et de comparaisons de détails sur les caractères zoologiques de plusieurs familles de Rep- tiles, d'Amphibies et de Poissons, travaux très-utiles aux progrès de la Zoologie, et qui méritent, à plusieurs titres, ses encouragements. « Nous venons, en conséquence, la prier de leur don- ner son approbation et d'inviter l’auteur à les conti- nuer, ainsi qu'il en a manifesté le projet. «Les conclusions de ce rapport sont adoptées. » Séance du 2% Octobre. -— M. Serres lit une Note rela- tive à la détermination de l’encéphale des Poissons. « Dans la dernière séance, dit-il, j'ai fait uue obser- vation relative à la détermination des différentes parties de l’encéphale des Poissons, que notre coilègue M. Du- vernoy a rappelée dans le rapport qu’il a lu à l'Académie sur divers Mémoires présentés par M. Duméril fils. « Ces déterminations sont les mèmes que celles con- tenues dans un rapport fait par notre savant collègue, il ya un an, sur ce même point d'anatomie comparée, ct elles diffèrent très-peu de celles de Camper et de Haller, dont M. Bory-Saint-Vincent faisait une fausse application à l’élude des races humaines de l'Algérie. « Après la mort de M. Bory-Saint-Vincent, la com- mission scientifique de l'Algérie n’a prié de me charger de la rédaction de la partie anthropologique de l’ouvrage sur nos possessions en Afrique. «Or, tout en respectant la mémoire de M. Bory- Saint-Vincent, j'ai dû néanmoins, dans ce travail, re- venir sur les déterminations encéphaliques des Poissons SOCIÈTÉS SAVANTES. 475 établies par Camper et Haller, afin de montrer le peu de fondement des conséquences anthropogéniques que l'on pourrait chercher à en déduire. « La publication de la partie anthropologique de PAl- gérie étant remise indéfiniment, je me propose de com- muniquer à l’Académie les bases du travail dont j'ai été chargé par la commission scientifique de l'Institut. « Tels ont été le motif et le but de mon observation sur les détermimations anciennes des différentes parties de l’encéphale des Poissons. » — S. A. le Prince Ch. Bonaparte lit l'extrait suivant d’une lettre de M. le professeur Owen: «Notre savant confrère, le professeur Owen, de Lon- dres, dans une lettre du 48 courant, lettre qu'il m'écrit pour me dédommager de n'avoir pas assisté à la séance où il a lu son travail sur le Gorilla Savagii, me donne, en outre, quelques nouvelles zoologiques qui me sem- blent devoir intéresser l’Académie. «1° Après avoir fait l'éloge de la belle préparation Poortman, dans notre Muséum, de ce formidable singe, dont les traits l'ont frappé d’étonnement, le célèbre anatomiste anglais parle d’un individu encore plus grand que le nôtre, qu'il a reçu des rives du fleuve Dan- ger, sur la côte occidentale d’Afrique, et qu'il considère comme appartenant à une nouvelle variété. « 2 Des ossements fossiles qui lui sont parvenus de la Patagonie lui ont permis de reconstruire plusieurs animaux perdus pour lesquels il a dû établir différents genres, Nesodon, etc., plus ou moins voisins de son fa- meux Toxodon. «On sait que M. Richard Owen, revenant aux idées de Ray, contrairement aux errements de Linné et de Cuvier, réunit en un seul groupe les Ruminants et les Pachydermes, opinion soutenue avec des arguments spé- claux, par un savant professeur français que je vois avec plaisir assister à cette séance (M, Gervais). L'ensemble 474 REV. ET MAG. DE ZQOLOGI£. (Octobre 1853.) des Ongulés a été subdivisé par M: Owen en trois ordres qu'il appelle Proboscidiens, Périssoductyles et Artiodac- tyles. Les nouvelles découvertes paléontologiques dont je viens de vous entretenir lui ont fait établir une qua- trième coupe principale sous le nom de Toxodonlia : comme les Proboscidiens, cette coupe se rapproche bien plus des vrais Périssodactyles que des Artiodactyles. «9° Suivent les détails sur le grand Fourmilier de l'Amérique du Sud (Myrmecophaga jubata, Li.) que le jardin zoologique de Londres possède vivant. Quelques faits ct gestes de cet animal prouvent que, malgré sa ré- putation trop bien établie, il ne se contente pas loujours d'insectes pour sa nourrilure. Après avoir mis à mort, avec ses redoutables griffes, un lapin, il l’a dépouillé pour humer et ressaisir de sa longue langue les subs- tances juteuses qui s’échappaient des lacérations qu'il avait faites dans les tissus du corps de sa victime. Le Fourmilier jouit de la meilleure santé. «4 Il n’en est malheureusement pas ainsi du Morse (Trichechus rosmarus, L.). Si quelque chose peut nous consoler de sa mort, c’est le travail hors ligne que ne peut manquer de produire la dissection de ce singulier Pinnipède par de si habiles mains, qui va, pour le moins, jeter un grand jour sur les homologies de sa dentition si anomale. En attendant, le peu de temps pendant lequel cet animal a vécu en captivité a fait con- naître qu’il se dresse beaucoup mieux que les Phoques sur ses membres pinniformes, soulevant entièrement son abdomen du sol; fait nouveau et inattendu dans l'histoire de la locomotion des mammifères amphibies. — M. Guérin-Méneville lit en son nom et en celui de son collaborateur, M. E. Robert, un Mémoire ayant pour titre : Observations de sériciculture faites pendant l'année 1855 à la magnanerie expérimentule de Sainte- Tulle. — Ce Mémoire paraîtra dans notre prochain nu- méro. . SOCIÈTÉS SAVANTES. 475 — M. le secrétaire perpétuel donne connaissance de la lettre suivante que nous lui avons adressée en pré- sentant à l’Académie le Mémoire du comice agricole cen- tral des éleveurs de sangsues du département de la Gi- ronde. « Depuis quelques années j'avais pensé et dit (Ins- truction pour le peuple, cent traités sur les conn«issances les plus indispensables, €. I, p. 2572 — 1850) que la recherche de procédés ayant pour objet d’opérer à vo- lonté la multiplication des sangsues scrait une des plus heureuses applications de la Zoologie. Aussi ai-je an- noncé avec empressement, dans la Revue Zoologique, Ja réalisation de cette idée. Je m'estime heureux d’avoir signalé le premier aux naturalistes cette nouvelle bran- che de culture qui, tout en donnant une grande valeur à des marais perdus pour l’agriculture, rend un si grand service à l'humanité. «Je réunis des documents intéressants sur ce sujet, et j’espère que l’élève des sangsues, à laquelle je pro- pose de donner le nom de hirudicullure, deviendra une branche agricole non moins digne d'intérêt que celle qui a pour objet de multiplier à volonté les Poissons. « Chargé par le Comice agricole central des éleveurs de sangsues du département de la Gironde d'avoir l'hon- neur d'offrir à l’Académie des Sciences le Mémoire qu'il vient de publier sur ses travaux, je viens vous prier de vouloir bien être mon interprète pour celte présentation. « J'ai l'honneur, etc. « Guérix-MÉNEVILLE. « Paris, le 24 octobre 4853. » 4716 REV. ET MAG. DE ZOOLOG&. (Octobre 1855.) III. ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. De L'Homwe er pes naces aumaines, par M. H. Horarn. 4 vol. in-19, Paris, Labé. 1853. L’anthropologie, science récente, fertile en grandes conceptions, en est encore à son début; créée par Blu- membach, elle est restée presque stationnaire en com- paraison des autres sciences. £ Buffon, Virey, Bory-de-Saint-Vincent, Lesson, Blain- ville, Desmoulins, Etienne et Isidore Geoffroy-Saint- Hilaire, Serres, Pritchard, ont fait de beaux travaux sur cette branche importante des connaissances humaines ; ce qui nous manquait surlout, c'était un livre qui, sous une forme littéraire, reproduisit l’ensemble des Mi- moires de ces savants en formant un traité général. C'est la tâche entreprise par M. Hollard : on verra qu'il a parfaitement réussi. Les données de cette notice ne nous permettant pas d'envisager une à une les théo- ries précédemment émises, nous allons essayer de faire seulement ressortir les points dominants de la doctrine de l’auteur. Par son essence même, l'étude des races humaines touche aux hautes questions de la philosophie et de la religion; aussi retrouve-t-on dans la plupart des natu- ralistes qui s’en sont occupés un parti pris d'idées ou mieux de théories préconisées pour lesquelles ils ne se sont servis que des faits qui leur étaient favorables, écartant le doute et conséquemment la difficulté. On re- connait également, daus la plupart de ces travaux, une tendance marquée au panthéisme et aux doctrines malé- rialistes. Ces théories générales sur l'homme se sont sensiblement modifiées par suite des nouveaux {ravaux sur l'embyogénie et les résultats obtenus par le croise- ment des races, études basées sur des faits palpables. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 477 Aussi la majorité des naturalistes en sont-ils arrivés à conclure à l’unité de la race humaine. La question fondamentale est de savoir si l’homme peut être considéré comme faisant partie du règne ani- mal ou comme l'envisageait, par exemple, Etienne Geoffroy, doit-il former un règne à part dans la nature ? C'est ainsi que le voit M. Hollard. — Lorsqu'on veut regarder la nature comme une vaste série, peut-on trou- ver un lien entre le minéral et le végétal? Si faible qu'il pourrait être, ce chaînon n'existe pas; c’est cette diffé- rence incommensurable de zéro à l'unité. « De l’em- pire inorganique au plus simple des corps organisés, il y a une distance que rien ne remplit; la nature physi- que et la nature vivante sont deux assises superposées ct non des termes conséculifs dont le premier engen- drerait le second. L'animal n’est pas non plus un pro- duit perfectionné de la vie végetale. Enfin, les espèces des deux règnes organiques montrent, à la manière dont elles se groupent et se conservent, qu’elles ne procèdent pas les unes des autres. » Cette lacune, que nous dis- tinguons entre l’inorganisme et l'organisme, M. Hol- lard la retrouve entre le règne animal et l’homme. Les traits distinctifs qui séparent, ou mieux qui tranchent l'homme d'avec les plus perfectionnés des Primates, ce sont les caractères psychologiques. Le savant zoologiste fait ressorlir les distinctions de l'instinct et de l’intel- ligence qui paraissent établir une barrière infranchis- sable entre ce qu'on appelle l'âme chez l'homme et l’en- semble des facultés chez les animaux. Or, il est, en se placant à son point de vue, irrationnel de regarder l’in- telligence humaine comme le dernier progrès de la vie animale. « La parole, dit-il encore (4), constitue une de (1) Lorsqu'on étudie les peuplades sauvages de la Tasmanie, dont l'idiome se réduit à un petit nombre de mots mal articulés, nous ne savons pas jusqu'à quel point on peut envisager la parole comme un terme aussi général de comparaison, 478 REV. ET MAG. DE ZOO0LOGIE. ( Octobre 4855.) ces différences les plus notables, » Les beaux résultats de l’intelligence humaine, la puissante analyse, le juge- ment critique, surtout la conception d'idées abstraites, sont les caractères marquants de l’homme, surtout dans la race caucasique, où ils sont développés au plus haut degré; c’est cette intelligence même dont il fait un des plus puissants arguments en faveur de l’unité humaine, en accord ainsi avec la Bible, « qui a proclamé, anté- rieurement à toutes les études anthropologiques, celte vérilé de l’unité de l’espèce humaine, qui se dégage au- jourd'hui, comme vérité scientifique, d’un état où la contradiction ne lui a pas été épargnée. » M. Hollard passe en revue les différentes races ou types de l’homme, en en faisant ressortir les traits prin- cipaux; pour lui ces caractères, loin d’être spécifiques, ne sont que le résultat des agents extérieurs qui ont apporté des modifications au type primitif, argument qu'il fait reposer sur le croisement improductif des es- pèces. Malheureusement ici, comme pour beaucoup de théories scientifiques, les faits d'observation, cette base première, nous font défaut. M. Hollard a énuméré, avec beaucoup de soin, les différences ethnologiques des peuples en ne tenant peut- être pas assez compte des analogies anatomiques. Son tableau des races asiatico-européennes est parfaitement tracé ; seulement, il nous semble ne pas avoir assez fait ressortir les résultats des récentes études des Améri- cains sur les anciennes peuplades du nord de leur con: tinent; de même que pour les types océaniens, sans contredit, les plus intéressants à étudier, sous le rap- port moral ct physique et par leur état. d’abrulisse- ment. Mais il s’agit d’un ouvrage général. Dans le cours de celte étude, M. Hollard fait ressortir la parfaite concor- dance de sa théorie avec la cosmogonie chrétienne et les récits bibliques. MÉLANGES ET NOUVELLES: 479 Le Traité des races humaines était attendu du public; c’est un de ces livres, disait le bibliographe de la Revue des deux Mondes, comme on en fait quelques-uns en An- gleterre et trop peu en France. M. Hollard a su grouper, sous une forme littéraire ei attrayante pour le publie, les théories ardues de la science, en même temps que le savant pourra chercher sous celte forme générale de précieux renseignements. Baron HENnt AUCAPITAINE. EnumenazionE, etc. — Enuméralion systématique des Gasléropodes terrestres et fluviatiles des environs de Pavie; dissertation inaugurale de M. Rezra Awax- zo (1848). Celle brochure ne donne que le catalogue des Gasté- ropodes des environs de Pavie et quelques détails sur les localités où l’on peut les rencontrer. IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. M. Sclater nous adresse la lettre suivante : « Mon cher monsieur, « Voulez-vous avoir l'obligeance de faire insérer dans le prochain numéro de la Revue de Zoologie les descrip- lions suivantes de nouvelles espèces d’Oiseaux. Les Contributions Lo Ornithology de six William Jardine ont cessé de paraitre, et nous n'avons plus en Angleterre un journal d'histoire naturelle si bien connu que le 480 nEv. ET MAG. DE Z0010GE. (Octobre 1855.) vôtre, dans lequel on puisse publier les découvertes or- nithologiques. Descrrrron de deux nouvelles espèces d'Oiscaux, par M. P.-L. Scrarer. Dacnis pulcherrima, Sclater. — D. clarè stramineo-viridis : ventre albescente : capile Loto cum gulà et dorso summo utrinque atris : Lorque anguslo postico cervicali aureo :tectricibus alarum lætè cœruleis : remigibus et rectricibus nigris cœruleo limbatis : rostro nigro, mandibulà inferiore basi flavescente : pedibus fuscis. — Long. ota, 4-2 poll. angl. Alæ fplicatæ, 2-7; caudæ, 1-7. — Hab. in Novä-Grenadà. La distribution générale des couleurs, dans cette cs- pèce, ressemble beaucoup à celle du Culliste: cyanoptera, Swainson, mais elle est tout-à-fait une Dacnis typique. Formicivora ornata, Sclater. — F. cinerea, ventre aliquantu- lüm brunnescente : gulà totà atrà : dorso postico castaneo-rufo : Lecricibus alarum minoribus nigris latè albo terminatis : tectrici- bus alarum inferioribus albis : rostro pedibusque nigris. — Long. Lota, 3-8 poll. angl. Alæ plicatæ, 2-2; caudæ, 4-4. — ab. in Novà-Grenadà. Obs. Affinis F. erytronotæ, Hartiaubi, sed gulà atrà. Cette jolie espèee de Formicivora provient de la col- lection de M. J.-C. Eyton. «Philip Lutley SoLarer. » Londres, aug. 18, 1855. TABLE DES MATIÈRES. Boxarante. — Monographie des Laniens. 45, Pucuerax. — Etudes sur les types peu connus du Musée de Paris. À Marcez ne Serres. — Note sur les dépôts diluvieus, les sables et les marnes tertiaires d’eau douce de Montpellier. 446 H Lucas. — Essai sur les animaux articulés qui habitent l'ile de Crète. 461 Académie des Sciences de Paris. AG8 Analyses d'ouvrages nouveaux, AG Mélanges et nouvelles. 479 PARIS, — TiP, SIMON RAÇON ET C°, RCE D'ERFURTH, À. S£IZIÈME ANNÉE. — NOVEMBRE 1853. I. TRAVAUX INÉDITS. Éruvss sur les Types peu connus du Musée de Paris, par M. le Docteur Pucneran. — (Neuvième article. — Passereaux ténuirostres.) Dans les divers articles que nous avons déjà consa- crés, el que nous espérons pouvoir consacrer encore à l'étude des types de Passereaux, nous suivons de préfé- rence l’ordre de classification établi par Cuvier et adopté, avec quelques modifications, par M. le profes- seur Geoffroy-Saint-Hilaire fils, dans ses Leçons d’Orni- thologie au Musée de Paris. Aussi ne parlerons-nous des espèces de Méliphagidés, dénommées par Cuvier et Vieil- lot, que lorsque nous nous occuperons des Passereaua: dentirostres, et, quoique il s’agisse d’une espèce de ce genre dans lespremier type que nous allons décrire, nous ne délaissons la voie que nous devons suivre que par suite de la dénomination générique adoptée par l'illustre créateur de la Paléontologie moderne. Cette détermination de M. Cuvier est même d’autant plus étonnante qu’il a grandement contribué, dans les deux éditions du Règne animal, à restreindre le genre Cer- thia de Linné, et à le constituer tel qu'il est adopté par les Ornithologistes de nos jours. A. Types de M. Cuvier. Le seul qui exige de nous quelques détails est déter- miné sous le nom de Certhia leucomelas. 2e sémE, T. v. Année 1853. 31 482 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1853.) Ce Passereau, dont la taille est à peu près celle du Meliphaga mystacalis, Temm., est indiqué comme ori- ginaire de Timor (M. Lesueur). La tête est noire, ainsi que le devant du cou et le dessus du corps jusqu’au croupion; il en est de même des tectrices alaires infé- rieures ; les rémiges sont noirâtres; la teinte en est plus foncée en dessus qu’en dessous. Le croupion, tout le dessous du corps, à partir du noir de la gorge, et une grande bande qui occupe le dessus de l’aile, sont de couleur blanche; il en est de même de l’extrémité des secondaires. Les rectrices sont blanches dans la ma- jeure partie de leur étendue et noires au bout. Du noir bleu occupe la base du bec, les tarses et les doigts ; les ongles et l'extrémité des mandibules sont jaunâtres. — Longueur totale, 173 mm.; longueur de la queue, 78 mm.; du bec, 47 mm. ; du tarse, 2 c. m. Cette espèce était bien nouvelle lorsqu'elle a reçu de M. Cuvier le nom qu’elle porte. Elle a été depuis dé- crite et figurée par M. Gould sous le nom de Melico- phila picata, ce qui indique qu’il y a erreur dans l’énon- ciation du lieu de provenance, ct que notre individu vient de la Nouvelle-Hollande. Vieillot et M. Lesson l'avaient eux-mêmes déjà dénommée avant M. Gould, ainsi que nous le verrons lorsque nous nous trouverons en face de ces dénominations. B. Types de Vieillot. Les espèces nouvelles de Passereaux ténuirostres dé- nommés par Vieillot sont encore assez nombreuses; mais, sije ne m'abuse, presque toutes sont ou bien ad- miss ou bien ramenées à leurs synonymes. Nous pou- sons l’assurer pour Synallaxis ruficauda et Synallaxis ruficeps, de même que pour la presque totalité des Tro- chilidés, Trochilus fuscus (1), T. cyanus, T. albicol- ‘4) Gette même dénomination de Trochilus fuscus a été donnée TRAVAUX INÉDITS. A83 lis, ete. Dans le genre Dendrocopus, quelques difficultés se sont présentées, inhérentes tantôt à l’uniformité de coloration des espèces, tantôt aux descriptions im- parfaites (1) données par l’auteur même des diagnoses. Nonobstant ces obstacles, le Dendrocopus albicollis, Vieill. a été, avec juste raison, rapporté au Dendroco- laptes decumanus de Lichtenstein et de Spix. Dans ses études récentes sur ce genre, études si consciencieuse- ment faites, M. de Lafresnaye a parfaitement bien vu que Dendrocopus fuscus ne différait pas du Dendrocolap- tes tenuirostris, Licht., Spix; aussi est-ce avec regret que nous l'avons vu, dans le cours mème de son travail, délaisser cette opinion, qui nous parait bien réelle. Le même observateur, au contraire, avec une sagacité que nous ne saurions trop louer, a très-exactement ratta- ché Dendrocopus rufus à Sphenura poliocephala. Pour les espèces dont nous allons transcrire les déscriplions, nous espérons, à notre tour, être dans la vérité; mal- heureusement il est quelques types qui se sont montrés rebelles à toutes nos recherches. 4° Trochilus versicolor. — « Le nom de cel oiseau peut, il est vrai, convenir à plusieurs autres, puisque leurs couleurs se présentent de diverses manières ; mais il a cela de particulier que, sous un seul aspect, la gorge, le devant du cou et le devant de la poitrine, sont en même temps d’un gris blanchâtre d’un côté, d’un bleu clair sur l’autre, et d’un vert doré dans le milieu : ces mêmes parties se présentent sous d’autres aspects, avec une seule de ces trois couleurs, c’est-à-dire qu’elles par M. Cuvier à la même espèce ; je puis même dire au même in- dividu. (1) C'est ainsi que, dans la description du Dendrocopus macu- latus (Diet, tom. XXVI, p. 147), cspèce que je rapporte au Den- drocolaptes bivittatus de Lichtenstein, Vieillot dit que le dessus du cou est blanc; c'est évidemment du dessous de cette région qu'il a voulu parler. : 484 REV. ET MAG. DE ZOOLOCIE. (Novembre 1853.) sont entièrement grises ou bleues ou vertes: le reste du dessous du corps est d'un blanc un peu grisâtre et doré seulement sur les flancs ; la tête, le dessus du cou et du corps, les couvertures supérieures des ailes, celles de la queue et ses pennes, sont d’un vert brillant ; les pen- nes alaires d’un violet rembruni ; la queue est un peu fourchue; le tarse brun, le bec de celte couleur en des- sus et blanchâtre en dessous. — Longueur totale, 3 pouces environ. « Cet individu, qui se trouve au Brésil, est au Mu- séum d'Histoire naturelle. » (Nouveau Dict., tom. XXII, p. 450.) Dans l'Encyclopédie (4), la diagnose latine a seule- ment élé ajoutée. Quant au type, il a été rapporté par Delalande; mais l'espèce ne diffère pas d'Ornismya brevirostris, Less., ainsi que nous l’a encore récemment assuré M. Bourcier, si excellent juge en fait de Trochi- lidés. 2 Cinnyris leucogaster. — « Cet oiseau, de l’île de Timor, où l’a trouvé le naturaliste Maugé, a la tête, la gorge el toutes les parties supérieures, d’un vert doré; la poitrine d’un bleu d’acier poli; le ventre et les par- ties postérieures blancs; les ailes et la queue noires; celle-ci un peu fourchue ; le bec noir et les pieds bruns. » (Nouv. Dict., tom. XXXI, p.515.) L'Encyclopédie (2) ne renferme en outre que la dia- gnose latine. En fait de synonymes, nous ne connaissons que celui de Cinnyris thoracicus, donné plus récemment par M. Lesson (3). (1) P. 560. T. viridis nitens, guld, collo anteriore pectoreque albido griseis, dilute cœruleis, aureo viridibusque; ventre crisso- quecinerascente albis ; rostro supra fusco, subtus albido ; pedibus fuscis; caudä subfurcatd. (2) Page 589. C. aureo viridis; pectore chalybeo; ventre albo; rostro nigro; pedibus fuscis. (3) Traité d'Oruith., p. 297. TRAVAUX INÉDITS. 485 3° C. sola. — « Cet oïscau porte, à Pondichéry, le nom de Sola sitou (par erreur, dans le texte, il y a Sola silou), d’où il a été envoyé par M. Leschenault. Il se plaît aussi dans d’autres parties de l’Inde, car le na- turaliste Macé l’a trouvé au Bengale. La gorge de ce Souimanga est d’un bleu foncé, brillant et à reflets; le devant du cou et les parties postérieures sont d’un jaune jonquille ; la tête, le dessus du cou, d’un vert doré changeant ; les ailes vertes, ainsi que la queue, dont les deux pennes extérieures sont blanches à leur extré- mité. Le bec est noir, le tarse brun et la queue arron- die, etc. » (Nouveau Dict., tom. XXXI, p. 512.) Cette espèce, dont nous donnons en note (1) la dia- gnose latine, ne nous paraît pas différer de Certhia zeylonica, L. (2). (1) Page 597. C. aurato viridis ; gutture saturate cæruleo; collo anticè, corpore subtus flavis; rostro nigro; pedibus fuscis; caudd rotundatä. (2) Les deux types que nous n'avons pu encore retrouver sout les deux suivants : 4° Cinnyris cinereicollis. — C. fuscescenteviridis ; qutture col- loque anteriore cinereis ; corpore subtus flavo ; rostro pedibusque nigris (Encycl., p. 591). « Le gris qui couvre la gorge et le devant du cou de cet oiseau prend un ton bleuâtre, et s'étend en outre sur les côtés de la tête et du cou, chez des individus; un trait noir part du coin de la bouche, borde le bas des joues et les côtés du menton; toutes les parties supérieures des ailes et de la queue sont d'un vert rem- bruni; la poitrine et les parties postérieures jaunes; les couver- tures inférieures de la queue blanches; les pennes caudales ter- minées de cette couleur et grises en dessons. Le bec, qui est très- long, est noir, ainsi que les pieds. Cette espèce est au Muséum, etc.» (Nouv. Dict., tom. XXXI, p. 502.; 2° Cinnyris subflavus. — C. capite rubro; fronte aurato vi- ridi; gutture, juguloque cœruleis ; corpore subtns flavo; rostro ni- gro; pedibus fuscis (Encycl., p. 598). Ce Souimanga « a le front vert doré, la gorge et le devany du cou d'un bleu d'acier poli; les parties postérieures d'une belle couleur aurore très-vive ; les ailes et la queue vertes; la tête 486 REV. ET MAG. DE Z0010G1E. (Novembre 1853.) C. Types de M. Lesson. 1° Cinnyris angolensis (Traité d'Ornith., p. 295). — « Front et devant du cou vert émeraude brillant; plu- mage noir de velours partout. — Habite la côte d’An- gole. » Le type de ce Souimanga est un de ces individus, encore si rares dans les collections, que Perrein avait apportés de la côte d’Angole, et dont la plupart ont été décrits et même figurés par Vieillot. À l’époque où M. Lesson a indiqué cette espèce, elle était bien nou- velle; elle a été depuis décrite par M. Jardine sous le nom de Neclarinia stangeri. Plus récemment, MM. Ver- reaux (1) ont signalé cette synonymie en donnant, des individus qu’ils avaient entre leurs mains, une fort bonne description. Conformément à la loi de priorité, la dénomination donnée par M. Lesson doit donc être adoptée. ® C. lucidus (p. 295). — « Tête et cou bleu d’acier doré, à reflets pourprés; dos et longues couvertures de la queue d’un vert doré brillant; bleu d’acier du ventre mélangé de rouge sanguin ; bas-ventre noir. — Habite le Sénégal. « Jeune. Devant du cou bleu d’acier ; plumage gris; ventre olive jaunâtre. » Ajoutons que chez l'adulte se trouvent, sur les côtés du thorax, deux faisceaux de plumes de couleur jaune serin, et que les ailes sont d’un noirâtre soycux. Les rectrices sont noires. Il est évident pour nous que c’est la même espèce que C. splendidus, Nieill. (2), ainsi que l’a déjà dit M. G.-R. Gray. Le type de l'adulte a été ac- le dessus du cou d'un rouge très-clair; le bec noir et les pieds bruns. Cet oiseau se trouve dans l'Inde. » (Nouv. Dict., tom. XXXI, p. 494.) (4) Revue et Magasin de Zoologie, 4851, p. 315. (2, Oiseaux dorés, vol. II, pl. 82. TRAVAUX IXÉDITS. 487 quis, par échange, à M. Delalande en novembre 1822; “celui du jeune, qui est originaire de Galam, à M. Bacle, en décembre 1820. 3° C. sanguineus (p. 296). — « Tête, cou, dos, vert doré foncé ou bleu sur la tête; devant du cou acier et pourpré; dessous du corps noir de velours, à forte teinte de rouge sanguin. — Habite la côte d’An- gole. » Comme le C. angolensis, cette espèce faisait partie de la collection apportée de la côte d’Angole par Perrein. Elle a été, avec exactitude et vérité, rattachée, par MM. Verreaux (1), au C. superbus de Vieïllot (2). 4 C. ruber (p. 296). — « Tête émeraude; manteau noir de velours ; devant du cou pourpre doré; ventre el thorax rouge sanguin; épaules vert doré. — Patrie? » Le type est originaire de Sumatra (Duvaucel, sep- tembre 1821); il appartient à la section des Cinnyris, dont la taille et le bec offrent de petites dnensions. Les épaules présentent bien une tache verte, mais ce vert est mêlé de violet. La même couleur couvre l’ar- rière du dos et les lectrices caudales supérieures. Le vert doré de la tête constitue une véritable calotte, sé- parée par du noir, à droite et à gauche, de la couleur de la gorge. Les rémiges sont noirâtres sur leurs deux faces; il en est de même de leurs tectrices inférieu- res, etc., etc. En définitive, ce Souimanga ne nous parait pas diffé- rer du Nectarimiu Hasselt, Tem. (5). 5° C. thoracicus (p. 297). — « Tête ec cou vert doré; ceinture rouge, puis noire; deux taches jaune d’or; le bas-ventre grisätre, le milieu jaune clair. — Habite Timor (Maugé). » (4) Loc. cit., p. 316. (2) Loc. cit., vol. IE, pl. 22. (3) Col. 376, fig. 3. 188 KEV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1833.) Cette espèce ne diffère pas de C. leucogaster, Nieill. Le même individu a servi à nos deux zoologistes. 6° C. solaris (p. 297). — « Tête et devant du cou acier pourpré; dos et aile marron, etc. » Ce Souimanga n’est autre que C. zeylonicus, L., C- sola, Vieill., etc. M. Lesson a malheureusement donné encore (p. 297), mais plus justement, le nom de C. solaris au Nect. solaris de M. Temminck. T° C. luteoventer (p. 298). — « Tête et devant du cou acier ; manteau olive; poitrine et ventre jaune d'or. — Habite les iles de la Sonde (M. Labillardière). » Ajoutons que les ailes sont noirûtres, les rectrices noires, avec les trois plus externes terminées de blanc. C’est la même espèce que Nectarinia pectoralis, Horsf., Nectarinia eximia, Temm, (1). 8° Dicœum aterrimum, Dicœum rubriventer, Dicæum Maugei (p 305). Je me suis expliqué sur ces trois espèces dans la Revue zoologique de 1846 ; par conséquent je n’insiste- rai pas. 9° Certhionyz variegatus (p. 306). — M. Lesson, in- diquant lui-même que son espèce ne diffère pas du Certhia leucomelas, Guv., je ne crois pas nécessaire d’entrer dans de nouveaux détails. Mais ce Passereau étant semblable au Melicophila picata de M. Gould, il est évident que le genre Certhionyx de M. Lesson doit être adopté de préférence à celui de M. Gould, qui est plus récent. 10° Furnarius Sancti-Hilarü (p. 307). — Cette espèce est généralement connue comme ne différant pas de Lochmias squammata, Sw. 11° Edela ruficeps (p. 309). — « Tête et joues rous- ses; dos gris roussâtre; dessous du corps gris cendré, milieu du ventre blanchâtre ; queue rousse, — Habite (4) Col. 138, fig. 1. TRAVAUX INÉDITS. 489 la côte nord-ouest de la Nouvelle-Hollande (Labillar- dière). » Il y a sûrement erreur dans cette dernière indication, car notre type ne diffère pas d'Orthotomus sepium, Horsf., Tem. (1). M. Lesson s’est rectifié à ce sujet dans la Centurie zoologique, en donnant la figure de cette espèce. 12° Sittasomus flammulatus (p. 315). — « Brun rous- sâtre, flammé de blanc ; queue roux vif, — Habite le Brésil? » C’est Dendrocolaptes cuneatus, Licht., comme l’a déjà dit M. de Lafresnaye dans ses récentes études sur les Picucules. Notre sur deux nouvelles espèces du genre Mowor {momotus), par Pure. Lurcey ScLarer. Je dois à l’obligeance de MM. Verreaux d’avoir pu décrire deux nouvelles espèces de Momot, qu'ils ont rèçues tout récemment de Sainte-Marthe, dans la Nou- velle-Grenade. En voici la description : Momotus semirufus, Sclater. — M. viridis : capite colloque su- pero et corpore infrà à mento ad medium ventrem cinnamomeo- rufis : maculis duabus pectoribus nigris : loris et regione auricu- lari intensè atris : ventre imo crissoque cœrulescenti-viridibus : remigibus rectricibusque subiüs nigricantibus suprà lætè viridibus cærulescente marginatis : caudà spatulatà : rostro pedibusque ni- gris. — Long. tota, 50 cent. ; alæ, 47 cent,; caudæ, 31 cent. — Habitat : Santa-Martha, in Novä Granadà, et ad Rivum Rio-Javarri dictum. Momotus subrufescens. Sclater. — M. viridi-olivaceus : pileo nigro, cœruleo glancescenti anticè, purpurascenti posticè cincto: loris et regione auriculari inteusè nigris, illà glauco cinetà : cor- porc suprà viridi, infrà rufo-olivacco : maculis duabus pectorali- bus nigris : remigibus rectricibusque subiüs nigricantibus, suprà lœtè viridibus, cærulescente marginatis : caudà spatulatà : rostro (1) Col. #99, fig. 4. 490 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1853.) pedibusque nigris. — Long. tota, 40 cent.; alæ, 43; caudæ, 25. — Habitat in Novà-Granadà. Au milieu des nouveautés zoologiques de. toute sorte qui affluent et abondent dans le riche établissement des frères Verreaux, ces Momots sont deux des espèces les plus intéressantes. J’ai retrouvé, dans le Musée du Jardin des Plantes, trois autres exemplaires du premier de ces oiseaux. L'un a été rapporté par MM. Castelnau et Deville, de Rio- Javarri ; le second est de Santa-Fé-de Bogota, et le troi- sième est étiqueté comme venant du Chili. MéLANGES oRNITHOLOGIQUES, par F. ne LAFRESNAYE. Sur l’Anabates squamiger, Lafr., Syn. av. Amer.., part. II, p.14, et d'Orbig., Voy., &. LIV, F. 2. — Sittasomus perlatus, Less. Suppl à Buff., p. 284. En 1838, nous décrivimes, pour la première fois, dans notre Synop. av. Amer., part. II, p. 14, publié alors dans le Magasin de Zoologie, un oiseau rapporté d'Amérique par M. d'Orbigny, et que nous crûmes de- voir ranger dans le genre Anabate, de Temminck, "mais dans une section particulière que nous distinguä- mes par le nom d'Anabates Sylvani et Scansori, d’a- près la forme de leurs pattes et de leur queue, et d’après les renseignements de mœurs fournis par M. d’Orbigny, pour les séparer d’une scconde section que nous appel- lions Anabates Dumicolæ. Un peu plus tard, lorsque M. d'Orbigny, dont nous étions le collaborateur pour la partie ornithologique, publia son Voyage, il en donna une figure coloriée sur la planche 54, f. 2 de cet ou- vrage, et sous le même nom. En 1847, M. Lesson, dans son Supplément à Buffon, décrivit le même oiseau, p. 284, sous le nom nouveau de Sittasomus perlatus, Lesson. M. Lesson, comme on TRAVAUX INÉDITS. 491 le voit, commettait donc ici une double erreur : 1° en donnant un nouveau nom à un oiseau déjà nommé et figuré depuis longtemps; 2° en le plaçant dans le genre Sittasomus, section des Dendrocolaptes à bec de fauvette. Tous les Dendrocolaptinées, comme l'on sait, quelles que soient les formes diverses de leur bee, depuis celui de la Fauvette, de la Sittelle, jusqu’à celui du Promé- rops, sont facilement reconnaissables à la forme toute particulière et caractéristique de leurs pattes, commune à toutes les espèces. Chez elles toutes, en effet, et par conséquent chez celles du genre Sittasomus, le doigt an- térieur externe et son ongle sont absolument de même longueur et grosseur que le doigt médian, tandis que le pouce est étonnamment court, puisqu’avec son ongle il atteint à peine la longueur de ce doigt antérieur ex- terne sans son ongle. M. Lesson, se bornant probable- ment à l'inspection du bec de cet oiseau, de sa queue légèrement épineuse, et surtout de sa coloration si analogue à celle de la plupart des Dendrocolaptinées, aura négligé l’observation essentielle pour cette famille, celle de la forme des pattes, qui l’en exclut invariable- ment et sans nul doute; car chez lui le doigt antérieur externe et son ongle sont sensiblement plus courts que le median, tandis que le pouce, avec son ongle, au lieu d'atteindre seulement la longueur du doigt antérieur externe sans son ongle, le dépasse, lui et son ongle, de près d’un quart. — Ce genre de conformation le rap- proche visiblement des Sittelles, plus encore que des Sitlines ; mais, sous d’autres rapports, il ne peut figurer dans aucun de ces deux genres. — G.-R. Gray, dans son Genera of birds, le cite dans sa liste des Anabates; mais toutefois avec un? Enfin, le prince Bonaparte, dans son Conspectus, p. 209, le range, comme Lesson, dans le genre Sitlasomus, sous le nom de Sittasomus perlatus, Lesson, en donnant, avec raison, pour synonyme Ana- 492 MEV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1853.) bates squamiger, Lafr., plus ancien de neuf ans que le précédent. Cet oiseau n'ayant nullement les pattes ni même la queue très-rigide et à longues épines des Sittasomus, et présentant, au contraire, dans la forme de ses doigts et la grande longueur de son pouce, beaucoup plus de rapports avec les Sittinæ qu'avec les Dendrocolaptinæ, dont il n’a que la maculature inférieure, nous pensons que c’est près des Siltines (Xenops) qu'il doit prendre place ; soit qu'on range ce genre avec les Anabatinæ, comme l'a fait le prince Bonaparte, Consp., p. 211, soit qu’on le réunisse aux vraies Sittinæ. Mais, comme d’a- près ses formes de pattes, de bec, de queue et d’ailes, il ne peut être placé ni dans le genre Sitta, ni dans le genre Xenops; nous avons pensé qu'il devait former le type d’un nouveau genre intermédiaire aux Xenops, aux Sitta et aux Anabates, que nous nommerons, à cause de cela, Anagasrrra, dont voici la caractéristique : Gen. Anagasrrra, Lafr. — « Pedes illis Sittæ valde affinis; hal- luce cum ungulo digito medio antico longitudine æquali sed digito externo quartà parte longiore; rostrum sylviæ, huic generis Sit- tasomus simile; alæ elongatæ, remige prima, secunda valde bre- viore, secunda, tertia paulo breviore, terlia, quarta et quinta æqualibus et longioribus; cauda longitudine mediocris, rectricibus apice parum rigidis et acuminatis uti in genere Synallaæis; color cinnamomeus prævalens. » Anabasittasquamigera, Lafr.— Anabates squamiger, Lafr., Synops. av. Amer., part. Il, p.14 (ann. 1838); d'Orbig., Voy. t. LIV, f.2. — Sittasomus perlatus, Lesson, Suppl. à Buff., p. 284 (ann. 1847). — An? Squamiger, Lafr. G.-R. Gray, Gendra of Birds (art. Anabates). — Sittasomus perlatus, Less., Bonap.. Consp., p. 209. « À. supra dorso, alis caudäque vivide cinnamomeis aut ferru- gineis ; remigibus tectricibusque intès nigris; capile, collo, pec- tore, abdomineque toto rufescente olivaceis; vittà superciliare fere post-oculare, gulà totà, plumarumque colli lateralis, pectoris et th me | TRAVAUX INEDITS. 493 abdominis maculà medià squamælormi flavescente albidis; hàc nigro-cincta ; alarum tectricibus inferis albidis; rostrum corneum subtus flavidum; pedes brunvescente fusci halluce cum ungulo valde elongatis ut in scansoriüis avibus.» — Longit. tota (ave arte farcto), 45 cent.; alæ plicatæ, 8 cent.; caudæ, 7 cent. — Habit. Bogota in Nova-Granada. Nous n’ajoutons pas de description française, cet oi- seau étant très-bien décrit par M. Lesson, dans son Suppl. à Buffon. — I est, à ce qu'il parait, très-commun à la Nouvelle-Grenade; car, dans ceriains envois de ce pays, nous en avons vu jusqu’à quinze ou vingt individus. Éruose sur Les Anononres DE L’Ause, par Henri Drouer. (Sixième article.) ATETRRE Mihi vero suavis semper erit horarum, quas huic impendi, re- cordatio. (Kicux. Synops. Moll. Brabantiæ.) VIIL. ORGANES SÉCRÉTEURS. $ 30. « J'ai décrit, en parlant du manteau ($16), une glande dont j'ignore encore aujourd'hui l'usage ; je n’y reviendrai plus. Les autres organes sécréteurs des Ano- dontes, sont : le foie, — la glande de Bojanus, — les follicules agminés, — l'ovaire (cette glande sera décrite au chapitre des organes génitaux). $ 31. « Le foie est cette grosse masse arrondie, mol- lasse, qui se trouve à la partie antéro-supérieure du corps, entre le muscle adducteur antérieur et l'ovaire. Il est recouvert d’une membrane mince qui appartient au manteau, et s’unittellement à cette enveloppe qu'il n'est guère possible de l'en séparer sans déchirures. D'un autre côté, il a de grandes affinités avec l'ovaire, et l'on n’apercoit pas de démarcation bien nette entre ces deux organes, dont la consistance est à peu près la même. 194 REX, ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1$53.) . « Supérieurement, le foie semble être divisé en deux lobes, à cause du raphé qui passe au milieu. De chaque côté, il est maintenu par quelques prolongements f- breux qui viennent épaissir et solidifier le manteau. An- térieurement et inférieurement, il est retenu par une partie de la région museuleuse du pied, qui lui forme une base solide. Aucune membrane ne le sépare des cellules ovariques. « La substance du foie est d’un brun-verdâtre. Elle est molle, abreuvée de liquides, et renfermée dans un tissu aréolaire à petites cellules jaunâtres composées de tissu fibreux. L’estomac est creusé au milieu de la pulpe. De nombreux canaux cholédoques le traversent et s’ou- vrent largement à l’intérieur. Au devant du foie se trouve l'œsophage; en arrière, il entoure une partie très-minime des intestins. Les filets nerveux qui font communiquer les ganglions antérieurs avec le postérieur passent au dedans du foie, sur les côtés. $ 32. «A la partie médiane et supérieure du corps, sur le bord supérieur du pied, s’étend une glande allon- ée, très-molle, d’un violet-bleuâtre, bordée de chaque côté par les branchies, limitée ,en avant par les corps violacés et l’intestin qui sort du pied, et en arrière par le muscle postérieur sur lequel elle s’étale et auquel elle adhère. Le muscle tendineux la traverse; la cavité car- diaque la recouvre. C’est laglande de Bojanus (ou glande mucipare) qui sécrète l'humeur visqueuse de l’Anodonte. « Cette glande est oblongue, étroite, arrondie à ses extrémités. et séparée en deux lobes par plusieurs ca- naux sécréteurs situés à Ja parlie médiane. Ces conduits, réunis vers le tiers antérieur, projettent dans toutes les directions un lacis de petits vaisseaux blanchâtres entre- croisés, que l’on peut suivre pendant une partie de leur trajet. En arrière de la cavité cardiaque, en avant du musele addueteur, cette glande vient former deux am- poules entre lesquelles passe le, muscle tendineux. Ces TRAVAUX INÉDITS. s 495 ampoules sont transparentes, brunâtres, et offrent des divisions polygonales qui ne sont autre chose que des portions de parenchyme. « Le parenchyme de cette glande est contenu entre les deux feuillets d’une membrane diaphane de la plus grande ténuité. Il apparaît à l'intérieur sous l’aspect d’une substance d’un roux-foncé, à faisceaux longitudi- maux, divisés, très-lâches, sans forme déterminée, entre lesquels on trouve toujours une grande quantité de ma- tière limpide dontla consistance est tout-à-fait aqueuse. « La glande de Bojanus est traversée, de chaque côté du muscle tendineux, par les deux filets nerveux se ren- dant du ganglion postérieur aux deux ganglions anté- rieurs. $ 35. « J'ai déjà parlé des follicules agminés en dé- crivant le manteau. Je reviens à ces glandules, parce qu'elles remplissent des fonctions importantes, En même temps qu’elles lubréfient la surface externe du manteau, elles engendrent la matière nacrée qui couvre la face interne des valves. « Ce sont de petits corps globuleux, disséminés, comme je Pai dit plus haut ({ 16), sur toute la surface externe du manteau, même sur le raphé. Ils sont plus nombreux aux alentours de la région cardiaque, et par- ticulièrement de la glande de Bojanus. Près des cirrhes, à l'extrémité postérieure du manteau, leur volume aug- iente beaucoup, ainsi qu’au-dessus de la bordure d’où naissent les vaisseaux nacrés. $ 34. « On rencontre fréquemment, chez les Ano- dontes, de véritables perles presque aussi belles que celles produites par la Pintadine mère-perle ou Huitre perlière (Meleagrina marg@ritifera, Lin.), mais d’une grosseur infiniment moindre (de millim. à 31/2millim. de diamètre). Ces perles sont globuleuses, d’un blanc- argentin souvent irisé. On les trouveenchatonnées dans le manteau ou soudées au test. Quelquefois même la 496 REV. ET MAG. DE Z00LOGIE. (Novembre 1853.) matière nacrée forme des coulées, des dépôts considé- rables au fond de la coquille, ou des saillies énormes, en forme de clou, appréciables à l'extérieur. « Les perles ne sont pas positivement produites par une sécrétion morbide, comme on l’a dit souvent. La cause de leur formation est due à une obstruction des canaux des follicules qui versent la nacre. Une pression, même légère, agissant longtemps au même endroit, une stagnation quelconque de l'humeur, empêche la cireu- lation des liquides. Les glandes ne pouvant plus alors donner un libre cours à leur sécrétion, la nacre s’amasse autour d'elles en empruntant la forme globuleuse de ces corps. La nacre enveloppe bientôt aussi les glandules voisines qui forment noyau, disparaissent enlièrement au milieu de la substance ambiante, et s’anéantissent par la suite de manière à produire une perle creuse. Comme plusieurs follicules agminés concourent presque toujours à la formation de ces concrétions, celles-ci con- servent, à la surface, de petites gibbosités. Rarement. j'en ai vu de parfaitement rondes, ou bien alors elles étaient fort petites. « On peut suivre, sur le manteau, les différentes phases de la formation des perles. « Dans une première période, un follicule devient obscur, s’atrophie, s’entoure d’une aréole plus foncée que le tissu environnant. Ce point devient de plus en plus visible ; il proémine, sans affecter de contours bien réguliers. « Dans la seconde période, on voit apparaître au mi- licu du point central une petite sphère brillante, à peine perceptible, mais saillante. Cette sphère augmente in- sensiblement; la substance macrée envahit les follicules voisins, les englobe et arrête la circulation. La perle se multiplie, et la sécrétion glandulaire continuant, elle grossit jusqu'au moment de son arrêt définitif. « Le plus souvent la perle est intimement unie à la + TRAVAUX INÉDITS. 497 surface interne du test. Voici comment j'explique ce fait. Le manteau se trouvant continuellement en contact avec les valves, il en résulte que la perle naissante, contenue dans le tissu mince et délicat de la peau, touche presque immédiatement la coquille, contre laquelle elle vient bientôt frotter, en perçant la peau qui l'en séparait, En se déposant sur le test, la nacre s’amasse autour de la perle, fait corps avec elle, et la soude très-solidement. « Certaines espèces ont l’intérieur de leurs valves parsemées de perles de diverses grosseurs. La face in- terne du ligament en est souvent criblée : elles sont alors microscopiques. Mais c’est chez l'Anodonta Cel- lensis que ces concrétions sont le plus fréquentes. $ 55. « J'ai encore vu, dans le manteau, une autre sorte de concrélion, différente de celles-là, et due à une véritable maladie du follicule. Cette nouvelle concrétion consiste en une très-petite sphère jaunâtre, cerclée au point d’attache de la peau, très-dure, posée sur une baguette renflée de distance en distance et fichée dans le manteau. Celte affection, fort rare, est produite par des glandules superposées, dont la plus antéricure, atro- phiée etindurée, s’est épanouie à la surface du manteau, les suivantes la poussant toujours au dehors à mesure qu'elles grossissent. IX. OnGANES DE LA GÉNÉRATION. $ 56. « L’ovaire est renfermé dans le pied, dont il occupe la plus grande partie, et auquel il emprunte sa coufiguration. En avant de l'ovaire se trouve le foie; au- dessus, l'intestin, la glande de Bojanus et les branchics. Larégion musculo-fibreuse du pied l'enveloppe en avant, en bas et en arrière. « L'ovaire consiste en granulations de nature pul- peuse, interposées entre les mailles d’un tissu peu so- lide, denuance plusclaire. Ces granulations sont colorées différemment, selon les espèces, si x s, J'ai 2° sËME. T. v. Année 1855. 498 REV. ED MAG. DE 200LO0GE. (Novembre 1855.) distingué des œufs groupés, à l’état tout-à-fait rudimen- taire, ct d’autres prêts à entrer dans l’oviducte. Ces œufs ne sont visibles qu’à laide d’une très-forte loupe. « La masse totale de cet organe a la même forme que le pied, à peu de chose près, c’est-à-dire qu’elle est com- primée latéralement, et légèrement quadrangulaire ; elle est plus renfiée supérieurement et vers le milieu qu’au- près du vrai pied. La peau est plus délicate que celle de la région museulo-fibreuse; néanmoins elle offre encore assez de solidité à cause des fibres blanchätres, longues et solides, qui partent, en divergeant, du muscle tendi- neux, et s'étendent très-loin à la surface de cet organe. Le vrai pied. en l’environnant de son lissu serré, sou- tient et protége encore celte masse mollasse su milieu de laquelle les intestins sont à l'aise et à l'abri des lé- sions extérieures. « L'oviducte, contenu dans la substance même de l'o- vaire. se trouve à la base du pied, au-dessus du sillon qui marque la séparalion entre la région ovarique et la région musculo-fibreuse (ou vrai pied). C’est un canal très-mou, assez large, qu'il est extrêmement difficile de séparer de la pulpe ovarique. En ouvrant ce canal, on voit que l'intérieur esttapissé par une membrane molle, uarnie de replis transversaux qui ressemblent à des fentes et criblée de petits points noirs microscopiques. Cette membrane est la même dans toute son étendue. Sa surface est ordinairement lubréfiée par une quantité plus ou moins grande de matière brune, semi-liquide. « L’oviducte commence du côté droit, presque sur la ligne médiane, à la partie inféricure de l'ovaire. Il s’a- vance antérieurement, se recourbe du côté gauche après un court trajet, puis il suit superficicllement la direc- tion du bord inférieur du pied, entre l'ovaire cet le sillon qui le sépare de la région charnue, Après avoir cotoyé le talon, être remonté en arrière derrière l'inteslin, il s'élève vers le bord supérieur du pied, se recourbe en TRAVAUX INÉDITS. un 499 baut à la partie antérieure. et se rend enfin aux bran- chies externes. Il ne m’a pas encore été donné d'aper- cevoir, soit à l'œil nu, soit à la loupe, ou au moyen d’in- jections, la communication existant entre l'oviducte et les feuillets des branchies. Peut-être n’est-ce qu'à cer- taines époques et pendant le trajet des œufs que cet orifice est bien visible. a Je n'ai pu davantage constater l’existence de l’or- yane mâle, sécréteur de la liqueur fécondante ; mais on peut supposer, avec quelqueraison, que le liquide assez épais qui recouvre et environne les globules ovariques est destiné à les féconder. $ 37. « Uue fois logés entre les feuillets des branchies externes, les œufs y achèvent leur développement. Ils sontalorstrès-petits (un quart de millimètre de diamètre environ), serrés les uns contre les autres, et en quantité prodigieuse, ce qui explique l'immense multiplication des Anodontes dans les localités tranquilles et favora- bles. La majeure partie de ces œufs périt, toutefois, après l’éclosion, dévorée par de nombreux ennemis. « Malgré leur agglomération par paquets (la matière agzlomérante ressemble à de l'eau gommée), les œuls sont parfaitementisolés lesuns des autres. Vusen masse, ils paraissent brun-chocolat, brun-clair, roux, ete. ; mais vu séparément, chèque œuf est translucide et jau- nâtre. Peu de temps après son arrivée dans la branchie, il prend la forme d'une mitre à deux valves unies par un petit ligament. Déjà ce n’est plus un œuf, mais nue Anodonte, quoique dans cel état elle n'ait pas en- core plus d'un quart de millimètre de diamètre. ai vu exéculer des mouvements assez vifs à ces Anodontes embryonnaires ; elles se Lournaient à droite et à gauche, changeaient de place, resserraient et ouvraient leurs valves (4). Ce n'est que lorsqu'elles sont bien dévelop- (1) {y a longtemps que cette observation a été faite pour la première fois. Dans une lettre datée du 1° octobre 1695, A. Lee 500 HEV. E@MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1855.) pées, et déjà fortes, qu’elles quittent les branchies. Je ne sais pas au juste par quel mécanisme. Il est probable que ce dernier organe se trouvant très-distendu par l'accroissement des jeunes Anodontes, ou le lissu peu résistant se déchire, ou les vaisseaux s'écarlent pour leur livrer passage. Elles quittent l’Anodonte mère par le tube incomplet terminal. «Les Anodonles sont ovovivipares, on vient de le voir. J'aurais voulu suivre pas à pas les phases succes- sives de leur accroissement; mais le hasard ne m'a pas assez favorisé pour me faire {trouver une suite complète de toutes les périodes de développement. C'est au prin- temps, surtout à la fin de mai et es juin, que l'on ren- contre les œufs dans les branchies. » weuhoek, décrivant le développement des embryons de l'Unio tumidus Retz., s'exprime en ces termes : « Innatas has conchas, quam primum eas ex ovario exemeran, indidi tuho vitrco, easque sie microscopio opposui, ac stalim magna cum admiratione ac voluptate vidi, quomodo conchæ hæ nondum natæ, ac membra- nis adhuc involutæ, lente circum volutarentur; neque id per breve aliquod tempus sed quædam per tres horas continuas in hoc suo motu perseyerabant. Mic singnlarum concharum inuatarum, intra membranas suas, molus, (auto majori mihi eral vo uplati, quia eæ in omi bac agitatione, nec ad hanc, nec ad illam membranæ, cui incrant, magis accedebant partem, sed undique æque ab mem- brana distabant, non aliter quam si sphæram cireum axem suum cireumyolvi videremus. Alque hoc pacto sæpe mutatiouem in in- nalis his conchis animadvertere erat, modo enim nobis appare- bas plana cjus pars, ac tum videre licebat formam ac partes Le- nuissimas testæ, unde et nobis patebat quomodo testa queat augeri; modo apparebant conchæ latera. Ac ut verbo dicam hocee spec-— Laculum quo una cum nala mea et sculptore, per duas continuas horas frucbanur, amænitate sua omnia alia longe superabat, quamcunque euim adspiceremus concham innatam, apparebant phænomena csptum nostrum Jonge superantia. » (Epistolæ ad Societatem regiam Anglicam et alios illustres viros. Ex belgic. io lat livg, trausl, Lugd. Bat, 1719, tom. I, continuat. 2, p. 26, cpist, 23.) Anodonta.. ce Rev. et Lay de Zoologte. 1853. A Baudon det Nfémont imp. rides Nevers. 65. l'aris TRAVAUX IXÉDITS. 01 EXPLICATION D:s PLANCHES. Planche 17. Fig. 1. Anodonta Cellensis vue en dessus, par le dos. {Tout le corps est légèrement affaissé et plus élargi qu’à l'état vivant, surtout vers la région anale), — AA Muscle adducteur antérieur. — BB Foie. — CC Manteau. — DD Raphé. — EE Corps violacés. — FF Corps réticu- laives. — G Follicules agminés du manteau. — HH Cœur, — 1 Rectum (apparaissant au milieu de la cavité cardiaque). — J Épanouissement fibreux du raphé. — KK Glande de Bojanus. — L Canal inconnu. — MM Musele adducteur postérieur. — N Anus. — 9 Ouver- ture branchiale, — PP Cirrhes. Fig. 2. Le cœur et ses annexes. — À Cœur. — BB Reclum (apparaissant à l’intérieur). — CC Valvules pen- dant la diastole, — DD Vaisseaux de communication avec les orcillettes. — EE Oreillettes. — F Corps réti- culaire. Fig. 3. Orifice buccal et tentacules. — À Lèvre supé- rieure. — B Lèvre inférieure. — C Orifice buccal. — DD Tentacules supérieurs (appendices labiaux). — EE Tentacules inférieurs (idem). F:g. 4. Glandede Bojanus vueen dessous. — À Glande de Bojanus (ou glande mucipare). —B Muscle adduc- teur postérieur. — CC Canaux excréteurs, Fig. 3. Vaisseaux nacrés (grossis). — A Follicules agminés des bords du manteau. — BB Vaisseaux pro- ducteurs de la nacre. — CC Bord libre du manteau. Fig. 6. Insecte parasite de l'Anod. Cellensis. — À In- secte très-grossi. — B Grandeur naturelle. Fig. 7; Ganglion droit. Fig. 8. Ganglion gauche. Fig. 9. Ganglion postérieur. Fig. 10. Ensemble du système nerveux. —A Ganglion 502 HEV. ET MAC. DE Z0010Gr, (Novembre 1853.) gauche. — B Ganglion droit. — C Cordon de commu- nication entre ces ganglions. — DD Cordon de commu- nicalion avec le ganglion postérieur (L). — EE Filets se distribuant aux tentacules gauches, au manteau et au pied.—F Filet se rendant à la peau de l’ovaire.—G Filet se rendant au muscle antérieur et à la lèvreinféricure. — H Filet pénétrant dans le foie et ses piliers. — 1 Filet pénétrant dans le manteau. — 3 Point de jonction des cordons réunissant les ganglions antérieurs au ganglion postérieur. — KK Cordons de jonction. — !, Ganglion postérieur. — MM Nerfs branchioux. — N Nerf des cir- res. — 00 Filets du manteau (bord postérieur). — PP Filets du cloaque. Planche 48. Fig. 1. Estomac ouvert et intestins isolés. — AA Foie. — BP Estomac ouvert. — B’ Œsophage. - C'Origine de l'intestin. — D Infundibulum. — E Cœënm. —E? Ori- gine du cœcum coupé. —F Appendice de l’intestin pé- nétrant dans le foie. — GG Gros intestin. — H Cœur. — T Extrémité du rectum. Fig. 2. Crystallin.—A Crystallin vo de protil.—B Le même vu de face, Fig. 5. Anus vu de face. Fig. 4. Ovaire et oviducte. — A Région musculo- fibreuse du pied rétracté (lobule). —B Région ovarique. — C Muscle tendineux. — D Granulations ovariques.— E Oviducte ouvert. Fig. 5. Branchies (vues en dessous). —AA Branchies internes. — BB Branchies externes. — CG Artères brau- chiales: — DD Canal branchial. — E Glande de Bojanus. Fig. 6. Fragment de branchie très-grossi. Fig. 7. Glande particulière du manteau.—AA Masses glandulaires. — BBB Groupes de vaisseaux qui en dé- rivent. Fig.8. Ensembledes organes vusdeprofil, le manteau eo. et Mag. de Zoologie. 1853. Pl. 18. " Lebrun se de Anodonla.. N'Aémand imp r des Noyers #8. Paris TRAVAUX INEDITS. 505 etles branchies étantenlevés. — À Foie. —B Tentacule. — CRégion ovarique. — D Région museulo-fibreuse, ou vrai pied. —E Iutestin principal à sa sortie du foie.— F Cœcum.— G Gros intestin à sa sortie de la région ovarique. — H Cœur.—1Rectum, qui traverse le cœur. — J Anus. — K Muscle tendineux. — L Expansions fibreuses. — M Idem.— N Muscle addueteur posté- rieur. — N° Muscle adducteur antérieur. OsERvaTONs DE SÉRIGIGULTURE faites pendant l’année 1855 à la Magnanerie expérimentale de Sainte-Tulle (Bas- ses-Alpes), par MAL. Guérn-Ménevire el EucÈne Rorent (1). En encourageant nos recherches scientifiques el pratiques sur l’industrie de la soie, en donnant à l’un de nous, l’année dernière, l'honorable mission de con- linuer des travaux qui allaient être interrompus par suite de l'impossibilité dans laquelle se trouvait alors M. le ministre de l'Agriculture de les faire poursuivre, l’Académie des Sciences a encore montré lout l'intérêt qu’elle attache aux progrès que l’on peut faire faire à notre agricullure par l'application des sciences. Soute- nus par sa haute approbation et par les vœux, chaque année réitérés, des conseils généraux el des agriculteurs de progrès du midi de la France, nous avons continué à la Magnanerie expérimentale de Sainte-Tulle, choisie celte année par le gouvernement pour une fabrication de graines de vers à soie, des études dont le besoin se fait sentir plus que jamais aujourd’hui, comme on le verra dans le courant de ce Mémoire. Nous croyons qu'il est utile d'exposer d'abord, d'une (1) Extrait du Mémoire lu à l'Académie des Sciences, (Sésnres du 24 octobre ei du 7 novembre 1855. o04 REV, ET MAG. DE ZOOLOGIE, (Novembre 1853.) manière sommaire, l'état de la sériciculture au moment où ces travaux ont élé entrepris, afin d'en faire mieux comprendre le but et l'opportunité. Toutes les personnes qui s'occupent aujourd'hui, en France, de l’industrie séricicole savent que la dégéné- rescence, le mélange et l’abâtardissement des races de vers à soie sont les principaux obstacles aux pro- grès el au développement de cette précieuse indus- trie. Ce fait est suffisamment établi, — par les plaintes unanimes dont sont remplis les journaux spé- ciaux, — par les enquêtes faites dans les principales contrées séricicoles, — par les rapports de l'inspecteur général de la sériciculture, et enfin par les nombreuses pétitions adressées au ministre de PAgriculture et du Commerce, par les sériciculteurs, les fileurs et les négo- ciants en soie les plus connus. Deux effets très-fächeux résultent du mélange, de l'appauvrissement et de la dégénérescence des races : L' L'alfuiblissement de la santé des vers, ce qui aug- inente beaucoup les difficultés de l'éducation, et en di- mioue considérablement !e produit; 2’ L'infériorité du brin de la soie qui résulte des co- cons informes, de races mêlées, satinés, faibles, ete, el donnant des soies bouchonneuses, duveteuses, sans nerf ni élaslicité, et manquant de presque toutes les- qualités indispensables à la filature et à la bonne fabri- cation des Lissus. Les races élevées en Provence sont encore plus frap- pées de cet abätardissement. C’est à tel point que les soies provenant de ces cocons sont reléguées au dernier rang sur les principaux marchés, et que l'expression de soie de Provence est devenue le synonyme de soie infé- rieuve dont la cote reste toujours de 10 à 12 fr. au-des- sous de celle des soics provenant des autres départe- ments séricicoles. La régénération des races est donc plus essentielle TRAVAUX iNEDI 0% encore en Provence que partout ailleurs. Par celte ré- génération on se propose de corriger les défectuosités qui viennent d’être signalées, en introduisant, ou en créant des races plus pures et plus robustes, plus faciles à élever, donnant de meilleures récoltes en cocons, et des soies supérieures en qualités. Depuis 1846, sur l'invitation du congrès scientifique de France, séant à Marseille, nous avons entrepris une série de recherches dans ce but (1). Ces travaux ont marché avec régularité jusqu'à ces dernières années, el les résultats favorables qu’ils ont donnés ont été consta- tés par les médailles de premier ordre décernées aux produits qui provenaient de la magnanerie expérimentale de Sainte-Tuke, soit à l'exposition française de 1840. soit à l'exposition universelle de Londres en 1851. Ces lravaux auraient marché bien plus rapidement encore si, aux époques désastreuses que la France vient de subir, des interruptions dans les missions officielles données à l’un de nous n’élaient venues en compro- mettre les résultats. Toutefois, grâce à des sacrifices personnels et à l'appui que leur ont accordés l'Institut de France (2), la Société [Impériale et Centrale d’Agri- culture et la Société Séricicole de Paris, ces travaux n’ont point été complélement abandonnés, quoiqu’ils n'aient pu être continués que sur une échelle beaucoup plus restreinte. Un incident très-fâcheux est venu accroitre les diffi- cultés que présentait déjà cette régénération des races. Une maladie, une sorte d’épizootie. qui s’est déclarée d’abord dans les Cévennes, il y a trois ou quatre ans, el qui a envahi la Provence dans ces deux dernières an- (4) Voir les divers rapports des préfets au conseil général des Basses-Alpes, et notamment celui de l'année 1847. (2) Voir les rapports très-favorables faits sur ces travanx dans les séances du 26 mai 4854 et 25 avril 4855, insérés aux Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences. 506 HEV. ET MAG. DE ZOULOGIE. (Novembre 14853.) nées, la Gattine ou maladie des vers petits (sorte de ra- bougrissement de l'espèce) frappe cruellement les édu- calions de vers à soie provenant de graines françaises. Les résultats déplorables de cette épizootie unt élé d'in- terrompre les travaux d'amélioration des races com- nencés et poursuivis si péniblement, car nous avons été obligés de concentrer tous nos efforts à la conservation pure et simple des résultats déjà acquis. Ces diflicultés ont été encore augmentées par l’igno- rance de quelques éducateurs qui ont rejeté sur la science, sur les expérimentateurs, el sur leurs travaux, des insuccès parliels qui ne peuvent être raisonnablement altribués qu’à des causes 1bsolument indépendantes des forces humaines. . Du reste, l'épizootie dont nous parlons se propage avec une rapidité etune intensité effrayantes, comme le fait aujourd’hui la maladie de ia vigne, celle des müriers et de beaucoup d’autres végétaux. Elle est généralement reconnue comme la cause principale de linfériorité des trois dernières récolles, qui n’ont donné que la moitié à peine du produit ordinaire. Les journaux et les corres- pondances commerciales sont remplis de doléances à ce sujet, et l’on annonce mème que l’Lalie, qui était restée jusqu'ici à l'abri des atteintes du fléau, et qui avait fourni à la France la presque totalité des graines em- ployées depuis deux ans, a commencé cette année à en éprouver aussi de graves atteintes. Que deviendra donc la séricieulture, qui donne du pain à tant d'ouvriers de la campagne et de la ville, si rien ne vient mettre obstacle au fléau? Dans la position faite ainsi aux expérimentateurs, par des circonstances aussi imprévues, leur mission devient des plus délicates. fs ont à lutter tout à la fois contre un fléau qui menace à chaque instant les résultats si péniblement aequis, et contre l'ignorance d'un grand nombre d'habitants descampagnes, qui s’arment de quel- THAVAUX INÉDITS. 907 ques faits isolés de réussite avec les mauvaises races du pays, exceplionnellement préservées du fléau, comme cela arrive dans toutes les épidémies, pour blämer des travaux consciencieux et rationnels, et proclamer qu’en laissant aller les choses à leur cours naturel tout finira par aller pour le mieux. Nous pensons, au contraire, que plus les difficultés sont grandes, plus les efforts de la science et de la pra- lique réunis doivent être persévérants pour les vaincre. Nous avons fait appel aux hommes éclairés dont le suf- frage et l'appui seuls peuvent nous soutenir dans ces difficiles épreuves pour la science et la pratique. Nous avons donc poursuivi courageusement les études, les recherches, les expériences scientifiques et pratiques qui ont été faites jnsqu'ici, et nous nous sommes alta- chés à employer les procédés qui nous ont paru les plus convenables, non-seulemeut pour arréler la dégénéres- cence des races de vers à soie, mais pour améliorer celles-ci, lorsqu'on sera parvenu à comprimer les ra- vages du fléau qui menace si gravement aujourd'hui l'industrie de la soie. Notre opinion, appuyée sur lobservation de nom- breux faits, est que les causes qui ont amené la dégé- nérescence des races qu'on avait signalée d’abord, ont ensuite produit la maladie épizootique qui sévit aujour- d’hui presque partout, et que les moyens de remédier à ces imaux, qui ont une origine commune, doivent être cherchés dans l'étude sérieuse de la physiologie du ver à soie, eLdes conditions naturelles de son existence, dont les diverses méthodes d’education l'ont si fortement éloigné. Les nombreuses expériences que nous avons déjà faites à ce sujet, depuis sept ans, nous ont conduit à penser que la cause première de cet état fâcheux ne peut être attribuée qu’à l'introduction d’une sorte de cul- ture forcée des vers à soie, ainsi que l’a si judicieuse- 508 REV ET MAG. DE Z0OLOGIE, (Novembre 1853.) ment établi notre ami M. L. Leclerc (1), culture ex- cellente sans doute au point de vue des produits destinés à la filature, mais deslructive au point de vue de la conservation des espèces. Nous sommes maintenant bien convaincus, par les données de la science et de l'expérience, qu'il faut renoncer désor- mais à rechercher les sujets reproducteurs dans ces cocons oblenus en vingt-cinq et vingt-huit jours par des éducations hâlives, comparables à la culture forcée des plantes et des fruits dans des serres chaudes. C'est à des éducations tout-à-fait spéciales, faites uniquement en vue de la production de la graine, en laissant le ver parcourir les phases de son existence dans des conditions aussi rapprochées que possibles de la nature, que nous dévons demander à l'avenir nos papillons reproducteurs. L'étude de ces conditions naturelles, encore si peu connues jusqu'à ce jour, est le point de départ d'une nouvelle série de recherches et de travaux délicats et variés dont on est en droit d'attendre les plus heureux résultats. Cette année, donc, nous sommes entrés plus complé- tement encore dans la mise en pratique de ces idées et pour en faciliter la propagalion, et mieux répandre les bonnes méthodes d'éducation, plus que jamaisnécessaires, nous avons rendu plus complet le cours gratuit de séricicul- ture que nous faisons à la Magnanerie expérimentale de Sainte-Tulle, en enseignant la théorie la plus élevée, jointe à la pratique la plus rationnelle des arts sérici- coles. Cette espèce d'Institut provençal, formé à la Magna- gnerie expérimentale de Sainte-Tulle, a été créé et sou- Lenu jusqu'ici à nos risques et périls ; il donnerait bientôt des résultats plus féconds, si les moyens d’action dont nous pouvons disposer étaient plus complets, et si le (1) Annales de Ia Société séricicole, L. XIE, p. 226. TRAVAUX NEDIES, 909 gouvernement voulait bien prendre en considération le vœu émis chaque année par plusieurs conseils généraux de la Provence, vœu tendant à ce que les travaux si utiles commencés depuis un grand nombre d'années à la Magna- nerie expérimentale de Sainte-Tulle, et dont les résultats profiteront à tous nos départements séricicoles, soient con- linués et étendus, et que le gouvernement veuille bien leur venir en aide par les moyens qui sont à sa disposition. Du reste, ce vœu de l’agriculture prend aujourd’hui une plus grande importance encore, puisqu'ilest appuyé par celui du premier corps savant de la France, vœu ainsi formulé à l’Académie des Sciences, dans la séance du 25 avril 1855: « Votre commission a l'honneur de vous proposer de reconnaitre d'abord que M. Guérin- Méneville « rempli avec zèle et une grande intelligence la mission dont l'avait chargé l'Académie. « Deplus, comme les moyens positifs d'expérimentation sur une plus grande échelle n'ont pu étre mis à la dispo- silion de ce naturaliste pour ces recherches, qui sont dis- pendieuses, nous pensons que l'Académie pourrait expri- mer le désir que M. le ministre de l'intérieur, du Com- merce el de l'Agriculture füt instruit de l'avantage qui résulterait de ces études pratiques, afin qu'il en autorisât la continuation comme profitable à l'industrie. Nos travaux de celte campagne ont été beaucoup plus pénibles, à cause de l'influence de l’épizootie régnante, et notre position d'autant plus délicate dans une année aussi désastreuse, que le gouvernement, en considéra- ation de l’importance de la Magnanerie expérimentale de Sainte-Tulle, l'avait choisie pour y recevoir un atelier de graine perfectionnée de vers à soie. Les Éducations industrielles ou de produit compre- aient neuf races, dont une partie provenait de graines d'Italie et l’autre de graines indigènes. Les rendements on cocons des graines provenant DIO nEV. ET MAG. DE Z00LOG1E. (Novembre 1855 ) d'Italie ont été excellents, tandis que ceux des graines de Francc ont été déplorables, comme partout. Ainsi, par exemple, une race milanaise, dont l’édu- cation a été terminée en vingt-huit jours, nous a donné, pour 12 onces (500 gr.) de graine, 477 k. 90 de co- cons, soit 39 k. 82 à l'once (1). Une autre race italienne, celle de Briance, dont la graine nous avait élé adressée par M: Nicod, d’Anno- nay, sur l'invitation qui lui en avait été faite par M. le ministre, a donné, pour l'once de graine, (25 gr.)39 k. 30 de très-bons cocons. Une autre éducation, qui a donné eucore de bons produits, a été faite avec des graines provenant des con- trées froides et montagneuses de l'Ardèche, les seules localités peut-être, en France, où l’épizootie des vers à soie ne se fasse pas encore senlir avec une grande in- tensité. Ces graines nous avaient été également envoyées per M. Nicod, et À once (25 gr.) a donné 50 k. 80 de cocons d’une excellente qualité. Cette éducation nous a servi à faire une expérience trèsimportante sous le point de vue industriel; car ayant fait nourrir par deux de nos élèves, MM. Moyne (de Lyon), la moitié des vers, avec trois repas, et l’autre avec six repas par jour, nous avons constaté que les pre- miers ont donné un rendement supérieur en meilleurs coconis, et que, des deux côtés, les mues et la montée se sont faites aux mêmes moments. Déjà, depuis trois ans, nous avions remarqué avec un grand intérêt que des éducations menées à trois repas par plusieurs de nos (1) Le grand nombre d'éducations différentes dont nous étions surchargés cette année, et l'insuffisance des moyens d'expérimen- tation, nous ont empêché de peser la feuille consommée, et par conséquent de pouvoir présenter les résultats en suivant les for- mules si judicieusement établies par la nouvelle école, et qui con- sistent à apprécier la quantité de cocons obtenue pour un poids déterminé de feuilles consommées. Fr L TRAVAUX INÉD,TS. o11 fermiers marchaient aussi bien et aussi vite que celles que nous conduisions à cinq, six et jusqu’à huit repas par jour. Cette expérience sera poursuivie, car elle est d’une importance capitale pour la sériciculture, surtout dans un pays où la main-d'œuvre est si chère par suite du manque de bras. Elle montre que l’on pourrait réaliser ainsi une notable économie dans la grande pra- tique, en vue de lagnelle uos recherches sont principa- lement entreprises. | D'autres races, dont la graine provenait du dehors, ont donné d'aussi bons résultats ; mais 1] n’en a pas été de même des graines indigènes qui faisaient partie de nos éducations industrielles. En effet, l'épizootie, la gattine, s'est montrée à tous les âges de ces vers el nous a obligés à faire des éliminalions continuelles. Nous ayons redoublé de soins, ce qui a augmenté considéra- blement la main-d'œuvre et, par suite, la dépense, et gräce à ces soins extraordinaires, nous avons pu con- server les sujets non atteints de l’épizoolie et avoir en- core assez de cocons sains pour ne pas perdre nos races françaises, si supérieures pour la qualité de leurs pro- duits en soie. Pour donner un exemple des effets désastreux de l’é- pidémie. nous dirons qu'une once (25 gr.) de graine de la fameuse race de l'Ardèche ne nous a donné que 2 k. 30 de cocons, et que 5 onces (195 gr.) de la race blanche des Cévennes, connue pour donner la plus belle soïe blanche, n'ont donné que 9 k. 80 de cocons, soit moins de 2k. par once. Les Éducations de graines, faites en vue d'obtenir les meilleurs reproducteurs possibles, ont été placées dans des conditions toules différentes. Pour renouveler l'air, nous n'avons pas craint de trop refroidir les ateliers en les rapprochaut le plus possible de la température exté- rieure, c'est-à-dire de l'état de nature; condition que nous avons toujours regardée comme la meilleure pour o12 LEV. ET MAG. DE Z00106ik. (Novembre 1853 ) ramener les races à cet élat de santé si nécessaire pour obtenir des pontes de bonnes graines. Evidemment, ces éducations ont été de plus longue durée et les dépenses en feuilles et en main-d'œuvre plus considérables. Nous avons eu licu de nous applau- dir de cette prévoyance; car si nous avions compté sur les éducations industrielles pour avoir des cocons de graine, en choisissant les plus beaux, comme cela est preseril dans les trailés de magnagnerie, nous n’aurions eu que des reproducteurs soumis aux maladies qui assié- gent les papillons de vers à soie produits hâtivement, surtout en temps d'épidémie. On sait que, depuis quelques années surtout, les pa- pillons de vers à soie donnent de moins en moins d'œufs, ce qui est le signe le plus caractéristique de l’affaiblis- sement de leur santé. Naturellement, ces œufs donnent, l’année suivante, des individus maladifs, et c’est ainsi que nous sommes arrivés, en France, à la dégéné- rescence des races, dont notre agriculture a tant à souf- frir. ILest évident, en conséquence, que plus les femelles donneront d'œufs, plus les papillons se montreront vi- goureux et actifs dans l’acte de la reproduction et plus ces œufs seroni bons et proviendront d'individus sains. Les faits sont d'accord avec cette théorie, car nous avons vu que de magnifiques cocons, choisis dans les résultats des éducations industrielles faites en vingt- huit jours, n’ont donné que des papillons très-gros, mous, peu agiles, dont les femelles pondaient si peu d'œufs que celles provenant de 1 kil. de cocons ne pon- daient pas même une demi-once (once de Provence de 25 gram.) d'œufs, tandis qu'il est connu des magna- niers que, dans les conditions ordinaires. le kilogramme de cocons donne au moins deux onces de graine. Au contraire, les cocons obtenus par des éducations spéciales pour la graine, menées en lrente-cinq el qua- ranle jours, nons ont donné des papillons d’une toute TRAVAUX INÉDITS. 513 autre physionomie, très-agiles, vigoureux, très-actifs dans l’acte de la reproduction, et dont les femelles, pro- venant de 1 kil. de cocons, pondaient de 2 onces 172 jusqu’à près de 3 onces de graine (60 à 75 gr.). N'’est-il pas permis d’espérer que de la graine obte- nue dans de telles conditions donnera des sujets sains et vigoureux, susceptibles, si on les traite de la même manière pendant quelques générations, de regénérer nos races françaises, qui sont, nous ne saurions trop le répéter, si supérieures comme rendement et comme qualité de soie. Aurons-nous le temps, la place et les moyens d’ac- tion nécessaires pour suivre, l'année prochaine et les années suivantes cette série de recherches si intéres- santes pour la sériciculture française? C'est toujours ce que nous craignons de ne pouvoir faire d’une manière convenable, en l’état précaire et insuffisant des moyens d’expérimentation qui sont en notre pouvoir dans le la- boraloire séricicole privé, dans l’espèce de haras de vers à soie que nous avons créé à la Magnanerie expé- rimentale de Sainte-Tulle, pour la conservalion et l’amé- lioralion des races françaises, et pour l'introduction et l’acclimalation des races étrangères. Les Éducations expérimentales ont porté sur one races indigènes et étrangères, ce qui a grandement compliqué le travail de cette campagne. Nous n’entrerons pas dans le détail de ces expérien- ces. Seulement nous dirons que nous avons pu conser- ver celle race de cocons chinois jaunes, dont la graine nous avait été envoyée par M. le ministre, il y a trois ans, el qui a disparu, depuis cette époque, de toutes les ma- gnancries qui avaient eu part à cette distribation, Cette race jaune, essayée en petit jusqu'ici à la filature, paraît d’une richesse en soie tellement supérieure à toutes celles que nous élevons, que nous sommes décidés à 2° sme. r, v. Année 4855. 33 14 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1855.) poursuivre son acclimatation avec la plus grande persé- vérance, si cela nous est possible. Quant à la muscardine, elle a fait, dans beaucoup d’éducations, des ravages très-grands et qui ont porté principalement sur celles faites avec la graine d'Italie. En employant les procédés de désinfection des magna- neries, qui nous réussissent si bien depuis quatre ans, dont l’explication est consignée dans un paquet cacheté déposé à l’Académie des sciences, et qui a été le sujet ‘d'expériences en grand, dont les résultats favorables sont constatés officiellement dans le département des Basses-Alpes, nous avons complétement préservé nos ateliers, et ceux de quelques-uns de nos voisins, de cette maladie si terrible quand elle passe de l’état sporadique à l’état épidémique el contagieux. Essar sur les animaux articulés qui habitent l’ile de Crète, par M. H. Lucas. (Voir page 461.) ARACHNIDA. 23. Cyrtocephalus lapidarius, Lucas. — Long. 25 miilim.; lat. 8 millim. 412 (pl. 46, fig. 2 et 2 c). — C. cephalothorace fusco-nitido, ad basim non concavo, lævigato fossulàque profundè impressà; mandibulis fusco-rubescentibus, minùs validis ac pro- minentibus quam in C. Walchenaerti; palpis sat elougatis, exili- bus, fuscescentibus; pedibus validis, (usco-pilosis ; maxillis anticè intüs dilatatis ; labro sternoque elongatioribus quän inC. Walcke- naerii, hoc in medio utrinque impresso; abdomine elongato, ovato, fusco, fulvo-piloso, transversim subtilissimè rugato; fusulis fuscis, fulvo-pilosis. Femelle. I ressemble beaucoup au €. Walckenaerii du nord de l'Afrique, el vient se placer lout près de cette espèce. Le céphalothorax (pl. 46, f. 2), d’un brun foncé brillant, quelquefois roussätre, est entièrement lisse, très-légèrement rebordé, arrondi sur ses côtés latéro-postérieurs, avec sa base assez large, et ne pré- TRAVAUX iNÉDITS. 515 sentant pas de concavité ou d'angle rentrant, comme chez le C. Walckenaerü; il est entièrement glabre, plus long que large et fortement déprimé sur ses parties latérales et postérieurement; à la base de la gibbosité céphalique, qui est moins large que celle du C. Walcke- naeri, on aperçoit une forte dépression, qui est plus profondément marquée que dans cette espèce et moins en croissant, avec la partie postérieure de cette gibbo- sité faisant saillie ei se terminant sous la forme d’un tubercule arrondi. Les yeux (f. 2, a) ne présentent rien de remarquable, et sont disposés comme ceux du C. Walckenaerii. Les mandibules (f. 2, c), d’un brun rou- geâtre, moins robustes et moins avancées que celles du C. Walckenaeri, sont très-épineuses à leur extrémité, qui est rougeätre; elles sont glabres à leur naissance, avec toute leur partie antérieure couverte de longs poils très-épais, parmi lesquels on aperçoit des épines assez allongées, rougeàtres ; les crochets sont allongés, rou- geûtres et profondément sillonnés. Les palpes, très-al- longés, assez grêles, sont d’un brun clair, couverts sur les côtés externe el interne de poils d'un brun foncé, qui envahissent tout le dernier article el parmi lesquels on aperçoit des épines placées çà et là. Les pattes, assez robustes, de même couleur que les palpes, mais beau- coup plus claires en dessous, sont couvertes de poils d’un brun clair, avec le métatarse et le larse des trois premières paires armés d'épines d’un brun rougeà- tre. Les mächoires (f. 2, c), plus dilatées à leur par- tie antérieure, du côté interne, que dans le €. Waleke- naerü, sont d’un brun roussâtre clair et couvertes de poils de cette couleur, allongés et clairement semés. La lèvre, de même couleur que les mâchoires, plus al- longée que celle du C. Walckenaerii, est armée, à sa partie antérieure, qui est arrondie, de trois ou quatre petits tubercules épineux. Le sternum, d'un brun rous- sâlre clair, plus allongé que celui du €. Walc'enuerü, + 516 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1853.) avec sa partie antérieure plus fortement tronquée aussi que dans cette espèce, est couvert de poils brun claire- ment semés, et présente dans son milieu deux petites impressions glabres, brillantes et plus ou moins réni- formes. L’abdomen, assez allongé, ovalaire, est brun en dessus, plus clair sur la partie latérale et en des- sous ; il est très-finement strié transversalement ct en- tièrement couvert de poils d’un fauve foncé, très-courts et peu serrés; quant aux ouvertures sligmatiformes (£. 2, d), elles sont glabres. Les filières, de même cou- leur que l'abdomen, mais plus claires, sont courtes et couvertes de poils fauves. Cette espèce, dont je ne connais pas le mâle, ne pourra être confondue avec le €. Walckenaeri, à cause de la gibbosité céphalique, qui est plus étroite, et dont la base ne forme pas d’angle rentrant, des mandibules, qui sont moins avancées et moins ro- bustes, des mâchoires, qui sont plus dilatées à leur partie antérieure, ct enfin de la lèvre et du sternum, qui sont plus allongés. Ce Cyrtocephalus a été rencontré sous les pierres, dans les environs de Gonia, près de la Canée; elle ha- bite aussi les versants du mont Ida. 26. Filistata bicolor, Latr., Consid. génér. sur lord. nat. des Crust. et des Ins. g. 55, p. 121 (1810). Ejusd. Nouv. Dict. d'Hist. nat. tom. 2, p. 468 (1817). Walck. Faune franç. Aran. p. 9 à 41, pl. 6, fig. 4 à 3, (1820). Ejusd. Hist. nat. des Ins. Apt. tom. 1 p. 254, n°1, pl. 6, fig. 1 d, Acct 1 a, et tom. 2, p. 440. (1837) Du- gès AU. du Règn. anim. de Cuv. Arachn. pl. 6, fig. 1. (1857). Teratodes attalicus, Koch, Die Arachn. tom. 5, p. 6, pl. 146, fig. 343. (1839). Lucas, Hist. nat. des anim. art. de l'Algérie, tom. 1, p. 97, pl. 1, fig. 6 (mäle) (1849). Cette espèce, dont le mâle est très-rare, et que j'ai fait figurer dans mon Histoire naturelle des animaux e TRAVAUX INÉDITS. 517 articulés de l’Algérie, habite aussi l’île de Crète, où un individu mâle de cette curieuse Aranéide a été pris aux environs de Gandie. 97. Dysdera erythrina, Lalr. Hist. nat. des Crust. et des Insec. tom. 7, p. 215. (1804). Ejusd. Gener. Crust. et Insect. tom. 4, p. 90, n° 4, pl. 5, fig. 3 (1806). Walek. tab. des Aran. p. 47, pl. 5. fig. 49 à 50. (1805) L.Duf. Ann. génér. des Sc. phy. tom. 5, p. 115, pl. 73, fig. 7(1820). Walck. Hist. rat. des Insect. Apt. tom. 4, p. 261, n°1. (1837) Hahn, Die Arachn. tom. 1, p. 7, pl. 1, fig. 3. (1851) Dugès, Atl. da Règn. anim. de Cuv. Arachn. pl. 5, fig. 4. (1857) Lucas, Hist. nat. des Crust. des Arachn. des Myriap. et des Ins. p. 348 (1842). Rencontré sons les pierres, aux environs de Rétino ; elle habite aussi la plaine de Messara. 23. Segestria ( Aranea) florentinx, Rossi, Fauna Etrusc. tom. 2, p. 133, pl. 9, fig. 3 (1790). Segestria perfida, Walck. tabl. des Aran. p. 48, pl. 5, fig. 51 à 52 (1806). Savigny, Descript. de l'Eeypt. p.108, pl. 1, fig. 2 (1805 à 1812). Ljusd. Hist. nat. des Ins. Apt. tom. 1, p.267, n° 1(1837). Dugès, Atl. du Règn. anim. de Cuv. Arachn. pl. 7, fig. 5 (femelle) (1837). Lucas, Hist. pat. des Crust., des Arachn., des Myriap. et des Ins., p. 590, pl. 5, fig. 3 (1842). Segestria cellaria, Latr. Gener. Crust. et Ins. tom. 1; p. 88, n° 1 (1806). Hahn, Die Arachnid. tom. 1, p. 5, pl. 1, fig. 10 (1831). Environs de la Canée; elle a été prise aussi en Morée. 29. Segestria senoculatu, Walck. Tabl. des Aranéides p. 48, pl. », fig. 51 à 52 (1806). Ejusd. Hist, nat. des Arau. fase. 7, fig. 1 à 2 (femelle) 2 à 4 (mâle) (1806). Latr. gener. Crust. et Ins. tom. 1, p. 89, n° 2 (1806). Hahn, Die Arachn. tom. 1, p. 6, pl. 1, fig. 2 (1851). Walck. Hist. nat. des Ins. Apt. om. 1, p. 268, n° 5 518 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1853.) (14837). Lucas, Hist. nat. des Crust., des Arachn., des Myriap. et des Ins., p. 355 (1842). Rencontre dans les mêmes lieux que la précédente. 30. Scytodes thoracica, Walck. Tabl. des Aranéïdes, p. 79. pl. 8, fig. 81 à 82 (1806). Latr. Gener. Crust. et Ins. tom. 1, p. 99, n° 4, pl. 5, fig. 4 (1806). Walck. Hist. nat. des Ins. Apt. tom. 1, p. 270, n° 1 (1857). Guér. Iconogr. du Règn. anim. de Cuv. Arachn. pl. 1, fig. 5 (1829). Dugès, Atl. du Règn. anim. de Cuy. Arachn. pl. 9, fig. 4 (1837). Lucas, Hist. nat. des Crust., des Arachn., des Myriap. et des Ins. p. 554, pl. 5, fig. 4 (1842). Ejusd. Hist. nat. des anim. art. de l'Algérie, tom. 1, p. 104, pl. 2, fig. 1 (Var.) (1849). Seytodes tigrina (Var.), Koch, die Arachn., tom. 5, p. 87, pl. 107, fig. 398 (1859). Habite les environs de Candie. 51. Lycosa narbonensis, Walck. Faun. franc. p. 12, pl. 4, fig. 1 à 5 (1820). Ejusd. Hist. nat. des Ins. Apt. tom. 1, p. 282, n°9, pl. 8, lig 1 d et 1 c (1837). Lucas, Hist. nat. des Crust., des Arachn., des Myriap. et des Ins., p. 559, pl. 4, fig. 1 (1842). Lycosa melanogaster, Latr. Nouv. Dict. d'Hist. nat. 2° édit. tom. 18, p. 29 (1817). Hahn, die Arachnid. tom. 1, p. 102, pl. 20, fig. 76 (1831). Se trouve dans les environs de Candie; elle a été rencontrée aussi en Morée. 32. Lycosa melanognatha, Lucas. — Long. 16 millim.; las. 5 millim. 412.— L. cephalothorace angusto, fulvescente-piloso utrin- que longitudinaliter fusco univittato ; maudibulis nigro-nitidis, ad basin fulvo-pilosis ; labro fusco, anticè attamen ruf-scente ; sterno rufescente, fulvo-piloso; palpis exilibus, elongatis, fulvo-pilosis, ultimo articulo nigricante; pedibus elongatis, exilibus, rufescenti- bus, fulvo-pilosis, tarsis infrà nigricantibus tibiisque in pedibus quarti paris infrà nigro-annulatis; abdomine ovato, elongato, fulvo-piloso, suprà nigro-maculato, lateribus nigro-maculatis infräque omnino fulvescente-pilosis; fusulis brevibus, rufescen- tibus. Femelle. Le céphalothorax, assez étroit antérieure- TRAVAUX INÉDITS. 519 ment, légèrement dilaté sur ses parties latérales, est d’un fauve clair et orné de chaque côté d’une large bande brane longitudinale, finement interrompue par de petits traits transversaux fauves ; la fossule est lon- gitudinale, étroite, roussâtre et ordinairement dépour- vue de poils fauves. Les mandibules, assez robustes, sont lisses, d’un noir brillant, parsemées de poils de cette couleur, avec leur base entièrement couverte de poils fauves; les crochets sont d’un noir brillant. Les mâchoires sont roussâtres, revêtues de poils fauves à leur partie antérieure; quant à leur base et sur les côlés externes, elles présentent des poils noirs, allongés, placés çà et là. La lèvre est d’un brun foncé à sa naissance et roussâtre à sa partie antérieure, qui est tronquée et légèrement concave. Le sternum est rous- sâtre el couvert de poils fauves, allongés et peu serrés. Les palpes sont grêles, allongés, d’un roussätre clair, couverts de poils fauves, parmi lesquels on apercoit des épines noires, assez allongées; quant au dernier arti- cle, il est noirâtre à son extrémité et recouvert de poils de cette couleur. Les pattes, assez allongées, sont rous- sâtres, recouvertes de poils fauves, parmi lesquels on aperçoit des épines noires et des poils de cette couleur placées çà et là; il est à noter que le tibial des pattes de là quatrième paire est annelé de noir en dessous, et que le métatarse et le tarse, dans les quatre paires, sont noirâtres à leur partie inférieure. L’abdomen, al- - longé, ovalaire, plus grand que le céphalothorax, est entièrement recouvert de poils fauves, courts, serrés, parmi lesquels on en aperçoit d’autres qui sont noirs et plus allongés ; en dessus, à sa partie antérieure, il pré- sente une tache brune, longitudinale, suivie de deux ou trois pelits traits transversaux de cette couleur et trianguliformes; sur les parties latérales, il est d’un fauve clair, finement maculé de noir ; en dessous, il est entièrement d’un fauve clair, et présente, près des or- 520 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1853.) ganes de la génération, deux petits traits noirs. Les filières sont très-courtes, roussâtres. Cette espèce, dont je ne connais pas le mâle, habite les environs de Candie. 33. Salticus flavipalpis, Lucas. — Long. 5 millim. 412; lat. 4 millim. 402 (pl. 16, fig. 3 et 5 b). —S. cephalothorace gibbosis- simo, nigro-rufescente tincto, ad latera anticèque flavo-maculato; mandibulis subliliter transversim striatis, fusco-rubescentibus ; maxillis labroque testaceis, hoc attamen ad basin nigro; sterno nigro, flavescente-piloso; palpis omnino flavis; pedibus flavis, rufo-pilosis, his primi paris fusco-rufis, genibus tarsisque fla- vis; abdomine flavo ad medium maculà nigro-rufescente ornato, hâc in medio longitudinaliter flavo-univitatà: fusulis nigris, bre- vibus. Femelle. Le céphalothorax, très-bombé, tronqué à ses parties antérieure et postérieure, est d’un noir teinté de roux foncé; sur les parties latérales, il pré- sente une bande d’un jaune clair, qui se continue jus- qu’en dessus, derrière la dernière paire d’yeux; à sa partie antérieure, il est orné d’une tache d’un jaune clair, qui est couverte, ainsi que les bandes des côtés latéraux, de poils roussätres clairement semés; quant au bandeau, il est couvert de longs poils jaunes. La première paire d’yeux (f.5 a) est d'un jaune teslacé, fi- nement bordée de noir et entourée de poils rouges; les suivantes sont jaunes, mais seulement bordées de noir. Les mandibules glabres sont d’un brun rougeätre, fine- mentstriées transversalement, avec les crochets très-pe- tits et noirâtres. Les mächoires sont testacées ; quant à la lèvre, elle est noire, avec sa partie antérieure de même couleur que les mâchoires. Le sternum est noir, et présente des poils jaunes, allongés, placés çà et là. Les palpes, assez robustes, peu allongés, sont entièrement jaunes. Les pattes sont assez allongées, surtout celles des troisième et première paires; ensuite vient la qua- trième ; enfin la seconde, qui est la plus conrte ; celles de la première paire, plus robustes que les suivantes, Re TRAVAUX INEDITS. 521 sont d’un brun roux foncé, avec le génual, le méta- tarse et le tarse jaunes et parsemés de poils roux; quant aux autres pattes, elles sont jaunes, couvertes de poils roux, avec les hanches, l’exinguinal et la naissance du fémoral de cette couleur. L'abdomen, à peu près de même longueur que le céphalothorax, est jaune, et pré- sente. dans sa parlie médiane, une tache d'un noir roussätre, profondément échancrée de chaque côté el divisée, dans son milieu, par une bande longitudinale jaune; en dessous, il est noirâtre et couvert de longs poils jaunes clairement semés. Les filières sont très- courtes, noires. Cette jolie espèce, dont je ne connais pas le mâle, est fort remarquable ; elle à été rencontrée errant aux en- virons de Rétimo. 34. Salticus striatus, Lucas. — Long. 6 millim. 4/2; lat. 3 millim. 3/4. — S. cephalothorace brevi, posticè transversim im- presso, fusco-rufescente, anticè suprà nigro-ænco nitido; mandi- bulis brevibus, nigro-nitidis subviolaceo tiuctis, subtilissimè trans- versimque strialis; palpis rufescentibus, flavo-pilosis; pedibus elongalis, validis, rufis, tibiis primi paris nigricantibus; abdomine elongato, ovato, fulvescente, suprà quadripunctato, lateribus pro- fundè strialis; fusulis brevibus, rufescentibus. Femelle. Le céphalothorax, presque glabre, court, très-bombé vers la partie antérieure, qui est légère- meut arrondi en dessus, présente, à partir de la qua- trième paire d’yeux, une impression transversale assez fortement prononcée, suivie de quatre ou cinq stries longitudinales distinctement accusées ; il est d’un brun roussätre, avec tout l’espace occupé par les organes de la vue d’un noir bronzé brillant. Les yeux sont d'un roussâtre brillant, avec ceux de la troisième paire beau- coup plus rapprochés de la quatrième paire que de la seconde : quelques poils jaunes, assez ailongés, entou- rent les organes de la vue, particulièrement les yeux des première et deuxième paires. Les mandibules, courtes, glabres, très-finement striées transversale- 522 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1853.) ment, sont d’un noir brillant légèrement teinté de vio- let; les crochets sont peu allongés, d’un brun roussâtre foncé. Les mâchoires et la lèvre sont glabres, d’un brun roussâtre. Le sternum, de même couleur que les mä- choires, mais plus foncé dans sa partie médiane, pré- sente des poils roussätres placés çà et là. Les palpes, d’un roussätre brillant, sont courts, grêles et hérissés de longs poils jaunes clairement semés, à l’exception du dernier article, où ils sont nombreux et serrés. Les paltes, assez allongées, robustes, sont rousses et pré- sentent quelques poils jaunes placés çà et là; elles sont hérissées d’épines d’un roux foncé, avec le tibias de la première paire de pattes noirâtre et tous les crochets d’un noir foncé; chez cette espèce, les première et qua- trième paires sont un peu plus allongées; vient ensuite la troisième, et enfin la seconde, qui est la plus courte. L’abdomen, allongé, ovalaire, d’un fauve clair, pré- sente en dessus quatre impressions arrondies, entou- rées de brun, et une bande longitudinale formée par des poils fauves, courts et serrés; sur les parties latérales, il est fortement strié, avec les saillies de ces stries bru- nâtres et tout le dessous fauve; les filières sont courtes, roussâtres. Mâle inconnu. Ce Salticus a été pris dans les environs de Candie. 35. Thomisus (Aranea) globosus, Fabr. Entom. Syst. tom. 2, p. 411, n° 15 (1793). Hahn, die Arachnid. tom. 1, p. 34, pl. 9, fig. 28 (1851). Thomisus rotunda- tus, Walck., Faun. franc. p. 71, n° 1, pl. 6, fig. 4 (1820). Ejusd. Hist. nat. des [ns. Apt. tom. 4, p. 500, n° 4 (1837). Savigny, Descript. de l'Egypte, p. 166, pl. 7, fig. 3 à 4 (1805 à 1819). Lucas, Hist. nat. des Crust. des Arachn. des Myriap. et des Ins. p. 392 (1842). Rencontré sur les fleurs, dans les environs de Candie. TRAVAUX INÉDITS. 523 36. Thomisus (Aranea) truncatus, Pall. Spicil. z0ol. p. #7, fase. 9, pl. 1, fig. 15 (1772). Walck. Faun. franc. Aran. p. 75, n° 6, pl. 6, fig. 6 (1820). Ejusd. Hist. nat. des Ins. Apt. tom. 1, p. 515, n° 25 (1857). Lucas, Hist. nat. des Crust., des Arachn., des Myriap. et des Ins. p. 585 (1842). Aranea horrida, Febr. En- tom. Syst. tom. 2, p. #11, n°16 (1795). Thomisus Mar- tinyi, Savigny, Descript. de l'Egypte, tom. 22, p. 596, pl. 6, fig. 9, 1 (la femelle), fig. 9, 2 (le mâle) (1805 à 1812). Prise sur les fleurs, dans la même localité que la précédente. 37. Thomisus onustus, Walck. Faun. franc. Aran. p. 72, pl. 6, fig. 5 (1820). Ejusd. Hist. nat. des Ins. Apt. tom. 1, p. 517, n° 28 (1837). Lucas, Hist. nat. des Crust. des Arachn. des Myriap. et des Ins. p. 386 (1842). Thomisus Peronü, Savigny, Descript. de l’E- gypte, tom. 22, p. 395, pl. 6, fig. 7 (1805 à 1812). Elle se plait sur les fleurs, aux environs de Rétimo, et particulièrement de Candie. 38. Thomisus citreus. Walck. Tabl. des Aran. p. 31, n° 7, pl. 4, fig. 34 à 55 (1805). Hahn, die Arachn., tom. 1, p. 42, pl. 11, fig. 2 (1831). Walck. Hist. nat. des Jus. Apt. tom. 1, p.526, n° 39 (1837). Lucas, Hist. nat. des Crust. des Arachn. des Myriap. et des Ins., p. 387 (1842). Rencontré sur les fleurs, dans les mêmes lieux que la précédente. 39. Drassus ater, Latr. Gener. Crust. et Ins., tom. 1, p. 87, n° 3, pl. 3, fig. 11 (1806). Walck. Faun. franç. p.162, n°5, pl. 11, fig. 2 (1820). Ejusd. Hist. nat. des Ins. Apt. tom. 1, p. 618 (1837). Hahn. Die Arachn. tom. 2, p. 54, pl. 61, fig. 142 (4854). Lucas, Hist. nat. des Crust. des Arachn. des Myriap. et des Ins. p. 406 (1842). Rencontré sous les pierres, aux environs de Rétimo, 524 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1853.) 40. Tegenaria cretica, Lucas. — Long. 42 millim ; lat. 4 mil- Jim. 412 (femelle). — Long. 44 millim.; lat, 5 millim. 314 (mâle (pl. 16, fig. 4 (les yeux). — P. cephalothorace angusto, flayo-ru- fescente, utrinque longitudinaliter fusco-vittato; palpis elonga- us, exilibus, rufo-testaceis, articulo ultimo subfuscescente tincto; mandibulis elongatis, rufescentibus, transversim subtiliter striatis ; pedibus rufescentibus, elongatis præsertim in mare, femoribus, genibus, tibiis fusco-annulatis, tarsisque anticè nigricantibus : his secundi paris elongatioribus quàm tertii paris; abdomine minüs elongalo, angustiore quàm in T. africanä, suprà fusco-subrufvs- cente tineto, subtiliter fusco-maculato, anticè maculis duabus fla- vescentibus rotundatis ornato; infrà fusco, lateribus utrinque fla- vescente longitudinaliter univittatis; fusulis rufescentibus, latera- libus ullimo articulo flavescente. Cette jolie espèce, dont il a été rencontré deux indi- vidus, mâle et femelle, est fort remarquable et se rap- proche plus de la T. africana que des T. domestica, Guyonü et longipalpis ; du reste elle ne pourra être con- fondue avec ces diverses espèces, non-seulement à cause de fa disposition différente des taches qui ornent l'ab- domen, mais à cause des yeux latéro-antérieurs de la seconde paire, qui sont ovalaires au lieu d’être arron- dis, comme dans les T. domestica et Guyonii. Chez la T. africana, non-seulement les yeux latéro-antéricurs affectent cette forme ovalaire, mais les yeux intermé- diaires de la première paire sont aussi ovalaires, tandis que, dans la T. cretica, ces mêmes organes sont entiè- rement arrondis. Femelle. Le céphalothorax est proportionnellement moins allongé, et surtout moins large que dans le T. africana; il est d’un jaune roussâtre et parcouru de chaque côté par une bande longitudinale, allongée, si- nucuse, assez large, d’un brun foncé, qui part de la parlie antérieure du céphalothorax et n’atteint pas tout- à-fait sa base : il est peu bombé et surtout plus étranglé que dans la T. africana, avec la fossule située à la base de la gibbosité céphalique profondément marquée et plus grande que celle de la 7. africana. Les yeux, d’un THAVAUX IAËDITS. 525 brun roussâtre, non placés sur de légères éminences, sont disposés comme dans les T. domestica, Guyonii et africana, seulement ils sont un peu moins écartés que dans celte dernière espèce, et les intermédiaires de la première paire, au lieu d’être ovalaires, sont au con- traire arrondis. Quant à ceux qui occupent les côtés la- téro-antérieurs, ils sont ovalaires, comme dans la T. africana. Les mandibules, plus allongées que dans la T. africana, sont roussâtres, finement striées transver- salement et parsemées de longs poils bruns; les cro- chets sont courts, de même couleur que les mandibules. Les mâchoires, couvertes de longs poils bruns, élaire- ment semés, sont d’un brun roussâtre; elles sont assez convexes, avec toute leur partie antérieure, du côté in- terne, d’un jaune lestacé; la lèvre, plus longue que large, assez convexe, est de même couleur que les mâ- choires ; elle est tronquée à sa partie antérieure et pré- sente çà et là quelques poils bruns. Le sternum est d’un jaune roussätre, couvert de poils de cette couleur, parmi lesquels on en aperçoit d’autres plus allongés et d’un brun foncé. Les palpes, plus allongés et beaucoup plus grêles que ceux de la T. africana, sont d’un roux testacé, avec leur dernier article légèrement teinté de brun; ils sont couverts de longs poils testacés, parmi lesquels on en aperçoit d’autres qui sont d’un brun foncé : ceux-ci se voient particulièrement sur le qua- trième article. Les pattes, assez allongées, grêles, sont de même couleur que les palpes; elles sont revêtues de longs poils Lestacés, avec le fémoral, le génual, le tibial sensiblement annelés de brun foncé et le tarse noiräâtre à son extrémité. Dans le T. africana, les pattes de la troisième paire sont plus allongées que celles de la se- conde paire; chez la T. cretica, ce sont celles de la se- conde pañe qui sont plus allongées que celles de la troisième, L'abdomen, moins allongé et plus étroit que celui de la T, africana, est d’un jaune légèrement teinté 526 REV, ET MAG. DE Z00LOGIE. (Novembre 1853.) de roussâtre, finement maculé de brun foncé et orné ur: peu au-delà de son milieu, vers la partie antérieure, de deux taches arrondies d’un jaune clair; en dessous, il est brun et présente de chaque côté une bande étroite d’un jaune clair : des poils jaunes, assez allongée, ser- rés, couvrent le dessus, les parties latérales et tout le dessous de cet organe, à l'exception cependant des ou- vertures stigmaliformes et des plaques qui les proté- gent, qui sont glabres. Les filières sont courtes, rous- sâtres ; les latérales sont allongées, avec leur premier article roussâtre et le second, ou terminal, au contraire, d’un jaune pâle. Mâle. H diffère de la femelle par les mandibules. qui sont plus robustes, plus allongées et plus fortement striées transversalement; les palpes sont aussi plus grands, avec les pattes plus robustes et surtout plus allongées. Elle habite Candie ct ses environs, el se tient parti- culièrement dans les habitations. M. Epeira callophyla, Walck. Faun. Paris, tom. 2, p. 200, n° 25 (1802). Koch, Die Arachnid. tom. 6, p. 148. pl. 216, fig. 558 (le mâle), fig. 539 (la fe- melle) (1839). Walck. Hist. nat. des Ins. Apt. tom. 2, p. 70, n° 7 (1837). Lucas, Hist. nat. des Crust. des Arachn. des Myriap. et des Ins. p. 427 (1842). Epeira annulipes, Lucas, Hist. nat. des Canaries, in Webbet Berth. p. 14, n° 32, pl. 6, fig. 2 (1856). Rencontré dans les maisons, à Candie. 42. Epeira fasciata, Lat. Gener. Crust. et Ins. tom. 1, p. 106, n° 8 (1806). Walck. Hist. nat. des Aran. fase. 25, 1 (1806). Ejusd. Faun. franç. Aran. p. 254, pl.9, fig. 2 (1890). Ejusd. Hist. nat. des Ins. Apt. tom. 2, p. 104, n° 102 (1837). Lucas, Hist. nat. des Crust. des Arachn. des Myriap. et des Ins. p. 420 (1842). Elle a été prise aux environs de Candie et dans les régions boisées du mont Ida. M. Brullé cite cette es- TRAVAUX IXEDITS. 921 pèce comme ayant été rencontrée en Messénie et en Ar- cadie. 45. Pholeus (Aranea) Pluchii, Scopoli, Entom. Carn. p- 404, n° 1120 (1765). Aranea opiloides, Schranck, Enum. Ins. austr. p. 530, n°1103 (1781). Pholcus pha- langioides, Walck. Hist. nat. des Aran, fasc. 3, pl. 10 (le mäle et la femelle) (1806). Ejusd. Hist. nat. des Ins. Apt. tom. 1, p. 652 (1857). Lucas, Hist. nat. des Crust. des Arachn. des Myriap. et des Ins. p. 419, pl. 1. lg. 4, 4a, 4 b (1842). Elle a été rencontrée dans les maisons, à Candie. 44. Irodes (Acarus) ægyptus, Linné, Syst. nat., tom. 2, p. 615, n° 2 (1757). Ejusd. Mus. Lud. Ulric. de . n° 1 (1764). Herm. Mém. apt. p. 66, n° 2, pl. 4, fig. 9 (1804). Brulié, Expédit. scient. de Morée, (ns 5, 1" part. Zool. p. 60 (1832). Gerv. in Walck. Hist. nat. des Ins. Apt. tom. 5, p. 244 (1844). Cette espèce, qui habite aussi la Morée, n’est pas très-rare dans l'ile de Crète. 45. Scorpius gibbus, Brullé, Expédit. scient. de Morée, Zool. tom. 5, 1" partie, p. 57, n° 20, pl. 98, fig. 1 (1832). Gerv. in Walack. Hist. nat. des Ins. Apt. tom. 5, p. 66, n° 68 (1844). Ce Scorpius, qui n'avait encore été signalé par M. Brullé que comme se trouvant en Morée, habite aussi l’ile de Crête, où il se plait sous les pierres hu- mides, dans les environs de Candie et dans la plaine de Messara, 46. Scorpius flavicaudus, Degécr, Mém. pour serv. à l'Hist. nat. des Ins. tom. 7, p. 359, pl. 40, fig. 11 à 13 (1778). Gerv. in Walack, Hist. nat. des Ins. Apt. tom. 3, p. 67, n° 70, pl. 25, fig. 4 (1844). Scorpius euro- pœus, Schranck, Enum. ns. aust. p. 534, n° 1113 (1781). Edw. AU. du Règn. anim. de Cuv. Arachn, pl. 19, fig. 2 (1837). Scorpius germanicus, Schæffer, Elem. entom. pl. 145, fig, 1, 2, 5 (1766). Scorpius terminalis, Ca 528 REV. ET MAG, DE zo0tucir. (Novembre 1853.) Brullé, Expédit. scient. de Morée, Zool. tom. 3, 4" partie, p. 59, n°22, pl. 28, fig. 5 (1832). Elle 4 été prise dans les environs de Candie et dans les pays de Kissamos et de Sélino. M. Brullé, en décri- vant cette espèce sous le nom de Buthus terminalis, dit qu'elle est rare et qu’elle a été rencontrée dans les rui- nes de Messène. Myriaropa. 47. Lulus obesus, Lucas. — Long. 98 millim.; lat. 6 millim. 1/2 (pl. 16, fig. 5). — [. obesus ; capite fusco-rufescente nitido, anticè punctalo sulcatoque; anteunis sat elongatis, testaceo-pilosis; cly- peo fusco-rufo, anticè posticèque rufescente; segmentis 65, ni- gro-cœruleis, fusco-rufescente marginatis posticè lateribusque rufescentibus; longitudinaliter striatis, striis sat regulariter posi- tis; ullimo segmento lævigato, piloso, posticè subacuminato, valvas anales non superante; pedibus omnino rufescentibus. Il est plus grand et beaucoup plus épais que les J. meridionalis et varius, dans le voisinage desquels il vient se placer. La tête (fig. 5 «) est d’un brun-roussätre bril- lant, ponctuée et sillonnée à son bord supérieur. Les antennes, qui atteignent à peine le troisième segment, sont de même couleur que la tête, mais beaucoup plus claires; elles sont composées d'articles allongés, grêles à leur base, à l'exception de l’avant-dernier, du dernier et du basilaire, qui sont coûrts et nodiformes; ils sont couverts de poils testacés, courts, peu serrés, avec les premier et deuxième articles entièrement glabres. Les yeux sont noirs et représentent par leur réunion une figure réniforme. Le bouclier, entièrement lisse, d’un roux foncé, finement bordé de roussâtre à ses bords an- térieur et postérieur, est terminé de chaque côté en angle arrondi. Tout les segments sont d’un gris ardoisé, bordés de brun-roux foncé avec leur partie postérieure d’un roux-clair ; ils sont très-finement striés, et ces stries ne se présentent pas sur la partie d’un gris ar- doisé ; à partir des stigmates, qui sont bruns, celle cou- TRAVAUX JNÉDITS. 529 leur gris-ardoisé tourne au roussâtre clair; les stries présentées par les segments, au nombre de soixante-cinq, sont longitudinales et assez régulièrement disposées. Le segment anal (fig. 5) lisse, couvert de poils courts, peu serrés, est remarquable par sa partie postérieure, terminée en pointe obtuse : celle-ci est très-courte et ne dépasse pas les valves anales, qui sont lisses, couver- tes de poils roussâtres, courts et peu serrés. Les pattes sont entièrement roussâtres. J'ai fait la description de cette espèce sur plusieurs individus d’âge différent et qui égalent en longueur 45, 42, 56 et 30 millimètres ; quoique ces grandeurs soient assez diverses, j'ai toujours retrouvé sur ces individus non adultes les mêmes caractères spécifiques qui m'ont été présentés par l'individu ayant 98 millimètres, et que je considère comme étant adulle. Ce Zulus, remar- quable par sa forme épaisse, vient se placer dans la section des espèces qui sont privées de crochet au bord postéro-supérieur du segment anal. Elle a été rencontrée sous les pierres, aux environs de Candie et dans la plaine de Messara. 48. Scolopendra cretica, Lucas. — Long. 55 à 58 millim.; lat. 5 millim. — S. corpore suprà infräque complanato, flavo-viridi nilido, longitudinaliter bisulcato; capite fusco-rufescente, laxè obscurèque punctato; maudibulis rubescentibus ; maxillis rufes- centibus palpisque testaceis; labro rubescente, obscurè punctato anticè utrinque tridentato; antennis subnodiformibns, testaceo- viridibus; pedibus elongatis, flavo-virescente nitidis, posticis in- 1ùs infràque spinosis, his nigris, irregulariter positis. Elle ressemble un peu à la S. cingulata, mais elle est plus petite et surtout plus aplatie. La tête, d'un brun- roussâtre légèrement teinté de vert, couverte de points très-fort, peu serrés et obscurément marqués, est plane et presque aussi longue que large. Les yeux, d’un noir brillant, sont peu saillants, arrondis, et les trois pre- miers, par leur disposition, forment une figure triangu- laire ; quant au quatrième, il est ovalaire et placé sur 2° séme. +. v Année 1855. 54 230 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1855.) la même ligne que le premier. Les mandibules sont rougeâtres avec leurs crochets peu aigus, lisses et d’un noir brillant ; à leur base, au côté interne, elles présen- tent une épine noirâtre, courte, mais robuste; les mâ- choires sont roussâtres ; les palpes sont testacés et ter- minés par une épine noirâtre très-courte ; la lèvre infé- rieure est rougeâtre, obscurément ponctuée, et présente de chaque côté, à sa partie antérieure, trois petites dents noirâtres, dont les deux du côté interne sont très-rap- prochées. Les antennes, assez allongées, robustes, ne dépassent pas le quatrième segment; elles sont d’un testacé verdätre brillant et composées de 48 articles lé- gèrement nodiformes. Tout le corps en dessus est d’un jaune-verdâtre, à l'exception du premier segment, qui est d’un brun roussâtre; tous les segments aplalis, beaucoup plus larges que longs, sont parcourus de chaque côté, à l’exception du premier, par une petite ligne lon- gitudinale assez profondément marquée; quant au der- nier segment, il ne présente qu'une petite ligne médiane, très-finement accusée ; ils sont lisses, et ne commencent à être marginés qu’à partir du quatorzième. Tout le corps en dessous est de même couleur qu’en dessus, avec les lignes longitudinales que présentent les segments beaucoup plus profondément marquées. Les pattes, plus ou moins comprimées, sont lisses, d’un jaune verdâtre britlant, et terminées par des crochets d’un brun-rous- sâtre ; celles de la dernière paire sont très-allongées, légèrement aplaties, seulement en dessus, avec les épines que présente le premier article à son côté interne et en dessous très nombreuses, noires et irrégulièrement dis- posées ; postérieurement, à leur extrémité, au côté in- terne et en dessus, elles offrent un tubercule assez sail- lant armé de quatre ou cinq épines d’un noir brillant. Cette espèce, qui vient se placer dans le voisinage des S. cingulata et affinis, sera facile à distinguer par les segments qui sont très-aplatis et surtout par le nombre SOCIÉTÉS SAVANTES. 531 très-grand des épines que présente le premier article des pattes de la dernière paire, et sur lequel elles sont très- irrégulièrement disposées. Elle a été prise dans les environs de la Canée et sur les bas plateaux de Sitia et de Kissamos; elle se plaît sous les pierres humides. 49. Cermatia (scolopendra) coleoptrata, Lin. Syst. Nat. tom. 1, pars 2°, p. 1062, n° 2 (1767). Newp. Phylos. Trans. tom. 19, p. 352, n° 1 (1842). Templ. Trans. Entom. Soc. of Lond. tom. 5, pars 4, p. 307 (1843). Walck. et Gerv. Hist. Nat. des ins. Apt. tom. 4, p. 218, n° 1 (1847). Julus araneoïides, Pall. spicil. Zool. fase. 9, pl. 4, fig. 16 (1774). Scutigera lineata, L. Duf. Ann. des Sc. Nat. 1" série, tom. 2, p. 92 (1824). Cermatia wida, Leach, Zool. miscell. tom. 3, p. 38, pl. 136 (1824). Elle fréquente les lieux humides et se plaît sous les pierres, aux environs de Candie, de Rétimo et de la Ca- née ; elle habite aussi les endroits humides des maisons. (La suite prochainement.) II. SOCIETÉS SAVANTES. ACADÉMIE DES SCIENCES DE Paris. Séance du 31 Octobre 1855. — S, À. le Prince C.-L. Bonaparte lit un Mémoire intitulé : Classification orni- thologique par séries. «Leszoologistes d'Allemagne et d'Angleterre me pres- sent de publier, avec le plus de détails possibles, la clas- sification ornithologique réformée dont je leur ai soumis les bases au congrès scientifique de Belfast et de Wies- baden ; et des voix amicales venant à la fois d’Améri- que, de Scandinavie, de Russie et de cette Italie, qui m'est toujours si chère, ne cessent de m’engager, dans 532 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1853.) l'intérêt, disent-elles, de la science, à en publier du moins le cadre mis au niveau des connaissances du jour. Gette classification est déjà du domaine publie, puisque je l’ai appliquée dans l'arrangement provisoire des Oiseaux du Jardin des Plantes que je viens de ter- miner, afin que mon savant ami, le professeur Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, puisse plus facilement la sou- mettre à un examen approfondi, et lui faire subir toutes les modifications que son savoir, ses vues profondes et philosophiques lui suggéreront pour l’arrangement dé- finitif dans les galeries nationales. Je dois d’ailleurs céder au conseil d’un autre honorable membre de cette Académie, professeur aussi au Jardin des Plantes, heu- reux, en vous communiquant celle classification, d’avoir cette nouvelle occasion de montrer à ce respectable ami toute ma déférence, et de soumettre, par votre Compte rendu, mes vues sur la méthode naturelle aux médita- tions des zoologistes classificateurs de tous les pays. « Il serait trop long de commenter les tableaux que je mets sous vos yeux. Les ornithologistes saisiront ce qu’ils contiennent denouveau et d’intéressant; et quant aux autres savants moins spéciaux, qu’il leur suffise de savoir que ma répartition des espèces a plus que jamais pour base, après l’anatomie ou plutôt la physiologie, la distribution géographique dont les sublimes harmanies et les merveilleux contrastes servent si bien à nous gui- der dans le labyrinthe de la science.Il sera évident pour tous que la principale innovation de ma classification actuelle consiste, en outre, dans l'établissement de groupes intermédiaires aux Ordres et aux Familles, aux Sous-Familles et aux Genres; groupes que je crois natu- rels, et dont les avantages compensent amplement l’in- convénient de compliquer encore l’échafaudage systé- malique, ne fût-ce qu'en permettant de poursuivre les séries parallèles jusqu’à des limites où on ne les avait pas mème soupçonnées jusqu'ici. C'est pour pouvoir SOCIÉTÉS SAVANTES. 533 disposer en séries les espèces elles-mêmes de chaque genre, que j'ai bien des fois renversé l’ordre ordinaire- ment suivi (et très-souvent par moi-même), lequel, par un reste de préjugé en faveur de la fameuse série conti- nue (linéaire) qui n'était, après lout, qu’une absurde ligne en #ig-4ag, peut avoir laissé des traces dans l'ar- rangement que je vous soumels, traces que je ferai dis- paraître toutes les fois qu’elles me seront signalées. » — M. Remak adresse une Note sur la structure de la réline, à l’occasion de la communication récente, sur le même sujet, de M. Kolliker. Ce travail est renvoyé à la commission chargée d'examiner le travail de M. Kol- liker. — M. Ed. Robin adresse deux Mémoires ayant pour titres, le premier : Défense de la théorie qui fait consis- ter l'action des Anesthésiques en une opposition aux phé- nomènes de combustion lente exercée dans le sang pen- dant la vie, et constamment nécessaire à l'activité du mé- canisme. Le second : Sur la cuuse générale qui régit le dévelop- pement de la taille dans les animaux d'un même ordre et d'un même type. Ces deux Mémoires sont renvoyés à l’examen de com- missions. Séance du 7 Novembre. — M. Serres, à l’occasion de l'envoi fait par M. le prince Demidoff de cinquante-neuf figures plastiques représentant les types des races hy- perboréennes, lit une Note sur les types des races hu- maines du Nord, dans laquelle il démontre avec une grande lucidité toute l'importance des études anthropo- logiques. — M. Guérin-Méneville lit la suite des Observations séricicoles qu'il a faites, avec M. E. Robert, à la magna- nerie expérimentale de Sainte-Tulle, — Ce travail est inséré, avec la première partie, dans ce numéro. Séance du 1% Novembre. — M. Blondlot adresse de 534 REV. ET MAG. DE Z00LOGIe. (Novembre 1853.) Nouvelles recherches sur la digestion des matières amyla- cées, précédées d’une Notice sur la constitution de ces substances, et suivies de considérations sur la digestion en général. — Renvoyé à l'examen de MM. Magendie, Flourens et Dumas. Séance du 21 Novembre. — M. Milne-Edwards pré- sente, de la part de M. Van-Beneden, de Nouvelles ob- servations sur le développement des vers intestinaux. L'auteur annoncé avoir trouvé en abondance, dans les intestins de la Rana temporaria, le Tænia dispar, que l’on n’observe que dans les Tritons. Il a étudié les œufs de ce Tænia, et il est parvenu, par la compression, à Les faire éclore artificiellement, ce qui lui a permis de décrire l'embryon avec beaucoup de précision. III. ANALYSES D’OUVRAGES NOUVEAUX. Du véritable mode d’Acrion pes Eaux DE MER en particu- lier, des Eaux thermo-minérales et de l’Eau simple en général; par A.-H.-A. Dauvenene. À vol. in-8. Paris, 1855. Labé, libraire. Quoique prenant ses premiers points d’appui dans les applications les plus utiles de la médecine pratique, cét ouvrage est allé si loin, au moyen de l’étude physio- logique, qu'il est arrivé jusqu’à intéresser toute l’his- toire naturelle. De faits en faits, de déduction en déduc- tion, son auteur est parvenu à condenser toutes les fonc- tions organiques en quatre facultés si essentielles, si indispensables, qu’elles se trouvent être à la fois et les conséquences de tous les actes organiques, et les élé- ments de la vie, et les forces médicatrices que le méde- cin peut mettre en jeu pour rétablir telle fonction déviée ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 535 dans la maladie, et ramener ainsi l'harmonie fonction- nelle ou la santé (1). M. Dauvergne prouve, par les faits cliniques les plus opposés de l’hydrothérapie générale, et par l’ensemble et les rapports des faits anatomiques et physiologiques, que la plupart de nos organes, qui concourent à entre- teuir la vie, se divisent en deux grandes catégories : les Élaborateurs et les Sécréteurs. En effet, ce sont vérita- blement ces grands appareils d'organes qui constituent la première nécessité de la vie, puisqu'ils déterminent la nutrition qui sert non-seulement à l’accroissement de chacun de nos organes, mais encore à la stimulation d’autres organes et d’autres appareils d'organes qui pa- raissent être indépendants de cette grande fonction. C’est ainsi que la juste harmonie des appareils élabo- rateurs et secréteurs, en déterminant une hémathose plus parfaite, donne une meilleure constitution des so- lides, une activité fonctionnelle nerveuse plus régulière; de là, la contractilité et la sensibilité plus parfaites. Or, celte contractilité, cette sensibilité résumant les fonc- tions des solides et du système nerveux, jointes à la calo- ricité produite dans la composition et la décomposition chimique, constituent les éléments de la vie dont il a été question ci-dessus. Il y a donc quatre fonctions ultimes, c’est-à-dire que tous nos organes, leurs mouvements et leurs actes, peuvent se réduire à quatre facultés capitales : la con- traclibilité, la sensibilité, la casoricité et la nutrition. Ces quatre facultés résumant toutes les fonctions, con- stituent les éléments de la vie. Sans doule la connaissance de ces facultés physiolo- {1) L'état de santé ou normal est dû à l'équilibre de toutes ces forces, qui agissent alors avec harmonie, et l’état d'altération, de maladie, ne peut tenir qu'au défaut de cet équilibre. ( Sur la ma- ladie des vignes, Journ. d'Agric. pratique et de jardinage, n° IV. 20 février 4853; p. 157.) 556 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1853.) giques ne date pas de M. Dauvergne ; mais, ce qui lui appartient incontestablement, c’est d’avoir démontré qu’elles sont le résultat nécessaire de toutes les fonctions de l'organisme, et que, seulement avec elles et Jes rap- ports qui les lient, nous pouvons comprendre la vie, puisque nous en distinguons les éléments les plus néces- saires. En effet, nous ne pouvons concevoir rien de vi- vant dans l’échelle des êtres, végétaux ou animaux, sans y concevoir au moins une de ses facultés. La nutri- tion que signale M. Dauvergne dans l'espèce animale paraît être réellement la plus indispensable, puisque nous la retrouvons dans les végétaux les plus inférieurs, tandis que, en nous élevant jusqu’à l’homme, nous trouvons successivement la contractibilité, la sensibi- lilé, la caloricité. De ces principes physiologiques, M. Dauvergne fait découler sa pathologie. Il ne nous appartient pas d'entrer dans l’examen de cette partie de son ouvrage. qui sera mieux appréciée parles médecins; seulement, ce que nous pourrionsdire, c'est que la maladie n’étant qu'une perturbation de ces éléments de la vie, le progrès qui résullerait des travaux de M. Dauvergne, c'est que, pouvant atteindre, par les agents thérapeuti- ques, chacun de ces éléments, on trouve dans le mou- vement qu’on peut leuy imprimer les forces médicatrices que tout le monde a reconnues sans avoir jamais pu les indiquer. Il ne pouvait en êlre autrement, puisque l’idée de la vie, sur laquelle on discourait toujours, était in- saisissable, dans son unité, à l'intelligence humaine. En la divisant par ses éléments les plus nécessaires, par ceux qui sont vraiment troublés dans la maladie, et que nous pouvons atteindre par nos agents médicateurs, la concordance physiologique, pathologique et thérapeuti- que serait vraiment parfaite. Nous pensons que M. Dau- vergne a d'autant plus le droit de soutenir qu'il est dans la vérité, qu'il prouve, par des faits de clinique que nous ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. d37 ne pouvons reproduire ici, toutes les connexions qui existent entre les facultés, et qui constituent ce consensus organique et fonctionnel que médecins comme natura- listes sont obligés de reconnaitre. C'estainsi que M. Dau- vergne, en prouvant qu'en agissant sur la nutrition {les liquides) on agit indirectement sur la contractilité, la sensibilité et la caloricité (les solides), explique comment la Providence, dans sa sagesse, n'a pas voulu que des spéculations systématiques, même opposées, pussent avoir des conséquences trop contraires, et que la pire des médecines ne füt pas toujours trop nuisible. Mais, par ces mêmes faits, qui expliquent vraiment la nature des choses que dévoile le déroulement de l'ob- servation et de l’histoire de la médecine, si M. Dauvergne est réellement dans la vérité, des études de détail plus approfondies, indiquant mieux chaque jour les facultés physiologiques ou les éléments de la vie qu’il faudra faire mouvoir plus ou moins directement, dans telle ou telle circonstance, donneront, comme l'indique notre auteur, une assurance plus parfaite à la médecine, et à la physiologie un but mieux défini. Nous devons croire d'autant mieux à cette philoso- phiescientifique, que nous, naturalistes, nous ne devons croire à une médecine rationnelle que lorsque cette der- nière sera dirigée par les lois d’unephysiologie avouable, par la science générale, Déjà, par la physiologie de M. Dauvergne, les antipodes qui existaient enjre vila- listes, solidistes et humoristes sont détruites, puisque la physiologie de notre auteur embrasse non-seulement les solides, les liquides et les esprits vitaux, mais indi-. que les rapports qui les lient si invariablement qu’on ne peut pas toucher les uns sans retentir plus où moins sur les autres, M. Dauvergne va même plus loin; il montre, par ses observations pratiques, qu’en dirigeant le mouvement organique en dehors ou en dedans, par la chaleur ou 538 REV. ET MAG. DE ZOOLOG:E. (Novembre 1853.) par le froid, on arrive à exciter différentes excrétions qui modifient aussitôt la composition de nos liquides, suivant que ces excrélions se font par la peau ou par les organes gastro-hépathiques, mouvements organiques qui, d’après les faits qu’il produit, amèneraient encore cette double conséquence que, si le mouvement orga- nique est centrifuge, les organes élaborateurs diminuent de puissance, et qu’au contraire ils en acquièrent si ce mouvement est centripète. De là une foule de conséquences pratiques de dé- tails que l’auteur en tire, et cette grande conséquence philosophique que désormais la médecine devra d'autant plus étudier l’impulsion physiologique qu’elle aura à donner pour modifier tel état pathologique que, depuis que l’on cherche des spéciliques, on est parvenu à en trouver de véritablement dignes de ce nom. Mais ce sont là des détails qu’il faut lire dans l’ouvrage lui-même. C’est ainsi, en effet, qu'avec les observations produites etle mécanisme physiologique expliqué par M. Dauver- gne, on comprendra mieux comment les Anglais ont pu modifier tant d'animaux par le régime hygiénique, comment déjà MM. Fourcault, Pravaz, et M. Dauvergne surtout, ont pu utiliser ces idées dans la médecine pra- tique, de manière à mettre dans tout son jour cette conclusion que tirait déjà M. Chossat de ses expériences physiologiques : que toute maladie n’était qu’un pro- blème d'alimentation. Aussi nous bornerons-nous à préconiser la méditation des travaux du praticien de Manosque, qui nous paraissent marquer un véritable progrès, sinon déjà ouvrir une nouvelle ère à la science physiologique appliquée. (G. M.) ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 39 Memonuas, etc. Mémoire sur l’histoire naturelle de l'ile de Cuba, accompagné de sommaires en latin et d’ex- traits en français, par M. Philippe Poey. — Grand in-8° avec planches coloriées. — Livr. 4 et 2. — La Havanne, 1851. Depuis l'annonce que nous avons faile du projet de M. Poey d'entreprendre cette publication (Rev. et Mag. de 30ol., 1852, p. 160), quatre livraisons de cet impor- tant ouvrage ont été mises au jour. Comme la troisième ne nous est pas parvenue, nous allons seulement don- ner une idée des deux premières, et nous parlerons des deux autres quand cette troisième livraison nous aura été adressée. On voit, par le litre même du livre de M. Poey, qu'il se composera d’une série de Mémoires, Dans les deux livraisons que nous annonçons, nous trouvons chaque Mémoire numéroté, et elles en renferment dix, dont nous allons faire connaître les sujets. Seulement il con- vient de dire, une fois pour toutes, que l’auteur écrit chaque Mémoire en espagnol, qu’il en donne un som- maire en latin, et qu’il ajoute en français la traduction des passages importants présentant quelques points plus ou moins neufs de son travail. Le premier Mémoire est intitulé : Introduction géné- rale. 1 est destiné à faire connaître le but et le plan de l'ouvrage. Le deuxième Mémoire est une Introduction aux Pois- sons, dans laquelle M. Pocy donne une description gé- nérale des animaux de cette classe, afin de préparer ses lecteurs à l'intelligence des travaux de détail qu'il don- nerä sur ces animaux. Le troisième Mémoire est une ntroduction aux Mol- lusques univalves terrestres, traitée de la même manière el contenant une terminologie complète, qui permet- 940 REV. ET MAG. DE Z00L0G:E. (Novembre 1853.) tra à ses lecteurs de le suivre dans les descriptions qui vont paraître successivement. Le quatrième Mémoire est consacré à la description de l’A/miqui (Solenodon paradozus, Brandt), l’un des plus singuliers Mammifères. M. Poey en donne une description complète, après avoir présenté l’histoire de la publication de ce genre faite d’abord par Brandt, dans les Mémoires de l'Académie des Sciences de Saint- Pétersbourg, en 1834. Il le décrit ensuite avec grand détail, fait connaître ses mœurs, et termine ce Mémoire, aussi intéressant que savant, par une dissertation sur le nom primitif de ce Mammifère, dans laquelle il passe en revue tous les auteurs, voyageurs et autres, qui ont parlé de cet animal depuis la découverte de l'Amérique jusqu’à nos jours. C’est un travail remarquable qui mon- tre la profonde érudition de son auteur, et la manière dont il traitera les autres sujets de son ouvrage. Ce travail est accompagné d’une planche coloriée re- présentant le Sulenodon paradoxus adulte. Le cinquième Mémoire, seconde Introduction aux Pois- sons, continue les généralités sur l’organisation de cette grande classe. Après avoir posé ces bases, M. Poey arrive aux appli- cations, en donnant, dans son sixième Mémoire, la des- cription d'espèces nouvelles de Serranus, genre de pois- sons de la famille des Percoïdes. I donne l'histoire du genre, ses caractères, et 1l décrit 6 espèces nouvelles suivant lui, et soigneusement comparées à leurs con- génères de l’ouvrage de Cuvier et Valenciennes, et re- présentées dans plusieurs planches coloriées. Le sujet du seplième Mémoire est une Monographie des Plectropomes. Ce travail est traité comme celui qui précède ; seulement, ici des espèces déjà décrites figurent dans le texte et souvent dans les planches. Ce Mémoire conlient la description détaillée de 10 espèces de ce genre Plectropome, complétée par des notes critiques, ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX, o41 des reclifications el l'indication des noms vulgaires, à la Havanne, de ces divers Poissons. Le huitième Mémoire a pour titre : /ntroduction aux Cyclostomes, avec des généralités sur les Mollusques gas- téropodes, et particulièrement sur les terrestres oper- culés. Et le neuvième Mémoire contient la description des espèces nouvelles de ce genre, appartenant à l’île de Cuba. Ces espèces, toutes figurées par M. Poey, sont au nombre de onze. Enfin, le dixième Mémoire est consacré aux espèces nouvelles d'Hélicines, et contient la description détaillée, accompagnée de figures, de 13 espèces. Ces deux livraisons contiennent 15 demi-feuilles grand in-8° de texte el 16 planches. Ces planches ne s’accor- dent pas toutes avec le texte; elles ont été placées dans les livraisons à mesure de leur confection, et s'accor- deront avec le texte quand les volumes seront terminés. Malheureusement leur numérotage ne semble pas sui- vre l’ordre du texte, car on voit, par exemple, la plan- che 6 représenter notre Melipona rufipes, ouvrière, et la planche 14 donner la figure et des détails fort inté- ressants du mâle et de la femelle de la même espèce. Il en est de même pour les autres classes du règne ani- mal. Nous tiendrons nos lecteurs au courant des progrès de cette intéressante et savante publication. (G. M.) Dwrères des environs de Paris, famille des Myopaires, par J-B. Rouneau-Desvoins. In-8°, Auxerre, 1853. Ce travail forme une brochure de 82 pages, composée de la description des espèces appartenant a 14 genres. L'ouvrage commence par des généralités très-complètes sur le groupe des Myopaires; puis vient un excellent REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1855.) tableau des caractères des genres, et enfin la descrip- tion des espèces avec des notes critiques et synonymi- ques, et des renseignements sur ce que l’on sait des mœurs de quelques-unes d’entre elles. Voici le nombre d’espèces comprises dans chaque genre : Dalmannia, 5. Fairmairia, 1. Haustellia, À. Loncho- palpus, 1. Melanosoma, 5. Myopa, L. Myopella, 5. Myo- pina, 1. Occemia, 16. Phorosia, 1. Pictinia, 1. Purpu- rella, À. Sicus, 1. Zodion, 5. Toutes les descriptions sont composées d’une diagnose latine et de développements en français. (G. M.) 1Y. MÉLANGES ET NOUVELLES. Nous venons de voir chez S. A. le Prince Charles- Lucien Bonaparte la première livraison d’un bel ou- vrage ornithologique de M. le baron J.-W. de Muzer, directeur du Jardin royal de Zoologie de Bruxelles, et ayant pour titre: Description de nouveaux oiseaux d'Afrique découverts et lessinés d'après nature, par le baron J.-W. de Müller. Cet ouvrage, imprimé à Stuttgart, à l'imprimerie royale, est publié dans le format in-4°, et destiné à ser- vir de suite aux planches enluminées de Buffon, aux planches coloriées de Temminck et Laugier de Char- trouse, etau nouveau recueil général de planches peintes d'oiseaux, par M. O. Des Murs. Il formera plusieurs volumes divisés en livraisons de quatre planches soi- gneusement gravées sur pierre et coloriées, accompa- gnées du texte nécessaire, et du prix de 9 fr. la li- vraison. Nous tiendrons nos lecteurs au courant de cette im- portante publication. Nous croyons devoir annoncer en mème temps une autre publication du même savant. C’est le Journal de MÉLANGES ET NOUVELLES. 543 « Zoologie, destiné à servir d’organe aux jardins z00lo- giques et aux savants, pour la publication de leurs observations de zoologie appliquée et pure. Nous ne connaissons encore que le prospectus de ce journal, à la rédaction duquel nous serons très-honoré de participer, en faisant part à son zélé directeur de nos observations de zoologie appliquée à l’agriculture. Dans ce prospectus, M. de Müller annonce que son journal de zoologie devra, par une forme particulière, et avec une rédaction intelligible pour tous, introduire le profane dans le domaine de la zoologie. En l’amusant, ajoute-t-il, il lui dévoilera peu à peu et par degrés les beautés de la nature, et, en écartant autant que possi- ble tout ce que la science présente d’aride, il offrira aux dames elles-mêmes l’occasion d'acquérir des con- naissances détaillées sur une foule d’objets auxquels elles restent d'ordinaire complétement étrangères. Le Journal de Zoologie se divisera en quatre chapi- tres; savoir : 1. Mémoires originaux, 2. Belletins et relations, 3. Feuilletons, 4. Nouvelles et Annonces. Il paraîtra lous les mois, par cahiers grand in-8”, avec illustration et gravures noires et coloriées. Le prix est de 18 fr, par an. Nous voyons avec satisfaction se produire ce nouvel organe offert aux savants, et nous faisons des vœux sin- cères pour qu'il ait de l'avenir. Il y a place pour tout le monde dans ce vaste champ de l’histoire naturelle, et plus il y aura de publications et de musées et collec- tions, plus il se formera de lecteurs et de naturalistes. Guérin-MÉNEVILLE. L’Ateneo italiano est un nouveau journal scientifique édité en France et destiné à porter plus rapidement les travaux de nos savants et de ceux des autres pays à la connaissance des Italiens, chez qui nos ouvrages ar- rivent trop longlemps après leur publication. Ce jour- nal est dirigé par deux savants très-recommandables, 544 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1853.) M. S. de Luca et D. Muller, très-capables de bien rem- plir la tâche qu'ils se sont imposée, et il est certain qu'il rendra de grands services, en répandant rapide- ment dans l'Italie, si féconde en savants du premier ordre, la connaissance des travaux qui se font dans les autres pays. Collection de Coléoptères de feu M. Allibert. Nous avons déjà annoncé que les héritiers de M. Al- libert désiraient vendre la collection de cet entomolo- viste, enlevé trop tôt à l'étude de l’histoire naturelle des Insectes. Celle collection, que nous avons visitée cet été, se compose de 140 boîtes doubles, renfermant environ 8,000 espèces formant de 20 à 25,000 indivi- dus. Aiïdé des parents de M. Allibert, nous avons visité toutes ces boîtes, tué quelques Anthrènes qui commen- çaient à attaquer les plus gros inseetes, et par consé- quent les plus communs, et nous l'avons laissée dans un bon état de conservation. On trouve dans la collection d’Allibert beaucoup de ces petites espèces difficiles à récoller et à étudier, et qu’il avait nommées avec le plus grand soin à Paris, en les comparant aux types des plus riches collections de la capitale. Sa série du genre Trichopteryx est sur- tout unique, et contient les types de la monographie de ce genre des plus petits Coléoptères connus qu’il avait publiée dans cette Revue. Ecrire (franco) à madame veuve Allibert, née Gui- chard, à Valensole (Basses-Alpes). TABLE DES MATIÈRES. Pocuerax. — Etudes sur les types peu connus du Musée de Paris. 481 Punxe, Luriex Sczater. — Nouvelles espèces du genre Momot. 489 F. ne LarresnAYE. — Mélanges ornithologiques. 490 H. Dnouer. — Etudes sur les Anodontes de l'Aube. 493 Guérn-Méxeviire, — Observalions de séricicullure. 503 I Lucas. — Essai sur les animaux articulés qui habitent l'ile de Crète. 514 Académie des Sciences de Paris. 551 Analyses d'ouvrages nouveaux. 554 Mélanges et nouvelles. 542 PARIS. — TYP, SIMON RAÇON ET G°, RUE D'ERFURTE, 4. SEIZIÈME ANNÉE. — DÉCEMBRE 1853. I. TRAVAUX INÉDITS. Erupes sur les Types peu connus du Musée de Paris, par M. le Docteur Pucneran (Dixième article. — Pas- sereaux cultrirostres.) Je comprends, sous le nom de Passereaux cultriros- tres, les divers genres d'oiseaux ayant des rapports avec les Corvus, Pica, Coracias, Sitta, etc. Le nombre de nos types est, au reste, dans cette section, fort peu consi- dérable : peu de détails, par conséquent, leur sont né- cessaires. A. Types de M. Cuvier. Un seul, à notre connaissance, exige de nouveaux renseignements : c’est Corvus torquatus (1). L’individu ainsi étiqueté par M. Cuvier, et dont a parlé également M. Lesson (2), est noir bleu dans toutes ses parties supérieures: deux larges colliers se déta- chent sur cette coloration uniforme, l'un gris sur le derrière du cou, l’autre plus blanc, en forme de fer à cheval, et à concavité supérieure sur le devant du tho- rax. Le noir de toutes les parties inférieures est plus terne. Les mandibules sont brunes, les doigts et tarses (4) Les résultats anxquels nous sommes arrivés dans nos déter- minations, relativement aux types du genre Corvus, ont obtenu, presque tous, l'assentiment de M. Charles Bonaparte (Comptes rendus de l’Académie des Sciences, tome XXXVII, page 829, en uote). On s'expliquera, dès-lors, comment c’est en toute confiance que nous les émettons ici. (2) Traité d'Ornithologie, pages 328, 3°. 2e séme. r. v. Année 1853. 35 946 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1853.) noirs. — Longueur totale, directement prise (la tête étant tournée), 415 mm.; longueur de la queue, 19 c,m.: du bec, 52 mm.; du tarse, 6 c. m. Le type est indiqué comme venant de la Nouvelle- Hollande. Il a été acquis, par échange, à M. Dufresne, en 1819. Le gris de son collier indique un jeune, et je suis très-porté à le considérer comme ne différant pas de Corvus pectoralis, Gould (1). Un adulte de cette der- nière espèce, que possède notre collection, a cependant le bec plus gros et une taille un peu plus forte. Le problème relatif à l'isolement spécifique de ce type sera évidemment résolu plus tard, et d’une manière défini- tive, par la géographie zoologique. B. Types de Vieillot. Je n'ai de nouveaux détails à donner que sur Cora- cina viridis. Cette espèce «est totalement verte, avec des taches blanches, en forme de larmes, sur la tête, le cou, et sur toutes les parties inférieures; la queue est terminée de blanc; le bec, très-robuste, est un peu comprimé par les côtés, ce qui semble l’éloigner de ce genre. Taille du Pigeon biset. On trouve cet oiseau à la Nouvelle- Hollande, etc. » (Nouv. Dict., vol. VII, p. 9.) La diagnose latine relative à ce type est seulement ajoutée dans l'Encyclopédie (2). L'espèce ne diffère pas de Æitla virescens, Tem. (5). C. Types de M. Lesson. 4° Sitta axurea (Traité d'Ornith., page 316). — « Tête noire, manteau azur; ailes noires, bordées de bleu; de- (1) Proc. of the Zool. Soc. of Lond., 4856, p. 18. (2) Page 7:0. C. viridis; capite, collo corporeque subtus albo maculatis. (5) Col 396. TRAVAUX INÉDITS. 547 vant du corps blanc; bas-ventre noir; bec verdâtre ; taches verdâtres. Patrie? » Il y a évidemment une erreur dans ces mots, taches verdâtres ; c’est tarses verdälres, qu'il faut lire. Notre type est originaire de Java; il a été acquis à Berlin, par M. Valenciennes, en 1822. C'est la même espèce, au reste, que M. Swainson a plus récemment décrite (4) sous le nom de Dendrophila flavipes. Ajoutons que M. Gray a signalé, mais avec doute, cette synonymie, et qu'il a donné une figure de ce type spécilique dans les planches coloriées (n° 245) du Genera of Birds. ® Sitta castanea (page 316). « Tête, ailes et gorge cendrées, jugulaire noir intense; dessous du corps cho- colat. » Le type est originaire du Bengale (Duvaucel, juin 1825). Ajoutons que les deux rectrices médianes sont cendrées, et que les latérales sont de la même couleur en dehors, noires en dedans, les plus externes portant une tache blanche en dedars près de leur extrémité. C’est bien, comme l'a dit M. G.-R. Gray, la même es- pèce que Sitta castaneoventris (2). 3° Xenops rufus (p. 918). — «Roux brun; gorge blanche; queue roux canelle. — Habite le Brésil. » Je regarde comme le type un individu envoyé du Brésil par M. Ménestrier, en acût 1824 : il ne diffère pas spécifiquement d’Anabates leucophthalmus, Pr. Max. # Corvus Levaillantii (p. 328). — « À bec déprimé à la base et sur les côtés, à plumage noir bronzé. — Du Bengale (Macé). » Cet individu appartient à l'espèce décrite par M. le colonel Sykes (3), sous le nom de Corvus culminatus. 5° Corvus coronoides (p. 328). — « À bec mince, (4) Animals in Menagerie, p. 325. (2) Jard. et Selb , Iust. of Ornith., pl. 145. (3) Proc. of the Zool. Soc. of Lond., 4832, p. 96. 548 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1853.) pointu; à tarses assez longs, à queue médiocre, à plu- mage noir bronzé. — De la Nouvelle-Hollande. » Je ne puis rapporter à cette espèce que deux de nos individus, qui sont originaires du Cap (Delalande). Le caractère du bec indique suffisamment qu'il s’agit de la Corneille du Cap, de Levaillant (1). C’est bien dès-lors Corvus macropterus, Wagl. (2). 6° Corvus ruficollis (page 329). — « A bec assez élevé, têle et cou brun roussâtre; à tarses allongés et à queue longue. » Le type est originaire du Cap (Delalande). Longtemps J'ai cru qu'il ne différait pas spécifiquement du grand Corbeau de Levaillant; mais des doutes s'étant récem- ment élevés relativement à l'existence de ce dernier type (5), il est fort possible que notre espèce de M. Les- son soit bien réelle. Ajoutons que les plumes du cou et de la tête sont d’un brun terreux; que certaines offrent des indices de la couleur violacée qui règne sur le dos et les tectrices alaires supérieures. La couleur de la tête s’élend sur loutes les parties inférieures. La queue est allongée, d'un noir assez terne; il en est de même des rémiges, lesquelles atteignent l'extrémité des rectrices. Le bec, courbé dès sa base, est noir dans presque toute son étendue, et brun corné à l’extrémité. Les tarses sont noirâtres, les ongles noirs. — Longueur totale (directement prise), 464 mm.; du bec, 6 c. m.; du tarse, 6 c. m.; du doigt médius (sans l’ongle), 37 mm.; (avec l’ongle), 52 mm. Chez un autre individu, qui nous parait spécifique- ment semblable, les teintes sont plus ternes et plus saubres. Mais il est évident pour nous que de nouvelles recherches sont nécessaires pour isoler, d’une ma- nière définitive, cette espèce, qui représente peut-être (1) Qis. d Afrique, pl. 52. (2) Systema avium, genre Corvus, n° 10. (3) Comptes rendus, ibid., p. 830. TRAVAUX INÉDITS. 549 au Cap de Bonne-Espérance le Corvus umbrinus, d'Hé- denborg (1), auquel il ressemble tant par la compres- sion et l’incurvation de son bec. Malheureusement, nous n’avons pas d’exemplaire de ce dernier type, pour éla- blir, d’une manière plus compléte, les analogies et les différences qui existent entre les deux. 7° Corvus moneduloides (p, 529). — «Bec très- renflé ; queue longue ; plumage noir bronzé. » Le type de cette espèce est indiqué dans notre collec- tion comme venant de la Nouvelle-Calédonie (Labillar- dière). Les teintes d'ensemble sont plus violacées que chez le type du Corvus spermoloqus, Vieill.; la queue est plus allongée, le bec plus gros, plus fort, plus droit et moins ineurvé, par conséquent, à la mandibule su- périeure, qui est noire et bordée de jaunâtre sur les côtés. Cette dernière couleur est, presque en entier, celle de la mandibule inférieure, qui est relevée en haut. — Longueur totale (directement prise), 38 c. m.; de la queue, 182 mm.; du bec, 39 mm.; du tarse, h c. m. De nouvelles recherches sont nécessaires pour bien caractériser cette espèce, qui porte écrite sous son pla- teau la dénomination de Corvus inflotus, Tem., et que M. Charles Bonaparte (2) considère comme le type de son nouveau genre Physocorux. 8° Pica luteola (p. 331). — Masque azur; devant du cou noir; tête et occiput blanc farineux; dos et ailes verts; ventre jaune d’or. Patrie? » Le type est un individu du Pérou, donné par M. Ajas- son, en 1827. Ajoutons que les rectrices médianes sont de la couleur du dos et des ailes, les latérales, de celle de l'abdomen. Il deviendra dès-lors évident, pour tous nos lecteurs, que cette espèce ne diffère pas de Corvus (1) Kongs Vetenskap, etc. 1838, p. 198. (2) Comptes rendus, etc., page 829. 550 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 18553.) Peruwvianus, comme l'ont déjà dit MM. Charles Bona- parte (1) et Cabanis (2). 9° Pica fuliginosa (p. 353). — «Longue de dix-huit pouces; la queue y entre pour huit pouces et demi. Bec fort, robuste, jaune ; narines profondes, peu cachées par les soies du front; tête, cou et thorax d’un brun foncé, plus clair sur le dos, les ailes et la queue ; ventre gris; bas-ventre gris clair ; tarses jaunes. « Jeune âge : Bec et tarses noirs; bas-ventre et cou- vertures inférieures blanehes; rectrices externes bru- nes, terminées de blanc. — Habite le Mexique. » MM. G.-R. Gray et Charles Bonaparte (5) ont rattaché cetle espèce au Corvus morio, de Lichtenstein. J'avoue que le jeune, d'après la description de M. Lesson, me semble appartenir à une autre espèce. Je ne puis mal- heureusement élucider cette question, n’ayant sous les yeux ni le type du jeune, ni celui de l’adulte (4). Mérances zooLoGiQues. — Notices et Observations sur quelques Vertébrés nouveaux pour la Faune de la Provence. par M. Z. Genre. — Suite. Voir tome IV, p. 161, 257, 305, 449, et tome V, p. 197. V. Notice sur le Pyrrhula coccinea (Bouvreuil ponceau ou grand Bouvreuil). Plusieurs auteurs ont cité le Bouvreuil ponceau comme (4) Consp. av., p. 380. °(2) Museum Heineanum, page 225. (3) Consp. av., p. 581. (4) C'est Garrulus cœrulescens, Vieill. qu'a décrit (page 331) M. Lesson, de la manière suivante: «Un individu du Muséum, offrant la livrée du jeune âge, a la tête bleue, le plumage bleu, le dessous du corps roux tacheté, et provient de l'Amérique septentrionale (Michaux). A quelle espèce appartient-il? » Cer exemplaire est Le type même de Vieillot. Terminons en disant que, malgré tous nos efforts, nous n'avons pu retrouver le Xenops griseus. Voici la description de M. Lesson (page 348) : « Gris brun olivätre en dessus, gris clair en dessous.» TRAVAUX INEDITS. 5o1 visitant parfois le nord de la France : il s’y montre à de longs intervalles et durant les hivers les plus rigou- reux, comme le font le Sizerin boréal, le Bruant mon- toire, le Cygne Bewich, etc. Personne encore, que je sache, n’a dit qu'il se trouvât en Provence. Les natu- ralistes qui, fixés sur Les lieux, étaient à même de l'ob- server, n’en font aucune mention; ainsi P. Roux et M. Crespon, dont les nombreuses et fructueuses recher- ches ont tant contribué à enrichir l’ornithologie de la France méridionale, n’en parlent pas dans leurs ou- vrages. Cependant ce Bouvreuil, loin d’être de passage accidentel dans le Midi, comme il l’est dans le Nord, peut, au contraire, être considéré comme originaire de certaines contrées de la Provence, en ce sens qu'il s’y reproduit et y demeure toute l’année. C’est encore à l’abbé Caire que l’ornithologie provençale doit cette dé- couverte : elle lui doit aussi les documents qui forment la partie la plus intéressante de cette notice. Connu depuis fort longtemps, puisque dès 1753 Frisch en signalait l’existence, l'oiseau auquel on donne aujourd’hui le nom de Bouvréuil ponceau, grand Bou- vreuil (Pyrrh. coccinea, P. major), a cependant été passé sous silence dans la plupart des Traités d'Ornithologie. La raison en est qu'à défaut de caractères propres à le faire distinguer spécifiquement, il a presque toujours été identifié au P. vulgaris; et, même, ceux des natura- listes qui ont cru devoir lui consacrer une courte cita- ion, n’ont vu en lui qu’une variété ou une race de ce dernier. Buffon, par exemple, à qui les observations de quelques-uns de ses correspondants avaient révélé l’exis- tence de deux Bouvreuils de taille différente, a attribué ces variétés de grandeur, dont les caractères, selon lui, ne sont pas assez déterminés pour qu'on puisse s’y ar- rêler, à des influences locales, opinion qui, plus tard, a élé entièrement partagée par M. Temminck. Buc’hoz, tout en inscrivant ce Bouvreuil sous le nom de P. mujor 552 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1853.) montana, dans le Catalogue des animaux qui habitent la Lorraine, catalogue dressé, pour ce qui est de l’orni- thologie, avec les notes l'ournies par Lottinger, Buc’hoz, dis-je, à émis ce doute : «qu'il pourrait bien n’êlre qu'une variété du P. vulgaris. » Enfin, Gérardin, de Mi- recourt, Vieillot, G. Cuvier, ont admis cet oiseau comme simple race, ne différant de l’espèce vulgaire que par upe taille plus forte. Cependant, en 1842, M. de Selys-Longchamps, en consacrant, dans la Fuune belge, une rubrique spéciale à ce Bouvreuil, ramenait sur lui attention des ornitho- logistes. Plus attentivement étudié depuis cette époque, il semble avoir pris aujourd’hui un rang distinct parmi les oiseaux d'Europe. En effet, M. Degland, tout en l'accompagnant du signe dubitatif, à l’exemple de M. de Selys-Longchamps, lui assigne cependant une place par- ticulière dans son Ornithologie européenne; le prince Ch. Bonaparte, qui lui donne pour synonyme la Loxia pyrrhula de Linné, l'admet sans restriction comme es- pèce, dans son Conspectus; et M. Schlegel le distingue aussi sous la dénomination ternaire de Pyrrhula vulya- ris-major. Ainsi donc, non-seulement le Bouvreuil pon- ceau n’est plus identifié au Bouvreuil commun, mais il figure actuellement dans les Traités d’Ornithologie, pour les uns, à titre d'espèce; pour les autres, à titre de race constante. En présence du désaccord qui existe dans la science, sur la question de savoir ce qu'est l'espèce, quelles en sont les limites, par quoi la race s’en distingue, je n’ai pas la prétention de vouloir décider entre deux opinions qui peuvent être fondées l'une et l’autre, selon le point de vue où l’on se place. Je me bornerai donc à signaler les différences que permet de saisir la comparaison de ces deux oiseaux, laissant juger à d'autres si ces diffé- rences sont ou non suffisantes pour caractériser une espè‘e. TRAVAUX INEDITS. do5 J'ai pu croire un moment qu'il serait possible de trouver des traits distinctifs moins sujets à controverse que ceux que fournit la taille. M. Caire, qui a parfaite- ment observé le Bouvréuil ponceau, avait appelé mon attention sur une tache blanche que présente, dans l’un comme dans l’autre sexe, la rectrice la plus extérieure. Nulle chez les sujets d'un an, qui n’ont pas encore mué leurs grandes pennes, cette tache, à laquelle l’âge ap- porte des modifications, se manifeste dès la seconde année, le long du rachis, sur les barbes internes, et s’é- tend, sous forme de trait, du milieu de la queue à deux centimètres environ de son extrémité. La troisième an- née, c’est-à-dire après la seconde mue des rectrices, on peut constater que celte tache s’est notablement agran- die et allongée. Ce caractère n'ayant jamais été indiqué chez le P. vulgaris, on pouvait être fondé à croire qu’il devenait différentiel du P. coccinea. Cependant, avant de le donner comme tel, il était nécessaire de vérifier si réellement le Bouvreuil vulgaire ne l'offrait pas : or, j'ai constaté de la manière la plus certaine que ce der- nier, en vieillissant, prenait, comme le Bouvreuil pon- ceau, une tache blanche sur la rectrice latérale. Ce ca- ractère leur est donc commun. Il en est de même de l’attribut que Gérardin de Mi- recourt a cru propre au Bouvreuil ponceau : je veux parler de la bande rouge qui occupe le côté externe de la dernière des rémiges secondaires : elle n’en existe pas moins chez le Bouvreuil vulgaire; seulement elle est plus petite, la penne étant elle-même plus étroite. Du reste, chez l’un comme chez l'autre la couleur de celle bande est loin d'être fixe. Je l’ai vue en partie grise, en partie rouge, sur quelques sujets de Bouvreuil ponceau et de Bouvreuil vulgaire; et, sur d’autres, en- tièrement d’un gris cendré. Ceux-ci avaient déjà subi plusieurs mues, ce qui ferait penser qu'un pareil chan- gement est dû à l’âge. 554 REV. ET MAG. DE Z00LOGIE. (Décembre 1853.) Ainsi donc, aucun trait distinctif, tiré des couleurs, ne peut être invoqué pour différencier le Bouvreuil pon- ceau du Bouvreuil vulgaire. Sous ce rapport, ils ont des attributs communs : les teintes du plumage sont, dans l’un comme dans l’autre, exactement semblables, et ont la même distribution. Il n’en est plus ainsi lorsqu'on a égard à la taille et aux dimensions qu'offrent les divers organes. Aussi est-ce sur des caractères physiques de cette nature que repose la distinction qui a été établie entre ces deux Bouvreuils. Le P. coccinea, comme l'observation en a été faite par les naturalistes qui l’ont examiné, est plus grand, plus fort que le P. vulgaris; il a les ailes et la queue plus allongées, et les pennes en sont plus lar- ges; son bec est plus volumineux, moins court; ses tarses, ses pieds, ses ongles sont plus robustes el plus longs; en un mot, il est l’exagération du Bouvreuil vul- gaire dans toutes ses parties. Le tableau comparatif que Je donne ici fera mieux ressortir ces différences, les seules, je le répète, que l’on puisse prendre en considé- ration pour distinguer physiquement le P. coccinea du P. vulgaris. P. coccinea. P.vulgaris. Long. tot. de l’extrémité du bec à celle de la queue (maximum). . . . - 180,0 mm. 160,0 mm, Id. de l'aile pliée. . . . . . . 96,0 84,0 Id. de la queue, prise de l'insert. des rectr. médianes à leur extrémité. 73,0 60,0 3 LA EL AE (de RE RUE COPA LEE FLE 16,0 14,0 Id. du pouce, y compris l'ongle. . . 13,0 10,0 Circonférence du bec, prise à sa base 38,0 55,9 Hauteur du bec 10,0 8,0 Longueur du bec. - ... . 15,0 41,0 Comme rien, sauf la taille, ne vient à l’extérieur tra- hir une dissemblance entre le Bouvreuil ponceau et le Bouvreuil vulgaire, on a cherché si les habitudes natu- relles de ces ciseaux ne présenteraient pas quelques TRAVAUX INÉDITS. BH] particularités qui corroboreraient celles que fournissent les dimensions, et légitimeraient, par conséquent, la distinction que l’on en a faite. Il a semblé à M. de Se- lys-Longehamps que le chant du premier élait plus varié que celui du second : M. Degland, de son côté, admet qu'il est un peu plus fort. Ces mêmes auteurs ont aussi avancé que ces oiseaux, en liberté, ne se mêlaient pas: Vieillot, du reste, avait dit avant eux que le Bouvreuil ponceau faisait bande à part, quoiqu'il habitât sou- vent les mêmes contrées que le Bouvreuil vulgaire. Les observations recueillies par l’abbé Caire, observa- tions d'autant plus importantes qu’elles ont été faites en dehors de toute préoccupation, non-seulement tendent à confirmer ce dernier fait, mais elles renferment en- core quelques détails qui paraissent établir d’autres dif- férences de mœurs : je ne puis, par cela même, me dis- penser de les faire connaître. Voici donc ce que m’écri- vait l'abbé Caire à la date du 15 décembre 1852 : «Je crois vous avoir déjà dit que le Bouvreuil pon- ceau ne se rencontre, sur nos Alpes, que dans les forêts froides et élevées de sapin, toujours au revers nord des montagnes, jamais au midi, dans quelque saison que ce soit. Durant l'été, on ne le rencontre qu’en fort petit nombre, par paires isolées, et dans quelques localités seulement. En hiver, malgré la neige et les froids ri- goureux, il continue d’habiter les mêmes quartiers. Cependant, alors, on en voit quelques-uns de plus qu’en été, et ceux-ci nous arrivent, sans doute, des forêts plus froides et plus élevées de la Suisse. « Quand la neige est chez nousabondante, nous avons la visite d’un grand nombre de Bouvreuils communs, qui se répandent indistinctement au nord, au midi des montagnes el dans les plaines; mais ils nous abandon- nent tous à la fin de l'hiver, et nous ne les voyons ja- mais se reproduire dans nos Alpes. Pendant leur séjour ci, le Bouvreuil ponceau, tout en se mêlant quelquefois 556 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1855.) à eux, ne quitte pourtant pas ses forêts de prédilection, celles, je le répète, qui couvrent le revers nord des montagnes. «C’est sur les sapins, particulièrement sur les jeunes, à un mètre ou deux du sol, et dans les quartiers les’ plus boisés, qu’il établit son nid. Ce nid, construit avec peu d'art, est composé de fines racines sèches et de mousse de vieux sapins. Sa première ponte a lieu vers le milieu de juin : elle se compose ordinairement de cinq œufs. La seconde, qui est de trois à quatre seulement, a lieu vers le milieu d'août. On a quelquefois trouvé des pe- tits nouvellement éclos au commencement de septem- bre, ce qui me porterait à croire que cet oiseau doit émigrer tard, si toutefois il quitte nos montagnes. » Pour compléter ces détails, j'ajouterai que les œufs du Bouvreuil ponceau, semblables a ceux du Bouvreuil vulgaire pour la forme, la couleur et la disposition des taches, en diffèrent cependant en ce qu'ils sont notable- ment plus gros, et d’un blanc bleuâtre généralement un peu plus foncé. Le Bouvreuil ponceau est donc non-seulement origi- naire des contrées septentrionales de l’Europe, comme on le pense généralement, mais encore des régions froides de nos Alpes, et probablement aussi des Alpes suisses. Quelques sujets abandonnent parfois les hautes montagnes qu'ils habitent, et se répandent dans la Basse- Provence. Cinq, à ma connaissance, ont été capturés, à diverses époques, dans les départements du Var et des Bouches-du-Rhône. (La suite prochainement.) TRAVAUX INÉDITS. 257 Nore sur les dépôts diluviens, les sables et les marnes tertiaires d’eau douce mis à découvert lors des fonda- tions du Palais-de-Justice de Montpellier, où l’on a rencontré des débris de Singes fossiles; par Marc DE SERRES. MARNES CALCAIRES JAUNATRES D'EAU DOUCE. Animaux invertébrés. — Mollusqnes. — Acéphales ou Univalves. 4. Helix quadrifasciata. — Testà orbiculato-convexä, medio- cri, tenui imperforata ; fossulà umbilicali concavä; anfractibus sex; fasciis quatuor ornatis ; labro sub reflexo. — Diam. 0 m. 029. Nous avons rencontré plusieurs fois cette coquille avec son tèt, qui conservait encore les bandes rou- geâtres dont elle était ornée; le plus souvent elle est réduite à un simple moule intérieur. Ces moules sont fréquemment déformés par suite de la compression qu’ils ont éprouvée. 2. Helir spirata. — Testà orbiculato-depressà; grandi, imper. forata ; fossulà umbilicali vix perspicuà ; anfractibus quinque; la- bro inflexo integro; proeminente; aperturà mediocri, semi-circu- lari. — Diam, 0 m. 050. — Minori, 0 m. 0/2. Cette espèce, réduite à de simples moules intérieurs, offre à peine, dans quelques points isolés de sa surface, quelques traces de têt. Les tours qui la composent aug- mentent d'une manière assez régulière, à l'exception du dernier, qui croit rapidement auprès de la bouche. 3. Helix ferensis. — Testà globosà, umbiculatä, rotundata, parvâque; anfractibus quinis transversis, striatis; ultimo sub ca- rinato. Apertura medià sub depressà, intus marginali, — Diam. Om. 007. Cette petite Hélice a été observée dans les mêmes blocs où se trouvaient en même temps plusieurs espèces d’Auricules. 4. Auricula dentata. — Testà ovato-rotundatà sub umbilicatà, 58 REY. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1853.) longitudinaliter argutè striatà. Anfractibus septenis, supernè fui- culo rotundato instructis. Aperturà columellà biplicatà, libro crasso medio sub calloso. — Long. 0 m. 018 ad Oum. 019. 5. Auricula myotis (Voluta myotis, Brocchi, Il, 640, tab. XV, fig. 9). — Testà ovato-acutà, sub umbilicatà, longitudinaliter striatà; anfractibus novenis; columellà triplicatâ; labro erasso bi- dentato. — Loug. 0 m.020. Cette coquille est assez commune; loutefois les in- dividus bien conservés sont des plus rares, ainsi que ceux de l'espèce précédente. Ces deux coquilles diffè- rent essentiellement par leur columelle, qui est, dans celle-ci, triplissée, et sa lèvre bidentée. 6. Auricula bidentata.— Testà ovatu-oblongà, argutè longitu- dinaliter striatà ; anfractibus septenis; ultimo supernè ventricoso ; columellà biplicata; labro dilatato, margine reflexo. — Long. 0 m. 021 ad 0 m. 022. La lèvre dilatée et à bord réfléchi de cette Auricule est un caractère saillant qui suffit pour la distinguer de toutes celles de ce genre. 7. Auricula acuta. — Test elongato-turrita, sub lævi; anfrac- tibus sex; columellà biplicata ; labro tenui acuto.—Lonz.0 m.017. Ces Auricules sont généralement mal conservées. 8. Auricula myosotis affinis. — Cette espèce, rencon- trée dans les terrains d’eau douce des environs de Cette et dans les marnes jaunes lacustres, mises à découvert lors des travaux de chemin de fer, a été également ren- contrée dans divers points de cette même marne. Elle a beaucoup d'analogie avec l’Auricula myosotis, qui vit maintenant sous les pierres humides des bords des élangs salés; mais nous n’oserions dire que l’espèce des maïnes füt la même. 9. Bulimus sinistrorsus. — Testà sinistrorsà, cylindrico-tur- rità, longitudinaliter et tenuissimè striata; anfractibus septenis. — Long. 0 m. 045. Ce Bulime sinistrorse, à part la position de sa bou- che, a quelques rapports de forme avec le Bulimus de- collatus, dont il a assez le port, Comme ce Bulime il TRAVAUX INÉDITS. 999 était tronqué à sa base, lorsqu'il était parvenu à l’âge adulte. Parmi les nombreux individus de cette espèce. il en est peu de bien conservés. 10. Carychium. — Nous avions trouvé dans les mêmes marnes une petite espèce de ce genre, remarquable par l'élégance de ses formes. Cette coquille cylindrique s’é- tant brisée dans le transport, il nous est impossible d'en donner la description. A1. Paludina truncatuloides. — Cette espèce a quel- ques analogies avec le Cyclostoma truncatulum de Dra- parnaud; elle en diffère cependant par ses stries plus fortes, plus prononcées et plus obliques. 42. Paludina angulifera. — Testà conico-turrità, elongata, subtilissime striatà ; striis transversis; anfractibus planulatis ; ul- timo in medio, angulifero. Aperturà ovato aculà marginibus acu- tis ; anfractibus septenis planulatis. — Long. 0 m, 609. Cette petite Paludine est caractérisée par ses tours planes, mais anguleux vers leur partie moyenne. 15. Paludina impura affinis. — Cette Paludine a les plus grands rapports avec l’espèce vivante; mais en est- elle l’analogue? C'est ce qu’il nous serait difficile d’af- firmer. 14. Paludina globulosa. — Testà magnà spiratà, globulosà, vix umbilicata; anfractibus quinque; ultimo maximo; aperturà rotundà, margine extrorsum reflexo. Cette espèce, un peu plus grande que la Paludinæ Desnoyerii, a quelques rapports de forme avec cette es- pèce; seulement elle est plus sensiblement globuleuse. Elle est, du reste, réduite à un simple moule intérieur, comme la plupart des espèces des marnes marines jau- nâlres. 15. Paludina vivipara affinis. — Cette espèce a quel- ques rapports de forme avec celle décrite sous le même nom, et qui vit maintenant. 16. Paludina conica. — Testà parvà conica minutissimè el longitudinaliter striatà; anfractibus sex; ultimo sub-carinato; aperturà semi-lunari; labro-simplici, — Long. 0 m. 007 ad 0,008. 560 REV. ET MAG. DE ZOULOGIE. (Décembre 1853.) Cette espèce était assez abondante parmi celles que les travaux du chemin de fer de Cette ont fait découvrir dans les marnes jaunes marines. A7. Limreus succinoides. — Testà elongato acutà; anfractibus quinque ; l‘imo maximo. et secundo tribus primaribus brevibus rotundatis ; aperturà grandi ovalique. — Longitud. 0,040. Ce Limnée a quelques rapports de forme avec les Ambrettes (Succinea), dont il diffère par la disposition de sa bouche et ses autres caractères génériques. Tou- tefois, les deux derniers tours ont une étendue beaucoup plus considérable, proportionnellement aux trois pre- miers, que dans aucune autre espèce décrite. L'am- pleur de ces tours, et surtout celle du dernier, donne à cette coquille une certaine ressemblance avec les Suc- cinées. Le dernier tour n’est pas cependant assez grand pour constituer à lui seul la coquille entière, ainsi qu’on le voit chez les Ambrettes. 18. Planorbis verticilloides. — Testà rotundatà; compressà parvâ ; anfractibus quinis sub æqualibus. -- Diam. Q m. 005. Ce Planorbe a également de grandes affinités avec le Planorbis vortex de Draparnaud ; ; mais nous sommes loin de considérer les deux coquilles comme de la même es- pèce. 49, Planorbis striatus. — Testà rotundatà, compressà parvà; apfractibus quinis vel æqualibus. — Diam. 0m. 042. Ce Planorbe, remarquable par ses strics nombreuses transversales, fortes et profondes, a été trouvé dans les mêmes blocs où gisaient les Auricules. 20. Cyclostoma elegans affinis. — Ce Cyclostome, voisin de l’espèce actuelle, et commun au milieu des limons à ossements des cavernes et dans les terrains quaternaires, se rencontre également dans les marnes jaunes d’eau douce dont nous nous occupons. Il était également assez abondant dans les mêmes marnes mises à découvert lors de la confection du chemin de fer de Cette. TRAVAUX INÉDITS. 561 21. Succinea. — On a rencontré dans les marnes plusieurs espèces de ce genre, sur lesquelles nous ne sommes point encore fixé; les individus que nous avons observés étaient trop incomplels pour être déterminés avec certitude. 22. Testacella Bruntoniana. — Testà ovato-oblonga, sub con- vexa, apice retusa, sub umbilicata. — Long. 0 m. 014. Cette Testacelle se distingue de l’espèce vivante par sa plus grande taille, sa spire courte, obtuse, et enlou- rée d’une excavation umbilicale. Sa columelle, renflée dans toute l'étendue du bord gauche, sert encore à la caractériser. Nous n’avons pas rencontré cette Testacelle dans les marnes jaunâtres des fondations du Palais-de-Justice; il en a été de même des deux espèces de Cerithium que nous avons observées dans celles du chemin de fer de Cette et de dessous le Peyrou, près le jardin Clément. La première, nommée Cerithium gemmulatum, est re- marquable par les nœuds granuliformes dont elle est entourée; en voici le description : Testà parvà; turrito cylindrica; anfractibus sex nodis granifor- mis cincüis; aperturà rotundata, margiualà, cauali bievi truncato. — Long. 0 m.135. La seconde à été décrite par nous, sous le nom de Cerithium Basteroti, dans la Geognosie des terrains ter- tiaires (page 108, pl. 4, fig. 45 et 16): depuis lors, nous avons observé quelques individus qui offraient une fas- cie rougeàtre sur la série des nœuds de chaque tour de la spire. Les exemplaires où ces bandes se trouvaient n’élaient pas, pour cela, mieux conservés que ceux où elles avaient disparu. Acéphales testacés ou bivalves. Les coquilles bivalves que nous allons décrire n’ont pas été rencontrées, jusqu’à présent, dans les marnes 2° SËRE, 1. v. Année 1853. © + 5ü 562 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1855.) lacustres des fondations du Palais-de-Justice, mais seu- lement dans celles qui ont été traversées lors des tra- vaux du chemin de fer de Cette ou dans celles explorées au-dessous du Peyrou. Si nous en donnons ici la descrip- tion, c’est afin de compléter l’histoire des coquilles dé- couvertes dans les marnes d’eau douce tertiaires des environs de Montpellier. 4. Unio incerta. — Testà ovato-ellipticà tumidà medio sub de- presso. — Diam. Om. 040. Cette Unio, réduite à de simples moules intérieurs, a quelques rapports de forme avec l’Unio pictorum, ac- tuellement vivante. 2. Unio transversalis. — Testà ovali inflatà, anterius margi- nalä truncataque. Avec ces coquilles bivalves, qui vivaient, dans les temps géologiques dans les eaux douces, nous avons observé deux genres qui habitent aujourd'hui dans les élangs salés ou à l'embouchure des fleuves dans la mer. La première est une Lutraire voisine de la Lutraria compressa, actuellement vivante dans les lieux que nous venons d'indiquer. La Lutraire fossile est à peu près réduite à de simples moules intérieurs; ensorte que nous n'oserions affirmer qu'elle appartient réellement à l’es- pèce actuelle. La coquille fossile a toutefois la même forme générale, un têt aussi mince, des stries concen- triques et transversales, enfin la grande fossette cardi- nale propre au genre Lutraire. Les dimensions de l’espèce des marnes jaunâtres ont paru à peu près constantes dans les individus que nous avons recueillis; elles sont généralement au-dessous de celles de l’espèce vivante. Les mêmes marnes ont enfin présenté une valve d’un petit Mytilus entièrement lisse. Si nous trouvons, plus tard, des individus complets, nous en donnerons la des- cription; peut-être l’étude de cette espèce nous prou- vera qu'il en est d’elle, comme de plusieurs autres du s | = TRAVAUX INÉDITS. bG3 même genre, qui vivent à l'embouchure des fleuves. Animaux vertébrés. Les marnes jaunes d’eau douce recelaient, en outre, divers débris d'animaux vertébrés; ces débr's avaient appartenu à des Mammifères de plusieurs ordres : aux Carnassiers, aux Rongeurs, aux Pachydermes et aux Ruminants. La première espèce est un rongeur du genre Castor. Ce genre y a élé indiqué par une portion assez consi- dérable de la mâchoire inférieure et une molaire Nous avons eu d'autant moins de doutes à cet égard que déjà, et lors des fondations de la Faculté des Sciences de Montpellier, nous avions rencontré différents fragments de maxillaire de Castor munies de leurs molaires. Les cavernes de Lunel-Vieil nous avaient offert antérieure- ment des porlions de maxillaire du même genre avec leurs incisives. Le genre Castor a donc vécu dans les contrées méridionales de la France pendant les périodes tertiaire et qualernaire (new-pliocène et pleistocène:, comme il vit maintenant dans les eaux du Rhône; mais l’espèce des temps géologiques ne paraît se rapporter à aucune de celles actuellement existantes. L'ordre des Rongeurs a été également représenté dans les mêmes formations par une famille qui est ex- trêémement commune dans les terrains du jeune plio- cène, aussi bien que dans ceux des formations quater- ternaires. Cette famille est celle des Léporins, parmi laquelle le genre Lièvre (Lepus) est essentiellement do- minaut. Ces débris se rapportent à des restes de mà- choires; la forme naviculaire des lobes de ses dents mo- laires a paru suffisante à M. Gervais pour établir, sur ce caractère, une nouvelle espèce à laquelle il a donné le nom de Lepus loxodus. Les Pachydermes ont été représentés dans les mêmes 564 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1853.) marnes par différents débris du genre Rhinocéros. Ces restes se rapporlent à des dents molaires inférieures, mais pas assez bien caractérisées pour asseoir sur elles une détermination spécifique. Les Ruminants ont élé signalés dans ces terrains par différents fragments osseux du genre.Cerf. Ce sont: 1° une dernière molaire inférieure; 2° une portion de la seconde verlèbre cervicale; 3° divers fragments de bois, dont plusieurs sont munis de leurs andouillers. M. Gervais a rencontré, dans les mêmes marnes d’eau douce, des débris de Singes qui se rapportent plutôt au genre Semnopithèque qu'au Macaque. IL le désigne sous le nom de Semnopithecus monspeliensis. Les débris de celte espèce consistent en trois dents (deux molaires et une canine). La canine est une inférieure du côté droit; les molaires, également inférieures, sont la troi- sième du côté droit et celle du côté gauche. On a égale- ment découvert dans les mêmes terrains plusieurs frag- ments de eubilus et de radius qui semblent avoir ap- partenu à la même espèce. Le Singe de nos localités n’est point certainement le même que celui observé par M. Lartet dans le département du Gers Ce dernier, avec le Singe trouvé par M. de Christol dans les sables marins terliaires supérieurs des environs de Montpel- lier, étaient les seules espèces de Quadrumanes connues jusqu’à présent en France. Ces terrains d'eau douce, probablement fluviatiles, appartiennent au new-pliocène, puisqu'ils sont supé- rieurs aux sables marins et au calcaire moellon. Le grand nombre de débris d'animaux qu’ils renferment mérite d'attirer l'attention des géologues. Les vertébrés sont toutefois bien inférieurs en nombre aux inverté- brés. Le premier de ces embranchements est représenté par un genre bien rare, du moins jusqu’à présent, parmi les fossiles. Ce genre se rapporte aux Semnopithèques - TRAVAUX IXÉDITS. 569 de l’ordre des Quadrumanes, genre qui vit aujourd'hui en Afrique. Ainsi, le nombre total des vertébrés découverts dans les sables et les marnes tertiaires d’eau douce dont nous venons de nous occuper est de six genres, et au plus de sept espèces. Celui des invertébrés comprend qua- torze genres et trente et une espèces, ce qui prouve que le type spécifique est plus varié dans l’embranchement le plus simple que dans le plus compliqué. Ces débris organiques ont élé trouvés à peu près dans les marnes d'eau douce mises à découvert lors des fon- dations du Palais-de-Justice. Les mêmes marnes en ont offert une foule d’autres, mais dans des localités diffé- rentes de celles qui font l'objet de cette note. Nous ne les décrirons pas ici, pour ne pas donner à ces recher- ches une trop grande étendue. Si les fouilles faites à l’occasion du Palais-de-Justice avaient été poussées à de plus grandes profondeurs, elles auraient fait découvrir de nouvelles espèces qui auraient donné à ce travail un plus grand intérêt. Il nous parait toutefois, malgré son imperfection, digne de l'attention des physiciens, qui se plaisent aux détails de l’histoire des générations qui nous ont précédé ici-bas. Essar sur les animaux articulés qui habitent l'ile de Crète, par M. H. Lucas. (Voir page 461.) INSECTA. CoceortEenra. 50. Cicindelaconcolor, Dej. Iconogr.1""édit.t, 1, p.42, n° 2, pl. 3, fig. 3 (1822). Ejusd. Iconogr. ou Hist. nat, des Coléopt. d'Europe, tom. 1, p. 19, n° 5, pl. 2, fig. 5 (1839). Ejusd, Spéc. génér des Coléopt. suppl. L. 5, 066 REV. ET MAG. DE Z00LOGIE. (Décembre 1853.) p. 226, n° 155 (1851). Cicindela Rouxu, Barth. Ann. de la Sociét. Ent. de France, 1" série. tom. 4, p. 600, pl. 17, fig. 2 (1855). — Long. 55 millim.; larg. 7 mil- lim. (femelle). On ne connaissait encore que le mâle de cette remar- quable espèce. La femelle diffère du mäle par une taille plus grande, par les bandes transversales bleues du thorax, qui sont moins largement accusées, et par Pé- cusson, qui est plus fortement teinté de cuivreux rou- geâtre. Les élytres sont beaucoup plus larges, et ces organes, un peu avant leur milieu, présentent sur leurs bords latéraux une expansion assez sensiblement mar- quée. L'abdomen, de mème couleur que chez le mäle, est aussi beaucoup pius large. Dejean cite cette espèce comme ayant été prise dans l'ile de Crète par Olivier, et, dans la description qu’il donne de cette jolie Cicindèle, il n’a fait connaitre que le mâle. C’est cette même espèce qui a été décrite par M. Barthélemy sous le nom de C. Rouxii, et qui a été prise en Syrie : elle forme une variété remarquable par sa couleur, d’un cuivreux verdâtre. Mais je ferai remar- quer que cette variété appartient aux collections du Mu- séum de Paris, et qu’elles possèdent un individu mâle de cette espèce qui a été pris dans l’île de Rhodes. L'individu unique qui a été rencontré dans l'ile de Crète par M. Raulin est une femelle; il a été pris dans la plaine de Messara. 51. Cicindela Olivieri, Brullé, Expédit. scient. de Morée, Zool. t.3, 1" partie, p. 114, n° 99, pl. 55, fig. 1 (1832). Cette espèce, décrite par M. Brullé, est citée par cet entomolosiste comme ayant été prise dans les environs du vieux Pylos. Elle habite aussi l’île de Crète, où M. Raulin en a rencontré un individu dans le pays de Rétimo. 52. Cicindela littoralis, Fabr. Entom. syst. t. ?, p. TRAVAUX INÉDITS. 567 479, n° 45 (1799). Ejusd. Syst. Eleuth. t. 1, p. 205, n° 17 (1804). Lucas, Hist. nat. des Anim. art. de l'Al- gérie, t. 2, p. 6, pl. 1, fig. 5 (1849). Cicindela barbara (var.) de Casteln. Hist. nat. des Ins. coléopt. t. 1, p.18, n° 129 (1840). Le seul individu de cette espèce qui ait été rencontré dans l’île de Crète forme une variété assez curieuse par sa taille plus petite, et surtout par sa forme très-étroite. Les élytres sont aussi d’un vert moins bronzé, avec la tache blanche en croissant à l’angle de la base plus étroite et divisée postérieurement; les quatre points du milieu sont disposés de même que dans l’espèce type, seulement les deux situés au côté interne sont moins arrondis, surtout le postérieur, qui est ovalaire et pres- que transversal. Cette espèce a été prise dans la plaine de Messara. Elle se plait aussi sur les plages sablon- neuses de la Canée. 93. Procrustes Banonü, Dej. Iconogr. ou Hist. nat. des Coléopt. d'Europe, t. 1, p. 282, n° 17, pl. 55, fig. 3 (1829). Ejusd. Spéc. génér. des Coléopt. suppl, t. 5, P- 950, n° 7 (1851). Ce Procrustes, qui est commun dans lesiles et sur le continent de la Grèce, habite aussi l’île de Crète, où 1l en a été rencontré trois individus, particulièrement dans les régions basses du mont Ida et de Mylopotamos. 54. Zabrus grœæcus, Dej. Spéc. génér. des Coléopt. t. 5, p. 449, n° 8 (1825). Brullé, Expédit. scient. de Morée, Zool., 4" partie, t. 3, p. 124, n° 198, pl. 35, fig. 5 (1832). Rencontré une seule fois dans l’île de Crète, dans le pays de Kissamos. Suivant Dejean, cette espèce ne serait pas très-rare en Grèce. M. Brullé cite aussi ce Zabrus comme ayant été pris par lui en Messénie. 59. Ocypus (staphylinus) olens, Müll. Faun. ins. Fridr. p. 25, n° 298 (1761). Fabr. Mantiss. ins. t. 1, p. 219, 68 REV. ET MAG. DE Z00LOGIE. (Décembre 1853.) n° 14 (1787). Ejusd. Syst. Eleuth. t. 2, p. 591, n° 8 (1801). Erichs. Gener. et spec. Staph. pars prima, p. 455, n° 1 (1840). Staphylinus maxillosus, Schranck, Enum. Ins. austr., p. 250 et 454 (1781). Staphylinus maior, Deséer, Mém. pour serv. à l’Hist. nat. des Ins., t. 4, p. 17, n°5 (1774). Cette espèce, abondamment répandue dans toute l'Europe, en Algérie, et même à Ténériffe, habite aussi l'ile de Crète. M. Brullé l’a rencontrée aussi très-com- munément dans toute la Morée. 56. Dytiscus circumflexus, Fabr. Syst. Eleuth. t. 1, p. 254 (1801). Aubé, [conogr. ou Hist. nat. des Coléopt. d'Europe, 1. 5, p. 65. pl. 8. fig. 1 (1836). Dytiscus fla- voscutellatus, Lalr. Gener. Crust. et [ns. t. 1, p. 251 (1806). Dytiscus flavomarginatus, Curtis. Brit. Entom., p. 99 (1824). Habile les mares et flaques d’eau des environs de Can- die et de Gonia, ainsi que les sources de Sélino. 57. Luccophilus (Dytiscus) minutus, Linn. Syst. nat. t. 2, p. 267 (1767). Aubé, Iconogr. ou Hist. nat. des Coléopt. d'Europe, t. 5, p. 215, pl. 95, fig. 2 (1836). Dyliscus obscurus, Panz. Faun. germ. Fasc. 56, tab. 5 (1789). Dytiscus interruptus, Steph. Illustr. of Brit. Entom. t. 2, p. 64 (1827). Cette espèce a été rencontrée dans des flaques d’eau aux environs de Gonia. 58. Julodis Olivieri, de Casteln. Rev. Entom. de Gust. Silberm. t. 3, p. 161, n° 17 (1835). De Casteln. et Gory, Hist. nat. et Iconogr. des Coléopt. t. 1, p. 29, pl. 8, fig. 55 (1837). Co Buprestien, décrit par M. le comte de Castelnau, est cité par cet entomologiste comme ayant élè pris dans l'ile de Scio par feu Olivier. Cette jolie espèce habite aussi l’île de Crète, où un individu a été rencontré dans les rézions boisées du mont Ida. 59. Capnodis (Buprestis) cariosa, Pallas, Iconogr. In- # Zeb etMWag. de Zoologie LL. 19 : Telephorus fiarcgpes, rucms 3 Iedyphanes œérpenni 5 Lvgœus eee, sue Ch ] 4 LL Pimelia #inos, rues Hedyphanes seoproites, rues Issus padipes. Lucas | 5, L'arus TRAVAUX INÉDITS. 269 secl., p.66, pl. D, fig. 6 (1781). Fabr. Mantiss. Ins. t. 1, P 182, n° 65 (1787). Ejusd. Syst. Eleuth. t. 2, p. 205, n° 108 (1801). Brullé, Expédit. scient. de Morée, Zool., t. 5, 1° partie, p. 151, n° 17, fig. à la page 29 (1852) ne Casteln. D +0 Hist. nat. et l Iconogr. des Coléopt. 4, p. 3, pl. 4, fig. 2 (1841). Buprestis bruttia, Petagna, Se Ins. Calabr. p. 22, n° 108, pl. 1, fig. 20 (L78G). Ejusd. Entom. t. 1, p. 265, n° 6 (17992). Buprestis tene- brionis, Cyril. Entom. Neap. pl. 1, fig. 15 (1787). Pris une seule fois aux environs de Candie. 60. Cœrobus (Buprestis) rubi, Linn. Syst. nat. L. 1, pars prima, P 661, n° 14(1767). Fabr. Mantiss. Ins. t. 1, p. 189, n° 66 (1787). Ejusd. Syst. Eleuth. £. 2, p. 207, n° 115 (1801). De Casteln. et Gory, Hist nat. el Iconogr. des Coléopt. t. 2, p. 7, pl. 2, $. 10 (1841). Mordella nebulosa, Scopoli, Ann. Hist.nat. te 5, p.104, n° 86 (1772). Cette espèce a été rencontrée dans les environs de Candie, particulièrement sur le bas plateau d’Apoko- rona. Suivant M. Brullé, ce Buprestien habite aussi les environs de Sparte. 61. Ludius (Elater) Theseus, Germ. Reis. nach Dal- mat. p.218, 200, pl. 10. fig. 5 (1811). Germ. Zeistchr. für die Eniom. t. 4, p. 47, n° 1 (1843). Il a été rencontré un seul individu de cette grande et belle espèce, qui a été pris dans les environs de Rétimo, où est cultivé le Quercus ægilops. Cet Elatéride, jusqu’à présent, n’asail encore été signalé que comme habitant la Dalmatie. 62. Cratonychus brunnipes, Germ. Ins. Spec. p. 4, n° 67 (1824). Erichs. in Germ. Zeitsch. für die Entom. 1. 3, p. 91, n°2 (184). Elle habite les environs de Gonia. 63. Telephorus fuscipes, Lucas. — Long. 8 millim., lat. 2 millim, 44, pl. 19, fig. 4. — T.rufus; anteunis fusces- centibus, primo articulo rufo; thorace suprà lusco-nitido, iu 570 REV. ET MAG. DE Z0O0LOGIE. (Décembre 1853.) medio rufescente, infrà omnino nigricante; scutello nigricante: elytris rufescentibus, subtilissimè graaariis; sterno nigro-uitido; pedibus rufescentibus, coxis, trocanteribus tarsisque fuscis ; abdomine omnino rufescente. Elle est plus petite et plus étroite que le T barbarus, tout à côté duquel ceite espèce vient se placer. La tête, d'un ferrugineux brillant, est sensiblement convexe antérieurement, et présente dans son milieu, entre les antennes, une dépression longitudinale assez profondé- ment marquée. La lèvre supérieure, les mandibules, les mächoires et la lèvre inférieure sont d’un roussâtre clair; Pextrémité des mandibules est brune, et la par- tie antérieure de la lèvre supérieure bordée de quelques poils ferrugineux, courts, placés çà et là. Les yeux sont noirs. Les antennes tomenteuses sont d’un brun clair, avec le premier article roussâtre. Le thorax, plus long que large, légèrement rétréci vers sa partie antérieure, est d’un brun brillant; le bord supérieur et la base sont ferrugineux ; il est déprimé de chaque côté de ses par- ties latérales, ainsi que dans son milieu, avec les sail- lies longitudinales d’un roux brillant; en dessous, il est d’un brun foncé. L’écusson est noïrâtre. Les élytres, allongées, étroites, sont roussâtres et très-finement chagrinées; elles sont très-finement rebordées, cou- vertes de poils testacés, courts, peu serrés; les épaules sont très-saillantes et lisses. Tout le sternum est d'un noir brillant. Les pattes sont roussâtres, avec les han- ches, les trochanters et les tarses d’un brun foncé. L’abdomen est roussâtre. Cette espèce ne pourra être confondue avee le T. bar- barus, Fabr., à cause de la Lète, des organes de la man- ducation, des fémurs et de l'abdomen, qui sont ferru- gineux au licu d'être noirs. Elle a été rencontrée dans les régions boisées du mont Ida. 64. Dasytes nobilis, Hlig. Koef. Pruss. t. 1, p. 309 (1798). Brullé, Hist. nat. des Ins. t. 6, p. 165, ais TRAVAUX IXÉDITS. 71 (1837). Melyris eyaneus, Oliv. Entom. t. 2, n° A, p. 8, pl. 2, fig. 9 a, b, e, d (1790). Assez commun dans l'ile de Crète, particulièrement aux environs de Candie, de Sitia et de Mylopotamos. Cette espèce habite aussi la Messénie et lArcadie. 65. Dasytes (Danæcæa?) rufitarsis, Lucas. — Long. À millim. 3l4, lat. 12 millim. — D. viridi-æneus, nitidus, testaceo-pilosus ; capite thoraceque punctalis, hoc suprà convexo, lateribus subti- lissimè denticulatis; elyt:is angustis, densè punctatis : sterno ab- domineque nigro-nitidis, laxè regulariterque punctatis; antennis fusco-rufescente nitidis, artieulo primo tribusque ultimis nigri- cantibus; coxis, femoribus nigro-nitidis, tibiis tarsisque testa- ceo-rufescentibus. D'un vert bronzé brillant. La tête, couverte de points assez forts et serrés, est sensiblement déprimée dans sa partie médiane, entre les yeux, et présente des poils teslacés très-courts, peu serrés, qui se dirigent dans tous les sens. La lèvre supérieure est d’un noir roussà- tre, arrondie à sa partie antérieure, où lon voit quel- ques poils noirâtres placés çà et là. Les mandibules, les palpes maxillaires et labiaux, ainsi que la lèvre in- férieure, sont d’un noir roussätre. Les antennes sont d'un brun roussâtre brillant, avec le premier article et les trois derniers roussâtres ; elles sont couvertes de poils testacés très-courts, et dépassent le thorax lors- qu’elles sont placées sur les parties latérales de cet or- gane. Le thorax, plus long que large, plus étroit à sa partie antérieure qu’à sa base, est assez convexe et ar- rondi en dessus; il est couvert de points très-gros, peu serrés, el qui donnent naissance à des poils testacés, couchés et à direction postérieure ; il est arrondi sur ses parlies lalérales, qui sont très-finement denticulées; l'écusson est lisse et arrondi à sa base Les élytres, assez allongées, étroites et sensiblement saillantes vers la partie humérale, sont couvertes de points assez forts, moins profondément marqués, mais plus serrés que ceux de Ja tête; elles présentent des poils testacés, 272 REV. ET MAG. DE ZOOLOGE. (Décembre 1855.) courts, couchés, à direction postérieure et qui parais- sent aussi plus serrés que ceux du thorax. Le sternum et l’abdomen sont d’un noir brillant et offrent une ponctuation très-fine, peu serrée et régulièrement dis- posée; on y voit aussi des poils testacés très-courts et qui prennent naissance des points qui forment cette ponctualion. Les pattes sont courtes, avec les tibias d’un noir brillant, les fémurs el les tarses d’un testacé rous- sâtre. Cette espèce, que nous rangeons avec doute dans le genre Danacæa de M. de Laporte, in Revue entomo- log. de G. Silbermann, p. 31 (1856), a été rencontrée sur des Ombellifères, aux environs de Candie et dans la plaine de Messara. 66. Silpha orientalis, Brullé, Expédit. scient. de Morée, Zool., t. 5, 1* partie, p. 461, n° 250 (18392), Kuster, die Kafer Europ. 4, 64 (1851). Il n’a été rencontré qu’un seul individu de cette es- pèce dans les environs de Rétimo. Ce Silpha n'avait encore été signalé que comme habi- tant PArcadie. 67. Anthrenus molitor, Aubé, Ann. de la Sociét. n- tom. de France, 2° série, t. 8, p. 599 (1850). Cette espèce, qui est de la taille et de la forme des petits exemplaires de l’A. varius, est noire et entière- ment couverte de petites squames d’un blanc jaunâtre, très-serrées; les antennes sont entièrement noires, de onze articles, avec la massue triarticulée. Elle a été prise sur des Ombellifères, dans la plaine d’Apokorona et de Kissamos. 68. Berosus affinis, Brullé, Hist. nat. des Ins. t.5, p. 285 (1851). Mulst. Hist. nat. des Coléopt. de France, Palpicornes, p. 109, n° 4 (1844). Hydrophilus luridus, Oliv. Entom. t. 5, n° 39, p. 15, pl. 1, fig. 3 4, b, e, [ (1795). TRAVAUX INÉDITS 973 Rencontré dans les flaques d’eau, aux environs de Candie ; elle habite aussi les sources de Sélino. 69. Phylidrus (Hydrophilus) melanocephalus , Oliv. Enton. t.5, 59, p. 14, 10, pl. 2, fig. 12, a, b (1795). Fabr. Syst. Eleuth., t. 4, p. 255, n° 25 (1801). Brullé, Hist. nat. des Ins. t. 5, p. 278 (1851). Mulst. Hist. nat. des Coléopt. de France, Palpicornes, p. 157, n° 1 (1844). Pris dans une flaque d’eau, aux environs de Sélino. 70. Ateuchus (Scarabœus) sacer, Linné. Syst. nat. t. 1,p. 457, n° 14 (1758). Ejusd. Mus. Lud. ulric. p. 15, n° 11 (1764). Fabr. Syst. Eleuth. t. 1, p. 54, n° 1 (1801). Scarabœus sacer, Mulst. Hist. nat. des Coléopt. de France, Lamellicornes, p. 45, n° 1 (1849). Assez commun dans toute l’île de Crète. T1. Aleuchus pius, Hig. Mag. für insect., t. 9, p. 2092, n° 1 (1803). Sturm, Deutsch. Faun., t. 1, p. 66, n°1, pl. 10, fig. a (4805). Brullé, Expédit. scient. de Morée, Zool., 1. 3, 1" partie, p. 105, pl. 58, fig. 2 (1832). Erichs. Ins. Deutschl., tom. 5, p- 752, n°4 (1847). Il n’a été rencontré qu’un seul individu de cette es- pèce, qui a été pris sur le bas plateau de Sitia. 12. Ateuchus variolosus, Fabr. Syst. Eleuth., L. 1, P. 56, n° 4 (4801). Oliv. Entom., t. 4, n° 5, p. 151, n° 184, pl. 8, fig. 60 (1789). Il est assez commun dans l’île de Crète, particulière- ment aux environs de Candie et dans la plaine de Mes- sara. 15 Oryctes grypus, Nig. Mag. für Insect., t. 2, p. 212 (1805). Mulst. Hist. nat. des Coléopt. de France, Lamellicornes, p. 973, n° 1 (1842). Pris aux environs de Sélino. Il n’a été trouvé qu'un seul individu de cette espèce. 74. Pentodon (Scarabæus) idiota, Herbst, naturs. Insect., t. 2, p.164, pl. 17, fig. 4, n° 101 (1789). 574 MEV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1853.) Gootrupes monodon, Fabr. Suppl. Entom. Syst., p. 19, n° 50 (1798). Sturm, Handb., pl. 1, fig. 8, c (1800). Fabr. Syst. Eleuth., t. 1 p. 17, n° 55 (1801). Du- ftsch. Faun. Austr., 1. 1, p. 77, n° 2 (mäle) (mâle et femelle) (1805). Schonherr, Syn. Ins , t. 1,-p. 48, n° 80 (1806). IMig. Mag. für Insect., t. 1, p. 511, n° 55 (1807). Pentodon monodon, Burm. Handb. der Entom., t. 5, p. 10%, n° 4 (1847). Mulst. opusc. Entom., 4* cah., p. 15 (1852). Se plait dans les lieux arénacés aux environs dela Canée. 75. ÆEpicometis (Scarabœus) hirtella, Linn. Syst. nat. t. 1,p.2, p. 556 (1767). Cetonia hirta, Fabr. Syst. Entom., p. 50, n° 56 (1775). Oliv. Entom., t.1, g. 6, p. 6, fig. 56 a, 6 (1789). Herbst, naturs. Insect., t. 5, p. 240, pl. 30, fig. 6 (1790). Panz. Faun. Germ. fase. 1, pl. 5 (1793). Fabr. Syst. Eleuth., t. 2, p. 155- (1801). Gorvet Perch. Monogr. des Cét., p. 280, pl. 56, fig. 5 (1855) Burm. Handb. der Entom., t. 5, p. 455 (1842). Mulst. Hist. nat. des Coléopt. de France, La- mellicornes, p. 577 (1842). li a été rencontré plusieurs individus de cette espèce, qui n’est pas très-rare, aux environs de Candie, dans la plaine de Messara et sur les bas plateaux d’Apokorona et de Kissamos. 16. Oxythyrea cinctella, Schaum, Analecta, p. 38 (1841). Burm., Handb. der Entom., t. 3, p. 428 (1842). Cetonia albella, Wlig. Ucbersetz. von Olivier, t. 2, p. 166 (1802). Cetonia variegata, Gory et Perch., Monogr. des Cét., p. 294, pl. 57, fig. 5 (1833). Elle a été trouvée dans les mêmes lieux que la précé- dente. 17. Trox hispidus, Laich. Tyrol. Ins., t. 1, p.30, n° 2 (1781). Mulst. Hist. nat. des Coléopt. de France, Lamellicornes, p. 330, n° 2 (1842). Trox luridus, Rossi, Faun. Etrusc., t, 1, p. 17, n° 59 (1790). Trox niger, TRAVAUX IXÉDITS. 75 Rossi, Mant., t. 1, p. 9, 12, pl. 2, fig. m, et t. 2, ap- pend., p. 128 (1792). Trox arenurius, Payk. Faun. Insect., t. 1, p. 80, n° 2 (1800). Trox arenosus, Gyl- lenh. Ins. Suec., 1. 1, p. 11, n° 2 (1808. Se plait sous les pierres, aux environs de Rétimo. 78. Pimelia minos, Lucas. — Long. 15 à 46 millim., lat. 9 millim. 514, pl. 19, fig. 2. — P. nigra, angusta, minùs convexa quäm P. subglobosa; capite thoraceque distinetè laxèque granu- losis:; elytris utrinque bicostatis, distinctè tuberculatis inters- tiliis nitido-granulosis; sterno abdomineque laxe distinctèque gra- nulosis. Elle ressemble à la P. subglobosa, mais elle est plus étroite, surtout moins bombée et d’un noir brillant. Elle est entièrement noire. La tête, moins convexe que dans la P. subglobosa, est couverte d’une granulation plus forte, plus distinctement accusée, avec son bord antérieur plus profondément excavé et le bourrelet que présente ordinairement celte partie bien moins saillant. La lèvre supérieure, au lieu d’être granulée, comme chez la P. subglobosa, est profondément ponctuée, et sa parlie antérieure, au côté interne, est bordée de poils rougeàtres, courts et serrés. Les mâchoires, les man- dibules et la lèvre inférieure, sont noires : celle-ci moins profondément granulée que dans la 2. subglo- bosa ; les palpes maxillaires et labiaux sont noirs, avec les derniers articles rougeàtres. Les antennes sont cou- vertes de poils très-courls, rougätres, parmi lesquels on en aperçoit d’autres plus allongés, mais de couleur noire. Le thorax, un peu plus large et plus convexe, présente une granulation plus forte et plus distincte- ment marquée que chez la P. subglobosa, où les granu- les sont obscurément indiqués. L’écusson, plus large que long, est ovalaire et non triangulaire, comme dans le P. subglobosa. Les élytres, moins larges et moins bombées surtout que chez celte espèce, sont plus dis- tinctement tuberculées, et, entre ces tubercules, qui sont d’un noir mat, on aperçoit des granules très-pelits 576 HEV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1853.) et d’un noir brillant; elles présentent de chaque côté deux saillies longitudinales finement tuberculées et qui atteignent presque la base de ces organes; quant à la suture, qui est assez saillante, elle est lisse, eLily a même des individus qui, de chaque côté de cette su- ture, présentent deux petites saillies longitudinales for- mées par des tubercules plus gros et régulièrement disposés. Les fémurs sont finement granulés, avec les tibias couverts de tubercules spimformes. Le sternum et l’abdomen présentent une granulation assez forte et peu serrve. Outre que cette espèce est moins bombée ct plus étroite qu: la P. subylobosa, elle s'en distingue encore par les granulations de son.thorax, par les tubercules de ses élytres, qui sont plus saillants, avec les inter- valles non chagrinés, et enfin par le sternum et l’abdo- men, qui, au lieu d'être fortement chagrinés, présen- tent, au contraire, une granulation fine, peu serrée, et distinctement marquée. Elle habite les lieux arénacés, particulièrement les environs de la Canée, de Candie et de Rétimo. 79. Erodius orientalis, Brullé, Expédit. scient. de Morée, Zool. t, 5, 1" part., p. 192, n° 336 (1832). So- lier, Ess. sur les Coléopt. Hétérom. Ann. de la Soc. Entom. de France, 1" série, tom. 3, p. 565, n° 36 1834). . Elle n'est pas rare sur les plages sublonneuses des environs de la Canée; elle habite aussi les environs de Coron, où elle a été découverte par M. Brullé. {La suile prochainement.) II. SOCIETÉS SAVANTES. ACADÉMIE Des SciENCES DE PARIS. Séance du 28 Novembre 1853.—S. A. Charles-L. Prince SOCIÈTÉS SAVANTES. 571 Bonaparte lit un remarquable travail ornithologique ayant pour titre : Notes sur les collections rapportées en 18553 par M. À. Delattre, de son voyage en Californie et dans le Nicaragua. — Première communication : Perroquets et Rapaces. « Il est, comme des natures d'élite, des natures infa- tigables dans la poursuite des sciences et des beaux- arts. M. Delattre, voyageur naturaliste connu par ses beaux albums et par les nombreuses découvertes de ses précédents voyages en Amérique, est à peine de retour d'une récente expédition, qu'il se dispose à en entre- prendre une nouvelle. Le plan en est hardiment conçu, et les résultats ne peuvent être que d'une haute impor- tance. En attendant, l'expédition qu'il vient d’accom- plir, quoique beaucoup moins heureuse que les prévé- dentes, offre pour l’ornithologie un intérêt remarqua- ble. Nous croyons utile de donner un catalogue rai- sonné des espèces qu'il a récoltées, tant sur mer que pendant son séjour en Californie et dans le Nicaragua, isthme dont l’insalubrité éloigne les naturalistes ; les plus intrépides seuls bravent les innombrables diffi- cultés du sol et du climat. » Après ces préliminaires, le savant Prince entre en matière, en passant en revue les espèces qui ont été ré- collées par M. Delattre. C’est là que brille la profonde érudition du zoologiste éminent à qui la science doit tant d'excellents travaux. Chaque espèce connue est le sujet d’une dissertation synonymique plus où moins étendue, de remirques géographiques et de rapproche- ments d’un haut intérêt, et, dans des notes souvent très-étendues, le savant académicien fait connaître des oiseaux nouveaux qui ont des affinités plus ou moins grandes avec ceux dont il parle, quoiqu'ils n’aient pas été rapportés par M. Delattre. Nous regrettons bien vivement de ne pouvoir repro- duire ce remarquable travail, que les ornithologistes 2° séme. Tr. v. Année 1853. 37 578 REV. ET MAG. DE Z00L0G. (Décembre 1853.) étudieront avec grand fruit; son étendue dépasserait les limites que nous pouvons consacrer au Compte rendu des travaux publiés, el son analyse est impos- sible. Nous nous bornerons donc à réproduire les dia- gnoses des espèces nouvelles, à mesure qu’il s'en pré- sentera. «Ayant de quitter les Falconides, disons que M. Fon- . fainier vient d'en rapporter une espèce qui devra porter son nom (Accipiter Fontaimeri) si elle est nouvelle. J'hésite seulement à cause de la variabilité des couleurs de ces oiseaux et de la ressemblance du nôtre au Falco tinus de Latham, quant aux formes et à la grandeur. I n’est, en effet, guère plus grand que ce pygmée des Autours, et nous offre seulement une queue plus allon- gée, mais coupée tout aussi carrément, et des ailes pour le moins aussi courtes. Voici, du reste, la phrase qui caractérise évidemment un Jeune Accipitrien du sous-genre Jeraspixia. «Castaneus nigricante nebulosus ; subius rufo-cinnamomeus, in gula pure albicans, in pectore lateribusque albido et fusco-rufo undulatus : femoribus magis rufescentibus obsolete fasciolatis; pileo, cervice, remigumque apicibus fusco-chocoladinis : remigi- bus rectricibusque rufis nigro-fasciatis : rostro parvo, nigro, late- ribus flavescente : pedibus flavis, unguibus uigris, » MM. Verreaux possèdent dans leur grandiose éta- blissement une autre espèce nouvelle d’Accipiter de l'Amérique du Sud, fort semblable à l'Épervier com- mun, mais cependant en différant bien plus que l’Ac- cipiter erythronemius de Gray. Ce sera Accipiter casta- nilius, Bp. Minor Accipitris nisi : «Fusco-ardesiacus, alis brevissimis, eapite, cervice, et colli la- tribus paullo dilutioribus : superciliis nullis : gula abdomineque medio albis cinereo-uebulatis: übiis, lateribusque latissime, casta- neo-ferrugincis : pectore, abdomineque albo, fusco, castaneoque undulato-fasciatis : tectricibus alarum inferioribus albis fusco-ma- culalis : remigibus fuscis, subtus albido late fasciatis : cauda ro- tundata; rectricibus nigricantibus maculis fascialibus in pogonio interno, et apice extremo, caudidis; sublus griseis nigricante fas- SOCIÉTÉS SAVANTES. 979 cialis; extima utrinque supra fusca, subtus grisea, unicolure ; ros- tro parvo nigro : pedibus flavis, unguibus nigerrimis. » — M. Brainard présente un travail ayant pour titre: Expériences sur le venin des serpents à sonnetles : effets de ce venin et moyen de neutraliser son absorption Les expériences ont été faites en général sur des pigeons. Les serpents appartenaient Lous à l'espèce du Crotalophorus trigeminus , espèce dont les morsures passent pour être moins dangereuses que celles d’autres Crotales, ce qui s’expliquerait peut-être par leur moindre taille. L'auteur décrit les symplômes qu’il a observés chez les animaux mordus et les résultats des altérations que lui a fait connaître l’autopsie cadavérique Parmi ces derniers faits, il faut signaler : 1° un changement dans la forme des globules rouges du sang qui, chez les animaux morts à la suite d’une morsure, paraissent s'être rapprochés de la forme sphérique ; 2° l’abon- dance des corpuscules blancs qui se groupent entre eux et forment des masses mamelonnées ; 3° quaud la mort n’a pas élé rapide, l’état très-prononcé de la liquidité du sang contenu dans les cavités du cœur. Chez les Mammifères , on a remarqué aussi, dans les cas où la mort ne survient pas promptement, qu’il y a tendance aux hémorragies par les muqueuses, et quelquefois ap- parition sur la peau de taches pétéchiales. Parmi les symptômes observés pendant la vie, un des plus apparents, et qui est, chez les pigeons, très-facile à observer, c’est la constriction de la glotte. La trachéo- tomie, si utilement employée dans les cas d’empoison- nement par la strychnine, se trouvait très-naturellement indiquée. Elle a eu pour résultat de retarder la mort, mais non de la prévenir. L'action des ventouses appliquées sur les points mor- dus a agi dans le même sens et a semblé même plus ef- ficace, mais encore insuffisante. Toutefois l'application 580 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1853.) des ventouses, en retardant l’absorption du poison, donne le temps de faire pénétrer par infiltration, dans la plaie et dans les parties environnantes, des sub- stances médicamenteuses. Celles que M. Brainard a es- sayées sont le lactate de fer et l’iodure de potassium, l’un et l’autre à l’état de solution aqueuse. On les fait pénétrer à l’aide d’une petite seringue convenablement disposée. Au moyen de ces deux substances employées en temps utile et avec les précautions nécessaires, on a, dans le plus grand nombre des cas, sauvé la vie d'animaux qui, privés de secours, auraient nécessaire- ment succombé. M. Brainard croit reconnaître dans l’iodure de potassium une action plus certaine que dans le lactate de fer. Séance du 5 Décembre. —M. Duvernoy lit une deuxième communication sur l'anatomie du Gorille. Nous avons fait connaître dans ce recueil (p. 273) l’objet de la première communication du savant profes- seur, qui concluait : 1° Que l’ancienne espèce de Troglodyte, le Chimpansé, diffère spécifiquement de la nouvelle espèce découverte par M. Franquet, à laquelle les naturels de la rive droite du Gabon donnent le nom de N. tschégo ; 9° Que le Gorille présente un type générique distinct du genre Troglodyte . et qu'il n’est pas une simple es- pèce de ce genre. Aujourd'hui M. Duvernoy communique quelques ob- servations sur les ligaments du squelctte de Gorille, qu'il a pu étudier à l’état frais, et il donne ensuite la description détaillée et comparée des muscles du mouvement du Gorille, figurés dans 14 planches. Le résultat le plus général des observations du savant anatomisie sur les ligaments et les muscles du Gorille nous a montré que leur plan de composition est sem- blable à celui des autres Singes de la même famille, c'est-à-dire du Troglodyte Chimpansé ct de l’Orang de SOCIÉTÉS SAVANTES. 581 Sumatra, à quelques différences près, qu'il a eu soin de noter. Ce plan diffère davantage de celui du Magot, le plus étudié des Singes depuis Galien, sous le rapport de son anatomie. Après un examen détaillé du squelette, M. Duvernoy arrive à cette conclusion générale, que c'est moins dans le nombre des muscles du mouvement que dans les pro- portions des leviers qu'ils doivent mouvoir, et dans la forme des articulations de ces leviers, c'est-à-dire de leurs surfaces articulaires, qu'il faut chercher, en pre- mier licu, la cause des espèces de mouvements que peut exercer un animal d’une même classe, d’un même ordre et d’une même famille. Après ces considérations, M. Duvernoy passe à l’exa- men des muscles, et montre leur grande ressemblance générale avec ceux de l’homme, tout en indiquant quel- ques différences de détail. {1 n’est pas possible de don- ner une analyse de la partie descriplive si importante de ce beau travail, qui occupe près de onze pages des Comptes rendus de l’Académie des Sciences, nous de- vons nous borner à la signaler aux anatomistes, en re- produisant seulement les dernières phrases, dans les- quelles l’auteur s'exprime ainsi : « En dernier résumé, et au sujet des muscles des extrémités auxquels nous bornerons notre communi- cation d'aujourd'hui, je puis répéter ce que j'écrivais en 1809, à la fin de mon Mémoire sur les muscles du mouvement du Phoque commun : « Tels sont les moyens départis aux Phoques pour se « mouvoir. Leur examen anatomique fournit une nou- « velle preuve que, depuis l’homme qui semble fuir le «sol dans sa marche , jusqu’à ces animaux qui y sont «comme enchainés par toute la longueur de leur corps, « on trouve constamment un même plan d'organisation. « Partout ce sont les mêmes leviers, qui varient très- « peu dans leur nombre et leurs rapports essentie!s, 282 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1853.) «mais qui présentent beaucoup de différences dans « leur forme, leur longueur ; dans la manière dont ils « sont joints au point d'appui ; dans le degré de force «et dans la direction de la puissance qui les meut, » Sous ces divers points de vue, les Phoques nous »ont offert des modifications importantes qui expli- » quent , il me semble, d’une manière satisfaisante, » leurs mouvements singuliers. » » Que l’on substitue, dans ces conclusions générales, que j'avais lirées, il ÿ a quarante-quatre ans, d’un tra- vail analogue à celui-ci, le nom de Singes à celui de Phoques ; que l’on considère les nécessités de la vie ha- bituelle sur les arbres et des mouvements qu’elle exige, au lieu du ramper sur le sol et de la natation pour la vie aquatique , on aura observé, avec le même plan gé- néral d'organisation, d’autres modifications admirable- ment adaptées à ce genre d’existence, ainsi que j'espère l'avoir démontré dans ce Mémoire et dans le précédent, pour les organes passifs et actifs du mouvement , chez le Gorille et les Singes de la même famille. » — S. À. Ch.-L. Prince Bonaparte donne lecture de la seconde partie de ses Notes sur les collections de M. À. Delattre. Dans cette partie, S. A. s'occupe de l’examen des Passereaux cultrirostres, et, dans le courant d’une re- vue détaillée de ceux que lon doit au voyageur De- lattre, nous trouvons les passages suivants , destinés à faire connaître des espèces nouvelles : «M. Cabanis vient de nommer Ostinops un démem- brement de mon genre Cassicus, auquel il aurait peut- être mieux valu restreindre le nom de Psarocolius, Wagl. Quoi qu’il en soit, les vrais Caciques se trouvent main- tenant réduils à quatre espèces, car yuracares, Lafr. et Devillii, Bp., sont des Ocyalus : cristatus, Gm., atrovi- rens, Lafr., et viridis, Vieill., dont angustifrons, Spix ne diffère peut-être pas plus que montezumu de bifascia- SOCIÉTÉS SAVANTES. 583 tus, des Ostinops. M. Fontainier vient de rapporter de Guaripata une magnifique espèce nouvelle que j'ap- pellerai Ostinops quatimozinus, Bp. « Maximus, nigerrimus ; dorso tectricibusque caudæ superiori- bus et inferioribus fusco-castaneis : cauda flavissima ; rectricibus mediis nigris obsolete fasciatis:rostro nigro, apice rubro-au- rantio. » » Il est impossible de ne pas séparer des Agelaius, Vieill. le genre Thilius, Bp. (Agelusticus, Gab.), qui est à ce genre ce que Pedotribes est à Trupialis, et corres- pond, dans sa série, à Pendulinus des Ictérés. » J'ai vu dans le Musée de Bruxelles une espèce dif- férente de celles décrites dans mon Conspectus, et je l'y ai nommée Thilius major, Bp. « Cæteris duplo major, nigerrimus : humeris aureo-flavis : su- perciliis oullis : rostro breviore. » Séance du 19 décembre. — On entend la continuation des notes ornithologiques du Prince Bonaparte. Beaucoup d’espèces de Passereaux conirostres sont passées en revue, et nous remarquons, comme dans les parties précédentes de ce travail, un grand nombre de reclifications. Le Prince donne des diagnoses nouvelles à quelques espèces déjà décrites, et qu’il place dans d’autres genres. Chondestes ruficauda, Bp., espèce nouvelle du Nica- ragua, la seconde du genre de Swainson. Rufo-cinerea, plumis dorsi medio nigris; subtus alba, pectore plumbeo, lateribus, crissoque rufescentibus; genis, cum pileo ni- gris, viltis tribus albis; remigibus omnibus fere inter se æquali- bus : cauda elongata, gradata, rufa, rectricibus unicoloribus : ros- tro nigro, maudibula subtus albida. Passerculus alaudinus, Bp., nouvelle espèce de Cali- fornie, difficile à distinguer de P. savanna, Bp., ex Wils., mais plus petite, sans jaune aux sourcils et à bec plus court et plus effilé. Griseo, albo, et rufo-olivascente varius : subtus pure albus, pec- tore lateribusque nigricante-guttulatis : remigibus quatuor primis 584 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1853.) subæqua'ibus cæteras parum excedentibus : rectricibus subacutis Une autre espèce encore plus petite, à bec encore plus mince, semble vivre plus au nord; en suivant la comparaison, nous la nommerons : Passerculus anthinus, Bp., ex Kadiak, Am. Ross. Si- millimus præcedenli, sed rostro etiam graciliore et ca- pite flavo induto : subtus albo-rufescens magis maculatus. Chlorospinqus spodocephalus, Bp., nouvelle espèce de Nicaragua, qu'après avoir hésilé entre Hemispingus et Comarophagus nous plaçons dans ce nouveau genre de Cabanis, à cause de son bec de Mésange, noir et com- primé. Flavo-olivaccus , subtus aurantius : capite Lolo cinerco, gula dilutiore : rostro nigro; pedibus rubellis. Dans des notes plus étendues que le Mémoire même, le Prince fait connaître beaucoup d’autres espèces ap- partenant aux genres rapportés par M. Delattre, mais trouvées dans diverses collections. Nous signalons par- ticulièrement ces notes aux ornithologistes, car ils y trouveront une foule de renseignements utiles. Séance du 26 Décembre. — M. Millet présente des Recherches sur les fécondations artificielles. qui sont en- voyées à l'examen d'une commission. IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. M. le professeur Murcel de Serres nous adresse la lettre suivante sur les Mollusques lithodomes : « Monsieur, « Vous savez que je me suis assuré que les Mollus- ques lithophages sécrètent une liqueur acide à l’aide de laquelle ils percent les pierres dans lesquelles ils se lo- gent (1). Ces Mollusques appartiennent aux genres Mo- (1) Voyez le numéro 9 de la Revue zoologique, année 1853, page 395. MÉLANGES ET NOUVELLES. 585 diola, Venerupis et Petricola ; ce sont du moins les seuls chez lesquels j'ai observé jusqu’à présent cette particu- larité. Du reste, les Mollusques qui sécrètent une hu- meur acide font également usage de leurs valves peur creuser et agrandir les trous dans lesquels ils passent leur vie. «On se demande, en présence de ces faits, comment l'humeur acide qui corrode les pierres les plus dures n’attaque pas en même temps les coquilles calcaires que présentent tous les mollusques lithophages. L’observa- tion nous donne l'explication de ce petit phénomène. La Modiola lithophaga, ainsi que d’autres espèces de ce genre, qui vivent dans l’intérieur des polypiers pier- reux des mers du Sud, des Antilles ou des iles Mar- quises, notamment de Nu-Ka-lva, se montrent recou- verles par une légère couche calcaire peu épaisse, d’un blanc roussâtre (1). Les parties des coquilles qui en sont revêtues n’offrent plus alors de traces de lépi- derme brun auquel elles doivent l’uniformité de leurs nuances. « La couche calcaire qui entoure les coquilles de ces Mollusques leur est donc tout-à-fait étrangère dans leur état normal; elle paraît provenir de l’action que ces animaux exercent pendant leur vie sur les pierres où ils se logent. Elle défend du moins les coquilles contre l’usurequi pourrait être le résultat d’un frottement long- temps prolongé, et les protège contre les effets des aci- des. Elle le fait avec d'autant plus d'efficacité, qu’une hu- meur glaireuse ou mucilagineuse, sécrètée par les Mol- lusques eux-mêmes, la fixe sur les parois de leurs val- ves. Tout en les mettant à l'abri du frottement direct, {1) Plusieurs Modioles des mers des Indes ont de pareilles ha- bitudes et se logent, comme celles des Antilles, dans les masses des polypiers pierreux. D'après Spallanzani, les Mollusques de ce genre percent la substance même des laves rejetées par le Vésuve dans la mer. 586 GEV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1853.) cette matière, composée en partie desubstance animale, les empêche d’être attaquées d’une manière notable par une liqueur corrosive quelconque. Elles en sont done protégées suffisamment, outre que la vie elle-même les défend contre l’action des agents énergiques, en les entourant d’une humeur mucilagineuse qui les en ga- ranlil. «Ges faits sont loin d’avoir échappé à l’attention des anciens observateurs ; du moins le directeur de la eom- pagnie de commerce de Middelbourg, nommé Leen- dert-Bomme, s'est assuré, avant 1778, que les Pholades perçaient les pierres les plus dures et sans le secours d’un acide. Ce naturaliste a également fait connaître une foule de détails curieux sur l’économie de ces ani- maux ; ila particulièrement fait observer qu'en 1759 et 1760 les Mollusques lithodomes avaient menacé d'une destruction complète les digues de l'ile de Valcheren (4). « Quoique la plupart des Mollusques lithophages ap- partiennent à l’ordre des Acéphales ou des Lamelli- branches, il faut bien se garder de supposer qu'ils soient les seuls qui se logent dans l’intérieur des pierres ou des bois. C’est toutefois parmi les seuls mvertébrés que l’on découvre des espèces qui ont de pareilles ha- bitudes. Mais ces invertébrés se rapportent non-seule- ment aux Mollusques acéphales des genres Modiola, Pholas, Venerupis, Gastrochœna, Petricola, Corbula, Clavagella , Fistulana et Septaria, mais aux Gastéro- podes du genre Helix. A la vérité on n’a cité qu'une espèce de ce genre, l’Helixaspersa, qui ait de pareilles habitudes, tout comme le genre Teredo est à peu près le seul qui perce les bois dans l’intérieur desquels ïl passe sa vie. (1) Ce Mémoire a fais l'objet d'un travail particulier de M. le professeur G. Vrolick, inséré dans le premier volume de l'Acadé- mie des Sciences d'Amsterdam. Voyez les Comptes rendus de l'A- cadémie des Sciences de Paris, tom. XXXVI, pag. 197, n° 18 (2 mai 1853). MÉLANGES ET NOUVELLES. 587 « Les Annélides errants du genre des Néréides, ainsi que les Tubicolés des genres Serpula, Sabellaria et Ma- gilus, se logent également dans l’intérieur des pierres, où il s’établissent plus ou moins profondément, suivant leurs espèces. Il paraît qu'il en est de même du genre Siponcle, qui appartient aux zoophytes échinodermes. « Tels sont la plupart des invertébrés, qui creusent leurs habitations dans les roches solides ou dans les bois, et qui y passent leur vie. Il est assez remarquable que le genre de Mollusques qui, dans les temps géolo- giques, a eu de pareilles mœurs, soit celui qui présente aujourd’hui le plus d’espèces lithodomes. Ge genre est celui des Modioles, qui a jadis vécu non-seulement dans l'intérieur des roches calcaires, mais encore dans la masse des polypiers pierreux. « Ainsi, les plus petits comme les plus grands phé- nomènes de l’ancien monde n’ont jamais cessé de se produire , et se sont succédé avec une constance réel- lement digne d'attention. La seule différence qu’il y ait à cet égard tient à ce que plusieurs d’entre eux ont diminué en grandeur et en intensité. «Si nous n'avons pas signalé les insectes lépidop- tères de l’ordre des Tinéites, dont les habitudes ont quelques rapports avec celles des espèces que nous ve- nons de citer, c’est que leurs larves se logent bien en- tre les feuillets des schistes, mais ne paraissent pas les percer ni s’y loger d’une manière permanente. Il y a bien quelques analogies entre les mœurs de ces lépi- doptères et celles des Mollusques, et surtout des Anné- lides lithodomes ; mais il n’y a pas à cet égard simili- tude complète. « Nous ferons observer, en finissant, que les espèces perforantes de l’ancien monde ne paraissent pas, du moins jusqu’à présent, avoir exercé leur action sur les roches , antérieurement aux roches jurassiques, mais qu’elles ont continué cette action sur les roches créta- cées et lertiaires. » 588 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1855 ) se ANNÉE 1853. Teste. PR PSS Teuriices 8 planches coloriées, valeur 12 11 planches noires, valeur 11 Total. . . . . . . 60 feuilles. Pour répondre aux questions qui nous sout faites par nos ho- norables collaborateurs sur le prix des tirages à part de leurs ar- ticles, nous donnons le tarif suivant : Pour une feuille in-8°, tirée à 400 exemplaires, remaniement, composition d'un titre, tirage et papier, de 10 à 12 fr. Pour une demi-feuille, à peu près les mêmes frais, mais moins de papier, de 7 à 9 fr. Pour un quart de feuille — idem, de 5 à 7 fr. Pour une planche noire, le prix, pour 400 exem- plaires, est de 3fr. 50 c. Pour une planche en couleur, le prix varie de 10 à 45 fr. Avis essentiel. Pour la régularité du service, il est essentiel que les personnes qui ne désireraient pas continuer de souscrire à la Revue de Zoologie nous en avertissent (franco) avant le 10 février. Les Abonnés qui n’écriront pas seront considérés comme continuant de souscrire, et recevront, avec Le premier numéro de 1854, une traite de 24 francs (23 fr. pour les départements, et 1 fr. pour la traite). TABLE DES MATIÈRES. Pucueran. — Etudes sur les types peu connus du Musée de Paris. 545 Gers. — Mélanges zoologiques. 550 Marcez De Serres. — Note sur les dépôts diluviens, les sables et les marnes tertiaires d’eau douce de Montpellier, 537 H. Lucas. — Essai sur les animaux articulés qui habitent l’ile de Crète. 563 Académie des Sciences de Paris. 576 Mélanges et nouvelles. 584 TABLES ALPHABÉTIQUES POUR L'ANNÉE 4855. I. TABLE DES MATIÈRES. Académie des Sciences de Paris, 57, 87, 130, 184, 226, 272, 380, 424, 468, 531, 576. Albunea. Lucas et Guérin-Méneville. 45. — De Saussure. 367. Aménités conchyliologiques. Bour- guignat. 349. Ancyles (embriogénie). Gassies. 90. Ancylus Jan. Bourguignat. 203. Animalcules des infusions végét., etc. Paul Laurent. 37. Animaux articulés de l'ile de Crète. Lucas. 418, 461, 514, 565. Animaux vertébrés. Gerbe.197, 550. ÿi an de l'Aube. Droüet. 247, Apochrysa (ins. névropt.). 261. Arachnides (fluide nourricier). 275. Arremon (reculication). Sclater et de Lafresnaye. 62, Ateneo Maliano. De Luca et Muller. Batraciens Anoures. À, Duméril. 132. Batraciens Urodèles. Duméril. 273. Buprestide (ins.). Chevrolat. 308. Carabiques de la Guinée. De Laferté, 20 ; 10. Catharte citadin. O. Des Murs. 446. Caverne ossifère. Robineau-Desvoi- dy. 469. Cebrions (métamorphoses). De Ce- risy. 87, 214. Cerveau (mamm.). Daresle. 468. Chéloniens fossiles. Owen. 426. Classilic. ornithol. Bonaparte. 531. Cocons (Richesse en soie). Guérin - Méneville, 133, 185. Coléoptères de Russie. Motschoulsky. Congrès des délégués des Sociétés savantes des départements 39. Coquilles terrestres et fluviat. Mor- üllet. 335. Croaess du Mexique. De Saussure. 35 Gyclades nouvelles. A. S. Normand. 334. Dépôts diluviens {animaux fossiles). Marcel de Serres. 446, 557. Dipus /mamm.). Ed. Fairmaire. 145. Donacia (ins. col.). 141. Eaux de mer. Dauvergne. 534. Echinodermes foss. Michelin. 34. Ectypus (ins. hémypt). Signoret. 263, Encéphale des poissons. Serres. 472. Enchydris marina Nordmann. 469, Entomologie de la Crète. Lucas, M8, 461, 514, 565, Erpéto'ogie et Ichthyologie. Dumé- ril. 470. Euchlornis {ois.) Cornalia. 104. Eurychora (ins. col.). Lucas. 30. FREE S MAPS (insect. col.) Buquet. Gorilla Sayagii. Owen. 475. Gorille. H, Aucapitaine. 49, 97. Fuite solitaires. H. de Saussure. Li Hélix nouvelles, H. Hupé. 296. PES de la Vienne. Mauduyt. T1. Histoire natur, de Cuba. Poey. 5:9, Hirudiculture. Guérin-Méneville, 475. Homme. H. Hollard. 90, 476. Huîtres. Coste. 229. Ichthyologie de la Vienne, Mauduyt 278. Insectes d'Espagne Graëlls, 140, "Insectes des roses. Weslwood. 141 590 TABLE DES MATIÈRES. Insectes gallicoles. Lacase-Duthier et | Pyrrhula erythrina t et Chlorospiza Riche. 427. Journal de Conchylhologie. 279, 322. Laniens (ois.). Bonaparte. 292, 435. Lanius pitanga et sulfuratus. O. Des Murs. 3. Lépidoptères nouveaux. Lucas. 310. Limaces nouvelles. Normand. 355. Longicornes (catalogue). White. 356. Lophornis (ois.). J. Bourcier. 193. Loup, Mauduyt. 276. Mélanges orn. Lafresnaye. 337, 490. — Mél, zool. Gerbe. 197, 550. Metallura (ois.). J. Bourcier. 295. Mollusques de l'Oise. Baudon. 456. Mollusques lithodomes. Marcel de Serres. 393, 584. Momotus (ois.). Sclater. 489. Morphogénie générale. Cornay. 251. Mule fissipède. Lavocat et Joly. 424. Myopaires (ins. diptères). Robineau- Desvoidy. 544. Notes z0ologiques. Le Conte, 142. Observations z0ologiq. Owen. 473, 474 Œufdouble Baron de Morogues. 287. Oiseaux d'Afrique. De Muller, 542. Oiseaux d'Afrique, De Filippi. 289. Oiseaux (esp. nouv.). Sclater, 480. Oiseaux (nouvelles esp.). De Lafres- naye. 66. Oiseaux hybrides. Jaubert. 114. Oiseaux nouveaux. Jules et Edouard Verreaux. 195. Ornithologie de la Savoie. J.-B. Bail- ly. 190. Oryctéropes. Duvernoy 382 Parus alpestris. Ed. Fairmaire. 246. Passalides (ins. col.) Smith. 138. Pentadaetylie. Joly et Lavocat. 382, Phalcobène. O. Des Murs. 154 Pisciculture. Coste. 90, 185. | Poche bucale chez les Gassc-noix. De Sinéty. 226. à Poissons d'Amérique. Agassiz. 381. incerta. Jaubert. 109. Races humaines. I. Hollard. 90, 476. Races humaines, Serres. 533. Ramphocelus (ois.). Lafresnaye. 241. Repoier fossiles de France. Gervais. Reptiles nouveaux. À. Duméril. 58. Reptiles Ophidiens. Duméril. 134. ns D foss. Duvernoy. 37, 39, Sangsues. Guérin-Méneville, 430. Sanssues (anat.). Gratiolet. 272. Sangsues médicin., Bonniceau, 470. Saturnia (tépid.). Sallé. 474. Scylliens (monogr). A. Duméril, 8, , 90, 419. Scyllium (fœtus de). De Filippi. 286. Sériciculture. Guérin-Méneville. 503. Singe fossile. Marcel de Serres. 557. Sphærium (moll.). Bourgnignat. 340. Symbolique de x forme humaine. Carus, 276. Sympiezocera (ins. col). Lucus. 25. Térébratule (anatomie). Gratiolet et Owen. 380, 496. Termites (destruction). De Quatre- fages. 184. Tettigonides. V. Signoret. 173. Troglodytes Gorilla. Owen. 426. Troglodytes et Gorilla (anat ). Du- vernoy. 273, 980. Trilobites (crust. foss.). 139. Types peu conuus du Musée de Paris. D 65, 156 386, 481, Vertébrés nouveaux de la Provence. Z. Gerbe. 197, 550. Vers à soie exotiques. Lamare-Pi- quot 134. Voyage scientifique. Huet du Pawil- lon. 451. Zoologie du Voyage au pôle sud. Pu- cheran. 44) À : Zoophytes. Le Conte. 442. Poissons (nouv. esp.). DeFilippi. 164. Ps et Mollusques. Gegenbaur. [A UE Pseudomorpha et Adelotopus. West- wood. 305 TABLE DES NOMS D'AUTEURS. 591 IT. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. Agassiz. Poissons d'Amérique. 381. | Allibert. Nécrologie. 95. Aucapitaine (H.). Gorille. 49, 97. Bailly (3.-B).). Ornithologie dela a | voie. 490. Baudon. Mollusques de FOise. 136. Blanchard. Fluide nourr. des Arach- nides. 275. Bonaparte. Classific. ornithol. 531. — Don de sa collection. 91, 189. — Laniens (ois.). 299, 455. — Oi-| seaux d'Afrique. 291, — Ois. de Californie. 576. Bonniceau. Sangsues médicin. 470, Bourcier (J.). Lophornis {ois.). 193 | — Metallura (ois ).295. Bourguignat. Ancylus Janii. 205. — Aménités conchyliologiques. — Sphærium. 340. Buquet, Euryprosopus (ins.). 256. Carus. Forme humaine. 276. Caumont Re Soc. savantes. 39. Gerisy (de). Cébrions. 87, 214. Chapuis. Cebrio. 219 Ghevrolat. Buprestide (ins.). 308. Cornay. Méonne ue 251. Cornalia, Euchloruis. 104. Coste. Huitres. 229. Coste, Pisciculture. 90, 185. Dareste, Cerveau, mamm. 468. Dauvergne. Eaux de mer. 534. Des Murs (0.). Catharte citadin. 146. — Lamus, 3. — Morphogénie de Cornay. 251. — Phalcobène. 154. nr Anodontes de l'Aube. 247, Duméril. Batraciens Urodéèles. 275. = pe Ophidiens. 134. — Soie. Rapport. 185. Duméril (A.). Batraciens Anoures 132. — Erpétologie et Ichthiolo- gie. 471. — Reptiles nouv. 38 — Seylliens. 8, 73, 90, 119. Durernoy. Anat. des Troglodytes et des Gorilla, 273, 580. — Orycté- ropes. 382. — Rhinocéros loss, 37, Fairmaire (Ed.). Dieu nn )145. — Parus alpestrs. 2 | Filippi (de). Oiseaux d'Afrique. 289. — Poissons (nouv. esp.). 166. — Scyllium. 286. Gassies. Ancyles (embryogénie). 90. | Zoophytes et mollusques. Geofiroy-St-Hilaire. Gorilla. 275. Gerbe. Vertébrés nouveaux de Ja Provence. 197, 550. Gervais. Reptiles foss, 430. Graëlls. Ins. d'Espagne. 140. Gratiolet. Anat, des sangsues. 272. — Anatides, térébratules. 380, Guérin-Méneville. Albunea. 45. — Apochrysa. 261. — Cocons, ri- chesse en soie. 133, 485. —Hiru- diculture. 475. — Sangsues. 450. Sériciculture. 503. Hollard. Homme, races humaines. 90, 4 Huet du Pavillon. Voyage scientili= que. 431 Hupé (H.). Hélix nouv. 2%. Jaubert. Oiseaux hybrides. 114. — Pyrrhula et chloropiza. 109. Joly. Mule fissipède: 424. Joly et Lavocat. Pentadactylie, 382. Me Duthier. Insectes gallicoles. tite Piquot. Vers à soie. 134. Lalerté ju Carabiques. 267, 203, 368, Late ‘ (de). Arremon (Rech calion }, 62. — Lanius. 63. Mélanges ornitholowiq. 337, 290, — Nouvelles espèces d'oiseaux. 56.— Ramphocelus 241. — Sque- lette des oiseaux. 39. Laurent (Paul(, Infusoires. 37. Laurillard (nécrologie). 92, 189. Lavocat. Mule fissipède. 19%. Le Conte. Donacia. 11, — Notes zoologiques, 142. Luca 1 et Muller. Atenco Italia no. ei à \ Ma _ Es L 3 592 Lucas. Albunea. 45. — Articulés de Crète. 418, 461, 514, 565. — Eu- rychora. 50. — Lépidoptères nou- ue. 5:0. — Sympiezocera (Ins.) Marcel de Serres. Animaux fossiles. 446, 557. — Mollusques lithodo- mes. 395. Mauduyt. Loup. 276 — Herpétologie de la Vienne. 277. — Ichthyologie de la Vienne. 278. Michelin. Echinodermes foss. 34. de {baron de). Œuf double. 4 Mortillet. Goquilles Lerr. et fluv. 555. Motschoulsky. Coléopt. de Russie. 385. Muller (de). Oiseaux d'Afrique. 542. Normand. Cyclades, limaces. 335. Nordmann, Enchydris marina. 469. 334- Owen. Chéloniens et Troglodyte. 426. — Gorilla Savagii. 475. — Ossements fossiles. 415. — Myr- mpbaEn In eurs). 474. — Morse (mœurs). 474. Petit de la Saussaye. Journal de Con- chytologie. 279, 322. FIN HU 5° Wesiwood. Ins. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. Poey. Hist. nat. de Cuba. 559. Pucheran. Types peu Pa du Mu- sée de Paris. 65, 156, 385, 44, 481, 545. — Zoologie du Voy. au pôle sud. 471. Quatrefages Ko Termites (destruc- tion des), 1 Riche. Insectes gallicoles. 427. Robert (E.). Sériciculture. 503. Reppeans -Desvoidy. Caverne ossi- fère. 469. — Myopaires. 541. Sallé. Saturnia (lépid.). 474. Salter et Forbes. Trilobites. 139. Saussure (de) Crustacés du Mexi- que. 354, — Guêpes solitaires. 188. Sclhter. Arremon. 62. — Nouvelle espèce FRS 481). — Momo- tus (nov. sp.). 489. Serres snréph ae des posens 472 Races humaines. Sinéty (de). Poche en 296, Signoret Ectypus 263. — Tettigo- nides. 173, Smith. Passalides, 158. Verreaux. Oiseaux nouveaux. 195. des roses. 14. — Pseudèmorpha, Adelotopus. 395. White. Longicornes Catalogue. 336. VOLUME DE LA 2° SÉRIE. FARIS, — TYP. SIMON RAGOX ET C*, RUE D'ERFCRTU, À. 1 . Le IN Mis