REVUE ET MAGASIN DE ZOOLOGIE PURE ET APPLIQUÉE. RECUEIL MENSUEL DESTINÉ À FACILITER AUX SAVANTS DE TOUS LES PAYS LES MOYENS DE PUBLIER LEURS OBSERVATIONS DE ZOOLOGIE PURE ET APPLIQUÉE A L'INDUSTRIE ET À L'AGRICULTURE, LEURS TRAVAUX DE PALÉONTOLOGIE , D'ANATOMIE ET DE PHYSIO0LOGIE COMPARÉES , ET À LES TENIR AU COURANT DES NOUVELLES DÉCOUVERTES ET DES PROGRÈS DE LA SCIENCE ; PAh M. F. E. GUÉRIN-MÉNEVILLE, Membre de la Légion d'honneur, de la Société nationale et centrale d'Agriculture, des Académies royales des Sciences de Madrid et de Turin, de l'Académie royale d'Agriculture de Turin, de la Société impériale desnaturalistes de Moscou, et d'un grand nombre d'autres Sociétés nationales et étrangères, Secrétaire du Conseil de la Societé impériale zoologique d'Acclimatation. 2° SÉRIE, — T. IX. — 1857. AU BUREAU DE LA REVUE ET MAGASIN AUE DES BEAUX-ARTS, 4. E ZOOLOGIE, 07 DE muet à Ars ru (URI LUE À à saurne 6 ŸP: TA VAL A sa PEU) m À ,VTRA-AUABE EE an, Dr «H90100$ DIX-NEUVIÈME ANNÉE. — JANVIER 1357. I. TRAVAUX INÉDITS. AMÉNITÉS MALACOLOGIQUES : par M. J. R. BouRGuIGNAT. $ LIL. Note sur l’'Heuix Copriéron de Gray, et sur quelques espèces voisines, Il existe, en Grèce, une Hélice d’une singulière beauté, que sa grandeur et La riche disposition de ses couleurs placent au premier rang des Mollusques européens. Cette espèce, créée par Jan, en 1832, sous le nom de Ferussaci, et par Gray, en 1834, sous celui de Codringtoni, a été, pour la plupart des auteurs, l’occasion de nombreuses erreurs. Les uns ont cru reconnaître en elle la Spiriplana ou la Guttata d'Olivier; les autres ont décrit, sous une même appellation, plusieurs espèces distinctes qu'ils ont prises à tort pour des variétés de cette coquille. Pour éclaircir désormais l'histoire de l’Helix Codring- toni, nous allons en donner une nouvelle description avec la synonymie exacte des auteurs qui ont connu le véritable type, et nous terminerons cette note par les diagnoses de quelques Hélices voisines, inconnues jusqu'à ce jour, ou, en tout cas, confondues, par ignorance, avec cette espèce. Herix CoprinGrontr. Helix Ferussaci (1), Jan et Cristofori, Mantina, p. 1. 1832. (1) Non Helix Ferussaci, Lesson, Voy. de la coq. z0ol., Il, p. 315, tab. vur, f. 5, 1880, qui est une espèce spéciale à la Nouvelle-Guinée, k REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1857.) Belix Codringtoni, Gray, in Proceed. zool. soc., p. 67. 1834. — — Müller, Synops. Pst., p. 8. 1836. Helix spiriplana (1), Rossmassler, Aconogr., VI, p. 39, fig. 369 À et 369 B. 1837. Helicogena Codringtoni, Beck, Index Moll., p. 37. 1837. Helix spiriplana, Ferussac, Hist. Moll., tab., 38, f. 3, et tab. 97, f. 14-19. Helix Codringtoni, L. Pfeiffer, in Chemnitz. Conch. cab. (2e éd.), Helix, n° 27, pl. 53, tab. 7, f. 1-2. — — L. Pfeiffer, Monogr. Hel. viv., L. 1, p. 271. 1848. Helix Navarinensis, Leach, Mss. olim. (Teste, L. Pfeiffer, Monopsr. Hel. viv., t. E, p. #46. 1848). Helix Codringtoni, Bourguignat, Cat. rais., Moll. d'Orient, p- 18. 1853. Testa imperforata, globosa, solida, striata, fusco-cornea et albida, irregulariter strigata marmorataque, vel fasciis 2 vel 4 nigrescen- tibus interruptis, ornata; spira depresso-conoidea ; apice lævi ; an- fractibus 6 convexiusculis; ultimo ad aperturam regulariter descen- derte, ac infra prope columellam convexo; apertura perobliqua, sexiovali; peristomate albido, incrassato, reflexo ; margine columel- lar: valido, breviter arcuato, basali late dilatato, prope columellam inciussato. Coquille imperforée, globuieuse, solide, striée, d'une couleur fauve-cornée et blanchâtre, tantôt chagrinée d’une manière irrégulière de taches ou de fascies blanches, tan- tôt ornée de deux {quelquefois quatre) zones noïrâtres in- terrompues et mouchetées de teintes plus ou moins fon- cées, suivant les échantillons. Spire conoïde, déprimée, à sommet lisse. Six tours, dont le dernier, qui est très-renflé inférieurement vers l'insertion du labre columellaire, offre encore, vers l'ouverture, une marche descendante régu- lière. Ouverture très-oblique, ovale, échancrée, à péri- stome blanc, épaissi et réfléchi. Bord columellaire très- (1) Non Helix spiriplana, Olivier, Voy. emp. ottom., t. 1, p. 415, tab. xvu, f. 7, qui est une espèce tout à fait distincte. TRAVAUX INÉDITS. 5 fort, un peu arqué, largement dilaté, et épaissi vers la columelle. Haut., 30-40 mill. — Diam., 50 mill. Cette espèce habite les environs de Navarin, ceux de Phygaliæ-Bassæ, etc.…, et çà et Ià dans diverses localités de la Grèce. Hezix PAaRxAssIA. Helix sylvatica, var. Parnassia, Roth, Spicileg. Moll. orient. in Malak. Blatter, p. 32. 1855. Helix Codringtoni, var. Parnassia, Roth, ueber einige griech. Hel., in Malak Blatter, p. 2. 1856. Nous ne pouvons malheureusement donner ni la figure ni les caractères exacts de cette coquille que nous ne con- naissons point. Cependant les quelques lignes que notre ami, le docteur Roth, de Munich, lui a consacrées, nous suffisent pour nous persuader que cette variété Parnassia doit être érigée en espèce distincte. L'Helix Parnassia à été découverte sur les hauteurs du mont Parnasse, en Grèce, par M. Heldreich, directeur du jardin botanique d'Athènes. HELIX EUCINETA . Helix Codringtoni, Lowel Reeve, Conch. icon., Helix.—Sp. 904 B. — Avril 1852. Testa imperforata, depressa, solida, striata, corneo-albida, tribus zonis corneo-nigrescentibus, inæqualibus, ac irregulariter fasciato- strigata, marmorataque; spira depressa:; apice lævi; anfractibus 5 convexiuseulis; ultimo ad aperturam subito descendente, ac infra prope columellam depressula ; apertura perobliqua, semiovali ; pe- ristomate albo, incrassato, undique valde reflexo; margine columel- lari valido, dentifero-arcuato, basali Jate dilatato, prope columellam sat incrassato, Coquille imperforée, déprimée, solide, striée, d'une couleur cornée-blanchâtre, ornée de trois zones d'un noir corné, d'inégale grandeur, interrompues par des fascies 6 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1857.) d’une teinte moins foncée. Spire déprimée, à sommet lisse. Cinq tours de spire, dont le dernier, qui offre une petite dépression vers la partie ombilicale, prend asséz subite- ment vers l'ouverture uné marché descendante très-pro- noncée. Ouverture très-oblique, ovale, échancrée, à péri- stome blane, épaissi et fortement réfléchi de tous les côtés. Bord columellaire très-fort, muni d'une denticulation ob- solète très-prononcée, Base du bord collumellaire assez épaissie. Haut., 25 mill. — Diam., 45-50 mill. Habite, en Grèce, les environs de Phygaliæ-Bassæ. L'Helix eucineta se distingue de l'Helix Codringtoni, dé Gray, par sa spire plus déprimée, par son dernier tour qui descend subitement vers l'ouverture, et qui possède, à là partie ombilicale, uñe petite dépression ; par son péri- stome plus épaissi, fortement réfléchi; par son bord colu- mellaire muni d'un tubercule très-prononté. HELIX EUPÆCILIA. Testa imperforata, globosa vel depressa, fragili, sat diaphanä, striatula , corneo-albida, irregulariter fasciis interruptis falvo-ni- grescentibus strigata marmorataque ; spira conoidea, vel depressa ; apice lævi; anfractibus 6 Convéxiusculis; ultimo ad aperturam maxime descendeute, ac infra prope columellam depressula; apertura perobliqua, dilatato-semiovata ; peristomate leviter incrassato, acuto, simplice; margine columellari valido, recto, paululum reflexo, ba- sali late dilatato, prope columellam iucrassato ; marginibus approxi- matis. Coquille imperforée, globuleuse ou déprimée ; transpa- rente, légère et assez fragile, finement striée, d'une couleur blanchâtre cornée, mouchetée, d'une manière irrégulière, de taches et fascies fauves-noirâtres interrompues. Spire conoïde ou déprimée, à sommet lisse. Six tours de spire, dont le dernier, muni à sa base, près de la columelle, d’une petité inflexion ombilicale, offre, vers l'ouverture, uné marche descendante très-prononcéé. Ouverture très- oblique, difâtée, vale, &éhanérée, à péristômé simple, æ TRAVAUX INÉDITS. 1 aigu, péu épaissi. Bord éolimellairé très-fort, reétilighe, un peu réfléchi. Bords Margiñaux assez rapprochés. Haut., 28-35 ill. — Diam., 48-52 ill. Habite, en Grèce, lés environs dé Phÿoaliæ-Bassæ. Cetté espèce ne peut être confondue qu'avét l'Hekix Co: dringtoni de Gray; ais l’on distinguera notre éspècé dé cétte dernière à son tést transparent, frâgilé et d'une grande légèreté, à l'inflexion ombilicalé ét à la arche dés: cendante bien plus prononcée de son dernier tour de spire, à son péristome non épaissi, aigu et non réfléchi, à son ou- verture plus dilatée, à son bord columellaire rectiligne, etc. Herix EUCHROMIA. Helfx Codringtoni, Lowel Roc, Conch. icon., Helixk. — Sp. 504 À. — Avril 1852. Testa imperforata, compressa, parum solida, striatulaj corneo- albida, ac duobus zonis æqualibus fulvo-nigrescentibus irregulariter fasciis interruptis ornata ; spira compressa, apice obtuso ; anfractibus 6 convéxinseulis; ultimo àd apérturain Maxime descendénté, ac infra prôpe columelläm valdé ümbilicali-depréssulà ; apertura per: obliqua, semiovata ; peristomäte acuto, nün reflexo, paululum in- crassato; margiue columellari àlbido, sat valido, fére recto, paulu- lum reflexo, basali late dilatato, prope columellam incrassato; mar- ginibus approximatis. Coquille imperforée, comprimée, peu solide, finement striée, blanche cornée et ornée de deux bandes d’une teinte fauve noirâtre, interrompues, d’une manière irrégulière, de fascies d'une couleur moins foncée. Spire comprimée, à sommet obtus. Six tours de spire, dont le dernier, qui offre, vers la columelle, une forte dépression, prend assez subitement, vers l'ouverture, une rapide marche descen- dante. Ouverture très-oblique, ovale, échancrée, à péri- slome aigu, un peu épaissi et non réfléchi. Bord columel- laire blanchâtre, assez fort, presque rectiligne et un peu réfléchi. Bords marginaux rapprochés. Haut,, 22 mill. — Diam., 47 mill. Habile, au sud de la Grèce, sur les sommets les plus élevés du mont ithôme, près de Messènes. 8 REV. ET MAG. DE ZO0OLOGIE. (Janvier 1857.) L'Helix euchromia ne pourrait être rapprochée que de l'Helix eupæcilia; mais il sera facile de la distinguer de cette espèce à sa spire comprimée et non déprimée, à à son test un peu plus fort, à son ouverture moins dilatée, à son péristome plus épaissi, à la profonde dépression ainsi qu'à la marche descendante plus rapide et plus subite de son dernier tour de spire, à son labre columellaire non recti- ligne et moins considérable, etc. $ LIN. HELIX SPHÆRIOSTOMA. Testa pervio-umbilicata, compresso-depressa, striatula, diaphana, albo-lutescente, obscure fusco-bi vel trifasciata ; anfractibus 5 1/2 paululum convexiusculis; ultimo antice subito deflexo; apertura cireulari-rotundata ; peristomate continuo, valde soluto, undique late expanso. Coquille comprimée, diaphane, finement striée, pourvue d’un ombilic qui laisse apercevoir l’extrémité de la spire. Test d’un blanc jaunâtre, orné de deux à trois zones d’un fauve pâle. Cinq tours et demi un peu convexes. Dernier tour descendant subitement vers l'ouverture, qui est parfai- tement ronde. Péristome continu, très-détaché et large- ment réfléchi de tous les côtés. Haut., 10 mill. — Diam., 20-22 mill. Cette espèce, que nous avions confondue autrefois avec l'Helix denudata de Rossmassler, nous a été envoyée, l’an- née dernière, par notre ami, M. Eugène Vesco, chirurgien- major de la marine impériale, comme provenant du golfe de Volo, en Thessalie. Nous venons d'apprendre que M. Shuttleworth venait d'appliquer à cette même espèce le nom d’'ÆHelix lysistomu. Mais, comme cette appellation n’est, sans aucun doute, qu'un nom manuscrit, nous lui avons conservé celui de Sphærio- stoma, sous lequel déjà, depuis longtemps, elle était classée dans notre collection. TRAVAUX INÉDITS. 9 $ LIV. Hezix GRELLOISII. Testa pervio-umbilicata, depressa, fragili, diaphana, elegantissime radiatulo-striatula, pallide albido-cornea; anfractibus 6; ultimo majore, obscure obsoleto-carinata, ad aperturam maxime descen- dente; apertura perobliqua, fere rotundata ; peristomate albido, intus incrassato, paululum reflexo, præcipue ad marginem columel- larem ; marginibus valde approximatis. Coquille déprimée, fragile, diaphane, ornée de petites stries miroitantes d’une grande élégance, d’une couleur blanche cornée très-pâle. Ombilic peu dilaté et très-pro- fond. Six tours, dont le dernier, proportionnellement plus grand, se trouve ceint d’une carène obsolète à peine sen- sible, et offre, vers l'ouverture, une déflexion subite et très-grande. Ouverture très-oblique, presque ronde, à bords très-rapprochés; péristome blanchâtre, intérieure- ment bordé, peu réfléchi, si ce n’est vers la partie colu- mellaire. Haut., 9 mill. — Diam., 16 mill. Cette espèce, que nous dédions à M. le docteur Eugène Grellois, ancien médecin principal de l'armée d'Orient, a été recueillie dans les îles de l'Archipel. $ LV. ZONITES DEILUS. Testa umbilicato-perforata, depressa, argutissime striatula, fulvo- olivacea, subtus olivaceo-lactescente, fragili, diaphana ; anfractibus 6; ultimo majore; apertura obliqua, semirotundata, magna ; peris- tomate acuto, simplice, non reflexo. Coquille fragile, diaphane, déprimée, à ombilic étroit, très-finement striée, d’une couleur fauve olivâtre en des- sus, et d’une teinte lactescente en dessous. Six tours de spire presque plans ; les premiers s’accroissent lentement; le dernier, très-convexe en dessous, offre un grand dévelop- 10 REV. ET MAG. DE Z00LOGIE. (Janvier 1857.) pement. Ouverture oblique, échancrée, arrondie, dilatée, à péristome simple, aigu et non réfléchi. Haut., 6 mill. — Diam., 14 mill. Habite les environs de Sébastopol (L. Raymond). $ EVI. BuLimus EPISOMUS. Testa rimata, obeso-turrita ventricosissima, oblique striatula, cornea; apice attenuato-mamillato; anfractibus 7-7 1/2 planis, su- tura lineari, ac in ultimo vel penultimo anfractu sæpe albido-margi- pata, separatis; apertura semioyata; peristomate albido-inerassato ; reflexo; columella recta, vel paulum tuberculoso-inflexo ; margine columellari breviter rellexo; marginibus, callo tenui juxta iusertio- nem labri dentifero, junctis. Coquille obèse, très-ventrue, obliquement striée, d'une couleur cornée, et pourvue d’une fente ombilicale. Sommet atténué, mamelonné. Tours plans, au nombre de sept à sept et demi, séparés par une suture linéaire, souvent mar- ginée de blanc sur les deux derniers tours. Ouverture semi-ovale, à péristome réfléchi et intérieurement bordé d'un bourrelet blanchâtre. Columelle droite, offrant une petite inflexion tuberculeuse. Bord columellaire largement réfléchi. Bords marginaux réunis par une faible callosité, munie, près de l’insertion du labre extérieur, d'un petit tubercule. Haut., 20 mill. — Diam., 10 mill. Cette espèce a été recueillie, par notre ami Félicien de Sauley, en janvier 1856, dans les environs de Nazareth, en Syrie. On rencontre à Beyrouth et à Jérusalem une variété plus petite de ce Bulime. $ LVII. BULIMUS PSEUDOEPISOMUS. Testa rimata, obeso-turrità, oblique striatula, cornea; apice obtu- TRAVAUX INÉDITS. 11 siasculo : anfractibus 8 vik paululuin convexiusculis, regulariter crescentibus, sutura vix impressa, stæpe ultimo ac penultimo albido- marginata Separatis; apertura paululum obliqua semiovata; peri- stomate reflexo, intus albido-incrassato; columella recta, valide tu- berculoso-inflexa ; marginibus callo tenui, prope insertionem Jabri tuberculifero, junctis. Coquille turriculée-obèse, obliquement striée, cornée, munie d'une fente ombilicale. Sommet un peu obtus, non mamelonné. Huit tours de spire un peu convexes, s'ac- croissant ayec régularité, et séparés par une suture peu profonde, assez souvent marginée de blanc sur les deux derniers tours. Ouverture un peu oblique, semi-oyale, à péristome réfléchi et intérieurement bordé d’un fort bour- relet blanchâtre. Columelle droite, offrant une inflexion tuberculeuse assez forte. Bords marginaux réunis par une faible callosité munie, près de insertion du labre exté- rieur, d'un petit tubercule. Haut., 18 mill. — Diam., 8 mill. Habite les environs de Beyrouth, en Syrie. Cette espèce, qui possède un facies analogue à celui du Bul. episomus, s'en distingue facilement par sa taille plus faible ; par sa columelle, qui offre une forte infléxion tuber- culeuse ; par son ouverture oblique; mais surtout par son sommet, qui n’est point atténué, et ses tours de spire, qui s'accroissent régulièrement; par sa forme moins obèse, etc. $ LVII. Burimus HuMBERTI. Testa cylindrica, perforata, striatula, cornea ; anfractibus 8 con- vexis, regulariter crescéatibus, ac sûtura bene impressa separatis; apertura vx paululum obliqua, parva, Semiovata; peristomate iutns incrassalo, noù reflexo, acuto; columella recta. Coquille oblongue-cylindrique, finement striée, cornée ét pourvue d'une perforation ombilicale arrondie. Huit tours convexes s'accroissant avec régularité, et séparés par 12 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1857.) une suture assez profonde. Ouverture à peine oblique, ovale, à peine échancrée et peu développée. Péristome non réfléchi, aigu, et intérieurement bordé. Columelle droite. Haut., 19 mill. — Diam., # mill. Cette espèce habite les environs de Sébastopol, où elle a été recueillie par notre ami M. Léon Humbert, auquel nous nous empressons de la dédier. Le Bulimus Humberti ne peut être rapproché que du Bulimus (Helix) obscurus de Müller; mais il s’en distingue par son ouverture moins oblique, plus petite et moins éva- sée; par son péristome non réfléchi; par ses tours de spire plus convexes, plus nombreux; par l'accroissement régu- lier de sa spire; par sa perforation arrondie et non allon- gée, etc. $ LIX. PoMaATIAS RAYIANUM. Testa conica, perforata, tenui, griseo-cornea, ac duobus zonis (in ultimo anfractu tribus) fusculo-griseis, circumcincta; tenuiter ac regulariter costulato-striata, ac ad suturam parum impressam albi- dulo-costulata ; apice lævi, obtuso ; anfractibus 8 vix convexiusculis ; ultimo anfractu obsolete carina non striata, adornato; apertura valde obliqua, oblongo-rotundata; peristomate undique reflexo, albido, non continuo ; marginibus approximatis.—Operculum tenuissimum, corneum, in medio spirale, suturis vix sub lente perspicuis, margini- bus menbranaceis. Coquille conique, perforée, fragile, d’une couleur grise cornée, munie de zones continues d’une teinte fauve gri- sâtre plus foncée. Test orné de petites côtes fines et régu- lières, un peu blanchâtres vers la suture. Sommet lisse et obtus. Huit tours de spire à peine convexes. Dernier tour présentant une carène obsolète lisse. Ouverture très-obli- que, oblongue, arrondie, à péristome blanc, réfléchi de tous côtés et non continu. Bords marginaux très-rappro- TRAVAUX INÉDITS. 13 chés.—Opercule très-mince, corné, spiral dans le centre ; suture à peine visible, même à la loupe; bords entière- ment menbraneux. Haut., 9 1/2 mill. — Diam., 4 1/2 mill. Cette nouvelle espèce habite le département de l’Aube ; seulement nous ne savons au juste si elle provient des en- virons de Bar-sur-Seine, des Riceys ou de ceux de Clair- vaux, car C’est en classant un grand nombre de Pomatias obscurum et septemspirale des localités ci-dessus énoncées que nous avons distingué cette singulière coquille. Le Pomatias Rayianum, par la grande obliquité de son ouverture, par la carène lisse de son dernier tour de spire, ne peut être rapproché d'aucune des Pomaties françaises ou européennes connues jusqu'à ce jour. Nous nous faisons un plaisir de dédier cette espèce à M. Jules Ray, conservateur du musée de Troyes. $ EX. Des CÆCILIANELLA ACICULOIDES € AGLENA. Depuis l’époque où nous avons publié (Aménités malac., t. 1°, p. 210 à 229) la monographie des Cæcilianella, notre ami M. Fischer a eu l’obligeance de nous procurer la Cæ- cilianella aciculoides (Columna aciculoides de Jan), que nous ne connaissions point, si ce n’est par la déplorable description de l’auteur italien. Aussi, dans notre travail monographique, n’avions-nous pu que citer simplement les expressions de Jan et qu’exprimer nos doutes sur la valeur de cette coquille, non figurée et si mal décrite. Pour combler cette lacune de notre ouvrage, il nous paraît convenable de donner à présent la représentation et une diagnose détaillée de cette espèce italienne, qui est une des mieux caractérisées de ce genre. Nous termi- nerons enfin par la description d’une nouvelle Cæcilianelle 4h REV. ET MAG. DE Z00LOGIE. (Janvier 1857.) que nous avons été assez heureux pour découvrir, en sep- tembre dernier, dans nos courses à la campagne. CÆCILIANELLA AGICULOLDES. Columna aciculoides, Jan, Mantissa, p. 2. 1832. Polyphemus aciculoides, Villa, Disp. syst. conch., p. 20. 1841. Achatina aciculoides, L. Pfeiffer, Mon. hel. viv., t. IL, p. 274. 1848. Cæcilianella aciculoides, Bourguignat, Aménités malac., t. 1, p. 222. 1856. Testa fusiformi, polita, diaphana, albida ; spira turrito-attenuata ; apice acutiusculo; sutura superfciali-duplicata separatis; anfrac- tibus 6 conyexiusculis ; ultimo sat ventricoso, dimidiam longitudinis æquante ; apertura piriformi - elongata, superne coarctata ; peristo- mate acuto, recto, simplice; margiue dextro antrorsum valde dila- tato ; columella arcuata, abrupte truncata, ac ad basim aperturæ attingente ; marginibus callo junctis. Coquille assez forte, fusiforme, lisse, diaphane et blan- châtre. Spire s’atténuant vers le sommet, ce qui le rend un peu aigu. Six tours convexes séparés par une suture bien marquée, entourée inférieurement d’une seconde ligne imitant une rainure suturale. Dernier tour assez ventru, égalant la moitié de la hauteur totale. Ouverture piriforme allongée, rétrécie à sa partie supérieure. Péristome sim- ple, droit et aigu. Bord droit fortement arqué. Columelle saillante, arquée, vivement tronquée et atteignant la base de l'ouverture, qui, en cet endroit , est un peu rectiligne. Bords marginaux réunis par une callosité assez sensible. Eong., 5-6 mill. — Diam., 2 1/2 mill. Cette espèce se rapproche, par sa taille, de la Cæcilia- nella Hohenwarti, mais elle en diffère essentiellement par sa columelle fortement tronquée ; par son ouverture ré- trécie à sa partie supérieure, et dont la base se trouve un peu rectiligne au lieu d'offrir une courbe régulière; par TRAVAUX INÉDITS. 15 son bord droit très-arqué en avant; par ses tours de spire plus convexes, etc... La Cæcilianella aciculoides n’a été rencontrée, jusqu’à présent, que dans la partie nord de l'Italie. CÆCILIANELLA AGLENA. Testa minuta, turrito-oblonga, gracih, polita, diaphana, albida, apice paulalum mamillata; aufractibus 7 planivsculis; sutura non marginata, sat impressa; ultimo 1/3 longitudinis æquante ; apertura piriformi, superne coarctata, ad basim dilatata ; peristomate acuto, simplice, recto; margine dextro paululum antrorsum arcuato; colu- mella recta trunçata ; xentre pouultimi anfractus non conyexo; mar- ginibus callo junctis. Coquille petite, grêle, turriculée, allongée, lisse, dia- phane, blanchätre. Sommet un peu mamelonné, par con- séquent obtus. Sept tours de spire un peu plans, à peine convexes, séparés par une suture non marginée et assez bien marquée. Dernier tour égalant le tiers de la lon- gueur. Ouverture piriforme, rétrécie à sa partie supé- rieure et dilatée à sa base. Péristome simple, droîït et aigu. Bord droit un peu arqué en avant. Dernier tour de spire n'offrant point de convexité à la partie aperturale, mais présentant, au contraire, une ligne presque rectiligne. Columelle droite, tronquée. Bords marginaux réunis par une callosité appréciable. Long., 5 mill. — Diam., 2 mill. Nous avons découvert cette espèce, en septembre der- nier, à la Ville-au-Bois-lès-Vendeuyre (Aube), dans les bois environnants. Elle habite les endroits un peu secs, sur les talus des fossés, à un pied de profondeur. La Cæcilianella aglena. se rapproche surtout de la Lies- villei (Bourguignat, Aménités malac., €. E, p. 247, pl xviu, fig. 6-8), mais on l'en distinguera à son sommet mame- lonné, à sa suture non marginée, à ses sept tours de spire, mais surtout à son ouverture, dont la convexité de l’avant- 16 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1857.) dernier tour est presque nulle et ne forme, pour ainsi dire, qu’une ligne droite avec la columelle, etc. $ LXI. ANCYLUS SALLEI. Testa antice convexa, postice recta vel paululum convexa, sinis- trorsus convexa, dextrorsus recta; apice postico, ad dextram dejecto, obtusissimo, nullo. Minuta, fragillima, diaphana, argutissime sub lente radiatilis, suc- cinea ; apertura oblonga. Coquille antérieurement convexe, postérieurement recti- ligne ou un peu convexe. Côté gauche convexe, côté droit rectiligne. Sommet postérieur rejeté à droite, et tellement obtus que son extrémité est complétement insensible. Test de faible taille, très-fragile, diaphane, très-finement radié, d’une couleur jaunâtre. Ouverture oblongue. Haut., 1 1/2 mill. — Long., 5 mill. — Larg., 2 mill. Cet Ancyle habite sur des morceaux de bois pourris dans la laguna larga de Toxpam, près la ville de Cordova (État de Veracruz), au Mexique. Nous ne donnons point en ce moment la représentation de cette espèce, découverte par M. Sallé, parce que nous devons la faire figurer dans notre monographie des An- cyles. $ LXIL. Unio GONTIERI. Testa valde inæquilaterali, tumida, elongata ; supra convexa; infra recta vel paululum arcuato-concava ; antice rotundata ; postice ros- trato-rotundata ; concentrice striata ; epidermide luteolo-nigrescente, ac ad umbones rubro vel luteo; intus albida ; umbonibus prominen- tibus, recurvis, ad partem anteriorem approximatis, ac oblique ful- gurantibus striato-tuberculosis usque ad angulum posticum natum, adornatis, dum pars postica striis parvulis recte divergentibus vel in angulo acuto cum anterioribus striis, junctis, munita est ; nati- TRAVAUX INÉDITS. ay bus acutis; dentibus : cardinali uno crasso, alto, denticulato, trun- cato ; laterali elongato, valido. Coquille très-inéquilatérale, renflée, allongée. Bord car- dinal convexe ; bord palléal rectiligne ou un peu concave; partie antérieure arrondie ; partie postérieure arrondie, tout en étant un peu rostrée. Stries concentriques plus ou moins marquées. Epiderme d’un jaune noirâtre, mais offrant, spécialement vers les sommets, une teinte jaunâtre ou rougeâtre moins foncée. Nacre intérieure blanchâtre. Sommets proéminents, recourbés, à sommets aigus, et or- nés, antérieurement, de stries tuberculeuses fulgurantes assez fortes, qui viennent s’arrêter sur l’arête postérieure dorsale, tandis que la partie postérieure des sommets se trouve sillonnée de petites stries divergentes, qui, quel- quefois pourtant, viennent se réunir, à angle aigu, avec les stries antérieures. Dent cardinale élevée, épaisse, à sommet tronqué et denticulé. Dent latérale très-forte et très- allongée. Long., 60-70 mill. — Haut., 30-35 mill. — Epaiss., 20-25 mill. Cette mulette habite la Crimée, dans la Tchernaia. Elle a été recueillie par M. Gontier, ex-sous-intendant mili- taire de l’armée d'Orient, et entomolopiste distingué. $ LXIIL. Deuxième supplément aux bivalves de l'empire ottoman On doit se rappeler qu'au mois de février dernier (1) nous avons donné le catalogue des acéphales ottomans, et que nous l'avons complété, quelque temps après (2), par les descriptions de trois mulettes nouvelles, recueillies en Syrie par notre ami Félicien de Sauley. (1) Bourg., Amén. malac., in Rev. et Mag. de z0ol., p. 68-79, 1856. (2) Bourg, Amén. malac., in Rev. et Mag. de 200]. (mai 1856), p. 226-229. 2° sème. +. 1x. Année 1857. 2 48 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1857.) Ce catalogue portait donc, à cette époque, le nombre des bivalves turc à trente-cinq espèces, réparties dans les six genres : Pisidium, Sphærium, Cyrena, Anodonta, Unio et Dreissen«. Depuis ces deux mémoires, que nous rappelons au sou- venir des conchyliologistes , nous avons obtenu de M. Edouard Verreaux et de M. Churchill, de Constanti- nople (grâce aux soins obligeants de notre ami M. Eugène Vesco), plusieurs espèces des plus curieuses et compléte- ment inédites. Ces espèces sont les suivantes : ANODONTA VESCOIANA. Testa magna, ventricosissima, fere æquilaterali, sat fragili, luteolo- nigrescente, intus albida; antice compressiuscula, rotundata; pos- tice acuminato-ovata ; margine superiore recta; margine inferiore arcuata ; umbonibus tumidissimis, ad anteriorem partem paululum dejectis ; ligamento brevi, valido. Coquille assez grande, très-ventrue , presque équilaté- rale, assez fragile, d’une couleur jaune grisâtre. Nacre intérieure blanchâtre. Partie antérieure arrondie et un peu comprimée; partie postérieure acuminée-ovale. Bord su- périeur droit ; bord inférieur arqué. Sommets très-renflés, un peu recourbés vers la partie antérieure. Ligament très- saillant, peu allongé. Long., 95 mil — Haut., 62 mill. — Epaiss,, 50 mill. Cette magnifique espèce, la première anodonte connue de l'Asie occidentale, habite les eaux des environs de Konïieh {ancienne Iconium), en Anatolie (Churchill). Nous dédions cette coquille à notre ami M. Eugène Vesco, chirurgien-major de la marine impériale, à Tou- lon. Unio CHURCHILLIANUS. Testa valde inæquilaterali; supra angulato-areuata (area com- pressa, valde elata); infra rotundata; antice brevissima, compres- TRAVAUX INÉDITS. 19 siuseula; angusta, rotundata; postice magna ac dilatata subatte- nuato-rotundata ; fragili, complanata, argute concentriceque stria- tula in ventre valyvarum sulcato-depressionibus irregulariter inter- ruptis, munita; epidermide luteolo-virescente, postice viridi radia- tulo ; intus paululum rosea vel cæruleo-albida ; umbonibus, anteriori parte dejectis, in angulo posteriori natum parvalis tuberculis, orna- tis; natibus minutis, acutissimis ; dentibus : cardinali exiguo, com- presso, teunçato ; laterali oullo. Coquille très-inéquilatérale. Bord cardinal arqué, angu- leux (région du corselet comprimée et très-dilatée). Bord palléal arrondi. Partie antérieure très-courte, comprimée, étroite, arrondie; partie postérieure grande, dilatée, sub- atténuée, arrondie. Valves fragiles, aplaties, très-finement ornées de petites stries concentriques et offrant, sur leur convexité médiane, une série irrégulière de dépressions assez profondes. Épiderme d’un jaune verdätre, présen- tant, vers la partie postérieure, quelques zones d’un vert plus foncé. Nacre intérieure d’une teinte rosâtre, ou d’un blanc bleuâtre. Sommets déjetés vers la partie antérieure, et ornés, sur l’arête dorsale postérieure, d’une série régu- lière de petits tubercules. Nates très-petits et très-aigus. Dent cardinale comprimée, tronquée et de petite taille ; dent latérale nulle. Long., 65 mill. — Haut., 47 mill. — Épaiss., 20 mill. Cette singulière coquille, du groupe des Alasmodontes, vit dans les eaux des environs de Konieh, en Anatolie. Nous la dédions à M. Churchill, rédacteur en chef du Journal impérial de Constantinople, pour l’obligeance qu'il a eue de nous communiquer les espèces de sa collection. Unio Eucyraus. Testa inæquilaterali, ventricosissima ; supra recta ; infra arcuata ; antice rotundata ; postice subattenuato-oyata ; eleganter concentrice- que striata vel postice subcostato-striata, ac, zonula irregulariter plicis contrariis adspersa, munita ; epidermide Juteolo-nigrescente ac zonulis atre-virescentibus radiatim ornata ; intus albida; umbonibus tumidis, prominentibus, recurvis; vatibus obtusis, paululum tuber- 20 REV. ET MAG. DE Z0OLOGIE. (Janvier 1857.) culosis ; dentibus cardinalibus duobus elonsatis, compressis, parum altis, obtusissimis ; dente laterali uno, elongato, parum valido. Coquille inéquilatérale, très-ventrue. Bord cardinal rec- tiligne; bord palléal arqué. Partie antérieure arrondie; partie postérieure ovale subatténu‘e. Stries concentriques se montrant, surtout vers la partie postérieure, sous la forme de petites côtes élégantes et régulières, sur lesquelles viennent chevaucher en sens contraire une zone de petites rides irrégulières. Épiderme d’un jaune noirâtre radié de petites bandes d’un noir verdâtre. Nacre intérieure blan- châtre. Sommets très-renflés, recourbés, à nates obtus, mu- nis de quelques petits tubercules peu sensibles. Dent cardi- nale, bifide, allongée, comprimée, peu élevée et à sommet très-obtus ; dent latérale unique peu forte et assez allongée. Long., #1 mill. — Haut., 27 mill. — Épaiss., 22 mill. Cette espèce, qui nous a été donnée par M. Édouard Verreaux, habite les eaux du Scamandre, en Anatolie. UNIO EUCIRRUS. Testa inæquilaterali, ovata, antice rotundata, supra infraque vix co: vexa ; eleganter concentriceque striatula, ac ad aream et poste- ricrem partem irregulariter sulcato-costata, adornata; epidermide ut ola; intus albida ; umbonibus convexiusculis, paululum tuber- eulosis ; natibus recurvis, acutis; dentibus : cardinali clongato, alto, compresso, trigonali, paululum truncato ; laterali crasso, alto, elon- gatoque. Coquille inéquilatérale, ovale, antérieurement arrondie, postérieurement oblongue-arrondie. Bords palléal et cardinal à peine convexes. Test élégamment sillonné de petites stries concentriques et offrant à la partie posté- rieure, vers la région du corselet, une série de petites rides irrégulières et de diverses grandeurs. Épiderme jau- nâtre. Nacre intérieure blanchâtre. Sommets convexes munis de quelques tubercules. Nates recourbés, aigus. Dent cardinale allongée-comprimée, élevée, de forme tri- gonale et un peu tronquée au sommet; dent latérale éle- vée, allongée et assez épaisse. TRAVAUX INÉDITS. 21 Long., 50 mill. — Haut., 31 mill. — Épaiss. 17 mill. Nous avons reçu cette espèce sous l'indication de deux localités assez distantes l’une de l’autre. Cette mulette nous a été d’abord envoyée par M. Eugène Vesco, comme ayant été recueillie dans les environs de Beyrouth, en Syrie; en second lieu, elle nous a été donnée par M. Edouard Ver- reaux, comme provenant de petits ruisseaux, qui de la côte d’Asie se jettent dans le détroit des Dardanelles. D'après l'aspect de cette coquille, nous croyons que l'in- dication de localité fournie par M. Ed. Verreaux est la seule véritable. Après ces quatre espèces que nous venons de décrire, nous avons encore à signaler comme habitant l'empire ot- toman : l'ANODONTA comPLANATA, de Ziegler, in Rossmass- ler (Iconogr., I, p. 112, taf. x, f. 68. 1835, et IV, p. 24, taf. xx, fig. 283. 1836), du Danube et de la Maritza, et l'Uxio 8REvIROSTRIS, de Küster (Conch. cab. #. Unio, p.120, taf. xxxu1, . 1-3. 1856), du Monténégro, et, d’un petit ruisseau qui se jette dans la mer de Scutari. Enfin terminons par une rectification synonymique as- sez importante. Küster vient de publier (Conch. cab. g. Unio, taf. xzu, fig. 4. 1856) une mulette sous le nom d'Unio Narozicus. Cette espèce n’est autre que celle que nous avons décrite, en 1855, sous l'appellation d'Uxio Huert (Bourguignat, Aménités malacol., in Revue et mag. de z00l., p. 332, pl. vuu, fig. 1-4). Tels sont les nouveaux documents qui viennent complé- ter notre histoire des Acéphales fluviatiles de l'empire ot- toman. Zoo1oGiE ArrLiQuÉE. Système proposé pour l'amélioration des races de Vers à soie. M. l'abbé Moigno, rédacteur en chef du Cosmos, ayant parlé à plusieurs reprises, dans son journal, de ce nou- 22% REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE: (Janvier 1857.) veau système, dans des termes et avec des arguments que nous n'avons pas cru convenable de laisser passer sans réponse, nous lui avons adressé la lettre suivante. Les notes explicatives dont nous avons fait suivre cette lettre en font un travail de zoologie qui n’est point en dehors du cadre de notre recueil. Monsieur l'abbé, Dans le Cosmos du 19 décembre 1856, vous metter en doute la sincérité de mes travaux scientifiques (page 649, ligne 30). Vous traitez de longue dialribe (page 649, ligne 38), c'est-à-dire de « critique amère et violente, d’écrit inju- rieux » (définition de l’Académie), les observations et les réflexions que j'ai l'honneur de communiquer quelquefois à l’Institut, aux Sociétés d’acclimatation et d'agriculture, et que ces illustres compagnies veulent bien insérer dans le recueil de leurs actes. Vous me faites tenir, à l'égard de la Société d’encoura: gement, un langage plus qu'irrévérencieux en disant (page 649, lignes 38 et 39) que j'ai osé appeler commission ABUSÉE la commission si honorable de cette Société. Enfin vous revêtez d'un caractère odieux, car vous en faites des personnalités, la critique loyale que, dans l’in- térêt de la science, j'ai dû faire de ce que vous croyez de- voir appeler UNE DES PLUS BELLES DÉCOUVERTES DES TEMPS MODERNES. Vous trouverez convenable, monsieur l'abbé, que je ne laisse pas passer tant et dé si lourds griefs sans réponse, et que j'expose à vos lecteurs quelques-unes des raisons qui justifient ma façon de voir et qui démontrent l'erreur dans laquelle votre zèle pour le bien public vous a en- trainé sur mon compte. Je dirai peu de mots de la sincérité de mes travaux ils font partie de la science, et, comme il s’agit principalement TRAVAUX INÉDITS, 23 d'entomolome agricole, vous me permettrez d'en appeler aux naturalistes et aux agriculteurs praticiens plutôt qu'à vous, monsieur l'abbé, qui êtes connu pour un mathéma- ticien distingué. Mais lorsqu'à l'exposition universelle de 1855 le jury de la HI° classe me décerne une médaille pour mes travaux el mes expériences concernant l'introduction en France de plusieurs vers à soie exotiques ; lorsque je vois, tous les ans, assister au cours de magnanerie pratique iastitué par M. Eugène Robert et moi à Sainte-Tulle (1) de nombreux jeunes gens envoyés par Îles gouvernements étrangers, je peux croire que mes travaux et mes études sont dignes de quelque attention, et que, par conséquent, on les trouve sincères. : Si vous caractérisez de longue diatribe le langage peu orné, il est vrai, et sans prétention , mais plein de fran- chise et de bonne foi que je m'efforce d'employer dans mes écrits, dites-moi, je vous prie, quel nom je puis, sans blesser la charité Chrétienne, donner à celui dont vous vous servez à mon égard quand vous dites que je ne veux pas sincèrement, que j'ose le mai, que j'ai le courage d’es- sayer de faire oublier le bien (Cosmus, 19 octobre 1856, page 428)... Vous dites, monsieur l'abbé, que j'ai osé appeler com- mission abusée la commission si honorable de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale. fl ne faut pas changer mon langage ; le mot abuxée est de vous, il n’est pas de moi. J'ai dit qu'on a montré « de gros cocons « blanes à des commissaires et à des curieux surpris, » commissaires el curieux SURPRIS, monsieur l'abbé, surpris ei non ubusés : ces deux mois ne sont point synonymes. Et en effet, si je prétends que par surpris (2) j'ai voulu dire étonnés, qu'aurez-vous à me répondre? et de quel droit viendrez-vous interpréter à mal le sens de mes ex- (1) Voyes note A. (2) Voyez note B. 24% REV. ET MAG. DE Z00LOGIE. (Janvier 1857.) pressions? Ah! monsieur l'abbé, avec cette facilité à modi- fier les textes, combien vous me donneriez raison contre vous! Quoi qu'il en soit, les commissaires abusés selon vous, surpris selon moi, ont fait à la Société d'encouragement, sur votre plus belle découverte des temps modernes, un rap- port concluant et approbatif. J'ai voulu savoir ce qu'il en était. Je me suis convaincu, et j'ai dit tout haut que la dé- couverte était illusoire et que le système breveté n'était pas pratique, Vous pensez le contraire, monsieur l'abbé, et c’est pour soutenir votre opinion que vous avez élevé la voix contre moi. Vous m’obligez à vous démontrer que je ne suis pas dans l'erreur, et vous accepterez mes expli- cations ; car une grande industrie est en souffrance, même en danger, et l'intérêt public se joint au mien pour vous les imposer. Vous n’ignorez pas, d’un côté, que la récolte de la soie en France, pour l’année 1856, a été à peine le dixième des récoltes ordinaires, lesquelles, dans l’état normal, sont insuffisantes pour alimenter nos fabriques de Lyon, de Nîmes et des autres centres manufacturiers; et vous savez aussi qu'à ce passé déplorable il faut joindre la crainte d’un avenir plus désastreux, c’est-à-dire la per- spective d’une récolte encore moindre pour cette année. Il est avéré, d’un autre côté, que la cause prochaine et immédiate du mal provient de la mauvaise qualité des graines, laquelle est due à de mauvaises éducations. Faites de bonnes éducations, vous aurez à la fois de belles soies et des élèves robustes et bien conformés, qui vous donneront à leur tour des graines de bon aloï; et, comme il faut commencer par le commencement, ayez d'abord de bonnes graines. Avez-vous de bonne graine? Vous répondez carré- ment our, et vous ajoutez que vous possédez même un secret pour vous en procurer constamment et infaillible- ment. Oh! pour le coup, tout est sauvé ;-vous et vos pro- TRAVAUX INÉDITS. 25 tégés vous avez bien mérité de la patrie, et vous avez droit à toutes sortes d’encouragements et de protections, Voyons donc ce secret (1). Votre secret consiste en ceci : « Pour améliorer les races et avoir de bonnes graines « de Vers à soie, il faut empécher la consanguinité. » En d’autres termes, il faut demander cette graine à des mariages entre papillons qui ne soient ni frères et sœurs (2), ni cousins et cousines, etc. C’est là ce que j'appelle une découverte illusoire et d’une application im- possible. Il s’agit ici de physiologie, il ne s’agit pas de mathé- matiques ni de mécanique. À ce point de vue done et à l'égard de l'amélioration des races, quel est le fait le mieux constaté? Le voici : quand on possède une belle race, le seul moyen de la conserver et de l'améliorer c'est de faire obstacle aux métissages ; de veiller à ce qu’elle reste pure, en respectant l'homogénéité de l’ori- gine, des qualités et de la forme par une intelligente sé- lection ; d'en maintenir les élèves dans de bonnes condi- tions d'hygiène, surtout de les nourrir avec le plus grand soin, c'est-à-dire sainement et suffisamment. Natura sem- per est sibi consona : j'affirme des insectes ce que les éleveurs obtiennent des chevaux et des bestiaux (3), et vous ne pouvez pas me contredire, sans contredire aussi les lois du Créateur, qui, en répandant la vie sur ce globe, a soumis tous les êtres qu'il en a doués à des conditions uniformes, la variété dans l'unité. Je vous offre d'élever sous vos yeux plusieurs couples de Vers à soie ordinaires, de race blanche ou jaune, de les marier entre eux en pratiquant la sélection et d’en obtenir une belle race au bout de quelques générations. (1) Voyez note C. (2) Voyez note D. (3) Voyez note E, 26 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1857.) Je vous déclare d'avance que je me bornerai à observer les lois de l'hygiène telles que la science les prescrit et telles que les pratiquent les bons éducateurs (1). Maintenant, passons de la théorie de la découverte à son application. Veuillez m'indiquer je vous prie, mon- sieur l’abbé, le moyen de la mettre sérieusement en prati- que. Il faut ici se tenir en garde contre les entraîne- ments de la vérité mathématique, qui est toute théorie, et se rappeler à propos que cette vérité, toujours très- réelle dans l’entendement, n’est jamais réelle au même degré dans la nature physique; il y a quelque part là- dessus une jolie page de Buffon. Le gouvernement alloue tous les ans une somme de 3,000 fr. à des magnaniers pour qu'ils aient à produire et à livrer au public une quantité de 100 onces de graines bien conditionnées. La magnanerie-école de Sainte-Tulle, où, depuis dix ans, je fais mes observations expérimen- tales et mes cours, reçoit, à ce titre, une pareille subven- tion. Nous serions très-jaloux, je vous assure, M. Robert et moi, d'augmenter la réputation de cet établissement, et vous comprenez que nous y sommes intéressés à tous les points de vue. Quand nous avons voulu nous rendre compte de la pratique sérieuse, sincère (ici le mot est commandé) du procédé récompensé et breveté de M. André-Jean, voici quelle a été notre situation. Nous nous sommes dit : 100 on- ces de graine à 35,000 œufs par once (de 25 grammes) don- nent 3,500,000 œufs, lesquels, à raison de 400 œufs environ par ponte, nous seront fournis par environ 9,000 couples de Papillons. Comment faire pour être bien sûr, tous les ans, que parmi ces 9,000 couples il n’y aura ni frères ni sœurs, ni cousins ni cousines? Nous avons dù y re- noncer, monsieur l'abbé, comme nous renoncerions à ré- soudre le problème de la quadrature du cercle s’il vous (1) Voyez note F. TRAVAUX INÉDITS. 97 prenait fantaisie de nous le proposer. Que la chose soit facile dans un laboratoire, où l'on peut opérer sur vingt couples si l'on veut, nous ne saurions le contester ; mais, dans une éducation même des plus restreintes, le procédé est matériellement impraticable, et tout homme de bon sens qui, une seule fois en sa vie, aura mis le pied dans une magnanerie sera forcé d'en convenir. Vous figurez- vous les 1,500,000 onces de graines (52,500 millions d'œufs) que la France consomme annuellement dans ses éduca- tions passant ainsi au tamis du système André-Jean ? Après cela, monsieur l'abbé, ne craindrez-vous pas qu'on vous impute à blâme d’avoir, en semblable matière, préjugé le sentiment des commissaires de l'Académie des sciences, et que MM. Dumas, le maréchal Vaillant, de Quatrefages et Peligot, que vous cilez, non peut-être sans indiscrétion, ne vous taxent de témérité, en vous voyant affirmer prématurément, et avant d'y être autorisé par leur décision officielle, qu’ils sont prêts à soumettre à l’Aca- démie un rapport approbatif, tendant à consacrer des con- clusions si excentriques et de nature à commettre, une fois de plus, la science et ses théories avec les données ir- récusables de la pratique la plus rationnelle et la plus éclairée (1). Science n’est pas complaisance, monsieur l'abbé : je suppose qu'un particulier se présente à vous et vous dise avec assurance : « Je viens de découvrir que les trois « angles d'un triangle sont égaux à deux angles droits. » Vous lui répondrez avec raison (2) : « C’est la découverte que, de tout temps, ont faite, avec Legendre, les écoliers de quatrième. » Que si des protecteurs bienveillants et peu géommètres insistent auprès de vous en ajoutant : « C'est un (1) Voyez note G. (2) 1 y a beaucoup de découvertes de ce genre parmi celles qui excitent l'admiration du public, et que récompeuseut mème parfois les Académies. 28 REV. ET MAG. DE Z0OLOGIE. (Janvier 1857.) si brave homme, il lève si bien un plan, » trouverez-vous dans l’habileté du brave homme à manier la règle et le compas une raison suffisante pour lui donner un brevet de génie et d'invention? Non : vous respecterez la di- gnité de la science, et vous offrirez au protégé un certi- ficat de capacité comme arpenteur. ssl Mutato nomine, de te Fabula narratur… C’est l’histoire des cocons André-Jean et Bronski. M. et Mr André-Jean ont prouvé qu'ils étaient de bons magnaniers, qu'ils étaient habiles à éduquer des Vers à soie. Mais font-ils mieux (1), font-ils autrement que MM. Robinet, d'Arbalestier, Buisson de Grenoble, Dorel, E. Robert, etc.; que MM. Magretti, Grassi, Bassi, Bal- samo-Crivelli, etc.? Non; seulement ils sont venus le faire à Paris, où l’art du magnanier n’est pas pratiqué en grand et industriellement; où, par conséquent, les vrais juges du progrès ne se rencontrent pas. Encore une fois, faisons de la science, monsieur l'abbé, ne faisons pas uniquement de la complaisance et de la condescendance:; et dans une étude où la pratique, la grande pratique doit dominer souverainement la spécu- lation, ne souffrons pas que le public soit induit en erreur par la théorie pure et ses entraînements dangereux. Pour moi, j'aurais manqué à mon devoir si j'avais gardé le silence, et je me serais montré peu digne de la con- fiance dont m'ont honoré tant de fois le gouvernement et l'Académie des sciences, de celle surtout qui me vaut tant et de si précieux témoignages de la part des magnaniers de tous les pays et de ces grands éducateurs nationaux sur lesquels reposent le présent et l'avenir d'une indus- trie étroitement liée aux forces productives de l'empire (2). (1) Voyez note H, (2) Voyez note I. TRAVAUX INÉDITS. 29 J'ai l'honneur d’être votre très-humble et très-obéissant serviteur. GuÉérIN-MÉNEVILLE. Paris, 12 janvier 1857. NOTES. NOTE A. … Anstitué par M. Eugène Robert et moi à Sainte-Tulle…. La magnanerie de Sainte-Tulle, fondée par M. Eugène Robert, a été établie en l’année 1836. Dix ans plus tard, la section agricole du congrès scientifique de France, que j'avais l'honneur de présider, reproduisant ce qui avait été souvent demandé par les différentes sociétés d'agriculture des pays séricicoles, par divers conseils généraux, et par près de trente députés des départements méridionaux , émit le vœu que le gouvernement voulüt bien me charger de recherches scientifiques sur les maladies des Vers à soie. La section désigna en même temps la magnanerie de Sainte-Tulle comme le lieu le plus convenable pour faire ces expériences. Le ministre de l’agriculture et du commerce, M. Cunin- Gridaine, comprenant toute l'importance d’une étude qui serait basée sur les données de la science réunies à la grande pratique, me confia la mission sollicitée par le con- grès, mission qui s’est continuée jusqu'à ce jour, tant aux frais du gouvernement qu'aux miens propres, quand, par le fait de circonstances que tout le monde connaît, les fonds affectés aux encouragements de l’agriculture se trou- vaient épuisés. M. Eugène Robert, avec ce zèle et ce dévouement pas- sionné pour l’industrie de la soie qui le caractérisent, et qui ont rendu son nom populaire dans le Midi, m’aida de tous ses efforts et de tout son pouvoir; il mit à ma disposition 30 REV. ET MAG. DE 2001061: (Janvier 1857.) ses plantations, ses éducations, ses ateliers, et sa maison même. Déjà il avait commencé à faire des cours de ma- gnanerie aux paysans des environs, auxquels il communi- quait les résultats de sa pratique, Nous continuâmes sur le même plan, et nous eûmes la satisfaction de voir arriver à Sainte-Tulle, pour profiter de nos enseignements, des élèves de l'étranger, même de l’Asie et de l'Amérique (1). Aujourd’hui des magnaneries ont été fondées d'après nos méthodes et nos principes non-seulement en Europe, mais encore dans l’Arménie, au Bengale, aux États-Unis et au Brésil. Quant au bien que notre institution a produit en France, nous pouvons joindre aux suffrages répétés du gouverne- ment et de l’Institut les témoignages précieux de tous les éducateurs du Midi, dont nous nous dispensons de repro- duire les expressions écrites. Au reste, la magnanerie de Sainte-Tulle s’est présentée à l’exposition universelle de 1855, et voici en quels termes le jury en a parlé : « MM. Guérin-Méneville et Eugène Robert exposent des cocons de diverses races qu'ils étudient en commun, à la magnanerie de Sainte-Tulle, depuis plus de huit années. « Les travaux de ces habiles expérimentateurs, connus de tout le monde scientifique et industriel, ont pour objet le perfectionnement de l’industrie de la soie, au double point de vue de l'éducation des Vers et de la filature des cocons. ki « Le jury de la III° classe regrette que la position de l'un de ces messieurs, qui lui-même fait partie de la XXI° classe, ne lui permette pas de leur décerner la ré- compense qu’auraient évidemment méritée les produits et (1) Les élèves qui nous sont adressés par le gouvernement du Piémont et la chambre de commerce de Turin sont désignés au con- cours et entretenus aux frais de l'État. TRAVAUX INÉDITS. 34 les travaux de la magnanerie expérimentale de Sainte- Tulle; mais elle a voulu, du moins, que l'expression de sa haute approbation fût consignée dans ce rapport. » (Voyez Rapports du jury mivte international, publiés sous la direc- tion de S. A. I. le prince Napoléon, page 158. Paris, im- primerie impériale, 1856.) Ce langage est suivi d’un commentaire ; on lit en effet, à la page 1045 du même ouvrage, et à propos de la grande médaille d'honneur, que la magnanerie expéri- mentale de Sainte-Tulle a été mise Hors CONCOURS, parce que M. Eugène Robert faisait partie du jury. Noxe B. RE si je prélends que par surpris... Entre M. l'abbé Moigno et moi, cette question de synonymes est purement grammaticale: mais entre MM. Bronski, André-Jean et l'abbé Moigno, c'est une question de bonne foi que les considérations suivantes peuvent aider à résoudre. 4° On peut filer les cocons à l’état absolument frais, c'est-à-dire aussitôt que le Ver à soie a dégorgé son bout terminal; la matière gommeuse du cocon n'ayant pas eu le temps de sécher, le brin se détache avec facilité, et l'on n'a pas besoin d'employer la température ordinaire des bassines, indispensable pour ramollir, la matière gom - meuse, faire agglutiner les brins et constituer un bon fil, mais aussi qui dissout toujours plus ou moins la matière colorante des chrysalides. En employant ce procédé pour les cocons blancs, on obtient de très-beaux échantillons dont le blanc n'a pas été sali dans la bassine; mais ce ne sont que des échantillons, et ce n'est qu'un procédé de laboratoire que tous les fileurs connaissent et qu'ils n’em- ploient pas, non-seulement parce qu'il n'est pas pratique industriellement, mais encore parce qu'il fournirait des fils dont les brins seraient mal agglutinés. 32 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1857.) 99 La matière gommeuse dont le brin est enduit en sor- tant de la filière du Ver à soie communique au fil un bril- lant naturel : or les besoins de la fabrication exigent que l'on donne au fil, en réunissant plusieurs brins, un certain degré d’élasticité et de force, et c’est pour cela qu'on a inventé le procédé de la croisure. Ne pratiquez pas la croi- sure ou pratiquez-la à un degré insuffisant, vous aurez un fil éclatant et lustré, mais plat, sans élasticité et sans résis- tance; croisez, au contraire, et le poli brisé amoindrira d’autant le brillant; l’un séduira l'œil des amateurs et les surpendra, l’autre satisfera aux convenances et aux néces- sités de l’industrie. 3° Un autre moyen, non pas seulement de conserver la blancheur des soies, mais encore d’y ajouter, consiste à dé- vider les cocons en les plongeant dans une bassine remplie d’eau azurée ; le fil qui en sort est plus blanc que nature, il surprend l'amateur; il peut même surprendre le con- naisseur, s’il n’y prend pas garde. 4e Si, au lieu de présenter des flottes plantureuses, qui se prennent à poignée et ne peuvent, en raison de leur épaisseur, refléter que la couleur qui leur est propre, vous exposez de minces écheveaux bien étalés sur du papier bleu, l'aspect du brin profitera de la transparence, et l'œil sera flatté agréablement et, par conséquent, surpris d’un éclat emprunté (1). 5° Enfin la grosseur des cocons peut aussi être un objet de surprise, surtout si on laisse ignorer, à ceux qui les admirent, que cette grosseur est, toujours et sous tous les rapports, une marque irréfragable de la mauvaise qualité de la soie. \ Un gros cocon a le brin grossier; il faut moins de brins pour former le fil, ce qui est mauvais; car, à diamètre (1) Voir la chronique séricicole de M. Robinet dans le Journal d'agriculture pratique, 3° série, t. V, p. 234, au paragraphe inti- tulé, Procédé pour obtenir de la soie d’un blanc exceptionnel. TRAVAUX INÉDITS. 33 égal, le fil composé de trois brins gros est moins élastique et moins résistant que le fil composé de cinq brins fins; c’est là un principe de mécanique élémentaire. En dévidant, un brin casse; la dévideuse fait plusieurs tours sans s’en apercevoir. Tant que l’aspe marche sans que le fil cassé ait été rattaché, le fil de cinq brins n’est plus que de quatre, et celui de trois n’en n’a plus que deux. On comprend que le fil de trois brins, réduit à deux, présen- tera, pendant la durée de l’interruption, une inégalité plus sensible que le fil de cinq brins réduit à quatre. C’est peut- être là le plus grand défaut qu'on doive éviter dans la qualité de la soie, puisqu’une flotte est regardée comme de premier choix quand le fil qui la compose est égal en diamètre dans toute sa longueur, et qu'il a une résistance et une élasticité relatives. Enfin un gros cocon donne toujours une soie duveteuse et peu recherchée pour la fabrication; il se laisse prendre moins de soie au dévidage et fait, par conséquent, plus de déchet. Il suit de là donc que plus il y a de gros cocons dans une éducation, moins l'éducation est parfaite et moins ses produits ont de valeur sur le marché. Si M. et M"° André-Jean, si M. le major Bronski avaient fait usage de ces petits secrets, qui ne sont des secrets qu'à Paris ; s'ils avaient employé ces raffinements et ces réticences, il y aurait, à coup sûr, dans leur fait, un cer- tain artifice, une sorte particulière d'industrie; mais ce n’est pas pour récompenser ces industries-là que la Société d'encouragement pour l'industrie nationale a été instituée par ses fondateurs. Que M. l'abbé Moigno s’informe donc, auprès d’eux, de ce point important; car c’est après cette information seu- lement qu’il pourra juger, d’une façon pertinente, jusqu'à quel point peut être justifiée, dans sa bouche et sous sa plume, la substitution qu'il a faite de son expression (commission abusée) à la nôtre (commissaires surpris). 2° sine. +. 1x. Année 1857, 3 8h REV. ET MAG. DE 200LOG18, (Janvier 1857.) Note C. .. Voyons donc ce secret... Les cocons André-Jean et Bronski se présentent depuis dix-sept ans aux expositions et aux sociétés, dont ils font l'admiration, sans que ni l’industrie, ni le gouvernement qui tient à cœur son développement et ses progrès, en aient pu tirer aucun parti. M. Bronski seul en a tiré d'abord toutes les distinctions directes et indirectes que les Jurys peuvent faire obtenir (rapport de M. Alcan); c’est en- vers lui que la plupart des sociétés qui s'occupent de l’in- dustrie ont été libérales, et la Société d'encouragement elle-même lui décerna, en 1847, l’une des premières mé- dailles. Quant à M. André-Jean , c’est seulement en mars 1855 qu'il s’est présenté à la Société d’encourage- ment avec un paquet cacheté contenant le secret des co- cons blancs. Il en réclamait la découverte en faveur de Mr: André-Jean, et offrait d’en faire l’application sous les yeux d’une commission. La commission fut nommée ; des expériences furent entreprises sous ses yeux, dans un local loué aux frais de la Société, et disposé, par ses or- dres, en magnanerie, dans le domaine de Neuilly, près Paris. Les résultats de cette expérience furent les suivants : 31 grammes d'œufs et 1,051 kilogrammes de feuille consommés produisirent 49 kilogrammes 614 grammes de cocons, d’où on tira de quoi filer ces quelques flottes peu épaisses, du poids d'environ 4/2 kilogramme, qui paru- rent à l'exposition. M. Alcan, ingénieur civilet professeur au Conservatoire des arts et métiers, fut dans l'admiration et même dans l'enthousiasme; il fit à la Société d’encou- ragement, au nom de la commission, un rapport dans lequel il affirme que ces résultats sont des plus remarqua- bles ; que le système au moyen duquel ils ont été obtenus repose sur une loi naturelle; que les moyens pratiqués sont à la portée de toutes les intelligences; qu'ils impri- ment cependant aux opérations du magnanier une préci- TRAVAUX INÉDITS. 35 sion qui manque complétement dans les circonstances ordi- paires; que la possibilité d'améliorer les races de Vers à soie, de manière à changer leur constitution et à les rendre susceptibles de résister à la plupart des causes morbides est démontrée; que la découverte dont il s’agit est placée, par sa nature et par l’importance des progrès qu’elle est appelée à réaliser, dans une de ces conditions rares et exceptionnelles, où l'intervention de l’administration su- périeure devient nécessaire pour concilier, dans une me- sure équitable, les intérêts du public et ceux de l’inven- teur; d’où il conclut que son rapport fut adressé, au nom de la Société, à MM. les ministres D'État De l’agriculture, du commerce et des travaux publics ; De la guerre; De la marine et des colonies, qui sauront apprécier la valeur de la découverte. Ce rapport fut lu à la séance générale du 20 février 1856; on décerna, sans autre, à M. André-Jean une médaille de la valeur de 3,000 francs, avec ce titre au programme : AMÉLIORATION DE LA RACE DES VERS A SOIE. On comprendra que, dans les circonstances où se trouve, en France et malheureusement dans tous les pays à peu près, l’industrie de la soie, un pareil rapport dut exciter au plus haut degré l'attention de tous ceux qui s'intéressent à la sériciculture. On discuta son origine, on pesa toutes ses assertions. Au Bulletin imprimé, le rapport est signé ALcaN, Tap- porteur, et Dumas, président de la commission; mais la commission, de combien de membres se composait-elle, et quels étaient ces membres? A la Société d'encouragement, il n’y a pas de commis- sion spéciale; il y a des comités tout formés d’avance, auxquels on renvoie les questions. Ainsi il y a un comité des arts mécaniques, un comité d'agriculture, et un comité 36 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1857.) du commerce. Chacun de ces comités a des membres titu- laires et des membres adjoints, et chacun aussi traite de droit toutes les questions qui sont de son domaine. En vertu de cette organisation, la question des Vers à soie, apparte- nant à l’agriculture, aurait dû être iraitée par MM. Vil- morin aîné, Huzard, Darblay, Moll, Brongniart, Vilmorin (Louis), d'Havrincourt, Crespel-Dellisse et Dailly. Les membres le plus naturellement indiqués pour faire le rap- port, et par conséquent pour suivre les expériences, à cause de la nature physiologique de la question et de la spécialité de leurs études et de leurs travaux, étaient M. Huzard, membre de l’Académie de médecine, ou bien M. Brongniart, professeur au Muséum. Mais, par une ex- ception qui ne s'explique pas ou qui s'explique mal, c'était un membre du comité des arts mécaniques, un professeur au Conservatoire des arts et métiers, M. Alcan, qui en était chargé, sous la présidence de M. Dumas, qui est le pi‘sident né de toutes les commissions, en sa qualité de p: ‘sident de la Société elle-même. Une exception aussi tr, 1chée devait être regardée comme une anomalie: et il es! très-vrai que de semblables anomalies se rencontrent aieurs. Mais, si, dans la haute sphère du gouvernement, on a vu quelquefois des ministres de la marine qui n’ont jarnais été marins, il est juste de remarquer que ces mi- nistres eux-mêmes n'ont jamais fait cécider des questions de navigation à des vétérinaires, n. des questions d’hy- giène à des pilotes lamaneurs. Chaci : chez soi, chacun son droit. S'il avait été question de tiss: fe, ajoutait-on, à la bonne heure, M. Alcan aurait pu réc mer; il s'agissait de uutrition et de sécrétion; encore une fois, un physiolo- giste était mieux indiqué qu'un mécanicien. A ces réflexions préliminaires et de pure forme, on ajoutait les considérations suivantes, que nous abrégeons beaucoup, quoiqu'elles s’attaquent au fond; car, dans une simple note, il nous est impossible de rappeler tout ce qui s’est dit alors dans le monde des magnaniers. On faisait TRAVAUX INÉDITS. 37 donc observer, à l'encontre des affirmations du rapport, que : 1° 49 kilogrammes de cocons obtenus de 31 grammes d'œufs combinés, par la nutrition, avec 1,051 kilogrammes de feuille de mürier sont, pour les paysans de l'Ardèche et de la vallée du Rhône qui font des éducations de 1 once, un résultat très-ordinaire (1). (1) Voici ce que nous lisons dans le Journal d'agriculture pra- tique, reproduit par le Commerce séricicole {16 janvier 1856) : Le rapport de M. Alcan sur l'invention annoncée de M" Audré- Jean a appelé vivement l'attention ; mais les affirmations de M. Alcan étant dénuées de preuves, les agriculteurs, qui n'aiment pas à croire sur parole, ont partagé tous nos doutes. Nous avons reçu à cette occasion plusieurs observations, parmi lesquelles nous choisissons celles que nous a adressées M. Amadieu , éducateur à Martel (Lot). « Nous savons tous, nous écrit M. Amadieu, que 31 grammes de graine de Vers à soie ne renferment pas moins de 40,000 œufs d’une race moyenne. Dans l'éducation faite à Neuilly, l’éclosion a été des Plus remarquables. Le savant rapporteur nous apprend , en outre, «qu'un examen minulieux [fait inopinément à plusieurs reprises, « Lant dans la lilière que dans La nourrilure, n'a pu fuire décou- « vrir de Ver malade pendant toute la durée de l'éducation, et que « le travail de la montée et de la formation des cocons a élé non « moins salisfaisant. » “ La commission n'a donc vu aucun Ver malade ; chaque Ver a donc fait un cocon , c'est-à-dire qu'il y en a eu 40,000. Or une très- pelite race que j’élève ici depuis plusieurs années, sans aucune es- pèce de méthode infaillible, me donne des cocons dont le poids a été souvent supérieur et jamais inférieur à 2 grammes. Nous serons donc probablement au-dessous de la vérité en adoptant ce poids pour les cocous sans rivaux de M®° André-Jean. Les 40,000 cocous de sa ré- colte auraient donc dü peser 80 kilogrammes. Mais M. Alcan n’accuse que 49 kil. 614 gr. Il ajoute, il est vrai que « ces cocons ont été pesés « seulement après douze jours, et que si on avait décoconnt, comme à « l'ordinaire, cinq ou six jours plus tôt, on aurait probablement «trouvé 55 à 60 kilogr. » Il y a là une erreur qui aura échappé à l'attention du rapporteur de la Société d'encouragement, M. Alcan n'igoore pas que notre maitre à tous, M. Dandolo, a constaté que la perte éprouvée, chaque jour, par les cocons déramés est du ceutième de leur poids, et ce fait a été confirmé récemment par nos plus ba- 38 REV. ET MAG. DE 200LOGIE. (Jänvier 1857.) 2% Si toutes les intelligences comprennent Ficileméft qu'on peut éviter la consanguinité, il n’est pas également facile de mettre à exécution cette pratique. 3° Il est peu conforme à la vérité des faits d'affirmer d’une manière générale que, dans les circonstances ordi- naires, les opérations du magnanier mañquent compléte- ment de cette précision que M. André-Jean a apportée dans son éducation de Neuilly; attendu que, sans compter la magnanerie expérimentale de Sainte-Tulle, qui fait école, on peut citer un nombre considérable de grands éduca- teurs, tant en France qu’en Îtalié, dont lés magnaneries peuvent être citées comme modèles ; que c'était vraiment fàächeux d'ignorer ainsi les faits; que les sociétés instituées pour donner des prix aux industriels méritants n'avaient, dans leurs statuts, rien qui les autorisât à jeter, même par allusion et d’une manière indirecte, la moindre défaveur sur les industriels de la même catégorie qui n’avaient pas jugé convenable de venir figurer à Paris. C’est ainsi que l’on contredisait les trois assertions fon- damentales du rapport. Puis on fait observer, avec raison, qu’il n’était fait mention d'aucune expérience ayant eu pour objet de démontrer, par des moyens connus et qui se pratiquent à la coxprriow, les qualités de la soie pro- duite, la finesse du brin, l'égalité, la force et l’élasticité du fil, etc., etc. Et de tout cela on concluait que la dé- couverte dont il s’agit n’était pas placée dans ces condi- biles sériciculteurs. Il n’est donc pas possible de porter à plus dé 52 kilogr. le poids minimum des 40,000 cocons de M. ét Mr: André- Jean. Je suis obligé d’en couclüre ou bien que chacun d'eux nie pe- sait que 13 décigrammes, résultat misérable que je ne saurais ad- mettre, puisqu'ils ont été jugés sans rivaux, ou bien que 14,000 Vers sur 40,000 ont disparu sans faire de cocons. S'il en est ainsi, que ‘devons-nous penser de la surveillance exercée sur cette éducation ? « Il n’est sanS doute pas d'édacateur qui n'ait fait ce très-simple calcul; mais il peut être utile, dans l'intérêt de la vérité, de Le pür- ter à la cofinaiSsance des péréonities étranigères à notre indüstrie. » TRAVAUX INÉDITS. 39 tions rares et exceptionnelles dont il était parlé, et que les progrès qu'elle était appelée à réaliser n'avaient pas, aux yeux des praticiens, la même évidence qu'aux yeux de M. le rapporteur. Voilà ce qu'on disait parmi une foule d’autres choses que nous nous abstenons de rapporter. En attendant, les ministres ne se hâtaient point de répondre à l'appel qui leur était fait par la Société, malgré le crédit dont elle jouit à juste titre, et malgré la chaleur des expressions de M. Alcan. A quoi donc faut-il attribuer leur silence? Sans vouloir en scruter les motifs, nous pouvons dire que l’abs- tention du gouvernement, dans cette circonstance, a un fondement solide dans les conclusions du rapport du jury de la I classe de l'exposition universelle de 1855, lequel se termine de la manière suivante : « Il y a quelques années, M. Bronski s’est fait connaître par l'exposition d’une race à cocons blancs qui a produit une vive sensation dans le monde industriel. Depuis, on a appris que cette race avait été élevée par Jes travaux communs de MM. Bronski et André-Jean. « Suiyant ces messieurs, la race qu’ils exposent serait Je résultat des croisements méthodiques de trois races con- nues : celle dite sina, celle de Movi (Piémont), et la race blanche de Syrie. « Dans plusieurs circonstances, on a éleyé des doutes sur la supériorité qu'aurait la race de ces messieurs sur les sinas, qui ont été introduits en France, sous le règne de Louis XVI, précisément pour doter l'industrie d'une soie blanche azurée, qu'à cette époque on tirait exclusiye- ment de la Chine. « Quoi qu'il en soit à cet égard, il n’en résulte pas moins, des faits acquis, que MM. Bronski et André ont fait une chose utile en perfectionnant, par des choix suc- Lessifs, des races connues, et en dotant l'industrie d’une seconde race à soie azurée (voyez note B, $ 3°). Malheu- reusement, jusqu'à présent, cette race n’est pas sortie des HO REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1857.) mains de ces messieurs; personne qu’eux n’a fait d’éduca- tion de cette race; aucun filateur n’a eu à sa disposition une quantité quelconque de ces cocons, d’où il résulte qu'on ignore si les cocons exposés en 1844, 1849, 1851 et 1855 sont des cocons choisis sur un grand nombre, ou si, au contraire, une éducation ordinaire ne donnerait pas des cocons de cette teinte. « En tenant compte de ces considérations, et surtout de ce fait, que la race Bronski et André n’est encore qu’à l’état expérimental, le jury ne croit pas devoir décerner de récompense à MM. Bronski et André (Jean). » (Rapport du jury mixte international de l'exposition uni- verselle, page 157; Journal d'agriculture pratique, tome 5, page 48. 20 janvier 1856.) Note D. 0. entre Papillons qui ne soient nà frères et sœurs... Il est certain que, dans la nature, les espèces se conser- vent sans aucune altération. Comment les choses se pas- sent-elles? Les Papillons du chêne, par exemple, déposent leurs œufs sur l'arbre même qui les à nourris à l’état de larve; au retour de la belle saison, ces œufs éclosent, les Chenilles qui en sortent mangent les feuilles et se déve- loppent aux dépens du même arbre, et c’est aux branches de ce même arbre qu'ils appendent leurs nids ou leurs cocons : au temps voulu ils en sortent insectes parfaits mâles et femelles. Peut-on admettre qu'en s’accouplant immédiatement, comme c’est leur coutume, le frère puisse éviter la sœur? Et pourtant il n’y a pas dégénérescence ; et puisque, dans l’état sauvage, il n’y a pas dégénéres- cence à cause de la consangurnité, il doit en être de même dans l’état domestique. Sous ce rapport, il n’y a pas de différence entre les éducations condensées telles que nous les faisons dans nos ateliers et les éducations dispersées qui ont lieu dans la nature. TRAVAUX INÉDITS. k1 NoTE E. . obtiennent des chevaux et des bestiaux..…. Nous lisons, dans le journal le Siècle (10 janvier 1857), un article de M. Richard (du Cantal), qui contient, à propos des croisements, des réflexions fort judicieuses et dont l’application peut avoir lieu, dans une certaine me- sure, au sujet qui nous occupe, quelle que soit la distance qui, dans l’échelle des êtres, sépare le Ver à soie du Cheval. « Nous ne connaissons pas, » dit M. Richard, « d’opé- ration plus délicate, qui demande plus de savoir en his- toire naturelle, plus d’esprit d'observation, plus de pru- dence et de circonspection, que les croisements d'animaux en vue de perfectionner les races... EPP Nos anciennes races de chevaux légers, si estimés jadis par l’armée, ont été détruites complétement par des croisements malheureux... Si ces races n'avaient pas été croisées, mélangées sans précaution, et conséquemment abâtardies et détruites; si on avait conseillé de les perfec- tionner par elles-mêmes, par un bon choix de reproducteurs et par une alimentation convenable, nous les aurions aujour- d'hui avec toutes leurs qualités, si appréciées de nos troupes pendant nos guerres. Voyez nos chevaux de mes- sagerie, de poste, de roulage; ils forment des races dis- tinctes que l’Europe entière nous envie. Pourquoi les ayons-nous conservées? c'est parce que nous ne les avons pas mélangées... » Nore F. aie + que les pratiquent les bons éducateurs... Certains entomologistes, ayant vu périr entre leurs mains des races de papillons rustiques à la troisième généra- tion, en ont conclu que leur insuccès provenait de ce qu'ils avaient été obligés d'employer des œufs provenant & REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1857.) d’une même ponte et sans croisement aucun. Cette opi- nion est précisément l’opposée de celle de M. Richard (de Cantal), que nous citons dans la note précédente, et à laquelle les faits les plus éclatants, en matière de Ver à soie, nous obligent à nous réunir. Nous ferons là-dessus une simple observation de logique élémentaire, c’est qu'il n'y a pas la moindre comparaison à établir entre les ani- maux domestiques et les animaux que l’on prend à l’état sauvage et que l’on change brusquement d'état, en les éle- vant en chambre, dans une boîte, et, par conséquent, en dehors de toutes les conditions de leur existence à l’état libre. On se tromperait donc étrangement si l’on voulait conclure des uns aux autres. NoTE G. cine la plus rationnelle et la plus éclairée. A Dieu ne plaise que nous cherchions à préjuger, à notre tour, les dispositions des membres de l’Académie des sciences touchant les conclusions de leur rapport futur; mais il n'est pas hors de propos de remettre sous leurs yeux ce qui se passait naguère en Angleterre touchant les théories de M. Liebig, qui avaient mis en émoi tout le monde agricole de la Grande-Bretagne. Nous nous bornons à reproduire le texte de M. Moll; nous le tirons du Juur- nal d'agriculture pratique, 3° série, tome V, p. 185. « Deux hommes ont, dans ces derniers temps, vivement agité la calme et froide population agricole de l'Angleterre, tous deux mus par la même pensée, l'amélioration de l’a- griculture, tous deux proposant, comme moyen pour y arriver, une modification radicale des procédés de fumure usilés jusqu'ici : l'un est le simple et modeste fermier dont j'ai entretenu le lecteur, M. James Kennedy ; lautre.estun savant illustre, dont le nom était naguère encore dans tou- tes les boucbes, et dontla place éminente est déjà marquée TRAVAUX INÉDITS. 48 dans les fastes de la science (1). Si l'on rapproche les œuvres de ces deux hommes, si l'on compare le résultat déplorablement négatif qu'ont eu les brillantes promesses du dernier, étayées cependant sur les théories les plus sé- duisantes et sur un savoir incontestable, au résultat qu'a déjà donné et à l'immense avenir qui attend l'œuvre du praticien, on se prend involontairement à réfléchir sur la vanité des choses d’ici-bas. «Bi ce double fait ne prouve rien contre l'utilité générale de la science, il démontre, du moins, le danger de ces conclusions anticipées, de ces lois générales établies sur des théories, et non sur des faits, sur des travaux de labo- ratoire, et non sur des travaux pratiques, longtemps con- tinués et parfaitement etudiés ; il démontre enfin la néces- sité, dans l'intérêt même de la science, d'un recours constant à la pratique, et la nécessité surtout de cette cir- conspection, de celte réserve dont beaucoup de savants nous donnent un si bel exemple. «L. Mozz, « Professeur d'agriculture au Conservatoire des arts et métiers, cultivateur à la ferme de l’Espinasse (près Châtellerault) » Au reste, il ne faut pas que l’on oublie que les déceptions des théories scientifiques, quand on a voulu les appliquer en grand, ne sont pas rares dans l'histoire. L'imagina- tion va vite dans l'esprit des théoriciens, et on ne saurait méttre une trop grande réserve dans l'adoption de leurs (1) Notre collaborateur veut parler de M. Lichig, qui, supposant que l'atmosphère fournissait aux plantes tous leurs éléments sus- ceptibles de prendre la forme gazeuse , a proposé de n’engraisser les érres qu'avec les sels fixes. Nous avous combattu, il ÿ a longtemps, ce système, qui wétait fondé que sur des vues de l'imagination et non pas sur des faits d'observation. Aucun savant français au courant des besoins de l'agriculture n'a partagé les idées de M. Lichig, qui out seulement eu cours en Angleterre, B, (Note du J. d'agr. prat.) &k REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1857.) idées, quand elles doivent avoir pour résultat des change- ments qui intéressent la fortune publique, et qui sont tou- jours plus ou moins aventureux. Nous pourrions citer plusieurs exemples aussi éclatants que ce qui a eu lieu pour les chemins de fer atmosphériques; mais, pour ne pas sortir du domaine de la science pure, nous nous bor- nerons à demander ce que sont devenues ces espérances si brillantes que M. Liebig lui-même avait annoncées à l’Aca- démie des sciences de l’Institut de France, touchant l'avenir de la chimie organique. Est-ce que les mystères de la vé- gétation, les mystères de la vie animale ont été dévoilés ? Est-ce qu’on a saisi la clef de toutes ces modifications de la matière qui se passent dans les animaux ou les plantes ? Est-ce qu'on a trouvé le moyen de les imiter dans les la- boratoires? (Voyez Note sur l'état actuel de la chimie orga- nique, Compte rendu des séances de l'Académie des sciences, t. V, p. 569.) Note H. ae Mais font-ils mieux , font-ils autrement ?..…. « Rien n’est plus dangereux qu’un imprudent ami. » — C'est par le conseil d'amis imprudents que M. et Mr: André-Jean ont pris un brevet d'invention parfaite- ment inutile, ainsi que le constate le rapport de M. AI- can ({), brevet dont les termes, à ce qu'on prétend, leur ont été dictés, comme s’il s'agissait de la description d’un modèle de mécanique. Le motif singulier et l'expression (1) « Si les moyens nouveaux n'étaient aussi simples dans la pensée et dans l’exécution qu'ils sont importants dans leurs consé- quences, et s'ils pouvaient être mis à l’abri de la contrefaçon par un brevet, M. et Mv° André-Jean pourraient, par son application, s’in- demniser bientôt de leurs longs et pénibles sacrifices, et recueillir eux-mêmes une part légitime du service signalé que leur découverte est appelée à rendre, Malheureusement pour eux, il n’en est rien; le procédé nouveau échappe à tout contrôle. » (Voy. Bull. de la Soc. d'enc.) TRAVAUX INÉDITS. 45 baroque, tout au moins étrange en pareille matière, em- pêcher la consanguinité, auraient été, ajoute-t-on, l’objet de longues méditations qui auraient tenu longtemps les conseillers dans la perplexité. NoTE I. éd forces productives de l'empire... Le mal qui opprime aujourd’hui l’industrie de la soie n'est pas de ceux qui se guérissent avec des secrets; il tient à des causes nombreuses et diverses, les unes prochaines, les autres éloignées; et parmi ces causes, s’il en est que nous pouvons conjurer, il en est d’autres que le temps a développées et que le temps seul peut anéantir. Ce serait un grand point que de parvenir à les reconnaitre toutes; c'est là, depuis longues années, l’objet principal de nos méditations, de nos études et de nos recherches; en quoi, nous devons le proclamer ici, le concours et l'expérience des grands éducateurs du Midi nous ont toujours été d’un puissant secours. Peut-être nous sera-t-il permis un jour de livrer au public des résultats complets sur ce sujet, avec les développements convenables. En attendant, nous n’a- bandonnerons pas la plume sans signaler succinctement aux yeux des magnaniers les causes du mal les plus certaines, que les observations faites de concert avec les plus experts d’entre eux nous ont fait reconnaître. 1° Par une imprudente application de théories erronées, on s’est livré aux éducations hâtives: on a introduit la culture forcée dans beaucoup de magnaneries ; on a trans- formé celles-ci en serres chaudes, où l’on a fait abus de la température artificielle, soit pour compenser celle que le climat ne donne pas naturellement, soit pour précipiter les éducations et gagner du temps, là où le climat et les ménagements qu'il indique pouvaient suffire. 2° La greffe des müriers, leur taille trop fréquente ont donné lieu au développement d’une feuille épaisse, grasse, aqueuse et sans consistance, élément immédiat d’une nu- k6 REV. ET MAG. DE Z0OLOGIE, (Janvier 1857.) trition essentiellement défectueuse et prédisposant l'a- nimal à contracter indistinctement toutes les maladies. 3 Une accumulation d’élèves dans des locaux relative- ment trop petits. Cette accumulation a pour conséquence nécessaire une aération insuffisante; elle empêche d'éli- miner convenablement les gaz et les émanations qui résul- tent de l'exercice des fonctions vitales ; elle rend difficile l'entretien d’une propreté rigoureuse, et, finalement, elle fait obstacle à la stricte observation des autres lois de l'hygiène. 4° La négligence que l’on a pris l'habitude d'apporter dans le choix des reproducteurs. Un agriculteur choisit ses porte-graine; il les met dans des conditions de bien-être permanent que l'expérience lui a enseignées, et il leur donne, jusqu'à maturilé parfaite, des soins spéciaux en rapport avec les phases diverses du développement. Ce que l’on fait pour des individus du règne végétal est en- core plus rigoureusement commandé pour des êtres ani- més dont l’organisation est nécessairement plus délicate que celle de la plante. 5° À ces causes bien déterminées, fondamentales, très- positives et de tous les temps, mais, par certains points, très- accessibles, s’en joignent, depuis quelques années, de transitoires, plus difficiles à expliquer, quoique tout aussi réelles. Personne ne doute que la vie générale a été influencée par un principe délétère inconnu, et que, depuis l'appa- rition du choléra en Europe, tout ce qui vit, soit végétal, soit animal, a été plus ou moins gravement, plus ou moins promptement et profondément atteint. Il est certain aussi que les conditions climatériques des saisons ont éprouvé des perturbations passagères, en ce sens que, pour par- ler d'un élément météorologique seulement, les tempé- ratures spécifiques ont été déplacées, le froid étant venu en temps inopportun, ou trop tôt ou trop tard. Les causes de cette dernière catégorie, évidemment, SOCIÉTÉS SAVANTES. 47 sont inaccessibles à la puissance humaine; mais les quatre premières sont dans la main de tous les éducateurs. C’est pour enseigner les moyens de les conjurer que nous éle- vons la voix, chaque année, dans la magnanerie de Sainte- Tulle; et nous avons la consolation de voir que nos paroles sont recueillies par des oreilles intelligentes, et que nos efforts sont couronnés d’un succès de plus en plus grand et avéré. G. M. II. SOCIÉTÉS SAVANTES. ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS. Séance du 5 janvier 1857. — Rien sur la zoologie. Séance du 12 janvier. — L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de deux candidats pour la chaire de zoologie (Reptiles et Poissons) vacante au Mu- séum d'histoire naturelle. M. Auguste Duméril est désigné en première ligne par le scrutin. M. le maréchal Vaillant présente, au nom de M. Le- prieur, un travail intitulé, Essai sur les métamorphoses du Trachys pygmæa, insecte de la famille des Buprestides. L'i- lustre maréchal donne une idée decetravail dans ces termes: « J'ai reçu de M. Guyon, médecin, principal inspecteur du service de santé en Algérie, un mémoire rédigé par M. Leprieur, pharmacien aide-major de première classe, à Bône. Ce mémoire d'histoire naturelle (Entomologie) traite de plusieurs points intéressants, notamment des métamorphoses du frachys pyymæa, insecte de la famille des Buprestides dont la larve se nourrit aux dépens du parenchyme des feuilles de Malva silvestris, Malva rotun- difolia, et aussi des feuilles d’Alcæu rosea. Je demande pardon à mes savants confrères d'oser leur dire, moi qui ne connais pas les premiers éléments de l'Entomologie, que le travail de M. Leprieur m'a paru présenter des faits nouveaux et bien observés. Je désirerais que M. le prési- dent voulût bien charger quelqu'un de compétent de rendre compte de ce travail, tant dans l’intérèt de la science même que pour éclairer le ministre sur les titres que M. Leprieur 48 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1857.) peut avoir acquis à une récompense quelconque pour la manière utile dont il sait employer le peu de loisir que lui laisse son service en Algérie. » M. Marcel de Serres adresse une nouvelle Note sur l’E- chinus lividus. Depuis ses premières communications sur ce sujet, il a eu occasion de comparer entre eux un grand nombre de ces Oursins venant les uns de l'Océan et les au- tres de la Méditerranée, et le résultat de cet examen a été qu'on ne pouvait les distinguer spécifiquement; les uns comme les autres présentent, d’ailleurs, deux variétés prin- cipales. M. Marcel de Serres a reconnu, de plus, que les différences d'habitude ne sont point aussi tranchées qu'il l'avait d'abord supposé, de sorte que l'Echinus lividus de la Méditerranée n’est pas dépourvu de la faculté de se creuser un abri dans les roches, quoiqu'il en use plus ra- rement que celui de l'Océan. L'auteur pense que les cavi- tés dans lesquelles se logent ces animaux sont creusées par eux à l’aide de leur appareil buccal, et il expose, à cette occasion, ses opinions sur les moyens employés par d’au- tres espèces marines perforantes pour attaquer les roches dans lesquelles elles pénètrent. Séance du 19 janvier. — M. Lacaze-Duthiers adresse un Mémoire ayant pour titre, de l'Organisation et de l'embryo- génie du Dentale (Dentalium entalis); premier mémoire. Nousattendronslaterminaison de ce travailetlerapport de MM. Milne-Edwards, Valenciennes et de Quatrefages, com- missaires nommés par l'Académie pour en rendre compte. Séance du 26 janvier. — Cette séance a été presque en- tièrement remplie par un remarquable travail de M. Dumas sur les souffrances de l’industrie de la soie. Nous attendrons l'apparition du Compte rendu pour en donner une idée dans notre prochain numéro. TABLE DES MATIÈRES. Pages. BourGéui6naT. — Aménités malacologiques. 3 Guërn-Ménevizce. — Zoologie appliquée. 21 Académie des sciences. 47 PARIS. — IMP. DE M"° V° BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'ÉPERON, 9. VINGTIÈME ANNÉE. — FÉVRIER 1857. I. TRAVAUX INÉDITS. Nores sur le genre Moquius, nouvelle forme intermé- diaire aux Turpipes, aux Laxnpes et aux MUSCiCAPIDES ; sur le nouveau genre Myiagrien ScawaNERIA : et sur le Catalogue des Oiseaux d'Europe et d'Algérie; par S. A. le prince Charles BONAPARTE. L'Afrique, dont les côtes seules, pour ainsi dire, ont été explorées, nous a déjà donné plus de deux mille espèces d'Oiseaux, le double à peu près de celles que Linné et Buffon, de leur temps, connaissaient dans le monde entier. Les régions plus particulièrement désignées sous le nom d'Afrique occidentale, depuis que la pubiication des deux élégants petits volumes de Swainson a appelé sur elles l'attention des oruithologistes, nous en fournissent à elles seules au moins huit cents, quoique ces régions ne s'étendent que du Sénégal au Congo. Aussi cette riche province ornithologique continue-t-elle à exercer la plume des naturalistes. Le nouvel ouvrage de Hartlaub, qui s’en est déjà tant occupé, promet d'être le plus complet possible, etsera un vrai modèle sous tous les rapports. De leur côté, M. Cassin en Amérique, et M. Fraser en Angleterre, s'ap- prêtent à illustrer ces nombreuses découvertes par des planches coloriées. On connaît déjà les études sur le même sujet de Sir William Jardine, de MM. Verreaux, et de tant d'autres. Cinq ou six cents espèces, dont plusieurs, à la vérité, 2 shmie, Tr. 1x. Année 1857. 4 30 REV. ET MAG. DE Z00LOGIE. (Février 1857.) sont comprises dans les huit cents de la côte occidentale, ont été observées au Cap et, la plupart, figurées par Le- vaillant ou par Smith. Quatre cents espèces pour le moins, presque toutes eu- ropéennes, peuplent l'Afrique septentrionale. Six ou sept cents se trouvent en Nubie, en Abyssinie et le long de la:côte orientale, si bien décrites et repré- sentées par Ruppell dans ses trois ouvrages. Beaucoup aussi de ces dernières sont identiques avec celles du Cap ou de l’ouest; mais les Oiseaux particuliers à ces régions orientales sont assez nombreux pour compléter le nombre de mille, les espèces identiques étant plus que compen- sées par celles des îles de France et de Bourbon, et par les singuliers volatiles, encore si imparfaitement connus, de Mozambique et de Madagascar. Nous ne craignons done pas de le répéter, en fixant à deux mille le nombre d'espèces africaines connues au- jourd’hui nous restons plutôt au-dessous du chiffre réel. Que sera-ce donc quand l'ile entière de Madagascar, quand l'intérieur du vaste-continent auront été plus com- plétement explorés ? Mais si l’ornithologie de l'Afrique est remarquable par le nombre, elle ne l’est pas moins par la singularité des Oiseaux qu'elle offre à l'admiration du scrutateur de la na- ture. Ce pays des monstres, comme l’appelèrent les anciens, où ont vécu Y Épyornis, le Dronte et ses proches alliés..., offre encore, de nos jours, l’Autruche, le Serpentaire, le Gypohieraæ, le Bateleur, les Gymnogenys, les Vasas, le Ba- læniceps, le Scopus et une foule d’autres grandes espèces caractéristiques de la Faune de ces climats. L'ordre des Passereaux aussi nous offre des formes très- extraordinaires dans leur petitesse, et, si l’on en voulait des exemples, il nous serait facile de citer les Zrrisors, la Falculie, les Phyllastrephus, mon genre Smithornis, mon Bleda {ainsi nommé du frère d’Attila), basé sur la pré- tendue Dasycephala syndactyla, Sw., les Erythropygia, TRAVAUX INÉDITS. 51 Smith (proches des Cossypla et les analogues des Copsichus de l'Inde), etc., etc. Mais nul n'est plus singulier que le type intermédiaire que nous avons fait connaitre l’année passée, sous le nom de Moquinus, dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences, et dont nous offrons ici la figure aux naturalistes d’après un bel exemplaire reçu de Bezouana, dans l'Afri- que méridionale. Cette nouvelle forme est intermédiaire aux Turpipe, aux Lanupz et aux Muscicaripæ, auxquels nous la rap- portons , surtout à cause des petites soies qui existent, quoiqu'à peine visibles, autour de la bouche: et malgré son aspect robuste, son bec si peu déprimé et ses énor- mes pattes. Elle marque, en effet, la transition des Saxi- coliens aux Myiagrens. C’est avec le genre Platystira, et surtout avec les petites espèces à courte queue que j'en ai détachées pour former le genre Dyaphorophyia (PI. leucopygialis, Fraser, etc.), que, sauf les caroncules, elle a le plus de rapport. Comme l’observe fort bien M. de la Fresnaye, sa coloration, mé- lauge de gris, de noir et de blanc, nous offre même, comme dans Platystira pririt, Jard. ex Vieill., figurée par Levaillant, pl. cuxt des Ois. d'Afrique, le collier noir si bien tracé sur le blanc de la gorge et le devant du cou. Aussi est-ce dans le genre Platystira que l'habile ornitho- logiste Strickland , qui la décrivait quelque temps avant nous dans les Contributions to Ornithology, ouvrage trop peu connu et trop irrégulièrement publié, la rangeait sous le nom de PI. albicaudu. Genre Moquinus. Rostrum brere, robustum, rectum, acutum, basi dilata- tum; mavilla incurva ; mandibula nariculare apice subre- eurva : nares magne, elongatæ, pervie, basi plumulis dense tectæ. Pedes longissimi, robusti, scutellati; digiti tarso triplo 52 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. {Fevrier 1857.) breviores, internus omniuin brevissnus, liberus ; ungues fal- culati, acutissini, posticus robustior. Alæ longiculæ, amplis- sine, rolundatæ ; remigum prima decimam æquans ; secunda longitudine sextam vix superans; terlia, quarla et quinta omnium longissimæ. Cauda brevis, angusta; rectricibus duo- decim mollibus, strictis. L'espèce typique, et jusqu'à présent la seule connue du genre (Platystira albicauda, Strickl. — Moquinus tundo- nus, Bp.) devra s'appeler Moqunus Azmicaupus , Bp. ex Strickl. Cinereo-ardesia- cus; pileo, genis, alis, scuto pectorali, rostro pedibusque nigris ; lunula frontali, cllare cervicale intcrrupta, qula, jugulo, linea mediana secus abdomen, ventre, crisso, marula hinc inde scapulart, speculo alari, remigum primariarum basi, secundariarum apicibus, caudaque albis : rectricibus mediis macula piriformi elongata nigru. M. Strickland avait reçu son exemplaire de Damara par le capitaine Anderson. M. Parzudaki en a obtenu plusieurs des Bezouanas. Celui que nous avons dans notre petite col- lection particulière provient d'une côte rarement visitée par nos vaisseaux européens, c'est-à-dire de cette partie occidentale de l'Afrique qui, sans s'étendre au nord jus- qu'aux possessions portugaises, ni au sud jusqu'aux limites aujourd'hui si avancées de la colonie du Cap, occupe un espace intermédiaire entre ces deux territoires. C'est à noire confrère Moquin-Tandon que nous dé- dions ce genre nouveau, si éminemment caractérisé. Hommage bien dù à un savant comme lui, qu’on a vu exceller en zoologie sans cesser de tenir un premier rang dans la botanique, objet plus particulier de ses études. Certainement ses travaux sur les animaux inférieurs ne le cèdent en rien à ceux des zoologistes les plus spéciaux. On lui doit même aussi plusieurs espèces ornithologiques généralement attribuées à MM. Webb et Berthelot. Et, pour qu'on ne se méprenne pas sur le motif de notre dé- dicace, nous avouons que nous avons voulu , par là, ho- TRAVAUX INÉDITS. 53 norer et encourager, dans la personne de notre collègue, cet heureux esprit d'investigation qui, s'étendant succes- sivement sur les diverses parties de l’histoire naturelle, et les éclairant l’une par l'autre, ne peut manquer de faire progresser l’ensemble de la science. Plût à Dieu que tous les ornithologistes pussent s’éclairer, comme lui, du flam- beau de l'oologie!. il ne leur arriverait pas, alors, de placer des Sazxicoliens aux œufs bleus parmi les Turdiens, bévue aussi énorme que celle de certain personnage qui a classé dernièrement les productions littéraires de notre spirituel ami parmi les œuvres surannées des patriarches de la langue romane. " La vois suivie par le professeur Moquin-Tandon est la véritable méthode naturelle : il a connu à fond les espèces avant de s'occuper de généralités et de théories. C’est ainsi qu'on peut éviter à la fois de se perdre dans l'infini- ment vague des spéculations transcendantes et l'infini- ment petit du détail analytique. On ne manque pas, aujourd'hui, de chimistes raison- nant sur les atomes; d'anatomistes plus ou moins compa- ratifs ; de physiologistes plus ou moins inutilement cruels envers les animaux : d'anthropomorphistes remontant à l'origine des choses. Les fauteuils de l'Institut (ceux même qui ne sont pas réservés aux nullités scientifiques) et les chaires d'enseignement se remplissent tous les jours da- vantage de ces généralisateurs, aussi influents qu'habiles, de leurs protégés où de leurs créatures. Ce qui manque, ce sont de vrais agriculteurs, de vrais minéralogistes, de vrais zoologistes qui sachent ou qui daignent s'occuper de la détermination des espèces et de leur synonymie. Cette aptitude à la détermination des genres et des espèces de- vient tous les jours plus rare, au point qu'on pourrait dé- fer certains de nos zoologisles les plus voyants d'en venir à bout, même à l’aide de leurs collections et de leurs pro- pres ouvrages. Ajoutons enlin que, par notre dédicace à un si émirent 5% REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1857.) représentant de la science des végétaux, nous espérons vaincre l’injuste opposition des botanistes de vieille roche, qui voudraient réserver pour eux seuls le droit d’honorer un savant en donnant son nom à un genre nouveau. Après avoir décrit un Muscicapide si anormal par son bec presque comprimé, je saisis cette occasion d’en dé- «rire un à bec excessivement déprimé et qui, par son port et par ses couleurs, ressemble aux vrais Myiagres, dont la monographie, au reste, est encore à faire. Ce singulier Gobe-Mouche vit à Bornéo ; c’est à M. Tem- minck que nous en devons la connaissance, et c’est avec sa permission, voire même à son instigation , que nous l'introduisons dans la science sous le nom de SCHWANERIA CÆRULATA. Le genre ScawanErtA, que nous considérerons comme établi par Temminck en 1856, se caractérise par un bec très-extraordinaire : large et déprimé à la base, il se comprime vers la pointe pour se terminer en biseau; les narines sont larges ; les soies basilaires roides ct longues. Les pieds sont couris, à doigts bien séparés et très-iné- gaux ; le postérieur est long et mince ; tous les ongles sont acérés. Les ailes sont longues, quoique arrondies ; ia pre- nière rémige égale en longueur la sixième, la troisième et la quatrième étant les plus longues de toutes. La queue, légèrement arrondie, se compose de douze rectrices molles. La phrase spécifique de l'espèce, unique jusqu'à pré- sent, Schwanerin cærulata, Temm., sera : Fusco-cærulea, in genis vividior; subtus rufescens, in pec- tore intensior ; rostro pedibusque flavidis. Disons, à ce propos, qu’une espèce de vraie Myiagre, très-semblable à celles de la Nouvelle-Hollande, mais pour- tant distincte, vit à ia Nouvelie-Calédonie. Comme dans s Ra es TRAVAUX INÉDITS. 55 les autres, le mâle qui se trouve au Muséum a la gorge noire, et la femelle que j'ai vue chez MM. Verreaux l'a d'un roux ardent; mais ses rectrices latérales sont largement terminées de blanc: et, quant au bec, c’est presque un To- borsis, genre qu'il faudra, au reste, mieux comparer avec Muscitodus, Hombr. et Jacq., et Platygnathus, Hartlaub. MyraGra caLepoONICA, Bp., rostro latissimo ; cauda subro- tundata, rectricibus lateralibus apice late albis. Mas pectore nigricante. — Kœm. pectore vivide rufo. Oiseaux D'EUROPE ET D'ALGÉRIE. Il était facile de prévoir que les limites indéterminées de l'Europe à lorient, et que l'incertitude qui règne sur l'apparition accidentelle de certaines espèces dans nos climats, jetteraient de l'indécision sur l'exactitude de mon Catalogue géographique. D'un côté, on pourrait m'accuser d'avoir omis comme européennes : Loæia leucoptera, — Planestieus migratorius, — Progne purpurea, — Coccyzus americanus, — Streploceryle aleyon, toutes espèces de l'Amérique septentrionale ; et, de l'autre, d'en avoir aug- menté le nombre en y introduisant quelques-unes des suivantes : Nauclerus furcatus, — Acanthis groenlandica, — Turdus solitarius, — T. minor, — T. wilsoni, et autres semblables espèces de l'Amérique septentrionale; Chloropetes pallida , — Picnonotus aurigaster, — Anno- munes deserti, — Certhilauda duponti, — Ardea atricollis, — Ardeiralla qutturalis, — Ibis religiosa, espèces prove- nant de l'Afrique ; Sula lefevrii, — Tachypetes uquilus, — Phaeton œthe- reus, — Diomedea eæulans, — D. chlororhyncha, — Daption capensis, — Eurinorhynchus pygmæus, encore plus acci- dentelles que les précédentes ; Et, parmi les asiatiques : Podoces panderi, — Chryso- mitris pistacina, — Carduelis orientalis, — Uraqus sibiri- eus, — Linota bella, — Cyanecula cyane, — Phyllopneuste » 56 REV. ET MAG. DE ZOOLOCIE. | Février 1857.) eversmanni, — Prunella altaica, — Picus uralensis, — Egretta egrettoides, — Syrrhaptes paradoxus, — Terekia guttifera. Je puis m'être trompé; mais me défiant, avec juste rai- son, de mes propres connaissances, j'ai aussi engagé mes amis M. le baron de Selys de Liége, et M. le professeur De Filippi de Turin, juges si compétents en cette matière, d'entreprendre une critique sévère de mon travail ; et c’est ce qu’ils m'ont promis de faire dans cette même Revue zoologique. ‘ En attendant, je veux leur montrer que j'ai eu moi- même certains doutes qu'ils ne pouvaient manquer d’avoir, et je veux surtout corriger plusieurs erreurs dont je me suis aperçu depuis ma récente publication. J'ai, d’ailleurs, des espèces à ajouter, d’autres à retrancher. non-seule- ment du Catalogue, mais de la science elle-même. 73. Sturnus unicolor, la Marmora, du midi de l'Europe, à plumes longues, effilées, pointues et non tachetées, peut-il être considéré comme espèce à meilleur droit que la race septentrionale des îles de Féroë, à plumes du cou larges, tronquées et très-tachetées de blanc ? La 127° espèce doit être éliminée, Æmberiza pusilla, Pallas, si bien figurée dans l’élégant Mémoire de Schlegel (couronné à bon droit) sur l'application de l’art du dessin à l'histoire naturelle, ne différant pas de la 126°. Buscarla les!ia. Il est bien entendu que nous parlons de l'Emberiza lesbia de ümelin, du midi de l'Europe, et non de celle du Japon (Onychospina fucata, Bp.). Ajoutez, par compensation 253. CALANDRELLA PISPO- LETTA, Bp. ex Palla, bonne espèce de la Russie méridio- nale, de laquelle peut être 4. macroptera ne diffère pas. Les trois derniers synonymes (Pr. leucocephalu, Forst., — vigabunda, Sol.; — lessont, Gould.) de 354. Æitrelata à disbolica, Bp., sont fautifs ; ils appartiennent à une autre espèce, /ÉSTREL:TA LEVCOCEPHALA , Bp. ex Korst., Zcon. ined., 98 (alba, Gm.; — variegata? Bonn.; — (lessoni, mat. “Mine 2 TRAVAUX INÉDITS. 57 Garnot), décrite par Gould comme Pr. leucocephala, et figurée par lui comme Pr. garnoti, Austr. B., VIT, t. 49. Substituez à leur place Fulmarus brevirostris, hinc meri- dionalis, Lawrence; capitata, Newton, 1852; Procellaria rubritarsa ! Gould, d’après un exemplaire de Cuba à pieds colorés : mais non pas l’herminieri, Lesson, qui est vérita- blement un Puffin, ni hœæsitata de Forster, Icon. ined., 97, qui est la CooiLarra mozzis, Bp. ex Gould (inexpec- tata, Forst., Descr., p. 204). 364. Puffinus fuliginosus, Strickl. (major fœm., Temm.; cinereus fæm., Gould), devrait avoir le n° 359. C’est plutôt un NECTRis. k 359. Puffinus major, Faber, est le type du sous-genre ARDENNA, qui contient P. kuhli et P. leucomela. 360. Doit être exclusivement réservé à PUFFINUS KUBLI, Boie ({ macrorkyncha, Heuglin), c’est-à-dire à l'Ardenna si commun dans la Méditerranée, dont le bec est figuré par Kuhl, etc., Puffinus arcticus, Faber, est synonyme de 361. Puffinus anglorum, Temm., type du sous-genre Pur- FINUS. Notre Puffinus kuhli est certainement le même que Puffinus cinvrer.s de plusieurs auteurs, Ranzani, Cuvier,etc., C'est aussi le Priofinus cinereus, Hombr., mais ce nom ne peut être adopté, puisqu’en origine il appartient à une es- pèce exotique | Procellaria cinerea, Gm. ex Cinereous Ful- mar, Lath.) type de mon genre Apamasror, la Pr. inex- pectata, Forst., Ic. inéd., 92; Pr. hæsitata, Licht.; Pr. melanura , Bonn. Purrinus Barout doit prendre le n° 362. C'est plutôt une race méditerranéenne plus petite et moins sombre de Puffinus anglorum qu'une véritable espèce. 363. sera Purrinus opscurus (l'herminieri, Less.), es- pèce très-commune sur les côtes américaines, et qui, comme Puf]. fuliginosus et Æstrelata diabolica, se montre parfois sur les côtes occidentales d'Europe. POrFINUS YELKOUAN , Bp. ex Acerbi, de la Méditerranée 58 REV. ET MAG. DE Z0OLOGIE. (Février 1857.) orientale, quoique très-semblable, devra prendre le n° 364. Il vaut mieux ne répartir les Lestrides qu’en deux gen- res, STERCORARIUS pour le catarrhactes, L., et Lesrris pour les trois autres, pomarinus ayant les mêmes teintes et su- bissant les mêmes changements que les deux plus petites espèces. 370. Dominicanus fritzei, Bruch., doit disparaître du Catalogue. L’unique exemplaire connu, celui du musée de Wiesbaden, provient des îles de la Sonde (Java, etc.), non pas du Sund de Scandinavie. Son élimination rétablit l’ordre des numéros. 373. Leucus glacialis devra s'appeler Leucus aRCrIcus, Bp. ex Macgill., n’en déplaise à M. Bruch : cette espèce, dont les ailes ne dépassent pas la queue, ayant été citée à tort parmi les synonymes de L. leucopterus, petit Leucus à ailes très-prolongées au delà de la queue. Ce nom de Macgillivray a la priorité pour le moins grand des Leucus à ailes courtes, à manteau beaucoup plus päle encore que le grand, auquel, par surcroît de confu- sion, ledit auteur avait appliqué le nom de glacialis, ré- servé par Benicken et par Bruch à notre oiseau! Ajoutez aux vrais Lurus, sous Îé n° 382, Lanus NIVEUS, Pall. (Æamtschatckensis, Bp.). Cette espèce de Sibérie, qui a été tuée dans le gouvernement de Perm, n'a rien de commun avec le Rissa pracayrawNcma, Gould (breviros- tris, Brandt; — Larus citrirostris, Schimper), auquel nous lavions rapportée d’après Gray, que la couleur jaune du bec, long, du reste, dans le Larus et remarquablement court dans le Rissa extra-européen. Le seul Rissa d'Europe est le Æittiwake des Anglais. 391. Atricilla catesbæi est tout à fait accidentel en Eu- rope, et doit être placé dans la même catégorie que Rho- dostethia rossi et Chroicocephalus bonapartü. 420? Uria unicolor pourrait bien n'être qu'une variété de 421. Cephus grylle. TRAVAUX INÉDITS. 59 422. est probablement le même que U. glacialis ; mais est- ce une bonne espèce ? 446? Lagopus reinhardti, Brehm., diffère-t-il spécif- quement de 444. L. islandorum ? 464. Pluvialis longipes, Bp., n’a été pris qu’une seule fois à Malte; mais c’est lui, et non Pluvialis apricarius, qui se trouve communément le long de la côte orientale d'Afrique. Ajoutez comme 501 bis. ACTODROMUS MELANOYUS, Bp. ex Vieilk. (Tringa melanotus, Vieill.; — Tringa dorsalis, Licht.; — Tringa bonapartii, Schlegel), espèce intermédiaire aux groupes Pelidna et Actodromus, mais appartenant à ce dernier, dont elle a tout à fait le facies. Essentiellement américaine, quoiqu’elle ait été tuée dans le nord des iles Britanniques, elle vit dans les deux Amériques et est très-commune dans l’ouest de la septen- trionale, d’où Say l’a fait connaître pour la première fois sous le nom de Pelidna cinclus, var. Nous l'avons retrouvée dans la collection de M. Hardy, de Dieppe, provenant de Saint-Pierre-Miquelon, où elle avait été tuée en août. Son bec est court et droit; elle n’a jamais de noir au ventre, comme Pelidna cinelus (alpina ou variabilis), et sa petite race Pl. schinzi. Sa poitrine est grivelée ou plutôt mar- brée, comme celle de Pel. maculata on pectoralis, mais son caractère essentiel est d'avoir les couvertures supérieures de la queue (Loutes blanches à petites taches noires) aussi blanches sur les côtés que sur le milieu du croupion. 513. Actiturus bartramius est, maintenant, BarTrramius LONGICAUDUS, Bp. ex Nilss. 514. restant ACTITURUS RUFESCENS. Ajoutez encore, comme je l'ai déjà dit dans les Comptes rendus à la fin de l'année passée, page 39 de mon Mé- moire sur l'Ornithologie fossile. 522 bis. Numexius mupsoxicus, Lath. (Scolopax borealis, Gm., ex Lath.), accidentel en Islande. Voy. la Nauman- nia, et surtout The Naturalist., V, Déc. 1855, 60 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1857.) 554. Eunetta bimaculata | Anas glocitans, Gm.), comme on peut le lire dans le même Mémoire, page #4, n'est point une espèce, mais un hybride entre Anas boschas, L., et Mareca penelope, L., dont je viens de voir un nouvel exemplaire dans la riche collection ornithologique de Rouen, dont il faut espérer que le savant professeur Pou- chet, de retour d'Égypte, va s'occuper enfin avec le zèle et l'intelligence qu’on lui connaît. Ce serait plutôt ici, et non à Mergellus anatorius ou C1. angustirostris, hybride de M. albellus et de Clungula glau- cion, non moins que Clangula mergoides, Kjarbol, qu'il faudrait rapporter la prétendue Anas cucullata de Fischer si, avec le métis supposé de M. le baron de Selys, elle ne se rapprochait pas plutôt de la vraie Eunetta glocitans ou formosa. Oiseaux d'Algérie. Par négligence typographique, l’astérisque () indiquant que l'espèce européenne est commune à l'Algérie a été omis avant plusieurs, et notamment les 33, 34 et 35, Mil- vus requlis, M. niger, M. parasitus; en revanche, je ne sache pas qu'il doive se poser avant Aypotriorchis con- color, qui peut-être même n’est pas européen. Il manque aussi à 194 Calamoherpe palustis et à 204. Hypolais salicaria. Ajoutez, 17 bis, Sax1COLA 1SABELLINA, Rupp. nec Temm. (DroMOLÆA 1SABELLINA , Bp.), qui vit dans le désert de Sahara, près de Guetetsel. il ne faut pas la confondre avec celle de Temminck, PI. col., 172, 4, qui n’est autre que la S. pallida, Rupp., c’est-à-dire le jeune de DROMOLÆA MONACHA, Bp. ex Rupp. Cette dernière ressemble, pour les couleurs, à Sar. leucomela (atricollis, v. Mull.), mais elle a le bec beaucoup plus long. On sait que Sax. leucomela, Temm., PI. col., 257, 3, est bien la vraie S. leucomela, Pail., mais que celle du Manuel est plutôt Sax. lugens, Licht. TRAVAUX INÉDITS. 61 17 ter. SaxicoLa peserTi, Rupp.. de Sidi-Maclou, près El-Aghouat. Sa teinte gris roussâtre et sa queue presque entièrement noire la distinguent de suite de Sax. stapa- zina , avec laquelle nos voyageurs l'ont confondue. Plu- sieurs exemplaires, sans doute très-adulles, portent un large croissant noir sur le haut du dos. Saæicola albicilla, v. Mull., de la côte orientale d'Afrique, si voisine de Sax. stapazina, s'éloigne encore davantage de S. deserti. Les espèces d'Ehrenberg ne me sont pas encore toutes bien connues. 26. Motacilla alba. b. algira, Selys, ressemble plus à yarelli qu'à alba à cause de son dos noir, et se rapproche même , par le blanc étendu de ses ailes, de Mot. lugens, Pall , ou Mot. leucoptera, Vig. N. B. Budytes flava, b. cinereo-capilla d'Algérie, a pres- que toujours, outre la gorge blanche caractéristique de sa race, des sourcils blancs. On sait que Budytes flava, c. feldeggi, de Dalmatie, est une cinereo-capilla plus sombre et sans trace de sourcils. La prétendue melan ce- phala d'Algérie ne me semble pas la véritable de Lich- tenstein, qui est l’ufricana de Sundevall. Ne serait-ce pas plutôt celle de Savi, c'est-à-dire ma Budytes flava, var. d. nigricuprlla (borealis, Sundevall) à gorge toute jaune et tête noire, ayant le milieu de la calotte d’un gris sombre, et sans aucun vestige de sourcil blanc. De nouvelles acquisitions dont vient encore de s'enrichir la Faune algérienne sont : 28 bis. ANNOMANES ELEGANS, Bp. ex Brehm. Similis Ann. isabellinæ ; sed minor et dilutior ; rostro breviore, robustiore ; alis brevissimis : rectricibus macula magna apicale nigerrima. Elle se trouve près d'El-Aghouat. La Galerida rutila, v. Mull., n'est point mon Annomanes cinnamomea, qui ressemble bien plus à la Mirafra cordofanica , Strickland. Une bonne Monographie des Alaudidæ est encore à faire. 31 bis, Lanivs peaLsarus , de Filippi, reçu d'Oran par MM. Verreaux, diffère peut-être, non-seulement de pal- lens, Cassin, mais même de pallidirostris, qui lui avait été 62 REV, ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1857.) réunie à tort : elle est on ne peut mieux caractérisée par l'étendue du blanc de ses ailes, l'absence totale de noir sur le front, son gros bec, et les pennes courtes et étroites de sa queue, dont les extérieures sont blanches à ba- guettes noires. Le jeune non décrit est remarquable par des teintes d’un roux isabelle. Eanius pallens, au contraire, a la queue plutôt allongée, et la penne extérieure de chaque côté est entièrement blanche, même le long de sa baguette : son bec est court et d'un noir de jais, et une bandelette de cette couleur, quoique excessivement étroite, existe cependant sur le front. Ses teintes, encore plus pâles que celles de l’es- pèce précédente, justifient son nom de pallens. Le crou- pion est tout à fait blanc, ainsi que les parties inférieures du corps qui n’ont point de teinte rosée. Cette Piegrièche est beaucoup plus orientale et plus méridionale que la précédente. Le Muséum la possède depuis longtemps. On n’en finirait pas si l’on voulait ajouter à ma der- nière liste, à celle des Oiseaux que l’on a fait passer pour européens, tous les rêves des auteurs modernes et les énu- mérations indigestes des compilateurs. On a grossi cette liste de ma Mésange bleue d'Algérie (Parus ultramarinus, Bp.), du Parus bokarensis, etc., et il n’y a pas jusqu'à Pa- radoæornis brevirostris ! qu’on n’ait enregistré comme tel. Contentons-nous d'indiquer dans l’ordre XI, ANSERES, que nous avons laissé sans représentant : 26. PreroCYANEA piscors, Bp. ex L., cette Sarcelle étant énumérée comme accidentelle dans le Catalogue des Oi- seaux de la Manche par M. Canivet. La méthode naturelle, véritable résumé de la science, étant, comme son histoire, variable et progressive, ilest bon, il est nécessaire même d’en donner périodiquement de nouvelles éditions en manière de bilan. Sans énumérer ici nos neuf mille espèces d'oiseaux, ni même, comme cela se pourrait facilement avec du temps TRAVAUX INÉDITS. 63 et de l'espace, les deux miiliers de genres dans lesquels nous les répartissons, voici comment nous comprenons , au commencement de 1857, le SYSTÈME GÉNÉRAL D'ORNITHOLOGIE. Subclassis [. ALTRICES (Sitistæ). OR0O 1. PSITTACI (Prehensores). ORDO 2. PASSERES |Sy{vani). Prius 1. Vorvcres. Cohors 1. Zygodactyli. Stirps 1. Amphiboli. Stirps 2. Scansores. Sturps 3. Barbati. Stirps 4. Heterodactyli. Cohors ?. Anisodactyli. Stirps 2. Frugivoni. Stirps 6. Formicivori. Stirps 7. Muscivori. Stirps 8. Callocoraces. Surps 9. Gressorii. Stürps 10. Tenuirostres. Stirps 11. Suspensi. Stirps 12. fliautes. Stirps 13. lusidentes. Trisus 2. Oscixes. Stirps 14. Cultrirostres. Stirps 19. Conirostres. Surps 16. Subulirostres. Stirps 17. Curvirostres. Stirps 18. Dentirostres. Stirps 19. Fissrostres. ORDO 3. ACCIPITRES (Raplores). OBDO 4. INEPTI. Trisus 1. Din. Trainvs 2. OnNITHICHNITES. 08DO 5. COLUMBÆ (Giralores). ORDO 6. HERODIONES. Trisvs 1. Ciconix. Tunvs 2. HyGhoBarTx. ORDO 7, GAVIÆ (Pelagii). Tamwvs 1, Toriraume. Tusvus 2. Loncirennes. Tuiwus 3. Uninarones, Subclassis II. PRÆCOCES (Autophagæ). 0RDO 9. RATITÆ (Rudipennes). Taigus 1. TueRIONES. Tnreus 2. STRUTHIONES. ORDO 10. GALLINÆ (hasores). Trinus 1. GALLINACEZ. Cohors 1. Crares, Cohors 2. Galli. Cohors 3. Perdices Trimus 2. PASSERACEX. ORDO 11. GRALLAÆ. Tnisus 1. Cunsones. Tainus 2. Arecronibx. Cohors 1. Grues. Cohors 2. Macrodactyli. 0RDO 8. PTILOPTERI (Nullipennes). ORDO 12, ANSERES (Palmipedes). 64 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1857.) ProcéDÉ employé par les Pholades dans leur perforation , supplément: par F. Caïzcraup, directeur-conservateur du Musée d'histoire naturelle de Nantes, etc., etc. Au nombre des perforants dont nous ayons pu nous occuper, les Pholades, particulièrement, nous laissaient encore à désirer; car, malgré nos recherches assidues et toutes spéciales sur ces Mollusques , nous conservions encore l'espoir de les surprendre dans l'exercice de leur perforation. Mais l'on sait combien il est rare de pouvoir arriver à ce but, de pouvoir saisir les Mollusques dans leurs métamorphoses : ils sont naturellement si craintifs, que le moindre choc, le plus faible attouchement les fait se soustraire à l'observateur le plus assidu; il sem- ble que la nature a caché dans ces animaux jusqu'à leur moindre opération. Aussi, dans diverses tentatives pour voir perforer les Pholades, nous avions toujours échoué, toujours travaillé en vain jusqu'à ce jour, 5 août 1846, à neuf heures du matin, au Croisic, où nous avons enfin eu la satisfaction de voir opérer le Pholas dactylus dans sa perforation mécanique. À la côte du Pouliguen, dans notre gisement de Pho- lades, nous avons pris douze fragments de gneiss que per- forent ordinairement ces Mollusques; nous les avons équarris et y avons creusé quatorze trous de diverses gros- seurs et profondeurs, dans lesquels nous avons introduit quatorze Pholas , les uns à moitié de leur coquille, d'au- tres aux trois quarts, d’autres la coquille entière, choisis- sant ce les qui offraient des aspérités intactes récemment sécrétées, propres enfin à entreprendre une perforation prochaine, et nous nous sommes rendu au Croisic avec nos échantillons. Le 29, nous les avons mis, le Mollusque dirigé verticalement, dans de grands bocaux placés dans notre chambre à coucher ; afin de faciliter les observations de nuit, nous les avons remplis d’eau de mer : un trou perforé vers le fond de ces vases nous permettait de les A TRAVAUX INÉDITS. 0 65 vider sans les remuer ; nous les remplissions également , avec le plus grand caime, à l’aide d’un entonnoir dont le long tube descendait près du fond des bocaux. L'eau était ainsi renouvelée trois fois par jour, et nous y portions nos regards les plus assidus. Ces Mollusques prolongeaient parfois leurs siphons jusqu’à deux fois la longueur de leur coquille. Le siphon branchial a son ouverture garnie de longs piquants charnus qui s'ouvrent en forme de ramifi- cations , et, au besoin , sont repliés horizontalement sur l'orifice du siphon, comme pour en griller l'ouverture. L'orifice du siphon anal est presque lisse; il forme un petit cône détaché du siphon précédent, duquel il s'élève de 2 à 4 millimètres : ces ouvertures sont, le plus sou- vent, blanches comme les siphons, et quelquefois rembru- nies. Le septième jour de veille s'était écoulé, ainsi qu’un bon nombre de visites de nuit, sans autres changements dans leur manière d’être. Le huitième jour, 5 août, à six heures du matin, nous avions renouvelé l’eau comme à l'ordinaire, rien ne nous offrait de changement; à huit heures et demie, nous avons vu une petite Pholade de 3 centimètres 1/2 (n° 1) se balancer d’abord; puis, sem- blant s'exercer à une manœuvre de rotation, le Mollusque, avec sa coquille, tournait lentement à droite, ensuite à gauche ; à neuf heures un quart, sa marche devenait plus régulière; à deux heures un quart, tournant à droite sur son axe en mouvement partiel , il avait fait cinq fois le tour de son trou, mettant une heure à chaque tour, reje- tant de son siphon anal le produit de son travail, trituré, agglutiné en forme d’excréments, longs quelquefois de 4 à 5 millimètres et de couleur du gneiss : par son siphon branchial, il rejetait la poussière plus grosse de schiste micacé et les fragments de feldspath et de quartz qui con- stituent la roche. Cette trituration était encore rejetée par le vide entre la pierre et la coquille, et s’'accumulait sur la roche tout autour du trou: puis notre Mollusque s’est ar- 2 séme. Tr. 1x. Aunée 1857, 5 66 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1857.) rêté : nous en avons profité pour changer l’eau. Après quelques instants de repos, notre Pholas s'est remis à l’œuvre, et à quatre heures et demie, en tournant à gauche, il avait fait deux tours en une heure et demie. Il s’est ar- rêté quelques instants pour reprendre ensuite ses évolu- tions à droite, lançant par ses siphons le résidu de son travail, qu'il a continué encore pendant une heure et demie. Observons maintenant le n° %, autre Pholas de 5 centi- mètres livré au travail : à deux heures, il avait fait trois tours à droite, puis deux à gauche, probablement pour améliorer le trou que notre outil lui avait creusé trop grossièrement, et que le Mollusque rectifiait. Un troisième Mollusque (n° 3), coquille de # centimè- tres et demi, se trouvant beaucoup trop serré dans son trou, râpait lentement la roche, toujours en affectant une marche rotatoire. Ainsi, au troisième jour d'attente, trois de nos Mollusques nous avaient révélé ieur marche, que la nature semblait devoir réserver secrète au sein des ro- ches. Notre assiduité, nos veilles à surveiller et saisir le moindre mouvement de nos petits animaux sont devenues alors, pour nous, des moments de jouissance bien vive. Le 6, à une heure du matin, le n° 1 seul avait un peu travaillé, à en juger par lés détritus de la roche rejetés. A peu près à la même heure que la veille, huit heures, nos Mollusques commencèrent à se mouvoir. Le n° 1, toujours le plus vigoureux, fit trois tours à gauche et un tour à droite en deux heures et demie, rejetant, de toute la cir- conférence de son trou et de son siphon branchial, les dé- tritus de la roche. Le Mollusque n° 2 ne fit qu'un demi- tour à gauche en trois quarts d'heure; après quoi, dans la soirée, nos Mollusques s’abandonnèrent au repos, se bor- nant, de temps en temps, à ouvrir et fermer l'ouverture de leurs siphons. Le 7, à trois heures du matin, notre premier Mollusque travaillait encore, maïs faiblement; quoique vigoureux, il TRAVAUX INÉDITS. 67 n'a plus travaillé. Le n° 3 luttait avec effort, réilérant ses attaques, avec ses râpes seulement, sur le quart de la Cir- conférence de son trou, où, sans doute, le gneiss était plus résistant; nous avons compté dix où douzé coups de ses râpes en dix minutes: après quoi, nos trois Mollusques se sont livrés au repos tout le reste du jour. Le 8, à 2 heures du matin, notre Mollusque n° 2 travail- lait faiblement ; à dix heures, un quatrième commençait à s'exercer par des balancements; puis il attaquaïit la ro- che, résistante dans cette partie, qu’il ne quitta au’après trois quarts d'heure de travail, grattant la piérre toutes les minutes, fermant l'orifice de ses siphons et les contrac- tant au point de prendre la forme d’une boule, à l'instant où avait lieu le grattement de ses râpes contre la paroi de son trou. À onze heures, il prit sa marche à gauche et s'arrêta après un demi-tour. De midi à une heuré, le n° 2 faisait un demi-tour à droite; le n° # a travaillé sur une partié dé son trou dé trois à quatre heures, et tous sé sont abandonnés au repos. Le 9, à six heures du matin, aucun détritus ne sé mon- trait sur nos échantillons: nos Mollusques n'avaient donc pas travaillé Fà nuit, ét, pendant toute Ja journée encore, ils restèrent dans la plus grande inaction. Le 10, jusqu’à neuf heures trois quarts, rien n’avait in- terrompu leur inactivité la plus complète lorsque le Mol- lusque n° # reprit son travail, procédant toujours de la même manière : attaquant la pierre de minute en minute, faisant un demi-tour à gauche et retournant de méme à droîte, où il employa une heure, attaquant le fond de son trou. Les coquilles de nos quatre pérforants ressortaiént dé centimètre, plus ou moins, au-déssus dé la surface des piérres; il nous était donc facile d'observer l'impulsion que ces animaux donnaient à leur coquille, ét que nous ferons connaitre plus loin. A dix héures ut quart, le n° 2 se livrait encore au travail, tôtrnant à gauche et rejetant, par toute la circonférence de son excavation,, les détritus L 68 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1857.) détachés de la pierre qui s’'accumulaient sur le bord du trou ; il ne travailla qu'une heure. Le 11 au soir, depuis la veille, aucun de nos Mollus- ques n'avait travaillé ; ils paraissaient sensiblement s’af- faiblir ; malgré nos soins, nous nous attendions à les perdre prochainement. Le 12, à une heure trois quarts après midi, les Mollus- ques n° 2 et 4 se livraient encore faiblement au travail, attaquant toujours la pierre. De minute er minute, tour- nant sur la gauche, le n°2 pratta, durant une heure, sur le quart de la circonférence de son excavation, où il devait trouver quelque résistance dans le gneiss; ensuite il tourna à droite; après cinq quarts d'heure d'efforts, nos deux Mollusques s’arrêtèrent. Le 13, à onze heures un quart de l'après-midi, notre n° 2 srattait encore, tournant à droite ; durant deux heu- res, il ne put faire qu'un tour; après quoi, il fit un demi- tour à gauche pour s'arrêter à deux heures. En même temps, notre Pholas n° 4 travaillait aussi, n’attaquant que la moitié de la circonférence de son trou ; il rejeta deux fois les détritus de la roche par son siphon branchial, et, après un demi-tour à droite, il s'arrêta ; leur force dimi- nuait visiblement. Le 14, à huit heures trois quarts du matin, notre Mol- lusque u° 2 se livrait encore au iravail, tournant un demi- tour à droite et revenant un tour sur la gauche, puis re- prenant à aroite jusqu’à midi et dem: ; après quatre heures et demi d'efforts, il s’arrèta pour toujours. A neuf heures , le 4° 4 cournait à droite, durant une demi-heure, rejetant eux fois par son siphon branchial une certaine quantité de aétritus de la pierre en assez gros fragments: 1 travailla encore laborieusement ce jour, durant trois heures, pour la dernière fois. A midi, un nouveau Mollusque (Pholas n° 5) commen- çait sa perforation ; le dix-huitième jour &e l'observation, il ne fit qu’un tour à gauche en grattant le fond &e sa de- TRAVAUX INÉDITS. 69 meure. En cette circonstance, le pied du Mollusque ad- hère fortement au fond de son trou. Le 15 au matin, nous changeñmes encore d'eau nos Mollusques, mais tous se contractèrent fortemert; leurs forces les avaient abandonnés le dix-neuvième jour de leur conservation. Nous procédâmes à l'examen des coquilles en les reti- rani des roches pour constater leur état, ainsi que la pro- fondeur qu’elles avaient acquise dans la pierre; il s’en est suivi, d’après la récapitulation approximative des heures de travail de chacun des trois Mollusques travailleurs, que le n° { a dù travailler autant pour l'élargissement de son trou que pour le creuser; il avait approfondi sa demeure de # millimètres en quatorze ou quinze heures de travail ; mais, si ce Pholas n'eût travaillé cu’en profondeur, il au- rait dû creuser le double, 8 millimètres en quinze heures, et sa coquille conservait encore ses aspérités faiblement émoussées. Le Mollusque n° 2 avait approfondi son trou de 3 mil- limètres 1/2 dans l’espace de dix-sept à dix-huit heures ; le gneiss de celui-ci, plus dur, occasionna à sa coquille une usure sensible. Le Pholas n° 3, se trouvant gêné dans son excavation trop étroite, n’a, en partie, travaillé que pour l'élargir ; il n'avait donc creusé son trou que de 2 millimètres seu- lement; sa coquille avait souffert l'échec de trois de ses aspérités rompues. Le Mollusque n° 4 avait approfondi sa demeure de 3 millimètres dans treize ou quatorze heures ; ses aspéri- tés longues ne semblaient pas être endommagées. Pour le Mollusque n° 5, il n'avait eu que le temps d’adoucir le fond de son trou. L'énumération que nous donnons ci-dessus nous à paru nécessaire pour constater l'examen suivi sur ces curieux Mollusques, dont nous expliquerons maintenant fe travail, qui diffère bien peu de celui que nous leur avions supposé. 70 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (l'évrier 1857.) Lorsque le Pholas se prépare à perforer sa demeure, il contracte ses siphons, et souvent les réduit en forme glo- huleuse ; il se berce quelques instants, et, pour mieux faire porter sur la roche les arêtes des valves de sa coquille dans sa partie ventrale hérissée d’aspérités , le Mollusque les ouvre grandement. Au milieu de cet espace que pré- sentent les échancrures des valves se trouve le pied qui happe la pierre dans la paroi du trou, s’y fixe comme le ferait une patelle; dans ce moment, tout le Moliusque, attiré par le pied, se précipite de ce côté du trou ; souvent les siphons se ferment et se contournent par un effet yisi- ble du Mollusque, qui alors ferme fortement sa coquille ou ses râpes : voilà le mécanisme. Le Mollusque ferme donc ses valves, c’est là l’action de ràper les roches (1). Après cet effort, le Mollusque se redresse au milieu de son trou, ouvrant grandement les valves de sa coquille, fait un arrêt de trois quarts de minute environ, comme pour recueillir ses forces, et durant lequel il replace son pied, qui est son point «appui; en le portant oblique- ment en avant du côté où 1l lui convient de se diriger, quoique tournant sur son axe certain nombre de tours continus, il n’affecte pas un mouvement rotaloire direct proprement dit (comme nous le voyons), attendu qu'il se fixe et se déplace toutes les minutes pour arriver à faire le tour de son trou dans l'espace d’une heure : après le repos d'une minute (nous nous répéterons), le pied fixé attire sur la paroi du trou les râpes, les bords du ventre de la coquille, qu'il met fortement en contact à la roche; ici agissent les muscles adducteurs des valves et les crochets en leviers, par un vif effort, pour rapprocher les valves, les fermer autant que possible, pour prolonger d'autant plus leur grattement contre la pierre. Plus la coquille est (1) Dans un trayail adressé à l'Institut de France le 24 novembre 1851, uous disions : « Les valves es Pholades graticraient encore la pierre, ne feraient-elles que s’ouvrir et se fermer, » he TRAVAUX INÉDITS. DA ouverte, plus l’action de râper se fait sentir; cette bor- dure de dents étant émoussée, le Mollusque la renouvelle jusqu'à plus de quarante fois (comme nous l'avons dit ail- leurs) dans les gros individus, et, indépendamment de ces aspérités, le Pholas agit encore par le froissement de toutes ses aspérités, quoique émoussées, qui recouvrent ses val- ves : ce sont ces deux râpes qui, en limes demi-rondes pressées contre la paroi du trou, dans l'impulsion donnée par le Moilusque, adoucissent et régularisent si parfaite- ment la rotondité des excavations. Comme nous l'avons vu, le Pholas réitère ses coups de ràpes souvent sans changer de place, suivant les obstacles ou la dureté qu'il éprouve dans le gneiss; mais tout en fermant ainsi ses valves, lorsque la roche n'est pas trop dure surtout, il y a nécessité pour le Mollusque de changer promptement de place, afin d'éviter, les irrégularités qui en résulieraient dans son trou. Le Mollusque, fixant son pied en ligne oblique du côté où il veut se diriger, se trouve tourner sur son axe, comme nous l’avons observé dans nos perforants, en faisant jusqu'à cinq tours consécu- tifs (Pholas n° 1). Le Mollusque s'étant enfoncé dans la roche de 2 à 3 centimètres au delà de sa coquille par le moyen que nous avons vu, nous peusons que, dans ce cas, il doit en- core prendre un appui dans son trou [comme nous l'avons indiqué dans notre premier travail) par ie gonflement de ses siphons, qui remplaceraient l’attache de son pied en devenant son point d'appui pour faire vibrer plus promp- tement sa coquille par un va-et-vient; l’action que nous avons observée du gonflement bulliforme des siphons de- vrait être, de la part des Mollusques, une répétition. de l'action qu'ils sont en usage de pratiquer dans les trous profonds d'où nous les avons retirés (1). (1) Ce second moyeu est d’autaut plus probable , que nous avons (depuis peu) acquis la certitude que les Tarets l'emploient pour faire Mibrer grandement leur coquille daus leur conduit ligneux. 72 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1857.) Lorsque le Mollusque veut plus particulièrement agir pour approfondir sa demeure, son pied se fixe au fond même de l’excavation pour y attirer plus fortement le contact de ses râpes antérieures, et, pour l'élargissement, le pied se fixe sur la paroi de l’excavation, pour y attirer ses râpes ventrales, comme nous l'a démontré notre Pholas n° 3. Nous avons vu comment les Pholades se débarrassent des détritus de gneiss provenant de leur exploitation par trois moyens : en grattant la roche, une partie reste dans le vide au dehors de la coquille; le Mollusque, en chan- geant l’eau du fond de son trou, rejette cette partie entre la coquille et les parois de sa demeure, mais une grande partie pénètre dans le Mollusque même, passant entre le pied et le manteau : là, il se fait un choix ; la poussière la plus fine de schiste et de mica trituré est reçue par la bouche du Mollusque, qui s’en leste l'estomac, et il rend cette poussière parfaitement agglutinée en véritables ex- créments, qu'il rejette par son siphon anal. Pour les plus gros graviers, surtout en quartz et feldspath , on les ob- serve montant dans le siphon branchial en transparence, et même directement par son ouverture; ils se réunissent en une certaine quantité qui monte et descend, puis enfin ils sont rejetés par le siphon avec force et retombent dans l’espace comme une pluie sur la roche. Nous avons vu que les Mollusques tournent indistincte- ment et à droite et à gauche; leur travail s’est générale- ment effectué de jour et non de nuit : leurs temps de tra- vail ne paraissent pas s'attacher à des heures fixes pou- vant coïncider avec celles des marées. Le travail de la perforation n’est pas extrêmement lent, comme beaucoup l'avaient supposé; au contraire, il est assez rapide; encore devons-nous considérer, dans nos observations, que nos trous, tels que nous les avions creusés, ne se rencontraient pas d’une conformité parfaite avec celle des coquilies; que les Mollusques ont dù tout TRAVAUX INÉDITS. 73 d’abord les rectifier et être retardés dans leur marche. Conclusions. Ce principe, aujourd’hui si simple, exprimé dans notre travail, doit satisfaire toutes les exigences et nous mettre tous d'accord ; la difficulté, disait-on, était de trouver une force mobile qui pût faire gratter ei tourner les coquilles. Tous les conchyliologues connaissent la force dont sont doués les Acéphales dans l’action de fermer leur coquille avec leurs muscles adducteurs ; ainsi nous voyons claire- ment, dans le travail de la perforation mécanique , que toute la force exigée du Mollusque se porte sur deux points : le premier consistant dans le point d'appui, l'at- traction du pied qui presse les râpes contre la pierre en s’inclinant du côté où il veut tourner ; le second consistant à fermer fortement ses râpes. Ici, aux muscles adducteurs des valves ( qui seraient insuffisantes) se joint encore un moyen de force majeure et particulier que nous avons si- gnalé être le caractère distinctif et propre à la perforation mécanique des Mollusques, ce sont les crochets qui, d’une part, fixent le Mollusque à sa coquille d’une manière in- variable, et deviennent, dès lors, des leviers puissants au Mollusque dans l’action de ràper les roches en fermant fortement ses valves appuyées contre la pierre. Nous l'avons déjà dit depuis longtemps, voilà l’action de grat- ter, voilà le grand moteur de l'opération. La saison des bains avait amené au Croisic des étran- gers, entre autres un géologue conchyliologiste distingué, M. de Boissy, jusqu'alors grand partisan de la perforation des Pholades par l'acide; nous avons eu le plaisir de l'appeler à se convaincre du contraire, ainsi qu'un con- chyliologue du pays, M. Cailla : ils ont vu l’un et l’autre le travail de nos Mollusques. Nous sommes heureux d’avoir pu faire suivre par ces messieurs nos expériences , et de leur avoir fait partager notre satisfaction. Th REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE, (Février 1857.) DescriPriON de LONGICORNES NOUVEAUX du vieux Calabar, côte occidentale d'Afrique; par M. A. CHEYROLAT. (Suite. — Voir 1855, p. 183, 282, 513; 1856, p. 340, 436, 485, 566.) 65. Monohammus basalis brunueo-ciuereoque variegatus. Capite thoraceque (spina laterali valida) vage punciatis; palpis oculisque nigris; anteanis aigris, fusco-longe, cinercoque breviter aunulatis;, scutello subquadrato, cinerco, intus depresso; elytris crebre punc- tatis, ad basin minute tuberculatis, adeapicem subtrureatis, fasciis duabus nigricautibus, prima lata, basaliinfra triangulariter protensa ; secunda obliqua ultra medium. — Long., 20 mill.; lat, 6 mill. Il ressemble tellement ‘au M. rubifer de Schr., que je l'avais d’abord confondu avec cette espèce. Sa corleur est d’un cendré obscur un peu luisante par endroits. Téte coupée verticalement en devant , étroitement sillonnée dans toute sa longueur, vaguement ponctuée. Palpes, man- dibules à l'extrémité et yeux noirs. Antennes un peu plus longues que le corps (femelle), légèrement velues en des- sous, à premier article noir, scabreux et fortement rebordé au sommet, deuxième petit, troisième et quatrième fort longs, bruns, suivants diminuant de longueur et plus ou moins annelés de cendré à leur naissance Corselet trans- verse, droit et sillonné sur lé bord antérieur et posté- rieur, muni d'une épine latérale très-robuste , qui est serrément ponctuée; le disque et les bords ne le sont que vaguement. Ecusson en carré, élargi par le haut, cendré, déprimé au milieu. £lytres de là largeur du corselet à l'extrémité des épines, coupées réctangulairement sur l’é- paule, faiblement rétrécies par le bas, arrondies sur l’ex- trémité de la marge, mais tronquées près de la suture (celle- ci est inerme) ; d’un cendré obscar mélangé de noirâtre, avec deux bandes de même couleur : la première repose sur la base, s'étend jusqu’à l'épaule et s’avance anguleu- sement en dessous sur la suturé ; la deuxième est étroite, se uirige obliquement vers le haut de la suture et est située TRAVAUX INÉDITS. 75 au delà du milieu : elles sont couvertes d’une ponctuation assez serrée qui devient légèrement tuberculeuse sur la bande basale. Corps en dessous et pattes d'un cendré moins obscur qu’en dessus, marqués d’une ponctuation clair-se- mée. Jambes médianes incisées extérieurement vers le mi- lieu , et faiblement poilues jusqu'au sonimet. Tarses d'un cendré plus ou moins obscur, frangés de poils soyeux et dorés. Le M. nubifer a les élytres brunes avec une grande tache basale et anguleuse cendrée et une bande subapicale de cette dernière couleur. Cette espèce m'a été offerte par M. Andrew Murray. 66. Phryneta cæca, cinerea, obscura, nigro-signata. Capite lato, antice recte truncato, sulco Jongitudinali angusto : mandibulis ocu- lisque (postire cinerec-marginatis) nigris; antennis gracilioribus, corpore vix Jongioribus, infra parce pilosis, nigricantibus ; thorace cinereo. in medio et lateribus nigricante, antice recto, ba: profunde bisiouato, anguste trisulcato, in medio dorso tubereulum oblongum anfice trinodosum et longitudine sulcatum emittente; spina laterali erecta, valida, acuta, antice (basi tuberculata posticeque profunde constrieta et in latitudine sulcata; scutello fere senu-rotundato, ci- nerco, uigroque lateribus ; elytris cnereis, thorace multo létioribus, basi sinuosis, 14 humero scabrosis, et foycolato-tuberculatis : ma- cula humerali magna trianguliformi, macula communi rotundata infra scutellum, vitta obliqua e margine ad suturam dueta (puncto ovéllan griseo signata pone suturam), notulisque duabus transverse positis aute apicem , nigris; pectore lateralibus maculis duabus al- bidis; abdomine lineis tribus cbsoletis et nigris. — Long., 24- 28 mill.; lat, 9-10 1,2 mill. Cendrée obscure. Corselet avec le milieu et les côtés noirâtres. Élytres marquées 1° d'une tache commune ar- rondié au-dessous dé l'écusson; 2° d'une rande tache humérale irianguliforme; 3° d'une bande oblique qui part de la marge à la hauteur des cuisses postérieures et se dirige vers le haut de la suture qu'elle n’atteint pas (et au sommet de laquelle on remarque un point cendré üculiforme); 4° enfin de deux petites notes placées trans- 7G REV. ET MAG. DE ZO0OLOGIE. (Février 1857.) versalement avant le sommet, mais dont l’extérieure est plus petite, et qui toutes sont noirâtres. Tête large, coupée droit en avant, anguleusemert échancrée entre les antennes, étroitement sillonnée. Mandibules et yeux noirs. Antennes moins épaisses qu’à l'ordinaire, noirâtres, guère plus lon- gues que le corps. Corselet un peu plus long que large, muni, sur le disque, d’un tubercule oblong longitudinale- meni sillonné et irinoduleux à sa partie antérieure. Versle côté, à la même hauteur, existe un autre tubercule, arrondi, appuyé sur l’épine latérale (celle-ci est robuste , relevée, très-aiguë , est fortement resserrée en avant et en arrière, et sillonnée en arc dans sa largeur); trois sillons transver- ses, étroits, dont deux sur la base; celui du bord antérieur n'existe qu'en dessous et sur les côtés. Ecusson cendré, noir sur le côté. Ælytres sinueuses , avancées et arrondies sur la base et le dehors de l'épaule (chargées, sur cette der- nière, de gros points réticulés qui, sur leurs bords, sont denticulésetun peu tuberculés), légèrement amincies versle sommet et régulièrement arrondies chacune à l'extrémité. Pattes inermes , assez fortes et épaisses, d'un gris obeur nuancé de noirâtre. Cuisses sillonnées en dessous dans la longueur, un peu évasées près de l'extrémité. Jambes élar- gies au côté externe avant le milieu, Tarses à premier et deuxième articles largement et brièvement triangulaires ; troisième grandement bilobé. Crochets robustes, simples. Corps, en dessous, d'un cendré obscur. Poitrine offrant deux taches latérales blanches. Abdomen de cinq segments, premier et cinquième érès-grands, intermédiaires égaux; il présente trois lignes noirâtres obslèles. Sternum arqué, tronqué en avant et n’offrant au milieu qu'un petit tuber- cule aigu, tandis qu’il est très-proéminent dans les espèces typiques à antennes épaisses, mâle et femelle. D. And. Murray. 67. Prosopocera ocellala grisea, lateribus thoracis infra pectore- que niveis; in elytris, ante medium, quatuor notulis ocellaribus TRAVAUX INÉDITS. 77 nigro-velutinis albo-cinctis : prima parva marginali; secunda dor- sali obliqua ad maculam albicantem et obliquam margine junctam. Mas. Capite griseo, cornu plus minusve protenso. — Fœm. Capite griseo, fronte transversim et semi-circuiter impresso. Long., mas, 20-27 mill.; lat., 7-9 mill. Long., fœm., 21-25 mill.; lat., 7 1/2-10 mill. Tête grise, armée, chez le mâle, d’une corne avancée, dirigée vers le bas, très-variable de forme suivant les in- dividus et qui, chez les plus grands, est sinueuse, dentelée sur ses bords, sillonnée au milieu et bicarénée longitudi- nalement:; elle est couverte d'une villosité grise très-épaisse et d'une dépression profonde en avant du front ; l’extré- mité de cette corne est manie de deux dents recourbées noïi- res. Chez les autres, la corne est tellement oblitérée, qu'elle n'offre plus quelquefois qu'une petite proéminence conique avec un sillon qui s'étend jusqu’à l’occiput; celui-ci est traversé, sur le front, par un fer à cheval qui a son ouver- ture en avant, lequel existe semblable chez la femelle; seu- lement cette dernière a trois côtes longitudinales sur la partie antérieure. (La face antérieure du mâle de la P. bi- punctata (Cerambyx), de Drury, est noire, et la corne est profondément excayée et sillonnée dans son étendue; et la femelle, au lieu du fer à cheval, a une impression frontale qui est coupée droit en dessus et sur le côté.) Mandibules et yeux noirs (entourés de blanc). Corselet presque coupé droit en avant, cependant un peu avancé sur le milieu de la tête, rebordé d’une villosité jaunâtre , bisinueux à la base et faiblement sillonné sur les extrémités, offrant deux rigoles transverses, profondes, et dont l’antérieure est flexueuse ; entre celle-ci et sur chaque côté du disque sont deux sillons obliques rapprochés, lesquels offrent deux impressions longitudinales, l’une à la base et l’autre avant leur prolongement. Il est d'un gris olivâtre, et le sommet seul de l’épine latérale est noir. Étytres grises, mélangées de blanchâtre, marquées, chacune , avant le milieu, de deux petits points noirs veloutés, arrondis, cerclés de TS REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1857.) blanc. Le premier est placé au-dessous de l’épaule , près de la marge et le deuxième est plus rapproché de la su- ture que de la marge; ée point est transversal oblique.et lié en dessous à une tache d’un blanc verdâtré qui s’al- longe obliquement en arrière sur la marge (chez la P. bi- punctata ce point est beaucoup plus grand , perpendicu- laire , rond, et la tache marginale est plus large et d’un beau bianc). Côtés du corselet et de la poitrine blancs. Cette espèce, qui m’a été donnée par M. Andrew Mur- ray, paraît n'être pas rare. 68. Prosopocera? picliventris, latiustula, brevis, griseo nigroque variegata; thorace (transverse ct profunde bistricto sulcis duobus anticis rotundatis, foyeola media impresso, obtuse spinoso, scutello, elytrisque basi et in longitudine postica, cervinis : pectore abdomi- neque nigris albo-fimbriatis; antennis brunneis, breviter cinereo- annulatis et vix corpore lougioribus. — Lons., 9 3/4 mill.; lat, 4 mill. Subcylindrique, courte, épaisse d’un gris noirâtre. Tête noirâtre à pubescence courte et grise. à ponctuation gra- nuleuse et serrée; elle est large, coupée verticalement en avant el l‘gèrement convexe , peu profondément évasée entre les antennes , brièvement arrondie en arrière. Sil- lon entier peu visible. Palpes ferrugineux. Lèvre densément rousse. Chaperon large, droit. Mandibules moyennes, ai- guës, d'un noir brillant sur l'extrémité, tranchantes sur le bord interne. Yeux espacés, profondément échancrés vers les deux tiers supérieurs, bruns. Antennes guère plus longues que le corps, brunètres, annelées de cendré à la base des articles. Corselet d'un roux jaunâire, transverse, droit en ayant et en arrière, mais largement et brièvement avancé sur l'écusson, faiblement sillonné sur chaque bord et très-profondément bisillonné en travers vers le centre ; sur le bord du premier sillon sont deux ronds impres- sionnés, el un point enfoncé est situé au milieu près du second sillon. Épine latérale et médiane presque obtuse. Écusson d'un roux jaunâtre , peu large, sémi-arrondi. TRAVAUX EINÉDITS. 4 79 Elytres sur toute la base, un peu au delà sur lé côté, sur la longueur de l’étui depuis le milieu jusqu’à l'extrémité, d’un roux jaunâtre, transversalement noirâtres au-dessous de la base, grisâtres sur ie milieu avec la marge un peu cendrée: elles sont plus larges que le corselet, obtusément rectangulaires sous le dehors de l'épaule , étroitement ar- rondies chacune sur l'extrémité, et présentant une ponc- tuation assez fine etrégulière, quoique espacée. Pattes d'un Brun rougeâtre, courtes ; cuisses assez épaisses, évasées seulement sur l'extrémité pour loger les genoux, de la Tongueur des jambes; jambes intermédiaires incisées obli- quement sur le milieu externe. Tarses moyens , premier articlé conique, deuxième triangulaire, troisième étroite- ment 16b6. Crochets simples, assez forts. Poitrine blanche, avec la moitié en arrière et tout l'abdomen d'un noir terne, marginés de blanc sur les côtés du corps et sur le bord inférieur des derniers segments. Sternum étroit, cintré dans la longueur, coupé droit et adhérent en avant, coupé droit, mais relevé en arrière. Cet insecte, de sexe douteux, car l'abdomen est dépri- mé comme chez les mâles et les antennes sont courtes comme chez les femelles, ressemble infiniment à un Onci- deres de petite taille, mais trapu; il m'a été donné par M. Andrew Murray. 69. Temnoscelis tæniolaltus, pilosus, fusco-castaneus ; fasciola frontali, lineolaque sinuata in longitudine primi articuli anteonarum, luters ; capite lato, convexiuseulo, vage punctato, in fronte emargi- Wato, depresso, antice cinerescente, postice obseuro-velutino; man- dibulis validis ad apicem uigris, mtidis; oculis nigris; antennis infra villosis, corporis longitudine, fuscis, nigro-pilosis cb breviter cinerco anauJaus ; thorace æquaute latitudinem lougitudine, in disco angu- lose trinodoso *., transverse bi-, sf Jatcribus, tri-stricto: elytris aeupunctatis, planis, parallelis, ad apicem emarginato-truncatis, Drunneo-velutinis, plagis duabus dorsalibus cinereis, fere triangula- ribus. — Long, 24 mill.; lat, 8 mill, Poilu, d'un brun chocolat velouté avec quelques parties plus claires et'grisâtres. Téte d'un brun grisâtre en avant, 80 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1857.) obscure et veloutée en arrière , large , arrondie , inclinée en avant, échancrée ct déprimée entre les antennes, of- frant une bande transverse d’un blanc jaunâtre aui suit l'échancrure du füt antennaire et longe ensuite sinueuse- ment le premier article des antennes en dessus; sillon longitudinal étroit, entier. Palpes gris, à dernier article plus ovalaire que dans l’espèce typique, tronqué au som- met. Mandibules épaisses, ponctuées, recouvertes d'une croûte épaisse de poils courts et gris sur le côté; leur bord inférieur est arrondi, l'extrémité aiguë, avec la bor- dure interne tranchante et d’un noir brillant. Lévre étroite, transverse, couverte de longs poils dorés qui s'étendent même au delà. Yeux noirs. Antennes de la longueur du corps, d’un fauve chocolat à villosité noire en dessous, brièvement annelées de cendré sur la base des articles ; le quatrième est le plus long. Corselet aussi haut que large, droit en avant et en arrière, très-faiblement sillonné en dessus sur chacun des bords, mais irès-profondément sur le milieu, surtout sur les côtés et en dessous; la région dorsale est élevée et vaguement ponctuée, elle présente trois tubercules disposés triangulairement :. ; il est d’un brun obscur, et les côtés postérieurs sont plus clairs. Épine latérale, étroite, élevée obliquement, aiguë, située avant le milieu. Écusson arrondi, déprimé, brunâtre. Élytres planes, plus larges que le corselet, arrondies ré- gulièrement sur l'épaule, parallèles, à ironcature un peu arquée au sommet ; elles sont couvertes de points allongés pilifères, cendrées en avant et après le milieu dorsal; la base est anguleusement d’un brun clair, et le côté mé- dian offre une grande tache angulaire qui se lie à la marge et couvre assez largement l'extrémité (sa partie supérieure s'avance en angle, sur le gris, près de la suture, et la marge, à la hauteur de la naissance des cuisses posté- rieures, présente une petite tache anguleuse cendrée). Pattes moyennement longues et épaisses, inermes ; jambes arquées et amincies près des genoux, élargies sur les deux TRAVAUX INÉDITS. 81 tiers et couvertes d’un poil soyeux un peu doré. Abdomen de cinq segments égaux. Femelle. Cette belle espèce, qui, par sa taille et la disposition de la tache latérale des élytres, ressemble assez aux Mono- hammus Thomsoni et lateralis, m’a été généreusement of- ferte par M. Andrew Murray. 70. Slenias verticalis, albidus rubido-fusco; cinereo-griscoque variegatus; in vertice capitis maculis duabus; in thorace maculis duabus punctiformibus basi, plurimisque ad marginem anteriorem ; in elytris maculis duabus basalibus aliisque minutis nigro-fesciculatis fasciaque ante apicali, nigris (fusco-cinereoque terminata) ; capite antice truncalo, supra angulose emarginato ; thorace cylindrico, an- tice posticeque recto; elytris cylindricis, apice intus oblique trun- catis ; lateribus thoracis, infra primo ultimoque segmento abdomi- nis, nigris. — Long., 19 mill.; lat., 5 mil]. Cette espèce est très-voisine du St. Myont, Guérin, mais elle est plus grande et en diffère par le front, qui est - plus anguleusement évasé, et la tache posticale, qui s’é- tend plus en avantetest plus nettement tranchée. Sa cou- leur générale est d’un blanc nébuleux. Tête marquée, au sommet, de deux grandes taches anguleuses noires ; sillon longitudinal étroit et entier. Mandibules larges, noires et luisantes. Palpes roux. Yeux rougeâtres, presque entière- ment divisés par l'insertion des antennes (celles-ci man- quent). Corselet cylindrique, de la largeur de la tête, coupé droit aux extrémités, marqué, sur le bord antérieur, de petits points noirs mélangés de fauve, et, sur la base, de deux taches punctiformes également noires; le côté infé- rieur porte une raie arquée noire. Écusson semi-arrondi, roussâtre. Étytres cylindriques plus larges que le corselet, allongées, un peu rétrécies vers le haut de la marge, tron- quées obliquement sur le dedans de la suture. Le tiers an- térieur seul est assez fortement ponctué; son fond est d'un cendré obscur, maculé et fasciculé de noir; le milieu de la base offre une grande tache noire qui est en regard de celle du corselet; au dehors est une autre tache blanche 2° sé. Tr. 1x. Année 1857. 6 82 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1857.) qui se convertit en fauve doré sur l'épaule; un faisceau noir et roux doré se remarque au-dessous de la tache ba- sale; le milieu est d’un blanc nébuleux, le tiers apical est nettement coupé de noir et mélangé ensuite de cendré et de roux. Pattes courtes, inermes, robustes, variées de roux, de brun et de cendré. Abdomen à premier segment noir frangé de poils blonds, suivants blancs, maculés de noir sur le bord inférieur; le dernier est également noir, avec le pygidium roux, subconique. Elle m'a été donnée par M. Andrew Murray. 71. Xylorhiza biapicata, alata, clongata, cylindracea, punctata, nebulosa ; capite lato, antice plano, inflexo, pilis cervinis leucopbæis- que induto, postice breviter convexo, sulco levi inconspicuo; man- dibulis apice nigris; oculis brunneis; antennis primo articulo ob- ovato, cæteris gracilibus, tertio quartoque longissimis!.. thorace elongato, fasciculis quatuor brunueis ; duobus anticis apicatis ducbus dorsalibus ante medium sitis; scutello oblique eleyato, rotundato; elytris quam thorax vix latioribus, elongatis, parallelis, plauiusculis, apice truncatis, in singulo elytro maculis duabus leucophæis : prima aute medium secunda magna apicali, ad imum infuscata; pedibus inermibus, femoribus modice clavatis, tibiis ad tertiam partem api- calem, tarsisque cinereis. — Long., 16 mill,; lat., 9 mill, Aiïlée, allongée, cylindriforme, ponctuée et recouverte d’une: croûte poilue, courte, tubuleuse et mélangée de blanchâtre. Téte large, obliquement inclinée de haut en bas, inégale, couverte d’une indumentation épaisse d’un roux doré, jaunâtre, convexe et dénudée en arrière, of- frant, en avant du front, deux élévations tuberculeuses , rapprochées entre elles, qui sont également d’un roux doré jaunâtre. Palpes ferrugineux, allongés. Mandibules courtes, assez fortes, noires À l'extrémité. Yeux bruns, échancrés sur le milieu antérieur. Antennes éloignées, à premier article avalaire-allongé, d'un roux doré blanchà- tre; deuxième petit, suivants grêles; troisième et qua- trième fort longs, presque égaux. Corselet deux fois au moins aussi long que large, cylindrique, un peu plusétroit ! que la tête, droit en avant et en arrière, mais rentrant SOCIÉTÉS SAVANTES. 85 obliquement sur la base vers l'épaule, marqué, en dessus, de quatre faisceaux de poils roux-brunâtres : deux_sont sur le bord antérieur et en forme de houppes, deux avant le milieu dorsal ; is émettent en arrière un arc blanchâtre qui se réunit ensuite à une tache allongée et carrée noire appuyée à la base. Écusson relevé en arrière, arrondi, to- menteux. Élytres à peine plus larges que le corselet, deux fois et demie aussi longues, parallèles, coupées carrément au sommet, ayant une tache irrégulière allongée sur le milieu de l’étui, au-dessous de la base, avec le sixième apical d'un blanc jaunâtre, qui offre à sa naissance une callosité oblongue bicostée, et est gaufrée et obscure sur le bord terminal. Les pattes et le dessous du corps sont d'un nébuleux obscur; le tiers apical des jambes, les tarses et l'extrémité de l'abdomen sont cendrés. Cuisses évasées à l'extrémité inférieure, fortement et régulièrement ren- fées. Jambes antérieures faiblement entaillées en dedans, en massue au sommet. (La suite prochainement.) II. SOCIÉTÉS SAVANTES. ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS. Séance du 2 février 1857. — Séance publique pour la proclamation des prix décernés et des sujets de prix pro- posés. Grand prix des sciences physiques. — 1'° question « Établir, par une étude du développement de l'embryon dans « deux espèces prises, l'une dans l'embranchement des Ver- « tébrés, et l'autre soit dans l'embranchement des Mollus- « ques, soit dans celui des Articulés, des bases pour l'embryo- « logie comparée. » Ce prix a été décerné à M. Lereboullet , professeur de zoologie et d'anatomie comparée, à Strasbourg. 2 question : « 4° Étudier les lois de la distribution des 84 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1857.) « corps organisés fossiles dans les différents terrains sédimen- & taires, suivant leur ordre de superposition ; « 2° Discuter la question de leur apparition ou de leur « disparition successive ou simultanée ; «3° Rechercher la nature des rapports qui existent entre « l'état actuel du règne organique et de ses états antérieurs. » Ce prix est accordé à M. H. G. Bronn, professeur d’his- toire naturelle, à Heidelberg. Prix de physiologie expérimentale : 1° 2,000 fr. à M. Waller, pour ses expériences sur les ganglions des nerfs rachidiens ; 2° 1,500 fr. à M. Davaine, pour son Mé- moire sur les anguillules du blé niellé; 3° 1,000 francs à M. Fabre, d'Avignon, pour ses recherches relatives à l’ac- tion du venin des Cerceris et sur le système nerveux des insectes. Prix Cuvier. — À M. Richard Owen, « qui, depuis plus de vingt ans, et par les travaux les plus continus, comme de l'ordre le plus élevé, à tant agrandi le champ de l'anatomie comparée et de la paléontologie. » Prix proposés pour les années 1857, 1858, 1859 et 18653 : Grand prix des sciences physiques. — « Étudier d'une « manière rigoureuse et méthodique les métamorphoses et la «reproduction des Infusoires proprement dits (Polygastri- « ques de BI. Ehrenberg). » « Le jugement sera proclamé dans la séance publique de l’année 1857. Aucune pièce nouvelle ne sera admise au CONCOurs. » Prix Cuvier. — « L'Académie annonce qu’elle décer- nera, dans la séance publique de 1860, un prix (sous le nom de prix Cuvier) à l'ouvrage qui sera jugé le plus re- marquable entre tous ceux qui auront paru depuis le 1 janvier 1857 jusqu'au 31 décembre 1859, soit sur le règne animal, soit sur la géologie. « Ce prix consistera en une médaille d’or de la valeur de 1,500 fr. » SOCIÉTÉS SAYANTES. 85 Prix Alhumbert. — « Étudier le mode de fécondation des « œufs et la structure des organes de la génération dans les « principaux groupes naturels de la classe des Polypes ou « de celle des Acalèphes. » Séance du 9 février 1857. — M. Flourens fait hommage de la seconde édition de son Histoire de la découverte de la circulation du sang. M. Charrel, de Voreppe, adresse un re intitulé : Gattine des Vers à soie. M. Ch. Martins adresse un travail intitulé : De la torsion de l'humérus. M. Brown-Sequard adresse de Nouvelles recherches sur les capsules surrénales. Séance du 16 février 1857. — Le compte rendu de cette séance contient le rapport de M. Dumas sur un Mémoire de M. André-Jean relatif à l'amélioration des races de Vers à soie, lu dans la séance du 26 janvier, et dont on ne peut s'expliquer le retard de l'insertion aux Comptes rendus. Comme nous avons aussi traité le même sujet dans cette Revue et que notre travail a paru antérieurement à celui de l’illustre académicien, nous nous abstiendrons, pour le moment, de toute réflexion. Nous renvoyons donc à la page 21 et à nos observations, formant un petit opuscule qui se trouve aux librairies de MM. Bouchard-Huzard, rue de l'Éperon, 5; Goin, quai des Grands-Augustins, 41 ; Dauvin et Fontaine, passage des Panoramas, etc., et qui a pour titre : Production de la soie. Situation. Maladie et amélioration des races du Ver à soie. In-8 de 32 pages. M. Duméril lit un rapport sur un Mémoire manuscrit de M. Leprieur ayant pour titre : Essai sur les métamorphoses du Trachys pygmæa, insecte de la famille des Buprestides. Voilà un de ces rares travaux de vraie et utile zoologie qui démontrent une fois de plus l'étendue des connais- sances de l'illustre doyen des zoologistes de l'Académie, et que nous nous faisons un plaisir et un devoir d'insérer en entier. 86 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1857.) « Notre honorable confrère M. le maréchal Vaillant a présenté à l'Académie, au nom de M. Leprieur, pharma- cien en chef de lhôpital militaire de Bone, en Algérie, un Mémoire fort intéressant sur les métamorphoses, les mœurs et la structure d’un insecte coléoptère (le Trachyde pyg- mée) qui a été rangé dans la famille des Buprestides ou Sternoxes, dont la plupart des larves connues jusqu'ici n'avaient été trouvées vivantes que dans Fintérieur du tronc des arbres, où elles se nourrissent du tissu ligneux. Celles dont il est question dans ce Mémoire ont été dé- couvertes entre les deux lames de l’épiderme des feuilles de quelques malvacées dont elles dévorent le parenchyme, en laissant intactes les lames de l'enveloppe membraneuse sous lesquelles elles s’insinuent , en les soulevant sans les déchirer, pour y pratiquer une demeure où elles subissent leur transformation dans une sorte de vésicule arrendie sur ses bords, comme gonflée et remplie d'air. « On connaît depuis longtemps des larves où des in- sectes qui, sous leur première forme, vivent ainsi dans l'intérieur des feuilles ou dans la duplicature membraneuse qui en recouvre la substance pulpeuse intermédiaire. On en observe souvent sur les feuilles les plus lisses et les plus molles, comme celles des lilas, des chèvrefeuilles et d'un grand nombre de synanthérées, même sur celles d’un tissu plus solide, telles que les feuilles du houx et de certains chênes. Comme ces larves sont généralement très- molles , incolores, recouvertes d’une peau rase , délicate et transparente , que la plupart n’ont que de très-petites pattes, et qu’elles semblent avoir été privées de ces mem- bres, qui, en effet, leur auraient été inutiles, d’après leur genre de vie, on leur a, le plus souvent, donné le nom de Vers mineurs de feuilles. C'est même le titre sous lequel les a fait connaître le patient et habile observateur Réau- mur, dans ses admirables recherches, en leur consacrant spécialement le Mémoire qu'il a placé en tête de son troi- sième volume, . SOCIÉTÉS SAVANTES. 87 « Ce célèbre observateur des insectes, qui en a si bien fait connaître les mœurs, a présenté, dans ce travail spé- cial, des considérations remplies d'intérêt sur les vues prévoyantes de la nature, qui a mis isolément ces larves à l'abri des vicissitudes d’une atmosphère parfois trop sèche ou trop humide, en les faisant vivre et se développer sous des toits protecteurs qu’elles se creusent elle-mêmes, et en se fabriquant des habitations cachées sous des appa- rences trompeuses. En effet, ces êtres faibles, herbivores, n’ont aucun moyen de défense; leur moliesse succulente était propre, d’ailleurs, à exciter l'appétence des Oiseaux insectivores et d'un grand nombre d’Insectes créophages qui s’en nourrissent eux-mêmes ou qui ne s’en emparent que comme de victimes délicates, inoffensives, destinées aux besoins du développement de leur progéniture. « On trouve dans les nombreuses recherches de Réau- mur l'histoire des mœurs et des métamorphoses de beau- coup de ces larves, ou de chenilles très-différentes entre elles par leurs modes de développement et de transforma- tion; car les unes produisent des Lépidoptères, comme des Teignes, des Pyrales, des Alucites; d’autres des Dip- tères, Lels que des Cécidomyies, des Téphrites, des Oscines. On y voit aussi que quelques-unes de ces galeries sont creusées par les larves de plusieurs Coléoptères de la fa- mille des Charançons. Nous y ayons retrouvé la figure très-informe , il est vrai, de l'Insecte mineur particulier qui vit dans l'épaisseur des feuilles de la mauve dont il va ètre question dans ce rapport. « Malheureusement, à l'époque où Réaumur se livrait à ses merveilleuses observations, il y a plus d'un siècle, les formes des Insectes étaient peu connues: on ne donnait pas de noms de genres ou d'espèces à ces petits animaux. On confondait tous les Coléoptères sous la dénomination de Searabée; les Diptères, ou tous les Insectes à deux ailes et même à quatre ailes lisses et membraneuses, étaient des Mouches ; les Lépidoptères, des Papillons de jour ou 88 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1857.) de nuit, etc. Il est fâcheux que ce savant naturaliste, si précis , si minutieux dans ses investigations , et d’ailleurs si exact par les soins qu’il mettait à ses recherches sur les mœurs, n'ait pas laissé aux entomologistes assez de dé- tails sur la conformation des Insectes parvenus à leur dernier état pour qu’on puisse s'assurer de l'identité des espèces qui ont donné lieu à ces précieuses observations. Les dessins et les figures gravées dans son ouvrage lais- sent trop à désirer sous ce rapport pour qu’il soit possible de rallier ces petits animaux aux genres établis aujour- d’hui en grand nombre, et peut-être trop arbitrairement distribués sous des noms dont la réforme est devenue né- cessaire et doit être désirée. « C’est un vœu général souvent exprimé par les entomo- logistes, et il devait souvent se reproduire dans le cas qui se présente; car Réaumur avait observé non-seulement les mœurs, mais l’Insecte qui fait le sujet du Mémoire que nous sommes chargés d'examiner et dont les détails nous apprennent cependant plusieurs faits nouveaux. Nous avons retrouvé, dans le travail cité de Réaumur, la figure gravée, nous ne pouvons pas dire exacte, parce qu’elle est trop informe, mais des particularités intéressantes qui avaient jusqu'ici échappé aux recherches de Geoffroy, de Linné, d'Olivier, de Fabricius, de Latreille, qui ont fait cependant des descriptions de ces mêmes Insectes sous leur dernière forme, mais qui n'avaient pas reconnu les particularités que présentent leurs larves. C'était un devoir pour nous de rappeler ces faits à l'Académie, en avouant qu'il était difficile de reconnaître cet Insecte. Nous croyons devoir transcrire ici ces passages : « Vers la mi-septembre, j'ai eu le Scarabée d'un Ver « mineur en grand des feuilles de mauve. Il est d’une « classe différente de celle du Scarabée du bouillon-blanc: «son corps est aplati autant et plus que celui d'aucun « Scarabée ; sa tête est courte et porte deux antennes à « filets grainés. Quand il marche, son corps semble tou- SOCIÉTÉS SAVANTES. 89 « cher le plan sur lequel il avance... (Suit la description « de la forme et des couleurs.) Lorsque j'ai trouvé ces « Insectes dans les feuilles de mauve, ils y étaient déjà en « nymphes très-plates, comme l’est le Scarabée ; mais ces « nymphes n’y étaient pas renfermées dans des coques. « Quoique j'aie eu beaucoup de ces nymphes, je n’ai pu « avoir aucun des Vers mineurs dont elles viennent. Le « temps de trouver ces Insectes sous leur première forme « était apparemment passé lorsque je les cherchai (Réau- « mur, tome IIT, page 33). » Et plus loin, donnant l’ex- plication de la figure pl. 11, n° 18, page 37, l’auteur ajoute : « Cette figure est celle du Scarabée à corps un « peu aplati dans lequel se transforme le Ver mineur des « feuilles de mauve. » « M. Leprieur, après avoir rappelé dans son Mémoire plusieurs observations déjà faites par les auteurs qu'il cite, sur les larves de quelques Insectes Coléoptères qui vivent dans l’intérieur des tiges, sous les écorces ou dans le tissu ligneux, fait une mention particulière de celles qui se développent sur les plantes de la famille des malvacées. Il aurait pu citer aussi les larves de quelques Charançons qui se nourrissent dans l'épaisseur des feuilles de végétaux de diverses familles. L'auteur raconte comment, après avoir remarqué sur des touffes de mauve plusieurs feuilles portant des taches vésiculeuses, grossièrement arrondies sur leur contour, d’une teinte jaune contrastant avec la couleur verte de la feuille , il chercha à en connaître la cause, et il supposa qu’elles avaient été la demeure de quelque Insecte. L'année suivante, il fut assez heureux pour constater dans ces petites cavités la présence d'une larve de Buprestide qui, dans l’espace de deux ou trois semaines, parcourut toutes les phases de son développement. C'était pour lui un fait extraordinaire et inconnu ; il l'étudia dans tous ses détails. Ils sont curieux à connaître, mais trop circonstanciés pour que nous puissions les reproduire ici. « L'auteur du Mémoire décrit et figure les larves de ce 90 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1857.) Trachyde, qui ont une forme toute particulière, ainsi que celle de la nymphe, qui se transforme sans s’envelopper dans une coque. Il compare cette larve à celles des autres Buprestides qui sont déjà connues, pour indiquer, même par des figures, les particularités qui les distinguent. Il examine l'intérieur de la vésicule épidermique où il re- trouve les débris des dépouilles, celles des matières digé- rées qui ont servi à l'accroissement de la larve, et la preuve que d’autres larves parasites, celle d’un Cynips par exem- ple, en avaient fait leur pâture et s’y étaient substituées. « Nous pensons que le Mémoire de M. Leprieur con- firme et développe beaucoup mieux la première observa- tion de Réaumur sur les larves des Trachydes, qui ont toutes très-probablement la même manière de vivre; que ses recherches établissent un fait positif sur ce point trop peu connu de l’histoire de ces Insectes ; que l'exactitude de ses recherches mérite l'approbation de l'Académie, qui les a reçues avec intérêt, et que la publication en est très- désirable. » Séance du 23 février 1857. — M. Bounicau adresse un résumé de ses communications sur les Sangsues. M. Philippeaux adresse un travail sur l’ablation succes- sive des capsules surrénales , de la rate et des corps thy- roïdes sur des animaux qui survivent à l'opération. III. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. Raprpmoripum Coleopterorum familiæ dispositio systema- tica ; auctore À. Gersrazcker. Berlin, 1855, in-4°, avec 1 planche gravée. C'est une excellente monographie, dans laquelle le jeune savant fait connaître, au moyen de bonnes descrip- tions, un groupe de Coléoptères encore peu étudié. Outre les genres déjà publiés, M. Gerstaecker en a fondé cinq ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 91 pour des espèces qui ne rentraient dans aucun de ceux déjà établis. * Cette petite famille est done formée, aujourd’hui , de douze genres distribués dans quatre tribus ainsi qu'il suit : Tribu L. Prisopnorr, composée des genres 1° Trigono- dera (13 esp.), 2° Geoscopus (1 esp.), 3° Pelecotoma (2 esp.) 4° Clinops (1 esp.), 5° Ancholæmus (1 esp.), 6° Euctenia (4 esp.), T° Ptilophorus (5 esp.), 8 Ctenidia (1 esp.). Tribu IL. Raspinint, 9° Rhipidius (3 esp.). Tribu HE. Myoprrinr, 10° Myodites (4 esp.). Tribu IV. Rasprrnornt, 11° Motæcus (1 esp.), 12° Rhi- Piphorus (40 esp.). Il est fâcheux que M. Gerstaecker n’ait pas jugé à pro- pos d'admettre les lois de la priorité de publication effec- tive, et que des noms de collections ou de catalogues aient été adoptés par lui de préférence à des noms régulière: ment et effectivement publiés. Il est probable que, dans l'avenir, on dressera un catalogue, vraiment scientifique, des noms antérieurement publiés, et qu'ainsi la tribu des Ptilophori de M. Gerstaecker prendra le nom de Pelecotomi, son genre Trigonodera celui de Pelecotoides, son genre Ptilophorus celui d’'ÆEvaniosomus, et que le genre Metæcus, Gerst., sera adopté comme partant du jour de sa publication effective dans ce travail (1855). Enfin nous ayons remarqué avec quelque peine que l’auteur se soit abstenu de dater ses synonymies , méthode qui a été adoptée par tous les zoologistes consciencieux depuis que nous l'avons introduite pour la première fois dans les premières monographies de notre Spécies des Coléoptères. (G.-M.) SPECIMINA ZOOLOGICA MOSAMBICANA quibus vel novæ vel minus nolæ animalium species illustrantur ; cura J. Jo- sephi Brancon:, in lycæo magno Bononiensi naturalis 92 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. {Février 1857.) historiæ professore. — In-4° pl. color., Bononiæ, 1850 à 1856. Quoique nous ayons déjà signalé ce bel et important ouvrage à nos lecteurs, nous croyons leur être agréable en leur faisant connaître les progrès de sa publication , qui est arrivée au dixième fascicule. Les matériaux de cette publication ont été fournis par un courageux voyageur, M. le chevalier Charles Forna- sini, qui en a fait don au musée de Bologne, sa patrie. M. Bianconi, l’un des savants les plus distingués de l’aca- démie de Bologne, en a entrepris la publication, et pour- suit ce difficile travail avec une persévérance et un talent que nous ne saurions trop louer. Nous n’entrerons pas ici dans le détail du contenu des dix fascicules qui nous sont parvenus jusqu'ici; ils sont pleins d'observations anatomiques et zoologiques sur les animaux vertébrés découverts par M. Fornasini, sur des Mollusques et sur les Crustacés, observations qui sont ac- compagnées d'excellentes planches, pour la plupart colo- riées avec un grand soin. Nous ne saurions trop appeler l'attention des anato- mistes et des zoologistes sur ces consciencieux travaux de M. Bianconi, et nous aurons soin de les tenir au cou- rant de l'apparition des autres fascicules à mesure qu'ils nous parviendront. (G.-M.) NOTIZIE ZO0LOGICHE...… Notice zoologique sur le Pachy- pleura Ediwardsü; par le docteur Emilio Cornazra, di- recteur adjoint du musée civique de Milan, etc. (Extr. du Journal de l'institut lombard des sciences, lettres et arts, t. VI, fasc. 31 et 32, nouv. série. Milan, juillet 1854. C'est une excellente description d’un Reptile fossile des plus remarquables, accompagnée de bonnes figures. (G.-M.) ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 93 CENN1 sopra.— Mémoire sur quelques nouveaux Helmin- thes de la Rana esculenta, avec de nouvelles observa- tions sur le Codonocephalus mutabilis (Diesing); par le docteur Bragro Gasrazpi. In-#, fig., Turin, 1854. M. Gastaldi étudie, décrit et figure les espèces sui- vantes : Distoma tetracystis, pl. 1, fig. 1, 2, 3. — Distoma diffusocalciferum, pl. 1, fig. 4 et 5. — Distoma acervocalci- ferum, pl. 1, fig. T à 10. — Ligula ranarum, pl. 11, fig. 1. — Codonocephalus mutabilis, Diesing, pl. 11, fig. 2, 3, 4. OuvraGes qui nous sont parvenus ou dont les titres sont arrivés à notre connaissance pendant le mois de jan- vier 1857. Memorias de la real Academia de ciencias de Madrid. — T. II, part. 1. In-4, Madrid, 1853. The zoology of the voyage of H. M.S. Herald , under the command of capitain Henry Æellett, during the years 1845-51. Edited by professor Edward Forges, F. R. S.— Fossil mammals, by John Ricaarpsow, Knt., C. B., M. LES F.R.S. — In-#, fig., London, 1852. On Mosausaurus and the allied genera, by D' R. W. Gisges. — Extr. du Smithsonian contributions to Know- ledge. — Cambridge, 1849. Memoir on the extinet species of American Ox., by Jo- seph Lewy, M. D. — Extr. du Smithsonian contribu- tions, etc. In-4, Washington, 1852. Contributions to the natural history of the fresh water fisches of North-America, by Charles Ginarp. — I. À Mo- nograph of the Cottoides. — Extr. Smiths. contrib. Wa- shington, 1851. Faune entomologique française ou description des In- sectes qui se trouvent en France, par MM. Léon Fairmaire et le D' A. Laboulbène. — Staphylinidæ. An-12, Paris, Deyrolle, 1854. 9% REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1857.) IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. M. Emmanuel Rousseau. — Les fanons de la Baleine. — Anecdote. — Lettre de M. Eschricht. Nos lecteurs n'ont pas oublié le mémoire intéressant et consciencieux que M. le docteur Emmanuel Rousseau a pu- blié, l'an dernier, dans cette Revue, sur la dentition des Cé- tacés. Dans ce travail plein de faits, M. E, Rousseau pro- teste avec une sorte d’amertume contre l'erreur commise par le mécanicien qui a monté la Baleine exposée dans la cour du cabinet d'anatomie comparée. L’honneur de ce cabinet, qui doit à son père et à lui tant de belles prépa- rations, lui semble compromis, et il a raison. Ce mécani- cien, qui, à coup sûr, n’est pas Vaucanson (car Vaucanson fabriquait des Canards qui digéraient), a construit une Baleine impossible ; si cette malheureuse Baleine ouvre la bouche, elle ne pourra plus la fermer. Les échos du jardin des Plantes ont longtemps retenti des lamentations de M. Emmanuel Rousseau. Un jour elles arrivèrent jusqu'aux oreilles d’un personnage auguste : le prince Napoléon Bonaparte, après son retour de l’ex- pédition dans les mers du Nord, étant allé visiter le mu- séum, fut frappé de tant de douleur ; il vint dans la cour du cabinet, il s’approcha de la Baleine. M. Emmanuel Rousseau était là; M. Louis Rousseau, qui avait fait partie de l'expédition en qualité de naturaliste, y était aussi : « Justice! monseigneur, » s’écrie le conservateur des ga- leries, « justice pour la Baleine! Voyez les fanons!.. « voyez comment on les lui a mis! je vous demande « s’il est possible que cette Baleine mange! » Le prince impérial était visiblement frappé de l'émotion du conser- vateur ; il considérait le cas entre les deux Rousseau ; à la fin, se tournant vers Louis, il lui dit, d’un air parfaite- ment convaincu, ces simples paroles : « M, le conserva- «teur a raison; cette Baleine ne peut pas manger. …. MÉLANGES ET NOUVELLES. 95 « elle est empaillée. » La plaisanterie était d’une finesse exquise ; fout le monde en saisit l’atticisme ct la portée : de nature à ne blesser ni le mécanicien , ni le conserva- teur, elle suffira pour rétablir la Baleine dans tous ses droits. Au surplus, cette question de la place que doivent oc- cuper les fanons, s'ils doivent être disposés en dehors ou en dedans de la mâchoire inférieure, est résolue de la façon la plus nette par la lettre de M. Eschricht, de Co- penhague, à M. Emmanuel Rousseau, de laquelle nous extrayons les détails très-curieux qui suivent : « Je vois avec regret, » dit le naturaliste danois, « qu’on s'est égaré, au Muséum, d’une manière étrange dans la position des fanons. C’est pour éclaircir cette question que vous me demandez « s'il y a un pli intermédiaire «entre les fanons et la langue, ou entre la mâchoire in- « férieure et la joue. » Je ne vous répondrai que d’après des observations que j'ai faites moi-même : pour les balei- noptères, sur un individu long de 72 pieds échoué à la côte au N.E. de la Sélande (Danemark); pour les vraies Baleines, sur deux Baleines franches nouveau-nées qui m'ont été envoyées du Groënland, dans une dissolution de sel, dans des caisses bien goudronnées faites exprès pour elles. « I n'y a aucun pli entre les fanons et la langue ; et, entre la mâchoire inférieure et la joue, il ne peut en être aucun, puisque la joue des Baleines n’est formée que par la lèvre inférieure elle-même , attachée, comme à l'ordinaire, immédiatement à l'os de la mâchoire inférieure, La lèvre supérieure n'entre pour rien dans la formation de la joue, ais la lèvre inférieure est immense, ce qui donne à ces animaux une physionomie bien bizarre. C’est eette lèvre qui couvre, à bouche fermée, tout l'espace entre la con- cavité du palais et l'os de la mâchoire inférieure, situé horizontalement. À bouche fermée, il ne se voit donc rien des fanons. Quand la bouche s'ouvre, les fanons antérieurs 96 REV. ET MAG. DE Z00LOGIE. (Février 1857.) paraissent de suite jusqu’à leurs pointes, laissant entre eux et le dos de la langue une ouverture presque ronde, par laquelle pénètre l’eau, remplie de Crevettes (Amphi- podes), de Cliones et de Limacines, pendant que le co- losse se pousse en avant. L'eau se filtre de suite aux deux côtés par les séries de fanons. Mais Les longs fanons du milieu ne sont guère mis à découvert jusqu'à leurs pointes, ce qui demanderait une distension excessive de la bouche, ouvrirait le passage aux animalcules en bas du crible, et exposerait les pointes à glisser au dehors de la lèvre, ac- cident mortel à ces colosses, s’il faut croire aux relations des habitants des côtes boréales. « Comment et d’où peut être arrivée l'étrange erreur commise au Muséum? Il est évident qu'on n’a jamais vu une Baleine ni vivante ni morte, qu'on n’a pas connu l'immense élévation de la lèvre inférieure, car personne ne pourrait s’imaginer que la Baleine, en fermant la bouche pour chasser l’eau à travers les fanons de chaque côté et pour retenir les animalcules, engagerait un pli tel- lement épais entre les fanons et le fluide qu’elle veut fil- trer, sans déchirer ou la lèvre ou les fanons. » TABLE DES MATIÈRES. Pages. Boxaparte (S. À. le prince Charles). — Note sur le genre Mo- quious, etc. ; 49 Carzrraun (F.). — Procédé employé par les Pholades dans leur perforation des roches. \ 64 Caevrocar. — Description de Longicornes nouveaux, 74 Académie des sciences. 83 Analyses. 90 Mélanges et nouvelles (les fanons de la Baleine). 94 oo PARIS, — IMP. DE M V° BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'ÉPERON; D. DUT _— VINGTIÈME ANNÉE. — MARS 1857. I. TRAVAUX INÉDITS. Descriprions de trois nouvelles espèces de PERROQUETS, par M. Ch. DE Souaxcé. 1. Conurus AsTEC, nobis. — D'un vert gai en dessus; les narines sont placées dans un cirre couvert de petites plumes d’un jaune orangé très-vif ; les barbes externes de la première rémige d’un bleu glauque; les autres rémiges primaires, extérieurement vertes à leur base, passent au bleu dans leur partie médiane et se terminent de noir ; les barbes internes noires sont bleues près de la baguette ; les rémiges secondaires bleues avec leur extrémité noire ; toutes les parties inférieures d’un brun olive plus clair sur l'abdomen ; les couvertures inférieures de l'aile et de la queue d’un vert tendre; les rémiges noires en dessous ; les rectrices inférieurement d’un vert olive glacé de jaune; le bec couleur de corne claire, tout à fait blanc à son ex- trémité; pieds noirs. L. t., 26 cent.; aile, 15 cent.; queue, 11 cent.; bec, 15 mill.; tarses, 15 mill. Habite le Mexique. (Collection Masséna.) Le Conurus nanus de la Jamaïque se distingue de notre espèce par sa tailie plus forte, sa coloration plus foncée, son bec robuste et entièrement blanc, et enfin par la membrane dans laquelle sont placées les narines, qui est entièrement nue. 2. Pyranura ogmaroris. — Les plumes du front et du sommet de la tête d'un brun fuligineux mélangé de bleu glauque ; le derrière de la tête d’un vert doré; les plumes 2° sénie. +. 1x. Année 1857. 7 98 REV. ET MAG. DE Z0OLOGIE. (Mars 1857.) auriculaires d’un rouge de sang; les joues vertes; au- dessous de la région parotique une tache grise formée par des plumes écaillées, noires au centre, bordées de gris fauve et glacées de bleu; cette dernière couleur s'étend tout autour du cou et forme une sorte de collier peu dis- tinct: la première rémige noire; les autres antérieure- ment d'un beau bleu foncé: le dos, les scapulaires, les couvertures supérieures des ailes et du croupion d'un vert pur: la poitrine et l'abdomen d’un vert jaunâtre ; le milieu de l'abdomen tacheté irrégulièrement de rouge brun; les couvertures inférieures de la queue d’un bleu glauque ; les rémiges, en dessous, d’un gris d’acier nuancé dé vert ; là queue rouge de sang en dessus et en dessous ; le bec noir à 1à base, blanchâtre à l'extrémité; les pieds bruns. L.'t., 26 cent.; aile, {4 cent.; queue, 12 cent.; bec, 45 mill.: tarses, 12 mill. Habite Venezuela. (Collection Masséna.) 3. CyaoramPnus MaLuEret, nobis. — En dessus d’un vert pré; en dessous d’un vert jaunâtre; le front d’un jauñe orangé; le sommet de la tête vert doré; la pre- mière rémiÿe couleur de suie; les autres rémiges pri- maires d’un bleu glauque à la base: une tache d’un rouge écarlate de chaque côté du croupion; les rémiges noîres en dessous, traversées par la bande jaune paille particu- lière aux Giseaux du mème genre; la queue, en dessous, d'un vert olive brunâtre ; bec couleur de ee à la base, noir à l'extrémité : pattes noires. L. t.,22 cent.; queue, 10 cent ; bec, 10 mill.; tarses, {7 mill. Cet Oiseau fait partie du musée de Metz. Nous l'avons dédié à M. de Malherbe, qui a bien voulu nous permettre d'en prendre la description. Un autre individu du musée de Paris, beaucoup plus jéune, n’en diffère que par la bande frontale à peine distincte. Habitat inconnu. TRAVAUX INÉDITS. 99 NOTE CARCINOLOGIQUE sur la famille des Thalassides et sur celle des Astacidos ; par H. pe Saussurs. 1° FaxiLe Des THaLassipes. Tribu des Gébiens, Dana. Maxillipèdes pédiformes ; nageoires caudales larges et la- melleuses. Le nouveau type de Crustacés dont la description va suivre offre un intérêt tout particulier en ce qu'il établit one transition remarquable entre la famille Thalussides et celle des Astacides. L’intime affinité de ces deux familles vient d'être signalée par M. Gerstaeker (4), qui opte pour la réunion des deux familles en une seule, en se basant sur le fait que leur séparation n’est due qu'à l'absence des appendices foliacés à la base des antennes externes chez les Thalassides, et que cette absence n'est pas toujours complète. Chez notre nouveau genre, nous trouvons ces appendices parfaitement développés, quoique par tous les autres caractères 1 soit un véritable Thalasside. Sans vouloir aller aussi loin que M. Gerstacker, je trouve aussi qu'il existe entre les deux familles des rapports plus ‘in- times qu'on ne l'avait d’abord supposé. La mollesse des téguments et les mœurs souterraines des Thalassides ne sont même pas un argument en faveur de leur séparation, car les Astacus, et particuliérement les espèces du sous-genre Cambarus, affectionnent la vase des rivières et des lacs, Plusieurs d'entre elles s'enterrent à une profondeur considérable et vivent dans le fond des res, à une grande distance des côtes, comme le prati- quent'les Thalassiens dans'la mer. Leurs habitudes sou- térraines correspondent aussi à une mollesse particulière deleurs téguments qui rappelle jusqu'à un certain point celle du corps des Thalassides. (1) IKarsinologishe Daitrage. (Archives de Wiegmum, 1857, 1. 1.) 100 REV. ET MAG. DE Z0OLOGIE. (Mars 1857.) Genre HaLorsycHÉ. Antennes internes bien plus longues que la carapace, à pédoncules triarticulés ; leurs tiges au nombre de deux, l’une longue, l’autre courte et insensiblement bifurquée près du bout; la base des pédoncules portant un petit appendice foliacé. Antennes externes très-longues ; leur pédoncule portant un appendice foliacé qui le recouvre entièrement. Yeux entièrement cachés sous la carapace. Celle-ci très-comprimée; sa portion antérieure prolongée en avant et se bombant en deux pelites voütes qui re- couvrent ces organes; n’offrant aucune échancrure orbi- taire. Rostre nul, mais le milieu du bord antérieur de la carapace armé d’une dent. Abdomen très-allongé, com- posé de six segments. Maxillipèdes très-allongés, composés de quatre articles, très-comprimés et ciliés, portant un appendice flabelliforme. Pattes de la première paire grandes, très-inégales ; l’une grêle, l’autre difforme et très- grosse. Les autres paires de pattes tout à fait linéaires, filiformes et comprimées, ayant leur troisième article par- tagé par une fausse articulation. Celle de la deuxième paire multi-articulée, terminée par une petite pince régu- lière. Tarses des autres pattes en forme de griffe un peu élargie et carénée. Tous les segments de l'abdomen, sauf le dernier, portent en dessous deux fausses pattes nata- toires, composées d’une tige comprimée et de deux ap- pendices foliacés, longuement ciliés et difficiles à séparer. Hazopsycaé Luraria. Long., 14 lignes 1/2. Portion an- térieure de la carapace portant, entre les deux voütes or- bitaires, une carène saillante terminée par une dent aiguë qui dépasse sensiblement le bord de la carapace. Main droite presque cylindrique, grêle ; ses doigts aussi longs que la portion palmaire et joignant bien. Main gauche très-grosse, bossuée avec difformité. Doigts courts, for- mant un bec de Perroquet; le doigt fixe, irrégulier, en- tièrement excavé pour loger une grosse apophyse du doigt L 2 TRAVAUX INÉDITS. 101 mobile. Deuxième paire de pattes ayant l’article qui pré- cède la pince partagé en cinq segments distincts. Pris sur les côtes de Cuba. 2% FamiLce DES ASTACIDES. Tribu des Astaciens. Les espèces du genre Astacus sont extrêmement voisines les unes des autres, ce qui fait de leur étude une des plus difficiles dans les Crustacés. Souvent les espèces ne diffè- rent que par des caractères très-minimes et qui rentrent presque dans les limites des variations individuelles. Les auteurs paraissent ayoir négligé de prendre ces faits en considération, et il en est résulté, dans le groupe des As- tacés, un désordre dont il ne sera possible de se tirer qu’en étudiant sur place les espèces américaines, et qui a déjà engendré plusieurs erreurs synonymiques. Érichson place, par exemple, l'A. Blandingü, Harl., et VA. chilensis, Edw., dans le groupe des espèces dont le rostre n’est pas armé d’épines latérales. M. Girard a décrit, aux États- Unis, vingt espèces de Cambarus dont il s’est borné à donner les diagnoses, ce qui n’est pas suffisant pour re- connaître les espèces. Il est possible qu'il les ait trop multipliées, et il n’a pas rectifié les fautes synonymiques d'Érichson. Quoi qu’il en soit, je donne ici la description abrégée de deux espèces appartenant à l'Amérique tropi- cale, et qui n'ont pas été signalées encore (1). a.) Espèces dont le rostre est armé de deux épines latérales. CamBarus cONSOBRINUS. Rostre atteignant à peu près au milieu du troisième article des pédoncules des antennes internes, concave en dessus; ses bords portant une crête tranchante qui s'étend jusqu’à l’épine latérale. Carapace ponctuée, armée, de chaque côté, d’une très-petite épine sur le bord du sillon vertical. Pattes de la première paire (1) Les diverses notes carcinologiques que je publie dans ce re- cueil sont les précurseurs d'un travail général sur les Crustacés re- cueillis durant mon voyage au Mexique, L 102 REV. ET MAG. DE ZOO1LOGIE. (Mars 1857.) grèles, très-granuleuses, armées de quelques épines. Mains très grèles, comprimées, très-tuberculeuses. Doigts grèles, très-comprimés, granuleux, portant, en dessus et en des- sous, une carène longitudinale, lisse. Enfoncement sur le tarse, très-faible. Mâle ayant le deuxième article de la troisième paire de pattes armé, près de sa base, d’un grand crochet. Souvent l'une des pattes antérieures, où même Îles deux chez le mâle, restent petites et sans caractères (1). — Longueur, 2 pouces 3 lignes. Trouvé dans les märes de [à partie centrale de l’île de Cuba. b.) Roitre dépourvu de dents latérales. Cumsares Monrezumz, petiie espèce à carapace lisse. Rostre n'attéignant pas l'extrémité du deuxième article des pédoncules des antennes internes, n'étant pas élargi en arrière, mais ses bords presque parallèles ; son extré- mité subitement terminée par un angle obtus dont la pointe se prolonge un peu en forme d'angle à peine aigu. Ses bords sont élevés en carène saïllante , mais le rostre est à peine concave. Pattes de la première paire courtes, grêles, inermes, ponctuées. Carpe portant une petite fis- sure à côté de son condyle. Mains de la longueur des doigts, petites, comprimées chez la femelle; grèles, lon- gues et cylindriques chez le mâle, et ayant le doigt mo- bile concave en dessus. Dans les deux sexes, ce doigt atteint un peu au delà du doigt fixe. Premier article de la nageoire médiané de la queue armé, de chaque côté, d'une où deux épines à ses angles postérieurs. Troisième article des pattes 2, 3 du mâle armé, à leur base, d’un gros crochet. — Longueur, un peu plus de 1 pouce. Des marais de la vallée de Mexico. (1) Geci montre que le caractère tiré de la longu-ur absolue des bras, dont se sert Érichsow, est d’uurusage:très-peu pratique. TRAYAUX INÉDITS. 103 Descriprion de trois LONGICORNES NOUVEAUX ; par M. A. CHEVROLAT. Omopnosopus Nreri, magnopere punciatus, niger ; thorace auran- liaco puuctis quinque nigris ?, 3; elytris amplis, aurantiacis, fascia basali arcuata, fascia apicali lata, maculisque duabus, ultra me- dium : una margiuali, altera ampliore suturali ; nigris; corpore in- fra aurantiaco-nitenti, segmeutis abdominalibus nigro-fasciatis. — Long., 38 mill.; Jat., 14 1,2 mill. Noir en dessus, grossièrement ponctué. Fête et corselet d’un jaune orangé ; la première présente une carène lon- gitudinale sillonnée au centre, et le second cinq taches noires placées sur deux lignes transverses : deux arrondies en ayant, et trois en arrière; celle du milieu est également ronde, et les deux autres sont triangulaires. Sur le côté et entre ces deux séries se remarque un petit signe noir qui est à peine visible, et est situé sur la déclivité externe d’un léger tubercule. Épine latérale placée au delà du milieu, robuste, peu aiguë au sommet; sa base est arron- die sur le côté antérieur. Écusson étroit, allongé, conique, lisse, jaune et un peu obscur au centre. Élytres d’un jaune orangé, larges, grossièrement et densément ponctuées, plus larges que le corselet y compris les épines , cintrées et relevées sur la base jusque sur l'épaule, arrondies vers l'extrémité de la marge, mais assez largement tronquées au sommet; sur la base existe une bande noire, arquée en arrière, qui s'étend jusqu'à la marge, mais est limitée ayant l'écusson; leur sommet est largement noir : deux taches de même couleur sont situées au delà du milieu; l’une, appuyée à la marge, est faible et transverse; l'autre, à la suture, est arrondie et anguleuse, Corps, en dessous, d'un jaune luisant; segments de l'abdomen avec le bord anté- rieur et postérieur marginés de noir. Femelie. Cette magnifique espèce m'a élé généreusement donnée par M. Nielo, amateur très-ardent des sciences naturelles. Je me fais un deyoir et un plaisir de la lui dédier, avec 104 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1857.) d’autant plus de raison que c'était l'unique exemplaire qu'il eût jamais trouvé. (Mexique.) DisreniA Pivari, elongata, postice attenuata infra breviter cinereo- villosa, nigro-opaca lateribus corporis supra late albido vittatis ; capite cinereo fascia occipitali transversa nigra ; thorace paululum longiore quam latiore, lateribus quadrinodoso, transverse bistricto, spina laterali media; scutello triangulari, crasso; elytris planius- culis, pone suturam antice grosse punctato-striatis, versus apicem sensim ac sensim attenuatis, apice truncatis et quadrispinosis, ver- sus Jatera irregulariter nigro irroratis, margine maculis largioribus nigris in ordine dispositis. — Loug., 34 mill.; lat., 9 mill. D'un noir terne. Téte cendrée, marquée d’une bande noire qui est près du bord antérieur du corselet, et d’une ligne longitudinale partant de l’élévation transverse qui se remarque entre l'insertion des antennes. Mandibules noires, luisantes. Palpes noirs, revêtus d’un poil cendré. Antennes (mâle) une fois et demie aussi longues que le corps, noires, à pubescence de même couleur. Yeux latéraux, échancrés en lunule sur le devant. Corselet plus large que la tête, plus long que large, droit en avant et en arrière, resserré transversalement près des quatre tubercules laté- raux dont les deux antérieurs sont plus élevés et aigus; le milieu longitudinal est déprimé et offre quelques plis réunis oblonguement peu après, les côtés sont largement bordés de blanc ; épine médiane, aiguë, noire au sommet. Écusson triangulaire, épais. Élytres un peu plus larges que le corselet, planes, longues, atténuées jusqu’au som- met, extrémité échancrée, munies, de chaque côté, de deux épines assez longues et d’égale grandeur. La partie dorsale est noire dans toute l’étendue et offre, près de l'écusson, trois stries formées de points excessivement gros ; au delà de la limite noire existe une ligne de taches noires arrondies qui, pour la plupart, émettent chacune un point au centre; l’espace entre la ligne suturale et la marge est d'un blanc cendré et couvert de gouttelettes ir- régulières arrondies et noires, et assez souvent uniponc- TRAVAUX INÉDITS. 105 tuées au centre. Les taches qui existent sur la marge sont plus grandes, uniformes et assez régulièrement espacées. Pattes longues, droites; jambes intermédiaires un peu épaissies et velues à l'extrémité ; elles sont incisées obli- quement aux deux tiers, et garnies intérieurement de poils soyeux argentés. Corps noirâtre. Poitrine à villosité cen- drée. Abdomen luisant, d’un noir plus brillant sur la bor- dure des segments. Feu L. Pilate, à qui je dois cette espèce, l’a découverte le premier à Teapa ; depuis, M. Auguste Sallé l’a rapportée des environs de Cordova, où elle se trouve sur le bois de Cedrela odorata. TRIAMMATUS * (nov. gen.). — Tête coupée verticalement de haut en bas, subtriangulaire en avant, atténuée vers le sommet, allongée et convexe en arrière, serrément bi- cornue entre les antennes, largement tronquée sur le bord antérieur avec les angles externes avancés. Chaperon étroit et transverse. Lévre inégale, arrondie, poilue, dé- primée antérieurement. Mandibules assez étroites et ro- bustes, subconiquement sillonnées sur le côté. Palpes la- biaux et maxillaires à dernier article un peu plus que moyen et aciculé. Yeux arrondis par le bas, échancrés au sommet externe. Antennes de onze articles : 1% grand, épais, rebordé transversalement avant le sommet ; 2° court; 3°, 4° et 5° fortement noduleux; suivants très-al- longés, égaux; 11° plus grand que les précédents et comme brisé et recourbé. Corselet un peu plus haut que large , droit en avant , bisinué à la base, quatre fois res- serré en travers, avec quelques rides transverses; épine latérale médiane mince. Écusson en carré, mais atténué et oblique vers le bas. Élytres deux fois et demie aussi lon- gues que le corselet, plus larges que ce dernier, avancées rectangulairement et d'une manière obtuse sur l'épaule, * rpeis, Uroïis; 2e, nœud, (kev. z0o1., 1856, p. 48.) 106 REV. ET MAG. DE Z0OLOGIE. (Mars 1857.) insensiblement atténuées jusqu'à l'extrémité ; celle-ci est arrondie. Pattes rapprochées à leur base (les quatre han- ches antérieures très-fortes et globuleuses), antérieures plus longues, à cuisses robustes, faiblement sillonnées sur la longueur, à jambes arquées et munies d’une petite dent aiguë vers le sommet interne. Jambes médianes à large éperon soyeux; tarses antérieurs larges et ciliés; 1% ar- ticle grand, conique; 2° largement triangulaire; 3° pro- fondément lobé. Crochets grands, simples et arqués. Prosternum étroit, parallèle, allongé, arqué à sa partie postérieure, longitudinalement sillonné. Mésosternum moyen, subconiquement élevé. Ce genre a de très-grands rapports avec les Moxo- HAMMUs, près desqueis je le placeraï. Taraumarus Sauxpensu, alatus, cinereus, elytris nigro, flavoque variegatis, basi tuberculatis; capite, thorace pectoreque infra in la- teribus albidis: antennis basi cinereis, articulis tribus nodosis, apice elongatis, nigris. — Long., #2 mill.; lat., 11 mill. Bornéo. D'un gris cendré obseur. Téte sillonnée dans toute sa longueur, inégalement et finement ponciuée en arrière, offrant deux petites taches noirâtres appuyées sur le bord du corselet , et, en dessous des yeux, une bande oblique d’un blanc jaunâtre qui se contiaue d'une manière plus ample le long du corselet et de la poitrine. Antennes lon- ques, à 3°, 4° et 5° articles fortement noduleux. Corselet à bord antérieur, droit et jaunâtre, à base bisinuée, dessus transversalement et faiblement ridé ; épine latérale mince. Éeusson en carré, atténué en arrière. Élytres ponctuées, couvertes de pustules noires et jaunâtres, et, sur le cin- quième antérieur, de tubercules transverses noirs et lui- sants. On remarque, en outre, à la base, deux petites lignes longitudinales jaunâtres, lesquelles sont entre l'é- eusson et la marge; de plus, deux côtes obsolètes. Au delà du milieu de la iongueur des étuis, la couleur noire paraît dominer et former une large bande oblique. TRAVAUX INÉDITS. 1407 Je dédie à M. W. William Saunders ce bel insecte, comme un faible hommage de ma reconnaissance du bon aceueil que j'ai réçu de lui lors de mes divers voyages en Angleterre, et aussi pour sa rare générosilé envers moi. Descriprion de LONGICORNES Nouveaux du vieux Calabar, côte occidentale d'Afrique; par M. A. CHEVROLAT. (Suite. — Voir 1855, p. 183, 282, 513; 1856, p. 340, 436, 485, 566; 1857, p. 74.) 72. Acmocera subundata, afinis Lam. compresse, F., sed differt præsertim femoribus anticis dente superiore carentibus. Fusca, ca- pite, thôrace médio, elytris in humero, cum fasciolis duabus undu- latis, ultra médium, cervinis; antenais brevibus, nigris, longe cine- reo-annulatis, ulliro articulo unguiculato; capite lato, antice trun- calo, longitudine sulcato; mandibulis latis ad apicem oblique pro- teusis, baSi strigosis, nigris; thorace transverso, antice posticeque recto, bistricto, acute spinoso ; elytris brevibus, latis, convetiusculis, apice rütandatis. — Long., 12, 15 mill.; lat., 4 mill. 1/2, 5 mill. 3/4. Cette espèce, très-voisine de la Lamia compressa, K. (de Guinée), én diffère par une couléur plus obscure, d'un fauve noirâtre, et surtout par les cuisses antérieures, qui ne sont pas armées, sur le bord supérieur, d'une carène épineuse, Téte d'un fauve chamois, noire et lisse en ar- rière de chaque œil, coupée verticalement en devant, évasée anguleusement entre les antennes, modérément allongée et arrondie en arrière , profondément sillonnée dans sa longueur. Mandibules larges, plates, avancées ôbliquement sur leur sommet , noires, couvertes de rides longitudinales à la base, lisses et aiguës à l'extrémité. Palpes longs, noirs. Lèvre grande, arrondie et couverte d'un poil épais grisâtre. Chaperon coupé droit. Yeux noirs, arrondis en dessous, faiblement échancrés en dessus, sur la partie antérieure. Antennes plus courtes que le corps, noires, longuement annelées de cendré. Le premier ar- licié ést renflé et scabreux en dehors; le troisième est le 108 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1857.) plus long, du double du cinquième ; le onzième et dernier est entièrement onguiculé. Corselet transverse, droit, sil- lonné près des bords antérieurs et postérieurs ; cendré et déprimé en sorte de croix sur la région dorsale ; épine la- térale assez aiguë. Écusson grand, court, semi-arrondi, fauve. Élytres courtes, plus larges que la tête et le cor- selet, convexes, rectangulaires sur le dehors de l'épaule, arrondies à l'extrémité jusqu’à la suture, qui se termine à angle droit et est élevée jusque vers le milieu; l'épaule présente une tache triangulaire jaunâtre , et chaque étui offre, au delà du milieu, deux bandes flexueuses blan- châtres qui ne sont pas nettement dessinées; quelques côtes longitudinales avec un pointillé crevassé peu dis- tinct. Pattesmoyennes; cuissessubitement renflées ; jambes arquées près des genoux , carénées longitudinalement en dessous, noirâtres, cendrées au milieu ; tarses gris; Cro- chets simples, robustes, noirs. Cette espèce m’a été envoyée par M. Andrew Murray. 73. Saperda apicalis, punctata, uigro-hirta, nigra, infra albida ; in capite lineis duabus anticis, lineolisque duabus posticis subcon- tiguis, in thorace lineis tribus, scutello, in elytris fasciis duabus haud integris; lutco-albidis; capite truncato; thorace elongato, postice late constricto, lateribus subcarinatis; elytris planiuseulis, carinatis, rubris, ad apicem truncatis, nigris. — Long., 10 mill. 1/2 ; jat., 3 mill. 1/3. Plus ou moins densément couverte de poils noirs, longs, droits ou abaissés, noire sur la tête et sur le corselet, et d'un blanc sale sous le prothorax, la poitrine et l'ab- domen. Tête plus longue que large, coupée droit en de- vant, convexe en arrière, marquée sur chaque côté, en avant et en arrière des yeux, de deux larges bandes d'un blanc grisâtre et de deux petites lignes jaunes sur le ver- tex ; sillon longitudinal entier et peu distinct. Palpes bruns, rougeâtres sur le sommet des articles. Mandibules, lèvre, chaperon et yeux noirs, ces derniers entiers. Antennes plus courtes que le corps, assez épaisses, de onze articles; le SOCIÉTÉS SAVANTES. 109 troisième est du double plus long que le quatrième, et les suivants, bien qu’allongés, diminuent de grandeur vers l'extrémité: noires et brièvement annelées de cendré. Corselet plus long que large, comprimé sur la base, un peu évasé sur le côté postérieur ; les deux tiers antérieurs sont arrondis et comme carénés ; il offre trois lignes lon- gitudinales d’un blanc jaunâtre. Écusson arrondi, tomen- teux, jaunâtre. Élytres plus larges que le corselet, avan- cées rectangulairement sur le dehors de l'épaule, carénées latéralement et brièvement tronquées à l'extrémité ; elles sont ferrugineuses, noirâtres au sommet et marquées, au delà du milieu, de deux bandes d’un blanc jaunâtre : la première est large, non entière; elle offre un angle avancé sur le milieu du bord antérieur, et en dessous un crochet sur le côté ; la seconde est liée à la partie apicale noire, qui occupe environ un septième de la longueur. On aper- çoit quelques vestiges de poils jaunâtres sur le milieu de l'étui, entre la base et la bande médiane. Pattes d’un gris plombé, courtes, assez épaisses; cuisses un peu plus lon- gues que les jambes, évasées en dessous près de l’extré- mité. Abdomen de cinq segments presque égaux ; dernier, néanmoins, plus grand. Cet insecte est très-voisin de la Saperda Walbergi, Bhn. (Natal) et de la Sphenura Westermanni, Dej. (Guinée), qui n'appartient pas à ce dernier genre; elle se distingue de ces deux espèces par ses élytres couleur de rouille et noires au sommet. (La suite prochainement.) IL SOCIÉTÉS SAVANTES. ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS. Séance du 9 mars 1857. — M. Ch. Martins adresse une Note sur l'amélioration des graines de Vers à soie par l'édu- cation à l'air libre dans le département de l'Hérault. AMO KEY. ET MAG. 8 ZO0LOGIE, (Aars 1857.) Le savant professeur fait connaitre les. résultats d'une expérience qu'il a faiie avec M. Sabatier, et.qui consistait à élever des Vers à soie en plein air, en les plaçant sur un mürier enyveloppé d'une toile à larges mailles appelée couswnière. Ces vers on£ très-bien supporté les intempéries extérieures telles que la pluie , le vent, des variations de température comprises entre 6°,8 et 29°,2 : les cocons qu'ils ont tissés étaient un peu plus petits, plus durs que ceux de la même race élevés dans la magnanerie, et les Papillons qu'ils ont donnés ont montré une vigueur inac- couiumée et ont donné de fort belle graine. Ces Papillons étaient si vigoureux qu'ils s’envolaient, et qu'il fallut même fermer les fenêtres pour les empècher de s'échapper. J'avoue que je n'ai jamais été en danger de voir les Papillons des Vers à soie que j'ai élevés en plein air à Sainte-Tulle s'enfuir ainsi. Toutes les fois que j'ai fait de petites expériences de ce genre , j'ai remarqué aussi une diminution dans le volume des cocons et plus de vivacité chez les Papillons. Quelquefois même j'ai vu des mâles essayer de voler, s'enlever à une petite hauteur pour re- tomher; mais, comme on pourra le voir dans ce que j'ai écrit à ce sujet dans mes Notes sur les éducations expéri- mentales faites à Sainte-luile, ces expériences théoriques, qu'il faudrait pouvoir instiuer sur une assez grande échelle dans la région séricicole, et poursuivre avec per- sévérance dans des établissements ad hoc, dans des espèces de haras de Vers à soie, n’ont jamais pu être suiyies conye- nablement par des particuliers qui ont à songer à leurs in- térèts, à leurs récoltes, et qui ne peuvent donner leur temps à des études dont les résultats sont douteux ou éloignés. Ces difficuliésse sont montrées mème pour les essais teniés par MM. Martins et Sabatier, car M. Martins dit en terminant : « L’expérience en est restée là, M. Sabatier £tant-parti pour J'ktalie etmoi-mêème n'ayant pas.les faci- lités nécessaires pour la continuer. » Que de bonnes choses, en agriculture, retardées par SOCIÉTÉS SAVANTES, 111 ces mêmes raisons! Depuis longtemps on a démontré que le meilleur moyen de régénération de nos rêces de Vers à soie serait de ne pas se contenter de choisir les cocons de graine dans les résultats d’éducations industrielles, mais de faire, spécialement pour la reproduction , des éduca- tons dites de graine et conduites d’une manière différente, comme nous ne cessons de le répéter depuis quinze ans, M. €. Robert et moi, et comme nous le pratiquons et en- seïgnons, chaque année, à la magnanerie expérimentale de Sainte-Tulle, et cependant il n’a presque rien été fait de Sérieux dans ce sens, à cause des difficultés de toute es- pèce que l’on rencontre dans la mise en pratique des meilleures idées théoriques lorsqu'on est abandonné à sès seules forces, quand on ne peut supporter plusieurs années de suite les mécomptes qu'entraînent toujours ces essais avant Ja pleine réussite. Sans répéter ici des formules de ces éducations de graines, ce qui remplirait notre recüeil de pures bana- lités tout au plus bonnes à surprendre ou étonner quel- ques personnes étrangères à ce que tout le monde connaît àce sujet, je dirai que des éducntions de graine sont tou- jours plus coûteuses que celles dont les produits doivent être convertis en fils, car elles exigent des soins qui se traduisent par plus de main-d'œuvre, pluside temps, plus de feuille et plus d'espace employés. Pour faire une bonne éducation de graine, il fant élever moitié moins de Vers dans un local donné, ne pas précipiter l'existence de ces Vers'en les chauffant et en fermant les portes et fenêtres Pour conserver tune température éÿale, ce qui les met dans une vraie serre chaude et les expose à toutes les ma- dadies. Fl'faut , ‘en un mot, pouvoir seconfommer à toutes les lois de l'hygiène en plaçant les Vers à soie dans des … conditions aussi rapprochées que possible de celles de la mature, conditions qu'il'est impossible à de simples parti- "Cüliers agissant isolément de réaliser dans‘des conditions 412 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1857.) qui offrent les chances d’une rémunération convenable dans la grande pratique, puisque personne n’a pu y ar- river encore jusqu'à présent, pas même MM. Martins et Sabatier, quoiqu'on en parle depuis longtemps. M. E. Blanchard adresse un travail intitulé Nouvelles observations sur les caractères ostéologiques chez les Oiseaux de la famille des Psittacides. Dans ce travail, M. E. Blanchard complète un précé- dent mémoire dans lequel il avait déterminé rigoureuse- ment les caractères ostéologiques des différents types de la famille des Psittacides. De nouvelles observations ayant porté sur un plus grand nombre d'espèces, ce naturaliste a pu non-seulement reconnaître la généralité des carac- tères qu'il avait indiqués, mais encore entrer dans un ordre de considérations d’une autre nature. « Il n’est guère, dans le règne animal, de groupes qui n’offrent des exemples de dégradations. Sous ce rapport, la famille des Psittacides, formée d'éléments très-homo- gènes, n’est pas des plus remarquables; néanmoins, en avançant dans l’étude de l’organisation de ces Oiseaux, j'ai été frappé de certains faits jusqu'ici demeurés com- plétement inaperçus. En comparant, dans chacun des groupes ou séries d'espèces de la famille des Perroquets, les analogies qu'offrent entre eux leurs divers représen- tants, je suis arrivé, je crois, à reconnaître de la façon la plus précise les termes correspondants de chacune de ces sé- ries. La justesse de l’idée conçue par M. Geoffroy Saint- Hilaire de distribuer les animaux par séries parallèles re- çoit ici un caractère d'évidence tout particulier. Nous voyons, chez les Psittacides, les espèces de chaque groupe, de chaque grand genre répéter les mêmes modifications, offrir les mêmes dégradations. » Nous nous bornerons à cette idée, donnée par l’auteur lui-même, des tendances et des résultats de son travail, qui nous semble très-remarquable. Aujourd’hui, en pré- | | SOCIÉTÉS SAVANTES. 113 sence des recherches d'anatomie transcendante faites par M. Blanchard sur tous les groupes du règne animal, nous ne pouvons plus lui reconnaître une spécialité. Ce n’est ni un mammalogiste, ni un ornithologiste, ni un entomolo- giste, c’est un savant qui embrasse les généralités de toutes ces branches de la zoologie, et que les tendances de ses travaux désignent pour une chaire de zoologie générale ou d'anatomie comparée, qu'il serait très-apte à remplir d’une manière brillante. Séance du 16 mars 1857. — S. À. le prince Charles Bo- naparte fait des Remarques à propos des observations de M. E. Blanchard sur les caractères ostéologiques chez les Oiseaux de la famille des Psittacides. « Le prince Bonaparte n’a connu qu'hier le nouveau travail de M, Blanchard, qui n’a peut-être même pas été lu lundi. « Il ne pense pas, quelque négligée que soit l'étude de l'anatomie des Oiseaux, que l'ostéologie des Perroquets puisse être considérée comme aussi arriérée que semble le croire M. Blanchard. Les observations de ce savant lui paraissent exactes et importantes; mais elles sont loin d'avoir toutes le degré de nouveauté qu'il semble réclamer pour elles. En effet, depuis 1853, on peut en lire plusieurs à la page 276 à 281 du Cataloque ostéologique du Muséum des Chirurgiens, par Owen, dont le prince a profité large- ment dans ces remarques; et presque tous les termes cor- respondants de chacune des séries nt été signalés par lui ou résultent de ses Tableaux paralléliques. » « Les ornithologistes peuvent être aussi anatomistes, et, si la science de ces derniers ne leur est pas aussi indis- pensable qu'aux ichthyologistes, elle leur est très-utile, et paraît d’ailleurs destinée (rien ne le prouve mieux que les Wravaux de M. Blanchard) à faire faire d'immenses pro- grès à l'Ornithologie, comme il fallait s'y attendre depuis Ja subdivision des Passereaux en Oscines et en Volucres d'après les muscles du gosier. 2° sim. +. 1x. Année 1857. 8 114 REV. ET MAG. DE Z00L0G1E. (Mars 1857.) « Pour sa part, le prince Bonaparte déclare l’avoir tou- jours mise à profit; et me pouvant, dit-il, se fier à ses faibles lumières, il a de tout temps, et pour toutes les classes de Vertébrés, sollicité celles des célèbres Alessan- drini, Owen, Jean Muller, Van der Hoven, etc. Ce sont eux, ce Sont ces grands maitres qui ont bien voulu lé- clairer du flambeau de l'anatomie ; et la plupart des obser- vations faites par eux, à son instigation, sont publiées. « On sait que les PERROQUETS, qui né constitient pour M. Blanchard qu'une simple famille (Psittacides), forment, pour le prince Bonaparte, un ordre à part (Psrrract ; ou Prenexsor®s, Blainville), qui comprend seize sous-familles et neuf familles, dont une porte le nom de Psittaridæ. « E’auteur déclare ici derechef que pour l'établissement de ses familles, et sans en excepter de ses coupes géogra- phiques, il s’est largement basé sur l'anatomie; et c’est en s’aidant encore des beaux travaux de M. Blanchard qu'il cherche à améliorer tous les jours la distribution de son ordre. des Perroquers. En attendant qu'il en publie de nouveau les Tableaux paralléliques rectifiés, il proclame dès à présent : « 4: Que la série américaine de ses Psrrracines doit désormais se répartir en deux familles : ANADoRaYNCHmÆ et Psirracurmæ; la premièrene comprenant qu’une sous- famille, Anadorhynchinæ, un genre et trois espèces; la seconde se composant de deux sous-familles extrêmement nombreuses, Conurint et Psittaciline. «2. Que les Perroquets non américains doivent eom- mencer l'ordre, ayant en tête les Pzycrosopmipæ, qu'il élève au rang de famille, indubitablement la mieux orga- nisée de la classe-entière des Oiseaux. Elle doit être suivie de celle des Microcrossinæ, formée, comme: dans ses écrits antérieurs, des Calyptorhynchiens et des Microglos- siens. Viennent ensuite les Psirmacipæ, qui, quoique res- treints, embrassent encore les sous-familles des Palæor- nithiens, des Psittaciens, des Æclectiens, des Nestoriensz' les SOCIÉTÉS SAVANTES: 115 Firenoërossiné {Loriés et Trichoglossés), puis les Pezoro- RIDES, comprenant les Platycerciens et les Pezoporiens, et, finalement, les Srnréoprnes. Nymphicus ; et surtout Melo- Psittacus, seraient des genres tellement dégradés s'ils ap- partenaient aux familles supérieures ; que nous préférons én constituer une neuvième sous le nom de NymPHiciDÆ (Nymphicine et Melopsittacinæ). « M. Blanchard a assez bien décrit la tête osséuse du Strigops ; mais ce qu'il paraît ignorer, et que les ornitho- logistes savent ; c'est que dans ce Pérroquet noctirne le sternüm imperforé, très-peu convexe, avéc un simple ru- dimént de eärène, va en s'élargissant vers les angles pos- térieurs; que le bord postérieur est convexe et sans échan- cruré; qu'il ny a pas de fourchette, mais de simples ossélets claviculaires séparés, courts et styloïdes ; le tibia est recourbé en S et muni d’un petit are osseux (on sait qu'à l'ordinairé cette partie n’est que tendineuse chez les Perroquets); les marines sont ovales et beaucoup plus grandes que dans la plupart des Oiseaux de cet ordre. Comme daïs les Aras, l'orbite est circonserite par la réu- nion du licrymal avec le frontal postérieur, tandis que le mastoïde est libre et saillant : mais il se dirige vers le bas et en avant, sans toutefois se prolonger au delà du frontal postérieur ; la région pariétale et la frontale sont con- vexes, et cette dernière est beaucoup plus étroite entre les orbites que chez les Perroquets américains. « Les Vestors semblent béaucoup plus voisins dés vrais Psittacus d'Afrique que des Loris; comme eux en effét, Er COMME LES ANADORHYNQUES d'Amérique, ils nous offrent l'arcade orbitaire incomplète, et les fosses temporales non circonscrites : le lätrymal, le frontal postérieur et le mas- toïde sont chez eux libres et saillants. « On voit que les Anadorhynchi, dont évite de parler M. Blanchard, détruisent complétement sa théorie géo- graphique. La conformation de leur crâne est une de ces 116 REV. ET MAG. DE ZO0OLOGIE. (Mars 1857.) anomalies désespérantes par lesquelles la nature semble prendre plaisir à déjouer tous nos systèmes. « Il est indubitable que dans la famille des PrycroLo- PHIDES, Comme dans celle des MrcroGLossipes, l’arcade orbitaire est complète et que les fosses temporales sont cir- conscrites par un cadre osseux ; mais dans la première de ces familles, ce cadre est formé par le lacrymal, qui s’é- tend jusqu'au frontal postérieur ; tandis que dans la se- conde il est complété par la réunion du frontal postérieur avec le mastoïde. Le crâne du Microglossus, légèrement convexe entre les orbites à sa face supérieure, à un post- orbitaire très-large, plus large même que chez les Æaka- toës. L'os carré et la mâchoire inférieure se font remar- quer par leur renflement et par leur extrème porosité. « Chez Lathamus discolor, le lacrymal rejoint le mas- toïde (mais non pas le frontal postérieur) et se soude avec cet os, entourant ainsi les ouvertures inférieures de l’or- bite et des fosses temporales d’un cadre osseux commun entre elles. « Dans le genre Glossopsitta, Bp., les apophyses subor- bitaires du lacrymal et du mastoïde descendent assez bas pour se mettre en contact avec l’arcade zygomatique très- étroite, mais sans se souder avec elle. « Dans Euphema, le genre plus dégradé des Platycer- ciens, le frontal postérieur est oblitéré, le lacrymal attei- gnant presque, mais pas tout à fait, le mastoïde (voyez p.176 du Cat. ostéolog. du Mus. of the college of Surgeons, 1853, n°° 10, 11 et 12). « Il est impossible de ne pas être frappé, au premier coup d'œil , avec le professeur Van der Hoven, du rap- port, à la vérité tout d’analogie, qu'offrent les crânes des Perroquets avec ceux des Écureuils dans les Mammifères, surtout lorsqu'on en regarde la face supérieure. Ce rap- port est de véritable affinité entre les Passereaux et les petites espèces de Perroquets à crâne allongé, tels que les ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 117 Loriculus, etc. Une grande conformité règne, du reste, entre l'immense majorité des Perroquets éminemment ca- ractérisés par la largeur de leur crâne, et par le profond sillon transversal qui marque la séparation de la partie mobile du bec avec l'os frontal. » Séance du 23 mars 1857. — S. A. le prince Charles Bo- naparte présente un Tableau des genres de Perroquets dis- posé en séries parallèles. JIL ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. CATALOGUE DES oiseaux D'Europe offerts, en 1856, aux ornithologistes par M. Emile Parzudaki, suivi d’une énumération supplémentaire des espèces algériennes non européennes, d’une liste des espèces acclimatées et d’une autre de celles données à tort comme d'Europe ; rédigé d’après les dernières classifications de S. A. Mox- SEIGNEUR LE PRINCE BONAPARTE. (In-4°, Paris, E. Parzu- daki, 2, rue du Bouloi.) (1) La transcription du titre très-détaillé de l'ouvrage nous dispense d'exposer davantage le but qu'on s’est proposé d'atteindre en le publiant. Son utilité est incontestable pour tous ceux qui s’occu- pent spécialement des Oiseaux d'Europe; il peut servir de catalogue pour les collections, d'autant plus que des colonnes laissées en blanc permettent d’y ajouter des si- gnes particuliers ou des prix courants; enfin les noms des éspèces imprimées en capitales, et suivies d'une syno- nymie courte en petiles italiques, sont susceptibles de former des étiquettes pour les collections. (1) Pendant que l’article du prince Ch. Bonaparte, qui a paru daus le numéro précédent, s'imprimait, nous recevions celui-ci de M. de Selys-Lougchamps, qui n'avait pu encore avoir connaissance du premier. (G.-M.) 418 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1857.) Quant au contenu, c'est un travail très-complet, je dirais presque trop complet, puisque, selon moi, certaines es- pèces étrangères à l'Europe y ont été introduites , et que d'autres ne méritent d'y figurer qu'à titre de simples raçes. L'espace restreint dont nous pouvons disposer ne nous permet absolument pas d'examiner la classification de M. le prince Bonaparte, ni de critiquer l'établissement de genres que je persiste à trouver trop nombreux parce qu'ils me semblent trop peu caractérisés. On éprouve une certaine difficulté de trouver ce que l’on cherche, à cause de ce grand nombre de nouveaux noms génériques; cette difficulté eût disparu en grande partie si, pour guider le lecteur, l'auteur eût séparé les espèces en familles et en sous-familles, d'après Sa méthode. Je me bornerai donc à une sorte de statistique de ce Catalogue, que l'on peut considérer comme résumant l'état actuel de la science, d’après les dernières recher- ches de l’illustre Prince naturaliste. La liste des Oiseaux d'Europe comprend cinq cent quatre-vingt-une espèces. C'est ce chiffre que nous allons entreprendre d'analyser. Les 581 espèces ne sont pas ré- parties en moins de 364 (rois cent soixante- “quatr e) genres. {re raisre. — Espèces observées accidentellement en Europe. J'en compte soixante-douze, que je répartis ainsi qu'il suit, d’après leur provenance : A. D'Afrique. (Quelques-unes qui se retrouvent dans l'Asie Mineure sont marquées ‘.) “1. Elanus cæruleus, Desf. (Falco melanopterus, Daud.). 2. Bucanetes githagineus, Licht. (Pyrrhula). 3. Planesticus olivaceus, L. (Turdus.). 4. Annomanes isabellina, T. (Alauda). à: Certhilauda desertorum, Stan (A. bifasciata, Licht.). * 1 1 1 1 "4% *15 1 ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 119 6. Telephonus tschagra, L. (Lanius). ie Oxylophus glandarius, L. (Cuculus). 8. Merops ægyptius, Forsk. (savignyi, Sw.). 9. Cerile rudis, L. (Alcedo). 0. Bubulcus ibis Hasselq. (Ardea yerany, Temun.). 1. Ardea atricollis, Wagl. 2. Ardeiralla gutturalis, Smith. (Ardea). 3. Bulweria columbina, Moquin (Thalassidroma). 4. Thalasseus affinis, Rüpp. (Sterna). 5. — velox, Rüpp. (Sterna). 6. Hubara undulata, Jacq. (Otis hubara, Gm.). 17. Chettusia leucura, Licht. {Vanellus villotæi, Aud.). 18. Pluvianus ægyptius (1), L. (Charadrius). & OO 1 D OX & Co NO 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17: 18. B. D'Asie. . Loxia bifasciata, Brehm. . Carpodacus roseus, Pallas (Pyrrhula). . Leucosticte arctoa, Pallas (Fringilla). . Emberiza chrysophrys, Pall. . Oreocincla aurea, Holandre (Turdus whitei, Eyton). . Planesticus obscurus, Gm. (Turdus). . — rufcollis, Pall. (Furdus). - Cychloselys dubius, Bechst. (Turdus). . — sibiricus, Gm. (Turdus). Calliope camtschatschensis, Gm. (Motacilla). Reguloides proregalus, Pall. (Regulus modestus, G.). Prunella montanella, Pal. (Accentor moutanellus, T.). Otocoris albigula, Brandt (Alauda penicillata, Gould). Cecropis rufula, Term. (Hirundo). Turtur rupicola, Pall. (Columba gelastes, Temm.). Hubara macqueeni, Gray (Otis). Pluvialis longipes, Licht. (Charadrius). Morinellus caspius, Menetr. (Charadrius). (1) On pourrait peut-être ajouter : Ixos obscurus, Turtur senega- leusis, Cursorius isabellious, etc, 120 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1857.) 19. Cirrepidesmus pyrrhothorax, Temm. (Charadrius). 20. Chen hyperborea, Pall. (Anser).— Aussi d'Amérique. 21. Bernicla ruficollis, Pall. (Anser. 22. Eunetta falcata, Pall. (Anas). 23. — formosa, Georg. (Anas glocitans, Pall.). 24. Stelleria dispar, Sparrm. (Anas stelleri, Pall.) (1). C. De l'Amérique septentrionale. 1. Nauclerus furcatus L. (Falco). 2. Acanthis canescens, Gould (Fringilla). 3. Turdus solitarius, Gm. 4, — minor, Gm. 5. — wilsoni, Bonap. 6. Botaurus lentiginosus, Mont. (Ardea). 7. Oceanites wilsoni, Bonap. (Thalassidroma). 8. Puffinus fuliginosus, Strickl. 9. Leucus glacialis, Benik. (Larus). 10. Atricilla catesbæi, Bp. (Larus atricilla, L.). 11. Xema sabinii, Leach. (Larus). 12. Croicocephalus bonapartii, Eyton. (Larus). 13. Haliplana fuliginosa, Gm. (Sterna). 14. Macroramphus griseus, Gm. (Scolopax). 15. Pelidna maculata, Vieill. (Tringa bonapartü, Schl.). 16. Catoptrophorus semipalmatus, L. (Totanus). 17. Actitis macularia, L. (Totanus). 18. Actiturus rufescens, Vieill. (Tringa). 19. Bartramus longicaudus, Wils. (Totanus bartramius), séparé à bon droit sous ce nom générique du genre Actiturus par le Prince, après la publication du Catalogue. 20. Mareca americana, L. (Anas). 21. Marila collaris, Donov, (Fuligula). (1) On pourrait encore ajouter : Buteo tachardus, — Metoponia pu- silla (Serinus), — Cychloselys fascatus (Turdus), — Planesticus atrigularis (Turdus). ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 121 22, Clangula albeola, L. (Fuligula). 23. Lophodytes cucullatus, L. (Mergus). D. Des mers tropicales. . Tachypetes aquilus, L. . Phaëton ætherus, L. . Diomedea exulans, L. . — chlororhyncha, Gm. - Daption capensis, L. (Procellaria). . Æstrelata diabolica, L'Herm. (Procellaria). . Anous stolidus, L. (Sterna). 1 Q Or + Co ND M. le prince Bonaparte a cru devoir admettre les Oi- seaux de passage accidentel dans le catalogue européen. En principe, je pense qu'il vaudrait mieux les en écarter, mais dans la pratique la distinction est difficile à établir ; en effet, nos connaissances ne sont pas encore assez éten- dues pour attribuer avec précision la qualité d’accidentelle à telle ou telle espèce de la Sibérie, de l'Asie Mineure ou du nord de l'Afrique; qui sont peut-être de passage régu- lier dans telles ou telles parties de la Russie méridionale, de la Turquie, de la Grèce ou de l'Espagne qui n'ont pas encore été suffisamment explorées ; ces espèces ne trou- blent pas généralement, d’ailleurs, l'ensemble de la Faune européenne, l'ornithologie de ces contrées étant très-ana- logue à celle de l'Europe. Il n’en est pas de même des Oiseaux arrivant accidentellement de l'Amérique ou des mers tropicales; ces espèces, annexées à notre Faune le plus souvent par suite de la capture d’un ou de deux in- dividus transportés, en général, par une commotion at- mosphérique, troublent tout à fait les saines données de la zoologie géographique. C'est pourquoi j'ai proposé de les exclure dans ma Notice sur les Oiseaux américains, etc. 2° 118TE. — Espèces observées accidentellement en Europe, 122 REV. OT MAG. DE Z00LOGIE, (Mars 1857.) mais non admises dus, le Catalogue de M. de prince Bonaparte. La réserve que nous yenons de faire: étant établie, je dirai qu'en me plaçant au point de vue de l’auteur du Catalogue il aurait dû, me semble-t-il, y ajouter encore les espèces suivantes, qui ont autant de droits à figurer comme européennes que beaucoup d’autres qu'il. a ad- mises : A. Espèces à prendre dans la liste de l'Algérie. . Otogyps auricularis, T.; a. nubicus, Bp. (Vultur). . Aquila nævyioides, Cuv. . Gennaja barbara, L. (Falco). . Cyanecula leucocyana, Eversm. . Chenalopex ægyptiaca, L. (Anser). QT + C0. [ol . Dans la liste des Oiseaux que l'on fuit passer pour eu- ropéens (provenant de l'Amérique septentrionale). . Haliætus leucocephalus, L. (Falco). - Planesticus migratorius, L: (Furdus). . Procne purpurea, L. (Hirundo). . Coccyzus americanus, Br. . Streptocerylie alcyon, L. (Alcedo). . Ectopistes migratoria, L. (Columba), citée dans la liste des espèces acclimatées: 11 faut encore ajouter . Numenius borealis, Lath. (cité dans la Naumannia). . Querquedula discors, L. (Cat. delaManche, par Canivet.) D QT + E0 LO CR 3° LISTE. — Esp. citées pour la première fois comme européennes. Les espèces citées pour la première fois comme eu- ropéennes dans un trayail général sont, si je ne me - ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX, 123 trompe, au nombre de vingt-huit. Parmi elles, j'en trouye 7 DO DDI vingt-trois, que je regarde, en général, comme de bonnes espèces, mais qui n'ont jamais été, à ma connaissance, trouyées, même accidentellement, dans les limites géo- graphiques de l'Europe. Ce sont : A. De l'Asie (surtout de Sibérie). - Buteo tachardus, a. martini, Hardy. . Athene persica, Vieill. (Strix). - Padaces panderi, Fischer. - Mycerobas speculigera, Brandt (Coccothranstes). + Chrysomitris pistacina, Eversw, (Fringilla). . Carduelis orientalis, Eversm. (Fringilla). . Carpodacus rhodochlamys, Brandt (Pyrrhula). . Montifringilla alpicola, Pall. (Fringilla). : Linota bella, Hempr. (Fringilla). 10. Emberiza cioides, Brandt. 11. Ruticilla erythronota, Eversm. 12. Prunella altaica, Brandt. (Accentor). 13. Otomela phœnicurus, Pall. (Lanius). 14. Picus uralensis, Malh. 15. Halcyon smyrnensis, L. (Alcedo). 16. Rissa nivea, Pall. (Larus). 17. Mormon corniculata, Æittl. 18. Pluviorhynchus mongolus, Palt. (Charadrius). 19. Terekia guttifera, Nordm. © Q 1 OT + 109 NO B. D'Afrique. 20. Phasmoptynx capensis, a. tingitanus, Bp. 21. Annomanes deserti, Licht. (Alauda). C. De l'Amérique septentrionale. 22. Acanthis groenlandica, Bp. (lanceolata, Selys), race de linaria, L. 23. Podiceps bolboolli, Rein. (race de subcristatus, Jacq.). 124 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1857.) Resteraient, comme espèces européennes nouvelles : Ardeiralla gutturalis, Smith (Ardea). Phænicopterus erythræus, Verr., race de roseus, Pall. Francolinus tristriatus, Bp., race de vulgaris, Steph. Perdix græca, Br. (P. chukar, Auct.), dont saxatilis, Meyer, est une race. Auxquels il faudrait ajouter, selon moi : Saxicola albicollis, Vaeill. (aurita, Temm.), donnée comme race de S. stapazina. Ædon familiaris, Ménétr., que le Prince réunit à galactodes. Calandrella pispoletta, Pall., qui est sieeaté une race de brachydactyla, Temm. 4° LISTE. — Espèces étrangères déjà adnvises précédemment, eutées dans le Catalogue, mais qui ont élé énumérées, selon mot, par erreur, où sans renseignements authentiques. J'en compte dix-sept, savoir : A. D'Asie. 1. Uragus sibiricus, Pall. 2. Rhodopechys phænicoptera, Bp. 3. Linota brevirostris, Gould. %. Oreocincla heini, Caban. 5. Locustella lanceolata, Temm. (Sylvia). 6. Antigone leucogeranos, Temm. (Grus). 7. — torquaia, Vieill. (Grus antigone, L.). 8. Uria unicolor, Beniken. 9. Syrrhaptes heteroclitus, Pall. 10. Eurynorhynchus pygmæus, L. B. D'Afrique. 11. Hypotriorchis concolor, Temm. (Falco). 12. Fringillaria striolata, Licht. (Emberiza). ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 125 13. Picnonotus aurigaster, Vreull. 14. Certhilauda duponti, Vieill. 15. Balearica payonina, L. (Anthropoides). C. De l'Amérique septentrionale. 16. Pæcile frigoris, Selys (race de Parus atricapillus, L.). 17. Rhodostetia rossi, Sabine (Larus). 5° LISTE. — Espèces à ne considérer que comme races. Le prince Bonaparte adopte, dans le Catalogue, la dis- tinction des races proposée par M. Schlegel, pour dési- gner bon nombre d’Oiseaux que l’on a décrits générale- ment comme espèces séparées, mais que la philosophie zoologique ne peut considérer que comme des modifica- tions locales, constantes il est vrai, mais produites par l'influence du climat. Je dis que le Prince s’est rallié à cette manière de voir, parce qu'il l’a mise en pratique dans plusieurs cas, par exemple dans le genre Sütta, où il donne comme de simples races de la S. europea : a. ura- lensis, Licht.; — b. cœsia, Meyer; — c. affinis, Blyth.; dans le genre Budytes, où il énumère comme races de la flava : a. rayi, Bp.; — b. cinereocapilla , Savi; — c. fel- deggi, — d. nigricapilla; de même dans les genres Gyps, Gypactos, Aquila, Leraetus, Buteo, Bubo, Athene, Loxia, Schwnicola, Saxicola, Motacilla, Anthus, Anser, etc, etc. Je ne puis qu'approuyer hautement la détermination prise par le prince Bonaparte pour ces genres, où il a élagué beaucoup de prétendues espèces, pour les présenter sous leur véritable jour, comme races ou variétés; mais pourquoi ne pas avoir porté la réforme partout? En me plaçant au point de vue de l’auteur, je crois qu'il aurait encore dû réduire au rang de races beaucoup d'autres Oiseaux dont je forme la liste suivante : 1. Hierofalco candicans, Gm., et H. islandicus, Brünn. 126 nev. Pt M6. Dé 206L0UIÉ. Mars #57.) 2, Garrulus glandarius, L., et G. Ktÿnicki, MAten. (6. iliceti, Brandt). 3. Sturnus vulgaris, L., et S. unicolot, Marmora. 4-5. Passer domesticus, L.; italiæ, et salicicola, Vieull. 6-7. Acanthis rufescens, Véerll.; À. linaria, L.; A. groen- landica (1), Bp., et A. holboolli, Brehm. 8. Anthus spinoletta, L., et À. ôbscürus, Gm. 9. Saxicola leucomela, P4ll., et $. lugens, Licht. 10. Cyanecula suecica, L., et C. cyane, Pall. 11. Phyllopneustesibilatrix, Bechtst., eLP. everSthäini, Bp. 12. Certhia familiaris, L., et C. brachydactyla, Brehm. 13. Poscile füticeli, Br.; palustris, L., et frigoris (2), Sélys. 1%. Hirundo rustica, L., ét H. éahirica, Licht. 15. Alxada arvensis, L., ét À. cañtarella, Bp. 16. Cotümba livia, L., ét C. turricola, Bp. 17. Egrétla alba, L., et E. melariorhynéha, Hartl. 18. Phéticopterüs roseus, Pall., ct Ph. érythræus, Vérr. 19. Puffinus obécurus, G#ñ., ét P. baroli, Bonelli. 90. Dominicanug iarinus, £., ét D: fritzei, Brüch. 21. Laroides argeltätus, L., et L. argetitacéus, Brehmn. 99. Larus Cañus, L., et L. hÿbernus, Gr. 23. Sterna fluviatilis, Nawm., et S. nitszchi, Æaup. 24. Pagophila éburned, Gm., ét P. nivea, Brehm. 95. Mormion arctica, L., ét M. glacialis, Leach. 36. Uriatroilé, L.: Ü. rhingviaä, BFünn., et U. unicolor (3). 97. Cephüs mandtit, Liche., et U. grylle, £: | 38. Podicéps holboülli, Reimh., et P. subcristatuis (4), Jacq. 30. Lagopus islandorum, Faber; L. mutus, Leach., et L. réinhärdti, Brel. 30! Fräncolihus vülgaris, L., et F. tristriatus, Bp. (y Je ne décompte pas la groenlandica, parce qu'elle: est écartée, dans-une liste-précédente, comme étrangère à l’Europe. (2) Même remarque pour la frigoris. (3) Mème remarque pour l’unicolor. * (AY Mémie rematque pour l'holhoolt. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 197 31. Perdix saxatihis, Heyer, et P. præca, Briss. 32. Hubara undulata, Jacy., et H. macqueeni; Gray. 33. Gallinago brehmi, Æaup.; et G. scolopacinus, Bp. 34. Numenius melanorhynchus, Bp., et N: ph&opus, L. 35. Olor eypnus, L., et O. minor, Pall: 36. Anser arvensis, Br., ét À: sépetum, Gmn. 31: Anser albifrons, Gm., et A. mindtus, VNaum. 38. Mareca penelope, L:, et M. americana, L. 39. Marila frenata, Sparrm., et M. affinis, Eyt. El qu'on ne croïé pas que l'assimilation que je fais soit arbitraire ! Si les études ne Sont pas a$sez complètes pour atteindre, dans la Connaissance des races, une précision mathématique ; si, bien loin de là, nous sommes encore dans le doute pour bon nombre d’entre elles, il n’en est pas moins vrai que, pour une grande partie de celles que je viens de citer, il y a une assimilation raisonnable avec ce que l’auteur a fait pour d’autres Oiseaux qu'il n’a ad- mis que comme races, Ainsi les Certhia familiaris et bra- chydactyla, les Parus palustris êt fruticeti, lès Acanthis linaria, groenlandica et holboolli sont aussi impossibles à séparer rigoureusement que les Sitia europæa, uralensis, affinis, cesia ; que les Budytes fiava, rayi, cinereocapilla, feldeggi, nigricapilla, ou que les Molacilla alba et yar- relli. 6° zisre, — Espèces à supprimer, méme comme races. Je suis obligé de présenter une liste d'espèces que je ne puis admettre, même comme races : 1-2: Buscarlæ provincialis, Bp. (nec Ghn:), ét B. pusilla, Pall., sont identiquesiavec B. lesbia (Emberiza): 3. Mypocentor dolychonius, By., est sans doute un jeune d'auréola, Pall: (Emberiza). le, Hypolais? icterina; By est un état de Phyllopneuste trochilus. 428 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1857.) 5. Podiceps sclavus, Bp. (cornutus, Temm.), ne diffère pas d’auritus, L. (arcticus, Boie). 6. Anser bruchi, Brehm., est un hybride ou un jeune âge d’albifrons ou d’Anser arvensis. 7. Sula lefevrei, Baldanus, ne diffère pas de S. bassana, Br. 8. Eunetta bimaculata, Pennant (glocitans, Gm. nec Pall.), doit être un hybride d’Anas boschas et d'A. pene- lope, ainsi que l’a reconnu le Prince dans une No- tice nouvelle. 9. Je crois que Gallinago sabinii, Vig., est un mélanisme de G. scolopacinus, Bp. Quelques autres espèces du Catalogue sont encore loin d’être bien constatées; mais je ne veux pas me livrer à des conjectures hasardées. Enfin un certain nombre de races me semblent être simplement des variétés accidentelles { Accipiter nisus major; — Corvus corax leucophœus ; — Loxia curviros- tra rubrifasciata; — Turdus iliacus tlluminus , etc.). Il me paraît aussi que les hybrides auraient dû être énumérés d’une manière différente des races. Je ne connais pas assez les Oiseaux de l'Algérie pour examiner la liste qui en est donnée dans un appendice spécial. Le second appendice comprend les Oiseaux exotiques qui sont considérés comme acclimatés en Europe, parce qu'ils s’y sont reproduits dans des ménageries ou en do- mesticité. Cette liste, qui renferme, entre autres, des Per- roquets, des Colombes, des Autruches, etc., et dont la plupart ne peuvent vivre que dans une température de serre en hiver, aurait pu être étendue à l'infini. I m’eût semblé préférable de la borner aux Oiseaux véritable- ment domestiques et pouvant vivre à l'air libre en toute saison, en mentionnant séparément les trois espèces qui se reproduisent dans quelques localités à l’état plus ou moins sauvage, savoir : Phasianus torquatus, — Ortyz vvr- giniana et Cairina moschata. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 129 Du dernier appendice {Liste d'Oiseaux que l'on fait passer pour européens) j'ai extrait plus haut ceux qui ont été, je pense, observés accidentellement en Europe. Le lecteur aura peut-être éprouvé quelque peine à s rendre compte du résultat final des différentes listes que j'ai produites. En voici le résumé : Le total des espèces européennes est de. . . . 581 Selon moi, 1l faut écarter de ce chiffre 1° Dans la liste des Oiseaux cités pour la première fois comme européens, mais qui n’ont pas été, avec certitude, trouvés dans cette contrée : PE RE 2 ne do eu) Do aa TETE garonne lat cotée dirhéeorae bn EE) MADPAMÉEIQUE, C4 0 ee ei el uomle À 2° Dans la liste des Oiseaux déjà cités comme euro- péens, mais également sans certitude : BAnDAGEr. eme ego 16 detnshésaas 10 B. D'Afrique. . a Musso | 17 CD'Amériquepée Memo sinnlom. 2 3° Oiseaux indiqués comme espèces, mais que je ne considère que comme des races. . . ANTON (39 4° Espèces à supprimer tout à fait, mème comme RES ER ARS, EURO ART LE ESMEDANL ED Total des espèces à supprimer. . . . . 88 De sorte que, déduction faite de ces quatre-vingt-huit (88) espèces, le Catalogue ne comprendrait plus que 493 espèces au lieu de 581. Mais il y aurait lieu, d'autre part, de faire les additions suivantes : 1° Oiseaux de passage accidentel, A. À prendre dans la liste de l'Algérie. . , . 5 B. Dans celle des Oiseaux d'Amérique indiqués déjà comme européens par les auteurs. . . 6 A reporter... 1 2 sims, r. 1x, Année 1857. 9 430 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1857.) Reports soie 40 11 C. Querquedula discors (citée par M. Canivet) et Numenius borealis (voir Naumannia). . . 2 2° Oiseaux de passage régulier (Saxicola albicollis, — Ædon familiaris, — Alauda pispoletta). . . . 3 Total des espèces à ajouter. . . . . 16 qui, avec les 493 que j'ai admises plus haut, formeraient un total de cinq cent neuf (509) espèces d'Oiseaux d'Eu- rope, races déduites, mais espèces de passage accidentel comprises, conformément aux principes du prince Bona- parte (1). Pour terminer cette revue, il est curieux d'en comparer les résultats avec le chiffre des espèces mentionnées dans les principaux ouvrages antérieurs publiés depuis vingt ans : 1838. Bonaparte, Birds 0f Europe and North-America (accidentels et races compris). . 503 espèces. 1840. Temmivcx, Manuel d'ornithologie , 4° volume final formant supplé- ment (accidentels et races com- pris). + + + 20301 20 arndtos 24992): {1} Si l'on écartait encore, d'accord ayec ce que, j'ai proposé, les Oiseaux accidentels américains. . RAS et ceux des mers tropicales. Elo :| a il ne resterait plusique 471 espèces d' Edge Si l’on retirait enfin les autres Ojséaux accidentels afri - Cadet it oh singe dus brandt tieuibn 1e 1F MGM et asiatiques. . . sc nous n’aurions plus que 424 espèces d’Oiseaux utbrenn el vé- rilablement européens. (2) 1820. Temwunex, Manuel d'ornithologie, 2° édition, 394 es- pèces presque toutes bieu constatées, puisque encore aujourd'hui je n'en rencontre que 12 à déduire, sayoir : 4 exotiques, 5 races, 2 no- minales (Turnit Lunatus ct Tetrao brachydactylus) et 1 hybride (Tetrao medius) : restent donc 382 bonnes espèces. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 131 1840. KeyserewG et Brasius, Wirbelthiere Europa’s [accidentels compris, et déduction faite de 6 espèces do- mestiques). . . 484 espèces. 1844. ScueceL, Revue des He d Eu- © rope (y compris les accidentels et les 26 races mentionnées}: ?. . 545 — en déduisant les rces. . . . #89 1849. Decraxp, Ornithologie européenne _ {accidentels et races compris." . 507 1850. Boxaparre, Revue critique (lettre à ME. de Selys}, 530 espèces; mais, par une faute Lypographique, on a sauté le genre Larus, composé de d'espèces, donc. . ‘. "7. 539 1856. Le CaracoGue que nous venons d'examiner laccidentels compiis, races déduites): .. . . . : 581 1857. RÉSGLIAT DE MON EXAMEN (acciden- tels compris, races déduites). . 509 Qu'on me permétté dé faire remarquer que, si ces diffé- rents chiffres se ressemblent beaucoup (à l'exception de celui de 581 admis pax le prince Bonaparte en 1856), on serait dans une grande erreur en les regardant comme strictement comparables ; ils sont, au contraire, composés, si l’on veut me passer l'expression, d'un personnel d’es- pècés bien différentes. L'ornithologie à fait d'incontesta- bles progrès depuis vingt ans: beaucoup d'espèces sont définitivement éliminées Comme nominales, comme fon- dées sur des races locales peu distinctes, où sur des va- riétés ‘accidentelles, ou comme étrangères à. l'Europe, tandis que de bonnes espèces ont été acquises À notre faune : de sorte que les chifires de 503 en 1838 et de 509 en 1857, loin d'être formés des mêmes éléments, com- prennent cliacun une soixantaine d'espèces qui ne font pas partie de l'autre, 1 132 SRADOR EN REV. ET MAG. DE Z00L0GIE. (Mars 1857.) On en jugera par les deux listes qui suivent : Espèces à supprimer dans le Cataloque de 1838 ; par M. le prince Bonaparte : . Races locales. . Variété. . Hybrides. E<2r5t Total. . Vultur kolbii. R. . Falco concolor. E. . Ulula nebulosa. E. . Corvus spermologus. E. . Pyrgita italiæ. R. salicicola. R. Struthus hiemalis. E. Erythrospiza phœnicoptera. E. Chlorospisé incerta. N. - Corythus sibiricus. E. . Linota borealis. R. brevirostris. E. . Emberiza granativora. N. caspia. N. . Alauda cantarella. R. Turdus werneri. N. auroreus. N. . Sylvia mystacea. N. — icterops. N. Phyllopneuste icterina. N. Calamodyta cariceti. N. . Locustella certhiola. E. Cettia sericea. N. . Certhia nattereri. R. . Sitta asiatica. R. Parus bicolor. E. Cioclus pallasii. E. . Budytes rayi. R. . — cinereocapilla. R. .— melanocephala. R. . Motacilla yarrelli. R. . Espèces exotiques... . Espèces nominales. 32. cs -eaton ME: Af20 TIGE lugubris. E. . Anthus rupestris, Ménétr. N. rufogularis. R. . Syrrhaptes heteroclitus. E. . Pterocles caspius. N. . Tetrao medius. H. Lagopus rupestris. R. rachydactylus. N. . Grus leucogerauos. E. . Ciconia maguari. E. . Egretta nigrirostris. R. . Buphus russatus. E. . Ægialites intermedius. N. Euryaorhynchus pygmæus. E. . Pelidna schiozi. R. . Falcinellus cuvieri. N. . Gallinago brehmi. R. montagui. N. sabini. V. . Cygous immutabilis. R. — bewicki. R. . Querquedula glocitans. H. . Phalacrocorax graculus. E. desmaresti, R. Rossia rosea. E. Xema capistratum. R. plumbiceps. N. . Colymbus balthicus, R. Uria mandtii. R. . Mormon glacialis. R. Espèces à ajouter au Catalogue de 1838 : +- Espèces vraiment européennes. . . 16 A. De passage accidentel. 43 ? De localité douteuse. 7 D. Douteuses comme espèces. . due 2 Total. 68 Rapaces. | Gallinacés. 1. Vultur auricularis. A. 35. Tetraogallus caspius. ? 2. Haliætus leucoryphus. + 3. Aquila nævioides. A. | Échassiers. 4. Buteo ferox. 5. Falco sacer. EL 36. Anthropoides virgo. + 6. — barbarus. A. 137. Ardea atricollis. A. 7. — elconoræ. + 38. — gutturalis. A. 8. Milvus parasitus. + 39. Charadrius caspius. A. 40. Pluvianus ægyptius. A. Passereaur. 41. Chettusia leucura. A. 42. Glareola nordmanni. + 9. Procne purpurea. A 43. Numenius borealis. A. 10. Lanius tschagra. ? 44. Fulica cristata. + 11. — nubicus. + | 12. Ixos obscurus. + Palmipèdes. 13. Turdus minor. À. 14. — solitarius. A. 45. Anas falcata. A. 15. — wilsoni. A. 46. — discors. A. 16. — ruficollis. A. 147. — formosa. 4. 17. — migratorius. A. 48. Fuligula collaris. A. 18. — olivaceus. A. 149. — albeola. A. 19. — fuscatus. A. 150. Tachypetes aquilus. A. 20. — dubius. A. 51. Phaeton æthereus. A. 21. Hypolais pallida. ? 52. Diomedea exulans. A. 22. — elæica. + 53. — chlororhyncha. A. 23. — icteriva. + 154. Procellaria capensis. A. 24. Iduna caligata. +- 155. — diabolica. A. 25. Certhilauda duponti. ? 56. Puffinus major. + 26. Alauda isabellina. A 57. — fuliginosus. A. 27. Serious pusillus. ? 58. Larus glacialis. A. 28. Carpodacus rubicilla. ? 159. — leucophæus. A. 29. Orites arctous. A. 60. — michahellesii. D. 30, Emberiza chrysophrys. A. 61. — cachinnans, + 31, Ceryle alcyon. A. 62. — Jambruschini. + 163. — leucophthalmus. A. Pigeons. 64. — bonaparti. A. 165. Sterna fuliginosa. A. #2. Colurmba migratoria, A. 166, — velox. À. 93. — rupicola (gelastes). À. 167 — affnis, A. 4, — senegalensis. + 68. Podiceps longirostris. D. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. M. le professeur Philippe De Filippi, le savant directeur du musée royal de Turin, qui se trouvait en même temps 484 REV. ÆZ MAG. DE Z00LOGIE. (Mars 1857.) que moi à Paris, en décembre 14856, a bien voulu exa- miner avec moi le Catalogue des Oiseaux d'Europe qui fait le sujet de cet article; je suis heureux de pouroir dire que nous nous sommes mis, d’ açcord sur presque toutes les questions spécifiques qui sont résumées dans les listes et les chiffres produits plus haut. Ontrouvera peut-être que j'ai critiqué beaucoup de dé- tails alors que je me suis peu étendu sur ce qu'il y avait à louer. En cela j'ai répondu à l'attente de l’illustre auteur du Catalogue..Ceux qu'il honore de son amitié savent qu’il appelle, avant tout, la discussion et la critique, comme les moyens les plus efficaces de produire la lumière, et, quant aux louanges que je serais très-porlé à exprimer pour la plus grande partie du travail, on me permettra de dire que, lors même que l'espace dont je puis disposer ne serait pas borné, l’auteur est de ceux qui n'én ont pas besoin. Quant à moi, je ne puis avoir la prétention qu' on lise cet article, mais j'ai l'espoir que les amateurs de l'orni- thologie indigène voudront bien l’étudier et le critiquer au besoin. | Edm. pe Sezys-LoxecHAmps. Liége, 24 février 1857. ANNOTATIONS du prince Ch. L. Bonaparte sur la Revue du Catalogue Parzudaki des Oiseaux d'Europe par M. de Selys. Bien que je ne puisse pas accepter tout ce que l'article de M. de Selys contient de flatteur, cependant je dois re- connaître la justesse de ses remarques. Des circonstances. indépendantes de ma, volonté ne m'ont pas permis de répartir mes genres si multipliés sous leurs familles et leurs sous-familles: La séparation des 72 espèces accidentelles (ou. pour ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 135 mieux dire des 80) ({) composant sa première liste et leur répartition géographique d’après la provenance sont on ne peut pas plus exactes. Mais je ne puis en dire autant de sa seconde catégorie des 13 espèces qu'il dit que j'ai omises. Sur cé nombre, cinq seraient à tirer de ma liste d’Al- gérie. Vai admis moi-même la première, Otogyps nubicus, comme européenne, ainsi que mon ami aurait pu le voir à la p. 18 du Catalogue; quant aux quatre autres, je ne pense pas qu'elles aient droit decité en Europe. J'aiconstaté que des espèces qui s’en rapprochent avaient été prises par erreur pour elles, et je citerai pour exemple 4quila nœ- vioides), ou bien que les individus tués en Europe s'étaient échappés de leur état de captivité, comme il en a été pour Chenalopez ægyptiaca. J'admets, du reste, qu’à l'exception d'Haliætus leucoce- phalus, les six espèces à tirer de ma liste de celles quali- fiées à tort d'européennés puissent avoir été vues dans notre partie du monde. Nuxenius Hupsonicus (non pas borealis), Lath., a été ac- eueilli par moi, depuis la publication du Catalogue, dans les Comptes rendus de l'Académie de 1856; et quant à Quer- quedula distors, je ne puis pas considérer comme suffisante l'autorité invoquée. Venant à la troisième catégorie de M. de Selys, qui comprend les espèces que j'aurais été le premier à enre- gistrer comme européennes (plusieurs l'avaient été avant moi), je concois les doutes de mon savant ami quant aux suivantes : 3. Podoces panderi. 5. Chrysomitris pistacina. 6. Carduelis orientalis. (1) Je dis 80, puisqu'aux 72 de M. de Selys il faut en ajouter huit autres, comme cela résulte dé cés notes, 136 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1857.) 12. Prunella altaica. 14. Picus uralensis. 19. Terekia guttifera. 91. Annomanes deserti. 22. Acanthis groenlandica ou lanceolata. 23. Podiceps holboolli (admis sur l’autorité de Gould). Mais je n’hésite pas à confirmer comme européennes : 1. Buteo martini, Hardy, qui vit dans le gouvernement de Perm. 2, Athene persica, dont ne diffère pas Strix meridionalis. 5. Mycerobas speculigera. 6. Carpodacus rhodochlamys. 8. Montifringilla alpicola, dont l'authenticité comme espèce est plus contestable que le lieu d'habitation. 9. Linota bella, qui est dans le même cas. 10. Emberiza cioides, Brandt, de la Sibérie occidentale, qui n'est pas celle du Japon (Emberiza ciopsis, Bp.). 11. Ruticilla erythronota, et 13. Otomela phænicura, qui ont été tués en deçà de nos limites. | 15. Halcyon smyrnensis, qui n’est pas rare dans les îles de la Turquie d'Europe. 16. Larus niveus, que l’on voit souvent dans l’Europe orientale, tandis que la Rissa brachyrhyncha, avec laquelle on l’a confondu, ne se trouve, en effet, qu'entre l’Asie et l'Amérique. 17. Mormon corniculata, qui se montre plus souvent qu'on ne croit dans le nord de l'Europe, où elle a été prise pour la glacialis. 18. Pluviorhynchus mongolus qui a aussi été tué en Eu- rope, quoique très-accidentellement. 20. Phasmoptynx capensis (la race d'Alger) m'avait été, depuis bien des années, envoyé de Gibraltar, terre excep- tionnelle où vivent même des Singes, etc. Ardeiralla gutturalis, que M. de Selys admet avec faci- lité, n’a pas plus de droit qu'aucune des espèces précé- ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 137 dentes. Sa double capture dans les Pyrénées est incom- préhensible pour moi; au point que j'ai dû me faire vio- lence pour ne pas reléguer cet Oiseau avec Parus ledouci et Parra jacana ! N. B. Perdix græca n’est pas la chukar de Gray, et dif- fère encore plus de P. sacatilis. L'espèce nominale Tetrao brachydactylus n’est pas men- tionnée par Temminck en 1820, mais seulement en 1840. La question sur Saxicola albicollis n’est pas encore défi- nitivement vidée. Je ne pense pas qu’ Ædon familiaris soit différent de ga- lactodes ! et quant à Calandrelia pispoletta, enregistrée dans mon Conspectus, j'ai déjà réparé mon oubli. Je m'élèverai avec plus de force contre la quatrième ca- tégorie, composée de 17 espèces. La 5° de celles-ci, Locustella lanceolata, et la T°, Certhi- lauda duponti, sont, il est vrai, des espèces douteuses. La 8°, Uria unicolor, n’est probablement qu'une variété. Quelques autres peuvent ne jamais se montrer dans les limites de l'Europe ; mais 1. Uragus sibiricus, 2. Rhodopechys phœnicoptera , 3. Linota brevirostris sont d'excellentes espèces qui vivent à cheval sur les con- fins de l'Asie et de l’Europe, et ont certainement été ob- servées dans les limites géographiques de cette partie du monde. #. Oreocincla heini du Japon a été tuée en Allemagne, sinon dans la France méridionale, comme Or. aurea ou whitii en Angleterre et dans la France septentrionale : et j'ai reconnu moi-même l'identité de l'individu que m’a re- mis en communication M. le D' Jaubert. 12. Fringillaria? striolata se trouye dans la péninsule ibérique, 138 REV. ET MAG. D ZOOLOGIE. (Mars 4857.) 13: Pienonotus durigaster à été tué en Trlañde et n'avait aucun indice de captivité. 1%: Rhodostethia rosea où rossi (qui est diamétralement opposé à Xema sabinii, ayant la queue eunéiforme dés Lestridiens et non celle fourchwe des Sterniens) a été pris jusqu’en Angleterre (voyez Chaïlesworth, On thé occur- rence neai Tadcaster of Ross's Rosy-Gu£r, one of the ra- rest, ele, p.33 du Journal scientifique d'Fork, avril 4847) ; ét Xema subir a été tué, Fannée dernière, dans les envi- rons mêmes de Paris. La cinquième liste de M. de Selys est la partie la plus importante de son intéressant travail. La question des ra- ces, en effet, à la fois théorique et pratique, touche, d’un côté, à la scrupuleuse exactitude du Catalogue, et s'élève, de l’autre, aux sublimités de la zoologie transcendante, à la philosophie de la Nature, Nos hommes les plus émi- nents ne pourraient dédaigner de l’aborder et de la traiter à fond. Quant à moi, qui ne trouve « rien de plus brutal qu'un fait, » j'ai admis comme espèces accidentelles celles que j'ai constatées avoir été prises en Europe, et j'ai re- poussé celles pour lesquelles j'ai acquis la certitude qu’on avait commis des erreurs. De la même manière j'ai classé parmi les races (pour ne pas les abolir tout à fait) les pré- . tendues espèces dont j'ai pu suivre la transition de l’une à l'autre à travers leurs passages intermédiaires, quelie que soit la différence qui existe entre les termes extrêmes de la série, tandis que, lorsque je n'ai pu constater (1) le pas- sage de lune à lautre, j'ai considéré provisoirement comme espèces les races, quelque voisines qu'elles puis- sent paraître. C'est ainsi que s'explique l’apparente con- tradiction de mes faits et gestes. La liste de M. de Selys a (1) La mème réponse peut être faite quant à la multiplication à l'infini des espèces acclimatées. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 139 été dressée avec le plus grand soin , et les appréciations sont dignes de son coup d'œil de maître ; mais je crains qu'elle n'ait d'autre base que l'affinité hors ligne entre les espèces, qui ne suffit pas pour trancher la question. Disons, de plus, que c’est de Puffinus anglorum (non d’obseurus) que se rapproche si étroitement Puf. baroli. Enfin la dernière liste se compose de 9 espèces à rejeter comme nominales : 2, Buscarla lesbia (et je l'ai déjà reconnu) est identique avec B. pusilla, mais il n’en est pas de même de B. pro- vincialis ou durazzi, laquelle semble être un jeune ou une femelle de Schænicola arundinacea. 3. Hypocentor dolychonius de Corfou, sans parler de la différence du bec, me semble avoir les pennes de la queue beaucoup trop étroites el pointues pour pouvoir être réuni à ÆHypocentor aureol1, dont je n'ai jamais hésité à considérer Æmberiza selysi, Vérany, comme l’âge moyen, tandis que le Mytilène de Buffon (pl. enl. 667, 2) pourrait en être le jeune. 4. Mon Hypolais icterina n'appartient pas au genre Piyllopneuste… et ressemble beaucoup plus à l'eversmanni figurée par Middéndorf{Ruise in Sibir. Av., pl. 16, fig. 1-3). Je n’ai rien à dire de plus sur ce sujet ingrat, qui à déjà donné lieu à trop de controverse. 9. Gallinago sabinii peut fort bien n'être qu'un méla- nisme de Gallin. scolopacinus; je l'ai avancé moi-même depuis longtemps.….., ce n'est, toutefois, qu'une conjecture hasardée, de la nature de celles auxquelles notre auteur n'aurait pas voulu se livrer. Corvus çorax leucophæus ne peut pas se dire variété ac- cidentelle, puisque, ainsi que les Souris blanches et les maculées, elle se perpétue. Laæia eurvirostra rubrifasciata se montre aussi trop sou- vent, et nous ne savons pas que, comme la Panthère noire, elle fasse jamais partie de la même nichée que son type. 440 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1857.) Je n’ai rien à objecter en faveur de Turdus iliacus illu- minus, que je n’ai enregistré que par respect pour Nau- MANN. Il est presque inutile d'ajouter que je n’ai pas eu l’inten- tion d’assimiler les hybrides aux races : et j'aurais dû, en effet, choisir, pour les désigner, un autre signe typogra- phique. Quant aux Oiseaux acclimatés, voyez ma lettre à ce sujet à M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. Je suis heureux de m'être rencontré dans cette lettre sur plusieurs points avec M. de Selys. Quoi qu'il puisse arriver dans l’avenir, je n’avais qu’à parler du passé, qu'à enregistrer les faits accomplis, et j'ai tâché de m'en ac- quitter de mon mieux, comme (dans deux autres ordres d'idées) pour les espèces accidentelles et pour les passages observés d’une prétendue espèce à une autre. Adoptant l'excellente répartition des Oiseaux d'Europe en catépories donnée par M. de Selys, et rectifiant ses chiffres d’après les observations ci-dessus, je publie cette nouvelle édition de son résumé : Le total des espèces européennes est de 590 (1). On peut retrancher de ce chiffre, d'après sa 1" liste : A D'Asie ps. . 7 au lien de {9 B. D’Afrique. 1 2 9 au lieu de 23 €. D'Amérique.. 1 2 9 23 On peut éliminer, sur sa 4° liste : A. D'Asie. 5 ci B. D'Afrique. 4 79 7 9 17 Sur sa 5° liste: 10 39 10 39 Sur sa 6° liste, la plus impor- tante de toutes : 4 9 4 9 Total des espèces à supprimer, 32 s 88 32 au lieu de 88 (1) 480 en éliminant les espèces accidentelles ! Mais alors pourquoi pe pas restreindre les européennes à celles qui nichent en Europe? ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 141 De sorte que, en les déduisant, le Catalogue ne compren- drait plus que 558 espèces au lieu de 493, ou, pour mieux dire, de 509, conformément à mes principes interprétés par M. de Selys. N. B. Dans le chiffre 590 substitué à 581 sont comprises les additions que j'ai crues justes, c’est-à-dire Sur ma liste d'Algérie. . . . , 1 Sur celle d'Amérique, 5 et même 6 Numenius hudsonicus et Calan- drella pispolelta. . . . . . . ?2(Saæicola albicollis n’étant — comptée que pour race.) 9 au lieu de 16. Et cela indépendamment des changements introduits, les espèces supprimées étant compensées par les nou- velles non énumérées. Ainsi Dominicanus fritzi est remplacé par une espèce de Puffinus; Rissa nivea, par Larus niveus, Pall.; Une des races élevée à tort au rang d'espèce, par Actodomus melanotus, et ainsi de suite. Ayant commencé ce Mémoire en parlant du Moquinus albicaudus, je le terminerai en ajoutant ici que depuis la publication de sa première partie, M. G. R. Gray m'a signalé un autre synonyme, le plus ancien de tous, de l'Oiseau en question, c’est Laxiorunpus rorquarus, Waterhouse, publié, en 1838, à la p. 264 du second volume (Appendix) de l' Expédition de découverte dans l'intérieur de l'Afrique du capitaine ALEXANDER. Ce livre anglais, à peine connu en France, ne se trouve ni à la bibliothèque du Muséum ni à celle de l’Institut. 442 REY. BE MaG DE ZOOBOGE, (las, 4857.) Moxocraria ecc. MONOGRAPHIE DU BOMBYX DU MURIER ; par le docteur E. CorvaLta, de l'institut impérial des sciences de Milan. 1 vol. in-4°, avec 15 planches. Le travail dont nous venons de donner le titre forme un gros volume et fait partie dès Mémoires publiés par l'institut impérial de. Milan. On voit évidemment, que l'au- teur s’est inspiré aux grands ouvrages que la France peut montrer avec gloire et donner comme un modèlé aux na- turalistes de toutes les nationsidans ce genre de travaux:Si, d'un côté, les monographies de Lyonnet et de Strauss sont presque des monuments et excitent l'admiration, dell'autre elles sont de: nature à décourager ceux qui cherchent à imiter ces pradigès dé lascience et de la volonté. Parmi ces généreuses tentatives, nous devons placer la monographie de M. E. Cornalia, de Milan, qui à obténu’ün prix en 1855, et qui est le premier travail de ce genre et de cette étendue publié en italien. L'ouvrage, est divisé en quatre parties, dont la première, intitulée Notices prélimi- naires, donne, en quatre chapitres, l'hisioire du Ver à soie ét des études dont il a été le sujet, la méthode d'obser- vation suivie par l'auteur, la zoologie de l'insecte et un catalogue. bibliographique des travaux publiés sur ce sujet. Cette partie , riche de plus de cinq.cents ouvrages, rend beaucoup moins vifs les regrets que nous avons sou- vent exprimés en voyant que la bibliographie du Ver à soie promise par feu Bonafous ne verrait peut-être jamais le jour. — La deuxième partie de l'ouvrage con- tient, en Wois chapitres, l'anatomie de Vinsecte dans les trois états de sa courte existence. Autant d'articles sont consacrés à chacundes systèmes organiques disséqués par l'auteur, qui a étudié aussi la partie histologique. Les choses les plus remarquables dans cette. partie nous semblent les suivantes : l'étude des follicules des glandes salivaires; la description d'une glande sous-æsophagienne ; la Struc- ture des parois glandulaires des canaux urinifèrès, dont l'embouchure dans l'intestin est accompagnée d'un. cérele singuiier de plaques chitineuses. — Le système neryeux de la larve a été suivi et représenté dans tous ses détails et dans toute &a'composition histologique. Dans les nerfs de là vie organique, nous trouvons indiqués dé nouveaux ganglions latéraux qui se tiennent en relation, par des fils d’une ténuité extrème, avee le-ganglion impair du front et ANALYSES D'OUVIRAGES NOUVEAUX 13 axec les autres dela chaîne déja connue. Le systéme res- piratoire,est aussi suivi dans toute son.exlension,, et une nouxelle structure dévoilée dans le manchon nous permet de.concevoir avec précision le moyen par lequel les tra- chées se dépouillent de leur membrane interne. L'auteur appelle manchon un endroit des trachées interstigmatiques (soit entre les stigmates d'un côté, soit entre les stigmates des deux, côtés opposés) où elles sont plus grosses, man- quenL de spirale et ont une sixucture particulière. — L'ap- areil de reproduction est décrit à partir du moment où iLest,à, peine visible jusqu'à celui dans lequel il éntre dans la, plénitude de ses fonctions. La: formation de l'œuf dans les, capsules oyigères d'un côté, et la formation des sper- matozoïdes de l'autre, sont suivies jour par jour jusqu’au complément de l'œuf prèt.à être fécondé, et, jusqu'à la for- mation des spermatozoïdes prèts à rompre leurs enveloppes communes et à vibrer, comme. cela a lieu seulement dans le corps dei la femelle après la copulation. — Le chapiire destiné, à la. chrysalide est un chapitre d'histogénèse. Les nouyeaux tissus sont en construction, et l'on. est témoin de celle nouvelle naissance des parties, dela formation de nouvelles trachées, de nouveaux muscles, des antennes, des, lames des ailes avec leurs écailles, qui, en origine, ne sont que des cellules pédicellées, — Le papillon vase con- struire ayec,.entre autres sa vessie aérienne, et.son gigan- tesque cloaque destiné à l'expulsion du liquide que la mé- tamorphose des tissus continue à produire, premier pré- lude à la mort de l'animal. Dans le papillon, toute la vie se concentre sur l'appareil reproducteur, en même temps que les autres systèmes, disparaissent, comme on le voit mieux encore dans l'appendice de l'ouvrage, qui traite du Mer soie décrépit : étudiant ensemble l'organe et la fonc- tion, l'auteur a pu fixer la véaie limite entre l'ovaire et les ôviductes. — La troisième partie de l'ouvrage est destinée dla physiologie, au mécanisme.de la mue, des métamor- phoses, de la reproduction. Chaque fonction a son cha- Vitre, et plusieurs faits-y sont indiquésdont l'étude et l'ap- Plication dans la pratique pourront être très-avantageuses. "La dernière partie traite de la pathologie; on y.étudie les maladies de la larve et du papillon, les parasites et même la tératologie. L'auteur à traité ces questions seule- ment au point de vue scientifique (comme l'exigeait le pro- | gramme du concours, et c'est à la pratique; encore ici, à 144 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1857.) en déduire de bons corollaires. M. Cornalia a imaginé un petit appareil pour connaître l’état chimique du sang, chose nécessaire pour ceux qui admettent que l’alcalinité et l'acidité de ce liquide doivent être considérées comme causes des maladies des Vers à soie. Nous ne pouvons entrer, pe le moment, dans de plus grands détails sur ce magnifique ouvrage, qui fera certai- nement époque comme ceux de Malpighi, de Lyonnet et de Strauss. Nous dirons seulement qu'ayant eu l'occasion de faire souvent, depuis que nous nous occupons de l'étude des Vers à soie à Sainte-Tulle, des études d'anatomie et d’histolosie sur les Insectes, soit dans l’état sain, soit dans l’état pathologique, nous pouvons affirmer que la grande majorité de celles de M. Cornalia sont d'une exactitude ri- goureuse, montrent un zoologiste consommé et méritent la plus entière confiance. Nous aurions bien à discuter quelques points de ses idées sur la muscardine, sur la composition du sang des Vers à soie à l’état sain et malade, car nous ne partageons pas complétement les idées de M. Cornalia sur ces points difficiles; mais cette discussion nous entraînerait trop loin et fera l’objet d’un autre travail. Pour le moment et quoi qu'il en soit, nous pouvons affirmer à nos lecteurs que le beau livre de notre confrère et ami de Milan est un modèle dans son genre. (G.-M.) TABLE DES MATIÈRES. Pages Sovancé (Ch. ne). — Descriptions de trois nouvelles espèces de Perroquets. 97 Saussure (H. ne). — Note carcinologique. 99 GmevroLar (A.). — Description de trois Longicornes nouveaux. 103 Id. Description de Longicornes nouveaux. 107 Académie des sciences. 109 Analyses. 117 0 PARIS. — IMP. DE M"° V° BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'ÉPERON, de VINGTIÈME ANNÉE. — AVRIL 1857. I. TRAVAUX INÉDITS. Nore sur les accouplements entre consanguins dans les fa- milles ou races des principaux animaux domestiques ; par M. Huzarp, membre de la Société impériale et centrale d'agriculture. Si j'avais cru devoir traiter un jour ce sujet, j'aurais assemblé un nombre assez grand de faits pratiques à l'appui de l'opinion que je soutiens, et j'aurais même mieux établi les faits; mais qui peut prévoir ce qu'il fera un jour ? Comme il faut être bien compris, je dirai d’abord ce que j'entends par races ou familles, afin qu'on ne me de- .mande pas, comme on l’a fait quelquefois, qu'entendez- vous par ces mots? Je dirai donc d’abord que, dans cette Note, j'appelle indistinctement de ces deux mots race ou famille une réunion d'animaux accouplés exclusivement entre eux, dont les individus ont la propriété d'hériter, sous certaines conditions naturelles et de domesticité, d'un ensemble de formes et de qualités qui les fait recon- naître ; ensemble aussi variable cependant lui-même que les conditions naturelles ou de domesticité sont elles- mêmes variables ; en sorte qu'il peut y avoir, et se former à chaque instant, des races très-répandues, des races très- restreintes et des races particulières dans des races don- nées, ou autrement des sous-races. .… Cela bien entendu, j'entre en matière. Si vous voulez voir dégénérer les races d'animaux do- 2° sim, r. 1x. Année 1857, 10 146 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1857.) mestiques, disent certaines personnes, disent le plus grand nombre, accouplez les consanguins, le frère avec la sœur, le père avec la fille! Si vous voulez faire rapidement une famille, une race, disent quelques voix, accouplez entre eux les consan- guins! accouplez entre eux le frère et la sœur, le père et la fille! Ces dernières voix ont-elles tort? Voyons! Je cherche d’abord des expériences bien faites qui aient démontré que les accouplements entre consanguins, dans nos animaux domestiques, étaient fatalement nuisibles; s'il y en a, je ne les connais point. D'un autre côté, en examinant dans les campagnes les familles d'animaux, je ne rencontre nulle part la preuve de cette fatalité. Si on consulte les cultivateurs purement praticiens, on voit qu'ils ne comprennent point d'abord la question ; si on Ja leür fait comprendre, ils répondent de toutes sortés de ma- nières. Îls font, d’ailleurs, si peu attention à la consan- guinité dans les accouplements de leurs animaux, qüe l'incertitude naît de suite dans l'esprit de celui qu’on in- terroge; il cherche si cet accouplement existe réellemenñt, et il ne le voit quelquefois pas là mème où il est le Lè patent. Si on consulte les livres, À, au contraire, il y a rare- ment divergence quand la question y est abordée : presque toujours la solution par de mauvais résultats est Ta solution donnée; mais quand, dans ces mêmes livres, on CRERCRE des preuves, on ne trouve que des assertions. Vous qui demandez des preuves, donnez-nousles vôtres, diront des lecteurs. C'est ce que je vais tâcher de faire, tout en avouant qu'elles sont difficiles, quelquefois incer- taines ; mais il résultera peut-être de mon écrit pour quel- ques personnes, pour quelques praticiens, la croyance qe la consanguinité est un bon moyen de conserver ét defaite une race, croyance qui est la mienne, et que je ne crains pas de faire partager. LRAVAUX INÉDITS. 147 J'ai dit que les expériences direcles manquaient, que.je n'en connaissais point; mais, à leur défaut, n’en est-il pas d’indirectes bien constatées qui ont donné des résul- tats positifs? Voyons d'abord par rapport à l'espèce ovine. Prenons pour exemple le troupeau de Rambouillet; j'ai suivi pendant longtemps avec assez d'attention ce qui s'y faisait pour en parler sciemment, et pour ne pas penser à une contradiction sérieuse. Tout le monde sait que ce troupeau, sous une direction constante, était parvenu à avoir des animaux qui à une forte taille réunissaient une finesse de laine remarquable, sinon égale ; que ce troupeau pendant quarante ans, peut- être davantage, a été le type régénérateur ou métisateur d'une grande partie des troupeaux de France, Si jamais type de race a été un type capital, un type de tête, comme on dit en Allemagne, ce fut bien à coup sùr celui-là. Tout le monde sait encore que dans ce troupeau, depuis son introduction à Rambouillet, il n’a jamais été mélangé e brebis ou béliers étrangers ; que toujours ce sont les éliers et les brebis du troupeau qui ont servi à la repro- duction ; que cette reproduction a donc toujours été opérée ar la race elle-même. Quelle a donc été cette reproduc- tion par la race elle-même, sans introduction aucune, si ce n'a été Ja reproduction par consanguins ? Bien des fois J'ai vu choisir des béliers, et, je ne crains pas de le dire, c'était le frère qu'on accouplait avec les sœurs; c'était le père qu'on accouplait avec les filles ; c'était le neveu qu'on accouplait avec ses tantes; et cela durait, pour quelques béliers, pendant plusieurs générations, tant que des ‘fils ne venaient pas, à cause de qualités supérieures, sup- lanter leurs pères. Eh bien, je le demande, ce troupeau a-t-il dégénéré tant que ces accouplemeuts entre ces frères et sœurs, entre ces pères el filles, entre ces neveux et tantes ont élé suivis ? — Mais ces accouplements étaient fails avec soin : lout 148 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1857.) bélier qui avait un défaut, c’est-à-dire une conformation ou une espèce de laine qu'on voulait proscrire, était lui- même proscrit, vendu, souvent châtré; toute brebis qui se trouvait dans un cas semblable était elle-même marquée du signe de réprobation et vendue impitoyablement. Il ne restait alors dans le troupeau que les qualités recher- chées, et il n’y avait qu'un petit nombre des béliers, les plus beaux, employés à la reproduction. Les animaux chassés par la vente annuelle allaient métisser les trou- peaux de la France et les transformer en ces troupeaux mérinos qui couvrent maintenant nos départements à moutons. Faut-il, après cet exemple remarquable, en citer un autre, je prendrai, dans Seine-et-Marne, le troupeau de M. Tessier, ancien Inspecteur général des bergeries. Là on recherchait moins la taille et plus particulièrement la finesse de la laine ; eh bien, là encore, là toujours, le bélier le plus fin était de préférence, pourvu qu’il fût bien con- formé et d'une bonne constitution, accouplé avec ses sœurs, avec ses tantes, avec ses filles tant que l’âge n’était pas trop avancé ou tant qu'un fils, mieux favorisé, ne venait pas prendre sa place. Si je dis un bélier, ce n’est pas que j'ignore qu’il y en avait plusieurs employés à la reproduction chaque année, à Bazoches comme à Rambouillet ; mais cela n’empêchait pas que ce fussent souvent les frères et sœurs qui s’accou- plaient, les pères et les filles, et les neveux et tantes. Je demanderai encore à ceux qui ont connu le troupeau de M. Tessier si, après trente ans, il avait dégénéré ? Je pourrais encore, à propos de troupeaux mérinos d’une grande finesse, citer celui de M. le baron de Silvestre, l’an- cien secrétaire de la Société centrale d'agriculture, et ceux de MM. Perrault de Jotemps et Girod de l'Ain, et engager à prendre des renseignements sur ces troupeaux, et là encore on verrait qu'on ne craignait pas d’accoupler les frères et sœurs. Si je ne me trompe, le troupeau de Mau- TRAVAUX INÉDITS. 149 champs a été, lui aussi, formé par des accouplements consanguins. Si, au lieu d’un exemple qui se rapporte à la nature de la laine, on en veut un par rapport aux formes, je men- tionnerai celui donné par la famille Gilbert dans la Beauce, auprès de Rambouillet : demandez à ces cultiva- teurs si, pour former leurs gigantesques mérinos, ils reje- taient les accouplements entre frères et sœurs. La taille, la forme et une vigoureuse constitution étaient les raisons du choix du reproducteur : peu importait la consangui- nité. Demandez donc à ces cultivateurs si leur race dégé- nérait. Mais chez les Gilbert, comme dans les troupeaux de Rambouillet et de Bazoches, tout animal qui n’avait pas les qualités recherchées, tout animal malingre était exclu de la reproduction. Cette précaution, bien prise, empê- chait toute dégénérescence, tout abâtardissement. Je n’ai pas besoin d'ajouter que tous les soins nécessaires, bien entendus d'hygiène étaient, en même temps, employés pour concourir au but recherché. On ne fera pas à ce qui précède, je le présume du moins, l’objection que les accouplements ne se faisaient qu'exceptionnellement aux premier et deuxième degrés ; qu'ils se faisaient le plus souvent entre cousins et cou- sines. Ce serait une mauvaise chicane , selon moi. Il n’en résulterait pas moins que les accouplements à un plus proche degré étaient très-fréquents ; que, pour des géné- rations tout entières, ils étaient faits entre frères et sœurs du même père, et entre filles et père, même entre petites- * filles et grand-père, et entre nièces et oncle, — et que cependant les troupeaux ne dégénéraient point. Passons maintenant à l'espèce bovine. Je ne puis pas citer, à l’occasion de l'espèce bovine, des faits aussi spéciaux, aussi bien établis que ceux que j'ai rapportés à l’occasion de l'espèce ovine; cependant il s'en est passé un assez remarquable à Hohenheim, dans DE 150 Rev. ET MAG. DE 200L0GIE. (Avril 1857.) le Würtembers, I où M. Schwertz a été directeur pen- dant quelques années, et Walz professeur. J'y ai trouvé, en 1821, une famille de vaches laitières dont tous les individus étaient noirs avec la tête et le cou blaics.— Dans une autre famille, tous les individus étaient dé là couleur noire, mais avec une belle zone blanche en- tourant le milieu dü corps, comme un drap blanc dont on l'aurait enveloppé. Une de mes premières questions a été de savoir comment on s’y était pris pour former ces fämilles. La réponse ne pouvait être douteuse : accoupler entré eux les individus qui avaient la robe qui approchait le plus des marques recherchées, frère avec sœurs, père avec filles, et éloigner soisneusement d’abord tout indi- vidu étranger aux familles, et ensuite, dans les familles mêmes, tout individu qui n'avait pas la robe recherchée où qui avait une robe qui s’en éloignait par des irrégularités marquées. Les familles étaient-elles pour cela dégénérées? Loin de là, c’étaient deux sous-races, par la couleur, d'une race qui était belle et bonne race laitière , à formes car- rées, à croupe large, à abdomen et poitrine amples, mais avec membres forts et tête également forte , et, sous ce rapport, s'éloignant des caractères désirés pour les vaches laitières et se rapprochant de ceux des races de trait. Un autre fait s’est passé à Holitsch, dans la Hongrie, sur les confins du duché d'Autriche, dans la ferme de l’'Empe- reur d'Autriche. Les habitants du Tyrol ayant fait hom- mage À S. M. de seize vaches de choix et de deux tau- reaux de leurs montagnes, S. M. a fait Ôter de Holitsch les vaches de la race de Saltzburg et de quelques äutres races suisses qui y étaient, et la race du Tyrol a été multi- pliée dans cette localité par elle-même, par consanguinité, sans mélange, non-seulement pour remplacer les anciennes races, mais encore pour fournir à d’autres fermes des do- maines de l'Empereur des animaux purs de la race du Tyrol, parce que l'on avait reconnu à cette race des avan- tages'sur les autres. Quand je vis cette race, en 1821 , elle TRAVAUX ,INÉDITS. 151 n'était pas dégénérée, et l'on ne pensait qu'à la conserver et qu ‘à l'augmenter, même par la consanguinité. Mais est-ce que la race sans cornes à pelage blanc ar- genté et à peau rose qui à fleuri si longtemps à Ram- bouilet à été formée autrement que par un taureau anglais croisé pendant plusieurs générations ayec ses filles et pe- tites-filles, et ensuite, à son défaut, par ses fils croisés ayec leurs sœurs et leurs tantes? Est-ce que cette race n'était pas une belle race au moment où, en 1815, l'épizootie du gros bétail est venue la faire disparaître ? Je ne doute pas que quelques cultivateurs {si toutefois je suis lu par un certain nombre de praticiens) ne disent je fais comme cela, et j'ai une excellente race. J'arrive maintenant aux familles de chevaux. Dans ce cas SACQIE mes exemples 1 ne seront pas aussi positifs que pour l'espèce ovine. J'espère qu'ils seront, néanmoins, de quelque poids. Qui n'a vu, dans une localité, un étalon employé pen- dant 2 tro années à couvrir exclusivement toutes Jes juments de Ja localité, ses filles, jusqu'à ses petites-filles, et y créer une famille qu'on a recherchée pendant long- temps? Contrairement on a vu aussi, je le sais, des exem- ples d'étalons ainsi employés produire un certain mal. Analysons cet autre fait. Un étalon, bien choisi en apparence dans la vue de re- produire certaines formes, certaines qualités, n'a pas ré- pondu à l'espérance qu ‘il avait fait concevoir, et, en l’ac- couplant ayec ses filles, a accumulé ainsi, dans ses petils- epfants, la somme du principe qui avait fait le mal, et a rendu plus difficiles les moyens de réparer ce mal. Mais y ayait-il dégénérescence? y avait-il abâtardissement de la race? Non, sans doute, On avait fait fausse route ; les formes ou les qualités que l'on recherchait étaient ou diminuées ou disparues ; la race, pour l'homme , s'était détériorée, Mais si le régime avait été bon, l'hygiène convenable, et si ce p'était pas yne mauvaise santé, une mauvaise constitu- 152 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1857.) tion que l’étalon avait donnée à ses produits , il n’y avait pas abâtardissement. La race, la famille continuait à être vigoureuse ; elle continuait à se reproduire avec tous ses défauts, toutes ses qualités : il y avait changement de qua- lités, changement de formes, production d’un défaut si on veut, changement en mal pour l’homme: mais il n'y avait point abâtardissement, il n’y avait point dégénéres- cence; la race s’était modifiée, et voilà tout. On à appelé improprement abâtardissement un change- ment qui était dans les lois qui président à l'existence nor- male des animaux, et qui n’était qu'un épisode de la généra- tion; tandis que l’abâtardissement est une véritable détério: ration de l'individu, de la race, et qui provient de ce que le principe de la vie diminue, de ce que tous les organes souffrent plus où moins, et qui, en définitive, amène Ja disparition de la race, si les causes du mal continuent de sévir. Et ces causes, tout le monde des éleveurs les connaît : ce sont une mauvaise alimentation, de mauvaises habitations, des travaux désordonnés. De ce que j'ai dit que, par rapport à l'espèce chevaline je n'avais pas d'exemples aussi probants de la thèse que je soutiens que pour l’espèce ovine, il n’en résulte pas que je n’en ai aucun: je puis en citer quelques-uns, malheu- reusement ce n’est pas en France que je les prends. Comment s’est formée cette famille, cette race de che- vaux de couleur isabelle café au lait que mes contempo- rains ont vus attelés aux équipages d’apparat de Napo- léon LE, et qui provenaient d’un haras du Holstein. J'ai fait cette question à Berlin et au haras de Newstadt-sur- l'Adosse, en Prusse; on m'a dit qu'on avait fait ces che- vaux isabelles comme on fait toutes les races, en prenant pour étalons et pour mères les animaux qui approchaient le plus de cette couleur, et en prenant ensuite les fils et filles qui en avaient hérité au plus haut degré et en les àc- couplant exclusivement entre eux. En Hongrie, chez le comte Huniady, à Vrmeny, son | | | | TRAVAUX INÉDITS. 153 baras arabe s'était formé avec deux étalons arabes, Mo- nachi et Taillard, mais surtout avec ce dernier et avec deux juments de sang oriental. Les filles de ces juments avaient été accouplées ensuite avec Taillard, leur père, et leurs filles avec leur grand-père, ce même Taillard, et tous les chevaux mâles et femelles qui sortaient de ces ac- couplements se trahissaient, à première vue, pour des chevaux orientaux. Certes ils n'avaient pas dégénéré lorsque je les vis en 1821 : les courses que le comte avait instituées à Keszy, et qui avaient lieu entre frères et sœurs, cousins et cousines, donnaient une vitesse égale à celle des meilleurs coureurs anglais, et cela pour des courses lon- gues et avec un poids assez fort. Les courses étaient de 1,100 et de 2,000 toises, avec poids de 80 et 105 livres. L’étalon Taillard, étant assez vigoureux pour couvrir les juments, ne devait point encore être remplacé à cette époque, et continuait à couvrir ses filles et petites-filles. Le Comte, formé à l’école de Justinus, vétérinaire et direc- teur des haras particuliers de l'Empereur d'Autriche, né craignait point la consanguinité. Je retrouve dans les notes de ce même voyage en Au- triche (1821) que, sous la direction de Justinus, le haras de l'Empereur d’Autriche à Kladrub, en Bohême, avait été rétabli par la régénération par consanguinité. Au com- mencement du siècle, des juments normandes avaient été introduites dans le haras, et plus tard des juments an- glaises. — Justinus, pour reconstituer l’ancienne race grise des kladrubers de carrosse, n’employait plus à la re- production que les étalons purs qui restaient de cette race, et les alliait avec ce qui restait de juments pures, sans s'embarrasser du degré de parenté; il éloignait du häras d’abord tous les mäles et toutes les femelles qui avaient du sang normand ou du sang anglais à mesure qu'il pouvait remplacer ces dernières par des femelles | Kladrubers pures. C'est ainsi qu’il avait reconstitué la forte | | et belle race grise de carrosse et la moins belle race baio | 45% REV. ET MAG. DE 40010618. (Avril 1857.) de trait; pages qui ne péchaient, an peut le dire, que par ua chanfrein très-busqué : mais, au moyen d'un.choix sé- vère des étalons, il n’y ayait pas plus de chevaux copneurs dans le haras de Kladrub que dans les autres haras parti: culiers de l'Empereur et que dans les haras de l'État. Au moyen des éliminations successives, on espérait bien di- minuer, et enfin faire disparaître cette conformation du chanfrein. Passons à l'espèce du porc. S'est-on apercu là dans nos campagnes, où pn agcouple les frères avec les sœurs, et même les pères ayecles filles, qu'il y eût dégénérescence, qu'il y eût abâtardissement ? C'est une question que je fais et à laquelle je réponds de la manière suiyante : partout où le régime alimentaire est bon, convenable, partout où les toits à porcs sont salu- bres, aérés, frais en été, suffisamment secs et d’une tem- pérature douce en hiyer, on ne s'aperçoit pas de dégépé: rescence; mais, d’un autre côté, on s'aperçoit d'une dégé: nérescence là où les animaux reproducteurs sont gonti- nuellement dans des loges malsaines et où leur nourriture n’est pas convenable. C’est de ces reproducteurs mal soi- gnés qu’on yoit sortir des-portées d'animaux à hydatides; c’est parmi les animaux tenus depuis leur naissance dans de mauvaises conditions qu'on yoit apparaître ces mala- dies, tant il est positif que la dégénérescence, qué l’abà- tardissement provient surtout du mauvais régime ou de l'emploi à la reproduction d'animaux souffrants, mais jamais de la consanguinité quand les animaux sont bien portants et bien soignés, J'espère que quelques-uns de mes lecteurs de la campagne trouyeront des preuves de ce que j'ayance dans ce qui se passe annuellement autour d'eux. Pour ma part, je citerai un fait auquel j'ai con- couru : Quelques années après la paix de 1815, j'ai amené d'An- gleterre la première portée de cochons chinois qu'on à vue en France à cette époque (cette portée s'est trouvée TRAVAUX INÉDITS. 455 n'avoir que des femelles, par suite de l’'empoisonnement accidentel du seul mâle qui s’y trouvait). Les femelles fu- rent croisées , à l’école d'Alfort, avec un porc anglo-chi- rois amené exprès d'Angleterre. Les produits, donnés gratuitement par le ministre d'alors, M. Decazes, et en- voyés dans toutes les parties de la France par couple d’un frère et d’une sœur, ont répandu cette race là où on a voulu la conserver, sans qu'elle ait dégénéré. Je m'em- presse cependant d'ajouter que dans quelques cas excep- tionnels, là où une nourriture trop abondante, trop sub- stantielle a été donnée, on a vu se produire un embonpoint excessif qui est devenu nuisible à la fécondité. Était-ce là ün abätardissement résultant de l’accouplement entre frère et sœur ? Après l'espèce du porc, disons aussi un mot de l'espèce du lapin. L'histoire des races de cette espèce nous four- nirait, sans aucun doute, un nombre considérable d'exem- ples de l’innocuité de la génération par consanguinité ; j'en citerai un qui montre combien on peut facilement se tromper dans ces matières, et tirer une conséquence op- posée à celle qui devrait être déduite. J'avais et j'ai encore une race de lapins qui ne se per- pétue chez moi que par père et filles et'frère et sœurs: Quelques femelles sont placées dans un réduit bas, hu- » mide et froid en hiver, toujours insuffisamment aéré ; au contraire, pendant plusieurs années, d’autres femelles, sœurs des premières, ont été placées ét laissées libres dans une écurie sèche, bien aérée où logent des Anesses. Dans Me premier cas, sous l'influence des réduits bas et humides, Ya race souffre, et il se trouve, dans les portées, des indi- Widus qui ont une maladie de la peau, une espèce d’élé- «phantiasis qui fait jeter au fumier ceux qui en sont atta- ‘qués ; dans l'écurie des ânesses, au contraire, les lapines m'ont point donné de pareils animaux. Dans ces deux cas, l'habitation seule a fait la différence, toutes les autres cir- Constances d'élevage étant les mêmes. Évidemment dans 156 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1857.) le premier cas il y a dégénérescence, mais cette dégéné- rescence n’est pas le fait de la consanguinité; sans la contre-épreuve de l'écurie cependant, on aurait pu attri- buer à la consanguinité ce qui est le fait de l'habitation. L'espèce du lapin fournit assez souvent des races albi- nos, et on regarde généralement ces races comme une dé- générescence due aux alliances entre consanguins. — Cette manière de voir ne me paraît pas juste. Certainement, chez les individus albinos qui surgissent inopinément d’une race vigoureuse qui n’a aucun caractère d'albinisme, il. y a presque toujours un état qui, s’il n’est pas décidément maladif, n’est cependant pas tout à fait la santé; la plupart sont même à l’état maladif, et, dans ce cas, il y a évidemment une dégénérescence de l'individu. Mais ce n’est pas le cas où se trouve une race de lapins albinos qui produit des animaux très-bien portants, à chair tout aussi solide, tout aussi bonne que toutes les autres races domestiques, et qui se perpétue avec ses qua- lités tant que l’homme le veut, sous le fait même de la con- sanguinité la plus directe, pourvu que les habitations et les aliments, je le répète, soient convenables. C’est une race domestique, et voilà tout ; tout au plus si, pour une comparaison avec l'espèce sauvage, on peut se servir de cette expression, race dégénérée; mais alors toutes les au- tres races domestiques sont également races dégénérées, ou bien l'expression est impropre. Voilà, selon moi, ce qui est réel. Dans des circonstances locales particulières d'habitation et d'hygiène, à l’état de domesticité, des races de lapins ont produit des individus dont le pelage a eu une tendance à devenir blanc, et cette tendance, par le fait de l'homme, s’est changée en fait accompli par les alliances entre consanguins; le fait est alors évidemment et uniquement le résultat de cette loi naturelle observée qui veut que les qualités ou les défauts se reproduisent plus promptement et s’enracinent d’une manière plus constante dans les fruits des accouplements TRAVAUX INÉDITS. 157 entre très-proches parents. Pour moi donc, tout individu albinos qui naît dans une famille non albinos est une ex- ception et souvent une dégénération maladive, tandis qu'une race albinos formée par l’homme par consangui- nité, qui se reproduit et qui reste bien portante, n’est point dégénérée, et se trouve dans les mêmes conditions, soit de stabilité, soit de changement, dans lesquelles se trouvent, en général, toutes les races de nos espèces d’a- nimaux domestiques. En récapitulant ce que je viens de dire par rapport à plusieurs espèces, on peut ne pas trouver de preuves suf- fisantes à l’opinion que j'émets; les faits peuvent ne pa- raître ni assez concluants ni assez nombreux, mais il n'en est pas ainsi pour l'espèce ovine. Je ne doute pas, du resle, que quiconque voudra rechercher des faits sem- blables dans les autres espèces n’en trouve un certain nombre. Mais voyons donc si ces accouplements entre consan- guins, qu'on regarde comme funestes à la conservation des familles, ne seraient pas, au contraire, pour quelques espèces, une loi de la nature! une loi applicable même à quelques-unes de nos principales espèces domestiques, et, par conséquent, tout à fait contraire à la croyance que je regarde comme fausse ! Quand on étudie les espèces qui vivent en troupe à l'état sauvage, on voit que ces espèces se divisent par lots dirigés, commandés, guidés, comme l'on voudra, par un mâle, par un seul mâle, qui ne souffre dans son lot que les jeunes encore impropres à la reproduction, qui force les autres à s'éloigner ou qui les tue. Seul alors îl couvre filles, petites-filles, toutes ses parentes, et cela tant que son règne dure et pour plusieurs générations. Que lui succède-t:il alors ? très-souvent son fils, qui l’é- loigne, qui le tue et qui, à son tour, couvre sœurs, tantes, filles et petites-filles. Singulière serait cette loi, qui voudrait qu’une famille 458 REV. ET MAG. DE Z00LOGIE. {Avril 1857.) pût être reproduite par la eonsanguinité la plus immé- diate, et qui aurait pour résultat l'abâtardissement de la famille. Le créateur n’a pas produit de ces inconsé- quences, Eh bien, le cheval et l'âne sont dans ce cas; l’espèce bovine y est également. Aussitôt qu'ils sont en troupe à l'état demi-sauvage, cette loi se reproduit. Aussi l'homme, dans ces familles à demi sauvages qu'il tient sous sa, dé- pendance, a-t-il forcément le soin de ne laisser qu'un seul mâle dans chaque troupeau. Je sais fort bien que, pour certaines espèces qui vivent en grande troupe, ce n'est qu’au temps des amours que les masses se divisent en petites troupes de femelles appartenant à un seul mâle, et que, le reste du temps, tous les animaux se confon- dant, il y à ainsi mélange entre les troupes de l'année précédente. Mais parce que la loi se modifie dans cer- taines circonstances, cesse-t-elle d’être une loi ? Si de ces espèges qui vivent en troupe nous, passons à des espèces qui font constamment deux petits par por- tée, dont presque toujours un mäle et une femelle , nous voyons que le frère et la sœur passent leur vie et repro- duisent ensemble, si la mort de l’un ne vient pas les dés- unir. Le lion est dans ce cas, dit-on. Mais je m'éloigne ici de nos animaux domestiques, et.je m’égarerais à coup sûr; il faut que je m'en tienne à ces derniers, et je finis par nos oiseaux de basse-cour. Koutes nos filles de basse-cour savent que, si on laisse vivre un coq, avec un petit nombre de poules , dans un lieu restreint, il ne souffre auçun autre coq,.etqu'il pour- suit jusqu'à Ja mort celui qu’on lui donne comme compa- gnon. Après cinq ou six générations de ce même.coq ayec ses filles et petites-filles, la basse-cour a-t-elle dépéri? Pas une fille de basse-cour n’a vu, dans ce cas, de dégé- nérescence ou d'abâtardissement, si le poulailler a été bon et si la nourriture a été convenable. Enfin, dans l’ordre naturel des pigeons, si nombreux en TRAYAUX INÉDITS. 159 “espèces et én râces, n'est-ce pas une loi, dans plusieurs Fâces, que la reproduction constante, éternelle pour ainsi dire, par frère et Sœur? et ces races dégénèrent-elles ? © Mais Voilà beaucoup de faits pour les personnes qui Partagent mon Gpiniôn; quant à celles qui ne la parta- -pént pas, je suis loin dé prétendre que mes raisons soient Sans FépHques. Mais Si j'ai engagé quelques cultivateurs à ne pas s'arrêter à ce que je regarde comme un prtjugéret à passer outre dans l'élevage dés animaux domestiques, j'aurai rempli mon but. T1 Sérait bien fâcheux que cette fausse idée dés alliances éntre consanguins vint arrêter lé revirement heureux qui ée fait dans l'esprit des agronomes, et qui Se prononce en faveur de l'amélioration des races par ellés-mêmés d’urre Part, ét, d'autre part, au moyen d'un régime approprié. Je viens d'employer le mot préjugé; il faut que j'ex- pliqué däns quel sens. D'un côté, l'observation ayant fait voir que, dans la indé espèce humaine , dés fimilles qui avaïent eu l’ha- itude de ne contracter dés alliances qu'entre leurs mem- Dres étaient restées, jusqu’à un cértain point, sous le rap- port intellectuel , en arrière des autres familles qui con- ctaïent des alliances en dehors d’elles-mêmes: et d’un autre côté, la religion et le législateur, tout à fait d’ac- Cord par les plus hautes raisons de perfectionnement de l'humanité, ayant déféndu les alliances à un éértain dégré dé parenté, n'est-il pas résulté de la réunion de ces deûx Énébnstances une idée générale qu'on à appliquée instinc- tivement et fort mal à propos à tous Tésicas, ét qui, pour moi, n'est alors qu'un préjugé par rapport aux races d'a- nimaux domestiques ? . Je finis par une remarque, c'est que la dégénérescence dans les familles humaines, quand on l’a observée et quand on a pu l'attribuer à des alliances entre consanguins, n'a été qu'intellectuelle et non pas physique; c’est que cette "éfénérescence ne s’est produite ‘que yiarce que les fa- k) 160 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1857.) milles ont négligé de développer suffisamment leur, intel- ligence, et qu’ainsi tenues en dehors des progrès de l'es- prit humain elles se sont trouvées inférieures aux autres familles de la société. Si elles avaient suivi ces progrès de l'esprit humain, elles n'auraient certes pas été infé- rieures. Je m’arrête ; ces questions, bien autrement diffi- ciles que nos questions agricoles, ne sont plus de mon ressort. Conclusions. Pour moi, dans les animaux domestiques, les alliances entre consanguins, entre frères et sœurs, pères et filles et petites-filles, neveux et tantes, sont le meilleur moyen de conserver les races avec leurs qualités et leurs formes, et d’en faire de nouvelles quand, dans une génération, on trouve accidentellement des qualités et formes nouvelles qu'on préfère aux anciennes, pourvu, j'ajoute néanmoins ces deux conditions, 1° Qu'un choix sévère vienne, à chaque génération nouvelle, éloigner de la reproduction les produits qui n'ont pas les qualités et les formes recherchées , et, de plus et avant tout, ceux qui sont d’une faible constitution ; 2% Qu'une hygiène convenable préside à la conservation de la famille ou race. Dans toute famille, au contraire, où le défaut de soins, où une nourriture malsaine et insuffisante, où une mau- yaise habitation et où des travaux excessifs sont le lot des animaux, il y a dégénération à craindre, ou au moins amélioration impossible. OpservaTioNs sur diverses espèces d'EMBÉRIZIENS, et ré- partition en genres de cette sous-famille de PASSEREAUX CHANTEURS CONIROSTRES ; par S. A. Mr' Charles-Lucien, prince BONAPARTE. Peu de groupes, en ornithologie, nous offrent, autant 2. TRAVAUX INÉDITS. 161 d'incertitude que celui des FrixGircipes distingués sous le nom d'Embériziens ; surtout en ce qui concerne ses es- pèces européennes, dont les différents âges sont si mal compris et la bibliographie si malheureusement expliquée: Après une scrupuleuse étude des divers exemplaires dé- posés dans les musées; après une revue sévère des pré- tendues espèces de différents auteurs qui ont plus ou moins embrouillé le sujet; après avoir pesé et comparé les opinions de ceux qui ont été assez heureux pour jeter quelque lumière dans leur synonymie, nous croyons être parvenu à éclaircir la plupart des points en litige; et nous voici enfin fixé, du moins, sur les fameuses espèces controversées du midi de l'Europe et de la Sibérie. Disons d'abord que nous limitons la Sous-famille des EmeériziENs aux genres : 1. Cynchramus, Bp. — 2. Plec- trophanes, Meyer ; — 3. Centrophanes, Kaup.; — 4: Ony- chospina, Bp.; — 5. Hypocentor, Cab.; — 6. Fringillaria, Sw:; — 7. Hortulanus, Bp.; — 8. Schænicola, Bp.; — 9. Emberiza, L.; — 10. Buscarla, Bp.; et que ces genres, à leur tour, doivent être purgés des espèces qui n’en font partie que par abus, On sait, par exemple, que le genre Leptoplectron de Rei- chenbach n’est qu'un Centrophunes pictus, et son Plec- tronyæ , qui pis est, qu'une Fringillaria striolata affublée des robustes pattes d’un tout autre oiseau. Mais ce que nous n'avons pas dit encore, et que nous proclamons ici, c'est que le prétendu Plectrophanes maccowni, Lawrence, Ann. Lyc. N.-York, V, p. 122, du Texas occidental, n’est pas de cette Sous-famille, mais un Loxien du groupe des Montifringillés, très-voisin de Æhodopechys phanicoptera. Nous n'avons jamais vu les autres prétendues espèces du Mexique et de la Californie. C'est ainsi qu'Emberiza chrysops, Vall., bien différent de son Æmb. chysophrys, est un Srrziex du genre Passerculus..…...; qu'Emb. albida , Blyth, est un jeune pityornis.…..; qu'Emb. cinerea, Strick- land, pourrait bien être un jeune Hypocentor, etc., etc. 2° sénie. Tr. 1x, Aunée 1857. 11 162 REY. ET MAG. DE ZOOLOG1E. (Avril 1857.) A l’exception des genres septentrionaux Plectrophanes ét Centrophanes, aucun Emberizien ne vit en Amérique; ce qui n’empêche pas que, par eæception aussi, quelqué Srr- zen (Sous-famille si nombreuse dans le nouveau monde) ne se trouve en Asie, voire même dans quelque partie de l'Europe. L'unique espèce de Cyvcmramus (le Proyer) est propre à l'ancien continent, où il occupe plusieurs districts ‘de ses trois grandes divisions, l'Europe , l'Asie et l'Afrique. Oxxcmosriva, aux ailes et aux pieds d’Alouette, n'a qu'une «espèce, orientale, cette fameuse Æ. fucata, que l'on s’obstine à confondre avec des Schænicola et des Bus- carla d'Europe, où elle ne se montre jamais, comme, n'en déplaise à M. le docteur-Jaubert, je ne fais que le répéter depuis longtemps. Suivent les Hyrocewror, Caban, à bec longicône, dont l'aureola, toutefois, ne nous semble:pas bien choisi pour type : Æ. chrysophrys, E. coronata, et surtout Æ. rustica, Pall., étant bien mieux caractérisées. Le genre n'est \pas tout à fait aussi exclusivement d'Asie. FriNGiLaria, SW. (Polymitris, Cab.), essentiellement africain, est.presque #ringillien par les formes etipar les mœurs : c'est lui, en tout cas, qui-relie aux Pinsons sa propre série, absolument comme les Hypocentorila relient aux SriziENs par le moyen de leur genrerasiatique Grana- tivora, Bp., et des américains Euspiza, Bp., etZonotrichin, Sw:, qui en sont si proches. HorruLaNus, Bp. ex Vieill. (Glycispina, Cab.), quoique confiné à l’ancien monde, est beaucoup plus nombreux qu'on ne pense : 4. Emb. sulphurata, — 2. Emb. perso- nata, — 3..ÆE. spodocephala, — 4. Æ. melanops, — 5.Æ. shah, Bp., ma nouvelle espèce de Perse, peuvent en servir de preuve. Sc#æxicopa, Bp. nec Kaup. (Hortulanus ! part. Vieill.) Ces Bruants des roseaux, dont le bec varie d'une ma- nière ‘si extraordinaireitandis que les couleurs et leurs TRAVAUX INÉDIES. 165 sivsuliers changements restent les mêmes, constituent, sur- tout à cause de leurs mœurs, trois espèces beaucoup plus tranchées qu’on ne pense, quand on en connaît les carac- tères véritables et les changements périodiques. EvserizA , L., se trouve ainsi restreint aux vrais Bruants Æ. citrinella et Æ. cirlus, que, malgré leur ressemblance avec d’autres espèces, qui ressort surtout en comparant les femelles, il vaut mieux cependant conserver isolés. BuscarLa, Bp., à pour type l'Emb. pusilla, Pall., que nous plaçons pourtant la dernière, voulant clore avec elle, à cause de sa petite taille et de son bec exigu, la série entière des EmBériziens. C'est pourquoi nous la faisons précéder par des espèces un peu plus robustes, et à plumage moins uniforme et moins modeste, qui ne peu- veut être séparées les unes des autres, et que je préfère réunir à Zusearla plutôt que d'en former encore un genre (Pityornis). Ces espèces sont : 4. Æ. cia, L.: — 2. Æ. cioi- des, Brandt; — 3. £. castaneiceps, Gould; — 4. E. ciopsis, Bp:;: —5. Æ. piütyornus, Pall.; — 6. E. shracheyi, Moore , et jusqu'à l'élégante 7. E. buchanani, Blyth, ainsi appelée, du moins danse musée deBerlin, où j'en ai pris la phrase suivante : EupenizA BUCHANANI, Blyth, Mus. Berol. ex montibus Himalayens. Derso brunneo; pileo, regione sub- oculari, superciliis, pectore et ventre canis; qula et capitis lateribus nigris; villa peetorali castanea. Faut-illui laisser ce nom, quoique Blyth ait lui-même cité depuis son Æ. buchanani parmi les synonymes de l'Ortolan et quoique Gould, qui la considère comme nouvelle et la fisure dans la Viélivr. de ses « Birds of Asia, » la nomme, en définitif, Æ. caniceps? Sa femelle, en effet, la rattache aux/Ortolans et aux véritables Bruants; mais le plumage dumäle, tout à fait extraordinaire, ressemble à celui d'une Mésange, et notamment du Parus varius du Japon. Quant à l'espèce type et dernière du genre Buscurla, c'est bien aussi la leshia de quelques auteurs, comme c'est Mn fueata d'autres, et en partie même mon £. urazzi. Mais 164 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1857.) un si grand abus a été fait de ce nom de Lesbia, appliqué par les uns à la vraie fucata (Oxxcmospina), par d’autres à la fausse, pusilla (BuscarLa); par Calvi et Temminck! à la rustica (Hxpocenror); par des Grecs et quelques Pro- vençaux, à l’aureola !.… etc., que l’on est heureux d’avoir acquis la preuve que la première espèce qui l’a reçu (la pusilla) était déjà pourvue d’un nom! Nous ne saurions, dès lors, assez le répéter, ni mes Emb. durazzi (dont l’une est Buscarla pusilla, Y'autre Schænicola arundinaceus), ni les célèbres Gavouë et Mytilène ne sont des espèces. Le premier de ces Oiseaux de Provence (Emb. provincialis, Gm.) est, à mon avis, tout comme mon E. durazzi, fig. 2, un jeune Schænicola arundinaceus, quoi- qu'on veuille en faire un jeune Emb. aureola; tandis qu’au contraire c’est plutôt le dernier {le Mytilène) que je rapporterais, comme jeune, à cet Æypocentor; et cela quoique les auteurs modernes veuillent y voir encore, et malgré sa grosseur, une Buscarla pusilla. L'objet principal de ce Mémoire est d'illustrer la figure d'un jeune mâle de Buscarla pityornis pris dans les envi- rons de l’héroïque ville de Brescia, en Lombardie, com- muniqué par M. Parzudaki sous le nom d’Emberiza sco- tata, Bonomi, et tout à fait inconnu sous ce plumage. Le sommet de la tête, la région auriculaire et les épaules sont d’un bai vif; les plumes de la calotte étant noirâtres dans le milieu, et les oreilles bordées d'une manière in- décise de la même couleur : de larges sourcils et de lon- gues moustaches dilatées au bout, qui tendent à se rap- procher pour entourer comme dans un cercle la joue entière, sont d'une teinte blanchâtre légèrement lavée de rose isabelle; immédiatement au-dessous du bec part, pour s'étendre jusqu'au commencement de la poitrine, une longue plaque piriforme d'un élégant orange rosé, teinte qui se voit rarement dans la nature, et presque de la même nuance aurore que chez l’Anthus rufigularis : cette plaque est complétement encadrée par une bordure noire TRAVAUX INÉDITS. 165 qui se dilate sur les côtés du cou; la partie supérieure de ce dernier et le croupion sont d’un cendré presque pur; le dos est varié de mèches noires, baies et blanchâtres ; les parties inférieures sont blanchâtres, avec de larges grivelu- res branâtres sur la poitrine et sur les flancs ; les moyennes et grandes couvertures de l'aile sont, ainsi que les pennes tértiaires, noires, à bords externes roux et blancs. Les ré- miges, dont la première est à peine plus courte que la cin- quième, sont brunes, unicolores, à peine lisérées de blanc à la pointe : la queue est légèrement échancrée; les deux pennes du milieu, courtes et très-pointues, sont noires le long de la baguette, et la première est bordée de gris roussâtre ; les deux suivantes de chaque côté sont entiè- rement noires, puis les deux externes portent une grande tache cunéiforme blanche beaucoup plus étendue sur la dernière, dont les très-étroites barbes extérieures elles- mêmes sont blanches, et qui n’a de gris brun que la ba- guette et une large tache à la pointe. On sait que cet Emberizien est aussi £. passerina, Mes- serschmidt; Æ. albida, Blyth; E. leucocephala et dalma- tica, Gm.; et sclavonica, Degland. Ce sont probablement des mâles plus avancés qui ont donné lieu à l'espèce nomi- nale qui m'a été dédiée sous le nom d’E. bonapartii par M. Barthélemy de la Pommeraie, d’après un exemplaire pris à Marseille, où il vivait en cage en 1842. Sa taille est celle d'Emberiza citrinella : front et sommet de la tête mélangés de brun et de blanc ; partie occipitale garnie de plumes d'un blanc beaucoup plus pur ; un trait de cette couleur, partant de la commissure du bec, passe au-dessus de l'œil, s'étend et s'arrondit de manière à re- couvrir la région auriculaire, et se trouve encadré par une teinte de brun noirâtre ; la région ophthalmique est jaunâ- tre, entourée d'un disque ferrugineux ; le dessous du menton est d'un ferrugineux très-prononcé; un large croissant blanc occupe la poitrine à l'endroit où se bifurque le ster- num ; tout l'espace qui, de ce point, s'étend vers la partie 166 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1857.) saillante de la carène est recouvert de plumes blanchâtres bordées de ferrugineux ; la région abdominale et les cou- vertures inférieures de la queue sont d'un blanc pur; les flancs sont de la mème teinte, mais flammulés de taches ferrugineuses; le dessus du corps, les grandes et moyennes couvertures des ailes, les scapulaires et les rémiges sont variés de noirâtre et de ferrugineux, comme dans la plupart des Bruants ; les deux rectrices extérieures sont bordées de blanc en dehors, et de brun noirâtre à la partie interne ; le bec et les pattes sont roussâtres. Le chant d'appel ne différait pas de celni du Bruant jaune. Cet oiseau est représenté pl, 7. DESCRIPTION de LONGICORNES NOUVEAUX du vieux Calabar, côte occidentale d'Afrique; par M: A. CHevrôLar: (Suite. — Voir 1855, p. 183, 282, 513; 1856, p. 340, 436, 485, 566; 1857, p. 107.) T4. Sphenura lineigera, straminea punctata, fulvo-pubescens ; mandibulis basi excepta, oculis, antennis, iu capite linea occipitali, in thorace lineis tribus, scutello, elytris ad apicem, torpore ihfra pedibusque , nigris (tibiis anticis, et aliquoties ilitérmédiis ih di- midia parte inferiori longitudiuis rufis); elytris singulatiin quadri- costatis, punctato-striatis, apice emarginato-bidentatis. Femina. Mas differt statura minore, antennis longioribus, gracilioribus, articulis 4-5 omuino flavis, femoribus rufs sed nigro-limbatis. — Long., 8 1/2 mill.; lat., Ÿ, 3 mill. Tête et corselet d’un jaune orangé; la première est ar- rondie, couverte de larges points peu distincts et d’une pubescence noire, étroitement sillonnée et marquée, à l’occiput, d'une petite ligne longitudinale noire. Palpes d'un jaune pâle. Mandibules noires, jaunes à la base. Yeux noirs. Antennes noires, à villosité noire en dessous. Corselet plus long que large, droit aux extrémités, faible- ment sillonné en travers prés des bords antérieur et pos- TRAVAUX INÉDITS. +67 térieur, offrant en arrière, sur le côté, un petit trait élevé, arqué, précédé d'une dépression soyeuse; trois lignes longitudinales noires, celle du milieu étroite, granuleuse- ment ponctuée, et chacune des latérales est plus large, située en dessous du bord, avec les points aplatis. Écusson grand, arrondi, noir. £bytres à pubeseeuce blonde, d’un jaune paille, avec le tiers apical noir, obliquement échan- crées et bidentées ; elles offrent chacune quatre côtes et six stries formées de gros points arrondis. Poitrine, abdo- men et patles noirs; trochanters et moilié longitudinale des cuisses antérieures, en dessous, rougeâtres. Ce même caractère se retrouve sur les cuisses intermédiaires d’un autre exemplaire femelle. Le mâle diffère de la femelle par une taille plus petite, un corps plus étroit, des antennes plus longues et grêles, et les troisième et quatrième articles entièrement jaunà- tres, la ligne dorsale du corselet obsolète, enfin par des cuisses ferrugineuses bordées de noir en dessus. Cette espèce a été trouvée un peu moins abondamment que les suivantes, 75. Sphenura ser punclala, straminea, punctata fulvo-pubes- céns; maudibulis basi excepta, oculis, anteunis (articulo quarto, quintoque rufo, apice nigro); elycris hbüisque versus apicem, tarsis, lateribus pectoris, anoque, nigris; punctis sex uigris; duobus in Yertice capitis qualuorque iu thorace semi-circuiter dispositis; elÿ- iris Singulatim quadricostalis, fortiler punctato-striatis (striis quin- que) ad apicem oblique emargivato-bideutatis, — Long,, 7, 9 mill.; lat, 2 mill. 1/2, 3 mill. Très-voisine des Sp. bidentata et occipitalis. D'un jaune paille, ponctuée, à pubescence blonde. féte arrondie, assez serrément ponctuée, longitudinalement sillonnée, marquée de deux points noirs placés transversalement sur l'occiput, et, le plussouvent, d’une autre tache noire sur le bord postérieur en regard de chaque œil. Palpes allon- gés, d'un jaune miel. Mandibules en partie, yeux et an- Ann s noirs; celles-ci ont les quatrième et cinquième ar: 168 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1857.) ticles rougeâtres, avec leur sommet noirâtre. Corselet transverse , droit en avant et en arrière , assez fortement resserré sur la base, offrant quatre points noirs luisants, disposés en demi-cercle : deux sont sur le milieu du dis- que, et un de chaque côté, au-dessus de l'angle postérieur ; il existe en outre, en dessous, un point de chaque côté en dehors de l'insertion des paites antérieures. Chez quel- ques individus, ces points sont quelquefois très-petits et celui du dessous disparaît. Écusson grand, conique. Ély- tres à villosité blonde, munies, chacune, de quatre côtes (la latérale est comme carénée) et de six séries de gros points (quatre sont géminées), côte suturale sillonnée extérieu- rement; échanerées obliquement et bidentées à l’extré- milé, tiers apical noir. Jambes antérieures et intermé- diaires noires au sommet, ou seulement sur le côté exté- rieur, et jambes postérieures noires jusqu'aux deux tiers. Tarses noirs, à demi-article rougeâtre. Côtés de la poitrine et anus noirs. Cette espèce parait être assez commune. 76. Sphenura impuncla, Staminea, punciata parce et longe fulvo-pubescens; mandibulis basi excepta, oculis, antennis (articulo tertio, quarto et quinto flavis et nigris); thorace infra lateribus ma- cula magna nigra signato; elytris ad apicem, tibiis posticis extus, tarsis, pectore lateribus anoque nigris; elytris singulatim quadri- costatis fortiter punctato-striatis (striis septem) ad apicem oblique emarginato-bidentatis. — Long., 8, 9 mill.; lat, 2 1/3, 2 1/2 mill. Il se peut que cet insecte ne soit qu'une variété de la Sp. sexpunctata. D'un jaune paille, ponctuée, à longue pubescence blonde et espacée sur les élytres, et noirâtre sur les antennes. Tête arrondie, longitudinalement sillon- née, jaune, avec une tache obsolète obscure sur le bord postérieur, en regard de chaque œil. Palpes d'un jaune pâle. Mandibules abaissées, planes, arquées, assez larges, d’un noir brillant, jaunes sur les côtés et à la base. Yeux noirs. Antennes noires, à troisième article avant le som- met, à quatrième presque en totalité et à cinquième à la TRAVAUX INÉDITS. 169 base mélangés de jaunâtre. Corselet transverse, coupé droit en avant et en arrière, assez fortement resserré sur la base, sans aucun signe en dessus, mais marqué, en des- sous, sur chaque côté, d'une grande tache noire ronde, luisante et ponctuée. Ecusson semi-arrondi, large, jaune. Elytres offrant, chacune, quatre côtes et huit stries formées de gros points; six sont géminées, les deux suturales sont espacées, et celle inerme est couverte de points plus petits et contigus ; leur quart apical est noir, et elles sont obli- quement échancrées et bidentées. Poitrine noire et lui- sante, sur le côté, dans toute sa largeur. Anus noir. Pattes ferrugineuses. Jambes postérieures, sur le bord externe, et farses, noirs. Un peu plus rare que la précédente. 77. Sphenura occipilalis, straminea; mandibulis basi excepta, oculis, anteuuis (articulo quarto et quinto medio, rubidis) ; elytris ad apicem, et in dimidia parte marginali, tibiis in extremitatibus, tarsisque nigris, præterea punctis sex nigris : duobus in capite lou- gitudinaliter dispositis et aliquoties inter se junctis; quatuorque in thorace, duobus dorsalibus, duobusque infra; elytris fulyo-pubes- centibus, quadricostatis, fortiter punctato-striatis (6 striis) in sutura et in margine sulcatis. — Long., 9-10 mill.; lat., 3 mill. D'un jaune paille. Téte arrondie , ponctuée , à villosité noire, longitudinalement sillonnée, marquée, à son som- met, de deux gros points noirs qui, quelquefois, se réu- nissent et forment une ligne noire. Palpes allongés, pâles. Veux noirs. Antennes noires, quatrième et cinquième ar- ticles rougeâtres au centre. Corselet transverse, droit en avant et en arrière, assez sensiblement resserré près des bords, peu distinctement ponctué, arrondi et relevé sur le bord postérieur, offrant quatre points noirs ronds et luisants, disposés transversalement : deux sont sur le milieu du disque, un peu en avant, et un de chaque côté, en dessous. Écusson semi-arrondi, jaune. Élytres à longue pubescence blonde, un peu plus larges que le corselet, élargies et rectangulaires sur l'épaule, un peu amincies 170 REV. ET MAG. LE ZOOLOGIE, (Avril 1857.) vers l'extrémité, échancrées obliquement et bidentées aw sommet, avec l'angle externe allongé, aigu. Chaque étui offre quatre côtes (celle externe est comme carénée) et six séries de gros points disposés en stries (les quatre in- ternes sont géminées); la marge et la suture sont sillon- nées; plus du tiers apical et des deux tiers de la marge, vers le bas, sont noirs. Pattes jaunes; extrémité des jam- bes (près de la moitié des postérieures), farses et anus noirs. Cette description correspond parfaitement au signale- ment de la Saperdu bidentata de F., dont peut-être mon insecte n’est qu'une simple variété locale. Ici sa couleur, au lieu d’être d'un jaune orangé rougeàtre, est d’un jaune paille ; le corselet est moins distinctement ponctué , et la saillie latérale postérieure est plus aiguë; les élytres sem- blent être un peu plus longues, offrir plus de points, et ces points sont généralement plus réguliers et arrondis. 78. Oberea ? dimidiaticornis, elongata, sericea, flava aut rubido- aurantiaca; mandibulis apice, oculis, autennis in dimidia parte ba- sali, tibiisque tantum posticis, nigris; capite postice leyigäto ru- bido; thorace elongato, rubido, antice basique recto et reflexo, transverse bi-constricto, tubereulis dorsalibus quinque nitidis ; elytris basi latiusculis, planis, versus mediurn atteuuatis, dein modiec am- pliatis, ad summuu emarginate-bideutalis, punctato-striatis (punctis pupillatis) in tertia parte anteriore flayis, dein iofuscatis, duabus maculis dorsalibus : prima albida, infra scutellum; secunda au- rantiaca, ante apicem, ano producto. Femina. — Long., 16 mill.; lat., 3 mill. 1/2. Tomenteuse, d'un jaune pâle clair, avec le sommet de la tête, le corselet et l'abdomen rougedtres. Téte arrondie, ponctuée, un peu lisse, quoique couverte d’une villosité jaunâtre, dénudée et d'un jaune orangé, poli et brillant en arrière, évasée entre les antennes : sillon entier, étroit. Palpes d'un jaune pâle. Mandibules au sommet, yeux (ar- rondis, saillants, échancrés, vers le sommet supérieur, en devant) et Astennes avec les cinq premiers articles noirs; TRAVAUX INÉDITS. {71 le sixième est brunâtre, et les suivants d'un brun jau- nâtre ; elles offrent quelques poils légers, noirs en des- sous. Corselet d'un jaune rougeûtre orangé. allongé, pres- que deux fois aussi long que large, droit et rebordé en avant et en arrière, fortement resserré près de là et très- comprimé en dessous, sur le côté, muni , sur le disque , de cinq tubercules luisants; les latéraux sont réunis en demi-cintre, et celui du milieu est allongé. Ecusson carré, d’un jaune pâle. Élytres plus larges que le corselet, près de trois fois aussi longues, droites sur la base, obtisément rectangulaires sur l'épaule, faiblement atténuées vers le milieu, élargies au delà, évasées et bidentées chacune à l'extrémité ; le tiers antérieur est d’un jaune pâle, marqué d'une tache blanchâtre qui s'étend depuis l’écusson jusqu’à la couleur noir marron qui occupe les deux tiers posté- rieurs ; le milieu de chaque étui est brunâtre dans la lon- gueur, et une tache suturale orangée est placée à la hau- teur des genoux des pattes postérieures. Cuisses posté- rieures plus longues que les précédentes. Jambes posté- rieures, seules, noires et orangées sur le bout extrême ; toutes sont munies de deux petits éperons inégaux. Farses courts, bordés de soies noires roides et pectinées. Crochets recourbés, simples, robustes, munis, à l'intérieur, d'une membrane cornée transverse qui se termine rectangulai- rement. Abdomen de cinq segments, grands et égaux. Anus étroit, prolongé, évasé à l'extrémité. Femelle. Cette espèce , d’une forme toute particulière, se rap- proche assez de la Necydalis nigricornis, Oliv. (Oberea sene- galensis, Dej.), et elle formera, sans doute, un genre avec d'autres espèces inédites qui toutes sont originaires d’A- frique. Nore sur les éducations pour graine qu'il conviendrait de faire aujourd'hui pour atténuer les désastreux effets de 172 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. { Avril 1857.) l'épizootie des Vers à soie; par M. F. E. Guérin-MÉNE- VILLE. (Présentée à l'Académie des sciences le 27 avril, et lue à la Société imp. et centr. d'agriculture le 6 mai 1857.) A la fin de la note que j'ai eu l'honneur de lire dans cette enceinte le 29 décembre 1856, j'ai insisté sur la distinction que l’on doit faire entre les éducations de pro- duit et celles dites de graine. J'ai comparé celles-ci aux cultures de végétaux faites par les agriculteurs qui plan- tent leurs porte-graines isolément et dans des conditions particulières , et j'ai annoncé que j'exposerais succincte- ment, dans une prochaine communication, ce que j'entends par des éducations de yraine faites au point de vue de la grande pratique, et non comme expériences de cabinet. Aujourd’hui plus que jamais, et surtout en présence des prétendus secrets, procédés, méthodes infaillibles, etc., pu- ‘bliés et recommandés dans de nombreux écrits, il est nécessaire que des hommes pratiques viennent apporter le tribut de leur expérience ; car la situation est grave, et, comme je l'ai dit dans ma Revue et Magasin de zoologie (janvier 1857 , page 24) (1), une grande industrie est en souffrance, même en danger. Les circonstances sont telles, qu'il ne s’agit plus de chercher à «méliorer, comme je m'occupe de le faire depuis dix ans, avec le concours de M. Eug. Robert (2), mais qu'il faut, avant tout, conserver. En présence de l’épidémie qui fait manquer, plus ou moins complétement, nos éducations de Vers à soie depuis trois ans, il faut qu'on apisse (3), que les praticiens et les sa- (1) Brochure tirée à part sous ce titre : Production de la soie. — Silualion. — Maladies et amélioration des races du Ver à soie. In-8° de 32 pages, Paris, 1857, librairies agricoles et de nouveautés. (Prix, 1 fr.) (2) Voir notre Guide de l’éleveur de Vers à soie; résumé du cours de sériciculture pratique fait à la magnanerie expérimentale de Sainte-Tulle. In-1?, Paris, 1857. — Chez Goin, quai des Grands- Augustins, 41. (Prix, 75 cent.) (3) Il ne suffit pas, aujourd'hui, que les sociétés savantes propo- TRAVAUX INÉDITS. 173 ants s'associent pour ne pas laisser perdre ou diminuer cette riche production qui, en donnant le bien-être à des populations nombreuses, est l'une des gloires industrielles de la France. Quelles que soient, au point de vue de la théorie, les causes de l'épidémie qui désole l’industrie de la soie en France et dans presque toute l’Europe, la grande pratique a reconnu que certaines localités jouissaient du privilége d'obtenir encore des éducations de Vers à soie exemptes de la maladie régnante , et que, généralement , ainsi que je l'ai fait connaître dans ma note du 29 décembre 1856, les graines produites par des papillons provenant de ces éducations donnaient de bons résultats la première fois, même dansles contrées où l'épidémie sévitle plus fortement. Il a été également reconnu que, si l’on fait de la graine avec les cocons provenant de ces éducations réussies la première fois dans les localités où règne l'épidémie , cette graine est atteinte l’année suivante et ne donne, en géné- ral, qu'un produit misérable ou nul. Il à encore été observé, aussi bien dans les temps où il n'y a pas de maladies que dans ceux d’épidémies, que les Vers à soie donnés par des graines provenant de localités chaudes ont beaucoup de peine à s’acclimater dans des sent des prix, des concours scientifiques, des primes, etc., comme vient de le faire le gouvernement autrichien, pour provoquer la recherche d'ux nemèpe contre le fléau, car on sait que ce procédé a té employé de tout temps pour avoir l'air de faire quelque chose quand on ne veut réellement rien faire. En fondant ainsi un prix de 12,000 livres pour provoquer une chose qu'il est impossible de réaliser, le gouvernement autrichien est certain de ne pas se ruiner, et il aurait tout aussi bien pu offrir un million sans craindre de le voir gagoer par la découverte aëecce d'un vrai remède. Quant aux enquêtes qu'il doit aussi ouvrir, elles ont la même va- leur, car on sait aujourd'hui que, lorsqu'une Société veut gagner beaucoup de temps, elle procède ainsi, ce qui permet d'attendre pai- siblement que les choses soient revenues d'elles-mêmes dans l'état normal. 474 REV. Ki MAG. DE Z00LOGE, (Avril 1857.) localités moins ehaudes, el que, au contraire, celles qui proviennent des pays tempérés ou froids donnetit généra- lement d'excellents résultats dans des contrées où la -tem- pérature moyenne est plus élevée. Ces grandes vérités ont été reconnues àla suite d'études scientifiques et pratiques combinées, et que je poursuis depuis plus de dix ans, sur ice qui s’est passé dans ila grande culture, tant en France qu'en Italie, et surtout par «une série non interrompue (d'essais très-variés faits, sur une large ‘échelle, à la magnanerie expérimentale de Sainte-Tulle et dans les docalités qui l’avoisinent. Elles concordent avec ce qui a lieu aujourd’hui, puisqu'il est généralement reconnu, sauf quelques exceptions dont (la raison n’a pas été étudiée , que les éducations faites dans des localités où lamaladie de la vigne et des müûriers (1) n’a pas encore paru ,:en France, dans-certaines parties de la Suisse, en Allemagne, en Pologne et même en Suède, n'ont montré, jusqu'à présent, aucune trace de l'épidémie qui sévit dans les autres contrées de l'Europe (2). (1) C'est en 1854 que. j'ai émis çettc opinion. En 1855 on,a pu voir, à L'exposition universelle, dans la collection des matériaux du cours théorique et pralique de séricicullure de la magnanerie expéri- mentale de Sainte-Tulle, des rameaux et des feuilles de müriers atteints derli maladie, principale cause; de: l'épizootie des Vers à.soie. Aujourd'hui:mon.opinion, quisest le résultat de nombreuses obser- xatious depuis trois ans, est adoptte;par tout leMidi, etil n’y a plus qu'une voix pour dire que des graines produites par des Vers qui ont été alimentés,avec une nourfiture aussiviciée, élevés. encore:à la génération suivante, ave: la même neurriture malsaine , «e peuvent donner que.dessrésultats viciés et, par conséquent , de mauvais:re- producteurs. (21 Je m’abstiens-de.parler ici.de lOrient,de l’Aigérie-etde cer- laiues parties de, l'Italieméridionale où l’on assure que l'épidémie ne règne pas, parce que-ces pays n'ont pas été étudiés, que je sache, par. des hommes compétents au. double point de vue:de la science-et dela pratique. Du reste, je crois qu'il sera très-difficile d'obteniride bons résultats avec les graines provenant de ces pays chauds,sparce TRAVAUX INÉDITS. 175 I résulte donc de ce qui précède que des éducations spéciales pour graine, faites dans ces localités et surveillées par des hommes véritablement compétents au point de vue de la science et de la pratique, seraient fort utiles au- jourd'hui, en procurant aux éducateurs des contrées où règne l'épidémie des graines saines qui leur donneraient, au/moins la première année, de bons résultats (1). La provenance de ces graines et leur qualité devraient être constatées par l'homme compétent qui en aurait sur- veillé la confection, ét les agriculteurs les recevraient dinsi garanties. Is‘auraient l'assurance qu’elles ne seraient pas'un mélange de toutes races et de toutes provenances , qu'il faudrait d'abord les acclimater dans nos contrées moins chan- des, ce qui est plus long et plus diflicile que d’acclimater celles des pays froids dans des pays plus chauds. S'il m'était permis de douner des conjectures sur des faits que je n'ai pu étudier sur place, je dirais que je crois pouvoir m'expliquer l'absence de la maladie des Vers à soie daus l'Orient, surtout, eu voyant que les éducations y sont faites presque ca plein air et sans feu, dans des hangars à peine clos, ce qui a donné aux Vers une plus grande rusticité et plus de force de résistance contre les influences qui ont atteint ceux, plus amollis das teurs habitudes, des contrées où ils sont élevés presque en serre chaude. {1) Ces idées, émises depuis l'aunée dernière dans mon cours et daus mes écrits, ont été reconnues justes et mises en pratique. quoique imparfaitement, puisque certains marchands que je pourrais iommer se sont reudus dans des localités montagneuses pour y neheter sans farre d’éducations spéciales pour graine) des récoltes ordinaires de cocons dont les Vers n'avaient pas montré de symptômes de maladie et pour les faire convertir en graines. Malheureusement, vec les 40 ou Les 100 ouces qu'ils out pu obtenir ainsi, et qu'ils vont Mistribuer habilement pour avoir des réussites dans quelques ma- Snaneries apparentes, ils vont vendre des quantités de graines d'Italie Mivoyées a Constantinople’et revenues de là avec le titre de graines d'Orient aujourd'hui si discrédité, et ils les feront passer pour des œufs de pays montagneux et encore sains, comme cela a lieu pour Mes vins de certains crus qui produisent annuellement cent barriques, qarexemple, et dont dix mille barriques sont vendues, chaque année, avec l'étiquette de ces-erus. 176 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1857.) comme celles qu'un certain commerce répand, depuis quelques années surtout, dans nos malheureuses contrées séricicoles , quand il ne les mêle pas avec des graines in- vendues l’année précédente, et dont on a tué le germe par la cuisson, avec des œufs non fécondés, extraits, par pression, du ventre des femelles malades qui ne peuvent pondre, et teintes à Paris pour leur donner la couleur des bonnes graines, ou même avec des œufs artificiels, fabri- qués et colorés habilement et simulant de la graine véri- table, comme on annonce qu'il s'en vend cette année. Une association agricole et scientifique, puissante et digne de toute la confiance des agriculteurs, assistée d'hommes véritablement capables, spéciaux et connus de la grande pratique, unique juge en dernier ressort, pour- rait seule, indépendamment de l’État, procurer à l’agri- culture des graines de Vers à soie faites dans des condi- tions convenables. II faudrait que, sous une direction unique et réellement compétente, de véritables éducations de graine, telles que les demandent depuis si longtemps les éducateurs de progrès , fussent faites dans les localités privilégiées où les müriers et les Vers n’ont point été at- teints. Ces éducations , dont je m’abstiens de décrire les détails pour ne pas tomber dans de fastidieuses banalités connues de tous les magnaniers, seraient suivies et sur- veillées par l’agent en question ; elles seraient reçues, par lui, comme porte-graines, quand il se serait assuré person- nellement qu’elles auraient été faites suivant ses instruc- tions. Les cocons, qu'il ferait choisir avec grand soin, seraient ensuite convertis en graines, encore sous sa sur- veillance. Enfin la provenance de ces graines (1) serait certifiée par sa signature ; elles seraient envoyées à Paris, pour y être soignées convenablement, et expédiées, dans (1) On les laisserait, autant que possible, sur des papiers ou des linges pesés à l'avance pour que l’on puisse, par une nouvelle pesée, connaître le poids réel des œufs qu’ils portent. TRAVAUX INÉDITS. 177 des boîtes cachetées ({) et avant la fin de mars au plus tard , aux agriculteurs qui en auraient fait la demande à lavance. * S'il m'était donné de diriger une telle entreprise, je me croirais certain du succès (2). Je me rendrais dans les localités qui ont donné de bonnes récoltes l’année der- nière, afin d'y organiser des éducations pour graines semblables à celles de la magnanerie de Sainte Tulle. Ces éducations seraient faites, chacune sur une petite échelle, dans des locaux bien aérés, et dans lesquels je ferais éle- ver à peine la moitié des Vers qu'ils pourraient contenir, afin qu'ils soient au large ; on les conduirait à la tempéra- ture la plus basse possible, en ne dépassant pas 20 degrés centigrades, et de manière à les laisser vivre normalement de quarante à quarante-cinq jours. Quant à la nourriture, aux délitements et aux autres soins, ils seraient en harmo- nie avec le but à atteindre. Les repas seraient légers et donnés quand les vers en auraient besoin, et je me gar- derais bien de les pousser à manger beaucoup ; enfin je fâcherais d’avoir de la feuille de müriers non greffés, ou, tout au moins, d'arbres âgés au moins de 20 ans, peu taillés et plantés dans des collines et dans des terrains secs. (1) Avec toutes les précautions que prend l’État pour empêcher la Mraude des cartes à jouer, par exemple, et de manière à bien pré- wenir que l'ou ne répond pas de la provenance de graines qui ne seront pas livrées avec la bande scellée portant ma signature ma- nuscrite. » (2) Test certain qu'il me faudrait braver les attaques de quelques- uos des marchands de graine dont il a été question plus haut et de “leurs adhérents, qui ne mauqueraient pas de crier à la spécula- Mio, ele.; mais ceux qui sont demeurés honnêtes, et surtout les agri- “culteurs qui ont vu, depuis plus de dix ans, avec quel d'sintéresse- "nent je me rends tous les ans daus le Midi pour y faire des éduca- ions de graine et le cours gratuit de la magnanerie de Sainte- Mulle, avec M. E. Robert, comprendraient très-bieu que mon unique mobile a toujours été d'amener le progrès dans une des plus belles industries agricoles et manufacturières de notre pays. 2° skmiwe, +. 1x. Année 1857. 12 478 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1857.) Des tournées fréquentes seraient faites par moi pour m'assurer.que mes prescriptions auraient été scrupuleuse- ment suivies; je m'arrangerais pour me trouver sur Îles lieux des éducations à l’époque de la montée des Vers, de Ja formation des cocons, car c’est, ‘en définitive , la vraie pierre de touche des éducations, et alors celles qui, après avoir eu des phases favorables, me présenteraient un bon résultat seraient adoptées pour être converties ‘en graines après que les cocons défectueux-en auraient été éliminés. Quelque temps après, une autre tournée me permettrait d'assister aux opérations de l’éclosion des Papillons, de leur fécondation et de leur ponte. Là encore je verrais, à l'aspect des reproducteurs, à la rapidité de la ponte , à la quantité. d'œufs qu'ils donneraient, et jusqu’au genre -de mort.des femelles, si elles ont produit de la graine digne de confianceet que je pourrais garantir de ma signature commelayant été faite avec toutes les'précautionsci-dessus indiquées (4). (1) “Dans ‘beaucoup ‘de /Jocalités où des ‘spéculations sur’la graine vont cssayeride s'établir, on dira que la maladie n'existe pas , mais il faudra bien,se garder d'adopter ces.assertions sans un sérieux exa- men. Si quelques-unes de ces erreurs sont commises de boune foi, beaucoup d’autres seront INTÉRESSÉES. Il est établi que certaines localités.des parties chaudes-de l'Italie paraissent n'avoir pas encore été envahies., mais leur tour viendta malheureusement aussi. Ilest probable que.ces localitésise trouvent dans.les mêmes conditions que la Syrie, où des éducations faites presque en plein air ont rendu les races plus rustiques et, par con- séquent, aptes à résister plus longtemps aux -eauses générales de la maladie. Dans tous les cas, nous. le répétons, les races des contrées chaudes auront-besoia d'une acclimatation deyplusieurs années pour réussir dans des localités moins chaudes, car il en est de ces petits animaux comme des espèces plus grandes, qui prospèrent le plus.souvent,set daus unc:certaine limite ecpendant, quand elles ayancent.du nordiau midi. C'est évidemment .ce besoin qui.a déterminé, dans des:temps barbares, les inyasionsides,peuples du .Nord dans le midi de J'Eu- rope. TRAVAUX INÉDITS. 179 Tel.est mon yœu de mag nanier, qui prend eu pitié les souffr ances méconnues de nombreuses populations du Midi. Si les honorables agriculteurs qui m'écoutent ou qui me liront reconnaissent, à la simplicité même de ce que je propose, que je m'approche du vrai pratique et que je ne me berce pas trop d'illusions, je serai au comble de mes souhaits. En effet, plus mes trayaux sur ce grave sujet ont été longs, pénibles et compliqués, et plus les conclu- sions pratiques auxquelles ils m'ont conduit sont simples et faciles à saisir. Aujourd’hui, en définitive, tout se borne à faire de petites éducations spéciales pour graine dans des localités reconnues cxemptes de l'épidémie, et, ce qui est le plus difficile en présence des nombreuses fraudes et de la spéculation éhontée qui se sont emparées du commerce de la graine, à la livrer directement (1) aux consomma- leurs avec,des garanties positives et sérieuses établissant qu'elle provient bien réellement de ces éducations. Extrait du Rapport, fait à la Société impériale d’acclima- tation dans sa séance du 4°" mai 1857, au nom de la commission permanente de sériciculture , composée de MM. le prince Marc de Beauveau, président ; Guérin- déneville, vice-président; J. Bourcier, Delon, Kauff- amann, Æ. Tastet, J. Valserre; et Bigot, secrétaire-rap- porteur. Profondément émue des plaintes qui retentissent dans lesmidi de la France, où la récolte de soie a presque en- #ièrement manqué l'année dernière et où elle est très- compromise, si elle n’est pas déjà perdue, dans plusieurs Mocalités, la commission a pensé qu'à défaut de secours (1) Aucuue de ges graines ne devrait être remise à des marchands 8 des précautions susceptibles de les empêcher de Jes mêler avec autres. 180 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1857.) plus efficace elle pouvait engager la Société à donner aux agriculteurs quelques conseils, quelques avis pour la confection de la semence qui doit être l’espoir de la ré- colte de 1858. A la suite d’une discussion sérieuse et ap- profondie, les conclusions suivantes ont été adoptées à l'unanimité des voix : 4° Chercher, autant que possible, les localités dans lesquelles le Mürier n’a pas encore été atteint de mala- dies, pour y établir des éducations spéciales destinées à la confection des graines, car tout le Midi ainsi que la com- mission sont d'accord pour reconnaitre que les feuilles de müriers malades, en fournissant aux Vers une nourri- ture malsaine, sont la cause principale, sinon unique, de la gattine. % Employer pour ces éducations, autant que faire se pourra, les feuilles d'arbres adultes, c’est-à-dire âgés au moins de vingt ans, non greffés ni taillés, cultivés dans des terrains secs, élevés et non pas, comme on le fait trop souvent, dans des sols gras, d’alluvions et arrosés, des feuilles, enfin, minces, fines et nourrissantes. 3° Faire ces éducations, exclusivement destinées à la bonne production des graines, sur une petite échelle, dans des locaux bien aérés, au moins deux fois plus vastes que ceux employés généralement pour élever les Vers d’une quantité donnée de graine. Se bien garder, surtout, de hâter, par une chaleur artificielle, le développement de ces Vers, dont la vie doit se prolonger de quarante à quarante-cinq jours ; ne leur donner que des repas légers quand ils en manifestent le besoin, en évitant ainsi une alimentation trop substantielle. L° Choisir avec soin les cocons pour graine. Éliminer tout Papillon qui ne se montre pas dans les conditions d’une santé parfaite, d’une remarquable vigueur, avec des ailes bien développées, enfin d’une grande ardeur pour la fécondation. Rejeter toute graine donnée par des fe- melles lentes à la ponte, qui terminent leur vie en se ra- TRAVAUX INÉDITS. 181 mollissant et tombant en décomposition au lieu de se dessécher. 5 Comme, depuis l'apparition et l'extension des mala- dies dont souffre le Ver, le commerce de la graine s’est considérablement développé ; que beaucoup de commer- çants n'ont pas craint de livrer aux éducateurs des œufs ayariés, falsifiés, provenant de localités depuis longtemps infectées, il sera de la plus haute importance que leur origine et leur qualité soient garanties d’une manière certaine et authentique, et qu'ils soient livrés directement aux éducateurs sans avoir passé par des mains intermé- diaires capables d'y introduire de coupables falsifications. Ce rapport, approuvé par la Société impériale d’accli- matation, a été renvoyé à son conseil d'administration, qui en a voté l'impression dans les Bulletins, et un tirage à part destiné à être répandu parmi les agriculteurs, ainsi que l'avait demandé ia commission, Ces conclusions, communiquées au conseil d’adminis- tration d'une grande institution de crédit agricole, Yont déterminé à mettre à exécution les idées pratiques qu’elles renferment. Les véritables amis de l’histoire naturelle appliquée à l’agriculture et à l'industrie l’apprendront avec plaisir par la lettre suivante, adressée à M. I. Geof- froy Saint-Hilaire, président de la Société impériale d’ac- climatation : M. le président et très-honoré confrère, M. Guérin-Méneville, l'un des administrateurs de la caisse franco-suisse du cheptel et de l'agriculture, nous a fait connaître le vœu émis par la Société impériale d’ac- climatation, dans sa séance du 1° mai, relativement à la nécessité de faire de la semence de Vers à soie dans des localités où la maladie des müriers et des Vers à soie n’a pas encore sévi. Émue, comme tous les hommes de prévoyance, de l’état sérieux signalé au sein de la Société d’acclimatation, la 18% Rev. et wAG. DE 200L06IÉ. (Avril 1857.) Cissé franco-suisse à décidé qu'elle viendrait éfficaée- ment et sans retard en aide à vos efforts, et qu'un fonts suffisant serait consacré À Seéconder vos vues philanthro- pi We conséquence, elle À éhargé M. Gnéfin-Mérievillé dé sé rendrè en Suisse et dans lés aütrès localités épatgnées par l'épidémie, afin d'y organiser des éducations pour dräine sur Î6 plan si simple êt si rationnel Adopté par votré commission de séricicültute êt par le congrès des délégués des sociétés savantes des départements. (Moni- ieur, 25 avril 1857.) La signäturé de M. Güérin-Ménevillé, äpposée Sur là bande qui scellera les boiles d'envoi, garantita, au hom de la Caisse fränco-suiste, là qualité des fraines ét leur provenance. La compagnie se dispose aussi à faire vénir des gräines de Prusse, de Bavière èt de Pologne, pays où la naladié n’a pas encore sévi, et en garantira également la prove- nañce, épargnant ainsi aux éducateurs les tristes décep- lions dont ils ont été victimes celté année même Notre conseil d'administration a pensé, monsieur le président, que la Société impériale d’acclimatation ap- prendrait avec intérêt que les excellents avis qu'elle vient de donner aux sériciculteurs sont immédiatemieht ré- cüeillis par une institution utile de crédit agricole, et, sous mon double titre de membre de la Société impériale d’acclimatation et d'administrateur délégué de la Caisse franco-suisse, je m’estime heureux d’avoir l'honneur de vous en informer. Je suis, etc. (4 mai 1857). Signé H. Dussan». II. SOCIÉTÉS SAVANTES. ACADÉMIE DES SCIENCES DE PaRis. Séance dùu 30 mars 1857. — A l’occasion de l'annonce faité pär M. Payer dés dernières livraisons dé Son Traîte SOCIÉTÉS SAVANTES. 183 d'organogénie comparée de la fleur, une discussion fort vive s'est élevée entre des botanistes et des zoologistes de l'Académie sur la méthode naturelle en général. M. Flourens a d'abord protesté contre la qualification de grandes ruines donnée par M. Payer à la méthode de Jussieu, et il s’est appliqué à démêler, à dégager le carac- tère propre des travaux de Linné de celui des travaux de Jussieu, deux hommes supérieurs qui ont excellé tous deux, mais par des côtés très-différents et qu'il importe de ne pas confondre. M. Payer a répondu en disant qu'il n'y a que les grands monuments qui laissent de grandes ruines. M. 4. de Candolle a fait des observations dont la modé- ration, là propos et la clarté ont eu l'assentiment gé- néral. « Le prince Ch. Bonaparte, en exaltant le génie de Linné, dit de la méthode de Jussieu que, si elle n’est pas en ruine, M. Payer vient de la battre en brèche. N remercie M. de Candolle de sa courtoisie à notre égard, applaudit à son éloge de Robert Brown, et s'élève contre le sentiment qui nous porte à nous proclamer les premiers en tout, au lieu de nous efforcer à maintenir notre rang ou à l'obtenir. Il a soutenu ensuite que Linné, véritable fondateur de ia mé- thode naturelle en BOTANIQUE comme en Z00L0G1E, n'avait pas retardé la science par son système artificiel {mauvais dictionnaire), mais que c’étaient les prétendus linnéens de l'école anglaise qui l'avaient enrayée dans un temps où nous étions véritablement à la tête de l’histoire naturelle. Il a déclaré inexacts et peu importants plusieurs des ca- räctères fondamentaux de Jussieu, cherché à prouver que les prétendues anomalies qui se retrouvent dans les di- verses familles ne sont que les termes dégradés des SÉRIES qui existent dans le règne végétal, tout aussi bien que dans le règne animal (polypétales, apétales, etc), et il a fini en maintenant que, parmi les gloires de la France en fait d'histoire naturelle, on ne pouvait s'empêcher de rappeler 18% REV. ET MAG: DE ZOOLOGIE. (Avril 1857.) la mémorable Zoologie analytique de Duméril, vrai fil sys- tématique d'Ariane dans le labyrinthe de la méthode. » M. de Quatrefages a longuement insisté pour faire bien | distinguer ce que c’est qu'une classification et une méthode naturelle. M. Brongniart a traité la même question au point de vue botanique, mais la partie de cette discussion qui a le plus intéressé est ce qu'a dit M. Z. Geoffroy Saint-Hilaire pour soutenir des opinions historiques qu'il a émises à une époque déjà éloignée et qu’il a plusieurs fois dévelop- pées depuis, et pour dire que l'opinion du prince Ch. Bo- naparte était aussi la sienne. Sa remarquable improvisa- tion, pleine de vues élevées et riche d'observations que de véritables zoologistes seuls peuvent concevoir ainsi et pré- senter aussi clairement, à captivé l'attention soutenue de l’Académie et surtout du public, juge impartial dans ces circonstances, et, si nous ne la reproduisons pas ici parce que la place nous manque, nous ne saurions trop recom- mander aux zoologistes de l’étudier dans les Comptes ren- dus, où son auteur l’a rédigée. Séance du 6 avril 1857. — MM. Bourguignon et Dela- fond présentent, pour le concours Monthyon, un magni- fique travail intitulé : Traité d'entomologie et de pathologie de la gale des principaux animaux domestiques. Nous reviendrons sur cet ouvrage, qui est plein d’ob- servations neuves et du plus haut intérêt. M. I. Geoffroy Saint-Hilaire présente, au nom de M. Severtzow, de Woronèje, province russe du Don, un travail ayant pour titre : Notice sur la classification multi- séridle des carnivores, spécialement des Kélidès, et sur les études de zoologie générale qui s'y rattachent. — Ce remar- quable travail va paraître dans cette Æevue de zoologie. M. L. Corvisart adresse un Mémoire Sur une fonction peu connue du Pancréas, la digestion des aliments azotés.— Ce travail est renvoyé à l'examen de MM. Pelouze, Rayer et Bernard. SOCIÉTÉS SAVANTES. 185 M. E. Faivre présente une note intitulée : Du cerveau des Dytisques considéré dans ses rapports avec la locomo- tion. — Il résulte de ce travail, suivant l’auteur, que Les ganglions, sus ou sous-æsophagiens, et les pédon- cules qui les lient, représentent le cerveau des Dytisques et exercent sur la locomotion une influence incontestable. La partie supérieure du cerveau, placée au-dessus de l’œsophage, est le siége de la volution et de la direction des mouvements. La partie inférieure, ou sous-æsophagienne, est le siége de la cause excitatrice et de la puissance coordinatrice. M. 1. Geoffroy Saint - Hilaire présente, au nom de M. Lartet, une Note sur un humérus fossile d'Oiseau at- tribué à un trés-grand palmipède de la section des Longi- pennes. « En résumé, » dit l’auteur, « les grands traits d’ana- logie que présente l'humérus de cet Oiseau fossile condui- raient à le ranger parmi les Longipennes ou grands voi- liers pélagiens, présomption qui s'accorde, du reste, avec le gisement de sa dépouille osseuse dans une formation marine. Néanmoins les différences de détails signalées dans cet os ne permettent pas de rattacher définitivement l'Oiseau auquel il a appartenu à l’une des familles de cette section de Palmipèdes ; mais on peut le considérer, dès à présent, comme constituant un genre distinct pour lequel, en me conformant à l'usage établi, je proposerai le nom de Pelagornis miocænus , rappelant à la fois les habitudes présumables de ce grand Oiseau et la période géologique pendant laquelle il a vécu. » M. E. Blanchard présente un travail intitulé : Obser- vations relatives à la génération des Arachnides. Après avoir rappelé les expériences de Bonnet sur les Pucerons, l’auteur cite plusieurs faits d’Arachnides con- servés isolément pendant plusieurs années, et qui ont produit, chaque année, de jeunes Araignées sans le con- cours du mâle. Après avoir rappelé les mœurs et l'organi- 186 REV. ET MAG. DE Z00LOGIE. (Avril 1857.) sation dés groupes sur lésquels ses études ônt porté, M. Blanchard se résume ainsi : « La question ainSi étudiée sous toutes ses faces, aucune incertitude ne me paraît pouvoir subsister. De l'ensemble dé mes recherches, je doïs nécessairement conclure que les Aranéides fémelles ne sauraient, en aucun cas, perpé: tüer leur espèce sans avoir eu Papproche di mâle, mais qu'un seul accouplement suffit pour plusieurs pontes s'éf- fectuant à des intervalles éloignés, par suite de la dispo- sition organique, qui pérmet à la liqueur séminale d’être tenue en réserve dans les conduits ovariques. » M. Ch. Robin présente un travail ayant pour titre : Étude des Ostéoplastes &ù moyen de l'action particulière exercée par la glycérine sur les éléments anatomiques des os frais. Le but de cette Note est dé démontrer l’existence d’un liquide organique dans les ostéoplastes et dans leur ré- seau de canalicules déliés, à l'exclusion de toute matière solide. Séance du 13 avril 1857. — Rien sur la zoolopie. Séance du 20 avril 1857. — M. Dumas lit un Second rapport sur la maladie des Vers à soir. Dans ce travail, le savant rapporteur analyse üti Mémoire de M. le docteur Coste, de Joyeuse, dans lequel ce médecin décrit les di- verses maladiés qui attaquent les Vers à soie. Tout ce que dit le savant docteur est d'une exactitude remarquable, mais n'est pas nouveau, car on le trouve dans les Notices ét Comptes rendus que nous publions chaque année, M. E; Robert et moi, de nos observations séricicoles faites à Sainte-Tulle. Dès 1849, nous avons donné ainsi, dans les Annales de la Société séricicole, le signalement, les symp- tômes, et souvent la cause de ces maladies qui ünt sévi de tout temps sur les Vers à soie. Nous sommes allés même plus loin en établissant, à la suite d’études prolongéés, que plusieurs de ces maladies appartiennent à la même altération, mais prennent des noins divers, suivant qu’elles | SOCIÉTÉS SAVANTES. 187 attäquént les Vers dans les premiers âges, dans l'âge foÿén ou près de la terminaison de leur état dé larve. Chaque année, ces diverses maladies, et les variétés de celles qüi sont propres à tous les Ages, sont étudiées ét montrées aux élèves de Sainte-Tulle, et les cahiers dé ñotes qu'ils prennent à notre cours sont pleines d'obser- Yations qui Conéordent avec celles que le docteur Coste 4 si bien faites à Joyeuse. Quant à l’idée de M. Coste, qui regarde l'invasion dé foutes ces mäladies commé due à des éducations mal diri- géeS, je ne puis l’adopter, car il faut reconnaitre qu'il y a eu de tout tenips des éducations mal dirigées, ce qui au- räit dû rendre l'épidémie permanente et n'aurait pas tardé à détruire l'industrie de la soie chez nous. Dü reste, il est biëh retonnu aujourd'hui, dans toùt le Midi, que cette épidémie est due, comme je l'ai établi dès 185%, à l'état maladif des Müûriers, Qui, donnant une nourrituré mal- Saiñe aux Vers, les à conduits à l’état déplorable dans léqüel ils $e trouvent aujourd'hui. Quand j'ai placé une série de rameaux et de feuilles de Müriers malades, dans là Vitrinë de l'exposition uhiverselle de 1855, parmi les principaux matériaux du cours théorique et pratique de séri- ciedliüre dé la magnanerie expérimentale de Sainte-Tulle, on à pu voir combien cette maladie des arbres était in- tense, ét persontie n’a plus douté qu'elle ne fût la cause principale de la maladie des Vers à soie. Quant à la Note de M. Martins sur les éducations en plein air, j'en ai parlé dans mon précédent numéro, p. 109, et mon appréciation a été reproduite par le Mo- niteur de l'agriculture du 30 avril 1857. Relativement aux assertions de M. Hardy sur l'absence de maladie en Algérie, je ne puis encore y ajouter une foi absolue, car il est impossible qu'un pays qui est si voisin et si semblable à l'Espagne, au point de vue de la météorologie, du sol et des cultures, n'ait pas été atteint qoaud l'Espagne est ravagéé par le fléan. Je crois qu'il 188 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1857.) faut attendre de nouvelles observations avant de se pro- noncer, car j'ai su, par des agriculteurs de ce pays, qu'ils renonçaient à faire leur éducation de Vers à soie cette année, parce que, l’année dernière, ils n’ont pas eu de récolte. S. Exc. le ministre de l'agriculture, du commerce et des travaux publics annonce qu’elle vient d'accorder à M. André-Jean une subvention pour une éducation à faire cette année. Malheureusement M. le ministre ne dit pas dans quelle localité cette éducation sera faite, comment et par quels hommes compétents ses diverses phases seront appréciées et constatées , de quelle manière les graines obtenues se- ront expérimentées, etc., etc. Séance du 27 avril 1857. — M. de Quatrefages présente, au nom de M. Lacaze-Duthiers, une Monographie du genre Dentale, rangé autrefois parmi les Mollusques acéphales, mais doué certainement d’un appareil d’innervation, d’un système stomaco-gastrique, d'organes du tact, de préhen- sion, etc. J'ai présenté une Note sur les éducations pour graine qu'il conviendrait de faire aujourd'hui pour atténuer les désastreuæ effets de l'épizootie des Vers à soie qui a été ren- voyée à la commission du procédé André-Jean. Cette Note est reproduite dans ce numéro, page 170. III. MÉLANGES ET NOUVELLES. M. Auguste Dumériz, professeur-administrateur au Muséum d'histoire naturelle, nous adresse la lettre sui- vante : Monsieur et cher confrère, Au moment où mon père, après un professorat de cin- quante-quatre années au Muséum d'histoire naturelle, a MÉLANGES ET NOUVELLES. 189 cessé d'y exercer des fonctions actives, et dès l'instant où j'ai été appelé à l'honneur de lui succéder dans son en- seignement, il m’a semblé qu'il était utile et convenable, sous tous les rapports, de constater officiellement l’état de prospérité dans lequel mon père laissait les collections de Reptiles confiées jusqu'alors à sa direction. J'ai pensé que je devais dresser une liste complète des richesses qui se sont tant augmentées par ses soins durant cette longue période, nul hommage du nouveau professeur n'étant, à mon avis, préférable à celui qui consiste dans un simple, mais fidèle exposé des titres à la reconnaissance que son prédécesseur s’est acquis par la manière dont il a rempli les fonctions dont il était chargé; or, parmi ces fonctions, les soins à donner aux collections occupent une place importante. J'ai donc inscrit toutes nos espèces de Reptiles dans un Catalogue méthodique complet qui, déposé maintenant à la Bibliothèque du Muséum, y conservera le souvenir de la situation où se trouvait, au commencement de l’année 1857, cette collection admirable, et par le nombre des individus qu’elle renferme et par leur bon état de conser- yation. Dans l'impossibilité où je me trouve de publier actuel- lement ce Catalogue, je veux profiter de l'hospitalité que vous voulez bien m'accorder dans votre Revue, si répandue parmi les naturalistes, pour présenter une indication ra- pide des progrès de l’erpétologie en France , dus à l’ac- croissement des matériaux qui lui ont été fournis en abondance de toute part. Lacépède, que mon père a suppléé de 1803 à 1825, époque de la mort de cet homme illustre , est le premier qui ait donné une description des espèces du Musée de Paris. Son Histoire naturelle des Reptiles, publiée en 1790, et dans laquelle il en avait décrit un certain nombre qui lui étaient inconnus, contient 292 désignations spécifi- 190 REV. ET MAG. DE Z00LOGIE (Avril 1857.) ques. Dès 1803, on en trouve 556 dans l’ouvrage de Daudin, qui avait fait beaucoup d'emprunts à des ou- vrages étrangers dont il a reproduit plusieurs descrip- tions sans avoir yu les animaux qu’elles étaient destinées à faire connaître. En 183%, quand mon père publia le premier volume de son Erpélologie générale en collaboration avec Bibron, un nouveau recensement de toutes les richesses de notre Musée fut fait avec le plus grand soin, et l’on compta 846 espèces auxquelles on adjoignit dans l'ouvrage, pen- dant le cours de la publication, non-seulement toutes celles qui arrivèrent au Musée, mais aussi les espèces assez net- tement indiquées par les auteurs pour qu'on püt les ad- mettre comme distinctes. ‘1 est résulté de ces additions que cet ouvrage, terminé au commencement de l'année 1854, en décrit 1310. Le nouveau Catalogue dont il s'agit ici ne relève que celles qui sont renfermées dans nos armoires. Les dons faits au Muséum d'histoire naturélle ont été si nombreux et, par les soins du professeur, les occasions d'acquérir de nouveaux Reptiles, soit avec les ressources, malheureuse- ment trop restreintes, de l'établissement, soit par voie d'échanges avec des musées étrangers, ont été si judicieu- sement recherchées et acceptées toutes les fois qu'il était utile de le faire, que notre liste, abstraction faite de toute espèce manquant au Musée de Paris, en comprend 1393 ainsi réparties: Chéloniens où Tortues, 126 (T. terrestres, 28; paludines, 78; fluviales, 42; marines, 8); Sauriens ou Lézards, 504 (Crocodiliens, 15; Caméléoniens, 17; Gecko- tiens, 74; Varaniens, 14; Iguaniens pleurodontes, 105 ; Jg. acrodontes, 61; Lacertiens, 62; Cyclosaures ptycho- pleures, 29; Amphisbéniens, 48; Scincoïdiens, 109); Ophidiens ou Serpents, 523, dont 300 non venimeux (Opo- «térodontes, 27: Aglyphodontes, 273) et 223 venimeux (Opisthoglyphes, 417: Protéroglyphes, 61 ; Solénoglyphes, MÉLANGES ET NOUVELLES. 194 45); Batraciens, 240 [Serpentiformes ou Cæciloïdes, 9 : Anoures, savoir : Raniformes, 59; Hylæformes, 83; Bufo- niformes, 43 : Urodèles, 46). Malgré l'élévation remarquable des chiffres que je viens de signaler, notre Musée manque encore d'un certain nombre de Reptiles décrits hors de France. Néanmoins «es chiffres dépassent ;ceux .que portent les Catalogues les -plus-récents des grands Établissements scientifiques d'Eu- rope. Je me puis citer celui du Musée britannique, parce qu'il n'y aeu récemment aucun relevé complet,de ses richesses, qui sont considérables, comme le prouvent les Catalogues partiels que M.iGray publie depuis une douzaine d’an- nées. M. Lichtenstein, au contraire, a fait paraître, en 18956, une diste de tous les Reptiles du musée si impor- tant .de Berlin ,;où äl s'en 4rouve 874 espèces, 511 de moinsiqu'au musée de Paris. Tels sont, monsieur et cher confrère, les détails que j'ai désiré vous transmettre. Une appréciation plus appro- fondie de l'importance de nos collections erpétologiques pe saurait trouyer place dans cette lettre déjà trop lon- gue, et je la réserve pour l'introduction du volume que formera notre Catalogue. Agréez, elc. Mocaomeus? Gouporn, Guér.-Mén. Nouvelle ‘espèce (et peut-être nouveau genre) de Coléoptères de Colombie. On se rappelle que j'ai publié, en 1838, dans cette ltevue zoologique, p. 22, un singulier Insecte de l'île Mau- ricesque j'ai rapporté, avec quelque doute, au genre Tro- schoideus, caractérisé par M. Westwood dans sa Monogra- phie des Paussides. Ce coléoptère, qui a plutôt l'apparence d'un Dapsa, se faisait remarquer par des antennes extraor- dinaires, comme celles des Paussides, ce qui avait, sans 192 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1857.) doute, porté M. Westwood à le placer dans ce groupe, sans tenir compte des autres caractères. Aujourd’hui je possède une seconde espèce presque en- tièrement semblable, qui a été découverte dans la Bolivie par M. Goudot. En voici le bref signalement : d’un brun marron couvert de quelques poils jaunes, avec la bouche, l'extrémité des antennes, les pattes et le dessous plus fauves; corselet en cœur, fortement rebordé sur les côtés; tête, corselet et élytres très-finement ponctués; antennes composées de cinq articles apparents, dont le dernier est presque aussi long que les précédents, brun foncé avec l'extrémité d'un jaune fauve. Cet Insecte, long de 4 millimètres, est juste de la taille de son congénère de l’île Maurice. C’est une femelle mu- tilée qui n’a plus qu'une antenne et qui a été découverte dans les montagnes appelées Tolima , en Colombie, par M. J. Goudot. (G.-M.) TABLE DES MATIÈRES. Pages. Huzanp. — Note sur les accouplements entre consanguins. 145 BoxaparTEe (S. À. le prince Charles). — Observations sur di- verses espèces d'Embériziens. 160 CugvroLaT (A.).— Description de Longicornes nouveaux. 166 Guéris-Méxevize. — Note sur les éducations pour graine. 171 Extrait d’un rapport fait à la Société impériale d’acclimatation. 179 Lettre adressée à M.I. Geoffroy Saint-Hilaire. 181 Académie des sciences. 182 Mélanges et nouvelles. — Lettre de M. Aug. Duméril relative au Catalogue des Reptiles de la collection du muséum d’his- toire naturelle de Paris. — Description du Trochoideus? Goudotii; par M. Guérin-Méneville. 188 ER EE ET VE EN PARIS. — IMP,. DE M"? V° BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'ÉPERON, 9. VINGTIÈME ANNÉE. — MAI 1857. I TRAVAUX INÉDITS. NoTicEs MAMMALOGIQUES ; par M. le docteur PucHErAN. IT. PRIMATES. Quelle que soit l’habileté avec laquelle a été élaborée, depuis Linné, la partie de la Mammalogie relative aux Singes, bien des problèmes restent cependant encore à éclaircir, soit sous le point de vue de la synonymie, soit sous le point de vue de la caractéristique des espèces, Dans l’histoire de cette branche de la Zoologie, cependant, on trouve sans cesse les plus beaux noms de la science, de la science française surtout, car, depuis Brisson jusqu’à M. le professeur Geoffroy Saint-Hilaire fils, ils n’ont cessé de commander et de diriger le progrès. J'ai écrit ail- leurs (1) qu'il y avait eu une véritable tradition française dans l'histoire zooclassique des Primates, et, quoique douze années se soient écoulées depuis cette époque, toutes les recherches auxquelles j'ai eu occasion de me livrer ont toujours confirmé dans mon esprit l’assertion que j'avais émise. Malheureusement, il n’est point accordé à tous les adeptes de la science de lui ouvrir ces voies nouvelles qui servent à l'établir et à la fonder sur des bases plus fixes et (1) Biographie de Geoffroy Saint-Hilaire, Revue indépendante, août et septembre 1845. 2 skuwæ. Tr. 1x. Année 1857. 13 19% REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1857.) plus inébranlables ; mais l'observation de nouveaux faits, la constatation plus complète des faits contestés ne doi- vent point cependant être dédaignées. Quelque modestes que soient, dans ces circonstances, les résultats obtenus, ils ont égälément leur utilité ; car ils aidlérit au progrès. Par cette voie, le progrès ne s’accomplit, il est vrai, qu'avec une certaine lenteur, mais les causes de cette len- teur doivent quelquefois être attribuées à l'absence ou à la pénurie des documents convenables. De là, la nécessité de ne point négliger ceux-ci lorsqu'ils se présentent, et de les signaler à l'attention des Zoologistes. Il serait; sans nul doute, à désirer que les questions litigieuses pour la dé- termination des espèces fussent résolues avec le secours d'observations suivies dans les divers Musées de l'Europe; mais, alhédréusemént, ée Sefait demander trop de $a- crifices äüx vanités personnelles. Les travaux doivent, par éela même, être isolément accomplis, et les chances d'érretr $é multiplier en raison directe du nombre dés obsétvateurs. Noüs faisons des vœux sincères pour la céssation prompte étcomplèté de cet état d’isolèment; mais, en attendant que nos désiré sé réalisent, nous allons exposer les observations que noûs ävons eù oëcaston de faire sur les Singes , dans lé Musée dé Paris, depuis la publication de la prèmière lifraison dù Catdloque manmalofique dé notre collection fatidhalé: Dans cet exposé, noûs porterons hotre attention sur lés divers types qui, plus récemment Soumis à notre examen, soût de nature à dissiper en paftié les doutes qui péuvents ètre élevés dans l'esprit des Zoologistes, relati- vement à la distinction de certaines espèces. Grâce à ces rénséiénieents, que les Mämrmalogistes pourront éux- mêinés contrôler, il leur sera plus facile de Confirmer où d'infifmer la fixité des caractères Spécifiques. Ajoutons enfin que, sans entrer à leur égard dans des détails fasti- dieux, nous indiquerons, même pour les types les mieux connus, les localités d’où elles nous sont parvenues: FRAVAUX INEDFTS. 195 Malgré lés ffotiois plus complètes dont la scieice est re- dévable, à ce sujet, aux explorations modernes, il ne faut pas se dissimuler qu'une exactitude plus rigoureuse est encore à désirer datis les renseignements relatifs à la sta- tion des espèces. Nous commencerons cette Notice par les Singes de l'ancien continent. 4° Colobus Sutañas, Wäterh. Nous avons reçu du Gabon, par les soins de M. Aübry Lécotile, un individu de celte espèce que M. Pel, d'après cé que nous apprend M. J. À: Wagñér (Î), considère cümme étänt Simplement üne variété Au Colobts poly- tomUS. Ajoutühs que Hotte exemplaire, qui ést, il est vrai, une femelle, mesuré sétlemient 60 cettiètres du bout du museau à la racine de la queue. D 20 Miopithecus talapoin, Is. Geoff. Saint-Hilaire. | | M. Aubry Leconte et M. Frañquet, chirurgien de notre An riäriné fiätiondle, qui a étirichi lé Musée de Paris de | léxémplaire ddalte de Gôrille, qui en cofstitue une des pièces les plus fâres ét les plus précieuses, nous orit er- ln voyé deux Talapoins captürés au Gäbon. Toûs les détx sont encore jeunes : une taille moins forte et des nuances moins palés les différencient $etlement de nôs autres exemplaires des galeries. . 3 Cercopithecus cephus, Erxl. Uné jéurie Guénüi appartenait à ce lype nous est éga- lement arrivée du Gabon (M. Aubry Lecomte). Cet individu porte, dans le milieu de sa région nasale, une tache trian- (1) 3. À. Wagoer, Supplément aux Mamfiiféres de Schréber, 1855, p. 37. 196 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mar 1857.) gulaire à base inférieure, entièrement composée de poils blancs. Chez nos adultes, nous n'avons constaté que quel- ques vestiges d’une semblable disposition. Nous ne pen- sons point, par conséquent, qu'il s'agisse d’une espèce dif- férente de celle qui se trouve universellement décrite; il est probable que, par les progrès de l’âge, la tache blanche médio-nasale s'évanouit. C’est un fait que des observa- tions ultérieures sont seules aptes à confirmer ou à infir- mer, Car, en cette circonstance, nous n’émettons qu’une conjecture. L’habitat du Cercopithecus cephus est, du reste, plus aus- tral que ne le pense M. Temminck (1), car, indépendam- ment du fait que nous venons de citer et qui l’atteste, nous pouyons ajouter qu'il est fait mention de cette espèce dans le voyage du capitaine Tuckey au Zaire (2). 4 Cercopithecus samango, Wahlb. Ainsi que l’a dit M. J. A. Wagner (3), ce Cercopithèque constitue un synonyme du Cercopithecus labiatus, Is. Geoff. Toutes les différences se réduisent à des différences d'ap- préciation dans les teintes, appréciations essentiellement variables lorsque les descriptions sont faites par des ob- servateurs différents. 5° Cercopithecus Erxlebeni, Dibm. et Pchr. Cette espèce a été signalée aux Mammalogistes par une courte diagnose latine insérée dans Ja Revue et Magasin de zoologie pour 1856 (4). Elle a, depuis, été l’objet d’une description très-complète et très-circonstanciée de la part (1) Esquisses zoologiques sur la côle de Guinée, Mam., p. 31. (2) Vol. I, p. 270. (3) Loc. cil., p. 45. (4) Rev. et Mag. de zoologie, 1856, p. 96. TRAVAUX INÉDITS. 197 de M. Dahlbom lui-même (1). Une planche, due au pin- ceau de notre habile artiste, M. Bocourt (2), est annexée au travail de M. Dahlbom et reproduit les caractères dis- tinctifs de ce Cercopithèque. Nous croyons, dès lors, devoir garder le silence en ce qui le concerne ; la seule indica- tion que nous pourrions donner serait relative à l'habitat, et, malheureusement, aucun renseignement n’est encore venu nous donner quelque éclaircissement à ce sujet. 6° Cercopithecus pygerythrus, Geoff. Saint-Hilaire. Un individu, de sexe mâle, ayant vécu à la Ménagerie est récemment venu dans nos galeries constituer un second exemplaire de cette espèce, encore si rare dans les collec- tions. Sous le point de vue de sa coloration, il est exces- sivement semblable au type décrit par M. Frédéric Cu- vier et par tous les Zoologistes français; mais le pelage est un peu plus court en dessus, différence qui s'explique, sans nul doute, par cette circonstance qu’il est mort re- vêtu de son pelage d'été. Le bandeau frontal blanc est plus large également que chez notre ancien exemplaire, mais il a, comme lui, le menton noir, les poils roux vif de la base de la queue, et les poils noirs de la partie ter- minale du même organe. Des différences plus impor- tantes nous sont offertes par le mode de coloration des poils qui couvrent les pattes et les doigts : ces poils, au lieu d'être noirs, sont vraiment blanchâtres; cette der- nière teinte est surtout saisissable au membre postérieur. Par ce caractère, notre individu s'éloigne du Cercopi- thecus pygerythrus ; il se rapproche, au contraire, du Cercopithecus rufo-viridis. La bande rousse qui existe sur les flancs, chez ce dernier, est fort saisissable, mais {1) Zoologiska Studier, p.109. (2) 1d., id, pl. v. 198 REV. ET MAG. DE Z00LOGIE. (Mai 1857.) moins distincte chez le premier. Si maintenant nous réfléchissons que les trois exemplaires de ces deux es- pèces que possède notre collection publique sont doués de tailles et de grandeurs différentes ; que, sous ce point de yue, notre individu le plus récent est intermé- diaire aux deux plus anciennement connus, il nous sera permis de conjectur er que tous les trois n ‘appartiennent peut-être qu'à une seule et même espèce ( dont le Cercopi- thecus rufo-viridis serait le j jeune âge, le Cercopithecus Py- gerythrus l'âge adulte. Présentement, on aurait tort de regarder l’opinion que nous émettons en cette circon- stance comme étant absolument vraie et rigoureusement démontrée, car il serait fort possible que notre nouvel individu fût un adulte du Cercopithecus rufo-viridis; mais ce ne serait encore qu'une conjecture. De nouvelles obser- valions sont, par conséquent, encore nécessaires pour élucider cette question; c'est aux £oologistes placés dans des conditions favorables à ne pas négliger les occasions qui pourront leur être fournies de lui donner une solu- tion. Mais, de tous les Singes du genre Cercopithèque que j'ai eu récemment occasion d'observer, celui qui, sous le point de vue de sa coloration, m'a présenté les nuances les plus mélangées est un individu qui m'est indiqué comme originaire de la côte orientale d'Afrique. Le do- vateur serait M. Dussumier, dont le nom est devenu à jamais inséparable de l'histoire de la Zoologie contem- poraine, à laquelle il a rendu, par ses voyages et ses ex- plorations, tant de services signalés. C'est en 1830 que le Muséum a reçu cette Guenon, et près de vingt-six ans de macération dans l'alcool! ont, sans nul doute, altéré les teintes initiales de son pelage ; nous ne surprendrons per- sonne en ajoutant qu'il est sorti de son bocal en assez mauvais état. Ce commémoralif une fois établi, passons à la descrip- tion de notre animal. Il est, sur la tête, Q'un fauye roux TRAVAUX INÉPITS. 199 tiqueté de noir; les poils, dans cette région, présentent un large anneau noir dans Jeur partie centrale, et leur pointe est de la ème couleur; le reste est fauve roux. Cette derpière teinte est plus uniforme sur le dos, et, quoique cette région ne soit pas en parfait état de conser- xation, il est permis de supposer que tel devrait être le mode de coloration à l'état frais et sqr le vivant : les teintes noires des anneaux des poils s'y trouvent fort effacées ; sur les parties latérales du corps, la couleur rousse est plus saillante. A la partie postérieure du dos, au contraire, la teinte verdâtre devient fort saisissable ; les anneaux noirs et fauves des poils ont moins d'étendue et sont plus mulupliés. On aperçoit, sur le fr QUE des vestiges de la bande trans- versqle que portent les espèces vertes du genre; sa couleur parait avoir été blanc jaunâtre ; cette teinte est fort sai- sissable sur les poils des côtés de la tête. Sur le menton, j'aperçois quelques poils doués de ja même couleur, qui est également répandue sur les parties inférieures et à Ja face interne des membres. Quant à leur face externe, la cuisse et le bras sont de la couleur du dos, mais Ja jambe et l'ayant- bras sont quancés de gris. Les pattes sont grises également, en avant aussi bien qu'en arrière ; mais, dans la partie voisine des doigts, elles offrent du noir au mem- bre antérieur. Les doigts sont couverts de poils bruns, et même un peu jaunâtres. La queue, très-allongée, présente à sa base, des deux côlés, des poils roux vif. En dessus, elle est gris verdâtre depuis sa base jusqu'à sa partie médiane, mais au delà, par suite de l'épilation, ce n’est que çà et là et par places ue l'on aperçoit des poils tantôt jaunâtres, tantôt noirs. | fâce joférieure du prolougement caudal est plus uni- formément jaunâtre ; à sa pointe et la dépassant, on voit quelques poils dont l'extrémité est noire, et d'un noir plus foncé, dans une grande étendue, de sorte qu'il est possible mde conjecturer que l'extrémité de cet organe à été noire. 200 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1857.) Les dimensions de l'individu auquel s'appliquent les détails qui précèdent sont les suivantes : du corps, depuis le bout du museau jus- qu'à la base de la queue (directe- ment prise, la tête étant tournée à Longueur. . pauChe) l'E EM Pr 0 02 de la queue (mesurée en des- SOS, SNPE PT DS Distance re Eh Etoile etre Sant er ol es LTE 5 bout du museaul à l'oreille. . . . . . .-. 0,086 Hours ; CL AVANEE. e .2 ll are ee EU CH ANDIE TE PA CI EU ur: à TIR 0,26 Si nous comparons maintenant cette Guenon aux autres espèces qui présentent quelque similitude avec elle sous le point de vue de la coloration, nous trouvons d’abord qu'il n’est pas possible de la confondre soit avec le Calli- triche des auteurs (Cercopithecus callitrichus, Is. Geoff. St.-H.), soit avec le Cercopithèque de Werner (Cercopi- thecus Werneri, Is. Geoff. St.-H.) (1). Chez tous les deux, la teinte générale est moins franchement rousse, et la queue est dépourvue, à sa base, des poils roux vif qui existent dans notre exemplaire. Les Cercopithecus Lalandii, pyge- rythrus, rufo-viridis, cynosuros, Auct.; sabœus, Is. Geoff. (2), (1) Catalogue méthodique de la collection des Mammifères du Musée de Paris, Primates, p. 23; et Archives du Muséum, vol. V, p. 539, pl xxvrr. (2) A toutes les synonymies données au Grivet, nous croyons qu'on peut ajouter celle de S'imia æthiops, Hasselq. Voici, au reste, la description faite, si nous ne nous abusons, par Linné lui-même : Caput subrotundum. Rostrum oblusiusculum, breve. Denles ut in homine.Myslaces subrigidi breviusculi, sparsi sine ordine. Nasus oblongus, æqualis, parum elevatus. Nares oblongi, basi remo- liores. Supercilia pilosa : pilis longis, molliusculis. Auriculæ subroltundæ margine inæquales : coma subrigida, candida, erecta, copiosa, parum longa ad tempora infra auriculas. Facies linuginosa.-— Corpus leres, æquale, versus inguina pa- rum anguslalum.— Cauda corpore longior, leres, basi crassior, TRAVAUX INÉDITS. 201 portent un pelage moins roux dans son ensemble : chez ces quatre dernières espèces, les anneaux roux et noirs des poils sont plus nombreux et moins étendus ; malheu- reusement, en ce qui concerne la teinte du menton, nous ne pouvons pousser plus loin la comparaison, notre indi- yidu de la côte orientale d'Afrique ayant cette région beau- coup trop épilée. Ce dernier, enfin, ne nous semble pas non plus pouvoir être assimilé au Cercopithecus tantalus (1), car ce dernier est, par ses couleurs, excessivement semblable au Callitriche, d’après ce que nous apprend M. Ogilby. Plus récemment, M. Péters, dans la partie mammalo- gique de son Voyage à Mozambique, a décrit deux nou- veaux Cercopithèques, mais aucune de ces descriptions ne me semble s'appliquer à notre exemplaire. C’est ainsi apice æqualis, sublus ad basim valde pilosa. — Lumbi latiores, crura angusliora. — Digili 5—5, omnes unguiculali, plantarum longiores. Color ; caput, dorsum, latera, cauda et crura supra ex cano el viridescente mixla. Facies nigrescens. — Abdomen, gula et crura subtus candida. Crura anterius cana. Cauda sublus ferruginea. Linea candida tenuis, proxime super supercilia, transversaliter per frontem exlensa. Magniludo felis domesticæ.—Locus Ælhiopia, unde in Ægyplum copiose à Nilo affertur. Fœmina menstruat. Satis docilis est. (Hasselquist. — 1er palestinum, p. 190.) Cette description pèche, sans nul doute, par quelques points; entre autres détails, la queue est indiquée comme de couleur ferrugineuse en dessous, et cetle inexactitude peut encore s'expliquer par cette circonstance que , dans certains individus de cette espèce, les poils qui entourent la base de la queue offrent des teintes d’un blanc rouillé plus où moins; mais il n’en est pas moins vrai que la déno- mivation latine de Simia ælhiops a été donnée successivement à deux espèces appartenant, pour les Mammalogistes modernes, à deux geures différents. (4) Proc. of the zool. Soc. of London, 1841, p. 33. La description de M. Ogilby est, en ce qui concerne la coloration de l'extrémité cau- dale, contradictoire : apice caudæ, mystacibus et perinæo flavis, dit-il daus sa diagnose latine; et plus bas, page 34, (ail brown at the root, light grey at the tip. 202 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1857.) 10€ que, dans le Cercopithecus ochraceus (D, la queue est indi- quée comme étant de 15 centimètr es plus courte que le Corps. Dans le Cer copitheeus flavidus b les flancs sont plus gris que la région dorsale ; en outre, ces deux espèces sont dépourvues de bande surcilière. Rien de semblable dans notre type : en premier lieu, tout nous fait présumés que la bande frontale a existé ; en : second lieu, à queue, si elle ne dép asse pas de beaucou Ja longueur du corps, lui est au moins égale ; en troisième lieu, les régions | laté- rales du corps ne présentent aucune teinte plus grise. Tous ces détails me paraissent € de nature à établir qu'aucun des Zoologistes modernes n’a eu connaissance de cette espèce, mais je suis porté à penser que la dia- gnose du Simia cynosuros ( de Scopoli (3 3) lui est plus spl cable qu'elle n’est applicable au Malbrouck de Buffon ainsi que l'ont fait tous les contemporains. Dorsum ct latera fusco-rufescentia, dit Scopoli, et notre description ne con- tredit point celte diagnose. Pedes exteriore fusco-cinereoque varii, interiore cani, dit le même obseryateur en parlant des membres; palme pentadactylæ fuscæ, ajoute-t-il pour la couleur des doigts au membre antérieur, et la même teinte est indiquée pour ceux du membre postérieur. La description de la région céphalique en dessus est tout aussi caractéristique et conçue dans les termes suiyants : Frons fastigiata, rufo-nigroque variegata. La coloration des parties inférieures est tout aussi significative. Sans nul doute, les détails relatifs au mode de coloration des poils dans la région dorsale sont omis par Scopoli ; mais, dans le xvint siècle, ces minuties élaient malheureuse- ment négligées. Il est fâcheux que, de notre côté, nous ne puissions avoir nulle notion sur la couleur du scrotum dans notre exemplaire, mais il est évident qu'il nous pré- (1) Reise nach Mosambique, Säug., p. 2 (2) Loc. cil., p. 3. (2) Delicie Faunæ et Floræ insubricæ, p.44, pl xixs FRAME, INÉDS: 308 sente assez de similitude avec l'individu de Scopoli pour donner lieu à quelques doutes sur la détermination des modernes concernant le Simia cynosuros. La diagnose de M. Étienne Geoffroy, qui donne à cette Guenon un pelage run olivatre (1 (1); celle de Kuhl, qui la dit vchraceo- canes- cens (2), me semblent l'une et l’autre traduire d’une ma- nière inexacte la caractéristique de Scopoli. M. Bennett (3), au Teste, a déjà manifesté, à ce sujet, son incrédulité, et, quoique aucun des Mammalovistes qui ont écrit sur les Singes depuis 1833 n'ai été ébranlé dans ses opinions par ces doutes, les détails dans lesquels je viens d'entrer me semblent de nature à justifier, pour le moment, les idées du dernier Zoologiste que nous vénons de citer. IT est évident, en “effet, que de nouv elles observations sont nécessaires pour confirmer la détermination que nous donnons, et elles le sont d’ autant plus que cette détermination a pour objet un individu dont l'état d’intégrité est fort suspect. Ajoutons que nous ne pensons point que Simia cyno- suros soit un synonyme de Simia faunus, L. La descrip- tion de Linné ne peut en aucune façon s'appliquer à cette Guenon. M. Bennett a déjà dit (4) que le Sümia faunus ne différait pas de la Diane: nous pensons, si cette espèce et vraiment, que c’est l'individu fi figuré dans Schréber, pl. xxv, sous le nom de Simia roloway, ANamand. Linné n à ce endant point parlé du bandeau blanc de la région Lontale : mais, nonobstant tous les desiderata de la dia- gnose qu' a donnés le grand Zoologiste, il nous est impos- sible de voir dans son Simia faunus le Cercopithecus cyno- suros des contemporains. (La suite au prochain numéro.) (1) Annales du Muséum, vol. XIX, p. 96. (21 Beytrage zür Zoologie und Vergleichenden anatomie , tab. Syu. Sim., p. 15. {& Proc. of the 3001, Soc. of Lond., 1833, p. 109. ro AE Ms spa: SOS 185 D, 108 20% REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1857.) MoxocraPie du genre TurDIEN Oreocincla; par S. A. M5 le prince Ch. BONAPARTE. Comme on a voulu mettre en doute la validité des différentes espèces d'OrgocINcLA indiquées par nous, nous saisissons cette occasion d’en publier la Monopraphie, cherchant surtout à en débrouiller l’inextricable syno- nymie. La Sous-famille des Turprens se compose aujourd’hui des genres : 1. Zoothera, Vig.; — 2. Myiophaga, Less.; — 3. Oreocincla, Gould; — 4. Turdus, L.; — 5. Cichlher- minia, Bp.; — 6. Cichlalopia, Bp.; — 7. Ixoreus, Bp.; — 8. Planesticus, Bp.; — 9. Cichloselys, Bp.; — 10. Merula, Ray; — 11. Myiocichla, Schiff.; — 12. Geocichla, Kuh]; — 13. Malacocichla, Gould (dont le prétendu Myioturdus fusco-ater, Lafr., forme avec dryas, Gould, et meæicana, Bp., une troisième espèce); — et 14. Catharus, Bp., au- quel appartient Sylvia melpomene, Licht., rangé par Caba- nis et par moi parmi les petits Turdus, mais qui, comme vient de le découvrir M. Sclater, n’est autre chose que le Catharus du Mexique, qui devra prendre ce nom spécifique antérieur à tout autre. On sait que le genre Cicrors ne différant pas, d’ail- leurs, de Ramphocinclus, Lafr., et de Petrodroma, Lesson, appartient à la singulière famille des Cinccines ; et que Cichlalopia n’est fondé que sur le prétendu Turdus vul- pinus, qui est la femelle de ce fameux Rhodinocinela rosea (Furnarius roseus, Auct.), si difficile à classer. Ajoutons à ces notions que Turdus atricilla, Cuv., n’a jamais été un Merle du Brésil, mais est un Hypsipetes de Madagascar voisin, pour le moins, d’olivacea ! que Turdus l'herminieri seul doit constituer le genre Cichlherminia, à bec médiocre, à pattes si grêles et si élevées, à queue al- longée; tandis que le 7. densirostris, Vieill., dont on ne peut éloigner le prétendu Mimus fuscatus figuré pl. vu des Oiseaux de l’Am. sept., Lafr. (Turdus cinereus, Vieïll.; TRAVAUX INÉDITS. 205 — squamatus, Cuv.; — montanus, Lafr. nec Towns.), doit servir de type à un genre tout opposé, et qui, par son gros bec et ses robustes pattes si peu allongées, malgré sa queue courte et presque carrée, peut être considéré comme représentant, en Amérique, les Oreocincla, même par les couleurs de son plumage, sinon par la texture de ses plu- mes : c’est à lui que nous transportons le nom de Cichla- lopia. Mais revenons, au sujet de ce Mémoire, au véritable Genre OREOCINCLA a. Cauda rectricibus 14. Variegatæ. 1. OrocINCLA AUREA , Bp. (Or. varia, Caban.—Turdus varius, Pall., 1811! nec Horsf. qui Or. horsfieldi; nec Vig. et Horsf. qui Or. lunulata ; nec Blyth qui Or. dauma. — T. aureus, Holandre, 1825, ex Ave capta, Sept. 1788. —T. whitii, Eyton, nec Schlegel qui Or. heini), Zoogr. Ross. As., p. #48, t. 88. — Hol. Faun. Mosell., éd. 1830, p. 60. — Eyton, Hist. of rarer Br. Birds, Addend., p. 92, cum fig. — Yarr. Hist. Br. Birds, 1, p. 184, cum fig. ex Mal- mesbury’s specimen. — Gr. et Mitch. Gen. B., p.218, sp. 10. — Bp., Consp., 1, p. 269, sp. 2, part. ex As. sep- tentr. accidentaliter Eur. Gallia, Ins. Britann. Major (Long., 11 1/4 poll. — Al., 5 3/4 poll. — Caud., 4 poll. 6.) : rostro robusto : flavo nigroque varia; plumis basi et apice fuscis tœæniola apicem versus fulvescente ; subtus alba, pectore lateribusque lunulis magnis nigris; qula, abdo- mine crissoque puris : remigum prima quintam æquante ; tertia et quarta omnium longissimis : cauda truncata, rec- tricibus 14! quatuor mediis rufescentibus ; extima utrinque cæteris longiore, apice interne alba ; externis nigricantibus ; omnibus apice albis. Long., 0,350. — AL, 0,180. — Rostr., 0,024. — Tars., 0,036. 2. Ongocixcza uorsriecpt, Bp. (Turdus varius, Horsf., 306 Rev. ur Mag: D Z00L0bté: [Mai 1857.) 1833, et Sthlegél, Faun. Jap: tee Vig. et Horsf: qui Of: lu- fiulatd; net Pall., 1811, qui Or. auféa.) Trans. Liñh. Soc, XIE, p: 149. — Jd., Zool. Res. in Java, IL, cüm fig. — Lath.; Gen. Hist. B., V, f. 91, sp. 91. — Gr. ét Mitch, Gên: B.; 1, p. 218; sp. 7. — Bp.} Consp., L, p. 268; sp: 1; part. = Vufrell, Hit: Br. B., 1} p: 185, Hôréfeld's spè- ciièn: = Mavyil.; Hist. Br. B:, I, p: 146, eéclis. syñoh. Eÿtoni. — Horsf: et Môvie, Cat. B. Edit-Iñd. Mus., 4, p- 192, sp. 265, ex Java. Minor (Long., 10 poll. — Al., 4 7/8 poll. — Caud., 3 poll, — Rostr., 1 poll. — Tars., 1 poll.) : alis brevioribus ; remigum secunda sextam æquante ; tertia et quaflà patullo brevioribis gham Quinth omnium lon- gissima; cauda rotundata ; rectricibus 14! extima utrinque brevissimaz cinéreo-fusca ünicolore; cæteris apice tantum albidis. b. Cauda rectricibus 12. poribtié. 3. OREOGINCLA LUNULATA, Gould (Turdus lunuldtus, Lath. — T. varius, Vig. ct Hürsf., nec Pall: qui Or. aura, Bp.; nec Horsf. qui Or: horsfieldi; Bp. — Oreo- cinicla macrôrhyncha; Gould, major, rostro robustissimo. — Or. nov:-hôllandiæ, Goùld, minor, rostro minus ro- Dasto.) Lamb., Icon: ined., IN, #1. — Procced. Zool: Soc. London ; 1837, HE, p. 145: — 1d:3 Birds of Austral., IV, 7: — Yarrell; Hist. Br: B., 1, p: 186; aüstraliàn spe- cimen! — Gr.et Mitch; Gen. B:; 1, p: 218, sp. 8 et 9. — Brit: Mus. ex Australia, Tasmania; minime vero ex Nova-Zelandia: Media (Long., viæ 44 poll. — Al:, 5 poll:): rostro magno, robusto; brurneo-olivacea; plumis nigro-mar- ginatis; subtus albo-cinnamomet nigricante lunuläta; qula abdomineque parum maculatis ; remigum secünda breviore quam Séétam ; quinta tertiam et quartam vix efcedente, om- nium longissima : cauda truncata; rectricibùs 12, latis, apice perfüscis ; extima utrinque apice albida: HRAVLÉS INEDITS. 507 À. On£dciNera MEN, Caban. (Turdus tohitii, Schlegel, ñec Eyton qui Or. aurea, Bp.— T. squamatus? Boie, 1835), Mus. Hein., p. 6, sp. #4. — Gould, B. of Eur. *xt, À. 81? — Varrel, Hist. Br. B., 1, p. 185 et 186, Japan, Elbe et Bigge’s specimens ex Japonia, accidentaliter F. Media, éliam occid. Affénis Or. aureæ : ed minor et ODiéufior : rôstro valido; pedibus brevissimis. — Long., 10 12 pou. — 41, 5 pol. Siil quoad rôstrim et colores Or. lunulatæ : sed sublus dilutior ; roslro mayis incurvo : aüs longioribus ; remiqum secunda longiore quam quinla : quarta terliam Subæquante iniuñt longissimäm : éatda pallidiore, absque nigredine, rectricum apicibus minus albis; extima tantum apice interno vix albo-fluvescente. Voici, en outre, la description détaillée de l’exemplaire méftionné dans cette Rébue (185%, p. 375) que MM. Jau- Dért ét Guérin ont bieñ voultt me comiiuniquer : Long., 0,270. — Al, 0,125. — Tars., 0,095. — Rostr., 0,024. — Rufo-ciñerea, plumis sitqulif (pilei minimis in- clüsis) rule upicdli nigra ; sublus albida lualis, h gula éxiqjuis oblitératié, it ventre, cris$b, téctricibusque raris, în Dectôre lateribusque crebris, maÿnis ; genis rufo-griseis nigri- cañite pünetatis : alis brevibus ; reigibüs lunceolatis, rachi- dibus Supra nigris, nfrà albidis; prütia elongata quarta Paulo bréviore ; Secunda ét tértia omnitm longissintis : céuda - fübæquali; réétricibus vivcolatinis Unicoloribus; extima tirifique apice àlbo, parte alba poÿonit intérnt qüadrätum fimülante, rachide inferne alba; Sècundh fine indè apicè ÉPtFEMEO tan tint àlbo : rostro elongato ; Mirilla incürva, niz friranté; mandibult bäst pallida : pedibus füscis ; tarsts Elongatts ; digito mediô longissimo; latéraltbus brévibus, sub- œqualibus ; pollive Fübusto, dique valid. 5. OnébcrserÀ Divx : Biyth (pdréirostris, Gould. —Tur- di dau, LAUh:T. Paris, Biÿth, nec Auct.—T!. twhttet, Hodg$. ñéc Eÿtôn), Lath. IN: orh., 1, D. 362, sp. 13. = {d., Géñ. Hist., Ÿ, p. 95. = Piôcéél. Zool. Soc. Lon- 208 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1857.) don, 1837, I, p. 126. — Gr. et Mitch., Gen. B., 1, p. 218, sp. 11.— Blyth, Journ. As. Soc. Beng., XVI, p. 142.— 1d., Cat. Calc. Mus., p. 160, sp. 932. — Horsf. et Moore, Cat. East-Ind. Mus., 1, p. 193, sp. 266, excel. synon. Eytoni et Gouldi qui Or. aurea vel heini! ex Asia centrali. Minor (Long., 10 poll. — AL., 5 1/8. — Cauda, 4 poll. — Rostr., 1 poll. — Tars., 1 1/8 poll.) : olivaceo-fusca, plumis apicem versus cènnamomeis nigricante marginatis; qula, abdomine medio, uropygio, crissoque albis : remigum sccunda quintam æquante; tertia omnium longissima : cauda fusca margine wix pallidiore apice albo-cinerascente : rostro parvo. Quid Oreocincla nilghiriensis, Blyth, Journ. As. Soc., XVI, p. 141? +t Unicolores. 6. OREOCINCLA MOLLISSIMA, Blyth (Turdus mollissimus, Blyth. — T. oreocincloides, Hodgs. minime vero ejusdem vis- civorus. — Or. rostrata, Hodgs.), Journ. 4s. Soc. Beng., XI, 1849, p. 188; et XVI, p. 141. — Id., Cat. Cale. Mus., p. 160, sp. 931. — Hodgs., Cat. B. of Nepaul, p. 80.— Id., Ann. Nat. Hist., XV, p. 326. — J. Gr. Zool., Misc., 1844, p. 83. — Gr. et Mitch., Gen. B., 1, p. 218, sp. 12. — Horsf. et Moore, Cat. East-Ind. Mus., 1, p. 193, sp. 267, eæcl. synon. Hodgs., Bp. et Homeyeri; ex Asia centrali, Nepal. Long., 10 poll. — Al., 5 poll. — Rostr., 1 poll. — Tars., 1 poll. Rufo-olivacea, immaculata ; subtus albida, in pectore rufescens, undique lunulis atris, crebris : alis subtus fascia transversa candida ; remigum secunda valde breviore quam quinta; tertia ct quarta omnium longissimis : cauda truncata; rectricibus mediis dorso concoloribus, obsoletis- sime striatis; lateralibus nigris, apice alhis; extima late alba, externe rufo-cinerea : rostro exillimo, subulato. 7. OREOCINCLA SPILOPTERA, Blyth, Journ. As. Soc. Beng., XVI, p. 142. — I1d., Calc. Mus., p. 160, sp. 933. — Ke- laart, Prodr. Faun. Ceyl., p. 122 ex Asia m. Ceylon. Les belles taches blanches qui ornent les ailes de cette TRAVAUX INÉDITS. 209 espèce, d’ailleurs si distincte, nous dispensent d’en donner la diagnose comparative. ERRATA. C'est par une erreur de gravure que le nom d’Emberiza scotata, Bononi, et surtout Bp., a été gravé sur notre pl. 7 au lieu de Buscarla pityornis, Bp. ex Pallas. C'est aussi à tort que ces mots : Cet oiseau est représenté pl. T, ont été placés page 166; cette indication doit se trouver à la page 165, à la fin du premier paragraphe. AMENITÉS MALACOLOGIQUES ; par M. J. R. BourGuIGnaT. $ LXIV. Du genre CarvcHium. Le genre Carychium a été créé, en 1774, par Othon- Frédéric Müller (1), pour une petite coquille terrestre assez commune, en Europe, dans les lieux humides et ombragés. Ce genre a été adopté par tous les naturalistes, à l’ex- ception de quelques conchyliologues qui, loin de se baser sur l'animal, ne se préoccupèrent que de la coquille, et + de là arrivèrent à classer ce Mollusque dans plusieurs genres fort distincts les uns des autres. Ainsi : Holix, Gmelin, Syst. nat., p. 3635. 1788. — Alten, Syst. abhandl. üb erd-u-flusskonch. Augsb., p. 107. 1812. Bulimus, Zruguière, Encycl. méth. Vers., 1'° part., p. 310. 1789. (1) Verm. Hist…, L, p. 125, et Zool. Dan. prodrom., p. xxx, 1776. 2 sémw, +. 1x. Année 1857. 14 210 REV. ET MAG: DE ZOOLOGIE. (Mai 1857.) —. Binney, Terr. Moll. unit. st., p. 286. 1851. Turbo, Aontagu, Test. Brit., p. 339, 1803. — Maton et Rackett, in Linn. trans., VII, p. 184. 1807. — Pul- teney, Dors. catal., p. 52, 4843. — Dillwyn, Descript. cat., II, p. 880, n° 155. 1817. — Etc., etc. Auficula, Draparnaud, Tabl. Moll., p. 54, 1801, et Hist. Moll. France, p. 57. 1805. — Zamarck, An. s. vert., t. VE, 9° part., p. 140. 1822. — Nisson, Hist. Moll. Suec., p. 55. 1822. — Elc., etc. Säraphia, Risso, Hist. nat... Nice, t. IV, p. 84. 1826. Auricella, Jurine, in Helv. alman, 1817. — Hartmann, Syst. gasterop., p. 49. 1821. Odostomia, Fleming, in Edimb. encycl., t. VII, p. 76. 1814. Pupa, Say, in Philad. journ., IE, p. 375. 1821. — Gould, in Bost. journ., IIT, p. 398, 1841, et Rep. Massach., p. 191. 1841. — Etc.; etc... CaRACTÈRES DU GENRE. — Animal pouvant être contenu en entier dans sa coquille. Tête ornéé de deux tentacules conico-cylindriques, médiocres, et munie d’une mâchoire un peu arquée, sans côtes antérieures, à peiné striée sur le bord, sans denticules marginales. Veux situés vers la base des tentacules. Orifice respiratoire du côté droit du collier. Orifices générateurs à droite; le masculin sur le mufle, en avant du tentacule; le féminin vers la base du cou. Pied médiocre, un peu étroit. Coquille dextre, ovale-allongée, plus ou moins épaisse, subtransparente. Tours de spire, de quatre à six. Ouverture ovalaire munie d'une à trois denticulations, placées tou- jours ainsi : une sur la paroi aperturale, une sur la colu- melle, enfin une sur le bord extérieur, Péristome plus ou moins bordé. Bords marginaux toujours réunis par une callosité. Ombilic présentant la forme d'une simple fente. Les Carychies habitent sous les mousses, sous les feuilles ou le bois pourri, enfin au pied des arbres, dans presque tous les endroits humides et ombragés, TRAVAUX INÉDITS. 211 Les Carychies sont peu sensibles au froïd et à la cha- leur, puisqu'elles se plaisent depuis les régions glacées de la Sibérie et de la Laponie jusque dans les contrées de l'Inde et les parties les plus chaudes de l'Italie et de l'Es- pagne. Les espèces qui composent le genre Carychium sont, du moins à notre connaissance, au nombre de seize, ré- parties ainsi qu’il Suit : 1 espèce en Asie; 3 en Amérique; 12 en Europe, sur lesquelles 6 ne sé trouvent qu'à l'état fossile. Ce chiffre de seize espèces peut, à première vue , pa- raitre coasidérable; il n’en est rien, eependant. Nous croyons, en effet, que ce genre est appelé à prendre um plus grand développement dès que les conchyliologues voudront bien jeter un regard moins dédaigneux sur ces petits Mollusques, dont nous allons donner la descrip- tion. | CARYCHIUM MINIMUM, Carychruom minimum (1), Müller, Verm. hist., {1 , p. 125. 1774. Helix carychium, Gmelin, Syst. nat., p. 3665. 1788. Bulimus minimus, Pruguière, Encycl. méth. Vers, E, p- 310. 1789. Auricula minima, Draparnaud, Tabl: Moll., p. 54. 1801. Œurbo carychium, Montagu, Test. Brit., p. 339, pl. xxu, f. 2. 1803. Carychinm minimum, Férussac, Ess. méth. conch., p. 54. 1807. Odostomia carychium, Fleming, in Edimb.encyel., vol. VIH, {°° part., p. 76. 1814, (1) Non Carychium minimum de Noulet, Dupuy, etc. 212 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. {Mar 1857.) Auricula carychium, Ales, Dissert. test. Tubing., p. 30. 1818. Auricella carychium, Jurine, in Hartmann, in Neue Al- pina, vol. I, p. 215, n° 8. 1821. Carychium minutissimum (1), Férursac, in Hartmann, in Sturm, Deutsch]. fauna, fase. vi, fol. 1, 1823 ; — et Férussac, in Beck, Index Moll., p. 103. 1837. Carychium minimum, var. B ventricosior. Beck, Ind. Moll., p. 103, 1837. Auricella inflata, Hartmann, in Sched. (teste L. Pfeiffer, Monogr. auricul., p. 162. 1856). Nous venons d'indiquer simplement les principales sy- nonymies de cette espèce, sans citer les deux cent quatre- vingt-six ouvrages où cette Carychie se trouve relatée, du moins à notre connaissance. Ces synonymies, en effet, ne sauraient, pour cette coquille, être d’une grande utilité scientifique, puisque nous croyons que la plupart des au- teurs ont confondu sous l'appellation minimum plusieurs espèces des plus intéressantes. Testa subrimata, ovato-oblonga, tenui, striatula, lutescenti-hya- lina ; spira elongata ; apice obtusiusculo; sutura profunde submar- ginata; anfractibus 5 convexis; ultimo 2/5 longitudinis æquante, ventricosiore; apertura ovato-oblonga; pariete aperturali fere in medio plica compressa ornato; plica columellari distincta, denti- formi; peristomate labiato; marginibus subconniventibus, callo junctis, dextro superne perarcuato, medio calloso, unidentato, colu- mellari subpatulo. Coquille ovale, oblongue, transparente, d’une teinte un pêu jaunâtre et pourvue d’une fente ombilicale presque nulle. Test paraissant lisse, mais laissant voir, au foyer d’une forte loupe, une série de petites stries fines et régu- lières (2). Spire allongée, à sommet un peu obtus. Suture profonde, un peu submarginée. (1) Non Carychium minutissimum de Braun et de Bronn. (2) Plus la coquille prend de l’âge, plus les stries tendent à dis- paraître. TRAVAUX INÉDITS. 213 Cinq tours convexes, dont le dernier, plus ventru, égale les deux cinquièmes de la longueur totale. Ouverture ovale, oblongue, à paroi aperturale ornée, vers son milieu, d'une lamelle comprimée assez forte. Pli columellaire dentiforme et parfaitement saillant. Péristome plus ou moins bordé, muni, vers le milieu de son côté droit, d’une callosité tuberculeuse plus ou moins prononcée. Bords marginaux tendant à se rapprocher et réunis (comme, du reste, dans toutes les Carychies) par une callosité assez sensible. Long., 2, 2 1/4 mill. — Diam., { mill. Habite au pied des arbres, sous les feuilles pourries ou sous le bois mort, dans les endroits humides et ombragés. Le Carychium minimum a été constaté dans toute l’Eu- rope. Nous le connaissons également des environs de Blidab, en Algérie, où il a été recueilli par notre ami M. Arthur Morelet. Il y a peu d'espèces qui présentent un aussi grand nom- bre de variations insignifiantes que le Carychium maini- mum. — Son péristome, en effet, se trouve, suivant les échantillons, plus ou moins bordé ; ses denticulations plus ou moins prononcées ; son test plus ou moins grêle, enfin plus ou moins ventru. Malgré tout, cependant, on recon- naît toujours le type du minimum au milieu de ces diffé- rences de taille, de péristome et de denticulation, etc. Parmi les variétés de cette espèce , il y en a deux qui méritent surtout d’être signalées. 1° Var. B. Carychium minutissimum de Férussac. Coquille semblable au type, seulement à test plus petit, plus grêle. Cette variété se rencontre un peu partout. 2 Var. C. Auricella inflata, de Hartmann. Carychium minimum, var. ventricosior de Beck. 214 REV. ET MAG, DE ZOOLOGIE. (Mai 1857.) : Goquille plus entrue, à péristome bien bordé. Se trouve en Suisse, dans le Tyrol, etc... Nous connais; sons principalement cette variété des montagnes qui avoi- sinent Blidah, en Algérie, CARYCHIUM TRIDENTATUM. Saraphia tridentata, Risso, Hist. nat. Nice, €. IV, p. 84, 1826. Carychium nanum, Anton, Verzeichn, der conch., p. 48, n° 1760. 1839. Carychium minimum, yar. L. Pfeiffer, in Wiegm. arch., p- 224, 1811. Carychium elongatum, A. et J. B. Villa, Disp. syst., p.59, 1841. Carychium minimum, var. A. nanum, Küster, Syst. conch, cab. (Auricul.), p. 5, tab. 1, f. 10 (mal.). 1844, Carychiun elongatum, À, etJ, B. Villa, Catal. Moll. Lom- bardia, p. 8. 1844, — — Spinelli, Catal. Moll. terr. e fluv. Bresciana, p. 14. 1851. Carychium minimum, var, elongatum, Strobel, Not. malac, Trentino, p. 20. 1851. — — Em. Cornalia, Catal. gast, della valle dell’ Isonzo, dell Aliipiano d’Adelsberg, etc. (extrait du Giorn. istit. Lomb. di scienze, lettere ed arti, t. El), p.35. 1852. — — Tassinari, in Strobel, in Giorn. malac., p. 70. 1854. Carychium elongatum, L. Pfeiffer, Syn. Auricul,, in Malak. Blatter, p. 152, n° 173. 1854. — — H.et À. Adams, The gen. of rec. Moll., t. I, p. 242. 1855. — — LE. Pfoiffer, Monogr. Auricul., p. 162 et,198. 1856, TRAVAUX INÉDITS. 215 Testa subrimata, oblongo-subfusiformi, lævigata, hyalina; spira elongata, apice obtusiuseulo; sutura profunda, simplice; anfractibus G convexis; ultimo angustiore, 1/3 longitudinis æquante; apertura obliqua, acuminato-ovali; pariete aperturali uniplicato ; plica colu- méllari dentiformi; peristomate sublabiato, éxpanso ; märgine dextro intus subunidentato. Coquille oblongue, fusiforme, transparente, entière: ment lisse et pourvue d’une fente ombilicale à peine sen- sible. Spire allongée, à sommet un peu obtus, Suture simple et profonde. Six tours convexes, dont le dernier égale Je tiers de la longueur. Ouverture oblique, ovale, acuminée. Paroi aperlurale munie d'une lamelle saillante. Pli columellaire assez fort. Péristome bordé , un peu ré- fléchi. Bord droit orné intérieurement d’une denticula- tion plus ou moins prononcce. Long., 3 mill. — Diam., 1 1/4 mill. En France, cette espèce se rencontre dans les environs de Toulon, de Marseille, etc.; en Italie, aux environs de Nice; enfin dans toute la Lombardie et la partie moyenne de l'Italie, ainsi que dans les provinces autrichiennes voi- sines de la mer Adriatique, telles que Vistrie, la Dal- matie, ete... Le Carychium tridentatum difière essentiellement du minimum par son test plus allongé, par ses six tours de spire, par son dernier tour plus petit et moins dilaté, par sa surface entièrement lisse, par l'enroulement régulier de sa spire, etc., etc. Risso est le premier qui ait fait connaître ce Canychiem, et, quoique sa description soit loin d'être de la dernière perfection (1), il est impossible de ne pas voir que son tridentatum ne doit être autre chose que l'elongatum de Villa et que le nanum de Küster. (1) « Testa glabra, nitida…, anfractubus sex, tumidulis, glaber- « vémis; peritremate ad dextram deutibus duobus iuæqualibus, « posteriore lamelliforme, altero obtuso, ad sinistram dente uno « obtuso armato, » 916 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1857.) CARYCHIUM STRIOLATUM. Testa subperforato-rimata, oblongo-fusiformi, diaphana, elegan- tissime striata; spira elongata, apice obtusiusculo; anfractibus 6 convexis, regulariter crescentibus, sutura profunda, simplice sepa- ratis ; ultimo 1/3 longitudinis æquante ; apertura acuminato-ovali ; pariete aperturali prope columellam valide uniplicato; plica colu- mellari dentiformi; peristomate labiato, expanso; margine dextro intus denticulo valido munito. Coquille oblongue, fusiforme, diaphane, striée avec une extrême élégance, surtout vers la suture, qui est simple et profonde. Spire allongée, à sommet un peu obtus. Six tours convexes, s’accroissant avec régularité. Dernier tour éga- lant le tiers de la longueur totale. Ouverture ovale, acu- minée, ornée, sur la paroi aperturale, d'une dent très- saillante située près de la columelle; celle-ci, qui offre un pli columellaire très-fort, au lieu de cacher la rainure om- bilicale, se relève, au contraire, en cet endroit, et laisse, par ce moyen, un plus grand développement à cette rai- nure, de telle sorte que la coquille paraît comme perforée. Péristome fortement bordé et un peu réfléchi. Bord droit orné intérieurement d'un tubercule de forte taille. Long., 3 mill. — Diam., { mill. Cette magnifique Carychie, l'une des plus curieuses du genre, habite sous les bois pourris, le long des ruisseaux dans la forêt d'Orient, ainsi que dans les bois des environs de la Ville-au-Bois-lès-Vendeuvre (Aube). Le Carychium striolatum ne peut être rapproché que du Carychium tridentatum, mais on le distinguera de cette espèce 14° A son test fortement strié et non lisse; 2 À sa perforation ombilicale; 3° À ses tours de spire, qui s’accroissent avec régula- rité; 4° À son ouverture, qui possède un péristome plus TRAVAUX INÉDITS. 217 épaissi, et des denticulations plus fortes et plus saillantes ; 5° A la denticulation de la paroi aperturale, qui se trouve située près de la columelle, etc., etc. CARYCHIUM GRACILE. Auricula gracilis, Morelet, Moll. Post., p. 76, pl. vu, f. 3. 1845. Carychium gracile, L. Pfeiffer, Monogr. auricul., p. 163 et 198. 1856. Testa fusiformi, albescente, argute striatula ; spira elongata ; apice acutiusculo ; anfractibus 6 convexis, ac sutura impressa separatis ; apertura oyato-trigonali; plica columellari distincta ; margine dextro intus medio callo dentiformi, munito; peristomate reflexo, albo- labiato. Coquille fusiforme, blanchâtre, finement striée, à spire allongée et à sommet aigu. Six tours convexes, séparés par une suture bien marquée. Ouverture ovale trigonale, à péristome réfléchi et bordé d'un bourrelet blanchâtre. Pli columellaire sensible. Bord droit intérieurement muni, vers son milieu, d'une éminence tuberculeuse assez forte. Long., 2 mill. — Diam., { mill. Habite aux environs de Coïmbre (Portugal), sur le bois pourri et les détritus de végétaux. CarycHium RAYIANUM. Testa subrimata, ovato-conica, hyalina, lævigata; spira conica; apice obtusiusculo; aufractibus 5 conyexis, sutura profunda, simpli- ceque scparatis; ultimo 1/3 longitudinis superante; apertura oyato- oblouga; pariete aperturali prope columellam parvula plica com- pressa oruato; plica columellari exigua, vix distincta; peristomate nou labiato, simplice, leviter expanso ; margiue dextro medio indis- tincte callosu. Coquille ovale, conique, hyaline, lisse, pourvue d'une 9218 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE, (Mai 1857.) fente ombilicale à peine sensible, Spire conique, à sommet un peu abtus: Cinq tours convexes, séparés par une gu- ture simple et profonde. Dernier tour dépassant le tiers de la longueur totale. Ouverture ovale, oblongue, ornée, sur sa paroi aperturale, vers la columelle, d’une très-petite denticulation comprimée. Pli columellaire peu distinct. Péristome simple, à peine bordé et légèrement réfléchi. Bord droit possédant, vers son milieu, une callosité à peine sensible. Eong., 2 mil. — Diam., 1 mill. Cette nouvelle espèce, que nous dédions à M. Jules Ray, conservateur du musée de Troyes, habite au pied des arbres, dans les mousses des endroits humides et ma- TÉCAGEUX. Nous l’avons recueillie dans les marais de Villechétif, près de Troyes (Aube). Carxcnium Inpicuw. Carychium bidens, Hutton, Mss. Carychium indicum, Benson, Char. af Diplom., ete... also of a new species of Carychium, ete..., in The Ann: and Mag. of nat. Hist., val. AV (2° série), p. 1494. 1849. — — H.et A. Adams, in Proceed. zool. Soc., p. 84. 1854. — — LE. Pfeiffer, Synops. auricul..., in Malak Blatter, p. 152, n° 174. 1854. — — JH.et 4. Adams, The genera of rec. Moll., t. II, p- 252. 1855. — — E. Pfaiffer, Monogr. auricul., p. 163 et 198. 1856. Testa vix rimata, oblonga, fere cylindrica, tenui, lævigata, hyalina ; spira elongata, sursum vix attenuata; apice obtusiusculo; aufracti- bus 5 lente crescentibus; superioribus convexis ; ultimo ac penultimo subplanatis ; ultimo 1/3 longitudinis vix æquante; apertura parum TRAVAUX INÉDITS. 219 obliqua, ovali; pariete aperturali unidentato; plica columellari me- diocri, obliqua ; peristomate incrassato; margine dextro igtus medio callo dentiformi, munito. Coquille oblongue, cylindriforme, grêle, lisse, hyaline et pourvue d'une fente ombilicale peu sensible. Spire al- longée, à sommet un peu obtus. Cinq tours à accroisse- ment lent, dont les premiers sont conyexes et les deux derniers presque plans. Dernier tour égalant à peine le tiers de la longueur totale. Ouverture ayale, peu oblique, à péristome épaissi. Paroi aperturale ornée d’une flenti- culation. Pli columellaire petit et oblique. Bord droit in- térieurement muni, vers son milieu, d’une callosité assez forte. Long., 2 mill. — Diam., 2/3 mill. — Haut. de l’ouvert., à peine 2/3 de mil. Habite, sous les feuilles pourries, à Simla et à Landour, dans le Sous-Himalaya (Hindoustan), CABYCHIUM EXIGUUM, Pupa exigua, Say, in Journ. Acad, nat. sc, Philad., vol. IH, p. 379. 1821. — — (ould,in Bost. Journ, nat. Hist., vol. IE, p. 398, pl. ru, f. 20, 1841. — — Gould, Rept. invert. Massach., p, 191, f, 122. 1841. Carychium exigoum, L, Pfoiffer, io Wiegm. für Nat. vol. I, p. 224. 1841. — — Küster, Syst. conch. cab. — Auricul..., p. 61, t. I, f. 13-14 (mal.). 1844. — — Jay, Catal. shells.. (4° éd.), p. 263, n° 6122. 1850. Bulimus exigous, Binney, Terr. Moll. unit, st., vol. LI, p.286, 1, LIU, f. 1, 1851. Carychium exiguum, Stimpson, Shells of New-Enpgl., p. 52. 5 L 1851, 220 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1857.) — — Frauenfeld, Uber neu Entd. Hohlenth., in Verh. z00l. Vereins in Wien, t. IV, p. 10, taf. 1, f. 1. 1854. — — H.et À. Adams, À Monogr. in Proceed. z0ol. Soc., p. 33. 1854. — — L. Pfeiffer, Syn. auricul..., in Malak. Blatter, p. 152, n° 179. 1854. — — H.et 4. Adams, The gen. of rec. Moll., vol. IT, p. 242. 1855. — — L. Pfeiffer, Monogr. auricul., p. 165 et 198. 1856. Testa vix rimata, ovato-turrita, hyalina, vix striatula; spira elon- gata, acutiuscula ; anfractibus 6 convexiusculis ; ultimo 1/3 longitu- dinis paulo superante ; apertura yix obliqua, ovata; pariete apertu- rali, prope columellam dente compresso, munito; plica columellari distincla; peristomate simplice, expanso ; margine columellari sub- dilatato. Coquille turriculée, ovale, hyaline, à peine striée et munie d'une faible fente ombilicale. Spire allongée, un peu aiguë. Six tours convexes, dont le dernier surpasse | un peu le tiers de la longueur totale. Ouverture un peu oblique, ovale, à péristome simple et réfléchi. Paroi aper- turale munie, près de la columelle, d’une petite dent com- primée. Pli columellaire distinct. Bord extérieur un peu infléchi en dedans. Bord columellaire un peu dilaté. Long., 2 mill. — Diam., 3/4 mill. Habite les États-Unis d'Amérique, dans les États de Vermont, de Pensylvanie, de l'Ohio, d’Arkansas, etc. CARYCHIUM EXISTELIUM. Testa vix rimata, elongato-turrita, hyalina, lævi, vel vix striatula ; spira elongata, acutiuscula; anfractibus 6 convexis ; ultimo 1/3 lon- gitudinis æquante ; apertura parum obliqua, ovata, paululum par- vula ; pariete aperturali prope columellam dente minutissimo mu- nito ; peristomate reflexo; margine externo paululum intus inflexo. Coquille turriculée, très-allongée, hyaline, lisse ou à TRAVAUX INÉDITS. 291 peine striée, et munie d'une fente ombilicale peu sensi- ble. Spire allongée, à sommet aigu. Six tours très-con- vexes, dont le dernier égale le tiers de la longueur totale. Ouverture peu oblique, ovale, proportionnellement petite, ornée seulement d’une seule denticulation peu saillante située près de la columelle. Péristome réfléchi. Bord exté- rieur un peu infléchi en dedans. Long., 2 1/2 mill. — Diam., 3/4 mill. Habite les États-Unis d'Amérique. Nous ne connaissons point la localité précise où a été recueilli ce Mollusque. Le Carychium eæistelium se distingue du Carychium exiguum, avec lequel il peut être assimilé, par sa taille plus élancée, plus grêle; par sa bouche moins dilatée et munie d'une seule denticulation située sur la paroi aperturale, vers l'insertion de la columelle; par sa columelle lisse ; par sa suture plus prononcée; par son dernier tour de spire, qui égale le tiers de la longueur et qui ne le dépasse point comme dans l'exiguum. CARYCHIUM EUPHÆUM. Testa vix rimata, elongato-turrita, hyalina, lævi; spira acuminato- acutiuscula ; aofractibus 5 convexiusculis ; ultimo 1/3 longitudinis Superante; apertura parum obliqua, oblonga; pariete aperturali, denticulo mediano, adornato; peristomate leviter labiato, reflexo ; margine externo intus inflexo. Coquille allongée, turriculée, hyaline, lisse, à peine pourvue d'une fente ombilicale. Spire acuminée, aiguë. Cinq tours un peu convexes, dont le dernier surpasse le tiers de la longueur totale. Ouverture peu oblique, oblongue; paroi aperturale munie, vers le milieu, d’une seule denticulation assez forte. Péristome légèrement bordé et assez réfléchi. Bord extérieur infléchi en dedans. Long., 1 3/4 de mill. — Diam., 3/4 mill. Habite les États-Unis d'Amérique. 393 nov. Er MAG. DE YOOLOGE. (Mai 1857.) Le Cüfichim euplæum peut être rapproché dès Cary= chiüm existelim et exiguum. 14° On le distinguera de l’eristehium à sa taille plus faible, à sa spiré plus aiguë, à son ouverture proportion- ñellement plus dilatée, à sa paroi aperturale ornée, vers son milieu, d’üne petite denticulation; à son péristome plus réfléchi et plus épaissi, etc.; enfin à ses cinq tours de spire, etc., etc. %æ On le séparéra de l'éxiguum à sa taille également plus faible, à son ouverture munie seulement d’une seule denticulation, tandis que celle de l’exiguum en possède deux, à son péristome plus épaissi, plus réfléchi, à sa spire plus aiguë, etc., etc. CARYCHIUM MINUS. Carychium minus, Férussac, Cat. Moll. terr: et flav. re cueillis par Rang dans un voyage aux grandes Indes (extr. du Bull. univ. sc. et indust,, 2° sect., févr. et mars 1827), p: 10, n° 57. 1827. Habite les environs de Porto-Praja, dans l’île de San- tiago (archipel du cap Vert) (Férussac). Tel est le seul document que Férussae ait donné sur cette Carychie, que nous relatons seulement à titre de ren- seignement. Reste maïntenant à examiner les Carychium fossiles. Les Carychies ont fait leur première apparition dans les couches terrestres et lacustres de l'époque falunienne, pour atteindre leur maximum de développement (comme on vient de le voir) à l’époque actuelle. Les Carychies w'ont été trouvées à l’état fossile que dans deux étages, l'étage falunien et celui des lehms contem- TRAVAUX INÉDITS, 993 porains. On ne les connaît point de l'étape intérmédiaire, le subapennin, quoiqu'il soit indubitable que ce genré doit y avoir des représentants. Il serait bien difficile, en effet, d'admettre que ces animaux aient fait leur appari- tion et se soient éteints dans le mème étage falunien, pour réparaître de nouveau à celui des lehms contemporains, après avoir été détruits pendant toute la période subapen- nine. Les Carychium de l'époque falunienne sont les : Carychium eumicrum, —> antiquum, _ nanodeum, — Nouleti. Ceux des lehms contemporains sont les : Carychium episomum, —_— minimum , — vulgare. Passons actuellement aux descriptions de ces coquilles fossiles, CARYCHIUM EUMICRUM. Carychium minutissimum (1), AË Braun, Natfv., p. 149. ; 1812. {= — — Bronn, Index paleont., € I, p. 241. 1848. Mesta minutissima, cylindrico-elongata, vix subrimata, fragili, ….cubleute tenuissime striatula ; anfractibus G convexis, regulariter …crescéntibus; ultiiro 1/3 longitudinis vit Superante; apertüra ovato- Î rotuudata, in pariete aperturali prope iusertionem marginis extermi, « denticulo adornata; peristomate simplice; labro columellari pau- lulum iucrassato. Coquille d'une extrême petitesse, eylmdrique, aHon- gée, fragile, presque lisse et munie d’une petite fente om- (1) Non arychium minutissium de Férussac et de Beck. 294 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1857.) bilicale à peine sensible. Six tours de spire un peu con- vexes et s’accroissant avec une grande régularité; le der- nier surpassant un peu le tiers de la longueur totale. Ou- verture ovale arrondie, munie, sur la paroi aperturale, vers l'insertion du labre extérieur, d’une denticulation peu considérable. Péristome simple, non épaissi, sauf vers la partie columellaire. Long., 1 mill. — Diam., 1/2 mill. Se rencontre à l'état fossile dans les dépôts lacustres et terrestres de Hockhein (Nassau), près du confluent du Mein et du Rhin, ainsi que dans ceux des environs de Mayence. CARYCHIUM NANODEUM. Testa obeso-oblonga, ventricosa, paululum rimata, fragili, stria- tula ; apice obtuso; anfractibus 5 convexis, sutura valde impressa separatis; ultimo magno; apertura piriformi, sat dilatata, peristo- mate sat acuto, paululum incrassato; pariete aperturali prope colu- mellam, denticulo valido, adornato; labro columellari ad basim acute minute tuberculifero. Coquille obèse, oblongue, ventrue, fragile, ornée de pe- tites stries délicates et munie d’une fente ombilicale. Sommet obtus. Cinq tours de spire convexes, séparés par une suture profonde; dernier tour très-développé. Ouver- ture piriforme assez dilatée, à péristome un peu bordé et, malgré tout, un peu aigu. Paroi aperturale ornée, près de la columelle, d'une denticulation assez forte. Columelle munie, à sa base, d’une petite éminence tuberculeuse aiguë. Long., 2 mill. — Diam., 1 mill. Se rencontre à l’état fossile dans les couches terrestres et lacustres de Wiesbaden (Nassau). CARYCHIUM ANTIQUUM. Carychium antiquum, Al. Braun, Naturfv., p. 149. 1842. TRAVAUX INÉDITS. 225 — — Bronn, Ind. paleont,, t. I, p. 241. 1848. Testa obeso-oblonga, paululum rimata, fragili, lævi, vel sub lente minulissime striatula; apice obtuso; anfractibus 5 convexis, sutura impressa separatis; ultimo magno; apertura ovato-oblonga; peri- stomate incrassato, ac in medio labri externi tuberculifero ; pariete aperturali prope columellam denticulo exiguo, adornato ; columella recta, simplice. Coquille obèse, oblongue, fragile, lisse ou à peine striée au microscope, et munie d’une petite fente ombilicale. Sommet obtus. Cinq tours convexes séparés par une suture bien marquée; dernier tour dilaté. Ouverture ovale-ob- longue. Péristome bordé et orné, sur le milieu du labre extérieur, d'un petit renflement tuberculeux. Paroi aper- turale munie également d’une petite denticulation située vers la columelle, qui est simple et droite. Long., 2 mill. — Diam., 4 mill. Se rencontre, avec le Carychium nanodeum, à l'état fos- sile dans les couches terrestres de Wiesbaden (Nassau). Le Carychium antiquum ne peut être rapproché que du Carychium nanodeum , mais on l’en séparera facilement à son ouverture plus oblongue et moins dilatée dans le sens de la largeur, à sa columelle droite et sans dents, à sa paroi aperturale munie d'une denticulation plus petite et moins saillante, à son péristome bordé et orné, vers le milieu du labre extérieur, d’une éminence assez pro- noncée. CARYCHIUM EPISOMUM. Testa ovato-ventricosa, obesa, fragili, lævi; apice obtuso; anfrac- tibus 5 convexis, velociter crescentibus, sutura impressa separatis ; ultimo dilatato, ventricosoque ; apertura parvula, coarctato-elongata ; perisiomate valde incrassato, ac in medio Jabri externi valide tuber- culifero; pariete aperturali prope columellam validum denticulum præbente. Coquille obèse, ovale, ventrue, fragile, lisse, à sommet 2 éme. Tr. 1x, Année 1857. 15 996 Rev. ET MAG: DE Z0010GIE. [Mai 1857.) obtus. Cihq tours de spire convexes, s’aceroissant rapide- ment et séparés par une suture bien prononcée; dernier tour ventru et dilaté. Ouverture petite, allongée et res- serrée dans le sens de la largeur. Péristome bordé, très- épaissi et muni, vers le milieu du labre extérieur, d’un fort tüberétile. Paroi apertüralé othée, près de là colu- melle, d’une denticulation assez considérable. Bong., 8 ill. — Diam., 4 4/2 will. Se rehcontre à l’état fossile dans les couchés contempo= räiniés de Canstadt (Wurtermberg). Cañveniui Nour£ti. Carychiüin minimum (1), Dupliy, Essai Sur les Moll. terr. et fluv. du Gërs, p. 98: 1843. — — Dupuy, Descript. de quelques coq: terr: füss. de Sänsañ; in Jourh. de Conch:, p. 312 (Sept: 1850). Carychiuni miifimu fossile, Noulet, Dipui) et dé Boïssy, liste des cog....…, in Lartet, Notice sur la cülline de Sansan..…, p. 44. 1851. æ — 2 Noulet; Mém. sur les coq. foss. des terrains d’eau douce du sud-ouest de la France, p. 99.854. Carychium minimum, Grüteloup et Raulin, Cat. des Müll, terr. et fliv. viv: et foss: de la Franice..., p. 25. 1855. æ — Raulin, Distrib: géol dés anim: vert. et dés Moll., etc., de l’Aquitaine. Extr. « Actes Acad. impér. de Bordeaux, p. 395. » 1856. Testa subrimata, ovato-oblonga, lævigata, tenui; spira elongata; apice obtusiuseulo; anfractibus 5 convexis, sutura profunda sepa- ratis; ultimo ventricosiore; apertura ovata; pariete aperturali prope columellam exigua plica compressa ornato; plica columellari par- vula, ac ad columellæ basim sita; peristomate labiato; margine dextro in medio calloso; marginibus approximatis, tallo junetis, Côquille üvale, oblongüe, fragile, lisse où pafaissant à (tj Non Caïféhiuin midimumi de Müller. TRAVAUX ivébrré. 937 péiñe Silloftiéé, Sous le foyer d'une fürte loupe, de quel- Qües petites striès fines et irrégulières. Spire allongée, à Sommmét un peu 6btus. Cinq tours convexes, séparés par UE primée. Pli columellaire très-petit et toujours situé à la base de la columellé, té qüi Ti dôtine une apparence tronquée. Péristome bordé. Bord droit orné, vers son Milieu; d’une émihetice tubéfctleuse plus Où Moins sen- sible, suivant les échantillons Bords margitiäux fäppro- chés et réunis par une callosité. L Long., 1 1/2, 3 mill. — Diam., 1 mil. Carychium Nouleti se rencontre à l'élat fossile dans Ï6$ couches d'argiles marneuses dé Sansan (département dü Gers). … La Carychie de Noulet ne peut être confondue qu'avec le Carychium minimum de Müller. On distinguera cepen- ant avec facilité notre espèce de cette dernière 1° à sa paroi apérturale ornée, près de la columelle, d’une petite lamelle comprimée, tandis que dans le minimum cette Jämelle est toujours bien plus forte et se trouve toujours Située sur le milieu de la paroi aperturale ; 2 à son pli co- lümellaire, situé tout à fait À la base de la columelle, ce Qui n'a pas lieu chez le minimum, où le pli columellaire se trouve médian et toujours bien plus considérable, etc. CaRYCHIUM MINIMUM. Nüus tappélüns cette éspècé pour dire seulement qu'elle 6 trouvé à l'état fossilé dans les couthes contemporaines dé Paris. Môrris (Cal. British foss., p. 249. 1854) indique égale- ment cette coquille des ei ficustres des environs de Stallôh, Cläéloti, Gräys, Mdiastône, Charmg, Witham et Copford, en Angleterre. 298 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mar 1857.) Bronn (Ind. Pal., t. [, p. 242, 1848) et Brown (in Ann. nath., t. VIT, p. 428, et t. XEÏ, p. 477) citent le Carychium minimum de plusieurs localités d'Allemagne où se trou- vent des dépôts de lehms coïtemporains, tels que celui des bords du Rhin, celui de Canstadt, dans le Wurtem- berpg, etc... CARYCHIUM VULGARE. Carychium vulgare, Al. Braun, in D. natfv., p. 144, 145 et 149, 1842. Nous inscrivons enfin le Carychium vulgare, sur lequel nous n’avons pu obtenir que les renseignements les plus insignifiants. Cette coquille, recueillie en Allemagne dans le lehm contemporain, est-elle une bonne ou une mau- vaise espèce, c’est ce que nous ne pouvons définir pour le moment; car si, d’une part, Braun croit à la validité de son espèce, Bronn, d’une autre part (Ind. Pal., t. 1, p- 241. 1848), range le vulgare parmi les synonymes du minimum . En présence des opinions de ces deux auteurs, sur l’ap- préciation desquels on ne doit presque jamais se fier, il est prudent de se taire, jusqu'au moment où on aura ob- tenu sur cette coquille fossile de plus amples renseigne- ments. Telles sont les espèces vivantes et fossiles qui compo- sent, du moins à notre connaissance, le genre CaARYcHIUM. Enfin, pour compléter l’histoire des Carychies, nous croyons convenable de relater ici plusieurs espèces qui, quoique classées par les auteurs parmi les Carychium, ap- partiennent à des genres différents. Ces espèces, au nombre de 33, doivent être réparties ainsi qu'il suit : TRAVAUX INÉDITS. 229 6 dans le genre Acme, 2 — Alexia, 1 _— Auricula, 2 — Azeca, 1 — Bulimus, 3 — Diplommatina, 1 — Marinula, 3 — Pupa, 1% — Zospeum. Carychium acicularis, Férussac, Essai d’une méth. conch., p. 53, 12% (1807), qui est l’'Acme (Bulimus) lineata Draparnaud, Tab. Moll., p. 67. 1801. Carychium alpestre (pars), Freyer, Uber neu Entd.conch..…., in Sitzungsb. kais. akad. Wissensch.., p. 19, taf. 1, f. 2A et 2C, 1855, qui est le Zospeum alpestre, Bourquignat, Amén. malac., t. IE, p. 14, pl. vu, f. 1-3, déc. 1856. Carychium alpestre (altera pars), Freyer, Loc. sup. cit., p. 19, taf. 1, f. 2 B et 2 D, 1855, qui est le Zospeum nyctozoilum, Bourguignat, Amén. malac., t. II, p.15, pl. vin, f. 4-6, déc. 1856. Carychium amænum, Frauenfeld, in Sitzungsb. kais. akad. Wissensch., p. 15, f. 1, 1856, qui est le Zospeum amœænum, Bourguignat, Amén. malac., t. II, p. 17, déc. 1856. Carychium Carniolicum, Schmidt, Mss., qui est le Zospeum Schmidtii, Bourguignat, loc. cit. Carychium cochlea, Studer, Verzeichn., p. 21 (1820), qui est l’'Acme (Bulimus) lineata de Draparnaud, Tabl. Moll., p. 67. 1801. Carychium corticarium, Férussac, in Coll. mus. Paris., qui est une espèce de Pupa dont l'ouverture a cinq den- ticulations. Carychium corticaria, Férussac, Tabl. system., p. 100, qui est une espèce à rapporter à l'Odostomia corti- 230 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE, (Mai 1857.) caria de Say, in Encycl. Amer., t. F1; Arc. conch., pl. 1v, f. 5 AC (Pupa cortiçaria de Gould, de HP et de Pfeiffer). Carychium costatum, Freyer, Uber neu Entd. conch., in Sitzungsb. kais. akad. Wissensch., p. 20, pl. 1, f. 5, 1855, qui est le Zospeum costatum, Bourguignat, Amén. malac., t. I, p. 14, pl. vi, f. 11-14, déc. 1856. Carychium costatum, Hutton, Mss., qui est le Diplomma- tina folliculus, Benson, in ‘Ann. and Mag., p. 193, sept. 1849. Carychium costylatum, Æutton, Mss., qui est le Diplom- matina costplata, Benson, in Ann. and Mag., p. 194, sept. 1849. Carychiun ‘denticulatum, Moquin - Tandon, Hist. Moll. France, t: I, p. 415, pl. xxx, f. 27-29, 1855, qui est l'Alexia (voluta) denticulata de Montaqu, Test. Brit., p.234, €. XX, f. 5. 103. Carychium Firminii, Moquin-Tandon, Hist. Moll. France, t. I, p. 416, pl. xxtx, Ê. 30-32, 1855, qui est la Mari- nula urieul Firmini, Payraudeau, Moll. Corse, p. 105, €. V, £. 10. 1826. Carychium Frauenfeldii, Freyer, Uber neu Entd. conch… in Sitzungsb, kais. akad, Wissensch.. » P- 19, £. TA 1855, qui est le Zos eum Frauenfeldii, NT at” Amén. malac., t. I, p. 16, pl. van, f, 1-10, déc. 1856. Carychium Freyeri, Freyer, Uber neu Entd, conch..., in Sitzungsb. kais. akad. Wissensch., p. 18, f. 1, 1855, qui est le Zospeum Freyeri, Bourguignat , ns mal., t. I, p. 17, pl. x, f. 1-3, déc. 1856. Carychium fuscum, Flemming, Brit. anim., p. 270 1828), qui est l’Acme (Bulimus) lineata, Draparnaud, Tabf. Moll., p. 67. 1801. Carychium gigas, Férussac, Catal. Moll. terr. et fluv. re- cueillis par Rang dans un Yoyage aux grandes Indes TRAVAUX INÉBITS, 281 {extrait du Bulletin univ. sciences et indust., 2 sec- tion, février et mars 1827), p, 10, n° 56, 4827, qui est le Pupa bicolor de Hutton, in Journ. Asiat. soc, IE, p. 86. 1834. Carychjum lautum, Freyer, Uber neu Entd, conch..., in Sitzungsb. kais. akad. Wissensch., p. 21, taf. 4, €. 7, 1855, qui est le Zospeum aglenum, Bouwrguignat, Amén. malac., t. I, p. 9, pl. 1x, Ê. 13-16, déc. 1856. Carychium lautum, Frauenfeld, Uber neu Entd. Hohlen- thiere, etc….., in Verh. zool. vereins in Wien, p. 33, pl. 1, f. 4, 185%, qui est le Zospeum lautum, Bowr- guignat, Amén. malac., t. M, p. 8, pl: 1x, f; 1-2, déc. 1856. Carychium lipeatum, C. Pfeiffer, Naturg., M, p.43, . VIT, f. 26-27, 1828, qui est l’Acme (turbo) fusea de Walker et Boys, Test, min. rar., p. 112, pl. 1, f. 42. 1784. Carychium lineatum, Férussge, Tabl. Syst., p. 100, n° 1, 1821, qui est l'Acme (Bulimus) lineata, Draparnaud, Tabl. Moll., p. 67. 1801, Carychium Menkeanum, C. Pfeiffer, Deutsch. Moll., I, p- 70, pl. rx, Ê. 42, 1821, qui est J'Azeca (turbo) tri; dens de Pulteney, Cat. Dorset, p. 46, pl, x1x, f. 12. 1799. Carychium myosotis, Férussac, Essai méth. conch., p. 54, n° 2, 1807, qui est l’Auricula myosotis, Draparnaud, Hist. Moll., p. 56, €. IT, f. 16-17. 1805. Carychium obesum, Schmidt, Mss., et Frauenfeld, Uber neu Entd. Hoblenthiere, in Verh. z00l. yereins in Wien... p. 12, t. 1, f. 6, 185%, qui est le Zospeum obesum, Bourguignat, Amén. malac., t. HI, p. 10, plux, FE 7-8, déc. 1856. Carychium obesum, Freyer, Uber neu Entd. conch., in Sitzungsb. kais. akad. Wissensch., p. 21, taf. 1, F. 6, 1855, qui est le Zospeum nycteum, Bourguignat, Amén. malac., & BE, p. 41, pl. ax, F. 9-42, déc 1856. Carychium parvulum, Zoys, Mss., in Mus. Brit. qui est 232 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1857.) le Diplommatina costulata, Benson, in Ann. and Mag. p- 194, sept. 1849. Carychium personatum, Michaud, Compl. à Drap., p. 73, t. XV, f. 42-43. 1831, qui est l’Alexia (voluta) denti- culata de Montagu, Test. Brit., p. 234, t. XX, f, 5. 1803. Carychium politum, Jeffreys, Syn. test., in Trans. Linn., t. XVI (2° part.), p. 365 (1830), qui est l’Azeca (turbo) tridens de Pulteney, Cat. Dorset, p. 46, pl. x1x, f. 12. 1799. Carychium pulchellum, Freyer, Uber neu Entd. conch., in Sitzungsb. kais. akad. Wissensch., p. 20, pl. 1, f. 4, 1855, qui est le Zospeum pulchellum, Bourgui- gnat, Amén. malac., t. IL, p. 43, pl. vu, f. 15-19, déc. 1856. Carychium Schmidt, Frauenfeld, Uber neu Entd. Hohlen- thiere, in Verh. zool. vereins in Wien, p. 12, taf. 1, f. 5, 1854, qui est le Zospeum Schmidtii, Bourgui- gnat, Amén. malac., t. I, p. 12, pl. 1x, f. 5-6, déc. 1856. Carychium spectabile, Rossmassler, Iconogr., X, p. 36, taf. xzix, f. 659, 1839, qui est l’Acme spectabilis des auteurs. Carychium spelæum, Rossmassler, Iconogr., X, p. 36, taf. xuix, f. 661. 1839, qui est le Zospeum spelæum, Bourguignat, Amén. malac., t. IE, p. 6, pl. 1x, f. 3-4, déc. 1856. Carychium undulatum, Leach, Zool. misc., 1, taf. xxxvnr, 1814 (Ed. Chenu, Biblioth. conch., p. 10, £. v, £. 1, qui est le Bulimus {voluta) auris sileni de Born, Test Vindob., p. 212, t. 1x, f. 3-4. 1780. II. SOCIÉTÉS SAVANTES. ACADÉMIE DES SCIENCES DE Paris. Séance du k mai 1857. — M. Geoffroy Saint-Hilaire SOCIÉTÉS SAVANTES. 233 donne un extrait d’une Lettre adressée à M. le maréchal Vaillant par M. /e capitaine Locke, attaché au bureau arabe d'Alger, et que M. le maréchal a bien voulu communi- quer à l'Académie, en lui adressant une caisse d'objets d'histoire naturelle recueillis par M. Loche, en janvier 1857, durant une excursion militaire dans le Sahara al- gérien. « Malgré l’inévitable rapidité du voyage, qui n’a pu être prolongé au delà de quarante jours, et malgré la rigueur exceptionnelle de la température (le thermomètre des- cendait souvent jusqu’à 9 et 10 degrés au-dessous de zéro), M. le capitaine Loche a pu constater l'existence, dans cette partie du Sahara, de 21 espèces de Mammifères, dont plu- sieurs nouvelles, 88 d'Oiseaux, dont plusieurs sinon nou- velles, du moins non encore signalées comme sahariennes, 15 de Reptiles, 16 d'Insectes et 5 de Mollusques. M. Loche a aussi recueilli quelques végétaux. « Tous les objets rapportés du Sahara par M. Loche seront placés à l'exposition permanente d'Alger, après avoir été soumis à l'examen de l'Académie. » (Renvoyé à une commission composée de MM. Duméril, Geoffroy Saint-Hilaire et Valenciennes.) A l’occasion de cette présentation, M. le prince Charles Bonaparte annonce l'intention de communiquer, dans une prochaine séance, une Lettre que lui a adressée M. le ca- pitaine Loche sur son exploration zoologique du Sahara algérien. M. Mandl adresse des Recherches sur la structure et le développement du poumon. M. Houget adresse des Recherches anatomiques et physio- logiques sur les appareils érectiles. Note complémentaire sur Les appareils musculaires et érectiles des glandes séminales dans les deux sexes. Ces deux Mémoires sont renvoyés à la commission du prix de physiologie expérimentale. M. Alquié adresse un Mémoire sur une tumeur considé- 234 REV. ET MAG, DE ZOOLOGIE. (Mai 1857.) rable composée de dix poçhes embryonngires contenues dans les ovaires d'une femme adulte. L'auteur, en terminant ce Mémoire que son étendue ne permef pas de reproduire intégralement et qui est peu susceptible d'analyse, présente dans les termes suivants les conclusions qui lui semblent devoir se déduire du fait observé par lui : « 1° La fécondation dans les vésicules de l’ovaire non rompues est possible même à travers les quatre mem- branes qui recouyrent le germe. € 2° La grosseur intra-0varique peut donc se produire. « 3 Cette fécondation peut s'effectuer chez la même femme plusieurs fois et même dix fois à des époques dif- férentes ; la superfétation de cette espèce, même multiple, est donc possible. , & 4 L'éclosion de l'ovule ou la ponte n’est pas néces- sairement liée à la menstruation. « 5° Les kystes développés dans l'ovaire, dans ses envi- rons ou dans les organes éloignés du bassin et qui renfer- ment des cheveux où des dents, sont des produits de con- ception. » , , M. Yersin adresse des Recherches sur les fonctions du système nerveux dans les animaux articulés.” M. Chamoin fils adresse une Note intitulée : Destruction des œufs de poissons par d'autres poissons de petite taille. (aies Ma profession de pêcheur m'a mis à portée de faire, relativément à la pisciculture, quelques remarques que je n'ai encore trouvées signalées nulle part, et que je crois utile de faire connaître. « Tout le monde a pu remarquer, comme moi, que, à l'époque du frai, d'innombrables quantités de petits Vé- rons lisses (Phoxinus lœvis) apparaissent principalement sur les frayères du Meunier (Leuciscus argentatus) et du Barbeau (Barbus fluviatilis); mais ce que tout le monde n’a pas remarqué peut-être, c’est que les Vérons font leur pâture des œufs de ces frayères : ils ont même une telle SOCIÉTÉS SAVANTES. 235 avidité pour cette proie, que, si l'on jette une pierre au milieu d'une bandé de ces Vérons, on les écarte un in- sant, mais sans leur faire quitter la place. Étonné de ce fait, je pris plusieurs de ces petits parasites dont je fis l'autopsie, et dans le corps de tous je trouvai des œufs qu'ils avaient dévorés dans les frayères. On comprend, d'a rès cela, comment, malgré l’étonnante fécondité des sons, nos rivières et nos fleuves ne sont pas plus poissonneux. En effet, en pisciculture comme en agricul- fure, la première condition pour assurer ure abondante récolte, c'est de garantir la semence; ce qui serait facile À faire ici avec un filet léger et à mailles très-fines à l’aide duquel on pourrait purger les frayères de leurs dangereux ennemis. » M. Chamoïn s'occupe ensuite du mode de reproduction de TAnguïlle ; mais, Comme il ne s'exprime pas de ma- nière à ce qu'on puisse bien distinguer ce qui est obser- ation de ce qui est interprétation, nous devons nous bôfner à la simple indication du sujet traité dans cette partie de la Note. * Séance du 11 mai 1857. — M. Serres lit une Note sur “ne collection d'osséments fossiles recueillis par M. Séguin dans l'Amérique du Sud. Après quelques considérations d'une haute portée sur l'importance de l'étude des fossiles, et après avoir payé un juste et honorable tribut à la mémoire de Cuvier, créateur des deux grands principes de la corrélation des formes our l'ostéologie et de la subordination des formes pour ki zoologie, le savant académicien fait connaître les prin- cipaux objets d'une collection précieuse par le nombre dés pièces qu'elle renferme, et qui se distingue surtout ar les squelettes complets ou les parties d'ensemble de Buctetie dont elle se compose. M: Bigot adresse un rapport fait par lui, au nom d'une Commission, à la Société impériale d’acclimatation, sur 1 moyen d'obtenir de la graine saine de Vers à soie, et il 236 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Ma 1857.) annonce que les avis de la commission dont il est l'organe vont être mis en pratique sur une large échelle par la So- ciété franco-suisse du cheptel et de l’agriculture, qui a mis des fonds à ma disposition pour que j'aille établir des éducations de Vers à soie pour graine en Suisse, en Alle- magne et en Pologne. (Voir ce Rapport et la Lettre de l'administrateur délégué dans le numéro précédent, p. 180 et suivantes.) Séance du 18 mai 1857. — M. de Quatrefages donne lec- ture d’une lettre de M. Angliviel, éducateur de Vers à soie, sur la maladie de ces Insectes et sur « les moyens de reconnaître dans les chambrées, avant la transformation en chrysalides, les Vers qui donneront une mauvaise ponte ou des œufsinféconds. » Ce caractère diagnostique consiste, autant que nous avons pu entendre, 1° dans des nausées dont les Vers seraient atteints au moment où ils filent leur cocon, et qui leur font vomir une partie de leur soie; 2° dans une odeur infecte d’nne espèce particulière. M. An- gliviel annonce que la maladie des Vers à soie est apparue, dès l’année dernière, sur divers points de l'Orient, près d’Andrinople, par exemple, et qu’il faut, par conséquent, se mettre en garde, dès aujourd'hui, contre la graine qui pourrait venir des régions infectées. SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ET CENTRALE D’AGRICULTURE. Séance du 6 mai 1857. — Dans cette séance, j'ai eu l'honneur de lire à la Société une Note sur les éducations pour graine qu’il conviendrait de faire aujourd’hui pour at- ténuer les désastreux effets de l'épizootie des Vers à soie. Après cette lecture, j'ai communiqué les conclusions d'un rapport fait sur le même sujet à la Société impériale d’ac- climatation, et la lettre de l'administrateur délégué de la caisse franco-suisse du cheptel et de l'agriculture qui an- nonçe que les avis donnés par la Société d’acclimatation SOCIÉTÉS SAVANTES. 237 vont être mis en pratique par cette société agricole, et que j'ai été chargé de me rendre en Suisse, en Allemagne et en Pologne à cet effet (1). Comme le Bureau a cru ne devoir pas faire mention de ma lecture au procès-verbal de cette séance, et que cette omission pourrait être diversement interprétée, je crois devoir donner ici la correspondance que j'ai échangée à ce sujet avec l'honorable M. Darblay, président de la Société. Voici ma lettre, en date du 6 mai 1857 : « Monsieur le Président et très-honoré confrère, « Je ne puis m'expliquer la réception faite à la bonne nouvelle que j'ai cru devoir apporter à la Société après avoir lu, malheureusement par fragments, un Mémoire de moi seul sur la plus grave question que l’on puisse traiter aujourd'hui. Vous le savez, si j'ai tronqué mon Mémoire à la lecture, c’est par discrétion, pour ne pas abuser du peu de temps qui restait à la Société après les longues ex- plications verbales qui ont absorbé la majeure partie de son temps. J'ai donc donné lecture de mon travail, et ce n'est qu’à la suite de cette lecture abrégée d’un mémoire qui m'est exclusivement propre, et dont je réponds seul, que j'ai fait connaître ce qu'une autre société et ce qu’une compagnie de crédit agricole viennent de faire pour réa- liser les vues pratiques exposées dans un Mémoire dont je croyais de mon devoir de lui donner lecture. « Je n’ai jamais songé à demander à la Société d'insérer dans son Bulletin les travaux de la Société d’acclimata- tion. Je le répète, c’est une bonne nouvelle agricole que j'ai cru devoir lui annoncer, comme je le ferais encore si j'apprenais que, sur un Rapport de la Société d’horticul- ture, le crédit foncier, par exemple, vient de consacrer une somme importante au développement du drainage, et (1) Tout ce que j'ai lu à la Société est inséré dans le précédent nu- méro de la présente Revue, p. 171 à 182. 388 nev. er nié. DE Z00LOGIE. (Mai 1857.) je 1e ferai totjouts à la Soitté d'acclimatation pour des choses anséi utilés émanant de la Société d'agriculture. J'ajouterai même que je suis persuadé que S'il plaisait à quéldües=un$ de mes collèges d’anñoncer à (4 Société d'ätcliiatation {né fouvelle aussi impoitätite, qui inté- réssé tous les ais de l'agricüllute, À quelque société qu'ils äppattithneñt, cètte conihünicalion Sérait accueillie avée là plus grade faveur ét insérée immédiatement dans ses publicatiotis: « Je n'ai pas trop compris pourquoi M. de Mornay a dit que, puisque je citais un Rapport de la Société d’ac- élifiälation, il hé püüvait pas être question de ha côm- fiunication datis notre Bulletin. Il me semblé, au con- trairé, qué célte titation d’une autre Société noñ rivale, Hiais qui chéréhe à Concoürir, comme là nôtre, au bien de l'agriculte, est une chosé opportune et convenable, et Qu'elle né peut qué resserrer les liens qui doivent unir toutes les institutiohs Qui ont en vue le “ele but que nous poutsdivons tôus. re « Si jé né (ümype, Si vous croyez que je me fais une FaüssB idéë de mes droits et dé mes devoirs dans cette ciréonstance, jé mé Souniélirai à votre jugement, car ma véhétation et mon affection égalent les sentiments respec- tüeux avec lesquels «J'ai l'honneur, etc. » A la séatiée Süivahte, il n’a pas été question dé Mä com- müitalion aù précosvérbal, qûi doit cbpeñdant retidre compte de toût ce Qui se Fait et dit à là séance, ét, coté je désirais évilef une discussion, jé Me Suis Soühiis sähs rétlimér. Voiti 16 projet de metition dû procès-verbal que j'avais adressé à M. le Président et qui, je crois, pouvait $ figurer saris qtié li Société édt besbih de jugét ét d'Ap- précier ce qui s'était fait ailleurs : «M: Guérin-Méneville donne lecture d'un travail ayant pour titre : Nore sur les ÉbUCATIONS BE GRAINE Qu’ CON- SOCIÉTÉS SAVANTES. 339 biéndrait de faire aujourd'hui pour alténuer les désastreux ëffèts de l'épizvotie des Vérs à soie. A la suite de cette lecture, Qu'il a dbrégée à caüse de l'heure avancée et sur l’invita- ton qu'il en à reçue, il fait connaitre les conclusions du Rapport qui a été fait à la Société impériale d'acclimata- tiüh Sur lé même sujet, par une commission permanente de sériciculture, ainsi qu'une lettre de M. l'administrateur délégué de la caisse franco-suisse du chéptel et de l'agricut- ture annonçant que des graines de Vers à soie vont être confectionnées, d'après les vues scientifiques et pratiques émises par lui et adoptées par la Société d'aeclimatation et par le congrès des délégués des Sociétés savantes des départements. « M. Guérin-Méneville demande si la Société ne juge: rait pas convenable de porter cette bonne nouvelle à Ja connaissance de nos agriculteurs du Midi, aujourd’hui en proie à de si grandes inquiétudes sur l’avenir de la pro- duction dé la suie, eti inséfäht un éxtfait du Rapport et la Lettre de M. l'administrateur de la caisse franco-süisse dass le plus prochain numéro du Bulletin. » Voici la réponse que M. Darblay m'a fait l'honneur de m'adresser le 20 mai 1857 : « Monsiéur et cher confrère, « J'ai lu votre lettre du 6 avec toute l'attention et l'in- térêt que j'attache à tout ce qui émane de chacun des membres de notre Société impériale et centrale d'agri- culture. « Les Mémoires que vous présentez à la Société sont accueillis commre tous éetix dé nos confrères; mais ce N'étaient pas de simples citations que vous ajoutiez; darts la séance du 6, à ce Qui émianait de votis, ni de sitiplés hüuvelles que vous nous donniez, c’étaient les relations dés travaux de Sociétés que nous respectoné, comme vous le faites vous-même, et dont nous faisotis partie comme Vous; au moins de quelques-unes d'elles. C’est Jà que j'ai périsé que vous dépassiez les bornes, car il ne nous eût 240 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1857.) pas été plus permis qu’il n’eût été convenable de discuter ni même d'apprécier leurs travaux, et pourtant la Société ne peut insérer dans ses Bulletins que ce qu'elle a jugé et apprécié. Ce sont là des règles si simples, que Je ne doute pas que leur seule énonciation ne suffise à vous ranger de notre avis. Renfermons-nous-y tous, et tous nous y gagne- rons. « Recevez, etc. » Qui se trompe de M. le Président ou de moi? ce n’est pas à moi à le juger; aussi je me borne à ce simple ex- posé, n'ayant pas l'intention d’examiner si la Société d’a- griculture doit juger et apprécier tout ce qu'elle insère dans ses Bulletins, et si les membres qui font des commu- nications ne sont pas seuls responsables de leurs idées scientifiques et agricoles. III. MÉLANGES ET NOUVELLES. Des circonstances indépendantes de notre volonté nous ont empêché de signaler à nos lecteurs un excellent ou- vrage d’ornithologie que MM. Verreaux nous avaient vive- ment recommandé, et qui a pour titre : Trochilinarum enumeratio eæ affinitate naturali reciproca primum ducta provisoria auctore Ludovico Reichenbach, Musei Regii Zoologici et Horti Botanici Dresdensis directore. — Editio post illam in el. Cabanisii diario ornithologico oblatam se- cunda emendata et aucta. — Lipsiæ, apud Fried. Hof- meister, 1855, in-8. TABLE DES MATIÈRES. Pages. Pucueran. — Notices mammalogiques. 193 BoxararTe (S. A. le prince Charles). — Monographie du genre Turdien Oreocincla. 204 BourGurGnar. — Aménités malacologiques. 209 Académie des sciences. 232 Société impériale et centrale d'agriculture. 236 Mélanges et nouvelles. 240 PARIS, — IMP. DE M" V° BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'ÉPERON, D. VINGTIÈME ANNÉE. — JUIN 1857. I. TRAVAUX INÉDITS. NoTicEs MAMMALOGIQUES ; par M. le docteur PucHERAN. 7° Cercocebus albigena, nob.— Pre:bytis albigena, Gr. Sous le nom de Presbytis alb gena, M. Gray a décrit, en 1850 (1), une espèce de Singe qu'il indique, avec doute, comme originaire de la côte occidentale d'Afrique. Voici sa diagnose : Black; throat, sides of the neck and front of the ch st greyish ; face black, nearly bald, with a few short, rigid, black hairs on the lips; a tuft of elungated rigid haïrs over each eye; the checks are covered with short, adpres-ed, greyish hairs. The hairs of the body are uniform black Lo the base, rather elongated and flaccid, forming a fringe along each side, and a comprissed crest on the crown and nape. The hand ands feet are short; the fore thumb is small, the hinder one rather large and broad. Une planche insérée dans les Zllustrations (2) que la Société zoologique de Londres publie, comme annexe à ses procès-verbaux, complète cette description. Nous ajouterons, pour la compléter à notre tour, car nous pos- sédons un individu qui nous paraît appartenir à cette es- pèce, que les poils qui couvrent le bras au membre anté- {1} Proc. of the Zool. Soc., p. 77. (2) Mammalia, pl. xvr. 2° séms, T. 1x. Année 1857. 16 242 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1857.) rieur grisonnent, comme ceux du cou et du thorax; ceux qui se trouvent en arrière de la huppe occipitale ont éga- lement une teinte beaucoup plus claire. Les dimensions sont les suivantes : du bout du museau jusqu'à l’extré- mité de la queue {le lien passant sur Pongueur..…(. 10 d05).. 06 "NE 29 de la queue (jusqu’à l'extré- mité des poils). : 4 . . 0,765 Distance dui à l’oreille.. . . . . . . 0,20 bout du museaul à Pœil.. : . . . . . . 07,058 Présentement, cet individu est-il un Semnopithèque, comme Va admis M. Graÿ, comme paraît l'admettre M. J. A. Wagner {1}? Ce que nous pouvons certifier, c’est que son estomac est simple. Quant à la tête osseuse, l'état des sutüres atteste un individu encore jeune, et Les dernières molaires sont encore renfermées dans leurs al- véoles ; mais, nonobstant cette circonstance de jeune âge, le crâne et la face sont plus allongés que dans les têtes des Semnopithèques adulies. Par la forme de sa tête os- $euse, le Presbytis albigena est un Cercocèbe. | L’exemplaire de nos Galeries avait été donné à la Mé- nagerie par M. le Curé de Saint-Merri : le temps de son séjour à, malheureusement, été de fort courte durée. Il nous est impossible également de pouvoir dire de quelle partie du continent Africain il est originaire. 8° Cercocebus collaris, Gr, 0 ! Un. individu de cette espèce, originaire du Gabon, est actuellement vivant à la Ménagerie du Muséum : c’est le second. qui nous est indiqué comme venant de cette loca- lité. (1) Loc. cit., p. 27. PRAVAUX TINÉDITS. 243 9 Inuus pithecus, Is. Geoff. Notre collection s’est enrichie, en 1852, d'un exem- plaire de cette espèce, originaire d'Algérie, et provenant d'une colline située entre Blidah et le petit désert. Un second l’accompagnait : l’un et l’autre ont vécu à la Mé- nagerie. Tous les deux se distinguaient par les teintes gris blanchâtre de leur pelage, et elles sont encore fort saisissables chez celui qui est monté. Il en est ainsi prin- cipalement sur le dos et les membres, où les teintes vert alive sont remplacées par du blanc, surtout sur les mem- bres. La couleur blanche du poil se trouve ici non-seule- ment plus étendue sur le poil, mais la teinte de ce der- nier, à la racine, est moins foncée, moins noire. La tache noire qui, daus ce type, lorsqu'il est normalement co- loré, se trouve en dessous et en arrière de l'œil, est fort saillante dans ce Pseudo-albinos. C’est un nouvel exemple à ajouter à tous ceux dont la science est déjà en posses- sion, et qui prouvent la grande tendance des parties colo- rées de noir à résister aux influences qui produisent l'al- binisme, soit qu'il se produise accidentellement, soit qu'il soit le résultat de la mue d'hiver. Notre exemplaire mesure près de 99 centimètres, du bout du museau à l'anus, le lien passant sur le dos. 10° Theropithecus senex, Schimp. Dans les collections de Mammifères et d'Oiscaux que M. Schimper a envoyées d’Abyssinie au Musée de Paris, il s'est trouvé un certain nombre d'individus appartenant au genre Theropithèque de M. le professeur Geoffroy Saint-Hilaire fils. Presque tous sont spécifiquement sem- blables à l'espèce type ; un seul, malheureusement jusqu'ici il s'est trouvé unique, en diffère, entre autres caractères, par sa taille moindre. Appartient-il à une espèce nou- 24% REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1857.) velle ? C'est l'opinion de notre savant naturaliste, M. Schim- per, directeur du Musée de Strasbourg, dont les Zoolo- gistes, aussi bien que les Botanistes, connaissent et appré- cient tous le profond savoir. La nudité thoracique offre des couleurs différentes : d’après les notes qu'a bien voulu nous communiquer M. Schimper, elle est d’un jaune brun dans le Theropithecus serexæ, tandis qu’elle est toujours rouge chez le Theropithecus gelada. Les mœurs sont égale- ment un peu différentes : le Theropithecus senex vit par petites troupes, tandis que le Dschellada vit par grandes bandes, formées de centaines et même de milliers d’indi- vidus. Le Theropithecus senex habite, dans des cavernes, sur le versant des hautes montagnes du Sémen qui regarde le pays de Latta, dans le Kolla-Noari. Tels sont les détails qui me sont donnés par M. Schim- per, et tels j'ai cru devoir les soumettre à l'appréciation des Mammalozistes, me félicitant doublement d'être le premier à les publier, si le résultat qui les résume leur paraît digne d’être accepté. 11° Cynocephalus anubis, Fr. Cuv. Quoique déjà bien décrit et figuré par M. Frédéric Cu- vier, le Cynocéphale anutis n’est point, cependant, encore admis comme espèce par les Zoologistes. Récemment en- core, nous voyons M. J. A. Wagner {1) le considérer simplement comme une variété, à pelage vert, du Cynoce- phalus babouin. Cette difficulté d'appréciation, au reste, est très-facile à comprendre; elle dépend, en effet, de la rarelé des occasions qui se sont offertes d'observer les Cynocéphales colorés comme le Babouin. Pendant long- temps des difficultés semblables ont arrêté la science pour la distinction des espèces de Cercopithèques doués d’une (1) Supplément aux Mammifères de Schréber, 1855, p. 63. TRAVAUX INÉDITS. 245 semblable coloration, et cependant ces derniers se voient fréquemment, soit dans les collections, soit dans les Mé- nageries. Les Cynocéphales papion et mandrill se voient encore souvent dans les Ménageries; la présence du Ba- bouin et de l'Anubis est bien plus rare. L'individu que je vais décrire, et que je rattache à cette dernière espèce, est le seul que j'ai eu occasion d'examiner depuis bientôt quinze ans que je suis attaché au Musée de Paris. Il m’a, dès lors, paru utile, à cause de l'intérêt qui s'attache à l’histoire encore obscure de cette espèce, de lui consacrer les détails qui vont suivre. Cet exemplaire est de sexe femelle , et l'état de turges- cence de ses parties postérieures est un sûr indice qu'il est mort à l'époque de la crise génitale. La taille est grande : il est d'un verdâtre à peu près uniforme sur le dessus de la tête et sur le corps, un peu plus jaunâtre sur la face externe des membres, surtout en arrière. Les poils sont largement annelés, sur la partie supérieure du corps, de noirätre et de jaunâtre; leurs pointes sont noires. Les pattes sont beaucoup plus noirâtres. La queue est très- longue, et, quoique recourbée en arc dès sa base, elle atteint presque le talon. Elle est colorée comme le dos, mais, partout où elle n'est point épilée, elle présente plus de blanchâtre ; cette teinte est surtout saisissable à son extrémité. Cet individu présente les dimensions suivantes : du bout du museau à la racine de la | queue (directement prise, la tête Longueur... étant tournée à droite). . 0,618 de la queue (mesurée en des- sus) MA ns MALI 6. 7102476 Piance dut A l'œil. "0.7: , . : .1 07,076 bout du 2 24h, NMMOUC RP ES ENAVADE MAUR 4 70, Er On Hauteur. 4 en arrière. . . 0,445 Si, maintenant, nous comparons ce Cynocéphale au 246 REV. ET MAG, DE Z00LOGIE. (Juin 1857.) plus adulte des Babouins montés dans nos galeries, à celui qui a été déjà figuré par M. le professeur Geoffroy Saint- Hilaire fils (1), nous trouvons que le premier est beau- coup plus trapu; mais, comme le Babouin qui nous sert de terme de comparaison était dans un triste état lorsqu'il est mort, la différence que nous venons de signaler ne doit être que provisoirement acceptée; les formes géné- rales sont, d’ailleurs, trapues dans toutes les espèces de ce genre. Mais dans cet exemplaire le pelage est plus jaunätre, les anneaux noirs des poils étant moins nette- ment déterminés; les pattes sont de la couleur du reste des membres; leur pourtour et les poils des doigts sont même blanchâtres, ainsi que l’a déjà dit M, le professeur Geoffroy Saint-Hilaire fils, dans sa description de cet indi- vidu (2). Rien de semblable dans notre Anubis ; les poils des doigts et des pattes sont plus noirâtres. Ces mêmes différences existent entre notre nouvel exemplaire et l'ancien Babouin de nos galeries, qui, d'après ce que nous apprend encore M. Geoffroy (3), est l'original de presque toutes les descriptions faites en France (celles de M. Fr. Cuvier exceptées), de sorte qu'il est impossible de confondre ces deux individus sous le point de vue de la coloration dont ils sont doués. Si, maintenant , nous essayons d'appliquer à notre fe- melle la description de M. Frédéric Cuvier (4), nous voyons qu’elle nous offre, non pas les pieds vraiment noirs, mais noirâtres. Elle présente également cette teinte verdtre foncé que M. Frédéric Cuvier compare à celle du jeune Dril] dont il a donné Ja figure dans sa première livraison. Nous avons, pour être plus sûr de notre détermination, comparé à notre exemplaire un jeune individu de cette (1) Archives du Muséum, vol. I, pl. xxxrv. (21 Arch., etc., p. 583. (3) Arch., ete., p. 582. (4) Ménagerie du Muséum, livraison de pain 1823. TRAVAUX INÉDITS. 247 dernière espèce, et nous avons pu nous conyaincre qu'il existait entre les deux, sous ce point de vue, beaucoup d'analogies ; mais il est facile de s’apercevoir que chez le jeune Cynoceph. leucophœus, mort à la ménagerie en 1826, et qui nous sert de terme de comparaison, la teinte xerdâtre a dù à peu près disparaître en entier, Je crois donc que , sous le point de vue de la détermination, je n'ai nul reproche à adresser aux résultats auxquels je suis arrivé. Disons, enfin, que notre individu diffère également du Cynocephalus olivacens, récemment décrit par M. le pro- fesseur Geoffroy Saint-Hilaire fils (1). Chez ce dernier, si semblable au Babouin, la teinte générale du pelage est toujours moins verte, plus jaunâtre : les mains, soit en ayant, soit en arrière, ne présentent point les teintes noi- rätres qui nous sont déjà connues dans l’autre type spécir fique. Les diverses observations que nous venons d'exposer nous semblent de nature à donner lieu à de nouvelles in- vestigations, et à déterminer de l'hésitation dans l'opinion des Zoologistes, qui seraient présentement décidés à ne point admettre, comme espèce, le Cynocephalus anubis. Voilà la troisième fois, en effet, que ce type est observé ; M. Frédéric Cuvier en avait yu deux individus, nous même en avons vu un troisième, Dans les trois exem- plaires, la couleur générale est indiquée comme verdâtre, les pattes sont décrites comme étant noires ou noirâtres, Or, ce dernier caractère ne nous semble pas avoir élé si- gnalé, avec Loute l'attention qu'il mérite, par les Mamma- logistes qui ont abordé la solution du problème qui nous occupe. C'est ainsi que, dans son travail de Mammalogie de date plus récente, M. J. A. Wagner (2) indique le Cy- (1) Cat. des Maumm. de la coll. du Musée de Paris, Primales, p. 4. (2) Supplément aux Mammifères de Schréber, 1855, p. 62. 248 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1857.) nocephalus anubis comme var. £ du Cynocephalus babouin avec cette courte diagnose, saturate viridis ; mais il omet, même dans les phrases subséquentes, qui devraient com- pléter sa description, le mode de coloration des pattes, soit au membre antérieur, soit au membre postérieur. Terminons celte esquisse, déjà trop longue, en faisant connaître les résultats auxquels nous a conduit l'examen des têtes osseuses. Déjà, dans un premier travail sur le genre Cynocéphale (1), nous avions dit que le crâne du Cynocéphale anubis de la galerie d’Anatomie comparée du Muséum présentait, à sa partie postérieure, une crête sa- gittale unique au lieu des deux crêtes temporales qu'on observe dans le crâne du Babouin. Pour cette dernière espèce, nous n'avons plus retrouvé le crâne qui nous avait déjà donné occasion d'émettre une semblable asser- tion. Il est probable qu’en cette circonstance nous avons été induit en erreur par une détermination erronée. Aussi, dans les observations nouvelles que nous avons faites, avons-nous pris pour lerme de comparaison le crâne de l'individu dont M. le professeur Geoffroy Saint- Hilaire fils a donné la figure. Or, si nous comparons à ce crâne celui du type même du Cynocephalus anubis, Fr. Cuv., nous trouvons dans ce dernier, en arrière du rebord surcilier, une légère ex- cavation, suivie d'un aplatissement bordé, à droite et à gauche, d'une crête osseuse; ces deux crêtes se réunis- sent en arrière, à 9 centimètres de distance du rebord surcilier, formant dès lors une crête unique qui va se joindre à la crête occipitale. Dans le crâne de l'individu figuré par M. Geoffroy, au contraire, la région corres- pondante est aplatie sans excavation; les deux crêtes qui la bordent se réunissent beaucoup plus en avan! que chez le C. anubis. Sans nul doute, ce Babouin n’a point encore (1) Dict. d'hist. nat. de Charles d'Orbigny, vol. IV, p. 535, TRAVAUX INÉDITS. 249 atteint tout son développement, et soit sous cette influence, soit sous celle moins contestable de l’état de captivité, les dernières molaires ne sont point sorties de leurs alvéoles. Mais il n’en est pas moins incontestable que la crête mé- diane du crâne se manifeste chez lui beaucoup plus en avant que chez l’Anubis : il est sûr également que la por- tion crânienne de la tête est, chez ce dernier, moins allon- gée. Or aucune différence sexuelle ne peut être invoquée pour expliquer ces dissemblances, car l'un et l’autre étaient mâles. Le crâne de notre Cynoc. anubis indique également une évolution incomplète ; les indices en sont manifestes, soit du côté de la face, soit du côté du système dentaire, car il n'offre que quatre molaires hors de leurs alvéoles. Du côté du crâne, au contraire, les sutures ont une tendance manifeste à disparaître ; mais la forme générale de cette partie est celle du Cynocéphale anubis et nullement celle du Babouin : elle présente bien la petite excavation post- surcilière, absente dans ce dernier. Du côté de la face, de semblables ressemblances se pré- sentent dans le même sens; ainsi, à la mâchoire supé- rieure, la seule que j'ai pu observer, l’autre ayant été égarée par le préparateur qui a extrait cette tête, les mà- chelières sont plus fortes, plus développées que chez le Babouin, et ressemblent plus, sous ce point de vue, à celles du Cynocéphale anubis. Telles sont les différences que nous a offertes la compa- raison des têtes osseuses; elles ont d'autant plus besoin d'être confirmées que, ainsi que nous venons d’en donner des preuves, les individus observés en captivité ne se trouvent point dans des conditions normales de dévelop- pement. Aussi nous permettrons-nous de recommander aux Zoologistes de ne pas négliger, quelque défavorables qu'elles puissent être, les occasions qui pourront leur être offertes de porter leur attention sur les Cynocéphales à pelage vert n'ayant point vécu en captivité. 250 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1857.) 12 Cynocephalus Doguera, Puchr. et Schimp. Nous avons déjà indiqué, par une courte diagnose la- tine (1), celte espèce de Cynocéphale, déterminée en com- mun, en 4855, par M. Schimper et par nous-même. Le seul individu que nous en connaissions est couvert d’un pelage très-allongé sur le dos, les parties inférieures et latérales du corps; il est plus court sur le dessus de la tête, sur les membres, sur la partie de la répion dorsalé située en avant des callosités et de la base de la queue : il en est de même sur la queue, terminée cependant par un pinceau de poils d’un brun jaunâtre. Les poils qui couvrent les côtés de la tête sont blan- châtres; à mesure que l'on se rapproche du cou , ils de- viennent d'un brun olivâtre : cette dernière teinte est la teinte générale du pelage. Sur cette teinte générale se ma- nifestent, en quelques parties du corps, certaines nuances un peu différentes : ainsi on aperçoit du grisâtre à la face interne des deux membres, du roussâtre à la face externe de celui de derrière, et du blanchâtre sur le prolongement caudal. La teinte brun olivâtre est plus noirâtre sur les pattes de devant et moins sur celles de derrière. Sur le dos et les flancs, les poils sont largement annelés de noir et de roussàtre; leur extrême pointe est largement noire, moins largement sur la face externe des membres. À la queue, les annelures noires sont essentiellement affai- blies, plutôt brunes. Sur la patte de devant, au contraire, sur la partie du membre qui l'avoisine, les anneaux noirs sont plus foncés et plus étendus. La partie nue de la face paraît avoir été rougeàtre ; les ongles sont noirs. Les dimensions de notre {ype mâle sont les suivantes : depuis le bout du museau jusqu'à la base de la queue (directement pri- CS ER TN EU ES Se RS TAPNTES RU ICS USE de Ja queue. : . . . . . 0,568 Longueur. | (1) Révue el 3lagasin de zoologie, 1856, p. 96.7 TRAVAUX INÉDITS. 251 Distance... duf à l'œil. + e1/. un oo 08,187 bout du museau) à l'oreille. . . . . ,. . , 0®,22 Cet individu est originaire d’Abyssinie ; il a été envoyé à notre collection nationale par M. Schimper, dont le sé- jour dans cette partie de l'Afrique daie déjà d'un certain nombre d'années, et qui est devenu actuellement l’un de nos correspondants les plus actifs. D'après les notes qu'a bien voulu m'envoyer, pour la rédaction du présent tra- vail, le savant et zélé directeur du Musée de Sirashourg, cette espèce porte, dans son pays natal, le nom de Do- guera : telle est l’origine de la dénomination que M, Schim- per et moi lui avons imposée. Le Doguera habite, en troupes nombreuses, de mille à deux mille individus, les hautes montagnes du Sémen, séjournant, ainsi, à une élé- vation de 8 à 10,000 pieds au-dessus du niveau de la mer; il livre des combats continuels aux troupes non moins nom- breuses du Dschellada. La femelle est dans cetie espèce, ainsi que c’est l'habitude chez les Singes, plus petite que le mâle. Le seul type de Cynocéphale auquel nous puissions comparer le Cynocephalus Doguera est le Chacma (Cynoce- plialus porcarius), du cap de Bonne-Espérance. Tous les deux se ressemblent beaucoup par leur grande taille, mais les différences qui les séparent deviennent saisissa- bles au premier coup d'œil, dès que l'on met en présence les exemplaires des deux espèces. Chez le Chacma, en effet, les teintes d'ensemble de la coloration du corps sont essentiellement noires ; elles sont olivätres chez le Cyno- cephalus Doguera. Chez le premier, la couleur noire des quatre pattes est plus saillante; elle s'étend même, dans une assez grande étendue, sur la portion voisine du mem- bre. Sur la queue existent encore, dans le type du Cap, ces mêmes teintes foncées et noirâtres : cette dernière couleur est également l'apanage du pinceau de poils qui s'aperçoit à l'extrémité de cet organe, Ajoutons que nous avons constaté ces caractères de coloration c'e la queue el 252 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1857.) des membres, dans le Musée de Paris, non-seulement sur les adultes, mais encore sur deux jeunes. Il devient évi- dent, dès lors, qu’ils offrent un certain degré de fixité pour la caractéristique du Cynocephalus porcarius. C’est vainement que nous avons cherché dans les au- teurs une description pouvant être appliquée à notre Cynocephalus Deguera; mais l'un des Mammifères de Schréber (pl. vi, c), que M. Goldfuss a donné sous la dé- nomination erronée de Papio comatus, Geoff., se rap- proche beaucoup, par sa couleur, de l'individu que nous avons décrit. Les mêmes recherches nous ont également permis de constater que les diagnoses initiales de l'espèce du Cap, données par Boddaert et Pennant, accusent toutes les teintes noirâtres de pelage sur lesquelles nous avons déjà insisté pour la distinction de ce type. Le Cynocéphale Doguera est, en Abyssinie, l’homologue du Chacma. Ce nouveau fait confirme et justifie nos tenta- tives de division, en zones, du continent africain. C’est pour nous une nouvelle occasion d'être satisfait de nos essais de synthèse, malgré les objections si tristement vul- gaires qui leur ont été récemment faites; nous nous félici- tons d'autant plus d'avoir été bien inspiré en cette cir- constance, lorsque nous voyons le premier Ornithologiste de l'Allemagne, M. Hartlaub, donner son adhésion, pour l'Ornithologie, et presque sans réserve aucune, aux prin- cipes que nous avons établis (1). (La suite au prochain numéro.) ERRATA. Page 201, à la note : au lieu d’un blanc rouillé, etc. lisez d’un blanc plus ou moins rouillé. (1) System der Ornithologie west Africa’s, p. x1, x1v, xvi. TRAVAUX INÉDITS. 253 Note sur la FORME DES OEUFS D'oisEAUx; par M. J. Harpy, de Dieppe. On ne s’est guère occupé, en France, dans ces derniers temps, des œufs d'oiseaux que pour admirer la bizarre diversité de leur coloration, et chercher, à peu près inuti- ‘lement, à en pénétrer le mystère. Quant aux différences de forme qu'ils présentent, non- seulement d'espèce à espèce, mais encore d’individu à in- dividu de la même espèce, on s’est contenté de les remar- quer en passant et sans s'y arrêter. Les anciens, qui étudiaient l’histoire naturelle princi- palement au point de vue de l’économie domestique, n'ont pas négligé cette question de la forme des œufs. Aristote déclare que les œufs allongés ct pointus renfer- ment des femelles, au lieu que ceux qui sont plus courts produisent des mâles. Pline affirme, au contraire, que ce sont les œufs plus arrondis qui donnent des femelles. Cette dernière opinion était déjà répandue avant lui, car nous savons, par les vers suivants d’Horace , que les épicuriens de l’époque avaient soin de choisir les œufs allongés (mâles) comme ayant lé lait plus blanc et étant plus délicats que les ronds (femelles) : « Longa quibus facies ovis crit illa memento, “ Ut succi melioris et ut magis aiba rotundis « Pouere : namque marem cohibent callosa vitellum. » Sat. 4, liv. IL. Depuis lors, les naturalistes des derniers siècles s'étaient prononcés les uns pour l'opinion d’Aristote, les autres pour celle de Pline, sans qu'aucun d'eux peut-être eût personnellement rien tenté pour vérifier l'exactitude des deux observations. M. E. Geoffroy Saint-Hilaire a pris lui-même cette peine. Par ses soins et ceux de Florent Prévost, des expériences 234 REV. ET MAG, DE 00L00IE, (duin 1857.) ont été faites au jardin des Plantes, sur des œufs de Poulé et de Pigeon ; elles paraissent avoir donné raison au poëte latin, car elles ont conduit l’illustre professeur à cette conclusion : « que des œufs dont les extrémités sont « grosses et mousses naissent des femelles, tandis que les « mâles proviendraient de ceux dont les pôles ont une « certaine acuité. » Malheureusement, si ces différences de forme accusent la différence du sexe, comment se fait-il qu'on les trouve également chez les œufs non fécondés, c’est-à-dire qui” n’ont pas de sexe? Elles sont à peine sensibles dans plu- sieurs familles, Perdrix, Gelinottes, etc., ou nes’y laissent apercevoir que dans des proportions incompatibles avec la répartition habituelle des mâles et des femelles ; enfin, chez les Vantours, les Aigles et quelques autres Oiseaux de proie, l'amincissement de l’un des pôles est une excep- tion rare, au témoignage de M. O. des Murs, dans un ouvrage récent où l’on ne saurait assez regretter que le savant oologiste n'ait pu verser le trésor entier de ses ob- servations. Nous sommes donc, môme après les expériences du jardin des Plantes, faites sur des Oiseaux dégradés par la domesticité, plutôt en face d'un fait particulier que d’une loi générale, qui, d’ailleurs, laisserait sans explication, par exemple, le contraste des formes d’Autour et de Plongeon dans sa plus longue expression, que l’on rencontre parfois dans le même nid de Goëländ où de Grue. Considérant la forme de l’œuf en elle-même, M. O. des Murs, que j'ai déjà eu l'honneur de citer, a dit (4) que cette forme était presque toujours en rapport avec l’en- semble général des formes de l'Oiseau dont l'œuf pro- vient. Notre Butor et le Canard de Miquelon (2), le Guillemot (5 Encycl. d'hist. naturelle, Oiseaux, 1° partie, p. 36. (2) Les œufs de Butor et de-Canard de Miquelon sont toutà fait 19 TRAVAUX INÉDITS. 255 et le Chevalier n'ont certainement rien de commun dans leur ensemble général, et pourtant les œufs des uns et des aütres ont la même forme. Au contraire, l'Outarde et le Pluvier, l'Ibis et le Courlis ont, dans l’ensemble général de leurs formes, d'autant plus de rapports que leurs œufs en ont moins. ” Ces rapprochements, qu'il serait facile de multiplier, hinifirment-ils pas singulièrement la proposition, malgré son élasticité ? Ici, qu'il me soit permis de parler d’un fait digne de remarque, l'influence de la captivité sur la forme des œufs de certains Oiseaux. Ainsi il est constant que les Aigles, les Autours, les Goilands et même les Oiex sauvages pondent, en captivité, des œufs plus allongés qu'à l'état de liberté, tandis que rien de semblable ne s'observe chez nos petits Oiscaux de volière. 11 est vrai que nos petits Oiseaux conservent en cagé l'usage de leurs ailes, sautillent et prennent leurs ébats tout aussi bien sous le grillage de Eur volière qu'à l'ombre de nos vergers. La captivité, au contraire, brise les habitudes, l’atti- tude des grandes espèces de haut vol et paralyse leurs mouvements. Si l'on considère que le port des malheureux Rapaces, inclinés le plus souvent sur le sol de leur prison, n’est pas celui qu'ils avaient aux jours de leur liberté, qu'au Goë- land privé de son aile puissante, loin de ses récifs et de ses tempêtes, il ne reste plus des anciennes péripéties de son existence si variée que la monotonie de l'ennui sym- semblables et de forme et de couleur: ils ne diffèrent que dans le grain de la coquille, A s00 tour, l'œuf de Canard de Miquelon, aux formes trapues, et celui du Pilet, à la taille fine et élégante, se res- semblent tellement, qu'au dire de M, Johu Wolley, l'infatigahle déni- cheur d'œufs de Laponie, üne fois mêlés, il n’est plus possible de les distinguer les uns des autres. 256 REV. ET MAG. DE Z00LOGIE. (Juin 1857.) bolisée dans son attitude horizontale; il n’y a, ce me sem- ble, qu'une conclusion à tirer, c’est que l’allongement de l'œuf est la conséquence de l’abaissement de l'oviducte; donc la loi générale qui régit la forme des œufs est tout simplement celle de la pesanteur. En effet, sphère liquide jusqu'à la formation de sa co- quille, l'œuf ne suit-il pas nécessairement tous les mou- vements du corps de l'Oiseau ? Contenu dans un tube élas- tique, il s’affaisse sur lui-même en s’élargissant si ce tube est vertical, s'étend, s’allonge plus ou moins selon que celui-ci s'approche ou s'écarte de la ligne horizontale, et, dans toutes ces positions, subit l'influence opposée ou du repos qui relàche, ou de l’action qui contracte les parois de l'abdomen, son berceau. La perpendicularité de l'oviducte fait, dans le repos, l'œuf court de la majeure partie des Oiseaux de proie (1), et, dans l’action, celui du Pic. L'oviducte horizontal donne, dans le repos, l'œuf al- longé du Cygne, du Flamant, de l'Engoulevent; et, dans l'action, celui plus allongé et plus pointu de l'Hirondelle et du Martinet surtout, dont le vol est l’état normal. Le Plongeon réunit dans les siens le double signe du re- pos et du mouvement dans la pose horizontale. Je ne m’arrête pas aux intermédiaires entre ces deux points extrêmes du quart de cercle ; ils forment la grande majorité dans la série ornithologique ; je dirai seulement qu'il est assez curieux d’en suivre, pour ainsi dire, tous les degrés, depuis la Poule au dos plat et à queue relevée, jusqu’à la Pintade au dos le plus voüûté et à queue la plus basse. Les Oiseaux qui varient le plus dans leur port et dans leurs alternatives de repos et d'action sont ceux dont les œufs ont la forme la plus variable; j'en ai déjà signalé (1) La forme allougée des œufs des Effraies et des Busards s’ex- plique par la différence de leurs habitudes. TRAVAUX INÉDITS. 257 plusieurs, les Goëlands, les Grues; j'ai dit aussi quels sont ceux dont les œufs varient le moins, les Perdrix, G.li- noltes, etc. Dans plus'eurs familles (Échassiers, Oiscaux d’eau), l'œuf prend un développement tellement considérable, qu’il remplit toute la capacité de l'abdomen, et l’on conçoit qu'il ne puisse obéir aux influences diverses que je viens d'indiquer aussi bien que celui qui se trouve moins étroi- tement cerné. Voilà pourquoi l'Outarde et le Pluvier, avec un ensemble de formes et un port semblables, ont cepen- dant des œufs tout différents. L'œuf de l'Outarde se fait ellipsoïde, par son propre poids, dans son hamac horizontal, que rien ne gêne; celui du Pluvier n’a, lui, qu'une forme à accepter : refoulé en arrière par la pression des viscères, le rapprochement et le jeu des jambes, il est ovoïconique. 11 sera plus pointu chez les Echassiers au port plus re- levé (Courlis, Barges, etc.); plus renflé chez l’Hirondelle de mer, qui ne court ni ne marche. Le Martin-Pécheur, à la tenue droite, a des œufs d’oi- seau de proie. Pourrail-il en être de même pour l'œuf énorme du Guillemot, du Pingouin, à tenue semblable ? Ceux-ci seront seulement un peu plus courts et ovoidaux dans la station, un peu plus longs et oyoïconiques dans l'action. La coquille saisit ces divers états et les fixe, mais elle ne le fait pas d'un seul jet ; elle se compose de plusieurs couches superposées de sels calcaires. Un moment arrive où la nouvelle couche va consolider cette écorce jusque-là flexible. A ce moment donné, une cause quelconque peut déplacer subitement le centre de gravité de la masse li- quide, la comprimer, la déformer enfin! De là les exagé- rations, les irrégularités de forme, les renflements, déchi- rures, empreintes de muscles, etc., qu'on rencontre chaque jour. Supposons qu'une Grue au repos, ou sous l'allure gra- 2 skuix, T. ix. AuuCe 1857. 17 ABS REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1857.) cieuse et altière que chacun sait, aperçoive une proie cachée dans l'herbe à quelques pas devant elle et s’élance tout à coup pour la saisir, qu'adviendra-t-il de l'œuf si a coquille n’a pas encore assez de consistance pour résister à là commotion? La frêle enveloppe, dépourvue d’élas- ticité, se rompra infailliblement par le milieu, en travers, däns sa partie Supérieure, qui n’est point soutenue. Tel uñ œuf de Grue cendrée de ma collection, portant la trace, maintenue par la soudure, d’une semblable déchirure transversale qui prenait le tiers de la petite circonférence de l'œuf. Certains œufs d’Eider ont, vers leur tiers supérieur, un renflement circulaire en forme de bourrelet ; j'en ai même un qui en a quatre ou cinq; il me semble y compter les efforts de l'Oïseau quine pouvait réussir à arracher de sa roche le coquillage récalcitrant! Ces efforts ne se font pas sans secousses, et l'œuf, refoulé sur lui-même pendant cette immersion à pic, où le gros bout se trouve en haut et le petit bout en bas, n’est pas sans en ressentir le contre- coup. Je ne vois pas quelle autre explication satisfaisante donner de ces deux faits, que je prends au milieu d’au- tres dont j'ai les mains pleines. Ces quelques jalons suffront, je l'espère, pour suivre la voie que je viens d’effleurer à peine dans les limites d'un horizon borné à la vérité (celles d’une collection particu- Kère d'œufs européens), mais assez large, toutefois, pour pouvoir y inscrire ma conclusion finale : &« Ea position de l'Oiseau dans le repos ou dans l'action « détermine, avant tout, la forme de son œuf. » Je laisse aux personnes plus compétentes et mieux placées que moi pour générahser-ces observations, le soin de juger si j'ai tort ou raison. ÉNumérATIoN des espèces mexicaines du genre Passazus, avec un tableau synoptique de toutes les espèces et la L { { TRAVAUX INÉDITS, 259 description de celles qui sont nouvelles: par M. E. Truqui, de Turin. En étudiant les espèces de Passalus que j'ai rapportées dernièrement du Mexique, j'ai été assez heureux pour y rencontrer quelques espèces nouvelles intéressantes; dé- sirant les publier, j'ai eu recours à l’obligeance bien connue de quelques entomologistes, afin d’avoir en communica- tion les espèces mexicaines de ce genre qui se trouvent dans leurs collections, ct réunir le plus grand nombre possible d'exemplaires sous mes yeux. J'ai obtenu ainsi en communication les Passalus du Mexique rapportés de ce pays par MM. Craveri, Sallé et de Saussure; ceux de la gollection du Muséum royal de notre ville, avec ceux de la collection de M. le marquis de Brême ; ceux de M. Chevrolat et, par les soins de M. Rei- che, ceux de M. Guérin-Méneville; ceux de M. le marquis de la Ferté, avec ceux qui appartenaient à M. Reiche ; ceux de M. le comte Mniszeck, avec ceux qui apparte- naient à M. Buquet; et ceux de M. Thomson. Je prie ces messieurs d'agréer mes remerciments pour m'avoir mis à même de rendre mon petit travail moins imparfait. Ayant réuni de cette manière vingt-six espèces de Pas- salus mexicains, nombre qui a dépassé de beaucoup mon attente, j'ai cru bien faire d'en dresser un tableau synop- tique pour en faciliter l'étude. Dans la description des espèces nouvelles, je ne me suis occupé que des caractères qui présentent des différences importantes dans le genre actuel, et je m'en suis tenu à lhorismologie proposée à cet égard par M. Bummeister dans son Handbuch der Entomologie, t. V, p. 444. On frouvera, dans le tableau synoptique, des caractères que j'ai cru inutile dé répéter dans la description des espèces. À. Antennarum flabello triphyllo. a. Prothorace amplo; elytris prothorace haud vel vix duplo longio- ribus, brevibus, subovatis, convexis. 260 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1857.) b. Verticis tuberculo valido, apice porrecto et libero ; antenna- rum flabelli articulis clongatis; siniatiseepte ct PTE ne bb. Verticis tuberculo carinato; anten- narum flabelli articulis brevibus ; elytris crenato-striatis. c. Interstitiis binis extremis elytrorum omuino, tertioque partim, dense punctatis et hirtis............. cc. Interstitiis quatuor externis elytro- rum omuino, quintoque partim, dense punctatis et hirtis........ aa. Prothorace minus amplo; elytris prothorace plus duplo longiori- bus, elongatis, plus minusve pa- rallelis, plerumque depressis. b. Antennarum flabelli articulis elon- gatis. c. Humeriselytrorum dense rufo-hirtis. d. Statura magna ; carinis frontis an- guloso obtuso-conjunctis. ... . dd. Statura parva; carinis frontis an- gulo recto conjunctis....-... ASH cc. Humeris elytrorum nudis. d. Verticis tuberculo apice porrecto et libero. e. Clypeo truncato; pronoti fovea late- rali impunctata.... .......... ee. Clypeo rotundato, semicirculariter impresso; pronoto supra foveam lateralem punctato............. dd. Verticis tuberculo carinato. e. Tibiis anticis apice valde externe di- latatis......... ajatate ra sf leje lea ais ee. Tibiis anticis regulariter apice di- Jatatis. f. Clypeo medio dentibus binis validis, approximatis, armato; pronoto impunctato. ....:.-.....-.... ff. Clypeo medio mutico vel submutico. g. Cariuis frontis medio tuberculatis; pronoto in foyea laterali tantum punctalo.,......rs.ssrsrtnnes elytris glabris, breviter 1. P, HERos. 2. P. BREvIS. 3. P. mintus. 4. P. PUNCTIGER. 5. P. INTERSTITIALIS. 6. P. RIMATOR. 7. P. incisus, 8. P. ANGULATUS. 9. P. EROsuS. 10. P.ors. TRAVAUX INÉDITS. 261 gg. Carinis frontis apice tuberculatis ; pronoto lateribus plerumque per totam longitudinem fortiter punc- bb. Antennarum flabelli articulis bre vibus. c. Tibiis intermediis parce pilosis, d, iisdemque externe denticulatis. e. Pronoto lateribus per totam longi- tudinem punctato; tibiis inter- mediis externe multidenticulatis. ee. Pronoto impunctato, lateribus fo- yea tantum impresso; tibiis in- termediis externe unidentatis... dd. Tibiis intermediis externe muticis. ce. Tibiis intermediis per totam longi- tudinem dense pilosis, d, iisdemque externe denticulatis. e. Clypco medio triangulariter pro- M nbbnbo dont ee. Clypeo antice recto vel fèré recto. [. Fovea laterali pronoti, intus vel cir- cum, punctata. g. Verticis tuberculo tuberculis basa- libus prædito. h. Carinis frontis arcuatim conjunctis, etatubereulo verticis distantibus. hh, Carinis froutis angulo conjunctis in ipso tubereulo verticis. .... da gg. Verticis tuherculo elongato, libero, basi obsolete binodoso....... ni ff. Fovea laterali prouoti, intus et cir- cum, impunctata. g. Cariais frontis brevibus, sed distinc- tis; verticis tuberculo a basi mox antice verso.,...,.. . pren gg. Carinis frontis omnino natifs ver- ticis tuberculo basi erecto, deinde antice verso......,...... are dd, Tibiis intermediis externe muticis. e. Denticulis clypei intermediis paulo mwagis inter se, quam a dentibus maudibularibus, distantibus..., 11. P, PUNCTATO-STRIATUS, 12. P. cocwaTus. 13. P. AGNoscEND US. 14. P. conTicicoLa. 15. P. STRIATO-PUNCTATUS. 16. P. rccipricus. 17. P. rnoricus. 18. P, zopracus. 19. P. cusribarTus. 20. P, pisrincrus, 21. P. azrucus. 262 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1857.) ee. Denticulis clypei intermediis qua- ter magis inter se, quam a den- tibus mandibularibus, distanti- bus drag Heroes os. 22. P. MEXICANGS. ece. Tibiis intermediis interne carina dense ciliata iustructis. d. Verticis tuberculo porrecto etlibero, e, eodemque lato, triangulari, tuber- culis basalibus minutis.….,..... 23. Pi LaTicoRNIS. ee. Vel angusto, brevi, tuberculis basa- libus maguis, carivatis, adnatis. 24. P. necticonnis. dd. Verticis tuberculo transverso, me- dio carinato, utrinque cornuto.. 25. P, siconnis. B. Antennarum flabello pentaphylo.... 26. P. Leacum. 1. PASSALUS HEROS, n. sp. Convexus, prothorace subtus tibiisque intermediis dense rufo-hir- us; capite undique levissimo; clypeo margivato, antice truncato, medio vix exciso, utrinque dentibus mandibularibus terminato; ca- riuis frontis obsoletis; verticis tuberculo valido, porrecto, et in mu- cronem antice demissum producto; suleulo occipitali profundo, in verticis tuberculum protenso; cauthis frontalibus validis, antice obsolete trituberculatis ; deute oculari validissimo; pronoto magno, subquadrato, basi emarginato, lateribus leviter impresso, undique levissimo ; elytris brevibus, subovatis, tenuissime striatis; striis im- punctatis; tibiis intermediis ct posticis unidentatis. — Long., 45- 50 mill.; elytrorum long., 24-26 mill.; lat., 15-16 mill. J'ai vu les premiers exemplaires de cette espèce dans la collection de mon excellent ami, M. Fréd: Glennie, consul de S. M. Britannique à Mexico; j'en ai trouvé moi-même un exempläire près d'Huauthitängo au mois de mars de l’année passée, et j'en ai vu trois autres dans la collection de M. Craveri. Cette belle espèce forme, avec les deux suivantes, un petit groupe bien caractérisé par des élytres courtes, ovales, convexes, et par üf prôthorax ample, égälant en longueur presque les deux fiers des élftres. L« TRAVAUX INÉDIT 263 2, PASSALUS BREVIS, #: sp: Brévis, Convéxüs! clypeo, margine bretissiio el Subtilissimo, miëdio ténuitér exciso, mot poné mar£inem carinà validd, transYérsà, ab üao ad älteram dénténi mândibularemi extensa, sulculoque ru- guloso tôt pore crinam prædito; vérticis cârina porrecta, Basi bi- uodosa, tédio devtäta, äpite carinis frontis Conjuncla ; his usque ad taritiäm clypei productis, frope apicem debtatis; carinis omni- bus levibus: dente éxtefno parüm profninetté, dculari Yalido ; fos- Sulis frontalibus rugülosis, Spätiéqüe poneé clypei tcarinam parce punétulalo ; profiüto lëvissimo, linea longitudiiali média impressä, itegra, lateribus paulo pote diedium impfessis, iufra dilataus, im- préssione spatioque inter hant et marginein dilatitum densé punc- taiis et fufo-hirtis; elytris ovalis, fotliter striatis, striisque putic- tätis, idterstitiis binis exteriiis omüino, tértio pattim, cæterisqe apive deuse punctatis et rufo-hirtis ; tibiis intermediis et poslicis vel subdenliculatis vel distincte üni-vel pluridéuticulatis. — Long., 33 mill.; elytr. loug., 17 mill.; lat., 11 1/2 mill. Je n'ai vu que deux exemplaires de cette rare espèce. M. Salé me les à communiqués comme ayant été pris, lun au Jacal, sur le volcan d'Orizaba, sous les écorces des pins au mois de mai, ét l'autre à Tecanialuta. Cette espèce est très-voisiné du Pusvalits hirtus Qui Suit, mais elle s'en distingue par sa taille plus forte et par sés Carënes frontales, qui S'écartent sôûs un anglé plus où- vert et même presque nul, et qui ne se términènt pas avañt le sillon de l'épistome, qu'elles coupent, au contraire, pour se joindre à [à cärène äntérieure. Proportionnelle- ment, les feuillets des antennes sont aussi un peu plus longs. Les stries des élytres sont plus légèrement, ponc- tuées, et les intervalles sont poiniillés sur une moindre étendue. Les libias des quatre pattes postérieures sont presque sans denticules on bien unidenticulés, ou même pluriden- ticulés, Un exemplaire présente l'un des tibias intermé- dires bidentieuié, tandis que l'autre übia n'a qu'un seul dentiçuie. 96% REV. ET MAG.DE ZOOLOGIE. (Juin 1857.) 3. PASSALUS HIRTUS, 7. sp. Previs, converus; elypeo, margine brevissimo et subtilissimo, medio tenuit r exciso, mox pone marginem Carina valida, trans- versa, ab uno ad alterum dentem mandibularem extensa, sulculo- que ruguloso mox pone cariuam prædito; verticis carina porrecta, basi binodosa, medio deutata, apice carinis frontis conjuucta; his tuberculo ad clypei sulculum termiuatis; dente externo parum pro- minente, oculari valido; fossulis frontalibus spatioque pone elypei cariuam hinc iude vel puuctulatis vel scabriusculis, iaterstiis omnino leyibus; prouoto leyissimo, linea longitudinali media impressa, in- tegra, lateribus paulo pone medium impressis, infra dilatatis, im- pressione spat:oque inter hanc et marginem dilatatum deuse pune- tatis et rufo-hirtis; elytris ovatis, fortiter striatis, striisque punctatis, interstitis quatuor externis omuino, quinlo partim, internorumque parte postica, dense punctatis et rufo hirtis; tibiis iutermediis et posticis bidenticulatis. — Long., 26 mill.; elytr. leng., 14 mill.; lat., 9 mill. J'ai pris quelques exemplaires de cette espèce sous des souches d'arbres, dans une enceinte tout près d'Huauchi- nango, au mois de mars de l’année passée; j'en ai vu aussi deux exemplaires dans la collection de M. Craveri. Dans le petit groupe d'espèces à élytres courtes et ovales, celle-ci forme, avec la précédente, une petite sec- tion bien isolée à cause de la ponctuation et de la pubes- cence des élytres. 4. PASSALUS PUNCTIGER. Lepel. et Serville. — Percheron. — Burmeister. Passalus striolatus, Eschscholtz, Olivier. Passalus tlascala, Percheron, Burmeister. J'ai trouvé plusieurs gros exemplaires de cette espèce avec d'autres plus petits à la Junta del Rio de San Marco, au-dessous de J'icoteper, au mois de mars. Ils se rappor- tent au Passalus tlascala de Percheron. J'en ai vu, dans toutes les collections, des petits et des grands, pris dans TRAVAUX INÉDITS. 265 différentes localités du côté du golfe mexicain, et, dans la collection de M. de Saussure, un exemplaire pris à At- liuayan, sur le versant occidental. Les gros exemplaires que j'ai pris à la Junta, à part la taille, sont parfaitement identiques aux autres plus petits, et, pour descendre des uns aux autres, on en trouve de taille moyenne. Les petits ne différent en rien des exemplaires prove- nant de Colombie, de Bolivie et du Brésil auxquels je les ai comparés, et qui sont des punctiger. En conséquence, je n'hésite pas à réunir les deux es- pèces. Les caractères tirés de la taille, de la ponctuation plus ou moins forte de la tête et du prothorax, et ceux tirés des dents intermédiaires de l’épistome plus ou moins distantes ou aiguës, ne sont pas du tout constants. Du reste, M. Percheron même, 1% Supplément à sa Mo- nographie, p.13, n° 23, prévoyait qu'on aurait dû, par la suite, supprimer quelques-unes des espèces voisines de l'Interruptus, et dont son Tlascala en est une. 5. PASSALUS INTERSTITIALIS. Eschscholtz. — Percheron. — Burmeïister. Je trouve deux exemplaires de cette espèce, indiqués comme provenant du Mexique, dans la collection de M. Thomson; mais ce qui me décide encore davantage à la placer parmi les espèces de ce pays, c'est que dans la collection de M. Guérin-Méneville il y en a un autre exemplaire qui est piqué sur la même épingle, en dessous d'un Passalus angulatus, espèce mexicaine. Par la posi- tion des pattes de l'angulatus, on s'aperçoit qu'il est mort après qu'on eut piqué l'énterstitialis, et que, par consé- quent, les deux espèces ont été prises à peu près en même temps et dans la même localité. 266 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE, (Juin 1857.) 6. PASSALUS RIMATOR, n. sp. Depressiuseulus, nitidus, prdhoti limbo infero tibiisque interme- diis parëm hirtis ; capite toto levissimo ét nitidissio; clypeéo mar- ginato, medio leviter sinuato, ütriuque obtuse deñtato; tuberculo verticis porrecto, valido, apice elongato et libero, tubereulis basali- bus obsoletis; frontis carinis uullis ; cantho frontali trituberculato, tuberculo autico dentem externum efformaute ; deute oculari vahdo; sulco octipitali pfofundo et levissimo; prouoto levissimo, utrinque poué mediüni Jévitet impresso ; elytris Slriatis, Striis ornibis levis- sime puuctulatis; tibiis postieis extus vel muticis vel unidentivulatis. — Long., 34 mill.; elytr. loug., 18 1/2 mill.; lat: 1t 1/2 mil. Je n’ai troûvé qu'un séul exemplaire de cette espèce, le mois de mars de l'année passée, près d’Huauchinango. J'en ai vü un second exemplaire rapporté d'Orizaba par M. Sallé, un troisième dans la collection de M. Mniszeck et un quatrième dans celle de M. de la Ferté. Ce dernier exemplaire à les tibias postérieurs mutiques. Ce Péssalus est assez ressemblant au distinetus, Weber (cornutus, Fäbr.); mais, en outre des feuillets allongés des antennes, il s’en distingue par le tubercule de la tête, qui n’est pas aussi élevé à sa base et qui est presque subi- tement dirigé en avant, plus allongé et aigu. L'épistome n’est nullement dilaté au milieu ? mais, au contraire, il est légèrement échancré, et les poils des tibias intermédiaires sont bien moins longs et pas du tout touffus. Mon exemplaire a les tibias intermédiaires unidenti- culés; l'un des tibias de la même paire des autres exem- plaires est unidenticulé, et l'autre est bidenticulé. T.: PASSALUS INCISUS, 2. sp. Depressiuseulus, nitidus; pronoti limbo iafero tibiisque interme- dis paru hirtis; elÿpvo ined o rotundato et semicirculariter mar- giualo, utrinque imptesso et juxla impressiourm obtuse déntat6 ; tubereulo verticis porfecto, basi adoäto, apice breviter libere, tüber- eulis basalibus obsoletis; frontis carinis aullis; cautho frontali tritt- TRAVAUX INÉDITS. 267 berculato, tuberculo antico dentem externum efformante ; dente ocu- Hÿi välido; suléo occipitali profundo; fossulis frobtalibus trans- vérsim rugosis; pronoto levissimo, utrinqué porie mediuin léviter impresso et supra impressionem sparsim punctäto ; elytris striatis; striis omnibus subtiliter punetatis; tibiis iutermediis bidentieulatis, posticisque deuticulo unico. — Long., 40 mill.; elÿtr. long, 17 œill.; lät., 11 mill. Je n'ai vu qu'un seul exemplaire de cette espèce dans la collection de M. de la Ferté, où elle portait le nom de P. incisus Reiche. R Voisine du Ximator, elle s’en distingue aisément par sa taille plus petite, les feuillets de ses antennes un peu plus courts, et son chaperon arrondi antérieurement et semi- Circulairement impressionné, avec la marge s’avançant en pointes dirigées en arrière, entre l'impression semi-Circu- laire et l'enfoncement latéral. Les fossettes frontales sont transversalement rugueuses, et le tubercule du front est beaucoup plus petit et plus court. Le prothorax a quel- ques points au-dessus de l'impression latérale, et les striès des élytres sont un peu plus fortement ponctuées. 8. PASsALUS ANGULATUS. Percheron. — Burmeister. Passalus thoracicus, Smith. J'ai sous les yeux plus de trente exemplaires de cette éspèce, depuis 22 jusqu'à 36 millimètres de longueur. Sa couleur varie du brut plus ou moins obscur jusqu'au noir le plus intense et le plus luisant. J'ai trouvé quelques éxémplairés de cé Passalus à Yau- tepec et Cuernavaca, sous les pierres, en septembre et oc- bre. J'en ai vu du Yucatan, de Jalapa, de Cordova et de Vera-Cruz. Cette espèce est remarquable par la dilatation extraor- dinaire que ses tibias antérieurs présenteñt au bout et en Aôhors, et par l'appéndicé Apical dés autres tibias. 268 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1857.) Le Passalus thoracicus de M. Smith (Nomencl. of Coleopt. ênsects of the British Mus., part. VI, Passazipæ, pag. 15, n° 64, pl. 1, fig. 3) se rapporte parfaitement à cette espèce, excepté le prothorax, qui, d’après la figure, serait beau- coup transverse; mais, avec l’insecte à la main, ce carac- tère pourrait bien ne pas être aussi évident. 9. PASSALUS EROSUS, 7. sp. Depressus, nitidus ; pronoti limbo infero tibiisque intermediis parce rufo-hirtis ; clypeo ruguloso, margine antico in dentes hinos validos et approximatos producto, medio longitudinaliter impresso ; carinis frontis argutis, medio subtuberculatis, apice fortitez supra dentem maodibularem tubereulatis ; tuberculo verticis longitudinaliter cari- nato, antice cum carinis frontalibus conjuncto, basi biuodoso; pro- noto levissimo, utrinque pone medium fortiter impresso, impressione levi; elytrorum striis internis leviter, externis fortius punctatis; ti- biis intermediis unidenticulatis, posticis muticis. — Long., 35 mill.; elytr. long., 20 mill.; lat., 12 mill. J'ai vu un seul exemplaire de cette espèce dans la col- lection de M. de la Ferté. Elle ressemble, au premier abord, au P. angulatus ; mais, en outre de tous ses tibias sans dilatation ni appendices, elle s’en distingue par sa tête moins finement rugueuse, par ses carènes frontales non fortement tuberculées au milieu, par les nœuds basi- laires du tubercule céphalique, par son prothorax moins fortement bisinué antérieurement, et par les stries plus fortes et plus grossièrement ponctuées de ses élytres. 10. PaAssaLUS INOPS, n. sp. Elongatus, depressiuseulus, nitidus, glaber ; capite ruguloso ; cly- p°0 margine vix exciso; carinis frontis argulis, medio fortiter tuber- culatis, apice in dentem mandibularem productis; carina verticis antice cum frontalibus conjuncta, ternisque simul tuberculum cffor- mantibus, tubereulis basalibus obsoletis; pronoto levissimo, utrin- que postice fortiter impresso, impressione grosse punctata ; elytro- rum striis igterms levissime, externis grosse punctalis ; tibiis iuter- TRAVAUX INÉDITS. 269 mediis tridenticulatis, posticis denticulo minutissimo tantum ar- malis. — Long., 30-32 mill.; elytr. long., 17-18 mill.; lat., 10 1,2- 11 mill. = Ù Je n’ai eu sous les yeux que trois exemplaires de cette rare espèce, et ils m'ont été communiqués l’un par M. Sallé, qui l’a trouvé aux environs de Cordova en novembre, l’autre par M. Guérin-Méneville, et le troisième par M. de la Ferté. Ce Passalus, quoique voisin de l’angulatus, s’en distingue aisément par sa forme plus étroite et allongée, par son épistome peu ou point échancré, par les feuillets de ses antennes un peu moins longs, par ses carènes frontales aboutissant aux dents mandibulaires (tandis que, dans l'angulatus, elles font saillie en dedans de ces mêmes dents), par la rugosité de sa tête moins fine, par les points plus gros de l'impression prothoracique, par les stries moins fines des élytres et par ses tibias simples. Il se rapproche encore davantage du P. punctato-stria- tus, mais il en est bien distinct par sa taille plus grande, par sa forme un peu plus allongée, par sa tête beaucoup plus rugueuse, par ses carènes frontales tuberculées au milieu et non près de la dent mandibulaire du chaperon, et par les stries des élytres avoisinant la suture, qui ne sont pas crénelées. Le Punctato-striatus, en outre, pré- sente ordinairement une ponctuation forte tout le long des côtés du prothorax, tandis que, dans les trois exem- plaires de l’inops que j'ai sous les yeux, la fossette latérale seule est ponctuée. (La suite prochainement.) Nouveaux Vespipes du Mexique et de l'Amérique septen- trionale; par H. pE SAUSsURE. Je donne ici les diagnoses d'un certain nombre d'Hy- ménoptères nouveaux de la famille des Vespides que j'ai 270 REV. ET MAG. DE 200L0GIE. (Juin 1857.) recueillis en Amérique. La description détaillée de ces Insectes paraîtra dans un travail spécial accompagné de planches et exclusivement consacré à la publication des observations zoologiques qui sont le fruit de mon voyage transatlantique. GENRE ZETHUS, Fabr. 1° Espèces appartenant à la division Zethusculus. Z. azrecus. — Assez petit, rugueusement ponctué; cha- peron denticulé à son bord inférieur ; prothorax forte- ment bordé par une lame ou crête élevée; pétiole ayant son renflement elliptique, renflé en dessus et ponctué; le deuxième segment, brièvement pédicellé, soyeux. Insecte aoir ; bord du prothorax et des segments 1, 2, une tache sous l'aile, deux à l’écusson et post-écusson, jaunes. — Le Mexique (Tampico). Z. spixosus. — Assez petit, noir, taché de jaune, très- rugueux. Sur le front une crête transverse ; bord du pro- thorax portant une crête élevée; post-écusson armé d’un tubercuie spiniforme aigu; pétiole cylindrique, rugueux. + Tampico. £, MOXTEzümA. — Assez petit, rugueux, noir et velu, ayant les bords du prothorax et des segments 1, 2 jaunes et ferrugineux ; abdomen ayant la même forme que dans le genre Elimus; pétiole allongé, rugueux: le reste de l'abdomen piriforme et déprimé. — Le Mexique (Mez- titlan). Z. GUATEMOTZIN. — Petit, rugueux, noir; écusson par- tagé par un sillon; deuxième segment plus large que le troisième; post-écusson et deux taches au métathorax jaunes. Du reste, très-voisin du précédent, — Le Mexique (Cordova). 2 Expères appartenant à la division Didymogastra. Z. Poevi. — Noir, ponctué, bariolé de jäuné-orangé où a — ( Ï Î | TE TRAVAUX INÉDITS. 974 de jaune; pétiole ayant son renflement elliptique, lisse, noir bordé de jaune; le reste de l'abdomen roux, ainsi que los pattes ; antennes du mâle enroulées à l'extrémité. — L'ile de Cuba. Z. cHICOTENCATL. — Assez grand, noir, luisant, orné de jaune et n'étant guère ponctué; pétiole luisant; deuxième segment longuement pédicellé; chaperon (fe- melle)-æntier; prothorax bordé par une forte crête à son bord antérieur et sur ses côtés. — Tampico. Z. Marzicarzix. — Taille du précédent ; noir, ponctué ; disque du mésothorax plus large que long; pétiole lisse, très-renflé en dessus: le reste de l'abdomen brun; bord du prothorax, deux taches à l’écusson, bord des segments 1, 2 et une tache sous l'aile, jaunes; antennes des mâles terminées par un crochet. — Tampico. GENRE MONTEZUMIA, Sauss. M. uuasreca. — Moyenne, facies d'un Discælius ; pre- mier segment petit et très-renflé en dessus, presque comme le pétiole raccourci d'un Discœlius. Noire; dessous des antennes ferrugineux; prothorax et écussons tachés de fauve ; segments 1.et 2 bordés de cette couleur ; ailes trans- parentes avec la côte noire. — Le Mexique (Tampico). GENRE EUMENES, Fabr. 1° Espèces appartenant à la division alpha de ma monographie . E. Irurgine, — Noir, velu, bariolé de jaune; an- tennes noires; écailles ferrugineuses; deuxième segment de l'abdomen renflé en dessus, comprimé et enfoncé lransversalement ayant son bord postérieur; milieu du prothorax, post-écusson etbord dessegments, jaunes. Taille de l£. pomiformis. — Le Mexique (Meztidan). 272 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1857.) E. azrecus. — Grand, noir, luisant; milieu de la courbe du prothorax, post-écusson et segments 1, 2 bordés de fauve; bordure du deuxième segment interrompue; écusson taché de fauve; ailes noires. — Tampico, au Mexique. 2 Espèces appartenant à la division omicron. E. mexicanus. — Comme l'E. callimorpha, mais le thorax plus grossièrement ponctué et le chaperon moins fortement bidenté. — Tampico. E. reGuLuS. — Très-petit, comme l'E. microscopicus, mais ayant les ocelles disposées en lignes courbes. — Le Mexique (Cordova). GENRE PACHYMENES, Sauss. PACHYMENES SANTANNA. — Noire, déprimée; corps sans ponctuations, luisant, orné de blanc; prothorax ayant ses deux bords ornés d’un liséré blanc ; segments 1, 2 de l'abdomen bordés de cette couleur ; une tache sous l'aile, une ligne de même couleur sur l’écusson et une sur le post-écusson. — Le Mexique (Tampico). GENRE ODYNERUS, Latr. Sous-genre PROTODYNERUS. ©. PaicaneLpuiæÆ. — Petit, noir; chaperon bidenté, avec une tache jaune à son sommet; antennes noires; prothorax orné de deux taches jaunes; ses angles sub- épineux ; écusson portant deux taches jaunes; post-écusson crénelé; métathorax très-rugueux; segments {, 2, 4 de l'abdomen, bordés de jaune. — La Pensylvanie. Sous-genre ANCISTROCERUS. Division Ancistrocerus proprement dits. le section. Abdomen tronqué en devant (groupe de TRAVAUX INÉDITS. 273 l'Odynerus parietum); concavité du métathorax angu- leuse, bordée par uu tranchant. O. capra. — Semblable à l'O. antilope d'Europe. Noir orné de jaune; tous les segments de l'abdomen bor- dés de jaune; antennes ferrugineuses en dessous, avec le devant du premier article jaune ; concavité du métathorax luisante, très-anguleuse, à bords inférieurs très-saillants. — États-Unis et Canada. O. SanTa-Anxa. — Facies et grandeur de l'O. pa- rietum ; antennes et chaperon noirs, ou avec deux points jaunes; bord du prothorax, deux taches à l'écusson, une sous l'aile, une au front et bord des segments 1 à 3 de l'abdomen, jaune soufre. — Le Mexique. O. BusramENTE. — Très-voisin du précédent, mais le bord de tous les segments jaune, ainsi que celui du chaperon et le dessous du scape. — De Pérote, au Mexique. O. riénis. — Assez petit, noir, formes grêles ; protho- rax point anguleux; métathorax l’étant beaucoup; sa con- cavité bordée par des arêtes droites, non arquées et très- saillantes ; de chaque côté, en dehors de son bord Jatéro- supérieur, une gouttière oblique, dont celui-ci forme le bord interne ; couleur noire, avec des ornements jaunes; segments de l'abdomen tous armés d’une bordure jaune étroite. — La Pensylvanie. O. Parrepes. — Exactement comme l'O. nasidens, mais ayant une suture saillante sur le premier segment. Noir, velu ; abdomen conique, soyeux, avec tous les segments, sauf le premier, bordés de jaune ; chaperon portant une tache jaune vers le bas; dessous des antennes ferrugineux; milieu du prothorax jaune; plaque postérieure du méta- thorax offrant des bords tranchants; ailes ferrugineuses avec le bout gris.— Le Mexique, Meztitlan. 1° section. Formes grêles. a. Groupe de l'O. fulvipes. Premier segment de l’ab- domen en cloche, arrondi en avant. 2 skmx, Tr. 1x. Aunée 1857, 18 974 REV. ET MAG. DE Z00LOGI&. (Juin 1857.) O: Proximus. — Noir; tout le corps très-ponctué, orné de jaune; abdomen fortement ponctué; segments 1, 2 bordés de jaune; les autres l’étant incompléterent où ne l'étant pas; le deuxième ayant son bord postérieur fe: troussé et sa base ornée, dé chaque côté, d’un point jaune; chaperon du mâle jaune, avec sa partie inférieure noire. — New-York. O. Bravo. — Comme l'O. fulvipes, mais le deuxième segment n'ayant pas son bord retroussé ; premier segment souvent satis points jaunes. = Le Mexique (Tampico). b. Groupe de l'O. incommodus. Premier segment en entonnoir, mais tronqué en devant; le deuxième plus élargi. O: rats. — Forme de l'O. incommodus. Très-voisin de cette espèce, mais n'ayant pas le bord du deuxième segment de l'abdomen retroussé. Noir avec ses ornements blancs; antennes ferrugineuses en dessous. — Tampico. TEL: section. Abdomen ovale; le premier segment cupu- liforme ou en entonnoir, mais non tronqué en devant. (Groupe de l'O. ammonia.) O. occipenraLis. — Petit, grossièrement ponctué; mé- tathorax faiblement prolongé en arrière du post-écusson, tronqué verticalement, à bords arrondis et ponctués ; 4b- domen ovale, ponctué; le premicr segment cupuliforme, sessile, noir orné de jaune; derrièré l'écaille une apo- physe jaune: segments 4, 2, # de l'abdomen bordés de jaune, et le deuxième orné de deux taches jaunes ; angles du prothorax assez aigus. — De la Sonore. O. AriSra. — Assez grand, ponctué; noir argenté sur tout le corps; premier segment de l'abdomen subpédi- cellé; bien moins large que le deuxième; celui-ci ayant son bord trés-fortement canaliculé, très-fortement re: troussé et sinué au milieu; tous les anneaux bordés de jaune ; suture du premier fornrañt un angle dirigé en ar- rière ; tête et milieu du prothorax maculés de jaune; aîles lavées de jaune, grises au bout. — Mexique (Cuernavaca): | | | TRAŸAUX INÉDITS: 975 ©: Sumicurasti. — Petit, noir, grossièrement et densé- ment ponctué; métathorax moins fortement ponctué, à plaque postérieure arrondie , n'offrant de tranchant que les arêtes latérales; premier segment portant une suture indistincte; post-écusson et bord de tous les ségments ornés d’une large bordure jaune d’or ; dessous du séape fauve. — Le Mexique (Cuernavaca). ©, Guzmanr. — Petit, criblé de ponctuations; méta- thorax excessivement rugurur, portant au milieu une con- cavité lisse et ponctuée; premier segment de l'abdomen ganaliculé derrière sa suture. Insecte noir, avec le bord du prothorax, des deux premiers segments et le post- écusson, jaunes ou fauves; écailles ferrugineuses, bordées de jaune: — Le Mexique (baranca de Mezlitlan). Sous-genre ODYNERUS PROPREMENT DIT. a: Groupe de l'O. 4-sectus. Métathorax prolongé en ar- rière dû post-écusson, puis tronqué. Onyx. azreous. — Très-voisin de l'O. E-sectus, mais moins grand. Fœm. Chaperon portant un sillon et deux lignes jaunes à son extrémité inférieure; scape et mandi- bules blancs en devant; métathorax orné de six points blancs; bordure des segments 1, 2 étroite. Mâle. Cha- peron blanc; vertex offrant deux tubercules piligères; añtennes terminées par un crochet. — Tampico. b: Groupe de l'O. nasidens. Thorax trèscarré , très-an- guleux ; concavité du métathorax occupant toute sa lar- geur et le post-écusson participant à sa troncature; ab- domen très-conique, tronqué antérieurement à la manière de celui des Vespa. 0, Hipazco, — Chaperon polygonal, son bord anté- rieur droit, point bidenté ; tête et thorax très-rugueux ; cohcavité du métathorax très-largé, bordée par une crête tranchante qui est séparée du post-écusson par deux fis- sures; segments de l'abdomen, sauf le premier, ayant leur bord rugueusement ponvtué; le detxième et le 276 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1857.) troisième ayant leur bord retroussé; couleur noire, variée de roux et ornée de jaune; antennes noires, avec le scape roux et jaune ; ailes avec une tache dans la radiale. Formes identiques à celles de l'O. cubensis. — Habite les parties chaudes du Mexique. O. Jrurmne. — Insecte trapu, de la taille de l'O. Dan- tic. Chaperon polygonal; son bord inférieur droit ; tête et corselet rugueux; angles du métathorax rugueux; post- écusson crénelé; deuxième segment de l'abdomen ayant son bord très-rugueux et cannelé. Couleur noire; thorax bariolé de ferrugineux; abdomen ferrugineux avec le bord des segments jaune; antennes noires, leurs premiers arti- cles ferrugineux. — Des parties chaudes du Mexique. c. Groupe de l'O. Romandinus. Abdomen tronqué en devant; métathorax arrondi; formes assez voisines de celles du groupe précédent. O. Azvarapo. — Noir. Formes de l'O. cubensis, mais plus grand. Métathorax à bords rugueux, point tran- chants, séparés du post-écusson par deux larges fissures ; à sommet très-rugueux, mais offrant de chaque côté un espace lisse; tête et thorax rugueusement ponctués, ornés de fauve; bord postérieur du prothorax liséré de cette couleur ; abdomen conique, lisse, tous les segments régu- lièrement bordés de jaune fauve et leur bord fortement ponctué, sauf celui du premier. Mâle ayant le bord infé- rieur du chaperon subtridenté, large. — Mexique (Mez- titlan). O. rLAvoricrus. — Comme l'O. foraminatus, mais le métathorax n'ayant pas ses angles élevés et séparés du post-écusson par de profondes fissures. — États-Unis. d. Abdomen subpédicellé, mais son premier segment large, n'étant pas en entonnoir, mais plaquant mal contre la concavité du métathorax, qui est petite et triangulaire. O. Morertos. — Abdomen ovoide; son premier seg- ment moins large que le deuxième, celui-ci ayant son bord très-fortement canaliculé et retroussé. Insecte ru- TRAVAUX INÉDITS. 277 gueux, noir et roux, avec le bord des segments jaune; an- tennes noires, avec les deux premiers articles ferrugineux ; vertex orné de deux bandes ferrugineuses obliques qui gagnent le sommet des yeux et les bordent jusqu’au cha- peron: — Mexique. e. Groupe del'Q. Enyo. Métathorax arrondi ; post-écusson n'étant pas tronqué; abdomen allongé, sessile ; son pre- mier segment en cloche, aussi large que le deuxième. O. Guerrero.—Chaperon entier; post-écusson bidenté; écusson partagé par un sillon; métathorax sans angles ni crêtes; tête et thorax criblés de ponctuations ; abdomen soyeux ; bords de tous ses segments, sauf du premier, gros- sièrement ponctués; couleur comme chez l'O. Iturbide.— Le Mexique (Meztitlan). f. Groupe de l'O. pensylvanicus. Formes grêles, allon- gées; abdomen plus ou moins cylindrique, comme chez les Ancistrocères du groupe de l'O. fulvipes ; premier seg- ment de l'abdomen en cloche, mais non tronqué antérieu- rement. O. rocrecus.— Allongé, ponctué, noir, orné de jaune ; les deux premiers segments bordés de jaune et ornés de deux points jaunes près de leur base (femelle); le deuxième fortement canaliculé, ayant son bord fortement retroussé ; une tache jaune sur le mésothorax, etc. Mâle portant, sur le vertex, deux gros tubercules juxtaposés. — Le Mexique (Meztitlan). O. vacus. — Comme l'O. fulvipes, Sauss., mais sans aucune trace de suture au premier segment de l'abdomen ; segments 1, 2 ornés de deux taches jaunes. — Les États- Unis. O. rERENNIS. — Formes et couleurs du précédent; mé- fathorax arrondi, très-rugueux, noir; premier segment de l'abdomen grossièrement ponctué, déprimé, largement bordé de jaune, ainsi que le deuxième. Ces segments sans taches latérales. — États-Unis. g. Groupe de l'O. huastecus. Métathorax plus ou moins 278 REV. ET MAG, DE 400L0GIe. (Juin 1857.) arrondi, sa concayité n’occupant que son milieu et n’of- frant pas des bords tranchants ; abdomen ovoïde ou sub- pédicellé ; son premier segment en cupule ou en enton- noir ; antennes insérées très-bas sur le front. — Ce groupe renferme les formes des petites espèces européennes (0. Rossii, helvetius, etc., etc.). &. Bord postérieur du prothoraæ orné d'un liséré jaune. * Tous les segments de l'abdomen bordés de jaune. O. nuasrEcus. — Assez petit, fortement ponctué sur tout le corps, velonté et couvert d’un duvet gris-argenté ; tous les segments de l'abdomen bordés de jaune fauve, les deux bords du prothorax l’étant aussi; post-écusson et angles du métathorax jaunes; prothorax anguleux; une fossette derrière les ocelles chez la femelle; flagellum des antennes, chez le mâle, noir; ailes grisâtres ou ferrugi- neuses. — Le Mexique (Meztitlan). O. oromirus. — Très-voisin du précédent, mais s'en distinguant par son métathorax à cavité plus profonde et à bords et sommet trèés-rugueux criblés de gros trous; prothorax biépineux, n'ayant que son bord postérieur et ses angles jaunes; métathorax noir; chaperon et dessous des antennes du mâle blanchâtres. — Le Mexique (Cuer- nayaca). O. soprinus. — Corps comme l'O. huastecus; tête du mäle peinte comme celle de l'O, otomitus. — Le Mexique (vallée de Mexico). O. Peyroni. — Petit, noir; post-écusson et segments de l'abdomen largement bordés de jaune, sauf le premier, qui est à peine liséré de cette couleur ; écailles noires. — Mâle. Chaperon blanchâtre et dessous des antennes fauve. — Le Mexique (Cuernayaca). ** Les deux premiers segments seuls bordés de jaune {formes grêles). ©. roroxacus. — Petit, noir, luisant. Formes allongtes de l'O. bivittatus. Tête et thorax luisants, mais densément ponctués; métathorax velouté, peu ou pas ponctué ; ab« TRAYAUX JINÉDITS. 279 domen fortement ponctué à sa base, allongé; dessous du scape, les deux bords du prothorax, une tache sous l'aile, post-écusson et le bord des segments 1, 2 de l'abdomen, fauves. Mâle. Chaperon jaune, bidenté; dessous des an- tennes ferrugineux. — Le Mexique (Meztitlan). ©. Tacupayæ. — Deux fois plus petit que le précédent; plus grèle, à abdomen très-allongé; ses segments 1 et 2 bien plus longs que larges. Livrée comme celle du précé- dent, mais les ornements étant couleur de soufre; tibias et tarses ferrugineux. Mäàle. Antennes ferrugineuses en dessous; chaperon jaune, bordé de noir et orné d’une bande ou marque noire sur son milieu. — Le Mexique (vallée de Mexico). 8. Bord antérieur du prothoraæ seul bordé de jaune. * Tous les segments abdominaux, ou du moins plus que les deux premiers, bordés de jaune. O. maya. — Petit, noir, finement ponctué {le méta- thorax l’étant plus finement que le reste du thorax), ve- louté et bariolé de jaune ; tous les segments de l'abdomen régulièrement bordés de jaune, les segments 1, 2 large- ment, les autres n'étant ornés que d’un fin liséré ; bordure du prothorax large chez la femelle, figurant deux taches triangulaires étroites chez le mâle. — Le Mexique (Mez- titlan). O. Vicrorra. — De taille moyenne ; également et den- sément ponctué sur tout le corps; noir, bariolé de jaune ; tous les segments de l'abdomen bordés de jaune; le deuxième orné, en outre, de deux points jaunes près de sa base ; disque du mésothorax portant une tache jaune en avant de l'écusson., — Le Mexique (Meztitlan et le Michoacan). ** Trois bandes jaunes à l'abdomen. O. mysrecus. — Petit, d'un noir luisant, avec des or nements d'un jaune citron; chaperon piriforme, terminé par un bec échancré en triangle; thorax très-rugueux, criblé d'énormes ponctuations; abdomen luisant; pre- 980 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1857.) mier segment très-rugueux, surtout à sa base; tête et thorax ayant quelques points jaunes ; post-écusson et bor- dure des segments 1, 2, 3 jaunes, celle du troisième très- étroite; pattes noires. — Le Mexique (terres chaudes de Mexico et du Michoacan). O. rapanEecus. — Mâle, Très-petit, très-voisin de l'O. chichimecus, mais étant très-finement ponctué; post - écusson sans crête saillante; métathorax armé de deux apophyses à son sommet; bords antérieur du prothorax, postérieur de l’écusson et des segments 1, 2, 4 de l’ab- domen jaunes. — Le Mexique (Meztitlan). #* Les deux premiers segments seuls bordés de jaune. O. caicarmecus. — Très-petit, noir, criblé de grosses ponctuations ; post-écusson portant une forte crête trans- versale; métathorax armé, près du sommet, de deux apo- physes comprimées; premier segment abdominal offrant une gouttière transversale et ayant son bord épais; bord du prothorax, deux taches à l'écusson et bord des seg- ments 4, 2 jaunes; pattes noires; tibias tachés de jaune. — Le Mexique (Meztitlan). O. acoznuus. — Très-petit, très-voisin de l'O. chichi- mecus, mais ayant le métathorax sans apophyses et le pre- mier segment subpédicellé et bidenté. — Le Mexique (Meztitlan). GENRE NECTARINIA, Schuck. N. azrEcA. — Petite, de la taille de la N. scutellata. Tête et thorax noirs; abdomen passablement pédicellé, ayant tous ses segments bordés de jaune, le deuxième assez largement. — Le Mexique (des terres chaudes de la province de Mexico). Nores sur les ScoLiÈTEs et diagnoses de diverses espèces nouvelles; par H. DE SAUSSURE. GENRE SCOLIA, Fabr., Sauss. Une seule nervure récurrente. TRAVAUX INÉDITS. 281 I. Division Scolia proprement dite. — Quatre cellules cubitales. ScoL. FRONTALIS, Sauss., Mélanges hyménopt., 38, 16, f. 13 (1854), a pour synonyme : Se. coronata, Smith., Catal. Brit. Mus. Hymen., WI, 112, 128 (1855). IE. Division Lacosi, Guér. — Trois cellules cubitales. Scoc. Picreri, Sauss., Mélanges hyménopt., p. 42, 18 (1854), a pour synonyme : Sc. pulchra, Smith., Cat. Brit. Mus., NI, 88, 12 (1855). Habite les Indes orientales. ScoL. Juriner, Sauss., Mélanges hyménopt., 45, 21, a pour synonyme : Sc. instabilis, Smith., Catal., III, 88, n° 11. ScoL. FULVIFRONS, Sauss., Mélang. hyménopt., 43, 19, f. 11, a pour synonyme : Sc. personata, Smith., Catal. Brit. Mus. Hyménopt., IN, 91, 23. Scoc. DuBIA, Say, à pour synonymes : S. aulica, Burm., Abhandl. Halle, 1, 33, 48. S. dubia, Sauss., Mél. Hyménopt. S. aulica, Smith., Catal., 96, 55. Les poils des pattes de cette espèce sont noirs, mais les épines des tibias postérieurs ont une couleur rousse. On xoit aussi des poils bruns aux tarses. ScoL. HÆMATODES, Burm., Abhandl. Halle, 1, 33-45, a pour synonyme : Se. dubia, Smith., Cat. Brit. Mus., MX, 97, 56 (Syn. Sayi excl.) Scor. AzTECA. — Grande, noire, luisante; corps sans reflets bleuâtres ; poils noirs; ailes d'un noir opaque, avec de beaux reflets d'un bleu d'acier. — Tampico, Cordova. Scoc. Monrezumæ. — Grande, noire; segments 3-6 de l'abdomen roux, ciliés de poils roux ainsi que le deuxième; ailes brunes, à reflets violets. Sa taille est deux fois plus 262 REV. ET MAG. DE ZOOLOGJE. (Juin 1857.) grande que celle de la Sc. Aæmatodes, Burm. — Le Mexi- que. GENRE ELIS, Fabr., Sauss. Deux nervures récurrentes. Division Campsomeris, Lepel. — Trois cellules eubi- tales. Eus 4-pusrucara, Burm., Abhandl. Halle, 21, 17. Syn. Elis k-guttulata, Sauss., Mélanges Hyménopt., p. 58, f. 12. : | C'est par suite d’une erreur de copiste que cette faute s’est glissée dans le texte; à part ce nom, la citation est juste. ELIS CONSANGUINEA , Sauss., Mélanges Hyménopt., 50, 25 (1854), a pour synonyme : Sc. bimaculata, Smith , Catal., IX, 115, 143 (1855). Euis LariveNTRIS, Sauss., Mélanges Hyménopt., p. 59, 26 (1854), a pour synonyme : Sc. irregularis, Smith, Catal. Brit. Mus., I, 107, n° 105 (1855). Euis roLreca. — Comme l'E. fuscata, Fabr., mais le bord des segments 4 et 5 garni de poils rouges, et celui du quatrième orné d’une bordure rousse. — Le Mexique (Tampico). Euis amerrcana. Mâle. — Petite, noire; ailes brunes à reflets violets; segments 3-7 ciliés de poils roux. — Le Mexique. II. SOCIÉTÉS SAVANTES. ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS. Séance du 25 mui 1857.— Monscigneur le Prince Charles Bonaparte communique une Nute sur l'expédition du capi- taine Loche dans le Sahara algérien en 1856. Dans la séance du 4 mai, M. Geoffroy Saint-Hilaire avait déjà annoncé le SOCIÉTÉS SAYANTES. 283 résultat général de cette expédition qui à fourni 21 espèces de Mammifères, 88 d'Oiseaux, 15 de Reptiles, 16 d'In: sectes, 5 de Mollusques, et quelques espèces de végétaux, Parmi les Mammifères recueillis dans le Sahara figurent trois Dipus, dont un parait nouyeau au capitaine Loche; cinq Gerbillus, un Renard dont le ventre est blanc, comme chez l'espèce commune du centre de l'Europe, et un Chat, fort rare, au dire des Arabes. Cet animal, le plus intéres- sant de la collection, nommé, par M. Loche, Felis Mar- gueritæ, est dédié à M. Marguerite, chef d’escadron des spahis et commandant de l'expédition. La récolte des Oiseaux, aussi abondante que pouvait le faire espérer la rapidité de l'expédition et les difficultés de tous genres qu'il a fallu surmonter , a donné quelques rares et bonnes espèces. Parmi elles, monseigneur le Prince Charles Bonaparte cite la Fringilla simplex de Lichtenstein, les Alauda isabellina (Temm.), Al. deserti (Licht.), AL. elegans (Brehm.); l'Annomancs regulus (Bp.); la Galerida isabellina (Bp.), la Certhilauda desertorum (Bp.) Plusieurs autres espèces intéressantes des genres Falco Sazicola, Pterocles out aussi partie de l'envoi, d’après l'auteur de la note. ; M. de Quatrefages présente une Note sur une nouvelle maladie des feuilles de mürier, maladie provoquée par la piqüre d'un petit acarien microscopique, et qui aurait pour conséquence la chute des feuilles. M. Dumas fait connaître à l'Académie les observations qu'il vient de recueillir à Alais, où il s’est rendu pour ap- présier par lui-même l’exacte situation des magnanerics. lrois circonstances importantes caractérisent, selon lui, l'expérience qui s'accomplit dans le Midi, et ces cir- constances , sur lesquelles la Revue zoologique appelle, depuis longues années, l'attention des éleveurs, sont « 1° l'influence incontestable de la bonne graine, quelle que soit sa provenance ; 2° Ja certitude que des graines bien préparées peuvent toujours produire des chambrées 284 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1857.) admirables de réussite; 3° enfin la certitude que nos belles races des Cévennes peuvent se reconstituer en fai- sant grainer désormais exclusivement dans la montagne d’où elles étaient descendues. » M. de Quatrefages, dans un Rapport qui n’est pas sus- ceptible d'analyse, présente un ensemble de questions (au nombre de 156) pouvant servir de base à une enquête détaillée sur la maladie qui frappe en ce moment, d'une façon si désastreuse, presque toutes les contrées sérici- coles. Séance du 1° juin 1857. — MM. Valenciennes et Frémy communiquent un très-long Mémoire relatif à des Recher- ches sur la nature du cristallin dans la série des animaux. Les anatomistes sont d'accord pour reconnaître que le cristallin se compose de trois substances , qui sont les fibres, les couches corticales et le noyau. Mais il existe un point important de l’histoire de cet organe qui, jusqu'à présent, a été complétement négligé et sur lequel les au- teurs de ce travail ont porté toute leur attention; c’est ce- lui qui se rapporte à l'étude comparative des deux parties du cristallin, qui diffèrent entre elles par leur densité et par leur dureté, et que les anatomistes ont désignées de- puis longtemps sous les noms de couches corticales et de noyau du cristallin. En se plaçant à ce point de vue, MM. Valenciennes et Frémy ont constaté des faits nouveaux qui leur paraissent de nature à intéresser également la physique et la physio- logie, car ils établissent une analogie remarquable entre un cristallin et une lentille achromatique. Ils sont arrivés à démontrer que la composition chimique des couches corticales d'un cristallin n’est pas la même que celle du noyau; qu’en considérant les cristallins dans la série des animaux il existe toujours des différences considérables entre la constitution chimique des cristallins des Poissons ou des Mollusques, et celle des cristallins appartenant aux animaux qui vivent dans l'air; et de l’ensemble de leurs SOCIÉTÉS SAVANTES. 285 recherches, ils concluent que le cristallin d’un Mammi- fère est formé de fibres insolubles dans l’eau et réunies au centre par une substance albumineuse coagulant vers 65 degrés, mais devenant transparente et ambrée par l'action prolongée de l'alcool, et réunies à l'extérieur par une matière albuminoïde non coagulable par l’ébullition, ne bleuissant pas sous l’action de l'acide chlorhydrique, substance qu'ils nomment métalbumine; que ces deux sub- stances distinctes anatomiquement, et constituant deux parlies différentes du cristallin d’un Mammifère, doivent être distinguées par un nom spécial : la portion centrale par celui d’endophacine, les couches externes par celui d'erophucine ; que les cristallins des Oiseaux, des Reptiles et des Batraciens diffèrent peu de celui des Mammifères ; que le cristallin des Poissons est formé également de deux parties distinctes : l’une corticale, où l’exophacine est composée de métalbumine, et l'autre où le noyau est formé par une substance albuminoïde solide et insoluble dans l'eau qu’ils nomment phaconine; et que les fibres des cristallins des Mammifères, réunies par l’albumine ou par la métalbumine pour former l’endophacine et l’exopha- cine du cristallin, ont beaucoup d’analogie avec la phaco- nine des Poissons. M. Montagne présente, au nom du Prince Charles Bo- naparte, un ouvrage intitulé : Observations sur diverses es- pèces d'Emberyziens, et répartition en genres de celte sous- famille de Passereaux chanteurs conirostres. M. Sanson adresse un Mémoire sur la formation physio- logique du sucre dans l’économie animale. L'auteur croit avoir découvert l'existence de la matière glycogène dans les tissus de la rate, du poumon et des reins chez une vache; il la rencontre également dans le sang veineux, dans le sang artériel et dans le sang de la veine porte, re- cueilli après une ligature préalable du tronc de ce vais- seau à son entrée dans le foie. Séance du 8 juin. — M. Duméril fait un Rapport sur un 386 REV. ET MAG. DÉ ZOOLOGIE. (Juin 1857.) Mémoire dé M. Hollard relatif à une famille de Poissons nommés Ostracides. M. Figuier présente le résultat d'expériences qu'il a faites pour prouver qu'il ne se trouve pas de $ucre, après la mort, dans le foie des animaux, contrairement à l'opinion émise par M. Bernard. Le foie d’un Chèval, soumis à un lavage de deux heures et demie, par un fort courant d’eau, s’est trouvé débarrassé de tout son glycosé, et, abandonné à Hii-même pendant vingt-quatre heures, ce foie n’a laissé apparaître, aux réactifs, aubune trace de sucre. L’expé- rience, répétée sur les foies de deux autres Chevaux, a donné des résultats semblables : existence du sucre dans le foie examiné au moment où l'animal venait d'être abattu; absence de sucre après un lavage de deux heürés et demie, et absence complète du sucre vingt-quatre heufes après ce lavage: Séances du 15 et du 22 juin. — Nulles pour l'anatomie et la zoologie. III. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. THÉORIE DÙ SQUELETTE HÜMAIN, fondée süt la comparaison ostéologique de l'homme et des animaux vértébrés; par M. Paul Géhvars, doyen de la faculté des sciences de Montpellier. In-8°, Paris, Arthüus Bertrand, libraire. Ce nouvel ouvrage de M: Gervais a pour but principal d'établir une théorie rationnelle du squelette humain et d'en donner la démonstration aüx médecins aussi bien qu'aux personnes qui s'occupent d'anatomie philoso- phique. Suivant la voie ouverte, il y a déjà près d’un siècle; par Vicq d’Azyr, et dans laquelle Gaæthe, Oken, E: Geoffroy Saint-Hilaire, de Blainville, Spix, Owen, ete., ont fait de si rapides progrès, l’auteur arrive, de son côté, à des résultats à la fois nouveaux et intéressants qu’il ex- pose dans huit chapitres. AKALYSES D'OUYRAGES NOUVEAUX. ST 4 Il passe d’abord en revue l'historique dé son sujét, ét pose les principes qui vont servir de base à ses récher- ches: 11 traité ensuite de l'histologie du systèmé osseux, et il cherthe en même temps dans la série animale, aussi bien dans les espèces actuëlles que dans celles des époques géologiques, les faits qui peuvent le conduire à des résul- tats positifs. Il en fait ensuite l'application générale à la holion des pièces osseuses, soit à celles dont se compo- sent la tête et le tronc, soit à celles qui forment les mem- bres. Ainsi préparé à la discussion des détails, l’auteur passe successivement en revue toutes les pièces dont se compo- se chacune des régions du squelette, quelques dimen- sions qu'elles aient chez l'homme, et il arrive à déterminer la nature de chacun des éléments osseux envisagés dans la succession des ostéodesmes ou zoonites. Cette étude le conduit à refaire l’archétype du squelette vertébré, c’est- à-dire la formule générale des dispositions anatomiques dont la charpente de l'homme et celle de chacun des ver- tébrés sont autant de cas particuliers. M. P. Gervais termine ainsi son travail : « Gœæthe est lün des hommes qui ont le mieux Compris l'intérêt que pourrait avoir pour la science la notion de ce type ab- strait du squelette vertébré. Tout en établissant que, sans le secours de l'anatomie comparée, l'anatomie humaine serait impuissante à nous y conduire, il a parfaitement fait ressortir, dans deux de ses Mémoires, les avantages que celte notion présenterait. « Les naturalistes modernes n’ont pas tardé à répondre à son appel ; ils sont entrés résolûment dans la voie déjà ouverte par Vicq d'Azyr, que le grand poëte leur montrait à son tour, et des découvertes importantes ont plus d'une fois couronné ces efforts. « Chaque jour, l'Angleterre et l'Allemagne voient pa- rditre dé nouveaux travaux sar les questions intéressantes 288 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1857.) qui se rattachent à celte branche de la philosophie, ana- tomique. « Sans prétendre à de semblables succès, nous nous es- timerions heureux si les vues que nous avons exposées dans ce livre et les nombreuses recherches qui nous les ont suggérées pouvaient rappeler vers les mêmes études l'attention des naturalistes français, et si elles réussis- saient à donner à la science quelque nouveau travail réellement à la hauteur des problèmes difficiles que nous venons d'aborder. » La théorie du squelette a pour épigraphe cette phrase empruntée à Buffon : S'il n'existait pas d'animaux, la na- ture de l’homme serait encore plus incompréhensible. TABLE DES MATIÈRES. Pages. Pucaeran. — Notices mammalogiques. 241 Hanpy (J.). — Note sur la forme des œufs d'Oiseaux. 253 Truqui (E.). — Passalus du Mexique. 258 Saussone (H. de). — Nouveaux Vespides du Mexique. 269 Id. — Notes sur les Scoliètes. 280 Académie des sciences. 282 Analyses, 286 PARIS. — IMP. DE M"° V° BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'EPERON, 9. VINGTIÈME ANNÉE. — JUILLET 1857. E TRAVAUX INÉDITS. NoTicEs MAMMALOGIQUES ; par M. le docteur PucHEran. B. SINGES DU NOUVEAU CONTINENT. La distinction des espèces de Singes, originaires du con- tinent américain, offre des difficultés encore plus grandes que celles de leurs analogues d’Asie et d'Afrique. Les exemplaires ne manquent sans doute pas à l'observation, mais, tantôt ils arrivent dans les Musées sans aucune es- pèce de renseignements sur leurs lieux de provenance, tantôt ils ont déjà subi, pendant un temps plus ou moins long, l’étiolement que détermine la captivité dans la co- loration de ces animaux. Dans les Ménageries, ces deux causes d'erreurs ne peuvent être évitées; l’une d'elles est même toujours active : l'observateur se trouve, dès lors, obligé de multiplier les comparaisons, afin de déterminer, s'il est possible, quels sont les caractères les plus fixes dans les espèces. Cette constatation est indispensable, et c'est le devoir des Zoologistes d'employer tous leurs soins à en activer la réalisation. Le moyen le plus convenable consiste, évidemment, à ne pas négliger les occasions qui peuvent leur être offertes de faire connaitre toutes les mo- difications de coloration qu'ils peuvent avoir occasion d’ob- server, el surtout de ne pas garder le silence sur les indi- 2° sùmws, Tr. 1x. Auuéo 1857, 19 290 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1857.) vidus qui, par leurs caractères, offrent de la concordance avec les descriptions des espèces peu connues. C’est la voie que nous allons suivre, en commençant par le genre La- gotriche. Genre LacorTricre, Lagothrix, Geoff. St.-H. Le Musée de Paris possède ‘dix individus de ce genre, indépendamment de ceux qui, rapportés par MM. de Cas- telnau et Deville, ont servi à la description et à la dia- guose de l’espèce connue sous le nom de Lagothrix Castel- naui. C’est des premiers Séulement que hous allons nous occuper : ils sont originaires de Santa-Fé de Bogota, du Pérou et du Brésil. M S Nous commençons par nos exemplaires de Santa-Fé de Bogota qui sont au nombre de trois; un mäle, une femelle ‘et un jeune. Notre mâle est pourvu, sur le dos, la queue etlés membres, d'un pelage long et touffu. Les poils sontmoins longs sur des pattes, plus serrés, plus compacts sur le dessus de la tête; ils sont, au contraire, plus allon- -gés et plus flexibles dans la région thoraco-abdominale-et sur la face inférieure dela queue. Presque partout, la cou- leur du pelage est gris-cendré foncé : les poils, un peu flexueux,:sont, ‘sur le dos, amnelés de noir et de gris blan- æhâtre : à da base règne ectte dernière couleur ; vient en- isuite un anneau noir moins large, séparé d'un second plus étendu, par un anneau gris blanchâtre étroit, auquelen succède un gris, étroitencore; l'extrême pointe’est noire. Mais, sur la région thoraco-abdominale la couleur noire domine uniformément; il en‘est de même sur la tête. Les poils sont annelés comme sur le dos, mais le noir dela pointe est plus étendu. 1j y a, au reste, une lione dans/la partie médiane où se trouve du gris un peu jaunâtre, de même qu'à droite et à gauche au-dessus des yeux, ce qui semble indiquer qu'une telle coloration est le résultat de r = GA 20 TRAVAUX INÉDITS. 291 l'âge. Sur les côtés de la tête, il y a aussi plus de gris noi- râtre. La face est couverte de poils courts, blanchâtres ; mais il en existe d'assez raides au pourtour de la bouche. Les ongles sont noirâtres. Longueur totale, plus de 110 cen- timètres ; le lien suivant le contour de la queue enroulée à son extrémité, et notre individu étan{ perché la têle en bas, position qui me met tout à fait dans l'impossibilité de donner les mésures des membres. | Notre femelle, à peu près de même taille, est à peu près colorée de mème : le pelage est peut-être plus allongé ; le noir qui existe au-dessus des pattes est cependant un peu plus saïillant. La calotte de la tête est noire aussi, plus uni- formément même qu’à notre mâle ; mais on s'aperçoit faci- lement que ce noir se confond avec la coloration du reste du cou. Un j jeune individu, enfin, que nous possédons, et qui mesure près de 92 centimètres, a son pélage moins compacte sur le dos, mais toujours allongé. Il est gris-cen- dré plus clair, mais à peu près uniforme. Les poils sont annelés de même, mais on ne voit point de noir sur la tête. La région thoraco-abdominale commence pourtant à noircir dans sa partie médiane, et Ton aperçoit la tendance à la production de cette couleur en arrière des doigts. Mais déjà , dans ce jeune individu, les poils du dessous de la queue et ceux du milieu sur les parties inférieures sont plus allongés que partout ailleurs. Parmi nos adultes, nous avons un troisième exemplaire long de 63 centimètres du bout du museau à la racine de Ja queue, cette dernière ayant (suivie dans son pourtour) 77 centimètres. Le pélage ést long et touffu sur le dos, mais sa teinte est plus argentée, quoique étant plus fon- cée sur la ligne médiane que sur les côtés. Les poils sont également flexueux, mais les Anneaux noirs sont peu mar- qués, même sur la Jigne médiane. Les membres, par leur Colôration plus noire, surtout en arrière, se rapprochent plus de l'espèce précédente; Jes pattes sont noires, en avant * comme en arrière, La calotte noire céphalique est plus 292 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1857.) détachée. Les poils noirs de la région thoraco-abdominale sont également flexibles. La queue, touffue comme dans l'espèce précédente, mais plus uniformément, est du gris du dos, mais d’un gris plus jaunâtre : ajoutons qu’à sa face inférieure, en avant et sur les bords de sa callosité, elle offre des poils d’un blanc jaunâtre presque uniforme. Il nous vient du Pérou (M. Gay). Par une note écrite sous le plateau, j'apprends qu’un individu présenté pour achat par M. Guy, et indiqué comme originaire de Bolivie, avait le dos cendré depuis le haut du cou, et pas de fauve blan- châtre près de la callosité. La pointe des poils est blan- châtre chez notre individu de M. Gay. Nous avons deux individus moins grands, à poil égale- ment soyeux et allongé; l’un d’entre eux est plus blanchâtre sur le dos, sur la majeure partie des membres, et même sur la queue : il y a tendance à la teinte noire sur les pattes et au-dessus d'elles. L’annellation des poils de la région dorsale est, comme chez le précédent (du Pérou, M. Gay) : ils sont blanc argenté à la pointe. La région thoraco-ab- dominale est brun noirâtre , le dessus de la tête est noi- râtre, tiqueté de gris. Il a été acheté par la voie du com- merce, et donné comme originaire du Brésil. Le second, donné par M. Cross, mais dont le lieu d’ori- gine nous est inconnu, ressemble beaucoup à ce dernier, mais la teinte du dessus du corps est plus foncée. La tête a une calotte à peu près semblable, mais le mode de colo- ration de la queue est sûrement tout différent et d’un rous- sâtre uniforme. Chez ce dernier, cependant, les poils de la queue sont plus allongés supérieurement. Nous possédons encore le type de M. Geoffroy, pour le Lagothrix canus, et il correspond parfaitement bien à la diagnose donnée par ce grand Zoologiste. J'ajouterai que dans les parties inférieures, sur le thorax et sur l'abdomen, les poils sont peu allongés, roussâtres, peut-être à cause de la vétusté de l'individu. Les rares poils qui sont sur la face sont roussâtres. Les anneaux gris jaunâtre occupent TRAVAUX INÉDITS. 293 plus d’espace que les noirs sur les poils. La calotte cépha- lique présente un véritable tiquetage gris-roux très-étendu. Longueur du corps {le lien passant sur le dos), 50 cen- timètres, longueur de la queue, environ 64 centimè- tres. Un autre individu, donné par M. Neuman, comme ori- ginaire de Cayenne, est presque uniformément brun roux, tiqueté de blanchätre : le pelage est ras comme au L. ca- nus, moins compacte ; ilest, sur la queue, plus ras que dans ce dernier. Il y a du noirâtre, le long de la ligne médiane, dans la région thoraco-abdominale. Sur le dos, les poils sont annelés de noirâtre et de gris-roux, l'extrême pointe étant rousse. La calotte est plus franchement rousse : tout le long de sa partie médiane il y a une bande plus claire, plus blanchâtre qui ne va pas tout à fait ni jusqu’à l'occi- put en arrière, ni jusqu’au sourcil en avant. Sur les mem- bres antérieurs, la teinte est plus grise, mais, à mesure qu'on se rapproche de la patte et sur la patte, cette cou- leur se nuance de noirâtre. Au membre postérieur, le même fait a lieu ; mais la couleur, non pas noirâtre, mais vrai- ment noire, n'occupe vraiment que la patte. La queue, partout, à son quart le plus voisin du dos, et en-dessus, dans toute son étendue, est de la couleur du dos; partout ailleurs, en dessous et en arrière de la callosité, elle se nuance de noirâtre. Longueur, du bout du museau à la racine de la queue {le lien passant sur le dos), 53 centi- mètres; de la queue (le lien en suivant les contours, car elle est enroulée à son extrémité), plus de 57 centimètres. Je rapproche de cet individu celui de taille un peu plus grande, dont le pelage est si usé et si râpé, envoyé par le général Donzelot, de l'embouchure de l'Orénoque. C’est à peu près le même mode de coloration partout, si ce n'est que les poils de la région thoraco-abdominale sont plus longs et tout noirs. Maintenant, ces poils appartiennent- ils à cet individu ? N'ont-ils pas été apposés dans cette ré- gion ? enc 29% REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1857.) Tels sont les caractères qu’il nous a été donné d'ob- seryer et de constater sur les Lagotriches faisant partie de la collection du Musée de Paris. Il s’agit maintenant de déterminer à quels types décrits par les auteurs nous devons les rapporter. La difficulté est , de prime abord , fort facile à élucider pour le Lagothrix canus, car, ainsi que nous l'avons déjà dit, le type même qui a servi pour la description de notre si vénéré Elienne Geoffroy existe encore : c'est un de ces individus qu'il obtint en échange du Musée d'Ajuda. Or, les caractères donnés à, celte espèce par le grand Zoologiste, ainsi énoncés par lui (1) : Pelage gris olivätre; la tête, les mains et la queue gris roux, poils courts, se trouvent bien dans cet exem- plaire. Cette dernière assértion ne doit pas être négligée, car, ainsi que nous allons le voir, c'est en nous basant sur elle qu’il va nous être possible de distinguer, sans hésita- tion, les deux espèces initialement décrites. En examinant la caractéristique du Caparro, du Lagotriche de Humboldt, Lagothrixz Humboldtir, Geoff, St.-H., nous constatons, en effet, que le pelage en est signalé comme composé de poils longs (2). M. de Humboldt lui-même était bien loin d'i- gaorer ce fait, car, dans son tableau des Singes d'Amé- rique, il indique pour le $. cana l'existence de poils courts (pilis brevissimis) (3). Voilà donc une première base pour la distinction des deux espèces ; le mode de coloration dif- férent va nous en fournir une seconde. Dans le Caparro, le pelage est très-moelleux, long et uniformément d'un gris de Martre ; l'extrémité des poils est noire (A)... Le poil qui cou- vre la poitrine est plus long, plus touffu et plus obseur que celui du dos (5). Le même fait est confirmé soit dans là (1) Annales du Muséum, vol. XIX, p. 107. (2) Loc. cil., id., id. (3) ffümboidi, recueil d'observations de zoolôÿie él d'énûlôtnte tômparée, vol. F, p. 354. (£) Humb,., Loc. cil., p. 322. ot (5) Loc. cil., id., id, TRAVAUX INÉDITS. 295 diagnose latine du Simia lagotricha, Humb:, soit dans la diagnose française du Lajothrixz Humboldtii. Cinerea, pilis apice nigrescentibus, dit M. de Humboldt (1) : Pebage cendré tirant sur le noir, l'extrémité des poils étant de cêtte couleur, dit M. Geoffroy (2). Aussi, nous paraît-il évident que les trois exemplaires dé Lagotriche que nous avons décrits plus haut et qui sont originaires de Santa-Fé de Bogota, sont trois Lagothriæ Humboldrii. Dans la livraison du Catalogue mammalogique de la collection du Musée de Paris, relative aux Primates (3), M. ie professeur Geoffroy St -Hilaire fils a déjà déterminé ces trois exemplaires comme appartenant à celle espèce, et nous pensons que cette détermination ne peut donner lien à aucune contestation: Sans nul doute, ni dans la description de M. Humboldt, ni dans la diagnose de M. Etienne Geoffroy, on ne trouve les détails circonstan- ciés que nous avons donnés plus haut; mäis il n'en est pas moins positif que c'est seulement sur les deux adultes que nous avons décrits, que nous constatons l'existence, des deux caractères signalés par MM. de Humboldt et Etienne Geoffroy : Pelage composé de pouls allongés, et de couleur cendrée, tirant sur le noir. Cette constatation nous semble suffisante pour déterminer la conviction des Zoologistes. Nous devons ajouter que, quoique, ces individus pe soient pas originaires de la localité dans laquelle M. de Humboldt a trouvé le Caparro, rien n'empêche que l'espèce à laquelle ils appartiennent n'étende sa zone d'habitation jusques à la rive gauche de l'Orénoque; Le Caparro fut trouvé, en eflet, par MM de Humboldt et Bempland dans unie cabane indienne près de San Fernando; il avait été pris dans uhe exeursion faite vers le sud-ouest, en remontant lé Gua- (1) Loc, cil., p. 354. (2) Annales du Muséum, ete., fd., id. (3) P, 50. 296 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1857.) viare, au delà de l'embouchure de l'Amanavéri. Nous ne pensons pas que, par suite de la différence des lieux ha- bités, il y ait à douter de l'exactitude de notre détermina- tion. En continuant l'examen de nos exemplaires adultes, il nous est facile de constater que l'individu originaire du Pérou, et que nous devons à M. Gay, diffère et du Lago- thrix canus et du Lagothrix Humboldti. Moins grand que le dernier de ces types, il a un pelage moins compacte, moins serré, dépourvu des teintes olivâtres particulières au L. canus. Les mains sont, en outre, noires; elles sont gris roux chez le Lagothrix canus : cette même couleur oceupe, dans ce dernier, la calotte céphalique : il n’en est pas de même chez le second, sa queue étant du gris du dos, mais d’un gris plus jaunâtre, et-la calotte cépha- lique noire. Il est impossible également d’admeitre l’iden- tité spécifique de ce Singe avec le Lagotriche de Humboldt. Sans nul doute, les analogies sont plus grandes qu’elles ne le sont avec le £L. canus, mais les dissemblances n’en sont pas moins réelles. Ainsi, le pelage du dos est bien loin d’être noir, et se rapproche plus de la couleur argentée ; cette même couleur occupe la queue, qui est noire dans l'espèce de la Nouvelle-Grenade. Ajoutons, à ce sujet, que l'un de nos jeunes exemplaires, celui qui nous a été indi- qué comme originaire du Brésil, ne diffère sûrement pas spécifiquement de l'adulte auquel s'appliquent tous ces dé- tails. Il est, en effet, blanchâtre sur le dos, la queue et les membres, et présente la tendance au noirâtre sur les pattes et dans les parties qui les surmontent. Ainsi que nous le verrons ultérieurement, cetteespèce a bien sûrement été dé- crite par M. Tschudi, qui l’a prise à tort, suivant nous, pour l’une des deux anciennement décrites : nous nous permet- trons, dès lors, de la distinguer, jusques à plus ample in- formé, sous le nom de Lagothrix Tschudii. Notre adulte de Cayenne, enfin, nous paraît à son tour TRAVAUX INÉDITS. 297 tout à fait différent de ceux dont il vient d’être question. Par son pelage plus ras, il s'éloigne des Lagothrix Hum- boldtii et Tschudii, se rapprochant, au contraire, du Lago- thrix canus, dont les poils sont plus serrés. Il en est ainsi sur le corps ; sur la queue, au contraire, ces poils sont moins al- longés qu’au Lagothrix canus lui-même. Mais la coloration d'ensemble est d’un brun-roux tiqueté de blanchâtre, avec tendance sur les pattes à la teinte noire ou noirâtre, Nous désignerons cette espèce sous le nom de Lagothrix Geof- froyi, dédicace d'autant plus méritée qu’Etienne Geoffroy est le créateur du genre Lagothrix. Quant aux deux jeunes exemplaires dont il me reste à dire quelques mots, je dois avouer qu’il m’est impossible de les rattacher d’une manière sûre et certaine à nos adultes. Celui donné par M. Cross ressemble, il est vrai, beaucoup au Lagothrix Tschudü ; mais il en diffère par la couleur de sa queue, qui est d’un roussâtre uniforme. Il est donc, sous ce point de vue, fort semblable au Lagothrix canus, mais il ne m'est point démontré qu'il en constitue un des états de jeune âge. Sans nul doute, notre jeune du Lagothriz Humboldtii est d'un gris à peu près uniforme; mais si nous déterminons cet individu comme appartenant à cette espèce, c'est vraiment plutôt parce qu'il nous est arrivé en compagnie de ses adultes, que par suite des ana- logies qu'il montre avec eux. Nos hésitations sont bien plus grandes encore lorsque nous voulons déterminer un autre de nos jeunes, qui, ré- cemment entré dans nos galeries, a vécu quelque temps à la Ménagerie, et dont le Para nous est indiqué comme lieu d'origine. Il mesure, le lien passant sur le dos, quatre cent quinze millimètres du bout du museau à la racine de la queue; ce dernier organe présente sûrement plus de lon- gueur. Le pelage est soyeux, peu serré sur les parties su- périeures : la couleur en est brun roux: sous tous ces points de vue, et même par sa coloration, il ressemble au Lagothrix Castelnaui. Les poils sont, sur le dos, annelés 298 REV. ET MAG. DE Z00LOGIE. (Juillet 1857.) de blanchâtre un peu roux et de noir; certains d’entre eux offrent à leur extrème pointetantôt l’une, tan{ôtl'autre de ces couleurs. La calotte céphalique est formée de poils plus ras : les anneaux foncés en sont plutôt bruns que noi- râtres. Celle région offre des indices de couleur jaunâtre dans certaines de ses parties : sur le yertex, il y a tendance à la production d’une raie médiane de cette teinte, de cette raie médiane dont nous avons, déjà plus haut, si- gnalé l'existence chez notre exemplaire de Cayenne, et chez celui qui nous est parvenu de l'embouchure de j’O- rénoque. La couleur jaunâtre est bien saisissable en ayant sur les bras, en arrière sur les cuisses : elle est plus sail- lante encore au membre postérieur sur la face externe des jambes; sur l'avant-bras, la teinte est olivâtre. Ce mode de coloration est produit, sans nul doute, par la manifesta- tion plus complète des anneaux blancs des poils dont la teinte se trouve également plus nettement accusée. La queue est également olivâtre. Les pattes sont, en arrière, de couleur brune: en avant, elles sont plus jaunâtres et présentent un peu de noir sur la région carpienne. Le poil est brun noirâtre sur le thorax et l'abdomen. Il est facile de juger, par les détails que nous venons de donner, que cetexemgiaire ne peut être sûrement rapporté à aucune des espèces que nous connaissons : il a, d'autre part, des.analogies multipliées avec la plupart d'entre elles. Ainsi, il est bien évident que, par la coloration brun roux des parties supérieures, il ressemble aux Lagothriæ Castelnaui,, Laygothriæ infumatus, de même qu'au type de ce genre signalé par M. Poeppig et dont M. Schinz a fait Lagothrix Pocppigü. Mais la teinte, du pelage est plus foncée, même dans le jeune âge, chez le Lagothrix Castelnau, dont la queue et le bras sont dépourvus de teinte oliyâtre. Le Lagothriæ infumatus a les mains noirâtres; à peine existe-t-il quelque chose desembla- ble chez notre individu, au membre antérieur et seulement à la région carpienne. Il est impossible, malheureusement, TRAVAUX INÉDITS. 299 d'établir la comparaison d’une manière aussi complète avec L. Potppigii, par suite de l'insuffisance des détails donnés sôit par M. Poeppig, soit par M. Sclinz lui-même : je ne puis, en effet, en cette circonstance, que constater des ressemblances, sans pouvoir dire quelle esi l'étendue de léur Manifestation. Ajoutons que ce même exemplaire a, comme le Lagothrix canus, le bras olivâtre ; il se rappro- ché, enfin, du Lagothrit Geoffroyi par le vestige de raie jaanâtre qu'il porte sür le milieu de sa tête. En définitive, ce jeune Singe ne peut être, d'une manière sûre, rappro- ché d’une seule des espèces déjà connues; on concevra cépendant que nous nous abstenions de Jui imposer une dénomination spécifique. Ce n’est point une dénomination dé fôtre part qui fixerait la science en ce qui le concerne ; elle séra fixée seulement lorsque nous connaïtrons un adulte qui présentera {és principaux caractères qui le dif féreñtiént. C'est pour aider 4 ce résultat que nous avons multiplié les détails, ét nous faisons sincèrement des vœux pour que l'occasion se présente promplement aux Zoolo- dites d'élucider, plus habilement que nous n'avons pu le faire, là quéstion qué nous venons de soulever. Nous allons maintenant aborder la question relative à Jläsyñonymié en ce qui concerne les adultes que nous avons décrits, essayer, par conséquent, de déterminer jusqu’à quel point ces divers {ypes ont été antérieurement obser- v6s. Disons d'abord que nous ne reviendrons pas sur les diâgnosés différentielles déjà citées par nous et relatives à Ja dislinction des Lagothriæ canus et Lagothriz Humboldtii. Cês Citations noué paraissent établir que, dès les premiers foments de léurs recherches, MM. Étienne Geoffroy et de Hümboldt avaient nettement établi les caractères à l’aide desquels il devenait possible de séparer les deux types. Fels ils se trouvent postérieurement, en 1820, établis par Kubl (1) : pilis brevissimis, dit ce Zoologiste en parlant A) Beytrage zür Zoologie und Vergleichenden, anatomie , tab. syo, Sim, p, 27, 300 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1857.) du Lagothrix canus; pilis mollissimis, longioribus, ajoute- -il ensuite en parlant du Lagothrixz Humboldtü. Le même observateur confirme, en ce qui concerne les différences de coloration, les diagnoses de ses deux illustres prédé- cesseurs, et, quoiqu'il ne paraisse pas avoir observé le La- gothrixz Humboldtü, il est impossible de rien trouver à critiquer à sa diagnose du L. canus. Les détails, que nous avons nous-même donnés plus haut à ce sujet, nous sem- blent, en effet, de nature à la confirmer encore. La tradi- tion différentielle des deux espèces se trouve, enfin, égale- ment constatée par M. Desmarest (1). La difficulté commence avec le Gastrimargus olivaceus de Spix (2). La description de Spix concerne évidemment un exemplaire de taille plus grande que le L. canus ; mais, nonobstant cette circonstance, il y a, entre les deux types, une ressemblance très-grande, sous le point de vue de la coloration de certaines de leurs parties. La brièveté du poil et l’état compacte du pelage sont également signalés, mais ce que dit Spix de la couleur des mains et même de la tête ne peut s'appliquer au Lagothrix canus. Or ces derniers caractères diffèrent peu, chez la femelle et les jeunes, d'après l’assertion de Spix (3), de ce qu'ils sont chez l'adulte. Ces données indiquent évidemment, sous ce point de vue, un certain degré de fixité qui donne à penser que le Lagothrix canus n’est pas le jeune du Gastrimargus olivaceus; mais, quel que soit à ce sujet le résultat des ob- servations ultérieures, nous pensons encore moins qu'il soit possible d’assimiler spécifiquement ce dernier type au Lagothrix Humboldtii, comme l’a fait récemment M. J. A. Wagner (4). 11 nous paraît hors de doute que la diagnose de M. de Humboldt est inapplicable au Gastrimargus oliva- ceus. (1) Mammalogie, p. 76, 77. (2) Simiarum el Vespertilionum species noveæ, p. 39, pl. xxviur. (3) Loc. cit., p. 40. (4) Loc. cil., p. 73. TRAVAUX INÉDITS. 301 À la première de ces espèces, au contraire , nous rap- portons, jusqu'à plus ample informé, le Lagotriche si brièvement décrit par M. J. E. Gray dans les Spicilegia zoologica (1). La description de M. Gray, quelque brève qu'elle soit (nigro-cinerascens, pilis mollissimis, crispatis), nous paraît s'appliquer au Lag. Humboldtii. M. Gray a dû penser de même ; malheureusement, sa détermination à ce sujet est, à chaque ligne, terminée par des points de doute. Nous n'avons trouvé dans les auteurs aucun renseigne- ment qui puisse nous faire penser qu'ils aient eu connais- sance du Lagothrix Geoffroyi ; aucun des Mammalogistes les plus modernes ne nous paraît même avoir signalé l'existence, dans les Guyanes, d’une espèce de ce genre. Il n’en est pas de même du Lagothrix Tschudri. 11 nous semble, en effet, que la description du Lagothrixz Hum- boldtii, donnée par M. Tschudi (2) s'applique, aussi exac- tement que possible, à notre type. Voici, au reste, dans ses parties les plus essentielles, la description de M. Tschudi : « Le pelage du sommet de la tête, des joues et du men- « ton est plus court que celui du reste du corps, tout à « fait noir sur le dessus de la tête, allant contre le soleil, « (gegen sonne) à la couleur brun-roux foncé. Les côtés « de la tête sont gris noir; le dos et le dessus de la queue « sont gris argenté. La base du poil est blanchâtre; vient « ensuite un anneau plus noir-brun et plus large; la pointe « est blanche. De nombreux poils laineux, frisés, d’un « poli argenté sont mêlés à ceux que nous avons décrits, « lesquels sont plus longs et plus fermes. La couleur des « côtés antérieur et postérieur des extrémités est plus « foncée que celle du corps; leurs côtés interne et ex- « terne sont noirâtres; les mains sont bordées de noir ; (1) Spicilegia zoologica, p. 1. (2) Fauna peruana, Saug., p. 21. 302 REV. ET MAG. DE ZOOLOG1E. (Juillet 1857.) « les doigts, couverts de longs poils, sont noirs. Le pelage « de la moitié antérieure et supérieure du membre anté- « rieur, celui de la poitrine et de l’abdomen sont allon- « gés, principalement sur la poitrine , où ils forment une « crinière de 3 à # pouces de long, un peu plus courte & chez la femelle, Le pelage dans cette région est égale- « mént plus hérissé, de couleur uniforme, brun noir ou «brun roux, Sur le membre antérieur, les poils sont plus «nous et-mêlés de gris; le dessous de la queüe est gris « brun, etc., etc. » Présentement , à quelle espèce appartient le Lagothriæ canus décrit, d’une manière malheureusement si concise, par M. Tschudi? c'est ce qu’il m'est impossible de déter- miner, d'autant plus que, d'après M. Tschudi (1), le pelage est, dans ce type, plus loag que dans le Lagothrix Hum- botdtii. Nous avons vu, d’après les diagnoses initiales, que c'est le contraire qui a lieu. Si, maintenant, nous essayons de résumer les diverses observations que nous venons d’esquisser, nous arrive- rons à cette conclusion que les individus adultes de ce genre faisant partie de la collection du Musée de Paris, : peuvent être rattachés à quatre espèces différentes : 1° Lagothrix canus, Geoff. SL.-H:— Simia cana, Humb., dont le lieu d’origine est le Brésil. 9% Tagothriæ Humboldiit, Geof. St.-H. — Simia lago- tricha, Humb. — De la Nouvelle-Grenade, des bords du Rio-Guaviare, un des affluents de l’Orénoque. M. Wal- Tace (2) a rencontré cette espèce dans le district sud-ouest du Rio-Negro, près des Andes. 3° Lagothriæ Tschudii, Pchr. — Du Pérou et peut-être de Bolivie. °° Lagothrix Gvoffroyi, Pchr. —- De Cayenne : des bords dé l'Orénoque ? (1) Loc. cit., p. 33. (2) Annals and Magazine of natural history, vol. XIV, p, 452. TRAVAUX INÉDITS. 303 Ainsi qu’on le voit par les indications d'habitat, la dis- tinetion de ces quatre espèces s’harmonise assez régulié- mement avec les résultats constatés par l'observation dans d'autres parties de da Zoologie, en Ornithologie, par exemple. Dans les distinctions que nous venons d’expo- ser, mous n'avons nullement pris pour base, cependant, les données géographiques : nous avons simplement com- paré les divers individus soumis à notre observation, et tesm'est qu'après avoir résumé nos résultats que nous avons constaté la coïncidence qué nous venons de signa- der. Cette coïncidence est, sans nul doute, d’un heureux augure“pour l'exactitude. de nos conclusions; maïs, pour qué ces dernières soient définitivement admises, il faut que de nouvelles observations viennent les sanctionner. +. (La suite prochainement.) Prrra MarmirpA, J. et Ed. Verr. PI. IL. Brachyura : obscure wiridis, capite juguloque nigris; vittis super- ciliaribus rufis ; uucha albo-cærulescente ; subtus cum, colli late- ribus, cervina ; pectore rufo undulato, fastia mediana longitudinal higra ; abdomine crissoque coccineis ; tectricibus alarum minoribus, Mropygioque argeutco-cyaneis, interdum viridi-cyaneis ; alis cauda- que nigris unicoloribus, remigum réetricumque apicibus obscure viridibus; secuodariarum marginibus pallide cæruleis; primariis albo-punctatis : rostro nigro; pedibus carneis. — Long., 15 cent. 5 mill. | Tête noire : une large bande rousse part des narines et va en se rétrécissant derrière la tête, terminée par du Mlanc-blenâtre opalisé ; côtés du cou, de Ja gorge el tou- teslles parties inférieures d'un roux-jaunâtre’très-clair sur lespremières ainsi que sur les flancs ; les supérieures vert sombre, petites tectrices alaires ét subcaudales vert aiguc- marine chatoyant ; rémiges noires, terminées de vert terne et de plus pâle sur lés secondaires dont la moitié des bar- Des externes à, en outre, une légère teinte bleue : une tache 304 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1857.) blanche et ronde sur la moitié de la longueur des primai- res, également très-distincte, en dessous : partie inférieure de l’aile noire ; rectrices de cette couleur terminées de vert sombre : une bande longitudinale noire sur l'abdomen, mais toutes les plumes bordées de rouge vermillon qui co- lore également le bas-ventre et les couvertures sous-cau- dales. Le noir de la gorge terminé en pointe, ailes amples à 3° et 4° rémiges les plus longues. Bec et ongles noirs; tarses couleur de chair. cent, mill, Longueur totale. . . . . . . . . sx 02108 Id. de l'aile fermée. . . . . . .. 10 00 Ida derlaiqueus: tt 03 00 Id. dutarse. tente 03 05 Id, du doigtdumilieuavecl'ongle. 03 04 Id... (de l'externe:t-"5"2" 2002000 Id. 4% de l'interne. PEACE . 00 15 Te MAUNPOUCE EMA ET ER 00 15 Cette description a été prise sur un sujet mâle adulte provenant de Lumbang, aux Philippines. Nous dédions cette belle et intéressante espèce à ma- dame Mathilde Texier, comme un témoignage de notre estime et de sincère amitié. Dracxoses de quelques CRUSTACÉS NouvEAUx des Antilles et du Mexique, par H. DE SAUSSURE. Chlorodius americanus. €. Carapace très-bosselée, mais point tuberculeuse ni granuleuse. Front comme festonné; sa partie médiane la plus avancée est partagée par un sil- lon. Bosselures de la carapace très-saillantes en arrière du front et des yeux; les deux plus grosses d’entre elles ont la forme de deux fers à cheval à convexité tournée en ar- rière et tronqués obliquement en ayant. Bords de la cara- pace armés, de chaque côté, de cinq dents mousses. Pattes TRAVAUX INÉDITS. 305 antérieures très-grosses, carpe et mains rugueux, mais point tuberculeux ; les autres pattes ponctuées portent sur l'avant-dernier article un enfoncement allongé. Couleur jaune ou rougeûtre avec les doigts des pinces noirs. — Long., 143 mill. 1/2 ; larg., 21 mill. 1/2; largeur du front, 7 mill. — Haïti. Gecarcinus depressus. Tarses ayant quatre rangées d’é- pines. Troisième article des pattes-màchoires ovalaire, bien moins large que le deuxième, mais n'étant pas rétréci en avant; son bord antérieur subéchancré. Carapace plate et déprimée, n'étant bombée que sur la région stomacale, ses bords latéro-antérieurs bordés par une crête tran- chante qui devient très-avancée vers l'œil. Carapace fine- ment striolée. — Long., 15 mill.; larg., 148 mill. 1/2. — Haïti. Cardisoma quadrata. Carapace anguleuse assez carrée, bombée d’arrière en avant, fortement bordée, armée, de chaque côté, de deux dents. Régions branchiales n'étant pas bombées latéralement, mais tronquées très-oblique- ment, de façon à déterminer un tranchant. Bras prisma- tiques à bords inférieurs dentelés. — Larg., 65 mill.; long., #7 mill. — Haïti. Genre Pseupo-TaELPHUuSA. Carapace comme chez les Boscia, mais dépourvue de crête postfrontale et sans aucune dentelure. Pattes-mà- choires comme chez les Thelphusa, mais leur troisième article subtriangulaire. Régions jugales lisses. Cadre buc- cal entouré d’un duvet tomenteux. Ps. americana. Carapace et mains lisses. Pattes-mà- choires lisses. Régions branchiales très-dilatées, offrant un tranchant vif, — Haïti. Genre SEsanmAa, Edw. Espèces dont la carapace n’est armée, de chaque côté, que d'une seule dent. Sesarma americana. Voisine de la S. cinerea, mais 2° sms, Tr. 1x. Aunée 1857, 20 306 REV. ET MAG. DE Z0OLOGIE. (Juillet 1857.) ayant les lobes frontaux plus saillants, le front plus large, plus fortement réfléchi en avant, Portion antérieure de la carapace plissée, comme écailleuse, partagée par une gouttière lisse. Régions branchiales fortement plissées. Pénultième article des pattes assez large. —Long.,17 mill.; larg., 49 mill. Le front est plus large que la moitié de la carapace; il équivaut à la moitié de sa plus grande lar- geur mesurée à la base de la 3° paire de pattes. — Ile de Saint-Thomas. Sesarma miniata. Mains lisses, grosses et, très-courtes, presque difformes. Pénultième article des pattes grêle. Lobes frontaux peu élevés, partagés par de faibles sil- lons; les deux médians bordés en dessous par un sillon. Toute la carapace couverte de petits tubercules qui émet- tent de gros poils noirs. — Long., 13 mill.; larg., 14 mill. 4/4; larg. du front, 7 mill, Front sensiblement plus petit que la moitié de la plus grande largeur de la carapace; même plus petit que cette dernière largeur mesurée au milieu de la carapace (14 mill. 1/2). — Ile de Saint-Tho- mas. Sicyona cristata. Roslre armé de cinq dents; carène de la carapace armée de quatre dents. Carapace irrégulière- ment bosselée, armée, de chaque côté, de deux dents. — Cuba. Cymoth®t parasita. Antennes écartées à leurs insertions. Tête emboitée entre deux petits tubercules et ayant son bord antérieur droit. — Cuba. Armadillo cubensis. Espèce d'assez petite taille dont les formes occupent le milieu entre celles des Armadillo et des Cubaris de Brandt. Dernier segment abdominal plus long que son bord postérieur n’est large, mais moins que sa base; faiblement étranglé au milieu. Fausses pattes anales bien plus longues que larges, terminées par un bord droit. Couleur d’un gris cendré.— Long., 9 mill. 1/2. — Cuba. ÉRAVAUX INÉDITS. 307 Genre PorceLzci0, Latr. 1° Espèces chez lesquelles l'angle postérieur des premiers anneaux thoraciques n'est pas prolongé en arrière. Porc. Poeyi. Dernier anneau abdominal triangulaire, deux fois aussi large que long ; Son extrémité seulement angulaire; pointe styliforme ne dépassant pas le premier article des dernières fausses pattes; celles-ci courtes, leur, deuxième article à peu près de la longueur du dernier an- neau, — Long., 10 mill. — Cuba. Porc. cubensis, Lobe médian, du front rudimentaire, arqué. Dernier segment abdcminal plus large que long, terminé par un prolongement styliforme un peu triangu- laire qui dépasse le premier article des dernières. fausses paltes; deuxième article de celles-ci court; dela longueur du pygidium. — Long., {4 mill. — Cuba. Porc. Sumichrasti. Lobe médian du front presque nul. Dernier segment un peu plus large que long, terminé par un prolongement obtus, presque styliforme. Fausses. pattes anales ayant leur deuxième article court, subhastiforme. Test presque lisse, d’un gris cendré uniforme. — Long., 11 mill, — Cuba. Porc. cotillai. Gris cendré. Deuxième article des faus- ses pales anales de la longueur des deux derniers seg- ments de l'abdomen. Du reste, très-voisin du précédent. — Cuba. Porc, aztecus. Lobe médian du front triangulaire. Deuxième artiele des fausses pattes anales deux fois aussi long que le premier. — Long., 13 mill. 1/2. — Mexique. Porc. mexicanus. Deuxième article des fausses pattes anales trois fois aussi long que le premier. Pygidiim dé- passant de très-peu l'article basilaire. — Long., 15 mil. — Mexique. 2 Angles postérieurs de tous les segmants thoraciques pro- longés en. arrière, Porc, Montesumæ, Lobe, médian, du front aussi avancé 308 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1857.) que les latéraux. Dernières fausses pattes très-courtes, leur deuxième article rétréci à la base. Test tout couvert de grossières granulations. — Long., 10 mill. — Mexique (terres froides). Genre PSEUDARMADILLO. La conformation de la tête tient le milieu entre celle des Armadillo et celle des Armadillidium. Le bord anté- rieur de la tête offre trois saillies, mais les latérales ne servent pas de support aux antennes. Le deuxième article des dernières fausses pattes remplit l'échancrure placée entre les deux derniers segments, et porte à son angle postérieur un troisième article rudimentaire. Le corps est difforme. Tous les segments thoraciques ont leur bord in- férieur prolongé en arrière. L'’abdomen est taillé en forme de toit, et les yeux paraissent faire défaut. P. carinulatus. Très-rugueux, tuberculeux ; dernier seg- ment thoracique portant deux forts tubercules. Milieu de l'abdomen occupé par une ligne de tubercules. — Le Mexique ou l’ile de Cuba. ÉNUMÉRATION des espèces mexicaines du genre PAssALus, avec un tableau synoptique de toutes les espèces et la description de celles qui sont nouvelles; par M. E. Truqui, de Turin. (Voir 1857, p. 258.) 11. PASSALUS PUNCTATO-STRIATUS, Percheron. — Burmeister. Passalus contractus, Percheron, Burmeister. Espèce commune. J'en ai sous les yeux une quantité d'exemplaires provenant de localités différentes. Elle varie considérablement pour la taille et pour la ponctuation des côtés du prothorax. Un exemplaire de la collection de M. Craveri présente même son prothorax entièrement TRAVAUX INÉDITS. 309 lisse, avec la fossette latérale seule ponctuée. Il varie aussi sous le rapport de la forme, et le Passalus contractus de Percheron, dont j'ai vu le type dans la collection de M. de Maiszeck, n’est qu'une de ces variétés dans lesquelles le prothorax a pris un grand développement. C'est par erreur que M. Burmeister lui assigne des ca- rènes frontales lisses, tandis qu’elles sont tuberculées vers l’épistome. 12. PAssaALUS COGNATUS, n. sp. Depressiusculus, nitidus, glaber ; capite parce et grosse punctato; clypeo margine exciso ; carinis frontis argutis, apicem versus leviter tuberculatis, deinde in dentem maodibularem valde productis; dente externo etiam arguto; tuberculo verticis basi binodoso, apice adnato, cariuisque frontalibus conjuncto; pronoto subtilissime et parce punctulalo, utrinque pone medium fortiter impresso, impres- sioue lateribusque grosse punctatis; tibiis intermediis plus quam tridenticulatis, posticis bi-vel tridenticulatis. — Long., 23 mill.; elytr. long., 12 mill. 1/2; lat., 7 mill. 1/2. J'ai vu deux exemplaires de ce Passalus parmi ceux que M. Sallé m'a communiqués. Ils sont indiqués comme pris à Cordova et sur le versant oriental de la Cordilière. J'en ai aussi trouvé un exemplaire dans la collection de M. Cra- veri, et un autre, également de Cordova, dans celle de M. de Saussure. Cette espèce ressemble tellement au P. punctato-striatus, qu’on a de la peine à trouver d’autres différences que celle très-visible de la longueur des feuillets des antennes, qui sont courts dans notre espèce et longs dans l’autre. J'ai pu m'assurer aussi, par la comparaison des quatre exem- plaires du cognatus que j'ai eu sous les yeux avec une grande quantité de punctato-striatus, que les tibias inter- médiaires ne sont pas plus que tridenticulés dans celui- ci, tandis qu'ils sont quadridenticulés et même beaucoup plus dans le cognatus. Les tibias postérieurs, obsolètement denticulés dans le punctato-striatus, le sont bien distincte- ment dans le cognatus. Enfin, dans ce dernier, les carènes 319 REV. ET MAG. DE Z00LO6Ie. (Juillet 1857.) frontales sont moins fortement tuberculées, et les côtés des segments abdominaux inférieurs ne sont presque pas ponctués et sont moins ruguleux. 13. PASSALUS AGNOSCENDUS. Percheron. — Bürmeïster. J'ai six exemplaires de cette espèce sous les yeux. Deux appartiennent au Muséum, un à M. Mniszeck, un à M. de la Ferté et deux à M. Sallé. Ces derniers ont été pris, en mai, au Jacal, sous les écorces des pins. Elle varie quant à la ponctuation des élytres, qui est plus ou moins forte. 1%. PASSALUS CORTICICOLA, n. 5p. Convexiusculus, nitidus ; capite omnino levi; carinis frontis ar- cüatim Conjunctis, antice in deutem validum productis, à tubereulo verticis remotis, et clypeum leve antice recte truncatum includenti- bus; verticis tuberculo, una cum tuberculis laieralibus adnatis, uuicum tuberculum latum, medio carinatum, antice tridentatum, dentibus breyibus, æqualibus, efformante ; canthis frontalibus anticé fortiter tuberculatis, et abrupt: ab hoc tuberculo ad dentem exter- num truncatis ; dente oculari valido; sulco occipitali levissimo, a maärgine postico, qui medio äcute prominet, fere diviso; pronoto subtus hirto, postice utritique impresso, omuino impunttato; cly- tris striatis, striis leviter punctatis; tibiis intermediis ct posticis medio edeutatis, parcius hirlis. — Loug., 25 mill.; elytr. long., 18 mill.; lat., 11-12 mill. J'ai pris quelques exemplaires de cette espèce, au mois de mars de l’année passée, près de Huauchinango. J'en ai vu aussi un exemplaire dans la collection de M. Che- vrolat, et deux autres m'ont été communiqués par M. Sallé, qui les a pris à Cordova en décembre, La forme du tubercule du vertex, qui, avec les deux nœuds basilaires, présente une élévation seule, carénée au milieu, tridentée antérieurement, et les carènes fron< tales réunies en arc et à distance du tubercule du vertex, caractérisent nettement cette espèce. ' TRAVAUX INÉDITS. 311 15. PASSALUS STRIATO-PUNCTATUS. Percheron. — Burmeister. Cette espèce est très-commune sur le versant du golfe mexicain. J'en ai pris une grande quantité d'exemplaires à Huauchinango au mois de mars de l’année passée, et à Jalapa au mois de juillet de l’année précédente. J'en ai vu aussi dans toutes les collections. M. Sallé me note avoir pris les siens, sous les bois pourris, aux environs de Cor- dova et jusqu’au volcan d'Orizaba, à une très grande hau- teur et pendant une grande partie de l’année. De toutes les espèces mexicaines que j'ai sous les yeux, celle-ci est la seule, parmi celles qui présentent l'épistome denté, qui n'ait qu'une dent au milieu. 16. PASSALUS ECLIPTICUS, n. sp. - Convexiusculus, pronoti limbo infero tibiüisque intermediis dense fulyo hirtis; clypeo punctulato, nitido, fortiter margivato, utrinque tuberculato; tuberculo yerticis trausverso, medio lungitudinaliter carinato, carina usque ad carinas frontis producta, tuberculis basa- libus transversim carinatis, adnatis; fronlis Carinis arcuatim con- juuctis et a tuberculo transverso verticis distantibus, brevibus, tu- bereulo minuto terminatis; cantho frontali trituberculato, tubereulo iufero deutem exteroum efformante ; deute oculari obtuso: fossulis froutalibus deuse puactalis ; pronoto levissimo, utriuque pone medium leviter impresso, impressione intus et circum grosse et parce puuc- tata; elytris fortiter striatis, striisque omnibus punctatis ; tibiis in- termediis deuticulo armatis, posticis fere inermibus.—Long., 32 mill.; elytr, Toug., 19 mill,; Jat., 11 mill. 1/2. Je n'ai vu qu'un seul exemplaire de cette rare espèce dans la collection de M. Mniszeck, qui me l'a communiqué comme provenant du Mexique. Elle est excessivement voisine du Passalus tropicus, ot surtout des exemplaires de ce dernier chez lesquels Ja corne céphalique s'oblitère et est remplacée par une ca- réne longitudinale. Elle en est, néanmoins, bien distincte 312 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1857.) par les feuillets de ses antennes, qui sont plus longs, par les carènes du front réunies en arc au-dessous de la corne céphalique et par les côtés du prothorax à peine ponc- tués. J'avoue cependant que, ne füt-ce des feuillets des antennes, qui sont plus longs dans cette espèce, je l'aurais réunie au {ropicus. 17. PASSALUS TROPICUS. Percheron. — Burmeister. Passalus subcornutus, Hope. Cette espèce est assez commune. J'en ai trouvé plusieurs exemplaires à Huauchinango, en mars. M. Sallé m'en a communiqué un individu pris aux environs de Cordova, en novembre. Elle varie de 27 à 32 millimètres de lon- gueur. J'en ai vu un grand exemplaire dans la collection de M. de la Ferté sous le nom de 2. subcornutus ; en effet, la description du subcornutus que donne M. Hope dans le Cataloque des Lucanoïdes de sa collection, p. 29, se rap- porte parfaitement à cet exemplaire, et, par conséquent, ce subcornutus n’est pour moi qu'un synonyme du tro- picus. Elle est facile à distinguer du punctato-striatus, avec lequel je l'ai vue confondue dans quelques collections, outre la forme de l’épistome, qui est mutique, par la corne de la tête beaucoup plus courte, ayant deux tubercules carénés à sa base. Cette corne varie beaucoup en lon- gueur, et elle est quelquefois réduite à une carène longi- tudinale. Telle est celle de l’exemplaire de la collection de M. Thomson. 18. PASSALUS ZODIACUS, n. sp. Convexiusculus; pronoti limbo infero tibiisque intermediis dense falvo hirtis: clypeo Levi, prominente, fortiter marginato; tuberculo verticis valido, porrecto, apice libero, basi angusto, tuberculis basa- | | | | | TRAVAUX INÉDITS. 313 libus obsoletis; frontis carinis inter se basi distantibus, brevibus, tuberculo minuto terminatis ; spatio inter carinas levissimo, nitido ; cantho frontali trituberculato, tuberculo infero dentem externum efformante ; dente oculari obtuso; fossulis frontalibus dense punc- tatis; pronoto levissimo, utrinque pone medium leviter impresso, impressione intus et circum grosse punctata ; elytris fortiter striatis, striisque omnibus fortiter punctatis ; tibüis intermediis denticulo ar- matis, posticis fere inermibus. — Long., 34 mill.; elytr. long., 18 mill.; lat., 10-12 mill. J'ai vu trois exemplaires de cette rare espèce : deux m'ont été donnés, à Mexico, par M. Francisco Lizardi, qui les avait reçus de M. Nieto de Cordova, et je suppose qu'ils auront été pris aux environs de cette ville; le troi- sième appartient à M. Mniszeck. Ce Passalus se distingue assez facilement du tropicus par sa taille plus grande et ses élytres non parallèles, lé- gèrement élargies en arrière; par son épistome avancé; par la corne de la tête plus forte et plus longue, presque sans tubercules à sa base, et par ses tibias postérieurs en- core plus obsolètement denticulés. 19. PASSALUS CUSPIDATUS. Convexiusculus, elongatus; pronoti limbo infero tibiisque interme- diis dense fulvo hirtis; clypeo levi, prominente, fortiter marginato; tuberculo verticis validissimo, porrecto, apice elongato et libero, basi angusto, subeylindraceo, tuberculis basalibus oullis ; frontis carinis inter se basi distantibus, brevibus, tuberculo miauto termi- natis; spatio inter carinas leyissimo et nitidissimo; cantho frontali valide trituberculato, tuberculo infero dentem externum efformante; dente oculari obtuso; fossulis frontalibus rugulosis ; pronoto levis- simo, utrinque poue medium leviter impresso ; elytrorum striis sat fortiter punctatis ; tibiis intermediis unidenticulatis, posticis eden- fatis. — Long., 39 mill.; elytr. long., 22 mill,; lat., 13 mill. Je dois l'unique exemplaire que j'ai vu de cette belle espèce à la générosité de M. Craveri, qui, dans le temps, N'avait rapporté du Mexique. Elle se rapproche assez du Passalus zodiacus, dont elle se distingue néanmoins par sa taille plus forte et par sa 814 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1857.) forme plus cylindrique, par la corne de sa tête encore plus robuste, par l'impression non ponctuée du prothorax et par les stries moins fortes des élytres. 920. PASSALUS DISTINCTUS. Weber. — Percheron. Passalus cornutus, Fabr., Burmeister, Je ne place cetteespèce parmi les mexicaines que d’après la collection de M. Chevyrolat, dans laquelle deux exem- plaires figurent comme ayant été envoyés du Mexique par MM. Sallé et Vasselet. | Cette espèce, très-distinete à cause de sa corne cépha- lique élevée d’abord , ensuite recourbée en avant, varie quant à la forme de cette même corne. Tantôt celle-ci est plus élevée, plus forte, avec la partie recourbée plus longue et en forme de lance; tantôt elle est plus petite, plus courte et simplement pointue antérieurement. Le prothorax aussi est plus ou moins ample. Seraient-ce des différences sexuelles ou simplement individuelles? Dans la collection de M. Chevrolat, les deux exemplaires mexi- cains présentent ces différences, et ils portent les si- gnes # 2. D’autres exemplaires appartenant au Musée sont séparés d’après leur forme, sans indication de sexe. Ils sont indiqués de l'Amérique septentrionale ; un seul spé- cialement du Texas. 21. PASSALUS ASTECUS. Depressiusculus, labro, pronoti limbo infero, tibiis intermediis pectoreque dense fulvo hirtis ; clypeo levi, antice levissime arcuato, fortiter marginato, quadridentato, dentibus intermediis paulo mägis inter se, quam à deulibus mandibularibus distantibusz tubertulo verticis brevi, porrecto, leviter adunco, subtriangulari, apice libero; basi dilatato, tuberculis basalibus adoatis et carinatis; frontis cari- nis inter se basi distantibus, apice cum canthi frontalis rugosita- tibuë confusis: Spatio inter carinas levissime et parce punctulato, TRAVAUX INÉDIT. 315 nitido ; eantho frontali tritubereulato, tubereulo infero dentem ex- ternum eformante ; dente oculari obtuso; fossulis frontalibus parce etgrosse rugatis; suleulo occipitali margine postico fortiter impresso ; pronoto subtilissime parce punctulato, utrinque pone medium im- presso, sulculo marginali antico interius dilatato; clÿtris basi leviter conjunctim sinuatis, striis omnibus, externisque fortius, punctatis ; tibüs intermediüis et posticis edentatis. — Long., 23 mill.; elytr. long., 14 mill.; lat., S mill. 1/2. Je n’ai vu qu'un seul exemplaire de cette espèce. Il.a été pris aux environs de Cordova, en novembre, et m’a été communiqué par M. Sallé. Ce Passalus est très-voisin de l'espèce suivante, mais il s'en distingue aisément par sa aille beaucoup plus petite el sa forme proportionnellement plus allongée, par l'épi- stome légèrement arqué, avec les deux dents intermé- diaires de fort peu plus distantes entre elles que des dents latérales, et par le tubercule frontal moins large à sa base, légèrement arqué, plus aigu antérieurement. Des espèces que j'ai sous les yeux, celle-ci est celle dont les élytres conjointement soient le plus fortement échan- crées à la base. 22, PASSALUS MEXICANUS, n. sp. Convexiusculus, labro, pronoti limbo infero tibiisque intermediis dense fulvo hirtis ; elypeo levi, antice truncato, fortiter marginato, quadridentato, dentibus intermediis quater magis inter se quam a dentibus mandibularibus distantibus ; tuberculo verticis brevi, por- recto, triangulari, apice libero, basi dilatato et transversim clevato, luberçulis basalibus adnatis, carinatis; frontis carinis inter se basi islautibus, apice cum canthi frontalis rugositatibus confusis ; spatio Me carinas levissime et parce punctulato, nitido; cantho frontali tübereulato, tuberculo infero dentem externum efformaute ; dente oculéri obtuso ; fossulis frontalibus parce et grosse rugatis ; sulculo ocoipitali margine postico impresso; pronoto levissimo, utrinque poue medium inpresso; suleulo marginali antico interius dilatato ; elytrorum striis omuibus, externisque fortius, punçlatis; tibiis in- térmedis et posticis edentatis. — Long., 31 mill.; elytr. loug., A7 mill.; lat, 10 mil. 1,2. J'ai vu trois exemplaires de cette rare espèce. L'un ap- 316 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 4857.) partient au Muséum , l’autre à M. Chevrolat, et le troi- sième à M. de la Ferté. Ils sont indiqués comme prove- nant du Mexique, et portent le nom de Passalus mexica- nus, Dejean. $ 23. PASSALUS LATICORNIS, A. sp. Convexiusculus, pronoti limbo infero dense fulvo hirto; clypeo levi, truncato, fortiter marginato; tuberculo verticis porrecto, trian- gulari, apice libero, basi dilatato, tuberculis basalibus mioutis; frontis carinis obsoletis; canthis frontalibus obsolete trituberculatis, tuberculo infero dentem mandibularem cfformante; dente oculari obtuso; fossulis et spatiis omnibus levibus, nitidis; pronoto am- pliusculo, utrinque in margine antico et pone medium impresso, punctis nonnullis supra impressionem lateralem notato; elytrorum striis omnibus punctatis ; tibiis intermediis carinula elevata et dense ciliata instructis, posticis obsolete denticulatis. — Long., 29 mill.; elytr. long., 16 mill.; lat., 10 mill. Je n'ai vu qu'un seul exemplaire de cette espèce ap- partenant à M. Sallé, qui l’a pris, en mai, au Jacal, sur le volcan d’Orizaba. Elle forme, avec les deux espèces suivantes, un petit groupe bien caractérisé par la carène ciliée des tibias in- termédiaires. 24. PASSALUS RECTICORNIS. Burmeister. J'en ai huit exemplaires sous les yeux : l’un appartient au Muséum, deux autres à M. Sallé, qui les a trouvés, en mai, sur le versant oriental de la Cordilière ; deux sont à M. Mniszeck, deux à M. de la Ferté et un à M. Craveri. M. Burmeister, dans sa description (Handb., V, p.508), a oublié de faire mention d’un caractère essentiel, celui de la crête élevée et ciliée sur les tibias intermédiaires de cette espèce. TRAVAUX INÉDITS. 317 95. PASSALUS BICORNIS. Depressus, pronoti limbo infero tibiisque intermediis dense fulvo hirtis; oculis magnis ; clypeo margine explanato, dentibus mandibu- laribus argutis, inter hos subtiliter transversim sulcato; tuberculo verticis transverso, medio transversim carinato, utrinque cornuto ; froutis carinis obsoletis; canthis frontalibus trituberculatis, tuber- culo infero dentem externum efformante ; dente oculari obtuso ; ca- pitis spatio medio punctulato, nitido; fossulis frontalibus dense et grosse punctatis ; pronoto levissimo, utriuque antice et pone medium impresso et sparsim punctato ; elytrorum striis omnibus, externisque fortius, punctatis; tibüs intermediis carina Jongula et ciliata in- Structis, posticis muticis. — Long., 18 mill.; elytr. long., 11 mill,; lat., 6 mill. 1/2. M. Sallé m'a communiqué deux individus de cette es- pèce extraordinaire qu’il a trouvés à Cordova en juin et octobre. La carène des tibias intermédiaires est plus longue dans cette espèce que dans les deux précédentes. 26. Passazus LEAcHII. Mac-Leay. — Percheron. — Burmeister. M. Sallé m'a donné deux exemplaires de cette espèce trouvés par lui près de Cordova, en juin et octobre. J'en ai vu plusieurs autres exemplaires dans Jes collections de MM. Chevrolat, Guérin-Méneville, Mniszeck et de Saus- sure. Ce dernier les avait pris au Mirador. Rapponr fait à la Société impériale et centrale d’agricul- ture, au nom de la section d'histoire naturelle agricole, sur les travaux d’'entomologie appliquée à l’agriculture qui lui ont été adressés en 1856-57. Par la section d'his- toire naturelle agricole composée de MM. Brongniart, Guérin-Méneville, Milne-Edwards, Decaisne, Elie de Beaumont et Valenciennes; M. GuériN-MÉNEVILLE, rap- porteur. Tous les agriculteurs de progrès savent, aujourd'hui 348 REV. ET MAG. DE Z00LOGIF. (Juillet 1857.) que les Insectes sont des ennemis d'autant plus dangereux de nos cultures, qu'ils échappent plus facilement à nos moyens de destruction par leur petitesse et leur immense fécondité. S'il est reconnu qu'ils sont nécessaires aû point de vue général pour limiter la multiplication des espèces et maintenir de justes proportions entre.elles, il n’en, est pas de même au point de vue de l’agriculture, puisque son but est de faire prédominer certains végétaux utiles. Se développant toujours en raison des subsistances qui Sont à leur disposition, les Insectes sont plus nombreux, et, par conséquent, plus dangereux dans les pays de grande cul- ture, et, si les parasites ne venaient pas périodiquement mettre des bornes. à leur multiplication, il est certain qu'ils finiraient par anéantir nos récoltes. C’est principalement pour étudier les mœurs de_ces In- sectes nuisibles et de ceux qui nous sontutiles, c’est pour que l’on cherche dans cette connaissance des moyens de destruction plus rapides, que la Société a appelé des en- tomologistes dans sa section d'histoire naturelle agricole, et c'est au nom de. ectte section que j'ai l'honneur de pré- senter ce rapport. Easection a porté son examen sur quatre questions d'un intérêt sérieux. Deux ontune grande analogie entre elles, puisqu'elles ônt pour objet la destrüction d'Insectes qui ruisent à là canne à sucre et au maïs en attaquant l'inté rieur des tises de ces deux végétaux utiles; Ià troisième porte sur la destruction des Chenilles des crucifères et spécialement. de celles qui ravagent. ces grandes cultures de choux, si nécessaires à l'alimentation de la race bovine dans plusieurs de nos départements, et, la quatrième; au contraire, a pour objet la conservation des Abeilles pen- dant. l'hiver, au moyen de l'enfouissement des ruches. Voici le résumé du trayail de la section sur ces quatre sujets. Relativement aux Insectes qui nuisent à la canne à, su- cre, la Société a reçu de M. le docteur Ulcoq, grand pro- TRAVAUX INÉDITS. 349 priétaire à l'ile Maurice, un remarquable trayail, ayant pour titre: Rapport sur le Turaudeur des cannes, avec prière de faire connaitre au comité officiel nommé par $. Exec. le gouverneur des iles Maurice et dépendances pour étudier cet Insecte, s’il existait quelque moyen de le détruire autre que ceux que ce comité a proposés. Cet insecte, qui est un véritable fléau pour les pays où la canne à sucre est cultivé ée, mérite toute notre attention, car s'il n'est pas encore signalé dans nos colonies, on peut craindre qu'il n'y soit introduit tôt ou tard; aussi votre section a-t-elle apporté toute sa sollicitude sur le travail de la commission de l’île Maurice, composée de MM. W. ojer, président, Fropier, secrétaire, C. Wiéhé, Ed. de Chazal et Brownrigg, Nous ne suivrons pas les auteurs de ce mémoire dans les détails pleins d'intérêt qu'ils donnent sur l’introduc- tion de cet Insecte dans les plantations de cannes à sucre, sur les ravages qu'il fait, sur son histoire naturelle, ses transformations, ses mœurs, ses ennemis etles moyens de les détruire, car nous excéderiens les limites assignées à ce rapport. Disons seulement que ce trayail, dont la partie qui a trait à l’histoire naturelle est due à M. W. Bojer, le savant président du comité, et la partie agricole à M. Fro- pier, puissamment secondé par les trois autres commissai- res, peut être regardé comme un modèle dans son genre. Suivant les auteurs, le Borer est la Chenille d'un lépidop- tère nocturne, formant une espèce nouvelle dans le genre Procéras de Hubner (Proceras scccariphagus, Bojer), qui pénètre dans la tige, la perfore dans tous les sens, en allère le jus sucré, affaiblit la plante et la fait souvent mourir. Dans quelques localités, cet Insecte à détruit jus- l'au tiers de la récolte, ce qui a vivement alarmé les ra aussi, à la suite du rapport du comité, le gou- erueur a institué un prix de 2,000 livres (50,000 fr.) pour celui qui découvrira un remède efficace contre ce fléau. Nous pensons qu'il serait difficile de trouyer un remède ‘320 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1857.) plus efficace et plus pratique à la fois que ceux qui ont été proposés par le comité, après l'étude approfondie de l’his- toire naturelle de cet Insecte. Ces moyens de destruction du Borer ayant été discutés et expérimentés par les mem- bres du comité, il s’est arrêté avec juste raison à ceux qui lui ont paru surtout praticables en grande culture et qui sont : 1° De brûler tous les débris inutiles de cannes avec soin, persévérance et ensemble ; 2 D’extirper, autant que possible, les jeunes cannes déjà attaquées ; 3° De dépouiller toutes les jeunes plantations, d'enlever immédiatement les pailles pour les brüler avec soin; 4° De ne planter que des cannes exemptes d’Insectes et de les dépouiller de toutes leurs feuilles pour en avoir la certitude ; 5 De passer un règlement d'administration pour obli- ger tous les planteurs à agir ensemble. De plus, et depuis la rédaction du rapport du comité, il a été reconnu que l’on fait mourir les chenilles dans les plants destinés à être mis en terre en les plongeant dans de l’eau chaude. Cette opération ne nuit aucunement aux qualités végétatives du plant. Ce beau travail, qui est accompagné de quatre grandes planches coloriées représentant des tronçons de cannes à sucre attaquées par la Chenille ou Taraudeur de la canne (canne borer), l'Insecte sous tous ses états, une autre espèce (alucita sacchari, Bojer) ainsi que leurs parasites, mérite à tous égards l'approbation de la Société impériale d’agri- culture, et votre section d'histoire naturelle est d’avis qu'il y a lieu de décerner une médaille d'or à l'effigie d'Olivier de Serres à M. W. Bojer, président du comité, principal au- teur de la partie entomologique, et une médaille semblable à M. Fropier, son secrétaire, principal auteur de la partie agricole du rapport. Le second travail soumis à notre examen offre la plus TRAVAUX INÉDITS. 391 grande analogie avec le premier, sous tous les rapports, mais il est moins complet. Il est dù à M. Th. Bruand d'Uzelle, savant entomologiste agriculteur que la Société a déjà récompensé pour un excellent ouvrage d’entomo- logie appliquée, et il a pour titre : Notice sur une Chenille de Tinéide qui dévaste les maïs dans le canton d'Audeux (Doubs). L'auteur fait connaître les ravages alarmants commis, surtout en 1855 et 1856, par la Chenille qui, dans plu- sieurs localités de son département, a réduit la récolte du maïs à moins du tiers de celle des années ordinaires. Cette Chenille perfore les tiges et les grappes du maïs, et M. Bruand a vu souvent deux et même trois Chenilles sur la même grappe. La perte qu’elle occasionne ainsi est déjà notable; mais le plus grand dommage provient de ce que les tiges étant considérablement affaiblies par les trous que ces Chenilles ont creusés, elles cassent au moindre vent. Dès lors les grappes peu avancées ne peuvent plus mürir, et celles qui sont presque müres gisent désormais à terre et sont détruites par toutes sortes d'animaux ou par la pourriture. En définitive, il résulte des observations de l'auteur qu'en 1856, dans certaines localités, les dégâts causés par ces Chenilles ont réduit la récolte au tiers de ce qu'elle était les années précédentes. M. Bruand n'est pas encore parvenu à obtenir le pa- pillon produit par cette Chenille, mais il pense qu’il ap- partient à une Tinéide du groupe des Crambites, car elle a une grande analogie avec celle de la Myelophila pusiella, qui vit dans les tiges de chardon. Si cette Chenille est la même que celle qui cause de grands dégâts aux cultures de maïs en Italie, elle pourrait bien appartenir à la Botys silacealis, ainsi que l’a déterminé le savant entomologiste Florentin Passerini, qui vient d'être enlevé à la science par une mort prématurée. Du reste, dans un rapport sur un envoi de tiges de maïs attaquées par cet Insecte, fait par M. Bonnet de Besançon, et qui nous à été transmis 2° ske, Tr. 1x, Année 1857. 21 3922 REV. ET MAG. DE Z00LOGIE. (Juillet 1857.) pat M. le ministre de l’agriculture, l'un de nous fera un travail d'ensemble dans lequel cette question trouvera plus convenablement sa place. Après avoir décrit la Chenille et fait connaître ce qu'il a pu apprendre de ses mœurs; M. Bruand passe aux moyens de la détruire, et il arrive, à peu près; aux pro- cédés qui ont été préconisés par le comité de l’île Mau- rice pour détruire la Ghenille de la canne à sucre, c’est- à-dire au brülis des tiges renfermant l'ennemi. Votre section d'histoire naturelle agricole pense que le mémoire de M: Bruand d'Uzelle est digne de l'approba- tion de la Société; elle propose de lui décerner une men- tion honorable, d'ordonner son insertion dans ses Mé- motres, et d'accorder à son auteur le titre de membre cor- respondant. M. Bruand d'Ugelle est, du reste; dans les conditions exigées pour mériter ce titre, car il a publié divers articles dans l’mpartial de Besançon sur Ja mala: die des pommes de terre, sur l'échenillage, etc. Il a pu- blié une Monographie des Lépidoptères nuisibles à l'agri- culture et à l'économie domestique; travail remarquable pour lequel notre Société lui a décerné une médaille en 1850, et qui lui à valu; en 1856, une autre médaille d’ar- gent à l'exposition de la Société impériale d’horticulture du Rhône. Le troisième Mémoire est intitulé : Notice sur les Papil- lons diurnes, Pieris brassicæ, Pieris minor ( brassicæ et napi), et sur les ravages que tes Chenilles de ces Lépidoptères ont exercés, en 1855 et en 1856, sur les choux, dans Les dé- partements de l'Ouest. L'auteur, conformément aux règles suivies à l'Institut, ne se fail pas connaitre, ef son nom est attaché au manu serit dûns un paquet cacheté. Après avoir établi que la culture en grand des choux est d’une importance capitale pour lalimentation des bestiaux, pendant une grande partie de l’année, il fait connaître le tort que certains in- sectes font à ces végétaux utiles, dont l'absence, dans les —— FRAVAUX INÉDITS. 325 contrées qu'il habite, rendait désormais très-difficile l’é- ducation de la race bovine. L'auteur, après avoir présenté ses observations sur les œurs des Chenilles qui ravagent les plantations de choux ioelliers et de choux branchus du Poitou, obsérvations dont plusieurs sont nouvelles pour l'entomologie appli- qüée, fait connaître les moyens de destruction que celte étide la mis à même de trouver. Parmi ces procédés il en est surtout un qui nous a paru remarquable, c'est celui qui consiste à opposer aux Chenilles du chou un äutre insecte facile à trouver partout, la Fourmi rotsse { F'or- mica rufa), Si commune dans les bois et taillis. L'auteur anñonceé qu'il lui à suffi d'apporter dans ses plantations dé choux quelques sacs remplis de ces Fourmis, et de les répandre sur ces végélaux, pour que les Chenilles qui les couvraient soient immédiatement dévorées. Il a fait con- nältre ce moyen si économique et si efficace aux cultiva- teurs du pays qu'il habite, et bientôt ceux qui l'ont em- ployé ont reconnu que leurs cultures étaient débarrassées dés Chénilles et prospéraient. Du reste, il à eu soin, con- formément à l’article 20 du programme des concours, de joindre à son Mémoire les témoignages, dûment certifiés, de deux propriétaires qui ont employé les Fourmis pour détruire les Chenilles qui avaient envahi leurs choux. Voôtré section, tout en considérant ce travail comme trés-intéressant el trés-utile à l'agriculture, désire cepen- dant älténdre, pour récompenser son auteur par une mé- däille, que de nouveaux faits soient venus confirmer les avantages de ses procédés. Elle vous propose, en consé- duencé, de lui accorder üne mention honorable, et de ré- server tous ses droits pour üne récompense plus élevée, lorsque les applications pratiques auront été multipliées ebles résultats constatés d'une manière plus complète, En oùtre, comme ce travail renferme des observations qui peuvent être très-utiles à l'agriculture, elle vous propose 394 REV. ET MAG. DE Z200LOGIE. (Juillet 1887.) son insertion dans les Mémoires de la Société, si son au- teur consent à se faire connaitre (1). Le quatrième objet de l'examen de la section est le pro- cédé d'enfouissement desruches, pratiqué, depuis plusieurs années, par M. Antoine de Reims, pour l’hivernation des Abeilles. La Société se rappelle que M. Antoine lui a fait con- naître les résultats de ses expériences, à ce sujet, dès 1849, et que, sur le rapport de son illustre et regretté prési- dent, Héricart de Thury, elle lui a décerné alors une mé- daille d'argent. Depuis cette époque, M. Antoine a continué de perfec- tionner ce procédé, et il en a propagé la connaissance dans les environs de Reims, en donnant aux agriculteurs des leçons et des conseils, en leur faisant généreusement part des résultats de ses expériences de chaque année et des progrès qu’elles faisaient faire à cette méthode, qui offre des avantages réels, surtout pour les petits agricul- teurs, qui sont les plus nombreux et constituent la grande production. Il semble constaté, aujourd'hui, qu’en l’em- ployant convenablement, au moins sous le climat du cen- tre et du nord de la France, on perd très-peu d’Abeilles ; elles consomment moins, et la reine commence plus tôt sa ponte. Dans une note particulière, votre rapporteur fera con- naître à la Société le résultat des études qu’il a été à même de faire sur le procédé d'enfouissement des ruches. Chargé, par la Société impériale d'acclimatation, de se rendre à Reims, pour assister à l'ouverture du dépôt des ruches de M. Antoine, il a pu s'assurer, ainsi, que cet agriculteur continue de mériter le haut témoignage d'approbation qu'il a reçu de notre Société en 1849. (1) Après le vote de ces conclusions, M. le président a fait déca- cheter l’enveloppe qui renfermait le nom de l’auteur, qui est M. Aug. Bernède, à Redon (Ille-et-Vilaine), TRAVAUX INÉDITS. 325 En conséquence, votre section d'histoire naturelle vous propose d’honorer M. Antoine du rappel de la médaille qu’elle lui a décernée en 1849. Note du Rapporteur. Qu'il me soit permis, en terminant, d'exprimer, de nou- veau et en mon nom seul, un vœu que j'ai déjà émis souvent, depuis près de vingt ans, c’est celui de pouvoir fonder un Musée public d'histoire naturelle appliquée et comparée, renfermant les animaux utiles et nuisibles à l’a- griculture. Dans cette collection que j'ai commencée de- puis longtemps sur une trop petite échelle, chacun pour- rait comparer les espèces que l’on accuse de quelques dégâts, trouver leurs noms, l'indication de ce que l’on sait de leurs mœurs, des moyens de préserver nos récoltes de leurs déprédations, etc. Malheureusement une telle collec- tion ne peut être réunie et surtout conservée par un simple particulier, car elle serait susceptible d’être détruite ou vendue à sa mort. Une puissante association, une So- ciété agricole possédant des ressources suffisantes, ou bien l'État, pourraient seuls fonder un semblable Musée, qui serait ainsi une espèce de cours permanent d'histoire natu- relle agricole, et rendrait certainement de grands services à l’agriculture, à l'horticulture et même à l’économie do- mestique. Nore sur les éducations de Vers à soie destinées à la con- fection de la graine faite, en 1857, dans la Suisse, les montagnes des Basses-Alpes et d’autres localités où l'épidémie n'a pas paru; par M. F. E. Guérin-MÉNE- VILLE. (Lue à l'Académie des sciences dans sa séance du 10 août 1857.) J'ai établi dans plusieurs Mémoires, d'après des études théoriques et pratiques faites depuis plus de douze ans 326 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1857.) dans le midi de la France et au milieu des populations séricicoles, qué la maladie qui sévit sur les Vers à soie depuis plusieurs années, ct a réduit aujourd'hui notre pro- duction de cocons à un cinquième de récolte ordinaire, avait pour cause principale les dérangements météorolo- giques qui ont eu lieu, surtout pendant l'hiver, depuis quelques années. J'ai montré aussi que les causes qui ont amené la maladie des vignes, des müriers et des autres végétaux, devaient avoir été pour beaucoup dans lépi- démie qui a atteint ces Insectes utiles, et mes observa- tions de cette année faites en Suisse, en Piémont, en Lombardie, dans plusieurs de nos départements méridios naux et en Espagne montrent que les Vers à soie élevés depuis plusieurs générations successives dans certaines localités montagneuses dans lesquelles la maladie des vé- gétaux se montre peu intense ou n'existe pas, que les Vers à soie bien acclimatés, en un mot, ont donné des produits très-satisfaisants et d'excellents reproducteurs pour faire la graine. Tout en appelant de mes vœux les plus ardents le déve- loppement d’études théoriques et d’un enseignement séri- cicole, ainsi que nous le faisons depuis douze ans gratui- tement, M. E. Robert et moi, à la magnanerie de Sainte- Tulle, j'ai dit qu'il fallait aujourd'hui courir au plus pressé et faire promptement de la graine dans les localités non infectées par la maladie. Ayant eu le bonheur de faire adopter cette idée si simple et si pratique par la Société impériale d’acclimatation, et d’être soutenu par une grande institution agricole (la caisse franco-suisse du cheptel et de l'agriculture) de manière à la mettre immé- diatement à exécution sur une grande échelle, j'ai pu chercher ces localités privilégiées et y diriger des éduca- tions pour graine avec tout le soin qu’exige aujourd’hui une opération si délicate. Dans un compte rendu détaillé de mes travaux de cette année, je ferai connaître les observations que j'ai faites ! TRAVAUX INÉDITS. 327 en cherchant les localités où la maladie n’a pas pénétré pour y prendre des reproducteurs bien acclimatés, Je ferai aussi connaître les caractères qui m'ont guidé dans mes appréciations et les procédés à l’aide desquels j'ai pn faire confectionner une grande quantité de graine dont j'attends d'excellents résultats pour l'année prochaine. Aujourd'hui je me borne à dire que la visite de nom- breuses localités infectées n’a fait que confirmer les vues que j'ai émises sur le fléau depuis que je l'étudie dans la grande culture : je suis conyaineu plus que jamais que les diverses formes de la maladie actuelle des Vers à soie et des müriers ont été observées de tout Lemps en cas isolés. Ainsi, par exemple, les Vers atteints de l'étisie des pre- miers âges ont reçu en France le nom de £uzeltes ou de petits, parce qu'ils ne se développent pas et restent lui- sants jusqu'à ce qu'ils aient disparu dans les litières qu'on jette. Les Vers que nous appelons, dans le Midi, des 4rpians et des Passis ont la même maladie après la troisième et la quatrième mue. Dans les temps ordinaires, le nombre de Vers alteints ainsi est petit ou médiocre; mais, depuis trois ans, il a augmenté considérablement dans beaucoup de localités, et la maladie, de sporadique qu’elle était, est devenue épidémique et à reçu le nom de gattine. Un fait remarquable et digne de toute l'attention des observateurs, c'est que, sauf quelques rares exceptions peut-être plus apparentes que réelles, cette épidémie coïncide avec une maladie des müriers qui se manifeste aussi, depuis trois ans, dans beaucoup de localités du midi de la France, en ltalie, en Espagne, etc., principalement par des taches rousses plus ou moins nombreuses disper- sées sur leurs feuilles, et que quelques botauisles ont re- gardées comme étant des cryplogames parasites. Dans plusieurs parties de la Provence, ces taches sont si nom- breuses, qu'elles envahissent Loute la surface des feuilles, et que celles-ci tombent en juin comme si elles étaient arri- ces à l'époque normale de leur chute, au commencement 528 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1857.) de l'hiver. J'ai observé, cette année encore, des müriers atteints plus ou moins sérieusement de cette maladie à mesure que je descendais des hauteurs de la Suisse, où il n'y en à pas de fraces, pour arriver aux bords des lacs Majeur et de Lugano. J'en ai trouvé dans tous les dépar- tements que j'ai traversés pour me rendre des Basses- Alpes en Espagne, où j'ai vu aussi beaucoup de müriers assez fortement atteints. Il en est de cette maladie des müriers comme de celle des Vers à soie; elle a été observée de tout temps en cas isolés et n’avait pas plus attiré l'attention. Aujourd’hui elle a pris un vrai développement épidémique dans beau- coup de localités, et, si elle n’est pas la cause unique de la maladie des Vers à soie, elle doit jouer certainement un grand rôle parmi les causes, probablement très-com- plexes, de l’épizootie qui les décime. Un fait consolant que j'ai observé dans les nombreuses localités où j'ai étudié ces épidémies, c’est que leur inten- sité continue de diminuer sensiblement. Chez les vignes et les müriers, le nombre des sujets attaqués est moins grand, il y a plus de cas de guérison spontanée, la maladie se modifie et présente un caractère moins intense qui permet aux procédés curatifs, tels que le soufrage pour la vigne, par exemple, de réussir comme à Paris dans des parties du Midi où ils avaient échoué jusqu'à présent. Pour les Vers à soie il en est de même, et certaines loca- lités montagneuses au nord de la magnanerie de Sainte- Tulle, où j'ai fait élever des Vers à soie depuis longtemps acclimatés destinés à la confection des graines, ont donné des récoltes presque entières quand il y a eu un désastre à peu près complet dans les portions plus chaudes de notre Midi. Comme quelques personnes ont paru douter de la ma- ladie des müriers, que nous autres magnaniers du Midi n'avons que trop bien observée, j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l’Académie des feuilles de müriers encore SOCIÉTÉS SAVANTES. 329 fraiches prises, le jour même de mon départ, dans plu- sieurs localités des départements des Basses-Alpes, de Vaucluse et de la Drôme, afin de montrer une des formes les plus vulgaires de la maladie. J'ai desséché et apporté une collection de rameaux et de feuilles formée dans tous les pays que j'ai visités, et présentant les diverses formes de l’épiphytie, et j'aurai l'honneur de la déposer sur le bureau avec un travail particulier sur ce sujet. II. SOCIÉTÉS SAVANTES. ACADÉMIE DES SCIENCES DE Paris. Séance du 29 juin 1857. — M. de Quatrefages lit une Note sur l'état de la récolte des Vers à soie en France et en Italie. Cette Note n’est que le résumé de deux lettres, dont l'une, écrite par M. Adrien Angliviel, annonce que le pays castrais commence à être atteint par la maladie qui ravage nos contrées séricicoles, tandis que les environs de Montauban résistent encore, et dont l’autre, envoyée d'Italie par M. Léon Nadal, un des éleveurs de Vallerau- gue, signale la Romagne et la Toscane comme à l'abri, jusqu'à ce jour, du fléau dévastateur. M. Lacaze-Duthiers présente la suite de son Histoire de l'organisation et de l'embryogénie du Dentale (Dentalium en- talis). Dans ce troisième Mémoire, l’auteur traite particu- lièrement des organes de la circulation. M. Sanson, dans une Note sur la formation physiologique du sucre dans l'économie animale, arrive à cette conclusion générale, que le foie ne sécrète, dans aucun cas, ni sucre ni matière glycogène, et qu'il se borne à servir, comme la trame de tous les autres organes, à établir le contact de la dextrine avec la diastase, lequel contact est ici plus prolongé, en raison du ralentissement de la circulation daus le tissu hépatique. M. CL. Bernard, à l'occasion de cette communication, 330 REV. ET MAG, DE ZO0OLOGIE. (Juillet 1857.) fait quelques Remarques sur la formation de la matière gly- cogène du foie, et promet de présenter très-prochainement à l’Académie l'ensemble de ses nouvelles recherches sur cette intéressante question. Séance du 6 juillet 1857. — M. Marès adresse des Obser- valions de météorologie et d'histoire naturelle faites dans le sud de la province d'Oran. Un séjour de plusieurs mois dans celte partie de l'Afrique, et'des excursions poussées jusque dans ia région du grand Sahara voisine de Touat, ont permis à M. Marès d'y recueillir des espèces intéres- santes pour la géographie zoologique. Il y à rencontré l’Antilope adtaæ, que l'on sait originaire de là Nubie; le Lepus isabellinus, qui n’était également connu que dans le Sahara égyptien; le Vulpes fennecus et le Musimon musmon. Le bas-fond de Tigré, situé au sud du Maroc, a fourni une curieuse espèce d'Hélice non encore décrite, et qui se rap- proche, par ses caractères principaux, de la série qui comprend les Z7. hieroglyphica, H. lactea, H. Dupotetiana, H. Zaffurina, eic., qui vivent aussi dans ces contrées. Elle présente, toutefois, la singulière particularité d’avoir la bouche pourvue de deux dents fortes et épaisses, rappro- chées et comme opposées l’une à l’autre sous le sommet antérieur interne du bord labial, tandis que les deux pre: mières des espèces citées ci-dessus en manquent, et que les deux dernières n’en présentent qu'une située sur le bord interne. Cet Helix nouveau figure dans la collection de la faculté des sciences de Montpellier sous le nom de H. tigri, P, Gervais. D’autres coquilles en grand nombre, en quelque sorte semi-fossiles et appartenant à des es- pèces aquatiques encore vivantes, mais qui ne se rencon- trent, pour la plupart, que sur les hauts plateaux du petit Sahara, ont été trouvées dans les dunes de sable pur qui commencent à 200 kilomètres environ au sud de Brizina, M. Marès cite, parmi les plus remarquables, le Melanopsis costata, le Melania virgulata, et une bivalve des étangs saumâtres ou salés du littoral méditerranéen, le Cardium SOCIÉTÉS SAVANTES. 331 edule. Enfin les Ophidiens ont aussi fourni quelques es- pèces intéressantes ou nouvelles, telles que le Zamenis florulentus, déjà signalé en Perse et en Égypte, mais point encore en Algérie, et un Cælopeltis que M. P, Gervais a nommé €. produclus. M. Phipson adresse une Note sur les Teredo fossiles. Ces Teredo, qui appartiennent à l'espèce corniformis de Ea- marck, offrent cette particularité remarquable, qu'ils exha- lent une odeur de mer extrèmement forte au moment où on les retire des sables calçarifères des terrains tertiaires de Bruxelles dans lesquels ils sont enfouis. Or, ces sables ap- partenant à l'étage éocène moyen, il en résulterait que l'odeur de la mer antédiluvienne était la même qu'exhale aujourd'hui l'eau de mer, et que cette odeur s'est con servée pendant des milliers de siècles. Séance du 13 juillet 1857. — M. Milne-Edwards pré: sente à l'Académie la seconde livraison de ses Lecons sur la physiologie et l'anatomie comparée des animaux. Dans ce volume, l’auteur s'occupe de l'organisation de l'appareil de la respiration daps l’ensemble du règne animal. M. Martins adresse, sous forme de lettre, à M. le secré- taire perpétuel, une Mote sur la coalescence des têtes du radius et du cubitus pour former le chapiteau du tibia dans les Mammifères monodelphes. L'auteur, par des faits par- faitement analysés, arrive à cette démonstration, que la rotule homologue de l'olécrâne s’insère, il est vrai, au tibia, mais que la portion du tibia où se fixe le ligament rotulien correspond à la portion olécränienne du cubitus réunie au radius pour former le chapiteau du tibia. M. Alvaro Reynose adresse une Note fort intéressante, mais peu susceptible d'analyse, sur les divers modes d'em- büumement chez les Indiens américains. Séance du 20 juillet 1857. — M. Baillarger communique Observation d'un développement incomplet chez une jeune fille de 19 ans 1/2 dont la taille est de 80 centimètres et le poids de 32 livres seulement. 332 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1857.) M. Serres, à l’occasion de cette communication, fait quelques observations fort intéressantes sur l’époque de la vie fœtale à laquelle a dù commencer l'arrêt de déve- loppement de l’ensemble de l'organisme chez cette jeune fille, et sur le degré d’abaissement ou d’élévation du type des races humaines, déduit , dans de certaines limites, de la position relative que l’ombilic occupe sur la surface de l'abdomen. Séance du 27 juillet 1857. — M. Emile Blanchard, dans un Mémoire intitulé : De la détermination de quelques Oi- seauæ fossiles et des caractères ostéologiques des Gallinacés, présente quelques-uns des résultats que lui ont fournis ses recherches relatives aux espèces de la famille des Gallidæ. La plus grande partie de ce travail est consacrée à des détails anatomiques sur les principales parties du sque- lette des Coqs, des Faisans, des Perdrix, des Tétras, des Dindons, des Paons, des Hoccos, des Pénélopes, etc. III. MÉLANGES ET NOUVELLES. NÉCROLOGIE. La science, la vraie et sérieuse zoologie surtout, vient de faire une perte immense dans la personne de notre illustre collaborateur et ami Monseigneur Charles-Lucien Bonaparte, prince de Canino. En quittant ce savant, il y a trois mois, pour aller dans le Midi essayer de porter se- cours à notre industrie de la soie, je l'avais laissé dans un état très-alarmant, dans un état qu’il comprenait trop bien et qu'il supportait néanmoins avec courage. Je lui avais dissimulé mes craintes quand il m'avait dit qu’il me faisait ses derniers adieux, qu'il ne me verrait plus, et je m'étais enfui brusquement pour qu’il ne reconnût pas, à ma vive émotion, que je n'avais que trop de foi en ses paroles. La biographie de cet homme illustre sera faite certaine- ment par une plume digne de lui et avec la maturité MÉLANGES ET NOUVELLES. 333 qu'exige un tel sujet. Pour aujourd’hui, je me bornerai à reproduire une remarquable Notice publiée par un savant que le Prince honorait aussi de son amitié, par M. Bar- thélemy Lapommeraye, directeur du musée d'histoire na- turelle de Marseille : « La France scientifique vient de faire une perte im- mense dans la personne de S. A. Charles-Lucien Bona- parte, décédé, ces jours derniers, à Paris. « Il n'appartient pas à ma position plus que modeste d'entreprendre l'éloge nécrologique de cet homme de génie, dont les travaux zoologiques, considérables et très- nombreux, sont en grand honneur auprès des naturalistes de tous les pays. D'ailleurs les matériaux me manque- raient en partie. Ce serait donc une faute capitale que d'entreprendre une si belle tâche pour la laisser incom- plète. Du reste, les historiographes ne manqueront pas plus à l’illustre défunt que son courage n’a faibli en pré- sence de la maladie incurable qui le minait sourdement depuis bien des années. Ses travaux les plus récents n’ont été ni moins abondants ni moins riches dans leur concep- tion et leur élucidation que ceux qui remontent aux épo- ques les plus viriles de sa vie. Je dirai mieux : les pre- miers se sont ressentis de quelques imperfections insépa- rables du milieu scientifique pour lequel ils étaient pré- parés ; dans les seconds, il s’est élevé à un plan supérieur, il est devenu réformateur de bien des idées surannées, il a fait entrevoir des horizons nouveaux, il a posé des ja- lons pour une route nouvelle et sûre, et a conquis noble- ment le titre immortel qui lui appartient aujourd’hui, de Prince de la Zoologie, Zoologiæ Princeps. « J'avais à cœur d'exprimer, tout sommairement que ce puisse être, mon enthousiasme et mon affection pour celui qui n’est plus. C'était un devoir à remplir dans la circon- stance la plus solennelle possible. C’est aussi une publique manifestation de reconnaissance envers le savant illustre dont les conseils ne me firent jamais défaut, dont l'accueil 33% REV. LT MAG. DÉ Z00LOGE. (Jtillét 1857.) du'sein dé sa jeune ét belle famille fut toujours pour moi si bienveillant, et qui, par les communications généreuses de ses productions incessantes à l’Acadéinie dès sciences, m'a fourni lés moyens de consulter, le plus souvent pos- sible, les meilleurs documents en matière dé zoolopie. & Son ouvräge sur quelques Oisenux de l'Amérique du Nord, Birds of America, faisant suite aux travaux de Wil- son; l’Zconographit della Faunñt ttalica (1833), le Con- spectus geñdrum Avium, dont il se proposait la révision pour en faire le Compendium le plus complet des études ornithologiques, une foule de petits opuscules, mémoires où rapports sur des groupes d'Oiseaux spéciaux : ses essais de classification générale par séries, son coup d'œil sur l'ordre des Pigeons, mémoire savant sous tous les rap- ports, où l’on regrette 18 renconirer quelqués phrases acerbes à l'encontre de deux naturalistes célèbres, homines de fénie Comme lui ; ses tableaux paralléliques des Galli- nacés et dé l'ordre des Échassiers : & Son travail sur POrnithologie fossile, servant d'intro- duétion a tableau comparatif des Ineptes et des Autru- chés; & Enfin sa brochure intitulée Parallélismo fra la tribu dei Cantori fissirostri e quella déi Volucri hianti e dei Not: tra ovvere incidenti (1857), que l'on pourrait considérer comte lé chant du Cygne : « Tous ces ouvrages, dis-je, réunis en mes mains et por- tant en marge ue destination personnelle, sont des sou- vénirs de tous les jours, souvenirs doux et crüels tout à là fois, puisqu'ils rappellent de bien doux moménts passés et une séparation éternelle. En les destinant à la biblio- thèque du Muséum, j'ai voulu les mettre À l'abri d'une fA- chèuse dissémination et les recommander au culte de celti qui viendra un joür mé remplacer dans la direction de cet établissement scientifique. & El y a deux ans à peine, le prince Charles-Lucien Bo- naparte était à Marseille avec deux dé ses aimables et MÉLANGES PT NOUVELLES. 333 bonnes filles, tout nouvellement mariées, ei son jeune fils, l'abbé Bonaparte, si pieux et si sympathique à tant de ütres. « L’infatigable naturaliste se rendait en Portugal pour examiner les richesses ornithologiques de cette contrée du monde, dont le jeune monarque à enrichi son musée par: ticulier. « Le prince Charles-Lucien, en recevant mes adieux, ex- prima la crainte que ce seraient peut-être les derniers. Il parlit, et je l'accompagnai de tous mes vœux et de ma vive sollicitude. « À peine de retour, en 1856, il se livrait à de nouvelles excursions dans les divers musées d'Allemagne, de Hol- lande et de Belgique, tant était grande l’activité de cette vie laborieuse. Mais cette vie s’usait rapidement; ce flam- beau resplendissant allait bientôt s’éteindre, et le dernier voyage de l'homme de génie, devenu impuissant sous le souffle venu d'en haut, devait le conduire sur les bords de cette ile voisine, de cette énergique fraction de la mère patrie d’où la famille des Bonaparte s'est élancée vers Jimmortalité, sous la voûte sépulcrale qui abrite les dé- pouilles de son père, et non loin du monument où se trouvent les riches collections qu'il avait formées lui- même en vue de son instruction personnelle et pour l'avancement de la science. » M. Pucheran nous prie d'insérer la diagnose suivante : Nychtipithecus Spixii. — Simillimus N. Oseryi, sed pilis laterum griseo-argenteis. Espèce décrite d'après un individu qui a vécu à la mé- nagerie du Muséum. 336 REV. ET MAG. DE ZOÔLOGIE. (Juillet 1857.) TABLE DES MATIÈRES. Pages. Pucarran. — Notices mammalogiques. 289 Verreaux (J. et Ed.).— Pitta Mathilda. 303 Saussure (H. pe). — Crustacés nouveaux. 304 Tauqui (E.). — Passalus du Mexique. 308 Guérin-Méxevize, — Rapport fait à la Société impériale et cen- trale d'agriculture. 317 — Note sur les éducations des Vers à soie. 325 Académie des sciences. 329 Mélanges et nouvelles. 332 PARIS. — IMP. DE M®* V° BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'EPERON, 5. VINGTIÈME ANNÉE. — AOUT 1857. I. TRAVAUX INÉDITS. NoTicEs MAMMALOGIQUES ; par M. le docteur PucHERAN. C. Genre CeBus, Eræxl. C’est à M. Geoffroy père qu'appartient l'honneur d’avoir le premier commencé à jeter quelque lumière sur la dis- tinction des espèces de ce genre. MM. de Humboldt, Kubhl et Desmarest ont, à leur tour, suivi cette voie, dans la- quelle ont procédé, avec beaucoup plus d’hésitation, MM. J. A. Wagner et Burmeister. Dans la livraison du Catalogue de la collection du Musée de Paris, relative aux Primates, M. le professeur Geoffroy Saint-Hilaire fils, au contraire, est revenu hardiment à la tradition française, et nous devons avouer que, suivant nous, le progrès est dans cette direction. Nous sommes arrivé à établir de telle sorte notre opinion en examinant; pour les étiqueter, ainsi que l’exigent les fonctions qui nous sont confiées dans le Musée de Paris, les individus qui ont servi au tra- vail de M. Geoffroy, ainsi que ceux qui, depuis sa publi- cation, sont venus prendre place dans nos Galeries. Or ces derniers , par les caractères qu'ils nous ont offerts, ont tantôt confirmé l'existence des traits distinctifs signalés dans l'espèce à laquelle ils appartiennent, tantôt présenté des modifications de coloration assez importantes pour mériter une description détaillée. Nous avons pensé, dès lors, que la connaissance de ces nouvelles observations pourrait offrir une certaine utilité aux Mammalogistes, et que, à titre de documents pour la solution d’un des pro- 2 sine, r. 1x. Aunée 1857. 22 338 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1857.) blèmes les plus difficiles de la Zoologie, ils en accepte- raient les résultats sans trop de défaveur. Nous commen- çons par le Cebus apella. 1° Cebus apella, Erxl. C’est Linné lui-même qui a lé premier décrit cette es- pèce et en a donné une figure (1). Cette dernière complète la description dans laquelle se trouve bien signalée la couleur générale du corps (2), de même que celle de la tête, des membres et du prolongément caudal. Mais il n’est rien dit, dans le texte, ni de la tache humérale, ni des deux bandes, l’une noire, l’autre blanche, qui occupent la région céphalique. La planche, au contraire, présente bien ces deux caractères ; malheureusement, il est impos- sible de savoir quelle est la teinte de la région brachiale. De ce côté, par conséquent, on ne peut énoncer une opinion positive, sous le point de vue de la syno- nymie : il n’en est pas de même, au contraire, en ce qui concerne les deux bandes céphaliques. Nous avons pu, en effet, constater leur présence sur nos individus les plus typiques de Cebus apella, sur tous ceux qui sont ori- ginaires de Cayenne, même sur l’un de nos jeunes, qui présente seulement 36 centimètres de longueur, du bout du museau à la racine de la queue. Dans la planche de Ja même espèce donnée par Schréber (3), ce mode de colo- ration de la tête se trouve bien indiqué; mais la teinte du bras ne présente aucune maculature spéciale. Sous ce point de vue, par conséquent, il présente plus d’analogie avec ceux dont nous allons nous occuper. Chez ces derniers, en effet, dont M. le professeur (1) Museum Adolphi Friderici, p.1, pl.r. (2) Corpus. colore fuscum, seu e griseo nigricans, uli Martes, loc. cit. (3) PL. xxvrrr. TRAVAUX INÉDITS. 339 Geoffroy Saint-Hilaire fils a également parlé dans son Ca- talogue (1), la tache humérale n’existe vraiment pas : la coloration de cette région, de teinte peut-être plus pâle, est à peine différente de celle des flancs. La ligne médio- dorsale est plus foncée, plus noire, et, sous ce point de vue de même que sous celui de Ja coloration des membres, les ressemblances sont intimes avec le Cebus apella; mais, du côté de la région céphalique, les dif- férences deviennent très-saillantes. Chez le €. apella, en effet, le noir de la tête, interrompu seulement au-dessus de la région surcilière noire elle-même par le bandeau blanc dont nous avons parlé, le noir de Ja tête s'étend d’un côté à l’autre, de façon à ne pas permettre, même sur les parties les plus latérales, la manifestation d’une autre couleur. Dans nos exemplaires, au contraire, les poils noirs commencent dans la partie médiane de la région frontale et, allant rejoindre le grand espace noir situé entre les deux oreilles, ils forment ainsi une tache de forme triangulaire, à sommet antérieur. Chez l'un d'entre eux, ces poils s’allongent et commencent à s’é- lever en huppe : il en est ainsi chez celui envoyé du Brésil par Delalande, en 1816. Tous ceux, au reste, sur le compile desquels nous possédons des détails un peu exacts sous le point de vue de l'origine, nous viennent du Brésil; malheureusement nous n’en possédons aucun Qui, par sa taille du moins, puisse être considéré comme wraiment adulte. Ajoutons que, par la disposition de la &alotte céphalique, ils offrent une extrême ressemblance avec celui que Spix a décrit sous le nom de Cebus ma- erocephalus, et dont il a donné une figure (2); seulement la région brachiale est plus jaunâtre dans ce dernier, ce qui empêche, jusqu'à présent du moins, toute assimila- (1) Catalogue , etc., livraison des Primates (tous les individus Signalés sous la lettre e). (2) Loc, cit., tab. x. 340 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1857.) tion. Mais nous avons dû ne pas passer sous silence les différences que présentent d’avec le C. apella nos exem- plaires du Brésil, afin que les Mammalogistes puissent, si l’occasion s’en présente, en contrôler le degré de con- stance. Nous rapprochons de ces divers exemplaires un indi- vidu récemment acquis par la voie du commerce, et dont le Brésil nous a été également indiqué comme le lieu d’ori- gine. Le toupet médio-céphalique, à forme triangulaire, existe bien formé, mais les poils n’en sont pas redressés comme dans notre exemplaire envoyé par Delalande. La ligne plus foncée du milieu du dos existe encore, mais les côtés sont plus gris jaunâtre, de même que la partie pos- térieure de la face externe des cuisses. La région humé- rale en entier est plus jaunâtre encore, surtout en avant de son bord antérieur. Cette couleur jaunâtre un peu plus foncée empiète un peu sur la face externe de l’avant-bras. La couleur noire occupe en entier les avant-bras et les jambes, en dedans aussi bien qu’en dehors; il en est de même sur les quatre pattes, de même sur la queue, sauf une petite bande aux côtés de la base de la queue, d’un brun un peu rougeâtre. Tout le dessous est jaune clair à partir du menton. Un autre de nos exemplaires, au contraire, qui a récem- ment vécu à la Ménagerie (1854) nous paraît spécifiquement différent de tous ces types. Il est d'assez grande taille et mesure, la tête étant baissée, près de 50 centimètres du bout du museau à la base de la queue, le lien passant sur le dos. Le dessus du corps est d’un brun un peu rougeâtre, plus foncé sur la ligne médiane et d’un roux plus vif sur les poils des flancs. Cette teinte est également vive sur la face externe des cuisses. Dans toutes ces régions, les poils, noirâtres à leurs racines, sont couverts de petits anneaux, les uns noirs, les autres roux : leurs pointes sont noires. Le dedans des cuisses et les autres parties du membre postérieur sont d’un noir foncé; il en est de TRAVAUX INÉDITS. 341 mème pour le membre antérieur dans toute son étendue, mais sur la face externe de la région humérale se trouve une ligne, verticalement dirigée, de poils jaunâtres, rap- pelant la tache de tant d'espèces de ce genre, qui se trouve occuper la même région. Tout le dessous est noir ; il en est de même des côtés du cou et de la queue, moins longue que le corps, mais évidemment dépourvue de sa partie calleuse. Tout le dessus de la tête est noir également ; près de l'oreille, cer- fains des poils de la calotte céphalique paraissent avoir de la tendance à dépasser les autres. Ajoutons qu’en avant elle présente du blanc jaunâtre, par suite de la présence de poils de cette couleur. La face est noire. Cet individu nous paraît appartenir à une espèce encore inédite ; nous lui imposerons le nom de Cebus hypomelas. Mais de tous les Sajous plus ou moins semblables au Cebus apella, celui qui s’en éloigne le plus est un individu mort à la Ménagerie en 1829, et dont M. Geoffroy a déjà dit quelques mots (1). Dans cet exemplaire, à partir de la racine du nez, les poils noirs commencent déjà à former une huppe très-redressée et très-élevée, et à droite et à gauche de cette huppe médiane s’en présentent deux au- tres latérales qui s'étendent jusqu’au-dessus et en dedans des oreilles. En arrière de cette huppe, la calotte cépha- lique est noire aussi, et formée de poils plus aplatis; elle a une forme triangulaire, à pointe postérieure. Le dos est roux, lavé de brun noirâtre, et cette dernière nuance disparaît sur les flancs, qui paraissent occupés par des poils plus allongés et plus flexibles. Les poils du dos sont noirs dans la plus grande partie de leur étendue, ter- minés de brun noirâtre et largement annelés de roux dans le reste de leur étendue : une bande de cette couleur pré- cède la pointe; elle est elle-même précédée de noir (1) Catalogue, etc., livraison des Primates, p. 43. 342 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1857.) brunâtre ; sur les flancs, les poils sont presque uniformé- ment roux, le noirâtre de leur base est même plutôt brun foncé. Le dessous est de la couleur des flancs. Le bras est, en dedans, de la couleur des parties inférieures; en de- hors, de celle du dos, mais plus claire, les poils n'étant pas aussi foncés à la base : cette dernière teinte règne sur le bord extérieur de l’avant-bras, mais elle y est plus foncée. Il y a ici fort peu de roux sur les poils, et cette couleur n'existe vraiment qu’à la pointe, en dedans de l'avant-bras et à son bord supérieur. Les poils des mains sont noirâtres, ceux des doigts roux jaunâtre. Au membre postérieur, les cuisses et jambes sont, en dehors comme en dedans, noirâtres, nuancées, presque par places, de roux assez vif: au bord postérieur de cette dernière ré- gion, cette teinte seule est prédominante. Partout ail- leurs, un noir très-foncé occupe presque toute l'étendue du poil ; il existe fort peu de roux. La queue est presque en entier noire, mais à sa base, soit en dessus, soit en dessous, il existe du roux foncé à la pointe des poils. A la tête, les parties latérales du front et les joues sont couvertes de poils jaunâtres ; la face est bordée, en ar- rière, d’une collerette de poils noirâtres tiquetés de roux qui viennent, sur le menton, rejoindre ceux du côté op- posé. Longueur du bout du nez à la racine de la queue, plus de 50 centimètres; de la queue, au moins 55 centi- mètres. Cet individu, dont malheureusement le lieu de prove- nance nous est inconnu, et dont la tête est remarquable par son grand développement, a évidemment des rap- ports intimes soit avec le Cebus robustus, soit avec le Cebus macrocephalus. I se distingue du premier de ces types par les teintes moins vives de son pelage et par la coloration tout à fait différente de ses membres; du second non- seulement par cette dernière particularité, mais encore par l'absence de la bande médio-dorsale brune que Spix dit exister dans sonespèce.4l a des-rapports intimes'éga- TRAVAUX INÉDITS. 343 lement avec le Cebus libidinosus du même Zoologiste; mais, d’après la description de Spix, la coloration des poils paraît différente. Aussi cet individu nous semble- til constituer une espèce distincte, que nous désignerons sous le nom de Cebus crassiceps. 2° Cebus variegatus, Geoff. St.-H. Les caractères distinctifs de cette espèce, dont M. Geof- froy père avait déjà signalé (1) l'annélation particulière. du poil, annélation qu'aucune autre ne nous a présentée, ont été récemment bien établis par M. le professeur Geoffroy Saint-Hilaire fils (2). Un de nos individus qui a récem- ment vécu à la Ménagerie (de janvier 1853 à janvier 1854) est fauve rougeâtre sur les flancs, la presque totalité des membres (les pattes seules étant noires), le tiers supérieur et la moitié inférieure de la queue; le dessous est, en en- tier, d'un jaune rougeâtre. Cette même teinte existe sur le milieu de la région dorsale, qui se trouve cependant lar- gement lavé de noir, et présente la même coloration qui nous est offerte par les flancs dans la figure donnée par M. Frédéric Cuvier, sous le nom de Saï à grosse tête (3). Dans cet exemplaire, les favoris eux-mêmes sont devenus jaunes, ce qui le rapproche du Cebus libidinosus, Spix, qui offre également cette même particularité ; mais, malgré l'action morbide qui a déterminé ces teintes si spéciales, les poils de la région dorsale présentent la large bande jaunâtre qui succède au noirâtre de la racine, ainsi que cela a lieu dans les exemplaires dont le pelage est à l'état normal. Partout ailleurs, la teinte jaunâtre a tout envahi. Par la couleur noirâtre de sa face, au contraire, cet indi- (1) Annales du Muséum, vol. XIX ,p. 3. (2) Loc. cil., p.43. (3) Ménagerie du Muséum, ? édit., pl. Lxuv. 344 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1857.) vidu s’isole nettement de tous ceux auxquels nous le com- parons. Chez un autre (Ménagerie, 1845), la région dorsale est franchement noire, et les poils ne présentent point l’an- neau jaunâtre de leur partie médiane ; mais par tous ses autres caractères, c’est bien un Cebus variegatus. 3 Cebus niger, Geoff. St.-H.; Cebus frontatus, Kuhl, etc Tous ces types de couleur noire offrent beaucoup de variations dans la couleur des poils qui couvrent leur région faciale. Ainsi, je rapporte à la figure de Buffon (1), sur laquelle s’est basé M. Geoffroy père pour établir son espèce, la planche donnée par M. Frédéric Cuvier (2) sous le nom de variété du Sajou cornu. Un individu de la col- lection (Ménagerie, 1828) ressemble beaucoup à cette figure ; il présente, à droite et à gauche, les touffes de poils noirs de la région céphalique. Le bandeau frontal est d’un blanc un peu jaunâtre ; ceux qui couvrent la face sont de la même couleur. Quant au Sajou appelé Sajou cornu par M. Frédéric Cuvier (3), la tache blanche des joues ne dépasse pas les angles du front : c’est la disposition signalée par Kuhl dans la description de son Cebus lunatus (4). Les deux individus déterminés autrefois par Kubhl lui- même sous le nom de Cebus frontatus dans le Musée de Paris (5), et qui sont ses types, sont également différents sous ce point de vue. Chez l’un, la face est couverte de poils fauves, et le faisceau de poils noirs qui surmonte (1) Supplément, vol. VIE, pl. xxvru, p. 109. (2) Mén., ete., pl. vxnr. (3) Mén., etc., pl. zxur. (4) Loc. cit., p.37. Macula genarum semi-lunala alba, a super- ciliis ad os utrinque producta. (5) Kubl, loc. cit., p. 34. TRAVAUX INÉDITS. 345 le front est entamé, de chaque côté, au niveau de l'angle interne des yeux, par des poils roussâtres. C’est un commencement de la disposition qu'offre, dans la même région, la figure du Cebus cirrifer donnée par le prince Maximilien de Neuwied (1), espèce différente de celle dé- crite sous le même nom par M. Geoffroy père, ainsi que l’a fait récemment observer, et avec raison, M. Bur- meister. Chez le second des types, la face est couverte de poils noirs. Chez un troisième individu enfin, plus récemment entré dans nos Galeries (Ménagerie, 1855), les poils de la calotte divergent à partir d’un point médian et se portent en ayant. Le bandeau frontal, très-peu marqué, est jaune, et les poils qui couvrent les joues sont jaunes aussi. C’est près de ces espèces, dont la distinction est encore obscure, que vient se placer le Cebus vellerosus (2), origi- naire, comme elles, du Brésil, mais chez lequel les pattes ont, aux deux membres, de la tendance à se couvrir de poils blancs. 4° Cebus castaneus, Is. Geoff. " Un quatrième individu (Ménagerie, 1854) est venu se joindre aux trois dont a déjà parlé M. Geoffroy (3). Les teintes en sont plus foncées et plus jaunâtres, les anneaux de poils étant plutôt jaunâtres. La calotte céphalique est bien dessinée, mais elle est noirâtre, comme chez l'indi- vidu femelle envoyé de Cayenne par M. Martin (1819). Nonobstant ces dissemblances, nous ne pensons pas que notre détermination soit contestable. Ce fait confirme de nouveau, à nos yeux, la réalité de la distinction que M. Geoffroy a établie entre cette espèce (1) Abbildungen, etc. (2) Catalogue, p. #4. (3) Loc. cit., p. 46, 346 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1857.) et le Cebus capucinus des auteurs. Reste à savoir si le Cebus castaneus ne constitue pas un synonyme du Cebus olivaceus de M. Schomburgk (1). Nous avons dit ailleurs (2) que l'individu récemment figuré par M. J. A. Wagner (3), et considéré par lui avec doute comme appartenant à une variété du Cebus olivaceus, ne différait pas du Cebus casta- neus. Cette opinion nous paraît plus certaine encore que dès les premiers moments où nous l'avons émise. En outre, nous ayons pu comparer à nos types la description de M. Schomburgk , et nous avons pu nous convaincre que les deux espèces sont entièrement semblables. Sans nul doute, les diagnoses ne sont pas absolument identiques, mais tous les Zoologistes sayent qu’en ce qui concerne l'appréciation des teintes elle varie avec les observateurs. Mais, comme les deux Zoologistes cités plus haut ont l’un et l’autre distingué cette espèce par sa taille plus grande par rapport au Cebus capucinus des auteurs, comme les sujets qui leur ont servi pour cette distinction sont origi- naires des mêmes lieux, nous pensons que l’analogie que nous signalons est vraiment exacte. 5° Cebus versicolor, Pchr. M. Burmeister a récemment émis l’opinion (4) que cette espèce ne différait pas du Cebus nigrivittatus de MM. Nat- terer et J. A. Wagner. Cette assertion est essentiellement inexacte ; en appliquant à l'individu qui m'a servi de type la description de M. J. A. Wagner (5), j'ai constaté, en effet, beaucoup de différences et fort peu d'analogies. Ainsi, la (1) Reisen in British Guiana, Band IT, p. 246. (2) Procès-verbaux de la Société philomathique de Paris, 1856, p. 34. (3) Supplément aux Mammifères de Schréber, 1855, pl. vu. (4) Abhandlungen der Naturforschenden gesellschaft zu Halle, zweiler Band, p. 124. (5) Abhandlungen der Bayerischen Academie, ete., vol. V, p.430. TRAVAUX INÉDITS. 347 bande de poils plus longs, de couleur noire, qui, dans le Cebus nigrivittatus, est indiquée comme s'étendant depuisle front jusqu’à la calotte céphalique, n'existe pas dans le Cebus versicolor ; en second lieu, Le devant du cou, la partie supé- rieure de la poitrine, les épaules et tout le membre antérieur sont dans Cebus nigrivittatus, d'après M. Wagner, couverts de poils jaune blanchâtre : il n’en est pas ainsi dans C. versicolor. Je n’observe pas non plus, dans ce dernier, le jaune fauve brillant qui, dans Cebus nigrivittatus, devient la couleur ‘prédominante au côté interne et antérieur des mem- bres postérieurs. Je passe même sous silence, pour ne pas entrer dans des détails fastidieux, bien d’autres diffé- rences. Je regarde donc, jusqu'à preuve du contraire, le Cebus versicolor comme une espèce bien établie. Ainsi que l’a déjà dit M. Geoffroy, elle est remarquable par sa grande taille (1). En réfléchissant que le seul individu que nous connaissons vient des hauts plateaux de Santa-Fé de Bogota, tandis que le type homologue, le C. chrysopus, vient de parties moins élevées au-dessus du niveau de la mer, on sera porté, sans nul doute, à voir un certain rap- port entre la différence des tailles et celle des lieux ha- bités. Dans ce cas, le développement de ce dernier carac- tère serait en rapport direct avec l'altitude. Ce fait est sûrement confirmé par les renseignements que nous pos- sédons relativement aux Lagotriches ; il l’est surtout par celte assertion de M. Schomburgk (2), qu'il n’a pas ren- contré le Cebus olivaceus au-dessous d’une hauteur absolue de 3,000 pieds. . 6° Cebus chirysopus, Fr. Cuv. Nous avons reçu, depuis 1852, trois individus du Sajou (4) Loc, ril,, p. 47. (2) Loc. cil., p. 247. 348 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1857.) à pieds dorés. Chez l’un (Ménagerie, 1852), la couleur blanche du front occupe, d'avant en arrière, un espace beaucoup moins étendu. Dans cette même région, les poils de la tête sont dirigés d’arrière en avant, et forment, d’un côté à l’autre, une crête qui s'élève au-dessus des sourcils. Les poils qui bordent , en avant, la calotte cé- phalique sont plus allongés que dans nos autres exem- plaires. La longueur du corps, depuis le bout du museau jusqu’à la racine de la queue, atteint, le lien passant sur le dos, 39 centimètres 1/2; la queue mesure, le lien sui- vant le contour terminal, près de 55 centimètres. Chez un autre (Ménagerie, 1851), la coloration est en tout semblable à celle des Cebus chrysopus, maïs la calotte est plus foncée et les flancs sont plus bruns. Les membres, soit en avant, soit en arrière, sont d’un roux vif se-rap- prochant, par la vivacité de leur teinte, de la couleur rouge ; il en est de même de l'arrière du dos sur sa partie médiane. Le troisième (Ménagerie, 1853), enfin, est sûrement le plus décoloré de ceux que nous avons vus. Il est dépourvu, en effet, des teintes roux doré qui, dans cette espèce, occupent les membres et la partie médiane du dos : toutes ces régions sont, chez lui, d’un brun foncé. Ajoutons, et ce renseignement nous paraît doué d’une certaine impor- tance, qu'il nous a été donné comme originaire des forêts de Guayaquil. 7° Cebus hypoleucos, Geoff. St.-H. J'ai exposé ailleurs (1) les motifs qui m'ont déterminé à émettre l'opinion que cette espèce constitue un véritable synonyme du Simia capucina de Linné. Depuis cette épo- (1) Procès-verbaux de la Société philomathique de Paris, 1856, P. 34. TRAVAUX INÉDITS. 349 que (mai 1856), cette idée s’est de plus en plus confirmée dans mon esprit. Je crois donc devoir entrer de nouveau, à ce sujet, dans quelques détails. La description initiale de Linné se trouve, accompagnée d’une planche, dans le Musœum Adolphi Friderici. C'est à ce travail qu'il faut, dès lors, recourir pour déterminer cette espèce, sans s'inquiéter le moins du monde, de prime abord bien entendu, si, dans les éditions du Systema na- turæ, qui ont suivi la publication de l'ouvrage que nous venons de citer, des caractères qui lui sont étrangers n'ont pas été indiqués comme lui appartenant. Voici maintenant, entière et complète, cette description : Simia imberbis nigra, cauda longe hirsuta, facie flaves- cente. Viva itidem in Museo occurrit. Corpus magnitudine cati, atrum pilo laxo longiusculo ; at facies et maxima pars ca- pitis, eæcepto pileo nigro, pallide flava est una cum pectore ad flexuram usque cubitorum. Facies nuda est, parva et in- carnata. Oculi nigri. Nares simæ, proluberantes quasi duobus tuberibus, hiantibus et patulis foraminibus, hinc fere bifidæ, obtusissime ; basis narium inter oculos carinata est. Aures rotundæ, pilosæ. Cauda corpore longior, valde hirsuta, et propemodum lanata, incurva, quam sæpius ante pectus vel supra scapulas inflectit (1). Cette diagnose ne nous paraît pouvoir s'appliquer qu’au Cebus hypoleucos. La teinte jaunâtre du front, de la gorge, de la partie antérieure du bras est, en effet, parfaitement saisissable chez certains de nos exemplaires tout récem- ment montés, et dont l’un, qui a vécu, comme ses congé- nères, à la Ménagerie, nous a été envoyé de Sainte-Marthe par M. Fontanier. Je dois ajouter que, dans la Ménagerie du Muséum, j'ai vu quelques individus présenter ce ca- ractère, que la mort et peut-être les progrès de l’âge font disparaître. L'influence de ces deux causes ne doit sûre- (1) Museum Adolphi Friderici, p. 2, pl. u. 350 REV. ET MAG. DE Z0OLOGIE. (Août 1857.) ment pas être révoquée en doute; ne savons-nous pas, en ce qui concerne la première, qu'après la mort disparaît, chez le Cercopithecus Roloway, la teinte orange des parties inférieures (1) ? Voyons maintenant si les divers auteurs qui ont décrit le Cebus hypoleucos ont tous omis le caractère que nous citons : nous ne parlons que de celui-là, car, en ce qui concerne les autres, il y a concordance parfaite entre les diagnoses des Zoologistes. Voici ce que dit Daubenton dans la description du Saï à gorge blanche : Le poil du front, des tempes, des joues, des oreilles, de la mâchoire in- férieure, du dessous ct des côtés du cou, de la partie anté- rieure de l'épaule, le poil de la face externe du bras et celui du milieu de la poitrine étaient d'un blanc sale et jaunä- tre, etc. (2). Évidemment on ne peut nier que l'indication ne soit formelle. M. de Humboldt est tout aussi explicite à ce sujet : Facie, collo, pectore, humeris et brachiis (haud antibrachiis) ex albo flavescentibus, dit-il en deux endroits différents de ses travaux sur les Singes (3). J'en dirai autant de M. Des- marest (4), qui paraît, il est vrai, n'avoir pas fait autre chose que copier la description de Daubenton. Présentement, le Simia hypoleuca de M. de Humboldt appartient-il à la même espèce que le Cebus hypoleucus de M. Geoffroy père? M. Geoffroy (5) ne cite cette synonymie qu'avec doute, et Kuhl (6) prétend même que le Simia hy- poleucos de M. de Humboldt pourrait bien ne pas différer du Cebus robustus du prince de Neuwied. M. I. A. Wag- ner dit positivement, dans son dernier Supplément aux () Is. Geoff., Voyage de la Vénus, part. Mamm., p. 26. (2) Hist, nat., t. XV, p. 64. (3) Loc. cil., p. 337 et 356. (4) Mammalogie , p. 85. (5) Loc. cil., p. 112. (6) Loc. cil., p. 37. TRAVAUX INÉDITS. 351 Mammifères de Schréber (1), que le Simia hypoleuca de M. de Humboldt paraît ne pas appartenir à la même es- pèce. M. Burmeiïster, au contraire, réunit les deux types (2). Cette opinion me paraît exacte ; sans nul doute, M. Geof- froy n’a pas signalé dans sa diagnose la teinte jaunâtre des parties blanches dans son Cébus hypoleucus, comme l'a fait M. de Humboldt, mais cette différence d’apprécia- tion dans la teinte s'explique, évidemment, par cette circonstance que sa description a été faite d’après un in- dividu monté, ayant même peut-être vécu en captivité, tandis que celle de M. de Humboldt l’a été, sans nul doute, d’après le vivant. Ce que dit ce dernier Zoologiste du mode de coloration du prolongement caudal, qu'il dit (3) être brun rougeûtre, tandis que le plus fréquem- ment les poils de cet organe sont vraiment noirs, ne nous paraît pas un obstacle à l'assimilation des deux espèces, car il n’est personne qui ne sache combien, dans tous ces iypes , les variations de couleur peuvent se multiplier. C'est ainsi que, tout récemment, j'ai eu occasion d'ob- server un individu originaire de Santa-Fé de Bogota chez lequel la queue était abondamment pourvue de poils d’un blanc jaunâtre. De tous les détails dans lesquels nous venons d'entrer, il nous paraît résulter que le Simia capucina de Linné ne diffère pas du Cebus hypoleucus de M. Geoffroy. Il est évi- dent, en outre, que c'est une espèce toute différente que les Zoologistes modernes ont décrite sous le nom de Ce- bus capucinus. J'ai cru un instant, et je l'ai même im- primé (4), que le Cebus olivaceus de M. Schomburgk pou- vait être le même que le dernier de ces types; mais, (1) Loc. cit., p. 88. (2) Loc. cil., p. 114. (3) Loc. cit., p.337. , (4) Procès-verbaux de la Société philomathique de Paris, 1856, p. #4. 352 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1857.) depuis que j'ai pu lire le texte de M. Schomburgk, je me suis convaincu que son Cebus olivaceus en était différent, et qu’en ce qui concerne le Cebus capucinus décrit dans son voyage il avait adopté l’opinion généralement reçue en Mammalogie. J'ajouterai, en terminant, que c’est le Cebus capucinus des modernes que M. Dallbom a récem- ment (1) proposé de désigner sous le nom de Cebus Puche- rani, Dallb., souvenir dont je lui suis très-reconnaissant si surtout, ainsi que j'ai tout lieu de le penser, il a proposé cette dédicace, en souvenir de nos rapports de bon con- frère pendant son trop court séjour à Paris. C. Genre Nycarrrirecus, Sp. Le seul individu de ce genre dont se soit récemment enrichie la belle collection de Primates du Musée de Paris (Ménagerie, février 1852) est sûrement , comme espèce, différent de tous ceux qui y existent déjà. Il se rapproche, par la taille, du Nychtipithecus felinus, mais est porteur d'un pelage moins long, moins feutré que celui de cette dernière espèce : sous ce dernier point de vue, il ressem- ble plus au Nychtipithecus Oseryi. Le poil, au reste, en est doux et allongé. La nuque et le dessus du cou sont d’un gris un peu jaunâtre ; les flancs sont gris : il en est de même de la face externe des membres de derrière; ceux de devant sont, en dehors, plus noirâtres, en de- dans plus blanchâtres. Les pattes sont noirâtres, sur- tout en avant. Le long du milieu de la région dorsale règne une bande d’un brun roux, qui s'étend jus- qu’à la racine de la queue. Cette même couleur occupe, mais fort affaiblie, le cinquième antérieur de la face su- périeure du prolongement caudal ; ensuite elle se nuance de plus en plus de noirâtre jusqu’à sa partie médiane; à (1) Zoologiska Studier. TRAVAUX INÉDITS. 353 partir de cette teinte, la couleur noire occupe en entier cet organe. Sur les flancs et à la face externe du membre postérieur, les poils sont simplement noirâtres à leur racine et gris argenté dans le reste de leur étendue; s'ils offrent des anneaux noirâtres, ces derniers sont presque impercep- tibles. Sur la nuque et le dessus du cou, la couleur grise se nuance de jaunâtre, et le noir de la racine occupe plus d’étendue : cette dernière disposition est surtout manifeste à la face externe du membre antérieur. Sur le milieu du dos, les poils sont, sauf leurs racines et leurs pointes noires, presque en entier roux. Voici, maintenant, la disposition des bandes de la ré- gion céphalique : sur la partie médiane, on observe une bande noire, d’abord quadrangulaire, allant ensuite en diminuant de largeur de façon à disparaître en arrière, au niveau d’une ligne allant, transversalement, d’un côté à l’autre, à l'arrière de l'oreille. A droite et à gauche de cette ligne, s’en trouve une autre, commençant au-dessus du sourcil par une large tache blanchâtre et qui, au lieu d’être verticale comme celle du milieu, va de plus en plus s'infléchissant en dedans, et diminuant d’étendue à mesure qu'elle se rapproche de l'extrémité postérieure de la bande médiane; le blanchätre de ces deux bandes latérales se nuance de jaunâtre dans les deux Liers postérieurs de leur trajet; enfin, en dehors de ces deux dernières, à droite et à gauche, se trouve une bande noire moins large que celles qu'elle borde, plus large au contraire et plus uniforme dans son trajet que celle du milieu, suivant, de dehors en dedans, une direction oblique et dépassant à peine, en ar- rière, le niveau de l'oreille. Les côtés de la face et du cou sont gris argenté, ainsi que le menton. 1 en est de même de la partie antérieure de la seconde de ces régions où cette couleur se nuance de noir, puis jaunit un peu. Le thorax, l'abdomen, la face interne des membres antérieurs à leur racine, celle des 2° sine, +, 1x, Année 1857, 23 354 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1857.) membres postérieurs dans une plus grande étendue, sont fauve clair. La queue est noire en dessous dans la moitié postérieure de son étendue; dans l’antérieure, toujours en dessous, elle est d’abord d’un roux un peu rouillé, puis gris jaunâtre. Cet individu mesure [le lien passant sur le dos) 0",376 du bout du museau à la racine de la queue; ce dernier organe, malheureusement mutilé, présente (mesuré en dessous) 07,254. Nous ne pouyons malheureusement donner aucune in- dication sur le lieu de provenance de cet exemplaire, qui, par son mode de coloration, présente des rapports multi- ples avec la plupart des espèces déjà connues. Ainsi, par la teinte gris argenté de ses parties latérales et de la face externe de ses membres, il se rapproche du Simia trivir- gata, Humb.; il s’en distingue par la plus grande étendue de la couleur noire sur le prolongement caudal, car M. de Humboldt dit que dans le Douroucouli l'extrémité seule de cet organe présente du noir. Il s’en distingue encore par la disposition des bandes de la tête, qui ne sont point pa- rallèles, mais dont les deux latérales noires convergent vers la raie médiane. Fort semblable, au contraire, sous ce dernier point de vue, au MN. Oseryi, Is. Geoff. (1), il offre un pelage moins feutré et de couleur grise. Par la disposition des bandes céphaliques, il offre encore beau- coup d’analogies avec le Nyct. infulatus de M. Gray (2); mais il est sûr que tout son pelage est plus clair. M. Gray omet, dans son texte, de signaler la teinte gris argenté de notre espèce, et, comparant son type au Douroucouli, il le dit de couleur plus foncée, et décrit ce dernier comme gris jaunâtre. Aussi croyons-nous notre espèce entière- ment nouvelle, et, jusqu’à plus ample informé, nous la dé- (1) Gatalogue, ete., p. 39. (2) Gleanings from the Menagerieand Aviary at Knowsley Hall, p.1,pli. TRAVAUX INÉDITS. 355 signerons sous le nom de Nychtipithecus Spiæii, en l’hon- neur du Zoologiste auquel la science doit la création du genre Nychtipithecus. C. LÉMURIDÉS. Nous dirons seulement, en ce qui concerne cette famille de Primates, que le Musée de Paris a reçu du Gabon (M. Aubry Lecomte) le Perodicticus Potto, le Galago Al- leni et l'Otolicnus Peli, si semblable au Galago Demidoffi. L’habitat de ces espèces est donc plus austral que ne l’ont jusqu'ici admis les Mammalosgistes. Telles sont les observations que nous avons eu occasion de faire sur les Primates depuis 1851, époque de la pu- blication de la livraison qui leur est consacrée dans le Catalogue méthodique des collections du Musée de Paris. C'est aux Carnassiers que nous consacrerons notre pro- chaine Notice, et, si Dieu et le temps nous le permettent, nous espérons pouvoir en opérer la publication dans le courant de l’année 1858. {La suite prochainement.) Nore sur l'Echinus lividus de l'Océan considéré comme espèce perforante ; par M. Marcel DE SERRES. MM. Caillaud et Lory ont admis que les Oursins de l'Océan rapportés à l’£chinus lividus de Lamarck (1) avaient des habitudes essentiellement perforantes, et qu'aussi ils pratiquaient dans les rochers des trous plus ou moins profonds pour y passer leur vie. D'un autre côté, il est reconnu par la plupart des observateurs, et par M. Lory lui-même, que les Oursins de la Méditerra- née ne creusent pas les pierres pour s'y loger. En effet, (1) Histoire des animaux sans vertèbres, 1. HE, p. 50, n° 8. 356 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1857.) ceux du golfe d’Ajaccio qui vivent auprès des côtes for- mées par des granits désagrégés comme les granits de Guérande (Bretagne) n’y ont pas opéré la moindre perfo- ration. Ces radiaires profitent seulement, comme lieu de retraite, des anfractuosités des rochers (1). Aussi M. Lory fait remarquer que, si l'Echinus lividus de l'Océan est réellement le même que celui de la Médi- terranée, ces Oursins auraient des mœurs bien différentes, suivant qu'ils habiteraient l’une ou l’autre mer. Ces mœurs diverses ont été constatées, pour les Oursins de la Méditerranée, par MM. Deshayes, Lory et par nous- même. En effet, le premier n’a jamais vu, sur les côtes de l'Algérie, les Oursins se creuser des trous dont, selon lui, il serait assez difficile de comprendre de quelle utilité ils pourraient leur être, car, une fois abandonnés, ces ra- diaires ne sauraient plus les retrouver. Il ne paraît pas non plus à M. Valenciennes que l'Echinus lividus de Mar- seille et des côtes de la Provence ait des habitudes perfo- rantes. Aussi cet habile zoologiste suppose qu’il pourrait se faire que les Oursins de la Bretagne ne fussent pas de la même espèce que ceux des bords de la Méditerranée (2). Les mêmes radiaires qui habitent l'Océan cherchent à se créer un abri contre les brisants des vagues, et, pour ÿ parvenir, ils creusent de petites cavités dans les rochers, dans lesquels ils s’enfoncent plus ou moins profondément. Ils n’ont pas à craindre d'y périr de faim, les flots de l'Océan leur apportent une assez grande quantité de Crus- tacés et de petits Mollusques pour leur servir de nourri- ture. I y a donc nécessité, pour les uns, de se loger dans l'in- térieur des pierres, tandis que les mêmes besoins n’exis- (1) Bulletin de la Société géologique de France, t. XII, p. 43, 2° série. (2) Revue el Magasin de zoologie, n° 11, 1856, 2 série, p. 524, XIX: année. TRAVAUX INÉDITS. 9557 tent pas pour les autres, qui vivent dans une mer sans marées et sans les circonstances qui en dépendent. En présence de ces faits et en admettant que ces Oursins sont réellement les mêmes, on se demande si d’autres espèces perforantes ne présenteraient pas des faits analogues pro- pres à nous faire comprendre à quelle circonstance on doit attribuer la diversité des mœurs de ces radiaires. Les Pholades, qui percent les pierres et les bois, sont certainement des Mollusques térébrants. Ces animaux n’ont pourtant pas constamment les mêmes habitudes, car ils vivent parfois dans les sables, où ils se bornent à s’en- foncer dans les conduits qu’ils se sont pratiqués. Ces faits n'avaient pas échappé à Lamarck, qui les a signalés sans en comprendre peut-être toute la portée (1). Un autre fait non moins remarquable que Lamarck paraît n'avoir point connu vient à l'appui de ceux que nous venons de citer. La Petricola ochroleuca, dont les habitudes sont essentiellement perforantes quand elle vit dans la mer, se borne, lorsqu'elle habite les étangs salés de la Méditerranée, à s’enfoncer dans la vase, sans percer les pierres ou les rochers pour s’y loger et y passer sa vie. Ces observations, auxquelles il nous serait facile d’en ajouter d’autres, nous font comprendre que les mœurs des espèces animales peuvent changer lorsque les circon- stances sous l'influence desquelles elles vivent éprouvent de notables modifications. On n'a pas, du reste, à se demander comment les Our- sins peuvent percer les pierres, même les plus dures, car ils sont armés d'un appareil buccal composé de parties solides et résistantes susceptibles de mouvements variés, qui leur en donnent et leur en facilitent les moyens. Si les radiaires de la Méditerranée ne s'en servent pas pour (1) Système des animaux sans vertèbres, t. V, p. 445. Paris, 1818. 358 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1857.) le même usage, c’est probablement parce qu'ils n’en ont besoin que pour assouvir leurs appétits gloutons. Il reste, toutefois, à savoir s’il en est de même des Oursins qui vi- vent dans les mers intérieures autres que la Méditerranée. Ce sujet d'observation est assez curieux pour exciter le zèle des naturalistes voyageurs. Si leurs observations con- firment ce que nous venons de présumer, ce sera un exemple de plus à ajouter à ceux qui prouvent l'influence que les circonstances extérieures exercent sur les mœurs des animaux (1). Depuis ces observations, M. Caillaud nous a adressé plusieurs Oursins qui, d’après lui, se rapportaient à l’es- pèce décrite par Lamarck sous le nom d’Echinus lividus. Ces Oursins nous ont permis de nous assurer qu'ils ne différaient pas de ceux de la Méditerranée que nous avons rapportés à l'Echinus lividus. Mais comment se fait-il que cette espèce ne soit pas térébrante, tandis qu’il en est le contraire de la même espèce de l'Océan? Nous avons, dans ce travail , cherché À reconnaître la cause de cette différence, et nous espérons, à l’aide des recherches aux- quelles nous nous livrons, la déterminer avec plus de pré- cision que nous avons pu le faire jusqu’à présent. Les derniers travaux de M. Cailliaud nous ont donné la preuve que les Pholades se servent principalement de leurs organes ainsi que de leurs coquilles pour creuser les trous dans lesquels ils s’enfoncent; mais ils n’ont nal- lement démontré que les Mollusques, et encore moins les Zoophytes, ne sécrètent pas une humeur particulière propre à les faciliter dans cette opération, qui ne laisse pas que d’avoir pour ces animaux quelques difficultés. (1) Un fait non moios digne d'attention que ceux que nous yenous de rappeler semble le faire présumer : on assure que les Abeilles transportées dans l'Amérique méridionale ont discontinué à donver du miel dès qu'elles ont reconnu qu'il existait, dans toutes les sai- sons, un assez grand nombre de fleurs pour leur servir de nourri- ure. TRAVAUX INÉDITS. 359 Nous croyons avoir prouvé que plusieurs Mollusques sé- crétaient une pareille humeur, ét qu'ils lui devaiént, en partie, le moyen de creuser les pierres les plus durés ; seu- lement nous ne l'avons pas fait pour les espèces du génre Pholade en particulier, par la raison toute simple qué ce genre ne se trouve pas dans la Méditerranée, dont nous sommes si rapprochés. Nore sur une nouvelle espèce d'OrTHOPrÈRE pu MEXIQUE {Acridium Velazquezii); par M. José-Apollinario Niro (f). L’Acrididé qui fait le sujet de cette Note ressemble, sous plusieurs rapports, à une espèce désignée par Fabri- cius sous le nom de Gryllus flavicornis, Entom. syst., €. WI, p-%2, n° 23; elle n'est pas rare dans les bois des Haciendas, du Potrero et de San Francisco, à 3 lieues au-dessous de la ville de Cordova (État de Vera-Cruz). Aussitôt que les pluies de juin commencent, on rencontre déjà cette nou- velle espèce dans un état de développement plus ou moins avancé, et vers le milieu de juillét on trouve alors des individus adultes, c'est-à-dire ayant subi leur dernier changement de peau. C'est aussi l'époque à laquelle cette espèce s'accouple, et, aussitôt que cette fonction a été remplie, on trouve souvent des femelles déposant leurs œufs dans la terre : ceux-ci sont par groupes de trente- cinq à quarante, et placés à une profondeur égalant en- viron 50 à 55 millimètres. I ne m'a pas encore été pos- sible, jusqu'à présent, de vérifier le temps que ces œufs passent en terre jusqu'à l’éclosion de la larve, mais il est probable que quelques jours suffisent, car il est à remar- quer que ces Orthoptères vivent par groupes de vingt- cinq jusqu'à cent individus de différents âges, el que j'en (1) Cette notice a été lue à la Société entomologique de Fratice daus sa séauce du 10 septembre 1856, 360 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1857.) ai trouvé ayant 12 millimètres de longueur avec d’autres qui, déjà, avaient subi leur dernier changement de peau. Les mois pendant lesquels cet Acrididé est le plus abon- dant sont ceux de juillet, d'août et de septembre; il se nourrit d'une espèce de chêne très-commun dans ces fo- rêts, et dont le feuillage disparaît presque entièrement sous la dent dévastatrice de cet Acridium. C'est en 1854 que j'ai découvert cette jolie espèce, dont je ne connais que la femelle; je la dédie à S. Ex. Mgr. don Joaquim Velazquez de Léon, ministre des encouragements (fomento) de Mexico, en témoignage de mon estime. Acrinrum Vecazqueznt, Nieto.— A. simillimum 4. flavicorni, Fabr. Capite parvo, viridi, fortiter punctato; thorace viridi, granulato, maxime carinato, carina fortiter compressa, rubescente; elytris alis- que angustioribus quam in 4. flavicorni, primis viridibus, secundis translucentibus, rosaceo-violaceis margineque externo virescente ; abdomine compresso, subtiliter carinato flavo-virescente; pedibus virescentibus; femoribus tertü paris extus albo-bilineato-maculatis ; tibiis supra rosaceis infra yirescentibus. — Long., 70 à 75 mill.; lat., 135 à 145 mill. — Mare ignoto. (Voir notre pl. 12.) Femelle. La tête, proportionnellement plus petite et moins large que dans l’Acridium flavicorne, est d’un vert plus ou moins foncé ; ses parties latérales et toute sa face sont couvertes de points assez gros, arrondis, profondé- ment marqués, tandis qu'en dessus et dans toutes les ré- gions qui avoisinent les orbites élle est entièrement lisse ; quant aux carènes faciales , elles sont bien moins pro- noncées que chez l’Acridium flavicorne. Les dix premiers articles des antennes sont d’un vert clair, avec les suivants d’un fauve roussâtre. La lèvre supérieure, les mandibules ainsi que les palpes labiaux et maxillaires sont d’un vert pâle. Le prothorax est grand , très-rugueux , entièrement d’un vert pâle, avec la carène qu'il présente en dessus beaucoup plus élevée que dans l’Acridium flavicorne; de plus, si on compare les dents qui forment cette carène TRAVAUX INÉDITS. 361 avec celles de l’Acridium flavicorne, on voit que celles de lAcridium Velazquezi sont plus grandes, beaucoup plus fortement comprimées, et que la première dent recouvre toujours d’une manière très-sensible la base de la tête ; il est aussi à remarquer que ces dents, au lieu d’être ver- tes, sont d'une belle couleur rouge; les côtés rabattus sont sillonnés comme chez l’Acridium flavicorne, mais ces sillons sont moins distinctement accusés que dans cette espèce. Les élytres, presque d’égale largeur dans toute leur longueur, sont sensiblement plus étroites que celles de l’Acridium flavicorne ; elles sont, en dessus et en des- sous, verdâtres, avec les nervures qui les parcourent plus pâles. Les ailes sont transparentes et beaucoup plus étroites que dans l’Acridium flavicorne ; tout le disque interne, au lieu d’être d’un rose tendre, comme chez cette espèce, est, au contraire, d'un rose légèrement violacé, avec les ner- vures et tout le bord antérieur de cette couleur; à leur extrémité, elles sont noirâtres ; le dessous ressemble entiè- rement au dessus. L'’abdomen , comprimé et finement ca- réné dans toute sa longueur en dessus, est lisse et entiè- rement d'un jaune verdâtre luisant. Le sternum, irréguliè- rement ponctué en dessous et sur ses parties latérales, est d'un jaune verdâtre. Les pattes des première et seconde paires sont verdâtres, avec les tibias et les tarses rougeà- tres: celles de la troisième paire sont verdâtres, et les fémurs, au lieu de présenter à leur côté externe une seule rangée de taches blanches, sont, au contraire, parcourus par deux rangées de taches de cette couleur ; les tibias sont roses en dessus, verdâtres en dessous ; les épines dont ils sont armés sont verdâtres et leur extrémité noirâtre ; les larses sont rougeâtres. Cette espèce, dont je ne connais pas le mâle, vient se ranger tout à côté de l'Acridium flavicorne de Fabricius, avec lequel elle ne pourra être confondue à cause de la carène plus saillante et plus comprimée de son prothorax, des élytres et des ailes, qui sont plus étroites, et de la cou- 362 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1857.) leur de celles-ci, qui sont d'un beau rose violacé au lieu d’être d’un rose tendre comme chez l’Acridium flavicorne. Cet Acridium est abondamment répandu, pendant les mois de juillet, d'août et de septembre, dans les bois des Haciendas, du Potrero et de San Francisco, à 3 lieues au- dessous de la ville de Cordova (État de Vera-Cruz). II SOCIÉTÉS SAVANTES. ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS. Séance du 3 août 1857. — M. E. de Bray adresse la Note suivante sur le Bœuf musqué (Oomingmak des Esqui- maux) : « Le Bœuf musqué que j'ai eu l'honneur d'offrir au Muséum d'histoire naturelle, et dont le crâne et les cornes sont sous les yeux de l’Académie, a été tué par moi, le 1% mai 1853, dans le nord de l’île Melville, sur la pointe Nias (baie Hécla et Gripper). Je faisais partie de l'expédi- tion aretique anglaise envoyée à la recherche de sir John Franklin (1852, 1853, 1854), et j'étais embarqué sur le Resolute, capitaine Kellet, K. C. B. « Le Bœuf musqué est, comme on sait, un habitant des latitudes élevées de l'Amérique du Nord, et étend ses do- maines jusqu'au delà du cercle arctique. « Il est de petite taille. Sa longueur totale (de la base des cornes à la racine de la queue) est de 2,15 chez le mâle et de 4*,55 chez la femelle, et sa hauteur de 1",42 en avant et 4",75 en arrière chez le mâle : la femelle à environ 2 centimètres de moins en hauteur. « On a depuis longtemps signalé la forme si caractéris- tique des cornes, qui sont larges à la base et aplaties de manière à former une espèce de casque couvrant le front. L'animal est très-remarquable aussi par ses oreilles et sa queue extrêmement courtes et complétement cachées par les crins. SOCIÉTÉS SAVANTES. 363 « Malgré sa petite taille, le Bœuf musqué paraît très- gros, à cause de l'énorme quantité de laine et de poils dont il est couvert, et qui, pendant de chaque côté de l'animal, cachent entièrement ses formes. Il y a particu- lièrement sous la mâchoire inférieure, la gorge et le poi- trail, de très-longs crins flottants. La couleur générale est un brun noirâtre , à l'exception d’une mèche blanchâtre sur le dos, et qu’on nomme la selle. « Sur un nombre de douze à quinze cents de ces ani- maux que nous vimes, il s’en trouvait un d’une éclatante blancheur. « Pendant l'hiver, le Bœuf musqué est recouvert d'une laine fine et serrée, qui lui permet de supporter impuné- ment les froids les plus rigoureux. « Le Bœuf musqué fréquente de préférence les contrées les plus sauvages et les plus rocailleuses, se nourrissant d'herbes et de mousse pendant une partie de l’année, et de lichen pendant l’autre. « Quoique les membres de cet animal soient courts, il est très-actif et galope avec une extrême vélocité, escala- dant des montagnes dont les pentes sont presque à pic, et que l'homme ne peut gravir qu'avec les plus grandes peines. « En septembre, ces animaux commencent à se ras- sembler, non pour émigrer, car plusieurs furent vus sur l'île Melville pendant l'hiver, et lun d'eux fut tué étant en très-bonne condition ; mais probablement pour pouvoir se défendre contre les Loups, qui abondent dans ces pa- rages. « Lorsque les Bœufs musqués sont attaqués par les chasseurs, ils se rassemblent, formant une phalange très- compacte, mettant les jeunes animaux dans le centre, le train de derrière dirigé vers ce centre, et présentant ainsi la tête à l'ennemi dans toutes les directions, Les mâles labourent et frappent la terre avec leurs cornes et leurs pieds de devant, se préparant ainsi au combat, L'un 364 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1857.) d'eux, le plus vieux de la troupe, se tient en avant comme un général à la tête de son armée, et avance avec précau- tion pour reconnaître l'ennemi, surveillant attentivement les moindres mouvements des chasseurs. « Lorsque la reconnaissance est accomplie, il retourne à son poste et attend l'attaque. C’est alors que l'animal apparaît dans toute sa majestueuse beauté, et, lorsque le chasseur se trouve pour la première fois en sa présence, il doit roidir ses nerfs et rassembler son courage. « Mais, quoique paraissant si terribles, ces animaux sont presque stupides ou très-confiants en leur force, car ils se laissent approcher à une très-petite distance : au pre- mier coup de fusil, tout le troupeau prend la fuite, aban- donnant les morts et les blessés. Souvent j'ai vu cinq ou six chasseurs détruisant un troupeau d’une vingtaine de bêtes. « Une seule fois j'ai vu un de ces animaux charger : il est vrai que la pauvre bête avait douze balles dans le corps; ne pouvant fuir, elle essayait de se défendre jus- qu’au dernier moment. « En présentant la Note qui vient d’être en partie repro- duite, le crâne et les cornes du Bœuf musqué qui en fait le sujet, M. Geoffroy Saint-Hilaire met sous les yeux de l’Académie deux échantillons des poils du même individu dont quelques-uns ont près de 6 décimètres de long, un échantillon de la laine d’un autre individu tué dans son pelage d'hiver, et la reproduction photographique d’un dessin fait, d’après le vivant, par M. de Bray, et repré- sentant l'animal dans son attitude de combat. « En comparant ce dessin aux figures du Bœuf musqué que possède déjà la science, et notamment à celle que vient de publier M. Vasey dans son Monograph of the genus Bos, on reconnaîtra combien le don très-précieux fait au Muséum par M. de Bray et les documents qu'il y a joints ajouteront aux connaissances déjà acquises, par les expé- ditions arctiques des capitaines Parry, Franklin et Ross, SOCIÉTÉS SAVANTES. 365 sur le plus remarquable des quadrupèdes des régions po- laires. é « M. Geoffroy Saint-Hilaire, en terminant, insiste sur l'intérêt que présentent pour la science, et particulièrement pour les collections du Muséum d'histoire naturelle, le crâne et la peau parfaitement conservée que cet établisse- ment vient de recevoir de M. de Bray. Le Muséum ne pos- sédait encore que le crâne d’un jeune sujet à cornes encore très-écartées sur le front : l'individu tué par M. de Bray est complétement adulte, et les cornes ne sont plus sépa- rées sur la ligne médiane que par un raphé presque li- néaire. Ce même individu n’a que six incisives : la paire qui manque est l’externe. Les jeunes ont, au contraire, huit incisives, comme presque tous les Ruminants. » Séance du 10 août 1857. — Nous avons eu l'honneur de lire une Vote sur les éducations de Vers à soie destinées à la production de la graine, faites en 1857 dans les localités où l'épidémie n’a pas paru. Ce travail a été inséré dans celte Revue, p. 325. M. E. Nourrigat adresse, de Lunel, un Mémoire sur la sé- riciculture, et, comme pièces à l'appui, plusieurs séries de cocons provenant de diverses éducations, des feuilles de trois espèces de mürier et des exemplaires de divers opus- cules qu'il a publiés sur l'industrie de la soie. — Renvoyé à l'examen de la commission des Vers à soie. M. Vulpian adresse une Note sur la contractilité de l'al- lantoïide chez l'embryon de la Poule. M. Herpin adresse un travail sur l'emploi des agents anesthésiques pour la destruction des Insectes qui dévo- rent les céréales. « A l'occasion de communications récentes sur l'emploi des agents anesthésiques pour détruire les Insectes qui attaquent les céréales, l'auteur rappelle ce qu'il a publié lui-même, il y a près de vingl ans, sur cette question, dans ses Hecherches sur la destruction de l'Alucite ou teigne des blés (Annales de l'agriculture française, juin 1838). 366 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1857.) « Nous avons proposé, dit-il, comme un moyen des plus simples et des plus économiques, de renfermer pen- dant quelques jours les grains attaqués par les Insectes dans des futailles vides, dans lesquelles on jette préalable- ment quelques charbons incandescents pour absorber l'oxygène de l'air et produire du gaz carbonique. Dans ce milieu irrespirable, l'anesthésie a lieu promptement. Mais ce qu'il faut bien noter, c’est que l’anesthésie ne suffit pas pour détruire les Insectes, il faut qu'il y ait asphyæie complète. Certains Insectes , le Charançon entre autres, ont la vie très-dure ; ils résistent pendant long- temps à l’action des agents les plus énergiques, même au vide de la machine pneumatique. Des Charançons que j'avais mis dans une capsule avec de l’alcool à 18 desrés, et qui sont restés pendant plusieurs jours noyés dans le liquide, ont repris la vie et se sont enfuis presque tous après que l'alcool se fut évaporé spontanément. Il faut donc, pour détruire les Insectes qui attaquent les céréales (Charançons, Alucites, etc.), employer non-seulement des agents susceptibles de déterminer l’anesthésie, mais des agents délétères très-énergiques, et, en outre, continuer l’action de ces mêmes agents pendant un temps suffisam- ment prolongé pour que l’asphyxie soit complète. Le gaz nitreux et particulièrement le gaz ammoniac, que l’on obtient très-facilement en mélangeant du sel ammoniac avec de la chaux vive, sont des agents destructeurs très- économiques et très-puissants, surtout si l’on a fait préa- lablement le vide dans les vaisseaux contenant les grains attaqués par les Insectes. « J'ai mentionné aussi dans mes Recherches sur l Alucite, pages 23 et 29, la diminution de la température qui a lieu dans des tas de grains soumis à l'action des agents anes- thésiques, fait qui paraît avoir étonné beaucoup la com- mission d'Alger. J'ai expliqué ce fait par la suspension des fonctions respiratoires et vitales, et, conséquemment, par celle de la production de la chaleur animale chez les SOCIÉTÉS SAVANTES. 367 Insectes soumis à l'action des agents chimiques diffusibles, qui s’attaquent aux organes et aux fonctions de la respi- ration et de l’innervation. » Séance du 17 août 1857. — M. Marcel de Serres adresse un Mémoire intitulé : De l'ancienne existence des Mollus- ques perforants, notamment des Conchifères tubicolés de La- marck . Après avoir indiqué les divers genres trouvés fossiles, l’auteur fait connaître une Clayagelle qu’il croit nouvelle et qu'il nomme Clavagella agregata. Séance du 24 août 1857. — Nous avons adressé à l’Aca- démie le travail suivant : Dans un article qui a paru au Moniteur des 16 et 17 août 1857, on trouve des détails d’un haut intérêt sur la gué- rison de la rage, terrible maladie dont l'atteinte est encore une condamnation à mort sans appel. Suivant ce docu- ment, qui émane du comité scientifique de la marine de Saint-Pétersbourg, et qui a été publié par ordre de son président, le prince Eug. de Sayn-Wittgenstein, un habi- tant du gouvernement de Riazan, M. Levachoff, posséde- rait un remède efficace contre cette maladie, et en serait déjà à sa 1,790° cure. D'après le récit de M. Ivantchenko, officier de marine guéri par M, Levachoff, celui-ci em- ploierait, comme remède, des pilules faites avec certaines plantes et une poudre d'un gris verdâtre, soi-disant acces- soire ou auxiliaire, poudre qui pourrait bien être le vrai remède déguisé par les pilules, et qui est peut-être faite avec la Cétoine dorée, signalée depuis longtemps comme spécifique contre l'hydrophobie, En lisant cet article, j'ai pensé qu'il était opportun de rappeler encore les communications que j'ai eu l'honneur de faire à l'Académie des sciences, depuis sept ans, sur ce grave sujet, qui intéresse à un si haut degré la santé pu- blique, et d'émettre de nouveau le vœu que des recher- ches soient faites pour vérifier les assertions qui attribuent 368 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1857.) à un remède très-simple, à l'emploi interne d’un Insecte, la faculté de conjurer les terribles effets de la morsure d’un animal enragé. J'ai commencé à signaler cet Insecte comme spécifique contre l’hydrophobie, en janvier 1851, dans ma Revue et Magasin de zoologie, p. 60. En avril de la même année (même recueil, p. 205), un médecin français, M. Mandileny, qui avait séjourné longtemps en Russie, venait confirmer ce que j'avais annoncé et citait des faits analogues venus à sa connais- sance. Plus tard encore, M. Drouillard, l’introducteur d’un blé d'Égypte, homme de cœur et d'initiative, venait con- firmer les renseignements que j'avais publiés par le témoi- gnage d’une dame russe, gouvernante de ses enfants, et il allait m'aider à obtenir que des expériences fussent faites, en adressant une demande à M. le comte de Morny, qu'il avait l'honneur de connaître, quand une mort prématurée est venue l'enlever. Depuis ce temps j'ai récolté, chaque année, des Cé- toines dorées pour les mettre à la disposition des corps savants qui voudraient faire faire des expériences; je n’ai cessé d'appeler l'attention sur ce grave sujet; j'en ai fait l'objet de diverses publications, et notamment d’une lettre à l’Académie des sciences, insérée encore dans ma Revue de zoologie (juillet 1855, p. 342), reproduite par divers journaux et que je terminais ainsi : (Il appartient à l'Académie de faire entreprendre uti- lement de semblables expériences, dont les résultats doi- vent profiter à tous. Si ce que l’on a dit de l'efficacité de l'emploi des Cétoines ne se réalisait pas, il resterait tou- jours la satisfaction d’avoir essayé une fois de plus de rendre un grand service à la société. » Je me disposais à surmonter encore mon décourage- ment, j'allais de nouveau accomplir ce que je regarde SOCIÉTÉS SAVANTES. 369 comme un devoir sacré, en appelant avec persévérance l'attention sur l'emploi de la Cétoine comme spécifique contre la rage, quand l’article du Moniteur est venu m'’af- fermir dans ma résolution, en ajoutant aux documents que j'ai déjà publiés de nouveaux faits, très-concluants et très-nombreux, qui confirment ceux que je ne cesse d’in- yoquer pour provoquer des expériences. Dans le docu- ment du Moniteur, on voit que les effets du remède admi- nistré par M. Levachoff sont analogues à ceux que j'ai signalés dans ma première notice (Revue de zoologie, 1851, p- 61). On y reconnait encore que la poudre de couleur grise-verdâtre qu'il fait prendre avec ses pilules pourrait bien être produite par des Cétoines écrasées comme les Cantharides, et qu'elle semble être rendue ainsi verdâtre par les téguments pulvérisés de cet Insecte, qui est d’un beau vert doré. Aujourd’hui, en présence de ces indices, qui établissent au moins une grande probabilité en faveur de la Cétoine dorée comme remède contre la rage, il n’est plus permis de se borner à des vœux stériles : il faut agir avec énergie dans l'intérêt commun, dans l'intérêt de l'humanité tout entière. I faut que chacun fasse son devoir. Le mien est tout tracé : il consiste à demander avec persévérance que des recherches soient faites en Russie pour vérifier la réalité des résultats obtenus dans les gouvernements de Saratow, de Tchernigoff et de Riazan, et qu'en même temps des expériences soient entreprises dans quelques établissements, tels que l’école vétérinaire d’Alfort et au- tres, afin de connaître les effets de la poudre de Cétoine sur des animaux sains et atteints d’hydrophobie. En attendant, je viens de remettre à MM. Berthelot et de Luca, chimistes distingués dont l’Académie des sciences a apprécié plusieurs fois les travaux, des Cétoines de cette année, pour qu'ils en fassent l'analyse et cherchent si ces Insectes contiennent un principe particulier analogue à la cantharidine, et que je proposérais de nommer cétonine. 2° skmw, Tr. 1x. Année 1857. 24 370 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1857.) Dans tous les cas, les recherches dont il s’agit ne peu- vent entrainer qu'à des dépenses minimes, et certaine- ment hors de proportion avec l'importance du sujet. Les frais de cette mission, analogue à celles que l'État et l'In- stitut donnent souvent à des savants et à des hommes de lettres pour faire des études scientifiques ou littéraires à l'étranger, seraient facilement trouvés dans le fonds spé- cial du ministère de l'instruction publique destiné aux mis- sions scientifiques, ou dans les reliquats des fondations Montyon ou autres, dont l’Institut dispose avec l’approba- tion de M. le ministre. En conséquence, j'ai l'honneur de demander à M. le président de l’Académie des sciences de vouloir bien exa- miner s’il ne serait pas utile de nommer une commission pour étudier les documents que je joins à cette note, et décider s’il y aurait lieu de donner suite à ma proposi- tion, soit en y consacrant des fonds dont l’Académie pour- rait disposer, soit en la recommandant à S. Ex. le mi- nistre de l'instruction publique. III. MÉLANGES ET NOUVELLES. M. Auguste Dumérir, professeur-administrateur au Muséum d'histoire naturelle, nous prie d’insérer la lettre suivante : Paris, le 17 août 1857. Monsieur et cher confrère, Au mois d'avril dernier, après avoir dressé un Catalo- gue complet de la collection des Reptiles du Muséum d’his- toire naturelle de Paris, je vous écrivis une lettre où je donnais sur l’état de cette collection quelques détails qui vous parurent devoir offrir de l'intérêt à vos lecteurs, car vous avez bien voulu l'insérer dans votre Æevue (1857, p. 188). Aujourd’hui, un semblable travail pour la collection MÉLANGES ET NOUVELLES. 371 bien plus nombreuse des Poissons étant achéyé sans qu'il puisse être, quant à présent, livré à l'impression, je viens vous prier d'admettre dans votre recueil cette nouvelle lettre. Elle complétera ainsi les indications qu’il me semble utile de donner sur les deux dernières classes des animaux vertébrés, qui entrent pour une part très-considérable dans l’ensemble des richesses zoologiques de notre Musée. A peine est-il nécessaire de vous rappeler que, dans la rédaction de ce second Catalogue, j'ai été dirigé par la même pensée qu'au moment où le premier fut entrepris. Alors, de même qu'à présent, je les considérais comme un hommage dû à son prédécesseur par le professeur nou- vellement entré en fonctions. Je suis, d’ailleurs, heureux de pouvoir montrer ainsi l’état de prospérité où mon père, en prenant sa retraite, après cinquante-quatre an- nées de professorat, laisse les deux collections confiées jusqu'alors à sa direction et à ses soins. De l'étude approfondie à laquelle les Poissons de notre Musée ont été soumis par MM. Cuvier et Valenciennes, il est résulté un classement méthodique dont le Catalogue que je viens de terminer présente le résumé, comme il s'en trouye un, non moins complet, de l’Erpétologie géné- rale de mon père et de Bibron dans le Catalogue des Rep- tiles dont je vous ai précédemment entretenu. L'une et l’autre collection, beaucoup trop vastes pour être exposées en totalité dans nos galeries, se sont consi- dérablement accrues depuis 1802, époque à laquelle mon père fut appelé à l'honneur de suppléer M. de Lacé- pède, L'histoire des Poissons publiée par ce célèbre natura- liste de 1798 à 1803 comprenait douze à treize cents es- pèces, d'après l'estimation faite par Cuvier des doubles emplois contenus dans cet ouvrage. Beaucoup de ces Pois- sons étaient inconnus à l’auteur, et notre Musée, qui avait fourni les premiers matériaux de cette grande Ichthyologie, 372 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1857.) ne renfermait qu’une partie de ces animaux. Or, par suite des enrichissements successifs de la collection, elle se compose, à présent, de 4,145 espèces, qui sont sou- vent représentées par de belles séries d'individus de différentes tailles et provenant de localités variées. Il ré- sulte de ces chiffres que notre Musée est un des plus ri- ches de l'Europe, si ce n’est même le plus abondam- ment pourvu, soit que l’on considère le nombre des es- pèces, soit que l’on tienne compte de celui des échan- tillons. Bien des types spécifiques parmi les Poissons connus et décrits dans les pays étrangers nous manquent encore, il est vrai, mais grâce aux dons que notre établissement reçoit de toute part et aux acquisitions, ainsi qu'aux échanges qu’il peut faire quelquefois, des lacunes viennent peu à peu à disparaitre. Je ne puis parler des échanges faits entre le Musée de Paris et divers autres Musées sans rappeler ceux qui ont déjà eu lieu, assez anciennement déjà, avec les villes de Leyde, de Berlin, de Berghem et de Genève, puis avec la faculté des sciences de Montpellier, qui possède la collec- tion de Broussonnet, où se trouvait une partie des Pois- sons recueillis par Banks, et qui sont maintenant classés parmi les nôtres. Je dois également signaler les avantages qui résultent, pour nous, des utiles relations nouées avec le Musée de Milan, confié à l’habile direction de M. Jan; avec l’Aca- démie de Philadelphie par l’obligeante entremise de l’un de ses membres les plus versés dans la connaissance des Reptiles et des Poissons, M. le docteur Hallowell; puis enfin, avec l’Institution Smithsonienne de Washington, où nousrencontrons, en MM. Sp. Baird et Girard, des corres- pondants dont les travaux nombreux témoignent de la variété et de l'importance de leurs études sur les animaux du Nouveau-Monde. MÉLANGES ET NOUVELLES. 373 Outre ces moyens d’enrichissement, le Musée de Paris en trouve d’autres dans la générosité de divers donateurs, et je dois, à cette occasion, rappeler les immenses ser- vices rendus aux sciences naturelles par la plupart des chirurgiens de notre marine. Au milieu des occupations multipliées et importantes de leur service, ces ardents collecteurs ont toujours su, durant les grands voyages dont le souvenir restera impérissable dans l’histoire de la science, recueillir sur tous les points du globe les maté- riaux les plus précieux pour l'accroissement de la célé- brité de notre établissement national ; aussi leurs noms se trouvent-ils sans cesse cités dans les ouvrages consacrés à la zoologie. 11 faut, en outre, indiquer ici MM. Mélinon, agent général de culture et de colonisation à Cayenne, et Aubry-Lecomte, commissaire de la marine impériale au Gabon. De plus, des étrangers eux-mêmes nous font des présents. Tels sont, en particulier, le savant natura- liste de la Caroline du sud, M. le professeur Holbrook, de Charleston , et l'infatigable explorateur des cours d’eau et des rivages des îles nombreuses de l'archipel Indien, M. le docteur Bleeker. Ce zélé correspondant du Muséum a, depuis quelques années, ajouté à la faune de ces ré- gions un très-grand nombre d'espèces jusqu'alors incon- nues. Revenant maintenant à l’état actuel de la collection de poissons de notre Musée, voici comment sont réparties, dans les différents groupes, les 4,145 espèces qu’elle com- prend : 17° sous-classe, CnonpricHTHEs où CARTILAGINEUX : Cy- clostomes, 16; Plagiostomes, 201 (Squales, 85; Raies, 116; Eleuthéropomes ou Sturioniens, 22). 2 sous-classe, Cnoxpnosricurmes ou FiBRO-CARTILAGI- MEUX : Gymnognathes, 87; Sclérodermes, 92; Lophobran- ches, 64; Ptéropodes où Poissons à nageoires pectorales pé- diculées, 66. 3° sous-classe, Osricnrnes où osseux : Acanthoptéry- 374 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1857.) gens (1), 2,263; Malacoptérygiens, 1,334 (Abdominaux, 1,014; Subbrachiens, 134; Apodes, 186). Veuillez agréer, etc. ConsinÉRATIONS philosophiques sur un Essai de systémati- sation subjective des phénomènes météorologiques, d’après la similitude des forces ou des lois directrices et perturbatrices; leur conservation, leur corrélation, en liant partout les propriétés dynamiques des phéno- mènes à la structure géométrique des corps, et au point de vue de la théorie des milieux biologiques et sociolo- giques. Par M. Andrés Poey, directeur de l’observa- toire météorologique de la Havane, etc., etc. Tel est le titre d’un travail entièrement neuf par son sujet et sa nature, je dirai plus, d’un ouvrage considé- rable d’un savant météorologiste connu dans le monde scientifique par des travaux distingués qui ont motivé sa récente nomination à la direction de l’observatoire mé- téorologique de la Havane. Ce manuscrit, qui vient d'être soumis au jugement de l'Académie des sciences de Bruxelles, nous a été commu- niqué par son auteur : c’est une magnifique synthèse par laquelle M. A. Poey se propose d’instituer une systématisa- tion subjective des phénomènes météorologiques. Quoique nos nombreuses occupations ne nous aient point permis de suivre, avec toute l'attention que ce travail mérite, la matière de deux cent quatre-vingts pages divisée (1) Afin de ne pas m’écarter du mode d’arrangement établi dans notre Musée, j'ai dû, pour cette partie de nos collections, adopter l'ordre suivi par MM. Cuvier et Valenciennes, malgré les divergences assez notables qui se remarquent entre cette classification et celle dont mon père a présenté le résumé, en 1856, daus sou Zchthyologie analytique (Mém. de l'Académie des sciences, t. XXII), MÉLANGES ET NOUVELLES. 375 en douze chapitres, cependant nous avons parcouru avec la plus grande satisfaction tous les passages qui se rappor- tent à nos études sur l’histoire naturelle en général. Or,rela- tivement à cette branche des connaissances humaines, dans laquelle nous pouvons nous hasarder à formuler notre opi- nion, nous devons affirmer qu'elle a été admirablement traitée par ce savant météorologiste. Quoique l'esprit de ce travail soit principalement issu de l’école positiviste de M. Aug. Comte, nous devons dire que M. Poey a montré beaucoup d’érudition dans la systématisation spéciale et l'application méthodique de la philosophie positive à la re- cherche deslois qui régissent les phénomènes météorologi- ques. Telle est la partie non moins importante de ce travail qui lui est entièrement personnelle, ainsi que toutes les lois qu'il a formulées par rapport à l'évolution des phéno- mènes météorologiques d'après une grande richesse de faits et d'observation qu'il a apportée à l'appui de sa sys- tématisation générale. D'après l’ensemble des questions traitées dans ce tra- vail, nous ne doutons pas un instant qu'il soit accueilli comme il mérite de l'être par la savante Académie des sciences de Bruxelles, aussi bien que par les météorolo- gistes, auxquels il est plus particulièrement destiné, ne fût-ce que par la seule considération qu’il constitue le pre- mier essai de systématisation générale des phénomènes météorologiques qui ait été tenté jusqu'ici. Nous aurons le plaisir d'offrir prochainement à nos lec- leurs une courte analyse des principaux passages qui se rattachent intimement aux applications des phénomènes météorologiques à l'étude des êtres vivants, que M. Poey a bien voulu nous laisser extraire de son travail. Aujour- d'hui nous lui empruntons une question très-importante et d'actualité, que nous avons été charmé de voir traitée par M. Poey avec une connaissance aussi profonde de la matière. I nous suffira, pour en faire connaître l’impor- tance, de dire qu'elle se rattache à la question capitale de 376 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1857.) l'éducation et de l’acclimatement des Vers à soie en rap- port avec le concours et l’antagonisme que ces êtres su- bissent dans le milieu ambiant où ils sont plongés. Nous avons éprouvé une véritable satisfaction en découvrant ce passage dans le chapitre douzième et final de ce tra- vail. M. Poey n’a nullement la prétention de se poser en autorité séricicole dans les vues qu’il émet. En sa qualité de météorologiste, il n’a eu d'autre but que de compléter sa systématisation générale par l'indication des expé- riences physiques qui pourraient être entreprises dans les institutions de météorologie expérimentale dont il propose la fondation afin de pouvoir étudier, d’une ma- nière rationnelle et sur de nouvelles bases, l’action des agents météorologiques sur l'organisme des êtres vivants. En effet, à la conclusion de son chapitre, ce savant pro- pose un projet d'une immense utilité, que nous avons nous-même recommandé à plusieurs reprises au sujet d’une institution agricole et scientifique dans le but d’a- méliorer les races de Vers à soie, d'établir des éducations de graine, etc. M. Poey, abordant avec beaucoup de raison cette nouvelle voie expérimentale, propose la fondation d'institutions météorologiques entièrement consacrées à l'éducation météorologique, sous le double rapport de la théorie et de la pratique, de jeunes gens qui seraient en- suite aptes à se rendre utiles dans des observatoires au lieu d'y commencer leur apprentissage, dès leur entrée même dans l'établissement, au détriment de la science et du pro- grès. Ainsi M. Poey fait appel aux onze puissances mari- times qui prirent part au Congrès météorologique tenu à Bruxelles en 1853, les invitant à fonder des institutions de météorologie expérimentale où l’on professerait à la fois un cours de météorologie agricole et biologique. « Le gouver- nement français, ajoute M. Poey, qui a tout récemment créé une chaire de physique végétale au Muséum d'histoire naturelle, devrait, à plus forte raison, y fonder une se- conde’chaire consacrée à la météorologie agricole et biolo- MÉLANGES ET NOUVELLES. 377 gique théorique et pratique. Cette institution, étant la seule, à Paris, qui se prête admirablement à l'étude de la météo- rologie agricole et des phénomènes périodiques de la vé- gétation, pourrait, à la fois, se prêter à la réalisation des expériences physiques qu'il y aurait à faire sur l’acclima- tement des espèces animales; en outre, on y instituerait des serres expérimentales à températures constantes et variables à volonté, dans le but de déterminer quelles sont les températures utiles à chaque espèce de végétaux, et dont M. Alphonse de Candolle a signalé lutilité dans son savant ouvrage de Géographie botanique raisonnée, t. I, p. 1340. » Malheureusement l’espace et le temps nous manquent pour pouvoir signaler toutes les considérations judicieuses que présente ce savant à l'appui de la fondation de sem- blables institutions, dont personne ne saurait contester l'immense utilité. Il est donc plus que probable que tôt ou tard l'excellent projet de M. Poey sera pris en considé- ration comme il le mérite. Quant à nous, il nous suffira d'ajouter que c’est à la suite de cette première considéra- tion, où M. Poey analyse les diverses expériences agricoles et biologiques susceptibles d'être poursuivies dans ces institutions , que nous sommes heureusement tombé sur la question de l'éducation et de l'acclimatation des Vers à soie. Ainsi nous recommandons à nos lecteurs, et en par- ticulier aux savants sériciculteurs, la lecture de ce pas- sage, certain qu'ils y trouveront des faits assez importants et dignes de leur attention. Cette partie étant textuelle- ment extraite du travail de M. Poey, nous lui avons con- servé la rédaction de l'auteur. « Enfin une des questions les plus capitales et à l’ordre du jour, au sujet de laquelle les nouveaux établissements météorologiques pourraient instituer une série d’expé- riences qui , à tort, n'ont pas encore été entreprises, se rapporte à l'étude des circonstances atmosphériques les 378 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1857.) plus favorables aux éducations de produit et à celles dites de graine des Vers à soie, d’après la distinction logique que M. Guérin-Méneville a établie, à cet égard. Or, depuis déjà bien des siècles, les désastreux ravages des épizooties subsistent en dépit de toutes les théories, des procédés et des méthodes proposés jusqu'ici pour atténuer ce véritable fléau, qui, surtout depuis trois ans, a fait manquer, plus ou moins complétement, l'éducation des Vers à soie dans une grande partie des contrées séricicoles de la France. « Eh bien, d’après le principe fondamental de la théorie des milieux biologiques et sociologiques, l’épi- zootie ne peut résulter que d’un manque d'harmonie entre l'organisme et le milieu. Ce manque d'harmonie peut se présenter de trois manières qu'il importe préalablement de bien distinguer avant de procéder à l’analyse de la nature du modificateur, laquelle, d’ailleurs, ressortira de cette première considération : 4° si le milieu est de beau- coup plus permanent, plus simple, plus général que l'être vivant, celui-ci seul est modifié; 2° si le milieu est aussi complexe que l'être vivant, les modifications se corres- pondent dans les deux termes; 3° enfin, si l’être vivant est plus simple que le milieu, celui-ci est plus modifiable par l'être vivant que l'être vivant n’est modifiable par le milieu. « Ainsi, dans la question de la culture et de l’acclimate- ment des Vers à soie, voilà donc une première loi dont on devrait tenir préalablement compte. A cette première loi générale vient s’ajouter une autre loi qui paraît être non moins universelle que la première, surtout pour avoir surgi, en premier lieu, de la pratique même. M. Guérin- Méneville, un des plus savants sériciculteurs, qui s'occupe, d’une manière approfondie, depuis dix ans, de la culture et de l’acclimatement des Vers à soie, a très-souvent si- gnalé un fait capital d'observation qui, cependant, n'a pas encore fixé d’une manière sérieuse l'attention des théoriciens et des praticiens, quoiqu'au fond cette ob- servation constitue Ja base fondamentale à la réussite de MÉLANGES ET NOUVELLES. 379 la culture et de l’acclimatement des Vers à soie. Ce fait est qu'il a été obserfé, aussi bien dans les temps où il n’y a pas de maladies que dans ceux d'épidémies, que les Vers à soie donnés par des graines provenant de localités chaudes ont beaucoup de peine à s’acclimater dans des localités moins chaudes, et qu’au contraire celles qui proviennent des pays tempérés ou froids donnent généra- lement d'excellents résultats dans des contrées où la tem- pérature moyenne est plus élevée. « Maintenant, si l’on se rappelle l’épigraphe placée en tête de mon chapitre VIE, d'après Broussais, que « le calo- « rique est le premier et le plus important des stimulants, et « que, s’il cesse d'animer l’économie, les autres perdent leur « action sur elle; » si l’on se rappelle également du prin- cipe philosophique du profond aphorisme du même Brous- sais, qui a servi de base fondamentale à l'entière systéma- tisation des recherches météorologiques que j'ai déterminée dans ce travail, à savoir de rapporter l’état pathologique à l’état de santé, d’après la similitude, entre elles, des lois et des forces perturbatrices et directrices ; si l’on se rap- pelle finalement que, dans ma classification méthodique de chaque branche de la physique et, par suite, dans celles de la météorologie, j'ai placé l'action du calorique après celle de la pesanteur, comme étant le second état de la matière qui est le plus général et universel, le plus simple, le plus dégagé et le moins compliqué de toutes les autres propriétés de la matière, et, par suite, le stimulant le plus intimement lié à la vitalité dans toute la série zoologique et végétale ; si l'on tient ainsi compte, comme on doit le faire, de chacune de ces circonstances, il sera facile de concevoir que, dans la culture et l’acclimatement des Vers à soie, l'élément calorifique est le plus important à consi- dérer, tant à l’état normal de santé qu'à l'état patho- logique, en distinguant dans ces deux états, lorsqu'ils se rapportent aux individualités aussi bien qu’à l'être collec- tif, comme dans le cas de l'épidémie; or cette épidémie 380 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. {Août 1857.) ne peut constituer qu’une perturbation d’un ordre supé- rieur et d’un caractère plus complifäé, dont la nature même de la perturbation pathologique et collective étant restée, au fond, la même que dans la perturbation indivi- duelle, sauf sa vitesse et l'intensité, elle a pu se tripler ou se quadrupler d’après la propre énergie des éléments per- turbateurs. On comprendra, en outre, que la maladie individuelle et l’épidémie collective des Vers à soie sont plus intimement liées et s’originent plus particulièrement de l’action des éléments extérieurs généraux, et au pre- mier rang du calorique, que d’un état pathologique héré- ditaire antérieur à l’action du milieu auquel on doit rap- porter ce dernier état. Ce qui donne un très-grand appui à cette assertion, c’est le fait pratique déjà signalé que, aux époques épidémiques aussi bien qu’en l'absence de maladie, les graines provenant des pays chauds sont plus difficiles et plus tardives à s’acclimater dans les contrées moins chaudes que celles des pays froids dans les con- trées plus chaudes. Voilà donc une nouvelle loi constante et générale qui subsiste également dans l’état physiolo- gique comme dans l'état pathologique, et qui, par un plus haut degré d'énergie et de puissance perturbatrice, peut s'élever à la vitesse et à l’intensité complétement per- turbatrice d’une maladie individuelle, et de là, par une plus grande exaltation encore, s'élèvera à l'épidémie col- lective. Cette loi régulière est d'autant plus digne de fixer l'attention des sériciculteurs théoriciens et praticiens, qu’elle subsiste même chez l’homme suivant la localité zéographique vers laquelle il immigre. « Ainsi je lis un passage dans l'excellent ouvrage de M. le docteur Boudin, médecin en chef de l'hôpital mili- taire du Roule, qui confirme mon assertion : « Les con- « ditions d’acclimatation de l’homme, » dit ce savant, « varient selon que l’émigration se fait du nord au sud « ou du sud au nord, selon qu’elle s'effectue dans le sens « de la longitude géographique, ou enfin dans le sens de MÉLANGES ET NOUVELLES. 381 « l'altitude, c’est-à-dire de bas en haut ou en sens inverse. « Sous ce dernier rapport, on sait tous les avantages que «les Européens ont retirés, dans les pays chauds, de leur « installation sur les lieux élevés, dont le séjour paraît être « fatal aux nègres. Sur cinquante et un soldats de cette «race placés, en 1835, en garnison à Niuera-Élia, à « 6,200 pieds au-dessus du niveau de la mer, dans l’île «de Ceylan, quinze avaient succombé avant la fin de « l’année (1). » Les statistiques des États-Unis trouvent que la race noire dépérit rapidement et progressivement au nord du 40° degré de latitude, de sorte que la mortalité chez cette race, en terme moyen, est presque le double de celle de la race blanche. « Ne voit-on pas, maintenant, la loi constante qui parais- sait être particulière à la seule culture et à l’acclimatement des Vers à soie constituer également une loi presque aussi constante envers l’acclimatement de l'homme? Le séjour des individus qui proviennent des pays chauds sous des latitudes et des altitudes plus élevées ne leur est-il pas fatal, aussi bien que la culture et l’acclimatement de Vers à soie dans des contrées moins chaudes que celles d'où ils proviennent? Cependant je me hâte d'observer que, d'après une autre loi biologique non moins constante et générale, plus l'organisme est élevé, plus il est compliqué, plus il est sensible à l'action des modificateurs extérieurs ou des milieux, mais plus aussi il possède des moyens de s'en soustraire dans des limites déterminées dont on ignore, toutefois, les véritables écarts. C’est d’après cette loi que l’acclimatement de l'homme à la surface du globe offre des variations considérables dans ses lois, ses excep- tions et ses anomalies. Malheureusement aucun de ces éléments n'a pu être jusqu'ici déterminé, et même, pour la plupart, la science ne possède que des matériaux (1) Traité de géographie et de statistique médicales, etc. Paris, 1857, t. Il, p. 147. 382 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1857.) incohérents et incomplets. Même dans l'ouvrage tout ré- cemment publié aux États-Unis d'Amérique par MM. Nott et Gliddon sur les races indigènes du globe (1), le chapitre de l’acclimatement de l’homme laisse encore beaucoup à désirer. Au point de vue théorique, la question capitale de la théorie des milieux biologiques et sociologiques n’a pas même été considérée, et, d’après une légère indication signalée dans une note sur l'expression du milieu, l'auteur paraît complétement ignorer son véritable caractère. Sous le rapport pratique, il y a encore une grande pénurie de renseignements statistiques. Cependant l'ouvrage contient des faits nouveaux et très-remarquables sur d’autres ques- tions relatives aux races indigènes du globe. Mon idée n’est pas, ici, de faire la critique de cet important ouvrage, ne me sentant pas, d'ailleurs, la force suffisante pour remplir cette tâche. Mais je désire, par la simple indica- tion de cette lacune, signaler uniquement combien notre ignorance est grande sur ce chapitre capital de la culture et de l’acclimatement des végétaux, des animaux et de l'homme, lorsque dans un ouvrage de cette catégorie ré- digé par des savants distingués, même par rapport à l'être le mieux connu et le plus parfait, le lecteur ne saurait y puiser aucune idée nouvelle, pas même l'énoncé de la théorie fondamentale des milieux biologiques et sociolo- giques. « J'insisterai encore sur le fait que l’on ne pourrait non plus traiter d’une manière rationnelle et approfondie la question de l’acclimatement, premièrement en l'absence de renseignements statistiques, mais encore et surtout sans avoir préalablement considéré les diverses conditions de cette culture, de cet acclimatement dans toute la série des (1) Indigenous races of the earth, ete., by Nott and Gliddon. London, 1857. — Acclimation, or the comparative influence of climale, endemic and epidemic diseases, on the races of man, by J. C. Nott. P. 353-401. MÉLANGES ET NOUVELLES. 383 végétaux et des animaux. Dans l'analyse comparative de chacune de ces conditions en rapport avec l'espèce cor- respondante, on n'aurait qu'à considérer un élément es- sentiel que j'ai déjà signalé, qui est celui de la complica- tion de l'être à mesure que l'on remonte l'échelle orga- nique, depuis la plante la plus inférieure, qui est le pas- sage de la pierre au règne végétal, jusqu’à l'animal le plus inférieur, qui établit la transition entre le règne végétal et le règne animal, et finalement depuis ce dernier jusqu’à l'être le plus parfait considéré dans le même ordre de perfectibilité croissante, depuis le type des Singes le plus élevé jusqu'à la race blanche et caucasique, en considé- rant ensuite les autres deux races intermédiaires fonda- mentales, c'est-à-dire la noire et la jaune. » (La suite au prochain numéro.) M. Hanpy, de Dieppe, nous adresse la lettre suivante : Dieppe, le 28 août 1857. Monsieur, Vous m'avez récemment fait l'honneur de me donner place dans votre savante Revue pour une petite note sur la forme des œufs d'Oiseaux. Cette note renferme deux inexactitudes que je serais heureux que vous me permissiez de rectifier. J'ai dit qu'en France on s'était contenté de remarquer, en passant et sans s’y arrêter, les différences de forme que présentent les œufs. Je n’eusse pas tenu ce langage si j'avais eu l'avantage de connaître les intéressants articles publiés dans la Revue et Magasin de zoologie en 1842, 1843 et 1844 par M. O. des Murs, qui a su élever à l'état de science ce qui n'avait été qu'un objet de stérile curiosité. Mon ignorance, quelque peu justifiable qu'elle soit, est pourtant encore celle d’un grand nombre de petits amateurs isolés comme moi, dont 384 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1857.) le plus grand désir serait de voir paraître un traité spécial qui les guide et les éclaire; aussi puis-je avec confiance me déclarer leur interprète en formant ici le vœu que l'éminent oologiste dont je viens de prononcer le nom ne nous prive pas plus longtemps du fruit de ses longues études; les extraits consignés dans votre Revue en font suffisamment pressentir l'importance. Il n’est pas toujours prudent de s’en rapporter les yeux fermés à la parole du maître, et je viens d’en faire une nouvelle expérience à mes dépens, en croyant que l'œuf était pondu le gros bout le premier. Voici ma seconde inexactitude, dont je demande pardon à ceux de MM. vos lecteurs que j'ai pu induire en erreur. Je les prie seule- ment de ne pas perdre de vue que ma thèse n’en reste pas moins la même. Je me suis appuyé sur un fait, l'allongement des œufs de certains Oiseaux en captivité, puis sur d’autres faits, entre autres, par exemple, la différence de forme qui éloigne l'œuf de l'Engoulevent de celui du Martinet, quand les plus grands rapports de construction rapprochent, au contraire, les deux Oiseaux : et, comme il n’y a pas d’effet sans cause, j'ai cherché à indiquer celle qui me paraît le plus vraisemblable. Si mon idée mérite d’être prise en considération, je me féliciterai de l’avoir soumise à l'appréciation des maîtres de la science; sinon, je réclame la faveur de ma bonne volonté, le bénéfice des circonstances atténuantes. J'ai l'honneur, etc. L TABLE DES MATIÈRES. Pages Pucueran. — Notices mammalogiques. 337 Serres (Marcel pe). — Note sur l'£Echinus lividus de l'Océan, 355 Niro. — Nouvelle espèce d'Orthoptère du Mexique. 359 Académie des sciences. 362 Mélanges et nouvelles, 370 PARIS, —= IMP. DE M"° V® BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'ÉPERON, 9. VINGTIÈME ANNÉE. — SEPTEMBRE 1857, I. TRAVAUX INÉDITS,. DescriprIoN d’une nouvelle espèce de GENETTE de l’AI- gérie; par le capitaine Locue. Genetla Bonapartli (pl. xm). — Albescenti-fulva; pilis corporis supra nigro-apicatis; dorso lineis tribus nigris regularibus longitu- dinaliter notato ; lateribus un tantüm notatis ; humeris lateribusque nigro trausversim liveatis; capite cinerco, tribus lineis signato; cum maäculà suboculari albà ; labiis albo maculatis; ore nigro; pedibus auterioribus cinerascentibus, nigro punctatis; posterioribus cinereo- fulvis; femore nigro; cauda nigra, 10 annulis albescentibus no- tata. Subtus fulvo-cinerea. — Longit., 94 cent.; longit. capitis, 10 cent.; lougit. caudæ, 45 cent. Habite l'Algérie. Fond du pelage, en dessus, d’un blanc légèrement teinté de fauve, les poils de cette partie terminés de noir à leur bout apical ; le dos rayé, dans toute sa longueur, de trois raies noires partant du derrière de la tête (dont une médiane s'étendant jusqu’à l'extrémité de la queue), mais beaucoup plus distinctes et séparées à partir du défaut de l'épaule; une large raie sur les flancs, partant du sommet de l'épaule et finissant à celui de la cuisse, qui sont l’une et l’autre zébrées de quatre à cinq raies transversales ; tête grise ; bord des lèvres supérieures et de la paupière infé- rieure d’un blanc pur; le reste du museau noir; pattes antérieures grisâtres avec cinq ou six petites mouchetures noirâtres ; la dernière moitié de la jambe postérieure et la première moitié du tarse d'un noir uni, avec l'extrémité de la patte d'un gris fauve blanchâtre; oreilles noires à partir de leur insertion jusque vers la moitié de leur lon- 2° she. 7, 1x, Aunée 1897, t 25 386 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Septembre 1857.) gueur; le reste, jusqu'aux bords, grisâtre avec les poils très-courts'et clair-semés; queue noire, annelée de dix an- neaux blancs très-étroits, plus marqués ou distincts en dessous qu’en dessus, à cause de la ligne médiane supé- rieure, qui en cache en partie la trace. Le duvet qui re- couvre la peau et la base des poils aux parties supérieures est très-doux et très-épais, et d’un gris cendré. Tout le dessous du corps d'un gris fauve. Longueur totale de l'extrémité du museau à celle de la queue. ete Tr Mira tanins Bis à va te M UE énpaeux de la tête. SP EN re RAR ie RU 0 Longueur de la queue: . . . PTT L'espèce dont cette Genette nouv velle se rapproche le plus est la Gen. afra, pour Fensemble général de la colo- ration : mais ce qui l'en différencie, ainsi que de ses con- génères, est son système de maculature, qui procède par lignes et non par taches ou maculatures irrégulières. Notre détermination spécifique repose sur la compa- raison que nous avons faite de notre individu avec deux autres exemplaires semblables, dont un très-adulte, qui se trouvent dans la collection des frères Verreaux, de Paris. Nous dédions cette espèce à la mémoire du prince Ch. Bonaparte, dont la science déplore encore la perte si récente. ii y a fait un vide qu'elle ne réparera certes pas d'aussitèt. On sait ce qu'elle lui doit dans toutes les bran- ches &e l'histoire naturelle, dont aucune ne lui était étran- gère. Aussi, quoique l'ensemble de ses facultés se fût tourné plus spécialement vers l’ornithologie, qu'il appelait sa chère science, avons-nous cru convenable d’attacher son nom à une espèce nouvelle en manimalogie. C'était aussi une occasion dont nous voulions profiter, et pour reudre hommage à un profond savoir reconnu, et pour témoigner notre gratitude et notre reconnaissance, en sa personne, au prince, à l'homme de cœur qui nous a rendu tant et de si grands services, notamment en nous facilitant nos recherches et nos études zoologiques sur TRAVAUX INÉDITS. 387 cette terre de l'Algérie, encore si riche et si loin d'avoir été épuisée par les explorations scientifiques. Norice sur la classification multiséfiale des Carnivores, spécialement des Félidés, et les études de zoologie gé- nérale qui s'y rattachent; par ME. N. Seventzow (de Woronèje, sur le Don, Russie). En étudiant Ha distribution géographique des animaux, on n'est pas longtemps sans remarquer qw'il y a les séries locales de formes; genres et espèces, qui Se reproduisent dans la classification maltisériale, telle qu'on l'a maintenant adoptée d'après les prinéipes énoncés par M. E: Geoffroy Saint-Hilaire, des séries de formes correspondantes. Ainsi les Primates de l'ancien et du nouveau continent: la série des Didelphes; comparée à celle des Monadelphes, parmi les Oiseaux: citons les genres Vautour et Néophron d’une pat, Sarcoramphie et Catharte de l'autre; pour les Rep- tiles, les Boas et les Pythons, etc. Dans tous ces cas; nous voyons souvent le même résultat, quant à la classification, oblenu par deux voies différentes : en étudiant unique: ment l'organisation; où uniquement la distribution géo- graphique de quelques genres, familles où méme ordres d'animaux. C'est, évidemment, une conséquence de la loi zoologique la plus manifeste, là plus incontestable, loi de corrélation entre Forgaänismé animal et le mili vu où il vit. Mais, en même temps; nous voyons que chaque animal peut, dans cerlainés limites; vivre dans des conditions extérieures différentes et s'y acclimater ; par conséquent, ét c'est ce que l'observation confirme, ces coïncidences de classifications organiques, pour ainsi dire, et de classifi- cation géographique ne sont pas Loujours aussi frappantes que dans les exemples cités de Singes, de Vautours, de 388 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE, (Septembre 1857.) Boas; et même on peut dire plus, ces exemples sont des exceptions. Exception soit, mais il est impossible que de pareilles coïncidences soient accidentelles. Elles doivent être, né- cessairement, l'expression la plus simple, la plus complète d’une loi générale n’ayant pas d'exception. Il doit y avoir toujours, pour tous les animaux, des rapports déterminés entre leurs affinités ou différences d'organisation et leur distribution géographique, tellement que la zoologie géo- graphique doit devenir, pour la zoologie systématique, un moyen de contrôle applicable à tous les cas, pour vérifier si la classification s’accorde avec la nature ou non. Tel est le but que je poursuis actuellement dans mes études. La méthode à suivre était indiquée par cette clas- sification parallélique, dont la nature, je viens de le rap- peler, nous offre tant d'indices. Prenons pour exemple les Mammifères, que j'ai plus spécialement étudiés sous ce rapport. Il est inutile d’insister comment, d’abord, on avait trouvé plusieurs séries d'ordres; comment on trouva, en- suite, la classification parallélique des Primates; ensuite, que les insectivores et les rongeurs formaient aussi deux séries parallèles, c’est-à-dire deux séries de formes corres- pondantes, ce qui motiva la séparation des insectivores en ordre distinct au lieu d’en faire, comme Cuvier, un simple sous-ordre des carnassiers. Ces derniers furent donc rayés du système et remplacés par les deux ordres parfaitement naturels des insectivores, discoplacentaires, à incisives va- riables, canines très-petites, à clavicules complètes, et des carnivores, zonoplacentaires, à incisives uniformes, canines très-grandes, à clavicules rudimentaires. — Ce sont les carnivores que j'ai plus spécialement étudiés dans les re- cherches dont j'ai l'honneur de présenter ici un exposé très-sommaire, pour établir la concordance de leur dis- tribution géographique avec leur classification naturelle, et la distribution géographique des Mammifères des autres TRAVAUX INÉDITS. 389 ordres, ce qui doit amener, par la suite et la multiplica- tion de recherches analogues, à la découverte des lois gé- nérales de la composition des faunes locales, tant pour les rapports entre les animaux d’une même division zoolo- gique (genre, famille, ordre, classe...) que pour les ani- maux de divisions zoologiques différentes. Ici encore M. I. Geoffroy Saint-Hilaire me donnait un point de départ, en établissant le parallélisme des deux familles des Mustélidés et des Viverridés, qui, au point de vue zoologique comme au point de vue géographique, se remplacent, donc s’excluent mutuellement, sauf quelques légers empiétements mutuels sur les confins de leurs aires de dispersion. Mais, pour arriver à ce résultat, il fallait démembrer les Mustélidés, dont une seule tribu, celle des Mustéliens (Martre, Putois, Belette, Vison, Glouton), correspond ainsi, pour ses caractères, aux Viverridés, et les exclut géographiquement (sauf la zone fort étroite où les limites polaires des Viverra rencontrent les limites tropicales des Mustela, ce qui ne constitue pas même une exception à la règle). Cette tribu fut élevée au rang de famille dans l’ou- yrage encore inédit ({) dont j'expose ici le sujet. La fa- mille des Viverridés a été conservée telle qu’elle est carac- térisée dans l'ouvrage de M. Wagner, avec tous les genres qu'il y inscrit. A ces deux familles, les plus inférieures de l’ordre quant à la taille et à la force, viennent se rattacher toutes les au- tres; seulement ces familles ne forment plus de séries pa- rallèles, mais des séries convergentes et divergentes, par rapport aux quatre familles types de l’ordre, qu’on peut disposer (toujours d'après M. Geoffroy Saint-Hilaire) comme quatre points cardinaux : (1) Recherches sur la classification nalurelle et ses rapports avec la distribution géographique des Carnivores, spécialement des Félidés. 390 REV. ET MAG. DE Z001L.QGIE, (Septembre 1857.) Ursipés, MuSTÉLIDÉS, VIVERRIDÉS, - F£LIDÉS. Restent en dehors, d’après les classifications le plus généralement admises, ies Canidés et les Hyénidés; en outre, d'après M. Geoffroy Saint-Hilaire, les Potidés, dont l'espèce unique aurait, par ses caractères, valeur de sous- ordre. Je l’admets comme simple famille, et je démembre, de plus, les Ursidés et les Mustélidés. A ces derniers se raitachent 1° Les Méphitidés (Meles, Mydaus, Helictis, Mephitis), famille distincte selon moi, ciassée tantôt avec les Ours, tantôt ayec les Mastélidés; parmi les Subursi, petits Ours, par M. de Blainville; jadis même partagée entre les Ours (Blaireau) et les Yiverra (Moufette). Caractérisée par la formule dentaire des Mustela : tuberculenses +; mais ces tuberculeuses , pour leur grand volume et leur couronne plate, sent des tuberculenses d'Ours et non de Martre ; la carnassière même est presque tuberculeuse, ef puis ce sont des animaux plantigrades et fouisseurs, ayec des crânes nullement mustélins. Cette famille forme la transition des Mustélidés aux Ursidés. 2° Les Ratelidés (Mellivores, Wagn.), animaux planti- grades, à formules dentaires à peu près des Chats (tuber- culeuses {), mais les carnassières à lobes mousses, pen coupants. Deux genres : les Ratels, fouisseurs, se ratta- chant aux Blaireaux de l’ancien continent: les Galictis, assez semblables aux Martres pour l'apparence, grimpeurs, de l'Amérique du Sud. — La famille précédente se rat- tache directement aux Martres par les genres Mephitis et Rhabdagale (Mustélidé); celle-ci est collatérale aux Mus- télidés, se plaçant entre les Blaireaux et les Chats. 8e Les Lutridés forment un passage des Martres aux Phoques, par les genres Lutra, Aonyx, Pleruza, Enhydris, TRAVAUX INÉDITS. 391 formant une série continue. La distinction des molaires en fausses molaires, carnassière et tuberculeuse (+), s’efface de plus en plus dans cette série; toutes les molaires sont à tubercules saillants, mais arrondis, mamelonnés, non triturants, comme chez les Ours et les Blaireaux, ni cou- pants, comme chez les Chats, mais écrasant la nourriture et en cassant les parties dures {nourriture composée de Poissons, Crustacés, coquillages). Le crâne, les yeux, les oreilles, les narines, les pieds (toujours palmés), la forme déprimée du corps les rapprochent de plus en plus des Phoques dans l’ordre indiqué des genres. — Remarquons qu'à l'exemple de plusieurs géologues alle- mands et, anglais, en dernier lieu M. Giebei, je sépare les Phoques des carnivores et les range, avec les Morses, dans un ordre à part, les Pinnipèdes, ordre formant transition des carnivores terrestres aux Cétacés herbivores. ! Ces trois familles, que je détache des Mustélidés, for- ment trois séries convergentes vers ceux-ci et divergentes entre elles. Quant aux Ursidés, j'adopte d’abord la famille des Po- tidés, séparée des Ours par M. Is, Geoffroy Saint-Hilaire, el je crois qu'il est superflu de démontrer, après lui, la nécessité de celte séparation. Cette famille, composée d’une seule espèce, ne se rattache pas aux Ours, mais se place naturellement entre le Benturong (Arcüitis, Temm.; ictides, Valenc.) et les Quadrumanes. (La suite au prochaüi numéro.) Onsenvarions sur les Oursins perforants, supplément; par Frédéric Carcciaup, directeur-conservateur du musée d'histoire naturelle de Nantes, etc. Opposition au système de perforation. — Observations diverses. Lorsque nous ayons fait connaître les Oursins creusant 392 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Septembre 1857.) les roches (1), donnant sur ce curieux travail les explica- tions qui nous paraissaient réellement admissibles (2), nous nous sommes bien attendu à trouver encore, comme pour les Pholades, des oppositions imposantes à notre système. En effet, en France, en Angleterre, même en Hollande, de savants conchyliologues persistent probable- ment encore à accuser d'impuissance ces animaux pour opérer un semblable travail dans les roches où nous les rencontrons, telles que le grès, le granit, le calcaire quart- zeux et compacte. Nous devons quelques observations à nos opposants sur ce sujet (3). Si d’autres animaux que ceux-ci creusaient ces trous faits de nos jours, nous devrions les trouver; mais non, ce sont toujours des Oursins qui les remplissent dans les différentes localités où nous les connaissons mainte- nant, Comment se ferait-il, par exemple, que, dans les parages de Douarnenez, plus de quatre mille de ces trous peut-être seraient constamment occupés par ces Echinus sans qu'aucun de ces trous eùt conservé les moindres traces des sujets qui en seraient les auteurs primitifs? Il est certain que ces trous sont dus au travail d'animaux tous appartenant à notre époque. Il faudrait les admettre de toutes les grosseurs, depuis celle d’un petit pois jusqu’à celle d’un œuf, et de la forme sphéroïde parfaitement sem- blable à celle des Oursins. Partout ces animaux supposés viendraient creuser ces excavations, puis, Complaisam- ment, les abandonner à nos Radiaires, en se rendant tou- jours invisibles ? Ceux qui admettraient une telle conjec- ture, qui se refusent à trouver dans le squelette de ces ÆEchinus les instruments d’une force indubitablement suf- (1) Compte rendu de l'Académie des sciences de Paris, 3 juillet 1854, t. XXXIX, p. 35. (2) Revue et Magasin de zoologie, n° 4, 1856. — Annales de la Sociélé académique du département de la Loire-Inférieure ; 1856. (3) Bulletin de la Sociélé géologique de France, 2° série, t. XII, p. 46. — Journal d'Édimbourg, vol. XLVI, p. 386. TRAVAUX INÉDITS. 393 fisante pour agir sur les roches, devraient bien nous faire connaître la provenance de ces trous. Le granit des côtes de la Loire-Inférieure, comme le grès du Finistère, est fréquemment recouvert par le Nul- lipora incrustans ; souvent il arrive que les Oursins creu- sent leur trou sur des surfaces de roches déjà grandement couvertes de ces encroûtements ; dès lors rien de plus simple que ce Nullipore soit resté subsistant sur les roches, dans les intervalles qui séparent les trous des Oursins. Mais il arrive aussi que les trous mêmes sont plus ou moins garnis, non-seulement de cet encroütement, mais encore de divers autres corps étrangers à ce travail, tels que la Vermilia triquetra, la Serpula vermicularis; la Spirorbis nautiloïdes s'y rencontre aussi. Pour combattre notre système de perforation de ces Echinides, on nous a présenté comme une question sé- rieuse ces faits d’encroûtement, lesquels, disait-on, étaient « d'irrévocables témoins que l'Echinus n'avait pas creusé « ces trous, attendu qu'il aurait dû enlever ces encroûte- « ments accidentels, plus tendres que la roche (1). » A cela nous dirons que l'Echinus meurt ou abandonne son trou, dès lors resté vacant jusqu'à ce qu'un autre Oursin soit venu occuper cette demeure abandonnée. C’est alors, dans cet intervalle, que des corps étrangers s’en emparent ; c'est ainsi que nous les trouvons plus ou moins garnis de Vermilies, de Serpules, de Nullipores, de Spi- rorbes, lesquels ont envahi ces trous dans l'absence de l'Oursin. Celui-ci retourne souvent, et s’y loge de nouveau malgré l'occupation de ces hôtes importuns; mais, par ses pointes, l'Oursin est certainement le plus fort. Le plus grand nombre des Vermilies et autres intrus, voulant sortir de leur tube, succombent promptement au choc des pi- quants de ces Échinides. Les Nullipores périssent égale- (1) Zulletin de La Sociélé géologique de France, ? série, t. XII, p. 46. 394 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE, (Septembre 1857.) ment; en ce cas, de la couleur rouge lie de vin qu'ils ont à l'état de vie, ils deviennent blancs en mourant. Mais lOursin doit éprouver de grandes difficultés à enlever les tubes calcaires résistants de ces animaux, que l'on sait être fort adhérents aux roches, à raison de ce que l'Oursin n'agit pas en graltani, comme les Pholades, et pique de ses dents, desquelles {dans le granit) il retire les grains de quartz, qu'il met lui-même en saillie par l'enlèvement de la partie fine et sableuse qui lie le granit. Ensuite, serrant de ses denis les gros grains de quartz, il les ébranle, les arrache, démolit la roche; nous en avons surpris un sur le fait. En saisissant un de ces animaux, un de nos ou- vriers s'écria qu'il mangeait les pierres ; l'Oursin tenait, en effet, entre ses dents un fort grain de quartz qu'il ve- nait sûrement d’arracher au granit. Tous les envahisseurs de ces retraites ne peuvent survivre au contact de l'Our- sin, si bien hérissé de ses pointes et qui parait n’en être nullement gêné; avec le temps il enlève l'encroûtement calcaire restant du Nullipore, s’il est dans la nécessité d'approfondir sa demeure; autrement il la laisse plas par- ticulièrement dans le pourtour de son trou. On est étonné, assurément, qu'un être aussi faible en ap- parence que l'Echinus lividus, surtout dans le jeune âge, puisse parvenir à creuser, avec ses dents, des trous aussi profonds dans des roches résistantes et compactes, telles qu'un grès quar(zeux et un granit, l’un et l’autre faisant feu au choc de l'acier; des roches enfin, comme nous l'avons observé ailleurs, que l’industrie de l'homme n'’at- taque qu'avec le fer acéré. Mais, en examinant les moyens que la naturesait si mer- veilleusement approprier à toute chose, on arrive à les comprendre, L'Echinus prenant son point d'appui à la roche avec ses tentacules charnus pédicellés, dont l’élas- ticité lui permet de mouvoir sa coque pour changer le contact de ses coups, se déplace ensuite et se replace de nouveau, tourne sur lui-même, donnant à son trou la TRAYAUX INÉDITS, 395 forme sphéroïde de sa coquille, qui le guide et dont il ne peut pas s'écarter. 1} suffit à l'Oursin d'ouvrir sa mâchoire de 1 ou 2 mil- limèêtres seulement, pour que chacun de ses pics pro- duise sa piqüre séparée ; ainsi un coup de son bélier, son appareil buccai, soit en frappant, soit en appuyant forte- ment ses cing pics pour inciser la pierre, donne, à chaque atiaque, cinq piqüres, de sorte que, par la multiplication du mécanisme, cent coups produisent cinq cents piqüres par l'Echinus sur la roche, Jci nous ferons observer que l’action continuelle de l'eau de mer, par sa composition, facilite singulièrement la dé; sagrégation des roches, en les attaquant fortement à leur superficie, au point que le grès et le calcaire se laissent rayer ayec l'ongle. Nous avons désagrégé ce grès, même le granit, avec un poinçon en corne ou en ivoire. Si l'Oursin était obligé de creuser son trou à une profondeur aussi grande que celle où nous l'observons sans disconti- nuer son travail, il n'y réussirait pas, car l’action destruc- tive de la mer est longue à pénétrer dans l’intérieur des roches ; elle agit principalement à la superficie, et comme il convient, sans doute, à l'Echiiws de suspendre souvent son trayail par des temps de repos, comme, pour affûter les nouvelles pointes de ses pics, l'action de l'eau salée de la mer à tout le temps de préparer, d'attaquer de nouveau les surfaces des trous dans leur nouvelle superficie, et, lorsque l'eau de mer a, pour sa part, suffisamment agi, l'Echinus, à son tour, se livre de nouveau au travail. Ne soyons donc plus aussi étonnés de trouver, plus tard, ces roches d’une telle dureté, laquelle ne leur est réellement acquise que sous notre température, à la sortie de la mer, après que la roche a été exposée à l'action de l'air. L'Echinus lividus de notre Océan est abondant dans toute la Méditerranée; c’est incontestablement la même espèce, mais, ne l'ayant pas rencontré dans cette mer à l'élat perforant, les personnes qui ont contesté cel usage 396 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Septembre 1857.) se sont basées sur les habitudes de ces Radiaires observés par eux. Aïnsi ces observateurs se sont prononcés sur le motif que ces Radiaires ne perforant pas sur toutes les côtes de l'Algérie et celles de Provence, contrées qu'ils avaient eux-mêmes explorées, et ces animaux devant avoir par- tout uniformité de mœurs, ils ne devaient pas plus creuser les roches sur les côtes de l'Océan; qu’alors les trous où nous les avions trouvés ne devaient pas leur appartenir. Mais nos premières observations ont éveillé l'attention de divers observateurs; nous savons aujourd'hui, à n’en plus douter, que ces Échinodermes creusent encore les roches dans la Méditerranée, où il est vrai aussi qu’une grande partie vit dans les anfractuosités naturelles des roches, dans les varechs, comme un peu partout, ce qui leur suffit pour s’abriter avec d'autant plus de sécurité dans cette mer qu’ils n’ont pas à se garantir contre l’ac- tion redoutable du flux et du reflux, comme ceux de notre Océan, qui, sans la précaution de se creuser leur demeure, seraient généralement rejetés à la côte dans nos marées orageuses, lesquelles, en se retirant au plus bas, nous permettent de les atteindre dans leur trou, de les y prendre à la main. 1] n’en est pas ainsi dans la Méditerranée. Avec un si faible reflux, les Échinides perforants et autres res- tent à une certaine profondeur sous les eaux, ce qui rend leur approche comme leur apparition beaucoup plus dif- ficiles. Mais cela ne détruit pas (et nous en jugerons bien- tôt) que les mœurs de ces Radiaires ne soient les mêmes, et, quoique là ils soient perforateurs en plus petit nombre, ils creusent encore les roches de la Méditerranée comme celles de l'Océan. Appareil buccal. — Sa structure musculaire. — Moyen d'agir. Sur les côtes du Croisic, nous trouvâmes des Oursins livides beaucoup plus gros que ceux de l’année précé- TRAVAUX INÉDITS. 397 dente. Nous en primes un plein seau, et, à l’aide d’une petite scie fine, nous en coupàmes beaucoup de coques en deux parties transversales, d’autres verticales, tous étant à l’état frais et vivants, pour observer leur système mus- culaire, qui nous démontre le procédé mécanique si re- marquable de ces Échinodermes dans leur travail à creuser les roches. Examinons l'appareil ou lanterne d’Aristote, comme on l’a vulgairement désigné. Les cinq pièces supérieures, en forme de leviers (reposant sur les cinq osselets servant de charnières aux mandibules), ont l’une de leurs extrémités réunie et attachée au centre de l'appareil sur les cinq os- selets ci-dessus; l’autre bout de chacune de ces cinq pièces porte deux muscles ici fortement attachés; ils s’é- cartent et se prolongent en forme de triangle, s’attachent, par leur extrémité, à la coque de l’Oursin, entre ses anses. Ici nous reconnaîtrons tout d’abord que ces dix ligaments musculaires, qui rattachent l'appareil à la coque, en se contractant sur leur longueur, deviennent le principal mo- teur qui fait jouer l'appareil pour battre la roche, ou, en s’y appuyant fortement, pour l’inciser. Dix autres muscles, plus volumineux que les premiers, rattachent encore l’ap- pareil à la coquille de l'Oursin, toujours dans la partie de ses anses : ceux-ci doivent principalement agir pour écarter les mandibules, ouvrir la mâchoire; ils peuvent encore, comme les premiers, contribuer à faire agir l'appareil contre la roche. Ainsi nous comptons vingt articulations musculaires, lesquelles, agissant d’un commun accord, font jouer les pics de l'Echinus en opposition à la multi- tude des ventouses pédicellées qui fixent la coque sur la pierre, leur point d'appui indispensable. Cinq nouveaux muscles puissants rattachent les cinq mandibules mobiles entre elles formant la mâchoire, solidement articulées par ces ligaments pour fermer la bouche avec force. D’autres attaches musculaires recouvrent les parties supérieures des mandibules, se rattachant aux pics en particulier pour 398 REV. LT MAG. DE ZOOBOGIE. (Septembre 1857.) les faire jotier dans leur coulisse. Ceux-ci se terminent, intérieurement, en longues pointes nacrées flexibles et recourbées vers le milieu de appareil, où elles reçoivent, au besoin, la substance calcaire séerétée pour leur pro- longation. Au centre s'élève perpendiculairement le rec- tum, attaché à la coque. Comme nous l'avons supposé dans notre premier tra vail, c'est bien Pappareit qui, resté mobile; doit agit en entier, el non chagtüe dent séparément dans leur coulisse. Lorsque l'Echinus veut creuser son trou, il soude ses pics dans ses mandibules sus an point Seulement; au contact où ils sortent de leurs rainures, vers le milieu de leur longueur. Sans cette précaution, la résistance ferait re- monter les pics dans leur coulisse, sans effet suffisant Sr la roche. Dans d’autres circonstances, l'Oursin dessoude ses pics (probablement avec une sécrétion acidulée), les rendant alors mobiies pour en faire usage dans ses cou lisses, soit pour les affüter par le moyen que nous avons sup- posé dans notre précédent travail, en refaisant les pointes, soit pour les prolonger au fur et à mesure qu'ils s'usent, et les faire plus ou moins ressortir de leurs mandibules. Nous avons, en effet, trouvé fréquemment de ces appareïls dont les denis où pies étaient ainsi sondés, e6 beaucoup d’au- tres qui ne l'étaient pas: et, comme nous l’avons dit, en les faisant {tremper dans l'eau chaude et en appuyant for- temen! la pointe du pic sur une lable, on les dessoude. Ces remarques sont faites sur plus de quarante Oursins coupés sur Îles lieux dans l’état le plus frais possible (1). (1) Souvent on juge des faits sur un trop petit nombre d'ébseiva= tious. Ainsi l’ox a dit que les baguettes, de couleur verte dans le jeune âge de l'£chinus livitus, devenaïent violettts dans un âge plus avancé. Il n'en serait pas ainsi Sur un grand nombre d’indi- Yidus ; nous avons trouvé dans les jeunes, em général, presque aû- tant de violet que de vert, ce qui noûs à porté à reconnaitre que cé sont deux variétés qui naissent avee leurs couleurs différentes ct les conservent, Il en est eucore aiusi pour l'£chinus granularis des THAVAUX INÉHITS. 399 Recherches de 1856. Depuis nos premières publications, et dans les premiers jours d'avril, favorisé par une grande retraite de la mer, nous avons réiléré nos recherches sur le plateau calcaire du Four, près le Croisic. A l'aide d’ane barre de fer en levier, nous faisions détacher du sol et retourner des blocs calcaires d'assez grandes dimensions, pour la recherche des Mollusques, principalement le Galeoma Turtoni, le Chiton cajetanus et autres qui s’insinuent profondément daws les fissures naturelles de ces roches. Nous avons été surpris de trouver, sous une de ces pierres, deux Echinus lividus (variété), lesquels, pour trouver un abri dès leur jeune âge, s'étaient introduits dans cette fissure, ouverte de { centimètie environ, e2 qui nous fit reconnaitre que ces Oursins n'avaient pu s'y introduire plus gros; arrêtés dans cette retraite sûre, chacun d'eux avait dû se mettre à l'œuvre, creuser son trou, accroître sa coque, que nous trouvons mainlenant de 3 centimètres 4/2 de diamètre, proportion avec laquelle ils n'auraient pu s'introduire primitivement dans leur jeune âge, lorsqu'ils n'avaient de passage que pour la grosseur de 1 centimètre. Ces Our- sins, que nous trouvons là vivants, ayant augmenté de plus de deux fois leur volume, n'étaient donc pas sortis de leur trou. On prétend, par opposition à notre système de perfora- tion, que les Oursins doivent voyager pour chercher leurs alimeuts, mais il est certain que ceux-ci, qui s'étaient d'eux-mêmes si bien emprisonnés, ne voyageaient pas; nous sommes porté à croire que l'Echinus, principalement tôtes du Finistère. Le test du lividus varie également de forme, gé- Béralement il est aplati; d'autres sont plus globuleux; une autre ariété bien remarquable du plateau du Four x ses baguettes courtes et fortes. 400 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Septembre 1857.) dans les circonstances où se trouvaient ceux-ci, en outre de la nourriture qu'il trouve dans l’eau de la mer, se leste encore l'estomac, comme le font les Pholades, avec les détritus les plus fins, la poussière qu’ils forment en creu- sant, en usant le calcaire. Disparition et retour des Oursins. En juin et juillet 1856, nous avons visité de nouveau les côtes granitiques de la Turballe, près le Croisic, dans les mêmes localités où nous avions fréquemment recueilli des Oursins au mois d'octobre de l’année précédente ; nous avons été surpris de ne trouver que les trous vides dans le granit, les Oursins n’y étaient plus, nous n’en trouvèames pas un seul. Nous avons voulu nous assurer s'ils retourneraient dans la saison d'automne; les 15 oc- tobre et 15 novembre suivants, nous avons visité de nou- veau nos mêmes localités, beaucoup d'Oursins y étaient retournés. Maintenant que l'expérience nous démontrerait la dis- parition de ces Échinides dans la saison des chaleurs et leur retour en hiver, on pourrait en expliquer ainsi la cause. Les trous ou flaques qui renferment les Oursins dans le granit sur les parties les plus élevées et éloignées du ri- vage, sur les côtes de la Turballe, étant généralement très- petits, le peu d’eau qu'ils contiennent à la marée basse est susceptible, dans les grandes chaleurs, de s’échauffer fortement, et doit être nuisible à ces animaux. Dans cette circonstance, ils abandonneraient leur retraite trop chaude pour descendre beaucoup plus bas en grande eau, soit dans des trous déjà par eux creusés dans les roches, soit dans des excavations naturelles où, durant la saison d'été, ils trouvent une température plus convenable. L'hiver, ils retourneraient occuper leurs petites mares ou flaques plus élevées sur le rivage, où la saison ne les gêne TRAVAUX INÉDITS. 401 plus et leur serait même favorable; ils s’y cramponnent et y séjournent tout l'hiver avec sécurité. Ils ne rencon- trent pas toujours des trous proportionnés juste à leur volume, comme ceux qu'ils s'étaient creusés ou appro- priés; aussi voyons-nous de ces Échinides qui, pour s’y introduire, ont du relever fortement leurs baguettes per- pendiculairement, tandis que d’autres, au contraire, les abattent horizontalement pour remplir le vide du trou trop grand qui ne leur avait pas appartenu. Il ne s'ensuit pas qu'ils doivent quitter leur trou pour chercher leur nourriture, la mer leur apporte sans qu'ils abandonnent leur demeure. Nous en trouvons aussi (dans le granit à grains fins) qui ont augmenté la circonférence de leur trou et de leur coque au point de ne plus pouvoir sortir de leur retraite. Sur les côtes de Douarnenez, les Échinides ne quittent leur bassin dans aucune saison, attendu que ces excava- tions étant très-grandes, elles contiennent beaucoup d’eau qui n’est pas susceptible de s’échauffer, comme nos petites flaques de la Loire-Inférieure. Epreuves infructueuses. Nous avions hâte de revoir, après un an, les Æchinus de Douarnenez, où nous sommes arrivé le 10 août 1856. Malheureusement nos premières épreuves n'ont pas ré- pondu à notre attente; à notre première visite, fin août 4855, nous avions enlevé, dans le fond d’un bassin, di- verses grandes plaques de grès toutes couvertes de trous renfermant leurs Oursins, et dans leur place nous avions parsemé, sur la roche lisse, d’autres £chinus, pour juger, plus tard, s'ils s’y fixeraient et creuseraient de nouveau leurs demeures. Mais nous avions manqué de prévoyance ; par l'enlèvement de nos échantillons, les Oursins que nous avions mis à leur place se trouvèrent dans des cavités comparativement au niveau du bassin en général, et le 2° ske. Tr, 1x. Année 1857. 26 h92 rev. er mag. DE Z00Lo0%IE. (Septembre 1857.) sable s’y était précipité. Nos Oursins, ne pouvant donc pas s'attacher à la roche, ont été emportés ailleurs. Nous avons cependant reconnu des commencements de trous qui pouvaient bien être le travail de l’année; nous ne pourriôns Cependant pas l'assurer. Nous avons donc recommiencé de nouveau nos épreuves sur unie éminence où nous ne devions plus craindre l’en- sablement, dans une surface de 1 mètre carré que nous avions couverte d'Oursins. Pour bien reconnaître la loca- lité, nous avions relevé un petit plan de ce bassin de 3 môtres carrés environ, en y rattachant notre semis, si nous pouvons nous exprimer de la sorte, pour le dépôt de nos Oursins, espérant que Ceux-Ci devaient nous donner dés résultats satisfaisants. Étant retourné deux jours après ces préparatifs, nous vimes avec regret que le tiers en- viron de nos Échinides était resté sur la roche, et que les deux autres tiers environ n'y étaient plus; il est probable qu'à la mer montante les premières lames, en tombant dans le bassin, profond de 40 à 50 centimètres, ont dû surprendre nos animaux et les entrainer. Nous les ayons remplacés de nouveau, sans retirer l’eau, nous proposant de juger, plus tard, du résultat de ces secondes tentatives. L'année prochaine, nous disions-nous, peut-être serons- nous plus heureux. Recherches ‘de 1857. Dans nos recherches de ‘cette année sur notre départe- ment, nous avons trouvé une nouvelle et riche localité de PÆchinus lividus perforant le granit, sur la côte à l'ouest et fout près du Croisic, au rivage de la ‘chapelle de Saint- Coustan, localité dés plus fréquentée durant-les 27, 28, 29 mars, les plus basses marées de l'année, que nous at- tendions impatiemment. Elles tous ont offert, chaque jour, quelques heures ‘d'une forte retraite de la mer, aussi avons-nous pu gran- TRAVAUX INÉDITS. 103 dement en profiter, secondé par quatre personnes, ou- vriers tailleurs de pierre et porteurs bien munis d'outils et de tout le nécessaire. En parcourant les roches éloi- gnées, dans un bas-fond, nous ayons trouvé plusieurs flaques qui ne vident jamais : ce sont de larges excava- tions peu profondes ouvertes dans le granit; en y plon- geant le bras, cherchant de la main sur les parois de ces excavations, les piquants des Oursins se faisaient promp- tement sentir, et, à notre grande satisfaction, nous recon- nümes que dixerses parties du pourtour de ces bassins étaient tapissées d'Oursins tous dans leur trou; il arrive même d'en trouver de suspendus en dessous des roches saillantes en forme de voûtes, principalement dans le grès ; ils s'y attachent et creusent encore leur trou dans cette position, où leurs tentacules pédicellés doivent être constamment fixés à laxoche pour les soutenir dans cette posilion suspendue. Chose remarquable, nos ouvriers et pêcheurs mêmes du pays n'en avaient pas Connaissance. Ici le fond de ces bassins n'en contenait pas comme ceux de Douarnenez, qui en sont tous couverts, et cela se conçoit : le sable ici séjourne et ne leur permet pas de se fixer sur le fond de la roche comme sur les parois au pourtour de ces excavations, où ie mouvement de la mer emporte facilement au dehors des trous les détritus de la pierre détachés par les Oursins, et autres débris qui pour- raient s’y introduire. À nous de nous hâter à puiser et rejeter l'eau de deux de ces bassins, pouvant contenir plus où moins de huit à dix barriques d'eau, chose des plus faciles sans doute; mais la difficulté était d'enlever des échantillons, vu les précautions longues et minutieuses à prendre, et qui ne coïncidaient pas avec la première des nécessités, celle de se hâter, à raison du peu de temps pendant lequel chaque marée basse nous laissait les moyens d'agir. Les fissures, si répandues dans ce granit tellement pénéué par l'eau 40% REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Septembre 1857.) salée, entraînent facilement la destruction de la roche; la brusquerie de nos ouvriers y contribuait encore beaucoup. À nos grands regrets, bon nombre d'échantillons tom- baient sous l'outil en nombreux fragments devénus dès lors, insignifiants. Tous ceux que nous pouvions conser- ver, aussitôt arrachés du sol, étaient, par nous-même, fortement ficelés sur tous les sens et emballés dans des varechs; en même temps nous étions encore préoccupé d’une surveillance générale sur nos ouvriers, nous cédions au désir, à la nécessité de porter nous-même les derniers coups pour l’enlèvement des échantillons. Sans notre en- tourage, ces diverses préoccupations nous auraient fait oublier l’approche de la mer montante, qui, en nous pres- crivant si juste nos deux ou trois heures de travail, venait nous chasser toujours trop tôt, emportant avec nous les regrets de lui abandonner une riche localité qui ne devait plus nous apparaître que l’année suivante. Nous avons cependant à nous féliciter de notre bonne fortune, car nous avons recueilli un bon nombre d’échan- tillons où plusieurs des plus marquants présentent de six à dix trous, jusqu’à 9 centimètres de profondeur et pourvus de leurs Oursins. Épreuves concluantes de 1857. Nous avons à rendre compte de notre dernière excur- sion sur les côtes du Finistère. Le 16 août dernier, nous arrivâmes, à la mer basse, sur notre localité favorite de l’'Echinus, à la côte nommée Grabinek, au delà du Riz et à 2 kilomètres à l’est de Douarnenez. Là nous trouyâmes, au fond de notre bassin d'épreuves, attachés sur la roche et où nous les avions placés en août 1856, un bon nombre d'Oursins. Cette excavation, pouvant contenir 10 à 12 bar- riques d’eau, fut vidée par nos hommes en une heure de travail. Nous y descendimes aussitôt, et, en enlevant divers Oursins, nous en reconnûmes plusieurs qui enfin, à notre TRAVAUX INÉDITS. 405 grande satisfaction, avaient commencé à creuser leur demeure dans la roche de 2 millimètres dans le cours de l’année, ce qui paraîtra peu; mais nous devons faire observer que, dans cet endroit, la pierre est extrè- mement dure, le plus grand nombre de nos Échinides n'avaient encore qu’effleuré la roche sous eux. Il est très- probable aussi que l’action de la mer n'avait pas encore eu le temps d'attaquer convenablement la nouvelle super- ficie du grès, pour aider le travail des perforants. Favorisé par quelques belles journées, nous avons con- tinué nos expériences, d’abord en faisant retirer entière- ment l’eau du premier bassin si grandement exploité par nous en 1855, et d’où nous avions extrait plus de cin- quante échantillons de tous les formats. Parmi les Our- sins venus ici d'eux-mêmes se replacer sur la roche lisse que nous avions si bien exploitée, douze ou quatorze avaient grandement commencé leur trou jusqu'à 9 milli- mètres de profondeur sur 4 et 6 centimètres de diamètre à leur ouverture; nous en avons enlevé divers échan- tillons pour le musée de Nantes, où ils constateront le tra- vail par lequel ces Radiaires ont creusé la roche à raison de 3 millimètres par an. Ces résultats, des plus satisfaisants pour nous, décisifs, concluants, viennent prouver l'authenticité du fait que nous avions avancé en juillet 1854, que des Échinides creusaient des roches. Désirant continuer nos expériences sur ce sujet si at- trayant pour nous, nous avons scellé au fond de notre premier bassin d'épreuves un casier en bois de 50 centi- mètres carrés, haut de 15 centimètres et à 3 comparti- ments (casiers n°* 1, 2 et 3), dans lesquels nous avons placé, sur la roche lisse, trois âges bien tranchés de cet Echinus lividus, conservant près de nous les mêmes gros- seurs correspondantes aux numéros du Casier, que nous avons recouvert d'un grillage. Les Oursins ne sortiront certainement pas de leur emprisonnement; si la main de #06 REV. ET MAG. DE 200LOGIE. (Septembre 1857.) l’homme ne détruit pas nos préparatifs, avee le temps ils pourront nous apprendre encore, par la durée du travail, les progrès de Faccroissement des coquilles, eomme la longévité des animaux. Atlestations diverses. — Oursins exotiques perforants. Dans notre premier travail, nous disions que lexamen des pièces osseuses ou appareil buccal d'un certain nom- bre d'Eehinus exotiques nous démontrait que bien d’au- tres de ces espèces, étrangères aux côtes de France, de- vaient encore creuser les pierres de la même manière que nos lividus de Bretagne. Cette conviction s’est encore con- firmée par la présentation de nos échantillons à divers naturalistes, géologues et explorateurs, dont les assertions attestent l'existence de ce fait sur d’autres côtes de France, comme dans les contrées les plus reculées. M. Jules Verreaux, oraithologiste des plus distingués, nous écrit avoir vu, dans ses voyages durant quatre an- nées au cap de Bonne-Espérance et daus la Nouvelle- Hollande, des quantités d'Oursins petits et gros de tous les âges incrustés sur tous les sens, comme les nôtres, dans les roches en grès ou calcaire, chacun dans son trou; ils sont communs sur la côte est du Cap, depuis la baie de Geen-Pointe jusqu'à Algaon-Baie. Les autres localités encore plus spécialement remar- quées par M. Verreaux où des Oursins vivent en grand nombre, dans des trous, de la même manière que les nôtres, sont la côte nord de la Tasmanie, la localité nommée George-Town. En Australie, c'est principale. ment dans les baies dites Port-Jackson et North-Head qu'ils abondent. M. Verreaux ajoute : « Il y a plus de «trente ans que j'avais observé ce fait sans m'en être « rendu compte. » Nous avons vu ces mêmes Oursins déposés au muséum de Paris (mais dépourvus de leur roche) provenant des om me der cn lt te TRAVAUX INÉDITS, 407 voyages de M. Verreaux, qui les a lui-même retirés de leurs trous : ils constituent deux espèces; la plus forte est l'Echinus Delalandii (muséum); la petite, qui aurait de grands rapports avec notre jeune lividus, est l'Echinus Blanchardi (muséum). Pour les espèces exotiques, une seconde communica= tion non moins positive que la première nous est adressée par un habile naturaliste voyageur infatigable, M. Auguste Sallé, qui, lors de son voyage à Saint-Domingue, de 1849 à 1851, nous dit avoir souvent observé des quantités d'Our- sins tous dans leurs trous, creusés dans le calcaire, prin- cipalement sur les parois des rochers ; ils sont abondants à Guivia, lieu où l’on va prendre des bains, à 1 kilomètre environ de la ville de Santo-Domingo. Ces espèces sont l'Heliocidaris mexicana (Agas), qui est la plus répandue, et le Diadema Furcarum (Agas), avec ses longues baguettes, qu’il relève perpendiculairement pour diminuer son travail dans la circonférence de son trou. Nous avons mis nos échantillons sous les yeux de plu- sieurs capitaines au long cours de notre port de Nantes, dont un nous à rapporté l'Echinus trigonarius, grande es- pèce à grosses baguettes, en nous disant l'avoir retiré d'un trou parfaitement arrondi comme sa coque et pra- tiqué dans la roche, nous assurant en avoir vu beaucoup d’autres ainsi disposés, notamment aux îles Maurice et de la Réunion. M. Saemann, géologue explorateur infatigable, en xoyant nos échantillons, nous dit avoir rencontré notre même espèce d'Oursins, petits et gros, incrustés dans les roches calcaires de la côte de Biarritz, tous séparés les uns des autres par des cloisons desquelles il ne s'était pas rendu compte, les coquilles n'étant pas, d'ailleurs, le sujet des recherches de ce géologue. El avait supposé que ces Cloisons pouvaient provenir de leurs excréments ou au- tres produits madréporiques qui se seraient déposés entre kO0S8 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Septembre 1857.) elles. L'aspect du Mullipora incrustans, qui, ordinaire- ment, recouvre les crêtes des cloisons, est bien de nature à donner cette idée. Un conchyliologiste distingué de Bordeaux, M. Cazena- vette, en visitant (sur notre avis et depuis peu) cette loca- lité, s’est assuré que les Oursins y étaient bien à l’état per- forant, comme nos échantillons. M. Arthur Éloffe, géologue, durant un séjour de trois ans sur l’île de Planier, près Marseille, où il était alors chargé du service du phare, a vu et pêché souvent, nous a-t-il dit, ces Oursins, qui, comme les nôtres, étaient in- crustés dans la roche calcaire, d’où il avait parfois peine à les retirer sans les briser, à l’aide d’un crochet en fer. C'est à l’ouest du phare que se trouvent plus communé- ment ces Echinus. M. Éloffe, qui souvent les mangeait, leur faisait une chasse très-assidue, et nous a dit qu'après quelques jours les trous dont il avait retiré les Oursins étaient occupés par d’autres semblables ; comme il nous a encore observé que les pêcheurs qui les recherchent pour la grande consommation en comestibles qui s'en fait à Marseille les retirent encore parfois de ces trous, mais il s’en prend bien davantage à la drague traïnante sur le sable, sur les roches, où ils circulent dans les beaux temps. Ceux-ci ne sont plus, sans doute, incrustés dans la pierre, et, par les forts temps, ils sont encore entraînés au dehors des anfractuosités naturelles des roches, des varechs, des éponges, des polypiers, où ils se cramponnent avec leurs baguettes et avec leurs ventouses pédicellées sur les roches. Les Oursins avaient encore été vus dans leurs trous par divers auteurs des plus renommés. Ayant mis nous-même nos échantillons sous les yeux de M. Milne-Edwards, il nous dit avec empressement : « J'ai «vu cela dans l'Algérie. » M. de Quatrefages les avait vus à Guetary; M. Boubée encore, sur les côtes de Biarritz. Un TRAVAUX INÉDITS. 409 professeur du muséum de Paris cite que ces échantillons étaient, depuis plus de vingt ans, placés dans les collec- tions du musée. Conclusions. Ne soyons plus étonné si, d’après notre première publi- cation, notre manière de voir a été combattue en France et en Angleterre, puisque l'explication de ce fait avait manqué partout, sans que la perforation par ces ani- maux fût même soupçonnée. Peut-être devons-nous ajouter à nos observations qu'ayant acquis une multiplicité telle ils ne peuvent plus trouver suffisamment des localités convenables de bassins et de roches pour y faire usage de leur mode perforant, car, nous le répétons, il faut reconnaître, à n’en plus douter, que, pour les maintenir contre la puissance d’une mer agitée, la nature, toujours si bien entendue et pré- voyante dans ses principes , les a doués réellement d’un système dentaire et d’une force musculaire puissante pour les faire agir ainsi, se creusant leur demeure dans des roches qui scintillent sous le choc du briquet. Nous nous sommes longuement peut-être appesanti sur ce sujet, pour éviter, autant que possible, les contradic- tions qui s'élèvent si souvent en histoire naturelle, se ré- pandent et jettent de nouvelles incertitudes; ainsi en a-t-il été si longtemps pour l’histoire des Pholades et autres per- forants. Nous avons donc cru devoir reproduire nos ob- servalions, nos expériences peut-être minutieuses sur ce fait, qui, en histoire naturelle, a paru généralement à tous surprenant, pourvu, dans ses détails, d’un vif intérêt, et jusqu'alors méconnu dans les mœurs de ces Radiaires. Nonce supplémentaire sur le genre Euryprosopus, de RAO REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Septembre 1857.) l'ordre des Coléoptières, suivie de la description de deux espèces nouvelles, par M. Lucien Buquer. Dans la Revue zoolo,ique de 1853, j'ai donné, page 256, une monographie, avec figures, du genre Euryprosopus, de la famille des Longicornes, dont je m'occupe tout par- tieulièrement depuis quelques années. J'avais çru devoir, à cette époque, former de ce petit groupe d'Insectes deux sections distinctes, à raison, d’une part, de l'échan- crure très-marquée du premier article des antennes qui existe chez les uns, et, d’autre part, de l'absence totale de ce caractère chez les autres, ce qui coïncidait, d’ailleurs, avec la forme des élytres, semi-cylindriques chez les pre- miers, presque planes chez les derniers. Ayant eu à faire une nouvelle étude de ces Insectes, et frappé que j'avais été, lors de mes premières études, de caractères aussi disparates parmi des espèces qui me pa- raissaient être aussi intimement liées entre elles, j'ai été amené, après un sérieux examen, à reconnaitre que l'é- chancrure dont il s’agit se rencontrait chez les mâles ex- clusivement. En effet, toutes les espèces décrites de ma première section appartiennent à ce sexe, tandis que celles de la deuxième section sont des femelles. Je me hâte d'ajouter, cependant, qu'il ne doit résulter de ces explica- tions aucune autre modification à mon travail, les espèces appartenant à l’une et à l’autre section n'ayant rien de commun entre elles. Ce qui me confirme encore davantage dans ce que je viens d'avancer, c’est que j'ai pu examiner à loisir plu- sieurs Insectes de ce groupe intéressant que M. Chabrillac a bien vouiu me confier, et parmi lesquels j'ai été heu- reux de rencontrer plusieurs femelles de mon ÆEury- prosopus dardanus qui ne diffèrent du mâle que par l'ab- sence de l’échancrure mentionnée ci-dessus et l’aplanisse- ment plus marqué des élytres. Les caractères dont je m'étais seryi pour distinguer les TRAVAUX INÉDITS. L41 deux sections dont je viens de parler ne pourront done être utilisés désormais que pour reconnaitre les sexes, et, à ce point de vue encore, ils ne seront pas sans impor- tance, attendu que ces caractères sont constants. Je signalerai, à cette occasion, une variété assez cu- rieuse de l'espèce désignée ci-dessus (E. dardanus), qui se trouvait parmi les Insectes de M. Chabrillag. Au lieu de la large bande jaune longitudinale et dentelée aux extrémités quiorne l'individu typique, celle-cin’a qu'une tache en ovale allongé au milieu des élytres; mais elle a, de plus que la première, une tache humérale étroite et jaune également, Pour compléter enfin le travail monographique que j'ai entrepris sur ce petit groupe d’Insectes, je donnerai ci- après la description de deux nouvelles espèces. Euryprosopus Chabrillacii, Buq. Pallidus, Elytris apice nigr.s. — Long., 18 mill.; lat,, 4 mill, 3/4. Femelle. Tète d'un jaune paille, moyenne, angles peu saillants, convexe et lisse en dessus, avec une ligne en- foncée entre les antennes; mandibules noires à l'extrémité. Antennes noires, ornées d’une touffe de poils de même couleur, avec les trois premiers articles et la moitié du quatrième, parfois aussi une portion du cinquième, jaunes. Corselet de cette dernière couleur, presque cylindrique, renflé sur les côtés, étranglé à la base ; écusson jaune éga- lement, petit, avec une impression assez marquée en ar- rière. Élytres d’un jaune un peu plus pâle que la tête et le corselet, presque planes, coupées carrément à la base, arrondies et ornées, à l'extrémité, d'une tache d'un noir bleu qui varie beaucoup de dimension et même de forme. Pattes et dessous du corps entièrement d'un jaune paille. Cette espèce doit se ranger près de l'Apicalis ; elle a été rapportée du Brésil par M, Chabrillac, à qui je me suis fait un plaisir de la dédier, en souvenir de nos agréables relations d'échange. 412 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Septembre 1857.) Euryprosopus angustissimus, Buq. Capite, thorace, scutelloque rufo-ferrugineis ; elytris angustatis, violaceis; antennis nigris, articulo primo quatuorque rufis; femori- bus nigris. — Long., 17 mill.; lat., 5 mill. Femelle. Tête d’un rouge ferrugineux assez vif, petite, à angles peu saillants, ridés faiblement en dessus, avec une ligne enfoncée entre les antennes; mandibules noires à l'extrémité. Antennes noires, ornées, chacune, de deux touffes de poils noirs également, avec les premier et qua- trième articles rouges. Corselet de cette dernière couleur, allongé, cylindrique, ridé transversalement en dessus, étranglé à la base; écusson petit, rouge, légèrement creusé. Élytres d'un violet brillant, très-allongées, légè- rement convexes, coupées carrément à la base, arrondies à l'extrémité et faiblement granulées en dessus. Pattes et dessous du corps d’un jaune testacé, avec les jambes et l'abdomen noirs, à l'exception du premier et des deux der- niers segments. Cet Insecte doit prendre place près du Cyanipennis, avec lequel il a le plus d’analosie. Comme ses congénères, il est originaire du Brésil, d'où il a été rapporté, comme l'espèce précédente, par M. Chabrillac. Peut-être devrait-il rentrer dans le groupe des Cosmisoma, dont il se rap- proche beaucoup, ou même former un genre à part. Je ne saurais résoudre encore la question, ne connaissant pas le mâle de cette espèce. II. SOCIÉTÉS SAVANTES. ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS. Séance du 31 août 1857. —M. Dumas lit un travail ayant pour titre : Remarques sur la composition et la température de l'air des chambres el des litières pendant l'éducation des Vers à soie. SOCIÉTÉS SAVANTES. 413 Ce sont des études d'un haut intérêt scientifique, comme toutes celles que l’on doit à ce savant éminent, et, si elles ne peuvent conduire à l'explication des causes de l’épi- démie actuelle des Vers à soie, elles auront toujours une grande valeur pour appuyer les savants, et surtout les hommes pratiques, quand ils continueront de répéter aux magnaniers, comme nous ne cessons de le faire depuis plus de dix ans dans nos cours, M. E. Robert et moi, qu’un air qui n’est pas suffisamment renouvelé, et que des litières épaisses et en fermentation, sont les causes les plus énergiques d’une foule de maladies dans les magnaneries. Quant à l'épidémie actuelle, nous pensons qu’elle est pro- duite par d’autres causes, par des causes bien plus géné- rales, car elle frappe aussi fatalement les éducations bien ventilées et tenues proprement que les plus mal conduites. De plus, avant l'épidémie, ces magnaneries des Cévennes, et de beaucoup d’autres localités, étaient aussi mal aérées et tenues qu'aujourd'hui, et cependant les récoltes de cocons étaient entières, la graine qui en provenait était bonne, en un mot les Vers à soie n'étaient atteints que des maladies ordinaires. Aujourd'hui il y a donc autre chose que les mauvais procédés d'éducation, il y a épi- démie, maladie générale frappant également les éduca- tions mal soignées comme celles qui sont le mieux tenues, les contrées où l’industrie de la soie est le plus arriérée comme celles où elle a fait le plus de progrès. M. Dumas a mille fois raison encore quand il dit qu’on sauverait les chambrées de Vers à soie prêts à périr de la touffe, qui n’est autre chose que l'état de stagnation d'un air trop chaud et plus ou moins impur, en ouvrant les portes et les fenêtres, au lieu de les tenir soigneusement fermées, comme on le fait presque toujours, et en cela aussi il est d'accord avec la pratique, car les magnaniers un peu éclairés ne manquent pas d'ouvrir les fenêtres et soupiraux des ateliers, et même de faire des feux vifs pour provoquer plus sûrement le renouvellement de l'air dans hAk REV. ET MAG. BE 7001061, (Septembre 1857.) V’atelier quand l'approche d'un orage détermine les pre- miers sympiômes de la touffe, qui n’est que l’asphyxie des Vers à soie. M. Jacubowitsch présente des Recherches sur l'histolngie du système nerveux. L'auteur résume ses observaiions dans dix-sept para graphes occupant près de six pages des Comples rendus. Tous les faits qu'il a étidiés, tous les résultats des expé- riences qu'il rapporte -ont fondés sur une multitude de coupes microscopiques qu'il a faites systématiquement, depuis le fil terminal jusqu'à la périphérie externe des hémisphères dans différentes directions et chez différents animaux. Parmi les faits remarquables observés par M. Jacubo- witsch, il en est un que nous devons citer, parce qu'il semble expliquer les effets foudroyants de l'acide prus- sique et de certains autres poisons. « Enfin, » dit l’auteur, « je dois encore ajouter une observation qui s'est pro- duite dans le cours de mes recherches. d'ai souvent essayé de tuer subitement, par les narcotiques (acide prussique, nicotine, conine, etc.), les animaux destinés à mes prépa- rations. Dans tous ces cas, les préparations du cerveau et de fa moelle épinière devenaient tout à fait inutiles pour mes recherches histolagiques, parce que les éléments ner- veux et cellulaires se trouvaient entièrement détruits, les membranes en étaient déchirées, les cylindres d’axe sé- parés des celluies et mis en pièces, et le contenu des cel- lules était racorni el diminué. Je ne puis m'empêcher d'attribuer ces changements remarquables, dans tous ces cas, à une interruption soudaine de la nutrition qui est produite par l'action du poison. Ces observations donnent l'unique explication saisissable de l’action mortelle et sou- daine des narcotiques en général et des alcaloïdes en par- ticulier. » M. Nourrigat adresse de Lunel un deuxième Mémoire sur la sériciculture. Ce Mémoire, accompagné, comme SOCHÉTÉS SAVANTES. 445 l'était le premier, d'une série de cocons provenant de di- verses races, est renvoyé à l'examen de Ja commission déjà désignée. Séance du T septembre 1856. — M. le secrétaire perpé- tuel communique l'extrait suivant d'une Note concernant les Ælamants du lac de Tunis que lui a adressée d'Alger M. Guyon, correspondant de l'Académie. « On sait en quel nombre le Flamant, Phwnicopterus ruber, habite le lac de Tunis, où il vit en quelque sorte en société organisée. La nuit, il se repose sur les bords du lac, figurant de loin un corps d'armée aligné ; le jour, il en parcourt la surface ou il en fend les régions supérieures par bandes innombrables et en projetant ainsi, sur le lac, une ombre plus-ou moins étendue. « En 4845, {846 et 1847, pendant les mois de juillettet d'août, les Xlamants du lac de Tunis mouraient en grand mombre, et alors tout le lac était couvert de leurs cada- vres. Les belles plumes rouges, qui sont d'un si merveil- leux effet lorsque le soleil s'y reflète, avaient notablement päli, et, comme les autres, tombaient naturellement ou se détachaient sans peine. Tel était l'état de ceux qui, portés par les vagues, venaient flotte: mourants contre les bar- ques des bateliers, qui en recueillaient quelquefois. Ceux qui avaient été ainsi pris ne tardaient pas à mourir, en rendant par le bec une matière verdâtre abondante. La mortalité des Flamants du lac de Tunis, en 4845, se ré- péta les deux années suivantes, 1846 et 1847, aussi pen- dant les mois de juillet et août. Nous ferons remarquer qu'elle me s'accompagna d'aucune maladie épidémique dans les populations voisines, ni-en 4845, mi en 1846, ni en 1847. En cette dernière année 1847, le choléra ne s'élait pas encore montré à Louis; il n'y apparut que deux ans après, en 1849, et sur la fin de cette même année. « Le 49 juin 1849, vers les onze heures du matin, le lac &A6 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Septembre 1857.) fut le théâtre d’une trombe accompagnée d’une grêle ex- traordinaire ; des grèlons pesaient jusqu'à 350 grammes. Les frères Scotto, habitants du lac depuis vingt-cinq ans, nous en indiquaient la grosseur par l’espace compris entre le pouce et l'index réunis par leurs extrémités. Un nombre infini de Flamants fut tué par ces grêlons; d’autres en eurent seulement les ailes ou les pattes cassées. Les bate- liers du lac en recueillirent beaucoup dans ces deux états. La trombe dont nous parlons ne s’étendit pas hors du lac; elle s’y concentra tout à fait, et c’est ce qui résulte du té- moignage de nombreuses personnes alors travaillant ou passant sur les bords du lac. » M. le maréchal Vaillant présente à l'Académie plusieurs paquets de cartouches dont les balles ont été percées, quelques-unes de part en part, pendant le séjour de nos troupes en Crimée. L’Insecte perforant, arrivé à l’état parfait, est une espèce de Mouche hyménoptère, dont plusieurs spécimens accompagnent les balles et cartouches de la garde impériale déposées par M. le maréchal Vail- lant, qui fait observer que le phénomène dont il s’agit paraît différer essentiellement de ce qui a été observé plusieurs fois à l'égard des plaques de plomb appliquées sur des terrasses ou sur des voûtes recouvertes de terre, plaques qui, ayant une épaisseur de 3 et même # milli- mètres, ont été perforées par la Cetonia aurata. «M. Duméril est invité à prendre connaissance de ces pièces, dont l’une offre l’Insecte logé au fond du trou qu'il a creusé. » On ne peut s'expliquer comment et pourquoi le savant académicien-ministre est venu mêler la Cetonia aurata dans cette affaire, en disant qu’elle avait plusieurs fois perforé des plaques de plomb appliquées sur des terrasses ou sur des voûtes recouvertes de terre. Si elle a eu ce tort grave, on doit lui accorder un généreux pardon, surtout aujourd’hui, car, si tout ce qu’on en dit se trouvait exact, SOCIÉTÉS SAVANTES. 17 elle serait appelée à rendre un grand service à l’homme en lui donnant le moyen de braver la maladie la plus ter- rible et la plus incurable. Cependant la justice veut que nous déclarions ici que S. E. le maréchal Vaillant n’est pas le premier à accuser les Cétoines de percer le plomb, car nous avons inséré, en 1844, dans cette Revue zoologique, un travail très-intéres- sant de M. Desmarest sur quelques perforations faites par des Insectes dans des plaques métalliques, travail dans lequel on trouve une observation faite en Corse par M. Piccioni, de laquelle il semblerait résulter qu'une autre espèce de Cétoine, la Cetonia cardui, aurait pénétré dans des ruches d’Abeilles en agrandissant des trous faits dans des plaques de plomb. Quoique cette observation laisse beaucoup à désirer et qu'il ne soit pas encore prouvé que cette Cétoine est réellement coupable du méfait qu'on lui reproche, d'avoir rongé le plomb pour pénétrer dans la ruche, on sait, aujourd'hui, qu’elle a réellement beaucoup de goût pour le miel, et qu'elle ne se refuse pas d’aller le sucer dans les ruches quand elle peut y pénétrer. (Voir, pour plus de détails, Revue zoologique, 184%, p. 96.) M. A. Chauveau adresse des Recherches expérimentales sur la moelle épinière. M. Vanner envoie la figure d’un instrument de son in- vention qui, « combiné avec l'hémodynamomètre de M. Poiseuille, donnera, dit-il, la mesure exacte, en poids, des contractions du cœur. » « L'auteur annonçant l'envoi prochain d’une descrip- tion complète de son instrument, on attendra que son Mémoire ait été reçu pour nommer la commission chargée de l’examiner. » Séance du 1% septembre 1857. — M. le maréchal Vail- lant communique la copie d’une lettre qu’il a adressée à M. l'ambassadeur de Russie relativement aux balles de plomb rongées par des Insectes. Dans cette lettre, l'illustre maréchal cite encore les per- 2° sk, r. 1x, Année 1857. 27 418 Rev. ET MAG. DE Z00LOGIr. (Septembre 1857.) forations faites par la Cetonia aurala, mais là il apporte un doute en parlant « d’un animal qu'on appelle, je crois, la Cetonia aurata. » M. Duméril, dans un rapport sur ce sujet intitulé Ae- cherches historiques sur les espèces d’Insectes qui rongent et perforent le plomb, se montre, comme toujours, très au courant de la science et des progrès de l’entomologie, dont il est le doyen en France. Après avoir rapporté avec une grande exactitude tout ce qui a été publié sur les Insectes qui perforent les métaux, ainsi que l'avait fait M. Eugène Desmarest, en 1844, dans notre Recueil, il ar- rive à l'explication du fait signalé par l’illustre maréchal dans la séance précédente , et il montre que les perfora- tions des balles rapportées de Crimée sont l'ouvrage d'un Insecte à quatre ailes de l’ordre des Hyménoptères, nommé Urocère par Geoffroy. Je me permettrai cependant de ne pas être tout à fait de son avis quant à la manière dont ces Insectes ont dù s’y prendre pour percer les balles de plomb en question. Je pense que c’est tout simplement avec leurs mandibules qu'ils ont fait ce travail et non avec leur oviducte, qui n’est destiné qu’à introduire leurs œufs dans le bois. On sait, aujourd’hui, que ces Insectes vivent à l'état de larves dans le bois des arbres résineux, et qu'ils s'y creusent des gale- ries profondes. On sait aussi qu'à l'exemple de presque tous les Insectes qui vivent dans l'intérieur de diverses substances, des fruits, du bois, etc., ces larves s’arran- gent de manière à ce que l’Insecte parfait qui en pro- viendra puisse sortir facilement de sa retraite pour aller s'occuper, au dehors, de la conservation de l'espèce. Dans beaucoup d'insectes dont la bouche n’est pas armée de fortes dents, l'instinct prévoyant des larves les porte à préparer cette sortie en rongeant leur galerie jusqu’à son orifice extérieur, en ne réservant, pour la cacher, qu'une, mince pellicule en partie détachée et que | Insecte parfait n'a qu'à pousser avec sa tête. Tel est le cas de la Mouche SOCIÉTÉS SAVANTES. 449 dés olivés, de l'Alucite des blés, etc. Chez d'autres éspèces, telles qüe les Iéhtfèumons, les Céphus, qui vivent dans les tiges du blé, etc, l'Insécté parfait à des dents où matidi- bules très-puissantes qui lui permettent de pérfôrér éhEure dés corps 4ssez dürs, ef de se faire, ainsi, jour à la vié de féprodüction. Les Urocéres Sont émitiemment dahs cé cas, ét 1 cest éeéftain qu'ils Ont pu, après AFoir traversé le bois dus Caissés dans lesquelles étaient émbällées les étr= touches, contifier léurs galeries dans le plomb des allés, | sé métamorphoser dans ces faleries qiänd l'époque de fétir trmsfortafion est arrivée, ét faire énfm dés efforts désespérés pour én sortir en rongeant éntore le plomb. Ces Insectes doivent vivre plusieurs années à l'état dé Fatvé, Comme le fait penser l'observation que M. Ingpen à publiée en 1838 (Ami. Sôc. éñtonr. dé Londres, L Li Pros éeeting:, p. 85). Cct énfomélogisté à informé lt Société qu'une autre espèce du même genre, l'Erôcéres iéplér, sôrtit par miliers des planéhets d'une niaisot éonstraite depuis trois ans, et dont fà éhärpenité étrit sipposée vent dit Canada. d'oût ff éonéhiait quré es Inseëtes avaiént mis plis dé trois ans à parvenir 4 l'état parfait. S'il én est ainsi, il est petrnis de penser qué les planches de sapim évitployées pot les caisses 4 cartouchiés renfefmiaient quétepnes larves de cé genre, qui Sont dé véritäbles ta- rières vivantes; que ces Insectes, dvanit où après être te rivés à l'époque dé leur defnière transformation, où pett- étre x Ces deux époques, ont poursuivi fatalemient, instinés fivement leurs fiféries, qui étarent, par hasard, dirigées de coté intériéwr des mieses, CE qi y ayant rencontré Ics éartonches ef leurs baltes, ils off continué de perforer €es Corps jusqu'à Ventre éptisement de leurs forces. Nos devons nous borner à ces observations s@f mn fait attsst simple, ét rérvoger nôs leétéurs qui votrétfaient plis de développenrents & ant très-joh arficlé publié, dans le Currier de Paris dé 2 octobre #87; par M. F; dé Saulcy k20 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Septembre 1857.) savant académicien qui est doublement compétent, puis- qu'il a été en même temps artilleur et entomologiste. M. Chauveau présente un Mémoire sur la théorie des pul- salions du cœur. Séance du 21 septembre 1857. — M. le maréchal Vail- lant, chargé, par intérim, du département de l'instruction publique, transmet un Mémoire de M. Andrieux intitulé : Manuel du berger ou Traité des maladies des moutons. Ce travail est renvoyé à l'examen de M. de Gasparin. Séance du 28 septembre 1857. — M. le président 1. Geof- froy Saint-Hilaire présente, au nom de la famille du prince Charles Bonaparte, le dernier travail de cet illustre savant, intitulé : Tableaux des genres des Gallinacés disposés en séries parallèles. Il demande que ce manuscrit soit in- séré aux Comptes rendus, pour faire suite aux tableaux pa- ralléliques, déjà publiés par le prince, des autres ordres ornithologiques. Ces tableaux, qu'il serait impossible d’analyser, occu- pent quatre pages des Comptes rendus. M. Ramon de la Sagra annonce l'établissement d'un observatoire météorologique à la Havane et la nomina- tion officielle du directeur de cet observatoire, qui est confié à M. Andrès Poey, savant dont l'Académie a ap- précié les nombreux et importants travaux sur la météo- rologie et la climatologie. « A l’occasion de la lettre de M. Ramon de la Sagra, M. le président communique un autre fait qui témoigne aussi de l'intérêt éclairé du gouvernement espagnol pour le progrès des sciences et de leurs principales applica- tions. M. Graells, directeur du Musée d'histoire naturelle de Madrid et délégué, en Espagne, de la Société impériale d’acclimatation, a, tout récemment, informé cette Société que des mesures viennent d’être prises pour l’établisse- ment immédiat de parcs et d’un jardin pour l’acclimata- tion et la culture des animaux et végétaux utiles. Les plans MÉLANGES ET NOUVELLES. 1921 de ce nouvel établissement viennent d'être approuvés, et le budget arrêté par la reine, selon les propositions de M. Graells. M. le président se félicite, ajoute-t-il, de pou- voir donner cette nouvelle à l’Académie en présence de M. le général Zarco del Valle, commandant supérieur de l'arme du génie et président de l’Académie des sciences de Madrid, qui assiste à la séance de ce jour, et au con- cours duquel sont dues, en grande partie, les mesures fa- vorables aux sciences qui ont été récemment prises en Espagne. » M. le secrétaire perpétuel donne lecture de la lettre suivante, adressée à M. le vice-président de l’Académie par M. le maire d'Étampes, président de la commission formée pour l'érection d’un monument à la mémoire de M. Geoffroy Saint-Hilaire. « La ville d'Étampes inaugurera, le 11 octobre prochain, la statue d'Étienne Geoffroy Saint-Hilaire. Dans ce grand acte de reconnaissance nationale, l’Académie des sciences ne saurait être oubliée. Je suis l'interprète des vœux de la commission en vous priant, monsieur le vice-président, de vouloir bien désigner un de vos collègues qui repré- senterait, à Étampes, votre illustre compagnie, et qui voudrait bien porter la parole dans cette solennité. » III. MÉLANGES ET NOUVELLES. INAUGURATION, à Étampes, le 11 octobre 1857, de la statue de GEOFFROY SAINT-HILAIRE. La Direction de la Revue et Magasin de zoologie, ainsi que les collaborateurs et lecteurs de ce Recueil, vont s’as- socier de cœur à l'hommage rendu, par la ville d'Étampes et le pays tout entier, à la mémoire de l’un de nos plus célèbres zoologistes. Pour nous qui avons eu le bonheur de profiter longtemps de ses enseignements, et celui, encore 422 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE, (Septembre 1857.) plus grand, d'être honoré de son amitié, nous éprouyons une bien yiye satisfaction en voyant que la Proyidence nous permet (l'assister au grand acte de justice qui ya s'accomplir, et de prendre part à cette cérémonie tou- chante, encouragement et récompense pour tous ceux qui s'efforcent de marcher sur les traces de ce grand natu- raliste, Heureuse la famille du savant illustre qui est l'objet d'une telle manifestation! heureux surtout son fils! Li doit être doublement fier de porter un si beau nom et d'assister à une fête si glorieuse, reyêtu de la plus hante dignité que la science puisse donner, comme président de cette Aca- démie des sciences dont son père est l’une des gloires. En se rendani digne, par ses travaux, d'un père aussi illustre, en suivant ses traces avec un si grand succès, en comprenant si bien et si pieusement que noblesse oblige, M, Isidore (Geoffroy Saint-Hilaire a eu le bonheur de donner un grand et bel exemple de piété filiale, Honneur donc au nom des Geoffroy Saint-Hilaire : honneur el remerciments à la ville d'Étampes, qui sait si bien récompenser ses enfants! L Nous rendrons compte de cette imposante inauguration, à laquelle vont assister des représentants de toutes les institutions et sociétés savantes de la France et de l’é- tranger. CoxsipÉRaTIONS philosophiques sur un Essai de systématt- sation subjective des phénomènes météorologiques , d’après la similitude des forces ou des lais directrices et perturbatrices ; leur conservation, leur corrélation, en liant partout les propriétés dynamiques des phéno- mênes à la structure géométrique des corps, et au point de vue de la théorie des milieux biologiques et soçiolo- giques. Par M. Andrés Poey, directeur de l’obserya- foi OO EE MÉLANGES ET NOUVELLES. 193 toire météorologique de la Hayane, etc., etc. (Voir 1857, p. 374.) ’ « Maintenant, après cette première considération , la seconde qui s'offre immédiatement à l'esprit est celle des deux aspects sous lesquels se présente la relation des êtres vivants et des milieux , à savoir que si, d'une part, l'être est d'autant plus modifiable-qu'il est plus élevé, d’une autre part son aptitude à réagir sur le système ambiant est en rapport direct avec son degré d'élévation et de complication. Le végétal, étroitement lié à un petit nombre de conditions extérieures, en subit les plus légères varia- tions et n’a presque pas d'action sur les milieux, tandis que l'homme, dont les conditions extérieures d'existence sont très-nombreuses, mais qui supporte sans danger de plus grandes limites de variations, se trouve, en définitive, le plus libre et le plus puissant des êtres vivants. « Ces faits d'observations et bien d'autres, énumérés dans le cours de ce travail, devraient être pris en con- sidération, suivant moi, lorsqu'on traiterait d'une ma nière rationnelle et approfondie Ja question capitale de la culture et de l’acclimatement du règne organique con- sidéré dans ses deux grandes divisions de la végétalité et de l'animalité, en rapport surtout avec la théorie des mi- lieux, ou soit l'étude des milieux où modificateurs externes générauæ et spéciauz , et de leur action sur l'organisme. Ce principe a le double avantage, ainsi que M. Auguste Comte l'a démontré, de se rapporter à la véritable notion de vie, qui résulte d'une double harmonie entre l'organisme et le milieu inorganique, puis entre les agents et les actes. » « Avant d'abandonner ce chapitre sur l'acclimatement des espèces végétales et animales , c’est le cas de signaler icique, dans un établissement météorologique théorique etpratique de la nature de celni dont je propose la fon- dation dans diverses parties du globe, on pourrait et on devrait instituer une série d'expériences d'après un pro- 424 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Septembre 1857.) gramme dont les bases seraient bien arrêtées, pour dé- terminer la véritable influence des agents extérieurs sur le développement et les actes physiologiques des Vers à soie dans toutes leurs phases, depuis la simple existence de la graine jusqu'à l’éclosion du Papillon. On devrait, alors, placer la graine et le Ver à soie dans diverses conditions de milieux, autant que possible analogues à celles propres aux différentes localités qui ont été ou qui n’ont pas été ravagées par l'épidémie, ainsi que d'après les caractères climatériques des contrées d'où ils provien- nent. Ensuite on dépasserait ces écarts vers les parties ascendante et descendante de l'échelle thermométrique, pour tàcher de découvrir s’il n’y aurait pas, dans la valeur thermique de quelques-unes de ces limites, des écarts plus ou moins favorables au développement de la graine. Enfin il serait oiseux et impropre de vouloir déterminer ici chaque série d'expériences qui serait déjà arrêtée dans le pro- gramme, mais surtout parce qu’elles ne peuvent surgir qu'à mesure queles premières expériencesaurontétéaccomplies, et lorsque seul alors l’expérimentateur pourra les prévoir. « Cependant il ne faut pas aussi oublier qu'il a été déjà dit que la chaleur est le premier élément des agents exté- rieurs, après la pesanteur, qui exerce une influence plus considérable sur l’économie animale par sa plus grande généralité et sa moins grande complication, étant plus dégagée de l'action des autres agents sur lesquels elle agit plus directement qu'elle n’en est, elle, influencée par eux. Aux influences de la chaleur s’ajoute, immédiatement après, celle de l'humidité, ou, en d’autres termes, la cha- leur sèche et humide, dont l’action sur le dévelcppement des graines des Vers à soie n’est pas moins importante et qui n’est presque pas connue jusqu'ici. Îl ne faudrait pas oublier non plus que les deux termes les plus importants à connaître au point de vue de la thermométrie des cli- mats sont ceux qui embrassent les températures de l'hiver et de l'été, lesquelles constituent deux maæima d’écarte- Le MÉLANGES ET NOUVELLES. 495 ment envers l'échelle descendante et ascendante. Aïnsi les expérimentateurs pourraient placer leurs expériences dans cinq premières limites de l'échelle thermométrique par rapport à chaque pays dans lequel ils opèrent. Par exemple, pour la France, ils prendraient sa moyenne température annuelle, puis les deux maæima et minima d'hiver et d'été; ensuite les expériences devraient être répétées et variées entre ces cinq premières limites. Il serait encore important d'étudier si, dans l’action de la chaleur sur les Vers à soie, comme dans les plantes, les mazima de température ont peu ou point d'influence; si les moyennes ou sommes de température utiles dans cer- taines limites de temps, et aussi dans le champ des tem- pératures ordinaires, suffisent pour expliquer les phéno- mènes physiologiques des Vers à soie et leurs diverses transformations, ainsi que M. de Candolle l’a constaté sur la végétation. Enfin, dans toute action des agents cli- matériques sur les êtres vivants, le problème qu'il faut résoudre expérimentalement est le suivant : « de con- « naître et de dégager, dans les observations météorolo- « giques, la somme d’action des milieux, soit celle de la « chaleur, de la lumière, de l'électricité, etc., utile à « l'existence organique, résultée de la double harmonie « entre les organes et le milieu inorganique, de la somme « d'action inutile à cette même existence, et, après cette « correction, en calculer les effets d'action et de réaction « entre l'être et le milieu. » « Ce problème ayant été uniquement formulé par M. de Candolle (4) envers la solution de l'influence de la tempé- rature sur les végétaux, je l'ai étendu à toutes les autres actions météorologiques, en introduisant l'élément le plus capital de l’action des milieux sur les êtres et de la réac- tion des êtres sur les milieux, dont ce savant n'avait pas tenu compte. (1) Géographie botanique raisonnée, ete. Paris, 1855, p. 7 et 50. 426 REV. ET MAG. DY ZOOLOGIE. (Septembre 1857.) « La détermination du zéro thermométrique corres- pondant au minimum de température où chaque trans- formation physiologique du Ver à soie est encore pos- sible est un élément qu'il importe de reconnaître sous plus d’un rapport, ainsi que le mavimum de tempéra- ture 6ù cos actes physiologiques ne sont plus possibles. Il va sans dire que les différents zéros de température que chaque race de Vers à soie doit probablement posséder ne correspondent pas au zéro de la congélation de l’eau des thermomètres. Il en est ainsi pour les plantes qui pos- sèdent chacune un zéro et une somme de température propre au mincnum où à l'état normal du développement de leurs feuilles et de leurs fleurs (4). En un mot, le pre- mier problème à résoudre expérimentalement , tant pour les végétaux que pour les Vers à soie, est celui qui doit nous fournir la loi suivant laquelle le temps se combine à la somme de chaleur, ou, en d'autres termes, la combi- naison des températures avec la durée de leur action. M. de Candolle attache une plus grande importance à la somme des températures qu'à leur durée sur les végétaux. Mais on peut dire qu’à la longue la plus grande durée remplace la plus grande somme propre à un intervalle plus court. Dans les plantes, ainsi qu'il a été remarqué plus baut dans les races humaines et dans celles des Vers à soie, l'acclimatement présente moins de difficulté vers l'échelle ascendante, c’est-à-dire vers la chaleur, que vers les degrés de froid. «L'élément de la pluie, qui joue un grand rôle dans les caractères des climats, a une moindre importance dans le cas actuel, Quant aux autres éléments principaux, tels que la lumière, l'électricité et le magnétisme, leur action est encore bien plus limitée, quoique certains au- teurs aient exagéré l'influence bénigne de l'électricité en l'érigeant à tort en agent universel. Or j'ai soutenu la (4) Ch, Martins, Voyage en Scandinavie, ete., p. 89. MÉLANGES. ET NOUVELLES, 427 thèse contraire dans le chapitre IV, d’après l'ordre d'éve- lution des phénomènes, également signalé daps les chapi- tres JE et IL, selon leur généralité et simplicité décrois- sante qu leur particularité et complication croissante. De sorte que, loin d'être un agent ou une force complétement dégagée des auires pouyant les engendrer lontes, l'élec- triciié se trouye elle-même être intimement dépendante des autres propriétés de la matière, suscepuble unique- ment de se produire sous certaines çondilions molécu- laires et d’une manière plus ou moins passagère, En un mot, l'électricité étant Ja plus particulière de toutes les propriétés actuellement reconnues aux corps, ses phéno- mênes sont moins gépéraux, moins simples, moins déga- gés et indépendants des conditions propres à chaque auire phénomène ou propriété de la matière, « Cependant, de quelque nature quesoit l’action del’élec- tricité sur l'organisme, il est certain qu’elle exerce une in- fluenge quelconque qui n’est pas mieux connue jusqu'ici que les véritables influences, plus considérables encore, que la chaleur et l'humidité ont sur les êtres vivants, Le seul cas de l'aetion de l'électricité de la foudre bien déterminé que je possède est le suivant, qui {ut signalé par M, d'Hom- bres-Firmas (1) ; « La foudre Giant tambée sur une ma- 4 gnanerie, les Vers à soie parurent électrisés dans toute 4 l'acception du terme, et continuèrent de trayailler avec 4 un redoublement d'activité, Ni la vive lumière, ni le 4 bruit, pi les vapeurs sulfureuses, ni Ja fuméo, ni la ma- « tière de la foudre ne portèrent le moindre préjudice « aux Veps à soie. Les aides qui continuèrent à placer le s bois disent qu'ils y grimpaient avec ardeyr au fur et à « mesure, et les étages sont aujourd'hui bien garnis de « trés-heaux cocons, » « Est-ce un fait du hasard que le fluide électrique fut, dans cette occasion, favorable au développement des Vers (1) fecueil de mémoires el d'observations sur la physique : mé- ljnges. Nimes, 1842 à 1844, 1, V, p, 173. 428 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Septembre 1857.) à soie, ou le phénomène a-t-il toujours lieu? Je crois que les renseignements manquent à cet égard, pour pouvoir résoudre d’une manière définitive cet important problème. Si, par hasard, les sériciculteurs possédaient d’autres cas analogues ou d’un effet contraire à celui-ci, je leur deman- derais de vouloir bien me les communiquer, afin de les insérer dans un travail spécial sur les effets de la foudre, que je ferai paraître prochainement. «Avant de conclure cette partie, on me permettra de faire une autre remarque au sujet du grand problème de l'acclimatement, qui est un des plus vastes et des plus ca- pitaux sous le rapport de la géographie médicale ou biolo- gique, agricole ou zoologique envers la distribution des animaux, y compris l’homme, et les météores même quant aux lois non moins préexistantes qui président à leur distribution géographique. € Or il paraîtrait, d’après les recherches et les énoncés de MM. Nott et Gliddon, que les êtres vivants se trouve- raient distribués, à la surface du globe, en un certain nombre de règnes zoologiques et naturels pour ainsi dire, possédant chacun son climat, sa faune et sa flore, ayant des caractères physiques et intellectuels qui les distin- guent eutre eux. Chacun de ces règnes considérés comme autant d’individualités, quoique étant à la fois intimement liés les uns aux autres dans des limites encore inconnues, est cependant bien caractérisé sous le rapport physiolo- gique, pathologique, climatérique, etc., par des lois qui semblent leur être spéciales. En second lieu, en divisant les climats en climats physiques et médicaux , chaque race d'hommes (pour les auteurs ce sont des espèces distinctes) serait régie par des lois physiologiques et pathologiques dans ces deux climats qui lui sont propres. Finalement, qu'aucune race d'hommes ne pourrait être considérée comme étant cosmopolite (4), mais que les races indigènes (1) M. le docteur Boudin soutient cette même thèse depuis douze aus, que l’homme n’est point cosmopolite et que sa faculté d’accli- MÉLANGES ET NOUVELLES. 429 des latitudes intermédiaires entre celles de l’équateur et des pôles se rapprochent plus du cosmopolitisme (1) que les races indigènes des zones torrides et glaciales. » Il nous est vraiment pénible de ne pouvoir suivre, à cause du manque d’espace et surtout de temps, la longue et savante discussion à laquelle M. Poey s’est livré au sujet de cette dernière question. Il nous suffira d’ajouter, en quelques mots, que l’auteur apporte des preuves qui nous paraissent concluantes à l’appui de cette loi univer- selle de la constance dans la variété; en d’autres termes, suivant son expression philosophique, « que l’ordre uni- versel est tout à la fois immuable dans ses conditions fon- damentales et modifiable dans ses dispositions secon- daires. » Ainsi c’est dans la modificabilité des disposi- tions secondaires de l’ordre universel qu’il a cherché à établir une filiation logique et scientifique entre les di- verses catégories de races, de faunes, de flores, de climats physiques et médicaux signalées par MM. Nott et Gliddon, et les mêmes catégories dont M. Poey a trouvé l'existence dans les phénomènes inorganiques et organiques propres à la physique, à la chimie, à la vitalité des animaux et matation est essentiellement limitée, excepté, toutefois, chez les Juifs et les Bohémiens ; Géographie médicale, 1. 1, p. 142, 213. M. Knox est du mème avis pour la race anglo-saxonne transportée aux États- Unis; The races of men, London, 1851. M. Ramon de Ja Sagra dit encore que la race espagnole et européenne, à Cuba, dépérit progres- sivement, et qu’elle ne doit sa conservation d'un peu de vigueur qu’en se retrempant, par le croisement, avec de nouveaux immi- grants ; Boudin, t. II; p. 151, 196. (1) L'auteur a raison de dire se rapprochent du cosmopolitisme, car la nécessité de l’acclimatation se fait généralement sentir pour des animaux qui vivent même dans des milieux très-voisins, Ainsi, par exemple, nous ayons remarqué, à la magnanerie de Sainte-Tulle, que des éducations de Vers à soie provenant de races d'Italie et faites au delà des Alpes, dans le midi de la France, ne donnaient réelle meut de bons résultats qu'après plusieurs générations. (G.-M.) #30 Rev. Er Mae: DE Z06Locrt. (Séptetibre 1857.) des platités, ét, finalement, envers les phéroménes météo: rolüpiqués: Dans ce deiniër rapprochement, cé savätit ftittine re- mafque entièrement nétve qui nous sémble, sôts plus d'utt rapport, digne le fixer attention des Météorolo- gistes. Nots luissérons parler ici Fantéur. & Chaque phénomêne lôcal d'une contrée où d'un pays fourtiit dés éléments dont l'ensemlie dé lenr courbé coñstitié uné résultante tjui détermine fe élimnt général de cette contrée où dé ce pays, ét dont les phétiomènes locaux forment autant d'individualités et dé catégories chinatériques pins où toins indépeñdæntes les unés des aufres ; dé sorté que les résultäntes locales forment les élimats partiéls, dont les résaitanites générales de ceux:ei constituent les chimats généraux où les élimatoloyies générales de éhaqité éontrée où de chaëjte pays. Mais les limités d'éterdié, aussi biën des elimats partiels que des élimats pénéraut, Sont biétr ions connues qué ne Fa été jusqu'ici l'étistetce méme de ce fait. ‘Pouf ce qre je puis avancer pour lé moment en ierme général, e'est que ces Hiniites ebimatériqués pars trelies, et moins encore les miles sénérales, #8 correspons dent point avec les divisions et les limites politiques des pays et des nations. » Finalement, à la suite de celte première discussion, M. Pocy entire dans d'autres considérations pour déter- mirer les lois propres à 14 classification nalwrelle des cli= muts selon leur distribution géographique à la surfacé du globe. Comme M. Poey annonce qu'il reprendra cette question des climats avec bius &'élcadue dans un travaik spécial, nous bornerons là noâre 4nalyse, quoique eette partie me soit pas éépetitant la dernière que laüteur aït trattce dans cs chapitre ffaal, qui roule prinicipäfentent sûr’ és applications concrètes de là météorologie. Lorsque le travail spécial de M: Poey sur la classification naturelle des climats aura paru, nous fous ferons un très-grand plaisir d'insérer dans notre Reste les passages qui se rat MÉLANGES ET NOUVELLES. 43t tacheront plus intimement à la culture et à l'acclimate- ment des espèces animales et végétales, quoique les lois qui régissent l’acclimatement des races humaines ne soient nullement à négliger dans l'étude de celles propres aux animaux et aux végétaux, ainsi que M. Poey l’a très-judi- cieusement fait sentir dans cette Note. Nous croyons que nos lecteurs nous sauront encore gré de leur donner les conclusions finales de cet important travail de M. Poey. « La météorologie, » ajoute ce savant, « ré- clame aujourd'hui plus que jamais 1° la création de chaires spécialement consacrées à l'étude de la météorologie théo- rique et pratique au point de vue de ses applications à la biologie, à la sociologie, à l'agriculture, aux arts et mé- tiers et à la navigation ; 2° la fondation, dans ce but, d’in- stitutions et d'observatoires spéciaux complétement indé- pendants des observatoires astronomiques ; 3° en veriu de la corrélation où du concours harmonique préexistant entre les milieux inorganiques, biologiques et sociologiques, de rapporter chacune de ces actions et réactions, non plus aux distinctions absolues correspondantes entre leurs pro- priétés extérieures ou intérieures, come dans l’objecti- vité absolue, mais certainement et irrévocablement aux propriétés de nos propres sens, comme dans la subjec- tivilé relative, par l'intermédiaire desquels nous en avons seulement connaissance ; 4° d’après ce principe, la systé- malisation entière des phénomènes atmosphériques et ter- restres devra être irrécusablement établie selon la simili- tude des forces ou des lois directrices et perturbatrices, leur conservation, leur corrélation, en liant partout les propriétés dynamiques des phénomènes à la structure géométrique des corps, et au pointde vue de la théorie des: milieux Wiologiques et sociologiques; 5% de nouvelles re- cherches. devront être créées, basées sur les principes et sur les lois déjà connues ou entrevues propres à d'autres phénomènes ; 6° l'étude de l'action de la périodicité diurne, annuelle, tridiaire, septimanaire et quadriseptimanaire 432 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Septembre 1857.) sur la mortalité et sur la vie en relation avec les périodi- cités des phénomènes cosmiques, d’après le rapport har- monique préexistant entre la vie et le monde extérieur; 7° la création de comités centraux el correspondants dans chaque nation, département et arrondissement, chargés de réunir, de coordonner, de déduire et de systématiser les observations correspondantes à chacun de ces centres météorologiques, qui devront mutuellement correspondre entre eux; 8° la révision et le perfectionnement des instru- ments actuels et la création de nouveaux instruments; 9° la fondation d’un système uniforme d'observations sur terre et à la mer; 10° la même uniformité constante dans le choix des instruments, ainsi que dans la manière d’ob- server; 11° la provocation et l’organisation d’un nouveau congrès météorologique, dans le but d'arrêter les bases définitives du programme dont je viens de formuler le principe, ou de tout autre qui serait plus profondément en harmonie avec les Lors qui régissent ces phénomènes, identiques, au fond, à celles qui président à l’universa- lité de l’activité moléculaire, au physique comme au moral, basées sur la profonde et lumineuse synthèse exclusive- ment propre à la philosophie positive, qui établit l'ordre universel sur une base immuable dans ses conditions fon- damentales et modifiable dans ses dispositions secondaires. » Nous espérons pouvoir annoncer bientôt la publication de l'important mémoire dont nous avons essayé de donner une idée par cette analyse et ces citations. (G.-M.) TABLE DES MATIÈRES. Pages, Locae. — Nouvelle espèce de Genette de l'Algérie. , 385 Severrzow (N.). — Classification multisériale des Carnivores. 387 Carcriaup (Fréd.). — Observations sur les Oursins perforants. 391 Buquer (Lucien). — Notice supplémentaire sur le genre Eury- prosopus. 409 Académie des sciences. 412 Mélanges et nouvelles. 421 PARIS. — IMP. DE M"° V° BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'ÉPERON, 9. ., VINGTIÈME ANNÉE. — OCTOBRE 1857. I. TRAVAUX INÉDITS. Norice sur la classification multisériale des Carnivores, spécialement des Félidés, et les études de zoologie gé- nérale qui s’y rattachent; par M. N. Severrzow (de Woronèje, sur le Don, Russie). (Voir 1857, p. 387.) Après cela restent encore cinq genres assez disparates, sauf pour le nombre des molaires, la présence du cœcum et la marche plantigrade. Quatre de ces genres peuvent être réunis en une famille qu'on peut nommer Subursidés {d'après les Subursi de M. de Blainville, dont ces animaux faisaient partie) ou Procyonidés, d’après les genres les plus nombreux. Cette famille se divise en deux tribus, formant deux séries géographiques : les Procyoniens, américains (Procyon et Nasua), et les Ictidiens (Ictides et Ailurus), indiens. La première tribu a huit espèces, la seconde deux; toutes deux forment deux séries parallèles reliant les vrais Ursidés aux Viverridés, avec l’habitus de ces derniers, dont ils ne différent que par la présence du cœcum et les tubercules plus mousses de leur molaire (variables chez les Viverridés). Quant au nombre des molaires, il est le même chez les Ours, les Kinkajous, les Procyonidés et les Viverridés : tuberculeuses :. Les Ursidés se trouvent ainsi réduits aux grandes espèces formant le genre Ursus, qu'on peut diviser en trois genres, ayant pour types l'Ours blanc (Thalarctos, Gray), l'Ours brun d'Europe (Ursus) et l'Ours malais (Helarctos). Ces troïs genres, bien caractérisés, sont, en même temps, des divisions géographiques, le premier pour les glaces po- 2 sénre, r. 1x. Année 1897. 28 h3k REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1857.) laires, les deux autres pour les zones tempérée et torride. Chaque genre, commun aux deux continents, y est repré- senté par des espèces différentes, sauf l’Ours blanc, qui jait le tour du pôle. Cette distribution géographique, très- symétrique, est cependant bien différente, on le voit, de celle des Procyonidés, qui accusent bien plus la différence des deux continents. Les Ursidés sont encore une famille vers laquelle con- vergent plusieurs séries de genres divergentes entre elles. Nous ne modifions pas la composition généralement admise des Viverridés, Canidés, Hyénidés et Félidés, qui ont pour caractère commun l'absence de cœcum. Sauf les Hyénidés, peu nombreux et bien localisés (Afrique, S. O. de l'Asie), toutes se décomposent en plusieurs séries gé0- graphiques de formes correspondantes; toutes se relient entre elles, et surtout aux Viverridés. Parmi ces derniers, les Viverra se relient par quelques espèces aux Chats, par la Civette aux Hyènes; les Ichneumons, Ichneumies, Cy- nictis forment une série qui se continue, parmi les Canidés, par le genre Nyctereutes, Temm.; les Paradoxures se rat- tachent aux Ictidiens, au genre Ictides; les genres Gali- dictis, Galidia, Cynogale forment une série correspon- dante et parallèle à celle des Mustélidés, telle que nous avons restreint cette famille ; les genres Rhyzæna et Cro- sarchus enfin sont des représentants des Coatis dans l’an- cien continent. Dans les deux Amériques, l'unique représentant des Viverridés est la Bassaris astuta du Mexique, animal se rapprochant des Genettes ; mais, en revanche des animaux d'Amérique, d’autres familles se rapprochent du type Viverrin. Nous avons vu, en énumérant les genres de Viverridés, que cette famille forme plusieurs séries qui se continuent dans d’autres familles ; ces séries sont déjà des séries géo- graphiques. Les Canidés en offrent aussi, rappelons seu- lement les Chacals de l’ancien continent et leurs repré- TRAVAUX INÉDITS. 435 sentants, les Lycalopex (C. Azaræ, magellanicus, etc.) du nouveau. Mais, sans entrer dans des détails plus circonstanciés, qui trouveront leur place dans mon Mémoire cité ci-dessus et encore inédit, et qui dépassent les limites de cette Note, résumons la signification et la portée des faits que je viens de rappeler. Si nous nous arrêtons à la distribution géographique des familles, nous voyons 1° Que chacune à son mode particulier de distribution géographique. 2 Les Viverridés et les Mustélidés, séries parallèles, s’excluent presque complétement, si on considère leur distribution géographique. 3° Les Ursidés et les Félidés, extrêmes de l’ordre quant à leur carnivorité, se trouvent presque partout ensemble et sont également cosmopolites (sauf l'Australie, où il n’y a pas de carnivores monadelphes); les Canidés, les Lu- tridés sont aussi cosmopolites ; les autres familles ont une distribution géographique plus restreinte et, en appa- rence, plus irrégulière, mais en apparence seulement. Ne formant pas de séries parallèles, elles n’ont pas de rap- ports nécessaires entre elles, si on les prend deux à deux; mais chacune se fractionne en séries parallèles, régulière- ment distribuées sur le globe. Mais si nous nous en tenons aux familles, même aux genres, nous ne trouvons encore que des à peu près. Nous voyons bien qu’il y a des rapports entre la classification naturelle et la distribution géographique des animaux; mais il y a non-seulement des familles , il y a des genres cosmopolites qui ne peuvent se ranger en une série géo- graphique : ainsi le genre Mustela. Pour résoudre cette difficulté, voyons si les espèces de ces genres peuvent se ranger en une série linéaire quelconque. J'ai soumis beaucoup de genres à cette étude; le ré- Sultat à toujours été négatif. Ces genres étaient formés des #36 REV. ET MAG. DE Z00LOGHE. (Octobre 1857.) membres correspondants de plusieurs séries linéaires, dont chacune se continuait à travers plusieurs genres yoi- sins. Pour donner une idée de eette classification des es- pèces et de ses rapports avec leur distribution géogra- phique, j'ai étudié et décrit plus spécialement Ja famille des Félidés, qui, au premier abord, paraît à la fois la plus rebelle à la classification multisériale (si on la prend en bloc et qu'on essaye d’en faire une des séries linéaires de l'ordre des Carnivores) et une des plus irrégulièrement distribuées. Ie trouvai que cette famille se composait de plusieurs séries d'espèces, dont chacune comprenait des espèces de plusieurs genres naturels; seulement, en ad- mettant les espèces telles que je les trouvais déterminées dans les ouvrages zoologiques, je ne pouvais accorder leur classification avec leur distribution géographique. Cela m’'amena à vérifier la détermination des espèces, en comparant un très-grand nombre d'individus de chacune dans les différentes ménascries et collections de l’Eu- rope Je fus conduit ainsi à la célèbre question de la fixité ou de la variabilité des espèces; je cherchai à résoudre cette question d’une manière positive, en étudiant la formation des variétés. Voici les résultats généraux de cette étude; mais d’abord, deux mots sur l’état de la question. Il faut distinguer en cela deux opinions très-différentes. Toutes les deux s'accordent à reconnaître le type de l’es- pèce comme un type abstrait, un ensemble de caractères distinctifs constants pour une époque donnée, et se répé- tant uniformément pour tous les individus de l'espèce. Mais une doctrine, la plus généralement adoptée, ajoute que ce type est immuable dans les caractères essentiels qui le forment, depuis l’origine de l'espèce jusqu'à son extinction, tandis que l’autre, celle de Lamarck, modifiée par Et. Geoffroy Saint-Hilaire, admet que, selon le milieu ambiant et ses influences, le type spécifique se modifie, soit légèrement, soit dans ses caractères essentiels, au TRAVAUX INÉDITS. 437 point de se transformer en type d'une autre espèce, et cela par la suite des générations. Quant aux variétés, elles sont universellement recon- nues; mais sous ce nom on admet 1° les modifications passagères et individuelles de caractères ne constituant pas le type de l’espèce, et 2 les modifications constantes se reproduisant par la génération. Selon M. Brehm, ces dernières sont inhérentes à l’organisation animale; il les nomme subspecies. Selon M. Gloger et beaucoup d’autres, elles sont dues aux influences extérieures, surtout climaté- riques. Enfin les naturalistes français reconnaissent des variétés accidentelles, quoique se reproduisant souvent sur beaucoup d'individus, et des races constantes perpé- tuant leurs caractères par la génération. Il est, de plus, connu, par l'élève des animaux domestiques, que les va- riations accidentelles peuvent se transformer en race. Cette production dé variétés et de races peut être nommée frac- tionnement des espèces. J'ai reconnu que ce fractionnement et la question de la fixité des espèces ne sont qu'une seule et même question, là production des races et variétés étant incompatible avec la fixité du type. La distinction de caractères con- stants et variables est illusoire, car chaque caractère ren- ferme des éléments constants et des variables, qu'on ne peut séparer que par abstraction... Mais des exemples vont exposer ma théorie mieux que des considérations générales et abstraites, c’est la théorie de la génération des #spéces, se résumant en une seule proposition : une défini- tion de l'espèce. L'espèce est un ensemble crsanique ou un être organisé collectif, comme l'individu. Elie vit dans la série des gé- nérations, de même que l'individu perd et renouvelle les cellules et les fibres qui composent son corps. Elle à ses âges, ses phases de développement successif; elle se mo- difie donc dans son ensemble, comme le soutenait Et. Geoffroy Saint-Hilaire. Elle produit, par génération, des k38 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1857.) espèces dérivées qui, d’abord variétés individuelles, se transforment en races constantes, mais réunies par des individus à caractères intermédiaires, et finissent par se séparer complétement. Selon les conditions locales d’exis- tence, de milieu ambiant, le type primordial se maintient à côté de ses dérivés ou disparaît; mais, dans leurs carac- tères, ces dérivés gardent toujours la trace d’une origine commune, se ressemblant plus entre eux qu'aux autres formes voisines qui constituent le genre, et ont pu peut- être se produire de la même manière. Des espèces différentes et de pays différents présentent simultanément des phases différentes de cette vie, de ce développement de l'espèce. C’est ainsi que j'ai pu établir tous les âges successifs de l'espèce par l'observation des animaux actuels. Mais, avant de développer ma définition de l'espèce par des exemples, il faut d'abord écarter tout malentendu au sujet de ces mots, type spécifique. Ce type est-il concret ou abstrait ? Dans d’autres termes, y a-t-il des individus qui montrent purement et simple- ment les caractères constants du type sans offrir en même temps de caractères variables? Si cela est, on peut dis- cuter la variabilité du type sur une base positive; toute production de variété, toute addition de caractères varia- bles au type primitif sera une modification de ce type, surtout si ces caractères, d’abord variables, finissent par devenir constants. Si, au contraire, le type est purement abstrait, la dis- cussion de la fixité des espèces ne peut pas arriver à une conclusion définitive, car chaque naturaliste est libre de faire ses abstractions comme il l'entend pour les besoins de sa théorie. Voilà ce que dit le raisonnement. Passons maintenant aux faits, aux exemples, et cherchons-y la décision de cette alternative. TRAVAUX INÉDITS. 139 Un exemple fort instructif nous est offert par l'Ours d'Europe. La forme la plus ancienne est Ursus arvernensis, Croiz et Job., fossile, des terrains pliocènes. — Taille et crâne de l'Ours des Alpes, front plat, mais différant par ses ca- nines comprimées, sillonnées; dans la période suivante paraissent des Ours à canines rondes et lisses, fossiles et humatiles dans les terrains diluviens. Ces Ours diluviens ont reçu beaucoup de noms; mais, en réalité, il y en a seulement trois formes, Ursus spelœus, U. arctoideus, U. priscus, qui diffèrent principalement par la grandeur des crêtes pariétale et occipitale, et la forme plus ou moins bombée du front, ce qui dépend de lé- tendue des sinus frontaux. C’est U. spelœus qui a ces sinus les plus grands, ainsi que les crêtes; U. priseus a le front aplati, au niveau des os nasaux; U. arctoideus est inter- médiaire entre les deux. De plus, il est reconnu que les crêtes et les sinus frontaux de l'Ours brun actuel augmen- tent avec l'âge ; mais, d’autre part, U. priscus est identique avec l'Ours des Alpes actuel adulte et même âgé. Mais les crânes d'U. spelæus ont tous les fausses molaires incom- plètes ou mème absentes, les vraies molaires usées, ce qui est un signe de vieillesse ; U. arctoideus n’a pas ces carac- tères, il a ses dents complètes ; ces deux formes sont donc des äges différents de la même espèce. Maintenant, D. pPriscus est-il aussi un U. spelœus encore plus jeune ou une espèce distincte? L'étude des Ours vivants nous donne des éléments pour résoudre cette question. {La suite au prochain numéro.) Descnirriox et figure d’une nouvelle espèce de GEai dé- couverte, par M. le capitaine Loche, en Algérie; par M. Jules VEnneaux. Gannwivs mixon. — Cinerco-vinaceus ; pileo albo, plumis clon kkO REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1857.) gatis, medio nigris, nec fasciolatus; macula mystacali nigra; gula, jugulo, abdomine postico, tectricibusque caudalibus candidis; alis caudaque nigris ; tectricibus minoribus cæruleo, albo nigroque ob- solete fasciatis ; speculo alarum longitudinali niveo. — PI. x1v. Plumes des narines très-rigides, blanches, légèrement terminées de noir, celles du front et de la partie antérieure du vertex d’un blanc pur, devenant d’un gris vineux sur les longues plumes qui forment la huppe, où le noir qui colore le centre est plus large et plus foncé, ne laissant aucune trace des raies transversales qui s’observent dans notre Garrulus glandarius; occiput, cou et côtés de la poitrine d’un roux vineux plus foncé en dessus et sur les flancs ; bas du cou et reste des parties inférieures d'une teinte plus claire ; rachis des plumes pectorales blanchä- tre ; une large moustache noire sur les joues; gorge et devant du cou, bas de l’abdomen, couvertures sus et sous- caudales blanc pur, cuisses ayant une légère teinte rosée ; dos gris-brun sur un fond vineux; ailes et queue noires, petites tectrices alaires d’un vineux encore plus foncé et plus lavé de brun à partir de la base, les autres rayées transversalement de bleu, de blanc-bleuâtre et de noir; une grande tache longitudinale d’un beau blanc sur le milieu de l'aile, surmontée de quelques bandes de même coloration que les grandes tectrices; toutes les rémiges primaires bordées de blanchâtre, quelques traces de bandes transversales de bleu foncé sur la base des rec- trices ; couvertures inférieures des ailes de la même teinte que le dessous du corps; bec noir, fort, avec une échan- crure plus forte que dans notre espèce européenne ; tarses brun clair, ongles plus foncés; queue plus arrondie. Garrulus minor. Longueur totale. . . . . . 27 cent. © mill — de l'aile fermée. . 14 3 — de la queue. . . . 13 2 _ du bec en dessus. . 2 4. TRAVAUX INÉDITS. k41 — de l’ongle. . . . cent. 7 mill. — du tarse. . ' 3 6 — du doigt externe. 0 20 — du médian. 2 0 — de l’externe. . 0 15 — du pouce. 0 15 Garrulus glandarius. Longueur totale.. . . . . 35 cent. O0 mil. — de l'aile fermée. . 18 0 — de la queue. . . . 14 4 — du bec en dessus. 2 ti — de l’ongle. 3 k — du tarse. . : 4 > — du doigt externe. 2 3 — du médian. 2 6 — de l’externe. . 2 4 — du pouce. 1 5 Cette description repose sur un sujet adulte tué, en Al- gérie, par l’infatigable chasseur M. le capitaine Loche, qui, par son zèle pour l’histoire naturelle, nous fait es- pérer encore bien des nouveautés, rien qu’à en juger par celles que nous avons sous les yeux, et dont un Félis ad- mirable qu'il se propose de publier dans cette Revue. Cette charmante espèce ne se distingue pas seulement de la nôtre par sa taille, mais elle offre, comme il est fa- cile de le voir, une coloration également plus sombre et assez différentielle pour nous autoriser à la considérer comme distincte. Descriprion d'une nouvelle espèce de CocéorTÈres de la république de Venezuela; par le docteur Manco A. Royas. Genre EricaurTa, Hedt. Lytta, Fabr, — Cantharis, Geoff. E, Causrica, — Nigro-grisca, tomentosa; capite obscure rubro, #42 REV. ET MAG. DE ZO0LOGIE. (Octobre 1837.) nigro-maculato, in mare fronte profunde et late canaliculato ; elytris margine, sutura lineaque media flavo-griseis, — Long., 16 à 13 mill.; larg., 5 à 4 mill. Tête rougeâtre, plus large que le prothorax, ayant, chez le mâle, un large sillon longitudinal et des taches ob- scures. Prothoraz d’un noir grisâtre, tomenteux, allongé, plus étroit en avant qu’à sa base, se terminant presque en pointe, avec une ligne longitudinale d’un gris jaunâtre dans son milieu. Antennes et yeux noirs. Élytres de même -couleur, convexes, très-molles et pubescentes, avec la su- ture, le bord externe et une ligne longitudinale au milieu de chacune d’un gris jaunâtre. Abdomen noir, pubescent. Pattes de la même couleur. Cet Insecte, que l’on trouve dans les plantations de tomates ( Lycopersicum esculentum, Kunth.}, a de fortes pro- priétés caustiques. Dans les premiers jours de mon arrivée à San Fernando de Apure (1), je fus très-étonné, un matin, de trouver, sur la peau de mes mains et de mon dos, des ampoules en tout semblables à celles qui sont pro- duites par les Cantharides ou par la pommade ammonia- cale de Gondret. L Je pris des informations pour savoir s’il existait quel- ques Insectes dont la piqûre produisit un tel résultat. Alors on me dit qu'il y avait seulement deux années qu’on avait vu, pour la première fois, un Insecte qui, attiré par la lumière pendant les premières heures de la nuit, se po- sait quelquefois sur le corps humain, jetant un liquide qui, dans quelques secondes, produisait une brälure. En effet, le lendemain, je fus très-heureux de pouvoir prendre quelques-uns de ces Coléopières, qui venaient voltiger près d’une lumière que j'avais placée exprès sur ma fenêtre. (1) Ville située sur les bords de la rivière Apure, au sud de Caracas et à une hauteur de 230 mètres au-dessus du niveau de la mer. Climat très-chaud, dont Ja température moyenne est de 32 degrés centigrades. TRAVAUX INÉDITS. kh3 Je fis donc l'expérience suivante sur moi-même : après en avoir pris un, je le frottai doucement sur la partie an- térieure de mon avant-bras; au bout d’une minute à peu près, la peau devint rouge et je commençai à sentir une démangeaison très-agréable. Cette sensation dura de quatre à huit secondes, puis une ampoule commença à s'élever avec douleur et ardeur très-fortes. Cette première cautérisation dura au moins huit jours et fut guérie par la même méthode qu'un vésicatoire de Cantharides. Je répétai plusieurs fois, et à diverses reprises, la même expérience avec les mêmes résultats. Alors je voulus m'’as- surer si cet Insecte aurait les mêmes propriétés après sa mort, mais je fus convaincu qu'il les perdait. Cependant, croyant qu'il serait possible de tirer parti de cet Insecte pour la science médicale, j'en conservai, dans l'alcool, un grand nombre, et, les ayant employés trois ou quatre mois après leur mort, ils avaient encore les mêmes pro- priétés. En effet, j'ai eu occasion de les appliquer avec succès plusieurs fois dans les cas de douleurs névralgi- ques, c’est-à-dire dans le cas où il faut faire une légère cautérisation, pour appliquer ensuite les sels de morphine par la méthode endermique. Dans ces cas, il faut seule- ment en employer deux ou trois. L'effet est plus rapide que celui produit par la Cantharide et la pommade de Gondret. Ceux que j'ai conservés pendant un an ont perdu, à la fin, leur propriété caustique; cependant je crois qu'il serait possible de leur conserver cette propriété. Pour cela, je crois qu’il suffirait seulement de changer l’alcool dans lequel on les conserve. C’est au commencement de la saison des pluies, dans lesmois de mai, juin et juillet, qu'on rencontre ces Insectes. On les trouve, pendant la journée, sur les plantes de to- mates, dont ils rongent les feuilles pour se nourrir en dé- truisant souvent ces plantations ; ils voltigent et fuient 44 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1857.) très-vite ; quand il fait nuit, ils sont attirés par la lumière. On les appelle vulgairement Meones, parce que l’on croit que le liquide qu'ils jettent est leur urine. On les connaît aussi, parmi les indigènes, sous le nom de Plaga del to- male. Lorsqu'ils se posent sur le cou et quand on va les prendre, ils lancent leur liquide, et la brülure est faite. OssERVATIONS sur quelques particularités des mœurs de la petite Blatte des cuisines | Blatta germanica, Auct. (1)] et sur les effets de la poudre persane comme moyen de destruction de cet Insecte incommode ; par M. le pro- fesseur Waça, de Varsovie. Combien de plantes n’a-t-on pas recommandées contre les Insectes nuisibles qui se multiplient dans l’intérieur de nos habitations, depuis les Cimicifuga fœtida, Inula puli- caria, etc., des anciens, jusqu'au Lepidium ruderale, ete., des modernes! J'ai longtemps étudié la propriété que l’on (4) « Blalla germanica, Linné (non Panzer nec Serville et Faune française *). In Russia « Preussenschabe » appellatur, quod incolæ putant, cam post bellum septuenne cum exercitu rossico, e Germania reduce, in Russiam immigravisse, dum revera ex Asia illic venerat. In Ger- maniæ regionibus multis, ex parte Periplaneta or. expulsa; in Si- lesia, quo per negotiatores pecuarios polonicos adyecta esse traditur molestus domorum hospes; Passaviæ, Ratisbonæ, Erlangæ frequens. …… Brullé eam in Græcia legit, D. Serville in Gallia prope Parisios in arboribus et sub foliüis deciduis (an vera germanica?); in Auglia, teste D. Stephens, advecta nec hucusque nisi in horreis, mercium receptaculis, etc., observata. Notatu dignissimum est, in hac specie aliud Jusectum parasiticum ex ordine Coleopterorum rarissimum degere; est Symbius Blatt” rum....» (Fischer, Orthopt. Europ., p. 112-114.) * Blatta germ., Panzer; Blatta cricetorunm, Wesm. SU Here ; 4 fatta germ,, Faune fre pas Janonica, var. Iuéida. TRAVAUX INÉDITS. 445 a attribuée à ces végétaux, mais je n'ai obtenu pour ré- sultat de mes recherches que la conviction que toutes ces plantes sont, à cet égard , parfaitement analogues, c’est- à-dire qu'elles répandent une odeur désagréable pour l'homme, mais indifférente pour les Insectes. Il n’y en a qu’une seule, le Pyrethrum roseum, qui fasse exception, et qui, par conséquent, mérite une considération scienti- fique. Le Pyrethrum roseum croît spontanément aux environs du Caucase, et forme un petit arbrisseau de 12 à 45 pouces de hauteur ; sa racine est vivace pendant quelques an- nées. La plante fleurit dans le mois de juin ; sa fleur, qui est d’abord rouge foncé, devient, plus tard, de couleur rose : sa beauté mérite de briller dans nos jardins. En Russie, on la cultive déjà dans quelques endroits, comme à Tiflis, à Charkow, ete.; dans les autres pays de l'Europe, on ne la connaît que dans les jardins botaniques. Les flos- cules de cette plante composée, qu'on dégage du récep- tacle par le frottement, constituent ce qu’on appelle dans le commerce la poudre persane. On ne connaît la poudre persane que depuis douze ans. Un marchand arménien nommé Sumbitow fut le pre- mier qui, dans ses voyages en Asie méridionale, remarqua que les indigènes s’en seryaient contre les Insectes. Il en acheta, et, en 1818, de retour dans son pays, en vendit 25 roubles d'argent le poud (20 kilogr.). Pour une livre de poudre il faut 1,000 livres de fleur fraîchement cueillic. La récolte se fait par un temps sec; on sèche les fleurs, plutôt à l'ombre qu’au soleil, les premières étant préféra- bles. La fleur cucillie fraîche est presque inodore ; ce n’est qu'après avoir été séchée qu'elle exhale cette odeur forte qui tue les Insectes. Cette odeur est très-volatile ; il faut donc fermer hermétiquement le vase dans lequel on con- serve la poudre. Elle perd sa vertu au delà d’un an de conservation. La poudre persane, bien conditionnée, non-seulement &46 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1857.) repousse et chasse les Insectes, mais encore elle les em- poisonne. J'ai eu l’occasion d'observer la manière dont elle agit sur les Blattes de cuisine (Blatta germanica), et c'est ce que j’entreprends de décrire ici minutieusement , persuadé que ce sera un motif pour les entomologistes de répéter ces expériences sur les autres espèces d’Insectes. Foccupais, en 1854, dans une métairie, en Pologne, une petite chambre, munie d’un poêle en briques qui en for- mait presque tout un côté; on le chauffait de la pièce at- tenante, sorte de salle commune, vaste et spacieuse, qui servait en même temps de cuisine. Çà et là, autour du poële, il y avait des fentes, des trous, des crevasses par où les Blattes prirent l'habitude de s’introduire dans ma chambre. En peu de temps il y en avait presque autant que dans la métairie entière. Tant que j’habitai la métairie, elles me servirent de thermomètre, car j'avais observé que plus le froid était intense, plus elles se serraient autour du poële; dès qu’il commençait à dégeler, elles ne tar- daient pas à se répandre sur les autres parois de la cham- bre. Chaque fois qu’en rentrant chez moi, le soir, je les trouvais soit sur la table, qui était au milieu, soit sur le lit, qui était à l’autre extrémité de la chambre, j'étais sûr que la température allait en diminuant, car, ordinaire- ment, les Blattes ne quittaient jamais le poêle et ses alen- tours le jour que celui-ci était bien chauffé ou que le froid commençait à redoubler. Des milliers de ces Insectes de tout âge, de toute grandeur, couvraient le poêle et ses environs, lesquels étaient encore bariolés d’un nombre infini de leurs dépouilles, dont les dimensions variaient aussi à l'infini. Chaque dépouille, à moins qu’elle ne tom- bât dans une toile d’Araignée, s’accrochait, quelquefois d’une seule patte, au mur du poêle, mais très-faiblement, et le moindre souffle l’ébranlait et la faisait tomber. La dépouille est fendue sur le dos et porte l'empreinte de toutes les parties du corps de l’animal. On y distingue facilement la forme des pattes, y compris les tarses; des TRAVAUX INÉDITS. 4AT antennes, des mandibules, etc. Une infinité de ces dé- pouilles se trouvaient aussi sur le plancher avoisinant le poële, sans parler des capsules (coques), qui ne faisaient pas non plus défaut. Ces dernières étaient ouvertes, des- séchées, et s’envolaient au plus léger souffle du vent. Un jour, j’aperçus une femelie portant sa capsule sur le dos, et je remarquai de petits corps blancs qui sortaient de ses appendices abdominaux. La loupe me fit voir que c’étaient de petites Blattes qui allaient éclore. Elles étaient vi- vantes ; on distinguait très-bien les yeux, les antennes, etc. J'en conclus que les femelles portent la capsule jusqu’au moment de l’éclosion, puis elles s’en débarrassent. Je ne comptai pas le nombre de mues qu’une Blatte fait depuis sa naissance ({), mais je remarquai que la grosseur des dépouilles est très-variée; il y en a de 2 à 10 millimètres de long sur cinq de large : celles de la dernière dimen- sion sont les plus grandes qu’on puisse trouver. L'Insecte accomplit cette métamorphose en s’accrochant avec ses griffes, soit au mur le plus chaud, soit au poêle même; mais jamais il ne le fait dans tes endroits froids. Une fois sortie de la capsule, la Blatte est, dans toutes ses parties, de couleur blanche; veut-on lui conserver cette couleur, on n’a qu'à la mettre dans l’esprit-de-vin. Le froid fait périr les Blattes, de même que l’eau bouil- lante fait périr les autres Insectes, et je me servis de ce moyen chaque fois que je voulus en avoir dans ma collec- tion : pour les tuer, je n’eus qu'à les exposer, dans un flacon, à l’action du froid, En faisant ces expériences, je remarquai qu'il est plus difficile de tuer une larve jeune et pas tout à fait développée qu'une Blatte müre, et plus difficile de tuer une femelle qu’un mâle. Il m'est arrivé quelquefois de voir une petite larve revenir à la vie le (1) M. Hummel, dans ses £ssais entomologiques (Pétersbourg, 1822), dit que la Blatte des cuisines éprouve six mues différentes avant de devenir Insecte ailé, 448 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1857.) jour suivant dès qu’elle fut ramenée à la chaleur ; mais c'était seulement dans le cas où elle avait pu s’introduire dans le vide qui existe entre les parois du flaçon et le bou- chon. Une autre fois, ayant engourdi un de ces Insectes par le froid, je le collai, suivant ma méthode, sur le mica laminaire, et je le mis dans une boîte où il y en avait déjà d’autres également collés. Le lendemain , quel ne fut pas mon étonnement de voir, en ouvrant la boîte, que le petit ressuscité s'était détaché de la plaque et, pour comble de malheur, avait dévoré son voisin, un Diptère, collé comme lui, et, en outre, rongé le côté de l’abdomen d’un autre de sa famille, et qu’enfin il s'était sauvé de la boîte. Il est bon de mentionner que la Blatte est très-active la nuit; cette observation, je l’ai faite le matin, en voyant une quantité considérable de ces Orthoptères noyés dans un vase rempli d’eau qui se trouvait près de leur de- meure. Quant à leur nourriture, il suffit de dire que toutes sortes d'aliments que fournit la cuisine leur conviennent à mer- veille ; c’est pourquoi on voit ces êtres se fourrer partout où il y a quelques comestibles : les garde-manger, la vaisselle, les tiroirs, etc., en sont remplis. Quoique pourvue d’ailes, la Blatte ne s’en sert jamais pour franchir plus aisément des espaces étendus. Si on en trouve de noyées dans un vase, c’est qu’elles y sont tom- bées d’en haut, expérience qui nous avertit de tenir la vaisselle et les comestibles aussi loin que possible du mur qui sert de campement à ces locataires désagréables. La chape de la cheminée en est surtout couverte. Ordinairement, mon repas fini, je prenais toutes les précautions possibles pour qu’il n’en restât pas la moindre bribe dans la chambre ; par là, je voulais les mettre au régime et connaître, en même temps, de quelle manière ces condamnés continueraient à vivre. Eh bien! malgré cela, mes hôtes trouvèrent moyen de se procurer de la nourriture, car ils ne m'abandonnèrent pas, et je n’en SOCIÉTÉS SAVANTES. 149 vis pas un seul de mort de faim. Cela s'explique facile- ment quand on considère la malpropreté qui règne dans les habitations de nos villageois. L'immense quantité de Blattes qui se trouvent dans une chambre resserrée doit amener nécessairement des mala- dies entre elles. En effet, J'en ai trouvé beaucoup de ma- lades, et, chose étrange, elles deviennent à l'instant vic- times de la voracité des autres, une Blatte bien portante se jette immédiatement sur sa sœur malade et la dévore ou lui creuse le corps; mais jamais elles ne s’attaquent les unes les autres étant valides. L’Araignée en fait aussi des victimes, mais elle leur préfère d’autres Insectes. Une Blatte attaquée se défend en lâchant par les mandibules une sorte de liquide en forme des gouttes ; ce liquide n’a aucune odeur particulière ni rebutante, du moins je n’en ai senti aucune. Parmi les ennemis naturels de la Blatte, il n’y en a pas de plus formidables que les deux espèces de carabiques Sphodrus planus ou leucophthalmus et Pristonychus terricola ou subcyaneus, principalement le dernier, qu'on peut trouver facilement dans les endroits où il y a des Blattes. {La suite au prochain numéro.) II. SOCIÉTÉS SAVANTES. ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS. Séance du 5 vctobre 1857. — M. Flourens, en rappelant que c’est le 11 de ce mois qu'aura lieu, à Étampes, Pinau- guration de la statue d'Etienne Geoffroy Saint-Hilaire, annonce qu'à celte cérémonie , où M. Duméril portera la parole au nom de l’Académie des sciences, des places se- ront réservées pour tous les membres de l’Institut qui y voudront assister. M. Valenciennes lit quelques observations sur un Cœnure trouvé dans la moelle épinière d'un jeune Mouton. 2° séaie. +. 1x. Année 1857. 29 450 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1857.) « J'ai l'honneur de faire connaitre à l’Académie un cas pathologique fort rare chez le Mouton, c’est l'existence d'un Cœnure dans la moelle épinière. L'Helminthe avait creusé son nid dans le cordon médullaire gauche, à la hau- teur de la troisième vertèbre lombaire. La moelle était renflée et un peu déviée à cet endroit. En enlevant son enveloppe fibreuse, il n’a pas été difficile, en écartant ses filets nerveux, de mettre à découvert la poche du Cœnure. « Elle est allongée, fusiforme et pointue aux deux ex- trémités. Elle a 3 centimètres de long et 11 millimètres dans sa plus grande largeur. « Cette jeune Agnelle avait, en outre, un Cœnure céré- bral ordinaire, Helminthe trop commun dans les Moutons. L'animal penchait la tête à gauche, le Ver étant dans l'hémisphère gauche. Il me paraît, d’ailleurs, utile de si- gnaler cette particularité, que les Moutons tournent tou- jours du côté où ils ont le Cœnure ; ainsi ils portent la tête et le corps à gauche si l'hémisphère gauche est le siége du parasite, et à droite s’il est développé dans le ‘côté droit de l’encéphale. « Je suis heureux de pouvoir ajouter ici les observa- tions suivantes, que je reçois à l'instant même de M. Dela- fond : « J'ai conservé pendant quatre à cinq mois la jeune « Agnelle, reçue au mois d'avril. Elle trainait la jambe « postérieure gauche, qui était presque entièrement para- « lysée; elle marchait parfaitement sur la droite. Cette pa- « ralysie du membre gauche a persisté constamment. Elle « s'était cependant un peu améliorée en juillet et août. « L'Agnelle pouvait même s'appuyer sur son membre et « marcher avec assez de facilité. Dans le courant d’août, « la paralysié est revenue tellement prononcée, que l’ani- « mal ne marchait plus qu’en s'appuyant sur la cuisse « droite. Dans les premiers jours de septembre, la Brebis « est tombée à terre; elle a été nourrie sur la litière pen- « dant dix à douze jours. Elle s’est relevée et a marché de SOCIÉTÉS SAVANTES. 451 « nouveau sur le membre droit pendant quatre à cinq « jours, le gauche étant entièrement paralysé. Enfin elle «est tombée, et les deux membres postérieurs se sont « montrés paralysés, le droit toujours incomplétement. « L’Agnelle est morte le 3 octobre, paraissant alors para- « lysée des deux membres postérieurs. La dissection at- « tentive des nerfs formant le plexus lumbo-sacré n’a « offert aucune particularité notable. » « Je dois ce Ver, très-rare, à l’obligeance de M. Dela- fond, qui a bien voulu me le donner, ainsi que la pièce pathologique, pour les collections helminthologiques du Muséum. Ce cas pathologique d’helminthologie se ren- contre si rarement, que le savant professeur à l’école vété- rinaire d’Alfort ne l'avait vu encore qu'une seule fois, il y a vingt ans; il l’a montré alors à plusieurs des anatomistes de l’hospice de Charenton, et entre autres à M. le docteur Calmeil. Je rappelle ce fait pour que l’on ne croie pas que l’on aurait ici un troisième exemple. » M. Bown-Séquard lit des Recherches sur les lois de l'irri- tabilité musculaire, de la rigidité cadavérique et de la putré- faction. (Premier mémoire.) M. James Paget adresse des Recherches sur la cause des mouvements rhythmiques du cœur. M. Caillaud adresse des Observations sur les Oursins perforants, supplément à de précédentes communications. Comme nous avons publié en entier le Mémoire de M. Caillaud, nous nous bornons à cette indication. M. Laurent adresse une Note ayant pour titre : Emploi fait, en Grèce, du Mylabre bimaculé dans un remède contre la rage. Nous reviendrons sur cette communication en parlant du Rapport fait à son sujet par M. Duméril. Séance du 12 octobre 1857. — M. Duméril lit un Rapport sur l'inauguration de la statue d'Ériexne GEorrroy Sainr- Hisaime, qui a eu Lieu, le dimanche 11 octobre, sur une des places publiques de la ville d'Étampes. 452 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1857.) Après la lecture de ce Rapport et sur l'invitation de plusieurs membres, M. Duméril lit le discours qu’il a pro- noncé, à Étampes, au nom de l’Académie. Sur la proposition de MM. les secrétaires perpétuels, l’Académie vote l'impression du discours de M. Duméril et des discours prononcés dans la même cérémonie par trois autres membres de l'Institut, MM. Serres, Milne- Edwards et Jomard, au nom du Muséum d'histoire natu- relle, de la faculté des sciences et de l’ancien Institut d'Égypte. M. Garreau adresse une réclamation de priorité à l’oc- casion d’une récente communication sur l'emploi des anesthésiques pour la destruction des Insectes qui dévo- rent les grains. «J'avais, en 1854, adressé à M. Doyère le résultat de mes recherches sur le sujet qui fait l’objet de sa commu- nication du t{1 mai: j'ai donc quelque droit de m’étonner qu'il ait oublié de rappeler que l’action du sulfure de car- bone avait été exactement déterminée et son emploi réglé par moi trois années avant la publication de son Mémoire. J'ai l'honneur de vous adresser deux feuillets détachés (195 à 198) des Archives de l’agriculture du nord de la France, qui prouveront, je l'espère, à la commission que la découverte de l’action toxique du sulfure de carbone sur les Insectes qui dévorent le hlé et son mode d'emploi ne peuvent lui être attribués. Cependant, tout en insistant pour que cette rectification soit faite, je n’entends nulle- ment suspecter la bonne foi d’un savant aussi honorable que notre collègue M. Doyère, qui, dans ma pensée, aura négligé de lire l'extrait du Mémoire ci-joint. » M. Flourens fait hommage à l’Académie, au nom de l’auteur, M. J. de Lenhossek, présent à la séance, d’un ou- vrage « sur la structure intime du système nerveux cen- tral chez l’homme. » M. Flourens ajoute que M. Len- hossek, en venant en France, a apporté une série de très-belles préparations anatomiques exécutées pour les SOCIÉTÉS SAVANTES. 453 recherches dont il a consigné les résultats dans cet ou- vrage. Une commission, composée de MM. Serres, Milne-Ed- wards et CI. Bernard, est invitée à prendre connaissance de ces recherches et à examiner également un travail sur la structure du système nerveux, présenté, dans la séance du 34 août dernier, par M. Jacobowitsch. M. Baudrimont adresse un exemplaire de sa « Dyna- mique des êtres vivants, » opuscule dans lequel il annonce avoir eu principalement pour but de résumer ce que l’on sait aujourd'hui de positif sur l’origine de la nature de plusieurs des forces qui se développent chez les animaux. « En abordant ces problèmes, dont quelques-uns étaient nouveaux, je suis bien loin, dit-il, de prétendre en donner * une solution complète; j'ai voulu seulement appeler l’at- tention sur des observations qui peuvent devenir le point de départ de nouvelles recherches. Déjà j'en ai moi-même entrepris relativement à certains points pour lesquels, dans la présente publication, je n’avais eu à offrir que des conjectures ; tel est, en particulier, le cas pour certaines questions relatives à la nutrition des plantes qui vivent dans l’eau. Profitant d’un séjour au bord de la mer pour m'occuper de ce sujet, je suis arrivé à quelques résultats que je me propose de soumettre prochainement à l'Aca- démie; mais dès à présent je puis dire que les algues ma- rines abandonnent une quantité considérable d'oxygène sous l'influence de la lumière solaire comme les plantes atmosphériques, et que l'observation de ce phénomène suffit pour que l’on comprenne leur mode de nutrition. » Séance du 19 octobre 1857. — M. I. Geoffroy Saint- Hilaire lit une Note sur le Ver à soie du ricin. Dans ce remarquable travail, l'illustre président résume les faits qui ont amené enfin l'introduction définitive de celte espèce en Europe. Il montre que, de chez nous, elle a élé exportée en Amérique, et qu'elle réussit admirablement au Brésil. 454 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1857.) Aujourd’hui il fait connaître de nouvelles tentatives de dévidage et de filage de ces cocons, dues à MM. Kauff- mann, de Berlin, Sacc, Henri Schlumberger et John Le- long. Il résulte de celles de M. Kauffmann la confirmation de ce que nous avions annoncé dès 1854, que le fil du cocon n’est pas coupé par la Chenille en ménageant son ouverture. Quant aux recherches des trois autres observa- teurs, elles portent sur l'emploi industriel de la bourre de soie obtenue de ces cocons par le cardage. Voici ce que dit M. Sacc des essais de M. Schlumberger : «M. Henri Schlumberger a trouvé les cocons très-fa- « ciles à carder et à filer. Le fil obtenu est lisse, blanc € (d’un blanc prisâtre), brillant, fort et souple ; il n’a laissé « aucun déchet, pas plus au peignage qu’au filage. C’est « une excellente matière première qui a un grand avenir « pour toutes les industries qui se servent de la bourre de «soie. Les cocons sont faciles à nettoyer, à blanchir, et «leur soie pourra, sans doute, supporter avec succès « toutes les opérations de la teinture. Cette cuiture, faite «sur une très-grande échelle, pourra fournir en abon- « dance une bourre de soie plus forte et plus belle que « celle du B. mori. » « Les résultats de ces essais, poursuit M. Geoffroy Saint- Hilaire, ont paru assez décisifs pour qu’on croie pouvoir attendre, de l'éducation de cet Insecte sur une grande échelle, de très-grands avantages pour l’industrie sérici- cole de l’Alsace. Par une demande dont M. Sacc est le premier auteur, la Société industrielle de Mulhouse a été invitée à hâter ce progrès par la fondation d’un prix spécial pour la culture en grand du Ver à soie du ricin en Algérie; et cette Société, si justement renommée, s’est empressée d'accueillir cette demande, et s'occupe, en ce moment, de la rédaction du programme du prix et d’une proposition définitive. En attendant qu'elle soit officiellement publiée, je me plais à aller au devant des intentions de M. Sacc et SOCIÉTÉS SAVANTES. : 455 de la Société industrielle, et à les féliciter devant l’Aca- démie de leur généreuse initiative. « Après une telle expérience, et après les innombrables et heureux essais qui ont été faits parallèlement sur une multitude de points de l'Europe méridionale, centrale et même aussi septentrionale, il est permis d'affirmer que le Ver à soie du ricin a pris définitivement pied dans cette partie du monde. Il y subsistera, du moins, tant qu'on jugera à propos de l'y conserver. « Il en est de même de l’Afrique. Dès le mois de no- vembre 1854, M. le maréchal Vaillant disait, dans une lettre à l'Académie : « Le Ver à soie du ricin réussit ad- « mirablement en Algérie, et il est vraisemblablement « appelé à accroître les éléments, déjà nombreux, de la « production agricole coloniale, » espérance qui semble aujourd'hui, comme on l’a vu, bien près de se réaliser. Le nouveau Ver à soie a, depuis, continué à réussir dans ce pays, si riche en ricins, et où il retrouve des conditions climatologiques comme des plantes très-analogues de celles de la région natale. 11 paraît devoir réussir aussi en Égypte, où il a été envoyé par notre honorable confrère M. Jomard, et où il est cultivé au Caire, sous la surveil- lance de M. le docteur Figari-Bey. « Le Ver à soie du ricin vient même, après la Méditer- ranée, de franchir l'océan Atlantique ; il existe aussi au- jourd'hui en Amérique. La Société d’acclimatation avait envoyé, à plusieurs reprises, des cocons au Brésil; un de ces envois, transmis par M. Lelong, avec toutes les pré- cautions convenables, à M. Brunet , professeur d'histoire naturelle à Fernambouc, a pleinement réussi. Nous avons reçu de M. Lelong, et j'ai l'honneur de présenter à l’Aca- démie, des cocons provenant de cinq générations obte- nues dans les premiers mois de cette année. Il est remar- quable, et ce fait atteste bien la rusticité de ces Insectes, que les Vers de la première et de la cinquième de ces gé- nérations ont été, en partie, élevés à cheval, pendant des 456 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1857.) voyages à grande distance qu'avait dû faire M. Brunet, et durant lesquels il n’avait pas voulu confier ses élèves à des mains étrangères. « Voici donc une espèce animale qui, sortie de l'Inde depuis quelques années à peine, est devenue, presque au même moment, européenne et africaine, et, trois ans après, américaine. La nature l'avait faite exclusivement asiatique ; la culture l’a faite cosmopolite. Si cette accli- matation, pour ainsi dire universelle, n’est pas encore un résultat pratiquement utile, si même il n’est pas entière- ment démontré qu’elle doive jamais le devenir, elle n’en est pas moins très-remarquable et très-significative comme un exemple, comme une preuve de plus, de ce que peu- vent la nature pour l'homme et l’homme sur la nature. » Sur la proposition de M. le maréchal Vaillant, une com- mission, composée de MM. Duméril, Milne-Edwards et de Quatrefages, est chargée de rédiger des instructions sur la culture du Ver à soie du ricin, soit en France, soit en Algérie. M. le maréchal Vaillant et M. Geoffroy Saint- Hilaire sont invités à se joindre à cette commission. A la suite de cette intéressante communication , M. le président a fait passer sous les yeux des membres de l’A- cadémie des échantillons de soies sauvages dites Tussah, teintes de diverses couleurs claires et foncées, que j'avais eu l'honneur de lui communiquer pour être soumis à ses illustres confrères. Ces échantillons, teints avant 1850 par deux teinturiers de Paris, MM. Laboré et Boutin, avaient déjà été montrés dans des leçons d’entomologie appliquée faites par moi au collége de France en 1851 (Moniteur du 95 juin 1855), grâce à l’obligeance de M. Duvernoy, qui m'avait momentanément cédé sa chaire à cet effet, et ils montrent que toutes ces soies du ricin et du chêne pour- ront prendre, quand elles seront produites en grand chez nous, les couleurs les plus variées. Du reste, on trouve toutes les indications nécessaires sur l'emploi industriel de ces soies sauvages dans mon SOCIÉTÉS SAVANTES. 457 compte rendu de la classe XXI (soies) du recueil intitulé : Le travail universel, revue complète des œuvres de l'art et de l'industrie exposées à Paris en 1855, t. I, p. 357. M. Duméril lit une note intitulée : Rapport verbal sur un prétendu remède contre la rage. Dans ce court rapport, le savant académicien et mé- decin rappelle que le remède signalé par M. Laurent, et distribué près d'Eleusis, dans le monastère de Phanero- mène, est composé d’un Insecte épispastique et d’un vé- gétal, le cynanchum excelsum, plante purgative et dras- tique, comme le séné, la scammonée et le jalap, et il conclut à ce que l’Académie ne donne pas suite à la proposition de l’auteur de la lettre, qui demandait seulement que l’on fit venir des renseignements plus complets que ceux qu’il avait pu recueillir, en les demandant au pharmacien de S. M. le roi des Grecs. Si ce nouvel indice des avantages de l'emploi des pur- gatifs drastiques et des épispastiques vient s’ajouter à tous ceux que j'ai déjà signalés sur le même objet, pourquoi le repousser ainsi sans examen ? Pourquoi ne pas proposer au moins d'en essayer dans ces cas désespérés de rage contre lesquels la médecine est impuissante? Si l’on ne cherche pas, on ne trouvera jamais. Espérons que d'autres indices venant s’ajouter à tous ceux qui se produisent sur ce grave sujet porteront enfin ceux qui peuvent et doivent chercher, à se mettre à l’œu- vre, Car, ainsi que je le dis en reproduisant la lettre qu'un savant russe vient de m'écrire sur l'emploi de la Cétoine dorée (voy. p. #71), des particuliers ne peuvent expéri- menter sur des Chiens enragés et sur l'Homme, et s'ils s'avisaient de le faire, en entretenant chez eux des ani- maux hydrophobes, le préfet de police ne manquerait pas de s'y opposer, et il aurait raison. M. Brown-Séquard lit des Recherches expérimentales sur les propriétés du sang rouge et du sang noir. — Qua- {rième mémoire. #58 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1857.) M. le docteur Lenhossek adresse ses Études anatomiques du système nerveux central. M. Flourens communique l'extrait d’une lettre de M. Blanchard, datée de Francfort, et dans laquelle cet entomologiste fait connaître les résultats de ses recherches sur l’ostéologie du type des Musophagides. Il résulte de ce travail que ces Oiseaux constituent une famille naturelle, dans laquelle, sans doute, les Colious devront prendre place; que cette famille, plus particulièrement liée, d’une part, avec les Trogons, et, d'autre part, avec les Gallides, doit rester indépendante ; qu’on ne saurait, dans une mé- thode naturelle, ranger ces Oiseaux soit parmi les Passe- reaux, soit parmi les Grimpeurs ; qu'ils diffèrent considé- rablement des Pics, des Torcols, des Barbus, des Toucans (genres qui ne peuvent être éloignés les uns des autres), et bien plus encore de tous les types agglomérés sous le nom de Passereaux. M. Legrand du Saulle communique son Observation de larves vivantes dans les sinus frontaux d'une jeune fille de neuf ans. La jeune fille qui fait le sujet de cette observation, avant d’être remise aux soins de l’auteur de la Note, avait, après plusieurs semaines d’une céphalalgie frontale très-opi- niâtre, caractérisée surtout par l'existence d’un point dou- loureux dans la région frontale, rendu par le nez, en se mouchant, plusieurs larves d’Insectes ; cela eut lieu pour la première fois vers la fin de décembre 1850, et se répéta dans le mois de janvier 1851. « Le 25 mars 1851, dit M. Legrand, l'enfant éprouva une céphalalgie intense, des éblouissements, perdit tout à coup connaissance, et resta pendant plusieurs heures en proie à des convulsions hystéro-épileptiformes. Le 24 avril suivant, elle fut placée à l’asile des aliénés de la Côte-d'Or, comme atteinte d’épilepsie et de désordre dans les facultés intellectuelles. Cinq jours après, M. le docteur Édouard Dumesnil et moi assistèmes à quarante-cinq crises ner- SOCIÉTÉS SAVANTES. 459 veuses, dont la durée, pour la première, fut de 3 minutes, de 125 secondes pour la deuxième, et de 70 à 95 secondes pour les quarante-trois autres. Le soir même, il se mani- festa de l'agitation maniaque. « Des larves sont rendues de temps à autre, et la cépha- lalgie persistait. Le 15 mai, nous fimes fumer à l'enfant des cigarettes d’arséniate de soude préparées par M. Rol- land, pharmacien, et nous obtinmes de Lazarette (c’est le nom de l'enfant) qu'après de lentes respirations elle rendit la fumée par le nez. Quelques jours après, des larves sans mouvement, et mortes selon toute apparence, furent constatées au milieu du mucus nasal desséché. La cépha- lalgie cessa, la chaleur exagérée dans un point circonscrit du front disparut, les attaques convulsives et l'agitation maniaque ne se renouvelèrent plus, et Lazarette quitta l'asile des aliénés, le 8 novembre 1851, dans un état phy- sique, moral et intellectuel des plus satisfaisants. « Octobre 1857. Lazarette a seize ans, est en parfaite santé, et vient de se marier. » Séance du 26 octobre 1857. — M. Milne-Edwards fait hommage à l’Académie de la dernière partie du second volume de ses Leçons de physiologie et d'anatomie comparée de l'homme et des animaux. M. Barthélemy présente des Observations et expériences sur l'éducation du Ver à soie et sur la conservation de la graine par les éducations d'automne. Ce mémoire paraît assez étendu, et le compte rendu n’en donne que les conclusions, qui consistent en cinq propo- sitions ou paragraphes. Si ce travail est fait en vue de la question de l'éducation des Vers à soie, je n’aurai pas grand'chose à en dire, car il semble contenir, en général, de bonnes observations pratiques, mais connues. S'il est fait pour expliquer l'épidémie actuelle et en vue d’y remé- dier, je crois qu'il n’atteint pas son but, car toutes les causes de maladies que son auteur semble admettre ont « 460 REV. ET MAG. DE Z0OLOGIE. (Octobre 1857.) existé de tout temps et n’ont pas produit le mal dont on se plaint aujourd'hui. Ainsi, par exemple, jamais l’on ne pourra, dans les éducations industrielles, éviter l’incubation artificielle. Si l’on veut avoir des mues régulières, ce qui est indispen- sable dans la grande pratique, il faudra bien que l’on élève les Vers sous une température constante. Quant à l'obscurité complète, que M. Barthélemy regarde comme une cause de maladies, cette condition se réalise très-ra- rement dans nos campagnes, et nos éducateurs du Midi sont plutôt obligés de combattre les effets d’une trop grande lumière, qui semble gêner les Vers à soie, puisque ceux qui sont près des fenêtres tendent à s’en éloigner. Enfin je ne comprends pas ce que veut dire l’auteur quand il parle de fécondation forcée, car il n’est au pouvoir de personne de forcer un Papillon de Ver à soie à en fé- conder un autre s’il n’y est porté par la nature, et le rôle de l'éducateur se borne à la suivre et à favoriser l’accom- plissement de cet acte impérieux. Relativement à la graine qui éprouve des commence- ments d’incubation pendant les mois de juillet, d'août et de septembre, je crois qu'il n’en est rien , et tous les ma- gnaniers savent que, sous notre climat, les températures de ces mois n'ont aucune action sur les œufs. S'il en était autrement, tous les Lépidoptères sauvages seraient bien plus soumis que les Vers à soie à ces incubations préma- turées, puisque leurs œufs sont exposés à toutes ces varia- bilités de température. Il est admis aujourd'hui qu'il ne peut y avoir sérieusement de commencement d'incubation dangereux pour les Vers à soie qu’à l’époque du réveil de leurs germes et de la nature, et ce phénomène ne peut être nuisible que lorsqu'il arrive à l'approche du printemps et qu'il est contrarié par des retours de températures plus basses, ce qui arrête le travail physiologique à une époque où il doit se continuer normalement. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. k61 Je n’ai rien à dire sur la proposition de M. Barthélemy d'établir des primes pour la graine, et, si ces primes ne font pas de bien, elles ne peuvent faire grand mal, si ce n'est, toutefois, de donner un excellent prétexte pour ne rien faire et pour répondre à ceux qui demandent secours pour l'industrie de la soie : on y a pourvu suffisamment ; des primes sont instituées. L'idée de M. Barthélemy qu'une éducation en août et en septembre présenterait toutes les chances de succès et serait dans les conditions les plus favorables mérite d’être soumise à des expérimentations sérieuses et prolongées pendant plusieurs années, mais ce n’est pas pour sous- traire les graines à des commencements d’incubation que je les crois utiles. M. Daubrée adresse une Note intitulée : Découverte de traces de pattes de quadrupèdes dans le grès bigarré de Saint- Valbert, près Luxeuil (Haute-Saône). Ces empreintes ap- partiennent au genre Cheirotherium de Kaup. M. Marcel de Serres, le fécond historien des cavernes, adresse une Note sur la caverne du Pontil, près Saint-Pons (Hérault), où l’on a découvert des objets de l’industrie, des ossements humains, ainsi que de Rhinocéros et autres espèces perdues. MM. Leconte et Faivre adressent des Études sur la con- shtution chimique du système nerveux chez la Sangsue mé- dicinale. M. Joly présente un travail sur un nouveau cas de mon- struosité offert par un Chat monosomien, pour lequel l'au- teur propose le nom de Rhinodyme. III. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. NOUVELLE MONOGRAPHIE DES SANGSUES MÉDICINALES, des- cription, classification, nutrition, reproduction, crois- sance, qualités des diverses races, multiplication dans 462 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1857.) les bassins, les barrails, les marais et les étangs; du commerce des Sangsues et de ses fraudes, législation ; du dégorgement, des maladies et de la conserva - tion, etc. Par le docteur ÉBrarp, lauréat de la Société impériale de médecine de Lyon, etc., etc. 1 vol. grand in-8, avec 12 planches. Le titre même de ce bel ouvrage donne déjà une idée de son objet et de son utilité, et nous pouvons affirmer, après lavoir étudié attentivement, que l’auteur a tenu, et au delà, tout ce que son titre promet. M. Ébrard a travaillé longtemps avant de livrer son œuvre au public, car déjà en 1850 elle recevait une ho- norable récompense de la Société d'encouragement. Per- fectionnée, depuis ce temps, par des études incessantes, par des expériences nombreuses, l’œuvre en question est devenue de plus en plus complète, et aujourd’hui, après une période d’études de près de dix ans, M. Ébrard s’est décidé à la publier. Le livre de M. Ébrard nous a paru rempli d'observa- tions neuves, de notions exactes et d’études très-bien con- ques et très-bien exécutées sur les Sangsues en général, sur leur mode de nutrition, de reproduction, ainsi que sur leur croissance, leurs maladies, leurs ennemis, etc. On y trouve des données précises et sanctionnées par l'expérience sur les moyens de les faire croître et multi- plier en captivité, sur les meilleures méthodes de dégor- gement et de conservation, etc., etc.; en un mot, cet ex- cellent traité d'histoire naturelle des Sangsues, en faisant mieux connaitre la physiologie et les mœurs de ces Anné- lides, rendra plus sûre, plus économique et plus lucrative une industrie dont nous avons compris un des premiers toute l'importance, et dont nous avons eu le bonheur de prédire le succès dans cette Revue, en proposant de lui donner le nom d’hirudiculture, qui a été adopté. G.-M. CourE FIGURATIVE de la structure du globe terrestre et ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 463 classification des terrains d’après la méthode de M. Cor- dier, avec indication et figures des principaux fossiles caractéristiques des divers étages géologiques; par MM. Ch. »'Orgiexy et Ch. LÉGER. C’est un grand tableau qui résume les connaissances acquises jusqu'ici sur la composition de l'écorce terrestre, formée de six cent quarante dépôts principaux, rangés suivant l’ordre chronologique des formations. Comme la zoologie est d’un grand secours en géologie, que chaque zone de terrains sédimentaires correspond parfaitement à une faune spéciale d’espèces animales qui n’ont vécu ni avant ni après cette époque, il en résulte que chaque formation a ses fossiles spéciaux. Les débris d'animaux fossilisés sont ainsi des points de repère, des horizons organiques facilitant les moyens de se recon- naître au milieu du dédale des couches qui se sont suc- cédé. Les auteurs du tableau en question n’ont pas manqué de faire connaître les formes des principaux animaux et végétaux fossiles, si utiles pour caractériser les différentes couches de terrains, et les nombreuses figures qu’ils en donnent sont de nature à faciliter singulièrement cette étude si importante. Nous ne doutons pas que le tableau de MM. d'Orbigny et Léger ne soit bientôt étalé dans le cabinet de tous les géologues, comme dans celui de tous les zoologistes, car il est certain qu'il sera indispensable aux professeurs de géologie et de zoologie pour faciliter les démonstrations dans leurs cours. (G.-M.) CararoGue pes Coréoprères D'Europe; par M. DE Mar- seuL. (Paris, in-18 de 200 pages, 1857. Chez l’auteur, rue Demours, 15, aux Thernes. Prix, 3 fr. 50.) Voilà enfin un vrai et utile catalogue. Ce n’est pas la simple liste des Coltoptères d’une collection, comprenant 4Gk& REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1857.) des noms inédits et que l’on ne peut appliquer qu’en com- parant les objets que l’on possède à cette collection, c’est un véritable travail entomologique, fruit de longues re- cherches et d’une utilité réelle pour tous ceux qui veulent étudier les Coléoptères déjà observés en Europe et décrits dans les nombreux ouvrages publiés sur ce sujet. M. de Marseul, à qui l’on doit d’excellents travaux mo- nographiques sur les Coléoptères, et notamment une mo- nographie du groupe si difficile à étudier des Histérides, a voulu épargner aux autres les peines que lui ont données les indications incomplètes ou fausses que l’on trouve dans les catalogues qui ont précédé le sien. Il a donc réuni, dans un petit volume à bas prix, toutes les espèces de Coléoptères d'Europe publiées, avec les principaux sy- nonymes, les patries et la page où elles se trouvent décrites dans la monographie la plus récente ou dans le travail le plus exact. Il a compulsé une foule d’écrits en toutes lan- gues disséminés dans les bibliothèques, et l'on peut dire qu’il est très-probable qu’une espèce d'Europe que l’on ne trouverait pas indiquée dans ce Catalogue devrait être nouvelle et susceptible d’être publiée sans que l’on püt craindre de faire un double emploi. L'auteur, pénétré des saines doctrines, qui tendent sé- rieusement à prévaloir aujourd'hui, relativement aux lois de l’antériorité de publication, n’a fait figurer dans son Catalogue que des noms publiés, avec une description plus ou moins bonne des genres et des espèces qu'ils désignent. C’est ainsi que beaucoup de noms de genres ou d'espèces proposés dans les catalogues, et notamment dans celui de la collection Dejean, ont été adoptés par lui, mais avec les noms des véritables auteurs de ces genres et de ces espèces. Ainsi, par exemple, le genre Phytæcia, indiqué par Dejean et caractérisé par Mulsant, est devenu le genre Phytæcia, Mulsant. M. de Marseul a très-bien fait aussi de ne pas adopter une habitude qui commence à s’introduire en entomologie, sous prétexte de justice, et qui consiste à ANALYSES D OUVRAGES NOUVEAUX. 465 mettre après un genre ou une espèce, et entre parenthèses, les noms des entomologistes, collecteurs ou marchands qui ont proposé ce groupe, avant qu'il n'ait été caractérisé et publié. S'il avait suivi cette méthode, il aurait été obligé, sans aucun avantage pour la science, de mettre au genre Oberea (Megerle) (Dejean) et enfin Mulsant, son seul véritable auteur. Nous ne pensons pas que la justice soit gravement com- promise quand M. de Marseul laisse de côté les noms des collecteurs qui ont eu l’idée de former un genre avec tel groupe d'espèces qui ne ressemblent pas à d’autres, ou de constituer une espèce nouvelle avec un Insecte différent de ceux qu'ils ont sous les yeux dans leur grande ou petite collection. En effet, il n’est question là que du simple coup d'œil, on ne fait rien de difficile, et tout individu un peu accoutumé à voir des animaux en collection fondera aussi de bons genres, des espèces excellentes, sans faire un effort de génie. Ce qu'il y a de difficile, ce qui exige des connaissances sérieuses en entomologie, c’est de prouver aux autres que ces genres et espèces sont réelle- ment nouveaux; c’est, enfin, de faire ressortir les carac- tères qui les distinguent et de les faire apprécier par une description susceptible d'amener tout le monde à les re- connaître, sans avoir besoin de recourir à la comparaison dans une collection qui peut périr. On le voit, le catalogue de M. de Marseul est un travail sérieux, et quoique son auteur le regarde modestement comme un premier essai, il rendra de véritables services, en devenant le guide journalier des entomologistes dans le classement de leurs collections. Nous ne saurions donc trop louer M. de Marseul de l'avoir publié, et puisqu'il appelle de tous côtés les rectifications et les renseigne- ménts, nous allons entrer dans ses vues en signalant celles, fort peu nombreuses, qu'il aura à faire dans une nouvelle édition. Parmi les nombreux ouvrages cités par M. de Mar- 2° sënie. v, 1x. Année 1857. 10 kGG REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1857.) seul, nous ne trouvons pas l’indication du Genera des In- sectes, etc. (1 vol. in-8, fig., Paris, 1835), que nous avons publié en collaboration ayec M. Percheron, et cela ne nous étonne pas, Car c’est un ouvrage qui n’a pas été con- tinué. S'il avait connu ce livre, il aurait certainement adopté notre genre Evaniosomus , et n'aurait pas été ré- duit à prendre provisoirement le nom inédit de Péilopho- rus du Catalogue de Dejean. Son genre Chirodes (Dej.) est dans le même cas, et doit prendre le nom d’Ammidium, Costa, suivant Chevrolat (Ann. Soc. entom. de Fr., 1855, Bull., p. CXH). Son genre Ancylopus (Chevr.) a été caractérisé, sous le nom mal orthographié d’Ageylopus, par Germar, dans l'En- cyclopédie allemande des sciences et des arts, que M. de Marseul n’a pas connue, à l’article Eumorphus. (G.-M.) TRAITÉ sur les maladies des plantes alimentaires, leurs causes et leurs remèdes, etc.; par M. C. F. Hamer. 1° vol. in-12, Paris, 1857. Chez l’auteur, rue Lacépède, 23. Quoique le traité de M. Hamel soit presque entière- ment étranger à la zoologie, objet unique de notre Journal, nous croyons cependant devoir le signaler ici, parce qu’il contient des considérations générales très-judicieuses qui peuvent s'appliquer à l'étude des animaux, et surtout des espèces domestiques. Relativement aux végétaux, on y trouve des observations d’une haute importance pratique et reposant sur une idée vraie en général que l’auteur appelle loi de restitution, et qui consiste à rendre au sol les principes élémentaires qui lui sont enlevés, chaque année, par la végétation des plantes. Ce n’est pas ici le lieu de suivre M. Hamel dans ses con- sidérations tendant à établir que l'épidémie actuelle des plantes provient uniquement de l’épuisement, dans le sol, des substances indispensables à leur nature, et de la cadu- ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 467 cité de la plante elle-même. Nous ne pouvons partager d’une manière absolue cette opinion, car nous croyons que l'épidémie actuelle a une cause plus générale. Cependant nous sommes persuadé aussi que les végétaux et les ani- maux lui résistent avec plus ou moins de succès, suivant qu'ils sont plus ou moins en bonnes conditions. Pour les végétaux, ces bonnes conditions ne peuvent être réalisées que lorsque les cultivateurs observeront mieux ce que M. Hamel appelle la Loi de restitution. Nous sommes fâché de ne pouvoir entrer dans plus de détails sur le livre de M. Hamel, que nous avons lu avec un vif intérêt, et qui devra être médité par tous les agri- culteurs comme l’œuvre d’un homme de cœur et d’un ar- dent ami du progrès en agriculture. (G.-M.) Ouvrages reçus pour étre annoncés. ESsQuiSsEs Z00LOGIQUES sur la côte de Guinée; par M. C. J. Temmuxck. 1'° partie , Mammifères. — 1 vol. in-8 de 256 pages, Leyde, 1853. Das normalverhaltniss der chemischen und morpholo- gischen proportionen; von Adolf. ZeisiN6. — Leipzig, 1856, in-8 de 112 pages. Enice Worte über die systematische stellung der gat- lung Chiromys oder Cheiromys; von J. F. Branpr. — In-8 de 10 pages, extr. des Bulletins de Acad. des se. de St.- Pétersb. Décembre 185#. . BemERkuNGEN über die Verwandtschaften der biologis- chen haupt-typen der Kerffresser ({mammalia insectivora) und ibre verdreitung, in besonderer beziehung auf die fauna des Russischen Reiches: von J. F. Branpr. — In-8 dé 20 pages, extr. du même recueil. Mars 1857. CarALOGUE of shells, etc. — Catalogue des coquilles re- cueillies à Panama; par M. le professeur C. B. Apams. — New-York, 1852, in-8 de 335 pages. #68 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1857.) Note à propos de la Pourpre; par M. E. DE SAuLcY. — In-8 de 7 pages, Metz, 1855. Hisroricaz Sketch, etc. — Ébauche historique sur les Gordiacées; par M. Ch. Girarp. — Extr. des Proceed. of the Acad. of nat. sciences of Philad., vol. V,,n° 11, 1851. 6 pages in-8. IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. Médaille en l'honneur du Prince Charles-Eucien BONAPARTE. Nous sommes heureux de publier dans cette Revue le projet de souscription dont un ancien ami du Prince a eu le premier l’idée, et nous sommes persuadé que les savants, et surtout les vrais zoologistes de tous les pays, applaudi- ront à l'initiative prise, à juste titre, par un journal fran- çais que le Prince affectionnait tout particulièrement , et qu'il a enrichi de tant de travaux. Voici la lettre que nous adresse, à cet effet, M. Jules Bourcier, ancien consul de France au Pérou et ornithologiste distingué. Monsieur, Quelques amis des sciences naturelles, dont le Prince Charles-Lucien BONAPARTE à été, de nos jours, une des plusglorieuses illustrations, voulant rendre à sa mémoireun hommage public, ont cru répondre au vœu des savants de tous les pays en ouvrant une souscription générale pour faire frapper une médaille en son honneur. Chaque sou- scripteur en recevra un exemplaire en or, en argent ou en bronze, suivant le chiffre de sa souscription. La liste des adhérents sera publiée et accompagnera la médaille. Cette idée ne peut manquer d’être favorablement ac- cueillie, car la science n’a pas eu, de nos jours, un plus illustre représentant ; il a ajouté au grand nom qu'il por- tait une gloire que l'éclat des victoires et des conquêtes ue saurait faire pâlir. MÉLANGES ET NOUVELLES. 469 Une commission s'est formée pour recevoir les sou- scriptions, dont le chiffre est laissé à la volonté de chacun. Elle se compose, en France, de MM. le comte Louis DE CamBacÉRÈs, membre du corps législatif, rue de l’Université, 9; Éu1E DE BEAUMONT, sénateur, secrétaire perpé- tuel de l’Académie des sciences, etc., rue de Varenne, 56; Moquix-Tanpox, membre de l’Institut, etc., rue de l'Est, 2; MM. F.pE Sauccy, membre de l’Institut, etc., rue du Cirque, 5, faubourg Saint-Honoré ; DE Souancé, ornithologiste, rue de Lille, 98; Paul Gatmarp, secrétaire |( pour l'étranger ) de la Société impériale d’acclimatation , rue de Seine, 12 ; Jules VErREAUXx , zoologiste-voyageur, place des Vosges, 9: F.E. Guérin-MÉNEVILLE, directeur de la Revue zoologique (1); à Jules Bourcier, ornithologiste, cité des Fleurs, 20, aux Batignolles : Et, à l'étranger, la commission est composée de MM. John Gray, directeur du British museum de Londres; ! John Gouz», zoologiste, à Londres ; Louis ReicHENBACH, directeur du muséum de Dresde ; 3 HamrLauB, administrateur du muséum de Brême; (1) On souscrit au bureau de la Revue zoologique , rue des Beaux- Arts, 4; Chez tous les directeurs de muséum et des journaux scientifi- ques de France et de l'étranger, et chez les secrétaires de toutes les sociétés savantes, qui sont invités à transmettre les souscriptions à M. Guérin-Ménerille. W7O REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1857.) DE Fizrepi, directeur du muséum de Turin : H. ScareGeL, directeur du muséum de Leyde: Jean Caganis, ornithologiste du muséum de Berlin ; Du Bus, directeur du muséum de Bruxelles : Chez lesquels on peut faire déposer les souscriptions, ainsi que chez les trésoriers de toutes les sociétés sa- vantes. J'ose espérer, monsieur, que vous voudrez bien repro- duire cette lettre dans le prochain numéro de votre Revue, où vos lecteurs ont pu admirer tant de fois, avec le rare et profond savoir du Prince, les qualités non moins remar- quables de l'écrivain. Veuillez agréer, monsieur, etc. J. Bourcier. Paris, le 3 octobre 1857. M. Auguste DumériL, professeur - administrateur au Muséum d'histoire naturelle, nous adresse la lettre sui- vante : Paris, le 7 octobre 1857. Monsieur et cher confrère, Vous avez bien voulu donner place, dans votre Revue de cette année (pages 188 et 370), à deux lettres successives que j'ai eu l'honneur de vous adresser, et dans lesquelles je signalais le résultat du recensement complet que je viens de faire des immenses collections de Reptiles et de Pois- sons du Muséum d'histoire naturelle. Après avoir terminé ce travail, qui montre, au moment où la direction de ces collections m'est confiée, combien elles se sont enrichies pendant la durée du professorat de mon père, il m'a semblé indispensable de dresser, en outre, une liste des nombreuses espèces de Reptiles qui ont vécu dans la Ménagerie de cet Établissement. MÉLANGES ET NOUVELLES. K 71 Il était intéressant de constater le remarquable déve- loppement que cette Ménagerie a pris depuis le jour de sa fondation, en octobre 1838, c'est-à-dire pendant une pé- riode de dix-neuf années. Jusqu’alors, dans le Muséum, aucun de ces animaux n’avait été offert vivant à la curio- sité publique; mais leur nombre est bientôt devenu con- sidérable. Une première année s'était à peine écoulée, que déjà quatre-vingts Reptiles appartenant à vingt-quatre es- pèces différentes, originaires non-seulement de notre pays, mais des contrées les plus lointaines, avaient été ac- quis ou reçus en don. À partir de cette époque, et in- stallée, dès le début, dans un petit bâtiment, insuffisant aujourd’hui pour loger, d’une façon convenable, tous les animaux qu’elle reçoit, la nouvelle Ménagerie s’est con- stamment accrue. Frappé des avantages inappréciables offerts à l'étude par une semblable réunion d'animaux, je n’ai négligé au- cune occasion d'y puiser les enseignements qu'elle peut fournir, et j'ai consigné mes observations dans un travail que renferme le t. VII des Archives du Muséum (1854-55). Présenter le résumé des études que j'avais pu faire sur la nature vivante et enregistrer le mouvement de la Ména- gerie, en mentionnant les acquisitions relatives aux études zoologiques elles-mêmes, tel était le but que je m'étais proposé dans cette MNofice historique. J'avais voulu l'indi- quer nettement dès le début, en prenant pour épigraphe cette belle pensée de M. Flourens, exprimée avec bon- heur dans l'Éloge de Frédéric Cuvier : « Les anciens n'avaient rassemblé des animaux que pour les donner en spectacle dans les jeux publics ; on eut, en créant les mé- nageries, une idée plus grande, on voulut que les ani- Waux qu'on y réunissait servissent à Ja science. » Un supplément à ce mémoire est devenu maintenant nécessaire, en raison de l'augmentation, sans cesse crois- sante, du nombre des espèces conservées jusqu'ici dans nos cages. J'en ai déjà commencé la rédaction, mais au- AT2 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1857.) jourd’hui je vous adresse seulement le résumé du Cata- loque que j'ai placé sous les yeux de mes honorables col- lègues, MM. les professeurs-administrateurs du Muséum. Ce document est actuellement déposé, avec les deux autres Catalogues, dans notre Bibliothèque publique. En ne comptant pas pour les espèces les plus com- munes de notre pays, telles que les Lézards des souches et des murailles, les Grenouilles verte et temporaire, les Cra- pauds vert et commun et le Triton à crête, les nombreux individus par lesquels elles sont toujours représentées dans nos salles, je trouve une population totale de 3,012 Reptiles, appartenant à 174 espèces différentes. Voici comment ces dernières sont réparties : CnéLoxiexs ou Torrues, 45 (T. terrestres, 1}; paludines, 26; fluviales, 2; marines, 3). Saurtens ou Lézarns, 38 (Crocodiliens, k; Caméléoniens, 1; Geckotiens, 1; Varaniens, 2; Iguaniens, 10; Lacertiens, 10; Chalcidiens, 1; Scincoïdiens, 5 ; Amphisbéniens, 4). Ormipiexs ou SERPENTS, 59 (Aglyphodontes, 40 ; Opistho- glyphes, k; Protéroglyphes, 1; Solénoglyphes, 14). BarTraciens, 32 (Ophiosomes, 2; Raniformes, 12; Hylæ- formes, 3; Bufoniformes, 4; Pipæformes, 1; Salaman- drides, 8; Protéides, 2). Si je ne craignais de donner trop d’étendue à cette . lettre, je vous citerais les espèces les plus rares observées à la Ménagerie ; mais cette énumération, pour qu'elle of- frit tout l'intérêt qu'elle comporte, exigerait des détails que je dois forcément supprimer , je me borne donc à mentionner la récente arrivée du curieux Batracien nommé Pipa. C'est de Cayenne, par les soins de M. Mélinon, agent général de culture et de colonisation, que le Muséum y ient de recevoir vivant, et pour la première fois, le Crapaud dorsigère, comme l'ont nommé plusieurs naturalistes, à cause du singulier mode d’adhérence des œufs sur le dos de la femelle, où ils sont placés par le mâle immédiate- MÉLANGES ET NOUVELLES. 473 ment après la ponte, et où s’accomplissent les diverses phases du développement, ce qui avait fait dire de ce Reptile : Rana ex dorso parturiens. L'ignorance dans laquelle les naturalistes sont longtemps restés relativement à cette bizarre anomalie n’a été un peu dissipée que par les observations faites à Surinam, par Fermin, en 1762. Tant d'incertitude règne encore sur ce sujet, que les physiologistes doivent vivement souhaiter de pouvoir être témoins de la reproduction de cet étrange animal, dont on possède six individus. Agréez, etc. Sur la Cétoine dorée présumée efficace contre l’hydro- phobie. Nouveaux indices relativement à son emploi en Russie. (Présenté à l’Académie des sciences, séance du 9 novembre 1857.) Malgré l'indifférence avec laquelle mes propositions d'études sur ce grave sujet ont été accueillies jusqu'ici dans quelques hautes régions scientifiques et médicales, je persiste à croire qu’il est toujours de mon devoir d’ap- peler l'attention sur tous les indices (car il n’y a jamais de fumée sans feu) tendant à établir que cet Insecte, conve- nablement employé, peut avoir une action favorable sur les sujets menacés ou atteints de l’affreuse maladie de la Rage. Si je ne porte pas comme Arago, ainsi que nous l'a appris un savant et spirituel académicien dans le Courrier de Paris (2 octobre 1857), une forte canne pour me dé- fendre des Chiens enragés, j'avoue, comme M. de Saulcy et comme Arago, que je frémis toujours à la pensée qu’à tout instant, moi, mes parents, mes amis et mes conci- toyens, nous sommes exposés à une mort aussi horrible que certaine, s’il arrive qu'un inutile roquet de salon, privé par sa belle maîtresse des douceurs de la paternité (1), (11 MM, les docteurs Bachelet et Froussart, dans un travail plein #74 REV. ET MAG. DE Z0OLOGIE. (Octobre 1857.) nous fasse la plus petite morsure. Comment ne pas éprouver un profond sentiment de terreur en songeant à l'imminence presque continuelle d’une mort aussi atroce, quand on sait que la médecine est restée jusqu'ici impuis- sante contre ce fléau {1}, qui enlève, chaque année, un trop grand nombre d'hommes dans le pays que l’on dit le plus civilisé du monde. Pour ma part j'avoue que j'en ai la plus grande peur, et c’est pour cela, autant que par philanthropie, que je demande une enquête et des études sérieuses sur des moyens de conjurer un si grand mal, quelque vagues que ces moyens paraissent être jusqu'à présent, car, si l'on ne cherche pas, on ne trouvera pas. À ceux qui me disent : Au lieu d’en tant parler essayez d'abord, je puis répondre que de telles expérimentations sont impossibles à un particulier, et qu’elles ne peuvent être tentées fruetueusement et, surtout, sans danger pour la sécurité générale, que dans des établissements spé- ciaux. En effet, que diraient mes contradicteurs, surtout s'ils étaient mes voisins, et que dirait l’autorité, si l’on apprenait que je conserve dans mon appartement, pour ces expériences, une meute de Chiens enragés ? Il suffit de cette indication pour répondre à MM. les de recherches et de science sur la Rage, disent de cette maladie : « C'est l’action d’un virus ou venin qui se forme chez les Loups, les Chiens, les Chats, lorsque ces animaux se trouvent dans l'impossi- bilité de satisfaire au besoin de reproduction. » (1) Nous devons avouer, écrivent MM. Bachelet et Froussart, qu'il n'existe aucun moyen capable de guérir la Rage confirmée, et: que les malheureux qui ont contracté cette aflection sont voués à une mort certaine. Cet aveu est triste et décourageant, mais c’est uve vérité qu'il n’est pas inutile de faire connaître, en ce sens qu’elle engage à accorder plus d'attention aux moyens préscryatifs, qui, seuls, offrent quelques chances de succès. Pour moi, ajoute M. Broussais à la fin de son analyse du travail de ces médecins, je dis : un remède, une prophylaxie ou l'extinction des races canine et féline, qui dévorent, en France, la subsistance d'un million d'hommes. MÉLANGES ET NOUVELLES. 475 Rédacteurs de divers journaux, dont quelques-uns, dans leur précipitation à condamner ce qu'ils ne connaissent pas sont allés jusqu'à prendre la Cétoine pour une plante, quand ils me disent : « Mais il serait bien de ne faire du bruit et de ne préoccuper le public au sujet de ces agents merveilleux qu'après s'être bien assuré de leur efficacité. » (Presse du 10 septembre 1857.) Aujourd’hui je ne viens pas discuter, je me borne à apporter un nouvel indice qui s’ajoutera à ceux que j'ai déjà publiés, et sera suivi d’autres encore. C’est une lettre que vient de m'adresser M. A. Bogdanow, membre de la Société impériale d'agriculture de Moscou et secrétaire de son comité zoologique d’acclimatation. « Monsieur, vos recherches et communications faites à l’Académie des sciences ont déjà attiré l'attention des naturalistes sur la Cétoine dorée, qui est employée contre la rage. Permettez-moi de vous communiquer un fait qui peut avoir quelque intérêt pour vous. Dans les gouverne- ments de Voronèje et Koursk, je connais quelques ama- teurs de chasse qui ont l'habitude de donner de temps en temps aux Chiens, comme préservatif contre la rage, une moitié de Cétoine mise en poudre et donnée avec le pain ou même un peu de vin. On croit que c'est un moyen très-efficace et très-utile. « J'ai cru de mon devoir de vous annoncer ce fait, dont J'ai été témoin et qui peut avoir quelque signification. En même temps je crois aussi devoir attirer votre attention sur ce que, parmi le peuple russe, il existe des personnes qu'on assure guérir cette maladie avec le suc d’une plante, qui doit être tout à fait frais. Je pense que dans cette der- nière condition on peut trouver l'explication de la non- réussite de ces remèdes conservés dans des pharmacies, ces remèdes populaires n’agissant dans les mains des mé- decins-paysans que parce que ceux-ci administrent les sucs de plantes qu'ils viennent de cueillir. « J'écrirai à Voronéje pour avoir des renseignements h76 REV. ET MAG. DE ZO0OLOGIE. (Octobre 1857.) plus détaillés sur cette matière; mais, malheureusement, la personne dont j'ai besoin est absente pour quelque temps. » Dès que j'aurai reçu les nouveaux renseignements que mon savant confrère me promet, je m'empresserai de les porter à la connaissance de l’Académie et du publie, et je continuerai ainsi jusqu’à ce qu'il ait été fait des études assez sérieuses et assez variées pour que l’on arrive à la connaissance de la vérité sur une question qui intéresse tout le monde. (GuériN-MÉNEVILLE.) Nos abonnés à l'étranger, des voyageurs et des mem- bres de la Société impériale d’acclimatation nous deman- dant souvent de leur donner des instructions sur la ma- nière la plus facile de nous envoyer des animaux inverté- brés pour les publier, nous nous décidons à reproduire la note que nous avons adressée à quelques-uns d’entre eux. Monsieur, si vos occupations vous permettaient de donner un peu de temps à la recherche d’objets d'histoire naturelle, vous feriez une chose utile dans l'intérêt des progrès de cette belle science, et les découvertes qui se- raient dues à votre complaisance seraient consignées, en votre nom, dans la Revue et Magasin de zoologie, journal mensuel que je publie depuis vingt ans. Les objets parmi lesquels vous aurez le plus de chances de trouver du nouveau dans le pays que vous habitez sont les Crabes, Écrevisses, Crevettes, les Araignées, Scor- pions, Mille- pieds, les Scarabées de toute espèce ou Coléoptères, Sauterelles, Punaises de bois, Papillons, Demoiselles et Coquilles de terre, d’eau douce et de mer. Tous ces objets peuvent être ramassés pendant des promenades et jetés provisoirement dans des bocaux à moitié remplis d'eau-de-vie, de sciure de bois imbibée d’esprit-de-vin ou d'essence de térébenthine , de henzine MÉLANGES ET NOUVELLES. TT ou autre, et l'on peut aussi employer à leur recherche un domestique intelligent, en l’envoyant en prendre dans les jardins, les campagnes, les bois, au bord des rivières, de la mer, etc., etc. Il suffirait de mettre tous ces animaux dans des bou- teilles avec de l’esprit-de-vin affaibli au degré de l’eau-de- vie ou avec du tafia, ou bien encore dans des bocaux remplis de sciure de bois un peu grosse imbibée d'’esprit- de-vin ou d'une huile essentielle pure , telle que l’essence de térébenthine, par exemple, à l'exception des Papillons, Mouches et Demoiselles, qu'il faut piquer, avec des épin- gles, dans des boîtes à fond garni de liége ou de moelle d’agavé, ou placer, après les avoir tués en leur serrant la poitrine un instant entre les doigts, dans des enveloppes de lettres que l’on emballe et auxquelles il ne faut plus toucher. Pour ceux que l’on mettra dans l’eau-de-vie ou le tafia, quelques précautions sont nécessaires. 1] faut avoir soin de ne pas mêler les petits avec les gros, parce que ceux-ci les écraseraient et les casseraient par le frottement pen- dant le voyage. Pour éviter cet inconvénient grave, il faut placer les plus petits et les plus fragiles dans de petites pièces de vieux linge dont on rapproche les bords pour en faire de véritables sachets que l’on ferme en les atta- chant avec un fil. Ces sachets sont alors mis dans les bou- teilles et bocaux avec les objets plus gros, qui ne peuvent plus les endommager. Quand on se disposera à expédier ces bouteilles pleines d'animaux, il faudra changer l’eau-de-vie. Pour cela il suffit de décanter, c’est-à-dire d’écouler le liquide sans laisser sortir les animaux et les sachets, et de le remplacer par du liquide frais. Alors il faut finir de remplir le bocal en y mettant de vieux linge (pour empêcher le ballotte- ment) et du liquide, le bien boucher, luter avec de la cire à cacheter, de la cire à bouteille ou du goudron et bien 478 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1857.) emballer, en entourant chaque bocal de filasse ou de foin, pour qu’il n'y ait pas de cassure en route. Si on a mis les objets récoltés dans de la sciure de bois imbibée d’esprit-de-vin ou d’essence, il suffit, quand on se dispose à les expédier, de bien remplir les bocaux, de manière à ne pas perdre de place et surtout à éviter tout ballottement, et d'ajouter un peu d'alcool frais. Il est évident que, si l’on est en position de piquer les Mouches, Demoiselles, Abeilles, Papillons ou Scarabées ornés d’écailles colorées, avec des épingles, et de les bien fixer dans des boites à fond garni de liége ou de moelle d’agavé, on devra le faire de préférence. Tous ces animaux se trouvent dans les eaux, sous les fucus ou varechs, sous les tas d’herbes ou de foin, sous les pierres, les écorces des arbres morts, sur les fleurs, les herbes, les feuilles des arbres, dans les bouses de vaches, dans la terre, au pied des arbres, etc., etc. Il faut en prendre au moins une cinquantaine d'individus de la même espèce quand on le peut. Les plus petits, comme les plus gros, ont le même intérêt. Les Fourmis, les Guëêpes, les Abeilles et les Termites peuvent offrir des ob- jets très-intéressants, et, si l’on peut se procurer les nids de ces animaux et les emballer soigneusement, on fera une chose très-utile. Coquilles. On en trouve dans les eaux de la mer, des rivières et des marais; dans les buissons et les jardins (Limaces et Escargots grands et petits). Ces derniers sont les plus.in- téressants, et l’on peut en prendre beaucoup de grand matin ou pendant une pluie. I] suffit de retirer l'animal et d’emballer les coquilles dans de la sciure de bois, du coton ou de la filasse, sui- vant leur degré de fragilité. 11 faut prendre jusqu’à une centaine d'individus de chaque espèce. MÉLANGES ET NOUVELLES. 479 Pour retirer l'animal des coquilles bivalves, telles que Moules, Huîtres, Moules d’eau douce, etc., il suffit d’ou- vrir ces coquilles et d'enlever l'animal avec un couteau, comme lorsqu'on mange des Huitres; seulement il faut avoir soin de laisser les deux valves attachées par leur charnière. Pour retirer l'animal des coquilles univalves, comme les Escargots et autres, il faut les placer dans une mar- mite pleine d’eau froide, la mettre ensuite sur le feu, et pousser peu à peu jusqu’à l’ébullition. A mesure que l’eau s'échauffe, les animaux sortent des coquilles, et, quand l'excès de température les fait enfin mourir, cette mort a lieu au moment où ils sont presque entièrement hors des coquilles, ce qui permet de les en retirer très-facilement. Si on les plongeait dans de l’eau chaude ou bouillante, ces mêmes animaux, saisis par la chaleur, se renfonce- raient dans leurs coquilles, y mourraient, et il serait im- possible de les en retirer. Toutes les coquilles ainsi vidées doivent être mises un instant à sécher au soleil et ensuite emballées. Comme il y a quelques petits frais à avancer pour les bocaux, l’eau-de-vie, l'emballage, les indemnités aux do- mestiques ou pêcheurs employés pour aller chercher ces objets, je vous prie de vouloir bien en tenir note, pour que je puisse vous les rembourser en employant la voie que vous m'indiquerez. Si vous avez des renseignements ou notes sur quelques- uns des objets que vous m'enverrez, je me ferai un plaisir et un devoir de les consigner, en votre nom, dans les articles que je pourrai publier à l’occasion de vos envois, afin que l’on sache ce que la science vous devra dans ces circonstances. P. S. Il est bien entendu qu'il ne faut prendre, en fait d'insectes, Coquilles, etc., que des individus en bon état, c'est-à-dire qui ne soient ni cassés, ni usés par leur frotte- ment sur les plages après leur mort. 480 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1857.) Adresser à M. Guérin-Méneville, secrétaire du conseil de la Société zoologique d’acclimatation, directeur de la Revue et Magasin de zoologie, rue des Beaux-Arts, 4, à Paris. MM. J. et E. Verreaux nous prient d'insérer la rectifi- cation suivante, relative à l’Oiseau qu'ils ont décrit sous le nom de Pitta Mathilda dans un précédent numéro, p- 303, pl. xr. « M. Gould a décrit, presque en même temps que nous, cette même espèce sous le nom de Pitta concinna (Proceed. zool. Soc., 1857, p. 65); de plus, la localité indiquée par lui est Loambock (Java). » M. de Romand, si connu des entomologistes par ses excellents travaux sur les Hyménoptères, arrivé à un grand âge et ne pouvant, à cause de l'affaiblissement de sa vue, continuer de s'occuper de cette science, s’est décidé à se défaire de sa riche bibliothèque entomologique. La vente en sera faite, à Paris, les 13, 14, 15 et 16 janvier 1858, par les soins de M. Leclerc, libraire, place de V'É- cole-de-Médecine, 14, chez qui on peut se procurer le Catalogue de ces livres. TABLE DES MATIÈRES. Pages SevenTzow (N.). — Classification multisériale des Carnivores. 433 Verneaux (J.). — Nouvelle espèce de Geai. 439 Rozas (M. A.). — Nouvelle espèce de Goléoptères. 441 Waca. — Blatte des cuisines. 444 Académie des sciences. 449 Analyses. 461 Mélanges et nouvelles. 468 Bourcier, Médaille du Prince Ch. Bonaparte. 468 Duméril(A.), Reptiles vivants du Muséum. 470 Guérin-Méneville, Cétoine dorée. 473 PARIS. — IMP. DE M®° V® BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'ÉPERON , 9. è VINGTIÈME ANNÉE. — NOVEMBRE (857. FE TRAVAUX INÉDITS. Nouveaux pocumenrs relatifs à l’histoire du Cerf des Phi- tippines; par M. le docteur Pucneran. — PI. 15. J'ai donné quelques détails sur cette espèce de Cerf, encore peu connue des Zoologistes, dans le numéro de fc- vrier 4855 de la Revue de zoologie (1). F'annonçais, dès cette époque, que j'espérais continuer mes observations et compléter les résultats auxquels j'étais déjà parvenu. Tel est le but de la présente Note, uniquement destinée à fixer la science sur une question encore litigieuse, celle de la distinction de ce type. Dans le travail que j'ai déjà cité, j'ai donné, en effet, la description de la femelle, avec tous les détails nécessaires pour bien établir ses caractères de coloration. La mort du mâle, qui est arrivée en juin 1856, m'a permis de con- stater que, sauf quelques différences d'intensité dans les teintes, ces caractères sont bien constants. Chez le mâle, en effet, les parties supérieures du corps sont seulement plus claires; les flancs et les parties latérales sont éga- lement plus roux : il en est de même de la face externe des membres. Le tiquetage fauve roux de la tête, dans le quadrilatère limité par les yeux et les oreilles, est aussi plus marqué, nonobstant l'état d'épilation de cette région . Sous tous les autres points de vue, la concordance des caractères fournis par la coloration est fort facile à con- slater, et, quant aux nuances différentielles que nous ve- (1) Rev. et Mag. de zoologie, 1855, p. 49. 2 séme. T. 1x. Année 1897. 31 k82 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1857.) nons de signaler, leur manifestation nous semble pouvoir s'expliquer par cette circonstance, que les deux individus que nous avons comparés sont morts à deux époques dif- férentes, la femelle en novembre 1854, et le mâle en juin 1856. Voici les dimensions de ce dernier, dont nous don- nons également la figure, pl. xv, d’après le vélin fait en août 1852 pour la collection du Muséum : du bout du museau à la racine de la queue ( directement prise, la tête LORUUnr étantlitournée ). 00 M142/835nn dela queue: 15 Le O0 tpm Dan dE AIT. ET MRC NE 0 HMOESTSONN béni lu sus à la “Fe de la Mes SUR à la base de l'oreille. . . 07,300" Hauteur de l'oreille (mesurée en dedans). . 0,100" er: | ON AVANT. ent oo MU TOUTE en arrière.. . . BR CET ETS La comparaison du même Ésempliie avec celui rap- porté autrefois de Manille par M. Dussumier a levé tous les doutes que j'aurais pu concevoir sur l'identité d'espèce. Dans l'adulte, de mème que dans le jeune, j'ai pu con- stater la nudité des doigts postérieurs, déjà signalée par M. Sundeval (1) chez ce dernier et chez le Cerf des Ma- riannes, observation fort intéressante sous le point de vue des caractères fauniques , car M. Sundeval n'indique ce fait que chez ces deux espèces, dont l'habitat est si rap- proché. Le squelette de notre adulte porte quatorze paires de côtes, et par cela même quatorze vertèbres dorsales. Les vertèbres lombaires sont au nombre de cinq, les sacro- coccygiennes au nombre de quatre. Le prolongement caudal en présente onze; la plus postérieure est seulement composée de la tête vertébrale. Cette dernière partie du (1) Kongs Velenskaps Handlingar. ete., for 1844, p. 179, TRAVAUX INÉDITS. 483 système osseux est malheureusement absente dans notre squelette de jeune ; mais la concordance est parfaite pour le nombre des côtes et celui des vertèbres dorsales, lom- baires et sacro-coceygiennes. Les formes du crâne sont également semblables, et soit par l'examen de celui du jeune, soit par l'examen de celui de l’adulte, lorsqu'on le compare à celui du Cerf des Mariannes, on constate promptement que les deux espèces sont différentes. Dans le crâne du Cerf des Mariannes, dit Cuvier, il existe en avant des orbites, et vers la base du nez, deux convexilés longitudinales fort remarquables (1). Nous ajouterons que ces deux convexités sont limitées en dedans par deux enfoncements, bornés eux-mêmes par deux petites crêtes osseuses longitudinales, situées à droite et à gauche de la ligne médiane. Cette disposition de la partie fron- tale du crâne nous a été offerte, non-seulement par une tête de ce Cerf rapportée de Guam par MM. Hombron et Jacquinot, mais encore par la tête d’un des types de l’es- pèce, par celle qui est surmontée de ce bois, dont M. Cu- vier (2) a déjà dit que l’une des perches porte un tuber- cule dans l’aisselle du maître andouiller. Rien de semblable ne se manifeste dans la région correspondante chez notre jeune C. philippinus, cette région étant plutôt aplatie; en outre, la lame osseuse qui forme le dessus de l'orbite n'est pas relevée, mais plutôt aplatie. Chez notre adulte, tout l’espace interorbitaire, plus large sûrement, est éga- lement beaucoup moins convexe que chez le €. mariannus. L'enfoncement médian n'existe pas non plus, et le pour- tour supérieur de l'orbite est fort peu relevé. Ainsi que l’a déjà dit M. Cuvier (3), le crâne de notre jeune individu est pourvu de canines : ces deux dents (1) Cuv., Oss. [oss., 2° 6dit., t, IV, p.45. (2) 1d.,td.,id. (3) 14., id., p. 46. 48% REY. ET MAG. pe Z00L0GIe. (Novembre 1857.) étaient absentes chez notre femelle (1), l’alvéole étant vide d'un côté, oblitéré de l’autre. Dans Ia mâchoire supé- rieure de l’adulte, ces mêmes dents ont disparu : à gauche, l'alvéole est à peu près en entier oblitéré; à droite, on aperçoit une petite fossette, dont le plus grand diamètre est antéro-postérieur, et le fond occupé par un tissu os- seux aréolaire. J'ai constaté la présence de ce même tissu, des deux côtés, mais avec une fossette moins saillante, dans le crâne de Cerf des Mariannes rapporté par MM. Hombron et Jacquinot. La présence ou l’absence de ces dents pour la distinction des deux types est donc tota- lement dépourvue de constance, l’une et l’autre espèce étant susceptibles d’en être pourvues et de les perdre. C’est un nouveau fait à ajouter à fous ceux que j'ai cités ail- leurs (2), et qui sont de nature à prouver que, sous ce point de vue, la formule dentaire des Cerfs présente plus d’uni- formité que ne l’admettent les Zoologistes contemporains. Le bois de cette espèce ne nous a présenté, ni dans sa forme ni dans ses complications, aucune différence d'avec celui que notre adulte portait en février 4855. Les per- ches, de grandeur moyenne, grosses, un peu aplaties en avant, se dirigeant en dehors et en haut, sont seule- ment munies de deux andouillers : l’un, le maître andouil- ler, dirigé en haut et en dehors, puis un peu courbé en dedans; l’autre, naissant près de l'extrémité du merrain, en dedans ét un peu en arrière, et en constituant, par cela même, une véritable bifarcation. Telle est la forme de bois présentée par les deux perches que notre individu à laissées tomber en 1855, et en juin 1856 quelque temps, ou plutôt quelques heures avant sa mort. C’est ce dernier dont le dessin se trouve sur la planche annexée à notre travail actuel. Sous ce point de vue, par conséquent, le Cerf des Philippines ressemble au Cerf d’Aristote, tandis (4) Rev. et Mag. de z00l., 1855, p. 53. (5) Arch. du Muséum, vol. VI, p. 289, TRAVAUX INÉDITS, 485 que le Cerf des Mariannes ressemble au Cerf-Cheyal (1). Ce bois est, comme dans toutes les espèces de Cerf, formé d’abord d’une simple dague; mais le second bois est complet, porteur qu'il est du nombre normal d'an- douillers qui le caractérise. Nous avons constaté ce fait sur les prolongements frontaux qu'a successivement laissés tomber le jeune Cerf né à la Ménagerie, le 9 juin 1852. Je trouve dans mes notes concernant le second bois de cet individu, dont il s’est dépouillé le 25 mai 1855, que le maître andouiller est bien formé sur les deux perches, et que l’andouiller supérieur est formé à gauche; à droite, au contraire, la perche est usée à son extrémité supc- rieure, circonstance qui a empêché la production du se- cond andouiller. J'avais déjà dit, au reste, en 4855 (2), que je pensais que, dès le second bois, les perches étaient complètes dans cette espèce: ainsi qu'il est facile d’en juger par les détails qui précèdent, je n’ai point perdu de vue la conjecture que j'avais émise, désireux que j'étais de la confirmer ou de linfirmer plus tard par l'observa- tion. Dans le même travail, j'ai donné, pour 1852 et 1853, (1) Dans ses Nouveaux Suppléments aux Mammifères de Schré- ber (1855, p. 360), M. J. A. Wagner me fait le reproche d’avoir Gt injuste, dans ma Monographie des espèces du genre Cerf, envers MM, Salomon Müller et Schlégel, en ce qui concerne les Cervus equi- mus et Kuhlii, Lorsque j'ai imprimé mon Mémoire, le texte du tra- ail de MM. Salomou Müller et Schlégel m'était totalement incounu ; 1] n'est point, dès lors, surprenaut que j'aie exprimé le regret d’être privé des observations concernant les espèces plus haut citées. M. J. A. Wagner peut constater également, en consultant de nouveau mou Mémoire, que, pour la synonymie des Cervus hippelaphus ct Gervus l'eronti, j'ai uniquement cité les planches et figures des Yerhande- lingen, etc. M, J. À. Waguer, daus l'appréciation de mes divers tra- vaux de Mawmalogie, a été, dans son dernier volume des Supplé- ments à Schréber, d'une telle bienveillance, que je désire le con- vaincre que tous mes efforts tendvut à être juste, exact et rai. (2) few. et Mag. de z00l., 1855, p. 56. 48H REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE, (Novembre 1857.) les dates de la chute des prolongements frontaux chez notre adulte : ils sont tombés, en 1852, le 28 septembre; en 1853, le 21 juillet. Pendant l’année 1854, la tête de cet individu ne s’est point dépouillée, et ce n’est qu’en 1855, le 7 septembre, que cet acte s’est de nouveau reproduit. C’est la première fois qu’un semblable fait se présente à mon observation, et je ne sache pas qu'aucun Zoologiste en ait, jusqu'ici, été encore témoin. J'ai donné ailleurs (1) tous les détails le concernant , insistant sur cette circon- stance, que je dois rappeler, que ce Ruminant portait des exostoses dans certaines parties de son squelette. En 1856, les bois de cet individu sont tombés quelques jours, peut-être même quelques heures avant sa mort, survenue le 27 juin. En examinant les dates de production de ce phénomène périodique, nous voyons que sa mani- festation, à la même époque, a alterné de trois ans en trois ans, Ou à peu près. Ainsi, en 1855, c'est pendant le mois de septembre, comme en 1852 ; la date de 1856 est presque la même que celle de 1853. Quant à notre individu encore vivant, j'ai déjà donné, en 1855 (2), la date de la chute de sa dague (7 juin 1854). En 1855, le bois est tombé en mai {le 25 d’après la note du Laboratoire, le 29 d’après mon observation). En 1856, c’est au mois d’août {le 15 d’après la note du Laboratoire, le 24 d’après mon observation) que le phénomène s’est réa- lisé. Cette année, la tête ne s’est point encore dépouillée, et, au moment où j'écris ces lignes (14 novembre), le bois persiste encore. Persistera-t-il encore une année, comme nous l'avons observé chez le père de ce Cerf? S'il en est ainsi, il sera intéressant de constater de nouveau l’état du système osseux, et peut-être nous sera-t-il permis de con- stater ultérieurement si le même fait se manifeste chez un de nos Cerfs de l'Amérique méridionale, dont les refaits (1) Journal l'Institut, 1857, p. 130. (2) Rev, el Mag. de z001., 1855, p. 0. TRAVAUX INÉDITS. 487 se produisent lentement et difformes, et qui se trouve en- core vivant, quoique ailleurs (1) nous ayons, à tort, an- noncé son décès. Depuis 1855, nous avons constaté deux nouvelles nais- sances (1856, 4 août; 1857, 14 juillet). De sorte qu’en ajou- ant ces dates à celles déjà connues des mois de mai, février, décembre, nous avons, pour les naissances, des dates plus irrégulières que celles qui nous sont offertes par nos espèces d'Europe et de l'Amérique du nord. Celles de la chute des bois ont présenté plus de régularité, puis- qu'elles ont eu lieu de mai en septembre; malheureusc- ment, nous ne pouvons pas en conclure que ce phéno- mène n'a pas licu dans les autres mois de l’année. Nos observations n'ayant porté que sur un individu et sa des- cendance, ce serait, d’après les indications différentes fournies par les autres espèces des régions chaudes du globe, trop hasarder que de donner les dates citées plus haut pour tous les individus de ce type. Nous n'avons rien constaté de particulier dans les mœurs de ces deux Ruminants, depuis le premier moment où il nous à été donné de les observer. Nous terminerons donc celte notice en disant de nouveau que cette espèce est bien distincte. Nous pensons pouvoir en établir la dia- gnose ct la synonymie de la façon suivante : Cerr pes Paiciprines, Cervus philippinus, H. Smith. (PI. xv). Taille moyenne. — Parties supérieures brun noirätre, se nuançant de fauve roux sur les flancs ; région thoraco-abdo- minale d'un brun très-foncé, région anogénitale blanche. — Queue courte, de La couleur du corps en dessus ct dans pres- que toute son étendue, de couleur blanche en dessous. Bois de grandeur moyenne : perches dirigées en dehors et munies de deux andouillers, le maître andouiller naissant en (1) Journal l'Institut, 1857, p, 130. 488 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1857.) avant, l'andouiller supérieur en dedans, constituant, par cela même, une vraie bifurcation. Synon. — 1. Desmarest, Mammal., p. 442 (en note ct non pas page 222, comme je l'ai dit par erreur, Rev. et Mag. de zoo!., 1855, p. 49); Cuvier, Ossements fossiles, 2 édit., vol. IV, p. 46. 2. L’Axis des Philippines, Blainv., Journal de physique, vol. XCIV, p. 267. 3. The Philippine Muntjak, Cervus philippinus, Ham. Smith, in Griffith Kingdom, vol. IV, p. 147, et dessin de la tête, pl. vir du vol., fig. 5, et Cervus philippinus, ibid., vol. V, n° 803, 33. 4. Cervus philippinus, Fischer, Synopsis mammalium, Addenda et Emend., p. #22. ®. Cervus philippinus, Cuvier, Règne animal, 2° édit., vol. I, p. 265, en note. 6. Stylocerus philippinus, Jardine, The naturalist Li- brary, Mammalia, vol. IF, Ruminantia, part. 1, p. 185. 7. Cervus philippinus, Sundeval, HÆongs Vetenshaps Handlingar, etc., for 1844, p. 179. 8. Rusa philippinus, J. E. Gr. (exclusa var.?), Proc. of the zool. Soc. of Lond., 1850, p. 232. — Gleanings from the Menagerie and Aviary at Knowsley Hall, p.63. — Cu- talogue of the specimens of Mammalia in the collection of the British Museum, part. 1, p. 211. NOTES ORNITROLOGIQUES ; par M. À. Moquin-Tanpon. Avertissement. Les présentes Notes sur les nids et les œufs, sur les ha- bitudes et les mœurs des Oiseaux du midi de la France ont été recueillies, pendant plusieurs années, d’abord aux environs de Montpellier et dans le département de l'Hé- rault, plus tard autour de Toulouse et dans les Pyrénées. Quelques-unes de ces observations, communiquées àmon 7 TRAVAUX INÉDITS. 489 excellent ami le professeur Schinz, de Zurich, se trouvent dans son Histoire naturelle des nids ouvragés et des œufs des Oiseaux qui nichent en Suisse, en Allemagne et dans les pays adjacents (1). Lorsque M. Polydore Roux entreprit son Ornithologie provençale (2), il me demanda des renseignements sur les Oiscaux du bas Languedoc. Je lui adressai aussitôt un cer- tain nombre de dessins (3), et, l’année suivante, une col- lection assez riche d'œufs des environs de Montpellier. C'est d'après ces dessins et d’après cette collection qu'ont été lithographiées, en très-grande partie, les planches d'œufs, du reste assez médiocres, qui accompagnent son fcono- graphie. En 1841, MM. Webb et Berthelot me confèrent les Oiseaux qu'ils avaient apportés des îles Canaries, et me chargèrent de la partie ornithologique de leur grand ou- vrage sur l’histoire naturelle de ces îles (4). J'ai publié toutes les observations relatives aux mœurs des Oiseaux canariens faites sur les licux par ces deux savants voya- peurs, et, lorsque j'ai manqué de documents sur les nids vi sur les œufs, j'ai eu recours à ma collection et à mes notes. De cette manière, il m'a été permis de donner des (1) Beschreibung und Abbildung der künstlichen Nester und Lier der Vœgel welche in der Schweiz, in Deutschland und den angrænzenden Lændern brüten ; mit illuminirien Kupfern. Zu- rich, 1819, in-4, — La traduction française porte la date de 1820. (2) Ornithologie Provençale ou description, avec figures colo- riées, de tous les Oiseaux qui habitent constamment la Provence ou qui n'y sont que de passage. Marscille, 1825, in-4, — On sait que cet ouvrage n’a pas été terminé. L'auteur entreprit, de compa- guie avec le baron Hügel, de Vienne, un voyage scientifique eu Égypte et dans l'Inde. Au moment de se rendre sur le mont Hima- laya, il est mort, à Bombay, le 12 avril 1833. (3) Ornith. Provenr., 1, p. 42, uote. 4) Histoire naturelle des îles Canaries. Paris, iuol., t M, 2: partie, 1836 à 1814. k90 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1837.) détails sur la propagation de presque toutes les espèces de l’ornithologie canarienne. Quelques années après, M. Thienemanp, de Dresde, me pria de lui faire rassembler tous les nids un peu remar- quables des Oiseaux qui se reproduisent dans le midi de la France et dans les Pyrénées. Je m'empressai de satis- faire aux désirs de ce célèbre oologiste. On connaît le bel ouvrage qu'il publie sur la propagation des Oiseaux indi- gènes et exotiques (1). Vers la même époque, M. Degland me chargea de re- voir et de compléter, dans son Ornithologie Européenne (2), tout ce qui concernait les nids et les œufs. Je m'occupai de ce travail pendant les vacances de 1848, et profitai de l’occasion pour insérer dans le texte de mon savant ami quelques faits nouveaux plus ou moins intéressants ; mais le plan de son ornithologie me força d’abréger beaucoup mes additions. M. Degland devait donner, dans un supplé- ment, plusieurs autres faits que je lui avais adressés peu de temps avant sa mort, et auxquels il paraissait ajouter quelque importance. Ce supplément n’a pas paru, et j'ignore s’il paraîtra jamais. Les observations dont il s’agit sont donc restées inédites. L'année dernière, le prince Charles Bonaparte me com- muniqua le projet d’une monographie complète de tous les Oiseaux sédentaires de l'Europe; il voulait s'occuper, cette fois, des nids, des œufs et des mœurs, autant que des ca- ractères, des synonymes et de la classification. Il me de- manda une copie des notes remises au docteur Degland. Je lui promis cette copie, ainsi que d’autres notes prépa- (1) Fortpflanzungsgeschichle der gesammien Vœgel nach dem gegenwærtligen Standpunlktle der Wissenschaft. Leipsig, 1845-56, iu-#, avec 100 planches colorites. (2) Ornithologie Européenne ow Catalogue analytique el rai- sonné des Oiseaux observés en Europe. Paris et Lille, 1849, 2 vol. in-8. TRAVAUX INÉDITS. 191 rées, il y a dix ans, pour une Oologie Européenne, ouvrage dont tous les dessins étaient prêts, et que diverses cireon- slances ont empêché de publier. Ce sont loutes ces notes, où du moins les plus impor- lantes, que je viens de réunir et que M. Guérin-Méne- ville veut bien présenter aujourd'hui aux amis de l’orm- thologie. Ces notes ne sont, en définitive, que des articles séparés, des ébauches imparfaites, rédigées à des épo- ques très-diverses et souvent très à la hâte; elles sont propres seulement à servir de matériaux pour quelque ouvrage général. Je prie le lecteur de les accueillir avec indulyence. Je me féliciterai d'en avoir autorisé la publi- cation si, en les parcourant, il y trouve, çà et là, de l'in- térêt et de la nouveauté. Je garantis, du reste, l'exactitude de la plupart des faits que je rapporte. Paris, le 1°" septembre 1857. PREMIÈRE PARTIE. $S 1. Pencxorrëre (Neophron Percnopterus, Sav.) (1). — Levaillant annonce, dans un de ses ouvrages, que le Neo- phron Perenopterus construit son nid parmi les rochers. «-Les Hottentots m'ont assuré, dit-il, que ces Oiseaux pondent trois œufs et quelquefois quatre; mais je n'ai jamais pu les obtenir. » Dans la seconde édition de son excellent Manuel d'orn- thologie, M. Temminck se borne à dire « que le Catharte ou Néophron niche dans les crevasses des rochers, dans des lieux inaccessibles et taillés en pente verticale. » Vicillot indique aussi que cet Oiseau niche parmi les rochers. Il ajoute, sans doute d’après Levaillant, que la femelle pond trois ou quatre œufs. (1) Vullur Percnoplerus, Linn, — Catharles Percnopterus, Tenun. 492 REV. £T MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1857.) Dans aucun des ouvrages spéciaux que possède la science sur les œufs des Oiseaux on ne trouve ni la des- cription ni la figure des œufs du Néophron (1). Zinnani , Klein, Gunther, Graves, Schinz, Naumann..... ne parlent pas du Néophron. Thienemann présente le résumé des courtes observations de Levaillant, et ajoute qu'on a trouvé une fois un nid de Néophron sur le mont Salève, près de Genève; il renfermait quatre petits. Ce nombre de petits me semble fort douteux. Dans l’Ornithologie du Gard, publiée, en 1840, par Crespon, de Nîmes , on lit un passage relatif à la propa- gation du Néophron. L'auteur assure que cet Oiseau niche sur le pic de Saint-Loup, près de Montpellier, et dans les environs de Salon et d’Arles (on verra bientôt que ces deux indications sont très-exactes); qu’il place son nid parmi les rochers, dans des lieux inaccessibles, et que la femelle pond deux œufs à surface rude, d’un blanc un peu rougeâtre. Ces renseignements ont été fournis à l’au- teur par un paysan qui était parvenu à se procurer deux de ces œufs, mais qui eut le malheur de les casser. Cepen- dant, à la fin de l'Ornithologie du Gard, Crespon a placé, dans l’errata, la note suivante : « Au moment de terminer ect ouvrage, on m'apporte deux œufs de Catharte ; ils sont obtus, d’un blanc verdâtre, sans taches ct gros comme ceux des Poules. » J'ai mal à propos répété celte indication dans l'Ornithologie des êles Canaries. Les œufs dont il s’agit ne sont pas du Néophron, j'en suis certain ; je les ai vus en passant à Nimes en 4847; ils appartien- nent à l'Aigle Jean-le-blanc (Circuetus gallicus, Bp.). Tel était l’état de nos connaissances relativement aux œufs du Néophron lorsque, au printemps de 1842, M. d'An- selme, d'Avignon, a découvert deux nids de cet Oiseau sur un rocher très-élevé, entre Salon et Saint-kemi (2). (1) J'écrivais ces lignes le 27 avril 1843. (2) Saint-Remi n’est pas très-éloigné d'Arles; mais cette dernière TRAVAUX INÉDITS. L93 Les nids étaient grossièrement construits, très-grands et tout à fait semblables aux aires des Vautours et des Aigles. Chacun renfermait deux œufs. Mon ami feu M. Requien, d'Avignon, voulut bien m'envoyer un de ces œufs. Cet œuf était un peu plus gros que celui du Paon et plus bombé. Son grand diamètre offrait 7 centimètres, et le petit 5 centimètres 1/2. La coque paraissait mince, male et un peu rude; elle était d’un blanc pâle, rougeàtre ct couverte d’une multitude de taches brunes ou brunâtres légèrement rouges, presque confondues, plus nombreuses et plus foncées vers le gros bout. Cette coloration ressem- blait beaucoup à celle des œufs de l'Émerillon et de la Crécerelle. Je donnai cet œuf à M. des Murs. Je communiquai les détails qui précèdent à l'Académie des sciences de Toulouse le 27 avril 1843 (1). Dans la nouvelle édition de son ouvrage sur les œufs des Oiseaux de l'Angleterre (2), M. Hewitson a figuré (4% juillet 1843), sous le nom du Vautour d'Égypte cu Percnoptère (pl. 1), un œuf unicolore, d’un blane légère- ment azuré, qui paraît être un œuf d’Autour. Depuis la découverte de M. d’Anselme, un autre nid de Percnoptère a été trouvé sur le pic de Saint-Loup, près de Montpellier, par M. Lebrun, un autre dans la Lozère par M. de Reyniés, et un autre dans les Pyrénées de l'Aude par M. Companyo. Le premier nid était placé à une grande hauteur (en- viron 65 mètres) sur le côté taillé à pic de la montagne, mais pas au sommet. Un habitant de Saint-Bawzille se fit descendre, à l’aide d’une corde, jusqu’à l'entrée d’une espèce de grotte très-irrégulière , protégée par un rocher ville n'est pas celle des P yrénées-Orientales, comme l’a cru récem- mentun savant oruithologiste. (1) Mém. Acad. roy. Toul., 3° série, t. Il, 1846, p. 121. (2) Couloured illustrations of the Eggs of the Eggs of British Birds, accompanied with descriptions of the Eggs, Nests, ete. London, 1843, in-8. 49% REV. ET MAG. DE Z00LOGIE. (Novembre 1857.) saillant, profonde d'environ 2 mètres et haute de 4 mè- tre 1/2. Un fagot de büchettes grossièrement entrelacées de quelques flocons de laine et même de crins de cheval composait l'aire du Néophron. Sur ce nid informe, il y avait un petit récemment éclos et un œuf prêt à éclore. Cet œuf était un peu moins gros que celui dont je viens de donner les dimensions. Tout autour du nid et à l'entrée de la grotte, on voyait accumulés les restes des repas des Néophrons mêlés à leurs ordures. Dans le second nid se trouvaient deux œufs tout à fait semblables, pour la forme et pour la coloration, à celui décrit plus haut; seulement ils présentaient des taches moins fondues et d’un brun rouge un peu plus vif. Ces œufs, vides, pesaient ensemble 1,947 centigrammes, ct, par conséquent, chacun 973 centigrammes 1/2. Iis avaient de 65 à 66 millimètres de grand diamètre, et de 46 à 49 millimètres de diamètre transversal. Je possède un de ces œufs et j'ai le dessin de l’autre, qui est passé dans la collection de M. Baillon, à Abbeville. Je n'ai pas de renseignements sur le nid des Pyrénées. Dans les deux dernières livraisons de son Oologie (1) (2 mars 1846), M. Hewitson a représenté le véritable œuf du Perenopière. Je lui avais envoyé un dessin exact de celui de ma collection (2). M. Wolley, du collége de la Trinité, à Cambridge, lui avait communiqué les figures de deux autres œufs. M. Hevwitson a trouvé ces dessins par- faitement d'accord pour les dimensions et pour la colora- tion. M. Wolley tenait ses œufs d’un Français, M. Favier, qui les lui avait donnés, en 1845, lors de son voyage à Tanger. M. Favier l’assura qu'on avait tué une fois l’Oiseau sur le nid. Il ajouta que les Percnoptères font leur nid, en Afri- que, à la fin de mars, au-dessus des précipices, dans des () Parts XXXIII et XXXIV, p. 1 et pl.r. (2) Loc. cil., p. 1. TRAVAUX INÉDITS. k95 endroits inaccessibles, qu'ils pondent un ou deux œufs qui éclosent vers la fin de mai, et que les petits restent dans le nid, sans pouvoir voler, jusqu’au mois de juillet. Dans la cinquante-troisième planche de son dernier ouvrage (1), M. Thienemann a figuré cinq œufs de Néo- phron percnoptère. — N'ayant pas sous les yeux la partie du texte relative aux Oiseaux de proie, je ne sais pas l'ori- gine de ces œufs. Viennent-ils de France? Ne sont-ils pas plutôt d'Afrique, comme ceux de M. Wolley? L'œuf placé du côté droit, inférieurement, peut être regardé comme le type. Les autres sont des variétés 1° Plus rousse; 2» D'un roux un peu verdätre, avec des taches presque confondues et de fines mouchetures brunes; 3 Blanchâtre, avec des mouchetures brunes plus nom- breuses au gros bout; 4° Blanchâtre, avec des mouchetures rougeâtres, plus rapprochées au gros bout, mais moins nombreuses que dans le numéro 3; 5° Blanchâtre, avec des mouchetures peu nombreuses. d'un roux gris. Enfin, dans la seconde livraison du très-bel onvrage qu'il publie en ce moment (2), M. Bædeker vient de figurer quatre œufs de Percnoptère. Ces œufs ont été recueillis en Espagne; ils diffèrent assez les uns des autres. Le pre- mier se fait remarquer par ses nombreuses taches d’un brun noir. Le second offre des taches plus petites, plus claires, un peu roussâtres et presque confondues. Il res- semble à la figure donnée par M. Hewitson; mais, dans cette dernière, les taches sont encore moins distinctes. Le troisième offre des taches nombreuses, accumulées seule- ment au gros bout ; le reste de la surface est blanchâtre et (1) Fortpfl., tab]. vu, fig. 2. (2) Die Fier der europæischen Vœgel nach der Natur gemall. Leipsig und Iserlohn, in-fol., pl. 1x, fig. 2. 496 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1857.) moucheté de roussätre. Enfin le quatrième présente des taches rassemblées, au contraire, au petit bout. Quelques- unes de ces dernières sont d’un brun noir. $ 2: Le Jean-Le-BLaNc (Circaetus Gallicus, Vicill.) (4). — Gérardin avance que le Jean-le-blanc ou Circaète fait son nid assez près de terre, parmi les jones, les bruyères et les genêts. On prétend cependant, ajoute-til, qu'il le place aussi quelquefois sur les sapins élevés ; mais c’est un fait qu'il n’a pu constater dans les Vosges, quoique cet Oiseau y soit assez commun. Suivant Temminck, le Circaète niche sur les arbres les plus élevés. C’est aussi l'opinion de M. Tyzenhauz, qui affirme que, comme l’Aigle, cet Oiseau construit son aire sur les ar- bres de haute futaie, et jamais à terre. Suivant M. Bouteille, il nicherait non-seulement sur les arbres élevés, mais aussi, dans quelques circonstances, au milieu des taillis et des broussailles. Gérardin signale les œufs du Circaète comme d’un gris de perle foncé, et'Temminck comme d’un gris lustré. Meyer et Naumann les indiquent comme blancs, avec des taches isolées d'un brun très-clair. Degland les avait d’abord décrits comme petits, longs et lustrés. J'ai vu plusieurs œufs de cet Oiseau : ils étaient tous assez gros, Ovoïdes-ventrus, à surface mate, un peu rude au toucher, et à peine grisâtre ou très-légèrement azurée, sans aucune tache. M. Degland a bien voulu me donner un œuf de Cireaète qu’il devait à l’obligeance de M. Bouteille. C’est celui dont il parle dans son ornithologie. H offre un grand diamètre de 6 centimètres 1/2 et un petit diamètre de # centimè- tres 4/2. El est d’un blanc presque pur, avec une teinte très-faiblement azurée. (1) Falco Gallicus, Gmel.; Aquila brachydaciyla, Mey, et Wolf; Falco brachydactylus, Temm. TRAVAUX INÉDITS. 497 L'œuf figuré par M. Schinz (1) est un peu gros et rous- sâtre plutôt que bleuâtre. Je serais tenté de croire que c'est un œuf d’Aigle. Celui de M. Thienemann (2) parait, au contraire, trop petit et trop bleu : c’est probable- ment un œuf d’Autour (3). Les deux œufs publiés par M. Berge (4), dont un présente, au petit bout, cinq ou six taches irrégulières d’un roux violacé pâle, et dont l’autre est tout couvert des mêmes taches, ne semblent pas appartenir à cet Oiseau , quoique leur taille et leur forme s'accordent assez bien avec la description qui vient d’être donnée. J'ai nourri un Jean-le-blanc pendant plus d’une année je lui donnais de la viande crue ou cuite. Il mangeai aussi des petits Oiseaux, des Lézards, même des Saute- relles ; mais il préférait les Mulots, les Souris et générale- ment les petits Mammifères. Je l’ai vu déchirer en un clin d'œil un pauvre petit Chat qu’on avait eu la cruauté de lui livrer vivant. $ 3. L'Érenvier (Accipiter Nisus, Bp.) (5). — Observa- tions sur quatre nids. Le premier des environs de Saint-Bertrand (Pyrénées), sur un chêne {le 11 juin 1841); il renfermait trois petits couverts de duvet et deux œufs couvés. Le second, de Carcenac, près de Rodez (Aveyron), sur un hêtre, à 8 mètres environ de hauteur. Quatre œufs. Le troisième, de Saint-Pé (Pyrénées), sur un chêne. Cinq œufs. * (1) Loc. cil., pl. xxxvru, fig. 1. (2) Systemalische Darstellung der Vægel Europa's mil Abbildung der Eier. Leipzig, 1825, tab. n, fig. 2. (3) Degland, Ornith. Europ., p. 50. (4) Die l'ortpflanzung europæischer und aussereuropæischer Vœgel. Ein Leilrag zur Naturgesch'chte derselben, Stuttgard, 1840 et 1861, in-12, 1, pl. cxxve, fig, 1, 2. (5) Falco Nisus, Liun.; Sparvius Nisus, Vicill.; Astur Nisus, Keys. et Blas. » 2 sémim. 7. 1x, Année 1857. 32 ; 498 REV. ET MAG. DE ZOOLOG1E. (Novembre 1857.) Lé quatrième, des environs de Gex (Ain), sur un sapin très-élevé. Quatre œufs. Tous ces nids étaient assez grands et composés de petits rameaux de chêne ou de hêtre. Dans le dernier se trou- vaient des ramuscules de sapin. Les œufs de l’Épervier sont bien connus ; on s'accorde à les décrire comme d’un blanc sale, légèrement azuré, quelquefois un peu jaunâtre, avec des taches rousses et brunes assez grandes et irrégulières, plus rapprochées vers le gros bout, où elles forment quelquefois une cou- ronne. Il y a des variétés à peine tachetées et d’autres sans taches. Sur 34 œufs de cet Oiseau venant de diverses localités, j'en ai trouvé {7 avec des taches assez grandes plus rapprochées vers le gros bout, c’est le type; G avec des taches formant une couronne bien marquée ; 2 avec une couronne au petit bout ; 3 avec des taches très-petites et peu nombreuses plus rapprochées vers le gros bout ; 2 avec des taches encore plus petites, éparses; 1 avec des taches réduites à des points; 2 sans taches, légèrement azurés; 1 sans taches, légèrement jaunâtre. 34 $ 4. L'ErrralE (Strix flammea, Linn.). — L'Effraie, regardée par le vulgaire comme un Oiseau de malheur, niche, comme on sait, dans les vieux châteaux, les an- ciennes églises, les tours, les clochers, les erevasses des murailles et aussi dans les creux des rochers et des arbres. Elle n'apporte pas beaucoup d'art dans la construction de son nid ; elle entasse grossièrement quelques pailles et quelques plumes; souvent même elle ne forme aucune espèce de couchette et dépose ses œufs à nu dans la pous- sière ou dans la vermoulure. TRAVAUX INÉDITS. 499 Cet Oiseau. pond de trois à cinq œufs blancs; ces œufs sont un peu moins ronds que ceux de la plupart des Oi- seaux de proie nocturnes, mais ils n’ont pas une forme allongée, comme le disent Buffon et Gérardin. J'ai vu trois nids d’Effraie dans des trous de la façade de mon habitation , au jardin des plantes de Toulouse. J'en ai observé deux autres dans un pigeonnier aban- donné. Ces derniers étaient à droite et à gauche d’une solive, entre cette dernière et l'épaisseur du mur, au fond d’un trou plus haut que large. Tous ces nids renfermaient des pailles et des plumes, mais en petite quantité. Il y ayait quatre, trois, cinq, quatre et six œufs. M. le docteur Adolphe de Barrau m'a envoyé de Car- cenac (Aveyron) quatre œufs du même Oiseau, découverts dans un creux de châtaignier. 2% avril 1844. On vient de m'apporter un nid d'Effraie trouvé dans le clocher de Croix-Daurade (Toulouse). Il renfermait neuf œufs (!), dont cinq prêts à éclore {les embryons étaient déjà couverts de plumes) et quatre pondus seulement depuis deux ou trois jours. Evidemment deux couples d’Effraies avaient pondu dans le même nid. Un fait analogue est rapporté dans le Magasin pittoresque. $ 5. Le perir Duc ou Scops (Scops Europæus, Less.) (1). — Le Scops est le plus petit des Oiseaux de proie noc- turnes de notre pays. Il niche dans les creux des vieux arbres, dans les fentes des rochers, et aussi dans les trous des murs et des maisons, M. le docteur Gardarein m'a communiqué des œufs de cet Oiseau trouvés, près de Souillac (Lot), dans un tronc vermoulu de châtaignicr. J'ai vu trois nids de Scops, au jardin des plantes de Tou- louse, dans des trous de la façade de mon habitation, à la (1) Sirix Scops, Linn.; Scops cphialles, Savigu.; Scops Aldro- vandi, Bp.; Ephialles Srops, Keys. et Blas.; Otus Scops, Schleg. 500 REV. ET MAG. DE ZO0OLOGIE. (Novembre 1857.) hauteur du premier étage, l’un d’eux à côté d’une fenêtre (15, 20 et 30 juin 1843). Dans tous ces nids il y avait quatre œufs. Ces œufs étaient à peu près ronds et d’un blanc pur. (Grand dia- mètre, 28, 30 et 31 millimètres; petit MR 21, 21 1/2 et 25 millimètres.) Dans un de ces nids, la femelle s’est laissé prendre sur ses œufs. Tout son ventre était dégarni de plumes. Les œufs allaient éclore. Au printemps de 1844, un Scops vint se percher sur un grand tilleul de la terrasse du même jardin, et fit en- tendre son chant plaintif pendant plusieurs soirées. Quelque temps après, vers dix heures du soir, je crus distinguer un Oiseau de nuit qui entrait dans un des trous de la façade, vis-à-vis du grand tilleul. Le lendemain, vers midi, je fis appliquer une échelle contre le mur et visiter ce trou. On prit un Scops femelle. Il était avec quatre petits récemment éclos. Le soir et les deux jours suivants, le Scops mâle, perché sur le tilleul, recommença son tiou, tiou langoureux..... Il appelait sa compagne. On avait laissé les petits dans le nid. Le mâle les visita régulièrement et leur porta des Musaraignes, des Mulots, des Fauvettes, des Lézards, des Sauterelles; mais, chose curieuse, presque tous ces animaux, même les Sauterelles, étaient décapités ! J'ai remarqué que le mâle ne se tenait pas dans le nid, comme la femelle. Cette dernière, mise dans une cage, ne voulut pas manger. Elle était devenue tellement faible, que ses jambes ne pouvaient plus la sou- tenir. J’en eus pitié, et je la fis porter dans son trou, à côté de ses petits; mais auparavant, à l’aide d’un trébu- chet, je m'emparai du mâle au moment où il portait un Rouge-Gorge dans le nid. Ce pauvre mâle, placé aussi dans une cage, refusa, comme sa femelle, toute espèce de nourriture; il allait mourir de faim lorsque je le rendis charitablement à sa femelle et à ses petits. On plaça pen- dant quelques heures une petite planche devant l’entrée TRAVAUX INÉDITS. 501 de leur habitation ; c'était vers le milieu du jour; le len- demain, à la même heure, père, mère, petits, tout avait disparu. Comme les jeunes Scops n'étaient pas encore capables de voler, il est évident que le mâle et la femelle les avaient emportés dans quelque autre gite mieux caché et à l'abri de mes expériences! (La suite au prochain numéro.) Dracxoses de quelques Crusracés nouveaux de l'Amérique tropicale; par M. H. DE SAUSSURE. 1. Pericera spinosissima. Moyenne. Rostre formé de deux cornes aiguës horizontales. Épines orbitaires plus longues que les épines antennaires. Carapace très-bombée, toute garnie de longs piquants ; sa ligne médiane occupée par une série de longues épines. Pattes antérieures épineuses, assez courtes; mains lisses. — Long., 61 mill.; rostre, 11 mil; larg., 40 mill. — Antilles. 2. Pericera bicornis. Petite. Rostre formé de deux cor- nes aplaties. Antennes externes latérales; épine orbitaire interne (antennaire) plus longue que la supérieure. Cara- pace triangulaire, à régions voûtées, couvertes de tuber- cules ; bords latéro-antérieurs inermes, granuleux; angles latéro-postérieurs armés d’une épine. Corps et pattes très- velus, — Long., 26 mill.; larg., 18 mill. — Antilles. 3. Mithraz cornutus. Très-voisin du M. rostratus, Bell. Carapace ovoïde, bien plus longue que large. Rostre formé de deux longues cornes aiguës et aplaties. Orbites plus longues que hautes, entourées de six dents. Carapace tu- berculeuse, ayant ses bords garnis d’une rangée d’épines. Pattes très-épineuses, ayant ses deux derniers articles très-grêles, allongés et glabres. — Long., 54 mill.; larg, 32 mill.; rostre, 7 à 8 mill. — Antilles. 4. Lambrus crenulatus. Petit, Carapace plus large que longue, rugueuse, tuberculeuse, armée, de chaque côté, d'une longue épine latérale; à bords latéro-antérieurs 502 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1857.) dentés en Scie, maïs pas jusqu’à l'orbite; à bords posté- rieurs armés.de Sept tubercules spiniformes. Bras et mains très-aplatis, lamellaïres, ayant leurs bords fortement den- tés ; face supérieure de la main inerme. — Long., 18 mill.; larg., 24 mill. — Antilles. 5. Panopeus occidentalis. Petit. Carapace voûtéé, faible- ment bosselée, lisse, armée, de chaque côté, de cinq dents, dont les deux premières mousses ; bords latéro-pos- térieurs arrivant au niveau du bord postérieur de la ré- gion stomacale. Mains lisses, couleur rougeûtre. — Long., 14 mill.; larg., 17 mill. — Guadeloupe. 6. Panopeus serratus. Très-voisin du précédent, mais ayant la carapace moins bombée et plissée. Corps ru- gueux; mains rugueuses ou cannelées à leur bord supé- rieur. — Long., 16 mill.; larg., 22 mill. — Guadeloupe. 7. Panopeus americanus. Petit. Carapace plus allongée et très-plate en dessus, à peine bosselée, à bords latéraux simplement lobulés. Mains à peu près lisses. — Long., 11 mill.; larg., 14 1/2 mill. — Guadeloupe. 8. Portunus quadalpensis. Carapace glabre, peu bos- selée, armée de dix dents aiguës. Front armé de trois dents également avancées. Mains finement sculptées, por- tant cinq carènes. Bord fronto-orbitaire égal à la moitié de la largeur de la carapace. — Long., 19 1/2 mill.; larg., 93 mill. — Guadeloupe. 9. Lupea anceps. Petite. Bords latéro-postérieurs de la carapace armés de dix dents, dont les deux dernières ont la forme de longues épines. Dents médianes du front moins longues que les latérales. Mains plus longues que la carapace, mais moins longues que son diamètre trans- versal, même sans compter les cornes latérales; armées de deux épines vers l'insertion du doigt mobile. — Lonpg., 12 mill. — Cuba. 10. Metopograpsus gracilis. Carapace régulièrement voütée; armée de deux épines de chaque côté, à bords latéraux droits; se rétrécissant à partir de la seconde TRAVAUX INÉDITS, 503 épine épibranchiale; à portion antérieure plissée. Front incliné, bien plus large que la moitié de la carapace. Lobes surfrontaux latéraux nuls, Pattes fortement dentées; mains rugueuses à leur bord supérieur. Tout le corps marbré de brun-lilas et de blanchâtre. — Long., 16 mill.; larg., 21 mill, — Saint-Thomas. 11. Metopograpsus miniatus, Carapace plus bosselée, armée de deux épines de chaque côté, à bords latéraux arqués, s’élargissant un peu après les dents épibranchiales. Front très-court et sinueux ; égal, en largeur, à la moitié de la carapace. Lobes surfrontaux distincts. Mains lisses et renflées. — Long., 12 mill.: larg., 16 mill. — Saint- Thomas. 12. Remäpes cubensis. Carapace bordée par une zone de pelits sillons obliques, mais sans cannelures. Front for- maot un angle obtus, sans échancrure. — Cuba, 13. Pagurus insignis. Espèce appartenant aux Pagures proprement dits, sous-penre des Sénestres. Front inerme, placé eutre deux dents obtuses. Pédoncules oculaires plus courts que les antennaires, gros, aussi Jongs que l’appen- dice styliforme des antennes externes, qui est denté. Écailles basilaires dentées. Mains très-rugueuses, cou- vertes de rangées parallèles de tubercules épineux et d'épines ; bord inférieur des bras fortement denté. Pattes deuxième et troisième comme écailleuses, garnies de lignes de tubercules spiniformes au sixième article, et chez la troisième aussi au cinquième, lequel est dépourvu de crête latérale. Couleur rougeàtre; taille assez grande, — La Guadeloupe. 14. Camburus aztecus, Rostre court, arrondi au bout. Carènes latérales obluses, ne se terminant pas en une épine. Carapace ponctuée, granuleuse, sur les côtés, à sa portion antérieure, mais sans épines au bord du sillon oblique. Mains médiocres ou petites, comprimées, forte- ment granuleuses et écailleuses; carpes écailleux, armés de petites épines; bras portant, en dessous, une double 50% REY. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1857.) rangée d’épines. Pattes de la troisième paire, chez le mâle, armées, à leur base, d’une apophyse rudimentaire. — Long., 2 pouces. — Mexique. Genre Pazæmow, Fabr. Espèces n'ayant qu'une épine au bord antérieur de la carapace et une autre placée plus en arrière sur ses côtes. 1° Mains cylindriques et gréles. a.) Carpe plus court que la portion palmaire de la main. 15. Palæmon aztecus. Petit. Rostre atteignant l’extré- mité des pédoncules des antennes supérieures, peu relevé au bout, très-large et ayant son bord inférieur convexe, de façon à dessiner un ventre au-dessous de la carène latérale ; son bord supérieur armé de douze à treize dents, l'inférieur de trois à quatre. Pattes de la seconde paire cylindriques, courtes, finement épineuses, à carpe très- court. Nageoire caudale médiane armée au bout, de cha- que côté, de deux épines. — Vera-Cruz. 16. Palæmon Montezume. Petit. Rostrelong, grêle, arqué, terminé par deux ou trois dents rapprochées ou super- posées, son bord supérieur armé de dix ou onze dents. Pattes de la deuxième paire comme chez le P. aztecus. Nageoire caudale médiane terminée par une dent aiguë placée entre quatre épines articulées. — Vera-Cruz. b.) Carpes plus longs que la portion palmaire de la main. 17. Palæmon mexicanus. Rostre très-long, grêle, très- arqué, armé de dix grosses dents en dessus, dépassant souvent les appendices foliacés des antennes. Pattes de la deuxième paire très-longues, très-grêles, à carpe plus long que la main. Extrémité de la nageoire caudale médiane armée de trois épines. Taille moyenne.—Cuba et Mexique. 18. Palæmon consobrinus. Petit. Rostre médiocre, large, convexe à son bord inférieur, armé, en dessus, de quinze TRAVAUX INÉDITS. 505 dents régulières, et terminé en pointe aiguë. Pattes de la deuxième paire granuleuses ; carpe plus long que la por- tion palmaire de la main. Nageoire caudale médiane ter- minée en pointe et offrant, de chaque côté, deux épines assez écartées de la dent médiane. — Vera-Cruz. 2 Bord préhensible des pinces concave, pattes de la deuxième paire très-inégales. 19. Palæmon Faustinus. De taille moyenne; facies du P. spinimanus. Rostre atteignant le bout du pédoncule des antennes supérieures, aigu, armé de quinze dents ré- gulières en dessus. Pattes de la deuxième paire très-iné- gales, très-épineuses ; grosse main plus longue que la ca- rapace, très-comprimée, épineuse, mais non dentelée le long de ses bords, ayant ses deux faces très-velues et lisses. Doigts de la petite main égaux, garnis, à leur bord pré- hensile, d’une brosse de poils longs et roides. — Haïti. 20. Amphitoe aztecus. Petit. Antennes égalant à peu près la moitié de la longueur du corps; les supérieures plus courtes que les inférieures. Front inerme. Yeux presque circulaires, mains de la première paire petites, celles de la deuxième très-grosses. Segments 1, 2 de l'abdomen terminés par une épine. — Long., 5 mill. — Vera-Cruz. 21. Caridina mexicana. Petite. Rostre styliforme, tri- quêtre, atteignant au milieu du pédoncule des antennes internes. Pinces des deux premières paires de pattes fen- dues jusqu'à la base, longuement ciliées et plus longues que le carpe. — Long., 13 mill. — Vera-Cruz. 22, Anilocra mexicana. Antennes externes atteignant le deuxième segment thoraciqué, et les internes l'extrémité de la tête. Épimères terminées par une apophyse spini- forme. Dernier segment abdominal aussi long que large, circulaire. Dernières pattes thoraciques très-longues et grèles, la cuisse sans renflement. — Golfe du Mexique. Opsenvarions sur quelques particularités des mœurs de la 506 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1857.) petite Blatte des cuisines (Blatta germanica, Auct.) et sur les effets de la poudre persane comme moyen de destruction de cet Insecte incommode ; par M. le pro- fesseur WaGa, de Varsovie. (Voir 1857, p. 444.) Après toutes ces observations, je me hâtai de faire la dernière expérience, qui consistait à essayer sur ces Or- thoptères les effets d’une poudre particulière dite poudre persane. Le soir même, je commençai à balayer, avec la barbe d’une plume, la poussière, les déchets qui se trou- vaient autour du poêle, sur les corniches de la cheminée, dans les fentes du mur, en un mot de tous les endroits que je supposais servir de refuge aux Blattes. Une Blatte vive et alerte, mise dans un flacon et saupoudrée d’une demi- pincée de cette poudre, ne tarda pas à mourir, au bout de trois minutes. Cette expérience faite sur un individu, je l'appliquai en gros, en saupoudrant le tas de poussière, préparé à cet effet, de la manière indiquée ci-dessus. À peine eus-je commencé cette opération, qu'un mouve- ment inaccoutumé se fit voir parmi les Blattes. L'odeur de la poudre les chassa des coins les plus reculés; c'était un sauve-qui-peut général. Les voilà donc à courir çà et là sur le mur d’un air inquiet, mais toujours dans les direc- tions opposées à l'endroit où se trouvait la poudre ; quel- ques-unes ne tardaient pas, et c'étaient les plus faibles, à tomber pendant la fuite, et elles mouraient immédiate- ment. Plus je m’approchais avec la poudre, plus elles se hâtaient de fuir ; à la fin, toute cette petite armée aban- donna ses campements ordinaires et chercha un refuge soit sur le plafond, soit sur les murs éloignés du poêle. Mon lit n’en était pas épargné, quoique précédemment elles n’eussent jamais risqué de s'éloigner du poêle à une telle distance. Les plus timides bravaient même, chose inouïe, le froid du dehors, en se sauvant, par les trous de la porte, dans les couloirs glacés de la maison, préfé- rant, à ce qu'il paraît, de mourir plutôt en braves, loin de TRAVAUX INÉDITS. 507 leurs pénates, que de se faire tuer dans leurs cachettes. On comprend bien la satisfaction que j'ai ressentie en voyant mes expériences couronnées de succès. L'heure du repos étant venue, je me couchai, en réfléchissant sur la victoire que je venais de remporter. Le silence qui se fit autour de moi me permit de distinguer de petits bruits, comme provenant de la chute d’un petit corps quelconque. Ces chutes étaient très-fréquentes. J’allumai ma bougie et je me mis à chercher sur le plancher les corps tombés. Mes recherches ne furent pas longues; j'aperçus des Blattes, pour la plupart femelles, avec leurs coques, cou- chées sur le dos. Il est certain que les pauvres mères, étourdies et affaiblies par la poudre, cédaient au poids du corps ; elles tombaient pour ne plus se relever. Le lende- main, la clarté du jour me fit voir toute l'étendue des effets de ma poudre persane. La chambre était remplie des ca- davres ; les meubles, les draps, le plancher surtout étaient couverts des Blattes mortes ou prêtes à mourir. Il y en avait des deux sexes, de même que des larves de tout âge et de toute grandeur, les unes roides-mortes, les autres s'agitant dans les convulsions de l’agonie. Je ne m'atten- dais pas moi-même au foudroyant effet de cette poudre, dont l’odeur seulement, insaisissable à nos sens, causait des ravages hors de mes prévisions! Chez les mâles, l’ab- domen se gonfle et s’allonge de telle manière, que les cinq derniers segments sortent au delà des hémélytres. Les fe- melles abandonnent leur capsule d'œufs, et leur abdomen prend le volume d’une vessie. La plupart des cadavres étaient couchés sur le dos, les pattes en l'air; ces der- nières s’agitaient fièvreusement, quoique privées de toute force. Quelques-unes des femelles, plus tenaces que les autres, restèrent dans cet état d’agonie jusqu’au troisième jour; mais l’agitation devint de plus en plus faible, et finit toujours par la mort. Il est préférable d'employer cette méthode de destruction pendant l'hiver, par un froid ri- goureux. La raison en est que celles d’entre les Blattes 508 REV. ET MAG. DE Z0OLOGIE. (Novembre 1857.) qui, échappent à l’action de la poudre par la fuite doivent nécessairement périr par le froid du dehors, car elles ne peuvent le supporter. L'expérience m'a prouvé que la poudre conserve ses qualités destructives assez longtemps pour produire le même effet sur d’autres qui se hasarderaient dans la péri- phérie de son action. Après avoir nettoyé la chambre des cadavres de la veille, j'en ai trouvé, le lendemain, d’au- tres en nombre presque égal. Au milieu de ces cadavres, j'aperçus aussi celui du Sphodrus planus, victime probable de sa voracité, qu’il exerçait sur les morts. Je le trouvai, le troisième jour, renversé sur le dos, trépignant encore, et ce n’est que le troisième jour au soir que la mort suivit. Le même soir, en ramassant les nouvelles victimes, je trou- vai parmi elles une coque abandonnée; je la mis sur la table, et aussitôt ma coque s’ouvrit spontanément, et il en sortit une masse de petites Blattes collées l’une à l’autre dans un ordre symétrique. Elles étaient blanches, avec les yeux noirs, ayant une tache noire dans l’intérieur de l’ab- domen. Je les mis immédiatement avec la coque, à laquelle elles adhéraient encore, dans un tube de verre. Une fois dedans, elles se mirent à se disperser et à courir leste- ment. Elles étaient au nombre de vingt-huit. Tout ce nid, conservé dans lesprit-de-vin, se trouve dans ma collec- tion. L'opinion vulgaire, que les Blattes rongent la glaise sans toucher à la chaux, est erronée sur tous les points. Je le prouvai en bouchant hermétiquement les fentes, autour du poêle, avec de la glaise; aucune ne parut, et depuis, ma chambre en fut débarrassée. L'efficacité de la poudre persane est constatée par le témoignage de plusieurs autres personnes de ma connais- sance. Dans quelques endroits, l'effet n’était obtenu qu’à demi ; mais j'ai toutes les raisons de croire qu'on n'a pas rempli les conditions indispensables sous lesquelles l'opé- ration doit produire son effet. Ces conditions varient sui- TRAVAUX INÉDITS. 509 vant le temps qu’on choisit et le lieu où l'opération doit se faire. Ainsi, dans la même métairie, la chambre con- tiguë à la mienne, plus vaste et plus spacieuse, étant sou- mise au mème traitement, l'effet ne fut plus le même, et en voici la cause. Là se trouvait une étagère chargée de pain et d’autres comestibles, partant la disette ne pouvait prendre sa part à la destruction, comme chez moi; outre le foyer ordinaire, il y avait, à l’autre bout de la salle, un chaudron muré toujours chauffé. Cela permettait aux Blattes attaquées de se séparer en deux camps bien éloi- gnés l'un de l’autre; plusieurs portes toujours entr'ou- vertes qui donnaient dans d’autres chambres, munies aussi de poêles et chauffées, laissaient aux fuyards le pas- sage libre, de même qu’elles n'empêchaient pas les autres d'en sortir. Quoi donc d'étonnant si, après le premier essai , les Blattes n’ont pas disparu entièrement? Une telle disposition de la localité, comme on peut s’en apercevoir, rend l'application du moyen plus difficile, vu que l'étendue et les différentes modifications du lieu ne permettent guère, ou tant s’en faut, d'en nettoyer propre- ment tous les recoins, de boucher toutes les ouvertures ; d'autre part, les deux côtés opposés de la chambre étant occupés par des foyers toujours en activité, ne laissent au froid aucune prise sur les Blattes pêursuivies. Dans de telles circonstances, il faut d’abord une plus grande quan- tité de poudre, il faut en répandre plusieurs fois ; ensuite il est de rigueur d'exposer les murs intérieurs à l’action du froid, en supprimant pour quelque temps le chauffage, ce qui ne peut se faire qu'en abandonnant pour un cer- tain temps le logement qu'on se propose de délivrer de ces locataires insupportables. Quoi qu’il en soit, la poudre persane est le plus efficace de tous les moyens qu’on ait jamais recommandés pour la destruction des Insectes nuisibles. Elle produit son effet aussi sur les Cloportes, quoique ces derniers résistent plus longtemps à sa vertu destructive, À l'aide de ce moyen, je 510 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1857.) suis parvenu, il y a deux ans, à détruire les Punaises dans mon logement, à Varsovie, ehose d’autant plus remar- quable, que tous les autres moyens recommandés se trou- vèrent sans aucun résultat, et n’eurent aucune prise sur ces Hémiptères, les plus tenaces et les plus insupportables de tous les Insectes domestiques. La poudre persane est d’un effet admirable sur les Puces. On n’a qu'à l’employer à l'époque qui favorise le plus la propagation de ces Insectes. IL est seulement à regretter que le plus nuisible des Insectes, celui qui ronge nos vê- tements et d’autres objets précieux, la Teigne, échappe malheureusement à la destruction causée par cette poudre. Tous mes efforts dans ce but furent inutiles. II, SOCIÉTÉS SAVANTES. ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS. Séance du 2 novembre 1857. — M. de Quatrefages lit une Note sur quelques expériences relatives à l'emploi des Sang- sues algériennes et à la conservation des Sangsues en général. Dans ce travail, l'honorable académicien montre que la Sangsue algérienne, connue sous le nom de Dragon (Sang. troctina, Moq.-Tand.), est comparable, au point de vue du service médical, aux autres espèces qui figurent sur le marché de la France. H parle avec éloge d’un ap- pareil de conservation des Sangsues pendant leur trans- port, inventé par M. Vayson, et que cet hirudiculteur a appelé marais domestique. Il fait connaître ensuite les pro- cédés à l’aide desquels M. Tripier parvient à faire servir les mêmes Sangsues plusieurs fois, ce qui diminue d’un tiers au moins la consommation des Sangsues dans nos grands établissements civils et militaires, et il ajoute en terminant : « Si le résultat que je viens d'indiquer était une fois acquis, son influence ne s’arrêterait certainement pas aux SOCIÉTÉS SAVANTES. 511 grands établissements. La conservation et la révivificætion des Sangsues étant assurées, les pharmaciens, les derniers détaillants auraient un intérêt évident à racheter celles qui auraient déjà servi. Le commerce de consommatiof sc transformerait ainsi en une sorte de location également avantageuse aux malades et au débitant, et les classes pauvres pourraient bientôt employer de nouveau un moyen thérapeutique auquel elles ont dù renoncer parce qu'il est trop cher. « En résumé , l'examen des documents qui m'ont été remis conduit aux conclusions suivantes : « 1° La Sangsue algérienne, dite dans le commerce Dragon d'Alger, est aussi bonne pour le service médical que la Sangsue bordelaise. « 2° L'Algérie peut devenir un des principaux centres de production de Sangsues. « 3° La pêche des marais de l'Algérie devrait être ré- glementée; en particulier, elle devrait être interdite à l'époque des pontes, pour prévenir l'épuisement. « 4° Les marais domestiques de M. Vayson remplis- sent toutes les conditions d’un excellent appareil de trans- port et de conservation pour les Sangsues. « 5° Il serait vivement à désirer que l'administration de la guerre fit continuer les expériences commencées par M. Tripier au Gros-Caillou sur la révivification des Sang- sues, » M. Anatole Bogdanow présente une Note sur le pigment rouge des plumes du Calurus auriceps, Gould. « L’attention des ornithologistes, dans ces dernières années, a été surtout occupée de deux questions d’une haute importance et d'intérêt pour la science des Oiseaux : c'est la cause de la coloration des plumes, la présence ou l'absence du pigment d’un côté , et l'influence des agents extérieurs sur la coloration des êtres, la stabilité des va- riélés et leur signification dans la classification de l’autre 512 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1857.) côté. Évidemment la dernière question se rattache:inti- mement avec la première. « Après avoir reconnu que les travaux des chimistes ne”contenaient rien de relatif au pigment des plumes des Oiseaux; nous résolûmes de rechercher par nous-même. Heureusement nos études sur les caractères chimiques de la substance cornée et de l’action des différents agents chimiques sur cette substance nous fournissaient un moyen d'extraire, d'isoler le pigment, quoique ce moyen ne nous ait réussi complétement que sur quelques couleurs. C’est de ce procédé d'isolement du pigment que nous nous oc- cuperons uniquement dans la présente Note. « On sait que la substance cornée formant l'enveloppe de la tige et des barbules de la plume n’est soluble que dans la potasse caustique, l'acide sulfurique et dans la marmite de Papin ; qu’elle se gonfle dans l’acide acéti- que, et que l’eau, l'alcool, l’éther ne réagissent pas sur elle. En soumettant à l'épreuve et en modifiant les effets de ces agents sur les plumes des différentes couleurs et des différentes constitutions, nous n'avions, pendant long- temps, obtenu aucun résultat, jusqu’à ce que, dans ces combinaisons, nous en vinmes à mettre des plumes rouges en présence d'alcool bouillant, Notre procédé d'isolement du pigment rouge des plumes du Calurus auriceps se fonde sur ce que l’alcool chaud ne réagit pas sur la substance cornée et dissout le pigment. « Si l'on coupe bien soigneusement les plumes rouges du Calurus awriceps, qu'on les mette dans une capsule pleine d’alcool et qu’on les soumette à l’ébullition dans un bain-marie, on voit, après un quart d'heure, les plumes devenir de plus en plus pâles, et l’alcool prendre, en même temps, la coloration orange-rouge. Si l'on pro- longe l’ébullition des plumes en versant plusieurs fois de l'alcool sur elles, on parvient à avoir les plumes rouges presque tout à fait incolores et une solution du pigment. SOCIÉTÉS SAVANTES, 513 Après avoir filtré le dernier, on l’évapore au bain-marie, en prenant, toutefois, soin de ne pas aller jusqu’à l’ébulli- tion de l’eau, mais en gardant toujours une température entre 60 et 70 degrés centigrades, et l’on recueille dans la capsule une: poudre.qui, en masse, est rouge foncé, et en particules orange-rouge. En versant sur le résidu l’eau distillée, qui dissout tout, excepté le pigment, on a le dernier pur. « C’est une poudre, comme nous l’avons dit, rouge- orange, qui, vue en masse, devient rouge foncé. Ainsi le même pigment peut donner naissance à toutes les nuances entre la couleur orange clair du Rupicola aurantia et les plumes en capuchon du Faisan doré jusqu'à la teinte rouge foncé de son abdomen, et la couleur rouge du Ca- lurus. Le pigment rouge est insoluble dans l’eau froide et chaude, et est attaqué par la lumière. Comme cela paraît être un corps jusqu'ici inconnu, je propose de le nommer zooæanthine. « L'alcool chaud agit aussi sur les plumes violet clair du Cotinga cærulea. On obtient la solution presque de la même couleur que des plumes rouges. Le pigment violet est impossible à isoler autrement qu'avec la couleur orange-rouge, quelquefois seulement avec une teinte vio- lette. En traitant ces plumes par l'acide acétique, on ob- tient aussi une solution rouge, mais qui se décolore, dans l’espace de trois heures, complétement ; au contraire, la solution obtenue par l'alcool et évaporée se conserve par- faitement, ainsi que le résidu de la solution des plumes rouge-orange. C’est un fait extrêmement analogue à ceux qu'on remarque chez les Écrevisses : en enlevant la mem- brane pigmenteuse, on voit à l'instant même le pigment violet se changer en rouge. Les mêmes changements de coloration par la lumière et les agents chimiques ne prou- vent-ils pas l'identité du pigment violet des Oiseaux et des Écrevisses? Et s'il en est ainsi, n'y a-t-il pas quelque raison pour soupçonner que c'est un seul pigment qui détermine 2° sims. +, 1x. Aunée 1857, 33 514 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. {Novembre 1857.) une même couleur dans toute la série animale? Ce sont là des questions que je me propose, sinon de résoudre, au moins d'aborder. « En traitant par l'acide acétique chaud les plumes jaunes-vertes, on obtient une solution de la même couleur. Faut-il y voir une solution du pigment zooverdine? Je n’en suis pas sûr encore, car la couleur n’est pas décisive. « En traitant par l'acide acétique, on peut avoir aussi une solution jaune clair des plumes de l’Oriolus galbula ; mais cette solution se décolore promptement, et je n’ai pas pu, jusqu'ici, isoler la zoofulvine. » M. Flourens présente au nom de l’auteur, M. Gratiolet, un volume sur l'anatomie comparée du système nerveux dans ses rapports avec l'intelligence. Ce livre est destiné à compléter le travail de Leuret sur l'anatomie comparée du cerveau, et à tenir lieu d'une deuxième partie que l’auteur commençait déjà à rédiger lorsque la maladie et la mort vinrent l’interrompre. Séance du 9 novembre 1857. — M. Hamet adresse une Note sur les Abeilles et les effets des accouplements de famille. Dans ce travail, l’auteur cherche à établir que les accou- plements entre consanguins produisent, chez les Abeilles, une dégénérescence dans les instincts de multiplication et de travail. Sans révoquer en doute l'exactitude des observations de M. Hamet, nous croyons qu’elles doivent être suivies en- core longtemps par des naturalistes, et que des expériences bien anstituées doivent être faites avant de considérer ses conclusions comme acquises à la science. En présence des observations d’un vétérinaire très-distingué qui condui- sent presque à une conclusion contraire, comme on peut la voir en étudiant le travail de M. Huzard qui a paru dans notre numéro d'avril 1857, p. 145, il est nécessaire d’être très-circonspect et de continuer d'observer avant de conclure. Dans cette séance, nous avons eu J’honneur de pré- SOCIÉTÉS SAVANTES. | 515 senter une Note sur la Cétoine dorée présumée efficace contre l'hydrophobie; nouveaux indices relativement à son emploi en Russie. Elle a paru dans notre précédent numéro, p- #73. M. le maréchal Vaillant donne lecture d’une lettre de M. Hardy qui annonce à S. E. l'envoi de 34 kilogr. de cocons du Ver à soie du Ricin pour être mis à la dispo- sition de la Société impériale d’acclimatation, qui fait faire des essais pratiques de filage et de tissage avec cette soie, ainsi que M. I. Geoffroy Saint-Hilaire l’a annoncé dans la séance du 19 octobre dernier. A la suite de cette communication , le savant académi- cien et ministre de la guerre ajoute : « Il est à espérer que la soie tirée des cocons du Bombyx cynthia pourra être utilisée avantageusement dans la confection des sa- chets pour munitions d'artillerie , les sachets en bourre de soie étant de tous points préférables à ceux en serge pré- cédemment employés, attendu qu'ils sont plus résistants, moins attaquables aux Vers, et que le résidu de leur com- bustion offre moins de chances d'accidents dans le tir. » Qu'il nous soit permis d’ajouter à ces considérations qu'une autre arme, celle de la marine, trouvera peut-être aussi, dans la vulgarisation de ce Ver à soie, des avantages d'une autre espèce, en employant cette soie si forte et si légère pour les cordages du gréement des navires, ce qui permettra de-charger d’un poids beaucoup moins grand les parties élevées de la mâture. M. P. Gervais adresse une Note sur des empreintes de pas laissées par plusieurs espèces d'animaux dans le terrain triasique des environs de Lodève. M. Gervais, sans prétendre discuter les opinions déjà fort diverses que les naturalistes ont émises sur l’origine de ces impressions, ne peut s'empêcher de partager, jus- qu'à plus ample informé, le sentiment dés naturalistes, qui les attribuent aux pas des grands Amphibiens, dont les os et les dents abondent dans certains gisements triasiques. 516: REV. ET MAG. DR ZOOLOGIE. (Novembre 1857.) Séance du 16 novembre 1857. — M. Milne-Edwards pré- sente à l'Académie les deux premiers volumes de son His- toire naturelle des Coralliaires, faisant partie de la collection des Traités publiés par M. Roret. . Cet ouvrage est le résultat des divers travaux sur ces Zoophytes que l'auteur a eu l'honneur de communiquer à l’Académie dans une série de Mémoires particuliers depuis 1829, et plus spécialement des recherches sur les Polypiers récents et fossiles qu'il a faites avec le concours de M. J. Haime depuis 1846 jusqu'en 1855. La rédaction en a été commencée par MM. Milne-Edwards et Haime, mais la mort de ce dernier zoologiste a interrompu cette collaboration. M. d'Archiac, en présentant, au nom de sir À. Mur- chison, directeur général du Geological Survey d'Angle- terre, un Mémoire sur les fossiles découverts par M. R. Slimon dans les couches siluriennes supérieures du Les- mabhago, dans le Lanarkshire (Écosse), fait remarquer l'intérêt particulier qu'offre un nouveau genre de Crus- tacés provenant des schistes noirs qui succèdent immé- diatement au vieux grès rouge (old red sandstone) de cette localité. A l'exception des Trilobites, la classe des Crustacés a peu de représentants dans les roches anciennes. Les Ptery- gotus, les Ceratiocaris, les Eurypterus signalés en Russie, en Angleterre et dans l'Amérique du Nord, sont presque les seuls qui aient été observés, et encore en petit nombre, soit dans les assises les plus basses du vieux grès rouge, soit dans les plus élevées du système silurien. Le genre Himantopterus, dont M. Slimon a recueilli, dans les schistes de Lesmahago, cinq espèces décrites par M. Sal- ter, vient ajouter à cette faune carcinologique un nouveau type voisin des précédents, et ces diverses formes, tout en rappelant les Limules, les Apus et les Squilles de nos jours, peuvent servir à caractériser, sur plusieurs points de l’hé- misphère nord , la fin de la période silurienne ainsi que SOCIÉTÉS SAVANTES. 517 le commencement de la période dévonienne. Par leurs dimensions, les Himantopterus, dont quelques espèces at- teignent jusqu’à 60 centimètres et mème 1 mètre de lon- gueur, étaient sans doute les géants des Crustacés d’alors comme ils le seraient encore dans les mers actuelles. M. le docteur H. Æollard présente un Mémoire intitulé : Études sur les Gymnodontes, et en particulier sur l'ostéologie de ces Poissons et sur le parti qu'on peut en tirer pour leur classification. « Je termine aujourd’hui par le groupe des Gymno- dontes mes études sur l’ordre des Plectognathes de M. Cu- vier. Dans le nouveau travail que j'ai l'honneur de sou- mettre à l'Académie, je me suis attaché tout spécialement à faire ressortir les deux ordres de caractères qui me sem- blent appelés à prévaloir dans la détermination des affi- nités et dans la classification ichthyologique : je veux dire la nature des production tégumentaires qui servent à pro- téger l'animal, puis les caractères fournis par le sque- lette. + « Sous le premier rapport, les Gymnodontes s’éloignent beaucoup moins qu'on ne peut le croire des Balistes et des Ostracions. Non-seulement je retrouve dans la famille des Poissons-Lune ou Orthagorisques la peau couverte d’une mosaïque de petites plaques polygonales, compara- bles à celles des Ostracions, mais j'en rencontre égale- ment chez une espèce de Tétrodon distinguée générique- ment par M. Bibron sous le nom d’Ephippion. Enfin je vois des passages gradués entre ces plaques et la base étroite et découpée qui porte les épines des Diodons. Celles-ci m'ont offert, en outre, des caractères microsco- piques analogues à ceux des écailles éburnées des Ostra- cions et des Ganoïdes; elles sont formées par de la den- fine, et même revêtues, à leur surface, d’une couche d’émail assez bien caractérisée. « Quant à l’ostéologie des Gymnodontes, en comparant un grand nombre de squelettes préparés sous la direction 518 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1857.) de Bibron et mis à ma disposition par M: Duméril, je me suis convaincu qu’on pouvait en tirer un grand parti pour la classification. Et d’abord, il ne m’a pas été difficile de trouver, à travers la diversité de ces dépouilles osseuses, un type commun de structure et de forme qui, distinguant les Gymnodontes des Balistes et des Ostracions , supplée- rait au besoin, et justifie en tout cas, les caractères fournis jusqu’à présent par l’armure dentaire et son indivision apparente. Après avoir fait ressortir ce type général, il est encore plus facile de le diviser en deux types secon- daires, l’un pour les Orthagorisques , l’autre pour les es- pèces plus ou moins épineuses qui ont la singulière fa- culté de se gonfler en remplissant d’air une énorme poche gastrique parfaitement décrite par Étienne Geoffroy. De là deux familles pour lesquelles je propose les noms d’El- lipsosomes et de Sphérosomes. Cette dernière nous offre à son tour, dans sa colonne vertébrale et sa tête osseuse, deux types assez nettement dessinés : l’un, qui incline à plusieurs égards vers les Orthagorisques, dont il est ce- pendant loin de partager les formes comprimées, appar- tient aux Diodons qui, comme ceux-ci, ont les mâchoires indivises; l’autre, plus diversifié, nous donne la tribu des Tétrodoniens. Cette dernière enfin se décompose , à son tour, au moins en quatre types ostéologiques, qui repré- sentent quatre genres bien caractérisés par des différences qui se concentrent sur le développement relatif et la forme générale de la voûte du crâne et de la région ethmona- sale. Sur les quatre genres que je distingue ici , il en est trois que Bibron avait proposés, en considération d’au- tres caractères, sous les noms de Rhynchosus, de Batra- chops et de Xenopterus, pour les Tetrodon rostratus et psiltacus de Bloch et le Tetr. naritus de Richards. Quant à notre quatrième genre, qui est de beaucoup le plus nom- breux et le plus diversifié, mais qui ne présente que des différences ostéologiques nuancées, je lui conserve, au moins provisoirement, le nom de Tefrodon. SOCIÉTÉS SAVANTES. 519 « Les caractères fournis par le squelette des Gymno- dontes nous donnent donc une succession de divisions et de subdivisions qui atteignent jusqu'aux genres. » M. Morel présente un travail très-important ayant pour titre : Des caractères au moyen desquels on peut reconnaitre la dégénérescence dans l'espèce humaine. Stérilité et fécondité bornée. « Le but de ce Mémoire est d'appeler l'attention sur certaines difformités de l’ordre physique, sur certaines anomalies de l’ordre intellectuel et moral qui, par leur apparition uniforme et constante chez les races maladives ou dégénérées, forment un des caractères distinctifs de ces races et permettent, à la simple inspection de ces phéno- mènes anormaux, de faire remonter les individus à leur véritable origine. « Je désire démontrer surtout qu'un des caractères les plus saillants de la dégénérescence est la stérilité des indi- vidus. Mais, si la stérilité ou l'impossibilité absolue de re- produire son espèce est le caractère le plus vrai de la dé- générescence, il en est d’autres qui se rapportent égale- ment aux fonctions importantes de la génération, et qui consistent dans ce que M. le professeur Flourens a appelé pour un autre ordre de faits la fécondité bornée. « Les mé- « tis, dit ce sayant, sont inféconds à la deuxième ou troi- « sième génération. » Il est bien exceptionnel, en effet, que, lorsqu'un mal héréditaire d’une nature dégénérative se produit et se transmet dans une famille, les individus ne deviennent pas stériles à la troisième ou quatrième génération, au cas où rien n’a été fait pour faire remonter les individus. « Mais cette fécondité bornée se révèle non-seule- ment par la difficulté de la reproduction chez les êtres dégénérés, mais par le peu de viabilité des individus aux- quels s’est transmis le principe de la dégénérescence. « La prévision de la nature empêche, sous ce rapport, la formation progressive de races qui, doublement mal 520 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1857.) dotées au point de vue physique et au point de vue moral, seraient un danger incessant pour la société. Toutefois l'examen du phénomème que je signale ne laisse pas de soulever des questions de la plus haute importance. « L'observation d’une quantité considérable de faits quej’ai recueillis dans les asiles, les prisons, les villes manufacturières, les contrées marécageuses, etc., m’a ap- pris que l’état dégénératif peut exister à l'état sporadique aussi bien qu’à l’état endémique. On le trouve à l’état en- démique dans certains milieux déterminés, tels que les contrées marécageuses et les grandes villes industrielles. On conçoit que ces populations, ne pouvant, en raison de la fécondité bornée des individus, de leur peu de viabi- lité et, en dernière analyse, de leur stérilité, se repro- duire indéfiniment, doivent se renouveler par l’'immigra- tion d’autres individus qui, eux aussi, ne tardent pas, à leur tour, à devenir les victimes des milieux délétères où les fixe la nécessité. La dégénérescence à l’état sporadique s’exerce dans tous les milieux, dans toutes les conditions sociales où règnent quelques-unes des causes maladives que j'ai signalées dans mes dégénérescences comme étant le point de départ de funestes transmissions hérédi - taires. « Après avoir indiqué les caractères physiologiques de la dégénérescence, l’auteur passe en revue les caractères physiques : développement incomplet des organes de la génération, réduction de la taille, difformités du squelette, du système dentaire, des oreilles, etc. Nous ne pouvons le suivre dans cette partie deson travail, qui exigerait des développements trop étendus pour trouver place ici. » On voit, par ces observations ainsi que par celles de M. Huzard, que les vraies causes de dégénérescence sont dans l’état maladif amené chez les individus par une ali- mentation insuffisante ou malsaine et leur habitation dans des milieux déterminés et susceptibles d’altérer leur santé. Des mariages entre ces individus, qu’il y ait con- SOCIÉTÉS SAVANTES. 521 sanguinité ou croisement, perpétueront et aggraveront cet état chétif, cette dégénérescence. M. le maréchal Vaillant a bien voulu présenter de notre part la Note suivante sur la proportion de matière soyeuse contenue dans les cocons du Ver à soie du Ricin. « Jusqu'à présent l’on n'avait pu apprécier la propor- tion de matière soyeuse qui existe dans un poids donné de cocons du Ver à soie du ricin récemment formés. Cette année, enfin, j'ai pu faire quelques essais positifs : j'ai pesé 4 kilogramme de ces cocons récemment étouffés, et, par conséquent, dans l’état de cocons frais, et j'ai trouvé, à une première pesée, 697 cocons, et à une seconde, 702 cocons. J'admets donc qu’en moyenne, et en prenant les cocons au hasard , 1 kilogramme en contient 700. Cette moyenne trouvée, je n'ai pas cru nécessaire de sacrifier à la recherche que je voulais faire tous ces cocons, dont une grande partie devait servir pour des essais de filage, et je me suis contenté d’en prendre le dixième. « 70 cocons, du poids de 100 grammes, vidés de leurs chrysalides et de la dernière peau des chenilles qu'ils con- tiennent, m'ont donné en poids : Matière,soyeuse. à espere 98:,400 Peaux des chenilles. . .. 04,500 Chrysalides.. . .. . . .. 90r,100 qi Total égal. . . . . . . 1008r,000 « Il résulte de ces pesées que la matière soyeuse des cocons du ricin est de 9,4 pour 100 {environ 9 1/2 pour 100) dans leur poids total. Tandis que chez le Ver à soie ordinaire, la proportion de matière soyeuse a été cette année, dans les environs de la magnanerie expérimentale de Sainte-Tulle, de 11 à 14 pour 100, suivant les races, et qu'il entre environ 600 cocons frais de la petite race de Sainte-Tulle dans 4 kilogramme de ces cocons. « Les cocons du ricin pèsent, en moyenne, { gramme 329 centigrammes (ou { gramme 1/3 environ). Les cocons 522 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1857.) ordinaires de Sainte-Tulle, dont il va 600 au kilogramme, pèsent, en moyenne, { gramme 666 (ou 1 gramme 2/3 en- viron). «Un des plus gros cocons du ricin pèse 2 grammes 155 centigrammes : Sa matière soyeuse.. . . ......,.. Oer,185 Sa chrysalide et la peau. . . .- . . . . . 18r,970 Total égal... . .... 28r,155 C’est le poids d’un beau cocon du Ver à soie ordinaire. « Un des plus petits cocons du ricin pèse 1 gramme 050 milligrammes : Sa matière soyeuse. . , ..,..... . O8r,090 Sa chrysalide et la peau. . . . . . . . . O8r,960 Total égal. . ..... 18,050 C’est à peu près aussi le poids d’un très-petit cocon du Ver à soie ordinaire. « Ainsi, en définitive, les cocons du Ver à soie du ricin, quoiqu'’ils contiennent moins de matière soyeuse que ceux du mürier, ne sont cependant pas beaucoup moins riches qu'eux, ce que leur aspect aurait pu faire craindre aux fileurs. » Séance du 23 novembre 1857. — M. Virlet d’Aoust lit une Note sur des œufs d'Insectes servant à l'alimentation de l’homme et donnant lieu à la formation d’oolithes dans des calcaires lacustres du Mexique. A la suite de la partie géologique de cet intéressant travail, l’auteur a donné quelques renseignements sur l'usage que l’on fait de ces œufs d’Insectes, qu’il regarde comme la véritable origine des oolithes, et il confirme les renseignements que nous avions recueillis à ce sujet de- puis 1846, et qui font l’objet d’un Mémoire que nous de- vions lire dans la même séance. En effet, notre travail était, pour ainsi dire, l'introduction de celui de M. Virlet, et c’est seulement parce que notre nom a été inscrit après SOCIÉTÉS SAVANTES. 523 celui de ce savant géologue que l’ordre dans lequel ces deux communications devaient avoir lieu a été renversé. Tout ce qui est donc relatif à la récolte des œufs et à l'usage qu'on en fait au Mexique est, dans la note de M. Virlet, la simple confirmation de ce qui fait le prin- cipal objet de notre travail, qui date déjà de plusieurs années et est tout zoologique, tandis que celui de M. Virlet est plus particulièrement géologique. Voici, du reste, une analyse de notre travail , qui devait être lu à cette même séance, analyse qui a paru dans le Moniteur du 26 no- vembre 1857 : « S'il ne s'agissait que de la description d’Insectes nou- veaux enrichissant le catalogue des êtres vivants, comme celle d’un alcali ou d’un sel enrichit la chimie, je me se- rais borné à l’insérer dans mon journal spécial , la Revue et magasin de zoologie ; mais j'ai pensé que l’histoire abrégée des espèces dont il s’agit ici intéresserait un public plus nombreux, parce que ces humbles Insectes sont du do- maine de l’entomologie appliquée et du petit groupe des Insectes utiles. En effet, ils produisent un aliment pour l'homme en pondant une prodigieuse quantité d'œufs que l'on récolte par une sorte de culture réglée; ces œufs constituent une farine dont on fait des espèces de pains ou de gâteaux qui sont consommés par le peuple, et tout cela est encore aujourd’hui l’objet d’un petit commerce sur les marchés de Mexico. « C’est en 1846 que j'ai eu connaissance, pour la pre- mière fois, de ces faits curieux. J'en ai pris note dans une des nombreuses lettres adressées à l’Académie des sciences par M: Vallot, de Dijon, et j'en ai consigné la vague et courte indication dans ma Revue de zoologie (1846, p. 338). J'attendais des renseignements plus précis sur ce sujet re- marquable, lorsque, me trouvant à Turin en 1851 pour mes études sur les Vers à soie, je fus agréablement sur- pris en recevant d’un entomologiste voyageur, M. Ghiliani, 524 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1857.) une petite quantité de farine mexicaine, et surtout quel- ques échantillons des Insectes qui la produisent. « Tout cela avait été envoyé à M. l'abbé Craveri par son frère, préparateur de chimie et de physique à l’école de médecine de Mexico, et celui-ci avait joint à cet envoi les renseignements dont voici l'analyse : « Suivant M. Craveri, ces Insectes et leurs œufs sont très- communs dans les eaux douces des lagunes qui avoisinent Mexico et dans d’autres encore. Il dit que c’est dans la lagune de Chalco que l’on va chercher une sorte de jonc nommé toulé par les Mexicains, sur les feuilles duquel ces Insectes aiment à pondre. On fait de nombreux faisceaux de ces plantes et on les porte dans une autre lagune, celle de Teæcuco, où on les aligne en grand nombre dans l’eau. Les Insectes ne tardent pas à venir déposer leurs œufs sur ces faisceaux de jones, et au bout de quelque temps on retire ces faisceaux, on les fait sécher et on les bat sur de grands draps pour en détacher les myriades d'œufs dont les Insectes les ont couverts. Ces œufs sont ensuite mondés et tamisés, mis en sacs comme de la farine, et vendus au peuple pour en faire des gâteaux ou des sortes de galettes nommées hautlé, qui sont assez bonnes à manger, mais qui ont un goût de Poisson assez prononcé et légèrement acidulé. Quant aux faisceaux de joncs, on va les replacer dans la lagune, ils donnent une autre ré- colte, et cela se continue indéfiniment. « De plus, ajoute M. Craveri, les Mexicains prennent des quantités de ces Insectes en fauchant, pour ainsi dire, dans l’eau, au moyen d’une truble ; on les sèche et l’on s’en sert pour la nourriture des Oiseaux. À Mexico, on vend cette marchandise dans les rues et au marché en criant Moschitos! Moschitos! comme on fait en Europe en vendant du mouron pour les petits Oiseaux. « Du reste, ces Insectes semblent avoir été exploités de tout temps, car Thomas Gage, religieux qui voyageait au SOCIÉTÉS SAVANTES: 525 Mexique en 1625, dit, en parlant des objets qui se ven- daient au marché, qu'il y avait des gâteaux faits avec une sorte d’écume recueillie dans les lacs du Mexique, et qui se débitaient aussi dans d’autres villes. Brantz Mayer en dit autant dans un ouvrage sur Mexico, publié, à New- York, en 1844, et il y ajoute que ces espèces de galettes n'étaient pas dédaignées sur les tables fashionables de la capitale. « Bornant là ces citations (1), qui suffisent pour mon- trer l'espèce d'importance de ce produit d'un faible In- secte, j'ajouterai seulement que les principaux de ces faits ont été observés récemment par divers voyageurs, tels que MM. de Saussure, Sallé, etc., et par un savant géo- logue, M. Virlet d’Aoust, qui s’est procuré aussi des faisceaux de joncs couverts d'œufs, et un peu de cette fa- rine tout à fait semblable à celle que j'avais reçue en 1851 de M. Ghiliani avec les Insectes qui la produisent et que M: Virlet n’a pas rapportés. De plus, dans une savanto note qu’on lira avec un vif intérêt, il établit que les im- menses couches d’oolithe que l’on trouve dans ces localités semblent être composées de myriades de ces œufs déposés là depuis des siècles. « Les principaux fabricants de cette farine animale du Mexique sont deux espèces du genre Corise de Geoffroy, hémiptères de la tribu des Notonectides, dans la famille des Hydrocorises, ou Punaises d'eau, genre qui compte plus de soixante-dix espèces très-difficiles à distinguer entre elles par des caractères extérieurs. La première forme une espèce nouvelle, bien distincte par les cuisses antérieures des mäles, qui sont très-épaisses, ainsi que (1) Nous trouvons dans les Études entomologiques , rédigées par M. de Motschoulsky, cinquième année (1856), p. 77. Coriæa esculenta. Les œufs de cet Insecte, ayant l'apparence de la manne, servent de nourriture en Égypte, ainsi qu'au Mexique, (Com- munication de M. Lichteustein à Berlin.) 526 REV. ET MAG. DE Z00LOGIE. (Novembre 1857.) par d’autres caractères mentionnés dans la description détaillée que j'en donne et dans les figures qui accompa- gnent mon Mémoire. Je lui ai donné le nom de Corixa femorata. La seconde a été décrite d’après des individus achetés au marché de Mexico, et publiée, en 1831, par Thomas Say, entomologiste américain, sous le nom de Corixa mercenaria. « Les œufs de ces deux espèces sont fixés en quantités innombrables contre les feuilles triangulaires du jonc dont sont formés les faisceaux que l’on dépose dans l’eau. Ils sont de forme ovalaire, avec un petit bouton au bout et un pédicule à l’autre extrémité, au moyen duquel ils sont fixés sur un petit disque arrondi que la mère colle à la feuille. « Parmi ces œufs, qui sont très-rapprochés et quelque- fois fixés l’un sur l’autre, comme on le voit dans une des figures de mes dessins, on en observe d’autres considéra- blement plus grands, allongés et de forme cylindrique, collés sur le flanc contre ces mêmes feuilles de joncs, et qui appartiennent à un autre Insecte plus grand, à une véritable Notonecte très-voisine des Notonecta americana et variabilis des auteurs. Cependant, comme elle offre des caractères qui la distinguent de ces espèces, je la décris et représente comme une espèce nouvelle que j'appellerai Notonecta unifasciata, à cause de la large bande transver- sale blanche du milieu de son corps en dessus. » Séance du 30 novembre 1857. — M. Cadet adresse un Mémoire sur la nature des acéphalocystes stériles des corpus- cules tuberculeux, des globules du pus, etc., qui est renvoyé à une commission. M. Rayer présente, de la part de M. Halmstein, de Stockholm, un travail sur les infusoires intestinaux de l'Homme. Voici l'extrait donné par M. Rayer : « Un matelot avait conservé, à la suite du choléra, un trouble dans les fonctions digestives, et éprouvé divers accidents propres aux inflammations intestinales. En exa- ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 597 minant, au microscope, du pus recueilli sur une petite ulcé- ration du rectum et du mucus sécrété par cette portion de l'intestin, l’auteur reconnut dans ces humeurs, outre des cellules de pus et des globules du sang, un grand nombre d’Infusoires qu’il décrit et figure sous le nom de Paramecium coli. Il a, depuis, observé les mêmes Infu- soires chez une femme atteinte d’une inflammation chro- nique du gros intestin. La malade ayant succombé, l’au- teur a constaté que les Infusoires étaient en plus grand nombre sur les points où la membrane muqueuse était peu altérée que sur les ulcérations intestinales et dans le pus qu’elles avaient fourni. - « Ces Infusoires, hors de l'intestin, meurent très-vite ; les matières qui les contiennent doivent être examinées immédiatement ou peu de temps après avoir été recueil- lies. » III. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. Ouvrages reçus pour être annoncés. Over het geslacht icticyon van land (cynaliscus, Gray) door J. vAN DER HOEVEN — in-k° avec une planche rc- présentant le crâne de ce mammifère. — Amsterdam, 1855. Nora delle specie da aggiungersi 'o da emendarsi nel Catalogo dei molluschi della Lombardia dei fratelli Ant. e G. B. Vic, inserito nelle « Notizie naturali a civili su la Lombardia, vol. I, 1 page in-8, Milan, 1853. Norice sur le genre Clausilie, par M. F. CaizLaun, in-8 de 8 pages avec 1 pl. Extrait des Annales de la Société académique de la Loire-Inférieure. — Nantes, 1853. Memonias , etc., Mémoires de l'Académie royale des sciences de Madrid, t. IV, in-4°, — Madrid, 1857.— Scien- ces naturelles, t. I, partie 2. 528 REV. ET MAG. DE ZOOLOG1E. (Novembre 1857.) Nous recevons à l'instant ce quatrième-volume des Mé- moires de lillustre Académie, et nous nous empressons d'en annoncer la publication. Outre des Mémoires d’une grande importance sur le climat de la province de Bis- caye par M. l'ingénieur Lucas de Olozabal, un discours sur la nécessité d’une description complète de la Sierra Mo- rena par M. Felipe Naranjo y Garza, un discours sur ce travail par M. Antonio Ramon Zarco del Valle, un Essai d’une description générale de l'Espagne par M. Joaquin zquerra del Bayo, nous y trouvons un excellent Catalo- gue des Oiseaux de la Albufera par M. Ignacio Vidal, com- posé d’une savante introduction et d’une énumération complète des espèces qui fréquentent le lac d’Albufera et ses environs. Notre savant confrère a fait preuve de vastes et solides connaissances ornithologiques en dressant ce catalogue. Il a donné pour chaque espèce les noms vulgaires par les- quels on la désigne dans le pays et quelques autres ren- seignements utiles sur le plus ou moins de rareté de ces espèces, l’époque de leur présence dans le pays, etc. C’est un travail qui restera dans la science comme un bon do- cument de géographié ornithologique. (G. M.) ConrriguTions of to south american herpetology, by Edw. HALLOWELL. — 4 pages in-4 avec 2 pl. color. — Extr. du Journal of the Academy of natural sciences of Phi- ladelph. 28 septembre 1854. Les espèces nouvelles de Serpents que l’auteur fait con- naître dans ce travail sont : 1° Stenodactylus fuscus; 2° Microphis quinquelineatus, pl. 1v; 3° Zamenis tricolor, pl. 111; 4° Elaphodis fasciatus, pl. iv; 5° Elaps zonatus, et 6° Elaps divaricatus, Hallowell, tous provenant de l'Amérique centrale. Descrierion d’un nouveau genre de Poisson de la-famille MÉLANGES ET NOUVELLES. 529 des Murénoïdes, par M. R. T. Lowe. In-# avec pl. — Extr. des Mém. de l’Acad. imp. des sciences de Saint- Pétersbourg, savants étrangers. 1851. Le Poisson décrit dans ce Mémoire a été rapporté de Madère par S. A. I. le duc Maximilien de Leuchtenberg, et c’est bien le plus singulier Poisson qu’on puisse ima- giner par la grande longueur de son corps, la gracilité et la forme divergente de ses mâchoires, garnies, en dedans, d’une espèce de lime. M. Lowe en fait, avec raison, un genre nouveau sous le nom de Leptorhynchus, et il appelle l'espèce L. Leuchtenbergi, en souvenir du savant prince qui l’a découverte. IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. Nous trouvons , dans l’Union du 6 décembre 1857, un article très-remarquable de M. Grimaud de Caux sur la manière d'enseigner et d'étudier l'histoire naturelle. Nous croyons faire chose agréable à nos lecteurs en le repro- duisant. De la manière d'enseigner et d'étudier l'histoire naturelle. Sommaire. — Le Mercure de France. — Une anecdote de M. de Chateaubriand. — L'Homme et la Chauvye-Souris. — Les idées gou- veruent le monde. — Comment La lettre tue. — La matière, l'or- ganisation , le sentiment , la pensée. — L'Homme et la nature, — — Un mauvais maître. — Les petits naturalistes de 1802, — L'es- prit vivifie. — Un écueil. — Moyen de l'éviter. — Tuteurs légi- times de l'instruction publique. — De l’orthodoxie dans la science. — Les résultats contradictoires. — Perplexités du savant. — La raison scientifique et la raison vulgaire. — Concordance de la Ge- nèse avec la géologie. — Épisode mémorable. — MM. Gcoffroy Saint-Hilaire et Frédéric Cuvier à l'Académie des sciences ; curieuse discussion, — Les espèces immuables. — Assertious graves, — L'âge de la terre. — L'orthodoxie théologique et le sentiment scien- tifique. — Un avantage de l'étude de l'histoire naturelle très-pré- cieux et peu connu. — Méthode : en quoi elle consiste, — Pour bien apprendre il faut bien voir, — Importance et nécessité des 2° shine. Tr. 1x, Année 1857, 4 530 REV. ET MAG. DE Z00L0G1E. (Vovembre 1857.) - descriptions graphiques, — Difficultés ; insolubles mème pour des princes. — Première idée d’une iconographie du règne animal, — Empressement de Cuvier, — M. Benjamin Delessert. — Sollicitude de l’Académie des sciences. — Une chose à regretter. Dans un article du Mercure de France de l’année 1802, rédigé par M. de Fontanes, M. de Chateaubriand raconte l’anecdote suivante : « Un étranger se trouvait dans une société où l’on par- lait du fils de la maison, enfant de sept à huit ans, comme d’un prodige. Bientôt on entend un grand bruit, les portes s'ouvrent, et l’on voit paraître le petit docteur, les bras nus, la poitrine découverte, et habillé comme un Singe qu’on va montrer à la foire. On le place, sur une table, au milieu de l'assemblée en extase; on l'interroge : « Qu'est-ce que l'Homme ? lui demande gravement un in- «stituteur. — C'est un animal mammifère qui a quatre « extrémités, dont deux se terminent en mains. — YŸ a-t-il « d’autres animaux de sa classe? — Oui : les Chauves- « Souris et les Singes. » L'assemblée poussa des cris d’ad- miration. L’étranger, se tournant vers nous, nous dit brus- quement : « Si j'avais un enfant qui sût de pareilles « choses, en dépit des larmes de sa mère, je lui donnerais « le fouct jusqu’à ce qu’il les eût oubliées. » L’étranger était dans son droit; mais M. de Chatcau- briand, qui cite l'anecdote ayec une certaine complai- sance, m'explique pas la cause du résultat aussi triste que ridicule d’une éducation de son temps. S'il existe encore des professeurs d'histoire naturelle qui ne voient dans l’homme que le représentant unique du premier ordre de la classe des Mammifères, et qui, sans mauvaise intention, l’enseignent à leurs élèves, il faut leur rappeler que les mots influent sur les idées, et que les idées gouvernent le monde. Vous voulez que l'Homme ne soit qu'un animal plus parfait que les autres, un Mammifère perfectionné ; mais les animaux périssent et tout pour eux se borne au pré- MÉLANGES ET NOUVELLES. 531 sent. Pourquoi l’homme s’inquiéterait-il de l'avenir plus que les animaux? post mortem nihil est. Voilà la conclusion et comment la lettre tue. A-t-on raison , même au point de vue de l'histoire na- turelle, de confiner ainsi l'Homme dans le règne animal, de se borner à l'étude comparée de son organisation et de donner par là aux jeunes esprits, nécessairement peu réfléchis, l'occasion de tirer une conclusion semblable. C’est une question que nous voulons examiner en peu de mots. L'animal est un être organisé et vivant; mais les êtres organisés n’ont pas tous le même mode de vie. Les uns naissent, croissent et meurent au lieu même où ils ont poussé, sans changer de place , sans exécuter, en totalité ou en partie, aucun mouvement spontané : tels sont les végétauc. Les autres se meuvent continuellement durant leur vie, et changent de place au gré d’un sentiment intérieur : tels sont les animaux. Tous les animaux possèdent ce sentiment intérieur qui est la cause de leur mouvement spontané ; mais tous n’en jouissent pas au même degré. f Dans les êtres les plus infimes, ce sentiment est obscur, peu apparent, quelquefois même difficile à constater. Dans les animaux supérieurs, il a une énergie el un dé- veloppement qui donnent lieu aux plus merveilleux phé- nomènes. Ainsi, en étudiant le sentiment intérieur qui fonde Fani- malité, nous le voyons se produire peu à peu ct se mani- fester avec une pompe d'autant plus grande que l'animal est plus élevé dans l'échelle de l’organisation. En allant de l'animal le plus bas à l'homme ExC£USIVE- MENT, On va du moins au plus, et il n’y a positivement que du plus ou du moins dans les uns ct les autres. Mais avec l'homme les relations du plus au moins font défaut, Le sentiment intérieur revêt un tout autre caractère ; il a 532 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1857.) une autre essence, il est d’une autre nature; car il produit des phénomènes d’un ordre tout à fait spécial. Les animaux et les végétaux ont un fond commun, la matière, dont ils sont composés, et qui, considérée en elle- même, constitue le domaine des corps bruts, ce que l'on a appelé le règne minéral : en sorte que, quand on consi- dère d'ensemble la façon dont les choses se comportent et progressent, on voit : 4° La matière brute qui obéit à l'attraction et à l’affinité. 9 Cette matière brute, mise dans un certain ordre, as- sujettie à une certaine forme, et douée d’une force parti- culière, s'organise et vit. 3° Avec une perfection de plus, elle est organisée , elle vit ct elle sent. 4° Au dernier terme de perfection, elle est organisée, elle vit, elle sent et il s’y ajoute la pensée. Les corps bruts sont persistants et indestructibles. Les corps organisés, vivant et sentant, ne persistent pas; ils périssent en ce sens que leurs éléments se disjoi- gnent et se séparent quand la force qui les constituait les a abandonnés ; et alors ils rentrent dans la classe des corps bruts. Les corps organisés vivant, sentant et pensant péris- sent aussi par les mêmes causes qui agissent sur les pré- cédents; c’est-à-dire que ceux de leurs éléments qui les constituaient à l’état d'organisation de vie et de sentiment se disjoignent et sont ramenés à l’état de corps brut. Mais ils ne périssent que de ce côté. L'autre côté, celui par lequel ils pensent, n'étant pas susceptible d’être saisi par les mêmes lois de séparation et de disjonction, ne périt pas de même ; et en effet, la pensée est impérissable; une fois émise, elle se perpétue et devient l'héritage des siècles à venir. Or, si la conséquence est impérissable, comment se pourrait-il que le principe dont elle dérive ne le füt pas : « Ce qui dure toujours doit avoir une racine immor- telle. » (Cousix.) MÉLANGES ET NOUVELLES. 533 Il ne suffit donc pas de dire que l'Homme est un animal plus parfait que les autres. L'Homme n’est pas seulement un Mammifère arrivé au plus haut degré de développe- ment auquel la classe des Mammifères puisse atteindre, l'Homme n’est pas seulement un Mammifère perfectionné. Si l'organisation le classe ainsi, la pensée en fait un être à part qu'il faut distinguer de tous les autres, et auquel le sens intime ordonne de n’en assimiler aucun : Alterum nobis cum dis commune est, disait Salluste. L'Homme est un animal, c’est-à-dire que l'Homme pos- sède le mouvement spontané et l'organisation , et que les éléments de cette organisation se résolvent, finalement , en matériaux inorganiques. Mais, dans un catalogue de la nature , il doit être compté à part, et non pas confondu, parce que le privilége de la pensée met, entre lui et le plus parfait des animaux, une distance encore plus grande et plus profondément tranchée que celle que l’on a signalée de tout temps entre les minéraux et les plantes. Pour que l'Homme püt être considéré exclusivement comme un animal, il faudrait que le principe pensant et le principe vital fussent identiques; mais loin de là : les plantes ont le pricipe vital ; elles ne pensent pas. Si les animaux ont quelque chose qui rappelle un prin- cipe pensant, on ne peut pas prétendre que ce quelque chose soit capable de produire chez eux des résullats sem- blables ou simplement analogues à ceux que le principe pensant manifeste chez l'Homme; limmortalité de la pensée n'est point à leur usage. Nul animal n'a créé de dépôt d’acquisitions intellec- tuelles pour l'instruction de sa postérité. L'Homme a vu sa pensée se perpétuer d'âge en âge, en se transmettant d'abord par la tradition, et, dans la suite des temps, après l'invention de l'écriture et des arts, par les monuments et par les livres. Les Singes imitent certaines actions de l'Homme : édu- quez des Singes, donnez-leur tous les talents dont la per- 534 REV. ET MAG. DE Z00L0GIE, (Novembre 1857.) fectibilité de leur organisation est susceptible ; et, quand vous les jugerez convenablement instruits, rendez-les aux forêts qui les ont vus naître. Pensez-vous qu'ils iront pro- pager vos leçons parmi leurs semblables ?.… L'Homme seul anime la nature. Quel animal se serait inquiété des astres et de la raison de leur marche? Qui, de la succession des saisons et de la culture des prairies ? Les habitants de la mer savent-ils qu’en dehors de leur élément il y a un autre élément qui fournit la pâture à d'autres êtres? Le Ciron soupçonne-t-il l’Aigle, et l’Oiseau de Jupiter s’enquiert-il du Ciron ? L'Homme seul a pu s’écrier par la bouche de David : Domine deus meus, magnificatus es vehementer. Lui seul peut glorifier l’auteur de la nature, admirer en elle la puis- sance du créateur et la magnificence de ses œuvres. Il n'appartient qu'à l'Homme d’y faire un dénombrement et un triage et, jusqu’à un certain point, de lui imposer des lois. Il domptera les animaux puissants pour tirer parti de leur force; il attirera, il caressera les autres pour les employer à ses plaisirs ; il les fera tous comparaître devant lui au gré de sa curiosité, il les pénétrera de son intelligence; il étudiera , il découvrira leur organisation ; par eux, en un mot, il ENTRERA DANS LE SEIN DE DIEU. Je n’hésite pas à le dire, et j'y suis autorisé par la science autant que par la conscience et la raison, aujourd’hui que l'histoire naturelle fait partie de l’enseignement universi- taire, celui-là serait un mauvais maître qui se bornerait à enseigner que l'Homme est un Mammifère perfectionné ; il courrait risque de faire des naturalistes pareils à ceux dont parlait, en 1802, M. de Chateaubriand. « Ces petits naturalistes, disait-il, qui ne savent pas un mot de leur religion et de leur devoir, sont, à quinze ans, des person- nages insupportables. Déjà Hommes sans être Hommes, vous les voyez trainer leur figure pâle et leur corps énervé dans les cercles de Paris, décidant de tout en maîtres, ayant une opinion en morale et en politique, prononçant MÉLANGES ET NOUVELLES. 535 sur ce qui est bon ct mauvais, jugeant de la beauté des femmes, de la bonté des livres, du jeu des acteurs, de la danse des danseurs, se piquant d’être blasés sur leurs succès, et, pour comble de ridicule et d'horreur, ayant quelquefois recours au suicide. » La lettre tue et l'esprit vivifie; que l'esprit donc, que le bon esprit préside à l'éducation de nos enfants. L'enseignement de l’histoire naturelle a un grand éeueil à éviter, c’est l'engouement que les maitres peuvent avoir en faveur de tels ou tels systèmes. En semblable occur- rence, il y aurait, pour de jeunes raisons, un grand dan- ger à se trouver ainsi prématurément entraînées, à la suite des systèmes, vers ces hauteurs de la science, où le vertige s’estemparé si souvent des plus grands esprits. Pour éviter cet écueil, il faut une orthodoxie de laquelle les tuteurs légitimes de l'instruction publique ne doivent pas per- mettre que les maîtres s’écartent, à aucun prix, dans leur enseignement. fl n’y a que des esprits médiocres, absolu- ment faux ou essentiellement mauvais qui pourraient con tester la nécessité, la convenance, la rationalité et la va- leur d’une pareille orthodoxie. En effet, en science, on observe, on découvre, on con- state et l'on tire des conclusions. Or il arrive quelquefois que les résultats ainsi obtenus semblent, au premier abord, en contradiction avec d’autres résultats tirés d’études ou de faits d’un ordre différent, ou avec des opinions déjà arrêtées et consenties : ct l'esprit du savant est dans un état perplexe; car la vérité est nécessairement d’un côté et l'erreur de l’autre. Mais on revient sur les études, on constate à nouveau les faits, on les soumet à une nouvelle discussion, et la vérité triomphe. Alors cette vérité ne se trouve pas seulement du côté de la raison scientifique, elle se trouve en même temps du côté de la raison géné- rale, commune, vulgaire, accessible aux intelligences droites, et qui ne fait jamais défaut toutes les fois qu'il 536 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1857.) s’agit de questions d’un ordre supérieur touchant aux des- tinées de l'Homme et de la nature. L'histoire des sciences témoigne, à chaque instant, de semblables faits; nous en citerons un mémorable : En prenant la science pour point de départ, il serait difficile de trouver, entre les faits géologiques et la Bible, une concordance plus manifeste que celle établie par Cuvier dans son Discours sur les révolutions du globe. Aucun géologue, depuis Cuvier, ne s’est présenté avec un système meilleur et qui réunit des conditions mieux assorties à l’état actuel des choses. Tous reconnaissent l'importance de l'étude des fossiles pour éclairer la connaissance de la con- stitution véritable du globe terrestre. M. Geoffroy Saint- Hilaire seul fit des objections, et ces objections eurent pour objet le principe de l’immutabilité des espèces, qui entre comme un élément essentiel dans la question. Cuvier pensait que les espèces sont immuables ; que les animaux perdus ne sont pas les dieux des animaux qui vivent aujonrd’hui; que chaque espèce est restée telle qu'elle était à sa première apparition sur le globe. M. Geoffroy Saint-Hilaire était d'avis, au contraire, que les espèces se transforment les unes dans les autres, et que, dans le cours des siècles, le changement des milieux a été la cause de ces transformations qui ont abouti fina- lement à l'Homme. Mais aucun fait d'observation ni d’ex- périence n’a fait sortir cette opinion de l’état d'hypothèse. Jamais on n’a vu, dans aucune limite et sous aucune forme, une espèce changer de conditions d'existence pour se transformer, en tout ou en partie, en une autre espèce. M. Geoffroy Saint-Hilaire protestait donc vainement, au point de vue de la science et tout seul, contre le sys- tème de Cuvier. Il en vint alors à attaquer les motifs qui avaient, disait-il, inspiré Cuvier, et il avança que ce sys- tème de concordance de la Genèse avec la géologie avait été conçu dans des vues particulières, que Cuvier l'avait MÉLANGES ET NOUVELLES. 537 adopté pour empêcher qu’il s'établit, entre la science et la religion, une lutte qu'on aurait pu croire funeste à cette dernière. Frédéric Cuvier, qui avait survécu à son frère, releva l’assertion au sein même de l’Académie des scien- ces, où elle avait été émise. « L’assertion est grave, dit-il; si l’on croit qne Georges Cuvier a déguisé la vérité, que des erreurs ont été sciem- ment introduites par lui dans le discours qui fait l’objet des observations, qu’on le prouve... » M. Geoffroy Saint-Hilaire n’entreprit point de réfuter le discours sur les révolutions du globe. « Controverser sur « l’âge de la terre! s’écria-t-il. En nos jours de lumière, « onoscrait encore poser le point précis de six mille ans « comme période de l’âge de la terre!... » Mais l’âge de la terre n’était pas en question ; car Cuvier a discuté les temps historiques et traditionnels seulement et non pas les époques antérieures à la création de l'Homme. Il prouve très-bien, et il ne prétendait pas éta- blir autre chose, que l'Homme est nouveau sur cette terre et qu'il y a été précédé par d’autres êtres. Combien de temps ces autres êtres ont-ils occupé la place, personne ne peut le dire, et Cuvier ne s’en est pas inquiété. C'était là une question oiseuse, dont la solution, quelle qu’elle soit, n’intéresse aucunement les doctrines religieuses. Qui donc a jamais pris les jours de la création pour des jour- nées de vingt-quatre heures? Le mot hébreu, d’ailleurs, qu'on a traduit par jour signifie aussi espace de temps, épo- que, œuvre. Et, si les jours sont des époques, faites-en des siècles et comptez-les par millions ; multipliez-les à votre gré; pourvu que vous admettiez un commencement, tout est dit : est-ce que le temps est quelque chose dans l’éter- nité? Non-seulement Geoffroy Saint-Hilaire cessa de contre- dire, mais il fit plus encore, il reconnut devant les pères conserits de la raison des choses (ce fut son expression) que les géologues et les théologiens ayant vécu, dans les pre- 538 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1857.) mières années de ce siècle, dans des crises d’hostilité, il était bon qu’on se fût expliqué des deux côtés et qu'on eût compris enfin que l'orthodoæie nécessaire aux théologiens et le sentiment scientifique étaient loin de s'ex- clure. Nous avons dit comment il fallait enseigner. Voyons maintenant comment il faut apprendre. Je ne m’arrèterai pas à démontrer l'utilité de l’histoire naturelle et de ses applications, à répéter les lieux com- muns qui remontent à Cicéron, parlant de la philosophie et des lettres. « Elle console les malheureux, elle calme les haines, elle peuple la solitude... » Mais je dois indiquer un de ses avantages dont on a le moins parlé et qui re- garde surtout les jeunes gens. Les transitions d’un âge à l’autre s’opèrent quelquefois chez eux avec difficulté. Le seul moyen d’empècher une direction vicieuse, une déperdition funeste au développe- ment normal de l'esprit et du corps, c’est l'étude avec la contention qu’elle nécessite. Mais le cerveau, encore ten- dre, n’est pas toujours capable de soutenir les efforts de V'abstraction ; et cependant il faut qu’il fonctionne; car c’est surtout quand l'esprit est oisif que les passions fer- mentent. Un élève qui prend goût à l'étude de l’histoire naturelle se trouve en possession d’une si grande richesse de distractions, que son esprit, occupé sans fatigue, em- pêche la figure de pélir et le corps de s’énerver. Quant à la méthode, on s'en tient à la classification de Cuvier. C’est au règne animal de Cuvier, d’ailleurs, que tous les traités de zoologie, élémentaires ou autres, se rappor- tent. Et puis, cette méthode est si bien fondée, qu'on peut dire qu’elle est, à elle seule, toute l’histoire naturelle. En effet, si le but de la science est de connaître et de distin- guer les êtres de la création , il est clair que pour arriver à ce but il faut, de toute nécessité, étudier l’organisation intime de chacun d’eux, organisation qui, en donnant la mesure de leur capacité et de leurs facultés, fait connaître, MÉLANGES ET NOUVELLES. 539 par une conséquence nécessaire, toutes leurs mœurs ct leurs habitudes possibles. Dans cette étude tout concorde et se trouve lié d’une manière intime. On ne peut étudier les conditions d’exis- tence d’un animal sans étudier son organisation; l’on ne peut bien connaître son organisation particulière sans se rendre compte des rapports qui le lient à ses supérieurs et à ses inférieurs ; l’on ne peut enfin le bien classer, le mettre avec tel ou tel autre, avant celui-ci et après celui-là, sans savoir ce que le premier a de moins et ce que le second a de plus. On voit comment la méthode est toute la science. Mais, en histoire naturelle, le moyen de bien apprendre, c'est de bien voir. Il suit de là que le complément indis- pensable de tout Traité d'histoire naturelle, c’est la des- cription graphique des individus composant les espèces qui font la base des genres, des ordres et des classes. Ici se présente une difficulté considérable qu’au pre- mier abord on est loin de soupçonner, et qui étonnera plus d’un lecteur; c'est qu'il est impossible d’avoir une collection à peu près complète des figures de tous les ani- maux que les naturalistes ont observés et étudiés ; et cette difficulté provient uniquement du nombre. Mais je comprends qu’une assertion semblable doit être appuyée d'une autorité. Or voici ce que disait Cuvier dans un rapport fait par lui à l’Académie des sciences le 6 fé- vrier 1832 : « Les animaux, observés en détail par les naturalistes, « et placés à leur rang dans le système méthodique de la « nature, sont aujourd’hui si nombreux , qu'aucun parti- « culier, aucun souverain même ne pourrait se flatter d’en « réunir la totalité, quelque soin et quelques dépenses « qu'il voulût y consacrer ; le projet d'en rassembler toutes « les figures dans une seule collection serait Lémtraire pour « qui ne disposerait pas de fonds plus considérables que “wcux dont l'état de l'Europe permettrait même à des wprinces de disposer. » 54O REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1857.) « Cependant, ajoute Cuvier dans le même rapport, si l'on ne se fait pas au moins des idées sommaires de leurs formes et de leurs caractères, il est impossible de bien saisir l’admirable ensemble des êtres, cet objet si digne de l'étude et des méditations de tous les hommes éclairés. » Telle était la préoccupation de Cuvier lorsque M. Guérin- Méneville lui présenta le plan d’un recueil contenant ies principaux types des genres avec les dessins des parties caractéristiques. Cuvier accepta l'idée avec empresse- ment; et il voulut en surveiller l'exécution de si près, qu'il donna le bon à tirer des planches. Ce fut M. Benjamin Delessert qui fournit généreusement les premiers fonds. De son côté, l'Académie des sciences, à mesure que l’'œu- vre s’accomplit, en suivit les progrès avec une sollicitude que l’on peut dire sans égale, puisque c’est le seul ouvrage dont ce corps savant se soit fait rendre compte jusqu’à six fois. Ainsi a été exécuté, sous les yeux du maître et avec la surveillance de l'Institut, par M. Guérin-Méneville, au prix de quinze années de travaux nécessaires à la re- cherche des types, aux préparations anatomiques souvent faites exprès par Cuvier lui-même, aux dessins et à la gra- vure, la grande et magnifique collection connue sous le nom d’Zconographie du règne animal de Cuvier. L'Iconographie remplace donc non-seulement la vue des individus eux-mêmes, mais encore celle des pièces anato- miques qui ont servi de base à la classification, et, par conséquent, de fondement à la science. Au point de vue de l’enseignement, une seule chose est à regretter, c’est le prix élevé d’un pareil atlas, prix plus que justifié, au reste, par le nombre des planches, la beauté des figures, l'exactitude des détails et la perfection du burin. (G. Grau DE Caux.) La conviction qui s'est confirmée en nous, après la lec- ture de cet article, à bon droit remarqué , conviction que MÉLANGES ET NOUVELLES. 541 nous avons la certitude de partager avec tous les bons esprits, comme avec toutes les personnes véritablement éclairées et consciencieuses, date déjà de l’époque où nous insérions dans le Dictionnaire pittoresque d'histoire naturelle, publié sous notre direction de 1833 à 1839, l'article Nature du même auteur. Cette conviction nous a déterminé à remplir les vues de M. Grimaud de Caux et à combler, autant qu’il était en nous, la lacune qui existe, au point de vue de l’iconographie , dans tous les traités de zoologie, soit généraux, soit élémentaires. Dans ce but nous ayons adressé à l'administration de l’Union Ja lettre suivante, à laquelle l Union a répondu, dans son numéro du 15 décembre, en offrant en prime à ses abonnés des exemplaires de l'Zconographie (Mammifères, Oiscaux, Reptiles et Poissons ). A Monsieur le Rédacteur en chef de l'Union Monsieur, Quand M. Grimaud de Caux est venu me demander des renseignements sur l’{conographie du règne animal de Cu- vier, renseignements que j'ai fournis à ce savant écrivain avec le plus vif empressement et le plus grand plaisir , il m'a exprimé le regret que mon ouvrage fût si cher, pré- tendant que son utilité s'appliquant à tout le monde, il serait important qu'il fût accessible à tous. J'avoue qu'au premier moment j'ai pris ce regret pour un compliment s'adressant à l’auteur, lequel est toujours amoureux et souyent enthousiaste de son œuvre; cepen- dant, à la lecture du feuilleton de l’Union du 6 décembre, à propos duquel tout éloge serait suspect sous ma plume, mais où l'importance de l'étude de l'histoire naturelle, au point de vue de l'éducation physique et morale de la jeu- nesse, me paraît si justement appréciée, j'ai compris qu'en effet les pères de famille et les maîtres qui président à l'instruction publique pourraient avoir le désir de mettre leurs enfants et leurs élèves en possession de cet atlas unique. 549 REV. ET MAG. DE Z0OLOGIE. (Novembre 1857.) Il est certain qu'aujourd'hui, si l’on devait entreprendre une œuvre pareille, il y faudrait consacrer des sommes encore plus fortes quo celles déjà si considérables qu’elle a absorbées. L'argent, je le sais, est de tous les pays ; mais Cuvier et ses collaborateursillustres, Latreille et Laurillard, ne seraient plus là pour aider personne, comme ils m'ont aidé, avec tant d’assiduité et de zèle tout à fait scientifi- ques, non pas seulement de leurs lumières, mais encore de leur scalpel et de leur crayon. J'ai donc revu mes chiffres de dépense, et je suis hou- reux de vous annoncer, Monsieur le Directeur, que je me trouve en mesure de combler les vœux exprimés par M. Grimaud de Caux et les vôtres. Je puis mettre à votre disposition les exemplaires de V’Iconographie du règne animal de Cuvier (Mammifères, Oi- seaux, Reptiles et Poissons; 226 planches contenant 1,383 figures) au prix de 50 fr., texte et planches. Pour les personnes qui voudront dépenser une moindre somme à la fois, je puis diviser les 226 planches en quatre livraisons : chaque livraison coûterait alors 13 francs cet contiendrait, savoir, les 17°, 9° et 3° livraisons, chacune 59 planches, dont 45 planches de Mammifères , 18 d'Oi- seaux, 8 de Reptiles et 18 de Poissons; la 4° et dernière livraison se composerait de 40 planches et du texte expli- catif qui est joint à la collection. L'ouvrage, soit entier, soit par livraisons, serait envoyé franc de port par la poste. Agréez, ete. Nous nous faisons un devoir de prévenir les souserip- teurs de la Revue zoologique que les mêmes avantages leur sont réservés, à condition qu'ils nous feront connaître leur intention à cet égard en renouvelant leur abonne- mont. (G. M.) UTILITÉ DES MOLLUSQUES TERRESTRES. ( Agathines et Escargots. ) Une observation faite pendant un court séjour à l’île du MÉLANGES ET NOUVELLES. 543 Princo, au fond du golfe de Guinée, et que l’on doit à un officier de marine très-instruit qui nous en a entretenu ré- cemment, nous a paru d’une importance réelle pour mon- trer que les Escargots grands et petits, tels que les Aga- thines et les Hélices, rendent à l’homme d’autres services que celui d’être employés à son alimentation. M. Ernest de Sauley, élève de l’école polytechnique et lieutenant de vaisseau, à qui les sciences naturelles doivent des décou- vertes intéressantes, nous disait qu’en 1832, en étudiant les productions naturelles de cette île du Prince et en y recueillant des Mollusques, il avait appris que les Anglais rèécoltaient, dans ses montagnes, des quantités d’une grande Agathine (Achatina bicarirala) qu'ils envoyaient en An- gleterre pour être employée comme remède contre la phthisie pulmonaire. La récolte et l'emploi, comme remède, de ce gigantesque Escargot (car cette Agathine a plus de 10 centimètres de long), qui donne ainsi lieu à un véritable commerce, n’est pas un fait isolé, car, chez nous aussi, des animaux du même groupe, et surtout la grosse espèce d’Escargot si redoutée des vignerons (l’'ÆHelix pomatia, L.), sont active- ment recherchés pour le même usage, ainsi que nous l'avons remarqué dans des communications de M. le doc- teur de Lamare publiées aux Comptes rendus des séances de l'Académie des sciences (séances des 2 mai 1853 ct 30 octobre 1854). En effet, l'utilité de ces Mollusques y est démontrée par des observations d’où il résulte que ce médecin guérit journellement un grand nombre de phthi- siques au moyen de l’hélicine, remède composé avec les nombreuses hélices que l’on récolte autour de Paris à cet effet, ce qui a le double avantage de débarrasser l’agri- culture d’un ennemi en rendant la santé à des malades, Du reste, ce qui montre mieux encore l'utilité de ces Mollusques, c’est que la contrefaçon s’est ruée aussi sur le produit si utile qu’on en obtient. En effet, nous apprenons que le pharmacien (M. Cauliér, rue de la Ville-l'Évêque, 5h REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1857.) 4h) qui prépare l’hélicine du docteur de Lamare est obligé de se défendre d’une contrefaçon qui tend à répandre sous ce nom une drogue inerte, si elle n’est pas nuisible. Certainement les Escargots doivent être fiers de cette cir- constance, et ils peuvent bien se vanter d’être les seuls Mollusques qui aient subi, comme des célébrités peut-être moins utiles, le ruineux honneur de la contrefaçon. (G.-M.) COLLECTION DE COLÉOPTÈRES A VENDRE. Une maladie des yeux qui ne permet plus à M. Sauce- rotte de s'occuper de l'étude des Insectes oblige cet ento- mologiste distingué à imiter Dejean, qui a été obligé de vendre sa collection pour une raison semblable. Celle de M. Saucerotte se compose d'environ 10 à 12,000 Coléoptères bien classés et contenus dans cent grandes boîtes doubles en noyer, ayant coûté chacune 3 fr. C’est une collection qui pourrait surtout convenir à un musée de province, et qui contient de fort belles choses, telles que le Gokiathus Druryi, le Mormolyce, beaucoup d'espèces rares de Russie, du Caucase, de la Sibérie, du Kamtschatka et de l'Amérique russe. Il y a, en outre, en- viron 500 espèces d’Abyssinie qui ont été envoyées par Schimper, ainsi qu'un grand nombre d’autres Coléoptères rares provenant de divers pays, et que M. Saucerotte s’est procurés par échanges ou par achats. S'adresser (/ranco) au bureau de la Revue zvologique. TABLE DES MATIÈRES. Pages. Pucuenax. — Cerf des Philippines. 481 Moquin-Taxpox (A.). — Notes ornithologiques. 488 Saussurr (H. ne). — Crustacés nouveaux. 501 Waca.— Blatte des cuisines, 505 Académie des sciences. 510 Analyses. 527 Mélanges et nouvelles. 529 PARIS. — IMP, DE M V° BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'ÉPERON, 5, VINGTIÈME ANNÉE. — DÉCEMBRE (1857. I. TRAVAUX INÉDITS. AMÉNITÉS MALACOLOGIQUES ; par M. J. R. BQURGUIGNAT. $ LXY. Heruix Dscnurrexsit, Dubois. Cette espèce dont nous venons d'inscrire le nom, quoi- que répandue depuis longtemps dans les collections, se trouve, nous le croyons, encore inédite. Aucuns des nom- breux auteurs que nous avons étudiés n’en ont fait men- tion. Seul, L. Pfeiffer, dans ses addenda (page 646) de sa Monographia Helic. viv. (suppl., vol. IF, 1853), cite comme devant être rangés parmi les synonymes de l'Æelix qut- tata d'Olivier (1) ces simples mots : Helix Dschulfensi, Dubois, teste Frivalsky. Or, l’Helix Dschulfensi, bien qu'appartenant au groupe de l'Helix quitata, est une espèce très-distincte de celle-ci. En voici la description : Testa umbilicata, depressa, solida, pallide cinereo-albida, stria- tula ; anfractibus 4 convexiusculis, velociter accrescentibus; ultimo antice valde deflexo; apertura perobliqua, transverse ovali; peristo- mate non incrassato ; supero non expanso ; basali recto, reflexo ; co- lumellari valde dilatato, umbilicum fere obtegente; marginibus ap- proximatis. Coquille déprimée, solide, irrégulièrement striée, d'une (1) Voy. dans l'emp. ott., 2. Il, p. 334, tab. xxxr, f. 8, 1804, 2 séme. Tr. 1x. Année 1857, 35 346 REY. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Déce: bre 1857.) teinte cendrée très-pâle, ordinairemest blanchâtre, et pourvue d’un ombilic presque fermé ou recouvert par la dilatation du bord columellaire. Quatr: tours de spire toujours convexes et s’accroissant avec rapidité; dernier tour descendant fortement vers l'ouverture, celle-ci est très-oblique et ovalaire. Péristome non lordé, ni épaissi, non réfléchi à la partie supérieure. Bord inférieur recti- ligne et réfléchi. Bords marginaux très-rapprochés. Haut., 16 mill.; diam., 34 mill. Cette Hélice habite l'Arménie. L'Helix Dschulfensii diffère de l'Helix guttata d'Oli- vier 1° Par ses tours de spire moins nombreux, convexes, et qui s’accroissent rapidement ; 2° Par la couleur blanchâtre de son test, non moucheté comme celui du guttala ; 3° Par son dernier tour de spire, non aussi renflé que celui du guttata ; 4° Par son bord columellaire du bas de l’ouverture, qui est rectiligne, tandis que chez le guttata , il est fortement arqué. Etc., etc. $ LXVI. HELIX COMEPHORA, Bourguignat. Helix setipila (1), Bourguignat, Cat. rais. Moll. Orient, p. 19. 1853. Testa umbilicata, orbiculato-lepressa, tenui, subdiaphana, fulvo- cornea, superius fascia pallide fusca, ornata, ac, pilis erectis, rigi- dis, validisque elegantissime obsitis, omnino munita; anfractibus 5 planulatis ; ultimo antice descendente; apertura perobliqua, lunari- (1) Non Helix setipila, Ziegler in Rossmassler, Icon., Il, p. 2, f. 89, 1839, et Deshayes in Férussac, Hist. Moll., p. 31, tab. Lux, f. 1-5. — Nec L. Pfeiffer in Chemnitz, Ed., IN, p. 483, tab. zxxx, f. 13-14. TRAVAUX INÉDITS, 547 rotundata ; peristomate, acuto, superue reclo, inferne reflexo; mar- gine columellari dilatato ; marginibus approximatis. Coquille ombiliquée, déprimée, fragile, transparente, d’une teinte fauve-cornée, et ornée, à la partie supérieure des tours de spire, d’une zone d’un brun pâle, plus fon- cée. Test entièrement garni de poils durs, dressés, très- allongés, et placés en lignes symétriques inverses à la di- rection des stries, qui sont délicates et régulières. Tours de spire presque plans, au nombre de cinq. Der- nier tour descendant vers l'ouverture. Ouverture très- oblique, lunaire, arrondie. Péristome aigu, droit à la partie supérieure et réfléchi à la partie inférieure. Bord columellaire très-dilaté et très-réfléchi. Bords marginaux tendant à se rapprocher. Haut., 13 mill. — Diam., 27 mill. Cette espèce, que nous avions autrefois prise pour le véritable setipila de Ziégler, habite, dans le sud de la Morée, les environs de Mavromati, petit village bâti sur les ruines de l’ancienne Messènes. L'Helix comephora ne peut être confondue qu'avec l'Helix setipila de Ziégler. On distinguera notre espèce de cette dernière 1° A son ouverture très-oblique, qui offrirait, sans l’é- chancrure de l’avant-dernier tour, un rond parfait, ce qui n'a pas lieu chez le Setipila, dont l'ouverture à une pro- pension à se dilater, surtout vers la partie supérieure ; 2° À son péristome aigu, droit, seulement réfléchi à la partie inférieure, tandis que le péristome du setipila est bordé et largement réfléchi de toutes parts; 3° À ses bords marginaux un peu plus rapprochés; 4° Surtout à son test, recouvert de poils durs, roides, allongés, disposés symétriquement en lignes assez écartées les unes des autres, tandis que le test du setipila se trouve muni de petits poils moins rudes, et placés épalement d'une manière symétrique, mais sur des lignes tellement rapprochées les unes des autres qu'il est difficile, même à 548 REV. ET MAG. DE Z0O0LOGIE. (Décembre 1857.) la loupe, de saisir la véritable disposition de ces petites villosités. 6 LXVII. Sur le genre BaLia. Le genre Bazra a été créé, en 1820, par Leach, sous le vocable Balaea, dans son manuscrit sur les Mollusques de la Grande-Bretagne (1), pour une petite coquille d'Eu- rope classée à tort tantôt parmi les Clausilia, tantôt parmi les Pupa. Immédiatement adopté par Prideaux (2), ce genre a été définitivement établi, en 1824, par Gray, sous l’appella- tion de Balea (3) pour deux Mollusques des îles de Tristan d’Acuhna. Les Balies sont de petits Mollusques paresseux, peu ir- ritables, aimant l'humidité et l’ombrage, vivant sous les vieilles écorces, sous les feuilles mortes ou dans les mousses. Ces Mollusques, qui ont l'apparence d’une Clausilie, sans posséder de clausilium ni de plis à la colwmelle, por- tent leur coquille un peu redressée dans leur marche. Cette coquille sénestre, conique-turriculée, présente toujours une ouverture et une columelle simples, à paroi aperturale munie ou non d’un seul tubercule ; un test d’une teinte cornée uniforme, et une surface plus ou moins pro- fondément sillonnée de stries élégantes, qui çà et là, sur- tout vers la suture, deviennent blanchâtres. Ces petites taches blanchâtres ou facies donnent à la coquille un aspect particulier qui est propre au genre Balia. (1) Cet ouvrage remarquable (Synopsis of the Mollusca of great Britain) n’a été publié qu'en 1852, par les soins de M. J. Edw. Gray. — 1 vol. in-8, avec 13 pl., Loudres, 1852. (2) On connaît de Prideaux, naturaliste presque inconnu, quel- ques notes conchyliologiques qui n'ont jamais été publiées. (3) In Zool. journ., t. 1, p. 61. 1824. TRAVAUX INÉDITS. 549 Aussi est-ce ce faible caractère qui a servi à la création du mot Bazra. Le mot Balia dérive, en effet, du vocable grec Beauce, qui signifie coquille mouchetée, tachetée (maculosus). Swainson est le seul qui ait adopté la dénomination de Balia (1). Tous les autres naturalistes, s’imaginant peut-être que le nom de ce genre dérivait du mot latin balea, barque (2), l'ont inscrit dans leurs ouvrages tantôt sous la dénomina- tion de Balea, tantôt sous celle de Balaea. Cette incertitude dans l'orthographe de ce nom de genre ne doit point surprendre, si l’on veut bien se rappeler par combien de formes diverses a passé le mot Ancylus, ou plutôt le vocable Limnæa, duquel l’on connaît plus de dix transformations successives (3). Les Balies connues jusqu'à ce jour sont en bien petit nombre, une seule espèce, depuis celles de Leach et de Gray, est venue enrichir ce petit genre. Il est vrai que nous n’admettons point parmi les Balies toutes les coquilles que L. Pfeiffer (4) y a rangées, en les divisant dans les sous-genres Pseudobalea, Temesa et Megaspira. Ces Mollusques ne sont point de véritables Balia, mais doivent, selon nous, être réparties dans divers genres, ainsi qu'on pourra le voir à la fin de cette notice. Nous ne considérons donc comme Balia que les espèces comprises par L. Pfeiffer dans sa section des Baleastra. (1) Malac., p. 182, 334. 1840. (2) Voir le Dict. d'hist. nat. de Ch. d'Orbigny, au mot Balea. (3) Lymuea, Bruguière, 1791. — Lymnæa, Lamarck, 1799. — Lim- ueus, Draparnaud, 1801, — Lymnus, Montfort, 1810. — Limueus, Brard, 1815. — Limoæus, Cuvier, 1817. — Limnea, Deshayes, 1826. — Lymnea, Risso, 1826, — Limnæa, Rang, 1829, — Lymnæus, Villa, 1841, etc. (4) Versuch einer Anordaung der Heliceen nach naturlichen Grup- pen, in Malak, Blätter, p. 179. 1855. 550 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1857.) A ces espèces, au nombre de quatre, si nous ajoutons cinq autres que nous croyons nouvelles, le chiffre des vé- ritables Balies sera donc porté à neuf. Ces coquilles peuvent se diviser en deux séries, qui sont 1° Espèces possédant un {ubercule sur la paroi aper- turale : Balia perversa, — Pyrenaica, — Rayiana; 2° Espèces ne possédant point de tubercule sur la paroi aperturale : Balia Sarsi, — Fischeriana, — Deshayesiana, — Jucifuga, — Tristensis, — ventricosa. Passons maintenant à la description de ces espèces. BALIA PERVERSA. Turbo perversus, Linnœus, Syst. nat., éd. x, 1, p. 767. 1758. Pupa fragilis, Draparnaud, Tabl. Moll., p. 64. 1801. Clausilia parvula (1), Gærtner, Conch. Weltereau, p. 22. 1813. Odostomia perversa, Flemming, in Edimb. encycl., VE, 17e partie, p. 76. 1814. Clausilia fragilis, Studer, Kurz. verzeichn., p. 89. 1820. Helix perversa (2), Férussac, Tabl. syst., p. 66. 1822. (1) Non Clausilia parvula, Turton, Man., t.4V, f. 59. 1821. — Nec Clausilia parvula de Studer, Verzeichn., ete., p. 20, 1820, qui sont des espèces à rapporter au genre Clausilia. (2) Non Helix perversa, Linnæus, Syst. nat. (éd. X), p.772, n° 601, TRAVAUX INÉDITS. 551 Balea fragilis, Prideaux, in Gray, in zool. journ., tom. I, p. 61. 1824. Balea perversa, Flemming, Brit. anim., p. 261. 1828. Balæa fragilis, Leach, Brit. Moll., p. 116, ex. : Turton, 1831. Fusulus fragilis, Fitzinger, Syst. Verzeichn., p. 105. 1833. Clausilia perversa (1), Charpentier, Moll. suisse, p. 17. 1837. é Pupa perversa, Potiez et Michaud, Gal. Moll, Douai, t. 1, p. 166. 1838. Eruca fragilis, Sioainson, Treat. malac., p. 334. 1840. Stomodonta fragilis, Mermet, Moll. Pyr.-Occid., p. #8. 1843. Testa sinistrorsa, rimata, conico-turrita, subtilissime costulato- striata, cornea, vel corneo-olivacea ; anfractibus 10 convexis ; ultimo valide costato-rugoso, basi angulato-rotundato; apertura ovato- piriformi ; columella simplice; peristomate simplice, paululum ex- pauso; marginibus, callo tenui juxta insertionem labri externi la- mellam parvam emittente, junctis; margine externo superne vix sinuoso. Coquille sénestre, conique-turriculée, très-finement 1758, qui est le Bulimus perversus de L. Pfeiffer, Monogr. Hel. viv., t. I, p. 37. 1848. —- Nec Helix perversa, Æhemnitz, Conch. cab., IX, 1 part., p. 108, tab. cxu, f. 950-951, 1786, qui est le Bulimus ota- heitanus, Bruguière, Encycl. méth, vers., t. I, p. 347, n° 84. 1789. — Nec Helix perversa, Müller, Verm, Hist., II, p. 118, n° 316, 1774, qui est une espèce à rapporter à la Clausilia biplicata (Turbo) de Montagu, Test. Brit., p. 361, t. I, f. V. 1803. — Nec, Helix perversa, var. € de Gmelin, Syst, uat., p. 3644, n° 100, 1790, qui est le Buli- ous Jævus (Helix) de Müller, Verm. Hist., 11, p. 95, n° 293. 1774.— Nec Helix perversa, Sturm, Fauna Deutsch., VI, H. 11, t. 10, 1823, qui est la Clausilia ventricosa, Draparnaud, Hist. Mol]. France, p. 71, 1. IV, £. 14, 1805. — Nec Helix perversa, Studer in Coxe trayels (teste Hartmann), qui est la Clausilia plicatula (pupa), Draparnaud, Tabl. Moll., p. 64. 1801. (1) Non Clausilia perversa, ©, Pfeiffer, Naturg. Deutsch., 1, p. 62, tab, un, F. 28, 1821, qui est la Clgusilia biplicata (turbo) de Mon- 552 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1857.) côtelée-striée, et pourvue d’une simple fente ombilicale assez allongée. Test d’une couleur cornée-olivâtre, mou- cheté cà et là par une petite strie blanchâtre. Dix tours de spire convexes. Dernier tour fortement sillonné de ru- gosités et de côtes irrégulièrement distancées les unes des autres; ce dernier tour non arrondi à la base, mais angu- leux vers la fente ombilicale. Ouverture ovale piriforme. Columelle simple. Péristome également simple et un peu réfléchi. Bords marginaux réunis par une faible callosité présentant, vers l'insertion du labre externe, une petite lamelle de forme tuberculeuse. Bord externe un peu si- nueux immédiatement au-dessus. Long., 10-11 mill. — Diam., 3 mill. La Balia perversa habite, dans presque tout le continent européen, sous les écorces des vieux arbres, sous la mousse, dans les endroits humides ou ombragés. Cette espèce se rencontre encore à l'état fossile, si nous en croyons le savant paléontologue anglais sir Morris. Cet auteur, (Cat. Brit., foss., p. 236, 1854) la cite des cou- ches lacustres et terrestres de l’époque falunienne des en- virons de Maindstone, en Angleterre. La Balia perversa varie peu dans ses caractères. Le tubercule de sa callosité, bien que ne manquant jamais, se présente quelquefoié, suivant les échantillons, plus ou moins prononcé. Son {est est également plus ou moins grêle; mais, malgré tout, ses autres signes caractéristiques restent invariables. Sa fente ombilicale ne change pas ; sa surface est toujours fortement striée et mouchetée de nombreuses petites fascies blanchâtres ; son dernier tour tagu, Test. Brit., p. 361, t. 11, Ê. 5. 1803. — Nec Clausilia perversa, Fitzinger, Syst. verz., p. 104, 1837, qui est la Clausilia ventricosa (pupa) de Draparnaud, Tabl. Moll. France, p. 62, n° 21, 1801. — Nec Clausilia perversa, Dupuy, Moll. du Gers, p. 36, 1843, qui est la Clausilia rugosa (pupa) de Draparnaud, Tabl. Moll., p. 63, n° 23. 1801. TRAVAUX INÉDITS. 553 de spire toujours anguleux et côtelé, et jamais arrondi ni finement strié comme dans la plupart des autres Balies. Les quelques lignes synonymiques que nous avons in- diquées pour cette espèce sont à peu près les seules que l'on puisse, sans trop se compromettre , attribuer à ce Mollusque ; car évidemment la plupart des Balies que nous décrivons en ce moment ont été confondues avec la per- versa. Aussi avons-nous été très-retenu par la crainte de commettre des erreurs dans la liste srponmniane que nous venons de donner. Ainsi nous n'avons osé rapporter à la perversa, ainsi que l'ont fait divers naturaliste, la Clausilia tenerrima de Ziégler (teste, Anton, Verzeichn. der conchyl., 1839) et la Clausilia uniplicata de Calcara (Effem. sc. et lett. Siciliæ, p- 82), parce que nous ne savons si ces coquilles sont de bonnes ou de mauvaises espèces, ou si elles doivent être ou non confondues avec la pervers. Il existe encore un Mollusque trouvé à Porto-Sancto, dans l’île de Madère, auquel on a donné à tort, du moins nous le croyons, le nom de la Balia perversa. Cette Balie, sur laquelle nous n'avons pu obtenir assez de renseigne- ments, a une taille plus petite, un test plus faible, suivant Lowe (1), et offre, d’après Albers (2), le dernier tour ar- rondi à la base, et une teinte plus olivätre. Bazra Pyrenaica, Bourquignat. Testa sinistrorsa, perforata, eleganter fusiformi-turrita, tenera, subtilissime costulato-striata, sericina, olivaceo-cornea; anfracti- bus 11 convexiusculis; ultimo basi angulato-rotundato; apertura piriformi, in parte superiore coarctata, iuferiore dilatata ; columella simplice, reflexa; peristomate simplice, breviter expauso ; margine (1) Cat. Moll. paeumouat. insul. Mader., elc., in Proceed, zoo). Journ., p. 215. 1854. (2) Malac, Mader,, p. 69, tab, xv1, F. 15-16. 1854, 554 REV. £T MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1857.) exteruo paululum flexuoso; marginibus approximatis, callo validum tuberculum medianum præbente, junctis. Coquille sénestre, largement perforée, fusiforme, très- allongée, grêle, fragile, d’une teinte cornée olivâtre, et ornée de petites stries fines et élégantes, devenant, malgré tout, un peu plus fortes vers l'ouverture. Onze tours de spire un peu convexes. Base du dernier tour arrondi, quoique anguleux vers la perforation. Ou- verture piriforme, rétrécie au sommet, élargie à la base. Columelle simple, réfléchie; péristome également simple, présentant une petite inflexion au dehors. Bord externe un peu sinueux. Bords marginaux très-rapprochés, réunis par une callosité ornée, dans sa partie médiane, d’un assez fort tubercule. Long., 12 mill. — Diam., 3 mill. Cette espèce habite les Pyrénées; on la rencontre dans les environs de Baréges, des Eaux-Bonnes, des Eaux- Chaudes, de Gabas, etc. La Balia Pyrenaica se distingue de la Balia perversa 1° Par sa taille plus lancéolée, plus grêle, par ses stries plus délicates, surtout sur le dernier tour de spire ; 2% Par sa perforation ombilicale assez développée; 3° Par son ouverture piriforme, rétrécie au sommet, dilatée à la base et ne présentant jamais une ouverture presque ronde, comme celle de la Balia perversa; 4° Par la petite denticulation de sa callosité, située à égale distance entre les deux bords marginaux de l’ou- verture, tandis que dans la perversa la denticulation se trouve toujours près de l'insertion du labre extérieur, etc. Bazra Rayiana, Bourguignat. Testa sinistrorsa, vix rimata, obesa, conico-turrita, tenera, seri- cina, olivaceo-cornea, subtilissime costulato-striata; spira turrita, apice levi, obtusiuseulo; anfractibus 8-9 couvexiuseulis; ultimo basi rotundato; apertura paululuin angulata, fere rotundata ; columella simplice, reflexa; peristomate siniplice, brevissime expauso; margi- TRAVAUX INÉDITS. 555 nibus, callo tenui, juxta insertionem labri externi tuberculum par- vulum emittente, junctis; margine externo vix sinuoso. Coquille sénestre, obèse, fusiforme, fragile, à peine pourvue d’une fente ombilicale. Test d'une couleur cornée- olivâtre, orné de stries élégantes un peu irrégulières et moins délicates que chez les deux espèces précédentes. Spire turriculée, à sommet lisse et un peu obtus. Huit à neuf tours un peu convexes; dernier tour arrondi à la base. Ouverture arrondie. Columelle simple, réfléchie. Péristome un peu anguleux, simple et à peine réfléchi. Bord externe peu sinueux. Bords marginaux très-écartés l'un de l’autre, et réunis par une callosité ornée, vers l’in- sertion du labre extérieur, d’un petit tubercule. Long., 7 1/2 millim. — Diam., 3 mill. Cette espèce, que nous dédions à M. Jules Ray, de Troyes, provient du département de l'Aube; seulement nous ne sayons pas si elle habite les environs de Troyes ou ceux de la Ville-au-Bois-lès-Vendeuvre. La Balia Rayiana se distingue de la Balia perversa par sa taille plus petite, plus obèse, moins élancée; par ses tours de spire moins nombreux ; par sa fente ombilicale presque nulle; par son ouverture presque ronde, à péri- stome un peu anguleux; par ses bords marginaux très- écartés, etc. On séparera encore plus facilement notre Balia Rayiana de la Balia Pyrenaica à sa taille plus petite, moins élan- cée; à sa fente ombilicale presque nulle, tandis que la Bal. pyrenaica est perforée; à son ouverture arrondie ; à ses bords marginaux écartés et non rapprochés; à son tubercule situé près de l'insertion du labre extérieur, et non à égale distance de la columelle et du labre extérieur, comme chez la Balia Pyrenaica. BaLra Sans. Balea Sarsii, Philippi, in Zeitschr. für Malak., p. 8%, 1847. 556 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1857.) — — L. Pfeiffer, Monogr. Hel. viv., t. II, p. 388. 1848. Testa sinistrorsa, subperforata, oblongo-turrita, striatula, nitida, pellucida, olivaceo-cornea; spira acutiuscula; anfractibus 7 cou- vexis; ultimo basi rotundato; columella substricta, paulo rece- dente ; apertura oblongo-semiovali ; peristomate simplice, expansius- culo; margine sinistro sinuoso-dilatato. Coquille sénestre , subperforée, oblongue-turriculée , finement striée, brillante, transparente, fragile, d'une teinte cornée-olivätre. Sept tours de spire convexes. Der- nier tour arrondi à la base. Columelle peu dilatée. Ou- verture oblongue semi-ovale. Péristome simple, un peu réfléchi; bord externe dilaté et sinueux. Long., 6 mill. — Diam., 2 1/4 mill. Habite la Norwége (Sars). Baria DESHAYESIANA. Testa sinistrorsa, vix perforata, conico-turrita, tenera, diaphana, fragillima, subtilissime striatula, olivaceo-cornea ; anfractibus 7-9 convexis ; ultimo basi rotundato; apertura oblonga; columella sim- plice, reflexa ; peristomate acuto, brevissime expanso; margine ex- terno vix flexuoso ; marginibus callo indistincto junctis. Coquille sénestre, à peine perforée (perforation quel- quefois recouverte entièrement par la réflexion de la co- lumelle), conique-turriculée, un peu obèse, fragile, grêle, transparente, sillonnée de petites stries d’une extrème délicatesse. Test d’une teinte cornée-olivâtre, offrant quel- quefois, mais en très-petit nombre, près de la suture, une petite fascie blanchâtre. Sept à neuf tours de spire con- vexes. Dernier tour arrondi à la base. Ouverture oblon- gue. Columelle simple, réfléchie. Péristome aigu, à peine réfléchi. Bord externe peu sinueux; bords marginaux réunis par une callosité à peine sensible. Long., T mill. — Diam., 3 mill. Cette espèce, qui de tout temps a été confondue avec la TRAVAUX INÉDITS. 557 perversa, est assez rare ; nous la connaissons des environs de Troyes, de Paris, etc...; enfin, de l'Italie septentrio- nale et de la Sicile. La Balia Deshayesiana se distingue de la perversa, avec laquelle elle présente le plus de rapports, 1° Par sa coquille plus petite, moins élancée, plus obèse, plus fragile, plus transparente, enfin très-finement striée ; 2° Par ses tours de spire moins nombreux, et surtout par son dernier tour, arrondi à la base et non anguleux, et sillonné de stries fines et élégantes, et non garni de rugosités et de côtes saillantes, comme chez la perversa ; , 3 Par sa perforation petite, arrondie et n’imitant point la fente ombilicale de la perversa ; 4° Par son ouverture un peu plus oblique, par son pé- ristome plus aigu, par sa callosité ne possédant jamais de tubercule, etc. È BALIA LUCIFUGA. Balaea lucifuga, Leach, Mss. Testa sinistrorsa, vix perforata, conico-turrita, fragillima, vitrina, diaphana, nitida, sub lente elegantissime subtilissimeque striatula, coruca ; aufractibus 7-8 convexis, sutura profunda separatis ; ultimo basi rotuadato ; apertura rotundata ; columella parvula, reflexius- cula ; peristomate acuto, simplice; margine externo non flexuoso ; marginibus callo indistincto separatis. Coquille sénestre, à peine perforée, conique-turriculée, d'une extrême fragilité, diaphane, transparente, vitri- noïde, brillante, d'une teinte cornée, et laissant aperce- voir au foyer d'une forte loupe de petites stries élégantes et de la plus grande délicatesse. Sept à huit tours con- vexes, séparés par une suture assez profonde. Dernier tour arrondi à la base. Ouverture arrondie. Columelle petite, réfléchie. Péristome aigu, simple. Bord externe non sinueux ; bords marginaux réunis par une callosité non sensible. 558 REV. ET MAG. DE Z00LOGI£. (Décembre 1857.) Long., 6 mill, — Diam., 2 1/2 mill. Habite, en Angleterre, les environs de Scarborough. La Balia lucifuga de Leach ne peut être rapprochée que de la Balia Deshayesiana, mais on la distinguera de celte espèce 1° A sa coquille plus petite, moins élancée, plus obèse, plus fragile, plus transparente, plus brillante; % A son test presque lisse ou orné de petites stries d’une extrême délicatesse ; 3° À sa couleur cornée-olivâtre uniforme , et n’offrant jamais quelques petites fascies blanchâtres ; 4° À son ouverture presque arrondie, à son péristome simple, aigu, non réfléchi ; 5° A ses tours de spire plus convexes, etc. BaLia FiscHERIANA, Bourguignat. Testa sinistrorsa, rimata, conico-turrito-elongata, tenera, dia- phana, subtilissime striata, olivaceo-cornea; anfractibus 10 con- vexiusculis ; ultimo basi rotundato ; apertura perobliqua, piriformi, dilatata ; columella simplice, paululum reflexa ; peristomate acuto, simplice, brevissime expanso; margine externo vix flexuoso, dilatato; marginibus callo junctis. Coquille sénestre, allongée, conique, turriculée, fra- gile, transparente, très-finement striée, pourvue d'une petite fente ombilicale. Test d’une teinte cornée-olivâtre, offrant eà et là quelques rares petites fascies blanchâtres. Dix tours un peu convexes ; le dernier arrondi à la base. Ouverture très-oblique, piriforme, dilatée en dehors de l'axe spiral. Columelle simple, peu réfléchie. Péristome aigu, simple, à peine dilaté. Bord externe peu flexueux; bords marginaux réunis par une callosité sensible. Long., 10 mill. — Diam., 3 mill. La Balia Fischeriana a été recueillie sur le mont Viso, dans les Alpes. La Balia Fischeriana se rapproche surtout du Balia Pyrenaica et Deshayesiana. TRAVAUX INÉDITS. 559 On la séparera de la Zaliu Pyrenaica à sa coquille moins élancée, moins grêle; à son ouverture dilatée en dehors de l’axe spiral; à sa paroi aperturale, ne possé- dant point de tubercule ; à son dernier tour arrondi et non anguleux, etc. On la distinguera du Balia Deshayesiana à son test plus solide, moins diaphane; à ses stries plus fortes; à ses tours de spire plus nombreux; à sa spire plus élancée, moins obèse; à son ouverture très-oblique, dilatée en dehors de l’axe spiral; à sa columelle moins réflé - chie, etc., etc. BaLia TRISTENSIS. Balea Tristensis, Leach, Mss. — Gray, in Zool. journ., t. I, p. 61, tab. vi, f. A. 1824. Pupa Tristensis, Gray, in Ann. of Phil, vol. 1x, p. #13. 1825. Balea Tristensis, Beck, Index Moll., p. 89, n° 2. 1837. — — L. Pfeiffer, Monogr. Hel. viv., t. El, p. 388. 1848. Testa sinistrorsa, subulata, ovata, fusca.—Long., 10 mill.; diam., 3 mill. Habite la petite île de Tristan-d'Acuhna, au sud de l'océan Atlantique. BALIA VENTRICOSA. Balea ventricosa, Leach, Mss. — Gray in Zool. journ., t. I, p. 62, tab. vi, f. B. 1824. Pupa ventricosa (1), Gray, in Ann. of Phil., & 1x, p #13, 1825. 1) Non Pupa ventricosa, Draparnaud, Tabl. Moll, France, p. 62, n° 21, 1801, qui est la Clausilia ventricosa du mème auteur (Hist, Moll. France, p. 71, t, IV, f, 14, 1805). 360 REV. ET MAG. DE ZO0LOGE. (Décembre 1857.) Balia ventricosa, Swainson, Treat. malac., p. 334. 1840. Balea ventricosa, L. Pfeiffer, Monogr. Hel. viv., €. IF, p. 389. 1848. Testa sinistrorsa, lanceolato-ovata, pallide fusca, — Long., 8 mill.; diam , 3 mill. Habite la petite île de Tristan-d’Acuhna. Telle est la phrase aussi laconique que peu scientifique qui caractérise cette coquille. Malgré tout, d’après ce que nous ayons pu présumer en examinant les figures que Gray a données de cette Balie, ainsi que de la précédente, nous croyons que ces deux Moillusques sont de bonnes espèces. Ici s'arrête la liste des véritables Balia (Baleastra de L. Pfeiffer). Il nous reste maintenant à énumérer les diverses co- quilles inscrites à tort sous le nom de Balea, et que nous n'avons point admises dans ce genre. Ces Mollusques , au nombre de dix-sept, doivent être rapportés aux genres suivants : Temesa, H. et A. Adams ; Megaspira, Lea; Paxillus, H. et À. Adams; Clausilia, Draparnaud ; Cylindrella, L. Pfeiffer ; Bulimus, Scopoli; Tornatellina, Beck. Voici la distribution zoologique qu’il convient d'établir pour chacune de ces espèces. Genre TEMESA (1). 1° TemEsa Funckr, Bourguignat. Balea Funcki, L. Pfeiffer, in Proceed. zool. soc., p. 232. 1847. (1) Coquille ayant toute l'apparence d’une Clausilie, mais ne pos- sédant point de clausilium ni de plis palataux. + ms it dt TRAVAUX INÉDITS. 561 Habite la Nouvelle-Grenade, près de Cachopo. 20 'TEMESA CLAUSILIOIDES, Bourguignal. Bulimus clausilioides, Keeve, in Proceed. zool.soc., p. 96, 1849. Balea clausilioides, L. Pfeiffer, in Zeitsch. Malak., p. 38. 1850. Habite le Pérou, dans les Andes. 3° TEMESA AUSTRALIS, Bourquignat. Balea australis, Forbes, in Voy. Rattlesnake app., p. 380, t. IE, f. 1x. 1851. Habite Port-Molle, dans le nord de l'Australie. 4° TEMESA L1VIDA, Bourguignat. Clausilia livida, Menke, Synops., ed. I, p. 77. 1828. Balea livida, Ressmassler, Iconogr., X, p. 23, f. pexxxv. 1839. Habite la Hongrie. 5° TEMESA GLORIFICA, Bourquignat. Balea glorifica, Parreyss, Mss., in L. Pfeiffer, Monosr. Hel. viv., t. HE, p. 584. 1853. Habite la Transylvanie. G° TEMESA GLAUCA, Bourguignat. Balea glauca, Bielz, in Verhandi. über Mittheil. des sieb. Vereins für Naturw, t. IV. 1853. Habite la Transylvanie. 7" TEMESA LATENS, Bourquignat. Clausilia latens, Frivaldszky, in Zeitschr. f. Malak, p. 149. 1853. Balea latens, L. Pfeiffer, in Malak. Blatter, p. 179. 1855. 2e sénim. Tr. 1x. Année 1857. 36 562 REV. ET MAG. DE Z0OLOGIE. (Déceribre 1857.) Environs de Bukarest. 8° Temesa Newcomei, Bourcuignat. _ Balea Newcombi, L. Pfeiffer, in Proceed. z0ol. soc. 9 déc. 1851. Habite les îles Sandwich. Genre MEGASPIRA. 1° MEGaspiRa ELATIOR, L. Pfeiffer. Pupa elatior, Spix, Test. Bras., p. 20, t. xv, f. 1. 1827. Helix elatior, d'Orbigny, Syn. Moll. Amér., p. 21. 1835. Pyrgelix elatior, Beck, Index Moll., p. 88, n° 1. 1837. Mepaspira elatior, L. Pfeiffer, Symb_ Hist. Hel., IE, p. 130 1842. Balea elatior, L. Pfeiffer, Monogr. Hel. viv., t. II, p. 390. 1848. Habite le Brésil. 2° MEGasprRA RUSCHENBERGIANA, Lea. Megaspira Ruschenbergiana, Lea, Observ. of the genus Unio, IE, p. 91, t. xx, Ê. 101. 1834. Balea elatior, var. B, L. Pfeiffer, Monogr. Hel. viv., t. H, p. 390. 1848. Habite le Brésil. 3° MEGASPIRA ELATA, (rould. Pupa elata, Gould, in Proceed. Bost. soc., p. 197. 1848. Balea elatior, var. +, L. Pfeiffer, Monogr. Hel. viv., t. HI, p. 390. 1848. Megaspira elata, Gould, Exped. shells, p. 91, f. 101. 1851. Habite le Brésil. > TRAVAUX INÉDITS. 563 Genre PAXILLUS. PAxILLUS PEREGRINUS, Bourquignat. Balea peregrina, Gould, in Proceed. Bost. soc., p. 198. 1848. Habite la Nouvelle-Zélande. Nous croyons, d’après les caractères attribués à ce Mol- lusque, que cette espèce doit être comprise dans le genre Paxillus, de H. et A. Adams. — Gould lui-même, qui à établi cette coquille, ne l’a placée qu'avec doute parmi les Balea. & XI have (dit Gould), referred this shell to the genus « Balea with much hesitation, on account of its locality. « It is remarkable for its fusiform, turreted shape, and « for the high walls of its aperture, which rise to a level « with the surface of the shell. » Genre CLAUSILIA. CLausiLiA Fussrana, Bielz. Balea Fussiana, L. Pfeiffer, in Malak. Blatter, p. 179. 1855. Cette coquille habite en Transylvanie, sur les rochers de Kœnigstein, près de Kronstadt. Primitivement établie avec raison sous l'appellation de Clausilia Fussiana, par Bielz, en 1852 (1). Cette espèce a été à tort rangée parmi les Balies par L. Pfeiffer, en 1855. Ce Mollusque présente, en effet, tous les caractères des véritables Clausilies, et possède un Clau- silium. (Cluusilium apice bilobum.) — (Voir, à ce sujet, Rossmassler, Natürl. folgenr. von Balea glorifica bis Claus. plumbea, in Malak. Blatt., p. 201. 1856.) (1) In Verbandi, und Mith, des siebenb, Vereins f. Naturwiss., L NI p. 31. 1852. 8G4 REV. ET MAG. De Z00LOGIE. (Décembre 1857.) Genre CYLINDRELLA. CYLINDRELLA ELONGATA, L. J’,viffer. Turbo elongatus, Chemnitz, Conch. cab , IX, 1,:p. 114, tab. ex, f. 956. 1786. Balea Chemnitziana, Villa, Disp. Sist conch., p. 25. 1841. Habite l’île de la Jamaïque. C'est L. Pfuiffer qui, le premier, a reconnu dans la Balea Chemnitziana de Villa une Cylindrelle, et dans cette Cylindrelle l'espèce établie, en 1786, par Chemnitz sous le nom de Turbo elongatus. {Voir à ce sujet L. Pfeiffer, Symb. ad hist. Hel., I, p. 136, 1842; et Monogr. Hel. viv., €. HE, p. 381, 1848.) CYLINDRELLA ELEGANS, L. Pfeiffer. Cylindrella elegans, L. Pfeiffer, in Wiegm. arch., t. f, p. 42. 1840. Balea truncatula, Villa, Disp. sist. Conch., p. 25. 1841. Habite l'ile de Cuba. Genre BULIMUS. Burimus Dominicensis (1), Bourguignat. Balea Dominicensis, L. Pfeiffer, in Proceed. z0ol. soc., 1850; et Monogr. Hel. viv., t. IF, p. 583, 1853. zulimus Hasta, L. Pfeiffer, Diag. neuer Landsch., in Ma- lak. Blatter, p. #3. 1856. Habite l’île d'Haïti et de Porto-Rico. Cette espèce est celle que L. Pfeiffer avait rangée, en 855 (2). dans la section des Pseudobalea de Shuttleworth. (1) Non Bulimus dominicus de Reeve, qui est également une es- pèce de l’île de Haïti. (2) Versuch ciner anord. d, Helic., ete... in Malak, Blatt., p. 179. 1855. TRAVAUX INÉDIIS. 565 Genre TORNATELLINA. TORNATELLINA TURRITA, L. Pfeiffer. Strobilus turritus, Anton, Verzeich. d. conch., p. 46, n° 1691. 1839. Balea turrita, L. Pfeiffer, Symb. ad Hist. Hel., &. I, p 55. 1842. Habite l’île Opara. Créé d’abord sous le nom de Strobilus turritus par Anton en 1839, sous celui de Balea turrita par L. Pfeif- fer en 1842, enfin sous l’appellation d'Elasmatima subu- luta par Petit en 1843 (1), cette espèce a été définitive- ment classée par L. Pfeiffer, en 1848, dans le genre Tor- natellina (Monogr. Hel. viv., t. I, p. 391. 1848). Avant de terminer cette note monographique relative au genre BaLIA, nous croyons utile de signaler, à titre de renseignement , l’existence (2) de deux espèces sous les noms de Balea castanea et glabra, de L. Pfeiffer. — Nous n'avons pu obtenir aucuns documents scientifiques sur ces coquilles. Nous ne savons pas même si ces Mollusques sont décrits, ou si ces noms ne sont point de simples dé- nominations de collections. Matériaux pour une Monographie des Coléoptères du groupe des Eumorphides, et plus spécialement du genre EUMORPHUS; par M. F. E. GuériIN-MÉNEVILLE. Sommaums.— Travail sur les Eumorphides divisé d’abord en deux parties. — La première faite sur la collection Dejean en 1834. — Elle a paru, en 1857, dans les Archives entomologiques. — La seconde se composant des observations faites depuis cette époque. — Elle ne peut plus être publiée dans les Archives. — Pourquoi. — Réunion des deux parties en un seul travail complet. — Le nom de M. Thomson répété 245 fois, — Il s'est approprié plusieurs (1) In Proceed, z0ol, soc., p. 2. 1813. 2) lu H. et À. Adams, The gen, of recent Moll., vol. I. 1855. 566 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1857.) genres et espèces du manuscrit qui lui avait été confié. — Récla- mation de priorité devant la Société entomologique, — Inconyé- nient grave si un Directeur de journal pouvait s'approprier les trayaux qui lui sont confiés. — Endurcissement. — M. Thomson ne manifeste même pas le regret d’avoir posé un confrère comme son plagiaire. — Impossibilité où il m'a mis de m’abstenir de ré- clamer.— Longanimité. — Article dont la publication a été sus- pendue pendant deux mois. — Descriptions des Archives laissant à désirer. — Un collaborateur l’écrit dans les Ærchives mêmes. — Propriété d’une œuvre scientifique sacrée (1).—Publication de ma première partie retardée.—Pourquoi.— Je suis précédé facilement ainsi. — Plusieurs des geures et espèces de mon manuscrit son publiés avant l'apparition de mon travail.— Erreur de M. Thomson voulant faire sa propriété d'une espèce appartenant déjà à deux autres, — Eumorphus hamatus redécrit. — Autre erreur par la- quelle, en voulant s'approprier quatre genres, où n’en prend réel- lement qu'un. — Piége involontairement tendu. — On y est malheureusement tombé. — Genre Cacodæmon mal fait ct à sup- primer. — Le Cacodæmon Hopei n’en était pas un. — Les Caco- dæmon Cerberus, Satanas et Lucifer décrits à la hâte et mécon- naissables. — Corselet du Cerberus ayant deux épines en avant dont une en arrière. — Deux hommes dont une femme, etc. — L'esprit Know-Nothing. — Je n’ai tenté de prendre à M. Thomson ni genres ni espèces. — Au contraire. — Nouvelle classification des Eumorphus ; tableau. — Histoire du groupe des Eumorphides. — Mention des genres et espèces conous et description de ceux qui sont nouveaux. Le travail que nous donnons aujourd'hui était prêt de- puis longtemps, mais sous une autre forme. C'était la se- conde partie de celui qui a été publié, sous le même titre, dans les livraisons 7 et 8 des Archives entomologiques, et il devait se composer des observations que nous avons pu faire sur les Eumorphides depuis la rédaction de notre première partie, que nous avions donnée telle qu’elle avait été écrite en 1834 et d’après la collection Dejean. Un fait qui ne pouvait être toléré est venu nous forcer de modi- fier notre plan, en nous empêchant de donner suite à ce projet. Ce fait, que les naturalistes qualifieront après avoir (1) Voir Le Règne animal de Cuvier, 1® édit., p. xxix. TRAVAUX INÉDITS. 567 pris connaissance de ce qui va suivre, a rendu impossible la publication de notre seconde partie dans le recueil où se trouve la première. En la publiant, sous la même forme, dans notre Revue, nous aurions obligé les entomo- logistes qui n’ont que notre journal à consulter aussi les Archives, ouvrage de luxe qui n'est pas à la portée de toutes les fortunes (1), nous avons évité cet inconvénient en réunissant ces deux parties par une refonte complète des matériaux qui les composaient et dont ceux de la pre- mière dataient de 1834, et nous en avons formé un tout que nous avons mis, autant que cela nous a été possible, au courant de l’état actuel de la science. Le fait qui nous a forcé de prendre cette détermination paraîtrait peu important à des personnes étrangères à la science; mais il en est autrement pour toutes celles qui s'occupent d'histoire naturelle, et, quoiqu'il ne s'agisse que d'animaux de petite taille, d’Insectes inutiles, il n’en constitue pas moins une véritable atteinte à la propriété scientifique, ainsi qu’on va en juger par les passages sui- vants de la réclamation de priorité que nous avons adres- sée à la Société entomologique de France le 23 décembre 1857 : « Le 1* juin 1857, en partant pour le Midi où j'allais (1) En voyant avec quelle prodigalité le nom de M. Thomson est répété en toutes lettres dans ce recueil, on serait tenté de croire qu'il y a un parti pris de le faire arriver à la postérité quand même. On le trouve 245 fois dans les neuf livraisons parues jusqu'à ce jour (25 décembre 1857), ce qui absorbe 1,715 lettres, qui eussent pu être employées plus utilement pour la science si on les avait consacrées au perfectionnement de descriptions qui laissent tant à désirer. A quoi bon mettre ainsi son nom, même en abréviation, à tous les geures et à toutes les espèces créés dans un recueil que l'on signe ? Les lecteurs savent bien que les noms d'animaux qui ne sont pas suivis de celui de l’auteur de ces noms sont nouveaux et appartien- nent au savant qui a signé Je recueil ou le mémoire, Si Linné ou Fabricius en avaient agi ainsi, leurs ouvrages auraient été doublés de volume sans profit pour la science. 568 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1857.) continuer mes travaux d’entomologie appliquée, je con- fiais à notre collègue M. Thomson le manuscrit d’un tra- vail rédigé en 1834, sur la collection Dejean, et ayant pour titre : Matériaux pour une monographie du groupe des Eu- morphides, manuscrit que M. Thomson m'avait demandé pour l’insérer tel qu’il était, et avec mention de la date de sa rédaction (1834), dans ses Archives entomologiques. « Par des motifs que je m’abstiens de rechercher, la publication de mon travail a été ajournée, et il n’a paru qu’en octobre et novembre dans les livraisons 7 et 8 des Archives. « Avant cette époque et pendant qu'il était possesseur de mon manuscrit à titre de dépositaire, M. Thomson a inséré dans sa 6° livraison, en août 1857, p. 153 à 157, une notice dans laquelle il a publié, en son nom, des des- criptions de quelques genres et espèces empruntées à mon manuscrit. « Il résulte de là que, ces genres et espèces figurant dans mon travail, publié postérieurement, et s'y trouvant inscrits sous mon nom, les lecteurs des Archives entomolo- giques et le public croiront que j'ai voulu les prendre au travail de M. Thomson pour me les approprier. « De plus, et pendant que nous attendions le jugement de confrères qui avaient bien voulu consentir à examiner ce différend en qualité d’arbitres amiables, M. Thomson, rompant cette sorte d’armistice, a cru devoir profiter des renseignements qu'il a trouvés dans les pièces du débat, que je lui avais loyalement communiquées, pour rectifier les erreurs que j'avais signalées dans son travail, relati- vement à son genre Cacodæmon et à son Cacodæmon cer- berus. (Voy. Archives, 9° livraison, p. 340.) « Ce procédé, aussi blessant pour MM. les arbitres que pour moi, est de nature à rompre toute négociation entre nous en me dégageant entièrement, et je viens vous prier de porter ces faits à la connaissance de nos collègues, pour qu’il soit bien établi, contrairement à ce qui semble TRAVAUX INÉDITS. 569 ressortir des publications faites dans les Archives entomo- logiques (n°° 6,7, 8 et 9), que je n'ai emprunté à ce recueil, pour les publier en mon nom, aucun genre et aucune es- pèce d'Eumorphides. « Directeur d’un recueil scientifique pour lequel des manuscrits me sont journellement confiés, je dois, plus que personne, établir que de tels emprunts ne doivent jamais être faits, car, si je tolérais un semblable procédé, les auteurs qui m'apportent leurs travaux seraient autori- sés à penser que je suis disposé à en faire autant à leur égard. « Je joins à cette lettre, comme pièce à l'appui seule- ment, une épreuve de l’article que j'avais préparé pour ma Revue zoologique, et dont j'ai suspendu la publication depuis deux mois par condescendance pour les honora- bles confrères qui ont essayé d'engager M. Thomson à manifester quelque regret de la singulière position de plagiaire qu'il m'a faite. J’espère qu’ils ont reconnu que j'ai montré le sincère désir de seconder leurs vues toutes bienveillantes, puisque j'ai poussé cette condescendance jusqu'à admettre, contrairement à tous les usages des na- tions anciennement civilisées, que M. Thomson choisisse pour ses arbitres un de ses parents et une personne liée d'intérêts avec lui. Je le répète, la publication faite par M. Thomson de son article de la 9° livraison des Archives, p. 340, est un fait si inattendu, qu'il rend un plus long ajournement de ma réclamation de priorité impossible. » Voici l’article dont nous avons suspendu la publica- tion pendant deux mois, montrant ainsi une Jlonganimité qui sera approuvée par tous les naturalistes impartiaux, amis, comme nous, de la bonne harmonie qui devrait toujours régner entre les hommes occupés des mêmes études. « Sous le titre d'Archives entomologiques, un jeune ama- teur d'insectes, plein de zèle et d'amour passionné pour les Coléoptères, publie, avec un grand luxe de planches, 510 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE, (Décembre 1857.) des descriptions de Coléoptères nouveaux ou présumés nouveaux, et il à admis dans ce recueil quelques notices dues à d’autres entomologistes. Nous n'avons, en général, que des éloges à donner à cet ouvrage, tout en approuvant cependant les observations si modérées et si sages faites par l’un de ses collaborateurs (p.201) sur ce que les des- criptions de M. Thomson laissent à désirer, et nous le considérons toujours comme très-utile à l’entomologie, puisqu'il contient d'admirables figures dues au pinceau de dessinateurs entomologistes du plus grand mérite, qui suppléent à cette insuffisance du texte. « Si cet ouvrage est utile à l’entomologie sous ce point de vue, il présente quelques inconvénients qu'il suffira de signaler pour qu'ils ne se produisent plus. En effet, son auteur, certainement mû par un zèle scientifique excessif, a cru faire une chose très-licite en copiant, dans un manu- scrit que nous lui avions confié pour être publié dans son recueil, la description de plusieurs genres et espèces pour les faire paraitre ayant nous comme lui appartenant, ainsi qu'on peut s’en convaincre en comparant, dans les livrai- sons 6 et 8 des Archives entomologiques, la page 154 à la page 255, et surtout la page 157 aux pages 261, 271 et 276. « Comme la propriété d’une œuvre scientifique est aussi sacrée que celle d'une œuvre littéraire, artistique ou in- dustrielle, nous aurions le droit de demander judiciaire- ment une réparation. Nous ne le ferons pas; mais, comme il importe cependant que les savants ne puissent penser que nous avons pillé M. Thomson, nous sommes obligé, en faisant un examen critique, comme c’est notre devoir de journaliste, du mémoire dans lequel M. Thomson s’est approprié une partie de notre travail, de signaler les in- convénients de ce fait. « Lorsque M. Thomson nous a demandé pour ses Archi- ves entomologiques, vers la fin de mai 1857, les études que nous avions faites avant 1834 sur les Eumorphides de la TRAVAUX INÉDITS. 571 collection Dejean, nous lui avons remis avec confiance notre manuscrit, qu'il devait publier pendant notre ab- sence et tel qu’il avait été rédigé alors. Cette publication n'ayant pu se faire à cette époque a eu lieu récemment, et notre travail a paru (vers le 10 novembre 1857 et sous la fausse date du 1% juin) dans ses 7° et 8° livraisons. « Avant cette époque, et pendant qu’il était possesseur du manuscrit que nous lui avions confié, il a publié dans sa 6° livraison, et sous le titre de Description d'un genre nou- veau de la famille des Eumorphides et de quelques espèces qui rentrent dans cette division, une notice dans laquelle il a fait entrer quelques genres et espèces pris dans notre manuscrit. « Faisant volontiers le sacrifice de cette propriété, nous ne l’aurions peut-être pas réclamée, mais il nous est im- possible de ne pas signaler de suite les inconvénients de cette prise de possession, qui a été effectuée d’une ma- nière très-malheureuse. En effet, en faisant paraître sa Note avant notre travail, dont elle est en partie extraite, il en résulte que les genres et espèces que nous décrivions le premier, quand nous lui avons confié notre manuscrit, sont réellement publiés par lui*avant nous, et qu’en les laissant figurer en notre nom dans notre travail nous avons l'air de nous les être maladroitement appropriés comme plagiaire. ‘ « Ainsi, quand nous décrivons, à la page 255 des Archi- ves, l Eumorphus Hopei, à la suite du nom duquel M. Thom- son à mis, à la dernière épreuve et sans notre concours, ces mots : Thomson, Arch. ent., X, p. 154 (ainsi qu'il l'a fait aussi pour les genres Olenus , p. 261: Quirinus, 271 ; Orestia et Leiestes, p. 276), nous avons l'air de lui faire un vrai larcin, puisque cet Insecte est publié par lui, deux mois avant, à la page 15% du même recueil , et tout ento- mologiste sérieux qui citera cette espèce devra mettre : Eum. Hopei, Thomson. Il en serait de même de notre Eumorphus hamatus S'\ n'était pas, heureusement, publié 572 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1857.) depuis 1834, dans notre Zconographie du Règne animal (texte p. 316, pl. , fig. 7), ce à quoi M. Thomson n’a pas songé en se l’attribuant avec un peu trop de précipitation. Du reste, il était impossible que cette pauvre espèce de- vint sa propriété légitime, et, quand même elle n'aurait pas été publiée par nous depuis 1834 , il n'aurait encore pu se l’approprier, car elle avait été redécrite, en 1843, par Germar, sous le nom d’Amphisternus inæqualis; dans l'Encyclopédie allemande des sciences et des arts, vol. XXXIX, p.8# (1843). Il y a donc, relativement à cette espèce, deux tentatives non suivies d’effet , et qui n’ont échoué que par des circonstances indépendantes de sa volonté et de celle de Germar. « Quant aux quatre genres dont il a copié les insuffisan- tes diagnoses dans notre manuscrit, ils constituent encore, sauf un (le genre Quirinus), une tentative avortée. En effet, quand nous avons rédigé une description sommaire de ces coupes, elles étaient toutes inédites. Depuis, elles ont été caractérisées et publiées par M. Redtenbacher, comme nous l'indiquons dans la seconde partie de nos matériaux. En les laissant, dans le premier manuscrit, telles qu’elles existaient à l'époque où nous avons fait nos observations sur la collection Dejean, nous avons involon- tairement tendu un piége que nous regrettons sincère- ment, car, si M. Thomson n'avait pas cru, par notre faute, ces genres tout à fait nouveaux, il n'aurait peut-être pas songé à se les approprier en les extrayant de notre travail pour les mettre dans le sien. « Son genre Cacodæmon, si fàcheusement mort-né, devra être supprimé, car, sauf son ou notre Eumorphus Hopei, qui n'entre pas dans cette coupe, les quatre autres espèces qu'il y range appartiennent au genre Amphis- ternus de Germar. Nous dirons même, en passant, qu'on ne peut attribuer qu'à l'extrême précipitation que M. Thom- son a mise dans son travail l'étrange inadvertance qui lui fait placer en tête de son genre Cacodæmon, caractérisé, TRAVAUX INÉDITS. 573 ainsi que l’avait fait Germar , par la saillie prosternale br- furquée, cet E. Hopei, qui a un prosternum entier et sans bifurcation ni échancrure , sans compter d’autres carac- tères dont nous parlons dans notre seconde partie en en constituant un sous-genre particulier composé de plusieurs espèces. « Quant à ses Cacodæmon (Amphisternus , Germ.), Cer- berus, Satanas et Lucifer, il les a également décrits un peu trop à la hâte, et il serait difficile de les reconnaître si de nouvelles descriptions n’en étaient pas faites. Ainsi, pour ne citer ici qu'un exemple parmi les nombreuses rectifica- tions que nous avons été obligé de faire et qui se trouvent dans le manuscrit de notre seconde partie, nous dirons que tous les entomologistes qui possèdent son C. cerberus seraient obligés de le décrire comme nouveau s'ils s’en rapportaient à sa description, car ils croiraient que le sien a deux épines à chaque angle antérieur du corselet et une épine à chaque angle postérieur, tandis qu’en réalité ce corselet n’a d’épines ni aux angles antérieurs ni aux an- gles postérieurs, mais seulement une épine de chaque côté, insérée près des bords du corselet, un peu en dessus et près des angles antérieurs, ce qui est très-différent, comme nous le montrons dans une figure de notre se- conde partie. Que diront les entomologistes en lisant dans sa description (p. 155) : « Deux longues épines très-minces prenant naissance aux angles latéraux antérieurs de ce dernier (le prothorax), non loin de la suture, dont la pre- mière ANTÉRIEURE, la seconde POSTÉRIEURE ? Ils se de- manderont avec nous : Qu'est-ce que c’est que deux épines prenant naissance aux angles latéraux antérieurs du cor- selet, non loin de la suture? Est-ce qu’il y a deux épines à chaque angle antérieur ? est-ce qu'il y a d’autres angles antérieurs que les angles latéraux? est-ce qu'il y a une suture au corselet comme aux élytres ? Comment se fait-il que sur ces deux épines de chacun des angles antérieurs il ven ait une postérieure? C'est comme si l'on disait avoir 374 REV. ET MAG. DE Z00L0G1E. (Décembre 1857.) rencontré deux hommes dont une femme, être monté dans deux greniers dont une cave, etc., etc. « Nous nous arrêtons là, car il en est à peu près de même des autres descriptions , comme nous le démontrons dans notre seconde partie, et il serait trop long de mentionner ici toutes ces inexactitudes. En voyant comment ce diabo- lique genre Cacodæmon est traité, on pourrait craindre que tous ceux que l’on doit déjà à cette plume si féconde et si active ne fussent dans le même cas. Espérons qu'il n’en sera rien et que l’auteur aura suivi, en les faisant, les sages avis que nous et ses autres amis nous nous sommes permis souvent de lui donner en essayant de calmer un peu cette fougue juvénile, cet excès de séve entomolo- gique, en l’engageant, en un mot, à ne pas tant produire, et surtout à ne pas apporter, dans ses travaux et dans ses relations avec ses confrères, ce que d’autres appelleraient cet esprit Ænow-nothing de la plupart de ses compatriotes de l’autre monde (des États-Unis), qui engage à aller vite et de l'avant n'importe comment. « En publiant ces observations critiques, nous avons eu seulement pour objet de constater que nous n’avons tenté de prendre à M. Thomson ni genres ni espèces en donnant un travail, que nous sommes Join de regarder comme parfait, sur le grand genre Eumorphus. » Après avoir donné cet avertissement tout paternel à un jeune entomologiste moins âgé que notre fils, nous nous hâtons d'ajouter que nous ne lui conservons aucune ran- cune, et que nous sommes prêt à l'aider encore en conti- nuant de lui donner nos avis et de lui communiquer notre collection, notre bibliothèque et nos notes de plus de trente ans, comme nous nous en sommes toujours fait un devoir à l'égard des nombreux naturalistes qui nous ont paru animés du désir de concourir aux progrès de la science. Si nous avons été obligé de réclamer, afin de ne pas passer pour un plagiaire, nous ne nous y sommes dé- cidé qu'après avoir toléré plusieurs faits antérieurs, que TRAVAUX INÉDITS. 575 nous pouvions excuser parce qu'ils ne nous nuisaient pas au point de vue scientifique et n'étaient que le résultat d'une nationalité qui n’y voit rien que de très-naturel. En modérant cette ardeur à décrire vite et beaucoup, ce que l’âge fera, du reste, trop tôt, en remarquant que ce n’est pas la quantité des travaux qui en fait la valeur, M. Thom- son pourra devenir une des lumières de l’entomologie, et il le devra peut-être à la sévérité qu’il nous a forcé de dé- ployer aujourd’hui et dont il nons remerciera alors. Ceci dit, nous allons nous occuper du genre Eumor- phus, cause innocente de cet incident. Quand Weber a fondé le genre Eumorphus (1), en 1801, il ne connaissait qu’une seule espèce rapportée de Suma- tra par Daldorf, et il lui a donné le nom de £. Sumatre. Fabricius, qui a adopté le genre de Weber, dans son Sys- tema eleutheratorum publié dans la même année , y a rap- porté deux espèces {(E. immarginatus et marginatus), et il a confondu l'E. Sumatre de Weber avec son E. immar- ginatus, sans donner d’autre raison que sa simple volonté. Depuis Fabricius, les collections se sont accrues d’un assez grand nombre d'Eumorphes découverts à Manille, à Java, à Singapore, à Ceylan, dans l’Assam, etc., sans par- ler des Insectes que l’on réunissait à ce genre, et qui pro- viennent du Sénégal, de Madagascar et de l'Amérique méridionale, ce qui nous a permis de rapporter, avec quelque probabilité, plusieurs de ces espèces à celles de Fabricius. Si l'on ne savait pas avec quelle légèreté les auteurs qui nous ont précédé notaient les localités des in- sectes qu'ils ont décrits, et si l’on était bien sûr, par exemple, que les £umorphus indiqués par Weber et Fa- bricius sont réellement de Sumatra et de la Nouvelle-Hol- (1) Nous annoncions une Monographie de ce genre dans le texte de l’Iconographie du Règne animal, Ins., p. 316, ouvrage publié de 1829 à 1844, et notre planche représentant les Trimères est datée de 1834. C2 \ 516 REV. ET MAG. DE Z00LOGIE. (Décembre 1857.) lande, on ne devrait pas leur rapporter les espèces positi- vement propres à Java; mais tout le monde connaît le peu d'importance attachée, par certains voyageurs, à la localité précise des objets qu'ils recueillent; et l’on a vu, de nos jours, des naturalistes donner comme du Bengale des In- sectes pris à l’île de France et confondus, dans leurs boi- tes, avec ceux du continent indien, ou attribuer à une pe- tite île de la mer du Sud, Vanikoro, par exemple, une foule d'espèces prises sur divers autres points. C’est ainsi que les personnes qui ont travaillé d’après la collection de Labillardière ont rapporté à la Nouvelle-Hollande des Insectes qui ne portaient pas d'indications de localités, quoiqu'ils pussent tout aussi bien avoir été pris à Java, aux îles Moluques, etc. En voulant établir le Synopsis suivant, nous avons été assez embarrassé au sujet de VE. marginatus de Fabricius, décrit par cet auteur et presque en même temps par Oli- vier, d'après les individus de la collection Labillardière. Nous avions des doutes au sujet de cette espèce, en voyant que M. Dejean avait cru devoir en distinguer quelques in- dividus sous le nom de l'£. rotundipennis, et nous pen- sions que sa distinction était motivée sur des caractères positifs ; mais, comme sa collection était alors en vente et qu'il avait fermé son cabinet aux entomologistes, nous ne pouvions voir en quoi consistait la différence entre ces deux espèces, ne trouvant, dans les collections de Paris, aucun autre individu rapporté à l'E. marginatus de Fa- bricius. , Pour essayer de lever nos doutes, nous nous sommes rendu au Muséum, afin de voir si, parmi les débris de la collection de Labillardière, donnés à cet établissement par M. Turpin, il n’y aurait pas quelques restes de l'E. marginatus, type des descriptions de Fabricius et d'Oli- vier; mais nous n'avons rien trouvé. Nous avons vu la collection de M. Chevrolat, dans laquelle il y a un Æ. mar- ginatus provenant du cabinet d'Olivier, et nous avons re- m TRAVAUX INÉDITS. 577 connu avec lui que cet insecte ne différait nullement de plusieurs E. rotundipennis communiqués par M. Chevro- lat à M. Dejean, et étiquetés de la main de cet entomolo- giste. Tous ces insectes, et plusieurs individus de tailles un peu différentes que nous avons étudiés dans les collec- tions de MM. Buquet, Reiche et Hope, se sont trouvés identiques pour les caractères spécifiques et ne différaient en rien, surtout les moins grands, de la figure de l'E. marginatus donnée par Olivier, en sorte que nous avons dû en conclure qu’ils ne faisaient qu’une seule et même espèce. Nous avons fait plus à cette époque : malgré la clôture de la collection de M. Dejean, nous avons tenté de la voir, et, sur notre prière, cet entomologiste a eu l'extrême complaisance de nous l’ouvrir un instant, ce qui nous a mis à même de constater que l'unique individu qu’il rapporte à l'E. marginatus de Fabricius n’est qu’une variété un peu plus petite de son E. rotundipennis, de forme un peu ovalaire, avec la dilatation des élytres un peu plus allongée en arrière, le corselet un peu plus étroit en avant, et les quatre taches jaunes un peu moins larges. Comme ces faibles différences se trouvent chez d’autres individus que nous avons sous les yeux, et qu’elles s’effa- cent insensiblement des plus petits aux plus grands, nous avons été tout à fait certain de l'identité des deux espèces. Ayant observé que tous les individus de l'E. margina- tus avaient le milieu des élytres relevé en bosse à la su- ture, que leurs jambes antérieures étaient arquées à la base, avec cette portion comprimée ct tranchante au côté externe, que leur côté interne offrait au milieu une forte épine, et que leur abdomen était terminé par un large segment transverse, nous avons pensé que c'étaient des individus mâles. Nous avons été confirmé dans cette opi- nion en remarquant que chez les autres espèces, dans des individus pareils pour la forme et les couleurs, il s’en trouve à jambes armées et à jambes inermes, ce qui dis- tingue les sexes. Nous avons voulu ensuite chercher si l’on 2° ski. 7. 1x, Année 1857, 47 518 REV. ET MAG. DE Z00LOGIE. (Décembre 1857.) connaissait des femelles d'Æ. marginal: ; mais, sur vingt- huit individus vus dans diverses collections, nous n’en avons trouvé aucun qui n'ait pas l’épine des jambes anté- rieures et le dernier segment abdomiaal transverse et large. Soupçonnant qu'une autre espèce, très-voisine pour la forme, mais sans élévation au milieu des élytres, pourrait bien être la femelle cherchée, nous en avons examiné aussi, dans diverses collections, vingt-trois individus tous semblables et constituant l'£. epidedus «les collections, et nous avons trouvé qu'ils ont tous les jambes antérieures simples et sans épines, les élytres non élevées au milieu, et que leur abdomen est terminé par un segment plus long que large. Ces deux espèces se trouvent à Java; on en reçoit tou- jours en égale quantité dans les collections qui viennent de ce pays; les uns sont toujours des mâles, les autres toujours des femelles, en sorte qu’il est permis de con- clure que ce sont les deux sexes d'une même espèce, et que tout porte à croire que l'observation directe confr- mera cette prévision. Nous avons donc réuni, sous le nom d'Æ. marginatus, Vabricius, les Æ. rotundipennis et ept- pedus des catalogues et des collections. La différence dans la forme du dernier segment de l'abdomen, suivant les sexes, n'est pas seulement propre à VE. marginatus ; on l'observe dans toutes les espèces; seulement , entre celles qui n'ont pas les élytres dilatées, la différence consiste en une échancrure au milieu de ce segment chez les mâles, tandis que les femelles l’ont tout à fait arrondi. Le premier travail sérieux qui ait été publié sur ce groupe est l’article Æus10rphus, donné par Germar dans un vaste recueil allemand intitulé : Encyclopédie allemande des sciencus et'des arts, ouvrage formant déjà 120 volumes in-4°, publiés, à Leipsig, sous la direction de MM. Ersch et Gruber (Allzemeine Encyclopædie, ete.). PA TRAVAUX INÉDITS. LE TA .#AN (979 C'est en 1843, dans le volume 29 de ce recueil, page 8# et suivantes, qu'on trouve ce remarquable article. Germar le termine par un tableau dans lequel sont caractérisés plusieurs genres, auxquels il a conservé, avec raison, les noms que leur avait provisoirement imposés M. Chevrolat dans le catalogue de a collection Dejean. En partageant les espèces du genre Eumorphus en deux coupes caracté- risées par la forme du sternum , simple chez l'une, bifur- qué chez l’autre, il a été conduit à la création d’un nou- veau genre pour le groupe à sternum bifurqué, genre qu'il a nommé Amphisternus et qui correspond à une par- tie de celui que M. Thomson a cru établir récemment sousle nom de Cacodæmon. Le type de ce genre, que Ger- mar a décrit sous le nom d’Amphisternus inæqualis, n’était pas nouveau à celte époque, et nous l’avions fait con- naître antérieurement dans l'Zconographie du règne animal, en adoptant pour elle le nom qu’elle portait dans le cata- logue de Dejean. C'est encore ainsi que Germar a carac- térisé les genres Agcylopus (Ancylopus), Dapsa, Lycoper- dina, Epipocus, Stenotarsus, et qu'il a placé le genre En- domychus à la fin de cette série. Une seconde époque pour la classification de ce groupe est celle du travail de M. Mulsant sur sa tribu des Sulei- colles , publiée, en 1846, dans son Histoire naturelle des Coléoptères de France. Malheureusement ce travail, ne por- tant que sur une faune locale, ne peut avoir le caractère d'une classification définitive, et nous devons lui appli- quer ce que nous disions dans l’Avant-propos de notre Entomologie de l'ile de Cuba, p. x (1), et, en 1844, dans cétte Revue, p.202, du travail de M. Redtenbacher et du droit qu'il avait de le publier, quoiqu'il sût que M. Mul- sant s'occupait du même sujet. (1) Histoire physique, politique et naturelle de l'ile de Cuba, par M. Ramon de la Sagra. — Animaux articulés, par M. Guérin-Méne- ville, In-8°, atlas in-fol,, Paris, 1857. 580 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1857.) Nous en dirons autant de la classification du même groupe donnée par M. John L. le Conte, pour la faune des États-Unis, et qui a paru, en 1854, dans le volume VI des Proceedings of the Academy of natural sciences of Phi- ladelphia, séance du 98 juin 1853, p. 397 et suivantes. Nous devons borner à ces indications la partie histo- rique de ces matériaux, Car, ayant renoncé à faire une Monographie du groupe des Eumorphides, et n’ayant pour objet que d'utiliser des travaux préparatoires qui nous ont pris beaucoup de temps et que nous ne voulons pas per- dre, nous ne donnerons ici que les portions terminées de ces matériaux. Nous renonçons donc à chercher, à faire traduire et à discuter certains mémoires dont nous avons seulement l'indication dans nos notes, tels, par exemple, que des observations insérées dans le Magasin de zoologie de Wiedemann, band I, stuk 1, p. 72, sur les espèces voi- sines de l’Eum. cruciger de Latreille; une note de Gistl, dans l'Isis; d’Illiger, dans son Magasin d'entomologie, t. IE, part. un, p. 160, et t. II, p. 223 ; de M. Ach. Costa, dans sa Faune du Vésuve, etc., p.158 ; de Melsheimer, sur diverses Lycoperdina, dans les Proceedings Acad. Phila- delph., NI, 176, etc. Quoique nous ayons étudié presque tous les genres et beaucoup d'espèces d'Eumorphides dans la collection De- jean d’abord, et ensuite dans celles de nos amis de Paris et de Londres, notre travail n’est pas assez avancé pour donner lieu à une classification d'ensemble. Cependant nous croyons être arrivé à quelque chose de plus satisfai- sant pour le grand genre Eumorphus proprement dit, com- posé d'espèces de l’ancien continent, et nous l'avons sub- divisé en plusieurs genres secondaires basés sur des ca- ractères organiques et surtout sexuels très-faciles à saisir, ainsi qu'on en jugera par le tableau suivant. TRAVAUX INÉDITS. Genre Eumorraus, Weber et Fabricius. L Prosternum étroit. 1. Prosternum entier à l'extrémité. A. Cuisses simples. a. Jambes antérieures armées chez les mäles. 1. Jambes antérieures des mâles portant des carènes longitudi- nales obliques. * Élytresélevées en bosse au milieu chezlesmäles, ettrès-dilatées . aux bords.(G.Eumorruus, Web.). Elytres des deux sexes sans élévation, peu dilatées aux bords. (G. Eu- MORPHOIDES)...,...,... 2. Jambes antérieures des mâles sans . carènes sensibles. * Élytres un peu dilatées aux bords. (G. Enaisimus.)....,.,......... “ Élytres sans dilatations marginales. (G. Hapcomorpuus.)........ b. Jambes antérieures et intermédiaires armées dans les mâles. (G. Here- RANDRUS.)..... Sosses terne . B. Cuisses fortement en massue. Jambes antérieures simples chez les mäles ; les intermédiaires et pos- térieures armées ou épaissies à l'extrémité, (G.RuAcuwDoruonus.) I. Prosternum bifurqué à l'extrémité, (G. AMPHYSTENNUS, Germ.)..,.. IL. Prosteroum large et arrondi à l’extré- imité, (G. HomALOsTERNUS,).,.,,.,,.., Marginatus, Fabr. Dilatatus, Perty. Tetraspilotus, Hope. Columbinus. Lætus. Circumcinctus. Dehaanii. 4 notatus. Thomsonii. 4 verrucosus. 4 maculatus. Westwoodi. Spenci. Sanguinipes. Bipunctatus, Perly. ? Kirbyanus, Latr. ? Dussumierti. ? Westermannii. ? Immaculatus, Montr. 4 guttatus. Confusus. Mniszechi. Hopei, Thoms. Latreillii. 4 signatus. Chevrolatii. Hamatus. Satanas. Cerberus, Thoms. Lucifer, Thoms. Tuberculatus, Germ. ? Herklotsii. Hardwickii, Hope. ? Perottetii. 582 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1857.) II. SOCIÉTÉS SAVANTES. ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS. Séance du T décembre 1857. — M. Elie de Beaumont en- tretient l’Académie des gisements de fossiles végétaux et ani- maux du col des Encombres, en Savoie, qu'il a visité, l’année dernière, en compagnie de M. le professeur Ange Sismoxpa, de Turin. Après avoir reproduit une lettre du savant académicien piémontais , en date du 3 décembre 1857, à la suite de laquelle se trouvent des listes complètes des nombreux fossiles observés dans cette localité, M. Elie de Beaumont fait des remarques du plus haut intérêt sur ce gîte fossili- fère, découvert par M. Sismonda et dont il a toujours parlé trop modestement, ce qui avait empêché M. Elie de Beaumont d'apprécier toute l'importance de cette décou- verte. Nous avons déposé sur le bureau notre Mémoire sur trois espèces d'insectes hémiptères du groupe des Punaises aquatiques , dont les œufs servent à faire une sorte de pain nommé hautlé au Mexique. Des extraits de ce travail, dont la lecture n’a pu avoir lieu à temps par suite d’un malentendu, ayant été publiés au Moniteur et dans quelques autres journaux, MM. les secrétaires perpétuels ont jugé à propos de ne donner que son titre aux Comptes rendus de l'Académie. Il en a été question dans cette Revue p. 522. Séance du 1% décembre. — M. Savoyen, de Moutiers (Savoie), adresse un mémoire intitulé : Nouvelles études sur la dégénération physique et morale de l'homme. Séance du 24 décembre. — M. Elie de Beaumont commu- nique une lettre de M. Agassiz par laquelle ce savant lui fait connaitre le contenu des deux premiers volumes d’un grand ouvrage qu'il va publier en Amérique. « Après un séjour de plus de dix ans aux États-Unis, je viens enfin de mettre la dernière main à deux volumes SOCIÉTÉS SAVANTES: 583 qui renferment la première partie de mes observations , sous le titre de Contributions of the natural History of the United States , et je compte à l'avenir publier un volume semblable par an, jusqu'à ce que j'aie épuisé les maté- riaux que j'ai réunis. Je vous ai déjà expédié ces deux vo- lumes la semaine dernière, et je viens aujourd'hui vous prier de les offrir de ma part à l'Académie. J’éprouve une satisfaction bien grande de pouvoir enfin adresser quel- .que chose de nouveau à mes confrères d'Europe, et j'ose éspérer que ces premiers volumes seront bien accueillis destnaturalistes. Dans tous les cas, la liste de mes sou- séripteurs prouvera, à ceux quiseraient enclins à en douter encore, que l'étude des sciences naturelles est en faveur aux États-Unis , et je puis ajouter que le nombre de ceux qui s'y vouent sérieusement s'accroît chaque jour, et que nous avons déjà plusieurs observateurs dont les travaux né manqueront pas de contribuer au progrès dela science. « Permettez-moi d'ajouter quelques mots sur le contenu de mon ouvrage. Convaincu que c'est par Pétude du dé- veloppement des animaux que l'on peut espérer de faire faire les progrès les plus rapides à la zoologie et à la pa- léontologie, je me suis surtout appliqué, depuis que je suis dans ce pays, à étudier l'embryologie des animaux que j'ai eu l’occasion d'observer avec le plus de suite, en choisissant surtout les types que les zoologistes d'Europe ne sauraient rencontrer près des grands centres scientifi- ques. Mon second volume renferme déjà la description d'un grand nombre d’embryons et de jeunes Chéloniens qui n’ont point encore été observés, et dont la comparai- son, sur une échelle aussi étendue, m'a fourni de précieux renseignements pour la classification des Chéloniens. « La première partie du I‘ volume contient, dès à pré: sent, un résumé de toutes mes recherches. Je crains bien que plusieurs de mes propositions ne paraissent hasardées ; je prie cependant les naturalistes qui les liront de vouloir 584 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1857.) bien prendre en considération ce fait, qu’elles sont basées sur dix années d’études inédites et que mes prochains volumes sont destinés à fournir les preuves des résultats que j'ai énoncés dès à présent. Il est un point sur lequel je tiendrais surtout à appeler l'attention des naturalistes, c'est que je crois être sur la trace de principes qui ten- dront à éliminer de plus en plus ce qu’il y a eu jusqu'ici d’arbitraire dans les systèmes de zoologie, pour introduire, à la place de la manière de voir des différents observa- teurs, un contrôle des faits sur lesquels nos classifications sont fondées, basé sur le développement même des ani- maux et, par conséquent, en dehors d’une estimation ar- bitraire. « Dans la seconde partie, je me suis efforcé d'appliquer dès à présent ces principes à la classification des Chélo- niens. Enfin, dans la troisième partie, j'ai soumis l'œuf et l'embryon à l'examen microscopique le plus minutieux. C'est dans les détails du volume consacré à cet examen que les zoologistes trouveront le plus de faits nouveaux. » M. Brown-Séquard adresse de nouvelles recherches sur l'importance des fonctions des capsules surrénales. M. de Quatrefages fait connaître, d’après une lettre de M. Bailly, les résullats d'une éducation hâtive de Vers à soie. M. Bailly, comme beaucoup d’éducateurs l'ont fait de tout temps, a essayé d’une éducation bâtive, qui lui a réussi absolument comme l'éducation tardive a réussi à d’autres. i Il est évident que, s’il était démontré que les éducations hâtives peuvent faire échapper les Vers à soie à la gat- tine, on devrait les recommander , malgré l'inconvénient qu’elles ont d’abord de faire consommer beaucoup plus de feuilles, puisqu'on donne aux Vers des feuilles qui n'ont pas atteint le dixième du volume qu’elles doivent avoir, et ensuite d’exposer à des pertes d’un autre genre, s'il arrive quelque gelée tardive qui détruise les jeunes feuilles. Quant à ce qu'avance M. Bailly en établissant SOCIÉTÉS SAVANTES. 585 que la gattine ne sévit sur les Vers qu’à la dernière pé- riode de leur éducation , je crois qu'on ne peut considé- rer cela comme un fait général, car on a vu très-souvent des Vers à soie complétement perdus dès les premiers âges. Nous devons signaler, en terminant, une observa- tion de M. Bailly qui coïncide avec les nôtres, c’est qu’en général cette maladie paraît suivre la marche de celle de la vigne. M. Barthélemy adresse une note sur les éducations autom- nales de Vers à soie, dans laquelle on trouve des observa- tions intéressantes. Voici ce qui en a été publié aux Comptes rendus : « Dans un précédent Mémoire, je me suis efforcé d’atti- rer l'attention de l’Académie sur les éducations automna- les de Vers à soie et sur les avantages que ces éducations peuvent offrir pour la conservation de la graine. J'avais annoncé et j'espérais faire passer l'hiver à la chrysalide et avoir ainsi le papillon au printemps. La température ex- ceptionnelle dont nous avons joui depuis ne m’a pas per- mis de vérifier mes prévisions. J'ai cependant constaté que des cocons exposés, nuit et jour, à une fenêtre et qui ont subi plusieurs jours de pluie peuvent encore donner de très-beaux papillons. J'ai pu obtenir, à la fin de novem- bre, de la graine pour laquelle je ne dois pas craindre des commencements d'incubation. En même temps j'ai remar- qué que les papillons de cette éducation vivent plus long- temps que ceux de la première, fait déjà constaté par Malpighi sur d’autres Lépidoptères. « Mais ce qui m'a surtout frappé depuis trois ans que je poursuis cette éducation, c’est le nombre et la vigueur des mâles. Ces derniers sont de beaucoup supérieurs à ceux du mois de juin , à tel point qu'il est à peu près im- possible de les distinguer des femelles à la grosseur du cocon. Quant à leur grand nombre, je crois en trouver la cause dans ce fait, qu'il m'a toujours été impossible de faire éclore des œufs non fécondés pondus en automne. 986 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1857.) Des observations semblables faites sur d’autres ordres de Lépidoptères m'autorisent à penser que la parthénogénèse v'est vraie le plus souvent que pour la première généra- tion et n’est plus applicable à celle de septembre. Ainsi l’action du mâle serait en automne complétement néces- saire pour le développement ultérieur de l'embryon. Je ne puis m'empêcher de rapprocher ce fait de celui qui se produit chez les pucerons, dont les mèles ne paraissent qu'en automne. Cette observation n’a pas seulement un intérêt scientifique, elle doit encore, dans la pratique, en- gager les agriculteurs à veiller avec soin la fécondation de la graine recueillie dans la seconde éducation. Enfin j'ai remarqué encore que la coloration des œufs en noir, qui survient après la ponte, se fait beaucoup plus lente- ment qu'au printemps, et que, après avoir été fécondés, ces œufs peuvent rester jaunes encore pendant cinq à six jours. « Depuis ma dernière communication à l’Académie, j'ai appris que quelques éleveurs avaient fait, cette année même, des essais d'éducation automnale sans se laisser dé- Courager par une prétendue impossibilité résultant de la dureté des feuilles à cette époque. A Toulouse une éduca- tion automnale a parfaitement réussi. Il en est de même d'un essai fait à Reynies, près Montauban, par M. Chré- tien, qui a trouvé le moyen d’avoir des feuilles tendres pour les jeunes Vers, les seuls qui aient réellement besoin de les avoir à cet état. « M. Chrétien divise sa plantation en quatre lots égaux; deux de ces lots doivent être taillés la première année, l'un en hiver, l’autre en été. Les deux autres seront taillés, l'année suivante, de la même manière. La troisième année, on taille de nouveau les deux premiers , et ainsi de suite. Ainsi on aura, chaqueannée, deux lots de taille récente qui donneront de la feuille tendre en automne, et deux lots taillés de l'année précédente qui devront donner de la feuille plus müre. Le premier lot, taillé en hiver, sera SOCIÉTÉS SAVANTES. 587 cueilli pour la première fois en automne, et permettra d’a- voir de Ja feuille tendre pour les deuxième et troisième âges des Vers; puis, au printemps de l’année suivante, il donnera de la feuille pour la première éducation. Le deuxième lot, taillé en été, donnera de la feuille tendre pour le premier âge de l'éducation d'automne et servira également pour l'éducation du printemps suivant ; après quoi, il sera taillé à son tour en hiver. De cette manière on pourra avoir de la feuille tendre et abondante sans nuire à la vigueur du mürier. Il faut avoir soin de donner aux Vers du premier âge les trois premières feuilles du sommet des tiges de mürier taillé de l’année. Ceux du second et du troisième âge seront nourris de feuilles ten- dres, en s'arrêtant à la septième feuille au-dessous du bourgeon terminal. Quant aux quatrième et cinquième âges, on leur fournira de la feuille cueillie indistincte- ment. » - M. C. Dureste présente des Xecherches concernant l'in- Îluence exercée sur le développement du Poulet par l'applica- tion totale d'un vernis ou d'un enduit oléagineux sur la co- quille de l'œuf. M. Marcel de Serres adresse une seconde note sur la ca- verne du Pontil, près St.-Pons (Hérault), et fait connaitre les ossements fossiles qu’il a obtenus dans cette localité. Séance du 28 décembre. — M. H. Lucas adresse une note sur la rétractilité ow la non-rétractilité des ongles dans les tarses des Aranéides du genre Mygale. Après avoir montré qu'aucun des auteurs qui ont parlé de ce genre n’a connu cette particularité, M. Lucas dit que, ayant eu à sa disposition deux individus vivants des Mygale Blondii et nigra, il a pu constater, chez ces deux espèces, la rétractilité des ongles qui arment la dernière articulation de leurs pattes. Cette rétractilité s'exécute à peu près comme chez certains Mammifères du genre Felis. De plus, il a observé aussi que les crochets des mandi- bules sont peu mobiles et ue se développent pas, comme 588 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1857.) cela se voit, par exemple, chez les Aranéides des genres Segestria, Epcira, Tegenaria, etc., etc. « Pendant les deux séjours que j'ai faits dans le nord de l'Afrique comme membre de la Commission scienti- fique de l'Algérie, j'ai étudié plusieurs espèces du genre Mygale, entre autres les Mygale barbara, gracilipes, afri- cana, et chez ces trois espèces j'ai remarqué que ces on- gles sont terminaux et non rétractiles. J’ai observé aussi, chez ces mêmes espèces, que les crochets des mandibules se développent et servent soit à creuser des sillons dans la terre, soit à blesser les Insectes dont se nourrissent ces Aranéides. « Cette observation, que je ne trouve consignée nulle part et qui me paraît avoir une certaine importance comme caractère zoologique, pourrait servir à établir deux grandes divisions, dans le genre Mygale, qui faciliteraient consi- dérablement l'étude des nombreuses espèces de cette coupe générique, qui sont toutes fort difficiles à distinguer. » M. Guillabert, chirurgien de première classe de la ma- rine, adresse une lettre sur un remède employé en Grèce contre la rage. Voici l'extrait qui en a été inséré aux Comptes rendus. « Le 28 août 1852, je reçus l’ordre de me transporter au couvent de Sainte-Marie Phanéromène, de l'ile de Sa- Lamine, afin de recueillir des renseignements sur un spéci- fique contre la rage, auquel on accorde une grande con- fiance en Grèce. Ces renseignements ont été consignés dans un rapport qui a été textuellement reproduit à l’'ar- ticle Cantharide du second rapport sur les divers remèdes contre la rage, lu, à l'Académie de médecine, le 27 mars 1855. Je me bornerai donc à rappeler, ici, qu'il s’agit de la cautérisation de la plaie avec l'huile bouillante, ainsi que de l'administration de 08,15 d'une poudre composée, à parties égales, avec les enveloppes corticales de la tige souterraine du Synanchum erectum , et un Mylabre que je n'ai pu voir, mais que M. Laurent désigne comme étant SOCIÉTÉS SAVANTES. 589 le Mylabris bimaculata. M. le docteur Camescasse, alors médecin principal de la marine, à Smyrne, auquel je com- muniquai le traitement des moines de Salamine, fit par- venir à M. le ministre du commerce et l'Insecte et la plante. « Comme tous les spécifiques antirabiques n’ont jamais pu soutenir un examen sérieux, nous pensàmes, à priori, qu'il en serait de même de celui-ci. M. le docteur Rozer, premier médecin de LL. MM. Helléniques, qui nous avait d’abord manifesté la même opinion, ne tarda pas à chan- ger d'avis, et, deux mois après, un événement malheureux lui fournissait l'occasion de commencer le contrôle scienti- fique du traitement dont M. Laurent a entendu raconter les heureux résultats. Comme M. le docteur Rozer avait été sou- vent appelé à conjurer des accidents causés par le traitement des moines de Salamine, tels que vomissements, dysurie, coliques, etc., il a cru devoir le modifier de la manière suivante. Après la cautérisation de la plaie par le fer rouge, ce praticien distingué choisit la Cantharide offici- nale, qu'il donne à la dose de 5 milligrammes, en aug- mentant progressivement jusqu'à apparition des symp- tômesd’irritation gastro-intestinaleourecto-vésicale. Quant au Synanchum erectum, dont l’action purgative est faible et fort variable, il l’'administre en décoction à la dose de 12 grammes pour 1,000 grammes d’eau édulcorée. » L'auteur donne ensuite, avec l’autorisation du docteur Rozer, un résumé de ses expériences. Comme ces obser- vations ont été données dans l’Annuaire de M. le profes- seur Bouchardat pour l'année 1857, nous ne les repro- duirons point ici. Nous dirons seulement qu'elles ont rap- port à trois hommes mordus, par un chien enragé, dans la propriété de madame la duchesse de Plaisance, près d'Athènes. Un de ces hommes se contenta de laver d’eau pure sa plaie, qui était assez légère. Il mourut de la rage le troisième jour de l'accident; l’autopsie en fut refusée. Les deux autres, auxquels, quatre heures après l'accident, 590 REV. ET MAG. DE Z00LOGIE. (Décembre 1857.) on commença à appliquer le traitement modifié par le docteur Rozer, guérirent tous les deux : l’un, à la vérité, s'était soumis à la cautérisation des blessures, maïs l’autre s'était refusé à cette opération. Plus de quatre mois après, ils furent revus par l'auteur de la lettre; leur guérison ne s'était pas démentie. « Quoique trois observations, pour- suit M. Guillabert, soient loin d’être suffisantes pour étayer une opinion et valider une médication, J'ai pensé, cependant, qu’elles pourraient attirer l'attention de l’Aca- démie. » Qu'il nous soit permis de considérer au moins ces faits comme de nouveaux indices susceptibles d'engager à ne pas repousser ceux que nous avons signalés depuis long- temps. Nous le répétons, si l'on ne cherche pas, on ne trou- vera jamais. Si des indices du genre de ceux que nous avons fait connaître et de celui qui se produit aujourd’hui étaient néglisés, on s’exposerait à des regrets sérieux si l'on reconnaissait, dans lavenir, qu’en les suivant on serait arrivé plus tôt à trouver des moyens de conjurer la terrible maladie restée jusqu'ici incurable. Voir, à ce sujet, ce que nous avons dit page 457. II. MÉLANGES ET NOUVELLES. NÉCROLOGIE. Tous les savants qui lisent la Revue et Magasin de Zoo- logie connaissent les excellents travaux dont le comte Tyzenhauz à enrichi ce recueil, et, comme nous, ils ont douloureusement ressenti la perte de ce savant collabora- teur. Lorsque nous avons appris sa mort, nous nous dis- posions à donner un article nécrologique sur cet homme éminent qui nous avait honoré de son amitié; mais nous avons dû ajourner cette publication , afin de mieux con- naître l’ensemble de ses travaux et les particularités de son honorable carrière. Aujourd'hui nous pouvons nous MÉLANGES ET NOUVELLES. 591 acquitter de ce devoir, grâce à l’obligeance de M. le pro- fesseur Adamowiez, qui a bien voulu nous envoyer la notice suivante et le portrait de son illustre ami, notice et portrait que nous offrons au nom de la famille Tyzen- hauz. NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR LE COMTE CONSTANTIN YYZENMAUZ PAR M. A. F. ADAMOWICZ, docteur et professeur à l'université de Vilna, conseiller d'État, ete, Quarante ans se sont écoulés depuis l'époque où , en- traîné, comme tant d'autres de ses compatriotes, par l'ouragan politique qui grondait pendant la mémorable année 1812, un jeune homme, rejeton d’une illustre fa- mille nobiliaire, abandonnait ses parents et ses foyers à Vilna pour suivre l’éloile déjà pälissante des armes fran- çaises. Des traits nobles et doux, de beaux yeux bleus arqués et voilés sous d’abondants sourcils, un regard fin et ex- pressif, qui tantôt prenait une empreinte mélancolique, tantôt faisait rejaillir l’ardeur de son âme, une taille haute et imposante rehaussée de son uniforme bleu à rebords blancs, tel était l'extérieur distingué de ce jeune officier. L’infanterie lithuanienne venait d’être organisée, et c'est sous ses bannières précisément qu'alla se placer cet officier pour se mettre, comme commandant, à la tête du 19° régiment (le 16 octobre 1812). Les yicissitudes de la grande armée le conduisirent, par la suite, à Sedan, où nous le révoyons chef du 3° détachement de la garde d'honneur polonaise, et, plus tard, à Leipzig, où il assista en brave À la bataille des trois grandes journées, au 1‘ détache- ment des gardes du prince Poniatowski, après avoir été 392 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1857.) nommé, auparavant, colonel dans l’armée du duché de Varsovie. Ce jeune guerrier était le comte Constantin Tyzenhauz, fils du chef d'infanterie de la garde lithuanienne du roi de Pologne, Ignace, comte Tyzenhauz, et de la comtesse Marianne Przezdziecki, fille du vice-chancelier du ci-devant grand-duché de Lithuanie. Son noble courage, son dévouement et son activité, l'amour de l’ordre et la précision qu'il mettait au service, l’impartiale justice qu'il exerçait vis-à-vis de tout le monde, la généreuse libéralité enfin dont il usait en fa- veur de son régiment, tout en ne servant que pour la gloire seule et sans appointements, lui valurent le nom de père de ses soldats et la nomination de chevalier de la Légion d'honneur, qui lui fut transmise, par le due de Bassano, le 10 août 1813. Six mois plus tard, après avoir rempli à Charleville (janvier 4814) plusieurs missions im- portantes qui lui avaient été confiées de la part du gé- néral Dombrowski , le colonel Tyzenhauz prit son congé et alla s'installer à Clermont, d’où l’amnistie générale accordée à la Pologne par la magnanimité de l’empereur Alexandre vint le rappeler pour retourner dans ses terres en Lithuanie. De retour chez lui, le jeune comte se hâta de reprendre ses habitudes d'avant la guerre et d'échanger son épée et ses épaulettes contre ses livres et sa plume, ses crayons et son violoncelle. Mais c’est la science de la nature surtout qui devint dé- sormais le but principal de ses occupations et qui le rendit, dans la suite, un des naturalistes les plus renommés de sa patrie. Il s'y abandonna avec tout le zèle, tout le dévoue- ment et toute l’abnégation du vrai savant, et parvint ainsi à faire retentir son nom une seconde fois d’une manière marquante et honorable dans les annales des arts et des sciences en Lithuanie. Car, avant lui, son grand-oncle, le trésorier de la cour du grand-duché de Lithuanie et gou- MÉLANGES ET NOUVELLES, 593 verneur de Grodno, Antoine Tyzenhauz, le Colbert de son pays, dont le neveu se fit le digne rival pour tenter les grandes qualités dg l'esprit et de l'âme, y avait déjà con- tribué le premier comme fondateur, en 1775, d’une Aca- démie de médecine humaine et comparée à Grodno, à la direction de laquelle il avait alors appelé de Lyon l'im- mortel J. E. Gilibert. Le comte Constantin Tyzenhauz avait fait ses premières études à Varsovie, plus tard à l’université impériale de Vilna, où il suivit avec une rare assiduité les cours de sciences physiques (1). Et c’est depuis ce temps-ci que se manifesta en lui son heureuse et irrésistible vocation pour la science de la nature, dont il resta le fidèle et infati- gable disciple jusqu'aux derniers moments de sa vie, inac- cessible aux distractions et jouissances du grand monde, auxquelles le conviaient sa haute position sociale et l'im- mense fortune dont il était maître, et qui devinrent pour Tyzenhauz une source féconde de moyens pour étendre et perfectionner ses études, et pour donner en même temps une libre carrière aux goûts élevés qui l’animaient pour les sciences. C’est à cette prospère alliance de ses rares talents et de ses abondantes ressources matérielles que son château de Postawy est redevable des riches musées qui le décorent. Naturaliste zélé, il y a laissé une des plus intéressantes collections de la Pologne pour les objets d'histoire naturelle, et en particulier pour ceux de l'orni- thologie. Dessinateur adroit et artiste consommé quant au goût et à la connaissance de la peinture, il orna ses salons de plus de trois cents tableaux de prix de célèbres auteurs (1) La médecine était professée alors à cette ancienne université par Pierre et Joseph Frank, les mathématiques par Langsdorff, Ja littérature ancienne par Groddeck, la chimie par André Sniadecki, et histoire naturelle par le piariste Jundzill, qui succéda à Gilibert et 4. Forster. 2 sims. Tr. 1x, Année 1857. 38 59% REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1857.) dont il avait fait le choix et l'acquisition pendant ses voyages à l'étranger. Homme de lettres enfin, il doua sa résidence d’une bibliothèque magnifique et nombreuse où nous rencontrons tous les chefs-d’'œuvre de la littérature ancienne et moderne, les archivesde la famille remontant jusqu'à l'an 1260, une admirable collection d’estampes et de gravures, et, par-dessus tout, les planches les plus pré- cieuses de l’histoire des Oiseaux, en commençant par Gesner, Aldrovandi, Ray, Pallas, jusqu’à Buffon, Desmurs et le brillant Audubon, que Tyzenhauz étudiait avee une verve indicible, tout en y ajoutant, pour la plupart, ses propres remarques. De toutes les branches d'histoire na- turelle, c'était particulièrement l’étude de l’ornithologie qu'il cultivait avec le plus d'amour et de succès, puissam- ment aidé dans ses travaux zoologiques par son merveilleux talent pour le dessin, qu'il avait eu soin d’exercer dès son enfance et de former, comme adolescent, sous les aus- pices de Norblin et d'Orlowski à Varsovie, et ceux de Rustem à Vilna. Une centaine de dessins coloriés de gran- deur naturelle des Oiseaux de Lithuanie, trouvés dans ses albums et dignes d’être publiés, — et sa galerie, systéma- tiquement disposée d’après Temminck, de près de trois miile Oiseaux de toutes les parties du monde, plastique- ment empaillés soit par lui-même, soit sous sa direction, avec une collection des œufs de tous les Oiseaux de Li- thuanie et de la Nouvelle-Russie, font foi de cette prédi- lection. Même pendant le court épisode de sa vie mili- taire, l'intérêt que Tyzenhauz nourissait pour l’ornitho- logie ne l'avait jamais quitté, et c’est ainsi qu'il avait su profiter de son séjour à Paris pour s'initier à la manière d'empailler les Oiseaux par le bec avec de la filasse, mé- thode nouvelle alors qu’il s’empressa de communiquer (1) (4) Tout ce qui, depuis ce-temps, vint augmenter le musée orni- thologique de l'université de Vilna fut assujetti à cette méthode jus- qu'à l'arrivée du conservateur Brunner de Varsovie, qui fit de l'em- paillement ua véritable art plastique. MÉLANGES ET NOUVELLES. 595 au célèbre Bojanus, professeur de l'art vétérinaire et d'anatomie comparée à Vilna, qui y dirigeait (1822-94) la réorganisation du musée zoologique de l’université. Scrutateur attentif et passionné des mystères de la na- ture, Tyzenhauz, cependant, ne se borna guère au simple mérite de collectionneur entendu et infatigable. Doué d’une mémoire prodigieuse, d’un esprit pénétrant et sa- gace, toujours prompt à saisir et à faire fructifier au profit de sa science préférée les découvertes que lui sug- géraient ses excursions et observations zoologiques, il possédait une aptitude remarquable à déterminer et à dé- finir ses innombrables trouvailles, à en dépouiller et éclaircir l'inconnu et à en faire apprécier et accepter toute da valeur scientifique qu'il croyait devoir y attacher par les savants de l’Europe, à la critique desquels il s'empres- sait de soumettre ses profondes investigations. Aussi ses connaissances et ses travaux zoologiques lui procurèrent- ils les seuls titres d'honneur qu’il ambitionmait. Après avoir trouvé dans ses propres forêts la Chouette laponne, Fyzenhauz l’appela Striæ microphthalmos, et en envoya le dessin et la description à la Société royale des amis des sciences à Varsovie, dont il fut nommé membre en 4830. Son grand ouvrage polonais, l'Ornithologie unt- verselle, et son érudition en fait de médecine comparée, lui valurent les mêmes honneurs de la part de l’Académie et de la Société de médecine impériale de Vilna (1839 et 1848). En coopérant à l'association universelle pour l’avan- cement de la zoologie et la publication de la Revue z00l0- gique, il devint membre de la Société cuviérienne de Paris (1843). Deux ans plus tard , il fut honoré du même titre par la Société des naturalistes de Riga pour ses ob- servations sur la pluie d’Insectes, et par la Société d’agri- culture dé Lemberg (1847) pour ses Notices sur les Che- milles pernicieuses aux blés. Comme membre honoraire de la Société des naturalistes de Dresde, il expédia, en 1851, au musée d'histoire naturelle de cette ville, presque entiè- 596 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE, (Décembre 1857.) rement détruit par les flammes de la révolution de mai, un cadeau de cent Oiseaux de Lithuanie bien empaillés. Enfin son nom était pareillement reçu parmi les savants de la Société scientifique de l’université des Jagellons, à Cracovie, et de celle des naturalistes de Berlin. De cette manière, tout en persistant à se confiner, la plupart de son temps, à la campagne dans son laboratoire et sa bibliothèque, l'esprit vaste et actif de Tyzenhauz ne cessait d'entretenir un commerce suivi et docte avec les notabilités européennes de la science, débutant tantôt en auteur (1), tantôt en correspondant consciencieux et inté- ressant, tantôt encore en généreux Mécène de quelques savants dont les ouvrages sur l’histoire naturelle ne paru- rent que grâce à la munificence du seigneur de Postawy, en mémoire duquel parfois les auteurs reconnaissants se plurent à donner son nom à leurs découvertes (2). A part ses relations pour ainsi dire officielles avec les sociétés désignées, Tyzenhauz était également en rapports littéraires avec le musée britannique et le musée impérial de Vienne, avec M. de Lattre, qui était en voyage pour la Californie, avec E. Verreaux, Lichtenstein, Reichenbach, Grube, Eichwald et Heckel, à Vienne, qu’il désirait beau- coup revoir encore en mourant, et bien d’autres hommes de lettres marquants, tout en se servant, pour sa corres- pondance, des langues française, allemande, italienne et latine, dont chacune lui était tout aussi familière que le polonais, sa langue maternelle. Ces facultés polyglottes lui furent d’une grande ressource pendant ses fréquents voyages (3) purement scientifiques et artistiques, que sa (1) Voyez l'aperçu critique de ses trayaux littéraires à la fin d cette notice. (2) Par exemple, un Diptère de la famille de Syrphides trouyé à Werki, près de Vilna, et dit Tyzenhauzia vespiformis (Analecta en- thom. Gorski, Berol.); une plante dite Potamogelon et Chara Ty- zenhauzii (Gorski), dont les planches sont déjà préparées. (3) Tyzenhauz a été à Vienne en 1829, à Varsovie en 1840 et 50, à MÉLANGES ET NOUVELLES. 997 permanente préoccupation à suivre les progrès de la science et à enrichir ses cabinets d’ornithologie et de peinture lui avait fait entreprendre. Le dernier des voyages qu'il a entrepris dans l'intérêt de la science a été celui de 1851, qui avait conduit Tyzen- hauz jusqu’à Odessa. Mais hélas! son état maladif et son âge avancé ne lui permirent plus, alors, d'exécuter toutes les explorations qu'il avait eu en vue pour cette tournée. Il ne put, en conséquence, qu'y préparer, à cette occa- sion, toutes les voies et tous les moyens nécessaires pour une expédition zoologique à venir dans ces contrées, dont il était bien décidé de ne point se désister. Toutefois l’année 1852 ne lui fut pas plus favorable que l’année précédente, et il se vit, à regret, obligé de se faire rem- placer à la tête de cette expédition par le conservateur de ses musées, M. Skinder. On lui en rapporta cinq cents Oiseaux et trois cents œufs fort curieux recueillis en Bes- sarabie et en Crimée. Mais aussi fut-ce la dernière expédi- tion scientifique entreprise et guidée sous les auspices du savant comte. Si, dans ce récit rapide, nous avons tâché, jusqu'ici, de n’esquisser essentiellement que le portrait de Tyzenhauz soldat et naturaliste, ce n’est pas que sa vie et son carac- tère ne nous offrissent également, d’autre part, un richepla- nage pour un panégyrique bien mérité. Tout au con- traire, Constantin Tyzenhauz réunissait en lui un génie d'universalité étonnante, un caractère brillant de tous les points. Nulle part en lui un excès quelconque, si ce n’est pour les vertus de sa vocation, nulle part encore la moindre désharmonie, sinon celle des contrastes piquants dont ses heureuses dispositions intellectuelles et physiques assai- sonnaient et variaient sa vie. En danger de se voir plongé, par ses laborieuses et ardues études, dans le sérieux im- Dresde, Leipzig et Berlin eu 1842, à Vienue, Milan et Venise eu 1844, ete, 598 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1857.) perturbable et la, morosité, attributs si fréquents des érudits, il savait toujours à point nommé trouver un sûr refuge contre ce péril dans ses talents pour la musique et le dessin. Il avait une belle voix et jouait plusieurs instru- ments, le violoncelle surtout, en vrai virtuose. Les pin- ceaux lui étaient tellement dociles, qu'à côté des paysages qu'il aimait à exécuter à l’aquarelle il réussissait toujours, avec un succès admirable, à dessiner, de mémoire, souvent au crayon ou à la plume seulement, et parfois,avec un léger reflet d’une fine et spirituelle satire, les portraits de ses Connaissances. Et, passionné comme il était,dans tout ce qu'il faisait, il lui arriva, un jour, de se laisser sur- prendre, en allant à Saint-Pétersbourg, sur les vieux bas- tions de Narva, tout absorbé dans le dessin des environs de cette forteresse, et de se voir condamné, pour cette indiscrétion artistique, à une couple d'heures d'enquête. Adonné, pour la plupart du temps, à une vie studieuse et casanière, il sut, néanmoins, contre-balancer l’énerve- ment qui aurait pu s’ensuivre pour son physique par l'exercice de la chasse, qu’il aimait avec entrain. Toute- fois, bien souvent, au prix du gibier abandonné et perdu, ces chasses se ferminaient par d’intéressantes recherches zoologiques et botaniques, ou de charmantes ébauches des paysages pittoresques qui le frappaient, et c'est d’une pareille excursion qu'un jour il rapporta, parmi ses es- quisses, une divertissante caricature représentant, avec une ressemblance parfaite, le chasseur peintre tout préoc- cupé de son dessin, tandis qu'inaperçu maitre Renard se glisse vers lui et lui enlève furtivement de sa gibecière sa provision de viande fumée. Mais n’allez pas croire, pour cela, qu’il maniait moins bien son fusil que son crayon ; vous n’auriez qu'à aller contempler, sans parler du reste, les superbes Loups et Ours empaillés qui, font ‘partie de son musée pour, aussitôt, vous tirer de cette erreur et connaître le digne butin de ses balles meurtrières. L'époque des chasses passée et les chasseurs partis, MÉLANGES ET NOUVELLES. 599 parmi lesquels on voyait souvent bon nombre d'amis in- vités, tout, au château de Postawy, retombait dans le silence de l'étude et l'isolement. Les plaisirs bruyants et le luxe du grand monde, les réunions oisives et les salons de haut parage étaient également antipathiques au comte. En fait de luxe, il n'appréciait que celui des vastes con- naissances et facultés intellectuelles, et, en fait de société, il n’affectionnait que celle des hommes d'esprit et de ta- lent, dont partout il recherchait le commerce. Il était simple de mœurs, d’une humeur toujours égale, d’un ca- ractère doux, mais, néanmoins, capable d’une énergie décisive et persévérante lorsque les circonstances l’exi- geaient, et faisant le bien de bonne grâce partout où ses secours étaient implorés. Le bonheur ne le rendit jamais orgueilleux, et le malheur ne le trouva pusillanime ou manquant de religieuse résignation. Il était doué d’une inaltérable force d'âme et d'esprit, de sorte qu'à peine sauvé d'un coup de sang au cerveau nous le voyons, peu de jours après, reprendre avec impatience ses habitudes littéraires pour s'occuper, pendant sa convalescence, de l'aperçu critique des progrès, en ornithologie, de M. Hart- laub, et de l'aperçu systématique des Oiseaux du prince Charles Bonaparte. Enfin à tous ces avantages du carac- tère et de l'esprit il joignait les mérites d'un concitoyen dévoué et d’un seigneur tout aussi intelligent que libéral. Ses capacités, qu'il avait su faire valoir comme membre du conseil judiciaire d'enseignement public et comme cu- rateur du gymnase de Minsk (1839-41), après avoir pris use part honorable à la direction des prisons de Disna et Kowno (1834), et la maison de bienfaisance de Vilna, Fyzenbauz s'évertua à les appliquer également à l’admi- nistration de son vaste patrimoine, et ses efforts furent couronnés des résultats les plus satisfaisants. Ses terres, peuplées d'une vingtaine de milliers d'habitants, devin- rent les mieux organisées et entretenues, le modèle des environs. Postawy élait connu pour son excellent haras, 600 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1857.) . l'un des meilleurs de Ja Lithuanie. À Rakichki, dont Ty- zenhauz avait rédigé, jeune homme encore, une savante description statistique et physique, la production du lin, d’une qualité supérieure, est avancée au point que la re- nommée en porte le nom de Tyzenhauz jusque sur les marchés de l’Angleterre. Architecte distingué et de bon goût, c’est-Constantin Tyzenhauz lui-même qui avait fait construire, d’après ses propres plans, le château de Ra- kichki. Initié presque à tous les genres de métiers et de mécanique, à ceux surtout qui touchent l’agronomie, et souvent même inventeur de nouvelles combinaisons de machines, c’est à lui que tout le district qui embrasse ses possessions doit l'introduction d’une quantité de nouveaux instruments et machines d'agriculture. Versé enfin dans la médecine et l’art vétérinaire, sans se laisser jamais entraîner dans les nuisibles méthodes des spécifiques uni- versels, il prodiguait ses salutaires conseils à tout son entourage et à ses sujets qui le venaient consulter. Lorsque la vieillesse le surprit, son âge avancé n'avait en rien altéré l'expression de haute et profonde sagesse et la beauté mâle de ses traits vénérables, qui ne manquaient jamais d’inspirer une certaine sympathie à tous ceux qui l’approchaient, Mais les années avaient, néanmoins, ébranlé sa robuste santé, et les derniers mois de sa vie l’accablèrent de poignantes souffrances. Souvent alité ou cloué à son fauteuil, il ne pouvait plus, qu’à l’aide de son immense et vivace mémoire, atteindre et suivre les objets qui lui avaient été si chers pendant sa longue carrière scientifique. Philosophe jusqu’à ses moments suprêmes, il sut conserver, malgré toutes les douleurs qui le tourmen- taient, la sérénité de l’esprit et la jouissance des profondes méditations qui, jusque-là, l’avaient sans cesse occupé. Il contemplait, non sans de vifs regrets, ses livres, sa palette et son violoncelle, comme de vieux et fidèles compagnons qu'il devait quitter pour toujours. Avant sa mort, quel- ques jours seulement, voyant un de ses amis pénétré de MÉLANGES ET NOUVELLES. 601 profonde douleur à la vue de ses souffrances, il trouva encore assez de force pour le distraire de quelques-unes de ses mélodies favorites et pour accompagner du piano sa yoix sonore, son chant de Cygne, son chant d’adieux. Malgré une vie sobre et active, un mal opiniâtre avait depuis longtemps déjà commencé à miner son corps athlé- tique. Plusieurs longs et pénibles accès de la goutte vo- lante et de fréquentes angoisses asthmatiques finirent par attaquer et envahir ses poumons, et l’illustre malade suc- comba à l'hydropisie qui s'en développa le 28 (16) mars 1853. Né dans sa terre de Zoludek, près de Grodno, le 3 juin (22 mai) 1786, le comte Tyzenhauz rendit au chà- teau de Postawy, entre les bras de ses enfants, son dernier soupir à Dieu, pour aller rejoindre les mânes de sa femme et de son fils premier-né, qui l'avaient précédé au tom- beau, — ägé d'à peine soixante-sept ans. Paix soit à son âme! ÉNUMÉRATION des travaux scientifiques littéraires publiés ou en manuscrits de C. 'TYZENHAUZ. 1. Dissertation sur la Chouette laponne trouvée en Li- thuanie, — Manuser. polon. 1830, avec 1 pl. Cf. Revue et Mag. de z00l. Paris, 1851, p. 57. — Archiv. für Na- turgeschichte von Troschel. Berlin, 1852, p. 18. — Tyzenhauz adressa les œufs de la même Chouette à M. G. R. Gray, à Londres, qui, d'abord, a cru y recon- naître le Syrmium cinereum de l'Amérique. Cette Chouette des forêts de Postawy, désignée par Tyzen- hauz, pour la Pologne, du nom de Chouette moussue, est, d’après lui, la jeune Striæ barbata de Pallas. Dans les journaux cités, on trouve l'argumentation de Ty- zenhauz devant prouver et constater la différence entre Strix lapponica de Retzius et Striæ cinerea Gmelini de l'Amérique septentrionale. 602 REV. ET MAG. DE ZO0OLOGIE. (Décembre 1857.) 2, Sur les Chenilles de Tipula nuisibles aux blés. En pol. cf. Tygodnik rolniczo-technologiczny, p. Kurowski. Varsovie, 1838, n° #1. 3. Notice sur quelques poissons de Lithuanie, insérée dans la petite Zoologie polon. de Gorski et Kumelski. Vilna, 8° Glücksbers, 1838. 4. Articles monographiques sur quelques Oiseaux, insérés dans les quatre premiers volumes de l'Encyclopédie universelle polon. de Vilna, qui a commencé à pa- raître in-8°. 1838, chez Glücksberg. 9. Principes d'ornithologie, 4 vol. in-8, maj. en polon. Vilna, 1841, avec une table des couleurs et cinq tables zootomiques. On trouve ici l’histoire littéraire, la taxo- nomie, la glossologie et la terminologie ornithologique polonaise. Cette dernière partie est la plus remarquable de l'ouvrage, qui est, du reste, unique dans la littéra- ture polonaise et sert d'introduction à l'Ornithologie universelle (polon.) du même auteur (7). , 6. Sur un Papillon trouvé, à Postawy, sur la plante Me- rium oleander, dit Sphinx Neri, en manuscrit, envoyé à Berlin pour être inséré dans la Zeitschrift der Natur- for. Gesellschaft. 1842. É . Ornithologie universelle, in-8° en 3 vol., en polon. Vilna. 1843-46. Ouvrage mémorable et unique en Po- logne. Les deux premiers volumes exigent déjà, comme de raison, des suppléments, à cause des découvertes qui s’augmentent de jour en jour (cf. Biblioteka War- szawska. 1846, mai, Revue zoolog., 1846). Le 3° volume est le plus complet et répond aux progrès de la science comme écrit après un voyage aux musées de l'étranger. =] ea . Notice sur le Myoxus Dryas, reconnu comme espèce européenne, suivie de quelques observations sur le Loir d'Europe en état de domestication. Extrait de la Revue et Mag. de Zoologie, juillet 1850, n° 7, p. 13. Paris. Voir aussi, en polon., Biblioteka Warszawska: 4848, ? MÉLANGES ET NOUVELLES. 603 n° 88, avril, p. 158-167. Sur les Loirs des forêts lithua- _-miennes. 9. Sur une pluie d'Insectes en Lithuanie. Revue zool., 1849. Bibliot. univers. de Genève, novembre 1849. Froriep’s Tagesbericht, 1850, n° 35. Risaisches Corres- pondenzblatt, 14849, n° 142, et séparément intitulé : … Mittheilungen über einen im Wilnaischen Gouverne- ment beobachteten Insekten-Regen. 1850, Riga, p. 1-7, avec une planche représentant l’'Insecte Telephorus [uscus, Degeer. Cf. Bibl. Warsz. 1849, II, 189, et le complément b., HE, 188. 10. Sur une espèce de manne tombée, en Lithuanie, près de Smorgonie, en 1846. En polon. L'analyse chimique de M. Seetzen, à Riga, montre de l’amidon ayec des traces de l’acide benzoïque. Cf. Tygodnik Peters- burgski, 1846. Kuryer Wilenski, 1846, n° 44. En russe, les annonces officielles du gouvernement de Vilna. In- 4°, 1847. 11. Petite remarque sur les peintres Rubens et Van Dyck. En polon., dans la Bibliot. Warszawska, cahier 91, p- 183. 12. Catalogue des Oiseaux et des Mammifères qui habi- tent l'Europe entre 46°—57° de lat. sept. et 35°—55° de long. géogr. En latin. 1 feuille in-fol., lithogr. à Riga, 1848. Ici on trouve les noms de trois cent vingt espèces d'Oiseaux. 13. Tables comparatives de dates, ou observations, pen- dant dix années, sur la migration périodique des Oi- seaux à. Postawy. En polon., dans la Bibl. Warszawska. 184%, 1V, 162. Fyzenhauz correspondait sur le même sujet avec le prof. Kessler, à Kiev; avec le comte Adam Plater, à Kraslaw. 14. Sur les Aigles d'Europe, ou remarques sur quelques Oiseaux de proie en Europe, En réponse à Schlegel, aueur de la Revue critique des Oiseaux en Europe. Cf. Revue zoolog., 1847. 604 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1857.) 15. Sur la coloration du Canard, 16. 16. Planches ovologiques coloriées pouvant servir d’atlas à l’ouvrage de Temminck. Paris, in-8°, 1850-53, avec une synonymie polonaise et latine. Cahiers 1-8, avec 73 tables des œufs des Oiseaux de Lithuanie, dont la 1 montre les formes générales. Cette publication, faite sous la direction de l’infatigable savant M. Guérin- Méneville, n’est pas encore achevée. 17. Sur la propagation du Pyrhula erythrina. Revue z00l., 1851. Ce Bouvreuil cramoisi fait son nid, le printemps, près de Vilna. 18. Petite notice sur la maladie des Pommes de terre, tb. 19. Observations sur la faune ornithologique des pro- vinces de la Nouvelle-Russie situées sur les côtes de la mer Noire. 1853, en manuscrit. Ces observations con- cernent principalement les mœurs du Vultur fulvus et cinereus, du Pygargus, suivies de la proposition de former un nouveau genre Clanga, subdivisé en trois espèces : Clanga nævia (Falco maculatus, Gmelini), C fasciata et C. macrodactyla (v. der Mubhle), et la des- cription des Falcones, Striges, Lanius, Muscicapa, Cor- vus, et surtout Corvus monedula, qui est très-fréquent en Bessarabie: enfin du Pastor roseus, Glareola Pal- lassii, Phœnicopterus antiquorum, etc. En général, il y a des observations sur deux cents espèces d'Oiseaux. Outre ces travaux littéraires, il faut encore mettre une production artistique représentant les ruines du chà- teau de Kokenhausen, en Livonie, de chevaliers porte- glaive de la famille de Tiesenhausen, dessinées d'après nature. 1849, lithog. à Paris. Ed. de Wilczynski, à Vilna. Fol. max. — Une autre vue du même château très-spécial, avec les environs à vol d'Oiseau, se trouve inédite, avec beaucoup d’autres, dans l'album de Tyzen- hauz. - TABLE DES MATIÈRES. 605 ANNÉE 1857. Texte pa te nie) st 38, feuilles: 6 planches coloriées, valeur. . 9 12 planches noires, valeur. . . 12 Total. . . . . 59 feuilles. Les frais de poste étant diminués pour la France, les abonnés des départements n'auront plus à payer, en sus des 20 francs, que 1 franc (21 franc pour l'abonnement et 1 franc pour la traite; total, 22 francs). Quand un abonné des départements fera payer par voie de librairie ou de commission, il payera de même 22 francs, à cause de la remise due à l'intermédiaire, laquelle est égale aux frais de traite. Les abonnés des départements qui n’écriront pas (franco) avant le 10 février seront considérés comme continuant de souscrire et recevront, avec le premier numéro de 1858, une traite de 22 francs. TABLE DES MATIÈRES. Pages. BounGuiGnar. — Améuités malacologiques. 545 Guémx-Ménevize. — Genre Eumorphus. 565 Académie des sciences. 582 Mélanges et nouvelles. 590 TABLES ALPHABÉTIQUES POUR L'ANNÉE 1857. I. TABLE DES MATIÈRES. Abeilles. Antoine. 324, — Hamet.|Acridium Velazquezii. Nieto. 359. Accouplements de famille. 514.|Alucite. Herpin, 365. Académie des sciences. 47, 83,109,|Aménités malacologiques. Bour- 182, 232, 282, 329, 4062, 412,| guignat. 209, 545. 449, 510, 582. Académie des sciences de Madrid.|Blatta germauica (mœurs). Waga, 527. 444, 505. 606 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décémbre 1857.) Bœuf musqué, De Bray. 362. Cane Borer. Guérin-Méneville. 317. Cantharide nouvelle. Rojas. 441. Carnivores (classification). Sexert- ZOW. 387. 433. cd Philippines. Pucheran. 481. Cetonia aurata. Vaillant. 416. — Guérin-Méneville. 473. — Bog- danow. 475. Classification des carnivores, Se- vertzow. 387, 433. Cœunure du mouton. Valenciennes. 449. Coléoptères d'Europe. Marseul. 463. Consanguins, Huzard, 145. — Ha- met, u14. Corixa femorata. Guérin-Méneville. D22. Crustacés nouveaux. De Saussure. 99, 304, 501. — Fossiles. Mur- chison. 516. Dégénérescence de l'espèce hu- maine. Morel, 519. Echinus kvidus. Marcel de Serres. 495; Embtriziens. Bonaparte. 160. Eatomologie appliquée. Rapport à la Socitté d'agriculture. Guérin- Méneville. 317. Epicauta caustica. Rojas, 4#1. Erpétologie. A. Dumtril. 188, 470. Eumorphes. Guér.-Mén. 565. Euryprosopus. Buquet. 409. Fanons de la Balcine. E Reusseau, 94. Flamant. Guyon. #15. Gcai nouveau, Verreaux, 439. Geuette d'Algérie. Loche. 385. Gymnodoutes. Hollard, 517. Hautlé, pain d’insecte. Guérin- Méneville. 522. Iconographie du règne animal, en prime. 541. Insectes des grains. Garreau, 452. Insectes (pain d'). Virlet. 522, — Guérin-Méneville. 322. Insecte perforant les balles. Vail- lant. #16. — Duméril 418. Instruction aux naturalistes voya- geurs. Guérin-Méneville. 476. Larves vivantes dans le corps hu- main Legrand. 458. Leptorhynchus(Poiss.). Lowe. 529. Lioné, Bonaparte. 183. Longicornes nouveaux. Chevrolat. | 74, 103, 107, 166.— Buquet, 409, Mammalogie (notices). Pucheran, 193,241, 289, 337. Manière d'enseigner l’histoire na- turelle. Grimaud, 529. jéaile du prince Ch. Bonaparte. Mollusques terrestres et fluviati- les. Bourguignat, 3 Mollusques utiles. Guérin-Méne- ville. 542. Mouographie du Bombyx du mü- rier. Cornalia. 142. Moquinus. Bonaparte, 49. Musée d'histoire naturelle appli- quée. Gutrin-Méneville. 325. Mygales. Lucas. 587. Notes ormthologiques. Moquin- Tandon. 488. Notonecta, Œufs.Pain du Mexique. 222. Œufs d'oiseaux. Hardy, 253, 383. Oiseaux d'Europe. Bonaparte. De Sélys-Lougchamps. 117, 134. Oiseaux d'Europe ct d'Algérie. Bo- naparte. 55. Oiseaux (mœurs). Moquin-Tan- don. 488. Oursius perforants. Caillaud, 391. Passalus du Mexique. Truqui. 259, 308. Perroquets. De Souaucé, 97. Phénomènes météorologiques. A. Poey. 374, 422. Pholades Caillaud, 64. Pigment des plumes. Bogdanow. 510, Pitta Mathildæ. Verreaux. 303. Poissons. A. Duméril. 370. — Id. Gymnodontes, Hollard. 517. Psittacidés. Blanchard, 112,— Bo- naparte. 113. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. Pyrethrum ros-um. Waga. 44. Rage. Levachofl. Guérin-Méneville. 367. — Laurent Duméril. 457. —Bogdanow. 475.— Guillabert. 588. Rhipiphorides. Gerstaecker, 90. Sangsues (monographie). Ebrard. 461. Quatrefuges. 510. Schwaueria. Bonaparte. 54. Soie du ricin. Guériu-Méneville. 521. Squelette humain. Gervais. 286. Statue de Geoffroy Saint-Hilaire. 421, 451. Tinéide du maïs. Bruand. 321. Trachys pygmæa. Leprieur. 47, 85 Trochoideus. Guérin -Méneville. 191. IT. TABLE DES N Autoine. Abeilles. 324. Barthélemy. Ver à soie. Graine. 459. Bigot. Graines de Vers à soie, 179. Blanchard. Psittacidés. 112. Bogdauow. Cétoine, rage. 4735. — Pigment des plumes. 511. Bouaparte. Moquinus.49.—Schwa- neria. 54.— Oiseaux d'Europe et d'Algérie, 55. — Psittacidés. Blanchard. 113.— Oiseaux d'Eu- rope. 117, 134. — Embérizieus. 160, — Linné. 183. — Turdiers. 204. — Sahara, Algérie, 282, — Nécrologie. 332. Bourcier. Médaille Bonaparte. 468. Bourguignat. Mollusques terres-| tres et fluviatiles. 3. — Aménités malacologiques. 209, 545. Bray (de). Bœuf musqué. 362. Bruand. Tinéide du maïs. 321. Buquet. Euryprosopus. 409, - Caïllaud. Oursins perforants, 391, — Pholades. 64. 60 Turdiens (monographie ). Bona- parte, 204, Utilité des Mollusques terrestres. Guérin-Méneville. 542. [l Vers à soie et Moigno. Guérin-Mé- neville. 21, 85, 171. Vers à soie, graine. Bigot, 179. — Dumas, 86. — Société d'agri- culture. 236. — Barthélemy. 459. — Martins, 109, — De Qua- trefages, 236, 329, — Guérin- Méneville. 325. — Dumas. 412. Ver à soie du ricin. J. Geoffroy Saint-Hilaire. 453. — Guérin- Méneville. 456. 515. — Vaillant, 515. Vespides du Mexique. De Saus- sure. 269. Zoologie du Sahara algérien. Lo- che. Bonaparte. 282. OMS D'AUTEURS. Chevrolat. Longicornes, 74, 103, 107, 166. Cornalia. Bombyx du mürier, 142. Darblay. Vers à soie (graine). 236. Delafond. Cœnure. 450. Doyère. lusectes des graius. 452. ‘Dumas. Vers à soie. 186, 283, 412. Duméril (A). Erpétologie. 188. — Poissons. 370, 470, Duméril. Insectes des balles. 418, — Geoffroy Saint-Hilaire. 451. Ebrard. Monographie des Sang - sues. 461. ‘Geoffroy Saint-Hilaire, Ver à soie du riciu, 453.—Monument. 421. Gerstaecker. Rhipiphorides. 90. |Gervais. Squelette humain. 286. {Grimaud de Caux. Icon. du Règne anim. 529. Guérin-Méneville, Vers à soie et Moignuo. 21, 85. — Martins, 109, 171. — Confect. de graines 325. —hRage.307,473,588.—Trochoi- 608 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1857.) deus. 191. — Ver à soie du ri- cin. 456, 521. — Cétoine dorée, 413. — Accouplements de fa- milles des Abeilles. 514. — Ins. des balles. 418. — Statue de Geoffroy Saint-Hilaire. 421. — Hautlé, œufs d’Ins., pain. 522.— Rapport Soc. d'agr. 317. — Cane Borer. 347. — Musée d'hist. nat. appl. 325.— Phénomènes météo- rol.374.—Instruction aux voya- geurs. 476. — Utilité des Moll. terr. 542,—Vers à soie, obs. sur M. Barthélemy. 459. — Icon. du Règne animal en prime, 541. Guyon. Flamant, 415. Hamet. Accouplements de famille des Abeilles. 514. Hardy. Œufs d'Oiseaux. 253, 383. Herpin, Alucite. 365. Hollard. Gymnodontes. 517. Huzard. Consanguins. 145. Legrand. Larves vivantes dans le corps humain. 458. RANeNE Trachys pygmæa. 47, er Sahara algérien. 282. Genette. 385. Lowe. Leptorhynchus. 529. Lucas. Mygales. 587. Marcel de Serres. Echinus lividus. 399. Marseul (de). Coléopt. d'Eur. 463. Martins. Vers à soie. 109, Moquin-Tandon. Notes ornithol. 488. Morel. Dégénérescence de l’espèce humaine, 519. PARIS, — IMP, DE Me v: Murchison. Crustacés fossiles. Nieto. Acridium Velazquezii. 359. Poey. Phénom. météorol. 374,422. — Obs. météor. 420 Pucheran. — Notices mammal. 193, 251, 289, 337. — Cerf des Philippines. 481. Quatrefages (de). Vers à soie. 236. — 156 questions. 284, 329. — Sangsues. 510. Rojas. Cantharide. 441. Rousseau. Fanons de la Baleine. 94. Saussure (de). Crustacés nouv. 99. — Vespides. 269. See Tongemps(Ne Ois.d’Eur. Re Class. des Carnivores. 387, 432. Souancé (de). Perroquets. 97. __|Truqui. Passalus du Mexique. 259, 308 Vaillant (le maréchal). Ins. des balles, 416. — Cetonia aurata. 416. — Soie du ricin. 521. Valenciennes. Cœnure. 449. Verreaux. Pitta mathildæ. 303. — Geai. 439. Virlet. OEufs d’Ins., etc. 522. Waga. Blatta. 444, 505. — Pyre- thrum. 444. A BOUCHARD-HUZARD , RUE DE L'EPERON : 9. Hevue et Mag de Zoo 42 Inodonta Vescoiana 14. Crcalarlla aglera FORT Le Accculordes Pevue et Mag. de Zoologie 7457. 1 5 8 9 L'Luvasseur dul ot Lith LU Bugs érta 14. Uuo Œurclillianus 5 y. Bulinus Humbert D Sp _ OBSCUTUS, € Hilix ) Miller e 2 k 8 9 jo , ZLirascur del ur Lich ZLith Bugs 7 4 Um eucyphues 57, Bulinus epsomus 170 D. Psedoepisome s PE ï Aeoue et Mag de Zoologie. 1657 L'Luoasseur, did et Le 1-4 Uuo Conleru 5_ 9. fomalias Raytanumt voue et Mag. de Zoologue. 1457 PL 5 k 1 EBlendil di LA Bacs Pire du x Moquinus albicaudus. Bp. Levue el Mag. de. Loologte. 185 7. Wapler del 117272 Crioproso pus Distenia Zee Chevretit . Triammatus Srrnders . r. der Nayers Y lémard imp : : Î . . : ] "LA. = 8 . ‘a Û 7% i” « te * “ à - rade ÿ ï Ce £ ë "TES sr, y " Pa y ' Ed 1 L " : AB: Ê RS É cr. : : F + + < : RE] { i » NT 471 A? # prune 7) C4 7 de 62 dr néepeor p Éy p vna 4 " ”, à tx à a f ATUTE 2 . re ‘ . Pevue et Mag. de Zoologie. 1857 :! ZLuraasur dudit luth 64 Ficguet frères 1_9. Huix sphaertosltoma. 7-9. Lorutes deilus 4-6 VÜmuo eucirrus. 0 _12, Îfelix Crelloist. Pour Le tante dus planches 89-10 voir paqu 1 à 11 de 1857 y _ 3. Uelix Codringlont, Gray Pr RÉ eacoucla / /elix ep ua PER RE euchromira AUSTT Mine à Mo de Lootogu. 15 Pitta ( Brachyurus ) Mathilda Jet Ed. Verr 072 1/ 2x0nb4D)à) UN IP AO _ no pgrepep = L 2U90T x ujuedeuog eyouos 4 Garrulus minor. J.Verreaux ni: “US -wep “snurddipryq STAUV") Pevue ct Mag de Zoologie 1857 1 4 comephora ,» Bourg Jelptla AFS cegler. Dschudfinsi, Dubois PL 16. Aevue et Mag de Zoologie. 157. Tim à L re S% £]1D2r CRI 1.3. Palia perversa 12. Balia Fischertana 46. BP Deshayestana 1316 PB ayant. 7 9 D yrearuca 618. PB. lucfuga à NS. n de sas