y S^ c), *^*¥\ REVUE KT MAT.lsn DE ZOOLOGIE PURE ET APPLIQUÉE. RECUEIL MENSUEL DESTINÉ A FACILITER AUX SAVANTS DB TOUS LES PATS LES MOYENS DE PUBLIER LEURS OBSERVATIONS DB ZOOLOGIE PURB ET APPLIQUÉE A l'industrie et a l'agriculture, leurs TRAVAUX DH PALÉONTOLOGIE, d'aNATOHIB ET DE PUVSIOLOGIR COMPARÉES, ET A LES TENIR AU COURANT DES NOUVELLES DÉCOUVERTES ET DES PROGRÈS DE LA SCIENCE; M. F. E. GUÉRIN-MÉNEVILLE, IVlrinbre de la Légion d'bonaeur, de l'ordre brésilieD de la Rose, de Torlie portugais du Cbrist, olHcier de Tordre hollandais tle la Couronne de chêne, de la Socicti- impériale et centrale d'Agricullure, des Académies royales des Sciences de Madrid, de Lisbonne et de Turin, de l'Académie royale d'Agriculture de Turin, de la Société impériale des naturalistes de Moscou, d'un grand nombre d'autres Sociétés natiouales et étrangères, etc., etc., etc. 2" SKRIE. — T. XVII. 18(35. PARIS, AU BUREAU DE LA REVUE ET MAfxASlN DE ZOOLOGIE, ET DE LA REVUE DE SÉRICICULTURE COMPARÉE, RUE BONAPARTE, 30. ^ ▼INGT-HUITZÈME ANNÉE. — JANVIER 1865. I. TRAVAUX IIVÉDITS. Note sur quelques variétés de Renards observés en Corse, et particulièrement le Vulpes melanogaster, Ch. Bona- parte (1), par M. Henri Aucapitaine. On sait que le Renard commun (Vulpes vulgaris, Briss.) oifre souvent, dans une région, parfois même dans une seule forêt, des individus qui s'éloignent les uns des au- tres par la coloration très-différente des diverses parties de leur pelage (2). Ce fait a lieu pour le Renard de Corse qui habite un pays accidenté, d'admirables forêts aux es- sences variées, et enfin des climats différents. Disons d'abord que, par une exception qui mérite d'être signalée, le Renard de Corse atteint une dimension supé- rieure à celle de ses congénères du midi de l'Europe, tandis qu'au contraire tous les autres mammifères de cette île, Chevaux, Bœufs, Cerfs, Moutons, sontplus petits que ceux du continent (3). Deux fois j'ai constaté, en Corse, la présence du Re- (1) C. L. Bonaparte, Jconographia délia fauna italien per le quatroclassi degli animali vertebrali. Rome, 1832-1841, 3 vol. in-folio, (2) Godroti, De l'espèce el des races dans les cires urganisés, etc., t. I, p. 18 (variations de la couleur). (3) Je dois cependant signaler une autre e\ception pour une variiHé d'Écureuil de la Corse, trùs-voisiue du Sciurus yelulus, Lin., qui est plus grande et plus grosse que l'espèce du continent ineridioual franco- italien. 4 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Janvier 1865.) nard à queue noire dont quelques zoologistes ont fait une espèce sous le nom de Vulpes alopex, Schrebert, et ap- pelée, en France, par les chasseurs, Renard charbon- nier. La première fois, à Calvi (février 1863), on m'apporte un jeune individu de cette variété, tué dans la forêt de Calenzana; les parties caractéristiques étaient peu colo- rées, ce qu'il fallait sans doute attribuer à la jeunesse du sujet. La seconde fois, ce fut à Vivario (avril 1863) où l'on me montra deux Renards mâles, de forte taille, dont l'un très-vieux, tués dans une battue faite dans les grandes forêts voisines. Ces animaux, au lieu d'avoir la queue terminée par des poilsblancs, avaient la moitié au moins de cette extrémité complètement noire et très-fourrée ; il en était de même de la partie postérieure des pattes de devant, la gorge et le poitrail gris foncé fortement mélangé, chez le plus vieux, de poils noirs longs et soyeux. Quelques chasseurs m'assurèrent, à ce moment, que presque tous les Renards tués pendant ou à la fin de l'hiver présentaient des variétés analogues dans leur pelage, et que ces teintes foncées disparaissaient en même temps que les neiges amoncelées sur les hautes montagnes de l'île. Une des variétés de Renards les plus répandues, en Corse, est celle commune dans la campagne de Rome, en Toscane, dans l'Italie méridionale (1), à laquelle Charles Bonaparte a donné le nom de Vulpes melanogaster, Re- nard à ventre noir, dans son grand et remarquable ou- vrage sur les animaux vertébrés de la Péninsule ita- lique. (1) Tandis que, d'après le savant naturaliste, le Chien-Renard de Linné vit spécialement eu Piémont et en Lombardic. TRAVAUX INÉDITS. 5 C'est l'animal qui fait l'objet de cette note. Ce Renard présente les caractères suivants : Pelage du ventre noir ou brun très-foncé, particulière- ment de la gorge à la troisième paire de mamelles; face intérieure des cuisses noire, ainsi que la partie postérieure des pattes, surtout au train de devant. Le bas des joues, côtés latéraux de la bouche, extrémité de la mâchoire in- férieure complètement blancs ; moustaches épaisses, dures et longues, noires ; queue épaisse, longue et presque traî- nante, terminée par un bouquet de poils noirs. Toutes ces parties deviennent blanches en été. Ch. Bonaparte signale, en outre, les caractères suivants comme spéciaux au Vulpcs melanogaster : « tête plus « grosse, museau aigu, front aplati, oreilles petites, droites «et pointues, les yeux obliques avec iris sombre. » Taille supérieure au Vulpes vulgaris. Dimensions d'un individu observé en février 186V à Aleria. Longueur du corps mesurée en ligne droite, depuis le bout du museau jusqu'à la naissance de la queue. 0'°,82 De la tête 0"\22 Des oreilles (côté interne) 0'" iï De la queue 0"',48 Hauteur du corps au train de devant O^j'i-O Également répandu dans toute la Corse et, dit-on, en Sardaignc. Le F. melanogaster a été, en dehors de l'Italie, signalé dans l'est de la France (1), plus rarement dans les forêts montagneuses, entre la Loire et la Saône (2); enfin il est très-commun en Portugal (3) et probablement aussi en Espagne. (i) \.aurillàTd, Dictionnaire universel d'histoire naturelle, t. III. p. 561. (2) Desmarest, Carnassiers de l'Encyclopédie d'histoire natu- relle, t. II, p. 82. (3) Barbosa du Bocage, Mammifères et replHes du roiliigol {Revu:' zoolo{/ique, 186:^, p. .'331). 6 REv. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Janvier 1865.) Ce type étant plus spécialement méridional, n'est-il pas permis de supposer que les individus signalés, en France, ne sont que des variétés locales, intermédiaires entre le V. alopex et le F. melanogaster, et se rapprochant même davantage du premier, comme le donne à croire une ob- servation de M. Boitard? D'après Ch. Bonaparte, le Vulpes fulvus de Desmarest, espèce spéciale à l'Amérique septentrionale, serait le type de Renard qui présenterait le plus d'analogie avec le F. melanogaster. Le même auteur s'exprime en ces termes au sujet de la fixité des caractères propres à cet animal : « que notre « Canis melanogaster appartienne à une variété, à une race « ou à un groupe, nous soutiendrons toujours qu'il estdis- « tinct du Canis Viilpes, qui vit dans les contrées centrales « et septentrionales de l'Europe, comme le sont les Canis « fulvus, Canis cinereo-argenteus et Canis Niloticus, qui tt forment, d'après le plus grand nombre des naturalistes, « chacun une espèce différente : ils sont distincts entre « eux précisément comme notre Passereau commun, Frin- « gilla cisalpina l'est du Fringilla domestica du reste de « l'Europe... » C'est cette opinion que je veux précisément combattre dans l'intérêt de l'étude des types et variétés dans les groupes spécifiques, bien qu'elle ait été émise par un sa- vant aussi illustre qu'éminent citoyen , qui m'honorait d'une bienveillance spéciale, et dont la mémoire et les travaux me sont chers à plus d'un titre. Il me semble évident que les caractères énoncés du Vulpes melanogaster sont loin d'être permanents. J'ai pu constater la particularité anatomique signalée par Ch. Bonaparte, qui consiste en deux crêtes s'élevant sur l'os frontal et convergeant immédiatement derrière l'angle postérieur de l'orbite pour se confondre à la sou- dure du frontal et des pariétaux. Ce caractère, si toute- fois on peut le regarder comme tel, est particulièrement TRAVAUX INÉDITS. 7 propre aux jeunes Renards; il en est même du type en question, chez lesquels ces deux crêtes sont à peine accusées, et il semble disparaître chez les vieux indi- vidus. Les caractères tirés de la coloration et de la distribu- lion du pelage propres au groupe des Renards ont d'au- tant moins de valeur qu'ils sont changeants, et se modi- fient suivant les saisons , l'âge et les conditions lo- cales (1). C'est ce que l'on observe journellement dans les Vulpes vulgaris, V. alopex, V. crucigera, etc. Chez les individus du type qui nous occupe ici, les parties noires, en hiver, passent successivement par les teintes grises pour devenir blanches pendant la saison d'été (2). Qu'arrive-t-il alors? Durant cette saison d'été les Vulpes melanogaster et les V. alopex, par exemple, deviennent identiques; ils ont les mêmes caractères, et ressemblent tellement au Vulpes vulgaris, qu'il est au moins difficile de les distinguer. Voilà donc deux espèces confondues pendant l'été en un seul type, sauf à former deux espèces à la période hi- bernale, et ainsi de suite !.. . En outre, ce passage du noir au blanc ne paraît pas avoir lieu constamment à tous les hivers et à tous les âges. Le pelage noir est une livrée hibernale, qui est subordon- (1) C'est ici le lieu de faire observer que la famille des Renards, de même que celle des félins et des canidés ofiFrent, en zoologie, une éclatante confirmation du principe reconnu en botanique par M. Dar- win, que les espèces des plus grands genres varient partout beau- coup plus que les espèces des genres moins riches, ce qui équivaut à ceci, que moins un genre comprend d'espèces, micui les espèces de co genre ont des caractères propres, tranchés et constants. (2) Et non pendant l'hiver, comme l'a écrit M. Lauriliard, qui a constaté également le peu de fixité des caractères spécifiques du V. melanogaster, (Voy. Dictionnaire universel d'histoire naturelle, t. m. p. 562. 8 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE, {Janvier 1865.) née directement à l'influence de la température, et dure autant que la saison rigoureuse. Les poils soyeux, gris ou brun fauve à la racine, noirs aux extrémités, sont alors plus longs que pendant l'été, et les poils laineux beaucoup plus abondamment fournis. Les deux jeunes V. melanogaster que j'ai vus à la même époque et également à Aleria (1) avaient les teintes beau- coup moins foncées que le vieux Renard dont j'ai indiqué les dimensions. D'où il résulte que le prétendu Vulpes melanogaster est plus commun dans les localités froides et accidentées que dans les plaines chaudes : c'est ce qui a lieu en Corse où le fait est constaté par les chasseurs eux-mêmes. Il y a là une de ces corrélations si fréquentes entre la constitution du sol, le climat et la faune d'un pays. De ce qui précède on peut conclure, d'accord en cela avec plusieurs zoologistes, que le V. melanogaster doit être rayé des catalogues. De même on doit aussi recom- mander tout particulièrement aux observateurs l'étude attentive des conditions dans lesquelles se produisent les nombreuses races et variétés du groupe des Renards. Le Renard est le seul animal dangereux qui existe en Corse ; il détruit une grande quantité de gibier, et l'on dit même qu'il enlève parfois déjeunes agneaux. Sa taille, sa force bien supérieure à celle du Renard du continent, peuvent, en effet, le rendre redoutable. Il est très-sujet à la rage, particularité qui est énoncée dans tous les auteurs ayant écrit sur le département de la Corse. (1) Liiu avait été tué dans la forèt de Vezzaiii. TUAVAUX INÉDlTig. 9 Sur les indications que peut fournir la Géologie, pour l'explication des différences que présentent les Faunes actuelles, par M. Pucberan. (Lettre à M. le Professeur d'Archiac.) Monsieur le Professeur, Dans un des chapitres du dernier volume de vos sa- vantes leçons de paléontologie (1) vous avez bien voulu exposer (2) les divers résultats des recherches dont je m'occupe, depuis une quinzaine d'années, sur la détermi- nation des caractères généraux des faunes contemporaines. Les conclusions que j'ai formulées, dans ce travail non interrompu d'observations et de réflexions, sur la mam- malogie d'Afrique, sur celles de Madagascar, du continent européen et des parties septentrionales de l'Amérique et de l'Asie, etc., s'y trouvent amplement citées, et toujours avec des expressions qui témoignent delà bienveillance la plus sympathique. Permettez-moi donc, monsieur le professeur, de vous adresser, à cette occasion, tous mes remercîmcnts les plus sincères. Grâce à votre haute approbation, l'importance de cet ordre de travaux sera dorénavant, il faut l'espérer, plus appréciée, encore, à sa juste valeur par les zoologistes spé- cialistes, seuls aptes à les comprendre et à les juger, aussi bien que par les géologues et les paléontologistes, aux- quels leur mode de procéder dans leurs déterminations initiales doit rendre plus familières les indications four- nies par l'état physique des divers milieux. Je serais vrai- ment ingrat, au reste, si je désavouais de si honorables et si savants devanciers : de nouveau, je suis prêt à affirmer ce que j'écrivais, en 1851, que, en faisant attention à la structure géologique pour l'explication des différences entre les espèces, les paléontologistes ont suivi une (1) Cours de Paléontologie stratigraphique, de. l'remièn- aiiruc, 2' partie, chap. IV, 1864. (2) Pages 16-2, lût, 160, 168, 169. 10 RF.v. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Janvier 1865.) marche plus vraie et plus philosophique que les zoolo- gistes (1). Mais une fois accepté, et je crois, monsieur le pro- fesseur, que, sous ce point de vue, je puis hautement avouer votre entière approbation, une fois accepté ce rapport d'ensemble entre les formes des types et l'état physique du milieu dans lequel ils vivent, tout zoologiste, unpeu versé dans l'étude de ces diverses corrélations, peut et même doit, sans hésiter, se demander à lui-même quelle peut être la nature de ce rapport. Est-ce un rap- port de simple coïncidence ? Il ne faut pas se dissimuler que, sans qu'on puisse être exposé à être considéré comme esprit rétrograde, une semblable hypothèse peut être sou- tenue. J'emploie, et à dessein, ce mot d'hypothèse : car il est évident qu'aucune des opinions qui peuvent être émises sur l'origine et le mode initial de manifestation du globe terrestre et des divers corps, soit organisés, soit de nature inorganique, qui l'habitent, ou en font partie, n'est susceptible d'être confirmée par l'observation directe. Est-ce, au contraire, un rapport de causalité? Cette se- conde hypothèse peut être également acceptée, également trouver des apologistes. Mais dans l'une et dans l'autre de ces opinions, surtout dans la seconde assertion, hasar- dée au premier abord, mais que justifient, cependant, quelques instants de réflexion, on est conduit à admettre une adaptation très-active des types au milieu dans lequel ils font leur séjour. Or, cette adaptation peut être également admise, en considérant comme l'effet d'une simple coïncidence les rapports existant entre les carac- tères généraux d'une faune et l'état physique des lieux qu'elle habite. Il suffit, alors et tout simplement, de re- garder cette coïncidence comme étant acquise, et non pas comme étant initiale. Ainsi qu'il est facile de s'en convaincre par la dernière (l) Revue et magasin de Zoologie, 1855, p. 457. TRAVAUX INÉDITS. 11 conclusion que je viens d'énoncer, l'hypothèse de la va- riabilité du type se trouve donc incluse dans celle de ces hypothèses qui semble devoir lui être le moins favorable. Mais, quelle que soit l'hypothèse à laquelle donnent leur approbation les hommes de science, vraiment compétents en zoologie (et je désigne sous ce nom, dont seuls ils sont dignes, les savants doués de connaissances approfondies sur les genres et sur les espèces), il est évident que le pre- mier fait général que décèlent ces études sur les carac- tères généraux des faunes est celui du rapport parfaite- ment harmonique qui existe entre l'état physique de telle ou telle région du globe (Afrique, Madagascar, etc.), et la faune qui lui est spéciale. Nous devons ajouter que, jusques à ce que nous eussions porté notre attention sur ces recherches si intéressantes de zoologie générale, les faits d'harmonie entre les genres et les espèces d'une part, et la région qui leur sert d'habitat d'autre pari, n'avaient été établis que d'après des observations fort restreintes, et en s'appuyant sur des bases tout aussi in- suffisantes. Ainsi, nous savions bien que les mammifères des pays chauds ont le pelage plus ras que ceux des pays froids; que, dans d'autres circonstances, les habitudes de l'animal exercent une influence parfaitement déterminée sur l'allongement de son poil : ainsi, il en est pour les mammifères nocturnes et, très-fréquemment, pour ceux (jui sont doués d'habitudes aquatiques. Nous connaissions également le mode spécial de coloration des animaux des déserts, le développement de leurs conques auditives; mais ces rapports, et même celui que nous venons de citer en dernier lieu, quoique présentant une importance réelle, portaient seulement sur des organes, essentiellement exté- rieurs, et ne paraissant pas avoir grande influence sur la vie des êtres. Je me sers, et h dessein, monsieur et illustre maître, de cette expression, ne paraissant pas : car la moindre modification d'un organe extérieur acquiert presque toujours une grande valeur aux yeux d'un zoolo- 12 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Janvier 18G5.) giste vraiment cligne de ce nom : pour ma part, je dois l'avouer, il m'est impossible de qualifier ainsi ceux qui se croiraient entomologistes, parce qu'ils savent différencier un papillon d'une mouche, ou malacologistes, parce qu'ils distinguent un buccin d'un anodonte. Dans une autre série de faits, celle qui a donné à notre immortel Buffon cette occasion, unique, suivant moi, dans l'histoire delà zoologie, de montrer de quelle utilité peut être, pour la classification, l'application d'un principe, dans cette série de faits différentiels qui séparent les Singes catarhinins des Singes platyrhinins, je puis bien constater un rapport, mais j'avoue qu'il m'est impossible d'apercevoir un rapport d'harmonie. Comment et pour- quoi les narines sont-elles, à leur extrémité libre, séparées par une large cloison chez les Singes américains, tandis que cette cloison est étroite chez les Singes de l'ancien continent? Des dispositions différentes dans les fosses na- sales séparent également les vulturidés de l'ancien con- tinent de ceux du nouveau, ainsi que l'a prouvé notre illustre et regrettable zoologiste, le prince Charles Bona- parte. J'ai pu moi-même, enfin, constater que, chez les corvidés américains, les fosses nasales étaient moins cou- vertes de plumes que chez leurs congénères de l'ancien continent. Nous nous trouvons, par suite de ces faits, sur les traces de la constatation d'un fait général, d'un carac- tère de faune : mais, je dois le répéter, il m'est, pour le moment, impossible de constater une corrélation harmo- nique, même lointaine, entre l'habitat différent de tous ces types et la disposition que présentent les ouvertures de leurs cavités olfactives. Il me semble possible, au contraire, de concevoir et d'établir une parfaite harmonie entre les caractères géné- raux des faunes et l'état physique actuel des diverses ré- gions dont elles sont originaires. Dans la faune d'Afrique, cette vaste étendue de terrain parsemée de déserts et de lieux arides, se trouvent des mammifères, à membres bien TRAVAUX INÉDITS. 13 développés, à oreilles douées d'une certaine amplitude. Cette caractéristique de faune me paraît être à l'abri de toute objection sérieuse, aussi bien que celle qui diffé- rencie, par des traits tout à fait opposés, la mammalogie de l'Europe et du nord de l'Amérique et de l'Asie, régions dont la constitution physique est aussi bien ditîérentc. Ces deux modes de démonstration se confirment dans l'espèce : preuve évidente, suivant nous, que les conclu- sions qu'ils formulent sont bien l'expression de la vé- rité. Dans la faune des régions mélanésiennes, une semblable opposition nous est offerte par la faune de la Nouvelle- Hollande, comparée à celle de la Nouvelle-Guinée. Le dernier explorateur de ces contrées lontairies, M. Wallace, s'est étonné qu'entre ces deux régions, simplement séparées par le détroit de Torrès, dont l'une est, comme l'Afrique, parseméed'espacessablonneux, tandis que l'autre (la Nou- velle-Guinée) est une vaste forêt, toujours resplendissante de verdure, il existât, sous le point de vue de la faune, une si grande similitude. Cette assertion est de toute exac- titude; mais, après un examen un peu attentif des deux faunes, il est facile de constater que des mammifères mar- cheurs, tels que Dasyure, Phascolome , IMyrmécobe , Échidné, existent en Australie, que les Macropidés et les Péramélidés s'y trouvent représentés par de très-nom- breuses espèces. A la Nouvelle-Guinée, au contraire, les aptitudes arboricoles de la faune sont même empreintes sur les Kangurous ; ils y constituent de véritables Lièvres d'arbres [Dendrolagues): teWe est, pouHani, la traduction de la dénomination donnée à ce type générique par M. Salomon Mûller. Ainsi, quelque semblables que soient entre elles ces deux faunes (de la Nouvelle-Guinée et de la Nouvelle-Hollande), elles présentent, cependant, quelques différences ; et ces différences sont en parfaite harmonie avec celles qui nous sont offertes par les différences d'état physique des régions qu'elles habitent. Ik REV. El MAG. DE ZOOLOGIE. [Janvier 1865.) Ce même rapport d'harmonie nous est, de même, pré- senté par la mammalogie de Madagascar : à Madagascar, la faune est , presque en entier, composée d'espèces vouées, à divers degrés, à la vie nocturne. Extérieure- ment, elles sont douées d'un pelage excessivement touffu et moelleux au toucher ou de globes oculaires à ouver- tures pupillaires véritablement amples ; parfois, ces deux caractères se combinent. Deux genres madécasses, faisant partie de l'ordre des insectivores, les genres Tenrec et Éricule, ont, il est vrai, le corps presque en entier cou- vert de piquants, mais l'influence du caractère général de la faune n'en est pas moins actif et efficace : les Tenrec et Ericule s'abandonnent, en effet, au sommeil hibernal. Maintenant, comment expliquer cette grande uniformité dans les mœurs des mammifères madécasses? Par cette circonstance (et l'explication me paraît à l'abri de toute critique) que la grande île de la côte orientale d'Afrique est largement occupée par de vastes forêts. Il y a, dès lors, harmonie parfaite entre le caractère physique qui lui est inhérent et celui de la faune. A l'occasion des caractères généraux des deux dernières faunes, dont je viens d'exposer les traits les plus accentués, je ne puis omettre, monsieur le professeur, une objection qui, sans nul doute, se sera présentée à votre esprit. Elle est relative aux différences réciproques que présentent, entre elles, sous le point de vue de leurs faunes, la Nou- velle-Guinée et Madagascar, lorsqu'il est évident que, dans ces deux îles, la constitution physique est essentiel- lement semblable. Comment et pourquoi cette différence? Je ne pense pas avoir mauvaise grâce à avouer qu'il m'est présentement impossible d'en donner, à ce sujet, la plus minime explication, quelque aptitude que j'aie pu montrer, dans divers travaux, à expliquer la manifestation des faitsexceptionnelsà un principe par l'influence, alors plus active, d'un autre principe. Cette croyance à l'infaillibilité des lois de la création est, pour moi, je dois occasionnel- TRAVAUX INÉDITS. 15 lement l'avouer, monsieur le professeur, un véritable article de foi, et de foi profonde. Aussi je pense que le plus simple et le plus minime des faits a toujours sa raison d'être (1): il doit, dès lors, pour être interprété, devenir, de la part de celui qui le constate, le sujet de réflexions approfondies. {La suite au prochain numéro.) Note sur la Muscicapa tricolor, de Vieillot, par M. Pl CHER AN. Dans le Mémoire que j'ai publié sur les types de Passe- reaux dentirostres de la collection du musée de Paris (2), j'ai rattaché à cette espèce la Muscipeta melaleuca^ de (l)Dans les dernières années de sa belle et noble vie, Élienne Geoffroy admettait l'existence de faits nécessaires. Ces deux expres- sions nous semblent indiquer que, dans la pensée de cet illustre zoologiste, homme de cœur, homme de caractère, homme de génie, la manifestation des faits de cette nature ne pouvait pas s'accomplir autrement qu'elle ne s'accomplissait. Cette idée entraîne à sa suite, et les lignes qui précèdent indiquent suffisamment que telle est aussi notre opinion, la préexistence de principes et de lois d'un caractère fatalement dominateur. Cette croyance à la fatalité des principes et même des faits n'oxisle- t-elle pas également dans Lamarck, surtout dans Laniarck, s'occu- pant de météorologie? Nous savons, en ciïet, que Lamarck publiait des almanacbs dans lesquels il prédisait la pluie et le beau temps. Il est évident que, s'il n'avait pas ajouté foi à la périodicité con- stante des phénomènes météorologiques, il se fût bien gardé de sem- blables prédictions. Napoléon, Cuvier se sont moqués de Laniarck ; mais, en voyant les tentatives que fait présentement l'Observatoire de Paris, pour arriver, sous ce point de vue, à la constatation de ré- sultats plus positifs, il est permis de conjecturer que son illustre directeur, M. Leverrier, a foi et confiance dans l'œuvre si pleine de progrès dont il a pris l'initiative, et dont, pour notre part, nous ne saurions assez le féliciter. (2) Archives du muséum, vol. VII, p. 357. 16 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. (Januî^r 1865.) MM. Quoy et Gaimard (1), qui, dans mon opinion, devait, dès lors, en constituer un synonyme; mais, ayant pu, dans la seconde quinzaine de juillet 1864, examiner, dans la galerie d'ornithologie du muséum, le type des deux zoologistes du voyage de l'Astrolabe, j'ai pu me convain- cre que ce rapprochement était inexact, ce dernier oiseau étant doué de doigts plus allongés, d'un bec plus long et plus large. Par ces caractères tout à fait différents, la Muscicapa tricolor de Vieillot ressemble à la Rhipidura motacilloides de Vigors et Horsfield (2), qui ne nous semble pas pouvoir en être spécifiquement séparée. Les différences que nous venons de signaler, sous le point de vue de la disposition du bec, n'avaient pas, au reste, été omises, quoique incomplètement appréciées, par MM. Quoy et Gaimard, lorsqu'ils rédigèrent la partie zoologique du voyage de V Astrolabe. « C'est, disent-ils en parlant de leur Moucherolle noir et blanc, une grande es- « pèce, longue de près de 7 vouceSj paraissant être la « même, quoique son bec soit plus long et plus fort que celle « qui, dans les galeries du muséum, porte le nom de Gobe- « mouches à sourcils blancs, et qui n'est point le Muscicapa « superciliosa de Latham (3). » C'est, sous ce même nom de Gobc-mouchcs à sourcils blancs, que nous retrouvons notretype de Vieillot, dans le Traité d'Ornithologie de M. Lesson (h-), qu'il nous faut toujours consulter pour avoir le tableau exact de la col- lection d'ornithologie du musée de Paris, avant que, par mes soins, et sous l'active et savante dirjection de M. Isidore Geoffroy, professeur si distingué et administrateur de si haute portée, elle n'eût été, ainsi que la collection de mam- (1) Partie zoologique du voyage de l'Astrolabe, vol. 1, p. 180, pi. i, f. 3. (2) Transactions of the Linnœan Society of London, vol. XVI, p. 248. (3) Loc. cit. (4) Ir ailé d'Ornithologie, p. 389, n» 58. SOCIÉTÉS SAVANTES. 17 malogie, mise au niveau des progrès récents de la zoo- logie contemporaine. M. Lesson ajoute, également, que le Gobe-mouches à sourcils blancs a été apporté de Timor par Maugé. Il nous paraît donc hors de doute que c'est sur cet exemplaire qu'ont porté les observations de MM. Quoy et Gaimard, et elles nous semblent tout à fait justifier la distinction que nous établissons entre la Muscicapa trico- lor de Vieillot et leur Muscipeta melaleuca. II. SOCIETES SAVANTES. ACADÉMIE DES SCIENCES. Séance du 2 janvier 1865. — M. le docteur Guyon lit un travail intitulé, Sur les accidents produits sur tes ani- maux à sang chaud, mammifères et oiseaux, par le venin des Scorpions. « Disons d'abord, avant d'aller plus loin, que, pour nous, le venin des Scorpions, comme celui des Serpents, est identique dans son action sur l'homme et sur les ani- maux, opinion que nous établissons : « 1° Sur des piqtîres chez l'homme, observées par nous aux Antilles, et faites par les deux Scorpions de ces îles, le grand ou le noir [Scorpio piceus], et le petit ou le gris [Scorpio obscurus), observations publiées en 1861 dans la Gazette médicale de Paris (1) ; « 2" Sur des piqûres également chez l'homme, obser- vées par nous en Algérie, et faites par le Scorpion de la côte ou du littoral [Androctonus occitanus), et par celui de (l) Au nombre de quatre, savoir: une fournie par le prancl Scor- pion ou Scorpion noir, à Sainte-Lucie, sur une négresse, et trois fournies par le petit Scorpion ou le Scorpion gris, à la Marliui(iue. sur des militaires. 2' SÉRIE. T. XVII. Année 1865. 2 18 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Janvier 1865.) l'intérieur ou des contrées méridionales, le grand Scor- pion [Àndroctonus fiinestus), ainsi que sur des expériences faites sur des mammifères et des oiseaux, avec le venin de ces insectes, auquel j'ajouterai celui du Buthus palma- tus, autre Scorpion de l'Algérie, bien que je n'aie pu en faire qu'une seule expérience sur un Cabiai. (( Comme le venin des Serpents, celui des Scorpions a plus d'action sur les petits animaux que sur les grands, et sur les animaux à sang chaud que sur ceux à sang froid, chez lesquels son action serait assez faible si on pouvait en juger d'après deux seules de nos expériences, l'une sur un Céraste, et l'autre sur un Caméléon. « Sans doute, l'action du venin des Scorpions doit être, comme celle du venin des Serpents, en raison de la quan- tité du venin introduit dans la plaie; mais cette quantité, comme on le pense bien, est toujours inappréciable pour l'un comme pour l'autre venin. « On croit généralement que l'action de ces deux sortes de venin varierait selon la saison, et qu'elle serait ainsi plus grande l'été que l'hiver. Des faits sembleraient venir à l'appui de cette opinion ; mais d'autres faits, si on vou- lait bien en faire la recherche, ne manqueraient sans doute pas pour en faire ressortir le peu de fondement. Qu'il nous suffise de rappeler, pour les reptiles, le fait qui s'est présenté à Rouen, dans l'hiver de 1827, sur l'Anglais Drake, exhibiteur de Serpents. Cet homme, comme on sait, mourut en moins de neuf heures (8 h. 45m.) delà mor- sure d'un Crotale qu'il avait pris avec la main, le croyant mort; il n'était qu'engourdi par le froid. Ceci se passait à la date du 8 février, et feu Constant Duméril en a fait le sujet d'un Rapport à l'Académie le 9 du mois suivant. « D'un bon nombre de faits observés, soit de piqûres de Scorpions, soit de morsures de Serpents, il nous sem- blerait résulter que l'intensité, l'acuité des accidents qui sont la suite de ces deux ordres de lésions, tiendrait moins à la différence des saisons qu'à l'accumulation dans les SOCIÉTÉS SAVANTES. 19 réservoirs qui lui sont propres, non moins qu'à la concen- tration des éléments qui le constituent, du venin des ani- maux dont nous parlons, après une abstinence plus ou moins prolongée. Or, cet état physiologique est celui où ils se trouvent dans leur état de torpeur ou de sommeil, c'est-à-dire pendant l'hiver. C'était le cas du Crotale qui donna une mort si rapide à Drake, comme celui de deux faits dont nous avons été témoin dans un voyage d'Alger à Laghouat, en 1857. « Premier fait. — Il s'agit d'un Céraste qu'on m'avait donné au caravansérail de Sidi-Makhlouf, et qui était dans une bouteille ordinaire très-hermétiquement fermée. Cet état de choses existait depuis cinq à six semaines, de telle sorte que, depuis la même époque par conséquent, l'animal était absolument sans air ; il était en même temps sans mouvement, car il emplissait entièrement la bou- teille, où on n'avait pu le faire entrer qu'avec peine. Aussi, vu à travers la transparence du verre, pouvait-on le croire mort. Quoi qu'il en soit, rendu à la liberté, il n'en donna pas moins une mort prompte, et dans le court intervalle de douze jours, savoir : le 15 juillet, à une forte Poule, qui mourut instantanément (je la tenais encore par les pattes; la présentant au reptile, la tête en bas, pour la faire mordre) ; le 19 suivant, à une autre Poule non moins forte, qui mourut en trois minutes; le 27 même mois, à un Pigeon qui mourut en quinze minutes. Quelques jours après, le 8 août, il tuait encore un Moi- neau dans l'espace de deux minutes. « Second fait. — lia pour sujet un Scorpion qui, lors de mon passage à Aïn-el-Ibel, autre caravansérail de la route précitée, avait été pris depuis quelque temps , et qu'on conservait dans une fiole bien fermée. Cet insecte, dès sa mise en liberté, frappa de mort, coup sur coup, un Pigeon ramier et deux Moineaux. Le premier survécut trois heures quaranie-cinq minutes à sa pi(jùre ; mais la mort, chez les Moineaux, fut bien plus rnpide : elle sac- 20 REY. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1865.) complit en deux minutes chez l'un, et en une seule chez l'autre. « Les accidents produits par le venin du Scorpion sont d'abord la piqûre elle-même, dont la douleur, chez les animaux comme chez l'homme, est toujours des plus vives, à en juger et par leurs mouvements, et par leurs sauts, et par leurs cris à l'instant même de leurs piqûres ; elle est également accompagnée, comme chez l'homme, d'une démangeaison irrésistible. Aussi, après la frayeur qui succède à la piqûre, voit-on l'oiseau se porter sur celle-ci des coups de bec énergiques et répétés, et le mammifère se la mordre avec force et se la lécher ensuite. Ainsi, nous avons vu une Gerboise piquée au museau, et ne pouvant, par conséquent, ni se mordre ni se lécher la piqûre, se l'égratigner profondément avec ses griffes de devant. Après quoi, s'étant enfoncé la tête dans un monceau de sable sur lequel nous étions, elle s'y frottait avec la plus grande vivacité dans tous les sens, ne cessant cet exercice que pour revenir au premier, et ainsi de suite, alternati- vement, pendant un assez long temps. « A la douleur et à la démangeaison qui l'accompagne peuvent se borner les accidents produits par la piqûre du Scorpion; le plus souvent, au contraire, viennent s'en joindre d'autres, et dans la partie blessée, et dans l'en- semble de l'organisme. Ces accidents sont donc de deux ordres, locaux et généraux. « Accidents locaux. — Avec la démangeaison qui suc- cède à la piqûre apparaît ordinairement, sur le point même de celle-ci, une rougeur qui s'étend plus ou moins dans son pourtour, et peut se transformer en une phlyc- tène de même étendue. Alors, les parties sous-jacentes sont plus ou moins tuméfiées, et cette tuméfaction peut s'étendre à toute l'épaisseur et à toute la longueur du membre blessé ; elle est toujours plus considérable chez les Herbivores, tels que le Lapin et le Gabiai, que chez les Carnivores, tels que le Chien et le Chat. C'est le pro- SOCIÉTÉS SAVANTES. 21 duit des extravasations sanguines qui se font et dans les interstices des fibres musculaires, et dans les espaces in- termusculaires, et dans le tissu cellulaire sous-cutané, ces dernières rappelant quelquefois, par leur abondance, celles qui s'observent après certaines morsures de rep- tiles. « Accidents généraux. — Ce sont d'abord, et presque aussitôt la frayeur dissipée, des tremblements nerveux, des matières glaireuses rendues par le haut (gueule, na- rines, bec), des vomissements, des selles, une prostration des plus grandes, etc., tous phénomènes accoutumés, à moins d'une mort rapide. Viennent ensuite une respira- tion accélérée, courte, anxieuse, parfois de la toux, avec ou sans exspumation sanguine ; de l'assoupissement, du coma, avec dilatation de la pupille ; des contractions fibrillaires perçues à travers les téguments recouvrant les muscles qui en sont le siège; des contractions de certains muscles, ou du tronc, ou des membres ; des extensions tétaniques, soit seulement des membres postérieurs, soit aussi des membres antérieurs , soit encore de tout le corps en même temps (1) ; èlongalion du membre génital persistant après la mort, rougeur et gonflement de la vulve ; mucus sanguinolent s'échappant ou par la gueule, ou par les narines, et provenant des voies aériennes; urine sanguinolente, parfois abondance d'urine (2), par- fois aussi emphysème ou seulement partiel, ou général. (1; Ces extensions tétaniques se sont généralement présentées dans mes expériences, tant sur les oiseaux que sur les mammifères. La plus fréquente est celle des membres postérieurs, déjà implicitement signalés par M. de Maupertuis, lorsqu'il dit, parlant du Chieu qu'il avait fait piquer, à Montpellier, pur un Scorpion du pays (Androc- tonus occi(dnus) : ... « Il mordit la terre, se traitia sur les pieds de devant, etc.» [Hisloire de l'.icadémie royale des sciences, année 1731, p. 223.) (2) Cette abondance d'urine, que j'ai souvent observée chez les Herbivores (Lapin, Cabiai), constitue «ne sorte de crise de lempoi- 22 KEv. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1865.) « Après la mort, souvent teinte plus ou moins sombre de tous les organes, de tous les tissus, et ressortant sur- tout des membranes séreuses et synoviales; sang toujours fluide dans le cœur et les gros vaisseaux, alors qu'on l'examine peu après la mort (1) ; cœur continuant de battre après son entière vacuité ; parfois mucosités sanguino- lentes dans les voies pulmonaires; vessie vide, parfois avec un reste d'urine sanguinolent , « Tout ce que nous venons de dire sur l'état des or- ganes après la mort, comme tout ce qui précède sur les accidents locaux et généraux, est déduit de nos expé- riences, au nombre de vingt-huit, sur les animaux précé- demment indiqués. Pour ceux de ces animaux qui ont succombé, nous allons donner deux tableaux indiquant le laps de temps écoulé entre la piqûre et la mort. De ces deux tableaux, l'un est pour les animaux qui ont été pi- qués par V Ândroctonus occilanus, et l'autre pour ceux qui l'ont été par \' Androctoims funestus. Les uns et les autres s'élèvent ensemble au nombre de vingt. » Piqûres de TAndroctonus occitanus sur des animaux à sang chaud, mammifères et oiseaux, à Alger, avec indication du laps de temps écoulé entre la piqûre et la mort. Cabiai : plusieurs piqûres aux pattes, 9 minutes. Cabiai : plusieurs piqûres, 25 minutes. sonncment. 11 en est de même, soit dit en passant, dans l'empoi- sounement juridiquement ordonné à la côte occidentale d'Afrique, sous le nom de jugement de Dieu. « U arrive quelquefois, dit M. Touchard, qu'une abondante émission d'urine termine la pre- mière partie de cette scène ; elle est alors un signe certain de l'inno- eeuce du malheureux soumis à l'épreuve. » (Rivière du Gabon et ses maladies, thèse soutenue, à Montpellier, le 6 mars 1864, par M. Touchard, chirurgien de 1" classe de la marine.) 1,1) Il peut pourtant arriver qu'on rencontre un peu de sang coa- gulé dans le cœur, alors que le sang est encore chaud, comme il peut arriver aussi qu'on y rencontre un peu de sang fluide, alors que le &ang est déjà refroidi. SOCIETES SAVANTES. 23 Cabiai femelle : plusieurs piqûres au train de derrière, 30 minutes. Chien du poids de 25 livres : piqûres aux pattes gauches, 30 minutes. Cabiai femelle : piqûres à la fesse et à la jambe du même côté, 1 heure 30 minutes. Lapin mâle du poids de 1 livre : plusieurs piqûres, 3 heures. Rossignol : une piqûre, 1 minute. Hirondelle de rivage : trois piqûres par un Scorpion en état de gestation, 1 minute. Hirondelle de rivage : deux ou trois piqûres par le Scorpion précédent, 1 heure 20 minutes. Coëland : plusieurs piqûres dans les membranes inter- digitaires, 2 heures. « Annotatioji. — Dans l'expérience de Mauperluis, citée dans une note précédente, le Chien survécut cinq heures à ses piqûres, qui avaient eu lieu au nombre de trois ou de quatre, dans la partie du ventre dégarnie de poil. « C'est à cette expérience de Maupertuis, l'une des plus détaillées que nous possédions, qu'Adanson faisait allu- sion lorsqu'il disait, dans le cours qu'il professait : « On (( a vu des Chiens en mourir au bout de cinq heures, « après une enflure générale, des vomissements et des « convulsions qui leur faisaient mordre la terre « {Cours d'histoire naturelle fait en 1772, par Michel Adanson, p. 219; Paris, 1845.) Piqûres de i'Anrlroctonus funestus sur des animaux à sang chaud, mammifères et oiseaux, sur différents points de r Algérie, avec indication du bips de temps écoulé entre la piqûre et la mort. Gerboise : une piqûre, 2 heures 25 minutes. Rossignol : une piqûre à la cuisse, après [)lusieurs autres impunément faites par un occitanus, 30 minutes. 24 REV, ET MAC. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1865.) Moineau : à l'aile gauche, articulation huméro-cubi- tale, 2 minutes. Autre Moineau : à l'aile droite, articulation-thoracique, 3 minutes. Verdier : deux piqûres, l'une à la cuisse, et l'autre à la jambe du même côté, 3 minutes. Oiseau plus petit qu'un Moineau : au tarse, 25 minutes. Pigeon ramier : au tarse, 45 minutes. Oiseau plus gros qu'un Moineau : plusieurs piqûres, 1 heure 45 minutes. Pigeon ramier : plusieurs piqûres, 2 heures. Pigeon ramier : piqûres au bas de la jambe droite, 3 heures 45 minutes. « Annotations. — Quatre Pigeons sauvages queRedi fit piquer à Florence, par quatre Scorpions de l'espèce dont il est question (ils venaient de Tunis), moururent tous quatre en peu d'heures. Ils avaient été piqués dans la partie la plus charnue du thorax. « Un Chapon et un Cochon d'Inde, que Redi fit égale- ment piquer par la même espèce de Scorpion, survécurent aux piqûres, à savoir : le premier sept heures, et le der- nier dix-huit. (Voyez Francish Redi Opusculorum pars sccunda, sive Expérimenta circa varias res naturales, etc., p. 13-14; Lugduni-Ratavorum, 1729.) « Deux voyageurs français, MM. Leynadier et Clausel, qui parcoururent la régence de Tunis il n'y a pas long- temps, disent qu'il existe à Zerbis « des Scorpions dont la piqûre donne une moit instantanée. » Ils disent encore en avoir vu un individu qui mesurait 42 lignes de longueur, et qu'un Chien qu'il piqua mourut en sept secondes, a Dans ce court intervalle, ajoutent les voya- (.(. geurs, son corps enfla tellement, qu'il doubla de \o- « lume. Les yeux et les parties charnues de son museau « secolorèrent immédiatement d'une teinte jaune-bleuâtre « qui se nuança de rouge, puis de vert, qui devint la cou- SOCIÉTÉS SAVANTES. 25 « leur dominante. » [Histoire de l'Algérie française, etc.; Paris, 1848.) « Nous pourrions ne pas faire remarquer que le Scor- pion de Zerbis, dans la régence de Tunis, n'est autre que celui dont nous parlons. » M. le président présente, au nom de M. Tigri, deux opus- cules sur la transformation du sang en substance grasse, et une lettre écrite également en italien, dans laquelle le savant anatomiste fait connaître quelques nouveaux résul- tats de ses recherches sur {'existence des bactéries dans le sang des personnes mortes de la fièvre typhoïde. Dans les précédentes communications l'auteur avait an- noncé que ces infusoires se montraient surtout dans le système artériel ; depuis, il a constaté que, quand les bac- téries manquaient dans les artères périphériques, on les trouvait encore, et en grande quantité, dans l'appareil circulatoire pneumo-cardiaque gauche. Dans un cas, du reste, il a fallu pousser l'investigation jusqu'au poumon même, et c'est seulement en plaçant sous le microsco[)e de minces tranches de l'organe prises dans les points qui étaient le siège d'apoplexies pulmonaires partielles, que la présence des bactéries a été rendue évidente. La lettre et les deux opuscules sont renvoyés à l'exa- men de la commission déjà nommée pour diverses com- munications concernant les bactéries, commission qui se compose de MM. Andral, Velpeau, Rayer et Bernard. Séance du 9 janvier. — M. Bërenger-Féraud a fait pré- senter par M. Cl. Bernard une Note sur un eus de scorbut observé chez le Gorille. M. Pons, en adressant une note sur les fondions de la rate, annonce que SOS recherches sur ce point lui paraissent de nature à jeter du jour sur la nature et le traitement du choléra. MM. Estor et C. Sainipierre adressent un travail sur le même sujet intitulé, Expériences propres à faire connaître le moment où fonctionne la rate. 26 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Janvier 1865.) M. Coste présente, au nom do M. Gerbe, une deuxième note Sur les métamorphoses des Crustacés. Nous joignons ce travail à la note précédente, formant ainsi un ensemble qui paraîtra prochainement. Séance du IG janvier. — M. /ourc/am présente un travail Sur les yeux de TAsteracanthion rubens. M. Voisin adresse une Étude sur les mariages consan- guins dans la commune de Bntz près le Croisic (Loire-In- férieure). Après avoir exposé les faits qu'il a pu observer dans une population peu nombreuse dont les habitants ont l'habitude, depuis plusieurs siècles, de ces sortes de mariages et vivent à peu près isolés des pays environ- nants, dont ils semblent mépriser la fréquentation, M. Voisin termine par cette conclusion : « Ces faits me semblent prouver que, dans les condi- tions dites de bonne sélection, la consanguinité ne nuit en aucune façon au produit et à la race, mais, au con- traire, exalte les qualités comme elle ferait les défauts et les causes de dégénérescence. » M. Duchenne, de Boulogne , adresse des Etudes micro- scojnquesphoto-autographiées d'après des coupes transversales cl longitudinales des ganglions lymphatiques cervicaux de l'homme à l'état normal. Séance du 23 janvier. — M. Etie de Beaumont a pré- senté, en mon nom, un travail intitulé. Mémoire sur un nouveau sous-genre de Bombgcidc producteur de soie, et sur les études entreprises par ordre de M. le général Faidherbe, gouverneur du Sénégal, pour essayer d'en faire l'objet d'une culture avantageuse dans celte colonie. Pendant les glorieuses expéditions militaires faites au Sénégal par M. le général Faidherbe, on a trouvé, dans l'intérieur du pays, un Lépidoptère nocturne dont les co- cons, extrêmement abondants sur plusieurs espèces de jujubiers sauvages, pourraient donner à l'industrie une SOCIÉTÉS SAVANTES. 27 matière textile très-utile. M. le gouverneur, qui est aussi un administrateur éclairé et dévoué à tous les genres de progrès, a de suite compris l'importance de cette décou- verte, et il a donné des ordres pour que des éludes fussent entreprises sur cet insecte, afin de savoir s'il ne pourrait pas devenir l'objet d'une industrie agricole fructueuse dans nos colonies, en Algérie et même dans le midi de la France. Entrant dans les vues de M. le gouverneur et voulant le seconder efficacement, M. le docteur Bancal, chef du bureau de l'intérieur à Saint-Louis, s'est appliqué à étu- dier cette question avec non moins de zèle, et il m'a fait l'honneur de m'écrire, le 27 novembre 1864, pour faire appel à ma vieille expérience dans ces matières, pensant que mon concours pourrait être utile au succès d'une en- treprise qui semble avoir une importance réelle pour la colonie. Pour me mettre à même d'étudier aussi la question, et peut-être d'introduire l'espèce en France et en AI{|érie, M. Bancal a joint à sa lettre, déjà pleine de précieux ren- seignements, douze cocons vivants du Bombycide en question, ce qui m'a permis d'observer de nouveau celte magnifique espèce, d'apprécier la richesse en soie de ses cocons, de rédiger un mémoire, accompagné de figures, qui sera publié dans la Revue de sériciculture comparée, et dont la présente notice n'est qu'un très-court extrait. Je montre, dans ce travail, que le Bombycide du Séné- gal appartient à une espèce que j'ai fait connaître , pour la première fois, en 1838, en la figurant dans mon Ico- nographie du rèr/ne animal de Cuvier et en la décrivant en- suite, en 1844, dans le texte de cet ouvrage, sous le nom de Saturnia Bauhiniœ. J'ai mentionné encore colle es- pèce, en 1847, dans mon article Bombyx de l'Encyclopé- die moderne, puis, en 1855, dans les Bulletins de la So- ciété impériale zoologique d'acclimatation, en [)arlant des essais d'introduction de ce Bombyx que j'avais faits, dans 28 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Janvier 1865.) la ménagerie des reptiles du muséum d'histoire naturelle, avec quelques cocons vivants donnés par M. Barthélemy- Lapommeraye, de Marseille. En raison do caractères propres à sa chenille et à l'in- secte parfait, et dont le plus saillant est, dans le papillon, d'avoir les antennes également plumeuses et larges chez les deux sexes, tandis que celles des femelles sont très- différentes et beaucoup plus étroites chez les vraies Satur- nies (dont le grand Paon d'Europe est le type) , il y a lieu de créer, pour cette espèce et pour celles qui offriront les mêmes caractères, un sous-genre que je propose de dési- gner par le nom de Faidherbia. Ce nom montrera à nos descendants que, si M. le gouverneur du Sénégal a de beaux titres de gloire militaire, il en acquiert de non moins durables par ses conquêtes pacifiques. Les œufs de la Faidherbia Bauhiniœ sont entièrement blancs, légèrement aplatis et ovalaires, à peu près de la grosseur de ceux du B. cynthia. M. Lécart, jardinier en chef de la pépinière de la Taouey, à qui l'on doit des es- sais d'éducation très-bien conduits, a publié une descrip- tion de la chenille observée à ses divers âges. Noire en sortant de l'œuf, grise au deuxième âge, d'un blanc d'ar- gent brillant au troisième, elle passe enfin à la couleur verte, et elle a le corps couvert de petits pinceaux de poils rouges et bleus vers la tête et rouges et blancs en arrière. La chrysalide est brune avec une matière cireuse et pulvérulente grise sur la partie dorsale et un tubercule en forme de tète de clou à l'extrémité postérieure, auquel est fixé le petit paquet formé par la dernière peau de la che- nille. Elle n'a pas, sur la tête, le réservoir de liqueur des- tinée à ranîoUir la soie, que j'ai découvert chez les espèces à cocons complètement fermés. Le cocon, de forme ovalaire, entièrement blanc et lustré, à l'extérieur, est composé de deux enveloppes dont l'interne est formée d'une soie blonde. Il a une ouverture SOCIÉTÉS SAVANTES. 29 en nasse très-serrée, et il est attaché aux branches, comme celui du B. cynthia, par un cordon plat. Le papillon, dont je m'abstiens de répéter ici la longue description, et qui a été figuré deux fois déjà, exhale en éclosant, ainsi que je l'ai observé en 1855, une forte odeur de musc. La femelle contient près de oOO œufs, qui éclo- sent six à huit jours après la ponte. On avait cru, d'abord, que ces chenilles se nourrissaient sur l'arbre appelé nguigui [Bauhinia reliculala), mais on a reconnu, ainsi que je l'avais déjà remarqué en 1855, que leur véritable nourriture se compose des feuilles de divers arbrisseaux du genre jujubier, dont le principal est connu, au Sénégal, sous le nom de siddem [zizyphus or- thacanlha). Comme toutes les espèces de Lépidoptères celle-ci est attaquée par un assez grand Ichneumonide inédit que je figure et décris sous le nom de Cryptus leucopygus. Pour déterminer approximativement la richesse en soie de ces cocons, j'ai fait quelques pesées qui m'ont donné les résultats suivants : Les neuf cocons restés vivants (sur les douze) pesant 27 grammes, le poids moyen de chacun est donc de 3 grammes, tandis que celui des cocons du mûrier est de 2 grammes. Ayant ouvert trois de ces cocons pour peser séparément la soie et les chrysalides, j'ai trouvé que, sur un poids total de 98,10, il y avait 1^90 de matière soyeuse, ou 19,30 p. 100 de soie, tandis qu'il n'y en a que 11 à U p. 100 dans les cocons du mûrier. Ces mêmes pesées mon- trent qu'il y a, en moyenne, dans chaque cocon, 033 mil- ligrammes de soie, quand il n'y en a que 290 dans les cocons de mûrier, 255 dans ceux de l'ailante et 175 dans ceux du ricin (1). (1) Voir mon traité intitulé Éditcalion des Vers à soie de l'ailante et du ncin, etc.; iD-12, l8Gi), p. 18. 30 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. {Janvier 1865.) La soie de la Faidherbia Bauhiniœ^ quoiqu'un peu colorée en «ris de lin, doit être beaucoup plus pâle que celle du Ver de l'ailante. Il paraît qu'on a pu très-facile- ment tirer de la soie grége de ces cocons, car M. Bancal m'annonce qu'il y a quelques échantillons de cette soie dévidée, dans une vitrine qui va figurer à l'exposition de Sierra-Leone, le 15 février prochain. Il est fort à désirer que l'élevage de cette belle espèce soit rendu possible en grande culture, et l'on ne saurait trop encourager M. le général Faidherbe et les collabora- teurs pleins de zèle qui le secondent si bien à poursuivre leur utile tentative. III. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. The Ento3iologist's annual for 1865. — In-12 avec 1 pL — London, 1865. Nous recevons à l'instant (5 janvier) la sorte de carte de visite que nous envoie, depuis onze ans, M. Stainton, et c'est un souvenir qui nous fait tous les ans un nouveau plaisir et dont nous nous empressons de le remercier. Si le joli petit livre jaune serin venait tout à coup à ne plus paraître, ce serait une vraie calamité pour les entomolo- gistes anglais, et même pour tous leurs confrères de l'Eu- rope, tant on est accoutumé à trouver là une foule d'intéressants renseignements qui tiennent au courant du mouvement entomologique en Angleterre. Le volume actuel, composé de 151 pages et de la jolie planche habituelle, renferme les notices dont les titres suivent : Devonshire, par M. Stainton. C'est une petite notice sur un voyage entomologique fait par l'auteur dans ce comté de l'Angleterre ; Voyages entomologiques en Norwége, par MM. le docteur Wocke et George Ritter von Frauenfeld ; ANALYSES D OUVRAGES NOUVEAUX. 31 Notes et Observations sur les papillons d'Europe, par M. W. F. Kirby ; Liste synonymique des Trichoptcres de F Angleterre, par M. R. M'LachIan; Coléoptères. Nouvelles espèces britanniques, corrections de nomenclature, etc., par E. C. Rye ; Hyménoptères. Notes par M. Fr. Smith ; Lépidoptères. Notes sur les Lépidoptères britanniques (excepté les Tineina) pour 1864, par M. H. G. Knaggs; Notes sur les Eupithecia^^2iX le Rév. H. Harpur Crewe ; Nouvelles Tineina d'Angleterre, par M. H. T. Stainton ; Observations sur les Tineina, par le même ; Observations sur le tome VI du Gênera des Coléoptères de M. Lacordaire ; Adresses des entomologistes. La planche gravée qui orne le petit Annuaire représente les espèces suivantes : Fig. 1. Gelechia Lathyri, N. S. Voyez page 130. 2. Formica exsecta, Nylander. Voyez page 87. 3. Nonagria brevilinea, Fenn. Voyez page 105. 4. Bembidion Fockii, lîumme\.\oyez l'Ent. annual, 1864, page 34. 5. Hydroporus halentis , Fabr. Voir l'Ent. annual, 1863, p. 70. G. Eupithecia campanulata ^ H. S. Voir pages 107 et 122. 7. Athous undulatus, de Geer. V^oir l'Eut, annual, 1864, page 69. 8. Acylophorus glabricollis, Lacordaire. Voir l'Ent. annual, 1860, page 105. Du reste, nous le répétons, les nombreux renseigne- ments contenus dans ce petit livre intéressent autant les entomologistes du continent (jue ceux des îles liritan- niques et méritent toujours toute leur attention. (i. M. 32 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Jmvier 1865.) IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. Zoologie appliquée. — Emploi d'une substance extraite de V Hélix pomatia pour laguérison de la phlhisie pulmo- naire. Nous croyons faire une chose utile en appelant, chaque année, l'attention de nos lecteurs sur les expériences de longue haleine instituées par M. le docteur de Lamare , parce que leurs résultats sont tousles jours plus favorables, et montrent que l'étude de l'histoire naturelle conduit très-souvent à des applications utiles en médecine. De nombreux faits bien étudiés par des médecins con- sciencieux, il résulte que l'on continue d'obtenir d'ex- cellents effets pour la guérison de la phthisie pulmonaire, en persévérant, pendant le temps convenable, dans l'em - ploi d'une substance appelée hélicine, et préparée par un savant pharmacien de Paris, M. Caulier, d'après la for- mule communiquée à l'Académie des sciences par M. le docteur de Lamare, qui sait noblement occuper ses loisirs à des recherches si précieuses pour l'humanité. TABLE DES 3IAÏIE11ES. Hapes. AucAPiTAiNE. Renards observés en Corse. 3 PucHERAN. Indications que peut fournir la géologie pour l'expli- cation des différences que présentent les faunes actuelles. 9 Id. Sur le Muscicapa Iricolor. 15 Sociétés savantes. 17 Analyses. 30 Mélanges et nouvelles. 32 PARIS. — IMP. I)E M"' v* BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'ePERON, 5. VINGT-HUITIÈME ANNÉE. — FÉVRIER 1863. I. TRAVAUX IXÉDITS. Sur les indications que peut fournir la Géologie, pour l'explication des ditîérences que présentent les Faunes actuelles, par M. Plcheuan. (Lettre à M. le Professeur d'Archiac. — Sicile. — Voir p. 9.) Vous vous expliquerez, dès lors, monsieur le profes- seur, l'aveu que je viens de faire n'ayant nul besoin de commentaires d'aucune sorte, comment les recherches de synthèse zooIOi^ique sont devenues, de ma pait,robjet de constantes préoccu[)ations. Je ne pouvais mieux choisir, au reste, en m'occupant de déterminer les caractères généraux des faunes : ce sujet, en me donnant occasion de formuler un certain nombre de généralités, me donnait également lieu, pour une des classes du règne animal, d'aborder le problème de la manifestation de lavie sur la terre. Ces recherches se rattachaient, dès lors, à celles qui ont pour objet l'histoire de notre planète : ainsi, au reste, vous l'avez pensé, monsieur le professeur, en leur accor- dant droit de domicile dans vos savantes leçons de pa- léoniologie. Il est évident, chaque fait général entraînant à sa suite la recherche des causes, qu'il est impossible, une fois formulées les conclusions que je viens d'exposer, de ne pas poser les questions qui se lient à leur modo de manifestation. Elles doivent même être d'autant plus posées que les faits que donne occasion de constater la caractéristique des faunes constituent un ensemble de données, ayant leur racine dans les profoiuleiiis les plus intimes de l'organisation animale. Ainsi, les étals divers 2« stiUE. T. XVII. Anuôe 1865. 3 34 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Février 1865.) de développement des membres coïncident avec les divers états de développement de la moelle épinière, ainsi, encore, les organismes d'un animal nocturne sont diffé- rents de ceux d'un animal diurne. Ce dernier fait n'a pas besoin de démonsiration; quant au premier, il y a près de quarante ans que mon oncle l'a établi sur des obser- vations dont l'exactitude est incontestable. 11 ne s'agit donc pas, dans la recherche du mode de production des taraclères généraux de certaines faunes (faunes d'Afrique, d'Europe, etc., de la Nouvelle-Guinée, de l\ladagascar), d'un caractère simplementextérieur, tel que celui du mode de coloration du pelage et du plumage, dans les mammi- fères et oiseaux du désert. De là, la difdculté si manifeste du problème, et, la nécessité de bien le poser, pour que sa solution soit non-seulement facilitée, mais encore exempte d'objections vraiment sérieuses. Il me semble, dès lors, qu'on ne saurait assez louer l'initiative prise, sous ce point de vue, par le maître illustre, dont le prince (Charles Bonaparte, cette autre ;;loire de notre France, se plaisait à dire que j'étais le bras droit. Dans ses cours au muséum, si suivis et si religieuse- ment écoutés, M. Isidore Geoffroy exposait et discutait avec un admirable talent les questions scientifiques qui, depuis près d'un demi-siècle, fixent l'attention des zoolo- gistes et des anatomistes. Homme de progrès et de haute raison, il n'hésitait pas à développer et à affirmer ces ma- .;;nifiques théories de notre science française, dont Buffon en zoologie, Vicq-d'Azyr et Bichat en anatomie, ont été les initiateurs. Aussi, dans les belles leçons qu'il consa- crait, chaque année, aux généralités de la science, après avoir exposé les rapports haimoniques qui existent entre certains caractères zoologiques et les dispositions du mi- lieu ambiant qui leur sont concomitantes, l'illustre maître posait hardiment la question vraiment importante du problème du monde organique : Cctîc harmonie esl-clle préétablie ? est elle post-étiiblic? TRAVAUX INEDITS. 35 Je me félicite, pour ma part, d'avoir à l'occasion du caractère général de la faune mammalo[;ique et ornitho- logique de la Nouvelle-Guinée, je me félicite d'avoir rap- pelé ces circonstances (1), trop promplement oubliées, si nous en jugeons par le peu d'attention qu'elles ont excité, dans les controverses soulevées par les idées de M. Darwin. J'ai assisté, d'autre part, aux discussions por- tées devant la Société d'anthropologie sur les influcnci s du milieu sur les caractères des races humaines, ei aucun membre ayant pris la parole n'a cru devoir faire même la plus minime allusion à l'énoncé de la question sur les rapports des agents extérieurs et des formes organiques, tel qu'il était soumis par le professeur Isidore Geoffroy à l'examen des zoolO|^istes. Je crois, dès lors, devoir vous remercier, monsieur le professeur, de lui avoir de nou- veau donné, dans l'histoire de la science, droit de domi- cile. Perniettez que, de mon côté, je donne à ce sujet quelques détails plus étendus. Les conclusions qui me semblent pouvoir s'en déduire sont, en effet, de nature à montrer, d'une manière nette et claire, quelles sont les indications que peutfournir la géologie, pour l'explication des différences que présentent les faunes de l'époque con- temporaine. L'ensemble de faits, à l'occasion desquels M. le profes- seur Isidore Geoffroy Saint-Hilaire posait, dans ses leçons, la question relative à C/mnnonie préclablie ou post-élablie entre la caractéristique des types et le milieu dans le- quel ils vivent, est, par sa constance, un des mieux coQnus en zoologie. Nous voulons parler du mode spécial de co- loration qui nous est offert par les animaux des régions sablonneuses, si étendues en Afrique et dans le nord de l'Asie. La faune des autres parties du monde actuel en (l) Comptes rendus des aéanres de fAcadrniie des srienres, vol.LIV, p. :)62. 36 HEV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. {Février 1865.) offre fort peu d'exemples : c'est à peine si l'on peut citer comme leur ressemblant, en mammalogie,clansrAmérique du Nord, les quelques espèces du genre Mérione(Mt'n'ones, Illig.) tel qu'il était admis par M. Isidore Geoffroy, et dans l'Amérique du Sud, le Guazoufi [Cervus campcslris, Fr. Cuv.). Je neconnais, dans la partie de l'Asie située au sud de l'Himalaya et dans les archipels de la mer du Sud, que fort peu de mammifères et d'oiseaux qui puissent, sous ce point de vue, être assimilés à ces derniers rongeurs et à ce ruminant. La Nouvelle-Hollande nous offre, cependant, quelques kangourous, presque colorés de même. Mais, tous ces faits, et d'autres que j'omets probablement, ne sont qu'en apparenceexceptionnels, les vertébrés qui les présen- tent vivant dans des lieux découverts et, dès lors, compa- rables, dans une certaine mesure, au désert d'Afrique ou à celui d'Asie. Au contraire, dans ces dernières contrées, surtout dans la première, mammifères, oiseaux, reptiles, insectes offrent, presque tous, la teinte arénacée du sol qu'ils parcourent en tous sens; donner une dénégation à une semblable assertion, devenue un axiome en mamma- logie et en ornithologie, ce serait nier l'évidence. Nous pouvons donc dire, pour ce qui concerne les animaux du désert, que leur couleur est celle du sol qu'ils habitent. L'harmonie entre les deux faits est à l'abri de toute objection. Cette harmonie est préétablie, disent ceux des zoologistes qui ne s'occupent que de la récherche et de la constatation des causes finales. Si les êtres qui vivent dans ces lieux offrent, ajoutent-ils, un mode de coloration qui présente tant de ressemblance avec celui des terrains dans lesquels ils séjournent, c'est parce que la Providence (jamais cette expression n'a trouvé meilleur emploi qu'en cette circonstance) a voulu rendre plus diflicile leur capture par les carnassiers et par l'homme qui sans cesse les menacent. La teinte qu'ils présentent ne permet pas , lorsqu'ils sont à terre, de les distinguer de la lurfacequi les environne. Ce mode d'explication était sur- TRAVAUX INÉDIT?. 37 tout sympathique au vénérable Nestor de l'ornilhologie française, à l'honorable M. de Lafresnaye, qui ne réflé- chissait pas que les animaux des déserts, qui vivent de proie, sont colorés de la même façon que les espèces dont ils se nourrissent. Ainsi, en Afrique, le plus terrible d'entre eux, le Lion, a des teintes fort peu différentes de la plupart des Gazelles. La même assertion est exacte pour les autres Felis africains, aussi bien que pour les renards, que pour beaucoup d'oiseaux de proie noc- turnes. Il en est de même, parmi les Passereaux insecti- vores, des Engoulevents. En réalité, le principe de con- cordance que nous signalons est bien général ; l'harmonie est à peu près absolue, et ne peut, dés lors, trouver son explication dans la théorie des causes finales. Nous sommes ainsi conduit, ce mode d'explication étant insuffisant, à nous demander si l'harmonie que nous constatons ne serait pas post-établie, les animaux des dé- serts ne les ayant pas toujours habités, étant venus d'autres contrées, probablement des contrées limitrophes. En contact avec ce sol aride, sous l'influence des rayons solaires, d'autant plus active qu'elle s'exerce dans des lieux dépourvus de tout abri, ils auraient été, dés lors, et par suite de cette doubleaction agissant d'une manière incessante, revêtus des caractères que nous leur connais- sons à l'époque actuelle. Quel laps de temps a vu s'opérer cette série de modifications, tout à fait extérieures, de la nature de celles, par conséquent, que peuvent déterminer les circonstances ambiantes, de l'aveu même des zoolo- gistes qui sont les plus zélés partisans de la doctrine de l'immutabilité des formes animales? Évidemment, c'est un second problème à résoudre; aussi est-il prudent de •e laisser dans l'ombre, au moins d'une manière provi- soire. Revenons, dès lors, monsieur le professeur, ii l'une des premières questions dont l'énoncé est po■^é plus liant. Les animaux des déserts ont-ils toujours liabil('' les lieux 38 UKV, KT MAG. DE zooLOGiii. [Février 18(^5.) dans lesquels ils séjournent maintenant? La question peut être affirmativement résolue; elle peut l'être également d'une manière négative, si ces régions sablonneuses n'ont pas toujours existé. C'est à la géologie, occupée toujours et sans cesse do l'étude de l'histoire de notre globe, à aborder la solution de ce problème; elle seule présente, eu ces matières, l'autorité suffisante pour le résoudre. Or, si je ne m'abuse, en ce qui concerne le grand désert africain, étendu de l'Egypte à l'Atlantique, et du Soudan aux frontières méridionales du Maroc, de l'Algérie, de Tunis et de Tripoli , les recherches géodésiques ont con- staté que son niveau était inférieur à celui de la Méditer- ranée. Les géologues, à leur tour, paraissent admettre que ce grand espace de terre, qui, d'après les témoignages deHorneman, de Caillé, deRichardson{l), porte, à sa sur- face, des indices frappants des bouleversements du sol, était autrefois couvert par les eaux. Les assertions que j'émets à ce sujet sont-elles exactes? Mieux que personne vous pouvez nous rectifier, monsieur le professeur, vous, le savant et consciencieux historien des progrès récents de la géologie. Si je dis vrai, il devient évident que les mammifères, oiseaux, reptiles, insectes de la région saha- rienne ne l'ont pas toujours habité. Nous pouvons donc conclure, et, du moins en ce moment, notre conclusion ne sera que [)rovisoire,que le caractère de coloration propre à tous ces animaux n'est point initial, et que c'est seule- ment après un long séjour, que s'est opérée cette adapta- tion de tous ces types au milieu dans lequel ils vivent présentement L'harmonie entre ces espèces et ce milieu est donc posl-élablie. La solution que nous venons d'énoncer, quelque légi- timée qu'elle soit par les observations que je viens de citer, me paraît, cependant, avoir encore besoin d'une dé- monstration plus complète. N'est-il pas nécessaire, en (1) V. de Lauoyr. — Le isigcr, etc., p. 1 l(i, 1 17. THAVAUX INI' DITS 39 effet, de savoir et connaître de quelle partie voisine du {jrand continent d'Afrique sont venus ces animaux du Sa- hara? La zoologie peut fournir, à ce sujet, les premières indications, car elle nous apprend que les mêmes espèces habitent la Nubie, et parfois l'Abyssinie, <à l'est, et le Sé- négal, à l'ouest. En ce qui concerne cette dernière partie de la zone que j'ai déjà désignée (1) sous le nom de zone septentrionale du centre de l'Afrique, il me reste bien quelques doutes que je dois émettre sur la limite d'exten- sion, à l'ouest, des espèces des régions orientales. Ces es- pèces se trouvent-elles sur la rive gauche du Sénégal? Ce cours d'eau ne serait-il pas, à l'ouest, la limite de cette dernière zone?Mais, nonobstant cette insuffisance de ren- seignements sur la question, il est permis de se demandei' si c'est la Sénéjjambie qui a été le centre d'irradiation des animaux du Sahara, ou bien s'ils sont venus de l'Abyssinie. Dans le Sahara, nous trouvons, en effet, comme enAbys- sinie, comme dans la Sénégambie, les représentants de la faune africaine dans toute sa pureté, cequi n'existe pas, même pour l'Egypte, dans la zone méditerranéenne (Maroc. Algérie, Tunis, Tripoli), où se trouvent beaucoup de représentants de la faune européenne. Dans la solution de cette seconde question, les obser- vations géologiques doivent être, évidemment, encore in- voquées. C'est à la géologie à nous apprendre laquelle do' ces régions (.\byssinie ou Sénégambie) a acquis, en pre- mier lieu, le relief au-dessus des mers que nous lui con- naissons présentement, et lorsque la surface du Sahara était encore entièrement couverte d'eau. Alors, seulement, nous paraîtra devoir se trouver hors de toute contostaiion sérieuse l'assertion que nous avons émise plus haut, qu'il y a eu adaptation, fatalement opérée par la manifestation des caractères qui leur sont propres, des animaux du Sa- (1) Esquisse sur l;i inamm.ilogic du contuiciil afric.iiti, Hernc .7 Magasin de zoologie, 18.''.'), p. 210 (eu nolc>. 40 iiF.v. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Février 1865.) liara à la région qu'ils habitent actuellement. Il sera piouvé, en effet, 1° Que ce grand espace sablonneux n'a pas toujours existé, ayant consisté, dans une période antérieure, en un grand bras de mer ; 2° Que les espèces qui y séjournent sont originaires d'une contrée voisine (Abyssinie (?), Sénégal (?) ), où elles se présentent actuellement avec des caractères de colora- tion sûrement un peu différents. (La suite au prochain numéro.) Causeries ornithologiques par M. Jules Vian. Coucou GRIS, DegI, — Cuculus canorus^ Linn. — Tout le monde sait aujourd'hui que le Coucou gris confie à des soins étrangers l'incubation de ses œufs et l'éducation de ses petits, mais comment obtient-il cette complaisance, généralement insolite parmi les Fringilles et les Becs-fins? Cette question, souvent posée, ne nous paraît pas encore résolue ; mais, avant de proposer une solution, examinons celle qui est en faveur. En 1767, Salerne, dans son Traité d'ornithologie, après avoir énoncé dubitativement, d'après un habitant de la Sologne, que l'œuf du Coucou était bleu, ajoute : « l*our ce qui est de l'assertion d'un autre Solognot qui dit que la femelle du Coucou pond son œuf précisément de la même couleur que ceux du nid qu'elle adopte, c'est une chose incompréhensible. » Guéneau de Montbeillard, dans V Ornithologie de Buffon, classe, au nombre des erreurs populaires répandues sur le Coucou, l'opinion que la femelle a l'attention de pondre dans chaque nid un œuf de la couleur des œufs de ce nid, pour mieux tromper la mère. Reconnaître à un oiseau la faculté de changera volonté TRAVAUX INÉDITS. 41 la couleur de ses œufs me paraît une idée tellement monstrueuse, que je serais tenté de la laisser sans discus- sion sur la conscience du Solognot de Salerne, si elle n'a- vait été patronnée de nos jours par les sommités de la science et, notamment en France, par trois hommes qui, chacun dans son genre particulier, ont apporté à l'orni- thologie un large tribut de laborieuses études et de con- naissances profondes. M. le docteur Chenu, qui paraît avoir analysé tous les traités d'ornithologie, pour en réu- nii' les parties utiles sous les yeux de ses lecteurs, pose, dans son Encyclopédie lïhistoire naturelle, la question d'assimilation de l'œuf du Coucou à ceux du nid qui doit le recevoir, et, sans la résoudre formellement, émet une opinion favorable fondée sur les variations de couleur des œufs de Coucou, sur la diversité des descriptions données par les auteurs, sur les rapports de coloration de quel- ques-uns de ces œufs avec ceux du nid qui les contenait, et sur la similitude des œufs de VEudynamis orientalis du Bengale avec ceux des deux espèces de Corbeaux qui les couvent ordinairement. M. Baiily, quia beaucoup interrogé la nature et prouvé, dans son Ornithologie de la Savoie, trop peu répandue en France, que la faune d'une localité limitée pouvait n'être pas un catalogue aride, M. Baiily appelle l'attention des naturalistes sur l'analogie de couleur de quelques œufs du Coucou avec des œufs des espèces chargées de les cou- ver, et cite trois exemples de sa collection. Enfin le fondateur de la science oologique en France, M. des Murs, considère celte coloration volontaire des œufs comme une merveille exceptionnelle, mais il est dis- posé à l'admettre, et il fonde son opinion sur les mêmes considérations que M. le docteur Chenu. Dans rhy[)Othèse en faveur, la femelle du Coticou visi- terait à l'avance un nid renfermant les œufs d'un autre oiseau, et son œuf revêtirait la couleur et les taches pro- pres aux œufs de l'oiseau qu'elle veut charger de couver kl iiKv. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Février 1865.) pour elle. Cette similitude de coloration tromperait la mère étrangère, et elle couverait l'œuf du Coucou, le croyant un des siens. Les mœurs du Coucou présentent des bizarreries bien étranges, je le reconnais, mais rien d'impossible, rien qui viole les grandes lois de la nature. Une de ces lois, une des plus immuables, c'est qu'après l'accouplement l'ani- mal n'a |)lus qu'un rôle passif dans des transformations de sa progéniture, que sa volonté, pour la modifier, est impuissante tant qu'il la porte dans son sein. Dans i'hy- potlièso que nous combattons, l'œuf du Coucou devien- drait bhîii, rose, unicolore ou tacheté, suivant que l'oi- seau aurait rencontré, dans un nid, des œufs bleus, roses, unicolores ou tachetés. Or c'est dans le sein de l'oiseau, pendant son séjour dans l'oviducte que l'œuf prend sa coloration ; le choix des couleurs par le Coucou sera-t-ij le fait de sa volonté, ou le résultat d'une opération méca- nique? Dans le premier cas, il faudrait attribuer à cet oiseau le^u/ lux de la Divinité, ou lui donner une palette de couleurs assorties, avec la faculté de les manœuvrer à son gré dans l'oviducte; dans le second cas, il faut ac- corder le choix des couleurs, un certain degré d'intelli- gence, enfin à une opération mécanique. Et, si le nid ne contient pas encore d'œufs, le Coucou devinera-t-il la couleur qu'ils devront avoir? Tou'es ces solutions me pa- raissent contraires à la raison, et je ne croirai jamais que le Coucou ail le pouvoir de choisir les couleur^ dont il veut revêtir ses œufs, et de copier ceux des autres oiseaux au point de tiomper leurs auteurs. Il serait alors beau- coup plus habile que nos peintres, qui arrivent rarement à imiter assez bien un œuf pour (}u'un naturaliste puisse le reconnaître. Les œufs du Coucou sont, dit-on, très-variés de cou- leurs, etchaqueécrivainen donne desdescriptionsdiverses, mais les œufs des oiseaux, comme les oiseaux eux-mêmes, présentent souvent des variétés de volume et de couleur. TRAVAUX INEDITS. 43 Combien d'œut's, surtout parmi les soi-disant assimilés, ont pu être considérés comme des œufs de Coucou qui étaient simplement des variétés do l'auteur du nid! Com- ment s'assurer de l'identité des œufs de Coucou, à moins de les voir déposer dans le nid, ce qui est fort rare, ou de renconlrer un œuf dont le petit va clore, ce qui ne permet pas de le conserver et de livrer aux écrivains un type authentique ?Les erreurs d'identité dans les œufs ont amené naturellement les variétés de descriptions ; à la description de l'œuf typique qu'il avait sous les yeux, chaque auteur a ajouté celles données plus ou moins avcn- tureusement par ses prédécesseurs ; mais je suis persuadé que les descriptions seraient beaucoup plus uniformes, si chacun s'était borné à décrire les œufs qu'il avait déni- chés lui-même; c'est ce qu'a fait Lottinger, un des natura- listes qui a le plus étudié le Coucou sur nature, aussi sa description me rappelle-t-elle les œufs que j'ai ren- contrés. Si j'en crois mon expérience personnelle, le type des œufs de Coucou est aussi constant que le produit ovarien de moitié au moins des oiseaux d'Europe; j'en ai déniché, ou vu dénicher, plus de vingt-cinq dans les départemenls voisins de Paris, je les ai toujours reconnus au premier coup d'œil; un seul m'a laissé des doutes, je l'ai tiouvé dans un nid de Bruant jaune, et je le conserve sans sa- voir encore si c'est un œuf de Coucou, ou une variété de ce Bruant. J'ai reçu huit œufs de Coucou de la Silésie, onze de la Russie ; la majeure partie ressemble complète- ment à ceux des environs de Paris, et les autres ne diffèrent que par des nuances; enfin je n'en ai jamais rencontré ni reçu d'unicolores. Dix huit œufs de Coucou, sur vingt qui me restent, peu- vent être décrits de la manière suivante : 22 à 2.'3 milli- mètres de longueur sur IG à 17 de largeur; ovoïdes, unis, presque mats, à pores apparents seulement à la loupe, à grain fin, à coquille mince et dure, d'un vert pâle dans sa 44 REv. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Février 1865.) transparence; fond d'un blanc plus ou moins olivâtre , absorbé en partie et assez uniformément par troisgammes do taches, dont les unes, sous test, sont violacées, très-ré- pandues, mais peu apparentes ; les autres aussi multi- pliées, sont d'un brun olivâtre, et les troisièmes, en forme de points ou de petits traits d'un brun foncé, sont rares. Deux seulement sont en dehors de ces dimensions, et donnent 20 à 24 millimètres de longueur, mais sur la lar- geur ordinaire de 16. Deux ont une teinte plus rousse, les points et les traits plus accentués, plus nombreux, mais ces derniers pourraient bien être des variétés de Bruant. Que l'on ait rencontré quelquefois des œufs de Coucou en rapport de coloration avec ceux de l'oiseau qui devait les couver, il n'y a là rien d'extraordinaire, les œufs de plusieurs Becs-fins, Bergeronnettes, Bruants, présentent de l'analogie, surtout pour celui qui la cherche, et les œufs de Coucou offrent des variétés, comme ceux de beaucoup d'oiseaux. Que les œufs de l'Eudynamis orien- tal ressemblent à ceux des deux Corbeaux qui les couvent, on le comprendra facilement, puisqu'à la taille près ceux de notre Coucou sont voisins de ceux des Corbeaux ; mais que l'œuf du Coucou gris, présente une similitude assez complète avec ceux des vingt-cinq espèces de Passereaux qui les reçoivent, pour tromper ces oiseaux , c'est ce que je ne puis admettre. 11 est difficile de tromper l'œil d'une mère, cette mère fût-elle un simple oiseau ; pendant que l'homme cherche, souvent en vain, des signes distinctifs entre deux espèces, deux sexes, deux âges, l'oiseau sait discerner, et de fort loin, chacun des individus de l'es- pèce. Lorsqu'un troupeau de brebis rentre du pâturage, chacune d'elles reconnaît de suite ses agneaux , et cepen- dant ils sont tous semblables pour l'œil du berger. Les oiseaux montrent autant de discernement pour leurs œufs; ceux qui nichent en société, comme les Hirondelles, les Sternes, les Mouettes, les Cormorans même, dont les TRAVAUX INÉDITS. 45 œufs sont pour nous si identiques entre eux, ne se trom- pent pas de nid. La plupart des oiseaux qui couvent l'œuf du Coucou remarquent le moindre changement apporté à leur nichée pendant leur absence, et abandonnent leur nid, si l'amour maternel n'est pas encore exalté par une lonjjue incubation ; en supposant la conformité dans les couleurs, la taille suffirait généralement pour em[)écher la méprise : comment le Roitelet, le Pouillot, qui ont des œufs de 14 à 15 millimètres sur 10 et 12, pourraient-ils se croire les auteurs d'un œuf de 22 millimètres sur IG? Pour que l'assimilation des œufs fût la cause détermi- nante du bon vouloir des Passereaux, il faudrait au moins qu'elle fût génér'ale ; or, en laissant de côté l'Eudynamis orienta!, dont l'œuf, précisément à raison de sa colora- tion constante, ne prouve rien sur la faculté attribuée au Coucou, MM. des Murs et Chenu ne citent qu'un exemple et tous deux le même, c'est l'œuf bleu trouvé par M. Gerbe. ils donnent, au contraire, une série de faits qui détruit leur théorie, en citant VOœilop/ius ater^ dont Levaillant a tiouvé vingt-huit œufs d'un blanc pur, dans autant de nids de Fauvettes, Bergeronnettes et Gobe-mouches, qui n'ont, les uns ni les autres, des œufs blancs sans taches. M. Bailly dit que les œufs de Coucou ont quelquefois beaucoup d'analogie avec les œufs du nid qui les con- tient, et il en donne trois exemples dans son atlas ; trois exemples rencontrés par un homme qui a passé sa vie à étudier la nature, ce serait détruire la règle, si elle était admise, et encore ces œufs ont de l'analogie avec ceux du nid, mais [)as une ressemblance assez complète pour tromper un naturaliste, et encore moins une mère. Quant à moi, j'ai toujours été frappé, au premier couj) d'œil, de la disparité entre les œufs de Coucou que j'ai rencontrés et ceux du nid; ainsi j'ai trouvé des œufs à peu près sem- blables entre eux et conformes à ma description, dans des nids de Rossignol, de Bruant jaune, de Rouge-gorge et Linotte. Le même œuf de Coucou peut-il tiomper ces kC^ KEV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Février 1865.) quatre oiseaux, dont les produits ovariens sont si difle- renls ? 11 faudrait alors supposer qu'ils ne connaissent pas leurs œufs, ignorance contre laquelle proteste la nature. Si ce n'est pas en trompant les petits oiseaux que le Coucou obtient d'eux l'incubation de ses œufs, c'est en- core moins en leur inspirant des sentiments d'affection, car, lorsqu'un Coucou paraît dans une localité où se ren- contrent en grande quantité des Merles, Gros-becs, Bruants, Becs-fins, il est reçu par eux comme les oiseaux de nuit, c'est-à-dire avec le témoignage d'une haine gé- nérale. Tous hérissent leurs plumes, le harcèlent de leurs cris et de leurs mouvements précipités, et ils le forcent à fuir, s'ils sont assez nombreux. Quel est donc le moyen employé par le Coucou? C'est je crois, simplement l'intimidation. J'ai passé, dans ma jeunesse, bien des journées à chercher des nids avec d'au- ties enfants ; lorsque nous rencontrions un nid dont les œufs étaient cassés, chacun de s'écrier : « C'est le Cou- cou, il a pondu par là, cherchons son œuf! » Nous cher- chions, et presque toujours nous trouvions cet œuf à quelques pas dans un autre nid. Quelle éiait l'origine de cette croyance populaire transmise par les générations précédentes? Je l'ignore, mais la confiance des enfants était si absolue, qu'ils attribuaient les recherches sans succès à la maladresse ; les plus acliarnés revenaient alors les jours suivants et finissaient presque toujours par trouver l'objet de leur convoitise. J'ai toujours conservé cette confiance, et elle me réussit encore. Ainsi, le 18 mai, dans une forêt du département de Seine-et-Oise, j'ai trouvé, sur le revers d'un fossé dans les herbes, un nid de Bruant jaune récemment pillé; les coquilles brisées n'étaient pas encore sèches. Après une heure de recherches infruclueuses , j'aperçus une coulée dans les herbes, c'était l'entrée d'un nid (Je Rouge-gorge, caché sous des racines. La mère couvait cinq œufs, dont TRAVAUX INÉDITS. 47 uii de Coucou ; la coloration de ce deinier n'était certes pas de nature à la tromper, mais les débris encore hu- mides d'un sixièmeœuftrahissr-ientle procédé de l'usurpa- teur.Ce nid était à sept pas du premier, et l'œuf du Coucou avait dû être déposé dans la journée; il était parfiiitemcnt clair, et ceux du Rouge-gorge étaient couvés ; d'ailleurs, les coquilles humides de l'œuf remplacé certifiaient une opération récente. J'ai suivi une série d'expériences encore trop limitées peut-être pour donner une solution péremptoire ; mais elles me paraissent confirmer mon opinion. 'Jm suite prochainement.) Observations sur VEpiornis maximus, Gcoff. , par M. J. Jos. BiAîscoM, de Bologne. La mort très-regrettable de M. Isidore Geoffroy-Saint- Hilaire a fait demeurer inachevée l'illuslralion des restes je lui monlrais avait, dans son terrier, subi les atteintes de semblables piqûres, 68 RFv. ET MAG. DE ZOOLOGIE. {Mars 1865.) et qiie, dans les parties de son corps ainsi épilées, les poils avaient repoussé avec la couleur blanche. Telle est l'explication de la coloration mouchetée de notre Renard des galeries du muséum, que m'a donnée M. de Tarragon, et cette explication me semble pouvoir s'appliquer à la Loutre de France ainsi colorée, qui a été donnée, il y a plus de soixante ans, à notre collection, par la municipalité de l'Ile- Adam. Je dois dire, cependant, que cette production d'albinisme partiel est attribuée par M. Gerbe à l'action des grains de plomb d'une charge de fusil, dont toute l'action malfaisante se serait, dès lors, bornée à annihiler, chez notre Renard, la sécrétion nor- male des bulbes pileux. Maintenant, aucun fait ne nous autorise à dire qu'un semblable mode de coloration soit susceptible de se reproduire par voie de génération ; mais ces réflexions n'en acquièrent pas moins une certaine im- portance, car elles nous donnent quelques indications sur le mode de production des faits d'albinisme partiel, que nous avons si souvent occasion d'observer chez les ani- maux. Quant aux autres faits qu'il me reste à citer, ils tou- chent, d'une manière plus intime, à ceux qui sont relatifs au mode si spécial de coloration des habitants du Sahara et du désert d'Asie. L'un d'entre eux me fut signalé par un ornithologiste distingué de nos départements, M, Dar- racq, qui me fit observer, en examinant les Gypaètes de la collection d'ornithologie du muséum, que tous ceux qui avaient vécu en captivité étaient, en dessous, de cou- leur blanche, tandis que les exemplaires qui avaient été pris à l'état libre étaient de couleur ochracée. Ces der- niers sont bien doués de la teinte qui leur est habituelle, me dit M. Darracq, et tous ceux qui m'ont été apportés de nos montagnes me l'ont toujours offerte, habitués qu'ils sont, sans nul doute, ajouta-t-il, à reposer sur un sol coloré de même, et les molécules terreuses sur lesquelles ils appuient les parties inférieures de leur corps leur TRAVAUX INÉDITS. 69 communiquant, par l'effet d'un contact prolongé, la teinte qui leur est particulière. Quelque temps après, l'existence de ce fait me fut vrai- ment démontrée. Me trouvant au laboratoire de mamma- logie et d'ornithologie, où m'appelaient les fonctions qui m'étaient alors confiées, l'un de nos plus habiles prépara- teurs, M. J. Perrot, qui était occupé à monter un Gypaète, originaire d'Algérie, me dit que la teinte jaunâtre des plumes thoraciques et abdominales de ce rapace était duc à la présence d'une matière étrangère, que le lavage ef- fectué avec l'aide d'un simple jet d'eau suffisait pour faire disparaître. L'expérience fut immédiatement faite sur une plume détachée du corps de l'oiseau, dans une des ré- gions indiquées : sa réussite confirma les assertions de M. Darracq. Dans quelle limites sont applicables aux types zoolo- giques qui habitent les déserts les faits que je viens d'é- noncer? Il me serait, monsieur le professeur, vraiment im- possible de le dire, aucune expérience n'ayant été encore faite sur eux, que je sache, du moins, dans cette direc- tion. C'est à nos maîtres, dans cette reine des sciences qu'on appelle la chimie, à nous éclairer à ce sujet; et, si j'ai cité, à l'appui de l'opinion que j'ai émise plus haut, les faits que je viens de signaler, c'est uniquement dans le but de montrer qu'elle n'était pas tout à fait indigne d'un contrôle vraiment sérieux. Quel que soit, au reste, le résultat des recherches ulté- rieures sur le mode de production de la coloration spé- ciale des animaux qui habitent, soit le désert d'Afrique, soit celui d'Asie, il nous paraît hors de doute, d'après les observations, plus haut citées, des géologues contempo- rains, que d'autres caractères qu'ils présentent ont été produits par l'influence climatérique des localités dans les- quelles ils séjournent. Celte opinion nous paraît, surtout, pouvoir être soutenue pour les mammifères de Sibérie, qui, par leur pelage allongé, ressemblent tant à ceux des ré- 70 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE, {^^ars 1865.) {^ions polaires, et dont les homologues se trouvent habiter des contrées soumises à des températures plus tor- rides. N'est-ce pas dans ces conditions que se trouve le Tigre de Sibérie ? n'en est-il pas de même du Felis irbis de M. Ehrenberg, considéré, par les zoologistes modernes, comme ne différant pas de VOnce de Buffon ? Ni le Tigre ni la Panthère n'ont, dans les parties méridionales de l'Asie, un poil aussi allongé. On peut donc admettre, si les régions habitées parle Tigre à longs poils et VOnce ont été d'abord au fond des eaux , que ces deux carnassiers sont originaires des régions habitées présentement par leurs homologues à poils pins ras. Je sais bien que d'après M. Falconer , dont les opinions en paléontologie sont si autorisées, le Tigre à longs poils aurait eu pour ancêtre le Felis spelœa de nos cavernes, et aurait, dès lors, habité initialement les contrées occidentales de l'Europe. Si cette opinion vient à être éiayée sur des observations plus con- tirmalives, et il faut espérer que les recherches de notre si savant et si modeste m. Lartet éclairciront cette ques- tion encore obscure, celle relative à l'origine du Tigre à poils ras de l'Asie méridionale demande alors à être, à son tour, élucidée. Ces deux Felis sont si semblables, que leur distinction, au premier coup d'œil, ne pouvant s'établir que par l'élat différent de la longueur du pelage, il est très-permis d'admettre qu'ils ont tous les deux une ori- gine commune. Si les parties de l'Asie habitées par l'es- pèce à poils ras sont postérieures, dans leur évolution, aux contrées de l'Asie centrale qui possèdent son homo- logue, il est évident qu'il y a eu, pour le premier de ces types, harmonie post-établie entre son habitat et celui de ces caractères dont nous nous occupons. C'est donc à la géologie à élucider encore ce problème : ses décisions seront souveraines, et nous apprendront également si VOt}ce, quoique plus profondément modifiée, par rap[)ort à la Panthère, que ne l'est le Tigre à longs poils, par rap- TRAVAUX LNKDITS. 71 port au Tigre à poils ras, a préexisté au second de ces types, ou si c'est le contraire qui a eu lieu. La grande analogie qui existe entre la faune mamma- logique de la Sibérie occidentale et cello de l'Europe nous permettrait d'appliquer, sans aucune difficulté, ces mêmes considérations à beaucoup d'autres espèces. Mais cette énuniération serait fastidieuse et ne servirait, en au- cune façon, à élucider la question des rapports harmo- niques qui existent entre les faunes et le milieu ambiant- En ce qui concerne, au reste, les divers états du pelage, dans le rapport de ses variations avec le climat, nous voyons tous les jours s'opérer, sous nos yeux, de sembla- bles adaptations. Nos mammifères, nos oiseaux en présen- tentde nombreux et fréquents exemples, par suite de la dif- férence assez sensible qui existe entre les températures normales des deux saisons extrêmes de nos régions tempé- rées. Ces divers faits se manifestent avec une constance extrême, de sorte que, transitoirement, les types de verté- brés auxquels nous faisons allusion ressemblent, sous ce point de vue, à ceux de leurs homologues qui se trouvent séjourner, ici dans des régions plus chaudes, là dans des zones plus refroidies. Mais ces modifications que présentent, dans leur pelage et dans leur plumage, nos mammifères et nos oiseaux d'Europe, sont encore, ainsi que vous le savez, monsieur le professeur, plus radicales, plus profondes. Il est po- sitif que chez les mammifères la teinte de la robe est plus terne dans la saison d'hiver, plus vive, plus ardente dans la saison d'été. Chez certains, une coloration nouvelle se manifeste, pour disparaître à son tour, lorsque arrive un nouveau changement de température. Ainsi l'Hermine devient presque, en entier, blanche en hiver; le Daim perd, au contraire, les taches de môme couleur qui cou- vrent sa robe estivale. De même, parmi les oiseaux, la plupart des lagopèdes sont blancs en hiver ; dans cette même classe, les Mouettes, les Goélands, les Hirondelles 72 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Mavs 1865.) de mer et un grand nombre d'Échassiers (des genres Tringa, Totanus, Slrepsilas, Machetes] sont tous sujets à la double mue. De sorte qu'un certain nombre de ces types se trouve, pendant une partie de l'année, doué du mode de coloration qui caractérise, leur vie durant, cer- tains de leurs congénères , les uns habitant des zones froides ou plus arctiques, tels que le Lièvre du Groenland et le Harfang , les autres, comme les diverses espèces d'Averano, des régions pluséquatoriales. Ces phénomènes de la mue, déjà si dignes d'aitention au point de vue de la caractéristique des espèces qui les subissent, présentent sûrement , au point de vue phy- siologique, un des sujets d'études les plus intéressants, lorsqu'on réfléchit à son mode de manifeslation. Quel tra- vail s'opère dans les bulbes pileux, lorsqu'aux poils de la robe d'un animal en succèdent d'autres, destinés, à leur tour, à être plus tard, remplacés? Je ne sache pas qu'au- cun observateur ail encore élucidé cette question si digne., cependant, d'attirer l'attention des esprits sérieux. Nous ignorons de même par que! procédé physiologique une couleur se substitue à une autre, dont elle est, parfois, si différente. Maintenant, est-il possible, car nous sommes de nou- veau, partons ces faits, en présence de faits harmoniques, est-il possible d'admettre que leur manifestation est préétablie? N'est-il pas plus conforme à la saine explica- tion de ces phénomènes de la vie des êtres de penser que ce sont les changements de température qui, s'ils n'en sont pas la cause efficiente, en sont au moins la cause déterminante? Toute invocation de l'action des causes finales me paraît, en cette circonstance, vraiment abusive, par ce seul motif qu'elle doit s'exercer avec intermittence, agir suivant un certain mode , à un moment donné, ailleurs, suivant un mode tout à fait différent. Aussi me paraît-il et plus logique et plus vrai d'admettre que, en subissant leurs mues , les mammifères et les oiseaux TRAVAUX INÉDITS. 73 s'adaptent, en quelque sorte fatalement, aux conditions de température des lieux dans lesquels ils séjournent. Si cette adaptation n'avait |)as lieu, l'existence de tous ces êtres serait, on le conçoit facilement, exposée à de sérieux dangers. L'homme même subit ces exigences, ainsi que le disait, avec tant de justesse et de vérité, mon pauvre ei si regret- table ami, le professeur Gratiolet : il est obligé de s'a- dapter aux changements de température qui, dans les lieux qu'il habite, se manifestent autour de lui. Il en éprouve, malgré lui, toutes les influences fâcheuses, et, quel- quefois, elles ne sont malheureusement que trop funestes. Quelque bien raisoiinées que puissent être les précautions qui lui sont, dans ces moments de crise, suggérées par ses instincts de conservation, ce n'est que lorsque l'adapta- tion à la température qui l'environne est bien complète, que tout état de souffrance disparaît. Les mêmes effets se manifestent chez les animaux. La mue est pour eux un état de souffrance, a dit, avec beaucoup de raison, M. le professeur Isidore Geoffroy; ajoutons que, dans nos ména- geries, cette crise leur est souvent fatale. Si des faits semblables se passent sous nos yeux, si périodiquement, par suite des changements de tempéra- turc qui se manifestent, des variations s'opèrent chez nos espèces de mammifères et d'oiseaux dans la colo- ration et l'état physique de la ptilose, il est fort conce- vable que des modifications de même nature, d'abord pas- sagères, ensuite permanentes, aient pu se produire chez les premiers habitants des régions sibériennes, dont les homologues se trouvent soit dans l'Europe occidentale, soit dans la péninsule indienne (1). M. Henri Aucapitaine (1) La double origine que nous assi?;nons, d.ius cette phrase, aux mammifères de Sibérie nous parait suffisamment raolivée par les théories de M. Lartet sur l'origine européenne d'un certain nombre de mammifères des régions septentrionales et orientales [Desman de 74 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. (Mars 1865.) ne nous a-t-il pas appris, dans un travail récent (1), que le Chameau méharid perd son poil en allant des régions septentrionales de l'Afrique vers les régions plus cen- trales, et que la laine disparaît, d'après une assertion qu'il emprunte au voyage de Sturt, dans les Moutons d'Aus- tralie, lorsqu'ils arrivent aux lacs salés, situés entre la mer du Tropique et le 17^ degré de latitude (2)? {La suite au prochain numéro.) Causeries ornithologiqdes par M. Jules Vian. (Voir page 40.) Première expérience. Le 14 mai, dans un nid de Gros-bec Pinson, contenant cinq œufs très-couvés, j'ai remplacé l'un d'eux par un œuf de Rossignol ; le 16, cet œuf était hors du nid, et la mère continuait à couver. J'ai alors cassé, sur le bord du nid, l'œuf de Pinson retiré le 14, et lui ai substitué un œuf de Friquet de couleur foncée ; le 16, le nid ne por- tait plus trace des débris, il contenait trois petits Pinsons, et deux œufs, dont celui de Friquet; le 18, quatre petits et toujours l'œuf étranger. Deuxième expérience. Un Bec-fin-Grisette couvait cinq œufs depuis deux jours ; le 15 mai, j'ai cassé l'un d'eux et répandu les débris sur les bords du nid, je l'ai remplacé par un œuf de Bec- fin à poitrine jaune; le 10 mai, ce dernier était encore Moscovie, Renne, Ovibos musqué, Aniilope saiga). J'ai cité, plus haut, l'opinion deM.Falcouer relative au Tigre à longs poiU, opinion confirmative de celles de Lartet. (1) Revue et magasin de zoologie, 1864, p. 373. (2) Loc. cit., p. 373, note 3. TRAVAUX INÉDITS. 75 clans le nid, l'oiseau contituiait à couver, et les débiis avaient disparu. Troisième expérience. Un autre nid de Bec-fin-Grisette contenait trois œufs clairs ; le 16 mai, j'ai cassé l'un d'eux sur les bords du nid et lui ai substitué un œuf de Linotte ; le 17, le nid était parfaitement nettoyé, et contenait quatre œufs au lieu de trois, toujours celui de Linotte. La mère avait pondu un nouvel œuf depuis la substitution. Quatrième expérience. Le 17 mai, j'ai répandu sur les bords d'un nid de Li- notte, qui renfermait quatre œufs clairs, les débris de l'un d'eux, en le remplaçant par un œuf de Friquet; le 18, le nid paraissait abandonné, les quatre œufs étaient froids, la mère absente, et les débris desséchés sur le nid. Cinquième expérience. Une Linotte couvait cinq œufs; le 9 juin, j'ai substitué à l'un d'eux un œuf de Coucou de 23 millimètres de dia- mètre sur IG; le 10, la Linotte continuait à couver, mais î'œuf de Coucou était à terre, cassé, (^e jour-là, je l'ai remplacé par un autre de 22 millimètres sur 16, mais après avoir cassé sur les bords du nid l'œuf de Linotte retiré la veille; le il, les débris avaient disparu, et le nouvel œuf de Coucou était resté; le 16, le nid contenait trois petits, un œuf clair et l'œuf de Coucou. Sixième expérience. Le même jour, 9 juin, j'ai cassé un des quatre œufs d'un nid de Linotte et déposé les débris sur les bords ; j'ai misa la place un œuf de Coucou de 22 millimètres sur 17; le 10 et le 13, la Linotte couvait, le nid était net- toyé et contenait toujours l'œuf de Coucou ; le 14, le nid, mal assujetti, avait cédé sou» le poids de l'oiseau, tout 76 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. ( Mars 1865.) était à terre, mais les œufs étaient beaucoup plus avancés que celui cassé le 9, et les petits étaient sur le point d'éclore. Septième expérience. Le 14 juin, dans un nid de Gobe-mouche gris, j'ai sub- stitué un œuf de Coucou de 22 millimètres sur 17 à l'un des cinq œufs de l'oiseau, et cassé un œuf de Linotte sur les bords; le 15, le nid nettoyé contenait les cinq œufs, dont celui de Coucou; le 18, les petits étaient éclos, et l'œuf de Coucou toujours dans le nid. Huitième expérience. Le 14 juillet, dans un nid de Bec-fin-Grisette, j'ai sub- stitué un œuf de Coucou à l'un des quatre de l'oiseau, cassé ce dernier œuf et laissé les débris sur les bords. Le 16, plus de débris, la mère couvait l'œuf de Coucou avec les siens. Je l'ai remplacé par un œuf de Bec-fin à tète noire, sans rien casser; le 21, ce dernier était à terre et le nid contenait trois petits Becs-fins-Griseites. Neuvième expérience. Le 16 juillet, dans un nid de Bec-fin à tête noire conte- nant trois œufs, j'ai substitué, à l'un d'eux, un œuf de Coucou, sans rien casser. Le 21, la mère couvait, et l'oBuf de Coucou était à terre; le 25, les deux Becs-fins étaient éclos. Dixième expérience. Le 11 août, sur le littoral de la Manche, j'ai retiré un œuf de Linotte d'un nid qui en contenait trois, je l'ai cassé et j'ai laissé sur les bords les coquilles et le petit complètement formé. Je lui ai substitué un œuf de Bec-fin à tête noire; le 14, les débris avaient disparu, l'œuf étranger était encore dans le nid avec deux petits nou- vellement éclos. TRAVAUX INIÎDITS. 77 Onzième expérience. Le 12 juin, j'ai retiré un œuf de Linotte d'un nid con- tenant cinq œufs couvés, et cassé l'un d'eux sur les bords; cinquante minutes après, le nid était parfaitement net- toyé. Tous les œufs de Coucou employés dans ces expériences étaient conformes à la description que j'ai donnée plus haut, et aucun d'eux n'était susceptible de tromper, par sa taille ou sa coloration, les Linottes, Gobe-mouches et Becs-fîns qui ont consenti à les couver; ils étaient vides, mais en partie remplis de sable, et avaient le poids de l'œuf non vidé. Dans la première expérience, un Pinson a expulsé de son nid un œuf de Rossignol substitué au sien, et le len- demain et jours suivants, il a couvé un œuf de Friquet, après avoir trouvé sur son nid les débris de son œuf. Dans la cinquième, une Linotte a jeté hors de son nid un œuf de Coucou simplement substitué au sien, et le len- demain elle a couvé un œuf de Coucou semblable au pre- mier, mais déposé dans le nid, après fracture de l'un des siens. Dans la deuxième partie de la huitième expérience et dans la neuvième, des œufs de Bec-fin à tête noire et de Coucou ont été substitués, sans fracture de ceux des au- teurs des nids;leBec-fin-Grisette et le Bec-fin à tête noire ont expulsé immédiatement les œufs étrangers. Ce résultat est conforme à celui que Lottinger a admis comme règle après quarante expériences. Dans les deuxième, troisième, sixième, septième, hui- tième et dixième expériences, des Becs-fins-Grisettes, Linottes, Gobe-mouches {|ris ont trouvé, sur leurs nids, les débiis d'un de leurs œufs brisé, et ils ont consenti à cou- ver les œufs de Coucou ou les œufs étrangers qui le rempla- çaient, sans aucun rapport décoloration avec lui. Une seule expérience, la quatrième, est restée sans ré- 78 REV, ET MAC. DE ZOOLOGIE. {Mars 18G5.) sultat; mais je l'ai faite sous les yeux de deux Traquets rubicoies qui, des branches d'un pommier voisin, trahis- saient, par leurs cris, la présence de leur couvée : ont-ils averti les auteurs du nid? je le craignais en les entendant. A cette expérience près, trois faits se sont renouvelés con- stamment • 1° l'oiseau a, dans les vingt-quatre heures, retiré les débris d'oeufs déposés sur les bords de son nid; 2" il a expulsé l'œuf étranger mis simplement à la place du sien ; 3° il a couvé l'œuf substitué, quand il a trouvé le sien cassé sur les bords du nid. La conclusion pour moi, c'est que l'intimidation est le moyen employé par le Coucou pour décider les petits oi- seaux à couver ses œufs; il pille le nid de ceux qui lui résis- tent, casse un œuf sur le nid qui doit recevoir le sien. Les Passereaux, effrayés par la destruction de la couvée voi- sine, ou avertis, par la fracture d'un de leurs œufs, du sort qui menace les autres en cas de résistance, se soumettent à la force. L'affection de la mère étrangère pour le jeune Coucou naît ensuite des travaux de l'incubation, des soins nourriciers et de la privation de sa propre famille. Si l'on ne trouve pas toujours les débris de l'œuf cassé par le Coucou, cela tient évidemment à l'habitude qu'ont les oi- seaux de nettoyer leurs nids. M. Bailly mentionne deux nids avec œufs de Coucou, sur lesquels il a trouvé les coquilles d'œufs cassés; il au- rait, sans doute, rencontré plus souvent de pareils débris, si les oiseaux ne les reliraient pas. D'ailleurs il a été sou- vent constaté que les œufs de l'oiseau n'étaient pas au complet dans les nids adoptés par les Coucous. On a cité le Merle, la Grive, le Geai et même la Pie, au nombre des oiseaux qui couvent les œufs du Coucou ; s'il en existe des exemples, je crois qu'ils sont fort rares et que peu de naturalistes pourraient en donner de vùu ; quant à moi, je n'ai jamais rencontré l'œuf du Coucou que dans les nids d'oiseaux de petite taille, tels que Becs-fins, Gros- becs, Bruants, Alouettes, Pipiis, Accen- TRAVAUX INÉDITS. 79 leurs. Cette habitude du Coucou de s'adresser à des oi- seaux faibles, faciles à intimider, ne trahit-elle pas déjà le moyen qu'il doit employer? Les nids de ces oiseaux sont souvent mal assujettis, toujours trop petits pour comenir le jeune Coucou et, par suite, son éducation se termine généralement à terre. Cependant une règle que l'on peut considérer comme générale dans la nature, c'est (|ue chaque oiseau a l'instinct de construire un nid suffisant pour sa famille ; en vertu de cette loi, le Coucou devrait choisir un nid assez grand pour sa progéniture, et, s'il le faisait, il rencontrerait une difficulté de moins, puisque les nids volumineux sont beaucoup plus faciles à trouver; mais il lui faudrait alors lutter contre les oiseaux de force à se défendre, et, par conséquent, difficiles à intimider. S'il pouvait, à son gré, tromper la nourrice de son choix par la coloration de son œuf, il lui serait plus facile de réussir avec les Geais, les Pies, les Corbeaux , dont les œufs ont du rapport avec les siens, qu'avec les Traquets, Accenteurs, Rossignols, Pouillots et autres dont les œufs en diffèrent essentiellement. La nature elle-même, en donnant au Coucou des œufs relativement très-petits, semble avoir prévu qu'ils devaient être couvés par des oiseaux de petite taille. {La suite prochainement.) Note sur les métamorphoses des Crustacés marins. Pré- sentée à l'Académie des sciences, dans sa séance du 26 décembre 1864. — Par M. Z. Gehbe. Les Langoustes, comme tous les Oustacés de nos mers, naissent dans un état (i'imi)erfection qui ne disparaît qu'à la suite de plusieurs mues. Elles manifestent, sous leur premier état, des formes si bizarres et tellement différentes des formes adultes, qu'il est impossible, si l'on n'a pas assisté à leur naissance, d'en reconnaître l'espèce. Aussi comprend-on que les 80 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Mars 1865.) zoologistes les aient considérées comme des animaux dis- tincts el en aient créé, sous le nom de Phyllosoma, non- seulement un genre, mais une famille et même un ordre particulier. Nos recherches sur le développement des animaux nous ayant conduits, M. Coste et moi, à étudier le mode de reproduction des Crustacés, et notamment de nos grands Macroures, nous avons pu constater que les Phyllosomes n'étaient que des larves de Langoustiens, et qu'il fallait, par conséquent, élaguer des méthodes carcinologiques le genre et l'ordre qui reposaient sur l'existence de ces pré- tendues espèces. Quelques naturalistes expriment encore des doutes à cet égard et se demandent si la Langouste commune naît réellement sous forme de Phyllosome : un simple examen des faits en donne la démonstration. Les caractères généraux que les auteurs ont reconnus aux Phyllosomes exotiques, par exemple : l'absence de branchies, un corps aplati, membraneux, diaphane, divisé en deux boucliers, dont l'un, très-grand, arrondi, forme la tête et donne insertion, en avant, à quatre antennes et à deux yeux pédicules ; dont l'autre, plus petit, ter- miné en arrière par un abdomen court et grêle, porte les pieds-mâchoires et les pieds proprement dits, auxquels sont annexés des appendices ciliés; ces caractères, dis- je, sont manifestes chez la larve de la Langouste de nos mers. A la vérité, cette larve ne répond pas d'une manière complète à la caractéristique du genre Phyllosoma ; ainsi, elle ne présente aucune trace des fausses pattes qui gar- nissent les segments abdominaux des Phyllosomes ; le der- nier de ces segments est simple, au lieu d'être terminé par une nageoire composée de cinq feuillets; enfin elle ne montre que deux paires de pieds-mâchoires et trois paires de pieds ambulatoires. Il semblerait donc que l'embryon de la Langouste corn- TRAVAUX INÉDITS. 81 mune n'est pas un Phyllosome, puisqu'il n'en offre pas tous les caractères. Mais il n'y a là, en réalité, que des différences transitoires, des différences d'âge qu'effaceront successivement les quatre ou cinq premières mues qui vont se produire. Déjà même quelques-uns des organes que ces mues doivent mettre en évidence sont représentés par des bourgeons excessivement rudimentaires, auxquels correspondent des ganglions nerveux et des divisions de l'artère sternale : tels sont les deux premiers pieds-mâ- choires et les deux dernières paires de pieds ambula- toires. Quant aux parties qui font complètement défaut, les fausses pattes, par exemple, et les feuillets latéraux de la nageoire caudale, on peut dire qu'elles sont en puissance, dans la larve en question, comme est en puissance, dans une larve quelconque, tout l'organisme de l'être parfait qui doit en émaner. C'est, du reste, ce que l'analogie au- torise à admettre. Lorsqu'on assiste à l'éclosion des Crustacés marins, et qu'on suit leur développement ultérieur, comme je l'ai fait pour une vingtaine de Podophthalmes (1), on voit que tous naissent à l'état de larves et qu'immédiatement après leur naissance tous subissent une première mue. Ils se séparent de l'enveloppe épidermique sous laquelle s'est accomplie leur évolution ovarienne, et, lorsqu'ils s'en sont (1) Les espèces sur lesquelles j'ai fait des études de ce genre sont, parmi les Décapodes macroures, les Maia Squinado (Herbst.), Pisa telraodon (Lcach) , Plalycarcinus pagurus (Herbst.), (^ancer Mœ- nas (Liuu.), Xantus (loridus (Leach;, Gonoplax angulatus (Linn.), Porlunus puber 'Leach), Portunus Rondeleti (Penn.), Porlunus marmnreus (Leach) ; parmi les Décapodes anomourcs, les Porcel- lana plalycheles (Peut.) et Porcellana longicornis (Edw.) ; parmi les Décapodes macroures, [!i longituflinni, puis elle so brise transversalement suivant un pli transversal, de ma- 1-24 REV. ET MAG. DE ZOOLOrrlE. [Àvril 1865.) nière à renverser son extrémité {ou sa moitié terminale) en avant et à l'appliquer sur la moitié basilaire. En outre, le champ postérieur se renverse en dessous, en se plissant en éventail comme chez les autres Blattides. Les trois types qui offrent cette structure alaire for- ment trois genres qui ont reçu les noms de Prosoplecta, Plectoptera et Diploptera. Le caractère de la douVMe dupli- cature n'est pas développé au même degré chez ces types, il est encore assez faible chez les Prosoplecta^ oii l'extré- mité réfléchie de l'aile n'apparaît encore que sous la forme d'un petit triangle qui se renverse obliquement en avant. Il devient très-prononcé chez les Plectoptera (ainsi que chez les Ànaplecta), et il acquiert son maximum d'intensité chez les Diploptera, où on peut dire que le nouveau type d'aile est entièrement développé. L'espace nous manque ici pour expliquer la théorie, assez difficile à résumer, par laquelle l'auteur cherche à établir l'unité de composition dans l'aile des Diploptériens, en montrant par quelles transformations le type normal peut être converti dans le type à duplicature complexe. Du reste, ces détails ne sauraient être expliqués sans le se- cours des planches. Les recherches de l'auteur sur l'abdomen des Blattides semblent confirmer la théorie de Schaum sur la structure de cette partie du corps chez les Insectes. Le premier seg- ment (ou médiaire) appartient en réalité encore au thorax. Il ne possède pas d'arceau ventral. Le nombre des seg- ments abdominaux proprement dits est fixé, dans les deux sexes, savoir : de 8 dorsaux ; chez les femelles il est de 6 ventraux, les 2* et 8* étant envaginés et atrophiés;, chez les mâles, de 8 ventraux. La plaque suranale, qui porte les filets anaux, et qui s'attache par ses extrémités aux la- melles sous-anales, ne forme pas un 9*^ anneau ; il ne faut y voir qu'une simple pièce, détachée du segment dorsal précédent. Nous félicitons M. de Saussure pour ce nouveau travail. ANALYSES d'ouvrages NOUVEAUX. 125 Il montre encore là combien son voyajje au Mexique a été fructueux pour la science. (G. M.) Le mouvement scientifique pendant l'année 1864, parE. Me- NAULT et A. BoiLLOT, 2 vol. in-12. Paris, Didier. Voilà encore un de ces ouvrafjes dont on ne saurait trop encourager la publication et qui s'adre:5se à la fois aux savants et aux gens du monde. Aux savants il rappelle les excellents travaux qui ont été lus et présentés à l'Académie des sciences pendant l'année qui vient de s'écouler, et c'est à M. lîoillot qu'on en doit l'analyse présentée avec une grande clarté et l'impartialité la plus complète. Savant distingué lui-même, M. Boillot était en position de s'acquitter de la difficile tâche dont il s'est chargé et l'a fait avec un talent que personne ne con- testera. Aux gens du monde il offre des analyses exactes et dé- pouillées, autant que possible, des expressions techniques dont on reproche si souvent l'emploi aux savants, obligés de se servir de mots grecs et latins qui effarouchent cer- tains lecteurs. Cette partie est due a la plume de M. E.Me- nault, et l'on doit le féliciter également de l'habileté avec laquelle il est parvenu à rendre accessibles à tous les en- seignements répandus par les professeurs, soit dans les conférences de la Sorbonne, soit dans des livres publiés pendant l'année 1864. L'ouvrage est divisé en deux volumes qui correspondent aux deux semestres de 1864. On y trouve une grande va- riété de sujets appartenant à toutes les branches des con- naissances humaines. Parmi les travaux contenus dans le premier semestre, nous indiquerons, comme appartenant au plan de cette Revue de zoologie, l'analyse d'ouvrages re- marquables, tels que L'homme et sa destinée, par Lucien Langlet; La vie dans l'homme, par M. Tissot ; Physiologie de la pensée, par Lélul; La vie et ses atlributSj par L. Bou- 126 RF.v, ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Avril 1865.) chot; Du principe vital et de l'âme pensante, par Fr. Bouil- lier; Ontologie naturelle^ examen du livre de M. Darwin sur l'origine des espèces, par Flourens. Un article Consan- guinité présente le tableau des opinions diverses qni ont été émises sur ce grave sujet par plusieurs auteurs. Un autre article fait connaître les études sur la circulation du sang et les différentes manifestations qui l'accompagnent, par le docteur Hiffelseim. Une étude développée de la question des générations dites spontanées donne une idée de la fa- meuse discussion qui a occupé l'Académie des sciences et le monde savant et qui est loin d'être terminée, quoiqu'un Rapport ait été fait récemment sur ce sujet. Dans le second semestre nous avons remarqué des ana- lyses non moins intéressantes de livres remarquables, de conférences de la Sorbonne, de lectures faitesà l'Académie des sciences^ etc., etc., et nous pouvons dire, en résumé, que le livre de MM. Menault et Boillot donne bien réelle- ment une idée très-intéressante du mouvement scienti- fique de l'année qui vient de finir. G. M. IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. Observations d'ostréiculture, par M. 1 ingénieur Raoulx. Nous trouvons, dans le Bulletin trimestriel du comice agricole de l'arrondissement de Toulon (15' année, 4' tri- mestre de 1864, n° 4, p. 141), une note d'un grand intérêt que nous croyons devoir reproduire. Voici ce travail : « Le bassin de radoub n° 2 de Castigneau, récemment achevé, est resté plein d'eau depuis le mois de juillet 1863 jusqu'au 12 novembre de la même année. Lorsqu'on a fait l'épuisement, on a trouvé les parois en pierre de taille MÉLANGES ET NOUVELLES. 127 dure tapissées d'une quantité innombrable d'huîtres, ayant généralement de 15 à 20 millimètres de diamètre. « Ces huîtres ne sont pas également réparties sur la sur- lace du bassin. DeO"* à 3 mètres de profondeur, les huîtres se touchent presque ; de 2 à 3 mètres, on en compte en- viron 1,400 par mètre carré, et le maximum se trouve à 2'",2o au-dessous des eaux moyennes. A partir de 3 mètres, le nombre d'huîtres par mètre carré va en diminuant ra- pidement avec la profondeur, jusqu'à 9 mètres, oii on n'en trouve plus que 2 ou 3 par mètre carré. « Le nombre total d'huîtres qui a été ainsi déposé sur les parois de ce bassin s'élève à plus d'un million. « Ce bassin a quatre redans formant marche. Les huîtres se sont déposées principalement sur les parois à peu près verticales, il n'y en a qu'un très-petit nombre sur les parties horizontales. « La partie qui fait face au nord renferme une quantité d'huîtres plus grande que celle qui fait face au midi, mais la différence n'est pas grande. « Nous avions déjà observé bien souvent des phéno- mènes analogues dans la rade de Toulon ; c'est ainsi qu'au Mourillon, sur les jetées qui défendent les quais ouest, un bloc, immergé dans l'eau, est couvert de très-belles huîtres au bout de deux ou trois ans ; c'est ainsi que dans le canal des subsistances, près de l'abattoir de la marine, les pierres de taille de Cassis, qui ont été enlevées lors- qu'on a fait la coupure de communication avec la darse de Missiessy, ont été trouvées littéralement mangées par les dattes de mer (pholade), sur plus de 10 centimètres de profondeur, en moins de trois ans ; de telle sorte qu'il ne restait, pour ainsi dire, plus qu'une dentelle de pierre. Mais aucun cas de ces phénomènes ne se présente sur une aussi grande échelle et ne frappe autant les yeux, attendu qu'on peut le vérifier tous les jo^rs, les écailles des huîtres étant encore, pour la plupart, bien adhérentes à la pierre de taille calcaire. 128 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIlî. [Awil 1865.) « Cette observation montre bien la prodigieuse fécon- dité dans l'espèce des huîtres et la quantité innombrable de semences d'huîtres qui se trouvent dans la rade, ainsi que le développement considérable que peuvent prendre ces mollusques lorsqu'ils trouvent des circonstances favo- rables, c'est-à-dire la tranquillité, une température élevée, une nourriture abondante et l'élément calcaire pour le développement de leurs coquilles. Les masses considé- rables de béton qui ont été coulées dansle voisinage four- nissaient le calcaire, et l'on sait que la nourriture ne manque pas dans les darses et la rade de Toulon. c( Cette circonstance que les huîtres ont préféré, pour se déposer, la profondeur d'eau de 2"", 25, pourrait donner des indications utiles dans le cas où l'on voudrait établir des parcs maçonnés oii les huîtres trouveraient une tran- quillité relative suffisante. Il serait inutile de donner plus de 2'",50 de profondeur, et, pour avoir le plus de surface verticale possible, le bassin, une fois terminé, devrait être presque rempli de blocs calcaires grossièrement équarris.» Nous venons d'apprendre que notre confrère M. Léo laud a découvert deux espèces nouvelles d'Oiseaux, aux- quelles il a donné les noms de Leptodon Pucherani et Em- pidonax Cabanisi; nous espérons en publier plus tard les diagnoses. lABLE DES MATIEUES. PucHERAN. ludicatious que peut fournir la géologie pour l'cipli- cation des différeuces que présenteut les faunes actuelles (suite). 97 Sociétés savantes. 115 Analyses. 120 Mélanges et nouvelles. 120 Paris, -- Imprimeiie de madame veuve Bouchard-Huzard, rue de l'Éperou, 5. — 18C5. VINGT-HUITIÈME ANNÉE. — MAI 1865. I. TRAVAUX IIVÉDITS. Causeries ornithologiques, par M. Vian. — V. p. 40 et 74. M. Florent Prévost a constaté cinquante visites en quatre heures de la part d'un Coucou dans le voisinage du nid qui contenait son œuf; ces visites multipliées ne sont-elles pas aussi une menace pour la nourrice récalci- trante, et la continuation d'un système d'intimidation ? Je n'ai pas la prétention d'imposer mon opinion, mais j'appelle l'attention sur les moyens que je crois employés par le Coucou, et j'espère que les ornithologistes qui peu- vent étudier la nature dans les campagnes voudront bien compléter mes expériences et les étendre à toutes les es- pèces d'oiseaux qui couvent l'œuf du Coucou. Il est reconnu aujourd'hui, contrairement à l'assertion de Guéneau de Montbeillard, que le petit Coucou croît avec une grande célérité. Voici un exemple qui le con- firme : Un jeune Coucou trouvé, Ie2l juin, dans un nid de Bec-fin effarvatte ne portait encore qu'un léger duvet et les gaines naissantes des pennes alaires et caudales ; le 25, il était complètement emplumé, et susceptible d'être monté; sa queue avait déjà 45 millimètres de longueur, et sa plus grande rémige 8 centimètres; c'est plus de 1 millimètre par heure. Cependant il avait été nourri trois jours par des enfants. Le nid, bien que solidement enlacé à des roseaux, ne pouvait plus le porter le 25. La croissance du Coucou est aussi très-rapide dans l'œuf, comme le prouve le fait suivant : J'ai trouvé, le '." SÉRIE. T. XVII. Anaée 1865. 9 130 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Mai 1865.) 1" juin, un nid de Linolte contenant cinq œufs, dont un de Coucou. Dans ce dernier œuf le petit était compléte- mentfornié et prêta éclore; il accusait, la grosseur de l'œuf prise pour base d'appréciation, quatorze à seize jours d'incubation. Les œufs de Linotte, au contraire, étaient peu couvés; ils indiquaient trois à cinq jours d'incuba- tion, et étaient tous quatre au même degré. Les oiseaux, à quelques rares exceptions près, ne commencent à couver que lorsqu'ils ont terminé leur ponte, et dans la circon- stance la Linotte avait évidemment suivi cette loi ; en effet, elle ne pond qu'un œuf par jour, et, si elle avait com- mencé à couver le premier jour de sa ponte, le premier œuf aurait été de quatre jours plus avancé que le dernier, ce qui est très-sensible dans les œufs des petits oiseaux, puisque quatre jours forment presque le tiers de la durée de l'incubation. Or il n'y avait pas de différence appré- ciable dans le degré d'avancement des quatre œufs de Li- notte. Trois à cinq jours avaient donc suffi pour amener l'œuf de Coucou presque à maturité. Cette célérité dans la croissance du jeune Coucou ex- plique comment il naît presque toujours le premier de la nichée, comment il est de suite à l'étroit dans le petit nid qui lui sert de berceau, et comment il est amené à s'y faire place, en expulsant ses compagnons. Corbeau-corneille, Degl. — Corvus corone, Linn. Après avoir combattu une erreur sur les mœurs du Coucou, je crains d'en produire une autre sur les mœurs de la Corneille ; aussi je vais me borner à relater le fait dont j'ai été témoin, pour appeler l'attention de ceux de nos collègues, voisins de localités où les Corneilles nichent en société. Le 5 mars, je me promenais dans une petite vallée voi- sine de Meulan, plantée en partie de vieux peupliers, sur lesquels des compagnies de Corneilles nichent depuis plu- sieurs années. Elles ne paraissaient pas encore travaillera TRAVAUX INÉDITS. 131 leurs nids. Sur un des peupliers sept de ces oiseaux étaient réunis autour d'un vieux nid, faisant retentir l'air de leurs croassements. De temps à autre une Corneille arrivait seule, se posait sur le nid, une autre venait l'y rejoindre; quelques secondes après, les deux oiseaux se laissaient tomber en s'accouplant jusqu'à 3 ou 4 mètres au-dessous du nid et senvolaient ensemble vers les pla- teaux. Les survenants n'étaient pas toujours agréés, et j'en ai vu jusqu'à trois devant la même femelle s'en aller comme ils étaient venus. Cette scène s'est renouvelée plus de vingt fois en une heure, sans que jamais le nid ait porté f)lus de deux oiseaux en même temps. J'ai cru un instant la cérémonie terminée après le premier quart d'heure ; toute la troupe avait disparu, mais quelques minutes après sept Corneilles prenaient place autour du nid, et la scène recommençait ; elle durait encore lorsque je suis parti. Quelques heures apès, voyant, sur les plateaux qui do- minent cette vallée, un nombre considérable de Corneilles, j'inleriogeai un paysan. Il me répondit : « C'est le grand jour des Corbeaux, aujourd'hui tous ceux du pays et peut- être de France se réunissent chez nous, c'est comme cela tous les ans à la même époque. » Malheureusement ses observations s'arrêtaient là. J'ai cru, je l'avoue, assister aux cérémonies du mariage des jeunes Corneilles de l'année précédente; rien n'y manquait, j'ai vu sept témoins, la présentation des futurs, le choix du mari, le mariage et le voyage des époux. Merle -DRAINE, Degl. — Turdus viscivorus, Linn. Et Pinson ordinaire, Degl. — Fringilla cœlebs, Linn. La réunion de ces deux oiseaux paraîtra peut-être une anomalie pour bien des naturalistes, mais je laisse décote leur classification pour parier d'une association que la nature paraît établir entre eux. Les enfants des campagnes et les personnes qui ont souvent cherché des nids dans les déparlements voisins 132 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. {Mai 1865.) de Paris savent que la grosse Grive et le Pinson nichent de compagnie. S'il existe un nid de Draine sur un arbre, le même arbre, ou au moins un arbre très-voisin, porte en même temps un nid de Pinson. La réciproque n'a pas lieu, sans doute, parce qu'il existe, au printemps, dans nos localités, beaucoup plus de Pinsons que de Draines ; ainsi l'on voit souvent des nids de Pinson isolés. En ce qui me concerne personnellement, je n'ai jamais trouvé de nid de Draine sans nid de Pinson. J'ai cru une fois à une exception, il y a trois ou quatre ans ; j'avais vu un nid de Draine sur le tronc d'un pommier isolé et cherché vainement celui de Pinson sur toutes les branches. Un ancien camarade, qui avait conservé une confiance ab- solue dans l'association de ces deux oiseaux, m'accusa d'avoir mal cherché, et il avait raison ; dans une nouvelle perquisition il a trouvé le nid de Pinson sur le même arbre, à 3 mètres de l'autre, mais au centre d'une touffe de gui. J'ai cherché longtemps le mobile de cette association assez étrange entre deux oiseaux si différents de taille et de constitution ; une observation récente paraît en donner l'explication. En arrivant à la campagne le 1"^ mai, je trouvai, devant mes fenêtres, un nid de Draine dans un orme, et un nid de Pinson dans un acacia, à 5 ou 6 mè- tres l'un de l'autre ; les deux oiseaux couvaient. Les Pies sont très nombreuses dans la localité; lorsque l'une d'elles approchait de l'orme, le Pinson poussait un cri aigu, et la Draine s'élançait comme une flèche sur la Pie, qui souvent perdait des plumes dans le choc et s'éloignait à tire d'ailes. Chaque cri du Pinson m'annonçait le passage d'une Pie et le renouvellement de cette scène. Deux ans avant, les deux associés avaient leur nid sur ce même orme ; un enfant dénicha celui de Pinson ; le lendemain, en l'absence de la Draine, une Pie enlevait ses petits, et en laissait tomber deux sur le gazon. La Draine et le Pinson nichent dès la fin de mars, peu TRAVAUX INÉDITS. 133 de temps après la Pie, et généralement plus d'un mois avant ceux des Passereaux qui, comme eux, adoptent les arbres. Leurs nids, adroitement mariés aux branches qui les portent, paraissent un nœud de ces branches, et sont difficiles à voir pour qui les regarde de terre; mais il n'y a pas encore assez de feuilles pour les cacher aux yeux de l'oiseau qui passe au-dessus. En avril et mai, la Pie a des petits à nourrir, et elle paraît rechercher avidement pour eux les nichées de jeunes oiseaux non emplumés. Parmi les Passereaux qui nichent à terre ou dans des trous, quelques-uns ont bien des petits à cette époque; mais leurs nids sont généralement invisibles ou inaccessibles. Les Draines et les Pinsons seraient alors exposés à fournir presque seuls la pâture des jeunes Pies, si dans sa pré- voyance la nature ne leur avait donné un moyen de pré- server leurs petits, en associant la vigilance au courage. Le Pinson, qui, d'après les expériences de plusieurs na- turalistes, paraît être l'oiseau qui s'éveille le premier en France, le Pinson surveille l'ennemi et donne le signal ; la Draine l'attaque vigoureusement et le met en fuite. L'association de ces deux oiseaux existe-t-elle dans toute la France, notamment dans les localités où les Pies sont rares, sur les bords de la Manche, par exemple? Je ne puis encore résoudre cette question; mais il suffirait, pour cela, que chaque naturaliste consultât, dans son pays, les enfants qui vont aux nids, car il est, malheureusement, peu decampagnes oijlesenfants n'aient l'habitude dese réunir pour aller aux nids, suivant le langage consacré parmi eux, c'est-à-dire pour travailler à la destruction des ni- chées, sans profit pour personne et au grand détriment de l'agriculture. 134 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1865.) Note sur l'apparition d'un grand nombre de Cynips aptères rencontrés vivants sur la neige, au milieu du mois de janvier, par M. le comte d'Esterno. « Pendant les grandes neiges de janvier dernier, c'est- à-dire vers le 12 ou 15, j'ai fait des chasses au traque qui m'ont obligé à parcourir les bois, surtout les matins qui suivaient les nuits de neige, parce que c'est alors qu'on distingue le mieux les traces du gibier. « J'ai trouvé trois fois la neige tombée la nuit semée d'insectes de la grosseur d'une fourmi moyenne et appar- tenant tous à la même espèce. « J'ai eu un jour la curiosité de compter à peu près ces insectes. Dans un chemin large d'environ 3 mètres, il y en avait à peu près un et demi par mètre courant, et cela sur une longueur d'un kilomètre, ce qui donnait 1,500 in- sectes, tous sortis depuis la neige tombée pendant la nuit. (( J'ai ramassé quelques-uns de ces insectes et je les ai montrés à un naturaliste qui m'a dit que c'était le Cynips ou Diplolepis optera. « Cet insecte n'a rien d'extraordinaire, et je crois bien l'avoir vu pendant la belle saison ; mais il ne m'était jamais arrivé de le voir sur la neige, oîi il me semble qu'il doit périr. Pourquoi y va-t-il? je ne le comprends pas. Du reste, tous ceux que j'ai vus étaient vivants. « Une autre remarque, c'est qu'il n'y en avait qua proximité des arbres ou buissons dont sûrement ils étaient sortis « J'ignore entièrement si les promenades de cet insecte sur la neige sont un fait nouveau; il l'est pour moi et, dans le doute, je vous en donne connaissance; si ma communication se trouve sans intérêt, vous en serez quitte pour ne pas en tenir compte. (( Le lieu de l'observation était la commune de la Selle près Autun (Saône-et-Loire). » TRAVAUX INÉDITS. 135 QcELQOES observations sur le groupe d'Hyménoptères au- quel appartient le Cynips optera, par M. F. E. Guérin- Méneville. Les singulières protubérances que l'on rencontre sur un grand nombre de végétaux et que l'on connaît sous le nom de galles ont été, de tout temps, l'objet des recherches des naturalistes. Présentant les formes les plus variées, ressemblant à des fruits, à des grappes de raisins ou de groseilles, ornées souvent des couleurs les plus fraîches, ces productions attirent l'attention de tout le monde et la méritent bien par les mystères qui se passent dans leur intérieur et qui ont précédé leur développement. Dès l'année 1687, un grand observateur italien, le cé- lèbre Malpighi, écrivait sur ce sujet curieux u!i remar- quable mémoire, accompagné de nombreuses figures, et dans lequel il posait les bases de l'étude des causes qui produisent les galles. Celte étude a été poursuivie, plus tard, par Réaumur, qui en a publié les beaux résultats en 1737, dans le troisième volume de ses œuvres immor- telles, mais tous ces travaux, et même ceux que l'on doit; depuis, à Bosc, Rœsel, Christ, Frisch, de Geer, Olivier, Geoffroy, Coquebert, Latreille, Kollar, Hartig, Giraud et autres, sont loin d'avoir épuisé le sujet, et il reste une foule de choses à apprendre sur la vie de ces légions d'in- sectes, sur les remarquables productions végétales dont ils provoquent la formation et sur les parasites qui vivent à leurs.dépens, soit directement, soit indirectement. Les travaux de M. Hartig, surtout, ont beaucoup ajouté à ce que l'on savait sur les insectes qui provoquent la formation des galles. Il a mieux distingué ceux qui les produisent de ceux qui vivent aux dépens des premiers, suivant la grande loi naturelle du parasitisme. Il a pu jeier les bases d'une classification naturelle de ce groupe d'insectes, qui, mêlé avec ses parasites et ennemis, for- 136 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. {Mai 1865.) mait, pour les auteurs systématiques, un seul et unique {jenre appelé Cynips. Aujourd'hui ces insectes forment un groupe que M. Hartig a divisé en deux familles, celles des Cynipides et des Figidites, qui comprennent 21 genres composés chacun d'un plus ou moins grand nombre d'es- pèces. Les études anatomiques et pathologiques à faire sur ces êtres singuliers sont à peine à leur début et promettent des découvertes d'un grand intérêt. Déjà l'on a observé que plusieurs groupes génériques, tels que le genre Cy- nips proprement dit, suivant la classification de M. Har- tig, n'étaient formés que de femelles, tandis qu'on trou- vait des individus appartenant aux deux sexes dans d'autres groupes. Y aurait-il dans ces insectes, soit d'une manière générale et permanente, soit à certaines époques et chez certains groupes, quelque chose de semblable à ce qui a lieu chez les Pucerons ? Y aurait-il des Cynips fe- melles fécondés pour plusieurs générations? ou bien les mâles de certaines espèces seraient-ils les auteurs de galles aériennes, par exemple, quand leurs femelles pro- duiraient des galles souterraines? En serait-il de la plu- part de ces insectes comme des Cébrions dont les fe- melles ont d'abord été rangées dans un autre genre? Voilà de beaux sujets d'études pour les entomologistes, et il est à désirer que quelques-uns, après avoir bien fixé les caractères des espèces, entreprennent des recherches physiologiques susceptibles de jeter la lumière sur ces difficiles, mais importantes questions de sérieuse et véri- table zoologie. Aujourd'hui, me bornant à indiquer la voie qu'il serait désirable que l'on suivît relativement à l'étude de ce groupe intéressant, j'arrive aux documents que je désire présenter aux personnes qui veulent connaître ce qui a été fait jusqu'à présent de plus saillant sur le Cynips ap- tère. Ce singulier hyménoptère, que l'on prendrait, au pre- TRAVAUX miÉDITS. 137 mier aspect, pour une fourmi, est l'auteur de galles com- plètement souterraines, que l'on trouve groupées sur les petites racines des chênes et à une certaine profondeur dans le sol. En 1687, Malpighi {Opéra omnia, etc., t.I,p. 112 à 132, De Gallis, avec 13 pi.) indiquait à la page 126, et repré- sentait fig. 65, deux grappes de galles des racines dont il ne connaissait pas l'habitant, mais qui sont certainement les mêmes qui ont été observées depuis par divers auteurs, et tout récemment par MM. le maréchal Vaillant, le comte de Lamote-Baracé et Huzard, ainsi qu'on le verra plus loin. En 1791, Bosc faisait connaître, dans \e Bulletin de la Société philomalhique,l. î, p. 18, un Cynips aptère, et c'est d'après sa collection que Fabricius a caractérisé pour la première fois l'espèce en se gardant bien de citer le mé- moire de l'auteur qui lui confiait ainsi ses matériaux. En 1793, deux ans après la publication de Bosc, fabri- cius donnait la première description du Cynips aptère de Bosc, dans son Entomologie systématique, t. II, p. lOi, n" 22. En 1793 aussi, Coquebert figurait l'espèce, pour la pre- mière fois, dans son recueil de figures des espèces de Fa- bricius. {Illustr. Monogr. ins.^ Decas I, pi. i, fig. 11.) Il a été question de cette espèce, depuis cette époque, dans les ouvrages de divers entomologistes. Curiis en a parlédans son Entomologie britannique (vol. III, n" 552), en décrivant un de ses parasites, et dans les Transactions de la Société entomologique de Londres, 1854, t. III, Proc, p. 35. M. Westwood s'en est occupé aussi dans le Gard- ners Chronicle, et l'on a su ainsi bien positivement que le Cynips aptère était l'auteur de ces grappes de galles que l'on trouve fixées aux racines des chênes et, assure-t-on, de divers autres arbres. En 1840, les deux savants distingués que nous venons de citer, MM. Hartig et Westwood, s'occupant de la clas- 138 REV. KT MAG. UE ZOOLOGIE. (Mai 1865.) sification du groupe entier des Cynipides, ont eu chacun des motifs suffisants pour séparer cet insecte singulier du vrai genre Cynips. Ils en ont fait tous deux et probable- ment en môme temps, ce qui ne permet d'établir la prio- rité pour personne, le type d'un genre particulier que l'un a appelé Apophjllus quand l'autre lui imposait le nom de Biorhiza. Si l'on n'avait connu que des espèces vivant sur des ra- cines, il est certain que le nom donné par M. Westwood aurait mieux convenu à ce genre; mais, comme sur trois espèces admises aujourd'hui, 1 aptcrus, fab., 2 aynasfis, et 3 renum, Giraud, il y en a deux des feuilles, auxquelles va très-bien le nom A' ÀpophrjUus et auxquelles ne va pas du tout celui de Biorhlzn, il sera nécessaire de trouver une autre dénomination pour ce groupe un peu hétéro- gène, sous le point de vue des habitudes au moins. Je pro- poserai d'adopter le nouveau nom d'Heterobius, qui con- cilie tout, surtout dans cette circonstance oîi il serait impossible d'attribuer la priorité à l'un ou à l'autre des noms impropres donnés à ce genre par les deux savants qui l'ont fondé en même temps. Cette question réglée, il me reste à faire connaître som- mairement les observations qui ont été faites sur l'espèce principale, sur l'insecte qu'il faudra désormais appeler Helerobius apterus. On ne trouve rien sur cet insecte ni dans Réaumur ni dans V Encyclopédie méthodique. Quoique Bosc en ait parlé bien avant la publication des Dictionnaires d'his- toire naturelle, ces ouvrages n'en ont pas fait mention aux articles Cynips et Galles. 11 a été d'abord question des galles souterraines, qui servent de berceau à cette espèce, dans les auteurs an- glais, et l'on trouve dans l'ouvrage de M. Westwood, que j'ai cité plus haut, le passage suivant : « Le Cynips aptère vit dans des galles à la racine des chênes, hêtres, etc., et il est infecté par une belle espèce TRAVAUX INÉDITS. iSd de CQ.\\\mome {Cal. subterraneus, Curtis, Brit. Entntn., vol. III, n° 552, et Bird, in Entom. }fag ,\o\. II, p. 43). Mes échantillons de celte galle ont la forme d'une poire légè- rement imbriquée, étant attachées très-près les unes des autres par le bout étroit aux filaments de la racine des arbres. Elles sont monolhalames et environ d'un tiers de pouce de diamètre. » Curtis, dans l'article cité par M. Westwood, en décri- vant le Callimome parasite ajoute : « Élevé, par M. Johnson, des galles du chêne formées par la larve du Cynips aptera, dans lesquelles elle est pa- rasite. » Hartig, dans ses premiers mémoires, ne parle pas des galles des racines du chêne comme étant produites par le C. aptera. Il n'a appris cette circonstance de la vie de l'insecte que plus tard, et ne la mentionne qu'en 1843 dans son troisième et dernier article sur ce sujet. C'est en novembre 1860 que j'ai vu pour la première fois ces singulières galles des racines, grâce à l'obligeance de M. le maréchal Vaillant, qui en avait découvert un assez grand nombre au pied d'un chêne de sa villa de Vincennes. Ce savant, qui ne laisse passer aucune occa- sion de faire des recherches utiles aux progrès des sciences, et à qui je dois des observations du plus grand intérêt sur l'élevage des nouveaux vers à soie de l'ailante, du chêne, du prunier, etc., que je m'efforce d'acclimater et d'intro- duire dans nos départements et à l'étranger, a bien voulu me donner plusieurs grappes de ces galles. Ces groupes, tenant aux racines du chêne et offrant quelque ressem- blance avec des truffes, conservés dans mon cabinet, n'ont pas tardé à me donner des insectes parfaits, et, à partir du 15 décembre, il en est sorti de presque toutes les galles de ces grappes ou masses agglomérées. En janvier 1863, M. le comte de Lamote-Baracé, si connu par ses remarquables travaux sur les vers à soie de l'ailante et du chêne, entomologiste à qui l'on doit la dé- HpO rev. et mag. de zoologie. (Mai 1865.) couverte de divers insectes nouveaux, me remettait des galles semblables trouvées par lui au pied de quelques chênes du beau parc attenant à son château du Coudray- Montpensier, près Chinon. Ces galles, comme celles du maréchal Vaillant, m'ont donné leurs Cynips aptères du 15 au 28 janvier. Enfin, M. Huzard, mon savant confrère de la Société d'agriculture, m'a remis, le J6 octobre 1863, plusieurs groupes des mêmes galles, qu'il avait trouvées dans la terre, en faisant arracher des pommiers et des frênes, dans une propriété qu'il possède en Normandie. Comme il n'y a pas de chênes dans la localité où ces galles ont été trouvées, il est certain qu'elles ont été produites sur les racines d'une autre espèce d'arbre, ce qui montre que ce Cynips peut indifféremment se développer aux dépens des racines d'arbres très-différents. Ces galles ont com- mencé à me donner des Cynips aptères en janvier, mais tous n'ont pas éclos et beaucoup sont restés à l'état parfait dans la cavité centrale de leur galle, n'ayant pu en sortir, probablement à cause de la rapide dessiccation de ces galles dont les parois sont devenues trop dures. Tous les sujets que je possède dans ma collection d'étude appartenaient au sexe femelle. Tous ceux qui sont éclos chez moi se sont trouvés du même sexe, et il en est de même pour les deux autres espèces. Malheureusement je n'ai pas obtenu un assez grand nombre d'individus pour avoir l'espoir d'élucider cette question des sexes, et il reste à savoir si des observateurs ont été plus à même que moi de l'étudier dans des conditions convenables. Comme on le voit, tous les sujets que j'ai pu observer sont éclos en plein hiver. J'avais d'abord pensé que cette éclosion avait été provoquée par la chaleur artificielle dans laquelle j'avais tenu ces galles, et je supposais que ces insectes demeuraient tout l'hiver dans leurs galles, soit à l'état de larve, de nymphe ou d'insecte parfait, et qu'ils n'éclosaient ou ne sortaient de leur retraite qu'au TRAVAUX INÉDITS. 141 printemps. Il n'en est rien, car des observations répé- tées, faites en Allemagne et en France, nous apprennent que, s'ils n'éclosent pas tous pendant l'hiver, il y a des cas, non encore expliqués, oîi l'éclosion a lieu au milieu des plus grands froids. La note de M. le comte d'Esterno en fait foi, et son observation précise restera acquise à l'histoire de cette espèce. Elle a une grande importance dans cette question, comme confirmation positive de celle qui avait été communiquée à M. Hartig par M. Heyer, de Lnnebourg, qui lui avait dit avoir trouvé un grand nombre de ces insectes rampant sur la neige. Quant à l'observa- tion que M. Fallou a fait présenter à la Société entomolo- gique de France, dans sa séance du 23 janvier 1865, de Cynips optera trouvés par M. Constant près d'Autun, le 24 décembre 1864, il est certain qu'elle doit se confondre avec celle de M. le comte d'Esterno, car elle a été faite à la même époque et dans la même localité. Il y aurait encore bien des choses à ajouter sur ces in- sectes singuliers qui éclosent par les plus grands froids et subissent impunément ces basses températures sans périr, sans tomber même dans l'engourdissement. Que de questions à poser, que de recherches à faire ! Espérons que ce curieux sujet sera traité à la manière de Réaumur, de Bonnet ou de Léon Dufour, ces grands maîtres en véritable et sérieuse zoologie, par quelque tra- vailleur sérieux ayant le loisir de poursuivre convenable- ment de si intéressantes et si difficiles recherches. N'y aurait-il pas, chez ces singuliers insectes, quelques phénomènes de génération alternante, des hypermétamor- phoses, des états de transition entre la nymphe et l'insecte parfait apte à se reproduire par fécondation directe? 14'2 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Mai 1865.) II. SOCIÉTÉS SAVAJVTES. Académie des sciences. Séance du 17 avril 1865. — M. le président annonce la perte que vient de faire l'Académie dans la personne de M. A. Valenciennes, professeur au muséum d'histoire na- turelle, etc. M. A. Duméril donne lecture d'un travail intitulé , Re- production , dans la ménagerie des Reptiles nu muséum d'histoire naturelle, des Axolotls, Ratracicns urodèles à branchies persistantes, de Mexico (Siredon mexicanus, vel Humboldtii), qui n'avaient encore jamais été vus vivants en Europe. « Les zoologistes distinguent quatre espèces d'Axolotls du Mexique ou des contrées voisines ; celle que nous pos- sédons vivante est l'espèce dont Cuvier a fait connaître la structure dans ses Recherches sur les Reptiles douteux. Les six individus (cinq mâles et une femelle) qui ont fourni l'occasion de faire les observations consignées dans le travail que cette Note résume très-brièvement ont été donnés au muséum par le jardin zoologique d'accli- matation du bois de Boulogne. « On sait quelles ont été les incertitudes relativement à la véritable nature de ces Batraciens. Or ce sont des faits à l'appui des indications déjà recueillies sur le rang à leur assigner non comme larves ou têtards, mais comme animaux parfaits , que j'ai l'honneur de soumettre à l'examen de l'Académie, il ne s'agit plus ici de suppo- sitions tirées seulement de l'étude analomique des or- ganes génitaux, puisque la reproduction s'est accomplie dans les bassins de la ménagerie. (( Le 18 janvier 1865 (le.s animaux supportant très-bien la captivité depuis un an déjà), une grande agitation a lieu dans l'aquarium occupé par les Axolotls seuls ; les SOCIÉTÉS SAVANTES. 143 mâles offrant, comme la femelle, un gonflement considé- rable des lèvres du cloaque, poursuivent cette dernière qui cherche à les éviter, et ils abandonnent dans l'eau des mucosités assez abondantes, au milieu desquelles se trouvent de très-petits grumeaux d'une matière blanche ; celle-ci soumise à l'examen microscopique se montre composée d'innombrables et minces filaments, dont les mouvements ne laissent aucun doute sur leur véritable nature : ce sont des spermatozoïdes. « Le 19 au matin, la femelle commence à pondre, et toutes les précautions qu'elle prend pour déposer, par pe- tites masses isolées de vingt à trente environ, ses œufs sur les corps solides qu'elle rencontre, afin qu'ils puissent s'y fixer à l'aide du mucus qui les entoure, rappellent les ma- nœuvres auxquelles se livrent, dans le même but, les fe- melles des Triions. La ponte est terminée dans la journée du 20. (( Le G mars, la même agitation se reproduit dans l'aquarium, et tout ce qui avait été vu six semaines aupa- ravant peut être observé de nouveau. « Les pontes, la première surtout, furent très- abon- dantes, et chaque fois, au bout de deux ou trois jours, on enleva les plantes qui les avaient reçues pour les déposer, à l'abri de la voracité des parents, dans des bassins sé- parés. « L'œuf, comme celui de tous les Batraciens observés jusqu à ce jour, consiste d'abord en une sphère vitelline noire, placée au centre de la sphère que forme la mem- brane vitelline, remarquable par sa transparence cristal- line et qui est logée elle-même au milieu de l'enveloppe albuminouse constituant une sphère extérieure plus consi- dérable. « Les dessins que je place sous les yeux de l'Académie témoignent de l'extrême analogie du dévelo()pement de l'Axolotl et do celui des autres Batraciens. J'ai fait en sorte de suivre le plus exactement possible les change- 144 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. (^^1865.) ments qui surviennent, mais sans avoir pu réussir pour tous, et j'en ai noté les principaux résultats. A partir de la segmentation du vitellus et de l'apparition de la bande- lette médiane primitive, ainsi que des bourrelets latéraux que forment les lames dorsales primitives, j'ai décrit les principaux phénomènes qui se succèdent dans la forma- tion du nouvel être jusqu'à l'époque oiî il peut vivre d'une vie indépendante. c( Tous les œufs, à quelques exceptions près, avaient été fécondés, et les premières éclosions ont eu lieu vingt- huit à trente jours après la ponte ; en deux ou trois jour- nées, elles ont été achevées. Elles se sont produites sous l'influence des mouvements de l'embryon plus violents et plus fréquemment répétés que dans les jours précédents. Au moment où il se dégage de ses enveloppes, sa longueur est de O^jOli à 0'°,016, et le vitellus, immédiatement après la ponte, représentait une petite sphère de O^jOOâ seulement de diamètre. « Les branchies, qui, à l'origine de leur apparition, lorsqu'elles avaient commencé à se former aux dépens des deux petits bourrelets branchiaux situés derrière la tête, ne consistaient qu'en trois appendices cylindriques très- courts, ont maintenant un certain nombre de ramifications, mais elles sont bien loin d'offrir l'extrême multiplicité ca- ractéristique de l'état adulte. « On peut considérer comme constituant la première période le temps du séjour de l'œuf et de l'embryon qui en provient, au milieu des membranes protectrices. « Quanta la deuxième période du développement, qui, débutant à partir de l'instant de l'éclosion, doit avoirpour limite l'apparition des membres postérieurs, j'en ignore la durée, car sur les individus nés le 19 février et les jours suivants, et par conséquent âgés maintenant de deux mois environ, aucune trace de ces menjbres ne s'est encore montrée, et les antérieurs, qui ont commencé à faire saillie derrière les appendices branchiaux avant la rup- SOCIÉTÉS SAVANTES 145 ture des enveloppes , n'ont presque pas augmenté de longueur. « Quelques jours après le commencement de la vie à l'état de liberté, un progrès important s'est accompli : la fente buccale dont on voyait l'indication, mais qui n'exis- tait pas encore, s'ouvre, et l'animal recherche, avec avi- dité, les animalcules flottants dans l'eau. A cette modifi- cation vient s'en joindre une aulre qui en est la consé- quence naturelle : l'intestin, imparfaitement reconnaissable d'abord durant le séjour de l'embryon dans les enve- loppes, s'est, peu à peu, dessiné d'une façon plus nette, et, quelques jours après l'éclosion, il est devenu bien ap- parent. « Je continue les observations que permet le dévelop- pement très-lent aujourd'hui de ces animaux, et j'aurai l'honneur d'en exposer plus lard les résultats à l'Aca- démie. » M. Hollard présente des Recherches sur la structure de l'encéphale des Poissons et sur la signification homologique de ses différentes parties (travail présenté au concours de 1865 pour le grand prix des sciences physiques). a L'encéphale des Poissons représente un type cérébral inférieur non-seulement au point de vue de son dévelop- pement général, mais encore par l'absence de plusieurs des organes qui appartiennent aux Mammifères et à l'Homme. Mais ce type n'est pas seulement inférieur, il est spécial et d'ailleurs susceptible de nombreuses modifi- cations. « Les particularités qu'il présente ont donné lieu à des interprétations très-diverses pour lesquelles on s'en est trop souvent rapporté à des analogies de forme plus ou moins trompeuses; aussi ces interprétations manquaient- elles généralement du caractère essentiel du fait scien- tifique, la possibilité d'être démontré. Sauf quelques dé- terminations qui s'imposent d'elles-mêmes à première vue, la plupart des autres sont encore à l'état de simples 2* SÉRIE. T, XVII. Anuéc 1865. 10 146 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE, (il/a?" 1865.) hypothèses, ou seulement vraisemblables, ou tout à fait erronées. Pour arriver à des résultats que la science accepte, il faut : 1" commencer par rapporter les diverses parties de l'encéphale des Poissons aux divisions que l'embryogénie nous donne pour ce cerveau comme pour celui des autres Vertébrés, et 2° constater avec précision, pour chacune de ces divisions, les organes qui les com- posent et distinguer parmi ces organes ceux qui sont fon- damentaux et ceux qui appartiennent au développement des types supérieurs. « En procédant ainsi, en parcourant la série des trois régions encéphaliques qui répondent à la succession des trois vésicules cérébrales primitives des animaux verté- brés, l'épencéphalique, la mésocéphalique et la prosencé- phalique, et après avoir constaté que Tépencéphale se divise en deux sous-régions, celle de l'arrière-cerveau ou cnlamus, et celle du ceiveau postérieur ou cervelet; que le prosencéphale se divise aussi et donne en avant un cerveau antérieur et un cerveau intermédiaire, il ne m'a pas été difficile de retrouver d'abord d'une manière gé- nérale, puis en détail, les organes cérébraux qui, chez les Poissons , se développent dans chacune de ces régions. « Pour l'arrière-cerveau, ou région du calnmus, nous avons ici deux paires de petites masses grises superposées aux racinesdes cinquième, huitième et neuvième paires de nerfs encéphaliques ; ces petits lobules, appelés par les anatomistes lobes postérieurs et lobes vagues, corres- pondent, avec un développement propre aux Poissons, aux traînées de matière giiso qui bordent le quatrième ventricule des V^ertébrés supérieurs, et plus spécialement les pyramides postérieures, en formant ce qu'on nomme les valvules de Tarin. tt Pour le cerveau postérieur, développé à l'ordinaire en un gros lobe impair, porté par deux pédoncules laté- raux, envoyant en avant vers le mésocéphale une paire SOCIÉTÉS SAVANTES. 147 de cordons de ralliement, deux processus, c'est un cervelet bien caractérisé, et qui contrastant avec celui des Batra- ciens et des Reptiles, rappelant plus ou moins celui des Oiseaux, est un des traits du type cérébral des Poissons. « Le mésocéphale se cache ici sous la partie postérieure du prosencéphale, sous le cerveau intermédiaire. 11 se compose de masses tuberculiformes assises sur un plan- cher qui couvre un véritable aqueduc de Sylvius ; c'est ici qu'aboutissent les cordons de ralliement du cervelet, vrais processus ad testes, quoi qu'on en ait dit ; en un mot, nous reconnaissons facilement dans les masses grises et creuses qui couvrent celte petite région ventriculaire les tubercules géminés. « Les plus grandes difficultés de détermination nous sont offertes par le prosencéphale et d'abord par sa sous_ région postérieure ou cerveau intermédiaire. Cette région, plus complète que les autres chez tous les Vertébrés, offre des dispositions spéciales chez les Poissons, et, pour la déchiffrer, nous avons besoin de nous rappeler la con- stitution du cerveau intermédiaire des Vertébrés supé- rieurs. C'est à la fois la région pédonculaire, la région du troisième ventricule ou ventricule moyen ; c'est la région du noyau cérébral, ou tout au moins de la portion fonda- mentale de ce noyau, laquelle se compose des faisceaux pédonculaires, des couches optiques et des corps striés. « Chez les Poissons nous retrouvons très-bien cette région pédonculaire, composée inférieurement de deux larges faisceaux pyramidaux, supérieurement de la suite des autres faisceaux de la moelle. Deux paires de lobes s'y rattachent : l'une supérieure, l'autre inférieure. La supé- rieure se compose d'un noyau semi-circulaire d'où partent deux couches superposées, dont les fibres se croisent, et qui donnent aux lobes en question un grand développe- ment superficiel. Nous avons vu qu'ils couvrent les tuber- cules; d'un autre côté, ils aboutissent aux nerfs optiques dont la couche externe est la racine principale. Impossible 148 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Mai 1865.) de donner à ces lobes, dont la cavité n'est autre qu'un développement du ventricule moyen, un autre nom que celui de couches optiques. « Les lobes inférieurs sont plus problématiques, et tou- tefois, {jràce à la découverte que j'ai faite de leurs véri- tables connexions en grande partie méconnues jusqu'ici, je pense que nous sommes en mesure de les déterminer. On savait que les cordons pyramidaux inférieurs, cet élé- ment important des pédoncules cérébraux, se partagent entre les lobes précédents et ceux-ci. Mais ce qu'on ignorait, c'est que les autres faisceaux médullaires vien- nent, après avoir traversé les couches optiques, rejoindre les lobes inférieurs et y pénètrent aussi, au lieu de se porter comme on le croyait, directement au cerveau an- térieur ou hémisphérique. D'un autre côté, chose que j'ai constatée aussi pour la première fois, c'est des lobes infé- rieurs que part le faisceau médullaire qui va s'épanouir dans les lobes antérieurs du cerveau des Poissons; en sorte que la vraie position sériale des lobes inférieurs est de faire suite aux couches optiques et de précéder les hémisphères. Cette position appartient chez les animaux supérieurs aux corps striés, et je pense, jusqu'à meilleure information, que les lobes inférieurs des Poissons sont leurs corps slriés, les lobes supérieurs creux des couches optiques, et les antérieurs des hémisphères réduits à la région du quadrilatère et à celle de Yinsula. » M. Milne- Edwards présente des « Recherches de M. Agassiz fils sur les métamorphoses des Astéries, » et rend brièvement compte de ce travail approfondi. Séance du 24 avril. — M. le secrétaire perpétuel donne lecture d'une lettre adressée à M. le président par AIM. Albert et Gustave Dufour pour annoncer le décès de leur père , M. Léon Dulourj correspondant de l'Académie dans la section d'anatomie et de zoologie. M. Léon Dufour est mort le 18 de ce mois à l'âge de 86 ans. SOCrÉTÉS SAVANTES. 149 M. Lacaze-Duthiers présente une note intitulée : Des sexes chez les Alcyonaires. « Les naturalistes se sont moins occupés de la repro- duction descoRALLiAiRES quc des caractères extérieurs de ces animaux. On peut, à bon droit, s'en étonner quand on remarque que, dans les autres divisions des Zoophytes, l'étude des phénomènes qui président à la conservation de l'espèce a conduit aux découvertes les plus impor- tâmes. « Dans les différents mémoires que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie, je me suis appliqué à faire con- naître les conditions sexuelles que l'on rencontre dans des types éloignés, tels que le Corail, l'Antipathe subpinné, la Gerardia de Lamarck, etc. Auiourd'hui, laissant de côté les espèces isolées, je me propose de résumer les faits les plus généraux qui se rapportent à la division très naiurelle des ALCYONAiRES, et pour cela je prendrai les exemples, d'une part, dans les espèces dont les Zoanthodèmes sont fixés, d'autre part dans les Pennatulides, dont les Polypiers restent toujours libres. a Chez le Corail les glandes génitales sont tantôt sépa- rées, tantôt réunies, soit dans un même Polype, soit dans un même Zoanihodème; mais, si l'hermaphrodisme se rencontre quelquefois, cependant, il faut le dire, la sépa- ration des sexes paraît être la condition la plus habituelle; elle semble même devenir la règle générale dans le groupe tout entier des Alcyonaires, si l'on en juge par les genres et espèces suivantes : Gorgonia sublilis, G. luberculata, Muricea placomus, M. violncea, Primnoa verticilluris, Bebryce mollis, Àlcyoniiim palmatum, A. digitatum, Pa- ralcyonium elegnns, chez lesquels, sans aucun doute, non- seulement les PolypeS;, mais encore les Zoanthodèmes sont unisexués. « Les observations qui font l'objet de ce mémoire, fort multipliées pendant deux printemps et deux étés consé- cutifs, semblent avoir fourni des résultats certains; mais 150 KEV. ET MAC. DE ZOOI.OGIE. (-:Wat 1865.) cependant il ne faut pas oublier qu'il est bien difficile d'affirmer absolument qu'un échaniillon de grande taille renfermant souvent plusieurs milliers de Polypes n'ait pas un seul animal d'un sexe différent de celui qui semble exister exclusivement; aussi je dois faire toute réserve re- lativement aux exceptions qui pourraient se présenter. « Pour arriver à constater la nature des glandes géni- tales, il faut toujours commencer par un examen micro- scopique et une étude histologique des éléments caracté- ristiques, c'est-à-dire par reconnaître le spermatozoïde et Vaeuf. 11 n'y a que ce moyen pour obtenir des résultats certains qui puissent permettre ensuite de juger rapide- ment des sexes, à la condition cependant que les organes producteurs de ces éléments, ou ces éléments eux-mêmes, offrent des différences telles, qu'elles soient appréciables à l'œil nu. « Lorsque l'œuf et le testicule présentent à la fois même forme et même couleur, il est impossible de les distinguer sans le microscope ; on sent combien l'observation devien t alors laborieuse et le travail immense. Mais heureusement il n'en est ainsi que très-rarement, car presque toujours ces éléments présentent quelques différences saillantes. « Dans la Gorgonia subtilis, par exemple, les œufs sont d'un rose carmin magnifique, tandis que les organes mâles sont incolores; les premiers sont gros et dépassent rare- ment les nombres deux ou trois; les seconds, au contraire, sont petits et forment huit paquets en grappe composés chacun d'une dizaine de capsules. Ce premier fait reconnu par l'examen microscopique, il est facile par de larges incisions, ou même en déchirant tout simplement le sar- cosome avec l'ongle, de faire très-rapidement le triage des Zoanthodèmes mâles et des Zoanthodèmes femelles. Cela m'est arrivé bien souvent sans jamais me tromper, et cependant c'était par centaines que les pêcheurs m'ap- portaient les échantillons. « L'observation de la Gorgonia xubtiUs est tellement SOCIÉTÉS SAVANTES. 151 facile et donne des résultats si précis, qu'elle peut servir de lype pour ce genre de lecherches. a Dans les Muricea, les œufs ont une couleur vive qui se rapproche de celle du sarcosome ; les capsules testicu- laires sont, au contraire, très-pâles, ou presque incolores. L'une des espèces, la M. placomus, qui abonde sur les bancs coralligènes de la Méditerranée, est d'un bel orangé un peu jaune, mais sans éclat; ses œufs ont la même teinte, mais leur nuance est plus rouge, plus vive et écla- tante; ses testicules sont quelquefois à peu près blan- châtres, mais le plus souvent d'un orangé pâle. L'autre espèce, la M. violacea, a ses tissus du plus beau violet qu'il soit possible d'imaginer; ses œufs ont une nuance plus douce dans laquelle le bleu domine; ses testicules sont à peine lavés d'une légère teinte où le bleu domine encore plus; mais pour ces deux espèces, tandis que la sécrétion des ovaires se réduit toujours à une dizaine d'œufs, quelquefois plus, quelquefois moins, pour le tes- ticule elle produit huit paquets formés de six à douze capsules. Il devient donc facile de reconnaître, avec la loupe ou même à l'œil nu, le sexe de ces espèces, et ce n'est que très-exceptionnellement que j'ai rencontré sur un même Zoanthodème les deux ordres de glandes géni- tales. « Il n'y aurait qu'à répéter les mêmes choses pour les Primnoa verlicillari^ , Alcijonium digitatnm, A. palmatum. Dans ces deux dernières espèces, quand on donne un large coup de scalpel dans la masse charnue lobée qui constitue leurs Zoanthodèmes, on voit, si les animaux sont en gestation, des milliers d'ovules ou de capsules testicu- laires se détacher des longs pédicules qui les portent, comme dans tous les Alcyonaires, et s'échapper des ca- vités des Polypes. « La Brebyce mollis pourrait quelquefois sembler faire exception, mais il faut remarquer que ses Zoanthodèmes, quand ils se rencontrent, se soudent, se confondent, et 152 BEV. ET MAG- DE ZOOLOGIE. [Mai 1865.) que, par conséquent, il doit quelquefois sembler n'y avoir qu'une seule colonie à deux sexes, tandis qu'en réalité les sexes ont été primitivement distincts, et l'apparence bi- sexuée n'est que le résultat d'une greffe par approche. « L'Alcyon palmé vit bien et longtemps dans les aqua- riums, aussi est il facile de l'observer; quand il est bien épanoui et ^très-gonflé, il laisse voir, par transparence, au travers de ses parois anjincies, les nombreux globules de l'intérieur de ses cavités qu'on reconnaît aisément pour être des œufs ou des testicules à la forme et à la taille qui diffèrent dans l'un ou l'autre cas. « Dans la Juncella elongaia le parenchyme est d'une belle nuance terre de Sienne, les œufs sont gros, peu nombreux et blancs; il est donc facile pour elle de re- connaître le sexe sans le secours des instruments grossis- sants, après que l'on a déterminé positivement par l'histo- logie la nature des glandes. « En résumé, dans les espèces d'Alcyonaires à base fixée qui vivent dans la Méditerranée, les sexes paraissent toujours séparés, car les Polypes, comme les Zoaniho- dèmes, ne présentent qu'un seul ordre de glandes géni- tales. « Dans les Pennatulides ou Alcyonaires libres, la même chose se présente. Chez les Pennatula grisea, P. rubra, P. granulosa, jamais je n'ai trouvé les sexes réunis; mais je dois dire que j'ai observé un bien moins grand nom- bre d'individus que pour les autres Alcyonaires. « 11 n'est guère possible de s'occuper de la reproduction dans les dernières divisions du règne animal, sans diriger son attention sur les conditions si particulières que pré- sentent souvent, dans les animaux inférieurs, la multipli- cation et la métamorphose des individus. Bien que j'aie cherché avec soin, dans le groupe dont il vient d'être question, les alternances entre une génération sexuelle et une génération agame, je ne l'ai point rencontrée. Les sexes seuls multiplient le nombre des Zoanthodèmes. La ANALYSES d'OUVRAGES NOUVEAUX. 153 blastogénèse ou le bourgeonnement étendent les Zoan- thodèmes ou colonies en multipliant, sur chacun d'eux, le nombre de leurs habitants; mais ces bourgeons-individus sont bientôt sexués, ressemblent à ceux dont ils dérivent et concourent à la reproduction par la fécondation, sans offrir de particularité autre que leur origine. « Il est constant que, dans tout le groupe dont il vient d'être question, la fécondation s'accomplit dans la cavité générale du corps de la femelle, soit même dans l'ovaire, et que la femelle incube ses œufs après leur imprégnation ; aussi ne rend-elle point d'oeufs, mais, par une véritable parturition, rejette-t-elle par sa bouche des embryons ou larves ciliées, vermiformes, qui se fixent après avoir joui momentanément d'une liberté entière, mais relativement de peu de durée. » III. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. Les Oiseaux d'Afrique de Levaillant, critique de cet ouvrage, par Cari J. Sundevall. (Kougliga svenska Vetenskaps. — Akademiens Hand- lingar. — (Ny fôljd. — Andra Baudet, fôrsta Hâflet, 1857), p. 16-60.) — Trad. du suédois par Léon Olph Galliard. Parmi les auteurs qui ont écrit sur l'ornithologie, Le- vaillant est un de ceux qui ont acquis le plus de renom- mée, soit par la justesse de ses observations sur les mœurs d'un grand nombre d'oiseaux et par l'originalité de son style, soit par l'impulsion qu'il sut donner à la science, à une époque où la compilation systématique, d'après la méthode nouvellement créée par Linné, était nécessaire, mais aussi dominait seule dans toute sa sécheresse. Levail- 154 UËV. KT MAC. niî ZOOLOGIE. {Mai 1865.) lant se distingua, en outre, par sa manière de voir sur les affinités réciproques des espèces entre elles, et ne craignit pas, dans plus d'une occasion, de manifester des opinions contraires à celles des compilateurs de son époque et des temps ultérieurs, qui n'avaient que des idées tout à fait confuses sur ce sujet. Il se fit remarquer, en outre, par la magnificence des ouvrages qu'il publia, et qu'il orna de planches laissant bien loin derrière elles celles qui avaient paru jusqu'alors; c'est ainsi qu'il fit paraître plusieurs mo- nographies, comme celles des Perroquets, des Paradisiers, des Épimaques, etc ; enfin son ouvrage sur les oiseaux du midi de l'Afrique, qui est une œuvre capitale pour ce qui regarde cette partie du monde. La manière attrayante avec laquelle il sut dépeindre les mœurs des oiseaux, et le charme que l'on éprouve, même en lisant ses descriptions, contribuèrent pour beaucoup à la réputation de l'auteur. Ses travaux sont des chefs- d'œuvre de style, qui rivalisent avec celui de BuflFon. Il n'en fallut pas davantage pour que Levaillant devînt, au bout d'une vingtaine d'années, une des plus grandes autorités ornithologiques. Ses espèces avaient déjà été adoptées et systématiquement dénommées par Daudin, Schaw et Vieillot. Cuvier, en 1817, cite partout, dans son Règne animal, les données de Levaillant comme bien au des- susde cellesde la plupart des autres naturalistes. Temminck lui-même, qui avait connu personnellement Levaillant et qui possédait les débris de ses collections, devait, d'après cela, connaître mieux que qui que ce soit les objets re- cueillis par cet ornithologiste et la valeur de ses apprécia- tions. Le même Temminck les cite partout, dans ses écrits, comme étant dignes de foi; Wagler, dans l'introduction à son Systema Avium, dit que Levaillant a ouvert une ère nouvelle pour l'ornithologie. Il s'était bien élevé quelques doutes sur la véracité de Levaillant, mais les erreurs qui se faisaient remarquer dans ses ouvrages étaient généralement mises au nombre ANALYSES D'OUVRAfiES NOUVEAUX. 155 de celles qu'il est impossible de ne pas commettre de temps en temps. On croyait, peut-être avec raison, devoir lui accorder autant de confiance qu'à beaucoup d'autres auteurs des plus estimés, et l'on semblait s'efforcer de ne trouver que de la vérité dans ses écrits(voy., parexemple, Wagler, Syst., Proœmium, p. 7). Par conséquent, le cré- dit de cet ornilholo{jiste ne pouvait que s'accroître; la preuve nous en est fournie par l'ouvrage de Wagler, que nous venons de citer; en effet, il est rempli d'espèces et d'assertions fournies uniquement par les écrits de Levail- lant et devant être reléguées au nombre des fables, comme nous le démontrerons plus loin... Les pages sui- vantes nous en donneront de nombreux exemples. Ajou- tons, en outre, que l'on trouve, dans un autre ouvrage du même auteur, trois Épimaques et une Huppe, décrits d'a- près des exemplaires formés de débris de plusieurs autres, et pourtant admis comme espèces par Wagler. Quelques- unes de ces erreurs se sont perpétuées jusqu'à notre époque; c'est ainsi que dans le Conspectus de Bonaparte (1850) nous trouvons encore, entre autres, deux Pycno- noti, cités comme appartenant à la faune de l'Afrique australe, quoique l'un soit de Tlnde et l'autre de Java. (Voy. plus loin, n» 107, 1 et 2.) Le principal ouvrage de Levaillant, les Oiseaux d'A- frique, est resté inachevé. Il n'a pas parlé des Fringilles, des Perroquets, Bucconinse, Musophagae, Merops et Al- cedo. Gallinacés, Échassiers et Palmipèdes. Mais, parmi les 284 espèces dont il est question dans ce travail, il s'en trouve 71, c'est-à-dire le quart, qui, suivant l'auteur lui- même, ne se trouvent pas dans le midi de l'Afrique et dont il indique la patrie, autant que cela lui était possible Les 213 autres espèces sont données par Levaillanl, comme observées à l'état sauvage et recueillies par lui- même dans l'Afrique australe. Il est évident qu'il est de toute nécessité de débrouiller toutes ces espèces, et cela noH' seulement pour rorniihologic en général, mai-; encore 150 RF.V. ET MAC, DE ZOOLOGIE. {Mai 1865) spécialement pour la faune ornithologique de l'Afrique australe. Ce travail restait cependant encore à faire, ayant été complètement négligé par tous ceux qui, après Levail- lant, se sont occupés de ce sujet; on a suivi la voie ordi- naire et la plus facile en se contentant de décrire les es- pèces que l'on considérait comme nouvelles, sans se mettre en peine de celles que l'on avait admises antérieu- rement comme étant parfaitement connues. Pour moi, cette tâche me parut avoir beaucoup d'importance, du moment que je m'intéressai d'une façon toute spéciale à l'orniihologiedç l'Afrique méridionale, et je vis clairement que l'on ne peut arriver à aucun résultat satisfaisant avant de débrouiller toutes les espèces de Levaillant, ou tout au moins la plupart de celles-ci En conséquence, j'ai mis à contribution divers ouvrages et je donne ici le résultat de mon travail. Je m'étais épris, dans ma jeunesse, d'une façon toute particulière, des écrits de Levaillant. Le vif amour de la nature qui s'y manifeste et les observations si exactes que cet auteur sut présenter avec tant d'art ne peuvent man- quer de frapper singulièrement l'imagination. J. Wahl- berg ayant, en 1846, rapporté de l'Afrique méridionale les riches collections qu'il avait mis un soin tout particu- lier à recueillir dans cette contrée, et dont la conserva- tion me fut confiée, au musée de Stockholm, ce fut pour moi un grand bonheur d'avoir l'occasion de renouveler connaissance avec Levaillant^ de pouvoir étudier d'une manière plus approfondie ses ouvrages, en ayant sous mes yeux des collections importantes, sans lesquelles mon tra- vail aurait été beaucoup plus difficile. J'avais publié, pendant les années 184-8-49, un cata- logue des espèces d'oiseaux connues pour appartenir à l'Afrique australe, et cela d'après les matériaux qui étaient à ma disposition. Mais, tout en connaissant très-bien plu- sieurs objections émises par divers ornithologistes contre evaillant, ainsi que quelques indications d'une fausseté ANALYSES d' OUVRAGES NOUVEAUX. 157 palpable (par exemple, VAcoli) et certains oiseaux (Spa- ractes, lllig.! Aft., 7,9; Sicrin, n" 82; Éclatant, 85), qu'il décrivit pour la première fois et qui n'étaient pourtant que des produits d'un empailleur de mauvaise foi, je m'é- tonnais néanmoins de la multitude de doutes que faisait naître la lecture de Levaillant sur l'exactitude de ses descriptions et de ses déterminations sexuelles; j'étais surpris de rencontrer une si grande quantité d'espèces qui ne se trouvent que dans l'Inde, à Madagascar, dans l'Australie, etc., et qui n'ont jamais été revues depuis par aucun voyageur dans l'Afrique australe; j'étais frappé de la grande quantité d'oiseaux qui ne paraissaient pas avoir été trouvés depuis l'époque de Levaillant. Cesdoutes se représentaient trop souvent pour qu'il fût possible de les lever, en attribuant ces erreurs à des méprises for- tuites ou à l'insuffisance de nos connaissances, surtout maintenant que des collections très-considérables ont été faites dans le midi de l'Afrique par A. Smilh, J. Ver- rcaux, Drege, Zegher ei d'autres naturalistes allemands, et enfin par Wahlberg, collections qui me furent confiées; on pouvait encore moins ex[)liquer ces erreurs en admet- tant que Levaillant, sans demeurer plus de quatre années et demie dans cette partie de l'Afrique, y aurait rencontré réellement toutes ces espèces et ces individus qui s'y se- raient trouvés alors par hasard, égarés dans ces pays à la faune desquels ils n'appartiennent pas. Il faut en recher- cher la cause ailleurs que dans des méprises accidentelles; ce qui le confirme, c'est l'examen de ces mêmes espèces et la multitude d'assertions fausses que l'on connaissait déjà de cet auteur. Toutefois il était encore difficile de faire des reproches fondés et aussi nombreux à un auteur distingué et de soupçonner sa bonne foi scientifique, avant d'avoir eu sous les yeux des collections assez considérables provenant des contrées que Levaillant avait lui-même explorées. Les Oiseaux de l'Afrique australe ne sont pas rares aujour- 158 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. {Mai 1865.) d'hui dans les cabinets; mais la difficulté de contrôler les assertions de Levaillant venait de ce que la plus {grande partie des oiseaux proviennent aujourd'hui du pays des Cafres, situé bien plus au nord que les régions visitées par Levaillant, et beaucoup plus riches en espèces que ces dernières ; en outre, ces oiseaux, ainsi que ceux qui proviennent réellement de la colonie du Cap, ne sont accompagnés ordinairement d'aucune notice, indiquant^ avec certitude, la localité d'oii ils proviennent, l'époque à laquelle ils ont été tués et leur sexe. Us sont donc, en général, peu propres à servir à une comparaison précise, vérité dont je ne tardai pas à me convaincre, dès que je consultai les collections de l'étranger. J. Wahiberg avait bien laissé toutes les notes nécessaires sur les exemplaires qu'il avait recueillis, mais il avait surtout dirigé ses re- cherches dans le nord du pays des Cafres et n'avait rap- porté que peu de choses de la colonie et des environs de la ville du Cap. Il était d'autant plus difficile de ne pas ajouter foi aux assertions de Levaillant, que précisément, lorsqu'il s'agit d'une espèce douteuse ou d'une autre que l'on a constatée depuis être un composé de plusieurs dé- pouilles différentes, ou bien ne pas appartenir à la faune de l'Afrique, ce naturaliste indique avec précision l'en- droit oii il a obtenu ces espèces et les circonstances qui les ont fait tomber en sa possession; Levaillant ajoute à son récit qu'il s'est procuré plusieurs exemplaires de ces mêmes espèces, qu'il a trouvé leurs nids et leurs œufs; il décrit avec précision ces derniers et s'étend longuement sur les mœurs de ces oiseaux; et tout cela en faisant les plus vifs reproches à Buffon et à ses autres prédécesseurs, pour les méprises et les assertions erronées dont ils s'é- taient rendus coupables. Ce qui augmente encore la diffi- culté, c'est que souvent, à l'occasion d'autres espèces, il avoue sincèrement « ne rien savoir sur leur manière de vivre » ou « être fâché de n'avoir pas pu découvrir leurs nids, » etc. MÉLANGES ET NOUVELLES. 159 Cependant toute hésitation doit cesser devant une foule de faussetés tout à fait trop palpables, et dont nous nous contenterons de ciier les suivantes. Levailiant décrit, n"' 2l4et216, deux oiseaux qui sont le mâle et la femelle du Cuculiis niger, espèce commune au Bengale, et qui ne se trouve jamais en Afrique. Le mâle est entièrement noir et la femelle est grise, avec des taches claires très-rappro- chées, ce qui a fait croire à notre ornithologiste qu'il avait affaire à deux espèces différentes. En parlant de « l'espèce » noire (c'est-à-dire du mâle), il dit qu'il en a trouvé les deux sexes dans le pays des grands Naraaquois, près du grand fleuve des Poissons, et il ajoute que la fe- melle est semblable au mâle, étant seulement d'un noir un peu plus foncé, surtout en dessous. Quant à l'oiseau gris (c'est-à-dire la femelle), il déclare en avoir tué « cinq in- dividus adultes, » dans le pays des petits Namaquois, et que, dans ce nombre, il y avait des mâles et des femelles. Ces derniers sont décrits avec exactititude et comme des oiseaux qui diffèrent peu entre eux. {La suite prochainemenl.) IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. On lit dans les Bulletins de la Société d'encouragement octobre 1861, t. XI, p. 638 : Sur ht laque obtenue dans les jongles de la province de Cultack (Inde anglaise). — L'insecte qui donne la laque écarlate s'attache aux minces branches des arbres appelés asan ou burkober, très-multipliés dans les jongles du pays de Cultack; ils s'entourent d'une espèce d'alvéole en ciie. Pour obtenir la matière colorante, on plonge l'insecte et son alvéole dans une eau bouillante qui fait fondre laciio 160 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Mat 1865.) et qui s'empare de la laque. Par le refroidissement, la cire se coagule, et on l'enlève. L'évaporation fait ensuite dis- paraître l'excès de l'eau qui tient la laque en suspension. Afin de conserver ce précieux produit, avant de l'em- ployer ou de le vendre, des tampons de coton sont plongés dans le liquide et séchés ensuite, puis plongés de nouveau et séchés encore, jusqu'à ce qu'on obtienne une concen- tration intense. C'est dans cet état que les Indiens portent au marché leur magnifique produit. Entre autres usages, ils le font servir à teindre leurs cuirs en rouge. Le procédé qui vient d'être rapporté est employé par les indigènes pour extraire et conserver un grand nombre de leurs couleurs végétales. D'autres fois, lorsqu'on a recueilli la laque enlevée de l'arbre sur lequel l'insecte se nourrit, et qu'elle est absor- bée par l'eau bouillante, un chausson de laine ou de coton est plongé dans cette dissolution, dont il se remplit. Lorsqu'il est plein et qu'on l'a retiré, on comprime le liquide qu'il contient, et l'eau s'en échappe comme d'un filtre. La matière colorante restant déposée dans l'inté- rieur du chausson, il n'y a plus qu'à la faire sécher. [Force productive des nations, par le baron Ch. Dupin.) I ABLi: DES MATIERES. Papes. Vian. Causeries ornithologiques. 129 d'Esterno. Cynips aptères sur la neige. 134 Guerin-.Meneville. Observations sur le Cynips aptera. 135 SOCIETES SAVANTES. H2 Analyses. 153 Mélanges et uouvelies. 159 Pari». — Imprimerie de madame veuve Boucbud-Huzard, ruede l'Éperon., — 1865, VINGT-HUITIÈME ANNÉE. — JUIN 1863. I. TRAVAUX INÉDITS. Sur les indications que peut fournir la Géologie, pour l'explication des différences que présentent les Faunes actuelles, par M. Pucherain'. (Lettre à M. le Professeur d'Archiac— Suite. — Yoït p. 9, 33, 65 et 153.) §11. Les détails anatomiques auxquels j'ai consacré les notes insérées dans les pages qui précèdent vous auront peut-être étonné, Monsieur le Professeur; vous aurez, sans nul doute, pensé que, du moment que je regarde la Zoologie et l'Ana- tomie comparée comme étant deux sciences bien dis- tinctes (1), il n'était pas nécessaire deciter l'un des principes qui établissent l'unité de composition initiale des organes et des organismes. Mais le principe de la variabilité du type, en Zoologie, n'a-t-il pas sa raison d'être dans celui de la variété de l'organe, de l'organisme? Si les différences qui existent entre ces derniers, dans les divers animaux parvenus à l'état adulte, sont le résultat des états variés de développement et de formation qu'ils peuvent présenter, n'est- il pas possible d'admettre également que les divers types que nous offre l'étude du règne animal n'ont pas toujours présenté les formes extérieures que nous leur connaissons, à l'époque actuelle? Il me semble impossible (1) Je m'en suis eipliqué ailleurs, Bévue et Magasin de Zoologie, 1861,11.298. '2' 8KRIE. T XVII. AUIII-L' 18().'). Il 162 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. { JuiU 1865.) de ne pas admettre l'intime corrélation qui existe entre ces deux ordres de faits, l'un emprunté à l'anatomie géné- rale et transcendante, l'autre à la zoologie philosopliique. Dès 'I8i5, je signalais ce rapport (1), et, depuis vingt ans, toutes les réflexions que j'ai pu faire à cet égard ont de plus en plus enraciné dans mon esprit la profonde convic- tion de son incontestable exactitude. Il devient évident, en second lieu, que de grandes diffé- rences séparent le principe de zoologie du principe d'ana- tomie comparée, en ce qui concerne son mode de dé- monstration. Pour ce dernier, en eflFet, les observations sont à notre portée : rien de plus facile que de suivre pas à pas la série des formations organiques. Pour le premier, au contraire, nous constatons des différences entre les êtres, mais il nous est impossible d'assister aux diverses modifications qui ont pu les précéder. L'action des siècles échappe à nos investigations, et c'est à peine si nous pouvons nous rendre compte des changements qui, à l'époque actuelle, coïncident avec les différences des lieux habités par les types zoologiques ayant été, dès lors, produits dans l'espace. Or, ces derniers changements ne peuvent, en aucune façon, être l'objet delà moindre contestation : nos Mammi- fères et Oiseaux d'Europe ne sont point ceux d'Afrique, et chaque jour une observation plus attentive et plus sé- rieuse diminue le nombre des espèces considérées jus- qu'alors comme habitant l'une et l'autre de ces deux par- ties de l'ancien continent. Les Mammifères et Oiseaux de l'Amérique du Nord ne sont pas non plus ceux de l'Amérique du Sud, et il en est de même des types d'ani- malité de la Nouvelle-Hollande comparés à ceux du con- tinent asiatique, même dans ses zones les plus australes. La grande île de Madagascar s'isole, sous ce point de vue, même pour une grande partie de ses formes ornitho- (1) Biographie d'E. Ceoffroy-Sninf-Hilarn!, p. 4'^. TRAVAUX INÉDITS. 163 logiques, non-seulement de la Nouvelle-Hollande et de l'Asie, mais encore de l'Afrique, dont elle n'est séparée que par un simple canal. Ajoutons, en outre, que chaque archipel de la Polynésie, région dont la faune est essentiel- lement dépourvue de Mammifères, possède, d'une manière spéciale, ainsi que je l'ai ailleurs signalé (1), non-seule- ment des espèces, mais encore des genres d'Oiseaux. Les Hemignathus, Drepanis, Moho, Psittirostra habitent les îles Sandwich ; les Didunculus, Leptornis, les îles Samoa; le Serresius, les îles Marquises. Pour certains types géné- riques de leurs Oiseaux et de leurs Reptiles, les îles Gala- pagos diffèrent de la partie occidentale du continent amé- ricain dont elles ne sont, cependant, que fort peu distantes. Résumons-nous, enfin, en disant que la faune actuelle présente, dans chacune deses classes, detrès-nom- breuses variations, coïncidant toujours avec les différences de séjour des genres et des espèces qui la composent. Ces variations de séjour communiquent-elles aux di- vers lypesgénériques et sjjécifiquesfaisanlpartie desfaunes actuellement soumises à nos études, des différences aussi radicales et aussi profondes que celles que se sont plu à leur attribuer certains zoologistes contemporains? Telle n'est pas mon opinion, et en examinant avec une certaine tendance à l'association des faits les diverses observations particulières sur lesquelles ils se sont tous appuyés, il me paraît possible d'admettre qu'on a beaucoup trop multi- plié les divers centres zoologiques auxquels a été imposée, sans hésitation aucune, la dénomination de centres de créa- tion. On n'a fait attention, en effet, pour émettre de sem- blables assertions, qu'à la présence des types spécifiques dans telle ou telle région du globe. Cette base d'obser- vations est-elle suffisante pour légitimer de telles conclu- sions? Nous avons discuté cette question dans celui do nos (1) Mammifères et Oisea\i\ du voyage au pôle sud, introduction, p. '.». 164 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. {Juill 1866.) travaux de synthèse dans lequel nous nous sommes occu- pé de la Mammalogie du continent africain (1). Il ne s'a- gissait, cependant, que d'un problème dont la solution paraît, au premier abord, très-facile à donner, mais qui présente, en réalité, lorsqu'on réfléchit, de sérieuses diffi- cultés. Ce problème est le suivant : Sur quelles bases d'observa- tions doit s'appuyer le zoologiste pour établir qu'une région donnée de telle ou telle partie du globe possède une faune spéciale? Comme dans toute classe composant les divers embranchements du règne animal il existe des ordres, des familles, des tribus, des genres et des espèces, il faut préalablement établir à laquelle de ces divisions zoolo- giques, dont l'étendue d'habiiat est si diverse et dont les caractères sont toujours de moins en moins complexes, il faut avoir recours, comme critérium initial, comme point de départ. Ce principe, en effet, a besoin d'être discuté, et discuté avant toutes sortes d'applications, car, par suite des interprétations diverses qui peuvent résumer les con- clusions différentes auxquelles le zoologiste peut arriver, les résultats ne peuvent, en aucune façon, être uniformes. En approfondissant cette question, disions-nous en- suite(2), il noussemblehoisdedoutequelamarcheàsuivre, à ce sujet, nous est vraiment indiquée par celle qui est habi- tuellement usitée lorsqu'il s'agit de la taxonomie. Comment procédons-nous dans la science dont le progrès est le but constant de nos travaux et de nos préoccupations, lorsque nous établissons des familles, des tribus, des genres, des espèces? Tous nos efforts tendent à prouver que les ca- ractères qui nous servent de base pour donner lieu à ces divisions sont nombreux et multipliés. Lorsque nous dé- crivons seulement des espèces, notre hésitation est grande, (1) Esquisse sur la Mammalogie du continent africain, Revue et Magasin de Zoologie. 18r)5. p. '209, etc.; 1850, p. 4'.). (2) Loc. cil,. TRAVAUX INÉDITS. 165 si nous sommes forcés d'être sobres, en fait de détails, sur !a caractéristique qui les concerne. Ij nous semble qu'il doit en être de même lorsque, s'occupant de géographie zoologique, on désire établir et prouver que telle ou telle région du globe est douée d'une l'aune spéciale. On doit rechercher si cette région est l'habitat spécial de types zoologiques assez particularisés dans leurs caractères pour former des familles, des tribus, des genres et des espèces, dans le sens qui, dans l'état actuel de la science, se trouve attaché à ces expressions. Malheureusement, ce procédé n'a pas toujours été suivi, ou, pour mieux dire, ne l'a peut-être jamais été d'une ma- nière sévère et scrupuleusement rigoureuse. Presque tou- jours, en efFet, on s'est contenté de constater quelles espèces étaient propres à une région donnée dn globe, et les zoologistes et même les non-zoologistes qui ont suivi cette marche ont déclaré, cette constatation une fois opé- rée, que cette région devait être considérée comme un centre de création. Je ne crois pas pour ma part. Mon- sieur le Professeur, qu'aucune classe du règne animal puisse être considérée comme étant uniquement composée de types spécifiques : ces derniers ne sont que des modi- fications restreintes d'un ensemble de formes ayant leur racine dans des états organiques moins susceptibles de s'annihiler. S'il en est ainsi, pourquoi, dès lors, pour éta- blir les centres de création^ ne point tenir compte de la présence ou de l'absence de ces types d'ensemble? Je sais bien qu'en adoptant cette nouvelle base de dé- ductions qui me paraît plus vraie et plus philosophique, on arrive à diminuer le nombre des régions du globe qui se trouvent habitées par des faunes spéciales. Mais, s'il en est cependant ainsi, pourquoi se refuser à l'évidence? Sans nul doute, il serait fort à désirer que dans chaque région du globe existassent des ordres, des familles, des tribus dont le séjour s'y trouvât essentiellement spécialisé; malheureusement, les faits que la zoologie constate éta- 166 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. {JuiU 1865.) blissent que la distribution géographique des êtres s'est opérée d'après un mode bien moins uniforme, et qu'il y a, sur le globe actuel, mélange de types tout à fait diffé- rents. C'est en procédant d'après les vues que je viens de formuler qu'il m'a été donné d'émettre l'opinion (1) que, sous le point de vue de ses Mammifères, le continent afri cain n'a point de faune spéciale, la grande majorité de ses genres ayant des représentants, soit en Asie, soit en Europe , et, quelquefois simultanément, dans ces deux parties de l'ancien monde. Je sais bien que mon illustre ami du Musée de Brème, le représentant le plus distingué de la science ornithologique allemande, M. Hartlaub, sa refuse à admettre (2), en ce qui concerne les Oiseaux, l'assertion que j'ai émise, ne l'ayant moi-même appliquée, au reste, qu'aux Mammifères. Et cependant, dans cette liste (3) de quarante-trois familles de cette classe à laquelle appartiennent les sept cent cinquante- huit espèces de l'Afrique occidentale dont il donne avec tant. d'exactitude les descriptions , deux seulement (4) sont, dans leur habitat, spécialement afri- caines. L'une d'entre elles ne se compose que d'un genre et d'une espèce; l'autre, qui est vraiment remarquable par les variations qu'elle présente, sous le point de vue des formes rostrales, comprend douze espèces formant cinq genres. Quelles que soient, au reste, les destinées ultérieures du principe que je viens d'émettre relativement au mode à suivre pour la détermination des faunes spéciales, il est impossible de nier que, sous ce point de vue, l'Amé- (l; Comptes rendus de VAcaàémie des sciences, vol. XXXH, p. 718. (2) System der OriÀlholorjie West AfriccCs, etc., p. xvi. (.3) Lnc. cit., p. XV, XVI. (4) Musophagidœ, Struthionidœ. TRAVAUX INÉDITS. 167 rique méridionale, d'une part, la Nouvelle-Hollande, d'autre part, doivent être séparées du reste du monde. Laissons, pour le moment, de côté cette dernière faune : qu'il me soit permis seulement de la désigner sous le nom de faune mélanésienne, les espèces qui la forment habi- tant surtout les régions de l'Océanie auxquelles l'illustre et infortuné Dumont-d'Urville a donné le nom de Méla- nésir. Permettez moi, au contraire, Monsieur le Profes- seur , de consacrer quelques instants de réflexion à la faune si spécialisée de l'Amérique du Sud , soit qu'on fasse attention aux Mammifères, soit qu'on fasse attention aux Oiseaux, qui se trouvent en faire partie. Dans l'Amérique méridionale , en effet , nous voyons nettement se réaliser des faits parfaitement conformes au principe que nous avons formulé plus haut, comme de- vant servir de base à la caractéristique de la spécialisa- tion des faunes. Ses deux familles de Primates [Cébidés et H(ipalidés) ne peuvent, en aucune façon, être vraiment rattachées auxPrimatesde l'ancien monde. Nous en dirons autant de ses Édentés, de ses Rongeurs [Cavidés] et même de son unique famille de l'ordre des Pachydermes, celles des Tapiridés, aussi bien que de ses Chéiroptères. Il en est de même pour ceux de ses types génériques que leurs caractères rattachent à d'autres qui sont origi- naires de l'ancien continent. Les genres Coati, Mouffette, Thiosme sont, parmi les Carnassiers, bien isolés dans leurs formes, conclusion bien plus applicable au Potto, ce type si dissemblable de tous ses congénères. Parmi les Ron- geurs, les Muridés eux-mêmes, ces vagabonds de l'uni- vers, ne peuvent être assimilés à ceux d'Europe, d'A- frique et d'Asie ; à côté d'eux, se trouve le genre Coendou, si remarquable par sa ptilose et par ses habitudes ar- boricoles. Citons enfin, parmi les Pachydermes, le genre Pécari, et, parmi les Ruminants, le genre Lama. Nous observons celte même spécialisation de formes et de caractères dans les espèces de Mammifères propres à 168 KKV, ET MAC. DK ZOOLOGIE. [Juin 1865.) cette partie du nouveau continent. C'est ainsi que, parmi les Carnassiers, ce n'est qu'en Amérique que l'on trouve ces Félidés dont la robe présente des taches ocellées, et dont le Felis pardalis de l'Amérique du Sud peutêtre con- sidéré comme le type. Ce n'est qu'en Amérique que se lencontrent, parmi les Ruminants, ces Cerfs [Cervus ru- fus, etc.) dont les prolongements frontaux consistent, leur vie durant, en de simples dagues, dépourvus qu'ils sont, dès lors, de toute division et ramification. Nous pourrions citer également, comme confirmant notre assertion, la présence de ces trois types spécifiques [Cervus paludosus, Cervus cnmpestris, Cervus anlisiensis), dont les deux pre- miers trouvent, dans des proportions bien amoindries, il est vrai, leur homologue dans notre Cervus capreolus tandis que le troisième, par la disposition de ses sabots, de même que par son séjour, rappelle nos Chamois et Bouquetins. Ajoutons que les Insectivores monodelphes et les Soli- pèdes manquent tout à fait dans cette région du nouveau monde, que les Pachydermes y sont seulement repré- sentés par quelques espèces constituant deux genres, dont l'un forme un type de famille tout à fait isolé de ses con- génères, que les Ruminants y sont également à peine plus nombreux, et que parmi eux, se trouve un genre [genre iMcAcnia,Illig.) très-différent, sûrement, du type générique auquel il est associé dans nos classifications. On y trouve enfin des Marsupiaux, dont les espèces diffèrent, par leurs genres (Micoureuà-, Hemiurus), de celles de l'Amé- rique du Nord. En ce qui concerne l'Amérique du Sud, nous voyons donc se réaliser, dans sa faune, toutes les conditions exi* gées par le principe mammalogique que nous avons énoncé quelques phrases plus haut, pour qu'elle puisse être considérée comme constituant essentiellement une faune spéciale. Les Vertébrés qui la composent forment en effot : TRAVAUX INÉDITS. 169 1° Des familles (Cébidés, Hapalidés, Noctilionidés , Bradypodés, Pottidés, Cavidés, Tapiridés); 2° Des genres et des espèces (genres Coati, Coendou, Pécari, Lama, etc ; Ocelots, Margay, Chati, Jagua- rondi, etc.; Cerfs guazoupoucou. Guazouti, Guazou-pita, Guazou bira) essentiellement différents, les uns et les autres, des types analogues des autres parties du monde. L'Ornithologie nous fournit, à son tour, des masses de faits tout aussi confirmatifs de la conclusion que nous ve- nous d'énoncer. Ils ne présentent pas tous, sans nul doute, le degré d'importance qui s'attache, comme caractéris- tique zoologique, aux Cébidés et aux Bradypodés, les va- riations de l'être dans la classe ornithologique étant moins profondes que dans la classe mammalogique, mais ils n'en présentent pas moins toutes les conditions néces- saires pour venir à l'appui de la thèse de spécialisation que nous sommes, en ce moment, occupé à développer et à affirmer. La série des Passereaux nous présente, en effet, comme réunissant tous les caractères nécessaires pour être sé- parés (à titre de familles) de ses analogues des autres parties du monde, les Trochilidés, Ramphastidés, Buc- tonidés , Galbulidés, Todidés, Cotengidés, Dendrocolap- eidés, Formicaridés, etc. Parmi les Gallinacés, nous trouvons les Tinamidés, /es Cracidés; parmi les Échassiers, les Psophidés, les Palamé- didés. En ce qui concerne les tribus des séries de la même classe, nous pouvons citer, dans les Rapaces, la sous- famille des Caracaras, que votre si regrettable prédéces- seur M. d'Orbigny trouvait douée, Monsieur le Professeur, de caractères assez constants pour devenir type de famille. Comme genres, ce même ordre nous présente les Sarcoramphus, Cymindis, Rostramus, Herpetothereit, Unibitinga, Thrasaetos, Geranospiza, Gampsonyx, Nyc- talops , etc Dans les Passereaux, il en est de mémo pour 170 REV. ET MAG. UE ZOOLOGIE. {JniH 1865.) les Arinés, Croloj)haginé$^ etc., et pour les genres Colu- rus, Ciiltrides, Nyctidromus, Cyajiocorax, Mimus, Cas- sicus, Molothrus, Arre^non, etc. Les Gallinacés, lesÉchas- siers , les Palmipèdes nous offriront, à leur tour, comme exemples soit de types génériques, soit de types spécifi- ques, les Odontophorus, Ouracc, Eiirypiga, Aramides, Pti- loscelys, Dcndrocyyna, etc., de même que Phœnicopterus ignipaUiatus, Tantalus loculator, Ardea maguari, Nyc- licorax Gardeni , Nyctlcorax foliginosus, Charadrius Urvillii, Charadrius Azarœ, Querquedula torquata, SuUi fiisca, Pholocrocorax brasiliensis, etc. Permettez-moi , Monsieur le Professeur, d'arrêter à cette dernière citaiion cette litanie de genres et d'espèces que compléteront, sans hésitation aucune, les Ornitholo- gistes vraiment dignes de ce nom, ou, si vous l'aimez mieux, ceux qui connaissent les espèces. Mais ces détails vous auront, je l'espère du moins, Monsieur le Professeui , démontré, sans nul doute, que, de même que pour sa Faune mammalogique, l'Amérique du Sud se trouve éga- lement, pour sa faune Ornithologique, une des régions du Globe actuel le plus spécialisées. (La suite prochainement.) II. SOCIETES SAVANTES. Académie des sciences. Séance du V mai. — M. A. Duméril adresse une note intitulée : Trois cas de polymélie [membres surnuméraires) observés sur des Batraciens du genre Rana. « J'ai l'honneur de placer sous les yeux de l'Académie des Grenouilles difformes qui appartiennent au groupe des monstres à meînbres supplémentaires, d'ds Polymélicns SOCIÉTÉS SAVANTES. 171 par Isidore GeofFroy-Saint-Hilaire, dans son Histoire des Anomalies ft. III, 3* partie, ch. X). « La rareté des observations est telle, que jusqu'à ce jour on n'a fait connaître que cinq exemples d'augmenta- tion du nombre des membres chez les Batraciens anoures. Trois de ces exemples sont énumérés par l'auteur du livre dont je viens de rappeler le titre. Le quatrième a été, pour M. Van Deen, en 1838, le sujet d'une dissertation anatomique [Ànat. lieschreib. monstros. sechsfussigen Vas- ser-Frosch, Rana esculenta). Le cinquième a été commu- niqué à l'Académie, en novembre I86i, par M. P. Ger vais [Comptes rendus, t. LIX, p. 800). « Chez le Pélobate (Pelobates cultripes), dont il est question dans la note de ce dernier, la monstruosité, de même que chez le Batracien dont Superville a parlé, con- siste dans la présence d'un membre surnuméraire anté- rieur. La Grenouille rousse [Rana temporaria) et la verte [R. viridis seu esculenta) que je présente ont, au contraire, comme les individus mentionnés par Guettard et par Otto, un troisième membre postérieur ; mais elles diffèrent entre elles d'une façon remarquable. « 1° La verte a les deux membres pelviens normaux parfaitement développés et longs de G", 080. De la face postérieure du bassin, à gauche de la ligne médiane, sort une patte mobile, mais qui ne servait pointa la natation, extrèmementgréle et longuedeO'" ,045 seulement. Le fémur, réduit à l'état rudimentaire, n'est reconnu que par la pe- tite saillie qu'il forme sous la peau; aussi le membre paraît-il n'être composé que de deux segments : la jambe et le pied. La jambe et le tarse ont leur composition nor- male, mais on trouve six métatarsiens et six doigts ; (]uatre de ces derniers sont courts et d'égale dimension : ce sont les deux médians et les deux plus externes ; les deux autres ont beaucoup plus de longueur, les phalanges étant plus allongées, et même il y en a une de plus. Cette multipli- cité des doigts, sur laquelle j'appelle particulièrement 172 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Juitl 1865.) l'attention, est tout à fait singulière, l.e membre, jusqu'au métatarse, n'offre aucun indice de fusion, et cependant, en voyant le pied conformé comme je viens de le dire, il semble qu'il soit formé par les trois métatarsiens et les trois doigts les plus externes de deux pieds, avec disparition des deux doigts internes de l'un et de l'autre. « 2° La Grenouille rousse n'offre auc;me anomalie, soit dans la structure, soit dans le développement des mem- bres postérieurs; mais, derrière le gauche, on voit partir de la région pelvienne une patte accessoire plus courte et plus grêle, moins anormalement constituée, cependant, que celle de la première Grenouille. Ici, en effet, le fémur n'a point subi d'atrophie ; mais, à l'extrémité de cette patte bien conformée, la réunion des métatarsiens et des phalanges de deux pieds confondus en un seul paraît plus complète que chez l'autre animal, quoique les os du métatarse et les doigts soient au nombre de cinq seule- ment. De chaque côté d'un doigt médian dépassant à peine la membrane interdigitale, il y en a deux, l'un très- long, suivi d'un second plus court, et représentant l'un et l'autre, parleurs dimensions proportionnelles, à droite comme à gauche de la pièce du milieu, les deux doigts externes de deux pieds, dont les six autres doigts se trou- veraient remplacés par un seul, c'est-à-dire par celui qui occupe précisément la ligne médiane (1). « Le troisième Batracien [Rana clamata), dont j'ai en- core à parler, et qui a été envoyé des États-Unis^ offre une monstruosité plus remarquable, en ce qu'il a une seconde paire de membres abdominaux fixés non plus à la région postérieure du bassin, mais à sa région anté- (1) Dans 1p très-petit nombre d'exemples de polydactjlie chez les Batraciens que l'on possède jusqu'à ce jour ^sid. Geoffroy-Saint- HiLAiiîE, Trailc des Anomalies, t. I, p. 688, et Procès-Verbaux de la Société de Biologie, Gazette médicale, 1849, p. 901; Observations de MM. Rayer et de M. Browu-Si'quard), il n'y a aucuu détail sur la conformation des pattes à doigts multiples. SOCIIÎTÉS SAVANTES 173 Heure. C'est encore un monstre polymélien de la division des Pygomèles, puisque les pattes accessoires sont en rap- port de conti{]uïté avec les os pelviens. Ces derniers sup- portent un rudiment de bassin, consistant presque exclu- sivement en deux petites cupules réunies, sur la ligne médiane, par le point correspondant de la portion interne de leur pourtour. Ce sont deux cavités cotyloïdes rudi- mentaires, destinées à recevoir, sans pouvoir les loger en entier, les tètes des deux fémurs dont le développement est régulier, de même que celui des autres pièces osseuses de ces membres surajoutés, qui ne diffèrent des membres au devant desquels ils sont placés que par plus de graci- lité des os et des muscles, et par moins de longueur. Cette anomalie est très-analogue à celle que M. Van Deen a décrite et figurée, avec la différence que, dans cette der- nière, un seul des deux membres accessoires est bien constitué , l'autre étant privé de métatarse et de pha- langes. (( La Grenouille américaine du musée de Paris, qui est déjà si anormale, puisqu'elle porte six pattes, a, de plus, l'extrémité des membres antérieurs déformée; le droit n'a que trois doigts, les deux plus externes et le pouce; du côté gauche on ne trouve qu'un seul doigt. « La cause de la multiplication des membres et des doigts, ou de la diminution du nombre de ces derniers, anomalies curieuses dont je viens de montrer trois nou- veaux exemples, est tout à fait ignorée. Pour arriver à la découvrir peut-être, dans des cas semblables où l'on serait servi par un heureux hasard, il faudrait pouvoir suivre, dès l'instant de la première apparition des membres , toutes les phases de la métamorphose du têtard d'une Grenouille, qui dût offrir quelque irrégularité dans le développement des organes de la locomotion. Or, de telles observations, à ce que je sache, n'ont point encore été faites, et même la rareté des Batraciens adultes à membres surnuméraires est extrême; cai-, parmi 3 ou 174 HEV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Jum 1865.) 4000 individus reçus, chaque année, à la ménagerie du Muséum pour l'alimentation des Reptiles aquatiques, je n'ai trouvé à citer que la Grenouille verte dont j'ai parlé en premier lieu. « Si d'autres exemples se présentaient, j'aurais l'hon- neur de les soumettre également à l'examen de l'Aca- démie. » Séance du 8 mai. — M. Coste lit un mémoire sur la pro- duction des sexes. « M. Thury, professeur de l'Académie à Genève, croit avoir découvert la loi générale de la procréation des sexes, et, comme conséquence de celte loi, l'art de faire naître à volonté des femelles ou des mâles. Il invoque à l'appui de son système vingt-neuf expériences exécutées, suivant ses préceptes, dans la ferme de Montet, sur un troupeau de vaches qui aurait toujours donné, au gré de l'éleveur, les produits voulus. « La physiologie a, depuis un siècle, porté si loin les limites de son domaine, et, avec elles, le champ de ses légitimes espérances, qu'il n'y a plus témérité à entre- prendre la solution de tels problèmes. A mesure qu'elle pénètre plus avant dans la connaissance des lois de la vie, elle développe le pouvoir d'intervention de l'homme sur la nature organique qu'elle soumet de plus en plus à son empire. « Après tant et de si fondamentales'; conquêtes, lui est-il réservé de surprendre le secret de la procréation des sexes et de saisir les moyens de régler la proportion des mâles et des femelles à la surface du globe, selon ses convenances ou suivant les besoins de ses entreprises agricoles? « La nouvelle manière dont M. Thury pose la question nous met sur le chemin de cette importante découverte, et, quoique le résultat de mes expériences ne s'accorde pas avec celui qu'il a obtenu, je n'en considère pas moins le travail du professeur de Genève comme un progrès vers SOCIIÎTÉS SAVANTES. 175 le but à atteindre. ¥m mettant mes observations sur les multipares en regard de celles qu'il a faites sur les uni- pares, j'analyserai les premiers phénomènes de la fonction génératrice de manière à bien éclairer le terrain sur lequel il faut se placer. « L'auteur de cette ingénieuse théorie suppose que tout œuf non fécondé passe, pendant la période de sa matu- ration, par deux phases successives mais continues , durant chacune desquelles il aurait un caractère sexuel différent. « Dans la première moitié de cette période, c'est-à-dire dans sa phase de maturation commençante, il serait œuf femelle: dans la seconde, c'est-à-dire dans sa phase de maturation plus avancée, il deviendrait œuf nuïle par une subite transformation que M. Thury désigne sous le nom de vire. « Le moyen de contraindre cet œuf, d'abord femelle, puis mâle, à développer celui des deux sexes que l'on voudrait dégager du sein maternel, consisterait à régler le moment de l'accouplement de manière que la fécon- dation vînt saisir le germe pendant sa phase de maturation correspondante à la constitution dans laquelle il s'agirait de le fixer. a. Ce principe admis, M. Thury suppose encore que tout œuf non fécondé se détache spontanément de l'ovaire, au début du rut chez les mammifères, au début de la mensirualion chez l'espèce humaine, et que, pendant la durée de cette période d'ex[)losion de la fonction géné- ratrice, il descend lentement le long de l'oviducte, arrive à la matrice, subissant, dans ce trajet ou ce séjour, sa constitution femelle d'abord, sa constitution mâle ensuite. Ce serait donc, d'après cette théorie, à sa première étape à travers le canal vecteur que la fécondation devrait aller le surprendre pour le confirmer dans le sexe femelle : ce serait à sa seconde étape ou à son entrée dans la matrice 176 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. {Jldn 1865.) qu'elle devrait l'atteindre pour le confirmer dans le sexe mâle. « Mais cette descente de l'œuf vers l'utérus ne dure pas moins de quatre jours chez les espèces où son dépla- cement est le plus rapide, et M. Thury va même jusqu'à admettre que, chez la femme, elle comprend les dix ou douze jours qui suivent les règles. Or, si l'on attribue la moitié de ce temps à la première étape sexsuelle, qu'on me permette cette expression, et l'autre moitié à la se- conde, il s'ensuivra qu'il y aura, selon les espèces, de deux à six jours pendant lesquels une fécondation précoce pourra donner à l'œuf la confirmation femelle, et de deux à six jours encore où, à défaut de cette fécondation pré- coce, une fécondation tardive pourra lui donner la con- firmation mâle. « Voyons si ces diverses hypothèses sont en harmonie avec les données de l'expérience. « Et d'abord, jamais un œuf non fécondé ne se détache spontanément de l'ovaire au début du rut chez les mam- mifères, ni au début de la menstruation chez l'espèce humaine, comme le suppose M. Thury. Si les choses se passaient ainsi, le rut et la menstruation avorteraient au même instant, parce que ces phénomènes ne sont que les signes extérieurs ou les symptômes du travail d'élimination ovarienne, dont ils traduisent toutes les nuances. La rup- ture de la capsule d'où l'œuf se dégage est la crise qui amène la détente de l'organisme surexcité par ce travail occulte, comme la ponction fait cesser la fièvre que la distension de la paroi d'un abcès occasionne. « Donc, tant que subsiste le rut, l'œuf est encore ren- fermé dans son calice. On ne peut pas, par conséquent, admettre avec M. Thury que, durant cette période, la fé- condation puisse l'atteindre dans le canal génital où il n'est point encore descendu, ni à plus forte raison dans la matrice où il n'arrivera que plusieurs jours après sa chute, c'est-à-dire après la déchirure de sa capsule. SOCIÉTÉS SAVANTES. 177 « Mais , cette capsule vidée , es femelles, délivrées alors de l'incitation sons l'empire de laquelle les tenait tout à l'heure le travail d'élimination ovarienne, ne souf- frent plus les approches du mâle, et si, par exception ou par violence , comme cela arrive quelquefois , elles les subissent encore , ces rencontres extra-physiologiques n'aboutissent jamais à une fécondation, parce que le fjerme d'un œuf tombé avant l'accouplement est déjà visi- blement altéré quand, en ces conditions anormales, lui arrivent les molécules séminales tardivement introduites. Les corpuscules spermatiques ne le préservent de cette déchéance naturelle que dans les cas où ils l'envahissent, soit au sein de l'ovaire lui-même, soit au moment où il s'en dégage pour entrer dans le pavillon. Plus bas, leur intervention est inutile. Ils ne rencontrent plus qu'un ovule en voie de décomposition. « Donc, pour que la fécondation s'accomplisse, il faut que l'accouplement ait lieu pendant que l'œuf est encore renfermé dans sa capsule, afin que les molécules séminales lui arrivent avant la déhiscence, et tout a été coordonné dans le mécanisme de la fonction génératrice de manière qu'il en soit toujours ainsi quand les femelles sont libres d'obéir à leur instinct ; car leur entraînement est com- mandé par le travail d'élimination ovarienne , cause déterminante et régulatrice de cet entraînement. Aussi, dans tous les cas où l'on ouvre ces femelles dix heures après la copulation, trouve-t-on les spermatozoïdes mou- vants dans les franges du pavillon et à la surface de l'ovaire lui-même, bien que l'œuf, dont la chute est im- minente, n'en soit pas encore sorti, « Mais, si l'ovaire et le pavillon sont le seul théâtre réservé au phénomène de l'imprégnation, tout ce qui a été dit touchant la possibilité de déterminer, au gré de l'éleveur, la procréation de l'un ou de l'aitre sexe par des fécondation.^ utérines ou tubaires doit être écarté delà dis- cussion comme contraire aux lois de la fonction généra- 1' Si'Bia. T. vvit. Aii.u'e ISfi.'). 12 178 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Juill 1865.) trice, attendu que la fécondation n'a jamais lieu, ni dans l'oviducte ni dans la matrice. « C'est donc vers le temps de sa vie ovarienne qu'il faut remonter pour rencontrer, s'ils existent, les deux degrés de maturation que, par hypothèse , l'œuf doit traverser, femelle dans l'un, mâle dans l'autre, en atten- dant que la fécondation, suivant qu'elle sera précoce ou tardive, l'enchaîne irrévocablement à celle de ces deux conditions sexuelles, préexistantes du chef maternel, avec laquelle elle coïncidera. « Mais ici se présente une question préalable : Qu'est-ce qu'une maturation plus ou moins complète du germe ou de l'œuf? « Il n'y a pas deux manières de l'entendre. L'œuf le plus mûr, par rapporta la fécondation en vue de laquelle il poursuit son évolution ovarienne, est celui dont la dé- hiscence est imminente ou vient de s'accomplir, et dont le germe, à défaut d'une imprégnation immédiate, pé- rirait à l'instant. Un œuf moins mûr est celui dont l'évo- lution ovarienne n'a point encore atteint cette limite extrême. « En conséquence, toute fécondation qui portera sur des œufs de la première catégorie devra nécessairement donner des produits du sexe masculin. Toute fécondation qui portera sur des œufs de la seconde catégorie devra donner des produits du sexe féminin. « Les oiseaux chez lesquels un même accouplement imprègne toute une série échelonnée dans l'ovaire, dans l'ordre de maturation, depuis l'œuf qui rompt son calice jusqu'à celui, infiniment plus petit, qui aura encore quinze ou vingt jours d'évolution capsulaire à subir avant d'ar- river à déhiscence, offrent un champ facile et sûr à l'expé- rimentation. Là, en effet, les divers degrés sont tellement tranchés, qu'il ne peuty avoir matière à confusion .Si la théo- rieest fondée, lespremièrespontes de chaque série fourni- ront des mâles, les dernières des femelles SOCIÉTÉS SAVANTES. 179 u Une expérience dont j'ai, l'an dernier, fait connaître le résultat à l'Académie n'a pas complètement répondu à cette attente. Cinq œufs pondus à la suite d'une copu- lation qui les avait fécondés tous à la fois ont donné, les deux premiers, des mâles ; le troisième, une femelle ; le quatrième, un mâle ; le cinquième, une femelle. Il y avait donc là, dans la même série, après un produit du sexe féminin, un produit du sexe masculin, ce qui, en prin- cipe, ne devrait jamais avoir lieu ; car le quatrième œuf pondu, qui a fourni un mâle, était, au moment où une imprégnation commune avait pénétré la grappe dont il faisait partie, moins mûr que le troisième. 11 aurait, par conséquent, et à plus forte raison, dû fournir une femelle. « En présence de ce résultat négatif, je me suis borné à élever des doutes sur l'exactitude de l'hypothèse de M. Thury, laissant à M. Gerbe le soin de vérifier, par des recherches ultérieures et en suivant la même méthode, si le fait que je signalais à l'attention des physiologistes n'était qu'une exception à la règle générale, ou s'il fallait le considérer comme une objection absolue. « M. Gerbe, en effet, a continué ces recherches ; voici le procès-verbal de ses observations : « Une poule solitaire, livrée au coq le 9 juillet 1864 et séquestrée le 10, a produit, depuis le moment de sa sépa- ration jusqu'au 31 du môme mois, une première série de quatorze œufs, qui ont été successivement recueillis et cotés suivant l'ordre des pontes. « Quand les effets de cette fécondation ont été épuisés, j'ai fait livrer de nouveau la même poule au mâle (du 31 juillet au 1" août seulement), et les œufs qu'elle a con- tinué à pondre ont été retirés et cotés comme les premiers. Les uns et les autres soumis à l'incubation ont donné les résultats exprimés dans le tableau suivant. 180 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Juin 1865.) Poule mise au coq le 9 Juillet, séparée le lO. Première série d'œufs. Dates OEufs di ins l'ordre Késultatt. des pontes. ou ils ont été jiondus. 10 juillet. 1" œuf. Infécond. 11 — 2« — Mâle. 13 — 3' — Arrêté dans son développement 14 — 4' — Id. 15 — 5» — Femelle. 17 — 6» — Arrêté dans sou développement 18 — 7* — Mâle. 20 — 8* — Mâle. 21 — 9« — Femelle. 24 — 10* — Mâle. 25 — ll< — Femelle. 27 — 12* — Infécond. 28 — 13* — Id. 30 — 14» — Id. Mêiue poule remise an coq le 31 Juillet, séparéo le 1" août. Deuxième série d'œufs. Dates OEufs à lans l'ordre Résulta C(. des pontes. ou il» ont été pondus. 1" août. 1" œuf. Infécond. 2 — 2« Femelle. 5 — 3' — Femelle. 7 — 4« — Mâle. 8 — 5» — Cassé pendant l'incubatiou 11 — 6' — Femelle. 12 — 7' — Femelle. 16 - 8= — Mâle. 18 - 9» — Infécond . 19 — 10' — Id. 21 — 11* — Id. « Ces deux expériences sont la confirmation de celle dont j'ai déjà entretenu l'Académie. Elles prouvent, comme elle, qu'en chaque série d'œufs fécondés, par un même accduplemeni, il se produit indifféremment, et sans ordre SOCIÉTÉS SAVANTES. 181 correspondant au degré de maturité de ces œufs, des mâles ou des femelles, aussi bien au début de la ponte qu'au milieu ou à la fin. La loi de la procréation des sexes, telle que l'a formulée M. Thury, n'est donc pas applicable à la classe des oiseaux. « On dira peut être que je fais moi-même une hypo- thèse en admettant la fécondation simultanée de toute une série d'œufs échelonnés dans l'ovaire à divers degrés de maturation, et qu'il est bien plus naturel de penser que les molécules séminales , au lieu d'aller chercher ces œufs au sein de leurs capsules, restent à la surface de l'organe, les attendant au passage et les imprégnant l'un après l'autre, à mesure qu'ils s'engagent dans le pavillon. « La théorie ne gagnerait rien à porter le débat sur ce terrain ; car, si, chez la poule, la fécondation ne pouvait avoir lieu qu'au moment de la déhiscence, chacun de ses œufs arriverait à son tour au contact des molécules sémi- nales à l'heure même où il aurait épuisé toutes les phases de son évolution capsulaire, c'est-à-dire à l'heure de sa maturation correspondante à sa constitution mâle. Il n'en pourrait jamais sortir un produit femelle. L'objection tournerait donc au détriment de l'idée qu'elle voudrait faire prévaloir. « Mais, de ce que la classe des oiseaux échapperait à la règle générale, il ne s'ensuivrait pas qu'il dût en être nécessairement de même pour la classe des mammifères. Je vais donc encore examiner ce point important de la question. « Il se passe, chez les mammifères, un phénomène qui n'a point lieu chez les oiseaux : l'accouplement y précipite la déhiscence. En sorte que l'on peut faire, à volonté, que Ips œufs se détachent de l'ovaire deux ou trois jours plus tôt, ou deux ou trois jours plus tard, suivant qu'on livre les femelles au mâle dès le début du rut ou qu'on ne les lui abandonne qu'à la fin de cette période. « Dans le premier cas, c'est-à-dire quand l'accouple- 182 REV. KT .MAC. OK ZOOLOGIE. {Jl/îtl 1865.) ment a lien au début du rut, la fécondation s'adresse à un état de maturation commençante. Tous les produits d'une telle portée devraient donc être du sexe féminin. « Dans le second cas, c'est-à-dire quand l'accouplement a lieu à la fin du rut, la fécondation s'adresse à un état d'extrême maturation, car le germe périrait si les molé- cules séminales tardaient quelques heures encore à venir lui donner une nouvelle impulsion. Tous les produits, en pareille occasion, devraient être du sexe masculin. « Afin de s'assurer si les faits répondent aux promesses de la théorie, M. Gerbe a entrepris des recherches sur une espèce multipare, le lapin, chez laquelle le phénomène du rut est assez prolongé pour qu'on puisse en bien dis- tinguer la marche et la durée. Voici les résultats : « Une lapine isolée, dont les parties génitales externes encore peu phlogosées et tuméfiées annonçaient un rut à peine commençant, fut mise au mâle le 3 juillet 1864. Après avoir résisté pendant plus de deux heures aux solli- citations de ce dernier, elle finit par en subir les approches, et s'accoupla deux fois dans l'espace d'un quart d'heure. Séquestrée à la suite de ces rapprochements et tuée vingt- huit jours après, cette lapine présenta trois petits dans la corne utérine du côté droit, et neuf dans celle du côté gauche. Examinés dans l'ordre où ils se trouvaient, en procédant du vagin vers les ovaires, ces petits étaient : « Dans la corne utérine droite : le premier, femelle ; le deuxième, mâle; le troisième, femelle. « Dans la corne utérine gauche : le premier, mâle ; les deuxième et troisième, femelles; les quatrième, cinquième et sixième, mâles ; le septième, femelle ; les huitième et neuvième, mâles. c( Une autre lapine, également séquestrée, fut livrée au mâle le 17 mai. Ses parties génitales excessivement turges- centes et injectées étaient l'indice d'un rut arrivé à sa pé- riode avancée ; aussi l'accouplement fut il instantané. SOCIÉTÉS SAVANTES. 18:5 Isolée après plusieurs rapprochements, et tuée le 15 juin, cette lapine a donné le résultat que voici : « Le nombre des petits était de cinq dans la corne uté- rine du côté droit et de sept dans celle du côté gauche. Examinés comme dans le cas précédent, ces petits étaient: (( Dins la corne utérine droite : \e prem'iQT, femelle ; le deuxième, mâle ; le troisième, /enieZ/e; le quatrième, mâle; le cinquième, femelle. « Dans la corne utérine gauche : le premier, femelle ; les deuxième, troisième et quatrième, mâles; les cinquième, sixième et septième, femelles. « Une troisième lapine, solitaire comme les deux autres, n'a été livrée au mâle qu'après soixante-quatre heures de rut bien prononcé. Cette lapine manifestait, le 30 mai, un vif désir de s'accoupler. Mise au mâle, elle allait le rece- voir, lorsqu'on l'en a séparée. Le 31, les signes extérieurs s'étaient aggravés, et l'accouplement eût été immédiat, si l'on ne s'y était encore opposé. Le 1" juin, mêmes indices extérieurs, même appétence pour le mâle, mais nouvel obstacle à l'accouplement, nouvelle séquestration, afin de faire acquérir aux œufs, par la prolongation du rut, le plus grand degré possible de maturité. Enfin, le 2 juin, les phénomènes du rut persistant, la femelle a été aban- donnée au mâle. Aussitôt un premier accouplement a eu lieu; cinq minutes après, un second s'accomplissait, et la lapine était séquestrée de nouveau. Le lendemain matin elle fuyait obstinément le mâle, indice certain de la chute des œufs et, par conséquent, de la cessation du rut. « Cette lapine, tuée le vingt-huitième jour de la gesta- tion, avait trois petits du côté droit, et quatre du côté gauche. « Ceux de la corne utérine (/m REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. {Juiu I8G5.) frère Alexis qui l'avait recueillie dans le pays des Griquas, peuple de famille hottentote, habitant au nord de la rivière Orange. Le gisement précis d'oîi elle a été extraite est resté ignoré, la pièce ayant été trouvée dans la hutte d'un Griquas , qui s'en servait pour couvrir sa marmite. M. Ed. Verreaux avait bien voulu me communiquer ce fossile dès qu'il lui fut expédié, et il m'avait engagé à en donner une description. Dès lors, il l'a généreusement offert au muséum d'histoire naturelle de Paris, et, comme MM. de Blainville et Valonciennes l'ont successivement étudié avec soin, j'avais cessé de m'en occuper. J'ignore quelle opinion ces savants naturalistes s'en sont faite, mais j'ai pensé que le résultat de leur examen n'ayant pas été publié, il y aurait utilité pour la science à signaler aux paléontologistes une pièce dont l'intérêt est réelle- ment incontestable. « La tête du Reptile fossile recueilli au pays des Gri- quas est assez étroite et proportionnellement allongée; elle s'élarfjit faiblement en arrière. Sa longueur totale est de 0°,066 , sa largeur 0"',008 dans la région antérieure et 0",020 à la hauteur de l'occiput. Ses diverses parties n'ont pas laissé une impression suffisamment netle dans l'ar- doise, et le moulage ne permet pas de reconnaître les sutures de ses différents os, non plus que leur forme res- pective. Cela provient surtout de ce qu'il y a eu écrase- ment de l'animal et principalement de sa tête, lors du tassement des dépôts marneux qui l'ont conservé, et aussi de ce que le fossile est vu par-dessous, ce qui n'en laisse apercevoir que les mâchoires et une portion de la surface palatine. On ne peut donc rien dire sur la position et la forme des narines. Je crois toutefois avoir constaté que le condyle occipital est unique, comme chez les autres ani- maux de la même classe, et je vois aussi que la mâchoire inférieure était composée de plusieurs os pour chaque côté, ce qui est également un caractère des Reptiles. La mâchoire elle-même rappellejusqu'à un certain point, par SOCIÉTKS SAVANTKS. 187 sa forme générale, celle des Crocodiles etdes Plésiosaures. Sa partie symphysaire est étendue et à peu près égale à la moitié de la longueur totale ; l'os angulaire fait saillie en arrière au delà de l'insertion de l'os carré avec l'arti- culaire. Il ne m'est pas possible de constater si l'os carré était libre ou, au contraiie, soudé au crâne. « Les mâchoires portaient des dents fines et pointues, dont l'empreinte s'est conservée et dont le moulage re- produit aussi la forme. Ces dents sont plus grêles que celles des autres Reptiles; quelques-unes ont 9 millimètres de longueur. On en compte une quarantaine pour chaque côté ; mais ce nombre représente la totalité des dents pour les deux mâchoires supérieure et inférieure, et l'état du snjet ne permet pas d'établir d'une manière un peu cer- taine la formule dentaire. Il ne permet pas non plus de reconnaître si les dents étaient acrodontes ou théco- dontes. « Le cou était plus allongé que chez la plupart des Sauriens, mais moins que chez les Lariosauriens et les Plésiosaures. On dislingue nettement sept des vertèbres dont il était formé ; elles sont assez larges, subaplaties en avant, à carène inférieure peu saillante, et pourvues d'apophyses transverses de la même longueur qu'elles et aplaties. La septième porte une côte rudimenlaire et l'on constate la présence d'un appendice analogue, mais déjà plus allongé, réellement costiforme et à tête bifurquée, sur la vertèbre suivante dont le corps a été écrasé. La neuvième vertèbre, qui paraît être la dernière de la série cervicale, est également mutilée. Ces neuf vertèbres occu- pent une longueur totale de près de 0'",05. « Les vertèbres dorsales sont également mal conser- vées, et la plupart sont d'ailleurs couvertes de linéaments vermiformes, sans doute dus au travail des Annélidcs, qui en cachent les caractères. Cependant on distingue assez bien les corps de trois ou quatre d'entre elles, et il est aisé de constater qu'elles n'étaient point rncconrcies 188 BEV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Juk 1865.) et discoïdes comme le sont celles des Ichlhyosaures, mais un peu plus longues que larges et comparables à celles des Homéosauriens ainsi que des Crocodiliens de la période secondaire ; il semble bien que les surfaces articulaires de leurs corps étaient biplanes ou légèrement excavées, au lieu d'être tout à fait biconcaves comme celles deslchthyo- saures et des Geckos, ou convexo-concaves comme cela a lieu dans tous les Sauriens actuels, les Geckos exceptés. « Les côtes proprement dites sont fortes et leur épais- seur dépasse ce que l'on voit dans tous les autres Reptiles, soit vivants, soit anciens, sauf toutefois les Pachypleures. On en voit très-nettement dix de chaque côté, et à gauche on en aperçoit même en partie une onzième. Le nombre en était probablement plus considérable encore, et leur disposition devait être la même que dans les Pachypleures chez lesquels il y en a presque sur la vertèbre la plus rapprochée du bassin. L'épaisseur de ces côtes, comparée à la gracilité des mêmes os chez les autres Reptiles, est un fait qui mériie d'être particulièrement signalé. La dif- férence est à peu près la même que celle que l'on constate, chez les Mammifères, entre les Sirénides, comparés aux autres animaux de cette classe. La partie sternale des côtes du Mésosaure n'a pas été conservée ; ce qui vient d'être dit ne s'applique, par conséquent, qu'à leur portion vertébrale. « La région scapulaire affecte également une disposition caractéristique. On n'y reconnaît que deux os, l'omoplate et le caracoïdien, l'un et l'autre assez grands, scutiformes et intimement soudés par leurs bords de contact. Il ne paraît pas y avoir eu de clavicule ou os furculaire, et, sous ce rapport, l'épaule du Mésosaure ressemblerait à celle (les Crocodiles et des Plésiosaures ; mais la forme des pièces qui la constituent était différente de ce que l'on connaît dans ces deux groupes. Le caracoïdien du Méso- saure n'offre rien de comparable aux digitations apophy- saires que l'on voit sur la partie osseuse du même os SOCIETES SAVANTES. 189 dans la plupart des Sauriens actuels. On peut conclure de la disposition clypéiforme de cet os, ainsi que de celle peu différente de l'omoplate, que les habitudes du Méso- saure étaient aquatiques, et la forme de l'humérus confirme cette manière devoir. « Cet os ressemble à l'humérus des Plésiosaures et des Simosaures plus qu'à celui des autres Reptiles, mais diffère de celui des Ichthyosaures en ce qu'il est déjà moins court que chez ces derniers. Comme dans les Plésiosaures, il est à peu près cylindrique dans sa moitié supérieure, puis il s'élargit et s'aplatit intérieurement; son articulation avec l'avant-bras est également dépourvue de poulie et de condyles distincts. En outre, il est percé inférieure- ment d'un trou analogue à celui queprésentel'humérusde certains Mammifères et que l'on nomme le trou épicon- dylien ou du condyle interne. (( Tout en étant aquatique , le Mésosaure devait l'être moins complètement que les Ichthyosaures et même que les Plésiosaures. C'est ce dont onpeutjugerpar la confor- mation des os de son avant-bras et de ses mains, qui diffèrent de ce que l'on voit chez ces grands Reptiles cé- lacéiformes pour se rapprocher de la disposition propre aux espèces terrestres. « Le radius et le cubitus , qui sont séparés l'un de l'autre dans toute leur étendue, comme chez les autres Reptiles, ont à peu près la même longueur que chez les espèces terrestres, tandis qu'ils sont courts chez les Ich- thyosaures et même chez les Plésiosaures. Ils s'éloignent donc sensiblement de la disposition qui les caractérise dans les Énaliosauriens , si semblables sous ce rapport aux Cétacés. Il faut toutefois remarquer que, contraire- ment à ce qui a lieu pour les Sauriens réellement tet- restres, ou seulement à demi aquatiques, le cubitus manqiie ici de saillie olécrânienne. u La main offre aussi une grande analogie de compo- sition avec celle des Reptiles tcrrestrei. Ainsi, au lien que 190 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Juin 1865.) les os des deux rangées du carpe, les métacarpiens et les phalanges, dans ce cas fort nombreuses, soient tous plus ou moins semblables entre eux et de forme discoïde, ce qui se voit chez les Reptiles dont les mœurs avaient de l'analogie avec celles des Cétacés, les pièces constituant chacune de ces régions conservent, dans le Mésosaure, leur forme propre, et le nombre des phalanges n'y est pas augmenté. « Le procarpe, c'est-à-dire la première des deux ran- gées carpiennes, consiste, comme dans la plupart des Sauriens, en deux os aplatis, l'un irrégulièrement ellip- tique, répondant au radial de Cuvier , l'autre, moins grand et à peu près circulaire, qui est le cubital, appelé aussi pyramidal par quelques auteurs. Il n'existe pas de traces du pisiforme. « Le mésocarpe ou seconde rangée carpienne résulte de l'alignement de quatre petits os placés chacun auprès de l'extrémité carpienne de l'un des quatre premiers mé- tacarpiens. Le cinquième métacarpien est le seul qui en manque. « Les métacarpiens du Mésosaure ont la longueur et la forme habituelles aux espèces terrestres. « Les phalanges, moins longues qu'eux, rappellent également par leur conformation celles des Sauriens or- dinaires et des Crocodiliens. Je ne puis en dire le nombre avec exactitude, attendu qu'elles ont en partiequittéleurs rapports naturels ; mais le métacarpien du premier doigt répondant au pouce paraît en avoir porté deux , ceux des second, troisième et quatrième doigts, chacun trois, et le cinquième deux. Si ces chiffres devaient être acceptés comme définitifs, le Mésosaure différerait, à quelques égards, sous ce rapport, des autres animaux de la même classe. Sa main paraît aussi avoir été moins allongée. c( Je termine ce qui a trait à la description de ce fossile en rappelant que ses membres antérieurs mesurés depuis i'extiémilé scapulaire de rhiiméins jusqu'à la pointe de la SOCrtlÉS SAVANTES. 191 troisième phalange du doigt médian ont 0"',054 de lon- gueur ; l'humérus, pris séparément, a O'",02o de longueur et O^.OIS de largeur à son extrémité radiale; l'avant-bras mesure 0'",014 et la main 0™,016, le procarpe compris. « Le Mésosaure ne se laisse assimiler, par ses caractères, à aucun des Reptiles qu'on a signalés jusqu'à ce jour; mais, pour quiconque a étudié cette classe dans ses repré- sentants vivants et fossiles, il est évident que ceux dont ils se rapprochent le plus sont les Lariosauriens, comprenant les genres Lariosaure , Macromiosaure et Pachypieure, décrits par MM. Curioni et Cornalia. La forme de son épaule, l'épaisseur et la disposition de ses côtes, la con- formation de ses membres antérieurs ne laissent à cet égard aucun doute. Cependant le Mésosaure se distingue de ces animaux par des différences notables, telles que la forme de sa tète, la gracilité de ses dents et le moindre nombre de ses vertèbres cervicales; il mérite donc d'être classé dans un genre à part. « Les Lariosauriens jusqu'ici observés appartiennent au lias et ont été recueillis aux environs de Gôme (Italie). Il est probable que le nouveau genre découvert dans le pays des Griquas, par M. Alexis Verreaux, est aussi de la même époque géologique. » « M. Cosans\GSipimculus gigas, ce tube est double; on observe, en effet, un second vaisseau au-dessous de la première portion du canal ali- mentaire. Postérieurement, ce tube simple ou double se termine en un cul-de-sac légèrement renflé. Antérieure ment, il va déboucher daus un sinus circulaire qui en- toure le pharynx et qui communique librement avec la couronne tentaculaire, laquelle n'en paraît, à vrai dire, qu'une dépendance. Les parois du tube circulatoire sont pourvues de fibres musculaires et, par conséquent, con- tractiles. L'intérieur est rempli d'un liquide chargé d'une très-grande quantité de globules très-analogues à ceux du liquide de la cavité générale, mais d'un diamètre plus considérable. Ce liquide est mis en mouvement, non par la contractilité des vaisseaux qui le renferment, mais par des cils vibratiles implantés uniformément ou par bou- quets sur la surface interne de l'appareil circulatoire. a Appareil urinairc. — Nous regardons comme tel une paire de cœcums qui flottent dans le liquide cavitaire, et s'ouvrent par un orifice très-petit un peu en avant de l'anus, sur les côtés de la région dorsale. Leurs parois, très-contractiles, sont formées par une membrane très- mince renforcée par des fibres musculaires constituant un treillage irrégulier, et revêtue intérieurement de cellules bru.iâtresà contenu granuleux Les cœcums sont souvent distendus par un liquide jaunâtre ou verdàtre. Mais comme ils présentent en outre, vers leur point d'attache, un orifice muni d'un sphincter qui les fait communiquer avec la cavité générale, il est probable que les produits de la génération peuvent s'y engager et, a|)rès y avoir séjourné ou non, être expulsés au dehors. L'observation directe n'a pu nous éclairer à cet égard. » Séance du 22 mai. — La section d'anatomio ef zoologie 200 REV, ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1865.) présente la liste suivante de candidats pour la chaire de zoologie vacante au muséum d'histoire naturelle par suite du décès de M. Valenciennes : 1" M. Lacaze-Duthiers; 2° M. L. Rousseau. Séances des 29 mai et 5 juin 1865. — Rien sur la zoo- logie. Séance du 12 jum. — M. L. Soubeiran présente une note sur l'histoire naturelle et r éducation des Écrevisses. « L'éducation de l'Ècrevisse à Clairefontaine, près de Rambouillet, qui, jusqu'en 1859, n'avait donné, en rai- son de plusieurs causes particulières, à M. Sauvadon au- cun résultat satisfaisant, est aujourd'hui en pleine prospé- rité. En ce moment, il existe, dans cet établissement, des Écrevisses de tous les âges, et leur grosseur est facile à constater jusqu'à 6 ans, puisqu'on a pu les suivre pen- dant ce laps de temps. Les mâles grossissent un peu plus; vite que les femelles, et à l'âge de 3 ans ils ont gagné en grosseur un an sur ces dernières. Ce n'est qu'à la qua- trième année que ces animaux sont propres à la reproduc- tion, et, d'après ce qu'a observé M. Sauvadon, le mâle, bien que grossissant plus vite que la femelle, n'est pas apîe à remplir ses fonctions à un â^e moins avancé qu'elle. La femelle est toujours plus petite que le mâle ; elle n'atteint que rarement le poids de 80 à 90 grammes, tandis que les mâles acquièrent celui de 125 grammes et au-dessus. D'après des expériences que j'ai faites l'an dernier (juillet 1864) avec M. Sauvadon, j'ai trouvé les tailles et les poids suivants chez des Écrevisses de divers âges : Longueur moyenne. Poïdsmoyen. Écrevisses de l'année 0,025 0,50 — d'un an 0,05 1,50 — de deux ans 0,07 3,50 — de trois ans 0,09 6,50 — de quatre ans. . . . 0,11 17,50 — de cinq ans 0,125 18,50 -r- d'âge indéterminé. . 0,16 30» — très-âgées 0,19 125 » SOCIÉTÉS SAVANTES. 201 « L'accroissement de ces animaux se fait avec lenteur, à cause de l'obligation de la mue. (( Il y a trois mues par an, excepté pour les plus jeunes qui ne muent qu'une seule fois dans la première année. Ces changements se font, en général, du mois d'avril au mois de septembre, et après chaque mue les Écrevisses peuvent gagner un tiers de leur poids. Jusqu'il l'âge de 5 ans, elles grossissent plus vite proportionnellement que plus tard, et il arrive un moment où la différence de volume à chaque mue est irès-faible. Il faut environ sept ans pour faire une belle Écrevisse, quoique n'étant pas encore de première force. Dans l'état actuel, il nous est impossible de dire quel âge doit avoir une Ecrevisse de 125 grammes. a Accouplement. — Après un rapprochement qui dure trois à quatre heures, quand le mâle s'est retiré, on voit, sous le ventre de la femelle, de six à quinze filaments de couleur paille, et qu'on ne saurait mieux comparer qu'à des bouts de fin vermicelle, d'une lon[;ueur de 7 à 8 mil- limètres. Quant aux œufs, que l'on commence à voir dans les ovaires trois à quatre mois avant le mois de novembre, époque del'accouplement, ilsont, dansles premiers temps, le volume de la graine de pavot, et acquièrent au moment de la fécondation la grosseur de celle du navet. Après l'accouplement, les œufs se fixent aux appendices sous- abdominaux de la femelle, qui se retire alors dans un trou d'où elle ne sort que rarement, tandis que les mâles, au contraire, voyagent presque toujours. Los œufs que porte la mère donnent presque tous des produits, mais tous ceux qui s'en sont détachés accidentellement sont irrémédia- blement perdus. « Nourriture. — Si on veut faire une éducation de ces animaux, le mieux est de planter, dans les bassins, du chara^ dont elles sont très-friandes, et, à défaut de cette plante, d'autres végétaux aquatiques, ou même des frag- ments de racines succulentes. Dans le cas où l'eau qui les 202 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Juillet 1865.) reçoit n'est pas assez calcaire, ou si des plantes telles que le chara manquent, il arrive quelquefois que lesEcrevisses cherchent à ronger les carapaces qu'elles avaient quit- tées; mais ce fait ne se présente qu'exceptionnellement, quand elles trouvent autour d'elles une nourriture conve- nable. » Séance du id juin. — M. Lacaze-Duthiers présente un mémoire intitulé : Sur un nouveau type dans le groupe des Ascidiens, /eChevreulius Callensis. « Les Ascidies forment , dans l'embranchement des Mollusques, un groupe à la fois des plus naturels et des plus intéressants. Elles offrent, en effet, dans leur organisa- tion, des traits si particuliers, elles ont des rapports si intimes, qu'il est impossible de ne pas les reconnaître, tant elles se ressemblent toutes. « Chacun sait qu'une enveloppe coriace , sotivent charnue, la tunique pour de Lamarck, le test pour Savigny, les entoure complètement et protège les parois propre- ment dites de leur corps, qui ne communique avec l'exté- rieur que par deux orifices, lesquels, avec quelques autres particularités anatomiques inutiles à rappeler ici, peuvent être considérés comme caractéristiques : l'un, supérieur, donne accès dans la cavité respiratoire, au fond de la- quelle est située la bouche ; l'autre, latéral, fait commu- niquer avec l'extérieur le cloaque où s'ouvrent à la fois les organes génitaux et l'intestin. c( L'exemple qui fait le sujet de ce mémoire montre une disposition exceptionnelle, et pour cela fort remarquable, qui masque les vrais caractères du groupe : l'animal qui présente cette disposition n'ayant pas été observé, je suis conduit à en faire un genre nouveau. « Je le dédie à l'infatigable et savant directeur du mu- séum, que je suis heureux de remercier, en entrant dans cet établissement, du bienveillant accueil qu'il a bien voulu me faire. « Tous les individus du genre Cheiyreulius se sont pré- SOCIlfTÉS SAVANTES. "203 sentes sans stolons ou bourgeons qui pussent les faire rap- procher des Ascidies sociales, et encore moins des Asci- dies composées. « Leur forme est celle d'un cylindre libre par une de ses extrémités, adhérent par l'autre et un peu aplati sur celui de ses côtés qui s'adosse aux corps étrangers voisins. « C'est la base libre supérieure qui présente le carac- tère du {jenre. « La tunique, jaunâtre, cartilagineuse, est assez résis- tante pour conserver sa forme après la dessiccation ; peu épaisse, elle ressemble à une lamelle de corne blonde. Lorsqu'elle est contractée, on ne voit pas les orifices dont il vient d'être question ; mais, dès qu'elle se détend, on remarque bientôt qu'un peu plus de la moitié de la base plane supérieure du cylindre se détache vers sa circon- férence, se relève en se mouvant suivant une ligne droite, comme autour d'une charnière placée du côté de l'apla- tissement du cylindre. « Sous la lame qui se relève ainsi en formant un angle droit avec sa première position, et qui représente une valve, un véritable clapet, apparaît un tissu blanc, trans- parent, une membrane étendue d'un bord à l'autre des parties écartées pour combler la grande fente produite par cette sorte de bâillement. « Sur cette membrane on ne tarde pas à voir s'élever de^ix mamelons, au sommet desquels s'ouvrent les deux orilices caractéristiques des Ascidies. L'un d'eux, comme dans ces animaux, conduit à la chambre branchiale et, par conséquent, à la bouche : c'est le plus élevé; l'autre, moins saillant et relativement latéral, donne passage à l'eau qui traverse les branchies, aux résidus de la diges- tion et aux produits de la reproduction. « Entre ces deux orifices on distingue par transparence au milieu des tissus un petit noyau blanc, opaque, d'oîi émanent des filets délicats; c'est le ganglion nerveux, 204 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Juillet 1865.) l'unique centre nerveux qui existe chez les Ascidiens. « Ces détails suffisent pour montrer que ce {jenre nou- veau est non-seulement jusiilîé, mais encore qu'il appar- tient bien au groupe indiqué ; qu'il est, sans aucun doute, un Ascidien, mais un Ascidien bivalve, dont la tunique se partage en deux moiiiés mobiles l'une sur l'autre, comme chez les Acéphales ; et qu'enfin il faut admettre dans les Ascidiens deux séries : l'une pour ceux dont l'enveloppe extérieure est une véritable petite outre percée de deux trous, l'autre pour ceux dont la tunique, partagée en deux moitiés par une large fente horizontale, devient bi- valve. « Ayant rencontré le Chevreulius pour la première fois dans les eaux de la Galle et de ses environs, je le nomme Callensis. Cette espèce vit à de grandes profondeurs, 60, 80, 100 brasses; elle appartient à la faune des fonds coralligènes, surtout de ïabarca, de la Galite et de Bi- zerte. « Dans un travail que j'aurai l'honneur de présenter bientôt à l'Académie sur l'organisation des Tuniciers ascidiens, je reviendrai sur l'anatomie de ce genre nou- veau, qui néanmoins dès aujourd'hui peut être considéré comme un type bien net et caractérisé, quoique secon- daire. « Relativement aux rapports zoologiques généraux des Ascidies, la connaissance du Chevreulius présente un inté- rêt tout spécial. « M. Huxley, l'un des zoologistes les plus éminents de l'Angleterre, a cherché à montrer que les Brachiopodes et les Bryozoaires offraient, dans leur organisation, des traits de ressemblance qui pouvaient permettre de les rappro- cher. D'une autre part^ on ne saurait nier que les Bryo- zoaires n'aient des liens intimes avec les Ascidies. On se trouve dès lors conduit à admettre une certaine liaison entre une Térébratule et une Ascidie, en prenant comme intermédiaire les Bryozoaires. Présenté aussi simplement, SOCIÉTÉS SAVANTES. 205 ce rapprochement peut paraître étrange ; mais si l'on ad- met la première idée de M. Huxley, on est bien obligé d'en subir les conséquences; car les rapports qui existent entre les Ascidies et les Bryozoaires ne peuvent être dou- teux. « Je ne peux développer dans ce court résumé les vues du savant zoologiste anglais ; mais je désire montrer que le Chevreulius CaUensis fournira peut-être des preuves à leur appui. « Entre l'Acéphale lamellibranche et l'Acéphale bra- chiopode il existe de grandes différences, et. s'il fallait rap- procher l'un ou l'autre du Chevreulius, certainement ce serait le second qui fournirait la plus grande analogie ; en effet, la symétrie dans le Lamellibranche est bilatérale. Les valves de sa coquille, son manteau, se partagent en deux parties, l'une droite, l'autre gauche. Au contraire, le Brachiopodc présente une symétrie verticale; il est partagé en une moitié supérieure et en moitié inférieure. Ne peut-on pas considérer le Chevreulius comme présen- tant cette dernière condition ; et, dès lors, ne voit-on pas qu'il peut servir à établir la liaison entre les Bryozoaires aveclesqueis ilest indubitablement uni, elles Bracliiofiodes auxquels il ressemble par la disposition de ses valves? « La recherche de rapports et de rapprochements aussi importants, d'un ordre aussi élevé que ceux que je signale ici, mériterait d'être appuyée sur des considérations plus développées. Je désirais cependant montrer tout l'intérêt qui s'attache à la connaissance d'un type Ascidien bivalve, dont la tunique partagée en deux parties stjmétriques, l'une supérieure et l'autre inférieure, rappelle ce qui s'observe chez les Brachiopodes. » Notesur l'épidémie des vers à soie, parM. Guérin-Méneville. — Chargé, par M. le ministre de l'agi iculture et du com- merce, d'une mission pour l'introduction de nouvelles es- pèces de Vers à soie ordinaires et d'autres questions de zoologie appliquée aux sciences agricoles, l'auteur a or- 206 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Juillel 1865.) ganisé des éducations expérimentales à la ferme impériale de Vincennes, et a fait entreprendre, à diverses latitudes, depuis Strasbourg jusqu'à Marseille, des éducations avec la même graine; ce qui amène des observations d'un grand intérêt pour la recherche des causes de l'épidémie qui désole depuis si longtemps les pays producteurs de la soie. Il a visité un grand nombre de localités dans les- quelles il existe des races françaises exemptes de l'épidé- mie, où les Vers sont très-sains et où on a pu faire, de- puis plusieurs années, de la graine excellente, qui donne, comme la graine du Japon, de très-b(ms résultats. Ces graines ont été fort recherchées par les éducateurs des départements séricicoles. L'auteur pense donc que, tout en favorisant l'introduction de la graine du Japon, la seule aujourd'hui des graines tirées de l'étranger qui donne de bons résultats, il y a lieu d'encourager aussi les éleveurs des localités exemptes de la maladie à continuer à faire de la graine avec le produit de leurs Vers à soie ; car, tout en obtenant un produit exceptionnel de leur travail, ils rendront un grand service aux sériciculteurs des contrées où sévit l'épidémie. M. Alex. PoUaillon adresse la copie d'un travail qu'il a présenté à M. le ministre de l'agriculture et du com- merce, relatif à la question de la régénérescence de la race perdue des Vers à soie indigènes. Les deux causes principales qui ont amené la dégénérescence de notre race sont, suivant l'auteur, le système des grandes ma- gnaneries et surtout la manière dont se fait le commerce de la graine, récoltée pour la quantité et non pour la qualité, altérée, sophistiquée, et ne donnant ainsi que de très-mauvais résultats. Séance du2G juin. — M. Roudanowsky présente une note intitulée '.Sur la structure du système nerveux étudiée par une nouvelle méthode. « En poursuivant mes recherches sur la structure des SOCIÉTÉS SAVANTES. 207 nerfs, j'ai trouvé que les parois des tubes nerveux dans les ncrfsspinaux ont encore une membrane ou tunique intime [tunica inlima] qui consiste en fibrilles transversales. Ces stries ou fibrilles passant transversalement sur chaque côté des tubes s'unissent à l'angle de la conjonction des parois des tubes, qui ont une configuration pentagonale ou hexagonale. La disposition des stries transversales res- semble beaucoup à celle des muscles. La tunique, par sa partie externe, touche le névrilème, qui est formé par le tissu conjonctif, tandis que sa partie interne louclie la myéline. N'ayant pas vu ces stries transversales dans les nerfs cérébraux, je ne puis encore affirmer que certains nerfs ne se distinguent par ces stries transversales. Je dois ajouter que dans le même faisceau de tubes il s'en trouve certains dans lesquels je ne lésai point remarquées. J'ai trouvé pour la première fois cette tunique interne sur des pièces provenant de nerfs gelés et colorés par la coche- nille. Fixant mon attention sur ce sujet, je les trouvai constamment comme dans les nerfs frais, pris cinq ou six heures après la mort, quand la coagulation de la myéline n'a pas encore commencé, de même que sur les pièces préparées par la dilacéralion du faisceau au moyen des aiguilles, après avoir recouvert les pièces avec du baume de Canada. Or c'est à cause de la dilatation ariificielle que subissent les tubes après la dilacéralion au moyen d'ai- guilles que ces fibres transversalesparaisseni être plrrs éloi- gnées les unes des autres. Depuis que j'ai découvert celte tunique interne, la question de l'exislence des fibres trans- versales des cylindres d'axes devient encore plus difficile à résoudre. Cependant je soutiens ma première opinion à ce sujet. Cela s'entend que les angles de la conjonction des parois des tubes (pentagones ou hexagones) peuventêlre fa- cilement [)ris pour des cylindres d'axes, surtout quand ces stries transversales de la tunique interne n'étaient [)as en- core connues. « Avant d'avoir fait geler les nerfs, je les ai fait macé- 208 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. {Juilkt 1865.) rer dans une solution faible d'acide chromique (1) pen- dant deux jours, et j'ai trouvé, par cette méthode combi- née, queles cylindres d'axes sont munis, sans aucun doute, de canaux remplis d'une masse graisseuse, qui se présente quelquefois sous la forme de petites gouttes sortant du bout de ces cylindres. « Il est facile de se convaincre, dans les pièces, de l'é- vidence des canaux des cylindres d'axes dans les diffé- rentes sections. Dans la section longitudinale les cylindres d'axes se présentent à doubles contours. Quand la section longitudinale passe dans le centre des cylindres d'axes, alors ces derniers se présentent sous la forme cannelée. Les cylindres d'axes avec leur canal, dans les coupes transversales les plus minces, se présentent souvent sous une forme annulaire. Les canaux des cylindres d'axes dans la moelle épinière du clieval sont très visibles avec le troisième oculaire et la septième lentille de Hartnacli. Il est à observer que les canaux des cylindres d'axes aug- mentent en volume dans certains endroits et surtout après l'empoisonnement par la strychnine. On peut croire que les parois des cylindres d'axes se dilatent, dans ce cas, par l'accumulation du contenu. C'est pourquoi, entre autres causes, les cylindres d'axes dans la section transversale, en cas d'empoisonnement par la strychnine, prennent des configurations variées. « En poursuivant les prolongements des cellules ner- veuses dans les organes centraux du système nerveux, je me suis convaincu de la ramification de quelques-uns à la manière des vaisseaux sanguins. Les prolongements des cellules nerveuses prennent souvent la forme sinueuse ou noueuse, ce qui les augmente dans la longueur. « De tout ce que nous venons de dire, on peut suppo- ser que dans le système des cellules nerveuses avec leur (1) En employant l'acide chromique, il ne faut que — 5 à — 7 de- grés Réaumur pour laire geler le tissu nerveux. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 209 prolongement circule le liquide (/luidum) hypothétique des anciens. » M. H. de la Blanchère, qui depuis longtemps s'occupe d'ichthyologie, présente un certain nombre d'épreuves photographiques prises sur les poissons d'eau douce vi- vants, et demande que l'Académie veuille bien lui fournir les moyens de continuer ses travaux appliqués aux ani- maux marins dans la vue de perfectionner l'art de les re- présenter fidèlement par la photographie. III, ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. Les Oiseaux d'Afrique de Levaillant, critique de cet ouvrage, par Cari J. Sundevall. (Kongliga svenska Vetenskaps. — Akademiens Hand- lingar. — (Ny fôljd. — Andra Bandet, fôrsta Hâftet, 1857), p. 16-60.) — Trad. du suédois par Léon Olph Galliard. On peut citer beaucoup d'autres exemples analogues, ainsi qu'une foule d'assertions invraisemblables que l'on rencontre à chaque instant; c'est ce dont il est facile de se convaincre en comparant les remarques que nous avons ajoutées, dans la seconde partie de cette revue, à chaque espèce dont le nom se trouve renfermé dans une parenthèse, ou bien en lisant l'histoire de ces espèces dans l'ouvrage même de Levaillant. Mais, en faisant cette lecture, on est sujet à se laisser éblouir par son style. 1! faut considérer l'ensemble de toutes ces impostures pour ne pas se laisser égarer par chaque récit isolé, et c'est seu- lement de cette manière que j'ai pu démontrer qu'un aussi grand nombre des assertions de cet auteur devait être relégué parmi les fables. Je suis cependant pleiue- 2* SÉRIB. T. XVII. Anuce 18C5. H 210 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Juillet 1865.) ment convaincu que le nombre de ces dernières n'est pas trop considérable, et que la plupart des espèces que nous citerons plus loin comme simplement douteuses devraient, ajuste titre, avoir éié comprises parmi les espèces fabu- leuses. Vers l'époque à laquelle je commençais à apprécier, comme ils devaient l'être, les travaux de Levaillant (1850- 1851), Wahlberg pensait à un nouveau voya^je vers le sud de l'Afrique, pour compléter ses collections et les étudier. Après deux ans d'un travail assidu, il partit vers la fin de 1853, emportant avec lui une longue liste des recherches motivées, tant par les ouvrages de Levaillant que par ceux des autres ornithologistes. Il aurait dû s'en tenir à ces recherches qui ne l'auraient pas trop écarté des ré- gions bien connues du continent africain, mais l'ardeur des découvertes et l'espoir d'une moisson abondante d'es- pèces nouvelles et rares le poussèrent nialheureusement bientôt à s'engager dans des pays sauvages et inconnus, situés au nord-est du !ac N'gami, nouvellement décou- vert, où il périt au commencement de mars 1856. (V. Vet. Afc. Ofc, mars 1857.) La colonie du Cap demeura donc inexplorée; mais cette lacune se trouva comblée d'une manière tout à fait inat- tendue par l'envoi d'une collection de 160 oiseaux re- cueillis dans cette contrée par un jeune homme, M. Vic- torin, qui mourut peu de temps après son retour, à l'âge de 25 ans. La plus grande partie de ces oiseaux provien- nent de la côle méridionale, à l'est du Cap, près de la baie Gleltenberg et du pays des Houtniquas (Anteniquois), tant vanté par Levaillant, et où ce dernier paraît avoir recueilli presque toutes ses collections. Chaque espèce était représentée, ordinairement, par plusieurs exem- plaires qui tous étaient munis des indications les plus exactes et telles qu'on pouvait le désirer sur la localité, l'époque de la capture, le sexe, etc. Cette collection de M. Victorin me fut donc très-précieuse et me permit de ju- ANALYSES DOUVRAGES NOUVEAUX. 21 1 ger avec certitude de presque toutes les espèces que Levail- lant avait rencontrées dans la partie orientale de la co- lonie. Il sera fait mention, dans un autre article, de cette collection qui a été donnée au musée royal par M. J. W. Grill. (Voy. Kong!. Svenska Vet. — Ak. IJandlingnr, 1858.) Pour avoir des idées justes sur les espèces de Levail- lant, il est nécessaire de connaître exactement non-seule- ment les contrées qu'il visita, mais encore l'époque de l'année pendant laquelle il s'arrêta dans telle ou telle lo- calité, et où il vit et recueillit les diverses espèces dont il parle. Comme on trouve rarement, dans son ornithologie, la solution de ces questions, il est nécessaire de recourir à ses voyages [Premier et second voyage en Afrique, Paris, 1790-94). Tout en m'occupant de la liste des espèces, je me livrai de nouveau à une étude approfondie de ces ouvrages qui ont toujours eu, dès ma jeunesse, tant d'at trait pour moi. Mais, malheureusement, je découvris que les époques indiquées pour le séjour de l'auteur dans telle localité, ainsi que le moment de l'arrivée et du départ, manquaient de précision et offraient souvent des contradictions; c'est ce que l'on remarque surtout dans le second voyage au pays des Namaquois. En y faisant bien attention, il est facile de voir, par exemple, que ce second voyage tout entier, qui aurait duré seize mois, si l'on s'en tient à ce que dit Levaillant, à deux reprises dif- férentes, ne peut pas avoir dépassé onze mois et douze tout au plus. Il est donc impossible de savoir rien de certain sur les dates. Il en est de même de la position des lieux, et il est fort vraisemblable que Levaillant ne s'est pas avancé aussi loin vers le nord qu'il l'a prétendu et qu'il l'a peut- être cru lui-même; car il se figurait avoir été tout proche du tropique. Les contrées visitées par Levaillant sont les suivantes : 1" La partie méridionale du pays des Cal'res, près du grand Vishrivier, à l'angle méridional et oriental de l'Afrique, un peu à l'est de la baie d'Algoa : Levaillant 212 RF.v. ET MAG. DE ZOOLOGIE. {Juillet 1865.) n'avait certainement pas pénétré, comme il le croyait, jusqu'à la hauteur de Port-Natal, mais seulement jusque près du 33^ degré latitude sud. 2° Toute la colonie du Cap, depuis le fleuve ci-dessus désigné jusqu'à la côte occidentale, du 31* au 32' degré latitude sud (environs d'Olifant rivier) ; 3° Le pays des grands et des petits Namaquois, situé vers la côte occidentale des deux côtés du Gariep ou fleuve Orange. Il fit ensuite, à partir du Gariep, une ex- cursion du côté du nord, qu'il dit avoir duré quatre mois, vers le désert situé près du grand fleuve des Poissons; c'est là qu'il dit avoir rencontré, outre les Namaquois, les débris épars d'une race d'Hottentots très-remarquable, qu'il nomme les Housouanas ; c'est peut-être la même race qui, par d'autres voyageurs, a été retrouvée un peu au nord du tropique et que l'on nomme Berg-Damaras. Mais, comme nous l'avons dit, il est impossible de préciser la distance à laquelle cette excursion s'étendit vers le nord, et je ne serais pas étonné d'apprendre que les détails donnés par Levaillant sur les Housouanas lui avaient été fournis, en grande partie, par d'autres sources. [La suite prochainement.) Note sur la suspension de la vie chez X Hélix lactea (Mul- 1er) du Sahara algérien, par M. le baron Aucapitaine et rapport sur ce travail par M. Letourneux (1). L'Hélix lactea (Muller) est tellement abondante dans les (1) Nous croyons faire uae chose agréable aux naturalistes, et surtout à ceux qui s'occupent plus particulièrement de physiologie, en donnant ces documents intéressants, pour ainsi dire cachés dans un très-utile recueil, la Gazelle médicale de l'Algérie, 10' année, 25 janvier 1865, page 9, dans lequel peu de zoologistes songeraient à aller les chercher. Cette note a été lue à la Société de climatologie algérienne le 4 novembre 1861. ANALYSES d'OUVRAGES NOUVEAUX. 213 steppes de l'Algérie méridionale et certaines parties du désert (1), qu'en bon nombre d'endroits le sol semble complètement blanchi par des amas de ces coquilles. Pas un brin d'herbe, des sauterelles, des pierres et des coquilles d'H. lactea,\o\\k tout ce que rencontre quelque- fois l'observateur pendant de longues et monotones heures de marche. Ces mollusques semblent tous morts, et on peut les supposer tels sur un sol calciné et par une chaleur de 50 à 55°. J'avais conservé une douzaine d'échantillons de cette hélice recueillis, vers la fin de 1858, sur la route de ïouggourt à El-Oued : cinq années, disait-on, s'étaient écoulées depuis qu'il n'était tombé de pluie dans cette région. En août 1862, à Alger, je retrouvai mes H. lactea, au fond d'une caisse ; elles étaient placées dans un sac en pa- pier ayant contenu du tabac et enfouies sous des papiers et des livres. Je pris ces hélices et les jetai dans l'eau afin de les net- toyer pour les donner au commandant Loche, le regret- table et savant conservateur des collections zoologiques d'Alger. Quel ne fut pas mon étonnement, lorsque, le lendemain matin, je ne retrouvai plus mes coquilles dans l'eau Elles étaient pleines de vie et se promenaient toutes les douze sur les meubles de mon cabinet Il y avait trois années et demie que ces mollusques étaient complètement privés d'air dans une cantine fermée et placée dans un magasin sous d'autres caisses, à Blidah. En faisant abstraction des cinq années pendant les- quelles il n'était pas tombé d'eau dans la région où avaient (1) Âiusi qu'au Maroc et à Tunis. 214 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Juillet 1865.) été recueillies ces hélices, il n'en reste pas moins trois an- nées et demie pendant lesquelles il y a eu chez ces mollus- ques suspension complète de la vie. J'avais l'intention de poursuivre des observations sur ces ressuscites, lorsque peu de temps après, ayant quitté Alger, ils furent jetés par mon ordonnance. Il sera très-facile aux naturalistes alj^ériens de se procurer de ces hélices et d'étudier, plus at- tentivement que je n'ai pu le faire, leur long sommeil et leur retour à la vie. D'éminents zoologistes, Férussac, Caillaud, Fischer, Gaskoing, ayant rapporté des faits semblables, j'ai pensé que, si peu importante que fût cette observation, elle pou- vait néanmoins présenter quelque intérêt, d'autant plus qu'aucune des observations faites précédemment n'a, je crois, constaté la période exacte du temps écoulé entre l'époque oîi les animaux avaient été recueillis et celle de leur retour à la vie. Rapport de M. Letournelx (1). La communication de M. le baron Henri Aucapitaine soulève une des questions les plus intéressantes de la phy- siologie. Le sommeil ou l'engourdissement des mollusques pendant certaines saisons est un fait depuis longtemps ac- quis à la science. Dans les contrées septentrionales de l'Eu- rope, aussitôt que les premitTS froids se font sentir, la plupart des mollusques, avertis par leur instinct, se hâtent de gagner un abri : les uns s'enfoncent dans la terre, les autres se retirent sous un amas de feuilles sèches et de détritus dont la décomposition leur fournit assez de cha- leur pour leur permettre de résister aux gelées; d'autres s'enfoncent dans les crevasses à l'abri des pluies torren- tielles et de la neige, ferment leurs coquilles et entrent \l) Lu à la iioci.téde cliaiatologie algérienne le 2 décembre 1864. ANALYSES DOUVRAGES NOUVEAUX. 215 dans une torpeur qui ne cesse qu'au printemps. Cette hi- vernation ne se produit pas en Algérie où la douceur de la température et l'abondance de la végétation pendant la période des pluies offrent, au contraire, aux mollusqucsles conditions les meilleures de conservation el de développe- ment, mais le phénomène de la cessation de la vie dénu- trition est simplement déplacé. Si, en Europe, les mol- lusques ont à redouter, en hiver, les rigueurs d'un froid excessif et le manque d'aliments, par suite du repos delà végétation, en Algérie, lorsque, l'été, la terre est dépouillée de toutes verdures hormis des feuilles persistantes de cer- tains arbres trop coriaces et trop pauvres de sucs pour servir d'aliment aux hélices, lorsque toute humidité a dis- paru, que le soleil darde ses rayons brûlants sur un sol crevassé et change les couches inférieures de l'atmosphère en fournaise, la plupart des mollusques s'engourdissent par la chaleur comme leurs congénères d'Europe s'engour- dissent par le froid ; les coulvanilles s'enfoncent à une profondeur de 30 à 40 centimètres dans le sol meuble ; les acmes s'enterrent où se réfugient dans les mousses des cascades, et un grand nombre d'hélices cherchent, sous le sable, un abri contre les ardeurs du climat. Un des plus savants explorateurs de l'Algérie, M. Duricu de Maison- neuve, a, depuis longtemps, signalé les habitudes de l'une de ces hélices qui porte aujourd'hui son nom. L'animal, qui habile une coquille globuleuse et à spire élevée, couvre, après les pluies, les plantes et les arbustes qui s'élèvent sur les dunes, aux environs de la Calle. Aussitôt que la chaleur se fait sentir, tout disparaît : l'hélice s'est enfoncée dans le sable el ne laisse passer extérieurement que le som- met de la spire qui, à sa couleur noire, tranche sur le sable blanc des dunes et la trahit à l'œil de l'observateur sagace. Cette estivation.que M. Bourguignat,dans sa Ma- lacologie nlgénpnnp, appelle une hibernation d'été, a fait l'objet d'un nrticle de Fischer (Du sommeil et de l'hiberna- tion des Gastéropodes terrestres, Mélanges de conchyliologie. 216 REv. ET MAC. DE ZOOLOGIE. {Juillet 1865.) 2» partie, p. 36, mai 1855). L'Hélix psammoiur vit dans les mêmes conditions, etl'HelixBerlierinese trouve, pen- dant la belle saison, qu'enfouie dans la terre sablonneuse sur les hauts plateaux, au pied des touffes d'alfa. Nous- même nous avons pu constater des habitudes analogues chez l'Hélix convedia qui, très abondante pendant les pluies d'hiver et de printemps, disparaît invariablement aux premières chaleurs. Dans tous les cas, qu'il y ait hibernation ou estivation, l'animal se renferme dans sa coquille, et la vie de relation cesse complètement; mais esf-il certain, ainsi que le pense le savant auteur de la note, qu'il y ait suspension complète de la vie? Il nous est impossible d'admettre une conclu- sion aussi rigoureuse, et nous ne pouvons voir dans ce phénomène qu'un engourdissement analogue à celui que subissent les marmottes, les ours et d'autres mammifères. La respiration persiste toujours ; mais, comme elle est bien moins active que chez les animaux à sang chaud , le mollusque peut résister beaucoup plus longtemps, parce qu'il perd infiniment moins de sa substance, les inspira- tions étant bien moins fréquentes. Il nous paraît donc impossible qu'une hélice complètement privée d'air ait pu conserver la vie même pendant cette période de mort ap- parente. Il nous est arrivé souvent, dans nos chasses, de donner pour récipients à des hélices des boîtes de fer- blanc hermétiquement closes; et, lorsque après avoir né- gligé pendant plusieurs jours nos prisonniers, nous avons enlevé le couvercle, nous avons toujours trouvé toutes les hélices mortes et souvent déjà putréfiées, tandis que, ren- fermées dans des boîtes en bois ou en carton dans les- quelles l'air pénétrait par d'imperceptibles fissures, elles pouvaient rester impunément collées aux parois sans pa- raître souffrir beaucoup de leur captivité prolongée. Avec quelque soin que les hélices de M. Aucapitaine aient été enfermées dans ses cantines, il est démontré pour nous que l'air [)arveuaii jusqu'à ces animaux, et, dans ces con- ANALYSES d'OUVBAGES NOUVEAUX. 217 ditions, la lon(;ucur de leur engourdissement, si remar- quable qu'elle soit, n'a rien qu'on ne puisse expliquer. Il n'en reste pas moins au jeune savant le mérite d'avoir le premier donné la mesure du dejjré de résistance et de la persistance de vitalité qui distinguent certaines espèces d'hélices. Un autre point de la note qui ne peut manquer d'éveil- ler l'attention est la description des conditions tout ex- ceptionnelles dans lesquelles avaient vécu, avant leurcap- ture, les douze mollusques recueillis par lui entre El-Oued etTuggurt, sur un sol nu que la pluie n'avait pas rafraîchi depuis cinq années. Cependant ces hélices avaient pris toute leur croissance. D'oii avaient-elles pu tirer les élé- ments de leur nourriture? et faut-il admettre nécessaire- ment que depuis cinq années elles étaient plongées dans l'engourdissement permanent? Nous n'avons pas la pré- tention de résoudre cette question ; cependant nous es- sayerons une explication. Dans toute la région de l'Oued R'ir et du Souf, nous avons remarqué l'abondance d'une plante que les Arabes appellent le bougriba, Ztjgophyllum Fontanesii et cornutum (la plante aux petites outres), et qui doit son nom à ses feuilles ovales, globuleuses, renfermant sous leur enveloppe glauque une substance liquide consti- tuée presque exclusivement d'eau et de chlorophylle. Ces feuilles, ou plutôt ces outres, ne pourraient-elles pas four- nir à divers animaux du Sahara l'eau que leur refuse un ciel trop avare de nuages? Quant à la chaleur torridc du jour, elle se trouve com- pensée par la fraîcheur des^ nuits pendant lesquelles le rayonnement abaisse souvent la température jusqu'à 0. La vie de relation pourrait donc n'être suspendue chez ces hélices que pendant les heures chaudes de la journée, et leur sommeil ne serait plus, pour ainsi dire, qu'une siesie. Ce ne sont là que des hypothèses, mais elles nous pa- raissent dignes d'examen, et nous ne pouvons mieux faire 218 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1865.) que d'appeler sur elles l'attention de M. le baron Aucapi- taine. Nul n'est plus capable que lui d'en vérifier la valeur, si de nouvelles occasions lui sont données d'explorer le Sahara algérien. Orthoptères de l'Amérique moyenne (Blattides) , par H. DE Saussure, gr. in-io, 152 pages. Genève, 1865. Ce travail forme la 3^ livraison de la publication que l'auteur a commencée sous le titre de Mémoires pour servir à l'histoire naturelle du Mexique, des Antilles et des Etats- Unis. Il contient la piemière partie des Blattides. L'auteur divise celte famille en trois tribus, savoir : les Épineuses, qui ont les cuisses garnies d'épines; \esMutiques, qui ont les cuisses inermes, mais dont les tarses sont pour- vus, entre les griffes, d'un lobe membraneux; \es Nudi,- tarses, qui n'offrent pas de lobule semblable entre les griffes. Dans l'introduction l'auteur cherche à établir une nomen- clature rationnelle des organes du vol chez les Blattaires, et il trouve une parfaite analogie entre la structure des ailes antérieures et des postérieures. Il tire de la pennula- tion alaire des caractères fort utiles pour l'établissement des genres et pour la distinction des espèces. On trouve aussi, dans ce travail, des détails sur l'incomplet dévelop- pement de certaines espèces ou de l'un des sexes, qui, lorsqu'on n'est pas initié à ces anomalies, ajoutent à la difficulté de l'étude des Orthoptères. Dans un chapitre in- titulé : Des affinités simulantes des Blattes, l'auteur attire l'attention sur la ressemblance très-frappante de certaines Blattides avec des articulés appartenant à d'autres classes, particulièrement avec les Coléoptères et les Myriapodes. ?.f nombre des espèces' décrites est considérable. Ce travail sur une famille peu étudiée est d'un usage facile, et se recommande par sa clarté. (Y. S.) MÉLANGES ET NOUVELLES. 219 IV. MÉLANGES ET iXOUVELLES. Réempoissonne»ient des eaux vaudoises. — Établissement de pisciculture de l'Étal. On sait que notre savant collaborateur M. le docteur Chavannes, professeur d'histoire naturelle à Lausanne, s'occupe avec le même succès de pisciculture et de l'éle- vage des Vers à soie de toutes les espèces, et l'on verra avec satisfaction, par la note suivante qu'il a insérée, au commencement de cette année, dans la Gazette de Lau- sanne, que son zèle ne se ralentit pas et qu'il est arrivé à des résultats très-importants. « Au printemps passé, le conseil d'État, suivant en cela la voie ouverte par son prédécesseur et convaincu de l'uii- lité qu'il y avait à régler avec les États voisins la pèche d'abord, puis les mesures à prendre pour arriver au réem- poissonnement de nos eaux, si fort appauvries, convoqua une conférence à Lausanne. Genève et le Valais envoyè- rent leurs représentants. Un projet de règlement pour la pêche, élaboré par l'Élat de Vaud, a été communiqué à ces deux cantons : pour le Valais il a peu d'importance, puisqu'il ne saurait s'appliquer qu'à la localité de Saint- Guingolph ; pour Genève, dont les règlements diffèrent à beaucoup d'égards des nôtres, il en aurait davantage. Pour ne citer qu'un exemple, l'emploi des nasses, défendu dans le canton de Vaud, est très-largement permis à Genève, moyennant payement d'une petite finance. Cesdivergences dans les règlements sont fâcheuses, et Genève a paru dis- posé, dans la conférence, à chercher les moyens de les faire disparaître. « Quant à la fondation d'un établissement d'inciibaliun artificielle donl les produits seraient destinés au réempois- sonnement des lacs et des cours d'eau, après discussion et appréciation de ce qui se fait ailleurs, en particulier dans le canton de Zurich, la conférence a reconnu l'utilité d'un établissement pareil. Un avant- projet élaboré par l'État de 220 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. {Juillel 1865.) Vaud, par lequel le canton de Vaud s'engageait à faire les frais de première installation et les contractants à fournir chacun unesomme annuelle qui ne dépasserait pas 1000 fr., a paru réunir l'assentiment général. Cependant le Valais, s'appuyant sur l'état de ses finances, a laissé voir que sa ratification était incertaine; Genève, au contraire, parais- sait tout à fait décidé à fournir sa coopération. La confé- rence s'est donc séparée en bonnes dispositions. Toutefois l'été a succédé au printemps, l'automne à l'été, et, malgré les sollicitations réitérées de Vaud, la conférence n'a porté aucun fruit. Valais redoutant sans doute la dépense, quel- que peu considérable qu'elle fût, Genève ayant des préoc- cupations plus sérieuses qui l'empêchaient de porter son attention sur cet objet d'intérêt public. Enfin, lassé d'at- tendre des réponses qui n'arrivaientjamais, le conseil d'État de Vaud s'est décidé à créer à lui seul un établissement, sans doute moins considérable qu'il l'aurait été si les autres riverains avaient voulu y prendre part, mais cepen- dant capable de rendre des services utiles au réempoisson- nement des eaux vaudoises. L'usage d'une magnifique source qui s'échappe dans un pré qu'elle irrigue, au lieu dit En-la-Foule, commune de Gland, a été affermé à l'État par un bail à long terme, le propriétaire étant favorable- mont disposé pour cette œuvre d'intérêt public. Cette eau toujours abondante, d'une limpidité parfaite, d'une tempé- rature constante de 8 degrés centigrades, présente toutes les conditions voulues pour la bonne éclosion des œufs. La source a été encaissée et recouverte d'un réser- voir de ko pieds de long sur 5 de large, qui pourra rece- voir en réserve les poissons dont on ne peut pas toujours obtenir les œufs au moment où on les capture. Il sert, d'ailleurs, à empêcher qu'on ne salisse l'eau de la source. (( Un conduit fermé, d'environ de 50 pieds de long, amène l'eau dans un hangar de 20 pieds de large sur 30 de long; elle y arrive à 2 pieds et 1/2 au-des- sus du sol, et se répartit dans dix caisses de 20 pieds de MÉLANGES ET NOUVELLES. 221 longueur sur l'de largeur et 5 pouces de hauteur. Ces caisses sont disposées parallèlement à la longueur du hangar, accolées deux à deux, en laissant entre elles un espace de 2 pieds de large pour la circulation et les soins à donner aux œufs. Ceux-ci sont placés sur un lit de petit gravier qui garnit le fond des caisses; ils sont recou- verts d'eau d'une épaisseur de 1 à 2 pouces ; la pente des caisses donne un léger courant qui renouvelle conti- nuellement l'eau et entretient la vie de l'œuf; enfin les caisses sont couvertes, car les œufs se trouvent bien de l'obscurité. A la température de cette source, 8à 8 1/2 de- grés, les œufs de truite demeurent quarante à cinquante jours avant d'éclore. « Les soins à donner consistent à enlever journellement les œufs qui périssent, faciles à distinguer parce qu'ils de- viennent opaques et blancs, tandis que les œufs vivants sont jaunes et transparents. La perte varie de 5 à lo "/, jusqu'à l'éclosion. Chaque caisse peut contenir au moins cinquante mille œufs, de sorte que l'établissement peut en faire éclore cinq cent mille à la fois ; ou, en d'autres ter- mes, il peut contenir au minimum 100 livres d'œufs de truites, puisque cinq mille pèsent une livre. Un poisson de 3 livres renferme, en général, 1 livre d'œufs. « Après l'éclosion, les petits poissons, a^emn, demeurent encore cinq à six semaines dans les caisses ; ils sont alors assez forts pour se tirer d'affaire eux-mêmes. On les re- lâche dans les rivières près de leur embouchure, là oii il n'y a pas d'usine ou de moulins qui puissent leur nuire. Cette année, l'établissement, dont la fondation n'a été en- treprise que le 20 décembre, n'a pas reçu la quantité d'œufs qu'il peut contenir et l'on ne pourra relâcher qu'en- viron cent cinquante mille petits poissons. Mais, dès l'an- née prochaine, le nombre sera plus considérable, car on est en droit d'espérer que denève et le Valais, qui profi- teront du réempoissonnemnnt, voudront y contribuer tout au moins en prenant des tncsures pour fournir des œufs à 222 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Juillet iSG6.) l'établissement, qui peut en faire éclore jusqu'à huit cent mille. « Ces moyens de repeuplement seront-ils efficaces? L'a- venir se chargera de le démontrer; dans cinq ou six ans nous pourrons commencer à en apprécier pratiquement la valeur. Nous savons, du reste, que dans les eaux du canton de Zurich le repeuplement artificiel de la truite a réussi. Nous savons encore, par les expériences suivies en An- gleterre, qu'il n'éclôt dans la nature que 5 0/0 des œufs pondus par les truites ou les saumons, tandis que, par Tincubation artificielle, on obtient quatre-vingt-cinq à qua- tre-vingt-dix petits poissons. Si l'on réfléchit à ce qui se passe dans la nature, on se rend facilement compte de cette grande différence tout en faveur de l'incubation ar- tificielle, car en rivière bien des œufs échappent dès le principe à la fécondation; puis viennent les grandes eaux dues aux pluies et à la fonte des neiges, elles entraînent au loin et recouvrent d'un limon qui les fait périr la plus grande partie des œufs auxquels le repos et la limpidité de l'eau sont nécessaires; enfin les nombreux ennemis, mu- saraigne d'eau, canards, merles d'eau, écrevisses et in- sectes, ont bientôt réduit le nombre des éclosions natu- relles à 5 0/0 des œufs pondus. Ce que nous venons d'ex- poser réfute suffisamment l'idée émise par certaines per- sonnes, qui veulent absolument que l'incubation artificielle ne soit qu'une expérience de cabinet assez inutile pour le repeuplement, qu'il vaudrait beaucoup mieux, disent-elles, abandonnera la nature, en supprimant surtout les pêche- ries affermées par l'État où les truites se prennent au mo- ment où elles vont frayer. Ce sont là des idées mises en avant ou par des personnes qui ignorent ce qu'est la pis- ciculture, ou surtout par les amateurs de pêches clandestines qui auraient tout avantage à voir l'Etat supprimer ses pê- cheries. Cette suppression serait en entier à leur profit. « \in effet, nous venons de voir que l'incubation artificielle donne 90 0/0 de petits poissons, tandis que MÉLANGES ET NOUVELLES. 223 l'incubation naturelle n'en donne que 5 0/0. Ainsi l'a- vantage est déjà ici tout en faveur du repeuplement artificiel ; mais, en outre, il faudrait être vraiment bien naïf et bien peu au fait des habitudes des braconniers pour croire que, une fois les pêcheries supprimées, les truites ne seraient pas prises! C'est bien alors que le braconnage aurait beau jeu ! Non, à ce compte-là, le re- peuplement y perdrait, le fisc y perdrait, le braconnage seul y gagnerait; car, y eût-il des escouades de gendarmes instituées ah hoc, on ne l'arrêterait pas. Nos principes en cette matière sont diamétralement opposés à ces idées. Nous disons à l'État : Loin de supprimer les pêcheries, éta- blissez-en partout où faire se pourra, à l'entiée des ri- vières, et faites prendre tout ce qui pourra se prendre au moment du frai. De cette façon, vous annulez le bra- connage, qui ne trouvera plus de quoi s'exeicer au-dessus de la pêcherie, vous obtiendrez pour l'État des sommes qui ne sont f)oint à dédaigner ; enfin vous pourrez, par ce moyen, pourvoira un large repeuplement de nos eaux, car, et ceci est le pivot de tout le système, aucune truite ne pourra être vendue avant qu'elle ait livré ses œufs, dont or. prendra soin dans l'établissement ou les établissements d'incubation. De cette manière, les pêcheries, qui jusqu'à présent ont été tout à fait destructives, parce qu'on n'avait aucun souci des œufs, deviendront, au contraire, un moyen puissant pour le repeuplement. En résumé, je dirai ; Pre- nez tout le poisson que vous voudrez, surtout au moment du frai : pourvu que les œufs demeurant et qu'on en soigne l'éclosion, le dépeuplement n'est pas à craindre. » A. G. NECROLOGIE. L'ornithologie vient de faire une perte aussi regrettable qu'imprévue en la personne du baron Richard de Prulay, membre de la Société d acclimatation de Paris. 224 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. (Juillet 18G5.) Ce jeune savant laissera des regrets à tous ceux qui ont pu le connaître et l'apprécier, car il réunissait tout ce qui peut faire aimer et estimer. Plein de cœur, toujours prêt a obliger, affable pour tout le monde, aussi modeste qu'instruit, il joignait à des connaissances étendues en ornithologie l'instruction d'un naturaliste accompli. Il était arrivé à préparer les oiseaux-mouches avec une rare habileté ; ses préparations étaient remarquables par le soin et le goût qu'il y apportait ; elles avaient un cachet tout particulier qui lui était propre, et il fallait, comme lui, connaître les oiseaux à fond pour arriver à cette perfection dans l'art de la taxidermie; aussi sa collection est-elle une des plus belles que l'on connaisse, non-seulement à cause de la fraîcheur et du choix des sujets qui la composent, mais encore par leur rareté. Grâce au talent qu'il avait dans l'art du dessin et de l'aquarelle, il était parvenu à se procurer des espèces fort rares en envoyant leurs dessins aux correspondants qu'il avait en Amérique. Dès l'âge le plus tendre il s'était adonné tout entier à l'ornithologie et il avait tout ce qu'il faut pour faire pro- gresser cette partie des sciences : les qualités morales, le talent, et des relations de société très-étendues. C'est un savant, c'est un ami que la mort vient de nous enlever et dont nous ne cesserons de regretter la perte. A.C. P. 1 ABLE DES MATIERES. Pa PuCHERAN. Indications que peut fournir la géologie pour l'expli- cation des différences que présentent les faunes actuelles (suite). 193 Sociétés savantes. 198 Analyses d'ouvrages nouveaux. 209 mélanges et nouvelles. 219 Paris. — Imprimerie (le madame veuve Bouchard-Huzaid, rue de l'Éperon. — 1805 VINGT-HUITIÈME ANNÉE. — AOUT 1805. I. TRAVAUX INÉDITS. Sur les indications que peut fournir la Géologie, pour l'explication des différences (jue présentent les Faunes actuelles, par M. Pucheran. (Lettre à M. le Professeur d'Archiac— 5m7e.— Voir p. 9, 33,65, 153, 161 et 193.) Si, maintenant, nous examinons les espèces mexicaines deMammifères dont leshomologues se trouvent dans l'Amé- rique du Nord, et, malheureusement, celles quiont été sou- mises à notre examen sont en bien petit nombre, nous con- statons que, chez les premières, le pelage estmoins dense et plus rude au toucher. Les Ratons du Mexique portent un poil moins allongé que le Raton laveur [Ursus lotor, L.) ; il en est de même de^ Mephitis zorilla,L\cht., Mephitis meso- melas, Licht., comparées aux Mtphilis chinga et americana. hesSpermophilus Beecheyii et Spermophilus macrourus ont le pelage plus rude que le Spermophilus Franklini; mais je n'ose assurer le même fait du Spermophilus mexicanus, si on le met en regard du Spermophilus iridecimlineatus. Dans le groupe des Cerfs, il se trouve au Mexique des formes homologues à celles des Cervus virginianus et Cer- vus leucuruf : dans ces types, les prolongements frontaux se trouvent plus réduits dans leurs dimensions; il en est de même de la taille. Chez eux, les modifications de colora- tion produites par la double mue ne se traduisent que \n\r des différences à peu près imperceptibles, lorsqu'elles existent. Sous ce point de vue, ces Ruminants se rappro- 2° sF.BiE. T. XVII. Année 1805. 15 2i2(i HKV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. {Aoul 18o5.) chent de leurs con{;énères, originaires de régions plus mé- ridionales du continent annéricain, et chez lesquels, ainsi que le savent les Mammalogistes, l'appréciation des teintes produites par l'influence des saisons ne peut donner lieu qu'à la constatation de très-minimes dissemblances. Lorsqu'au contraire nous examinons les espèces nsexi- caines de Mammifères, dont les homologues se trouvent dans l'Amérique du Sud, nous constatons des résultats tout à fait inversefi. A\i\s\, VArctibœua perspicillatus elle Desmodus rufus du Mexique ont le pelage plus allongé que leurs congénères du Brésil. Chez le Coati des mêmes régions, le seul qui, suivant nous, ainsi que l'a indiqué avec juste raison notre grand initiateur Etienne Geoffroy, doive être considéré comme le vrai Viverra narica de Linné, le même caractère se présentedansun véritable état d'exagération, surtout si on le compare au Coaii roux. Il est bien moins saisissable dans le Galictis vittata du Mexique, comparé à celui des parties plus torrides du nou- veau continent; disons, cependant, que ce sont deux tout jeunes exemplaires qu'en cette circonstance nous avons mis en présence l'un de l'autre. Il est enfin impossible de le nier dans le Thio^mus nasutus, lorsqu'on le met en pré- sence du Thio?mus chilensis. Nous avons, dans quelques-unes des lignes écrites plus haut, cité quelquefois les es[)èces de Chats à taches plus ou moins ocellées, dont le continent américain se trouve être le seul et unique lieu d'habitat , et dont l'Ocelot et le Chati peuvent être considérés comme les repré- sentants les plus typiques. De même que dans le Brésil et dans les Guyanes, il en existe au Mexique ; lorsqu'on les compare, on trouve que ces derniers présentent des teintes blanchâtres, et que les teintes rousses, si caracté- ristiques de leurs homologues des contrées méridionales^ ont presque entièrement disparu. Ajoutons que le pelage est également plus abondant et d'une texture bien plus moelleuse. TRAVAUX INÉDITS. 227 Dans tous les Mammifères d'origine mexicaine dont je viens de donner les noms, il existe, sans nul doute, d'au- tres caractères de nature vraiment spécifique^ qui per- mettent de les distinguer de leurs congénères des zones boréales et australes du continent américain. Les énoncer et les reproduire eût été un travail vraiment fastidieux; nous avons préféré donner d'ensemble la distinction la plus générale qui différencie les uns et les autres. Malheu- reusement, les exemplaires que nous avons pu observer sont en bien petit nombre et, quoique nous eussions pu faire, en outre, porter nos comparaisons sur ceux de l'Amé- rique centrale et du Venezuela, nous avons préféré nous abstenir, les résultats que nous aurions pu alors formuler pouvant donner lieu, dans cette autre série d'études, à des controverses. En nous bornant, au contraire, à des es- pèces dont il était impossible de suspecter le lieu de pro- venance, aucun doute ne pouvait s'élever sur l'exactitude des résultats que nous signalions. Nous ne pensons pas que des observations ultérieures et portant sur un plus grand nombre d'individus soient de nature à les infirmer en aucune façon, mais nous avons cru de notre devoir de faire connaître aux Zoologistes dans quelles conditions nous nous étions trouvés, leur demandant, ainsi, non-seu- lement de nous contrôler, mais encore d'être indulgents envers nous. Mais, quel que soit le sort destiné aux observations que nous venons d'exposer quelques phrases plus haut, il nous paraît j)ossibIe de formuler, en ce qui concerne les Mammifères de l'isthme mexicain , il nous paraît possible de formuler les conclusions suivantes : En premier lieu, les Mammifires habitant le Mexique ont un pelage plus court et plus ras que ceux de leurs homo- logues (I) qui se trouvent dans V Amérique du Nord : (t) J'ai expliqué, dans un travail anl^rieur {Esquisse sur la Mam- 228 REV, ET MAC. UE ZOOLOGIE. [AoÛl 18G5.) En second lieu, Imr pelage est plus allonf/é que dans ceux de leurs homologues qui se trouvent dans l'Amérique du Sud. Ces conclusions présentent le plus profond intérêt; car les observations qu'elles résument nous montrent la mani- festation, dans la même réîjion, de deux caractères essen- tiellement opposés, vraiment contradictoires. Ajoutons que, pour l'un comme pour l'autre, il y a harmonie entre l'état climatérique de la zone habitée par les espèces et les particularités physiques de ptilose qu'elles pré- senteiit. Nous pouvons, dès lors, Monsieur le Professeur, poser de nouveau cette question : Celte harmonie est-elle préétablie? Est-elle post-étahlie ? malogie du continent africain), quel est pour moi le sens de celte expression; je ne puis mieux faire que de reproduire les phrases y relatives. « Presque toujours, en effet, Ips espèces d'un genre qui habite l'A- frique, lorsqu'elles ne se trouvent pas dans ses diverses régions, offrent, hors des zones qui leur sont spéciales, des types qui en sont fort voisins. Les Zoologistes disent des espèces qui se trouvent dans ces dernières conditions qu'elles sont les représentants des premiers types Nous préférons les désigner sous le nom d'Espèces homologues, introduisant, par cela même, dans la langue zoologique, une^expres- sion déjà usitée en Anatomie pour désigner les parties correspon- dantes d'un même animal. Ainsi le Crivel est l'homologue du Callilriche,\Q Cercnpilhecuspyrrhonolos du Cercopithccus ruber. En suivant cette voie, corrélative à celle qui est usitée en Anatonne, nous donnerons le nom d'Espèces analogues à celles qui se corres- pondent réciproquement dans des Faunes différentes. Ainsi le Cou- guar est l'analogue du Lion, le Jaguar de la Panthère. Par ces deux expressions dont le sens cesse d'être le même , cequi n'a pas lieu pour le mot représentant, nous formulons, d'une manière nette et claire, la terminologie d'un cadre d'idées qui tend de plus en plus à devenir général en Zoologie, et qui. suivi avec assiduité, jettera une grande lumière sur les questions relatives aux rapports des êtres avec les latitudes et les climats. » {Becue et Magasin de Zoologie, 18j5, p. 497.) TRAVAUX i:n;'L'[ts. 2t20 Ou je m'abuse fort, ou il me semble que c'est encore la {jéologie qui est appelée à nous fournir les indications néces- saires pour la solution de ce problème, l'un des plus inté- ressants dont il puisse lui être donné de s'occuper, par suite de la position tout à fait centrale de l'isthme mexi- cain, par suite également de l'état de continuité du grand continent américain, depuis le détroit de Behring jusques au capHorn. Cet état de continuité entraîne, en effet, dans les espèces de Mammifères et d'Oiseaux, une véritable succession, de façon que pour les genres, soit esseniielle- ment américains, soit doués d'un habitat plus cosmo- polite, on voit les types, lorsqu'ils ne sont pas limités dans leur extension, à une zone bien déterminée, se remplacer successivement, soit du nord au sud, soit du sud au nord. Il devient, dès lors,, évident que les conclusions, que les recherches géologiques nous donneront lieu de formuler, en ce qui concerne le problème dont nous avons plus haut posé l'énoncé, entraîneront comme conséquence un cer- tain nombre d'autres déductions nettement applicables aux deux Faunes, ici de l'Amérique du Nord, là de l'Amé- rique du Sud. Dans ces déductions, je dois l'avouer, me semblent se trouver, Monsieur le Professeur, les données nécessaires pour éclairer, en ce qui concerne la Zoologie du nouveau monde, et d'une manière incontestable, mais en ne faisant attention qu'aux espèces, les rapports, tou- jours si difficiles à établir, des types niaramalogiques et ornithologiques avec le milieu dans lequel ils vivent. Revenons maintenant aux Mammifères dont l'isthme mexicain est le lieu d'habitation, et occupons-nous d'a- bord de ceux qui se trouvent avoir leurs homologues dans les régions du nouveau continent dont la position est plus australe. Nous avons dit que, chez ceux que nous avons eu occasion de soumettre à notre examen, le pelage est plus allongé. En nous api)uyant sur la doctrine des causes fi- nales, nous pouvons soutenir que l'harmonie entre le lieu habité et le caractère que nous signalons est une harmonie 230 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. {AoÛt 18G5.) préétablie. Mais, avant d'adopter cette conclusion, n'est-il pas nécessaire de savoir et connaître laquelle de ces con- trées (Mexique, Amérique centrale, régions plus méridio- nales) a, en premier lieu, présenté le relief que nous lui connaissons présentement. Si le Venezuela, les Guyanes ont précédé, sous ce point de vue, l'isthme mexicain, on peut, sans hésiter, admettre que le Venezuela et les Guyanes sont, pour ce dernier pays, le centre de l'irra- diation faunique. Dans cette hypothèse, les types de la faune mexicaine seraient venus s'y établir, et dès lors il nous paraît possible et logique d'admettre qu'il en a été de même pour ceux de l'Amérique centrale, qui n'est, en réalité, qu'un prolongement, seulement plus rétréci, de l'isthme mexicain. J'ignore, Monsieur le Professeur, quelles sont les théo- ries actuellement dominantes en Géologie sur le mode de production de ces parties rétrécies de notre globe aux- quelles on donne le nom d'isthme, en Géographie. Ont- elles précédé, par la formation de leur relief, les régions qu'elles unissent? Le fait contraire est-il l'expression de la vérité ? Dans ce dernier cas, il serait évident que les isthmes auraient succédé à d'anciens détroits, de même que les déserts d'Afiique ont succédé à des espaces autre- fois couverts par les eaux. En ce qui concerne l'isthme américain (et je com- prends sous cette dénomination commune l'Amérique centrale et le Mexique], la solution de cette question, en- tièrement du domaine de celles qui sont livrées aux dis- cussions des géologues, est évidemment d'importance ma- jeure. Elle se rattache toujours, au reste, à la question de prégénèse relative des deux Amériques, par rapport à l'espace de terre plus ou moins rétréci qui les met en contact et les unit. C'est ainsi que le problème à résoudre nous paraît devoir être posé : mais, quelles que soient les solutions qui puissent en être données, nous sommes, toujours conduits, par la logique des faits et des obser- TH.WAUX IM'DITS. 231 valions, à admettre qu'il y a eu, en ce qui concerne les espèces, adaptation des types au milieu dans lequel ils séjournent. Admettons, en effet, comme démontrée rhy[)ot!ièse que nous avons émise en premier lieu, la prégénèse de l'isthme américain, l'Amérique du Sud et l'Amérique du Nord n'ayant pas encore acquis les formes et caractères géo- gra|)liiques et géologiques que nous leur connaissons ac- tuellement. S'il en a été ainsi au commencement de l'état actuel de notre globe, l'isthme américain aura vu se for- mer à sa surface les divers types spécifiques qui l'habitent présentement. En ne faisant attention qu'à ceux dont les homologues se trouvent dans les régions situées au sud, les Mycetes, Alelcs, Uapate, Desmodus, Arctibœus , Nasiia, Thiosmus , Galictis, Myrmecopfwga, Cocndus auraient d'abord pris naissance dans cette partie du nouveau monde qui aurait été, dès lors, initialement, leur centre d'irradiation : ils se seraient ensuite étendus vers le sud, dans le Venezuela, la Nouvelle-Grenade, le Brésil, etc., jusqu'au Paraguay , au Chili et en Patagonie. Mais alors ce seraient les types homologues, propres à ces der- nières contrées, qui, à leur tour, s'étant transportés dans des zones plus tropicales, plus équatoriales, se seraient trouves porteurs, après un séjour plus ou moins long, d'un pelage plus ras, moins abondant, manifestant, en outre, quelques autres caractères différentiels, à l'occasion des- quels nous allons incessamment entrer dans quelques dé- tails. Constatons, seulement et sans tarder, que l'harmonie entre les deux faits que nous venons de signaler (zones plus élevées en température d'une part, — pelage plus ras d'autre part) est une harmonie post-établie. La conclusion devient tout à fait semblable, et à l'abri de toute contestation, si nous avons recours à l'hypothèse inverse, si nous supposons que ce sont les régions plus méridionales qui ont présenté avant l'isthme américain le relief que nous leur connaissons actuellement. Mais, dans 232 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [AOlU 18G5.) cette nouvelle supposition, le problème à résoudre offre plus de difficultés, à cause des différences que pré- sentent, sous le point de vue de leur Faune ornitholo- gique, le Venezuela et la Nouvelle-Grenade comparés aux Guyanes, les Guyanes comparées au Brésil, etc. Quelles sont, en effet, celles de ces régions (au sud et au nord de l'Amazone) qui ont présenté, en premier lieu, leur forme actuelle? La géologie donnera, sans nul doute, une ré- ponse satisfaisante à cette question, si même elle ne Ta déjà donnée : constatons, seulement et pour la seconde ibis, en ce qui concerne la Faune américaine, un nouvel ensemble de faits apportant de nouvelles preuves au principe de Vharmonie post-établie entre les caractères des types mammalogiques et ceux du milieu qu'ils habi- tent. Si ceux d'entre ces derniers qui sont actuellement dans l'isthme américain sont venus des régions plus mé- ridionales, c'est après leur séjour dans des lieux à tempé- rature moins élevée qu'ils ont acquis, par suite de cette nouvelle influence, un pelage plus allongé. Venons enfin, et je crois, Monsieur le Professeur, que c'est la dernière à laquelle nous puissions avoir re- cours, venons à une troisième hypothèse : supposons que les diverses parties composant actuellement le continent américain, depuis le Texas jusqu'au cap Horn, ont été initialement séparées les unes des autres ; au lieu d'un tout continu, coupé seulement par des rivières et des cours d'eau, nous aurons alors de grands espaces insu- laires, comparables, dès lors, jusqu'à un certain point, aux deux grandes îles de l'archipel Indien (Sumatra et Java). Nous appuyant sur les différences que présentent actuellement les Faunes orniihologiques de cette partie du monde, admettons que l'Orénoque, l'Amazone, le Rio de la Plata sont les vestiges des détroits qui ont d'abord fragmenté ce continent, et que ce n'est qu'après la (iispari- tion presque complète de ces détroits que cette partie du nouveau monde a manifesté sa forme actuelle. S'il en a TRAVAUX INKUITS. 233 été ainsi dans les lempsantéiieiiis, et c'est à la {jéologie à en fournir les preuves, nous sommes en droit de nous de- mander alors si tous ces caractères de transition que nous constatons, parmi les types spécifiques en Mammalogie, et même parmi les types génériques en Ornithologie, oui toujours existé, les lieux dans lesquels habitent tous ces types n'ayant pas, par suite de l'hypothèse à laquelle nous venons de nous livrer, toujours présenté les conditions que nous leur connaissons actuellement. S'il est, en effet, une région du globe où la distinction des espèces, en Mammalogie, soit difficile à formuler, en s'appuyant sur des caractères précis, c'est bien, à coup sûr, l'Amérique méridionale. Il y a plus de vingt ans, l'illustre Maître, qui était une autorité non contestée et non contestable dans la chaire qu'il occupait, M Isidore Geoffroy écrivait, à ce sujet, les phrases suivantes : « Cette difficulté (la distinction entre les animaux du sud et ceux du nord de l'Afrique), quelque grande qu'elle soit, l'est cependant bien moins encore que celle qu'op- pose aux cff'orts des zoologistes la détermination dos espèces de l'Amérique méridionale, surtout en ce qui con- cerne les Mammifères. A l'égard de ceux-ci, je crois avoir démontré depuis plusieurs années, dans mes cours, qu'en adoptant les notions ordinairement admises sur {'espèce il est non-seulement très-difficile, mais même absolumenl impossible de déterminer spécifiquement ceux des Mammi- fères sud-américains qui appartiennent à des genres nombreux en individus et répandus sur un grand es[)ace. Tels sont, pour rappeler ici quelques-uns des genres à l'égard desquels les zoologistes ont pu le mieux se con- vaincre de leur impuissance, les Hurleurs, les Sajous, les Ouistitis, les Phyllostomes, les Coatis, et une partie des Chats et des Cerfs. Cette impossibilité, comme la dif.iculté plus haut signalée à l'égard des animaux africains, est parfaitement en rapport avec la théorie de la variabilité des espèces sous l'influence des circonstances exîérieures, 234 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. (AoÛl I860.) et leîîement qu'on peut regarder l'une et l'autre comme des conséquences nécessaires de cette théorie (1). » Les assertions de M. Isidore Geofl'roy sont encore, il faut en convenir, d'une exactitude presque absolue. Dire qut la distinction des espèces de Mammifères de l'Amérique du Sud est absolument impossible, c'est sûrement émettre une assertion exagérée, et, dans son beau travail sur les Pri- maîes de la collection du Musée de Paris (2), travail vrai- ment inimitable, car il porte le cachet du Maître, l'éloquent Professeur a prouvé, dans la partie consacrée aux Cebus, que Vabsolument impossible devenait possible, lorsque l'intelligence était unie à la science. Je me rap- pelle même qu'à cette occasion l'éminent Zoologiste me dit lui-même qu'il croyait que les espèces de Sajous pou- vaient être distinguées les unes des autres. Il me fé- licita, plus tard, également, lorsque je publiai mes obser- vations sur le genre Lagotriche, me disant que, par ce travail, je venais de dignement continuer notre tradition française. Mais, nononobstant les restrictions que les observations plus récentes de M. Isidore Geoffroy ont pu apporter dans son espiit sur renonciation trop absolue de l'opinion qu'il venait de formuler, il est toujours vrai de dire que l'œuvre de distinction des types spécifiques de la Faune mamma- logique de l'Amérique du Sud offre au Zoologiste qui s'en occupe de sérieuses difficultés. On conçoit bien, dès lors, comment les nuances différentielles qu'ils peuvent offrir sont variables et en quelque sorte si fugitives. Ce qu'il y a de positif également, c'est que, pour ma part, j'ai vaine- ment essayé, me livrant à l'étude de certaines espèces, habitant à la fois le Brésil, la Guyane française, la Nouvelle- Grenade, de les distinguer les unes des autres ; sauf pour (1) Essais de zoologie générale, page 440. — Seconde partie de Ja note. ('i) Colleclion des Primates de la Collection du Itîusécde Pa- ris, etc., ISjI . TRAVAUX INÉDITS. 235 les Lagotriches, je dois avouer que toutes mes tentaiives dans ce but ont été frappées d'insuccès. Je puis même ajouter qu'il m'a été, jusqu'ici, impossible de rattacher à 'eurs adulies quelques jeunes exemplaires qui font actuel- lement partie de la collection du Musée de Paris. Dois-je attribuer la non-réussite de mes efforts à l'absence d'un nombre suffisant d'exemplaires? Cette raison est, sans nul doute, très-plausible; mais le résultat que je viens d'énoncer m'a semblé digne d'êtie signalé comme confir- mant les observations, déjà citées, de M. Isidore Geof- froy. En Ornithologie, au contraire, la science s'est enrichie, depuis 18i5, et dans la même direction, d'un certain nombre de résultats qu'il nous est impossible do passer sous silence, car ils ont eu sur cette partie de la Zoologie cette influence qui, dans les sciences et même dans les sciences naturelles, constitue l'apanage des principes et dos faits généraux. Nous devons en faire honneur à notre savant Zoologiste, M. de Lafresnaye, qui, pendant trente ans, a été, dans notre France, le digne continuateur de Vieillot et l'émule si distingué desTemminck et des Vi- gors. Dès \8ï"), on effet, M. de Lafresnaye qui venait d'abor- der, avec science et conscience, l'étude de la Faune orni- thologique de la Nouvelle-Grenade, et qui, antérieurement, avait tant contribué à nous faire connaître les types de cette Faune rapportés de l'Amérique du Sud par votre honorable prédécesseur, M. Alcide d'Orbigny, M. de La- fresnaye rattacha à un certain nombre de conclusions, toutes de haute importance pour la gcographie zoologique, les diverses observations dont il venait d'enrichir la science. « N'est-il pas étonnant, dit l'illustre observateur, que Sanla-Fé de Bogota et Cayenne, situées absolument sous le même parallèle et n'étant éloignées entre elles que de 500 lieues, n'aient, pour ainsi dire, aucune espèce com- mune aux deux pays? En descendant les côtes vers le 23G nEW ET MAC. DE ZOOLOGIE. {Aoîil 18G5.) sud et coinparaiU de même les ré^jions de l'Ouesl avec leurs correspondantes de l'Est, le Pérou avec le Brésil sep- tentrional, le Chili avec le Brésil méridional, le Paraguay et la Patagonie, on reconnaît que, dans ces divers pays correspondants, les espèces, quoique différentes, appar- tiennent aux mêmes genres et présentent le plus souvent, dans chaque génie, certaines espèces qui semblent être, sur la côte ouest, les représentants de quelques autres de !a côte est, ce A quelle cause peut on donc attribuer ce fait d'autant plus remarquable, que, dans l'ancien monde, nous en voyons un tout opposé dans l'Ornithologie européenne comparée avec celle du Japon? Dans cette dernière con- trée, en effet, quoique éloignée de plus de 2.000 lieues, mais située à peu près sous le même parallèle, de l'ouest à l'est, on retrouve plus de cinquante de nos espèces euro- péennes et françaises, la plupart Carnassiers, Passereaux et Grimpeurs, sans compter les Échassiers et les Palmi- pèdes, véritables cosmopolites (Temm., Mnnudd'Ornith , t. III, p. 50). Dans l'Inde, on en retrouve plus de vingi- cinq {ProceedingSj 18i2). «Je pense qu'on ne peut l'attribuer qu'à cette immense chaîne des Cordillères, qui, sur une ligne non interrom- pue de 1,500 lieues, s'étend du nord au sud et parcourt toute l'Amérique méridionale depuis l'isthme de Panama jusqu'au détroit de Magellan. Cette barrière naturelle pa- raît avoir suffi pour arrêter en grande partie toute com- munication entre les Oiseaux des deux côtes opposées, ex- cepté pour les très-grands Voiliers, tels que le Condor, qui ss trouve sur les deux versants des Andes, comme aussi sur les chaînes de la côte est en Patagonie. c( On opposera peut-être à cette supposition que les es- pèces de Bogota et de la Nouvelle -Grenade se retrouvent en grande partie de l'autre côté de la chaîne, daiTs cette partie nord de la Colombie, aujourd'hui la république de Véi\czuela, juscrii'à Cumana, i)/fl/«rj/; et sur toui le lit- TRAVAUX im.:dits. 237 toral do la mer des x\ntilles. Nous répondrons à celte oh- jeetion que ce fait, qui paraît en quelque sorte exception- nel sur tout le reste de la ligne, peut être attribué à l'abaissement des montagnes, à des cols peu élevés dans cette partie, par où toutes ces espèces auront débouché et peuplé le nord de la Colombie. Mais jl est certain qu'on ne les retrouve plus dans lesGuyanes où commence une autre Ornithologie que l'on pourrait nommer- brésilienne, car elle est à peu près la même dans toute cette vaste con- trée, où cependant elle se modifie insensiblement par l'ad- dition d'un grand nombre d'espèces nouvelles jusqu'au Paraguay et la Plata, où elle prend un caractère mixte et de transition avec celle de la Patagonie, réellement diffé- rente et offrant un certain nombre de genres paiticu- liers, dont on retrouve des espèces correspondantes au Chili. « Si, comme nous l'avons déjà dit, l'Ornithologie de l'ouest dos Andes diffère spécifiquement de celle de l'est, elle n'en diffère pour ainsi dire pas génériquement, et présente, au contraire, presque dans chaque genre, des espèces correspondantes sous les mômes latitudes: nous allons en fournir quelques exemples (I). » M. de Lafresnaye cite ensuite, pour confirmer le prin- cipe qu'il vient d'énoncer, quelques-uns des faits que, dès cette époque, la science possédait déjà. Ainsi le liupicola 'Cayenncnsis, habitant de l'Est, sur les rives de l'Oyapock, est à l'ouest, au Pérou et en Colombie, représenté par le Rupicola Peruviana. Ainsi , encore, VÀmpelis carmfex de Cayenne et du Brésil a son homologue au Pérou dans XAmpdis Mnrcmii,(\\\\ n'en diffère que par des nuances de coloration, les régions dorsale et cervicale, la bande ter- minale de la queue étant d'un noir soyeilx; la coiffe, la poitrine, tout le dessous, le croupion et la queue étant d'un rouge de feu. Les Tanagridés, Trochilidés, les Gral- (1) Revue zoologique, 18ij, p. 113. 238 BEV. ET MAC. UE ZOOLOGIE. [ÀOÛt 18G5.) Inria, Conopophaga , Thamnophilus , Coracina, CyanO' corax, CassîOMs fournissent également, sous le même point de vue, un contingent de preuves dont l'exactitude ne saurait être contestée (1). M. de Lafresnaye conclut, de ces divers faits, que l'on peut désigner par Ornithologie hrésilienne celle qui est particulière aux Guyanes et au Brésil, jusqu'au Paraguay et à la Plata, et par Ornithologie colombienne celle qui occupe la Colombie, la BoliviCf le Pérou septentrional. Il ne sépare pas de cette dernière la Faune des Gallapagos, dont les types génériques sont, cependant, si spécialisés par leurs caractères (2). Mais, que cette dernière assimilation soit adoptée ou non, et nous devons avouer que nous n'en sommes point partisan, nous ne pouvons passer sous silence les obser- vations de l'illuslre Zoologiste sur la Faune ornithologique des régions américaines situées au sud du Brésil. Vers le sud, les deux Ornithologies, brésilienne et colombienne, prennent, dit-il, insensiblementet chacune de son côté, un nouvel aspect, à mesure qu'on s'éloigne de la zone inter- tropicale (3). Mais, nous n'en trouvons pas moins, sur les deux versants des Andes, des types qui se correspondent. Ainsi, le genre Orplieus compte deux espèces à l'est, dont l'une, Orpheus calandrin, sur les côtes de la Plata; l'autre, Orpheus patagonicus, sur celles de la Patagonie. A l'ouest, elles sont remplacées, au Chili, par V Orpheus llienca, et, en Bolivie, par Orpheus dorsalis, tricaudalus. Des faits aussi significatifs sont fournis par les genres Agriornis, Muscisaxicola ei Fluvicola ; c'est en les résumant, que M. de Lafresnaye conclut que l'Ornithologie brésilienne, à l'est, et l'Ornithologie colombienne, à l'ouest, peuvent, dans les régions situées au sud du Brésil, être désignées, la pre- (t) Loc.cil., p. 115, 116, 117, 119. (2) Loc. f(7., p. 81. (3) Loc. cit., p. 8-2. TRAVAUX LNEDirS. 239 mière, par le nom de Guaranienne, occupant le Paraguay, l'Uruguay, Buenos-Ayres; la seconde, par celui de Chi- lienne, occupant le Chili, la Plata et la Bolivie. Elles pré- cèdent , l'une et l'autre , l'Ornitliologie pntafjonienne , occupant à elle seule toute la pointe méridionale du con- tinent américain, depuis iîuenos-Ayres, c'est-à-dire la Patagonie et le Chili méridional (1). Signalons, en outre, en terminant, cotte observation du même Zoologiste que, depuis le Paraguay et la Plata, oîi le continent d'Amérique se rétrécit sensiblement, les mêmes espècesse retrouvent souvent sur lescôtes opposées; mais, sur la côte ouest, elles remontent toujours bien plus au nord que sur celle de l'est. Ainsi, beaucoup de types spécifiques, qui, à l'est, ne se rencontrent pas plus au nord qu'au Paraguay et même en Patagonie, ont été retrouvés à l'ouest (2), sur toute l'étendue du Chili et en Bolivie, par M. d'Orbigny (3). Telles sont les belles observations de géographie zoolo- gique, relatives à la classe des Oiseaux, dont la science mo- derne est redevable à l'un des hommes qui, de nos jours, l'ont cultivée avec le plus de désintéressement et l'ont aimée avec une passion profonde. Dans notre Panthéon contemporain, ce ne sera qu'un acte de justice d'inscrire son nom à côté do celui du prince Charles-Bonaparte, à côté de celui de Léon Dufour, le vénérable Nestor de l'Entomologie, dont les honneurs académiques ont cependant, et nul n'en fut plus digne, récompensé le zèle et les nobles efforts. Ces honneurs ont manqué à M. de Lafresnaye, et, c'est un motif pour ceux qui l'ont connu et qui ont pu apprécier sou œuvre, de ne pas l'ensevelir dans la nuit profonde du silence et de l'oubli. Excusez, Monsieur le Professeur, la digression à laquelle (1) Loc. cit., p. 85. l'I) Loc. cit.^ p. Sr». Il y a, da.is le l('\\.c., a l'est: mais c'est évi- demment une faute d'impression. {■S) Loc. cit., p. 8(1. 240 REV. ET MAG. DE ZOOLOC.II'. Uoîî/1805.) je viens de me livrer dans les quelques phrases qui précè- dent; mais je me plais à espérer que les sentiments qu'elles expriment vous auront paru dignes d'être approuvés, l'im- portance des diverses conclusions synthétiques énoncées par celui qui les ainspirées, étant de nature à être, de prime abord, appréciée à sa juste valeur par ieshommes de science qui, imbus de l'esprit de progrès, ne pensent pas que la zoologie doive consister en une simple liste de noms do classes, de familles, de genres et d'espèces. Je ne sache pas, pour ma part, que les travaux plus récents en aient amoindri l'exactitude dans ce qu'elles ont de plus essen- tiel. Nous devons dire, cependant, que les recherches des Ornithologistes tendent, tous les jours, de plus en plus, à séparer et à différencier les espèces des Guyanes de celles du Brésil, tout en continuant à donner un caractère mixte et de transition aux Faunes de l'Amérique centrale et du Venezuela. {La suite au prochain numéro.) 11. SOCIETES SAVAiNTES. Académie des sciences. Séance du S juillet 1865. — M. Dareste adresse un travail sur l'origine et le mode de formation des monstres om- phalo&ites. « L'illustre auteur du Traité de tératologie a réuni sous le nom de monstres omphalosites les trois familles des monstres paracéphaliens , acép/ialiens et adiniens. Ces monstres sont très-différents les uns des autres par la complication de leur organisation qui est encore très- complexe chez les Paracéphaliens, tandis que chez les Anidiens elle présente, au contraire, une extrême simpli- SOCIJÎTKS SAVANTES, '241 cilé. Toulefois ils présentent, comme Is. Geoffroy Saint- nilairel'afait remarquer, un ensemblede traits communs. Ils sont privés de cœur ; iis naissent jumeaux, et sont atta- chés à un placenta qui leur est commun avec leur frère bien conformé : enfin ils ne se rencontrent que dans la classe des mammilères. « Depuis la publication du Traité de tératologie, la di- vision des monstres omphalosites s'est accrue de deux genres. L'un de ces genres, ou le genre hctcroïde, décrit par M. Pictet, et dont j'ai eu moi-même occasion de dé- crire un cas très-rcmarquable , dans un travail encore inédit, appartient à la famille des Anidiens, et diffère des véritables Anides par l'existence d'une tète rudimentaire, et souvent aussi par l'existence d'un canal intestinal plus ou moins incomplet. Le second genre, qui n'est pas encore dénommé, contiendra ces embryons presque entièrement réduits à la région céphalique, qui ont été décrits par plusieurs anatomistes, et particulièrement par Rudolphi et Jean Mûller. Dans ces deux genres on retrouveîes trois particularités signalées par Is. Geoffroy Saint-Hilaire, comme caractérisant d'une manière très -générale les monstres omphalosites. «. J'avais cru pendant longtemps qu'en partant de ces trois faits on pourrait trouver l'explication de l'origine et du mode d > formation des monstres omphalosites. Or mes études sur l'embryogénie tératologique m'ont j)rouvé tout récemment que ces sortes de monstres peuvent se produire aussi chez les oiseaux, et que leur origine n'est pas nécessairement liée au fait de la gèmelli[)arité. D'où il tésulte que la dénomination 6' omphalosites appliquée à ces monstres n'indique pas une condition générale de leur formation, mais seulement une particularité physiolo- gique, fort im[)ortanto du reste, qui se présente chtz m. certain nombre d'entre eux. « J'ai constaté, en effet, en étudiant un très-grand nombre d'embryons qui avaient péri dans les premiers 2* SÉRIE. T. xvii. Aniicc 1865. !6 2V2 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Aoûl 1865.) jours, et mémo aussi dans les premières heures de leur développement, des anomalies multiples dans lesquelles j'ai reconnu des cas de paracéphalies, d'acéphalies et d'anidies en voie de formation. Toutes ces anomalies, quelque diverses qu'elles fussent, présentaient cependant comme caractère commun l'absence, tantôt complète et tantôt seulement partielle, de la gouttière primitive, ou, en d'autres termes, des parties qui doivent former la co- lonne vertébrale et le crâne. Je ne puis donner ici le dé- tail de toutes ces observations, et je me contenterai seule- ment d'indiquer quelques-unes des plus remarquables que j'aie eu occasion de faire, celles de têtes se développant isolément sur l'aire transparente, et n'étant pas suivies par une colonne vertébrale. « C'est surtout en étudiant ces sortes de faits que j'ai pu me convaincre du défaut de solidarité des différentes parties de l'organisme dans les premiers temps de son existence, fait très-impotant que je signalais dans une communication précédente. On voit, en effet, que les arrêts de développement qui portent sur une région du corps n'entraînent pas nécessairement d'autres arrêts de développement pour d'aulres régions. Il semble qu'alors chacune des parties de l'organisme existe pour son propre compte, et qu'elle puisse se développer isolément et d'une manière indépendante, comme les différentes parties de l'organisme des végétaux. ce Seulement il arrive que ces organisations incomplètes périssent de très-bonne heure, et que leur décomposition rapide les rend très-promptement méconnaissables. Pour les étudier, il faut les soumettre au microscope après un jour ou deux d'incubation. « Je n'ai pas eu occasion d'observer de semblables faits chez les mammifères. Toutefois je suppose que les œufs sans embryon, qui ont été souvent signalés dans les fausses couches , contenaient de ces embryons imparfaits qui SOCIÉTÉS SAVANTKS. 243 avaient péri dans les premiers jours de leur développe- ment. « La cause de cette mort précoce est bien évidente. C'est l'absence du cœur, qui manque par suite de l'ab- sence de la tête , ou au moins de son état très-imparfait, car le cœur n'est, à son début, qu'une dépendance de la tête. Or l'absence du cœur entraîne l'absence de la circu- lation;, et les blastèmes organiques, privés de sang, ne peuvent former les éléments histologiques définitifs qiii doivent leur donner le pouvoir d'accomplir leurs fonctions physiologiques. « C'est en partant de cette donnée qui résulte pour moi d'un très-grand nombre d'observations, que je me rends compte du rôle physiologique d'un frère jumeau dans le développement des omphalosites qui arrivent jusqu'à la naissance, et qui n'ont encore été signalés que chez les mammifères. « Lorsque deux jumeaux naissent sur un seul œuf, les aires vasculaires se soudent et produisent un nombre plus ou moins grand d'anastomoses qui unissent entre eux les deux appareils circulatoires. Plus tard, de semblables anastomoses se produisent dans l'intérieur du placenta commun aux deux jumeaux. « S'il arrive alors qu'un des frères n'ait pas de cœur, le cœur du frère bien conformé servira d'organe de pro- pulsion pour le sang qui pénètre dans l'organisme du frère mal conformé. Seulement on observe alors ce singulier renversement de l'appareil circulatoire que beaucoup d'anatomistes ont décrit chez les monstres omphalosites, et qui consiste en ce que les veines jouent le rôle d'artères et que les artères jouent le rôle de veines. (( La circulation du junicau mal conformé s'accomplit alors sous l'influence exclusive du cœur du jumeau bien conformé. Et l'on s'explique alors comment le jumeau mal conformé, quelque imparfaite que soit d'ailleurs son or- ganisation, peut compléter la formation des organes qu'il 244 REV. ET M.VG. DE ZOOLOGIE. ( Aoul I8G0.) possède et arriver jusqu'à la naissance en continuant à s'accroître. La mort n'arrive, dans ce cas, qu'au moment de la naissance, parce que le jumeau mal conformé se sépare alors du jumeau bien conformé, auquel il n'adhé- rait que pai- l'intermédiaire du cordon ombilical et du placenta. « Chez les oiseaux, et d'une manière plus générale chez tous les vertébrés, qui ne se détachent point, à la nais- sance, de leur vésicule ombilicale, la formation, sur un même œuf, de deux jumeaux, dont l'un est bien conformé et l'autre est un omphalosile, est possible. J'ai eu occa- sion de la constater. Cet omphalosile peut alors vivre aux dépens de sou frère bien conformé jusqu'à l'époque de l'éclosion. Tout se passe alors comme chez les mammi- fères. <( Mais, comme les oiseaux ne se séparent point de leur vésicule ombilicale, le monstre omphalosile ne peut se séparer du jumeau bien conformé, et il est entraîné avec le viiellus lorsque celui-ci effectue sa pénétration dans la cavité abdominale de son frère. C'est ainsi que s'expli- quent les cas de pygoméiie très-fréquents chez les oiseaux, dans lesquels les membres accessoires sont seulement im- plantés dans le tissu cellulaire graisseux abdominal du sujet autosite, et ne sont point soudés par leur squelette avec le squelette de ce sujet. Ces faits, qu'Is. Geoffroy Saint-Hilaire avait rattachés à la classe des monsîres doubles, sont bien évidemment de la même nature que les monstres omphalosites. La seule différence consiste en ce que chez les mammifères l'omphalosite se détache complètement, au moment de la naissance, de son fière jumeau, tandis que chez les oiseaux l'omphalosite ne [)eut pas s'en séparer. « En terminant cette communication, j'ai à peine be- soin de faire remarquer quelle confirme de la manière la plus complète les idées que j'ai présentées récemment sur la distinction à établir, au point de vue de la téralogénie, SOClETilS SAVANTl^S. 2î.'> entre les deux é| oques de la vie embryonnaire ; puisque l'origine des monstres omphalosites remonte évidcn)ment à la période primitive, celle où il n'existe encore que des biastèmes cellulaires, et que ces monstres ne peuvent atteindre la seconde période, celle qui est caractérisée par la formation des éléments histoîogicjues définilil^, qu'à la condition de recevoir le sang d'un iVère jumeau et dé- veloppé sur le même œuf. » Séance du'ii juillet. — ?J. ¥..Alix, dans une lettre adressée à M. le président, annonce que le travail sur l'anatomie d'un singe anthropoïde, que M. Gratiolet avait annoncé à l'Académie des sciences le 17 août 186V, travail auquel il avait associé M. Alix, est aujourd'hui complètement ter- miné. « Je me fais un devoir, dit l'auteur de la lettre, d'en avertir l'Académie, non-seulement à cause de l'inléiêt avec lequel elle veille sur tout ce qui touche au progrès des sciences, mais encore pour fixer une date, afin que d'autres travaux ne puissent pas enlever à la mémoire de M. Gratiolet le mérite d'une piiorité qui lui appartient. » M. Wagner présente une note intitulée : Injlucnce de l'électricité sur la formation des pigments et sur la forme des ailes chez les papillons. « La couleur des pigments et leur apparition dans les diverses parties des téguments des anijsiaux avaient été attribuées jusqu'ici aux effets de la température du milieu ambiant ou à l'afflux du sang produit par le travail phy- siologique .de quelques organes voisins des téguments. Mais on ne peut, de cette manière, expliquer la grande variété qu'on observe dans la disposition diverse des [iigments chez les différentes espèces d'animaux, l^n attri- buant à l'action régulatrice des nerfs l'afflux du sang dans telle ou telle partie de l'organisme et le dépôt des pigments, nous ne pouvons nous rendre bien compte de l'agent qui produit cet eU'et chez les animaux inférieurs privés de nerfs, et surtout dans les plantes. I.a supposi- tion la plus probable que l'on puisse faire sur ce point 246 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Aotlt 18G5.) tout pfoblémalique, c'est d'admettre que l'électricité, qui joue toujours un rôle si important dans les fonctions des nerfs, agit aussi, en quelque sorte, à l'état libre, chez les plantes ou les animaux inférieurs. Le présent travail con- tient les résultats des recherches que j'ai faites pour tâcher de résoudre quelques points de cette question. « J'ai choisi les insectes pour sujets de mes expériences, comme étant ceux des animaux qui présentent, d'une part, la plus grande variété dans la disposition des pig- ments, et, de l'autre, comme étant beaucoup moins com- pliqués que les Oiseaux, et ne possédant de système circulatoire que, pour ainsi dire, à l'état d'ébauche. J'ai choisi, dans cette classe, une espèce de papillon diurne, celui de l'ortie {Vanessaurticœ), qui, se trouvant en abon- dance dans nos contrées, pouvait me fournir un grand nombre d'individus, et mes recherches ont porté sur près d'un millier de nymphes de cet insecte à différents degrés de développement. « Ces expériences ont été principalement faites au moyen des courants intermittents d'induction, pour la production desquels j'ai employé un petit appareil de Ruhmkorff. Quant aux expériences avec les courants constants, elles ont été peu nombreuses et faites avec un, deux ou trois éléments de Grove. Les conducteurs élec- triques étaient appliqués à diverses parties du corps de l'animal et surtout à diflérents points des ailes. (c Voici les résultats de ces expériences : « Les courants les plus forts détruisent, désorganisent, suivant leur degré d'intensité, d'abord le pigment, puis les écailles, et enfin la membrane même de l'aile en y produisant des trous plus ou moins grands. « Les courants moins forts occasionnent le changement dans les couleurs des pigments; ils transforment le rouge en orangé et le noir en rouge, détruisant ainsi les taches noires naturelles des ailes. « Les courants les plus faibles, surtout les courants SOCIÉTKS SAVANTES. 2i7 conslants, donnent lieu à l'apparition de taches noires, c'est-à-dire qu'ils provoquent la formation du pigment noir ; mais c'est toujours dans les mêmes points ou près de ceux où ces taches existent naturellement. Quelquefois il se manifestait de légers changements dans la forme des taches, et, dans ces cas, on a pu remarquer que la direc- tion de ces changements était en rapport avec celle du courant. « Quant aux modilîcationsdans la forme des ailes, c'est en appliquant les conducteurs des courants de force moyenne sur leur bord extérieur que j'ai obtenu, chez quelques individus, des bords droits et non sinueux, comme ils le sont dans toutes les espèces du genre Vanessa. Je suppose que, dans ces cas, les courants ont agi aussi comme agents désorganisateurs, en occasionnant une sorte d'atrophie dans le développement de la membrane de l'aile. « Les courants faibles, aussi bien que les forts, pro- duisent, selon leur intensité, l'afflux du sang dans les points oîi sont appliqués les conducteurs. Je crois, d'après ce fait, que l'électricité agit ici d'abord comme une force irritante toute mécanique ; mais comment peut-elle déter- miner la formation des pigments? c'est ce qui nous reste à savoir. En comparant les variations des taches obtenues artificiellement avec celles qu'on rencontre dans la nature, on peut conclure que, dans les deux cas, la cause de ces variations est la même, c'est-à-dire l'action des courants électriques. Pour vérifier cette supposition, j'ai entrepris une série d'observations avec un multiplicateur très-sensible, à 20,000 tours de fil préparé par M. Zaouer- wald. c( Pour éviter la polarisation des électrodes, j'ai em^ ployé des conducteurs terminés, comme l'indique M. du Bois-Reymond, par des tubes de verre contenant une solution de sulfate de zinc bien pur, dans la(}uclle plon- geaient des plaques de zinc amalgamé. Ces tubes étaienl 2i8 KEV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Aoiit 18G5.) bouchés avec de l'argiie plastique disposée en forme de peîits cônes. C'est en appliquant la pointe de ces cônes sur diverses parties des ailes des nymphes et des papillons, dans un nombre considérable d'observations, que je me suis convaincu de l'existence de courants clcctriquea fixes dans les ailes de ces insectes. « Le plus énergique de ces courants part de la base de l'aile se dirigeant vers le bord extérieur, en suivant la nervure médiane. Sous cette nervure j'ai constamment trouvé, dans les ailes des nymphes, un nerf assez fort; mais je n'ai pu le découvrir dans celles des papillons adultes. Outre le courant principal, il y en a d'autres qui se diligent aussi de la base vers les bords des ailes ou qui s'entre -croisent entre eux. Je n'ai pu, jusqu'ici, saisir le rapport de ces courants avec la disposition des taches ; mais ayant remarqué que les trois taches du bord antérieur correspondent, chez les nymphes, à l'extrémité de quelques articulations des pattes, j'ai supposé dans ces dernières l'existence de courants fixes; mais toutes les expériences que j'ai pu faire ne m'ont [las démontré la vérité de ma supposition. « Je dois avouer que très-souvent, dans le cours de mes expériences, j'ai obtenu des résultats bien différents, ("ette différence doit probablement être attribuée à une différence de conformation des individus soumis à l'expé- rience : à la présence, chez quelques-uns d'entie eux, d'un épidémie plus épais, qui, par conséquent, présentait plus de résistance à l'action des courants, et enfin à beau- coup d'autres causes qui ne peuvent pas être expliquées tout d'abord. Malgré cette différence dans les résultats obtenus, je pense que mon travail suffit pour constater : « 1° L'existence de courants électriques fixes dans les ailes des papillons; (( 2° La possibilité, au moyen des courants électriques, de provoquer des changements dans la couleur et la dis- position des pigments; ANALYSES d'OUVRAGES NOUVEAUX. 249 « 3" Et la possibilité, au moyen de ces couranîs, de pro- duire une sorte d'atrophie et de changer la forme des ailes. « Tels sont les faits qui me serviront de base pour les recherches que je me [nopose de poursuivre sur ce sujet. » Séance du 31 juillet. — M. Aucapitainc adresse une lettre dans laquelle il combat l'opinion émise d'abord par liruce, puis soutenue par Dureau de la Malle et partagée par M. le D'"Guyon dans une communication récente qu'il a faite à l'Académie, que les tribus berbères ou kabyles des massifs de l'Aourès seraient les descendants des Van- dales, dont ils ont le teint blanc, les yeux bleus et les che- veux blonds. L'auteur de la lettre fait observer que ces caractères se retrouvent très-fréquemment dans toutes les fractions d'ori{;ine berbère éparses dans les divers mas- sifs montagneux de la Tunisie, de l'Algérie et même du Maroc. Il pense que l'hypothèse la plus plausible résul'.ant des recherclics philologiques et ethnographiques les plus récentes est que les premiers habitants historiques du nord de l'Afrique furent les Jfyksos, nomades asiatiques qui ravagèrent ion;jtempsla vallée du Nil et en furent en- suite chassés. Ces peuplades, qu'on les considère comme de race phénicienne ou de race arabe, étaient certaine- ment d'origine sémitique. III. ANALYSES D'OUVRAGES XOL VEAUX. Lts Oiseaux d'Afrique de Levaillam', critique de cet ouvrage, par Cari J. Sl>devall. (Kongliga svent-ka Vetenskaps — Akadcmiens Hand- lingar. — (Ny foljd. — Andra Bandet, forsla Hàftet, 250 RF.V. ET MAC. DE ZOOLOGIE. {AoÛt 1865.) 1857), p. 16-60.) — Trad. du suédois par Léon Olph Galliard. Parmi les contrées visitées par Levaillant, c'est surtout la dernière, c'est-à-dire le pays des grands Namaquois, qui reste encore à explorer d'une manière satisfaisante. Levaillant ne soupçonnait probablement pas qu'un autre ornithologiste se hasarderait à parcourir cette contrée dé- serte et peu accessible, oîi il s'est procuré, à ce qu'il dit, une partie des espèces qu'on n'a jamais rencontrées dans le sud de l'Afrique après lui, et dont un grand nombre est bien connu pour appartenir à la faune d'autres continents, tandis que d'autres ont été reconnues pour être dues à la mauvaise foi des empailleurs, et que quelques-unes sont encore inconnues et douteuses. Nous ne sommes pourtant pas dépourvus de toute connaissance sur ce pays des Na- maquois. Smith et J. Verreaux ont séjourné longtemps dans la partie méridionale de cette contrée, près du fleuve Orange; mais je ne sais pas jusqu'où ils ont poussé leurs excursions vers le nord. Anderson parcourut pendant deux ans tout le pays, depuis le fleuve Kuisip, sous le tro- pique, au nord, à l'est et au sud, puis il traversa le pays des Namaquois dans toute sa longueur, jusque vers le Cap. Les espèces qu'il recueillit pendant ce long voyage doivent se trouver consignées dans le catalogue de la faune ornithologique du pays des Damaras, publié par Strickland et Sclater, dans Jardines contributions, 1852; mais chaque localité n'est pas indiquée séparé- ment. Les contrées arrosées par le Kuisip et le Swakop, ainsi que le pays des Damaras, situé au nord de ces fleuves, et les déserts de l'intérieur qui s'étendent jusqu'au lac N'gami, doivent être considérés comme ayant été très-bien explorés par nos compatriotes Anderson et Wahiberg. Ce dernier arriva dans ces contrées peu de temps après le départ d'Anderson et recueillit, pendant deux années, des collections imporlanlesquise liouventac- ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 251 tuellement toutes au musée de Stockholm. Ces deux natu- ralistes couran[eux ont trouvé environ 150 espèces d'oi- seaux, principalement dans le pays des Damaras. Mais do ce nombre on peut en retrancher environ 120 espèces qui se rencontrent également dans le pays des Cafres et dans la colonie du Cap. Parmi les autres il y a cinq à six es- pèces que l'on peut considérer comme de simples variétés de climat, des espèces du Cap ou de la Cafrerie et environ une vingtaine des mêmes genres qui appartiennent à la faune du restede l'Afrique méridionale. Le peu qui reste diffère davantage des formes connues, tels sont le Phile- tœrus sociuSj Lnnioturdus Wal. et Falco vespcrtinns. Tout ceci montre suffisamment que le pays des Nama- quois, qui est situé au centre et s'étend du Si*" au 28' degré lat. sud, ne peut pas avoir une faune ornithologique bien différente de celle du reste de l'Afrique méridio- nale; nous pouvons donc assurer avec toute confiance qu'il est complètement faux que Levaillant ait pu, pen- dant quelques mois de séjour dans cette contrée, rencon- trer un nombre considérable d'espèces qui, pour la plupart, appartiennent à l'Inde, Madagascar, la Sèné- gambie, etc., et qui, pour la plupart, diffèrent complète- ment des formes particulières à l'Afrique méridionale. La justesse de cette assertion devient encore plus évidente lorsqu'on s'aperçoit que Levaillant décrivit une foule d'oiseaux fabriqués avec les dépouilles de plusieurs autres, tout en affirmant les avoir trouvés lui-même, et en entrant dans des détails circonstanciés sur leurs mœurs, leurs nids et leurs œufs (par exemple, n°^ U9, 1G9, 222, 278). Après avoir mis à profit tous les matériaux qui nous étaient fournis, par les sources mentionnées ci-dessus, le nombre des espèces douteuses de Levaillant s'est trouvé singulièrement amoindri. Un certain nombre de ces der- nières étaient complètement méconnaissables par la faute du dessinateur et les négligences de l'auteur dans ses des- criptions, et l'on ne pouvait les reconnaître qu'après avoir 252 KEV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. {AOlU 18G5.) eu sous les yeux d'autres exemplaires provenant des mcinos localités où Levaillant s'était procuré les siens. Plusieurs de ces espèces ont, par suite de cela, été décrites de nouveau sous d'autres noms, et c'est précisément ce qui est arrivé à quelques-unes que j'ai décrites moi-même comme nouvelles {i\°' 174-, 125, 157). D'autres pouvaient, avec plus de certitude qu'auparavant, être ranjjées parmi celles que l'on ne trouve jamais dans l'Airique méridio- nale (par exemple, n"^ 54, 69, 73, 87). Cependant il restait encore environ 30 espèces qui m'étaient inconnues ou bien sur lesquelles, par d'autres raisons, je n'avais pu lixer mon opinion. Mais un voyage que je fis à l'étranger me mit à même de les débrouiller parfaitement. A Leyde, je reçus d'abord de M. le professeur Schlegel un grand nombre d'éclaircissements précieux, et je vis moi-même, dans les collections de cette ville, plusieurs exemplaires provenant de Levaillant. Un certain nombre de ceux-ci étaient justement les originaux des espèces qui étaient iijcertaines pour moi, et quelques-uns se trouvèrent être des oiseaux factices (n" 65, 291, 298); d'autres sujets servirent à confirmer les opinions que j'avais précé- demment conçues. Enfin, à Paris, je fus redevable d'une foule d'observations intéressantes à M. J. Vcrreaux, qui séjourna plus de vingt ans dans l'Afrique australe, s'arrêta longtemps dans plusieurs localités et fit de l'ornithologie son occupation spéciale. Il sera fait mention de tous ces renseignements en temps et lieu. Dans les pages précédentes , j'ai ciu devoir rendre compte de l'esprit de l'auteur en question, afin de l'aire voir quel degré de confiance il faut lui accorder. Il est plus que palpable que Levaillant s'est rendu coupable des impostures scientifiques les plus grossières. Mais il est pourtant certain que ses écrits respirent un enthousiasme et un amour pour l'étude de la nature des plus sincères; il est vrai que, par ses observations, il s'est acquis de grandes connaissances en ornithologie tant sur les espèces ANALYSES d'OUVRAGES NOUVEAUX. 253 européennes que sur les africaines; il est seulement fâ- cheux qu'on ait besoin de recourir à d'autres sources pour pouvoir distinguer les vérités d'avec les erreurs qui se rencontrent dans ses ouvrages. Loisqu'on recherche avec soin quelles sont les causes qui ont pu donner lieu aux étranges contradictions deLe- vaillani et à ses procédés si déloyaux, on ne tarde pas à découvrir (juc tous ses mensonges ont été dictés par l'a- mour de la renommée, uni à une légèreté extrême. Il a certainement cru lui-même qu'une grande partie des oi- seaux qu'il a faussement donnés comme africains prove- naient réellement de cette partie du monde, attendu que ceux qui les lui avaient remis les lui avaient fait passer pour tels. (Iroyant alors avoir affaire à des espèces d'Afrique, il pensa se rendre coupable d'une faute bien pardonnable, en avançant qu'il les avait découvertes lui-même, en ajou- tant quelques détails amusants sur la localité, l'époque de l'année, les circonstances qui les auraient fait tomber entre ses mains, et en s'étendant sur leurs mœurs, etc.; il fil tout cela sans se douter que la fourberie se trouve précisément dans ces additions qui confirment d'anciennes assertions mensongères. Tous les oiseaux fabritpiés avec des dépouilles hétéro- gènes qui ont été décrits par Levaillant, dans ses Oiseaux d'Afrique, sont énumérés séparément à la fin de ce mé- moire; ils sont dus, selon M. le professeur Schlegel, de Leyde, à un marchand naturaliste de Paris, qui les a pro- bablement vendus très-cher, en les faisant passer pour être de telle ou telle localité. La plupart de ces exem- plaires se trouvent encore au musée de Leyde, où ils sont conservés avec les collections de Temminck. Ils sont gé- néralement bien montés et ont dû avoir encore meilleure tournure lorsqu'ils étaient frais, mais je dois ajouter qu'il n'est pas honorable à Levaillant de n'avoir pas pu décou- vrir la supercherie (voy., par exemple, n"^ 79, 82, 85 et autres). 11 est vraisemblable qu'il les a regardés comme 254 REV. ET JIAG. DE ZOOLOGIE. {AoÛt 1865.) des oiseaux véritables. La plupart des anciennes collec- tions de 1790 à 1800 ont fourni la preuve de la fréquence de la mauvaise foi des empailleurs sous ce rapport. Le musée de Stockholm a possédé plusieurs de ces oiseaux fabriqués, lesquels s'y sont trouvés avec les collections de Paykull, et ont été achetés sans aucun doute à Paris, en même temps que beaucoup d'espèces de l'Afrique méri- dionale provenant de Levaillant, et d'autres de Malimbe, provenant de Perrein, etc. (voy., par exemple, n" 28G). La plupart ont été détruits par ceux qui ont découvert la fraude, mais on en conserve encore quelques-uns comme curiosités. {La suite prochainement) IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. Sur quelques Insectes phosphorescents, par le D"^ Phipson. (Correspondance anglaise, — Londres, 12 juillet 1865, et Cosmos du 26 juillet 1865.) (c Je suis en retard avec ma correspondance du Cos- mos, par suite d'un voyage que j'ai dû faire en Allemagne. Ce voyage m'a donné l'occasion de faire une observation sur les Lampyres, et que je vais rapporter ici. Les per- sonnes qui ont lu mon ouvrage sur la phosphorescence chez les minéraux, les plantes et les animaux savent qu'il y a eu une discussion à l'égard de la luminosité des mâles des diverses espèces de Lampyres. Après avoir traversé la province de Waldeck, où jai pu ramasser quelques nouveaux détails minéralogiques que je relaterai prochai- nement au Cosmos, j'ai pénétré dans la Hesse-Cassel. Le 21 juin, j'arrivai assez tard à la ville de Marburg, et en me promenant vers dix heures du soir je vis, non loin de la rivière, une qviantilé considérable de Vers luisants qui MÉLANGES ET NOUVELLES. 255 volaient dans l'air. Le spectacle était trùs-inlérossant et je radmirai quelque temps sans hou{;er. Au bout de dix minutes, je saisis un de ces insectes dans mon chapeau. C'était un Lampyre mâle, très-petit et allongé, et apparte- nant à l'espèce Spkndidula. Il est donc certain que les Lampyres mâles jouissent de la faculté d'émettre de la lu- mière aussi bien que les femelles. » Dans un ouvrage qu'il vient de publier sur le Singa- pore, M. Cameron a fait une curieuse observation sur l'intermittence de la lumière des mouches à feu [claler] de ce pays chaud. Lorsque plusieurs centaines de ces in- sectes se trouvent ensemble dans un arbrisseau, cette inter- mittence produit un effet très-singulier : pour quelques in- stants, l'arbrisseau paraît tout en feu, et, l'instant d'après, il est plongé dans l'obscurité la plus complète, pour repa- raître tout illuminé un instant plus tard, et ainsi de suite pendant toute la nuit. Pour produire cet elTet, il faut que les [insectes émettent de la lumière au même instant, et l'éteignent également à peu près simultanément. — Ce sujet mérite d'être étudié, car nous retrouvons le même caractère rhythmique dans la lumière émise par le Lam- pyre italien, qui se voit souvent en Italie, tandis que rien de pareil ne s'observe chez le L. Noctiluca chez nous. La contraction des jiuscles sous le microscope. — Dans une conférence publique qu'il a donnée dernière- ment à Londres, M. Beale, professeur de physiologie à King's-Collége, assure que la meilleure manière d'étudier la contraction musculaire consiste à l'observer chez la larve de la Mouche à viande. Les muscles de cet insecte si commun se prêtent admirablement à l'ob- servation en question. Les mouvements, qui sont très- beaux, continuent pour dix minutes ou un quart d'heure après que les muscles ont été détachés d'une larve ré- 256 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (ÀOlU 1805.) cemment tuôc, et dans l'hiver les contractions se laissent voir même pendant l'espace d'une demi- heure. Pour les voir le mieux possible, on doit les observer au moyen de la lumière polarisée à l'aide d'une plaque de gypse cris- tallisé. Quand alors le fond est vert, les ondes de con- traction qui se propagent le long de chaque fibre muscu- laire, dans les différentes directions, sont d'un pourpre brillant. Dans d'autres portions du champ de vision, les couleurs complémentaires sont renversées. — D'après M. Beale, c'est un des phénomènes les plus admirables que l'on puisse voir au microscope. Avec des puissances grossissantes très-fortes, l'on observe facilement le chan- gement qui se produit dans le tissu contractile lui-même chaque fois qu'il passe de l'état de contraction à celui de relaxation, et réciproquement, et cela pendant plusieurs minutes à la fois. Ekbata du numéro 7, page 210 : au lieu de « et que la plupart des espèces que nouscilons plus loin comme sim- plement douteuses devraient, à juste litre, avoir été com- prises, e'.c, )) lisez : «Quoique la plupart des espèces que nous citerons plus loin comme simplement douteuses doivent être comprises parmi les espèces fabuleuses. » TABLÎ^ DES MATIERES. PucHERAN. Indications que peut fournir la géologie pour l'expli- cation des différences que présentent les faunes actuelles (suite). 225 Sociétés savantes. 240 Analyses d'ouvrages nouveaux. 249 mélanges et nouvelles. 254 T'aris. — ImprinK-iifi de maiiame vRuve Boucliard-Unzard, rue de l'Eperon. — 186'. VJNGT-HUITISMS: AK'NSZ. — SEPTEMBRE 1865. I. TRAVAUX INEDITS. Note supplémentaire sur les Mammifères du Mexique (1), par M. Henri de Saussure. Dans le tome XII (1860) de la Hevue et magasin de zoo- logie, j'ai décrit divers mammifères du Mexique qui pa- raissaient être nouveaux. Depuis lors j'ai reconnu qu'il s'est {jlissé quelques erreurs dans le mémoire en question et je m'empresse de les rectifier. Felis ITIexicana [R. Z., page 3). Cette espèce, que j'avaiscrue nouvelle, est probablement la même que le Feiis canescens de Swainson (2), que cet auteur a décrit sur un individu rapporté du IMexique par Beullock. En effet, la description qu'il donne de ce chat répond bien à notre F. Mexicana; toutefois je dois ajouter que Swainson a rapporté à cette espèce le Felis ocelot, ou Ocelot 71" 3,doHamilton Smith (Griffilh,Cuvier, An.Kingd., 11, p. 76, etc.), et que la description que donne Sn)ith de ce dernier ne cadre pas bien avec notre F. Mexicana. Voici comment Swainson -décrit son Félix canescens: « The Ion» tailer tiger-cat of Mexico is not much lar- « ger than the domesticated speGies,and is rom;irkab!e (1) Voyez le t. XII de la Revue et magasin de zoologie, (2) Swainson, Animalsin Ménagerie, p. 118. — Kousu'avions pas eu connaissance de cet ouvrage; c'est M. le D' Pucherao qui nons l'a signalé, et c'est grâce à son obligeance que nous avons ])u com- parer la description de Swainson avec notre lypc. 2' SKRiE. T. XVII. Année 18(jj. 17 î2o8 RKv. KT MAC, DE zooi.OGiK. [Septembre iSG^ .) H foi' llie !eii{;tli of ils tail.Tlie lioad issniall and short. 1'iie « f;roun(i colour ofthc iippcr parts oltliebody ispalefawii, « beautifuily maiked by about five séries of spots on each c( side : tliose nearest ihc back are enlirely dcep black , « but on the sides they are more oblong, and become ocel- w latedor ringed ; whileon the shoulders they take the form « of three wawod porpendicular ocellatod stripes ; the K lo;i[s are banded bysmall transverse spots nearly round. « Ail the ander parts are white, and covered with sniall (( black spots, except the throat, Avhich is covered by two « black lines : the cheecks are while; marked by black « siripes : four ofher stripes are also on the back of the w neck, Iwo of which commence froni the eyes : chin « Avhite and unspotter, tail eleven inches long, and lin- u ger with dusky whitc and black. The whole animal al- (( tends but six inches hight ; and measurs, with the tail, « two feet ten inches in extrême lengih. » {Animais in Mé- nagerie^ p. 118.) Cette description convient en tous points à notre Felis Mexicana; la seule divergence que nous y trouvons, c'est que, dans notre type, les laclies du dos sont allongées en l'orme de bandes et que celles des côtés sont ovales, tan- dis que Swainson dit que les taches des côtés sont plus oblongues que celles du dos, ce qui voudrait dire plus al- longées. Néanmoins nous pensons que notre espèce se confond avec celle de Swainson. Voici maintenant la description que Smith a donnée de son Ocelot n" 3, que Swainson rapporte à la même es- pèce : « It issmaller than the F. me^sof Paraguay, and lias the « nose, foreliead, neck, back, shoulders, fore part of the « fore legs, andrumpashy, mixed withoclirey; thestieack (( from the inncr angle of the eyes lo the ears has oïdy « one row of spots wiihin it : the long open spots on the u neck and i)ack are shorler, less diverging, fulvous wi- (( lhin,bulwilhoutanyspoton the fulvous; on theforelegs TRAVAUX INÉDITS. 259 « only thereare a few large spots : on the hams thcre are « some round open, and a few small, black, wavy spots; « the tail is altogeiher or nearly fulvoiis, ringed wilh « black; the tip is white : the eye has a black ring; and « there are two black streaks on the nose ; Ihecheeks hâve « a large spot; and there are two bais, with AvJiite between « them, running from the outer angle of the eye to be- « low the car : across the throat, aiso are four black « bahds. » Cette description convient beaucoup moins bien à notre Felis Mexicana. En effet, chez celui-ci, 1° les taches de la nuque et du dos ne forment pas des bandes et ne sont pas ocellées, mais pleines ; 2^ les pattes de devant ont des taches petites et nombreuses ; 3" les taches des cuisses sont pleines, non ocellées et point ondulées, mais plus ou moins rondes ou oblongues et nombreuses ; 4° le bout de la queue est brun fauve, quoique précédé d'un anneau brun ; 5" il n'y a pas de grandes taches à la joue, mais seulement quelques mouchetures sous l'œil dans la bande blanchâtre ; G° sous la gorge, on voit quatre taches pres- que réunies en forme de bande ; ensuite la gorge est blanchâtre. Ce n'est qu'en approchant de la jjoitrine qu'elle prend deux taches, puis une bande transversale, puis des lignes de petites taches disposées par lignes trans- versales. Ce qui complique encore l'étude de ces espèces, c'est que Swainson, dans ses Ânim. in Menag., a simplement copié la figure du Felis canescens qui se trouve dans Grif- iiÛ\,Anim. A't/irf., en tournant la tète adroite. Cette figure, probablement dessinée d'après le type de Smith dans la collection Beullock, doit se rapporter à ce dernier plutôt qu'au F. canescens de Swainson. Pour résumer ce qui précède, nous dirons que notre Felis Mexicana doit probablement se confondre avec \eF. canescens, Swains., mais que l'Ocelot n' 3 de Hamillon 260 RKV. KT MAfi. DE zooLOGiK. [Septembre 18G5.) Smitli paraît être une autre espèce qui, si elle se confirme, devra être nommée Felis Smithii. Nous établirons comme suit la synonymie de ces deux espèces. 1° Felis cawescens, Swains., Anim. in Menag., p. 118, (Syn. et fig. exclus.) — Felis Mexicana, Sauss,, Rev. de zooL, 1860, p. 3. 2° Felis ocelot, n" 3. Hamilton Smith. Gritfilh. An. Kingd., II, pi. lui. Swains. Anim. in Me- nag ,fig. 16. Cette dernière espèce est peut-être la même que le F'elis albescens, Pucheran. Toutefois ce dernier est plus grand de taille que le F. mitis, tandis que VOcelot, n" 3, Smith, est plus petit. Du reste, le F. albescens^ Puch., a pour patrie l'Arkansas et non le Mexique, en sorte que ces deux espèces sont probablement distinctes. ISassaris ^BiiBiieflirasfti (id., page 7). J'ai relevé, tom. XIII, p. 3, le lapsus qui m'a fait dire que cet animal habite les greniers des maisons. Il vit, au contraire, dans la profondeur des forêts. — Comp. aussi t. XII, p. 110, où il est dit que sur la figure le pelage de l'animal est trop moucheté. Ifesiieroiiiy^ toltecus (id., page 98). x\joutez à la descripiion de cette espèce : Pi. IX, fig. 3. Molaires d'un individu très-adulte. — fig. 32. Les mêmes molaires d'un individu vieux à dents très usées. MesperoBBiyj^ Mevicantas (id., page 103). Dans la diagnose, au lieu de auculœ, lisez auriculœ. — Page 104, ligne 21, biffez le si i\\n commence la ligne. — Page 107, ligne 3, biffez fig. 3. CervMs Mexicaniis (id., page 243). J'ai rapporté à celte espèce le i)lazameqi\o Hernandez TRAVAUX INÉDITS. 261 a figuré p. 324 de son ouvrage sur les aiiiinaiix de la Nou- velle-Espagne. Depuis, j'ai reconnu (pic celle fi{;ure se rapporte non pas à un cerf, mais à VAntilucapra Anicri- cann. Oïd., et elle représente un individu qui a les cornes fortement bifurquées. La figure qui se trouve à la page 325 de l'ouvrage de Hernandez pourrait aussi se rapporter à un ruminant à cornes creuses plutôt qu'à un cerf, vu la grosseur des pieds de l'animal représenté. Elle conviendrait alors à V Aplocerus montanus, Ord., mais la description donnée par Hernandez, surtout pour ce qui concerne le pelage, est tout à fait celle d'un cerf, car il décrit son Temamazame comme étant brun-fauve en dessus et blanchâtre en dessous, comme le sont les cerfs, et non entièrement blan- châtre comme V Aplocerus du Nouveau-Mexique. Nous croyons donc que cette figure se rapporte bien à notre Tema,k moins que Hernandez n'ait joint la figure d'un Aplocerus à la description d'un cerf en confondant les deux animaux. Dans la Cordillère, on donne encore à notre Tcma le nom de Temascall ou Temazall (contracté de Teina-ma- zatl), ce qui constitue une forte présomption en faveur de notre manière] de voir. J'ajouterai, en passant, qu'on af- firme que le C. Tema mâle s'accouple facilement en do- mesticité avccle C. Mexicanus femelle. Le mélis de ces deux espèces a le pelage du Tema. Les Yzlac mazames ou mazames blanches que nous avons citées (l. c. , p. 245) pourraient se rapporter à l' Aplo- cerus montanus, qui a le pelage blanc ; mais \' Yzlac inazame passait, au dire de Hernandez, pour être le roi des mazames ; c'est pourquoi nous sommes plutôt enclin à voir en lui une variété albine rare du Cervus Mexicanus. Cet'vu!^ CarcaciiM (id., page 245). Une communicalion obligeante de F. Pocy de la Havane 262 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Septembre 1865.) nous apprend que le cerf de Cuba a été importé dans cette île, ce qui confirme notre supposition que le Caria- cus de Cuba n'était autre que le C. nemoralis, Smith, de la Côte-Ferme. Catalogue des Oiseaux observés dans le département d'Eure-et-Loir, par M. Marchand. — {Suite. Voir 1864, p. 377.) 133. Faisan vulgaire [Phasianus colchicus). On ne le rencontre dans ce pays-ci que parce que de grands propriétaires en ont lâché dans leurs domaines, où ils se reproduisent, ainsi que dans les pays environ- nants. Ils se naturaliseraient promptement, si on ne leur faisait une guerre continue. 134. Perdrix rouge [Perdix rubra). Cette Perdrix, très-commune autrefois dans le Perche, y devient rare. La facilité avec laquelle on la fait donner dans les pièges est la principale cause de sa destruction. On a remarqué aussi que les Perdrix grises, devenant plus communes, chassent les Perdrix rouges des contrées où elles étaient fixées. On voit des variétés blanches avec les couleurs faible- ment indiquées; d'autres tapirées de blanc, quelquefois avec le ventre entièrement blanc. On la rencontre souvent perchée sur les Pommiers. 135. Perdrix grise [Perdix cinerea). Elle est très-commune dans le département, surtout dans les plaines de la Beauce. Elle ne s'éloigne pas de l'endroit qui l'a vue naître, si ce n'est au moment de la pariade, où elle s'écarte un peu. Quand, à la fin de janvier, il survient qucU|ue belle journée, les mâles et les femelles se rassemblent par couples, mais ils se remettent en compagnie, s'il survient du temps froid. TRAVAUX INÉDITS. 263 J ai leiiiaKiuo plusieurs lois, lorsqu'on trouve un nid de Perdrix grises dont les petits viennent d'éclore, que le };ros bout de l'œuf est cassé en couronne et retourné dans la co(iuille dont il bouche l'entrée. J'ai trouvé jusqu'à vinj^t-ijualre œufs dans le niénio nid. Le braconnage, exercé en grand dans ce pays-ci, détruit beaucou[) de ces oiseaux. De plus, on trouve beaucoup d'œufs dans les prairies artificielles fauchées avant l'éclo- sion des petits Perdreaux. Les braconniers ne chassaient autrefois qu'avec des pantiùres et par un beau clair de lune. iMaintcnard, ils se servent du drap mortuaire pendant les nuits les plus ob- cures. Il y a peu d'années encore, on ne tuaii à la chante- relle que dos mâles avec des femelles pour les af)peler, mais on lire également les femelles en disant chauler des mâles qui les attirent. Des Perdrix entièrement blanches, d'auircs (npirées de blanc, d'autres enfin avec des teintes plus ou moins alîai- blies se rencontrent de temps à autre. On voit, dans certains cantons du Perche, une variété constante, dont la teinte du plumage est beaucoup plus foncée. Le fer de la poitrine est d'un brun presque noir, ainsi (jue les pâlies. Elle fréquente les bois etest irés-com- mune en Bretagne. C'est de là que la reçoivent nos mar- chands de gibier de Chartres. 136. Pkkdiux GRiSK, petite [Perdix damàscena). Cette perdrix, qui n'est (ju'unc variété locale de la pré- cédente, n'est point de passage régulier dans nos plaines; on est souvent bien des années sans en voir. Elle passe en bandes nombreuses, qui ne restent que peu de jours 'liDITS. 265 lesSyrrhaptes signalés sur plusieurs points de la France. Voyez Revue zoologique, 1863. 140. Outarde barbue [Olis (arda). De passage dans nos plaines, mais seulement pendant les hivers les plus rigoureux. Je n'ai pas connaissance qu'elle ait jamais niché dans ce pays-ci. En janvier 1841, sept Outardes ont été prises entre Bonneval et Chàleaudun. Six étaient vivantes, la septième avait reçu un coup de fusil. Elles avaient les pieds pris dans la terre gelée et le plumage complètement couvert d'eau glacée. J'en ai conservé deux vivantes, un mâle et une femelle. Au bout de plusieurs mois, un chien les étran- gla toutes deux dans la même nuit. Elles mangeaient de l'orge, du pain, des choux, de l'herbe et surtoutdes pommes dont elles étaient très-friandes; elles aimaient aussi beau- coup les vers de terre. Une autre paire de la même provenance a été conser- vée vivante, pendant trois ou quatre années, chez M. de Saint-Maur en Sologne. 141. Outarde canepetibre [Olis tétras). En septembre et dans les premiers jours d'octobre, ces oiseaux se tiennent de préférence dans les prairies arti- ficielles. Elles sont très-farouches et difficiles à appro- cher. En janvier 1825, on m'apporta un de ces oiseaux; c'est le seul exemplaire qui, à ma connaissance, ait paru dans nos contrées à cette époque de l'année. 142. Outarde de Maqueen [Otis Maqueeni). En décembre 1807, un mâle a été acheté par mon père chez un pâtissier de la ville. Il avait été abattu par un oi- seau de proie. Il fait partie de ma collection. 143. Œdicnème criard. [OEdicnemus crepitans). Il arrive dans les premiers jours du printemps et repart '2G0 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. {Septembre 1865.) à l'automne, après avoir niché. Il se tient dans les en- droits les plus arides. 11 gratte un peu la terre et ras- semble, dans le creux qu'il a fait, de petites pierres bien propres, sur lesquelles il dé[»ose deux œufs. Je n'en ai ja- mais vu trois. Dans nos campagnes, on donne le nom de terres à Courlis à celles qui ne méritent pas d'être cultivées. m. Pluvier doré [Charadrins pluvialis). De passage au printemps et à l'automne, on le voit sou- vent, à cette dernière époque, en bandes très-nombreuses. On en prenait autrefois beaucoup aux filets dans certains cantons. Mais, étant devenu bien moins commun, on ne voit plus sur nos marchés que le petit nombre de ceux tués au fusil. 145. Pluvier guignard [Charadrius morinellus). Cet oiseau passe au mois de mars et surtout du 20 août au 20 septembre. Il devient, chaque année . plus rare. Sa chair est très-estimée. C'est à elle que les pâtés de Chartres doivent l'origine de leur réputation. Tous les auteurs qui parlent de la chasse du (luignard le représentent comme stupide et se laissant facilement approcher, prétendant même que, aussitôt qu'on en a tué un, toute la bande vient se faiie tirer, si l'on a soin de laisser les morts sur la place. Quoique habitant une commune où ces oiseaux ont été très-abondants et en ayant, chaque année, rencontré dans mes chasses, je les ai toujours vus s'éloigner après le coup de fusil. En les sifflant, on les fait parfois descendre dans les champs voisins, sans jamais les voir rôder autour de ceux gisant à terre. {La suite au prochain numcro.) SOCIÉTÉS SAVANTIlS. 207 11. SOCIETES S A VA A TE S . Académie des sciences. Séance du 7 août. — M. Guyon adresse des Obsei-vatiom à l'occasion d'une lettre de M. Aucapitaiiie relative à l'ori- f/ine des Kabyles ou Berbèrea. c( Il résulte d'une lettre adressée à l'Académie par M. Aucapitaine, et insérée en extrait dans les Comptes rendus du 31 juillet, que je partagerais, avec Bruce et Du- rcau de la Malle, l'opinion que les tribus berbères ou ka- byles des monts Aourès seraient des descendants des Van- dales qui occupèrent l'Afrique : une pareille opinion n'a été ui celle de lîruce, ni celle de Bureau de la I^lalle ; elle n'est point non plus la mienne. « M. Aucapitaine, sans doute pressé de lire, nous a mal lu. Et^ en effet, qu'avons-nous dit dans la communication qui fait le sujet de sa lettre? que, « parmi les Kabyles ou « Berbères en général, mais surtout parmi ceux des Aou- « rès, sont des individus à la peau blanche, aux yeux (( bleus et aux cheveux blonds, et que, depuis le passage « de Bruce dans ces montagnes, on considère comme des « descendants des Vandales. » Il n'est donc nullement (juestion ici des Kabyles ou Berbères eux-mêmes^ des Ber- bères ou Kabyles comme corps de nation, mais seulement des Vandales qui s'y seraient introduits lors de leur dis- persion par les armes de Bélisaire. « Évidemment, l'auteur a commis, en notre endroit, un lapsus oculi qu'une nouvelle lecture de sa part aura sans doute rectifié. » M. Davaine présente une note intitulée : Recherches sur ianguillule du vinaigre [Rhubdilis aceli, Dujardm). « Parmi les révélations du microscope qui ont eu le [)ii- vilége d'attirer à la fois l'attention des savants et celle du public, on peut placer en première ligne la découverte de 2GS Riîv. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Septembre 18G5.) l'anguillule qui vit dans le vinaigre. Oalre un inlérêl de curiosité, les uns y trouvèrent une explication de l'impres- sion acide que fait le vinaigre sur l'organe du goût, les autres une preuve nouvelle en faveur de l'hypothèse de la génération spontanée. Buffon cite ces anguilles (c'est le nom qu'on leur donnait alors) et celles de la colle de pâte comme un de ses principaux arguments à l'appui de sa théorie de l'activité des molécules organiques, molé- cules qui prendraient d'elles-mêmes et suivant les circon- stances la forme et la vitalité de l'animal. De notre temps, un savant très-aulorisé dans ces matières, Dujardin, con- sidérant que ces anguillules ne se trouvent ni dans le rai- sin ni dans le vin, et qu'elles sont inconnues partout ailleurs, les regarde comme une des preuves les plus sérieuses de l'hétérogénic. « Les travaux de notre époque sur la génération des animaux de la môme classe, animaux qui, pour la plu- part, vivent en parasites et dont les conditions de propa- gation n'étaient pas moins difficiles à concevoir que celles des Vers du vinaigre, ces travaux, dis-je, nous ont fait connaître les transformations diverses, les propriétés vi- tales particulières au moyen desquelles se transmettent et se propagent ces êtres jusque-là si paradoxaux. Par ces travaux la question de la génération spontanée a été re- jetée loin du groupe des Vers auquel appartient l'anguil- lule du vinaigre. Aussi, des reclierches que j'ai dirigées dans ce sens devaient rester et sont restées, en effet, sans résultat : depuis dix ans, j'ai conservé dans des flacons, au contact de l'air, du vinaigre de vin et de la lie de vin, sans y découvrir jamais un seul de ces vers. Un savant micrographe du siècle dernier, Baker, donne, pour pro- duire les anguilles de la colle de pâte, un procédé qui con- siste à acidifier cette colle avec du vinaigre; j'en ai fait l'essai, mais après six mois il ne s'était encore produit au- cun de ces petits êtres. Le vinaigre que j'employai dans ce cas ne contenait point d'anguillules; la même expérience SOCrÉTÉS SAVANTES. 209 faite avec du vinaigre qui en contenait donna le résultat annoncé par Baker. On voit par là que les anfjuillules produites dans la colle par le procédé de ce savant ne sont autres que celles du vinaigre. « Si, pour cette anguillule. la génération par l'hétéro- génie n'est plus une question à résoudre, on se demandeia quel est dans la nature le milieu où elle vit; car, le vinaigre étant un produit de l'industrie humaine, l'anguillule qui l'habite, si elle ne pouvait vivre que là, serait, comme ce liquide, d'une date assez récente. « L'acidité n'est point une condition nécessaire à l'exis- tence des anguillules du vinaigre. Les acides minéraux, l'acide oxalique, acétique, citrique, ramenés par l'addition d'eau pure au même degré d'acidité que le vinaigre où vivent ces vers, les font périr en quelques heures ou en quelques jours ; au contraire, ils vivent et se propagent rapidement dans un liquide non acide, s'il contient du sucre. c( Tandis que dans l'eau pure l'anguillule périt en huit jours environ, elle vit plusieurs semaines dans ce liquide avec l'addition de I à 2 millièmes de sucre, et plusieurs mois avec l'addition de 3 à 5 millièmes. Dans l'eau conte- nant plus de 5 pour 100 de sucre elle se perpétue et se multiplie en grand nombre; cette propagation semble en- suite en rapport avec la quantité de sucre contenue dans le liquide; elle augmente notablement jusqu'à 30 pour 100; elle reste stationnairc vers ïO pour 100; dans l'eau qui contient 50 pour 100 de sucre, ces Vers ne se propa- gent plus et périssent. « En peu de jours, l'eau sucrée devient acide par la production de l'acide lactique ; mais j'ai obvié à cet incon- vénient en mettant dans le vase une épaisse couche de craie pulvérisée. Les anguillules dans le liquide constam- ment neutre se sont multipliées en nombre notablement lus considérable ciue dans le liquide acide. « Guidé par ces résultais, j'ai placé des anguillules dans 270 KEV. ET JIAG. DR ZOOLOGIE. [Septembre 18G5.) des fruits neutres ou léj^èrement acides, tels que pêches, prunes, abricots , raisins, cerises, {;roseilles, pommes, poires, melons, etc., et, dans tous ces fruits, elles se sont propagées en nombre prodigieux. J'ai fait la même expé- rience avec divers légumes, et là encore ces ano;uillules se sont propagées en nombre souvent considérable; toute- fois ce nombre a paru m rapport avec la quantité de sucre que contient le légume; ainsi la betterave et l'oi- gnon sont au premier rang, la carotte et la tomate vien- nent ensuite, enfin en dernier lieu le navet. (( Dans ces milieux divers, les caractères spécifiques de l'anguillule du vinaigre ne subissent aucune modification ; tians la colle de pâte, où elles trouvent une nourriture abondante et se reproduisent en nombre prodigieux, elles ne diffèrent ni par la longueur, ni par l'épaisseur, ni par l'apparence. « Les faits exposés ci-dessus me paraissent indiquer clairement la patrie de l'anguillule du vinaigre : elle vit et se reproduit par myriades dans les fruits qui tombent sur le sol et dans les racines sucrées que la terre ren- ferme. Pour aller à la recherche des substances dont elle se nourrit, elle est douée d'une faculté de locomotion très- développée ; en outre, elle peut vivre pendant plus de trois semaines dans la terre humide sans autre aliment; je m'en suis assuré. « Ainsi Ion conçoit que, introduites dans le raisin dont la grappe touche la terre, dans les pommes ou les poires qui tombent sur le sol et dont on fait aussi le vinaigre, les anguillules arrivent dans ce liquide et s'y propagent ; elles se perpétuent dans les vases qui le contiennent et qui ser- vent, en général, indéfiniment au même usage. Toutefois, l'anguillule dont nous nous occupons vit exclusivement dans le vinaigre qui provient des fruits, d'où vient que, autrefois très-commune, elle est aujourd'hui très-rare. )) Séance ihi 14 août. — M. Paul Rocher adresse une No~ SOCIÉTÉS SAVANTES. 271 Itce sur l'alimentatum des Mollusques terrcalres pendant leg estival lon^ sahariennes . « Pendant plusieurs expéditions faites dans le sud de la province d'Oran, depuis El-A;;liouat jus(|u'à la frontière de l'empire marocain, j'ai eu occasion d'observer fréquem- n)ent, dans les steppes du désert, des quantités de Mollus- ques à coquilles dont j'ai suivi les migrations et les mœurs. J'ai pu constater qu'ils tiraient l'eau nécessaire à leur ali- mentation de quelques-unes de ces plantes grasses et aqueuses (jui croissent spontanément dans les ré{;ions pri- vées d'eaux pluviales. Tel est le Gueltaf [Alrivlcx Ilalinnis des botanistes), plante rameuse dont les feuilles charnues sont le principal aliment, et j'ajouterai presque la boisson, lies animaux sahariens et particulièrement du fameux Mcah (Antilope), qui, au diredes Arabes du désert, vit plu- sieurs années sans boire. Tel est encore le Zygvphyllutn cornutum désigné par les nomades sous le nom significatif de Bon Guerba, c'est-à-dire la plante aux outres. Nous avons vu presque tous les jours, le malin, au lever du camp, lorsqu'il restait encore quelque fraîcheur, des cen- taines d'escargots agglutinés sur ces plantes dont les sucs aqueux remplacent pour eux les pluies ou la rosée. Enfin il va toujours, pendant les nuits du désert, une certaine humidité relative qui lient à l'excessive raréfaction de l'air dans ces vastes espaces, humidité qui aide beaucoup à la croissance des végétaux et à l'alimentation des ani- maux inférieurs. Enfin il faut ajouter que ces Mollusques ])euvent rester longtemps sans nourriture, qu'ils sont mu- nis d'une porte ou opercule solide, et qu'enfin la couleur blanche ou claire, particulière à tous les animaux saha- riens, les isole un peu des rayons solaires ; de plus, leur lest est relativement épais, car tous vivent sur les grands plateaux calcaires et salins du désert, où ils puisent abon- damment de quoi former leur enveloppe lestacée. » Séance du k septembre 18G5. — M. Mouline présente un 272 îiKV. ET MAG. DE zooi,OGit:. {Septembre 18(35.) travail ayant pour titre : Observations relatives à la maladie des Vers à soie. « Lorsqu'on veut étudier l'art d'élever les Vers à soie, on ne trouve pas dans les auteurs, même chez les meil- leurs, des recherches suffisamment approfondies sur le sujet de la reproduction, et c'est ainsi que la question de savoir combien de temps i! convient de laisser les papil- lons accouplés ne me paraît pas avoir été élucidée. « Le comte Dandolo dit qu'il faut séparer les papillons au bout de six heures, sans s'expliquer d'une manière satisfaisante, et M. Robinet se contente d'écrire : « La « question de savoir quelle doit être la durée de l'accou- « plement pour assurer la fécondation de tous les œufs a « été l'objet de nombreuses observations. ïl en résulte « qu'il faut au moins une heure de réunion des deux « sexes... L'usage est de laisser durer l'accouplement en- te viron six heures. » « Il est vrai que la fécondation est assurée par un ac- couplement d'une heure, mais les vers qui en naîtront seront ils aussi robustes qu'ils l'eussent été si l'accouple- ment eût duré douze ou vingt-quatre heures? Gela forme une seconde question qui ne manque pas d'importance. « Or, si nous examinons au microscope la liqueur sémi- nale d'un papillon, nous y découvrons des milliers de zoospermes, en quantité infiniment plus considérable que les œufs que doit pondre une femelle. « D'un autre côté, il est facile de constater que, lors- qu'une femelle a pondu, elle n'a conservé dans sa poche sexuelle aucune goutte de liqueur séminale et que, par conséquent, elle l'a entièrement répartie entre ses œufs qui l'ont absorbée par endosmose. Comme la quantité de liqueur séminale que fournit le papillon est en rapport avec la durée de l'accouplement, il en résulte que plus il aura été long, plus les œufs en absorberont, et plusconsi- SOCIÉTÉS SAVANTES. 273 dérable sera le nombre des zoospermes qui y pénétre- ront. « De tous ces zoospermes, un seul est-il destiné à former l'embryon et les autres à périr? Cela ne me parait pas probable, bien que je croie que telle est l'hypothèse admise. « En pénétrant dans l'œuf, tous ces zoospermes se trouvent dans des conditions égales, et il me semble pré- férable de supposer qu'ils contribuent, chacun pour leur part, à former le ver en s'emparant de certains globules graisseux du liquide et en se réunissant ensuite à la partie supérieure. « Plusieurs considérations portent à le croire. « En calculant approximativement le volume d'un zoo- sperme vu au microscope avec celui d'un embryon de huit jours, on reconnaît que ce dernier est au moins un million de fois plus grand que le premier, et on peut bien en déduire que pour expliquer un pareil développement il faut le concours d'un certain nombre de zoospermes. « Ensuite le zoosperme n'a pas la forme d'un ver; il est rond, et lorsqu'on ouvre délicatement des œufs peu de temps après qu'ils ont été pondus, alors qu'ils commencent à prendre une teinte rougeâtre, on n'y trouve pas un em- bryon ayant une forme déterminée, mais un amas de ma- tière sanguinolente attenant par plusieurs points à la co- quille, et qui paraît plutôt le résultat d'un assemblage que le développement d'un animalcule. « Le véhicule des zoospermes (la liqueur séminale elle- même) est absorbé aussi par l'œuf et doit contribuer à en modifier le contenu qui, on le sait, devient visqueux après la fécondation. « La densité et le poids de l'œuf augmentent en môme temps d'une manière assez sensible pour qu'on ne puisse l'attribuer à un seul zoosperme ni à l'action de l'air, car la même chose se produit en plongeant les graines dans de l'acide carbonique après qu'elles ont été pondues. SERIE. T. xvu. Année 1865. Ï8 274 uKv. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Septembre 18G5.) u Je conclus donc que, si un peu de liqueur spermaiique suflîl pour donner la vie, il en faut une certaine quantité pour constituer un être vigfoureux. a La pratique journalière le confirme pour nos autres races domestiques : on a soin de ne pas faire saillir fré- quemment un étalon. « Par suite, je crois pouvoir dire qu'il ne faut pas sé- parer les papillons après un accouplement de six heures, mais les laisser ensemble aussi longtemps que possible, pour ne pas affaiblir la race. « D'autres considérations tendent à prouver la même thèse. c< Généralement, chez les animaux, la femelle ne reçoit plus le mâle une fois qu'elleest fécondée; or, si après avoir séparé deux papillons au bout d'un accouplement de six heures, on les rapproche de nouveau, ces deux papillons s'unissent une seconde foi^, preuve bien évidente que la nature n'est pas satisfaite, qu'un instinct réel pousse la femelle à un second accouplement, et que sous ce rapport nous devons adopter la manière de faire des peuples de l'Orient. « La question de température est aussi très-essentielle à mon avis. tt On a l'habitude de placer les papillons dans des cham- bres fraîches, et on a grand tort. « Pour accomplir toutes ses phases, le Ver à soie a be- soin d'une quantité de chaleur déterminée, en sorte que, s'il est élevé dans un milieu relativement froid pour lui, son éducation exige un plus grand nombre de jours que si on lui fournit la température qu'il a dans les pays de sou origine. c( En se fondant sur ce que, pour l'éclosion des graines, il faut une température de 25 degrés, M. Robinet a très- bien établi qu'il est nécessaire de la maintenir pendant toute la durée de l'éducation, et j'en ai trouvé la confir- mation pratique dans la filature. SOCIÉTÉS SAVAMtS. '275 « Les cocons des vers qu'oii a fait marcher vite don- nent beaucoup plus de soie et de plus belle qualité que ceux dont l'éducation a été trop lente. « Malheureusement on ne s'en rend pas assez compte, et il est rare que dans les magnaneries on ait une tempé- rature supérieure à 20 degrés. Plus souvent elle n'est que de IG à 18 degrés. « Les opticiens aussi sont complices de cela, car sur leurs thermomètres ils écrivent Y^ers à soie en regard du 20* degré, et les propriétaires s'en rapportent à eux avec confiance. « Quant à ce qui est de chercher à guérir les vers au moyen d'un médicament, je crois aujourd'hui que c'est impossible. J'ai essayé presque toutes les substances sans en obtenir de résultat appréciable, et je l'attribue à ce que le ver est trop gravement atteint lorsque les taches ap{)araissent et qu'on n'a pas de bases d'appréciation sut" fisantes lorsque l'infection est encore au premier degré Knfiii la vie du ver est trop courte. « Seulement, pour guider les graineurs, j'ai trouvé un moyen très-simple de constater les premières atteintes de la maladie avant l'apparition des taches et sans le secours du microscope. « M. de Quatrefages avait reconnu que lorsqu'un Ver ou une chrysalide sont pébrinés, leur sang brunit et prend même quelquefois une nuance d'un violet noir assez foncé. « Mais il ne parle pas des femelles et ne paraît avoir fait porter ses observations que sur les Vers tachés. « Or j'ai reconnu moi-même ce phénomène chez un certain nombre de Vers sur lesquels je ne découvrais, au moyen du microscope, aucun commencement de tache. Toutefois, c'est surtout chez les femelles que le fait se pro- duit avec le plus d'évidence. « Lorsqu'avec des ciseaux on coupe en deux un papillon femelle, il sort de l'abdomen avec les œufs un peu de sang 276 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Septembre 1865.) jaune, qui au bout de quelques minutes brunit au contact de l'air et prend une nuance d'autant plus foncée que la maladie est plus intense. « J'ai observé ce caractère chez un grand nombre de femelles de la race du Japon qui, extérieurement, parais- saient très-saines et de toute beauté, provenant d'éduca- tions chez lesquelles je n'avais pu découvrir aucune trace de maladie et dont les mâles ne portaient aucune tache aux ailes. ic De ces considérations je crois pouvoir conclure que, pour obtenir de bonnes récoltes et confectionner de la graine saine, il est essentiel : K 1" De laisser l'accouplement des papillons se pro- longer aussi longtemps que possible, et pour cela de les surveiller d'une manière constante, afin de réunir ceux qui se séparent accideutellement ; a 2" De soumettre les vers à une température de 25 de- grés en leur donnant des repas en rapport; (( 3° De maintenir cette température pour les cocons destinés au grainage et pour les papillons qui en sorti- ront; « 4» D'arrêter le grainage, si le liquide contenu dans l'abdomen des premières femelles sorties brunit au con- tact de l'air. » M. L. Souheiran adresse une Note sur l'éducation des Anguilles. c( Depuis plusieurs années, dit l'auteur, on prend des quantités considérables de moiitée d'Anguilles pour la ré- pandre dans les divers cours d'eau et fournir ainsi une nouvelle source à l'alimentation publique. C'est par my- riades que l'on prend ce poisson à l'embouchure de nos fleuves, et le peuplement des cours d'eau peut se faire facilement. Loin de nous de contester ce fait; mais nous croyons qu'il y a lieu à apporter de sérieuses restrictions à la pratique de l'empoissonnement parles Anguilles; car, après avoir nous même cherché à introduire ce poisson SOCIÉTÉS SAVAISTES. 277 dans plusieurs localités, nous avons eu la preuve certaine que tout n'est pas profit dans une pareille tentative. Nous dirons même plus, nous sommes persuadé aujourd'hui que, dans une foule de cas, il y a dan{îer à le faire. » M. Soubeiraa rapporte, avec des détails trop longs pour trouver place ici, l'histoire de plusieurs tentatives faites sur une f;rande échelle depuis l'année 1856, par plusieurs propriétaires des environs de Caen, entre autres MM. Borne et Sauvedon, desquelles il résulte que de grandes quantitésd'Anguillettes, plusieurs centaines de mil- liers, placées dans des bassins et dans diverses pièces d'eau et nourries à grands frais, n'ont donné qu'une perte d'argent assez considérable, loO francs de produit contre 2,220 francs de dépenses, et qu'en outre toutes les pièces d'eau et les rivières environnantes où les Anguilles avaient pénétré, à la suite de débordements des premières, ont été presque entièrement dépeuplées du poisson qu'elles contenaient assez abondamment, carpes, tanches, gar- dons, écrevisses, etc. Un étang appartenant à M. Boitel, à Clairefontaine, et communiquant avec la rivière de la Ba- bette, n'a fourni à la dernière pêche, depuis que les An- guilles y ont pénétré, au lieu des quantités énormes de poissons qu'on en retirait habituellement, que quelques centaines d'Anguilles dont la plus grosse ne dépassait pas 600 grammes. Dans unu pièce d'eau appartenant à M. Ca- tariné, il n'y a plus d'écrevisses, et les quelques carpes qui y restent encore, d'un volume trop considérable pour pouvoir être dévorées, sont maigres et très-souvent bles- sées aux nageoires et au ventre. « Nous pensons, dit en terminant l'auteur, avoir dé- montré (jue l'empoissonnement des pièces d'eau par les Anguilles n'est pas aussi lucratif qu'on veut bien le dire, et que d'autre part la voracité de ce poisson devra être un obstacle à son introduction dans toutes les régions où l'on voudia conserver d'autres espèces qui donncrnion de meilleurs résultats par leur exploitation. » 278 iiEV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. (Seplcmbre 18G5.) MM. Leplat et Jaillard présentent un travail intitulé : Nouvelles expériences pour démontrer que les Bactéridies ne sont pas la cause du sutig-de-rnte. Après avoir rapporté les principales expériences qu'ils ont pu faire, les auteurs terminent ainsi : « Sauf erreur de notre part, il nous appartient d'avoir démontré que le virus existe réellement, et que, comme tous les virus, le virus charbonneux est d'autant plus actif qu'il est recueilli à une époque plus favorable de son évo- lution, et que surtout !e sang qui le renferme n'a pas subi un commencement de putréfaction. « Pour ne pas entrer dans des considéralions qui se- raient déplacées dans une simple communication et pour conclure, nous dirons : « 1° Le sang-de-rate du mouton, pas plus que la maladie de sang de la vache, ne peut être retranché de la classe des maladies virulentes, pour être rangé dans celle des mala- dies parasitaires. « '2° Les Bactéridies sont un épiphénomène du charbon, dont il est possible de les séparer par une expérimen- tation bien ordonnée ; par conséquent, il n'y a pas lieu de les invoquer comme un caractère essentiel des affections charbonneuses et encore moins comme leur cause. c( 3° Le virus charbonneux, comme tous les virus, est d'autant plus puissant qu'il est plus libre d'éléments étrangers. « 4° Lorsqu'il est pris sur un animal vivant et malade, son action est moins incertaine et plus prompte que lors- qu'il est puisé sur un cadavre. « 5° Privé de Bactéridies, il se reproduit sans Bacté- ridies, au moins sur les lapins ; dans ces conditions, comme les virus vaccin et varioleux vierges encore de glo- bules purulents, il manifeste ses effets d'une manière presque infaillible. « Corollaire. — Si le charbon est une maladie viru- ente, ainsi que nous croyons l'avoir établi, il doit jouir ANALYSES DOUVUAGLS NOUVEAUX. 279 de loules les propriétés générales des maladies virulentes et ne ('ra[)pcr qu'une seule fois le même individu. Nous avons par-devers nous quelques faits qui semblent prou- ver qu'il en est bien ainsi : par exemple, nous avons vu les équarrisseurs de Sours, qui tous avaient eu la pu^^tule malifjne , se couper impunément avec leurs couteaux souillés de sang charbonneux. Une pareille donnée serait liche en résultats de la [)lus haute ini[)ortance, si par des tàtonnen)ents, des essais multipliés on pouvait arriver à donner une maladie sûrement légère, pour préserver les animaux de la même afîoction presque f.italcment mor- telle, lorsqu'elle naît spontanément. Nous ne voulons tirer aucune conclusion du fait suivant, mais il nous engage à abandonner la question des Bactéridies et à poursuivre nos recherches dans la direction qu'd nous trace : dans l'mteniion de savoir si le sang de nos lapins était suscep- tible d'être reporté sur les moutons, nous en avons en- voyé une petite quantité à M. Boutet avec prière de l'essayer ; deux moulons ont été inoculés et ont résisté, puis ont subi impunément l'insertion de .^avgdc-rale de mouton. L'avenir jugera. » III. ANALYSES DOUVRAGES IVOLVEAl X. Les Oiseaux d'Afrique de Levaillant, critique de cet ouvrage, par Cari Sundevall. (Kongliga svenska Vetenskaps Akademiens Ilandiingar. — Ny foeljd. — Audra Baudet, foersta Haeftet, 1857), [). 10-60.) — Trad. du suédois par Léon Om'ii tiAIJ.lARD. Knfin il est évident que Le^ aillant avait rodierclu-, dans 280 RF.v. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Septembre 1865.) Brisson, Buffon et autres auteurs, toutes les espèces que ceux-ci donnaient comme étant de l'Afrique australe, et qu'il les avait admises comme telles dans son ouvrage et cela sans plus d'information; qu'il avait ajouté les avoir rencontrées lui-même dans ces régions et qu'il n'avait pas fait attention que les naturalistes auxquels il avait eu re- cours avaient déjà eux-mêmes été induits en erreur. A cette époque, il arrivait souvent, comme encore même aujourd'hui, que des objets d'histoire naturelle envoyés de l'Inde, de la Chine, de l'Australie, etc. , étaient transpor- tés sur le même vaisseau jusqu'au Cap et que, dans ce der- nier port, ils passaient sur un autre navire qui les amenait en Europe; ou bien que les navires partis de l'Inde et faisant route pour l'Europe abordaient au Cap, et, par consé- quent, étaient censés venir de ce dernier point. Ces collec- tions, dépourvues d'indications précises étaient, vendues en Europe et considérées comme recueillies dans l'Afrique méridionale. De cette manière seulement, je peux conce- voir comment Levaillant affirme avoir trouvé, dans ces contrées, le Pycnonotus hœmorrhous et le P. aurigasUr (n"' 107, let2), ainsi que beaucoup d'autres espèces. A l'article du premier, il dit lui-même qu'il a reçu la même espèce de l'Inde. Il n'y a rien d'étonnant que Brisson, qui fit toutes ses descriptions d'après les collections de Réaumur, fut, de cette manière^ induit en erreur, et que Buffon et Linné le fussent aussi par la faute de leurs prédécesseurs ; mais on ne peut pardonner à Levaillant d'avoir confirmé l'erreur par un nouveau mensonge. C'est par suite de fausses indications qu'il a fait figu- rer, dans ses Oiseaux d'Afrique, le Bâcha (n° 15), qui est de Java, l'Azur (n» 153), qui est de l'Inde, et d'autres. 11 reçut, sans doute d'autres personnes, des dessins assez mauvais d'espèces très -communes au Cap, espèces qu'il ne reconnut pas, et qu'il donna comme nouvelles, en ajoutant, suivant son habitude, qu'il les avait trouvées lui-même; c'est ainsi que je peux expliquer la présence ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 281 de son Col d'or (n" 119), et de quelques autres espèces encore douteuses, Tout lo monde sait quelle confusion déplorable Lathani a su introduire dans l'ornithologie, avec cette foule de dessins d'oiseaux de l'Inde et de l'Australie, qu'il décrivit et auxquels il donna des noms, et cela surtout dans son deuxième supplément; on doit regretter que, de nos jours, plus d'un ornithologiste s'occupe encore à dé- crire des figures d'espèces peu remarquables, dont l'original n'est pas connu, et cela dans l'unique but d'avoir l'honneur d'une découverte ou de donner un nom. En parcourant les Oiseaux d'Afrique de Levaillant, on découvre encore qu'il a vu dans ces contrées divers oiseaux qu'il n'a vraisemblablement pas pu se procurer, ou dont , après les avoir tués, il a négligé de rap- porter les dépouilles, soit parce qu'il les considérait comme des espèces communes en Europe et qu'il ne voulait passe donner la peine de les préparer, soit parce que ses peaux avaient été détruites par les insectes. Après son retour, il reçut des oiseaux qu'il crut reconnaître comme identiques avec ceux qu'il avait vus en Afrique, et il s'en tint là sans plus de réflexions. C'est ainsi que l'on peut expliquer, dans son ouvrage, la présence des figures et des descriptions d'une foule d'espèces, telles que le Blagre, n" 5; l'Acoli, n" 31; la plupart des Chouettes, etc. On peut adopter, pour règle générale, que tous les oiseaux que Levaillant dit avoir trouvés dans son voyage dans le pays dos Namaquois ou des Cafres ne sont pas des espèces propres à l'Afrique méridionale, et que tous les détails, souvent si amusants et si bien contés, qu'il donne sur les circonstances qui les ont fait tomber entre ses mains, ne sont que de simples fictions. Voyez, par exemple, n"' 90 , 95 : 1, 2 et 96; la plupart espèces de >îa- dagascar, etc. i 282 TvEV. ET :.IAG. DE ZOOLOGIE. [Seplemh'c 18G5.) Je passe maintenant à l'examen de chaque espèce de V Histoire naturelle des Oiseaux d' Afrique, par Fr. Levail- lant. Tome I, An vu (1799). 1. Le Griffard (1); Namaqua. — Falco bellicosus, Daud., Trait, (ex Lev.) ; — Aquila bellicosa, Sm., ///., 42; — Spizaetus bellicosus, Kaup., Isis, ISiT, 14.7; — Hartl., W. Afr., o. 2. HuppART ; Houtniqua, Cafraria. — Falco occipita- lis, Daud., Trait. ^ 40 (ex Lev.); — Lath., SiippL, 2; — Spizaetus occ, Kaup., I. c. — Hartl., I. c. 3. Blanchard, Houtniqua. — Falco albescens, Daud., 45, ex Lev. — F. coronatus, Linn.,xn(EDW.,22+); — Lath., n" 6; — Aquila corouata, Smith., /t'/ws/r., 40, 41; Spizaetus (l) Fn hac cuumcratioae, nomina ab auctore, Levaiilantio, data ipsis litteris in 5 gênera distinguimus ; eadem ratioiie qua aves, ab co descriptas, in fine hiijiis tractatus, in 5 ordines, seorsira enurae- ramus; scilicet : a) Nomina litteris capitalibus in)pressa, désignant aves ver. Africœ meridionalis, salis vel bcne ab auctore definitas , e gr. n» 1-4. 6) Litteris ordinariis impressa sunt nomina avium maie definila- rum et propterea dubiarum ; qiias tamen etiam nos incolas regiouis capensis habemus, e gr. n» 6, Cafre ; in quibus una sp. composita : n" 28, Faucon huppé. c) Litteris ordinariis et signo ? nolatœ sunt aves omnino dubiîe. d) Nomina (parenlhesi inclusa) dénotant aves pseudocapenses certe non in Atrica meridionali habitantes, etsi eas ibi invcnisse dicit, et inlerdura forte crédit auctor, e gr. u" 5, 15, '29. In hoc numéro sunt quaedam fabulosae, e gr, u" 31. e) LUleris ilalicis vel cursivis eas aves designamus, quas ipse auctor exiraneas, uec in Africa meridionali inventas dicit, e gr. n" U, 12, 13. Prœteroa aves compositœ signo !, ante nomen posito, drnotantur, e gr. n" 28. — Nomen systematicqna, caîteris antiquius, litteris re- motis imprimitur. ANALYSES d'OLYRAGES NOUVEAUX. 283 coronatus, Kauj)., — et Hartl., 11. cilt. — Icon. Levaillantii (lesfe Smith) ex specimine juniore vel colore pallido, Edwardsii (a Linnaeo citata) ex adulto (Sm.), vel obscu- riore, depiclae. 4. VociFER, « in colonia capensi, ad orientem fre- quens. » — Falco vocifer, Daud., Trait., 65, ex Lev. — Lath., Suppl. 2. — Haliaetus vocifer, Vieil!., EncycL, 1194. — Kaup.. I. c, 282. — Hartl., p. 8. 5. (Blagre). « Ad littora maris ripasque fluminum in colonia capensi » habitare, a Lev. dicitur. — Falco bla- grus, Daud., 70, et Lath.. SuppL 2, ex Lev. — Pandion blagrus, Viei!l., Encycl., 1200, ex eodem opère , quod solus eslfons nominis Blagri — Haiic avem nemo [)Ost Le- vaillantiumin Africa vidit.quarediu dubiafuit. Acutissimus vero, Cuvier, in Règne animal, 1817, p. 316, in nota dicit : « Le Blagre qui est probablement le F. leucogaster » (Lath., n° 9); quam tanien determinationem rejicit Tem- minck (pi. col., 49), quia Blagrum rêvera in Africa meri- dionali inventum crédit, sed F. leucogaster est avis Aus- tralise propria. Icon vero a Levaillantio data non maie leucogastrum exhibet, necaliam avem hodie cognitam re- prœsentare potest. Cognitione igitur diicîi reliquorum er- ralorum ejusdem generis, quœ commisit auctor noster, certe enuntiare possumus Blagrum esse avem mère fa- bulosam, iconemque enjs ex F. Icjcogastro Australiae de- sumptam esse, ctsl vitae ejus ratio copiose a Levaillantio describilur. Is sine dubio in Africa vidit Pandionem ha- liactuni, qui hodie in Cafraria fréquenter obvenit, vel forte, ut crédit J. Verreaox, Haliaetum vociferum junio- rem, qui sœpe habitu juvenili indutus nidificat et eodem ferc modo, ac Pandion, vivit; avi vero non potitus est, vel saliem non domum altulit. Deinde, forte in Europa redux, avem australem accepit, quœ pro capensi ei ven- dila est, in qua Blagrum suum agnoscere crodidit. Sic historiam et iconcm Blagri ortas credimus et eodem fcio modo errata muMn in historiam nafuralcm induxcrunl 284 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Septembre 18C5.) plures auctores; omnes vero hac laevitate excelluit Levail- lant, de qua re supra locuti sumus. 6. Cafre « in Afr. meridionali orientali rarus inven- tus. y) — Falco vuUurinus, Daud., 53, ex Lev. — Avis non minus quam prgecedens dubia, a neinine post Levail- lantium visa. A. Smith pluresque credunt liane esse Aqui- lam Verreauxii, Less. ; Cent. 38, de qua re magnopere dubito. Hanc avem nimis ab Icône Lev. differre, satis su- perque ostendit Des Murs R. Z., 1848, 95, ubi sententiam Temminckii de « Cafro » affert, se. ; « avem non a Lev. in Europam ailatam esse, sed iconem et descriptionem, post reditum, ex memoria compositas esse. )> — Icon mi- nime iiabitum exprimit aquilas, sed tota statura, forma rostri, tarsis longe plumaiis, unguibus parvis, etc., non maie Gypaelum , et praesertim capensem tarsis apico nudis, refert; quare cl. Temminck hanc avem Gypaetura cafrnm nominavit, quod a tractatu. Desmursii, nuper citato, elucet. Credimus igitur Levaillanlium in Africa vidisse Gypaetum juvenilem (colore fere totum obscurum). captivum, loco angusto et sordido inclusum, ubi alœ et cauda valde sunt tritae, cni barba, in avi juvénile semper minus evidens, sorde et tritura, obsoleta facta esset. Vel forte iconem speciminis ojusmodi, ab alio quodam pic- tam, accepit, et inter aves africanas edidit. Credimus etiam aquilam Verreauxii minime cum avi Levaillantii confundendam esse, sed nomen peregrinatorisegregii, et acerbam sortem experti (thesaurum rerum naturalium, per annos XX, collectarum naufragio perdi^it J. Ver- reaux) retenturam. — Nomen vero a Daudinio datum F. Vulturini , potissimum esse omnino negligendum, utpote iconi dubiae datum , vel saltem nullam aliam avem cognitam designare posse, nisi Gypaetum in Africa meridionali habitanlem. 7, 8. Bateleur ; ex Afr. merid. ad occidentem. — Falco ecaudalus, Shaw., Daud., 54, ex Lev. — Helotarsus typicus, Sni., South Afr. Qv. Journ., 1830. — IL ccau- ANALYSES U'OUVRAGES NOUVEAUX. 283 (latus, (ir. etBp., Csp., 16; — Siindev,, Vet. Ak. Oefvers., 1850, 131. — Icon liaud inelior quani prœced(Mitis et ad indolem ejus illustiaiidam apta. {La smite prochainement) Note sur uno espèce nouvelle d'oiseau de l'Algérie appar- tenant au genre Rubiette [Erit/iacus Moussieri), avec planche, suivie de quelques observations sur les oiseaux du haut Valais ; par M. Léon Olph-Galliard. Lue à la Société nationale d'agriculture, d'histoire naturelle et des arts utiles de Lyon, dans sa séance du 2 avril 1832. Tel est le titre d'une petite brochure qui nous a été re- mise dernièrement par M. Olph-Galliard, et dont nous croyons devoir donner une idée aux lecteurs de cette Revue, parce que ce travail, publié dans les mémoires de la Société de Lyon, pourrait y rester oublié des orni- thologistes. Après avoir cherché dans les ouvrages publiés sur la faune du nord de l'Afrique, tels que l'Exploration scien- tifique de l'Algérie, un travail du baron de Miiller, le cata- logue des oiseaux de l'Algérie par Malherbe, etc., l'auteur a pensé que cet oiseau, découvert en Algérie par M. Mous- sier, chirurgien militaire, était nouveau, et il en a donné une description et une figure exactes. Quoique la disposition des couleurs de cet oiseau semble d'abord rappeler celles de notre Traquet tarier [Saœicola rubetra), il me paraît, dit ISL Olph-Galliard , que l'en- semble de ses caractères le rapproche du genre Ilubiette [Erithacus] plus que des Saxicula. L'analogie la plus frap- pante paraît être dans les couleurs de la femelle, qui sem- blent avoir été copiées sur celles de la femelle de VEri- thacus tithys et de \'E. phœnicurus. Cet oiseau a été rencontré, au mois de février, par 28G lŒV. ET MAG. UE ZOOLOGIE. [Scplemlre 1805.) M. Moussier, dans la province d'Oran , où il est rare. Il est plus farouche que les Traquels, avec lesquels il voyage ; se posant de préférence sur les asphodèles, il aperçoit de loin l'objet qui lui porte ombrage et disparaît souvent avant que le chasseur ait pu l'approcher à portée de fusil. A la suite de ce petit travail, M. Olph-Galliard ajoute : « M. Degland, dans son Ornithologie européenne, t. I, p. 496, fait observer, d'après M. Caire, que le Traquet rubicole [Saxicola rubicolo) des hautes montagnes diffère, par la taille et la coloration, de celui de la plaine. J'ai fait une remarque analogue à l'égard des ïraquets tariers [Saxicola rubetra) tués dans la vallée de Louesche, à 4,000 pieds environ au-dessus du niveau de la mer. Ces oiseaux sont également plus petits que ceux de la plaine, les teintes de leur plumage sont aussi plus pâles. « J'airapporlédu même voyage uneBergeronnette(l) qui offre quelques différences avec notre Bergeronnette grise [Motacilla alba). Elle a le bec plus long, les narines plus allongées, les bordures blanches des rémiges moins pro- noncées, les parties supérieures d'un cendré moins clair que chez la Motacilla alba. Chez cette dernière, la tache noire de la gorge et celle de l'occiput s'étendent beaucoup plus bas La différence la plus sensible est dans la taille. La Motacilla alba , mesurant du bout du bec à l'extré- mité de la queue 19 centimètres environ, tandis que je ne trouve que 17 à 18 centimètres chez les Bergeronnettes de Louesche. Ces légères différences sont peut-être dues à la localité. Il faut ajouter que les sujets que j'ai rapportés de cette partie de la Suisse étaient des femelles. « Il serait intéressant de vérifier si ces remarques, rela- tives à la différence de taille et de coloration , peuvent s'appliquer à d'autres espèces des montagnes comparées à celles de la plaine. (1) Autant que je puis me le rappeler , cet oiseau, que j'ai envoyé au pasteur C. L. Brehm, a été reconnu par cet ornithologiste pour sa Motacilla alba sylvestris. MÉLANGES ET NOUVELLES. 287 ((J'ai trouvt! assez aboiulaminoiil la Mésange borcak; (1) {Partis bormlis) cians les bois de !\îélèzcs qui s'étendent autour de cette vallée. Ces oiseaux se tiennent en petites troupes; leurs habitudes ont beaucoup d'analojjie avec celles des autres Mésanges; leur cri a beaucoup de rap- port avec celui de la Mésange nonnette [Parus palustris). Les jeunes ne me paraissent différer des adultes que par des teintes moins pures, le noir de la tète moins foncé. La saison étant trop avancée, je n'ai pu faire aucune rc- clierche pour me procurer les œufs de cette espèce. (( Celle Mésange, la Mésange petite charbonnière [Parus aler], et la Mésange huppée [Parus cristatus), sont les seules espèces de ce genre que j'aie pu observer dans cette contrée pendant le peu de temps que j'y ai séjourné. IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. M. Raphaël Cisternas, savant zoologiste de Valence (Espagne), nous adresse la lettre suivante : (( Veuillez, Monsieur, donner une petite place, dans votre important recueil, à cette courte note, s'il vous semble qu'elle peut avoir quelque intérêt. (( Aux trois cas de polymélie observés récemment sur les Batraciens par M. A. Duméril , je puis en ajouter un autre que j'ai eu lieu de recueillir le 5 avril dans le Jardin botanique, pour le musée de l'université, et dont le sujet est un Alijies obstetricans,Viâg\., offrant une remarquable analogie avec les deux grenouilles décrites récemment par l'illustre professeur mentionne. (( Il a les deux membres abdominaux complètement dé- veloppés et dans un état [)arfaitement normal ; mais de la (1) Décrite par M. J. B. lîailly sous le nom de Partis alpeslris. 288 KEV. ET MAC. DE zooî.oCrfE. (Scplembre 18C5.) partie postérieure de la région pelvienne et à gauche de la ligne médiane, on voit sortir un troisième surnuméraire beaucoup plus grêle, dont le diamètre reste le même presque dans toute sa longueur, et qui était doué de mobilité dans toutes ses articulations. Le fémur est peu développé, mais la jambe et le pied le sont beaucoup plus. Le premier forme une saillie assez prononcée, et sa longueur est de 0'",008; la seconde, longue de 0"',018, n'offre pas la moindre anomalie dans sa structure anatomique; mais il n'en est pas de même pour le troisième, long de 0",025, car le tarse a seulement quatre métatarsiens, les doigts étant réduits au même nombre. Ce sont ces derniers or- ganes qui présentent la plus grande irrégularité; l'interne, en forme de vrai pouce, est entièrement libre et dégagé des autres: l'os cunéiforme de sa base offre bien la figure du tubercule caractéristique et conserve la longueur qui lui appartiendrait normalement; l'externe, le plus court, est aussi grêle que le second , qui est de même longueur que le pouce, tandis que le troisième, un peu plus long, offre la singularité d'être du double plus gros que ses co- latéraux, et d'abord paraît indiquer qu'il résulte d'une fusion de deux de ces organes; mais le métatarsien qui le soutient n'a aucune irrégularité, comme aussi je ne l'ob- serve non plus dans le nombre des phalanges de cet orteil. TABLE DES MATIERES. Saussure. Note supplémentaire sur les mammifères du Mexique. 2J7 Marchand. Catalo^^ue des oiseaux d'Eure-et-Loir. 262 Sociétés savantes. 267 Analyses d'ouvrages nouveaux. 279 mélanges et nouvelles. 287 Paris. — Imprimerie de madame veuve Bouchard-Huzard. rue de l'Éperon. — 18C5. VIMTGT-HUITIÈraz: ANSTSE. — OCTOBRE 1865. I. TRAVAUX Ii\EDITS. Sur les indications que peut fournir la Géologie, pour l'explication des difFérencos que présentent les Faunes actuelles, par M. Pucheran. (Lettre à M. le Professeur d'Archiac— 5m7e.— Voirp. 9, 33,65, 153, 161, 193et 225.) Si, maintenant, nous essayons de déterminer, avec en- core plus de précision que ne l'a fait M. de Lafresnaye, avec quelles dispositions orographiques des parties du continent américain, situées au sud de l'isthme de Pa- nama, s'harmonise la limitation des types oiniUiologiques desdiversesFaunes qui les habitent, nous constatonsqu'elle coïncide avec l'existence de grands et larges des fleuves. Ainsi, M. de Lafresnaye nous dit que les espèces de Bo- gota et de la Nouvelle-Grenade se retrouvent dans le Vene- zuela, jusqu'à Cumana, Maturin, et sur tout le littoral de la mer des Antilles. Un peu plus tard, le savant Zoologiste put constater lui-même, en décrivant trois nouveaux Pas- sereaux (1) provenant des bords de l'Orénoque, à son embouchure, combien étaient exactes ses prévisions. L'Orénoque constitue donc, dans la partie la plus orien- tale de son parcours^ une véritable barrière qui empêche les Oiseaux de se répandre plus au sud, dans les Guyanes. Il en est de même, évidemment, pour l'Amazone, qui, dans une si grande étendue de son long trajet , sépare les Guyanes du Brésil. Or, nous avons dit, quelques lignes (1) Nemosia nigrogenis, Sallalor orenocensis, Coracina oreno- censis ; Revue zoologique, 18iG, p. 273. *i' SERIE. T. xvu. Auiiie Ibtjj. 19 290 RRV. Eï MAG. DE ZOOLOGIE. [Octobre \8C)^.) plus haut, que les recherches des Ornithologistes de notre époque, tendent de plus en plus à différencier les espèces de ces deux régions. Il est probable, enfin, qu'il en est de même du Rio de la Plata, par rapport aux différences qui existent entre les types spécifiques de l'Ornithologie du Paraguay et du Brésil, d'une part, et ceux de la Pata- gonie, d'autre part. Si nous sommes moins affirmatif à cet égard, c'est parce que nous ne croyons pas que la science soit encore en possession de documents suffisants pour nettement limiter au nord cette dernière Faune. Mais, ce que nous [)Ouvons certifier, c'est que les espèces de ces diverses Faunes, si séparées, si isolées dans les parties de ces grands fleuves (Orénoque, Amazone) qui avoisinent l'Océan, se mêlent et se confondent dans les régions qui bordent leurs lieux d'origine. Ainsi, vers la source de l'Amazone, les types du Brésil (Faune brési- lienne) sont en contact avec ceux du Pérou (Faune colom- bienne). Plus à l'est, les différences se manifestent, et les distinctions deviennent plus faciles à établir. Ajoutons que, depuis que M. de Lafresnaye a spécifié les diverses caractéristiques que nous avons exposées, les Ornitholo- gistes, appuyés sur ces principes, procèdent avec beau- coup moins d'hésitation dans les travaux de détermina- tion dont ils ont à s'occuper. Il serait, sans nul doute, bien à désirer que, sous le point de vue de ses types mammalogiques, la Faune de l'Amérique du Sud pût nous montrer des dissemblances aussi tranchées que celles qu'ont pu constater et affirmer les Ornithologistes, en s'engageant dans la voie que leur a ou- verte M. de Lafresnaye. Malheureusement, ce progrès reste encore à accomplir, même pour les distinctions des espèces appartenant à la grande famille des Cébidés, dans l'ordre des Primates. Parmi ces derniers, en effet, nous voyons le Mycetes niger, répandu dans son habitat, depuis l'Amérique centrale jusqu'en Bolivie ; quelques Mamma- logistes hésitent, en outre, à regarder le Mycetes chrxj- TRAVAU:^ INIÎDITS. 291 suroa comme différent du Mycetes nrsinus. Ajoutons que, en Ornithologie, nous voyons fréquen)ment, à ce sujet, nos savants confrères dans une hésitation qui aurait lieu de surprendre, si nous ne savions combien est encore grande la difficulté des distiticlions dans cette partie de la Zoologie américaine, tant les nuances sont délicates à saisir, tant les gradations se multiplient. C'est ainsi que nous voyons M. Sclater ne pas oser séparer spécifique- ment le Tachijphonus luctuosus, de la Trinidad, de celui de Bolivie. Ainsi encore, le même Ornithologiste n'isole pas le Tachyphonus Beauperthuyi du Tachyphonus mela- leucus. J'ai vu des individus, me dit, à cette occasion, M. Sclater, lorsque je lui présentai mes réflexions à ce sujet, qui m'ont offert, pour la fusion des deux types, des caractères dont il m'était impossible de ne pas tenir compte. Nous arrivons donc à conclure : 1" Que les caractères dont se servent, en Mammalogie et en Ornithologie, les Zoologistes, pour la distinction des espèces, présentent de nombreuses et fréquentes varia- tions dans la Faune américaine ; 2° Qu'il est cependant possible, en Ornithologie, de pouvoir distinguer, au sud de l'isthme de Panama, un certain nombre de régions dont les espèces peuvent être, quoique présentant avec elles beaucoup de ressemblance, distinguées de celles des contrées voisines. La première de ces conclusions est évidemment en rap- port avec cette uniformité de caractères physiques que nous semble présenter le continent américain, dans sa partie méridionale, soit au sud, soitau nord de l'Equateur. Si nous croyons avoir bien compris les détails que nous ont donnés, à ce sujet, les intrépides explorateurs de ces diverses zones du nouveau monde, il nous semble qu'ils ont partout signalé, dans leurs narrations, si empreintes d'enthousiasme, une active et puissante végétation. A cette uniformité de caractère physique du coiitinc^jt 292 RKV. ET MAG. DK zooLOCriE. {Octobre 1865.) de l'Amérique méridionale, et même nous pourrions dire de toute l'Amérique, devait correspondre , et corres- pond, en effet, une Faune dont les espèces ne présentent que des différences fort peu accentuées. Rien de sembla- ble,ainsique le savent les Zoologistes, ne se'présentedans l'ancien monde. L'Europe, sous ce point de vue, diffère, à tous égards, du continent africain, et la Faune africaine, dans les types spécifiq\ies qui la composent, est très-facile à distinguer de celle qui est particulière aux pays situés au nord de la Méditerranée. Ce caractère d'uniformité se manifeste même dans les races humaines qui habitent l'Amérique. Tous les Anthropologistes peuvent attester combien les indigènes du Nord ressemblent à ceux du Sud. Or, dans l'ancien monde, et seulement en Afrique, et encore au sud de l'Atlas, nous trouvons quatre races (Nègres, Gafres, Hottentots, Boschismans), dont les traits distinclifs deviennent saisissables, dès les premiers coups d'œil qu'on jette sur eux. L'Amérique méridionale pré- sente, il est vrai^ dans son extrémité patagonienne, une région plus sablonneuse, ne présentant plus, dès lors, si nos souvenirs de lecture sont exacts, une végétation com- parable à celle des Guyanes et du Brésil, mais nous de- vons rappeler aussi l'assertion, citée plus haut, de M. de Lafresnaye, qu'il existe une Ornithologie patagonienne, oc- cupant à elle seule toute la partie méridionale du con- tinent américain depuis Buenos-Ayres, c'est-à-dire la Patagonie et le Chili méridional. Il nous paraît, dès lors, évident que, ainsi que nous en avons donné des preuves multipliées dans nos diverses publications sur les Carac- tères généraux des Faunes, les Zoologistes, en ne faisant attention pour expliquer les dissemblances qui existent entre les types des Faunes qu'aux différences qui sont du domaine des causes météorologiques, laissent trop à l'écart celles qui sont inhérentes aux caractères phy- siques que présentent les divers milieux dans lesquels ils font leur séjour. Quanl à nous, nous croyons de nouveau TRAVAUX INÉDITS. 293 devoir redire, et les phrases qui précèdent nous semblent, à leur tour, en donner encore une nouvelle démonstra- tion, que l'uniformité de caractère physique des milieux actuels entraîne, à sa suite, l'uniformité dans les carac- tères typiques des Faunes, tandis que, au contraire, à la diversité dans les caractères physiques des milieux se rattache la diversité dans les caractères typiques des Faunes. Quant à la seconde des conclusions que nous avons énoncées plus haut, il est évident que les faits qu'elle résume s'harmonisent avec la disposition orographique de la partie australe du continent américain. Dans chaque grand bassin des grands fleuves qui la sillonnent (Oré- noque, Amazone, Rio de la Plata) se trouvent des Faunes spécifiques, dont les variations différentielles, difficile- ment perceptibles, nous semblent indiquer que leur sé- paration du centre d'irradiation qui leur a servi de lieu initial d'origine peut être considérée comme étant en- core récente. On ne peut, ce nous semble, par suite du peu de constance de ces différences toutes spécifiques, admettrequ'il y en a eu plusieurs, et, si on l'admettait, on serait forcément conduit, ensuite, à penser que la tendance à l'uniformité, que nous offrent actuellement tous ces Mammifères et tous ces Oiseaux, est le résultat delà fu- sion de tous ces centres en un seul. En réalité, nous sommes toujours inévitablement ramenés à la théorie de l'adaptation des types au milieu dans le(]uel ils se trou- vent actuellement séjourner, adaptation (|ui, peut-être tardivement opérée, n'a pu entraîner, dans leurs organes extérieurs , des dissemblances aussi importantes que celles que nous présentent d'autres Faunes, dont les lieux (le séjour offrent aux observateurs des différences bien plus tranchées, dans leurs caractères physiques. C'est encore à la Géologie que doit revenir l'insigne honneur de jeter des flots de lumière sur ces épaisses té- nèbres, qui voilent encore aux yeux du Zoologiste les états 294 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Octobrc 18G5.) antérieurs de ces régionsde notre globe. Si des recherches de vos émules et de nos maîtres sur le mode de produc- tion des chaînes de montagnes, il résulte, Monsieur le Professeur, qu'un certain nombre deconclusionsy relatives peuvent être considérées comme définitivement acquises à la science, il estévident qu'elles doivent nous apprendre si la grande chaîne des Andes est postérieure, dans la production de son relief actuel, à celles des régions qui, à l'est, la séparent del'Atlantique, et à l'ouest, duPacifique, ou bien si elle leur est antérieure. Une fois ce premier problème résolu, il restera évidemment à aborder la ques- tion relative à la chronologie d'émergence des vastes ter- ritoires baignés par les trois grands fleuves iOrénoque, Amazone, Rio de la Plata) de cette partie du nouveau monde et par leurs affluents. Quelle est, de ces diverses zones, celle qui a précédé les autres dans son évolution ? Une fois cette première difficulté surmontée, les autres questions seront faciles à aborder et la réponse qu'elles exigent sera, de même, facile à donner. Il nous paraît impossible d'admettre, en effet, qu'il yaiteu synchronisme dans le mode d'évolution de la grande chaîne des Andes, et des plaines plus ou moins accidentées qu'elles surmon- tent à l'est et à l'ouest. Nous pouvons en dire autant des régions qui séparent les trois grands fleuves de l'Amérique australe. Mais la- quelle d'entre elles a précédé celle qui l'avoisine ? En ce qui concerne ces diverses Faunes (du Venezuela et des Guyanes, du Brésil, du Paraguay, etc.), l'explica- tion de leurs différences dépend donc entièrement des conclusions que la Géologie doit formuler. Ainsi que nous l'avons déjà dit et redit, ces différences ne sont pas toujours bien faciles à percevoir, ce qui nous paraît une preuve à peu près évidente de leurs manifestations ré- centes. Or, il en est sûrement de même pour beaucoup d'es- pèces d Oiseaux, dont le Mexique est T habitai, par rap- TRAVAUX INÉDITS. 295 port à leurs homologues de l'Amérique du Sud. Il en est ainsi du Ciccaba atrolineata, par rapport au Ciccaba hu- hida, des Asio Mac Calli et flammeola comparés au Scops cholibn. II en est ainsi encore parmi les Passereaux, des Sittace Petzii , Brotogeris tovi , Picus scapularis , Pipra Candei, Pipra mentalis^ mis en parallèle avec les Sittace aiirea, Conurus juyularis, Picus lineatus, Pipra fjullurosa, Pipra rubrocapiUa. Fort peu de différences séparent ces divers types, de sorte que, par suite de leur présence, de même que par celle de bien d'autres que nous pourrions citer de nouveau, les terres mexicaines peuvent être considérées comme faisant partie, par leur Faune, de l'Amérique du Sud, aussi bien que le Venezuela, les Guyanes et autres régions plus australes. Nous sommes donc, en ce qui concerne ce dernier pays, obligés, comme nous l'avons déjà fait, de nous demander quelle est son époque de formation, par rapport à ceux qui le continuent soit vers le nord, soit vers le sud. Nous venons de voir combien la solution de cette question a de l'importance pour la Faune de l'Amérique méridionale. Celte importance ne peut, non plus, être contestée, lorsqu'il est question de celle de l'Amérique du Nord. [La suite prochainement-) Histoire naturelle et médicale de la Chique (lihyncho- prion pene^n/ns,Oken), insecte parasite des régions tro- picales des deux Amériques. — Par M. Guyon, docteur- médecin, correspondant de l'Académiedes sciences, etc. — Mémoire accompagné de planches. Tanla tantillœ bestiœ pestis ! Liobrizhofler, IHsforia de Abiponibus, t. II, xxxiv. INTRODUCTION. Le nom de Chique, •r^oxxs lequel nous traitons de l'insecte i296 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Octobve 1865.) qui fait le sujet de notre mémoire^ est celui qu'il porte aux Aniilles françaises, et que le R. P. Raymond, dans son Dictionnaire caraïbe, écrit Ckicke et Chicque (1). Des voyageurs plus modernes, Rodschied et Von Sack, entre autres, l'orthographient : le premier Jc/u/ce etr*T/i?c/ce, et le deuxième Tschike. C'est un nom caraïbe que nous retrouvons, avec les variantes Xique, Sike, Chico, Sico et Siko (2), chez les Indiens continentaux d'où descendaient les Caraïbes, et avec lesquels ils étaient restés en relations suivies. Nous retrouvons encore le nom de Chique.^ ei àpeu près avec la même consonnance, chez les Incas du Pérou, dont la langue, du reste, paraît fort semblable à celle des Ca- raïbes et des Indiens orientaux. Et, en effet, le nom de la Chique choz les Incas est Seccec, du verbe Seccen, déman- ger, donner des démangeaisons, des cuissons. La Chique est la Nicjua des Espagnols, le Bicho et le Bi- cho dos pes des Portugais brésiliens (Pison, Marc-Grave). C'est la puce de sable [the sand flca) et la puce de poussière (selon les lieux où on la rencontre), le Chego et encore le Chegoë el le Clugger des Anglo-Américains. Les Espagnols péruviens la désignent sous les noms de Pigue ou Pique (é), et de pico (Frézier). Son nom varie chez les Indiens du Brésil, qui la con- naissent sous ceux de Tungn (Pison), de Tom (Thével), de Ton (de Léry, Marc-Grave), de Sico (de Laet). C'est le Tû ou Tiingay (mauvaise puce) des Guaranis ou Guaraniens (1) Petit Catéchisme, ou sommaire des trois premières parties de la Doctrine chrétienne, traduit du français en la langue des Caraïbes insulaires, p. 1^8; Auxerre, lOOi. (2) Chico fd'autres écrivent Sicoi, Xique, dit M. de Martius (Glos- saria Unguarum brasiliensium), uoni du pulex penetrans en Guiibis. Nous voyous de plus dans Barrère, qui a écrit sur la Guyane, le mot Cliiquc ortliographié Xique, sans doule d'après la pronouciatiou du nom de l'insecte parmi Ips Indiens de cette contrée. TRAVAUX INKDITS. 297 (Dobrizhoffer), et VÀagrani (le mordeur ou piqueur) des Alipons (Dobrizhoffer). Le plus ancien nom sous lequel l'insecte soit connu est celui de Nigua que lui donne, pour le!> îles d'Haïti (Saint- Domingue) et de Cuba, Oviedo, dont les écrits remontent, comme on sait, aux premiers temps do la découverte de ces îles. La Chique, appelée, par de Léry, petite bestiole^ petite verminette (1), est un insecte fort semblable à la puce dont il ne semble différer, à première vue, que par un volume moindre et des pattes postérieures plus courtes, ce qui le prive d'une faculté que possède la puce, celle de sau- ter (2). Du reste, comme la puce, la Chique se nourrit du sang de l'homme et des animaux (3), et elle le suce de même, après avoir pratiqué sur la peau une piqûre peut- être plus prompte et plus vive que celle de la puce. La trace qui en reste diffère peu de celle laissée par la der- nière, bien que s'opérant, comme nous le verrons en son lieu, avec un dard ou une lancette de plus. La voracité de la Chique est peut-être plus grande que celle de la puce; car, en un clin d'oeil, elle a acquis le double et plus de son volume ordinaire, ne lâchant prise que lorsqu'elle est entièrement repue. Son accouplement ne paraît pas (1) Histoire d'un voyage fait en la terre du Brésil dite Amérique, coutenaut la navigation et choses remarquables vues sur nier par l'auteur, avec ligures, ô» édition, p. 185; Genève, Kill. Rochefort , lui, appelle la Chique une petite înile ; Théyei, avec d'autres, un certain petit ver; d'Abbeville, ainsi que Biet, une sorte de vermine. (2) La privation de cette faculté avait déjà appelé l'attention de deux voyageurs, Sloane et Ulloa : « Heureusement, dit le premier, « que l'insecte soit dans l'impuissance de sauter, ou la zone torride « en serait absolument inhabitable; il est heureux, dit le second, « qu'il ne puisse sauter, car alors aucun être vivant n'en pourrait « être il l'abri. » (3) Bien entendu que nous prenons ici leiuotl'uce dans son accep- tion générique, la Puce de l'Iiomme n'attaquant pas les animaux. 298 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Octobve 18G5.) différer de celui de la puce. Là s'arrêtent les points d'a- nalogie ou de ressemblance existant entre les deux in- sectes. Et, en effet, tandis que la puce, après son accou- plement, continue à vivre sous l'influence des agents extérieurs, et en s'alimentantà sa manière accoutumée, la Chique, elle, au contraire s'y soustrait; elle s'y soustrait pour s'ensevelir vivante, dans un milieu désormais son tombeau. Mais n'anticipons pas sur des phénomènes dont l'exposé se fera à sa place. Disons seulement que l'on re- tiouve chez les Lernéacées, remarque déjà faite par M. Karslcn, un exemple à peu près semblable du derniei' mode d'existence de la Chique. Notre travail se compose de douze parties sous les titres suivants : 1. Historique. — 2. Histoire géographique. — 3. Loca- Hiés habitées par l'insecte, saison pendant laquelle on l'ob- serve^ ses ennemis. — 4. DéterminatAon ou classification. — 5. Description. — 6. Physiologie parasitaire. — 7. Des at- taques parasitaires de la Chique. — 8. Pathologie. — 9. Prophylaxie. — 10. Traitement. — 11. Observations particulières. — 12. Bibliographie. 1. Historique. Oviedo Valdes (Gonzalo-Fernandez de), dont les pre- miers écrits sur l'Amérique remontent à l'année 1526 (1), parle delà Chique^, et ses successeurs ont continué à en parler^ tels que, savoir : Robert Tomson en 1555 (2), (1) De la natural historia de las Indias, in-fol. goth. de 54 f.; se inipriraio en la ciudad de Toledo, a costas del autor, M.D.XXVI. — Ouvrage réirHprimé à Séville en 1525, avec ce nouveau titre : De la historia général y natural de las Indias y terra ferma del mare Oceano, in-fol. goth., fig. (2) Tomson (non Tonson, comme r<^crit Sloane et Swartz après lui) dans la collection de Hichard Hafiluit, t. 111, p. 535 de la nou- vellt. édition. TRAVAUX INliUITS. 299 Uaiis Stade n en 1556^ André Thévet en 1558, Benzoni en 1565 (parcourait rAméiique de 1541 à 1555), (loniara en 1569 (1), Jean de Léry en 1578, Claude d'Abbeville en 1614, Samuel Purchas en 1625, Jean de Laeten 1630, Jacques Bouton en 1640, Mauril de Saint-Michel en 1643, Guillaume Cooper en 1645, Guillaume Pison et Georges Margraff en 1648, Mathias Dupuis en 1652, Jean du Tertre en 1654, Thomas Li{]on en 1637, Rocliefori en 1658, Antoine Biet et Raymond Breton en 1664, Fèvre de la Barre en 1 668, Louis Feuillée et Jean Staden de Homberg en 1714., Frézier en 1716, Durret en 1720, J. B. Labat en 1722, Hans Sloane de 1707 à 1725, Barrère en 1743, Gumilla et le Bév. Smith en 1745, Ulloa (Don Antonio de) en 1748 (2), Patrice Brown en 1756, Bankrolït en 1769, Hartsink en 1770, JVIarc Catesby en 1771, Chappe d'Auteroche en 1772, (1) Traduit de l'espagnol eo 1j88, par Marthe Fumie et M.irly lechast. (2) Première éditiou espagaole puhlR'C à Madrid. 300 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. {Oclobre 1865.) Molina en 1782, Dobrizhoffer en 1784, etc. Outre les mentions, plus ou moins détaillées, qui ont été faites de la Chique, et par les voyageurs que nous venons de nommer, et par d'autres encore, à la fois plus nombreux et plus rapprochés de nous, ainsi que les ar- ticles qui lui ont été consacrés dans nos dictionnaires d'histoire naturelle (1), elle a fait l'objet de bon nombre de travaux spéciaux dont les deux premiers ont paru sans nom d'auteur, l'un à Nuremberg en 1733, et l'autre à Berlin en 1773 (2). Entre ces deux publications eurent lieu, en 1767, les essais de classification de l'insecte, et par Rolander d'abord, puis par Linné. Vinrent ensuite les auteurs ci-après : Swarizà Stockholm, en 1788 ; Rodschied à Francfort, en 1796 ; Okeji à léna, en 1815 ; Kirby et Spence à Londres, en 1823 ; Labat à Paris, vers 1830 (3) ; PohI et Kollar à Vienne, en 1832; Rengger à Genève, en 1832; Dugèsà Paris, en 1836; Waterton à Londres, en 1836; Stuckard à Londres, en 1836; Wolmarà Londres, en 1837; Sells à la Jamaïque, en 1839 ; Guildmg (manuscrit) à Londres, cité par le suivant; Westvood à Londres, en 1840; Burmeister en Allemagne, en 1853; (1) Le plus remarquable est, sans contredit, celui de M. H. Lucas, dans le Dictionnaire \)ab\ié sousiadirectiou de M. Charles d'Orbigny. (2) Voir, à l'article bibliographique, placé à la fin, le titre des deux mémoires. (.'5) Publication sans millésinn', comprise parmi d'antres du même auteur, formant ensmbie un volume qui se trouve à la bibliothèque de l'Académie de médecine. TRAVAUX INÉDITS. 301 M. Vizy à Parisien I8G3; M. Karsten, à Moscou, en 1865; M. Brassac (manuscrit), à Saint-Nazaire, en 1865. Bon nombre de ces auteurs ont fifjuré l'insecte, la plu- part au seul point de vue de son développement parasi- taire. Ce sont : 1° A l'étranger, et par rang de date, Sloane (1), Ca- tesby (2), Swartz(3), Pohl et Kollar(i), Stuckard et West- vood (5), M. Karsten ; 2° En France, Constant Duniéril (Z>îc^ des se. nat. et cons. génér. sur les insectes) ; Dugès ( Annales des sciences naturelles) ; Guérin-Méneville {Icon. durègne an. de Cuvier); Moquin-Tandon {Zoologie médicale). Mais, disons de suite que l'iconographie la plus remarquable que nous possé- dions de la Chique est celle de M. Karsten; elle est en même temps la plus complète, car elle comprend, pour la première fois, l'insecte mâle et le^; organes de la généra- tion dans les deux sexes. M. Karsten a fait faire, sous ce rapport, un grand pas à l'histoire naturelle de la Chique. Aussi reproduisons-nous, tout entière, à la fin de notre travail, l'iconographie du savant professeur allemand. (1; C'est la femelle extraite de l'homme à nue époque assez avancée de sa gestation. {Histoire de la Jamaïque, Introduction, pi. 124.) ('2) C'est encore la femelle très-grossic, mais avant sa pénétratiou chez l'homme, et dans son état normal par conséquent. (Histoire na- turelle de la Caroline, de la Floride, etc., t. Il, pi. 10, fij,'. 3.) ('.i) Les ligures du savant suédois sont au nombre de huit. La der- nière, sous la lettre 1, est sans doute la plus curieuse: elle repré- sente ce que l'auteur appelle la première forme des petits de la Ctiique, état sous lequel l'insecte n'a encore été vu que par lui, et sur lequel nous reviendrons en son lieu. (4) l'arnii leurs figures, toutes remarquables, est celle de la patte d'un chien, à la face inférieure di- laquelle se voient jusqu'à quatorze Chiques à dllfércnt:. points de développement. (5) Leurs figures ne sont que des reproductions d'une partie de celles des deui naturalistes précédents. 302 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (OcfOÔre 1865.) 2. Histoire géographique. La Chique existe sur les deux côtes de l'Amérique tro- picale, et au delà, tant dans l'hémisphère nord que dans l'hémisphère sud (1). Mais, jusqu'où s'avance-t-elle dans le nord, et jusqu'où s'avance-t-elle dans le sud? Selon l'Espagnol Azara, la Chique ne dépasserait pas, dans le sud, le SB*" degré de latitude. « Ces insectes, dit- ce il, parlant des Piques ou Niguas du Paraguay, ne pas- « sent pas le 29^ degré de latitude australe. » {Voyage dans l'Amérique méridionale, par Don Félix de Azara, t. I", p. 208; Paris, 1809.) Les observations faites depuis, sous le même point de vue, ont peu modifié les limites sud assignées à la Chique par l'auteur espagnol, du moins quant à la côte orientale du continent dont nous parlons. Et, en effet, le point le plus sud ponr lequel, jusqu'à ce jour, nous possédions une observa- tion certaine de Chique, pour la côte orientale de ce conti- nent,est San Borja, rive gauche de l'Uiaguay , situé par les 28° 40' de latitude, et où M. le docteur Martin de Moussy a été atteint d'une Chique (2). Déjà ce médecin voyageur avait souffert d'un insecte semblable vingt minutes plus au nord que San Borja, à Mburucaya, situé par les 28" 20' de latitude australe. Les 28° kO' de latitude sud sont donc le point le plus sud où la Chique ait été observée sur la côte orientale de l'A- (,1) Un faJtt remarquable sans doute est la non-existence de la Chique par les mêmes parallèles de l'Afrique occidentale, où elle semblerail être remplacée par la petite Puce fort incommode dont parle Adan- soB , pour le Sénégal , sous le nom de Puce de sable. (2) DobrizhoffiT (Hùloria de Abiporiibus, 1784) signale son absence à Cordova et à Buenos-Ayres, qui sont au delà du 30" degré de lati- tude sud , mais il la signale aussi, et à tort, aux limites sud du Paraguay, ainsi qu'à Tucumana, où l'on eu serait infesté l'hiver selon M. le docteur Martiu de Moussy (voir plus loin, au texte). TRAVAUX INÉDITS. ?03 mérique australe ; son existence constatée, sur la côte occi- dentale du même continent, aurait été jusqu'à Coquimbo ou la Serena (Chili septentrional), d'après Molina, Saggio salle Storia nalurale de Chili, p. 214 (1), Or, Coqqinilqo ou la Serena est située par les 29" 54' 10" do latitude sud. Seulement, d'après le même auteur, l'insecte n'y serait pas commun, mais il le serait assez un peu plus ap nord, à Copiaco, située par les 27o 20' de lalituds sud, et où un voyageur en a été atteint il n'y a pas longtemps. Ce voyageur, dans ce moment à Paris, est M. Onlroy de Thoron, à qui la science doit des observations fort intéressantes. Quant à l'existence de la Chique dans l'Amérique sep- tentrionale, lobservalion la plus nord que nous en possé- dions est celle faite par Catesby à Nassaq, dans l'île de la Providence, l'une des îles Lucayes ou de Bahama. Le sujet n'était autre que le gouverneur même de ces îles. Son Exe. Phinney, qui se faisait l'exiraction d'une Chique comme le voyageur se présentait chez lui pour sa visiie d'arrivée. L'insecte siégeait au pied. C'était au mois de février 1725. Il faisait alors très-froid dans l'île, à tel point que, chez le fonctionnaire que nous venons de nom- mer, on fut obligé de faire du feu pendant deux jours. D'où l'on peut inférer que la Chique peut vivre sous une température assez basse. Toutefois, il ne neige ni ne gèle jamais dans l'île de la Providence, pas même dans la plus (l)LaChiqucaélé sigualée par Ulloa, ainsiquepar Foëppig, voyageur hollandais, comme existant dans tout le Chili, où elle serait même très-mullipliéc, d'après le deniicr voyageur [li.Luciiâ,Ar(. déjà cité]. Cetteerreur tiendrait, selon Molina (Op. cit.), à ce que, dans certaines contrées du Chili, ou donne le nom de Mgua à la puce ordinaire ou du pays, puce à la fois très-coninuine et très-incommode. Toujours est-il que M. Claude Gay, a qui l'on doit une Ilistuirc naturelle du Chili, n'a rencontré la Chique eu aucun point des contrées qu'il a visi- tée.-dansée pays, et c'est ce dont il uousa assuré lui-même plusieur-. fois. 304 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Octobve 1865.) septentrionale des Bahama, tandis que, sur le continent voisin, la Floride orientale, les hivers s'accompagnent toujours de neige et de gelée^ selon Catesby, Op. cit., t. II, p. 39. Le même voyageur que nous venons de citer, Catesby, fait figurer la Chique ou le Chégo, comme il l'appelle, au nombre des insectes qu'il aurait observés dans la Caro- line. Ces insectes sont au nombre de 14-, qu'il nomme dans l'ordre suivant : « Le ver de terre, le ver de Guinée, le limas, la pu- ce naise, la puce, le chégo, le pou, etc. » [Op. cit., t. II, p. 37.) Cependant, tout porte à croire que la Chique n'existe ni dans la Caroline ni dans aucune des autres pro- vinces méridionales de l'Union (1). Toujours est-il que l'Anglais lîartram, voyageur botaniste, qui, sur la fin du siècle dernier (1777-1778), explorait les provinces sud de l'Amérique du Nord, ne fait nulle mention de la Chique, bien qu'il n'épargne pas les détails sur d'autres insectes plus ou moins incommodes pour l'homme, et qui vivent dans ces contrées. fFoiya^e (/ans les provinces sud de l'A- mérique septentrionale, etc., traduit de l'anglais par Be- noist; Paris, an VII.) Nous retrouvons le même silence sur la Chique chez un voyageur dans les mêmes contrées, dans un ouvrage édité par Duvallon, et qui n'eût certainement pas omis d'en parler si elle y existait, apiès s'être exprimé, avec tant d'amertume, contre « les moustiques et les maringouins « quiy assaillentlhomme, dit l'auteur, depuis le commen- « cernent du printemps jusqu'à la fin de l'arrière-sai- c( son (2). » [Vue de la colonie espagnole du Mississipi, ou Floride occidentale, en l'année 1802; Paris, 1803). (1) Je rcmaniue que la puce, qui existe dans la Caroline et autres provinces méridionales de l'Union, n'existe pas aux Antilles, où elle semblerait en être exclue par la Chique. (2) Outre les Moustiques et les Maringouins qui tourmentent l'homme dans le sud de l'IJoion, et jusqu'à une latitude assez élevée. TRAVAUX INÉDITS. 305 Ajoutons que plusieurs Américains des État-Unis que nous avons consultés en France, sur l'existence de la Chique dans le sud de ces États, sont tous dans la même ignorance à cet égard. Cependant, M. dlover (Townend), entomolo- gisteattachéau département de l'agriculture des États-Unis, à Paris dans ce moment, croit avoir entendu dire, lorsqu'il explorait les Carolines et les Florides il y a de douze à quinze ans, qu'elle existait et dans la partie la plus sud de la Floride orientale, et dans la partie du Texas la plus voi- sine du Mexique. Ce même naturaliste, à l'époque dont nous parlons, eut beaucoup à souffrir d'une Chique à la Nouvelle-Orléans (Louisiane), mais il l'avait contractée au Venezuela quinze jours auparavant. L'insecte siégeait au deuxième orteil du pied gauche, près de l'ongle, qui se détacha complètement, par suite des désordres pro- duits dans la partie par le parasite. De tout ce que nous avons dit jusqu'à présent, sur l'existence géographique de la Chique, nous nous croyons suffisamment fondé à établir qu'elle ne s'avance, ni dans le nord ni dans le sud, au delà du 30^ degré de latitude. Et, en effet, nous avons vu que, pour l'Amérique du sud, Coquimbo, où elle s'observe, est située par les 29" 54' 10" de latitude, et que, pour l'Amérique du nord, l'île de la Providence, pour laquelle nous possédons une observation de Catesby, est située par les 25" 4' 33" de latitude. Que si nous admettions, d'après les probabilités don- nées [)ar M. Cdover, que l'insecte existe aussi dans le sud de la Floride orientale et dans la partie du Texas la plus voisine du Mexique, l'existence géographique de la Chique, dans l'Amérique du nord, pourrait être reportée de plusieurs degrés plus au nord que l'île de la Provi- il s'y trouve encore deux autres insectes Irès-désagréablcs et qui atlcigneul les chasseurs et autres habitants frOquentaiit les furets ; ce soûl la Tique, espèce d'ixode, et la bute rouge, qui u'est qu'uue larve, conniûe on sait. 2» SERIE. T. XVII. Année 18G5. 20 306 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Oclobrc 1865.) dence, mais, pourtant, sans atteindre encore le 30' degré de latitude. Après avoir cherché à déterminer jusqu'à quel degré de latitude, tant dans le nord que dans le sud;, la Chique s'a- vance, il est naturel de chercher à déterminer aussi jusqu'à quelle altitude on la rencontre. Selon dellumboldt, dans l'A- mérique méridionale, elle est multipliée de 1,000 à2, 000 mè- tres d'altitude, qui est la région des fougères arborescentes; elle le serait même plus que dans les plaines. « L'homme, « le singe et le chien, dit le célèbre voyageur, y sont in- « commodes par une infinité de Chiques qui sont plus « abondantes que dans la plaine (1). » Je ne sais jusqu'à quel point cette assertion peut être fondée. Toujours est- il que la Chique est très-multipliée sur la plage maritime. Selon toute vraisemblance, l'altitude à laquelle elle peut arriver varie, comme la température, selon la distance de l'équateur. Toujours est-il que la Chique, qui existe à Santa-Fé de Bogota, dont l'altitude est de 2,661 mètres, n'existe pasà Mexico, dont l'altitude n'est que de 2,214 mè- tres. Or, Santa-Fé de Bogota est située par les 4° 35' 48" de latitude nord. La Chique a été observée dans la dernière de ces loca- lités, et par le naturaliste Justin Goudot, et par M. le doc- teur Roulin. Et, cependant, la plupart des autres insectes des terres chaudes, situées par la même latitude, dispa- raissent à cette élévation, oii le thermomètre descend la nuit, pendant les jours nébuleux et pluvieux, jusqu'à de 5 à 4 degrés au-dessus de zéro, d'après le voyageur Le- blond (2). (1) Amérique espagnole, daus la Géographie de Malle-Brun. (2) Mémoire sur Vhisloire nalurclle de Sanla-Fé de Bogota, daus le Journal de physique, t. XXVIII, p. 322, année 178G. Au coinuieucement de noire campagne du Mexique (novembre 18(521, alors que Us troupes, campées daus les terres chaudes, étaient fortement éprouvées par les Chiques, celles qui, en môme temps, occupaient le plateau de Pérottc, situé en terres froides, n'eu souf- SOCIÉTÉS SAVANTES. 307 Je remarque que M. le docteur Martin de Moussy, déjà cité, a été atteint de Chiques à Oran (province de Cor- rientes), dont l'altitude est de 310 mètres, et la latitude de 23° 71' . Par cette même latitude, selon le même voya- geur, tout insecte a disparu à 2,500 mètres d'altitude. Il va sans dire que, dans son état parasitaire, la Chique peut être transportée bien au delà du 30° degré de lati- tude, soit dans le nord, soit dans le sud, et sans qu'elle en paraisse souffrir le moindrement^ témoin ces deux Chiques que le docteur Montegazza avait contractées, sans s'en douter, à Assomption (Paraguay), située par les 2ûo 20' de latitude sud, et dont il ne s'aperçut que 600 milles plus loin, dans le sud. C'était au point de son débarquement, à Rosario (province de Cordova)^ situé par les 32° 31' de latitude australe. Ce changement de cli- mat n'avait nui, en aucune manière, au développement des œufs des deux parasites. «Senza che questo cambia- « mento di clima, dit notre voyageur, impedisse lo Svi- « luppo dclle uova. » [Sulla America méridionale, ou Let- lere mediche del dottore Paolo Montegazza, t. 1", p. 285 ; Milan, 1858.) {Im suite prochainement.) il. SOCIETES SAVANTES. Académie des sciences. Séance du 18 septembre 186i. — M. Serres lit une deuxième vote sur le squelette du Glyptodon clavipes. « La paléontologie, ainsi que l'ont établie au Muséum nos illustres prédécesseurs, CuvieretBrongniart,se divise en deux sections très-distinctes : la paléontologie géolo- fraieiit pas moins, à tel point que, ponr en prévenir de nouvelles attaqiKS, le général liazuine (aujourd'hui n)aréchal), dont elles formaient la division, dut prescrire une visite journalière des pieds dis houimes. 308 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Oclobve 1865.) gique, qui a pour objet la structure du globe aux divers âges de sa formation ; et la paléontologie anatomique et biologique, dont l'objet est l'étude de la gradation ascendante de la vie dans les profondeurs et à la surface de notre planète, c'est-à-dire dans le temps et dans l'espace. C'est de cette dernière qu'il sera question dans cette seconde note et dans celles qui la suivront, en pre- nant pour guide cette haute pensée des physiologistes mo- dernes : Le squelette est un signe physiognomonique indi- quant qu'un esprit créateur, et des êtres créés, se sont réci- proquement pénétrés dans la vie. «Parmi les grands mammifères cuirassés qui hantaient, aux époques géologiques, la rive occidentale de l'Atlan- tique, et dont les Tatous ne sont restés, de nos jours, que les infimes représentants, il n'en est pas de plus célèbre que le Glyptodon clnvipes. « Et cependant, malgré les travaux successifs d'Owen, de Lund, de Nodot, de Huxley et de Burmeister, on n'a- vait encore, jusque dans ces derniers temps, que des no- tions incomplètes sur l'organisation de cet édenté gi- gantesque. « Un squelette presque entier de Ghjptodon clavipes vient d'être monté, par mes soins, dans le laboratoire d'anatomie comparée du Muséum, et il va incessamment prendre place dans les galeries. « La longueur totale de l'animal est de 3'",30 ; sa hau- teur, du sol au sommet des crêtes iliaques qui portaient la carapace, est de 1",20, « Cet individu est, sans nul doute, le plus complet qu'on ait encore vu en Europe. La tête est entière, pendant qu'elle n'avait été décrite, jusqu'ici, que sur des fragments appartenant à diH'érents individus. Elle est remarquable par son diamètre vertical comparé à l'horizontal. Ils sont presque égaux et mesurent tous deux 37 à 40 centimètres. Cette élévation de la tète est due surtout au développe- ment des os maxillaires. SOCIÉTÉS SAVANTES, 309 « La cavité crânienne offre quelques particularités qu'il peut être intéressant de signaler ici : sa face inférieure présente un plan à peu près horizontal. Elle est terminée, à la partie antérieure, par deux cavités de taille à peu près à loger une noisette et qui étaient remplies par les lobes olfactifs. « Plus en arrière, les hémisphères cérébraux mesu- raient environ 55 millimètres de long et 40 de large en moyenne. « Un large sillon transversal sépare les hémisphères cérébraux du cervelet, qui les égalait presque en dimen- sion. Dans le fond de ce sillon étaient à nu les tubercules quadrijumeaux. « Ce sillon longeait une crête transversale que l'on voit à la face interne de la voûte crânienne, faisant saillie sur la paroi, et formée par le chevauchement de la face pro- fonde des pariétaux sur les bords de l'occipital. « Au même niveau, l'encéphale présentait deux dépres- sions où était logé un rocher très-dur, mais très-peu vo- lumineux et très-peu saillant. « Le cervelet, où l'on devine sur l'empreinte de la ca- vité un large vermis supérieur, mesurait 35 millimètres environ d'avant en arrière ; son diamètre transversal était de 75 millimètres, c'est-à-dire qu'il dépassait de beaucoup le diamètre transversal du cerveau. «Ces dimensions de l'encéphale coïncident, d'une part, avec le peu de développement du canal vertébral, et, par suite, de l'artère vertébrale, ainsi qu'avec l'exiguïté du trou carotidien. « Le canal vertébral a néanmoins une dimension plus que double de celle du trou carotidien, ce qui rend compte, d'une part, du volume du cervelet, et, d'autre part, de la petitesse des hémisphères cérébraux. « A raison même de l'exiguïté du trou carotidien, il est vraisemblable qu'une partie des vaisseaux qui allaient aux hémisphères cérébraux provenait du losange aitériel 310 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. (Oclohre 1865.) produit par les artères vertébrales à la base de l'encé- phale. « A l'inverse des os du crâne, ceux de la face, et, en particulier, les mâchoires destinées à loger les dents et leurs bulbes, ont un volume considérable. Les dents n'ont en apparence que des dimensions médiocres; elles sont usées à leur surface, et elles dépassent à peine les gen- cives. Mais, quand on les étudie de plus près, on voit que chacune d'elles s'enfonce dans son alvéole à une profon- deur qui peut dépasser 1 décimètre. Le trou maxillaire qui sert d'entrée au canal dentaire est très-grand. « La persistance vraisemblable de l'activité des bulbes dentaires, le volume des branches de la mâchoire infé- rieure, l'arcade zygomatique armée d'un puissant éperon qui triple sa surface pour l'insertion du muscle masséter, tout nous montre dans le Ghjftodon davipes un dévasta- teur du monde végétal. Et c'est avec raison qu'on a dit que, toute proportion gardée, il était encore mieux armé que l'éléphant pour une mastication puissante. (( En même temps les insertions du pharynx à la base du sphénoïde présentent des rugosités très-fortes et, en quelque sorte, des éminences, ce qui indique un vaste pharynx. (( La voûte palatine offre cinq trous palatins du côté gauche et quatre du côté droit. A la suite de ces trous existe une fente palatine qui se prolonge en arrière jus- qu'au niveau du premier intervalle dentaire. « Le trou ptérygo-palatin était médiocrement développé et le trou palatin antérieur était unique. Au maxillaire inférieur il existait deux trous correspondant à l'artère dentaire inférieure; un trou supérieur qui occupait la place ordinaire qu'il a chez les mammifères, et qui sert d'entrée au canal dentaire inférieur; et un trou au-des- sous de celui-ci, au-dessus du bord interne du maxillaire, dont la lumière était plus grande que le trou précédent. L'usage de ce dernier trou se rapportait vraisemblable- SOCIÉTÉS SAVANTES. 311 ment au système dentaire : on le remarque chez le fœtus de l'homme jusqu'après la naissance. Cela paraît donc être la persistance d'une ouverture fœtale. « L'échancrure sigmoïde comprise entre le condyle du maxillaire et l'apophyse coronoïdc en avant, presque convertie en un trou, est énorme et devait donner pas- sage à une artère maxillaire interne d'un volume énorme aussi, poursedistribuer aux muscles ptérygoïdiens et buc- cinateurs qui devaient être d'une proportion volumineuse, d'après l'étendue de la surface interne de la branche montante du maxillaire et des insertions auxquelles ils correspondaient. Il est mémo vraisemblable que la maxil- laire interne donnait, avant de s'engager dans ce trou, l'artère temporale profonde. « La région la plus intéressante et en même temps la plus insolite du squelette du Glyptodon est le cou et le haut du thorax. C'est aussi la moins connue. Huxley n'a eu à sa disposition que des fragments, et tout le savoir de l'anatomiste vient échouer sur des organes aussi déviés de leur type normal que l'est la colonne vertébrale du Glyptodon, modifiée en raison de son squelette dermique. L'anatomiste anglais a parfaitement déterminé les frag- ments qu'il avait entre les mains, mais il n'a pas tout vu : deux vertèbres du cou lui manquaient , deux autres étaient en mauvais état. « J'avais été plus heureux que lui, et, dès 1858, lors de l'arrivée à Paris de la collection Séguin, j'avais indiqué, dans mon cours d'anatomie comparée, au Muséum, la structure vertébrale complète du cou du Glyptodon. « Quant à ce qu'a dit Burmeister de la même région, cela s'éloigne tellement des faits vus par Huxley et par moi, qu'il faut croire à quelque inexactitude de traduc- tion ou à quelque confusion d'espèce. « Les os qui ont servi à mes déterminations sont d'une conservation parfaite; leur couleur est brun foncé. Leurs trous étaient remplis d'un limon gris paie, (Viable. On 312 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Octobve 1865.) voit jusqu'aux moindres détails delà structure du tissu. Ils sont aussi complets que possible, à l'exception de quelques extrémités apophysaires, et ils montrent parfai- tement la disposition et toute la mécanique du cou du Glyptodon. « Huxley le décrit ainsi : première cervicale (atlas) libre; deuxième cervicale (axis) unie, sans doute, à la troisième et à la quatrième ; cinquième et sixième cervi- cale inconnues; septième cervicale unie à la première et à la deuxième dorsale (os trivertébral) . « J'avais montré, dès l'origine, dans mes cours, que la composition vertébrale du cou du Glyptodon est la sui- vante : première cervicale (atlas) libre; deuxième cervi- cale (axis), troisième, quatrième, cinquième et sixième unies ; septième cervicale, unie à la première et à la deuxième dorsale. H En d'autres termes, l'os trivertébral d'Huxley est pré- cédé d'un autre os analogue qu'on pourrait nommer os pentavertéhral, et dont Huxley n'a décrit que la partie an- térieure, qui s'articule avec l'atlas, « Dans une précédente communication, j'ai eu l'occasion d'entretenir l'Académie de la curieuse articulation en char- nière qui existe à la face postérieure de l'os trivertébral, et qui permet à celui-ci de rouler de haut en bas sur la troi- sième dorsale, comme une trappe sur ses gonds. Or l'ar- ticulation de l'os pentavertébral présente une disposition entièrement analogue. C'est aussi une trochlée. « L'os pentavertébral a une forme à peu près triangu- laire; il est moins gros que l'os trivertébral ; en avant, il présente deux surfaces articulaires qui répondent à celles de l'atlas et une apophyse odonloïde volumineuse. (( A partir de celle-ci, le corps des vertèbres suivantes se réduit vite à l'état de lames osseuses horizontales unies par leurs bords. « L'union du corps de la cinquième et de la sixième est plus distincte que les autres. Leur limite est indiquée SOCIÉTÉS SAVANTES. 313 sur la face inférieure de l'os par un profond sillon. Toute- fois la synostose est complète. « L'axe vertébral est formé de deux lames disposées en toit, qui recouvrent le canal rachidien. L'apophyse épineuse n'a rien du développement considérable qu'elle atteint dans l'os trivertébral. « Le canal rachidien, à peu près rond au niveau de l'apophyse odontoïde, est nettement triangulaire à la face postérieure de l'os. C'est en même temps le point de toute son étendue, oii il offre la plus grande largeur. Dans l'os trivertébral, il a à peu près la même forme prismatique, mais il diminue déjà de diamètre. « Dans le canal rachidien on compte, de chaque côté, quatre trous de conjugaison qui viennent s'ouvrir à la face inférieure de l'os, un peu en arrière, à la base d'une apophyse volumineuse qui le prolonge transversalement. « Celle-ci est formée par la coalescence des cinq apo- physes soudées. Elle est traversée , d'arrière en avant, jusqu'au fond de la gouttière de l'axis, par le canal où s'engageait l'artère vertébrale. Elle est terminée en dehors par deux surfaces planes. (( L'apophyse , qui est triangulaire, présente en avant un bord oblique allant de son sommet aux surfaces arti- culaires de l'axis. En arrière, leur face postérieure se confond avec celle de l'os. « La face postérieure de l'os pentaverlébral, que n'a pas décrite Huxley et sur laquelle j'appelais, en 1858, l'at- tention de mes auditeurs, présente dans son milieu l'ori- fice triangulaire du canal rachidien, et, de chaque côté de celui-ci, vers le sommet, de grosses apophyses trans- verses : 1" sur le côté du canal rachidien, deux surfaces articulaires concaves, l'une au-dessus de l'auirc, séparées par un sillon profond horizontal, ligurant deux segments d'un même cylindre creux ; 2" plus en dehors, à la face postérieure de l'apophyse Iransverse, une nouvelle sur- 314 RRV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. {Oclobre 1865.) face articulaire creuse pouvant recevoir un segment de sphère. « En considérant les deux surfaces articulaires sépa- rées par le même sillon horizontal, de chaque côté du canal rachidicn, comme une seule articulation , on voit que l'os pentavertébral est en contact avec l'os triverté- bral par quatre surfaces placées sur une même ligne transversale, et dont les deux plus internes sont elles- mêmes de véritables charnières. C'est donc encore une articulation trochléale, moins caractérisée que ne l'est l'autre avec ses surfaces sigmoïdales, mais ayant un rôle physiologique absolument identique, aucun mouvement autre que celui des trochlées n'étant possible dans cette articulation, bordée partiellement de crêtes osseuses en dessus et en dessous. « Une disposition inverse de celle que nous venons de décrire caractérise la face antérieure de l'os trivertébral : deux surfaces sphériques à la face antérieure de ses apo- physes transverses; deux segments cylindriques horizon- taux de chaque côté du canal rachidicn. Chacun de ces segments cylindriques , comme ceux qui leur corres- pondent en avant, est creusé transversalement d'un pro- fond sillon. Celui-ci forme, avec le sillon des surfaces ar- ticulaires opposées qui lui correspondent, un canal os- seux plein. C'est le sixième trou de conjugaison, remar- quable en ce qu'il traverse une articulation ; rien de semblable ne s'observe sur la seconde irochlée. « Mais ce que la face antérieure de l'os trivertébral offre de plus remarquable est la lame mince qui repré- sente le corps des trois vertèbres réunies. Cette lame présente, sur la ligne médiane, une suture, un hiatus, qui sont les indices de la dualité primitive des corps verté- braux. L'hiatus, qui est un spina bifida antérieur, a une forme ovoïde et mesure 22 millimètres dans sa longueur et 9 dans sa largeur ; les bords sont mousses en dehors et SOCIÉTÉS SAVANTES. 315 en dedans. Au-dessous de l'hiatus, la suture des deux demi-lames est en partie squammeuse. (( Les dénominations d'os trivertébral et pentavertébral rappellent la soudure des vertèbres cervicales et dorsales qui les constituent ; cette soudure, plus intime que celle qui se remarque dans les vertèbres cervicales des cétacés, est la conséquence des deux ariiculations que nous venons de décrire et des mouvements dont ces articulations sont le siège. On conçoit, en effet, que, si ces vertèbres avaient été séparées par les fîbro-cartilages qui les isolent les unes des autres chez la plupart des mammifères, les mouvements partiels des vertèbres à vertèbres que per- mettent ces fibro-cartilages eussent gêné le mouvement d'ensemble que devait exécuter l'articulation vertébro- cervicale du Glyptodon ; au reste, cette composition de l'os pentavertébral de cet animal fossile est la répétition de celle que nous offre celle du sacrum de l'homme, qui, lui aussi, est un os pentavertébral. « Revenons aux articulations. Quand on fait coïncider en position moyenne les deux curieuses articulations ver- tébrales du cou du Glyptodon, on peut voir que l'axe de la colonne vertébrale, au lieu de figurer, comme chez les autres vertébrés, une ligne courbe plus ou moins accidentée, est deux fois coudé à angle, de telle sorte que l'axe du cou, horizontal comme celui de la colonne dor- sale, est cependant dans un plan inférieur, « C'est l'os trivertébral qui relie ces deux [)lans; il descend de la troisième dorsale à la sixième cervicale, suivant une ligne presque vetticale, à peine inclinée en avant. « Quel est le rôle de cette double articulation qui fait ressembler la colonne vertébrale du Glyptodon à un le- vier deux fois coudé à angle, et articulé à chacun de ses angles ? « Les trochlées sont , de toutes les articulations, celles dont l'étude est la plus simple, puisque les mouvements 316 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Octobre 1865.) qu'elles permettent ne peuvent être qu'alternatifs, les bras de levier restant toujours dans le même plan. Avec deux trochlées , les mouvements sont plus étendus, plus com- plexes. Toutefois, tant que les deux axes de rotation sont parallèles, les mouvements conservent ce caractère com- mun de se passer toujours dans un même plan. « Supposons d'abord que le premier angle, qui est presque droit, s'exagère un peu, et que le second s'efface dans le même temps; c'est-à-dire supposons que l'os tri- vertébral soit dans la flexion forcée, et l'os pentaverté- bral, au contraire, dans l'extension forcée. Dans de telles circonstances, la tête tombait droit à terre ; son axe et celui du cou se trouvaient sur une même ligne verticale abaissée de la troisième vertèbre dorsale. « Mais tout montre que cette posture n'était point ha- bituelle à l'animal. Elle avait pour effet particulier de dé- couvrir largement le canal rachidien entre les bords cor- respondants des lames verticales de l'os pentavertébral et de l'os trivertébral. Des ligaments jaunes suffisamment développés protégeaient, sans aucun doute, le canal ra- chidien ainsi ouvert, et tendaient évidemment, par leur élasticité, à maintenir l'os pentavertébral dans sa position habituelle, c'est-à-dire horizontale. « Supposons maintenant tous les os dans leur position moyenne. L'os trivertébral, obliquement placé, comme nous l'avons dit, est armé, à sa partie supérieure, d'une apophyse extraordinairement puissante, et qui suffirait seule à indiquer un grand rôle physiologique. Ce dévelop- pement est en rapport avec la profondeur des gouttières vertébrales chez un animal dont la colonne osseuse, par- faitement soudée en une seule pièce, n'avait pas besoin, comme chez les autres mammifères, de muscles de sou- tien. Il est probable que tous les muscles des gouttières vertébrales qui n'allaient pas aux côtes concentraient leur action sur cette grosse apophyse. if. Celle-ci, tirée en arrière, tendait à relever la partie SOCIÉTÉS SAVANTES. 317 antérieure de l'os ; les coudes à angle de la colonne vei- tébrale s'effaçaient, les trois branches du levier coudé tendaient à se confondre suivant une direction com- mune. « L'os trivertébral, dans ce mouvement, projetait la tête en avant en même temps qu'elle s'élevait d'une très-petite quantité. Dans le relâchement, au contraire, les angles vertébraux s'exagéiaient de nouveau, la tête retombait à un plan un peu inférieur, et, du même coup^ était légère- ment reportée en arrière. « Burmeister a exagéré d'une manière inconcevable 'a portée de ce mouvement que j'avais indiqué dans ma pre- mière note. Il s'est figuré que l'animal pouvait^ à vo- lonté, retirer et sortir sa tête de dessous sa carapace. Il est clair, cependant, que l'amplitude des mouvements de projection possible dans le levier coudé et articulé comme celui qui nous occupe ne saurait dépasser, au maximum^ la longueur de la branche moyenne, qui est ici l'os triver- tébral (celle-ci est de 10 centimètres environ) ; encore faudrait-il, pour cela, que cet os pût décrire un arc de 90 degrés. Il est loin d'en être ainsi ; j'ai mesuré directe- ment que toute l'élongation possible ne devait pas dépas- ser 60 millimètres. C'est là une très-faible quantité ; la tête, l'atlas et l'os pentavertébral mesurant ensemble plus de 50 centimètres de long. « Une autre question se présente. Ce mouvement de projection pouvait-il être rapide? L'animal pouvait-il heurter de son mufle, comme un bélier de son front? Le faisait-il? Cette supposition est peu probable, d'abord en raison du peu d'étendue du mouvement qui ne permettait pas le développement d'une force acquise suffisante, en- suite [)arce que l'articulation coudée de la colonne verté- brale chez le Glyptodon semble être surtout en rapport avec des modifications de forme de la cage thoracique. Huxley, qui n'a pas pu connaître la projection de la tête, 318 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1865.) puisqu'il ignorait l'existence d'une seconde trochlée, a très-bien apprécié cet autre point. « De chaque côté de l'os trivertébral, en arrière de l'apophyse transverse qui s'articule avec l'apophyse transverse de l'os pentavertébral, existe une énorme mor- taise large et profonde de plus de 2 centimètres. Celle-ci loge la tète de la première côte qui s'y adapte exactement. Il suffit de voir cette vaste cavité rugueuse pour se rendre compte que là aucun mouvement n'était possible. La pre- mière côte s'unit d'elle même et d'une manière encore plus intime avec sa correspondante, par l'intermédiaire de la première plaque du sîernum (entosternal). Les trois os soudés n'en font qu'un. C'est un vaste bouclier osseux, aplati, creux en avant, un peu bombé en arrière, haut de 10 centimètres, large de 20, profondément échancré sur le milieu du bord supérieur (fourchette sternale), et relié enfin par les deux côtes qui prolongent ses bords triver- tébraux, dont il suit et dont il exagère tous les mouve- ments. « Quand l'os trivertébral est dans la flexion forcée, c'est-à-dire que son arc est vertical, alors le bouclier costo-sternal est incliné en arrière, suivant un angle de 45 degrés environ ; dans l'extension de l'os trivertébral, au contraire, il se porte fortement en avant et devient vertical. La corde de l'arc que décrit son bord inférieur, d'un de ces points à l'autre, mesure près de 15 degrés. « Une telle aptitude de mouvement devait évidemment agrandir et rétrécir, dans des limites considérables, la cavité de la poitrine. Huxley compare leur action à celle d'un soufflet. Il est assez difficile, cependant, de ne pas voir dans ce développement prodigieux du sternum, l'in- dice de quelque fonction, de quelque notion organique qui nous échappe jusqu'à ce jour ; car on ne saurait ad- mettre que ces mouvements étaient d'une absolue néces- sité à l'acte respiratoire, sous le prétexte que cet animal aurait eu les côtes soudées. C'est une supposition toute SOCIÉTÉS SAVANTES. 319 gratuite. D'abord il y avait un diaphragme ; ensuite j'ai pu observer, sur de nombreuses pièces provenant de la région chondro-sternale de l'individu qui fait le sujet de cette note, que les cartilages, môme ossifiés comme ils l'étaient, jouaient librement les uns sur les autres. De vastes surfaces diarthrodiales l'attestent. «Je ne puis laisser ce curieux animal sans signaler un point d'organogénie qu'il a dû présenter, et qu'il n'est plus en notre pouvoir aujourd'hui de résoudre, parce que nous ne connaissons pas d'autre exemple d'une disposi- tion organique semblable. (( Le corps des vertèbres est réduit, au cou, à l'état de lames soudées par leurs bords. Alais il y a deux points où cette lame fait défaut, c'est au niveau des deux trochlées. Au niveau de la seconde, surtout, le canal osseux rachi- dien présente , en avant, une ouverture losangique à bords tranchants, qui atteint 4 centimètres dans l'extension de l'os trivertébral. Au niveau de la première trochlée on retrouve la même disposition, mais moins accentuée. « Ces interruptions de la colonne vertébrale sont des faits sans analogue dans le monde actuel, et l'embryogé- nie est réduite à constater là, dans l'évolution fœtale et dans l'évolution de la corde dorsale en particulier, un problème insoluble, non-seulement dans l'état actuel des choses, comme tant d'autres, mais dans l'état actuel du monde organique. » M. Dumas lit, au nom de M. Pasteur^ momentanément éloigné de l'Académie, une note intitulée Observalions sur les maladies des Vers à soie. Nous ne pourrons donner ce travail que lorsqu'il aura paru dans les Comptes rendus. M. Guyon lit un travail sur le Dragonneau, ou Ver de Mcdine. c( L'origine du Dragonneau ou ver de Médine [Filaria medinensis) chez l'homme est encore, comme on sait, une question en litige parmi les helminthologistes. Cependant, 320 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. {Octohre 1865.) tous sont à peu près d'accord en ce point que^ dans le jeune âge, le Dragonneau vivrait dans les eaux, d'où il s'in- troduirait chez l'homme, ou par les pores^ ou par les voies digestives, autre question sur laquelle nous reviendrons. « Partout où s'observe le Dragonneau ou Ver de Mé- dine chez l'homme, on trouve, non pas seulement dans les eaux, mais encore dans le sol, des Dragonneaux plus ou moins développés , et parfois même aussi développés, que la plupart de ceux qu'on trouve chez l'homme. Ainsi , un jour, dans le haut Sénégal ^ un médecin de la marine impériale, M. Joubert , faisant creuser des trous pour établir les appuis d'un gourbi, mit à découvert un Dragonneau qui ne mesurait pas moins de 18 centimètres de longueur sur une grosseur propor- tionnelle. Ceci se passait au mois de mars 1858, près de Batikolo, village dans le Bambouc, contrée dont les habi- tants sont infestés par le Ver de Médine. Le terrain dans lequel avaient été pratiqués les trous était une terre ren- due humide, soit par une mare voisine, soit par une pluie tombée la veille. Trois mois après, sur un autre point du Sénégal, un autre Dragonneau fut encore mis à nu, égale- ment en fouillant le sol, par des hommes faisant parlie d'une colonne expéditionnaire (1). J'ajoute qu'un autre médecin de la marine impériale, alors à bord du Liamon, à l'escale du Coq (Sénégal), attribuait un Dragonneau qui lui était apparu au pied à de l'eau qu'il avait bue quelque temps auparavant, dans un de ces grands trous pratiqués pour abreuver leurs bestiaux, par les Toucoiileurs, peu- plade sénégalaise (2). « En résumé, dans toutes les contrées où le Ver de Mé- (1) Joubert (Lucien-Eugène), Remarques sur le Dragonneau ou filaire de aiédine, Thèse inaugurale, soutenue à Montpellier le 13 juil- let 1864, p. 27-28. (2) Joubert, Op. cit., p. 37. Je remarque qu'à Gorée les navires viennent faire leur provision d'eau dans des trous creusés ainsi dans le sable du rivage. SOClÉTif.S SAVANTES. 321 dine s'observe siirl'hommeenAfriquejUn Draj^onneau s'ob- serve aussi dans le sol, où il peut acquérir, comme nous l'avons vu, un développement assez considérable. 11 en naît de petits ou germes qui, dans la saison des pluies, appa- raissent dans les amas d'eau qu'on voit se former sur le sol, dans les contrées basses, pour y séjourner plus ou moins, jusqu'à la saison suivante. « Maintenant, le Dragonneau, que j'appellerai terrestre ou aquatique (t), est-il bien, en effets comme le pensent les indigènes, le même que celui qu'on observe sur l'homme? C'est une question qu'une élude comparative des deux Vers ne peut tarder à résoudre. Nous dirons, en attendant, qu'un vieillard, à la fois marabout et médecin, présent à la découverte de M. Joubert, rapportée plus haut, assurait à celui-ci qu'il n'était pas rare d'en rencon- trer de semblables dans les remuements de terrain, et que ces vers étaient bien de la même espèce que celle qui s'introduit chez l'homme, ajoutant seulement qu'alors ils sont beaucoup plus petits et vivent dans les eaux qui sé- journent dans le sol pendant la saison des pluies. Qu'on me permette de rappeler, à cette occasion, que les jeunes Vers de Médine ou tilaires, en sortant du sein de leur mère, peuvent vivre plusieurs jours dans l'eau à la tempé- rature ordinaire (Jacobson, Maisonneuve), et que, de plus, après avoir été abandonnés dans une goutte d'eau qui s'évapore et les laisse sans mouvement, ils peuvent encore reprendre toute leur agilité et leur énergie par une addition d'eau faite jusqu'à douze heures après leur presque dessiccation (2), d'après MM. Dcville et Robin. (1) c'est le représcntaot, en Afrique, de notre Gordius aiiualicus, Linn. Selon Hartmann {iS'eue alpina), qui a donné de bous caractères de ce Ver, il ne saurait vivre dans l'iulcrieur d'un animal. (2) Je dis presque dessiccation, car, comme le fait observer M. Mo- quin-Tandûu, « quand ils sont tout à fait secs, on a beau les humec- ter, ils ne recouvrent pas la vie. » [Zoologie médicale, dernière <'di- tion, p. 359.^ 2' si;RiE. T. xvu. Année 1805. 21 322 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Octohrc 1865-) «Quant à l'introduction, chez l'homme, du Dragon- neau ou Ver de Médine, elle s'effectuerait par les voies digestives ; les jeunes ou petits y pénétreraient avec les boissons, à l'instar delà sangsue de cheval [Hœmopis san guisuga, Moq.)» chez l'homme et chez les animaux (1). Cette opinion, qui est unanime parmi les indigènes de la côte occidentale d'Afrique, l'est également parmi ceux de la haute Egypte, de l'Arabie, de la Perse, de l'Inde et autres contrées où règne endémiquement le Ver de Médine. « J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie deux filaires ou Dragonneaux terrestres, tous deux de la meilleure conservation. L'un mesure 10 centimètres, et l'autre 8. Ils ont été recueillis dans notre colonie de Saint- Joseph, au Sénégal, par Mgr. Korbès, évêque de Bakar, près Gorée. Ils vivaient dans le sable ; et, sans doute, on aurait lieu de s'élonner d'un semblable habitat, eu égard à leurténuité, si l'on ne savait que le sable de la côte d'Afrique est à la fois d'une grande finesse et d'une douceur qui a été comparée à celle de l'amadou. L'envoi en a été fait à la direction des produits coloniaux, au palais de l'Industrie, par M. le D' Bancal, chef du bureau de l'intérieur, à Saint-Louis (Sénégal). Pour ce fonctionnaire, comme pour Mgr. Korbès, à qui en revient la découverte, ces filaires sont bien les produits, à nen point douter, du filaire ou Dragonneau endémique chez l'homme, sur la côte occi- dentale d'Afrique, et que les indigènes désignent sous le nom de soungouf. » M. le maire de la ville de Montbard annonce que l'inau- guration de la statue élevée à la mémoire do Buft'on aura lieu, à Montbard, le dimanche 8 octobre 1865, à trois (1) Celle péaétration se ferait inaperçue, comme celle de la sang- sue dont nous parlons. Sur ua si grand nombre de cas de cette sang- svit" chez riiomme, dont j'ai été témoin dans le midi de l'Espagne, mais surtout en Algérie, je ne m'en rappelle pas uu seul où le sujet s'était aperçu de l'introduction du parasite. ANALYSES d'OUVRAGES NOUVEAUX. 323 heures après midi, et exprime le désir que MM. les membres de l'Académie honorent cette (solennité do leur présence. IIÏ. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX.] Les Oiseaux d'Afrique de Levaillant, critique de cet ouvrage, par Garl Sundevall. (Kongliga svenska Vetenskaps Akademiens Handlingar. — Ny foeljd. — Andra Bandet, foersta Haeftet, (857, p. 16-60.) — Trad. du! suédois par Léon Olph Galliard. 9. Oricou., Namaqua et Air. int. — Vultur auricuiaris Daud. — Bp., Consp., 10; — Olojjyps auric, Gr.,Cï('n. — Vultur tracheliotus, Forster, in éd. germanica iterum Le- vaillantii (quod ex memoria h. 1. describo; liber enim non praeto est). 10. Chassefiente ; in Afr. merid. ubique. — Vultur Kolbii, Daud., exLev.— Gyps Rolbii rec — Bp.. Cap., 10. 11. Chaugoun: Bengalia — Vultur bengalensis, Gm., 11° 2 (ex Lath., Gen. Syn. \, 19 : Bengal vultnre) ; — V. leucoceph. /3 Lath. — Gyps bengalensis, Bp. Csp., 10. 12. Chincou ; ex « China ; « — est Vultur monachus, Linn., XII (ex Edw., 290) ; = V. cinercus, Lath., n° 2; Temm., Man., etc. 13. Roi des vautours , ex Amer, merid.; — Vultur papa, Linn. ; — Sarcoramphus papa roc. — Bp., Csp., 9. 14. Origouiup; in Air. merid. ubique;— Neophron percnopterus, Sav. — lîp. Consp., IL 15. (Bâcha); « in terra Namaquorum et Septentriones versus, » cum longa historia de vitae ratione ! — Est avis 324 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Oclobve 1865.) javana, certe nunquam in Afr. inventa — Falco bâcha, Daud., ex Lev. ; — Raffl.. £mn. Jmns., XIII, 278 (Su- matra) ; — F. bido, Horsf., ibid., 137 (ex Java) ; — Spi- lorius bâcha, Gray ; — Bp., 6\. '25 386 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. {Décembre iSGo.) va le manger sur une pierre, sur une motte ou sur un tertre voisin. Le nid de ia farlouse n'échappe pas mieux à sa vue perçante que celui de la perdrix, de la caille, de l'alouette. J'ai eu occasion de trouver, dans le jabot de certains in- dividus, les œufs des deux dernières espèces. Si ce rapace dévore toute une nichée vivante, il engloutit donc les œufs eux-mêmes. 11 ne faut pas croire, par conséquent, qu'il ne porte une atteinte grave à la population giboyeuse des pays circonvoisins de son habitation. Au contraire, il détruit tout, et d'autant mieux qu'il se propage énormément dans les localités où il est sédentaire. Rare autrefois dans les bois de bruyères où nous l'avons représenté, il s'y était tellement multiplié, il y a plus de trente ans, que les ni- chées de perdrix tout entières disparaissaient, et la race en devait être anéantie, lorsqu'un propriétaire voisin mit leur tête à prix, fit rechercher les nids par les bergers de ces lieux, et, moyennant le salaire de 25 centimes par pièce, put, dans une saison, se faire apporter plus de soixante petits et beaucoup d'œufs. Il en résulta que, les années suivantes, les Montagus ne reparurent plus dans les mêmes localités ; ils s'en éloignèrent et se dispersèrent, non loin de là, à la vérité, dans une autre direction. Ainsi le danger était connu de tout ce peuple ailé. L'instinct de la propagation commandait, dictait ses lois. Il fallait éviter un ennemi commun, et, comme d'un commun accord, si chacun eût pu, eût dû s'entendre avec son voisin, l'année suivante un asile plus sûr, plus solitaire, plus retiré fut choisi au milieu des bois, et non plus au milieu d'une végétation uniquement de bruyères, de même qu'aupa- ravant. Un autie instinct, celui de la sociabilité, maîtri- serait aussi ces oiseaux, puisqu'ils avaient pour coutume de se raj)procher les uns des autres. IMais, comme la pre- mière position leur était agréable, ils finirent par y re- tourner plus lard, et alors on les rencontrait sur des points trè..;-variés; car ils ne désertèrent pas, tous, leur der- TRAVAUX INKDITS. 387 nier séjour. Ces faits démontrent qu'ils s'attachent aux lieux où il se sont fixés. Le Montagn est la terreur des basses-cours. Les {jens du pays m'ont affirmé qu'il se jette^sur la volaille. Leurs pous- sins sont ses fjrandes victimes; il ne craint pas même de s'élancer sur le pelit canard et de l'enlever à la surface dc l'eau. Souvent la fermière est mise en émoi, et les cris de tout son personnel ont encore peine à le mettre eu fuite avant qu'il n'ait commis un larcin. Il ne redoute pas d'affronter les grands reptiles. Il saisit le serpent, la vipère. C'est encore un fait qui m'a été cer- tifié par des témoins, et en voici un que j'ai constaté de visu .-je faisais, certain jour, la chasse aux Busards, avec l'aide d'un habitant de la localité. Sur la voie que nous suivions, se présente une vipère dont la tête venait d'être écrasée. « En voilà une qui sera bientôt la proie d'un Bu- sard, V) me dit mon coadjuteur. Il ne se trompait pas; car, tjuelques instants après, nous remarquions un Montagu : il venait de la direction du reptile et ne laissait pendre, entre ses grifl^es, rien moins que la vipère elle-même. Nous nous sommes ensuite convaincus do la disparition de celle-ci. Dans l'œsophage et l'estomac de beaucoup de sujets que j'ai examinés, j'ai trouvé divers coléoptères, grillons, sauterelles, rats, lézards, grenouilles, oiseaux, parmi les- quels j'ai reconnu de petits f)erdreaux. Dans le jabot des jeunes en duvet, je n'ai remarqué que des insectes. A mesure qu'ils prennent du développement, leur nourri- ture devient plus consistante et se compose d'animaux d'ordre plus élevé. 11 est extrêmement facile d'élever cet oiseau. Il accepte toute espèce de nouiriture animale, jioiirvu (lu'elle soit fraîche, il affectionne les grenouilles et sait fort biei! plumer un oiseau pour en faire sa pâture. Lorsqu'il a faim, il fait entendre son cri d'ap[)el piiiiiiii.... , qu d répète une ou deux fois. J'en ai élevé un assez gran I 388 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. {Décembre 1805.) nombre ensemble. Ils s'accordaient parfaitement. De- gland cite un fait d'une nature opposée, qui démontre jusqu'oii peut aller la voracité de ce rapace : « Plusieurs jeuiies individus étaient enfermés dans une même volière. Ils finirent par s'entre -tuer et se dévorer. Le dernier, qui avait mangé ses frères et sœurs, succomba, peu de jours après, des suites de ses blessures. » L'exiguïté de la volière n'aurait-elle pas aidé au massacre? L'encom- brement des oiseaux les plus doux , dans un espace trop restreint, a pour effet de les irriter; ils se cherchent fa- cilement querelle dès que l'un est heurté par l'autre. Quoi qu'il en soit^ je suis convaincu que ces malheureux Busards ne cédaient à ce degré de gloutonnerie que par disette de nourriture. S'il s'agissait seulement de dé- fendre celle-ci contre les attaques d'un agresseur, oh! alors, tout sentiment de famille serait anéanti. Ainsi, lorsque l'on jette un aliment à l'un de la troupe, il saute sur l'objet et l'embrasse entre ses doigts. Si l'un des autres s'approche pour en prendre sa part , celui-ci , maintenant l'un de ses pieds sur son bien, allonge vi- goureusement l'autre sur l'audacieux qui s'avance , le saisit, soit même par la tète, ou autre part, soit même parle pied, si son adversaire a voulu lui opposer les mêmes armes. De là, une lutte dans laquelle la propriété passe parfois d'une griffe dans l'autre. Le jeune animal s'apprivoise aisément. Il devient fami- lier, accepte les caresses. Si on lui donne la liberté, il en profite pour prendre son essor, parcourt les lieux voi- sins, voltige sur les toits et revient au logis. Lorsqu'on le persécute, il témoigne sa mauvaise humeur par un son de voix perçant et aigu : criiiirrrrr — , qui est également l'expression de sa colère, lorsqu'il lutte avec ses frères. Il n'emploie pas le bec pour sa défense : qu'on lui présenle le doigt, c'est encore le fatal coup de griffe qui va sévir. Chaque ongle fait jjlaie. S'il esi. harcelé , il se r. liVeràe sur le do s ot ie.s deux ijieds. agissant simul- TRAVAUX INÉDITS. 389 tanément, multiplient leurs élans pour lacérer l'agres- seur. N'est-il pas fort curieux de snivrc le lîusard Montagu aussi bien dans les phases diverses de son développement que dans ses habitudes et sa façon de vivre? Les travestis- sements variés, dont il est susceptible de se revêtir, le distinguent particulièrement. S'il ne partageait ce carac- tère avec quelques autres rapaces, on s'étonnerait davan- tage de voir tant de dissemblances entre les membres d'une même famille. La nature s'est multipliée pour per- pétuer sa race sous différentes formes et appliquer ici l'exception à la règle d'uniformité dans toute son étendue. Elle a doué cet oiseau des instincts les plus curieux ; elle en a fait un carnassier de premier ordre, un mangeur de chair vivante et sanglante. A l'activité elle a joint la force et la vigueur de l'aile, la légèreté du corps : autant de conditions propres à lui donner un vol redoutable, ra- pide et soutenu. Son caractère est sauvage. Il aime les lieux retirés, boisés, agrestes et éloignés des fréquenta- tions de l'homme. Il n'approche des habitations que s'il est alléché par la vue des timides et faibles peuplades des basses-cours. Lorsqu'il exécute ses longues pérégrinations, il prend la direction la plus solitaire; il évite, par une longue distance, la rencontre du cultivateur. On ne le voit pas même s'abattre pour prendre son repos. Mais autant il est actif, une fois lancé dans le vide, autant il est calme dès que son voyage est accompli. Il reste alors de longs intervalles dans l'immobilité, le regard fixe ou peu mobile, la collerette relevée, les plumes dans un état de relâchement tel, que celles de l'abdomen couvrent presque les tarses. Son œil est vif, pénétrant, intelligent. En vérité, le Busard Montagu est l'une des belles et inté- ressantes productions de la nature vivante. 390 UEV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. {Décembre 1863. J Descriptions de Coléoptères d'Espagne, nouveaux on yjeu connus, par M. A. Cuevrolat. — l" Mémoire. — Suite. — Voir p. 3i7. 8. 'S'eisSyrijB velox nigra, niîida ; capitc parallelo, paululum lon- giorc latitiidiiie, autice rotundato, caiiiuila laterali auticc supra oculos itîcratsala, et prolliorace obsolele vel distincte tcd coufcrta piinctulafis: illo margiiiibus auguste sulcato, anticc rei'to, lateribus regularitîT rotundato, ad basin extns valde arcuato, sœpc punctis, 2» dorsaiibus impressis; clytris lœvibus, ovalibus, obtuse acuminatis sulcos vel costulas aliquoties efficionlibns ; 3" art. antennarum lon- gissinio. Var. a miner, paululum elongata, capite longiore atqueprothorace angustiore. Long. 11 1/2; — lat. 4 1/2, 5 mill. Cette espèce, à rencontre de la Tentyria gIabm,F., propre à l'Escurial et qui se trouve engourdie et réunie en nombre, sur la montagne, sous les pierres, au milieu de toiles cotonneuses d'araignées, vit en plein soleil et court rapidement sur le sol sablonneux; elle est abondante aux environs de Valladolid. La var. a se rencontre de préférence à la Laguna. '.). .isâdiï cereza affinis A. ventrkosœ. Sol. lata, nigra, subni- tida; capitc rotundato, grairaloso, antice subrecto, supra iu medio Iriauguiaritcrdcpresso, labio granuloso, transverso, antice rotundato, pilis ruiis limbalo; prothorace duplo latiorc latitudine, antice pau- lulum attmuato, semicircnitcr eniarginato, postice ad médium recte, sed versus angulos, intus subangulose producto, lateribus ro- tundatis, modice reflexis in limbo nitidis, longe marginom laie sul- catis, confertissime punctulato, lougituduie ruguloso, lineola longi- tudinal! glabra; elytris svibopacis, conve^is, latitudine prolhoracis tautuni m basi, versus nicdium seiisiznac seusim rotunde anipliatis, sed ad apiccm conjuuctim obtuse productis, tautuni in niargine antico paululum rcflexis, minulissimo gran\ilosis et hinc inde riinosis; pcdibus nitidis, trochauteribus fnlyo-icriceis, J" j Long. 10, l'J; — lat. 8, 11 mill. On la [trouve un peu partout, aux environs de Vaîlado- TRAVAUX INÉDITS. 391 lid, an pied des plantes en fouillant la terre, mais elle n'est pas commune ; elle diffère de VA. Gondoti par l'ab- sence de côtes aux étuis. Je dédie cette nouvelle espèce à M. Ferez Arcas, mon ami, comme témoignage du bon et cordial accueil que j'ai reçu de lui à Madrid; je ne saurais trop le remercier de l'extrême délicatesse de ses procédés envers moi. 10. ©locrntes pnludicola parvus, obloufçus, uiger, nitidus, coii- ferlim iiunctulatus et rugosus; capite rotundato, aiiticc profuude et siibangulose cmarginato; piolliorace traasversim subquadrato, au- tice late oiuargiiiato, poslicc fere recto, versus angulos posticos depresbo et arcuato, lateribus rotundato, angulis anticis rao- dice promiuulis obtusis, posticis aculiusculis : elytris ovalibus, con- juuctiin roluudatis, coofertibsime puuclulatis, puiictulato-striatis striis 2' suluralibus, sulcatis, stria bumerali subcostata; tihiis anticis brevibus planis, triangularibus intermediis et posticis intus fulvo-Iaualis in $ et extus spiuosulis, in p leniter pilosis. Long. 6 t/2, 7 1/2;— lat. 3, i mill. Cet insecte se trouve, au mois de mai, à la Laguna, près de Valladolid, enterré dans le sable ou courant non loin de cette lagune. 11. ueliopatlics eriliraïus similis Olocrato Uneipenni, Mt. Elongatus, nigerrimus, iiilidus, confertissime et minute punctalus; capite convexo rotundato antice laie emarginato; prothorace trans- vcrso, antice late emarginato, postice recto, lateribus deplanato, rotundato et paululuui marginato, angulis obtusis, posticis fere ro- tundatis ; elytris oblongis, convexis, conjuiiclitn rotuudalis, foveo- lato-slriatis, pedibus arcuatis, 4 posticis in d" infra fulvo pilosis, P depilibus. Long. 10, 12; — lat. raiil. 4 1/2, j 1/2. Celte espèce, pour ce qui est du genre Olocrales, res- semble beaucoup au Uncipennis : elle m'a été envoyée par M. L. Letliierry, comme [irise par lui à Reinosa, au som- met des montagnes. 12. iicliopntiics NinigilanM, elongatus, convcxiis, minute punc- lulalus, nigor nitidus ; capile rugose et toiilcrlim puiiclalo, aiiliie 392 KEV. i:t mag. de zoologie. [Décembre 1865.) emargiuato ; prothorace minute punclulato, transvcrso, autice laie eniarf!;inato, poslice ad médium subsiuuose, sed vix emarginato, la- teribus reji;iilariUT roUiiidato, tenue iiiargiualo, an2;ulis quatuor ro- lundiitis;clylris punctulatisjatitudiue prothoracis ad basin, sed duplo longioribus, parallolis, longitudiue convcxis, obsolète punctato-slria- tis; fcmoribus 4 posticis infra in ;/, l'ulvo-pilosis, depilibus in p . Long. 11, 11 1/i; — lat. 3, 4 mill. Cette seconde espèce ressemble encore à un Olocrates, et surtout à ÏAbùreviatus, F., mêmes taille et forme; elle s'en distingue par leprolhorax transversal, un peu dilaté, très-réijîulicrement arrondi aux côtés, sur le milieu, et également arrondi aux angles. Elle se rapporte aussi à VH. tran$vermlis, Ml., mais elle est plus allongée et plus étroite. M. L. Lelhierry, qui m'a envoyé cette espèce, l'a trouvée au sommet des montagnes, à la Granja. Mylabre à antennes de onze articles, 3' du double plus long que les précédents et que ceux qui suivent. 13. Myîabris lïsaldincsi elongata, parallela, conrcrtissime et rainulissime puuctata, uigro hirta: prothorace elongato, granulose punctato, fovea basaii biimpressa, in niedio longitudiuis linea an- gusta glabra; elytris flavis : singulo, punctis macularibus tribus 2, 1, fasciaque Icrmiuali nigris. Var. a puucto tertio dcticiente. Long. 11; — lat. 4 miil. Cette espèce devra être classée après la M. H. punctala, L.; elle ressemble beaucoup à l'une des variétés, elle s'en distingue par uncorps plus étroit, plus allongé, par le pro- Ihorax d'un noir très-brillant, plus atténué, plus convexe, par sa ponctuation rugueuse, et enfin par une profonde dépression basale qui n'existe pas dans l'autre espèce. Je dédie cette jolie espèce à UM. Maldines frères, comme témoignage de ma reconnaissance pour les soins qu'ils m'ont prodigués chez eux, pendant mon séjour à Valladolid. Ils avaient bien voulu m'accompagner dans mes chasses, et, depuis mon retour en France, ils m'ont fait un envoi dans lequel figuraient ces trois nouvelles espèces TRAVAUX mÉDITS. 393 de Mylabres, qui toutes ont éié prises en juin sur des plantes en fleur. 14. ill>labi-i.o incon!4(an<) paululum cîongata et vprsus apicem sensim latior, nigra nitida, Icniter nigro griseoque pubesccus, capite roluudalo, prothoracc in dorso convexo, ad basiu luiiiute rcflexo, coiifertim punctatis; elytris flavis, in singulo puuctis quatuor obli- que et opposite silis 2. 2. fasciolaquc flcxuosa média et abbreviata, nigris. Var. ce. Elytrorum punctisduobusanticis \i\ indicatis. C. Elytrorum punctis quinque 1, 2, 2, primo externe défi- ciente. y. Elytrorum tautum punclis quatuor, 2, 0, 2, fascia oblata. cT. Elytrorum tantum punctis tribus 0, 1, 2, duobus anterio- ribus, et 2» interne deletis. s. Elytrorum punctis sex nigris, 2, 2, 2. Ç. Elytris omnino flavis immaculatis. Long. 8,10 ; — lat. 3,4 mill. Valladolid, juin. Cette espèce devra suivre la M. geminala, F. 15. i«iylalH'i«ii, 10 spjlotn. Corynei Dilbcrgi Gyl. similis, elon- gala, nigra, nilida, punctis mcdiocribusobsita, nigro brcviler pilosa ; prothorace elongalo, in basi deprcsso, sat confcrtim punctato; elytris flavis : singulo, punctis macularibus qualuor, variabilibus magmtu- dine, oblique et opposite sitis, et fasciola média prope marginem, intus abbreviata, marginibus unidentata, nigris. Var. II. Elytrorum fascia mcdia punctis duobus suppbta. C. Elytrorum fascia média puncto lateraii vcl iutcrno sup- plcla. Long. 8 ; — lat. 2 1/3 mill. Valladolid. Celte espèce ressemble encore au 31. 12 punctata, F.; mais elle est bien plus svelte, d'un jaune plus clair el plus brillant ; la bande médiane et les deux taches noires pos- térieures de chaque étui sont aussi situées pluson arriére, elle devra être placée après la M. Dejeani^ Cyl., à laquelle elle ressemble infiniment; elle s'en distingue par une vil- losité moins épaisse, parle protliorax un peu plus élar.jji sur les côtés médians, plus convexe en dessus, à ponctua- tion plus forte serrée et rugueuse, par les étuis finement 3d!t REV. ET MAG. DP. ZOOLOGIE. [Décembre ]805.) poinlillés, presque anguleux, au milieu, sur !e soniniel et n'offrant aucune trace de frange noire; sur l'espèce com- parative ces étuis sont rugueusemcnî ponctués et la frange noiie existe toujours. 16. strophosoiuiis crinaceus.Statura, S. ofteso, Mshm.,griseus, fiisco-ncbulosus, sat confeile et minute puuctatus, pilis rigidis fui- vis hirsutus, capite iii augulo postico aculo cum rostio, simul junclis, Irigomni), antice (ruiicatum cnicionlibiis, sulcis duobus, 1° transversali iu aicdio, 2" iougitudiiiali et occipitali, clypeo semi- circulari, fuho ciliato, oculis promiuuli.s iiigris; prolhorace autice posticcquc recto, latcnbus rotiindafo, lineis tribus obsctuis; ciylris globosis, sÏDgulo : t-iriis octo por paria fore dispositis, iatus miuutc puiictatis, aliquolics obsolète uigro maculatis, valde hirsutis, linea scutellari uigra usque ad niediuui iougitudiuis proteusa ; corpore ia- fra pedibusqueomnino griseis et puuctalis. Long. 5 1/2; — lat. 3 3/4 raill. Cette espèce se rencontre à l'Escuria!, au delà du ruis- seau qui sépare le parc, près des montagnes, sur dos ar- brisseaux, mais jigiiore sur lequel elle vit, l'ayant cap- turée avec le fanchoir. Je profite de cette occasion pour faire connaître une deuxième espèce, voisine de celle ci, ensuite pour rétablir du même coup la synonymie d'une autre qui est erronée, et enfin pour former dans ce genre cinq divisions, en ce qui concerne 'es es[)cces d'Europe qui me sont coauue-:. a. Yeux très-aigus en dehors. A. Espèces offrant sur les élj très une ligne scu- tellairo noire. 1" div. i. S. Coryli, F. Bhn. (vit exclusivement sur le noisetier). 2. S. obesus, Mshm. (idem sur le chêne robur jeune). 3. S. tubericollis , F'«^. 4. S. retmm^ Mash (idem sur le genêt). 2* div. A. Cor|is revêtu de poils droits et roides. 5. S. lilibatm, Bhn. 6. S. crinaceus, nob.7. S. [agi (î) (id. sur le hêlre). ( I ) f<>tropiio.oui(iN fa^i tquaramosus, punctatus, vindi adspcrsus, obscuronigroqne variiis, iulvo parce hirsutus, < apite bublrianguiari, TRAVAUX INÉDITS. 395 3* div. B. Espèces sans tache sciilellairc noire, à écailles dorées , avec bordure blanche aux clylres. 8. 5. limbatus, F. 4* div. /3. Yeux moins aciculés, corps hispide. 9. .S", hispidus, Bhn. Europe, Asie Mineure et Bar- barie (id. sous les pierres). 5" div. y. Yeux arrondis; corps [;labre, écailleax. 10. S. Âllmrias, Ileiclie. Grèce et Syrie. Pour ce qui est du S. faber, F., on sait que M. le doc- teur Thomson en Fait le type d'un genre qu'il nomme iVe- liocaruK, et que le S. hirtns, Bhn., d'après l'opinion de M. le professeur T. Lacordaire, devra former un nouveau genre. Enfin, quant au S. subsulcalus, Bhn., il a été décritde- puis sous le nom de Cephnlotes par Kustor ; cet insecîe formera un < deuxième espèce dixws le genre Caulostr.itus, pre 17. nomaptci-us afflnîH. H. subnudo, F'/, simillimus , eadcin statura, atlamen latior, colore alio punctaturaquo diffcrt; oblongus, dense et minute puiictatus, niger. paruni nitidus, griseo-pruioosus, antenuis pedibusquc ferrugiiieis; cjpite minute et confertini puactu- lalo, btiiolato, rotundato, rostro brevi, Irnncato, inedio auto apicciii transverse ira[)rcsbO ; protliorace br^ vi, siibqiiadrato, antice postice- quc recto, propcbasiu aiitii ne s^ulcato, lateribtis ainplius rotundatc, snpra convexioie, dense punctato, coriaceo.- elytris obloiigis, con- vexis, conjunctim rotundalis, piiiietato-slriatis et prœsertim adapi- ceni obsulcatis, pedibus mulicis bicvibus. Long. 3 3/1 ; - lat. 1 V-'» miH- sulco loûgitudiuali valde inipresso, sulcoque transversali vix conspi- cuo, roslroangnlosecniarginato, oculis valde acutis ; clylris ovaiibiis, striis profundis iuliis punctalis, fuseis, viridi siibCascialis, nigro variis. linca denudala seutcilari nigra usque ad médium proteosa; pedibus fulvis, viridi-tinelis; corporc fiisco, viridi maeulato. Long, ômill; — lat. .î. Habitat in fagis ad ius Corsicam. Dédit dom. Bcilicr de la Chavigneri •. 396 UF.v, ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Décembre 18G5.) Cette espèce, très-voisine de VH. subniidus, F", s'en dis- tingue par plusieurs caractères; elle est de même gran- deur, mais plus large; sa couleur, au lieu d'être d'un noir cendré peu brillant, est d'un noir légèrement luisant et très- finement pubescent, le sillon transverse de sa tète est moins prononcé, le prolhorax est plus convexe et très-régulièrement arrondi sur les côtés ;^ses élytres sont élargies, plus convexes, plus arrondies sur le milieu, et la ponctuation des stries est formée de petits points moins profonds, surtout chez la p ; enfin les interstices parais- sent plus larges. J'ai reçu cette espèce de M. L. Lethierry, qui l'a prise à Reinosa. iS. roiydrosiis pilosulus, subelongatus, postice ampliatus, squanimosus, punctatiis, herbaceus, pilis declivibiis fulvis sat dcuse vcstitus, et aliquot atomis uigris adspersiis; anteuuis fcrrugincis, obscuro-aiiinilatis, clava ovata, acumiiiata, ociilisroluudatis, nigris; capite subcylindrico, autice plauo, inter ociilos foveola parva, rostro planiiisculo, utrinquc latciibus modice earinato, antice angulose emarginato et paiilum compresse, dimidii capitis lougo, protlioracc tam largo qiiara loago, antice posticeqiie rocio, lateribus mediis vix rotuudato, puuctis disci rimosis; sculelio senii-rotundato ; elytris ad basia prothoracis basi duplo latioribus, sensim ac sensim usque ul- tra médium latesceotibus, dorso postico convexis, siugulatim angu- lose et modice productis io sutura, striato-punctatis, atomis uigris adspersis, fulvoquc pilosis; femoribus viridibus eiongato-clavatis, intus dente raiiiuto inslructis tibiis obscuro-ferrugineis, aibo pilosis, aoticis curvatis, tarsis vel ferrugiaeis vel nigricantibus; corpore infra coriaceo et viridi. Loug. 7,8; — lat. 2 1/2, 3 miil. Je n'ai pris que deux exemplaires de cet insecte, aux environs de Valladolid. Il devra être classé à côté du P. dentipes, Brullé. 19. Polydrosiis villosulus, squammosus, puoctatus, elongatus, subparallelus, viridis, pilis densis albidis valde liirtus; capite cyliu- drico, rostre seiuibreviore et augustiore, apice truncato et sulcato, foveola parva inter oculos, auteunis ferrugioeis clava, angusta, pIoii- SOCIÉTÉS SAVANTES. 397 gala, acuta, fusca; oculis roluudalis iii;.'ris; prolhorace cyliodrico, capitis et rostri, simul junctis, lou;;itudine aulicc posticeque recto, lateribus vix rotundato, puuctis rimosis sigualo ; tlytris parallelis, iotigitudiiie convexis, prothoracead basiii duplo latioribus, singulatim in apice obtuse angulatis, puiictato-btriatis, iuterstiliis grariulosis, hirsutis ; pedibus inermibus, femoribus nitidis, tibiis albo-villosis tarsisque obscuris; corporc infra distincte punctulato. Long. 5, 51/2; — lat. 2 3/i, 3 l/2mill. Très-rare, pris en fin de mai, à Viala, dans une forêt de pins-pignons. Cette espèce devra se placer après notre P. chrysocephalus. [La suite prochainemenl./ II. SOCIETES SAVANTES. Académie des sciences. Séance du 2 octobre \S6o. — M. Serres lit un travail étendu et très-intéressant de paléontologie intitulé : Note sur le Glijptodon ornatus. De sa carapace et de ses rap- ports normaux avec le squelette. Caractères différents des os du bassin avec ceux du Glyptodon clavipes. Ce beau travail perdrait beaucoup à être analysé, aussi ne faisons-nous que l'annoncer ici, nous réservant de le donner en entier dans un prochain numéro. M. Ramon de la Sagra adresse une note sur un cas de puberté très-précoce chez une jeune fille nègre. Séance du 9 octobre. — M. Léon Vaillant adresse des Remarques sur ranatomie de la Tridacna clongata. Cette espèce, commune dans la baie de Suez où elle est souvent employée comme aliment, a été l'objet des ob- servations de l'auteur, qui décrit les diverses parties de l'animal étudié d'après le vivant, son système nerveux, 398 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. [Décmibre 1865.) digestif et cil culatoire, et sa fcmpéraUiro propre, qui est un peu supérieure à celle des eaux dans lesquelles ii vit. M. Potlier envoie des spécimens, à divers états, d'un insecte qu'il considère comme la cause de la maladie de la vifjne. Ces objets sont renvoyée à l'examen deJM. Blan- chard. Séance du 16 octobre. — M. Sansoii présente une deuxième noie sur la variabililé des métis. « M. Moulines adresse de V^als de « nouvelles notes re- latives à ses observations sur la maladie des Vers à soie, « en demandant qu'elles soient renvoyées à l'examen de la commission déjà nommée pour ses deux premières com- munications; il croit être d'autant plus obligé à insister sur la nécessité de donner aux Vers une température de 25 degrés environ, qu'aujourd'hui la tendance contiairê devient générale, comme le montrent divers passages d'une publication récente dont il adresse un exemplaire, un numéro du Bulletin de la Société d'agriculture du dé- partement de l'Ardèche. » Séance du, 23 octobre. — M. Serres donne lecture de la suite de son mémoire sur le Glyptodon ornatus. M. Colin [)résente un travail de physiologie ayant pour titre : Eaj)ériences sur la chaleur animale et spécialement sur la température du sang veineux comparée à celle du sang artériel, dans le cœur et les autres parties centrales du Systems vasculaire. MM. Eulenburg et Landais de Greifswald adressent des Recherches expérimentales sur la transfusion du sang. « M. Cantoni (Caietano), professeur à l'école spéciale li'agronomie de Corte del Palasio près Lodi, adresse, à l'occasion d'une communication récente de M. Pasteur, une lettre dans laquelle ii annonce avoir donné, dès l'an- née 1862, un procédé pour obtenir de la graine de Ver à soie parfaitement saine. Il se propose d'envoyer à l'Aca- démie des documents tendant à prouver que dans trois SOCIÉTÉS SAVANTES. 399 éducations successives cette méthode a été couronnée d'un plein succès, c( On attendra l'arrivée des pièces annoncées pour ren- voyer à l'examen de la commission des N'ers à soie la lettre de M. Cantoni. » Séancs du 30 octobre. — Rien sur la zoologie. Séance du 6 novembre. — M. A. Duméril lit de Nouvelles Observaiions sur les Axolotls, batraciens urodèles de Mexico (Siredon mexicanus vel Humboldtii) nés dans la ménujerie des reptiles au muséum d'histoire naturelle, et qui y subis- sent des métamorphoses. « Au mois d'avril dernier [Comptes rendus, tome LX, p. 7Go), j'ai eu l'honneur d'entretenir l'Académie d'ob- servations faites à la ménagerie des reptiles sur la repro- duction des Axolotls, qui, jusqu'alors, n'avaient jamais été vus vivants en Europe, et sur le développement des animaux nés de deux pontes successives séparées par un intervalle de six semaines. Ayant été tén)oin depuis cette époque, de faits qui me semblent de nature à pouvoir fixer raltention de l'Académie, je prends la liberté de lui en présenter un récit sommaire. « A partir du 17 avril 1865, date de ma première com- munication, jusqu'au commencement de septembre, le développement s'est continué; mais, quelque intérêt que son étuiie ait offert, aucun phénomène ne s'est produit qui mérite ici une mention spéciale. « Il n'en a plus été de même à partir de l'époque que je viens de signaler. Les animaux étant alors arrivés à la taille de 0'",21, assez comparable à celle de leurs parents (0'°,'25 environ), l'un d'eux, qui n'avait point été, depuis une (|uinzaine de jours, l'objet d'un examen particulier, frappa tout à coup l'at'.ention par ras|)ect qu'il présentait et qui le rendait extrêmement différent des autres Axo- lotls de même âge. Il n'avait plus de houppes braiichiales, ou du moins n'en conservait que des traces ; les crêtes membraneuses du dos et de la queue avaient iJisparu; la 400 lŒV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Décembre 18Co.) forme delà tête s'était un peu moJifiée ; enfin, sur les membres et sur le corps, on voyait de nombreuses petites taches irrégulières d'un blanc jaunâtre qui contrastait avec la teinte noire générale. (( Le 28 septembre, un deuxième individu avait revêtu la même livrée et perdu presque complètement ses bran- chies, ainsi que les crêtes du dos et de la queue. « Le 7 octobre, un troisième cas de transformation se présenta : un de ces batraciens commençait à se tacheter ; déjà la crête dorsale avait presque tout à fait disparu ; en outre, les branchies avaient perdu un peu de leur lon- gueur. « Enfin, le 10 octobre, je pus étudier, dès son origine, le travail de métamorphose dont je me trouvais avoir sous les yeux un quatrième exemple. Ce jour-là, quelques points d'un blanc jaunâtre se voyaient sur les membres; la por- tion de la crête la plus rapprochée de la tête s'était effacée. Depuis ce jour jusqu'au 25 octobre, et sans énumérer toutes les phases de la métamorphose soigneusement no- tées à intervalles rapprochés, la crête disparait sur toute son étendue ; les lamelles branchiales d'abord, puis les appendices qui les supportent, diminuent successivement de longueur, et enfin, aujourd'hui G novembre, on ne voit plus, sur les côtés du cou, que trois petites saillies à peine proéminentes au-dessus de la peau. La tête a diminué, en largeur, de 0",005, au niveau des branchies anté- rieures. Il n'y a plus de crêtes, et les taches se sont assez multipliées, mais moins que chez les deux premiers Axolotls. « Je dois dire aussi que les trois petites saillies, qui sont les dernières traces des appendices extérieurs, per- sistent chez les quatre individus signalés dans cette note. « Tels sont les phénomènes constatés jusqu'à présent. Des changements identiques à ceux que je viens de décrire se manifestent maintenant sur deux ou trois des Axolotls SOCIÉTÉS SAVANTES. 401 sortis en avril dos œufs de la seconde ponte, et auxquels un aquarium particulier a été réservé. « Quant aux parents, que le muséum possède depuis janvier 186i, ils n'ont subi d'autre modification qu'un accroissement de taille. « Aux métamorphoses extérieures correspondent des modifications internes comparables à celles qu'on observe sur les batraciens urodèles lorsqu'ils passent de J'état de larve à l'état adulte. La rareté des sujets soumis à l'obser- vation ne m'a pas permis encore de suivre, dans leur marche progressive, les changements qu'éprouve l'appa- reil hyo-branchial : mais l'étude anatomique de cet appa- reil chez le deuxième de nos Axolotls transformés, et qui a été vu le 28 septembre sous sa nouvelle apparence, montre que les trois arcs branchiaux internes ont disparu; il ne reste que le plus externe qui, dépouillé de ses den- telures membraneuses, et uni, par une articulation encore apparente, avec la corne thyroïdienne, en constitue l'ar- ticle postéiieur. En dehors de cette pièce, on voit, de chaque côté, la branche antérieure de l'hyoïde. Quant à la pièce médiane ou basi-hyal, elle s'est beaucoup déve- loppée, et là, comme dans les autres portions de l'hyoïde, l'ossification commence. Le corps des vertèbres est moins creux a sa face postérieure, mais surtout à sa face anté- rieure. « En présence de faits aussi inattendus, il serait im- prudent de chercher à en tirer des conclusions qui pour- raient être prématurées. « N'est-on pas en droit cependant de se demander si, conformément à la supposition de Cuvier (I), les Axolotls, il) Recherches sur les Reptiles douteux {Voy. de Hu»iboldt), 1807, p. 3j; Ossements fossiles, 1824, t. V, 2' partie, p. 41G, et 18'J9, liègne animal, 2' édit., t. II, p. 119. Voir aussi L. Calori, Sull' anatom. Axolotl {Hem. Acad. scienze Inslit. Bolonia, 18j1, t. 111, p. 315); pour une disposition des 2« SERIE. T. Tvn. Année 18C5. 26 402 REV. ET MAG . UE ZOOLOGIE. {Décembre 1865) considérés jusqu'à ce jour comme pérennibranches, ne seraient pas les larves d'espèces destinées désormais à prendre rang dans le groupe de celles qui se métamor- phosent et perdent leurs branchies? S'il en est ainsi, les individus à longues houppes branchiales extérieures con- servés depuis près de deux ans à la ménagerie, et des- quels proviennent nos animaux nés en février et en avril 1865, ne seraient donc que des larves, malgré cette apti- tude à se reproduire (l). « Comment alors, si cette supposition était admise, ex- pliquer la prompte métamorphose d'animaux âgés de huit mois, quand les individus apportés de Mexico en France à la fin de 1863 n'ont subi d'autres changements que ceux qui résultent de leur augmentation de taille? « En effet, les Axolotls, dans leur nouvel état, qui ne permet de les rapporter à aucun genre connu de batra- ciens urodèles, ont-ils, dès à présent, revêtu une forme définitive? « A ces diverses questions, les études ultérieures per- mettront peut-être de faire une réponse ; mais quelle que soit plus tard la solution de ces difficultés actuelles, les faits recueillis jusqu'à ce jour sont assez intéressants pour qu'il m'ait semblé convenable de soumettre à l'examen de l'Académie cette première suite des observations dont j'avais eu précédemment l'honneur d'exposer devant elle les principaux résultats. » M. Marey lit une note sur la forme graphique des batte- ments du cœur chez l'homme et chez différentes espèces animales. vaisseaux branthiaiu coœparab e à celle que présentent les Batra- ciens caducibrauches, et qui niauque chez le Protéc et chez la Sirène. (1) M. de Filippi {Archivio per la zoologia, t. II, p. 206-211) a trouvé des spermatozoïdes et des œufs arrivés à l'état de maturité chez des Tritons alpestres qui, eu raison de la persistance des houppes branchiales extérieures et de l'imperfection de leur système dentaire palatin, étaient encore a l'état de larves ou de têtards. SOCIIÎTÉS SAVANTES. 403 M. Bnudelot [E.] adresse un mémoire destiné au con- cours pour le grand prix de physique de 1865 [Anatomie du système nerveux des poissons). M. Hubert adresse un mémoire « sur la croissance du corps humain et sur ses proportions harmoniques à toutes les époques de son développement. » M. le secrétaire perpétuel présente, au nom de l'autetir. M. F. J. C. Mai/er, de Bonn, un « mémoire sur la struc- ture du cerveau chez les poissons et sur une classilication ichihyologique reposant sur cette base. » Cet ouvrage est la traduction en allemand, revue et augmentée, d'un mémoire que l'auteur avait présenté à l'Académie en 18G3. M. Mayer a joint à ce travail un opuscule également écrit en allemand sur la question concernant l'antiquité de l'espèce humaine et l'origine que certains naturalistes ont voulu lui assigner. Dans la lettre jointe à son envoi, M. Mayer remarque, quant au dernier opuscule, que c'est une protestation contre l'opinion de certains Anglais qui prétendent faire descendre notre espèce de celle du Gorille. M. de la Blanchère adresse des Remarques sur un passage d'oiseaux observé dans le département de la Sartlie. « Ce malin, 30 octobre 1865, à 6 heures 45 minutes, c'est-à-dire au petit jour, j'ai vu passer devant ma fenêtre un tourbillon d'oiseaux, lequel fut rapidement suivi d'un second semblable à 4 ou 5 secondes d'intervalle. Ces tour- billons, dont on ne peut mieux se faire une idée qu'en se représentant une bouffée de feuilles sèches em[)oriées par un vent violent, passaient avec une vitesse au moins com- parable à celle d'un train express, à environ 10 mètres du sol, de manière à éviter les haies et les buissons, sans s'é- lever ccfjcndant, et dans la direction exacte du nord-e^t au sud-est. ils ne laissaient pas de traînards. K Jl m'a été absolument impossible de constater l'es- pèce de ces oiseaux, dont le vol, en même temps papil- 404 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Décembre \8Q5.) lonnant et direct, rappelle celui des Mésanges, et dont la taille est la même (1). « Je suis ici au milieu des bois et des forêts, dans le département de la Sarthe, et j'ai pu constater, ces jours-ci, l'arrivée des Mésanges à longue queue , les dernières venues. » M. Lacazs-Duthiers adresse un Mémoire sur la morpho- logie et les rapports des Brachiopodes. Nous donnerons ce travail dans un prochain numéro. Séance du 13 novembre. — M. Pouchet adresse un travail ayant pour liire : Expériences sur la congélation des ani- maux. C'est une série d'expériences qu'il serait impossible de rapporter ici et qui ont porté le savant physiologiste à sou- tenir des idées contraires à celles qui ont été émises jus- qu'ici à ce sujet. « Cette question méritait d'autant plus une sérieuse révision^ dit-il en commençant, que la plupart des savants ont émis, par rapport à elle, des opinions absolument er- ronées, et qui ont été souvent reproduites dans les ou- vrages didactiques répandus parmi le vulgaire. « C'est donc à la fois une erreur scientifique et un pré- jugé populaire que nous allons combattre. « En effet, en compulsant les œuvres des hommes les plus célèbres, soit dans les sciences naturelles, soit dans les sciences physiques, on voit, de place en place^ que (1) Ce vol en tourbiUou a été observé cliez d'autres Passereaux, et notammeut chez les Étourneaus, dont Pliue disait déjà, liv. XI, chap. XXXV : Slurnorum generi proprium catervatim volare, et quodam pila' orbe circumagi, omnibus in médium aguien tenden- libus. « Les ttourneaux ont une manière de voler qui leur est propre et de former une sorte de peloton arrondi, chacun chorcham tou- jours à se rapprocher du centre. » (Traduction de M. Lilré.) Il est à regretter que M. de la Blanchère n'ait pas eu la possibilité de déterminer l'espèce des oiseaux dont il a observé les allures; la taille qu'illeur assigne d'ailleurs ne permet pas de supposer que ce lusscnl des éiouruoaux. SOCIÉTÉS SAVANTES. 405 ceux-ci assurent que des animaux peuvent être rappelés à la vie après avoir été totalement congelés. « Is. Geoffroy Saint-Hilaire, Gaymard l'ont prétendu à l'égard des Grenouilles, des Crapauds et de divers autres reptiles ; Gavarret, Host, Virey pour les Poissons de di- verses classes; et Réaumur, Bonnet, Straus, Ross, Boudin, H. Davy et Moquin-ïandon relativement aux Insectes, aux Mollusques et aux Vers. « Nous, nous venons soutenir une opinion absolument opposée, et prouver, à l'aide d'expériences nombreuses, que tout animal réellement congelé est absolument mort. « Bien plus, même, dans nos expériences, tous les ani- maux, mammifères, reptiles, poissons ou insectes, qui n'ont eu que l'une des moitiés du corps absolument con- gelée, ont tous succombé en un temps fort court, souvent en quelques heures seulement. « Si l'on a prétendu le contraire, c'est que l'on n'a ob- servé que des animaux imparfaitement ou superficielle- ment gelés. « La nature des altérations que la congélation fait subir à l'organisme ne permet même pas de supposer qu'après celles-ci aucun animal puisse être rappelé à la vie. « Mes ex[)ériences, qui ont été exécutées sur plus de 400 animaux appartenant à presque toutes les classes, prouvent et développent ces propositions. » Séance du 20 novembre. — M. Peligot lit un grand tra- vail intitulé : Études chimiques el physiologiques sur les Vers à soie. Ce travail, trop étendu pour qu'il nous soit possible de le reproduire ici, est une suite de ceux que l'auteur a pu- bliés en 1853 et en 1858. Il se compose de nombreuses expériences sur la composition des feuilles de mûrier et sur celle des Vers à soie eux-mêmes. Voici les conclusions auxquelles ce travail a conduit M. Peligot : « 1" Le développement des larves se fait par le trans- port et l'assimilation d'une partie de la matière azotée 406 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Décembre 1865.) contenue dans la feuille de mûrier. Comme la composi- tion chimique et probablement la structure anatomique sont sensiblement les mêmes au commencement et à la fin de l'éducation, dans le Ver naissant et dans le Ver arrivé à maturité, les phénomènes de la nutrition sont également les mêmes pendant les diverses phases de l'accroissement des larves. « 2» L'analyse des éducations pesées permet de consta- ter une déperdition considérable de carbone servant à produire l'acide carbonique qu'on trouve dans l'air ex- piré par l'insecte. Cette quantité d'acide carbonique est telle, que, pour fixer 100 parties de carbone qu'il emprunte aux feuilles, le Ver en consomme 40 à 50 autres parties qui, par la respiration, se transforment en acide carbo- nique. Dans leur beau travail sur les produits gazeux de la respiration, MM. Regnault et Reiset ont déjà fait cette re- marque que la respiration du Ver à soie est beaucoup plus active que celle de la plupart des animaux sur lesquels ils ont expérimenté. « 3° Il ne paraît pas qu'il y ait exhalaison ou fixation d'azote pendant le développement des Vers à soie. « 4° La perte d'hydrogène, constatée par les analyses, semble correspondre à une perte d'oxygène telle, qu'on peut admettre qu'une portion notable de la substance alimentaire disparaît pendant la nutrition , sous forme d'eau. » M. Poiichet présente la suite de son travail sur la con- gélation des animaux. M. Laça ze- Dut hier s présente un mémoire sur la Mulli- plirilé et terminaison des nerfs dans les mollusques. M. Bert présente une Note sur quelques faits nouveaux de greffe animale. Séance du 27 novembre. — Rien sur la zoologie. Séance du 4 décembre. — M. Meunier présente un 3fé- moire sur la l'ésislatice vitale des Colpodes enkystés. Il résulte des ex[)ériences de l'auteur que les colpodes SOCIÉTÉS SAVANTES. 407 enkystés, soumis à la température de l'ébullition , .H)iit tués. Séance du 11 décembre. — M. Richard, du Cantal, adresse un travail ayant pour titre : Opinions de Bitffon et de Bourgelat sur les moyens de perfectionner, par le croi- sement, les animaux domestiques en généra!, et spécialement nos races de chevaux. M. Phclipeaux adresse une Note sur la régénération de la rate. L'auteur termine par les conclusions suivantes : « D'après les faits nouveaux dont je consigne les ré- sultats dans cette note , il me paraît certain que, dans mes premières expériences, je laissais, sans le savoir, une petite partie de la rate, car autrement je n'aurais jamais observé de régénération de cet organe. Je ne crains pas d'ailleurs d'avancer d'une façon générale que, chez les mammifères, les organes complètement extirpés ne se re- produisent jamais. « De ces faits je crois pouvoir conclure : « 1° Que la rate, compléiement extirpée sur les sur- mulots ou les lapins encore très-jeunes, ne se repro- duit jamais (peut-être cependant, dans quelques cas d'extirpation complète, une rate surnuméraire pourrait- elle se développer et remplacer ainsi la rate enlevée) ; « 2' Que la rate enlevée incomplètement sur ces mêmes animaux, et dans les mêmes conditions d'âge, se repro- duit toujours, et que, par conséquent, M. Peyrani était dans l'erreur, au moins lorsqu'il concluait que la rate en- levée en partie ne se reproduit jamais. » M. V. il/eun?er adresse un travail intitulé : Expériences sur le développement de la vie dans les ballons à cols re- courbés. M. le secrétaire perpétuel présente, au nom des au- teurs, l'un mémoire de M. Polaillon, aide d'anatoniie à la faculté de médecine, « sur les ganglions nerveux pc- riphénques ; » -2" un ouvrage de M. Louis Figuier inti- 408 REV. ET MAC. DE ZOOLOGIE. [Décembre 1865.) tulé : « La Vie et les Mœurs des animaux : Zoophytcs et Mollusques. » Séance du\^ décembre. — M. Lacaze-Duthiers litdes Consi- dérations générales sur la circulation des animaux inférieurs . M. Husson présente des Observations et échantillons à l'appui des notes déjà présentées sur l'ancienneté de l'homme dans les environs de Toul. M. Josset présente une note ayant pour titre : Sur la flore et la faxine des bassins des eaux Ihermo -miner aies, des grottes et de leur voisinage, et sur la génération spontanée. Séance du'HQ décembre. — M. Plateau fils adresse un tra- vail sur la force musculaire des animaux vertébrés. M. Piobert fait quelques observations sur ce travail. M. Balbiani adresse des Observations sur le rôle du noyau dans les cellules animales. Le début de cette note donne une idée suffisante de son objet ; le voici : « Les travaux récents des histologistes tendent de plus en plus à démontrer que les parties élémentaires des ani- maux ou les cellules, considérées dans leur existence in- dividuelle, jouissent de propriétés identiques à celles qui caractérisent la vie chez les org^anismes plus complexes qu'elles constituent par leur assemblage. Elles manifestent des phénomènes de mouvement et de sensibilité. On sait, de plus, qu'elles sont le siège d'une activité nutritive con- sidérable, et tout nous démontre que le noyau est le principal agent de cette activité. m. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. Les Oiseaux d'Afrique de Levaillant, critique de cet ouvrage, par Cari Sundevall. (Du Kongliga svenska Vetenskaps Akademiens Handlingar. — Ny foeljd. — Andra Bandet, foersta Haeftet, 1857, p. lG-60.) — Suite. — Voir p. 323. Scops, p. 162 (sine icône); in regioneCamdebo visus; est ANALYSES d'OUVRAGES NOUVEAUX. i09 Strix scops, L., var. meridionalis, sive Scops senegaleii- sis, Sav. Bp.. Csp., 48. Varietas in Cafraria sat frequens paululum a senegalensi differt. Speciminaex ipsa colonia non vidimus, sed ibi exislere scimus. (Cliouette, p. 163, fig. nulla) ; « intra coloniam ctcirca urbem capensem, in montibus, frequens « dicitur. Hsec a Lcv. non describitur, sed eadeni habetur ac « Chouette ou grande Chevêche, Buff. )) r=Pi. enl., 438, quœ icon. Str. brachyotum malerepraesentat. Simul dicitse eamdem Strigis speciem ex Cayenna obtinuisse. Credimusvero rem ita se habere : In Africa, ui nuper diximus, Striges quas- dam vidit, quas ab europaeis non differre credidit; speci- mina vero, forte ab insectis destructa, domum non atlu- lit. Uedux vero Strigem brachyotum ex Amer, merid.. ubi rêvera exislit, obtinuit. concluditque hanc avem niulto facilius in Africam quam in Guyanam migrare posse; cre- didit igitur hanc esseunam ex iis, quas ibi viderat.— Fieri sane posset, hanc avem migratoriam, eo usquepervenire, etsi adhuc non in Africa meridionali cognita sit; sed ibi non frequens inveniri potest. Ne in Africa quidem occi- dentali cognita est, Cf. Hartl., W. Afr, Effraie (ibid., absque fig.), « frequens circa urbem ca- pensem, in Namaqua.wetc; — est Sir. flammea, L.,ab eu- ropea vix dignoscenda, in Afr. merid. (requens: — in Bp., Csp., maie cum Str. capensi, Smith (fusca,mullo ma- jore, etc.), confusa. 41. Iluhul ; « ex Cayonne; » — Strix huhula, Daud., 190. — Ciccaba huhula, Wagler; Bp., Csp., 43. 42. Chouette à collier; «Surinam. « — Strix tor- quata, Daud., 1, 193, ex Lev. : = Str. perspicillata, Lath., 24; — ejusd. var. A, Lath., Suppl., 2. — Ciccaba tor- quata, Bp., Csp., 43 (eadem ac n" kk- habetur). 43. Chouette à aigrettes blanches; ex Guyana ; — Strix griseala, Daud., 207, ex Lev. — Scops cristata, Jard. Con- frjô.,1848, c. fig. — Lophostrix cristata, I5p., 6'5p.,4a. iV. Chouette à masque noir; exCayenne. — Slr.personata, 410 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. {Décembre 1865.) Daud., 192, ex Lev.; — Sir. perspicilîataB, Lath., SuppL — Ciccaba torquata junior, Bp., Csp., ko. 45. Ch. blanche; « patria ignota. » — Str. nivea, Daud., 190, ex Lev.; — Str. candida, Lixlh., SuppL, 2. — Est vero Strix nyctea, Linn., (^ vêtus, lotus albus. — Lev. crédit hanc esse sp. a Strige nyctea diversam, sed differentiae tantum a sexu et ratioiie praeparationis pendent. 46. Chevêchctte ; Patria ignota dicitur; — Str. pu- silla, Daud., 205, ex Lev.; — est vero Str. passerina, L ; sine dubio ex Ëuropa. Non minus icon, quam descriptio, hanc bene reprsesentant. 47. 48? Engoulevent à queue fourchue, ex terra Na- maquorum, cum historia de captura hujus avis in arbore cavo. — Caprimulgus forficatus, Vieill., Enc, 840; — Nyctibius forf. , Gray., Gcn. ; — typus generisSelochusœ Gray, List., 1841; — Bp., Csp.,58. — Avis esse, nisi (l)iVj/c- tibhim grandem ex Guyana, cum cauda falsa (furcata) arte apposita, Tab., Lev., 48, pedem caputquebene exhibens, dubia nostrasustulit. Praetereagenus Nyctibii exclusive est americanum. Historiola de captura forte ad aliam avem attinet, etsi hoc loco adhibita. Genus veroSelochusa certe superfluum esset, etiamsi existerct haec avis, a Nyctibio grandi nulla re, nisi cauda furcata, diversa. 49. Engoulevent à collier; ex colonise parte orient. ; Houtnigua,Lagoa bay; — Caprimulgus pectoralis, Vieill. , Enc, 545 (ex Lev.) ; — Bp., Csp., 60. — In Cafraria quo- que frequens. 50. CoRBiVAu; in Africa meridionali ubique. — Corvus albicoUis, Lath., n^S. — Licht., Cat., p. 20; — Wagl., Syst.^ n° 5. — Corvus cafer, Gray, Gen. ; — hinc Corvultur ! cafer, Bp., Csp., 387, t. II, 1799. 51. (Grand Corbeau); in colonia capensi; « juxta Sal- danha bay frequens; » = C. major, Vieill., IV. Dicl.\ et Enc, 877 (ex Lev.); — Wagl., Syst.^ n" 2; et Bp., C^p., (1) Post Lev. non inventa, nec hodic cognita. Tamen pro rcrto dicere possumus nil aliud. ANALYSES d'OUVRAGES NOUVEAUX. 4ll (ex eodem fonte). — Avis j)().st Lev. non cognita et ccile fabulosa. — Percgrinatores nostrales eam iu regione me- morata non viderunt et I. Verrcaux definite negat eam existere. xVLev. describilur: siniillimusC. coraci europeo, sed paulo major. — Hac rationefictus videlur, quod Lev., cum primnm annum in Africa degcret, multumque hoc tempore ad Saldanha versaretur, sp. prœcedentem (C. al- bicollem) procul viderit; neque eo potitus est, credens Corvum esse in Europa vuigarcm. Deinde, C. albicoUi potitus, cum novum invenit, sed non suspicatus est se eum prius vidisse. 52. Corneille du Cap, in colonia capensi frequens. — Corvuscapensis,Licht., Cat., n" 199. — Bp., Csp.,'SSb. — C. macropterus, Wagl., Syst. ,11" 10; — C. segetum, Temm. (in Cuv., Règne an.). 53. Corneille A scAPULAiRE BLANC ; ex colonia, Cafra- ria et Namaqua; — Corvus scapulatus, Daudin, II, 233, ex Lev.; — Wagl., Syst., n" 8 (simul cum sp. affini, senega- lensi ; C. curvirostri, Gould, Z. Pr., 1836; — Hartl., W. Afr., lU). 54. (Piacpiac) « in terra Namaquorum etSenegalia; » = Corvus afer, L. XII, 157 (ex Briss., lI,40);etGm. — C. se- negalensis,L.,i6irf., 158, ex eodem fonte. — Lath.,n°33. — Coraciasnigra, Lath.,n''18. — Criptorhina piacpiac, Wagl.. Syst. — Ptilostomus senegalensis, Sws., et Hartl., W. Afr., 113. — Avis post Lev. nunquam in Africa meridionali inventa cerleque ibi non quaerenda ; sed in Seneganibia frequens, nobisquo ex R(»zeres ad Nilum (Bahrel Azrak)ad 12» lat. sept., ab Hedenbergio allata. 53. Pie d calotte de peau. — Avis composita quam Lev. in colleclioneCI. Kayiide Breukelerwaard descripsit, cui vero patria ignota erat; — Corvus rufigaster, Lath., SuppL, 2 (ex Lev.); — Wagl., Syst. sp. inc. Corvi, no 22 ; — Pica rufig., Vieill. — Spécimen vero typicum, in museo leydensi adhuc asscrvalum, fpiod milii bénévole monstravit amicissimus Schlegel, est Amydrus morio (in- 412 REv, ET MAC. DE ZOOLOGIE. {Décembre 1865.) fra n° 83) cum cauda sp. prœcedentis (PUIostomi) et ven- tre alieno, apposito (forte ex dorso Upupae epopis de- sumpto?). 56. Temia;ex Batavia. — Corvus varians, Lath., SuppL, 2 (ex Lev.) ; — Crypsirhina varians, Vieill., Enc, 898; — rectius Cryptorhina varians, Wagl., Syst., n» 6, — Phre- notrix temia, Horsf. Jav., Linn. Trans., XII. 57. Pie bleue, «. ex China. » — Corvus erythrorhyn- chus, Lath., 29 (expl.enl., 622); — Pica er., Wag1.,5?/s^, n» 3. — Cuculus sinensis, Linn. XII (ex Briss.); — hinc Urocissa sin. Cab., Mus. Hein., 87: — Calocitta sin., Bp., Csp., 381. 58. ? Pie à tête noire, etiam « ex China. » — Pica « melanoccphalos, » Wagl., Syst., n° 7 (ex Lev.). — Bp., Csp., 382 (Cyanopica ! ). — Avis dubia, tanlummodo ex opère Levailiantii cognita et hodie ignota. Eadem videre- tur ac P. cyanea Pall. ex Dauuaria. Differentiœ : Gula ni- gra et apices albae rectricum omnium, forte a Lev. suppo- sitse, ob statum minus compleium speciminis descripti. 59. Pie rousse, ex Bengalia. — Corvus rufus, Lath., 28 (ex Sonnorat) ; — Pica rufa, Vieill., Enc, 888. — Sun- dev. Av. ex Calcutta, Phy^ioyr. Tidskr., Lund, 1837 (et Ann. nat. kist., 1846, vol. XVIII), n° 7. — Dendrocitta rufa, Cab. mus. Hein., 217. — Bp., Csp., 369. 60. Pie grièche, Cayenne; — Lanius Leverianus. — L. picatus, Lath., n° 20 (sed rectr. ap. albae! ). — Cis- sopis bicolor, Vieill., Enc, 750; — Ciss. Leverianus, Cob. mus. Hein, 144; — Bethylus picatus, Cuv., 1817; — Bp., Csp.,^9i. &^.{i){Pie-grièche rousse], « Cap, Sénégal, Europa. » — Est Lanius senator, L., Syst. nnt., X (ante opus Brissoni édita; in éd. XII omissus); — L. collurio var. rufus. Gm., 301, c. cit. falsa Brissonii; — hinc nomcn L. rufus rec. (1) 61, 02. Fiscal; iu Afr. merid. ubique. — Lanius collaris, Linn., XII:-- Lalh., n» 10 ,— Bp., Csp., 361 i—Cab. mus. Ilcin., 74. — Avis in Afr. mer. vulgaris. ANALYSES d'OUVRAGES NOUVEAUX. 413 Ut : Temm., 3Ian., I, 146. — Haril., W. Afr., 102; — Enneoclonus rufus, Bp., Ctip., 362. — (Non veroestL.ru- fus, Linn. et Lath.) — L. Pomeranus, Mus. Carlss., n" 1 ; — Enn. Poni., Ccib. mus. Hein , 73. — Haec sp. ex .\frica nierid. tantumniodo a Lev. enuniiata est. Specimina cx- inde orta in musaeis librisque frusira (juaesita sunt, et in illa terra inveniri a Cl. J. Verreaux negantur, certe i{;ilui' inler multos errores Levaillantii numeranda. 64. ÉcoRCiiEUR ; intra coloniam et in Namaqua et habi- tare dicitur. — Specimina ibi inventa non vidimus, sed ex terra natalensi plura nobis attulit J. Waihberg, niense decembri occisa. Siniillima sunt Lanio collurioni, L. ex Europa, sed paulo minora, at vix pro distincta specie habenda. 65. ! Pie-(jrièche rouge à plastron blanc; « 4 specimina, ex insulis maris Pacifici allata», « à ce qu'on m'a assuré. » — Lanius mystaceus, Lath., Suppl., 2 (ex Lev.). — Est avis composita. Spécimen unum, quod in museo ley densi mihi indicavit Schlegel, est Malaconotus ferrugineus (infra n° 68), cum gastraeo rubro et cauda Psittaci rubri, arte appositis. Albedo ad gnathidia, fasciaante-pectoralis et crissum a cute Malaconoti restant. 66. 1. ? Pendeur, « ex India, teste schedulœ, avi af- fixae, observationes de vilae ejus ratione continentis. » — Lanius pendens, Lath., Suppl. 2; — et Bp., Csp., 304. — Opus Levaillantii est solus fons hujus nominis ; avis, hodie plane ignota, forte ex specimine composite descripta videtur. 66, 2. Rousseau, ex Java ; — Lanius superciliosus, Lath., Suppl., 2; — Bp., Csj). , 363; liev. zooL, 1853, 457. — Otomelasuperciliosa. 67. Bacbakiri, in colonia capensi et Namaqua fre- quens; — Turdus Zcylonus L. XII (ex Edw., 321, sed minime in insula Zeylon nec in India inventus) ; — Lath., 80. — Lanius ornatus, Licht., Cat., 45. — Lanius bacba- kiri, Sh. (ex Lev.). — Laniarius bacb., Vieill., Eue, 755; 414 TABLE DES MATIÈRES. — Bp., Csp., 360. Tciephonus bacb., Cab. mus. Hein., 70. — (Typus generis Telephoni, Swains.). {La suite prochainement.) ÏHE Record of zoological littérature for the year 1864. — Edited by D' Albert C. L. G. Gunther (Souvenirs litté- raires de zoologie pour l'année 1864). 1 fort vol. grand in-8. Londres, chez John Van Voorst, libr. Paternoster Row; et à Paris, Evar et Stcinhert, 9, rue Jacob. (Prix, 30 schell.) Nous donnerons une analyse de cet ouvrage quand il nous sera parvenu. Errata. Page VlO, ligne 2, au lieu de : et que la plupart , lisez quoique la plupart. TABLES ALPHABÉTIQUES POUR L'ANNÉE 1865. I. TABLE DES MATIÈRES. Académie des se. 17. 49. 87. 115 142. 170. 198. -240. 267. 307. 353. 397. Analyses. 30. 88. 120. 153. 209. 249. 408. Alcyoïiaiics (sexes). Lacaze-Dii- Ihicrs. 149. Aiiguillule du vinaigre. Davaine. V(i7. Anguilles. Éduc. des. Soubeirau. 270. Annélidcs. Bourgeonnement. Vail- lant. 59. Anthropologie. Aucapilaiue. 249. Anthropologie. Gnyon. 267. Axolotl. Duméril. 142. Bactéries (saug-de-rate). Leplat et Jaillard. 278. betteraves, lusect. nuis. D'Héri- court. 2'J9. Busard Moiitagu. — De I\!ontes- sus. 269. Causeries ornitliologi(iues. Vian. 40. 74. 129. Chevreulius (zooph.j. Lacaze-Du- Ihiers 202. Chique. Guyou. 295. TABLE DES NOMS D AUTEURS. ki6 Colcoot. d'Espagne. Chevrolat. 347. 39Ô. Consauguioité. Voisin. 26. Coiiservatiou des viandes. Gorini. VJ. Crustacés. Mélamorph. Gerbe. 79. Cryptus leucopygus. Gucr.-Mén. ■Z9. Cynips aptère. D'Esteruo. 134. — Gucr.-Méa. 135. Dragoiineau ou Ver de Médine. , GuyoQ. 319. Étrev'isses. Soubeiraii. 200. Kpiornis maximus. Bianconi. 47. Faidherbia. GuOria-Méueville. 26. Fauues actuelles. Puchcran. 9. 3}. 05. 97. 101. 193. 225. 289. Glyptodou. Merlieux. 93.— Serres. 307. Greffesanimales. Montegazza. 117. Guêpes. Hibernation. 56. Holixiactea. Aucapitaine. 212. Hibernation d'une guêpe. Guér.- Mén. 50. 63. Homme. Boue. 62. lus ctes phosphorescents. Phip- son. 254. Ins. nuis. Comte d'Héricourt. 329. Laque. Dupiu. 159. Maladie des Vers à soie. Mouliue. 271. Mammif. du Mexique. Saussure. 257. Merlieux. Nécrol.Dosmarest, 332. Mesosaurus. Gervais. 184. Mollusques terr. Alimentation. Boclier. 270. .MoU. nouv. Bourguiguat. 337. Monstres. Dareste. 2i0. Moulons Ongti, Lama. Guérin- Mt'uevilie. 51. Musicapa tricolor. Pucheran. 15. Muscles. Contraction. Beale. 255. Oiseaux. App. épisternal. Hartmg. 118. — Ois. de l'Algcrie. Gail- lard. 285. Oiseaux d'Eure-et-Loir. Marchand. 202. Oiseaux de Levaillaiit. Galliard. 133. 2U9. 249. 279. 323. 408. Ornithologie (causeries). Vian. 40. 74. 129. Oslréiculture. Raoulx. 126. Paladilhia (MoU.j. Bourguiguat. 120. Papillons (électricité). Wagner. 245. Pisciculture. Chavaunes. 219. Poissons. Encéphale. Hollard. 14,5. Polymélie (moustr.). Cisternas. 287. Reproduct. de los. Floureus. 115. Raua (monstr.). Duméril. 170. Renards eu Corse. Aucapitaine. 3. Sexes. Produit, des. Coste. 174. Sipoucles. Anat. Jourdain. 198. Soie du Faidherbia. Guériu-Mé- neville. 29. Syst. norv. Roudanowsky. 206. Venin des Scorpions. Guyon. 17. Vers à soie. Maladie. Mouline. 271. — Pasteur. 353. — Guér.- Mén. 361., Vers à soie. Épidémie. Guér.-Mén. 205. Vulpes melanogaster. Aucapitaine. 3. II. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. Aucapitaine. Renards en Corse. 3. Hélix lactea. 212. — Anlhropo- lo^'ie, 249. 207. Beale. Muscles. Contraclion. 255. Bianconi. Ep:ornis maxinius. 47. Boue, liommc. ()2. Bourguiguat. Paladilhia. 120. — Moll. nouv. :i37. Chavannes. Piscicult. 219. Chevrolat. Coléopt. d'Espagne. 3 47, 390, Cisternas. Polymélie. 287. Coste. Product. des sexes. 174. Dareste. Monstres. 240. Davaine. Auguillule du vinaigre. 267. Desmarest. Nécr. de Merlieux. ;}32. Dnméril. Axolotl. 142. — Rana moustr. 170. Diipin. Laque. 159. D'tsteruo. Cynips Aptères. 134. 416 TABLE DES NOMS D AUTEURS. Flourens. Reproduct. de l'os. 115. Gaillard. Ois. de Levaillant. 153. •i09. 249. 279. 323. 408. — Ois. de l'Algérie. 285. Gerbe. Mélam. des Crust. 79. Gervais. Mesosaurus. 184. Goriui. Cous, des viandes. 49. Guériu-Méneville. Faidherbia. 26. — Cryptus leucopy^us. 29. — Soie du Faidherbia. :i9. —Mou- tons Ong-ti et Lama. 51. — Hibernation d'une guêpe. 56. 63. — Cynips aptère. 135. — Épidémie du Ver à soie. 205. 361. Guyon. Venin des Scorpions. 17. 267. — Chique. 295. — Dragon- neau. 319. Harting. App. épisternal des Ois. 118. Héricourt ("comte d'). Ins. nuis, aux betteraves. 329. Hoilard. Eneéph. des poissons. 145. Jourdain. Anat.des Siponclcs. 198. Lacaze-Duthiers. Sexes des .'ilcyo- uaires. 149. — Chevreulius. 202. Lepiat et Jaiilard. Bactéries. 278. Marchand. Ois. d'Eure-et-Loir. 262. Merlieux. Glyptodou. 93. Moutegazza. Grelfes animales. 117. Montessus. Busard Moutagu. 2(j9. Mouline. Malad. des Vers à soie. 271. Pasteur. Malad. des Vers à soie. 353. Phipson. Insectes phosphorescents. 254. Pucheran. Faunes actuelles. 9. 34. 65. 97. 161. 193. 225. 289. Muscicapa tricolor. 15. Raouk. Ostréiculture. 126. Rocher. Alimentât, des Moll. tcrr. 270. Roudanowsky. Syst. nerveux. 206. Saussure. Mamm. du Mexique. 257. Serres. Glyptodon. 307. Soubeiran. Educ. des anguilles. 270. Ecrevisscs. 200. Sundevall. Ois.de Levaillant. 153. 209. 249. 279. 323. 408. Vaillant. Bourgeonnement d'anné- lides. 59. Vian. Causeries ornithol. 40. 74. 129. Voisin. Consanguinité. 26. Wagner. Papillons (électr.). 245. Avis très-essentiel. MM. les abonnés des départements sont priés d'envoyer les 21 fr. de leur abonnement de 1866 en un bon sur la posle, qui leur coûtera 20 centimes. Ceux qui n'auront pu se conformera cet avis recevront, avant l'envoi du premier numéro de 1866, une traite de 22 francs (21 fr. pour l'abonnement et 1 fr. poui' la traite). TAIÎLE DES MATIEllES. Montessus. Busard Montagu. 369 Chevrolat. Coléoptères d'Espagne nouveaux ou peu connus. 390 societes savantes. .'597 Analyses u'ouvrages nouveaux. 408 l'aris. — Imprimerie de madame veuve Doucliard-Uuzard, rue de l'i^perou. — 18G5 Revue et Mac. de Zoolooie, (1865 PLI MbJavcKand.ielelLilKo. Impr. J-L'-in^loisâ Ckiiires. ormon Fralercula. Revue et Mao. de Zoologie, (1865.) PI. 2, Alb. Marchand, del eUilK Impr J.L'an^lois.à Chaiires. Thalassidroïïia Pelaôica, o Revue elMaô. de Zoologie (1865' PI. 3. . Marchand, del et Lilh. Im-p.J.L'anAlois.à Chartres, Slrepsilas Collaris. Kevue el Mao. de Zoologie (1865). o o PL 4. Àlk Marchand, del et Lilh. IinpJ. L'anal ois, à Charlres Œdicnemus Crepitans. 20 CD !X1 ^"m^ ; ^ ^^' f ' %^M < CD Revue el Mao.de Zoolopie.nôGS PI. 6. Js.l'ldrcliand, àel el Lilh. Imp. J.L'anèlois,d Chartres Anas Niôra o leviie el Ma^. Je Zoologie, i 18G51 PI. 7. \ M.MarchanJ.deUIilK Lnp. J. Lanilois.à CKarlres Gallinula Chloropus OO co C^ >< 'S o .S -^ (1) Oh P=^ I\evue et Magie Zoologie,(1865). PI. 9. Alt Marchand, del eUilh. Tip.J L'an^lois, î Chartres. Strix Flammea. I^evueet Mag de Zoologe, f1855. PI. 10. ^Mll%, ■j Marchand, del elLilli. Imp.J.L'anilois.à Chavires Buleo Ap ivorus Revue et Ma^.de Zoologie, (1865). PI. 11 Alb.MarAand, icUl lilh-j Anas Mollissima Revue el Mas., de Zooloéie,(lô65). PI. 12, Alb.IUcUd.delrtLnU Imp J Lan^lois.a Cl'srlrcs. Scolopax Ruslicola, Reviu. U Âfaç. de Zoc^oçric. 7S6S. /7. /3. '' ') 13 10 12 ^ /" 18 16 17 Âraoul d<.l U litA. !nY>.Bicciuti,JhrLs. Re/ue fclMag. de Zoologie, (18651. PL 14 AIL NarcLnd.del el Lilli Imp J.L'anilois.â Clisrlrcs. Fulica Alra 'evae et Mag. de Zooloôie , ( 1865 ). PL 15. ^ ■,l_..'*£i?--<É-" _ ' Alb.KarchanJ.del elLilk. Imp.J L'anolois.à Chartres Cursorius Isabellinus. Jùi/iie et May.dc '^oolojic. //ii\7. 1 n. 16. II JrnouZ de! il liih. /in/it £'caii