Bought with THE INCOME FROM THE BEQUEST OF THOMAS WREN WARD, Of Boston, LATE TREASURER OF HARVARD COLLEGE, Fouléanchs 1863 — 1/57 Lench,) /8c4 j VAL Î Lu REVUE ET MAGASIN PURE ET APPLIQUÉE. RECUEIL MENSUEL DESTINÉ À FACILITER AUX SAVANTS DE TOUS LES PAYS LES MOYENS DE PUBLIER LEURS OBSERVATIONS DE ZOOLOGIE PURE ET APPLIQUÉE A L’INDUSTRIE ET À L'AGRICULTURE, LEURS TRAVAUX DE PALÉONTOLOGIE , D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE COMPARÉES , ET A LES .TENIR AU COURANT DES NOUVELLES DÉCOUVERTES ET DES PROGRÈS DE LA SCIENCE ; PAR M. F. E. GUÉRIN-MÉNEVILLE, Membre de la Légion d'honneur, de l’ordre brésilien de la Rose, officier de l’ordre hollandais de la Couronne de chêne, de la Société impériale et centrale d’Agri- culture, des Académies royales des Sciences de Madrid, de Lisbonne et de Turin, de l’Académie royale d'Agriculture de Turin, de la Société impériale des naturalistes de Moscou, d’un grand nombre d'autres Sociétés nationales et étrangères, Secrétaire du Conseil de la Société impériale zoologique d'Acclimatation, etc., etc. 2e SÉRIE. — T. XV. — 1863. PARIS, AU BUREAU DE LA REVUE ET MAGASIN DE ZOOLOGIE, ET DE LA REVUE DE SÉRICICULTURE COMPARÉE, RUE DES BEAUX-ARTS, 4. rad Pr SNS, arms UE VINGT-SIXIÈME ANNÉE, — JANVIER 1863. I. TRAVAUX INÉDITS. Norice sur l’œuf de l’Alca impennis, par M. O. pes Murs. Depuis une dizaine d'années toutes les préoccupations des ornithologistes, en Europe, sont tournées vers la crainte de l'extinction, présumable dans un avenir rap- proché, de notre belle espèce d’Alca impennis, véritable et unique représentant dans le pôle boréal des Manchots du pôle austral. A défaut de la certitude de son existence de plus en plus problématique à l'heure qu’il est, on re- cherche avec ardeur, en en relevant le catalogue, la trace de ses dépouilles dans les différents musées et cabinets des deux mondes. Il n’est pas jusqu’à la constatation de la conservation de son œuf vers laquelle ne se dirigent les investigations. On ne peut qu'applaudir à tant de soins et de soucis, car c’est la seule manière de ne pas faire pour nos ar- rière-neveux, au sujet de l’Alca impennis, ce qu'a fait pour nous la négligence de nos pères du xvi° au xvrr° siècle au sujet du Dronte, dont le hasard seul n’a laissé parvenir jusqu’à nous qu’une tête incomplète et une patte. Aussi formons des vœux pour le succès des recherches, en ce sens, de MM. Preger et W. Passer en Allemagne, et de M. L. Olph-Gaillard en France. C'est pour nous joindre à eux, et les aider à compléter 4 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1863.) leurs preuves, que nous publions le dessin de deux des trois spécimens que nous avons possédés. Il ne faut pas se le dissimuler, l’œuf de l’impennis a été jusqu'ici très-imparfaitement représenté, la figure en étant presque aussi rare que les exemplaires en nature. Thienemann seul l’a bien figuré; et encore deux de ses représentations, sur trois, ont-elles été faites sur le même œuf qui faisait partie de ma collection sur laquelle, pour son bel ouvrage, il a travaillé pendant près de deux mois. El doit en exister, au muséum d'histoire naturelle de Paris, au moins un exemplaire que nous avons toujours relevé dans les inventaires oologiques que nous avons faits successivement dans cet établissement, depuis 1826 jus- qu’à 1831. Cet exemplaire provenait de la collection de l’abbé Manesse. Les spécimens que nous livrons au public font au- jourd’hui partie de la riche collection que nous avons cé- dée, en 1849, au muséum de Philadelphie, et ont été des- sinés par nous, alors que nous commencions notre travail sur l’oologie, ainsi que la plupart de ceux que nous possé- dions alors. Aucun œuf de l’Alca impennis ne nous étant, depuis, tombé ni sous la main ni même sous les yeux, et aucun de ceux figurés par Thienemann ne rentrant dans les conditions des nôtres, nous cherchons, de cette ma- nière, à mettre les heureux détenteurs de cet œuf à même d’en faire la comparaison. On sera peut-être curieux, en présence de la valeur commerciale actuelle de cet œuf, de connaître ce que m'ont coûté ceux que nous joignons à cet article. Nous nous sommes procuré l’un chez Launoy, marchand natu- raliste à Paris, le 3 juin 1830, moyennant le prix de 5 francs! l’autre chez Bévalet père, également mar- chand naturaliste à Paris, le 10 mai 1833, moyennant 3 francs! C'est qu'alors nous nous trouvions seuls à Paris à nous occuper, ayec Dumont de Sainte-Croix et TRAVAUX INÉDITS. 5 Audoin, de collectionner des œufs qui étaient loin d’être un objet de commerce aussi important qu'ils le sont deve- nus depuis, surtout en ce qui concerne l'œuf qui nous occupe. Aussi ferions-nous bien des sacrifices pour avoir un seul de ces trois œufs exilés en Amérique, ne füt-ce que celui d’entre eux qui avait subi quelque restauration. Les œufs d’Alcidés, ainsi que nous l'avons dit ailleurs, que nous avons pris pour types de la forme que nous avons nommée ovoïconique, nous offrent, malgré la pré- dominance bien marquée de cet élément chez eux, quelque difficulté à harmoniser, quant à leurs caractères physiologiques; et nous avouons qu'ici ou l’oologie se trouve légèrement en défaut, ou bien, ce que nous n’ose- rions affirmer, ceux de leurs œufs connus seraient-ils mal à propos attribués à d’autres espèces d’entre eux que celles dont ils proviennent réellement? Ainsi, pour nous expliquer plus clairement, il y aurait harmonie complète, sil’on pouvait reporter la forme de l'œuf des Alca alle, Psit- tacula, cirrhata, arctica et torda exclusivement à ce genre, et réserver la forme ovoïconique à toutes les espèces du genre Uria, telle que la comportent les Uria lomwia, troile et ringvia; au lieu que nous voyons, au contraire, dans les Alca, l'impennis seul offrir cette dernière forme d’une manière bien caractérisée, et, dans les Uria, les Uria grille et Mandli offrir, à l'inverse, la forme de presque tous les vrais Alca. La nuance qui les sépare est, à la vé- rité, peu sensible, mais enfin elle existe, et est suffisante pour faire hésiter à les ranger sous une seule et même diagnose caractéristique. Macacorocie du lac des Quatre-Cantons et de ses en- virons, par M. J. R. BourGuiGnar. (Voir 1862, p. 430 et 465 du tome XIV, 2° série.) L VERTIGO EUMICRA. Testa rimata, pygmæa, ventricosa, fere sicut Dolium, corneo- fulya, sub lente vix oblique striatula ; — apice rotundato-obtusissimo ; 6 REV. ÉT MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1863.) — anfractibus 6 convexis, lente ac regulariter crescentibus, sutura profunda separatis ; — ultimo 114 longitudinis æquante, ad apertu- ram recto vel vix ascendente ; — apertura edentula paululum obli- qua, rotundata ; — peristomate acuto, simplici, non reflexiusculo, nec incrassato ; — marginibus valde approximatis. Coquille très-petite, excessivement ventrue, de la forme d’un baril; test d’un fauve corné, laissant apercevoir, sous une forte loupe, de petites striations obliques à peine sen- sibles. Sommet arrondi, très-obtus. Six tours convexes, s’accroissant avec la plus grande régularité, et séparés par une suture profonde. Dernier tour arrondi, égalant un quart de la longueur totale et offrant, vers l’ouverture, une direction rectiligne ou à peine ascendante. Ouverture un peu oblique, sans denticulations, arrondie, et à peine échancrée par l’avant-dernier tour. — Péristome aigu, simple, non réfléchi, ni épaissi. Bords marginaux très- rapprochés. Pas de callosité. Hauteur. . . . 3 millimètres. Épaisseur. . . 92 — Sous les feuilles, dans les ruines du château d’'Habs- burg, non loin de Meggen, à moitié chemin de Lucerne à Kussnacht. Cette intéressante espèce appartient au groupe des Ver- tigos edentula (1), alpicola (2), etc. CARYCHIUM TRIDENTATUM. Saraphia tridentata, Rosso, Hist. nat. Nice, t. IV, p. 84. 1826. Carychium tridentatum, Bourguignat, in Amén. malac., t. I, p. 44, pl. xv, fig. 12-13. 1857. Cette intéressante espèce, que l’on croyait spéciale aux contrées du littoral de la Méditerranée (3), habite sous les (1) Vertigo edentula, Studer, Verzeichn., p. 89. 1820 (Pupa eden- tula de Draparnaud, Hist. Moll. France, p.'52, pl.in, f.28-291.1805). (2) Pupa alpicola, Charpentier, Cat. Moll. Suisse, p. 16, t. IT, fig. 5. 1837. (3) Nous avons reçu dernièrement ce Carychium des environs de Metz, département de la Moselle. TRAVAUX INÉDITS. 7 feuilles, dans les bois du Schwibbogen, entre Ematten et Sonnenbers. Espèce rare, ou plutôt difficile à trouver à cause de sa petitesse. Nous avons encore récolté ce Carychium à Giessbach, dans l’Oberland, près des cascades. CARYCHIUM MINIMUM. Carychium minimum, Müller, Verm. Hist., IF, p. 125. 1774. Nous avons rencontré, sous les pierres et les feuilles, une variété à test plus ventru et à péristome bien bordé. Cette variété, connue sous l'appellation d’Auricella inflata de Hartmann, habite les bois du Pilate au-dessus d'Her- giswil, et, ceux du Rigi, au-dessus de Wegpis et de Ger- sau. — Rare. PLANORBIS CONTORTUS. Helix contorta, Linnœus, Syst. nat. (ed. X), p. 770. 1758. Planorbis contortus, Müller, Verm. Hist., 11, p. 162. 1774. Le lac des Quatre-Cantons, à Kussnacht. — Petit lac de Roth-See, près de Lucerne. — Assez rare. PLANORBIS ALBUS. Planorbis albus, Müller, Verm. Hist., IE, p. 164, 1774. Espèce peu commune (1). Dans les petits ruisseaux de Fluelen. PLANORBIS CROSSEANUS. Testa complanata, supra paululum concava, infra valide pervio- concaya, sordide fulvo-cornea, ac transverse spiraliterque striatula; (1) Cette coquille est le Planorbis villosus, Poiretl, prodome, p. 95. (Avril) 1801. — Planorbis hispidus, Vallot, Excer. d’Hist. nat., p. 5. (Août) 1801, — et Draparnaud, Hist. Moll., p. 43, pl. r, f. 43- 48. 1805. 8 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1863.) tessellata ; anfractibus 5 convexis, regulariter crescentibus, su- tura profunda separatis ; ultimo rotundato, ad aperturam vix ex- panso ; apertura parum obliqua, rotundata ; peristomate fere conti- nuo ; marginibus callo junctis. Coquille aplatie, un peu concave en dessus et largement ombiliquée en dessous en forme d’entonnoir ; test d’un fauve corné plus ou moins prononcé, et orné de stries . transversales et spirales, ce qui lui donne une apparence treillissée; cinq tours convexes à croissance lente et réqgu- lière, séparés par une suture profonde; dernier tour ar- rondi et non dilaté vers l'ouverture. Celle-ci est peu oblique, arrondie, à péristome droit presque continu, dont les deux extrémités se trouvent réunies par une cal- losité assez épaisse. Diamètre. . . . 6 millimètres. Épaisseur. . . . 2 === Cette nouvelle espèce appartient au groupe des Planor- bis albus, stelmachætius (1), janinensis (2), levis (3), Brondeli (4), etc. Ce Planorbe ne peut être rapproché que du Planorbis albus, avec lequel il a toujours été confondu. Cette nouvelle coquille se distingue de l’albus par son test plus robuste, par son ouverture moins oblique, presque ronde et non oblongue, par ses tours de spire à croissance régulière et proportionnelle, et non à croissance rapide comme chez l’albus ; enfin, par son dernier tour arrondi, non com- primé, non dilaté vers l'ouverture, ce qui est l'inverse chez l’albus. Cette espèce, que nous dédions à notre ami Crosse, est une coquille commune à la France et à la Suisse. (1) Bourguignat, Malac. Bretagne, p. 139, pl. n1, fig. 10-13. 1860. (2) Mousson, Coq. Schæfli, p. 53. 1859. (3) Alder, Cat. supplem. Newcastl. in Trans. Neweastl., t. IT, p. 337. 1837. (4) Raymond, Desc. coq. nord de l'Afrique, in Journ. Conch., t. IV, p. 82, pl. nr, fig. 3. 1853. TRAVAUX INÉDITS. 9 En Suisse, nous l’avons recueillie dans un petit marais près de la route de Littau et dans le lac de Roth-See, près de Lucerne. — En France, nous la connaissons des environs de Troyes (Aube), et des alluvions du Gapau, près d'Hyères (Var). PLANORBIS COMPLANATUS. Helix complanata, Linnœus, Syst. nat. (ed. X), I, p. 769. 1758. Planorbis complanatus (1), Sfuder, Faunul. Helv. in Coxe, Trav. Switz, IT, p. 435. 1789. Ce Planorbe, vulgairement connu sous l’appellation de Planorbis marginatus (Draparnaud, 1805), se trouve dans le lac à Kussnacht, à Gstad, près d’Alpnacht, ainsi que dans le ruisseau de Winckel, et dans divers petits cours d’eau près de Fluelen. PLANORBIS DUBIUS. Planorbis dubius, Hartmann, Wurm. in N.-Alp., I, p.254, n° 419 B. — Et erd und sussw. Gasterop. Schweiz., p. 111, pl. xxxrr. 1844. Cette curieuse espèce, dont nous donnons la représen- tation dans les planches qui accompagnent ce mémoire, a presque toujours été confondue, tantôt avec le complana- tus, tantôt avec le carinatus. Cette coquille, en effet, est intermédiaire entre ces deux Planorbes. Ainsi, vu en des- sus, le dubius ressemble assez bien, par la dilatation de ses tours et l’enroulement rapide de sa spire, au carina- tus ; tandis que, vu en dessous, il imite au contraire le complanatus par ses tours s’accroissant lentement et graduellement. Le Planorbis dubius a été rencontré par nous dans un petit marais près de la route de Lucerne à Littau ; dans les petits ruisseaux de Fluelen, enfin dans le lac de Roth- (1) Non Planorbis complanatus de Poiret et de Draparnaud, qui est une espèce différente. 10 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1863.) See. Les échantillons de Roth-See sont petits et peu développés. Cette espèce, peu connue, est très-abondante en France, où la plupart du temps elle a été prise pour le véritable carinatus, qui est beaucoup plus rare. — Nous possédons le dubius des environs de Troyes (Aube), de l’Erve (Mayenne), de Séné, près de Vannes (Morbihan), de Lourdes (Hautes-Pyrénées), etc. Le Planorbis dubius est également très-commun dans le canal qui longe la route postale de Velletri à Terracine, à moitié chemin des Marais Pontins. PLANORBIS CARINATUS. Planorbis carinatus, Müller, Verm. Hist., II, p. 157. 1774. Sur les bords du lac parmi les détritus à Kussnacht. — Ruisseau de Winckel, où cette espèce est abondante et parfaitement caractérisée. PLANORBIS ROTUNDATUS. Planorbis rotundatus, Poiret, Coq. terr.et fluv., etc., p. 93. 1801. Cette espèce, plus connue sous la dénomination de Pla- norbis leucostoma (Millet, Moll. Maine-et-Loire , p. 16. 1813), a été recueillie dans les détritus sur les bords au lac entre Gstad et l'embouchure du ruisseau de Sarnem. PLANORBIS IMBRICATUS. Planorbis imbricatus, Müller, Verm. Hist., Il, p. 165. 1774. Sur les roseaux, les morceaux de bois pourris dans le petit lac de Roth-See, sur la rive la plus rapprochée de Lucerne. PLANORBIS CRISTATUS. Nautilus crista, Linnœus, Syst. nat. (ed. X), EI, p. 709. 1758. TRAVAUX INÉDITS. 41 Planorbis cristatus, Draparnaud, Hist. Moll., p. #4, pl. 11, f. 1-3. 1805. Dans le lac de Roth-See. — Espèce rare. PLANORBIS FONTANUS. Helix fontana, Lightfoot, in Philos. Trans., vol. LXXVI (4'° partie), p. 165, pl. 1, f. 1. 1786. Planorbis fontanus (1), Fleming, in Edinb. Encycl., vol. VII ({re partie), p. 69. 181%. Petit lac de Roth-See, près de Lucerne.—Sur les plantes aquatiques. PLANORBIS NITIDUS. Planorbis nitidus (2), Müller, Verm. Hist., II, p. 163. 1774. Espèce très-abondante dans les eaux stagnantes du ruisseau de Winckel, dans la partie du cours d’eau qui se trouve entre la route d’'Hergiswil et le lac. — Lac de Roth-See. Paysa HyPNoRu». Bulla Hypnorum, Linnœus, Syst. nat. (ed. X), 1, p. 727. 1758. Physa Hypnorum, Draparnaud, Tabl. Moll., p. 52. 1801. Ruisseau de Winckel entre la route et le lac. — Petits cours d’eau à Fluelen. LIMNÆA ELOPHILA. Limnæa elophila, Bourguignat, in Spicil. Malac., p. 97, pl. x, f. 7-8. (Fév.) 1862. Sur les bords du lac à Kussnacht et à Bergischwyl. LIMNÆA AURICULARIA. Helix auricularia, Linnœus, Syst. nat. (ed. X), 1, p. 774. 1758. (1) Cette espèce est celle qui se trouve désignée dans Draparnaud (Hist. Moll. France, p. 47, pl. 11, f. 20-22. 1805) sous le nom de Planorbis complanatus. (2) Non Planorbis nitidus, Gray. 42 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1863.) Limneus auricularius, Draparnaud, Tabl. Moll. France, p. 48. 1801. Limnæa auricularia, Dupuy, Hist. Moll. France (5e fasc.), p. 481, pl. xxux, fig. 8. 1851. Nous n'avons pas rencontré le type de l’auricularia dans nos excursions aux alentours du lac des Quatre-Gan- tons, mais seulement ces deux variétés : Var. B. canalis. — Limnæa canalis, Villa, in Dupuy, Hist. Moll. France (5e fasc.), p. 482, pl. xx, fig. 12. 1851. Dans le lac des Quatre-Cantons à Kussnacht et à Rain. — Dans le petit lac de Roth-See. Var. C. acutior (Albin grass), Desc. Moll. Isère, p. 62, pl. v, fig. 2. 1840. Cette magnifique variété habite le lac de Roth-See ; elle est au moins un tiers plus grande que celle de France. LIMNÆA LIMOSA. Helix limosa, Linnœus, Syst. nat. (ed. X), 1, p. 774. 1758. Limnæa limosa, Moquin-Tandon, Hist. Moll. France, t. II, p. 465, pl. xxxiv, fig. 11-12. 1855. Le type dans la rivière de Stantzstad, dans l’Aa, près de Buochs. — La Muotta entre Brunnen et Wylen. Les variétés suivantes : Var. B. vulgaris. — Limnæus vulgaris, C. Pfeiffer, Deutsch. Moll., I, p. 89, pl. rv, f. 22. 1821. Dans le torrent de l’'Emme, près du pont du chemin de fer. Var. C. fontinalis. — Limneus fontinalis, Studer, Kurz. Verzeichn., p. 93. 1820. — Limneus ovatus, var. fonti- nalis, Charpentier, Moll. Suisse, p. 20, pl. xx, fig. 15. 1837. Dans divers petits cours d’eau près de Fluelen. TRAVAUX INÉDITS. 13 LIMNÆA PEREGRA. Buccinum pereerum, Müller, Verm. Hist., U, p. 130. 1774. Limneus pereser, Draparnaud, Tabl. Moll. France, p. #8. 1801. Limnæa peregra, Dupuy, Hist. Moll. France (5° fasc.), p. 472, pl. xxux, f. 6. 1851. Nous avons récolté les variétés suivantes : 40 Var. B. marginata.— Limnæa marsinata, Michaud, Complém. Drap., p. 88, pl. xvi, fig. 15-16. 1831. Échantillons très-petits dans les détritus sur les bords du lac entre Burgeck et Kussnacht. 2 Var. C. cornea. — Limneus corneus, de Ziegler. Dans le ruisseau de Winckel entre la route et le lac. 3° Var. D. rivularis. — Limneus rivularis de Parreys, — Limneus rivalis de Studer. Dans le ruisseau de Winckel. LIMNÆA PALUSTRIS. Buccinum palustre, Müller, Verm. Hist., FE, D: 131: 1774. Limnæa palustris, Fleming, Brit. Anim., p. 274. 1898. Le type à Kussnacht dans le lac. Les deux variétés suivantes : 4° Var. B. Vosgesiaca. — Lymnæa Vosgesiaca, Puton, Moll. Vosges, p. 58. 1847. Dans le petit lac de Roth-See. 2° Var. OC. disjuncta. — Lymnæa disjuncta, Puton, Moll. Vosges, p. 60. 1847. Dans le lac de Roth-See, du côté de Rathausen. LIMNÆA TRUNCATULA. Buccinum truncatulum, Â/üller, Verm. Hist., IT, p. 130. 1774. Limnæus truncatulus, Jeffreys, Syst. test. in Trans. Linn , XVI (2° partie), p. 377. 1830. 14 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1863.) Limnæa truncatula, Moquin-Tandon, Hist. Moll. France, t. IE, p. 475, pl. xxx1v, f. 21-24. 1855. Espèce très-abondante dans les ruisseaux, les fossés, sur les rochers humectés d’eau, à Lucerne, le long du che- min de fer, et des murs de soutien qui longent le par- cours. — Ruisseau de Winckel, — le Bechlierenbach, près d’Alpnach, — le Drestlib, près de Bekenried, au- dessus de la route de Buochs, — rochers humides au- dessus de Sissigen, — petits ruisseaux sur le chemin du Rigi entre Weggis et Kalt-bad. — Sur les pierres hu- mectées, le long de la route d’Immensee, à Art, etc. ANCYLUS JANI. Ancylus capuloides, Jan., in Porro, Malac. Comasca, p. 87, pl. 1, f. 7. 1838. — Jani, Bourquignat, Catal. 9. Anc. in Journ. Conch., t. IV, p. 185. 1853. Sur les bords du lac, parmi les détritus, entre Fluelen et le canal de la Reuss. ANCYLUS RIPARIUS. Ancylus riparius, Desmarest, in Bull. Philom., p. 19, pl. x, f. 2. 1814. Sur les pierres, à Treib, dans le lac près de l’embarca- dère. — Sur les rochers dans le lac au-dessous de Kehr- sitten, à la base du Bürgenstock. ANCYLUS SIMPLEX. Lepas simplex, Buc’hoz, Aldrov. Lotharing., p. 236, n° 1130. 1771. Ancylus simplex, Bourguignat, Cat. anc. in Journ. Conch., t. AV, p. 187. 1853. — Et in Spicil. Malac., p. 151 et 198. 1862. Nous n'avons recueilli qu'une des nombreuses variétés de cette espèce. Cette variété, connue sous la désignation de rupicola (ancylus fiuviatilis rupicola, Boubée, prom. de TRAVAUX INÉDITS. 45 Bag.-de-Luchon au lac d'Oo, p. 36. 1832), habite sur les pierres, dans le petit lac de Roth-See. ANCYLUS LACUSTRIS. Patellalacustris, Linnœus, Syst. nat. (ed. X),1,p. 783. 1758. Ancylus lacustris. Müller, Syst. nat. Hist. II, p. 199. 1774. Sur les roseaux, les bois pourris et les pierres dans le petit lac de Ro'h-See. Espèce assez commune. POMATIAS SEPTEMSPIRALE. Helix septemspiralis, Razoumowski, Hist. nat. Jorat, vol. E, p. 278. 1789. Pomatias variegatus, Studer, Faunul. Helv. in Coxe, Trav. Switz, vol. 3, p. 432 (sans description). 1789. Pomatias septemspirale, Drouët, Enum. Moll. terr. fluv. viv. France, p. 25. 1855. Cette coquille (1) habite dans les anfractuosités des ro- chers, sous les feuilles, les pierres, etc. — Ruines du chà- teau de Habsburg près de Meggen.— Hergiswil, le long de la route qui conduit à Stanzstad. — Bürgen, sur le Bürgenstock, à gauche du village en allant sur Kehrsitten. —Gstad, sous les pierres dans le jardin de l’hôtel. — Be- kenried, dans les fissures du mur du cimetière. — Ger- sau, dans ies rochers. BYTHINIA TENTACULATA. Helix tentaculata, Linnœus, Syst. nat. (ed. X), 1, p. 774. 1758. Bythinia tentaculata, Stein, Schneck. Berl., p. 92. 1850. Bythinie très-abondante dans le lac des Quatre-Can- tons, à Kussnacht, à Bergischwyl, à Gstad, à Stantzstad, à Fluelen. Lucerne, dans la Reuss, en suivant le chemin de fer. — Ruisseau de Winckel. — La Muotta, près de Wylen. (4) Cette espèce est le Cyclostoma maculatum de Draparnaud (1805). — Pomatias maculatum de la plupart des auteurs modernes. 16 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Janvier 1863.) Lac de Roth-See, sur les roseaux et les bois pourris. On rencontre çà et là dans le lac de Roth-See et dans celui des Quatre-Cantons les deux variétés suivantes : 4° Var. B. ventricosa. — A coquille conique globu- leuse dont Pavant-dernier tour est excessivement renflé. 2° Var. C. producta. — A coquille moins ventrue, al- longée, conique. ByTuiniA LEACHI. Turbo Leachii, Sheppard, Desc. Brit. Shells in Trans. Linn., XIV, p. 152. 1823. Bythinia Leachii, Moquin-Tandon, Hist. Moll. France, re t. I, p. 527, pl. xxx1x, f. 20-22. 1855. Sur les roseaux et les bois pourris dans ie lac de Roth- See, et dans un petit marécage entre Lucerne et Littau. VALVATA CONTORTA. Valvata contorta, Menke, in Zeitschr. fur Malak., p. 115. 1845. Espèce abondante dans les détritus du lac à Kussnacht, Stantzstad et Fluelen. VALVATA PISCINALIS. Nerita piscinalis, Müller, Verm. Hist., IX, p. 172. 1774, Valvata piscinalis, Férussac (père), Essai syst. Conch., p. 75. 1807. Nous n'avons recueilli qu’un seul échantillon mort sur les bords de la Reuss, un peu au-dessus de Emme. VALVATA CRISTATA. Valvata cristata, Müller, Verm. Hist., 11, p. 198. 1774. Sur le bord du lac entre Kussnacht et Burgeck, parmi les détritus. SPHÆRIUM CORNEUM. Tellina cornea, Linnœæus, Syst. nat. (ed. X), E, p. 678. 1758. Sphærium corneum, Scopuli, introd. ad Hist. nat., p. 398. 1717. TRAVAUX INÉDITS. 47 Nous n'avons point rencontré le véritable type, mais seulement, parmi les détritus rejetés sur les rives du lac à partir de Bergischwyl à Kussnacht, des échantillons glo- buleux, excessivement renflés. Ces échantillons appar- tiennent à cette variété nuclea, que Studer de Berne à élevée au rang d'espèce sous le nom de Cyclas nuclea, (Studer, Verzeich., p. 93. 1820.) SPHÆRIUM LACUSTRE. Tellina lacustris, Müller, Verm. Hist., IF, p. 204. 1774. Sphærium lacustre, Bourguignat, in Amén. Malac., t. I, p. 6. 1853. Cette espèce, anciennement connue sous le nom de Cy- clas calyculata (1), habite le petit ruisseau de Winckel; — la rivière d’Alpuach, près de son embouchure dans le lac. Nous avons encore recueilli cette coquille parmi les dé- tritus rejetés sur les bords du lac, à Gstad, et à Kuss- nacht. PiSIDIUM AMNICUM. Tellina amnica, Müller, Verm. Hist., II, p. 205. 1774. Pisidium amnicum, Jenyns, Monogr. Cycl. and Pisid. in Trans. Camb. phil. Soc., t. IV (2° partie), p. 309, pl. xix, f. 2. 1833. Le type dans le lac à Fluelen, el à Saint-Antoni, près de Buocks. La variété inflata, à sommets très-renflés. (Pisidium in- flatum, Megerle, in Porro, Malac. Comasca, p. 121, pi. ri, f. 13. 1838.) — Dans les détritus rejetés sur les bords du lac, entre Kussnacht et les ruines de Habsburg. PisrpIuM CASERTANUM. Cardium Casertanum, Poli, Test. utr. Siciliæ, t. F, p. 65, tabl. xvr, f. 1. 1791. (1) Draparnaud, Hist. Moll. France, p. 130, pl. x, f, 14-15. 1805. 2 $sERIX. T, xv. Année 1863, 2 18 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1863.) Pisidium Casertanum, Bourguignat, Cat. Moll. terr. fluv. d'Orient, p. 80. 1853. Dans le lac des Quatre-Cantons, sur les bords du lac, entre le canal de la Reuss et Fiuelen. PISIDIUM PUSILLUM. Tellina pusilla, Gmelin, Syst. nat., f, p. 3231. 1789. Pisidium pusillum, Jenyns, Monogr. Cycl. and Pisid. in Trans. Camb. phil. Soc., vol. IV (2° partie), p.302, tab. xx, f. 4-6. 1833. Bords du lac à Stantzstad. PISIDIUM NITIDUNM. Pisidium nitidum, Jernyns, Monogr. of Cyel. and Pisid. in Trans. Camb. phil. Soc., t. IV (2° partie), p. 304, pl. xx, f. 7-8. 1833. Dans le lac, en allant à Kussnacht. — Lac de Roth-See, parmi les détritus. — Parait rare. UNIO BATAYUS. Mya Batava, Maion et Rackett, Cat. Brit. Test. in Trans. Lino., VIT, p. 37. 1807. Unio Batava, Lamarck, An. s. vert., t. VI (1° partie), p. 78. 1819. Unio Batavus, Nilsson, Moll. Suec., p. 112. 1822. Dans le lac des Quatre-Cantons, à Stantzstad, près du pont, ainsi qu'à Kussnacht, Burgeck, Megsen et Bergisch- wyl, où cette espèce est assez abondante. Se trouve également dans le lac à l'embouchure d’une petite rivière à un kilomètre de Tivoli, dans la direction de la tour de Seeburg. Unio SANDERI. Unio Sanderi, alla, mss. — Sandrii, Rossmassler, Iconoor., XEI, fio. 748 et 749. 184. TRAVAUX INÉDITS. 19 Sur les bords du lac entre Bergischwyl et Rain. — Assez commune. UN10o PROECHUS. Testa elongatissima, solidiuscula, parum inflata, regulariter ele- ganterque striis incrementi ornata ; — supra infraque recta ; — an- tice angulatim rotundata ; — postice in rostro rotundato clongato pro- ducta ; — extus luteo-nigrescente ; — intus albido-margaritacea, vel sæpe aurantiaca ; — umbonibus prominentibus, ad partem anterio- rem valde approximatis ; — natibus recurvatis, acutis ; — ligamento parvulo ; — dentibus cardinalibus valde coarctato-compressis, altis, lamelliformibus ; — dentibus lateralibus compresso-elongatissimis, valide productis. Coquille très-allongée, peu ventrue, assez épaisse, élé- gamment ornée de stries d’accroissement. Bords cardinal et palléal parallèles, presque rectilignes. Partie antérieure arrondie subanguleuse. Partie postérieure se prolongeant en un long rostre arrondi à son extrémité. Épiderme d’un jaune noirâtre (1). Intérieur d’un blanc irisé, ou souvent d'une teinte orangée. — Sommets proéminents, excessi- vement rapprochés du bord antérieur. Natès recourbés, aigus. Aréa peu marqué. Ligament de faible taille. Dents cardinales hautes, lamelliformes, très-comprimées dans le sens de l'épaisseur, un peu denticulées. Dents latérales élevées, très-allongées. Longueur. . .. 710 millimètres. Épaisseur. . . . 90 — Larseurare 26 — Cette coquille, remarquable par sa forme allongée, par ses sommels excessivement rapprochés de la partie anté- rieure, est voisine de l’Unio platyrhynchus de Rossmass- ler (2); mais elle en diffère essentiellement par son rostre postérieur droit et non recourbé inférieurement en forme de bec. — Espèce abondante dans le lac des Quatre-Can- tons entre Rain et Mesgen. (1) Les échantillons jeunes sont généralement d’une teinte jaune peu foncée. (2) Iconogr. Il, fig. 130. 1835, — et Y ct VI, fig, 328. 1837. 20 REV. ET MAG. DE Z00LOGIr. (Janvier 1863.) UNIO ACTEPHILUS. Testa angulatim elongatissima, solidiuscula, nitida, eleganter con- centrice striato-sulcata ; — antice rotundata, supra Junulifera ac angulosa ; — postice clongata in rostro attenuato producta ; — supra ivre recta ;—infra paululum arcuata ; — extus plus minusve luteola; — intus margaritacea ; — umbouibus prominentibus ; — uatibus recurvatis ; — ligamento crasso, producto ; — deutibus cardivalibus altis, valde compressis ; — dentibus lateralibus elongatis, productis lamelliformibus. Coquille très-allongée, anguleuse dans presque tous ses contours; testassezsolide, brillant, élégammentsillonné par des stries concentriques régulières ; partie antérieure ar- rondie, anguleuse à son bord supérieur, et présentant en dessus une dépression ligamenteuse qui imite une lunule:; partie postérieure allongée, se terminant er un rostre atténué; bord cardinal presque rectiligne ; bord palléal un peu arqué; épiderme d’un jaune plus ou moins foncé; intérieur parfaitement nacré; sommets proéminents à natès recourbés: lisament épais, élevé, assez court, dents cardinales élevées, très-comprimées, anguleuses et comme frangées: dents latérales lameiliformes, hautes et allongées. Longueur. . . . 68 millimètres. Épaisseur. . . . 19 — Larseur/1%:. 98 — Espèce abondante dans le lac des Quatre-Cantons, le long du rivage, à partir de Meggen jusqu à Rain. ANODONTA ARENARIA. Mya arenaria, Sehrot'er, Flussconch, p. 165, pl. n, fig. 1. 1779. Anodonta arenaria, Bourquiqnat, Malac. Bretagne, p. 78. 1860. Cette espèce (1) habite un petit marais entre Lucerne et Littau, au-dessous d'Ober-Wyl. (4) Cette Anodonte est l’Anod, cellensis de C. Pfeiffer, 1821. (Myti- lus z:llensis de Gmelin. 1788.) TRAVAUX INÉDITS. 21 ANODONTA OBLONGA. Anodonta oblonga, Afillet, in Mém. Soc. agr. Angers, I, p. 2492, pl. u, f. 1. 1831. Dans le lac vis-à-vis Kussnacht. ANODONTA ANATINA. Mytilus anatinus, Linnœus, Syst. nat. (ed. X), E, p. 706. 1758. Anodonta anatina {1}, Lamarck, An. s. vert., tome VI (ire part.), p. 85. 1819. Cette espèce se rencontre parfaitement typique sur la rive du lac des Quatre-Cantons, à partir de Meggen jus- qu'à Kussnacht. — Stantzstad, dans le lac, près du pont. ANODONTA Ravyi. Anodonta Rayi, Dupuy, Cat. ext. mar. Gall. Test., n° 25. 1849. — Et Hist. Moll. France (6° fasc)., p. 61#, tab. xx, f. 22. 1852. Se trouve parfaitement caractérisée à Kussnacht, et, entre Rain et Burgeck, daas les Quatre-Cantons. ANODONTA PSAMMITA. Testa parvula, coarctato-elongata, solidiuscula, paululum ventri- cosa, sordide striis incrementi sulcata præsertim ad partem poste- riorem ; — antice rotundata ac parum hiante; — postice elongata in rostro rotundato descendente, producta ; — extus, antice nigres- cente, postice sordide brunneo-luteola ; — intus cærulescente, mar- garitacea ; — margine superiore arcuato ; — margine inferiore recto vel subarcuato ; — umbonibus subprominulis, ad partem anteriorem approximatis ; — natibus subacutis, paululum sulcatis ; — area non producta ; ligameuto prominente, crassiusculo. Coquille de taille médiocre, allongée, assez solide, un peu renflée, resserrée dans le sens de la largeur, et sil- lonnée par des stries d’accroissement grossières, surtout vers sa partie postérieure. Partie antérieure arrondie et (1) Non Anodonta anatina, Draparnaud, qui est une espèce du groupe des piscinalis. 22 REV. ET MAG. DE ZOO0LOGIE. (Janvier 1863.) un peu bâillante. Partie postérieure allongée, se prolon- geant en un rostre arrondi un peu descendant. Épiderme noirâtre antérieurement, passant postérieurement à une nuance d'un brun jaune. Intérieur irisé, d’une teinte bieuâtre. Bord supérieur arqué. Bord inférieur rectiligne ou faiblement arqué. Sommets peu proéminents, très- rapprochés de la partie antérieure et toujours érosés. Natès assez aigus, ornés de quelques sillons transversaux. Aréa peu prononcé. Ligament saillant, assez épais. Longueur. . . . 60 millimètres. Épaisseur. . . 20 — Largeur. . . . . 32 — Cette Anodonte habite dans le lac des Quatre-Cantons, non loin de Bergischwyl; elle est peu abondante. ANODONTA IDRINA. Anodonta idrina, Spinelli, Catal. Moll. terr. e fluv. prov. Bresciana (ed. I), p. 19, fig. 6. 1851 ; — (ed. Il), p- 48, fig. 6. 1856. Le lac des Quatre-Cantons, entre Bergischwyl et Bur- seck, — à Rain. — Espèce assez abondante. ANODONTA HELVETICA. Testa oblongo-elongata, compressa, parum solidiuscula, sordide striis incrementi sulcata ; — antice rotundata, postice in rostro elon- gato ascendente, late truncato, producta ; — supra fere recta, e liga- mento ad rostri extremitatem hiante ; — infra arcuata ; — extus antice fusco-nigrescente, postice sordide luteola ; — intus nitida, cæru- lescente-margaritacea ; — umbonibus prominulis, ad partem anterio- rem approximatis; — natibus parvulis, acutis, transverse rugo- sis; — area compressa, non elata; — ligamento prominulo, levi- gato. Coquille oblongue-allongée, comprimée, à test peu épais et sillonné par de grossières stries d’accroissement. Partie antérieure arrondie. Partie postérieure se prolon- geant en forme de rostre largement tronqué et ascendant. Partie supérieure presque droite et offrant un entre-bäil- TRAVAUX INÉDITS. DS lement très-sensible (1) à partir du ligament jusqu’à l’ex- trémité du rostre. Partie inférieure arquée. Épiderme d’un brun noirâtre antérieurement, passant à la partie postérieure en une teinte d’un jaune sale. Intérieur bril- lant, irisé de nuances bleuâtres. Sommets à peine proé- minents, très-rapprochés du bord antérieur et toujours érosés. Natès petits, aigus, sillonnés de rugosités transver- sales. Aréa comprimé, peu dilaté, non élevé, muni d’un ligament lisse, peu proéminent et souvent aux trois quarts recouvert par l’épiderme. Longueur. . . . 400 à 105 millimètres. Énaisseurs 0: 02340 02 — Largeur. . . . . 45 à 54 — Cette Anodonte est très-abondante sur les rives méri: dionales du lac de Roth-See, près de Lucerne. L’Anodonta Helvetica appartient au groupe de lAno- donta rostrata de Kokeil. Cette nouvelle espèce diffère de la rostrata par sa taille moindre, un peu plus globuleuse proportionnellement ; par sa partie inférieure plus arquée ; par son aréa moins élevé, moins comprimé; par sa partie supérieure, à par- tir du ligament à l'extrémité postérieure, beaucoup plus bâillante ; enfin, surtout par son rostre postérieur allongé et offrant une direction ascendante. Ce qui est le contraire crez la rostrata. ANODONTA ROSTRATA. Anodonta rostrata, Kokeil, in Rossmassler, Iconogr., IV, fig. 284. 1836, et IX, fig. 737. 1842. Le type dans le lac vis-à-vis Kussnacht. — Rare. Habite encore le petit lac de Roth-See, où elle se trouve représentée par les deux formes connues sous les appella- tions d’Anodonta confervigera, de Schlüter, et de depressa, de Schmidt; formes qui doivent être considérées comme des variétés de la rostrata. (1) Dans la planche où cette espèce est représcutée, l’entre-bâille- ment n’est pas assez prononcé; il devrait être le double plus large. 24 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1863.) EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE XVIII. (1). Fig. 1. Zonites Ricracus, Bourquignat. Coq. vue en des- sus, #rossie deux fois. 2. — — Coq. vue en dessus, de grand. nat. 3 — — Coq. vue de face, de grand. nat. &. — — Coq. vue en dessous, de grand. nat. D. — — Coq. vue en dessous, grossie deux fois. 6. Zonites Piraricus, Bourguignat. Coq. vue en des- sus, de grand. naturelle. 7. — — Coq. vue en dessus, grossie deux fois. 8. — _— Coq. vue en face, de grand. nat. 9, — — Coq. vue en dessous, grossie deux fois. 10 — — Coq. vue en dessous, de gran- deur naturelle. 11. VERTIGO EUMICRA, Bourguignat. Coquille vue de de face, grossie quatre fois. 42. — — Trait indiquant la grandeur de la coquille. 13. Pranonpis CROSSEANUS, Pourquignat. Coq. vue en dessus, grossie deux fois. 1. — — Coq. vue en dessus, de grand. nat. (1) Toutes ces planches ont paru das le tome XIV (2e série) de la Revue et masasin de zoologie, 1862, p. 430 et 465, TRAVAUX INÉDITS. 25 15. Praxorgis CrossEanus, Bourguignat. Coq. vue en dessous, grossie deux fois. 16. — — Coq. vue de face, de gran- deur naturelle. 17. PLanorgis ALBuS, Müller. Coq. vue en dessous, de grandeur naturelle. 18. — _— Coq. vue en dessus, grossie deux fois. 19. — — Coq. vue de face, grossie deux fois. , 20. — — Coq. vue en dessous, grossie deux fois. 21. PLanorBis pugius, Hartmann. Coq. vue de face, de grand. nat. 22 — — Coq. vue en dessus, de grand. nat. 23. — — Coq. vue en dessous, de grand” naf. 24. PLANORBIS CARINATUS, Müller. Coq. vue de face, de srandeur naturelle. 25. — _ Coq. vue en dessous, de grand. nat. 26. — — Coq. vue en dessus, de grand. nat. PLANCHE XIX. . {. Unio PRoEcHUS, Bourquignat, de grandeur natu- relle. 2, — — Valves ouvertes pour montrer la charnière. 3 — — Coq. vue par les sommets. ee CLausiLrA Herverica, Bourguignat. Coq. au trait, de grand. nat. 3 — — Coq. de grand. nat. vue par Je dos. 26 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1863.) G. CLausiLra HeLverica, Bourguignat. Dernier tour considérablement grossi, vu de face. 7. UNio AcTEPHILUS, Bourguignat. Coq. -de grandeur naturelle, vue par le dos. 8. — — Coq. de grandeur naturelle. PLANCHE XX. Fig. 4. ANoDoNTA HELvETIca, Bourguignat. Coq. de gran- deur naturelle. 2 — — Coq. vue par le dos, de gran- | deur naturelle. 3. Unio acrTePniLus, Bourguignat. Valves ouvertes pour montrer la charnière. PLANCHE XXI. Fig. 4. ANODONTA PSAMMITA, Bourquignat. Coq. de grand. nat. 2 — — Coq. de grand. nat., vue de face. 3 — _ Valves ouvertes pour montrer l'intérieur. h _— — Coq. de grand. nat, vue par le dos. 5. ANODONTA ROSTRATA, Hokeil. Coq. de grandeur naturelle. SOCIÉTÉS SAVANTES. 97 Il. SOCIÉTÉS SAVANTES. ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS. Séance du 5 janvier 1863. — M. Hollard présente un mé- moire d'anatomie comparée, ayant pour titre, De la signification anatomique de l'appareil operculaire des Poissons et de quelques autres parties de leur système OSsSeux. « L'une des questions de signification anatomique les plus controversées est celle que soulève le petit système des pièces solides qui forme l'aile operculaire des poissons osseux. On sait qu'Étienne Geoffroy-Saint-Hilaire avait fini par le considérer comme représentant la chaîne des osselets de l’ouïe, tandis que d’autres y ont vu un membre céphalique, d’autres encore des formations osseuses ap- partenant à la peau; on sait enfin que G. Cuvier, écartant ici toute analogie de ces pièces avec quelqu'une de celles qui appartiennent au crâne ou à la face, les envisageait comme des os exclusivement propres aux poissons et créés pour compléter leur appareil respiratoire. « Aucune des solutions données n'ayant été et ne pou- vant être acceptée et complétement démontrée, le débat reste ouvert, et j’ai cru pouvoir aborder cette question de signification en profitant et des controverses antérieures et de mes études sur la tête osseuse des poissons et des indications précieuses que nous fournit l’embryogénie des animaux vertébrés. « Jai constaté d’abord par l'observation comparative directe que les trois os qui composent le couvercle de la chambre branchiale, et que l’on désigne sous les noms d'opercule, sous-opercule et interopercule, ne se ratta- chent pas à un même système de pièces, et que le dernier appartient à l’arc temporo-mandibulaire, tandis que les deux premiers dépassent les limites ordinaires de la tête osseuse. L'interopercule, toujours attaché à la mâchoire 28 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1863.) inférieure et partant de celle-ci pour s'élever dans la direction des pièces tympaniques, représente, ce me sem- ble, non-seulement le marteau comme le voulait Geoffroy, mais encore l’enclume, car il occupe la place et reproduit quelquefois jusqu'aux formes du cartilage de Meckel, for- mation qui chez l'embryon se montre d'abord au côté interne de la mâchoire, s'élève de là vers la fente ou cavité tympanique et se couronne par les deux premiers osselets de l’ouïe. « Quant à l’opercule et au sous-opercule, formés dans un pli cutané qui vient peu à peu couvrir la chambre branchiale du jeune poisson, et qui comprend plus bas les rayons branchiostéges , ils sortent des limites ordi- naires du squelette, et se rattachent au grand système des pièces solides supplémentaires développées chez les pois- sons tant sur la ligne médiane que sur les côtés du corps dans les expansions de l'enveloppe qui fournissent les nageoires dorsales, caudales, anales et même les nageoires paires ; la partie de celles-ci que l’on a coutume de donner comme les analogues des mains et des pieds ont pour soutiens des rayons que leur nombre, leur composition et leur mode de développement ne permettent pas d’assi- miler à ses doigts. » M. Dareste adresse une Note sur la cause des déplace- ments apparents de l’allantoïde dans l'œuf de poule. M. Setchenow adresse un mémoire sur les modérateurs des mouvements réflexes dans le cerveau de la grenouille. M. Giannuzzi adresse une Note sur les nerfs moteurs de la vessie. MM. Philippeaux et Vulpian adressent des Recherches sur la réunion bout à bout des fibres nerveuses sensitives avec les fibres nerveuses motrices. « De ces expériences ils tirent les conclusions sui- vantes : « 1° Les fibres nerveuses sensitives peuvent s’unir inti- mement bout à bout aux fibres nerveuses motrices et leur SOCIÉTÉS SAVANTES. 39 transmettre l'influence récénératrice du centre nerveux. « 2° Lorsque la réunion bout à bout des fibres ner- veuses sensitives aux parties périphériques des fibres mo- trices est complète, l’excitation des fibres sensitives se transmet aux fibres motrices, et, par l'intermédiaire de celles-ci, détermine la contraction musculaire. « Il est probable que, de même, l’excitation des fibres motrices périphériques réunies intimement bout à bout aux fibres sensitives centrales se transmettrait à celles-ci et produirait de la douleur. « 3° Ces expériences portent à penser que, dans l'état normal, l'excitation produite sur un point quelconque au trajet d’un nerf sensitif se propage au même instant dans les deux sens, centripète et centrifuge, et qu’il en est pro- bablement de même des excitations d’un point quelconque d’un nerf moteur. » Séance du 12 janvier. — M. Renault lit une Note sur la durée de l’incubation de la rage chez les chiens. Après un exposé très-intéressant de ses nombreuses expériences, le savant vétérinaire conclut ainsi : « Or quelle est la signification pratique de pareils faits ? C’est bien évidemment la séquestration de chiens mordus, füt-elle toujours ordonnée, toujours observée, ce qui n’est pas, duràt-elle, quand elle est ordonnée et observée, le maximum de {emps qu'on est convenu de lui fixer, c’est- à-dire 40 jours, ce qui est l’exception ; les animaux remis en liberté après ce laps de temps peuvent encore devenir enragés sous l'influence et par suite de la morsure violente qui avait motivé leur mise en quarantaine, et, partant, restent un grand danger possible pour la société. Quelle est, dès lors, la conséquence que doit en tirer l’adminis- tration chargée de veiller à la sécurité publique? C’est évidemment que, si l’on veut s’en tenir au système de la séquestration, il faudrait que la durée de cette quarantaine fût d’au moins 120 jours. Mais, attendu qu’il est peu pro- bable que cette mesure soit jamais aussi exactement et sévèremeni observée qu'il serait nécessaire qu’elle Le fût ; 30 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1863.) attendu que rien ne prouve que, après ce délai de 120 jours, la maladie ne pourra pas encore se manifester, comme des praticiens recommandables assurent en avoir observé des cas, si rares qu’ils aient été ; il semble que la mesure la plus certaine, la seule qui puisse satisfaire la prudence et mettre les familles et le publie à l'abri de tout danger, ce serait de faire sacrifier immédiatement tout chien qui aurait été mordu ou seulement attaqué par un autre chien enragé. Pour ma part, je n’ai jamais hésité à conseiller ce sacrifice à tous les propriétaires de chiens mordus ou seulement soupçonnés de l'avoir été, qui m'ont consulté en semblable occurrence. » Il serait bien à désirer que les remèdes ou antidotes indiqués par diverses personnes, et notamment l'emploi des cétoines dont j'ai parlé souvent dans cette revue, fus- sent expérimentés avec les mêmes soins. Séance du 19 janvier. — M. Husson présente un mémoire sur la quantité d'air indispensable à la respiration pendant le sommeil. M. Balley signale les inconvénients des mariages con- sanguins. Séance du 926 janvier. — M. Bourgeois présente un mé- moire sur les résultats attribués aux alliances con- sanguines. M. Stechenow adresse la suite de son travail sur les modérateurs de l’action réflexe dans le cerveau de la gre- nouille. SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE D’ACCLIMATATION DEs INSECTES HERBIVORES de l'île de la Réunion, et parti- culièrement de ceux qui envahissent la canne à sucre, par M. le docteur BerG (1). Parmi les insectes qui attaquent la canne à sucre en (1) L'importance de ce travail nous engage à l’emprunter aux Bulletins de la Societé impériale zoologique d'acclimatation (tomeIX, p. 939). Nos lecteurs nous sauront gré de leur donner cet intéressant mémoire d’entomologie appliquée. G. M, SOCIÉTÉS SAVANTES. 31 particulier, le Borer ou Proceras sacchariphagus, et le Pou à poche blanche, ne sont pas les seuls coupables. On peut en signaler un grand nombre d’autres : chenilles de Lépidoptères, vers de Coléoptères, Pucerons, divers Coc- cus, qui, sous le verre grossissant d’une forte loupe, ou sur l’objectif du microscope, sont venus nous prouver que la plupart de nos végétaux, notre canne à sucre en parti- culier, servent de pâture à je ne sais combien de peu- plades microscopiques, qui paissent tranquillement sur les feuilles et dans les tiges, au grand préjudice de notre agri- culture. Ces parasites se sont jetés sur nos cannes frap- pées de maladie. Ici, comme partout où on les rencontre, leur présence coïncide avec une altération profonde des tissus, un trouble dans les fonctions physiologiques. Ils complètent la désorganisation du végétal en le blessant et l’épuisant. La canne à sucre est atteinte d’une maladie épiphy- tique. Quelle en est la cause ? Un parasite végétal, un cryp- togame acrogène. En observant attentivement au micro- scope, et même à l'œil nu, les feuilles des jeunes plants, ainsi que les tiges, on découvre, surtout à la face interne de la gaîne des feuilles, comme une toile d’araignée, une espèce de mousse blanche, au-dessous et dans les envi- rons de laquelle l’épiderme présente de petites taches d'abord jaunâtres, puis brunes, enfin d’un rouge vif, signe certain d'une altération de l’épiderme. Cette toile d'araignée, c’est le cryptogame. À mesure queses filaments se développent, les taches rouges deviennent plus pro- noncées et s'étendent en bandes : la maladie a fait des progrès. Pour employer une expression de de Candolle à propos de l’Acacia verek :« Les sucs nourriciers s’écoulent « de la plante comme le sang d’un vaisseau blessé. » Le champignon microscopique qui s’est fixé sur la canne à sucre y puise les sucs nécessaires à sa nutrition. La plante, encore jeune, ne peut résister à l’action de ses su- çoirs; elle est désorganisée , altérée, frappée à mort, 32 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1863.) Avant-coureurs de son agonie, les insectes l’envahissent. La canne forte, bien constituée, la canne neuve, celle qui pousse vite, peut braver la maladie {canne pinangue). D'où vient ce parasite végétal vivant aux dépens de la canne à sucre ? Comment s'est-il formé”? Ici nous hasar- derons une opinion : Le quano développe incontestablement une véritable pléthore. Cette turgescence végétative frappe peut-être à son foyer la vitalité de la canne. Les sucs de la plante, si surtout on abuse de lengrais péruvien {ce qui n'arrive malheureusement que trop souvent), éprouvent une altération qui est le point de départ, la source de rin- vasion cryptogamique. Dans une Étude sur le muguet, nous avons déjà émis cette opinion qu’une végétation pa- rasite peut se développer sous l'influence du dépérisse- ment comme sous celle d’une nourriture trop substan- tielle. En revenant donc, à propos de la maladie de la canne, sur un sujet qui nous est quelque peu familier, nous dirons que, dans notre opinion, le guano, détermi- nant un surcroît d'activité dans les diverses fonctions du végétal, peut provoquer l'apparition de ces champignons microscopiques qui, à leur tour, en se développant sur l’épiderme des feuilles et en répandant leurs émanations dans les canaux séveux des tiges, font dépérir la canne à sucre. Ce n’est pas tout. À cette cause morbide, si elle est exacte, vient s’adjoindre une autre cause aussi puissante, sur laquelle notre confrère le docteur Jacob de Corde- mois a appelé notre attention, cause qui se rattache au mode vicieux de culture, qui consiste à reproduire tou- jours la même, et qui suffirait, du reste, à elle seule pour provoquer la dégénérescence des plants. Ce mal trouve- rait son remède dans la pratique des assolements, seul moyen curatif qu’aient prescrit dans leurs instructions, et les savants qui s’en sont occupés, et les sociétés d’agricul- ture, entre autres la Société centrale de France, aux époques où le Botrutis infestans envahissait la pomme de SOCIÉTÉS SAVANTES. 33 terre, les patates, les tomates; où la vigne était frappée par l’oïdium ; où les blés et les betteraves subissaient, de leur côté, une invasion cryptogamique. « La variété dans les cultures est partout une pratique « utile : en augmentant et assurant les récoltes, elle per- « met les bons assolements, qui élèvent la puissance du « sol. » (Payen.) Aussi bien, ce serait sortir de notre sujet et pénétrer sur un terrain généralement étranger au naturaliste que d’'in- sister sur une question d’agronomie. Ce que nous tenons à établir, c’est que le Porer, le Pou à poche blanche et autres insectes ne sont pas les causes du dépérissement des cannes, c’est que leur présence, au contraire, en est une conséquence presque inévitable. Le docteur de Cor- demois a fait ressortir cette vérité dans le travail qu’il a publié dans le Moniteur de la Réunion, où il compare le parasitisme du végétal et celui de l'animal. Il a aussi indi- qué comme causes du dépérissement de notre précieux ro- seau, et le défaut d’assolements, et la plantation perma- nente, continue, des mêmes souches de cannes. Nous ajoutons : l’abus du guano. Et c’est à cette triple origine que nous attribuons la maladie cryptogamique. Quant aux remèdes, écoutons la voix des hommes pratiques qui nous disent de ne pas épuiser nos champs, d’alterner nos cul- tures ; ajoutons foi à tant de bon sens et de logique. Cette maladie des cannes à sucre de la colonie est analogue à celles qui ont envahi, à des époques différentes, les vé- gétaux d’autres contrées, non-seulement en Europe, mais en Amérique, dans les iles de l’archipel des Antilles, où le maïs, par exemple, a été frappé par un champignon du genre Sclerotium. Cette maladie disparaîtra le jour où nous placerons nos végétaux dans des conditions nor- males : quand on paralyse l’action de la nature, il faut bien tâcher d'y suppléer. Et maintenant que nous venons de dire ce que nous pensons de la maladie de la canne, et que nous avons re - 2e SÉRIE. T, XV. Année 1863. 3 34 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1863.) levé les insectes de cette injuste accusation d’en être les provocateurs, lorsqu'ils n’en sont qu'une conséquence fatale, nous allons entrer en matière pour la description du Pou à pocheblanche, le plus redoutable de nos parasites. Pou à poche blanche (nom vulgaire du pays). — C’est un insecte de l’ordre des Hémiptères, de la tribu des Homo- ptères. Le mâle et la femelle diffèrent, le premier seul a des ailes. La femelle a le corps aplati en dessous, globu- leux en dessus; peau très-mince, à réticulation intersti- tielle chez l’insecte parfait, avec des mailles transversales et des cellules en creux. Antennes très-petites, non redres- sées ; à la base des antennes et en dehors, les yeux ronds et apparaissant, au microscope, comme des points noirs. Le corps est couvert d'une poussière blanchâtre et en- touré de poils ou filaments légers qui, à mesure que l'ir- secte vieillit, durcissent pour lui fournir une coque. Les anneaux du corps sont tomenteux, couverts d’une pous- sière blanche. Chaque anneau est bordé d’une rangée de filaments, espèce de duvet. Trois paires de pattes très- petites, à trois articulations. Les œufs sont ronds, très- adhérents, jaunâtres, et en grand nombre, au moins de k00 à 500. Leur éclosion est rapide, après une longue gestation. À mesure que les œufs sortent, ils se fixent sous le ventre de la femelle, serrés en chapelet et entourés d’une poche qui n'est autre chose que l'abdomen de la femelle qui s’est enflé progressivement. Les larves sortent de cette coque par une ouverture postérieure ; elles sont molles, aplaties, très-minces, d'abord pâles, puis rou- geâtres. Les femelles s'empressent de chercher une place sur les feuilles ou les tiges ets’y fixent; elles doivent mou- rir là où elles se sont arrêtées. Le mâle est beaucoup plus petit que la femelle; il à l'aspect d’un pou quand il est tout jeune, mais il est al- longé plus tard. Ses ailes tachetées de noir et de blanc se croisent en dessus. Ses antennes sont filiformes: son bec est caché sous le thorax: ses anneaux de l'abdomen sont SOCIÉTÉS SAVANTES. pré 35 assez bien marqués. C’est un insecte très-vif, il est diffi- cile de s’en emparer. Il voltige autour des femelles. On l'appelle, dans le pays, le papillon du Pou. Les mâles, à leur éclosion, sont agglomérés en grand nombre. Ils pa- raissent d'abord comme des points gris, puis, en se dève- loppant, eomme des points blancs et noirs, la couleur noire au centre. Au bout de quelques jours, ils commencent à se mouvoir. Ces mouvements sont d’abord imperceptibles ; vingt-quatre heures après, ils peuvent s'envoler. Ils vivent moins longtemps que les femelles, remplissent leur man- dat et meurent. Revenons à la femelle. Attachée à l'épiderme des feuilles, la trompe implantée dans le parenchyme, elle élève ses petits par une gestation prolongée. Son abdomen volumineux n’est que l’enve- loppe protectrice d’une progéniture qui lui dévore les flancs. Elle s’épuise et se dessèche, et quand la ponte a eu lieu, à mesure que le ventre se vide, elle se courbe sur elle-même, son extrémité postérieure s’avançant vers l’an- térieure. Mais tandis que le mâle inoffensif n’a pu pro- bablement que sucer le nectar des fleurs, la femelle, en mourant, a laissé les traces funestes de son passage: elle a produit des taches, le marasme et l’épuisement. Atta- quée par ces parasites affamés dont la multiplication est immense, la jeune canne, déjà atteinte par l'invasion cryptogamique, meurt asphyxiée, c’est-à-dire privée des produits de la respiration foliacée. Le Borer. —Le Borer est une larve de forme cylin- drique et allongée, de dimensions variables avec l’âge. A son plus srand développement, il a l'air d’un ver de grand Coléoptère. Sa couleur pâle et blanche ternit plus tard. Cette larve a treize anneaux ou segments. Les trois pre- miers sont armés de pattes écailleuses, le quatrième et le cinquième en sont dépourvus ; aux sixième, septième, hui- tième et neuvième anneaux sont des pattes mamelonnées, Lesanneaux postérieurs n’ont point de pattes, sauf le der- 36 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1863.) nier, où sont deux pattes membraneuses. Chacun des segments présente, à la partie supérieure, deux taches noires symétriques et à égale distance. Sur les parties la- térales sont deux autres points noirs, l’un au-dessus de l’autre, de plus petite dimension que ceux du dos. Le des- sin et la coloration dela larve éprouvent quelques modifi- cations avec l’âge. Les taches noires sont plus prononcées à une certaine époque ; celles du dos présentent alorsla dispo- sition suivante : les postérieuresressemblent à deux lignes transversales, deux petits traits; lesantérieures sont rondes. Trois raies longitudinales et parallèles, de couleur rose pâle, se dessinent sur le vaisseau dorsal et de chaque côté. La tête est noire: elle est formée de deux calottes écailleuses. La bouche se compose de deux fortes maudi- bules cornées et tranchantes; deux mâchoires latérales, une lèvre inférieure minceet tranchante. Ces dispositions font du Borer un véritable broyeur. Aussi est-il un instru- ment redoutable de destruction, l’ennemi immédiat de la canne à sucre dans les îles de France et de Bourbon. Cette larve est pubescente à ses extrémités. En outre, de chacun des points noirs que nous avons signalés sort un poil droit, roide et court. La valve terminale est de forme triangulaire et de structure écailleuse. À la base des pattes sont les organes respiratoires représentés par des stismates noirâtres. Pâle comme toutes les chenilles qui vivent dans l’intérieur des tiges, vivant de matières suc- culentes, le Borer se développe rapidement. La larve su- bit des mues avant de se transformer en chrysalide ; nous avons compté deux changements de peau. Elle ne change définitivement que deux ou trois semaines après la con- fection de sa coque. Elle est d’une voracité inouïe à l’époque où elle est de taille moyenne et lorsque les bandes longitudinales, régu- lièrement formées par les points noirs, sont très-pronon- cées. À ce moment, le moindre attouchement de la part de l'observateur la fait sortir de sa loge, où elle ne tarde SOCIÉTÉS SAVANTES. on pas à rentrer pour continuer son œuvre de destruction. A peine sortie de l’œuf, la jeune chenille se met à ronger la tige. Des taches, des escarres, des échancrures du tissu végétal révèlent sa présence. Le mouvement de la tête, qui pivote sur les premiers anneaux, fait que l’échancrure est toujours taillée sur le même patron dans ses diverses courbures. Le Borer ne vit pas en société : chaque Che- nille a son terrier, lequel ne s'étend pas au delà de trois mérithalles, quatre au plus. Ce terrier communiquera plus tard avec un autre où le Borer se transformera en chry- salide. Partout où existent des détritus du tissu végétal: dont les débris obstruent un des orifices de la galerie, le Borer est dans la période de voracité. Partout où le tissu est comme ossifié, d'apparence charbonneuse, ayant perdu sa consistance et sa saveur, le Borer est dans la période de transformation. La galerie en vermiculation que s’est creusée la larve est tantôt dans l’axe de la tige, tantôt, au contraire, perpendiculaire à cet axe, en formant des contours demi-sphériques. La chenille épuise toutes les cellules saccharifères jusqu’au moment où, avertie par un instinct admirable que la mue approche, elle se mettra à la diète pour se préparer à cette crise. Alors elle quitte la galerie qu’elle occupait et que l’on reconnaissait au trou protégé par les débris du tissu végétal, trou qu’elle se mé- nageait pour ne pas se priver de l'air extérieur. Elle se dépouille de sa peau pour passer à l’état de nymphe. Dans cet état intermédiaire, où nous la suivons actuelle- ment, elle est de forme cylindro-conique et de couleur cuivrée. Ce n’est pas dans le sillon qu’elle a habité que la larve file la coque qui doit l’envelopper, c’est dans une autre galerie. Entre les deux existe un canal de commu- nication. Nous avons commencé par l’étude de la chenille, la description du Lépidoptère viendra ensuite. Les méta- morphoses sont à l’étude, et c’est une étude qui demande du temps, car il faut suivre l’insecte depuis l’œuf jusqu’au 38 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1863.) papillon, et, par un examen attentif et de chaque jour, arriver à connaitre ses différentes transformations : sa naissance, son existence de larve avec ses changemenis de forme, sa résurrection. Aussi bien l'étude dela chenille doit offrir plus d’un intérêt. Le papillon, en effet, n’a vécu que pour pondre et mourir, tandis que la chenille, que nous nommons le Borer, est un agent de destruction d'autant plus terrible qu’elle habite l’intérieur du roseau et pénètre jusqu’au cœur, après avoir miné l'écorce. Elle ronge, détruit et décompose les tissus. Les Sauterelles de la Libye ne doivent pas faucher les herbes plus promp- tement que les Borers détruisent et épuisent une canne à sucre. Le Porer se rencontre généralement dans les cannes à sucre qui ont souffert, dont le développement rachitique est manifeste, dont les nœuds sont fort peu écartés. On n'en trouve pas dans les cannes qui ont les nœuds distants de 10 à 12 centimètres. Le Lcpidoptère femelle choisit la partie inférieure des jeunes plants, enveloppée par les feuilles engainantes, pour déposer ses œufs, précaution fatale à l’agriculture, car c’est à la partie inférieure de la tige que la sécrétion sucrée se trouve plus abondante. Il pond habituellement dans les régions basses de l’île et dans les endroits secs, où la pluie ne peut détruire ses œufs, qui ne sont presque pas agolutinés. La femelle se perce un trou de forme exac- tement arrondie. La perte de substance qu'elle entraine n’atteint que la cuticule, l'épiderme et les premières ran- gées de faisceaux ligneux. La larve qui éclôt se creuse d’abord une cellule dans le plan horizontal de la tige; plus tard, elle se fera un terrier du canal médullaire en s’a- vançant de bas en haut. C’est le caractère du Borer des environs de Saint-Denis. Dans d’autres localités relative- ment pluvieuses, à Sainte-Suzanne par exemple, on à trouvé des Borers dans les parties souterraines de la tige : dans ce cas, la larve mire de haut en bas. SOCIÉTÉS SAVANTES. 39 La chute des feuilles flétries, la décoloration rapide de l'écorce sont en raison du nombre de larves nées sur le même plant. Quoi qu’il en soit, il faut que la canne à suere soit mor- tifiée pour que ses tissus conviennent à la nourriture de cette larve, il faut qu'il y ait dans le sujet une prédisposi- tion qui appelle et attire le parasite. C’est ce qui arrive pour la canne à sucre, vouée, par les artifices de la culture, à une superfétation maladive, et qui a dégénéré sur un sol épuisé. Le Pou à poche blanche, ce redoutable parasite que nous avons décrit précédemment, ne paraît que sous l’influence de certaines conditions déterminées. Vous le rencontrez ici, parce que le sol est épuisé et que la plante jouit d’une existence imparfaite. Engraissez ce sol, il disparaîtra. Là, au contraire, où le sol est riche, mettez du guano, la canne, atteinte de pléthore, sera malade; le champignon s’y im- plantera, le parasitisme végétal appellera le parasitisme animal. Nous pourrions multiplier les citations à l’appui de notre manière de voir : « L’abondance des récoltes que font naître les engrais « azotés épuise le sol. » (ÉLIE DE BEAumONT.) « Il arrive souvont qu’une matière très-azotée ue la « récolte ou la contrarie : c’est que cette matière se « décompose trop brusquement et, donnant à la plante un excès de nourrilure, en compromet ainsi la santé... « Il en résulte qu'il faut parer à l'épuisement des terres « par une succession de Cultures convenablement choisies, « ou, en d’autres termes, par des rotations ou des assole- « ments rationnels. » (MALAGUTTI.) LC CN SocieraA Ztaliana. — Société Italienne des scierces na- turelles de Milan. Cette savante Société, fondée d’abord sous le titre de 4O REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1863.) Société géologique par les frères Villa, de Milan, si con- nus par leurs nombreux travaux et leur dévouement aux progrès de l’histoire naturelle de leur beau pays, s’est bientôt développée, avec l’aide de savants non moins zé- lés, et elle est devenue la Societa Italiana di scienze natu- rali, composée aujourd’hui des savants les plus illustres de l'Italie entière. En 1862, son bureau se composait ainsi : président, M. E. Cornalia ; vice-président, M. Antonio Villa ; secré- taires, MM. Omboni etl’abbé S{oppani; économe, M. Gaddi; et caissier, M. le marquis Pietro Barbo. Aujourd'hui cette illustre Société est dans un état de prospérité scientifique qui fait le plus grand honneur à ses fondateurs, au pays et aux hommes dévoués qui parti- cipent à ses travaux. Je trouve, dans les procès-verbaux des séances, l’indi- cation de travaux d’un haut intérêt que je regrette de ne pas mieux connaître et que je vais porter, tels qu’ils me sont parvenus, à la connaissance des lecteurs de la Revue zoologique. Dans la séance du 24 novembre 1861, M. Antonio Villa a lu une Notice sur les coquilles terrestres et fluviales ré- coltées en Palestine par le professeur Roth, et décrites par le professeur Mousson. M. le président Em. Cornalia a présenté des observa- tions sur l'élevage des Vers à soie de l’ailante et du mü- rier, et montré quelques flottes de soie filée des cocons de l’ailante, laquelle pourra certainement servir à faire des chemises et des étoffes à bon marché quand on pourra obtenir ces éducations en grand. Dans la séance du 29 décembre 1861, M. Polonio a en- voyé une note sur les animaux parasites des Écrevisses, et il conclut que cette maladie est due à la présence d’un grand nombre de très-petits animaux du groupe des vaginicoles. M. Alexandre Belotti a adressé une communication sur SOCIÉTÉS SAVANTES. LA l'élevage des Vers à soie de l'ailante. Xl n’a pas obtenu de résultats favorables à cause des phénomènes atmosphéri- ques très-contraires qui ont tourmenté les arbres et les vers. M. Carlo Tinelli de Laveno annonce que ses expériences sur le même sujet ont bien marché. Dans la séance du 26 janvier 1862, M. Meneghini, pro- fesseur à Pise, a lu un Mémoire sur deux nouvelles es- pèces de carnivores fossiles découvertes dans le lignite du mont Bamboli. M. le professeur Cornalia a parlé de la maladie des Vers à soie qui, suivant d'anciens ouvrages, aurait fortement sévi en Espagne quand les Baléares en étaient exemptes comme elles le sont, dit-on, encore actuellement. Ses ob- servations sur des graines provenant de ces îles lui ont montré que la maladie vest entrée. Le même savant annonce qu'il a entrepris un essai de pisciculture avec 10,000 œufs de Salmo lacustris des lacs de Suisse et d'Allemagne, pour essayer d’en peupler quel- que petit lac de Briance. Le 93 février, M. Polonio a lu un mémoire sur les para- sites de l'Écrevisse commune. M. Vinelli a ajouté qu’au lac Majeur les Écrevisses ont presque disparu par suite de l’é- pidémie. Cependant il s’en trouve encore de saines dans un petit torrent à Cerro près Laveno, dans lequel arrivent les eaux d’une tourbière, ce qui lui fait penser que quel- que substance particulière peut avoir arrêté la propaga- tion des parasites de l’Écrevisse. Dans la séance du 30 mars, M. Lanfossi a adressé un mé- moire sur quelques espèces de Gobe-mouches ou Muscica- pa, dans lequel il démontre que les oiseaux connus sous les noms de Muscicapa albicollis, luctuosa et speculigera ne forment qu’une seule espèce. Dans la séance du 27 avril, M. Balsamo Crivelli a parlé de diverses espèces de Myriapodes du genre Zulus. Il a exposé ses observations pour démontrer l'importance des 42 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1863.) organes de la génération pour la classification et la distinc- tion des espèces, et il a ensuite décrit les espèces trouvées jusqu’à présent en Lombardie. Dans la séance du 25 mai, on a reçu un mémoire de M. Lanfossi de Lodi sur quelques espèces des genres Æip- polais et Calamoherpe, et sur la nécessité de réunir diverses variétés regardées jusqu'ici comme des espèces. M. le secrétaire Stoppant a communiqué une correspon- dance du baron Anca de Palerme, qui constate l'existence de l’Elephas africanus dans les terrains quaternaires de la Sicile, contrairement aux doutes de Falconer. Dans la séance du 29 juin, on a entendu la lecture d’un mémoire de M. Rondani, de Parme, sur les Diptères du genre Zeuxia. Dans la séance du 27 juillet, M. Cornalia a lu la pre- mière partie d’une monographie des Lézards apodes (Pseu- dopus, Pallas). Dans la séan … du «1 août, M. Giglioli, qui étudie l’his- toire naturelle Lo dres, à adressé un travail sur la dis- tribution géographique des Oiseaux. M. Mortillet a présenté un mémoire sur la distribution séographique des Zonites et d'autres mollusques terrestres et fluviatiles de la haute Italie. Dans la séance du 30 novembre, on a reçu un mémoire du professeur Bianconi de Bologne, intitulé Essai histori- que sur les études paléontolegiques et géologiques, à Bologne. M. Tacchetti a envoyé une communication sur ses es- sais d'élevage du Ver à soie de l’ailante à Bologne, lesquels n’ont pas eu un résultat bien heureux. M. le président Cor- nalia, et M. Franceschini, présent à la séance, ajoutent qu'ils ont obtenu un bon succès etqu'’ils ont 332 cocons vivants. M. le vice-président 4. Villa lit un rapport sur des étu- des malacologiques et géologiques faites dansla Briance et autour de Lecco, en commun avec son frère. Dans la séance du 28 décembre, le docteur Cavalleri répond à des observations antérieures tendant à établir ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. ka que la maladie du mürier n’est pour rien dans l'épidémie des Vers à soie. III ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. Journaz of the. — Journal de l’Académie des sciences naturelles de Philadelphie. — Nouv. série, vol. V, part. IL. Février 1862. — Grand in-4°, fig. Cette livraison, composée de cent neuf pages, contient seulement deux mémoires. I. Sur les Chilopodes de l'Amérique du Nord avec un ca- talogue des espèces de la collection de l’Institution Smithso- nienne. Par Horatio C. Woop fr. Cette belle monographie occupe cinquante-deux pages et se compose de descriptions très-détaillées des genres et des espèces, avec des développements et des discussions, l'étude des sexes, des variétés, etc. ; il y a des figures au trait dans le texte, pour mieux faire saisir les caractères anatomiques sur lesquels l’auteur s'appuie pour distinguer positivement ses espèces. Il serait trop long d’énumérer les genres et espèces qui figurent dans cette monographie. Il suffira de dire qu'il y en a beaucoup de nouvelles que M. Wood décrit pour la première fois. Daris le groupe des Lüthobidæ, 11 a fondé un nouveau genre ({Bothropolys) composé de trois espèces nouvelles. Dans les Scolopendridæ nous remarquons le nouveau genre Opisthemega composé d’une seule espèce. Il. Nouveaux unionides des Etats-Unis. Par Isaac LEA. L'auteur décrit cinquante-trois espèces d’Unio qui sont toutes très-bien figurées dans ses planches ; quatre Har- garitana et une Anodonta. Les descriptions se composent de diagnoses latines étendues et de détails en anglais. Des figures très-bien lithographiées occupent dix-huit beiles planches qui ne laissent rien à désirer comme perfec- tion scientifique et artistique. (G. M.) h% REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1863.) TBE Zzoological. — Contributions ostéologiques pour l'histoire naturelle des singes anthropoïdes : comparaison des os des membres du Troglodyte gorille et du Troglodyte noir, et des différentes variétés de la race humaine. Par M. Rich. Owen. In-4. Onthe. — Sur les Reptiles dicynodons, avec une des- cription de quelques restes fossiles rapportés de l'Afrique méridionale, en novembre 1860, par S. A. R. le prince Alfred ; note du professeur Owen. In-k° avec planches. CONTRIBUTIONS. — Contributions pour l'histoire natu- relle des États-Unis de l'Amérique; par Louis Agassiz : 1° monographie en cinq parties; 2° Acalèphes en géné- ral; 3° Cténophores; k° Discophores ; 5° Hydroïdes ; 6° Ho- mologie des radiées. — Un vol. in-k° avec trente-six plan- ches. — Boston, 1862. THE ENTOMOLOG1ST’s ANNUAL : Annuaire des entomolosistes pour 1863, par M. H. T. Sfainton. — In-12, 164 pages et 1 pl. color. — Londres, 1863. Voici encore le joli cadeau du jour de l’an auquel M. Stainton a si bien habitué les entomolosistes. Aujour- d'hui on attend ce petit annuaire comme une chose due, et M. Stainton désappointerait bien du monde s’il arrè- tait cette intéressante publication, ce souvenir entomolo- gique adressé à ses amis. Le petit volume actuel est, comme ses aïinés, rempli d'observations utiles et de faits nouveaux, et la planche qui en fait l’ornement, finement gravée et très-délicate- ment coloriée, représente des espèces très-rares pour l’An- gleterre et appartenant à divers ordres. Voici, du reste, la table du contenu du livre : Neuroptera. — Synopsis of the British Ephemeridæ. Hagen, p. 1. Lepidoptera. — Some remarks on the species of the ge- ous nepticula. Von Heinemann, of Brunswick, p. 36. Notes on some of the Eupithecia, Rev. Crewe, p. 116. MÉLANGES ET NOUVELLES. &5 New British species and captures of rarities in 1862. Editor, p. 147. Hymenoptera.— Notes on Hymenoptera — by Frederic Smith, p. 51. Coleoptera. — New British Species, etc. Rye, p. 65. Trichoptera. — Notes on British Trichoptera, etc., by M'Lachlan, p. 129, 155. Hemiptera. — Addition’s to the fauna of Great Bri- tain, etc., John Scott, p. 139. Nous félicitons etremercions M. Stainton en notre nom et pour tous les entomologistes. G. M. IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. ENTOMOLOGIE UTILE A MapaGascar. — M. le docteur Vin- son, qui habite l’île de la Réunion, vient de donner des détails très-intéressants sur Madagascar à notre amicom- mun M. À. Chevrolat, qui a bien voulu nous donner l'extrait suivant de la lettre que M. Vinson lui a adressée de Tananarive le 26 septembre 1862. « Cher monsieur, je me trouve à Madagascar depuis trois mois en qualité de membre de l’ambassade française destinée à assister au couronnement de Radama Il. Je suis à Tananarive, province d'Ismérina, depuis deux mois, après avoir employé un mois à my rendre. Pendant quinze jours j'ai voyagé dans des bois et des forêts et sur des lacs où j'ai recueilli tout ce que l’histoire naturelle pouvait me présenter d’intéressant. J'ai quelques Coléop- tères que je crois nouveaux, car peu de naturalistes ont traversé la forêt intérieure d’'Analamasastra; malheureu- sement, c'était pendant l'hiver de ce pays, au moment où une srande partie de ces insectes se tiennent en terre ou dans l'épaisseur du bois encore à l’état de larves. S'il est un pays où l’entomologie ait une valeur positive, c’est bien dans la province où je respire depuis deux mois. On voit figurer, sur les marchés de Tananarive, desséchées et kG REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1863.) réunies par millions dans de grandes vannes, trois espèces de Sauterelles, comme aliments usuels et fort recherchés : la consommation en est très-ocrande. « Il existe une petite chenille, fort curieuse, bien re- plête, à côtes courtes de 2 lignes, blanche, avec des ran- gées d’épillets de poils courts et soyeux. Elle forme un pa- pillon blanc; mais, avant de prendre cet état, elle tisse, contre une petite branche, un cocon ovale, de couleur noisette et assez résistant: à la surface du cocon il y à une petite rainure pour l'implantation contre la branche. On ouvre cette petite coque au milieu de laquelle la che- aille blanche, renflée et grasse, se montre dans son état informe comme une amande dans son enveloppe. On re- cueille un grand nombre de ces larves blanches, et ayant l'apparence du lait caillé et roulé; on les fait frire à l'huile, avec un peu de fromage râpé et quelques jaunes d'œufs, et on les roule dans une poële. C’est un mets délicieux, ayant l'aspect d’un plat de cervelle de veau au gratin; seulement c’est bien plus délicat, c’est un mets de nobles et de princes. « Il existe un ver ou plutôt une chenille assez forte, qui vit sur l’'ambrevade, et donne une soie de basse qua- lité, mais très-forte et très-déviable, qu'on nomme landy, ou soie du pays, soie malgache (1). Le cocon en est lourd, gros comme la moitié d’un œuf de poule. — I] demande seulement de grandes précautions dans sa ma- nipulation; la soie est très-adhérente et hérissée, dans sa texture, des poils roides et noirs qui ornaient la chenille. Ces expansions peuvent s'implanter dans les mains ou en volant dans l'air, s'arrêter dans les yeux, y causer de cruelles ophthalmies; pour obvier à ces dangers autant que pour détacher la soie et pouvoir la filer, on fait bouil- lir les cocons: la soie devient lâche, se détache et peut (4) Voir ce que nous avons dit de cette espèce dans notre n° 9 de 1862, p. 347, grâce aux renseignements qui nous ont été fournis par M. le capitaine de vaisseau Fleuriot de Langle et par M. Si- monin, ingénieur, MÉLANGES ET NOUVELLES. k7 être facilement travaillée. Je vis de beaux lambas tissés avec cette soie forte et belle, et qu’on vendait au prix de 50 francs. Les Chrysalides ne sont pas perdues, on les fait frire, elles sont volumineuses et très-agréables. Jai vu le fils du roi, enfant de dix ans, en manger avec un grand plaisir; j'avoue que, malgré mon amour pour l’entomologie, j'aurais eu une grande répugnance à l’imiter. Enfin ce peuple insectivore recueille, en cette saison, dans la terre, le long des rizières et à 8 pouces de profondeur, des coléoptères dont l’aspect, encore mal déterminé, représente les larves d’une espèce de Hannetons. C’est encore un plat que, bouilli dans lhuile ou de la graisse, on sert sur les tables; j’omets les larves du Conocephalas Gucrini (Calandride) et beaucoup d’autres espèces ana- logues. Mais nul pays ne fait plus d'honneur à l’entomo- logie, puisqu'il a su y rencontrer de très-utiles ali- ments. » INTRODUCTION du Bombyx Yama-Maï en Europe. On a vu, dans le Moniteur du 24 et dans le Siècle du 25 janvier 4863, que LL. EExc. les ministres des affaires étrangères et de l’agriculture avaient reçu, du Japon, des œufs vivants du Ver à soie du chêne et que des expé- riences agricoles allaient être faites, par ordre de la So- ciété impériale d’acclimatation à quiils ontété donnés, pour essayer d’acclimater cette précieuse espèce en Europe. Depuis j'ai reçu du savant naturaliste M. le chevalier de Blecker, de Leyde, des œufs vivant de cette précieuse espèce, avec une lettre d'envoi datée du 29 janvier 1863 etcommençant ainsi : « Je suis assez heureux de pouvoir vous envoyer une « petite boîte d'œufs de Ver à soie du chêne que je dois à M. Pompe de Meerderwoort, qui m'a permis d’en dis- « poser pour vous. » Au moyen de cet envoi, qui m'est tout à fait personnel, je pourrai donner quelques-uns de ces œufs à des per- 8 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1863.) sonnes étrangères à la Société d’acclimatation, qui va faire une distribution de ceux qu'elle doit à MM. les ministres des affaires étrangères et de l'agriculture, et j'augmenterai ainsi les chances d’acclimatation de cette espèce. Jusqu'à présent aucun Européen n'avait pu obtenir ce précieux Ver à soie, car ceux qui ont cherché à se le pro- curer ont éprouvé des refus basés sur ce que la sortie de cette espèce est prohibée sous peine de mort. J'ai constaté que tous les œufs récemment arrivés sont vivants, mais, malheureusement, dans un état très-avancé d’incubation. Tout en essayant de retarder leur éclosion, j'ai prié diverses personnes, dans le midi de la France, en Italie et en Algérie, de forcer le développement de quelques jeuues chênes dans des serres chaudes ou autre- ment, et j'apprends tous les jours que je puis compter sur une nourriture assurée pour ces vers et que je n'aurai qu'à choisir les localités où je devrai me rendre quand les jeunes chenilles sortiront des œufs. Il faut espérer que nous parviendrons ainsi à introduire ce Ver à soie du chène, dont les cocons sont fermés et sus- ceptibles d’être dévidés par les méthodes usitées pour ceux du mürier, car il y a (à, en perspective, une conquête agricole aussi importante que s’il s'agissait de l’acclimata- tion d’un animal plus grand que le Mouton, le Porc ou le Bœuf. G. M. TABLE DES MATIÈRES. Pages Des Murs, œuf de l’Alca impennis. 3 BOURGUIGNAT. — Malacologie du lac des Quatre-Cantons. 5 SOCIETES SAVANTES. 27 Analyses. 43 Mélanges et nouvelles. 45 IMP. DE M"° V® BOUCHARD-HUZARP, RUE DE L'EPERON,. 5 — 1863. VINGT-SIXIÈME ANNÉE. — FÉVRIER 1863. I. TRAVAUX INÉDITS. Mozzusques de San-Julia de Loria, par M. J. R. BOURGUIGNAT. San-Julia de Loria est le premier village de la répu- blique d’Andorre, que l’on rencontre sur son chemin en venant de la Seu d’Urgel. Ce village, situé sur le bord du torrent de l’Embalyre, occupe le centre d’une plaine de peu d’étendue, dominée par de hautes montagnes. Cet endroit est le seul agréable et un peu riant de ce triste pays d'Andorre. Au-dessus de San-Julia de Loria le vallon se rétrécit, les montagnes se resserrent et ne laissent plus qu’une dé- chirure où mugit l'Embalyre, où serpente pendant 2 kilo- mètres un étroit sentier dégradé et rocheux, qui conduit à une autre petite plaine supérieure, terminée elle-même par des montagnes plus élevées, et au pied desquelles se trouvent les deux villages d’Andorre et des Escaldas. C’est sur les rochers qui bordent, quelquefois même qui surplombent, sur les bois et les arbustes qui obstruent ce misérable chemin, que nous avons, en passant, re- cueilli les espèces dont nous donnons la description. Les mollusques récoltés au-dessus de San-Julia de Loria sont en petit nombre; mais ils ont cela d’intéressant, que presque tous appartiennent à des espèces rares ou peu connues, ou constituent des formes ou des variétés nouvelles. 2° séRIe, T. xv. Année 1863. 4 SO REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1863.) VITRINA PYRENAICA. Helicolimax Pyrenaica, Férussac, Tabl. Syst., p. 25, 1822, et Hist. nat. Moll., pl. 1x, fig. 3. Vitrina Pyrenaica, Gray, in Ann. phil., IX, p. 409. 1825. Sur les rochers, au pied des buis, le long du sentier.— Espèce assez abondante, surtout dans les endroits hu- mides. SUCCINEA PUTRIS. Helix putris, Linnœus, Syst. nat. (ed. x), p. 774. 1758. Succinea putris, de Blainville, in Dict. Hist. nat., vol. LI, p. 244, tab. xxxvunx, f. 4. 1827. Cette espèce, à laquelle Draparnaud (Tabl. Moll., p. 55. 4801) avait imposé, à tort, le nom d'amphbia, sous lequel elle est généralement connue des conchyliologistes fran- çais, se trouve sous les buis et les arbrisseaux. Les échantillons recueillis sont de petite taille et d’une teinte légèrement succinée. HeLix PYRENAICA. Cette Hélice ne se trouve que sous les débris de rochers dans les endroits humides. Les individus de San-Julia de Loria diffèrent du type figuré et décrit par Draparnaud (Hist. Moll. France, p. 111, pl. xuu, fig. 7. 1805), par son test plus mince, par sa spire plus aplatie en dessus, par sa suture plus profonde, surtout par son labre columellaire presque rectiligne ho- rizontal et non arqué comme dans le type. L'ouverture de cette variété est, en outre, plus allongée et plus rétré- cie dans le sens de la hauteur que celle du type. Cette variété, que nous désignons sous l'appellation de complanata, paraît spéciale aux Pyrénées de l'Ariége, d’Andorre, de la Cerdagne, et seulement de la partie occi- dentale du département des Pyrénées-Orientales. Le type, au contraire, semble préférer les vallées des TRAVAUX INÉDITS. 51 montagnes, à partir de Prat de Mollo jusqu'à la Méditer- ranée. La synonymie de cette espèce doit être établie ainsi qu'il suit : Helix Pyrenaica, Draparnaud, Hist. Moll. France, p. tt, pl. x, fig. 7. 1805. — _— Dupuy, Moll. France, p. 151, pl. var, fig. 2 (fig. excellente) (2° Fasc.). 1848. === — Moquin-Tandon, Hist. Moll. France, t. II, p. 127, fig. 5-8. 1855. — _— Companyo, Hist. nat. Pyr.-Orient., t. KI, p.kk4. 1863. Var. B complanata. Helix Pyrenaica, Rossmassler, Iconogr., IV, fig. 218 (fi- gure assez mauvaise, représentant un échantillon de petite taille). 1836. — ee. Deshayes, in Férussac, Hist. nat. Moll., tabl. Lxix, fig. 5 (figure assez bonne). — — L. Pfeiffer, in Chemnitz (ed. n). Helix, n° 106, tabl. xvur, fig. 1-2. Hezix DESMOULINSI. Helix Desmolinsii, Farines, Desc. de trois esp. viv., Pyr.- Orient., p. 5, fig. k-6 (figures en sens inverse). 1834, et in Act. sc. nat., t. IE, p. 121. 1834. — Desmoulinsii, Farines, in Bull. Soc. philom. Perpi- gnan, t. Ï, p. 59. 1835. — — Th. Müller, Synops. terr. viv., anno 1834, promule., p. 12. 1836. — Moulinsii, Potiez et Michaud, Gal. Moll. Douai, t. 1, p. 81. 1838. — cornea, Var. cyclostoma, Rossmassler, Iconosr., VIl et VIIE, p. 33, fig. 511. 1838. — Desmoulinsii, Villa, Disp. Syst. Conchyl., p. 16. 1841. 52 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1863.) Helix Desmolinsii, Dupuy, Hist. Moll. France, p.157,pl. vi, fig. 6 (2° fasc.), janv. 1848 (1). — cornea, Var. L. Pfeiffer, Monogr. Hel. viv., t. I, p. 360. 1848. — — Var. Deshayes, in Férussac, Hist. génér. Moll., t. I, p. 39, pl. Lxix, fig. 9. — Desmoulinsii, Droüet, Enum. Moll. France, p. 16. 1855. — cornea, Var. Molinsii, Moquin-Tandon, Hist- Moll. France, t. II, p. 134, pl. xi, fig. 21. 1855. _— Desmoulinsii, L. Pfeiffer, Monogr. Hel. viv., t. IV, p. 282. 1859. — Desmolinsii, Companyo, Hist. nat. Pyr.-Orient., t. IL, p. 447. 1863. Testa mediocriter pervio-umbilicata, fere complanata, subpellu- cida, supra plus minusve arcuato-striata, subtus nitidiore ac argute striatula, corneo-virescente, ad aperturam zonula rubella unica vel sæpe tribus evanescentibus ornata; spira parum convexa; apice levi- gato, parvulo, obtuso ; anfractibus 6 planulatis vel convexiusculis regulariter erescentibus, sutura vix impressa separatis ; ultimo sub- carinato, subtus convexo, antice maxime perdeflexo-descendente ac ad marginem externum coarctato; — apertura perobliqua, oblongo= rotundata ; peristomate albido. reflexo, acuto, continuo ; margini- bus conniventibus lamina sublibera junctis ; margine supero intus labiato ; margine columellari leviter arcuato, angulatim valide re- flexo. Coquille déprimée, presque aplatie, un peu transpa- rente, pourvue d’un ombilic étroit en forme d’entonnoir. Stries arquées plus ou moins prononcées en dessus. Stria- tions plus délicates en dessous. Test d’un aspect terne en dessus, plus brillant en dessous, d’une teinte générale, cornée-verdâtre, offrant, en outre, vers le bord péristo- mal, le commencement de trois zonules, d’un brun rouge (1) L'Helix Farinesi de Villa, rapportée par M. l'abbé Dupuy dans la synonymie de cette espèce, doit, au contraire, faire partie de la sy- nonymie de l’Helis squammatina de Marcel de Serres. TRAVAUX INÉDITS. 53 qui s'évanouissent sur le dernier tour. Spire peu convexe, à sommet lisse, petit, obtus. Six tours un peu plans ou légèrement convexes, à croissance régulière. Suture peu profonde. Dernier tour obscurément caréné, convexe en dessus, rétréci, contracté vers le péristome, et présentant vers l'ouverture une déflexion descendante très-pro- noncée. Ouverture des plus obliques, oblongue-arrondie. Péristome blanchâtre réfléchi, aigu et continu. Bords mar- ginaux convergents et réunis par une callosité lamelli- forme, libre. Bord supérieur du côté externe intérieure- ment bordé. Bord columellaire faiblement arqué, réfléchi à angle droit. Hauteur. . . . 7 millimètres. Diamètre... 119 — La Desmoulinsi se distingue de la cornea par son der- nier tour subcaréné, plus comprimé, par son péristome continu, par son bord columellaire arqué, jamais gibbeux ni rectiligne; par son test plus mince, plus terne en des- sus, etc. L'animal de la Desmoulinsi est grêle, allongé, finement rugueux, à rides allongées, d’une teinte de chair sale. Manteau noirâtre ou moucheté de taches brunes foncées. Tentacules supérieurs grèles, allongés, noirâtres et ren- flés à l’extrémité. Le nerf oculaire noirâtre forme, par son prolongement sur le cou, une double bande assez ob- scure. Pied aigu postérieurement, d’un jaune carnescent en dessous. Ce mollusque aime l'obscurité, on le rencontre ordinai- rement dans les anfractuosités des rochers ou sous les pierres. Il répand, quand on le touche, un mucus abon- dant et glacial. En marche, il porte sa coquille presque horizontale. Espèce abondante sur les rochers qui bordent le sentier de San-Julia de Loria. L’anatomie de la Desmoulinsi n’a jamais été faite, ou, si elle a été faite, elle n’a jamais été publiée. C’est pour 5% REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Fevrier 1863.) combler, autant que possible, cette lacune dans l’histoire de cette Hélice que nous nous sommes livré à quelques recherches anatomiques sur les organes digestif et sexuel de cette espèce. SYSTÈME DIGESTIF. — La bouche de la Desmoulinsi pré- sente intérieurement une masse linguale et une pièce su- périeure propre à la mastication, la mâchoire. Cette mâchoire, formée d’une pièce dure, résistante, muscoso-cornée, d’une teinte pâle jaunàâtre (1), médiocre- ment arquée, est presque aussi large à ses extrémités que ‘vers son milieu. Sa longueur est de 1 millimètre 3/4 sur un demi-millimètre de large. Cette pièce se trouve sillon- née ordinairement par trois petites côtes ou denticules dépassant un peu les bords de la mâchoire. Ces denti- cules sont quelquefois au nombre de six. La langue est petite, allongée, libre dans sa partie an- térieure. Elle est adhérente au fourreau à la partie pos- térieure. Le fourreau de la langue est gros, lisse, et présente à son extrémité postérieure un faisceau de muscles rétrac- teurs excessivement résistants. Ce faisceau, aplati, très- large à son insertion, diminue sensiblement et presque subitement. L’æsophage prend naissance à l'extrémité du fourreau. Il est très-allongé. L’estomac est excessivement allongé, il n’offre aucune forme bien déterminée. Il se présente plutôt sous l'appa- rence d'un tube œsophagien dilaté et très-développé. L'intestin est long; il forme divers circuits autour des lobes du foie, et finit par revenir sur lui-même pour suivre, dans toute sa longueur, la cavité respiratoire, et aboutir à l’ouverture anale. Les glandes salivaires, au nombre de deux, blanchâtres, aplaties, fortement échancrées, comme arborisées, sont appliquées sur les parois de l'estomac. (1) Elle passe au noir lorsqu’elle est exposée à l'air. TRAVAUX INÉDITS. 55 Les canaux excréteurs de ces glandes sont très-ténus. Ils prennent naissance aux extrémités supérieures des glandes, cheminent le long de l’œsophage pour aller s'ouvrir de chaque côté de l’orifice œsophagien dans le fourreau de la langue. Le foie est volumineux, il se contourne sur lui-même, enveloppe l’intestin,se prolonge au-dessous de la matrice, de l'organe de la glaire, enserre l'organe en grappe, et poursuit jusqu’à l’extrémité du tortillon. Sa couleur est d’un brun jaunâtre. Sa substance est molle, peurésistante, et se déchire au moindre contact. ORGANES SExUELS.—L'orifice génital est situé au-dessous du grand tentacule droit. La bourse génitale commune commence à cet orifice, et présente la forme d’un conduit assez court, dans lequel vient déboucher d’un côté le fourreau de la verge, de l’autre côté, un peu en dessus, les vésicules muqueuses ou prostates vaginales, puis immédiatement après la poche du dard; enfin, à l'extrémité, le canal de la poche copula- trice et le vagin. Le fourreau de la verge est allongé, cylindrique, renflé, d'une longueur de 9 millimètres jusqu’à l'insertion du ca- nal déférent. A partir de ce point, il prend le nom de flagellum. Le flagellum est très-long (15 à 17 millim }), il se replie, se contourne sur lui-même, et conserve à peu près partout une grosseur égale. Le canal déférent, qui s’insère sur le fourreau de la verge, à 2 millimètres au-dessus du muscle rétracteur, est un petit filament qui suit les contours de la verge, passe sous un de ses plis, s'applique sur le renflement du four- reau, pour arriver en dessous de la bourse génitale com- mune. À partir de ce point, le canal déférent prend une autre direction, il remonte derrière la vésicule muqueuse sénestre, la poche à dard, se rapproche du vagin, et vient se jeter entre les plis de la matrice et la prostate. Entre ces deux organes, le canal déférent perd sa forme pour 56 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1863.) ne la reprendre qu’à l’extrémité supérieure de la matrice et de la prostate, d’où il s'échappe d’une fente de l'organe de la glaire. Au sortir de cette fente, le canal déférent se présente sous la forme d’un filament jaunâtre, recouvert d'une membrane aponévrotique blanchâtre, transparente, excessivement mince. Ce filament, d’abord peu sinueux, devient plus gros, se pelotonne sur lui-même, fait de nombreux circuits (une quarantaine pour le moins), puis se dresse un peu pendant l’espace de 2 millimètres, et vient se perdre en se ramifiant en plusieurs petits conduits dans l'organe en grappe. L’organe en grappe est engagé dans le foie vers l’extré- mité du tortillon; long de 6 millimètres sur 2 de large, il est composé d'une quantité de petites vésicules allongées réunies entre elles par des tissus aponévrotiques d’une grande délicatesse. Les vésicules extrêmes sont d'une teinte d’ocre, tandis que les vésicules qui touchent aux petits canaux excréteurs, qui constituent, par leur réu- nion, le canal déférent, sont d’une teinte blanchâtre légè- rement jaunâtre. L’organe de la glaire, situé à l'extrémité de la matrice et de la prostate, a la forme d’une langue très-allongée; il est d’un gris plus ou moins prononcé, et il atteint jus- qu’à 6 millim. 1/2. Vu à la loupe, sa surface laisse aperce- voir une série de petites utricules allongées, disposées d’une façon transversale. La matrice, qui commence à la base de l’organe de la glaire et qui se termine au vagin, se présente sous la forme d’un sac à parois minces, molles et blanchâtres, offrant, d'espace en espace, des boursouflures séparées par des étranglements. La matrice s'applique sur la prostate dé- férente, et, comme elle est beaucoup plus développée que cette gouttière utérine, elle offre plusieurs courbures. Le vagin commence à la base de la matrice et de la gouttière utérine, et se termine à l'extrémité de la bourse TRAVAUX INÉDITS. 57 génitale commune. C’est un conduit court, peu sinueux, qui n'offre rien de particulier. Près de l’ouverture du vagin, au fond de la poche com- mure, se trouve l’orifice de la poche copulatrice. La poche copulatrice, composée d’un conduit blanchâtre appliqué sur les contours de la matrice, se bifurque à une distance de 6 millimètres. La première branche continue à longer la matrice sous la forme d’un long ruban blan- châtre de 12 millimètres; la seconde se présente sous l’as- pect d’un petit filament grisâtre, terminé par un renfle- ment considérable d'une teinte jaune verdâtre. Ce renfle- ment ou poche copulatrice s’écarte de la matrice, et s’ap- plique sur les parois de l'estomac. Les vésicules muqueuses ou prostates vaginales sont au nombre de deux. Elles débouchent toutes les deux dans la poche génitale commune. Leur forme est celle d'un tube vermiforme, blanchâtre, un peu aplati, contourné et replié sur lui-même. Ces vésicules ont l’une 12, l’autre 14 millimètres de longueur. Près des vésicules muqueuses, se trouve la poche du dard. Ce petit organe, que nous avons étudié d’une façon plus particulière, est une bourse allongée, en forme de massue, de 5 millimètres. Soumis au foyer d’un puissant microscope, cet organe paraît composé : 1° d’une membrane extérieure muscu- leuse à tissu serré; 2 d’une seconde membrane excessive- ment ténue et délicate ; 3° d’une substance molle, incolore, au milieu de laquelle se trouve une nouvelle bourse cen- trale. Cette autre bourse elle-même, composée de deux petites membranes, contient le dard. Ce dard, légèrement arqué, d’un blanc crystallin, d’une matière dure, crétacée, pré- sente la forme exacte d’une lance complète avec la hampe et son fer, seulement dans des proportions excessive- ment réduites, puisque le dard a 3 millimètres de lon- gueur. 98 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Février 1862.) HELIX RUPESTRIS. Helix rupestris, Studer, Faunul. Helv. in Coxe, trav. Switz, t. IL, p. 430 (sans des- cript.). 1789. = — Draparnuud, Tabl. Moll. France, p. 71, 1801. Espèce abondante sur tous les rochers qui bordent le sentier. Échantillons parfaitement caractérisés. Pupa FARINESI. ‘ Pupa Farinesi, Desmoulins, Desc. Moll. in Act. Soc. Linn. Bordeaux, t. VIIT, p. 156, pl. 11, f. E, 4-3. 1835. Torquilla Farinesi, Beck, Ind. Moll., p. 85, 1837. Pupa Farinesii, Potiez et Michaud, Gal. Moll. Douai, t. I, p. 165, pl. xvr, f. 17-18 (fig. exécra- bles), 1838. — — Desmoulins, in Act. Soc. Linn. Bord., t. X, p. 935, n° 639. 1839. —_— — Rossmassler, Iconogr., IX et X, p. 25, f. 639. 1839. _ Farenesii, Jay, Catal. Shells, p. 52. 1839. Stomodonta Farinesi, #ermet, Moll. Bass.-Pyr., p. 49, n° 6. 1843. Pupa Farinesi, Æüster, Monogr. Pupa in Martini und Chemnitz, Conch. cab. (2° éd.), p. 51, pl. vi, f. 21-22. — — L. Pfeiffer, Monogr. Hel. viv., €t. IT, p. 308. 1848. _— — Dupuy, Hist. Moll. France, p. 393, pl. x1x, f. 8 (4° fasc.), décemb. 1850. — — Moquin-Tandon, Hist. Moll. France, t. IH, p. 399, t. xxvL, F. 5-11. 1855. _ — Companyo, Hist. nat. Pyr.-Orient., t. III, p. 482. 1863. TRAVAUX INÉDITS. 59 Cette coquille, qui est très-voisine du Pupa avenacea, Moquin-Tandon (Moll. Toulouse, p. 8. 1843. — Pupa ave- na, Draparnaud, Tabl. Moll., p. 59. 1801), se distingue de cette espèce par son ouverture sans denticulations. — L'ouverture de l’avenacea, en effet, est toujours ornée de 7 dents, savoir : { dent à l’insertion du labre supérieur, une autre un peu immergée sur la convexité aperturale, deux autres collumellaires de taille inégale, enfin 8 plis palataux n'arrivant pas au péristome. Le Pupa Farinesi habite dans toute la chaine des Pyré- nées ; il se trouve surtout parfaitement caractérisé aux en- virons du Tourmalet et dans les vallées de Gèdre et de Saint-Sauveur. Aux environs de San-Julia, cette espèce est peu com- mune ; elle rampe sur les rochers qui bordent le chemin. Les échantillons recueillis dans cette localité appartien- uent aux 3 variétés suivantes : Var. B — dentiens. — (Moquin-Tundon, Hist. Moll. France, t. I, p. 359. 1859.) — Coquille avec une callosité dentiforme blanche à l’angle supérieur de l'ouverture. Var. C — obesa. — Coquille semblable au type, seu- lement beaucoup plus trapue, plus obèse, moins allongée. Var. D — subcarinata. Coquille un peu plus allongée que le type, et offrant à la base du dernier tour une ca- rène cervicale obsolète, ce qui rend l'ouverture plus oblongue. : PuPA JUMILLENSIs. Pupa Jumillensis (pars), Guirao, mss. Pupa Bourgeaui, Shuttieworth, mss. — dJumillensis, Pfeiffer, Monosr. Hel. viv., t. HI, p. 540. 1853. Testa minute perforata, ovato-turrita, nitidula, plus minusve obli- que Striatula, purpurascenti-castaneo-brunnea ; spira elongata, sen- sim attenuata ; apice obtusiusculo; anfractibus 8 convexis, regulari- ter crescentibus, sutura profunda separatis ; ultimo 1/3 longitudinis 60 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1863.) æquante, ad aperturam paululum ascendente, ac circa perforatio- nem compresso; apertura vix chliqua, truncato-oblonga, triden- tata ; plica una prope angulum labri externi; duabus plicis in colu- mella ; peristomate simplice, vix expausiusculo ; margine dextro superne valde curvato, edentulo; margine columellari late pa- tente. Coquille turriculée, allongée, de forme ovalaire, bril- lante, plus ou moins sillonnée de stries, oblique et munie d'une perforation étroite; test d’un brun marron tirant un peu sur la couleur pourpre. Spire allongée, à sommet un . peu obtus. 8 tours convexes, à croissance régulière et sépa- rés par une suture profonde. Dernier tour, à base un peu comprimée vers la perforation ombilicale, égalant le tiers de la longueur, offrant, vers l'ouverture, une direction un peu ascendante. Ouverture à peine oblique, oblongue, un peu échancrée et ornée de 3 denticulations : une première vers l’angle droit supérieur, les deux autres sur la colu- melle. Péristome simple, à peine évasé. Bord droit sans dents, fortement recourbé à sa partie supérieure. Bord columellaire largement développé et évasé. Longueur. . . . 7-8 millimètres. Diamètre . . . . 3-3 172 — Var. B— biplicata. — lupa Jumillensis (altera pars) de Guirao. Cette variété est très-bien décrite dans Ross- massler (Iconogr., 17 et 18, p. 110, pl. Lxxxiv, f. 943. 1859). Coquille de taille un peu moindre, offrant seule- ment une seule denticulation sur la columelle au lieu de deux comme dans le type. Cette espèce se trouve dans un grand nombre de loca- lités espagnoles. La variété B seule habite sur les rochers de San-Julia de Loria. Cette variété est spéciale aux val- lées du nord de l'Espagne. Dans les vallées d'Ussat et de Vic-Dessos (Ariége). Le Pupa Jumillensis est très-voisin du Farinesi, dont il TRAVAUX INÉDITS. 61 diffère notamment par les denticulations de sa columelle, denticulations qui n’existent point chez le Farinesi. Pupa MASSsOTIANA. Testa rimata, ovato-turrita, oblique striatula. corneo-castanea ; spira elongata, apice obtusiusculo, levigato, nitido ; — anfractibus 8 convexis, regulariter crescentibus,sutura valde impressa separatis ; ultimo ad suturam subplanulato, globoso, ad rimam perforationis paululum subcarinato ac ad aperturam vix ascendente ; — apertura parum obliqua subrotundato-oblonga, quadriplicatula; plica una parvula juxta insertionem labri externi ; una profunda in penultimi conyexitate ; una remota, in columella stricta ; tandem (in specimi- nibus adultis), altera lamelliformi palatali in peristomate; peristo- mate vix expansiusculo; margine columellari recto, expanso ; mar- gine externo valde curvato ; marginibus conniventibus, valde approxi- matis. Coquille ovale-turriculée, pourvue d’une fente ombili- cale profonde, d’une teinte cornée-marron, ornée, à l’état frais, d’un velouté blane-bleuâtre excessivement fugitif, à l'instar de celui qui recouvre certains fruits. Stries obli- ques. Spire allongée, à sommet lisse, brillant et assez ob- tus. 8 tours convexes à croissance régulière. Suture pro- fonde, ce qui rend les tours très-bombés et comme un peu plans vers la suture. Dernier tour légèrement caréné vers la fente ombilicale et offrant vers l'ouverture une faible direction ascendante. Ouverture peu oblique, oblongue-subarrondie, munie de 4 petites denticulations, savoir : une première vers l'insertion du labre externe ; une seconde, très-immergée, sur le milieu de la convexité de l’avant-dernier tour, une troisième à la partie supé- rieure du labre columellaire ; enfin une quatrième lamel- liforme au milieu du labre externe sur le péristome. Cette denticulation n'existe que chez les échantillons très-adul- tes. — Péristome à peine évasé. Bord columellaire recti- ligne, réfléchi et dilaté le long de la fente ombilicale, bord externe très-arqué. Bords marginaux convergents et très- rapprochés. 62 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE, (Fevrier 1863.) Hauteur... . . . 6 172 millimètres. Diamètre. . . . 2174 = Sur les rochers humides du sentier de San-Julia de Loria. Animal d’un beau noir, à mouvements vifs. Extrémité du pied grisätre, un peu transparent. Le Papa Massotiana se distingue du Jumillensis par son ouverture munie de # denticulations. Chez le Jumillensis type, l'ouverture n'offre que trois plis, un à l'insertion du labre extérieur et les deux autres sur le bord columellaire. Chez le Jumillensis, varielas biplicata, l'ouverture ne pré- sente qu’un pli à l'insertion du labre et un second au sommet du labre columellaire ; tandis que, chez cette nou- velle espèce Massotiana, l'ouverture offre bien une den- ticulation à l'insertion du labre extérieur, mais présente, en outre, un pli sur la convexité de l’avant-dernier tour, un autre à la partie supérieure du labre columellaire comme chez la variété biplicata du Jumillensis, enfin un dernier pli palatal sur le péristome du bord externe. Cette espèce est dédiée à M. Paul Massot de Perpi- gnan. Pupa PENCHINATIANA. Testa rimato-perforata, ovato-turrita, oblique striatula, corneo-cas- tauea ; apice obtusiusculo, nitido, corneo, levigato; anfractibus 8 convexis, regulariter crescentibus, sutura impressa separatis ; ul- timo infra paululum compressiusculo, ad aperturam leviter ascen- dente ; apertura fere recta, semiovato-rotundata quinqueplicata ; una plica minutissima juxta insertionem labri externi ; una profunda in penultimi convexitate; una profunda in labro columellari; ac dua- bus lamelliformibus intus in labro externo; peristomate simplice, vix expansiusculo; margine columellari stricto, expanso ; margine ex- terno curvato; marginibus valde approximatis. Coquiille ovale-turriculée, munie d’une fente ombilicale et d’une petite perforation. Test d’une teinte marron-cor- née. Stries obliques. Spire allongée, à sommet corné lisse, brillant, un peu obtus. Huit tours convexes, s’ac- TRAVAUX INÉDITS. 63 croissant régulièrement et séparés par une suture pro- fonde. Dernier tour un peu comprimé à sa base et légère- ment ascendant vers l’ouverture. Celle-ci, presque recti- ligne, arrondie, semi-ovale, est ornée de cinq denticula- tions ainsi placées : une dent lamelliforme très-petite à l'insertion du labre extérieur, une autre très-immergée sur le milieu de la convexité de l’avant-dernier tour, une troisième à la partie du labre columellaire, enfin deux plis palataux n’arrivant pas au péristome sur la partie in- terne du bord droit. Péristome simple, à peine évasé. Bord externe arqué. Bords marginaux très-rapprochés. Longueur. . . . . 6 millimètres. Diametrennr. nt. EU 2 — Cette espèce, que nous dédions à M. Charles Penchinat de Port-Vendres, habite, sur les rochers, les pierres hu- mides du sentier de San-Julia de Loria. Le Pupa Penchinatiana ne peut être rapproché que des Pupa Massotiana et Avenacea (1). On distinguera le Penchinatiana du Massotiana à sa fente ombilicale plus ouverte, à ses 2 plis palataux n’arri- vant pas au péristome, tandis que le Massotiana ne pos- sède qu’un seul pli palatal situé sur le péristome et se prolongeant à peine à l’intérieur. On séparera le Penchinatiana de l’avenacea à ses deux plis palataux, au lieu de trois ; à son pli columellaire uni- que, au lieu de deux ; à ses denticulations beaucoup moins fortes, etc. (La suite au prochain numéro.) N. B. Les planches relatives à ce Mémoire paraîtront dans le numéro suivant. (1) Moquin, Moll. Toul., p. 8. 1843. Bulimus avenaceus, Bruguière, Encyel. VI :2° partie), p. 359. 1792.—Pupa avena, Draparnaud, Tabl, Moll., p. 59. 1801. 64 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Fevrier 1863.) Nore sur le genre Manticora, par le comte F. DE CASTELNAU. Le genre Manticora a toujours inspiré aux entomolo- gistes un intérêt particulier, soit à cause de sa forme bi- zarre et de sa rareté dans les collections, soit parce qu’il commence, dans les méthodes modernes, la classification des coléoptères. Il est donc assez singulier que les espèces qui le composent soient encore si peu connues et si mal déterminées. La principale raison est que toutes sont très- semblables les unes aux autres, et que toutes, à l’excep- tion d’une seule, ne se trouvant que dans les grandes col- lections et en très-petit nombre d'individus, il est fort difficile de pouvoir les étudier avec des éléments suffi- sants. Il a été donné à fort peu d’entomologistes de voir en nature les insectes singuliers qui nous occupent, et ce fut avec un véritable saisissement que lors de mon voyage en Cafrerie, après avoir traversé la chaîne de montagnes qui sépare le Long Kloof du Karoo, j'aperçus tout à coup un Manticora immobile au grand soleil. Je fis aussitôt ar- rêter mon waggon, trainé par sept paires de bœufs, et je m'approchai de l’objet de ma convoitise; mais, plus ra- pide que l'éclair, il disparut tout à coup sans que je pusse me rendre compte de la manière dont il avait opéré sa retraite. Vivement contrarié, je me vis obligé de continuer ma marche; mais le lendemain et déjà près de l’Olifant river (rivière des Éléphants), je venais d’arrêter ma petite cara- vane pour faire préparer le diner, lorsqu'en me prome- nant autour des camps je vis tout à coup, sur un espace découvert laissé par les plantes basses et épineuses qui forment la végétation de ce sol sablonneux, un Manticore encore immobile, et ayant le corps penché en arrière, et tenant ses formidables mandibules hautes et ouvertes. Rendu prudent par ma mésaventure de la veille, je TRAVAUX INÉDITS. 65 n’approchai de mon insecte qu’en me dirigeant de manière à ce que mon ombre ne püt pas l’avertir de ma présence; cependant il parut tout à coup s’apercevoir de quelque chose et prit sa marche rapide; mais j'étais assez près pour pouvoir le joindre, et en me jetant sur le sable je parvins à le saisir. Je ne saurais dire le plaisir que j'é- prouvai à examiner ma proie. Depuis lors, j'ai vu un assez grand nombre de ces in- sectes, tous dans les mêmes circonstances; mais leur marche est tellement rapide, que je ne pus m’en procurer que quatorze, et cela avec l’aide de tous mes gens. Je ne tardai pas à voir qu'ils se retiraient dans des trous circulaires faits peut-être par des animaux dela famille des Taupes (condylures) ; une fois, j'en aperçus deux accouplés qui disparurent dans une de ces ouvertures, et, au même instant, un troisième venu d’une autre direction s’y réfu- gia également. Persuadé que j'allais découvrir une colonie de ces beaux insectes, je me décidai à passer la journée dans ce désert, et, après avoir fait dételer les bœufs et ar- mer les tentes, je mis tout mon monde à travailler à l’ou- verture de cette mine d’un nouveau genre. Nous creu- sâmes à une profondeur de 2 mètres 1/2; mais la nuit nous surprit sans que nous eussions obtenu aucun ré- sultat, et les nombreuses galeries que nous découvrions sans cesse me firent abandonner un travail manifestement inutile. Une autre fois, je vis un WManticore courir vers moi avec la rapidité ordinaire des mouvements de ces animaux; mais, en m'apercevant, il s'arrêta tout à coup, et dirigea sa marche de manière à former un angle droit avec la di- rection qu'il suivait précédemment; tout à coup, ayant rencontré un monticule de sable, il s’adossa contre, et se mit sur la défensive; j'allais presque le saisir lorsque j’aper- çus, à deux ou trois mètres de moi, un Cabra capel, le plus dangereux reptile de l'Afrique australe qui, évidemment, lui donnait chasse, et, me trouvant sans arme, je me reti- 2 gRnir, T. XV. Année 1863, 5 66 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1863.) rai rapidement, et laissai le brave Manticore se débattre contre son terrible adversaire. En cherchant des Manticores, je trouvais souvent des Graphiptères qui ont la même manière de vivre. Longtemps on ne connut qu’une espèce du genre Manticora, et je me souviens encore de l’étonnement qu'éprouvèrent les ento- mologistes, lorsque Waterhouse et Hope en firent con- naître une seconde (Latipennis). Quelque temps après, M. Klug en publia une monogra- phie dans laquelle les espèces sont portées au nombre de cinq, à Savoir : 4° Manticora tuberculata, de Geer. 2e — granulata, Klus. 3° _ scabra, Klug. 4° — latipennis, Waterhouse. MER _— herculeana, Klug. Ainsi, à part la f'uberculata ou Mazxillosa de Fabricius, et la Latipennis de Waterhouse, M. Kiug en faisait con- naître trois nouvelles, mais la Granulata ne paraît être qu'une femelle de l’espèce ordinaire; en effet, il existe dans cet insecte deux variétés, l’une à tibias noirs que l’on considère, en général, comme le type, et l’autre à ti- bias d’un brun rouge qui est répandue dans les collec- tions, je crois, à tort, comme étant la Trbialis de Bohe- man; or, ces derniers individus étant beaucoup plus com- mups que ceux entièrement noirs, ont été regardés par Klug comme le type de l’espèce, et sa Granulata semble être un individu femelle de la variété à tibias noirs. Le Scabra est une espèce de Mozambique parfaitement distincte ; mais son Herculeana est tellement voisine de la précédente, que M. Thomson les a réunies; nous expose- rons plus loin les légères différences qui les distinguent peut-être. M. Bohemann, dans ses insectes de la Cafrerie, n'indique que trois espèces : la commune, la Latipennis et la Ti- TRAVAUX INÉDITS. 67 bialis; cette dernière, qui à cause de la variété à tibias rouges de la Tuberculata, a été confondue avec cette es- pèce dans plusieurs collections, et se trouve indiquée dans la monographie de M. Thomson comme un simple syno- nyme de cette espèce, me semble en être distincte ; en effet, la coloration des pattes n’est qu’un des caractères indi- qués par M. Bohemann, et il dit aussi que les élytres sont plus allongées. J'ai dans ma collection un individu qui correspond entièrement à cette description. M. Thomson, dans sa monographie des Cicindélides publiée en 1859, reconnait quatre espèces : 1° La Tuberculata, à laquelle il réunit la Tibialhs et la Granulata ; 90 La Scabra, à laquelle il réunit l’Herculeana ; 3° La Latipennis; 4° La Sicheli. Cette dernière est une nouvelle espèce à disque des ély- tres beaucoup plus lisse que dans la Tuberculata; il faut avouer que, si elle en est distincte, elle en est au moins bien voisine. La distribution des espèces en deux catégories, ainsi que le propose M. Thomson, n’est pas admissible au moins avec les caractères qu'il leur assigne, et qui consistent à être plus ou moins grandes, et à avoir la mandibule droite des mâles plus ou moins développée, car l’on trouve dans chaque espèce tous les développements possibles de cette dernière partie. Une des grandes difficultés que présente l’étude du genre vient aussi de la différence si considérable de forme que présentent les deux sexes. La Latipennis, que M. Thomson croyait être celle de Waterhouse, m'en semble distincte; depuis, dans le second volume de ses Archives Entomologiques, il dit qu'ayant vu cette espèce au musée britannique il a reconnu que c'était la Scabra de Klug, et il propose, pour la sienne, 68 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1863.) le nom de Mygaloides. I1 a dû y avoir ici quelque con- fusion, car la figure de Hope s'applique parfaitement à une femelle de ma collection, et, dès lors, j'ai dû maintenir cette espèce dont j'ai vu les deux sexes, et, en même temps, conserver celle de M. Thomson. M. Péters, dans son ouvrage sur les insectes qu’il a re- cueillis à Mozambique, ne décrit que deux des espèces que Klug avait déjà fait connaitre. Après avoir examiné de nombreux individus, j’admets dix espèces de Manticores qui toutes font partie de ma collection. 1. MANTICORA TUBERCULATA. Carabus tuberculatus, de Geer, Ins., XII, p. 623, n° 20, pl. xLvi, fig. 14. Cicindela gigantea, Thunberg, Nov. Ins. sp., 1, p. 25, pl. 1, fig. 38. Manticora maæxillosa, Fab., Sp. Ins., 1, p. 320, ne 1. —_ — Oliv. Ent., II, n° 37, p. 4, n° 1, pl. 1. Manticora tuberculata, Guér., Icon. regn. anim. ins., pl. xvuI. Manticora tuberculata, Klug, Linnæa Ent., t. IV, p. #18, pl. 1, fig. 1-2. Manticora tuberculata, Thomson, Monogr., p. 9, pl. u, fig. 5-6. Nota. Toutes les planches de Klug ont été copiées par M. Chenu, dans son Encyclopédie d'histoire naturelle. Les individus de cette espèce, que l’on trouve le plus fréquemment, ont les tibias d’un brun rouge. Cette espèce habite la région connue sous le nom de Karoo dans l’Afrique australe, et qui s’étend sur toute la partie nord de la colonie, et sur la région occupée par les fermiers hollandais; elle se compose, en général, de vastes plaines sablonneuses plus ou moins ondulées, et couvertes d’une végétation basse et épineuse; on y voit TRAVAUX INÉDITS. 69 souvent des bosquets de mimosas plus ou moins abon- dants. 9. MANTICORA TIBIALIS. Manticora tibialis, Bohem., Zns. Cafr., t. I, p. 1. M. Bohemann dit, Manticoræ maxillosæ affinis et longi- tudine fere œqualis, sed nonnihil angustior, elytris medio minus ampliatis, colore antennarum pedumque a conspecie- bus mox distincta. Mon individu, qui vient de la Cafrerie, correspond par- faitement à cette description; ainsi entendue, cette espèce paraît bien distincte par la forme plus parallèle et plus al- longée de ses élytres. 3. ManTicoRA DREGEI, nov., sp. La collection de M. le comte de Mniezech contenait deux individus désignés sous ce nom, mais sans indication d’auteur. Il a bien voulu m’en céder un, et jai, depuis, acquis un autre individu qui appartient évidemment à la même espèce. Cet insecte ressemble beaucoup à la Tuberculata, mais s’en distingue aisément par la forme des élytres, dont les angles huméraux, au lieu d'être avancés et arrondis, sont tronqués obliquement en allant en s’abaissant vers le bord externe; leur échancrure antérieure est moins profonde. Les lobes du thorax sont plus pointus en arrière. Je ne connais pas l’habitat précis de cet insecte, mais je crois, qu’il venait des régions situées au nord de Natal. Cafrerie. 4. MANTICORA SICHELI. Manticora sicheli, Thoms., Monogr., p. 9, pl. u, fig. 7-8. Cette espèce se reconnait en ce que le disque des élytres est beaucoup moins granulé, et quelquefois presque lisse. Cet insecte a été trouvé sur les bords de la rivière d’O- range. J'ai, dans ma collection, un mâle et une femelle, 70 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Fevrier 1863.) et plusieurs autres se trouvent dans les collections de MM. de Mniezech et Thomson ; ceux du premier sont in- diqués comme de Mozambique, mais, je pense, à tort. Toutes les espèces que nous venons d'indiquer sont très- voisines les unes des autres; nous allons actuellement passer à un type différent. 5. MANTICORA SCABRA. Manticora scabra, Klug, Linn. Ent., t. IV, p. 420, pl. 1, fig. 3-4. Manticora scabra, Thomson, Mon., p. 8, pl. 11, fig. 1-2. Peters, Natur. reise mozamb., p. 146, pl. van, fig. 2-3. Espèce bien distincte à élytres larges et très-granulées ; dans les mâles elles sont presque cordiformes. De Mozambique. -6. MANTICORA HERCULEANA. Manticora herculeana, Klug, Linnœæa Ent., t. IV, p. 423, n° 5, pl. 1, fig. 7. Manticora herculeana, Peters, Natur. reise mossamb., p. 145, pl. vu, fig. 1. Nous avons déjà dit que M. Thomson regarde, peut être avec raison, cette espèce comme un grand dévelop- pement de la précédente; cependant elle diffère de la Sca- bra par ses élytres moins fortement granulées, surtout sur le disque, et par leur rebord latéral moins senti. Mème patrie que le précédent. 7. Manricora Lupovicr, Nov. sp. Je dédie cette nouvelle espèce à mon fils Ludovic de Castelnau, qui la découvrit dans le grand Karoo, dans la république du Free-state (formée par les fermiers hollan- dais), lors de son voyage du Cap à Natal; c'est une des plus distinctes du genre. L’individu est un mâle. Long., 0,32; larg., 0,165. TRAVAUX INÉDITS. 71 Tête grande, presque carrée, ayant deux impressions obliques entre les yeux; mandibules égales, grandes et prolongées; corselet assez semblable à celui de la Tu- berculata, mais à angles antérieurs plus arrondis; élytres courtes, larges, rétrécies en avant, s’élargissant beaucoup en arrière, très-convexes; les bords latéraux fortement dentelés, et leur surface couverte de granulations assez fortes et assez serrées, devenant de moins en moins appa- rentes en s’approchant de la suture; pattes sensiblement plus longues que dans les autres espèce; cuisses assez grêles, ainsi que les tarses. Couleur générale d’un brun noir; la base des premiers articles des antennes rougeâtre. Mon individu est un mâle ; il se reconnaît au premier coup d'œil par son ap- parence courte et renflée. 8. MANTICORA LATIPENNIS. Manticora latipennis, Water., Mag. nat. hst., new se- ries, p. 158, n° 1, pl. Lxur. Manticora latipennis, Hop, Col. man., II, p. 158, frontispice. Manticora latipennis, Boheman, t. I, p. 1, n° 1. Cet insecte, que M. Thomson rapporte à la Scabra, en est bien distinct, et la figure de Hope montre parfaite- ment les élytres telles qu’elles sont, c’est-à-dire lisses vers la suture, dans leur moitié supérieure. J'ai, dans ma col- lection, un individu femelle venant de Kurichane, qui ressemble à ne pas pouvoir s'y méprendre à cette figure, seulement le bord des élytres n’est nullement sinueux dans cette dernière, tandis qu'il l’est très-faiblement dans mon individu. Un mäle dans la collection du comte de Mniezech et une femelle dans la mienne. 9. MANTICORA LIVINGSTONI. J'avais rapporté également à cette espèce, comme en 12 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1863.) étant le Z, un certain nombre d'individus de ce sexe que les chasseurs que j'ai envoyés au grand lac N’gami m'ont rapportés, et qu'ils ont trouvés dans le grand désert de Kalihari, qui sépare le pays des Damares de la région du lac. Voici la description de cet insecte, qui est l’un des plus grands du genre. Long., 0,44 ; larg., 0,21. Tête grande, forte, carrée; mandibules très-grandes et très-prolongées, mais assez grêles: tridentées intérieure- ment; à peu près égales en longueur; corselet large, court, à lobes postérieurs arrondis et lisses; élytres assez courtes, larges, assez cordiformes, à bords latéraux, fortement rebordés, et à grosses dentelures; leur surface est presque plane, très-faiblement sranuleuses, presque lisse et très- luisante; pattes assez fortes et velues. Depuis que j'ai vu dans la collection de M. de Mniezech le & dela Latipennis, je me suis assuré que mon insecte en diffère par les caractères suivants : Les impressions de la tête sont moins fortes et celle de forme arquée qui existe dans la Latipennis, entre et au-dessus des yeux, manque presque entiérement; la tête et le corselet sont beaucoup moins ponctués dans toutes leurs parties ; les lobes de ces derniers sont lisses et présentent seulement, à leur bord externe, une impression assez forte et quel- ques points peu marqués ; les élytres sont plus larges à leur base et à angles huméraux plus développés ; leur surface est plus plane et beaucoup moins couverte d’aspérités, si ce n’est à leur partie postérieure, ce qui leur donne un aspect plus brillant. Le dessous du corps et les pattes sont plus luisants. Considérant cet insecte comme appartenant à une espèce réellement nouvelle, je propose de le nommer Manticora Livingstonü, en l'honneur du célèbre voyageur qui, le pre- nier, a exploré les partiescentrales del’Afrique qu'ilhabite. SOCIÉTÉS SAVANTES. 73 10. MANTICORA MYGALOIDES. Manticora mygaloïdes, Thom., Archives Entomologiques, t. II. Manticora latipenms, Thom., olim Monogr., p. 2, pl. 11, fig. 3-4. Cette espèce est voisine de la précédente, mais m'en semble bien distincte. Les élytres, bien que larges, le sont bien moins que dans les précédentes; elles sont plus étroites à la base, moins fortement rebordées et moins dentelées sur Îles côtés; elles sont moins brillantes, ce qui vient de ce qu’elles sont moins lisses en arrière; elles s’atténuent beaucoup plus et se prolongent davantage; le rebord in- férieur des élytres est beaucoup plus lisse. Les pattes sont moins velues. De Mozambique, suivant M. Thomson. Voici donc dix espèces de Manticores [dont huit sont assez bien établies, car l’Herculeana est douteuse) dans un genre Où, jusque dans ces derniers temps, l’on s’accor- dait à n’en admettre qu'une seule; et si l’on réfléchit qu’elles semblent avoir un habitat très-restreint, et, qu’à mesure que l’on pénètre dans l’intérieur de l’Afrique aus- trale, elles semblent devenir beaucoup plus nombreuses, l’on pourra, sans exagération, supposer que ce groupe est destiné à augmenter, en espèces, à un point peut-être au delà de toutes prévisions. II. SOCIÉTÉS SAVANTES. ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS. Séance du 2 février 1863. — M. le général Morin lit un travail très-intéressant au point de vue de l'hygiène publique sur la ventilation des amphithéätres. Dans cette note, qui occupe près de dix pages des 74 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1863.) comptes rendus, le savant Académicien a fait connaître le résultat de ses observations sur les moyens les meilleurs de ventilation employés pour ses amphithéâtres du Conser- vatoire des arts et métiers. Suivant lui, et il me semble complétement dans le vrai, il faut faire affluer l'air le plus loin possible des auditeurs, et, comme on peut être obligé souvent le même jour, et d’un cours à un autre, de faire varier la température dans certaines limites, il est néces- saire d'adopter des dispositions qui permettent de rendre le mélange d’air chaud et d’air froid aussi complet et aussi facile à modifier que possible, avant qu’il arrive aux au- diteurs. Je signale ce beau mémoire dans cette Revue de z00- logie parce qu’il peut rendre de grands services à ceux de ses lecteurs qui s’occupent de zoologie appliquée et de zootechnie. En effet, il est évident que les observations de M. le général Morin, faites en vue de l’assainissement de lieux clos occupés par des hommes, peuvent guider ceux qui auront à construire des étables, des magnane- ries, etc. Dans ce cas on fera bien d'étudier la note que je ne puis que signaler ici. M. Bruch adresse de Bodenheim, près Francfort-sur-le- Mein, un résumé, écrit en français, de ses recherches sur l'ostéogénie, et plusieurs ouvrages ou opuscules qu'il a pu- bliés en allemand, et dont quelques-uns se rattachent à la même question. Son travail manuscrit, qui se compose en partie d'observations originales, et en partie de discus- sions des opinions soutenues par des devanciers et des faits apportés à l’appui, est beaucoup trop étendu pour pouvoir, même en éliminant la partie critique, trouver place dans le Compte rendu; nous nous bornerons, en con- séquence, à en reproduire le paragraphe suivant, qui en est comme une des principales conclusions. « Je regarde comme incontestable que le tissu osseux, dans toutes les classes de vertébrés, se forme par épigé- nèse, c’est-à-dire par couches successives qui sont osseuses SOCIÉTÉS SAVANTES. 75 dès leur apparition, soit à l’intérieur, soit à l’extérieur des cartilages. La prétendue ossification du cartilage ne produit jamais de los; ce n’est toujours qu'un cartilage imprégné de substances calcaires, dont les cellules ne changent point de forme et ne se transforment ja- mais en corpuscules osseux radiaires anastomotiques. » Ce mémoire, avec les pièces imprimées qui l’accompa- gnent, est renvoyé à l'examen d’une Commission composée de MM. Serres, Flourens et Bernard. M. Bouvier, curé du Thil-Manneville (Seine-Inférieure), fait connaître un nouveau cas de perforation du plomb par des insectes. « Il y a une quinzaine de mois, dit-il, qu’on a placé à l'église du Thil-Manneville une gouttière en plomb de 0®,0035 d'épaisseur. Aujourd’hui cette gouttière est percée, dans la longueur de 1 mètre environ, d’une dou- zaine de trous de forme ovale ayant 5 à 6 millimètres de longueur sur 3 de largeur. Ces trous ont été percés de bas en haut; j'ai cherché à la surface l’insecte perforateur, mais inutilement; il est probable qu’on le trouverait en levant la gouttière. Si l’Académie désire faire quelques recherches à ce sujet, je la prie de m’en avertir, je serai à ses ordres; sinon, on mettra des ouvriers pour réparer la gouttière. » M. Coinde adresse de Bone une note sur les pucerons et gallinsectes de l’Algérie, sur l’analogie de la faune de Bone et celle du Kef (Tunisie), enfin sur des changements instantanés de couleur observés chez certains insectes de ce pays. Séance du 9 février. —J'ai adressé à M. le président les lettres suivantes : « Mes travaux de zoologie appliquée à l’agriculture m'ayant déjà valu l'honneur de figurer, à plusieurs re- prises, sur les listes de candidature dans la section d’éco- nomie rurale, je pense que ceux que j'ai faits depuis ne peuvent qu'avoir augmenté mes titres à cette haute faveur. 76 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1863.) En conséquence, j'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien renvoyer ma demande à la section d'économie ru- rale. « Veuillez agréer, etc. » GuÉRIN-MÉNEVILLE. Monsieur le président, Lorsque, le 15 juillet 1858, j'apportais dans cette en- ceinte deux papillons fécondés et pondant, j'introduisais le Ver à soie de l’ailante en France, pour en propager ensuite l'élevage dans toute l’Europe et à l'étranger ; mais j'étais loin de m’attendre à réussir aussi rapidement dans ma tentative de donner ainsi une nouvelle branche à l’a- griculture et un nouveau produit à l’industrie. Depuis ce moment j'ai poursuivi mon œuvre avec per- sévérance, avec passion même, et chacun connaît les pro- grès rapides qu’elle a faits partout (1). Dans l’origine je n’espérais de cette espèce qu’une bourre de soie susceptible de remplacer avantageusement le coton, m'appuyant sur le travail du père d’Incarville qui avait dit, &« on ne dévide pas les cocons des Vers sau- vages, mais on les file comme nous faisons le fleuret. » Cependant j'avais démontré (Pull. Soc. d'acclim., 28 sep- tembre 1854) que les cocons naturellement ouverts tels que ceux du Ver à soie du ricin, et, par conséquent, de l'ailante, etc., pouvaient être dévidés à la main. Continuant, sans reläche, des études sur cet important sujet, j'ai pu reconnaître que, depuis le père d'Incarville, les Chinois avaient fait faire des progrès à cette industrie, et des échantillons de soieries d’ailante provenant de Chine que j'ai eu l'honneur de présenter à l’Académie le 9 janvier 1860, m'ont permis d'établir que l’on obtient, avec les cocons de ce Ver de l’ailante, de la soie grége ou dévidée. (1) Voir mes rapports à S. M. l'Empereur, à S. Exc. le ministre de l'agriculture, du commerce et des travaux publics, etc., ete, SOCIÉTÉS SAVANTES. 71 L'année dernière, cette grave question du dévidage a fait encore un progrès, grâce aux travaux de M"° de Corneillan et de M. Forgemol ; car ils ont résolu d’une manière encore plus complète le problème du dévidage des cocons naturellement ouverts, et il ne leur a manqué que des usines pour passer de la théorie à la pratique industrielle. Ce grand pas est franchi aujourd’hui par un filateur du Midi, inventeur de machines avec lesquelles on dévide et mouline en même temps la soie du mürier. Cet ingénieux filateur, que je nommerai dès qu’il m'y aura autorisé, ap- pliquant son procédé breveté aux cocons de lailante, dans une usine considérable montée et fonctionnant avec le plus grand succès depuis quelques années, a pu, en moins de huit jours, fabriquer les flottes de soie grége que j'ai l'honneur de présenter à l’Académie. Ce fait capital complète mon œuvre de la manière Ja plus heureuse et n’a pas besoin de commentaires. Je ter- minerai donc cette lettre en reproduisant ce que disait le père d’Incarville, il y a plus de 120 ans: « Tout ce qu’il convient d’ajouter à ce que nous en avons dit, c’est que ces Vers {de l’ailante) sont une source de richesse pour la Chine même, quoiqu’elle recueille, chaque année, une si prodigieuse quantité de soie du mû- rier, qu'au dire d’un écrivain moderne, on pourrait en faire des montagnes. » Séance du 16 février. — M. le docteur Guyon lit un tra- vail ayant pour titre, Sur le parasitisme de la Chique sur l’homme et les animaux. « Le sujet de cette Notice est extrait d’un Mémoire iné- dit sur l'Histoire naturelle et médicale de la Chique (Der- matophilus penetrans, Guérin-Méneville). « La Chique recherche, pour établir sa demeure para- sitaire , les téguments dont l’épiderme joint à une cer- taine épaisseur une certaine mollesse ou laxité. Ces con- ditions sont réunies dans le rebord de l’épiderme qui cir- 78 RFV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1863.) conscrit les ongles chez l'homme, les griffes et autres pro- ductions cornées des pieds chez les animaux, toutes par- ties qui sont en même temps pour l’insecte un moyen de protection contre les agents extérieurs. « La Chique s’introduit sous l’épiderme obliquement, peut-être en suivant le trajet d’un des pores dont ce tissu est perforé. On peut la suivre quelque temps dans sa marche. Elle apparaît alors sous la forme d’un point bru- nâtre et allongé (couleur et forme de l’insecte). Ce point disparaît de plus en plus, au fur et à mesure que l’insecte s'avance vers le derme, où il s’arrète pour y implanter sa trompe. À partir de ce moment, et par suite du dévelop- pement de son abdomen, conséquence de celui de ses œufs, l’épiderme se détache et se soulève d'autant pour en permettre l’interposition entre lui et le derme. Alors la tête et les pattes de l'insecte, en contact immédiat avec le derme, sont entièrement cachées sous son abdomen plus ou moins dilaté, et dont la partie supérieure apparaît seule, à travers l’épiderme, sous la forme d’un point blanc de lait. Ce point s’élargit chaque jour davantage, jusqu’à acquérir le diamètre d’une forte lentille, et en passant in- sensiblement, de sa couleur blanc de lait primitive, à celle d’un gris de perle. Arrivé au terme de sa gestation, l'insecte est devenu à la lettre {out abdomen, et se présente à l’extraction qu’on en peut faire alors sous la forme et avec la couleur d’une forte perle déprimée. Au centre de la première face sont la tête et les pattes de l’insecte, alors comme perdues dans un sillon de l'abdomen; au centre de la deuxième est le cloaque. « La maturité des œufs est indiquée par leur couleur gris de cendre perçue à travers la transparence de leur enveloppe. Parvenus à cet état, ils se font jour à l’exté- rieur l’un après l’autre et avec une plus grande rapidité, en suivant, dans la couche d’épiderme qui les recouvrait, le trajet suivi par l’insecte pour y pénétrer. Plusieurs fois ., j'ai pu voir sortir ainsi les œufs de la Chique sur des indi- SOCIÉTÉS SAVANTES. 79 vidus porteurs de Chiques ou négligées ou méconnues, et dont je faisais alors l'extraction. « Les œufs de la Chique sont de forme allongée, de couleur grisâtre et fortsemblables, par conséquent, à ceux de la Puce. Ils ont été comparés, pour la couleur, à des lentes ou œufs de Pediculus par les savants du Voyage hrs- torique de l’Amérique méridionale. Le nom de cocos, sous lequel ils sont connus des règres de nos colonies, tient à leur ressemblance, bien en petit sans doute, avec la noix de ce même nom, celle du cocos nucifera. Îls éclosent dans la poussière, comme ceux de la Puce; seulement ceux-ci y sont déposés par l’insecte lui-même, tandis que les autres y tombent des parties qui les recélaient. « La sortie des derniers clôt l'existence de l’insecte ; il périt alors en restant accolé tout entier, téle, pattes et ab- domen, à l’'épiderme qui le recouvrait, et avec lequel il se détache à la longue de l'individu où il s'était fixé. « Ce que nous venons de dire de la maturité des œufs et de leur sortie ou expulsion naturelle ne s'observe guère que chez les animaux ; car, chez l'homme, presque tou- jours on en fait l'extraction avec l’insecte à une époque plus ou moins rapprochée de l'introduction de celui-ci dans les parties. Le contraire ne s’observe parfois que chez des étrangers qui, portant des Chiques, ignorent la nature des accidents qu'ils en éprouvent, ou bien chez des lépreux où les insectes ont pour siège des parties privées de sensibilité. Disons à cette occasion qu’en examinant des jambes éléphantiasiques. il nous est plusieurs fois ar- rivé d'y voir des ouvertures qui n'étaient autres que des sorties d'œufs de Chique. Des ouvertures identiques exis- tent sur les pieds des animaux qui ont eu des chiques, et on les retrouve après leur mort dans leurs dépouilles, ainsi que l’observation en a déjà été faite par le savant du Voyage précité. « Ouire la sortie naturelle des œufs lorsqu'ils sont par- venus à leur maturité, il arrive assez souvent qu'ils sor- 80 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Janvier 1863.) tent accidentellement. Comme nous l’avons déjà dit, c’est alors un avortement que diverses causes peuvent provo- quer, mais qui toutes agissent en déterminant la rupture ou de l’épaisseur entière de la poche (abdomen) renfer- mant les œufs, ou seulement de la membrane qui la ta- pisse, et avec laquelle les œufs sont immédiatement en contact. Du reste, une simple piqüre de cette dernière membrane, sans aucune violence extérieure, suffit pour amener le même résultat. C’est ce que nous avons maintes et maintes fois expérimenté avec une aiguille introduite dans le trajet, toujours béant, du passage de la Chique sous l’épiderme, et en pénétrant ainsi jusqu’à la mem- brane à travers le cloaque.… » M. Valenciennes lit un Rapport sur un reptile dinosau- rien découvert à Poligny (Jura), par MM. Pidancet et Choppard. Le travail de MM. Pidancet et Choppard a été motivé par la découverte du pied gauche d'un reptile gigantes- que dans les marnes irisées ou le keuper de la formation du trias, par conséquent au-dessous de la formation ju- rassique. Comme on ne connaissait pas encore de restes de ces grands reptiles dans la formation indiquée, les auteurs ont pensé qu'ils avaient trouvé là un genre nouveau, qu'ils ont désigné sous le nom de Dimodosaurus. Cependant les rapporteurs ayant comparé le dessin envoyé de Poligny au grand fémur de Mégalosaure envoyé à Cuvier par le professeur Buckland, la ressemblance et la concordance leur ont paru si complètes, qu'ils en sont allés jusqu’à se demander siM. Pidancet avait sous les yeuxl’os découvert dans la grande oolithe de Stonesfield, car on retrouve dans cet os les mêmes proportions et les mêmes dimensions jusqu’à 1 centimètre près. Il résulte de ces comparaisons que le gigantesque Sau- rien de Poligny appartient au genre Megalosaurus; mais le rapporteur incline à croire qu'il appartient à une es- SOCIÉTÉS SAVANTES. 81 pèce différente de celle de Stonesfield. Il termine en pro- posant de remercier les auteurs de leur très-intéressante communication et de les engager à continuer leurs re- cherches. M. Zenker, qui avait précédemment soumis au juge- ment de l’Académie une note « sur les altérations du sys- tème musculaire, » lui adresse aujourd’hui un mémoire très-étendu « sur l'affection trichinaire chez l'homme. » L'auteur y donne un historique très-complet des recher- ches relatives à cet entozoaire, tant des découvertes qui lui sont propres que de celles qu’on doit aux autres natu- ralistes. La plus récente, et qui offrira certainement un grand intérêt si elle est confirmée par des observations ultérieures, est celle qui a rapport au passage de l’Hel- minthe, du canal intestinal où il a pénétré avec des ali- ments fournis par un animal infecté, jusque dans les mus- cles du mouvement volontaire, où il se montre sous une forme qui avait d’abord empêché de le reconnaître. Quand Ja transformation a été démontrée et l'identité établie, il restait à savoir si l’animal allait chercher lui-même sa nou- velle demeure, ou s’il y était transporté à l’état de germe par le torrent circulatoire. On en était réduit sur ce point aux conjectures, et M. Zenker s'était prononcé pour la dernière; aujourd'hui il annonce en avoir obtenu la preuve « en trouvant les embryons dans le sang d’un La- pin infecté avec des trichines, » et 1l ajoute que le fait a été également observé par le docteur Ficdler, de Dresde, qui, à sa prière, a poursuivi les expériences. Ce mémoire, qui est transmis par M. Duchenne {de Boulogne), a été renvoyé à l’examen d’une commission composée de MM. Rayer, Bernard, Fremy et Cloquei, déjà désignés pour la première communication de M. Zen- ker. Un même rapport pourrait embrasser les deux com- munications, dont les sujets ne laissent pas que d’avoir quelque liaison, puisque la malade chez laquelle le tri- chine a d’abord été étudié par M. Zenker avait été 2° série, t. xv. Année 1863. 6 82 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1863.) d’abord supposée atteinte d’une fièvre typhoïde, à rai- son des douleurs musculaires constantes dont elle se plai- gnait. M. Martin adresse de Tonneins la figure accompa- gnée d'une courte explication d’un cas rare d’hermaphro- disme. Le sujet qui présente cette monstruosité est un enfant né à terme et qui, jusqu'au moment où la note a été écrite, sept semaines après sa naissance, a été parfaite- ment bien portant. Madame de Corneillan, qui avait, dans les séances des 13 janvier et 17 février 1862, fait deux communications sur les résultats qu’elle avait obtenus pour le dévidage en soie grége du cocon du Ver à soie de l’ailante, adresse un écheveau à plusieurs brins de cette soie obtenu par le dé- vidage simultané de huit cocons. Cette nouvelle communication a été faite à l’occasion d'une note récente de M. Guérin-Méneville, note dans la- quelle l’auteur avait rappelé, quoique madame de Cor- neillan semble supposer le contraire, les résultats obtenus par cette dame, comme ceux obtenus par M. Forgemol. Il est heureux que M. le secrétaire ait bien voulu faire remarquer que je n'ai pas manqué de citer madame de Corneillan dans cette circonstance, et dans toutes celles où il s’agit de rendre justice aux travaux des autres. Cette dame devrait bien se rappeler que je n'ai jamais manqué à ce devoir. Lorsque les journaux ne reproduisent pas complétement mes communications, elle devrait recourir aux sources avant de se plaindre et d’accuser, Séance du 23 février. M. Valenciennes lit un mémore intitulé, D'une espèce nouvelle de Chélonien fossile d'un genre nouveau, trouvé dans la craie du cap la Hève, par M. Lennier. « Les grandes marées de la Manche laissent à décou- vert le pied du cap la Hève. On peut alors marcher sur les assises de la grande formation du Havre. Le géologue SOCIÉTÉS SAVANTES. 83 actif et chercheur voit paraître sur les blocs, mis à nu pen- dant de courts instants, les débris de squelettes de grands Reptiles, de Poissons, confondus avec d’autres corps organisés, et ordinairement d’espèce et de genre incon- nus. Quand l'habitude de ces explorations fait naître l’es- poir de trouver quelques portions importantes de sque- lette, il faut s'occuper de tirer les os de la gangue durcie qui les retient et qui les cache. Ce n’est pas tout de les dégager, il faut les déterminer. C’est alors quecommencent le devoir et le travail de la zoologie. Jai déjà nommé à l'Académie M. Lennier, conservateur du musée du Havre, pour sa découverte d’un Ichthyosaure, que j'ai pu déter- miner comme d’une espèce nouvelle : je l’ai dédié à notre orand et illustre zoologiste, en appelant ce Saurien Ichthyosaurus Cuvieri. « En explorant de nouveau les falaises qui conduisent vers ces côtes que les marins nomment la Côte blanche, M. Lennier a trouvé un bloc sur lequel il a vu saillir l’ex- trémité d’os semblables à des côtes de tortue. «Il m'a adressé ces fragments, que j'ai fini par recon- naître appartenir au squelette d’une Tortue d’un genre nouveau, facile à déterminer par un caractère très-sail- lant, celui d’avoir neuf côtes. Toutes celles que nous con- naissons aujourd'hui n’en ont que huit. Plusieurs autres particularités de l’organisation de ce nouveau Chélonien montrent qu'il tient des Tortues molles, ou des Trionyx fluviatiles de Geoffroy et des Chélonées ou Tortues ma- rines d'Alexandre Brongniart. Je l’appellerai Palæoche- lys novemcostatus. « Je vais commencer par appeler l'attention sur la po- sition occupée par la bête dans la vase durcie comme le marbre le plus dur, lorsque la vague qui l’a jetée à la côte l'a fait périr. « L'animal, couché sur la berge par le côté gauche, s’est brisé par le milieu de la carapace, le long de la co- lonne vertébrale. La portion gauche a été empâtée dans 8% REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1863.) le sol, et l’autre portion a glissé sur la carapace gauche. Le sternum a suivi le même mouvement, de façon que la large portion de ce plastron, formée par l’hyposter- num droit, s’est collée sur celui du côté gauche. Les quatre membres ont été emportés par ces efforts violents et convulsifs; il n’est resté que l'omoplate droite de la Tortue. « La tête a été en grande partie brisée; cependant quelques fragments d’os du crâne ou de ja face ont pu être retrouvés entre les carapaces et le reste du sternum. Quelques-unes des plaques marginales qui cernent la ca- vité viscérale ont été retirées dans la gangue qui a tout enveloppé. « Tout ceci formait une grosse masse qui avait un volume supérieur à { mètre cube. On voyait saillir quelques bouts de côtes, la plus grande partie de l’omoplate; mais il a fallu l'adresse .et la persévérance de M. Merlieux, qui a bien voulu suivre avec moi la recherche de ces os, pour découvrir l’ensemble que je mets sous les yeux de l’Aca- démie. Que l’on me permette d’insister sur la persévé- rance que nous avons mise à cette recherche : plus d’une fois nous avons été sur le point de tout abandonner: mais bientôt une crête osseuse s'offrait à nous et nous faisait espérer de trouver le résultat que nous avons obtenu. « Je vais décrire maintenant ces os; puis je reviendrai sur les considérations d'ensemble à mesure que la des- cription des dix-neuf os, dégagés de la gangue qui les enveloppait, nous les aura mieux fait apprécier. « La portion inférieure de la carapace a été emportée. Ce qui reste de cette région dorsale est haut de 0,55; la larseur du disque plein peut être évaluée à 0,45 ; mais il faut y ajouter la saillie des côtes, qui, en les comptant des deux côtés, donnerait une largeur de 0”,14; puis l'épaisseur des plaques du disque, qui augmente encore le diamètre total du corps de 0",04 à 0,05. La portion qui SOCIÉTÉS SAVANTES. 85 nous reste porte 0,52. Par conséquent, nous devons croire que cet animal avait une carapace à peu près ronde, de 0",70 au moins de largeur totale osseuse. La face extérieure de cette carapace est lisse, sans aucune rugosité. Elle ne porte aucune trace des treize plaques cornées qui donnent à l’industrie les écailles si recher- chées dans les Chélonées. Il faut bien insister sur ce fait, que ce que nous avons des plaques dorsales ou sternales est une ossature lisse et fibreuse. On ne voit aucune trace des écailles des Chélonées ordinaires. L'animal était donc couvert d’une peau qui débordait le disque osseux, comme cela existe dans les Trionyx vivants et fossiles que nous connaissons déjà. Mais ces Chéloniens ont les os de la carapace et lesternum relevés par de nombreuses rugosités. « Un autre Chélonien a la carapace couverte d’une peau molle et épaisse; mais il ne porte que huit côtes. C’est le genre Sphargis (Testudo coriacea, Lin.) qui vit encore dans l'Atlantique, et entre quelquefois dans le grand golfe de Gascogne. « Nous observons sur notre Tortue deux autres carac- tères que portent quelques espèces de Trionyx. Le pre- mier, qui appartient à la carapace, est une forte carène dorsale aiguë, haute de 0,63, et élevée tout le long de la colonne vertébrale. A la base du cou, était la petite nuchale, qui existe dans les gymnopodes et les centro- podes de Duméril. Ainsi la Tortue avait des affinités avec les Trionyx : {° par la peau molle ; 2° par l'absence de plaques d'écailles ; 3° par la plaque nuchale. Cette plaque nuchale est large de 0*,09 et haute de 0",04. Sa face ex- terne est plus lisse que la face interne, qui était adhérente à la peau de l’animal. « Si notre Tortue se rapproche des Trionyx par la ca- rène dorsale et par la plaque accessoire, elle s’en éloigne par l’absence de rugosités sur ces os; elle en diffère en- core plus par le nombre des pièces marginales qui reçoi- 86 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1863.) vent l’extrémité des côtes. Il reste une suite de ces pièces réunies en un seul morceau long de 0,36, plat en dessus et arrondi sur le côté inférieur et externe; il est plié en goultière dans toute sa longueur, et un enfoncement très- prononcé marque la place où se rend chaque côté. Ajoutons deux morceaux pleins, longs l’un de 0”,07, l’autre de 0",09, qui se réunissaient au côté gauche et devaient continuer et fermer le cercle marginal qui en- toure la cavité viscérale des Chélonées. Ces plaques étaient encore presque en leur place normale sur le côté de la carapace. « Ce bord osseux et la forme du pariétal me font croire que notre Tortue fossile doit être considérée comme étant plus voisine des Chélonées et plus particulièrement des Sphargis que de tout autre genre. Elle devait être un de ces grands Reptiles de haute mer. « Ayant ainsi retrouvé cette affinité de notre Tortue, j'ai été conduit à déterminer plus aisément les quel- ques fragments de la tête qui ont été conservés dans l'intervalle resté vide entre les deux portions de la ca- rapace . « Le premier os de la tête, de forme singulière, est le pariétal droit. C’est l’os que l’on voit sur le haut de la têle restaurée. Il est convexe en dessus et donne en ar- rière une longue apophyse qui allait s’articuler avec l’oc- cipital, et descendait en s'arrondissant vers les côtés. En dedans j'ai fini par reconnaître l’apophyse lamellaire qui descend verticalement dans le crâne, et s'applique sur celle portée par le pariétal gauche. Ce pariétal étant mis en place, et appelant mon attention vers le crâne et sur les os qui avoisinent cette région, j'ai pu déterminer le maxillaire. Le bord supérieur orbitaire est intact. Il m'a donné la forme et une première idée de la grandeur de l'orbite. Le bord inférieur du maxillaire, qui aurait des- siné le profil du bec de la Tortue, a été mutilé. Il a servi cependant, à cause de l'intégrité du bord orbitaire, à SOCIÉTÉS SAVANTES. 87 mettre en sa place naturelle le fragment de jugal, et la plaque plus mince du frontal postérieur, mais dont Îles bords ne sont pas bien conservés; et enfin le fragment du frontal antérieur est venu se placer naturellement sur le haut de l'orbite. Nous avons encore trouvé un cin- quième os cassé que nous avons reconnu pour une petite portion de palatin. Il est trop mutilé pour qu'il soit né- cessaire d'en dire davantage. Ces os nous donnent de bonnes indications pour déterminer la grandeur pro- bable de la tête de cet animal. Si l'on compare ce qui reste du maxillaire de notre fossile à celui d’une Tortue franche dont la tête a 0,22 de long, on pourra estimer la tête fossile d’un tiers plus grande, du moins quant à la face; et, si l’on prend le pariétal pour établir la com- paraison, on arrivera à ajouter seulement un quart, d’où l’on corclura que le museau du fossile était beaucoup plus allongé proportionnellement que le crâne, et que la tête entière était plus grande au moins d’un tiers que la tête des Tortues aujourd’hui vivantes dans le sein des océans de notre terre. Toutefois ces grandeurs présumées ne peu- vent nous éclairer suffisamment sur la taille entière de notre fossile, attendu que 1° nous ne connaissons pas bien le rapport de la tête des Tortues à celui du corps, et 2° que nous n'avons aucune donnée pour juger de l'étendue de la peau qui bordait le corps de notre fossile. « Nous avons retiré du fond médian de la carapace la vertèbre transverse sur laquelle le cou se meut sur les vertèbres dorsales. Nous croyons que cette vertèbre peut être considérée comme la dernière cervicale. Elle porte une côte grêle, arquée, comprimée, s'appuyant de la vertèbre à la carapace. On retrouve cette petite côte que j'appelle cervicale dans toutes nos Tortues vivantes, terrestres, flu- viatiles ou marines. « La saillie des têtes des côtes donne la place des ver- tèbres dorsales. Nous avons trouvé la moitié du corps 88 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Fevrier 1863.) d’une vertèbre, que nous regardons comme la seconde. Son épiphyse est perdue. Nous n'avons plus rien à dire de cet os dont nous nous bornons à signaler la pré sence, mais il nous a permis de décrire los que lon a tout à fait intact. C'est l'os le plus entier de tout ce sque- lette fossile; c'est l’omoplate. Elle est replacée dans la position normale et régulière qu'elle tenait dans l’a- nima} pendant sa vie; elle a 0",29 de longueur. Amincie vers le bas elle s’élargit un peu, et a près de 0,04 de large. Sa tête est triangulaire; un léger méplat donne l’ar- ticulation de la clavicule, et au-dessus une autre recevait le caracoïdien. Ces deux pièces ont été enlevées par les vagues. Sous cette tête, qui n'a pas cette cavité glénoïde, commence un rétrécissement cylindrique allongé, sorte de col qui devient bientôt trièdre, parce qu’il s'élève sur cet os une carène qui s’efface lorsqu'elle atteint le troi- sième quart de l’omoplate. « Cet ensemble montre des caractères nouveaux qui m'ont paru devoir faire établir le nouveau genre de Tor- tue fossile que je présente ici. « J’établisces premières caractéristiques de cette Palæo- chelys dans cet extrait qui précédera de peu de temps le mémoire accompagné de planches, dans lequel je don- nerai une description des espèces vivantes, puis des fos- siles qui conduiront à fixer les rapports de cette forme nouvelle de Chélonien dans la série zoologique. « Nota. Je corrigeais à peine les première épreuves de ce mémoire, qu'il vient de m'être présenté par un jeune élève de l’École des mines, M. Gollfuss, du Havre, une dent fossile de Mégalosaure, trouvée dans les formations de la Hève par l'infatigable explorateur de la falaise, M. Lennier. « Cette découverte est un fait très-important, si l’on se rappelle ce que j'ai dità l’Académie dans la séance pré- cédente. « Les Mégalosaures ont été découverts en 1822 par SOCIÉTÉS SAVANTES. 89 M. Buckland dans la grande oolithe de Stonesfield. M. Pi- dancet nous les montre dans le keuper, ou les marnes irisées de la formation jurassique. La grande dent fos- sile que l’on vient de trouver dans les couches du cap la Hève nous montre la longue existence de ce monstrueux Reptile sur notre planète. » M. Eiie de Beaumont exprime le vœu que le mémoire dont M. Valenciennes vient de lire l'extrait soit imprimé dans les Mémoires de l’Académie, accompagné des belles figures qu’il a présentées et qui ne pourront trouver place dans le Compte rendu de la présente séance. «M. Milne-Edwards entretient l’Académie des résultats obtenus pendant un voyage à Bangkok, par M. Bocourt, zoologiste attaché au muséum d'histoire naturelle, et chargé d’une mission scientifique dans le royaume de Siam. Les collections formées par ce voyageur sont expo- sées dans une des salles du muséum et présentent beau- coup d'intérêt. Les nombreux dessins faits par M. Bocourt et les photographies qu’il a rapportées sont placés sous les yeux de l’Académie. » M. Boudin adresse une note ayant pour titre : « De l'influence de l’âge relatif des parents sur le sexe des en- fants. » « Il résulte de cette étude, dit l’auteur dans la lettre d'envoi : {° que le sexe masculin prédomine quand le père est plus âgé que la mère; 2° que le sexe féminin prédo- mine quand la mère est plus âgée que le père; 3 que les deux sexes tendent à s’équilibrer, cependant encore avec une légère prédominance du sexe féminin, quand ie père et la mère sont du même âge. D’autres observateurs sont arrivés aux mêmes résultats que moi, en faisant des re- cherches sur d’autres points du globe. Parmi ces obser- vateurs, je me bornerai à citer M. Hafacker à Tubingue, M. Sadler en Angleterre, M. Goehlert à Vienne, M. Bou- langer à Calais. » M. Elie de Beaumont a donné lecture de la lettre sui- vante : 90 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1863.) « M. le président, « Dans la lettre que j'ai eu l'honneur de vous adresser le 9 courant, en présentant à l’Académie des flottes de soie grége obtenues industriellement de cocons du Ver à soie de l’ailante, je vous ai dit que je ferais connaître l’inventeur des machines avec lesquelles cet important ré- sultat à été obtenu, dès qu’il m’en aurait donné lautori- sation. Aujourd'hui j'ai reçu cette autorisation, et j'ai l'honneur de vous annoncer que cet inventeur est M. Au- benas fils, de Loriol (Drôme). « M. Aubenas a mis en pratique, dans une usine con- sidérable, un appareil de torsion à dévidage régulier et simultané pour la filature de la soie, au moyen duquel il obtient, entre autres, des cocons doubles, une soie de première qualité (1). « Ces cocons doubles, qui entrent dans la production indigène et étrangère pour une moyenne de 5 à 10 p. 100, n'avaient produit jusqu'ici que de la soie dont le prix varie de 20 à 25 fr. le kilogramme. Au moyen de son ap- pareil, M. Aubenas en tire un fil de la valeur de 45 à 55 fr. le kilogramme. « C'est au moyen de ces ingénieuses mécaniques que M. Aubenas est parvenu à dévider industriellement les (1) Les gréges d’ailante obtenues ainsi par M. Aubenas fils sont d’une régularité remarquable, et elles ont été vues avec un vif intérêt par MM. les membres de l’Académie des sciences, de la Société d'encouragement, de la Société impériale d’acclimatation, de l’Aca- démie nationale agricole et manufacturière, etc., etc. Comparées à des gréges d’ailante achetées à Pékin et envoyées au ministère du domaine de Saint-Pétersbourg, qui m'en a adressé un échantillon, ces soies françaises sont infiniment supérieures. Ce qu’il y a de très-intéressant dans l'échantillon que je dois au ministère du domaine de Russie, c’est qu'il constate, une fois de plus, ainsi que l'avaient déjà dit le missionnaire d’Incarville en 1740, ct le missionnaire Fantoni en 1857, en envoyant les premiers cocous vivants du Bombyx cynthia, que cette espèce est bien réel- lement, en Chine, l'objet d’une grande culture et d'une sérieuse in- d% strie. Espérons qu'il en sera de même chez nous. (G. M.) SOCIÉTÉS SAVANTES. 91 cocons de l’ailante, ce qui va tripler au moins leur va- leur. « Agréez, etc. « GUÉRIN-MÉNEVILLE. » SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ZOOLOGIQUE D'ACCLIMATATION. Dans la séance du 20 février 1863, j'ai lu le travail sui- vant : NoTE sur une nouvelle tentative d'introduction du Ver à soie du chêne que l’on élève en plein air dans le nord de la Chine, et qui a été nommé Bombyx Pernyi. J'ai déjà entretenu souvent mes honorables confrères des trois espèces de Vers à soie du chêne que l’on élève en plein air dans le nord de la Chine, au Bengale et au Japon, et j'ai fait connaître les difficultés de leur intro- duction et de leur acclimatation, difficultés immensément plus grandes que celles que l’on surmonte en introdui- sant des animaux de la plus grande taille. Dans plusieurs mémoires, dont le premier date de l’an- née de la fondation de notre Sociêté, j'ai fait connaître le Ver de chène du nord de la Chine, dont les premiers co- cons vivants ont été envoyés en France, dès 1850, par nos illustres confrères MM. de Montigny et l'évêque Perny, et l’on trouve dans nos Bulletins, dans ma Revue de zoologie et dans beaucoup d’autres recueils, des docu- ments complets sur cet important sujet. La nouvelle tentative dont je viens entretenir la So- ciété est faite sur une beaucoup plus grande échelle. Je viens de recevoir de 20 à 25 kilogrammes de cocons pleins de leurs chrysalides. Aura-t-elle plus de succès”? le temps seul peut nous le faire savoir. Hier, 19, j'ai retiré du ministère de l’agriculture, du commerce et des travaux publics une caisse longue de 90, large de 43 et profonde de 32 centimètres, contenant un grand nombre de cocons de Vers à soie de chène (2. Per- 92 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Fevrier 1863.) nyi), de l’ailante {B. cynthia) et des œufs de l'espèce du mürier. Cet envoi m'avait été annoncé par une lettre deS. Exc. le ministre de l’agriculture, du commerce et des travaux publics, en date du 18 courant et ainsi concue : « Monsieur, notre envoyé en Chine, M. Eugène Si- mon, vient de m'adresser 15 à 20 kilogrammes de cocons de Vers à soie du chêne de Chine, 4 ou 5 kilogrammes de l’ailante et quelques feuilles de graines de Vers à soie du mürier, race jaune de la province de Chan-Tong. « Afin de vous permettre de tenter l'éducation de ces Vers à soie, je mets la caisse qui les renferme à votre dis- position, et je vous prie de la faire prendre à la direction de l’agriculture, rue de Varenne, n° 78 bis (bureau des encouragements à l’agriculture et des secours). « Agréez, etc. « ROUHER. » « À M. Guérin-Méneville, à Paris. » La confiance dont Son Excellence vientencore de m'ho- norer, en me chargeant de la délicate mission de tenter l'éducation de ces Vers à soie, comme elle m'a donné celle de propager la culture de l’Ailante et l'élevage du Bombyx cynthia, me fait un devoir de ne rien négliger pour essayer de faire réussir cette nouvelle tentative. En conséquence, j'ai l'honneur de mettre d’abord à la disposition de notre Société, avant toute autre distribution, ainsi que je l'ai fait quand j'ai introduit le Ver à soie de l’ailante, des reproducteurs de ce précieux Ver à soie du chêne, soit en lui donnant des cocons pleins, soit en lui remettant des œufs, si ces cocons donnent des papillons et ceux-ci de la graine fécondée. J'espère que la Société voudra bien, comme elle l’a fait si généreusement pour le Ver à soie de l’ailante, me se- conder encore dans ma mission d'introduire et d’accli- mater cette espèce; car elle sait, par tout ce qui a été dit et écrit sur ce Ver du chêne, que l'acquisition de ce petit SOCIÉTÉS SAVANTES. 93 animal, qui vit et prospère en Chine dans des climats analogues au nôtre, aurait les conséquences les plus avantageuses pour l’agriculture et l’industrie de la France et de presque toute l'Europe tempérée. Quant aux 4 à 5 kilogrammes de cocons pleins du Ver à soie de l’ailante, ils sont aussi une acquisition précieuse pour renouveler le sang de la race. Je crois donc devoir en offrir une partie à la Société. Ces cocons ont encore un autre prix à mes yeux, c’est qu'ils montrent que la race n’a pas dégénéré en Europe, qu’elle a même plu- tôt gagné, car ils sont, en général, de la même taille ou mème plus petits que ceux qui ont été récoltés par nos zélés confrères, MM. le maréchal Vaillant, de Lamote- Baracé, de Milly, Blain, Roy, etc., et par mesdames de Castillon, de Barbotan, Donzel-Lecointe, etc. Quant aux graines de Ver à soie ordinaire provenant de la province de Chan-Tong, elles ont été gâtées par l’hu- midité développée dans la caisse par la trop grande accu- mulation des nombreux cocons qu’elle contenait. Cetie fâcheuse circonstance me donne même des craintes très- sérieuses pour la santé et peut-être la vie des chysalides, car il est évident que le tout a fermenté en route, puisque j'ai trouvé les cocons dans un état d'humidité très-grande. De plus, il y a eu beaucoup d’éclosions de papillons qui ont péri étouffés, et j'ai trouvé un de ces papillons de Bombyx Pernyi encore vivant. Quelques cocons que je viens d'ouvrir renferment des chrysalides mortes ; mais la présence du papillon vivant, que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de mes honorables confrères, me fait espérer que d’autres auront pu échapper, comme celui-ci, à l'influence de la fermentation qui s’est déve- loppée dans la caisse. J'aurai l'honneur de tenir la Société au courant des observations que je vais continuer de faire sur ces co- cons; mais je ne puis dissimuler mes craintes sur l’avenir de ce riche et précieux envoi, qui aurait dû être fait dans 9% REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Fevrier 1863.) plusieurs caisses, en laissant beaucoup plus d'espace entre les cocons, pour éviter leur échauffement, l'humidité pro- duite par leur transpiration et, par suite, leur fermen- tation. III. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. LES PÉTRIFICATIONS D'ÉsiNo ou description des fossiles appartenant au dépôt triasique supérieur des environs d'Ésino, en Lombardie, divisés en quatre monographies comprenant les Gastéropodes, les Acéphales, les Bra- chiopodes, les Crinoïdes et les Amorphozoaires; avec les figures des espèces lithographiées d’après nature ; par l'abbé Antoine Stoppant. Un volume grand in-4° de 156 pages, avec une carte gé0- logique et 31 planches (même format) lithographiées, élégamment relié en toile anglaise. — Prix, 45 fr. La faune du trias supérieur est certainement on ne peut plus intéressante. Elle est chargée de combler bien des vides, de résoudre bien des questions relativement à la succession des faunes, au développement de la vie sur la surface du globe, à l'exclusivité ou à la promiscuité des espèces, soit dans les étages, soit dans les terrains, elc. Il y a bien peu d'années que la faune du trias supérieur était représentée presque exclusivement par les fossiles d’une seule localité. Les couches de S. Cassian se trou- vaient seules obligées de répondre sur-le-champ à toutes les questions géologiques et paléontologiques que l’on soulevait à propos de ces masses énormes qui passaient sous les noms presque sans démarcation de saliférien, keuper, etc. Le trias supérieur vis-à-vis des terrains pa- léozoïques, jurassiques, etc., figurait comme une lacune : le S. Cassian, loin de la combler, paraissait comme une oasis, faisant ressortir davantage la sombre nudité du désert. Les faunes de Raib]l, d'Hallstatt, d'Aussée, etc., se faisant MÉLANGES ET NOUVELLES. 95 our, viennent d’éloigner peu à peu les bornes de la faune supérieure au calcaire coquillier ; mais je crois que ce rôle doit être joué singulièrement par la Lombardie, par un pays jadis inconnu : les fossiles d’Ésino en donnent un gage. Dans cette petite localité, pendant que quarante-six espèces déjà connues plaçaient le dépôt à côté de ceux de S. Cas- sian, d'Hallstatt, etc., cent soixante-dix-neuf espèces nouvelles viennent, par leur nombre, par leurs dimensions, par l'élégance des traits, par la conservation des couleurs, porter à la faune du trias supérieur un accroissement et un éclat extraordinaires. Les fossiles d'Ésino ne sont plus une simple curiosité locale ; ils touchent à l'intérêt général de la science. Écrire (franco) à M. l'abbé de Stoppani, custode à la bibliothèque ambroisienne, à Milan. IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. ÉPIZOOTIE DES ÉCREVISSES EN LOMBARDIE. M. le docteur Tubi, qui est un savant mécanicien et un sériciculteur distingué à Milan, m'a appris qu'en 1861 et en moins de huit jours de temps, toutes les Écrevisses des lacs et rivières de la Lombardie sont mortes presque en même temps. Aujourd'hui il ne reste plus que quelques gorges des montagnes dans lesquelles on en trouve encore, et notam- ment dans un petit lac près du lac Majeur à côté du vil- lage de Villagana, et à Colico, sur le lac de Come. Depuis 1861, on a fait un grand nombre d'essais pour repeupler les cours d'eaux et lacs dans lesquels les Écre- visses ont disparu, mais l’on n’a pas réussi. M. Tubi a fait mettre, dans diverses rivières ainsi dépeu- plées, 15 kilogrammes d'Écrevisses pleines, venant de Colico, et il attend les résultats de cette nouvelle tentative, 96 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Février 1863.) Malgré l'isolement de cours d’eau descendant des Alpes pour se réunir au Pô, la maladie a sévi dans ces petites rivières. Chez M. Tubi, à Agnadello, près de Lodi, les Écre- visses étaient si communes, qu’on ne les payait plus tant il y en avait, aujourd’hui il n’y en a plus une seule. La récolte et la vente de ces crustacés étaient un objet important dans beaucoup de localités de la Lombardie; aujourd'hui ce commerce n'existe plus. M. Tubi m’a pro- mis des renseignements précis sur la quantité d'Écrevisses qui se vendaient avant l’Épizootie. Dans une lettre du 5 mars, M. Tubi m’annonce que « toutes les écrevisses transportées de la montagne à la plaine sont mortes. La maladie y est toujours. » G. M. Oiseaux qui manquent au muséum de l’Institution Smithsonienne de Washington. La direction de cette célèbre et utile institution vient de nous adresser la liste imprimée des oiseaux du Mexique. de l'Amérique centrale et des îles américaines qui man- quent à son musée. Comme cette liste est trop longue pour trouver place ici, nous nous bornons à l’annoncer, et nous la commu- niquerons à ceux de nos abonnés qui voudraient la con- sulter pour faire des échanges avec l’Institution Smithso- nienne. VABLE DES MATIÈRES. Pages. BourGUIGNAT. Mollusques de la république d’Andorre. 49 CAsTELNAu (comte pe), Noie sur le genre Manticora. 64 SOCIETES SAVANTES. 73 Analyses. 94 Mélanges et nouvelles. 95 IMP. DE MT V® BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'EPERON, ©. — 1863, VINGT-SIXIÈME ANNÉE. — MARS 1863. I. TRAVAUX INÉDITS,. POUSSINS DES OISEAUX D'EuRoPE couverts de duvet à la sortie de l'œuf, par M. Marcnanp. AVANT-PROPOS. Nulle branche d'histoire naturelle n’a peut-être été plus aimée ni plus approfondie que l’ornithologie européenne. Le nombre des questions douteuses et des observations nouvelles devenant chaque jour plus restreint, les collec- tionneurs étaient, en quelque sorte, réduits à exploiter les limites de la Russie méridionale et à puiser leurs plus vives jouissances dans l'apparition de ces espèces des monts Ourals ou dé la mer Caspienne, dont les voyageurs de nos jours ont fort enrichi, si ce n’est surchargé, le ca- talogue des Oiseaux d'Europe. L'étude de la nature est heureusement sans limites, et l'observateur a toujours devant lui quelque mondeinconnu à pénétrer, plus il sait, plus il voit qu'il reste à découvrir, et mieux il comprend l’immensité de l’œuvre. Ce besoin d’étude conduisit à s’occuper des œufs des Oiseaux. L'oo- logie vint en honneur il y a peu d'années; négligée jus- qu'alors elle était dédaignée comme n’offrant pas de carac- tères assez constants pour servir de bases aux observations, et cependant elle a, dès aujourd’hui, pris rang dans les sciences. Les travaux de M. des Murs ont consacré son ® sénie. T. xv. Année 1863. 7 98 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1863.) importance et ont démontré comment on peut trouver en elle un puissant auxiliaire de toute classification sé- rieuse. Des œufs on a été tout naturellement conduit à s’occu- per des Poussins, et il y a de précieux enseignements à faire découler de leur étude. Ce terrain est encore trop neuf pour qu’il soit temps d’en tirer les conséquences qui viendront, sans aucun doute, éclaircir plus d’une erreur et soulever quelque pli du grand voile qui obscurcit en- core en tant de points l’œuvre du Créateur. Nous nous réservons d'aborder ces questions au jour où les Poussins seront plus complétement connus, et c’est pour arriver à ce but que nous entreprenons la publication de ces plan- ches ; heureux si nous pouvons concourir à la connaissance de ces intéressants, bizarres et parfois charmants états de l'oiseau à son début dans la vie. Au moins l’entreprise est-eile neuve, et, en facilitant l’étude des Poussins, nous désirons en répandre le goût parmi les ornithologistes. Grâce aux richesses de notre propre collection, les ma- tériaux ne nous feront pas défaut d'ici longtemps, et nous sommes, dès aujourd’hui, en mesure de fournir une lon- gue carrière. Nous n’en faisons pas moins appel à l’obli- geance de tous les naturalistes dont les communications nous permettront de conduire notre œuvre à bonne fin, ou d’en rectifier les erreurs s’il s'en glissait malgré tous nos soins. Nous indiquerons fidèlement les collections qui, en s'ouvrant généreusement à nous, nous auront permis de décrire et de figurer les espèces absentes de nos rayons. Notre tâche sera nécessairement limitée aux Poussins se présentant couverts de duvet à la sortie de l'œuf, car il serait sans grand intérêt de figurer ces pauvres petits êtres qui, chez les Sylvains, par exemple, naissent nus, se couvrent, dans le nid, de plumes en tuyaux, et prennent, sans transition, la livrée qu'ils porteront toute la première année. Ces plumages trouveront ailleurs Icur véritable place. TRAVAUX INÉDITS. 99 Nous devons observer que, dans les premiers jours après l’éclosion, les jeunes Poussins grossissent avec une rapidité prodigieuse, et qu'il ne nous a pas toujours été donné de savoir l’âge précis du sujet de notre collection. Nous choisirons toujours le plus jeune des exemplaires à notre disposition, et, autant que possible, nous donne- rons aux planches les dimensions de la nature. Un scrupule plus grave est celui provenant de la pose propre à chacun de ces animaux à démarches déjà très- personnelles; pour en garantir la vérité, il faudrait les avoir vus vivants, ce qui est malheureusement fort rare pour beaucoup d'espèces, et même pour des genres entiers. Il faut aussi tenir compte des difficultés de la prépara- tion, du rétrécissement des pattes dont le développement est relativement énorme, et de la décoloration du bec ou des parties dénudées souvent ornées de couleurs vives qui se dissipent très-promptement. Nous ne nous faisons point non plus d'illusions sur les écueils attachés à une semblable publication, en songeant au petit nombre de personnes auxquelles nous nous adressons; mais la persévérance ne nous fera pas défaut, et elle saura, nous l’espérons, vaincre tous les ob- stacles. Aujourd’hui nous nous occupons exclusivement des Poussins; plus tard il nous sera donné, s’il plaît à Dieu, de publier également une série d'œufs inédits ou du moins dont les figures sont peu répandues en France; puis une série de plumages modifiés par l’âge, le sexe ou des va- riétés accidentelles dignes d'intéresser le petit nombre d'amateurs, savants ou professeurs, auxquels nous nous adressons. Notre désir et notre but sont, en un mot, de combler les lacunes existant encore dans l’étude de l’or- nithologie européenne. 100 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1863.) MOcLUSQUES NOUVEAUX, litigieux ou peu connus, par M. J. R. BourGUIGNAT. Ç 1. Herix Emer4. Testa obtecte perforata, subgloboso-depressa, solida, cretacea, striatula, albida; spira convexa; apice levigato, nitido; aufracti- bus 5 172 convexiusculis, regulariter crescentibus, sutura parum im- pressa separatis; ultimo rotundato, subtus paululum compressius- eulo;, ad aperturam subito valde descendente; apertura ebliqua, bidentata, irregulariter lunato-oblonga ; peristomate incrassato, continuo, crasso, reflexo ; margine exteriore denticulato; margine columellari calloso, reflexo, perforationem semper omnino tegente, ac dente crasso, tubereuloso, ornato; marginibus valido callo Junctis. Coquillesubglobuleuse-déprimée, solide, crétacée, blan- châtre, striée et munie d’une perforation toujours recou- verte parlelabre columellaire. Spire convexe, à sommetlisse etbrillant. Cinqtourset demi un peu convexes, à croissance régulière et séparés par une suture peu sensible; dernier tour arrondi, bien qu'un peu comprimé en dessous, et offrant vers l'ouverture une direction descendante brus- que et des plus prononcées. Ouverture oblique, bidentée, peu échancrée, d’une forme oblongue irrégulière, à cause de la denticulation columellaire. Bord externe muni, vers son milieu, d’une dent allongée. Péristome épaissi, bordé, réfléchi; bord columellaire calleux, réfléchi, recouvrant la perforation et orné, à son extrémité, d’un fort tubercule denticuliforme épais et saillant; bords marginaux réunis par une callosité blanche. Hauteur. . . . . 15 millimètres. ; Diamètre. . . . 93 — Cette espèce a été recueillie dans l’île Habibas, près de la côte aloérienne, entre Cherchell et Oran. $ 2. Herix Burini. Testa imperforata, convexo-globulosa, nitida, eleganter striatula, albida ac 4 zonis fuscis munita; spira conoidea; apice levigato, ni- TRAVAUX INÉDITS. 101 tido, obtuso; anfractibus 6 convexiusculis, regulariter crescentibus, sutura parum impressa separatis; ultimo rotundato, subtus con- vexo, ad aperturam valide perdeflexo-descendente ; apertura perobli- qua lunato-oblonga, intus albida, bidentata ; peristomate intus pau- lulum incrassato, vix subpatulo; dente elongatissimo lamelliformi intus in margine externo; margine columellari calloso late reflexo, ac dentem acuto-tuberculosum præbente; marginibus : tenui callo junctis. Fer Coquille imperforée, globuleuse, brillante, élégamment striée, blanchâtre, surchargée de quatre bandes brunes plus ou moins larges; spire convexe-conoïde, à sommet lisse, brillant et obtus; six tours un peu convexes, s’ac- croissant régulièrement et séparés par une suture peu profonde. Dernier tour arrondi, convexe en dessous et offrant vers l'ouverture une déflexion descendante irrégu- lière et excessivement prononcée. Ouverture très-oblique, échancrée, de forme oblongue, intérieurement blanchâtre et bidentée. Une dent lamelliforme très-allongée sur le côté intérieur du bord externe. Une autre dent à l’extré- mité du bord columellaire qui est calleux et largement épanoui sur la convexité du dernier tour. Péristome un peu bordé et un tant soit peu évasé. Bords marginaux réu- nis par une faible callosité blanchâtre. Hauteur. . . . . 19 millimètres. Diamètre... . . . 97 — Cette espèce a été trouvée assez abondamment dans le chott de Tigri au sud de la province d'Oran, près de la frontière du Maroc. (Burin, Marès.) L’Helix Burimi se distingue de la Tigriana (1), par sa (1) Helix Tigriana, — magnifique espèce bidentée découverte dans le sud de la province d'Oran par notre ami M. P. Marès. ( Helix Tigri, Gervais, mss.— Marès. Observ. météorol. et d’hist. nat., pro- vince d'Oran, in Sc. Acad. sc. Paris, 1857. — P. Fischer, in Journ. Conch., t. VI, p. 189, pl. vi, fig. 3 (oct.). 1857. — Helix Maresi. Crosse, in Jouru. Conch., t. X, p. 154. 1862. — Helix Tigriana, Bourguignal, Paléont. alg., p. 53, pl.1, fig. 4-5. 1862. — Voyez la planche première qui accompagne ce travail.) 102 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1863.) coquille plus conoïde, plus élancée, moins obèse et moins ventrue; par son test plus délicat, plus finement strié; par ses denticulations de l'ouverture moins fortes et moins saillantes, par son ouverture toujours blanche à l’inté- rieur, et non d'un fauve marron comme celle de la Tigriana; par son dernier tour descendant d’abord len- tement puis brusquement, tandis que chez la Tigriana la marche descendante du dernier tour est gra- duelle; etc. $ 3. Hezix DASTuGuEr. Testa obtecte perforata, depressa, solida, nitida, striatula, albida ac 4 zonis fuscis adornata ; spira parum convexa; apice levigato, ni- tido, obtuso ; anfractibus 5 172 convexiusculis, regulariter ac sat cele- riter crescentibus, sutura parum impressa separatis; ultimo rotun- dato, subtus paululum compresso-complanata, ad apcrturam subito valde descendente; — apertura obliqua, lunato-oblonga, intus al- bida, bidentata ; dente valido lamelliformi intus in margine externo; margine columellari crasso, calloso, reflexo, perforationem tegente, ac dentem tuberculosum præbente; peristomate paululum incras- sato ac subpatulo ; — marginibus tenui calle albido junctis. Coquille déprimée, solide, brillante, striée, blanchâtre, avec quatre bandes brunes, et offrant une perforation - complétement recouverte par la réflexion du labre colu- mellaire. Spire aplatie, peu convexe, à sommet lisse, bril- lant, obtus. Cinq tours et demi un peu convexes, s’ac- croissant régulièrement, avec assez de vitesse, et séparés par une suture peu profonde. Dernier tour arrondi, un peu comprimé, aplati en dessous, présentant vers l’ouver- ture une marche descendante courte et subite. Ouverture oblique, assez échancrée, oblongue, intérieurement blan- châtre, bidentée. Péristome un peu épaissi et un tant soit peu évasé. Une dent lamelliforme sur le côté intérieur du bord externe. Une autre dent épaisse, tuberculiforme à l’extrémité du bord columellaire épaissi, calleux et réfléchi sur la perforation qui est toujours recouverte chez les échantillons adultes. Bords marginaux réunis par une faible callosité blanchâtre. TRAVAUX INÉDITS. 103 Hauteur. . . . . 15 millimètres. Diamètre... . . . 927 = Cette Hélice a été récoltée à Redjem-el-Mouilah, à 5 kilomètres au nord d’Aïn-Safra, oasis du sud de la pro- vince d'Oran (Dastugue). Cette espèce paraît rare. L’Helix Dastuguei ne peut être rapprochée que des Helix Tigriana et Burini. On distinguera la Dastuguei : 1° De la Tigriana, — par sa coquille moins globuleuse, moins ventrue, plus comprimée ; par son test plus mince, plus régulièrement strié; par son ouverture blanchâtre et non d'un fauve marron; par son dernier tour un peu aplati en dessous et non convexe; par la déflexion du dernier tour qui est subite et courte et non graduelle ni aussi longtemps descendante que celle de laTigriana ; par sa perforation ombilicale recouverte; par son ouverture moins oblique, etc. : 2° De la Burini, par son test plus strié, plus comprimé; par sa spire aplatie, peu convexe et non conoïdale; par son ouverture moins oblique; par ses denticulations plus fortes ; par son dernier tour offrant une marche descen- dante courte et subite et non aussi prononcée et aussi étendue que celle de la Burini; etc., etc. $ 4. HELix BONDUELLIANA. Testa imperforata, ventricosa, globosa, cretacea, solida, paulu- lum translucida, nitida, leviter striatula, ae vix passim obscure mal- leata, candido-cærulescente ac brunneo-unifasciata; — spira rotun- dato-convexa ; apice parvulo, levigato, obtuso ; anfractibus 5 192 con- vexiusculis, regulariter celeriterque crescentibus, sutura fere lineari separatis; — ultimo ventricoso-rotundato, lente gradatimque ad aperturam desceudente; — apertura obliqua, lunato-ovata, intus candida ; — peristomate sublabiato, patulo, præsertim ad partem in- feriorem labri externi; — margine columellari strictiore, calloso, candido, locum umbilicalem callo adpresso tegente; marginibus callo vix conspicuo junctis. 10% REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Wars 1863.) Coquille imperforée, globuleuse, ventrue, obèse, cré- tacée, solide, brillante, un peu transparente, finement striée et çà et là légèrement chagrinée par de petits mé- plats peu prononcés. Test d’un blanc de neige un peu bleuâtre et entouré, en dessus, d’une bande brune, quel- quefois marron, plus ou moins foncée. Spire convexe, arrondie, à sommet petit, lisse et obtus. Cinq tours et demi assez convexes, à croissance rapide et régulière. Suture presque linéaire. Dernier tour ventru, arrondi, descendant vers l'ouverture d’une manière lente et gra- duelle. Ouverture oblique, fortement échancrée, de forme ovale, intérieurement blanche. Péristome légère- ment épaissi, évasé surtout à la partie inférieure du Jabre externe. Bord columellaire calleux, blanc, un peu com- primé sur lui-même, largement réfléchi et s’épanouis- sant en un callus blanc sur l’endroit de la perforation ombilicale. Bords marginaux réunis par une callosité à peine visible. Hauteur. . . . . 19 millimètres. Diamètre.. . . . 928 — La Bonduelliana habite la province d'Oran. Nous ne pouvons pas préciser malheureusement la localité où elle a été recueillie. 5. HELIX ASTEIA. Testa imperforata, depresso-ventricosa, globosa, cretacea, solida, paululum translucida, leviter striatula, ac vix passim obscure mal- Jeata, violaceo-candida ac passim rarissime brunneo-maculata ; — spira convexa; apice parvulo, leyigato, corneo, obtuso; — anfrac- tibus 5 192 convexiusculis, celeriter crescentibus, sutura lineari sepa- ratis; — ultimo maximo, dilatato, rotundato, ad aperturam valide perdeflexo-descendente ; — apertura obliqua, lunato-oblonga, intus brunnea; peristomate incrassato, pallide brunneo, obtuso, late expanso; — margine externo ad insertionem labri, recto, lahiato, obtuso, non expanso; — margine columellari brunneo, calloso, Jocum umbilicalem callo brunneo late adpresso tegente; margi- uibus callo brunneo junctis. TRAVAUX INÉDITS. 105 Coquille imperforée, déprimée, ventrue, globuleuse, crétacée, solide, un peu transparente, finement striée et çà et là légèrement chagrinée par de petits méplats peu pro- noncés. Test d’un blanc violacé, moucheté, sur les pre- miers tours, de quelques petites taches brunes. Spire convexe, à sommet petit, lisse, corné et obtus. Cinq tours et demi faiblement convexes, à croissance d’abord lente, puis très-rapide. Suture linéaire, dernier tour dilaté, proportionnellement très-grand, descendant fortement vers l'ouverture ; celle-ci est oblique, oblongue, échancrée, et intérieurement d’une teinte brune très-foncée. Péri- stome épaissi, d’un brun pâle, obtus, fortement évasé. Bord droit supérieur plus épaissi, obtus et non évasé. Bord columellaire brunâtre, calleux, s’épanouissant en un Callus d’un brun foncé sur l’endroit de la perforation ombilicale. Bords marginaux réunis par une callosité de même teinte que celle de l’intérieur de l'ouverture. Hauteur. . . . . 17 millimètres. Diamètre.. . . . 29 — Cette espèce habite les landes des environs de Madrid, en Espagne, L'Helix asteia diffère de la Bonduelliana, dont elle est très-voisine, par son test plas déprimé; par la croissance moins régulière de ses tours de spire; par son dernier tour beaucoup plus grand et plus dilaté; par son ouverture plus oblongue, intérieurement brunâtre et non blanche; par son péristome plus épaissi, plus obtus et plus évasé; enfin par son dernier tour, qui offre vers l'ouverture une déflexion descendante excessivement prononcée, et non lente et graduelle, comme chez la Bonduelliana. $ 6. HELIX AUCAPITAINIANA. Testa pygmæa, pervio-umbilicata, depresso-compressa, cornea, trauslucida, oblique striatula præsertim supra; spira fere complanata ; apice obtuso, levigato, pallide corneo ; — anfractibus #4 1/2 ad 5 supra 106 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1863.) vix convexiusculis, celeriter crescentibus, sutura impressa separalis; — ultimo maximo, dilatato, in medio obscure vix subangulato, ad aperturam lente regulariterque vix descendente ; — apertura parum vbliqua ac lunata, rotundata ; — peristomate simplice recto; — mar- gine columellari expanso ac reflexiusculo ; — marginibus callo sat valido junctis.… Coquille excessivement petite, déprimée, comprimée, transparente, d’une teinte cornée uniforme et munie d’un large ombilic en forme d’entonnoir; stries obliques assez marquées surtout en dessus. Spire presque aplatie, à sommet lisse, obtus, et d’une teinte cornée plus pâle. Quatre tours et demi à cinq, à peine convexes en dessus, s’accroissant avec vitesse et séparés par une suture bien marquée. Dernier tour dilaté, très-grand proportionnel- lement, un peu aplati en dessus, convexe en dessous, ce qui lui donne une apparence subanguleuse vers sa partie médiane. Ce dernier tour descend lentement, réguliè- rement, d’une manière, pour ainsi dire, insensible vers l'ouverture. Celle-ci, faiblement oblique, peu échancrée, est arrondie. Péristome simple et rectiligne. Bord colu- mellaire évasé et réfléchi. Bords marginaux réunis par une callosité assez forte. Hauteur. . . . . { millimètre. Diamètre.. . . . 2 millimètres. Cette Hélice, que nous dédions à M. Henri Auca- pitaine, sous-lieutenant au 36° de ligne, a été recueillie en Algérie par M. Joba fils, dans les alluvions de la Boudjariah et de la Seybouse. L'Helix Aucapitainiana est le représentant, en Algérie, des formes européennes connues sous les noms d’Helix pygmæa (Draparnaud) — et d'Helix micropleuros (Paget). $ 7. Hezix Nicorica. Testa obtecte imperforata, magna, globoso-conica, sordide striata, ad suturam fere costellata, pallide albidulo-fusca, ac zonulis albidulis evanescentibus obscure zonata ; — spira elato-conica ; — apice levi- gato-obtuso ;— anfractibus 5 1/2 couvexiusculis, celeriter crescen- TRAVAUX INÉDIIS. 107 tibus, sutura impressa separatis ; ullimo maximo, rotundato, ad aper- turäm paululum descendente ; —apertura paululum obliqua, lunato- rotundata; — peristomate simplice, leviter incrassato, obtusato; margine columellari fere recto, expanso ac late reflexo; marginibus tenui callo junctis. Coquille imperforée , de grande taille, globuleuse- conoïde, d’un blanc brunâtre sale, ceinte de zonules moins foncées aux 34 évanouies. Stries grossières, la plu- part blanchâtres, nus et saillantes surtout vers la suture; spire élevée conoïde, à sommet lisse et obtus. Cinq tours et demi peu convexes, s’accroissant avec vitesse et séparés par une suture assez profonde. Dernier tour très-grand, dilaté, arrondi, descendant faiblement vers l’ouverture. Celle-ci, légèrement oblique, est échancrée et de forme arrondie. Péristome simple, peu épaissi, obtus, non évasé; bord columellaire assez rectiligne, évasé et lar- gement réfléchi sur la fente ombilicale. Bords marginaux réunis par une faible callosité. ÉAUTeuT. 2 Lucerne millimètres. Drametre 2 20" 2 188 — Haut. de l'ouverture... 26 —_— Cette espèce, qui est le représentant de l'Helix po- matia (1)en Égypte, se trouve dans les endroits ombragés sur les rives du Nil, non loin de Damiette. $ 8. HELIX GENEZARETHANA. Cette Hélice, une des plus curieuses qui aient été pu- bliées dans ces derniers temps, a été découverte et re- cueillie par notre infortuné ami le docteur J. R. Roth, de Munich, dans la vallée de Tibériade, en Syrie. Cette espèce, qui a été décrite par M. Albert Mousson de Zurich, n’a jamais été figurée et est restée pour ainsi dire encore inconnue. (1) Linnœus, Syst. nat. (ed. X), p. 771. 1758. 108 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1863.) Testa perforata, convexo-lenticulari, carinata, depressa, subpel- lucida, striatula ac minutissime et elegantissime undique granulata, concolore, corneo-luteola ; — spira convexa; apice parvulo, obtuso, sublevigato; — anfractibus 5 1/2 supra planulatis, carinatis, regu- lariter ac sat celeriter crescentibus, sutura lineari separatis; ultimo maximo, supra planulato, infra couvexo, ad perforationem subin- flato, ac ad aperturam non descendente; — apertura paululum obliqua, lunata, angulato-rotundata, intus albidula; peristomate simplice ; margine supero recto subobtuso; margine infero arcuato, intus paululum labiato, ac leviter expanso; margine columellari late reflexo ; marginibus callo tenui, albido, junctis. Coquille perforée, carénée, déprimée, de forme con- vexe-lenticulaire. Test un peu transparent, terne, d’une teinte uniforme cornée-jaunâtre, imitant assez bien la nuance du vieux parchemin, muni de striations obliques et surchargé d’une infinité de petites granulations, serrées, symétriques, ressemblant à des fragments d’atta- che de poils très-caducs. — Spire convexe, à sommet petit, obtus et presque lisse.—Cinq tours et demi carénés, aplatis en dessus, s’accroissant régulièrement avec assez de vitesse, et séparés par une suture linéaire. Dernier tour très-grand, plan en dessus, convexe en dessous, surtout renflé vers la perforation, caréné à sa partie mé- diane et n'offrant vers l’ouverture aucune déflexion des- cendante. Ouverture faiblement oblique, intérieurement blan- châtre, échancrée, arrondie, à l'exception du côté du bord externe où elle est anguleuse. Péristome simple. Bord externe supérieur droit, légèrement obtus. Bord externe inférieur arqué, faiblement bordé à l'intérieur et un peu réfléchi. Bord columellaire fortement dilaté. Bords marginaux réunis par une légère callosité blan- châtre. Hauteur. . . . 11 millimètres. Diamètre... . . 22 2 TRAVAUX INÉDITS. 109 Ç 9. CLAUSILIA CEDRETORUM. Testa subrimata, elavato-fusiformi, in medio ventrosa, brunnco- cornea; — anfractibus 13 planulatis, sutura lineari separatis; — supremis levigatis, minutis, 5 lente crescentibus, sæpissime decolla- tis; — alteris 7 oblique argutissimeque substriatulis, ac gradatim inflatis ; —demum ultimo coarctato, soluto, eleganter costulato, bi- cristato ; — cristis validis, compressis, crenulato-costatis, parallelis, ad marginem aperturalem evanescentibus ; — crista superiore lon- giore ; — apertura irregulariter subangulato-oblonga, infra bicanali- culata ; — peristomate continuo, soluto, intus labiato, late expanso ac reflexiusculo ; — lamella supera marginali stricta ; lamella infera validiore, alta, strictiore, profunda ac parum conspicua; plica pala- tali una, supera, profunda, fere inconspicua; — lunella magna vix conspicua. Coquille allongée en forme de massue, renflée à sa par- tie médiane, contractée à sa base et droite comme le manche d’une lance à sa partie apicale. Fente ombilicale peu prononcée. Test d’un brun corné. Treize tours pres- que plans, séparés par une suture linéaire. Les cinq pre- miers tours, lisses, s’accroissent lentement, régulièrement et sont entre eux d’une égale grosseur (1). Les sept autres qui suivent, ornés de fines striations légèrement obliques, visibles seulement à la loupe, s’accroissent un peu plus vite et prennent graduellement un renflement plus fort et plus considérable. Enfin le dernier tour (le treizième), contracté, comprimé, orné de stries plus prononcées et presque saillantes surtout à sa base, se détache de l’axe de la spire. Ce dernier tour est muni, à sa partie inférieure, de deux arêtes cervicales. Ces arêtes, saillantes, créne- lées, côtelées, parallèles l’une à l’autre, se prolongent jus- qu'au bord péristomal. L’arête supérieure est la plus lon- oue et la plus fortement crénelée. Ouverture faiblement oblique, oblongue, irrégulière- ment anguleuse, présentant à sa base deux petits sinus ca- (1) La plupart du temps, ces cinq premiers tours sont brisés, et n'existent que chez quelques échantillons bien conservés, 110 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1863.) naliformes qui sont les dépressions intérieures des deux arêtes cervicales. Cette ouverture est ornée de deux la- melles. La première lamelle supérieure est marginale, comprimée, très-saillante et un peu contournée. La la- melle inférieure, bien que plus considérable, plus élevée, est assez profondément située pour qu'elle soit peu apparente. Pli palatal unique, supérieur, et tellement enfoncé à l'intérieur qu'il est peu visible. — Lunelle grande, à peine visible. Le péristome, continu, complé- tement détaché, intérieurement épaissi, est largement di- laté et réfléchi. Longueur. . . . . 25 millimètres. Diamètre ue O — Cette bizarre Clausilie, l’une des plus intéressantes de ce genre, habite en Syrie. Elle a été recueillie par M. Léon Raymond sur une montagne qui domine la ri- vière du Nahr-el-Kelb, à 12 kilomètres de l’embouchure de cette rivière. Cette espèce est très-rare. $ 10. Cravsicia Raymonpr. Testa fusiformi, valde medio ventrosa, ad basin coarctato-com- pressa, cylhindrelliformi ; —corneo-brunnea, valide lamellato-costata; -— costis albidis; — spira elongata ; apice levigato, obtuso, mamil- lato ; — anfractibus 10-11 convexiusculis, sutura sat impressa sepa- ratis ; duobus supremis levigatis ; — ultimo augustato, planulato, maxime soluto, valde bicristato; cristis cervicalibus compressis, productis, parallelis, ad aperturam non confluentibus; — crista su- periore, alta, longiore, stricta, undulata ac crenulata ; — apertura amplissima rotundata, intus albida; lamella supera marginali, par- vula; infera validiore, profunda, maxime compresso-producta ; — lunella inconspicua; — peristomate continuo, undique late ex- panso. Coquille fusiforme, c’est-à-dire renflée vers son milieu, amoindrie à ses extrémités. Test d'un brun corné foncé, orné de lamelles blanchâtres, saillantes, également dis- TRAVAUX INÉDITS. 411 tantes les unes des autres. Spire allongée, à sommet lisse, -obtus et renflé, comme mamelonné. Dix à onze tours peu convexes, séparés par une suture assez profonde. Les deux premiers tours sont lisses, tandis que tous les autres sont munis de fortes côtes. Le dernier tour, contracté, ré- tréci, aplati, se détache d’une manière remarquable (1 à 1 millimètre 172) de l’axe de la spire. Ce dernier tour possède à sa base deux petites arêtes cervicales qui ne se rejoignent point vers l'ouverture, mais qui se tiennent à peu près à égale distance l’une de l’autre. L’arête cervi- cale supérieure, très-saillante, comprimée, un peu créne- lée, est plus longue et plus forte que l’autre. Ouverture très-grande, de forme arrondie, intérieure- ment blanche, offrant à sa partie supérieure deux lamelles. La première est marginale et de faible taille; la seconde, au contraire, est plus forte, plus contournée, et plus en- foncée dans l'intérieur. Péristome continu, complétement libre et largement réfléchi de tous côtés. Longueur. . . . . 15 millimètres. Diamètre... . . . . 3-4 Es, Cette magnifique espèce habite, en Syrie, les montagnes qui bordent la vallée du Nabr-el-Kelb, à une distance de 7 kilomètres de l'embouchure de cette rivière. Cette Clausilie, recueillie par M. Léon Raymond, ca- pitaine de gendarmerie, prévôt de l'expédition de Syrie en 1860, est assez abondante sur les rochers dans cette localité. N. B. Les planches relatives à ce Mémoire paraîtront dans le numéro suivant. DescripTion de Cicindélètes et de Carabiques nouveaux, par le baron DE CHauporr. Tricondylacrebrepunctata, long. 20-24 m. Nigra, elytris opacis subæneis, thoracis parte intermedia anterius cras- 112 Rev. ET MAG, DE ZOOLOGIE. (Mars 1863.) siore, elytris postice valde gibbosis, sat ampliatis, ubique creberrime punctatis, antice rugulosis, femoribus palpo- rumque basi rufo-ferrugineis. Tr. cyanca major, differt colore nigro, subæneo, spatio inter sulcos frontales paulo latiore, elytris crebrius at subtilius punctatis, rugis baseos obsoletioribus, antennis pedibusque longioribus.— Siam, de Castelnau. Collyris subtilis, long. 11 m. Viridi-cyanea, gracilis, antennis pedibusque tenuissimis, modice elongatis, capite elongato, pone oculos vix prominulos subattenuato, thorace postice vix strangulato, posterius vix inflato, anterius sensim attenuato, elongato-conico, villosulo, antice strangulato, obsolete transverse striato; elytris angustis, subtilissime punctulatis, apice sublævibus, sub- dentatis, antennis basi cyaneis, medio longius Juteis, apice piceis, palpis piceis, labialium stipite diluto, pedibus cyaneo-obseuris, femoribus rufis, apice supra cyaneo- lineato. C. maculicornis m. summa affinitas, differt an- tennis basi et apice obscuris, palpis fere totis piceis, femorum apice cyaneo-lineato, tibiis et tarsis cyaneis, capite pone oculos longiore, his magis depressis, elytris apice sublævibus et dentatis, nec rotundatis {tarsi postici desunt). Siam, de Castelnau. Carabus invictus, long. 28 m. Niger nitidus, thorace violaceo, elytris viridibus, nigro-costatis, violaceo-margi- natis. Caput modicum, obsolete rugulosum, clypeo lævi, oculis prominulis; thorax capite fere duplo latior, sub- transverso-quadratus, poslice vix angustior, lateribus anterius parum rotundatis, posterius rectis, tenuiter mar- ginatis, vix reflexis, basi vix emarginata, angulis posticis perparum productis, latis, rotundatis, apice vix deflexis, supra levissime excavatis, dorso planiusculo, subruguloso, linea media modice impressa ; elytra thorace paulolatiora, modice elongato-ovata, basi callo distincto, humeris parum prominulis (magis attamen quam in iberico), rotun- datis, apice subtruncato-rotundato, anum non tegente, TRAVAUX INÉDITS. 113 anterius modice angustata, dorso planiusculo, apicem versus non declivis, juxta suturam subexcavato-depresso, hac, costis in singulo duabus parum elevatis, tubercu- lisque triplici serie obtusiuseulis, subnitidis, basin api- cemque attingentibus, margine anguste ruguloso, sat reflexo, inter costas tuberculorumque series striæ binæ subpunctatæ, interjecto interstitio angustulo parumque elevato; antennæ haud nodosæ, dimidio corpore lon- giores, palporum apex parum securiformis, pedes valde elongati, validiusculi, femoribus anticis sat incrassatis, tarsi antici maris articulis quatuor satis dilatatis, subtus spongiosis. Car. Lafertei m. affinis, minor, caput et thorax multo læviora, hujus lateribus multo minus subtiliusque marginatis, elytra planiora, apice haud excisa, obtusiora, omninoque aliter sculpta. Armenia alpina, Moritz Wagner. J'ai reçu ce rarissime Carabe de M. Hampe qui en pos- sédait deux individus seulement. Le mien est un mâle, que j'ai comparé aux mâles des Carabus iberus et Lafertei. On a énoncé l'opinion que le €. Lafertei, dont le reful- gens m. n’est qu'une variété de couleur et plus large, ne différait pas spécifiquement de l’iberus. Je dois cependant observer que le Lafertei est sensiblement plus allongé; sa tête et son corselet sont beaucoup plus rugueux, celui-ci est moins court, ses angles postérieurs sont bien plus relevés et ne se replient pas en dessous comme dans l'iberus, ses élytres sont moins rétrécies à leur base, les épaules sont moins effacées, l'extrémité est tronquée plus obliquement et plus sinuée ; leur sculpture est aussi diffé- rente et se compose d'’intervalles à peu près égaux en largeur, dont les uns sont alternativement interrompus, et les autres ne le sont pas, et l’on ne voit pas, comme dans l’iberus, de gros points enfoncés; les stries se pro- longent plus vers la base qui n’est pas aussi lisse; les an- tennes et les pattes sont sensiblement plus allonsées (tou- jours en comparant les mâles). J'ai pris l’iberus sur le 2° SÉRIE. T. xv. Année 1863. 8 114 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1863.) sommet le plus élevé d’une montagne de la chaîne cen- trale du Caucase près de Kwischet, à la limite des neiges éternelles, tandis que le Lufertei se trouve sous les troncs d'arbres à une élévation de 5 à 600 pieds, non loin d'Abbas-Touman dans les montagnes voisines de l'Asie Mineure et distantes de plus de 200 lieues. Carabus coriaceipennis, long. 26 m. Niger, opacus, ely- rorum sculptura insignis, a €. Manneérheimii differt capite paulo longiore, thorace ampliore, longiore, basi paulo latiore, antice evidentius angustato, lateribus postice rectis parallelis, angulis posticis magis productis, apice rotun- datis, extus altius reflexis, elytris paulo latioribus, paral- lelis, subtitiliter granulato-coriaceis, triseriatim tuber- culatis, tuberculis elongatis, nitidis, param elevatis, inter singulam seriem series binæ e granulis rotundatis, nitidis, subelevatis, cætera granulatione grossioribus. Anternæ ut in Mannerheïmii nodosæ. China borealis. A. Deyrolle dedit. Carabus breviformis, long. 23 m., lat. elvtr. 10 m. Niger parum nitidus. €. Kruberi proximus, ejusdem varietate latiuscula (Bungii) adhuc latior, differt antennis articulis singulis longioribus, thorace multo subtilius punctulato, postice minime angustato, latiore, lateribus magis expla- nato-reflexis, angulis posticis multo magis productis, apice obtuse acutis, elytris convexioribus, humeris magis qua- dratis, subrectis, rotundatis, lateribus magis rotundatis, margine laterali præsertim anterius latius altiusque reflexo, minus dense granulato, striis numerosis simpli- cibus, subinterruptis, interstitiis omnibus frequenter ct valde irregulariter interruptlis, apicem versus convexio- ribus, punctis nonnullis utrinque juxta strias impressis ; corpore subtus omnina impunctato, lævi, pedibus lon- gioribus. Dsungaria, Karélin. Calosoma viridi-suleatum, long. 27 m. Nigrum, subopa- cum, capile rugoso-punctato, in foveis virescente, vertice lævi subincrassato, oculis modice prominulis; thorace TRAVAUX INÉDITS. 1445 capite duplo latiore, anterius angustato, apice parum emarginato, angulis anticis capiti annexis, acutis, parum prominulis, lateribus æqualiter rotundatis, basi media recte truncata, angulis posticis subproductis, late rotun- datis, supra late profundiusque excavatis, lateribus antice angustius, postice latius explanato-reflexis, dorso parum convexo, anterius obsolete, posterius evidenter minus dense punctulato; utrinque postice subfoveolato, linea media tenuissima, impressionibus transversis vix ullis, intra marginem et in excavationibus virescente; elytris ‘thorace paulo latioribus, latitudine fere duplo longiori- bus, ovatis, basi truncatis, apice conjunctim acuminate rotundatis, humeris convexis roturidatis, lateribus medio subrectis, dorso valde convexis, sutufa angusta, costisque in singulo quatuor latis deplanatis apice confluentibus ni- oris; interstitiis multo-angustioribus, depressis, biseria- tim striato-punctatis, vittaque intramarginali seriatim tu- berculata viridi-cyaneis, ipso margine epipleurisque ni- gris; abdominis lateribus punctatis. Mexique intérieur, Dobrn. Loricera rotundacollis, long. 8 m. À L. pilicorni differt oculis minus prominulis, antennis gracilioribus, articulo primo majore subclavato, thorace lateribus magis reflexo, angulis posticis magis rotundatis, basi punctulata, utrin- que excavata, non vero lincatim impressa, elytris longio- ribus, ovatis, humeris omnino rotundatis, haud quadra- tis, striis profundioribus, postice extusque vix punctatis, pedibus longioribus et gracilioribus, colore obscure pi- ceo, vix metallescente, elytris interdum rufescentibus. Mexique (État d'Oaxaca, Capulalpam, en juin), A. Sallé. Scariphites lucidus, long. 22 m. Ebeninus, nitidissi- -mus; capite subtransverso-quadrato, lævi, fronte subbi- -foveolata, clypeo utrinque striatulo et foveolato; thorace -cordato, apice profunde emarginato, angulis productis summo apice subrotundatis, basi valde angustata, lateri- “bus regulariter rotundatis, ad angulos posticos breviter 116 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1865.) sinuatis, his rectis subobtusis, basi subrecte truncata, utrinque subobliquata, dorso planiusculo, lævissimo, li- nea media tenui vix impressa, juxta apice in præcipue medio obsolete transverse lineato, utrinque ante basin linea longitudinali subrecta obsolete impressa, lateribus basique tenuiter marginatis; elytris latitudine thoracis, breviter ovatis, basi truncata, medio emarginata, humeris marginatis descendentibus, extus subobtuse dentatis, late- ribus modice rotundatis, apice rotundato, haud acumi- nato, supra lævissimis, striis nullis, sutura impressa, mar- gine laterali tenuiter reflexo, anterius subexplanato, in- tra marginem serie e tuberculis ocellatis continua, pone medium intra seriem punctis majoribus tribus ocellatis piliferis, margine apiceque subopacis. Melbourne, S. Stevens. Passalidius afer, long. 31 m., lat. 9 m. Niger opacus, capile transverse quadrato, lævi, fronte undulata et cari- nulata, clypeo quadricornuto, cornubus breviusculis ; thorace capite paulo latiore, latitudine dimidio breviore, anterius subdilatato, apice modice emarginato, angulis anticis lruncatis, truncaturæ angulis rotundatis, lateribus rectis, fere parallelis, angulis posticis basique late rotun- datis, hac medio haud producta, recte truncata, dorso modice convexo, lævi, medio tenuiter lineato, pone api- cem transverse haud impresso, juxta angulos subrugato, Jlongius ante basin utrinque unipunctato, ibique linea transversa sinuata impresso, margine laterali minus late acute reflexo, intra marginem serie punctorum impressa ; scutello trigono, postice lævi, utrinque unipunctato; elytris latitudine thoracis, quam lata fere duplo longiori- bus, basi truncata medio subemarginata, humeris rectis sat rotundatis, lateribus parallelis, apice obtuse rotun- dato, dorso medio modice convexo, ad latera abruptius, ad apicem fere verticaliter declivi (ut in Scapteris inge- nuis), intra marginem anguste, apice longius granulato, striis tribus internis obsolelis, cæteris sulciformibus, om- TRAVAUX INÉDITS. 117 nibus apice abbreviatis, interstitiis primis planissimis, lævibus, quinto, sexto, septimo et octavo acute carinatis, imprimis octavi basi, postice abbreviatis, haud confluen- tibus, sulcis inter carinas latiusculis, lineatim granulatis ; subtus Iævis, nitidus, ano postice fortius rugato, tibiis in- termediis extus unicalcaratis, posticis extus medio dila- tatis. Port-Natal. Passalidius Andersonü, long. 40 m., lat. 12 m. Præce- denti simillimus, multo major, imprimis latior, fronte ru- gulis intricatis acutiusculis dense tecta, thorace antice mapgis dilatato, margine laterali frequenter indentato, la- tius reflexo, apice utrinque fortius rugato, medio substria- to, lateribus rugiferis, foveis basalibus elongatis, diver- gentibus, elytris latioribus, minus elongatis, apice obtu- sius rotundatis, striis internis magis punctatis, sulcis ex- ternis evidentius granulatis. Lac N’o#ami, Anderson. Le menton à lobes aigus, muni, au milieu de son échan- crure, d'une grande dent tronquée un peu bifide, les courtes mandibules à dents internes relevées en corne (la mandibule gauche obtuse et ne dépassant pas la base de la deuxième corne, de manière à n’y former qu'une échancrure), la brièveté des articles des antennes à l’excep- tion du premier qui est long, mais tout à fait caché dans la rainure suboculaire; la saillie remarquable des joues en dessous des yeux et qui les dépasse sensiblement en for- mant une carène tranchante arrondie, la déclivité pres- que verticale de l'extrémité des élytres (à peu près comme chez les vrais Scapterus) et quelques autres carac- tères tirés de la conformation des pattes, ont nécessité pour ces deux espèces la création d’un genre nouveau, sur lequel je me propose de revenir par la suite. Le nom fait allusion à sa ressemblance avec les Passalus. Scapterus sulcatus, long. 13 m. Sc. Guerinii saumma affinitas, differt statura minore et angustiore, cornu fron- tali minore et acutiore, capite fortius rugato, thoracis disco lateribus magis punctato, foveis basalibus profun- 118 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1863.) dioribus, elytris apice minus truncatis et magis rotunda- tis, sulcatis, sulcis latiusculis foveatis, interstitiis valde convexis, lævigatis. India orientalis borealis, D' Bacon. Scapterus (spurius) Dohrnit, long. 15 1/2 m. Habitu Sc. longicollem Putzeys simulat, mullo vero major, robustior, caput grossius obtusiusque rugatum, thorax adhuc lon- gior, angulis anticis magis productis, disco anteriore lævi, fovea basali brevissima, elytra breviora, humeris rotunda- tis, haud dentatis, disco convexiore, striis obsolete punc- tatis, interstitiis latioribus, subconvexis, lævigatis, tertio, quinto et septimo tri aut quinque punctatis, ano medio latius haud punctato. Java, Dohrn. Scapterus crenatus, long. 15 m. Habitu et magnitudine omnino præcedentem refert, differt capite non rugato at valde inæquali, thorace breviore crassioreque, angulis anticis vix productis, obtusiusculis, lateribus ad angulos anticos subincurvis; elytris subovatis, paulo latioribus, striis in fundo grosse Crenalis, interstitiis convexioribus, haud serie punctatis, secundo, quarto sextoque apice abbreviatis, cæteris ibidem connectis intricatis, abdomine lateribus grossius punctato. Cochinchina, Doüé. Ces deux derniers ainsi que le Sc. longicollis n’appar- tiennent que très-imparfaitement au genre Scapterus dans lequel je ne les maintiens que provisoirement ; l'extrémité des élytres est tout autrement conformée. Listropus discophorus, long.”7 1/2 m. Mâle. Rufo-piceus, elytris Lestaceis macula media suturali rotundata obscura, antennis, palpis pedibusque ferrugineis ; a L. brevicorni præter colorem differt magnitudine multo minore, statura paulo angustiore, capite regulariter acuteque octocarinato, oculis minus prominulis, thorace antice minus dilatato, angulis anticis obsoletius auriculatis, apice subtilissime striato, foveis basalibus linearibus longioribus, elytris convexioribus, humerorum dente interno acutiore, regu- lariter ovatis, nec versus apicem attenuatis. Bolivia (Valle Grande), Guérin-Méneville. TRAVAUX INÉDITS. 119 Agridia guyanensis, long. 17-23 m. Nigro-picea, nitida, capite palpis, antennis pedibusque rufo-piceis, elytris subæneis; caput elongato-ovatum, pone oculos longius productum, in mare magis attenuatum, oculis prominulis, læve, subdeplanatum; thorax lalitudine capitis, eoque haud longior, pone medium ampliatis, lateribus medio subrotundatis, ante apicem sinuatis, ante basin modice excisis; dorso subdeplanato, transverse subtiliter strigoso, utrinque obtuse carinato , carinis basi brevius, apice lon- gius abbreviatis, lævibus , linea interna juxtla carinas dor- soque hine inde punctatis, linea media fere obsoleta, basi transverse impressa, prosterno omnino lævi; elytra capite cum thorace paulo longiora, hoc plus duplo latiora, pone medium perparum ampliata, humeris rectis rotundatis, apice oblique truncato vix emarginato, extus et ad suturam acute bidentato, dorso convexa, striis e punctis grossio- ribus modice approximatis, interstitiis planiuseulis, lævi- bus, tertio quintoque ad strias pluripunctatis; pectus ‘et abdomen in utroque sexu lævia glabraque. À. platyscelis summa similitudo, differt capite fæminæ postice minus _crasso, elytris haud impresso-striatis, striarumque punctis remotis. Guyana z2allica occidentali, de Bonvouloir, A. Deyrolle. ‘ Agridiarubricollis, long.13 1/2m.Fœmina. Nigro-picea, capite piceo, thorace et femoribus rubro-sanguineis, an- tennis rufo-variegatis, elytris Iæte cyanescente-viridibus, subæneis; caput elongato-quadratum, convexiusculum, læve, basi abrupte strangulatum; thorax pone medium crassior, anterius sensim modice attenuatus, ante basin et apicem obsolete strangulatus, minus grosse densius punc- tulatus, lateribus obsolete carinalis, dorso convexo, linea media tenuissima haud depressa; elytra corporis parte anteriore longiora, cylindrica, humeris sat convexis, late- ribus parallelis, apice sat oblique emarginato-truncato, acute bidentato, striarum punctis subtransversis, intersti- ts planis subrugosis. Ab Agridia Batesu differt colore 190 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Mars 1863.) præcipue capitis femorumque, capite pone oculos magis quadrato, thorace breviore magis punctato, elytris latio- ribus, humeris magis prominulis, apice oblique truncato bidentatoque. Brasilia, Putzeys. (La suite prochainement.) COLÉOPTÈRES NOUVEAUX appartenant à la faune d'Espagne, par M. L. M. ScHaurFuss. Hetærius Marseulii. Ferrugineus, convexus, nitidus, punctis piliferis rarissimis ; thorace brevi, antice angus- talo, utrinque sulcato, lateribus rectis; elytris subtiliter striatis, striis postice abruptis. Patria : Hisp. centr.; long. 1 1/2 mill., lat. 1 1/3 mill. Platicerus spinifer. Cæruleus vel viridi-æneus, nitidulus; thorace angulis posterioribus rectis; elytris irregulariter striato-punctatis, interstitiis ruguloso-punctatis; antenna- rum clava quadri-articulata ; tibiis anticis in utroque sexu tri-vel quatuor, posticis in medio uni-majoribus spinosis. Patria : Hisp. centr.; & , long. 14 mill., lat. 5 mill. — a à9 mill, © à 31/2 mill. Campilus Kiesenwetteri. Elongatus, punctulatus, cinereo- pubescens; fronte fortiter triangulariterque impressa, antice rotundatim carinata, deflexa, utrinque elevata; oculis rotundatis, prominulis, nigris; thorace elongato, lateribus post medium parum emarginatis, basi rotundato- impresso, ante scutellum sub- bifoveolatum, trisinuato, utrinque ad angulo bidentatis, angulis posticis obtusis; elytris longioribus, punctato-striatis, interstitiis planis, punctulatis; antennis pedibusque pallidis. ? testaceus, interstitiis deplanatis, long. 14 mill., lat. 4 2/3 mill. © ferrugineis, sutura margineque testaceis : long. 11 mill., lat. 3 mill. Patria : Hisp. centr. Elater aurilequlus. Ater, subtus cinereo-pubescens, ely- tris coccineis, aureo-pilosis; thorace nigro-piloso, dense TRAVAUX INÉDITS. 121 punctato, ad basin subcanaliculato et impresso; antennis pedibusque nigris, tarsis ferrugineis. Patria : Hisp. centr.; long. 13-15 mill., lat. #5 mill. CELOX, GEN. NOY. Antennæ moniliformes, articulo primo crassiore. Frons antice deflexa, impressa, carinata. Palpi maxillares articulis ultimis securiformibus. Suturæ prosternales simplices. Coxæ basi amplæ, extrorsum abrupte nn Tarsi compressiusculi, subtus tomentosi, articulo quarto subtus lobato. Unguiculi simplices. Corpus compressum, lateribus planato-reflexis. Scutellum transversum, subrotundatum. Voisin du genre Dima. Une espèce : C. Dima sp. n. Ferruginea, hirsutula ; thorace elytrisque sutura margineque exceptis piceis, interstitiis subseriatim pilosis; ore, antennis pedibusque pallidis. | Patria : Hisp. centr.; long. 6 1/2 mill., lat. 2 3/7 mill. Bruchus adeps (Vogel). Ovatus, niger, tenue griseo-pubes- cens, antennarum breviorum articulis quinque basalibus rufo-testaceis ; thorace transverso, lateribus rectis ante medium coarctatis, scutello albido; elytris maculis mi- nutis obsolete griseo-tessellatis ; pedibus anticis, basi ex- cepta, rufo-testaceis, femoribus posticis acute denticulatis. 3/4"! (V.). Patria : Hisp. occ. Strangalia armata. F. Var. manca. Elytris post medium trifasciatis, fascia 1 a ad suturam interrupta. Patria : Hisp. centr. Leptura stragulata, Grm. 1. Var. nigrina. Tota nigra. 2. Var. variventris. Nigra, abdomine rubro, pedibus testaceis vel obscurioribus. Patria : Hisp. centr. 122 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1863.) OBSERVATIONS sur les ennemis du Caféier, à Ceylan, par M. J. Nietxer (1). En publiant ces observations, qui peuvent être consi- dérées comme une continuation d’une notice générale sur les insectes nuisibles de Ceylan que j'ai publiée, en 1857, dans la Sfettiner Ent. Zeitung, je me propose un double but : d'abord de répandre, parmi mes collègues les plan- teurs, des connaissances exactes sur le sujet qu'elles embrassent, et ensuite de fournir des matériaux pour l’'entomologie biographique et économique, branche de la science que l’on apprécie de jour en jour davantage. On doit avoir ces motifs présents à l'esprit en jugeant cer- tains passages de ce mémoire, en apparence triviaux, ainsi que d’autres purement scientifiques. Aux planteurs qui auraient désiré des explications plus élémentaires, que la place ne m'a pas permis d'introduire, je puis forte- ment recommander l’Introduction to the modern classifica- tion of insects, de Wesiwood, ouvrage orné de nombreuses figures, et source excellente et inépuisable de rensei- gnements. | La liste que je donne plus loin pourrait être facilement doublée par des recherches attentives faites dans les dis- tricts écartés, et par l’addition d'espèces sans intérêt. Mais, telle qu’elle est, elle est suffisante, en somme, pour la région entière dans laquelle se cultive le café à Ceylan, et en particulier pour le groupe de districts qui sont situés autour de la Peacock-Hill, et qui ont été le champ spécial de mes recherches. En fait, les Lecanium coffeæ, Pseudococcus Adonidum? Agrotis scgetum , et une espèce d’Ancylonycha, sont partout les ennemis importants du caféier. Les dégâts des Arhines, Limacodes, Zeuzera, Phy- (4) Observation on the enemies of the coffee tree in Ceylon, by J. Nietner. Esq.—Ccylon. Published at the {* Ceylon Times ” office. 1861. 32 pp. 8. Traduit par M. Humbert, conservateur du musée d'histoire naturelle de Genève. TRAVAUX INÉDITS. 123 matea, Strachia, et ceux des Rats, semblent être d’une nature plus locale et accidentelle; ils sont, par conséquent, d’une moindre importance. Les autres espèces sont énu- mérées seulement dans le but de donner quelque chose. de complet au point de vue scientifique. Je prie les per- sonnes qui m'ont aidé, soit ici, soit en Europe, de rece- voir mes meilleurs remerciments. Quelques notes statistiques auront peut-être de l’intérèt pour ceux de mes lecteurs qui n’habitent pas Ceylan. La région montagneuse (hill region) de l’île couvre une su- perficie d'environ 2,009 milles carrés ; elle a une forme à peu près circulaire ; son pic le plus élevé (1) est à 8,200 pieds anglais au-dessus de la mer. La culture régu- lière du caféier n’est pratiquée, pour des raisons physio- logiques, que sur ces collines ; cependant de petites plan- tations irrégulières se rencontrent partout dans les jardins, même tout près du bord de la mer. L’altitude préférée par les planteurs est entre 1,509 et 3,500 pieds; mais, dans quelques cas exceptionnels, certaines plantations descendent presque jusqu’au pied des collines, tandis que d’autres se trouvent jusqu'à 5,500 pieds, et mème plus haut. Le nombre des plantations établies d’une manière systématique, qui sont disséminées sur ces collines, se monte à environ 420, réparties sur 28 districts très-diffé- rents, à certains égards, au point de vue de l'aspect physique. Elles couvrent une superficie d'environ 90,000 acres (2), produisant environ 600,000 cwts (3) de café nettoyé (valant sur place environ 1. 1,500,000), et procurant de l'occupation à plus de 109,000 individus, qui se composent principalement de travailleurs tamils (1) Ce picest le Pedrotallagalia. Le Pic d'Adam, qui est encore cité dans beaucoup de traités comme la montagne la plus élevée de Ceylan, n’atteint qu'une altitude de 7,420 pieds.— Trad. (2) 90,000 acres = 36,420 hectares. — Trad. (3) Le hundredweight (cwt) ou quinal anglais (de 112 livres) — kil, 50,78. — Trad. 124 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1863.) de la côte de l'Inde. Dans ces chiffres ne sont pas compris environ 50,000 acres de café cultivé par les indigènes (1). Il paraît que le café fut introduit à Ceylan par les Hollan- dais, il y a environ 200 ans; mais la première plantation en règle fut établie seulement en 1825. Voici la liste des ennemis du caféier et de leurs para- sites, liste dans laquelle je n’ai pas pensé qu’il fût néces- saire de suivre strictement l’ordre systématique. Je don- nerai ensuite des descriptions détaillées des différentes espèces. HÉMIPTÈRES (2). 1. Pseudococcus Adonidum , L. ? (White or mealy büg). Parasites : Scymnus rotundatus, Motch. Et. ent., 1859. Encyrtus Nietneri, Motch., loc. cit. Chartocerus musciformis, Motch., loc. cit. Acarus translucens, N. 2. Lecanium coffeæ; Walk., List Ins. B. M. (Brown or scaly büg.) Parasites : Scutellista cyanea, Motch., loc. cit. Cephaleta purpureiventris, Motch., loc. cit. » brunneiventris, Motch., loc. cit. » fusciventris, Motch., in Litt. Encyrtus paradisicus, Motch., in Lit. » Nietneri, Motch. Cirrhospilus conivorus. Motch., in Luc. Marietta leopardina, N., in Litt. Chilocorus circumdatus, Schonh. Acarus translucens, N, (1) Le café cultivé et préparé d’une manière peu soignée par les indigènes est connu sous le nom de ‘‘ native coffee ” par opposition au café qui est produit sur les plantations dirigées par des Européens et que l’on appelle ‘ plantalion coffee. ” — Trad. (2) Les espèces indiquées ‘ Motch. in Lite.” et ‘* N. in Lite. ” ont dü être décrites dans les Etudes entom. de M. de Motchoulski, 1860 ; celles indiquées ‘‘ Feld. in Lité.”’ et ‘‘Schiner in Lilt.” dansle Wie- ner entom. Monatschrift, 1860. TRAVAUX INÉDITS. 125 3. Lecanium nigrum, N. (Black büg.) Syncladium Nietnerr, Rabh., Dresd. Hedvwig, 1858. Trichosporium Gardneri, Berk., J. Hort. Soc. Lond., 1849. 5. Aphis coffeæ, N. (coffee-louse). Parasites : Syrphus Nietneri, Schiner, in Litt. » splendens, Dolesch. Micromus australis. Hag. Verz. Wien. z.-b. Gess. 1858. 6. Strachia geometrica, Motch., in Litt. Champignon. LÉPIDOPTÈRES. 7. Aloa lactinea, Cram. pap. exot. 8. Orgyia Ceylanica, N. 9. Euproctis virguncula, Walk., loc, cit. 10. Trichia exigua, Feld., in Litt. 11. Narosa conspersa, Walker, loc. cit. 12. Limacodes graciosa, Westw., Ent. cab. 13. Drepana ? 14. Zeuzera coffeæ, N. 15. Agrotis segetum, Wien. V. (Black grub). 16. Galleriomorpha lichenoides, Feld., in Litt. 17. Boarmia Ceylanicaria, Feld., in Latt. 18. » leucostigmaria, Feld., in Litt. 19. Eupithecia coffearia, Feld., in Lite. 20. Tortrix coffearia, Feld., in Litt. 21. Gracilaria (?) coffeifoliella, Motch., loc. cit. DIPTÈRES. .22. Anthomyza |?) coffeæ, N., in Motch., loc. cit. ORTHOPTÈRES, 23. Phymatea punctata, D. 126 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1863.) COLÉOPTÈRES. 94. Ancylonycha spec. ? [White grub.) 25. Arhines (?) destructor, N. APTÈRES. 26. Acarus coffee, N. MAMMIFÈRES. 97. Golunda Ellioti, Gray,-in Kel. Prod. {coffee-rat). Descriptions et observations. 1. Pseudococcus Adonidum (White or mealy büg). Male : tête assez carrée, élargie en arrière et arrondie aux angles postérieurs ; yeux saillants, noirs; petits ocelles latéraux ; antennes de 9 articles, le 2° le plus long, le 3° le plus court, les articles 4-9 subégaux ; bouche représentée ex- térieurement par deux protubérances noires, ressemblant à des mandibules émoussées. Thorax large, carré-oblong, élargi aux épaules; 2 ailes grandes, à 2 nervures, hya- lines ; fortement iridescentes, couchées le long du dos, se recouvrant à moitié l’une l’autre pendant le repos. Scu- tellum large, transversal, arrondi au sommet. Abdomen subcylindrique, d’une apparence ridée, avec 2 longues soies anales qui sont légèrement bouclées et d’une eon- sistance farineuse {mealy) et cassantes. L’insecte est d'un brunâtre sale clair et légèrement velu; il est beaucoup plus petit que les femelles; il n’a guère qu’une demi-ligne de long , et ressemble à certaines petites éphémères. Femelle : aptère, ovale, d'un violet brunâtre couvert d’une poussière blanche farineuse qui forme, sur le bord, une frange roide, fournissant une dentelure ou touffe de chaque côté de chaque seoment, et deux soies à l’extré- mité de l'abdomen. Le dos est marqué de trois plis lon- gitudinaux et de plis transversaux, dont le nombre corres- pond à celui des segments; sur chacun des trois plis TRAVAUX ‘INÉDITS. 127 longitudinaux la sécrétion farineuse forme une sorte de crête. Les antennes, les pattes et la promuscide sont d’un brun clair et légèrement velues. Les premières sont séta- cées, presque aussi longues que les pattes, dirigées en avant et formées de 8 articles, dont le dernier est le plus long. La promuscide est située entre la paire de pattes antérieure, garnie de quelques poils, mais ne porte pas de soies suceuses à son extrémité. La larve et la nymphe de la femelle ressemblent à l’in- secte parfait, mais dans des proportions moindres. Dans la nymphe du mâle, les ailes et les soies anales sont rudi- mentaires ; dans la larve du mâle, elles manquent totale- ment. Ces mâles imparfaits ressemblent à des pucerons ou à de jeunes psoques, mais ils portent les antennes tournées en arrière le long des côtés du corps. Les larves et les nymphes sont actives, elles se meuvent. La propagation étant continue, on rencontre ces in- sectes toute l’année dans leurs différents états de déve- loppement ; il me semble cependant que les mâles sont plus abondants en juin et en janvier que dans aucune autre saison. Ils affectent les localités sèches et chaudes, et se trouvent aussi bien sur les branches que sur les racines des arbustes, jusqu’à environ un pied au-dessous du sol. Les œufs sont déposés etenveloppés dansunesubstanceblanche cotonneuse ; ils sont ovales et de couleur jaune. Je ne suis pas sûr qu'il n’y ait pas deux espèces dans l’île, car je trouve certaines communautés sensiblement plus aplaties et couvertes d'un duvet farineux plus dense. Cela pour- rait, toutefois, n'être que des variétés locales. Le Pseudoc. Adonidum semble être identique à l’espèce naturalisée dans les serres de l’Europe, qui est peut-être cosmopolite. Elle est très-voisine du Pseudoc. Cacti, de Linné, qui est la Cochenilile. 11 existe dans l’île plusieurs insectes qui ressemblent au Pseudoc. Adonidum, mais ils ont la di- mension d’une pièce de six pence ou même d'un shilling, 128 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Wars 1863.) et appartiennent au genre Dorthesia; j'ai généralement trouvé l’espèce des montagnes sur la tige d'un Laurier, le Tetranthera Gardneri, Thw. On trouvera des observations générales sur ces In- sectes après les descriptions du Lecanium coffeæ et L. nigrum. Le Pseudoc. Adonidum est la proie de la larve du SCYMNUS ROTUNDATUS. Petit Coléoptère de la famille des Coccinellides, qui est noir et pubescent et a la grosseur d’une tête d’épingle. Sa larve ressemble beaucoup au Pseudoc. Adonidum et pour- rait aisément être prise pour lui. Elle est, toutefois, plus allongée, plus étroite, plus aplatie et d’une couleur jau- nâtre, mais couverte de poils blancs serrés et roides, de la même nature cotonneuse que ceux du Pseudococcus. Ce revêtement se renouvelle quelquefois, et il est surtout épais quand la métamorphose va avoir lieu. La larve su- bit sa transformation dans un mince cocon ovale à l’exté- rieur duquel l'enveloppe blanche de la larve reste adhé- rente. Cette larve est très-active et s'attache à la face in- férieure du Pseudococcus. J'en ai élevé plusieurs, en mars et avril 1859, dans des bouteilles vides. Westwood (/n- trod., vol. I, 398) mentionne le fait de la larve d’un Scymnus se nourrissant d’Aphides et (vol. II, 443) celui d'Insectes de ce genre vivant aux dépens d'Aleurodes. La larve du Scymnus est un parasite externe, et M. de Mot- choulski se trompe lorsqu'il dit que je l’ai découverte dans le Pseudococcus. Le Pseudococcus est aussi la proie des EncyrTus NIETNERI et CHARTOCERUS MUSCIFORMIS Qui sont deux petits Hyménoptères dont le premier est TRAVAUX INÉDITS. 129 :aunâtre et commun, et le second noir et plus rare. Ils n’ont que 12° de long. Il y à aussi une très-petite mite translucide blanchâtre que l’on trouve mêlée au Pseudo- coceus et qui lui est sans doute nuisible à un certain de- gré. Je l’appellerai ÂCARUS TRANSLUCENS. 2% Lecanium coffeæ ( Brown or scaly büg). — Mâle; tête arrondie-ovalaire dans le sens transversal, rétrécie et carrée en avant; yeux grands, noirs; deux petits ocelles latéraux: antennes de neuf articles, dont le second est le plus court et le troisième le plus long ; articles décrois- sant depuis celui-là jusqu’à l'extrémité, bouche comme dans le mâle du Pseudococcus Adonidum. Thorax grand, cordiforme, rétréci en avant; deux ailes hyalines, à deux nervures, la subcostale d’un rose foncé; au repos elles ne sont pas étendues le long du dos, mais à moitié éta- lées. Scutellum comme dans le Pseudococcus Adonidum. Abdomen subcylindrique triangulaire, d’un aspect ridé, avec deux pointes latérales, un appendice central et deux longs filaments fins et blancs à l'extrémité. L’insecte est encore plus délicat que le mâle du Pseudococcus, d’un brun-rosâtre clair, lévèrement velu, très-joli. . Femelle ; aptère, testudiniforme, jaunâtre, marbrée de gris ou de brun clair, subovale, plus ou moins hémisphé- rique selon l’âge ; dos rugueux avec une côte longitudi- nale élevée et deux transversales; yeux marginaux, noirs ; antennes de sept articles, le troisième le plus long ; pro- muscide ayant un long suçoir ou soie. Les vieux individus sont d’un brun clair avec un bord foncé ; ils sont lisses, hémisphériques, fixés à la branche. La larve de la femelle a deux filaments anaux qu’elle perd plus tard. Les larves et les nymphes des deux sexes sont actives, à l'exception de la nymphe du mäle qui se trouve en abondance à la 2° série. Tr. xv. Année 1863. 9 130 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1863.) face inférieure des feuilles, où l’on découvre facilement la longue coque, étroite et ovale sous laquelle elle se trouve. Cette coque est transparente et composée de neuf plaques, dont trois sont centrales et trois sont disposées de chaque côté. J’ai quelquefois trouvé la face inférieure des feuilles entièrement couverte de nymphes de mâles toutes mortes. Cet insecte affecte les localités élevées (au-dessus de 3,000 pieds), froides, humides, peu aérées ; on l'y ren- contre dans tous les états de développement et pendant toute l’année, car la propagation est continue chez cette espèce comme chez le Pseudococcus Adonidum. De même aussi que chez ce dernier insecte les mâles semblent être plus abondants en juin et en janvier que dans aucune autre saison. Les œufs qui sont ovales et de cou- leur rosätre ne sont pas positivement pondus par la fe- melle ; mais, lorsqu'ils arrivent à maturité, celle-ci meurt, et tout son intérieur forme une masse d'œufs protégée par Ja coque. Cette espèce est très-voisine de l’Insecte de la Laque (Coccus lacca, K.) de l'Inde. Le Lecanium coffeæ est infesté de plusieurs parasites, parmi lesquels les suivants sont les plus communs : Scutellista cyanea, Cephaleta purpureiventris, Encyrtus Nietneri, » brunneiventris, » paradisicus, » fusciventris, Cirrhospilus coccivorus, Marietta leopardina. Tous ces insectes sont des Hyménoptères extrêmement petits, présentant sous le microscope les formes les plus élégantes et, pour la plupart, les plus brillantes couleurs métalliques ; la Marietta, par exemple, est toute tachetée ou ocellée de noir et de blanc, comme un Léopard. On peut les obtenir facilement en plaçant dans une bouteille une branche garnie de Lecanium et coupée de longueur convenable; on y trouvera, après quelque temps, les pe- TRAVAUX INÉDITS. 131 tites guêpes sorties du Lecanium et volant çà et là dans l'intérieur. Le parasite dépose ses œufs au milieu des Le- canium ; une fois écloses, les jeunes larves trouvent faci- lement leur chemin vers la face inférieure molle du corps de leurs victimes, où elles s’attachent comme des sang- sues; protégées et nourries par le corps de leur hôte, elles restent dans cette position jusqu’à ce qu’elles aient atteint l’état parfait. Naturellement un Lecanium ainsi attaqué ne produit pas d'œufs, et, au lieu de jeunes jarves, il finit par en sortir ces petites guêpes. Dans les coques des vieux Lecanium on remarque souvent un ou deux trous ; c’est par là que les parasites ont effectué leur sor- tie. J'ai vu jusqu’à six larves {appartenant à différentes espèces d'Hyménoptères) attachées à un seul Lecanium. On peut voir facilement ces larves en retournant quelques Lecanium adultes avec la pointe d’un canif; ce sont des petits vers blancs ou jaunâtres, dépourvus d’yeux et de pattes ; quelques-uns d’entre eux peuvent sauter à une distance considérable en repliant leur corps en deux, et en l’étendant ensuite de toute sa longueur par un mouve- ment spasmodique. Je reviendrai plus loin sur ce sujet. En examinant des Lecanium adultes on trouve souvent leurs coques pleines, au lieu d'œufs, d’une substance blanche et floconneuse dans laquelle se remue activement YAcarus que j'ai mentionné plus haut : Acarus translucens. — J'ai pensé, mais sans en être certain, qu'il pouvait bien être, dans ces cas-là, le des- tructeur des œufs, et que la substance floconneuse était formée par les coques des œufs vides et en voie de dé- composition. Les planteurs ont un autre allié dans la larve d’une espèce de Coccinelle qui vit aux dépens du Lecanium : Chilochorus cireumdatus (Ch. nigro-marginatus, N., in 132 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1863.) Motch., Et ent.).— Cette larve est d’un gris cendré, ornée de taches noires et de rangées d’épines noires. L’insecte parfait ressemble assez au Lecanium coffeæ adulte ; il est semi-globuleux, d’un brun elair avec un bord noir sur le pourtour des élytres. Il y en a une variété qui est com- plétement brun foncé. La peau de la larve se fend, mais n’est pas rejetée quand l’insecte passe à l’état de nymphe. Lorsque linsecte parfait sort de sa double coque, il est blane ; il se retourne sur lui-même la tête du côté dela par- tie postérieure de la peau, et reste, pendant vingt-quatre heures, dans cette position, sur ses enveloppes précé- dentes, avant de se mouvoir. Pendant ce temps il prend sa coloration propre. Il est commun dans toutes les sai- sons, mais surtout de mars en septembre; on le remarque dans toutes les phases de ses métamorphoses, la larve se fixant ordinairement à la face inférieure de la feuille quand l’époque de la transformation approche. 3° Lecanium nigrum (Black büg). — Le mâle de cette espèce m'est inconnu. La femelle a la forme d'un bouclier; elle est beaucoup plus large et plus plate que celle du L. coffeæ ; sa couleur varie, selon l’âge, du gris-jaunâtre au brun foncé et presque au noir; elle est subovale ; la face _ dorsale est légèrement rugueuse vers le bord et marquée d’une côte longitudinale et de deux côtes concentriques ovalessur le disque. La coque, vue au microscope, se montre composée de petits compartiments semblables au pavé d’une rue. Fente anale comme dans la femelle du L. cof- feæ. La vieille femelle a la forme d’un bouclier ; elle est noire, avec une légère côte longitudinale. La larve a deux longues soies anaïes noires et un tube protrac- tile. Cette espèce se rencontre seule ou mêlée avec le Z. coffeæ; mais elle est très-distincte de celui-ci et se re- connaît à première vue. Elle est beaucoup moins abon- dante et, par conséquent, sans importance pour le plan- SOCIÉTÉS SAVANTES. 133 teur. Je n'ai pas réussi à obtenir des parasites de cette espèce. Pour suivre le c@urs naturel de mes observations, je dois mentionner maintenant un champignon : , | Syncladium Nietneri, t Trichosporium Gardneri. (La suile prochainement.) II. SOCIÉTÉS SAVANTES. ACABÉMIE DES SCIENCES DE PARIS. Séance du 2 mars 1863. — M. Husson présente une deuxième note sur la quantité d'air indispensable à la respi- ration durant le sommeil : M. Cuzent adresse la note suivante sur un cas d’empoi- sonnement. « Appelé, en qualité d’expert, à démontrer la pré- sence du cuivre dans des Huitres vertes saisies sur le marché de Rochefort, et à déterminer la quantité qu'elles contenaient de ce toxique, j'ai été à même de faire quelques observations intéressantes. En attendant que mon travail soit achevé, je viens indiquer deux pro- cédés qui permettent de reconnaître à l’instant la pré- sence du cuivre dans ces mollusques. « 1° Le premier consiste à employer l’ammoniaquepure. Si l'Huiître contient du cuivre, sa teinte, au lieu d’être d’un vert bleuâtre plus ou moins foncé, est d’un vert clair (vert d'herbe), et le mollusque parfois laisse suinter des lobes de son manteau une matière visqueuse qui ressemble à un précipité de vert-de-gris. Versée sur la chair de l'Huître, lammoniaque, par son coniact, produit la couleur bleu 134 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1863.) foncé qui caractérise le sel de cuivre ammoniacal, et lou peut alors suivre la trace du poison jusque dans les vais- seaux les plus déliés du foie de l’animal. «2° Le second procédé a pour but d'isoler le cuivre à l'état métallique. Il consiste à piquer une aiguille à coudre dans les parties vertes de l’Huître, à verser ensuite sur le mollusque une quantité de vinaigre suffisante pour l'im- merger, et à laisser le tout en contact pendant quelques secondes. & Il ne faut pas une minute pour que la partie de Pai- guille enfouie se recouvre d’un enduit rouge de cuivre métallique. On devra, préalablement, s'assurer de la pu- reté du vinaigre. Ces procédés sont tellement sensibles, que j'ai pu isoler le cuivre de plusieurs de ces mollusques qui n’en contenaient que de faibles quantités. Il suffit, dans ce cas, lorsqu'on opère avec les aiguilles, de pro- longer plus ou moins le temps de leur contact avec Ja partie verte soumise à l’expérience. « Les Huîtres saisies provenaient de l'Angleterre; elles ont été draguées sur un banc dela rivière de Falmouth et voisin d’une mine de cuivre. Ces mollusques ont occa- sionné plusieurs symptômes d’empoisonnement. » Séance du 9 mars. — M. Flourens fait hommage, à l’A- cadémie, d’un volume qu'il vient de publier sous ce titre, De la Phrénologie et des Etudes vraies sur le cerveau. L'illustre physiologiste donne ensuite lecture de la note suivante sur l'infection purulente. «M. Maisonneuve, avec ce talent précieux de la clarté qui le caractérise, a mis dans tout son jour la théorie de l'infection purulente. 'ai présenté, dans une des dernières séances, un fait qui rentre dans cette théorie et qui la confirme. Quelques gouites de pus pris sur la dure-mère d’un chien et porté sur la dure-mère d’un autre chien ont produit une méningite violente et causé la mort. « J'ai fait porter quelques gouttes de ce même pus, SOCIÉTÉS SAVANTES. 435 pris sur la dure-mère d’un chien, sur la plèvre d’un autre chien parfaitement sain. Au bout de trente-six heures, l’a- nimal est mort. On a trouvé une double pleurésie puru- lente. Toute la plèvre, et la plèvre des deux côtés, était remplie de pus. On n’a trouvé de pus dans aucun autre viscère. «On a porté du pus sur les muscles abdominaux d'un chien parfaitement sain. L'animal est mort au bout de quatre jours ; une énorme infiltration de pus s'était glissée entre les divers muscles de l'abdomen. « Jusqu'ici le pus avait été porté d’un animal sur un autre. Sur le même animal j'ai fait porter du pus d'un viscère sur un autre viscère. Du pus pris sur la dure-mère a été porté sur la plèvre. Le cinquième jour, l'animal est mort. La cavité pleurale gauche était remplie de pus. « Ainsi, du pus porté d’un animal sur un autre animal, ou, sur le même animal, d’un viscère sur un autre viscère, transmet à cet autre animal ou à cet autre viscère une affection purulente des plus violentes, et qui finit par causer la mort. « J'ai multiplié ces expériences. Elles ne peuvent laisser de doute. La théorie de l'infection purulente est donc dé- montrée. C’est, d’ailleurs, une théorie admise. Les faits que l’on vient de voir n’en sont que de nouvelles preu- ves, mais singulièrement remarquables, d’abord par la circonscription du mal dans le lieu où on le porte : porté sur les méninges il se borne aux méninges, porté sur la plèvre il se borne à la plèvre, etc. ; et, en second lieu, par la rapidité de sa terminaison, presque toujours funeste. Mais que d’études encore demandent de pareils faits! Je commence à peine. « Je terminerai cette Note par des considérations d’un ordre très-différent. « Je ne connais pas, en pathologie, de problème plus difficile que celui de la distinction des affections des vis- cères d'avec les affections de leurs enveloppes. 155 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1863.) « Indépendamment de ce mouvement général qui leur est commun avec tout l'organisme, chacun de nos viscères a un mouvement propre : le cœur a son mouvement de contraction et de dilatation; les poumons ont leur mou- vement d'expansion et de resserrement; les intestins ont mille mouvements qui leur appartiennent ; le cerveau à son mouvement d’élévation et d’abaissement, qui se voit sur la fontanelle des enfants, etc. « Or, pour ce mouvement propre, chaque viscère a besoin d’être isolé des autres et parfaitement libre. Aussi chaque viscère a-t-il reçu une enveloppe particulière : le cœur a son péricarde, les poumons ont leur plèvre, les intestins ont leur péritoine, le cerveau a ses méninges. « Ici la physiologie doit venir en aide à la pathologie. Par mes dernières expériences, j'ai mis le physiologiste en mesure de produire à volonté des abeès quand il veut étudier les abcès, de produire des méningites quand il veut étudier la méningite; il en est de même pour la pleu- résie, pour la péritonite, ete. A force d'étudier ces affec- tions, on finira par en déterminer les symptômes. Chaque lissu à son symptôme, son signe, son caractère, et c'est à la physiologie de le donner clair et précis. & Il y a dans l’homme deux hommes, l’homme sain et l'homme malade. Ce n’est pas connaître nos organes que de n’en connaître que l’état sain. Morgagni est une mine inépuisable pour le physiologiste. Morgagni est la contre- partie de Haller, Haller n’a vu que l'état sain; Morgagni n’a vu que l’état malade; ils se complètent l’un par l'au- tre; à eux deux ils ont tout vu. « Pour reconnaître les « maladies très-cachées, ad abditissimos morbos internos- « cendos, disait Morgagni, on ne peut se passer de la phy- « siologie. » Combien de fois, quand il s’agit de fonctions très-obscures, le physiologiste n’a-t-il pas occasion, à son tour, d’invoquer la pathologie ! » M. Pasteur lit un travail intitulé, Nouvel exemple de fermentation déterminée par des anèmalcules infusoires pou- SOCIÉTÉS SAVANTES. 1437 vant vivre sans gaz oxygène libre, et en dehors de tout con- tact avec l'air de l'atmosphère. Séance du 16 mars. — M. E. Faivre lit un mémoire in- titulé, Recherches expérimentales sur la distinction de la sensibilité et de l’excitabilité dans les différentes parties du système nerveux d'un insecte, le Dytiscus marginalis. «En poursuivant des recherches entreprises depuis huit années sur les fonctions du système nerveux d’un in- secte, le Dytiscus marginalis, nous avons été conduit à examiner, au point de vue expérimental, la question restée indécise de la sensibilité et de l’excitabilité dans le système nerveux des Invertébrés. Voici quelques-uns des résultats de nos recherches : « Nous agissons légèrement sur la face supérieure du ganglion prothoracique, et nous constatons qu’elle n’est pas sensible, mais excitable. « Si, au lieu de piquer superficieliement cette face su- périeure, on la lèse plus profondément en introduisant une aiguille sous le périnèvre, dans le sens antéro-posté- rieur et parallèlement à la face du ganglion, on détermine une paralysie persistante du mouvement avec conservation de la sensibilité. « En agissant sur la face inférieure du ganglion, on constate d’abord qu’elle est sensible, et cette sensibilité se traduit par des mouvements généraux. On reconnaît également que, par une lésion de cette face, il est pos- sible de déterminer une paralysie de la sensibilité avec conservation du mouvement. Pour obtenir ce résultat, deux conditions sont indispensables : pratiquer l’opéra- tion dans la région voisine de l’origine du nerf sur lequel on veut agir, opérer très-superficiellement par pression réitérée, et non par pénétration dans la substance ner- veuse. La pénétration, mème très-peu profonde, déter- mine presque immédiatement une double paralysie de la sensibilité et du mouvement. La difficulté d'éviter cette double paralysie est très-grande et démontre que Îa ré- 138 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Mars 1862.) gion de la face inférieure affectée à la sensibilité est res- treinte, superficielle et intimement unie aux éléments mo- teurs de la substance nerveuse sous-jacente. « Les paralysies isolées de la sensibilité sont moins per- sistantes que les paralysies du mouvement. « Les expériences pratiquées sur le ganglion prothora- cique nous ont démontré que la paralysie complète du mouvement et de la sensibilité des deux pattes n’entraine pas l'abolition des propriétés conductrices du centre ner- veux ; en effet, si, après avoir produit cette double para- lysie, on pince les antennes de l’insecte, il agitera ses pattes postérieures, et, si l’on pince les pattes postérieures, il agitera ses antennes. « En nous plaçant dans les conditions précédemment déterminées, nous avons également réussi à produire, sur le ganglion mésothoracique, des paralysies partielles du mouvement et de la sensibilité. « Les remarquables expériences de M. Flourens ont fait connaître la distribution de la sensibilité et de l’exci- tabilité dans les diverses parties du système nerveux des animaux vertébrés. Guidé par la méthode instituée et les résultats obtenus par M. Flourens, nous avons essayé de déterminer, de démêler les mêmes propriétés dans les différentes régions de la chaîne ganglionnaire de l’in- secte. « Nous agissons sur le ganglion sus-æsophagien ou cerveau, et nous constatons que sa sensibilité est presque nulle, quelle que soit la face que l’on irrite; c'est un trait frappant de ressemblance avec le cerveau proprement dit chez les animaux supérieurs. « Nous agissons sur les renflements nerveux, ou con- nectifs pédonculaires, situés à la face inférieure et latérale du cerveau; l’insecte manifeste des signes d'une vive douleur. ? « Si nous opérons à la face inférieure du ganglion sous- œsophagien, nous produisons dans les membres et dans SOCIÉTÉS SAVANTES. 139 les pièces de la tête une agitation convulsive permanente, violente, qui dénote une excessive sensibilité; aucun autre ganglion ne donne lieu à des troubles généraux aussi marqués. La face supérieure du centre nerveux sous-æsophagien est beaucoup moins sensible, mais elle est excitable. « Les ganglions méso et métathoraciques sont sensibles à la face inférieure, excitables à la face supérieure. « Les deux centres nerveux qui se rattachent au nerf stomato-gastrique, savoir le frontal et le ganglion gastri- que, ne présentent pas de sensibilité manifeste, quelle que soit la face irritée. « Les connectifs sont sensibles, mais ils le sont peu; en effet, l’excitation doit être vive pour produire des mouve- ments d'ensemble. « Sur un insecte nous coupons le cordon du connectif droit, en laissant le gauche intact, et nous irritons tour à tour les deux bouts du connectif coupé; le pincement de l'extrémité supérieure ou céphalique détermine aussitôt de violents mouvements généraux; l'impression transmise au centre nerveux céphalique a donc été réfléchie et trans- mise par le connectif intact aux membres placés en arrière de la section; le pincement de l’extrémité périphérique détermine des mouvements dans les pattes du côté cor- respondant. « Les connectifs sont donc à la fois sensibles et exci- tables ; ils conduisent les impressions de la périphérie au centre, et du centre à la périphérie. € En répétant, sur les nerfs des pattes thoraciques, des expériences analogues, nous avons également constaté qu'ils sont à la fois sensibles et excitables; sensibles par leur extrémité centrale, excitables par leur extrémité pé- riphérique: ils sont mixtes dès leur origine, et sans ra- cines distinctes à l'extérieur du ganglion. « Des expériences que nous venons de rapporter, nous tirons les conséquences suivantes : 140 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1863.) « 4° La sensibilité et l’excitabilité sont distinctes dans les centres nerveux des Dytisques, comme elles sont dis- tinctes dans la moelle épinière des animaux supérieurs; on peut les isoler en produisant soit une paralysie du mouvement, soit une paralysie de la sensibilité. « 2° Pour produire l'abolition de la sensibilité, il faut agir superficiellement à la face inférieure du ganglion : cette face est sensible. Pour produire l'abolition du mou- vement, on peut agir profondément à la face supérieure : cette face est seulement excitable. « 3° On peut déterminer une double paralysie sans abolir la propriété conductrice du ganglion. « 4° Le ganglion sus-æsophagien est très-peu sensible; la sensibilité est bien marquée à sa face inférieure, au ni- veau de l’origine des connectifs pédonculaires. Elle est excessivement vive à la face inférieure du centre nerveux sous-æsophagien. «5° Les ganglions du système nerveux stomato-gastrique sont insensibles, mais excitables. « 6° Les connectifs sont à la fois sensibles et excitables. « 7° Les nerfs des pattes, mixtes dès leur origine gan- glionnaire, et sans racines apparentes, distinctes, jouis- sent des mêmes propriétés. « Pendant longtemps la signification du système ner- veux des animaux invertébrés a été l’objet de vives con- troverses. Nos expériences peuvent contribuer à Jeter quelque jour sur ce sujet encore obscur; elles indiquent, au point de vue des propriétés, de profondes analogies entre la chaîne ganglionnaire des Invertébrés et la moelle des animaux supérieurs ; elles vérifient et confirment les inductions basées sur l'anatomie et l’histologie. « La distinction établie par Ch. Bell entre la sensibilité et l’excitabilité apparaît comme un des traits les plus gé- néraux, les plus constants du plan physiologique d'après lequel le système nerveux semble constitué, SOCIÉTÉS SAVANTES. 441 « Ces incontestables analogies montrent combien il est logique d'étudier d’abord les êtres les plus simples, si l’on veut mieux comprendre l’organisation des êtres plus par- faits. » : M. Bonnafond adresse un travail sur les alliances con- sanguines. M. Saurel adresse une note sur la quantité d'air néces- saire à la respiration durant le sommeil. M. de Quatrefages, en présentant un travail de M. Du- housset sur les races humaines de la Perse, s'exprime ainsi : « M. le commandant Duhousset, envoyé en Perse pour contribuer à l’instruction militaire des armées du schah, a employé ses loisirs d’une manière dont doivent lui sa- voir gré tous les amis de la science. A la fois sculpteur et dessinateur, il a appliqué ses talents à l’étude de quelques animaux domestiques, du chameau et du cheval surtout. Il s’est, en outre, occupé, d'une manière toute spéciale, des races humaines. Je n’entretiendrai l’Académie que de ces dernières recherches. « Les études anthropologiques de M. Duhousset ont porté sur huit populations distinctes, savoir : les anciens Persans, représentés encore par les Guèbres et ies Parsis; les Tadjiks et les Iliates ; les Turcomans, les Kurdes, les Afghans, les Bakhtvaris, les Beloudjes et les Arians In- diens. « Chacun de ces groupes est représenté dans le travail de M. Duhousset par de nombreux dessins reproduisant les traits de l’homme et ceux de la femme. Ces dessins, exécutés par un homme instruit et dans un but scienti- fique, ont une valeur tout autre que ceux qu’aurait pufaire un artiste ordinaire, possédant même un talent supérieur, mais étranger aux questions anthropologiques. Aussi est- il vivement à désirer que cette belle suite de dessins soit publiée. Si ce vœu n’est pas exaucé, nous savons au moins qu’elle entrera dans quelqu'un de nos établissements pu- 142 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1863.) blics. Le ministre de l'instruction publique etle ministre d’État viennent d’en faire l'acquisition, et je n'hésite pas à ajouter que sa place naturelle serait à côté des vélins où le muséum fait représenter depuis tant d'années les ani- maux et les plantes les plus remarquables de ses collec- tions. « Mais M. Duhousset ne s’est pas borné à nous rap- porter l’iconographie remarquable que je viens d’indi- quer, et dont l’Académie peut juger par elle-même. Dans le Mémoire que je dépose au nom de l’auteur, il a donné avec détail les caractères de chacune des races mention- nées plus haut, et ajouté des dessins à la plume repro- duisantles formes typiques du crâne qui leur sont propres. Ces croquis sont accompagnés de nombres indiquant les moyennes des mesures prises par M. Duhousset. La plus grande circonférence horizontale de la tête, la demi-cir- conférence verticale, le diamètre antéro-postérieur et le diamètre transversal ont été, pour chaque race et pour les principales variétés de chacune d’elles, l’objet de me- sures rigoureuses. Cette partie du travail de M. Duhous- set comble des lacunes réelles dans l’histoire des races asiatiques, et en publiant le résultat de ses recherches l’auteur rendra à l'anthropologie un service très-sérieux. » Séance du 23 mars. — M. Milne-Edwards annonce que le musée d'histoire naturelle vient de recevoir un Aurochs vivant, le premier qui ait été vu en France depuis les temps historiques. M. Vinson présente une Note sur le Ver à soie de l'am- brevate. « Dans un récent voyage dans l’intérieur de Madagascar, j'ai étudié la sériciculture chez les Hovas, et les moyens de naturaliser dans les pays français cette espèce nouvelle et spéciale à cette île. L'élève se fait en plein champ et sans frais. Les indigènes recueillent les cocons, les immergent dans l’eau bouillante, les ouvrent pour en retirer la chry- salide qui est comestible. Ils cardent ces cocons et les ANALYSES D OUVRAGES NOUVEAUX. 143 filent à la main. Ils font de deux à quatre récoltes par an. Les procédés de teinture sont encore grossiers chez les Malgaches : ils emploient pour obtenir le rouge les semences du Rocou (Biria orellana, L.) et les écorces de Natte (Imbricaria maxima, DC.); pour le jaune, le Safran (Curcuma longa, Rœmf.);, pour le bleu, l’Indigo (Indi- gofera tinctoria, L.); pour la couleur brune, ils se bornent à enfouir la soie dans les marais. Ils se servent, comme mordant, d’une dissolution de sulfate de fer ou d'acides végétaux. Le Ver à soie est d’un gris rougeâtre, armé de piquants : le cocon est d’un gris jaunâtre, long de 45 mil- limètres. Le papillon appartient au genre Borocera (Boisduv.). Le mâle est d’un rouge brique; la femelle est d'un gris perle : chez les deux les ailes supérieures ont deux raies brunes. Je l’ai nommé Borocera Cajani, du nom de la plante dont se nourrit ce ver. Si j’ai cru devoir appeler aujourd’hui l’attention de l’Académie sur ce Ver à soie nouveau, c’est que sa naturalisation peut devenir un jour une branche d'industrie très-importante pour la France et ses colonies. » Cette note intéressante est un extrait d’un travail plus étendu que M. Vinson a publié, en commun avec M. Ch. Coquerel, dans le premier numéro du Bulletin de la Société d'acclimatation et d'histoire naturelle de l’ile de la Réunion, t. I, p. 16 à 24, pl. 1; mémoire dont nous ren- drons compte dans un prochain numéro. III, ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. Beskrevelse, etc. — Description du Lophogaster typicus, type d’un genre nouveau .et remarquable de Crustacés, par M. Meich. Sars, in-4°, Christiania, 1762. Delle malattie. — Des maladies et des dommages que souffre le poirier dansla province de Bologne; mémoire par Gust. BERTOLONI. — Extr. des Mém. de l’Acad. des sciences de l'institut de Bologne, in-4°, fig. Bologne, 1860. 14e REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mars 1863.) L'auteur passe en revue les nombreux insectes qui at- taquent le poirier. Il a figuré les petits cocons que l’on trouve en grand nombre sous l’écorce noircie par la ma- ladie, et le petit papillon qui en sort, et que Zeller a dé- crit sous le nom Æchmia metallicella. IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. SUR L'AUTRUCHE. — On trouve, dans les Bulletins de la Société impériale d’acclimatation, un travail très-intéres- sant sur l’Autruche, dans lequel l’auteur, M. Berg, s'élève contre l’assertion d’Adanson, admise plus tard par Cuvier et Milne-Edwards, savoir que les Autruches savent lancer avec une grande vigueur des pierres en arrière, pour se soustraire à la poursuite de leurs ennemis. Il à poursuivi à cheval des Autruches pendant son séjour à Podor, et il les a toujours vues fuir rapidement sans songer à se dé- fendre ; mais ce qui l’a frappé surtout, et ce dont il a eu des preuves nombre de fois, c’est la peur qu’éprouve in- stinctivement le cheval à l'approche de l’Autruche. Toutes les fois qu'il a poursuivi une Autruche et qu'il est parvenu à la forcer, son cheval a fait un bond de côté et n’a pas voulu l’approcher. TABLE DES MATIÈRES. Pages. MarcHAND. Poussins des oiseaux. 97 BouURGUIGNAT. Mollusques nouveaux. 100 Caaupoir (ne). Cicindélètes et Carabiques nouveaux. 111 ScHAurFuss. Coléoptères nouveaux. 120 NieTNErR. Insectes ennemis du caféier. 122 SOCIÉTÉS SAVANTES. 133 Analyses. 113 Mélanges et nouvelles. 144 IMP. DE M" V® BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'ÉPERON, D. — 1863, VINGT-SIXIÈME ANNÉE. — AVRIL 1863. I. TRAVAUX INÉDITS. Norice sur les oiseaux de la petite famille des Thino- coridés et sur les caractères de leur œuf, par O. pes Murs. Pendant longtemps on n’a eu, pour se guider sur la place à donner aux Thinocoridés dans la série métho- dique, que quelques renseignements vagues sur leurs ha- bitudes fournis par d’Orbigny et par M. C. Gay. . Plus tard, c’est-à-dire près de quinze ans après la dé- couverte de ces voyageurs, sont venues les observations plus précises des naturalistes du eagle, qui ont révélé à la science des faits démontrant la double affinité de cette famille avec les Perdicidés, dans l’ordre des Gallinacés , d’une part, et avec les Tringidés, dans l’ordre des Échas- siers, d'autre part. Ainsi les Thinocores se rencontrent partout où il y a des plaines stériles ou des pâturages maigres et découverts, dans l’Amérique australe. Le Thinocorus rumicivorus d’Eschscholtz, par exemple, se trouve à l’est, dans les plaines de la Patagonie, près Santa-Cruz, vers le 50° de- gré de latitude, et à l’ouest sur le versant des Cordillères , à la Conception, vers les lieux où le pays, couvert de forêts, se change en vastes plaines nues. Depuis ce point méridional du Chili jusqu'à Copiapo, on le rencontre dans les localités les plus dépourvues de végétation et les 2e gérRip, T xy. Année 1863 10 146 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1863.) plus désolées, où aucun être vivant ne semble pouvoir exister. Comme les Perdrix, les Thinocores prennent leur vol par compagnies ; comme elles, ils sont oiseaux pulvéra- teurs. Dans ces deux particularités de mœurs, comme aussi dans la forme de leur gésier musculeux, adapté à une nourriture végétale, dans celle de leur bec voüté, de leurs narines à opercule charnu, de leurs tarses peu éle- vés et de leurs doigts, ces oiseaux ont une grande affinité avec les Cailles. Mais, dès qu'on les voit voler, on change d'avis : leurs ailes, longues et pointues, si différentes de celles des Gaï!- linacés, leur vol élevé et irrégulier et leur cri plaintif, au moment où ils quittent le so!, rappellent toutes les allures des Bécassines, quoique, lorsqu'ils sont réunis en troupe, ils prennent leur essor comme une compagnie de Perdrix. Les matelots du Beagle les nommaient, en général, Bécas- sines à bec court. Il est certain que, dans la forme de leurs ailes, la lon- gueur de leurs scapulaires, cette seconde aile des Échas- siers, la forme de la queue, qui ressemble tout à fait à celle du Tringa hypoleucos, et dans la couleur générale du plumage, ils offrent la plus grande analogie avec les Tringa, selon M. Gould. Selon le baron de la Fresnaye, ce serait plutôt avec les Tourne-pierres, d'après la brièveté de leurs jambes et l'espèce de plastron noir qui se remarque sur la poitrine des mâles, et qui, de chaque côté, descend du coin du bec. La description anatomique qu’en a donnée M. Ey- ton (1) confirme en partie celte affinité avec les Echassiers et les Gallinacés, qui est si remarquable dans leurs formes extérieures et leurs habitudes (2). Nonobstant ces indications si précises, l'empire de (1) Beagle’s Voyage. (2) Rev. s001., 1845, Trailé d'oologie, 1861. TRAVAUX INÉDITS. 147 l'habitude, portant à classer les Thinocores parmi ces der- niers, à dominé dans la science jusqu’en 1856, puisque le prince Ch. Bonaparte adoptait ce système encore en 1852 (1). Ce n’est que quatre ans après qu'il s’est dé- cidé (2), comme nous l'avons, fait nous-même avec plus de certitude (3), à les reporter à l'ordre des Gralles. Certes, cette transposition, non plus d’un genre à un autre, mais d’un ordre à un autre, a pu paraître, à pre- mière vue, extraordinaire et en dehors des règles de la classification ornithologique; mais lorsqu'on réfiéchit à ce que nous venons de dire, et à ce que nous avons déjà exposé en faisant connaître l’œuf d’une de ces espèces, du Thinocore de d'Orbisny, on s'explique qu'il ne saurait en être autrement, les caractères oologiques rapprochés des indications de mœurs déterminant forcément la con- viction. La même ambiguïté de caractère, que révèlent les ha- bitudes et les mœurs de ces oiseaux, se retrouve en effet dans leurs œufs. On sait que, pour les Pluviers, et aussi les Bécasseaux, le caractère oolosique le plus remarquable est la dispro- portion existant entre leur œuf et l'oiseau qui l'a produit, cet œuf étant relativement d’un volume beaucoup plus fort que ne semble devoir le faire présumer celui de l’oi- seau. : Le même phénomène a lieu pour l'œuf des Thinocori- dés. Ainsi, tandis que les Thinocores de d'Orbigny et Rumicivore ou d’Eschscholtz sont plus petits que nos Perdrix rouges, leur œuf a les mêmes dimensions, s’il n’est plus fort que l'œuf de celles-ci. D'un autre côté, les œufs des Perdicidés ont leur co- quille assez lisse et luisante, à l'inverse des Charadridés et des Tringidés, chez qui elle est mate. (1) Conspectius, 1852. (2) Comptes rendus de l’Académie des sciences, 1856. (3) Traité d'oologie, 1861. 148 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1863.) Or c’est le caractère luisant de la coquille de l'œuf des Perdicidés que revêtent les œufs des Thinocoridés. En donnant, dans notre Traité d'Oologie, la description de l’œuf du Thinocore de d’Orbigny, que nous étions le premier à faire connaître, nous nous exprimions ainsi : « Il ne faut donc pas s'étonner que, d’après ces carac- tères, qui sont généralement propres à tous les vrais Cha- radridés, nous ayons fait des Thinocores une famille de Gralles, et surtout que nous les fassions suivre immédia- iement des Pluviers. Nous ne connaissons l’œuf, il est vrai, que d’une espèce de Thinocore, celui de d’Orbigny ; mais le caractère des Gralles y est si bien imprimé, que nous ne metions pas en doute que tous ceux de la famille ne lui res- semblent. » Nos prévisions se sont depuis heureusement réalisées. Nous avons reçu, il y a deux ans, l’œuf du Thinocore Ru- micivore qui leur donne pleinement raison. Pour qu’on puisse comparer l'un à l’autre, nous allons reprendre la description que nous avons déjà donnée de l'œuf du Thinocore d’Orbigny : Forme ovoïconique. Coquille à test dur, serré, à pores peu visibles, uni et luisant; d’un blanc lésèrement verdâtre intérieurement. Couleur d’un joli ton isabelle, presque nankin clair, grivelé de petits points et de traits d’un brun rougeûtre, et d’autres d’un gris violacé, plus nombreux au gros bout, où se remarque parfois un trait sinueux. Dimensions en longueur, #4 centimètres; en largeur, 3 centimètres. L'œuf du Rumicivore en diffère en ce que les points en sont beaucoup plus fins, plus nombreux, plus rappro- chés et d’un brun plus viclacé, et en ce qu'il y a absence de trait sinueux au gros bout. Les dimensionsen sont aussi un peu plus fortes : longueur, 42 millimètres ; largeur, 31 millimètres. N'est-il pas intéressant, répéterons-nous , en présence TRAVAUX INÉDITS. 149 des hésitations de la science et du pressentiment de M. Gould, à qui en est due la remarque, de voir ces in- certitudes tranchées, en faveur de l’opinion de ce dernier, par la révélation des caractères si fortement accusés de l'œuf de deux espèces d'oiseaux de cette famille , carac- tères tels que, mélangé avec plusieurs œufs de Charadri- dés, l’œuf du Thinocore de d'Orbigny, entre autres, pour- rait être confondu avec eux et pris presque pour l'œuf du Charadrius vociferus, sauf son fond un peu plus jaunâtre ? Mais ce n’est pas tout. Nous disions en 1861, en termi- nant ce que nous avions à faire connaître au sujet des Thinocoridés : L'œuf de l'Atiagis, que nous ne connaissons pas encore, viendra-t-il confirmer de si heureuses pré- masses ? Depuis, nous avons également reçu l'œuf de PAttagis de Gay, qui nous est venu comme à souhait, et ses carac- tères des plus heureusement affirmatifs à cette question donnent une raison de plus à notre système de classifica- tion. Cet œuf réunit parfaitement tousles caractères morpho- logiques de celui des Thinocores, et y joint, dans leur en- semble, les mêmes caractères de coloration et de macula- ture, quoique rentrant beaucoup plus, par l'aspect de sa coquille et le fond de sa teinte plus verdâtre, dans les ca- ractères de l'œuf des vrais Échassiers. Mais le système de maculature est exactement le même, et procède par un semis de petits points d’un brun rouge, entremêlés d’au- tres d’un gris violacé, réunis en forme de couronne au gros bout, où ils sont plus larges et plus foncés. Les dimensions en sont aussi beaucoup plus fortes ; 1l mesure en longueur 48 millimètres sur 36 en largeur. Comme on peut le comprendre par tout ce qui précède, cette petite famille d’oiseaux, si en dehors de la règle commune, peut offrir ample matière à l’investigation des causes finales au point de vue de leurs caractères oolo- piques. Ce serait alors le cas de rechercher lequel des 450 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE, (Avril 1863.) actes de leur vie ou de leurs habitudes peut influer le plus sur le développement de la forme de leur œuf et sur la nature ou contexture de son tégument calcaire. Il y a vraiment là, pour le physiologiste, tout un hori- zon que nous n'avons pas envisagé dans notre Trailé d’oo- logie, que les bornes de cette notice ne nous permettent pas d'approfondir, et dont nous abandonnons le système à l'étude et aux soins de plus habiles, tels que notre sa- vant collègue, M. Hardy de Dieppe. Mozzusques de San-Julia de Loria, par M. J. R. Bour- GUIGNAT. { Voir p. 49, année 1863.) PUPA CEREANA. Pupa cereana, Mühlferldt, mss. — megacheilos, var. gracilis.—Rossmassler, Iconogr., IX, p. 10, fig. 728. 1842. — cereana, Æüster in Chemnitz et Martini, Conch. cab. (éd. 2), g. Pupa, p. #7, pl. vi, f. 9- 11. 1845. CZ == L. Pfeiffer, Monogr. Hel. viv., If, p. 349. 188. Cette espèce, qui a été considérée à tort par les conchy- liologistes français comme une variété du megacheilos, se trouve assez abondamment sur les rochers du chemin de San-Julia. PUPA SECALE. Pupa secale, Draparnaud, Tabl. Moll., p. 59. 1801.— Et Hist. Moll. France, p. 64, pl. ur, F. 49-50. 1805 (1). (1) Moquin, Moll. Toal., p. 8. 1843. Bulimus avenaceus, Bruguière, Encyel., VI (2 partie), p. 355. 1792.—Pupa avena, Draparnaud, Tabl. Moll., p. 59. 1801. TRAVAUX INÉDITS, 151 Espèce rare. — Sur les rochers qui bordent le sentier de San-Julia. PUPA BCILEAUSIANA. Pupa Boileausiana, Charpentier, in Küster, in Chemnitz et Martini, Conch. cab. (2° éd.), g. Pupa, p. 98, pl. xin, f. 21 à 22 (fig. très-mauvaises). 1845. —— _ Dupuy, Hist. nat. Moll. France, p. 386, pi. xIx, f. 8 (4° fasc., déc. 1850). — secale, Var.— Âoquin-Tandon, Hist. Moll. France, t. II, p. 367. 1855. Cette coquille, qui est abondante dans les vailées de Vic-Dessos et d’Ax (Ariége), habite également le versant sud des Pyrénées, sur les rochers du sentier de San-Julia. — Assez rare. PUPA GONIOSTOMA. Pupa goniostoma, Küster, in Chemnitz und Hartini, Eonch. cab. (2° éd.), #. Pupa, p. 53, pl. vu, fig. 1, 2 et 3 (mauvaises) (et non pas # et 5). 1845. _ — Rossmassier, Iconogr. land — urd sussw. Moll. (17 und 18), p. 107, fis. 939. 1859. Testa perforato-rimata, cylindracea, nitida, diaphana, oblique ele- ganter striata, rufo-cornea ; spira elongata, attenuata ; apice levigato- obtuso, pallide corneo ; — anfractibus 10 convexiusculis, regulari- ter crescentibus, sutura impressa separatis ; —ultimo compresso, ad perforationem compresso-carinato, ac ad aperturam paululum as- cendente ; —apertura elonugato-vblonga, ad basim angulata, intus oc- toplicata ; — plica una angulari longa, valida ; — plica parictali pro- funda, brevi, minuta; — duabus plicis columellaribus profundis, Margincm non attingentibus ; — plicis palatalibus 4 (plica palatali suprema minuta, maxime immersa, ac sæpe inconspicua), alteris va- lidis elongatis. — Peristomate acuto, leviter labiato; margine ex- terno expansiusculo; margine columellari reflexo, patente : margi- nibus approximatis, tenui callo junctis. 152 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1863.) Coquille cylindrique, très-allongée, brillante, transpa- rente, d’un roux corné, élégamment ornée de stries obli- ques très-régulières, et munie d’une petite perforation et d’une fente ombilicale. — Spire allongée, atténuée, à sommet lisse, oblus, d’un pâle corné. Dix tours assez con- vexes, à croissance lente et régulière, et séparés par une suture bien marquée. Dernier tour comprimé, offrant vers l'ouverture une direction légèrement ascendante, et muni, à sa base (grâce à la compression), d’une arête cervicale assez aiguë. Ouverture oblongue-aliongée, anguleuse à ia base, munie de huit denticulations ainsi placées : un pli allongé, fort et saillant vers l'insertion du bord droit; un second pli plus petit, profondément situé sur la convexité de l’a- vant-dernier tour. Deux plis columellaires immergés ; enfin quatre plis palataux allongés, saillants, à l’exception du pli supérieur, qui est petit, peu allongé, très-enfoncé dans l’intérieur de l’ouverture. Péristome aigu, légère- ment bordé. Bord externe un peu évasé. Bord columellaire réfléchi, largement évasé. Bords marginaux assez rap- prochés, réunis par une légère callosité. Longueur... . . . « 9-10 millimètres. Diamètre "#40 — Var. B. Jucrensis. — Coquille semblable au type, seulement offrant deux plis (au lieu d’un) vers l'insertion du bord droit. Cette espèce, qui a toujours été méconnue par les con- chyliologues français, qui l'ont classée tantôt parmi les va- riétés du Pupa megacbeilos, tantôt parmi celles du Pyre- næaria, est une coquille caractéristique des Pyrénées- Orientales et de l’Ariége. Aux environs de San Julia de Loria, ce Pupa se ren- contre sur les rochers. Le type y est assez rare. Mais, par contre, la variété que nous appelons Juliensis y est beau- coup plus abondante. TRAVAUX INÉDITS. 153 PUPA MOQUINIANA. Pupa Moquiniana, Küster, in Chemnitz et Martim (2° éd.), g. Pupa, p. 52, pl. vu, | fig. 4-5 (et non pas 1-3). 1845. — — L. Pfeiffer, Monogr. Hel. viv., HE, p. 347. 1848. Espèce assez commune aux environs de San-Julia. PUPA ANDORRENSIS. Testa perforata-rimata, cylindracea, nitida, oblique argutissime striata, rufo-cornea ; — spira elongata, attenuata; apice minuto, le- vigato, corneo, obtusiuseulo ; — anfractibus 10 convexiusculis, regu- lariter erescentibus, sutura impressa separatis ; — ultimo ad apertu- ram ascendente ac ad basim compresso-carinato ; —apertura rotundata multidentata ; — plicis angularibus 2 confertis (una minima, altera longiore, valida) ; —- duabus plicis externis in pariete aperturali, — duabus plicis profundis parietalibus ; — tribus plicis columellaribus (plica infera minuta), sæpe pliculis externis, separatis ; — ac tandem 5 plicis palatalibus (plica infera minutissima ; — plica suprema par- vula, immersa, fere inconspicua, ac tribus plicis medianis, validis. emersis); peristomate albido, incrassato, expanso, fere continu ; marginibus approximatis callo junctis. Coquille cylindrique-allongée, brillante, d’un roux corné, munie d’une fente ombilicale et d’une petite perfo- ration. Stries obliques, très-serrées et assez saillantes. Spire allongée, atténuée, à sommet lisse, corné, petit et légèrement obtus. Dix tours assez convexes, s’accroissant régulièrement et séparés par une suture profonde. Der- nier tour un peu ascendant vers l'ouverture et muni, à sa base, d’une arête cervicale forte et saillante. Ouverture arrondie, rétrécie par de nombreuses den- ticulations ainsi placées : — deux plis angulaires vers l'insertion du labre externe, dont l’un est petit, l’autre très-allongé ; — sur la callosité aperturale deux petits plis : externes, et deux plis pariétaux, très-enfoncés, forts et saillants, — sur la columeile trois plis, dont l’inférieur 154 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1863.) est le plus petit. Ces plis s’'immergent dans l’intérieur, et sont quelquefois séparés les uns des autres par trois autres petites plicules externes. — Enfin, sur la paroi palatale, cinq plis. Le pli inférieur est petit et peu allongé. Le pli supérieur ponctiforme est très-immergé et par conséquent à peine visible. Quant aux trois autres plis médiaux, ils sont saillants, épais, et s’immergent à l'intérieur. Péristome blanc, épaissi, bordé, évasé, et presque con- tinu. Les bords marginaux sont très- rapprochés et sont, en outre, réunis par une callosité blanchâtre. Longueur... . . .. 10 millimètres. Diamètre... 3 — Dans les anfractuosités des rochers du chemin de San- Julia. Ce mollusque aime l'obscurité. — Peu abondant. Le pupa Andorrensis offre quelques ressemblances avec le pupa Polyodon {{), mais il en diffère notamment par sa coquille plus allongée, fusiforme, et non ventrue; par sa fente ombilicale plus profonde et par sa perforation plus grande; par son dernier tour comprimé à sa base et offrant une arête cervicale saillante, et presque aussi aiguë que celle du goniostoma; enfin, par son ouverture dont les denticulations sont différentes et moins nom- Preuses. PUPA POLYODON. Pupa polyodon, Draparnaud, tabl. Moll., p. 60. 1801 ; — et Hist. Moll. France, p. 67, pl. 1v, fis. 1-2. 1805. Var. B.— ringicula.— Testa crassiore, minore ;— aper- tura oblonga; ultimo anfractu ad basim subangulata; — pliculis peristomatis distinctis.— Michaud, in Litt. 1842. — In Dupuy, Hist. Moll. France, p. 399, pl. xx, fig. 2, C (4° fasc.), décemb. 1850. {1) Draparnaud, Tabl. Moll. France, p. 60. 1801. TRAVAUX INÉDITS. 155 Nous n'avons pas rencontré sur les rochers de San- Julia le polyodon type, mais seulement sa variété B, ringicula. — Cette variété est peu abondante. PUPA VERGNIESIANA. Pupa Vergniesiana, Charpentier, Mss. — Pyrenæaria (1), L. Pfeiffer, Monopr. Hel. viv., t. IE, p. 342. 1848. — Vergniesiana, Æüster, in Chemnitz und Martini, Conchyl. cab. (2° éd.), g. Pupa, p. 103, pl. 14, f. 13-16. 1852. — — L. Pfeiffer, Monogr. Hel. viv., t. HIT, p. 547. 1853; — et t. IV, p. 678. 1859. Cette espèce, une des plus intéressantes des Pyrénées, a toujours été méconnue par les auteurs français; les uns l'ont prise pour le Pyrenæaria ou une de ses variétés, les autres pour le Pupa transitus de Boubée.— Cette coquille semble spéciale aux Pyrénées de l'Ariège (2) et de la Cer- dagne. Testa rimata, subperforata, cylindracea, in medio ventricosiore, corneo-fusca, confertim subtiliterque costulato-striatula ; — spira elongata, obtusiuscula; apice levigato, pallide corneo, obtuso ; — anfractibus 9 convexis, regulariter crescentibus, sutura impressa se- paratis ; — ultimo coarctato, antice valde soluto, ad basim cristato- compresso;—aperlura oblongo-rotundata, septemdentata; plica una yalida, albida, angulari; — una parietali, minore, profunda ; — plicis columellaribus duabus ; — plicis palatalibus tribus (plica supera ma- jore, crassiore, marginali. — Plicis infimis minoribus, profundis) ; — peristomate albido, soiuto, continuo, labiato, expansiusculo. Coquille cylindriforme, ventrue vers son milieu, con- tractée à ses extrémités, pourvue d'une fente ombilicale et d'une petite perforation. Test d’un corné foncé, sil- (1) Non Pupa Pyrenæaria de Wichaud, Compl., Drap., p. 66, t. XV, f. 37-38. 1831. (2) Se trouve dans les vallées de Vic-Dessos, de Tarascon et d’Ax. 156 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1863.) lonné de petites côtes serrées, élégantes, obliques et d’une extrême élégance. Spire allongée, à sommet lisse obtus, d’une teinte cornée beaucoup plus pâle. Neuf tours con- vexes, à croissance régulière et séparés par une suture assez profonde. Dernier tour contracté sur lui-même, détaché en avant et présentant à sa base une arête cervi- cale saillante et comprimée. Ouverture presque droite, oblongue-arrondie, ornée de 7 denticulations ainsi pla- cées : — un pli blanchâtre, épais, saillant vers l'angle supérieur; un second plus petit, profondément situé sur la convexité de l’avant-dernier tour; deux plis sur la columelle ; enfin 3 autres plis palataux sur le côté externe. Le pli palatal supérieur est fort saillant et arrive jusqu’au péristome, tandis que les deux autres, plus petits, sont plus profondément situés, et n'arrivent point jusqu’au péristome. Péristome détaché, libre, continu, épaissi, blanchâtre et légèrement évasé. Longueur. . . . ‘7-8 millimètres. Diamètre . . . . 2 174 — Sur les rochers humides de San-Julia. — Peu abon- dante. LIMNÆA TRUNCATULA. Buccinum truncatulum, Müller, Verm. Hist., II, p. 130. 1774. Limnæus truncatulus, Jeffreys, Syst. test, in Trans. Linn., XVI (2 partie), p. 377. 1830. Limnæa truncatula, Moquin-Tandon, Hist. Moll. France, t. Il, p. 473, pl. xxx1v, f. 21-24. 1855. Cette Limnée, plus connue sous le nom de minutus que TRAVAUX INÉDITS: 157 lui avait à tort imposé Draparnaud (1), se rencontre sur les rochers humides, sans cesse humectés par l’eau des sources. — Sentier de San-Julia. — Petits cours d’eau près du chemin avant d'arriver à Andorre. ANCYLUS JANI. SRE Jani, Bourguignat, Cat. Anc. in Journ. Conch., t. IV, p. 185. 1853, et Desc. Anc. Cuminpg, in Proceed. z0ol. Soc. of London, p. 83. 1853. Cette espèce , autrefois décrite sous le nom hybride de capuloides (2), se trouve parfaitement caractérisée dans cette partie des Pyrénées. — Sur les pierres d’un petit ruisseau au-dessus de San-Julia. — Abondante également dans les abreuvoirs en bois qui existent près du sentier à la montée d’Andorre. EXPLICATION DES PLANCHES Planche HE. Fig. 1. Heux DEesmouunsi, Coq. de grand. nat. face. — — Coq. vue de profil. Coq. vue en dessus. — — Coq. vue en dessous. — — Organes sexuels grossis. — À, orifice génital commun. — AÀ', canal commun. — B, fourreau de la verge. C, canal déférent inférieur. — D, muscle rétracteur de la vue de 7 à & à & (1) Tabl. Moll. France, p. 54 (juillet 1801). (2) Ancylus capuloides Jan. mss. in Porro malac. prov. Com DST 7. 1838 (capuloides ; nomen pessime formatum, nec adoptandum). 158 Fig. REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1863.) verge. — E, flagellum. — F, vésicules muqueuses ou pros- tates vaginales. G, poche du dard. — H, vagin. — I, canal copulateur.— J, poche copulatrice. — K, branche copulatrice.— L, matrice. — M, prostate déférente. — N, organe de la glaire. — O, ca- nal déférent. — P, organe en grappe. 6. Hezix Desmouuinst, Mâchoire considérablement gros- sie. me — — Mâchoire id. avec 6 dente- lures. 8. — — Organe en grappe très-grossi. 3 — — Poche du dard considéra- blement grossie. — À, enve- loppe externe à tissu serré.— B, deuxième membrane. — C, substance molle, incolore. — D, première enveloppe de la bourse intérieure. — E, deuxième enveloppe in- terne. — F, dard. — G, sub- stance incolore. 10. — — Dard considérablement grossi, coupé par son milieu, pour faire voir le mode de juxta- position des lamelles cal- caires. 11. Hezix PyRENAICA (type). — Coq. de grand. nat. vue de face. 119: — — Var. B complanata.— Coq. vue de face, de grandeur natue relle. 13. — — Coq. vue en dessus, id. 14. — — Coq. vue en dessous, id. TRAVAUX INÉDITS. 159 Pianche EE. Fig. 1. Pupa FARINESI, Desmoulins (type). — Ouverture eu 15 considérablement grossie, vue de face. Coq. de grand. nat. vue de face. . Pupa Farinesi. Derniers tours vus de profil, con- sidérablement grossis. Var. obesa.— Coq. grossie, vue de face. Var. dentliens. Ouverture con- sidérablement grossie, vue de face. Var. subcarinala.— Ouverture consid. grossie, vue de face. . Pupa Jumizcensis (type), Guirao.— Ouverture consi- dérablement grossie, vue de face. Coq. au trait, grossie;, vue de face. Coq. au trait de grandeur na- turelle. Var. biplicata. — Coq. au trait, de grand. nat. Var.— Coq. grossie vue de face. Var. — Ouverture considéra- blemeni grossie, vue de face. . Pupa MAssortIANA, Bourquignat.— Ouverture consi- dérablement grossie, vue de face. Coq. au trait, de grand. nat. . PupA PENCHINATIANA, Bourguignat. — Coq. au trait, de grand. nat. Ouverture considérablement grossie, vue de face. . Pupa ANporrensis, Bourguignat. — Coq. au trait, de grand. nat. Coq. considérablement grossie, vue de face. 160 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1863.) Fig. 19. Pupa ANDporREnsis. Derniers tours, id., vus de profil. 20. PupA VERGNIESIANA, Charpentier. — Coq. considéra- blement grossie, vue de face. 21. — — Derniers tours id., vus de profil. 22. — — Cog. au trait, de grand. nat. 23. Pupa GoNiostTomA, Æüster. — Var. Juliensis, Zour- guignat. — Coq. au trait, de grand. nat. 24. — — Dernier tour considérablement grossi, vu de profil. 25 — — Ouverture id., vue de face. Il. SOCIÉTÉS SAVANTES. ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS. Séance du G avril 1863.—M. E. Blanchard, en son nom et au nom de M. Müilne-Edwards, lit le rapport suivant sur un mémoire de M. Aus. Vixson relatif à un Ver à soie propre à Madagascar. & On sait que, dans la plupart des pays chauds, on ren- contre de grandes espèces de Bombyx qui produisent de la soie propre à tisser des étoffes. Dans quelques contrées, les habitants tirent parti de cette matière textile, et sou- vent déjà on a mis sous les yeux du public des tissus de l'Inde fabriqués avec des soies fournies par des Bombyx de grande taille appartenant à la division zoologique des Attacus de Linné. Depuis une quinzaine d’années sur- tout, plusieurs naturalistes ont songé à introduire en Eu- rope quelques-unes de ces espèces séricigènes, dans l’es- pérance de faire naître de nouvelles ressources pour nos populations. La soie de ces Bombyx est plus ou moins belle, mais aucune ne possède l'éclat de celle de notre es - SOCIÉTÉS SAVANTES. 161 pèce du mürier. Après les explorations nombreuses qui ont été faites sur toutes les terres, on doit croire aujour- d’hui que les nations européennes ont eu le bonheur de s'approprier du premier coup la plus belle matière tex- tile qui soit-au monde. « S'il convient de rechercher activement des soies d’autres espèces qui d’ailleurs se recommandent en géné- ral par leur extrême solidité, c’est donc dans le but d’ob- tenir des produits dont le prix de revient serait notable- ment inférieur à celui de la soie ordinaire. « Jusqu'à présent les Bombyx qui ont semblé offrir le plus d'avantages pour des exploitations industrielles sont du genre des Aïfacus. Ce ne sont pas les seuls cependant qui forment de volumineux cocons. M. le docteur Aug. Vinson, médecin de l’île de la Réunion, qui s’est livré à des études scientifiques pendant un séjour à Madagascar, où il a résidé comme attaché à la mission chargée de nouer des relations entre le gouvernement de ce pays et celui de la France, a soumis au jugement de l’Académie un Mémoire concernant un Bombyx qui, à Madagascar même, est l’objet d’une industrie fort importante. « Le ver à soie de l’ambrevade (Borocera cajani), comme l'appelle M. Vinson, d’après le nom de la plante qui nour- rit l’insecte, appartient à la même grande famille natu- relle que les autres espèces séricigènes, mais elle fait par- tie d’un genre distinct, étabh il y a une trentaine d’an- nées sous le nom de Borocera pour un lépidoptère re- cueilli dans les parties basses voisines de la côte de Ma- dagascar. Celui qui a été observé par M. Vinson est abondamment répandu dans l'intérieur du pays, en par- ticulier dans la province d'Émirne, et c’est aux environs de Tananarive, la capitale de l’île, qu'ont été pris des renseignements très-dignes d'arrêter l'attention. L'espèce n'étant pas encore connue des naturalistes, l’auteur a dû la décrire sous ses différentes formes et signaler ses con- 2° SERIE, T. XV. Année 1563, 11 169 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1863.) ditions d'existence; il s’est acquitté de ce travail d’une façon qui ne laisse absolument rien à désirer. « Les Hovas, nous apprend M. Vinson, recuciilent sur les arbustes les Vers à soie de l’ambrevade ct les ouvrent afin d’en retirer les chrysalides; les unes alors sont con- servées pour en obtenir les papillons, tandis que les au- tres sont consommées comme aliment. Au pays des Mai- gaches, ces chrysalides constituent un mets des plus es- timés. « Les indigènes, qui font de deux à quatre éducations par année, surveillent Faccouplement des papillons, la ponte et l’éclosion des jeunes chenilles, qu'aussitôt la naissance ils transportent en plein champ sur des pieds d’ambrevate (Cytisus cajanus, Lin.) plantés pour les rece- voir. Les oiseaux insectivores élant peu nombreux dans la contrée, les éducations se font ordinairement en plein dir, néanmoins certains sériciculteurs préfèrent opérer à couvert afin de parer aux chances d'accident. Depuis une époque sans doute fort reculée, ia sériciculture est aïnsi pratiquée à Madagascar sur une vaste échelle; les pro- duits de cetté industrie Servent à fabriquer des étoffes d’une grande solidité. « Les cocons du Ver à soie de l’ambrevade exigent une première préparation indispensable. Ainsi que tous les cocons des chenilles poilues où épineuses qui abandon- nent leurs poils au moment de se transformer, ceux-ci ont leur tissu rempli de fines aiguilles qui ne permettent pas qu’on les manie sans danger. Pour remédier à un aussi grave inconvénient, les Hevas les sonmettent à une ébul- lition dans l’eau, qui amène la chute des piquants et rend la soie plus lâche, plus facile à carder. L'art de dévider ces cocons est inconnu à Madagascar; les indigènes ob- tiennent simplement une bourre que l’on file ensuite à {a main. La couleur naturelle de la soie étant d’une agréable nuance gris clair, on l'emploie souvent sans lui donner aucune teinture. SOCIÉTÉS SAVANTES. 163 « Les faits recueillis par M. Vinson ont par eux-mêmes un intérêt réel; mais, en les signalant, ce voyageur a eu surtout pour but d'appeler l'attention sur un insecte qui lui semble pouvoir être introduit avec avantage dans nos possessions. L'île de la Réunion, par exemple, où croît spontanément l’ambrevade, ou Cyfisus cajanus, parait à lauteur fournir les meilleures conditions pour une accli- matation. Elle serait, en effet, fort à désirer dans notre co- lonie, les éducations du Ver à soie ordinaire n’y ayant eu jusqu’à présent qu'un très-médiocre suecès, à cause des pluies torrentielles qui, à certains moments, imprègnent les feuilles d’une quantité d’eau, en général très-préjudi- ciable aux Bombyx du mürier, dontles éducations, comme on le sait, exigent beaucoup de soin. « M. Vinson croit qu'on introduirait facilement le Ver de l’ambrevade dans le midi de l'Europe, en Algérie, en Corse, peut-être dans quelques-uns de nos départements méridionaux. Certes, nous aimerions voir tenter l'expé- périence, surtout si l’insecte est susceptible de vivre sur les cytises propres à ces contrées; mais nous devons re- marquer qu'il s'agit des pays où l'antique Ver à soie prospère à merveille, et une telle concurrence semble fort redoutable. « S’il en était bien réellement ainsi, y aurait-il un mo- tif pour attacher moins d'importance aux observations si précises et si complètes de M. Vinson ? Nous ne le pen- sons pas. Aujourd'hui, où lon attend de nos relations avec Madagascar de nouveaux avantages pour [le com- merce de là France, l'intérêt le plus grand, nous deman- dons-nous, ne sera-f-il pas de prendre la matière pre- mière, C'est-à-dire les cocons, au lieu même de produc- tion ? Obtenus à un prix minime, ces cocons seraient pro- bablement bientôt exploités par notre industrie. Par le dévidage, auquel on parviendrait certainement à les sou- mettre, on obtiendrait, suivant toute apparence, une nou- veille matière textile précieuse. 164 REV. ET MAG. DE Z00LOGIE. (Avril 1863.) « La commission pense que les observations de M. le docteur Vinson méritent des éloges, et propose à l’Aca- démie de remercier ce savant de son intéressante com- munication. « Les conclusions de ce rapport sont adoptées. » S'il est d'usage, à l’Académie des sciences, de ne faire de rapports que sur des ouvrages inédits, le travail de M. A. Voisin {publié dans le Bulletin de la Société d’accli- matation et d'histoire naturelle de l'êle de la Réunion, t. I, p. 16 à 24, pl. 1, janvier 1863) a été l’objet d'une faveur exceptionnelle qu’il méritait bien certainement, suivant nous, à cause de l’importance de son sujet. C’est en con- sidération de cette importance mème que nous croyons devoir ajouter quelques documents complémentaires à ce rapport. Dans notre dernier numéro (p. 142 et 143), en annon- çant la présentation du travail de M. Vinson à l’Acadé- mie, nous avons dit qu'il était ext'ait d’un mémoire plus étendu, publié par MM. Coquerel et Vinson, et nous avons promis de rendre compte de cet écrit. Le rapport qui précède remplit à peu près cet objet, quant au Ver à soie du Cytisus cajanus, et il ne reste que peu de chose à dire sur les autres espèces, déjà publiées en 1855 dans le Bulletin de la Société impériale zoologique d'acclimata- tion (t. IF, p. 25 à 32, janvier 1835). Le travail publié dans le Bulletin de la Société d’accli- inalation de l'êle de la Réunion a pour titre, Note sur Les Vers à soie de Madagascar qui pourraient être acclimatés à l'ile de la Réunion, par MM. les docteurs Ch. CoquerEzL et Aug. Vinson. M. Coquerel a débuté par un extrait de son travail de 1855, du Bulletin de la Société d'acclimatation de Paris, en décrivant de nouveau ses deux Bombyx Ra- dama et Diego, dont les chenilles construisent, en com- mun, de gigantesques cocons atteignant jusqu’à un mètre de long sur une largeur proportionnelle. Ensuite M. A. Vinson a décrit sa Borocera cajani, qui est très-probable- SOCIÉTÉS SAVANTES. 165 ment la même espèce que la Borucera madagascariensis de M. Boisduval, ce qui aurait pu et dù être déterminé à Paris, en comparant les sujets rapportés par M. Vinson aux types de la description de M. Boisduval. A la suite de . cette description du Papillon, de sa chenille, du cocon et de la chrysalide, M. Vinson parle du végétal qui sert à nourrir ce Ver à soie, de la manière de l'élever en plein air sur cet arbuste, des procédés malgaches de prépara- tion de la bourre de ces cocons, de son filage, de la tein- ture de ces fils, etc. Cet intéressant travail est accompagné d’une planche lithographiée représentant le mâle et la femelle de la Bo- rocera Cajani, sa chenille sur un rameau d’ambrevade et son COCon. Dans une nole provisoire sur un nouveau Ver à soie ob- servé par M. le capitaine de vaisseau Fleuriot de Langle pendantune station à Madagascar, publiée dans le numéro de septembre 1862 de ceite revue, nous avons donné, d’après cet officier distingué, les documents qu’il a pu re- cueillir sur ces Vers à soie. Malheureusement il est pro- bable que, dans les renseignements qui lui ont été fournis à ce sujet, on à mélangé ce qui se rapporte à plusieurs espèces différentes, et surtout à l'espèce appelée Landy, qui vit sur des plantes basses et fait son cocon dans la terre. Ces confusions sont fréquentes dans les observa- tions des personnes qui ne s'occupent pas sérieusement d'histoire naturelle, et surtout de la part des aborigènes à qui l’on demande des renseignements. Elles peuvent même avoir lieu dans les pays les plus civilisés (1). | (1) La Patrie du 28 avril 1863 nous en donne un exemple, car on lit daus son feuilleton scientifique, après une plainte sur l'absence de renseignements relatifs à l’ambrevade que «le Ver à soie qui se « nourrit des feuilles de cet arbrisseau n’est probablement autre « que le Bombyx Radama, dont l'exposition des colonies possède « également plusieurs cocons gigantesques. » Pour peu qu'on ait visité les musées d'histoire naturelle ou par- 166 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1863.) Ce qu'il ya de singulier dans les observations de M. Fleuriot de Langle, c'est la différence qui existe entre les figures des papillons qui sont sortis, en mer, des co- cons qu'il essayait d'apporter vivants en Europe, et les Borocera que M. À. Vinson a obtenues de cocons prove- nant aussi de l’ambrevade. On ne peut admettre que M. Fleuriot de Langle fils, qui a dessiné d’autres papil- lons vulgaires de Madagascar avec une grande exacti- tude, n'ait pas été aussi exact pour cette espèce. Y aurait- il eu, parmi les cocons conservés à bord par le comman- dant de Eangle, quelques individus appartenant à une autre espèce de Bombyx? l’ambrevade en nourrirait-il plusieurs espèces ? En terminant ces additions, je dois dire qu'un autre ob- servateur nous a appris, et depuis fort longtemps, que l'ambrevade était employé à Madagascar pour la pro- duction de la soie. Cet observateur est le célèbre Aubert du Petit-FThouars, qui a dit, ainsi que je le trouve dans mes notes : ÇA Madagascar, les habitants ne s’en servent (des « haricots de l’ambrevade) qu’à défaut d’autres aliments; « mais il rend, à l'intérieur, un service particulier : il « consiste à nourrir une espèce de chenille qui vit en so- « ciété, dont les cocons donnent une belle soie. Ce serait « peut-être une acquisition précieuse pour nos colonies.» (Dict. se. nat., t. VI, p.165.) M. Moreau (Armand) présente pour le concours de couru les Bullelins de la Société d’acclimatation, l’on doit savoir qu'il n’y a aucun rapportentre ce Bombyx Radama, qui construit, en commun, des cocons de plus d'un mètre de long, et la Borocera cajani dont les chenilles font séparément de petits concons du vo- lume de ceux du Ver à soie du mürier. Quant à l’ambrevade, il est facile d’avoir des reuseignements précis à ce sujet en lisant l’article Cajan du Dictionnaire des sciences naturelles, t. VI, p.165; en parcourant mon Memoire, cite plus haut, Revue zoologique, septembre 1862, p. 346; en lisant l'ar- ticle Cajanus du Traité des plantes médicinales de l'ile Maurice, par Louis Bouton, p. 46 (1847), etc., etc. SOCIÉTÉS SAVANTES. 167 physiologie un mémoire manuscrit ayant pour titre, « Expériences pour servir à l’histoire physiologique de la vessie natatoire des poissons. » M. Hollard adresse un mémoire intitulé, De la distri- bulion des pièces qui composent l'axe suspenseur de la mâ- choire inférieure chez les poissons osseux et de leur signif- canon anatomique. « Les anatomistes qui ont cherché à ramener le sque- lette facial des animaux vertébrés à un même type de composition, et à retrouver dans celui des poissons celui des mammifères, n’ont pas encore réussi à se mettre d’ac- cord sur celte importante question d'anatomie comparée. Les difficultés qu'ils ont rencontrées et leurs hésitations portent tout particulièrement sur le groupe de pièces os- seuses qui s'interpose entre le crâne et la mâchoire infé- rieure des poissons osseux. « Ces pièces, ordinairement au nombre de cinq, ont- elles toutes leurs analogues chez les mammifères, et quels sont leurs équivalenis anatomiques ? Ou bien se partagent- elles en pièces communes à tous les vertébrés et en pièces propres aux poissons? Pour résoudre ces questions ct pour sortir des indécisions et des divergences qui existent encore à cet égard, il faut assister en quelque sorte à la naissance et au développement des os dont il s’agit, au lieu de se préoccuper de leur nombre et de vouloir les retrouver tous et toujours. « En procédant ainsi, c'est-à dire en étudiant Pétat primitif du squelette facial, et plus spécialement de la portion fournie par le premier arc viscéral, derrière le cartilage de Meckel j'ai trouvé, à la place qu'occuperont pus tard les cinq os en question, deux cartilages dont la forme et les relations réciproques correspondent tont à fait à celles de ce groupe. L'un de ces cartilages, l'anté- rieur, s'articule avec le cartilage de Meckel, comme plus tard la pièce osseuse que Cuvier nommait à tort le jugal s'articule avec la mâchoire inférieure. Ce même cartilage 168 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1863.) répond à cet os, et de plus à celui que Cuvier nommait tympanique ; il représente donc deux pièces ou un premier groupe secondaire du système suspenseur. L'autre carti- lage, placé derrière le précédent et un peu au-dessus de lui, s'éloigne davantage de l'extrémité du cartilage de Meckel et représente les trois autres pièces, c'est-à-dire celles que Cuvier a nommées le temporal, le symplec- tique et le préopercule. Cette distribution et cette classi- fication des éléments de l'arc temporo-mandibulaire nous conduit à reconnaitre les homologies sinon de chaque pièce, du moins celles de chaque groupe, substituant ainsi l’idée du groupe ou de la région squélétique à celle des os particuliers et à la prétention de les retrouver toujours en même nombre. En partant des données précédentes aussi bien que de la situation et des relations des deux groupes qui procèdent de nos deux cartilages primitifs, j'espère avoir réussi à démontrer que l’antérieur cor- respond aux portions écailleuse et zygomatique du tem- poral, le postérieur à la portion tympanique. Le vrai suspenseur de la mâchoire est en avant, tandis que le système postérieur se met au service de l'appareil res- piratoire, comme suspenseur de l'arc hyoïdien et point d'attache de l’opercule. Séance du 13 avril. — L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la commission chargée de décerner le grand prix des sciences physiques (produc- tion des animaux hybrides au moyen de la fécondation ar-. tificielle). M. de Quatrefages présente, au nom de M. Dufour, ur travail intitulé, Culture du mürier et élevage du Ver à soie dans leurs rapports avec la pébrine. — Nouvelles études et expériences séricicoles faites pendant les dernières campa- gnes de 1860, 1861 ef 1862, faisant suite aux Observations pratiques sur la maladie actuelle des Vers à soie, faites en Orient en 1857, 1858 et 1859. « L'auteur analyse succinctement ses observations pra- SOCIÉTÉS SAVANTES. 169 tiques de 1857, 1858 et 1859; il démontre la supériorité des habitudes séricicoles de l'Orient sur les errements de l'Occident, tout en signalant une lacune dans l'élevage oriental, savoir : le manque de soins de la part des édu- cateurs pour prémunir les Vers à soie contre les intempé- ries.. Ce défaut a été la seule cause des mécomptes de Orient pendant les campagnes de 1857 et 1858. Il éta- blit aussi que le système oriental de culture et de rece- page annuel du mürier sauvage, qui cadre avec l'élevage aux rameaux, est on ne peut plus supérieur à la méthode occidentale. Ainsi traité, l'arbre produit 25 pour 100 de feuilles en plus, et la feuille du sauvageon recepé annuel- lement contient 95 pour 100 de substances assimilables et 5 pour 100 de matière soyeuse de plus que celle du mürier greffé, même lorsqu'il est recepé comme le précé- dent. Ces différences ont été accusées par deux petites éducations du même nombre de Vers et de même race alimentés les uns avec les feuilles du mürier sreffé et re- cepé annuellement, et les autres avec des feuilles de mü- rier sauvage aussi recepé annuellement. Les premiers ont consommé et rendu en excréments 30 pour 100 de plus que les seconds. « La manière de distribuer la feuille attachée au ra- meau aux Vers établis sur le plancher des magnaneries procure aux éducateurs de l'Orient une économie de 70 pour 100 de main-d'œuvre. En outre, l'élevage aux ra- meaux, sur le plancher même des magnaneries, n’exige pas plus d'espace que l'élevage occidental. « S'appuyant sur l'expérience ci-dessus relatée, et tout en constatant que la maladie actuelle est une épidémie héréditaire se compliquant accidentellemeut de maladies intercurrentes variables, l’auteur pose en fait que ce fléau n'a apparu en Orient, pour ainsi dire, qu'à l’état de symptôme et seulement dans quelques localités x planta- tions de mürier greffé, notamment à Demerdèche, en Anatolie, et à Andrinople, en Roumélie. Il conclut, à rai- #70 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1863.) son même de ces deux exceptions, que l’immunité dont jouissent les autres parties de la Turquie ne doit être at- tribuée qu’à la culture du mürier sauvage et à son rece- page annuel. Il explique ce résultat par la remarque que, en empêchant le développement des fruits, cette pratique donne à la feuille un principe nutritif qui tourne tout en- tier à l'avantage des Vers à soie. Par suite, il conclut que lorigine de la maladie ne peut être imputée qu’à la qua- lité de la feuille servie aux Vers à soie ainsi qu'au mode erroné d'élevage en Occident, et qu’en définitive l’épidé- mie ne peut disparaître qu'à la condition d’adopter les habitudes séricicoles de l'Orient et ses races robustes. « L'auteur revient à la question qui domine toutes les autres, celle des expériences pratiques. Voici le résultat de l'une d'elles qui a été faite chez M. Apostole, proprié- taire-cultivateur à Demerdèche. 309 Vers, race de Lefké, nourris ayec des feuilles de mürier greffé recepé annuel- lement, et 390 Vers, même race, nourris avec des feuilles de mürier sauvage recepé annuellement, élevés simulta- nément et à côté l’un de l’autre, ont donné, au profit des Vers nourris avec les müriers sauvageons : « 1° 27 pour 100 de plus en Vers ayant filé; « 2° 23 pour 100 d'économie de feuilles pour la nour- riture ; « 3 23 pour 100 d’assimilation de plus, ce qui est prouvé par la différence de poids entre les deux résidus excrémentiliels, pour le même nombre de Vers de part et d'autre ; « 4° 5 pour 100 de rendement en plus de poids pour les cocons ; « 5° 23 pour 100 de rendement en plus en soie : « Outre ces différences au détriment des éducations alimeutées avec des feuilles de mürier greffé, même re- cepé annuellement, l'expérimentateur constate encore à l’avantage des habitudes séricicoles de la Turquie en oppo- _sition aux errements de l'Europe : SOCIÉTÉS SAVANTES. 171 «€ 6° 25 pour 100 d'économie de feuilles résultant de la distribution des feuilies attachées aux rameaux; « 7° 85 francs d'économie de main-d'œuvre par éle- vage de chaque once métrique de graines, au moyen du recepage annuel et de la distribution des feuilles attachées aux rameaux ; « 8° Et 25 pour 100 de production de feuilles de plus en cultivant les müriers à l’orientale. « Les diverses expériences physiologiques de 4861 ont été faites contradictoirement et ont donné relativement les mêmes résultats qu'en 1860, résultat démontré par le poiäs relatif des deux échantillons de soie annexés : le sauvage pesant 88 grammes, le sreffé pesant 69 grammes. L'auteur a démontré l'exactitude de ses calculs en éta- blissant la balance des rendements par entrée et sortie. « M. Dufour rend compte aussi d’une expérience qui a été suivie pendant trois années consécutives; il s’agit d’un essai de quelques Vers en race jaune de Toscane, dont l'élevage et la ponte des œufs ont été surveillés très-atten- tivement. L’auieur regarde cette éducation comme très- remarquable par le changement de couleur qui s’est opéré du jaune au blanc, en trois ans, et au fur et à me- sure que l’économie animale de l’insecte était rétablie par la nourriture (feuilles de mürier sauvage recepé annuelle- ment servies avec les rameaux). Il a vu la maladie héré- ditaire disparaître à la troisième génération, ainsi que cela est prouvé par les trois échantillons de cocons an- nexés. Suivant l’auteur, le changement de couleur bien constaté du jaune au blanc sur un terrain calcaire, en regard de ja transformation contraire du blanc au jaune dans des localités à base argileuse, serait la justification complète de ses doctrines. | « Relativement à la campagne de 1862, l’auteur, tout en constatant que le résultat de nouvelles expériences physiologiques corrobore complétement les données des précédentes années, en relate une encore plus péremp- 172 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1863.) toire que les autres : en effet, cette éducation comparée a produit le même écart au détriment des Vers nourris avec la feuille des müriers sreffés, quoique les Vers aient été nourris des deux côtés avec des feuilles détachées des ra- meaux, Ce qui constate toujours le même résultat dans toutes les conditions possibles, voire même avec l'élevage occidental. Et par surcroît l’auteur fait remarquer une différence de 30 pour 100 au détriment de cette éduca- tion alimentée avec des feuilles détachées des rameaux, comparativement aux autres expériences dont les Vers ont été nourris avec des feuilles attachées aux rameaux, c'est-à-dire en élevant à l’orientale. « L'auteur fait suivre l'exposé des expériences sus-men- tionnées d’observations générales et de déductions; et, afin de se faire mieux comprendre, il résume son rapport par une appréciation graduée des diverses qualités de feuilles du mürier, faite en vertu de leur influence sur la santé des Vers et de leur bon rendement. Il établit en- suite le bilan des résultats obtenus et relatés dans son tra- vail. L'ensemble montre aux éducateurs de l'Occident la cause et le remède de la maladie, et prouve qu'il est pos- sible d'obtenir annuellement une production séricicole de plus du double de la récolte avant l’épidémie, soit pour la France le résultat annuel de 380 millions de francs, au lieu de 173 millions. M. Dufour termine en demandant qu'on veuille bien contrôler en Occident, par des expé- riences pratiques, les résultats qu’il a obtenus en Orient pendant les trois dernières campagnes séricicoles de 1860, 1861 et 1862. » , En présentant le travail de M. Dufour, M. de Quatre- fages ajoute : « Dès 1869, j'avais présenté à l'Académie un premier mémoire de M. Dufour et signalé l'intérêt sérieux qui s’attachait aux renseignements et aux chiffres apportés par cet honorable délégué du commerce français à Con- stantinople. L’extrait du mémoire que je remets aujour- SOCIÉTÉS SAVANTES. 173 d’hui en son nom me semble plus digne encore de fixer l’attention de toutes les personnes qui s'intéressent à lin- dustrie des soies. L'auteur a fait pendant trois ans des expériences comparatives, et les chiffres qu’il apporte ont une éloquence que l’Académie appréciera aisément. Parmi ces expériences, il en est une fort curieuse à bien des titres, c’est celle qui, en trois ans, a transformé des co- cons jaunes en cocons blancs. Qu'on accepte ou non les conclusions théoriques tirées par l’auteur, le fait n’en est pas moins intéressant. « Laissant de côté quelques-unes des opinions théori- ques de l’auteur, qui seraient peut-être discutables, il est facile de voir que les moyens pratiques proposés par M. Dufour, pour lutter contre la pébrine, s'accordent de tout point avec les principes acceptés aujourd’hui par tous les sériciculteurs éclairés, et que la commission des Vers à soie a souvent rappelés ici même. « Il me sera permis d'ajouter que les expériences de M. Dufour justifient entièrement l’opinion que j'ai émise depuis longtemps, savoir qu'en sériciculture les grands progrés doivent s'accomplir surtout par la simplification des procédés. « Il reste maintenant à constater par des expériences en grand faites en France que la pratique est ici d’accord avec Ja théorie, et que notre pays se prête aussi bien que l'Orient au recepage annuel des müriers, à l'élevage aux rameaux. C’est ce que M. Dufour demande tout le pre- mier, etje me joins à lui pour exprimer le vœu que ces expériences soient promptement tentées. » Une analyse de ce travail a été donnée par M. Dufour, dans la séance du 1° mai de la Société d’acclimatation, et il nous a été possible deprésenter, à son sujet, quelques ‘très-courtes observations qui doivent trouver place ici. Comme M. Dufour et comme tous les sériciculteurs anciens et modernes, nous reconnaissons que l'emploi des feuilles de müriers sauvages et non greffés donnent 174 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1863.) des résultats infiniment meilleurs, et nous avons félicité M. Dufour d'avoir précisé cette grande et ancienne vérité pratique par des chiffres. Nous avons ajouté que l'éducation aux rameaux coupés était un mode excellent pour des expériences ou des éducations pour graines, mais que ce procédé serait désavantageux dans la grande culture. Parmi ses désavan- tages, nous avons signalé le grand espace occupé par ces monceaux de rameaux. Ayant étudié ce mode d'élevage en Jialie, chez des paysans voisins des propriétés de M. A. Guillion, de Montebelluno, provinee de Trévise, nous avons vu que, dans un espace qui pourrait contenir plusieurs tables de Vers à soie, ce mode ne permettait d'élever que les Vers d’une seule table. Ilest regrettable, pour l'hygiène des Vers à soie, que ce procédé si primitif ne puisse être pratiqué que dans de petites éducations, chez de pauvres paysans qui ne comptent ni leur temps ni la place, comme cela doit être en Turquie, en Syrie, etc. Quand on a ob- servé, comme nous le faisons depuis près de vingt ans, des éducations sérieuses de Vers à soie, quand on en a fait soi-même sur une grande échelle et que l’on a fait le compte des dépenses et des recettes de ces opérations agricoles, on sait que des pratiques excellentes, au point de vue de l'hygiène, seraient désastreuses sous celui du produit. En grande pratique, il faut que, sans trop accu- muler les Vers, et tout en leur donnant l’espace, la cha- leur, laération et la main-d'œuvre nécessaires, l’on ar- rive à un produit en argent un peu supérieur à la dépense, ce qui n'aurait pas lieu dans nos départements et en Italie du moins, si l’on avait recours au procédé que j'ai observé en Italie quant à l'élevage aux rameaux. Relativement à la transformation d’une race jaune en race blanche, coïncidant avec la cessation de l'épidémie chez elle, nous en sommes profondément étonné, car cela est contraire au résultat de nombreux faits observés. En effet, il est reconnu aujourd'hui que l’on remarque une ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 175 diminution dans l'intensité de la couleur des cocons quand ils proviennent de Vers qui ont souffert. Nous avons ob- tenu ainsi des cocons de l’ailante et du ricin presque blancs. Il est donc difficile d'admettre que des cocons jaunes soient devenus blancs en même temps que la race a été guérie de l’épidémie héréditaire. Comme M. Dufour ne dit pas que cette expérience aété faite par lui, on pour- rait craindre quelque erreur de l’éducateur qui lui en a donné la relation. M. Dufour assure qu'à l'exception des localités de De- merdèche et d’Andrinopie, où les éducations sont faites à l’européenne, toutes les autres parties de la Turquie jouis- sent d'une complète immunité, quant à l’épidémie. Cette assertion est complétement en opposition avec celle de M. Duseigneur qui, dans son inventaire de 1862, p. 15, dit qu’en 1861 le marché de Marseille reçut, par Constan- tinople, Smyrne et Syrie, deux cent quarante caisses en- viron de graine, tandis qu'il n’en a reçu, en 1862, que quatre-vingts. Si les graineurs n'avaient pas reconnu que les graines de la Turquie sont atteintes par l'épidémie, ils n’auraient pas abandonné ces localités pour aller cher- cher, à grands frais, de la graine ailleurs et jusqu’en Chine et au Japon. Cependant, comme les assertions de M. Dufour ont pour nous un grand poids, nous croyons, comme M. de Quatrefages, qu’il serait très-utile, ainsi que le demande M. Dufour lui-même, que des expériences pratiques fus- sent faites en France pour contrôler les résultats annoncés par lui et voir s’il est possible et avantageux de chercher à les obtenir chez nous. ÎlI ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. Beskrevelse, ete. — Description du Loplogaster typicus, type d'un genre nouveau et remarquabie de Crustacés, par M. Mich. Sars, in-4°, Christiania, 1862. 476 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Avril 1863.) Delle malattie. — Des maladies et des dommages que souffre le poirier dansla province de Bologne; mémoire par Gust. BerroLONI. — Extr. des Mém. de l’Acad. des sciences de l'institut de Bologne, in-4, fig. Bologne, 1860. L'auteur passe en revueles nombreux insectes qui at- taquent le poirier. Il a figuré les petits cocons que l’on trouve en grand nombre sous l'écorce noircie par la ma- ladie, et le petit papillon qui en sort, et que Zeller a dé- crit sous le nom Æchmia metallicella. IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. La Gaxelte médicale de Lisbonne nous annonce, dans son numéro de février 1863, p. 83, que M. le docteur Barbosa du Bocage, directeur du musée royal d'histoire naturelle, a lu, à l'Académie des sciences de Lisbonne, l'introduction d’un mémoire ayant pour titre Apontamentos sobre a fauna portuguesa, travail qui doit comprendre les mammifères, les oiseaux et les reptiles du Portugal. Le travail de ce savant sera accompagné de figures. En outre, il s'occupe de l'examen des poissons dont il doit confier l'étude spéciale à un préparateur distingué de l'école polytechnique, M. Campello, qui poursuit un travail particulier sur ce sujet. 1 TABLE DES MATIÈRES. Pages. Des Murs. Oiseaux de la famille des Thinocoridés. 145 BoURGUIGNAT. Mollusques de San-Julia de Loria, 150 SOCIÉTÉS SAVANTES. 160 Analyses. 175 Mélanges et nouvelles. 176 IMP, DE M"® V® BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'EPERON, 5. — 1863. VINGT-SIXIÈME ANNÉE, — MAI 1863. I. TRAVAUX INÉDITS. CATALOGUE des Oiseaux observés dans le département d'Eure-et-Loir, par M. Armand MARCHAND. 1. AIGLE CRIARD (Aquila nœævia). Deux de ces oiseaux ont, à ma connaissance, été tués dans le département ; un adulte en 1839, près Courville ; l’autre, jeune, le 28 septembre 1857, près de Moron- ville. 2. PyGaRGUE ORDINAIRE (Haliætus albicilla). J'ai connaissance de l’apparition de sept ou huit de ces oiseaux dans le département. : j'en ai eu quatre tous jeunes. 3. BALBUZARD FLUVIATILE (Pandion haliætus). J'en ai eu cinq en chair; c’est toujours en septembre ou en octobre qu’on les voit ici. Un garde du Perche en tua un en octobre 1847, sur une cheminée du château de la Grève; il était en train de manger une carpe qu'il venait de prendre dans un étang voisin. h. Buse VULGAIRE (Buteo vulgaris). C’est au mois d'octobre que les buses commencent à paraître dans notre pays. Le passage est parfois très- nombreux, surtout quand il y a abondance de campa- gnols, dont elles font une grande destruction ; elles man- gent aussi beaucoup de grenouilles et de lombrics. Il en 2° skRIP, FT. xv. Année 1863. 12 178 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (fai 1863.) reste quelques-unes pendant l'hiver; ce sont générale- ment celles que Vieillot appelle Buses barrées, et qui sont de vieux individus. J'en ai souvent élevé qui, de Buses changeantes, sont devenues, en vieillissant, Buses barrées. En janvier 1854, on prit, sur les gazons, près de la maison, une Buse dont le plumage était couvert de glace et qui ne pouvait faire aucun mouvement; elle avait le plumage de jeune, avec le dessous du corps tout à fait blanc. Maintenant (1863) elle a les cuisses et les parties inférieures du dessous du corps bien barrées. En décembre 1851, un garde m'avait apporté un de ces oiseaux dont le plumage était encore collé par la glace : c'était un jeune; il n’a pas voulu prendre de nourriture et est mort au bout de peu de temps. On voit souvent des variétés presque entièrement blanches. Le 27 septembre 1854, on m’apporta une Buse qui m'a paru avoir beaucoup de rapport avec ces petites Buses des monts Ourals, que j'ai vues chez M. Hardy, à Dieppe. 5. BUSE PATTUE (Buteo lagopus). À été tuée trois fois dans le Perche. 6. BusE BONDRÉE (Pernis apivorus). Assez commune lors de son passage, à l’automne; en octobre 1827, j'en ai tué une entièrement brune. 7. MiLan ROYAL (Miluus regalis). De passage depuis septembre jusqu’en janvier, il ne sé- journe pas dans nos plaines; on l’aperçoit souvent à de très-grandes hauteurs ; il est toujours facile de le recon- naître à sa queue fourchue. 8. MiLax noir (Milvus niger). Très-rare dans ce pays-ci; je ne l'y ai vu qu'une seule fois, en 1827. J'en ai conservé un vivant depuis le mois de mai 1840 jusqu’au mois de décembre 1862; il avait déjà au moins {rois ans quand je me le suis procuré. Son plumage a peu TRAVAUX INÉDITS. 179 changé, si ce n’est sa tête, qui est devenue d’un gris très- clair, chaque plume ayant une très-fine raie noire sur le milieu ; ses yeux étaient également du même gris: il a pondu pendant plusieurs années; ses œufs étaient souvent hardés. Il mettait toujours cinq ou six jours d'intervalle entre chaque ponte. Je l'ai vu pondre un œuf vers quatre heures du soir. Les trois dernières années de sa vie, il ne pouvait plus se percher : il dépeçait cependant facilement, jusqu’au dernier jour, même des corneilles. 9. BusaRD ORDINAIRE (Circus rufus). De passage au mois d'octobre : il niche dans les marais de l’arrondissement de Châteaudun. Cinq de ces oiseaux sortant du nid ont été tués à quel- ques jours d'intervalle ; ils étaient tous entièrement bruns; toutefois, trois avaient quelques plumes jaunâtres à la gorge ou à la nuque. (La suile au prochain numéro.) MoLLusQquEs NOUVEAUX, litigieux ou peu connus, par M. J. R. BourGuIGnaT. (Suite. — Voir page 100, mars 1863.) $ 11. — Limax Companyol. L, corpore cylindrico, postice carinato ; dorso ac lateribus luteis, cinereo-variegatis, ac rugis dorsalibus valide reticulatis, munitis ; — margine pedis reticulato, luteo; subtus flavescente; — tentaculis majoribus cærulescentibus ; parvulis violaceis. — Clypeo magno, ro- tundato, concentrice granuloso-striatulo, postice valide rostrato, an- tice rotundato. A Limace à corps cylindrique terminé par une queue effilée, non obèse, et brièvement carénée. Dos et flancs d’une teinte jaune, mouchetés de taches cendrées plus ou moins nombreuses, à l'instar du variegatus. — Rides dorsales très-prononcées. — Rugosités peu allongées, plutôt oblongues-anguleuses. Pied réticulé, traversé en 180 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Mai 1863.) dessous par une large bande d’un jaune beaucoup plus päle. Bouclier grand, arrondi, granuleux, jaunâtre, avec de grandes taches cendrées irrégulières, sillonné, en outre, de stries concentriques peu distinctes. Partie anté- rieure du bouclier parfaitement arrondie; partie postérieure fortement rostrée. Col et tête d’une teinte plus pâle. Grands tentacules bleuâtres. Petits tentacules violacés. — Orifice pulmo- naire échancrant fortement la partie postérieure du bou- clier. Mâchoire (1) irès-arquée, aussi large à ses extrémités qu'à sa partie médiane, très-bombée, noirâtre, presque lisse ou très-finement striolée, et ornée d’un sillon profond cou- rant d'une extrémité à l'autre. — Rostre médian peu dé- veloppé. Limacelle blanche, peu bombée en dessus, à lignes concentriques peu sensibles, granuliforme en dessous. Longueur de l'animal. . . . 100 à 120 millim. Longueur de l’animal contracté. 40 à 50 — Cette magnifique Limace est assez abondante à Collioure et à Port-Vendres, dans les Pyrénées-Orientales. Nous avons recueilli cette espèce sous les pierres, le long d’un torrent descendant des montagnes qui dominent Col- lioure. Dernièrement, M. de Saulcy a récolté cette même Limace à Port-Vendres, dans la cour d’une maison. Cette espèce ressemble beaucoup aux Limax variegatus de France (2), et Deshayesi d'Algérie (3). On séparera le Limax Companyoi du variegatus à sa queue effilée, plus allongée et non obèse; à sa carène (1) Nous avons fait figurer, dans la planche relative à cette espèce, la mâchoire du variegatus, pour montrer les différences notables qui existent entre les mâchoires de ces deux mollusques. (2) Draparnaud, tabl. Moll., p. 103, 1801. (3) Bourguignat, Lim. Alg. in Spicil. malac., p. 36, pl. 1, f. 1-2. (Juillet) 1862. TRAVAUX INÉDITS. 181 terminale plus étendue sur le dos; à ses rugosités dorsales plus prononcées, surtout à son bouclier, fortement rostré à sa partie postérieure, ce qui ne se remarque jamais chez le variegatus, dont le caractère principal est d’avoir un bouclier parfaitement arrondi en avant et en arrière. On distinguera le Limax Companyoi du Deshayesi à sa queue effilée, allongée et non obèse, comme chez le Deshayesi ; à sa carène plus développée sur la partie dor- sale; enfin surtout à son bouclier arrondi en avant et seu- lement fortement rostré à sa partie postérieure, tandis que chez le Deshayesi le bouclier est non-seulement rostré en arrière, mais encore est échancré en avant, au lieu d’être arrondi. $ 12. — Hezix PyGMxA. Cette Hélice, une des plus anciennement connues, a besoin, pour l'intelligence des descriptions qui suivent, d'être définie avec soin et d’être représentée avec exacti- tude. Cette description « nouvelle » servira dorénavant de base de comparaison entre la pygmæa et les autres espèces françaises que nous distinguons sous les noms de Massoti, de micropleuros et d’elachia. Draparnaud, en 18014 {Tabl. Moll., p. 93) et en 1805 (Hist. Moll. France, p. 14, pl. vin, f. 8-10), a établi l’'Helix pygmæa, d’après des échantillons des environs de Lyon. C’est également sur des individus de ce pays, par- faitement typiques, que nous croyons devoir assigner à cette espèce les caractères suivants : Testa minutissima, late pervio-umbilicata, depressa, subpellucida, subnitida, cornea, adeo minutissime striatula, ut striæ sub lente vix sint perspicuæ ; — spira convexa, obtusissima ; — apice minuto, levi- gato, pallidiore ; — anfractibus 4 192 couvexiusculis, regulariter len- teque crescentibus, sutura bene impressa separatis ;— ultimo rotun- dato, antice non dilatato, nec descendente ; — apertura vix obliqua, late lunato-rotundata ; — peristomate recto, acuto, simplice. Coquille très-petite, déprimée, un peu transparente, lé- 182 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1863.) gèrement brillante, d’une teinte cornée uniforme et pour- vue d’un ombilic très-ouvert, un peu en forme d’entonnoir et laissant voir l’enroulement intérieur de la spire. Test si finement strié, que les stries sont à peine sensibles au foyer d’une forte loupe. Spire convexe, peu élevée, très- obtuse, à sommet petit, lisse, d’une nuance plus pâle. Quatre tours et demi faiblement convexes, s’accroissant lentement et avec beaucoup de régularité. Suture bien marquée. Dernier tour arrondi, ne présentant vers l’ou- verture ni dilatation, ni déflexion descendante. Ouverture légèrement oblique, arrondie et assez fortement échan- crée. Péristome simple, droit et aigu. Hauteur PNR PEUT 4 174 millim. Diametrerwire ete 2 — Environs de Lyon où se trouve le type. — Vallée de la Loire, aux alentours de Saumur, d'Angers, etc., où l’on rencontre également des individus bien caractérisés. Hyères, sur les bords du Gapau, dans les alluvions. — Paris, dans les alluvions de la Seine. Dans l'Aube, aux environs de Troyes, l'Helix pygmæa esi plus déprimée, moins convexe en dessus, et offre un ombilic un peu moins ouvert. $ 13. — Hezix Massori. Testa valde minutissima, late pervio umbilicata, compressa, supra fere complanata, subpellucida, subuitida, pallide cornea, levigata (sub lente non striatula, vel vix ärgutissime striolata) ; — spira fere plana, vix convexa, obtusissima ; apice nitido, levigato ; — anfracti- bus # 172 convexis, lente ac regulariter crescentibus, ad suturam valde profundam sicut canaliferis ; — ultimo minuto, rotundato, ad aperturam lente descendente ; — apertura parum obliqua, valde lu- nata, rotundata; peristomate recto, simplice, acuto; margine colu- mellari paululum expansiusculo ; — marginibus valde remotis. Coquille d’une extrème exiguité, presque aplatie en dessus, comme comprimée et pourvue d’un ombilic très- ouvert, en forme d'entonnoir.— Test un peu transparent, TRAVAUX INÉDITS. 183 assez brillant, d’une teinte cornée, pâle, uniforme, lisse, ou si finement striolé que les stries sont encore bien moins sensibles au foyer d’une forte loupe que celles de la pygmæa, qui sont pourtant à peine perceptibles. Spire peu convexe, presque plane, très-obtuse, à sommet lisse, brillant et d’une nuance moins accentuée. Quatre tours et demi bien bombés, d’une croissance lente et excessive- ment régulière, séparés les uns des autres par une suture très-profonde. Les tours, vers la suture, sont comme ca- naliculés. Dernier tour arrondi, petit, à peine plus grand que l’avant-dernier, et offrant, vers l'ouverture, une direc- tion descendante lente et peu prononcée, à cause de sa régularité. Ouverture peu oblique, très-échancrée et ar- rondie. Péristome simple, droit et aigu. Bord columel- laire un tant soit peu évasé. Bords marginaux très-écartés. Hauteur. . A ae 4 millim. Diametre sn nee 1172 — Cette Hélice habite aux environs de Perpignan (Pyré- nées-Orientales). L'Helix Massoti diffère de la pygmæa par sa coquille d'un tiers plus petite; par sa spire moins convexe, presque aplatie et non bombée; par son accroissement spiral plus régulier et plus lent; par son dernier tour des- cendant faiblement vers l'ouverture et non droit comme chez la pygmæa; par son ouverture plus échancrée, plus ronde, aussi haute que large (chez la pygmæa, l'ouverture est plus large que haute), etc... ; enfin surtout par sa su- ture très-profonde et ses tours qui, vers la suture, sont comme canaliculés. Cette espèce nous a été envoyée sous l’appellation er- ronée de pygmæa, par M. Paul Massot, de Perpignan. $ 14. — HELix microPLEUROS. Éditée en premier lieu (25 mai 1853), sous le nom 184 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1863.) d'Helix parvula (1), dans une lettre de sir John Paget à M. Moitessier, de Montpellier, cette espèce a été plus scientifiquement établie, l’année suivante, sous l’appella- tion de micropleuros. Voici l’histoire de cette Hélice inconnue et pourtant si abondante dans le midi de la France. Helix parvula, Paget, in Litt., 1853. — micropleuros, Paget, Desc.ofa new Hel. from Mont- pellier, in Ann. and Mag. nat. Hist. (Ser. XIII), p. 454, 1854. — _ Fischer, Moll. terr. fluv., in Journ. Conch., t. V, p. 159, 1856. — — L. Pfeiffer, Monogr. Hel. viv., t. IV, p. 108, 1859. Testa minuta, aperte pervio-umbilicata, compressa, supra planius- cula, infra convexa, nitida, subpellucida, cornea vel succinea, ele- gantissime ac oblique lamellicostata; — spira vix convexa, fere com- planata ; apice minutissimo, levigato, pallidiore ; —anfractibus 4 con- vexiusculis, sat celeriter crescentibus, sutura impressa separatis ultimo sat dilatato, magno, supra leviter convexo, infra convexo-ro- tundato, ad aperturam non descendente; — apertura obliqua, parum lunata, oblongo-rotundata; peristomate simplice, recto, acuto ; mar- gine columellari expansiusculo. Coquille petite, comprimée, un peu plane en dessus, convexe en dessous, et pourvue d’un ombilic assez large pour laisser voir l’enroulement intérieur de la spire. Test brillant, un peu transparent, d’une teinte cornée ou succinée, et orné de petites lamelles épidermiques sail- lantes, régulièrement espacées et obliques. Spire à peine bombée, à sommet lisse, excessivement petit et d’une nuance cornée plus pâle. Quatre tours faiblement con- vexes, s’accroissant assez rapidement, bien qu'avec régu- larité. Suture assez profonde. Dernier tour légèrement (1) Non Helix parvula de Rang, in Ann. des sc. nat., XXIV, p.14, 1831. TRAVAUX INÉDITS. 185 dilaté, assez grand, en dessus peu convexe, en dessous bombé, arrondi, et ne descendant pas vers l'ouverture. Ouverture oblique, oblongue-arrondie, peu échancrée, à péristome simple, droit et aigu. Bord columellaire légè- rement évasé. HAN TCUR PPT 4 millim. DIAINOTE MARINE. PA ve 2 — Cette Hélice a été trouvée pour la première fois par M. John Paget, en mai 1855, sous des feuilles mortes de houx, à la Moures, près de Montpellier. L’Helix micropleuros habite les départements du Gard, de l'Hérault, de l'Aude et des Pyrénées-Orientales. Nous avons reçu, notamment des environs de Perpi- gnan, cette espèce, sous l'appellation d’'Helix pygmæa. L'animal de l’Helix micropleuros, d’après John Paget, est court, demi-transparent, d'un brun foncé ou noirâtre en dessus et d’un gris blanchâtre en dessous. Les tenta- cules supérieurs d’une teinte foncée sont forts et globu- leux à leur extrémité. Les tentacules inférieurs sont très- petits et d’une teinte plus pâle. L'épiphragme vitracé est exécuté en un clin d'œil par Panimal lorsqu'il veut clore l'ouverture de sa demeure. $ 15. — HELIx ELACHIA. Testa minutissima, umbilicata, compressa, supra planata, infra convexa, pellueida, hyalina, pallide cornea, elegantissime lamellicos- tata; —spira planata ; apice levigato; —anfractibus 3 192 rapide crescen- tibus, sutura impressa separatis ; anfractibus subangulatis, infra ad umbilicum obscure subcarinatis; — uitimo maximo, ad aperturam lente descendente ; — apertura obliqua, ampla, parum lunata, late oyato-rotundata; peristomate simplice, acuto, recto; margine colu- mellari leviter expansiuseulo, Coquille très-petite, ombiliquée, très-comprimée, presque plane en dessus, convexe en dessous, transpa- rente, fragile, crystalline, d’une teinte pâle cornée, et sillonnée de côtes épidermiques saillantes, symétriques. 186 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1863. Spire non bombée, à sommet lisse. Trois tours et demi s'accroissant rapidement et séparés par une suture assez profonde. Tours subanguleux à leur tiers supérieur et présentant vers l’ombilic la trace d’une carène obsolète. Dernier tour grand, proportionnellement très-dilaté et descendant lentement vers l'ouverture. Celle-ci oblique, peu échancrée, ample, est ovale-arrondie. Péristome simple, droit et aigu. Bord columellaire légèrement évasé. Hauteur: 4,20. tua 3,4 de millim. Diamètre "2 02 1192 — Cette espèce habite aux environs d'Angers, dans les prés humides, où elle a été recueillie, avec des quantités de Zonites fulvus, d'Helix pulchella, costata, pygmæa (type), aculeata, etc..., par notre ami Letourneux de la Péraudière. L’'Helix elachia ne peut être rapprochée que de l’Helix micropleuros. On distinguera notre nouvelle espèce de cette dernière à sa taille plus faible, à son test plus fragile, plus trans- parent, moins corné, etc... ; à sa spire non bombée en dessus; à ses tours subanguleux en dessus et subcarénés en dessous vers l’ombilic et non convexes comme ceux du micropleuros; à son ouverture plus ample; enfin surtout à ses tours s’accroissant beaucoup plus rapidement, et à son dernier tour plus grand, plus dilaté et présentant vers l'ouverture une direction descendante, ete. En résumé, les espèces du groupe de l’Helix pygmæa appartiennent aux deux sections suivantes : 1° Coq. à test lisse ou presque lisse. Helix Debeauxiana (1). — pygmæa. — Aucapitainiana. — Massoti. (1) Voyez notre Malacologie de l'Algérie, in-4, fasc. 2, pour les descriptions des Helix Debeauxiana, Aucapitainiana et Poupillieri. TRAVAUX INÉDITS. 187 2° Coq. à test toujours lamellé. Hélix micropleuros. — elachia. — Poupillierti. (La suite au prochain numcro.) Description de Cicindélètes et de Carabiques nouveaux, par le baron de Chaudoir (1). Agra tenuis, long. 9-11 172 m. Viridi-ænea, elytris cupreis, abdomine obscuro, antennis pedibusque rufis femoribus cyanescentibus ; capite elongato-ovato, angusto, lævi; thorace capite longiore, tenui, cylindrico, ante apicem subattenuato, posterius levissime inflato, ante basin substrangulato, ipsa basi dilatata, linea media integra lævi distincta ad apicem carinata, linea marginali impresso-punctata, basi punctis adspersa : elytris angustis plus minus-ve elongatis, parailelis, apice recte truncatis, angulo externo acutius dentato, prominulo, suturali recto haud rotundato, subtiliter punctato-striatis, striis haud impressis, interstitiis planis, lævibus, antennis pedibusque gracillimis, femoribus haud inflatis, maris pectore pube- rulo, abdomine segmentis penultimis utrinque juxta me- dium densius pilosis, ipso medio glabro, fæminæ pectore glabro, abdomine sublævi, segmentis penultimis parum pilosis. Inter omnes hujusce generis species hucusque notas facile gracillima elegantissimaque. Cayennæ, de Bonvouloir et A. Deyrolle. Agra chlorocera, long. 11 m. Nigra, subviridis, elytris pedibusque subcyaneis, coxis tarsisque rufo-piceis, an- tennis rufis, articulis tribus primis piceis; capite elongato- quadrato lævi, basi utrinque bipunctato, oculis sat pro- (1) Cette terminaison du travail de M. de Chaudoir devait paraître dans le numéro 4; en conséquence, sa publication date du mois d'avril. (G. M) 188 REV. ET MAG. DE ZOOLOG1E. (Mai 1863.) minulis; {horace ovato, capite paulo longiore eodemque cum oculis haud latiore, ad summum apicem attenuato, lateribus rotundato, basi vix strangulato, toto supra sub- tusque dense punctato, linea media vix ulla, lateribus obsolete carinatis ; elytris sat elongatis, latiusculis, striatis, strits modice punctulatis 2 et 4#* pluripunctatis inter- mediis tribus apice profundioribus, interstitis omnino planis, extus apice convexioribus, apice fere recte trun- cato, extus acutius bidentato; subtus glabra abdomine, obsoletissime piligero. Mas. Guyana gallica, ad fluvium Maroni, À. Deyrolle (A. pulchellæ subaffinis). Agra varioligera, long. 11 m. A. variolosæ summa affinitas et similitudo, certe differt thorace antice longius attenuato, medio magis inflato, lateribus medio convexio- ribus, dorso juxta lineam mediam magis, inæquali, bica- naliculato, elytris dente suturali evidenter longiore, magis prominulo, striis secunda quartaque grossius foveatis. Guyana sallica, ad fluvium Maroni, A. Deyrolle. Agra scrobipennis, long. 16 m. Obscure rufa, elytris submetallicis; capite elongato-quadrato, basi tota punctata, medio canaliculata, fronte deplanata lævi ; fhorace capitis latitudine, eodem longiore, subparallelo, apice breviter attenuato, toto dense punctulato, supra deplanato, linea media ad apicem subcarinata, lateribus carinatis, carinis elevatis lævibus, basi sinuatis, ante basin haud stran- gulato, hac subdilatata; elytris capite cum thorace plus dimidio longioribus, hoc triplo latioribus, posterius sub- dilatatis, apice recte truncatis, intra dentem externum acutum evidenter exciso-sinuatis, seriatim foveatis, foveis valde inæqualibus, in fundo (ut in catenulata) punctatis, pitigeris, fovearum interstitiis elevatis et lævigatis. An- tennæ breves, thoracis basin haud superantes, pedes tenues, modice elongati, fæminæ pectus parce punetu- latum. Marem non vidi. Bahia, Chevrolat specimen unicum benevole dedit. SOCIÉTÉS SAVANTES. 189 IL SOCIÉTÉS SAVANTES. ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS. Séance du 20 avril. — M. le président entretient l’Aca- démie de la perte douloureuse qu’elle a faite, depuis sa dernière séance, dans la personne de M. Moquin-Tandon, enlevé par une mort soudaine et que rien ne pouvait faire prévoir quelques heures auparavant. Mardi dernier, 14 avril, il assistait à une réunion des membres du bu- reau de la Société des Amis des sciences, et le 15, à trois heures du matin, il avait cessé d’exister. Dans les der- niers devoirs qui lui ont été rendus, aucun discours n’a été prononcé sur sa tombe. On a dü se conformer aux intentions qu’il avait plus d’une fois formellement expri- mées à cet égard. M. J. B. Jaubert présente un mémoire ayant pour titre, Fossiles nouveaux provenant du terrain néocomien du bassin de Gréoulx | Basses-A lpes). « Ces corps, que nous avons la plus grande tendance à rapprocher des Polypiers, se trouvent, dans toute la couche, sous forme de cylindres calcaires, ajoutés bout à bout, dont le diamètre varie depuis 1 jusqu'à 30 centi- mètres. Si la roche est friable, on peut en détacher des branches plus ou moins longues, souvent bifurquées, for- - mant les courbes les plus variées et présentant comme caractères : un mode de cassure analogue aux articula- tions des Zsis, une tige centrale constante, et, à la sur- face, quelques traces de stries ; cette surface, toujours al- térée, ne permet guère de saisir d’autres caractères orga niques. Les terminaisons sont de trois sortes : {1° en queue de rat ; 2° en cône, à la manière des Cyatophyl- lum ; 3° arrondie. La tige suit probablement Îles mêmes modifications que son enveloppe. Quand plusieurs de ces 190 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1863.) corps sont en contact, ils se moulent les uns sur les autres, se confondent au point qu'on ne peut les reconnaître qu'en les brisant. Plusieurs d’entre eux nous présentent cette singularité : un cylindre devient conique, donne naissance à deux tiges qui, un peu plus loin, se ressoudent à l’aide d'une pièce conique semblable à la première. «S'il ne nous a pas été possible, après plusieurs années d'observation, de rattacher ces corps à rien de connu, il ne l’a pas été davantage aux hommes les plus autorisés dans la science, à qui nous les avons montrés et pour qui ils n’ont cessé d’être une énigme. La présentation dont nous en faisons l’objet aura donc pour but d'appeler l'attention des savants de tous les pays sur une existence d'autant plus intéressante qu’elle nous semble s’écarter en quelques points de ce qui nous est connu des lois ac- tuelles de l’organisation. » Deux échantillons de ces fossiles, ainsi que de nom- breux dessins qui accompagnaient le mémoire dont on vient de lire l’extrait, sont mis sous les yeux de l’Aca- démie. M. Boucher de Perthes fait présenter, par M. de Quatre- fages, une note sur une méchoire humaine découverte à Abbeville dans un terrain non remanié. C’est dans la sablière de Moulin-Quignon, près d’Abbe- ville, que l’importante découverte d'une première dent a été faite le 23 mars 1863, et c’est seulement le 28 que M. Boucher de Perthes a pu voir en place, dans une couche, à 5 mètres au-dessous du sol, une moitié de mä- choire humaine à l’état fossile. Jusque-là on avait trouvé dans cette couche plusieurs haches en silex. M. Boucher de Perthes donne beaucoup de détails très- précis sur la position de ces débris humains, sur la com- position et l'épaisseur des couches qui les recouvraient. Ayant montré cette mâchoire à des médecins et à des anatomistes, il a été reconnu qu'elle offrait certains ca- SOCIÉTÉS SAVANTES. 191 ractères un peu différents de ceux de pièces semblables appartenant à l'époque actuelle, et ils ont conclu que cet homme devait appartenir à une autre race que la nôtre. M. Boucher de Perthes a joint à cette intéressante note le dessin de la mâchoire fossile et la coupe du banc de Moulin-Quignon, faits sous ses yeux par M. O. Dimpre, et d'après les mesures prises par lui-même. Comme la première dent molaire, ajoute-t-il en terminant, est une molaire de gauche et que je n’ai que la partie droite de la mâchoire, je suis maintenant à la recherche de l’autre moitié et je continue les fouilles à Moulin-Quignon. À la suite de cette présentation, M. de Quatrefages fait connaître le résultat des études qu’il a faites pour s'assurer que cette pièce est bien réellement fossile; il entre à ce sujet dans de nombreux détails, qui occupent plus de six pages des Comptes rendus. Séance du 97 avril. — M. de Quatrefages lit une deuxième note sur la mâchoire d’A bbeville. Ayant appris que des doutes graves s'étaient élevés sur l'authenticité de cette découverte, il vient préciser quel- ques faits qu’il s’était borné à indiquer dans sa commu- nication précédente. Cette partie de son travail, qui oc- cupe plus de sept pages des Comptes rendus, est peu sus- ceptible d'analyse. M. Milne-Edwards présente, de la Dane de M. L. Vail- lant, un mémoire d’anatomie comparée, ayant pour titre, Remarques sur la Sirène lacertine. L'occasion qui nous a été offerte par Martin-Magron de disséquer à l’état frais, et même d'observer pendant un certain temps à l’état de vie, une Sirène lacertine (Si- ren lacertina, Linné), nous a permis de constater certains faits anatomiques qui jusqu'ici avaient échappé aux re- cherches des différents observateurs qui se sont occupés de cet animal. Au reste, si les travaux publiés sur la Si- rène sont relativement assez multipliés, le nombre des in- dividus observés n’est pas, à ce qu'il semble, considérable, 192 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1863.) puisqu'un même échantillon paraît avoir servi aux obser- vations d’Ellis, de Hunter, de Camper et de M. Owen ; un second aux observations de G. Cuvier. Le système musculaire a été peu étudié jusqu'ici. Sans entrer dans des détails que ne comporte pas l'étendue d’une simple note, et qui d’ailleurs se prêteraient mal à une description non accompagnée de figures, nous nous bornerons à dire qu'il présente, comme la forme de l’ani- mal pouvait le faire pressentir, un type intermédiaire à celui des poissons et des Batraciens, et qu’il se distingue de celui des êtres plus élevés de sa classe par la complication des muscles destinés à mouvoir l’appareil branchial et par la présence des muscles destinés à mouvoir la lèvre et la mâchoire supérieure. L'étude de la myologie de cet ani- mal jette un certain jour sur les appareils actifs de mou- vement chez les têtards des Batraciens élevés, et confirme en plusieurs points l’excellent travail de Dugès sur ce sujet. Le système nerveux n’avait non plus jamais été exa- miné. L’encéphale nous a montré la plus grande ressem- blance avec celui que MM. Configliachi et Rusconi ont décrit dans le Protée. Toutefois, l'interprétation des par- ties donnée par ces auteurs demande, suivant nous, à être modifiée. En avant sont les hémisphères crébraux ; derrière eux existe une masse centrale, qui nous paraît représenter les lobes optiques soudés en un seul corps, ce qui les avait fait prendre chez le Protée pour le cervelet ; enfin celui-ci est représenté, à la partie tout à fait posté- rieure, par une mince bande nerveuse. L'état dans lequel ce Batracien s’est trouvé entre nos mains nous a permis de faire des injections qui nous ont montré assez complétement le système vasculaire. Nous avons pu sur les globules sanguins observés à l'état frais examiner la structure de ces organites. Il nous a été possible, grâce à leur volume considérable, de recon- naître que le noyau est homogène, s'il n’a été soumis à SOCIÉTÉS SAVANTES. 193 l'action d'aucun réactif, contrairement à ce que M. Owen avait pensé. En second lieu, les changements de forme observés sur le globule, qui, au contact de l’eau, d’ovoïde devient sphérique par la diminution de son grand dia- mètre, nous semblent prouver, comme l’a déjà fait remar- quer M. Milne-Edwards, qu'il existe autour du globule une véritable membrane. Le cours du sang s'effectue par- tout au moyen de canaux nettement limités, sauf pour la veine cave postérieure, qui, dans sa portion sus-hépa- tique, se transforme en un sinus creusé dans la substance du foie. La circulation, au point de vue physiologique, peut se résumer ainsi : 1° Il n’existe de sang entièrement hématosé que dans la veine pulmonaire et l’oreillette droite. 2° Le sang ne passe qu'en partie dans les branchies, de nombreuses anastomoses le conduisant directement dans l'aorte, 3° Une portion du sang revient directement au cœur; il provient des parties antérieures du corps, de la partie moyenne du canal rachidien, un peu dela partie posté- rieure du corps, enfin des ovaires. 4° Une portion du sang de la veine caudale, celui des veines rachidiennes abdominales postérieures, et peut- être celui de l’oviducte, s’hématosent dans le système porte rénal. 5° Une portion du sang de la veine caudale, celui des parois abdominales et de la vessie, le sang de lintestin, de l'estomac, de la rate, de la vésicule du fiel, le sang des parties moyennes et dorsales du corps, s’hématosent dans le système porte hépatique ; La respiration de la Sirène s'effectue à la fois par des houppes branchiales et des poumons. La surface interne de ces derniers est assez aréolaire ; ils présentent aussi cette particularité tout à fait spéciale, qu’en avant la por- tion qui représente la trachée est creusée dans la paroi supérieure du péricarde. 2° skrie, T. xv. Année 1863. 13 194 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1863.) Parmi les organes de sécrétion, les reins présentent une disposition spéciale. Ils se soudent en arrière en une seule masse, comme on l’observe chez certains poissons. Telles sont les notions nouvelles que notre examen nous permet d'ajouter à la connaissance anatomique d’un animal qui, par la classe à laquelle il appartient, par ses rapports avec l’état transitoire d'êtres plus élevés et avec les poissons, mérite de fixer à plus d’un titre l’attention des naturalistes, Séance du k mai 1863.— M. de Quatrefages continue la lecture de ses notes sur la mâchoire d'Abbeville. M. de Vibraye, à la suite de cette communication, pré- sente de vive yoix quelques remarques sur les caractères qui permettent de distinguer les silex travaillés des an- ciens des contrefaçons modernes. M" de Corneillan annonce, dans les termes suivants, être arrivée à un résultat intéressant pour l’industrie sé- ricicole : Je suis parvenue à dévider les cocons du Bombyx mori, percés et ouverts par l’éclosion du papillon, et qu'un préjugé généralement accepté prétendait coupés par l’in- secte, et considérait comme déchets, rebuts et indévi- dables. La soie continue que j'en retire, ainsi que le constatent les échantillons que j'ai l'honneur de présenter, est aussi belle que la plus belle obtenue des cocons où la chrysalide a été préalablement étouffée, et cela se com- prend, les cocons affectés au grainage étant toujours choisis parmi les plus sains et les plus beaux. Sans susci- ter aucuns frais nouveaux aux éducateurs, je restitue donc à nos fabriques des masses considérables de matières pre- mières perdues jusqu’à ce jour... Séance du 11 mai 1863. — M. Serres lit une note sur les deux articulations ginglymoïdales nouvelles existant chez le Glyptodon, la première entre la deuxième et la troisième vertèbre dorsale, la seconde entre la première et la deuxième pièce du sternum ; par M. Serres. La multiplicité des os qui composent la colonne ver- SOCIÉTES SAVANTES. 195 tébrale de l’homme et des mammifères rend nécessaire- ment très-nombreuses les articulations de cette partie du tronc; ces articulations, destinées à en faciliter les mou- vements, peuvent se considérer sous deux rapports : I. Il en est de générales qui sont les mêmes pour toutes les vertèbres, et qui unissent le corps des ver- tèbres, leurs lames et leurs apophyses articulaires et épi- neuses. IL. Il en est de particulières qui s’écartent entière- ment de la disposition des précédentes, et qui toutes sont relatives au mouvement de la tête sur le tronc : ce sont 1° L’articulation de l’occipital avec l’atlas; 90 Celle de l’atlas avec l’axis ; 3° Celles de ces deux vertèbres entre elles. En dehors de ces articulations spéciales, la colonne vertébrale des mammifères n’est mobile sur aucun autre point de son étendue. Une exception très-remarquable à cette règle géné- rale se rencontre chez le Glyptodon, et c’est sur cette par- ticularité si insolite chez les mammifères que nous avons voulu fixer l'attention des anatomistes. Chez cet animal fossile, de la famille des édentés, ani- mal déjà si singulier par la vaste carapace qui le re- couvre presque entièrement, ilexiste une articulation gin- glymoïdale entre la deuxième et la troisième vertèbre dorsale, articulation qui permet un mouvement de flexion de la région cervicale et de la tête sur cette partie de la colonne vertébrale. M. Flourens présente, au nom de M. Owen, deux mé- moires publiés par le savant zoologiste et ayant pour titre, l’un, « Monographie de l’Aye-Aye de Madagas- car; » l’autre, « Étude ostéologique pour servir à l’histoire naturelle des singes anthropoïdes. » M. Flourens présente encore, également au nom del’au- teur, une Note de M. Gervais « sur les notions relatives aux Céphalopodes consignées dans l'Histoire des animaux 196 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Mai 1862.) d’Aristote, avec un Appendice sur le grand Calmar de la Méditerranée et un tableau d’une classification géné- rale des animaux. » M. Husson adresse un nouveau mémoire «sur la quantité d'air indispensable à la respiration durant le sommeil. » Ce travail, qui résume et complète deux précédentes communications de l’auteur, séances du 19 janvier et du 2 mars 1863, est renvoyé à l'examen des commissaires alors désignés, MM. Payen et Longet. M. le secrétaire perpétuel présente, au nom de l’auteur, M. Joly, professeur à la faculté des sciences de Tou- louse, un « Éloge historique de M. Isidore Geoffroy-Saint- Hilaire. » M. Flourens lit, en second lieu, l'extrait suivant d’une lettre de M. Joly, concernant un œuf de poule monstrueux. . . . Cet œuf pesait 415 grammes : sa grande cir- conférence mesurait 0",210; la petite, 0,195. IL était revêtu d’une coque calcaire, à pôles très-obtus. A l’un des pôles, celui qui correspond au gros bout de l'œuf, était fixée ou plutôt articulée une sorte d’opercule co- nique, creux à l’intérieur et percé, à son sommet, d’une ouverture par laquelle s’échappait un cordon albumi- neux, continuation évidente de l’une des chalazes. Outre un jaune et un blanc plus volumineux qu’à l’état normal, le gros œuf en renfermait un autre à coque épaisse, mais à peine légèrement encroûtée de substance calcaire. On n’y voyait pas d’albumine, et le jaune était formé par une masse granuleuse, de couleur orangée, mêlée destries sanguines. Ce petit œuf pesait 13 grammes, ce qui réduit à 102 grammes le poids du gros œuf, y compris la coque de celui-ci, qui pesait 7 grammes. M. Coinde présente une Note « sur quelques Coléop- tères communs à la faune du Kef et à celle des environs de Bone. » Séance du 18 mai. — M. Milne-Edwards lit une longue note sur les résultats fournis par une enquête relative à l’authenticité de la découverte d’une mâchoire humaine SOCIÉTÉS SAVANTES. 197 et de haches en silex, dans le terrain diluvien de Moulin- Quignon. | Le savant mammalogiste, après avoir fait l’histoire de cette question, sur laquelle M. Boucher de Perthes a com- mencé à appeler l'attention dès 1837, revient sur Îles di- verses phases qu’elle a subies jusqu’à présent, en analy- sant les opinions diverses des nombreux savants qui l’ont étudiée. Il présente les opinions qui ont été émises par les naturalistes français et anglais qui sont venus étudier le fait et en discuter les conséquences, et il fait connaître les expériences auxquelles ils se sont livrés à cet effet. I] décrit ensuite les précautions minutieuses qu'il a prises, avec ses confrères, pour mettre cette sorte d'enquête à l'abri de toute fraude, et il décrit la manière dont les dernières recherches ont été faites, le soin qu’on a pris de monter la garde près des ouvriers pendant tout le temps des fouilles, etc. Pendant tous ces travaux, faits en présence de vingt hommes de science, on a mis à découvert cinq hacnes, dont l'authenticité était, par conséquent, indiscutable. Le désir d'arriver à la connaissance de la vérité était l'unique sentiment dont étaient animés tous les paléonto- logistes qui, de Londres et de Paris, s'étaient rendus à Abbeville pour étudier les questions dont je viens d’en- tretenir | Académie, et, dès que l'obscurité dont le sujet était d’abord entouré disparut ainsi, tous les membres de cette réunion d'amis adoptèrent la même opinion. Écar- tant toute idée de fraude, ils ont reconnu, de la manière la plus franche, qu'il ne leur paraissait plus y avoir au- cune raison pour révoquer en doute l'authenticité de la découverte faite par M. Boucher de Perthes d’une mâchoire humaine dans la partie inférieure du grand dépôt de gra- vier, d'argile et de cailloux dela carrière de Moulin-Quignon. Après avoir donné les éloges qu'ils méritent aux géolo- gues anglais qui faisaient partie des vingt savants présents à ces recherches, M. Miine- Edwards ajoute : 198 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1863.) La nouvelle découverte de M. Boucher de Perthes pourra donc, sans contestation ultérieure, prendre place à côté de celles de Schmerling, de Tournal, de M. Lartet, de M. de Vibraye, et des autres paléontologistes qui ont constaté précédemment des faits du même ordre. M. de Quatrefages vient ajouter aussi ses éloges à ceux que M. Milne-Edwards a donnés aux savants anglais, etil ajoute : Or cette étude, minutieusement faite à tous les points de vue, conduisait toujours à admettre la contemporanéité de la hache servant de point de comparaison, des autres haches de même provenance, et de la mâchoire humaine. — Je ne pouvais donc douter de l’authenticité de cette dernière. Au reste, dit-il en terminant, le désaccord même qui nous à séparés pendant quelques jours aura été très-utile à la science. « Le procès de la mâchoire (the trial of the jaw), n'écrit M. Carpenter (4), prendra place parmi les causes célèbres de la science.» Or ce procès a été in- struit de telle sorte, qu’il me paraît impossible de ne pas accepter le verdict porté à l’unanimité par un jury na- guère si profondément divisé. L’authenticité de la décou- verte faite par M. Boucher de Perthes est donc désormais hors de doute. Malheureusement, les quelques paroles suivantes de M. Elie de Beaumont sont venues faire tomber de son piédestal cette cause célèbre de la science. J'espère, a dit l’illustre géologue, que mes honorables et savants confrères, M. Milne-Edwards et M. de Quatre- fages, voudront bien ne pas trouver que je manque de courtoisie en exprimant l'opinion que le terrain de trans- (1) M. Carpentier, qui du reste n’a manifesté nulle part officielle- ment les doutes qu’il a pu concevoir, adopte toutes les conclusions de la réunion, et m’exprime son opinion à ce sujet dans une lettre à laquelle j'ai été extrêmement sensible. SOCIÉTÉS SAVANTES. 199 port éxploité dans la carrière de Moulin Quipnon n’ap- partient pas au diluvium proprement dit. Dans mon opinion ce terrain détritique, d'apparence clysmienne, doit être rapporté aux dépôts auxquels j'ai appliqué la dénomination de dépôts meubles sur les pentes. La spécification de ce terrain n'est pas une invention née de la discussion actuelle; j'ai figuré et désigné ainsi Île terrain dont il s'agit, de concert avec M. Dufrénoy, sur la carte géologique détaillée du nord de la France à l’échelle de 55, qui a été exposée en 1855 au palais de l’indus- trie. Déjà plusieurs années auparavant, M. du Souich, ingénieur en chef des mines, l'avait figuré sur sa carte géologique du département du Pas-de-Calais, et notre sa- vant confrère, M. Antoine Passy, l’a ésalement figuré sur sa carte géologique du département de la Seine-infé- rieure, présentée l’année dernière à l’Académie. La carte séologique détaillée n'indique dans la vallée de la Somme, près d’Abbeville {je ne parie pas ici d'Amiens), que trois terrains : la craie blanche supérieure, l'alluvion tourbeuse et les dépôts meubles sur des pentes. La carte géologique générale de la France, à l'échelle de 5, en figurait seulement deux, la craie blanchec? et l’alluvion à, parce que les dépôts meubles sur des pentes n’y étaient pas distingués de lalluvion, et avaient dû même souvent être négligés. Les dépôts meubles sur des pentes sont contemporains de l’alluvion tourbeuse (1), et de même que la tourbe ils (1) Je reproduis ici, pour mieux préciser les idées, le commence- ment de la légende de la carte géologique détaillée, imprimée en 1855 : Terrains superficiels... A. dépôts meubles sur des pentes. — a’. alluvions. — L. dunes et cordon littoral. — T. tourbes. Terrain érratique ou diluvium.. a‘ dépôt erratique supérieur, Pi limon jaune de Picardie. P? dépôt erratique inférieur. | P: sable de Diest. Terrain tertiaire supérieur (plio- CORDON Er MURS dé en Terrain tertiairé moyen. 200 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mar 1863.) peuvent contenir des produits de l’industrie humaine et des ossements humains. Mais ces mêmes dépôts (sortes de post-diluvium), étant formés de débris détachés et en- trainés par les agents atmosphériques [les orages, les ge- lées, les neiges, etc.), peuvent contenir, en même temps que ces débris, tout ce que contiennent les petits dépôts diluviens répandus partout à la surface et dans les anfrac- tuosités des roches en place, notamment des denis et des ossements d’éléphant, d'hippopotame, etc., qui sont au nombre des matières que le transport et l’action des agents extérieurs détruisent le plus difficilement (1). Les hommes et les éléphants, dont les ossements se- raient confondus dans un pareil dépôt, n’auraient pas été nécessairement contemporains, et l’état de conservation différent de leur matière gélatineuse suffirait, suivant moi, pour avertir qu'ils remontent à des époques très- (1) Dans nos départements de l’est (Moselle, Meurthe, Meuse, Haute-Marne, etc.), on désigne par le nom spécial de groise les dépôts de débris incohérents qui forment des talus plus ou moins inclinés sur les pentes et au pied des escarpements des calcaires ju- rassiques. Feu M. Duhamel parle souvent de la groise dans le pré- cieux journal encore inédit de ses tournées géologiques faites avant l’année 1850, dans le département de la Haute-Marne; et dans une notice fort intéressante que j'ai lue il y a plusieurs années, un au- teur, dent le nom m'’échappe en ce moment, a signalé la présence d’ossements d’éléphant dans ces talus de matières meubles : il est évident que des produits de l’industrie et même des ossements hu- mains doivent se trouver aussi dans ces dépôts qui sont accrus et souvent remaniés à chaque dégel, à chaque orage. La groise est, de même que les dépôts meubles sur des pentes auxquels on peut la rattacher, un terrain d’un caractère mitte, au point de vue paléon- tologique comme au point de vue de sa formation par des éboulis accumulés. Rien n’est plus complexe et souvent plus difficile à débrouiller et à expliquer que la couche de matériaux incohérents qui existe pres- que partout au-dessous de la couche de terre végétale que retourne le soc de la charrue. Confondre impitoyablement tous ces amas de matières détritiques sous le nom de diluvium, c’est simplement éluder les difficultés auxquelles ils donnent naissance. SOCIÉTÉS SAVANTES. 2041 différentes. Quant aux haches en silex véritablement an- tiques, il serait naturel, ce semble, de les rapporter à l’âge de pierre des habitations lacustres de la Suisse : or, les habitations lacustres étant coordonnées au niveau ac- tuel des lacs, on peut affirmer qu’elles sont post-dilu- viennes ; car dans les lacs de la Suisse, dans ceux même, s’il en existe, dont le lit n’a pas été façonné par le phéno- mène erratique ou diluvien, le niveau actuel des eaux ne date que des derniers effets de ce puissant phénomène, qui ont laissé le seuil de chaque lac tel que nous le voyons aujourd'hui. Je ne crois pas que l’espèce humaine ait été contem- poraine de l’'Elephas primigenius. Je continue à partager à cet égard l'opinion de M. Cuvier. L'opinion de Cuvier est une création du génie; elle n’est pas détruite. Après cette déclaration de l’homme le plus compétent de notre époque sur ces questions, M. Milne-Edwards et M. de Quatrefages ont cru devoir faire une réponse, dési- rant que l’Académie et le public ne demeurent pas sous la profonde impression produite par les paroles de M. Élie de Beaumont. M. Milne-Edwards a dit qu’il ne se considérait pas comme ayant autorité pour discuter la question stratigra- phique relative à l’âge du dépôt en question. M. de Quatrefages a dit qu'il ne partageait pas l'avis d’un de ses confrères qui luï faisait remarquer que la dé- claration de l’illustre secrétaire perpétuel semble enlever toute valeur scientifique à la mâchoire dont on s’est tant occupé ; que, si cette mâchoire appartient à l’époque ac- tuelle, elle n'offre guère plus d’intérêt que tout ossement retiré d'un ancien cimetière. M. Eugène Robert a fait présenter, par M. Dumas, un travail sur la non-contemporanéité de l’homme prémidi et des grandes espèces perdues de Pachydermes. « L'absence complète d'objets en ivoire travaillé et même d'ivoire non travaillé dans les sisements celtiques 202 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mari 1863.) ne témoignerait-elle pas que les habitants primitifs des Gaules n’ont jamais été contemporains des grandes espèces perdues de pachydermes ? « Les partisans de la contemporanéité de l’homme primitif et des grandes espèces perdues de pachydermes däns nos contrées s’appuient sur la coexistence des silex taillés et des débris de ces animaux dans les mêmes cou- ches inférieures des atterrissements fluviatiles, qu'ils con- sidèrent, il est vrai, comme un dépôt diluvien. Au pre- mier abord, rien ne paraît plus spécieux, mais, si l’on cherche à vouloir contrôler ces observations par d’autres observations faites dans des circonstances toutes diffé - rentes et loin des lieux où se présentent ordinairement ces associations de produits de l’industrie humaine et de débris de grands mammifères, c’est-à-dire dans l’intérieur des plaines et sur le sommet des plateaux, de très-grands doutes s'élèvent. Je ne me servirai également que d’un exemple pour soutenir ma thèse. « On connaît aujourd'hui assez bien la nature des objets travaillés qui se trouvent dans les sépultures cel- tiques les plus anciennes, ainsi que l’origine des débris d'animaux qui accompagnent ordinairement les osse- ments humains. Il n’y à pas un seul de ces débris, que je sache, qu'on ne puisse rapporter aux espèces d’ani- maux actuellement vivantes ou d'animaux considérés comme fossiles, mais qui leur sont très-voisins, tels que l'Ursus arctoideus dont j'ai trouvé des canines et des pha- langes unguéales dans les tourbières d'Albert (Somme), avec des objets gallo-romains, notamment de longues épingles (acus crinalis) en bronze. N’a-t-on pas lieu alors de s'étonner de ne jamais rencontrer dans tous ces gisé- ments des objets en ivoire comme noùs en voyons si sou- vent qui sont emprüntés au bois de cerf? Comment se fait-il aussi que, dans la Sibérie où les défenses d’élé- phant (c'est toujours la même espèce, Elephas primige- nius) sont d’une abondance extrême, on n’ait jamais re- SOCIÉTÉS SAVANTES. 203 cueilli une seule pièce portant les traces d’un travail quelconque exécuté par les peuples primitifs de cette con- trée ? Vous voulez que les hommes qui habitèrent les ca- vernes, nos trogslodytes, y aient dépecé, pour leur nour- riture, des animaux de ce genre dont on retrouve les brèches osseuses associées à des produits de l’industrie humaine, et cependant vous ne pouvez pas découvrir dans l’aire de ces cavernes, au milieu de ces ossuaires de l’ancien monde, le plus petit fragment d'ivoire portant ou non les traces d’un travail humain! De ce que des objets de nature si diverse et d’origine si opposée se trouvent ensemble réunis sous le même toit, ils ne s'ensuit pas qu'ils soient nécessairement contemporains. « Il ne serait donc pas raisonnable de supposer, pour expliquer cette absence complète d’abjets en ivoire tra- vaillé, que les Celtes eussent méprisé une substance aussi belle que l’est l’ivoire, une substance qui a été employée à profusion par les anciens pour en revêtir les murs des temples et jusqu’à des statues colossales ; une substance qui, de tout temps, a été recherchée et façonnée sous toutes les formes, par tous les peuples des contrées que fréquentent les éléphants; si, dis-je, les Celtes l’avaient eue à leur disposition, s’ils avaient connu les animaux qui Ja produisent, il n’y avait rien de trop précieux, dans ce temps-là, pour mettre à côté des dépouilles mortelles, puisqu'on retrouvé sous les dolmens, au pied des menhirs, le peu d’objets en or qui fussent en la possession du défunt, ainsi que les haches en jade venues originairement de l’Inde ou de la Chine, lesquelles étaient peut-être encore d’un prix plus élevé. « L’explication naturelle de tout cela est, je crois, fa- cile à donner. Lorsque les Celtes se rendaient sur les bords de la Somme ou de toute autre rivière pour se tailler des haches avec les pierres que les eaux charriaient, ils durent parfois rencontrer, au milieu des cailloux rou- lés, des défenses d’éléphant arrachées au véritable dilu- 204 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mar 1863.) vium; mais comme cet ivoire était déjà profondément altéré par le poids des siècles qui avaient passé dessus, ils ne cherchèrent pas à entirer parti. C’est pour la même raison qu'ils délaissèrent aussi ces grands ossements de pachydermes qui gisent dans les mêmes atterrissements, après les avoir sans doute essayés avec leurs instruments de pierre tranchants, ainsi que le témoigneraient des em- preintes de coups de hache qu’on s’est plu à voir sur d’au- cuns de ces ossements. « Par conséquent, tant qu'on n’aura pas rencontré de l’ivoire travaillé ou non travaillé dans les stations ou gise- ments celtiques, ainsi que dans les hypogées les plus an- ciens de cette époque, nous estimons qu’il y aurait une grande présomption à dire que l’homme primitif, sous nos latitudes, a été contemporain des grandes espèces perdues de pachydermes; en d’autres termes, qu’il est antédiluvien dans le sens géologique de ce mot. Rien, jusqu’à présent, ne démontre, suivant nous, qu'il faille reculer ou changer la place que les illustres Cuvier et Brongniart lui ant assignée dans l'échelle de la créa- tion. » III, ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. ATLAS ICHTHYOLOGIQUE des Indes orientales néerlan- daises publié sous les auspices du gouvernement colonial néerlandais, par M. ne BLEEkER, docteur ès sciences et en _médecine, lieutenant-colonel médecin inspecteur, com- mandeur et chevalier de plusieurs ordres, président ho- noraire de la Société royale des sciences aux Indes néer- landaises, etc. Grand in-folio.—Amsterdam, 1862. (Prix de chaque livraison de 12 planches coloriées, 10 florins (21 fr.), texte compris.) Nous avons annoncé ce magnifique ouvrage, lorsque M. de Bleeker nous a montré les premières planches chro- ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 205 mo-lithographiées qu'il préparait, et nous avons pu dire à nos lecteurs qu'il allait constituer le plus beau monu- ment ichthyologique de notre époque. Aujourd’hui les premières livraisons que nous avons sous les yeux viennent justifier notre dire et dépassent même nos prévisions par leur beauté et par la science et l’érudition zoologiques déployées par l’auteur. Chaque famille est traitée de manière à former une mo- nographie et de telle sorte que, dans le cas, assurément peu probable, où l’auteur ne pourrait continuer son œuvre, chacune constituerait toujours un ouvyrage ter- miné et complet. Les caractères de chaque famille sont d’abord expri- més par une diagnose latine, puis développés en fran- çais. On y trouve l’histoire complète de la formation du groupe, l'indication de tous les auteurs qui ont traité de ces poissons, avec la discussion critique de leurs travaux pré- sentée avec une précieuse impartialité et susceptible de faire apprécier le degré de confiance que l’on doit avoir dans leurs opinions, les descriptions qu’ils ont don- nées, etc. Vient ensuite un tableau hynoptique des genres com- posant la famille, soit qu’ils appartiennent à l’Archipel indien ou qu'ils y soient étrangers, ce qui est d’une grande importance pour former de bons genres. Dans cette partie M. Bleeker indique les espèces archipélagi- ques qui étaient connues jusqu'à lui, et il termine par l’in- dication de celles qui sont dues à ses recherches; il donne encore un tableau complet de toutes les espèces for- mant définitivement aujourd'hui chaque groupe géné- rique; il classe ces espèces géographiquement, indiquant pour chaque île les espèces qui y ont été rencontrées, ei il entre en matière par la description complète de chaque genre en le traitant de la même manière que les familles. Enfin, après ces tableaux si utiles pour l'étude de chaque groupe et pour faciliter ieur connaissance et 206 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mai 1862. leur comparaison entre eux, il reprend chacune des espèces appartenant à l’Archipel indien, et donne une description latine développée, suivie de remarques en français. M. Bleeker donnera, de la même manière, les carac- tères de tous genres qui ne sont pas propres à l’Archipel indien, afin que son ouvrage forme un cadre complet d’ichthyologie. Les planches sont réellement magnifiques, et représen- tent non-seulement les espèces nouvelles, mais toutes celles qui étaient déjà publiées ailleurs. Ces figures, comme nous l'avons déjà dit, sont toutes peintes sous les yeux de l’auteur, d’après des sujets vivants ou récemment pêchés, et qui conservaient encore les couleurs de la vie. C'est une circonstance unique qui donne à l’atlas de M. Bleeker un caractère exceptionnel, unique en zoolo- gie, et qui ne pouvait être obtenu que par un concours de circonstances qui se rencontre rarement. Dans un prochain article, nous passerons en revue Îles familles déjà publiées, en indiquant le nombre de genres et d'espèces dont elles se composent, le nombre des es- pèces propres aux Indes néerlandaises, de celles qui ap- partiennent à d’autres pays, etc. On ne saurait trop féliciter M. Bleeker d’avoir réuni d'aussi immenses et beaux matériaux, et il est certain qu'il a déployé, pour y parvenir sous le climat brûlant et meur- trier de Java, une activité et un dévouement à la science au-dessus de tous les éloges. On peut dire aussi que son ouvrage sera unique dans son genre, et qu'il suffirait à lui seul pour lui faire une grande réputation dans la science, s’il ne l'avait pas déjà renduillustre par beaucoup d’autres travaux bien appréciés du monde savant. G. M. DescrizioNE.…. Description de quatre nouvelles espèces de la famille des Trochilidæ, provenant de la Nouvelle- ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 207 Grenade et d’une nouvelle Sylvia du Brésil, par M. Henry BENVENUTI. Petit in-4° de 16 pages. — Florence, impr. royale, 1863. Après avoir étudié avec soin une collection d'oiseaux exotiques qu'il avait reçue du D' Tommaso Salvadori, en consultant tous les ouvrages qui pouvaient l'aider à recon- naître ses espèces, après avoir consulté ses amis et ses correspondants, M. Benvenuti, considérant quatre des oiseaux-mouches de cette collection comme nouveaux, en a publié les descriptions détaillées en latin et en italien. Voici les diagnoses de ces quatre espèces. Polytmus Ceciliæ.— Corpore superiore metallice viridi olivaceo, inferiore griseo, in parte media juguli et gulæ maculis cæruleis ad viridem vergentibus, prima et se- cunda rectricum intense cinnamomeis, tertia et quarta ejusdem coloris sed marginibus et apicibus metallice vi- ridibus, tarsi pedesque brunnei. — Stat. Pol. Arsinæ. Mellisuga Judith. — Toto corpore splendide viridi au- reo ; prima, secunda et tertia rectricum colore albo pallide ochraceo; ad apicem viridi metallice olivaceo; rostro longo, recto, nigro ; tarsi et pedes brunnei. — Stat. Mel. Clemenciæ. Mellisuga Salvadorii. — Vertice atque occipite splen- dide viridi aureo, uropygio ejusdem eoloris; gula et ju- gulo albis maculis rotundis viridi aureis ; pectore et abdo- mine cinnamomeo lateribus viridi commixto; cauda longa, violacea valde furcata ; prima et secunda rectricum macula magna alba ad apicem. Rostrum et pedes nigra. — Stat. Mel. Annæ. Mellisuga Ridolfii. — Corpore superiore viridi aureo, macula rotunda violacea splendidissima in parte media juguli et gulæ, viridi aureo circumdata inferne cinnamo- meum et viridi commixto; cauda furcata nigro violacea. Rostrum pedesque nigra. —Stat. Mel. Clarissæ. Sylvia Pacciolüi. — Vertice et occipite ochraceo brun- 208 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Mar 1863.) neo ; guia pallide ochracea; corpore superiore griseo oli- vaceo ; abdomine medio albo ; rostrum et pedes plumbea. — Stat. Syl. atricapillæ. — Hab. in Brasilia. IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. Sur L'AUTRUCHE. — On trouve, dans les bulletins de la Société impériale d’acclimatation, un travail très-intéres- sant sur l’Autruche, dans lequel l’auteur, M. Berg, s'élève contre l’assertion d’Adanson, admise plus tard par Cuvier et Milne-Edwards, savoir que les Autruches savent lan- cer, avec une grande vigueur, des pierres en arrière, pour se soustraire à la poursuite de leurs ennemis. Il a pour- suivi à cheval des Autruches pendant son séjour à Podor, et il les a toujours vues fuir rapidement sans songer à se défendre ; mais ce qui l’a frappé surtout, et ce dontila eu des preuves nombre de fois, c’est la peur qu'éprouve instinctivement le cheval à l’approche de l’Autruche. Toutes les fois qu'il a poursuivi une Autruche et qu'il est parvenu à la forcer, son cheval a fait un bond de côté et n’a pas voulu l’approcher. ERRATA. — Dans le numéro 4, pages 157 et 159, au lieu de pl. 1 et Il, lisez pl. XIII et XIV. TABLE DES MATIÈRES. Pages MarCHanD. Catalogue des Oiseaux observés dans le département d'Eure-et-Loir. 177 BourGUIGNAT. Mollusques de San-Julia de Loria. 179 CHAUDoIR (pe). Cicindélètes et Carabiques nouveaux. 187 SOCIETÉS SAVANTES. 189 Analyses. 204 Mélanges et nouvelles. 208 IMP. DE M°° V® BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'EPERON, 5. — 1863. VINGT=SIXIÈME ANNÉE. — JUIN 1863. I. TRAVAUX INÉDITS. Note sur les espèces du genre Pyrrhulauda et leur œuf, par ©. nes Murs. On sait, depuis longtemps, qu’en fait d'oologie nous nous plaçons sur le terrain de l'utilité qu’en peut retirer la classification ornithologique. Cette notice, comme Îles précédentes, et de même que celles qui pourront suivre, n'aura donc pas d'autre but. Nous rappellerons ici les observations que nous avons déjà faites à ce sujet des espèces dont nous composons le groupe des Pyrrhulaudine (1). Les diverses espèces composant le genre Pyrrhulauda ont, depuis Temminck et M. Smith, le créateur du genre, constamment été placées, jusqu’en ces derniers temps, parmi les Fringilles, malgré les observations fort justes faites à ce sujet, il y a trente ans, par de la Fres- naye, observations auxquelles nous nous sommes em- pressé de nous ranger, bien avant le Conspectus, ajoutani alors que nous ne doutions pas que la science ne finit par les adopter. M. Temminck, disait de la Fresnaye, trompé, à ce qu'il parait, par la grande ressemblance du bec de deux (1) Encycl. d'hist. nat. oïs., t. I, p. 200. 2 séri#,. T. xv. Année 1863. 14 210 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1863.) Alouettes voisines de notre Alouette calandrelle, avec celui des Fringilles, les a décrites et figurées dans une de ses planches coloriées faisant suite aux planches enlunu- nées de Buffon, l’une sous le nom de Gros-bec croisé (Fringilla cruciger), pl. cczxix, n° 1, et l’autre sous le _nom de Gros-bec à oreillon blanc (Fringilla otoleucus), même planche, n°* 2 et 3. M. Temminck n'avait sûrement pas examiné les pieds, car il eût reconnu qu’ils sont ab- solument semblables à ceux des Alouettes calandrelle et mirafre, c’est-à-dire à doigts et ongles antérieurs assez courts pour des Alouettes, mais dont l’ongle postérieur, presque droit, quoique plus court que chez les autres es- pèces, en a tout à fait le caractère. Et de la Fresnaye citait, à l’appui de son observation, la description de l’une de ces deux espèces {le Gros-bec à oreillan blanc), donnée de la manière la plus précise, par Lichtenstein (Catalogue des doubles du musée de Berlin, p. 28), sous le nom d’Alauda melanocephala, Alouette à tête noire. M. Temminck, en décrivant ces deux espèces comme du genre Fringille, observe, toutefois, qu'elles of- frent une particularité qui ne se retrouve pas chez les autres Fringilles, c'est que les grandes couvertures des ailes sont presque aussi longues que leurs pennes. Or on sait que ce caractère est tout à fait particulier aux Alouettes; et si ce savant ornithologiste, si habile observateur, eût seulement jeté un coup d'œil sur les pieds de ces oiseaux, il n’eût pas hésité, sans nul doute, à les ranger dans les Alouettes, près de la Calandrelle, de la Mirafre et de l’A- louette bateleuse (1). Il était permis de s'étonner, après une semblable ob- servation, que la plupart des ornithologistes eussent per- sévéré dans cette erreur, et qu'en 1850, dans son Con- spectus, le prince Ch. Bonaparte se fût prêté à la propager. tout en observant cependant que ce genre Pyrrhulauda, (1) Mag. de zool., 1833. TRAVAUX INÉDITS. 211 par ses tarses scuteliés, semblait plutôt appartenir aux Alaudidés (ob farsos scutellatos, potius ad Alaudidas perti- net), dit-il, surtout lorsque l’on savait, ainsi que l’a fait connaître le colonel Sykes (1), que l’une des espèces de ce genre, le Pyrrhulauda crucigera de l'Inde, à l'étrange ha- bitude de se tenir à terre sur les routes élevées, et de ne s'envoler que lorsqu'on est près de marcher sur lui; qu’il ne se perche jamais; que, d’après M. Smith, les espèces qu'il a découvertes en Afrique vont par bandes nom- breuses, s’abattant et courant avec rapidité dans les plaines immenses, tantôt éloignées, tantôt rapprochées des bords des rivières, et que leurs mœurs les éloignent, tout autant que leurs caractères, du genre Fringilla; détails qui, on le voit, venaient encore à l'appui du sentiment de de Ja Fresnaye, partagé et suivi par M. G. R. Gray. Aussi, quelques années après, le prince Ch. Bonaparte, mieux éclairé, est-il revenu à ce sentiment, en mettant ce genre dans ses Alaudidæ, et en tête de cette tribu. Il n’était pas douteux pour nous, en l’état de la ques- tion à cette époque, qu'à part la constatation des habi- tudes, qui résulte d’un fait, un criterium décisif était encore à trouver pour lever toute trace de doutes s’il pou- vait en subsister : la connaissance de l'œuf de ces espèces, ou au moins de l’une d'elles. C’est ce criterium dont nous venons donner connais- sance, un peu tardivement, aux ornithologistes. Dans un envoi d'une intéressante collection d'œufs des Indes orientales, que nous avons reçue en juillet 1869, nous avons trouvé l'œuf du Pyrrhulaudu grisea (Gray), qui vient pleinement justifier les prévisions de de ia Fres- naye et confirmer les observations du colonel Sykes et du D’ Smith: les caractères oologiques donnant raison au rapprochement et à l'identification même de ce genre (1) Proceed. zool. Soc., 1832. 212 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1863.) avec les Alaudidés, et par conséquent à sa séparation des Fringillidés. La forme en est ovée, allongée et à petit bout obtus, un des caractères particuliers à la presque généralité des œufs des Alaudidés ; La coquille très-mince et unie, fort peu luisante, d’un blanc légèrement aqueux à l'intérieur et dans sa trans- parence ; La couleur, d’un ton ocracé, isabelle ou fauve-clair, parsemé de nombreux petits points plus foncés et d’autres d’une nuance grisàtre, formant généralement une zone ou couronne près du gros bout. On voit que la connaissance de cet œuf aurait, depuis longtemps, fait cesser toute incertitude au sujet de la place méthodique de l’Oiseau. On y reconnait, en effet, de suite, tous les caractères oologiques des Alouettes, et, par-des- sus tout, des Alouettes des sables et des déserts : le mode de nidification est, du reste, confirmatif de ces carac- tères. Enfin, ce qui est remarquable, c’est que l’œuf, dont se rapproche l’œuf de ce Pyrrhulauda, est celui de la Ca- landrelle, dont l'oiseau est lui-même si rapproché. Ces rapports donnent une valeur des plus intéressantes à la place qu'a assignée en dernier lieu le savant ornithologiste à ses Pyrrhulaudinæ, puisqu'il les fait suivre immédiate- ment de ses Calandrellæ. DESCRIPTION d’un nouveau genre de Poissons de la Médi- terranée, par M. Napoléon Doumer (pl. 15). En jetant les yeux sur la liste nombreuse des auteurs qui ont traité de l'ichthyologie méditerranéenne, en exa- minant attentivement les travaux de la plupart d'entre eux, et en récapitulant la multitude d'espèces décrites dans leurs ouvrages, le naturaliste qui prend pour champ de ses études les côtes déjà si explorées de France et d'Italie TRAVAUX INÉDITS. 213 serait tenté de croire que tout a été dit sur cette belle partie de l’histoire naturelle de la Méditerranée. Rondelet, Gouan et Brunuich ne décrivirent-ils pas, dans le style naïf de leur époque, tous les poissons qu'ils eurent occasion de voir sur les côtes de Languedoc et de Provence ? Risso, qui consacra la plus grande partie de sa vie à interroger les profondeurs de la mer de Nice, enri- chit la faune ichthyologique française de nombreuses espèces nouvelles : Giorna, Buniva et autres, ainsi que Lacépède, et après lui Cuvier et Valenciennes, lui ont dû la connaissance de beaucoup de poissons intéressants. En Sicile, Rafinesque a fait connaître, dans deux fascicules successifs, un grand nombre de genres ignorés aupara- vant. Cocco, Costa et autres, en Italie, se sont livrés à de fructueuses recherches. Delaroche, aux îles Baléares, a encore enrichi la science de plusieurs types. Bonaparte, dans son système ichthyologique, et surtout dans la Pré- face de l'{chthyologie de la faune italienne, a relevé toutes les espèces connues dans la Méditerranée, effaçant de son Catalogue tous les doubles noms qui s’appliquaient à une même espèce, et en a reconnu 404 habitant sur les côtes d'Italie. Cette riche mine, depuis si longtemps exploitée, semble pourtant recéler encore bien des êtres qui ont échappé aux recherches et que le hasard seul révèle de temps à autre à l’œil scrutateur du naturaliste. C’est une de ces formes inconnues que nous ajouterons aujourd'hui, non- seulement au Catalogue local que nous avons publié il y a quelques années, mais aussi, croyons-nous, à la liste gé- nérale des genres et des espèces décrits jusqu'à ce jour. Le poisson qui fait le sujet de cette note fut pris à l’ha- meçon en mai 1861, le long des brisants situés au sud- ouest du port de Cette. Inconnu du pêcheur qui Pavait capturé, bien que cet homme, déjà d’un certain âge, eùt passé sa vie dans le métier, il nous fut apporté comme 214 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1863.) pièce rare et digne de figurer dans les galeries fondées à Cette par mon père. Absent en ce moment, nous n'avons pu l’étudier à l’état frais, et ce n’est qu'après qu’il fut sorti des mains du préparateur, que nous avons pu l’exa- miner. En conséquence, privé de l'étude anatomique qui eùt peut-être offert de curieuses particularités, nous de- vons nous borner à en examiner les caractères externes. La forme générale de ce poisson, son apparence hété- roclite nous avaient tout d'abord frappé; et lorsque nous considérames plus attentivement la position occupée par les deux appendices charnus qu’il porte sous la gorge, appendices assez semblables en apparence aux barbillons que l’on rencontre près de la mâchoire infé- rieure des mulles ou surmulets, nous fümes convaincu que nous avions entre les mains un genre nouveau ou, tout au moins, peu Connu. L'établissement d’un genre, voire même d'une espèce, en zoologie, nous a toujours paru avoir bien plus d'importance que ne semblent y en attacher quel- ques auteurs modernes, qui, à l'inverse des anciens natu- ralistes, lesquels donnaient le plus souvent aux genres l'étendue des familles actuelles, semblent, au contraire, vouloir faire de chaque espèce un genre, encombrant ainsi la science d’un nombre si considérable de noms gé- nériques, que l’on pourrait presque craindre de retomber bientôt dans une confusion égale à celle qui régnait avant l'établissement despremières coupes. C’est pourquoi, avant de nous décider à l’élever à ce rang, nous avons tenu à bien nous assurer qu'il n'avait été déjà l’objet d'aucune description. Ce n'est donc qn’après avoir compulsé les œuvres des auteurs qui ont écrit sur l’ichthyologie géne- rale, et sur l’ichthyologie méditerranéenne particulière- ment, que nous présentons notre poisson comme d'espèce et de genre nouveaux. Par la position de ses nageoires ventrales ou catopes situées presque au-dessous, mais cependant un peu en ar- TRAVAUX INÉDITS. 215 rière des nageoires pectorales ou pleuropes, il appartient à la grande division des Thoraciques. Ses pectorales sont très-longues relativement aux autres nageoires et entière- ment composées de rayons articulés réunis ensemble par la membrane. Les catopes ou ventrales, également com- posées de rayons articulés, sont très-rapprochées à leur base. Bien que la membrane des nageoires dorsales ait en partie disparu par la dessiccation , et que les rayons de la partie antérieure soient brisés pour la plupart, il est facile de distinguer deux nageoires dorsales fort peu séparées, il est vrai, sinon même se touchant. La première, entière- ment formée de rayons épineux très-faibles, allant en s’allongeant jusqu’au quatrième ou cinquième, et décrois- sant ensuite jusqu'à la fin ; la seconde, formée de rayons articulés, très-faibles également, et que l’on prendrait volontiers pour des rayons épineux semblables à ceux de la première. L’antérieure commence au-dessus des pleu- ropes ; la seconde se termine à quelque distance du com- mencement de la caudale ; elle a environ une fois et deux tiers la longueur de la première. La nageoire anale ou hypoptère est unique et com- mence immédiatement après l'anus, lequel est situé un tant soit peu en arrière du juste milieu de la longueur totale. Comme la seconde épiptère, elle n’est composée que de rayons articulés, ayant presque l'apparence de rayons épineux très-faibles ; elle se termine un peu plus en arrière que l’épiptère. La nageoire caudale, assez développée, est nettement bifurquée, et ses deux lobes sont assez prolongés. La forme générale de ce poisson est allongée ; le corps, d’une épaisseur moyenne, paraît avoir été recouvert d’é- cailles si peu adhérentes qu'il n’en restait plus, nous a-t-il été dit, lorsqu'il fut apporté par le pêcheur ; mais leur existence est tellement accusée par les marques qu’elles ont laissées sur la peau, que l’on ne peut douter qu’il en fût entièrement recouvert. Nous avons, du reste, été con- 216 REV. £T MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1863.) firmé dans cette opinion par la découverte d’un de ces organes près d’un des opercules. La tête tronquée en avant paraît longue en comparai- son de sa hauteur. Le dessus en est arrondi et recouvert, jusques sur le museau, d’écailles plus rondes que celles du reste du corps. L’œil est placé en avant du milieu de la longueur et au-dessus du milieu de la hauteur de la tête. Les opercules sont très-minces, ovales, offrant à la partie postérieure plusieurs pointes obtuses et n'ayant pas même la consistance osseuse. Ils portent la trace d’écailles peu apparentes qui ont dû les recouvrir en entier. Les diverses pièces de l’opercule sont peu distinctes et sont toutes d’une consistance cornée et sans dentelures. La bouche est petite; la mâchoire inférieure, ouverte, est un peu plus avancée que la supérieure. Une seule rangée de dents pectinées, régulières, très-petites et serrées règne sur tout le bord des deux mâchoires. Le palais est muni d’une forte plaque clypéiforme de dents en cardes, et de chaque côté de cette plaque il est facile de voir un petit groupe de dents qui paraissent un peu plus longues et légèrement crochues. La langue n'ayant pas été conservée, nous ne savons si elle est armée. Nous avons laissé pour la fin le caractère le plus ori- sinal de cet être dont nous croyons pouvoir faire le type d’un genre nouveau. Ce caractère consiste dans la pre- sence de deux appendices charnus, sortes de barbillons placés, non pas au point de jonction des mâchoires, ni même immédiatement au-dessous de la mâchoire infé- rieure, comme cela se voit dans certaines espèces, mais entièrement sous la gorge, à égale distance de l'extrémité inférieure du museau et de l’ouverture des branchies. Ce dernier trait nous paraît constituer un fait entièrement nouveau et conséquemment digne de fixer l’attention des ichthyologistes. Nous ne discuterons pas l’utité de ces deux ap- _pendices dans l’économie vitale du poisson; ce n'est TRAVAUX INÉDITS. 217 pas sur un seul exemplaire et dépourvu de renseigne- ments sur ses mœurs et son anatomie interne que l’on peut avancer une opinion à ce sujet. Bornons-nous donc à établir, en réponse à ceux qui pourraient n’attacher que peu d'importance à ces appendices et ne pas les considé- rer comme suffisants pour déterminer la création d’un genre, que, dans l’économie ‘animale, tout organe ayant sa raison d’être doit être pris en considération, à plus forte raison quand il est aussi insolite que ceux qui nous occupent en ce moment. D'ailleurs, si ce poisson n'’offrait, comparé à d’autres, que des différences d’une valeur spécifique, à quel genre pourrions-nous le rapporter? C’est ce que nous allons examiner en commençant par chercher sa place dans les familles. Nous avons dit qu'il appartenait, par la position de ses catopes, à l'ordre des Thoraciques de Cuvier et Valenciennes, dénomination changée en celle de Hédiope par Duméril dans sa Méthode analytique d'Ichthyologie. En examinant les caractères assignés par les premiers à leurs familles, lesquels ont été adoptés à peu de chose près par le second, nous voyons que notre poisson se rapproche des Percoïdes par la présence de dents pala- tines, mais qu’il s’en éloigne par les dents pectinées de sa mâchoire, par l’absence de rayons épineux à la nageoire anale, par le plus grand développement de celle-ci, par la consistance des opereules et par sa queue fortement bifurquée. Les Anthasoffriraient peut-être plus d’analosieen raison de leurs longues nageoires pectorales et de la bifurcation de leur queue qui est quelquefois démesurément prolongée ; à côté de ces caractères rapprochants, ils s’en éloignent par des rayons épineux très-forts à l'hypoptère, par leur épiptère unique, et par des dentelures assez accen- tuées aux pièces des opercules; leur dentition n’est, du reste, nullement semblable à celle de notre poisson, qui 218 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1863.) diffère aussi des Pomacentrides, lesquels ont des dents irrégulières et la nageoire dorsale unique. Les Sciénoïdes offrent quelque analogie par la position de leurs nageoires dorsales doubles, réunies ou presque réunies. D'autre part, leur nageoire anale est toujours moins développée et armée, comme dans les Percoïdes, de rayons épineux au commencement; mais la plus grande différence réside dans l'absence de dents au palais; ce n'est donc pas un Sciénoïde. Ces premières familles écartées, il ne nous reste plus de rapprochement possible qu'avec ceile des Coryphènes, et c'est là en effet entre cette famille et le groupe des Caranx dont il se rapproche par la dentition et les nageoires, et dont il s'éloigne entièrement par l'apparence géné- rale et par sa ligne latérale non relevée, que nous trou- verions plutôt la place de ce nouveau poisson, bien qu'il diffère encore des Coryphénoïdes par ses deux dorsales distinctes ct par l’armature de ses mâchoires: mais, comme cette famille renferme des genres souvent peu assimilables par leurs caractères et que l'ensemble du poisson que nous décrivons semblerait le faire rentrer de prime abord dans ce groupe, nous croyons que c’est principalement sur lui qu’il convient de concentrer les recherches. Si maintenant nous nous servons, pour arriver à déter- miner la famille, de la méthode analytique de Duméril, nous arriverons aux résultats suivants : Médiope (Thoracique) à corps épais, comprimé, notable par la singularité de plusieurs organes, comme l’épiptère ou nageoire du dos très-élevée : famille des Lophionotes (1) (Coryphénoïdes de Cuv. et Val.). Ici se présentait pourtant une lésère divergence avec (1) Cette dénomination nous paraît devoir être réfutée en raisou de la confusion qu'elie pourrait occasioaner par son analogie avec le uom générique £ophius, qui appartient à un genre très-éloigné de ette famille. TRAVAUX INÉDITS. 219 le tableau analytique qui porte : épiptère trés-élevée, et ce dernier caractère nous eût fait, au premier abord, rejeter notre poisson de cette famille, si, dans le tableau particulier placé en tête de la famille. nous n’eussions lu au lieu de cela : épiptère très-développée. Si, au lieu de suivre ce rameau, nous prenions une autre bifurcation du tableau analytique, nous arriverions à ceci: corps épais, comprimé, notable par la tête, simple, mais à opercules dentelés ou épineux ; épiptère double, palais garni de dents nombreuses : famille des Percoïdes. Ainsi que nous l’avons démontré plus haut, notre poisson s’en éloigne par plusieurs caractères essentiels. Il n'y a donc décidément que la famille des £ophionotes de Duméril, Coryphénoïdes de Cuvier et Valenciennes, dont les caractères plus élastiques permettent l'introduction du nouveau poisson. Cuvier et Valenciennes ont divisé cette famille, qui fait partie de leurs Scombéroides sans fausses pinnules, en trois groupes : les Coryphènes, les Lampuges, les Centrolophes. Notre poisson n'appartient encore ni aux premiers dont l’épiptère unique commence très-avant sur une tête tran- chante et élevée, et dont l’œil est placé très-bas; ni aux seconds qui différent fort peu des premiers, quoique ayant la tête moins relevée et l'œil moins bas; ni aux troisièmes qui offrent, à la vérité, un intervalle plus grand entre l’occiput et la dorsale, mais qui ont encore cette dernière unique et le palais dénué de dents. Ainsi, comme nous venons de le voir, ce singulier poisson, par l’ensemble de ses caractères principaux, trouverait déjà difficilement sa place dans les familles jusqu'ici adoptées, si la présence de barbillons placés sous la gorge ne venait encore achever de nous dérouter. Étant donc bien constaté qu'il n’appartient à aucun des genres institués jusqu'ici, nous proposons d'en faire, sous le nom de Trachelocirrhus, dénomination qui rappellera la position de ses barbillons caractéristiques, le type 220 REV. ET MAG, DE ZOOLOGIE. (Juin 1863.) d'un genre nouveau auquel nous reconnaissons les ca- ractères suivants : G. Trachelocirrhus. Corpus elongatum, compressum, squamosum. Linea lateralis paululum distincta. Caput antice truncatum, supra squamosum. Opercula tenuicula, obtusis debilissimisque acuminibus postice munita. Oculi modici, rotundi. Os parvum. Dentes pectinati, regula- riter in unum sertum conferti. Inferior maxilla paululum provecta. Palatum dentibus armatum. Pinnæ dorsales duæ; prima spinosa ; secunda radiis articulatis formata. Analis radiis articulatis item formata. Cauda furcata. Pectorales radiis spinosis carentes, prolongatæ. Ventrales parvæ, spinis carentes, pinnis pectoralibus paululum retro positæ. Infra fauces appendicula dua. Corps allongé, comprimé, couvert d’écailles moyennes et peu adhérentes à la peau. Ligne latérale peu accentuée, située près du dos dont elle suit les contours. Tête tron- quée antérieurement, écailleuse en dessus, ainsi que sur les côtés, mais moins distinctement sur les opercules. Ceux-ci minces et de consistance cornée, présentant en arrière des pointes obtuses et sans épaisseur formées par le bord de lopercule; pièces osseuses peu distinctes. Yeux moyens, arrondis. Bouche petite, armée d’une seule rangée de dents er peigne, petites, serrées et régulières. Mâchoireinférieure un peu avancée. Palais garni de dents. Épiptère double. Des rayons épineux à la première, qui se termine là où commence la postérieure, laquelle se compose entièrement de rayons articulés. Hypoptère longue, formée entièrement de rayons articulés, com- mençant à l’anus et se terminant, ainsi que la seconde épiptère, bien avant la naissance de la caudale. Queue fourchue. Pectorales ou pleuropes développées, sans rayons épineux. Catopes ou ventrales petites, dépourvues de rayons épineux, placées un peu en arrière des pleu- ropes. Sous la gorge, au milieu de la longueur de la tête, deux appendices charnus ou barbillons. TRAVAUX INÉDITS. 9291 Après avoir constaté que ce poisson ne se trouve décrit comme genre dans aucun des ouvrages modernes les plus accrédités, il nous restait à vérifier s’il n'avait pas été déjà signalé comme espèce par les auteurs anciens qui n'avaient encore qu’une faible idée de la classification ou dans divers ouvrages plus ou moins importants traitant spécialement des poissons de la Méditerranée. Un moment nous avons cru avoir retrouvé l’espèce figurée par Rondelet (lib. 1x, p. 272, cap. 8; et édit. fran- çaise, liv. 1x, p. 216, chap. vur), sous la dénomination de Liparis. Mais, par la comparaison, nous sommes arrivé à voir que ce dernier n’offrait point de double épiptère, que son hypoptère était moins longue et placée plus en arrière et que les opercules ne présentaient pas les pointes que l’on voit à notre poisson. Rondelet dit que son Lipa- ris, qu’il n’a possédé, paraît-il, qu'uneseulefois, s’estirouvé réduit en huile lorsqu'il a voulu le préparer; en aurait-il fait la description et la figure de mémoire ? En tous cas, il était trop scrupuleux observateur pour oublier ou passer sous silence les aezx barbillons jugulaires. Risso, semble-t-il, n'a pas connu non plus notre poisson, et, s’il a réellement retrouvé le Liparis de Rondelet dans son Centrolophus Liparis, ce n’est décidément pas notre Trachelocirrhus. Cuvier et Valenciennes doutent, du reste, que le Liparis de Risso soit bien celui de Rondelet et ajoutent mème qu ils croient qu'on aurait peine à savoir ce qu'est le dernier. Le Lampugo de Rondelet offrirait, d’après la figure qu’il en donne, quelque ressemblance avec notre poisson; mais en l’examinant bien et en suivant la description on voit que l’auteur à eu sous les yeux un véritable Coryphène. Au premier abord on pourrait croire à la similitude de notre espèce avec le poisson figuré par Rafinesque (Carat- teri di ale. nuov. generi, etc., della Sicilia) sous le nom de Lepterus Fetula; mais ici encore l'illusion se trouve détruite quand on lit les premiers mots de la description 299 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1863.) correspondante, capo troncalo, senza squame (tête tron- quée, sans écailles), ce qui ne se rapporte nullement à notre espèce. Le genre Gonenion, du même auteur, diffère aussi du nôtre par un corps très-comprimé, tranchant, par des opercules sans épines ni dentelures, par le nombre de rayons des nageoires et la position relative de ces der- nières. Enfin son genre Lepimphis semble rentrer com- plétement dans les vrais Coryphènes ou tout au moins dans les Lampuges. Du reste, aucune des figures ou descriptions que nous venons de citer ne fait mention de barbillons jugulaires. Ainsi aucun des auteurs qui ont écrit sur l’ichthyologie de la Méditerranée, depuis Rondelet jusqu’à Bonaparte dont nous avons passé en revue le savant travail énumératif, ne paraît avoir connu le poisson que nous figurons aujourd'hui et pour lequel nous proposons la diagnose et le nom suivants : Trachelocirrhus Mediterraneus.— Tr. corpore elongato, squamis non vaide adhærentibus tecto, dorso lateribusque fusco-rubescentibus, abdomine juguloque argenteis; capite argenteo, maculis nigrantibus nebulosis notato; oculis modicis, iride fulvo-nigro. Pinna dorsali prima modica in medio magis elevata; secunda antice elevata; abdo- minali antice extensa; pectoralibus satis prolongatis, ad summum parum directis; ventralibus parvis. Aculeis duobus obtusissimis posteriore parte operculorum, duo- busque aliis infra, utrisque tenuiculis. Cauda furcata. Cirrhis jugularibus brevibus (pl. 15). Corps allongé, couvert d'écailles peu adhérentes, d'une forme différente devant les nageoires pectorales. Dos et flancs brun rougetre; le ventre et la gorge argentés, ai:si que la tête qui est, en outre, ornée de taches nébu- leuses noirâtres sur les opercules. OEil moyen à iris brun noirâtre. Épiptère antérieure moyenne, plus élevée dans le milieu, décroissant ensuite jusqu'à la seconde épiptère, laquelle est relevée antérieurement et va en décroissant TRAVAUX INFDITS. 293 jusqu’au bout. Hypoptère de même forme que la seconde épiptère. Pectorales longues, se dirigeant un peu vers le haut. Catopes courtes, assez rapprochées. Deux pointes très-obtuses formées par la partie postérieure des oper- cules et deux autres placées plus bas sur le bord de l’ou- verture branchiale. Queue moyenne, fourchue, brune. Barbillons jugulaires courts et argentés. Les trous des narines sont uniques et placés à la hauteur du dessus de œil. Ligne latérale peu prononcée et suivant la forme du dos dont elle est assez rapprochée. Nombre des rayons des nageoires : Dorsales ; 1'e, 10 ; 2°, 25 à 26. — Anale, 22. — Caudale, 16. — Pectorales, 18 à 20. — Ventrales, 5. Longueur totale, 0",20 cent. ; hauteur, 0°,043 mill. La longueur de la tête se trouve environ quatre fois dans celle du corps entier. DEscriprion de Cicindélètes et de Carabiques nouveaux, par le baron de Chaudoir {1}. Agra amabilis, long. 12 112 m. Nigro-picea, elytris sub- virescentibus, antennis palpis pedibusque obscure rufis, geniculis infuscatis. Caput ovatum, vertice foveolato et bipunctato ; thorax ovatus, capite parum longior, apice sat breviter attenuatus, basi vix strangulatus, lateribus perparum rotundatis, utrinque carinatus, carina basi api- ceque obsoleta, lævi, dorso irregulariter sat crebre gros- seque punctatus, linea media tenuissima haud depressa, prosternum regulariter et densius punctatum; elytre cor- poris parte anteriore quarta parte longiora, thorace duplo latiora, humeris obliquatis rotundatis, pone medium am- pliora, apice recte truncato, extus bidentato, dente (1) Cette terminaison du travail de M. de Chaudoir devait paraître dans le numéro 4; en conséquence, sa publication date du mois d’a- vril, G. M. 224 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1863.) externo acutiore sed subretracto, striis acute impressis subtiliter punctulatis, secunda punctis pone medium mi- noribus duobus, quarta tribus majoribus impressis , interstitiis planis, lævibus, apice subconvexis, sternum abdomenque glabra et Iævigata in fœmina. Mas mihi ignotus. Ag. punctalo-striatæ simillima, differt statura minore, colore, thorace breviore, crassiore, antice bre- vius attenuato, supra crebrius punctato, elytris acutius striatis, striis subtilius punctulatis, apice extus acutius bidentato, stria quarta punctis tribus tantum impressa. In Guyana gallica, ad fl. Maroni, de Bonvouloir. A gra strangulata, long. 27 m. Nigra ebenina, pernitida: capile lato, lævissimo, deplanato, pone oculos rectan- gulari, basi profunde constricto, oculis majusculis promi- nulis, thorace capitis latitudine, eodemque cum mandi- bulis vix longiore, medio ampliato, apicem versus atte- nuato, summo apice haud reflexo, lateribus anterius haud sinuatis, medio rotundatis, ante basin subsinuatis, dorso plano, lævi, utrinque carinato, carina obtusa, biseriatim pluripunctata, lineis juxta carinam impressis interiore grosse punctata, exteriore lævi, basi transversim profunde impressa, linea media lævi parum depressa, punctis hine inde perpaucis supra et in episternis sparsis; elytris capite cum thorace tertia parte longioribus, hoc duplo latioribus, humeris subrectis rotundatis, pone medium subampliatis, ante medium bisinuatis, apice subo- blique exciso-truncatis, dente externo acutiore, suturali non rotundato, supra convyexis, apicem versus non declivibus, minus profunde striatis, striis minus regu- lariter crebre punctatis, secunda quartaque pluripunc- tigeris; tarsis latiusculis, subtus griseo-pubescentibus, fæœminæ pectus abdomenque glabra; antennarum articuli quatuor ultimi desunt. Guyana gallica, ad fl. Maroni, À. Deyrolle. 4græ lampropteræ affinis, differt colore ebenino, capite lato, postice quadrato, thorace crassiore, antice brevius attenuato, elytris amplioribus, striis grossius TRAVAUX INÉDITS. 295 et irregulariter punctatis, dente suturali minus producto. Onypterygia Sallei, long. 14 172 m. Læte viridi-ænea, antennis, palpis, ore, tibiis et tarsis nigris, antennarum basi submetallica, elytris amplis lævigatis haud coriaceis, splendentibus cupreis, obsoletissime punctato-striatis, singulo apice obtuse acuminato. Ab On. Hœpfneri differt thoracis margine postice magis reflexo, elytris amplio- ribus, convexioribus, lævigatis et splendentibus, cum in On. Hæpfneri opaca subtilissimeque coriacea sunt. Cor- dova, Sallé. Je l’ai longtemps confondue avec la Hæœpfneri, mais celle-ci a les élytres ternes et finement chagrinées dans les deux sexes, ce qui la fait reconnaître au premier coup d'œil. Onypterygia tris, long. 11 m. Nigra, nitida, elytris splendentibus, vittis purpureis, cupreis viridibusque alter- nantibus, thorace latius marginato, elytris amplis, apice singulatim rotundatis, obsoletissime subpunctato-striatis, punctis tribus majoribus in interstitio tertio, carinula brevissima in medio apicis. Cordova, État de Vera-Cruz, Sallé. ÉCHINIDES NOUVEAUX Ou peu connus, par M. G. CoTTEau. Genre MicropraAnema, Cotteau, 1863. En 1857, nous avons décrit et figuré, dans les Echinides de la Sarthe (1), sous le nom de Magnosia Richeriana, un très-petit Oursin provenant du Lias moyen de Précigné- l'Hermitage (Sarthe). Tout en plaçant cette espèce, presque microscopique, dans le genre Magnosia, nous faisions remarquer qu’elle s’en éloignait par quelques-uns de ses caractères, et notamment par ses pores ambula- (1) Éch. de la Sarthe, p. 6, pl. I, fig. 18-22. 2° SÉRIE, Tr. XV. Année 1863. 15 226 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Juin 1863.) craires ne se multipliant pas près de la bouche, et nous n’étions pas éloigné d’y voir le type d'un nouveau genre. — M. Eugène Deslongchamps nous a communiqué der- nièrement un second exemplaire de cette espèce recueilli dans le lias moyen de May (Calvados). Comme cet échan- tillon est plus gros et mieux conservé, nous avons pu étu- dier plus facilement et avec plus de détails ses caractères, et nous avons cru devoir en faire un genre nouveau au- quel nous donnons le nom de Microdiadema ; en voici la diagnose : Test de taille très-petite, renflé, hémisphérique en des- sus, presque plane et rentrant en dessous. Zones porifères droites, composées de pores simples, ne se multipliant pas près du péristome. Tubercules ambulacraires et interam- bulacraires identiques, perforés, non crénelés, entourés d’un étroit scrobicule, espacés, formant, sur chacune des aires, plusieurs rangées réguliètes. Granules intermé- diaires abondants, homogènes, relativement assez gros. Péristome rentrant, sub-circulaire. Appareil apicial étroit, saillant, granuleux. Radioles inconnus. Ce petit genre rappelle, par sa physionomie générale, les Magnosia, parmi lesquels nous l’avions placé dans l'origine; il s’en distingue très-nettement par ses tuber- cules ambulacraires et interambulacraires finement perfo- rés et crénelés, par ses pores ambulacraires toujours simples vers l’ambitus et près de la bouche. La structure de ses tubercules le range dans le groupe des Diadématidées à tubercules crénelés et perforés, mais il ne saura. être réuni à aucun des genres qui composent cette seclion, et forme, dans le voisinage des Pseudodia- dema, un type particulier que caractérisent, d’une manière positive, sa taille très-petite, ses tubercules presque uni- formes sur toute la surface du test, ses pores simples près de la bouche, son péristome assez grand et s’ouvrant dans une dépression très-sensible de la face inférieure. TRAVAUX INÉDITS. 227 La seule espèce que nous connaissions appartient au lias moyen. 43. MicropianEema Richeriana, Cott., 1863 (Arbacia, Cott., 1856). Haut. 6 mill.; diam. 8 mill. Espèce de très-petite taille, sub-pentagonale, haute, renflée, sub-hémisphérique en dessus, plane en dessous Zones porifères droites, composées de pores simples, pe- tits, rapprochés les uns des autres, très-obliquement ran- gés. A la face inférieure les paires de pores dévient un peu de la ligne droite, mais ne se multiplient pas. Aires ambulacraires à peine renflées, larges, garnies de petits tubercules finement perforés, marqués de très-légères cré- nelures, espacés, scrobiculés, formant quatre séries, les deux rangées intermédiaires un peu moins développées que les autres. Granules serrés, homogènes, surmontés d’un petit mamelon, disposés en cercle autour des tuber- cules. Les quatre rangées de tubercules sont placées de manière à constituer, en outre, des séries obliques assez régulières. Tubercules interambulacraires identiques par leur tailie et leur structure, à ceux qui remplissent les ami- bulacres, formant, sur chacune des aires, six rangées dont deux, un peu plus apparentes que les autres, occupeni le milieu des plaques et s'élèvent seules jusqu'au sommet. Les granules intermédiaires, remarquables par leur ho- mogénéité, n'offrent, dans leur forme et leur disposition, aucune différence avec les granules ambulacraires. Les interambulacres, relativement très-peu développés, ont une largeur à peine double de celle des ambulacres. La suture des plaques coronales est distincte, lisse et légère- ment déprimée. Les tubercules ambulacraires et interam- bulacraires sont un peu plus gros au-dessus de l’ambitus qu’à la face inférieure. Péristome assez grand, sub-déca- gonal, fortement rentrant, marqué d’entailles peu appa- 298 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1863.) rentes. Périprocte irrégulièrement ovale. Appareil apicial étroit, saillant, granuleux, la plaque madréporiforme sen- siblement plus grande que les autres. Rapports et différences. — Cette jolie espèce ne saurait être confondue avec aucune autre; elle sera toujours par- faitement reconnaissable à sa petite taille, à sa forme éle- vée et sub-pentagonale, à ses tubercules nombreux, fine- ment perforés et crénelés, scrobiculés, entourés d'un cercle régulier de granules homogènes et mamelonnés, à son péristome rentrant comme celui des Magnosia. Loc. — Précigné (Sarthe); May (Calvados). Très-rare. Lias moyen. Coll. du petit séminaire de Précigné, coll. Deslongchamps. — Dans nos Echinides de la Sarthe nous avons dédié cette espèce à M. l’abbé Richer, qui avait re- cueilli l’exemplaire de la collection du petit séminaire de Précigné. Expl. des fig. —P1. XI, fig. 1, Microdiad. Richeriana, de la coll. de M. Deslongchamps, vu de côté; fig. 2, face su- périeure; fig. 3, face inférieure; fig. k, le même grossi; fig. 5, tubercule grossi, montrant la disposition des gra- - nules; fig. 6, le même vu de profil. L4. Dipcociparis Dumortieri, Cotteau, 1863. Hauteur, 43 millimètres. Cidaris..…, Dumortier, Coup d'œil sur l'Ool. inf. du Var, Bull. Soc. géol. de France; 2° série, t. XIX, p. 846, 1862. Espèce de grande taille, circulaire, également bombée en dessus et en dessous. Zones porifères déprimées, presque droites à la face supérieure, sub-flexueuses à l’ambitus et dans la région infra-marginale, composées de pores ovales, séparés par un petit renflement granu- liforme, et unis par un sillon rudimentaire, partout visi- blement et régulièrement dédoublés,si ce n’est aux appro- ches du péristome, ou ils deviennent presque simples. TRAVAUX INÉDITS. 299 Aires ambulacraires très-étroites, garnies de deux rangées de granules égaux, homogènes, mamelonnés, disposés sur le bord des zones porifères ; les deux rangées sont très- rapprochées, l’espace qui les sépare est presque nul, et présente çà el là de petites verrues microscopiques iné- gales, éparses, peu nombreuses. Tubercules interambula- craires crénelés et perforés, très-gros et espacés à la face supérieure, moins développés et plus serrés au fur à me- sure qu'ils se rapprochent du péristome. Scrobicules étroits, arrondis, à peine déprimés, un peu renflés sur les bords. Granules intermédiaires saillants, fortement ma- melonnés, homogènes, épars, espacés, accompagnés de petites verrues inégales, assez abondantes. Les granules qui entourent les scrobicules sont à peine un peu plus gros que les autres. — Radioles inconnus. Rapports et différences. — Cette belle espèce rappelle, par l’ensemble de ses caractères, le Dipl. pustulifera de l’étage corallien ; elle en diffère par ses zones porifères plus déprimées, ses aires ambulacraires plus étroites, plus flexueuses, garnies de deux rangées de granules beaucoup plus rapprochés, ses tubercules interambulacraires plus profondément crénelés, ses granules miliaires mêlés à de petites verrues inégales et éparses. Ce sont deux types voisins et cependant bien distincts. Nous sommes heureux de dédier cette espèce à M. Dumortier, qui le premier l’a fait connaître dans le Bulletin de la Société géologique, en la plaçant toutefois dans le genre Cidaris. C'est la pre- mière fois que la présence du genre Diplocidaris, qu’on croyait jusqu'ici propre à l'étage corallien, est signalée dans la grande oolithe. Loc.— Valauris, Bandol (Var). Assez rare. Étage batho- nien. Coll. Jaubert, Dumortier. Expl. des fig. — PI. XI, fig. 7, Diplocidaris Dumortieri, de la coll. de M. Jaubert, vu de côté, fig. 8, fragment d’ambulacre grossi. 230 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1863.) 45. ASTEROCIDARIS minor, Cotteau, 1863. Haut., 9 millim.; diam., 15 millim. Espèce de petite taille, circulaire, renflée et sub-conique en dessus, presque plane en dessous. Zones porifères droites, composées de pores simples, arrondis, se multi- pliant près du péristome, séparés par un petit renflement granuliforme. Aires ambulacraires étroites versle sommet, plus larges vers l’ambitus, garnies, à la base, de deux ran- oées de tubercules assez gros, parfois crénelés, très-serrés, au nombre de quatre à cinq et remplacés, au-dessus de l’ambitus, par deux rangées régulières de granules sail- lants, fortement mamelonnés, imperforés, plus espacés que les tubercules et qui s’élèvent jusqu’au sommet. D’au- tres granules plus petits, peu abondants, inégaux, épars, accompagnent les granules principaux et souvent alter- nent avec eux. Aires interambulacraires garnies de deux rangées de tubercules saillants, très-gros, crénelés, per- forés, au nombre de quatre à cinq par série. Un peu au- dessus de l’ambitus, ces tubercules diminuent brusque- ment de volume, s’espacent, deviennent imperforés, et se réduisent à un mamelon granuliforme non scrobiculé. Granules intermédiaires peu abondants, saillants, for- mant des cercles réguliers autour de plus gros tubercules. Zone miliaire large, complétement nue à la face supé- rieure. Péristome très-srand, décagonal, marqué de fortes entailles, s’ouvrant à fleur du test. Anus sub-circulaire. Appareil apicial large, légèrement saillant, sub-pentago- nal, à peine granuleux ; la base des plaques génitales est uu peu renflée, et forme, autour du périprocte, un bour- relet garni de quelques granules atténués.— Radioles in- connus. Rapports et différences. Lorsque nous avons établi, dans un de nos précédents articles, le genre Asterocidaris, nous SOCIÉTÉS SAVANTES. 231 ne connaissions qu'une seule espèce de la grande oolithe de Sélongey (Côte-d'Or), Asterocidaris Nodoti (n° 8). Celle que nous venons de décrire provient également de la grande oolithe, et rentre parfaitement dans la diagnose que nous ayons donnée de ce genre curieux; elle se dis- tingue de l’Ast. Nodoti par sa taille beaucoup plus petite, ses ambulacres pourvus, à la base, de tubercules relative- ment plus gros, ses interambulacres présentant, à la face supérieure, de petits tubercules imperforés plus distincts, et autour du sommet une zone lisse moins nettement cir- conscrite, son appareil apicial ordinairement plus sail- lant. Loc. — Valauris (Var). Assez commun. Étage batho- nien. Coll. Jaubert, ma collection. Expl. des fig. — PI. XI, fig. 9, Asterocidaris minor, de la coll. de M. Jaubert, vu de côté, fig. 10, face sup.; fig. 11, portion de l’ambulacre grossie; fig. 12, aire in- terambul. grossie ; fig. 13, appareil apicial grossi. (La suite au prochain numéro.) IL. SOCIÉTES SAVANTES. ACADÉMIE DES SCIENCES. Séance du 25 mai 1863. — M. CHiPpauLT communique une observation à l'appui de ce qui a été avancé des in- convénients des mariages consanguins ; il s’agit d’un homme bien constitué qui, ayant épousé successivement deux deses cousines, elles-mêmes d'une bonne constitution, n'a eu de ces mariages que trois enfants maladifs, dont le 232 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1863.) seul qui ait survécu, une fille bègue, a mis au monde un enfant hydrocéphale. M. FLourens présente, au nom de l’auteur, M. Seemann, un mémoire imprimé sur l’histoire naturelle du genre Borrassus, traduit en français par M. de Borre. M. Pruxer-BEy adresse une noteintitulée : Examen de la mâchoire de Moulin- Quignon au point devue anthropologique. « Vu la discordance entre les géologues en ce qui con- cerne le terrain où la mâchoire a été trouvée, voyons si la science anthropologique nous fournit les moyens de la classer. « Examinée sommairement, cette pièce nous indique par “ses proportions et par l'absorption de quelques alvéoles dentaires qu’elle appartenait à un individu de petite taille et d’un certain âge; et j'ajouterai que cet individu était très-probablement brachycéphale. Voici la série des faits qui militent en faveur de cette opinion. M. Morlot (voy. Études géologico-archéologiques, etc., 1860) constata dans la section du cône de la Tinière, près Ville- neuve, trois âges successifs représentés par étages. La couche la plus profonde représentant l’âge de pierre offrit un crâne brachycéphale ainsi que l’âge de bronze dans les environs. Enfin j'ai constaté la présence de ce type à l’âge de fer et parmi les vivants dans les mêmes localités, et j'ai tracé ailleurs le portrait détaillé de ce type par lequel commence, jusqu’à plus ample informé, l’histoire de l’homme de nos contrées, sans que sa souche se soit éteinte. « En second lieu, les recherches et les découvertes paléontologiques faites en France, bien que le nombre des données, en ce qui regarde l'homme, soit fort res- treint, n'infirment pourtant en rien ce que je viens d’allésuer. Ainsi le menton osseux humain, trouvé par M. de Vibraye, annonce par ses contours arrondis qu'il n'appartient point à la race celtique, et par ses dimen- SOCIÉTÉS SAVANTES. 233 sions que le crâne dont il faisait partie devait être petit et par conséquent brachycéphale. Il en est de même de la pièce dont je dois la connaissance à l’obligeance de M. Lartet. Le célèbre paléontologue trouva ce demi- rameau externe de la mâchoire inférieure humaine dans la grotte d’Aurignac, associé aux animaux antédi- luviens, etc. Cet os nous frappe encore par sa petitesse même pour ce qui concerne les trois dents molaires qui s’y trouvent implantées. « Un dernier fait me paraît pouvoir servir de pierre de touche dans cette question aussi épineuse qu'impor- tante. Je possède une petite série de mâchoires inférieures appartenant à la souche brachycéphale de la Suisse. Ces ossements, se rapportant à l’âge de fer, furent retirés d’un immense tumulus de gravier qui contenait de nom- breux Æistvaens dans lesquels on trouva des squelettes et leurs débris pour la plupart celtiques, et à leur côté quelques-uns au crâne brachycéphale et de petite taille. Eh bien, une de ces dernières mâchoires, à part le pro- longement de son apophyse coronoïde, correspond pour tous les autres détails à la mâchoire d’Abbeville. Ceci est applicable non-seulement à la forme, mais même aux dimensions. Maintenant, si nous considérons le peu de stabilité des caractères que présente généralement cet os chez les individus de la même race, et si nous y ajoutons l'immense intervalle de temps qui les sépare, je pense rester dans les limites d’une haute probabilité si j'ose énoncer ceci : « 1° La mâchoire de Moulin-Quignon appartenait à un individu brachycéphale, de petite taille, de l’âge de pierre. « 2% On peut suivre la présence de cette même race humaine à travers divers âges successifs; et enfin « 3° Elle a laissé des descendants reconnaissables parmi les vivants du haut nord de l’Europe, en suivant la lisière occidentale de notre continent, jusqu’en Sicile. » 234 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1863.) Observations de M. DE QUATREFAGES à propos du mémoire de M. Pruner-Bey et de la note de M. Elie de Beaumont. « Depuis plusieurs années M. Pruner-Bey s'était occupé de réunir les matériaux propres à éclairer la question des caractères que présentait la race la plus ancienne de l’Europe. Il s’est donc trouvé tout prêt à profiter mieux que personne de la découverte de M. Boucher de Perthes Toutefois son travail avait été entrepris d’abord seu. lement à l’aide des photographies que j'avais fait exécuter: mais, en voyant l'importance des résultats auxquels était déjà arrivé mon savant confrère de la Société d’anthro- pologie, je me suis empressé de mettre la mâchoire de Moulin-Quignon elle-même à sa disposition. M. Pruner- Bey a bien voulu me communiquer, en revanche, celle qui lui servait de terme de comparaison. Nous avons procédé ensemble à un examen détaillé et rigoureux qui n’a servi qu'à faire ressortir davantage l'exactitude des appré- cations de M. Pruner-Bey et la similitude vraiment sur- prenante de ces deux échantillons appartenant l'un à l’âge de pierre, l’autre à l’âge de fer. «L'Académie comprendra certainement, d’après ce qui précède, que la mâchoire de Moulin-Quignon, envisagée au point de l’ethnologie et des origines des populations européennes, présente le plus haut intérêt. Cet intérêt, je le répète, est entièrement indépendant de la question géologique. Voilà pourquoi j'ai cherché dès l’origine de ces débats, et encore dans la dernière séance, à dis- tinguer nettement la question de l'authenticité de la mü- choire de toutes celles que je prévoyais devoir soulever des discussions. « Aussi mon regret a-t-il été très-vif lorsque j'ai vu que le Compte rendu ne faisait pas mention de l'opinion ex- primée à ce sujet dans la dernière séance par notre illustre secrétaire perpétuel. M. Élie de Beaumont avait bien voulu répondre à mes observations qu'il acceptait comme SOCIÉTÉS SAVANTES. 235 entièrement authentiques et comme contemporaines la mâchoire et les haches de Moulin-Quignon. Or c’est là tout ce que j'avais voulu démontrer dans mes communi- cations précédentes; car c’est là ce qu'on avait presque universellement nié à Paris comme à Londres. On com- prend combien m'était précieux dès lors l’assentiment de M. Élie de Beaumont, et combien j'ai dû être peiné de ne pas en trouver les traces au Compte rendu. J'espère que notre illustre confrère ne verra dans l'expression de ce sentiment qu’une preuve de plus du haut prix que j'at- tache à son opinion. « Qu'il me soit permis de faire encore une observation au sujet de la note de M. Élie de Beaumont. « Cette note soulève deux questions, toutes deux nou- velles, toutes deux entièrement distinctes de la question d’au- thenticité de la mâchoire et des haches de Moulin-Quignon. En outre, ces questions sont fort différentes l'une de l’autre à certains points de vue. « D'une part, M. Élie de Beaumont déclare partager l'opinion de Cuvier, et ne pas croire à la contemporanéité de l’homme et de l’Elephas primigenius; d’autre part, il exprime l'opinion que le terrain de transport exploité à Moulin-Quignon n'appartient pas au diluvium pro- prement dit. « La première de ces questions, celle de la contem- poranéité de l’homme et de certaines espèces animales perdues, peut être résolue, ce me semble, en se tenant en dehors de toutes les controverses géologiques. Je me crois donc autorisé à avoir sur ce point une opinion per- sonnelle, et je dois déclarer qu'après avoir longtemps partagé les croyances de Cuvier je suis arrivé à la croyance contraire. « La seconde question, celle qui touche à l’âge et à l’origine des terrains de Moulin-Quignon, de Menchecourt, de Saint-Acheul, etc., est exclusivement du ressort de la géologie. 236 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1863.) « Encore une fois, je n'aurais aucune autorité pour traiter ce dernier problème, et j'entends rester entiè- rement étranger aux discussions qu’il pourra soulever. Mais par cela même je devais tenir à le distinguer très- nettement des deux autres, afin de prévenir, autant qu'il dépend de moi, une confusion qui s’est évidemment pro- duite dans un grand nombre d’esprits. » M. ÉuiE pe BEaumoNT répond ainsi qu’il suit à M. de Quatrefages : « Dans la Note qui a été insérée au dernier Compte rendu, j'ai abrégé le plus possible ce que j'avais dit à l'Académie; mais l’idée à laquelle mon savant et hono- rable confrère a la bonté de faire allusion s’y trouve cependant implicitement exprimée. « En effet, la note contient cette phrase : « Les dépôts « meubles sur des pentes sont contemporains de lallu- « vion tourbeuse, et de même que la tourbe ils peuveut « contenir des produits de l’industrie humaine et des « ossements humains. » Or les tourbières renferment des squelettes humains et même des cadavres entiers, ainsi que des objets travaillés en bois, en corne de cerf, en cheveux, en pierre, en bronze, en fer. Dans les tourbières de la Somme on a trouvé des fers de captifs, un petit bateau, etc. Dans le département du Nord, une voie romaine est recouverte par la tourbe. « Je conçois donc qu'on puisse trouver réunies ou même séparées, dans le terrain de Moulin-Quignon, toutes les parties d’un squelette humain, ainsi que des objets travaillés de main d'homme, même en très-grand nombre, et l’opinion que j'ai énoncée ne me fournit, par elle- même, aucun motif pour suspecter l'exactitude des faits, constatés avec des soins minutieux dont l'appréciation a été soumise à l’Académie. Le cercle de la discussion relative au gisement de Moulin-Quignon est peut-être bien loin d'être épuisé; mais, quant à l’exhumation d'un certain nombre de haches en silex et d’une mâchoire SOCIÉTES SAVANTES. 237 A humaine remontant probablement à l’âge de pierre, je ne puis que m'en rapporter aux savants honorables qui ont mis un si louable empressement à en contrôler l’au- thenticité. » Séance du 1% juin. — M. Serres lit une deuxième note sur le Développement de l'articulation vertébro-sternale du glyptodon et les mouvements de flexion et d'extension de la tête chez cet animal fossile. M. fébert adresse de nouvelles observations relatives à l'Existence de l’homme pendant la période quaternaire. M. Garrigou adresse une Note sur le diluvium de la val- lée de la Somme. En recevant des mains de M. de Quatrefages la note de M. Garrigou, M. Élie de Beaumont rappelle que, dans les dernières séances, ainsi qu’il l’a positivement remar- qué, il n’a pas parlé d'animaux, ni de Saint-Acheul, fau- bourg d'Amiens, mais seulement de la carrière de Moulin- Quignon. « Hoc opus, hic labor est. » Séance du 8 juin. — M. Desnoyers lit une note sur des indices matériels de la coexistence de l’homme avec l’E- lephas meridionalis dans un terrain des environs de Char- tres, plus ancien que les terrains de transport quaternaires des vallées de la Somme et de la Seine. M. Guérin-Méneville adresse à M. le président la lettre suivante : « Jai l'honneur de présenter à l'Académie quelques-uns des premiers cocons du Ver à soie du chène (B. Yama-maï, Guér.-Mén.), espèce provenant du Japon et dont les œufs ont été introduits en Europe par M. le docteur Pompe van Meer de Woort. « Quelques grammes de ces œufs, remis par M. Pompe au ministre des colonies, en Hollande, ont été envoyés à LL. EExc. les ministres des affaires étrangères et de l’agri- culture, qui les ont offerts à la Société impériale d’accli- matation. D’autres m'ont été donnés par M. le docteur 238 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1862.) Bleeker, ce qui m'a permis d’en offrir à quelques agri- culteurs qui, ne faisant pas partie de la Société d’acclima- tation, n’avaient pas eu part à la distribution que cette grande compagnie m'avait chargé de faire. « Ces œufs, éclos un peu prématurément, ont donné des chenilles qui ont pu être élevées avec succès sur divers points de la France. Celles que j’élève dans mon labora- toire de sériciculture comparée de la ferme impériale de Vincennes sont dans le meilleur état et feront leurs cocons dans douze à quinze jours. Celles dont j'ai commencé l'élevage à Toulon, et qui ont été soignées ensuite par M. Auzende, directeur du jardin public de la ville, ont déjà donné plus de cinquante cocons pareïls à ceux-ci. Je les ai apportés au laboratoire de sériciculture com- parée, où l’on vient observer avec un vif intérêt ces dé- buts d'introduction et d’acclimatation d’une nouvelle espèce de producteur de soie qui s’alimente avec les feuilles des chênes de nos forêts. « Outre cette espèce, j'ai, dans le même établissement, un second Ver à soie du chêne (B. Pernyi, Guér.-Mén.) provenant du nord de la Chine. L'introduction de cette précieuse espèce, tentée vainement depuis bientôt dix ans, sera due à S. Exc. le ministre de l’agriculture, du commerce et des travaux publics, qui a reçu des cocons vivants envoyés de Pékin par M. Eug. Simon, et qui m'a fait l'honneur de me charger de la délicate mission d’in- troduire cette espèce dans notre agriculture. « J'ai déjà fait connaître aux sociétés impériales d’agri- culture et d’acclimatation les difficiles débuts de cette ten- tative. Aujourd’hui je puis annoncer qu'elle est en pleine voie de succès, car ces Vers à soie, nés le 19 mai dernier, sont déjà arrivés à leur seconde mue sans montrer le moindre symptôme de maladie. Pendant leur premier âge, ces vers étaient d'un noir profond ; aujourd’hui ils sont d’un beau vert, avec des tubercules orangés et bleu d'outremer. « J'ai honneur de déposer sur le bureau des échantil- SOCIÉTÉS SAVANTES. 239 lons de cocons et de soies produits par ces deux Vers à soie du chêne. « P. S. Je n'ai pas voulu apporter ces Vers dans la crainte de compromettre cette tentative, mais votre illustre confrère M. le maréchal Vaillant, à qui j'ai eu l'honneur d’en confier quelques-uns, pourra donner à l'Académie des renseignements plus détaillés sur cette précieuse acquisi- tion pour notre agriculture. » M. Gras adresse un travail sur le Diluvium de Saint- Acheul et le terrain de Moulin-Quignon. M. Belamy donne l'extrait d'une lettre contenant des Observations sur les habitudes d’une poule d'eau apprivoisée. QI y a un an, on apporta chez un de mes voisins une petite poule d’eau tout récemment éclose; dès le lende- main elle venait prendre sa nourriture à la main, et de jour en jour elle devint plus vive et plus familière. La pro- priété dans laquelle on l’élevait étant bornée par un cours d’eau, elle allait s’y baigner plusieurs fois par jour, et au bout de quelques mois elle avait acquis la grosseur et la beauté de plumage d’un adulte : le rouge de la plaque au- dessus du bec et le cercle du tibia étaient d’un rouge très- vif, ce qui me fit croire que l'individu était un mâle. Bien que près de l’eau, cet oiseau est le plus souvent à terre dans le jardin, sans jamais s’y cacher, et il accourt à la voix de son maître chaque fois qu’il l'appelle... « Au printemps de cette année notre oiseau est entré en amour et s’est échappé plusieurs fois à travers la prai- rie pour répondre à l'appel des femelles de son espèce; toujours cependant il est revenu à la maison. Bientôt il s’est occupé à construire un nid avec des roseaux qu'il al- lait chercher sur les bords du bras d’eau; il n’a pas pondu, ce qui nous à confirmé dans la croyance où nous étions que l'individu était mâle. On s’est alors procuré deux œufs de poule d'eau sauvage, et l'oiseau les a couvés sur le nid qu'il avait façonné ; ses petits sont éclos, et depuis il les soigne, les nourrit avec les insectes qu’il va chercher: il 240 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1863.) les mène en gloussant à sa manière et les rappelle quand ils se sont écartés. Chaque soir il les fait coucher au nid avec lui, absolument comme fait une poule de ses pous- sins. » Séance du 15 juin. — M. le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL Si- gnale un opuscule de M. Garrigou, portant pour titre : L'homme fossile, historique général de la question et discus- sion de la découverte d’ Abbeville. M. E. Robert adresse une note sur la non-contempora- néité de l’homme et des grandes espèces éteintes de mammi- fères. Séance du 22 juin. — M. E. Robert adresse des obser- vations sur l’Origine récente des traces d'instruments tran- chants observés à la surface de quelques ossements fossiles. III ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. OBSERVATIONS sur les ennemis du Caféer, à Ceylan, par M. J. NiETNER (suite). Dès que les insectes dont je viens de parler sont bien établis sur un caféier, ce dernier commence à se couvrir d’un fin tissu noir qui n’est autre chose que le champi- gnon en question. Il arrive avec ces insectes et s’en va en même temps qu'eux; jamais on ne le trouve seul. Il a d’abord l'apparence d’une couche fine et étendue de peinture noire; mais, augmentant rapidement de consis- tance, en deux ou trois mois il couvre et noircit entière- ment les feuilles et les autres parties de l’arbre, et finit par ressembler presque à de la mousse. Sa période de croissance semble être d'environ douze mois, après quoi il est remplacé par une nouvelle poussée ou quitte l'arbre avec les insectes. Il abandonne l'arbre en se détachant ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. UE | par grandes plaques. Comme l’on voit qu’un caféier, ou tel autre arbre attaqué par le Pseudococcus ou les Leca- nium, sécrète une substance sucrée et glutineuse, la muellée (qui est ou une sécrétion des insectes, ou la séve extrava- sée qui coule de l'arbre blessé, mais plus probablement une combinaison de ces deux liquides), comme cette substance disparaît quand les insectes quittent l’arbre, et que, d’un autre côté, le champignon suit exactement la même marche, je ne doute pas que sa végétation ne dépende de la miellée. On ne sait encore s’il y a une ou deux espèces de champignons de ce genre sur le ca- féier. Le docteur Gardner en avait envoyé un échantillon au révérend Berkeley, l’éminent cryptogamiste anglais, qui le décrivit sous le nom de Triposporium Gardneri. J'en ai envoyé, il y a deux ans, des échantillons, soit à M. Berkeley, soit au docteur Rabenhorst, de Dresde ; ce dernier les a nommés Syncladium Nietneri, en m'infor- mant qu'ils différaient totalement des Triposporium par leurs spores simples, tandis que celles de cet autre genre sont composées. M. Berkeley me dit, de son côté, qu'il ne pourrait pas dire, d’une manière certaine, si les échan- tillons que je lui avais envoyés étaient dans un état diffé- rent de ceux qu'il avait examinés auparavant ou s'ils ap- partenaient à un autre genre que son Triposporium. En considérant les changements extraordinaires que les vé- gétaux d’une organisation aussi simple que ceux dont il s’agit subissent dans le cours de leur développement, je serais disposé à croire que le Syncladium et le Tripospo- rium sont une seule et même plante; je ne suis cepen- dant pas à même de trancher, d’une manière décisive, cette question qui a d’ailleurs peu d’importance. Un fait intéressant, c’est que le docteur Rakenhorst a reçu, en même temps que le mien, un champignon identique à celui-là et venant de Nice, localité où il couvre les feuilles des oliviers de la même manière dont à Ceylan il couvre celles du caféier. Il serait curieux de savoir si en Europe 2° sénie. T. xv. Année 1863. 16 249 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1863.) son développement dépend de la présence de la miellée comme cela semble être le cas à Ceylan. J'ajouterai maintenant quelques observations sur les Lecanium et Pseudococcus du café. La plupart des plan- teurs avec lesquels j'ai causé de ce sujet, n'étant pas en- tomologistes, avaient des idées très-erronées et extraor- dinaires, sur le compte de ces insectes, et semblaient re- garder leur apparition comme quelque chose de tout à fait inexplicable et presque de mystérieux. Le fait est qu'il n'y à là dedans absolument rien d'insolite ou d’extraor- dinaire, si ce n’est la manière, en apparence capricieuse, dont ils viennent et s’en vont, tantôt se répandant sur toute une plantation, tantôt se limitant à un seul arbuste parmi des milliers d’autres ; ici abandonnant une planta- tion au bout d’une année, là y restant toujours. Les in- sectes de cette famille, pour ne pas parler de l’ordre en- tier (Homoptères), ont, dans beaucoup de cas, une grande importance économique. J'ai déjà mentionné les insectes de la cochenille et de la laque comme étant parmi les plus connus sous ce rapport; mais, tandis que ceux-ci sont utiles, il en est d’autres, par contre, qui sont excessive- ment nuisibles aux jardiniers et aux agriculteurs. Au pre- mier rang, parmi ceux-ci, l’on peut sans doute placer ceux qui attaquent le café ; la tache (blight) de la canne à sucre de Maurice appartient sans doute à cette famille (Aspidiotus). Au point de vue purement entomologique ces insectes sont intéressants à d’autres titres. Les mœurs des Coccidæ ont été, par conséquent, depuis longtemps un objet d'étude pour les naturalistes. Westwood (Zntro- duction, 1840), dans sa liste bibliographique relative aux Coccidæ, ne mentionne pas moins de trente à quarante auteurs qui ont écrit sur ce sujet. Par le fait, chaque en- tomologiste général depuis Linné a parlé d’eux. Leur étude était facilitée par la circonstance qu'il y en a plu- sieurs espèces indigènes en Europe Quoique le caféier soit, comme je l'ai déjà dit, connu à ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 243 Ceylan depuis environ deux cents ans, et quoiqu'il y soit cultivé d’une manière systématique depuis 1825, les in- sectes nuisibles ne semblent pas avoir attiré l'attention, par conséquent avoir apparu en grande quantité avant 1845. Environ à cette époque ils commencèrent à se ré- pandre avec une telle rapidité que, en 1847, l'alarme de- vint générale parmi les planteurs. On doit se rappeler que c’est à peu près à la même époque que la maladie des pommes de terre, de la vigne et de l'olivier commença à de- venir très-alarmante en Europe. Quant à ce qui concerne cette apparition, comparativement récente, des insectes nuisibles au caféier à Ceylan, l’on a supposé qu'ils n’é- taient pas indigènes, mais auraient été introduits avec des graines de café de quelque autre pays. Toutefois cette assertion ne repose pas sur des bases bien solides, et je considère ces insectes comme indigènes, par la raison qu’on les trouve sur beaucoup d’autres plantes que le café ; j'ai vu le Pseud. Adonidum sur l'oranger, le goyavier et d’autres arbres, ainsi que sur des légumes, tels que des betteraves, etc. Le Lecanium coffece est encore moins difficile, et attaque presque toutes les plantes et tous les arbres qui croissent sur une plantation, quoique plus par- ticulièrement ceux qui croissent dans les jardins, tels que soyaviers, hbiscus ixora, justicia, orangers; ilattaque tout, même des mauvaises herbes. On a dit aussi que le L. coffeæ était venu originairemont du goyavier sauvage (psidium piriferum) sur le café; mais cela me semble improbable, parce que je n'ai jamais vu le goyavier à l'état sauvage attaqué par cet insecte, et j'ai été dans d'excellentes cir- constances pour l’observer. On ne peut nier, toutefois, qu'il n’ait une préférence marquée pour cet arbre lors- qu’il croît mêlé avec d’autres sur une plantation. J'ai déjà fait allusion aux mœurs capricieuses des insectes dont je viens de m'occuper. Il n’est pas facile d'expliquer, d’une manière suffisante, pourquoi, au lieu de se répandre d’une manière uniforme sur une plantation, comme l’on pour- 24h REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1862.) rait s'attendre à ce qu'ils le fissent, ils attaquent un cer- tain espace seulement, et ensuite, après quelque temps, le quittent pour aller à un autre, puis à un troisième, et ainsi de suite. Ce qui est certain, c’est que, comme je l'ai déjà mentionné, le Pseud. Adonidum préfère les localités sèches, et le £Zcc. coffeæ les localités humides; on peut observer la même chose, sur une plus petite échelle, dans chaque plantation; le Lec. coffeæ se trouvera en plus grande abondance dansles ravins encaissés, au milieu des grands troncs d'arbres en pourriture que sur les flancs aérés des collines. Le déplacement d’un endroit à un autre dé- pend probablement de ces prédilections des insectes. Il cherche naturellement les parties les plus tendres et les plus abritées de l'arbre, telles que les jeunes pousses, le dessous des feuilles et les agglomérations de baies. Les dé- sâts commis par les Pseudococcus semblent pires que ceux commis par les Lec. coffeæ; mais, n'étant pas en aussi grand nombre que ces derniers, ils ont une importance moins générale. Les Pseudoccus aiment tout particulière- ment à se réunir en nombre dans les groupes de baies qui finissent par tomber à la suite des lésions qu’elles ont souffertes ; les caféiers perdent quelquefois toute leur ré- colte de cette manière. Le mal causé par le Lecanium cof- feæ semble avoir un effet plus général en affaiblissant l'arbre, mais toute la récolte ne tombe pas, et la chute n’a pas lieu aussi subitement Quand il y a des Pseudococcus dans une plantation, on peut difficilement estimer la ré- colte; quand il y a des Lec. coffeæ, on le peut. IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. Nous trouvons, dans le n° 2 de 1863, pag. 204 du Jour- nal de Conchyliologie, un curieux article de l’un des di- recteurs de ce Recueil, M. H. Crosse, dont la reproduc- MÉLANGES ET NOUVELLES. 245 tion sera accueillie avec intérêt par nos lecteurs. Il à pour titre : Sur l’origine de l’Ambre gris. « Tout le monde connaîtl’ambre gris, cette substance à l'odeur douce et suave, que l’on emploie si fréquemment comme parfum, soit en la laissant seule, soit en l’asso- ciant, sous divers noms, à d’autres corps odorants. Mais les conditions singulières dans lesquelles il se produit sont beaucoup moins connues, et nous pensons être agréable à nos lecteurs en traitant ce sujet qui, d’ailleurs, rentre dans le cadre de notre recueil plus qu’on ne pour- rait le croire au premier abord. « Bien des hypothèses, plus absurdes les unes que les autres, ont été émisessur l’origine de l’ambre pris (1) par les anciens auteurs que devait beaucoup embarrasser, d’ailleurs, nous le reconnaissons, cette substance énigma- tique, spécifiquement plus légère que l’eau, et que l’on rencontrait par hasard flottant sur la mer ou rejetée sur le rivage, sans qu'on püt savoir d'où elle venait. C’est ainsi que, par exemple, Avicenne et Sérapion le consi- dèrent comme un baume qui croît sur les rochers et qui tombe ensuite dans la mer (probablement quand il est mûr? mais les auteurs ne s'expliquent pas là-dessus, et pour cause). Pour Cardan, ce n’est autre chose que la bave desséchée des veaux marins : un degré de plus dans l'absurde. Fernandez Lopez pense que ce sont les excré- ments de certains oiseaux qui ont mangé des herbes odo- riférantes. Quels oiseaux? Quelles herbes? Il ne le dit pas, bien entendu. Pomet suppose que l’ambre gris est un mélange de cire et de miel parfumé qui se cuit et s’é- -bauche au soleil, et qui se perfectionne dans la mer par l'agitation des flots et par l'esprit salé!!! Après ce dernier (1) Nous empruntons les principales données de cet article à un excellent et très-utile ouvrage de notre éminent collaborateur, M. Moquin-Tandon (de l’Institut), intitulé Éléments de zoologie mé- dicale, p. 106. 246 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1863.) galimatias, 1} convient de tirer l'échelle, en passant sous silence d’autres auteurs non moins ingénieux, qui voient, tour à tour, dans le corps en question, de l’écume de mer condensée, une graisse de terre endurcie, un bitume, une résine, une gomme, du sperme de baleine ou de ja fiente de crocodile” «Nous mentionnons seulement deux autres hypothèses qui, sans être plus fondées, ne laissent pas que de se rap- procher un peu davantage de la vérité. Virey considère l’ambre gris comme une sorte d’adipocire, résultant de la décomposition spontanée de plusieurs Poulpes odorants de la haute mer; Pelletier et Caventou n’y voient que des calculs biliaires de quelque gros animal marin. « Serval Marel est le premier qui ait découvert la véri- table origine de l’ambre gris; il a reconnu qu'il était pro- duit par de grands animaux de l'ordre des Cétacés, el que c'était tout simplement le résultat de leur digestion, une sorte de calcul intestinal, un coprolithe. Son asser- tion a été confirmée par Swediaur, Romé de Lisle et par le témoignage des baleiniers : de plus, on a remarqué que le nom japonais de la substance signifiait littérale- ment excrément de baleine. « Les observations ultérieures n’ont apporté qu'une seule restriction à la découverte de Serval Marel, c’est que l’'ambre gris n'existe pas indistinctement chez tous les grands Cétacés, mais qu’il se produit uniquement chez les Cachalots. Il se forme, en boules de différentes gros- seurs, dans le tube digestif de ces animaux, et est rendu par eux en même temps que leurs excréments. C'est un produit normal selon les uns, purement accidentel sui- vant d’autres auteurs, et causé par un état maladif de l’a- nimal. Ce qui nous fait partager cette dernière opinion, c’est que, d’après le témoignage des marins qui font la pêche des Cachalots, on en recueille, dans leurs intestins, des quantités fort inégales variant de quelques kilogram- mes jusqu’à 100, et que quelquefois même on n'en trouve MÉLANGES ET NOUVELLES. 247 point. On a remarqué aussi que l’ambre gris ne se trou- vait que dans le cœcum, et jamais dans les autres parties du canal alimentaire de l'animal. On en recueille quel- quefois des masses isolées qui flottent sur la mer ou qui ont été rejetées par elle sur la plage : le Japon, les Mo- luques, l'Inde, Madagascar et le Brésil sont les pays sur le littoral desquels on les rencontre le plus communé- ment. « Voici maintenant en quoi notre sujet se rattache à la Malacologie. Les grands Cétacés se nourrissent habituel- lement de poissons et de mollusques, mais surtout de Cé- phalopodes, dont beaucoup d'espèces sont pélagiennes et se rencontrent en quantité innombrable dans la haute mer, où elles forment parfois de véritables bancs (1). Or un grand nombre de ces mollusques exhalent une odeur musquée plus ou moins forte, mais bien connue de tous les naturalistes qui ont eu occasion de les observer vi- vants, et qui n’est pas sans avoir de grands rapports avec celle de l’ambre gris. Nous citerons notamment l’Eledon moschatus, Leach, dont la forte odeur de muse, signalée .par Aristote, persiste même longtemps après la mort de l'animal, et le Loligo Bouyeri, Fischer et Crosse, ce gi- gantesque Céphalopode dont un de nos bâtiments de guerre a manqué si malheureusement la capture, et qui, après avoir été blessé, exhala une odeur de musc assez forte pour arriver jusqu'au navire (2). Nous pourrions multiplier les exemples. Comme dernière preuve à l'appui de notre thèse, nous ferons remarquer qu’on a découvert (1) Parmi les Céphalopodes, il n’y a guère que les Poulpes qui aient des habitudes sédentaires, et passent l’année entière dans leur trou ou dans ses environs ; les autres, et principalement ceux qui sont organisés pour une natation rapide, ont des mœurs essentielle- ment nomades et sont d'humeur voyageuse; les espèces côtières elles-mêmes ne se montrent que pendant une partie de l’année et disparaissent ensuite. < (2) Journ. de Conchyl., 1862, vol. X, p. 136. 248 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juin 1863.) plusieurs fois, dans des morceaux d’ambre gris, des man- dibules cornées offrant tous les caractères des becs de Céphalopodes : le travail digestif n'avait pu en modifier assez la nature pour les rendre méconnaissables. M. Mo- quin-Tandon, que nous citons plus haut, nous a affirmé qu'il avait vu un morceau d’ambre renfermant des débris organiques de cette nature. «Il n’est donc plus permis d’avoir le moindre doute sur les circonstances dans lesquelles se produit l’ambre gris. On ne peut se le dissimuler, ce produit recherché paraît être le résultat de l’intempérance d’un Cachalot qui s’est donné une indigestion de Céphalopodes, ou qui, à la suite de longs excès du même genre, s’est vu atteint d’une maladie d’intestins, punition de ses péchés gastro- nomiques. « Notrerévélation malencontreuse dégoütera peut-être de l’ambre gris quelques-uns de nos lecteurs qui appréciaient auparavant ce parfum délicat; nous devons reconnaître, en effet, qu'il se prépare dans un singulier laboratoire, mais ce n’est point notre faute, et nous ne pouvons rien changer à la réalité des choses. D'ailleurs, ils sont parfai- tement libres d'employer, si bon leur semble, d’autres parfums d’une origine moins prosaïque. » H. CROSSE. TABLE DES MATIÈRES. Pages pes Murs. Sur les espèces du G. Pyrrhulauda et leur œuf. 209 N. DoumeT. Nouv. genre de Poissons de la Méditerranée. 212 CHAunoir (DE). Cicindélètes et Carabiques nouveaux. 223 SOCIETÉS SAVANTES. 231 Analyses. 240 Mélanges et nouvelles. 244 IMP, DE M°® V® BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'EPERON, 9. — 1863. VINGT-SIXIÈME ANNÉE.— JUILLET 1863. I. TRAVAUX INÉDITS. Note sur le travail de M. Marchand, de Chartres, inti- tulé, Poussins des oiseaux d'Europe, par M. O. pes Murs. Lorsqu'une science est créée et fondée sur des bases solides, son perfectionnement dépend des divisions que réussissent à y établir ceux qui s’en occupent sérieuse- ment, et sans aucune préoccupation des dédains qui, d’en haut, pourront être déversés au début de leur œuvre pénible. Il n'y a pas de minuties dans les sciences; et si “profond ou babile théoricien que l'on veuille se pré- tendre sur chacune de leurs branches, ce ne sera jamais qu'avec le secours de l'étude de leurs détails qu’une théorie, si elle est bonne, parviendra à imposer ses règles auxquelles ils servent de contrôle. Rappelons-nous toujours, en ceci, ces paroles si justes de Buffon : « Le « seul et le vrai moyen d'avancer la science est de tra- « vailler à la description et à l'histoire des différentes « choses qui en font l’objet. » Ces réflexions nous sont inspirées par un premier tra- vail de M. Marchand, de Chartres, dont les prémisses ont paru dans la livraison du mois de mars dernier de cette Revue. M. Marchand n'était connu jusqu'ici que par les soins qu'il mettait à conserver pieusement ei à augmen- ter la riche collection d'oiseaux d'Europe si heureuse- 2 série, T. xY. Année 1863. 17 250 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillel 1863.) ment réunie par son père, chez qui, en son temps, nous avons eu plus d’une fois l’occasion et la bonne fortune de l’étudier et de l’admirer. Nous avions hâte de le voir se décider à mettre plus résolüment un pied dans la science, en initiant le public aux nombreuses observations que ne pouvaient manquer de Jui avoir suggérées l'entretien et le tête-à-tête de son précieux cabinet. I vient aujourd'hui répondre à ce vœu en entrepre- nant un travail de patience et de longue haleine, celui de l’étude et de la publication des figures du Poussin de toutes les espèces d'oiseaux européens qu’il a pu, jusqu’à ce moment, et qu'il pourra par la suite se procurer; c'est-à-dire la description et la représentation de l'oiseau au sortir de l'œuf, en tant qu'il en sort couvert de plumes ou de duvet, et en état de se soutenir ou de marcher; ce qui est le cas de presque tous les oiseaux, à l'exception des Passereaux et des Pigcons. Nous applaudissons d'autant plus à cette entreprise, qui ne peut manquer d'avoir l’assentiment de tous les or- nithologistes, qu'elle vient combier un vide regrettable qui existait depuis trop longtemps. Le travail est ingrat, sans doute, mais tant d'enseignements en doivent sortir, ainsi que le dit judicieusement l’auteur, que nous ne saurions trop l’encourager, assuré qu’il est de trouver, dans le succès, la récompense d’un véritable service rendu. Déjà, dans ce genre et à ce point de vue, quelques planches isolées s'étaient fait jour, tant dans les Procee- dings de la Société zoologique de Eondres que dans le recueil lbs, poursuivi avec tant d'éclat par M. Sclater. M. Vian, de Paris, lui-même, nous a dernièrement donné la figure du Poussin de la Barge Térek, Limosa cinerea {Degland), qu'il a réussi à parfaitement identifier avec la Terekia guttifera de Nordmann (1). M. Marchand, à son (4, Outre ces publications, il couvient d'ajouter que des travaux TRAVAUX INÉDITS. . 254 tour, non plus au hasard, mais d’une manière suivie ct en corps d'ouvrage, se propose de nous faire passer sous les yeux toute l'intéressante série des nombreux exem- plaires de ces tout jeunes âges qu'il possède. Ainsi donc, désormais, on pourra dire que l’ornitholo- gie est, de tous les embranchements de la zoologie, le plus complet et, chose rare, qui ne laisse rien à désirer. Méthodes de toutes sortes; descriptions des différents âges de chaque espèce; descriptions de l'oiseau à sa sor- tie de l'œuf; descriptions des œufs; descriptions des nids; rien n’y manquera. Nous nous trompons : nous attendons encore, et ñon sans une vive impatience, un autre grand travail intermé- diaire entre ce qui concerne l’œuf er lui-même, tel que nous le considérons, et ce qui concerne le Poussin, tel que l’envisage M. Marchand. Nous voulons parler de l'étude qu'a conçue, d’après ce quil nous annonçait à nous-même, il y a deux ans, en repartant pour les États-Unis, le si remarquable savant Agassiz, sur l’oiseau dans l’œuf, mais tout formé et à la veille de son éclosion. Ce serait alors le complément, le couronne- ment de l'édifice élevé à notre belle science ornitholo- gique, Personnellement même, nous pouvons ajouter que nous ne désespérons pas de voir l'œuvre de M. Marchand ve- nir en aide aux principes que nous avons posés sur loologie en en jetant les bases. Il ressortira, sans aucun doute, de l'étude du Poussin, que nous avons observé aussi depuis iongtemps, la confirmation, pour les plus in- crédules, s’il en existe encore, de nos propositions sur l'indispensable nécessité de nos six formes typiques et analogues ont été aussi entrepris par M. de Baracé, membre de la So- ciété d'histoire natureile &’Angers. J'ai vu encore quelque chose d’a- nalogue au muséc de Pise; car là on trouve exposés à l'étude, pour chaque espèce autant que possible, l'œuf, le jeune et l'adulte. G. M. 252 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1863.) primordiales de l'œuf pour chacune des espèces généri- ques qui en doivent éclore. Les deux premières planches que fait paraitre M. Mar- chand, dessinées si correctement par lui-même, suffisent et de reste à rassurer les ornithologistes sur l’exacte et parfaite exécution de celles qui doivent suivre et se suc- céder, nous l’espérons, rapidement et sans de trop longs intervalles. MOLLUSQUES NOUVEAUX, litigieux ou peu connus, par M. J. R. BourGuiIGnat. (Suite. — Voir page 100, mars 1863.) $ 16. — Herix BERYTENSIS. Sous l’appellation d'Helix Berytensis, les auteurs ont confondu diverses espèces, qu'il est utile, nous le croyons, de distinguer dorénavant. La synonymie de cette coquille est difficile à établir. Nous pensons cependant qu'il est convenable de l’indi- quer de la manière suivante : Helix (Helicella) Berytensis, Férussac, prod., p.43, n° 260, 1821. Helix Berytensis, L. Pfeiffer, Symb. ad Hist. Hel. viv., I, p. 39, 1841. Eugi — (1) L. Pfeiffer, Monogr. Hel. viv., I, p. 138, 1847, t. III, p. 120, 1853, ct t. IV, p. 120, 1859. sise = Bourguignat, Cat. rais. Moil. terr. fluv Orient., p. 23, 1853. (4) A l'exclusion de la synonymie suivante « Helix granulata de Roth, » TRAVAUX INÉDITS. 253 Helix Berytensis (pars), Alousson, Coq. terr. fluv., Bel- lardi, en Orient, p. 42, 1854, et Coq. terr. fluv. Roth en Palestine, p. 9, 1861. D’après Férussac, le créateur de l'espèce, voici les ca- ractères de la Berytensis: Testa umbilicata, globoso-depressa, teuui, subtranspellucida, non nitente, luteo-fulvicante, striatula, ad suturam præsertim grosse striata, ac undique minutissime granulata ; — spiràa convexo-conoi- dali, obtusissima; — apice minuto, niteute, striatulo, non granu- loso ; —— anfractibus 6 planiusculis vel vix couvexiusculis, sat cele- riter crescentibus, sutura parum impressa separatis;, — ultimo magno, obsolete subangüalato, ad apertâram descendente ; —apertura obliqua, lunato-rotundata, intus leviter albido -subrosacea ; — peri- stomate simplice, acuto, intus profunde albido vel albo-rosaceo la- biato; — margiue dextro recto; margine basali leviter expanso; — margine columellari late reflexo ; margivibus leviter conniventibus tenui callo diaphano jurctis. Coquille globuleuse-déprimée, mince, un peu transpa- rente, d’un fauve jaunâtre terne, et pourvue d’un ombilic laissant apercevoir, malgré son peu de largeur, l'extrémité intérieure de la spire. Test sillonné de stries, surtout vers la suture, où elles sont beaucoup plus fortes, plus gros- sières, et orné de tous côtés d’une infinité de petites gra- pulations microscopiques, serrées, et non symétriques. Ces petites granulations, qui quelquefois tendent à disparaître ou tout au moins à s'atténuer sous le frottement, sont les rudiments de petites lamelles pililormes épidermiques, très- caduques, et d'une extrème exiguité. Spire convexe, un peu conique, très-obtuse, à sommet petit, brillant, strié et non granulé. Six tours presque plans ou faiblement convexes, à croissance assez rapide et séparés par une suture peu profonde. Dernier tour grand, légèrement subanguleux vers sa partie médiane et offrant vers l’ou- verture une direction descendante assez brusque et passa- blement prononcée. 25% REV. ET MAS: DE ZOOLOGIE. (Juillet 1863.) Ouverture oblique, échancrée, arrondie, à péristome simple, droit et profondément bordé, à l'intérieur, d'un bourrelet blanchätre ou d'un blanc rosacé. Bord dextre droit. Bord basal lévèrement évasé. Bord columellaire ré- fléchi. Bords marginaux converseant un peu l’un vers l'autre et réunis par une callosité transparente d’une ex- trème ténuité. Hauteur eut ah 19-12 millim. Diimétreél MAILS. DAS, IR 16-20 — L'Helix Berytensis offre quelques variétés de forme de peu d'importance. Ses principales variétés sont : Var. B conica. — Coquille à spire plus élancée, plus coniaque.—Cette variété se trouve représentée pl. xvix, f. 11 et 2, dans la seconde édition du « Ccnchylien cabinet von Martini und Chemnitz. » (Gattung Helix, par L. Pfeiffer.) Var. © leucozona. — Coquille dont ie dernier tour subanguleux est orné d’une obscure zonule d’une teinte pèle qui finit par disparaître vers l'ouverture. Var. Dsubgranulata. — Coquille à granulations à peine sensibles même à la loupe. Etc... Habite en Syrie, aux environs de Beyrouth, notamment sous les débris de roches très-humides (de Sauley, Ray- mond); — de Sayda (Roth, Gaillardot) ; — le mont Car- mel (l'abbé Bargès); — le mont Liban (Bellardi, d'après Mousson) ? De L'HELIX RACHIODIA. Sous cette nouvelle appellation nous comprenons l’He- lix granulata (1) de Roth, que tous les conchyliolosues ont à tort confondue avec l'Helix Berytensis. (1) Non Helix granulata, Quoy et Gaymard, Astrob.1r, p. 05, t. VI, f. 6-9, 1822, qui est une espèce de la Nouvelle-Guinée, — Nec Helix grauulata, Alder, Mag. zool. and Bot., 11, p. 107, qui est une autre espèce. — Nec Helix granulosa, Deshayes, in Férussac, Hist. Moll., 1, p.61, n° 80, pl. Lxix, f. 7-10, qui est une espèce de Madagascar, TRAVAUX INÉDITS. 255 Cette Helix granulata, que nous ne connaissons mal- heureusement que par la figure (1) et la description qu'en a données Roth dans ses « Moiluscorum species, » en 1839 (p. 16, pl. 1, F. 3 et 19), est évidemment une espèce à part et très-distincte de la vraie Berytensis. D'après Roth, cette espèce peut être ainsi caractérisée : Testa anguste umbilicata, globosa, luteo-viridula, irregulariter plicata, ac undique elegantissime granulato-decussata; — spira convexa; — anfractibus 5 (prioribus planiusculis, posterioribus convexiusculis), sat celeriter crescentibus, sutura (in prioribus li- ncari, in ultimo parum impressa) separatis; — ultimo magno, glo- boso, rotundato; — apertura lunato-rotundata; peristomate sim- plice, acuto; margine coiumellari reflexo. Comme on le voit par cette diagnose, cette espèce spé- ciale à l'Asie Miveure, où elle a été récoitée par Roth, à Cacamo, en Carie, se distingue nettement de la Bery- tensis par son ombilic très-étroit; — par sa forme plus globuleuse et non déprimée; — par sa coloration d'un jaune verdâtre; — par son dernier tour plus ventru, plus globuleux ; surtout par son épiderme orné de granulations allongées, saillantes, espacées en rangées symétriques, et non petites, peu prononcées, visibles seulement à la loupe, très-rapprochées entre elles sans ordre bien défini, comme celles que l’on remarque sur le test de la Bery- tensis. En résumé, les espèces confondues sous le nom vul- gaire de Berytensis doivent appartenir aux trois espèces suivantes : 1° Helix Berytensis (F'érussac). 20 Helix rachiodia (Bourguignat. — Helix granulata de Roth.— Espèce de Carie). 3° Helix Fourousi, dont nous donnons la description au paragraphe suivant. (1) L’échantiilon figuré n'est pas tout à fait adulte. 256 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1863.) $ 17. — Hezix Fourousi. Testa angustissime umbilicata, globoso-depressa, sat solida, paulu- lum subtranslucida, non nitente, luteo-viridescente, irregulariter substriatula, ad suturam plicato-striolata, ac undique elegantissime granulato-decussata; — spira convexo-coniea, obtusissima ; apice minuto, striatulo, non granulato; — anfractibus 6 planiuseulis, sat celeriter crescentibus, sutura parum impressa separatis ; — ul- timo magno, rotundato, ad aperturam descendente ; — apertura obliqua, lunato, ovato-rotundata, intus albida ; — peristomate recto, acuto, intus albido-labiato ; margine columellari reflexo ; marginibus tenui diaphanoque callo junctis. Coquille globuleuse-déprimée, peu fragile, bien qu'as- sez mince et un peu transparente. Perforation ombilicale très-étroite, permeitant, maloré son exiguilé, d’aperce- voir le sommet intérieur de la spire. Test peu strié, si ce n'est vers la suture, où se trouvent des plis irréguliers et saillants. — Épiderme d’une couleur uniforme d’un jaune verdâtre sans éclat, et surchargé de tous côtés de granu- lations allongées, proéminentes, symétriquement espacées en lignes inverses de la direction des stries. Spire con- vexe-conoïde, très-obtuse, à sommet petit, strié, non gra- nulé. — Six tours presque plans, à croissance assez ra- pide et séparés par une suture presque linéaire entre les premiers tours, et peu profonde entre le dernier et l’a- vant-dernier tour. — Dernier tour proportionnellement srand, arrondi, offrant vers l'ouverture une déflexion descendante courte et assez brusque. Ouverture oblique, échancrée, ovale-arrondie, intérieu- rement blanchâtre, à péristome simple, droit, épaissi à l'intérieur par un bourrelet blanchâtre assez prononcé. Bord columeilaire réfléchi. Bords marginaux réunis par ] une callosité transparente d’une extrême délicatesse. HAUteUR ERA EEE 42 millim. DAMES TOR RP PA 17 — Cette Hélice a été récoltée dans les environs de Bey- TRAVAUX INÉDITS. 257 routh par M. Fourous, un des gendarmes du corps de l'expédition de Syrie, en 1860. Cette espèce, confondue avec la Berytensis, soupçonnée par Mousson, de Zurich {in Coq. terr. fluv. Roth en Pa- lestine, p. 9, 1861) ({), se distingue : 1° De la Berytensis par son test plus solide, plus co- nique; par son ombilic bien plus étroit; par son ouver- ture plus oblique, surtout par son épiderme tout diffé- reniment granulé. Les granulations de la Fourousi, en effet, sont saillantes, allongées, placées en lignes symétri- ques très-espacées, et se dirigeant en sens inverse des stria- tions du test. — Chez la Berytensis, au contraire, les gra- nulations sont excessivement petites, exiguës, placées les unes contre les autres sans ordre bisn déterminé et sans symétrie. 2° De la rachiodia (granulata de Roth, 1839, non gra- nulata de Quoy et Gaimard, 1832; Alder, 4837, ete.): par son test moins globuleux ; par son dernier tour plus grand, plus dilaté ; par son ouverture plus allongée dans le sens de la largeur ; par sa perforation ombilicale un peu moins étroite; enfin par ses granulations épidermiques plus symétriquement disposées. $ 18. — HErIx ArrouxI. Testa parvula, aperte umbilicata, depressa, sat fragili, subpellu- cida, tenuiter striatula, fulvo-castanea, ac undique fasciis albidis dispositis, sicut maculis in pelle serpeantium, adornata ; spira parum convexa;apice prominente, nitido, striatulo, nigrescente:—anfractibus 5 172 convexiusculis, regulariter crescentibus, sutura impressa se- paratis; ultimo obscure subangulato, supra parum convexo, subtus valde convexo, autice non descendente; — apertura obliqua, luuato- oblonga; peristomate simplice, recto, acuto; margine columellari vix expausiusculo. (1) « Les échantillons des environs de Tiberias, où cette espèce ne paraît pas rare, appartiennent à la variété granulala. La surface est couverte d’une chagrinure bien nette et prononcée, formée de petits grains allongés, distinctement séparés. » Mousson.) 258 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1863.) Coquille de petite taille, déprimée, assez fragile, trans- parente, finement et régulièrement striolée, et pourvue d'une perforation ombilicale assez ouverte pour laisser voir l'enroulement intérieur de la spire. Test d’un fauve marron, maculé de taches blanchâires irrégulières, imi- tant au dernier point les marbrures d’une peau de ser- pent. Spire peu convexe, à sommet proéminent, brillant, striolé et d’une teinte noirâtre plus ou moins prononcée. Cinq tours et demi, peu convexes, à croissance réoulière, et séparés par une suture très-marquée. Dernier tour un peu subanguleux à sa partie médiane, peu convexe en dessus, bombé en dessous, rectilisne en avant, c’est-à- dire n’offrant pas, vers l'ouverture, de direction descen- dante. Ouverture oblique, oblongue, échancrée, à péristome simple, droit et aigu. Bord columellaire légèrement évasé. AUTOUR EL E ON TnUTS 3 millim. Diametre ee SENS 6 — Cette Hélice, que nous dédions à M. Arroux, maréchal des logis, lors de l'expédition de Svrie, en 1869, a été re- cueillie sous les pierres, sous les feuilles mortes, dans les endroits un peu humides, proche de la rivière de Bey- routh, à 5 ou 6 kilomètres de son embouchure. $ 19. — Hézix COLLINIANA. Testa aperte pervio-subdepressa, globulosa, solidula, subpellucida, cornea, obscure zonula pallidiore cingulata, tenuiter striata ae pau- Julum sub lente crispulata ; —spira convexo conoidali; — apice mi- nuto, levigato; — aufrachbus 6 convexiuseulis, reguiariter cres- ceptibus, sutura impressa separatis; ultimo exacte rotundato, ad aperturam descendente ; — apertura obliqua, vix lunata, retuadata ; peristomate simplice, acuto, intus maxime albido-labiato ; margine basali paululum expanso; margine collumellari reflexo; marginibus approximatis, tenui callo albido diaphanoque junetis. Coquille giobuleuse, déprimée, solide bien que trans- TRAVAUX INÉDITS. 259 parente, d'une teinte cornée plus ou moins foncée et en- tourée d’une zonule peu marquée, d'une nuance pius pâle, lésèrement blanchâtre, et pourvue d’un large ombilic en forme d’entonnoir, laissant voir l’enroulement intérieur de la spire. Test élégamment sillonné de stries fines qui, vues à la loupe, paraissent un peu irrégulières et comme crispées et faiblement martelées. Spire conoïde, à sommet petit et lisse. Six tours peu convexes, à croissance régu- lière, un peu lente, et séparés les uns des autres par une suture très-prononcée. Dernier tour peu dilaté, parfaite- ment arrondi et offrant vers louverture une direction descendante. Ouverture oblique, à peine échancrée, bien ronde, à péristome simple et droit, intérieurement épaissi par un fort bourreiet blanchâtre. Bord basal faiblement évasé. Bord columellaire réfléchi. Pords marginaux convergeais, très-rapprochés et réunis par une callosité transparente, blanchâtre, d'une grande délicatesse. 13 ARE dde de tee RL LES 9 millim. ID ADN AIRES ME HORS ER a Nue Cette espèce, que nous dédions à M. Jonas Coilin, de Copenhague, habite en Suède, dans les Alpes scandi- naves. L'Helix Colliniana est voisine de l’Helix strigella (Dra- parnaud, Tabl. Moll. France, p. 84, 4801, et Hist. Moll., p. 8%, pl. vis, F. 1-2 et 49, 1805), mais elle en diffère essentiellement par son ombilic bien plus ouvert, bier plus dilaté et fait en forme d’entonnoir; par son ouver- ture plus petite, à peine échancrée ; par ses bords mar- ginaux plus rapprochés: enfin surtout par ses tours de spire plus délicatement arrondis, et dont la croissance est plus lente, plus régulière que telle de la strigella, etc. $ 20. — Pura RAyMonDI. Testa minuta, perforata, clongato-cylindrica, fulvo-cornea, ciegas- ; à M ; ë 260 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1863.) tissime lamellicostata; costis obliquis albidisque in ciliis elongatis : — spira obtusissima; apice pallidiore, levigato; — anfractibus 7 convexiusculis, lente crescentibus, sutura impressa separatis; prio- ribus ad cilia costarum subangulatis ; alteris convexiusculis; ultimo demum ad aperturam ascendente; — apertura leviter obliqua, lu- nato-oblonga, intus albidula ac quadrilamellata : lamella una, maxi- ma, stricta, elata, intrante, in pariete aperturali; — ac tribus minu- tis, elongatis in columella ; — peristomate undique expansiusculo: intus eviter albido-labiato; marginibus callo albo crassoque Juncuis. Coquille de faible taille, perforée, cylindrique, d'une teinte fauve cornée et élégamment ornée de petites la- melles épidermiques, obliques, saillantes, blanchâtres, symétriques, se prolongeant vers la partie supérieure des tours en une pointe roide, aiguë, allongée et ascendante. Ces lamelles épidermiques, très-rapprochées les unes des autres sur les tours supérieurs, s’espacent graduellement, de plus en plus au furet à mesure qu’elles se rapprochent de l'ouverture. Spire excessivement obtuse, à sommet lisse et d’une nuance plus pâle. Sept tours assez convexes, à croissance lente, régulière, et séparés par une suture très- prononcée. Les premiers tours sont subanguleux, comme carénés, là où les lamelles épidermiques se prolongent en forme de dard aigu. — La carène disparait sur le qua- trième tour. — Enfin le dernier tour, arrondi, un peu oblongs, offre vers l'ouverture une direction ascendante très-marquée. ‘ Ouverture peu oblique, oblongue, échancrée, intérieu- ement blanchâtre et pourvue de quatre lamelles. La première lamelle, forte, comprimée, élevée, est située sur la convexité de l’avant-dernier tour, dont elle suit le con- tour. Les trois autres sont petites, très-allongées et pla- cées à la partie supérieure de la columelle. Péristome légèrement évasé de tous côtés, et pourvu, à l'intérieur, d’un faible épaississement blanchätre. Bords marginaux réunis par une callosité épaisse et de même teinte que celle du péristome. TRAVAUX INÉDITS. 261 AU LEUT EP PEER ETS 2 172 millim. DAME 0 CERN Te 1172 — Sous les feuilles mortes, sous les pierres, dans un bois de chênes verts situé sur une montagne dont la base plonse dans la rivière de Beyrouth, à 6 kilomètres de son embouchure. Cette magnifique espèce, une des plus intéressantes du genre Pupa, à été recueillie par M. Léon Raymond, ca- pitaine de gendarmerie, prévôt de l'expédition de Syrie en 1860. ÉcHINIDES NOUVEAUX ou peu connus, par M. G. CoTrEau. LG. Pozycypaus Jauberti, Cotteau, 1863, Haut., 10 mill.; diam., 15 miil. Espèce de petite taille, sub-circulaire, renflée et sub- conique en dessus, presque plane en dessous. Zones po- rifères légèrement déprimées, formées de pores rangés par triples paires obliques très-rapprochées et séparées entre elles par de petits renflements granuliformes. Aires ambulacraires garnies de deux rangées de petits tubercules imperforés, non crénelés, serrés, homogènes, placés sur le bord des zones porifères, augmentant un peu de volume à la face inférieure, au nombre de vingt-deux à vingt-trois par série. Entre ces deux rangées, mais seulement en dessous de l’ambitus se montrent quelques tubercules iso- lès. Dans toute la longueur de i’ambulacre l’espace inter- médiaire est assez large et occupé par des granules très- fins, épars, d'autant plus abondants qu'ils se rapprochent de l’ambitus. Les plaques porifères sont étroites, inégales, irrégulières, à suture apparente et se réunissent trois par trois pour former les plaques plus larges qui supportent 962 REV. ET MAG. DE Z00LOGIE. (Juillet 1863.) les tubercules. Aires interambulacraires pourvues de petits tubercules à peu près identiques à ceux qui remplissent les ambualacres, mais plus espacés et disposés sans ordre. C'est à peine si deux rangées plus régulières que les au- tres, sans être plus développées, s'élèvent jusqu’au sommet. Les plaques coronales sont assez larges; elles contiennent, suivant la place qu’elles occupent sur le test, un, deux, trois ou quatre tubercules. Granules intermédiaires fins, espacés, homogènes, formant le plus souvent des cercles assez réguliers autour des tubercules. Péristome grand, sub-décagonal, rentrant. Appareil apicial étroit à en jager par l’empreinte qu'il a laissée. Rapports et différences.— Cette espèce se distingue très- nettement de ses congénères par sa forme sub-conique, ses tubercules serrés, homogènes, formant deux rangées parfaitement régulières sur le bord des zones porifères, ses tubercules interambulacraires éspacés et disposés sans ordre, les granules fins et abondants qui les accompa- gnent. Loc.—Valauris (Var). Très-rare. Étage bathonien. Coll. Jaubert (exempl. unique). Expi. des fig. — PI. XE, fig. 14, Polycyphus Jauberti, de ia coll. de M. Jaubert, vu de côté; fig. 45, face supér. ; fis. 16, plaques ambulacraires grossies: g.17, plaques in - terambul. grossies. 47. PozycyPaus Varusensis, Cotteau, 1863. Haut., 4 mill.; diam., 20 mill. Espéce de taille assez grande, sub-circulaire, haute, renflée, sub-hémisphérique en dessus, presque plane en dessous. Zones porifères larges, à peine déprimées, for- mées de pores rangés par triples paires légèrement obli- ques et se multipliant près du péristome. De véritables granules inégaux, quelquefois mamelonnés, se montrent daus les zones porifères entre chaque série de triples TRAVAUX INÉDITS. 263 paires ; les pores sont, en outre, séparés par de petits ren- flements granuliformes. Aires ambulacraires garnies de quatre à six rangées de petits tubercules imperforés, non crénelés, visiblement mamelonnés, augmentant un peu de volume à Ja face inférieure; les deux rangées externes, plus apparentes et plus régulières que les autres, sont pla- cées sur le bord des zones porifères et s'élèvent seules jusqu’au sommet. Granules intermédiaires abondants, inégaux, épars. Aires inlerambulacraires pourvues de tu- bereules identiques à ceux quiremplissent les ambulacres, formant dix à douze rangées irrégulières.Sur chacune des aires deux rangées un peu plus développées occupent lé milieu des plaques et persistent jusqu'au sommet. Ces tu- bercules sont accompagnés de granules abondants, iné- gaux,pareils à ceux des ambulacres, disposés quelquefois en cercle autour des tubercules. Plaques coronales lon- gues, étroites, renfermant vers l’ambitus une ou deux séries horizontales de tubercules. Péristome grand, sub- äécagonal, rentrant, marqué de faibles entaiiles. Appa- reil apicial étroit, granuleux, sub-circulaire. Rapports et différences. — Cette espèce est voisine du Polycyphus Normannus qu'on rencontre dans la grande oolithe de Luc et de Langoune; elle mous à paru s’en dis- tinguer par sa taille plus forte, ses tubercules ambula- craires et intérambulacraires plus inégaux et entourés de granules plus nombreux. Sa taille le rapproche peut-être davantage du Polycyphus textilis, Agassiz, de l’étage cal- lovien de la Sarthe; mais cette dernière espèce présente beaucoup plus de révularité dans la disposition horizon- tale et verticale de ses tubercules, et son péristome moins enfoncé est marqué d’entailles beaucoup plus pronon- cées. Loc. — Le Puget (Var). Rare. Étage bathonien. Coll. Jaubert. Expl. des fig. — PI, XUE, fig. {, Polycyphus Varusensis, de la coll. de M. Jaubert, vu de côté; fig. 2, plaques am- 264 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1863.) bulacraires grossies; fig. 3, plaques interambulacraires grossies. k8. ACROSALENIA pseudo-decorata, Cotteau, 1863. Haut., 6 mill.; diam., 143 mill. Espèce de petite taille, sensiblement pentagonale, ren- flée en dessus, très-fortement concave en dessous. Zones porifères droites, formées de pores arrondis, séparés par un petit renflement granuliforme déviant un peu de la ligne droite près du péristome. Aires ambulacraires ren- flées, étroites, garnies de deux rangées de tubercules, au nombre de dix-huit à vingt par série. Ces tubercules, très- petits et cependant parfaitement distincts, sont crénelés, perforés et placés sur le bord des zones porifères; ils auegmentent un peu de volume dans la région infra-mar- ginale. L'espace intermédiaire est rempli par des granules abondants, inégaux, épars. Aires interambulacraires larges, non déprimées au milieu, pourvues de deux ran- gées de tubercuies crénelés et perforés, au nombre de dix à onze par série; très-oros et profondément serobiculés au-dessus de l’ambitus, ces tubercules diminuent assez brusquement de volume aux approches du sommet et de la bouche. Tubercules secondaires presque nuls, très- petits et cependant crénelés et perforés, apparents seule- ment à la face inférieure, où ils forment, de chaque côté des aires interambulacraires, sur le bord externe des sero- bicules, deux rangées très-irrégulières qui se confondent facilement avec les granules qui les accompagnent. Zone miliaire nue sur le sommet, garnie à l'ambitus et à la face inférieure de granules serrés, inégaux, souvent mamelon- nés. Péristome grand, sub-décagonal, fortement enfoncé, merqué d'entailles profondes et relevées sur les bords. Périprocte allongé, sub-elliptique, très-excentrique en arrière. Appareil apicial largement développé, irréguliè- rement pentagonal, saillant, couvert de petits granules espacés el scrobiculés; les quatre plaques génitales paires SOCIÉTÉS SAVANTES. 265 sont allongées, anguleuses ; la plaque impaire est réduite à une bande étroite qui borde l'extrémité postérieure du périprocte ; les plaques ocellaires sont relativement assez grandes et paraissent aboutir directement sur les plaques complémentaires, à l'exceplion de la plaque antérieure qui est intercalée entre deux plaques génitales; plaques complémentaires assez grandes, presque égales aux pla- ques génitales, au nombre de trois. Radioles inconnus. (La suite au prochain numéro.) Il. SOCIÉTÉS SAVANTES. ACADÉMIE DES SCIENCES. Séance du 29 juin. — M. Desnoyers lit une Réponse à des objections failes au sujet de siries et d’incisions constatées sur des ossements de mammifères fossiles des environs de Chartres. M. le général Morin présente à l'Académie, de la part de M. le D: Vinson, un ouvrage intitulé, Des Aranéides des îles dela Réunion, de Maurice et de Madagascar. L'ouvrage est orné de quatorze planches d’une très- belle exécution, dessinées et coloriées par M. le D° Vin- son. M. Blanchard présente, au nom de M. Alphonse #ilne- Edwards, une note intitulée : Sur la distribution gévlo- gique des Oiseaux fossiles et description de quelques espèces nouvelles. « On sait depuis longtemps que les couches miocènes du département de l'Allier renferment beaucoup de dé- bris d'Oiseaux, Cuvier et Étienne Geoffroy en avaient possédé qnelques-uns; plus récemment, l'abbé Croizet, Bravard, MM. Pomel, Poirrier, Jourdan, doyen de la faculté des sciences de Lyon, en ont recueilli un grand nombre se rapportant évidemment à plusieurs espèces 2° série. T. XV. Année 1863. 18 9266 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. { Juillet 1863.) différentes; mais jusqu’à présent aucun naturaliste ne les a comparés à nos types vivants et n’a cherché la place qu'ils devaient occuper dans la série ornithologique. Cependant M. P. Gervais a fait connaître, de ces mêmes terrains, une espèce du genre Flamant, le Phœnicopterus Croizeti, et un Aigle où Pandion. « J'ai pu réunir de nombreux ossements d'Oiseaux des couches tertiaires moyennes de la Limagne et du Bour- bonnais, MM. Lartet et Poirrier ont généreusement mis à ma disposition les pièces qu'ils avaient recueillies eux- mêmes, et à l’aide de ces matériaux il m'a été possible de distinguer douze espèces nettement caractérisées et com- plétement nouvelles. La plupart des ordres s'y trouvent représentés ; en effet, on y remarque des Oiseaux de proie diurnes et nocturnes, des Échassiers et des Palmi- pèdes. « Parmi ces fossiles, quelques-uns présentent un grand intérêt zoologique en ce qu'ils ne peuvent se rapporter à aucun genre actuel et qu'ils doivent former an groupe à part à côté de la famille des Phœnicopteridæ représentée aujourd'hui par le genre Fiamant, qui, par l’étrangeté de ses formes, semble déclassé dans la nature actuelle, et qui existait déjà à l'époque tertiaire moyenne, mais alors se rattachait aux autres Échassiers par ce type particulier pour lequel je propose de former le genre Palælodus (de Tañælos, ANCIEN, €t sAwdy:, habitant des marais). Les différentes espèces qui le composent paraissent avoir été très abondantes à l'époque miocène: on en rencontre de nombreux débris, non-seulement dans les divers bassins tertiaires moyens d'Auvergne, mais aussi aux environs de Mayence, à Weissenau. & Par la conformation des os des pattes, les Palælodus s’éloignent beaucoup des Flamants et se rapprochent au contraire, jusqu'à un certain point, de certains Échas- siers longirostres, et surlout des Bécasses. Mais, d'autre part, la disposition des phalanges, des os de l'aile, de SOCIÉTÉS SAVANTES. 267 l'épaule, etc., tend à les faire ranger à côté des Phénico- ptèces. Le sternum tient à la fois de l’un et de l’autre de ces groupes. La forme remarquablement comprimée du tarso-métatarsien l’éloigne de tous les Échassiers vivants. . Elle ne se retrouve, poussée au loin, que chez les Co- iymbus et les Podiceps, dont ils s'éloignent d’ailleurs par toutes les autres particularités de leur organisation. Cette analogie de forme téndrait à faire penser que les Palæ- lodus devaient former parmi les Échassiers un Lype pal- mipède beaucoup meilleur nageur que les Flamants. D'autre part, les profondes dépressions que l’on remarque sur le tibia, à la partie inférieure de l'articulation tibrio- tarsienne, et qui sont destinées à loger, dans l'extension, les saillies correspondantes du métatarse, annoncent que ces Oiseaux pouvaient avec la plus grande facilité se tenir immobiles sur une patte. M. P. Gervais, qui avait eu entre les mains un certain nombre d'os de l’une des espèces de ce genre et dont il a figuré un os de la paite (Zool. et Paléont. frane., pl. 51, fig. 9), avait reconau les différences que ce fossile présente avec les divers types vivants qu'il avait pris comme termes de compa- raison. « Jai été à même d'étudier le squelette presque entier de lun de ces Oiseaux, et c’est ainsi que j'ai pu arriver à cette conclusion que rien dans ia nature actuelle ne pouvait leur être assimilé, et qu'ils devaient prendre piace auprès du groupe des Phénicopières. Je suis heureux d'annoncer que M. Blanchard, qui, de son côté, avait examiné quelques fragments du même geure provenant de Weissenau, était parvenu à peu de chose près au même résultat. « L'espèce la plus eccmmune, à laquelle je propose de donner le nom de Palælodus ambiquns, nour indiquer ses ciractères de transilion, devait être de la taille du Héron cendré ou de la Spatule blanche, avec des formes plus grèles et plus élancées. 268 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1862. « Le Palælodus crassipes, d'un quart plus grand, était surtout plus robuste. « Le Palælodus gracilipes était plus petit que le P. am- biguus, et surlout beaucoup plus grêle; sa patte très-com- primée rappelle jusqu'à un certain point celle des Plon- geons, dont elle diffère d’ailleurs par ses autres carac- tères. « Ces deux dernières espèces sont beaucoup plus rares que le P. ambiquus. Comme représentant de l'ordre des Echassiers, je puis encore citer un Chevalier, trouvé dans les mêmes localités, à peu près de la taille du Chevalier à pieds rouges; je propose de le désigner sous le nom de Totanus Lartelianus. Parmi les Palmipèdes, les groupes des Longipennes, des Lamellirostres et des Totipalmes se trouvent représentés dans les couches miocènes de la Limagne. «Le Canard que je propose d'appeler Anas Blan- chardi, en le dédiant au savant professeur d'entomologie du muséum, est assez commun dans les terrains qui nous occupent. J'ai eu entre les mains la plus grande partie des os de son squelette; il était, à peu de chose près, de la taille du Pilet (A. acuta), mais ses ailes étaient plus courtes. « Parmi les Longipennes, je citerai une Mouette, le La- rus Desnoycrsii ; par ses dimensions, cette espèce se rap- prochait de la Mouette rieuse. J'ai rencontré deux espèces de Totipalmes : un Pélican, le Pelecanus gracilis, et un Cormoran, le Graculus littoralis. « Le premier a été recueilli par M. Poirrier, à Labeur (commune de Vaumas); je l'ai déterminé d’après l’extré- mité supérieure d'un os métatarsien, qui présente de la manière la plus saisissante l’ensemble des caractères du genre qui nous occupe, c'est à-dire les mêmes trous et les mêmtcs rainures pour le passage des tendons de fléchis- seurs des doiots, la forme aussi bien que les dimensions extraordinaires du trou à air, etc. L'espèce que je fais SOCIÉTÉS SAVANTES. 269 connaître était plus petite que celles qui vivent aujour- d'hui ; elle était également plus grêle. « Le Graculus littoralis était plus élancé et d’une taille un peu inférieure à celle de notre Cormoran (G. carbo). Les Rapaces paraissent avoir été abondants à cette épo- que. En effet, je puis citer des mêmes localités une espèce du genre Aquila (l'A. prisca), trouvée par M. Poirrier, et trois espèces d'Oiseanx de nuit. L'une, qui fait partie du genre Bubo (Grand-Duc), m'a été également remise par M. Poirrier, qui l'avait recueillie à Saint-Giraud-le Puy; elle devait être d’un tiers plus petite que le Grand-Duc athénien. Je la désigne sous le nom de Bubo Poirrieri. La seconde, du même genre et trouvée dans la même loca- lité, était d'un quart plus petite que la précédente; je l'appelle Bubo arvernensis. Enfin la troisième (Strix an- tiqua) doit se ranger à côté des Chouettes; ses formes étaient grêles, et par ses dimensions elle se rapprochait de notre petit Scops. « En résumé, on voit que le nombre des espèces d'Oi- seaux qui jusqu'ici ont été rencontrées dans les couches miocènes du centre de la France est assez nombreux, et qu'elles doivent être ainsi réparties : « RAPACES DIURNES. — Deux espèces d'Aigles; l’une, décrite par M. Gervais et que je propose de nommer A. Gervaisii ; l’autre, dont je viens de parler sous le nom d'A. prisca. « RAPACES NOCTURNES. — Deux Grands-Ducs, Bubo Poir- rieri, B. arvernensis ; une Chouette, Strix antiqua. « ÉcHassiErs. — Un Chevalier, Totanus Lartelianus : un Flamant, Phœnicopterus Croizeti (Gervais); .trois Palælo- dus : P. ambiquus, crassipes et gracilipes. « PALMIPÈDES. — Un Canard, Anus Blanchardi; une Mouette, Larus Desnoyersi ; un Pélican, Pelecanus graci- lis; un Cormoran, Graculus litloralis. » M. fusson envoie une Nute sur Les alluvions de la vallée de lV'Engressin (arrondissement de Toul), à l'occasion de la 970 REV. ET MAG. DE Z0OLOGIE. (Juillet 1863.) mâchoire humaine découverte dans les terrains de transport de Moulin-Quignon. « En présentant à l’Académie la note et la collection de M. Husson, M. Élie de Beaumont fait observer que ce qui donne, pour l'étude des terrains de transport, un intérêt spécial à la vallée de l'Ingressin, c’est la diversité miné- ralogique des éléments, quartz, roches primitives et cal- caires, qui y caractérisent respectivement Jes alluvions anciennes des plateaux {dépôt erratique inférieur, diluvium scandinave), les alluvions anciennes de la vallée {dépôt er- ratique supérieur, diluvium alpin), et le post-diluvium (dé- pôts meubles sur des pentes). « M. Élie de Beaumont exprime en même temps le vœu que M. Chevreul veuille bien analyser la dent d'Éléphant -envoyée par M. Husson, comme il a promis déjà d'a- naiyser la mâchoire humaine exhumée au moulin-Qui- gnon. » M. le secrétaire perpétuel présente la lettre suivarte que -nous avons adressée à M. le président. « Chargé par S Exc. le ministre de l’agriculture, du commerce et des travaux publics de la propagation des nouveaux Vers à soie de l'ailante, du chêne, etc., et de l'étude de l'épidémie du Ver à soie ordinaire qui fait autant de mal à nos popuiations du Midi que la crise cotonnière à celles du nord, je viens de faire, dans une tournée, une espèce d'enquête d’où il résulle : « 1° Que les essais d'éducation des nouveaux Vers à soie vont toujours en progressant et promettent des résul- tats sérieux pour l'avenir: « 2 Et que des faits assez nombreux tendent à montrer que, dans un avenir plus ou moins prochain, nous pou- vons espérer de nous affranchir de la fâcheuse nécessité d'aller acheter à l’étrancer pour près de 10 millions de francs de graine du Ver à soie ordinaire. « En effet, j'ai pu visiter un assez grand nombre de points qui, soustraits, par leur altitude ou par quelque SOCIÉTÉS SAVANTES. 271 autre circonstance topographique, à l'épidémie générale, ont conservé le privilége de donner, depuis plusieurs années, de bonnes récoltes avec des graines de races lo- cales. « Comme il y a là un grand service à rendre à nos sé- riciculieurs en détresse, à une industrie agricole à la- quelle l’Acalémie des sciences a donné de nombreuses marques de sympathie, je crois qu'elle accucillera avec intérêt les indications suivantes, que je lui adresse d'ur- gence, car le temps pres-e si l’on veut en profiter. « J'ai vu chez M. Bloume, officier en retraite, et chez M. de Rochette, à Poisy, près d'Annecy, chez M®'e Bur- nod, à Annecy même, chez M Dessaix, à Thonon, des éducations de Vers à soie de races de pays qui conti- nuent, depuis cinq à six ans, de donner des résultats ma- snifiques sans montrer fa moindre trace de l'épidémie régnante, et dont les cocons pourraient donner d'exce!- lente graine pour la récolte prochaine. « En attendant que je signale ces faits avec plus de détail dans un prochain rapport à S. Exc. le ministre, je crois devoir les porter sommairement, et aujourd'hui même, à la connaissance de l'Académie et des agriculteurs pour qu’on ait le temps d'engager au plus tôt ces éducateurs à convertir toutes leurs récolies en graines car, si on nc leur retenait pas immédiatement cette production, ils se- raient forcés de livrer leurs cocons à la filature, ce qui ferait perdre une précieuse ressource. » Séance du 6 juillet. —M. Moreau lit un travait sur l'air de la vessie natatoire des poissons, dont il résulte que la proportion d'oxygène contenue dans la vessie natatoire de la Perche diminue jusqu’à zéro quand ce poisson est mis dans des conditions telles qu’il ne peut plus emprun- ter ce gaz au milieu ambiant. Séance dn 13 juillet. — M. Husson adresse quelques nouveaux ossements fossiles qui sont renvoyés à l'examen de M. Chevreul. 272 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1863.) Séance du 20 juillet. — Rien sur la zoologie. Séance du 27 juillet. — M. C. Davaine adresse un tra- vail de pathologie intilulé, Recherches sur les infusoires du sang dans la maladie connue sous lenom de sang-de-rate. IUT. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. Syxoxymia LaproitDeonuM indo-archipelagorum hucus- que obs.rvalorum revisa, adjeclis specierum novarum des- criptionibus, auctore Petro BLeëxer. — In-8° de 35 pages. Extr. des Overgedruft uit verslagen en Mededeelingen der konienkligke À kademie van Wrtenschappen afdecling natuur- kunde, deel XTIT. Amsterdam, 1862. L'auteur passe en revue les 125 espèces réparties dans ies genres qui composent ce groupe des Labroïdes; il en donne la synonymie et indique les diverses localités que chaque espèce habite. Ensuite, de la page 24 à la 35°, il donne des descrip- tions complètes, en latin, des espèces nouvelles qui n’ont été qu'indiquées dans le premier tableau. IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. M. le professeur pe Paiipr1, de Turin, nous adresse la lettre suivante : « Dans le numéro 6 de votre Revue, que je viens de re- cevoir, je trouve une note très-intéressante de M. Doùmet sur un nouveau genre de poissons de la Méditerranée ; mais je m'aperçois en même Lemps, à la simple vue de la planche, et mieux encore par ia description, qu'il s’agit ici du même genre décrit et figuré sous le nom de Navarchus par moi et mon ami Verany de Nice, dans une note insé- rée dans le vol. XVIII des Mémoires de l’Académie royale de Turin, 1857 (1). (1) Sopra alumi pesci nuovi o pocco noli del Mediterraneo, avec une planche. MÉLANGES ET NOUVELLES. 273 « Il paraît que le rare poisson auquel se rapporte ce genre cst très-délicat, très-facile à perdre quelque partie essentielle dans les mains des pêcheurs habitués à manier rudement leur proie. C’est ainsi que les deux filets jugu- laires dont parle M. Doùmet nous ont échappé ; j'en trouve maintenant des traces d'un seul, au milieu de quelques lambeaux de peau desséchée, dans l'échantillon du mu- séum de Turin. En revanche, d’autres caractères on! échappé à M. Doùmet : tels que ceux de la langue, des pores ou cryptes de la tête, des narines doubles comme chez les poissons en général, du sillon axillaire, etc., etc. Il faudra donc compléter la description de ce genre par la fnsion des deux diagnoses données par moi et M. Ve- rany, d'un côté, et par M. Doümet de l’autre. « Mais la divergence principale entre les deux diagnoses consiste dans la lisne latérale; c'est là que j'appelle l’at- tention toute particulière de M. Douümet, en le priant de vouloir bien soumettre son poisson à un nouvel examen. « L'échantillon du muséum de Turin laisse voir très- distinctement trois sillons longitudinaux dont le plus net et le plus complet est celui qui suit la ligne moyenne des deux côtés. C'est pour cela que nous avons appelé l'espèce Navarcus sulcatus. Maintenant il est difficile de choisir entre ces trois sillons la ligne latérale, vu la perte des écailles ; peut-être il s'agit ici d’un caractère vraiment ex- ceptionnel d'une lisne latérale triple. Si l'échantillon de M. Doûmet ne présente pas de traces des deux autres lignes, surtout de la moyenne, il faudra voir alors si on n'a pas affaire avec une nouvelle espèce du même genre. « Permettez-moi de faire, à cette occasion, un peu de réclame, et d'appeler l'attention des naturalistes sur un journal italien, Archivio di zoologia di anatomia comparata e di fisiologia, dont quatre livraisons ont paru. Ceux qui s'occupent de l’ichthyologie méditerranéenne y trouveront des matériaux précieux dans les nombreuses et belles mo- 274 REV. ET MAG. DE Z00LOGIE. (Juillet 1863.) nographies de M. Canestrini, professeur à l’université de Modène. » Récrologie. Le commandant Locne, l'un de nos plus savants colla- borateurs, zoolosiste véritable ct véritablement devoué à celte beile science, vient de mourir à Aïger. Celle mort, presque subite, d'un homme que tout le monde aimait et estimait, a été un véritable événement. La nouvelle de ce malheur a frappé de douleur tous ceux qui, Comme nous, avaient eu le bonheur de connaître Loche et de faire partie de ses nombreux amis, et elle aura un long retentissement parmi les hommes de science de tous les pays. La presse algérienne a reproduit les paroles sympa- thiques prononcées par M. Serph, président de la Société d'asriculture, sur la tombe de Loche, et M. Bordet, ré- dacteur de l'Akhbar, dans les numéros du 30 juin et du 3 juillet 1863 de ce journal, a retracé avec un grand ta- lent et une chaleur de conviction aussi honorable pour la mémoire de Loche que pour l'écrivain, les principaux traits de la belle vie de cet homme remarquable à tant de titres. Nous croyons que nos lecteurs nous sauront gré de reproduire ici quelques passages de ces notices : « Le commandant Loche (Victor), né à Mandres {Seine- et-Oise), en 1806, était entré comme simple soldat au #2° deligne, en 1826. Au bout de cinq ans et demi il gagnait ses épaulettes de sous-lieutenant, après une campagne glorieuse en 1831, lors de l'insurrection de Vendée, où il se signala par une bravoure éclatante. Ses anciens chefs se souviennent encore avec admiration de l’audacieux courage de l'intrépide sergent de voltiseurs dont le nom était dans toutes les bouches. Un jour, entreautres, avec un faible détachement, il bat et met en déroute une bande de chouans, et à lui seul fait prisonniers, son chef, Delau- nay, ef deux des siens. MÉLANGES ET NOUVELLES. . 975 « I fut nommé sous-lieutenant au 45e de ligne, et, pen- dant le reste de sa carrière, il partagea la fortune de cet héroïque régiment qui, dans toutes ses expéditions, en Afrique comme en Europe, se couvrit de tant de gloire que l’armée lui décerra en l'acclamantle surnom de Qua- trième zouaves. «Chevalier de la Lésion d'honneur en 1851, le 14 mars 1859, le capitaine Loche recevait le grade de chef de ba- taillon au 69°. Peu de temps après, en juin 4859, 1i obte- tenait sa retraite pour s’adonner entièrement à sa nobie passion pour les sciences naturelles. , « Honoré, comme l’a si heureusement rappelé M. le pré. sident de la Société impériale d'agriculture, de l'amitié de l'illustre et savant maréchal Vaillant, qui aimait à s'inti- tuler son « devoué camarade; » connu et estimé person- nellement du prince Napoléon, qui le protégeait, il n'eut avec ses chefs que les rapports les plus bienveillants où perçait l'estime particuiière que chacun faisait de sa science. « Pendant toute sa carrière militaire, le commandant Loche avait cherché à satisfaire la vivacité de ses goûts scientifiques. Infatigable voyageur, combinant les exi- gences du service avec son amour pour l’histoire natu- relle, consacrant ses veilles, ses économies, son patri- moine à ses études; correspondant avec les savants, échangeant avec eux ses animaux ou ses objets précieux, il se fit un nom dans la science. Ses collections, et sur- tout celle d’ornithologie, acquirent une prompte réputa- tion, et on ne sera pas étonné d'apprendre que celle qui ce trouve à l'exposition permanente est estimée plus de 30,000-francs. « Brave comme son épée, il était d’une bonté à toute épreuve, d’une bienveillance dont tous ceux qui l'ont ap- proché ont ressenti les effets. Aussi savant que modeste, ce qui est rare, il était, avec cela, d’un désintéressemen 276 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1863.) sans bornes. Nous n’en voulons pour preuve que la pro- digieuse quantité d'objets dont il a doté notre exposition permanente; le jardin zoologique, dont la plupart des añimaux ont été par lui donnés à la ville, et dont il rem- plissait gratuitement les fonctions de directeur. «Il aimait l’Aloérie, sa patrie d'adoption, qui avait exercé sur lui unirrésistibleatirait, et dont il avait fait l’ob- jet de ses études de prédilection: et, s’il rencontra parfois l'ingratitude, il eut au moins des amis sincères qui surent toujours l’apprécier ; il trouva dans la science et l'amour Ge sa famille des consolations. « M. Loche eut le singulier bonheur de rencontrer dans la compagne de sa vie, de l'épouse la plus dévouée, en même temps la personne la plus capable de le com- prendre et de l'aider. Se mettant au courant des études de son mari, et douée d'une merveilleuse aptitude, ma- dame Loche arrivait en peu de temps à la science comme lui. Se peut-il une plus grande joie pour un savant que celle de sentir, dans la compagne desbonset des mauvaisjours, en même temps l'intelligence qui suit tous les travaux, les comprend, les discute, les admire, les aide et les dirige au besoin ; la communauté perpétuelle de pensée à chaque minute de l'existence; on peut dire : n'est-ce pas vivre doublement? » Une éclatante justice a été rendue à la mémoire de Loche. Sa veuve, femme dévouée, qui était devenue sa- vante pour partager la vie et les travaux de son mari, a été chargée de continuer sa belle œuvre. Voici comment M. Bordet annonce cette nouvelle dans l’Akhbar : « Nous éprouvons la joie d'annoncer à nos lecteurs la nomination de madame Loche aux fonctions de directrice de l'exposition permanente d'Alger. L'arrêté qui la nomme, dù à la spontanéité de M. Mercier-Lacombe, en devançant le vœu de l'opinion publique, fait le plus grand honneur à la bienveillance de notre directeur général. Le sentiment qui l'a porté à récompenser en la personne de MÉLANGES ET NOUVELLES. 977 madame Loche les services rendus par son mari sera ap- précié comme empreint d’une souveraine justice. En ren- dant en même temps un si bel hommage aux mérites et à la science de la fondatrice de notre exposition perma- nente, M. Mercier-Lacombe s'honore de créer un précé- dent qui permettra à madame Loche de continuer l'œuvre entreprise par elle et le très-regretté commandant. Et, puisque nous avons l’occasion d'entretenir nos lecteurs de cet homme de bien, nous demanderons la permission de retracer à leurs yeux de nouveaux détails sur sa vie qui feront encore mieux apprécier la grandeur de sa perte par ceux qui n'ont pas eu l'honneur de le connaître person- nellement. » Cette annonce d’un si bel acte de justice est suivie d’une sorte de biographie de Loche; nous ne pouvons résister au besoin d'en citer quelques passages : « Le prince Charles-Lucien Bonaparte, cette lumière de la science moderne, tenait Loche en si haute estime, qu'il le citait comme un des hommes auxquels la science était le plus redevable. Aussi lui adressait-il tous les véritables sa- vanis qui venaient étudier les productions de l’Algérie ; les Eversmann, les Gould, les Strauch, les Reichenbach, les Branitskv, les Winckauff et tant d’autres peuvent en por- ter témoisnage. «Lorsqu'il fut nommé chef de bataillon, il lui aurait faliu abandonner son œuvre inachevée, pour profiter des avan- tages attachés à sa nouvelle position ; le choix ne fut pas un instant douteux pour lui, et les intérêts de la science furent préférés à ceux de sa famille. H prit sa retraite et, tout entier aux soins que réclamait l'exposition, dont il ne fat nommé le directeur appointé que le 43 mars 1860, il parvint, avec des ressources qui semblaient illusoires, à en faire le splendide établissement que nous voyons, que les visiteurs de l'Algérie admirent et qui met si bien en lumière les immenses ressources de ce pays. « Nommé par le prince Napoléon, alors ministre de l’AI- 278 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Jiillet 1863.) série, qui le connaissait personnellement et savait l'ap- précier, — bibliothécaire et conservateur des collections de l’école de médecine d'Alger, sa surprise fut grande, car il ignorait que le prince lui-même en avait pris lini- tiative, sans qu'aucune demande lui eût été adressée. Mais jaloux de justifier une confiance à laquelle il était double- ment sensible, et malgré des tracasseries sans nombre ct une malveillance qu'on ne prit pas la peine de lui cacher, il voulut doter l'établissement des collections qui lui étaient nécessaires. Quelqnes mois lui suffirent pour at- teindre son but, et i! donna sa démission des fonctions qu'on Jui avait rendues si pénibles, en prouvant qu'il ne les avait acceptées que par soumission à la volonté du prince, et non pas par intérêt personnel. Il ne s'était pas plaintque plusdela moitié des appointements quele prince y avait affectés lui eussent été retranchés, et cependant il avait donné à l’école des collections d’une valeur vénale trois fois supérieure aux émoluments touchés par lui. Les procédés qui furent employés pour le forcer à donner sa démission lui furent si sensibles, que sa santé en fut alté- rée. Îl eut, pour se consoler, l'affection de sa famille, ses amis, et l’amour de la science, qui ne lui firent jamais défaut. « Une opposition occulte lui fut faite, sous prétexte que la ville était entraînée à des dépenses bien supérieures à celles auxquelles elle voulait souscrire. Mais cependant, si elle l'eüt voulu, elle eût pu les couvrir au moyen d'un droit d'entrée minime, ainsi que cela est établi partout. Les colonnes de ce journal ont été jadis remplies de ces tristes débats sur lesquels nous ne voulons pas revenir. Il est certain que les reproches qu'on semblait vouioir faire peser sur lui minèrent sa santé. Il était honteux qu'un doute même eût pu l'atteindre, et rien ne lui était plus pé- nible qu'une question sur l'avenir du jardin zoologique. Effrayés des ravages opérés dans sa santé par les inces- sants coups d’épingie qu'on lui prodiguait, ses amis et sa MÉLANGES ET NOUVELLES. 279 femme l’engagèrent à s'éloigner quelque temps d'Alger, espérant que le changement de milieu agirait efficace: ment sur lui, et, dans ce but, il alla à Bône. Là, comme partout, son zèle pour la science l'entraîna. Un établisse- ment scientifique était en voie de formation; l'académie d’Hippone, à peine née, sollicitait le concours d’adeptes dévoués. Le commandant Loche, répondant à cet appel, non-seulement Jui porta son tribut, mais s’imposa un rude travail pour en augmenter les collections, les classer et les déterminer. Des courses répétées au lac Feizara déve- loppèrent le serme délétère qui minait sa santé, et le len- demain de sa rentrée à Alger il se mit au lit pour ne plus se relever. » Le tableau des persécutions dont notre pauvre ami à été victime n’est que trop vrai: c'est une vieille histoire, car on sait, et nous plus que d’autres, que tous les hommes qui cherchent, avec abnégation et sans arrière- pensée, à faire le bien, sont exposés fatalement à ces dé- plorables tribulations. Très-peu de temps encore avant sa mort, Loche, dans une de ces lettres intimes montrant à Ja fois son dévouement à l'amitié et l’amère tristesse qui le co“sumait, nous disait {le 1% juin 1863): « J'espère que vos entreprises pour doter notre pays de nouveaux Vers à soie marchent au gré de vos désirs, et j'en recevrais avec grand plaisir l'assurance. Il y aurait beaucoup à faire en Algérie, où l’ailante et le ricin vé- gètent si vigoureusement. Il est bien fâcheux que vous ne puissiez pas démontrer ici les avantages qui résulieraient, pour le pays, de l'adoption, sur une grande échelle, de la culture de ces plantes, en vue de la production de la soie. « Quelque désir que nous éprouvions, ma femme et moi, de vous voir revenir en Algérie, nous n'osons pas nous flatter d'avoir bientôt l'avantage de vous y voir; nous savons trop que, tant que certaines gens sy trouveront en position d'entraver quiconque entreprendra une œuvre utile, la réussite n’est pas possible. 280 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Juillet 1863.) « Si vous saviez toutes les entraves qu'on me suscite! il nv'a fallu jusqu'ici une bien forte dose de courage et d’obstination pour persévérer; aussi je suis bien las, et, sans la certitude que, si j abandonne l'œuvre que j'ai en- treprise, elle n'aura plus de chance de vie, j'aurais été pris de défaillance. Je n'aurais jamais pu supposer que le bien fût si difficile à accomplir. Cette lutte incessante contre une malveillance occulte est atroce. On me fait perdre le meilleur de mon temps en puérilités; c'est un parti pris de me pousser à bout; on ne veut pas assumer la responsabilité de la destruction d'établissements utiles, on sent que le public trouverait cela odieux; mais on cherche à me faire abandonner la partie en me harcelant et me dégoûtant, et il n’est sortes de lâchetés et de perfi- dies dont on n'use. Ah! mon cher ami, qu'il y a de vilaines gens en ce monde! » Voilà encore un homme de bien tué par l'Envie, par ce déplorable sentiment du regret {le regret de voir faire à un autre ce qu’on n’a pas su faire). Loche a lutté jusqu'au bout; il est mort sur le champ de bataiile, et l'on peut dire, en saluant sa tombe : Honneur au courage malheu- reux ! Quant à ceux qui l'ont vaincu, nous les plaignons s’ils ont une conscience. TABLE DES MATIÈRES. Pages Des Murs. Poussins des Oiseaux d'Europe. 249 BourGUIGNAT. Mollusques nouveaux, litigicux ou peu connns, 252 CoTTeau. Échinides nouyeaux ou peu connus. 261 SOCIETÉS SAVANTES. 26) Analyses. Xe Mélanges ct nouvelles. 272 Nécrologie de Loche. 274 IMP. DE M° V® BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'EPERON, 9. — 1863. VINGT-SIXIÈME ANNÉE.— AOUT 1863. ‘ I. TRAVAUX INÉDITS. CATALOGUE des Oiseaux observés dans le département d’Eure-et-Loir, par M. A. MarcHanp (suite). 10. BusarD SaINT-MaRTIN (Circus cyaneus). Ne fait que passer ; les mâles adultes traversent nos plaines pendant l'hiver sans jamais s’y fixer ; les femelles et les jeunes mâles sont communs l’automne et l’hiver : on ne les voit plus hors ces deux saisons. 11. Busarp MonrTaçu (Circus cinerascens). Niche, chaque année, dans plusieurs localités, dans les ajoncs et les bruyères. J'ai reçu plusieurs fois des jeunes, ne pouvant pas encore voler, trouvés dans des champs de blé. Il passe en bandes souvent assez nombreuses, compo- sées particulièrement de jeunes, avant leur première mue. J'y ai souvent remarqué la variété noire, que j'ai tuée cinq fois, toujours en plumage bien complet. C’est du 15 août au 15 septembre que ces passages ont lieu. Le peu d’a- dultes que l’on voit dans ces bandes sont en mue. Le 1% septembre 1831, j'aitué de deux coups de fusil un jeune 2° série. T. xv. Année 1863. 19 282 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1863.) mâle et la variété noire; ils chassaient ensemble au- dessus d’une pièce d’ajoncs. 12. L'ÉPERVIER ORDINAIRE (Astur nisus). Très-commun depuis le mois d'octobre jusqu'au mois de mars, époque à laquelle il disparaît. Quelques paires nichent dans le département. J'ai reçu de Nogent-le- Rotrou des œufs et des jeunes en partie couverts de duvet. - 13. L'ÉPERVIER MAJOR (Astur major). Cette espèce, très-douteuse, aurait été observée près de Châteaudun, par M. de Tarragon (1). 14. Érervier-AuTour (Astur palumbarius). Observé une ou deux fois. 145. Faucon-Sacre (Falco sacer). Le 22 août 1840, une très-vieille femelle a été tuée d’un coup de bâton par un berger qui me l’apporta de suite. Ses intestins, particulièrement sous les côles, étaient cou- verts d’une couche épaisse de longs vers filiformes qui étaient très-adhérents. 16. Faucon-PÈLERIN (Falco peregrinus). Commun dans nos plaines où il fait une grande destruc- tion de perdrix. Ils se réunissent scuvent deux pour chas- ser. Depuis que les colombiers, dans la Beauce, sont dé- peuplés, on voit moins de Faucons; les pigeons étaient alors leur principale nourriture. A quelques années de distance on m’a apporté vivants deux de ces oiseaux, pris en même temps que des corneilles noires avec lesquelles ils étaient aux prises, sans que l’un puisse se débarrasser de l’autre; ils étaient jeunes tous deux ; je les ai conser- vés vivants plusieurs années. Ils ont pris le plumage d’a- dulte dès le commencement de la seconde année. Un mâle très-adulte, n'ayant presque plus de raies sous (1) Voyez Revue et magasin de zoologie, décembre 1854. TRAVAUX INÉDITS. 283 le ventre, a été pris vivant après qu’on lui eut fait faire deux ou trois petits vols, quoique nullement blessé; il n'avait rien dans l’estomac; ses intestins étaient, comme ceux du Faucon-Sacre ci-dessus, comprimés par une masse de vers filiformes. 17. Faucon-HoBEerEeAU (Falco subbuteo). Il arrive dans nos plaines en même temps que les sau- terelles, qui sont le fond de sa nourriture. Quelques paires nichent dans nos bois, dans de vieux nids de pie. 18. Faucon-Émériccon (Falco æsalon). Ne fait que passer pendant l'hiver, toujours isolément. On le voit sous ses différents plumages. 19. Faucox-Kosez (Falco vespertinus). Deux de ces oiseaux seulement, à ma connaissance, ont paru dans notre pays, un vieux mâle et une femelle; cette dernière fait partie de ma collection. 20. FaucoN-CRÉCERELLE (Falco tinnunculus). Très-commun toute l’année. Il niche dans les trous de murailles ou dans de vieux nids de pie : plusieurs sont fixés autour de la cathédrale de Chartres, où ils nicheni chaque année. J'ai tué, le même jour, trois jeunes sortis du nid depuis peu de temps ; chacun avait plusieurs de ses ongles blancs, les autres noirs. 21. CHOUETTE-HULOTTE (Sfrix alma). On en voit peu dans la Beauce ; j'ai connaissance d'una tuée dans la forêt de Bailleau : elle est commune dans ie Perche. 22. Caouerte-CuEvÊcre (Stria psilodactyla). Très-commune toute l’année. 23. CHouErTE-ErFRAIE (Strix flammea). Niche dans les trous des édifices, souvent même dans les greniers. 284 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1863.) 24. HiBou BRACHYOTE (Strix brachyotos). Arrive à la fin de septembre et reste tout l'hiver, sur- tout dans les terrains arides, quelquefois en grand nombre. Il passe la journée au pied d’un buisson ou à l'abri d’une motte. Un faucheur m’apporta, en juin 1838, une femelle et six œufs : le nid était à terre dans un champ de luzerne. 25. Hisou-Moyen-Duc (Strix otus). Très-commun toute l’année; il niche dans de vieux nids de pie. À la fin de l’hiver on en voit en assez grand nombre perchés sur le même sapin, où ils passent la jour- née sans changer de place. 26. HrBou-Scops (Strix scops). Arrive au printemps et repart de bonne heure, à l’au- tomne. Il est rare. MozLusquEs CÉPHALOPODES observés sur le littoral de l'Algérie, par M. HENRI AUCAPITAINE (1). 15 Le littoral de l’Algérie embrasse environ 250 lieues de côtes diversement découpées, offrant des baies larges, (1)M. Weinkauff a récemment publié un catalogue des Mollusques recueillis ou observés par lui sur les côtes d’Algérie (Journal de Conchyliologie, 1862, t. X,p. 301). Malheureusement l’auteur a omis dans ce travail, très-consciencieux et fort bien fait d’ailleurs, les Moliusques mous ou sans coquilles, se bornant à enregistrer cinq genres et espèces de Céphalopodes et un seul de Ptéropodes. En publiant aujourd’hui les Céphalopodes que nous avons eu occasion d'observer dans divers ports de l'Algérie, et que nous ayons pu comparer avec les espèces identiques ou analogues sur nombre d’autres points de la Méditerranée, notre but a été surtout de con- tribuer à compléter par ces indications géographiques l’intéressant travail de M. Weinkauf. Ce sont des documents pour ceux auxquels il sera donné de continuer le travail de M. Deshayes sur les Mol- TRAVAUX INÉDITS. 285 ouvertes à tous les vents et peu süres pour les navi- sateurs (Bougie excepté). Presque partout il y à au moins 7 ou 8 mètres de fond; les falaises, formées de grès friables, se désagrégent rapidement sous l’action puissante des lames pour former çà et là quelques plages sablonneuses. Les vents du nord-est et du nord-ouest sont les plus fréquents. Dans le voisinage de la côte on ressent la brise de terre de minuit à huit heures du matin {lors de la sai- son d’été) à laquelle succède la brise de mer jusqu’à une heure avancée de la soirée. La mer est fortement soulevée par un courant général de l’ouest à l’est, courant qui, violent à son entrée dans la Méditerranée, va en diminuant d’impulsion de Tenès jusqu’à la Calle, mais dont l'influence sur la faune z00- logique de la région de l'Ouest est très-remarquable. C'est évidemment à ce courant que l’on doit la présence, dans la Méditerranée, de nombreuses espèces de poissons, mol- lusques, zoophytes et thalassiophytes propres au Sénégal, aux Canaries, aux îles du cap Vert; animaux et plantes qui disparaissent tout à coup aux yeux de l'observateur là où le courant, perdant de son intensité, mêle ses eaux atlantiques à celles de la Méditerranée. Partout la température est douce, assez constante, plus chaude en avançant vers l’est. Il est utile de remarquer aussi que la côte algérienne suit une ligne inclinée généralement à l’est-nord-est, de telle sorte que les deux points extrèmes du littoral pré- sentent une différence assez considérable en latitude : lusques de l’Algérie (commission scientifique), ouvrage malencon- treusement interrompu depuis déjà quelques années. Une grande part de collaboration à la présente notice revient à M. le docteur-pharmacien Mercier, qui a bien voulu nous commu- niquer bon nombre de Céphalopodes de Tetouan et des Présides de Mellila et Ceuta (Maroc), ainsi que quelques utiles indications ma- nuscrites et des dessins. 286 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE, (Août 1865.) tout le rivage est compris entre les 350 et les 37°. Cela seul suffirait pour justifier les différences remarquées entre les faunes marines de l’est de la Méditerranée comparées à celles de l’ouest, qui semblent former deux régions hydro- graphiquement et zoologiquement distinctes. Ces détails ne paraîtront pas superflus aux naturalistes, qui tous savent combien sont sensibles les influences exer- cées sur la faune d’une région littorale par la configuration orographique des côtes, la température et les courants. LL. Les Céphalopodes sont les plus complets, les plus par- faits des Mollusques : aucun animal de cet embranche- ment ne réunit un ensemble de sens aussi développés. En effet, les Céphalopodes, pourvus de moyens rapides de locomotion, sont doués d’une vue aussi perçante que celle de certains oiseaux; ils ont le sens de l'ouie complet (4), un système nerveux analogue à celui des animaux vertébrés (2), des organes admirablement com- (1) Le sens de l’ouïe, d'abord dénié aux Céphalopodes par Cuvier (Mémoire sur l'anatomie des Céphalopodes, p. #2) et par de Blain- ville (Dictionn. des se. nat., t. XXXII, p. 91), a été nettement re- connu et déterminé par Alcide d’Orbigny (Céphalopodes acétabuli- fères, p.29 de l'introduction) et signalé depuis par M. Souleyet. Cet organe consiste en un trou auditif, sorte de poche phanérique creusée dans la paroi latérale inférieure du cartilage du cerveau, communiquant avec l'extérieur par une conque visible dans quelques espèces. L'organisation de cette oreille externe paraît d’ailleurs se modifier suivant les habitudes sédentaires ou nomades de certains genres. (2) C’est ainsi que les ganglions locomoteurs des Céphalopodes possèdent des renflements ganglionnaires correspondant à la moelle rachidienne et présentant les deux ordres de filets, moteurs et sen- sibles, qui chez les vertébrés président aux mouvements et à la sen- sibilité générale. On retrouve enfin chez ces mollusques les nerfs spéciaux aux appareils de la vie organique, aux branchies, aux or- ganes de la digestion, de la génération, etc.; tous organes qui vont TRAVAUX INÉDITS. 287 binés pour le tact et la préhension, la génération (4). A Ils sont d'autant plus intéressants à étudier que leurs innombrables dépouilles se retrouvent diversement clas- sées dans presque toutes les couches géologiques, et qu’ils paraissent avoir joué un grand rôle dans l’économie ani- male des faunes précédentes. Jadis des bandes innom- brables de Bélemnites, d'Ammonites, aussi nomades que celles de nos Spirules et de nos Loligidés actuels, parcou- raient les divers océans et nous ont légué cette quantité de fossiles propres à tous les terrains, comme ils étaient en se simplifiant par arrêt de développement chez les autres Mol- Iusques, et n’existent chez la plupart qu’à l’état simplement rudi. mentaire. (1) Les bras copulateurs de certains Céphalopodes assez mal con- nus sous le nom d’Hectocotyles ont été, dans ces derniers temps, l'objet de bons et remarquables travaux, parmi lesquels on doit citér, à des titres divers, Mémoire sur les Argonaules nûles et les Hectocotyles, par H. Muller (Annales des sc. nal., t. XVI, p. 132); — sur les Hectocotyles et les mâles de quelques Géphalopodes, par Vogt et Verany (Ann. sc. nat., 1°" semestre 1852, p. 147); ceux de MM. Dujardin, Steenstrup, Leuckart, Roulin, Lebert, Robin, Troschel, Claus, Paul Gervais, desquels il résulte que l’hectoco- tylisation, loin d’être due à un parasite, comme l'avait supposé Cuvier, est une disposition générale des organes de la génération, commune non-seulement aux Argonautes et à quelques Poulpes, mais encore à tous les Céphalopodes dibranches. Il est fort remar- quable qu’Aristote, qui connaissait l’histoire des Céphalopodes, à un degré vraiment étonnant, a eu également connaissance et a parlé du bras copulateur dont il avait déterminé les fonctions, tandis que, depuis, nombre de naturalistes, et des plus éminents, se sont com- plétement mépris sur la valeur et l’origine des modifications plus où moins hectocotyliformes propres à certains bras des Céphalopodes dibranches mâles. De la connaissance qu'ont eue les anciens du bras copulateur chez cerlains Céphalopodes, par M. Roulin (Annales des sc. nat., {1er semestre 1352, p. 251), et surtout l’intéressant et très-érudit mé- moire de M. Paul Gervais: Des nolions relatives aux Céphalopodes qui sont consignées dans Aristote, extrait des Mémoires académ. de Montpellier, 1863, p. 351 à 354. 288 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1863.) propres à toutes les mers, et qui fait de l’ordre des Cépha- lopodes un des plus utiles pour l'étude de la paléontologie, La connaissance des animaux contemporains de cet ordre ne différant de leurs ancêtres fossiles que par des varia- tions génériques et spécifiques démontre d’une façon en quelque sorte palpable quelles étaient les mœurs de ces Céphalopodes dont les dépouilles, parfois gigantesques, excitent à bon droit et notre étonnement et notre juste curiosité. A ce titre seul , l’étude de la répartition actuelle de ces animaux mérite toute l'attention des zoologistes, par les comparaisons pleines d'intérêt auxquelles elle peut donner lieu pour la stratigraphie paléontologique. D'un autre côté, leur utilité alimentaire et industrielle(1), leur mode d'existence sollicitent d'autant plus notre atten- tion que, malgré leurs riches couleurs et leurs mœurs cu- rieuses, ils sont peu recherchés par les conchyliologues, trop souvent dédaigneux de ce qui ne se collectionne pas. XII. Les Céphalopodes sont très-communs dans les eaux méditerranéennes : on les trouve également répandus sur les côtes d'Espagne, de France, d'Italie, dans l’Adria- tique, de même que sur le littoral ouest de l'Afrique sep- tentrionale. Ils sont moins abondants sur les côtes de la Grèce, dans l’Archipel, sur les rives de Syrie, et deviennent enfin relativement rares sur le littoral égyptien jusqu'au golfe de Gabès. On pourrait donc supposer que les Cépha- lopodes préfèrent la partie occidentale du bassin médi- terranéen. Il est à remarquer que les espèces atlantiques, subis- (1) La Sepia officinalis produit la couleur de sépia, et les osselets de cette même espèce sont recherchés dans diverses industries. On sait aujourd’hui que l'encre de Chine n’est point un produit animal : M. de Siebold a fait connaître, dans ses curieuses recherches sur le Japon , l’origine de cette substance, que l’on avait longtemps attri- buée à la liqueur noire de la seiche. TRAVAUX INÉDITS. 289 sant l'influence du grand courant nord africain , viennent fréquemment dans la Méditerranée, tandis que les espèces de cette dernière mer, ne remontant que difficilement ce courant, sont beaucoup plus stables dans notre mer inté- rieure, celle-ci offrant d’ailleurs de vastes espaces et de srandes profondeurs propres au développement des Cé- phalopodes : on n’y trouve point de types localisés dans la partie méridionale de cette mer. Ces Mollusques pourraient se diviser en deux catégories: les uns sédentaires, habitant les anfractuosités des rochers, parfois à d'assez grandes profondeurs, mais doués néan- moins d'une locomotion active (Octopidés); les autres par- courent en troupes nombreuses de vastes espaces; plus robustes et indifférentes à la température, elles s’aban- donnent au gré des courants qui les répandent un peu partout (Ommastréphes, Loligos, Spirules, ete.) (1); il est bon de remarquer que quelques espèces, bien qu'aussi nomades et vagabondes, se meuvent cependant dans des circonscriptions plusrestreintes(Argonautes, Sépioles, etc.). Certaines grandes espèces, à peine entrevues jusqu'ici par les naturalistes, semblent habiter presque exclusivement les eaux les plus profondes (Ommastrephes giganteus.…) (2). Les Céphalopodes sont essentiellement carnivores : leur (1) L'étude des aaimaux pélagiens ou des hautes mers a néanmoins démontré, spécialement pour les Céphalopodes, que, malgré Le nombre des espèces qui passent indifféremment d’un océan à l’autre, plus des deux tiers de chaque mer leur sont spéciaux... Alcide d’Orbigny, Mémoire sur les Céphalopodes acétabulifères et mollusques vivants et fossiles, généralités, p. 73. (2) Il paraît résulter des recherches bathymétriques faites sur divers points du globe que les Céphalopodes ne dépassent pas une profondeur de plus de 80 mètres; à ceux qui séjournent sur nos côtes, il ne faut guère plus de 4 ou 5 mètres d’eau. Cette question d'habitat se lie intimement à la connaissance (trop négligée des ma- lacologistes) de la phytographie marine, dont les zones de végétation sont en corrélation directe avec la répartition des Zoophytes et des Mollusques. Nous aurons occasion de le prouver dans un prochain mémoire. 290 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1863.) nourriture se compose surtout de poissons dont ils suivent les migrations et de Mollusques ptéropodes. Quelques espèces sédentaires se nourrissent de crustacés, de Mol- lusques nus et bryozoaires. Après leur éclosion, les jeunes font leur proie des polypiers, notamment de ceux de la famille des Gorgonidées; si communs sur les côtes de l'Algérie, et dont quelques-uns ({) fournissent peut-être la matière nécessaire à l'accroissement ou à la solidification de l’os interne particulier à certaines espèces (?). Un peu plus grands, ils recherchent avec avidité ces élégants cha- pelets de perles coquettement irisées qui sont les œufs des Eolis et des Doris. Les Céphalopodes deviennent à leur tour la pâture des Dauphins et autres cétacés à dents qui en font une énorme consommation. Ces Mollusques sont abondants sur les côtes d'Algérie, particulièrement depuis le mois d'avril jusqu’à la fin d'août, époque pendant laquelle ilsviennent déposer leurs œufs. IV. Ï. Genre OCTOPUS, Lamarck. 1. O. vulaaris : Lk. Mém. Soc. hist. nat., Paris, t. 1, p. 18; Anim. s. vert., 2° édit., t. VIT, p. 657, n° 1. — Risso, Hist. nat. Eu- rope méridionale, t. IV, p. 3, n°2. — Payreaudeau, Cat. Moll. Corse, p.172, n° 350. — Delle Chiaje, Mémoire, t. IV, p. 51-60, pl. 58, fig. 12. — Cantraine, (1) Nous ne pouvons guère expliquer autrement la présence des très-jeunes Céphalopodes (Sepia, Loligo, Octopus, ete.) qui semblent faire constamment choix privilégié de certains Zoophytes, tels que les Gorgonia venosa, Valenciennes; G. graminea, Pallas ; Jucella elongata, Valenc.; Gorgonella sarmentaria, Valence, et surtout la Pennalula phosphorea, Valence. : toutes espèces abondantes sur les rivages de Tenès, Cherchell , Alger, Dellys, Bougie, etc. TRAVAUX INÉDITS. 291 Malacologie méditer. et lité, p. 14. — Requien, Cog. Corse, p. 87, n° 616. — Philippi, En. Moll. Sicile, p.240, n°1. — Weinkauff, Cat. Moll. Alq., jowrn. de Conchyl., t. X, p. 371, no 1. Très-commun sur toutes les côtes de la Méditerranée. Cette espèce vit solitaire dans les anfractuosités des ro- chers, où elle se nourrit de crustacés, pond, au mois de mai, de longues grappes d'œufs gélatineux sur les branches du Fucus vesiculosus, comestible. 2. O. tuberculatus : de Blainville, Dict. sc. nat., p.6, pl. 1, fig. 3(d’après d'Orbigny). — D'Orbigny et Férussac, Monog. Céph. acétabuli- fères, p. 38, pl. 21-25. Rare. Je n’ai vu cette espèce que deux fois (Dellys, septembre 1855; Alger, juillet 1864); je la crois plutôt atlantique que méditerranéenne. Un échantillon du préside de Mellila {Maroc}, doct. Mercier. D'après les indications et les planches de d’Orbigny, cet Octopus est parfaitement reconnaissable, surtout à ses bras très-courts et gros, et aux belles nuances violettes de sa membrane. Il ne se rapporte que très-peu à l’'Octopus tuberculatus de delle Chiaje, qui est d’une couleur argen- tine, à reflets rose pâle et finement pointillé de rouge. Je n'ai pas retrouvé non plus, sur le dernier échantillon que j'ai eu entre les mains, ces tubercules cartilagineux, pyra- midaux et assez rapprochés recouvrant la face inférieure du sac, signalés par M. Cantraine (Malac. méditer., p.19, n° 3). 3. O. Cuvierii : @d'Orbigny, Moll. viv. et fossiles, p.173, n°5 (4). — O. macropus, Risso, IV, p.3, (4) Peut-être serait-il plus juste de rendre à cette espèce le nom de Macropus sous lequel elle est souvent citée, et qui lui a été donné par Risso en 18267... Les sources originales nous font trop défaut 292 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1863.) n°3 (?). — Delle Chiaje, pl. 54, n°2. — Rang, Mag. de zool., t. V, p.61, pl. 90. O. ruber, Cantraine, p. 18, n°2. Commun sur la côte d'Algérie, rade d'Alger, Dellys, côtes du Maroc (doct. Mercier), Palma (Baléares), Calvi (Corse). Également abondant sur la côte ouest d'Afrique, aux Canaries (d’Orb., Moll. Canaries, p. 16, n° 2). k. O. venustus : Rang, Magasin de zool., t. V, pl. 93. — D'Orbigny, Moll. viv. et fossiles, p. 175. C’est à tort qu’Alcide d’Orbigny considérait l'O. venus- tus comme n'étant qu’un jeune individu d’une espèce en- core indéterminée. C’est une petite espèce parfaitement caractérisée par son corps bursiforme, ses bras égaux en longueur, sa tête courte, large et presque ronde, les yeux gros, irisés de noir et de bleu, très-saillants, ses taches parallèles, violettes sur un fond blanc et translucide, une ligne dorsale à reflets d’or chez les mâles, très-petites cap- sules sur la partie supérieure des bras. Longueur moyenne de l'animal complet, 16 millimètres, largeur 6 millimètres ; longueur des bras, 8 millimètres. Nous n’avons observé qu’une seule fois cette intéres- sante espèce; au mois d'août 1862, un pêcheur nous en apporta une dizaine d'individus pris pendant la nuit à hauteur du cap Matifoux (rade d'Alger), en même temps que quarante ou cinquante Hyales. Sander Rang l’indique comme spéciale à la rade de Gorée. (La suite au prochain numéro.) pour élucider ce point de synouymie que nous recommandons, comme toutes les questions de ce genre, aux naturalistes de nos grands centres scientifiques où les bibliothèques ne manquent pas. TRAVAUX INÉDITS. 293 DraGnoses de COLÉOPTÈRES NOUVEAUX du genre Machae- rites, Mill, par L. W. Scæauruss, naturaliste à Dresde. M. plicatulus. Long. 1/2 %", lat. 3/4 "m, Patria : Ger- mania. — Rufo-testaceus, subconvexus, parum nitidus, punctulatus, subtiliter fulvo-pubescens ; capite elongato, ad basin angulato, inter antennas parum impresso, linea longitudinali vix conspicua lævi, utrinque foveola mi- nuta subnotata, oculis nullis; antennarum articulo {° ad basin angustato, longissimo, 2 parum angustiore cum 9 Jatitudine longiore, 3-82 tenuibus, apicem versus decrescentibus, 10° globoso, 11° piriformi; palporum maxillarium articulo 1° incurvo, 2 minuto, & cultriformi, 1° longitudine subæquali ; thorace latitudine longiore, la- teribus postice subangustato et antice constricto, ante basin linea transversa subarcuata impressa utrinque longi- tudinaliter foveolato ; elytris postice thorace duplo latio- ribus, convexis, lateribus rotundatis, basi quadrifoveola- tis; abdominis segmento 1° segmentis cæteris vix lon- gsiore ; femoribus anticis dentatis. Mâle inconnu. M. (Linderia) armatus. Long. 1/2 "", lat. 3/5 Patria : Hisp. occ., leg. auct. — g Rufo-testaceus, fulvo- pubescens, nitidus; capite elongato, ad oculos angulato et foveola profunde impresso, fortiter canaliculato ; an- tennarum articulo 1° iongiore elavato, intus bidentato, 2% subquadrato-rotundato postice intus dilatato, 3-8° te- nuibus apicem versus decrescentibus, 9-10 latitudine crescentibus, 11° piriformi ; palporum maxillarium arti- culo 1° longissimo, curvato, subclavato, 2° latitudine lon- siore, 3° longo, cultriformi extus subrecto ; thorace trans- verso, sublævi, lateribus antice rotundato-dilatato, ante basin linea transversa impressa, post eam plicatulis longi- tudinalibus numerosis, utrinque foveolato ; elytris pilosis, sparsim vix punctulatis, sutura utrinque linea impressa, basi bifoveolatis, humeris elevatis : segmentis abdomina- 994 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1863.) libus 4 primis longitudine inter se subæqualibus; tibiis posticis parum incurvis. M. (£ inconnu. Linderia). Clarae. — Long. 1,45", lat. 0,65". Patria Hisp. occ., leg. auct. — Gracilis, testaceus, fulvo-pubescens: capite elongato, inter an- tennas subtile impresso utrinque late foveolato, ad basin latiore et longitudinaliter carinulato, oculis nullis: anten- narum articulo {° longiore, 2 vix angustiore, subrotun- dato, 3-8° tenuibus apicem versus decrescentibus, 9° vix, 10° parum latiore, 11° piriformi; palporum maxillarium gracilium articulo {° 3° longitudine æquali, 1° 2°que sub- tilissime tuberculatis, 1° subincurvo, clavato, 3° longis- simo, cultriformi, intus ante medium parum dilatato; thorace vix transverso, subtile punctulato, lateribus antice rotundatis, ad scutellum longitudinaliter carinulato, basi in medio linea incurva distincte impressa; elytris valde convexis, postice dilatatis, humeris non prominulis, basi quadrifoveolatis, lineis impressis suturalibus postice con- vergentibus, subalutaceis, stellato-punctatis; segmentis abdominalibus # primis sabæqualibus. ÉCHINIDES NOUVEAUX Où peu connus, par M. G. CoTTEau. (Suile.) Rapports et différences. — Cette espèce offre les plus grands rapports avec l'Acrosalenia decorata du coral-rag de France et d'Angleterre; elle en diffère par sa zone mi- liaire interambulacraire moins finement granuleuse et plus lisse près du sommet, par son péristome plus grand et plus enfoncé, par son appareil apicial, mais régulière- ment pentagonal, et présentant au centre trois plaques sur-anales bien distinctes, presque égales, sur lesquelles aboutissent directement les plaques ocellaires latéro-an- térieures. Cette différence dans le nombre et l’arrange- TRAVAUX INÉDITS. 295 ment de plaques sur-anales paraît seule avoir une certaine importance, et, si plus tard il est démontré que ce caractère varie suivant l’âge des individus, nous n’hésiterons pas à réunir notre espèce à l’A. decorata, qui alors aurait com- mencé à se montrer dans lescouches de la grande oolithe et persisterait jusque dans les assises kimmeridgiennes, laissant des représentants dans la plupart des étages inter- médiaires. Loc. — Châtel-Censoir (Yonne). Très-rare. (Le Puget) (Var). Assez commun. Étage bathonien. Coll. Jaubert, ma collection. Expl. des fig. — PI. XIE, fig. #, Acros. pseudo-decorata, de la coll. de M. Jaubert, vu de côté ; fig. 5, face supér.; fig. 6, appareil apicial et partie supérieure de l’aire inter- ambul. grossie. 49. LEiosoma Jauberti, Cotteau, 1863. Haut., 8 mill.; diam., 19 mill. Espèce de taille moyenne, sub-pentagonale, également déprimée en dessus eten dessous. Zones porifères larges, composées de pores dédoublés à la face supérieure et au- tour du péristome, simples seulement versl’ambitus. Aires ambulacraires très-étroites près du sommet, s’élargissant au fur et à mesure qu'elles se rapprochent de la face infé- rieure, garnies de deux rangées de tubercules non créne- lés, imperforés, fortement mamelonnés, saillants vers l’ambitus, diminuant rapidement de volume près du som- met et du péristome, au nombre de huit à neuf par série. Ces tubercules, assez serrés en dessous et vers l’ambitus, s’espacent à la face supérieure et deviennent presque al- ternes. Granules intermédiaires inégaux, peu abondants. Aires interambulacraires pourvues de deux rangées de tu- bercules non crénelés et imperforés comme ceux des am- bulacres, mais un peu plus développés, diminuant moins rapidement de volume à la face supérieure, au nombre 296 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août +863.) de dix par série. Tubercules secondaires presque nuls, formant, dans la région infra-marginale, sur le bord des zones porifères, une rangée inégale, irrégulière, se con- fondant vers l’ambitus avec les granules qui les accompa- gnent. Zone miliaire assez large, presque nue aux appro- ches du sommet. Granules intermédiaires assez abondants, inégaux, quelquefois mamelonnés, disposés en cercles incomplets autour des plus gros tubercules. Péristome très-grand, s’ouvrant à fleur du test, marqué d'entailles profondes et relevées sur les bords ; les lèvres interam- bulacraires beaucoup moins larges que celles qui corres- pondent aux ambulacres. Appareil apicial assez grand, sub- pentagonal d’après son empreinte. Radioles inconnus. Rapports et différences. — Nous avons établi, en 1861, dans nos Échinides de la Sarthe le genre Leiosoma pour recevoir une espèce de l'étage sénonien, remar- quable par sa forme déprimée, ses pores ambulacraires fortement dédoublés, et qui, confondue jusque-là avec les Cyphosoma, s'en éloignait par ses tubercules dépourvus de crénelures et surmontés d’un mamelon relativement très-gros. L'espèce que nous venons de décrire présente tous les caractères du genre, et, bien qu’elle appartienne au terrain jurassique inférieur, nous n'avons pas hésité à la réunir à notre genre Leiosomu. Elle diffère de l’espèce crétacée (Leiosoma rugosum) par ses tubercules moins gros et moins saillants surtout sur les aires ambulacraires, par son appareil apicial plus petit ei son péristome plus large. L'étage bathonien de Perrogney (Haute - Marne) a fourni à M. Babeau une troisième espèce de Leosoma. Elle se sépare nettement du L. Jauberti par sa taille plus forte et relativement plus comprimée, ses tubercules in- terambulacraires plus petits, plus serrés, plus nombreux et séparés par une zone miliaire plus large, son appareil apicial plus étendu. C’est une espèce parfaitement tran- chée, et dès à présent nous la dédions, sous le nom de ZLero- TRAVAUX INÉDITS. 297 soma Babeaur, à M. Babeau qui depuis longtemps s'occupe avec tant de succès de la recherche et de l'étude des fos- siles de la Haute-Marne. Le genre Leiosoma, premier représentant des Diadéma- iidées à tubercules non crénelés et imperforés, compte aujourd'hui trois espèces, toutes fort rares. Les deux premières caractérisent l'étage bathonien, et la troisième est propre à l'étage sénonien. Loc. — Valauris (Var). Très-rare. Étage bathonien. Coil. Jaubert. Expl. des fig. — PI. XEE, fis. 7, Leiosoma Jauberti, vu de côté ; fig. 8, face supér.; fig. 9, partie supér. de l'am- bulacre grossi; fig. 10, plaques interambulacraires gros- sies. 50. Ciparis Raulini, Cotteau, 1863. Long. 14 mill.; — larg. au sommet de la coroile 40 mill. Cidaris Raulini, Cotteau, Echin. des Pyrénées, p.78, 1863. Test inconnu. Radiole court, sub-cylindrique, plus ou moins évasé, terminé au sommet par une corolle cupuliforme, couvert de grosses épines saillantes, comprimées, ordinairement plus prononcées sur un des côtés du radiole que sur l’autre, le plus souvent éparses, quelquefois disposées en séries assez régulières, notamment vers la base, où elles s’atténuent et se changent en granules d'autant plus fins qu'ils se rapprochent de la colierette. À la partie supé- rieure du radiole, autour de la corolile, les épines se tou- chent, se confondent et forment des plis lisses, saillants, qui se terminent par des dents aiguës très-prononcées, et dont quelques-unes, sur un des côtés du radiole, sont beau- coup plus élevées que les autres. L'intérieur de la corolie est légèrement déprimé, presque lisse, et présente seule- met, sur les bords, quelques petits granules épars, micro- scopiques. L'espace intermédiaire entre les épines qui cou- 2° sÉrig, r. xy. Année 1863. 20 298 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1863.) vrent la tige est tantôt lisse, tantôt finement chagriné, quel- quefois couvert de petites rugosités serrées, inégales, sub- épineuses. Collerette assez longue, distincte, striée. Bouton médiocrement développé; anneau saillant garni de stries plus apparentes que celles de la collerette et qui se pro- longent sur le bouton; facette articulaire étroite, non crénelée. Les radioles de cette espèce varient beaucoup dans leur forme et la disposition de leurs épines, sans doute en raison de la place qu'ils occupaient sur le test. La cou- ronne qui termine la tige est également très-variable dans son développement ; chez certains exemplaires, elle pa- rail faire entièrement défaut; dans d’autres, elle n’est que rudimentaire, tandis que, chez quelques-uns, elle. atteint moitié et même les deux tiers de la longueur totale du radiole. Rapports el différences. — Les radioles du €. Raulini rappellent, par leur forme, certaines variétés des radioles du C. pseudo-pistillum, Cott., de la craie sénonienne de Loir-et-Cher: ils s’en distinguent par leur taille plus courte, leur tige beaucoup plus évasée, garnie d’épines moins aiguës, moins nombreuses, plus inégales, et leur facette articulaire plus étroite. Leur corolle terminale les rapproche également des radioles du C. avenionensis, des Moulins, de la molasse de la Suisse et des environs d’Avi- gnon, mais cette dernière espèce sera toujours reconnais- sable à sa tige plus large, plus épaisse, couverte de gra- nules plus homogènes et moins saillants, à sa corolle plus étroite, à son bouton beaucoup plus large. Loc. — Cazordite, au sud de Dax (Landes). Assez com- mune. Marnes à nummulites. Coll. Rauiin. Exp. des fig. — PI. XII, fig. 11, radiole du Cid. Rau- lini; fig. 12, corolle vue de face; fig. 43, coupe transver- sale de la corolle; fig. 14, 15 et 16, diverses variétés, de la coli. de M. Raulin. TRAVAUX INÉDITS. 299 D. PRENASTER Desori, Cotteau, 1863. Haut. 20 mill.; diam. transv. 26 miil.; diam. antéro-post. 31 mill. Prenaster Desori, Cotteau, Echinides foss. des Pyrénées, p. 138, 1863. Espèce de taille moyenne, allongée, ovoïde, arrondie en avant, sub-acuminée et tronquée en arrière; face supé- rieure obliquement déclive dans la région antérieure, convexe sur les côtés, ayant sa plus grande hauteur en ar- rière du sommet; face postérieure plane, anguleuse au- dessus du périprocte, lévèrement rentraute; face inférieure déprimée près de la bouche, un peu bombée en arrière. Sommet ambulacraire très-excentrique en avant. Sillon antérieur nul. Ambulacre impair différent des autres, à fleur du test, formé de pores simples, arrondis, très-petits, disposés par paires espacées. Ambulacres pairs à peine déprimés, aliongés, étroits, sub-pétaloïdes ; les antérieurs presque droits, très-écartés, les postérieurs aliongés, sub- flexueux, formant entre eux un angle aigu. Zones porifères plus larges que l'intervalle qui les sépare. Les zones la- téro-antérieures sont plus étroites que les autres et s’atro- pihent aux approches du sommet, ou du moins sont com- posées de pores beaucoup plus pelits, visibles seulement à la loupe. Tubercules épars, plus ou moins espacés, ce taille très-inégale, développés surtout en avant, sur Îes bords de l’ambulacre impair et à la face inférieure, dans la région infra-marginale. Granules intermédiaires fins, espacés, plus ou moins serrés, formaut des cercles régu- liers autour des plus gros tubercules. Péristome labié, ex- centrique en avant. Périprocte très-grand, sub-elliptique, sub-acuminé à ses deux extrémités, un peu incliné vers la gauche, s’ouvrant au sommet de la face postérieure, dans une aréa plane et vaguement circonscrite. Appareii apicial étroit, presque carré; quatre pores génitaux très- 300 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. {Août 1863.) apparents, plaque madréporiforme longue et étroite. Fas- ciole latérale assez large, plus prononcée en avant qu'en arrière. Rapports et différences. — Le genre Prenaster, établi en 1853 par M. Desor, constitue un type parfaitement natu- rel et à peu près spécial aux terrains tertiaires inférieurs. L'espèce que nous venons de décrire, recueillie pour la première fois par M. Raulin, se distingue de ses congé- nères par sa forme allongée, son sillon antérieur tout à fait nul, sa face postérieure fortement tronquée et un peu rentrante, son périprocte très-grand. Le Prenaster Alpi- nus, Desor, dont elle se rapproche le plus, sera toujours reconnaissable à sa forme plus ovoïde, à ses ambulacres plus courts et plus déprimés, à sa face postérieure verti- cale, non rentrante et tronquée moins carrément, à son périprocte plus petit. | Dans nos Echinides des Pyrénées nous avons donné à cette curieuse espèce le nom de notre savant ami, M. De- sor, qui a introduit dans la méthode le genre Prenaster. Loc.—Hastingues (Landes). Rare. Terrain tertiaire é0- cène, groupe nummilitique. Coll. Raulin. Expl. des fig. — PI. XIE, fig. 17, Prenaster Desori, de la coll. de M. Raulin, vu de côté; fig. 18, le même vu sur la face supérieure. IL. SOCIÉTÉS SAVANTES. ÂCADÉMIE DES SCIENCES. Séance du 3 août 1863. — M. Valenciennes donne lec- ture d'un mémoire ayant pour titre, Du Crocodile à mä- choire éoursoujiée (Crocodilus physognathus). SOCIÉTÉS SAVANTES. 301 «M. Raynal, professeur de physique au collége impé- rial de Poitiers, occupe les loisirs de sa chaire à l'étude de l'histoire naturelle; il a pris goût -aux sciences natu- relles, par les leçons de zoologie qu'il a reçues à l'École normale, dont il est un des élèves distingués. L'étude de l’histoire naturelle paraît innée dans cette famille. Le frère de M. Raynal est officier de la marine impériale; il met à profit le temps passé dans les différentes stations où il est appelé dans les mers de l'Inde, de la Chine, et à la Nouvelle-Calédonie. & Il a formé dans ces voyages des collections impor- tantes pour l’étude des Mollusques, en ayant soin d’en- voyer en Europe, avec les collections de coquilles, les animaux qui y habitent ; il a ainsi fait connaître plusieurs Moilusques dont les collections du muséum sont enrichies, et qui ont éclairci plusieurs points encore obscurs de cette classe d'animaux. « Après avoir saisi l’occasion de cette courte digres- sion, pour rendre justice aux travaux de l'officier de ma- rine, je me hâte de revenir au professeur de physique. «M. Raynal, qui a pris à l'École normale, dans les leçons de notre confrère M. Delafosse, et dans celles de M. Hébert, des connaissances en géologie, a porté son attention sur les formations de la Vienne, et ayant facilement reconnu l’oolithe des environs de Poitiers, il a vu çà et là, dans la carrière dite le Grand Pont, sur la commune de Chasse- neuille, à 6 kilomètres nord, des dents et quelques frag- ments d'os fossiles. Il s’est bientôt assuré que les dents coniques et sillonnées étaient celles d’un Crocodile, et alors 1l m'a adressé un bloc d’oolithe et quelques frag- ments d'os, pour me prier de lui donner mon avis sur ces fossiles. : « Ayant étudié, ayant suivi leur trace avec activité, j'ai fini par découvrir plus que je ne croyais d’abord, et le résultat me paraît digne d’être mis sous les yeux de l’Aca- démie. Étant surtout aidé par l’habileté de M. Merlieux, 302 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1862.) j'ai fini par obtenir cette grande plaque, présentée à l’Aca- démie, et qui était entièrement cachée dans la gangue. « Elle porte les deux maxillaires droit et gauche, avec onze à treize alvéoles dentaires, séparés l’un de l'autre par leurs cloisons maxillaires, mais le plancher du fond a été emporté par la fossilisation. « Nous trouvons l’apophyse antérieure du FRONTAL PRINCIPAL, pour me servir de l'expression de Cuvier. Entre le maxillaire et cette apophyse du frontal, on trouve une empreinte qui nous marque la place et l'étendue du frontal antérieur et du lacrymal ; os importants de l’ostéo- logie de la face du Crocodile. « Tout à fait sur le devant et entre les deux maxillaires sont les deux os du nez. Ces naseaux longs et grêles ont bien le caractère de ces pièces osseuses des Crocodiles. « Nous n'avons rien autre des parties supérieures du crane de ce Crocodile, qui avait cependant le museau allongé et grêle comme celui du Gavial du Gange, ou de l’autre espèce, ou du Crocodile de Bornéo (1). « L'étude de la mâchoire inférieure donne la forme du museau grêle et long de notre espèce, mais plus semblable à celle du Crocodilus Schlegelii, By. « Une longue symphyse creusée d’un sillon bien mar- qué nous fait connaître que cette mâchoire était armée de quinze dents coniques, sillonnées et quelquefois un peu arquées. Ces deux maxillaires inférieurs se prolon- gent au delà de la symphyse et ont cinq dents au delà. Ce Crocodile portait donc vingt dents de chaque côté, quarante en tout en bas, etil en avait plus en haut, selon la loi de dentition de tous les Crocodiles. Au delà de l'arcade dentaire, le maxillaire s'étend en une apophyse découpée et plate qui atteignait le quart de la branche, et dépas- sait en dedans et sous le suransulaire la moitié de la lon- (1) Crocodilus Schlegelii, Blainv., Osteogr., p. 5, n° 3, et pl. II, SOCIÉTÉS SAVANTES. 303 gueur de la branche. Les operculaires, ces os ainsi nom- més par Adrien Camper, s'étendent au delà de la sym- physe, en montrant un caractère de forme que ne présente aucun autre Crocodile. Ils sont chacun renflés en une grosse boule ovale-oblongue, que j'ai voulu signaler à l’attention des zoologistes en appelant cette espèce Cro- CODILUS PHYSOGNATHUS. Nous pouvons poursuivre l'étude de cette mâchoire, composée, comme à l'ordinaire, del’an-. oulaire, du surangulaire, du complémentaire, et d’une petite portion de l’articulaire. Le grand creux que le com- plémentaire laisse au devant de lui sur la face interne de la branche existe comme dans les autres Crocodiles ; mais l’angulaire s’élargit et couvre la mâchoire à l’extérieur, en s’articulant avec ie surangulaire, de sorte que le grand trou ovale des autres Crocodiles n'existe plus ici, ce qui est encore un caractère distinctif de toutes les autres es- pèces de Crocodiles. « J'ai encore trouvé plusieurs os épars : tel serait le pariétal, encore assez facile à reconnaître, puis plusieurs autres mutilés, que dans cette première présentation je n’ose encore reconnaître. « Ce Crocodile vient, comme je l’ai dit en commençant, de l’oolithe de Poitiers. Il y avait dans la gangue un frag- ment de coquille voisine des Pecten, et une autre portant une charnière à deux fossettes cardinales qui la place- raient près des Spondyles, coquilles évidemment ma- rines. « Or tous les Crocodiles connus vivent dans les eaux douces et n’entrent pas dans les eaux marines. Cet habitat est donc un fait très-remarquable et toujours important à signaler, à cause des nombreuses espèces de Crocodiles fossiles que l’on trouve avec des espèces marines dans la craie et dans le calcaire tertiaire avec les animaux marins. « Malgré la longueur du museau de ce reptile, vous ne m'avez pas entendu désigner l'animal de ce genre sous d'autre nom que sous celui de Crocodile. 304. REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Aoû 1863.: «J'ai la conviction que l’on a donné beaucoup trop d'extension à la pensée de Cuvier. « Il ne considérait d’abord que deux formes génériques de Crocodile, les Crocodiles et les Caïmans; essayant de suivre les lois zoologiques de la distribution des espèces sur le globe : les Crocodiles de l’ancien monde et les Caïmans des eaux douces d'Amérique. Le beau travail de notre illustre maître fait découvrir de nouvelles espèces, et alors quelques Caïmans se montrent en Afrique, et des Crocodiles sont découverts en Amérique. «On retrouve enfin deux Crocodiles dans le Gange, et alors Cuvier établit trois subdivisions en sous-genres dans le genre unique des Crocodiles, que ceux qui ne se font pas une idée assez nette de la méthode appellent décidé- ment des genres. «Si l'on regarde les planches de Cuvier, on ne tarde pas à se convaincre qu'en plaçant après le Crocodilus acutus le Crocodile de Schlegel, Bv.,etle Crocodilus leptorhynchus, Murray (Proceed. xool. Soc., fig. 9), on arrive à la forme du Crocodile du Gange ou Gavial. Toutes ces espèces ont le CARACTÈRE DOMINATEUR que Cuvier nous a appris à apprécier dans chaque genre naturel. « Lesreptiles ont le cœur et le poumon, ou organes respi- ratoires, contenus dans une unique cavité viscérale; les os dela face fixés entre eux par des sutures immobiles comme celles du crâne; les os de la face étant mobiles sur le crâne chez tous les autres ovipares. Je développerai d’ailleurs cette pensée dans le mémoire in extenso qui paraïtra dans le recueil des Mémoires de l’Académie. » M. Seguin ainé présente un travail sur les mariages COnsangquins. « L’excellent article de M. Bourgeois sur les alliances consanouines, publié 1l y a quelque temps dans les Comptes rendus (séance du 26 janvier 1863), a contribué puissamment à tranquilliser les membres des familles, qui, se trouvant dans le même cas, n'étaient pas doués SOCIÉTÉS SAVANTES. 305 d'uie force d'esprit suffisante pour résister aux impres- sions pénibles qui devaient être la conséquence des nom- breuses attaques dont ces mariages sont devenus le sujet depuis quelques années. « J'aime à croire que les auteurs des observations iso- lées qui ont surgi de toutes parts à ce sujet ont, avec les meilleures intentions du monde, cherché la plupart du temps, et même à leur insu, à étayer des idées préconçues chez eux, en portant leur choix de préférence sur des ob- servations isolées conformes à leur manière de voir, et cela sans soupçonner ni même se douter le moins du monde qu'ils pouvaient affecter péniblement des per- sonnes qu'ils n'avaient nullement l'intention de contrister. C’est pourquoi j'ai cru devoir corroborer l'observation de M. Bourgeois par celle de dix alliances de ma propre fa- mille avec celle des Montsolfer, afin de combattre, par des résultats sur une aussi grande échelle, des observations sans suite et sans liaison entre elles, et que, cependant, leurs auteurs ont crues suffisantes pour servir de base à une prétendue loi qui devait en être la conséquence... » Suit le tableau de ces alliances avec leurs résultats : Sur 10 alliances dans la même famille entre cousins germains ef un oncle et sa nièce, il y a eu 64 enfants, dont 46 sont vivants en 1863, lesquels ont vécu, de 1845 à 1863, un nombre total de 1845 ans. M. le maréchal Vaillant présente une note de M. le Mulier concernant une espèce de Coccus indigène de PAI- gérie dont la couleur, quand on l’écrase, rappelle celie de la Cocheniile, Coccus Opuntiæ, et dont il semble qu'on pourrait également faire usage en teinture. L’autear, qui est aitaché à la section topographique de létat- major général à Alger, a eu l’occasion, dans l'exercice de ses fonctions, d'observer cet insecte, qui est très-abon- dant dans le Sahel, surtout dans la partie nord. On le trouve principalement sur des plantes de la famille des ombellifères, où le duvet cotonneux, d'une blancheur 306 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1863.) éclatante, dont son corps est recouvert, le fait aisément apercevoir. S'il se trouvait avoir quelque valeur comme sub- stance tinctoriale, il serait aisé de se le procurer en quan- tité, et il y aurait ainsi de l'occupation pour bien des pe- tites mains encore incapables d’un travail plus pénible. La note de M. le Mulier et un spécimen de ces Coccus qui l’accompagne sont renvoyés à l'examen d’une com- mission composée de MM. Chevreul et Blanchard. Il est possible que ce coccus ne soit autre chose que celui que j'ai découvert depuis longtemps dans le midi de la France et qui a fourni à M. Chevreul une couleur qu'il n'avait pas encore rencontrée dans la nature. M. Goubaux adresse d'Alfortun mémoire sur un monstre double purasitaire de la famille des Polygnathiens et du genre Épignathe. L'animal observé par M. Goubaux est une génisse âgée de quinze mois environ que possède l'hippodrome de Paris. Cette bête, très vigoureuse et bien portante, a le corps et les membres normalement conformés; mais la tête présente plusieurs particularités remarquables. Le front est muni de deux cornes qui ont la position et la grandeur ordinaires; de plus, deux autres cornes tout aussi longues, dirisées en avant et divergentes, naissent d’une saillie située à la hauteur des yeux. Au-dessous de cette saillie se présente un petit corps ayant la forme d'un mamelon, mais recouvert de poil comme toute la peau environnante. À droite et à gauche sont des paupières libres garnies de cils à leurs bords, et un peu au-dessous se montrent les vestiges d'une troisième paupière. Le doigt introduit dans ces fentes ne fait reconnaître aucun représentant du giobe de l'œil. Enfin les narines sont au nombre de trois, dont les deux extrêmes sont bien con- formées pendant que la moyenne semble résulter de la fusion de deux cavités en une seule. Le mémoire de M. Goubaux est renvoyé à l'examen SOCIÉTÉS SAVANTES. 307 d'une commission composée de MM. Serres et Milne- Edwards. Séance du 19 août. — M. Milne-Edwards lit un rapport très-favorable sur le voyage de M. Bocourt, à Siam. « Dans sa séance du 23 février dernier, l'Académie nous a chargés de lui rendre compte des résultats scientifiques obtenus par M. Bocourt pendant un voyage à Bangkok, capitale du royaume de Siam. « En 1861, le consul général de France en Chine, M. de Montigny, dout le zèle pour la science est bien connu de lPAcadémie, profita de ses relations amicales avec les rois de Siam, pour obtenir de ces princes la pro- messe d'un don considérable d'animaux vivants pour notre muséum d'histoire naturelle, et, sur la demande des professeurs de cet établissement, le ministre de l’instruc- tion publique décida qu'un de nos employés serait chargé d'aller à Bangkok recevoir ce présent au nom de l'empe- reur, et de diriger le transport de ces animaux de Siam à Paris. L'administration du muséum voulant profiter de cette occasion, ñon-seulement pour enrichir sa ménage- rie, mais aussi pour se procurer une collection des diffé- rentes productions naturelles de cette partie de l'Inde, proposa au ministre de confier cette mission à une per- sonne déjà versée dans l'étude de la zoologie, et conformé- ment à ses vues on fit choix de M. Bocourt, qui depuis longtemps était attaché aux laboratoires du jardin des Plantes, et qui était à la fois un dessinateur habile, un excellent préparateur ct un naturaliste familiarisé avec la plupart des branches de la zoologie, Un des hommes de service de la ménagerie {le sieur Royer) lui fut adjoint, et le 5 septembre 1861, muni d'instructions données par plusieurs membres de l’Académie, ainsi que par l’admi- nistration du muséum, il se mit en route, à la suite de l'ambassade siamoise qui, après avoir séjourné quelque temps à Paris, retournait dans l'Inde. Son voyage se fit très-rapidement par la voie de la mer Rouge, et, après 308 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1863.) avoir touché à Ceylan et à Singapoor, il arriva à Bangkok 1: 46 décembre. Les deux rois de Siam, ainsi que leurs ministres, l’accueillirent avec faveur et lui renouvelèrent les promesses qu'ils avaient déjà faites à M. de Monti- gny, pour qui ils témoignèrent beaucoup d'estime et d’a- mitié. M. Bocourt fut puissamment aidé par les agents de la France dans cette partie de l'Inde, et plus particulière- ment par M. d'Istria, qui remplissait temporairement les fonctions de consui français à Bangkok; mais la personne qui lui rendit les services les plus considérables fut un des membres de nos missions étrangères, M. l'abbé Lar- naudie, et nous saisissons avec empressement l’occasion qui se présente ici pour en remercier publiquement ce digne et zélé ecclésiastique. « Aussilôt son installation effectuée, M. Bocourt s’ap- pliqua activement à réunir des échantillons de la faune des environs de Bangkok, à préparer ces objets et à les cataloguer. El étendit ses excursions zoologiques jusqu’à Muany-Pexabury et à Aguthia, où il eut l'occasion d'as- sister à la capture d’une troupe d'Éléphants, et d’obser- ver quelques particularités intéressantes des mœurs de ces animaux. D’après les instructions qui lui avaient été don- nées par notre confrère M. de Quatrefages, M. Bocourt utilisa aussi son talent de dessinateur au service de la collection anthropologique du muséum, et il profita aussi de la présence, à Bangkok, d'un artiste habile (M. Rossier!), pour obtenir une série nombreuse de photographies re- présentant les monuments et les sites les plus remarquables de celte partie du royaume de Siam. Enfin, le 80 juillet 1862, après avoir reçu les animaux donnés au muséum d'histoire naturelle par les rois de Siam et par quelques autres personnes, M. Bocourts’embarqua à bord du trans- port la Gironde, pour se rendre à Singapoor et de là à Suez, en touchant à Anjer et à Aden. Le 45 novembre dernier, il fut de retour à Paris. « Ainsi qu'on devait s’y attendre, la mortalité fut très- SOCIÉTÉS SAVANTES. 309 forte parmi les animaux à qui l’on faisait faire si rapide- ment un trajet d'environ 2,500 lieues, et si MM. Pascalis et Jaurès, qui commandaient les bâtiments de l'État sur lesquels M. Bocourt prit successivement passage, ne l’a- vaient aidé de tout leur pouvoir, il lui aurait été impos- sible de remplir sa mission; mais dans cette occasion, comme dans beaucoup d’autres circonstances, les officiers de la marine impériale ont servi les intérêts de la science avec un grand dévouement, et notre voyageur à pu re- mettre entre les mains des administrateurs du muséum un nombre considérable d'animaux vivants très-précieux. Nous n'entretiendrons pas l’Académie des grandsmammi- fères et des reptiles qui ne présentaient rien de nouveau pour les zoologistes, tels que des Éléphants, un Tigre et des Crocodiles; mais nous signalerons, parmi les animaux dont notre ménagerie publique a été enrichie de la sorte, quelques espèces qui n'étaient encore connues que très- imparfaitement, et qui maintenant pourront être mieux étudiées. Tel est le Cervus Duvaucelii, dont nous n’avions que la femelle et dont nous possédons maintenant ur mâle adulte ; un Paradoxure d'espèce nouvelieet le Pha- sianus prelatus, qui n'avait pas encore été vu vivant en Europe. Parmi les mammifères destinés au muséum par les rois de Siam, il y avait aussi deux Cerfs fort voisins de l’Axis, qui, à première vue, nous ont paru cependant en différer et devoir appartenir à une espèce nouvelle pour la science ; mais, par suite d’une circonstance particulière, cette question est restée indéciseet ne pourra être résolue qu'ultérieurement. « En résumé, M. Bocourt mérite beaucoup d’éloges pour la manière dont il a rempli sa mission officielle; ais il a rendu à la zoologie des services encore plus considérables en formant, pour le muséum, des collec- tions nombreuses de préparations taxidermiques et d’autres objets précieux aux yeux des naturalistes, Il à rapporté près de quatre cents peaux d'oiseaux et de mam- 310 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Aoû 1863.) mifères, environ mille reptiles et poissons conservés dans l’alcool, un nombre non moins considérable de coquilles et de coraux, plus de huit cents insectes et plusieurs pièces anatomiques, ainsi que divers échantillons de plantes et de roches. Beaucoup de ces objets appartiennent à des espèces qui n'étaient pas encore représentées dans les ga- leries du muséum, et quelques-uns d’entre eux paraissent même être complétement nouveaux pour la science. M. Bocourt se propose de publier prochainement la des. cription des parties les plus intéressantes de sa belle col- lection, et dans les manuscrits qu’il a soumis au jugement de l’Académie nous trouvons des notes relatives à une première série de ces espèces nouvelles. Ainsi il y fait connaître deux espèces de Singes qu'il désigne sous les noms de Macacus Anamita et de 1. pallidus; deux Passe- reaux, dont l’un est voisin des Martins-Pêcheurs, mais paraît être nouveau pour les ornithologistes, et sera ap- pelé Callialcyon istriana; l'autre, le Æittacincla affinis, ne diffère que peu du Æ. macroura; six espèces nouvelles de reptiles de l’ordre des Ophidiens; une espèce nouvelle du genre Rana; trois Silurioniens nouveaux, dont l’un appartient au Pangasius de M. Valenciennes, et un autre qui paraît devoir constituer le type d’une nouvelle divi- sion générique établie par M. Bleeker sous le nom d’'He* terobarqus. Dans iles notes de M. Bocourt nous trouvons aussi la description de plusieurs coquilles nouvelles qui appartiennent aux genres Unio, Monocondyle, Paludine, Cyclostome et Ampullaire ; enfin il y fait connaitre égale- ment deux espèces nouvelles de Madrépores. « Lorsque tous les objets recueillis par M. Bocourt au- ront été étudiés d'une manière approfondie, cette liste d'espèces nouvelles sera certainement beaucoup augmen - tée; et, par le peu que nous venons d'en dire, on voit que ce naturaliste actif et intelligent à su rendre son voyage doublement utile à la science ; d’une part, en remplissant très-bien la mission officielle dont il avait été chargé, et, SOCIÉTÉS SAVANTES. 311 d’autre part, en exécutant avec zèle les instructions qu'il avait reçues officieusement des zoologistes de l’Académie. Nous ne pouvons que féliciter M. Bocourt d’avoir obtenu en si peu de temps des résultats si considérables, et nous proposerons à l’Académie de le remercier de la commu- nication intéressante qu'il lui à faite. » M. Rufz de Lavison lit un mémoire ayant pour titre, Sur le Ver à soie du chéne yama-maï du Japon; expériences faites au jardin zoologique d’acclimatation. Toutes les circonstances de cette éducation étant les mêmes que celles que nous avons publiées antérieure- ment, nous ne les répéterons pas ici. Seulement nous de- vons dire, dans l'intérêt de la vérité, que les graines que M. le directeur dit avoir été envoyées par M. Eugène Si- mon ont été données à la France par le gouvernement hollandais et apportées du Japon par M. Pompe van Meert der Wort, ainsi que nous l'avons dit à l’Académie dans notre dernier travail sur ce sujet, et comme l’établit M. le docteur Sacc (Revue de sériciculture comparée, n° 6, De 11). Ce qui nous confond, c’est que l’on ait sacrifié douze de ces cocons pour faire des essais de filature, quand on sait que cette filature est une chose vulgaire au Japon et en France. En effet, nous avons présenté des gréges pro- venant de balles entières exposées à Londres par la mai- son Remy Schmidt et comp.; nous avons entretenu nos abonnés de la Revue de sériciculture comparée, n° 3, p. 67, des expériences en grand faites par plusieurs filateurs français avec des cocons d’yama-maï provenant du Japon, et nous avons ajouté que cette espèce était culti- vée sur une si grande échelle au Japon, que le commerce commençait à en apporter en France des quantités con- sidérables, des balles de 800 kilog. arrivées à Hambourg et à Marseille et achetées par nos filateurs du Midi. Je crois que, si M. Rufz de Lavison avait connu toutes ces circonstances, il aurait gardé pour la reproduction les 312 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Aout 1863 .) douze cocons qu'il dit avoir sacrifiés pour une expérience qui n'apprend rien à personne, car l’on sait que ces grands lépidoptères ne contiennent, dans leurs ovaires, qu'environ deux cents œufs, dont ils ne pondent générale- ment pas beaucoup plus de la moitié. J'ai observé aussi que la fécondation de celte espèce s’est faite très-difficile- ment et que, bien souvent, des femelles ont pondu des œufs non fécondés, quoiqu’elles soient restées longtemps enfermées avec les mâles. Toutes ces circonstances me font craindre que cette première tentative d’acclimataiion n'ait pas donné beaucoup d'œufs réellement fécondés pour les tentatives de l'année prochaine, et c'est pour cela que je me suis bien gardé, au laboratoire de sériciculture comparée de la ferme impériale de Vincennes, de sacri- fier inutilement de ces précieux cocons. M. Husson présente un mémoire sur les terrains de transport des environs de Toul. — Cavernes et ossements. L'auteur s'est occupé surtout de l'étude des principales grottes et plus spéciaiement de celle que l’on nomme le Trou de Ste.-Reine, dans laquelle il a trouvé De nombreuses màchoires d’Ursus spelœus, des dents et débris d’ossements d'Hyène ( Hyæna spelæa}: Des débris de Ruminants, d’Insectivores, etc. « J'arrive, dit l’auteur en terminant, aux ossements hu- mains et aux ustensiles en silex. « 4° Je n'ai trouvé d’ossements dans aucune de ces ga- leries souterraines ; il en existe bien en face, rive gauche de la Moselle, dans des fissures du coteau dit sous la Treiche; mais c’est un ossuaire rappelant un combat qui fut autrefois livré dans cette partie du territoire de Pierre- la-Treiche. « 2 Le trou du portique m'a offert cinq ou six sortes de cubes et une espèce de coin en silex; mais ils ont été trouvés dans la couche tout à fait récente, et puis ces formes sont celles qu’affectent nos nodules de silex du quatrième sous-groupe de la grande oolithe quand ils se SOCIÉTÉS SAVANTES. 313 brisent, ainsi qu'il sera facile d’en juger par les échan- tillons ci-joints. Ce quatrième sous-groupe est précisément situé à une dizaine de mètres au-dessus de l'entrée des grottes. » M. Signol adresse un travail sur la présence des Bacté- ries dans le sang d'animaux atteints de diverses maladies. M. Davaine adresse de nouvelles recherches sur les infu- soires du sang dans la maladie connue sous le nom de sang-d:-rate. M. Boucher de Perthes adresse à M. Élie de Beaumont de nouveaux détails concernant la mâchoire humaine de Moulin-Quignon. M. Élie de Beaumont ajoute quelques remarques sur le gisement de Moulin-Quignon à l’occasion de la lettre de M. Boucher de Perthes. Séance du 17 août. — M. Jobert de Lamballe donne lec- ture de la continuation de ses belles recherches sur la réparation et la régénération des tissus. M. Coinde adresse un travail sur les Coccus algériens supposés propres à fournir une matière linctoriale. CORRE L'Académie me permettra de lui rappeler, à Poc- casion de cette communication, mes cinq ou six Commu- nications sur les Pucerons et les Gallinsectes d'Algérie, et d'ajouter que je les ai accompagnées d'exemplaires dessé- chés adressés directement à M. le professeur Blancharü, chargé d'examiner ces notes. Parmi les Gallinsectes que je signalais, et qui, pour la plupart, ont été recueillis dans la pépinière du gouvernement à Bone, il s’en trouvait plu- sieurs possédant au plus haut degré les propriétés tincto- riales de la Cochenille, une très-belie espèce, entre autres, que je trouvai sur une grosse courge, et dont une variété est également parasite du Nerium oleander. Dans la note qui en faisait mention, je m'’attachais à faire ressortir la propriété colorante de cette espèce. » M. Dumas présente une note du D' Giov. Polli, insérée dans le troisième volume des Actes de l'Institut lombard 2 sÉRIR, T. xv. Année 1863. 2! 314 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1863.) des sciences, leltres el beaux-arts. Cette note a pour titre : De l'emploi des sulfites et hyposulfites pour pré- venir la maladie dominante des vers à soie. Les succès obtenus en Italie à l’aide de ce moyen prophylactique détermineront probablement à l’essayer en France, et, comme il pourrait l'être, cette année même, pour les édu- cations tardives, il a paru utile de lui donner quelque publicité, en reproduisant au Compte rendu cette note, qui a été lue à l'Institut lombard dans la séance du 22 janvier 1863. « Une longue série d'expériences, dit le D' Polli, m'ayant fait reconnaître dans les hyposulfites la propriété de paralyser les ferments morbifiques et d'être en même temps très-bien tolérés par l'organisme, je proposai à notre illustre collègue le Cav. Vittadini d'en essayer pour les Vers à soie. Il en fit en effet, le printemps dernier, une expérience sur une petite échelle, il est vrai, mais con- duite, comme on devait s'y attendre de la part d’un aussi habile naturaliste, c’est-à-dire de manière à donner des résultats très-nets. « Un petit lot de quatre cents Vers à soie, provenant d'une graine parfaitement saine, fut séparé en deux portions placées dans des conditions identiques, à cela près que l’une était alimentée avec de la feuille préparée au sulfite de soude, et l’autre avec la feuille naturelle. « Les deux cents Vers nourris avec la feuille naturelle dounèrent des papillons malades, et dont la graine aussi fut mauvaise. Les deux cents nourris avec la feuille sul- fitée (1) se conservérent tous en bon état, ils montèrent à la branche et firent leur cocon d’une manière satisfai- sante, et les papillons donnèrent une graine reconnue saine. (1) La préparation consistait à immerger de quelques centimètres, et pendant cinq à six heures, le gros bout d’une jeune branche de mürier, garnie de ses feuilles, dans une solution aqueuse d’une partie de sullite de soude dans dix parties d’eau. La solution pénétrait promp- SOCIÉTÉS SAVANTES. 315 « Ces résultats m'ayant été communiqués par le D" Vit- tadini, en septembre dernier, je proposai à un de mes amis, l'abbé F. Canetta, qui faisait une petite éducation automnale sur les bords du lac Majeur, de répéter l'essai : il y consentit, et me communiqua les résultats obtenus dans la note suivante, que je transcris textuellement : « Au mois de septembre 1862, M. Meynard de Valréas m'expédiait 2 onces de graine de Ver à soie, qui de- vaient, m'assurait-il, éclore le 9 du même mois. La froide température de ces jours-là retarda un peu l’éclosion , mais elle fut complétement terminée du 153 au 14. Jusqu'à la troisième mue, les Vers furent très-beaux et sans aucun signe de la maladie; à la quatrième, un peu de noir commença à se montrer, et quelques Vers à diminuer au lieu de grossir. « Quand le D Poili m'eut envoyé de Milan le sulfite de soude qui devait servir à l'expérience, je fis aussitôt prendre sur les claies quatre cents Vers ayant passé la quatrième mue, en les choisissant aussi égaux que pos- sible en grosseur et en apparence de santé. Je les plaçai sur deux claies, deux cents sur chaque, et les maintins dans des conditions identiques d’air et de traitement, afin que les résultats fussent comparables. Ayant dissous le sulfite de soude dans 10 parties d’eau. je plongeai dans la solution quelques rameaux de mürier chargés de feuilles en quantité suffisante pour fournir un repas à deux cents Vers. Deux fois le jour, matin et soir, je donnais aux Vers à soie de l’une des claies la feuille des rameaux qui avaient été dans la so- lution indiquée durant vingt-quatre heures (et pas davantage, car au delà la feuille se pàmait), et quatre autres fois, c’est-à-dire deux fois de jour et deux fois de nuit, je leur donnais de la feuille naturelle. tement, par voie d'absorption, dans le parenchyme des feuilles, qui étaient alors détachées et données aux Vers à soie. 316 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. ( Août 1863.) « Les Vers placés sur l’autre claie avaient aussi leurs « six repas servis aux mêmes heures, mais tous avec la « feuille naturelle. « Après quelques jours, mes deux cents Vers nourris « avec la feuille sulfitée étaient beaux et bien vifs, pen- « dant que les autres, bien qu’assez beaux, étaient comme « endormis et presque immobiles. « Tous les Vers ont continué à manger pendant douze «jours après la quatrième mue, et alors quelques-uns « ont commencé à filer. En quatre jours les Vers traités « avec la feuille suifitée m'ont donné 107 cocons, ceux de « l’autre division seulement 19. Les autres, c’est-à-dire «les quatre-vingt-treize de la première brigade et les « cent quatre-vingt-un de la seconde, ont été encore lais- « sés plusieurs jours sur les claies et n’ont donné aucun « cocon. Bien est que les autres Vers provenant, comme « ceux-ci, des 2 onces de graine m'en ont donné très- «peu. Aucun même des cocons n’a été parfait; tous « étaient faibles et légers, et il n’en est pas sorti un seul « papillon, ce que j’attribue à la saison trop avancée et à « l'état des feuilles presque privées d'humidité et ainsi in- « capables de fournir une nourriture suffisante. « J’observai également qu'après la mort des Vers le « corps de ceux qui avaient mangé de la feuille préparée « se desséchait sans se corrompre, pendant que, pour les «autres, la putréfaction des corps se déclarait par une « puanteur très-sensible. » « Je n’ai rapporté, poursuit le docteur Polli, ces deux petits essais que pour appuyer la probabilité de l’utile ac- tion qui pourrait expliquer le traitement par le sulfite de soude comme moyen de prévenir ou de guérir la maladie des Vers à soie et pour montrer dans tous les cas l’inno- cuité de ce médicament et sa facile tolérance par l'orga- nisme. Il faudrait, je le sais, des expériences plus éten- dues et plus variées pour établir la valeur réelle de cet SOCIÉTÉS SAVANTES. 317 agent thérapeutique que recommanderait d’ailleurs une application commode et économique. « En vue de ces futures expérimentations, je me per- mettrai d'indiquer ici quelques-unes des conditions aux- quelles il conviendra de se conformer pour obtenir de bons résultats : « 1° La dose la plus converable pour la solution aqueuse est de 1 partie de sel pour 20 ou 30 d’eau; une solution plus concentrée fait faner trop promptement la feuille. «2° L'imbibition des feuilles s'obtient en plongeant dans la solution le bout taillé en bec de flûte de jeunes branches bien chargées de feuilles et en les y laissant en- viron six heures. On peut aussi imbiber les feuilles déta- chées et pourvues de leur pédoncule; on superpose les feuilles, et les pédoncules, placés côte à côte, sont intro- duits entre le bord et le couvercle d’un bassin en fer- blanc contenant la solution saline; une heure d’une pa- reille immersion sera suffisante (1). « 3° La feuille suifitée sera donnée aux Vers deux fois le jour, à deux heures d'intervalle, au lieu d’une ration de feuilles naturelles, et on veillera à ce qu’elie soit com- plétement consommée. Une très-petile quantité de sulfite de soude doit suffire à produire sur les Vers l'effet voulu, d’après ce que nous savons de la dose trouvée efficace et suffisante pour l'homme. Pour l’adulte du poids de 59 ki- logrammes, la dose ordinaire thérapeutique est de 10 à 15 grammes par jour; ainsi, pour chaque gramme pesant de Ver à soie, il ne faudrait pas plus de de milli- 4 (1) La pratique conduira sans doute à découvrir des moyens plus commodes et plus expéditifs de préparer les feuilles ; mais nous de- vons, dès à présent, avertir qu’il ne faut pas songer à remplacer l’ab- sorption vitale des feuilles par leur aspersion avec la solution de sul- fite de soude, parce que celui-ci, exposé à l’air, se convertit peu à peu en sulfate, qui est amer, purgatif et nullement antiseptique; d’ail- leurs, par suite de l’évaporation, la feuille se trouverait couverte d’une efflorescence saline qui rebuterait les Vers à soie. 318 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1863.) gramme de sulfite dans les vingt-quatre heures {1). Si au sulfite de soude on substituait l’hyposulfite, la moitié de la dose suffirait. Celui-ci serait peut-être préférable pour ‘e traitement prophylactique. « Pour faciliter ies expériences, en donnant un moyen expéditif de constater la présence du sulfite, je conseil- lerai l'emploi d'un papier réactif préparé à peu près comme le papier ozonométrique, c'est-à dire de bandes de papier joseph trempé dans une solution de 1 partie d’iodure potassique, 2 d’amidon et 300 d'eau; le papier une fois séché est bleui par une immersion rapide dans le chlore. Ce réactif est d’une extrême sensibilité et permettra de constater dans une goutte d'eau, et même d'un liquide coloré, la présence de 5 de milligramme de sulfite et même de -= si la teinte du papier est légère. Avec ce moyen on pourra suivre exactement le passage des sulfites tant dans les feuilles de mürier que dans le corps des Vers à soie et dans leurs humeurs. Cela ser- vira à guider dans les recherches qui sembleraient utiles pour arriver à la détermination du mode d'action du mé- dicament ou pour en diriger l'emploi. « Nous accueillerons avec reconnaissance, M. Vittadini et moi, toute observation qui tiendrait à rendre plus con- cluants les résultats des expériences que nous devons faire au printemps prochain, et que nous nous empresse- rons de communiquer à l'Académie; l'efficacité des sul- fites pour arrêter ou prévenir la fermentation morbide étant un fait bien établi, les résultats obtenus de leur em- ploi ne pourront manquer de jeter du jour sur la maladie des Vers à soie. Si nos essais ne réussissent pas, ce sera (1) La comparaison entre les Vers à soie et les mammifères a déjà été faite par MM. Regoault et-Riset dans leurs « Recherches sur la respiration » (Annales de chimie et de physique, août 1833). La fosction respiratrice, ‘en tant que consommation d'oxygène et forma- tion d'acide carbonique, fut trouvée, à poids égal, aussi active dans les Vers à soie que dans les maminifères et les grands oiseaux, SOCIÉTÉS SAVANTES, 319 une preuve que la maladie n’est pas de nature septique, dissolutive ou fermentative, attendu que l’action des sul- fites peut-être considérée comme une sorte de réactif no- sologique au moyen duquel on explore le caractère d’une classe donnée de maladies. Si le caractère soupçonné ne s’y trouve pas, on saura que c'est d’un autre côté qu'il faudra chercher. Si le résultat, au contraire, est favorable, le champ des recherches sera circonscrit; on pourra pé- nétrer plus profondément dans la nature du mal et on sera en meilleure condition pour trouver le traitement convenable. » M. Rayer transmet une lettre de M. Thury, qui prie l’Académie de vouloir bien faire examiner par une com- mission les faits qu’il a consignés dans son mémoire sur la loi de la production des sexes. « J’ajouterai à l’appui de la demande de M. Thury, dit M. Rayer, que notre confrère M. Boussingault m'a écrit qu'il allait répéter sur l'espèce bovine une expérience faite récemment en Suisse, et qui a confirmé les faits an- noncés par l’auteur. Mais pensant qu'une expérience sem- blable, faite sur une très-grande échelle, serait seule propre à juger la question, j'ai prié notre confrère M. le maréchal Vaillant, d'obtenir de l’empereur l'autorisation nécessaire pour que cette expérience fût répétée dans les fermes agricoles dépendant du ministère d’État, et à sa demande, Sa Majesté s’est empressée de l’accorder. » M. Davaine adresse de nouvelles recherches sur les infu- soires du sang dans la maladie connue sous le nom de sang- de-rate. Séance du 24 août. — M. Chevreul lit un remarquable mémoire intitulé , Sur la méthode expérimentale en gé- néral, et en particulier sur un mode de distribution des espèces zoologiques dite par étage. M. Eugène Robert adresse à M. Élie de Beaumont un travail sur les gisements de grands animaux, et de pierres travaillées des environs de Nancy : 320 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1863.) « En 1830, j'avais rencontré sur la partie la plus élevée de la côte de Toul qui regarde Nancy, et au bord de la grande route de Paris à Strasbourg, des débris d’un jeune Éléphant (Elephas primigenius) enveloppés de cailloux roulés fortement cimentés par une terre argilo-ferrugi- neuse. Le gisement de ces fossiles, que je n’avais pas eu le temps d'étudier, appartenait sans doute « aux petits « dépôts diluviens répandus partout à la surface et dans les « anfractuosités des roches en place. » (Séance du 18 mai de l’Académie des sciences.) « Ayant voulu revoir, ces jours-ci, l’endroit où j'avais observé, en passant, des débris de pachyderme (1), je n'ai plus rien trouvé: l'exploitation du calcaire oolithique avait complétement fait disparaître l'anfractuosité où cailloux et ossements s'étaient arrêtés pendant le transport diluvien; mais elle avait mis à nu de nombreuses crevasses remplies de terre rougeûtre et de cailloux roulés, em- pruntés évidemment aux petits dépôts diluviens qui cou- ronnent la côte de Toul. Il m’a paru aussi que ce remplis- sage s'était fait lentement et à plusieurs reprises, suivant, au reste, les circonstances atmosphériques qui y ont donné lieu ; car les parois de ces crevasses, qui donnent quel- quefois accès à de petites cavernes, sont profondément érodées par les eaux et les agents atmosphériques. Il a donc fallu beaucoup de temps pour qu'elles prissent cet aspect caverneux, « Ce serait au fond de l’une de ces crevasses, à Maxeville, que j'ai explorée avec le plus grand soin, que l'on aurait trouvé, dans ces derniers temps, des ossements humains accompagnés de débris d’Aurochs et de Cerf gi- gantesque, avec des haches grossièrement taillées en trapp des Vosges. J'ai fait fouiller ce prétendu gisement (1) On n'apprendra peut-être pas sans intérêt que près de là il a été recueilli une très-petite molaire d'Éléphant (pour ainsi dire un germe), qui me semble avoir appartenu au même animal dont le muséum doit posséder la petite défense que je lui ai offerte en 1830. SOCIÉTÉS SAVANTES. 321 devant les personnes qui l’auraient découvert et qui veulent l’assimiler à celui d’Abbeville, en le considérant, bien entendu, comme diluvien. Il m'a été impossible d'y découvrir le plus petit fragment d'os et de trapp, et j'ai été réduit, pour me dédommager, à voir les collections que les jeunes MM. Gaïffe et Benoît m'ont assuré avoir faites eux-mêmes sur les lieux. « Sans vouloir contester l'authenticité des ossements humains (l’un d'eux est une mâchoire qui m'a paru fort ancienne, semblable, pour moi, à celles que j'ai recueillies dans les monuments celtiques) et de quelques fragments de trapp imitant à peu près des haches ou des pointes de flèches, dans lesquels il est toutefois bien difficile de re- connaître une intention humaine, il m'est resté, dis-je, les plus grands doutes à l’égard des pierres qui ont vérita- blement la forme de haches. On croirait ces dernières fidèlement copiées sur celles de Saint-Acheul; et, dans tous les cas, elles portent des empreintes de coups de marteau d’une fraicheur désespérante; il n’y a même pas dans les interstices de la pierre la moindre accumulation d'argile rougeâtre, ni la plus faible incrustation calcaire ou ferrugineuse, qui auraient dû, ce me semble, leur servir de patine. En un mot, je crains bien qu’il n’y ait eu beaucoup de supercherie dans la création de ces col- lections qui renferment cependant, je dois le dire, des choses très-intéressantes au point de vue de la paléon- tolopie. « Qui ne voit maintenant, en admettant, à la rigueur, la réalité d’une association d’ossements et de pierres tra- vaillées dans une des crevasses de Maxeville, qu'il s’est passé là quelque chose d’analogue à ce que M. Élie de Beaumont à fait valoir pour expliquer la présence d’une mâchoire humaine dans les sablières de Moulin-Quignon, à savoir remaniement de cailloux roulés et de débris de grands Mammifères perdus, empruntés au diluvium situé au- dessus, mélangés à des débris de l'homme ainsi qu'à 32% REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1863.) des produits de son industrie abandonnés primitivement à la surface du sol; les uns et les autres ayant pénétré à différentes époques dans des crevasses dont l'ouverture affleure le sol et se trouve aujourd'hui comblée par de la terre végétale ? Au lieu de former des dépôts meubles sur des pentes comme à Abbeville, tous ces matériaux, d’âges différents et de composition si diverse, auraient rempli ici, daps la vallée de la Meurthe, les nombreuses crevasses qui règnent dans le calcaire oolithique. » M. l'abbé Chevalier adresse au même savant un travail sur les terrains superficiels de la Touraine et sur les haches en silex, d’où il conclut que « rien ne démontre la con- temporanéité de l’homme avec le diluvium et avec l’Elephas primigenius. » M. de Luca adresse un travail sur la transformation en sucre de la peau des serpents. M Dareste adresse de Nouvelles Recherches sur la pro- duction artificielle des monstruosités. M. Al. Donné adresse des Recherches sur l'altération spontanée des œufs. Il ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. MEmorias. — Mémoires sur l’histoire naturelle de l’île de Cuba, accompagnés de sommaires latins et d'extraits en français, par Felipe Pory, professeur de zoologie et d'anatomie comparée à l’université royale de la Havane, membre fondateur de la Société entomologique de France, t. II. La Havane, 1856-1858. Le savant naturaliste de Cuba, poursuivant son œuvre patriotique avec calme et persévérance, continue dans ce volume les travaux qu'il à commencés dans le premier, dont nous avons donné une analyse dans cetie revue. ANALYSES D OUVRAGES NOUVEAUX. 323 Les mémoires qui composent le L. IE font vivement dé- sirer ceux qui composent le t. EL et les suivants, et, comme nous annonçons tardivement celui-ci, il est probable que ce t. IX ne se fera pas longtemps attendre. Voici l'indication des mémoires qui composent ce vo- lume EE. Pages, NAS ndexMolluscorume 2" nee Ch. 3 40. Molluscorum species novæ, à J. Gund- ACT RE SR TEE 13 &l. Molluscorum species novæ. . . . . .. 23 42. Observations sur les Mollusques. . . . . 40 k3. Appendice sur les Lépidostées et Cro- COULLES A ME ne eee Ur DU 68 k4. Appendice sur les Abeilles de terre. . . 72 PO GOENIUS AQUATCUS. D ee 73 AUMEA A vISparde la flan 4, 1. 2 18 AEMIOIUSCANEUDANA 2 2e ce 87 RS AMAECES CID OS PE MR CIN 95 HOMPOISSONS dB CLDA EN 20 0. LL 115 50. Conspectus piscium cubensium. . . .. 391 AUS CAR Ne M ei eee à 404 DA US COOL ae ei JU 2 de ve 408 DA DDENUICe en du 0 415 Les premiers mémoires n° 39 à 42 n'ont pas d’ana- lyses et se composent de listes, de descriptions et de rectifications d'espèces. Le no 43 est, quant à la pre- mière partie, une traduction d’un article que l’auteur a inséré dans les Annales du Lycée de New-York, vers 1836, sur la respiration double du ELepidostée Manjuari. Ce Poisson, placé vivant dans une cuvette pleine d’eau, sou- lève la tête chaque cinq à huit minutes pour avaler de l’air atmosphérique, et la replonge aussitôt; après quoi, on voit sortir des bulles d’air par les ouvertures des ouïes. Ce que lon a pris pour une vessie natatoire est un vé- ritable poumon composé d’artères et de veines vascu- 324 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1863.) laires, la première venant de l'aorte, les autres aboutis- sant aux veines caves. La seconde partie contient des détails anatomiques sur les Squales. Ils possèdent des canaux péritonéaux, tels que ceux des Crocodiles. Ces conduits ne servent pas plus à une seconde respiration que ceux des reptiles où ils ont été observés; ils percent l’anus et ont probablement pour objet de le lubrifier dans l’accouplement. ’évent de quelques Sélaciens est en rapport avec le crâne, et l’on peut croire qu'il forme accessoirement par- tie de l'appareil auditif. Le mémoire 44, sur les Abeilles de terre, est une tra- duction d’un article inséré dans la Revue zoologique, 1855, page 187, afin de corriger une erreur commise au sujet de la Trigona fulvipes. Les individus que M. Poey prend pour des mâles, dans le E£** volume de ses Mémoires, sont des femelles non fécondées vivant en paix avec les Tri- gones mères, chargées exclusivement de la ponte... Le mâle ne diffère extérieurement des neutres que par un article de plus aux antennes, et par le défaut d’un peigne figuré à l’angle interne de la jambe, pl. xxn, fig. 3. Il prend donc une part active aux travaux de la Société. Voyez, pl. vi, les pattes du mâle; pl. xxx, celles du neutre; pl. x1v, fig. 16-17, l'appareil génital du mâle: fig. 5, celui de la femelle non fécondée; fig. 8-9, celui de la femelle fécondée. — Comptez douze articles aux an- tennes pl. vs, fig. 5. Dans le mémoire 46, M. Poey s'occupe des Guêpes de Cuba, appartenant au genre Polistes qui forme une dou- zaine d'espèces. Parmi ces espèces, la Polistes americana de Fabricius est celle qui porte dans l’île de Cuba le nom vulgaire d’Avispa de la jia. M. Poey donne des détails circonstanciés sur cette espèce et sur l’appendice fungi- forme qui se développe sur son cadavre. Cette espèce est nommée, dans le pays, Guêpe de la jia, parce qu’on croit ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 325 qu’elle donne naissance à l’arbre nommée Jia dans le pays. Dans le mémoire 50, M. Poey offre six cent quarante et une espèces de Poissons de l’île de Cuba, distribuées en trois sous-classes, cinq ordres, cinq sous-ordres, cin- quante-huit familles et cent quatre-vingts genres. Il y a cent soixante-dix espèces décrites par divers auteurs avant l’impression des Mémoires de M. Poey, surtout par MM. Cuvier et Valenciennes, d’après Parra, et la collec- tion de sujets et dessins qu'il leur avait fournie en 1827. Deux cent trente-six sont décrites par lui dans les deux volumes déjà parus; cent dont la détermination est dou- teuse, faute d'objets auxquels il puisse les comparer; cent vingt dont il ne possède pas de descriptions assez complètes et qu’il nomme pour cela déficientes. Il ne compte pas ici quarante-neuf espèces rejetées dans son article intitulé Species repudiandæ. Ce beau volume, terminé par un index général, est ac- compagné de dix-neuf planches lithographiées et au trait, représentant des Mollusques et des Poissons. Espérons que M. Poey continuera cette excellente collec- tion de ses travaux consciencieux, si utile à la connais- sance des animaux du beau pays qu’il habite. (G. M.) CLYTIDES d'Asie et d'Océanie, par M. A. CHEVROLAT. — In-8° de 98 pages. Extr. des Mém. de la Société royale des sciences de Liége, t. XVII, 1863. Après avoir donné, dans les Annales de la Société en- tomologique de France, en 18690, 1861 et 1862, la mono- graphie des Clytides du Mexique, de l’ancienne Colom- bie et du Brésil, le savant entomologiste a entrepris celle des espèces de ce groupe que l’on trouve en Asie et dans l'Océanie, et il l’a traitée avec le même succès. En présence du grand nombre d'espèces qui forment sa belle collection et qui lui ont été communiquées par 326 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1863.) les entomologistes de tous les pays, M. Chevrolat à dû créer quelques coupes génériques nouvelles pour y faire entrer des formes qui ne pouvaient se classer dans les genres déjà établis. Ces coupes, au nombre de onze, ont reçn de lui les noms de Callichromopsis (p. 3), Psilomerus (p. 5), Grammographus (p.33), Arcyphorus (p. 35), Chlorophorus (p. 38), Amauræstes (p.75), Ischnodera (p. 80), Spheges- thes (p. 81), Epodus (p. 83), Oligoanoplus (p. 85) et Epipe- docera (p. 87). 154 espèces de Clytides sont mentionnées dans ce tra- vail; 87 étaient déjà connues, 67 sont inédites. A la fin de cet ouvrage, M. Chevrolat a donné la des- cription d’un nouveau genre de Lamiaires qu’il nomme Ancylistes et qui est formé d’une curieuse espèce des Indes orientales, et d’un singulier Longicorne qu'il appelle Sco- podus ? bicaspis et au’il tient de M. Wachauru de Mar- seille qui ignorait son habitat. L'ouvrage est terminé par une liste méthodique des espèces citées ou décrites. (G. M.) ICONOGRAPHIE DES OPHIDIENS, par M. le professeur Jan, 2e livraison, grand in-4°, fig. Décembre 1861. Dans cette livraison, sans texte, on trouve: PI. I. Leptoboa Dussumieri, Schl., de l'ile Maurice ; PI. Il EÆEnygrus carinaltus Bibroni ct Trachyboa qu- laris ; PI. HI. Enygrus Bibroni; PI. IV. Pelophilus madagascariensis ; PI. Vet VE. Séenostoma. Ces planches, véritablement des chefs-d’œuvre de pré- cision, sont dues au pinceau de M. Sordelli, et ont été gravées à Paris par M. Lebrun, notre meilleur graveur d'histoire naturelle. (G. M.) MÉLANGES ET NOUVELLES. a PT IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. J'avais rapporté avec moi du nord-est de l'Australie un perroquet dont les couleurs fondamentales sontle rouge et le bleu. Arrivé sain et sauf à Genève (survivant ainsi à une douzaine de ses compagnons qui ont péri lorsque nous doublâmes la Terre de Feu), loiseau fut mis dans une même cage avec un autre perroquet tout vert. Ce dernier, je crois, devait être originaire des Indes occi- dentales. Ils demeurèrent là ensemble dans une parfaite intimité du commencement d'octobre jusqu'à il y a deux mois, ou à peu près. À cette époque, je m'avisai de les lâcher en liberté sur une petite terrasse située non loin des bastions. Pendant deux ou trois jours ils revinrent régulièrement, presque à heure fixe, manger et boire dans leur cage, dont je laissai la porte ouverte, puis ils disparurent. Dans le courant de la semaine dernière, on prenait aux bastions ({) un jeune perroquet croisé bleu et vert. Un autre, du même âge apparemment, et des mêmes couleurs, tombait, un jour après, aux tranchées, entre les mains d’une personne qui le vendit à un oiseleur. Enfin, un dernier, le plus jeune de tous, ayant les mêmes couleurs, est vénu se faire prendre avant-hier sur la même terrasse d'où j'avais lâché les premiers. Il me semble que ce fait curieux de perroquets nichant avec succès aux bastions fait bien augurer du jardin d’ac- climatation projeté à Genève. Les perroquets nichent en Australie dans des trous d'arbres. En. MarceT. La COocHENILLE EN SICILE. — Depuis que M. le baron Anca estrentré dans sa patrie, il ne cesse de travailler aux (1) Promenade publique ayant des allées de grands arbres, 398 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Août 1863.) progrès de l’agriculture, et il a fondé à Palerme une So- ciété d’acclimatation qui commence à rendre de véri- tables services au pays. Parmi les introductions utiles que l’on doit à cette So- ciété, nous devons citer celle de la Cochenille. On lit, dans le procès-verbai de la séance du 25 septembre 1862, qu'elle a reçu des Cochenilles mères envoyées d’Alger et qu'elles ont parfaitement pris sur un pied de nopal. M. le baron Anca écrivait à la Société impériale d’acclimatation, le 21 novembre 1862, que la Société de Palerme avait voté les fonds nécessaires pour faire venir d’Alger des piantes d’opuntia coccinellifera, afin d’en faire une plantation sé- rieuse dans le jardin d’acclimatation de Camastra. Il est évident que cette nouvelle industrie doit réussir en Sicile comme en Algérie, où elle aurait pu être bien plus répandue et depuis longtemps. Un de nos abonnés désire vendre un magnifique exem- plaire du grand ouvrage sur les Lépidoptères, ayant pour titre, PAPILLONS EXOTIQUES des trois parties du monde, par CRAMER, 5 vol. in-4°, y compris le supplément de Stoll, formant un ouvrage complet accompagné de 442 planches coloriées. — Prix, 300 fr. — Prix réduit, 250 fr. Écrire (franco) au bureau de ja Revue de zoologie, 4, rue des Beaux-Arts. TABLE DES MATIÈRER. lases. MarcHanD. Catalogue des Oiseaux observés dans le département d'Eure-et-Loir. 281 AucapirAine. Mollusques céphalopodes de l'Algérie. 284 ScHaurus. Coléoptères nouveaux du genre Machaerites. 293 CoTTEAU. Échinides nouveaux ou peu connus. 294 SOCIÈTES SAVANTES. 300 Analyses. 322 Mélanges et nouvelles. 327 IMP. DE M6 V® BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'EPERON, 9. — 1803, VINGT-SIXIÈME ANNÉE.— SEPTEMBRE 1863. I. TRAVAUX INÉDITS. Lisre des Mammifères et Reptiles observés en Portugal, par M. Barposa pu Bocace, directeur du muséum d'his- toire naturelle de Lisbonne. J'ai pensé qu'une liste des mammifères et reptiles que j'ai pu observer en Portugal serait bien accueillie des zoologistes contemporains. Je ne me dissimule pas l’im- perfection de ce travail, et, si j'ose le présenter avant d’avoir multiplié mes observations et recueilli un plus grand nombre de renseisnements, c'est que je tiens à combler sans retard, au moins en partie, une lacune assez regrettable dans la faune de l’Europe. I. MaAMMirÈREs. 4. Chéiroptères. — Les chéiroptères ne m'ont donné jus- qu'ici qu'un petit nombre d'espèces, six en tout : Rhino- lophus unihastatus, E. Geoffr.; Rhin. bihastatus, E. Geoffr.; Plecotus auritus, E.Geoffr.; Vespertilio murinus. L.; Vesp. serotinus, Schreb.; et Vesp. Kuhli, Natter. Toutes ces es- pèces appartiennent également à l'Algérie. Pour tous les chéiroptères il n’y a en portugais qu’un nom vulsaire, celui de morcego. 2. Insectivores. — J'indiquerai d'abord, comme faisant partie de notre faune, le Besman des Pyrénées (Mygale pyrenaica, Ë. Geoffr.). Un individu de cette espèce, un mâle parfaitement adulte, a été pris, cette année, dans un petit 2° s£R1Ig, T. XV. Année 1863. 22 330 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Septembre 1863.) confluent de la rivière Taméga, dans la province de Minho : il se trouve actuellement au muséum de Lisbonne. J'ignore le nom vulgaire. La Musaraigne vulgaire (Crocidura aranea, deSélys —en portugais Rato musgo), le Hérisson d'Europe (Erinaceus europæus, L. — en port. Ouriço-Cacheiro), et la Taupe (Talpa europæa, L. — en port. Toupeira) complètent la liste provisoire de nos insectivores. 3. Rongeurs.—Le Lapin(en portugais— Coetho) est com- mun partout. Notre Lièvre (en port. —Lebre) est identique à celui de la région méditerranéenne — L. meridionalis, Gené; L. mediterraneus, Wagner. La diagnose et la fi- gure de cet animal, publiées par Wagner dans ses suppl. à Schreber, sont loin d’être exactes. Le Lepus timidus du nord d'Europe ne se trouve pas en Portugal. Le genre Myoxus n’a ici qu'un seul représentant, le Myoxus nitela, L. Le genre Rat est bien plus nombreux en espèces. Nous avons le Surmulot, le Rat d'Alexandrie, le Rat noir, le Mulot et la Souris. Je n'ai pu encore trouver le Mus mi- nutus. Le genre Arvicola ne m'a fourni que trois espèces : l'A. amphibius, de Selys, commun dans les environs de Coïmbra ; l'A. Saviü, de Selys; et l'A. incertus, de Selys. Pour la détermination de cette dernière espèce je me suis servi des caractères ostéologiques indiqués par M. Gerbe (Revue zoologique, 1854.) On prétend que le Porc-épic (Hystrix cristata, L.) a été déjà rencontré dans notre province d’Alemtejo; mais je n'ai pu encore m'assurer de l'exactitude d’une semblable assertion. Je n'ai de même aucune preuve authentique de l'existence de lÉcureuil chez nous. 4. Carrassiers. — Le Lynx (Felis pardina, Oken) est sans contredit le plus intéressant de nos carnassiers indigènes. Cet animal est devenu rare : on le rencontre dans les pro- TRAVAUX INÉDITS. 331 vinces d’Alemtejo et de Beira, dans les montagnes boi- sées. Il est connu, suivant les localités, sous les noms de Gato-Cravo et de Lobo-Cerval. Le Chat sauvage, identique à celui d'Europe, est bien plus commun que le Lynx. Il est l'hôte obligé de presque toutes les forêts d’une certaine étendue dans les provinces d’Alemtejo, de Beira et d'Estremadura. Notre Loup, assez commun, ne me semble différer en rien du Loup ordinaire d'Europe. Je n'ai jamais vu ici le Renard roux à ventre blanc, si commun en France et dans le nord de l’Europe; tous les individus que j'ai pu examiner appartiennent à l'espèce ou plutôt race d'Italie nommée par le prince Ch. Bonaparte — Canis melano- gaster (en portugais — Raposa). La Margouste (Herpestes Widdringtont, Gray, — en portugais — Sacca-rabo) est un des mammifères qui don- pent un cachet particulier à la faune de la Péninsule ibé- rique. Elle est très-commune dans les provinces d’Alem- tejo et d'Estremadure: elle habite de préférence les terrains plats, les champs cultivés, les vignobles, etc. La Geneite (en portugais — Ginetlo), en tout sem- blable à celle d'Europe, et la Belette (en port. — Doninha) se trouvent partout. La Loutre apparaît également partout dans le voisinage de toutes nos rivières. La Fouine est moins facile à rencontrer, mais je pense qu'elle doit être commune. Quant à la Marte et au Putois, je crois qu'ils doivent exister en Portugal, d'autant plus que des chasseurs m'ont parlé souvent de deux animaux dont les caractères s’ac- cordent bien avec ceux de ces Carnassiers. Cependant je dois avouer franchement que je n’ai jamais vu aucun in- dividu frais, ni reçu leurs dépouilles authentiques. Avant de clore la liste de nos Carnassiers, il me reste en- core à citer le Blaireau (en portugais — Tescugo), com- mun surtout dans nos provinces du Midi. 332 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Septembre 1863.) 5. Bisulques. — Nous avons quatre espèces : Le Sanglier (en portug. — Javali, Porco-montez) ; le Cerf (C. Elaphus — en portug. — Veado ; le Chevreuil (en port. — Corso); le Bouquetin {en port. — Cabra-montez). A l'exception du Sanglier, qui se trouve dans toutes nos provinces, tous les autres ont un habitat assez restreint. Le Cerf vitunique- ment dans une partie de l’Alemtejo; le Chevreuil et le Bouquetin (Capra hispanica, Schimper) n’ont jamais été rencontrés que sur les plus hautes montagnes du Gerez, dansle nord du Portugal. 6. Mammafères marins. —Mesobservations sur nos Mam- mifères marins sont encore très-incomplètes. Le Phoque commun (Ph. vitulina, L.) a été rencon- tré sur notre côte, et tué, cette année, près de Peniche : j'en ai vu la peau. Le Marsouin {Phocæna communis, Cu.) et le Dauphin {Delphinus delphis, L.), le premier surtout, se montrent habituellement dans nos principaux fleuves jusqu’à une distance plus ou moins grande de leur embouchure. L'Épaulard (Orea gladiator, Gr. — en port. Roar ban- deira), sans être aussi commun, visite souvent nos ports. J'ai vu, cette année, dans la rade du Schubal deux cétacés dans lesquels j'ai cru reconnaître le Tursiops tursio. Enfin je sais que plusieurs fois des Baleinopteres se sont échoués sur notre côte; mais, n'ayant pu les examiner, je ne peux rien affirmer de leur identité spécifique. II. REPTILES. Pour abréger je n’ajouterai aux noms des espèces que des indications indispensables. 1. Chéloniens. Emys sigriz, Dum et Bib. Hab. — dans le Midi (Cägado). Cistudo europæa, Dum. et Bib. — par- tout (Càgado). Chelonia caouanä, Dum. et Bib. — com- mune (Tartaruga). Sphargis coriacea, Dum. et Bib. — Un TRAVAUX INÉDITS. ; 399 magnifique individu tué près de Peniche en 1828 existe au muséum de Lisbonne. 9. Sauriens. Plaiydactylus muralis, Dum. et Bib. — commun (Osga); Tropidosaura algqira, Fitz. commun; Lacerta ocellata, Daud. — très-commun (Sardao); Lac. muralis, Dum. et Bib.— commun (Lagartixa); Lac. viri- dis, Daud. — rare (Sardao); Psammodromus Edwardsüi, Dum. et Bib. — commun; Æmphisbæna cinerca, Vandeli, — commune; Seps chalcides, Ch. Bp.— commun; Anguis fragilis,L. — très-commun. 3. Ophidiens. — Rhinechis scalaris, Bp. — commun à Cintra, Coïmbra, etc. Tropidonotus natrix, Dum. et Bib.— très-commun. Trop. viperinus, Dum. et Bib. — rare. Periops hippocrepis, Wagl. — commun. Cælopeltis insi- gnitus, Wagl. var. Newmayeri, Bp. — commun aux en- virons de Lisbonne. Vipera ammodytes, Dum. et Bib. — commune dans les montagnes ct dans les forêts (Vibora). C'est l’unique espèce de Vipère que j'aie rencontrée en Portugal. k. Balraciens. — Rana viridis, Dum. et Bib.— très-com- mune. (Rad.) À. temporaria, Dum. et Bib. — plus rare. (Raä.) Discoglossus pictus, Oth. — commun à Coïmbra. Alyses obstetricans, Wagl. — très-commun. (Sdpo.) Hyla viridis, Laur.—commune. (Raineta.) Bufo vulgaris, Laur. — très-commun. (Säpo.) Salamandra maculosa, Laur. — commune. {Salumandra.) Pleurodeles Watlii, Michak. — commun à Cintra. Triton marmoratus, Latreille, — com- mun. (Saramantiga.) Triton palmatus, Schneider, — com- mun à Coimbra. Euproctus Rusconi, Dum. et Bib.? Tels sont les reptiles que j’ai pu déjà rencontrer en Por- tugal. J'espère que d'ultérieures recherches m'en feront découvrir un plus grand nombre d’espèces. 334 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Septembre 1863.) CATALOGUE des Oiseaux observés dans le département d'Eure-et-Loir, par M. A. Marcæanp. (Suite. — Voir p. 281.) 27. Pic VERT (Picus viridis). Commun toute l’année. En décembre 1847, un facteur rural m’apporta un Pic vert vivant ; il l’avait pris au moment où il pénétrait dans une fourmilière. Trois jours après, il en prit encore un de la même manière, dans la même fourmilière. 28. Pic ÉPEicHE (Picus major). Commun dans l’arrondissement de Nogent-le-Rotrou. Plus rare dans le reste du département. 29. Pic mar (Picus medius). Je n’ai jamais reçu que deux de ces oiseaux tués autour de Chartres. 90. Pic ÉPEICHETTE (Picus minor). Ne se montre que très-accidentellement. 31. TORCOL VERTICILLE (Yunæ torquilla). De passage au printemps et à l’automne. Niche quel- quefois. 32. Coucou Gris (Cuculus canorus). Arrive en avril et repart à la mi-septembre. 33. BEC CROISÉ ORDINAIRE (Loxia curvirostra). En 1803, il y eut dans le Perche un passage très-nom- breux de Becs croisés ; ils s’abattaient sur les tas de pommes qu'ils fendaient pour en avoir les pepins, dont ils pa- raissent très-friands. En 1835, il y eut un autre passage qui dura depuis le mois de juillet jusqu’en décembre ; il y en avait dans tout le département. Sur une quarantaine qui me sont passés par les mains, je n’en ai pas vu un seul en beau plumage rouge. TRAVAUX INÉDITS. 339 On m'a assuré que, depuis cette époque, quelques paires de ces oiseaux nichaient dans le Perche. 34. BOUvVREUIL VULGAIRE (Pyrrhula europæa). Commun toute l’année. Il y en a des passages pendant l'hiver en troupes peu nombreuses. J'ai dans ma collection trois races bien distinctes ne différant que par la taille. Nous ne voyons ici que la race moyenne. 35. GROS-BEC ORDINAIRE (Coccothraustes vulgaris). Niche ordinairement dans les parcs non loin des habi- tations. Quelques-uns voyagent en hiver. J'ai une variété blonde. 36. VERDIER ORDINAIRE (Chlorospiza chloris). Niche dans le pays; se mêle pendant l’hiver aux bandes de Bruants, Pinsons et autres. Je possède une variété tapirée de blanc. 37. MoiNEAu pomesriQque (Passer domesticus). C’est le plus répandu de tous nos oiseaux. Les moineaux se réunissent, vers la mi-août, en bandes très-nombreuses. Ils dévastent les champs de blé commençant à mürir, sur- tout dans le voisinage des habitations. Je doute que les services qu’ils puissent rendre com- pensent les pertes qu’ils occasionnent. Is nichent dans des trous de murailles et souvent sur des arbres ; on voit alors plusieurs nids se touchant pour ainsi dire. On trouve des variétés blanches, tapirées de blanc, noires et blondes, de différentes teintes. Ceux qui fré- quentent les forges et les verreries sont presque noirs. 38. MoiNEAU FRIQUET (Passer montanus). Reste toute l’année. Ils se réunissent l'hiver en très- grandes bandes; ils volent qui très-rapprochés les uns des autres. 336 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Septembre 1863.) 39. Pinsox oRpiNaIRE (Fringilla cælebs). Commun toute l’année. Il a, au printemps, un chant que les habitants de ja campagne considèrent comme un signe certain de pluie. J'ai une variété à tête blanche et une autre blanchâtre. x NoTe sur la Géographie entomologique, par M. J. L. Coins. 1° Rapports nombreux des faunes de Mostaganem (pro- vince d'Oran) et de Sousse (Sahel Tunisien). 2° De la Megacephala euphratica à Sfax (Sahara Tuni- sien) et aux environs d'Oran. Cette nouvelle note sur la géographie entomologique m'a été suscitée par deux cents insectes que je reçois de Mostaganem, et qui viennent me permettre de constater de nouveaux rapports entre la faune de notre colonie et celle de la régence de Tunis. Quelque brèves et impar- faites que soient mes notes à ce sujet, je suis persuadé que, réunies, elles pourront être de la plus grande utilité. La géographie zoologique, en général, est encore au berceau, et celle des insectes n’est pas même près de naître. Que de nombreuses contradictions, en effet, n’of- frirait pas cette science? La géographie botanique était des plus faciles, les plantes affectant, presque toujours, des localités spéciales. A l'exception des animaux voya- geurs, On peut aussi assigner des limites fixes aux habitats des Vertébrés, mais essayez-le pour les insectes. Les uns, comme les hémiptères, se retrouvent sur tout le globe, aussi bien au nord qu’au midi et à l’ouest qu’à l’est, sans qu'aucune loi visible ait déterminé les frontières de leurs royaumes; d’autres, qui semblent n’occuper qu'un très-petit espace, se retrouvent à quelques centaines de lieues de la localité où on a cru les découvrir pour la première fois. Ils n’ont, je crois, d’autres lois, dans leur dispersion, que celle des milieux, qui peuvent être égale- TRAVAUX INÉDITS. 337 ment semblables en France et en Afrique, sur la mon- tagne et dans la plaine, dans les pays froids et dans ceux de l'équateur. En effet, les expositions diverses peuvent former, dans deux localités très-différentes, des tempéra- tures semblables; le terrain peut y être analogue, la na- ture des plantes identique; enfin ils peuvent y trouver la satisfaction de leurs besoins. Fe crois aussi qu’on ne doit pas s'inquiéter de savoir comment, dans le principe, telle ou telle espèce a pu se retrouver également dans les plaines de l’Europe et dans les déserts africains; ils s’y trouvent, c'est un fait, et c’est le principal. Cependant, comme on ne peut pas attribuer toujours la présence de ces insectes à des migrations, on est bien obligé de croire à la création primitive des mêmes espèces dans ces lieux si différents. Nous savons, tous, que beaucoup d’insectes européens se retrouvent dans les États barbaresques, et les entomolo- gistes pratiques, qui habitent l'Algérie et qui l’exploitent consciencieusement, savent aussi que bon nombre d’es- pèces nouvelles, créées par les entomoilogistes parisiens, ne sont souvent basées que sur de bien faibles caractères, et qu’elles ne peuvent sérieusement être considérées que comme variétés des espèces françaises, dont on les a sé- parées, à tort, sur des caractères fort peu importants, et résultant, le plus souvent, des influences climatériques; car, si j'affirme qu’un grand nombre d'espèces se re- trouvent dans des localités bien éloignées les unes des autres, je ne dis pas, pour cela, que les climats, si diffé- rents de ces localités, ne feront pas, de ces mêmes espèces, dans le principe, des variétés bien tranchées. Je crois fermement, enfin, que, si l’on formait un catalogue ento- mologique de tous les insectes connus, en y indiquant leurs différents habitats sur le globe, on en trouverait bien peu, et peut-être aucun, qui soit particulier à une loca- lité spéciale. On criera à l’exagération; mais que l’on exa- mine froidement la question, que tous les entomologistes de l'univers, voyageurs et savants de cabinet, se mettent à 338 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Septembre 1863.) l’œuvre, qu’on fouille dans les collections, dans les au- teurs, dans la nature surtout, et l'on verra bientôt que cette affirmation n’est pas dénuée de fond et de vérité. Mais je voulais, dans cet article, parler surtout des ana- logies nombreuses que semblent présenter ensemble les deux faunes de Mostaganem et de Sousse, l’antique Ha- drumète, port de mer du Sahel Tunisien. Les classes des Arachnides, des Hémiptères, des Orthoptères, des Myria- podes et des Crustacés Isopodes, représentés dans l’envoi que l’on me fait de Mostaganem m'offrent presque entiè- rement des individus semblables à ceux que j'ai trouvés à Sousse en 1860. Dans celle des Coléoptères, nous voyons des Scarites Pyracmon communs partout sur les plages méditerranéennes; des Pimelia cribripennis et barbara, que nous n’avions trouvées qu'aux environs de Bone; des Timarcha nobilis et autres espèces, avec leurs variétés, qui sont très-communes à Sousse; des Aeloe majalis et autres espèces, toutes deux assez communes dans l'Algérie et la Tunisie; de grosses espèces d’Asida noires, et à abdomen linée (Algérie et Tunisie); des Graphipterus luctuosus et deux autres petites espèces; des Pimelia Solieri, et une pe- tite espèce que je crois nouvelle, et qui est assez semblable à celle trouvée par M. Letourneux dans le Chelia; deux Silphes que nous avons aussi rencontrés spécialement à Sousse ; plusieurs variétés splendides de Buprestes, qui se trouvent à Sousse et à Orléansville ; une des faunes les plus riches en Algérie; plusieurs Geotrupes, que j'ai ren- contrés également à Sousse, entre autres, une très-petite espèce; trois ou quatre espèces d'Erodius, si communs à Bone, à la Calle et à Sousse; plusieurs Mister, identiques à ceux que me fournissaient les cadavres ou les excréments desséchés aux environs de Sousse; des Atteuchus que l'on rencontre partout dans les États barbaresques; des Ci- cindèles (Sousse, Tunis, Sfax, etc.) ; l’Hymenoplia Chevro- latii, que j'avais dejà rencontrée, avec surprise, à Sousse, et qui est si commune, pendant une quinzaine, aux bois SOCIÉTÉS SAVANTES. 339 de la Pape (environs de Lyon); les Licinus brevicollis (Bone, Tunis, Sousse, Kef, etc.); plusieurs espèces de Blaps, d’Akis, de Scaurus, etc., etc., et autres genres de Mélasomes, également communs à Tunis et à Sousse; des Pachychila, communes sur les plages arénacées; les Cara- bus morbillosus, Numida et Lucasii, qui habitent égale- ment les différentes parties de l’Algérie et de la Tunisie; des Harpalus, des Feronies et autres petits Carabiques (Tunisie et Algérie, Sousse); enfin des Onthophagus, des Lampyris et nombre de Chrysomélines et de Sécuripalpes, que j'avais déjà rencontrés aux environs de Sousse, où M. le vice-consul Espina m'avait offert une large et géné- reuse hospitalité. Un des Carabiques qui possède la plus riche livrée, et sur lequel un entomologiste publiait, dernièrement, une note dans les Annales entomologiques, la Tetracha ou Me- gacephala euphratica, enfin, fut retrouvée, en premier lieu, à Sfax, par M. Espina, qui en adressait un certain nombre au muséum, puis par moi en 1860, ce qui venait confirmer la présence non accidentelle de ce charmant in- secte aux environs de cette ville, sise à mi-chemin de Tu- nis à Tripoli. Primitivement trouvée en Asie, la Tetracha Euphratica fut, plus tard, rencontrée à Oran et en Tu- misie. Elle habiterait aussi, dit-on, la Tripolitaine et V'E- gypte, et serait (avec l’unique espèce du genre Belostoma (Belostoma cosmopolitanum, mihi), sur lequel j’ai adressé une communication à l’Académie) une des plus fortes preuves de ce que je viens d'avancer. II. SOCIÉTÉS SAVANTES. ACADÉMIE DES SCIENCES. Séance du T septembre 1863. — &M. Milne-Edwards pré- sente la première partie du VIIL volume de ses Leçons sur 340 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Septembre 1863.) la Physiologie et l’Anatomie comparée de l’homme et des animaux. Dans ce fascicule, l’auteur termine l’histoire des fonctions de nutrition. €M. Emile Blanchard présente, de la part de l’un des correspondants étrangers de l’Académie, M. 4. V. Nord- mann, professeur à l’université de Helsingfors, un mé- moire imprimé, relatif à des Moules comestibles (Mytilus edulis\ gigantesques, recueillies sur les côtes de l’île d'Ed- gecombe, près Sitcha (Amérique russe). Il signale, à cette occasion, quelques-unes des circonstances dans lesquelles des animaux sans vertèbres et même certains Vertébrés, comme les Poissons, peuvent acquérir des dimensions dépassant infiniment les limites ordinaires. « Rappelant, d’autre part, que la Syrie est une région ‘du monde où l’on rencontre des Insectes orthoptères de grande taille, M. Émile Blanchard met sous les yeux de l’Académie une espèce de la famille des Locustides et du senre Saga, recueillie aux environs d'Alep, dont les pro- portions dépassent beaucoup celles de ses congénères connus actuellement. Ce remarquable Insecte a été offert, ces jours derniers, au muséum d'histoire naturelle par M. Delair, rédacteur du Cosmos. » M. Guyon présente une note sur le Lemming de Norvège : « Le genre Lemming (1) constitue, comme on sait, un sroupe de petits mammifères tous répartis dans les ré- gions boréales, et tous aussi remarquables sous différents rapports, notamment sous celui de leurs émigrations. Ces émigrations sont non périodiques, comme celles de la Sauterelle voyageuse (Acridium peregrinum), et s'accom- pagnent, comme elles, de ravages plus ou moins considé- rables sur les points de leur parcours. Seulement les ravages du Lemming se font pendant les ténèbres de la nuit, tandis que ceux de l'insecte voyageur se font au grand jour. (1) Les Norvégiens, tant des villes que des campagnes, prononcent lémen (leméne). SOCIÉTÉS SAVANTES. 341 « Le Lemming de Norvége, le seul dont je doive m’oc- cuper ici, habite le sommet des montagnes, où il se nourrit ‘principalement de lichens et de mousses. Comme tous ses congénères, il dort le jour et ne s’éveille qu’à l’approche de la nuit. Il est alors d'une activité qui déborde, pour ainsi dire, tout son être : il se meut, en quelque sorte, dans tous les sens à la fois, en déchirant, rongeant et murmurant. « Il y avait déjà quelques années que le Lemming nor- végien n'avait émigré, lorsqu'il émigra de nouveau au printemps de cette année, mais moins nombreux que de coutume (1). On le vit alors, et à sa manière ordinaire, se répandre dans le pays, en suivant le bord des rivières et des lacs, et en traversant les populations situées sur son parcours. À mon passage à Lillehamar, dans la première quinzaine de juillet, on en voyait encore de nombreux individus courir dans les jardins, le long des maisons, et traverser les rues, toutes jonchées de leurs morts. La ville que je viens de nommer, Lillehamar, est sise au nord du Jac Micœæsen, sur le contre-fort d'une des montagnes les -plus pittoresques de la Norvége, au point de vue de l’ad- mirable cascade qui la sillonne. « Le Lemming, malgré sa délicate existence, est plein de force et de courage. Il fuit d’abord, si on le poursuit; mais bientôt il s'arrête et fait vive défense, à l’aide de ses griffes et des dents qui mordent profondément. Cette dé- fense s'accompagne de cris très-aigus, et qui ne sont pas sans inspirer quelque crainte, lorsqu'on veut saisir le petit mammifère (2). On assure, et je n’en serais nulle- ment étonné, qu’il peut mourir sous le coup des agaceries dont il serait l’objet. Les individus se battent souvent (1) Il émigrait en même temps, aussi en petit nombre, dans la Suède du nord et en Finlande. (2) D’un autre côté, les habitants croient sa morsure venimeuse, de sorte qu’il est fort difficile de pouvoir se le procurer par leur in- termédiaire. 342 REV. LT MAG. DE ZOOLOGIE. (Septembre 1863.) entre eux, et j'ai tout lieu de croire que, dans cértaines circonstances, ils se dévorent l’un l’autre. Toujours est-il que, parmi les cinq individus dont il sera question plus loin, il m'est arrivé d'en trouver un qui était mort avec la partie supérieure du cou et des épaules absolument dé- nudée par un arrachement de la peau qui la recouvrait. « L’émigration du Lemming a beaucoup préoccupé les naturalistes. Quelle en est la cause? Pour les uns, un hiver rigoureux dont l'animal aurait le pressentiment ; pour les autres, le manque ou la rareté des subsistances sur les points où il vit; pour d’autres encore, leur grande multi- plication certaines années. Examinons, l’une après l’autre, ces trois causes assignées à l’émigration du Lemming : « 1° Un hiver rigoureux dont l'animal aurait le pressen- timent. S'il en était ainsi, l’émigration se ferait toujours à une époque plus ou moins rapprochée de l’hiver. Or l'émigration de cette année s’est faite au printemps. «2° Le manque ou la rareté des subsistances sur les points où il vit. Le Lemming, comme nous l'avons déjà dit, se nourrit de lichens et de mousses. Or les lichens et les mousses des montagnes où il vit ne sont pas moins abon- dants cette année que les précédentes. «3 La grande multiplication de l'animal certaines années. Cette cause nous paraît la plus plausible, et nous nous y arrêterons en attendant qu'on en trouve une autre qui le soit davantage. « On a dit que le Lemming, dans ses émigrations, sui- vait une direction invariable, toujours en ligne droite ; qu'aucun obstacle ne l’arrêtait dans sa marche, ni fleuve ni montagne ; que les fleuves étaient traversés à la nage, les montagnes gravies ou contournées, etc. Sans doute que, sur ces différents points, un peu de merveilleux a été mêlé à l’histoire de l’intéressant petit mammifère (1). (4) Voir ce qu’en dit M. de Quatrefages, dans son excellent article sur le genre Campagnol (Dictionnaire universel d'histoire natu- relle, dirigé par Charles d'Orbigny, t. HD). SOCIÉTÉS SAVANTES. 343 « Selon toutesles probabilités, la direction qu'ilsuit dans ses émigrations lui est donnée par la déclivité ou pente du terrain ; il descendrait donc toujours, dans sa marche, comme l’eau de ses montagnes. « Selon toutes les probabilités encore, à un moment donné, dans les années d’émigration, et comme répon- dant à un appel général, les Lemmings descendraient de leurs montagnes respectives, se réuniraient à leur base et continueraient ainsi leur marche à travers le pays. Cette marche, comme on sait, se fait en colonnes plus ou moins serrées, selon le nombre des émigrants, colonnes qui s’af- faiblissent chaque jour davantage par la mort tragique qui les moissonne si rapidement dans leur parcours. Et en effet, outre que, dans les lieux habités, beaucoup pé- rissent sous les pas de l'homme et sous la dent de nos animaux domestiques (le Chien, le Chat, le Porc), les ani- maux sauvages, qui suivent leurs colonnes, leur font une guerre acharnée. Ceux-ci sont tous les oiseaux de proie, et, parmi les Mammifères, l’Isatis et le Renard. On assure même que le Renne, malgré sa nature herbivore, ne l’'épargnerait pas. D'où résulte que le Lemming quitte ses montagnes pour ne plus les revoir ; qu'il les quitte pour marcher à une mort certaine, et que la continuation de l'espèce n’est assurée que par les individus restés au foyer. « Quels seraient donc ces derniers ? On pourrait sup- poser que ce sont ou les plus vieux et les infirmes, ou les plus jeunes, encore trop petits ou trop faibles pour prendre part à l’émigration, ou bien aussi les plus prudents, les plus sages : qui sait? « Les ravages faits, cette année, par le Lemming ont été minimes; il est vrai qu'il était moins nombreux que de coutume, ainsi que nous l’avons déjà dit précédem- ment. Toujours est-il que c’est un animal vorace et qui consomme beaucoup. J'ajoute qu'il boit souvent, et en 344 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Seplembre 1863.) assez grande quantité à la fois, à en juger d’après les quelques individus dont il me reste à parler (1). « Jamais le Lemming n'avait été vu vivant en France. Je devais donc, tout naturellement, chercher à me le pro- curer ainsi. J'en avais réuni cinq individus; mais, sur ce nombre, trois sont morts avant de quitter la Norvége. Les deux autres, embarqués sur la mer du Nord, se sont par- faitement accommodés de la vie maritime, et, lorsque nous touchions au port (le Havre), après une assez longue traversée (quinze jours), ils croquaient le biscuit aussi bien et avec le même appétit que le matelot. Ils ne man- geaient pas moins volontiers noix, noisettes, amandes, raisins et autres friandises, auxquelles j’associais, de temps à autre, des produits de leurs montagnes, dont j'avais fait provision, tels que le fruit du rubus arcticus et celui de plusieurs vaccinium (2). Les choses se conti- nuaient ainsi à Paris, depuis notre commune arrivée, lorsque, il y a peu de jours, l’un de mes deux voyageurs fut trouvé mort dans sa cage (3); l’autre, sans doute, aura prochainement le même sort, et c’est dans cette prévision que j'ai voulu ne pas différer plus longtemps à mettre sous les yeux de l’Académie mon dernier voyageur, pen- sant qu'elle verrait avec quelque intérêt un représentant en vie du Lemming de Norvége. » Cet intéressant petit mammifère a été figuré dans divers ouvrages; nous en avons donné une représentation exacte dans notre Zconographie du Règne animal de Cuvier (Mam- mifères), pl. xxvuH, fig. 1. (1) Je leur donnais à boire en plaçant au haut de leur cage une éponge imbibée d’eau; ils venaient y puiser à tout moment, et de manière à m’obliger de renouveler souvent l'imbibition de l'éponge. (2) Vaccinium myrtillus, uliginosum, vitis idæa. (3) Avec l’œil affaissé et la cornée opaque. C’était la suite d’une inflammation due sans doute à une lumière ou trop vive, ou trop prolongée, à laquelle les animaux auront été exposés dans leur transport. SOCIÉTÉS SAVANTES. 945 M. J. F. Brandt lit un travail intitulé, Quelques mots sur une ostéographie des Sirènes, accompagnés d’une ostéo- logie des Pachydermes et des Cétacés. Note accompagnant la présentation de dessins préparés pour son ouvrage. « J'ai l'honneur d'entretenir l'Académie d’un travail que j'ai fini sur le grand Lamantin du Nord {Rhytina bo- realis seu Stelleri), découvert et décrit par Steller, mais détruit par les hommes il y a déjà plus d'un siècle. Ce travail fournit la description très-détaillée du squelette presque entier de l’animal gigantesque comparé avec les autres genres de la famille des Sirènes, nommément les Manatis, les Dugonss et les Halithéries. Ces derniers sont classés parmi les animaux antédiluviens, et peuvent, à raison de la présence de vestiges des pieds de derrière, être considérés comme les formes les plus parfaites de la famille ; les Rhytines, au contraire, à cause du défaut des dents chez les adultes, comme les plus imparfaits. Si cette supposition était exacte, les Dugongs formeraient une forme intermédiaire entre les Halithéries d’une part et les Rhytines d'autre part, tandis que les Manatis, malgré les différentes affinités qu'ils offrent avec les Dugongs, les Halithéries et avec les Rhytines, seraient des formes col- latérales se distinguant par la’ queue et les dents, et sous ce rapport se rapprochant des Pachydermes, nommément des Tapirs et Dinothériums. De cette manière, les Sirènes se rattacheraient aux Pachydermes de deux différents côtés, par les Halithériums et par les Manatis. « Au reste, mon travail expose également l'ostéolosie comparée des Pachydermes et des Cétacés, et je tâche de démontrer que les Sirènes ne sont pas des Cétacés, mais plutôt des Pachydermes purement aquatiques, qui, au reste, selon les principes de nos classifications, peuvent aussi très-bien former un ordre à part. » Le même savant ajoute quelques observations sur l’Elas- motherium : « L'autre objet, dont je prends la liberté d'entretenir 2 SÉRIE, T. xv. Année 1863. 23 346 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Septembre 1863.) aujourd'hui l’Académie, c’est: l'Elasmotherium, animal fossile dont on ne connaît d’une manière bien certaine jusqu'à présent que la moitié d’une mandibule conservée dans le muséum de l’université de Moscou, mais qui manque de deux dents, et une mâchelière déposée dans Je muséum de l’Académie impériale des sciences de Saint- Pétersbourg. L’Æ£lasmotherium, d’après la figure de la mandibule, appartient sans doute à la famille des Rhino- céros, mais il se distingue, par la conformation de ses mäâchelières très-siagulières et énormes, non-seulement de tous les Rhinocéros, mais également de tous les autres Mammifères vivants et fossiles. Dans cet état de choses, la moindre observation nouvelle qui peut ajouter à nos con- naissances sur cet animal qui semble si remarquable doit vivement intéresser les naturalistes. Des deux dents qui manquent à la mandibule du muséum de Moscou, l’une est l’avant-dernière mâchelière. Une visite que j'ai faite au muséum de l’université de Charkow m'a permis de découvrir cette dent qui semble même appartenir à la même mandibule. Cette dent remarquable paraît avoir été trouvée dans le pays des Cosaques du Don. J'ai l'hon- neur de la mettre sous les yeux de l’Académie, qui la jugera peut-être digne de son attention, s’il est vrai, comme je le crois, que jusqu'iei on n’a jamais vu en France une dent de l’Elasmotherium. Au reste, il faut remarquer que dans les galeries du jardin des Plantes se trouve la partie cérébrale d'un crâne fossile décrit par Duvernoy (sur les Rhinocéros fossiles de la collection crânioscopique de Gall, Archives du muséum, 1853, p.125) sous le nom de Sféréocéros, qui offre parfaitement le type général des parties correspondantes d’un crâne de Rhi- nocéros. C’est pourquoi M. le professeur Kaup, à Darm- stadt (Bronn Faurb. für Mineral., 1840; s. 453), a émis l'opinion que le Stéréocéros de Duvernoy pourrait bien n'être autre que l’Ælasmotherium. Cette assertion du natu- raliste de Darmstadt me parait, en effet, assez probable, SOCIÉTÉS SAVANTES. 247 d'autant plus que, d’après ce que j'ai observé moi-même, la mandibule, dont les galeries du jardin offrent le modèle en plâtre, semble en rapport avec le crâne de ce Stéréocéros. » M. C. Dareste présente un travail sur un monstre simple dans la région moyenne, double RU et inférieu- rement : « Dans la classification tératologique d’Esidore Geoffroy- Saint-Hilaire, les monstres doubles sont répartis en trois tribus ainsi caractérisées : « 4° monstres complétement « doubles ; 2° monstres doubles inféricurement et simples « supérieurement ; 3° monstres doubles supérieurement et « simples inférieurement. » Ces trois tribus semblaient épuiser le nombre des combinaisons monstrueuses pos- sibles. « J’ai eu récemment occasion d'étudier un poulet mon- strueux qui m'a présenté une combinaison nouvelle, car il élait simple dans la région moyenne et double supérieu- rement et inférieurement. « Si étrange qu'une pareille organisation puisse nous paraitre au premier abord, elle s’explique cependant de la façon la plus satisfaisante par la réunion, sur le même sujet, de deux monstruositès que l’on aurait pu croire in- compatibles, l’opodidymie et l’iléadelphie. Le sujet était trop altéré pour qu'il m'ait été possible d'étudier les par- ties molies ; mais l'observation du squelette ne m’a nos aucun doute sur cette détermination. « L’opodidymie était indiquée par l'existence de deux becs attachés à un crâne unique. L’intervalle qui séparait ces deux becs présentait une orbite contenant un œil unique, mais appartenant évidemment par moitié aux deux sujets composanis. « L'iléadelphie était caractérisée par la disposition de la colonne vertébrale qui, simple dans la région dorsale -êt la région lombaire, se bifarquait dans la région sacrée. Chacune de ces colonnes vertébrales portait un bassin et 348 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Séplembre 1863.) un train de derrière parfaitement complets. J'ai pu con- stater l'existence de deux anus, fait qui indique évidem- ment une bifurcation de la partie terminale de l'intestin. «Il y avait, de plus, une anencéphalie complète, pré- sentant tous les caractères ostéologiques, les seuls que j'aie pu observer, qui ont été indiqués dans les monstruc- sités anencéphaliques observées dans l'espèce humaine. Ce fait est d'autant plus intéressant que l’anencéphalie n'avait jamais été observée dans la classe des oiseaux. » « M. de Paravey présente à l'Académie quelques consi- dérations sur l'existence d’un oiseau voisin de l’Autruche, mais beaucoup plus grand et analogue à l’Epiornis, qui serait signalée dans l'Encyclopédie japonaise. Il demande à l’Académie de prendre des mesures pour obtenir la tra- duction de cet ouvrage, au moins pour les parties qui concernent les sciences naturelles. » Séance du 14 septembre. —M. Guipon présente un mé- moire sur les effets de la consanquinité, de la syphilis et de l'alcoolisme combinés et observés dans une même famille. Les faits exposés par l’auteur dans ce mémoire, et très- soigneusement observés par lui, l’ont conduit à des con- clusions qu’il résume dans les termes suivants : « 4° La consanguinité exerce une influence déprimante sur la force vitale, et notamment sur un de ses principaux et plus importants attributs, la puissance de reproduction ou de continuation de l'espèce. « 20 Si la stérilité ne s’observe pas chez les consanguins, elle se constate, du moins, sur leur progéniture. « 3° La consanguinité porte atteinte aux fonctions de relation et aux organes des sens eux-mêmes, comme l'ouie, la parole, ainsi que plusieurs observateurs l'ont démontré, et la vue, ainsi que les faits que j'ai reproduits plus haut le prouvent péremptoirement après d’autres faits du même genre. « 4° Aidée de causes plus ou moins analogues dans leurs effets, telles que la syphilis et l'alcoolisme, elle peut pro- ANALYSES D OUVRAGES NOUVEAUX. 349 duire des troubles profonds de l’innervation, de la vita- lité, comme la paralysie et la gangrène spontanée. « 5° L'intelligence elle-même peut participer à cette dé- générescence, et l’imbécillité ou un certain degré d’idiotie en résulter. « 6° Une seule fonction, une seule faculté semble en être accrue, c’est le sens génital, précisément celui dont le but final, la procréation, est le plus compromis. » M. Dumas présente, de la part de M. C. Dareste, un opuscule imprimé, ayant pour titre, Recherches sur les conditions de la vie et de la mort chez les monstres ectromé- liens, célosomiens et exencéphaliens produits artificiellement dans l'espèce de la Poule. (Brach. in-8°. Lille, 1863.) III. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. OBSERVATIONS sur les ennemis du Caféier, à Ceylan, par M. J. Nierner. (Suite. — Voir p. 240.) Relativement à la nature du mal que ces insectes font éprouver à un arbre, on peut dire que celui qui est ainsi attaqué souffre par perte de sang (sève) et par une inanition et une suffocation partielles. En d’autres termes, par le moyen de leur suçoir, ils enlèvent à l'arbre sa séve, c’est- à-dire son sang et sa nourriture. après qu’elle est entrée dans l’organisme, tandis que le champignon, qui ne manque jamais de les accompagner, empêche sa respira- tion en fermant, au moyen de ses petites racines et autre- ment, un grand nombre des stomates par lesquels l’ar- bre respire et transpire. Il est, en outre, probable qu’un arbre couvert de champignons étant en quelque sorte placé à l’ombre, la décomposition nécessaire de l'acide carbonique de l'atmosphère ne peut plus s'effectuer, et 350 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Septembre 1863.) que les petites racines du champignon agissent d’une ma- nière semblable au suçoir des insectes. On ne doit donc pas s'étonner si un arbre s’épuise lorsqu'il est entièrement couvert de ces parasites animaux el végétaux. Les insectes dont il s’agit existent dans les plantations eñ nombres incalculables; il n’y en a pas, à ce que je crois, qui en soient complétement exemptes. Un arbre qui en est in- festé ne produira guère de récolte. On voit des planta- tions qui en sont noires (black with but), c’est-à-dire noires de champignons. Je ne pense pas m’avancer trop en disant que, si ces insectes n’existaient pas à Ceylan, l'ile produirait quelque chose comme 50,000 cwts de café de plus que maintenant? La valeur de cette quantité étant, sur place, d'environ 125,000 fr., cette somme peut représenter la perte totale supportée annuellement par les planteurs. Mais ce n’est pas tout, une plantation sur la- quelle ces insectes semblent s’être établis d'une manière chronique a naturellementune valeur beaucoup plus faible que celle qui aurait une végétation saine. On m'a demandé comment ces insectes arrivaient dans une plantation. Les œufs, qui ne sont guère qu’une pous- sière, sont transportés par les oiseaux et les insectes aux- quels ils adhèrent, ou par le vent. S'ils sont déposés dans un endroit propice, ils éclôront, et nous les aurons à l’é- tat de larve. Ces larves passeront ensuite à un état plus parfait, celui de nymphe, et se transformeront enfin en imago ou insecte parfait. A l'état larvaire, le mâle et la femelle du Lecanium coffeæne peuvent pas se distinguer V'un de l’autre; mais, à l’état de nymphe, le mâle est très- reconnaissablé, car il a déja tous les traits caractéristiques de l’insecte parfait. Dans le Pseudococcus, Adonidum les larves et les nymphes du mâle et de la femelle sont tou- jours distinctes. Les mâles à l'état parfait ne prennent aucune nourriture, ou, s'ils en prennent, c’est probable- ment de la miellée ; car, n'ayant pas de suçoir, ils ne peu- vent pas sæ nourrir comme les femelles. Le nombre des ANALYSES D OUVRAGES NOUVEAUX. 391 œufs poudus par une femelle du Lec. coffeæ est d'environ 700; ceux du Pseudococcus ne sont pas tout à fait aussi nombreux. Les insectes de cette famille, particuliers aux climats froids, ne produisent qu’une génération par année; la propagation étant continue chez nos espèces, cela ex- plique, en grande partie, leur abondance à Ceylan. Les mâles sont si petits et si délicats, que l’on ne peut guère les observer sur les arbres, mais on les obtient facilement -en les élevant dans des bouteilles. Le Lec. coffeæ est infesté, d’une manière épouvantable, de parasites, surtout de larves de petits Hyménoptères. Les individus attaqués sont généralement les femelles adultes, probablement parce que ce sont celles qui ont le plus de sucs. Les parasites sont très-nombreux, car non-seulement j'en ai trouvé jusqu’à six se nourrissant sur un seul Le- canium, mais j'ai eu réellement de la peine à trouver une vieille femelle saine pour l’étude, et, par des observations répétées, j'ai reconnu que cinquante à soixante-quinze sur cent étaient infestées de parasites. Si l’on réfléchit que chacune de ces femelles aurait produit environ 700 œufs, on comprend de suite que ces parasites sont un immense bienfait pour le planteur. On peut se demander s’il serait possible de se livrer à la culture du café sans leur se- cours ; car ces insectes, dont les femelles, par une bien- veillante prévoyance dela nature, lemportent de beaucoup en nombre sur les mâles, sont presque le seul obstacle mis au développement des Lecanium; en effet, aucun moyen imaginé par l’homme n’a, jusqu'à présent, fourni un remède qui puisse être employé avec profit pour pré- venir ou guérir le mal. Les procédés proposés sont nom- breux, mais aucun n’a réussi. Les remèdes employés en Europe par les jardiniers pour détruire ces insectes dans les serres ou sur les arbres fruitiers ne peuvent être appli- qués ici sur 90,000 acres, contenant chacun de 1,200 à 1,600 plantes de caféier. I y a environ six ans l’on avait émis l'idée d'introduire sur les plantations la grande 352 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Septembre 1863.) Fourmi rouge de la plaine (Formica smaragdina, Fabr. (t) dans l'espoir qu’elle détruirait les parasites du caféier. L'auteur de cette proposition ne comprenait pas les rap- ports réels des Coccidæ et des Fourmis; et d’ailleurs le remède était pire que le mal, ces Fourmis étant si féroces et leur piqüre si douloureuse, que les Coolies ne voudraient pas aller au milieu des arbustes tant que ces insectes y seraient établis. Nos caféiers, attaqués par les Pseudococcus et les Leca- nium, sont visités assez communément par d’autres es- pèces de Fourmis, mais elles n’en chassent pas ces Hé- miptères: en les chatouillant et en les caressant avec leurs antennes, elles les engagent à émettre un certain fluide sucré, qu'ils sécrètent et que les Fourmis boivent avide- ment, mais elles ne mangent pas ces insectes. Cet acte d’in- gratitude peut se présenter et se présente réellement quel- quefois, mais les Fourmis ne recherchent pas les Coccus dans cette intention. C’est une ancienne remarque de Linné que les Coccides et les Aphides sont les vaches lai- tières des Fourmis. Tout dernièrement j'ai trouvé, sous l'écorce d’un arbre mort, une colonie de Fourmis et de Pseud. Adonidum, ceux-ci étant, selon toute apparence, entretenus par les Fourmis, et je puis garantir que les Pseudococcus étaient en parfait état. On pourrait dire que les Coccides souffrent autrement des visites des Four- mis, mais cette assertion serait sans fondement. On a essayé d’enlever les Pseudococcus et les Leca- nium par le frottement de la main; mais l’on ne peut pratiquer cela que sur de jeunes arbustes qui ne portent pas encore de fruits. La quantité d'insectes détruits par ce simple procédé est sans doute immense, je crains toutefois que le résultat ne soit insignifiant. (1) Le nom spécifique s'applique à la femelle, qui est grande et verte; le mâle est petit ct noir; les individus rouges que l’on trouve habituellement dans les nids (et qui sont de différentes tailles) sont Jes neutres. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 399 On a proposé l’application de goudron (tar) {{) aux racines, en disant que celte substance, entrant dans le système de l'arbre, chasse les parasites. Quoique jusqu’à présent l’on n’ait pas obtenu des résultats bien impertants par l’emploi de cette méthode, elle me paraît avoir beau- coup de valeur; c’est par la racine de l’arbre que l’on doit attaquer le mal; mais l’on devrait chercher à remplacer le goudron par une autre substance plus puissante et plus nuisible aux parasites, et en même temps aussi inoffensive pour l'arbre. | On peut dire que, en somme, l’on n'a rien essayé pour se débarrasser de ces insectes, et, dans l’état actuel des choses, c’est peut-être aussi bien. Une culture perfec- tionnée semble avoir pour effet de les chasser, et ce serait le remède désirable, si l’on pouvait l'appliquer d'une ma- nière générale. En supposant qu'une plantation füt débarrassée de ce fléau, n’apparaîtrait-il pas bientôt dans une plantation voisine ? Comme la présence de ces insectes dépend des localités, tant que l’on ne change pas l'aspect physique d’un endroit infecté, que peut-on attendre, à moins que, par quelque moyen économique, on les dé- truise simultanément dans toutes les plantations? Je crois que si l’on cultivait les Pattenas, qui sont des stations dé- couvertes , chaudes et aérées (et l’on pourrait le faire, comme l’ont montré des expériences faites à Pusselawa sur une grande échelle), le Lec. coffeæ, qui est, après tout, l’insecte nuisible par excellence, ne les trouverait pas aussi favorables à son existence que les localités dans les- quelles il prospère, surtout maintenant; mais, à son tour, le Pseud. Adonidum pourrait trouver que ce sont des places très-convenables pour lui; ou, peut-être, si les plantations étaient toutes établies sur de plus petites pro- portions qu’elles ne le sont généralement, et si la réduc- tion de la superficie était contre-balancée par un système (1) L'auteur veut sans doute parler du coal-{ar. (Trad.) 394 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE, (Septembre 1863.) de culture plus soigné et établi d’une manière univer- selle, les insectes nuisibles ne seraient pas si abondants qu'ils le sont maintenant. JourNAL DE CONCHYLIOLOGIE, Comprenant l'étude des mollusques vivants et fossiies, publié sous la direction de MM. Crosse, Fischer et Bernardi, 3 série, t. II, n° 1, janvier, et ne 2, avril 1863. Le premier cahier trimestriel, composé de 128 pages et de 4 planches, renferme, comme les précédents, des no- tions et mémoires dus à MM. Fischer, Morch, Crosse, Du- val, Valenciennes, Pfeiffer, Souverbie et Montrouzier, et Debeaux et Mayer. Dans le n° 2, on trouve les travaux dont les titres suivent : Note sur la faune malacologique des environs de Kieff, par M. C. Jelski; Observations sur le Catalogue de M. Weinkauff, par M. Petit de la Saussaye; Note sur les conditions de l'existence de l’AJinnites si- nuosus, par M. F. Daniel; Sur la coquille embryonnaire du Dolium perdix, par M. P. Fischer ; Sur les espèces du genre Cassidaria qui vivent dans la Méditerranée, par M. N. Tiberi; Description d'espèces nouvelles du genre Xénophon de la Méditerranée, par M. Tiberi, — de l’Archipel calé- donien, des îles Salomon et Woodlark, par MM. Souver- bie et Montrouzier; — d'un Glauconome nouveau, par MM. Crosse et Debeaux; — d'espèces nouvelles, par M. Crosse ; Liste systématique des Bélemnites jurassiques et dia- gnoses des espèces nouvelles, par M. Mayer; Description d’un nouveau genre ct de nouvelles espèces du bassin de Paris et de Biarritz, par MM. de Raincouit et Munier-Chalmas ; ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 355 Sur l’origine de l’Ambre gris, par M. Grosse; — nou- velles falsifications des huîtres. Ce numéro est complété par quatre belles planches dont deux sont coloriées. (G. M.) Norte Sulla. — Note sur la famille des Typhlopides, sur ses genres et sur les espèces du genre Sfenostoma, rela- tives aux pl. V et VI d es‘ et 2° fascicules de l’Zconogra- phie générale des Ophidiens, par le professeur G. JAN, di- recteur du musée civique de Milan. In-8e extr. des Arch. pour la xool., t. I, fasc. 2. Décembre 1861. C'est un travail très-complet sur ces nombreux groupes de Serpents, qui occupe 22 pages in-8 et qu'il serait à peu près impossible d'analyser utilement. M. Jan renvoie continuellement aux magnifiques fi- _ gures de son Jconographie générale des Ophidiens, dont nous ne connaissons encore que deux fascicules. SPECIMINA ZOOLOGICA MOSAMBICANA, Cura J. Joseph Branconi, fasciculus 15, in-4, fig. Bononiæ, 1862. Nous avons déjà annoncé souvent les livraisons qui nous sont parvenues. Celle-ci contient la suite de l’énumé- ration des Reptiles, parmi lesquels on remarque une es- pèce nouvelle de Serpents, la Prosymna Janiü.—P. squa- mis carinatis, ex albido rufa, corpore rufo seriatim nigro- maculato, capite et nucha fasciis transversis nigris inter se connexis. Dans la partie qui traite des Poissons on trouve deux espèces nouvelles qui sont : Sarranus porosus. — S. cute capitis (operculo dempto) uñdique porosa, granulato-lineata, ad labia usque pro- tensa. Cauda furcata. — D. 9 +10. P. 12. V. 1 +5. À. 3 + 8. C. 17. Scorpæna dicpiptera. — S. pinna dorsali duplici, genis 396 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Septembre 1863.) squamosis, cépile spinuloso, appendicibus mollibus nul- lis. — D. 6 + 10. P. 19. À. 8. V. 5. C. 17. Outre les diagnoses que nous avons données, il y a de longues descriptions de ces espèces et de bonnes figures. (G. M.) Naturgeschichte..…. Histoire naturelle du Botriocephalus latus étudié particulièrement dans son développement, par le docteur J. Knoch. (Extrait des Mémoires de l'Aca- démie vnpériale de Saint-Pétersbourg, 7° série, t. V.) Notz.... Note sur une variété gigantesque de la moule commune (Mytilus edulis, forma gigantea) provenant des côtes de l'Amérique russe; par le docteur 4/ex. 7. Nord- mann. (Extrait des Mémoires de l’Académie impériale de Saint-Pétersbourg, T° série, n° 5, 1862.) IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. M. J. ne TaraGow, à Autheuil par Cloye (Eure-et-Loir), nous a fait l'honneur de nous adresser la lettre suivante : « Voici plusieurs nouvelles zoologiques qui, peut-être, ne seront pas vues indifféremment par les amateurs. « 40 Il a été tué, dans le Perche, à 5 ou 6 lieues de mon habitation, plusieurs Renards tachetés de blanc, semblables à celui qui est déposé dans les galeries du muséum; comme j'ai déjà eu l’occasion de le dire à M. Pucheran, cette variété de pelage vient de la morsure d'une espèce de Ricin plus petit et plus rare que celui qui se fixe aux oreilles des Chiens; il attaque, généralement les animaux terriers et quelquefois les Chiens. J'ai vu une petite Chienne d’un beau noir, que son maitre employait à chas- ser le Renard, la Loutre et le Blaireau, devenir tout à coup MÉLANGES ET NOUVELLES. 357 piquetée de blanc, par suite de la morsure de cette espèce de Ricin. Outre la Chienne et les Renards que j'ai pu voir moi-même, d’autres m'ont été signalés par plusieurs chas- seurs, et entre autres par un de mes frères qui habite le Perche, grand chasseur et bon observateur. « 2 Ce même frère m’a signalé le Vison, pris plusieurs fois dans des filets, dans une petite rivière qui passe près de sa propriété et qui va se jeter dans le Loir. Voici com- ment il m'a signalé cet animal: on prend souvent, dans nos environs, une espèce de pelite Loutre qui ressemble as- sez à un Putois, et que je crois être plutôt un animal de ce genre, suivant la description qui se rapporte exacte- ment au Vison. Cette localité se trouve située à cinq lieues, environ, de Freteral, où a été pris, il y a environ trois ans, un Vison, déposé aujourd'hui dans les galeries du muséum. « 3° Une Cigogne Maguari à été vue, au mois d'avril dernier, dans nos environs (Cloye sur le Loir), par trois chasseurs en qui j'ai toute confiance, mon père, un de mes frères et mon neveu. Voici quelle a été leur impres- sion à la vue de cet oiseau. Dans nos chasses, me dirent- ils, nous rencontrons souvent des Cigognes; mais celle que nous venons de voir dépasse en hauteur tous les oi- seaux échassiers que nous avons vus jusqu'à présent ; cette Cigogne blanche, à ailes et queue noires, nous a paru le double de la Cigogn® ordinaire :leur ayant montré celle que je possède dans ma collection, ils la reconnurent positivement. Je dois ajouter que plusieurs habitants ri- verains l'ont poursuivie comme un oiseau extraordi- naire. « 4° Une Echasse vient d’être tuée dans cette même lo- calité par un de mes frères; c’est un mâle adulte; jamais, jusqu'à présent, je n'avais rencontré et oui dire qu'il eût été vu aucun de ces oiseaux dans ce pays-ci ou aux en- virons. « 5° Enfin un Bec croisé vient de faire son nid et d’éle- 358 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Septembre 1863.) ver sa couvée dans une haïe qui enclôt une ferme de nos environs ; ces oiseaux sont un objet de curiosité pour les gens du pays, dont l’un d’eux conserve les petits auxquels il tient beaucoup, les prenant pour des Perroquets. » P. S. Depuis ma dernière lettre au sujet de l’Épervier major, je n’ai plus retrouvé cet oiseau, quoiqu’on m'en ait apporté un grand nombre qui n'étaient autres que des femelles d’Epervier ordinaire. APPARITION du Syrrhaptes heteroclytus en France. M. le docteur pe MonTEssus, savant médecin, à Châlon- sur-Saône, nous a adressé à ce sujet un très-intéressant mémoire qui va paraître dans un de nos prochains numé- ros accompagné d’une excellente figure dont il doit le dessin à M. L, Berger. Le rare et curieux oiseau dont il est question dans ce travail a pour patrie la Sibérie, la Tartarie, la Tauride, les environs du lac Baïkal et les confins de la Chine. Chassé de ces contrées lointaines par les perturbations atmosphériques qui ont si gravement modifié le climat de l'Europe et amené les épidémies végétales et animales qui nous désolent depuis trop longtemps, cet oiseau est venu ‘s’abattre, en petites troupes, dans les champs de la France et y a été tué d’abord près de Châlon, puis ensuite sur d’autres points. C’est pour faire connaître les circonstances de cette introduction d'une nouvelle espèce dans la faune fran- ‘çaise que M. de Montessus nous a adressé, le 20 juillet ‘dernier, le savant mémoire que nous allons publier inces- samment. M. le docteur GRENIER, notre savant confrère de la So- ciété entomologique de France, après plusieurs années de travaux assidus, de voyages entrepris dans diverses résions de Ja France et d'études dans les nombreux ou- MÉLANCES ET NOUVELLES. 359 vrages des entomologistes, est parvenu à rassembler et à classer une magnifique collection de coléoptères de France. Sollicité par les nombreux entomologistes qui s’occu- pent de la faune des coléoptères de notre pays, M. Gre- nier s’est décidé à publier un catalogue de cette riche col- lection, ainsi qu’on le verra dans l’annonce jointe à ce numéro. Ce travail deviendra certainement le guide de tous Îles paturalistes qui s'occupent de cette branche de la zoola- gie chez nous, et il ne contribuera pas peu au développe- ment des études que l’on fait partout en France pour ar- river à la connaissance des productions naturelles de notre beau pays. M. Duruiser, naturaliste, rue des Saints-Pères, 17, a reçu une belle collection de coléoptères du Chili dans un parfait état de conservation et comprenant un assez grand nombre d'espèces différentes. On y remarque ces brillants Carabes qui caractérisent la faune chilienne, ces nombreux et singuliers Mélasomes ; des Buprestides très- brillants et encore très-rares; deux espèces du genre Cnemacanthus carabique encore plus rare dans les collections, ce remarquable Prionien dont les deux sexes, si différents, ont été décrits et classés dans deux genres distincts, et beaucoup d’autres non moins intéressants, dont quelques-uns ontété décrits par nous dans le voyage autour du monde de la corvette la Coquille, et par Sollier, dans le voyage de Gay au Chili. M. Dupuiset a fait quelques collections, composées de 350 individus formant 2925 espèces, qu'il cédera au prix de 209 francs par collection. Le comité central d'agriculture de la Côte-d'Or vient de voter une médaille d'or de 500 francs qui sera décer- 360 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Septembre 1863.) née, comme prix, à l’auteur du meilleur travail sur l’Ecri- vain et les moyens de le détruire. Ce prix sera donné en 1865. Ce mémoire devra contenir l’histoire naturelle de l’Eu- molpe de la vigne, vulgairement appelé Ecrivain, et les moyens de le détruire. Celui que le comité aura couronné sera imprimé à ses frais et publié dans son journal. Les concurrents devront adresser leur travail manuscrit, et toutes les pièces à l'appui, au secrétariat du comité, à Dijon, au plus tard le 1° octobre 1864. M. Scaaurus, naturaliste commerçant , nous prie de lui donner des adresses d'amateurs d'histoire naturelle à qui il désirerait offrir des objets intéressants qu'il a reçus de ses correspondants. Il peut leur fournir des peaux de Mammifères et d'Oiseaux, des Mollusques terrestres et flu- viatiles, des Insectes coléoptères et lépidoptères des Indes orientales et boréales, des Philippines, de la Nouvelle- Hollande, du Brésil intérieur, de l'Afrique méridionale et centrale, de la Guinée, de Mozambique, de Madagascar, ctc., etc. — Écrire franco. TABLE DES MATIÈRES. Pages. BarBOSA DU Bocace. Mammifères et Reptiles du Portugal. 329 Marcuanb. Catalogue des Oiseaux observés dans le département d'Eure-et-Loir. 334 Conde. Géographie entomologique. 336 SOCIETES SAVANTES. 339 Analyses. 349 Mélauges et nouvelles. 396 PARIS. — IMP, DE M V° BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'EPERON; 0. VINGT=SIXIÈME ANNÉE.— OCTOBRE 1863. I. TRAVAUX INÉDITS. CATALOGUE des Oiseaux observés dans le département d'Eure-et-Loir, par M. Armand MarcHaND. kO. Pixson D’ARDENXES (Fringilla montifringilla). 1l arrive en grandes bandes aux premiers grands froids et disparaît quand la température devient plus douce. Son apparition dans notre pays est loin d’être régulière ; il se passe souvent plusieurs hivers sans qu'on en voie un seul. J'ai une variété blonde. h1. CHARDONNERET ÉLÉGANT (Carduelis elegans). De passage l'hiver, en petites troupes. Niche commu- nément dans le pays. Dre 42. CHARDONNERET-TARIN (Carduelis spinus). De passage au printemps. Il suit les vallées. Sa nourri- ture est alors particulièrement de graines d’aune. k3. LiNOTTE ORDINAIRE (Cannabina linota). Commune toute l’année. On en voit pendant l'hiver de grandes bandes. Elles séjourneut dans les localités qu’elles ont adoptées jusqu’au moment où les graines qui les y ont attirées viennent à manquer. Je possède une variété à tête blanche, et une autre ta- pirée de blanc. 2e sérRiK, Tr, XV. Année 1863. 94 362 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1863.) he. SIZERIN BORÉAL (Linaria borealis). De passage très-accidentel à la fin de l'hiver. Je ne l'ai rencontré que deux fois. 45. SIZERIN-CABARET (Linaria rufescens). Paraît et disparaît en même temps que les Tarins. Il voyage en compagnie de ces derniers. 46. BRUANT 3AUNE (Emberiza citrinella). Très-commun en toutes saisons. Il se rapproche des habitations pendant l'hiver. Ïl se joint fréquemment, dans cette saison, aux bandes de Pinsons et autres fringilles. Je possède des variétés blondes, et une autre entière- ment d’un beau jaune serin. KT. BRuaANT-z1z1 (Emberiza cirlus). Niche assez souvent dans ce pays-ci. Il établit son nid à environ un mètre de terre. J'en ai trouvé un dans un espalier contre un mur, à une élévation de 2 mètres. On en voit quelquefois de petites troupes qui voyagent à la fin de l'hiver. h8. BRUANT Fou (Emberiza cia). Un beau mâle a été tué près Chartres, le 9 novembre 1841. C’est le seul que j'y aie jamais vu. 49. BRUANT-ORTOLAN (Emberiza hortulana). Il n'apparaît qu'à de longs intervalles, ordinairement au mois de mai. 50. BRUANT DE ROSEAUx (Emberisa schæniclus), Assez commun lors de ses passages en automne et au printemps ; on en voit même souvent en hiver. 5i. BRUANT-PROYER (Emberiza miliaria). Arrive au printemps et repart à l'approche de l'hiver. TRAVAUX INÉDITS. 363 Il niche àterre dans les prairies, souvent à de grandes distances des bois. 52. MÉSANGE CHARBONNIÈRE (Parus major). De passage pendant l'hiver, en compagnie des mésanges bleues, des Mésanges noires et des Roitelets. Elle fait son nid dans les trous de murailles, et plus fréquemment dans les saules creux. 53. MÉsanGE NOIRE (Parus ater). Rare. Seulement de passage pendant l'hiver. Elle fré- quente de préférence les pins et les sapins. 54. MÉsanGe BLEUE (Parus cœruleus). Commune toute l’année. Il en passe de petites bandes pendant l'hiver. 55. MÉSANGE HUPPÉE (Parus cristatus). Très-rare. J'ai connaissance de la capture de trois in- dividus. 96. MÉSANGE-NONNETTE (Parus palustris). Fréquente particulièrement les cours d’eau dont les bords sont plantés de vieux saules, dans lesquels elle dépose ses œufs. À 97. MÉSANGE À LONGUE QUEUE (Parus caudatus) ie On la rencontre pendant l'hiver en petites bandes de dix où douze dans les taillis. Quelques paires se repro- duisent dans nos Dois. 98. ROITELET HUPPÉ (Regulus cristatus). Passe l'hiver en compagnie des différentes espèces de Mésanges. Il s’arrète surtout dans les endroits plantés d'arbres résineux. J'en aï vu un cette année (1863), à la fin du mois de juin: je n’ai cependant jamais vu de nid. C'est celui qui paraît le premier. 36% REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1863.) 59. ROITELET A MOUSTACHES (Regulus ignicapillus). Passe avec le précédent. Il ne niche pas non plus. L'un est aussi commun que l’autre. 60. CoRBEAU-CORNEILEE (Corvus corone). Quelques couples font leur nid dans nos petits bois. Le même bois contient rarement deux nids. Pendant l'hiver, des bandes innombrables de ces oiseaux, auxquels se joignent des Freux, couvrent nos campagnes. Depuis quatre ans ces bandes sont infiniment plus nombreuses. Serait-ce à cette prodigieuse quantité de Corneilles que nous devons attribuer la disparition presque complète des Hannetons? En effet, de tout temps nous avions, tous les trois ans, ce que l’on appelait l’année des Hannetons. Cela tenait à la culture triennale, la métamorphose de ces insectes étant trois ans à se parfaire. L'extension de la culture des prai- ries artificielles n’en diminua point le nombre; mais, de- puis quatre ans que les bandes de Corneilles ont sensi- blement augmenté, nous n'avons plus ou presque plus de ces insectes. Mon observation n’a été faite que dans les environs de Chartres, du côté sud-est. Il paraît que les Hannetons se sont montrés en aussi grande quantité dans d’autres localités, mais aussi les Corneilles y ont été bien moins nombreuses. G1. CORREAU MANTELÉ (Corvus cornix). Reste tout l'hiver en Beauce; rare dans le Perche. II fréquente de préférence le bord des routes, en compa- gnies peu nombreuses. J'ai souvent remarqué des individus qui sont bien plus foncés que les autres, c’est-à-dire que les parties grises sont presque entièrement noires. J'en ai tué plusieurs qui font partie de ma collection : ce sont certainement des métis de cette espèce et de Ja précédente. TRAVAUX INÉDITS, 365 62. CorBEau-FREUx (Corvus frugilequs). Il reste l'hiver avec nous. Les habitants de nos cam- pagnes le considèrent comme faisant de grands dégâts dans les champs nouvellement ensemencés. Il a, en effet, l'habitude de fouiller la terre avec son bec; mais il prend ainsi beaucoup d'insectes. Ce que j'ai dit du Corbeau-cor- neille doit s'appliquer surtout à cet oiseau, les grandes bandes étant composées de l’une et de l’autre espèce. Il niche quelquefois dans nos petits bois. On voit sou- vent plusieurs nids sur le même arbre; j'en ai compté jusqu’à vingt sur cinq arbres qui se touchaient. I] ne mange point de voiries. (La suite au prochain numéro.) MorLusquEs CÉPHALOLODES observés sur le littoral de l'Algérie, par M. HENRt AUCAPITAINE. (Voy. p. 284.) IT. Genre ELEDONE, Leach. 1. E. moschatus : Leach, 1817, Journal de physique, t. LXXXVI, p. 293. — O. moschatus, Lk., t. VIT, p. 658, n°4.— Risso, Ele- dona moschata, t. {V, p 2. — Payreau- deau, Moll. Corse, p. 172, n° 349. — Ozæna moschata, Rafinesque in Pricis, p. 29, n°72 {d’après Cantraine). — Phi- lippi, p.241.— Rang, Mag. zool., t. V, p. 6%. — Cantraine, p. 19, n° {.— Re- quien, p. 87, n° 617. Cette magnifique espèce est très-répandue et comestible sur tous les points de la Méditerranée. Elle répand une forte odeur de mus£, surtout lorsqu'on 366 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1863.) la saisit à la naissance des bras : ce parfum nous paraît susceptible d’être utilement employé dans l'industrie, car nous avons vu des femmes de la tribu des M’talassa (cercle de Tenès) se frotter les cheveux avec la liqueur noire qu’elles savaient fort bien recueillir de ce mollusque ; était-ce, dans leur idée, pour les noircir ou les parfumer, c’est ce que je ne saurais dire, maiselles ytenaient beaucoup et envoyaient fréquemment les enfants fouiller les anfractuosités des ro- chers où se tient l'Éledone. HIT. Genre PHILONEXIS, d'Orbigny. 4. Ph. velfer : d'Orb., Moll. viv. et foss., p. 205, pl.5, Big. 7. — S, Rang. (0. velatus), p. 69, pl:89; Belle espèce, richement colorée en rose et violet, dont l'ample membrane justifie parfaitement le nom. Habite la haute mer; se trouve néanmoins assez communément sur les côtes, particulièrement pendant la saison chaude. Cherchel, Dellys, Bougie, Bone, etc.; Tetouan, Ceuta, Mellila (Marok), D' Mercier. IV. Genre ARGONAUTA, Linné. 1. A. Argo : Lin., Syst. nat., XII, p. 1161, n° 971 (d’après d'Orbigny).— Poli, Aoll. Sic., t. IT, p. 1, pl. 40, 43.— Payreaudeau, p. 72, n° 348. — Philippi, p. 240. — Rang, pl. 86, 87, 88.—Cantraine, p.20, n°{1.—Requien, n°615, p.87.— Wein- kauff, Moll. d'Algérie, p. 371. Habite la haute mer. Pas rare dans la rade d’Alger et sur tout le littoral pendant les nuits chaudes. Nombreux échantillons des présides de Mellila et Ceuta. Assez com- man sur les côtes de Corse et de Sardaigne. Nous en avons recueilli à Malte, Chypre, dans les rades de Beyrouth et de Sour, de Saïda (D' Gaillardot). C'est précisément à Alger que Sander Rang, alors com- TRAVAUX INÉDITS. 3067 mandant du port, fit ses très-curieuses recherches sur le non-parasitisme du prétendu Poulpe de l’Arsonaute dont Rafinesque aurait fait le genre Ocythoe (1). V. Genre SEPIOLA, Rondelet. 1. S. vulgaris : Paul Gervais et Van Beneden, Note sur le G. Sepiole, Acad. Bruxelles, t. IV, n°7 (1838), d'après d'Orbigny.— D'Or- bigny, S.atlantica(1839), Ceph. acetab., p. 235, n° 4, pl. 4, fig. 1-42. — D'Orbi- gny, Moll. viv. et foss., p. 247, pl. 10, fig. 1-12. Nous n'avons jamais eu cette petite espèce, qui pourrait bien n'être qu'une variété de la suivante ?.. dont elle ne diffère que par la position des cupules et l'inégalité des bras. La S. vulgaris est spéciale à l'Atlantique, où elle est commune sur les côtes d'Espagne, et très-rare dans la Médi- terranée. (1) La singulière hypothèse du parasitisme du Poulpe de l’Argo- naute était due au mode tout particulier d’accroissement extérieur de la coquille, dont les parties calcaires sont sécrétées par les bras palmés remplissant les fonctions ordinaires du manteau, et surtout à ce que les jeunes naissent dépourvus de coquille apparente. Des esprits sérieux admirent longtemps cette théorie : Bosc, Rafinesque, Leach, Blainville, Lamarck lui-même; mais depuis, Poli, Delle Chiaje, Owen, d’Orbigny, M. Valenciennes et presque tous les naturalistes, ont rejeté cette théorie, reconnaissant, d’après les belles expériences de madame J. Power et de Rang, que la coquille fracturée de l’Ar- gonaute était immédiatement réparée par l'animal, et que six jours suffisaient pour qu'uve membrane papyracée et solide remplaçât la partie brisée. La coquille commence à se former chez les jeunes peu après leur éclosion de l’œuf. Mais, lorsque arrive la mort, l'animal, n'ayant plus cette force coutractile qui le fait adhérer à sa coquille, ne tarde pas à en être séparé; aussi trouve-t-on quelquefois de ces coquilles ballottées par les vagues et dépourvues de leurs habitants : c'était un des arguments qui faisaientsupposer aux partisans du para- sitisme qu’un céphalopode (l’Ocythoe de Rafinesque) s’emparait de ces demeures vides et s'y logeait, comme certains Pagures de nos côtes s’introduisent dans les Buccins, les Pourpres. 368 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1863.) M. le D' Mercier, auquel nous en devons communica- tion, l'indique dans ses notes comme trouvée par lui à Mahon (Baléares), à Arzew (province d'Oran) et à Ceuta (Maroc). 2. S. Rondeleti : Gesner. Loligo sepigla, Lk., Anim.s.vert.,t. VII, p. 66%, n°4.— Delle Chiaje, IV, p.50, 59, pl. 58, fig. 30. — Payreaudeau, p. 173, n°353. — Rang, p. 70, pl. 95. -— Cantraine, p. 15, n° 1. — Requien, p. 87, n° 621. Très-répandue dans toute la partie occidentale de la Méditerranée. Rades de Bone, de Bougie, d'Alger, îles Zaffarines, Mellila, etc. Les Sépioles apparaissent sur les côtes au mois de mai, elles viennent par troupes nombreuses pondre leurs œufs sur le rivage. C'est un excellent aliment, fort recherché, surtout par les Italiens. VI. Genre SEPIA, Linné. 1. S. officinalis : Lin., Syst. nat., t. XXII, p. 1095, n°2. — Payreaudeau, p.173, u°354.—Risso, IV, p.?.. n° 10. — Delle Chiaje, IV, p- 51-60, pl. 58, fig. 1-2. — Philippi, p. 251, 1. — Cantraine, p. 14, n° 1.— Requien, p. 87, n° 622. — D'Orbigny, Moll. viv. et foss., p. 372, pl. 12. — Weinkauff, p. 371, n° 1. Le plus répandu de tous les Céphalopodes. Marche en troupes nombreuses qui, au printemps etpendant tout l'été, fréquententles côtes d'Algérie; au mois d'octobre, les Sépias gagnent les eaux profondes, d’où elles ne sortiront qu'au mois de mai pour chercher des stations favorables dans des eaux d'une température et d'une densité convenables, afin d'y déposer sur les algues des myriades d'œufs. TRAVAUX INÉDITS. 369 C’est partout un comestible estimé et souvent recherché ; la chair de la Seiche est savoureuse et assez délicate; il serait aussi utile que facile de multiplier ces Céphalopodes dans les parcs huîtriers établis sur nos côtes. Une grande quantité des œufs de ce mollusque sont la proie des crus- tacés, et les jeunes à peine éclos, recherchés par les pè- cheurs, qui s’en servent comme appt (1). Une bonne répartition des œufs sur les tuiles ou les fascines des hui- trières, quelques mesures de préservation pour les jeunes, suffiraient à donner en peu de temps des produits consi- dérables. Grâce à la promptitude d’éclosion et de crois- sance de ces mollusques, on aurait des résultats presque immédiats, résultats d'autant plus certains, que la S. offi- cinahis est le plus répandu de tous les Céphalopodes, et celui qui supporte le mieux les eaux des régions froides. Ce serait un utile supplément pour varier l'alimentation des masses, en même temps qu'une ressource de plus pour nos populations littorales déjà adonnées à la pisciculture marine. À ce titre nous ne saurions trop le recommander aux savants pisciculteurs de la Société d’acclimatation. Les ennemis les plus dangereux de cette espèce sont les poissons de la famille des Squales et des Roussettes, qui en font une énorme consommation : il est vrai que la fé- condité de ce céphalopode est également considérable; j'ai compté plus de mille embryons sur une seule rosace d'œufs, et les groupes offrent une moyenne de 600. On ne peut guère supposer que plus de 30 p. 400 arrivent à l’âge adulte , tant est active la chasse que leur font et les crus- tacés et les poissons. 2.2 S. Orbignyana: Férussac. D'Orbigny, Méth. des Céphal., p. 66; Moll. viv. et foss., p.274, pl. 13, fig. 3-4. (1) C’est par milliers que j'ai vu apporter sur le marché d’Alger des jeunes Seiches, qui deux mois plus tard auraient eu une valeur moyenne de 5 à 15 centimes la pièce. 370 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1863.) Ce n’est qu'avec les plus grands doutes que je rapporte à cette espèce, surtout d’après la planche, une petite Sepia remarquable par le rostre fortement accusé de son osselet ; la bourse est nuancée de rose, le dessus du corps couvert de points violacés. Dellys. Septembre 1855. Vu un seul échantillon. 3. S. lierredda : Rang. Rang, Mag. de zool., V, p.75, pl. 100. — D'Orbigny, Moll. Canaries, p. 21, n°5. — D'Orbig., Moll. viv. et foss., p.278, n° 12. C'est à l’obligeance de M. le D' Mercier que je dois - communication de cette belle espèce, spéciale à la rade de Gorée, et qui paraît fort rare dans la Méditerranée. Les trois échantillons pris par M. Mercier, pendant le mois d'août 1856, à Mellila, étaient surtout remarquables par la convexité de l’osselet et la grosseur des yeux, saillants d'au moins 5 millimètres. Nous croyons que c’est la première fois que la présence même accidentelle de ce mollusque est signalée dans la Méditerranée. F 4. S. elegans : d'Orbigny. D'Orbigny, Moll. viv. et [oss., p. 285, pl. 12, fig. 6-8. — Rang, p. 74, pl. 99. Cette espèce, remarquable par son élégante coloration, la léoère coloration de son osselec bordé de violet, est très-commune dans toute la Méditerranée. On la trouve aux Baléares, en Corse, en Sardaigne. à Malte, etc. Abondante sur tout le littoral du Maroc, Alger et Tunis. (La suite prochainement.) SOCIÉTÉS SAVANTES. 211 II, SOCIÉTÉS SAVANTES. ACADÉMIE DES SCIENCES. Séance du 21 septembre 1863. — M. Serres lit un grand travail d'anatomie comparée ayant pour titre : Recherches sur quelques points de l’organisation du Lepidosiren an- nectens; description du cerveau (première note). « Dans la classification méthoäique du règne animal, les animaux qui se trouvent aux limites, soit des embran- chements, soit des classes, sont ceux qui offrent le plus d'intérêt aux anatomistes et aux zoologistes. Leur organi- sation présentant des caractères mixtes et empiétant sur les deux classes ou les deux embranchements, il en ré- sulte une anomalie dans leur structure qui rend difficile leur véritable classement. «Le singulier genre d'animaux décrit, en 1837, par MM. Fitzinger et Natterer sous le nom de Lepidosiren est dans ce cas. L'organisation de ces animaux n’est ni fran- chement erpétique ni franchement ichthyologique; elle participe à la fois de celle de ces deux classes. Ce mélange du type ichthyologique et du type erpétologique est même si complet, que, des deux zoologistes qui, les premiers, ont bien étudié la structure des Lepidosiren, l'un, M. Owen, les range parmi les poissons; l’autre, M. Bischoff, les classe parmi les reptiles; et les caractères sur lesquels chacun d'eux se fonde, pour leur assigner cette position contradictoire, montrent, en effet, que ces animaux ne sont ni reptiles ni poissons, si on leur applique rigoureu- reusement les signes caractéristiques de ces deux classes. « Quoique, dans sa monographie sur l’organisation du Lepidosiren paradoxa, publiée en 1845, M. Hyrit se pro- nonce définitivement pour leur nature ichthyologique, toutefois la valeur des caractères sur lesquels il se fonde ne nous paraît pas assez décisive pour entrainer la convic- tion des zoologistes. | 372 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1863.) «Dans l’ordre zoogénique, les Lépidosirens seraient- ils des reptiles amphibiens arrêtés dans leur développe- ment, et cet arrêt, portant plus particulièrement sur les membres réduits à l’état rudimentaire, les maintiendrait-il forcément dans leurs habitudes ichthyologiques ? Nous examinerons plus tard ces diverses questions, présente- ment nous allons consacrer cette première note à la des- cription de l’encéphale du ZLepidosiren annectens. « Dansson travail sur le Lepidosiren paradoxa, la conser- vation du squelette et des autres organes n’a pas permis à M. Bischoff de disséquer le cerveau ; M. Hyrlt, qui a fait une description si précise des nerfs de la tête, n’a pu en donner qu'une notion incomplète à cause du mauvais état de conservation de cet organe chez le sujet soumis à son examen. Chez le Lepidosiren annectens, M.R.Owen a donné de son ensemble une description abrégée, exacte et con- forme aux déterminations que nous avons établies des éléments de l’encéphale chez les reptiles et les poissons. Ayant reçu dernièrement de M. Albert Geoffroy-Saint- Hilaire deux fœtus à terme de Lepidosiren annectens, j'ai pensé qu'il serait d'autant plus utile de déterminer la composition et la structure de leur encéphale d’après les règles qui m'ont dirigé dans l'étude de cet organe, que ce genre d'animaux, servant en quelque sorte de trait d'union entre la classe des reptiles et celle des poissons, mérite, au plus häut degré, tout l'intérêt qu'excitent les types de transition parmi les êtres organisés. » Après cette introduction, le savant anatomiste donne une description longue et détaillée qui ne saurait être analysée, et il ajoute la note suivante, due à M. Albert Geoffroy-Saint-Hilaire : « Je m'empresse de satisfaire au désir que vous m'avez exprimé de connaitre la façon dont j'ai fait éclore les co- cons des Lepidosiren annectens que j'ai eus entre les mains. «Le’7 mai de cette année, je reçus de la rivière de SOCIÉTÉS SAVANTES. 219 Gambie, par l'intermédiaire d’un correspondant anglais, quatre cocons de ces curieux batraciens-poissons. « Ils étaient placés dans des mottes de terre très-argi- Jeuse et entièrement sèche; la partie plate du cocon, celle qui porte l’ouverture qui donne accès à l’air, se trouvait en dessus et était tellement desséchée, qu’elle rendait un son sec lorsqu'elle était pressée. « Je crus ne recevoir que des animaux morts ; cepen- dant je les plaçai dans l’eau, et, deux jours après, mes quatre Lépidosirens sortirent de leur enveloppe et se mirent à serpenter dans l’eau. Mais je les perdis, car je les avais placés dans une eau trop profonde, je leur avais fourni trop peu de terre, et surtout je les avais trop brus- quement inondés. « Ayant échoué, je voulus recommencer mon essai, et j'eus la bonne fortune de recevoir, le 14 juillet dernier, deux nouveaux cocons. « Je pensai que les Lépidosirens dépjostient leurs œufs lors d’une crue du fleuve dans des vases submergées qui se découvraient et se desséchaient quand l’eau se retirait, et que ce n’était qu'à la crue suivante que les jeunes animaux pouvaient gagner le fleuve. « J'essayai de reproduire l’inondation qui devait per- mettre à mes animaux de sortir de leurs enveloppes; pour cela, j’entourai les blocs de terre qui les contenaient de boue argileuse, et je les plaçai dans une sorte d’aquarium en verre. J'y versai chaque jour un peu d’eau, de façon à rendre humide toute la masse de terre sèche. Je remar- quai bientôt que la partie supérieure des cocons devenait plus souple, qu’elle se détendait. « Enfin, quand l'eau fut presque au niveau du dessus des cocons, les Lépidosirens déchirèrent leurs enveloppes. L'un d'eux se plongea dans la vase du bac, ne laissant passer que l'extrémité de sa tête dans l’eau qui recouvrait la terre; l’autre resta plus de quinze jours dans son cocon déchiré, nous donnant fréquemment l’occasion d'observer 374 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1863.) son cri, si toutefois le bruit produit par l'animal n’est un bruit purement mécanique, résultat du brusque retrait du Lépidosiren dans son trou. « La position que les animaux occupent le plus souvent est en V, la queue et la tête sortant de la terre. Le Lépi- dosiren, de temps à autre, se projette verticalement hors de son trou pour venir respirer à la surface ; aussitôt qu’il a chassé l’air contenu dans son appareil respiratoire, il prend une nouvelle provision d'air et se replace dans l’antre qu'il s’est creusé dans la glaise, comme le ferait un Ver. Il semblerait, d’après cela, que ses branchies ne lui permissent pas de respirer suffisamment. «Après avoir longtemps cherché à leur faire manger des Vers de terre, des larves d'insectes, sans avoir réussi, je me suis décidé à leur offrir de jeunes poissons qu'ils ont mangés avec avidité. « Mes Lépidosirens ont grandi déjà de 0,06 ; ils ont maintenant 0,32 à 0,35 de longueur. » MM. Pouchet, Joly et Ch. Musset adressent un travail intitulé Expériences sur l’hélérogénie exécutées dans l’inté- rieur des glaciers de la Maladetta (Pyrénées d'Espagne). Dans ce travail, les trois savants physiolosistes nous ap- prennent qu’ils ont apporté sur les hauts sommets des Py- rénées des ballons remplis au tiers d'une infusion de foin filtrée et bouillie pendant une heure. Ces ballons étaient complétement vides d'air et fermés à la lampe au moment même de l’ébullition. Ouverts à plus de 300 mètres au-dessus du niveau de la mer, ces ballons se sont remplis d'air pur de ces grandes hauteurs etils ontété immédiatement rebouchés à ja lampe. L'examen microscopique de ces vases, fait quatre à cinq jours après à Luchon, par M. Pouchet, et à Toulouse par MM. Joly et Musset, a montré, dans ces deux localités éloignées, et en quantités plus ou moins grandes, tous les êtres, animaux et végétaux, qui se développent dans les infusions. SOCIÉTÉS SAVANTES. 375 « Cette identité dans les résultats démontre de la ma- nière, selon nous la plus péremptoire, que l’air des hautes montagnes, à peu près complétement dépourvu de germes, d’après nos antagonistes eux-mêmes, n'empêche pas les décoctions de matières organiques de devenir très-fé- condes. Mais ce n’est pas lui, très-certainement, qui leur apporte les éléments de leur fécondité. Pour les orga- nismes les plus infimes, comme pour les êtres les plus compliqués et les plus parfaits, il est l'indispensable pabu- lum vitæ. Mais, dans le cas particulier qui nous occupe, nous croyons pouvoir affirmer qu’il n’a pas charrié avec lui un nombre de germes suffisants {si toutefois germes il y avait) pour expliquer la prodigieuse fécondité de nos ballons. Nous disons à dessein si germes il y avait ; car les observations aéroscopiques, faites en même temps sur les hauteurs où nous expérimentions, nous ont prouvé jusqu'à l'évidence qne 150 décimètres cubes d'air recueillis sur ces sommités élevées, dans un moment où l'atmosphère était calme, ne renfermaient pas un seul œuf, pas un seul spore, pas un seul débris organique. Nous ne voulons pas dire, toutefois, que la masse atmosphérique n’en contient jamais, surtout quand elle est agitée ; mais nous répétons, avec une conviction profonde basée sur de très-nom- breuses expériences, que c’est à l’infusion elle-même, et non aux prétendus germes flottant çà et là dans l'air, qu’il faut attribuer l'apparition de la vie dans nos bal- lons. « Du reste, quelle que soit l'interprétation que l’on adopte à cet égard, il est pour nous un fait avéré, certain: c’est que nos expériences, exécutées dans des conditions qui, d’après la théorie semi-panspermiste, auraient dû nous donner des résultats tout négatifs, nous ont fourni, au contraire, une immense quantité d'Infusoires et de Mucédinées. « Donc lair de la Maladetta, et en général l'air des hautes montagnes, n’est pas « impropre à provoquer une 376 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1863.) « altération quelconque dans une liqueur éminemment « putrescible. » « Donc, et jusqu’à preuve rigoureusement contraire, ce sera là notre conclusion définitive : « La panspermie limitée n’existe pas, et l'hétérogénie, ou production d’un nouvel être, dénué de parents, mais formé aux dépens de la matière organique ambiante, est pour nous une réalité. » Nous sommes heureux de voir constater, par des expé- riences positives et bien faites, une vérité à laquelle nous sommes arrivés depuis longtemps, en étudiant les curieux phénomènes des maladies des Vers à soie et des vignes, müriers, etc. Nous n'avons pu développer alors ces idées, faute de temps pour augmenter le nombre d'expériences et d'observations nécessaires ; mais nous en avons publié le germe dans quelques-uns de nos travaux sur les épidé- mies qui désolent l’agriculture et dans cette Revue. M. Bertolus adresse la note suivante sur le développe- ment du bothriocéphale de l’homme. « Jusqu'ici, sauf un dessin posthume et inédit du doc- teur Schubart, les naturalistes n’avaient aucun renseigne- ment sur les premières phases du développement du bo- thriocéphale de l’homme (1). Jai été assez heureux pour obtenir deux fois des embryons de cet intéressant para- site : la première fois au mois de juin 1862, la seconde dans le courant de juillet de cette année: j'ai suivi avec soin les phénomènes dont l'œuf est le siége pendant la longue période nécessaire à son évolution complète; c’est un court résumé de ces observations que je présente dans les lignes suivantes. « L'œuf du bothriocéphale de l’homme exige pour son développement complet un séjour de six à huit mois dans de l’eau courante ou fréquemment renouvelée. (1) En présentant ce travail, M. Milne-Edwards rappelle que, dans une des dernières séances, il a déposé sur Ie bureau de l'Académie un mémoire sur le même sujet, par M. Knoch, de Saint-Pétersbourg. SOCIÉTÉS SAVANTES. 377 « Au moment de la rupture de l’ovisac, cet œuf est composé d’une coque ovoïde d'un brun foncé, résistante, exactement remplie d'une masse granuleuse amorphe. « Au bout d’un mois au plus, ce vitellus se divise en cellules de 15/000: de millimètre de diamètre : bientôt après, apparaît au centre une tache transparente, ou tache embryonnaire, quise développe lentement aux dépens du vitellus, tandis que celui-ci se rétracte sur lui-même, lais- sant entre la coque et lui un espace de plus en plus grand. « Au bout de six mois, la tache embryonnaire a envahi toute la masse vitelline ; c’est alors qu’apparaissent les crochets de l'embryon, chez lequel se manifestent déjà quelques mouvements de contraction. « Enfin, au bout de sept à huit mois, il se détache de la petite extrémité de la coque une calotte, ou opercule, qui livre passage à l'embryon. « Celui-ci se compose de deux corps sphériques emboi- tés l’un dans l’autre. Le corps externe a la forme d’une sphère creuse de 45 à 50/000° de millimètre de diamètre; la paroi de ce corps est épaisse d'environ 10/000° de mil- limètre, formée de grandes cellules prismatiques accolées les unes aux autres, et revêtue extérieurement d’une forêt de grands fouets vibratiles d’une finesse extrême, longs de 10 à 15/060° de millimètre et très-flexibles. « Sous l'impulsion de cet appareil vibratile, toute la masse embryonnaire nage rapidement au moment de l’é- closion, en tournant sur elle-même; mais, au bout de quelques heures, le mouvement se ralentit, cesse bientôt, et le revêtement ciliaire semble disparaître. « À l’intérieur de cette sphère creuse se trouve un autre corps également sphéroïde, se mouvant librement dans son enveloppe, et armé, vers l’un de ses pôles, de trois paires de crochets tout à fait analogues aux six crochets caractéristiques des embryons de Tænia. « Ce corps externe, formé de cellules nuciéées très-pâles 2’ sérim. T. xv. Année 1863. 25 378 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1863.) (de 5/000° de millimètre sur 3), mesure en diamètre de 35 à 40/000° de millimètre. « Les crochets, sensiblement semblables dans les trois paires, atteignent une longueur totale de 137000: de mil- limètre ; la lame, peu recourbée, mesure à peu près le tiers de la longueur totale; le manche, rectiligne, très- grèle, estlongde9/1000::; l’apophyse antérieure (Zahnfor- tsatz) fait une saillie considérable {28 10/000< de milli- mètre). « L’analogie que présente cet embryon, d’un côté avec les embryons des Trématodes digénèses, de l'autre avec ceux des Cysto-tæniens, me fait regarder comme hors de doute que le sort de ce jeune parasite est d'aller s’enkyster dans le parenchyme de quelque animal aquatique pour y poursuivre son développement. « Sans vouloir rien affirmer de plus, n'ayant pas encore tenté d'expérience à ce sujet, je crois devoir attirer l’at- tention des helminthologues sur un Ver dont les vrais rap- ports zoologiques ont été méconnus jusqu'ici, et qui pour- rait n'être autre chose que le Scolex Bothriocéphale de l’homme. « Je veux parler de la Ligula nodosa de Rudolphi, qui vit enkystée dans le tissu conjonctif de différentes espèces du genre Salmo; je me suis assuré que cet animal n’estautre chose qu’un Scolex, dontla partie dite céphalique, profon- dément envaginée dans une portion caudale très-étroite et très-longue, présente, avec l'appareil de fixation de notre Bothriocéphale, une analogie complète de forme et de dimension. AE. « J'ai l'intention d'entreprendre, aussitôt que je le pourrai, une série d'expériences dans le but d’élucider celte intéressante question. » M. Ehrmann fait hommage à l'Académie d’un volume formé de la réanion de plusieurs mémoires qu’il a succes- sivement publiés sous les titres suivants : Histoire des po- lypes du larynx ; Description de deux fœtus monstres, l'un SOCIÉTÉS SAVANTES. 379 acéphale et l'autre monopode; Observations d'anatomie pa- thologique, accompagnées de l'histoire des maladies qui s'y rapportent, et dont les pièces sont conservées au mu- sée de la faculté de médecine de Strasbourg. Séance du 28 septembre 1863. — M. Serres continue la lecture de ses Recherches sur quelques points de l'organisation du Lepidosiren annectens (description du cerveau). M. Lemaire commence la lecture d’un mémoire ayant pour.titre : Nouvelles recherches sur les ferments et les fer- mentations. Cette lecture sera continuée dans une pro- chaine séance. Les résultats de quelques-unes des expériences décrites dans ce mémoire sont mis sous les yeux de l’Académie. M. de Luca adresse des Recherches sur les rapports qui existent entre le poids des divers os du squelette de l’homme. « Si l’on examine un être quel qu’il soit, appartenant au règne organisé et placé dans les conditions normales de l'existence, on trouve que toutes ses parties sont inti- mement proportionnées entre elles, aussi bien souslerap- port du poids que sous celui de la Jongueur et de la su- perficie. Lorsque les animaux et les plantes, dans des con- ditions déterminées, ont atteint leur plus grand dévelop- pement, ils ne dépassent jamais un certain poids, de même qu'ils n’acquièrent point une taille indéfinie ; toutes leurs parties sont alors dans un rapport constant. « J'ai essayé de déterminer les rapports qui existent, quant au poids, entre les différents os du squelette chez l’homme. Je me suis servi, pour cela, d’un grand nombre de matériaux dont une partie m'a été remise en 1861 par M. Duranti, professeur d'anatomie à l’université de Pise. Ces observations ne sont pas complètes; elles sont néan- moins assez nombreuses pour servir de base à quelques remarques importantes sur le poids des os dans le sque- lette humain. Les chiffres que je donne dans le tableau annexé à cette note ont été pris sur le squelette d’un homme de trente à quarante ans. De ces chiffres, et d’une 380 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1863.) foule d’autres observations trop nombreuses pour être re- latées ici, on peut tirer les conclusions suivantes relatives au poids des os : «4° Les os de la moitié droite du corps humain sont plus lourds que les os correspondants du côté gauche. Cette loi se trouve exacte même pour les os de la tête. « 29 Le poids des os situés au-dessus de l’ombilic égale le poids des os situés au-dessous. On sait que, dans la sta- tion verticale de l’homme, l’ombilic représente un point central également distant des deux extrémités, si l’on suppose les deux bras relevés verticalement au-dessus de la tête. « 3° Le poids moyen des os de la main est la cinquième partie du poids total des os du bras entier, de même que la longueur de la main est le cinquième de la longueur du bras. « 4° Le poids total des os de la main peut être divisé en cinq parties égales, dont une est représentée par le carpe, deux par le métacarpe, et deux par les doiots. La première phalange représente en poids ies deux tiers du doigt entier, et l’autre tiers est représenté par la phalan- gine et la phalangette. « 5° Les os de la main pèsent, en moyenne, moilié moins que ceux du pied. « 6° Dans le pied, le poids des os du tarse est double de celui des os du métatarse, et le poids des orteils peut se diviser en trois parties : deux pour les phalanges, et une pour les phalangines et les phalangettes. «7° Ces rapports de poids paraissent exister aussi chez les animaux inférieurs, et les recherches que j'ai l’inten- tion de poursuivre sur ce sujet ne seront peut-être pas sans quelque utilité pour la détermination de ces animaux, pour connaitre leur âge et pour reconstruire les squelettes de ceux dont on ne posséderait qu'un petit nombre d'’os- sements. » Séance du 5 octobre.—M. Milne-Ecwards présente un ou- SOCIÉTÉS SAVANTES. 381 vrage posthume dé M. Robineau-Desvoidy sur l’histoire naturelle des diptères des environs de Paris, publié par les soins de M. Monceaux. Nous reviendrons sur cette importante et remarquable publication. M. le secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces im- primées de la correspondance, un opuscule de M. Ch. Bellotti sur un moyen d'obtenir de la graine saine de Ver à soie. « L'auteur ayant fait à Varèse, au printemps de 1862, une éducation précoce de Vers à soie, en eut, du 10 au 4% juin, des papillons alertes et bien portants qui lui don- nèrent quelques onces de graine. Cette graine, examinée au microscope, n'avait d'œufs malades que dans la pro- portion de 6 à 8 pour 100. « L'éducation avait été faite à ia manière ordinaire; seu- lement les Vers avaient dû être nourris avec des feuilles très-jeunes, l’époque peu avancée de la saison n’en four- nissant point d’autres. M. Bellotti pensa que cette cir- constance pouvait bien avoir contribué, pour la principale part, au résultat obtenu : on avait bien supposé déjà qu'un état maladif des feuilles pouvait ètre pour beau- coup dans la maladie des Vers et la mauvaise qualité de la graine, mais cette remarque était restée à peu près sté- rile. La nouvelle observation y ajoutait quelque chose d'important et donnait lieu de penser que l’état malsain de la feuille ne commençait qu’à un certain état de son développement. Sur ce point, l'expérience seule pouvait décider, et M. Bellotti s’est empressé d’y soumettre sa conjecture. Il a pris les précautions nécessaires pour écar- ter toute chance d'erreur et toute cause d'illusions. Des éducations ont été faites dans des circonstances toutes semblables, sauf en ce qui concerne l’âge des feuilles don- nées aux Vers, et suivies soigneusement de manière à ce que les résultats fussent rigoureusement comparables ; ces expériences, dont la note fera connaître tous les détails, 382 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1863.) - sont venues confirmer pleinement la justesse des vues qui les avaient fait entreprendre. « L’opuscule de M. Bellotti est renvoyé, à titre de pièce à consulter, à la commission des Vers à soie. » Voilà encore une observation qui vient s’ajouter à toutes celles que j'ai faites, dès le début de la maladie, soit à Sainte-Tulle, soit ailleurs, et qui confirme l’opinion que j'ai émise le premier, que c’est une alimentation viciée qui a amené l'épidémie de la gattine. Depuis que j'ai avancé cette conclusion de mes nombreuses études sur ce sujet, j’ai été exposé aux dénégations les plus vives; ma théorie, déduite de nombreux faits observés par moi et par beaucoup d’autres ensuite, a été attaquée ou, ce qui est plus nuisible au développement d’une vérité, passée sous silence par des autorités scientifiques qui avaient émis trop vite des idées théoriques contraires et qui n’ont pas eu la générosité de revenir sur leurs pas. Séance du 12 octobre. — M. Lemaire continue la lecture de son travail intitulé, Nouvelles recherches sur les ferments el la fermentation. Dans ce travail, M. Lemaire combat plusieurs assertions de M. Pasteur. Nous attendrons le rapport de la commis- sion à laquelle il a été envoyé, commission. qui jugera avec impartialité entre un de ses confrères et M. Lemaire. M. Salvatore Trinchese a fait présenter par M. Blanchard un travail sur la structure du système nerveux des Mol- lusques gastéropodes, d’où il résulte : « 1° Que le système nerveux des Mollusques se compose. des mêmes éléments que ceux des animaux vertébrés ; « 2% Que les différents noyaux médullaires du collier æsophagien ont une structure différente ; « 3° Que, chez les types où la centralisation des noyaux médullaires est le plus marquée, la fusion de ceux-ci ne s'accomplit dans le ganglion du pied que vers sa moitié, et que, à ses régions supérieure el inférieure, les noyaux sont séparés ; SOCIÉTÉS SAVANTES. 383 « 4° Que l’élément nerveux pénètre dans l’intérieur des fibres musculaires de ces animaux ere lisses) et s’y ter- mine en pointe. » Séance du 19 octobre. — M. le secrétaire perpétuel met sous les yeux de l’Académie l’image photographique d’un métis de Bouc et de Brebis, et donne, d’après une note de M. Balsamo, secrétaire de la Société d’agriculture de - Terra d'Otranto (Italie méridionale), quelques détails sur la conformation et les habitudes de l'animal. M: Balsamo désigne sous le nom de Tragosoïs (rpéyos, bouc; oi, brebis) cette sorte de métis qui est déjà mentionnée dans les auteurs anciens, mais dont l'apparition est toujours assez rare. Nous croyons devoir joindre à cette indication la note même de M. Balsamo, qui a paru dans le Cosmos. « La question du croisement se rattache aux besoins les plus vitaux de l’économie domestique et de l’industrie. Depuis quelques années, j'ai tenté le croisement des diffé- rentés espèces sérigènes; par exemple, du Bombyx de l'ailante avec le Bombyx du mürier. Je n’ai pu réussir à obtenir des résultats sérieux, parce que, leurélevage n’étant pas simultané, j'ai été obligé de me servir, dans chaque espèce, d'individus fatigués déjà par de précédents accou- plements. J’ai été plus heureux dans J’union du Bouc avec la Brebis. Un Bouc habitué et dressé à saillir les Brebis nt amené dans un troupeau de Brebis à l’époque du rut. _ De son union avec l’une d’elles j’ai obtenu, en juin der- nier, un métis mâle qui participe des formes du Bouc et de celles de la Brebis. En effet, comme le Bouc, il a la tête ornée de cornes droites, les yeux sont protubérants et jaunes, comme dans la Brebis; son bêlement tient de la voix du Bouc. Le corps est volumineux, le poil est crépu comme dans la Brebis, la queue est courte comme celle du Bouc. À défaut d’autres caractères pour révéler son ori- gine, il suffirait de l’entendre bêler. 384 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1863.) « J'ai fait prendre une photographie de cet animal que j'ai appelé Tragosoïs (des mots grecs rpéyes, bouc, et oïs, brebis). Je me propose de l'envoyer au jardin des Plantes ou au jardin d’acclimatation pour être jugé par les hommes compétents. Qui ne voit, dès maintenant, le parti que peuvent tirer l'industrie et l’agriculture d'un tel fait, in- dépendamment de la lumière qu'il jette sur la question des croisements et des métis, déjà si approfondie par l'illustre M. Flourens? Les races caprines du Thibet, croi- sées avec les races ovines mérinos ou angora, pourront fournir des toisons ayant de nouvelles qualités textiles. » M. Hollard adresse des Recherches sur la signification homologique de quelques pièces faciales du squelette des pois- sons : « Modifiant les premières conclusions de ce travail, par suite de nouvelles études sur l’embryogénie des Poissons, j'en résume aujourd’hui les résultats dans les termes sui- vants : « 1° Le groupe des cinq pièces faciales comprises dans ce qu’on à nommé l’aile temporo-maxillaire, l’aile tympa- nique, le suspenseur de la mandibule comprend deux groupes distincts, qui représentent deux pièces ou éléments primordiaux du squelette cartilagineux visibles pendant toute la durée de la vie embryonnaire. «2° Le groupe qui procède du cartilage antérieur se compose du tympanique et du jugal de Cuvier, et constitue le vrai suspenseur de la mâchoire inférieure, avec laquelle il est articulé par sa pièce inférieure. Le groupe postérieur, composé des trois os que Cuvier a désignés sous les noms de temporal, de symplectique et de préopercule, est un sus- penseur hyoïdien. « 3° Le suspenseur mandibulaire constitue, malgré sa division, un tout, qui est l’homologue de la caisse tympa- nique, et par conséquent de l'os carré des Oiseaux. « 4° Le suspenseur hyoïdien est également, malgré sa SOCIÉTÉS SAVANTES. 389 composition, le représentant d’un seul élément squélé- tique, qui correspond à l’apophyse ou os styloïde des . Mammifères. Son développement extraordinaire et sa di- vision se proportionnent au rôle complexe de ce suspen- seur, qui non-seulement porte, chez les Poissons osseux, une corne hyoïdienne composée et très-grande, mais en- core rattache à lui l'aile operculaire, fait partie des parois de la chambre branchiale et doit se prêter à des mouve- ments d'expansion et de contraction. _ «B° Le vrai temporal des Poissons n’est pas compris, comme le pensait Cuvier, dans le groupe du suspenseur hyoïdien; la loi des connexions nous désigne ici comme écaille temporale la pièce que Cuvier nommait le mastoï- dien. » Séance du 26 octobre. — M. Dareste lit des Recherches sur l’origine et le mode de formation des monstres doubles à double poitrine. Après avoir rappelé brièvement les faits, déjà constatés par d’autres, qui lui ont servi de point de départ, M. Da- reste fait connaître ceux qu’il a observés, et conclut qu'il résulte de ces faits que la formation des monstres doubies à double poitrine n’est possible que chez les animaux dont les embryons se retournent sur le vitellus, ou, en d’autres termes, possèdent une allantoïde. Ils ne pour- ront donc se produire, du moins par un semblable méca- nisme, chez les Batraciens ni chez les Poissons. Il a eu d’ailleurs récemment occasion de faire observer que les Batraciens et les Poissons, dont l'embryon n’a pas d’am- nios, sont, par cela même, à l’abri de la productien d’un certain nombre de monstruosités simples. Ainsi donc, le perfectionnement de l’organisation est une condition qui détermine, chez les Vertébrés supérieurs, le développe- ment de divers états tératologiques dont les Vertébrés in- férieurs son exempts. M. Merel soumet au jugement de l’Académie un tra- vail en trois parties sur l'instinct el l'intelligence : la pre- -886 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1863.) mière, parvenue le 10 août, n’avait pas été mentionnée au Compte rendu, parce qu’on la pouvait croire adressée per- sonnellement à M. Flourens; elle avait pour titre : « Li- mites de l'intelligence des animaux; » la seconde est re- lative aux « limites qui séparent l'instinct de l'intelligence des animaux; » la troisième aux « limites qui séparent l'intelligence de l’homme de celle des animaux. » Ce travail est envoyé à l'examen d’une commission com- posée de MM. Serres, Flourens et Milne-Edwards. III. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. OpsErvaTions sur les ennemis du Caféier, à Ceylan, par M. J. Niger. (Suite. — Voir p. 349.) On m'a parlé d’une maladie à laquelle les Coccides, dont je viens de parler, seraient sujets, et qui consisterait en une couche blanche qui se formerait sur eux et les détruirait. C’est simplement de la moisissure qu'il s’agit. _Je ne pense pas qu’elle attaque jamais des individus vi- _vants, mais par des temps très-humides et dans des loca- lités très-encaissées, elle peut recouvrir les vieilles femelles fixées aux plantes; la partie active de la com- munauté change probablement alors de place. Le cham- pignon noir recouvre aussi les vieilles femelles et leurs coques sèches. Westwood (Zatrod., vol. IE pp. #45, 446) dit que dans les mâles des Coccides les ocelles manquent, que la bouche est tout à fait imparfaite et que la nymphe du mâle est inactive et couverte d’une pellicule. D'après les descriptions données ci-dessus, on verra que mes obser- vations contredisent ces assertions ; la nymphe du £Lec. coffeæ d concorde avec la description de Westwood, ANALYSES D OUVRAGES NOUVEAUX. 387 mais celle du Pseud. Adonidum est active. Les ocelles et la bouche sont les uns et les autres très-distincts dans les deux espèces: Je n'ai pas réussi à saisir le moment où le Lec. cofjéæ & sort de sa coque, quoique j’eusse beau- coup désiré m'assurer si cela avait lieu de la manière singulière qu'indique Westwood. J'en resterai là maintenant èn ce qui concerne les Coccides qui vivent sur le caféier, espérant que je ne me suis pas étendu très-longuement sur ce sujet. 5. Aphis coffeæ, puceron du caféier {coffee louse). Les deux sexes sont nus, d’un noir de poix brillant - avec le rostre, les antennes et les pattes blanchâtres, et l'abdomen verdâtre ; le rostre arrive au delà de la base de la seconde paire de pattes; les antennes ont 7 articles, le 1%, le 2° et le 6° sont courts, les autres longs; les 2 ar- ticles basilaires sont noirs, les autres blanchâtres avec le sommet noir ; les cuisses et les tarses sont presque noirs, les tibias presque blancs; les pattes postérieures ont les tibias légèrement courbés à la base. Mâle ayant 4 ailes avec une tache noire sur les supérieures, femelle aptère, abdomen bicorniculé dans les deux sexes et muni d’un tube anal. Taille moyenne, jeunes individus d’une couleur plus claire que les vieux. L'insecte que je viens de AU se trouve en commu- nautés plus ou moins nombreuses sur les jeunes pousses et à la face inférieure des feuilles du caféier. Sa présence en grand nombre produit la miellée et le syncladium, comme cela a lieu avec les Coccides. Les pouvoirs repro- ducteurs de cette famille d'insectes [Aphides) sont bien connus et sans autre exemple dans la nature. On a vu une seule fécondation servir pour 9 générations fécondes de femelles produites en trois mois; dans un autre cas, elle a servi pour {1 générations en sept mois; dans un autre encore, où ces insectes se sont propagés sans fécon- dation pendant quatre ans! Les œufs étant couvés dans le corps dela mère, celle-ci est vivipare: Une telle fécondité 388 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1863.) ne paraît toutefois ne pas exister dans l’Aphis coffeæ; en tout cas ses communautés sont généralement peu nom- breuses, et les dégâts qu’elles occasionnent sont sans con- séquence. Mais une espèce qui vit sur l’oranger et le citronnier est beaucoup plus féconde: les pucerons, comme les Coccidæ, émettent, par leurs tubercules anaux, un fluide sucré dont les Fourmis sont très- friandes. L’Aphis coffeæ est sujet aux attaques de divers parasites tels que les suivants : SYRPHUS NIEFNERI, » SPLENDENS. Ce sont deux grandes mouches qui appartiennent à la famiile dont les membres, à cause de leur ressemblance avec les Abeilles et les Guêpes, pourraient être appelés «mouches abeilles. » Ellesseressemblentassez l’une l’autre, sont de couleurs ternes, noires, avec l'abdomen varié de bandes d’un jaune blanchâtre ; la première est pubescente, la seconde glabre, elles ont toutes deux 3/8 de pouce {an- glais) de long et 6/8 de largeur, avec les ailes étendues. Leurs larves, qui dévorent les Aphides, sont de vilains vers mous, sans yeux et sans pattes, amincis à une de leurs extrémités, ayant 1/4"" de long quand elles sont adultes. Celle du S. Nüieineri est brune avec une tache dorsale de couleur plus claire ; les segments offrent des protubérances scalariformes qui forment une arête le long du dos. Celle {du S. splendens est verte avec une tache dorsale blanchâtre. Elles font un carnage effrayant parmi les pucerons; étant si voraces que, en 24 heures, elles doublent de volume. La nymphe est piriforme et reste dans la peau de la larve 8 jours, au bout desquels l’insecte parfait sort de ses enveloppes. Un autre ennemi des pucerons est le MICROMUS AUSTRALIS. C'est un joliinsecte voisin de la famille des Fourmilions: ANALYSES D OUVRAGES NOUVEAUX. 389 Comme leurs larves se nourrissent aux dépens des puce- rons, ils ont été appelés lions des pucerons ( Aphis lions) ; mais, en raison de leur forme, on pourrait les ap- peler, avec bien plus de raison, « crocodiles des puce- rons. » Cettélarve a environ 5/16 de pouce delons ; elle est étroite, déprimée, s’amincit à ses deux extrémités et est faiblement couverte de poils blancs. Elle est de couleur brunâtre ; les côtés, la ligne dorsale et la face inférieure du corps sont blancs. Elle est très-active el vorace, et a une paire d'énormes mandibules en forme de faucille et des antennes et des palpes longs et grêles ; ceux-ci ont trois articles distincts; le dernier article étant très-long, la longueur totale des palpes égale celle des mandibules. Entre la tête et la poitrine il y a un cou distinct. La larve s’enferme dans un cocon léger dans lequel la nymphe reste pendant quinze jours, après quoi apparaît l’insecte parfait. Ce dernier est très-délicat, brunâtre, avec des yeux verts. Les œufs de ces insectes sont déposés sur les feuilles, chaque œuf étant muni d'un pédoncule long et mince, ce qui leur donne l'apparence d’épingles ou de certains champignons. : [y a un grand nombre de petits Hyménoptères para- sites de l’Aphis coffeæ, mais je ne suis pas à même de donner leurs noms. 6. Strachia geometrica. C’est encore un Hémiptère, mais assez différent du Lecanium coffeæ et du Pseud. Ado- nidum avec lesquels il a peu de rapports. Il est ovale- oblong, dodu, a 5/16 «de long sur 3/16 » de large; ilest jaunâtre marbré de gris et d'orangé à la face supérieure. Il est voisin de ce qu’on appelle le « Green or fætid bug. » M. Alexandre Brown a reçu cet insecte de Badulla et a eu l’obligeance de me l'envoyer. Il se nourrit du suc des jeunes baies, dont 3 0/0, ou même davantage, auraient été avariées par cette cause. C’est le seul cas, venu à ma con- naissance, des dégâts commis par cet insecte. Toutefois 390 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1863.) des formes voisines de celle-ci, qui se trouvent soit à Cey- lan, soit en Europe, causent parfois des dommages consi- dérables aux légumes en détruisant les boutons. Il n’y a päs à craindre que cet insecte devienne jamais un fléau sérieux pour les plantations de café. J'arrive maintenant aux ennemis du caféier, qui appar- tiennent, pour leur nourriture, à l'ordre des Lépidop- tères, dont les larves dépendent entièrement du règne végétal, font plus ou moins de tort aux horticulteurs et aux agriculteurs de tous les pays. Heureusement, quoique j'aie eu à mentionner quinze espèces différentes qui vivent sur le caféier, et que l’on püt facilement doubler ce nombre, il n’y en a que deux ou trois qui commettent des dégâts un peu sérieux. IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. AppariTion du Syrrhaptes heteroclitus en France. Dans notre précédent numéro, nous avons annoncé la prochaine publication d’un travail de M. le docteur de Montessus sur cet oiseau. La lithographie des planches qui représenteront le mâle, la femelle et quelques détails de ce remarquable oiseau est la seule cause du retard de la publication de cet intéressant mémoire. En visitant tout récemment le musée d'histoire natu- relle de Nice, dû à l'initiative et à la générosité du savant naturaliste M. Verany, qui en a fait don à la ville, nous avons remarqué avec un vif intérêt une paire de ces oi- seaux rares, provenant du voyage de Demidoff en Crimée , et offrant parfaitement les caractères de ceux que M. de Montessus a décrits dans le mémoire que nous allons publier. Aujourd'hui voilà un autre ornithologiste qui vient en- core d'observer cette rare espèce en France, ainsi qu'on . MÉLANGES ET. NOUVELLES. 391 le verra dans la lettre suivante, que nous recevons de M. À. Marcaanp, de Chartres (1). Monsieur, Le 25 septembre dernier, ÿ ai trouvé, chez M. Lemoine, pâtissier à Chartres, un Sn le hétéroclite. I a été tué en plaine à 7 ou 8 kilomètres de la ville. C’est une fe- melle ; son ovaire était bien apparent. Elle avait, dans 14 mac: des grains de blé et de courts morceaux d’ herbe verte ; elle était très-grasse. Le 6 courant, j'ai reçu des dunes de Saint-Quentin (Somme) un oiseau pareil à celui ci-dessus ; il a été tué par M. de Turtigny. C’est encore une femelle; son ovaire était bien garni. Elle avait la panse remplie de me- nues graines dures, pas de ue elle était aussi très- ss D’après les renseignements que j'ai reçus de Picardie, l'apparition de ces oiseaux serait due au naufrage, sur la côte, d’un navire quiles apportait vivants. Telle est l’explication qui m'a été donnée ; 11 y en avait une quarantaine les premiers jours; plusieurs ont été tués, et l’on suppose ceux qui restaient, passés dans les environs de Bergues. Deux ou trois ont été montés; le plus grand nombre a été mangé. Temminck et le docteur Chenu disent que les femelles n’ont point de filet à l'extrémité de la première rémige ; en effet, les miennes n’en ont pas : l’une en a aux deux pennes du milieu de la queue qu'ils dépassent de 0®,07. L'autre n’en à qu'un qui n’atteint pas encore l’extré- mité de la queue; le plumage de mes deux oiseaux n’est _pas entièrement complet, quelques plumes ne sont pas encore tout à fait poussées. (1) On nous annonce à l'instant que MM. Berthelier, de la Ro- chelle, et Gratiolet, vont nous adresser des notes sur Ia capture de cet oiseau près de la Rochelle et dans la baie de Somme. Nous pu- blierons ces documents dès qu’ils nous seront parvenus. G, M. 392 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Octobre 1863.) Le mâle est figuré. PI. col. Temminck, 95. Gal. des oiseaux Vieillot, 222. The animal Kingdom, t. VIII, p. 65. D’après Schlegel, le prince Ch. Bonaparte le classe parmi les espèces européennes. J'ai conservé les deux sternums qui m'ont paru très-cu- rieux. En février 1861, on m’apporta une Oie des terres ma- gellaniques, pl. col. 1006. Elle avait été tuée dans les fos- sés entourant la ferme dans Seine-et-Oise près d’Ablis. Le plumage était très-frais et bien complet. Rien n'an- noncait la domesticité. Dans notre précédent numéro nous avons annoncé que M. ScHauruss avait reçu des objets intéressants de z00- logie. Plusieurs de nos abonnés nous ont adressé des de- mandes que nous avons transmises à ce naturaliste. Pour éviter des pertes de temps, nous invitons MM. les sou- scripteurs à s'adresser directement, par lettres affranchies, à M. L. W. Schaufuss, À. B. Herzogin Garten, n° 5, à Dresde (Saxe). TABLE DES MATIERES. Pages. MarcaanD. Catalogue des Oiseaux observés dans le département d'Eure-et-Loir. 361 AucariTAINE. Mollusques céphalopodes de l'Algérie. 365 SOCIÉTÉS SAVANTES. 371 Analyses. 386 Mélanges et nouvelles. 390 PARIS. — IMP, DE M" Y° BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'ÉPERON, 9. VINGT-SIXIÈME ANNÉE.—NOVEMBRE 1863. I. TRAVAUX INÉDITS. PassAGE de Syrrhaptes heteroclitus en Europe, par le docteur F. B. DE Monressus, de Chälon-sur-Saône. Le naturaliste qui scrute les richesses de son pays ne peut se défendre d'un sentiment de surprise, lorsque, sous sa main, se présente un être habitant les contrées loin- taines d’un autre monde et qui fait exceptionnellement une apparilion sur son continent. C’est dans de telles conditions que nous nous propo- sons de faire connaître un oiseau asiatique qui vient d’être observé tout récemment, tant en France qu’en Angleterre. Nous savons parfaitement que la gent volatile, douée d’une organisation locomotrice puissante, peut A ses pérégrinations aériennes à des distances incalculables. Nous ne nous étonnons plus, maintenant, de voir le cygne de Bewich quitter l'Islande et le fond de la Sibérie pour visiter notre climat. En janvier 1862, un magnifique mâle adulte, actuellement en ma possession, est venu $e faire tuer dans l'arrondissement de Châlon-sur-Saône. Anté- rieurement, un individu, dans la livrée grise du premier âge, avait été capturé sur le Doubs ou dans son voisinage. L'Oie à cou roux, le jeune Canard Formose, que je tiens dans mes vitrines, ont été arrêtés dans un passage, la pre- mière en Bresse, près de la ville de Louhans; le second, non loin de notre cité. Celui-ci a pour patrie la ZOne Cen- trale de l’Asie; celle-là, le nord-est de cette contrée. Aujourd’hui c’est une autre espèce qui, chassée des mêmes régions par quelque commotion atmosphérique, 2e semi. T. XV. Année 1863. 96 394 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 18653.) est venue s’abattre dans la plaine de notre canton. Mais, cette fois, il ne s’agit plus de ces oiseaux de haut vol, es- sentiellement voyageurs, tels que nous venons d’en citer : nous annonçons un petit gallinacé dont le vol, quoique rapide, ne lui permet cependant pas de parcourir de lon- gues distances, sans le suspendre fréquemment. Il a dû prendre tout son essor; ses forces ont dû être centuplées, et sans doute quelque révolution extraordinaire dans la nature bouleversée de sa patrie a déterminé une pertur- bation terrible dans l'essence de ce petit être ; en sorte qu'il s'est égaré au loin, allant chercher le calme n’im- porte où, pourvu que rien ne lui rappelât le désordre de son pays. Notons aussi qu'il nous est arrivé pendant un vent nord-est impétueux, comptant déjà sept à huit jours de durée et reconnaissant peut-être pour point de départ l'ouragan qui l'emporta. Syrrhaptes heteroclitus est l’oiseau que le hasard nous a amené peut-être de Tartarie, peut-être de Sibérie. En ef- fet, quelle est la patrie de ce gallinacé, de formes presque insolites, ainsi que l'indique son nom spécifique? Pallas découvrit cet oiseau au mois d'avril 1771, près de la ri- vière La Miias, dans la province d'Isetsk du gouvernement S'Orenbourg. Il en donna la description sous le nom de Tetrao paradoxus. Eversmann le rencontra en Bucharie. Il se présenta aussi à d’autres voyageurs sur d’autres sites de la Tartarie. C’est l’Heteroclitus grous de Latham (Synopsis, t. I, part. 11, p. 753), il constitue le genre Syrrhaptes d'Hlli- ger: c'est encore l'Heterochtus tartaricus de Vieillot {Dict. de Déterville)}, son Syrrhaptes heteroclitus (Gal. des ois., pl. 222); c'est le Syrrhaptes Pallasii de Temminck (1845, Gal., t. IL, p. 582). Wagler et, après lui, en 1821, Du- mont le décrivirent (Dict. sc. nat.,t. 11, p. 112). Mais c’est au voyageur Delanoue que nous devons le peu que l'on sait sur ses mœurs. Le Syrrhaptes heterociitus de Pallas, joint au Syrrhaptes TRAVAUX INÉDITS. 395 Thibetanus, constitue toute une famille. Il représente je type de celle des Syrrhaptidés, Syrrhaptidæ, de Nitzsch, le type de la sous-famille des Syrrhaptinés, Syrrhaptine, appartenant à la ‘famille des Ptéroclidés ( Gangas) du prince Ch. Bonaparte. Mais si, au premier aspect, l'hété- roclite, par sa taille, par l’ensemble de ses formes et de son coloris, par l'étendue des deux rémiges externes, par le prolongement en brins filiformes, comme chez les Atta- gens des rectrices moyennes, si, disons-nous, l'hétéroclite ressemble tout d’abord à ces derniers, surtout au Pferocles arenarium, auquel il emprunte même lécharpe abdomi- nale et la ceinture pectorale noires, bientôt on est obligé de l’en séparer, en considération de caractères anatomi- ques importants et qui les différencient essentiellement. Ainsi les tarses sont moins longs, privés de pouces et ré- duits à trois doigts courts, emplumés jusqu'aux ongles, réticulés en dessous et soudés par une membrane à la fa- çon des palmipèdes. | Müle. Notre sujet mâle (figuré pl. 2% de ce Recueil), mesure 27 centimètres du bec à l'extrémité de la queue ; les brins filiformes excèdent celle-ci de 9 centimètres. Le fond du plumage est jaunâtre, à teintes variées ettaché de noir. En voici les détails : Front, vertex et joues d’un cendré roux clair; région sous-mandibulaire d’un blanc obscur; nuque cendrée, ea- cadrée latéralement et inférieurement dans une bande d’un roux orangé vif, intense principalement sur les cô- tés ; toute la gorge d'une teinte semblable, d'autant plus prononcée qu'on s'éloigne de la partie supérieure et mé- diane, et séparée, par un espace sris-cendré, dela portion latérale de la bande orangée. Toutes les parties supt- rieures d'une teinte café-au-lait, parsemée de larges taches noires transversales, quelques-unes pourprées sur Îles scapulaires et les grandes couvertures : elles se terminent un peu avant l'extrémité de chaque plume. Moyennes couvertures de la même teinte café-au-lait. Les plus in- 396 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1863.) ternes portent, avant leur terminaison, trois rangées de Junules d’un noir profond, trois au premier rang, quatre au second et cinq au dernier. L’extrémité des plus exté- rieures est d’un roux pourpré. Grandes couvertures de même coloration, mais un peu plus claires que celles des moyennes; baguettes noires. Première rémige se termi- nant en un brin filiforme très-ténu, brun-noir, excédant en entier le bout de la queue, long de 3 centimètres, large de 3 millimètres à son origine au niveau de l’extrémité de la deuxième. Barbes externes de la même, d’un noir pur; les internes, ainsi que toute la surface de ses congénères, d’un gris-cendré, plus foncé en dedans qu’en dehors et à l'extrémité, avec un liséré blanc mat sur le bord interne. Baguettes noires. Les ailes se croisent, vu leur longueur, qui atteint 25 centimètres de l'articulation radio-car- pienne à leur extrémité. Devant du cou et partie antérieure de la poitrine d'une teinte café-au-lait lavée de gris. La région moyenne de la poitrine est traversée par une ceinture bicolore, se re- liant aux régions supérieures, au niveau du scapulum, et constituée par deux ou trois rangées irrégulières de petits croissants noirs, traversant chaque plume peu avant son extrémité ; celle-ci est bordée d’un liséré blanc-fauve, qui sépare les rangées de croissants l’une de l’autre. Seconde moitié de la poitrine de même nuance que les moyennes couvertures, mais un peu plus pâle. Abdomen ceint d’une écharpe noire entrecoupée par desespaces café-au-lait, le noir n'occupant que l'extrémité des plumes. Régions hypogastrique, anale, sous-caudale, d’un blancfauve; jambes un peu plus colorées, ayantnuance café-au-lait claire; tarses, doigts, en totalité couverts de plumes duveteuses de même couleur ; queue étagée; rec- trices d’un brun cendré au centre : cette teinte est répan- due de manière à simuler, par les sinuosités de ses limites, des bandes transversales. Extrémité des barbes encore café-au-lait, excepté celle des barbes externes de la pre- TRAVAUX INÉDITS. … 397 mière qui est d'un blanc-fauve. Toutes sont acuminées et terminées par une lunule de cette dernière nuance. Grandes couvertures de la queue également couleur café- au-lait, entrecoupée de taches brunes. Les deux moyennes se prolongent en filets minces, n’ayant que # millimètres à leur point d’émergence de la queue et filiformes à leur extrémité. Jambes et tarses très-courts (pl. 24, 2, tarse droit; 3, face plantaire ; 4, face antérieure ; 5, tarse gauche): ces derniers n’ont que 2 centimètres 8 millimètres de hauteur, le doigt médian, 15 millimètres : il excède l’externe de 8, et l’interne, de 9. La membrane qui les unit se termine à l'extrémité de la dernière phalange des doigts opposés et de la seconde du médian. Vue à sa face plantaire (pl. 2%, 3), elle offre une épaisseur remarquable, qui disparait par la dessiccation, et une surface arrondie, squammeuse. Elle constitue, en arrière, au niveau de l'o- rigine du métatarse, un repli saillant, de 2 milhmètres d'épaisseur, simulant un talon. Le calcanéum présente une particularité anatomique tout exceptionnelle : c’est une proéminence de 5 millimètres au-dessus de l’articula- tion tibio-tarsienne. Bec brun de corne, plus foncé aux extrémités qu'au centre (chez le sujet frais), grêle, comprimé, pointu, long de 13 millimètres, couvert de plumes à sa base. Mandi- bule supérieure un peu courbée et marquée, de chaque côté, d'une légère dépression sur son arête. Narines creu- sées près de la naissance du front, et cachées par les plumes qui en émanent. Iris brun. Femelle (pl. 25). La description qui va suivre est éta- blie d’après un sujet dont la provenance sera indiquée plus tard. Elle est conforme à celle que m'a transmise M. Darracq, pharmacien à Bayonne, lequel vient d’avoir aussi sa part du butin fait sur les Syrrhaptes de Tartarie. J'en dois la peinture, comme celle du mâle, à l’obligeance de mon ami, M. Berger, de notre ville. 398 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1863.) Toutes les parties supérieures de même couleur que chez le mâle, mais avec teinte un peu plus obscure. Tête sériée de raies longitudinales noîres. Nuque mouchelée de points noirs aussi, bordée, sur les parties latérales seulement, par une bande d’un roux doré très-pàle. Toute la gorge de cette dernière teinte, et, entre la bande et la gorge, espace cendré parsemé de stries noires très-ténues. Région sous- mandibulaire grisätre. Couvertures supérieures de la queue, dos, maculés d’une myriade de taches transver- sales en croissant, étroites, généralement noires. Parties latérales et inférieures du cou, scapulaires, moyennes cou- vertures et côtés de la poitrine ornés de points noirs cor- diformes. Au-dessous de la gorge, demi-collier noir, formé d’une double bande transversale, très-étroite. Extrémité des moyennes couvertures bordée de roux pourpré. Grandes couvertures, rémiges, comme chez le mâle; moins d'intensité dans la coloration seulement. La première -émige est beaucoup moins acuminée, moins longue ; elle n'excède que de 2 centimètres la seconde, tandis que, dans l’autre sexe, elle l’excède de 4 centimètres 2 milli- mètres. Région antéro-inférieure du cou, poitrine dans sa moitié antérieure, d'un gris à teinte vineuse. Seconde moitié de cette dernière d’un blanc terni par la même teinte. Large écharpe de l'abdomen d'un roux pourpré dans sa première portion et noire dans sa partie posté- rieure et sur Îles flancs. Régions anale et sous-caudale, ioute la queue et tarses, à peu près comme dans l’autre sexe. Filets n'ayant que 5 centimètres 4 millimètres. Le Syrrhapte hétéroclite femelle diffère du mâle dans la même proportion que Pterocles arenarium femelle, avec laquelle la première offre plus d'un point d’analogie, dif- fère du mâle de son espèce. Cette assertion contredit celle: des auteurs qui assimilent la femelle au mâle, en lui refu- sant toutefois les brins filiformes des ailes et de la queue. Elle s’en distingue surtout par les stries noires de la tête TRAVAUX INÉDITS. 399 et de la nuque, les lunules de même couleur semées sur les parties latérales du cou et de la poitrine, l’écharpe abdominale mélangée de roux pourpre, l'absence du cein- turon pectoral et la présence d'un demi-collier à la base du cou. L'exemplaire que possède le musée de Paris est un mâle semi-adulte, ressemblant, par la coloration, à notre sujet de même sexe, avec cette différence que les nuances sont plus sombres. Il s’en distingue surtout par une interrup- tion dans la continuité du ceinturon, qui manque dans son tiers moyen; il s'en distingue surtout par l'absence des brins filiformes des premières rémiges et des rectrices moyennes. Les unes et les autres sont allongées à la vé- rité : les dernières, par exemple, excèdent de 2 à 3 centi- mètres l'extrémité de la queue; mais elles sont tron- quées et se terminent en s’arrondissant. Les testicules de notre individu étaient volumineux, comme au temps des amours. Sa chair rosée était plus colorée que celle de la Perdrix rouge, moins que celle de la Perdrix grise. D'un goût très-délicat, elle rappelait la saveur de la Gélinotte. Les conditions anatomiques de la face plantaire don- nent au pied de ce gallinacé une grande analogie de struc- ture avec celui des Chéloniens : d’où la qualification de Chétopode lui serait appliquée à juste titre. L'exiguité de ses jambes est telle, qu’il marcherait très-mal et lentement, si l’on croyait le récit des naturalistes écrivains. L’ob- servation vient cependant démontrer le contraire : cet oiseau est vif et alerte. L'étendue de ses ailes l'a doué d'un vol rapide, élevé, mais, à la vérité, peu soutenu et souvent interrompu par le besoin du repos. Il paraît qu’il se rencontre assez fréquemment en Asie. Ii est néanmoins fort peu connu; ce quitient à ce qu'il habite des pays rarement visités par les savants et au défaut de relations suffisantes avec les indigènes non civilisés. Son naturel est assez farouche, dit-on : il se tient presque constam- 400 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1863.) ment caché dans les lieux retirés et abrupts. Il fuit l'approche de l’homme. Sa nourriture consiste en menues graines que les vents ont déposées sur les sables. Notre troupe de passage fréquentait de prédilection les champs de colza, et l'estomac de notre sujet contenait quantité de grains appartenant à cette crucifère. Je crois que les petites semences trouvées par M. Darracq dans le ventri- cule, chez son individu, étaient de même nature. La femelle couve avec soin quatre œufs blancs-roux, tachés de brun. Son nid est composé sans art, à l'extérieur de sable, à l’intérieur de quelques baies de graminées. Les Kirguis donnent à cet oiseau le nom de Buldruch, qui si- -gnifie jolie femme (Eversmann), et les Russes, celui de Sadscha. Nous connaissons déjà la patrie du Syrrhaptes hetero- clitus. Ajoutons qu’il fréquente les steppes nus de la Bucharie, les déserts de la Tartarie. Ces contrées sont su- jettes à des hivers rigoureux, quoique courts, seterminant du quinzième au dernier jour de février. Le printemps a pour durée le mois de mars seulement, pendant lequel des pluies quelquefois torrentielles, accompagnées de vents du nord impétueux, jettent le désordre dans la nature. A l’époque des sécheresses et des glaces, des tourbillons se développent avec tant de violence, qu’ils enlèvent des co- lonnes de poussière de 10 mètres de hauteur. Des nuages de sables fins du désert emportés par les vents donnent souvent à l'atmosphère une teinte grisâtre; ailleurs, ils engloutissent et récoltes et habitations. On conçoit maintenant que quelque révolution cli- matérique ait pu sévir encore avec une violence inusitée, en sorte que des troupes d’hétéroclites aient été projetées au delà de la mer Caspienne, an delà de la mer Noire, jusque sous l'horizon de l’Europe, où les courants de l’air en furie sont venus se briser. M. Darracq m'a fait la gra- cieuseté de me communiquer ses propres réflexions sur ce passage extraordinaire. Suivant lui, les hétéroclites pour- TRAVAUX INÉDITS. &O1 raient fort bien avoir opéré leur migration dans le cours de l'automne dernier, et leur retour se serait effectué beau- coup plus tard que chez les autres espèces. S'il en était ainsi, il faudrait admettre qu’ils eussent suivi une route inaccoutumée. Nous ignorons, du reste, s’il entre dans la nature de ce gallinacé de quitter son continent pendant l’hiver, et nousne savonsrien sur ses ses migrations. Seule- ment nous faisons observer que Pallas dit qu'il arrivait par troupes dans les lieux où il le découvrit au commencement d'avril, époque où l’on voyait apparaître une foule d’oi- seaux d'espèces variées. Le retour des hétéroclites se ferait donc deux mois avant le temps où ils se sont mon- trés dans nos contrées : d’où la première manière d’ex- pliquer leur apparition semblerait avoir plus de valeur. Toutefois convenons que l'instinct d'émigration de la race ailée est tel, qu’il peut déjouer toutes nos théories, mettre à la torture l'esprit scrutateur le mieux exercé et lui causer plus d’une déception. L'individu qui a motivé cette notice a été capturé le 2 juin dernier, à 5 kilomètres est de Châälon. Une troupe, dont il était le huitième, s’abattit précipitamment dans un champ de luzerne dépouillé de sa récolte, à 40 mètres environ d'un cultivateur, qui ne parut pas leur inspirer d'inquiétude. Ils se prirent à marcher avec viva- cité, ayant le port de la Colombe-Tourterelle, et ne se décidèrent à quitter la place qu'à l'approche de notre campagnard etdesonchien. Ilss’abattirent denouveau dans un champ de colza moissonné, à 200 mètres de distance environ, pour repartir encore, à l’abord du maitre et de animal, et s'arrêter, non loin de là, sur un sol analogue. La progression de ces oiseaux s’exécutait avec rapidité, mais à pas raccourcis et proportionnés à l’exiguité de leurs membres. Is marchaient presque aussi vite que la Perdrix, lors même qu'ils n'étaient plus suivis, plus ob- servés par notre amateur. Les uns s ’avançaient la queue basse ou horizontale: d’autres portant celle-ci relevée, BO2 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1863.) presque verticale. Avant le départ et au moment du départ, ils poussaient ordinairement un cri aigu. Ils s’éle- vaient comme un trait, presque perpendiculairement, à 10 mètres environ, puis, tout à coup, leur vol précipité, qui semblait devoir les emporter hors de la vue, s’arrêtait, et ils gagnaient terre dans une direction voisine encore de la perpendiculaire. Dans l'état de repos, pendant la marche, pendant le vol même, ils étaient agslomérés, réunis en un groupe compacte. Ee lieu qu'ils fréquen- taient était aux alentours d’nn village; en sorte que notre homme n'eut qu'un pas à faire pour tenir entre ses mains larme meurtrière. Et déjà la bande ailée avait parcouru un espace considérable. Ea détonation l’éloigna médio- crement. Elle a été observée non loin de la même loca- lité jusqu'au 18 juin. Nous insistons sur ces faits, qui ser- viront à dépeindre le caractère de cet oiseau, que les auteurs représentent comme ennemi de la société de l’homme. Qu'est devenue cette troupe désertant le sol qui l'a vue naître, le sol où l'instinct reproducteur eùt dù la rappeler beaucoup plus tôt? Sans doute enfin elle a resasné ces sites agrestes où chacun sentait le besoin d’aller accomplir l'œuvre de la nature. L’hétéroclite mâle , qui a fait la base de notre des- cription, n’est pas le seul qui ait laissé sa dépouille sur notre continent. Cinq oiseaux de la même espèce ont été tués, le 2{ juin, au milieu d'un groupe de seize individus, dans la plaine de Courteille, près d'Alençon. Deux d’entre eux, mâle et femelle, ont été conservés. Je suis redevable à M. Saillant, de cette ville, de l'avantage de posséder l’un et l’autre. C’est cette femelle que nous avons sous les yeux et que nous avons prise pour type. Quant au mâle, sem- blable au premier, il offre néanmoins un degré de plus dans le ton de son coloris. M. Darracq est en possession d’une femelle capturée, le 3 juin, à Biscarolle (Landes), dans un semis de pins. Elle était en compagnie de deux autres volatiles de son TRAVAUX INÉDITS. 403 espèce. Le sexe en a été constaté par l'inspection anato- mique. Une vingtaine de jours avant que celle-ci ne tombât, un autre individu était surpris au passage à Solferino, lieu situé dans les mêmes parages. Il fut servi sur la table et n’a laissé, pour constater son identité, que ses pieds. Non loin des bords du Doubs, près de Pierre, limites de notre département, cinq hétéroclites auraient aussi été observés. La description qui en a été donnée à M. Ros- signol, ornithologiste et habitant de Ja localité, ne me laisse aucun doute à cet égard. La France n’a pas eu seule le privilége de recevoir la visite de ces indigènes de l'Asie; l'Angleterre aussi leur a fourni, à la même époque, un refuge pendant la durée des secousses atmosphériques de leur patrie. En effet, M. Jules Verreaux a été informé que sept sujets sont tombés en la possession de nos voisins d'outre-mer. Ce passage de Syrrhaptes a donc été abondant et répandu sur une large surface. Ils eussent enrichi de nombreuses collections, s'ils l’eussent effectué en saison de chasse. D’après renseignements fournis à M. Darracq, le pro- fesseur Blazius avait admis cet oiseau comme espèce euro- péenne, se basant sur la capture de plusieurs individus tués en Russie et en Allemagne. De son côté, l’Zhis, dans son numéro du 9 juillet 1859, nous apprenait qu'un hétéroclite avait été abattu dans la paroisse de Walpole-Saint-Peters, canton de Norfolk. Il existe au musée de Liverpool. Le même journal a publié, en 1860, la prise d’un oiseau semblable, en société d’un être de sa race, dans les dunes, près d'Amsterdam. Le musée de la Société zoologique de cette ville l’a conservé. Le recueil anglais cite enfin une troisième capture opérée dans le Jutland, contrée du Groënland, en 1861. Ce sujet se voit dans le musée de Copenhague. Ces faits isolés se rapportant à des époques différente s hO$ REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1863.) démontraient les tendances de l’hétéroclite de Pallas à fréquenter l’Europe. Aujourd’hui ce n’est plus une appa- rition, c'est un passage diffus (1). Espérons donc que nous le reverrons maintes fois encore et qu'il ne perdra pas de vue lui-même le chemin de cette partie du monde qu'il a bien su trouver depuis peu d'années. Si le prince Ch. Bonaparte l’a indiqué avec doute dans le catalogue des oiseaux européens, si M. de Sélys-Longchamp (Revue de zoologie, 1857) l'en a distrait, à titre d'erreur, le doute est levé, l'erreur n’est plus admissible, l'incertitude n'existe plus. Le Syrrhaptes heteroclitus mérite bien rang dans notre faune ornithologique au même degré, sinon davan- tage, que Bernicla ruficolhs, Anser hyperborea, Eunetta falcata, formosa, etc. MozLzusques CÉPHALOoPOoDEs observés sur le littoral de ‘l'Algérie, par M. HENRI AUCAPITAINE. (Voy. p. 365.) VII. Genre SPIRULA, Ek. 1. S. Peronn : Lk., Anim. s. vert., t. VII, p. 601, n°1. — D'Orbiony, Moll. viv. et foss., p.314, n° 4, pl. 16. — Veinkauff, p. 376, ne 2. Cette petite et si intéressante espèce est essentiellement (1) Dans le Petit Journal du 1°" décembre 1863, se trouve un ar- ticle extrait du Phare de la Loire, à qui on écrivait de Saint-Jean- de-Mont, le 25 novembre: « Ces jours passés, une bande de voyageurs est venue des déserts de la Russie d’Asie s’abattre sur nos dunes. « Ces voyageurs sont des Tétras tridactyles, que Pallas a décou- verts au commencement de ce siècle, et que les savants ont baptisés du nom harmonieux de Sirrapter. » Après une description de ces oiseaux, Particle finit ainsi : « Le vol est rapide, la marche est lente et fatigante. L'animal roule à la facon des Canards. « Sa demeure de prédilection est dans les plaines rocailleuses aussi se tenait-il dans les dunes, aux endroits les plus pierreux. « La bande était nombreuse. Deux individus ont été tués samedi on les a conservés. » G. M. TRAVAUX INÉDITS. 405 vagabonde; elle vient accidentellement (?) et en nombre dans la Méditerranée. Assez commune à Alger, Mers-el-Kébir, etc., aux Ba- léares. Lamarck avait circonscrit l'habitat de cette espèce aux mers australes et à l'océan des Moluques. Depuis elle a été signalée par d'Orbigny comme abondante aux Cana- ries, à Santa-Cruz de Ténériffe (Mollusques des Canaries, 1839, p. 24-95) et par Dunker (Index Mollusq. itiner. ad Guineam, 1853, p. 1), comme ayant été recueillie dans le voisinage de l’île Saint-Vincent. Enfin M. Henri Drouet en a recueilli quelques rares exemplaires dans la baie de Rosto-de-Caû, à San-Migueil (Moll. marins des Açores, p.23, 1858). D'Orbigny affirme que celte coquille serait même jetée quelquefois sur les côtes d'Europe par les vents et les marées (Mol. viv. et foss., p. 316). C'est ainsi, dit M. Drouet, que de jour en jour l’aréa des espèces tend à s’agrandir et à prendre une nouvelle extension. Nous ajouterons, avec M. Charles Darwin, que cette extension de certaines espèces ne se produit qu’au détriment de certaines autres; car, tandis que le principe conservateur de l'hérédité préside à la transmission régu- lière des caractères, la sélection naturelle, loi de mouve- ment et surtout de progrès, localise les espèces, néglige certaines formes, qui ne tardent pas à disparaître pour en admettre de nouvelles, mieux constituées et plus vivaces. VIII. Genre LOLIGO, Lk. f. L. vulgaris : Lk., Anim. s. vert., t. VII, p. 667. — Payreaudeau, p. 173, n° 152. — Delle Chiaje ([L. communis), IV, p. 47-57, pl. 59, fig. 2. — Philippi, p. 241, no f. — L. Bertheloti de Verany, d’après d'Or- bigny. — Rang, p.75, pl. 97. — Can- traine, p. 17, n° 3. — Requien, p. 87, n° 618. — Weinkauff, p. 391, n°1. Très commune dans toute la Méditerranée, cette espèce vient chaque année, au moment de la ponte, habiter pour 406 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1863.) deux ou trois mois les golfes et baies du littoral; elle dé- pose sur les fucus ses œufs, au no mbre de plusieurs cen- taines et disposés en grappes rayonnantes. Les Loligo suivent les migrations des poissons qui mar- chent par bancs, et surtout des sardines ; eux-mêmes sont réunis par groupes de cinquante, cent et même cent Cin- quante individus. Le L. vulgaris est comestible. M. Cantraine rappelle, d’après delle Chiaje, que l’on trouve quelquefois, dans le sac de ce céphalopode, une filaire nommée par le naturaliste italien félaria Loliginis. Nous avons tout lieu de croire que ces prétendues filaires pourraient bien n'être autre chose que les pompes sémi- nales ou spermatophores du Loligo, organes qui, à pre- mière vue, ressemblent à des poils, et que delle Chiaje a confondu avec un parasite. On sait que ce zoologiste avait déjà commis une erreur analogue, en considérant l’'Hectocotyle de l’Argonauta argo comme un entozoaire qu’il détermina sous le nom de Trichocephalus acetabularis, erreur presque justifiable d’ailieurs, en raison desfilaments spermatiques, d’une très-grande longueur parfois, qui ter- minent ces organes. 2. L. parva : Rondelet (1). - Lamarck (L. subulata), Anim. s. vert. t. VII, p. 664, n° 3. — Payreaudeau (L. subulata), p. 172, n° 350. — Can- traine (L. sub.), p. 17, n° 2. — Belle Chiaje, IV, p. 48 et 58, pl. 59, fig. 1. — D'Orbigny, Moll. viv.et foss., p.339, n° 3. — Requien, p. 87, n° 619. Cette espèce, regardée par quelques naturalistes comme une variété ou un jeune de l'espèce précédente, s’en dis- tingue cependant nettement par le prolongement aigu de la partie inférieure du corps, par ses naseoires à angle {4) Rondelet, 1354, De piscibus, lib. XVII, cap. v, p. 368 D'après d’Orhigay. TRAVAUX INÉDITS. k07 très-arrondi et ne couvrant pas entièrement les bords laii- raux du sac. Le L. parva, bien connu des pêcheurs sous le nom de casseron, et des Italiens sous celui de calamaretlo, paraît beaucoup plus commun dans la partie septentrionale de la Méditerranée, où ilest justement recherché pour la déli- catesse de sa chair, que du littoral africain. La multiplica- tion de ce céphalopode dans nos parcs à Huîtres serait encore une excellente acquisition. Mellila (Maroc), d’après le D'Mercier; Arzew, Cherchel, Alger, Dellys, Bougie, etc.; Tunis, Sfax; baie de Saint- George, près Beyrouth, etc.; Corse, Sardaigne, etc. IX. Genre LOLIGOPSIS, Férussac. 1. L. Veranyi: Férussac. Féruss., Mag. de zool., t. V, pl. 65. — D'Orbigny, 1839 (Chiroteuthis (1) Ve- ranyi), Ceph. acelab., pl. 2 et k, fig. 17- 23. — D'Orbigny, Moll. viv. et foss., p. 377, n° {. Très-rare. Bougie, octobre 1858. Vu deux individus seulement el en assez mauvais état, reconnaissables cepen- dant à la forme ovale de l’osselet lancéolé à ses deux ex- trémités. Cette intéressante espèce est spéciale à la partie nord de la Méditerranée, où elle a été signalée par M. Verany, (1) Bien que nous ne voulions ni ne devions discuter la valeur des genres et des synonymies, nous ne pouvons nous empécher de faire remarquer le peu de valeur du genreChiroteuthis, créé par d’Orbigny, bien que ce regrettable naturaliste affirme que c’est une des coupes les plus tranchées et les mieux caractérisées parmi les Céphalo- podes!... Les seuls caractères qui peuvent, suivant notre très-humble avis, distinguer ce groupe des Loligopsis sont la présence d’une forte cupule postérieure opposée aux cupules antérieures ordinaires et La poiate inférieure de l’osselet. Ces bien petites différences justifient- elles cette coupe générique? Nous ne le supposons pas, ou alors il faudrait diviser, subdiviser bien d’autres genres de Céphalopodes, 408 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1863.) professeur de zoologie à Nice et auteur de nombreux mé- moires sur les Céphalopodes, notamment d'un ouvrage spécial et de grande valeur sur les Mollusques, livre que nous n’avons pu nous procurer en Algérie. X. Genre OMMASTREPHES, d'Orbigny. 1. O. sagittatus: Lk., Anim. s. vert., t. VII, p. 665 ‘8. Loligo). — Payreaudeau (Lolig. sa- gittata), p.173, n° 353. — Risso, t. IV, p. 6, n° 8.— Philippi, p. 241, n° 2. — Delle Chiaje (Loligo todarus), t. IV, p. 161, pl. 60. — Cantraine (L. sagit- tata), p.15, n°1.— Requien (id.), p. 87, n° 620.— Verany (Lol. Coindetii), Mém. Acad. sc. Turin, t. I, pl. 4, d’après d'Orbigny. — D'Orbigny, Moll. viv. et foss., p. #18, pl. 29, fig. 12-16. Espèce pélagienne et nocturne vivant en troupes nom- breuses. Habitant de préférence les hautes mers, et ne se rapprochant des côtes que pendant les chaudes nuits d'été et au moment de la ponte des œufs (1). Très-commune dans la Méditerranée. C’est le Céphalo- pode le plus répandu dans toutes les mers. 2. ©. todarus : Rafinesque. Lk. (Lol. sagittata, variété A), t. VIF, p. 663. — Payreaudeau (Lol. sagit.), (1) On doit à M. Paul Gervais une très-intéressante cbservyation sur cette espèce. Le sayant doyen de la faculté des sciences de Montpellier a retrouvé, dans le réservoir placé entre le spermiducte et les vési- cules séminales, les spermatophores consistant en deux houppes de corps sétiformes implantées dans le sac, au-dessous de la dilatation lagéniforme qui termine les oviductes. Les spermatophores de l'Om- mastrephes sagittatus sont beaucoup plus courts que ceux des Poulpes, et leur forme est en mème temps différente de celle de ces mêmes organes dans les Seiches et autres Céphalopodes (M. Paul Ger- vais, Des notions relatives aux Céphalopodes qui sont consignées dans Aristote, p. 353). TRAVAUX INÉDITS. 409 p. 173, n° 353. — Delle Chiaje, IV, p. 49, 58, pl. 59, fig. 3 (?). — D'Orbi- gny, Céph.acétab., pl. 1, pl.2, fig. 4-10. — Cantraine (Lol. sagit.), p.15, n°1, et p.16.— Requien (id.), p. 87, n° 620. — D'Orbig., Moll. viv. et foss., p. #23, pl. 29, fig. 3-11, pl. 30, fig. 5-6. Cette belle espèce, aux nuances pourprées, est toujours facile à reconnaître par ses bras couverts de cupules sur toute leur longueur. Elle est assez rare sur les côtes, vit, comme la précé- dente, en troupes nombreuses, habitant de préférence la haute mer. Tenès, Alger, Bougie, les côtes du Maroc (D' Mercier). Moins rare, croyons-nous, sur le littoral septentrional de la Méditerranée. L'Ommastrephes todarus a été confondu par beaucoup de naturalistes avec l'O. sagittatus. Lamarck en avait fait la variété A. de l’espèce, et M. Cantraine une variété d'âge. Ce dernier zoologiste insiste sur le peu de valeur caracté- ristique offert par la configuration des dentelures du cercle corné des cupules, qui varie, dit-il, d’un individu à l’autre. Jusqu'à présent nous avons trouvé ce caractère très-con- stant.et chaque suçoir armé de vingt dents. D'ailleurs ia présence, de même permanente sur tous les individus, de cupules sur toute la longueur des bras tentaculaires, les- quels sont moins larges, mais plus également forts que dans l'espèce précédente, nous paraît des caractères suf- fisamment tranchés pour que l'O. todarus demeure inscrit dans les catalogues. V. Dix-neuf espèces, réparties dans dix genres, ont été observées par nous dans les divers séjours que nos devoirs militaires nous ont amené à faire dans les ports de l'Algérie et du Levant. Presque toutes ces espèces sont communes 26 skmIE. 7. xv. Année 1863. 27 k10 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1863.) au littoral marocain. La présence de la Sepia hierreda, Rang, dans la Méditerranée, est probablement un fait accidentel dû au courant atlantique. La Sepia Orbignyana, Férussac, est une espèce que nous ne pouvons citer qu'avec doute ; il reste donc en toute certitude dix-sept espèces vi- vant dansles eaux méditerranéennes qui baignent l'Afrique septentrionale, et que nous répartissons de la manière suivante : | ESPÈCES SPÉCIALES ESPÈCES COMMUNES GENRES. à la Méditerranée. à l'Océan et à la Méditerranée. | SRE esse 1 VUITaTiS TEE : ROBES TOO 2 Tuberculalus, Blainv. DÉSODR UA SP CS cl Le 3 Guvierii, d'Orb. ob Elie ee ocre 4 Venustus, Rang. Electone.......|1 Moschalus, Leach. Philonexis... .|[2 Velifer, d'Orb.... Argonauta, ..../.......... ANNEE 5 Argo, Lin. 3 Rondeleli, Gesn.(1) Sepiola. ..... RERO RE PO e 6 Vulgaris, P. Gervais et V. Beneden. nd ......| 7 Officinalis, Lin. GET ERSNE OR | SRE» OU HRCLE ...| 8 Elegans, d'Orb. Spicula:tri ht tete ee 9 Peronii, Lk. OS O à Ve OI RO EETSE 10 Vulgaris, Lk. D PAR SU EE PU CS MAS CES CA 11 Parva, Rondelet. Loligopsis. ....|4 Veranyi, Férus... 5 Todarus, Rafin... AN CRE NE ge SAS de ... [12 Sagittata, d'Orb. Gmmastrephes. D résulte de la récapitulation précédente que cinq es- pèces sont localisées dans la Méditerranée, tandis que douze autres sont communes tant à cette mer qu'à l'Océan. Quelques-unes de ces dernières (Ommastrephes loligoides, Spirules, etc.) embrassent des isothermes ou des aréas con- sidérables. (1) C’est à tort que, d’après M. d’Orbigny père, nous avions inscrit la S. Rondeleli parmi les mollusques de la Charente-Inférieure {voyez catalogue, Revue zoologique, t. XV, p. 21); c'est la S. vulgaris. Malheureusement ce savant, vénérable d’ailleurs à tant de titres, a enregistré ainsi beaucoup d'espèces accidentelles davus le beau musée Fleurian, créé en partie par ses soins à la Rochelle. SOCIÉTÉS SAVANTES. le À À La partie nord de la Méditerranée, qui ne subit pas l'influence du courant atlantique, paraît beaucoup plus riche en types localisés, si toutefois l’on doit admettre comme types sérieusement spécifiques les nombreuses es- pèces que nous trouvons inscrites dans les catalogues (1). Nous sommes bien loin, d’ailleurs, de prétendre avoir enregistré tous les Céphalopodes africains : nul doute que certaines espèces, entraînées par les courants sous-marins qui circulent autour de la Sicile, de la Sardaigne et de la Corse, ne viennent souvent sur les côtes barbaresques. Notre seule prétention est d’avoir eu le mérite, si mérite il ya, de ne parler que d'espèces vues ou sur lesquelles nous avions des renseignements authentiques. II. SOCIÉTÉS SAVANTES. ACADÉMIE DES SCIENCES. Séance du 2 novembre 1863. — M. L. Pasteur lit une note en réponse à des observations criliques présentées à l'Aca- démie par MM. Pouchet, Joly et Musset. M. Berigny adresse une note sur des cas de palmidacty- lisme se reproduisant dans une même famille pendant plusieurs générations. Séance du 9 novembre.—M. Pouchet adresse des observa- (1) Tels sont les Ocropus granosus, Blainville ; O. pilosus, Risso : O. fragedus, Rafinesque ; O. didynamus, Rafio.; O. tetradynamus, Rafin.; O. heteropodus, Rafin.; O. tetracirrhus, delle Chiaje; ELEDONE Aldrovandi, delle Chiaje ; E. Genei, Verany; Rossia macrosoma, Gervais et V.Beneden ; Sepra ornata, Rang (?); LoLico marmoræ, Verany (individu femelle du Loligo parva, Rondelet, d’après d’Orbi- gay); L. lanceolala, Rafin.; L. odogadium, Rafin.; HiSTIOTEUTHIS Bonelliana, d’Orbiguy et Verany; ONYCHOTEUTRIS Lichtenstenii, Fér.; OmmasTRePpHEs Bartramii, Lesueur ; O. giganteus, d’Orbigny ; O. pleropus, Steenstrup. hÂ2 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1863.) tions faitessur l'air de la cime du mont Blanc, à 14, 800 pieds d'altitude, d’où il résulte, selon lui, que, quel que soit le lieu ou l'altitude d’où provienne l'air, constamment il est apte à produire des animalcules vivants. M. Scoutetlen adresse une note intitulée : Expériences nouvelles pour constater l'électricité du sang et en mesurer la force électro motrice. Séance du 16 novembre. — M. Pouchet adresse un mé- moire intitulé : Limites de la résistance vitale au vide et à la dessiccation chez ces animaux pseudo-ressuscitants. « La question de la résistance vitale est une des plus importantes de la biologie, car elle est intimement liée à la solution de son plus mystérieux problème. « Deux doctrines se trouvent aujourd’hui en présence: l’une ne voit dans l'organisme en action qu’un phénomène vital ; l’autre, sans oser carrément l’avouer, des phénomè- nes physico-chimiques. « Si un animal parfaitement sec, et par conséquent mort et momifié, pouvait être rendu à la vie à l’aide de quelques gouttes d’eau, comme certains savants le préten- dent, la seconde hypothèse triompherait immédiatement. C'est ce qu’on a voulu démontrer à l’aide d'incroyables efforts. ; «Par des expériencesnombreuses j'avais prouvé surabon- damment que si on étalait sur une plaque de verre une cou- chetrès-mince de terreau contenant des animaux dits révi- viscents. en un temps fort court, deux ou troismoisseulement en été, ceux-ci perdaient l'extraordinaire facultéqu’onleur accordait. Personne ne récusait l'exactitude de ces expé- riences, répétées devant plusieurs de nos physiologistes les plus éminents; mais l’un de ceux-ci prétendit que, dans ce cas, la mort arrivait probablement plutôt par le fait des oscillations hygrométriquesquelesanimalcules éprouvaient que par celui de leur simple dessiccation. Il croyait égale- ment que les oscillations thermométriques devaient peut- être aussi contribuer au résultat que j'obtenais. Pour ren- SOCIÉTÉS SAVANTES. k13 verser ces objections je n’avais qu’une seule chose à faire, c'était de placer les animalcules pseudo-ressuscitants à l'abri de ces oscillations : c’est ce que j'ai exécuté dans les expériences qui suivent.» Il serait trop long de suivre l’auteur dans l'exposé dé- taillé de ces expériences, nous reproduirons seulement les conclusions de son travail. : « Dans la plupart de ces cas, comme les oscillations de température n’ont pas dépassé 5 degrés de l'échelle ther- -mométrique, il est évident que celles-ci n'ont pu avoir d’action sur la mort des animalcules. « Ainsi donc, ni les oscillations hygrométriques ni les oscillations thermométriques ne peuvent être considérées comme les causes de la mort des animalcules pseudo- ressuscitants, et celle-ci, dans toutes ces expériences, n'a _été évidemment que le fait de la dessiccation lente ou ra- pide de ces animalcules, qui ont cédé peu à peu leur eau d’interposition à du terreau très-sec et beaucoup plus hy- groscopique qu'eux, ou qui l'ont cédée à la chaux, dans les tubes qui en contenaient. « Ainsi donc, l'observation et l'expérience s'unissent pour nous ramener à l'interprétation rationnelle des phé. nomènes, en nous démontrant que l'hypothèse des résur- rections, quia faitl’étonnementet presquel’amusement des physiologistes du siècle dernier, ne doit plus trouver de sérieux adhérents dans le nôtre : ainsi que l’emboitement des germes, cette idée a fait son temps. » M. Moreau lit un mémoire sur l’air de la vessie natatoire des poissons. Il résulte de ce travail que l’air de la vessie natatoire offre une composition qui, relativement à la proportion d'oxygène, peut varier en plus ou en moins dans les con- ditions suivantes. à « 4° L’oxygène diminue et disparaît dans l’asphyxie et autres conditions morbides. « 2° Chez le poisson à vessie natatoire ouverte, comme &Â4 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1863.) chez le poisson à vessie natatoire close, l’air se renouvelle sans être emprunté à l'atmosphère, et la rapidité de ce renouvellement est en raison de la visueur du poisson. « 3° L'air nouveau présente une proportion d'oxygène bien supérieure à la proportion de ce gaz contenue habi- tuellement dans l'air de la vessie natatoire, et bien supé- rieure aussi à la proportion contenue dans l'air dissous dans l’eau. « J'ai fait à Paris celles de ces expériences qui ont rap- port aux poissons d’eau douce ; j'ai fait les autres en Bre- tagne, à Concarneau, dans les bassins de l’aquarium qu’un membre de l’Académie, M. Coste, a fondé dans un but pratique, tout en y réservant libéralement une place pour des recherches de pure théorie. » M. Velpeau présente, au nom de l’auteur, M. le profes- seur Tigri, une Note écrite en italien « sur un nouveau cas de Bactéries dans le sang d'un homme mort d’une fièvre typhoïde à l'hôpital de Sienne. » MM. Joly et Ch. Musset adressent une réponse aux obser- vations critiques de M. Pasteur, relativement aux expériences exécutées par eux dans les glaciers de la Maladetta. A la fin de ce travail, ils demandent que l’Académie veuille bien nommer une commission devant laquelle M. Pasteur et eux-mêmes répéteraient les principales expériences sur esquelles s'appuient, de part et d'autre, des conclusions contradictoires. M. Flourens fait les remarques suivantes à l’occasion de cette communication : «On me reproche, dans plusieurs journaux, de ne point dire mon opinion sur la génération spontanée. «Tant que mon opinion n'était pas formée, je n'avais rien à dire. « Aujourd’hui elle est formée, et je la dis. « Les expériences de M. Pasteur sont décisives. « Pour avoir des animalcules, que faut-il, si la généra- tion spontanée est réelle? De l’air et des liqueurs putres- SOCIÉTÉS SAVANTES. k15 cibles. Or M. Pasteur met ensemble de l'air et des li- queurs putrescibles, et il ne se fait rien. « La génération spontanée n’est donc pas. Ce n’est pas comprendre la question que de douter encore. » Le savant rédacteur du feuilleton scientifique du jour- nal l’Union (29 novembre 1863) ajoute, après avoir cité ces paroles : Un pareil langage ferait supposer que l'opinion de M. Flourens n'était pas formée avant le débat qui s’a- gite depuis quatre ans devant l’Académie. C’est là une erreur qu'il me paraît opportun de détruire. Dans le cours qu’il a professé en 1854 au muséum d’his- toire naturelle, et qui avait pour objet l’Ontologie ou Étude des êtres, la dixième leçon est consacrée entièrc- ment à la génération spontanée. Dans cette leçon, après avoir fait l'historique de l’opinion d’Aristote, le savant professeur ajoute ces mots : « Dès qu’on faitun pas dans « l'erreur, il est difficile de n’y en pas faire un autre...» Le professeur continue : « L'erreur de la génération « spontanée s’est propagée ‘jusqu’à nous...» Puis, atta- quant Burdach, il lui reproche d’avoir admis la génération spontanée même pour les Poissons. « De la part d'un sa « vant aussi considérable que M. Burdach, dit avec rai- « son M. Flourens, une pareille idée étonne : Quandoque « bonus dormitat Homerus..…... Aujourd'hui la génération « spontanée est encore supposée... Certains esprits sont « sympathiques à toutes les erreurs. » {Ontologie natu- relle, pages 83-85. Paris, Garnier, 1861, 2° édition.) D'où l’on voit que M. Flourens n'avait pas attendu les expériences de M. Pasteur pour se former une opinion sur cette question philosophique par essence. Elle était, en effet, de nature à provoquer les méditations sérieuses d’un esprit supérieur qui, dans ses travaux, a toujours su faire aller de pair la plus saine philosophie avec la science la plus élevée. M. Pasteur remarque, à l’occasion de la récrimination 416 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1863.) de MM. Joly et Musset, que l'erreur qu'il a commise était presque inévitable : en ne parlant, en effet, de Mucédi- nées et d'Infusoires que pour quatre des huit ballons ou- verts par eux, MM. Pouchet, Joly et Musset semblaient indiquer que les quatre autres n’en contenaient point. Ce- pendant, pour plus de sûreté, M. Pasteur a voulu se ren- seigner près de M. Pouchet lui-même; mais ce savant lui ayant fait savoir qu’il ne pourrait donner une réponse dé- finitive qu'après s'être entendu avec ses collaborateurs, on n’a pas cru devoir différer davantage une communi- cation attendue par plusieurs membres de l’Académie. M. Pasteur donne ensuite de vive voix quelques rensei- gnements sur les résultats d’une expérience qu'il a faite tout récemment dans une des salles mêmes de l'Institut à la demande de M. Fremy, résultats qui confirment encore les conclusions qu’il avait tirées de ses expériences précé- dentes. À la suite de ces remarques, MM. de Quatrefages, H. Sainte-Claire Deville, Regnault et Milne-Edwards prennent successivement la parole pour faire remarquer qu'aucune des précautions recommandées par M. Pasteur et prises par lui dans ses expériences n’est à négliger, si l’on veut se préserver des diverses sources d'erreurs auxquelles on est exposé et obtenir des résultats à l'abri de toute objection. Séance du 923 novembre 1863. — M. Valenciennes lit le travail suivant sur un sternum de Tortue fossile des col- lines gypseuses de Sannois et d'Argenteuil : « Depuis les travaux de Cuvier sur la faune fossile des environs de Paris, nous voyons le nombre des espèces de vertébrés s’augmenter constamment. L'activité de M. Hé- bert, professeur de géologie à la faculté des sciences, a beaucoup contribué à accroître le nombre de ces diffé- rents êtres. «IT a fait don à l’école normale de: fragments d’une grande Tortue dont il a enlevé la gangue qui détermi- nait la position de ce fossile du gypse ; mais il a laissé le SOCIÉTÉS SAVANTES. 4147 sulfate gypseux sur un autre échantillon déposé dans le cabinet de géologie de la faculté des sciences. Nous sa- vons donc positivement que l'animal que je présente ici vivait à l’époque de la formation de notre pierre à plâtre. I! a trouvé les restes de cette grande Tortue fossile dans les collines gypseuses de Sannois. En les déposant dans le cabinet de l’école, il a eu soin d’empâter dans de la cire fondue versée sur le bloc de pierre les nombreux frag- ments des os de l'animal perdu, et de conserver ainsi l'empreinte des parties détruites. La place et, par consé- _ quent, les rapports entre les divers débris du reptile fos- sile sont donc ceux que je montre. « On à pu alors rapprocher et ressouder les morceaux de l'animal et reconnaître que l’on avait devant les yeux les débris d’une très-srande Tortue dont le plastron avait au moins 0*,70 de long sur 0",40 de large. « Aidé par la patience et l'adresse de M. Merlieux, ha- bile artiste bien connu de l’Académie, j'ai déterminé le côté antérieur et l’arrière de l'animal. J'ai vu pendant long- temps des débris de cette Tortue sans me décider à les présenter, jusqu'à ce que j'eusse découvert les traces de suture qui m'ont permis de dénommer les pièces dont se compose tout sternum de Chélonien. « On sait que l’on doit à M. Étienne Geoffroy la décou- verte de la formation du sternum des Tortues comme de celui des Oiseaux ; mais il faut dire que M. Geoffroy a dé- montré le fait de la composition constante du sternum des Tortues, sans y ajouter rien à ce que lui fournissait l’ob- servation directe, tandis qu’entraîné par ses idées théori- ques sur l'unité de composition il ne s’est pas astreint à Ja même exactitude dans ce qu’il a présenté comme la conformation du sternum des Oiseaux. « Les Oiseaux ont le sternum composé de cinq pièces seulement; les Tortues en ont constamment neuf. « Ce nombre, une fois déterminé, m'a guidé pour affr- mer ce qu'était le sternum que l’on parvenait à recon- 418 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1863.) struire avec les nombreux fragments osseux que je mets sous VOS yeux. « Il a été écrasé et il ne reste de la carapace que le bord inférieur du passage pour l’humérus. « La grande échancrure que nous voyons ici est donc l'échancrure humérale droite de l'animal. « Nous retrouvons ensuite les parties du sternum, sa- voir : l’épisternal, l’espace recouvert par les fragments de l’hyosternal et de l’hyposternal, enfin le xiphisternal. « Nous pouvons suivre assez les sutures de ces os pour avoir la certitude que la partie gauche du côté droit du sternum a glissé sur le dedans du côté droit. « Nous trouvons quelques traces de sutures de l’ento- sternal du sternum, ce qui permet d'admettre que cette Tortue pouvait être une Émyde d’eau douce, ce qui est conforme aux savantes remarques de Cuvier et d’A- jexandre Brongniart sur la nature des animaux dont on trouve les restes dans ces horizons géolosiques. Cepen- dant je préfère, dans le doute, nommer le reptile de notre gypse d'une dénomination plus générale, et appeler l’es- pèce du nom du géologue qui a trouvé ce fossile, la dési- gnant par le nom spécifique de Testudo Hebertr, Val. » M. Balley adresse de Rome une nouvelle note concer- nant les effets attribués aux alliances consanguines sur la fréquence de la surdi-mutité chez les enfants qui provien- nent de ces alliances. Séance du 30 novembre. —-M. Jobert de Lamballe donne lecture de sa suite de son beau travail sur les théories du cal. M. le secrétaire perpétuel communique des pièces rela- tives à un legs fait à l'Académie par M'e Letellier dans le but d'encourager et de faciliter la continuation des tra- vaux de Savigny sur les invertébrés de l'Égypte et de la Syrie. M. Pouchet adresse son adhésion à la protestation con- tenue dans une note récente de MM. Joly et Musset, rela- tivement à la question de l’hétérogénie. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. A19 M. 4. F. Noguës fait présenter par M. Milne-Edwards, une note sur une nouvelle espèce de Gyrodus (Gyrodus Go- bini). Cette nouvelle espèce est établie d’après un fragment de mâchoire fossile, trouvé par M. Gobin dans un cal- caire schisteux jurassique des environs de Seyssel (Ain). M. Noguës donne une description détaillée et complète de ce fragment de mâchoire. Il compare les caractères du poisson antédiluvien auquel elle appartenait à ceux des autres gyrodus fossiles connus jusqu'à présent, et il montre queson Gyrodus Gobini diffère de toutes les espèces par le nombre, la forme et la position de ses dents. IIL ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. NEUE CyYPRINIDEN... Nouveaux cyprinides de la Perse, par le comte Eug. KEYSERLING. — Extr. des Zeitschrift für gesammte naturwissenschaften, Bd. XVII, Berlin, 1861. Dans ce mémoire, le savant zoologiste prussien donne de bonnes descriptions et des figures exactes de onze cspèces inédites, et d'un nouveau genre qu'il nomme Bungia. Voici les diagnoses de ces espèces et du nouveau genre : Barbus microlepis, Keys. — Corpore elongato, tereti, oculo ‘/, capitis, parte minore inferiore infra axin posita, rostro super et apice operculi infra axin corporis: præ- operculo ante occiput; radio osseo in pinna dorsali valido serrato, corporis altitudinem non æquante, pinnis ventra- libus præposito. XXXV P. 1,18. V. 1,9. D. 4,8. A. 8,5. C. $. Lin.lat. 108. NI XXVi 420 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1863) Scaphiodon chebisiensis. — Corpore gracili, dorso tereti; rostro obtuso et oculi margine inferiore cum axi coinci- dente; operculi apice infra axin; capile Ÿ/;, corporis, trunci altitudinem æquante; radio osseo in pinna dorsali semiserrato tenui, pinnis ventralibus anteposito, cirrhi duo in oris angulis. n. XIV P.1,19:-V. 4,9: D. 4,8: A. 3,8..€. 9 01 Lin. lat.,.73. FT XIII S. rostratus. — Corpore gracili, dorso tereti, oculo “},, capitis super axin, rostro acuto cum axi, coincidente ; operculi apice infra axin; capite {/,, corporis trunci alti- tudinem superante; radio osseo in pinna dorsali semi- serrato tenui, pinnis ventralibus anteposito ; cirrhi duo in oris angulis. 8 XII-XHII P.1,16. V.1,8. D. 4,8. A. 3,5. C. à. Lin.lat. 68. , À trade S. gracilis. — Corpore gracili, dorso tereti, rostro non obtuso et oculi margine inferiore cum axi coincidente ; operculi apice infra axin; capite ‘/ corporis, trunci altitudinem non attingente. Radio osseo in pinna dorsali gracili, semiserrato tenui, pinnis ventralibus paulo anteposito; oculo magno ‘/; capitis; cirrhi duo in oris angulis. | 8 x P.1,19. V.1,9. D.4,8. A.3,5. C..9. Lin. lat. 55. ° TS IX S. heratensis. — Corpore gracili, subcompresso ; dorso tereti; oculo parvo, ‘/, capitis, rostroque obtuso super axin ; operculi apice infra axin ; capite !}, corporis, trunci altitudinem pene attingente. Præoperculo ante occiput; radio osseo in pinna dorsali, serrato tenui, pinnis ven- ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 491 tralibus paulo anteposito. Cirrhi duo in maxillæ supe- rioris latere. | X Lin. lat. 57. P.1,17. V.1,8. D. 4,8. A.3,5. C. X =1] œ ©] =1 S. Asmussii. — Corpore alto subcompresso, dorso sub- elevato tereti; oculo magno, ‘/, capitis, super axin corporis rostro obtuso et operculi apice cum axi coincidente : capite ‘/,; corporis, trunci altitudinem non attingente ; præopereulo ante occiput; radio osseo in pinna dorsali serrato tenui, pinnis ventralibus anteposito. In oris angulis cirrhi duo et duo in latere maxillæ superioris. | _ XI PAT OV. 1.8. D.8,8. A. 3,5. CS. Lin-lat. 67 TS X Alburnus maculatus. — Corpore subelevato, com- presso; capite acuto, t/, corporis; oculo ÿ/,, capitis, parte illius tertia sub axi corporis; pinnæ dorsalis basi 5/,, ca- pitis; pinna analis ÿ/, capitis, sub pinnæ dorsalis fine incipiente; squamis magnis. Corpore maculis nigris adsperso. | 8 9 VIII P.1,14-15. V.1,7. D.3,8. À. 8,11. C. $. Lin. lat. 52-54. : NT IV Bungia nov. gen. — Dentes contusorii 5-5 læves. Os anticum : labia teretia mollia; cirrhi duo; pinna dorsalis et analis brevis, illa ante pinnas ventrales incipiens. Præ- operculum ante occiput; radius osseus nullus. Tractus intestinalis 1 long. corp. B. nigrescens. — Corpore elongato, subcompresso, dorso tereti subelevato; oculo ‘}, capitis, super axin corporis, rostro et operculi apice cum axi Coincidente, capite ‘/; corporis, trunci altitudinem æquante. Pinna k22 REV. ET MAG. DE ZO0OLOGIE. (Novembre 1863.) dorsalis brevis, pinna analis brevior. Cirihi duo in angulis oris. Apertura ani duo diametri oculi ante pinnam analem. Q0 es VI PIB M LT D. 7 A6 CS Linda el ra IV Squalius latus. — Corpore elevato, compresso; capite triangulari, acutiusculo, ‘/,; corporis: fronte plana; ore obliquo et oculo cum axi coincidente; diametro oculi 3/,; capitis, diametro oris spatio interoculari non æquante; basi pinnæ analis dorsali pene æquante. in VI P.1,15. V.1,8. D.3,7. A.3,9. C. 9. Lin.lat. 41-46. G IV Cet intéressant travail est suivi d’un tableau synoptique des espèces du genre Scaphiodon. (G. M.) IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. Dans notre n° 8, p. 3114, en rendant compte d’une com- munication de M. le directeur du jardin d’acclimatation, faite à l'Académie des sciences sur le Ver à soie du chêne, nous avons exprimé un vif regret en lisant dans.cette note (Comptes rendus de l’Académie des sciences, t. LVIT, p. 315): « Douze cocons ont été soumis au dévidage et ont pro- « duit 2 srammes de soie grége qui sont mis sous les yeux « de l’Académie. » Comme il n’était pas dit que ces cocons ne contenaient pas des chrysalides vivantes, nous avons dù croire qu'ils étaient propres à la reproduction et qu'on les avait étouf- fés pour cette expérience inutile, en présence de ce que tout le monde sait à ce sujet. Dernièrement nous avons appris de M. l'agent comptable du jardin du bois de Bou- logne que ces cocons avaient été pris parmi ceux qui MÉLANGES ET NOUVELLES. 493 sont morts sans pouvoir donner leurs papillons, et nous nous empressons de le faire savoir à nos lecteurs. Sur l'habitat de l’'Helix Caræ de Cantraine. Le naturaliste belge Cantraine a signalé, en 1840, dans sa Malacologie méditerranéenne et littorale (p. 108, n°13, une belle espèce du genre Helix, trouvée par lui en 1829, sur les hauteurs de Capoterra, à environ #4 heues de Cagliari. Cette espèce, dédiée à M. G. Cara, préparateur du musée de Cagliari (4. Caræ, Cant., pl. v, fig. 7, 1. 6) semblait jusqu'ici circonscrite à la partie nord de la Sar- daigne, car elle n'avait point été signalée par Payreau- deau, Requien, Blauner, dans leurs recherches malacolo- giques en Corse. Elle vient d’être découverte en nombre par notre savant et zélé collaborateur, M. le sous-lieute- nant Aucapitaine, aux environs de Porto-Vecchio, où elle se trouve parfois dans les vieux murs et dans le voisinage des marais salants. M. Aucapitaine nous fait remarquer la singulière répartition des 17. Raspailhi, Payr.,et H. Care, Cant. La première est spéciale à la Corse, mais se trouve parfois, néanmoins, dans la partie septentrionale de la Sardaigne, tandis que la répartition inverse a lieu pour la seconde espèce propre à la Sardaigne et se trouvant quel- quefois dans la partie méridionale de la Corse. Ces faits nous ont semblé de nature à intéresser ceux de nos lec- teurs qui s'occupent de géographie Ralcolasique. . M. APPARITION du Syrrhaptes heterochtus en France. Ainsi que nous l'avons annoncé dans le numéro précé- dent, note de ia page 391, M. Berthemieux, conservateur au musée de la Rochelle, nous a adressé la lettre sui- vante, le 13 novembre 1863 : « Monsieur, un fait très-extraordinaire s’est passé en 82H REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Novembre 1863.) octobre dernier, dans notre département; trois Syrrhap- tes hétéroclites ont été tués par des chasseurs, dans l’île d'Oléron, sur les côtes de la Charente-Inférieure. « Quelle cause à pu pousser jusque dans nos contrées ces Oiseaux asiatiques, qui semblent n’haFiter que la Tar- -tarie ou bien des pays voisins de la Caspienne ? | « La sécherésse qui a duré toute l’année, les vents qui, sans être complétement Æ., ont été presque toujours N.E., n’y seraient-ils pas pour quelque chose ? « Les journaux d'Allemagne ne signalent-ils pas ce pas- sage? car ces oiseaux ont dû traverser l'Europe entière pour venir jusqu'ici, et ils n’ont pas dü faire un aussi long trajet sans y laisser quelques traces de leur voyage. « Devant un fait de cette nature, je me borne à ces questions, et je serai fort heureux, Monsieur, de con- naître votre avis. « J'ai fait part de cette prise à MM. Charles Desmou- lins et Pucheran ; tous deux, comme moi, ne voient qu’un passage, mais bien extraordinaire. « M. Pucheran me dit que, vers juillet dernier, un Syrrhapte a été tué en Picardie, dans la baie de la Somme, Je vous fais communication également de notre capture qui ne pourrait recevoir trop de publicité dans l'intérêt de la science. « Nos trois Syrrhaptes ont été précieusement empaillés et conservés dans les musées de la Rochelle. » FABLE DES MATIÈRES : Pazes. De Monressus. Passage de Syrrhaptes heteroclilus en Europe. 393 AucariTAINE. Mollusques céphalopodes de l'Algérie. 404 SOCIÈTES SAVANTES. 411 Analyses. 419 Nélanges et nouvelles. 422 PARIS. — 1MP. DE M® V° BOUCHARD-HUZARD, RUB DB L'ÉPERON, 5. VINGT=SIXIÈME ANNÉE.—DÉCEMBRE 1863: I. TRAVAUX INÉDITS. ComPLÉMENT à la description du Trachelocirrhus mediter- raneus (Navarchus sulcatus), par Napoléon Douwer. Depuis que nous avons publié la deseription et la figure du poisson auquel nous avons donné le nom de Trache- locirrhus mediterraneus, les abonnés à ce recueil ont pu lire une lettre de M. le professeur de Filippi, de Turin, qui, ayant possédé avant nous cette rare et curieuse espèce, et ayant reconnu également qu'elle s'éloigne de tout ce qui avait été décrit jusque-là, avait cru devoir en faire un nouveau genre auquel il assignait, dans les Hé- motres de l’Académie royale de Turin, en 1837, le nom de Navarchus, désignant l'espèce type sous celui de N. sulcatus. Nous regrettons sincèrement de n’avoir pas eu connaissance du mémoire de M. de Filippi avant la publication de notre travail, et nous le prions d’ac- cepter nos remerciments pour l’obligeance qu’il a mise à nous le communiquer depuis, nous mettant ainsi à même de compléter notre précédente description par les ob- servations qu'il avait faites antérieurement. Nous commencerons par transcrire ici les diagnoses données par MM. de Filippi et Vérany, nous réservant ensuite de revenir sur les points où nous demeurous en désaccord avec le savant professeur de Turin. Navarchus, n. gen. — Habitus Seriolæ. Caput undique squamosum : poris nonnullis in regione nasali. Dentes in- termaxillares et mandibulares gracili, serie unica pectina- tim dispositi. Palatini et linquales minimi, conferti. Pinna 2° gkr1u, T. XV. Annéo 1863, 28 42G REV. ET MAG. DE ZOOL OGIE. (Décembre 1863.) dorsalis radiis spinosis numerosis : pectorales elongatæ : cau- dalis a basi perfecte divisa, lobis æqualibus. N. sulcatus. — N. argenteo-plumbeus. Pinna dorsalis profunde sinuata ; sulco longitudinali supra et alio minori subtus lineam lateralem. D. 11/20. A. 3/20. — Squam. ser. 66 9/9. L'auteur, donnant ensuite plus de développement à sa description, y ajoute certains détails que nous traduirons ainsi : « Voici une autre espèce parmi les plus rares tribus de la Méditerranée ; rare au point de n’en posséder qu'un unique individu p:rvenu depuis peu dans nos mains et déposé dans la collection ichthyologique du musée royal de Turin. Il ressort d’un premier examen que, de même qu'elle ne pouvait être rapportée à aucun des genres Connus, il n’était pas plus aisé d'établir la famille naturelle qui devait lui donner asile. C’est seulement après avoir pris en considération l’ensemble de ses caractères que nous nous déterminons à la placer dans la grande et peu homogène famille des Scombéroïdes, à une place in- termédiaire entre les Sérioles et les Centrolophes, et, comme type d'un nouveau genre se distinguant facilement par la tête toute couverte d’écailles, par les dents pointues et petites qui rendent rudes le palais et la langue, par de grandes pectorales, par la dorsale unique, mais d’une manière spéciale par la division complète de la nageoire caudale. D’autres caractères à considérer comme généri- ques sont les suivants : dents sur un seul rang, disposées en peigne, fines, cylindriques, allongées, se terminant en pointe, plutôt obtuses, et formant un arc régulier sur les os intermaxillaires et sur la mandibule: des pores (impro- prement appelés mucipares) disposés en séries, transverse sur l’arcade nasale, et longitudinale sur les narines et sur l'orbite. Limbes du préopercule et de l’opercule mous, quasi-membraneux; membrane branchiostése soutenue par cinq rayons : appendices branchiaux internes allon- TRAVAUX INÉDITS. 497 gés, subprismatiques, avec des groupes de papilles acu- minées sur le côté interne. Ventrales petites insérées au- dessous de la base des pectorales. Écailles cycloïdes, tom- bant facilement. Quelques écailles plus grandes, formant le bord d’un profond sillon axillaire tourné vers le haut à la partie supérieure de la base des pectorales. « Comme caractère de l'espèce, il serait bon de noter : le profil convexe de la tête; l’œil assez grand; la nageoire dorsale assez profondément entaillée pour paraître divisée en deux parties, dont l’antérieure a tous les rayons épi- neux : la ligne latérale droite de la région scapulaire à l'extrémité de la queue, au beau milieu des flancs : au- dessus et au-dessous d’elle, deux sillons arqués également éloignés, celui-là plus complet et parallèle à la courbe du dos ; celui-ci court et peu distinct, parallèle au profil du ventre. Outre celui-ci, dans la région inférieure, entre les petites ventrales et le commencement de l’anale, ap- paraissent deux autres sillons parallèles, rectilignes et rapprochés. La couleur devait être un plombé obscur sur le dos, clair sous le ventre, la seule région où quelques écailles se soient conservées : sur tout le reste du corps, Jes écailles sont tombées, et on n’aperçoit que leurs petites bourses cutanées. La figure représente, avec assez de vé- rité, cette condition du type original. Quant au nombre des rayons des nageoires et des séries d’écailles sur le corps, voyez la formule placée en tête du présent ar- ticle. » Cette description offrait trop de rapports avec celle que nous avions donnée du sujet qui était sous nos yeux, pour que nous n’admissions pas, avec le professeur Filippi, que l’une et l’autre eussent été faites sur deux poissons appartenant au même genre, tout au moins; car, sauf les pores de la région nasale, qui auront, sans doute, disparu par l'effet de la dessiccation, et les dents lin- guales (que nous n’avions pu constater puisque la langue n'existait plus lorsque nous eûmes examiné notre échan h28 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1863.) tillon), nous ne trouvons dans la diagnose du genre Navarchus que des caractères applicables à notre Tra- chelocirrhus ; et l’analogie entre les deux devient d'autant plus frappante que si, de son côté, M. de Filippi a re- trouvé un reste des cirrhes jugulaires que nous avons si- gnalés et qui sont l’origine du nom proposé par nous, nous avions cru, de notre côté, reconnaître la séparation des deux lobes de la queue mentionnée dans la diagnose précédente. Il restait cependant encore un point important sur lequel nous étions en désaccord avec MM. de Filippi et Vérany, c'était la présence, dans leur Navarchus, de trois sillons longitudinaux dont nous ne pouvions retrouve qu'un seul dans le poisson décrit par nous. Tel avait été le résultat de la comparaison du type de notre Trachelocirrhus avec la description du Navarchus de MM. Filippi et Vérany, et nous nous disposions à le faire connaître en rapportant notre espèce à la leur, malgré la différence que nous venons de signaler, lorsque nous fûmes informé, par le directeur de cette Revue, qu'un nouvel exemplaire de MWavarchus sulcatus, capturé depuis peu, existait dans le musée de Nice, où M. Vérany le lui avait fait remarquer. Nous nous empressämes de demander quelques détails sur cette capture au fondateur et direc- teur du musée de Nice, qui a bien voulu pousser l’obli- geance jusqu’à nous confier le nouvel exemplaire de cette rare espèce, ce dont nous ne saurions manquer de lui être reconnaissant. Aujourd'hui le doute ne nous est plus permis sur l’iden- üté du Navarchus sulcatus et du Trachelocirrhus mediter- raneus : le dernier nom doit donc être rayé définitivement, ou tout au moins ne doit plus figurer que comme syno- nyme. Mais, ceci posé en principe, nous allons profiter de l’occasion que nous donne la possession momentanée du sujet du musée de Nice pour éclaircir, autant que nous le pourrons, les points restés encore obscurs. TRAVAUX INÉDITS. 429 Commençons par le plus important : Des trois sillons signalés par M. de Filippi, deux seule- ment sont parfaitement accusés sur ce nouvel exemplaire; pour le troisième, s’il existe réellement, il n’est qu’à l’état rudimentaire. Celui qui suit le milieu des flancs de la tête à la queue, très-marqué à la vérité, ne nous paraît être que lareproduction extérieure du sillonmédian des grands muscles latéraux supérieurs, ce qui expliquerait aisément comment-il à disparu sur l'échantillon empaillé qui à servi à notre première description. Quant à l’autre, celui qui suit la courbe du dos, il apparaît, au contraire, en relief et ne nous laisse plus d'hésitation à le considérer comme la vraie ligne latérale. | Les deuxlobes de la queue sont, en effet, complétement indépendants, comme l’indiquent MM. de Filippi et Vé- rany, et ce qu'il ya de plus sinoulier, c'est qu'ils paraissent disposés à leur base de façon à passer l’un derrière l’autre. En nous signalant le Navarchus possédé par le musée de Nice, M. Guérin-Méneville nous fit part de l’absence des cirrhes jugulaires dans cet échantillon. Ce fait nous parut si singulier, que nous avions Cru jusqu'ici que ces appen- dices avaient été arrachés lors de la capture du poisson, ou bien que, situés comme ils le sont dans la partie du cou qui peut être recouverte par les opercules et les rayons branchiostéges, ils pouvaient avoir échappé à l'examen. Il n’en est rien au contraire, et dans ce nouveau spécimen les cirrhes nous paraissent décidément manquer, car nous ne pouvons pas considérer comme les rudiments de ces organes, si bien caractérisés dans notre exemplaire, deux sortes de lambeaux charnus très-courts et informes qu'un minutieux examen nous a fait découvrir, et qui, du reste, nesont pas placés au même endroit. Ainsi, parmi les trois exemplaires connus de cette espèce, le premier laisse entrevoir les traces de ces appendices, le second les possède bien caractérisés, et le troisième en est dépourvu. 430 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1863.) Voilà une singularité frappante et difficile à expliquer, si ce n’est pas la différence des sexes, dont l’un serait peut- être muni de ces deux appendices manquant à l'autre. Mais sur ce pointnous ne nous permettrions pas de résou- dre la question, qui reste donc encore en suspens jusqu’à plus amples renseignements. Le nouveau spécimen que nous avons sous les yeux nous confirme encore cette grande caducité des écailles déjà signalée pour les deux autres. C'est à peine si un ou deux de ces organes restés attachés à la partie inférieure du corps près de la nageoire anale nous ont permis de constater leur petitesse et leur forme arrondie. Un plus grand nombre existe cependant derrière une des na- seoires pectorales, à la protection de laquelle ils doivent sans doute leur conservation. Les écailles sont ici, plus grandes, très -imbriquées, se recouvrant en grande partie les unes les autres, ce qui les fait paraître allongées dans le sens de la hauteur du corps. Elles sont finement striées longitudinalement, surtout vers le bord. Tout le reste du corps est totalement dépourvu de ces organes qui n’ont laissé de traces, comme le disent les auteurs du genre Navarchus, que leurs petits alvéoles cutanés. La nageoire dorsale nous paraît si profondément en- taillée dans ce troisième exemplaire, conformément à ce que nous avions remarqué dans le nôtre, que nous sommes toujours tenté de la regarder comme divisée en deux. Ses rayons, autant qu'il nous est possible d'en juger malgré le racornissement produit par l'alcool, nous don- nent les nombres suivants 9/22. Quant à l’anale, nous ne poavons. y compter que vingt rayons. Les dents nous offrent les mêmes caractères que celles du sujet que nous avons décrit précédemment; mais dans celui-ci, la langue ayant été conservée, il nous a été facile de constater qu'elle est amplement armée, et que sa forme est celle d’une spatule arrondie, large et légè- rement creusée. TRAVAUX INÉDITS. 431 De cette nouvelle étude et des renseignements recueillis antérieurement, il résulte pour nous que les diagnoses du Navarchus sulcatus données par MM. de Filippi et Vé- rany d’une part, dans les Mémoires de l’Académie de Turin, et de l’autre, par nous, dans la Revue de zoologie, doivent être modifiées sur certains points et rétablies de la manière suivante : G. Navarchus de Filippi et Vérany, Mém. de l’Aca- démie royale de Turin, 1857. Habitus Seriolæ. — Corpus elongatum, compressum, squamosum.— Caput undique squamosum, poris nonnullis in regione nasali; operculo tenuiculo, obtusis debilissimis- que acuminibus postice munito. Os parvum; mandibula paululum provecta. Dentes intermazxiliares et mandibulares gracili, serie unica pectinatim dispositi, conferti; palatini el linquales minimi, conferti. — Pinna dorsalis radiis nu- merosis, antice Spinosis, postice articulatis; analis radis numerosis articulatis ; pectorales elongaiæ; ventrales parvæ, spinis carentes, pectoralibus paululum retro; caudalis a basi perfecte divisa, lobis æqualibus. — Infra fauces appen- dicula duo, nonnunquam carentes, fortasse secundum sexum. Syn. : Trachelocirrhus, N. Doûmet, Rev. zool., 1863. N. sulcatus. — N. argenteo-plumbeus, operculis nigro obscure maculatis. — Squamis paululum adhærentibus. — Oculis modicis, iride fulvo-nigro. — Pinna dorsali pro- funde sinuata. — Linea laterali paululum distincta, dorsi curvalionem sequente. — Sulco longitudinali in medio lateris et alio minori vix indicato sublus. — Acuminibus duobus obtusissimis posteriore parte operculorum, duobusque alus infra, utrisque tenuiculis cirrhis jugularibus brevius- culis. D. 9/22. — A. 20 ou 22. — €. 16. P. 18 à 20, v. s. Squam. ser., 66 — 415. Secundum Filhippi et Verany : D. 11/20. — A. 3/20. Squam. ser., 66-99. 432 REV. ET MAS. DE ZOOLOG1E. (Décembre 1863.) Synon. : Trachelocirrhus mediterraneus, N. Doümet, Rev. zool., 1863, p. 212, pl. xv. ? Le Liparis, Rondelet, lib. IX, p. 272, cap. vur, et édit. française, liv. IX, p. 216, chap. vur. L'absence de cirrhes jugulaires dans certains individus nous porte à croire que Rondelet a peut-être eu ce poisson en vue quand il a décrit son Liparis; c'est pourquoi nous indiquons ce synonyme en le faisant toutefois précéder d'un point de doute. Monocrarnie du nouveau genre français MoiTEssiERIA, par J. R. BourGUIGNAT. La première espèce du genre Moitessieria a été signa- lée en 1843 sous l'appellation erronée de Paludina vi- trea ({) par Moquin-Tandon, puis décrite, sous le nom de Simoniana, en 4848, par M. de Saint-Simon (2). Depuis cette époque, les auteurs qui ont eu à parler de cette espèce ont émis les opinions les plus diverses : les uns l’ont regardée comme fluviatile, les autres comme terrestre; tous en ont fait une operculée, et, suivant leurs appréciations, l'ont fait passer sous les appellations génériques de Paludina (3), Bythinia (4), (4) Paludina vitrea, Moquin-Tandon, Doll. Toulouse, p. 17 (sans description ni caractères), — 1843; — non Paludina vitrea, Menke). (2) Paludina Simoniana, Charpentier, mss., in Saint-Simon, Mis- cell. malac.(1r décade), p.38, 1848. (3)Paludina Simoniana, — Charpentier (teste Saint-Simon), 1848.— Saint-Simon, in Hiscell malac.,t. I, p. 38, 1848. — Küster, in Chem- nitz und Martini, Syst. conch. cab., Palud., p. 58, n° 72,pl. nu, f. 9-10, 1853. (4) Bithinia Simoniana, — Dupuy, Catal. extram. test. Galliæ, n° 49, 1849. TRAVAUX INÉDITS. L33 Hydrobia (1), Acicula (2), Pupula (3) et d’Acme (4). Cette Simoniana, ou du moins ce que les conchyliolo- gues ont eu l'intention de désigner sous cette appella- tion, paraît spéciale aux cours d’eau du midi de la France, où elle a été recueillie d’abord dans les alluvions de la Garonne, près de Toulouse (Partiot, Saint-Simon), et près d'Agen (Gassies, teste Moquin.); — ensuite dans le canal du Midi et de l'Hérault (Dupuy); — dans l’Ariége à Vénerque (Noulet) et à Foin (Drouët); — dans la Mosson, près de Montpellier (Moitessier) et à Port-Juvénal (Bu- breuil); — enfin dans la source‘saline de Fouradade, près de Tantavel (Pyrénées-Orientales), où elle a été récoltée vivante en grande quantité par notre ami P. Massot, de Perpignan. Cette espèce Simoniana est, pour nous, ni une Paludi- na, une Bythinia, une Hydrobia, ni une Acicula, une Pupula ou un Acme, mais un type non-seulement d’un genre nouveau, mais encore celui d'une famille nouvelle, Voici, d’après les échantillons que nous avons pu nous procurer (5), les caractères de ce nouveau genre Moites- sieria. (1) Hydrobia Simoniana, — Dupuy, Hist. moll. France, p. 574, pl. xxxvinr, fig. 2 (5° fasc.), 1851. — Drouët, Enum. moll. France continent., p.30, n°281, 1855.— Michaud, Nofe relat. à l'Hydrob., Simon, in Journ. Conch., vol. X, p. 377. (Octobre) 1862. (2) Acicula Simoniana, —L.Pfeiffer, NeueCyclostom.,in Zeifschr. für Malak., p. 63, 1850; — et Monogr. pneumonop. viv., p. 6, 1852; — et supplem., p. 4, 1858. — Gray, Catal. Pulmonat. (pars L), Phaneropneumona, p. 305, 1852 ; — H. et A. Adams, Genera of rec. Moll.,t. Il, p. 313, 1856. (3) Pupula Simoniana, Charpentier, mss., in Sched. (teste L. Pfeiffer, 1850 et 1852). (4) Acme Simoniana, — Moquin-Tandon, Hist. moll. France, t. I, p. 511, pl. xxxvur, f. 17-19, 1855; — Dubreuil, Catal. moll. Hé- raull, p. 13, 1863. (5) Nos observations ont été faites sur des individus desséchés, ra - mollis avec soin, qui avaient été recueillis dans la Mosson et dans la source de Fouradade. 43% REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1863.) Animal herbivore, sortant seulement la nuit, se cachant pendant le jour dans les anfractuosités des ro- chers; — excessivement timide, se retirant brusquement au moindre attouchement jusqu’au quatrième tour ; se tenant presque toujours à la surface de l’eau, et ne s’enfonçant jamais au delà de 2 à 3 pouces; — habitant indifférem- ment l’eau douce et l’eau salée (1), à l'instar de certaines auriculacées, qui vivent au niveau du balancement des marées ou à l'embouchure des fleuves dans les endroits où l’eau est complétement douce. Corps allongé, possédant un pied distinct, muni d’un dis- que pédieux très-épais, qui remplace l’opercule. — Man- teau, dont le collier est terminé par un repli membra- neux, qui, à l'instar du manteau de certaines Physes, se renverse en dehors, sur cette partie du bord ex- terne, sillonnée de stries longitudinales et non malléée comme le reste de la coquille. — Deux tentacules. — Foie très-volumineux d’un rouge orangé très-vif. Coquille inoperculée, diaphane, cristalline, d’une ex- trème fragilité, excessivement petite, cylindrique, allon- sée, de la forme d’un Acme, mais en différant compléte- ment par un test d’une structure particulière et entière- ment dissemblable. Le test d’une Moitessieria est, en effet, toujours plus ou moins malléé, c’est-à-dire couvert de renfoncements ana- logues à ceux qu’on remarque sur les dés à coudre. Ces malléations, examinées à des grossissements de 4 à 500, paraissent, suivant leurs positions, octogones, tétragones ou arrondies. Au centre de chacune de ces malléations oc- togones, comme chez la Rolandiana, par exemple, se trouve un léger mamelon à point central, imitant l’émi- nence alvéolaire d’un petit poil des plus cadues (2). (4) Comme la Moitessieria Massoli, par exemple, qui vit dans la source saline de Fouradade. É : (2) Dans les planches qui accompagnent ce travail, les figures, bien TRAVAUX INÉDITS. 435 Le dernier tour, comme particularité spéciale, offre également, vers le péristome, une espèce de rebord ex- terne de structure différente que le reste du test. Ce re- bord extérieur, qui est toujours couvert par le repli du manteau, lorsque l’animal est en marche, ne peut être comparé, en aucune manière, aux divers renflements péri- stomaux des genres Bythinia, Hydrobia et Acme. Cerebord moitessierien, aigu en avant, devient de plus en plus épais en s’éloignant du bord péristomal (voy. pl. xx, fig. 4 et pl. xx, fie. 5 et 8), ce qui est l'inverse des rebords ex- térieurs connus des Acme et de ceux des autres genres. L'animal de ce nouveau genre est, selon toutes les pro- babilités, un pulmobranche et non un branchifère, et doit constituer le type d’une famille nouvelle (fam. des Moitessieridæ), qui devra prendre place, à notre avis, auprès de celle des Limnæidæ. Voici la description des différentes Moitessieria que nous avons pu nous procurer, grâce aux obligeantes com- munications de MM. Moitessier, de Montpellier, et P. Massot, de Perpignan. : MorTesstErRtA ROLANDIANA. Testa minutissima, vix subrimata, subconoideo-lanceolata, cylin- dracea, fragillima, nitida, albido-hyalina (dum vivit incola, sed ple- rumque lacteo-opaca propter diuturnam sedem in aquis post incolæ obitum), sub validissima lente eleganter regulariterque malleata, ad basim tenuissime striatulo-fimbriata ; — spira elongata, leviter at- tenuata ; apice obtuso, levigato ; — anfractibus 8 convexis, regulari- ter sensimque crescentibus, sutura impressa separatis; — ultimo vix majore, basi rotundato 1/4 longitudinis fere æquante, ad periphe- riam non malleato, sed extus paululum incrassato, longitudinaliter- que striatulo ac antice inferius sat arcuato ; — apertura suboblonga, superne leviter subangulata, — peristomate continuo, recto, in spe- ciminibus adultis paululum incrassato ; margine columellari dilatato, reflexo, rimam perforationis fere omnino claudente; marginibus sat approximatis, callo tenui hyalinoque, sæpe erasso, junctis. qu'excessivement grossies, ne le sont pas encore assez pour ODAE l’éminence centrale des malléations. 436 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1863.) Coquille d’une extrème petitesse, subconoïde-lancéolée, cylindrique, d’une grande fragilité, brillante, transpa- rente, d'un blanc-cristallin lorsque l’animal est vivant, d’un blanc de laitterne et non transparent lorsque l’ani- mal est mort et que la coquille a séjourné pendant quel- que temps dans l’eau ou parmi les alluvions. Perforation ombilicale réduite à une simple petite fente à peine sen- sible, visible seulement à la loupe. Test paraissant lisse à l'œil nu, mais élégamment orné, lorsqu'on l’examine au foyer d’une puissante lentille, d’une multitude de petits renfoncements placés en rangées symétriques, imitant au dernier point les malléations d’un dé à coudre ; ces mal- léations, vues à un grossissement de 500, paraissent, sur le milieu de l’avant-dernier tour, de forme octogone, puis, au fur et à mesure que l’on examine les malléa- tions qui se rapprochent de la base du tour, elles ap- paraissent hexagones, tétragones, puis arrondies ; enfin elles finissent par disparaître. Alors elles sont rempla- cées par des striations saillantes, frangées, armées de petits denticules, d’une extièême délicatesse, en quantité innombrable, imitant les spinules des stries de certaines espèces marines, comme celles des Pholas, par exemple. Spire allongée, légèrement atténuée. Sommet obtus, lisse. Huit tours convexes, à croissance régulière, assez peu rapide, séparés par une suture profonde. Dernier tour à peine plus grand que l’avant-dernier, arrondi à sa base, égalant presque 1/4 de la hauteur, arqué en avant surtout à sa partie inférieure, offrant, vers le bord péri- stomal, un lécer renflement externe, non martelé comme le reste de la coquille, mais sillonné de striations longitu- dinales, simulant des stries d’accroissement, et sur le- quel vient s'appliquer le manteau de l’animal. Ce rebord extérieur du péristome se termine en pointe à l'insertion du bord externe sur l’avant-dernier tour. Ouverture presque droite, oblongue, plus haute que large, légèrement subanguleuse à sa partie supérieure; pé- TRAVAUX INÉDITS. 437 ristome continu, droit, un tant soit peu épaissi à l’inté- rieur, chez les échantillons très-adultes. Bord columel- laire dilaté, réfléchi et recouvrant presque complétement la petite fente ombilicale. Bords marginaux assez rappro- chés, réunis par une callosité cristalline, épaisse seule- ment chez les individus âgés. Hauteur 2 millimètres. Diamètre 172 — Cette espèce, que nous dédions à M. Roland du Ro- quan, de Carcassonne, est abondante dans les alluvions de la Mosson, près de Montpellier. MoiTESSIERIA GERVAISIANA. Testa minutissima, vix subrimata, acuminrato-lanceolata, fragil- lima, uitida, albido-hyalina, sub validissima lente eleganter regula- riterque malleata, ab basim vix substriatula; — spira acuminata, elongata; apice minuto, levigato; — anfractibus 8 valde convexis, sensim ac sat celeriter crescentibus, sutura maxime impressa separatis ; — ultimo majore, basi rotundato, 1/3 longitudinis fere æquante, ad peripheriam non malleato, sed extus valide incrassato, longitudinaliterque striatulo ac antice arcuato ; — apertura sub- oblonga; peristomate continuo, recto, quandoque vix incrassato ; mar- gine columellari dilatato, reflexo, rimam perforationis fere omnino claudente, marginibus callo junctis. Coquille excessivement petite, acuminée, lancéolée, conoïdale, d’une extrême fragilité, brillante, transpa- rente, cristalline lorsque l'animal est vivant, d’un blanc lactescent lorsque le test est resté quelque temps parmi les alluvions. Perforation ombilicale réduite, par le ren- versement du bord columellaire, à une toute petite fente à peine sensible, visible seulement à la loupe. Test lisse à l'œil nu, mais paraissant orné, lorsqu'on l’examine au foyer d’une puissante lentille, d’une quantité de petits renfoncements placés en rangées symétriques, analogues à ceux de l’espèce précédente, seulement un peu plus larges et un tant soit peu plus espacés. Vers la base de k38 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1863.) l’avant-dernier tour, ces renfoncements ou malléations disparaissent presque, et sont remplacés par de petites striations fines, délicates, peu accentuées, et non sail- lantes, frangées et denticulées comme ceux de l’espèce précédente. Spire allongée, acuminée, à sommet lisse et petit. Huit tours excessivement convexes, à croissance ré- gulière, assez rapide et séparés par une suture très-pro- fonde. Dernier tour plus grand, arrondi, égalant pres- que le tiers de la hauteur, arqué en avant avec assez de régularité, offrant vers le bord péristomal un renflement externe, épais, saillant, non martelé comme le reste de la coquille, mais sillonné de striations longitudinales, imi- tant des stries d’accroissement. Cet épaississement exté- rieur péristomal se termine en pointe à l'insertion du bord externe sur l'avant-dernier tour. Ouverture presque oblongue, à péristome continu, rectiligne, quelquefoisun tant soit peu épaissi à l’intérieur. Bord columellaire di- Jaté, réfléchi sur la petite fente ombilicale qu'il recouvre presque entièremeut. Bords marginaux réunis sur une callosité transparente. Hauteur. . . . . . 2-9 1/k millimètres. Diamètre. 2/3 — Cette espèce, que nous dédions à M. Paul Gervais, pro- fesseur à la faculté de Montpellier, a été recueillie dans les alluvions de la Mosson, en compagnie de la Moitessie- ria Rolandiana; seulement la Gervaisiana est infiniment plus rare. Cette Moitessieria Gervaisiana diffère de la Rolandiana, dont elle est voisine, par sa spire acuminée-conoïdale et non cylindrique-attenuée ; par ses tours à croissance plus rapide; par son dernier tour égalant presque le tiers de la hauteur, tandis que chez la Rolandiana il égale à peine le quart de la hauteur; par ses tours plus convexes, plus arrondis; par sa suture plus profonde; par ses malléations plus larges, plus espacées; par les striations de la base peu TRAVAUX INÉDITS. k 39 saillantes, très-délicates, et non frangées, denticulées, comme celles de la Rolandiana ; enfin par son épaississe- ment péristomal extérieur, beaucoup plus épais, plus ac- centué, etc., etc. MoxressiEriA MaAssori. Testa minutissima, non vel vix feresubrimata, cylindraceo-lanceola- ta, fragillima, diaphana, nitida, albido-hyalina, sub validissima lente eleganter longitudinaliter transverseque tenuissimestriatula ac passim irregulariter submalleata ; — spira cylindraceo-attenuata; apice ob- tusissimo,levigato; —anfractibus 7 convexiusculis, ad suturamlinea- rem planulatis, regulariter sensimque separatis ; ultimo oblongo, basi rotundato, 114 longitudinis superante, extus ad peripheriam late vix incrassato, longitudinaliter striatulo ac passim vix punctulato-sub- malleato, et antice arcuato ; — apertura subrotundata, superne sub- angulata ; — peristomate continuo, recto ; — margine columellari dilatato, reflexo, perforationem omnino fere obtegente; marginibus callo junctis. Coquille d’une extrême petitesse, subconoïde, lancéo- lée, cylindrique, d’une grande fragilité, brillante, trans- parente, d’une teinte blanche cristalline et pourvue d’une fente ombilicale si petite, si recouverte par la ré- flexion du bord columellaire, qu’elle est presque insen- sible, même à la loupe, Test paraissant lisse à Pair nu, mais en réalité, lorsqu'on l’examine au foyer d’une puis- sante lentille, entièrement décussé, c’est-à-dire sillonné de striations longitudinales et transversales, qui se coupent presque à angle droit, etsurchargé, en outre, d’uneinfinité de petits méplats, irréguliers, inégalement espacés, plus ou moins prononcés. Spire cylindrique atténuée, à sommet lisse et très obtus. Sept tours faiblement convexes, offrant vers la suture, qui est linéaire, une partie plane (non martelée ni décussée, seulement longitudinalement striée), qui res- semble à une bande aplatie s'enroulant lelong de la suture jusqu'au sommet de la spire où elle disparaît. Croissance des tours régulière, bien que sensiblement rapide. Dernier tour oblong, arrondi à la base, dépassant le quart de Ja hau. kkO REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Decembre 1863.) teur, projeté en avant et présentant vers le bord péristomal un faible épaississement extérieur, très-larze, très-déve- loppé, sillonné destriations longitudinales et marqué de lé- gères petites malléations. Ce rebord extérieur, qui est pro- portionnellement très-large, se termine brusquement en pointe à l'insertion du bord externe sur l’avant-dernier tour. Ouverture presque ronde, un peu subanguleuse à sa partie supérieure. Péristome droit, continu. Bord colu- mellaire dilaté, réfléchi sur la petite fente ombilicale qu'il recouvre presque en totalité. Bords marginaux réunis par une callosité transparente. Hauteur. . . . . . 2 3/k millimètres. Diamètre. . ... 1/2-253 — Cette Moitessierie, que nous dédions à M. Paul Massot, de Perpignan, habite en grande abondance la fontaine d’eau saline de Fouradade, près de Tantavel (Pyrénées- Orientales). Cette espèce est tellement distincte des deux précé- dentes, qu’il est superflu, selon nous, d'en noter les dif- férences. MOoiTESSsIERIA SIMONIANA. Le type de cette espèce, que nous n'avons pu nous pro- curer, a été découvert dans les alluvions de la Garonne, non loin de Toulouse. Parmi les malacologistes qui ont eu à parler de cette coquille, cinq en ont donné une diagnose. Malheureuse- ment ces descriptions diffèrent tellement, que nous n'a- vons pu parvenir à la connaissance de cette Simoniana. En présence d’une semblable disparité sur les caractères différentiels de cette espèce, nous croyons plus conve- nable de donner in extenso les descriptions respectives des auteurs, laissant à chacun la responsabilité des dia- gnoses. 4° Description de M. Saint-Simon (in Miscell. malac. (1'° déc.), p. 39, 1848). TRAVAUX INÉDITS. hhA PALUDINA SIMONIANA, Charpentier, mss., et in Sched. « Coquille longue d’un millimètre et demi à 2 millimètres, large, à sa base, d’un demi à deux tiers de millimètre, grêle, allongée, un peu conique, fine, lisse, mince, fragile, peu transparente, d’un blanc laiteux, non carénée. Ouverture ovale, un peu rétrécie vers l’avant-der- nier tour. Columelle allongée, linéaire, un peu courbe ; péristome continu, très-mince et fort tranchant; 6-7 tours, assez larges etassez bombés ; les deux premiers formant un mamelon peu apparent; le dernier à peine plus grand que les précédents, cachant à peu près tout l’ombilic et n’y laissant qu’une fente peu marquée, très- finement et à peine granulé; bord très-avancé à la partie infé- rieure. « Ilabite les alluvions récentes de la Garonne, au-dessus de Tou- louse. » 2 Description de M. l'abbé Dupuy (Hist. moll. France, p. 974, pl. xxxvur, f. 11 (5° fasc.), 1851). HyprOBIA SIMONIANA. « Testa minutissima, gracillima, elongata, cylindrica vix conoidea, lævissima,. subimperforata ; — apice obtuso et mamillato; apertura ovata, vix obliqua, superne angustata; peristomate continuo, sim- plici, recto ac acuto, vix ad marginem columellarem in ultimo an- fractu dejecto ; anfractibus 7-8 convexiusculis, sutura perspicua se- paratis, Sensim accrescentibus ; ultimo majore quartam vel tertiam testulæ partem efformante. « Tenuissima, hyalina, sed plerumque lacteo-opaca propter diuturnam in aquis post incolæ obitum sedem. — Operculum? » « Coquille très-petite, très-grêle et fort allongée, cylindrique, légè- rement conoïde, très-lisse, laissant à peine apercevoir une trace de perforation, obtuse et mamelonnée au sommet, Ouverture ovale, presque sans obliquité, mais avec un angle obtus assez marqué à la jonction supérieure du bord columellaire au bord extérieur : on voit aussi le plus souvent un angle quelquefois assez marqué à la jonction inférieure da bord columellaire avec le bord extérieur ; péri- stome continu, simple, droit et tranchant ; bord columellaire à peine légèrement déjeté sur le dernier tour. —7 à 8 tours de spire con- vexes, séparés par une suture bien marquée, augmentant fort gra- duellement ; le dernier plus grand que les autres, formant à lui seul le quart et au plus le tiers de la hauteur totale de la coquille. « Très-mince, hyaline lorsqu'elle est fraîche, mais la plupart du 2° sÈRIE, Tr. xv. Année 1863. 29 442 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1863.) temps elle est d’un blanc lacté et opaque, produit par un séjour prolongé dans l’eau.— Hauteur 2-2 172, diamètre 192 millimètre au plus. » 3° Description de L. Pfeiffer (Neue Cyclost., in Zeitschr. für malak., p. 63, 1850, et Monog. pneumonop. viv., p. 6, 1852). ACICULA SIMONIANA. «Testa minima, subperforata, cylindraceo-turrita, lævigata, nitida, corneo-albida ; spira elongata, obtusiuscula ; anfractus 7 convexi; ultinus vix 124 longitudinis æquans ; apertura verticalis, truncato- ovalis ; peristoma subincrassatum ; marginibus callo junctis ; dextre repando, columellari breviter reflexo. — Operculum ? — Long. vix 2, diam. 192 millim. » , ko Description de Küster (in Chemnitz und Martini, Syst. conch. cab. — Galt. Paludina, etc., p. 58, pl. xx, f. 9-10, 1853). « PALUDINA SIMONIANA. — Testa minutissima, rimata, cylindracea, nitida, vitrea, obsoletissime striata, lineis spiralibus densissimis cincta ; spira elata, obtusa ; anfractibus 8 convexis ; apertura ovata ; peristomate patulo, subacuto, margine columellari, reflexiusculo.»— (Suit une traduction allemande de cette diagnose.) S° Description de Moquin-Tandon (in Hust. nat. Moll. France, tome IE, p. 511, pl. xxxvuux, Ê. 17-19, 1855). « Ace Simonrana. — Coquille conoïde-cylindracée, grèle, atténuée vers le haut, sans rides longitudinales, presque lisse, très-mince, très-fragile, luisante, tout à fait transparente, vitrée, d’un corné très- pâle, à peine sensible, unicolore ; spire composée de 6 à 8 tours très- convexes ; le dernier formant le quart de la coquille, à bord extérieur un peu avancé inférieurement. Suture très-profonde; sommet obtus, comme mamelonné. Ombilic presque entièrement recouvert, à peine fendu. Ouverture ovale, obtusément anguleuse supérieure- ment ; péristome continu, presque droit, réfléchi au bord columel- laire, très-peu épaissi, concolore. — Haut. 1 192 à 2, diam. 172 à 233 millim. » Telles sont les descriptions connues de la Simoniana. Parmi ces descriptions, une seule, bien qu'incomplète, nous semble plus exacte que les autres et plus appropriée TRAVAUX INÉDITS. LAS aux caractères de la vraie Simoniana. Cette description est celle de Küster. Si nous croyons que cette diagnose est préférable, bien qu’incomplète, à celle des autres conchyliologues, c’est parce que Küster a établi ses caractères sur des échantil- lons types des alluvions de la Garonne, envoyés par M. Saint- Simon à notre ami feu J. de Charpentier. Or, d'après la description, surtout d’après la figure (pl. 11, f. 9-10), la Simoniana n’est pas lisse, mais « obso- letissime striata, ac lineis spiralibus densissimis cincta; » et le graveur a fait sentir, à la place de ces stries, une sé- rie de petites malléations analogues à celles que l’on re- marque sur le test des Moitessieria Rolandiana et Gervai- siana, seulement ces malléations paraissent beaucoup moins nombreuses, plus espacées et en lignes spirales plus symétriques. D'après celte gravure de Küster, la vraie Simoniana doit être martelée à l'instar de la Gervaisiana, tout en possédant des tours de spire analogues à ceux de la Ro- landiana. : Si nous regardons cetie description de Küster comme préférable à celle des autres auteurs, même à celle, par trop vague, de M. de Saint-Simon, nous ne voulons pas dire, pour cela, que cette diagnose soit parfaite et hors ligne. Seulement nous voulons faire entendre que, si les autres descriptions montrent de si grandes différences entre elles, cela doit tenir uniquement à ce que les au- teurs, en croyant décrire la Simoniana, ont eu affaire à des espèces différentes. De là la disparité des caractères de leurs diagnoses. Il en est de la Simoniana, nous le croyons, comme il en a été de l’Ancylus fluviatilis, de l’Helix pyemæa, du Carychium minimum, de l'ancienne Achatina acicula, ou bien du fameux cyclas fontinalis de Draparnaud, dont les noms servaient de passe-ports scientifiques à toutes ces petites espèces si distinctes, reconnues maintenan!, 4k4 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1863.) que les conchyliologues d'autrefois confondaient aussitôt qu'ils leur trouvaient un faux air de ressemblance, une apparence trompeuse de confraternité. Il en a donc été de même, jusqu’à présent, pour la Si- moniana. Le type de cette espèce se trouve dans les alluvions de la Garonne, près de Toulouse, où il a été recueilli par MM. Partiot et Saint-Simon. Quant à ces autres soi-di- sant Simoniana, trouvés dans l’Ariége, à Venerque (Mo- quin) et à Foin (Drouët), ou dans le canal du Midi et de l'Hérault (Dupuy), ou enfin à Port-Juvénal, près de Mont- pellier (Dubreuil)}, etc., etc, il est indubitable que les échantillons de ces provenances diverses doivent être des espèces distinctes, auxquelles on devra, lorsqu'on pourra les étudier avec soin, attribuer de nouvelles appellations scientifiques. Quant aux individus recueillis dans la Mosson et dans la fontaine de Fouradade, individus que nous avons été à même d'examiner, ce sont les espèces dont nous venons de donner les descriptions sous les nouvelles dénomina- tions de Moitessieria Rolandiana, Gervaisiana et Mas- soti. PLANCHE XX. 1. MoiressiEriA ROLANDIANa. — Coquille considéra- blement grossie, vue de face. — 2. Trait indiquant la petite taille de la coquille. — 3. Avant-dernier tour ex- cessivement grossi pour faire comprendre les malléations et les striations frangées de la base du tour. — 4. Coupe du bord externe pour faire comprendre le renflement extérieur du dernier tour. — 5. Tours médians considé- rablement grossis, d’après un échantillon recouvert d'un encrassement noirâtre épidermique (les parties érosées laissent voir en creux les malléations, tandis que sur les parties encrassées elles se dessinent en renflement). — 6. Dernier tour, considérablement grossi, vu de profil, SOCIÉTÉS SAVANTES. 485 pour faire voir le renflement péristomal extérieur, et pour montrer le sinus et la projection en avant du bord ex- terne. — 7. Dernier tour, considérablement grossi, vu également de profil d'après un autre échantillon, et chez lequel les contours du bord externe sont un peu diffé- rents. PLANCHE XXI. 4. MoitessiEr1A Massori.— Coquille considérablement grossie, vue de face. — 2. Trait indiquant la taille de la coquille. — 3. Avant-dernier tour excessivement grossi, . pour faire comprendre le mode de striation. —k4. Dernier tour, considérablement grossi, vu de profil, pour mon- trer le renflement péristomal extérieur du bord externe. — 5. Coupe du bord externe pour faire comprendre la forme du renflement extérieur du dernier tour. 6. MoirEssiERIA GERVAISIANA. — Coquille considéra- blementgrossie, vue de face.— 7. Trait servant à indiquer la taille de ia coquille. — 8. Coupe du bord externe pour montrer l'énorme renflement extérieur du bord péristo- inal. —9. Dernier tour considérablement grossi, vu de profil, pour montrer la sinuosité supérieure et la projec- tion en avant du bord externe. If. SOCIÉTÉS SAVANTES. ACADÉMIE DES SCIENCES. Séance du T décembre 1863. — L'Académie reçoit le pre- mier volume des Mémoires de la Société des naturalistes de Brunn (Moravie). M. Baudelot présente des Recherches expérimentales sur les fonctions de l’encéphale des Poissons. 4kG REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1863.) M. Béchamp adresse une lettre sur les générations dites spontanées. M. Guérin-Méneville adresse la note suivante : Sur la cause météorologique de la maladie des végétaux et des Vers à sote. Le savant M. Babinet, dans un article sur les Pronostics météorologiques, publié en décembre 1863 dans le Constitu- tionnel, et reproduit dans le Petit Journal du 6 décembre 1863, vient de donner l'explication scientifique du phéno- mène météorologique auquel j’attribue la maladie générale des végétaux et, par suite, de certains animaux plus inti- mement liés à ceux-ci par leur genre de nourriture, tels que les Vers à soie. J'ai toujours soutenu et publié que cette maladie avait pour cause principale, unique peut-être, un phénomène ayant pour effet d’avoir modifié ou plus ou moins sup- primé le sommeil hivernal des végétaux. Cette condition exceptionnelle leur a fait dépenser inutilement, chaque année, des forces vitales qu'ils doivent accumuler et ré- server l'hiver, dans notre zone, pour accomplir convena- blement toutes les phases de leur existence. La douceur extraordinaire de nos hivers excitant les végétaux à contre époque, a produit sur eux ce qu’une mauvaise conserva- tion des œufs de Vers à soie amène, c’est-à-dire un com- mencement d'incubation quand ils devraient rester inac- tifs et engourdis, comme les marmottes sous la neige. En magnanerie, on dit des œufs qui ont éprouvé ce commen- cement d'incubation en hiver, qu'ils ont été émus, et l'on sait que les Vers à soie qui en proviendront seront atta- qués par des maladies plus ou moins intenses qui feront manquer l'éducation, en tout ou en partie. Il en est de même des végétaux, depuis que les températures propres aux saisons sont déplacées, et l’on pourrait dire également qu'ils sont émus en pleine saison d'hiver, ce qui amène aussi pour eux des maladies. Jusqu'à présent l'observation seule des faits m'avait SOCIÉTÉS SAVANTES. k4T conduit à la théorie que je soutiens et qui explique si simplement et si bien les phénomènes observés dans les déplorables épidémies des végétaux et des Vers à soie. Aujourd'hui M. Babinet confirme scientifiquement ma théorie quand il dit: « Diverses circonstances, commie le « déplacement des eaux chaudes de l'Atlantique, l’affai- « blissement graduel du courant aérien venant du sud- « ouest et qui domine, dans l’Europe occidentale, enfin « le déplacement même du lit de ce grand fleuve atmos- « phérique qui, dans ces dernières années, était remonté « vers le nord et avait interrompu la loi du décroissement « graduel de la température en allant du midi au nord ; « toutes ces circonstances, mises en ligne de compte, peu- « vent fournir des indications générales, etc., etc. » Si j'avais eu cet appui, il y a onze ans ({), quand j'ai présenté un grand travail sur la maladie des vignes pour le concours ouvert à ce sujet par la Société d’encourage- ment, ce mémoire, résultat de nombreuses observations faites sur tous les points de la France, en Italie et en Espa- gne, aurait eu un autre sort. En effet, la hardiesse de ma théorie, tout à fait en dehors des idées du monde savant (1) Dès le 6 septembre 1852, j’exposais ces idées et les faits à l'appui, dans une lecture faite à l’Académie des sciences. Elles ont été développées, à la suite de nouvelles observations, dans le Journal d'agriculture pratique du 29 février 1853, puis appuyées de nom- breuses figures dans un travail complet déposé à la Société d’encou- ragement, à la fin-de 1854, pour le concours de la maladie de la vigne. Comme ce travail était assez étendu et que sa publication avec les figures aurait nécessité une dépense assez sérieuse, il est demeuré inédit. Il à été en partie soumis à l'appréciation des agriculteurs par des extraits publiés dans divers recueils. S’il n'avait pas été en oppo- sition ayec les idées professées alors, on aurait bien trouvé les fonds nécessaires à sa publication. Plus tard, le 11 juin 1859, j'ai adressé les conclusions de mes re- cherches à l’Académie de médecine, qui avait annoncé l'intention de s'occuper de l’épiphytie régnante, mais il n’a pas été donné suite à ce projet. &48 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1863.) d'alors, la nouveauté inattendue de mes idées et de mes déductions, tout cela a pu engager à repousser mon tra- vail, qui n’a été combattu que par le silence, arme dan- gereuse employée toujours avec succès, quand on voit qu’on n’aurait pas raison devant l’opinion publique dans une discussion au grand jour et surtout écrite. A cette époque, j'ai eu le tort grave d'être éclairé beau- coup trop tôt par les faits et le travail ; j’ai eu le malheur de devancer de plus de dix ans l’époque de maturité de cette grave question, et mon mémoire n'a pas été discuté. Cependant, comme il contenait, à l'appui de mes idées, de nombreuses figures, il m'a valu l'honneur d’une mé- daille de 500 francs appliquée à ces dessins, ce qui a dé- tourné de la haute question que je traitais et dont ces dessins n'étaient qu'un simple accessoire présentant les faits sur lesquels je m’appuyais. M. Nourrigat prie l’Académie de vouloir bien hâter le travail de la commission à l'examen de laquelle a été ren- voyé un mémoire qu’il avait, il y a quelques mois, pré- senté à l’Académie par l'intermédiaire de M. le ministre de l’agriculture, du commerce et des travaux publics. « Ce mémoire, dit l’auteur, a pour but de faire ressor- tir les avantages que la sériciculture doit retirer, au dou- ble point de vue hygiénique et économique, de la culture du mürier sauvage à grandes feuilles que j'ai importé du Japon. Ma communication, ajoute M. Nourrigat, était accompagnée d'un carton renfermant ies spécimens des diverses races de Vers à soie améliorées, races qui, à l’aide de mon mürier et de procédés d'éducation que-je me propose de publier prochainement, ont déjà traversé de nombreuses générations sans montrer le moindre symp- tôme de maladies, bien qu'élevés dans un milieu depuis longtemps infesté par l’épizootie. » Séance du 1% décembre. — M. Pasteur lit une Note rela- tive à des réclamations de priorité soulevées par M. Bé- SOCIÉTÉS SAVANTES. 449 champ au sujet de ses travaux sur les fermentations et les générations dites spontanées. M. Cadiot présente un travail sur les effets des alliances consanquines, M. Nourrigat adresse une note intitulée : Avantages de la culture du mürier sauvage sur celle du mürier greffé. M. Basset adresse une réclamation de priorité concer- nant quelques faits relatifs à la théorie des prétendues gé- nérations spontanées. Séance du 21 décembre. — M. P. Gervais présente un travail sur un nouveau genre d’Ichthyodorulithe propre au grès miocène de Léognan (Gironde). « Les Ichthyodorulithes connus ont été trouvés dans des terrains antérieurs à la période tertiaire, plus parti- culièrement dans des terrains paléozoïques. Je dois à M. le professeur Raulin ia communication d’une pièce analogue aux Ichthyodorulithes par sa conformation, qui a été recueillie dans le grès miocène de Léognan (Gi- ronde). Ce curieux fossile est comprimé et son bord pos- térieur présente un sillon médian bordé par deux rangées de dentelures en scie, qui rappellent assez bien celles de l’aiguillon dorsal des Chimères. Il existe toutefois cette différence qu'elles sont beaucoup plus rapprochées l’une de l’autre. « Cet aiguillon a appartenu à ua animal hien plus grand que les Chimères actuelles et d’un genre certainement différent du leur, ainsi que de tous ceux qui ont été établis jusqu’à ce jour parmi les fossiles. Fen publierai ul- térieurement la figure et une description comparative sous le nom de Dipristis chimæroides. » . MM. Gürrigou, Martel et Trutat adressent une Mofe sur deux fragments de mâchoires humaines trouvés dans la caverne de Bruniquel (Tarn-et-Garonne). M. Basset adresse un travail intitulé : Études sur les cel- lules primordiales et leurs transformations. 450 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1863.) M. de Saint-Cric Cazaux adresse un travail sur la ques- tion des alliances consanguines. M. Flourens lit des extraits d’une lettre qui lui a été adressée par M. Béchamp à l’occasion du compte rendu de la séance du 7 décembre dernier. Il fait ensuite quelques remarques à l'occasion de la réclamation de M. Bé- champ. Séance publique du 28 décembre 1863. — Prix décernés pour 1863. Après la réclamation des prix, M. Flourens a lu un re- marquable éloge historique de DumÉris ; M. Bertrand, une notice sur la vie et les travaux de KÉPLER. III. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. ANNUAL REPORT... Rapport annuel des directeurs de l'institution Smithsonienne sur les travaux de 1861 (4 vol. in-8 ; Washington, 1862). Cette grande et philanthropique institution continue d’a- voir la plus grande et la plus légitime influence sur le dé- veloppement des connaissances humaines dans l’Amé- rique, en favorisant les travaux des hommes dévoués qui ont consacré leur existence à l'étude des sciences pures et appliquées {si stériles au point de vue de la fortune), qui font la gloire des nations civilisées. Dans ce volume, en outre du compte rendu ordinaire fait par le savant secrétaire, M. Joseph Henry, on a pu- blié, comme d'habitude, plusieurs mémoires importants, originaux ou traduits. Il n entre pas dans notre plan de parier de ; travaux étrangers à la zoologie, et nous ne de- vons signaler ici, en conséquence, que la traduction du ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. k51 mémoire sur Geoffroy-Saint-Hilaire, par Flourens, et un travail de MM. Elliot Coues et Webster Preutis sur les Oiseaux du district de Columbia (23 p. in-8). JOURNAL OF... Journal de l’Académie des sciences natu- relles de Philadelphie, nouv. série.—Gr. in-#4, fig. A Nous aimerions à annoncer à nos lecteurs les excel- lents travaux qui se trouvent dans ce magnifique recueil, et nous voudrions pouvoir leur indiquer régulièrement les sujets dé ces travaux; mais, après avoir attendu très-long- temps les livraisons qui devraient compléter les années 1861 et 1862, dont nous n'avons reçu que des cahiers isolés et ne se suivant pas, nous prenons le parti de don- ner, en attendant, les titres des mémoires que nous trou- vons dans les parties 2 et 3 de 1862, ayant déjà annoncé le contenu de la partie { dans cette Rcvue, p. 43. Part. 2 (october 1862). Monograph of the fossil Polyzoa of the secondary and tertiary formations of North-America, by Gas and Horx. Ce travail, qui occupe 68 pages accompagnées de 3 belles planches représentant 71 espèces, mérite toute l'attention des zoologistes qui s'occupent de l'étude des zoophytes, de cet immense groupe des Eryozoaires cellu- linés et centrifuginés de d'Orbigny. MM. Gabb et Horn ont étudié les représentants fossiles de ces singuliers animaux avec beaucoup de soin, et ils en ont donné des descrip- tions étendues et des figures exactes et élégantes. Descriptions of new Birds from Western-Africa, in mu- seum of the Academy of natural sciences of Philadelphia, by J. Cassin. L'auteur, qni a publié, depuis plusieurs années, des diagnoses de ces espèces dans les procès-verbaux de l’A- cadémie, en donne là des descriptions complètes et de 452 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1863.) belles figures coloriées. Ces oiseaux sont : 1° Trichopho- rus chloronotus, p. 181, pl. xxu, f. 1; 2° Tr. calurus, p. 182, pl. xxu, f. 3; 3° Xenocichla notata, p. 182, pl. xxu, f. 2; 4° Alete castanea, p. 183, pl. xxim, f. 1; 5° Hyphantornis cinctus, p. 18k, pl. xx, f. 2 et 6; Syo- bius Rachellæ, p. 185, pl. xx, f. 3. New Unionidæ of the United-States and Artic-America, by Isaac LEA. Depuis ses publications précédentes, M. Lea a découvert beaucoup d'espèces nouvelles de ce groupe de mollusques si riche dans l'Amérique du Nord. Comme précédem- ment, il en donne de bonnes diagnoses latines suivies de détails descriptifs propres à bien faire distinguer les caractères des nombreuses espèces qu’il introduit dans l’immense catalogue de ces habitants des eaux douces des États-Unis. Ce mémoire, qui occupe 29 pages, est accom- pagné de 40 planches magnifiquement lithographiées, re- présentant 28 espèces vues sous divers aspects. Comme l’auteur à eu soin de faire suivre la série des numéros donnés à ses espèces, on voit, par ie numéro de celle qui termine ce mémoire, qu'il est déjà à la 284° espèce. Part. 3, march 1863.— New meladineæ of the United-States, by Isaac LEA. L'infatigable et savant zooïopiste donne, dans ce cahier, d'excellentes descriptions de 229 espèces de ce genre, toutes très-bien figurées dans 6 planches. Le texte occupe 139 pages, et l'on peut dire que ce cahier équivaut bien à un fort volume ordinaire in-8. G. M. ResEarcHEs. Recherches sur le venin du serpent à sonnettes, avec des études sur son anatomie et sa physio- logie; par M. Weir-Mircnezz, docteur en médecine, etc. 4 vol. in-ke, Washington, 1861. C'est un travail complet sur cette grave question de ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. 453 l'empoisonnement par la morsure du serpent à sonnettes et de ses congénères, travail digne de l'attention des savants et des médecins, et qui a paru tel au conseil de lInstitu- tion Smithsonienne, qui en a ordonné la publication. Il serait difficile d'analyser convenablement un si grand ouvrage ; aussi nous bornerons-nous à recommander sa lecture en indiquant seulement les sujets des huit chapitres : dont il est composé. Dans le premier l’auteur présente ses observations sur les habitudes des crotales en captivité. Le second traite de l'anatomie des appareils à venin. Le troisième fait connaître le mécanisme physiologique de ces organes. Le quatrième traite des caractères physiques et chimi- ques du venin; Le cinquième, de la toxicologie de ce venin; Le sixième, de son action toxicologique sur le système sanguin des animaux; Le septième, de son action sur les tissus et les fluides ; Et lehuitième, de son action sur l’homme, des antidotes et du traitement. L'ouvrage est accompagné de deux appendix À, B et d’une table alphabétique très-complète et très-détaillée D. Le premier appendix (A) est dû à M. Ed. Cope et con- siste dans une savante énumération des genres et espèces de crotalières avec leur synonymie et l'indication des au- teurs qui en ont parlé. il divise ce groupe en deux types qui sont les Candisona de Laurenti et les Crotalus de Lin- næus. Le premier se compose des C. durissa, ferrifica, Lef- fingü, adamantea, atrox, lucifer, le Contei, confluenta, ti- gris, lugubris, horrida, molossus, lepida et cerastes. Le second est formé des Crotalus miliarius, Edwardsi et tergeminus. L’appendix BB, est consacré à la bibliographie. Le no. ire considérable de travaux cités et étudiés par l’a our k5k REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1863.) montre qu'il possède parfaitement son sujet et qu’il n'i- gnore pas ce qui a été fait avant lui. En définitive, toutes les parties de la question sont trai- tées avec clarté et méthode, et l'on peut dire que ce bel ouvrage est un vrai modèle de son genre. OBseRVATIONS sur les ennemis du Caféier, à Ceylan, par M. J. Nierwer. (Suite. —Voir p. 386.) 7. Aloa lactinea. Chenille d'environ 2 pouces anglais de lons, noire, couverte de longs poils bruns, serrés, ressem- blant à la chenille de l’Arctia caja. On la trouve pendant la saison sèche; elle tisse sous le sol un cocon de terreet de poil dans lequel la chrysalide reste pendant deux mois, après quoi le papillon éclôt en juillet ou août. Ce dernier a 1 pouce angl. de long et 2 174 de largeur avec les ailes éta- lées ; il est d’un blanc pur, bordé de rouge avec quelques taches noires sur les ailes; la partie supérieure de l'abdomen est jaune, variée de noir. On la trouve aussi äans les îles de J'Archipel indien. A Ceylan elle est loin d’être commune. 8. Orgya ceylanica. Chenille de 1 pouce angl. 172 de long, brune, parties inférieures et tête rougeûtres, cou- verte de poils jaunâtres; deux longues touffes grêles de poils foncés, semblables à des cornes, de chaque côté de la tête, et une autre derrière comme une queue; quatre touffes blanches, courtes et roides sur la partie antérieure du dos et deux semblables de chaque côté. Elle n’est pas rare d'octobre à décembre; elle se file un cocon mince dans lequel la chrysalide reste pendant quinze jours. La femelle du papillon est un vilain insecte, lourd et vermiforme, à ailes rudimentaires, blan- châtres, en forme d’écailles ; elle est d’un jaunâtre sale, couverte de poils noirs, fins, assez serrés vers l'extrémité de l'abdomen et sur les côtés. Elle a 578 de pouce angl. de long. Le mâle est, au contraire, un petit être vif, ayant ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. L55 3/4 de pouce angl. dans le sens transversal, brun, varié d’un peu de noir et de blanc, assez commun au commen- cement de la saison chaude. | 9. Euproctis virguncula. Chenille velue, noire, variée de taches rouges, ayant 394 de pouce angl. de long ; entre fé- vrier et mars elle file un léger cocon dans lequel la chrysa- lide reste pendant quinze jours. Le papillon a 1 374 de lar- geur de l’extrémité d’une aile à l’autre; il est d’un blanc pur, avec les yeux noirs; le dessous de l’abdomen est marqué de lignes noires, avec une grosse touffe jaune à l’extrémité. Pendant la saison sèche il est assez commun dans les Panenas qui alternent avec les plantations. … 40. Trichia exigua. Chenille apparaissant de septembre en décembre, longue de 172 à 34 de pouce angl., brune en dessus, grise en dessous, variée de lignes et de points rouges et jaunes, velue, chaque segment ayant deux courtes touffes, derrière la tête deux protubérances char- nues auriformes. Elle file un léger cocon d’où sort le pa- pillon après une quinzaine de jours. Celui-ci a { pouce angl. de largeur; les ailes supérieures sont d’un gris jaunâtre avec quelques taches jaunes, les inférieures sont jau- nâtres. Il n’est pas commun. La chenille se trouve aussi sur l’oranger et autres arbres. 11 . Narosa conspersa. Chenille jaune, de 578 de pouce angl. de long et 38 de pouce angl. de large, ovale; onisci- forme, marquée de rides transversales, deux côtes longitu- dinales, bords aplatis, pattes rétractiles. Entre août et no- vembre elle s’enferme (souvent dans l’espace d’une seule nuit) dans un petit cocon ovale, fort, cartilagineux, blanc, avec une tache circulaire brune à l’une de ses extrémités, que l’on voit fréquemment fixé aux feuilles du caféier. L'insecte parfait, assez commun pendant la saison sèche, est un joli papillon qui vole souvent le soir dans les chambres. Il a 174 de largeur avec les ailes étendues ; les ailes supérieures sont tigrées de jaune et de brun, les &56 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1863.) inférieures sont jaunes. La chenille se tient contre la face inférieure des feuilles, et l’on ne la voit pas souvent. Elle prend sa nourriture pendant la nuit. 12. Limacodes graciosa. Chenille apparaissant de juin en août, longue de 1 pouce angl. et large de 3 lignes, plus large en avant qu’en arrière ; région dorsale d’une couleur blanchâtre opaiine, flancs verdàtres; mar- quée, en dessus, de trois larges bandes vertes longi- tudinales bordées de vert plus foncé; quatre rangées de glandes épineuses dont quatre en avant et deux en ar- rière sont terminées de brun; quatre points noirs laté- raux près de l’anus ; tête brune, rétractile. Pieds ven- traux et anaux avortés. Elle s’enferme sous un fin tissu, dans un fort cocon ovale, ou semi-ovalaire, dont la face inférieure est formée par les matériaux auxquels il est fixé. Elle reste, du milieu d'août au milieu d'octobre, sous forme de chrysalide courte, dodue, ovale, qui a sa peau légèrement sortie du cocon quand le papillon éclôt. Ce dernier est remarquablement joli ; il a 4 pouce angl. 172 de largeur de l'extrémité d’une aile à l’autre; il est d’un beau vert en dessus ; le milieu du thorax, les épaules et un large bord en arrière sont d’un brun chocolat ; les ailes infé- rieures sont d’un brun-gris clair, le reste du corps d'un brun foncé. Westwood (Cab. of Orient. Ent.) se trompe dans ce qu’il dit du mâle; ce dernier est comme la fe- melle, mais plus petit, n'ayant que { pouce angl. de largeur et des antennes bipectinées de la base au milieu, tandis qu’elles sont simples dans la femelle. Les deux sexes ont sur la face inférieure du thorax deux taches vertes que West- wood ne mentionne pas. M. Evatt, qui a eu l’obligeance de m'envoyer d’Ambanpittia les chenilles de cet insecte, m'écrit qu’elles détruisent beaucoup de feuilles de caféiers dans cette partie du pays, qu'elles disparaissent quelque- fois, mais reviennent invariablement et préfèrent les beaux caféiers jeunes qui se trouvent dans des endroits abrités. J'ai aussi appris qu'elles se trouvaient à Ambegamoa. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. L5T 13. Drepana. Jene mentionne ce rare insecte que parce que sa curieuse chenille setrouve quelquefois sur le caféier. Elle a environ 2 pouces angl. de longet a lediamètre d'une plume d’oie de moyenne grosseur; elle est nue, a l'occi- put conique, une corne sur la partie antérieure du dos; les pieds anaux manquent; le corps est subitement semi- tronqué en arrière, mais se prolonge en une queue d’une longueur considérable. Elle est d’un violet brunâtre, varié en avant, sur les côtés, de taches de couleur plus pâle et d’anneaux gris à la queue. Je n'ai pas de description exacte du papillon, parce que tous mes échantillons ont été perdus dans le naufrage de l’Alma. Il a, si je me le rap- pelle bien, environ 1 pouce angl. 172 de largeur, et est d’un gris bleuâtre foncé en dessus et brunâtre en dessous. 1%. Zeuzera coffeæ. Cet insecte a plus d'importance pour le planteur que les précédents, parce qu’il détruit un grand nombre de caféiers jeunes et vieux, la chenille mangeant le cœur de l’arbuste. Dans ce but elle entre généralement dans l'arbre à 6 ou 12 pouces angl. du sol et progresse en montant. Elle n’est heureusement pas abondante ; elle est longue de 2 pouces angl, et de la grosseur d’une plume d’oie; elle est presque nue, de couleur jaunâtre, avec le dos rouge, la tête, les plaques thoraciques et anales noi- râtres; quand elle a atteint toute sa croissance, les cou- leurs sont plus claires et sales. Un feuillage maladif, lan- guissant, et un amas, au pied d’un caféier, de globules de sciure de bois agglomérée, indiquent bientôt que la che- nille est occupée à son œuvre de destruction dans l’inté- rieur. La chrysalide reste trois mois avant d’éclore; sa peau fait à moitié saillie hors de l'ouverture, lorsque le papillon éclôt, ce qui a lieu environ vers le mois de fé- vrier. Le papillon est large d'environ 1 pouce angl. 374 avec les ailes qui sont blanches, tachées de bleu d'acier, les supérieures marquées d’une grande tache et de nom- breuses séries de petites disposées en rangées entre. les nervures; les ailes inférieures sont moins tache- 2° SÉRIE. T. xv. Année 1863. 30 458 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1863.) tées. Le thorax a quatre taches près de son bord. E/ab- domen est varié de bleu. Les pattes sont bleues, la seconde paire et les cuisses blanches, la troisième paire, les cuisses et les tibias blancs. IV. MÉLANGES ET NOUVELLES. MammirÈèREe pu MExIQUE. — M. DE SaussuRE nous écrit ce qui suit : Dans la notice sur les Mammifères du Mexique que vous avez bien voulu insérer en 1860, il s'est glissé une erreur que j'aurais relevée depuis longtemps, sans un oubli qüi en a retardé la rectification. Au tome XII, 1860, page 243 et suivantes, j'avais cru pouvoir rapporter au Cervus mexicanus la figure du Ma- zame de Hernandez (p. 32% de l'ouvrage de cet auteur). J'ai reconnu, depuis, que cette figure représente incontes- tablement un individu de l’Antilocapra americana à cor- n°s complétement développées. Aux pages 249 et 251, le Temamazame figuré pl. cecxxv de l’ouvrage de Hernandez pourrait être aussi bien un Aplocerus, ou même une Antilocapra à cornes mal dévelop- pées qu’un Cerf daguet. Il est possible que, par le nom de Capreus, Hernandez ait voulu désigner un chamois, type quise rapproche, en effet, beaucoup de l’Antilocapra ame- ricana. Néanmoins son Temamazame pourrait bien être un Chevreuil (Capreus) ou plutôt un Cerf daguet, quoique sur la figure les pieds de l'animal rappellent plutôt des pieds de Chèvre. Si cette figure doit bien représenter un Cerf, il y a plus de chance pour que ce soit le Cervus mexicanus jeune que pour aucune autre espèce, attendu que ce Cerf est l’espèce la plus répandue et ia plus vulgaire. MÉLANGES ET NOUVELLES, L59 Encore le Syrrhaptes heteroclitus. Comme l’apparition de cet oiseau dans le midi de l'Eu- rope est un fait très-intéressant, nous croyons faire plai- sir à nos lecteurs en leur donnant les renseignements qui nous parviennent à ce sujet. En voici donc deux nouveaux qui nous arrivent au moment de mettre sous presse. Un savant naturaliste du Tyrol méridionai, M. LE. Ar- THAMMER, dans une lettre du 3 janvier 486%, nous disait : « J'ai vu avec le plus grand intérêt les différentes obser- vations sur le Syrrhaptes heteroclitus qui ont paru dans la Revue.» Le docteur Bernard Altum, à Munster, a publié des observations sur l'apparition de cette espèce en Alle- magne, et j'ai reçu une lettre de M. Baldamus qui me donne quelques détails sur cet oiseau. Dans le Tyrol et en Italie, nous n'avons fait aucune ob- servation à ce sujet. Un autre savant de Paris, M. P. GRATIOLET, professeur à la faculté des sciences, nous a adressé la lettre suivante, le 9 janvier 1864 : « Monsieur et savant ami, « L'apparition du Syrrhaptes heteroclitus dans certaines parties de la France a été remarquée à bon droit par un grand nombre d'habiles zoologistes. Vous avez cité, à cette occasion, mon nom dans un de vos derniers numéros. Je vous dois, à cet égard, quelques explications. Vers le 45 juillet dernier, mon ami M. Ange Blaize, ancien direc- teur du Mont-de-Piété de Paris, actuellement domicilié à Cailleux (Somme), reçut d'un douanier un oiseau complé- tement inconnu dans le pays. Cet oiseau s'étant abattu, mourant de lassitude, sur le bord de la mer, auprès d’un poste dit caserne de Hautebue, M. Blaize voulut bien pen- ser à moi et me l'envoya immédiatement. Je fus fort étonné de reconnaître en lui tous les caractères du Syr- rhaptes heteroclitus. Je signalai aussitôt cette apparition k60 REV. ET MAG. DE ZOOLOGIE. (Décembre 1863.) extraordinaire à M. le professeur Milne-Edwards et à mon ami M. Pucheran; quelques jours après, je faisais part de cette nouvelle à la Société philomathique. « La parfaite intégrité du plumage de cet animal attes- tait la liberté complète dont il avait joui jusqu’à sa mort. Toute hypothèse relative à une captivité antérieure était, par ce seul fait, écartée. Mais comment expliquer un voyage si long et si exceptionnel? On ne pourrait guère invoquer, pour cette explication, que les causes météoro- logiques; c’est là ce qu'ont fait ressortir avec beaucoup de raison vos savants correspondants. «J'ai faitmonter la peau de l'individu que je possède, et je me propose de déposer cette pièce dans les collections de la faculté des sciences, aussitôt qu’elles auront reçu des améliorations depuis longtemps projetées. Je n'ai pas l'intention d’insister ici sur les caractères de cette curieuse espèce. Je me bornerai à faire ressortir l’analo- oie singulière du sternum avec celui des pigeons, analogie qui rayonne, pour ainsi dire, dans toute la physionomie de ce curieux gallinacé ; c’est avec une haute raison que Pallas l'avait surnommé paradoxal. Mais le mémoire de M. de Montessus me dispense de m’étendre davantage sur ce point. Peut-être les détails de l'aile, dans la figure que cet habile ornithologiste a donnée du mâle, auraient-ils besoin de quelques modifications. Mais je ne fais cette re- marque que par un zèle excessif, peut-être, pour l’exacti- tude iconographique. Au surplus, si elle vous paraissait digne d’être expliquée, je pourrais le faire dans un de vos prochains numéros. » NUÉES DE SAUTERELLES sur un chemin de fer. — On lit dans un journal de Smyrne : « Nous continuons à recevoir des nouvelles alarmantes au sujet des ravages commis par les sauterelles. Les nuées se sont abattues dans plusieurs endroits sur le chemin de * MÉLANGES ET NOUVYELLES. 461 fer ottoman, et ont obligé les conducteurs des trains à ne s’avancer qu'avec précaution. Les sauterelles que les waggons écrasaient sur les rails rendaient ceux-ci excessi- - vement gras et glissants, en sorte que les roues avaient de la peine à mordre. En cet état de choses il fallut, à diffé- rentes reprises, Jeter du sable sur les rails. Plusieurs trains venant d'Ephèse ont éprouvé des retards considé- rables, à la suite de cette prise de possession de la ligne par les sauterelles. » ERRATA. C’est par erreur qu'on a indiqué les deux planches de mollusques aux pages 157 et 159 par les numéros 1 et 2 ; c’est numéro 43 et 14 qu’il faut lire. Au commencement du travail de M. Aucapitaine sur les Mollusques céphalopodes observés sur le littorul de l’Algérte, il faut ajouter en note, à’ la suite des mots jusqu'à la calle (ligne 15) : « Un courant venant de l'Atlantique traverse continuel- « lement les détroits de Gibraltar. Il existe (dans la Médi- « terranée) à peine un mouvement de marée : le flux ne « remonte que d’un pied à Naples, 2 à Messine et 5 « à Venise et dans la baïe de Tunis. » Transac. britan. (for 1843) 184%, p. 130, d'après Wood- ward, manuel des coquilles vivantes et fossiles, Londres, 1346, p. 364. Le chiffre de 5 pieds anglais pour la baie de Tunis nous semble pouvoir être réduit à 4 an plus. 462 TABLE DES MATIÈRES. TABLES ALPHABÉTIQUES POUR L'ANNÉE 1863. I. TABLE DES MATIÈRES. Acad. des sciences. 27. 73. 133. 160. 189. 230. 265. 300. 339. 371. 445. Alea impennis (œuf). Des Murs. 3. Ambre gris. Grosse. 244. Analyses. 94. 143. 175. 204. 240. 272. 322, 356. 386. 450. Bombyx Pernyi. Guérin-Méneville, 91 Bombyx Yama-maï. Guérin-Méne- ville. 237.— Rufz. 311. Bothriocéphale de l’homme. Berto- lus. 376. Caféier (ennemis du). Nietner. 122, 240. 349. 386. 454. Carabiques nouv. Chaudoir. 111. 187. 223. Céphalopodes de lAlgérie. Auca- pitaine. 284. 365. Chélonien fossile. Valenciennes. 82. Chique. Guyon. 77. Cicindélètes et carabiques nouv. Chaudoir, 111. 187. 223. Coccus de l'Algérie. Mulier. 305. — Coinde. 313. Cochenille en Sicile. Anca. 327. Coléoptères nouv. d’Espagne, etc. Schauffuss. 120. 293. Crocodile nouv. Valenciennes. 300. Dévidage des cocons de l’ailante. Aubenas. 76. 90. Échinides nouv. Cotteau. 225. 251. 294. Écrevisses malades. Tubi, 95. Ennemis du caféier. Nietner-Hum- bert. 122. 240. 349. 386. 454. Entomol. utile à Madagascar. Vin- son. 45. Fossiles nouv.Jaubert. 189. Géog. entomol. Coinde. 336. Hétérogénie. Pouchet, etc. 374. Hist. nat. de Cuba. Poey. 322. Ichthyol. des Indes. Blecker. 204, Introduction du Bomb. Yama-raï en Europe. — Pompe de Meer- dervoort. 47. Ins. des cannes à sucre. Berg. 30. Insecte perforant le plomb. Bou- vicr. 79. Lemming. Guyon. 240, Lepidosiren (anat.). Serres. 271. Mâchoire humaine foss. Boucher de Perthes, etc. 190. 194. 196.— Pruner-Bey. 232. Malacologie du lac des Quatre-Can- tons. Bourguignat. 5. Mamm. et reptiles du Portugal. Barbosa du Bocage. 329. Manticora. Castelnau. 64. Métis de bouc et de brebis. Bal- samo. 383. Moitessieria. Bourguignat, 432. Mollusques de San-Julia de Loria. Bourguigpat. 49. 150. — Nou- veaux, etc. Bourg. 100, 179. 252. Monstruosités. Dareste 347. 385. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. Non-contemporantité de l’homme et des Pachydermes. Eug. Ro- bert. 201. 319. Nouvelles zool. De Taragon. 356. Oiseaux du départ. d'Eure-et-Loir. Marchand. 178. 281. 334. 361. Oiseaux foss.Alph.Milne-Edwards. 265. Œuf de l’Alca impennis. Des Murs. 3.—Des Thinocoridés. Des Murs. 145. — Des Pyrrhulauda. 209. Perroquets reproduits à Genève. Marcet. 327. Poids des os, ete. De Luca. 379. Poisson nouv. Doùmiet. 212. 425. — De Philippi. 272. 425. Poissons. Ostéologie. Hollard, 167. 3604. Poule d’eau apprivoisée. Bellamy. 239. Poussins des Oiseaux d'Europe. Marchand. travail. Des Murs :,249. IT. Auca. Cochenille en Sicile. 327. 463 Sexes. Loi de production. Thury. Sirène (anat.). Vaillant. 191. Sirènes. Brandt. 345. Syrrhaptes heteroclitus. De Mon- tessus. 358. 390. 393. Gratiolet. 459. Syst. nerv. du Dytiscus. Faivre. 137 Suifites contre Ja gattine. Polli, Dumas. 313. Trochilidés nouv. Benvenuti. 206. Trachelocirrhus. Doûmet. 212.425. Ver àsoie del’Ambrevate. Vinson. 142. Blanchard. 169. Vers à soie.— Bonne graine. loti. 381. Vers à soie malades. Guérin -Mé- neville. 270. Yers LA soie en Turquie. Dufour. 16 Bel- 97. — Obs. sur ce| Voyage à Siam. Bocourt. 307. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. Bocourt. Voy. à Siam. 307. Aubenas. Dévidage des cocons de|Boucher de Perthes, etc. Mâch. l’ailante. 90. foss. 190. 194. 196. Aucapitaine. Céphalop.delAlgérie.| Bouvier. Ins. perforant le plomb. 75 284. 365. Balsamo. Métis de bouc et de bre- bis. 383. Barbosa du Bocage. Mamm. Rept. de Portugal. 329. Belamy. Poule d’eau apprivoisée. 239. Belloti. Graine de Vers à soie. 381. Benvenuti. Trochilidés nouv. 266. Berg. Ins. des cannes à sucre. 30. Bertolus. Bothriocéphale l’homme. 376. et Bourguignat. Malacol. du lac des Quatre-Cantons. 5. — Moll. de San-Julia de Loria. 49. 150. — Moll. nouv.,etc. 100. 179. 252. Moitessieria. 432, Brandt. Sirènes. 345. Castelnau. Manticora. 64. Chaudoir. Cicind. et Carab. nouv. 111. 187. 223. de|Coinde. Coccus de l'Algérie. 313 — Géogr. entom. 336, PRERARA Vers à soie de l’Ambre-|Cotteau. Échini des nouv. 225.26, vate. 160 294. Blecker. Ichthyol. des Indes, 204.!Crosse, Ambre gris, 244, 4GA4 Dareste. Monstruosités. 347. 385. Des Murs. Œuf de l'Alca impennis. -3. — Des Thinocoridés. 145. — Des Pyrrhulauda. 209. — Obs. sur les Poussins. 249. Doùmet. Poisson nouv. 212. 425. Dufour. Vers à soie en Turquie. 168. Dumas, Sulfites contre la gattine. 313. Faivre. Syst. nerv. du Dytiscus. 137. Gratiolet. Syrrhaptes. 459. Guérin-Méneville. Candidature. 75. — Dévidage des cocons de Pai- lante. 76. 90.—Bombyx Pernyi. 91. — Ver à soie de l’Ambre- vate. 164.— Observ. sur M. Du- four. 173. — Bombyx Yama- maï. 237.—Vers à soie malades. 270.—Nécrologie de Loche. 274. Guyon. Chique. 77. — Lemming. 340. Hollard. Ostéologie des Poissons. 167. 384. Humbert. Ennemis du caféier. 122. 240. 349. 386. 454. Jaubert. Foss. nouv. 189. Loche. Nécrologie. Guérin-Méne- ville. 274. Luca (De). Poids desos del’homme. 379. Marcet. Perroquets reproduits à Genève. 327. TABLE DES Douuer. Trachelocirrhus mediterraneus. BOURGUIGNAT. Monographie du genre Moilessieria. SOCIÉTÉS SAVANTES. Analyses. Mélanges et nouvelles. Errata. TABLE DES NOMS D'AUTEURS. Marchand. Ois. d’Eure-et-Loir. 178.281. 334. 361.—Syrrhaptes. 390. Milne-Edwards (Alph.). Oiseaux foss. 265. Montessus. Syrrhaptes. 358. 390. Mulier. Coccus de l'Algérie. 30. Nietner. Ennemis du caféier. 122. 240. 349. 386. 454. Philippi (De). Poisson nouv. 272. Poey. Hist. nat. de Cuba. 322. Polli. Sulfites contre la gattine. 313. Pompe de Meerdervoort. Bomb. Yama-maï. 4. Pouchet, etc. Hétérogénie. 374. Pruner-Bey. Mâchoire foss. 232. Robert ( Eug.). Non-contempora- | néité, etc. 201. 319. Rufz. Bomb. Yama-maï. 311. Schauffuss.-Coléopt. nouv. d’Es- pagne, etc. 120. 293. Serres. Anat. du Lepidosiren. 371. a Taragon (De). Nouvelles zool. 356. Thury. Loi des sexes. 319. Tubi. Ecrevisses malades. 95. Vaillant. Anat. de la Sirène. 191. Valenciennes. Chélonien fossile. 82. — Crocodile nouv. 300. — Vérany. Trachelocirrhus. 425. Vinson. Entomol. utile à Mada- gascar. 45. — Ver à soie de | l’'Ambrevate. 142. MATIÈRES. Pages. 425 432 445 450 458 461 FIN. PARIS. — IMP, DE M®° V® BOUCHARD-HUZARD, RUR DE L'EPERON, 5. 1202 LPcvrce ct Mag. de Zoologee. ( 1863 } NUE Murs del. Aurmbert Li. Alca imp ennis. Rs La NO Te Nr LT # \ + Î ee L Ca Ü \ ï h À F ( [eù } ’ FeA [l (l a Le À We $ Eur t ! f d à di Il N + Up A a j ä \ “ à 44 . a à “+ w Ve i \ % « Y. £ . PAU , #11 \ À à ju 4 ï L # ( 4 : V f \ 1 ÿ : EE Î, Ü ÿ tt “ qe ff (Ye { x d ë , mu nes J J « 1! DUT X A, … l à , 1 n ? 1 S j Leoue et Mag. de Zoologie. ( 1863) Zumbert Gta. CDes Murs del. Gt 1MP enniIs., Al "| Revue et Mg. de Zoologie. (1863 ). Ab. Marchand del. et Lith. Ip.d. Lanélois Recurvirostra Avocetla. FI. &. fils, à Chartres. Le Revue el Mag. de Zoologre (1868). PI 4. Ab. Marchand del et Lith. Ip. J. Lanélors fils, a Chartres. Phalaropus Hyperboreus. Zeoue et Mag. de Lorloyre. UD Arnoul del et lit 7mp.Brequet Paris. DT PT EUIT - ETUI. 4_#. Aelix Tigriana. 972 Plelix Pure. EU É: an NAS pu Revue et Mag. de Zoologie. PRO) 1l 9 3 D nn rennes. ARBRE ANRENRNTS, Arnoul del dt lité. Jp. Becquet, Paris. 1-5 elix Dastuguer. 6_g. Felix Aucapilaututant. so_72. flex Nilohica. (re Ce Peoue et Mag. de Zootegee. PUR 4 5 | me NEO 24 0x N \ Arroul del et li. Lrnp Becquet, Parts. 1_ 4. fHelix Ponduelliara . STI ALU. o_1. Llelix Ceneiarehana. _ lu \f} Âevue ct Mag de Zoologie. 10 Lirp. Pecquet, Paris. Arroul del te li. CedTelOT Lt. Aayrnondet Clausilüa À, Revue et Mag. de 0: PIS. AÏb. Marchand, del.et Lith. Imp.d.Lanélois fils a Chartres. Tetrao Lagopus. ï ( fl { 1 LS [à / . x & f , | Revue et Mg de Zoologie (1865). PI. 0. Alb. Marchand, del.et Laih. Ip.d Langlois fils, à Chartres. ca lorda. Revue et May. de Loologte: 1963. Aumbert lé 1 6. Microdiadena Âichertan«, Colteau. à Diplociaarts Dinortierr, Coltau. _13. ASlTOUAQTIS NUIOT, Cote. 217 Polcyphus J'aubdert, Cilhat. Revue et Mag. de Loologte. 163. Llurnbert diéh TNT PEN 7 TO TIENT 0. mp. Becquet, Farés. Polycyphus Varusensis, tteax. Acresalermua pseudo-decorr&, Collant. Leiosoma Jauberk, Colteau. Ciaaris Paule, Cothau. Prenaster Desort, Clean. “ “ » } Sr 0 « 5 4 Âeoue et Mag. de Zoologie. DS. Arnoul dl cé li. Lrp. Becquet, Peris 710. elix Desmoutinse. 11. Aebx Prenarca, (type) 22214. Llelix Pyrenaic, ( Variété.) CG ie Revue et Meg de Zoobyte. Arroul del et lit. Lmp. Becquet, Parts. 1 _ 6. Pupa Parinest, (Type avarités) 15-76. Papa Perchinatiant. 7-12. P___J'umullensts, id. 17-19. LP Andorrensts. 13-14. P___ Massotianx. 20-22, P__ Vergnéesianx. 23 _ 27 apa JOTUOSLOINA “joumo(fN ‘ SNOUPIIOJIPOIN SHUJIOOTOUOPIT UN? 2HIQUINTS : SAUT 77 62 1 ‘ChUT CG} Td (e982) "a160700 7 2 ‘EL 2? 9700 ' i > 1 ; 0 UE Ta t Not Fe « ! à £ ù Ua Poe L (A . | { É f : \ Ÿ ,. 6 \ j NE PL.16. Revue et Mag de Zoologie (186$ ). Ab. Marchand, del.et Lith. Imp.d. Langlois fils. à Chartres. Hæmatopus Ostra eaus. Revue et Mas. de Zoologie (186 ). P]. 17 Alb. Marchand , del.et Lith. Imp.J Langlois fils, à Chartres. Anas Penelope. Revue et Mag. de Loologu. 1863. PT À. Levasseur del ct it, Împ. Becquet, Auris. 1-4. Felix pygna (type) 5-8. Aelx Wassok. 9-18. Î_ mécropleuros. 4-7 A — elachia . Revue ct Mag. de Loologee. 7063. PE. 19. «| 2 Ki Z Livasseur del et lit Lrp. Becquet, Paris. 7-8 Hhlix PBerytensis. 6 _ y. Helix ‘Fouroust. Jo 13. l'ajpa Rayrnont. LL DHL > OS ANSE MS ie " né 4 L'EAU Li eC. A FC de Zoologie. é Meg. ARevue € egrect, Ars. ê 4 Polardi Tr ASS ELLT" Lt ‘ 7, Lier «. era Moilesst A7 Aevoue et Mag. Zoologie. 0, 07e J_& Moulessterla D Q . NM T » { 7 mp. Becquet Parts Massok. GET DAISIAAX ’ ; J £ i . = 2 : # d DES , ‘, : s ; . “ : . Se \ : n 5 Revue et Mas de Zoologie (1863). He Ab Marchand, del et Lith. Imp.] Langlois fils àChartres. Buteo vulgaris. } NUE À Revue et llg. de Zoologie (1668 ). PI.93. AI Marchand dellet La). Imp.J Lanélois fils aChartres. lisula Ferina. PP PUR :snjApoouojoy sopdeuurAc SUDT pub ‘chu 7 2p RER opouoy : snyApporoqoy SodetuiAÇ 77P AENT 1792 PUS : SLT PNÈRT “huy 6991 ‘907007 0? ÉD 7? 27877 AVIS TRÈS-ESSENTIEL À MM. LES SOUSCRIPTEURS DE LA REVUE ET MAGASIN DE ZOOLOGIE, MM. les abonnés sont priés de prévenir la Direction, par lettre affranchie, et avant le 1° février, dans le cas où ils ne désireraient pas continuer leur abonnement. S'ils ne manifestent pas leur intention, ils seront con- sidérés comme voulant continuer leur souscription, et ceux des départements recevront une quittance de 29 francs (21 francs pour l’abonnement et l’affranchis- sement, et 4 franc pour la traite). S'ils font payer par un libraire ou un commissionnaire, Ce qui nécessite les mêmes frais qu'une traite, la somme à payer sera éga- lement de 22 francs. . Quant aux pays étrangers, le prix de l'abonnement varie en raison de celui de l’affranchissement. Lorsqu'une quittance présentée à domicile n’est pas payée, elle occasionne à la Direction les mêmes frais que si elle était soldée. En conséquence, les personnes qui, n’avertissant pas à temps de leur refus d’abonne- ment, en auront reçu la quittance, devront rembourser à la Direction, pour les départements, 1 franc, et, pour Paris, 50 centimes, qu’elles pourront envoyer en tim- bres-poste. PARIS, — IMP. DE M"° V® BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'ÉPERON , 2. ; s ÿ ; LUE f # ER Je : LINE Ar eiliel 16 ee ot eh Lu : Faut lier euros pe e sine À ea nonvs 7. nafté oh 20b -x089 ei CHATS lo ne og 2uart, K&) aus €8 | | «ns OUR dtrot al l'e CH. sl rar ous E do Sabine aol ojiésood up 69 Lerisanomelminos dar 10 onistdit ii ne s182 ir Li sue " sil ons'ep els somônt | re GE br puis Mit ue . pa ia ae : sat th 16e | nu asia sui ml La epnos # acqJunéeirers a ip au irob Shop | sl HQot InONK 69 JaË, ve de put PET CTI RIE af 1404 , oilooniQ 6 8. à aa ie Hro " po D, 40 FTP à MOST) sax DOUCE ù on a LE — S 1 un UR "4 + tic k "AT 4 MAS pl AE \®s L fa Dia " « "0 1 } # 1 { 1 À LAN 1 Are NAS PATES ï + EN (Te ji 1 ; MONS \ & OCUSETS NP LT ESS AS % Re