tag PE tan à CN OS pate san nr Lime F \K ON CZ À Æx Libris SIR WILLIAM CROOKES, D.Sc., FRS. Sr. x # L3 ne Revue générale Ues SCrences pures et appliquées TOME DIX-SEPTIÈME 4 due générale des Sciences | pures el appliquées PARAISSANT LE 15 ET LE 30 DE CHAQUE MOIS Directeur : Louis OLIVIER, Docrkur Ès Scrences TOME DIX-SEPTIÈME 1906 AVEC NOMBREUSES FIGURES ORIGINALES DANS LE TEXTE | Pbéairie Armand Colin à di 5, rue de Mézières, Paris + 7% var RARE UT 7 N°4 15 JANVIER 1906 DIRECTEUR : LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. Revue générale SCC ITCES | pures et appliquées Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. L. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. $ 1. — Astronomie . A propos de la détermination de la cons- ante de l’aberration.— Nous recevons de M. H.Re- nan, astronome-adjoint à l'Observatoire de Paris, la lettre suivante : « Dans la chronique du numéro du 30 novembre de otre très estimable Æevue, vous avez publié une Note, où, à propos d'une récente communication à l'Acadé- mie des Sciences sur la constante d’aberration, il est parlé des recherches entreprises à l'Observatoire de aris sur les méthodes de M. Læwy relatives à la mesure de la latitude. On pourrait croire, en lisant ces quelques lignes, que nos travaux sur cette question n'ont fourni aucun résultat utile, et que cet insuccès doit être at- ibué aux méthodes employées; je viens vous deman- der la permission de rétablir la vérité des faits, afin fause, apprécier les conclusions de l’auteur de cet ar- licle, inspiré évidemment par des sentiments fort éloignés de ceux d'une critique scientifique impar- tiale. …… Deux séries d'expériences ont été faites à l'Observa- toire en vue de déterminer la latitude absolue par les nouvelles méthodes : la première, commencée le 15 avril 1897, et terminée le 15 juillet 1898, a donc duré quinze mois; la seconde comprend une période de vingt-cinq nois, du 19 avril 1899 au 22 mai 1901. On se demande aiment où votre collaborateur à pu trouver les quinze innées d'observation dont il parle. Les résultats de ces techerches ont été publiés dans deux Mémoires parus lans nos Annales, l'un dans le volume des Observations 4897, l’autre dans celui de 1900. « La première série avait été entreprise à titre d'essai éliminaire, avec un instrument que nous savions core incomplet, puisqu'il ne possédait qu'un seul tème de microscopes destinés à lire les cercles di- usés ; c'est pour remédier à cet inconvénient, et aussi ents reconnus nécessaires, que nous avons interrom- pu le travail depuis le mois d'août 1898 jusqu'en avril 99. Pouvant alors mesurer les angles décrits par l'axe pique de notre lunette, au moyen de deux cercles di- sés, absolument indépendants l'un de l'autre, nous CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE entre les deux cercles, ce qui aurait pu rendre problé- matique l'exactitude de notre recherche. Nous avons dù de nouveau arrêter le travail, afin de découvrir d'où provenait ce défaut, qui, comme vous le voyez, ne pouvait être attribué qu'à l'instrument lui-même. Pendant une année, nous avons poursuivi une série d'expériences minutieuses, et nous avons fini par trou- ver que cela provenait d'un manque de pouvoir optique des microscopes et de l'usure des traits employés. A la suite de cette constatation, leremplacementdes cercles et des microscopes a été décidé, et cette amélioration estaujourd'hui réalisée. « Il est difficile d'admettre qu'une difficulté de cette nature puisse jeter le moindre discrédit sur nos mé- thodes, puisque nous l’aurions certainement rencon- trée, quelle que fût la nature du travail entrepris, et quel que fût le procédé mis en pratique. « Toutefois, toutes les études précédentes ont été d’une haute utilité, puisqu'elles nous ont permis d'éviter d'inutiles efforts à tous les observateurs qui auront à se servir de notre cercle méridien, pour une recherche quelconque, en vue d'obtenir une précision irrépro- chable. & Mais, d'autre part, il y avait dans notre travail deux points dans le calcul desquels n’entraient point les lectures absolues des cercles, et qui, par suite, n'étaient pas viciés par l'inconvénient que je viens de rappeler : l’une de ces deux questions était la variation de la latitude, et l’autre concernait la détermination des coordonnées absolues des trois étoiles très voisines du pôle que nous avions constamment observées. Or, si l’on compare nos résultats pour la variation de la latitude à ceux qui ont été publiés depuis lors par le Bureau international de Berlin, on constate que ces derniers fournissent pour le méridien de Paris : un minimum pour 1899, 5, un maximum pour 1900, 1, un minimum pour 1900, 6; tandis que la courbe publiée par nous, montre : un minimum en Juillet 4899, un maximum en janvier 1900, un minimum en Juillet 1901, notre amplitude étant un peu plus forte ; il me semble qu'il est difficile d'imaginer un plus complet accord. « En second lieu, si nous avons pu aborder 1 la 2 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE recherche de la constante d'aberration, ce résultat est dû à la précision avec laquelle nous avons pu obtenir les positions de nos trois circompolaires, dans chaque soirée d'observation. Sans doute, nous n'avons pas présenté comme définitives nos recherches sur cette constante fondamentale de l’Astronomie ; mais lorsque, avec le temps, on aura pu accumuler une série suffi- samment longue de mesures, effectuées dans les con- ditions indiquées, le procédé si simple que nous avons proposé, et qui conduira à la connaissance de l'élément cherché, fournira une nouvelle preuve de la fécondité de nos méthodes. Nous n'avons pas dit autre chose dans notre Note des Comptes Rendus. « Aujourd'hui que, avec un instrument corrigé des défectuosités qu'il présentait, et que nous avons cherché à rendre aussi parfait que possible, ces recher- ches vont être reprises, nous avons la conviction qu'elles nous conduiront rapidement à des résultats définitifs. « Henri Renan, Astronome-adjoint de l'Observatoire de Paris. $ 2. — Art de l'Ingénieur Les nouveaux navires à turbines de la Compagnie Cunard. — La rapidité avec laquelle se développent les applications des turbines à vapeur à la navigation est telle qu'elles vont bientôt supplanter les machines à pistons sur deux magnifiques vaisseaux de la Compagnie transatlantique Cunard, avec des puissances de 70.000 chevaux etdes vitesses de 25 nœuds. Mais, avant de se lancer définitivement dans un projet aussi hardi, la Compagnie Cunard a, très sagement, voulu faire, de ces turbines, une application, elle- même des plus hardies et remarquables, sur un navire moins colossal que ceux de 70.000 chevaux, mais déjà très grand : la Carmania, de 200 mètres de longueur et de 31.000 tonneaux, avec trois turbines: une de haute et deux de basse pression, d'une puissance totale de 20.000 chevaux. Les essais de ce navire viennent d'être exécutés, et, comme l’a faitressortir M.G.Richard à l'une des dernières séances de la Société d'Encoura- gement, en se basant sur les détails publiés par lÆn- gineering, c'est un événement des plus notables, une date à retenir dans l’histoire de la turbine à vapeur. Avant de réaliser ce dessein, en apparence téméraire, de confier à des turbines le sort de la Carmania, la Compagnie Cunard a pris la sage précaution d'étudier, dans les plus grand détails et « expérimentalement », les principaux problèmes soulevés par cette application. 11 s'agissait, en effet, de turbines d'une dimension tout à fait exceptionnelle: d'un diamètre de 3,30 sur 10,90 de longueur, pour celles de basse pression, qui pèsent 340 tonnes, dimensions rendues nécessaires el par leur puissance et, surtout, par la lenteur de leur marche : 180 tours, nécessitée par la condition d’obte- nir un bon rendement des hélices. Ces hélices, au nombre de 3, en bronze et à 3 ailes, ont 4#®, 20 de dia- mètre, et marchent, à 180 tours, dans d'excellentes conditions. Alin de pousser ces études préliminaires aussi loin que possible, on n'hésita pas à monter, chez les cons- tructeurs de ces turbines, MM. J. Brown and C, en Clydebank, un magnifique laboratoire d'essai, avec trois turbines, une de haute et deux de basse pression, d’une puissance totale de 1.800 chevaux, avec leurs condenseurs, etc., et agissant, non sur trois hélices, mais sur trois dynamos, dont il était facile de mesurer à chaque instant la puissance. On exécuta, dans cet atelier, pendant six mois, presque sans interruplion, toute une série d'essais, dont la publication, si on la fait, sera des plus intéressantes, et qui donnèrent la solution pratique d'une foule de difficultés nouvelles, nolamment en ce qui concerne la fixation des aubes et l'établissement de joints étanches à la vapeur et aux rentrées d’air dans le passage de l'arbre au travers des enveloppes des turbines. La fabrication de ces turbines a, en outre, exigé l'em- ploi d'un outillage spécial, adapté à leurs dimensions exceptionnelles. Des soins tout particuliers ont été pris pour l'équilibrage des rotors de ces turbines sur des vérificateurs à couteaux; les aubes, au nombre de 1.112.000, ont été fixées, puis vérifiées une à une : leur largeur varie de 50 à 193 millimètres, et les plus longues ont été consolidées radialement par des serrages au moyen de cercles en laiton, libres, néanmoins, de céder aux dilatations sans rien fausser. En comparant l'ensemble de l'installation des tur- bines de la Carmania et celui des machines à qua- druple expansion du bateau semblable, la Caronia, on voit, tout de suite, que l'encombrement des deux systèmes : turbines et machines à pistons, est sensi- blement le mème, ce qui est dù à l'extrême lenteur de la marche des turbines; mais, si l'encombrement est le mème, l'aspect de la chambre de chauffe est notable- ment simplifié. En outre, il n'y à plus à se préoccuper, avec les turbines, de l'équilibre des forces d'inertie des pièces animées de mouvements alternatifs verti- caux. De là, une absence presque complète de vibra- tions, extrèmement remarquable, et des plus agréables pour les passagers, en même temps que profitable à la solidité de la coque et à la conservation des arbres des hélices, débarrassés de tout à-coup et de leurs mani- velles coudées, si difficiles à ne pas surmener. Le poids de l'installation des turbines est d'environ 3°/, moins lourd que celui des moteurs à pistons, bien qu'il ait fallu, pour assurer un vide exceptionnel- lement élevé, condition essentielle au rendement des turbines, augmenter de 20 ©/, la surface des conden- seurs, et presque doubler le débit des pompes de cir- culation, le porter à 60 fois le poids de vapeur con- densée. En outre, pour assurer ce vide exceptionnel, on a complété les pompes à air ordinaires par laddition de pompes à air sèches, n'aspirant, du haut du conden- seur, que de l'air et un peu de vapeur, sans eau : division du travail qui tend, d’ailleurs, à se répandre dans toutes les grandes installations de condenseurs. En marche normale, la vapeur passe de la chaudière à la turbine de haute pression, puis à celles de basse pression, où elle achève sa détente, et, de là, aux con- denseurs; mais, pour les manœuvres, une valve com- mandée mécaniquement de la plate-forme permet de séparer la turbine de haute pression de chacune des deux autres, que l'on peut ainsi faire manœuvrer indépendamment. Chacune des turbines est pourvue d'un régulateur limitant son accélération à 40 °/, de la vitesse normale de 480 tours, et d'un arrêt de sûreté qui coupe la vapeur dès que les turbines commencent à s'emballer. Nous ne possédons, sur les essais de la Carmania, encore aucun détail; tout ce que l'on sait, et c'est l'essentiel, c’est qu'ils ont parfaitement réussi, comme sûreté et douceur de marche, puissance, économie el facilité d'évolution du navire. Il s'agit donc bien, ici, d'un important événement dans l'histoire des turbines à vapeur, qui méritait d'être signalé, quelle que soit l'issue finale, et que nous souhaitons heureuse, de cette innovation conduite avec, à la fois, tant de hardiesse et de méthode. $ 3. — Physique Une lampe de proiection nouvelle. — On s'élait jusqu'ici borné, dans les cours et conférences publiques, à la projection d'objets transparents. Le dispositif projecteur récemment construit par une maison américaine (Williams, Brown et Earle, à Phila- delphie) permet la projection, en couleurs brillantes, d'un objet opaque quelconque de moins de 25 pouces carrés. Par ce moyen, les papillons montés sont, par exemple, reproduits devant un auditoire de 1.000 per- sonnes, aussi bien que les fleurs séchées sous presse, qui apparaissent en teintes resplendissantes sur l'écran D = es ON PUR RUN GET RE EPS 1 Revue de Mécanique, octobre 1905. ME ef es he ble ER es LR. NES RS e. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE (3e) de projection. Un objet quelconque, par exemple la main humaine, le cadran d'une horloge ou un dispositif méca- nique en plein fonctionnement, est reproduit sans diffi- eulté sur l'écran de l'appareil. On pourra mème se ser- _vir, dans ces projections si instructives, des planches illustrant les traités et les revues, des chromolithogra- phies et photographies, ordinaires ou chromatiques, ainsi que de tout genre de dessins ou croquis, qui, colorés ou non, se présenteront sur l'écran avec une netteté remarquable. Le fait que cet appareil est adapté _ facilement à tout stéréopticon ordinaire en augmente utilité. Les sources de lumière les plus appropriées à l'emploi du projecteur sont les arcs voltaiques et la lumière du calcium. Après avoir traversé le condenseur de projection ordinaire A, les rayons lumineux (fig. 1) sont con- centrés sur la lentille d'éclairage, disposée en B, qui distribue le pinceau brillant sur l’objet situé en D. Un objectif de projecteur normal est fixé en E, de telle manière que l’objet brillamment éclairé se trouve en D exactement dans son foyer. Aussi son image est-elle projetée par l'objectif E sur le miroir F qui, à son tour, la reflète sur l'écran. … Il est bon de noter que l'objet est uniformément éclairé en D par la lentille d'éclairage, tandis que, dans “tous les autres appareils construits dans un but ana- logue, il se produit des taches alternativement claires Fig. 4. — Nouvelle lampe de projection par réllexion. — À, condenseur; B, lentille: D, place de l'objet à projeter; E, objectif; F, miroir. et sombres. La lentille d'éclairage est ajustée de telle facon que le pinceau lumineux émanant du condenseur se distribue uniformément à travers la surface tout entière de l’objet placé en D, ou bien se concentre sur une portion ou région donnée de ce dernier, dont il éclaire les détails les plus fins. Comme les images sont renversées par le miroir F, on lit parfaitement les imprimés projetés sur l'écran. Au moyen d'une plaque de support spéciale, l'appareil peut être disposé pour permettre à volonté la projection des objets opaques ou transparents; on passe rapi- dement d'une disposition à l’autre. Alfred Gradenwitz. $ 4. — Chimie biologique _ Sur la Cystinurie. — La cystine et la cystinurie allirent beaucoup, depuis quelque temps, l'attention des chimistes et des physiologistes. C'est que la cysti- nurie, qui s’est présentée pendant longtemps comme une simple curiosité, une rareté pathologique, portant Sur un amino-acide spécial, la cystine, apparaît de plus en plus comme n'étant qu'une des manifestations d’un trouble général de la physiologie des acides aminés, c'est-à-dire de la fraction la plus importante (les deux tiers au moins) des fragments de la molécule albumine. La Revue‘ à déjà attiré l'attention de ses lecteurs sur cette question, en rendant compte d’un intéressant æavail de MM. Læwy et Neuberg sur un cas de cysti- aurie. En examinant l'urine de leur malade, ces savants M Voy. la Revue du 15 mars 1905, p. 191. n'y ont trouvé, à part la cystine, rien d'anormal, et notamment pas d'amino-acides tels que la leucine ou la tyrosine. Toutefois ces corps, — tyrosine, asparagine, — ajoutés à la ration du malade, passaient inaltérés dans les urines. Le sujet était donc capable de brûler les acides aminés résultant de la dégradation de ses aliments protéiques, mais non ceux qui lui venaient directement du dehors. Aujourd'hui, MM. Abderhalden et Schittenhelm ‘ signalent un cas de cystinurie, où l'urine contenait de la leucine et de la tyrosine, qui ont été isolées et analysées. La leucine à été séparée par évaporation de l'urine dans le vide et cristallisation spontanée, et la tyrosine au moyen du réactif naphta- lène-sulfonique, dont la Revue * a signalé l'emploi de plus en plus fréquent en Chimie biologique. Il est vrai- semblable que, si l'on étudiait méthodiquement à ce point de vue l'urine des cystinuriques, en se servant des procédés perfectionnés dont on dispose aujourd'hui, on constaterait souvent, peut-être régulièrement, “la présence d’autres amino-acides à côté de la cystine. L'élimination de tels composés par les urines est, d'ail- leurs, beaucoup plus fréquente qu'on l'a admis jusqu’à présent, Ainsi, MM. Abderhalden et Schittenhelm # ont trouvé des amino-acides, et notamment de la tyrosine, dans l'urine d’un certain nombre de malades, dans des cas de diabète, de coma diabétique, d'artério-sclérose avec myocardite, d'ictère avec obstruction du cholé- doque, d’anesthésie très prolongée par le chloroforme et l’éther. Quoi qu'il en soit, le cas de cystinurie avec élimina- tion simullanéede leucine et de tyrosine est une con- firmation précieuse de ce qui a été dit plus haut tou- chant la nature de la cystinurie. Si la cystine a dominé jusqu'à présent la scène et donné son nom à l'affection, c'est uniquement à cause de son insolubilité relative et de sa tendance à former des sables et des calculs. Mais elle n’est que l’un des amino-acides dont l'élimi- nation anormale par les urines constitue la caracté- ristique chimique de cette maladie. $ 5. — Paléontologie Les « Galeries nationales » du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique. — Le trou- peau d'Iguanodons du Musée de Bruxelles est -bien connu du public francais, qui à pu l’admirer, soit au Musée de la Place Royale, soit au Pare Léopold. Momen- tanément dispersé, il vient de réapparaitre, considéra- biement accru, dans des locaux plus dignes de lui. Les nouvelles Galeries du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique ont été, en effet, récemment inaugurées. Elles renferment, groupés dans l’ordre chronologique, les Vertébrés, fossiles et vivants, et les industries de l'Homme préhistorique recueillis Jusqu'à ce jour sur le sol belge. Les importantes découvertes qui ont été faites en Belgique dans ces trente dernières années, el qui ont tant contribué aux progrès de la. Paléontologie et de la Préhistoire, y sont admirablement présentées. L'ouverture de ces Galeries au public constitue un véri- table événement pédagogique. À cette occasion, il nous parait intéressant de retracer brièvement l'histoire du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique. Ce Musée a pour origine une partie des collections du prince Charles de Lorraine. Rattaché d'abord à lan- cienne Académie de Belgique, il devint ensuite la pro- priélé de la Ville de Bruxelles. En 1842, l'Etat s'en rendit acquéreur, et procéda à son organisalion. La direction fut confiée au vicomte du Bus. Les collections étaient alors fort restreintes, disparates et non scienti- fiquement classées. Avec les faibles ressources dont : ! ARDERHALDEN €@t SCHITTENBELM Zeitschr. 1. physi Chem., 1. XLV, p. 468, 1905. ? Voyez la Revue du 30 janvier 1905, p. 78, note 2. * ABDERHALDEN : Zeilschr. {. physiol. Chem., t. XLIV, p. 50. ABDERHALDEN €l SCHITTENHELM 1bid., t. XLV, h p. ÆTl. ui CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE disposait, du Bus ne put donner à l'Etablissement qu'il dirigeait un bien grand développement. Il est cepen- dant un fait qui donne à du Bus un titre à la recon- naissance des paléontologistes : Dès que les travaux militaires pour la défense d'Anvers furent commencés, en 1860, du Bus mit son activité à faire recueillir et à préserver les innombrables restes de Cétacés et de Poissons rencontrés dans le Miocène et le Pliocène. Plus de 200 mètres cubes d’ossements de toute espèce furent exhumés. Mais, ce n’est qu'en 1868 que le Musée d'Histoire naturelle de Belgique reçut son organisation définitive. M. Ed. Dupont fut alors appelé à la direction de cet Etablissement; le personnel scientifique fut complète- ment renouvelé et considérablement augmenté", 4 V0 712 Fig. 4. — Vue d' On distingue Sur le premier palier Mammouth de:Lierre: plus en arrière, V'Z Sur le troisième palier : à quatrième palier : cenes: visement:; Sur le dl pouvait que compromettre le résultat auquel aspiraient les organisateurs : contribuer activement à l’avance- ment de la Science. Tous les efforts de la Direction et du personnel scien- üfique du Musée portèrent donc uniquement sur la Belgique. Nous allons voir de quel succès ces efforts furent couronnés. . De 1860 à 1870, M. Ed. Dupont se consacra à l’explo- ration méthodique des cavernes de la province de Namur. 11 reconnut, dans les dépôts quaternaires qui les remplissent, la superposition de la faune du Renne à celle du Mammouth. Il en retira d'innombrables spé- cimens des industries paléolithiques qui s'y sont suc- cédé, de nombreux restes des faunes précitées, et, enlin, la célèbre mâchoire humaine de la Naulette. Si nsemble de la Galerie des Vertébrés au Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique (Bruxelles), = à gauche et aux premiers plans, quelques RhinoceroS tichorhinus et le phas antiquus: gauche, dans la grande cage vitrée, un groupe de Mosasauriens en position dé | à droite, un groupe d'Iguanodons montés. On voit, en outre, sur le côté gauche la galerie, el suspendus près du balcon réservé aux Poissons, plusieurs squelettes à peu près complets de Car Sur le second palier : les Siréniens miocènes et oligo charodons phocènes et miocènes. Le plus grand d'entre eux, provenant du Pliocène d'Anvers et appartenant au Cat rodon meyalodon, alteint près de dix mètres de longueur : c'est le plus grand requin connu. H Cliché L. Lagaert, Bruxelles, n La Be Igique, avec ses terrains très variés et souvent fossilifères, présentait un vaste champ d’études. des recherches aux très L'extension Une décision ministérielle du 4 avril 1868 détermina le role du Musi Le Musée roval d'Histoire naturelle à un caractère essen- Liellement national. Son attribution fondamentale est la réunion et l'étude sentants des trois règnes de la Nature ayant existé int en Belgique. Les collections étrangères emer )mposées éléments des reprt 1 exIS : à notre territoire sont princei des nécessaires à l'étude s collections nationales. terrains élrangers ne les outils utilisés par l'homme préhistorique sont frés quents dans le Quaternaire, les restes humains y sont, par contre, d'une extrème rareté. C'est ce qui fait l'ins térêt de la découverte de M. Dupont. La mâchoire dé nant sont la Naulette fut recueillie en position stratigraphiquek dans le Paléolithique supérieur. Elle présente un Car ace tère nettement pithécoïde. ‘ C'est à l'année 1877 que remonte la mémorable découverte des Iguanodons, faite au cours de travaux exécutés dans le Charbennage de Bernissart (Hainaut}, à proximité de la frontière francaise. Le percement d'une galerie de recherches, à 322 mètres de profondeur, traversa une profonde dépression, intel CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 5 rompant la continuité des bancs du terrain houiller, et remplie de dépôts d'âge wealdien. C’est au milieu de ces dépôts que les ingénieurs.de Bernissart rencon- trèrent les premiers Iguanodons belges. Grâce au dévouement scientifique de la Société du Charbonnage de Bernissart, le Musée put exécuter des fouilles consi- dérables, difficiles et souvent dangereuses, qui rame- nèrent au jour vingt-deux Iguanodons, la plupart com- plets, dont quelques-uns atteignent plus de 10 mètres de longueur. Ces restes précieux furent étudiés, d'abord par M. Boulenger, — alors Conservateur au Musée de Bruxelles, — ensuite et surtout par M. L. Dollo, succes- seur de M. Boulenger dansles mêmes fonctions. Les tra- vaux remarquables de M. Dollo firent connaître en détail l'ostéologie et l'éthologie des Iguanodons, en même Limbourg, et dont quelques-uns atteignaient plus de 15 mètres de longueur. L'histoire des Mosasauriens a donc pu faire, en Bel- gique, de grands progrès, et, ici encore, c'est à M, Dollo qu'on les doit : Au point de vue taxonomique, M. Dollo distingue, parmi les Mosasauriens de la Belgique, et à côté du genre Mosasaurus, les nouveaux genres Plioplate- carpus, Haiïnosaurus et Prognathosaurus. L'étude anatomique de chacune de ces formes le conduit à établir la phylogénie des Mosasauriens et à retrouver les caractères éthologiques de plusieurs d’entre eux. Il indique les relations des Mosasauriens, des Lacertiliens et des Dolichosauriens, et montre que ces derniers sont généalogiquement intermédiaires entre les Lacertiliens et les Mosasauriens. Il reconnait, Fig.2. — Groupe d'Iguanodons montés du We aldien de Bernissart, au Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique (Bruxelles). — Au centre et en avant, un Zquanodon Mantelli; sur les côtés el au fond, neuf Zguanodon Bernissar- tensis. On distingue, à gauche, une partie de la fosse qui contient les douze Iguanodons en position de gisement. Cliché L. Lagaert, temps qu'ils contribuèrent à faire progresser l’histoire générale des Dinosauriens. L’un des principaux résultats scientifiques des fouilles de Bernissart fut encore de faire connaître quelques Cro- codiliens, qui ont, pour l’évolution de ce groupe, une im- portance capitale, bien mise en évidence par M. Dollo : _Les deux types de Crocodiliens reconnus à Bernissart (Goniopholis et Bernissartia) appartiennent aux Méso- Suchiens, groupe intermédiaire entre les Parasuchiens de l'époque triasique, et les Eusuchiens des époques tertiaire et actuelle, Par son armure dermique, le genre Goniopholis se rap- proche des Crocodiliens anciens, tandis que le genre Bernissarlia, rappelant davantage les Crocodiliens mo- dernes, constitue un terme de transition entre les Crocodiliens primitifs etles Crocodiliens actuels. Le Musée d'Histoire naturelle de Belgique possède, à Jui seul, la presque totalité des Mosasauriens recueillis en Europe. On est frappé, en pénétrant dans le Musée de Bruxelles, du nombre prodigieux de ces monstres qui habitaient les mers crétacées du Hainaut et du 3ruxelles. dans le AMosasaurus, un Mosasaurien nageur, vivant près de la surface, et capable de capturer à la course de formidables proies, et, dans le Plioplatecarpus, un Mosasaurien plongeur, pouvant descendre à de grandes profondeurs, et se nourrissant de faibles proies. On sait que certains Rhynchocéphaliens — en par- ticulier le seul représentant actuel de ce groupe, le genre fatteria — et la plupart des Lacertiliens ont l'os pariétal percé d'une petite ouverture, qui, chez les formes actuelles, est occupée par un organe sensoriel, l« œil pinéal » ou « troisième œil ». Chez les Æatteria et chez les Lacerta, cet « œil » présente une structure histologique rappelant celle des yeux normaux des Vertébrés. Mais, il ne semble pas que cet « œil », recouvert par la peau, et même par du tissu conjonctif (Hatteria), puisse remplir le rôle d'organe visuel. Or, le trou pariétal existe aussi chez les Mosasauriens- Chez le Plioplatecarpus, il atteint même des dimensions exceptionnelles, et dénote ainsi l'existence d'un « œil pinéal » relativement volumineux, qui à peut-être pu jouer là le rôle d'organe de la vue. (E CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Enfin, depuis plusieurs années, l'étude des industries de l'Homme préhistorique a pris, en Belgique, et sous l'impulsion de M. A. Rutot, conservateur au Musée royal d'Histoire naturelle, un grand développement. L'industrie de la pierre taillée, ou industrie paléoli- thique, a, évidemment, dû être précédée d’une indus- tie plus primitive, dite éolithique, consistant en une simple utilisation des matériaux. Appliquant les méthodes stratigraphiques à l'étude des dépôts renfermant les industries primitives, M. Rutot a pu suivre l'évolution de l'industrie éoli- thique. Il a pu voir cette dernière se rattacher à l’in- dustrie paléolithique par une industrie intermédiaire (strépyienne), occupant, dans l'échelle du Quaternaire, une position intermédiaire entre les formations con- tenantles instruments éolithiques et celles que caracté- risent les instruments paléolithiques. Ces recherches, faites sur le précieux matériel du Musée de Bruxelles, ont provoqué, à l'Etranger, un grand mouvement, dont le résultat a souvent été une confir- mation des idées de M. Rutot. Les locaux du Musée de la Place Royale devinrent bientôt trop exigus pour contenir toutes ces richesses, produit de fouilles ininterrompues entreprises sur tous Le points de la Belgique. On dut donc déplacer les collections. Elles furent transférées au Parc Léopold, dans l'ancien Jardin zoologique. Là encore, l'installation devint vite insuffisante; il fallut songer à l'agrandir. Cette fois, M. Dupont se proposa de faire une œuvre définitive. Son but était de réunir dans de vastes galeries tout ce qui est relatif à la Paléontologie belge, et de grouper les êtres de telle facon qu'on pût embrasser d'un coup d'œil les diverses étapes de l'His- toire de l'évolution. Après avoir réussi à intéresser à son projet les Pouvoirs publics, M. Dupont obtint du Gouvernement les crédits nécessaires pour la cons- truction des Galeries nationales, au Parc Léopold. La construction des grands édifices publics, des musées en particulier, est souvent confiée à des archi- tectes auxquels est laissée la plus grande initiative. Soucieux de leur renom artistique, ils portent tous leurs efforts sur la partie extérieure, visible, du monu- ment, ne se préoccupant pas outre mesure, pour l'aménagement intérieur, de l'affectation de l'édifice. Le monument terminé, on devra donc lui adapter les collections pour la conservation desquelles il a été élevé. On tout autre esprit a présidé à la construction des nouvelles Galeries du Musée de Bruxelles. Le plan suivant lequel les matériaux d'exposition seraient dis- posés fut arrèté d'avance. Les Vertébrés devant être placés dans l’ordre chronologique, la pente du sol fut utilisée pour diviser la Galerie en quatre paliers des- tinés à recevoir respectivement les êtres des quatre grandes époques : récente el quaternaire, tertiaire, cré- tacée, infracrétacée. Sur chaque palier, la place de chaque pièce fut déterminée. La plupart des pièces réclamaient la pro- tection des vitrines. Celles-ci furent, toutes, construites sur le même modèle, etadaptées aux matériaux qu'elles devaient abriter. Il ne restait plus qu'à poser sur cet ensemble une immense cloche permettant l'introduction du maximum de lumière. C'était là le rôle de l'architecte, M. Jasslet, Ce dernier fut en rapport continuel avec la Direction, dont il devenait le collaborateur. ILcomprit admirable- ment son rôle, s'eflorcant d'harmoniser l'esthétique avec les besoins auxquels devait répondre l'éditice, mais sans jamais, cependant, sacrifier ceux-ci à celle-là. Néanmoins, son œuvre a fort belle allure. Les magasins et ateliers de montage, spacieux et bien éclairés, sont silués dans les sous-sols, qui don- nent de plain-pied sur une terrasse du parc. La Galerie Vertébrés prend tout le rez-de- chaussée. Le premier étage est occupé par le bureau du directeur, des conservateurs et des collaborateurs". des * Outre son personnel permanent, le Musée de Bruxelles Le second étage, en voie d'aménagement, est destiné à recevoir les collections d’Invertébrés fossiles et actuels de la Belgique. La Galerie des Vertébrés est, comme on l'a vu, divisée en quatre paliers (fig. 1). Sur le premier palier, à l'entrée de la Galerie, se trouvent exposés, de droite à gauche : 1° Les Mammifères, les Oiseaux, les Reptiles et les: Batraciens actuellement vivants en Belgique; 2° Les grands Mammifères quaternaires | Hhinoceros Uichorinus, Elephas primigenius (Mammouth), Z. auti- quus, elc.}; 3° Les industries éolithique, paléolithique et néoli- thique ; 4° Les industries et la faune des cavernes de la pro- vince de Namur, Le second palier a recu les Mammifères et les Rep- iles tertiaires : les Odontocètes et les Mysticètes du Miocène et du Pliocène d'Anvers; les Siréniens du Mio- cène et de l’Oligocène; les Tortues de l'Oligocène, de l'Eocène et du Paléocène; le Champsosaure du Lan- dénien ; ete. Le troisième palier est occupé par les Reptiles (Mosa- sauriens et Tortues) du Crétacé supérieur du Limbourg et du Hainaut. Le quatrième est réservé aux Iguanodons, dont un certain nombre ont été reconstitués (fig. 2), tandis que les autres sont disposés dans une fosse, en position de gisement. à Enfin, un balcon, partant du second palier et occu- pant le côté gauche et le fond de la Galerie, a recu les Poissons actuels et les innombrables restes de Poissons fossiles recueillis dans les diverses formations géolo- giques de la Belgique. ; Toutes les pièces exposées sont accompagnées d'expli- cations qui ont été rédigées, à quelques exceptions près, par MM. Ed. Dupont, L. Dollo et A. Rutot, et qui ré- sument, d'une façon admirablement claire et précise, l'état actuel des connaissances dans le domaine de la Paléontologie des Vertébrés et dans celui de la Préhis- toire. Les collections nationales du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique répondent donc bien à leur double: but : l'avancement et la diffusion de la Science. Au spécialiste, elles offrent, pour ses éludes, de précieux matériaux de comparaison ; au public, elles présentent une synthèse de l'histoire de l'évolution des êtres. Elles font, enfin, le plus grand honneur à la Direction qui en a conçu le plan, aux savants qui les ont classées, au pays qui en assure la préservation au prix de lourds sacrilices. Maurice Leriche, Préparateur de Géologie à l'Université de Lille. $ 6. — Sciences médicales Crises convulsives et lésions parathyroiï- diennes. — Les physiologistes ont démontré que l'ablation des parathyroïdes, chez les animaux, pro- voque des accidents convulsifs et que les crises téta- niques, observées quelquefois chez l'homme après thyroïdectomie globale, sont vraisemblablement la conséquence de la seule parathyroïdectomie pratiquée en même temps que la thyroïdectomie. MM. P. Carnot et Delion viennent de publier, dans les Comptes rendus de la Société de Biologie (p. 32), une observation très intéressante de crises convul- sives, ayant duré huit heures et terminées par la mort, chez une malade présentant une parathyroïdite tuberculeuse, confirmant ainsi cliniquement les con- clusions des expérimentateurs et des chirurgiens. Il s'agit d’une femme de vingt-quatre ans, atteinte ——____——_———————————…—……….……—_—_….…_…—…—…—…—…—)—_———…—_—"——_——————— s'est adjoint des collaborateurs temporaires, choisis parmi les spécialistes belges et étrangers. Ainsi, les Poissons de- Bernissart ont été confiés à M. le Dr Traquair, d'Edimbourgs les Odontocètes fossiles, à M. le Dr Abel. de Vienne; les Poissons tertiaires, à l’auteur de ces lignes. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 1 de tuberculose pulmonaire depuis plusieurs années et arrivée au terme ultime de sa maladie. Après une journée de somnolence anormale, la malade présenta brusquement des crises convulsives subintrantes, qui provoquèrent la mort en huit heures. « Les mouveménts que l’on put observer ne répon- dent à aucune description classique et rappellent à la fois ceux de la chorée, de l’athétose et de la tétanie; ils ont pour caractère général d’être essentiellement polymorphes, souvent symétriques et coordonnés, et énéralement d’un rythme lent. La face est convulsée e grimaces qui se succèdent rapidement, en lui don- nant tour à tour un masque grotesque ou tragique; les lèvres se projettent en (trompe ou sont renversées en dehors; la langue se contorsionne dans un coin de la bouche, serrée par les dents et cyanosée ; la mâchoire inférieure présente un peu de trismus et parfois un prognathisme rythmique. La tête ne présente aucune raideur de la nuque; elle est parfois animée de mou- vements de salutation rythmiques ou s'enfonce entre les épaules. Le tronc conserve également, au moins par intervalles, une grande laxité de mouvements. Brusquement, les membres inférieurs s’allongent, se tendent, se raidissent en extension forcée, les orteils relevés, ou bien ils présentent des mouvements ryth- miques de va-et-vient.ressemblant aux mouvements de natation. Les membres supérieurs sont tantôt fléchis et croisés sur la poitrine, tantôt raidis en extension, animés d'un mouvement de torsion sur leur axe ou fixés soit en rotation externe et en extension forcée, soit en pronation et en flexion forcée, les trois pre- miers doigts étendus; on observe parfois la position classique de la tétanie... parfois les mouvements lents et rythmiques de l'athétose. « Ces mouvements incessants, qui échappent à toute description et ne se rapprochent que par instants des types les plus classiques, durent toute la journée, sans aucun cri ni aucune expression douloureuse. » L'autopsie, pratiquée par MM. P. Carnot et Delion, a permis de noter les faits suivants : multiples excava- tions pulmonaires, pneumothorax, infiltration tuber- culeuse des deux poumons; — aucune trace de méningite, aucun tubercule au niveau des plexus cho- roïdes, aucune trace de lésion cérébrale en foyer, aucune hémorragie cérébrale ; — glande thyroïde à peu près normale, sauf cependant un peu de sclérose ; — glandes parathyroïdiennes internes un peu scelé- reuses, mais à peu près normales; — des parathyroïdes externes, l’une fait défaut, l’autre est transformée en masse Caséeuse amorphe, entourée de tissu scléreux. . Les accidents observés ne pouvant être rapportés ni à une méningite, ni à une lésion rénale, tant à cause de leurs caractères que de l'intégrité des méninges et des reins, il est naturel de les attribuer à l'insuffisance parathyroïdienne, résultant de la disparition d’une para- thyroïde externe et de la destruction de l’autre. Les convulsions notées chez la malade de MM. Carnot et Delion doivent donc être rapprochées des convul- Sions létaniques observées quelquefois par les chirur- Siens après thyroiïdectomie totale et des convulsions tétaniques se manifestant chez lesanimaux après para- thyroïdectomie. Cette observation clinique vient donc confirmer les conclusions physiologiques, à savoir : que les parathy- roïdes jouent un rôle nécessaire à la conservation de l'équilibre des fonctions organiques, et que leur abla- lion provoque des crises tétaniques; — que les thy- roïdes ne peuvent suppléer les parathyroïdes. $ T. — Géographie et Colonisation Exploration hydrographique des côtes du Maroc. — Le Bulletin du Comité de l'Afrique fran- gaise vient de publier le Rapport du lieutenant de vais- seau Dyé sur une campagne de reconnaissance hydro- graphique des côtes du Maroc, qu'il a accomplie dans le courant de celte année. Un don généreux de deux cent mille francs avait permis d'organiser cette exploration, qui était de toute nécessité, car la seule carte marine générale que l’on possède remonte à 1835 et les points y sont marqués avec des erreurs de dix à douze kilomètres en longi- tude. D'autre part, les cartes de détail pour les mouil- lages ont été si sommairement levées que des têtes de rochers dangereuses pour les navires ont été décou- vertes en plein port à Mazagran et à Tanger. Deux Missions se sont partagé le littoral marocain : d'une part, celle de M. Dyé sur le yacht Aigle; d'autre part, celle de M. Renaud, ingénieur hydrographe, choisi par une compagnie particulière qui postule la construction des ports de Tanger, de Casabianca et de Saffi. Les documents recueillis de Tanger à Agadir vont permettre au Service hydrographique du Ministère de la Marine de dresser des cartes sérieuses. Les conclusions de M. Dyé aggravent la mauvaise opinion que l’on avait déjà de la côte marocaine au point de vue de la navigation. Il faut abandonner l'idée que l'on avait de l'existence d’un port naturel à Agadir, dans le Sous. « Comme situation maritime, dit M. Dyé, et comme qualité nautique, Agadir ne présente pas de conditions meilleures que Saffi... Les travaux de port, les jetées à construire seront également coûteux dans ces deux endroits. » Donc, du côté de l'Atlantique, pas de port naturel. Et, en attendant qu'on en aménage, M. Dyé demande qu'on multiplie le nombre des « bar- cosses » qui opèrent les déchargements et qu'on les fasse remorquer par des vapeurs, que l’on construise de petites jetées pour les abriter, qu'on place sur quel- ques points des balises et des phares, el qu’on négocie avec le makhzen l'ouverture des mouillages d'Agadir et de Mahédia, actuellement interdits aux bâtiments européens. $ 8. — Enseignement Personnel universitaire. — M. Barbillion, doc- teur ès sciences, maitre de conférences d'Electro-tech- nique à la Faculté des Sciences de Grenoble, est nommé professeur de Physique industrielle à ladite Faculté. M. Guitton, docteur ès sciences, maitre de confé- rences de Physique à la Faculté des Sciences de Nancy, est chargé d’un cours de Physique à ladite Faculté. M. Rothé, docteur ès sciences, maitre de conférences de Physique à la Faculté des Sciences de Grenoble, est nommé maître de conférences de Physique à la Faculté des Sciences de Nancy. M. Floquet, professeur d'Analyse à la Faculté des Sciences de Nancy, est nommé doyen de ladite Faculté. M. Thovert, docteur ès sciences, est nommé maitre de conférences de Physique à la Faculté des Sciences de Grenoble. A FEcole Polytechnique. — Le jury d'admis- sion à l'Ecole Polytechnique pour 4906 est composé comme il suit : Pour les Mathématiques : M. Laisant, docteur ès sciences, répétiteur à l'Ecole Polytechnique; M. Lucien Lévy, agrégé des sciences mathématiques, professeur suppléant au Conservatoire des arts et mé- tiers, répétiteur à l'Ecole Polytechnique; À . Bricard, ingénieur des manufactures de l'Etat, répétiteur à l'Ecole Polytechnique; L M. Kœnigs, professeur à la Faculté des Sciences de Paris, répétiteur à l'Ecole Polytechnique; M. Vessiot, professeur à la Faculté des Sciences de l'Université de Lyon. ; Pour la Physique : M. Amagat, membre de l'Institut, répéliteur à l'Ecole Polytechnique. + Are Pour la Chimie : M. Bouveault, professeur adjoint à la Faculté des Sciences de l'Université de Paris. Pour la langue allemande : M. Mathis, agrégé d'alle- mand, maître de conférences à l'Ecole des Ponts el Chaussées, professeur au lycée Saint-Louis, maître de conférences à l'Ecole Polytechnique. 8 P. DUHEM — L'HYSTÉRÈSIS MAGNÉTIQUE L'HYSTÉRÈSIS MAGNÉTIQUE PREMIÈRE PARTIE : L'AIMANTATION DANS UN CHAMP QUI VARIE TRÈS L Depuis douze ans, nous nous efforçons, en nous aidant des méthodes de la Thermodynamique gé- nérale, de construire une théorie capable de mettre un peu d'ordre dans l'étude des modifications per- manentes. Nous avons tenté d'appliquer cetle théorie aux transformalions les plus variées : chan- gements d'aimantation, déformations élastiques, dilatations par la chaleur, changements allotro- piques du soufre, absorption de l’eau par les sub- stances colloïdales, trempe et recuit des aciers. Il est clair qu'une telle généralité n’a pu être acquise qu'au prix d'une complication analytique assez grande ; il est clair aussi que la constitution d'un semblable système, destiné à ordonner un ensemble très vaste et très confus de lois expérimentales, a été le fruit de bien des tätonnements, de bien des relouches. Ces diverses causes rendent nos re- cherches sur les modifications permanentes bien peu accessibles à la plupart des lecteurs. Nous avons pensé qu'il était possible d'en mettre au moins l'esprit et la méthode à la portée des physiciens; dans ce but, nous avons choisi l'un des phénomènes, les changements d’aimanlation, auxquels notre méthode s'applique, et nous en avons donné un exposé conforme à celte méthode ; ce choix nous à semblé le meilleur, parce que les modifications permanentes de l’aimantation nous paraissent être les allérations permanentes les plus simples et celles dont les expérimentateurs ont le plus complètement débrouillé les lois. L'exposé que nous présentons en ce qui suit est entièrement débarrassé de tout appareil algé- brique ; il laisse de côté tout historique et toute discussion, soucieux uniquement de mettre en évidence l’enchainement logique des principales idées. Si nous eussions voulu comparer chacune des propositions qui constituent la théorie avec les lois que les expérimentateurs nous ont révélées, il eût fallu donner à cet exposé des proportions beaucoup plus vastes ; nous avons donc dû ometire cette comparaison. Mais ceux qui connaissent les nombreuses conquêtes faites, en ce domaine, par les observateurs, depuis M. Ewing jusqu'à M. Ch. Maurain, verront sans peine à quel point la théorie concorde avec les faits. Cette concor- dance est assez parfaite pour que notre exposé théorique puisse être, si l’on veut, regardé comme un aperçu, résumé et classé, de ce que les recher- INTEMENT ches expérimentales des physiciens nous ont appris de plus certain et de plus clair touchant l’hysté- rèsis magnétique. J. -- HYPOTHÈSES SIMPLIFICATRICES. Lorsque l’on se propose d'étudier l'aimantation d'un morceau de fer ou d'acier placé en présence de courants électriques ou d'aimants, on est con- duit à considérer, en chaque point du métal, deux vecteurs dislinets, qui sont l'intensité d'aimantation et le champ magnétique. L'intensilé d’aimantation en un point d'un corps aimanté est, on le sait, définie par les propriétés suivantes : Si l’on découpe par la pensée, autour du point considéré, un volume infiniment petit, cet élément agira à distance comme une petite ai- guille aimantée dont l'axe magnétique aurait même direction que l'intensité d'aimantalion au point que l’on a choisi et dont le moment magnétique serait le produit de la grandeur de cette intensité d'aimantation par le volume de l'élément. Le champ magnétique résulte de la composition de deux champs magnétiques partiels ; l'un de ces champs est engendré par les aimants ou les cou- rants en présence desquels se trouve la masse mé- tallique que l’on étudie; l'autre est produit par l'aimantation même de cette masse. Au premier de ces deux champs on peut donner le nom de champ magnétique d'origine extérieure ou, plus brièvement, de champ magnétique extérieur ; au second, on peut donner le nom de champ magné- tique d'origine intérieure où de champ magnétique intérieur. C'est de la somme de ces deux champs, c'est-à-dire du champ magnétique total, qu'il sera toujours question dans ce qui va suivre, à moins que nous n'avertissions expressément du contraire. Lorsqu'on soumet une masse de fer ou d'acier à des actions magnétiques variables, en sorte que son élat d'aimantation change continuellement, il arrive, en général, que l'intensité d’aimantation en un point déterminé de celle masse change, d'un instant à l’autre, non seulement de grandeur, mais encore de direction ; que le champ magné- tique au même point change aussi de grandeur et de direction; enfin, que l’aimantation et le champ magnétique ont, au même instant et pour le même point, des directions différentes. Il résulte de là que l'étude des changements d'aimantation d'une P. DUHEM — L'HYSTÉRÈSIS MAGNÉTIQUE 9 masse métallique est forcément compliquée ; elle exige, en eïlet, qu'à chaque instant et en chaque point, l'on connaisse les grandeurs et les directions de deux vecteurs distincts ; d’ailleurs, pour déter- miner la grandeur et la direction d’un vecteur, on fait choix, en général, d’un système de coordon- nées et l’on donne les trois composantes de ce vec- teur suivant les trois axes coordonnés; on voit alors que l'étude des changements d’aimantation d'une masse métallique exigera que l’on connaisse, en chaque point de cette masse et à chaque instant, six grandeurs distinctes, savoir, les trois compo- santes de l'intensité d'aimantation et les trois com- posantes du champ magnétique. On peut imaginer un cas où cette étude se trou- verait grandement simplifiée. Supposons qu'en un point déterminé de la masse métallique, l'intensité d’aimantation, tout en chan- geant de grandeur, garde sans cesse la même direction; que le champ magnétique au même point soit aussi toujours dirigé suivant une même droite; enfin, que ces deux directions invariables de l'intensité d’aimantation et du champ magné- tique se confondent en une seule. Il est clair que, pour étudier les changements de l’aimantation en un tel point, il suffira de connaître à chaque instant deux grandeurs, la grandeur de l'intensité d’aiman- tation et la grandeur du champ magnétique. Nous nous bornerons, dans ce qui va suivre, au problème très simplifié qui consiste à étudier les changements d’aimantation en un tel point. Les circonstances qui définissent ce problème simplifié ne se rencontrent point d'une manière générale; on peut, cependant, indiquer des cas particuliers où elles se trouvent réalisées. Lorsqu'une sphère est uniformément aimantée, le champ engendré par son aimantation en chacun des points de sa masse est, lui aussi, uniforme; il est dirigé suivant la même droite que l'aimantation, son sens est opposé à cette aimantalion et sa gran- ‘ y deur s'obtient en multipliant par . la grandeur de l’aimantation. Plaçons une sphère aimantée de la sorte au sein d'un champ magnétique uniforme, de telle sorte que la direction du champ soit la même que la direction de l'aimautation de la sphère; nous pourrons aisément obtenir un tel résultat en mettant la sphère dans l'âme d’une bobine cylindrique très longue dont les spires soient parcourues par un courant, et en orientant l’'aimantation de la sphère comme l'axe de la bobine. Si, à partir de cet état, nous imposons diverses variations au champ exté- rieur, mais sans en altérer l’uniformité et sans en changer la direction, l'aimantation de la sphère “ariera, mais elle demeurera toujours uniforme et sera toujours dirigée comme le champ extérieur. Les circonstances simplificatrices que nous avons définies seront ainsi constamment réalisées pour chacun des points de cette sphère. Les conditions initiales supposées dans ce qui précède peuvent, d’ailleurs, être assurées d’une manière très simple; il suffit qu'au début la sphère soit complètement désaimantée et que le champ extérieur soit nul. Ce que nous venons de dire d’une sphère unifor- mément aimantée, nous pouvons le répéter d'un ellipsoïde uniformément aimanté, pourvu, toutefois, que la direction de l'aimantation soit marquée par l'un des axes de l’ellipsoïde; cet axe sera donc placé parallèlement aux génératrices de la bobine cylindrique. Un barreau cylindrique très long, dont la section est circulaire ou elliptique, peut, sans grave erreur, être assimilé à un ellipsoïde de révolution ou à un ellipsoïde à trois axes inégaux. Que l’on prenne donc un tel barreau, désaimanté au préalable; qu'on le place dans l’âme d'une bobine beaucoup plus longue que lui, de telle sorte que les géné- ratrices du barreau et de la bobine soient paral- lèles, et que l'on fasse passer dans la bobine un courant variable; à chaque instant, on pourra admettre que l’aimantation du barreau est à peu près uniforme et que cette aimantation et le champ intérieur ont presque la même direction que le champ extérieur. II. — ASCENDANTES ET DESCENDANTES. Au point que nous considèrerons, les seules pro- priétés magnétiques variables que nous aurons à étudier seront la grandeur du champ magnétique total, que nous désignerons par H, et l'intensité d'aimantation, que nous nommerons M. Nous prendrons un système de coordonnées rectangu- laires ; sur l'axe des abscisses, nous porterons une longueur proportionnelle à H et, sur l'axe des ordonnées, une longueur proportionnelle à M; ces deux coordonnées détermineront un point; ce point figuratif représentera les propriétés magnétiques au lieu étudié. La considération de ce point figuratif facilitera singulièrement les raisonnements que nous aurons à développer. Supposons qu'en un état initial, laimantation ait une certaine valeur M, et le champ total une certaine valeur H,; à ces données iniliales corres- pondra un certain point figuratif P,. Imaginons que nous fassions croître le champ total, ce qui se pourra faire, en général, en faisant croître le champ extérieur; observons la valeur M de l'intensité d'aimantation qui correspondra à chaque valeur H prise par le champ total; le point 10 P. DUHEM — L'HYSTÉRÈESIS MAGNÉTIQUE figuralif qui aura pour coordonnées ces deux grandeurs H et M décrira une certaine courbe C, issue du point P,. Nécessairement, le champ H aura cru avec une certaine vitesse. Reprenons notre corps aimanté dans l’état initial que figure le point P, et, à partir de cet élat, faisons de nouveau croître le champ magnélique, mais avec une vitesse autre qu'en l'expérience précédente; le point figuratif décrira, à partir de la position initiale P,, une certaine courbe C', généralement différente de la courbe C. Si nous répélons une suite d'expériences ana- logues, en rendant de plus en plus petite la vitesse avec laquelle croit le champ magnétique total, nous admettrons que les courbes C, C'... tendent vers une certaine courbe limite À, issue du point P,. Cette À nous fait connaitre suivant quelle loi laimantation varie, à partir de la valeur M,, lorsqu'on {ait croitre le champ magnétique total à partir de la valeur H,, et cela avec une len- teur infinie. Cette courbe A est, par définition, la Ligne ascendante qui passe au point P.. D'une manière toute semblable, nous définirons la ligne descendante D, issue du même point P,; celte ligne D nous fera connaitre Ja loi suivant laquelle laimantation varie, à partir de la valeur M,, lorsqu'on fait décroitre le champ total à partir de la valeur H,, et cela avec une lenteur infinie. Soit un état magnétique caractérisé par une aimantation M et par un champ magnétique H; il est figuré par un certain point P. Supposons qu'on ait amené le corps à cet état magnétique en faisant croître le champ avec une lenteur infinie; le point figuratif est donc venu en P en suivant l'ascen- dante À qui passe en ce point. courbe Faisons maintenant décroitre le champ magné- tique, à partir de la valeur H, toujours avec une lenteur infinie ; l'aimantation variera de telle sorte que le point figuratif décrive la descendante D, issue du point P. En ce second trajet, le point figuratif suivra-t-il simplement en sens inverse, à partir du point P, le trajet qu'il avait suivi pour parvenir au point P? En d’autres termes, la ligne ascendante À, qui aboutit au point P, et la ligne descendante D, qui est issue du même point, sont-elles, oui ou non, une seule et même ligne, parcourue successive- ment en deux sens opposés? Supposons d'abord que la descendante issue d'un point se superpose exactement à l'ascendante qui aboutit au même point, et suivons les consé- quences de cette hypothèse. Prenons le corps dans un état magnétique (IH, M) figuré par un certain point P,, et p faisons croître le champ, avec une lenteur infinie, de la valeur H, à la valeur H,; l'aimantation passera de la valeur M, à la valeur M, et le point figuratif se rendra de la position P, à la position P,(H,, M,) en suivant une ascendante A. Faisons maintenant décroitre le champ magné- tique, avec une lenteur infinie, à partir de la valeur H,; d'après l'hypothèse faite, le point figu- ratif va, à partir de la posilion P,, reprendre en sens inverse le chemin A; lors donc que le champ reprendra la valeur H,, le point figuratif reviendra en P,, et l’aimantation retrouvera la valeur M, qu'elle avait au début; un accroissement infini- ment lent du champ magnétique, suivi d'une dimi- nulion infiniment lente, égale en valeur absolue à cet accroissement, n'aura déterminé aucun chan- gement permanent dans la valeur de l’aimantation. Il est des corps dont les propriélés magnétiques présentent, au moins approximalivement, le carac- tère que nous venons de définir; de tels corps sont dits corps parfaitement doux où corps exempts dhystérèsis (boréenc, retard). Mais, en un grand nombre d'autres corps, lorsque le champ magné- tique reprend sa valeur initiale H,, après avoir subi les varialions que nous avons définies, l’ai- mantation ne reprend pas sa valeur initiale M ; elle demeure affectée d'une altération permanente; ces corps sont doués d'hystérèsis. Nous voyons main- tenant que, pour un corps doué d'hystérèsis, la ligne ascendante qui aboutit en un certain point fliguratif est distincte, en général, de la ligne des- cendante issue du même point. III. — FORME DES ASCENDANTES ET DES DESCENDANTES. Par chaque point du plan susceptible de figurer un état magnétique du corps étudié, il passe done une et une seule ascendante, comme une et une seule descendante, et ces deux lignes se distinguent l'une de l’autre; nous allons examiner la figure qu'elles affectent. Cette élude est grandement facilitée par une proposition qu'il nous faut, tout d'abord, établir. Imaginons qu'avec la substance que nous vou- lons étudier, on ait fait deux sphères identiques et que l'on ait placé ces deux sphères, désaimantées au préalable, à l'intérieur de deux bobines iden- liques; imaginons aussi qu'à chaque instant, les courants lancés dans ces deux bobines soient égaux en intensilé, mais de sens contraire; ces courants créeront, à l'intérieur des deux bobines, deux champs qui, à chaque instant, auront la même valeur absolue et des signes opposés. Une évi- dente raison de symétrie nous montre que les intensités d’aimantation seront, à chaque instant, égales en valeur absolue et de signes opposés. Dès lors, il est clair qu'à um de ces deux sphères. PRES LS P. DUHEM — L'HYSTÉRÈSIS MAGNÉTIQUE 1t instant quelconque, si le champ total, à l'intérieur de l’une des sphères, a la valeur H et l'intensité d'aimantation la valeur M, à l'intérieur de l'autre sphère, le champ total aura la valeur —H et l'in- tensité d'aimantation la valeur — M. Ce point acquis, imaginons qu'au sein de la première sphère, le champ total eroisse avec une lenteur infinie de la valeur H, à la valeur H,; le. point figuratif décrit une ascendante qui a pour. origine le point P,(H,, M), et pour extrémité le point P,(H,,M,); en même temps, au sein de la seconde sphère, le champ total décroit avec une lenteur infinie de la valeur — H, à la valeur —H,; le point figuratit décrit une descendante qui joint l'origine P'(—H,,—M,) à l'extrémité P',(—H,, —M,). Par rapport à l’origine des coordonnées, le point P', est symétrique du point P,, et le point P' est symétrique du point P,; nous pouvons donc formuler la proposition suivante : Si deux points figuratifs P,, P, sont sur une même ascendante relative à une substance donnée, les deux points P', P',, respectivement symétriques des points P,, P, par rapport à l'origine des coordonnées, sont sur une mème descendante relative à cette substance. La proposition que nous venons d'obtenir peut encore se formuler ainsi : Lorsque l'on connaït une ascendante relative à une substance déterminée, en prenant la symétrique de cette courbe par rapport à l'origine des coordonnées, on obtient une descen- dante propre à cette substance, et réciproquement. En vertu de cette proposilion, il suffit que les lignes ascendantes d'une substance soient connues pour que les lignes descendantes le soient aussi; . tout renseignement qui concerne les lignes de la première famille entraine un renseignement cor- respondant au sujet des lignes de la seconde famille. De cette vérité, voici un premier exemple : Nous admeltrons que, le long d'une même ascen- dante, lintensilé d'aimantation croit sans cesse en même temps que le champ magnétique total. Le point figuratif a le champ magnétique total pour abscisse et l'intensité d'aimantation pour ordon- née; si, conformément à l'usage, nous portons les abscisses positives vers la droite et les ordonnées positives vers le haut, nous pourrons dire que foule ligne ascendante monte de gauche à droite. Dès lors, la corrélation qui existe entre les ascen- dantes et les descendantes nous permet d'énoncer cetle autre proposition : Toute ligne descendante | descend de droite à gauche. Nous admettrons que la valeur absolue de l’in- tensité d’aimantation admet une limite supérieure dont elle peut s'approcher d'aussi près que l’on veui, | mais qu'elle ne peut alteindre, ni dépasser; celte | valeur, que nous désignerons par y. définit l’état d'aimantation que l'on appelle saturation. On voit alors que tous les points susceptibles de figurer un état magnétique du corps étudié sont compris en une bande que bornent deux lignes parallèles à l'axe des abscisses, situées de part et d'autre de cetaxe, et séparées de lui par une même distance y. Ces deux droites peuvent recevoir le nom de Lignes limites. Considérons une ascendante quelconque; si, sur | cette ascendante, nous prenons des points corres- pondant à des abscisses de plus en plus grandes, nous supposerons qu'ils correspondent à des ordon- nées de plus en plus voisines de y; si, au contraire, nous prenons des points correspondant à des abscisses négatives dont la valeur absolue croisse sans limite, nous supposerons qu'ils correspondent à des ordonnées de plus en plus voisines de — y. En d'autres termes, nous supposerons que foule ligne ascendante a pour asymptotes les deux lignes limites; la ligne limite supérieure est asymptote du côté des champs positifs; la ligne limite inférieure est asymptote du côté des champs négatifs. La corrélalion que nous avons signalée entraine alors cette autre proposition : Toute ligne desceu- dante admet pour asymptotes les deux lignes limites : du côté droit, elle s'approche de la ligne limite supé- rieure et, du côté gauche, de la ligne limite infé- rieure. IV. — CYGLES FERMÉS. INÉGALITÉ DE CLAUSIUS. Considérons une ascendante A et la descendante D que l'on oblient en prenant la symétrique de la M M’ Fig. 1. ligne A par rapport à l'origine des cordonnées ; suivons de gauche à droite la ligne A el supposons qu'en S elle rencontre la ligne D; les deux lignes A et D se rencontreront également au point $, symétrique du point S par rapport à l'origine des 42 2 P. DUHEM — L'HYSTÉRÈSIS MAGNÉTIQUE coordonnées. La ligne A, suivie du point S' au point S, et la ligne D, suivie du point $ au pointS, forment une courbe fermée (fig. 1), qui a pour centre l'origine des coordonnées. ; Soient H l’abscisse du point S et —H l’abscisse du point S'. Prenons le corps dans l’état d'aiman- tation figuré par le point S'; le champ magnétique total a alors la valeur —H; avecune lenteur infinie, faisons croiltre ce champ de la valeur —H à la valeur H el faisons-le décroître ensuite de H à —H; le point figuratif parcourra la courbe fermée que nous venons de définir, et cela dans le sens même où nous l'avons supposée décrite. Ce parcours ramène le point figuratif en S', en sorte qu'après cette modification infiniment lente, le corps se retrouve exactement dans l’état magné- tique où il était avant; il a même intensité d’ai- mantation et le champ magnétique total est le même; rien n'empêche donc qu'on lui fasse subir une seconde fois la modification qu'il vient d’éprouver. Cette seconde modification peut, d’ail- leurs, êlre suivie d'une troisième modification toute semblable, et ainsi de suite. Ainsi la courbe fermée que nous venons de défi- nir représente un cycle d'opérations que le corps peut subir avec une lenteur infinie et qui peut être reproduit une inlinité de fois identique à lui-même. Ce cycle n'est pas réversible; si l'on imaginait que le point figuratif passät de S en S' par la ligne ascendante et revint de S’ en S par la ligne des- cendante, on concevrait un déplacement géomé- (rique qui ne correspondrait nullement à une opéra- tion physique accomplie avec une lenteur infinie ; M Fig. 2. une telle opération ne peut, en effet, être repré- sentée ni par un segment d'ascendante parcouru de droite à gauche, ni par un segment de descen- dante parcouru de gauche à droite. Nous venons de traiter d'un cycle fermé, com- posé d'une ascendante et d'une descendante, dont les extrémités S et S'ont pour abscisses des champs égaux en valeur absolue et de signes contraires. Considérons maintenant deux valeurs quelconques, H,, H,, du champ magnétique; nous admettrons que l'on peut tracer un et un seul cycle simple ayant pour abscisses respectives H, et H,; en disant que ce cycle est simple, nous entendons qu'il est formé par un seul segment d'ascendante, suivi d'un seul segment de descendante (fig. 2). Il est clair que l'on peut concevoir des cycles fermés beau- M Fig. DA coup plus compliqués, que composent un nombre quelconque de segments d'ascendantes alternant avec un nombre égal de segments de descendantes ; tel le cycle représenté par la figure 3. Un renseignement bien important va nous être fourni par un corollaire du principe de Carnot et de Clausius. | Imaginons qu'un système malériel quelconque parcoure un cycle d'opérations qui se puisse indé- finiment reproduire identique à lui-même; suppo- sons, en outre, que la température du système garde une valeur invariable pendant tout le temps que | dure le parcours de ce cycle: le principe de Carnot » et de Clausius nous enseigne que la somme des » quantités de chaleur dégagées par le système pendant ce temps surpasse la somme des quantités de chaleur absorbées; ce que l'on peut encore k énoncer en disant que la somme algébrique des » quantilés de chaleur dégagées par le système pendant le parcours du cyele est positive. : Or, les principes de la Thermodynamique nous 3 apprennent à calculer la quantité de chaleur que dégage un aimant placé au sein d'un champ magné-" tique, lorsque l'intensité du champ et l’aimantation L du métal éprouvent des variations infiniment pe- L tites, tandis que la température de l'aimant ne change pas. À Cette quantité de chaleur est naturellement Ian somme des quantités de chaleur dégagées par cha cun des éléments de volume qui composent l’aimants Portons donc notre attention sur la quantité des chaleur que dégage un tel élément au cours d'une modification infiniment petite. P. DUHEM — L'HYSTÉRÈSIS MAGNÉTIQUE 13 Cette quantité est la somme de deux termes. Le premier terme est l'accroissement que la mo- dification infiniment petite impose à une certaine quantité; celte quantité dépend seulement du volume de l'élément, de sa température et de son intensité d’aimantation; lorsqu'après une modifi- cation quelconque, ce volume, cette température, cette intensité d’aimantation reprennent leurs va- leurs initiales, cette quantité reprend, elle aussi, sa valeur initiale, Ce caractère, comme nous l’allons voir, nous dispense, pour l’objet particulier qui nous occupe, de connaitre plus explicitement la forme de cette quantité. Le second terme est le produit de trois facteurs, savoir : Le volume de l'élément magnétique; La composante du champ magnétique total selon la direction d’aimantalion ; La diminution infiniment petite de l'intensité d’aimantalion. Cette proposition, d'ailleurs, suppose que la quan- tité de chaleur soit évaluée en unités mécaniques; si elle était évaluée en calories, le produit dont nous venons de parler devrait être divisé par l'équivalent mécanique de la calorie. Appliquons ces théorèmes généraux à une sphère métallique placée dans un champ uniforme et uni- formément aimantée dans la direction même de ce champ. Tout changement infiniment petitde cette ai- mantation entraînera le dégagement d’une certaine quantité de chaleur qui est la somme de deux termes. Le premier terme est l'accroissement d'une cer- taine grandeur quireprendla même valeur toutes les fois qu'après une suite quelconque de modifica- tions la sphère repasse par un même état de tem- pérature et d’aimantation. Le second terme s'obtient en multipliant entre eux ces trois facteurs : le volume de la sphère, le champ magnétique total et la diminution infiniment petite qu'a subie l'intensité d'aimantation. Faisons maintenant la somme algébrique de toutes les quantités de chaleur que notre sphère aimantée aura dégagées au cours des diverses modi- fications infiniment petites dont la suite forme un cycle d’hystérèsis. Chacune de ces quantités de chaleur ayant été décomposée en deux termes, nous aurons à faire la somme algébrique des pre- miers termes, puis la somme algébrique des seconds termes. Or, la somme algébrique des premiers termes est assurément nulle: c'est, en effet, la somme algé- brique des accroissements éprouvés par une cer- laine quantité qui reprend, à la fin du cycle, la valeur qu'elle avait au commencement. La somme algébrique des seconds termes doit donc seule nous occuper. Tous les termes de cette somme ont en facteur commun le volume de la sphère; ce volume est donc un des facteurs de la somme que nous vou- lons évaluer; l’autre facteur est la somme algé- brique de produits que l’on obtient en prenant chacune des diminutions infiniment petites éprou- vées par l'intensité d’aimantation et en la multi- pliant par la grandeur du champ total au moment où cette diminution s’est produite. La somme dont nous venons de parler a une représentation géométrique bien connue; sa valeur absolue est la mesure de l’aire que délimite le con- tour du cycle ; elle est positive si le point qui décrit ce contour laisse constamment celte aire à sa gauche; elle est négative dans le cas contraire. Dès lors, il nous suffit d'invoquer le corollaire, ci-dessus énoncé, du principe de Carnot et de Clau- sius pour obtenir la proposilion suivante : Le point fiquratif qui décrit le contour d'un cycle d'hystérèsis doit laisser constamment à sa gauche l'aire que délimite ce contour. Si nous appliquons en particulier cette proposi- tion à un cycle simple, nous obtenons ce théorème : Le côté descendant d'un cycle simple se trouve, en toute son étendue, au-dessus du côté ascendant. Ce théorème, à son tour, nous fournira un corol- laire intéressant si nous l’appliquons à un cycle simple qui ait pour centre l’origine des coordonnées; un tel cycle a pour côtés, nous le savons, une ascen- dante et une descendante symétriques l’une de l’autre par rapport à l’origine. Considérons (fig. 4) le sommet supérieur $S d'un M M' Fig. 4. tel cycle; à gauche de ce point, la ligne descendante doit se trouver au-dessus de la ligne ascendante; l'inverse aura sûrement lieu à droile de ce point. L'ascendante se rapprochera donc de l'asymp- tote w'u plus vite que la descendante. Mais la branche de la descendante qui tend vers l'asymp- tote u'u est symétrique, par rapport à l’origine des 1% P. DUHEM — L'HYSTÉRESIS MAGNÉTIQUE coordonnées, de la branche de l'ascendante qui tend vers l'asymptote wu'. Nous pouvons donc énoncer le théorème suivant : Une ligne ascendante se rapproche plus rapide- ment de son asymplolte supérieure que de son asymplote inférieure; l'inverse a lieu pour une ligne descendante. V. — LA LIGNE DES ÉTATS NATURELS. Il peut arriver que la ligne ascendante et la ligne descendante qui passent en un certain point se touchent en ce point; mais une telle disposition ne peut être qu'exceptionnelle; en général, la ligne ascendante et la ligne descendante qui se rencon- trent en un point se coupent sous un certain angle. Que le point figuratif suive, en montant de gauche à droite, la ligne ascendante. Il peutarriver que ce point passe de la région qui se lrouvait au- dessous de la descendante à la région qui se trouve au-dessus de la même ligne; dans ce cas, l'ascen- dante perce de bas en haut la descendante. Il peut arriver, au contraire, que le point figuratif passe de la région qui se trouvait au-dessus de la des- cendante à la région qui se trouve au-dessous; dans ce cas, l'ascendante perce àe haut en bas la descendante. Ces deux dispositions se présentent assurément, l’une en certaines parties du plan, l’autre en d’autres parties. Imaginons, en effet, qu'en un certain point l’ascendante perce de bas en haut la descendante ; il est clair qu'au point symétrique de celui-là par rapport à l'origine des coordonnées, l’ascendante perce de haut en bas la descendante. De même, les théorèmes établis à la fin du paragraphe précédent nous enseignent qu'au sommet supérieur d'un cycle simple, l'ascendante perce de bas en haut la descendante, landis qu'au sommet inférieur l’as- cendante perce de haut en bas la descendante. Puisqu'il existe une région du plan où, en chaque point, l’ascendante perce de bas en haut la descen- dante, et une autre région en chaque point de laquelle l'ascendante perce de haut en bas la des- cendante, il entre ces deux régions, une ligne frontière ; en d’autres termes, le plan où se place le point liguratif est partagé en deux par une ligne, en tout point de laquelle passent une ascendante et une descendante qui se touchent existe forcément, en ce point. Cette ligne se nomme ligne des états naturels; les coordonnées d’un point quelconque de cette ligne représentent un certain champ magnétique total et une certaine intensité d’aimantation:; l'association de ce champ et de cette intensilé détermine un é{at naturel du métal étudié. Il nous est aisé, d’après cette définition, de mar- quer la particularilé qui caractérise un état naturel. Prenons le métal dans un état qui corresponde à un certain champ magnétique lotal el à une cer- laine aimantalion; imposons au champ magnétique une variation infiniment pelile, suivie d'une varia- tion de même amplitude en sens contraire; le champ magnélique reprendra sa valeur initiale, tandis que l'intensité d’aimantation éprouvera un certain changement permanent; ce changement permanent sera, en général, un infiniment petit du même ordre que la variation imposée au champ magnétique total; dans le cas particulier où l'état initial est un élat naturel, le changement perma- nent éprouvé par l’aimantation sera, par rapport à cette variation, un infiniment petit d'ordre supé- rieur. Quelques considérations de symétrie nous font M (3 Fig. bien aisément connaître certains caractères de la ligne des élats naturels. La ligne symétrique d'une ascendante quelconque par rapport à l’origine des coordonnées est une descendante. Considérons, en particulier, l'ascen- dante qui passe par l'origine des coordonnées et prenons-en la symétrique par rapport à celle ori- gine; nous obtiendrons une descendante qui pas- sera, elle aussi, par l'origine des coordonnées, et qui y touchera l’ascendante qui à servi à la former ; nous pouvons en conclure que /a ligne des élats nalurels passe à l'origine des coordonnées. Si un point du plan représente un état naturel, il est visible que le point symétrique de celui-là par rapport à l’origine des coordonnées représente un autre étal naturel; dès lors, Za ligne des élats natu- rels admet l'origine des coordonnées pour centre et, partant, pour point d'inflexion. A l'infini, les lignes ascendantes et descendantes sont toutes tangentes entre elles et elles touchent toutes les deux lignes limites; il en résulte que, dans les deux sens, la ligne des étals naturels s'éloigne au delà de toute limite et que sa direction asymptotique est celle de l'axe H'H. Nous complète- comic dt cl EE .$ Lt P. DUHEM — L'HYSTÉRÈSIS MAGNÉTIQUE rons cette indication en supposant que, comme les lignes ascendantes et descendantes, la ligne des états naturels admet pour asymplotes les deux lignes limites. Enfin, nous ferons encore cette supposition : Za ligne des états naturels monte sans cesse de gauche à droite. Ces divers renseignements nous montrent que la ligne des états naturels a même disposition que la ligne N'N dessinée en la figure 5. VI. — STABILITÉ DE L'ÉTAT NATUREL. Prenons un métal dans un état magnétique initial qui ne soit pas un état naturel; supposons, par exemple, que le point qui figure cet état se trouve dans la région du plan où les ascendantes ‘percent de bas en haut les descendantes. Fig. 6. Proposons-nous de maintenir invariable le champ total à l'intérieur de l'aimant; il est clair que, pra- tiquement, nous ne pourrons obtenir une constance absolue; tantôt le champ prendra une valeur un peu plus grande que celle où nous le vou:ons main- tenir, tantôt il prendra une valeur un peu plus petite. Ces variations petites et incessantes que le champ subira au voisinage d’une valeur invariable, nous les supposerons très lentes, afin que la théorie précédente leur demeure applicable. Désignons par H, la valeur initiale du champ el par M, l'intensité initiale de l'aimantation; le point figuratif correspondant se trouve en P, (fig. 6). Supposons que le champ subisse un petit accrois- sement qui l'amène à la valeur H et qu'il reprenne ensuite la valeur H,; le point figuratif décrira le petit segment d’ascendante P,P,, suivi du petit segment de descendante P,P.. Or, dans la région du plan où se trouve ce tracé, les ascendantes percent les descendantes de bas en haut; le seg- ment P,P, est donc au-dessus du segment P,P.. Lorsque le champ aura repris sa valeur initiale H,, l'aimantation se trouvera avoir une valeur M supé- rieure à sa valeur initiale M.. Imaginons maintenant que le champ, par une pelite diminution, prenne la valeur H'et qu'ensuite il revienne à sa valeur initiale; le point figuralif décrira le trajet P,P_P,, formé d'une petite descen- dante P,P,, suivie d’une petite ascendante P_P,; ici, l'ascendante P_P, se trouvera au-dessus de la descendante P,P.; lors donc que le champ reprendra la valeur H,, l'intensité d’aimantation aura une valeur M’, supérieure à M. Toutes les fois donc que le champ subira un petit écart par rapport à la valeur invariable que l’on voudrait lui garder et qu'il reviendra ensuite à cette valeur, l’aimantation croitra, quel que soit d’ailleurs le sens de l'écart subi par le champ; cette proposi- tion peut encore s'énoncer de la manière suivante : Supposons que l'état initial d'un métal magné- tique soit fiquré par un point de la région où les ascendantes percent de bas en haut les descen- dantes; les variations petites et incessantes du champ que lon cherche à maintenir invariable feront croitre graduellement l'intensité d'aiman- talion. D'une manière toute semblable, nous pourrions justifier cette autre proposition : Si l'état initial du métal magnétique est figuré par un point de la région où les ascendantes percent de haut en bas les descendantes, les variations petites et incessantes du champ que l'on cherche à maintenir constant font décroitre graduellement l'intensité d'aimantation. Ces propositions établies, supposons, pour un instant, que la région où les ascendantes percent de bas en haut les descendantes se trouve au-dessus de la ligne des états naturels, tandis que la région où les ascendantes percent de haut en bas les des- cendantes se trouve au-dessous de la même ligne ; il est aisé de voir que, dans ün champ que Ton chercherait à maintenir invariable, l'état naturel serait un élal instable. Supposons, en effet, qu'en ce champ maintenu sensiblement invariable, le métal s'écarte quelque peu de l’état naturel et que, par exemple, l'inten- silé d'aimantation prenne une valeur un peu moindre que celle qui convient à cet état; le point figuratif pénètrera dans la région où les ascen- dantes percent de haut en bas les descendantes: désormais, les variations petiles, mais incessantes, du champ magnétique feront décroiître continuel- lement l’aimantation, en sorte que l’élat magné- tique du métal s'éloignera de plus en plus de l’état | naturel. | ‘Les études les plus diverses sur le magnétisme n'ont rien révélé d’analogue; nous sommes donc Li 16 P. DUHEM — L'HYSTÉRÈSIS MAGNÉTIQUE conduits à admettre que la région où les ascen- dantes percent de bas en haut les descendantes se trouve au-dessous de la ligne des états naturels, tandis qu'au-dessus de cette ligne, les ascendantes: percent de haut en bas les descendantes. De cette hypothèse se lire sans peine cetle con- clusion : Dans un champ que l'on s'efforce de main- tenir constant, l'état naturel est un état d'aiman- {ation stable. Imaginons, en effet, que le point figuratif de l'état du système ne se trouve pas tout d'abord sur la ligne des états naturels; s'il se trouve au-dessous de cette ligne, les variations petites et incessantes du champ magnétique le font monter graduellement; s'il se trouve au-dessus de cette ligne, les mêmes variations le feront descendre peu à peu; en loul cas, ces varialions ont pour effet de rapprocher lentement le point figuratif de la ligne des états naturels. VII. — LE CYCLE FERMÉ COMME CYCLE LIMITE. Ce qui a été supposé au chapitre précédent touchant la ligne des états naturels nous montre comment un eyele simple quelconque se trouve placé par rapport à cette ligne. En effet, au commencement du chapitre V, nous avons fait la remarque suivante : Au sommet supérieur d'un eycle simple, l'ascendante perce de bas en haut la descendante; l'inverse à lieu au sommet inférieur du même cycle. Si nous rap- prochons celte remarque des propositions qui ont été données à la fin du chapitre précédent, nous oblenons ce théorème : En tout cycle simple, le sommet supérieur se trouve au-des- M sous de la ligne N des états natu- rels et le som- met inférieur se Irouve au- dessus de la même ligne. Tout cycle simple est done disposé, par / rapport à la li- / œne des états V_ naturels, com- me l'indique la Fig. 7. figure 7. Il nous est maintenant facile de décrire les phénomènes qui se produiront si l’on fait osciller indéfiniment la va- leur du champ magnétique entre une certaine limite inférieure H, et une certaine limite supérieure H,. Supposons que le champ parte de la valeur H, et que l’aimantalion ait, en même temps, une valeur assez pelile pour que la position initiale P, du point figuratif se trouve au-dessous de la ligne des élats naturels ONN (fig. 8). Imaginons que le champ croisse très lentement jusqu'à la valeur H, M N 1 Éd el revienne de nouveau très lentement à la valeur H,. Le point figuratif décrira l'ascendante P,P,, suivie de la descendante P,P,; cette dernière ligne se trouvera en entier au-dessus de la première. | Il peut arriver que le point P, se trouve encore | au-dessous de la ligne des états naturels ON NN; si , le champ augmente de nouveau jusqu'à la valeur | H, pour revenir à la valeur H,, le point figuratif dé- | crira un nouveau trajet P,P.P, semblable au pré- cédent; de plus, l’ascendante P,P. sera en entier au-dessus de la descendante P,P.. Supposons que le point P, se trouve au-dessus de Ja ligne des états naturels ON,N. Imposons encore au champ la même variation lente de H, à H,, puis de H, à H,. Le nouveau trajet P,P,P, différera du précédent en ce que l’ascendante P,P, se trouvera, au départ, au-dessous de la descendante P.P,; après M avoir traversé la ligne des états naturels, elle cou- | pera cetie descendante P.P,, formant ainsi une | boucle. Î Si nous répétons indéfiniment cette oscillation M imposée à la valeur du champ, nous obliendrons | une série de trajets, analogues au trajet P,P,P,; 1 chaque ascendante formera, avec la descendante Î précédente, une boucle dont une extrémité aura M toujours pour abscisse IT, ; l'autre extrémité s'éloi- gnera vers la droite, de telle sorte que son abseisse lende vers H, sans jamais alteindre cette limite; cette boucleet, en même temps, le trajet que décrit le point figuralif pendant que la valeur du champ magnétique subitune oscillation complète, ont pour forme limite le cycle simple SS' dont les extrémités à ont respectivement pour abscisses H, et H,. CH.-ED. GUILLAUME — LE COLONEL CHARLES RENARD 17 Le cycle simple SS' eût conservé ce rôle de cycle limite si le point figuralif se fût trouvé tout d'abord si fort élevé au-dessus dela ligne des états naturels que le point analogue à P, fût lui-même au-dessus de cette ligne; le lecteur trouvera sans peine la forme qu'eût présentée, dans ce cas, le trajet du point figuratif. Au lieu de faire osciller lentement la valeur du champ magnétique entre deux valeurs extrêmes, H, et H,, maintenues invariables, on pourrait sup- poser que ces deux valeurs se rapprochassent gra- duéllement l’une de l’autre et tendissent vers une limile commune H ; dans ce cas, le trajet du point figuratif tendrait vers un point limite, le point de la ligne des états naturels qui a pour abscisse H; il est clair que l’on possède ainsi le principe d’une méthode propre à tracer par points laligne des états naturels. D'ailleurs, depuis fort longtemps, les praticiens font usage de celte méthode, au moins dans un cas partieulier; il arrive souvent qu'ils ant besoin de désaimanter complètement une pièce, c'est-à-dire de l’amener à avoir une aimantalion nulle dans un champ nul; cet état de désaimantation complète n'est autre que l’état nalurel représenté par l'origine des coordonnées; pour l'obtenir, on place la pièce à désaimanter dans un champ magnétique dont le sens change alternalivement un très grand nombre de fois, tandis que a valeur de ce champ tend gra- duellement vers zéro. Dans un second article, nous étudierons l'aiman- tation dans un champ qui varie rapidement. P. Duhem, Correspondant de l'Institut de France, Professeur à l'Université de Bordeaux. LE COLONEL CHARLES RENARD SA VIE, SON ŒUVRE Le 13 avril dernier, la mort impitoyable enlevait -à la science aéronautique son chef incontesté, celui auquel elle avait dû, pendant trente années, ses plus grands progrès. Resté d’une prodigieuse acti- vité, malgré une santé rendue chancelante par les difficultés amoncelées sur son chemin, le Colonel Charles Renard promeltait encore beaucoup. Ses “dernières Notes, parues coup sur coup, avaient apporté des éléments nouveaux, et de la plus haute importance, au grand problème qui n'avait cessé de hanter son imaginalion, et ceux qui suivent avec intérêt les progrès de la conquête de l'air pouvaient espérer le voir matérialiser une fois encore ses géniales conceptions. Il n’eut pas cette suprême Satisfaction; mais ceux qui l'admirèrent pendant sa superbe activité ont la triste consolation de voir Son œuvre lui survivre dans les succès retentissants et mérilés d’un aéronat construit avec ses conseils, et qui marque aujourd'hui le premier progrès réel depuis que l’on vit le ballon « La France » évoluer dans les airs. Pour pouvoir embrasser d'un coup d'œil la vie du Colonel Charles Renard, et apprécier son œuvre, Si diverse dans l’uniformité du but visé, il fallait laisser passer les moments de douloureuse émotion que suscita sa mort inattendue. Cette étude tardive sera ainsi plus dégagée des contin- gences, et le temps écoulé depuis lors permettra Id'exposer en la voyant mieux, dans ses traits | généraux, l’une des œuvres les plus remarquables REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906, qu'un homme seul ait accomplies à notre époque. I Charles Renard naquit à Damblain (Vosges) le 23 novembre 1847; mais c'est dans la petite ville de Lamarche, où étaient venus se fixer ses parents, qu'il passa son enfance, et à laquelle se rapportaient ses meilleurs souvenirs. Elève brillant du lycée de Nancy, il étonnait ses camarades par sa puissance d'assimilation et son esprit d'invention. Ceux qui l’ont connu à cette époque pensaient qu'il devien- drait un grand géomètre. Le sort, cependant, en décida autrement. Prix d'honneur du Concours général de 1866, admis en même temps à l'École Normale et à l'École Polytechnique, Charles Renard choisit cette dernière et se présenta à l'examen de sorlie, devant Duhamel, devenu très sourd, et obligé de former son opinion sur les formules écrites au tableau, et dont il n'entendait pas le commentaire. Le futur rénovaleur de l'Aéronautique répondit, à la ques- tion qui lui fut posée, par des développements qui lui étaient personnels et auxquels l’examina- teur n’était pas préparé. La note fut médiocre, et Charles Renard ne put entrer dans une carrière civile. Ce hasard valut à la France de rester, pendant un liers de siècle encore, à la tête du mouvement aéronautique. Le problème de la direction des ballons se posa de bonne heure au jeune officier du génie. Lieu- j* 15 CH.-ED. GUILLAUME —- LE COLONEL CHARLES RENARD tenant à l'Armée de la Loire, puis à l'Armée de l'Est, il fut très frappé de la difficulté des marches dans les terres labourées ou dans la boue glacée du terrible hiver 1870-71, et il pensa dès lors qu'un allégement immense serait apporté dans le trans- port des armées si l’on s'élevait, même très peu, au-dessus du sol, de manière à êlre indépendant de sa texture. L'idée était utopique, mais elle con- duisit le lieutenant Renard à une étude des aéro- planes, et à des essais tentés à Arras, qui attirèrent sur lui l'attention de ses chefs. Le ministre de la Guerre l’appela, er 1875, à la Commission des Com- munications par voie aérienne, dont il devint immédiatement le secrétaire. L'expérience d'Arras élait le résultat d’études entièrement nouvelles, dans lesquelles le lieutenant Renard avait établi la théorie de Faéroplane à plans superposés, celui au moyen duquel M. Chanute et les frères Wright ont montré récemment comment le problème de la navigalion par le plus lourd que l'air pourrait être un jour résolu. C'est dans son Mémoire, écrit en 1871, que le liculenant Renard établit la loi de sustentalion proportionnelle au sinus de l'angle d'allaque, et non à son carré, comme on l’a prétendu pendant longtemps encore, jusqu'à ce que des expériences indiscutables, telles que celles du Professeur Langley, eussent levé tous les doutes. A l'époque où il arriva par ses propres moyens à la loi du sinus, elle n'était cependant pas entiè- rement nouvelle; Penaud l'avait indiquée dans des Mémoires passés inaperçus, et que, plus lard, le Colonel Renard s'employa de lout son pouvoir à faire connaitre. Dans les problèmes qui touchent de près à l’art de la guerre, la question de la publication des résullats ou même des idées est toujours délicate, et généralement résolue d'avance par la négative. Le travail qui, dégagé de toute préoccupation militaire, aurait une valeur scienti- fique de premier ordre, est ainsi souvent tenu secret, et l’auteur en reste longtemps méconnu. en lui-même, C'est un sacrifice dont il n'est pas loujours assez tenu compte aux officiers où aux ingénieurs des services techniques de l'Armée. À ces motifs, qui plus d’une fois lui imposèrent un silence momen- lané, le Colonel Renard ajoula toujours d'autres raisons, puisées dans sa réelle modestie, dans son gout de la retraite, et dans celte idée, instinctive en tous ceux qui voient très loin et très profondé- ment, qu'un travail est rarement assez parfait pour être livré à la publicité. Pour beaucoup, les idées théoriques du Colonel Renard dépassèrent peu le cercle des entretiens personnels. Mais c'est dans ces entretiens qu'éclatait souvent sa valeur. En 1892, le Colonel Renard ren- sur larésistance de l'air. Ils causèrent longuement, el, lorsque j'eus, à mon lour, la bonne fortune de m entretenir avec l’'éminent secrétaire de la Smith- sonian Institution, il me dit textuellement : « Si j'avais rencontré le Colonel Renard il y a quelques années, j'aurais pu m épargner un gros travail, car il savait depuis longtemps presque tout ce que j'ai eu Lant de peine à découvrir depuis lors. » Les débuts du Colonel Renard montrent que ce n'est point par hasard que l'Aéronautique lui dut sa transformation. Lorsque la conviction se fit bien nette que les ballons possèdent une valeur mili- laire exceptionnelle, et que les Pouvoirs publics résolurent de faire reprendre l'étude systématique du ballon et de son emploi à la guerre, nul n était plus désigné que le Capitaine Charles Renard pour : prendre en mains la direclion de ce travail. L'aéro- plane avait élé l'œuvre de ses débuts. Il pensa toujours qu'on y reviendrait, mais qu'il restait beaucoup à faire et beaucoup à apprendre pour | tenter avec succès el sans de trop grands risques les transports par le plus lourd que lair. Cest pourquoi il allaqua résolument la question du présent, qui est l'aérostal, dirigeable où non. Et c'est l'Aéronautique tout entière qui porte la trace indélébile de son labeur et de son génie inventif, contra le Professeur Langley, venu en Europe peu après la publication de son célèbre Mémoire IH Mais le Colonel Renard ne fut pas seulement un inventeur de premier ordre. Il fut un merveilleux professeur. La clarté de sa’ parole, sa facilité d'élo- cution, la sympathie de sa voix et de tout son maintien [ui gagnaient rapidement un auditoire, sur lequel ses discours ou ses conférences produisaient toujours une profonde impression. Aussi, les cours qu'il fit à l'Ecole de Meudon, où les ofliciers des diverses armes faisaient des stages annuels, ont-ils laissé des traces profondes dans l'esprit de ses élèves, où ils ont germé en une magnifique flo- raison. Avant d'enseigner aux autres, le Colonel Renard élait son propre professeur, en ce sens que, dans. toute recherche, il se préparait à concevoir nelte- ment en choisissant les termes et les paramètres, de manière à mettre ses idées sous la forme la plus claire et la plus immédiatement saisissablea C'est ainsi, par exemple, que, dans ses études sur les échanges thermiques entre les gaz et le interstices des solides, il définit sous le nom d laminage un coefficient grâce auquel tous les calcul deviennent faciles. La considération de ce coeffi cient lui permit de marcher à coup sûr dans l'étud de sa chaudière à grand rendement, comme des CH.-ED. GUILLAUME — LE COLONEL CHARLES RENARD 19 simplifications analogues l’aidèrent à aborder avec succès les multiples questions où il apporta la clarté. La théorie complète du ballon, de sa construc- tion, de la résistance des étoffes, de son équilibre dans l'atmosphère, fut presque en entier l'œuvre du Colonel Renard. Avant lui, l'Aéronaulique était le règne absolu de l'empirisme. Grâce à ses travaux, elle a pris rang parmi les sciences complètement élaborées. Dire ses succès dans ce domaine serail résumer l’'Aéronautique presque entière. Des publi- calions récentes nous permeltront d’en rester, pour celte partie de son œuvre, à celte brève indication'. IAE Chez le Colonel Renard, l'être moral était à la hauteur de l’homme intellectuel. Si ceux qui le connaissaient peu se bornaient à admirer la puis- sance de son esprit d'invention et la clarté de ses exposés, en revanche, ceux qui eurent le privilège de pénétrer sa pensée intime furent tous gagnés par sa bonté, reflétée dans ses yeux d’une étrange douceur, le charme exquis de son commerce, l’imprévu de ses conversations, qui en faisaient une fête de l'esprit. Ces qualités de rapide pensée, qui.donnaient un tel éclat à la simple causerie du Colonel Renard, étaient aussi une des caractéristiques de son mode d'agir. Dans la manœuvre du ballon, où la réussite ou le désastre dépendent d'une décision rapidement | prise el aussitôt exécutée, il fut un maitre reconnu de tous. Assurément, cette qualité de son esprit, isolée des autres, n'en eût point encore fait un être d'exception. Mais la rapidité de la conception “est si rarement liée à sa profondeur que, dans le classement global des esprits, on distingue volon- tiers entre les hommes de pensée et les hommes d'action. Le Colonel Renard fut l’un et l’autre à un très haut degré, tant il était de ces êtres privilégiés dont les qualités les plus éminentes ne sont exclu- sives d'aucune aulre. Ceux qui connaissaient la sensibilité du Colonel Renard et sa réelle modestie pouvaient ignorer lénergie qui se cachait sous son apparente timidité; Ses actes de bravoure pendant la campagne de 1870 luiavaient déjà valu d'étre proposé pour la Légion d'honneur; mais il donna bien d'autres exemples du devoir périlleux simplement accompli, Il y a quelque dix ans, une grave explosion se produisit dans un des bâtiments de l'Etablissement de Chalais, qu'il commandait depuis 1878, et qui, en 1888, avait élé érigé en Direction. Des tubes | chargés d'hydrogène sous forte pression avaient EE 2 Voir notamment l'ouvrage de M. Marchis, analysé récem- ment dans la Revue. , éclaté, produisant d'importants dégâts. L'enquête, qui avait d'abord conduit à attribuer cet accident à lamalveillance, était hésitante, lorsqu'une deuxième explosion se produisit, si formidable que le bâti- ment fut en grande partie détruit, el que le bruit en fut entendu à plus de vingt kilomètres à la ronde. Cette fois, les morceaux d'acier, dans leurs chocs réciproques, avaient produit des étincelles qui avaient mis le feu à l'hydrogène, et celui-ci, mé- langé à l'air, avait agi comme un véritable explosif. Lorsque, quelques minutes plus lard, le Colonel Renard pénétra dans le bâtiment en ruine, suivi d'un sous-officier, l'œuvre de destruction ne semblait point encore achevée. Un tube, dont le robinet avait été emporté, envoyait, tel un chalumeau, un long dard de flamme sur d'autres tubes chargés, élevant ainsi leur pression intérieure et affaiblissant la résistance du mélal. Faisant face au danger d'un coup d'œil, le Colonel Renard attaqua, avec une lance à eau, le faisceau des tubes sur lesquels le jet se vaporisait, et parvint ainsi à circonscerire le désastre. Ces détails, dont la Presse quotidienne avait parlé, étaient suffisamment connus pour qu'il füt possible de s'entretenir des circonstances de l'explosion avec le Colonel Renard, toujours muet sur lout ce qui concernait son Elablisse- ment. Comme je lui exprimais mon admiration du sang-froid et du courage qu'il avait montrés en ces dangereuses circonstances, il me répondit en toute simplicité : « Je suis le chef ici, c'était ma place; le simple devoir commande d'être à son poste; il n'est pas besoin de courage pour cela, puisque le contraire serait une désertion. » | IN Mais il est Lemps d'aborder l'étude détaillée de quelques-unes des inventions du Colonel Renard. La première qui fut réalisée fut la soupape quil imagina lorsque, dans l'hôpital militaire où l'avait conduit, en 4875, la chute effroyable faite en com- mun avec toute la Commission d’Aéronaulique, pilotée par un aéronaule civil, il se rendit compte des causes de l'accident qui avait failli couter la vie à un groupe d'officiers très dislingués, parmi lesquels le Colonel Mangin et le vénéré Colonel Laussedat. La soupape du ballon, de la construc- tion courante alors, avait subi un accrochage, et l'aérostat, vidé en un instant, n'avait plus servi que de parachute. La solution que le jeune capitaine Renard donna de la question des soupapes est fort élégante. Au sommet du ballon, une sorte de cheminée verti- cale, percée d'une couronne de fenêtres, est en- tourée d'un tube de caoutchouc, qui s'applique sur elle par son élasticité. Vient-on à produire une 20 CH.-ED. GUILLAUME — LE COLONEL CHARLES RENARD pression à l'intérieur du tube, il se gonfle et dé- couvre les fenêtres. La pression cessant, l’oblura- ration se produit instantanément, sans qu'aucun accrochage soit possible. Cette invention, encore utilisée aujourd'hui, est loin de l'importance de celles que nous allons rencontrer. Il convenait, cependant, de la rap- peler pour montrer combien l'esprit du Colonel Renard, toujours en éveil, savait donner immé- diatement la solution mécanique la meilleure de tout problème avec lequel le hasard le mettait en contact. C’est de la même époque que date la préoccupa- tion de perfectionner la production de l'hydrogène, qui n’avait pas fait un progrès depuis que l’un des fondateurs de l’Aéronautique, le célèbre Charles, avait, en 1783, imaginé le pro- cédé d'attaque du fer ou du zinc par l'aci- de sulfurique, dans des ton- neaux formant couronne au- tour d'un ré- servoir central. Dans cet appa- reil, la stagna- tion du liquide épuisé autour des tournures métalliques rendait l’atta- que très lente, et c’est pour ar- river à une production d'une raisonnable rapidité que chaque élément se trouvait répélé un grand nombre de fois. En 1875, le Capitaine Renard imagina les appa- reils à circulation qui, en ramenant toujours autour du métal du liquide frais, permirent d'utiliser à outrance le matériel, et réduisirent immédiatement l'encombrement au quinzième environ de ce qu'il étaitauparavant. Ce ne fut pas, cependant, sans in- sister beaucoup que le génial inventeur oblint que son projet fût réalisé. Giffard, qui avait pourtant surmonté bien des difficultés, le déclarait utopique, et il fallut la foi du jeune officier dans le succès final pour que la Commission dont il faisait partie demandät les crédits nécessaires à la construction de l'appareil. Le générateur fut d’abord construit sous la forme fixe (fig. 1), puis, plus tard, sous la forme mobile d'un chariot militaire permettant une production rapide en manœuvres. Le chariot actuellement en Fig. 1. — Générateur d'hydrogène. — À, générateur; B, bac à acides: GC, bac à eau; D, vase de mélange; E, boite à mousses; F, laveur: K, sécheur; L, cloche d'épreuve; M, sortie du gaz; f", tube conduisant l'acide du bac D au bas du générateur. l usage dans l'armée française (fig. 2) pèse, tout équipé, 2,600 kg., et produit 300 mètres cubes de gaz à l'heure. Il suffit donc pour gonfler en deux heures un petit ballon monté, et en trois ou quatre heures un ballon militaire de moyenne capacité. Ajoutons que ce chariot a été imité dans la plu- part des armées. Cependant, le Colonel Renard ne considéra ja- mais ce mode de production de l'hydrogène comme définitif, ou comme le meilleur dans tous les cas. Le procédé purement chimique de la glycérine sodée, celui de la décomposition de la lessive de soude par l'aluminium, lui doivent leur inven- tion. Enfin, il mit pour la première fois les électro- lyseurs sous une forme telle qu'ils permissent la production en grand avec une dépense modérée. L'électrolyse de l’eau en grande quan- tilé est liée à l'emploi, com- me électrodes, d’un métal moins coûteux que le platine, qui, seul avec sescongénères, résiste à l’élec- trolyse en bain acide. Le fer, au contraire, se conserve en bain alcalin. C'est ce bain qu'adoptale Co- lonel Renard, sans savoir que M. Latchinof et M. d'Arsonval en avaient déjà eu l'idée, restée d’ailleurs inédite. Mais la nalure du bain n'élait pas le seul empé- | chement à la production en grand. Il fallait aug- menter les surfaces et diminuer la distance des électrodes. L'emploi de diaphragmes poreux en toile d'amiante le permit, grâce à l'intervention des phénomènes capillaires, efficaces à la condition » que la différence de pression sur les deux faces” reste faible, ce qui fut obtenu en reliant l'appareil à un double vase de Mariotte, servant de régulateur. L'électrolyseur n'eut pas, au point de vue du matériel militaire, la même fortune que son de- vancier. Son inventeur lui-même obtint bien juste« les crédits nécessaires à l’installalion, à Chalais, d'un appareil de faible puissance. Mais l’industrie s’en est emparée, et l'électrolyse de l'eau par les, procédés Renard est du domaine de la pratique courante; la soudure aulogène en tire aujour= d'hui, comme on sait, grand profit. . CH.-ED. GUILLAUME — LE COLONEL CHARLES RENARD 21 Les inventions dont il vient d'être question mon- trent que le problème du gonflement rapide des ballons doit beaucoup au Colonel Renard. Il alla plus loin encore dans la constitution de la voiture à tubes, dont l'invention fut simple, mais qui né- cessita une étude très soignée du détail pour devenir l'auxiliaire classique du gonflement en campagne. Elle permet, avec un personnel exercé, de mettre en vingt minutes en ordre de marche un ballon replié sur sa voiture. C’est là un fait qui, au point de vue militaire, peut avoir une impor- tance très grande. venteurs, celte supériorité d'avoir gardé un contact très intime avec les domaines les plus divers, et de pouvoir, à lui seul, mettre sur pied une invention complète, relevant de tout un groupe de sciences. Par-dessus tout, ayant été l'inventeur, il était l'ingénieur, en ce sens que, lorsque l’aspect géné- ral de l'invention lui était apparu, il en scrutait le détail et ne la laissait passer du bureau d'études à l'atelier de construction qu'après l'avoir lui-même complètement élaborée; c'est à ces dons et à ces aptitudes multiples qu'il dut d’être un inven- teur aussi complet et de si large envergure; il * Fig. 2. — Chariot générateur d'hydrogène, pour Dans les quelques inventions qui viennent d’être rapidement passées en revue, le Colonel Renard avait fait preuve des qualités les plus diverses. Avant tout, il avait su appliquer les principes de la Mécanique, de la Physique, de la Chimie, de la façon la plus ingénieuse à la production d'un ré- sultat pratique longtemps cherché et qu'avant lui nul n'avait su réaliser. Ce n’est point que l'une ou l'autre de ces inventions nécessitât la connaissance de principes généralement ignorés. On ne saurait, d'ailleurs, exiger que l'inventeur, avant de se mettre à l'œuvre, découvrit des phénomènes nou- veaux. Son rôle, distinct de celui du simple cher- cheur, consiste bien plutôt à rassembler des faits connus pour la production d'un résultat technique déterminé; l'inventeur est avant tout un créateur: pouvoir puiser beaucoup dans les trésors amassés augmente sa puissance et rend plus fructueux son une production de 300 mètres cubes à l'heure. ne connaissait pour ainsi dire pas l'impossible. V Malgré ses brillants travaux, le Capitaine Renard, bien connu déjà dans le corps du Génie, étaitencore ignoré du public lorsque la retentissante ascension du 9 août 1884, effectuée en compagnie du Capitaine Krebs, qui avait été son collaborateur dans la cons- truction de l’aéronat, le rendit fout à coup célèbre. On avait vu un ballon en forme de cigare (fig.3 et 4) partir des hauteurs de Meudon, évoluer sur Paris et revenir à son point de départ. Il n’en fallut pas plus pour que l’on déclaràt résolue la question, po- sée depuis les origines de l'humanité, du déplace- ment volontaire dans l'océan aérien. On avait trop oublié, sans doute, les essais antérieurs de Giffard, de Dupuy-de-Lôme et des frères Tissandier, qui effort. Le Colonel Renard avait, sur beaucoup d'in- | avaient déjà obtenu des vitesses propres de ballons 29 CH.-ED. GUILLAUME — LE COLONEL CHARLES RENARD allongés. Mais le public avait inconsciemment vu juste en ce sens que l'appareil nouveau était, pour la première fois, parfaitement maniable, et donnait, pour la première fois aussi, des vitesses permet- tant d'aborder de front des brises déjà fraiches. Ce qu'on savait moins, c'était la longue série d'études systématiques qui avait conduit à ce résultat, en immense progrès sur les essais anté- rieurs, et la sûreté avec laquelle tout avait été agencé, de manière à ce que la première ascension fût un triomphe. La meilleure forme de la carène au point de vue de la résistance à l'avancement, son équilibre, sa liaison avec la nacelle constituant un couple redres- seur, la conservation de sa forme par l'emploi du ballonnet, la propulsion due à l'effet combiné du moteur et de l’hélice, tout avait été minulieusement Fig. 3. — Le ballon « La France », d'après les dessins de construction. (Le sens de la marche est vers la droite.) éludié, et la vitesse mesurée dès la première ascen- sion fut à très peu près celle qui avait été prévue. IL y a loin de cette sûreté à la série des tâtonne- ments et des essais infruclueux auxquels nous avons assisté depuis lors. En fait, il fallut vingt ans pour enregistrer, par les superbes ascensions du ballon Lebaudy, un progrès dans la vitesse de marche, qui ne füt pas rendu souvent illusoire par une complète insécurité, dont des chutes répétées, suivies ou non de mort d'homme, ont donné au public le sentiment bien net. Il est difficile, à vingt ans de distance, de faire le départ du travail entre les éminents officiers qui construisirent le ballon La France. On sait cepen- dant que l’un des éléments de son succès fut l'em- ploi d'un moteur électrique alimenté par la pile chlorochromique, à éleclrodes de zine el d'argent plaliné, inventée par le Capitaine Charles Renard. Aujourd'hui encore, on ne connait pas de source chimique d'énergie électrique d'un aussi faible poids relalif. VI L'étude des hélices n'avait pas pu êlre poussée à fond en vue de la construction du ballon Za France, pour lequel on pouvait prévoir encore quelques perfectionnements. Cette étude fut reprise, plus tard à Chalais, à l’aide d'une balance dynamo- métrique double, et le Colonel Renard en publia les résullats en 1889 et 1903. C'est dans les courtes Notes qu'il présenta à la Société de Physique pour la première série d’études, à l'Académie des Sciences pour la seconde, que lon trouvera la théorie complète des hélices, et la meilleure for- mule pour les construire. Cette étude des hélices comporte des résultats qui, s'ils se rapportent directement à la propulsion des ballons, ont une portée beaucoup plus éten- due. Les ventilateurs en bénéficient tout autant, et le problème de la sustentation dans le cas du plus lourd que l'air y puisera ses meilleurs élé- ments. La connaissance du rendement des hélices a « permis de caleuler les conditions de la sustenta- | üion d'un moteur. Lorsqu'on conslruira couram- » ment des machines motrices de 2 à 3 kg. par | kilowalt, le problème n'offrira plus de difficultés | sérieuses. Disons, pour n'y plus revenir, que c’est de ce w côté que se portèrent les recherches du Colonel Renard lorsque, vers la fin de sa carrière, déses- pérant d'obtenir les crédits destinés à la construc- lion d'un nouveau dirigeable, dont lous les élé-@ ments étaient calculés, il employait son activité au. mieux de l’'avancemeut des questions d'Aéronau-" tique et d'Aviation. Des expériences décisives avec un hélicoptère étaient prévues pour une date très rapprochée, et quelques détails seuls faisaient encore défaut, lorsque la mort vint le terrasser. = NT CH.-ED. GUILLAUME — LE COLONEL CHARLES RENARD 23 VII En 1885, lorsque les ascensions du dirigeable de Meudon furentrépétées par le Commandant Charles Renard, accompagné de son frère le Capitaine Paul Renard, et de M. Duté-Poitevin, l'augmentation de la vitesse des ballons dirigeables était liée unique- ment à l’accroisse- ment de la puis- sance des moteurs. Entre temps, la dy- namo du ballon avait été remplacée, et l’on avait atteint tout ce que pouvait fournir le moteur électrique actionné par des piles; on ne pouvait donc plus guère espérer, de ce côté, un allégement qui permit de fran- chir une étape im- portante. Or. le bal- lon La France avait marché à raison de 6,50 par seconde, et le Colonel Renard affirmait, après une étudestatistique des vitesses du vent à quelque distance du sol, qu'un ballon ne serait dirigeable,au moins huit fois sur dix, qu'avec une vi- tesse double. La ré- sistance à l’avance- ment étant sensi- blement proportion- nelle au carré de la vilesse, la puissance l’est à son cube, et ilfallait, pourattein- dre le but proposé, posséder, pour un même ballon, un moteur au moins huit fois plus puissant. La première solu- tion envisagée fut celle du moteur à explosion ; effectivement, les essais aussitôt entrepris con- duisirent, dès l'année 1888, à la construction d'un moteur pesant 6 à 7 kg. par kilowalt, ce qui était très peu pour l'époque. Mais les moteurs à explosion présentent pour le ballon deux incon- Ménients graves. Les gaz de l'échappement con- Slituent un danger permanent d'incendie, et la combustion du pétrole déleste peu à peu le ballon Fig. 4. (d'après une photographie prise de l'avant). — Le ballon « La France » | | | | et le fait remonter indépendamment de la volonté des aéronautes. Ces deux inconvénients pouvaient être supprimés d'un seul coup, en faisant échapper les gaz dans un espace clos, où ils élaient conden- sés. L'appareil lui-même ne pouvait être refroidi que par un courant d'air. C'est ici que se place l’une des plus importantes parmi les recher- ches du Colonel Re- nard : l'étude des échanges thermi- ques entre les gaz en mouvement et les solides qu'ils baignent. Les expériences, systématiquement conduites, ont mon- tré que, jusqu à des vitesses supérieures à 40 mètres par se- conde, l'échange thermique est pro- porlionnel à la vi- tesse, et dépend de la forme du circuit géométrique qui lui est imposé. Cette forme se traduit par un coefficient carac- téristique, précisé- ment celui qui fut désigné sous le nom de laminage, et qui exprime l'intensilé de l'échange dans le passage du gaz par le L'unité de laminage corres- circuit. pond, par exemple, à la réduction de moitié de l'écart de à l'atterrissage température du gaz et du solide à l’en- trée du circuit. En s’ajoutant bout à bout, deux laminages égaux à l'unité réduisent au quart la différence des tempé- ratures Ainsi élaborée, la théorie permet de calculer les meilleures proportions à donner à un aéroconden- seur en vue d'un but déterminé. Elle a été appli- quée à un appareil condensant 100 kg. de vapeur à l'heure et ne pesant que 20 kg. Le passage de l'air dans l'appareil était obtenu au moyen d'une puissance d'un cheval seulement. Grâce à l'organe auxiliaire que le Colonel Re- 24% CH.-ED. GUILLAUME — LE COLONEL CHARLES RENARD nard avait réalisé, le moteur à explosion devenait applicable au ballon dirigeable. Mais, alors, une autre solution se présenta immédiatement à son esprit. Le moteur à vapeur est bien préférable à tous égards au moteur à explosion, en raison de la dou- ceur de son action et de la continuité de son effort. S'il avait été laissé de côté dès le début, c'estqu'on devait considérer comme impossible la condensa- tion des quantités de vapeur cinq à six fois plus fortes qu'il exige pour une même puissance. Mais, l'aérocondensation pouvant maintenant être obtenue avec des appareils de 2 kg. à 2 kg. 5 par kilowatt, toute la difficulté se bornait, à l'époque de ces recherches, vieilles de dix ans, à la cons- truction d'une chaudière ne dépassant pas 2 kg. 5 par kilowatt, afin d'arriver à un poids total infé- rieur à 7 kg. par kilowalt, qui était la limite imposée par l’ensemble du problème. Le moteur proprement dit pouvait, à celte époque déjà, être obtenu, en effel, avec un poids ne dépassant pas 1kg. 3 par kilowalt. Pour réaliser la nouvelle chaudière, le pas à franchir était difficile; les chaudières les plus légères connues dans la marine pesaient, en effet, 10 à 12 kg. par kilowatt: il fallait descendre au cinquième de celte valeur. Mais les études anté- rieures avaient si bien préparé le Colonel Renard à résoudre Ce nouveau problème qu'en 1897 une première chaudière de 60 kilowatts fut construite pour un poids total de 128 kg., soit très peu plus de 2 kg. par kilowatt. Des publications plus ou moins détaillées nous ont permis jusqu'ici de nous borner à rappeler les traits saillants des inventions du Colonel Renard. Mais la chaudière est encore inédite, et il est parti- culièrement intéressant d'en tionnement. examiner le fonc- Les principes généraux sur lesquels elle repose sont la vaporisation instantanée dans un serpenlin, la récupéralion aussi complèle que possible de la chaleur, enfin l'alimentation du serpentin en eau et du brûleur en combustible par des pompes spé- ciales, en servitude avec le moteur principal, et fournissant toujours à la chaudière et au foyer les quantités de liquide exigées pour le fonctionne- ment du moteur lui-même. Pour la meilleure utilisation de la chaleur déga- gée dans le foyer, un serpentin d'un seul tenant est disposé (fig. 5) dans une caisse allongée dans le sens vertical, enlourée d’un espace annulaire dans lequel circule l'eau qui servira à l'alimentation. L'entrée de l'eau dans le serpentin, commandée comme il a élé dit par une pompe, s'effectue par le haut; puis, lorsqu'elle est arrivée au milieu à peu près de la hauteur de la caisse, elle descend d’un trait jusqu'au bas, pour remonter, par des détours, Fig. 5. Fig. 6. Fig. 5.— Trajet de l'eau à vaporiser dans la chaudière Renard. Fig. 6. — Trajet du pétrole à vaporiser dans la chaudière Renard. jusqu'au tiers de la hauteur. Ce trajet a un but précis. L'eau qui entresoutireles der- niers restes de cha- Jeur aux gaz qui s'échappent. Mais, si la vapeur allait constamment en À descendant, les | scott y coups de feu se- raient à craindre dans les parties les plus basses du fais- ceau. Il est bon, au contraire, que celui- ci scil parcouru, dans ses parties in- férieures, par de la vapeur qui com- mence seulement à se surchauffer, el produit encore, par sa circulation, un refroidissement énergique. L'espace libre en- tre les deux parties du serpentin est oc- cupé par le tube contourné de Ja fi- gure 6, qui sert à la vaporisalion du pétrole de chauffe. L'endroit où on l'a — J'aisceaux de tubes placé a élé choisi de de la chaudière Renard (élévation) Fig. 7. manière à ce que la vaporisation puisse être complète, sans danger de CH.-ED. GUILLAUME — LE COLONEL CHARLES RENARD 28 décomposition et d’obstruction des tubes par dépôt de coke. Les figures 7 et 8 montrent, enfin, l'aspect véri- table du faisceau de tubes, jointifs dans le sens des couches successives, et dont les interslices dans chaque couche forment des cheminées en chicane. Ilestaisé de voir qu'avec le dispo- sitif adopté, si les interstices sont convenablement disposés, la cha- leur du combus- tible est utilisée en presque tota- lité, et que la cha- leur perdue par rayonnement des parois est sensiblement nulle. La figure 9 montre la facon dont le foyer fonc- tionne. La pompe P envoie le pétrole dans le ser- pentin, la vapeur est injectée dans un foyer à double enveloppe, et l'air d'alimentation, tout en refroidissant les parois extérieures, se chauffe avant d'arriver au brûleur b. L'ensemble est représenté dans la figure 10; les deux pompes P et P' envoient respectivement à la chaudière l’eau et le combustible. La vapeur sort par le tuyau {, et va au moteur de servitude. actionnant les pompes et le ventilateur. De là, elle Fig. 8. — Faisceaux de tubes de la chaudière Renard (plan). Fig. 9. — }oyer de la chaudière Renard. — P, pompe envoyant le pétrole; A, foyer; B, C, enveloppes; V, ven- tilateur pour l'envoi de l'air; b, brüleur. se dirige vers le moteur principal. Une dérivation D permet de diminuer la part relative du moteur de servitude, ce qui est nécessaire pendant l'allu- mage. La mise en marche se fait au moyen de la ma- nette M, le moteur de servitude étant débrayé; l'allumage est effectué au moyen d'alcool que l’on verse dans la poche B. Pendant l'allumage, la vapeur, très humide, est envoyée au dehors ou au condenseur. La chaudière Renard convient particulièrement bien pour des puissances de quelques centaines de kilowatts. Pour les plus fortes puissances, on accouple plusieurs chaudières, en laissant à cha- cune son moteur de servitude, et en équilibrant les pressions en amont et en aval de tous les mo- teurs de manière à les faire marcher à la même allure. Nous avons vu que la nouvelle chaudière cons- titue un grand progrès par l’allégement au quart des anciennes chaudières marines. Dans ces conditions, elle rend, con- tre toute espérance, le moteur à va- peur applicable au ballon dirigeable. Mais, surtout, elle produit, dans les petits bâliments, une diminution telle du poids et de l'encombrement Fig. 10. — Ensemble de la chaudière Renard. — P et P', pompes envoyant l'eau et le combustible par les tubes f, et #,: V,ventilateur envoyant l'air au foyer par le tuyau T: K, corps de la chaudière; t, tube de dégagement de la va- peur; æ, moteur de servitude; M, manette; D, dérivation; W, valve de sortie. que les disponibilités résultantes permettent d’em- magasiner du combustible quadruplant leur rayon d'action. C'est l'indépendance presque complète assurée aux bâtiments de faible tonnage. Il est difficile de prévoir aujourd'hui quelles seront, pour le développement futur de la marine de guerre, de commerce ou de plaisance les con- séquences de l'emploi de la chaudière Renard, mais on peut, dès à présent, prédire qu'elles seront très considérables. NIITI Lorsque, par l'invention de la chaudière à ren- dement élevé, l’allégement du moteur sembla pou- voir donner au ballon dirigeable la vitesse désirée avec un grand rayon d'action, une difficulté im- 26 CH.-ED. GUILLAUME — LE COLONEL CHARLES RENARD prévue vint faire reculer encore la solution tant cherchée. - On savait, depuis longtemps, que la stabilité longitudinale de la nef aérienne était difficile à assurer, et le serait d'autant plus que la vilesse serait plus grande. Mais les essais de direction des ballons tentés dans ces dernières années vinrent montrer qu'avec les vitesses déjà réalisées, on tou- chait à la limite infranchissable. Sans parler des terribles catastrophes qui signalèrent deux des ascensions de l'année 1902, l’insuccès relatif de sta- bilisation du ballon Zeppelin, et les chutes réitérées des ballons de M. Santos-Dumont, précédées d'os- cillations de grande amplitude chaque fois qu'il cherchait à forcer son moteur, montrèrent qu'une nouvelle étude de la stabilité devrait précéder toute tentative d'augmentation de la vitesse des dirigeables. Le Colonel Renard consacra, à cette étude, une partie des années 1903 et 190%. Après avoir complètement élucidé le problème, et établi, par le calcul et l’expérience, la valeur des couples perturbateurs pour diverses carènes en fonction de leur vitesse, il montra que seule la stabilisation automatique assurerait l'horizontalité permanente de l'enveloppe du ballon. Il projeta alors de donner à l’aéronat les propriétés d'une flèche empennée, de manière à ce que le couple redresseur s'accrût en même temps que le couple perturbateur. Ces travaux du Colone! Renard ont été décrits en détail dans la Æevue!, et la brève indication qui précède les rappellera suffisamment. Lorsqu'ils furent achevés, le Colonel Renard, qui avail tou- jours prévu des difficultés à la construction du ballon dirigeable suivant le programme qu'il lui avait tracé, devint très affirmatif. Plus d'une fois, dans la dernière année de sa vie, nous l’entendimes prononcer cette phrase : « Maintenant, je possède tout ce quil faut pour construire un dirigeable qui marche. » IX Le Colonel Renard ayant ainsi achevé l'œuvre qui avait été celle de toute sa vie, l'étude complète de la construction du ballon dirigeable ayant une réelle valeur militaire, il put espérer un moment que ses projels verraient leur réalisation. Mais il eût fallu, pour cela, des crédits importants qu'il ne put pas obtenir. Et, comme son activité ne savait pas s'arrêter, il entreprit, en utilisant le moteur qu'il avait créé, de perfectionner les transports militaires, problème que le ministre de la Guerre avait inscrit au programme des travaux de l'Éta- blissement de Chalais. Dans la propulsion sur route des trains de voi- ! Voir la Revue des 15 juillet et 30 septembre 1904. tures, il est nécessaire, pour que l’on puisse abor- der les pentes raides, de disposer d'un poids adhérent qui soit une fraction déterminée du poids du train. Ce rapport augmente, naturellement, avec la pente, et, déjà pour les inclinaisons cou- rantes, on arrive à un chiffre qui impose des trac- teurs lourds. L'inconvénient du tracteur unique est de créer une disproportion trop forte entre le poids de la voiture de tête et celui des autres véhicules, et de charger localement les routes de poids qui peuvent les détériorer. Tous ces inconvénients, que l'on connait depuis longtemps, avaient fait envisager la solution du problème dans la constitution de trains dont toutes les voitures fussent motrices, soit par des moteurs indépendants, soit par des moteurs secondaires, alimentés par un seul générateur, porté par la voiture de tête. , La solution que le Colonel Renard à donnée de ce problème est fort élégante : elle consiste à disposer, tout le long du train, un arbre brisé entre les voi- tures, et relié par un joint à la Cardan. Chaque voi- ture prend la puissance motrice sur cet arbre au moyen d'un joint élastique et d’un différentiel. Mais cela ne suffit pas pour que le train soit bien dirigé; il faut, en outre, que le tournant soit cor- rect, c'est-à-dire que toutes les voitures passent sur la voie marquée par la première. Cette condi- tion est remplie si l'on réalise une relation déter- minée, régie par le théorème de Pythagore, entre les trois quantilés suivantes : longueur du timon attelé à l'essieu d'avant, empattement, c'est-à dire distance des deux essieux (celui d'arrière étant lié rigidement à la voiture), enfin longueur de la queue, c'est-à-dire de la distance de l’essieu d’arrière à la pointe du timon de la voiture sui- vante. Si le carré de cette dernière longueur est égal à la somme des carrés des deux autres, les voi- tures successives tournent autour du même point, et, par conséquent, se suivent sur la mème circon- férence. Dans le cas d'accélérations angulaires, le tournant n'est plus absolument correct, mais les voitures de queue passent encore très près de la voie tracée par la voiture de lêle, de telle sorte qu'un train d'un grand nombre de voilures suit docilement tous les méandres des routes à l'inté- rieur des villes ou des villages, sans que le conduce- teur ait à s'inquiéter d'autre chose que de sa direc- tion. Il est clair que le tournant correct ne peut être obtenu qu'en connexion avec la propulsion conti- nue. En eflet, si chaque voiture tire obliquement sur le limon de la suivante, il se produit des ripe- menis qui, peu à peu, redressent le train, et amènent les voitures de queue à couper court aux courbes que décrit la tête. _— RE CH.-ED. GUILLAUME — LE COLONEL CHARLES RENARD 27 On n'a point oublié la profonde impression que produisit le train Renard, en décembre 1903, au Sa- lon de l'automobile, et ce fut, pour l'inventeur, un vérilable triomphe lorsque, quittant l'Exposition, il conduisit son train dans le faubourg Saint- Honoré, et lui fit exécuter le brusque tournant qui lui permit d'entrer dans la cour du Palais de l'Élysée et d'y évoluer sous le regard bienveillant du Président de la République, qui avait exprimé le désir de féliciter le Colonel Renard de la trans- formation, qu'il venait d'opérer, du problème difficile des transports mililaires. Ce fut aussi une de ses dernières joies. X Si l’on jette un coup d'œil rétrospeclif sur l'œuvre si prodigieusement diverse du Colonel Renard, on recounait que tout se lient cependant, . que tout converge vers un but unique, et les résul- tats accessoires, pour importants qu'ils soient, lui sont subordonnés. La construction, le gonflement, la manœuvre, la conduite du ballon libre ou captif furent entièrement renouvelés par lui, et, s'il réalise des inventions d’une incalculable portée, telles que la chaudière légère et Le train à propul- sion continue, ce ne sont que des conséquences des études faites en vue du ballon dirigeable. Mais que de détails à surmonter, que de pas à franchir pour arriver à chacune de ces inventions, complète en elle-même et parfaitement caractérisée ! Il est rare que le Colonel Renard ait employé une méthode de mesure sans la perfectionner ou la transformer. C'est ainsi que l’étude des moteurs l’amena à pro- poser le moulinet dynamométrique, dans lequel l'énergie est absorbée par la résistance opposée par l'air à des ailes montées sur un croisillon, sans que l'on ait à redouter les serrages ou les basculements du frein de Prony; dans le moulinet, les ailes étant repérées, la vitesse angulaire, avec une cor- reclion pour la pression et la température de l'air, donne immédiatement la puissance absorbée. Les études sur les mouvements de l'air l'avaient conduit aussi, par une pente loule naturelle, à construire, avec le concours du Capitaine de ïa | Haye, des élévateurs pneumatiques, travaillant très économiquement pour le déchargement de toute malière fragmentaire. Les expériences avaient montré que le sable, les pierres menues, même des Pièces métalliques, étaient entrainés par le cou- rant. Ces appareils se sont répandus pour le trans- bordement des grains, où ils se sont montrés très pratiques. Mais ce sont là des à-côté d'une grande œuvre; il convenait de les citer néanmoins pour montrer que le Colonel Renard apportait, en se jouant, des ! ! solutions praliques dont chacune eût suffi à établir solidement la réputation d'un ingénieur. Il fut un temps où le Colonel Renard, alors capi- laine, était très populaire. C'était en 1884 et 1885, après les retentissantes expériences du ballon Za France. Puis, dans le grand public, qui attendait de nou- velles expériences de navigation aérienne, on pensa, ne voyant plus aucun ballon allongé partir des coteaux de Meudon, qu'il avait renoncé à apporter aucun nouvel élément de progrès à ce difficile pro- blème. Nous venons de voir combien, au contraire, il en avait fait avancer un à ur tous les détails, trop loyal pour vouloir reprendre une facile popu- larité en lenlant une ascension à chaque nouveau pas en avant, et ayant pris la ferme résolution de ne demander aux Pouvoirs publics des crédits que lorsqu'une expérience complète pourrait bénéficier de tout l'ensemble des études patiemment poursui- vies; il voulait accomplir, dans les plus prochains essais, le véritable trajet aérien tel qu'il devrait être parcouru dans une guerre, rapide, sûr,étendu, dans toutes les directions et par tous les temps, sauf pendant les bourrasques. Cette droiture, dont on aurait dû lui savoir gré, tourna à son détriment. Des expériences aéronautiques qui firent beaucoup . de bruit et dont les meilleures aväient à peine réussi à égaler celles du ballon Za France, firent croire que le Colonel Renard, ne construisant pas un nou- veau ballon et ne publiant aucun résultat partiel, avait renoncé à la lutte. Sans doute, on ne contes- tait pas sa grande valeur; sa réputation était trop bien établie parmi ceux qui connaissaient son œuvre véritable, tant en France qu'à l'Étranger, pour qu'on püt feindre de l’ignorer. Mais sa célébrité lui fut reprochée comme s'il en était responsable. En même temps, les fatigues jointes aux déboires eurent raison de sa robuste constitution ; depuis quelques années, ses amis voyaient avec peine sa santé décliner sous les attaques d’une douleur muette ; finalement, une affection cardiaque se dé- clara et fit en quelques mois de rapides progrès. Le Colonel Renard était resté célibataire; maisil avait trouvé, dans la famille de son frère tendre- ment aimé, le Commandant Paul Renard, un foyer qui était comme le sien propre, et au sein duquel il éprouvait la joie et le réconfort. Le Commandant Paul Renard lui avait été, en effet, officiellement adjoint à partir de 1879; pendant vingt-cinq ans, il avait partagé tous ses travaux, l’aidant à les élaborer, confident constant de loules ses pen- sées. Mais, dans le courant de l’année dernière, le Commandant Renard ne trouva d'autre issue à une situation devenue de plus en plus difficile que de renoncer à une collaboration qui avait élé sa vie entière. Le Colonel voulut lutter encore, espérant 28 PHILIPPE-A. GUYE — LA FIXATION DE L'AZOTE ET L'ÉLECTROCHIMIE obtenir la possibilité de construire le dirigeable dont il avait rassemblé tous les éléments. Depuis le départ de son frère, l'Établissement de Chalais, où il avait passé tant de belles années dans le travail couronné d'un légitime succès, lui parut vide et triste. Resté à Paris chez son frère, pendant une grave atteinte de grippe, il retourna à Chalais, pleinement convalescent, au commencement d'avril. Ce premier relour l'impressionna péniblement; au cours de la seconde visite à son laboratoire, il se sentit las, remonta dans sa chambre et s'assit dans son fauteuil, où on le trouva, l'instant d’après, fou- droyé par un arrêt du cœur. Ainsi mourut au poste d'honneur qu'il avait rendu célèbre, et où le devoir l’appelait triste- ment, un homme qui, par son œuvre d'une superbe ampleur, honora grandement son pays. Nul ne réalisa, dans la navigation aérienne, d'aussi grands progrès; et les aéronautes futurs, associant son nom à celui du célèbre précurseur de l'Aéronau- tique moderne, se souviendront que le Colonel Renard apporta la solulion complète des problèmes dont le général Meusnier avait ébauché l'étude un siècle auparavant, mais dont il avait surtout mon- tré la difficulté. Ch.-Ed. Guillaume. LA FIXATION DE L’AZOTE ET L'ÉLECTROCHIMIE Sous la forme de sel ammoniacal ou de nitrate de soude, l'azote représente un des produits vitaux de la civilisation ; ses emplois sont si considérables qu'il constitue un des facteurs économiques les plus importants de notre époque. L'ammoniaque joue un très grand rôle dans l'industrie chimique en général, et tout particu- lièrement comme matière auxiliaire dans la prépa- ration du carbonate de soude, un des produits chimiques les plus employés dans l'industrie et dans l'économie domestique. De son côté, le nitrate de soude, provenant du Chili, sert à la fabrication de l'acide nitrique, dont l'importance n’est pas moins grande dans des branches nombreuses de l'industrie chimique; il suffit de rappeler, à ce propos, le rôle de l'acide nitrique dans la fabrica- lion des explosifs, auxquels notre civilisation est redevable en grande partie des remarquables tra- vaux d'art (chemins de fer, canaux, mines, etc.) qui ont modifié du tout au tout la vie économique, depuis la seconde moitié du dix-neuvième siècle. Et pourtant, ces emplois chimiques des corps azotés sont encore inférieurs à ceux que représente la consommation des engrais à base de sels ammo- niacaux ou de nitrales, auxquels on doit cette cul- ture intensive, caractéristique de notre époque, qui permet aux peuples civilisés de supporter une densité de population presque sans pareille dans l'histoire. L'importation annuelle en Europe des nilrates du Chili est, en nombre rond, d'un million de tonnes; les quatre cinquièmes environ sont consommés par La production annuelle de sels ammoniacaux en Europe est de l’agriculture. 350.000 lonnes; la plus grande partie est aussi absorbée par l’agriculture. Les transports par voie ferrée résullant de celte énorme consommation de produits azotés sur toute la surface du sol culti- vable en Europe nécessilent, à eux seuls, un matériel roulant de plusieurs milliers de wagons en service continuel dans ce but. Ces quelques données précisent l'importance des produits azotés dans la vie civilisée et permettent de juger combien les conditions en seraient modi- fiées s'ils venaient à manquer. Or, nos ressources en produits azotés sont limitées, et l'époque n'est pas très éloignée où celles-ci seront insuffisantes si des modifications importantes ne sont pas apportées à leurs condi- tions de production. En effet, en ce qui concerne les nitrates d'abord, les gisements du Chili seront épuisés, d'après l'avis des hommes compélents, dans une vingtaine d’années environ; aucun des nouveaux gisements trouvés soit au Chili même, soit ailleurs (car ils sont soigneusement recherchés), ne présente l'im- portance ou les facilités d'exploitation qui caracté- risent ceux sur lesquels le monde civilisé a vécu depuis un demi-siècle. Si cette source d'azote venait à manquer, les sels ammoniacaux ne pourraient y suppléer que d'une facon incomplète. Leur production en Europe, avons-nous vu, s'élève à 350.000 tonnes par an, provenant presque exclusivement du traitement des ammoniacales d'éclairage et du coke; il est vrai que toutes les usines ne pratiquent pas ce traitement. Mais, comme leur production ne peut être augmentée au delà des besoins, il en résulte que la fabrication de sels ammoniacaux, sous-produit de ces industries, restera forcément limitée; aussi estime-t-on que l'on pourrait tout au plus doubler la quantité de sels ammoniacaux actuellement livrée à la con- eaux de l'industrie du gaz code Été PHILIPPE-A. GUYE — LA FIXATION DE L’'AZOTE ET L'ÉLECTROCHIMIE 29 sommation. Cela ne ferait, pour l'Europe, que 700.000 tonnes environ, tandis que les besoins actuels de nitrate et de sels ammoniacaux s'élèvent ensemble à 1.350.000 tonnes environ. Le déficit brut, en cas d’épuisement des gisements du Chili, serait donc de 650.000 tonnes, en supposant que d'ici là la consommation ne se soit pas accrue. Il serait plus considérable encore si l’on tient compte du fait que l'azote nitrique parait avoir certains avantages, au point de vue agricole, sur l'azote ammoniacal. On n’est pas absolument d'accord sur le rapport d'efficacité de ces deux produits; il parait être assez voisin des nombres 10:8 ou 10 : 9. Ce qu'il y a de certain, c'est que le kilogramme d'azote vaut environ 1 fr. 50 sous forme de nitrate et 1 fr. 10 sous forme ammoniacale. Enfin, au point de vue des industries chimiques, l'azote ammoniacal ne peut remplacer l'azote nitrique. Un des problèmes économiques les plus impor- tants de notre temps consistera done à parer aux conséquences de l'épuisement des gisements de nitrates du Chili et à créer des ressources d'azote équivalentes. L'Électrochimie paraît en voie d'apporter des solutions rationnelles à ces questions. Je désirerais exposer ici ceux des résultats actuels qui sont le plus près d’entrer dans la pratique. Comme bien l'on pense, c’est à l'azote atmosphé- rique que l'on devait s'adresser pour chercher à remplacer les nitrates et les sels ammoniacaux. C'est une source pour ainsi dire inépuisable: la quantité d’azote contenue dans 1 million de tonnes de nitrate du Chili, consommation annuelle de l'Europe, est sensiblement égale à celle que ren- ferme l'atmosphère recouvrant deux hectares de la surface terrestre. La matière première abonde; le gaspillage n'est done pas à craindre, mais les difficultés que présente la fixation chimique de l'azote sont telles que, jusqu'à présent, il a été beaucoup plus économique de recourir aux gise- ments du Chili et de supporter les frais énormes et de toute nature que représente ce mode de faire : extraction, transports, droits de sortie au Chili, frets, droits d’entrée en Europe, transports euro- péens, intermédiaires innombrables, etc. Deux méthodes principales paraissent cependant aujourd'hui devoir donner sous peu des résultats industriels pratiques pour la fixation de l’azote atmosphérique ; toutes deux sont liées aux progrès de l'Électrochimie de ces dix dernières années. L'une atteint son but par la préparation de la chaux azotée (Kalkstickstoff), produit résultant de l'union des éléments du carbure de calcium avec l'azote atmosphérique ; l’autre est basée sur la combinaison de l'azote et de l'oxygène atmosphériques à l’aide de l’arc électrique. I. — La Canaux AZOTÉE. M. le D' Frank, de Charlottenburg, avait observé que le carbure de baryum BaC°, chauffé à haute température, fixe presque quantitalivement l'azote: BaC° + Az? — Ba(CAz)?, pour donner du cyanure de baryum. Cherchant à appliquer cette réaction au carbure de calcium, avec l'idée de perfectionner l’industrie des cyanures, il constala, non sans surprise, que la quantilé de cyanogène formée est bien infé- rieure à celle que prévoit la théorie, Ayant étudié de plus près cette réaction, il reconnut que celle-ci se passe d’une facon différente, et que le phéno- mène principal, lorsqu'on lravaille avec le carbure de calcium, est exprimé par l'équation : CaC? + Az° — CaCAz? + C. Le carbure abandonne donc la moitié de son carbone et se transforme, non plus en cyanure, mais en cyanamide calcique ou « chaux azotée ». Ce corps, traité par l’eau dans des conditions appropriées, donne lieu à un dégagement d’'ammo- niaque : CaCAz° —Æ 3 H°0 — CaCO* + 2 AzH°. Répandu dans le sol, il se décompose, plus ou moins lentement, d'une façon analogue, et l’on conçoit dès lors facilement qu'employé comme en- grais azoté, il ait déjà donné des résultats fort encourageants, comparables, dans une certaine mesure, à ceux que fournissent les sels ammonia- caux. Industriellement, la chaux azotée peut être pré- parée en dirigeant du gaz azote sur du carbure de calcium pulvérisé et porté à une température d’en- viron 800°; la réaction se poursuit ensuite sans grande dépense de combustible, car elle est forle- ment exothermique; c’est la méthode pratiquée jusqu'à présent. Mais on a aussi proposé de préparer la chaux azotée en mettant en présence de la chaux, du car- bone et de l'azote, à la température très élevée du four électrique. Quelle que soil la facon d'opérer, l'azote atmosphérique doit être préalablement séparé de l'oxygène qui l'accompagne. Théoriquement, le mélange de chaux azotée et de charbon ainsi obtenu devrait contenir environ 30 °/, d'azote, En fait, soit en raison des impuretés du carbure de calcium, soit à cause des altérations que ce produit subit en cours d'opération, la teneur en azote de la chaux azolée brute est inférieure à ce nombre. D'après M. Frank, elle oscille entre 44 et 22 °/,; les produits récemment fabriqués contiennent environ 20 °/, de ce précieux élément. Quoi qu'il en soit, sans entrer dans des détails dont l'industrie, on le concoit facilement, désire garder le secret, il esthors de doute que la produc- tion de la chaux azotée se présente comme une 30 PHILIPPE-A. GUYE — LA FIXATION DE L'AZOTE ET L'ÉLECTROCHIMIE opéralion élroitement liée, en principe, à la fabri- cation électrochimique du carbure de calcium au four électrique ; les quantités d'énergie à mettre en œuvre doivent êlre sensiblement les mêmes ; et l'on voit d'emblée que la chaux azotée à 20 °/, d'azote, par exemple, obtenue à partir du carbure de calcium revenant à 140 francs la tonne (prix de revient réalisé actuellement dans les usines élec- trochimiques très favorablement installées), fait ressorlir le kilog d'azote fixé à 0 fr. 70 environ, soit à peu près à la parité de l’azole ammoniacal si l'on tient compte de tous les frais de fabrication. D'autre part, les essais tentés par l'agriculture ont donné d'assez bons résullais ; les hommes compé- tents ne sont pas encore absolument d'accord sur la valeur relalive de la chaux azotée, comparée à celle des sels ammoniacaux et du nitrate; mais il semble, cependant, qu'à plusieurs égards la chaux azotée occupe une posilion intermédiaire entre ces deux produits. Celle-ci se présente donc dans des condilions de prix de revient et de qualilé pour la consommation qui lui permettront de prendre place sur le marché des engrais azotés, surtout lorsqu'elle sera fabri- quée enulilisant des installations hydro-électriques importantes, susceplibles de produire l'énergie à très bon compte. Jusqu'à présent, la chaux azotée était livrée par une station d'essai à Berlin; une première usine plus importante de 3.000 chevaux doit être mise en marche celle année en Ilalie. D'autres produits similaires sont également étudiés. IL. — L'ACIDE NITRIQUE ÉLECTROCHIMIQUE. La chaux azolée ne répond qu'à l'un des deside- rala économiques du grand problème de l'azote ; elle fournit un engrais chimique susceplible de remplacer, en partie da moins, le nitrate du Chili et surtout les sels ammoniacaux. Si les prévisions que l’on peut formuler aujourd'hui se réalisent, ce serait une solution partielle du problème. Mais le nitrate du Chili joue un rôle aussi impor- tant, on l’a vu, comme matière première servant à la fabrication de nitrique, dont la plus grande partie est consommée pour la production des explosifs, poudres de guerre et poudres de l'acide mines pour les travaux du génie civil. En Europe, le nitrate employé dans ce but représente environ 1/5 de la totalité des quantités importées du Chili. En outre, les statistiques établissent que par- tout la production d'acide nitrique est en augmen- lalion croissante. Après l'épuisement des gisements chiliens, les besoins de l'industrie en azote nitrique devront donc être couverts par une voie diffé- rente. Deux directions générales s'imposent à première vue. La première s'inspire de cette idée que l'azote atmosphérique peut d'abord être fixé sous forme ammoniacale (par exemple, par la réaction de la chaux azolée avec l’eau) et que le seul problème à résoudre consiste à lrouver des conditions écono- miques pour oxyder l'azote de l'ammoniaque en acide nitrique. Cette façon d'envisager les choses a ceci de tentant que l'oxydation de l’ammoniaque est fortement exothermique: la réaction AzH° +40 — AzO'H + H°0 correspond théoriquement à un dégagement de 97 calories. Il semble done qu'en trouvant des conditions favorables elle doive s'ac- complir spontanément. C'est ce qui explique que des recherches aient été entreprises de divers côtés en vue de réaliser cette transformation. Jusqu'à présent, et malgré d'assez nombreux essais, au cours desquels on s’est efforcé surtout de trouver des catalvsants efti- caces, il ne semble pas qu'une solulion pralique, susceptible d'être transportée dans l'industrie, ait vu le jour. La seconde direction générale suivie, pour obte- nir l'azote nilrique, a pour point de départ une observation de Cavendish (178%), d’après laquelle l'azote et l'oxygène se combinent lentement sous l'action des décharges électriques et forment ainsi des oxydes d'azole susceptibles de se convertir en- suite, par un processus chimique plus ou moins complexe, en acide nitrique, en acide nitreux, ou en nitrates et nitrites. La réaction fondamentale est donc, suivant l'heureuse expression du Professeur Crookes, une véritable « combustion » de l'azote dans l'oxygène; mais on peut ajouter, pour pré- ciser le phénomène, que cette combustion est « lente et paresseuse », puisqu'elle ne se poursuit qu'autant que l'énergie électrique continue à agir, qu'elle s'arrête lorsque la teneur des gaz en oxydes d'azole a atteint une certaine valeur-limite. Depuis dix ans environ, des expériences ont élé entreprises de divers côtés, en vue d'élablir les données précises d'une industrie de l'acide nitrique électrochimique, basée sur ce principe. La description des divers procédés proposés entrainerait dans des détails techniques trop spé- ciaux. Il est plus utile de chercher à dégager lés conclusions et données générales auxquelles con- duisent les recherches de ces dernières années. Je tiens cependant à mentionner que la première ten- lative de ce genre, en Suisse, est due à M. Aloys Nawville (1893), qui me proposa peu après d'étudier M ce problème en collaboration avec lui el avec M. le Professeur C.-Eug. Guye. Les résullats de cette collaboration furent repris en 1896 par la Société d'Études électrochimiques à Genève, en vue d'es- PHILIPPE-A. GUYE — LA FIXATION DE L'AZOTE ET L'ÉLECTROCHIMIE 51 sais en demi-grand poursuivis dès lors d'une facon continue. - D'autres essais du même genre ont été organi- sés depuis, parmi lesquels il convient de citer : l'Atmospheric Products C° aux États-Unis (méthode Bradeley et Lovejoy), le Groupe d'Initiative à Fri- bourg en Suisse (méthode Kowalski), et l'Actiesels- kabet det Norske Kvaelstofcompagni en Norvège (méthode Eyde et Birkeland). Indépendamment de ces travaux, ayant plus ou moins un caractère industriel, des expériences de laboratoire fort inté- ressantes sont dues à M. Crookes (1897), à Lord Rayleigh (1897), à MM. Mc Dougal et Howles (1900), à MM. Muthmann et Hofer (1903), à M. Nernst (1904), à M. von Lepel (1903), ainsi qu'à de nom- breux expérimentateurs dont il serait très long de donner la liste. - Au début de ce genre de recherches, des résul- “tats souvent contradieloires ont été signalés; il semblait que les effets obtenus n'étaient pas les mêmes suivant que l'arc électrique, jaillissant dans l'air, est produit par le courant continu ou par le courant alternatif, suivant que l'arc est allongé ou raccourci; les uns ont préconisé les courants de faible intensilé, d’autres les courants intenses; la présence de la vapeur d'eau a élé indiquée tantôt comme favorable, tantôt comme défavorable; la forme mème des électrodes paraissait jouer un rôle plus ou moins important. En résumé, l'oxyda- tion de l'azote à la température de l'arc électrique semblait soumise à des lois bizarres, capricieusés et mystérieuses, et dépendre d'éléments nouveaux, - complètement étrangers à ceux que l'on prend généralement en considération. Toutes ces conditions paraissent aujourd'hui secondaires et accessoires; si elles ont masqué Re et momentanément le jeu des lois fonda- “mentales de la Mécanique chimique, on peut affir- mer à présent que l'étude approfondie des obser- wations ramène de plus en pius à concevoir le phénomène comme régi uniquement par ces lois fondamentales. Non seulement, cette façon de l’étudier a pour elle avantage de la simplicité, mais encore elle fournit de précieuses indications sur les possibilités réalisables avec lesquelles les données acquises “aujourd'hui sont en parfait accord. C'est donc sous “cette forme simple et à la lumière des lois de la Mécanique chimique les mieux établies que je me propose de résumer les résultats fondamentaux obtenus. Je commencerai par l'étude des principaux phénomènes chimiques qui se passent lorsque Parc électrique jaillit dans l'air atmosphérique. Ils sont commodément classés sous trois chefs difré- rents. III. — ETUDE DES PHÉNOMÈNES DE L'ARC DANS L'AIR. ÉLECTRIQUE S 1. — Réaction initiale. A la température élevée de l’are électrique, jail- lissant dans l'air, les molécules d’azote et d'oxy- gène se dédoubient en leurs atomes, lesquels se recombinent en donnant d'abord du gaz bioxyde d'azote” AzO : O2—20 et Az°—2 Az, puis 24z+20—2Az0. Comme la plupart des réactions chimiques gazeuses, celte réaction est limitée, c'est-à-dire que, pour une température donnée, et pour des conditions initiales données de pression, composi- tion, etc., la réaction s’arrête lorsque la teneur en bioxyde d'azote a atteint une valeur donnée. De fait, cet arrêt a pour cause la réaction con- traire, c’est-à-dire la décomposition du bioxyde d'azote en ses éléments : 2Az0 — Az° + 0°. La limite est atteinte lorsque les deux réactions contraires se produisent dans le mème temps sur - 14 1 2 1 ES f. le même nombre de molécules : + Az° +5 0? 77 AzO. En d'autres termes, pour employer la termino- logie de la Mécanique chimique moderne, la com- bustion de l'azote dans l'air atmosphérique est une réaction réversible. Pratiquement, la teneur-limite du gaz AzO est difficile à observer, car, en présence d'un excès d'oxygène, ce qui est toujours le cas dans ces éxpé- riences, le bioxyde d'azote se transforme assez rapidement, au-dessous de 500 à 600°, en peroxyde : AzO + O — AzO*. C'est donc généralement sous forme de Az0° qu'il faut effectuer les dosages. Cela ne modifie cependant pas les conclusions précédentes. $S 2, — Rôle de la température. La limite de la réaction est d'autant plus élevée, toules choses égales d’ailleurs, que la lempéralure est plus haute. Voici les nombres trouvés par M. Nernst et contrôlés par le calcul (loi des masses actives) : T. abs AzO en vol(obs.) AzO en vol (calc.) 0,31 9/0 0,31 2/0 0,64 0,67 0,97 0,98 5,0 4,4 1 Quelques auteurs ont supposé qu'il se formait directe- ment du peroxyde d'azote; cette opinion est insoutenable si lon tient compte des expériences de M. Richardson, d'après lesquelles le gaz AzO® se dissocie totalement en Az0 1 5 n 1 F, H s à .p > + > 0? entre 500 et 600°, température bien inférieure à celle de l'arc électrique. 32 PHILIPPE-A. GUYE — LA FIXATION DE L'AZOTE ET L'ÉLECTROCHIMIE Les temps dans lesquels ces limites sont atteintes sont aussi d'autant plus courts aœue la température est plus élevée. Voici quelques nombres indiqués par le même auteur pour durée de la demi-réaction (c'est-à-dire jusqu'à la moitié des limites ci-dessus) : 1.5409 — 100,0". ITU re à De là résulte un double avantage à effectuer la combustion de l’azote à température aussi élevée que possible : d'une part, la teneur des gaz en oxydes d'azote sera plus forte; d'autre part, la transformation sera plus rapide. Il est vrai que ces avantages sont compensés, en partie, par le fait qu'en travaillant à température élevée la dépense d'énergie calorifique accessoire sera plus considérable aussi, l'arc électrique devant, en effet, fournir les calories nécessaires pour porter à la température voulue, non seulement l'azote et l'oxygène qui se combineront, mais encore tout l'excès de ces deux gaz échappant à la réaction. Tous calculs faits, le supplément d'énergie néces- saire pour opérer à haute température représente une dépense inférieure au supplément de gain résultant d’un meilleur rendement, de telle sorte que l'élévation de température se traduit en fin de compte par un bénéfice. Voici, en effet, les résultats de ce genre de calcul, tels que les donne M. Haber : 1 kilowatt-an (de 365 jours de 24 heures) doit théoriquement fixer l'azote correspondant à la pro- duction de : .2000 C. -2000 C. à 4 1.850 k. HAzOS, si l'arc travaille 819 k. HAZO®, — > Un abaissement de 1.000° produit donc une diminution de rendement de 50 °/,. $ 3. — Rétrogradation. La formation de bioxyde d'azote à haute tempé- ralure est suivie d'une rétrogradation en azote et oxygène pendant la période de refroidissement. Ceci est une conséquence nécessaire des lois de la Mécanique chimique appliquée aux réactions ré- versibles. En conséquence, si l'on a, par exemple, ef- fectué la réaction fondamentale : : Az + ; 0? AzO à une température de 3.200, el atteint la limite correspondante, c'est-à-dire une teneur d'environ 5 °/, en Az0 (en vol.), et que l'on refroidisse lente- ment lemélange à 2.200°, l'équilibre s'établira à cette température à la teneur de 1 °/, environ en AzO (en vol.); durant ce refroidissement de 1.000°, on aura perdu 80 ‘/, de ce qui aura été produit à 3.200. C'est ce qui constitue le phénomène de la rétro- gradation. De même que les équilibres précédemment con- sidérés sont d'autant plus rapidement établis que la tempéralure est plus élevée, de même aussi la rétrogradation se produit beaucoup plus rapidement aux températures élevées qu'aux températures basses. Ceci est, d’ailleurs, une conséquence du phénomène général de réversibilité. D'où l'on conclut que les températures les plus dangereuses pour la rétrogradation sont les plus voisines de la température de réaction. De là, la nécessité de refroidir aussi brusquement que possible les gaz qui ont été portés à la tempéralure de l'arc, pour les ramener dans le temps le plus court à des températures auxquelles la vitesse de rétrogradation soit pratiquement nulle; dans le cas de la combustion de l'azote, cette condition se réalise d'autant plus facilement qu'au-dessous de 600° le gaz AzO se combine peu à peu avec l’oxygène en excès pour former des vapeurs nitreuses AzO* qui échappent au phénomène de la rétrogradation. Pratiquement, on a cherché à résultat, au début, en entrainant rapidement les gaz hors de la région où ils ont subi l'action de l'are, et, plus récemment, en ayant recours à des dispositifs électriques ou mécaniques destinés ou bien à soumettre les arcs à des allumages et extinclions successives (plusieurs milliers de fois par seconde), ou bien à faire jaillir l'arc électrique dans des régions différentes de l'espace; dans tous ces cas, la zone gazeuse, portée instantanément par l'arc à une température très élevée, se refroidit instantanément aussi dans la masse d'air environ- nante, et les effets de la rétrogradation sont, sinon supprimés, du moins considérablement atténués. $ 4. — Application des conditions précédentes. En résumé, au point de vue électrochimique, les considérations fondamentales qui régissent la com- bustion de l'azote almosphérique sont les sui- vantes : 1° Travail à température élevée, pour augmenter le rendement et la rapidité de la réaction; 2° Refroidissement instantané gaz, éviter la rétrogradation. On le voit, ces deux condilions sont pratiquement des assez difficiles à réaliser simultanément. Suivant" que les expérimentateurs ont satisfait plus ous moins à l’une ou à l’autre, les résultats ont pu paraitre contradictoires. C'est ce qui explique les résultats parfois bizarres constatés au début dess recherches sur ce sujet. Mais, en dernière analyse, les lois de la formation du bioxyde d'azote à la tem pérature de l'arc électrique sont absolument less mêmes que celles des célèbres expériences de Sainte-Claire Deville par le dispositif du tube chaud-froid. Les gaz ainsi obtenus, contenant environ 1 à 2°/, | pour. siatitel … + mt. pes atteindre ce. 0 : en volume de AzO à la sortie immédiate des appareils _ où ils ont été porlés à la lempérature de l'are, doivent ensuite être traités pour transformer le gaz AzO en acide nitrique ou en nilrates et nitrites; ces opérations relèvent plus de la Chimie que de l'Électrochimie; il suffira d'en indiquer le principe, bien qu'en pratique elles présentent certaines dif- ficultés: on est, en effet, obligé de manier un poids mort considérable de gaz inertes ou indifférents. Par refroidissement, le gaz AzO se transforme en Az 0° et Az°0* dès que la température s'abaisse au- - dessous de 500-600°. Des réactions appropriées 4 l'eau ou avec des solutions alcalines (soude, lait de chaux, etc.) donnent soit un acide nitrique - dilué, soit des nitrates ou un mélange de nitrates et de nitrites. Pour terminer, il convient d'indiquer enfin une caractéristique électrique commune à tous les dis- positifs étudiés. Quelle que soit la solulion adoptée, que l'on tra- vaille avec le courant continu ou alternatif ou avec des oscillations électriques rapides dans l'air en mouvement, ou en déplaçant les décharges élec- triques, l'arc demande pour jaillir un voltage supé- rieur à celui qui lui est nécessaire pour se main- tenir à l’état de stabilité lorsqu'il a été une fois établi; en d’autres termes, le voltage à l'allumage est notablement plus élevé que le voltage de régime. Il en résulte que l’on est toujours obligé d'installer, | entre la source d'énergie électrique et l'appareil | producleur d’arc, ou bien une résislance assez | considérable avec le courant continu, ou bien une * ou plusieurs selfs avec les courants alternatifs ou oscillatoires. Au point de vue pratique, cela revient à dire que l'on n'utilise jamais dans l'arc qu'une fraction de la puissance nominale de la dynamo; avec le courant alternatif, par exemple, on aura toujours un décalage sensible, mesuré par un cos ® . souvent assez défavorable; dans tous les cas, les calculs d'installation devront tenir compte de ce coefficient, puisqu'il équivaut à une augmentation du coût des dynamos, et, par suite, du coût de l'énergie. _ Telles sont les données scientifiques qui se dégagent aujourd'hui des études Jaborieuses et coûteuses auxquelles on s’est livré en ces dernières années sur ce sujet; elles apparaissent assez simples ; tel n’a pas été le cas au début. Il est inté- ressant de voir jusqu'où elles ont conduit. | Les résultats les plus favorables qui aient été publiés indiquent une production de 800 à 900 kilogs de AzO°H par kilowatt-an mesurés sur l'arc. Pour tenir compte des dépenses d'énergie accessoires, du coefficient d'utilisation des dynamos, des diffi- cultés de récupération des oxydes d'azote, ete., il | est prudent d'admettre que, dans la pratique indus- REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. PHILIPPE-A. GUYE — LA FIXATION DE L'AZOTE ET L'ÉLECTROCHIMIE 33 trielle, celte quantité doit être réduite environ de moitié et de fixer ainsi à 1/2 tonne par kilowatt-an la quantité d'acide nitrique susceptible d'être pro- duite industriellement par les procédés électro- chimiques. En comptant le kilowatt-an électrique à 60 francs, prix réalisable dans de grandes installations, l'énergie nécessaire pour produire un quinlal d'acide nitrique serait d'environ 12 francs. Or, le quintal d'acide nitrique coûte actuelle- ment : 1° A l’état d'acide nitrique concentré : 45 francs. 2 A l'état d'acide virtuel (dans le nitrate à 26 francs le quintal) : 35 francs. La marge sur les prix actuels parait donc suffi- sante pour que l’industrie puisse tenter, avec des chances sérieuses de succès, la fabrication électro- chimique de l’acide nitrique, surtout si le coût des installations n'est pas trop élevé, point évidemment capital dont il faudra tenir grand compte. Une tentative de ce genre est actuellement en voie d'exécution en Norvège, dans une usine où l'on travaille avec une puissance de 2.000 à 3.000 chevaux. IV. — RÔLE DE L'AIR LIQUIDE ET CONCLUSIONS. Après avoir exposé, comme nous venons de le faire, les recherches qui paraissent conduire au- jourd'hui à des résultats fort encourageants dans la résolution du problème de la fixation de l'azote, il nous reste à signaler en quelques mots le rôle que l'air liquide est appelé à jouer dans le déve- loppement de ces industries naissantes. Le procédé de la cyanamide calcique a besoin, comme matière première, d'azole pur et privé d'oxygène; jusqu'à présent, on le lui a fourni en faisant préalablement passer l'air atmosphérique nécessaire à travers des corps facilement oxydables (sels ferreux, cuivreux, etc.) qui retiennent l'oxy- gène. Récemment, l'usine ilalienne en construction a installé dans le même but la distillation de l'air liquide, qui, on le sait, se prête, dans des condi- tions plus ou moins économiques, à l'obtention de l'azote pur. Mais, dans ce cas, on ne voit pas ce que l’on fera de l'oxygène, surtout lorsqu'on opé- rera sur des tonnages un peu considérables. Or, fait extrêmement intéressant, la combustion de l'azote atmosphérique se fait avec une améliora- tion de rendement très appréciable si l’on opère en présence d’un cerlain excès d'oxygène. De là résulle que, si les deux industries — cyanamide calcique et acide nitrique électrochimique — s'installent côte à côle, elles seront à même d'utiliser complète- ment, et sur une vaste échelle, les deux produits, azote et oxygène, provenant de la liquéfaction de je 34 M. CAULLERY Er F. MESNIL — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE l'air. — Bien loin donc de se considérer comme | triques économiques que produisent seules actuel- des rivales, ces deux industries sont appelées à se prêter un mutuel appui. Travaillant ensemble, elles seront à même de fixer l'azote atmosphérique dans des conditions beaucoup plus économiques que si chacune d'elles voulait vivre de sa propre vie. Il est intéressant de noter en passant que ce sera l'air liquide qui constituera un jour le trait d'union entre les deux groupes de procédés. Pour conclure, deux voies sont actuellement ou- vertes en vue de parer à l'épuisement des réserves de nitrates du Chili, sur lesquelles a vécu jusqu'à présent le monde civilisé. — Ces deux solutions font appel, l'une et l’autre, aux forces hydro-élec- REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE PREMIÈRE PARTIE : PHILOSOPHIE ZOOLOGIQUE. CYTOLOGIE GÉNÉRALE. Nous avons appliqué, cette fois encore, à la com- position de cetle revue un principe qui nous parait indispensable. On ne peul prétendre à embrasser en quelques pages, d'une façon com- plète. l'immense production zoologique d'une année. Nous avons dû laisser de côté plusieurs ordres de questions pour en exposer, avec un certain en- semble, d'autres qui nous paraissaient avoir parli- culièrement müri, sinon dans les douze derniers mois, du moins depuis deux ou trois ans. Nous nous efforcons, par une alternative aussi régulière que possible, de ne laisser dans l'ombre aucun grand champ de recherches. Nous insistons plus particulièrement sur les questions de Zoologie générale, qui intéressent naturellement le plus grand nombre de lecteurs, ou nous lächons d'envi- sager sous ce point de vue des travaux par ailleurs spéciaux. Nous aussi à montrer les connexions de la Zoologie pure et des autres branches particulières de la Biologie, l'influence que celles-ci exercent sur celle-là, et l'application de faits du la science théorique à l'intelligence des problèmes d’ordre pathologique. On trouvera la trace de celle préoccupalion dans les pages suivantes. cherchons domaine de Î. — PÉRIODIQUES NOUVEAUX. Chaque année nouvelle voit grossir les recueils ainsi s'accuse maté- riellement une production tonjours plus copieuse. purement bibliographiques ; Avec non moins de régularité, naissent des pério- diques correspondant soit à une spécialisation de | plus en plus accentuée, soit à l'extension des lement les chutes des régions montagneuses. Le problème intéresse donc à un haut degré notre pays. Il nécessite, en outre, la mise en œuvre des méthodes les plus perfectionnées de la technique électrique et de la technique chimique; sa résolu- | tion est liée aux lois les plus importantes et les plus modernes de la Physico-Chimie. Il m'a semblé que c'élaient là des titres suffisants pour en exposer dans celte réunion les résultats principaux". Philippe-A. Guye. Professeur de Chimie physique à l'Université de Genève. recherches dans un pays délerminé. A là première de ces deux catégories répondent, parmilesrecueils récemment fondés, les Zoologischew Annalen”, consacrés à l'histoire de la Zoologie, et les Archiv für l'assen- und Gesellschafts-Biologie”, qui embrassent toutes les questions où l'être vivant 4 figure comme collectivité, c'est-à-dire lous les pro-" blèmes concernant l'espèce en Zoologie et en Bota- uique, les sociétés animales, les sociétés humaines el, par suile, les problèmes économiques directe- ment liés à la biologie de l'homme. { A la seconde catégorie nous rapporlerons un i périodique récemment créé, l'Archivio zoologico", et le Journal of experimental Zoology 5. Ce dernier, fondé par un groupe de zoologistes américains, dont | les travaux ont brillamment marqué, au Cours des, dernières années, vise à concentrer surtout les efforts. faits en Amérique, par voie expérimentale, dans le domaine de la morphologie et de la morphogénèse ; c'est, en somme, le programme de l'Arehiv für ‘ Conférence faite à l'Assemblée générale de la Sociétés Helvétique des Sciences naturelles, le 42 septembre 1905, à Lucerne. = Premier volume, 1904. — Würzburg (Stuber) — 15 ms # Premier vol., Berlin, 1904, G fase. par an (20 m.) : direes tion : A. Plütz (Dr Med.); A. Nordenholz (Dr Jur.) et L. PJat@l (Dr Phil.). “ Naples. — Sous les auspices de l'Unione Zoologica Ita liana (prix variable); 1er volume, 1903. 5 Baltimore : 1er volume, 1904: 2 volumes actuellement parus; le vol. 28 fr. Comité de direction : W. K. Brooks} W.E,. Castle, E. G. Conklin, Ch. B. Davenport, HS. Jennings;, F.K. Lillie, J. Loeb, T. IL. Morgan, G. H. Parker, C. 0. Whië man, £. B. Wilson, R. G, Harrison. À M. CAULLERY Er F. MESNIL — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE 39 Bntwicklungsmechanik de W. Roux, dont le nou- veau recueil est l'équivalent américain. Enfin, il faut mentionner aussi le Pulletin du | - Musée Océanographique de Monaco, où la Biologie et la Zoologie, en particulier, liennent une large . place, et qui publie, sous forme de notes prélimi- . naires, les résultats divers des campagnes du Prince de Monaco. i II. — Puirosopuie ZooLociQue. HÉRÉDITÉ. a INSTINCTS. RAPPORTS AVEC LE MILIEU. —. Un coup d'œil général annuel sur la marche de “la Zoologie ne devrait pas négliger l'examen du -mouvement des idées sur les notions fondamen- ment ces problèmes que beaucoup d'esprits n'y reconnaissent plus la Biologie, mais un jeu de combinaisons artificielles n'ayant rien de commun avec l'étude véritable de la vie. De même, une conception trop simple du problème morpholo- gique de la descendance, la prétention de reconsti- tuer, dès à présent, en fait, d'une facon trop précise l’évolution telle qu’elle a dû se produire histori- quement, à parfois provoqué des révoltes injusti- fiées contre le principe lui-même. Nous signalerons encore, comme le développe- ment ingénieux d'une idée contestable, le livre récemment publié par R. Semon', où il cherche à établir une identité véritable entre les phénomènes du souvenir et les forces conservatrices de l’'héré- “tales, c'est-à-dire sur la philosophie zoologique “proprement dite. Mais il est vraiment impossible - de résumer en quelques lignes des livres où la - pensée est souvent subtile. On peut seulement » noter en passant quelques tendances. Il en est une qui se manifeste depuis quelques années, surtout dité. Chaque stimulus agissant sur l'organisme le modifie et y laisse une trace qui se renforce par la répétilion et, se transmettant à la des- cendance, constitue une prédisposition hérédi- taire ou mnème! Ces mnèmes sont le « principe conservalif dans le changement du devenir orga- - en Allemagne, et à laquelle on se fût peu attendu; elle a une certaine ampleur, quoiqu’elle ne nous semble pas destinée à durer : c'est la renaissance des théories vitalistes. Driesch ‘ en est le représen- tant le plus fécond; on peut encore citer, à côlé de lui, K.-C. Schneider et l’'éminent botaniste uJ:Reinke”. L'une des conséquences de ce mouve- } ment chez ses adeptes, en particulier chez Driesch, | est un anli-darwinisme très accusé. Oscillation succédant à la période d'exaltalion darwinienne qu'a été le weismannisme. Ce regain du vitalisme est, pour une part, une “réaction contre les explications souvent par trop Simples de certains mécanistes. Si l’on doit être convaincu que les phénomènes vitaux sont suscep- tibles, en dernière analyse, d'explications physico- chimiques, dont la nature ne diffère pas essen- tiellement de celles applicables à la matière inerte, il faut cependant reconnailre que nous sommes loin de pouvoir les donner. C'estsurtout les progrès accomplis qui doivent nous donner confiance pour Navenir, et chacun d'eux nous montre combien grossière était la conception de l'étape précédente. Altrop vouloir simplifier les problèmes biologiques pour en donner une solution immédiate, à expli- quer les réactions de l'être vivant par quelques forces physiques très simples, on dénature telle- À V. notamment Driesen : Naturfaktor. Leipzig, 1902. 2 K.C. Scaxeiner : Vitalismus. Biolog. Centralbl., t. XXV, 4905. = Rexre: Einleitung in die theoretische Biologie: — Philosophie der Botanik (Leipzig, Barth, 1905); Der { Neovitalismus und die Finalität in der Biologie. Biol. M Centralbl., t. XXIV, 1904 : Uypothesen, Voraussetzungen, Probleme in der Biologie. Jhid.. t. XXV, 1905. Die Seele als elementarer nique ». L'auteur, dans son livre, a cherché à montrer la réalité de sa théorie sur une série de faits connus. Il a lui-même entrepris des expériences dans cet ordre d'idées, notamment sur l'hérédité des variations diurnes chez certaines plantes (Mimosa). Sans aller jusqu'à donner à ce principe une valeur fondamentale, on ne peut nier que beaucoup de stimuli périodiques laissent dans les organiques une trace indirecte qui leur survit. Trop souvent, les travaux sur l'hérédité sont de pures spéculations théoriques, ou ne sont basés que sur des individus ou des générations en nombre trop restreint. Pour faire œuvre vraiment impor- tante, il faut beaucoup de patience et de méthode et un choix sagace d'espèces résistantes, d'une multiplication abondante, rapide et aisée, offrant en même lemps des caractères morphologiques nets. Toutes ces conditions sont réunies dans les longues et persévérantes recherches que Lang a publiées récemment sur l'hérédité, chez deux espèces d'Æelir, H. hortensis et H. nemoralis, les pelits escargots à bandes noires si communs dans nos jardins. Le naturaliste y trouvera de nombreux renseigne- ments précis qui seraient si nécessaires sur tant d'espèces et sont souvent impossibles à obtenir : l’âge auquel l'animal est capable de se reproduire (deux ans environ, âge où la croissance de la coquille est terminée), une idée de sa longévilé (neuf ans pour 71. hortensis), les conditions dans lesquelles la fécondation s’opère (pas d’autofécon- dation ; conservation fonctionnelle du sperme pro- i R. SEMON Die Mneme als erhaltendes Prinzip im Wechsel des organischen Geschehens. Leipzig, W. Engel- mann, 1904. 2 Denksch. med. nat. Gesellsch. Tena, t. XI, 1904. 36 venant d'un autre individu, dans la vésieule sémi- nale, pendant plusieurs années). Au point de vue de l'hérédité proprement dite, Lang a fait des consta- talions nombreuses et non moins précises. Indi- quons-en quelques-unes. La sinistrorsité (anomalie individuelle chez ces espèces) n'est pas héréditaire. Chez V7]. hortensis, il existe deux catégories princi- pales d'individus : les uns avec cinq bandes noires à la coquille, les autres sans aucune bande. Or, des cultures pures ont montré la puissance de l'héré- dité du premier caractère (100 °/,); l'absence de bandes est également très héréditaire, moins ce- pendant; il se produit, en effet, un certain nombre de variations vers l’état à cinq bandes. L'hybrida- üon des deux variétésetle croisement des hybrides produits montrent un accord assez satisfaisant avec la loi de Mendel, le caractère absence de bandes étant dominant et la génération issue d'hybrides qui le présentent fournissant des individus à cinq bandes dans la proportion d'environ 25 °/,. Ces quelques faits peuvent donner une idée de la valeur documentaire du travail. De l'étude très soignée que Jennings' a faite de la physiologie des Amibes, nous relèverons seule- ment certains résultats touchant à la conception mécanique des mouvements du protoplasme. Depuis une quinzaine d'années, on à essayé de reproduire les phénomènes « vilaux » des êtres infé- rieurs par le jeu de substances non organisées les unes sur les autres, cherchant ainsi, non pas, bien entendu, à faire de toutes pièces de la matière vivante, mais à montrer, dans le mécanisme de tel ou lel phénomène physiologique, quelles sont les forces physiques qui agissent. L'exemple le plus célèbre, devenu classique, est celui du protoplasme artificiel de Bütschli. Cette émulsion offre des mou- vements spontanés dus à des changements locaux de la tension superficielle. Eh bien! ce mécanisme ne peut être celui des déplacements des Amibes ; car, si l'on étudie les déformations d'un pseudopode du protoplasme artificiel, auquel on a ajouté un peu d'encre de Chine, on constate que, comme la théorie l'exige, il ÿ a un courant central qui le porte en avant, mais que, sur loute la périphérie, /es cou- rants Sont dirigés en arrière. Or, chez une Amibe, tous les points du pseudopode, aussi bien périphé- riques qu'axiaux, sont animés de mouvements en avant (Jennings). L'assimilation des mécanismes ne peut donc être faile. Quand une Amibe qui se meut louche un corps solide, les points de contact seuls sont immobiles: il en résulte un mouvement de rotation de l'Amibe sur elle-même, en même temps qu'un mouvement M. CAULLERY Er FK. MESNIL — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE de translation. C'est ce que Jennings a pu réaliser artificiellement; mais comme, d'autre part, il n’a pu reproduire le mouvement de l’'Amibe complètement entourée de liquide, il conclut qu'il n’est pas arrivé à découvrir le vrai mécanisme, tout en s'en étant. approché plus que ses prédécesseurs. Pour les divers autres actes physiologiques des Amibes (chimiotaxie, englobement des solides et particulièrement de longs filaments d'algues, choix des aliments, défécalion), Rhumbler (1898) a cherché à pénétrer les mécanismes et à les réaliser artificiellement par des dispositifs où l'on fait généralement jouer un rôle capital à la tension superticielle. Jennings montre encore qu’à de rares exceplions près la ressemblance n'est qu'appa- rente, et qu'il existe des différences telles dans le détail des processus que le mécanisme de l’un ne peut être considéré comme celui de l'autre. Une des imitations qui paraissent loujours ré- pondre à la réalité est celle qu'a réalisée Rhumbler, pour le mode de formation du test des Difflugia : on laisse tomber dans l’eau des gouttes d'une émulsion de chloroforme et de poudre de verre; les particules de verre se portent à la surface du chloroforme, comme les particules du test d'une Zifflugia, par exemple au moment d'une division. Pour ce qui regarde les réactions des Infusoires et des Rotifères. vis-à-vis de la chaleur et du froid, ou de la lumière, Jennings montre clairement que ces animaleules n'obéissent nullement aux lois des tropismes de Lœb {l’orientalion est primitive, pro- duite par action directe du stimulus sur les organes moteurs de l'animal) ; avant d'aller dans la « bonne » direction, ils font un certain nombre d'essais dans des directions déterminées; ils oscillent autour de celle qu'ils prendront finalement. Chaque mouve- ment est suivi d'une rotation de l'animal sur lui- même, commandée par sa structure asymétrique, s'effectuant par conséquent toujours dans le même sens; l'ensemble dénote un certain état interne de l'organisme au moment où le facteur externe agit. De là la notion qu'à côté des tropismes, il faut tenir compte des états physiologiques; par exemple, chez un Stenlor,Jennings a noté six élats physiologiques différents, décelés par la manière dont réagib l'Infusoire. Ce sont, en somme, des conclusions assez ana logues qui ressortent du dernier Mémoire de Bohn !, où l’auteur, après avoir vigoureusement critiqué ses devanciers, se défend vivement de conclure. On doit à Bohn toute une série de Mémoires très origi naux : sur les rapports des Pagures avec les corp étrangers, pouvant ou non leur servir d'abri”, — su. dr A dormant Le nanas * Carnegie Tntitution of Washington, Public. n° 16, 1904, et £merican Naturalist, t. XXXVIII, sept. 1904. ‘ Mém. Inst. psych., t. 1, 1905. ? Bull, Inst. psvch., n° 6, 1903-1904. les mouvements des Convoluta', sur ceux des Mol- lusques marins lilloraux, en particulier des Zitto- rines. Par exemple, pour ces derniers, il montre clairement comment ils se trouvent dirigés sous l'influence de la lumière, attirés ou repoussés par des écrans noirs ou blancs, etc., et il cherche à prouver que ces mouvements n'obéissent pas à la théorie de Loeb, mais sont bien plutôt un cas par- ticulier des »ouvements de manège, conséquence eux-mêmes d'un inégal éclairement des deux yeux {voir les expériences de l’auteur avec des Néréides), quand l'éclairement est uniforme, les Littorines suivent les lignes de plus grande pente; s'il n'en est pas ainsi, leur mouvement est une combinaison de ceux que déterminent la lumière et la gravitation. Mais, à coté de ces cas où l'action des facteurs externes apparait clairement, il y en a d'autres qu'on ne peut interpréter qu'en faisant entrer en ligne de compte les états physiologiques de l'animal. L'auteur avait déjà fait, avec les Convolula, cette intéressante constatation que les animaux gardés en captivité reproduisent, durant une quinzaine de jours, des mouvements d’'ascension et de descente tout à fait synchrones de ceux qu'ils auraient dans leur habilat naturel, et qui sont synchrones de la marée (les Convoluta montent à la surface du sable quand la mer descend; elles s'enfoncent dans le sable quand la mer monte); etcela, alors mème que les conditions de la captivité sont inverses de celles de la liberté, aux mêmes moments. Bohn a, dans son dernier Mémoire, étendu ces fails aux Littorines et disséqué finement les phénomènes variés, sou- vent de sens contraire, eten apparence incohérents, présentés par ces pelits Gasléropodes; ils tiennent à ce qu on les observe à une période de morte ou de vive eau, à telle ou telle heure par rapport à la marée, à ce que leur habitat normal est plus ou moins élevé par rapport au niveau moyen de la mer haute. Il y a des variations oscillatoires périodiques en rapport avec l'amplitude de lamarée (qui ont, par conséquent, pour rythme une quinzaine), d'autres en rapport avec l'heure de la haute mer (dont le rythme est de douze à treize heures), et enfin des variations que l'on peut qualifier d'accidentelles. Et l’état physiologique influe sur le sens des mou- vements de manège, sur les rapports avec les sur- faces d'ombre et de lumière, et explique les bizar- reries des trajectoires. Mais que cache cette formule « état physiolo- gique »? Bohn, en dernière analyse, rapporte les différences d'états physiologiques à des états chi- miques différents, en particulier à l'hydratation variable des tissus (a7hydrobiose de Giard), qui est évidemment, pour les animaux littoraux dont il est 2 C. BR. Ac. Se., t. CXXXVII; Bull. Muséum, 1903. M. CAULLERY Er FK. MESNIL — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE 31 question, en rapportavec les phénomènes de marée. On arrive donc à une sorte de compromis entre la théorie purement mécanique, brillamment inau- gurée par Loeb il y a une quinzaine d'années, et la théorie vitalisle. Mais là le vitalisme est plus appa- rent que réel, car ces élats physiologiques ne doivent être que la résultante compliquée d’une suite d'actions mécaniques. Malgré une analyse de plus en plus pénétrante des réactions de lLout ordre entre les animaux et le milieu, nous ne connaitrons sans doute jamais avec une certitude satisfaisante les mécanismes par lesquels se sont établies les corrélations si néces- saires et si générales qui constituent l'adaptation. Et même tel rapport qui nous parait immédiat et suggère une explication simple masque peut-être souvent des relations beaucoup plus complexes. Néanmoins, l'étude de la Nature à ce point de vue, la morphogénie déduite hypothétiquement de l'ob- servalion comparée, est féconde, si elle est prudente dans ses conclusions. Nous signalerons comme un travail de ce genre celui d'Anthony! sur les Mol- lusques Acéphales fixés en position pleurothélique, c'est-à-dire latéralement par une des valves. Ce fait se rencontre dans des familles variées et indépen- dantes (Chamidæ, Ætheriidæ, Rudistæ, etc.) ;ila entrainé sur elles des modifications convergentes (substitution de la symétrie coronale à la symétrie sagittale, forme arrondie, valve en cornet et valve operculaire, ete.). Le rapport entre le facteur mor- phogène et la déformation produite apparait ici netlement, et cependant, si l'on veut expliquer le détail des modifications, les solutions mécaniques simples qui se présentent doivent être suspectées. Mais, le plus souvent, les conditions générales dé- terminantes du milieu pouvant être considérées comme bien établies et leur importance comme suffisamment vérifiée, leur retentissement sur les organismes est des plus difficiles à préciser. Un excellent exemple à ce titre nous est fourni par le plankton ; les conditions physiques hydros- tatiques sont ici le facteur essentiel, l'agent mor- phogène, simple en lui-même; combien varié el complexe est son retentissement, même sur un seul groupe bien limité! C’est ce que font ressortir les travaux récents dans ce domaine si exploré au cours des dernières années. Très suggestives sont, à cet égard, les Notes préliminaires que Wolte- reck? a publiées sur les Amphipodes bathypélagi- ques recueillis par la Va/divia et appartenant au groupe bien défini des Hypérides (Thaumatops, Mimoneetes, etc.) ; ce type très homogène s'adapte à des conditions peu différentes, sinon identiques, 1 Thèse Fac. Sc. Paris et Ann. Sc. Nat. (Zoologie), (9), t. 1, 1905: ? Zool. Anz., t. XX VII, 1904. 38 M. CAULLERY Er F. MESNIL — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE | de facons très variées. Combien plus complexe est le problème pour des organismes tels que les Ra- diolaires ! On en aura une idée par un Mémoire de Hécker’ sur les Tripylaires de la même Va/divia. Le squelette des Radiolaires nous offre une ex- trème variété de formes d’une parfaite symétrie géométrique et compliquées de détails élégants. Mais les rapports de ce squelellte avec la masse protoplasmique (qui nous parvient presque tou- jours extrèmement déformée ou même à peu près complètement détruite) sont encore bien mal con- nus. Or, beaucoup des complications périphériques du squelette doivent se ratlacher à la réalisation de l'équilibre hydrostatique de l'animal avec le mi- lieu. Le travail de Hæcker renferme à cet égard de nombreuses vues ingénieuses et plausibles, en l'absence de preuves formelles. Le squelette n’est pas seulement un organe de protection et de sou- tien général; c'est aussi l'appareil d'insertion de fibrilles contractiles (myophrisques) qui peuvent rélracter plus ou moins la masse protoplasmique et faire varier ainsi le volume de l'animal et sa densité. Si l'on compare des espèces très voisines, dont l’une appartient aux couches superficielles et l'autre est bathypélagique (ex. : Auloscæna pela- gica et À. verticillus), on les voit différer par des détails du squelette périphérique qui paraissent bien être en rapport avec la disposition superti- cielle du protoplasme et, par suite, avec Pacerois- sement relalif de la surface de l’animal, par rap- port à son volume total. Les quelques cas analysés d'une façon nécessairement hypothétique ne peu- vent que nous faire entrevoir une explication pro- bablement assez générale. Nous ne ferons que rappeler, comme se ratla- chant à la même tendance (l’un de nous en ayant déjà parlé dans cette /'evue”*), les belles recher- ches faites par Doflein sur les yeux des Crabes abyssaux dans leurs rapports avec les conditions de milieu, et qui ont paru in extenso il y a quel- ques mois”. Nul fait de convergence peut-être n’est plus net que celui que Kunckel d'Herculais' a fait récem- ment connaitre et pour lequel il à proposé le terme d'Lomæopraxie. Un Lépidoptère Limacodide Sibine bonacrensis) de la République Argentine forme ses cocons sur les arbres fruitiers. L'insecte éclôt au printemps, en découpant, à l’état de nym- phe, dans son cocon, un orifice circulaire, à l’aide 1 Jen. Zeitsch.füur Naturw., t. XXXIX, 41904. ? CauLLERY : Les yeux et l'adaptation au milieu chez les animaux abyssaux, ÆRev. Gén. Sciences, 45 avril 1905, p. 331. Cf aussi Rev. Ann. Zool., 1904, p. 609. 3 DOFLEIN Wiss. Erychn. Deutsch. Tiefsee Exped. T. VI, Brachyura, Biolog. Theil, 4905. # C. BR. Ac. Sc., t. CXXXVIIT, 1904. et Bull. Scient. l'rance et Belgique, t. XXXIX, 1905. d'une pointe frontale tétraédrique. Ce Lépidoptère estparasité, à l’état de chenille, par un Diptère Bom- bylide (Systropus conopoides). La larve du para: site se trouve enfermée dans le cocon. Les observa- tions de Kunckel ont montré qu'elle en sort au printemps, par le même procédé que le Lépidop- tère, à l’aide d'une pointe frontale tout à fait sem- blable et dont la présence, chez le parasite, ne peut être qu'une conséquence des conditions particu- lières de son évolution parasitaire. Beaucoup ver- ront dans ce parallélisme de l'hôte et du parasite une expression de l'orthogénèse. Dans quelques cas, on a pu saisir le lien direct entre l’action du milieu et les modifications des animaux. Tel est, par exemple, le dimorphisme saisonnier des Lépidoptères, que de nombreuses recherches ont montré en rapport avec la tempéra- ture. Cela n’est pas vrai seulement chez les Papil- lons ; des faits d'observation analogues dans d’au- tres groupes relèvent du même déterminisme. C'est ce que Wolfg. Ostwald vient d'établir pour certaines Daphnies”, que l'on rencontrait à l'état de variétés distinctes aux diverses périodes de l’année. Il a pu, avec des Æ/yalodaphnia, reproduire ces va- riétés en culture pure, en faisant varier la tempéra- ture. Pour beaucoup d’autres formes, on arriverait sans doute à un résultat analogue. L/6bservation, combinée avec l’'expérimentation, éclaire peu à peu une catégorie complexe de faits relatifs aux rapports des animaux et du milieu : ceux qui relèvent de la coloration ?. L'origine des pigments se précise. Le rattachement de beaucoup d'entre eux à la chlorophylle alimentaire, leurs transformations dans l'organisme, le rôle de la tyrosinase dans la production des pigments noirs, raccordent progressivement nos connaissances jus- qu'ici éparses. Nous citerons, en particulier, les intéressantes recherches de Gessard ? sur le méca- nisme de la coloration des pupes des Mouches et sur le coloris de l’imago chez la mouche dorée (Lucilia cæsar). Dans le premier cas, il s’agit de l'action d'une tyrosinase sur un chromogène; dans le second, de la même action combinée ensuite avec des phénomènes de lames minces. La connaissance du rôle physiologique de beau- coup de pigments progresse également. Nous si- gnalions, l'an dernier, les remarquables travaux de M' de Linden sur le pigment rouge des Vanesses etson rôle assimilateur. Keeble et Gamble*, poursui- vant leurs recherches sur les Crustacés supérieurs, croient trouver chez ces êtres un exemple nouveau du rôle photosynthétique des pigments dans les ! Arch, für Entwickl.-mech., t. XVII, 4904. * Cf. Rev. de 1904, p. 595. 3 C. R. Soc. Biol., t. LVII, p. 285 et 320, 1904. # Philos. Trans.,t. CXCVIII,1905; Cf. Rev. de 190%, p. 595. M. CAULLERY er F. MESNIL — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE 39 -chromalophores. Ces organes renferment de la ca- rotine et aussi de l'huile et des graisses en quantité considérable. La présence de ces corps gras parait ‘êlre en rapport direct avec la lumière, car elle fait défaut à l'obscurité ; de plus, ils sont bien distincts du pigment lui-même et non incorporés à lui. Les auteurs émettent donc l'hypothèse (qu'il faudrait vérifier d'une manière précise) que les graisses sont laide de la lumière. À côté de cette action photo- synthétique vraie ou fausse, ils examinent encore le rôle biologique de ces mêmes pigments dans les rapports des Crustacés avec le milieu. Chez l'Hip- polyte varians, par exemple, qui, comme on sait, se - montre de même couleur que les algues au milieu . desquelles il vit, cette homochromie doit-elle être interprétée au point de vue finaliste comme pro- — duite par la sélection pour la protection de l’ani- mal ou bien n'est-elle, chez le Crustacé comme Ç chez les Algues, qu'une coloration complémentaire … par rapport à la lumière incidente? Keeble et Gam- ble tendraient à accepter celte seconde interpréta- tion. Mais, à la supposer exacte, elle n'exclurait pas … la possibilité que, une fois la coloration en ques- - tion réalisée, celle-ci aurait fourni secondairement à l'animal une protection efficace. Il parait indé- niable qu'en cerlains cas l'homochromie a cet “effet. Cesnola‘! a fait récemment à cet égard d'in- | Il existe dans celte espèce des individus verts et - d'autres bruns. Il plaçait des lots de ces indivi- des les uns sur des fonds harmonisés, les autres sur des fonds de couleur différente, tous étant exposés aux Oiseaux. Au bout d'un temps donné, - les individus homochromiques avaient élé dévorés en bien moins grand nombre. Ici, donc, l'homo- chromie réalisait, au moins secondairement, une ol Æ expériences sur des Mantis religiosa. protection réelle. III. — CYTOLOGIE GÉNÉRALE. L $ 1. — Chromidies. 4 Dans notre revue de l'an dernier, nous avons Nous voulons surtout, cette année, signaler les tra- vaux récents de R. Goldschmidt”, qui, à côté de nombreux faits nouveaux relatifs à l'existence de - formations chromidiales dans les cellules des divers : issus d'Ascaris, contiennent des vues d'ensemble - sur l'imporlance de ces formalions dans le règne ; animal, en particulier chez les Protozoaires. Il insiste Ne Hertwig. Nous y renvoyors pour son exposé. ! Biometrika, t. LI, 4904. É 8 Zoo! Jahrb., Anat., t. XXI, 1904, et Arch. f. Protistenk., t. V, 1904. 4 un produit de synthèse réalisé par le pigment à | d'abord sur ce que la notion de chromidies n'im- plique aucune idée quant au rôle physiologique de ces éléments, de composition chimique et d'origine nucléaire. Tantôt {cas de l'Actinosphærium et des Métazoaires en général), ces chromidies ont un rôle trophique ; tantôt, au contraire (par exemple : chez de nombreux Rhizopodes), elles représentent la partie reproductrice de l'ensemble chromatique de la cellule. Goldschmidt propose de désigner ces chromidies reproductrices sous le nom de sporéties (on pourrait dire aussi idiochromidies), pour les distinguer des premières (chromidies proprement dites ou {rophochromidies). La coexistence, chez un certain nombre de Protozoaires, d’un noyau et d’un système chromidial conduit à la notion d'une dualité et d’un dimorphisme nucléaire fondamen- taux chez les Protozoaires. Il convient, nous semble-t-il, de rattacher à la conception d'Herlwig les faits soigneusements étu- diés par Maziarski* et relatifs aux relations du noyau et du protoplasme dans les grosses cellules des tubes hépato-pancréatiques d'Isopodes marins (Cymothoa, Nerolice, Anilocra). Le noyau envoie des prolongements variés vers la partie basale de la cellule et, dans toute cette région, les limites nucléaires n'existent plus : les relations du novau et du cytoplasme sont tout à fait intimes. On voit donc un noyau, bien défini en apparence, prendre des caractères de noyau diffus (en d’autres termes de système chromidial), et les belles figures de l’auteur ne laissent guère de doute que, conformé- ment à la manière de voir que nous exprimions l'an dernier, le passage d'un état à l'autre soit dû au pouvoir amiboïde très développé du noyau. La théorie des chromidies a permis à J. Ewing de donner une interprétalion satisfaisante des inelu- sions cellulaires, en forme de réticulum chroma- tique, si caractéristiques de la vaccine, de la variole et des maladies similaires et décrites, à tort, : eroyons-nous, comme des parasites. Nous signale- rons plus loin une applicalion, aux tumeurs cancé- reuses, d'un autre ordre de faits cytologiques. $ 2. — Structure de la chromatine. Le substratum matériel de l'hérédité le plus sus- ceptible d'analyse, — par suite, celai auquel on à nécessairement été amené à attribuer la plus grande importance, — est la chromatine. Les images qu'elle fournit au moment de la division cellulaire et sur- tout de la fécondation, la réduction chromatique lors des divisions maturalives (expulsion des glo- bules polaires ou divisions des spermatocytes), sont un des principaux sujets d'études depuis vingt 1 Bull. Acad. Sc. Cracovie, 1904, p. 34. 2 Journ. of medic. Research. t. XII, 4905. 40 M. CAULLERY er F. MESNIL — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE ans. Un des hommes qui ont le plus contribué au progrès de nos connaissances sur ce chapitre, Boveri, vient de condenser les faits acquis et ses idées personnelles dans un petit livre!', où l’on trouve un résumé commode de l'état actuel de ces problèmes. Les points fondamentaux établis selon Boveri sont : l'individualité permanente des chro- mosomes, leur diversité qualitative dans un même noyau, et la diversilé qualitative des particules qui constituent chacun d'eux. Cela résulte de l'analyse minutieuse de la fécondation normale et surtout anormale, des expériences de mérogonie, ele. Il est intéressant de montrer, dans les travaux de Boveri et dans ceux des autres auteurs, la place capitale et les conséquences des principes pré- cédents. Nous avons déjà signalé ici un {ravail où Boveri étudie des larves d'Oursin provenant d'œufs fécon- dés anormalement par deux spermatozoïdes. L'ob- servation montre que les noyaux des divers blasto- mères ne sont pas équivalents; ils présentent un excès ou un déficit de chromosomes; si chacun de ceux-ci, dans un noyau normal, a une valeur quali- tative propre, ces noyaux diffèrent denc, au point de vue de lachromaline, quantilativement et qualitali- vement. Or, on voit une justification de cette opinion dans le fait que les blastomères de ces œufs, isolés au slade 4, se développent d'une facon très diffé- rente les uns des autres. Il y a donc là une preuve de la diversité qualitative des chromosomes d'un même noyau. Dans un travail plus récent, Boveri étudie le développement d'œufs ou de fragments d'œufs mérogonie) dans lesquels il a réussi à faire varier la quantlilé de chromaline et, par suite, le nombre de chromosomes. Il constate d'abord que le nombre initial de chromosomes, normal ou anormal, se conserve sans modificalion pendant tout le déve- loppement (au moins jusqu'au stade gastrula); il nie, par suile, l'autorégulation de ce nombre que Delage avait cru pouvoir annoncer‘. De plus, la taille des noyaux de ces divers embryons est d'autant plus grande qu'ils contiennent plus de et — idées de R. Hertwig® — le volume de la cellule reste propor- tionne]l à celui du noyau. Dans une espèce déter- chromosomes, confirmation des minée, on peut admettre un rapport constant entre la masse lotale du protoplasme et celle de la chro- matine. | L'individualité des chromosomes parait actuelle- * Ergebnisse über die Konstitution des chromat. Substanz des Zellkerns. Jéna, G. Fischer, 1904, 130 p. * Revue de 1903, p. 615. | * Jen. Zeitsch. f. Naturw., t. XXXIX, 1905. tev. de 1903, p. 614. tev. de 1904, P. 596. ment prouvée par de nombreux faits; le plus significalif, peut-être, est celui récemment apporté par le botaniste Rosenberg", dans son étude des hy- brides de Drosera rotundifolia el D. longifolia; les gamètes de la première espèce renferment 10 chro- mosomes, ceux de la seconde 20; les chromosomes des cellules somatiques de l'hybride en ont 30. A la prophase de la première division de la cellule- mère du pollen, où, en vertu de la réduction à moilié du nombre des chromosomes (voir infrà), il devrait en apparaitre 15, on en trouve 20 et d'inégale gros- seur : 10 sont volumineux etprésentent un étran - glement au milieu; 10 autres sont de plus petite taille. Même observation pour la cellule-mère du sac embryonnaire. Il semble difficile d'interpréter ces faits autrement qu'en admettant que les gros chromosomes sont bivalents et formés par la sou- dure bout à bout d’un chromosome de l'espèce rotundilolia avec un de l'espèce longilolia; les chro- mosomes simples, au contraire, seraient univalents et proviendraient de la dernière espèce. Les chro- mosomes, depuis la fécondation croisée précédente, auraient donc gardé leur individualité, et celte observation nous fait saisir de plus le lien qui existe entre la question de l'individualité des chro- mosomes et les phénomènes de l'hérédité croisée (lois de Mendel, etc.). Nous y insisterons plus loin. Fafmer et Moore, dans leur étude de cytologie comparée dont nous allons bientôt parler, ont apporté, en faveur de la même thèse, des arguments d'un autre ordre, fondés sur ce que, même avant le stade de peloton lâche, la chromatine montre des condensations en nombre égal à celui des chromo- somes et en des points qui seront le milieu des chromosomes filamenteux individualisés. Des faits assez nombreux viennentaussi à l'appui des idées de Boveri sur les différences qualitatives entre les chromosomes. Baumgartner*, étudiant la spermalogénèse des Acridiens, observe durant la prophase el la métaphase de la première division des spermalocytes des différences de forme entre les chromosomes. Sutton” avait noté des différences de dimensions entre eux, se répélant les mêmes à travers les générations cellulaires successives chez une Sauterelle (Brachystola magna), et les chro- mosomes égaux s'y unissant par paires. Montgo- mery, antérieurement, avait observé une pareille inégalité chez un Hémiptère (Protenor). Boveri en a noté depuis chez le Strongylocentrotus lividus et ne doute pas de la généralité du fait. Rappelons encore les données relatives au chro- mosome accessoire dans la spermatogénèse d'Ar- thropodes divers (en particulier des Hémiptères 1 Ber. d.deutschen bot. Ges.,t. XXI, 1903,et t. XXII, 1904. ? Biolog. Bull., t. VIN, 1904. * Biolog. Bull., t. IV, 1902. | . | M. CAULLERY Er F. MESNIL — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE ES _ et des Orthoplères). Il a élé reconnu que, dans les divisions maturatives, cet élément chromatique, souvent volumineux, se divise en deux moitiés, qui vont dans deux des quatre spermatides prove- nant d’un spermatocyte. A côté des Hémiplères possédant un chromosome accessoire (le nombre des chromosomes est, chez eux, impair dans le sexe mâle et inférieur d'une unité à celui des femelles), il y en a d’autres où les deux sexes en ont le même nombre pair; mais deux de ces chromosomes (idiochromosomes), chez le sexe mâle, se dislinguent par divers caractères spéciaux : en parliculicr, ils sont inégaux entre eux’. Gomme pour le chromosome accessoire, on a pu établir l'individualité de ces deux éléments et leur répartition, après division unique de chacun d'eux, dans les quatre spermatides provenant d'un spermatocyle : deux d’entre elles renferment l'idio- chromosome le plus graud, les deux autres le plus petit (microchromosome). Toules ces particularités indiquent comme très plausible la détermination des sexes chez certains Insectes par la dualité de struclure des spermatozoïdes. Mc Clung, il y a déjà plusieurs années, avait émis l'hypothèse que, chez les Orthoptères, les spermatozoïdes possédant le chromosome accessoire étaient seuls à produire des individus mâles; cette suggestion avait été appuyée depuis par l'observation de Sutton, d'après laquelle les cellules somatiques renferment ce chromosome chez les mâles seuls. Les toutes ré- centes recherches d'Ed. Wilson et de Miss Stevens sont favorables au même principe, mais avec des différences de fait. Chez les Hémiptères, l'analyse des noyaux somatiques amène, en effet, à conclure que ceux des spermatozoïdes possédant le chromo- some accessoire doivent produire des femelles. Chez le Tenebrio et chez les Hémiplères présentant les idiochromosomes, la présence du petit dans les spermatozoïdes délerminerait le sexe mäle, celle du grand le sexe femelle. On pourrait considérer le cas où il y a un chromosome accessoire unique comme dérivant du précédent par disparition du microchromosome, que sa taille désigne déjà comme un élément réduit; le chromosome accessoire serait donc l'équivalent du grand idiochromosome, et dé- terminerait le sexe femelle. $ 3. — Réduction chromatique. Parmi les phénomènes qui accompagnent la maturation des éléments sexuels, un des plus im- porlants, sinon le plus, est celui que l’on désigne sous le nom de réduction chromatique. On confond 4 En. Wicsox : Science, t. XXII, 20 octobre 1905. Ce cas est réalisé aussi chez un Tenebrio (Coléoptère) d'après les obser- vations de Miss Stevens. Cf. égal. WiLsox : Journ. of exper. Zool., t. 11, 1905. souvent deux phases distinctes de ce processus. La première consiste en ce que, lorsque l'œuf se pré- pare à expulser son premier globule polaire, ou le spermatocyle (phase de synapsis, Moore, 1895) à effecluer la première des divisions donnant les quatre spermatides, le réseau chromatique se dé- compose en un nombre 2 de chromosomes moitié de celui 2n des kinèses des cellules somatiques. La seconde phase est constituée par deux divisions consécutives sans phase de repos intermédiaire, si bien que les pronucléi finaux ne renferment que le quart de la chromatine de l'ovocyte ou du sper- matocyle : c'est celte seconde phase qui est la vraie réduction, la première pouvant être appelée pseudo-réduction, comme le suggère Hæcker. Les chromosomes, au début de celte première phase, doivent être regardés comme doubles. Si, comme nous l'avons vu plus haut, les divers chromosomes ont une valeur qualitative distincte, comme les pro- nucléi n'en renferment que », on doit se demander comment s’est répartie la chromatine au cours des deux divisions maturalives. On est encore très divisé à ce sujet. Il y a deux ans’, deux opinions principales prévalaient. Pour les uns, il y avait deux divisions longitudi- uales des chromosomes, conduisant à un partage égal, en particulier au point de vue qualitatif, de la chromatine de la cellule-mère entre les quatre cellules-filles. Pour les autres, il y avait successive- ment une division longitudinale des chromosomes, puis une division dans le sens perpendiculaire, cette dernière amenant une répartition chroma- tique inégale, au point de vue qualitatif, dans les éléments génitaux mûrs. Weismann avait, depuis longtemps, montré la nécessilé d'une pareille répar- tition; sans quoi, — en admettant que la chroma- tine est le support des propriétés héréditaires, — chaque élément sexuel renfermerait une propor- tion infinitésimale de chacun des caractères de son infinilé d'ascendants. La plupart des auteurs par- tisans de la seconde manière de voir (en particu- lier Hæcker) pensaient que c'élait à la deuxième division maturative que se faisait celte réduction qualitative prévue par Weismann. Korschelt, à peu près seul, en 1897, dans son travail sur une Anné- lide, l'Ophryotrocha puerilis (Paractius mutabilis ad de Saint-Joseph), avait conelu que la division transversale se produisait d'abord. Or, la plupart des travaux récents — basés sur- tout sur une étude particulièrement précise de la phase de synapsis — sont neltement en faveur de cette manière de voir. Nous citerons d’abord et surtout le travail de Farmer et Moore”, qui a l'avan- 1 Voir par ex. : la 2 édition (1900) du livre de E. WILSON : The Cell, etc. J SJ ? Quarterly Journ. of micr. Se., t. XLVIIT, 1905. ES 12 M. CAULLERY ET F. MESNIL — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE {age de porter sur plusieurs types animaux {Peri- | tion : on voit apparaitre, au stade de plaque équa- planeta, Elasmobranches) et végétaux, et qui a été en outre, pour les auteurs, le point de départ de constatalions des plus intéressantes sur la genèse des tumeurs malignes. Farmer et Moore, qui préalablement penchaient à admettre une double division longitudinale, se sont rendu compte que la scission longitudinale des chromosomes doubles, qui apparait bien dans les phases préparatoires de la première division de maturation (les auteurs disent phase maïotique, de réduction), n’est que transitoire et que, plus lard, chaque chromosome bivalent, qui a généra- lement une forme d'U ou de boucle, se brise par son milieu, de sorte qu'à un moment donné de la prophase de la première division, on a le nombre non réduit 22 de chromosomes. C’est la division hé- térotypique de Flemming. Au stade de plaque équa- toriale, on voit chacun de ces 27 chromosomes se rendre à un des pôles. La seconde division de ma- turation (d. homotypique) est tout à fait normale : il y a division longitudinale des chromosomes. L'interprétalion des auteurs, exprimée briève- ment par eux il y a déjà deux ans, a été confirmée dès l'an dernier par Slrasburger, qui, lui aussi, à travers quelques variations, s'était généralement montré partisan d'une double division longitudi- nale, sans réduclion qualitative. Les mêmes faits ont été conslalés par A. et K. E. Schreiner* dans la spermatogénèse de Ayxine glutinosa et Spinax niger. Montgomery, pour les Amphibiens”, divers bolanistes (en particulier Rosenberg, dans son travail sur les hybrides de Drosera, voir anle) sont arrivés aux mêmes conclusions. Et l’on peut penser, avec les Schreiner, Farmer et Moore, que le mode de réduction décrit par eux est général chez les animaux et les plantes. Les Schreiner font observer, en particulier, que les figures données pour les Mollusques (anct. varii) et pour les Orthoptères (de Sinély) peuvent facilement être interprétées dans le sens voulu. À ce propos, il convient de faire y UEUHGS, remarquer que la division de réduction n'est pas nécessairement transversale; son plan est simple- ment perpendiculaire à celui de la division normale suivante. Nous ne pouvons quitter cette queslion sans citer le (ravail de Prandtl*, qui vient de mettre en évidence une réduction numérique chez le micronu- cléus d'un Infusoire, le Didinium nasutum, dans les divisions préalables à la constitution des pronucléi. Ici, la réduction, tant numérique que qualitative, se présenterait à la deuxième division de matura- 1 Sitzungsber. k. pr. Akad. d. 3 Anat. Anz., t. XXLV, 1904. * Biolog. Bull., t. IV, 1903. 4 Biolog. Centralbl., t. XXNV, 4er Wiss., 24 mars 1904. mars 1905. toriale, les seize chromosomes de la division pré- cédente; huit vont à un pôle, huit à l'autre. Le résultat est intéressant surtout en ce que — après les recherches de Schaudinn et Prowazek chez les Trypanosomes et les Æerpetomonas — il constitue le premier exemple d'une réduction Lypique chezles Protozoaires. Il ne parait pas rentrer dans le schéma de Farmer et Moore; mais il ne faut pas oublier que la division de réduelion est encore suivie d'une autre, et il est possible que l'interprétation de Prandtl soit susceptible d'une légère revision. Notons pourtant qu’elle est d'accord avec celle que R. Goldschmidt a déduite de ses recherches récentes! sur la maturation des éléments génitaux du Distome Zoogonus mirus (du tube digestif du Labrus merula) : 1 n'y a pas de pseudo-réduction; à la première division de maturation, on a le nombre somatique 22 de chromosomes: à la seconde, il y a séparation de chromosomes entiers. $ 4. — Cytologie et loi de Mendel. Les divers faits que nous venons d'exposer, soit relativement à l'individualité des chromosomes, soit à la réduction qualitative, fournissent une base cytologique très sérieuse à la loi de Mendel (disjonction des caractères paternels et maternels dans les gamèles). Boveri, Farmer et Moore, Ed. Wilson, Lotsy”, etc.…, s'accordent à le reconnaitre ‘. Hæcker' avait déjà soutenu qu'à travers toute l’évolution individuelle, les chromatines paternelle et maternelle restent distinctes, et Sutton que, dans les associations de chromosomes égaux par paires, chez le Brachystola, ily a toujours un chro- mosome paternel et un maternel. La soudure des deux chromalines, ou tout au moins leur juxtaposi- tion, aurait lieu immédiatement avant les divisions maturatives, à Ja synapsis, quand se constituent les chromosomes doubles (Hæcker). Geux-ci seraient formés d'un chromosome paternel et d'un mater- nel bout à bout ou côte à côte. Normalement, la fusion des deux chromatines serait inlime ; mais, dans le cas d'individus issus d'un croisement, les chromatines des deux parents élant plus ou moins dissemblables, cette fusion ne s'accomplirait que moins bien ou pas du tout (Hæcker). De là, la disjonction des caractères paternels et maternels, dans ces cas qui sont précisément ceux où s'applique la loi de Mendel. Les hybrides de Drosera étudiés par Rosenberg (voyez suprä) nous fourniraient 1 Zool. Jahrb., Abth. f. Anat., t. XXI, 1905, p. 607. ? Biolog. Centralbl.,t. XXV, 1905. 8 Cf. également Æev., 1903, p. 611 (Beard, Castle), et 190%, p. 59#, note 3. 4 Cf. Rer., 1903, p. 611. | | | Li à Pak ns hs. PT re A CP e M. CAULLERY tr F. MESNIL — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE 13 une vérificalion langible de ce fait. À la première division de maturation (en se reportant à ce qui précède sur la réduction), les chromosomes pater- nels se rendraient par exemple à un pôle, les ma- ternels à l’autre ; on aurait ainsi moitié de sperma- tozoïdes à caractères paternels et moitié à caractères maternels. Dans la seconde génération, ce seraient donc les chromosomes des grands-parents qui se rencontreraient. Les ancêtres s’uniraient dans leurs petits-enfants. Si, au lieu de supposer un tri aussi complet des deux chromatines, on admet qu'elles se répartissent inégalement entre les cellules sexuelles issues des divisions maturatives, on peut s'expliquer les cas où la loi de Mendel est trop simple pour rendre compte des fails. Il ne faut pas se dissimuler qu'il y a dans tout cela encore une grande part d’hypothèse; les auteurs, tels que Schreiner et Sutton, qui ont apporté les observations les plus précises hésitent à admettre comme un fait général une disjonction des chromosomes palernels et maternels au moment de la première division maturative*, mais on ne peut manquer d’être frappé de l'accord entre les résultats synthétisés par les lois de Mendel et les faits microscopiques fournis par la Cytologie. $S5. — Divisions maturatives et tumeurs malignes. La phase maturatrice ou maïotique, réduite chez les animaux à deux générations cellulaires seule- ment, est plus développée chez les plantes, et d'autant plus que la plante est moins élevée en organisation. On à ainsi alternance entre une géné- . ration à 27 chromosomes et une à 2 chromosomes. Réduite au sac embryonnaire (par exemple) chez les Angiospermes, à l’endosperme chez les Gym- nospermes, la génération 2 constitue tout le pro- thalle des Cryptogames vasculaires (elle va de la spore aux gamètes); elle devient enfin dominante chez les Muscinées et les Thallophytes. Lotsy ? examine en détail les rapports de ces générations et, par une analyse ingénieuse, arrive à accorder une valeur phylogénique prépondérante à la géné- ration 2 sur la génération 2». L'étude de croissances anormales de Fougères, où les chromosomes étaient en nombre réduit, a amené Farmer, Moore et Walker *° à rechercher si le déve- loppement des cancers n'est pas précédé ou accom- pagné de quelques varialions nucléaires analogues à celles, si caractérisliques, de la phase maïotique du développement des êtres vivants, et de la phase de synapsis qui en est le début. En fait, ils ont * Ils pensent que le hasard (?) joue un rôle important lors … des divisions maturatives, dans la répartition des deux caté- gories de chromosomes, ce qui serait beaucoup plus favo- rable à l'amp himixis. ? Loc. cit. * Proc. Roy. Soc., t. LXXII, 1903. reconnu, dans des tumeurs malignes à croissance rapide, appartenant aux types les plus divers (épithélioma malpighien, carcinome, sarcome), au voisinage dela région proliférante, de gros éléments ayant tous les caractères des cellules du début de la phase maïolique ; d'autres ont le type somatique, mais avec le nombre réduit de chromosomes. Dans des tumeurs, encore du type malin, mais à marche lente, il est plus difficile de trouver des cellules du type réduit. Enfin, dans les tumeurs bénignes, les mêmes auteurs n'ont décelé aucune cellule de type gamétoïde. Ils regardent cette trans- formation des cellules somatiques en cellules maïotiques comme la cause immédiate du dévelop- pement de la tumeur maligne, la cause première, microbienne ou non, restant naturellement à re- chercher. Ces faits ont été immédiatement vérifiés par deux autres savants anglais, Bashford et Murray, qui les ont étendus aux tumeurs les plus variées, appar- tenant aux groupes extrêmes de l'embranchement des Vertébrés, et ont fait des comparaisons cytolo- giques soignées entre l'évolution d’un cancer et la spermatogénèse chez la même espèce animale. Bashford et Murray auraient même observé de véri- tables conjugaisons de cellules du type réduit; il y aurait une coïncidence entre l'existence de ces con- jugaisons dans une tumeur et son degré d'inocula- bilité, ce qui revient à dire sa faculté de croissance. Un autre point commun entre les cellules des tumeurs malignes et le tissu génital à la phase maïotique est celui qui a été mis en évidence, il y a cinq ans, par Borrel : certaines inclusions du cyto- plasme des cellules cancéreuses, — regardées à tort comme des Protozoaires parasites, — sont, comme il l'a montré, un développement anormal, avec pro- cessus de vacuolisation, de l'appareil archoplas- mique de la cellule; ces formations ont leur homo- logue dans ce que Meves a appelé l'idiosome des spermatocytes évoluant en spermatozoïdes et qu'il a si bien étudié chez le cobaye. Farmer et Moore? reprennent cette année cette interprétation, corro- borant celle qui est basée sur les caractères nu- cléaires des cellules cancéreuses. La comparaison des cellules cancéreuses avec la génération à 7 chromosomes se poursuit donc dans les détails. Farmer et Moore font remarquer que les deux catégories de cellules (génitales et cance- reuses) ont encore ceci de commun, qu'elles sont autonomes à un très haut degré et qu'elles pos- sèdent la faculté de multiplication, continue ou intermittente, indépendante de celle des autres tissus de l'organisme. L! Proc. Roy. Soc., t LXXIII. Ê 2 Proc. Roy. Soc., Biol. Se., t. LXXVI, 1905. M. CAULLERY Er F. MESNIL — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE $ 6. — Parthénogénèse expérimentale, elc. Depuis que les mémorables travaux de Loeb ont permis d'aborder méthodiquement la question de la parthénogénèse expérimentale, chaque année nous apporte des faits nouveaux. Nous énumérions, dans notre Revue de 1903 (p. 614), les divers agents susceplibles de produire le développement parthénogénétique de l'œuf, et nous indiquions que diverses substances (CO? pour les œufs d'As- térie, ions K et Ca pour les œufs de deux Anné- lides) ont une action spécifique indépendante d'une élévation du pouvoir osmotique. Delage‘ revient sur celle question et déclare avoir obtenu le déve- loppement parthénogénétique des œufs d'Asterias, en employant une solution de chlorure de manga- nèse dans l'eau distillée, à une concentration égale à celle de l'eau de mer; des recherches compara- tives lui ont montré l'action spécifique de l'ion Mn. Avec l'eau de mer, chargée de bicarbonate de Ca, on à des larves géantes formées par l'union de plu- sieurs blastules. D'après Driesch*, l'argent, à très faible dose, a aussi une action spécifique. Tous ces procédés de parlhénogénèse expéri- mentale, à l’unique exception de CO* appliqué aux seuls œufs d'Astéries, donnent des résultats qui sont loin d'égaler ceux de la fécondation normale (lenteur du développement, larves ne nageant pas à la surface, faible pourcentage de succès). Loeb* a remarqué que les phénomènes qui sont au point de départ surtout sont différents. Par exemple, si l'on prend des œufs d'Oursin trailés par la méthode osmolique (eau de mer dont la concentration a été augmentée d'une cerlaine quantité par l'addition de NaCl), on constate l'absence de formation de la membrane de fécondation si caractéristique; Loeb à pensé que le spermatozoïde pouvait intro- duire plusieurs « substances ou conditions ». Il a donc cherché à combiner deux méthodes de par- thénogénèse artificielle et il est arrivé au résultat souhaité, en faisant agir successivement de l'eau de mer rendue hypertonique par addilion d'une solu- tion de NaCI, puis, après lavage, de l'eau de mer additionnée d'acide acélique (ou d'un autre acide organique monobasique). Cette dernière solution a pour effet d'amener la formalion d'une membrane *. ‘ Arch. Zool. expér. (4), t. I, N. et R., p. 164. ? Mitth. Zool. Stat. zu Neapel, t. XVI, 1904. * Univ. of California publ., Physiol., t. I, 11 et 14. “ Parmi les autres substances agissant de la même facon, 1905, nos 9, Loeb cite les hydrocarbures et certains produits de substi- tution: ils ne sont pas susceptibles d'application, à cause de leur action cytolytique. Driescn (J. e.) a vu que les sels d'Ag, le chloroforme, le xylène agissent de la mème facon. G. Lerèvre (Science, t. XXI, 1905) a obtenu des membranes de fécondation sur l'œuf de Thalassema mellila en faisant À Les œufs, replacés dans l’eau de mer pure, donnent des développements ne différant en rien de ceux qui suivent la fécondation, et conduisant, de la même façon, à des larves Pluteus typiques. Le plus commode est d'employer les deux agents dans l'ordre que nous venons d'indiquer; mais on peut aussi faire agir d'abord l'acide, et ainsi on imite encore plus complètement le mode d'action du spermatozoïde qui, dès son entrée dans l'œuf, y détermine la formation de la membrane. Dans de nouvelles recherches ", Loeb ? a analysé de plus près les conditions de l'hybridation entre espèces très éloignées (exemple : œufs d'Oursin et sperme d'Astérie ou d'Ophiure). Il a reconnu qu'on pouvaitse servir d'eau de mer alcalinisée par NaOH ou Na‘CO*, mais qu'un autre sel élait sans action; les ions hydroxyles jouent donc un rôle essentiel. L'œuf est passif dans le phénomène; ce sont les spermatozoïdes qui sont impressionnés. Traités seuls par la solution convenable, ils acquièrent, au bout de dix minutes, la propriété de féconder les œufs d'Oursin; un contact plus prolongé leur fait perdre tout pouvoir fécondant : d’ailleurs, on les voit bientôt s'agglutiner, puis devenir immobiles. L'eau alcaline agit aussi, mais en sens inverse, sur les spermatozoïdes d'Oursin et les rend incapables de féconder les œufs de leur propre espèce. Les hybrides d'Oursin Q@ et Etoile de mer ç'mon- trent, entre le deuxième et le troisième jour, une mortalité considérable, qui laisse l'impression d'une intoxication, probablement due à l'introduction du sperme étranger. On obtient finalement quelques Pluteus. Si les travaux relatifs à tous ces développements artiliciels (mérogonie, parthénogénèse expérimen- tale) sont nombreux, rares encore sont ceux où le matériel d'expérience a été soumis à une analyse cylologique précise. Le fait le plus saillant qui en est résulté est celui qu'ont élabli Morgan et E. Wil- son ‘et qui consiste dans la formation de novo de centrasters et de centrosomes dans les œufs expéri- mentalement parthénogénéliques. La permanence des centrosomes (ou plus exactement des cen- trioles) et leur filiation de cellule à cellule est encore généralement admise comme un des points les mieux établis de la Cytologie. Aussi les faits annoncés par Wilson n'ont pas manqué de pro- voquer de vives contradictions, malgré l’autorilé de l'auteur. Wilson‘ maintient ses observations faites sur un Oursin (Toxopneustes), en discutant les agir des solutions faibles de divers acides minéraux et orga- niques: l'œuf est devenu ainsi capable de müûrir normale- ment et de donner des Trochophores normales en apparence. 1 V. Revue de 1904, p. 599. * Univ. of California publ., Physiol., {, A, p. 5. 3 V. Revue de 1903, p. 613. # Zool. Anz.,t. XX VIII, 1904. I M. CAULLERY er F. MESNIL — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE rs on objections qui lui ont élé opposées (nolamment par | Petrunkewitsch', qui avait repris la question sur la même espèce). Un de ses élèves, Yatsu”, arrive, par des recherches {rès soignées, au même résultat en expérimentant sur un Némertien (Cerebratulus lacteus) etun Oursin (Æchinarachnius). Un fragment non nucléé, obtenu en coupant directement l'œuf au scalpel, lors de la métaphase de la première cinèse de maturation, donne, après traitement par CaCl*, de vrais asters avec corpuscules centraux. La moitié nucléée du mème œuf, fixée après abla- tion du fragment précédent et colorée, montre le fuseau de maturation typique. Il ne peut donc être question ici de voir, dans ces corpuscules centraux, des produits de division du centrosome de l'ovocyte. Il faut ajouter que l’on n'obtient pas ces asters dans le fragment non nucléé, si on l’a isolé avant la disparilion de la vésicule germinative de l'ovule. On a là une nouvelle manifestation de l'importance et de la complexité des remaniements physico-chi- miques qui s'opèrent lors de la maluration, sous l'influence des substances nucléaires et extranu- cléaires. Une note tout à fait différente se dégage du mi- nutieux lravail de Kostanecki* sur la parthénogé- nèse expérimentale des œufs du Mollusque Mactra, obtenueenélevant la pression osmolique de l’eau de mer, par addition de solutions de KCI, NaCI, CaCP, ou encore d’eau de mer concentrée par le chauf- | fage. Il a vu, en faisant agir les solutions un temps convenable, les globules polaires se former norma- lement et, à la fin, le noyau de l’ovule revenir à l'état de repos, puis se diviser. Dans ce cas, il n’y a jamais de centrioles de novo. Jamais, même aux stades de maturation, Kostanecki n'a vu d'asters ou de centrioles se former au sein du cytoplasme. La division du noyau se fait karyokinéliquement, mais sans disparition de la membrane nucléaire, sans radiations polaires ni granules centraux : cela rappelle beaucoup les fuseaux de division des micronucléi d’Infusoires; il y a, aux divisions ullé- rieures, des fuseaux normaux sans les rayons sup- plémentaires des asters et sans les centrioles. Quand on fait agir KCI un peu trop longtemps, le deuxième globule polaire n’est pas expulsé, et lorsqu'on remet les œufs dans l'eau de mer pure, par une sorte de régulation, l’évolution continue; celle fois on a, aux pôles du premier fuseau de ! Zool. Jabrb., Suppl. VIH, 1904. = Jour». exper. Zool., t. 1, 1905. 3 Bull. Acad. Sc. Cracovie, 1904 et Arch. f. mikr. Anat., t. LXIV, 190%. division et des slades ullérieurs, des cenlrosomes nets. En somme, ce travail est une confirmalion com- plète des idées primordiales de Boveri sur la dis- parition du centrosome de l'œuf, après l'émission du deuxième globule polaire. Nous metlons ces résultats en regard de ceux de Wilson et Yalsu, non pour chercher à les mettre en doute, mais pour montrer que l'accord est encore loin d’être fait, même entre les eytologistes les plus compé- tents. Nous relèverons seulement dans le travail soigné de M" Krahelska ‘, sur le développement méro- gonique des œufs d'Zchinus microtuberculatus, le fait, en accord avec les vues de Boveri et Wilson?, qu'il n'y a pas autorégulation du nombre somatique de chromosomes, chez les fragments anucléés fécondés par un spermatozoïde. Pelrunkewitsch” est arrivé à la même conclusion. Sommes-nous en état, à l'heure actuelle, de don- ner une théorie générale, englobant tous les cas où, à partir d'une cellule, se constitue un nouvel indi- vidu ? M. Fischer et Wolfgang Ostwald”l'ont pensé et ils nous offrent une théorie physico-chimique basée sur l'assimilation de l'œuf qui va se déve- lopper à une solution colloïdale (mélange de divers hydrosols, tenant des sels en dissolution) qui se gélifie. Ils montrent que tous les agents physiques ou chimiques qui produisent une telle gélification sont les mêmes que ceux susceptibles d'amener le développement parthénogénétique des ovules. Ils insistent, à juste titre, nous semble-t-il, sur ce que le phénomène morphologique le plus constant dans tous ces développements est la formation d'astro- sphères”, et ils notent encore qu'il y a identité avec ce qui se passerait dans une gélification orientée et localisée. Dans une seconde partie, nous examinerons les travaux de Morphogénie générale et de Zoologie spéciale. F. Mesnil, Chef de Laboratoire à l'Institut Pasteur. M. Caullery, et Maître de Conférences à la Faculté des Sciences de Paris. 1 Bull. Acad. Sc. Cracovie, 1905. ? Revue de 1903, p. 614. #Poc:\cit: “ Pflüger's Archiv, t. CVI, 1905, p. 229. 5 Notons à ce propos que Prandtl (1. e.) a vu les pronucléi mäle et femelle de ses Infusoires, au moment de la conju- gaison, entourés d’asters bien développés. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX ANALYSES 1° Sciences mathématiques \Vickersheimer E.). Z2qénieur en chef des Mines. — Les Principes de la Mécanique. — 1 vo/. 1n-8° de 130 pages. (Prix :4 fr.) Veuve Ch. Dunod, éditeur. Paris, 1905. M. Wickersheimer s'est proposé de vulgariser à sa manière quelques-unes des idées émises par M. H. Poin- caré au Congrès des Sciences philosophiques de 1500. Son étude tout à fait familière, destinée aux ingénieurs, sur les principes de la Mécanique, est divisée en sept chapitres dontles titres marquent la nature des concepts examinés : le temps, les vitesses, la force, la masse, le mouvement relatif, le travail des forces, la rotation de la Terre. L'auteur n'apporte pas, dans sa brochure, un ensei- gnement didactique condensé; il discute surtout, par appel au sens commun, sans prétention à une philo- sophie intransigeante ni à une érudition profonde, la validité de modes d'exposition qui ont eu, à une époque de critique peu sévère, de nombreux adeptes, mais qui sont reconnus aujourd'hui comme inacceptables : le regretté Sarrau, pris un peu vivement à partie par M. Wickersheimer, admettait volontiers, à la fin de sa carrière, le bien fondé des objections ici présentées. L'enseignement de l'Ecole Polytechnique s'est dail- leurs modifié depuis quelque temps. Tandis que M. Le- cornu, estimant, avec Pascal, que «les choses valent toujours mieux dans leur source », commente simple- ment l'exposé donné par Newton dans ses « Principes de Philosophie naturelle», M. Painlevé vient, sous le couvert d'idées traditionnelles, présenter les principes de la Mécanique d’une manière très personnelle, rigou- reuse de logique, et qui restera classique à mon avis, tant que les progrès de la Science n’obligeront pas à gé- néraliser le concept de masse. Les idées de M. Painlevé en cette matière ne datent pas d'hier : telles il les don- nait dans son cours à Lille, de 1888 à 1893, telles il les introduisait il y a quelques années dans l'enseignement de la Sorbonne, telles il les soumettait l'an dernier à la discussion de la Société française de Philosophie. Il est regrettable que l'éminent géomètre n'ait pas encore mis, sous une forme aisée, son mode d'exposition à la portée du grand public instruit : M. Wickersheimer y trouve- rait satisfaction. Quoi qu'il en soit, la brochure de M. Wickersheimer, d'une lecture facile, d'un style entrainant, bien qu'un peu sonore, sera lue avec plaisir et profit par nombre d'ingénieurs : ils y trouveront l'affirmation des doutes qui les ont sûrement assaillis quand ils étaient encore sur les bancs de l’école, et ils seront heureux de con- slater qu'on à maintenant souci d'élucider les ques- tions de principes. A. BOULANGER, Ancien élève de l'Ecole Polytechnique. Leo), Professeur à l'Universile Carl Gustav Jacob Jacobi. Koenigsberger d'Heidelbery. 1 vol. 2n-$* de 55% pages avec un portrait et un fae-simile. (Prix : cart. 45 fr.) B.-G. Teubner, édi- teur. Leipzig, 1905. Jacobi, né à Potsdam le 10 décembre 1804, mort à Berlin le {8 février 1851, fut l’un des plus puissants mathématiciens allemands de la première moitié du xix° siècle et l'un géomètres qui ont exercé l'in- {luence la plus considérable sur la direction du mou- vement scie Rue . Son nom, dans l'histoire des fonc- tions elliptiques, est inséparable de celui d'Abel, qui faisait à la même époque des découvertes similaires, des BIBLIOGRAPHIE ET INDEX mais qui mourut avant d'avoir pu donner, comme lui, toute sa mesure. À l’occasion du centième anniversaire de la naissance de Jacobi, M. Leo Koenigsberger a eu la pensée de retracer la vie et l'œuvre du Maitre ; ayant pu consulter les archives du Ministère prussien de lInstruction publique et celles de l’Académie des Sciences de Berlin, il y a trouvé des documents nouveaux qui éelairent l'enchaîinement des découvertes de Jacobi et qui font de la biographie qu'il nous présente un monument pré- cieux de l'Histoire des Mathématiques. 2° Sciences physiques Baly (E. C. C.), F. — Spectroscopy. — {1 ro/. iu-8° couronne de 550 pages, avec 163 illustrations, (Prix : 10 sh. 6 d.)Longmans Green and (?, éditeurs. London, 1905. Ce volume concerne presque exclusivement les physi- ciens et les constructeurs. Après avoir décrit la con- struction et l'usage des spectroscopes à prismes, les méthodes de mesure, et donné des formules d'interpo- lation, l'auteur consacre la plus grande partie de l'ou- vrage aux réseaux et à leur installation, à la spectro- scopie interférentielle, au phénomène de Zeemann, et à un exposé très clair et très complet de la question des séries de raies. On y trouvera beaucoup de détails sur le montage et l'installation des appareils d'optique les plus précis et les plus délicats, et sur la grande ma- chine de Rowland à tracer les réseaux. Mais il ne fau- drait y chercher ni tables de longueurs d'onde, ni renseignements récents sur l'analyse spectrale appli- quée aux recherches chimiques ou astronomiques. A. DE GRAMONT, Docteur ès sciences. Marchis (L.), Professeur-adjoint de Physique à la Facullé des Sciences de Bordeaux. — Leçons sur le Froid industriel. — 1 vol. in-4° autographié de #29-x111 pages avec 198 liqures (Prix : 16 fr.) Veuve Ch. Dunod, éditeur. Paris, 1905. Ce livre est la reproduction des lecons sur le froid industriel professées en 1904-1905 par l'auteur à l'Uni- versité de PAPA devant un public d'ingénieurs et d'industriels. C'est dans le but de faire connaitre les avantages du froid comme agent de conservation que M. Marchis a traité ce sujet plein d'actualité. Dans une substantielle introduction, il montre l'im- portance de l'industrie frigorifique à l'Etranger et les multiples applications dont elle est suse eptible : il fait surtout ressortir combien notre pays, qui, par Ch. Tel- lier, à été le promoteur de ce mouvement industriel, est resté en retard sur les autres nations et combien notre prévention injustifiée contre l'emploi du froid peut avoir une fâcheuse répercussion sur notre com- merce, Les gaz liquéliés étant les agents producteurs du froid dans les machines frigorifiques les plus répandues, l'auteur insiste plus particulièrement sur la construc- tion de ces machines, sur les qualités qu'elles doivent présenter pour répondre aux desiderata des diverses branches de l'industrie utilisant le froid. Cette pre- mière étude ne comprend pas moins de quatre cha- pie dans le premier, M. Marchis, après avoir FRE les principes fondamentaux de la Thermodynamique et quelques propriétés des ES saturées, fait la théorie des machines frigorifiques à gaz liqué fiable dont le compresseur fonctionne, soit en régime Jumide, soit en régime Le chapitre II est consacré à l'étude des sec. métis édit miss mt ds nine | mit tsinssl PT TT BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX PS compresseurs et de leurs accessoires : presse-étoupes, séparateurs d'huile, robinet détendeur. Le chapitre IL traite du calcul et de l'installation des condenseurs à immersion et à ruissellement et des à L … appareils identiques fonctionnant, au contraire, comme « réfrigérants ou évaporateurs. Le refroidissement des liquides, considéré dans le ” cas particulier de la laiterie et de la brasserie, fait l’objet du chapitre IV. L'auteur est alors amené à s'occuper des conditions d'établissement d'une installation frigorifique et, par suite, du mode de construction des locaux à refroidir. Il insiste plus particulièrement sur une question capi- tale : celle de l'isolement des locaux. Un entrepôt fri- gorilique bien isolé nécessite pour son fonctionnement des machines frigorifiques moins puissantes et permet Ÿ le maintenir à l'intérieur des chambres froides une température constante par une marche plus intermit- tente de la machine, c'est-à-dire avec une dépense … moins grande de combustible, M. Marchis étudie ensuite les divers modes de refrigération des chambres frigo- - rifiques d'un entrepôt. L'étude de l'entrepôt frigorifique constitue un énorme chapitre de près de 80 pages, dont . Ja lecture est pleine d'intérêt. Le chapitre VI, beaucoup plus court, est consacré aux transports frigorifiques se faisant, soit par wagons, soit par navires frigorifiques. La fabrication de la glace est l’objet du chapitre suivant; on y trouvera beaucoup de renseignements pratiques du plus haut intérèt, empruntés aux sources les plus sûres. La conservation par le froid des différents comes- tibles n'occupe pas moins de quatre chapitres, remplis de détails pratiques. Pour chacune des applications, - l'auteur indique les températures les plus convenables qu'il faut employer, ainsi que quelques-unes des mani- pulations que la pratique indique comme indispen- sables pour parvenir au succès. Cette dernière partie est forcément incomplète, les praticiens à qui sont dues les règles en question n'indiquant pas générale- ment les procédés qui leur ont permis de réussir. Un chapitre est consacré à la conservation de la viande et … du poisson; un autre à celle des fruits et des légumes ; un troisième à celle du lait, du beurre et du fromage. Le dernier est consacré à la conservation des œufs par le froid et n’occupe pas moins de 18 pages; c’est dire que nous sommes en pleine pratique, sensation que donne à un haut degré la lecture du livre de M. Marchis. Le nombre des renseignements précis qui y sont con- … tenus est véritablement prodigieux. Avec beaucoup de - loyauté, l'auteur indique les sources où il a puisé pour - la rédaction de chacun des chapitres de cette longue étude, sources parmi lesquelles se trouvent beaucoup - de publications allemandes. On ne peut que remercier M. Marchis du travail énorme qu'il a dù dépenser pour obtenir une mise au pont aussi exacte et aussi minutieuse d'une industrie eu développée en France, malgré les nombreux auteurs nca qui l'ont décrite. IL est étrange de constater … sisse. E qu'il y à un contraste violent entre les idées que nos ingénieurs ontsur celte question et ce fait que l'opinion publique, mal informée, est restée jusqu'ici réfractaire ‘tu développement d'une industrie, née en France comme tant d'autres et dont l'avenir est plein de pro- - messes. Il faut donc faire de l'agitation autour de cette » question d’un intérêt capital et entreprendre à ce point de vue particulier l'éducation de nos conci- -toyens; Je fais des vœux pour que M. Marchis y réus- . MaTHIAS, Professeur à la Faculté des Sciences de Toulouse. …Barral (E.), Professeur agrégé à la Faculté de Méde- cine de Lyon. — Précis d'Analyse chimique quan- Ce titative. — 1 vo. in-1S de 864 pages et 310 figures. Le (Prix : 12 fr.) Baïllière et fils, éditeurs, Paris; 1905. D. Cet ouvrage ne s'adresse pas aux spécialistes de … l'Analyse chimique appliquée : on n'y trouvera donc + aucun détail relatif à l'analyse agricole ou industrielle, à l'urologie, à la toxicologie ou à larecherche des falsi- fications. Il ne s'adresse pas davantage aux spécialistes de l'Analyse chimique théorique, qui se forgent à eux- mêmes leurs méthodes de travail. Il rendra, par contre, d'excellents services à tous les chimistes de laboratoire et aux étudiants sérieux des Facultés et Ecoles. Il est divisé en quatre parties : les opérations, les réactifs, les méthodes générales font l'objet des trois premières et servent, en quelque sorte, de préliminaires à la quatrième, « consacrée aux dosages et séparations des éléments et de leurs dérivés ». Le plan de l'ouvrage est net et le rend facile à con- sulter ; le soin apporté aux détails secondaires d'im- pression et de typographie en fait la lecture agréable ; enfin, l'exactitude des renseignements et le choix des méthodes donnent toute sécurité pour la mise en œuvre des indications qu'on peut y puiser. La compétence de l’auteur se manifeste dans l'exposé des premières parties et son érudition dans la qua- trième. On y trouve, en effet, à côté des méthodes qu'une longue pratique a consacrées, celles qu'ont plus récemment proposées les spécialistes les plus autorisés et qui reçoivent de cette origine un brevet d'émanci- pation. Quelques méthodes ont certainement été signa- lées à titre de curiosité : par exemple, le mode de dosage volumétrique des sels de sodium par le bihy- droxytartrate de potassium de Horstman-Fenton exige l'emploi d'un réactif qu'il faut préparer soi-même. Quelques procédés intéressants ont été également omis, peut-être à dessein : la méthode de dosage du cobalt au moyen du nitroso-5-naphtol par exemple. L'artifice qui permet d'éviter une pesée d'iode pur et sec et qui consiste à employer un mélange d'iodure et d'iodate de potassium, qu'on acidule ensuite, est de ceux qui peuvent être mentionnés en iodométrie. Si l'on voulait adresser quelques légères critiques à cetutile ouvrage, elles porteraient plutôt sur des détails de terminologie, de symbolisme ou de doctrine. Le symbole du fluor adopté aujourd'hui est plutôt F que FI. On écrit plus volontiers SiF°H?, SiF°K?, P{CISK® que SiF*2HF, SiF‘2KF, PtCI‘2KCIl; cette notation tra- duit l’idée que ce sont là des sels d'acides complexes plutôt que des sels doubles. De mème, l’azotite double de cobalt et de potassium est plutôt considéré et sym- bolisé comme un cobaltinitrite de potassium. Les indi- cations relatives aux précipités colloïdaux et à la facon dont ils se comportent au lavage, l'interprétation du rôle des indicateurs colorés en acidimétrie et aleali- métrie gagneraient peut-être en clarté à être encadrées par quelques idées générales. Enfin, à propos du choix des poids atomiques utilisés et des formules employées dans le calcul des dosages, on aurait peut-être pu fixer la limite habituelle des dosages pondéraux ou volumé- triques au delà de laquelle il serait illusoire de s'aven- turer. Pour un ouvrage destiné, comme celui-ci, à rendre de nombreux services aux étudiants, il n’est peut-être pas inutile d'accorder une certaine impor- tance à des questions de symbolisme ou d'interpréta- tion. Tel qu'il est, cet ouvrage sera consulté avec fruit, et il serait certainement de ceux dont on devrait conseiller la lecture si le nom et les titres scien- tifiques de son savant auteur ne rendaient superilue une telle recommandation. L.-J. Simox,i Sous-directeur du Laboratoire des Hautes-Etudes de l'Ecole Normale Supérieure. La Revue ne peut être que très flattée des nombreux emprunts que M. Barral lui a faits, bien qu'il ait — évidemment par mégarde — omis de citer la source où il a abondamment puisé. Nous réparons son oubli en indiquant quil a trouvé dans un article de notre collaborateur M. Hollard, sur les Principes de l'Analyse électrolytique (n° du 30 janvier 1901), des renseigne- ments tellement précieux qu'il n'a pas hésité à les reproduire à peu près sous la même forme. Louis OLIVIER. 48 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 3° Sciences naturelles Mosso (A.), Directeur du Laboratoire de Physiologie du Mont-Rose, Professeur à l'Université de Turin, Membre de l'Académie royale des Lincei. — Tra- vaux du Laboratoire scientifique international du Mont-Rose. — {1 vol. in-S° de 295 pages. Læscher, éditeur. Turin, 1905. M. Mosso a, depuis quelques années, consacré de nombreux travaux à l'étude des conditions de la vie aux grandes altitudes. Le volume qu'il vient de faire paraître contient une partie des recherches faites à la Capanna Regina Margherita, sur le sommet du Mont- Rose {4.560 mètres), dans deux expéditions, l'une dirigée par lui-même, l'autre par M. Zuntz. C’est une série de 21 Mémoires qui traitent du mécanisme du mal des montagnes, de l'influence exercée par la raréfaction de l'air sur la composition du sang, sur les échanges respiratoires, les centres nerveux. On sait que, pour M. Mosso, la cause principale des troubles qu'entraine la diminution de la pression barométrique, ce n'est pas l'anoxyhémie, mais bien la diminution de CO* du sang, ‘l'acapnie (voir rev. gén. des Se., 4899, t. X, p. 158). La plupart des travaux publiés dans ce nouveau recueil sont inspirés par cette idée directrice, et il serait facile d'en dégager un ensemble de faits qui viennent con- firmer la théorie de M. Mosso. Mais il nous à paru que l'analyse serait plus fidèle, si elle laissait à ces études le caractère fragmentaire sous lequel elles sont pré- sentées. MM. Mosso et Marro avaient émis l'opinion que la diminution de CO? du sang dans l'air raréfié devait tenir à une modification chimique de ce liquide. M, Galeotti a constaté, en effet, sur le sommet du Mont-Rose, une diminution de l'alcalinité du sang de 36 à 4##°/,, qu'il attribue à une production plus grande d'acide lactique, par suite de l'insuflisance d'O. — Dans un autre ordre d'idées, le mème expérimentateur à trouvé qu'aux crandes altitudes le centre de la déglutition se fatigue plus vite, et, d'autre part, qu'il provoque des mouve- ments plus rapides de l'æsophage, de sorte que la durée du réflexe de la déglutition se trouve abrégée. D'après M. Foa, la rapide hyperglobulie qu'on ob- serve sur les montagnes n'est que périphérique ; le sang des gros troncs artériels n’y participe pas : elle est due à la stase du sang dans les vaisseaux superti- ciels, consécutive elle-même à l'abaissement de la pre sion artérielle. Aussi disparait-elle rapidement, en l’es- pace de trente-six heures, lors de la descente dans la plaine, sans que le retour du sang à l’état normal s'ac- compagne d'une destruction plus grande des globules rouges. Cependant, après huit ou dix Jours de séjour en montagne , la fonction hématopoïétique de la moelle est surexcitée, mais à un faible degré. La contribution personnelle de M. Mosso à ce recueil est considérable et ses recherches, quoique unies par un lien commun, touchent aux questions les plus di- verses, ainsi qu'on en jugera par l'exposé suivant, aussi succinct que possible. — Aux grandes altitudes, un caractère fréquent de la respiration, pendant le som- meil, c'est non seulement d'être périodique, mais de s'accompagner, à chaque période, de mouvements de la jambe et de la main, par suite de la propagation des impulsions respiratoires aux muscles des extrémités. — Les chiens supportent bien de fortes dépressions barométriques : on peut arriver rapidement à 200 mil- limètres sous la cloche pneumatique, sans qu'il se ma- nifeste, chez ces animaux, de malaise grave, sans doute grâce aux provisions d'O contenues dans leur sang et leurs tissus ; mais, si la dépression est maintenue pen- dant un certain temps, leur état subit une aggravation continue, que l'on peut attribuer aux modifications chimiques du sang et à la formation de produits toxiques. Chez le chien, comme chez l'homme, sur le Mont-Rose, la fréquence et la profondeur de la respi- ration diminuent; l'activité moindre des centres res- piratoires tient à l'acapnie ou à l'abaissement de l'alca- linité du sang. A l'altitude de 4.560 mètres, où mème sous la cloche pneumatique, à une pression de 220 mil- limètres (altitude de 6.880 mètres), les chiens présentent encore de la polypnée thermique. Comme les expé- riences de M. Ch. Richet ont montré que la polypnée ne s'établit que si les besoins de l'organisme en 0 sont complètement salisfaits, il faut conclure de ces obser- vations qu'une raréfaction de l'air qui correspond à celle des plus hautes montagnes ne suffit pas pour amener l'anoxyhémie ou pour épuiser les provisions d'O de l'or- ganisme, — Si l'on étudie les effets produits par la dépression barométrique sur les singes, on constate qu'elle n'agit pas comme l’anoxyhémie (due à CO, par exemple), en ce sens que, contrairement à cette der-. nière, elle amène la somnolence et la perte de con- science, sans excitation préalable : c’est l'acapnie qui intervient pour déprimer le système nerveux. Sur le Mont-Rose, les modifications de la respiration ont été les mêmes chez les singes que chez le chien et chez l'homme. —- Hüfner a émis l'hypothèse que le mal des montagnes dépend de la rapidité moindre des échanges gazeux dans les poumons, aux basses pressions. La ra- pidité avec laquelle CO® inhalé est éliminé du sang doit faire rejeter cette opinion. — La sensibilité pour CO*, appréciée d'après les changements que ce gaz, mélangé à l'air inspiré, imprime aux mouvements respiratoires, est diminuée dans l'air rarétié, aussi bien chez l'homme que chez les animaux, à cause de l'excitabilité moindre des centres respiratoires. — La durée de l'arrêt volon- taire de la respiration aux grandes altitudes ou dans la chambre pneumatique varie suivant les individus : chez les uns, et c’est le cas le plus fréquent, elle est moindre qu'à la pression normale; chez les autres, c'est l'inverse. C'est que, chezles derniers, ce sont les. effets de la diminution de CO? qui l'emportent, et l'excitabilité des centres nerveux est moins grande. Les premiers ressentent, au contraire,plus fortement les effets de la diminution d'O, et la dyspnée arrive vite. Cependant, comme le temps d'arrêt de la réspira- tion se réduit de plus de moitié, alors que la pression barométrique diminue de moins de la moitié, il en résulte que l'insuffisance d'O n'est pas le facteur le plus important de celte moindre résistance. — Sur le Mont-Rose, les inhalations d'O pur ont fait diminuer. la profondeur et la fréquence de la respiration ainsi que la fréquence du pouls, alors qu'elles restaient sans effets à Turin. L'inhalation d’un mélange d'une partie de CO? avec deux parties d'O ont diminué la fréquence du pouls, augmenté la fréquence et la profondeur de la respiration, provoqué une sensation de bien-être, tandis que, dans la plaine, ces fortes doses de CO* ont donné lieu à une accélération du pouls, à un fort malaise avec vertige. — La diminution de tension de l'O ne suffit pas pour expliquer le sommeil, l'affaiblissement musculaire et les autres phénomènes qui se manifestent dans l'air raréfié. D'après des expériences faites sur des singes, et contrairement à la loi de P, Bert, si l'on maintient constante la pression partielle de l'O, pendant que la pression barométrique diminue, les troubles caracté- ristiques n'en apparaissent pas moins et deivent donc dépendre de l'acapnie. — L'apnée produite par linjec- tion d’une solution de soude, qui fixe CO* du sang Fredericq et Hougardy), est beaucoup plus longue si l'animal est profondément endormi; l'arrêt respiratoire peut durer jusqu'à trois minutes. L'acapnie due à la soude ressemble done à l'acapnie du mal des monta- gnes en ce que ses effets sont plus intenses pendant le sommeil; une deuxième analogie, c'est que l'une et l'autre provoquent la respiration périodique. — L'action physiologique de l'alcool est très fortement amoindrie aux grandes altitudes: alors qu'à Turin l’ingestion de 40 centimètres cubes d'alcool a déterminé une élé- vation de la température rectale, des modifications de, la respiration et du pouls, des signes d’excitation céré- brale, tous ces phénomènes ont fait défaut sur le Mont- Rose, chez le mème sujet et pour la même dose. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 49 M. Agga/zotti s’est occupé plus particulièrement des échanges respiratoires. Chez le cobaye, il y eut sur le Mont-Rose une légère augmentation dans l'élimination de CO*, l'absorption d'O restant constante. Les diffé- rences individuelles furent d’ailleurs très grandes. — Le même expérimentateur à encore porté son attention sur les variations de l'air de réserve chez l'homme. Quand la pression barométrique s'abaisse, la propor- tion °/, de CO® diminue d’abord dans l'air alvéolaire ; mais, déjà entre 684 et 608 millimètres de pression, commencent à se manifester une élimination plus forte de ce gaz et une consommation plus grande d'O, qui at- teignent leur maximum à 456 millimètres. Au delà de ces limites, CO? diminue, mais la consommation d'O continue encore à augmenter, quoique plus faiblement. — Cependant, la tension partielle de O dans l'air des alvéoles est toujours inférieure à la normale, au mo- ment même où son élimination atteint le maximum. La tension partielle de CO diminue graduellement avec la raréfaction de l'air, mais l’abaissement est plus ra- pide entre 650 et 450 millimètres, parce que, dans ces limites, la consommation d’O est plus grande. — Quand on revient à la pression normale, après avoir séjourné pendant quelque temps dans l'air raréfié, on élimine une quantité moindre de CO? que la normale : cette diminution correspondrait à la reconstitution, dans le sang et les tissus, de produits riches en CO?, qui “4 sont laissé décomposer pendant la raréfaction de air. Quel que soit le sort réservé à la théorie de l'acapnie, les expériences, si ingénieusement variées, de M. Mosso et de ses collaborateurs n'en auront pas moins contri- bué à enrichir de nombre de données intéressantes la physiologie du mal des altitudes. Elles obligeront aussi à soumettre à une nouvelle vérification des notions qu'on pouvait considérer comme le plus solidement établies. Une expérience fondamentale de P. Bert est remise en discussion : il n'est pas vrai, dit M. Mosso, qu'on puisse obvier aux accidents causés par la diminu- tion de la pression barométrique en augmentant la pression partielle de l'O. Ici, ce n’est plus sur l'inter- prétation des faits que porte la contradiction, c'est sur les faits eux-mêmes; ces divergences devront trouver leur explication. Il reste encore à signaler un important travail de MM. Zuntz et Dürig, qui ont étudié, sur eux-mêmes, au Col d'Olen (2.900 mètres) et au sommet du Mont- Rose, l'influence des altitudes sur les échanges respi- ratoires, d’une part, pendant le repos, d'autre part, pendant le travail musculaire, tout en tenant compte de divers facteurs accessoires, climatologiques ou autres. Au Col d'Olen, ce n’est que chez l’un des expérimen- tateurs qu'à l’état de repos, l’on nota un accroissement peu marqué des échanges, tandis que sur le Mont-Rose, dans les mêmes conditions, leur augmentation fut, chez tous deux, de 15 °/, et se maintint constante pendant les trois semaines de séjour. L'exposition au soleil, au vent, les renforca encore, mais dans une faible mesure. Cependant, même au Col d'Olen, à la suite de marches forcées, on observa, pendant la pé- riode de repos consécutive, une activité plus grande des combustions, qui persista pendant une heure et demie et deux heures, contrairement à ce qui se passe dans la plaine. L’explication de ce fait est la suivante : pendant un exercice musculaire forcé, la tension par- tielle de l'O diminue notablement dans les alvéoles pulmonaires et, par suite, dans le sang, et l'insuffisance d'O a pour conséquence la formation dans l'organisme de substances chimiques dont l’action excitante sur les échanges se prolonge pendant des heures. Les déterminations faites pendant le travail muscu- laire montrent que celui-ci, pour une valeur déter- minée, réclame une dépense plus grande d'énergie sur la montagne que dans la plaine. L'augmentation est due principalement à l'influence de l'altitude elle- même; d'après des expériences de contrôle, la difti- REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. culté de la marche daus la neige n’y contribue que dans la proportion de 110/,. E. WERTHFIMER. Professeur de Physiologie à la Faculté de Médecine de Lille, 4 Sciences médicales Galippe (V.), Membre de l'Académie de Médecine. — L'hérédité des stigmates de dégénérescence et les familles souveraines. — 1 vo/. gr. in-8° de 450 pages avee 278 fiqures. (Prix : 15 fr.) Masson et Cie, édi- teurs. Paris, 1905. C'est une précise, puissante et convaincante étude sur l'hérédité que le Dr Galippe nous expose dans cet ouvrage. Prenant pour sujet la famille de Habsburg, depuis le duc Ernest de Fer, au xiv° siècle, jusqu'à nos jours, M. Galippe démontre que le type physique parti- culier des premiers membres de la famille s’est transmis de génération en génération sans dévier et qu'il se re- trouve même dans les familles royales de France, d'Espagne, d'Italie, d'Angleterre qui sont alliées à la dynastie de Habsburg. Ce type de Habsburg est bien connu : c’est un prognathisme inférieur, une saillie plus ou moins marquée du maxillaire inférieur, dont les dents débordent les dents de la mâchoire supérieure, au lieu d'être, comme à l'état normal, recouvertes par celle-ci, et, corrélativement, un développement exagéré de la lèvre inférieure, qui déborde la lèvre supérieure, de telle sorte qu'elle est insuffisamment lubréfiée, se dessèche et se fendille. A ces deux caractères princi- paux s'ajoutent un aplatissement latéral du crâne, une hauteur souvent exagérée du front, un exorbitisme plus ou moins prononcé. Ce sont là des stigmates de dégénérescence, tout comme le nez raccourci, la face aplatie et le progna- thisme des chiens bouledogues; ces stigmates se sont transmis des parents aux enfants, presque sans excep- tion, se renforçant même quand les deux parents, appartenant à la même famille ou à une famille affectée de la même tare, comme celle des ducs de Bourgogne, étaient affligés des mêmes stigmates. La puissance de la transmission héréditaire de ce caractère patholo- gique est telle que les Habsburg l'ont imposé par leurs alliances aux dynasties étrangères, à celle des Valois de France, par exemple. Même une race forte et de type très accusé et très différent, comme celle de Napoléon If, n'a pu échapper à la transmission du prognathisme des Habsburg : le roi de Rome, Napoléon II, né de Napo- léonI*ret de Marie-Louise, fille de l'empereur d'Autriche François 1°", avait si nettement ce stigmate physique que toute la population de Vienne l'acclama, reconnaissant en lui un Habsburg d'Autriche. Si le Dr Galippe a choisi pour son étude sur l'hérédité la famille des Habsburg, c'est qu'une famille royale seu- lement peut être suivie assez longtemps et assez com- plètement, grâce aux documents écrits et aux repro- ductions artistiques, pour que chaque individu ait son portrait physique nettement tracé. En outre, les ma- riages consanguins, fréquents dans les familles royales, exagèrent encore les tares physiques et mentales et perpétuent plus exactement le type de la race, en la menant à une déchéance progressive. C’est ainsi qu'un caractère, qui au début pouvait n'être qu'accidentel, est devenu un caractère fixe; la famille des Habsburg est devenue une race de prognathes à grosse lèvre infé- rieure, de la même facon que s’est constituée une race de chiens bouledogues ou de bœufs natos. L'ouvrage de M. Galippe, très richement documenté, est une démonstration convaincante de l'hérédité des stigmates physiques. Il offre un puissant intérêt pour ceux qui veulent se livrer à l'étude de l’histoire, car il fait revivre les souverains avec leurs tares physiques et mentales qui ont dirigé leur conduite; il fait aussi de l'histoire le livre vivant de l'humanité et non plus seu- lement un compendium des batailles et des meurtres, un traité de tactique militaire. Dr M. LaBeé, Professeur agréé 0 à la Faculté de Médecine de Paris. 1e 30 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 41 Décembre 1905. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. H. Padé étudie la convergence des fractions continues régulières de la fraction E(4,1, ',u) et de ses dégénérescences. Il mon- tre que la table des réduites d'une fonction définie par une équation linéaire du premier ordre comporte des catégories de fractions continues dont les domaines de convergence ne sont pas naturellement les mêmes. — M. W. Stekloff considère le mouvement d'un ellipsoïde fluide homogène dont toutes les parties s'attirent sui- vant la loi de Newton. — M. A. Boulanger donne la théorie de l'onde solitaire qui se propage le long d'un tube élastique horizontal. — M. Giacobini a découvert une nouvelle comète, le 6 décembre, à l'Observatoire de Nice; il en donne les éléments et l'éphéméride, — M. P. Salet indique les longueurs d'onde des raies spectrales de la couronne solaire photographiées pen- dant l’éclipse du 30 août. Les photographies montrent, d'autre part, de nombreux jets coronaux qui s'étendent parfois Jusqu'à plus de 2 diamètres du bord du Soleil; quelques-uns sont nettement recourbés. 2°" SCIENCES PHYSIQUES. — M. L. Malassez montre que, chez les objectifs faibles, dont le foyer postérieur est situé en arrière de leur face postérieure, le pouvoir grossissant est inférieur à la puissance; chez les objec- tifs plus forts, il est supérieur. — M. G. Meslin à cons- talé la coexistence du paramagnétisme et du diama- gnétisme dans un même cristal de pyrrhotine et la variation continue de la susceptibilité magnétique avec la direction considérée. — M. H. Pellat à étudié l'action du champ magnétique sur les rayons-canaux de Goldstein. Un champ de 900 à 1.000 gauss produit une diffusion complète des rayons, et toute la sec- tion du tube parait uniformément Jumineuse. Vers 2.100 gauss, la diffusion diminue et la luminosité s’amincit de nouveau le long d'une paroi du tube. — M. A. Nodon décrit un dispositif nouveau permettant d'obtenir une image monochromatique des sources lumineuses. — M. M. Delépine à reconnu que la réac- tion d'attaque du platine par l'acide sulfurique est sen- siblement: 4 HSO'+LPt= Pt SO!) + 2 SO* + % H°O. Il se forme un sel platinique facile à reconnaître par addi- üon de KCI, qui précipite des cristaux octaédriques. — M. A. Duboin, en abandonnant pendant plusieurs mois une solution saturée d’iodure de mercure et d'iodure de lithium, à vu cristalliser successivement deux iodo- mercurates de lithium: 2 Lit. Hgl°. 6 H°0, en aiguilles aplaties, D — 3,26, et 2 Lil. HgP.S H°0, en gros prismes, D — 2,95. — M. P. Lebeau, en faisant réagir le fluor sur le brome à 0°, a obtenu un liquide incolore, se soliditiant vers 4 ou 5°, qui est un trifluorure de brome Br KE; ilest doué d'une très grande activité chimique. — M. H. Moissan à constaté que l'or distille avec faci- lité au four électrique ; son point d'ébullition est supé- rieur à celui du cuivre et inférieur à celui de la chaux. Par condensation sur un tube froid, sa vapeur produit de l'or filiforme et de petits cristaux microscopiques. Dans les alliages d’or et de cuivre et d’or et d’étain, le cuivre et l'étain distillent avec l'or. De plus, en dis- üllant un alliage d'or et d'étain, on obtient, par voie sèche, Île pourpre de Cassius. M. L. Ouvrard, en fondant ensemble de l’anhydride borique et du bro- mure de calcium en proportions diverses, a obtenu les bromoborates: 5 B°0%. 3 CaO. CaBr°: 3 B20%. 3 Ca0. CaBr*, Avec liodure de calcium, il n'a pu obtenir aucune combinaison halogénée. — M. Alb. Colson a étudié les états limites de quelques sels chromiques dissous. — M. L. Franchet a obtenu des reilets métalliques à la surface des poteries en leur appliquant des couvertes contenant du kaolin et des sels métalli- ques et en les soumettant à une réduction par intro- duction dans le moufle d'un courant de gaz d’éclai- rage. — M. E. Berger, en faisant réagir PCF sur le £-naphtol, a obtenu: au-dessous de 130, l’oxyde de B-naphtyle (C°H7)0, F. 105°; au-dessus de 430, le 6-choronaphtalène, F, 56°. — M. M. Godchot, en fai- sant réagir l'acétate d'hydroxylamine sur l'hexahydro- anthrone, a obtenu l'hexahydroanthrone-oxime, CHSAZON, F, 1#3°, donnant par réduction l'octohy- droanthramine, C'H'7AzH*?, Eb. 182 sous 12 milli- mètres. L'octohydrure d’anthracène peut être réduit en perhydrure CH*%, EF, 88. — M. G. Blanc a réalisé la synthèse de l'acide &-méthyl-«'-isopropyladipique, F. 103°; il présente toutes les propriétés de l'acide dihydrocamphorique, mais, tandis que ce dernier est actif, il est dépourvu de pouvoir rotatoire. — M. G. Léser, en condensant à l’aide du sodium la eyelohexa- none avec l’éther acétique, à obtenu l'acétyleyclohexa- none, Eb. 110-112 sous 18 millimètres, donnant une combinaison cuivrique (C*H#'0?}?Cu.— MM. Piettre et Vila sont parvenus à scinder l’oxyhémoglobine cris- tallisée en deux constituants principaux: l'hématine cristallisée, qui représente quantitativement la malière pigmentée du sang, et une matière albuminoïde, la globine., — M. F. Battelli et M: L. Stern ont constaté que la catalase diminue les oxydations produites par le sulfate ferreux en présence de lémulsion de tissus animaux. On peut supposer que le rôle de la catalase dans l'organisme est de s'opposer aux oxydations trop avancées des substances organiques. — M. J. Wolff à observé que certaines substances: ammoniaque, oxydes des métaux alealins et alcalino-terreux, carbonates de ces mélaux, peuvent jouer le rôle de la diastase liqué- fiante du malt vis-à-vis de la fécule oxydée. — M. G. Seillière a constaté que le xylane est hydrolysé par le suc digestif d’escargot avec formation de xylose. Beau- coup d'autres Pulmonés terrestres et de Gastropodes renferment la même diastase. 39 SCIENCES NATURELLES. — M. Maurice de Rothschild a rapporté d’une exploration dans l'Afrique orientale de nombreux animaux, en particulier des Æylochærus encore peu connus, un oûcercus euryceros el une défense qui parait appartenir à quelque grand quadru- pède récemment éteint. — M. G. Bonnier à reconnu que l'accoutumance des abeilles à un travail déterminé d'avance intervient comme un facteur important dans toutes les observations faites sur les relations entre les fleurs el ces insectes mellifères. En tenant compte de celle accoutumance et aussi de la division du travail chez les abeilles, il déduit de nouvelles expériences que la couleur des fleurs n'exerce pas une attraction sensible sur les butineuses. — MM. D. Bois el I. Gal- laud ont étudié les modifications anatomiques et phy- siologiques provoquées dans certaines plantes par le changement de milieu, Elles portent surtout sur le tissu de soutien et le tissu sécréteur. — M. J. Lefèvre à constaté que, sans lumière, la synthèse opérée par les plantes vertes, à l'abri de CO?, en sol artificiellement amidé, devient impossible. Cette synthèse apparait done comme une fonction chlorophyllienne. — M. A. Lacroix a étudié les syénites néphéliniques des îles de Los (Guinée française). Elles présentent de grandes varia- tions, mais peuvent se grouper autour de deux types extrêmes, lun à augite et hornblende, l'autre à aegy- rine. — M. E. Gourdon a étudié les roches éruplives - ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 51 grenues de la Terre de Graham recueillies par l'Expédi- tion antarctique Charcot. Elles se rapportent à deux séries: l’une formée de types granitoides traversés par quelques roches filoniennes, l’autre de roches microli- tiques d'origine incontestablement volcanique. — M. L. Bertrand montre que toute la partie centrale et orientale du versant nord des Pyrénées porte la trace de formidables poussées venues du sud; au contraire, les plis du bord méridional de la zone primaire axiale sont poussés au sud. Les Pyrénées seraient done une chaine à double déversement. — MM. E.-A. Martel et Le Couppey de la Forest ont exploré les abimes du Plan de Canjuers (Var); ce sont les affluents supérieurs, les tributaires intermittents (après les grandes pluies) du réseau hydrologique souterrain qui alimente Fon- taine-l'Evèque. Séance du 18 Décembre 1905. Séance publique annuelle, — M. Troost rend hommage aux membres décédés pendant l'année cou- rante. Puis il proclame les noms des lauréats des prix décernés par l’Académie. — M. G. Darboux lit une Notice historique sur Ch. Hermite. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 12 Décembre 1905. M. Motet présente le Rapport général sur les Prix accordés par l’Académie en 1905, qui sont ensuite décernés. — M. Jaccoud prononce l'éloge de Panas. Séance du 19 Décembre 1905. L'Académie procède au renouvellement de son Bureau pour l'année 1906. M. Guéniot, vice-président, devient de droit président. — M. Armand Gautier esl élu vice-président. — M. Motet est réélu secrétaire annuel et M. Hanriot trésorier. — M. Josias présente un Rapport sur une communication du Dr Lop relative à la transmission des maladies contagieuses dans les Ecoles municipales par le passage des livres des élèves d’une année à l’autre. L'auteur propose qu'il soit pro- cédé, avant la rentrée des classes, à une désinfection générale des livres et cahiers ayant servi, qui doivent être distribué à de nouveaux élèves. La désinfection par les vapeurs de formol paraît la plus recomman- dable ; mais il paraît nécessaire que tous les feuillets viennent en contact avec les vapeurs pour une désin- fection absolue. — MM. Tuffier et Mauté donnent lec- ture d’un Mémoire sur l'indice de réfraction du sérum sanguin dans les affections chirurgicales. Séance du 26 Décembre 1905. MM. Bard et Gilis sont élus Correspondants natio- naux dans la Division de Médecine. — M. A. Josias présente un Rapport sur un Mémoire de M. Maurice de Fleury relatif aux névroses de l'enfance et aux problèmes de l'éducation. De ses observations, il résulte que la paresse, l'inattention, la distraction habituelles, rebelles aux exhortations et aux punitions, la tristesse sans motifs plausibles, la timidité exces- sive, la tendance à la peur, l'indiscipline invétérée, sont, chez les enfants comme chez les adultes, sym- ptômes de névroses ou de maladies de Ja nutrition. — M. N. Gréhant a fait des expériences sur la régénération de l'air confiné vicié par la respiration au moyen d'un ré- cipient d'oxygène comprimé et de la cartouche à potasse Guglielminetti-Draeger. — M. G. Pouchet a reconnu que l’iode et les iodures, d'une part, l'iodothyrine, le suc de glande thyroïde fraiche, les albumines iodées d'autre part, ont une action précisément inverse sur le cœur et les appareils nerveux extra-cardiaques : les premiers sont des hypertenseurs, les seconds des hypotenseurs à doses médicamenteuses. A doses toxiques, tous les deux provoquent des hypotensions par action dépressive sur le myocarde et par paralysie du système nerveux. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 9 Décembre 1905. M. G. Loisel a constaté que la quantité de substances grasses et de lécithines dans les testicules des cobayes en évolution augmente notablement au moment de la puberté. Chez les Oursins en activité sexuelle, il y a plus de substances grasses dans les ovaires que dans les testicules. — Le même auteur a observé, chez le Canard, que la domestication ne favorise pas la descen- dance de l'espèce ; les œufs de canards hybrides sont plus nourrissants, sous un volume plus petit, que les œufs de canard ordinaire. — MM. J. E. Abelous, A. Soulié et G. Toujan ont reconnu que l'addition d'extraits d'organes ou de tissus autolysés à une même quantité de pulpe surrénale augmente notablement sa teneur en adrénaline. — MM. M. Doyon et Petitjean ont observé de nouveau que l'épiploon accapare et élimine les particules solides introduites dans la cavité abdominale. — M. P. Mulon critique les observations de MM. Bernard et Bigart sur la couche germinative de la corticale des surrénales chez le cobaye. — MM. G. Froin et L. Ramond, dans la pleuro-tuber- culose et la méningite tuberculeuse primitive, ont constaté que le liquide pleura! renferme peu de bacilles et beaucoup de toxine, tandis que le liquide céphalo-rachidien, plus riche en bacilles, dilue une quantité de substance toxique beaucoup moins abon- dante. — MM. A. Carrel et C. C. Guthrie ont réalisé la transplantation uniterminale d'une veine d'une glande pathologique sur une grosse artère du voisinage; les fonctions de la glande se sont rétablies. — M. C. Ciaccio a observé, dans le sympathique abdominal des Oiseaux, la formation de nouvelles cellules ner- veuses, dérivant de petites colonies cellulaires qui résultent de la division directe et inégale des cellules germinatives. — MM. E. Sacquépée et F. Chevrel ont reconnu que les animaux vaccinés activement contre le bacille d'Eberth présentent vis-à-vis des bacilles para-typhiques un degré d'immunité à peine inférieur au taux de l'immunité spécifique, et vice versa. D'autre part, les bacilles paratyphiques B sont nette- ment pathogènes par ingestion, au moins pour le cobaye ; ce résultat doit être opposé à l'innocuité habi- tuelle de l'ingestion du bacille d'Eberth. — M. A.-H. Perret a constaté que l'Urtica dioïca et le Lamium album renferment des poissons pruritants, dont les propriétes sont analogues à celles des thalassines an1- males ; ils sont solubles dans l'alcool. — M. Ch. Féré a reconnu que la station debout favorise le travail et l'attention pendant une courte période ; mais cette exal- tation est suivie d'une fatigue plus rapide. L'immobilité préalable produit d'abord une exaltation notable ; mais, à mesure que l’on augmente la durée de l'inaction, le travail initial diminue. L'économie de l'effort favorise l'augmentation de la valeur totale du travail. — M. E. Fauré-Frémiet expose ses recherches sur la structure intime du protoplasma chez les Protozoaires. — M. G. Delezenne a observé que les sels de potassium sont capables d'inhiber le pouvoir activant des sels de cal- cium sur le sue pancréatique inactif. — M. M. Lam- bert présente un appareil pour l'étude du cœur isolé. Séance du 16 Décembre 1905, MM. M. Doyon, A. Morel et N. Kareff ont observé l'incoagulabilité du sang et la disparition du fibrino- gène du plasma à la suite de l’oblitération des artéres du foie au moyen de la paraffine, — M. H. Vincent montre que la quinine et l’antipyrine sont fortement hémolysantes et qu'elles provoquent souvent, chez les paludéens, des crises d'hémoglobinhémie avec hémo- globinurie, Chez ces malades, l'injection de chlorure de calcium a un effet antihémolysant préventif et curatil puissant. — MM. H. Vincent et Dopter ont constaté que le chlorure de calcium possèdeun pouvoir antihémo- lysant contre le sérum hémolysant; cette propriété est 52 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES partagée par BaCF, MgCE,SrCE. — M. L. Bard a reconnu que la leucocytose digitalique est un fait constant, tant à l'état normal que dans les maladies les plus diverses. Mais elle est exclusivement périphérique et compensée par une leucopénie des organes centraux. — M. A.Ma- rie est parvenu à préserver le chien contre la rage des rues par une seule injection d'un mélange de virus fixe et de sérum antirabique et pour une durée d'une année. — M. A. Guilliermond étudie la structure de l'appareil chromidial des Cyanophycées et sa division; ces plantes ne possèdent pas de véritable noyau; elles renferment plusieurs catégories de grains de sécrétion. — MM. A. Rodet et Lagriffoul ont observé que l'alca- linité forte et la présence d'une trace de sang sont des conditions favorables à la culture du bacille d'Eberth exalté par des passages répétés dans le péritoine du cobaye. — MM. E. Lenoble et E. Aubineau ont ob- servé dans la région bretonne une variété nouvelle de myoclonie congénitale, pouvant être héréditaire et familiale, à nystagmus constant. — M.J. de Rey- Pailhade à constaté que la séro-albumine n'attaque pas le soufre à 40 et 45°, tandis que la myo-albumine donne H?S avec le soufre à cette température. — * M.L.-G. Simon montre qu'un certain nombre des polynucléaires éosinophiles de la muqueuse intestinale sont formés sur place, par évolution de lymphocytes ou de myélocytes. — M. G. Bohn a reconnu que les mou- vements phototropiques de l'Harpacticus atteignent leur maximum d'intensité après le passage de l’eau impure dans l’eau pure.’ — MM. A. Veillon el J. Gi- rard ont observé la présence du Spirochaete pallida, dans la roséole syphilitique, dans les capillaires termi- naux des papilles et dans quelques vaisseaux sous- papillaires. — MM. Rieux et Sacquépée montrent qu'il y a lieu de faire des réserves sur là valeur du procédé dit de la saturation dans le diagnostic clinique des agglu- tinines typhiques et paratyphiques, et aussi des agglu- ünines paratyphiques entre elles. — MM. P. Armand- Delille et Huet ont constaté que les poisons à action locale du bacille tuberculeux, tels que l'éthéro-bacilline d’Auclair et l'extrait xylolé, n'ont aucune action géné- rale sur l'organisme et ne sont anaphylactisants ni vis-à-vis d'eux-mêmes, ni vis-à-vis du bacille tubercu- leux vivant, ni vis-à-vis de la tuberculine. — M. P. Remlinger à fait quelques expériences de vaccination antirabique avec des mélanges de sérum antirabique et de virus fixe. — MM. M.Villaret et L.Tixier ont observé des méningites aiguës dont les allures cliniques et l'examen cytologique font porter le diagnostic de mé- ningile tuberculeuse et qui donnent néanmoins des résultats bactériologiques négatifs. — M. M. Hepp dé- crit une nouvelle methode opératoire d'isolement gas- trique donnant du suc gastrique rigoureusement pur. — M. Zangger à reconnu que la saponine et le tauro- cholate de soude, doués de propriétés colloïdales, sont des substances hémolysantes. La Société procède au renouvellement de son Bureau pour l’année 1906. Sont élus : Vice-présidents : MM. J.-P. Langlois el Trouessart; Secrétaires : MM. M. Caullery, V. Henri, Teissier et Tissot; Trésorier : M. G. Weiss; Archivisle : M. A. Pettit. RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX Séance du 5 Décembre 1905. MM. Coyne el Cavalié ont étudié l'appareil érectile de laqueue du cornet inférieurchezl homme. MM. D. Ré- camierel L.Tribondeau, après avoir exposé auxrayons Rüntgen une seule patte chez les jeunes poussins, ont observé un ralentissement du développement de la patte rœæntgénisée, L'atrophie à frappé tous les os, dans toutes leurs parties et dans (outes leurs dimensions. — M. J. Chaîne conclut de ses recherches, contraire- ment à M. P. Dupuy, à l'unilé primitive des deux ven- tres du digastrique. — MM. J. Gautrelet et H. Gra- vellat ont constaté que les injections sous-cutanées de bleu de méthylène en solution à 5 °/, abaissent nette- ment le chiffre de l’urée excrétée par le lapin normal. Ilen est de même chez le lapin en état d'inanition, qui devrait tendre naturellement à augmenter physiologi- quement son urée. — M.J. Sellier a reconnu que le sé- rum sanguin des Poissons et de plusieurs groupes d'In- vertébrés est doué du pouvoir antiprotéolytique. SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du 15 Decembre 1905. M. G. Claude : Sur la liquélaction de l'air et ses applications. La liquéfaction de l'air est, comme on sait, basée sur la cumulation, à l’aide d’un échangeur de température, du froid produit par la détente de l'air comprimé. La mesure de ce froid est évidemment fournie par la quantité de travail effectuée par l'air pendant sa détente. M. G. Claude montre, à ce propos, la supériorité théorique considérable de la détente avec travail extérieur sur la détente sans travail exté- rieur employée exclusivement jusqu'ici. Il est par- venu à utiliser pratiquement le premier mode, en dépit de difficultés graves qui avaient découragé avant lui nombre d'expérimentateurs, grâce aux propriétés d'incongelabilité de l’éther de pétrole, qui permettent d'assurer le graissage de la machine de détente pen- dant la mise en marche, puis grâce à l’autolubriti- cation réalisée en régime par l'air liquide même qui se forme dans la machine. Mais la marche réalisée dans ces conditions est très défectueuse, l'air com- primé arrivant à la machine au voisinage immédiat de sa liquéfaction, ce qui réduit à peu de chose son travail d'expansion. L'auteur explique comment il lui a été possible de remédier à ce grave inconvénient en envoyant l'air détendu, à sa sortie de la machine, dans un liquéfacteur, c'est-à-dire autour d'un faisceau tubu- laire alimenté par une partie de l'air comprimé et froid du circuit d'alimentation de la machine. L'air détendu provoque la liquéfaction de cet air comprimé, se réchauffe de ce fait jusque vers — 1409 et, péné- trant à cette température et non plus à — 190° dans l'échangeur, refroidit beaucoup moins l'air comprimé. De ce fait, le rendement en air liquide est triplé, et le rendement des meilleurs appareils basés sur la détente sans travail extérieur notablement dépassé. Sur l'extrac- tion de l'oxygène, M. Claude expose d'abord que celle- ci est basée sur l'évaporation de l'air liquide, qui donne au début surtout de l'azote, et à la fin de Fair suroxy- géné. Mais ce procédé d'obtention serait anti-écono- mique sans la récupération du froid de l'air Hquide : on obtient celle-ci en provoquant l'évaporation de l'air Hquide à l’aide d'air comprimé à 3 ou # atmo- sphères, préalablement refroidi par sa circulation dans un échangeur en sens inverse des gaz vaporisés dont il retient le froid. L'air comprimé se liquélie alors en cédant sa chaleur latente de liquéfaction au liquide extérieur, qui ‘se vaporise de ce fait; la quantité d'air liquide ainsi reconstituée est sensiblement équivalente à celle qui est évaporée et la quantité d'air liquide d'appoint à fournir par la machine à air liquide pour combler le déficit est très faible. D'après ce mode opé- ratoire, commun à tous les anciens procédés, l'air à traiter serait totalement liquéfié, ce qui provient de la croyance, née des expériences de Dewar, que, lorsque l'air liquide se liquéfie, ses deux éléments constitutifs se condensent simultanément. M. G. Claude explique que cette croyance est fausse et qu'au contraire les premières parlies de la liquéfaction sont particulière- ment riches en oxygène. Grâce à son dispositif de liquéfaction partielle avec retour en arrière, il à pu mettre ce fait à profit en séparant l'air à traiter en un liquide riche, titrant jusqu'à 48 °/,, et en un ré- sidu gazeux, qui est de l'azote pur, dont la valeur industrielle est très grande. Les procédés basés sur la vaporisalion fractionnée ne peuvent fournir que de à ve ont ts dat Der ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 53 … Pair suroxygéné, mais il est possible d'arriver à l’oxy- … gène pur, grâce aux procédés basés sur R rectification. … Dans le système Lévy, par exemple, le liquide vaporisé par la liquéfaction corrélative d'air à 3 ou 4 atmo- - sphères est exclusivement de l'oxygène pur; une partie de cet oxygène est directement envoyée vers les … appareils d'utilisation ; le reste monte dans une colonne … de frectification qui surmonte le vaporisateur et où … s'écoule de plateau en plateau, au contact des gaz ascendants, l'air liquide à 21 °/, récupéré. Cet air liquide condense progressivement l'oxygène des gaz … ascendants et arrive au vaporisateur à l’état d’oxygène liquide pur, tandis que les gaz épuisés sortent à la . teneur de 7 °/, d'oxygène. On ne recueille donc ici que 2/3 de l'oxygène de l'air traité et l’on n'obtient pas … d'azote pur. M. Claude montre comment la combi- … naison de son système de retour en arrière avec la rectification permet de supprimer cette dernière imper- fection et d'arriver ainsi à la séparation intégrale de l'air en oxygène pur et azote pur. Deux appareils basés sur ces principes fonctionnent à l'usine de la Société L'Air liquide, à Boulogne-sur-Seine, l’un produisant 700 m. c. et l’autre 1.000 m. c. d'oxygène pur par jour. -— M. S. Turchini : Sur le rendement en rayons X du tube de Crookes suivant les conditions de son excita- tion. La connaissance de l’étincelle équivalente d'un tube de Crookes étant capitale, il était nécessaire, avant d'entreprendre l'étude de son rendement en rayons X, de savoir comment variait cette étincelle avec les constantes du circuit : zatensité du courant, bobineemployée, fréquence de l'interrupteur. L’étincelle équivalente, étant 4 cm. 5 avec une infensité de O®4, 3, était de 405 cm. avec 1m4, L'étincelle équivalente - angmente donc avec l'intensité, mais augmente plus vite qu'elle. Pour une même intensité et une même fréquence de l'interrupteur, l'étincelle équivalente d'une bobine de 25 cm. de longueur d'’étincelle est plus grande que celle d’une bobine de 45 cm. Avec I— O4, &, l'étincelle équivalente avec la petite bobine a été de 12 cm., tandis que, avec la grosse bobine, elle n’était que de 7 cm. 5. L'étincelle équivalente varie également avec la fréquence des interruptions. Pour mesurer celle-ci, un disque stroboscopique, éclairé au moyen . d’une étincelle de haute fréquence, donnant #2 trains - d'ondes par seconde, était placé sur l'axe de l'interrup- teur-turbine à mercure. La courbe montre que l’étin- celle équivalente tend vers une limite quand la fré- quence augmente à intensité constante. Elle était de S cm. pour 15 interruptions, et de 2 cm. 5 pour 126 interruptions par seconde. Un autre fait découle de cette étude, c'est que la fréquence qui semble le mieux convenir au bon fonctionnement du tube de -Crookes est celle de 30 interruptions par seconde environ : c'est la fréquence optima. L'étude du rende- ment en rayons X a été faite d’abord en comparant éclat d'un écran excité par un tube de Crookes à un étalon lumineux, et ensuite en faisant des poses radio- graphiques sur une plaque photographique et mesu- rant la transparence des plaques impressionnées par la méthode Camichel. A intensité constante, l'éclat d'un écran ainsi excité augmente avec l’étincelle équi- valente, jusqu'à une valeur de celle-ci comprise entre 10 cm. et 12 cm.; ensuite, la courbe est pratiquement confondue avec une asymplote horizontale. Avec une même intensité, l'éclat d'un écran est d'autant plus faible que la fréquence des interruptions est plus grande, fait dù sans doute à ce que, lorsque la fré- quence augmente, l'étincelle maxima, que donne la bobine pour une intensité donnée, diminue et se rap- proche trop de l'étincelle équivalente du tube. En Sadressant à des bobines différentes, toutes choses égales d’ailleurs, le rendement en rayons X est tou- jours plus grand pour une bobine de petites dimen- Sions que pour une forte bobine. Cela ne veut pas dire que les petites bobines doivent être préférées, car avec elles il est difficile d'obtenir de gros débits; si l'on veut y arriver, le tube fonctionne mal, parce que les interruptions deviennent mauvaises à cause de la forte intensité primaire; en outre, il durcit très rapi- dement, ce qui se produit beaucoup moins avec une forte bobine. La self-induction de la bobine a égale- ment une influence sur le rendement du tube. Cette étude, faite avec une bobine à self variable, a montré que l'éclat de l'écran est plus intense, toutes choses égales, quand la bobine fonctionne avec toute sa self que lorsqu'on la réduit. Les expériences précédentes, reprises en faisant des poses radiographiques, ont donné des résultats identiques. SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE PARIS Séance du 8 Décembre 1905. M. Ch. Moureu à fait l'étude de trente composés acétyléniques au point de vue de la réfraction et de la dispersion moléculaires. La plupart présentent des exal- tations notables. Le corps le plus remarquable qu'il ait rencontré est le diphényldiacétylène C°H5 — C=C— C=C— C'H5, dont l’exaltation de la réfraction molé- culaire, par rapport à la raie D, est de 12.856 unités. La loi d'addition se trouve donc gravement en défaut chez les composés acétyléniques. — M. Bertrand pré- sente une Note de M. de Vamossy. D'après les re- cherches de M. de Vamossy sur les activants du déga- gement d'hydrogène sans l'appareil de Marsh, on peut, contrairement à des expériences anciennes de M. A. Gautier, employer aussi bien les sels de cuivre que les sels de platine : les résultats quantitatifs sont les mêmes, et tout le métalloide se retrouve dans l'anneau. — M. M. Delépine montre que, si l’on introduit de la mousse ou des lames de platine dans l'acide sulfurique au cours d'un dosage d'azote suivant la méthode de Kjeldahl, on constate des pertes d'azote. La réaction de destruction est: SO*(AzH)° + 2S0*H° — Az? + 3S0? + 6H°0. Elle se poursuit jusqu'à disparition totale de l'azote, si l'on chauffe assez longtemps, même si la dose de platine est faible. C’est une réaction d’allure cata- lytique, dont il établit le mécanisme : l'acide attaque le platine et forme un sulfate de platine qui décompose le sulfate d'ammonium en régénérant le platine. L'at- taque du platine étant discutée, il a exécuté de nou- velles expériences sur le sujet: il établit que ce métal est attaqué mème en l'absence de produits nitreux et que la présence de ceux-ci ne change guère la vitesse de la réaction. Le sulfate d'ammonium produit des effets retardateurs dont la cause est précisément dans la précipitation de métal signaléeplus haut. — M. E. Ber- ger a étudié l’action du perchlorure de phosphore sur le &-naphtol; il a observé la formation de naphtalènes chloré et bichloré et d'oxyde de f-naphtalène; il à étudié les conditions d'obtention de ces divers pro- duits. — M. Prud'homme, en réduisant à froid, par la poudre de zinc et l'acide chlorhydrique étendu, l’aliza- rine, l'anthrapurpurine et la flavopurpurine, précipi- tées de leur solution dans la soude, a obtenu avec cha- cune de ces oxyanthraquinones un corps brun, un corps vert et un corps Jaune, qu'il considère comme l'oxanthranol, l'hydrooxanthranol et l’oxanthrone cor- respondants. Ces corps se dissolvent en rouge dans les alcalis caustiques, qui donnent des solutions jaunes ou jaunes brunes avec les produits de réduction plus avancés, l'anthrauol, l'anthrone, ete... La solution am- moniacale, dans le cas de Falizarine, traitée par un acide, au bout d'une huitaine de jours de contact, laisse précipiter un nouveau colorant, qui teint les mordants de fer en bleu, ceux de chrome en prune, etc... L’an- thrapurpurine donne ur colorant presque identique. Ces colorants représentent l’alizarinimide et l’anthra- purpurinimide, ou leur isomère. La désoxyalizarime et la désoxyanthrapurpurine, en solution ammoniacale, donnent naissance, suivant les conditions dans les- quelles se fait l'expérience, aux deux isomères pos- sibles. Avec la flavopurpurine, les résultats sont, Jus- qu'à présent, négatifs. 1 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES Séance du 16 Novembre 1905. M. J. E. Petavel communique ses recherches sur la pression des explosions. La première partie du Mémoire décrit l'appareil qui a été employé pour l'étude des explosifs, soit solides, soil gazeux. Les pressions sont enregistrées photographiquement sur un cylindre tournant au moyen d'un manomètre de construction spéciale. La seconde parlie traite spécia- lement des propriétés de la cordite; les résultats confirment l'hypothèse que la combustion de la cordite procède par couches parallèles. La vitesse avec laquelle la flamme se porte vers le centre de chaque particule explosive est proportionnelle à la pression sous laquelle la combustion a lieu. SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES Séance du 16 Novembre 190%. MM. J. E. Marsh et R. de J. F. Struthers, en ajou- tant de l’acétone à une solution de cyanure de mercure dans la soude caustique, ont obtenu un précipité blanc, Hg#C°H°OA7:, insoluble dans l’eau ou l'alcool, soluble dans un excès d'acétone; ils lui attribuent la consti- tution : L CH.HgCAZz Hg co NU CH. HgCAZz L'acétophénone fournit un composé similaire Hg'C* “OA. La diéthyleétone, la benzophénone, la men- ihone ne donnent pas cette réaction. — M. J. E. Rey- nolds a étudié l'action du brome sur la silicotétraphé- nylamide Si (AzH.C‘H°)'. Deux atomes de Br réagissent d'abord avec élimination d'un résidu anilique el forma- tion d'une guanidinesubstituée (C°HAzH)* Si: Az.C°H'Br. Puis deux nouveaux atomes de Br enlèvent un second reste anilique avec formation d'une diimide subtituée Si (Az.C'IBr}. Enfin, dans une troisième étape, une molécule de Br enlève encore un reste anilique et il se forme un composé Si Az.C'Il'Br*, contenant le groupe SiAz analogue au cyanogène. Ce nitrile, purilié autant que possible, est un solide vitreux sombre, fondant vers 60°, soluble dans l'éther pur. — MM. G. Barger el À. J. Ewins ont modifié la méthode de détermina- lion du poids moléculaire dans laquelle les pressions de vapeur de deux solutions sont comparées en mesu- rant microscopiquement le changement d'épaisseur que subissent des gouttes de ces solutions placées dans des tubes capillaires, et ils l'ont adaptée à des tempé- ratures pouvant atteindre jusqu'à 95°. Avec des sol- vants volatils, comme l'alcool et le benzène, une diffé- rence de 1 /, dans la concentration moléculaire de deux solutions peut être décelée en cinq à dix minutes à 80e. Avec l'aniline, beaucoup moins volatile, il faut une heure à 95. — M. R. G. Durrant a préparé des composés cobaltiques verts par oxydation des sels cobal- teux en présence des sels alcalins d'acides organiques. Pour lui, la couleur verte dépend de la présence du novau Co.0.Co. L'oxalate double de cobalt et de potas- sium aurait la constitution : CO2K.C{OH:2.0.Co.0.C(OI)*COK 0 , | COK.C(0H£.0.Co.0,C OH)CO'K. __ M. Ed. Divers fait ressortir que le point le plus important des travaux récents de Dunstan, Jowett el Goulding, sur la rouille du fer, c'est que le fer le plus pur peut se rouiller au contact de l'oxygène et de l'eau sans l'intervention de l'acide carbonique ou d’au- cune autre substance, Il ne lui paraît pas nécessaire d'invoquer la formation de peroxyde d'hydrogène dans ce processus, qui peut être représenté simplement par les équations (0*+2H.H0) + Fe + 0° = 2(H0.Fe")°0 (oxyhydrate ferreux) et 2(H0.Fe"}F0 + 0° —4H0.Fe"Q toxyhydrate ferrique). M. Dunstan réplique que la for- mation de H202 a été mise en évidence dans la «rouille » du zine, qui parait être strictement'analogue à celle du fer, — MM. J. Ch. Philip et S. H. Smith, par l'étude des courbes des points de congélation, ont mis en évi- dence l'existence de composés : du catéchol avec 4 et > molécules de p-toluidine, fondant respectivement à 500,4 et 4405, et du résorcinol avec 1 et 2 molécules du même corps. Le quinol paraît donner un composé avec lanaphtylamine. — M. W. H. Perkinjun., en traitant. l'acide hexahydro-p-toluique par PCF et Br, a obtenu un dérivé a-bromé, F.109°-410°, qui s'hydrolyse en don- nant l'acide a«-hydroxyhexahydro-p-toluique, F.132, et l'acide A!-tétrahydro-p-toluique. Le premier est décom- posé par H*S0, avec élimination de CO, en formant la 1 :4-méthyleyclohexanone, Eb.170°. Cette dernière réagit avec l'iodure de magnésium-isopropyle et est convertie en menthol tertiaire, Eb.95° sous 25 mm., qui, digéré avec le sulfate acide de K, donne la men- thone inactive, Eb. 168. — MM. W. H. Perkin jun. et" J. L. Simonsen, en l'aisant digérer le malonate d'éthyle sodé avec le tribromopropane, ont obtenu un éther CHBr.C'H(COCH), qui est décomposé par KOH avec formation d'un acide cristallin C‘H'(CO*H),F.1390. Chaufté, il perd CO* et forme l'acide C#H*(CO*H),F.57, Ces acides paraissent être des dérivés du dicyclo- butane, ayant respectivement les formules : ,CH, cH cu | C(Co} et CH | CH(COH). NcH/ SCH __ MM. R. H. Pickard et A. Neville ont isolé l'acide dextro-A2@u®-dihydro-1-naphtoïque au moyen de son sel de Z-menthylamine, qui est moins soluble dans l'acétate d'éthyle que le sel de l'acide gauche correspondant; (Min —+ 370,4 dans le chloroforme. — MM. DA Bowack et A. Lapworth sont parvenus à convertir tous les dérivés azoïques de l'acétoacétate d’éthyle, par traitement avec Cl ou Br, en hydrizinohalogénures, de formule générale CI (ou Br).C(CO*C?IF) : Az.AzHX. Traités par AzH° aqueuse, l'halogène, puis le groupe éthoxyle y sont remplacés par AZI, en donnant AZHE.C(CO2C2H) : Az. AzHX et AzH2.C(CO.AZIE) : Az.AZHX, corps jaunes faiblement basiques. — M. O. Ch. M. Da- un composé (F | CH: AZ: ,CH?.A2Z F 1) AzUK az an) Azkk Nu : NAz: CH NAz : CH | La mème transformation à lieu dans la condensation avec les aldéhydes, qui donne des composés (11) où IF. est remplacé par : CHR. Par hydrolyse, ils reforment la. tétrazoline et les aldéhydes. L SOCIÉTÉ ANGLAISE | DES INDUSTRIES CHIMIQUES SECTION DE BIRMINGHAM Séance du 26 Octobre 1905. | M. Th. Turner conclut de ses recherches que les SCO=M ries silicatées sont des mélanges hétérogènes qui, quoi= L | | 1 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES mé des ions produits par une flamme; L. Puccianti : Expériences sur la dispersion anormale des vapeurs métalliques dans l'arc électrique alternatif, qui éelai- rent la question des spectres multiples d'un élément. 30 SCIENCES NATURELLES. — M. T. Taramelli fait la biographie du géologue et patriote L. Pilla, dont il rappelle les travaux importants et l'amour pour sa b que fusibles à haute température, n'ont pas de point de … fusion délini. Elles renferment usuellement {rois cons- - tituants : 4° un solvant ou matrice relativement inerte - formé d’un ou plusieurs silicates fusibles ; 2° un agent actif dissous dans le solvant et consistant généralement . en un oxyde métallique ou en un mélange d'oxydes ; 3° le produit de l’action de l’oxyde sur quelque impu- reté caractéristique de la charge, la proportion de limpureté entrant dans le métal déterminant sa qua- lité. Aux hautes températures, on a donc un système - comprenant # phases, et les résuitats, quoique com- pliqués, sont déterminés par l'application de la règle des phases. SECTION DE MANCHESTER Séance du 3 Novembre 1905. M. G. H. Bailey fait une conférence sur les rapports de l’enseignement supérieur avec l'industrie chimique. SECTION DE SYDNEY Séance du 13 Septembre 1905. M. A. Wright communique l'analyse de quelques charbons de la Nouvelle-Zélande. Quelques-uns se rapprochent des meilleurs charbons connus; les autres sont de qualité inférieure et de valeur locale seulement. ACADÉMIE ROYALE DES LINCEI Séances de Novembre 1905. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. E. Millosevich entretient l'Académie des observations qu'il à faites en Tripolitaine pendant l’éclipse totale de Soleil du 30 août 1905, et fait quelques remarques sur l’exacti- tude des données pour la longitude de Tripoli. — M. G. Ricci : Sur les groupes continus de mouvements rigides dans les hyperespaces.— M.T. Levi-Civita : Sur les fonctions de deux ou plusieurs variables complexes. — MM. V. Reina el U. Barbieri présentent le levé pla- nimétrique et altimétrique dela Villa Adriana, exécuté par les élèves de l'Ecole Polytechnique de Rome. 29 SGiENGES PHYSIQUES. — M. L. Balbiano transmet un Mémoire dans lequel il décrit ses recherches sur laction d'une solution aqueuse d’acétate mercurique sur les composés oléfiniques. — MM. A. Angeli et … F. Angelico décrivent une nouvelle réaction de la bioxyammoniaque. — M. G. Minunniexpose les résul- tats théoriques d’une première série de recherches sur l'action de l’éther acétoacétique sur les phénylhydra- zones de quelques aldéhydes aromatiques. — Avec la collaboration de M.R. Ciusa, M. Minunni a exécuté de nouvelles recherches sur les dérivés hydroxylaminiques des cétones du type R.CH:CH.CO.CH:CH.R, et il en donne la description. Les mêmes auteurs étudient, en outre, la manière de se comporter des aldoximes aro- matiques avec le nitrate d'argent. — M. E. Mameli s'occupe des groupes — AzO®* et — AzH° dans les mononi- tro-et amino-dérivés del'aldéhyde et de l'acide pipéroni- liques, et décrit les réactions qu'il a obtenues au cours de ses expériences. MM. G. Levi et M. Voghera ont étudié les moyens plus pratiques pour arriver à la formation électrochimique de l'acide hyposulfureux et des sels M*S°0*, composés qui, de cette manière, n’ont élé encore obtenus que dans quelques réactions secon- daires et en quantité minime. — M. M. Levi-Malvano donne communication de ses recherches sur les condi- tions de stabilité des hydrates de sulfate de béryllium.— En vue de la grande importance pratique que présente la précipitation des sulfures métalliques, surtout pour la Chimie analytique, MM. G. Bruni et M. Padoa ont institué une série d'expériences pour étudier l'influence de la pression sur cette précipitation, et informent l'Aca- démie des résultats obtenus. — L'Académie a approuvé la publication, danë les volumes des Mémoires, des travaux suivants : L. Tieri : Action des ondes élec- lriques sur les cycles d'hystérèse magnétique par tor- Sion et par traction; G. Gianfranceschi : La vitesse : patrie, à qui il a donné sa vie, — M. G. Checchia-Rispoli a examiné les calcaires nummulitiques rencontrés par M. Ragusa à la base de la montagne Chiaromonte Gulf, entre Catane et Syracuse, et il donne la des- cription de ces calcaires, de leur position géologique et des fossiles qu'ils renferment. — M. G.van Rynberk résume les travaux que l’on possède sur la respiration des poissons, comme introduction à ses recherches sur le même sujet. — M. A. Bongiovanni rappelle la découverte de Negri sur les formes endocellulaires observées dans les cellules du système nerveux central des animaux enragés, et que l'on considère comme l'élément spécifique de la maladie. M. Bongiovanni a recherché ces éléments dans le cas de rage à lente guérison, avec la méthode de l'application du radium proposée par M. Tizzoni; mais ces recherches ont donné des résultats négatifs. — M. F. Silvestri décrit un cas très intéressant de germinogonie (polyem- bryonie spécifique) observé chez un hyménoptère para- site, le Litomastix truncatellus, qui dépose ses œufs dans ceux de la Plusia gamma. — M'®° A. Foà, en observant des termites provenant de Iquique (Chili), a trouvé, dans l'intestin postérieur de ces insectes, une énorme quantité de Flagellés parasites, très diffé- rents des parasites qui vivent sur nos Termitides; elle donne la description et les dessins de ces Flagellés nouveaux, qui ont recu le nom de Calonympha Grassii et de Devescovina Sstriala. — M. G. Pieri à poursuivi ses recherches expérimentales sur la pénétrabilité de l'Ankylostoma à travers la peau, recherches qui contir- ment la possibilité d'infection par cette voie et par absorption par la bouche ; mais c'est ce dernier méca- nisme de pénétration du parasite qui donne une infec- tion plus constante et abondante. — M. V. Peglion à étudié la tuberculose du Nerium oleander, maladie qui sévit dans les jardins de Monaco et de Montecarlo, el serait produite par un microorganisme que M. Pe- glion a réussi à isoler, et qui présenterait des carac- tères identiques à ceux du Bacïllus oleae Arc. ErNEsTO Mancini. ACADÉMIE DES SCIENCES D’AMSTERDAM Séance du 25 Novembre 1905. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. P.-H. Schoute Sur une surface gauche tordue du sixième ordre et du genre zéro dans l'espace quadridimensional. Généra- tion à l'aide de trois faisceaux de rayons projectifs, comme lieu des droites s'appuyant sur {rois rayons correspondents, d'abord d’une surface gauche à six points doubles biplanaires, et ensuite d'une surface gauche admettant une quartique double. La dernière surface tordue est l'intersection complète d’un espace conique quadratique et d’un espace cubique; de ces deux espaces, le dernier est le lieu des cordes de la quartique double, landis que le premier est le lieu des plans contenant trois points de cette quartique et un point donné, le sommel. — Ensuite, M. Schoute pré- sente au nom de M. W.-A. Versluys : Les équations plückeriennes d'un point cyclique d'une courbe gauche. En se basant sur le développement en série x— ("11 y—=tmt+r{e], z=trtitn]t] dù à Halphen, où 2, r, 1, représentent l'ordre, le rang, la classe du point cyclique M (2, r, m), tandis que les [4] indiquent des séries de puissances en {, commençant par une cons- tante, l’auteur indique quelques corrections que doivent subir les formules connues de Plücker-Cayley. — M. H. G. van de Sande Bakhuyÿyzen communique un compte rendu provisoire sur l'éclipse totale de Soleil du 30 août 1905. Lieu d'observation : Burgos. 56 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES Observalteurs : MM. H. G. van de Sande Bakhuyzen, W. H. Julius, A. A. Nyland, J. Willterdink; assistant : M. W. J. H. Moll: assistants étrangers : MM. les pères Eleuterio Martinez et Antonio de Madariaga, professeurs de Physique et de Théologie à Burgos, et M. J. Kaplan, de Saint-Pétersboürg. Instruments : un sidérostat à appareil cœælostatique, deux spectrographes à fente, une chambre à prisme, un radiomètre, un pyrhélio- mètre, un sextant et trois chronomètres. But : lobser- vation de la couronne et des bords du disque solaire, ainsi que la radiation de la couronne. Circonstances : Les instruments ont beaucoup souffert des courants de poussière et de sable; le premier contact n'a pas été observé, le temps s'éclaireissant seulement une minute avant le second contact; la couronne a été visible pendant trois minutes et demie; la totalité survint vingt secondes plutôt que le calcul l'avait prédit, et les fêtes à l’occasion de la visite de S. M. le roi d'Espagne ont empêché d'obtenir de la population intellectuelle le secours désiré. Le compte rendu est accompagné de trois Notes : M. W. H. Julius : Sur la radiation de Ja couronne et du disque solaire. La radiation minimale Il 200.000 observée, de de la radiation solaire ordinaire 3 nv (=> de li radiation de la Lune), doit être considérée comme une limite supérieure de la radiation de la cou- ronne en tant qu'elle n'était pas couverte au moment de l’éclipse centrale. M. A. A. Nyland : La chambre à prisme. M. J. H. Wilterdink : liésultats obtenus à laide des deux spectrographes à fente. Travaux pré- paratoires à Leyde, à Burgos. Résultats : à cause de trois perturbations différentes, le succès a été absolu- ment négatif. 90 SCIENCES PHYSIQUES. — M. H. A. Lorentz : Sur les bandes d'absorption et d'émission dans les corps qazeux. En s'imaginant que les molécules des corps pondérables contiennent des particules qui peuvent acquérir des mouvements vibratoires sous l'influence de rayons de lumière ou de chaleur, on peut rendre compte de la dispersion des couleurs, de l'absorption et de l'influence que certaines circonstances exercent sur les bandes ou raies d'absorption. Le rapport entre la dispersion et l'absorption est indiqué dans la théorie de la dispersion anomale due à Sellmeyer, Boussinesq et Helmholtz; les idées de ces physiciens permettent une traduction immédiate dans le langage de la théorie électro-magné- tique de la lumière, si l'on suppose que les particules vibrantes ont des charges électriques, c'est-à-dire que ces particules sont des électrons. Quant aux mo- difications des raies d'absorption, on à examiné par préférence celles qu'engendre un champ magnétique extérieur. Ainsi, M. W. Voigt a expliqué en détail le phénomène renversé de Zeeman et déduit de sa théorie l'existence de plusieurs autres phénomènes en rapport avec la décomposition magnétique des raies spectrales; ces phénomènes ont été examinés plus tard à Amster- dam par MM. J.J. Hallo (/ev. génér. des Sciences, t. XIV, p. 407) et J. Geest (Rev. genér. des Sciences, t. XVI, p. 440). La déduction des équations fondamentales de la théorie de M. Voigt né dépend pas du mécanisme qui est la cause des phénomènes; au contraire, M. Lorentz a fait voir (Rapports présentés au Congrès de Physique, 1900, ©. HI, p. 4) que la théorie des électrons peut servir de à des formules s'accordant avec celles de M. Voigl et admettant les mêmes conclusions, pourvu qu'on se restreigne aux cas les plus simples. Ici M. Lorentz donne quelque extension à ces considéra- tions; de plus, il simplifie les formules fondamentales, en les transportant dans la forme qu'il a publiée dans ses articles dans l'Encyclopédie mathématique. 1. In- troduction. 2-4. Déduction des équations de mouvement de l'électron. 5-6. L’absorption engendrée par les chocs des molécules, distribués d'après les lois du hasard. 1-8. Equations fondamentales de la propagation d'une vibration électrique dans un corps. 9. Détermination base de la durée de vibration :—10 —-" secondes dans le cas de l'absorption de rayons de chaleur obscure dans l'acide carbonique (d’après les données dues à Angstrüm) et 12><10 1 Lr<9%4 X 10 — 2? dans le cas de l’absorp- tion dans une flamme de soude (d’après les données de Hallo). 10-11. Détermination du nombre des molécules. N—6X 10 dans le cas de l'acide carbonique et N—2%%X 10! dans le cas de la flamme de soude. 42. Détermination de 7 —2,5 X 105 pour l'acide carbo- nique, 270 1 <<550 pour la flamme de soude. 13. Den- sité d—1,3 X 10 —*%# de la flamme de soude. 14. Com- paraison de + pour l'acide carbonique avec le temps 1,8 X 10 —10 entre deux chocs (A suivre). — Ensuite M. Lorentz présente au nom de M. R. Sissingh : Déduction des équations fondamentales de la réflexion métallique dans Ja théorie de Cauchy. Dans une com-" munication précédente (/?ev. géner. des Sciences, « t. XVI. p. 964), l'auteur a fait voir que les théories de | la réflexion métallique dues à Cauchy, Ketterer, Voigt n et Lorentz mènent à des résultats identiques. Donc il | : | faut que les deux relations entre l'indice de réfraction et le coefficient d'absorption dans les cas d'incidence normale et d'incidence oblique, fournies par les théories de Ketterer, Voigt et Lorentz, puissent être déduites tout de même de la théorie de Cauchy; c’est ce que M. Sissingh démontre ici. — M. J. D. van der Waals (père) présente au nom de M. J. D. van der - Waals (fils) : /emarques par rapport à la Dyxamique de l'électron. Après avoir discuté les méthodes générales de la détermination du mouvement d'un électron dans, un champ électromagnétique, l'auteur remarque que « les forces magnétiques n’exercent point d'influence sur le mouvement d'un électron animé d'une translation sans rotation et admettant un axe de symétrie dans la direction de la vitesse, de manière que la force agissant sur l’électron est elle-même indépendante de la vitesse momentanée de l’électron. Au contraire, cette force dépend du mouvement précédent de l’électron, en tant que ce mouvement influence le champ électrique. Done « une discontinuilé de la vitesse n’exige pas une discon- « 4 } tinuité de Ja force extérieure, mais seulement une dis- continuité de la dérivée de cette force d'après le temps. Ensuite, l'auteur s'occupe des résultats importants obtenus par M. A. Sommerfeld (Gôüttinger Nachrichten, 190%, p. 99 el 363; 190%, p. 201), surtout de ceux qui se rapportent à des vitesses plus grandes que celle de la lumière (Ueberlichtgeschwindigkeiten), En particulier, # il démontre que les conséquences paradoxales qu'on « pourrait déduire de la thèse : « Les électrons dont lan vitesse surpasse celle de la lumière ont une masse 1 négative », ne se réalisent pas, parce qu'un accrois- sement de la force extérieure implique un accroisse- n: ment de la vitesse et réciproquement. Enfin, l'auteur démontre que les électrons, qu'ils soient soumis à une force « quasi élastique » où non, peuvent admettre des ; vibrations à des périodes du même ordre de gran- deur que celle des vibrations de rotation examinées par M. Sommerfeld, Peut-être ces vibrations se pré-" sentent dans le spectre des rayons de Rüntgen. — M. H. W. Bakhuis Roozeboom présente : Les points d'ébullition de solutions saturées dans les systèmes binaires admettant une combinaison. Suite de la com-… munication précédente (fev génér. des Sciences, “, & XVI, p. 1064). — M. P. van Roomburgh présente | 4 aussi au nom de M. N. M. Cohen : Sur l'existence de G-acétate d'amyrine dans quelques espèces de qutta- percha. — Ensuite M. van Romburgh présente au nom de M. W. van Dorssen : La réduction de l'acroléine M et de quelques dérivés du s-divinyloglyeol (3:4-dihy- :| droxy-1:5-hexadiène). y ) A suivre. P.-H. Scnoure. | , + | Le Directeur-Gérant : Louis OLivier. !| { | Paris, — 1. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. i | : 17e ANNÉE 30 JANVIER 1906 Revue générale D Scienc pures et appliquées DiRECTEUR : LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. Aûresser tout ce qui concerne la rédaction à M. L. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux pubiiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollante CHRONIQUE $ 1. — Nécrologie Pierre Mégnin.— Le 31 décembre 1905 est mort à Vincennes, à l’âge de soixante-dix-sept ans, le savant parasitologiste, Pierre Mégnin. Tout jeune encore, Mégnin, par son beau talent de dessinateur et son goût pour les Sciences naturelles, avait conquis la sympathie de Ch. Robin, qui l’associa à ses recherches sur les Acariens et l’aida à conquérir sa situation de vétérinaire militaire. Mettant à profit les matériaux que lui fournissait l'exercice de sa profession, il poursuivit patiemment d'importantes recherches sur la systématique et sur l'anatomie des Vers intestinaux, des Ixodes et des Aca- riens, parasites dont il accumulait peu à peu de riches et intéressantes collections. Tantôt seul, tantôt avec la collaboration de Robin et de Trouessart, il publia sur ces animaux une série de Mémoires qui font autorité dans la science. Ses recherches sur la faune des cadavres attirèrent plus particulièrement l'attention du monde savant et celle des praticiens. C'est qu'à côté d'une foule de docu- ments intéressants relatifs à l’éthologie des parasites et des nécrophages de tous ordres, ces publications, d'une grande originalité, ouvraient à la Médecine légale des voies nouvelles, et fournissaient à la Justice des indi- cations précieuses dans une série de problèmes difti- ciles et souvent même jusqu'alors insolubles. Tant d'œuvres remarquables ouvrirent à Mégnin les portes de l'Académie de Médecine; il était également membre de la Société de Biologie. $ 2. — Astronomie La méthode des hauteurs égales en As- tronomie de position. — Nous recevons de M. G. Bigourdan la lettre suivante : « Votre excellente Revue vient de publier, sur l'emploi de la méthode des hauteurs égales en Astro- nomie de position, deux articles où les avantages de ponte méthode sont mis en évidence {. < En raison même de ces avantages, il est peut-être utile de rechercher le principe de eee qui à 1 Voir la Revue des 30 novembre et 30 décembre 1905. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. | | | ET CORRESPONDANCE été construit pour l'emploi de cette méthode. On en trouve l'indication complète, avec figures à l'appui (voir notamment la figure 8), dans un Mémoire de M. A. Beck, inséré en 1892 dans le n° 3102 des Astro- uomische Nacbrichten. Ce Mémoire a, d'ailleurs, été analysé dans le Bulletin Astronomique de la même année, page #30. « Permettez-moi d'ajouter que, pour perfectionner le principe de l'instrument employé, il reste à utiliser, pour chacune des deux images, l'ouverture entière de l'objectif; vous savez que maintenant chaque image est formée par uu demi-objectif seulement. ; «G. Bigourdan, Membre de l'Institut, Astronome à l'Observatoire de Paris. » Photographies monochromatiques de la nébuleuse d’Orion. — À la suite d'études spectro- graphiques de la nébuleuse d'Orion, le Professeur Hart- mann, de l'Observatoire de Potsdam, concut l'idée de photographier cette immense formation à l’aide d'écrans ne laissant passer que des radiations bien déterminées. La première pose fut obtenue au moyen d'un écran absorbant complètement toutes les longueurs. d'onde plus courtes que À 4.800, mais laissant passer avec Hÿles prince ipales raies ebulaites NAMEHINE L'écran employé pour la sec conde pose ne se laissait traverser que par les radiations comprises entre À 3.880 et À 3.740, tandis que dans le troisième cliché on obte- nait surtout les radiations ultra-violettes au voisinage de À 3.121. Cette façon de sélectionner sur différentes plaques des régions bien déterminées du spectre à donné meilleurs résultats, et les conclusions résultant des {ra- vaux de M. Hartmann sont excessivement intéressantes. On peut remarquer, en particulier, que la radiation À 3.727 est très intense dans toutes les parties de nébuleuse ; en certains endroits, elle est même presque la seule enregistrée. Son action photogé rue est telle que l’image apparait dans beaucoup de régions où ' œil armé des plus puissants instruments ne peut même soupconner une né UE les La nébuleuse G. C. 1180, qui entoure l'étoile e d'Orion, est à peine visib LA sur la photographie N, et N,, mais elle apparait très nettement sur le cliché obtenu en 3 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE lumière ultra-violette; la photographie H£ la montre encore plus brillante. ] Ces actions diverses font croire à la présence d'au moins trois gaz dans la nébuleuse d'Orion : le premier émeltrait les prine ipales radiations nébulaires, Île second la radiation de l'hydrogène et le troisième celle qui correspond à À 3.727. Cet exemple prouve le parti qu'on peut tirer de ces méthodes nouvelles pour l'examen de diverses régions du ciel, etil est à souhaiter que le Professeur Hartmann ait de nombreux imitateurs. $ 3. — Météorologie La région la plus pluvieuse d'Europe. — Les totaux annuels de pluie les plus élevés, jusqu'ici, en Europe, étaient de 4.310 millimètres et 3.490 milli- mètres, observés respectivement à Styehead-Pass et à Seathwaite, au Nord-Ouest de l'Angleterre ; mais le D'Kassner à publié, dans les Petermanrs Mitteilungen, des recherches sur la région montagneuse située au Nord du golfe de Cattaro (Dalmatie), et en particulier sur Crkvice, station située à 1.097 mètres au-dessus du ni- veau de la mer. En ce dernier lieu, la moyenne annuelle en millimètres, de 1888 à 1900, est de 4.556 millimètres, répartis de la manière suivante par saisons : Hiver 36 °/,; printemps 26 °/,; été 7 °/,;, automne S140/6 Hans toute la région, les mois le’ plus secs sont juillet et août; les stations situées le long de la côte reçoivent le plus d'eau en décembre et janvier, tandis que celles qui occupentles hauteurs ont leur maximum mensuel en octobre et novembre. Le maximum en un jour date de 1901, avec 354 mil- limètres, et un total annuel de 6.135 millimètres; le maximum mensuel fut de 1.074 millimètres en novem- bre 1901, avec une condensation considérable vers la lin du mois : 21 Novembre. 42mm 26 Novembre. . 272mm 22 — 8 27 — AT _— 106 28 —- RATE — 42 29 — . 0404 _— 115 30 — 112 On reste effrayé devant de telles chutes d’eau, si l'on songe qu'une région pluvieuse en France est caracté- risée par une hauteur annuelle de 4.000 millimètres. $ 4. Prix de revient des installations hydrau- liques. Rien n'est plus indispensable, et cependant rien n'est plus difficile que de connaître les prix de revientobtenus dans l'industrie. Nous sommes donc heu- reux de reproduire, d'après le journal L'Ælectrolyse, quelques chiffres qui montrent les grandes proportions dans lesquelles varient les prix de revient d'installation des usines hydrauliques. Nous les avons groupés par série croissante. On verra que, du premier au der- nier terme de la série, le prix d'installation varie de 212 à 1.800 francs par cheval, écart qui prendrait sa vraie signification s'il était possible de montrer, par une étude comparée, combien les conditions locales ont d'importance. Nous noterons aussi dans chaque cas les installatiens qui sont seulement en projet ou en cours, et pour les- quelles les dépenses signalées peuvent être éventuelle- ment dépassées, ce qui fait que le prix correspondant a une valeur moins absolue et moins certaine que les autres prix de la série : — Art de l’Ingénieur 4. — 212 francs. Usine de la Praz (Soriété de Froges); torrent de l'Arc; puissance 13.000 chevaux. 2. — 214 francs. Chute du Gitfre à Marignier; puissance moyenne 7.000 chevaux ; veudue 1.500.000 francs à la Société qui à fait environ a été revendue par un Syndicat de Grenoble du Giffre par Cette chute 800.000 francs de travaux. la Société du Gilfre à une Sociélé anglaise, avec bénéfice de 1 million. 3. — 220 francs. Usine de Chedde. Torrent de l'Arve, hau- teur de chute 140 mètres, canal et galeries en tunnel de 1.79) mètres; deux conduites de 1n, 40 de diamètre, 600 mètres de longueur chacune : 8.000 chevaux moyens. 4. — 220 francs. Chute de Saint-Michel-en-Maurienne. Torrent de la Valloirette, aménagé par MM. Chevrant, Bou- vier et Joya: hauteur 130 mètres, débit 2 mètres cubes à 5 mètres cubes: puissance moyenne 4.000 chevaux. 5. — 230 francs. Chute de Gavet-Livet Puissance 6.000 che- vaux, achetée par la Société des Soudières électrolytiques Hulin et Cre. 6. — 235 francs. Chute du Rhin à Rheinfelden. Kraftu- bertragungs Rheinfelden (Société au capital de 5 millions). Débit 325 mètres cubes, de 7,50 en basses eaux. 6,6 en grandes eaux. Puissance 17.000 chevaux: canal d'amenée 1 kilomètre: prix de vente de l'énergie 0 fr. 86 le Kw.-heure pour force motrice. 7. — 270 francs. Chute de Saint-Béron. Torrent Le Guiers ; hauteur de chute 60 mètres: débit 3 mètres cubes à 7 mètres cubes, deux conduites de 1%,20 de diamètre; puissance moyenne 3.500 chevaux. 8. — 400 francs. Chute de Grenade, sur le Rio Génil; canal d'amenée de 5 kilomètres; débit moyen 2 mètres cubes: hauteur de chute 104 mètres ; puissance moyenne 1.000 chevaux. 9. — 400 francs. Chute de Méran sur l'Etsche (Tyrol); hauteur 60 mètres: débit 9 mètres cubes à 45 mètres cubes; puissance moyenne 5.000 chevaux; puissance utilisable 1.000 chevaux. La puissance est louée à raison de 24 florins par cheval-an. 10. 120 francs. = Chute d'Esparraguera (Catalogne) sur le Liobrégat: canal d'amenée de 6 kilomètres, débit de 16 mètres cubes à 30 mètres cubes; hauteur 12 mètres: puissance moyenne 2.500 chevaux. 11. 600 francs. Usine d'Hauterive (Suisse! sur la Sarine : aménagée par l'Etat de Fribourg: hauteur de chute 50 mètres, canal d'amenée 9.400 mètres, dont 8.900 mètres souter- rain; puissance 5.000 chevaux: coût total de l'installation 3.000.,00 de francs. 12. — 760 francs. Usine de Mansboe (Suède). Société de fabrication de chlorate de potasse; puissance 5.000 chevaux ; coût de l'installation 4.300.000 francs. 18: 160 francs. Chute de Dalf Elf. Puissance en voie d'aménagement 20.000 chevaux, dépense prévue 4.620.000 fr. Cette chute va alimenter d'énergie électrique la ville de Stockholm, située à 160 kilometres. La ligue est prévue pour 6.000.000 de francs et la station de “transformation pour 720.000 francs, soit au Lotal pour la transmission de fo: ce 6.720.000 francs (ce qui met le prix du cheval transmis à 760 francs). 14, — S00 francs. Chute de la Rivière Eritch (Ecosse). Projet amenant les eaux de la rivière Erilch, dans le Comté d'Inverness, jusqu'à sa jonction avec la rivière Leven; hau- teur de chute 300 mètres, puissance moyenne 35.000 che- vaux, dépense prévue 30.000.000 de francs. 15. — 1.800 En Chute de Jonage. Société des Forces motrices du Rhône. $ 5. — Physique Les rayons N. M. E. Mascart à présenté le 15 janvier 1906 à l Académie des Sciences une impor- tante communication sur cette question, qu'il nous à paru intéressant de reproduire ici pour la confirmation qu'elle apporte aux expériences précédentes de M. Blondlot : « La découverte des rayons N par M. Blondlot a pro- voqué d'abord de nombreuses expé riences, publiées parfois trop hâtivement, et soulevé ensuite des objec- tions qui ont été parfois jusqu'à la mettre en doute. Dans des expérience es aussi délicates, il est permis de penser que les résultats négatifs ne constituent pas des arguments scientifiques et peuvent être attribués à l'insuffisance des appareils où au défaut de préparation des opérateurs. « Dès le début, j'avais eu l’occasion de constater quelques-uns de ces phénomènes, sans faire de mesures, et j'ai demandé, il y a quelques jours, à M. Blondlot, de vouloir bien répéter, avec des précautions partieu- lières, d'aluminium, des rayons N émis par une lampe Nernst. Le spectre de réfraction présente un certain nombre l'expérience de la réfraction, dans un prisme u # € < CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 59 de maxima d'intensité, assez larges d'ailleurs en raison des conditions de l'expérience, et qui ne comportent pas la précision des mesures optiques. « L'écran qui porte la ligne de sulfure, préalablement éclairé, était monté sur le chariot d'une machine à diviser; on inscrivait le nombre marqué par l'index sur la règle chaque fois que l'observateur arrêtait le mouvementau maximum d'intensité. Voiciles résultats obtenus par quatre observateurs différents dans une mème région : Blondlot . 382,4 » 391,5 398,4 Guiton ts. . .". » 387,2 393,0 399,0 Nirtz . . 3$L,0 386,9 392,9 398.2 "Mascart. . 383,4 387,0 391,0 397,0 Moyenne . . 382,4 387,03 391,9 398,15 « Dans une autre expérience, la machine a été déplacée de facon que le mouvement du chariot füt à peu près perpeudiculaire aux rayons réfractés. Il a été convenu que l'opérateur ferait d'abord les pointés en marchant dans un sens, puis, après quelques tours de vis sup- plémentaires, reviendrait en sens contraire sur le même chemin. À chaque arrêt sur un maximum, je lisais la division de l’index à l'insu de l'observateur. « M. Blondlot à ainsi obtenu : 3875 382,30. 3740. 1682 360,2 338,0 333,2 386,1 381,2 374,3 3682 360,2 35892 333,2 Moy. 386,8 381,75 374,15 368,2 360,2 358,1 353,2 « La lampe Nernst s'étant ensuite éteinte par rupture du circuit, cette série a été interrompue; elle compor- tait, d’ailleurs, trop de lectures pour des personnes moins exercées. « Le prisme a été dirigé sensiblement pour le mini- mum de déviation relatif à une nouvelle position de la machine, et l’on a réduit l'étendue de la région explorée, afin d'éviter la fatigue des observateurs. « Les lectures ont donné alors : ASS EE NET C0 TT t-REe OO us sn 370 à 3634 à 3562 Moyenne. 375,45 310,33 363,4 356,2 » VU RE OR US Gutton . .. SAS SOT EU BL Te V3H66 De Moyenne . 314,8 369,4 362,75 356,45 24 PAU PTT SRE 2616 + Mit...) 26 374,6 364,3 FBI Moyenne. 374,75 310,17 36445 357,9 Ç » 372,0 : TRE Mascart. . . os Si ; LEE Moyenne . 316,5 371,0 » 356,0 .« Pour donner une idée de l'exactitude des expé- riences, J'ajouterai que, dans le dernier cas, la dévia- tion était voisiné’de 30° et que 1 millimètre de l'échelle “correspondait à 4 environ. Les conditions étaient de mème ordre dans les autres séries. Les pointés de M: Blondlot, en particulier, sont toujours concordants à moins d'un demi-millimètre, sauf deux exceptions, “de sorte que la position de chaque maximum était déterminée à moins de 2! près, soit 1/900 de la dévia- tion. « C'est seulement à titre d'indication que j'ai reproduit mes observalions personnelles faites à l’improviste ; il y faut en réalité une excellente vue et un apprentissage Spécial. Quant à l'ensemble des résultats, je le donne Sans Commentaire, laissant à chacun faire une conviction. » Dans la mème séance, M. Mascart a présenté une le soin de se Note de M. C. Gutton, maître de conférences à la Faculté des Sciences de Nancy, qui débute en rappelant ces mots de M. Blondlot : « Si, sur l’étincelle primaire d’un oscillateur hertzien, on fait tomber des rayons N, l’étincelle secondaire diminue. Il résuite de là que l’action des rayons N sur l'étincelle modifie le phénomène électrique lui-même #. » Les rayons N, abaissant la distance explosive, ren- dent moins énergique l’action du primaire sur le secon- daire, ce qui diminue l'intensité de l’étincelle secon- daire. C'est cet effet que M. Gutton est arrivé à rendre très facilement visible et à photographier, en employant des électrodes de laiton. Cet alliage est assez dur pour prendre une forme régulière et le zinc qu'il contient rend l'étincelle riche en rayons photographiques. La longueur de l'étincelle est de Le à de ; 30 40 l'éclairement de la plaque est réglé à la valeur la plus faible qui commence à donner une impression photo- graphique. Comme l'a montré M. Gutton (Comptes reudus du 27 février 1905), une très faible variation d’éclairement au voisinage de cette valeur critique produit une variation considérable dans l'action pho- tographique. Les plaques employées sont des plaques Jougla (bande verte) ou des plaques Lumière (bande bleue). La Note de M. Gutton, accompagnée de figures, con- tient la description minutieuse des conditions de l’ex- périence. 37 essais concordants ont révélé un affai- blissement d'intensité de l’étincelle secondaire sous l'action des rayons N. Sur le cliché présenté à l’Aca- démie par M. Mascart, les actions se traduisaient, dans un cas, par une tache très pâle, dans l’autre, par une tache sombre qui, à simple vue, pouvait paraitre dix fois plus sombre que la précédente. millimètre ; La mécanique des ares voltaïques. -—- On s’est habitué depuis longtemps à représenter les phénomènes se passant dans une portion donnée de conducteur électrique au moyen d'un invariant dit résistance électrique, invariant dont la relation avec la tension aux bornes et l'intensité de courant sta- tionnaire est exprimée par la loi d'Ohm. Or, malgré l'utilité incontestable de cette méthode, l’on ne peut s'empêcher de contester à la loi d'Ohm son caractère absolu et de la reléguer au rôle de formule d’interpo- lation à application limitée. Dans un Mémoire publié” dans l'£lektrotechnisehe Zeitschrift (n° 35 et 36, 1905), M. H. Th. Simon, pro- fesseur à l'Université de Gættingue, conseille de rem- placer la méthode précédente par la considération de ce qu'il appelle la caractéristique de la portion de con- ducteur en question, à savoir e—f{i), c'est-à-dire la relation entre la tension aux bornes e et l'intensité de courant 1, relation qu'il s'agira d'établir par l'expérience dans chaque cas donné. Dans le cas le plus simple, la courbe représentalive de cette fonction se réduit à une ligne droite passant par le zéro des coordonnées et ayant pour équation 1: —e; c'est alors qu'on se trouve ramené à la loi d'Ohm. Après avoir complété à plusieurs points de vue la théorie des courbes caractéristiques, l'auteur se sert de ses résultats pour élucider certains phénomènes se passant dans l'arc voltaique. Il donne deux méthodes pour trouver ce qu'il définit caractéristique dynamique de l’are, et c’est au moyen de ces méthodes qu'il trouve l'existence d'un phénomène d'hystérèse de l’are vol- taique, analogue au phénomène bien connu dans le cas des circuits magnétiques. Cette hystérèse spéciale se trouve dépendre des conditions de l'expérience. M. Simon établit et discute ensuite, sur la de la théorie ionique, une théorie exacte des phéno- base ! R. BLoxozor: Nouvelles expériences sur l'enregistrement, au moyen de la photographie, de l'action exercée par les rayons N sur une étincelle électrique. (Rev. gén. des Sciences du 30 août 1905, p. 727.) 60 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE mènes de l'arc voltaique. Celle théorie sert à l'inter- prétalion des résultats expérimentaux, en même temps qu'elle fournit une explication satisfaisante de beaucoup d'observations faites sur les ares vol- tiques à courant alternatif et les décharges disrup- tives. Le phénomène dit de retard à la décharge et la .différence spécilique qu'on note dans la manière de se comporter des arcs métalliques'et des ares à charbons se réduisent à de simples facteurs quantitatifs. Le phénomène de l'arc chantant de Duddell se trouve, enfin, être dû à l'hystérèse de l'arc voltaïque. $ 6. — Chimie photographique Nouvelles recherches de Photométrie pho- tographique. — MM. Carlo Cesari et Cesare Mani- cardi se sont récemment livrés à une double série d’études sur les applications possibles de la photogra- phie à la photométrie. La question n’est pas nouvelle, mais les résultats obtenus expérimentalement n'en sont pas moins des plus intéressants. Dans la pratique, il s'agit de comparer des sources lumineuses à d’autres, choisies comme types unitaires ou multiples de l'unité. Or, la comparaison entre une source lumineuse étalon et une autre source lumineuse quelconque peut se faire au moyen de la photométrie photographique en faisant l'analyse quantitative du dépôt d'argent dans les plaques impressionnées par l'action des deux lumières. 11 est cependant utile que l'opération se fasse d'une manière rapide pour conduire à des résultats certains. C’est ce but qu'ont essayé d'atteindre les deux expérimentateurs. | Pour réunir les conditions les plus favorables à leurs expériences, et en tenant compte du fait que la quan- tité d'argent déposée n'est pas proportionnelle au temps de pose, ils décidèrent de maintenir ce temps toujours constant par rapport à la distance entre l'objectif et la source lumineuse, par rapport aussi au temps de développement des négatifs. Pour obvier à l'inconvénient d'obtenir des images de formes diverses, suivant les sources lumineuses, l'ob- Jectif de lappareil photographique fut supprimé et remplacé par un système de lentilles approprié, destiné à envoyer normalement sur la plaque des rayons paral- lèles. On aurait pu même n’employer que l'ouverture circulaire où se loge l'objectif. Les expérimentateurs ont essayé les deux méthodes et les résultats ont été exactement proportionnels. Cependant, ils ont donné la préférence à la première méthode, parce que le contour circulaire de la tache de dépôt se montre plus nellement sur la plaque. Toutefois, dans les deux cas, la surface de la plaque est impressionnée d'une facon homogène. | La détermination de la quantité d'argent métallique libérée par l'action d'une source lumineuse peut se faire par deux méthodes, soit indirectement, soit directe- ment. La méthode indirecte, au lieu de donner la quantité de métal libérée par l’action de la lumière, fait con- naitre la quantité non décomposée en se basant sur l’action dissolvante de Fhyposulfite de soude pendant le fixage du négatif. Quoique cette méthode semble très pratique et ail l'avantage de permettre la conser- vation du négatif, elle présente cependant deux incon- vénients pour lesquels on y a renoncé. En effet, si l’on veut faire une comparaison, l'on se heurte à la diffi- cullé de savoir si les deux plaques à impressionner contiennent la mème quantité de sel d'argent, chose nécessaire puisque c'est de là qu'on tirera par diffé- rence des conclusions sur l'argent réduit et fixé sur le négatif. En outre, la recherche de l'argent non réduit dissous dans l’hyposulfite est très longue. Les expérimentateurs se sont done uniquement servis de la méthode directe, Dans cette méthode, on traite la pellicule photographique du négatif étudié par une certaine quantité d'acide nitrique et l'on chauffe à une température pas trop élevée jusqu'à dis- | solution complète de la pellicule dans l’acide. L’.cide nitrique, outre qu'il transforme l'argent métallique en nitrate d'argent, sert à détruire, par son action oxy- Lorsque la pellicule est complètement dissoute et la substance organique décomposée, on dessèche la solu- tion dans une capsule de porcelaine au bain-marie. Cela fait, on reprend le résidu par quelques gouttes d'acide nitrique et par l'eau distillée. On obtient ainsi nne solution qui se prête parfaitement à l'analyse quantitative volumétrique. La substance ainsi préparée donne, par trailement au chromate de potasse et à la solution décinormale d'acide chlorhydrique, eten fonction du poids molécu- laire des composés formés dans lesréactionschimiques, être précisé avec une approximation d'un centième de milligramme. : En employant la méthode qui vient d'être décrite, une quinzaine de minutes suffisent pour obtenir les données photométriques cherchées. On photographie la source lumineuse étalon et la source à comparer, en respectant, bien entendu, les conditions de cons- tance indiquées précédemment; puis on procède rapi- dement à la détermination de l'argent fixé. Comme on le sait, l'action actinique sur le bromure d'argent ordi- naire est essentiellement dépendante des rayons bleus et violets du spectre. De là il résulte que les recherches de MM. Cesari et Manicardi n'ont de valeur absolue que pour une zone des radiations spectrales. Cette circon- | stance n'a pas échappé aux expérimentateurs, et, dans le but d'appliquer leur procédé à la comparaison de lumières de couleurs différentes, ils ont entrepris une seconde série d'essais en se servant, cette fois, de plaques spéciales. Comme unité photométrique, les expérimentateurs ont employé la lampe Carcel, d'un pouvoir lumineux constant de 9 Parliamentaris Standard Candle. Des expériences répétées ont montré qu'on obtient avec une telle lampe-un dépôt d'argent de 0 gr. 0020, soit approximativement © gr. 00022 par bougie. Voici | maintenant les résultats de la première série d'expé- riences avec plaques ordinaires Cappelli : Une flamme à gaz, type Bengel, à tube (pression, 15 millimètres; consommation, 105 litres; équivalence au carcel par le photomètre ordinaire), a donné un dépôt d'argent de 0 gr. 0019 dans une première expé- rience ; 0 gr. 00195 dans une seconde; 0 gr. 0019 dans une troisième. Une flamme libre en éventail n°7 à gaz (pression, 28 millimètres; consommation, 180 litres ; valeur au photomètre ordinaire, 1,20 carcel) donne respectivement dans deux expériences des dépôts de | 0 gr. 00242 et 0 gr. 00240 d'argent. Une flamme libre à gaz, bec n° 6 (pression, 28 milli- mètres; consommation, 125 litres; valeur au photo- mètre ordinaire, { carcel) donne respectivement dans trois expériences des dépôts d'argent de 0 gr. 0019. Un bec à gaz circulaire à tube (pression, 28 milli- | mètres; consommation, 200 à 250 litres; valeur au pho- tomètre ordinaire, 1,8 carcel) donne un dépôt d'argent de 0 gr. 0036 dans la première expérience el 0 gr. 0035 dans deux expériences subséquentes. Dans la seconde série d'expériences, les auteurs ont employé des plaques panchromatiques et orthochroma- tiques, avec ou sans écrans colorés. Les plaques em- ployées étaient les panchromatiques Lumière et les orthochromatiques Cappelli. Parmi toutes les marques et qualités de plaques essayées, ce sont les panchromatiques qui méritent le plus d'attention, car elles réduisent la ligne de l'inten- sité à une droite qui s'écarte peu de la courbe que l'on pourrait obtenir avec les photomètres communs et qui a évidemment l'avantage de maintenir la pro- porlionnalité entre le dépôt d'argent et l'intensité lumineuse, proportionnalité qui n'a pas l'unité pour | coefficient, mais une constante facile à déterminer | puisqu'elle est fonction de l'angle d'inclinaison, etc. dante, la substance organique de la couche sensible. le poids de l'argent métallique libéré, poids qui peut | « | CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 61 Lorsqu'il n’est pas possible de faire les essais avec ces plaques, on peut employer les orthochromatiques avec écran jaune orange clair. À défaut de celles-ci, on utilise les orthochromatiques avec écran vert herbe, mais on évitera absolument les plaques ordinaires, trop inégales. Voici maintenant les chiffres obtenus en procédant à trois expériences avec chacune des quatre catégories de plaques qui viennent d’être citées. Avec plaques panchromatiques, une lampe Carcel a donné respectivement, pour Îles trois expériences, des dépôts d'argent de O0 gr. 004158, O0 gr. 004163 et Ogr. 004161; une flamme libre en éventail (consomma- tion, 195 litres; valeur au photomètre, 1,5 carcel) donne 0 gr. 00610, 0 gr. 00630 et 0 gr. 00648 ; un bec à gaz cir- culaire à tube (consommation, 200 litres; valeur photo- métrique, 1,8 carcel) donne des dépôts respectifs de 0,00701, 0 gr. 00720 et 0 gr. 00739; enfin un bec Auer n° 2 (consommation, 110 litres) donne 0 gr. 02250, 0 gr. 02245 et 0 gr. 02260. e Avec plaques orthochromatiques et écran vert herbe, la lampe Uarcel donne des dépôts respectifs de 0 gr. 002169, O0 gr. 002200 et 0 gr. 002142; la flamme libre en éventail donne O0 gr. 002900, O gr. 002890 et © gr. 002910; le bec à gaz circulaire donne 0 gr. 003400, O gr. 003410 et O gr. 003342; enfin le bec Auer n° 2 donne 0 gr. 010010, 0 gr. 010000 et 0 gr. 010002. Avec plaques orthochromatiques et écran jaune- orangé clair, la lampe Carcel donne © gr. 001854, 0 gr. 001852 et O gr. 001855 ; la flamme libre en éven- tail donne © gr. 002042, 0 gr. 002009 et 0 gr. 002010; le bec circulaire. donne O0 gr. 003100, O0 gr. 003140 et 0 gr. 003069; enfin le bec Auer donne 0 gr. 009200, © gr. 009601 et 0 gr. 009020. Avec plaques ordinaires, la lampe Carcel donne des dépôts respectifs de 0 gr. 00200 pour les trois expé- riences ; la flamme libre en éventail donne : 0 gr. 00210, © gr. 00209 et O0 gr. 00210; le bec à gaz circulaire donne 0 gr. 00320, 0 gr. 00324 et 0 gr. 00317; le bec Auer n° 2 donne : 0 gr. 00600, 0 gr. 00602 et0 gr. 00589; une flamme libre type Bengel (consommation, 105 li- tres; valeur au photomètre, 1 carcel) donne des dépôts de O gr. 00190, O0 gr. 00195 et O0 gr. 00190; enfin, une autre flamme libre en éventail (consommation, 480 litres ; valeur au photomètre, 1,2 carcel, donne des dépôts de 0 gr. 00280, 0 gr. 00282 et 0 gr. 00280. Dans toutes les expériences faites avec les becs à gaz, la pression était de 20 millimètres. Ces quelques chiffres montrent mieux que de longs commentaires la valeur du nouveau procédé. Grâce à Sa simplicité et à son exactitude très suffisante, il rendra de grands services dans la pratique industrielle. $ 7. — Chimie biologique Sur la fibringlobuline. — Lorsqu'on fait agir sur une solution de fibrinogène dite pure, préparée d'après les procédés recommandés par Hammarsten, une solution de fibrinferment, on obtient une trans- formation du fibrinogène dissous en fibrine précipitée en filaments. Ces filaments étant séparés par expression et filtration du liquide dans lequel ils se sont déposés, on peut reconnaitre sans peine dans ce dernier la pré- sence d’une substance protéique dissoute, appartenant au groupe des globulines et coagulant à la température de 64. Hammarsten et la plupart des physiologistes admettent que cette substance ne préexistait pas dans la solution de fibrinogène, qu'elle dérive du fibrino- gène comme la fibrine et en même temps que la librine ; que, par conséquent, le fibrinferment dédouble le fibrinogène en deux substances nouvelles, la fibrine précipitée, et la fibringlobuline dissoute. Cette conception du phénomène de la coagulation fibrineuse ne serait pas exacte, d’après M. W. Huiscamp : Ja fibringlobuline ne serait pas un corps de nouvelle formation ; elle préexisterait dans le fibrinogène : on ne l'y aurait pas décelée jusqu'à ce jour, parce que les agents employés pour précipiter les liqueurs fibrino- génées entrainaient à la fois les deux substances. ; M. W. Huiscamp ajoute à une solution de fibrinogène 2 à 3 volumes d'une solution saturée de fluorure de sodiur- et en précipite une masse albumineuse qui, redissoute et coagulée, ne fournit qu'une faible proportion de fibringlobuline. La substance albumineuse restée en solution en présence du fluorure de sodium fournit, au contraire, après coagulation une forte proportion de fibringlobuline. Cette expérience de précipitation par le fluorure de sodium conduit done à penser que la liqueur primitive contenait un mélange de fibrinogène et de fibringlobuline, cette dernière moins facilement précipitable par le fluorure de sodium que le fibrino- gène. M. W. Huiscamp va plus loin dans sa démonstration : recueillant le précipité obtenu par addition de 2 à 3 volumes d'une solution saturée de fluorure de sodium, il le redissout dans l’eau salée à 3-5 °/, en présence d'une trace d'ammoniaque, et il précipite de nouveau par le fluorure de sodium. En répétant quelquefois ces manipulations, il obtient une solution fibrinogénée capable de coaguler typiquement, et ne contenant après coagulation aucune trace de fibringlobuline. La coagulation fibrineuse ne résulterait donc pas d'un dédoublement du fibrinogène, mais d’une trans- formation moléculaire du fibrinogène. $ 8, — Biologie L’Année biologique. — Nous avons le plaisir d'annoncer que, malgré la disparition de la librairie qui éditait l'Aunée Biologique de M. Yves Delage, cet important recueil va continuer à paraître, gräce au sacrifice que s'impose à cet effet l’éminent professeur de Zoologie à la Sorbonne. Le huitième volume vient d'être publié et mis en vente par la librairie Le Sou- dier et Cie. Nos lecteurs en trouveront prochainement l'analyse dans la partie bibliographique de la Æievue. Le Poisson conservé par le froid. — Des expériences sur la conservation du poisson par la neige et les chambres frigorifiques viennent d'être faites par M. Gruvel, professeur à la Faculté des Sciences de Bordeaux et chef de la Mission des Pècheries de la Côte occidentale d'Afrique. Elles ont duré vingt-trois jours et ont démontré qu'il est possible de transporter de la Côte d'Afrique en France du poisson frais (Soles, Mulets, Grondins, Dorades, etc.), en parfait état de con- servation et avec sa valeur commerciale, comme s’il était pêché sur la côte de France ou de Portugal. Les Langoustes cuites sur place et placées en chambre froide à 0° sont aussi fines que si l'on venait de les pré- parer. La dégustation de ces animaux a eu lieu dans un restaurant parisien par tous les membres d'une Commission spéciale et un certain nombre d'industriels et de commerçants. $ 9. — Physiologie Sur le diabète expérimental. — On admet, depuis les expériences classiques de Minkowski et de von Mering, que l’extirpation de la plus grande partie du pancréas, pratiquée chez le chien, détermine l'appa- rition d'une abondante glycosurie, persistant jusqu'à la mort de l'animal en expérience, que celui-ci soit ali- menté ou soumis au jeûne absolu, qu'il ingère de hydrates de carbone, des graisses ou seulement des substances protéiques. Cette notion, généralement admise, a été combattue récemment de divers côtés. On ne nie pas que les choses se passent, en général, comme l'indiquent Min- kowski et von Mering, mais on prétend que, dans quel- ques cas au moins, l'ablation du pancréas nest pas suivie de glycosurie persistante. | j À Or, dans l'opération telle que la pratiquaient Min- kowski et von Mering, et après eux la plupart des phy- 62 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE siologistes, on n’enlève pas la totalité du pancréas; on en laisse toujours quelques parcelles au voisinage du duodénum. Est-ce à la présence de ces parcelles que doivent être attribuées les exceptions à la règle signa- lées par quelques savants? Le Professeur O0. Witzel a réalisé treize fois avec succès l’extirpation absolument totale du pancréas chez le chien; treize fois, la glycosurie s'est établie et a per- sisté jusqu'à la mort, malgré le jeûne absolu auquel ont été soumis les animaux opérés. Le Professeur P, Schultz et le Dr G. Zuelzer ont pra- tiqué vingt et une fois avec succès l’extirpation totale sur le chien; vingt et une fois la glycosurie s’est établie et à persisté Jusqu'à la mort de l'animal, que ce der- nier ait été nourri ou soumis au jeûne absolu. MM. P. Schultz et Zuelzer ont vérifié à l’autopsie que l'ablation avait été réellement totale dans les 21 cas. Or, dans aucun de ces 21 cas ils n'ont noté la poly- dypsie, la polyphagie et la polyurie qu'on observe dans le cas d'ablation presque totale du pancréas; ces trois symptômes permettent donc déjà, pendant la vie de l'animal, de juger si l’ablation a été ou n'a pas été totale. L'ablation absolument totale est considérée par MM. P. Schultz et Zuelzer comme une des opérations les plus difficiles de la chirurgie physiologique, mais elle peut cependant être réalisée sans trop de déchet, si l'on prend des précautions antiseptiques suffisantes et si l'on emploie des sujets de la race fox-terrier. Ces recherches nouvelles mettent donc hors de doute la conclusion de Minkowski et de von Mering : l'abla- üon totale du pancréas, pratiquée chez le chien, pro- voque l'apparition d'une glycosurie persistant jusqu'à la mort, que l'animal soit nourri ou soumis au jeüne absolu ; toutes les fois que la glycosurie ne se produit pas ou ne persiste pas jusqu'à la mort sans disconti- A c'est que l’ablation du pancréas n'a pas été totale. $ 10. — Géographie et Colonisation Le Service géographique de lAfrique occidentale française. — Dès 1903, le Gouver- neur général de l'Afrique occidentale, frappé de la quantité de travaux topographiques produits en Afrique, sans direction ni méthode, résolut de créer un Service géographique. Le capitaine Cavrois fut chargé de la création de ce service. Sous sa direction et grâce au zèle de ses collaborateurs, une portion notable du ter- ritoire sénégalais a fait l'objet de levers réguliers. Aussi les deux premières feuilles de la carte du Sénégal au 400.000° viennent d'être imprimées par le Service géographique de l'Armée. On estime que dans trois ans les vingt et quelques feuilles qui constituent la carte du Sénégal seront parues. Ce sera la première carte scientifiquement établie de notre colonie de l'Afrique occidentale. Les Puits artésiens dans le Sud algérien. — Le capitaine Rousse, qui avait été chargé d’une Mis- sion de recherches hydrauliques dans le Sud algérien, vient de remettre au Gouverneur général de l'Algérie son Rapport sur les sondages effectués dans les terri- toires du Sud pendant l’année 1904-1905. Un atelier spécial pour recherches d'eau à grande profondeur (jusqu'à 600 mètres) a été constitué au nord de l’oasis de Sidi-Okba (cercle de Biskra). Deux ateliers anciens, l’un à Biskra, l'autre à Touggourt, ont été réorganisés et réunis aux communes indigènes. Is ont créé, sur quatorze points, des puits qui arrivent à donner 20.000 litres d'eau à la minute, permettant ainsi, dans les conditions les meilleures, l'irrigation de plus de 100.000 Palmiers qui donnent à leurs pro- priétaires un revenu annuel de plus de 600.000 francs. D'autres ateliers fonctionnent aussi dans la région d'Ouargla et dans celle des oasis sahariennes (Tidikelt, Touat, Gourara). Afin de continuer cette œuvre utile, M. Jonnart vient de prescrire la création de nouveaux ateliers de sondage. Des reconnaissances géologiques ont également eu lieu dans le Sud. M. Ficheur, professeur à l'Ecole des Sciences, a étudié au point de vue hydrologique les régions de Beni-Ounif et d'El-Aricha. M. Flamand, di- recteur adjoint du Service géologique, à reconnu le cercle de Djelfa. Ces études seront continuées en 1906, et le capitaine Rousse doit désigner les forages à faire dans les oasis de Ghamra et de Sidi-Rached. Non seulement cette conquête progressive sur le désert tend à augmenter les richesses naturelles de l'Algérie, mais elle est aussi de nature à augmenter notre influence sur les indigènes. C’est bien, en effet, le meilleur moyen de faire sentir les bienfaits de notre civilisation que d'augmenter le bien-être de ces indi- gènes et de satisfaire à leurs intérêts matériels. $ 11. — Enseignement L'enseignement pédagogique à l'Université de Paris. — On vient d'inaugurer au Musée pédago- gique un enseignement nouveau et d'une réelle impor- tance, puisque son but est d'aider à perfectionner l’édu- cation professionnelle des futurs professeurs des Lycées et Collèges. Cent cinquante jeunes hommes, tous étu- diants de l'Université de Paris, tous candidats aux diverses agrégations, normaliens de deuxième et de troisième années, étudiants des Facultés des Lettres et des Sciences, répétiteurs des lycées, y étaient réunis sous la présidence de M. Liard, vice-recteur, assisté de M. Lavisse, directeur de l'Ecole Normale, de MM. Croiset et Appell, doyens des Facultés, de M. Bayet, directeur de l'Enseignement supérieur, et de M. Rabier, directeur de l'Enseignement secondaire. On sait que, parmi les résolutions prises en 1902 par les Pouvoirs publics pour mener à bien la réforme de l'enseignement secondaire, certaines visaient plus spé- cialement la préparation des professeurs. Le premier acte accompli dans ce sens a été la réunion, dès l'an dernier, de l'Ecole Normale à l'Uni- versité de Paris. Puis ce fut la réorganisation du concours d'agrégation ; à partir de 1907, les candidats à l'agrégation devront justifier d'abord d’une licence, puis d’un diplôme d’études supérieures; enfin, le con- cours sera simplifié et aura, avant tout, un caractèrè professionnel. Dès cette année, les études en vue des diplômes supérieurs (Mathématiques, Physique et Chimie, Scien- ces naturelles, Philosophie, Lettres, Histoire, Gram- maire, Langues et Littératures vivantes) sont organisées à la Faculté des Lettres et à la Faculté des Sciences. Mais il restait à pourvoir à la préparation pédagogique. C'est ce qu'a réalisé un projet élaboré par M. Liard, avec l'aide d'une Commission du Conseil de l'Université de Paris. Et c'est la mise en œuvre de cette préparation qui vient de se faire au Musée pédagogique. Tout d'abord, M. le Professeur Langlois, directeur du Musée pédagogique, a exposé et discuté les objections. faites en France et à l'Etranger contre l'utilité d'un enseignement pédagogique. Puis, M. Lavisse est venu dire sa confiance en l’effi- cacité de l'éducation professionnelle. 11 a rappelé que, de son temps, les futurs professeurs n'en recevaient aucune, et raconté les erreurs qu'il à commises à ses débuts lorsqu'il croyait que le professeur d'histoire doit faire de longues lecons et tous les frais de la classe, sans se soucier de savoir si l'élève le comprend, sans faire travailler et penser l'élève. Il s'est reproché d’avoir été inhabile à approprier son enseignement aux forces intellectuelles des jeunes écoliers. « J'ai donné, a-t-il dit, dans la classe de troisième, des sujets de composition que je ne citerai pas, parce qu'il me semble qu'ils ontété donnés par un imbécile. » Ces fautes, il les aurait évitées si, au cours de ses études, dans un stage bien dirigé par un maître expé- rimenté, il avait été mis en présence de vrais élèves. + … | CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 63 « Une autre chose m'a manqué, dit-il, c'est de con- naître l'histoire et la philosophie de mon métier. Tout homme de tout métier devrait savoir cette philosophie et cette histoire. L'école populaire devrait apprendre au futur paysan et au futur ouvrier l'histoire de sa condition à travers les âges ; il verrait d'où il vient, où il est arrivé, le sens de sa marche. Il s'intéresserait à cet enseignement, puisque c'est de lui qu'il s'agirait, et, tout en descendant son chemin, à travers les siè- cles, il entreverrait l'évolution de la société humaine. Cela vaudrait mieux que d'occuper sa mémoire de quantité d'incidents et de phénomènes dont le cliquetis ne fait que rider la surface de la vie profonde. « Cette chose qui nous à manqué ne vous manquera point. Au cours de M. Durkheim, vous apprendrez, vous, futurs professeurs de l’enseignement secondaire national, comment cet enseignement a commencé en France. Vous verrez comment il s'est transformé jus- qu'à nos jours avec les mœurs, les idées et les besoins. Ce sera, d'un point de vue déterminé, une vue sur lhistoire de la civilisation. Commencez cette étude avec la disposition d'esprit d'un homme qui veut sa- voir aussi bien que possible la raison de sa fonction. Croyez-moi, il est utile de savoir cette raison. Vous êtes occupés à présent de votre éducation scientifique, mais aussi de vos examens, de l’âpre concurrence de vos concours; plus tard, vous le serez de votre avan- cement dans la carrière; plus tard encore, vous vous disputerez des honneurs, des fauteuils peut-être. Tout cela est une source d’inquiétudes, de souffrances même. Mais la concurrence, c’est la vie extérieure; prenez soin de votre vie intérieure, dont un des élé- ments est de connaître à quoi vous servirez sur la terre. Savoir qu'on est utile, cela fait plus que d'aider à vivre; cela met dans la vie une dignité, la paix, et même, à de certaines heures, de la joie. » M. Lavisse à montré que cet enseignement aurait encore une autre utilité : celle de prémunir contre limmobilité et l'inertie. Car, le chemin que nous par- courons ne Sarrèle pas brusquement à nos pieds, et les générations n’ont pas marché pendant des siècles pour nous donner le droit de nous asseoir. L'histoire philosophique du métier d'éducateur prédispose à con- tinuer la route en regardant autour de soi, à tenir compte des nouveaux faits et des besoins nouveaux, à devenir par suite des conseillers élevés dans le débat - toujours ouvert sur l'éducation. « Je suis, ajoute enfin M. Lavisse, heureux plus que je ne peux dire, de vous voir rassemblés, nor- maliens, sorbonniens, maîtres répétiteurs, de vous Voir rassemblés, scientifiques et littéraires, tous étu- diants de notre Université de Paris, unis par ce beau titre et par la belle vocation commune. fe me réjouis de voir les barrières de tant de compartiments, ces barrières par-dessus lesquelles on échangeait des sen- tüments médiocres, tombées enfin. C’est un de mes plus vieux rêves qui commence à devenir une réalité, qui achèvera de le devenir, si vous le voulez bien, car nous ne pouvons rien sans l'assentiment, sans l'adhé- Sion de vos intelligences et de vos consciences. Vous nous la donnerez, si vous voulez bien, réfléchissant chacun dans le tète-à-tète avec soi-même, vous con- Yancre que nous vous offrons le moyen d'être à la fois utiles aux autres et bienfaisants à vous-mêmes. » Enfin, M. Liard, après avoir rappelé, lui aussi, ses débuts imexpérimentés, a exposé l'organisation adoptée à l'Université de Paris pour la préparation profession- nelle des futurs professeurs. Cette préparation sera à la fois théorique et pratique, la partie théorique étant réduite à l'essentiel. L'enseignement théorique se fera une année; l’enseignement pratique une autre année. Cette division est nécessaire afin de séparer nettement, dans la préparation pédagogique, ce qu'elle a de géné- ral et ce qu'elle doit avoir de spécial. D'ailleurs, elle correspond à la division des études après la licence : une année pour le diplôme d'études supérieures, une année pour l'agrégation proprement dite. « Ces deux degrés d’études, dit M. Liard, ont chacun ses exigences, son caractère et son labeur. Il serait bon, après la licence et avant l'agrégation, de laisser une année entière les jeunes esprits au souci exclusif de la science et dans la pleine liberté qu'elle comporte. Mais, pour le faire, il faudrait refouler sur la troisième année toute étude théorique et pratique de pédagogie, au risque ou bien de surcharger à l'excès une année déjà trop lourde, ou bien, ce qui serait plus probable- ment le résultat, de sacrilier les études pédagogiques et professionnelles en les condensant à l'excès sur une unique année, sur celle où le souci principal des can- didats va surtout au concours. « A'condition de ne pas les élargir à l'excès, il a paru qu'il y aurait tout avantage à faire coincider les études générales avec la préparation aux diplômes supérieurs. Celle-ci ne sera pas tellement absorbante qu'elle ne puisse laisser aux étudiants assez de loisirs de temps et d'esprit pour vaquer un peu à d'autres occupations. D'ailleurs, même en cette année, consacrée à des étu- des scientifiques, il ne sera ni inutile, ni mauvais de leur rappeler ainsi que leur destination est d'être pro- fesseurs. » M. Liard expose que les études théoriques générales de Pédagogie seront communes à tous les candidats aux diverses agrégations, de l’ordre des Sciences et de l’ordre des Lettres. Puis, l'année suivante, seront faites les études théoriques spéciales propres à chaque groupe de candidats, les méthodes particulières de chaque discipline (Philosophie, Histoire, Lettres, Grammaire, Mathématiques, Sciences physiques et naturelles). Enfin, un stage pratique sera fait dans les lycées, après visite de quelques écoles primaires. L'axe de cet enseignement nouveau sera un cours de M. Durkheim sur la formation et le développement de l’enseignement secondaire en France (une leçon par semaine). Cet enseignement principal sera com- plété par une série de conférences (une tous les quinze Jours), faites par des personnes diverses, renouvelées autant que possible. Dans ces conférences seront traitées des questions intéressant tous les futurs pro- fesseurs, à quelque ordre d'enseignement qu'ils doivent ensuite appartenir; par exemple, quelques avertisse- ments sur la psychologie de l'enfant et de l’écolier. Tout professeur, en effet, est un médecin d'intelli- gences enfantines; il n'a donc pas le droit d'ignorer qu'il existe des maladies de l'intelligence et de la volonté chez les enfants et que le maître doit y veiller et en tenir compte dans son action sur les élèves. Quelques conseils sur l'hygiène de la classe ne seront pas non plus inutiles. Ge sont là des questions qui préoccupent à juste titre les familles et desquelles un professeur n’a pas le droit de se désintéresser. Il sera bon également de donner à ce dernier quelques ren- seignements sur l’organisation administrative de l’en- seignement public, particulièrement sur, celle des lycées. Enfin, on indiquera les traits essentiels des types principaux de l’enseignement secondaire à l'Etranger : M. Ch.-V. Langlois présentera le type américain; M. Boutroux, le type allemand; et il sera fait appel à un profeseur anglais pour le type anglais. Avec une telle organisation, cet enseignement, bien que nouveau, ne pourra que donner de bons résultats. E. Caustier. Bourses commerciales de séjour à l'Etran- ger.— Le Ministre du Commerce vient d'accorder des bourses de séjour à l'Etranger aux jeunes gens dont les noms suivent : M. Gissot, ancien élève de l'Ecole supérieure de Com- merce de Paris, avec résidence à Valparaiso ; M. Pagez, ancien élève de l'Ecole supérieure de Com- merce de Montpellier, avec résidence à Tanger et Ca- sabianca (Maroc); M. Heydenrich, employé de commerce, avec résidence à New-York. 64 P. DUHEM — L'IIYSTÉRÉSIS MAGNÉTIQUE L'HYSTÉRÉSIS MAGNÉTIQUE DEUXIÈME PARTIE : L'AIMANTATION DANS UN CHAMP QUI VARIE RAPIDEMENT I. — DIGRESSION SUR LA VISCOSITÉ EN GÉNÉRAL. Tout ce que nous avons dit jusqu'ici‘ se rapporte à des modifications infiniment lentes, à des modi- fications au cours desquelles l'équilibre magné- tique peut être regardé comme élabli à chaque instant; les règles précédentes composent, en somme, une S{atique magnétique. Or, toutes les modifications qu'il est possible de réaliser sont produites avec une certaine vitesse; parmi ces modifications, il en est de fort intéres- santes, qui sont très rapides. Ce n’est donc point, dans la plupart des cas, les corollaires de cette Statique qu'il nous sera possible de comparer à l'expérience, mais bien les propositions que for- mule la Dynamique magnétique. U s’agit, dès lors, de fixer les lois de cette Dynamique. Comment y parviendrons-nous, si ce n'est en analysant la méthode qui permet, en général, de passer d'une Slalique à la Dynamique correspon- dante, et en appliquant celte méthode à l'étude du Magnétisme ? L'étude du mouvement local a, la première, fourni à d'Alembert l'occasion d'inventer un pro- cédé qui permit de passer de la Statique à la Dyna- mique; on sait communément en quoi consiste ce procédé ; rappelons-le en peu de mots. Lorsqu'un point matériel se meut librement sous l'action d'une force, le produit de la masse du point par l'accélération de son mouvement est un vecteur de même grandeur et de même direction que la ‘force. Cette proposition peut se mettre encore sous une autre forme. Appelons force d'inertie appliquée au point matériel un vecteur dont la grandeur est le produit de la masse du point matériel par l'accélération, mais dont le sens est opposé à celui de l'accélération. Nous pourrons dire qu'il y a équilibre, à chaque instant, entre celle force d'inertie et la force qui agit réellement sur le point matériel. L'extension de cette proposition à tout système mécanique conslitue le principe de d'Alembert. La force d'inerlie appliquée à l'une quelconque des masses élémentaires qui composent le système étudié est toujours définie comme dans le cas par- ticulier très simple que nous venons d'examiner. ® Voirla premiére partie dans la Peru du 15 janvier 1906, t. XVII, p. Set suivantes. Le principe de d'Alembert consiste alors à affirmer que, dans un système quelconque, animé d'un mou- vement purement local, il v a, à chaque instant, équilibre entre les forces d'inertie et les forces qui agissent réellement sur le système. On n’a pas tardé à reconnaitre que, pris sous la forme que nous venons d'indiquer, le principe de d'Alembert ne suffisait pas à constituer une Dyna- mique conforme aux faits d'expérience, même lorsqu'on se bornail à considérer des systèmes animés d'un simple mouvement local. On a alors modifié ce principe en le compliquant : on a admis que, pour faire équilibre aux forces qui sollicitent réellement un système en mouvement, il ne suffi- sait pas de considérer les forces d'inertie appli- quées à ses diverses masses élémentaires; qu'il fallait encore introduire de nouvelles actions, que l’on a nommées actions de viscosité. C'est dans l'étude du mouvement des fluides que ces actions furent, tout d'abord, considérées par Navier. Les actions de viscosité auxquelles chaque élément fluide est soumis dépendent non seulement de l'état de cet élément, c'est-à-dire de sa lempéra- ture et de sa densilé, mais encore de la vitesse avec laquelle change la forme de cet élément. Elles s'évanouissent quand cette vitesse s'annule. Elles croissent en valeur absolue, et au delà de toute limile, en même temps que cette vitesse. Enfin, elles sont orientées de telle sorle qu'elles gènent la déformation de l'élément, c'est-à-dire que la déformation que l'élément subit pendant un temps infiniment court les oblige à effectuer un travail négatif. Les progrès de l'Énergélique ont grandement accru l'imporlance des actions de viscosité et le rôle que joue le principe de d'Alembert, complété par la considération de ces actions. Cette science générale, en effet, étudie non seulement les mou- vements locaux, maisencore d'autres modifications, telles que les changements d'élat physique ou de constitution chimique, qu'elle regarde comme irré- ductibles au mouvement local. Ces derniers chan- gements peuvent bien souvent se produire sans qu'aueun mouvement local les accompagne: en un récipient aux parois rigides et immobiles, un mé- lange d'hydrogène et de chlore peut se transfor- mer graduellement en acide chlorhydrique. Or, là où le mouvement local fait défaut, les actions d'inertie disparaissent; lors donc qu'il P. DUHEM — L'HYSTÉRÉSIS MAGNÉTIQUE 65 “s'agit d'éludier des changements d'état exempts de mouvement local, le passage de la Statique à la Dynamique se fait en adjoignant les seules actions de viscosité aux actions extérieures qui sollicitent réellement le système. Ces actions de viscosité présentent, d'ailleurs, les caractères généraux que nous leur avons reconnus en étudiant le mouvement local des fluides; elles dépendent non seulement de l'état actuel du système, mais encore de la vitesse avec laquelle il se transforme ; elles s'annulent lors- que cetle vitesse s’évanouit; elles croissent en valeur absolue, etau delà de toute limite, en même temps que cette vitesse; enfin, le travail qu'elles accomplissent pendant un laps de temps quel- conque est négatif, car eiles tendent toujours à gêner la transformation dont le système est le siège. Par exemple, au sein d'un mélange de chlore, d'hydrogène et d’acide chlorhydrique, on peut dire que la tendance qu'a l'acidité à croilre par combinaison ou à décroilre par dissociation est, à chaque instant, équilibrée par une action de visco- silé; celte action dépend non seulement de la densilé du mélange gazeux, de sa température, de sa composition, mais encore de la vitesse avec laquelle varie l'acidité du système; lorsque cette vilesse s'annule, cas auquel l'équilibre chimique ést établi, cette action s'annule; lorsque la valeur absolue de la vitesse croit, la valeur absolue de Paction croit et, en même temps, ces deux valeurs surpassent loule limite; enfin, au sein d'un mélange où l'acide se forme, cette aclion tend à produire la dissociation, tandis qu'au sein d'un mélange où l'acide se dissocie, elle tend à produire la combinaison. La tendance qu'a l’acidilé à varier au sein d'un tel mélange dépend, d’ailleurs, de l’état de ce mélange, _ C'est-à-dire de sa densité, de sa température et de sa pression ; dès lors, la proposition que nous venons d'énoncer à son sujet, et qui dépend du principe de d'Alembert généralisé, équivaut à cette loi bien connue : La vitesse avec laquelle varie l'acidité au sein d'un mélange d'hydrogène, de chlore et d'acide chlorhydrique dépend uniquement de la densité de ce mélange, de sa température et de sa composition. Il. — LA viscosité MAGNÉTIQUE. LE TRAJET CONNU ET LE TRAJET COMPLET. Les changements que peut éprouver l'aiman- talion d’un morceau de métal sont comparables aux changements d'acidité que peut éprouver un mélange d'hydrogène, de chlore et d'acide chlor- hydrique; ils peuvent être conçus indépendam- ment de tout mouvement local ; on peut fort bien imaginer que l'intensité d'aimantalion en un point du métal passe d'une valeur à une autre sans que la matière voisine de ce point éprouve aucun chan- gement de densité, ni de position. À la vérité, en même temps que l’aimantation d'un morceau de fer change d'intensité, la matière qui forme ce morceau éprouve de légers changements de den- sité ; mais il n'est point illogique de faire abstrac- tion de ces condensations et de ces dilatations ; en le faisant, on n'obliendra de la réalité qu'une repré- sentation simplifiée; mais l'approximation de l'image ainsi obtenue sera, dans la plupart des cas, suffisante ; c’est pourquoi nous nous en COon- tenterons encore dans ce qui va suivre. Puisque aucun mouvement local nest censé accompagner les changements d’aimantation du métal que nous étudions, les diverses masses élé- mentaires qui composent ce métal ne sont soumises à aucune force d'inertie. Si donc nous voulons passer de la Statique magnétique à la Dyna- mique magnétique en faisant usage du principe de d'Alembert généralisé, nous aurons seulement à tenir compte des actions de viscosité magnétique. C'est pourquoi nous énoncerons la proposition sui- vante : Pour obtenir les lois des variations rapides de l'aimantation, il suflit de prendre les lois qui ré- gissent les varialions infiniment lentes de cette même aimantation et d'y substituer au champ ma- gnétique total la somme de ce champ magnétique réel et d'un champ magnétique fictif, dit CuAMP DE VISCOSITÉ MAGNÉTIQUE. Les propriétés qui caractériseront ce champ de viscosité magnétique seront postulées à limitation des propriétés qui, en tous aulres cas, ont été altribuées aux actions de viscosité : Le champ de viscosité magnétique dépendra de la nature du métal étudié, de sa température et de son intensité d'aimantation. 11 dépendra aussi de la vitesse avec laquelle croît cette intensité d'aimantation; il en méme temps que cette vitesse; sa Valeur absolue croîtra en même temps que la valeur absolue de la vilesse: ces deux valeurs seront simultanément infinies : enfin, le champ de viscosité sera toujours s’annulera d'un signe opposé à celui de cette vitesse. Le principe que nous venons. dénoncer donne lieu à une représentation géométrique. Prenons pour abscisses, comme nous l'avons fait jusqu'ici, les valeurs des champs magnéliques et pour ordonnées les intensilés d'aimantation. À l'état magnétique de la substance que nous étu- dions, nous pouvons faire correspondre le point figuratif que nous avons considéré jusqu ici ; nous savons que ce point a pour abscisse la valeur du 66 P. DUHEM — L'HYSTÉRÉSIS MAGNÉTIQUE : champ total, tant extérieur qu'intérieur, et pour ordonnée l'intensité d’aimantation. Nous nomme- rons ce point le point connu; en effet, si le corps étudié est une sphère placée dans un champ exté- rieur uniforme, l'expérience permet de déterminer les deux coordonnées de ce point. Au point connu, nous associerons un autre point figuratif que nous nommerons le point complet; celui-ci aura encore l'intensité d'aimantation pour ordonnée; mais, au lieu d'avoir pour abscisse la valeur du champ magnétique total, il aura pour abscisse ce que nous appellerons le champ complet, c'est-à-dire la somme du champ magnélique total, tant intérieur qu'extérieur, et du champ de visco- sité magnélique. Le point connu et le point complet ont toujours même ordonnée. Ils ont aussi même abscisse, en sorle qu'ils coïncident, dans le cas particulier où la vitesse de variation de l'intensité d’aimantation est égale à zéro. Hors ce cas, ils sont distincts. L'excès de l’abscisse du point complet sur l'ab- scisse du point connu représente le champ de vis- cosité magnétique; le point connu se trouve done à droite du point complet toutes les fois que l'ai- mantation augmente avec le temps; lorsqu'au contraire l'aimantation diminue d'un instant à l'instant suivant, le point connu se trouve à gauche du point complet. Au cours d'une modification magnétique, le point connu décrit une certaine ligne, que nous nommerons le {rajet connu ; le point complet décrit en même lemps une autre ligne, que nous nom- merons le {rajet complet. Le postulat que nous avons formulé en étendant aux modifications magnétiques le principe de d'Alembert peut alors s'énoncer ainsi: Le trajet complet relatif à une modification magnétique accomplie avec une certaine rapidité coïncide avec le parcours que décrirait le point figuratif dans une certaine modification infiniment lente. Les propositions établies, dans la première partie de ce travail, au sujet des lignes qui représentent des modifications infiniment lentes demeurent donc vraies pour les trajets complets; mais elles ne sont plus vraies, en général, pour les trajets connus. Voyons, en particulier, comment se comportent ces deux trajets au voisinage d'un état où la varia- tion de l'aimanlalion change de sens. Imaginons, par exemple, que l’aimantation aille en croissant jusqu'à un certain instant /,, puis qu'à partir de cet instant, l'aimantation aille en dimi- nuant. Le trajet complet est donné par les lois qui ont été exposées en la première partie ; fig. 1 il se compose donc d'une ascendante AS, suivie d'une Es Se. descendante SD; à l'instant /,, le point figuratif passe er S. ! A l'instant f,, la vitesse de variation de l'intensité” d'aimantalion change de signe; de positive, elles | devient négalive; elle passe donc, à cet instant, pars M Fig. 1. zéro, en sorle que le point connu coïncide alors avec le point complet; le trajet connu passe au point S; voyons quelle est sa forme au voisinage de ce point. A l'instant /,, l'intensité d'aimantation passe par une valeur maximum; il en est de même du champ. complet; mais le champ de viscosité, qui est tou- ! jours de signe contraire à la vitesse avec laquelle varie l'aimantation, passe alors d'une valeur néga- tive à une valeur positive, en sorte qu'il est crois-. sant; le champ total, excès du champ complet sur le champ de viscosité, n'est done, à cet instant, ni maximum, ni minimum. On en conclut sans peine que la branche ascendante 4$ et la branche des- cendante SÈ du tracé connu ne forment pas en S. un point anguleux; elles s'y raccordent l'une à M | l 1 A à S (e) H Fig. 2. l'autre d'une manière continue, et leur tangente commune est horizontale. Le champ de viscosité magnétique, négatif avant l'instant /,, est positif après; il en résulte que lan branche 4$ du trajel connu est à droite de l'ascen-", dante AS du trajet complet, landis que la brancher descendante Si du trajet connu est à gauche de la descendante SD du trajet complet. | —— a - P. DUHEM — L'HYSTÉRÉSIS MAGNÉTIQUE 67 On pourrait discuter de la même manière la dis- position mutuelle du trajet complet et du trajet connu au voisinage d'un état où l’aimantation cesse de décroitre pour commencer à croître; la figure 2 résumerait les résullats de cette discussion. On voit que la viscosité magnétique a pour effet de faire disparaitre du trajet connu relatif à une modification rapide tous les points anguleux que présentait le tracé destiné à figurer une modifica- tion infiniment lente; les ascendantes et les des- cendantes ne se coupent plus à angles aigus; elles se raccordent les unes aux autres. JI[. — VARIATIONS DE L'AIMANTATION DANS UN CHAMP INVARIABLE OU PRESQUE INVARIABLE. Les principes posés au chapitre précédent per- mettent de discuter bien des problèmes relatifs à M Fig. 3. l'aimantation ; nous allons en examiner brièvement quelques-uns. Imaginons, tout d’abord, que le champ magné- tique total, tant intérieur qu'extérieur, garde une valeur invariable H; il n’en résultera nullement, nous l'allons voir, que l'aimantation garde une intensité invariable ; mais il en résultera sûrement que le trajet connu sera une ligne HH' (fig. 3) parallèle à OM. Les variations de l'intensité d'aimantation dé- pendront de la vitesse initiale qui leur sera im- posée ; supposons qu'à l'instant initial, où le point connu est en P, la vitesse de varialion de l'aiman- lation ait une valeur positive; l'aimantation com- mence par croître. La partie initiale du trajet complet se compose donc d'une ascendante, et cette ascendante est issue d'un certain point x situé à gauche du point P, à la même hauteur au-dessus de l'axe OH. Jusques à quand l'intensité d’aimantation conli- nuera-l-elle à croitre? Pour qu'elle cesse de croître, il faut que sa vitesse de varialion atteigne la valeur zéro; à ce moment, le trajet connu et le trajet complet doivent passer au même point; prolon- geons donc l’ascendante issue du point x jusqu'à ce qu'elle rencontre en Q la ligne HH'; l'intensité d'aimantation croîtra jusqu'à ce qu'elle atleigne la valeur que mesure le segment HQ. Qu'arrivera-t-il à partir du moment où l'intensité d'aimantation aura pris cette valeur? A cet instant, la vitesse avec laquelle varie l’ai- mantation a la valeur zéro. Si donc l’aimantation continuait à varier à partir de cet instant, le trajet connu et le trajet complet seraient tous deux issus du point Q. Il est aisé d'en conclure que, tant que le champ total demeure invariable, l'aimantation ne peut plus éprouver aucune variation. Supposons, en effet, qu'elle continue à croître; tandis que le trajet connu serait représenté par la ligne droite QH', le trajet complet serait constitué par l'ascendante Q2; mais cette branche ascendante ‘du trajet complet se trouverait à droite de la branche correspondante du trajet connu, contrai- rement à ce qui a été dit au chapitre précédent. Imaginons, de même, que l'intensité d’aimanta- tion se mette à décroitre; le trajet connu serait représenté par la droite QP, tandis que le trajet complet serait la descendante Qs; or cette descen- dante se trouverait à gauche du trajet connu, ce qui est impossible. Lors donc que l’aimantation aura atteint la valeur que représente la longueur HQ, l'équilibre magnélique se trouvera établi; il demeurera tant que le champ total n'éprouve aucune variation. Cette intensité d'aimantation qui assure l’équi- libre dépend de la vitesse avec laquelle l'aimanta- tion variait tout d'abord; elle est d’autant plus élevée que cette vilesse élait elle-même plus grande. En effet, une vitesse initiale plus grande cor- respond à une plus grande valeur absolue du champ de viscosité initial; comme cette valeur absolue mesure la longueur +P, une plus grande vitesse initiale aura pour effet de substituer au point 7 un point +! situé à gauche du point +, à l’ascendante rQ l'ascendante +'Q', et au point Q le point Q° qui est plus élevé. Ainsi l’aimantation peut varier dans un champ total que l’on maintient constant, pourvu qu'on lui imprime une vitesse initiale de variation; au bout d'un certain temps, elle atteint une valeur qu'elle ne dépasse pas; cette valeur dépend de la vitesse avec Jaquelle elle a commencé à varier. On ne saurait maintenir rigoureusement inva- riable la valeur du champ total ; cette valeur éprouve forcément de petiles variations au voisinage de la grandeur que l'on souhaiterait de lui garder; s'il GS P. DUHEM — L'HYSTÉRÉSIS MAGNÉTIQUE s'agit de modifications infiniment lentes, ces petites varialions, en accumulant les altérations perma- nentes, produisent des effets remarquables que nous avons éludiés au chapitre VI de la première partie; en étudiant maintenant les modificalions rapides, nous allons voir que la viscosité amortit et fait presque entièrement disparaitre les effets de ces petiles variations. Imaginons, en effet, qu'au lieu de garder cons- tamment la valeur H, le champ total oscille entre deux valeurs H,, H,, la première un peu inférieure et la seconde un peu supérieure à H. Au lieu de se réduire à la droite HH' (fig. 4), le tracé connu sera représenté par une ligne plus ou moins M Hi HA H x RUE 2 Fee one A c ner | 0 He Ho 4H Fig. 4. sinueuse CC’, comprise entre les deux droites H,H,', H,H,', parallèles à OM. Supposons que la vitesse de variation de l'inten- silé d’aimantalion soit d’abord positive; l'aiman- tation par croitre; le tracé complet coïncide d'abord avec l'ascendante AA, et il se confond avec celte ascendante tant qu'elle ne ren- contre pas le tracé connu CC’. commence Considérons l'instant où le point figuratif complet se trouve en 7; au même instant, le point figuratif connu se trouve en p; le champ de viscosité magné- tique à cet instant est mesuré en valeur absolue par la longueur +p. Supposons que l’on ait imprimé à la variation de l'intensité d'aimantation la même vitesse iniliale, mais que l'on ait maintenu le champ total cons- tamment égal à H; au moment où le point complet se trouve en 7, le point connu se trouverait en P et la valeur absolue du champ de viscosité magnétique serait mesurée par la longueur +P. Or la valeur absolue de la différence entre les longueurs +P et xp ne surpasse assurément pas la différence H —1] l,; elle est donc très petite. Aussi pouvons-nous énoncer la proposilion suivante : Que l'on maintienne invariable la valeur du champ, magnétique total ou qu'on lui permette de légères oscillations au voisinage de cette valeur, pourvu que l'intensité d'aimantation ait, dans les deux cas, même valeur initiale et même vitesse de variation initiale, lorsqu'en ces deux cas l'aimantaliol prendra une même intensité, le champ de viscosité. magnétique prendra sensiblement mème valeurs D'ailleurs, la valeur du champ de viscosité, à une température donnée, dépend uniquement de l’in= lensilé d'aimantation et de la vitesse avec laquelle. varie cette grandeur; on peut done dire que la vitesse de variation de l’aimantation prend, dans. les deux cas, sensiblement la même valeur lorsque. l’aimantation y acquiert la même intensilé. Cette proposition, à son tour, équivaut à celle-ci : Dai les deux cas, l'aimantation varie sensiblement avel la même vitesse. : La viscosité étoulle donc, pour ainsi dire, l'effet que produiraient les variations petites el inces= santes du champ magnétique. IV. — AIMANTATION PRODUITE PAR UN CUAMP DONT LA VALEUR OSCILLE ENTRE DEUX LIMITES DONNÉES® La question que nous venons de lrailer rentre comme cas particulier dans celle-ci : Commenb varie l'aimantation lorsque la valeur du champ magnétique total oscille entre deux limites déter= minées? Si, en effet, ces deux limites sont extrême= ment voisines l'une de l’autre, nous retrouvons l& problème qui vient de nous occuper. Imaginons, pour fixer les idées, qu'à l'instant inilial, le champ ait sa moindre valeur H,; le point figuralif d'où partira le tracé connu sera le point P (fig. 5) situé sur la ligne H,H;', parallèle à OM: i H, est la valeur maximum du champ, le tracé connu demeurera sans cesse compris entre les deux lignes parallèles H,H,' et H,H,' Supposons que la vitesse de variation de l'aiman= lation soit d'abord positive; le tracé complet com= mencera par une ascendante, el celte ascendante partira d'un certain point 7, gauche du point P, et à la même distance de l'axe OI. Le trajet connu commencera par monter sans cesse, en touchant alternativement la ligne H,H@} et la ligne H,H!,. Il montera jusqu'au point P, où il rencontrera l'ascendante issue du point 7,. Le, point P, sera, pour ce trajet, un point de hauteur maximum, où il présentera une tangente horizon tale: d'après ce que nous avons vu au chapitre IF le trajet connu doil, en ce point, être parcouru de, droite à gauche ; ce point se trouvera donc sur uni silué à branche qui, après avoir louché la ligne H,H;', se) dirige vers la ligne H,H,'. | A partir du point P,, le trajet connu commencera à descendre; la parlie correspondante du trajet | complet sera la descendante issue du point P,. Le trajet connu ira toucher en P, la ligne H,H, et il | continuera à descendre jusqu'à ce quil coupe en P. la descendante issue du point P,; pour ce trajet, le point P, sera un point de hauteur minimum où la tangente sera horizontale. A partir du point P., le trajet connu recommen- | cera à monter; le trajet complet se réduira à l’as- cendante PP, issue du point P.. Le trajet complet ira toucher en P, la ligne H,H}', puis il continuera | ñ H;, y Fig. 5. à monter jusqu'au point P., où il rencontre l'ascen- dante issue du point P.. Le trajet connu continuera ainsi à serpenter entre leslignes H,H,'et H,H,' tout en dessinant des boucles, tandis que le tracé complet sera formé d'un lrait en 2ig-zag, joignant entre eux les points du tracé connu où la langente est parallèle à OH. NV. — Du CYCLE FERMÉ PARCOURU AYEC UNE CERTAINE VITESSE. Supposons que le champ total éprouve indéfini- ment des variations périodiques suivant une loi bien déterminée; il est clair que les variations de laimantation tendront, elles aussi, à devenir pé- riodiques, leur période étant la même que celie des variations du champ; en d’autres termes, le tracé connu tendra à se transformer en un cycle fermé décrit pendant la durée d'une période. P. DUHEM — L'HYSTÉRÉSIS MAGNÉTIQUE 69 Étudions ce cycle. La forme de ce cycle peut être très compliquée ; nous nous bornerons à considérer le cas (fig. 6) où ce cycle présente un seul point d'ordonnée maximum, que nous désignerons par S, et un seul point d'ordonnée minimum, que nous désignerons par S’. Dans ce cas, la forme du trajet complet nous est immédiatement connue par les principes posés au chapitre IT; ce trajet se compose d’une ascen- dante S'aS, conduisant du point S' au point S, et d'une descendante SèS', ramenant du point S au point S'; /e trajet complet est un cycle simple. Nous savons, par le chapitre IV de la première partie, que la branche descendante d'un cycle fermé simple se trouve toulentière à gauche de la branche ascendante. D'autre part, les principes posés au chapitre IT de la présente partie nous enseignent M Fig. 6. que la branche ascendante S’AS du trajet connu est tout entière à droite de la branche S':S du trajet complet; que la branche descendante S'DS du trajet connu est tout entière à gauche de la branche des- cendante S'èS dutrajetcomplet. Nous pouvons donc énoncer la proposilion suivante : Si le point figuratif qui décrit le trajet connu d'un cycle parcouru avec une certaine vitesse était remplacé par un observateur qui marcherait sur le plan, cet observateur auraït, pendant toute la durée du parcours, l'aire du cycle à sa gauche. Or, nous pouvons, dans le cas qui nous occupe, supposer que le corps étudié soit une sphère placée dans un champ magnétique uniforme et calculer, au moyen des principes rappelés au chapitre IV de la première partie, la quantité de chaleur dégagée pendant le parcours du cyele. Évaluée en unités mécaniques, cette quantité de chaleur est un produit de deux facteurs. Le premier facteur est le volume de la sphère. Pour évaluer le second facteur, il faut multiplier chacune des diminutions infiniment pelites qu'a éprouvées l'aimanlalion par la valeur du champ total au moment où cette diminution a eu lieu, puis faire la somme de tous ces produits. 70 P. DUHEM — L'HYSTÉRÉSIS MAGNÉTIQUE Les premiers principes du Calcul intégral, joints au théorème que nous avons établi il y a un instant, nous permettent alors de formuler celte proposi- tion : Lorsque l'état d'une sphère magnétique placée dans un champ unilorme périodique varie périodi- quement suivant une certaine loi, la sphère dégage de la chaleur; la quantité de chaleur dégagée pen- dant la durée d'une période est le produit du volume de la sphère par l'aire que circonscrit le tracé du cycle connu. La quantité de chaleur dégagée le long du par- cours du cycle étant positive, le principe de Car- not et.de Clausius se trouve vérifié ici. Mais, de plus, nous pouvons donner de celte quantité de chaleur dégagée une décomposition intéressante. Cette quantité, en effet, est la somme de deux termes ; l'un de ces termes est le produit du volume de la sphère aimantée par l'aire qu'embrasse le cycle complet; l’autre est le produit du volume de la sphère par l'aire comprise entre le cycle complet et le cycle connu. La première partie mérite juste- ment le nom de quantité de chaleur dégagée par l'hystérésis. Quant à l'aire qui figure dans la seconde partie, elle s'interprète aisément; elle s'oblient en mullipliant chacune des diminutions infiniment petites de l’aimantation par la valeur du champ de viscosité magnétique au moment où cette diminution a eu lieu et en faisant la somme de tous ces produiis ; la seconde partie de la quan- tité de chaleur dégagée représente donc la valeur absolue du travail effectué, durant le parcours du cycle, par la viscosité magnétique. Chacune des deux parlies de la quantité de chaleur est séparé- ment posilive. | MIS Du FERMÉ PARCOURU ALTERNATIF. — CYCLE DANS UN CHAMP La forme d'un cyele fermé ne dépend pas seule- ment des limites entre lesquelles oscille le champ tolal; elle dépend encore de la loi suivant laquelle, entre ces limites, le champ total varie avec le temps; elle change, nolamment, selon que les oscillations de ce champ deviennent plus rapides ou plus lentes. Ces changements de forme sont particulière- ment aisés à étudier, au point de vue théorique, lorsque le champ total est un champ alternatif; il faut entendre par ces mots que le champ total oscille entre deux valeurs extrêmes égales et de signes contraires, el que, de plus, l'oscillation totale subie par la valeur du champ se décompose en deux demi-oscillations dont l'une reproduit exactement l'autre, au signe près du champ magné- tique. Il est clair alors, par raison de symétrie, que, lorsque la variation de l'intensité d'aimantation sera devenue périodique, elle sera, elle aussi, alternative; en deux instants séparés l'un de l'autre par une demi-période, le champ total aura des: valeurs égales et de signes opposés, et il en sera de même de l'aimantation ; à ces deux instants, la vitesse de variation de l'aimantation aura aussi des: valeurs égales et de signes opposés ; on en conclut: sans peine que la même règle s'appliquera au. champ de viscosité magnétique. Partant, à des, instants distants d’une demi-période, le point connu occupera deux positions symétriques par rapport à l’origine des coordonnées, el il en sera de” mème du point complet. Le cycle connu et le cycle Fig. 7. complet seront deux courbes qui auront pour, centre l’origine des coordonnées. Considérons ces deux courbes (fig. 7); «SèS' est le tracé complet, ASDS'est le tracé connu; les deux. points S el S' ont pour ordonnées respectives M et — M; ce sont les valeurs extrêmes entre les-. quelles oscille l'intensité d’aimantation. Supposons que nous voulions obtenir un nouveau cycle fermé, où l'aimantation oscille entre les mêmes valeurs limites, au moyen d'un second champ alternatif de moindre période que le pre- mier. Le tracé complet va demeurer le même que dans le cas précédent; il va se composer encore de l’as- cendante S'uS, suivie de la descendante SèS'; au contraire, le tracé connu va changer, el il est aisé de voir comment. L'aimantation doit, dans le second cas, osciller entre les mêmes valeurs que dans le premier cas, et cela dans un temps moindre; elle variera done plus rapidement; cette aimantalion reprenant, dans le second cas, une même valeur que dans le pre- mier, sa vitesse de varialion prendra, en général, : P. DUHEM — L'HYSTÉRÉSIS MAGNÉTIQUE une valeur absolue plus grande, et il en sera de même du champ de viscosité magnétique ; l'ascen- dante S'aS du second cycle sera à droite de l’ascen- dante S'AS du premier cycle ; la descendante Sas’ du second cycle sera en entier à gauche de la des- cendante SDS' du premier cycle ; le second cycle sera, en entier, extérieur au premier cycle, sauf aux points S,S' qui seront communs aux deux cycles. H, M Fig. 8. Un raisonnement tout semblable serait encore de mise dans le cas suivant : Après avoir, au moyen d'un certain champ total alternatif, obtenu un cycle où l'aimantation atteint une certaine valeur maximum, on se propose, au moyen d'un autre champ alternatif de même période ou de période moindre, d'obtenir un cycle où l'aimanta- tion atleigne une plus grande valeur. On trouvera Sans peine que le second cycle doit être, en entier, à l'extérieur du premier. Les deux résultats que nous venons d'obtenir entrainent un corollaire : Au moyen d'un champ lotal alternatif qui oscille entre les valeurs — H et H, on a obtenu un cycle fermé où l'aimantation à une certaine intensité maximum M;si l'on veut, au moyen d'un champ alternatif de période moindre, obtenir un cycle fermé où l'aimantation atteigne au moins la valeur M, on devra faire osciller le champ entre deux valeurs plus écartées l’une de l’autre que —H etH. Ce corollaire, à son tour, en entraîne un autre, et c'est celui-ci que nous nous proposions d'ob- tenir : On considère une suite de champs alternatifs qui oscillent tous entre les mêmes limites —H etH, mais avec une période dont la durée décroit d'un champ au suivant: à chacun de ces champs corres- pond un cycle; l'intensité maxima de l'aimantation décroît d'un cycle au suivant. Fil La figure 8 nous montre comment sont disposés deux cycles engendrés par des champs alternatifs de même amplitude, mais de périodes différentes. ASDS' est le cycle connu de plus longue période; «SèS' est le cycle complet correspondant. À la plus courte période correspondent le cyele connu asds' et le cycle complet Bsys'. Laissons invariable les limites —H et H entre lesquelles oscille le champ total et rendons la période de plus en plus petite; vers quelle forme le cycle connu et le cycle complet tendront-ils? La valeur absolue du champ de viscosité magné- tique est représentée par la différence d’'abscisses entre un point du tracé complet et le point corres- pondant du tracé connu; ces deux cycles sont, d'ail- leurs, compris entre les parallèles à OM qui ont pour abscisses respectives H et —H; la valeur absolue du champ de viscosité magnélique ne peut donc, en aucun cas, surpasser 2H. D'autre part, au cours du cycle, l'inlensité d’ai- mantation atteint une valeur maximum; si cette valeur ne tendait pas vers 0 lorsque la période du cycle tend elle-même vers 0, il y aurait sûrement des instants où la vitesse de variation de l’aiman- lalion deviendrait infime; il en serait de même, à ces moments-là, de la valeur absolue du champ de viscosité, ce qui contredirait à la vérité ce que nous venons d'établir. Nous obtenons ainsi la proposilion suivante : S1 l'on fait tendre vers 0 la période d'un champ alter- natif d'amplitude invariable, la valeur maximum de l'aimantation au cours du cycle fermé correspon- dant tend vers 0. Lorsque le champ total subit des oscillations alternatives d'amplitude notable et de très courte période, le cycle complet SS’ (fig. 9) se compose M F19.,9. d'un très court segment d'ascendante et d'un très court segment de descendante, presque tangents entre eux et presque confondus avec l’origine des coordonnées ; quant au cycle connu ASDS’, il s'aplatit extrèmement sur l'axe H'H. On comprend ainsi comment des oscillalions électriques très rapides ne communiquent au fer aucune aimantation notable, même quand elles sont intenses. 12 P. DUHEM — L'HYSTÉRÉSIS MAGNÉTIQUE £ 2 : . Le ee + 4 | VII. — AIMANTATION DANS UN CHAMP OSCILLANT POSE ons DOS AE SPÉNOAICESSS ; ME TEE £ ment courte, qui oscille entre les valeurs DE TRÈS COURTE PÉRIODE. L'étude du cycle engendré par un champ alter- nalif est rendue plus aisée par les considéralions -de symétrie que l’on peut faire valoir dans ce cas. Ces considérations de symétrie ne sont plus de mise dans le cas où les deux valeurs extrêmes qui bornent les oscillations du champ Lotal ne sont plus égales et de signes contraires. Toulefois, maint résultat élabli au paragraphe précédent peut être étendu à ce cas plus général. Nous laisserons au lecteur le soin de développer celte extension et nous nous allacherons à un seul problème auquel les fréquentes recherches des expérimentaleurs confèrent un intérêt particulier. Nous supposerons que la valeur du champ total oscille entre deux valeurs données avec une période très courte et nous rechercherons la forme du cycle correspondant. Nous pourrons appliquer presque texluellement ici les raisonnements qui nous ont permis, au cha- pitre précédent, d'étudier l'effet des oscillations électriques très rapides. Nous remarquerons, en premier lieu, que le champ de viscosité magnélique doit demeurer limité; sa valeur absolue ne peut excéder l'écart des deux valeurs entre lesquelies le champ total demeure constamment compris. Si, d'autre part, lorsque la période tend vers 0, les valeurs entre lesquelles, au cours du cycle, lai- mantlation varie, gardaient un écart fini, la vitesse de variation de l'aimantation deviendrait sûrement infinie à cerlaines époques et, en même temps, la valeur absolue du champ de viscosité deviendrait infinie. La contradiclion qui existe entre cette conclusion el la précédente prouve l’exaclilude de la proposi- tion suivante : Au cours d'un cycle engendré par un champ total qui oscille, avec une période extrémement courte, entre deux valeurs dont l'écart est fini, l'aimanta- tion subit seulement des changements compris entre deux limiles extrêmement voisines l'une de l'autre. Le cycle complet 4S25' (fig. 10) se compose d'une a4S, suivie d'une des- cendante SèS' qui esl aussi infiniment courte. ascendante infiniment courte S Tous les points de ce cycle infiniment petit sont infini- ment voisins de la ligne des états naturels. Le cycle connu ASDS' diffère très peu d’un segment de droite parallèle à OI, allernativement parcouru dans les deux sens par le point figuratif. Les circonstances auxquelles se rapportent ces considérations peuvent être réalisées comme suit : de valeur H, À un champ constant, on peut super- LC On obtient ainsi un champ total qui oscille, avee. une très courte période, entre les valeurs H "à et H—:. | Supposons qu'en ce dispositif, le champ alter natif soit pris toujours identique à lui-même, tan= dis qu'en diverses expériences on donnera à champ fixe des valeurs différentes. Le cycle conn et le cycle complet que l'on obtiendra changeron avec la valeur attribuée au champ fixe et dépen dront uniquement de celte valeur; en ces cycles, l’aimantation n'éprouvera que des variations extrè mement petites au voisinage d’une valeur invaria= blement liée à la valeur du champ fixe. Nous pou= vons donc énoncer ce théorème : Si à un champ lixe nous Superposons un champ alternatif de très courte période et cuoist UNE FoIs*. M Fig. 10. POUR TOUTES, l'aimantalion lendra à se fixer à une certaine valeur M; indépendante de toutes les modi- livations magnétiques que le métal aura pu anté-M rieurement éprouver, cette valeur M de laimar= lation dépendra exclusivement de la valeur KW dü champ fixe. On peut construire une courbe dont chaques point ait pour abscisse une valeur H du champ fixes et pour ordonnée Ja valeur correspondante de M; pour un métal donné et pour un champ alternatus donné, celte courbe est déterminée. Il est aisé des voir que celte courbe passe à l’origine des coor= données et qu'elle est symétrique par rapport à ce point; qu'elle monte sans cesse de gauche à droite; qu'elle a pour asymptotes les deux lignes limite qui correspondent à la saturation. ] Par son allure, une telle courbe rappelle la lignes des élats naturels. Coïncide-t-elle avec cette lignes des états naturels? Pour répondre à celte question reprenons la figure 10 et considérons-y le point M de la ligne des états naturels, dont le cycle com pletSS'est infiniment voisin. Ce point a pour ordons, & G. MILHAUD — DESCARTES ET LA GÉOMÉTRIE ANALYTIQUE 73 née la valeur de M que nous considérons. Dès lors, pour que la courbe que nous venons de définir coïncide avec la ligne des états naturels, il faut et il suffit que le point N ait sensiblement pour ab- scisse H ou, en d'autres termes, que le cycle com- plet :SèS' se trouve sensiblement à égale distance des deux extrémités du cycle connu ASDS’. Voyons donc si ces deux cycles sont ainsi dis- posés l’un par rapport à l'autre. On montre bien aisément qu'une semblable dis- position est possible si, pour une valeur donn e de l'intensité d'aimantation, le champ de viscosité magnétique change de signe, mais ne change pas de valeur absolue, lorsque la vitesse de variation de l'aimantalion change elle-même de signe sans changer de valeur absolue. Ce caractère, le champ de viscosilé le possède assurément, et par raison de symétrie, dans le cas où l'aimantation est nulle; aussi avons-nous vu qu'un champ alternatif extrêmement rapide engen- _drait un cycle complet infiniment pelit équidistant des extrémités du cycle connu. Mais ce caractère n'a plus rien de forcé quand l’aimantalion diffère de zéro. Pour une même valeur de l’aimantation, . pour une même valeur absolue de la vitesse avec laquelle varie cette aimantation, le champ de vis- cosité peut fort bien avoir des valeurs absolues différentes selon que d’un instant à l'instant suivant l'aimantation augmente ou diminue. Dès lors, en la figure 10, le cycle complet infini- ment pelit n’est pas, en général, à égale distance des extrémités du cycle connu; la ligne dont chaque point a pour abscisse le champ H et pour ordonnée l'aimantalion M ne coïncide pas avec la ligne des états naturels; ellé change avec la nature du champ alternatif dont on a fait usage pour la tracer. Nous ne poursuivrons pas davantage cette étude de l'hystérésis magnétique. Bien des questions intéressantes, il est vrai, resteraient à traiter: telle l'influence mutuelle des déformations élastiques et de l’aimantation. Mais de semblables questions ressortissent à une théorie plus compliquée que la précédente ; il ne suffit plus, pour définir l’état de la matière en un point, de faire connaitre l'inten- sité d’aimantation en ce point; il faut encore y | joindre une ou plusieurs grandeurs capables de déterminer la déformation au même point, Nous ne saurions ici entrer dans l'examen de ces com- plications. Les considérations très simples aux- quelles nous nous sommes volontairement limité suffiront, croyons-nous, à donner une idée de la méthode que nous proposons de suivre dans l'étude des modificalions permanentes et des résultats qu'on en peut attendre. P. Duhem, Correspondant de l’Institut de France, Professeur à l'Université de Bordeaux, DESCARTES ET LA GÉOMÉTRIE ANALYTIQUE Île voudrais poser ici et essayer de résoudre quelques problèmes qui intéressent également l'histoire de la science et l'histoire de la pensée cartésienne. Le premier de lous est celui-ei : Oui ou non, Fermat était-il lui-même en possession de la mé- thode qui caractérise la Géométrie Analytique, quand parut la Géométrie de Descartes?.… Il semble bien que nous devions répondre : Oui. Après les publications si documentées du regretté Paul Tannery (OEuvres de Fermat, OEuvres de Descartes), le doute ne parait plus possible. La Géométrie de Descartes parut, comme on Sait, à Leyde en 1637, à la suite du Discours de la Méthode, et accompagnée de la Dioptrique et des Météores. Un exemplaire du volume avait cireulé en France avant la fin de l'impression, et une partie du livre, la Dioptrique, avait été soumise à Fermat : le Père Mersenne avait tenu à connaitre REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. son opinion sur ce traité. Mais nous sommes bien sûrs que seule celte partie du volume avait été placée sous les yeux du géomètre toulousain, car celui-ci dit à la fin de sa lettre à Mersenne, après avoir formulé ses objections contre la Dioptrique : « J'attends la faveur que vous me faites espérer de voir par votre moyen les autres livres de M. Descartes". » Descartes répond, le à octobre, aux critiques de Fermat, que Mersenne s’est empressé de lui faire connaitre, et, à son tour, Fermat répond à Des- cartes dans une lettre à Mersenne, dont n'avons pas la date précise, mais qui, assurément, n'est pas antérieure au 1° novembre. Cette lettre, qui, dans la pensée de l'auteur, était destinée à être lue par Descartes, ne contient pas la moindre allusion à la Géométrie : Fermat n’en a pas encore eu communication. Selon loute probabililé, il ne la lit que vers la fin de cette même année 1637, nous 1 Maxxery et Hexny : Œuvres de F'ermat, L. I, p. 1 = G. MILHAUD — DESCARTES ET LA GÉOMÉTRIE ANALYTIQUE Aussilôt après, comme l'indique Baillet, il charge son ami Carcavi, dépositaire de ses écrits, de faire parvenir à Descartes, par l'intermédiaire de Mer- senne, ses principales œuvres mathémaliques:; et plusieurs lettres de Descartes à Mersenne — dont la dernière est encore du mois de janvier 1638 — confirment, par leurs discussions et allusions, l'envoi déjà fait par Mersenne : 1° du /e Maximis et Minimis; 2% du De Locis planis et solidis. Les dates sont assez éloquentes et excluent l'hypothèse que quelque chose, dans ces travaux, eût pu être inspiré par la Géométrie de Descartes. Il y a plus : nous pourrions croire que le De Locis planis et solidis, que Descartes dit avoir reçu, estseulement l'Zsagoge ad locos planos et solidos.Or, Fermat, apprenant que Roberval et Pascal (Étienne) viennent de prendre sa défense contre Descartes, à propos du De Maximis et Minimis, demande à Mersenne, en février 1638, ce que ces messieurs pensent aussi de son /sayoge et de son Appendix : d'où résulte que les manuscrits de Fermat que Carcavi avait été chargé de mettre en circulation dès la fin de décembre 1637 comprenaient non seulement le De Maximis et Minimis et l’Zsagoge ad locos planos et solidos, mais encore l'Appendix. Or, quel était le contenu de ces écrits? Tous les historiens des Mathématiques ont insisté sur la méthode par laquelle Fermat trouve les maxima et minima, et sur sa construction des langentes, — qui ne nous intéressent ici, d’ailleurs, qu'indirecte- ment, Mais je crois bien qu'avant la publication des œuvres de Fermat par Paul Tannery et Charles Henry, l'attention n'avait guère été appelée sur l'Isagoge et l'Appendix. Le premier de ces traités énonce, dès le début, le genre d'analyse auquel sera soumise la recherche générale des lieux « Toutes les fois que, dans une équation finale, on trouve deux quantités inconnues, on à un lieu, l'extrémité de l'une d'elles décrivant une ligne droite ou courbe. La ligne droite est simple et unique dans son genre; les espèces des courbes sont en nombre indéfini : cercle, parabole, hyper- bole, ellipse, ete... » — « Il est commode, pour établir les équations, de prendre les deux quantités inconnues sous un angle donné, que d'ordinaire nous supposerons droit, et de se donner la position etune extrémité de l’une d'elles; pourvu qu'aucune des quantités inconnues ne dépasse le carré, le lieu sera plan ou solide, ainsi qu'on le verra clai- rement ci-après... » Fermat étudie alors séparément les cas suivants : 1° l'équation aux deux variables, à et e, est du pre- mier degré; % elle est encore du premier degré par rapport à chacune des variables, mais contient le produit ae; 3° elle est du second degré par rapport à l'une au moins des variables, avec ou sans rectangle ae. Il part, chaque fois, d’une équation assez simple pour qu'on y lise sans diffi- cullé une propriété géométrique caractéristique du lieu, droite (da — be) ou hyperbole (ae = 7"), ete.; puis il montre que l'équation plus générale se ramène sans peine, par un changement de varia- bles, au cas particulier d'abord envisagé. Par exemple, voici l'étude de la droite : Soit NZM une droite donnée de position, dont on donne le point N. Qu'on égale NZ à la quantité inconnue 4, et la droite ZI (menée sous l'angle donné NZ1) à l’autre quantité inconnue e. Soit : da = be!. Le point [ sera une droite donnée de posilion. h à a En effet, on aura Te = Donc le rapport est donné, ainsi que l’angle Z. Donc le triangle NIZ est donné d'espèce, donc l'angle INZ. Mais le point N est donné, ainsi que la posilion de la droite MZ. Done NI sera donné de position. La synthèse est facile. On ramènera à celte équation toutes celles dont les termes sont soit donnés, soit formés par les inconnues a ete, multipliées par des droites don- nées ou bien prises simplement. z" — da = be. Soit posé z"=— dr. On aura: h T— à CE Soit pris MN — 7; le point M sera donné et l'on aura MZ = 1 — à. Le rapport ZI sera donc donné, ainsi que l’an- gle en Z. Donc le triangle IZM sera donné d'espèce, et, en joignant MI, on conclura que celle droite est donnée de posilion. Ainsi le point [ sera sur une droile donnée de position, et la même conclusion se lirera sans difficulté pour toute équalion qui aura des termes en à ou e seulement *. » La considération de quelques Lypes d'équations simples du second degré, auxquels on peut rame- ner toules les autres, fournit à Fermat une étude | analytique complète de l'équation générale du second degré à deux variables. Le traité se termine: par une application à une « très belle proposition »,, à savoir: « Étant données de posilion des droites en nombre quelconque, si d'un même point on mène à chacune d'elles une droile sous un angle donné, et que la somme des carrés des droite | ‘ C'est le langage de Fermat simplifié. 2 Traduction francaise de P. Tanxery : Œuvres de Ferma L III. | G. MILHAUD — DESCARTES ET LA GÉOMÉTRIE ANALYTIQUE 15 menées soit égale à une aire donnée, le point est : sur un lieu solide donné de position. » Dans l'Appendice au traité précédent, Fermat applique la méthode analytique qu'il vient d’expo- | ser à la solution des problèmes solides (traduisez: à la construction des racines des équations du troisième et du quatrième degré). « Le plus com- mode », dit-il, «est de déterminer la question au moyen de deux équations de lieux ; car deux lignes- lieux données de position se coupent muluellement, et le point d'intersection, qui est donné de posi- tion, ramène la question de l'indéfini aux termes proposés. » Soit l'équation & + ba — z")h. En égalant chacun des deux membres au solide bae, nous obtenons d'une part 4° + ba — bae, ou & + ba — be. D'autre part, z"b— bae, ou z"— ae; l'extrémité de e se trou- vera donc à l'intersection d’une parabole et d'une hyperbole données de position. De même, pour l'équation biquadratique a* + La + zta = d", en égalant chacun des deux membres à z'e*, Fermat la ramème à déterminer le point d'in- ® tersection d’un cercle et d’une parabole. Et, plus généralement, il vésoud tous les problèmescubiques el biquadratiques par un cercle et une parabole. Voilà ce que contenaient les écrits que Fermat faisait parvenir à Descartes, par l'intermédiaire de Carcavi et de Mersenne, dès le mois de décem- bre 1637. Il n'est pas nécessaire d'insister pour faire sentir à quel point la méthode cartésienne de représentation des lieux par des équations s'y trouvait clairement définie et appliquée, et à quel point aussi la préoccupation de Fermat d'en ürer la solution des problèmes solides est celle même de Descartes. Et ainsi, bien que la publica- tion des travaux de Descartes ait été la première en date, il est incontestable que, de son côlé, spon- tanément, et sans doute à peu près à la même époque, Fermat avail trouvé ce que beaucoup con- Sidèrent comme l'essentiel de la Géométrie carté- sienne. IT Mais il est difficile de formuler pareille conclu- Sion sans qu'aussitôt un nouveau problème se pose. Comment l'histoire de la pensée scientifique au xvi® siècle ne nous fait-elle pas assister à quelque grand débat sur la priorité de la découverte ? On sait quelles interminables querelles a sus- citées, entre les partisans de Newton et ceux de Leibniz, l'invention du Calcul infinitésimal. Rien de semblable à propos de la Géométrie analytique : nous trouverons difficilement, soit dans la corres- pondance échangée entre savants, soit chez les his- toriens des Mathématiques, la moindre trace d'une dispute sur cette grave question. Dira-t-on simplement que Fermat fut un mo- deste ; que, devancé par la publication de Descartes, il s'incline sans hésiter devant les droits, en quelque sorte légaux, que cette publication conférait à son rival, et qu'il se contenta de faire connaitre ses travaux à Descartes lui-même et à quelques amis, sans songer à réclamer davantage pour sa ré- putation? — Sa correspondance mathématique de 1637 et 1638 contiendrait au moins, semble-t-il, des traces de ses réflexions à ce sujet... Or, à part quelques allusions vagues à ses recherches géné- rales sur les lieux, ce n’est guère de sa méthode de Géométrie analytique qu'il entretient ses cor- respondants. Quand il se soucie des jugements qu'on porte sur ses travaux, il songe surtout à son traité de Maximis et de Minimis. Tout au plus, dans le Post scriptum d'une lettre à Mersenne, il demande un jour ce que Robervai et Pascal pensent de l’/Zsagoge et de l'Appendix; mais pas une seule fois nous ne le voyons observer ou insinuer que la méthode de Descartes n’est autre que lasienne. Il parle assez souvent de sa Méthode, il en est fier, il en énumère avec joie toutes les nouvelles applications. Mais, pour qui y regarde de près, « sa Méthode » — sans qu'il sente le besoin de la désigner autrement — c'est celle qui lui permet de trouver les maxima ou les minima et en mème temps de construire les tangentes aux courbes. Au reste, il ne dépendait pas de Fermat qu'on soulevàt un débat de priorité. Ses manuscrits, une fois connus du monde savant, n'allaient-ils pas fournir un aliment aux discussions que le père Mersenne savait si habilement susciter et entre- tenir autour des travaux de Descartes, — quand, d'ailleurs, les contradictions ou les accusations de plagiat ne surgissaient pas spontanément? Et si, autour du Minime, la vivacité des querelles se trouvait atténuée par le talent et le caractère de la plupart des correspondants, de sorte que sou- vent l'àpreté de la dispute semble due à l'extrême susceptibilité de Descartes lui-même, — il n’en est plus de même ailleurs. lei, c’est Vossius qui est tout heureux de signaler, dans un vieux manuscrit du Hollandais Snellius, l'énoncé de la loi de la réfraclion, et qui ouvre la question — non encore tranchée définitivement — de savoir si Descartes avait eu ce manuscrit en sa possession. Là, c'est Cavendisch qui, de passage à Paris, montre à Ro- berval un ouvrage posthume de Harriot, publié à Londres en 1631, sur la résolution des équations, et — qu'il l'ait voulu ou non — donne si bien corps à une accusation de plagiat que le grand mathé- maticien anglais Wallis n'a pas craint d'attribuer à Harriot la paternité de l'analyse de Descartes, et que Leibniz lui-mème, sans lrancher la question, 76 mentionne celte découverte faite par les Anglais. — Enfin, faut-il rappeler toute l'insistance que Descartes crut devoir mettre à affirmer l'originalité contestée de sa Géométrie, à montrer lui-même de quelle distance il dépassait Viète et ses contempo- rains ? Or, je ne crois pas qu'un mot ait jamais été dit par personne, au cours de ces dispules du xvir' siècle, sur les titres que donnait à Fermat sa méthode de Géométrie analytique. Il est sans cesse question de la solution de Fermat et de celle de Descartes pour le problème des tangentes aux courbes; les objections de Descartes contre la règle de Fermat suscilent une grande querelle où Pascal et Roberval prennent énergiquement la défense du géomètre toulousain. Mais ni l'un ni l'autre ne songent, pour rehausser les titres de leur ami, à signaler ce que son Zatroduction aux lieus plans et solides contenait de particulièrement intéressant; — et, si Fermat, une fois incidem- ment, est amené interroger Mersenne sur l'impression qu'ils en ont eue, je ne connais aucune lettre où cette impression ait été com- muniquée. Quant à Descartes, n'a-til aucune remarque à faire quand il jelte les yeux sur l’/sagoge et l'Ap- pendix? Certes, il pouvait encore penser que sa Géométrie renfermait bien d'autres richesses, mais du moins ne manifestera-t-il aucun sentiment, de quelque sorte que ce soit, à la vue du principe fondamental de la représentation des lignes par leurs équations, d'une lentalive de classification des courbes d'après le degré, qui s'arrête, il est vrai, chez Fermat, au second degré, d'une résolution générale des équations cubiques et biquadratiques par l'intersection d’un cerele et d’une parabole ? Dès qu'il recoit le De Maximis et Minimis, il écrit une série de lettres où il s'entête à une critique, inexplicable d'ailleurs, de la méthode de Fermat pour la construction des tangentes; et, quant au traité De locis planis et solidis, qui lui arrive seu- lement quelque jours après le premier, voici tout ce qu'il trouve à dire à Mersenne : « Je ne vous renvoye point encore les écrits de monsieur Fermat De locis planis et solidis, car je ne les ay point encore lus, et, pour vous en parler franchement, je ral ne suis pas résolu de les regarder que je n’aye veu premièrement ce qu'il aura répondu aux deux lettres que je vous ay envoyées pour luy faire voir". » Il est difficile de croire que Descartes n'ait pas eu la curiosité de jeter les yeux, si rapidement qu'il l'eûL fait, sur ces travaux, et n'y a-t-il pas alors de quoi s'étonner singulièrement du silence qu'il observe, quandsilonglemps encore ses lettres seront pleines d’allusions aux problèmes et aux méthodes G. MILHAUD — DESCARTES ET LA GÉOMÉTRIE ANALYTIQUE proposés nolamment par Fermal? Et quoi! lui qui vient de doter la science mathématique de ce merveilleux instrument qui va permettre, — Des- cartes n’en a-t-il pas le sentiment, — les découvertes les plus fécondes et les plus inattendues, il n'a pas un mot, pas une remarque, quand il constate que l'essentiel de sa méthode était déjà l'œuvre d'un autre ? Lorsqu'il s'agit de l’un des problèmes traités dans sa Géométrie, la construction des langentes aux courbes, il accepte difficilement l'idée qu'on puisse mettre en parallèle avec la sienne la solution d'un autre, et, quand c’est le principe fondamental qui est en jeu, il ne manifeste aucune préoccu- pation et ne songe pas à prévenir, par une lettre à Mersenne, les remarques désobligeantes dont ne se priveront pas sans doute les nombreux amis de Fermat? Et bien non... Ni Descartes, ni Fermat, ni Roberval, ni Mersenne, ni Pascal, ni aucun de ceux qui avaient si naturellement, semble-t-il, un jugement à formuler, ne souligne d’un mot ce fait considérable que la Géométrie analylique de Des- cartes se trouvait clairement définie, dans son prin- cipe et ses applications, par des écrits de Fermat antérieurs à la Géometrie. J'avouerai que de semblables réflexions m'ont empêché longtemps de croire à la réalité du fait lui-même. Mais la lecture de la correspondance de Descartes, de Mersenne et de Fermat ne permetlant plus de douter, force nous est de chercher ailleurs la solution de l'énigme, et il n'est pas impossible de la trouver. Si les Mathémaliciens du xvn° siècle pouvaient eux-mêmes nous tirer d'embarras, ils nous diraient très simplement : « Descartes et Fermat ont fait de très belles découvertes, l'un et, l'autre; mais, de gràce, ne leur attribuez ni à l'un ni à l'autre une invention qui dale, en réalité, des géomèlres grecs: cessez de vous élonner si, appré- ciant et discutant leur mérite, nous avons négligé d'insister sur leur idée toute naturelle d'en revenir à l'analyse des Anciens ». Un tel jugement semblera paradoxal à beaucoup de nos contemporains : c'est qu'il diffère radica- lement, en vérilé, de ce que les historiens et les penseurs du xIx° siècle nous ont enseigné. On se rappelle dans quels termes Auguste Comte appré- ciait l’'admirable conception de Descartes relative . à la Géométrie analytique : « Celte découverte fon- damenlale, qui a changé la face de la science mathé- matique, et dans laquelle on doit voir le véritable germe de tousles grands progrès ultérieurs, qu'est- elle autre chose que le résultat d’un rapprochement établi entre deux sciences, conçues jusqu'alors d'une manière isolée? ! » Ailleurs, il explique * ADAM et TANNERY : Œuvres de Descartes, t. 1, p. 503. 1! Cours de Phys. pos., 1"e lecon. és 1 n G. MILHAUD — DESCARTES ET LA GÉOMÉTRIE ANALYTIQUE 11 ramener les idées de situation et de forme à des idées de grandeur ‘. C'estcelte appréciation, si aisée à retenir el à formuler, qui prend place définitive- ment dans l'histoire dela Philosophie moderne. Nous la retrouvons, par exemple, chez l'un des derniers et des plus pénétrants commentateurs des inten- lions mathématiques de Descartes, chez M. Liard. M. Liard a bien compris que Descartes a eu en vue de constiluer une Algèbre plutôt qu'une Géomé- trie; mais, sur le moyen employé pour cela, c'est- à-dire sur la Géométrie analytique elle-même, son jugement ne diffère pas, au fond, de celui de Comte : « Le premier, dit-il, Descartes vit que la forme d'une figure résulte de la position des points dont elle se compose et que cette position peut être déterminée par des grandeurs, abstraction faile de toute idée de forme. Il ramena ainsi la forme à la grandeur par l'intermédiaire de la position ? ». Et l’idée est si fortement ancrée dans les esprits qu on en trouve des traces même chez un hislorien des Mathématiques comme Maximilien Marie. Après avoir dit tout ce qu'il faut pour nous amener à penser que les Grecs ont déjà fait de la bonne Géométrie analytique, il donne l'impression qu'à ses yeux le procédé cartésien ne marque pas seule- ment un progrès, mais est l’origine d'une révolu- tion radicale. En fait, cette manière de voir est relativement récente. Si nous nous reportons au xvii siècle, nous ne trouvons rien de semblable. Descartes est souvent conduit à parler de sa Géométrie, il insiste sur ce qu'elle apporte de vraiment nouveau, — et l'on comprend qu'il soit pour cela fort peu embar- rassé, — mais c'est surlout sur les résullats que se porle son attention. Certes, il les rattache volon- tiers à sa méthode générale, mais il s'agit là de sa fameuse méthode qu'il ne faut pas confondre avec la méthode analytique de représentation des lignes par les équalions. « J'ai seulement lasché, dit-il à Mersenne, par la Dioptrique et par les Météores, de persuader que ma méthode est meilleure que l'or- dinaire, mais je prétends l'avoir démonstré par ma Géométrie » *. Et comment l'a-t-il démontré? Il a résolu complètement le problème de Pappus; il a simplifié le langage algébrique appliqué à la Géo- métrie en faisant toujours correspondre une ligne droite à toute combinaison quantitative de lon- gueurs ; il a fait une étude des courbes, qui le con- duit à une classification rationnelle, et à des règles générales pour trouver les tangentes; surtout enfin, pour la résolution des équations, il a com- mencé là où Viète a fini. Il aime particulièrement à insister sur ses découvertes algébriques, et c’est LTd., 12e lecon. ® Louis Lraro : Descartes, p. 39. * Œuvres de Descartes, t. 1, p. 418$. | à propos d'elles qu'il parle le plus volontiers d’ap- plication de sa méthode. Quand, par exemple, au milieu du second livre, le plus géométrique des trois qui composent sa Géométrie, il vient d’iden- tifier un polynome à un produit contenant un carré en facteur, « je veux bien en passant, dit-il, que l'invention de supposer deux équations de même forme, pour comparer séparément tous les termes de l’une à ceux de l’autre, et ainsi en faire naître plusieurs d'une seule, dont vous avez vu ici un exemple, peut servir à une infinité d'autres pro- blèmes, et n'est pas l’une des moindres de la méthode dont je me sers ». Je ne citerai pas tous les passages des lettres de Descartes où se mani- feste son sentiment d'avoir surtout transformé l'Algèbre. Le lecteur en trouvera quelques-uns dans l'ouvrage de M. Liard, —et je me contenterai d'en appeler à un seul autre témoignage. On sait que Descartes parle assez souvent d'une Introduc- tion à sa Géométrie, qu'a rédigée un aulre que lui, ce qui à ses yeux a été préférable, pour permettre à tout le monde de comprendre son livre. Or, nous avons la bonne fortune de posséder celte Intro- duction. Comme l’a démontré M. Henri Adam, c'est elle qui figure à la Bibliothèque royale de Hanovre, parmi les papiers de Leibniz, quoique n'étant pas de l'écriture de Leibniz, sous le titre : Calcul de M. Descartes. Avant de jeter les yeux sur son contenu, demandez-vous, je vous prie, COm- ment vous l’auriez concue vous-même, pour pré- parer le mieux possible un contemporain de Descartes à la lecture de son ouvrage. Est-il exa- géré de dire que vous auriez consacré un long premier chapitre à la définition des coordonnées, à l’idée de la représentation des lignes par des équa- tions, et que vous auriez mulliplié lesexemples pour habiluer l'esprit à substiluer le maniement des égalités algébriques à celui des figures ? — Vous n'imaginez pas à quel point vous vous seriez éloigné ainsi du plan du traité où Descartes a trouvé la meilleure Introduction possible à l'intelligence de sa Géométrie. Voici les titres des différents cha- pitres : I. Calcul des polynomes ; — II. Des fractions; — III. Extraction de la racine quarrée ; — IV. Des quantités sourdes (lisez : irrationnelles) ; — V. Des équations. Après quoi, le traité se termine par quatre problèmes donnés en exemple. Et l'idée fondamentale de la Géométrie analytique? Une seule allusion y est faite dans les explications théoriques, et voici comment. On vient de dire que les équations doivent êlre, pour les problèmes déterminés, en aussi nombre que les inconnues, et l'on ajoute : « Que si l'on ne peut trouver autant d'équations qu'on a supposé de grand 1 Bull. des Sc. math., 1896. T8 G. MILHAUD — DESCARTES ET LA GÉOMÉTRIE ANALYTIQUE lelires inconnues, cela est un indice que le pro- blème n'est pas entièrement déterminé. Et alors, on peut prendre pour l'une des lettres inconnues telle quantité qu'on voudra, et de sa variélé naissent plusieurs points qui tous satisfont à la question, et qui composent des lieux plans, solides ou linéaires, s'il n'y a qu'une équation qui manque, et des lieux de superficie, s’il y en avait deux de manque, et ainsi des autres” ». L'un des exemples est, il est vrai, un problème indéterminé, où la question se résoud par conséquent par un lieu, mais sans autre explication supplémentaire. L'auteur de ce traité, approuvé par Descartes, procède absolument comme si l'idée de la représentation des lieux par des équalions était familière au lecteur, et comme si la manière dont la pratique Descartes ne se dis- tinguait que par le perfectionnement de son calcul algébrique. Nul doute que ces dispositions ne fussent con- formes à l’état d'esprit de tous les Géomètres contemporains. Fermat déclare que, chez les Anciens, la recherche des lieux n'était pas suffisam- ment aisée; mais il a bien le sentiment que son analyse, plus simple il est vrai, se présente comme une suite naturelle aux travaux des Apollonius et des Archimède : il s'y est préparé lui-même, d'ailleurs, par la reconstilution des lieux plans d'Apollonius. Leibniz, dans ses appréciations sur la Géométrie de Descartes, se montre très expressif. Après avoir dit que c'était Golius, très versé dans la Géométrie des Anciens, qui avait appelé l'attention de Des- cartes sur le problème de Pappus, il ajoute : « Ce problème cousla six semaines à M. des Cartes et fait presque tout le premier livre de sa Géométrie. Il servit aussi à désabuser M. des Cartes de la petite opinion qu'il avait eue de l’analyse des Anciens. J'ai cela de M. Hardy qui me l'a conté autrefois à Paris...» A la vérité, Descartes n'a jamais été pro- digue d'admiration pour l'analyse des Anciens, et lon chercherait vainement un mot, dans sa corres- pondance, atténuant le jugement que contient le Discours de la Méthode. Mais l'appréciation de Leibniz n'en a pas moins son imporlance. À ses yeux, la méthode qui a permis de résoudre le pro- blème de Pappus, et qui a ainsi conduit Descartes à tant de beaux résultats, n’est autre que l'Analyse des Anciens? III Au surplus, il est temps de se demander qui donc a raison des hommes du xvu° siècle ou de ceux du xIx°. Ceux-là ont-ils exagéré l'importance ! Bull. des Sc. math., 1896, t. 1, p. ? GERHARDT : ÉAIV, pe 316. ? Descartes d’ailleurs, quand il ne s'agit plus de lui, mais 241. Fem. sur l'abrégé de la vie de M. des Cartes, du lien qui les raltachait aux Anciens? Ou est-ce nous qui avons décidément oublié ce que leur doivent les mathémaliciens modernes? Je ne crois pas qu'une hésitation soit possible. Si nous faisons abstraction des progrès réalisés dans l'expression, dans la forme du langage quantitatif, progrès aux- quels les géomètres du xvi® et du xvn' siècle, notamment Viète et Descartes, ont tant contribué, la Géométrie analytique, la définilion et l'étude des courbes d'après les relations quantitatives qui lient les coordonnées d’un point, la recherche el le maniement des lieux correspondant aux égalités où entrent des combinaisons de longueurs et de surfaces, en particulier l'application de ces lieux à la construction de certaines longueurs inconnues, tout cela a été manifestement l'œuvre des Grecs. Et d'abord il n'est pas nécessaire, je crois, d'insister sur l'erreur de cette formule dont on à abusé, et aui montre dans la Géométrie de Des- carles la première ‘substitution de la quantité à la forme pour l'étude des courbes. Il n'est pas une courbe, pas même le cercle, dont la définition et l'étude géométrique ne s'’accompagnent, chez les Anciens comme chez les Modernes, d'une propriété quantitative caractéristique; et nous avons fait remarquer ailleurs quel soin rigoureux l'auteur des Éléments prenait déjà d'éliminer de ses démonstrations tout ce qui aurait pu être un appel à l'intuition de la forme. Pour que de ces préoc- cupations naquil la Géométrie analytique propre- ment dite, il fallait qu'on voulûl systématiquement traduire les propriétés quantilatives caractéris- tiques en fonction des coordonnées d'un point. Or, c'est ce qui se trouve fait incontestablement dans la théorie des coniques, bien avant Apollonius. Tout le monde sait comment se trouvent définies, chez les Grecs, les sections d'un cône par un plan : chacun des trois cas se distingue par la nature particulière de la relation où se trouve le carré de l'ordonnée par rapport au rectangle que forme l'abscisse avec une longueur donnée. Il y a égalité entre le carré et ce rectangle, si le plan sécant est parallèle à une arète du cône, et la section se nomme alors parabole. Quand le plan sécant ne coupe qu'une nappe du cône, le carré est inférieur au reclangle d'une quantilé proportionnelle au carré de l'abscisse, et la section se nomme ellipse. Enfin, quand le plan coupe les deux nappes du cône, le carré dépasse le rectangle d’une quantité proportionnelle au carré de l’abscisse, et la section se nomme 2yperbole. Le langage élait assurément très lourd, mais qu'importe? les noms mêmes de ses contemporains, comme Fermat, de qui il a lu au moins, à ce moment, le traité de Maximis et Minimis, déclare que « aucun n'a rien sceu faire que les Anciens aient ignoré » (Lettre à Mersenne, t. 1, p. 479). G. MILHAUD — DESCARTES ET LA GÉOMÉTRIE ANALYTIQUE TI] donnés aux trois courbes sont fort éloquents. Ces expressions proviennent de problèmes quantitatifs déjà posés par les Pythagoriciens et complètement traités sous leur forme la plus générale dans le sixième livre d'Euclide. Les mots e/lipse et hyperbole indiquent que la surface à appliquer (x202631ew) à une droite donnée doit être en défaut ou en excès (2khkeïroy aider, Ürsp6tAloy eïèer) d'une autre surface donnée. L'application à une droite d'un rectangle égal à un carré donné s'appelait le pro- blème de l'application ou de la parabole simple (rapaboki). . Ces termes sont empruntés à ce qu'on pourrait appeler l'algèbre courante des Grecs; ils étaient usilés bien avant qu'il fût question des sections du cône. - Les axes de coordonnées sont ordinairement le diamètre de la section et la tangente en son extré- mité. Mais le géomètre grec ne s’astreint pas à ce choix unique, et les coordonnées pourront avoir des directions quelconques, non plus même liées à la conique, comme, par exemple, lorsqu'il s'agit de l'étude de l’hyperbole par rapport à ses asymp- totes : Apollonius prend pour coordonnées d'un point les parallèles à des directions fixes quel- conques menées par le point et limitées aux asymp- totes ; ce sont, si l'on veut, les distances obliques aux asymptotes, prises dans des directions fixes tout à fait arbitraires. Il établit ainsi d'une manière très générale ce que nous appellerions l’équation de l'hyperbole rapportée à ses asymptoles. Mais tout cela, dira-t-on peut-être avec Maximilien Marie, n’est pas vraiment la Géométrie analytique ; celle-ci « ne consiste pas à rapporter uniquement une courbe à un système d’axes choisi exprès pour elle, puis une autre courbe à un autre syslème d'axes. Au contraire, elle consisie à rapporter au même système d'axes toutes les courbes simulta- nément envisagées dans une même recherche, de façon à remplacer l'étude de leurs conlingences par celle des solutions communes à leurs équations* ». Quelques lignes plus loin, Marie sent cependant qu'il doit mentionner une exception : « J'ai bien €ru pouvoir signaler dans Archimède quelques westiges d'éléments de Géométrie analytique, mais cest parce que (savourez ce que cette expli- calion a de délicieux) c'est parce que ce grand homme, ayant à mettre en relation une parabole et une droite, exprime, comme nous le ferions aujourd'hui, la tangente de l'angle que la droite fait avec l'axe de la parabole, au moyen du rapport de la différence des ordonnées de deux de ses .* CT. P. Taxwery : De la géométrie grecque et de la solu- tion du problème du second degré avant Euclide. Mémoires de Ja Soc. des Sc. phys. et nat. de Bordeaux, t. IN. DUPUN D: 11. points à la différence de leurs abscisses ». — Maisil y à mieux que cet exemple pour répondre aux exigences de Marie. À défaut des études sur les lieux solides, qui composaient le livre malheureu- sement perdu d’Aristée, je rappellerai un problème familier à l'Antiquité grecque, sur lequel aucun renseignement ne nous manque, et qui est fort instructif: il s'agit de la construction des deux moyennes proportionnelles. La tradition en ratta- che la première recherche à la question de la duplication du cube. C'est là vraisemblablement, en effet, la première occasion qui s'offrit de résoudre ce que nous appellerions l'équation du troisième degré, privée du second et du troisième terme; mais ce ne fut pas la seule. Archimède rencontre plusieurs fois une relalion quantitative analogue (par exemple, s’il s'agit de construire une sphère égale à un cylindre donné). Comment procède alors le géomètre grec? IL dit simple- ment que la question se ramène à la construction connue de deux moyennes proportionnelles entre deux longueurs données. Qu'est-ce à dire? Au lieu d'une inconnue, il en prend deux. Nous dirions simplement aujourd’hui qu'ayant à résoudre : x — 4 D; il prend une deuxième inconnue, pr, telle que l'on ait : Les deux inconnues satisfont ainsi naturellement à deux relations, et il suffira de considérer ces in- connues comme les coordonnées d'un point com- mun aux lieux géométriques, définis par ces rela- tions, pour qu'on sache les construire.Je n'exagère rien, et, pour en convaincre le lecteur, voici la solution du problème, telle que l'avait donnée Me- nechme, et lelle qu'elle nous est conservée par Eutocius, dans son Commentaire sur Archimède. Je traduis littéralement, sans changer rien aux notations ‘ : « Soient données les droites A et E. Il faut trouver entre À el E deux moyennes propor- tionnelles. Supposons-les trouvées, et soient B, F, ces moyennes. Traçons la droite AH que nous limi- terons au point À; portons sur elle AZ égale à |, et élevons la perpendiculaire @Z, sur laquelle nous prendrons @Z égal à B. Puisque les trois longueurs A, B, F, sont proportionnelles, le carré sur B (ro ro B) est égal au rectangle construit sur À et l (r& 6x0 rüv A xat l). Donc le rectangle construit sur la ligne donnée À et sur AZ est égal au carré sur OZ. Done le point @ est sur une parabole décrite par A. Traçons les parallèles OK, AK. Comme le rec- tangle construit sur B et l est donné, — car il est HeiserG : Œuvres d'Archimède, t. IL, p. 95. 80 R. BLOCHMANN — PROTECTION DES NAVIRES CONTRE LES MINES ET LES TORPILLES égal au rectangle construit sur À et E, — le rec- angle construit sur les lignes KO et OZ est donné. Le point @ est donc sur une hyperbole qui admet KA et AZ pour asymptotes. Le point © est donc donné et aussi le point Z. » Après l'analyse ainsi exposée, le géomètre grec reprend la démonstration par synthèse. J'en fais gràäce aulecteur, qui la reconslituera aisément. À la suite de cetle solution de Menechme, Eulocius nous en fait connaitre une seconde, due au même géomètre, et qui conduit à l'intersection de deux paraboles (celles dont nous écririons les équations : near) Il est inutile d’insisler, je crois, pour montrer l'identité, quant au fond, de pareils procédés avec ceux qu'emploieront Fermat et Descartes, et je doute que Marie lui-même, si son attention s'était suffisamment portée sur de pareils exemples, eût refusé d'y reconnaitre la Géométrie analytique telle qu'il l’a définie. Est-il besoin d'ajouter qu'il y a assurément loin encore du langage quantitalif si lourd des géo- mètres anciens à l'Algèbre de Descartes ? Mais ce que l’on oublie {rop souvent, c’est que, si mer- veilleux que soient les résultats nouveaux apportés = — par Descartes et ses contemporains, ils viennent tout nalurellement à la suite des travaux des Grecs. Même pour l'Algèbre, même pour la résolution des racines d'une équalion, en dépit de la simplicité de la langue nouvelle, les méthodes sont suscitées par l'exemple des Anciens. Et cela est vrai pour Vièle lui-même, qui, pourtant, ne cherche pas de lieux par la Géométrie analytique : le procédé général par lequel il ramène la résolution des. équations du 3° et du 4 degré à celle d'équations plus simples, et qui consiste à introduire, en outre de l'inconnue À, une deuxième inconnue E, de telle sorte qu'on ait deux relations au lieu d’une, entre Aet E, ne rappelle-t-il pas, au fond, le pro- cédé des Grecs pour l'équation du 3° degré? Fermat, en revenant plus franchement à l'analyse: géométrique des Anciens, continuera Vièle aussi, dont il respectera jusqu'aux notations a el e, pour les inconnues dont il fera des coordonnées, et Des- cartes dira qu'il commence où Viète a fini. La vérité est que, pour les uns el les autres, c'est la connaissance des travaux anciens qui excile leur ardeur et féconde leur génie. G. Milhaud, Professeur à l'Université de Montpellier. LA PROTECTION DES NAVIRES DE GUERRE CONTRE LES MINES ET LES TORPILLES Pendant la récente guerre russo japonaise, un de croiseurs et de par des mines ou des torpilles, c'est-à-dire qu'ils ont été ou eoulés inmédiatement, ou fortement avariés, de telle sorte qu'ils se sont trouvés en. tout cas hors de combat. grand nombre de cuirassés, canonnières ont été détruits De nombreux essais ont élé tentés pour augmenter l'effet Ce résultat ne peut, cependant, guère être obtenu par encore de ces armes sous-marines. une augmentation de la charge, car une charge plus forte entraine également une augmentation très sensible des dimensions et du coût de l'engin, landis que l’effet est loin de croître dans les mêmes proportions que la charge. Un grand progrès pour la torpille consiste dans l'augmentation de la portée, qui a été amenée, en ces derniers temps, de 500-600 mètres à 2.000 mètres. Les nouveaux supports de la torpille ont rendu l'emploi de cette arme considérablement plus facile dans le canot sous-marin et dans le canot submer- sible, lesquelsontdonné à cel engin une importance plus grande, en dehors de son emploi sur les tor- pilleurs avec les tubes de lancement aériens et de l'emploi général des tubes de lancement sous-marins à bord des cuirassés et des croiseurs. Les mines elles-mêmes, qui jusqu'ici étaient considérées comme moyen de défense des côles, trouvent maintenant un emploi plus étendu, en ce sens que, dans la guerre russo-japonaise, elles n'ont pas servi simplement à empêcher l'accès des ports et des côles, mais qu'on les a aussi utilisées fréquemment en haute mer, en les disséminant de nuit ou en cachette sur le parcours que l'adversaire devail suivre vraisemblablementou qu'on l'obligeait à suivre. À la suile des succès obtenus par l'emploi des mines el des torpilles, la prépondérance du vaisseau de ligne dans la marine de guerre a élé sérieuse- ment conteslée par les personnalités les plus di- verses, nolamment en France, el, parmi elles, se trouvent des hommes compétents. On à dit, entre autres, que, si ce colosse de cuirassé qui coûte tant de millions peut être détruit d'un coup par une" mine où une torpille, il serait plus pratique d'em- ê + LS | F É ployer le prix de revient d'un gros vaisseau de ligne à la construction d'une série de navires plus petits, tout aussi capables de livrer un combat sur mer que l'ancien cuirassé si lent et si coûteux. Cette dernière phrase contient toutefois un sophisme. Sans l'appui au- près de l'escadre arme si coûteuse, valant une trentaine de millions de francs, il sera absolument indispensable à l'ave- nir de renforcer la cuirasse protectrice sous-ma- rine, de telle sorte que le coup de lorpille ne soit plus un danger sérieux pour le vaisseau et ne le mette plus hors d'étatde naviguer, voire même de de cuirassés, les D = petites unilés au- raient élé dans combattre. Onréagiraitain- l'impossibilité _ d'obtenir des suc- si du même coup contre le danger des mines el con- cèsdehasard.Pour prendre un exem- _ pledansl'arméede tre les atteintes de l’arlillerie en des- | terre, c'est comme _ si, à la suite d'un succès fortuit ob- - tenu par un déta- : chement de cava- S Ÿ RE RTE sous de la ligne de flottaison, qui se sont produites fréquemment dans la guerre russo-ja- lerie à la faveur ponaise. | û d'une surprise, on | neparlait plus que . de renforcer la ca- | valerie, parce que, Soi-disant, l'infanterie et l'artillerie n'auraient plus | Jeur raison d'être. Ce qui fera toujours la vraie force | des flottes, c'est le vaisseau de ligne solidement Guirassé, capable de parcourir de grandes distances, ét muni de grosse artillerie à longue portée, auprès duquel les petites _ unitéstrouvent Fig. 4. — Coupe transversale d'un vaisseau de ligne de construction ancienne. Il est évident qu'un lel disposi- tif entraine non seulement une augmentation du poids et, par conséquent, du dé- placement, mais aussi des frais élevés. Toutefois, ce sacrifice sera compensé par la plus grande sécurité qui en résulle pour le navire lui-même et par le sentiment de celte sécurilé plus grande, qui est tout à l'avantage de l’é- quipage, comme _ soutien et prolec- tion. Ce n'est que aussi par la supé- riorilé et la ma- _ grâce à leurs gros … Cuirassés, pOur VUS de lourdes pièces d'artillerie à lon- jeure possibilité d'emploi qui en seront la consé- quence. C'est tout à la fois une as- … gue portée, que les … Japonais ont vain- cu la floite russe _ étqu'ilsl'ontcons- -tamment refoulée contre Port-Ar- surance contre le danger des torpil- les et des mines, et contre les at- teintes de l’arlille- thur; sans les gros _ Cuirassés.ils n'eus- sent jamais pu ob- Lenir une victoire ._ aussi décisive con- “tre la flotie russe, comme le prouve la fuite du Cesa- revitch, à Tsingtau, poursuivi et cerné par les tor- pilleurs ennemis. Mais, pour mettre mieux que jus- qu'ici à l'abri de coups de hasard ce remarquable moyen de défense que représente un vaisseau de ligne, soit par sa propre puissance, soit comme . dépôt de vies humaines précieuses, el aussi comme Fig. 2. — Coupe transversale d'un cuirassé de construction moderue. rie au-dessous de la ligne de flottai- son. Le moyen utilisé actuellement con- tre les torpilles est le filet protecteur, lequel, cepen- ‘dant, ne protégeant que les flancs et laissant à découvert le fond du navire, ne répond pas au but, d'autant moins encore que la tête des torpilles est pourvue de ciseaux pour couper les filets, ce qui permet à la torpille d'atteindre la coque du navire. Lorsqu'ils sont tendus pendant la marche, ces filets entravent la facilité de mouvement. Puis, leurs supports seront déjà détruits par les projec- tiles dans les combats à grande distance, de sorte qu'au moment du € flancs du navire seront à découvert. En outre, ces filets sont égale- ment coûteux. Les divers moyens em- ployés par les ma- rines pour la re- cherche des mines ne sont pas non plus une sécurité absolue contre ces dernières, car, malgré les vapeurs qui précèdent les navires de guerre en tendant entre eux dans l’eau des càbles d'acier, des- tinés à provoquer l'explosion des mi- nes, il est arrivé que desexplosions se sont produites au passage des vaisseaux qui suivaient. Toute la méthode ne peut donc avoir de la valeur que dans des cas isolés, sans pouvoir trouver son applicalion dans une flotte qui attaque ou qui est elle- mére attaquée. Il La seule possibi- lité d'obtenir une garantie contre ce danger est dans la construction mieux appropriée dela coque et dans une distribution assurant une plus grande étanchéité. Des esquisses feront mieux coum- prendre ce que j'entends ici : La figure 4 re- présente la coupe ligne de Lype ancien. | | La figure 2 montre la coupe transversale d'un | | navire de constructio La figure 3 est la rassé du type Cesarevilch. A Enfin, la figure 4 ombat à courte distance les | que j'ai fait breveter. Fig 3. — Coupe transversale d'un cuirassé du type « Cesarevitch », avec cuirasse tenant depuis le pont protecteur jusqu à la base de la coque. | | | Fig. 4. — Coupe transversale d'un vaisseau de ligne avec triple fond et cuirasse protectrice sous-marine. transversale d’un vaisseau de | d’un double fond, on à employé un triple fond, | ce qui équivaut à une sorte de coussin adapté à la deuxième coque, car les compartiments élan- ches formés par les cioisons de séparation peu- vent être remplis d'air, de liquide ou de toute l'autre matière appropriée. Les longerons et les montre la coupe transversale | travées des couples sont disposés de manière à SM n moderne. coupe transversale d'un cui- d'un cuirassé avec lriple fond et blindage sous marin : c’est la construction nouvelle qui m'a paru répondre le mieux aux conditions du problème, e En comparant ces diverses figures, on constatera jusqu'au fond et construction semble avoir fait ses preuves dans le Cesarevitch, qui s'est enfui de Port-Arthur à Tsing- lau; mais il laisse le fond du navire à la merei, des mines et des attaques des torpilles par les facilement les pro- grès réalisés dans. | chaque genre de construction. Le Cesarevitch a élé construit en France; son cons- tructeur, M. Huin, a élé le premier à utiliser une sorte de cuirasse sous- marine, c'est-à- dire qui recouvre le navire depuis le pont protecteur qui entoure les parties vilales du navire. Ce genre de canots sous-ma- rins, attaques qui sont ici les plus dangereuses. En outre,unespacere- lativement grand peut être rempli d’eau par suite d'une avarie à la coque extérieure. Le moyen de protection résul- tant d’un plus grand nombre de compartiments et d'un léger blin- dage de la coque intérieure se trou- ve indiqué dans la figure 4, Au lieu M. CAULLERY Et FK. MESNIL — REVUE ANNUELLE DE ZOUOLOGIE 83 surplomber réciproquement dans le fond extérieur eble fond intérieur, de telle sorte que, si une Lor- pille fait explosion contre la paroi extérieure de la coque, l’effel ne se transmet en aucune manière directement sur le blindage de la coque intérieure et ne peut ainsi la détruire, comme cela se produit dans la construction actuelle à double fond. : Le poids exact d'une cuirasse sous-marine dépend de l'épaisseur du blindage de la coque intérieure et de la hauteur des compartiments du triple fond. Pour des raisons praliques, la hauteur de chaque compartiment mesure généralement 80 centi- mètres, de sorte que la distance entre la coque extérieure et le fond intérieur est de 1",60, ce qui est suffisant pour diminuer de 1/40 l'effet de l’explo- Sion, laquelle donne son maximum de puissance au centre de l'engin. Pour une cuirasse dont l'épais- Lseur serait de 30 millimètres au fond de la coque intérieure et de 40 millimètres sur les côtés, ce qui a été jugé suffisant à la suite d'essais faits en France, le poids serait d'environ 700 tonnes. Il est vrai que le poids d'un navire et son dépla- cement et, par conséquent, les frais seront aug- mentés, en adoptant la construction moderne; mais qu'est-ce que cela en comparaison des avan- tages qu'on y gagne! Car la valeur d’un vaisseau, qui peut résister avec succès à l'assaut des torpilles et au danger des mines, n'est pas seulement dou- blée, mais multipliée à un degré beaucoup plus élevé. Tandis qu'un vaisseau de construction an- cienne, alteint par une mine, est mis hors de combat, le vaisseau muni de la construction mo- derne, restant conservé, sauve au même instant, et une unité de combat dont la perte serait irré- parable sur le moment, et son brave équipage, plusieurs centaines d'hommes. R. Blochmann, Ingénieur eivil. REVUE AXNUELLE DE ZOOLOGIE DEUXIÈME PARTIE : MORPHOGÉNIE GÉNÉRALE. ZOOLOGIE SPÉCIALE . Dans une première partie *, nous avons passé en revue les travaux récents se rapportant à la Phi- losophie zoologique et à la Cytologie générale; nous allons maintenant examiner ceux qui ressor- tissent à la Morphogénie générale et à la Zoologie spéciale. I. — MORPHOGÉNIE GÉNÉRALE. LA POLARITÉ DE L'ŒUF ET LA THÉORIE DE LA MOSAÏQUE. Les dernières années écoulées ont apporté des contributions importantes à cette grande question, lune de celles qui dominent l'Embryogénie et la …Zovlogie tout entières. La solution générale parait aujourd'hui à la veille de se dégager. Il est donc indiqué d'en résumer les données récentes et leur portée. Rappelons d’abord en quelques mots comment le problème se pose. Le développement normal est uné suite de divisions cellulaires, se succédant dans un ordre constant et produisant des groupements de cellules de rapports également constants, qui évoluent en organes déterminés. L'embryon, à chaque instant, se présente comme une mosaïque de pièces juxtaposées et indépendantes. Mais cha- cune de ces pièces est-elle réellement autonome, et ne peul-elle donner qu'une portion bien délimilée ! Voir la Revue du 15 janvier 1906, t. XVII, p. 34. de l'organisme? Cela étant vrai dès le début du développement, l'œuf lui-même est-il une mosaïque de portions correspondant aux organes (organbil- dende Keimbezirke de His) et se différenciant en- suite d’une façon autonome (Selbstdiflerenzierung de W. Roux), en vertu seulement de tendances in- ternes”? Ou bien cette mosaïque n'est-elle détermi- née qu'en apparence et, si une pièce vient à en être supprimée, les autres ne la remplacent-elles pas par une régularisation compensatrice? Si oui, ce que devient chaque cellule dépend en partie des cir- conslances extérieures à elle, et agissant lors du développement; celui-ci est une épigénèse, alors que, dans le premier cas, il élait déterminé d’avance, préformé. La solution de celte question ne peut être fournie par la simple observalion de l'embryogénie normale, mais par l'expérimenta- tion, en modifiant les rapports des parties et voyant comment celles-ci se développent ensuite. L'expérience type consiste à supprimer, au début de la segmentation, au stade 2 ou 4, ou plus tard, un ou plusieurs blastomères {soit en les tuant par la piqûre d’une pointe, soit en les dissociant par le secouage ou par un séjour dans l'eau privée de sels de calcium (Herbst)] et à ‘observer ce quil advient des blastomères restants. Tous les phénomènes de régénération rentrent aussi dans cette étude. Il va sans dire que nous ne voulons pas même ébaucher ici un résumé de l'en- M. CAULLERY Er F. MESNIL — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE semble des travaux faits dans cette direclion; on en trouve un excellent et récent, dans la partie gé- nérale du Traité d'Embryogénie de Korschelt et Heider. Nous nous bornerons aux contributions, d’aillears importantes, qui y ont élé apportées dans ces derniers temps. Nous trouvons d'abord un Mémoire de Fischel". Cet auteur avait antérieurement montré que, si l’on isole aux stades 2, 4 ou 8 un blastomère de Cté- nophore, il se développe un embryon partiel offrant 4, 2, ou une rangée de palettes vibratiles, au lieu de 8. C'était même l'exemple le plus net en faveur de la théorie de la mosaïque. Il s'est pro- posé, dans le Mémoire actuel, de chercher si la disposition qu'affectent ultérieurement les cellules et les organes n’est pas déjà déterminée dans l'œuf non segmenté. Il a opéré sur le Beroe ovala, où le vilellus est accumulé dans le centre, le proto- plasme à la périphérie. La répartition des maté- riaux dans l'œuf n’est donc pas isotrope. Corres- pend-elle à la topographie ultérieure de l'embryon? Pour le voir, sur ces œufs insegmentés, Fischel enlève, à laide d'un scalpel, telle ou telle portion. D'une façon générale, les larves qui se développent montrent des anomalies en corrélation régulière avec les parlies enlevées. Ainsi, à une section en- levant une calotte méridienne correspondra une larve ayant une ou plusieurs côtes rudimentaires, c'est-à-dire anormalesuivantune bande méridienne, tandis que tous les méridiens seront normaux à la suile de la section d'une calolte polaire. Nous ne pouvons entrer dans le détail, mais Fischel tire de ses expériences la conclusion que l'œuf de Peroë, avant sa segmentation, offre déjà des localisations correspondant à la disposition future des feuillets el des organes primordiaux. Le pôle supérieur ren- ferme les matériaux du mésoderme, la surface latérale ceux de l’ectoderme, et la masse interne l'endoderme. Du même ordre et des plus intéressantes sont les contributions apportées récemment au même problème par Ed. Wilson. Il y a une quinzaine d'années, il avait, en isolant des blastomères d'A m- plioxus, va se développer des larves normales, mais plus pelites, ce qui paraissait, au moins dans ce cas, une justification parfaite de Ja notion d'épi- génèse. Ces résultats restent, d'ailleurs. Mais leur interprétalion est délicate, comme on le verra. Dans un premier Mémoire sur l'œuf d'un Némertien? (Cerchralulus lacteus), Wilson a mis en évidence les transformations considérables qui s'opèrent au moment où disparail la vésicule germinative. A ce moment, en effet, si l'on isole (mérogonie) un frag- 4 Arch. fur Entwick].-mech., 1. XV, 1903. ? Arch. fur Entwickl.-mech., t. XVI, 1903. ment nucléé où non nucléé de ces œufs, il est poss sible de le féconder par un spermatozoïde et, s'il n'est pas trop petit, il se développera en une larve entière, quelle que soit la portion de l'œuf dont il un blastomère au stade 2 ou 4, ilse développe en une larve, non pas enlière, mais partielle, c’est-à-dire. comme si, conformément à la théorie de la mosaïque, il élait encore partie du tout. Cependant, tardive= ment, il se fait une régénération régulière de ce la fécondation, est isotrope, mais que, durant la période qui va de la fécondation à la formation, du premier sillon de segmentation, il se produi 1 progressivement une anisotropie, une localisa lion déterminée, dans les diverses parties de l'œuf, des matériaux cytoplasmiques spécifiques que la segmentation achève d'isoler. Le développement a bien, dès le début de la segmentlalion, le carac-, tère d'une mosaïque préformée, mais qui s'est élan blie graduellement au cours de la maturation. L'établissement progressif de l'anisotropie est confirmé par les recherches de Yatsu!; cet auteur, en effet, a constalé que, dans le développement des fragments d'ovules mérogoniques, le pourcentage de ceux qui donnent une larve entière diminue au fur et à mesure qu'on avance dans la période de maluration. Toutes ces conclusions sont corrobo- rées par un travail plus récent d'un élève de Wilson, Zeleny*, sur le Cerebratulus maraginalus: là aussi, l’anisotropie estréalisée progressivement, au cours des processus maluratifs; une étude comparative minutieuse du développement de l'œuf entier et des blasltomères isolés, ou de groupes de blasto- mères, confirme aussi le caractère partiel du déve- loppement dans ces deux derniers cas. Chez les Némertiens précédents, l’anisotropie de l'œuf fécondé ne se traduit pas à l'œil par des dif- férenciations immédiatement conslalables. IL est d'autres cas, au contraire, comme d’ailleurs celui | des Cténophores étudiés par Fischel, où elle se ma- nifeste plus ou moins par la séparation de maté- riaux opliquement distinguables. Boverit, il y à quelques années, en a déjà analysé un autre chez” un Oursin (S/rongylocentrotus lividus) avec «4 pénétration habituelle, D'autres exemples plus nels | 1 Journ. of exper. Zool. ? Journ. of exper. Zool., t. IN, 1905. 3 Verhdl. phys. med. Gesellseh. Würzburg, t. XXXIV,= 1901, et Zoo!. Jahrb. (Anat.), t. XIV. Cf. Revue de 1903, p. 614. é 4 Journ. cf Exper. Zoology, L. 1, 1904; deux mémoires M. CAULLERY Er F. MESNIL — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE 85 d'étudier, avec une grande maitrise, deux cas très typiques chez un Dentale (2). entale) et une Patelle (P. cœrulea). “ Chez le Dentale, dès le début, l'œuf montre une différenciation très nette : les deux pôles sont oceu- pés par des zones claires entre lesquelles s'étend une bande équatoriale pigmentée. Or, l’étude du développement normal prouve que ces diverses régions ont des destinées très nettes. La zone po- aire supérieure produit l’ectoderme, la zone pig- mentée moyenne forme les cellules endodermiques, etlazone claire inférieure donne, au début de la seg- mentation, naissance à une sorte de lobe lemporaire non nucléé (lobe polaire), qui, après des vicissitudes diverses, devient une cellule (24— X), origine de Pectoderme ventral de l'embryon. Wilson, après avoir étudié ce développement normal, 4 ampulé des parties déterminées de l'œuf non segmenté ou des blastomères. Il a ainsi supprimé le lobe polaire au slade 2 et oblenu des larves dépourvues des parlies que donne normalement la cellule 24— X (région post-trochaie, glande coquillière, coquille). La suppression de tel ou tel blastomère a des con- séquences non moins nettes. Il en est de même si Von opère sur l'œuf non segmenté (mérogonie) et si On lui enlève une zone déterminée. En supprimant | le pôle clair inférieur, qui devient ullérieurement F: e lobe polaire, on a les mêmes effets que par l’abla- ion de celui-ci au cours de la segmentation. Ici la localisation des substances cytoplasmiques spéci- fiques est antérieure à la phase de maturalion. Sur la Patelle, Wilson a obtenu des résultats analogues: Pablation de blastomères ou de groupes de blasto- mères provoque la réalisation de larves partielles. Par exemple, un groupe de blastomères isolés ne forme une gastrula que s'ils renferment des malé- riaux normalement destinés à donner l'endoderme. Les Mémoires de Wilson confirment ainsi pleine- ment et étendent les résullals déjà obtenus, il y a quelques années, par Cramplon sur un Gasléro- pode, l’//yanassa. Conklin !, un des plus habiles observateurs en la malière, arrive à des conclusions entièrement sem- b'ables sur l'œuf d’une Ascidie (S/yela partita). Fei aussi, l'œuf ovarien montre déjà une différenciation très nette de son cytoplasme en couches concen- riques. Pendant la maturation et la fécondation, on assiste à un remaniement complet de ces subs- tances : elles prennent une disposition symétrique bilatérale, qui est définitive au cours de la pre- Mière division de segmentation. Si on isole en- Suite, par secouage par exemple, certains des pre- miers blastomères, on oblient par leur développe- ment des embryons parliels, dans lesquels les la- © Joura. of exper. Zoology, t. 11, 1905. | cunes correspondent parfaitement à l'absence de telle ou telle substance de l'œuf. Ces résultats, dont nous devons nous borner à mentionner l'ensemble, confirment entièrement ceux que Chabry ‘avait ob- tenus avec tant d'élégance, alors que ces questions étaient encore à leur début. Les embryons partiels réalisés ont une lendance tardive à se compléter; mais cette tendance est limitée, en somme, à la fermeture de l'embryon (nécessilé physiologique); elle ne s'étend pas à la restauration morphologique d'organes enliers. Nous dirons, enfin, quelques mots des travaux où Morgan *, aidé de ses élèves, a repris l'étude cri- lique de la même question sur l'œuf de Grenouille. W. Roux, l'un des protagonisies des recherches morphogéniques et l'un des fondateurs de la théo- rie de la mosaïque, avait essayé de l'édifier dès le début sur le développement de la grenouille. Il tuait l'un des deux premiers blastomères en le piquant avec une aiguille rougie au feu; il obte- nait par l'évolulion de l’autre un hémi-embryon. Par des opérations analogues au stade 4 ou 8, il obtenait de même des embryons partiels; d’où sa conclusion en faveur de la mosaïque et de l'auto- différenciation (Selbstdillerenzierung) des parties du germe. Ces résultats ont élé conlestés par 0. Hertwig et d’autres. Morgan s'efforce de montrer que ces divergences tiennent à ce qu'avec les pro- cédés opératoires employés, on ne fait que rare- ment des traumatismes comparables. La blessure par l'aiguille rougie varie avec la température de celte aiguille, avec la profondeur où on l’enfonce; si elle n’ést pas assez grande, on ne tue pas le blas- tomère et l'on obtient, comme O. Herlwig, un em- bryon entier. En somme, l’œuf de Grenouille est, comme on pouvait s'y attendre, un matériel très inférieur, pour ces questions, aux œufs des Inver- tébrés marins. Telles sont, dans leur substance, quelques- unes des contributions apportées tout récemment au grand problème de la morphogénie de l'em- bryon; quelles conclusions peut-on en dégager? L'ensemble de ces recherches concorde, pour les cas considérés, faveur de la théorie mosaïque et de l’aulo-différenciation des parties. Elles montrent aussi qu'il faut, avec Wilson, Con- klin, Fischel, etc., distinguer entre la segmentation proprement dite et la localisation des substances en de la cyloplasmiques spécifiques dans l'œuf. Celle-ci préexiste à celle-là et a l'importance primordiale; la segmentation ne fait que séparer peu à peu définitivement, dans des cellules différentes, des substances dont la disposition respective était 1 J'hèse Fac. Sc. Paris et Journ. Anat. et Physiologie, 1887. 2 Arch. {ur Entwickl.-mech., t. XVIII, 1904, et XIX, 1905. 86 M. CAULLERY er F. MESNIL — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE 3 déjà fixée à l'avance et qui sont le substratum des organes primordiaux de l'embryon. Il peut n'y avoir point coïncidence entre les deux ordres de faits. Ainsi, chez les Annélides et les Mollusques, la segmentation se fait suivant un mode spiral alors que les diverses substances cytoplasmiques de l'œuf ont une distribution bilatérale. Brachet a fait une constatation du mème ordre chez la Grenouille. En tout état de cause, l'étude précise du développement normal est la préface obliga- toire de toute recherche expérimentale; c'est la base adoplée par Wilson et ses élèves, mais trop souvent négligée ailleurs. L'ensemble des faits précédents, sur la localisa- tion des substances eytoplasmiques dans l'œuf et ses rapports avec la tectologie future de l'embryon, éclaire aussi certains résultats très singuliers que l’on à rencontrés dans les recherches sur la par- thénogénèse expérimentale. Lillie”, faisant agir KCI sur des œufs de Chétoptère, voit ceux-ci prendre, sans se segmenter et en restant uninu- cléaires, une forme rappelant la larve Trochophore, et acquérir une ciliation analogue à celle de cette larve. La localisation des substances spécifiques de l'œuf manifeste dans ce cas des propriétés mor- phogènes, en l'absence de toute segmentation. Ce dernier fait, comme d’ailleurs l’ensemble de tous les précédents, et notamment l'étude de l'œuf des Cténophores par Fischel, celle de l'œuf du Dentale par Wilson (en particulier les pro- priétés si frappantes du lobe polaire), montrent à l'évidence le rôle capital du cyloplasme dans ces phénomènes. C'est le cytoplasme qui parait être, au moins pour la plus grande part, le siège des facteurs morphogéniques : le noyau n'exerce qu'une action indirecte. On arrive aussi, sans grand peine, à concilier les résultals en apparence opposés des premières expériences faites : les cas tels que ceux des œufs d'Amphioxus ou d'Oursins, où des blastomères isolés se développent comme lœuf tout entier, et les précédents. Pour les Echinodermes, une étude plus attentive a montré que les blasto- mères isolés se développent d'abord confor- mément à la théorie de la mosaïque, mais que, de bonne heure, se manifestent des processus de reconstitulion compensatrice, de régulation, comme disent les auleurs anglais et allemands. La possibilité, pour un blastomère, de fournir un embryon entier, immédiatement ou finalement, peut s'expliquer, en vertu de la théorie de la mo- saïque, si l'on admet : 4° que ce blastomère con- tient encore, comme l'œuf, toutes les substances spécifiques nécessaires à l'édification de l'être; cela 1 Cf. Revue de 1903, p. 613. peut fort bien être réalisé encore chez certaines. formes telles que l'Amphioxus ou l'Oursin au stade 2 ou au stade 4; 2° qu'il s'opère dans le ou les blastomères isolés un remaniement rapide, de ces substances spécifiques, comme il s’en faib dans l'œuf lui-même des Némertiens lors de 1 Û maturation ; de la sorte, le blastomère isolé serait Î une réduction parfaite de l'œuf lui-même et sem développerait comme lui; on peut imaginer que à celte seconde condition est possible pour cer: lains œufs et ne l’est pas pour d'autres. Alors, suis vant les conclusions de Fischel, qu'adopte Wilson, il n'existerait pas deux catégories d'œufsdistinctes M ainsi que le veut Driesch, les uns du type mosaïque, les autres dits à régulation; tous les œufs appar« tiendraient à la première et ne différeraient quem par la facilité et la rapidité plus ou moins grande | avec lesquelles, dans un blastomère déterminé; peut s'opérer une réorganisation reconstituant là structure de l'œuf lui-même. A ce litre, ils appar tiendraient aussi à la seconde. La constitution des parties fondamentales de l'em- bryon, sa tectologie générale, est donc, au moins le plus souvent, déterminée matériellement dès l'œuf dans ses grandes lignes. Il y a donc dans le déve: loppement une part notable de préformalion. Mais cette conclusion ne peut être valable que pour les! grandes lignes. Aucua fait ne prouve qu'elle soi applicable aux différenciations tardives et de dé= tail. Mème pour la tectologie générale, cette préfor mation doit être envisagée comme un résultat à posteriori, une manifestalion particulière de 1 condensation embryogénique, et non comme une propriété a priori de l'œuf. En effet, on ne peut pas dire d’une facon absolue qu'un organe est repré senté d'une facon nécessaire par une portion de l'œuf ou plus tard par un blastomère, car si l'un 0 l'autre viennent à être supprimés et si l'on à un développement partiel, il intervient loujours fin lement des phénomènes de régulation qui tendent à reslaurer aux dépens du reste de l'organisme les parlies manquantes. C'est aux mêmes préoccupations que doivent èlrem rattachées les nombreuses recherches effectuées sur l’influénce possible du système nerveux Su la différenciation des autres organes. Son influence régulatrice sur le fonctionnement des diver organes, dès qu'il est lui-même fonctionnel, esb naturellement indéniable; c'est de son rôle mors phogène possible qu'il s'agit; on est porté à lui em attribuer un, par l'habitude que l’on a de son im portance physiologique. Or, sur ce point, d'impor tants Mémoires ont été récemment publiés. Nous citerons d'abord celui de Goldstein ‘. 1 Arch. für Entwickl.-mech., t. XVIII, 1904. M. CAULLERY Er F. MESNIL — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE 87 Le principe de ses expériences, suite de celles ! de Læb, de Born, de Schaper, elc….., est d'enlever à une larve de Batracien une partie de ses centres nerveux, soit le cerveau et le cervelet, soit la moelle et, de voir ensuite comment s'effectue le dé- veloppement des organes. + Or, on constate qu'il s'opère normalement; iln'y - a donc pas d'action directrice morphogène du sys- » tème nerveux, pendant la période larvaire. En est-il . de même pour la régénération? Certains faits pour- raient faire prévoir une réponse opposée. Herbst, par exemple, a montré que l’extirpation de l'œil chez certains Crustacés Décapodes donne lieu à régénération d'un appendice antenniforme, quand, dans l'opération, le ganglion optique a élé enlevé avec l'œil et, au contraire, à régénération d'un œil si le ganglion a été respecté. lei la présence ou l'absence de l'appareil nerveux parait être le fac- teur morphogène. Chez les Batraciens, il a déjà été fait de nombreuses expériences en vue d'élucider celte queslion ; Goldstein conclut de celles qu’il dis- cule que, chez les animaux encore en voie de déve- loppement, chez les larves, la régénéralion elle aussi s'accomplit indépendamment du système nerveux ; la forme peut êlre restaurée en l'absence de celui- ci. Mais il ne croit pas pouvoir émettre la même affirmation pour l'animal ayant achevé sa différen- ciation, arrivé à la période d'activité fonctionnelle des organes. Godlewski”, à la suite d'expériences analogues, se rallie aux conclusions de Goldstein - pour les stades jeunes, mais déclare la présence du système nerveux nécessaire à l’évolution des pro- - cessus régénérateurs chez l'adulte. L'une des difficultés d'interprétation dans ces expériences consiste à éliminer véritablement l'in- “ luence du système nerveux. 11 ne suffit pas de “sectionner la moelle; elle peut, surtout pendant les Etudes jeunes, avoir un fonctionnement autonome, “hors de toute communication avec le cerveau : il “ne suflit même pas de la détruire seule; car on a “fait, à beaucoup d'expériences où elle était détruite, Vobjection que les ganglions spinaux pouvaient “tre les agents de l'infuence du système nerveux. “Il faut donc un déterminisme expérimental très “rigoureux. | « Wintrebert*, à qui nous devons, sur le rôle pos- LkSible du système nerveux dans le développement | Où la régénération, une série de recherches effec- luées avec une précision et une habilelé expéri- mentales mériloires, nese rallie pas aux conclusions de Goldsiein, en ce qu'elles ont de restrictif pour le cas de l'adulte. Chez un Axolotl adulte amputé de la patte postérieure droite, et chez lequel la moelle | - pe | | | | Bull. Intern. Acad. Cracovie, 1904. | > C.R. Acd. Sc. et C. R. Soc. Biologie, 1903-1905 passim. | lombo-sacrée avait été détruite, la régénération du membre fut obtenue par lui avec lous ses carac- tères morphologiques, plus vite même que chez un témoin à système nerveux intact. Il en conclut donc que les forces héréditaires, quelles qu'elles soient, peuvent, même chez l'adulte, à elles seules, restaurer la forme, indépendamment de toute action du système nerveux. Donc, on peut considérer comme établi que le système nerveux n'a par lui-même, à aucun slade, une influence morphogène; mais cela n'implique nullement une indépendance des parties, les unes par rapport aux autres, dans la différenciation des organes, et, parmi les travaux récents, les recher- ches expérimentales sur le développement de l'œil, dues à Lewis* et à H. Speemann”, montrent, au contraire, de très intéressantes corrélations. Ces auteurs ont étudié la régénération, chez les Amphi- biens (ana et Triton), des parties ectodermiques de l'œil (la cornée et le cristallin). Dans le développement normal, ces parties de l'œil se différencient vers le moment où la vésicule optique évaginée du cerveau arrive au contact du feuillet externe; leur différenciation est-elle une évolution autonome de l’ectoderme, ou a-t-ellelieu sous l'influence du voisinage de la cupule optique? Les expériences très ingénieuses de Lewis, confir- mées par Speemann, font pencher vers la seconde alternative. En effet, Lewis a pu, chez des larves, repousser le globe oculaire en voie de développe- ment vers l'extrémité postérieure du corps; et alors, s’il vient au contact de l’ectoderme dans ces régions, celles-ci différencient, in situ, un cris- tallin, en un point où normalement ne devrait se former que de la peau ordinaire; dans une autre expérience, Lewis enlève la zone de l'ectoderme qui normalement formerait le cristallin et la rem- place par une greffe de peau abdominale emprun- tée à une autre espèce de grenouille. Celte greffe différencie un cristallin au contact de la cupule optique. Le contact de la rétine est bien l'élément causal qui amène la différenciation du cristallin, car, dans ces deux expériences, il arrive souvent qu à la suile de l'intervention, la cupule oplique se développe dans la profondeur, séparée du tégument par des épaisseurs de tissu conjonctif. Dans ces cas, où son contact avec l’ectoderme fait défaut, ni dans l'une ni dans l’autre des deux expériences l'ectoderme ne produit de cristallin. Ces expé- 1 Signalons aussi en passant, parmi les intéressantes recherches de Wintrebert. encore à l'état de courtes notes préliminaires, ses expériences très démonstratives sur l'existence transitoire, chez les Amphibiens, d'une irritabilité excito-motrice primitive, indépendante des voies nerveuses (C. R. Soc. Biol., t. LVII, 1904 et t. LIX, 1905). 2 Amer. Journ. of Anat., t. III, 1904. 3 Zool. Anz., t. XXVIII, 1905. M. CAULLERY Er F. MESNIL — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE riences montrent d'abord que toute portion de l’ec- toderme peut, en principe, former un cristallin, et que celte formation est essentiellement sous l'in- fluence déterminante du contact de la cupule optique. Il y a la un exemple frappant de l'influence réciproque des parties dans la morphogénie, une limitation au principe de la différenciation auto- nome, un fait patent de corrélalion épigénétique. En réalité, la part de la corrélation, ou si l’on veut de la régulation, est très grande; de nombreuses recherches ont élé consacrées aussi dans ces der- niers temps à ce sujet par Godlewski, Child’, etc. Zeleny® nous en fournit une intéressante série d'exemples empruntés à divers groupes; nous dirons seulement ici quelques mots de ses observations et expériences sur l'opercule des Serpuliens du genre Hydroides. Däns ce genre, le panache branchial offre deux opercules, l'un bien développé, l'autre rudimentaire; on trouve à peu près nombres égaux d'individus chez lesquels le premier est à gauche et le second à droite, ou inversement. Zeleny a expli- qué d'abord ces variations. En effet, si l'on suit un même individu suffisamment longtemps, on voit à un certain moment l'opercule bien développé s'au- totomiser, et immédialement l’autre prend un dé- veloppement compensateur, tandis que le premier est remplacé par un opercule rudimentaire. Il se produit une inversion des opercules. Ainsi s'ex- plique, par l'existence de ces phases alternatives, la double série constatée sur les individus que lon peut recueillir. Mais si, expérimentalement, on ampute à un ITydroïdes son gros opercule, on voit immédiate- ment s'opérer la même inversion que précédem- ment. Cela rappelle les rapports des pinces des Alpheus, lels que les a mis en évidence Przibram *. Si l'on provoque l’aulotomie de la grosse pince de ce Crustacé, la pelite se transforme aux mues suivantes en une grosse, tandis qu'à la place de la première s'en régénère une petite. Ed. Wilson’, qui a répété les expériences de Przibram, a obtenu la même inversion; mais, de plus, il a constaté qu'elle n'avait pas lieu en général si, après l’aulo- tomie de la grosse pince, on coupe le nerf de la pelile à sa base. Wilson en conclut à juste titre qu'ici, comme pour les faits de régénération de l'œil constatés par Herbst, le système nerveux intervient dans ces phé- nomènes de régulation; mais cette influence ne parait pas devoir être interprétée nécessairement comme morphogène. L'espèce réalise un certain état d'équilibre comportant l'inégalité des deux pinces: quand il est atteint, il s’exercerait par les ner une action inhibitrice sur la petite, qui est morpho: logiquement un stade du développement de grande. L'amputation de celle-ci supprimerait cette. tirées plus haut des expériences sur les Amphi biens. Les fails présentés par les opercules de [ydroïdes pourraient s'expliquer de même. avec celui de la morphogénie générale. Il y aurait bien des contributions de fait à analyser. Nous mentionnerons ici les études précises faites su les Hydraires par Billard' (régénération, grefTe,etc.), et l'intéressant travail de Bordage”? sur l'auto-« tomie et la régénération chez divers Insectes, notamment les Phasmides. Dans la régénération des pattes, le tarse normalement pentamère se reforme tétramère, ce que Bordage, d'accord avec Giard, interprète comme la réapparition d'un caractère ancestral (hypotypie). Bordage, enfin, se range parmi les défenseurs de la loi de Lessona, d'après laquelle la sélection agit directement sur la puis- sance régénératrice; un organe serait d'aulant plus facilement régénéré que sa perte est plus facile et sa restauration plus utile à l'espèce. II. — Z00LOG1IE SPÉCIALE. La plupart des travaux qui ne concernent que la morphologie d'un groupe déterminé, sans poser en même lemps de question générale, pour impor- tants que soient quelques-uns d'entre eux, ne s'adressent qu'à un nombre restreint de spécia- listes. Aussi réduisons-nous ici leur place au mini- num. $ 1. — Phylogénie. Il y aurait à s'arrêler aux Mémoires relalifs à la phylogénie, parce qu'ils relient des notions concer- nant des groupes variés. Mais ils sont presque tou- jours l'expression d'idées théoriques qu'il est diffi- cile d'exposer avec intérêt sans les développements que leur donne l’auteur. Dans cette direction, nous signalerons celte année deux travaux relatifs aux L'un est dû à E. Meyer”, dont les la morphologie des Annélides font Echinodermes. recherches sur 1 V. Arch. fur Entwickl.-mech. et Journ. of Exper. Zoo- 16qY. 2 Journ. of Exper. Zool., t. 11, 1905. ? Arch. für Entw.-mech., t. XI, 1901. * Biolog. Bulletin, t. IV, 19035. 1 Thèse Fac. Sc. Paris, 1904, et Ann. Sc. Nat. Zoologie, Ë 9 PAL RS * Thèse lac. Sc. gique, &. XXXIX. * Zool. Jahrb. Paris, 1905, et Bull. Sc. France et Bel- Abth.f. Anat.), t. XXI, 1904. M. CAULLERY er F. MESNIL — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE 89. “autorité, l’autre à Hérouard !. Meyer cherche, dans Je système aquifère, cet appareil si caractéristique les Echinodèrmes, la clé de l'énigme de leur ori- -gine, en imaginant des adaplalions successives de “4 ancètres, au cours desquelles cet organe se serait constilué aux dépens du cœlome et aurait “acquis son asymétrie actuelle par rapport à la larve bilatérale de ces animaux. Hérouard essaie, sous le nom de Théorie de la Pentasomæa, de rame- ner les divers systèmes cavitaires des Echino- -dermes au cœlome et à ses dépendances chez “LAmplioxus et les Vertébrés, de facon à rallacher les deux ensembles à une souche commune. Nous avons rappelé, l'an dernier ?, l'important mouvement de recherches minutieuses et descrip- lives sur la segmentation, qui dérive en dernière analyse des travaux de Whitman sur le développe- ment de la Clepsine, et surtout d'Ed. Wilson sur Je Mereis. Il en est résulté l'identité pour ainsi dire parfaite de la segmentalion et de la différenciation des feuillets chez les Turbellariés (Polyclades), les | Annélides (Chétopodes et Hirudinées), les Géphy- riens, les Mollusques, ete... Dans ce vaste ensemble, toutes les espèces éludiées se sont montrées com- -parables, cellule par cellule, chez leurs embryons. -Celte année encore, divers travaux sont venus “augmenter le nombre des confirmations de cette loi généraie. Fujila : l'a vérifiée sur divers Opistho- branches, Casteel * sur un Nudibranche (Fiona marina), Nelson * sur une espèce du genre Dino- plilus. Ce dernier animal est très important au -point de vue morphologique : on le considère géné- -ralement, en effet, comme un prototype des Anné- lides ; sa segmentation est de tous points conforme |! -à la leur; mais, suivant Nelson, on y relève plusieurs Pauteur lend plutôl à y voir un type régressif resté à l'état de larve progénétique, idée exprimée d’ail- leurs autrefois par Metchnikoff. Woltereck”®, enfin, a étudié de la même facon le Polygordius, autre forme souvent considérée aussi comme une Archian- nélide, et retrouvé les mêmes relations entre les diverses cellules, en y notant cependant un carac- ère général primitif, dont témoigne l'égalité des | cellules du quadrant d avec les autres. L'identité du développement implique une pa- reulé entre lous ces groupes. Mais quel est l'ordre de leur filiation respective? Lang’, dans un Mé- “noire que nous avons signalé l'an dernier, la con- … Bull. Soc. Zool. France, {. XXIX, 1904. 2 Revue de 190%, p. 606. ? Journ. Imper. Univ. Tokyo, t. XX, 1904. - # Proc. Acad. Nat. Sc. Philadelphie, t. LVI, 1904. 5 Jbid., t. LV, 1904. $ Archiv fur Entw.-mech., t. XVIII, 1904. ? Jen. Zeitsch., t. XXXIV,:1904; Cf. Rev. ann. Zool., 1904, p- 606. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. faits qui écartent l'idée d’une forme primitive, et | çoit dans l'ordre : Cœlentérés primitifs + Cténo- phores + Polyclades + Hirudinées + Annélides. Ces dernières seraient le terme ultime de la série. Hubrecht!, se fondant notamment sur les varia- tions dans l’origine du mésoderme qu'il discute en détail, se rallie à un ordre inverse. Les Plathel- minthes seraient des formes dérivées, et les Cténo- phores un rameau extrême modifié par une adaptation secondaire à la vie pélagique. Woltereck, à qui nous devons de remarquables lravaux sur le développement des Polygordius *, est également amené à envisager ce problème et à le résoudre, en fait, à la facon de Lang, mais à la lumière de la conception, en grande partie personnelle, qu'il a de la larve Trochophore: et qui mérite d'être rapidement exposée. Il résulte, en effet, de ses études sur le dévelop- pement du Polygordius, que la larve qui est le type classique de la Trochophore, depuis les travaux d'Hatschek, n’est en fait qu'une sorte d'appareil provisoire sur lequel l'Annélide détinilive se forme d'une facon comparable à celle du Némertien sur le Pilidium ou de l'Echinoderme sur sa larve Dipleu- rula. En effet, au stade 7Zrochophora, le futur Polygordius n'est représenté que par deux zones prolifératives, assez comparables à des disques imaginaux d'une larve d’insecte : l'une, le disque céphalique, donnera le prostomium; l'autre, le disque préanal, donnera tout le tronc à partir de la bouche. Toule la portion située entre elles, c'est- à-dire la masse presque tolale de la larve, est ca- duque comme un Pilidium; elle s'élimine par une véritables métamorphose, lors du passage de la vie pélagique à la vie sur le fond (benthique). Chez les types à développement direct, comme les Capi- telles, ces portions larvaires caduques sont réduites au minimum, à la couronne ciliée archilrocale. Mais alors la valeur phylogénique attribuée géné- ralement à la Zrochophora est-elle justifiée, ou n'est-ce qu'une forme larvaire résullant d'une adap- lation secondaire de l'embryon à la vie pélagique ? Pour Woltereck, le mode de développement qu'on trouve chez le Polygordius, c’est-à-dire avec T'ro- chophora bien différenciée et métamorphose accom- pagnée de rejet de parties larvaires, est le primitif, comme, chez les Némertiens, le développement par Pilidium est plus primitif que le développement direct. La segmentation des Annélides (ainsi que des Cténophores, Polyelades, Mollusques, elc...) aboutit à un embryon à symétrie radiée. La Tro- chophore typique, elle aussi, a la même symétrie | Polygordius {(Woltereck), Lopadorhynchus (Klei- 1 Jen. Zeitsch., t. NXXIX, 1905. 2 Zoolojica, Heft XXXIV, 1902 (Cf. Rev. ann. Zool., 1903, p. 618), et Arch. ur Entw.-mech., t. XVIII, 1904. 3 Zool. Anz.,t. XXVIII, 1904. 12 90 M. CAULLERY er F. MESNIL — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE nenberg, Meyer). Tous ces groupes dériveraient donc d'ancètres à symétrie radiée, c'est-à-dire de formes voisines des Cœlentérés pélagiques, dont les Clénophores seraient, dans la Nature actuelle, les représentants les moins modifiés, et ils auraient pris la symétrie bilatérale en s'adaptant à la vie benthique. Le développement, tel qu'il s'accomplit chez les Polygordius (Trochophora typique et métamorphose), serait donc la répétition typique et primitive du passage de la vie pélagique à la vie benthique, tel qu'il s'est effectué au cours de la phylogénie; le développement direct et sans forme larvaire proprement dite en serait dérivé secondairement. Ce qui caraclérise spécialement le groupe des Annélides et le sépare des Turbeliariés, par exemple, c'est la différencialion de deux centres terminaux de formation de l'adulte sur la larve. $ 2. — Protozoaires. Nous ne trouvons pas cetle année de faits nou- veaux comparables à ceux que nous ont apportés les années précédentes. Mais les problèmes posés ont suscilé de nouvelles recherches, qui ont plus ou moins modifié nos idées. Il nous faut donc revenir sur deux des faits les plus intéressants de nos Revues précédentes. En 1903, nous avons longuement analysé l'im- portant travail de Calkins sur le cycle évolutif des Infusoires, et nous avons dit qu'il avait réussi à conduire des Paramécies à la 665’ génération asexuée, sans faire intervenir le rajeunissement karyogamique de Maupas, en mettant en œuvre, pour éviler ou enrayer les périodes de dépression, des moyens non sans analogie avec ceux qui per- mellent la parthénogénèse expérimentale. Un der- nier travail de Calkins ‘ nous fait connaitre la mort 142 génération, malgré toutes les lenlalives faites pour stimuler les Infusoires. Résultat presque inévitable si l'on songe à l'extrême difficulté de conduire durant des finale de toutes les lignées à la années de pareilles expériences ; mais les circons- lances qui ont accompagné celle disparition lotale méritent d'être Aux deux premières dépressions, les Infusoires présentaient des phéno- résumées. mènes de nanisme; l'endoplasme était vacuolaire, le macronucléus granuleux avec tendance à la désintégration; en revanche, l'ectoplasme et le micronucléus restaient normaux. C'était le tableau d'un Infusoire soumis au jeûne: ici, la nourriture élait abondante, mais la Paramécie ne savait plus la digérer. À la 3° dépression, et surtout dans Ja période finale, les symptômes morbides ont porté uniquement sur le micronucléus et l'ectoplasme, c'est-à-dire sur les parlies plus particulièrement en * Journ. exp. Zool., 1. 1, 1904. rapport avec la reproduction, et l'on conçoit qu'il en soit résulté la « mort germinale » de la race, les stimulants, capables seulement de rajeunir les organes de la vie végétalive, n'agissant plus. rations asexuées d'un cycle peut être quatre ou cinq fois plus considérable qu'on ne pouvait le sup poser avant les expériences de Calkins. Dans un travail lout récent, Enriques ‘ s'élève contre la conception de Maupas, sur la dégénére cence sénile; il prétend qu'on peut garder des Infusoires indéfiniment en bon état et se reprodui: sant par voie asexuée, sans même faire intervenir de slimulants; il les préserve pour cela de lin toxication qui résulte de la flore microbienne am: bianle par des changements répétés de milieu. Il est ainsi parvenu, après sept mois et demi, à la 683° génération de Glaucoma scintillans, sans la moindre période de dépression. Il nous faut revenir, cette année, sur les fails surprenants annoncés, il y a juste deux ans, par Schaudinn? et relatifs aux rapports généliques entre Hématozoaires endoglobulaires, Trypanosomes el Spirochèles. Nous avons déjà enregistré” les faits confirmatifs apportés par les Sergent. Depuis, des contradiclions sont venues des recherches de Novy et Mc Neal sur les Hématozoaires d'Oiseaux On sait que ces savants ont réussi à culliver purement les Trypanosomes dans un milieu gélose sang. Disons, pour résumer d'un mot l'état actue de la question, que les Trypanosomes palhogènes se cultivent péniblement ou pas du tout, tandis que les cultures des Trypanosomes non pathogènes en parliculier ceux des Oiseaux, s'accomplissent dans des conditions excellentes, comparables à celles des Bactériacées. Ainsi, Novy et Me Neal ont réussi des cultures avec du sang d'Oiseau, où l'examen microscopique prolongé ne révélait aucuns Trypanosome. En revanche, les Hémalozoaires en ; doglobulaires ne se cultivent pas. savants ont voulu utiliser leur méthode d'analvse des Hématozoaires d'Oiseaux-à la solu ion du problème posé par Schaudinn. Pas plus que Thiroux”, qui a travaillé sur le trypanosome du Padda, ils n'ont pu recueillir un seul fait en fave de la thèse de Schaudinn, et ils concluent que ce dernier a été victime de la coexistence de parasiles Ces ! Accad, dei Lincei Rendiconti, t. XIV, 2° sem. 1905. ? Jtevue de 1904, p. 602. “ C, R. Congrès de Berne. # Journ. of infect. Diseases, 1. IT, 1905. 5 Ann. Inst. Pasteur, t. XIX, 1905. - se mulliplient activement chezle moustique comme - dans leurs tubes de culture. A notre avis, c'est - aller un peu loin, et il nous semble qu'on n'a pas le droit, a priori, de conclure de ce qui se passe dans * un tube de culture aux phénomènes qui s’accom- plissent dans le tube digestif d'un second hôte, Moustique ou autre Invertébré. _ On ne peut donc infirmer les conclusions de … Schaudinn qu'en montrant l’inexaclitude des faits précis sur lesquels elles s'appuient et qui parais- - sent minutieusement observés au point de vue cylologique. Mais ce qui parait certain dès maintenant, c'est - que le cycle évolutif établi pour deux espèces - d'Athene noctua n'est nullement général, qu'en - particulier les Trypanosomes de Mammifères n’ont - que des formes flagellées dans leur cycle évolutif. - Cela résulte nettement du travail de Prowazek ! sur le cycle évolutif du 7rypanosoma Lewisi des rats (dont il a suivi l’évolution chez le pou Hæma- topinus spinulosus, évolution qui serait précédée - de la copulation de deux formes flagellées hétéro- - games), comme des renseignements encore incom- - plets que l’on possède sur les autres Trypanosomes deMammifères, en particulier sur le développement - du Trypanosome humain chez la Glossina palpalis. Le seul fait nouveau en faveur de la thèse de - Schaudinn serait celui tiré du Piroplasma (ou Leishmania) donovani, agent d'une splénomégalie - de l'Inde et d'autres pays : morphologiquement - comparable aux Piroplasmes dans le corps humain, - il donne des formes flagellées voisines des Trypa- - nosomes dans les cultures pures réalisées pour la … première fois par Rogers ?. - En tout cas, il est un point de sa thèse que - Schaudinn parait lui-même abandonner : c'est celui - qui est relatif à la parenté des Trypanosomes et des Spirochètes. Il vient de déclarer * que la forme » spirochétienne de l'Aæmamæba ziemanni (en réa- » lité un Trypanosome long et ténu) élait loin des “vrais Spirochèles. Devons-nous enregistrer comme une conquête - de notre science la brillante découverte faite par “lun des nôtres, Schaudinn, de l'agent pathogène de la syphilis, le Spirochæte (ou mieux Treponema) “ pallida; en d'autres termes, le groupe comprenant “les Spirochæte, Treponema, Spirillam et aussi - Vibrio, doit-il êlre placé dans les Protozoaires ? Au “point de vue morphologique, en particulier par la “structure de l'appareil chromatique qui va d'un bout “à l'autre du corps, ces formes rappellent surtout “les Bactériacées. La membrane ondulante des Spi- .! Arb. a. d. Kais. Gesundheitsamte, t. XXII, 1905. ? Lancet, 23 juillet 1905, et Quart. Journ. of micr. Se., | ä. XXXXVIII, 1904. 3 Deutsche mediz. Woch., 19 octobre 1905. , M. CAULLERY Er F. MESNIL — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE 91 rochæle (s.s) n'a pas de filament bordant: partant, il lui manque complètement l'appareil flagellaire si caractéristique des Flagellés et il est fort dou- teux que les cils des autres genres soient homo- logues à ceux des Flagellés. Morphologiquement, la question reste en suspens, et peut-être y res- tera-t-elle, car il est fort possible qu'il s'agisse d’un groupe de formes où aucun des critères distinctifs des deux règnes ne puisse être applicable. Physio- logiquement, un argument important en faveur de la nature protozoaire des Spirochèles du sang est le fait bien établi que les parasites ont pour second hôte un Invertébré, Acarien ou Punaise, et qu’ils peuvent passer par l'œuf de l'Invertébré. Cette existence nécessaire d'un second hôte nous permet aussi de supposer qu'un certain nombre de parasites du sang, ultra-microscopiques, traversant des bougies filtrantes, tels que les agents de diverses maladies du bétail dans l'Afrique du Sud, et surtout le germe de la fièvre jaune, appar- tiennent au règne animal. Pour le virus amaril, l'argument a d'autant plus de valeur qu'on peut affirmer que le moustique est un second hôte au sens zoologique du mot et qu'il s’y joint ce fait, récemment démontré ‘, que le germe peut passer par l’œuf de l’insecte. Et ainsi nous voyons l'embranchement des Pro- tozoaires se révéler chaque jour avec plus d'am- pleur, tant dans les particularités des cycles évo- lutifs que dans le nombre toujours plus grand de formes qu'il englobe. S 3. — Groupes divers de Métazoaires. Minchin * a publié de (rès intéressantes considé:- rations sur la phylogénie des Éponges, en parti- culier des Hexactinellides ; il admet que le feuillet gastrique (à cellules collaires) était d'abord continu et situé au milieu du feuillet dermique trabéculaire; secondairement, ont apparu les chambres à cel- lules à collerette. Il pense que les spicules les plus primitifs sont les s{auractines, et que les Lexac- tines, auxquels F. E. Schultze attribuait une pareille significalion, dérivent des précédents. Ashworth et Annandale * donnent d'intéressants renseignements sur la durée de la vie des Aclinies, au moins en captivité. 16 Sagartia troylodytes vivent ainsi depuis cinquante ans; chaque prin- temps, elles produisent des pelits; mais, depuis quelques années, leur facullé reproductrice parait considérablement diminuée. Les auteurs rappro- chent leurs observations du cas de l’Ac{inia equina de Dalyell, morte à l’âge d'au moins 66 ans, d’une mort naturelle, semble-t-il. 1 Marcnoux el Sruoxp : C. R. Soc. Biologie, 29 juillet 1905. 2 Zool. Anz., t. XX VIII, 4905. 3 Proc. R. Sc. Edinburgh, t. XXV, 1905. 92 M. CAULLERY er K. MESNIL — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE Nous devons à Marianne Plehn ! la découverte , dans les segments génitaux avec la néphridie (Ter- inallendue de curieux Turbellariés Rhabdocèles, d'un type spécial, rencontrés à l'état adulle dans le système sanguin de Carpes et de Tanches, en Allemagne (deux espèces du nouveau genre San- quinicola). Dans le groupe des Trématodes, signalons une étude détaillée de l’embryogénie du Gyrodactyle par Kathariner*. On sait qu'on voit chez cet animal l'emboitement simultané de quatre générations. Kathariner a reconslilué minutieusement le déve- loppement de l'œuf. Il arrive à conclure que les trois individus emboités l'un dans l’autre à l'inté- rieur du progéniteur seraient frères, parce qu'ils dériveraient du même œuf; on aurait là une sorte de mérogonie naturelle; mais, de l'un à l'autre, il nous semble plutôl y avoir, conformément à l’an- cienne opinion, un développement ontogénique, très raccourci il est vrai, et chacun nous parail plutôt un embryon progénétique fils du précédent. Fage*, en éludiantles transformations desorganes segmentaires, au moment de la maturité sexuelle, chez les Annélides Polychètes, arrive à des résultats dignes d'être mentionnés. On énoncait comme une règle générale, — particulièrement facile à vérifier chez les formes épitoques des Cirratuliens et des Syllidiens, — qu'il y a augmentation du diamètre de la néphridie et formation, aux dépens du péri- toine, d'un pavillon vibratile; l'organe est ainsi rendu apte à l'évacuation des éléments génitaux. Cette règle ne s'applique qu'aux formes à néphridies peu évoluées. Chez les Lycoridiens, où la néphridie est très compliquée, en vue de l’excrétion, il n'y a généralement pas de modification corrélative de l'épitoquie, ou, s'il y en a (cas du Nereis dumerilii), elle consiste en une dégénérescence pigmentaire. Il existe bien, dans cetle famille, un pavillon cilié indépendant de la néphridie (nephromixium de Lankester), mais il n'arrive jamais à s'individualiser pour jouer un rôle dans l'évacuation des produits génitaux, qui s'opère par rupture des téguments. L'individualisation a lieu, au contraire, chez cer- lains Capitelliens où, comme on sait, le pavillon cilié acquiert une ouverture propre; on a alors, côle à côte, un conduit rénal et un génital. On trouve chez les Oligochètes une série paral- lèle”. Chez l'Aelosoma, les néphridies fonctionnent, un peu élargies, comme conduits génitaux. Chez quelques autres, un cælomostome est ajouté à la néphridie (nephromixium). Enfin, dans le cas général, le cœælomostome donne naissance à son propre cœlomoducte; il peut y avoir coexistence 1 Zool. Anz.,t. XXIX, 1905. . * Zool. Jahrb., Suppl. VII, 1904. # C. R. Acad. Sciences, t. CXLI, 1905. * Benua : Quart. Journ. of micr. Se., t. XLVIII, 1904. ricoles), ou bien la néphridie disparait du segment durant ou avant le développement du conduit génital (Limicoles et Pontodrilus). Mingazzini! vient de décrire un Géphyrien péla- gique, recueilli dans le Pacifique austral. C'est le premier que l’on connaisse. Il a une forme sphé- rique et les caractères typiques d'un Siponculide. Nous avons relalé, dans notre compte rendu du Congrès de Berne?, la démonstration péremptoire fournie par Looss du mode d'infection ankylosto- miasique par pénétration sous-culanée des larves. Au congrès même, Schaudinn avait corroboré le fait. Nous ne revenons aujourd'hui sur ce sujet que pour noter que, dans l’espace d’une année, de nou- velles confirmations sont venues de sept ou huit côtés différents. Parmi elles, nous relèverons celles de C. A. Smith (avec le Necator americanum, le nouvel Ankyiostome découvert il y a deux ans par Stiles), de Herman, de Tenholt et de Boycott (ces derniers avec l'A. duodenale), dans lesquelles l'ex- périence a porlé sur l'homme; — et celles de Lambinet, et de Calmetle et Breton, où l'infection inteslinale des animaux a eu pour point de départ une injection à la seringue des larves infectantes dans le lissu cellulaire sous-cutané. Signalons aussi la publication, par Looss:, d'une superbe monographie anatomique el biologique des Ankylostomes; seul, le premier volume, qui traile de l'anatomie de l'adulte, a paru. Nous mentionnions, l’an dernier, la découverte, en plusieurs points très éloignés les uns des autres, du genre Cephalodiseus, jusque-là connu par un seul exemplaire provenant du Challenger. Une nouvelle espèce (C. nigrescens) vient encore d’être trouvée par E. Ray Lankester*, dans les matériaux rapportés par la Discovery des régions antarctiques. Mais il y à lieu surtout de signaler le travail détaillé de S.-F. Harmer” sur les espèces du Siboga el du Musée de Copenhague. C'est une importante con- tribution à la connaissance de cette forme, si rare jusqu'ici, si incomplètement connue encore, et dont les affinités constituent un des problèmes les plus intéressants de la Zoologie. Harmer, d'une façon générale, a pu confirmer les faits élablis sur l’'exem- plaire du Challenger et en préciser la valeur par une élude comparative des diverses espèces. IL a recueilli aussi quelques données, très fragmen- taires il est vrai, sur leur développement. Le fait le plus intéressant de son travail est relatif au (. sibogæ. Celte espèce est représentée par une unique colonie male, à la différence de tous les ‘ Rendiconti Acad. dei Lincei, &. XIV, 1° semestre 1905. ? Voir la Revue du 15 octobre 190#. 3 Rec. of the Egypt. Gov. Schoo! of Medic., 1. VII, 1905. “ Proc. Roy. Soc. London, t. CLXXVI, série B, 1905. 5 Siboga-Expeditie, Livr. XXII, 1905. Re NT PET RENE EG di A Vo AE Pme po, made gti items dnentine mnt da AS eng gr Ve à M ADS A Es het M. CAULLERY Er F. MESNIL — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE 93 Cephalodiseus recueillis jusqu'ici et qui ne renfer- maient que des individus femelles. Or, si l’on re- trouve sur les males le plan général d'organisation des femelles, c'est avec des modifications secon- daires très considérables (simplification des bras, atrophie de l'appareil digestif, etc.). À côté de ces individus males, le cormus de C. sibogæ en ren- ferme d’autres, ayant la forme générale de femelles, mais stériles; ce sont des trophozoïdes. Cela révèle donc, chez les Cephalodiscus, un polymorphisme remarquable et insoupçonné. De l’ensemble de ces recherches, Harmer conclut à la confirmation formelle des affinités des Cephalodiscus avec les Enléropneustes. Nous trouvons aussi cette année diverses recher- ches sur le Rhabdopleura, celte autre rare forme, souvent associée au Cephalodiseus et ballottée pour ses affinités entre les Entéropneustes, les Cephalo- discus et les Bryozoaires. Schépotieff* a réétudié l'espèce des côtes de Norvège. Dans sa dernière Note, il décrit des dispositions anatomiques du cælome et de l'appareil circulatoire, qui,sielles sont réelles, imposeront le rapprochement avec le Cepha- lodiscus et les Entéropneustes. Ces faits ne sont, d’ailleurs en partie que la confirmation des résul- lats annoncés antérieurement par Fowler, et dont il a eu l’occasion d'affirmer récemment encore la réa- lité”, contestée par Conte et Vaney‘. Ces derniers auteurs, niant la subdivision du cœlome et l'exis- tence d'une notochorde, rapprochaient le Rhabdo- pleura des Bryozoaires. Les affinités du Æhahdo- pleura ne pourront être tranchées que quand ces divergences seront réduiles et quand sera connu le développement, aujourd'hui encore totalement ignoré. . Un autre animal a été souvent méléàces discus- sions et non moins ballotté entre divers groupes : c'est la Phorouis, et nous avons résumé précé- demment quelques-unes des dernières recherches relatives à son développement‘. L'un des auteurs qui s'en sont occupés récemment avec le plus de compétence, de Sélys Longchamps”*, vient de lui consacrer encore un long Mémoire, dont la conclu- sion, basée sur une connaissance minutieuse de l'embryogénie, éloigne la Phoronis du ÆRhabdo- pleura et du Cephalodisceus pour la rapprocher, avec encore bien des réserves, des Bryozoaires et des Brachiopodes. Parmi les travaux faits sur les Mollusques, il nous parail intéressant de signaler la mise en évi- dence”, par des méthodes précises, d'un pourpre “ Bergens Mus. Aar., 1904. et Zoo!. Anz., t. XXVIII, 1905. ? Quart. Journ. Mier. Se., t. XLVIIT, 1904. ? C. R. Ac. Sr., 1902. — Cf. Rev. ann. Zool., 1903, p. 619. * Revue de 1903, p. 618. 5 Mém. Acad. Belgique, 1904, t 1. $ C. Hess, in Pflüger's Archir, t. CIX, 1905. rétinien tout à fait analogue à celui des Vertébrés dans la rétine des Céphalopodes. Mentionnons enfin quelques faits nouveaux sur l'Amphioxus. Hesse! a fait, il y a quelques années, une étude précise des organes visuels élémentaires disséminés à la face profonde du tube nerveux et tout le long du corps. Boveri fait remarquer” que, par son origine embryogénique et par la disposi- tion du pigment par rapport à la lumière incidente, l'œil des Vertébrés leur est tout à fait comparable; on doit donc considérer comme très plausible l'hypothèse, faite par Boveri, que les veux des Ver- tébrés dériveraient réellement des organes visuels de l'Amphioxus et, au point de vue de la structure, seraient par rapport à eux ce qu'un œil composé d'Arthropode est par rapport à un ocelle. D'autre part, les vues théoriques émises par Bo- veri sur la signification phylogénique du rein et des organes génitaux de l'Amphioxus comparé aux Vertébrés recoivent un appui des recherches très soignées que vient d'effectuer B. Zarnik*. Boveri avait homologué, en effet, les gonades de l'Am- phioxus au mésonéphros des Sélaciens. Or, Zarnik vient de mettre en évidence dans ces gonades la présence régulière d’une bande métamérique de tissu excréteur, ce qui est bien en faveur de l’opi- nion rappelée ci-dessus ; leur vascularisation aux dépens des rameaux des veines cardinales serait également comparable à ce qu'offrent les Sélaciens, en tenant compte du développement. Enfin, R. Goldschmidt*, parmi les matériaux de la Valdivia, a retrouvé une forme d'Amphioxus dont l'existence était entrevue depuis l'Expédition du Challenger, mais dont on n'avait jamais eu de matériaux suffisants pour une élude précise. Il en fait un genre nouveau, Amphioxides, assez spécial pour légitimer même une famille particulière (Am- phioxididæ — les autres Amphioxus formant les Branchiostomidæ). L'Amphioxides est pélagique, et présente, d'une facon permanente, une série de caractères lar- vaires : absence de chambre péribranchiale; ab- sence de cirres à la bouche, qui est sur le côté gauche; subdivision du pharynx en une portion dorsale et une portion ventrale, cette dernière res- piratoire (il n'y a qu'une rangée de fentes bran- chiales situées sur la ligne médiane ventrale). L'étude histologique de ce type peut nous révéler des détails intéressants sur l'organisation des Chordés primitifs. M. Caullery. et F. Mesnil, Maître de Conférences Chef de Laboratoire à la Faculté des Sciences de Paris. à l'Institut Pasteur. 1 Zeitsch. 1ür Wiss. Zool., t. LXIII, 1898. 2 Zool. Jahrb., Suppl. VII, 1904. 3 Zoo]. Jahrb. (Abth. für Anat.), t. XXI, 1904 “ Biolog. Centralb., t XXV, 1905. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES 1° Sciences mathématiques Gutsche (D' 0.) — Mathematische Ubungsauf- gaben. — 1 vol. de 1v-82 pages. (Prix : 1 fr. 50.) B. G. Teubner. Leipzig, 1905. Ce petit recueil est divisé en deux parties. La pre- mière contient 135 questions données aux examens de maturité des gymnases réaux de Breslau, de 1888 à 1904; elles sont suivies de solutions, avec l'indication très sommaire de la marche suivie. Dans la deuxième parte sont réunis les énoncés de 345 exercices, non suivis de solutions et qui, naturellement mieux ordonnés que les premiers, portent sur les domaines suivants : Algèbre supérieure, sauf la Théorie des Equations, Trigonométrie, Astronomie et surtout Géo- métrie analytique. Beaucoup sont inédits et la plupart pratiques. L'ouvrage est destiné aux « Primaner », élèves de la classe supérieure des gymnases, qu'il doit initier aux notions fondamentales de l'Analyse. Il est cependant à noter et même à regretter que les Dérivées, contrairement à ce qu'on aurait pu attendre, n'y sont absolument pas employées. En. Demouis, Professeur à l'Ecole professionnelle de Genève. Michotte (F.), /ngénieur E. C. P.— Guide pratique pour la conduite et l'entretien des Automobiles à pétrole et électriques. 3° édition. — 1 vol. in-8° de 280 pages avec figures. (Prix : 3 fr. 50.) Bernard, éditeur. Paris, 1905. Dans la première partie, après le rappel de quelques notions élémentaires de Mécanique se rapportant aux automobiles, et l'étude des divers organes d’une voi- ture, l’auteur étudie le fonctionnement du moteur à pétrole en général, en particulier celui du moteur de Dion-Bouton et le motocycle que ce genre de moteur a d’abord actionné. é La seconde partie est consacrée à la voiture à pétrole, à sa conduite, à son entretien. ; La troisième s'occupe des voitures électriques. Dans la quatrième et dernière sont groupés Jes indications relatives aux pneumatiques et les règle- ments qui régissent la circulation des automobiles. Nous n'avons pas su trouver, dans le développement de ce canevas, trace de l'allumage, pourtant aujour- d'hui si répandu, qui emprunte son électricité à une magnéto. L'auteur n'y parle que de dynamo, et il ne semble pas qu'il y ait simplement substitution erronée d'un terme à un autre, car nulle part il n'est question dans l'ouvrage de l'appareil de rupture, à palette et inflammateur, qui produit l'étincelle au sein du mé- lange carburé : la bougie seule de l'allumage à haute tension y est décrite. GÉRARD LAVERGNE, Ingénieur civil des Mines. Vidal (Léon), Capitaine de vaisseau en retraite. — Manuel pratique de Cinématique navale et mari- time. — 1 vo]. grand in-8° de 171 pages. (Prix : 7 fr. 50.) Gauthier- Villars, éditeur. Paris, 1905. La Cinématique navale, science à la fois militaire et maritime, consiste dans l'étude des vaisseaux consi- dérés comme des points mobiles, mais souvent aussi traités en tenant compte de leur longueur, de leur giration, ainsi que de leur puissance, en vue d'en tirer des résultats utilisables dans les opérations straté- giques. A l'heure actuelle, l'officier de marine doit se doubler d'un mathématicien; tous les grands problèmes de tac- tique, de recherche, d'éclairage, relèvent de la Ciné- ET INDEX matique, et il est indispensable que cette science entre dans le domaine pratique de nos officiers. Quels que soient l'entrainement et l'endurance acquis dans des campagnes lointaines ou dans des escadres vraiment actives, quelle que soit la connaissance appro- fondie des engins de combat ou de navigation que peuvent posséder nos ofliciers de Marine, il faut, pour tirer bon parti de ces qualités contre un ennemi ins- truit et puissant, qu'ils s'exercent constamment, pen- dant le temps de paix, aux problèmes stratégiques et tactiques. Il est presque impossible de tirer des déductions fermes des exercices tactiques exécutés soit sur le papier, soit même par les escadres, à cause de l’igno- rance où l’on se trouve des combinaisons de ma- nœuvre de l'ennemi, combinaisons que l'on est forcé d'imaginer soi-même. Mais, sur le champ de bataille, le problème sera clairement posé, les mouvements de l'ennemi nette- ment dessinés, et, pour les chefs dont l'esprit aura été rompu dès le temps de paix à cette gymnastique in- grate, la solution heureuse s'imposera d'elle-même. L'auteur à présenté les problèmes résolus sans dé- monsirations, afin de ne pas en voiler les déductions sous une masse de calculs; la plupart des formules sont accompagnées de tables qui les rendent facilement praticables. La part du capitaine Vidal dans l'étude de ces ques- tions est considérable, malgré la modestie avec laquelle il en dissimule l'importance ; mais, parmi ceux qui ont le plus contribué à répandre cette science dans la Ma- rine, il faut citer en toute première ligne l'amiral Fournier, puis les amiraux Gourdon, Mallarmé, Aubert, le commandant Vignot, le capitaine de frégate Guillou, les ingénieurs Villaret et Mangin, et une pléiade d'offi- ciers de valeur. AB, 2° Sciences physiques Mazotto (Domenico). — La Télégraphie sans fil. Traduit de litalien par M. J.-A. MONTPELLIER. — 1 vol. in-8° de 432 pages avec 250 figures. (Prix : 12 fr. 50.) Vvre Dunod, éditeur. Paris, 1905. Bien que la télégraphie sans fil soit d'origine encore toute récente, elle a fait des progrès si rapides qu'elle a pu entrer d'emblée dans la pratique industrielle, La découverte de procédés capables d'assurer la transmission de signaux à distance sans relation appa- rente entre les stations, et en dépit de l'interposition d'obstacles matériels, ouvrait la voie à nombre d'appli- cations intéressantes. Tandis que le succès des essais entrepris par diffé- rents expérimentateurs à la suite de Marconi encoura- geait les industriels à tirer un parti immédiat des résultats acquis, l'accroissement inattendu des dis- tances franchies autorisait bientôt les plus grandes espérances. Dans le présent ouvrage, l'auteur s’est surtout efforcé d'exposer la série des recherches effectuées par Mar- coni pour perfectionner son système primitif et em étendre les applications. Un intéressant résumé des essais de communications sans fil entrepris avant que l’on songeàt à l'emploi des ondes hertziennes est donné au début de l'ouvrage, et lui sert d'introduction. L'auteur passe successivement en revue les essais de communication par conduction à travers l'eau el par induction, puis les systèmes radiophoniques basés sur les curieuses propriétés de l'arc chantant ou sur l'action des radiations ultra-vio- se De PTE ve ma uns intimiste Semi RC | lettes. Un exposé succinct des principes qui servent de … base à la télégraphie sans fil proprement dite, quelques notions élémentaires sur la production et la propaga- _ tion des ondes électriques, précèdent la description des appareils de radiotélégraphie. Les descriptions des différents organes, bobines, interrupteurs, cohéreurs, sont assez complètes et se {rouvent accompagnées de dessins et schémas sufli- samment clairs pour permettre à un lecteur non spé- vialiste de se faire une idée exacte de la technique de la télégraphie sans fil. Une part importante est réservée à la description des dispositifs proposés dans le but de spécialiser les Signaux, c'est-à-dire de résoudre le problème de la «syntonie ». À mesure que se développait la télégraphie sans fil, l'accroissement rapide du nombre des stations faisait ressortir les inconvénients inhérents au nouveau mode de communication : manque de discrétion des mes- - sages, et troubles exercés par les stations les unes sur les autres. Il devenait donc de plus en plus urgent de trouver le moyen de soustraire une station à l'influence des émissions étrangères ; aussi les efforts des chercheurs Se dirigeaient-ils dans cette voie. L'importance du pro- blème et la difficulté de la solution expliquent qu'un grand nombre de dispositifs aient été proposés. On peut regrelter que l'étude de ces différents dispositifs -aitété volontairement restreinte par l'auteur au côté purement descriptif, et qu'une part plus large n'ait pas . été faite à la critique. Il peut rester au lecteur l'impression que les appa- reils de Marconi et l'édification des puissantes stations de la Wireless Company ont donné le dernier mot de Ja radiotélégraphie, tant au point de vue de la grandeur . es distances franchies que de la sécurité et de la dis- erélion des communications. Il ne semble pas encore en être tout à fait ainsi. L'auteur reconnait lui-même que l'efficacité de la syntonisation se réduit à ce que, dans les limites - extrêmes d’une transmission, un appareil réglé avec le transmetteur recoit mieux qu'un appareil non accordé, Nous nous associons pleinement à cette conclusion. L'ouvrage se recommande, d'ailleurs, par une grande clarté d'exposition, et l'intelligence en demeure facile à lous ceux qui possèdent seulement des notions élé- mentaires d'Électricité. C. Tissor, Lieutenant de vaisseau, Professeur à l'Ecole Navale. Rodet (J.), Zngénieur des Arts et Manufactures. — Résistance, Inductance et Capacité. — 1 vo/. 1n-8° «de 257 pages avec 76 figures. (Prix : T fr.) Gauthier- Villars, éditeur. Paris, 1905. Les notions de résistance, d’inductance et de capa- cité sont maintenant familières à tous les ingénieurs; on ne peut sans elles, et même sans une intelligence très nette et très complète de leur signification, abor- der actuellement le domaine des courants alternatifs et de leurs nombreuses applications. En insistant tout particulièrement sur ces trois notions et en leur con- Sacrant une publication spéciale, M. Rodet a voulu Sans doute compléter ses précédents ouvrages qui, for- cément, font un appel constant à ces notions fonda- mentales. Sous ce rapport, la nouvelle publication de M. Rodet rendra certainement de réels services, malgré le grand nombre d'articles parus déjà sur ces ques- tions. 11 importe, cependant, de remarquer que la notion d'inductance, très précise lorsqu'il s'agit de circuits sans fer (lignes aériennes par exemple), constitue un élément particulièrement variable dans la pratique lorsqu'on à affaire à des appareils renfermant des noyaux de fer, sièges de phénomènes d'hystérésis et de courants de Foucault. Cette notion finit souvent par perdre toute précision, en ce sens que, pour un même appareil et une même fréquence, elle dépend du régime et des conditions de fonctionnement. De mème, la BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 95 notion de capacité, si on l’envisage dans ses effets, devient particulièrement intéressante lorsque les forces électro-motrices qui agissent dans les réseaux ren- ferment des harmoniques dont l'amplitude n’est pas négligeable; il est également très important de mon- trer comment, dans un réseau soumis à des tensions polyphasées, la capacité doit être envisagée. Ce sont là des points délicats que la plupart des traités laissent complètement de côté et qui ont cependant une impor- tance pratique très réelle. Quelques détails de plus sur ces questions, que l'on ne fait qu'entrevoir, auraient certainement été les bienvenus. Parmi les chapitres les plus intéressants et les plus actuels, nous mentionnerons spécialement le chapitre « sur les phénomènes produits par l'application ou la suppression brusques d'une force électro-motrice aux bornes d’un circuit ». Ces phénomènes, dont l'étude a été surtout poursuivie par Steinmetz, sont d'une grande importance pratique; ils devraient être connus, dans leur théorie et dans leurs conséquences, de tous les ingénieurs et même de tous les praticiens. GC. E. Guye, Professeur à l'Université de Genève. Nicolardot (P.,, Capitaine d'Artillerie, Directeur du Laboratoire de Chimie à la Section technique de l'Artillerie. — Le Vanadium. — 1 vol. de l'Encyclo- pédie scientifique des Aide-mémoire.(Prix : 2 fr. 50. Gauthier- Villars, éditeur. Paris, 1905. Le vanadium a eu sa vogue, il y a une trentaine d'années déjà, puis il est tombé dans l'oubli et, après une série d'éclipses totales ou partielles, on se met à en parler aujourd'hui plus que jamais. Il en est sou- vent ainsi des corps rares dont les propriétés sont mal connues; leur rareté et ce qu'on à cru pressentir d'extraordinaire dans leurs propriétés laisse le champ libre à toutes les hypothèses et à toutes les exagéra- tions : à coup sûr la science et l’industrie vont être révolutionnées ! Plus tard, lorsque la pratique montre l'inanité de ces exagérations, on ne veut plus entendre parler du corps qui a été trop vanté; on ne veut même plus lui reconnaitre aucune qualité. Ce n'est que beaucoup plus tard, lorsqu'il a été soumis à une expérimentation vraiment scientifique et répétée, qu'il s'impose comme un produit d’une utilité incontestable. C'est à peu près l'histoire du vanadium. Que n'a-t-on affirmé sur le compte de ce métal! En dehors de son application déjà ancienne à la fabrica- tion du noir d'aniline, on l'a employé pour la prépa- ration des encres, des verres colorés, des produits photographiques, de l'oxycellulose, de l’anhydride sul- furique. En Thérapeutique, on s'en est servi pour guérir la tuberculose. En matière d'élevage, il a servi à en- graisser des cochons (p. 83); d’autres essais exécutés sur des chevaux atteints d'une fièvre épidémique de cause inconnue (sie) auraient pleinement réussi (p. 83). L'excellente monographie de M. Nicolardot a groupé tout ce que l'on sait de certain sur le vanadium, en particulier en Métallurgie. Dans cette plaquette, l'au- teur donne les propriétés mécaniques qu'acquièrent, sous l'influence du vanadium, les aciers, les bronzes, les laitons et autres métaux. Et ces propriétés ne sont pas indiquées seulement qualitativement, mais elles sont représentées par des facteurs qui donnent la mesure de la dureté, de la limite d'élasticité, de la résistance à la rupture, etc., de ces alliages. Des des- sins micrographiques empruntés aux recherches de M. Léon Guillet, ainsi que des examens chimiques de M. Nicolardot lui-même, complètent les études du vanadium au point de vue métallurgique, Nous ajouterons que M. Nicolardot — qui a fait des études spéciales sur le vanadium et sur ses alliages était lout désigné pour faire l'histoire de cet intéres- sant métal. AUGUSTE HOLLARD, Chef du Laboratoire central ; des usines de la Cle française des Métaux. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 3° Sciences naturelles De Launay (L.), Zagénieur en chef des Mines, Pro- fesseur à l'Ecole supérieure des Mines. — La Science géologique. Ses méthodes, ses résultats, ses problèmes, son histoire. — 1 vol. in-8° de 752 pages avec 53 figures el 5 planches hors texte en couleurs. (Prix: 20 fr.) Armand Colin, éditeur. Paris, 1905. Aucune science, depuis trente ans, n’a fait des progrès plus rapides que la Géologie; aussi l'histoire de la Terre - commence-t-elle à ètre bien connue. L'étude de tous les phénomènes qui se sont succédé à sa surface, l'évo- lution des mers et des continents, la suite si admirable des mondes qui l'ont peuplée dans la série des temps géologiques, à été entreprise par de nombreux savants, sur tous les points du globe. D'innombrables travaux d'analyse et de synthèse ont été publiés, et peu à peu, à la lumière du présent, les géologues ont éclairé l'his- toire du passé. Ce sont les méthodes, les résultats, les problèmes et l'histoire de la science géologique, si attrayante, si phi- losophique, qui se rattache étroitement à toutes les autres sciences, aussi bien à l'Astronomie, la Géogra- phie, la Préhistoire, qu'à la Physique, la Chimie, la Zoologie, la Botanique, que M. de Launay nous expose en un gros volume de plus de 700 pages. L'auteur, qui a déjà publié des ouvrages importants de Géologie, a su présenter très habilement ce qu'on entend par science géologique. En une série de cha- pitres bien coordonnés et qui s’'enchainent pour former un tout harmonieux, il montre le but scientifique et philosophique de la Géologie, en l’envisageant sous le triple point de vue de science naturelle, de science his- torique et de science physique. Je ne peux essayer de résumer l'ouvrage dans un compte rendu de quelques lignes. Je noterai seulement que M. de Launay, tout en s'inspirant largement des travaux de ses devanciers, des synthèses magistrales de Suess, des œuvres de Geikie et des géologues américains, des ouvrages si répandus de M. de Lapparent, de ceux de Barré, etc , a su cependant faire œuvre originale et personnelle, car il n'a pas seulement beaucoup lu : il a vu également beaucoup, et, à la lecture, on devine l’in- génieur dont se double le géologue, ce qui n'est pas pour déplaire. Je signalerai comme particulièrement nouveaux les chapitres qui ont trait à la Pétrographie et à la Métal- logénie, dans lesquelles l’auteur s'est spécialisé par ses recherches, chapitres où sont clairement exposées les vues nouvelles sur l’origine et la classification des roches éruptives, sur les magmas, l’origine et les variations des filons, le métamorphisme, etc. Les tra- vaux de Fouqué, Michel-Lévy, Lacroix, Barrois en France, de Brügger en Suède, de Iddings, Pirsson, Washington, W.Cross en Amérique, Rosenbuch, Tscher- mak en Allemagne, etc., y sont envisagés à la lumière des découvertes actuelles et judicieusement appréciés. « La Science géologique » n'est pas un traité de Géo- logie; néanmoins, il eût été bon, il me semble, d'y faire une place plus large à la Paléontologie, sans laquelle la Stratigraphie ne peut exister. On ne saurait trop recom- mander également l'établissement des cartes paléogéo- graphiques, avec l'indication des faciès, des courants quand cela est possible), en un mot de tous les élé- ments qui peuvent aider utilement à la reconstitution du passé de notre Globe, Et, quoique l'auteur soit très clair dans son exposé, on eût voulu aussi, pour l'in- telligence de bien des faits et des théories, un plus grand nombre de figures, qui parlent mieux à l'esprit que le meilleur des raisonnements. Mais ces légères critiques n'allèrent en rien la valeur de l'ouvrage de M. de Launay, dans lequel tous les géo- logues trouveront un guide sûr et où fourmillent les observations et de sagaces critiques. Je ne peux m'empêcher de noter encore le chapitre relatif à la description de la structure et de la tecto= nique terrestre, que beaucoup de géologues et de géo- graphes liront avec fruit. « La description structurale de la surface terrestre, est, en effet, le fondement essentiel de toute géologie, car les phénomènes de toute nature que nous pouvons avoir à étudier, et notamment la Paléogéographie, les déplacements des mers à la surface, les sédimentations, ou encore les cristallisations de roches éruptives et de métaux, ne sont que la conséquence des mouvements plus profonds et plus généraux, par suite desquels ont surgi tour à tour les chaînes montagneuses et se sont effondrés les abimes des océans. L'étude de la dyna- mique terrestre permet seule de saisir le lien qui rat- tache entre elles, géographiquement, les diverses parties de l'écorce terrestre. » Pour la description de ce vaste ensemble, M. de Launay suit l'admirable modèle donné par Suess; nous voyons d'abord apparaître les massifs primitifs, puis successi- vement la chaine calédonienne, la chaîne hercynienne et la chaine alpine. Pour cette dernière, quel chemin parcouru dans la facon de l’envisager, depuis Lory avec son système de failles, MM. Marcel Bertrand et Kilian avec leurs plis en éventail, jusqu'à MM. Lugeon, Haug, Termier, ete.,. avec leurs charriages gigantesques! Le livre de M. de Launay se termine par un chapitre relatif à l'histoire des êtres organisés, suivi d'un autre, assez suggestif, ayant trait au présent, au passé et à. l'avenir de la Terre, questions qui, toutes, offrent le plus. grand intérèt. Les cartes en couleur placées à la fin du volume, et. qui représentent les chaines de montagnes qui se sont succédé sur notre globe, rendront les plus grands ser- vices, car elles sont très claires et très compréhensives. En résumé, la « Science géologique » est un beau livre, que géologues, géographes, ingénieurs et étu- diants liront avec le plus grand profit. PH. GLANGEAUD, Chargé de cours de Géologie à la Faculté de Clermont-Ferrand. Grandeau (L.), Zapporleur général de l'Agriculture à l'Exposition Universelle de 1900, Inspecteur qé-. néral des Stations agronomiques. — L'Agriculture et les Institutions agricoles du monde au com- mencement du XX° siècle. 1°. 1. — 1 vol. in-4 de 154 pages, avec 193 phototypies, graphiques et cartes. Imprimerie Nationale. Paris, 1905. Ce livre embrasse, dans une vue détaillée, pays par pays, les faits généraux qui impriment à l'Agriculture un caractère particulier. Chaque étude monographique spéciale comprend l'agriculture et les forèts, l'éco- nomie rurale et ses branches annexes, sans viser, d'ailleurs, à un plan tout à fait analogue pour chaque monographie. Cette agglomération de documents, dit l'auteur, peut permettre d'utliles comparaisons et des vues d'ensemble sur la situation de l'Agriculture chez presque toutes les nations du globe, à l'aurore du xx° siècle. On aimerait voir la plume d'un auteur, aussi qualifié pour le faire, tenter elle-même ces comparaisons, essayer, de place en place, des aperçus synthétiques qui pourraient protiter de la longue expérience que possède M. Gran- deau de l'évolution des choses agricoles. On cherche dans l'ouvrage cette anatomie comparée des organes similaires chez les diverses agricultures des Etats mo- dernes. Et l'idée vient d'essayer soi-mème si les docu- ments rassemblés permettent facilement les comparai- ‘sons philosophiques. Eh bien, il faut constater que, faute peut-être d'avoir eu pour but d'établir des con- clusions générales, les éléments rassemblés sont géné- ralement très peu comparables. Utilisant surtout les monographies publiées par les diverses sections de l'Exposition universelle, le livre montre la diversité des buts de ceux qui rédigèrent ces brochures si va- riées. Prenons un exemple, et cherchons, je suppose, » +5 an ex! ”. ES : Lu triche, deux pages sont consacrées à cette question ; ce qu'est la représentation professionnelle des intérêts et des classes agricoles : Dans la monographie de l'Au- dans l'étude de l'Allemagne, on trouve deux lignes … disant in extenso : «Il y a dix Chambres d'agriculture allemandes, au-dessus desquelles est placé le Landes — Economie Collegium ». Dans l'étude relative à la Hon- … grie, et de beaucoup d'autres nations, nous ne trouvons * aucune mention à ce sujet. Plus loin, nous apprécions “un bilan de petite culture danoise; mais nous man- … quons de données comparatives sur un bilan de cul- # | “ - ture analogue, dans les Etats voisins; la comparaison, dans ces conditions, est vraiment difficile. On nous dira peut-être que chaque monographie documentaire — à sa valeur en soi, ef que nos critiques portent princi- “ “ , Y LA - rassembie la section agricole du Musée social, sur l'état . +] à. ë £. £ < f sin, palement sur ce qui y manque plus que sur ce qui s'y trouve. C'est exact. Nous croyons, cependant, que, dans cette volumineuse étude, chaque monographie eût pu — avoir, jusqu'au détail, les mêmes casiers documentaires. M. Grandeau était qualifié pour tenter une œuvre où l’on trouvera une quantité considérable de documents sur la géographie agricole. Le géographe surtouf, et le grand public, pourront tirer bon parti de cette publica- tion. La partie de l'ouvrage relative aux institutions agricoles du monde gagnerait à une addition plus con- sidérable de documents spéciaux, comme ceux que actuel des classes rurales dans les divers pays. À ce point de vue, nous avons apprécié les pages relatives au crédit rural et aux caisses agricoles en Suède, en Danemark, en Allemagne, en Autriche, en Angleterre. Il y a aussi des pages intéressantes sur les coopératives et sur les mutuelles. Les salaires et les gains agricoles, les rapports des classes rurales entre elles sont moins abordés. On aimerait aussi trouver, dans un tel ouvrage général, un index bibliographique permettant aux spé- cialistes d'approfondir les questions. C’est l'annexe in- dispensable des livres scientifiques modernes. Il faut bien constater, d'ailleurs, qu'un livre tel que celui-ci est difficile à écrire ; il a, en effet, une allure encyclopédique qui devient plus rare à notre époque. On sent que les spécialistes sont désirables pour traiter, avec des vues générales et instructives, des questions — connexes assurément, mais distinctes pourtant — telles que celles qui sont englobées dans le titre de cet ouvrage: agriculture, commerce et technologie des produits agri- coles, économie rurale et institutions sociales. Ce premier volume serait agréablement complété, si Jun des volumes à venir comportait des conclusions qui prendraient pour base des monographies écono- miques (propriété, main-d'œuvre, bénéfices, vente des produits..…...). Ces critiques formulées en toute sincérité, nous nous exeusons de nous permettre cette franchise d’aporécia- tion pour l'ouvrage d'un maître dans une science où nous ne sommes qu'un modeste élève. Aussi, voulons- nous terminer en signalant les hautes qualités d’infor- mation touiours en éveil de l’auteur, l'exactitude de ses statistiques et la précision toute scientifique d’un ouvrage qui sera un point de repère documentaire souvent consulté. EpxoxD Gain, Professeur adjoint à la Faculté des Sciences, Directeur des Etudes agronomiques à l'Université de Nancy. Boletin de la Sociedad Geografica de Lima. — Libreria de San Pedro, Lima. La Société de Géographie de Lima publie, chaque trimestre, un Bulletin destiné à rendre compte du mou- vement géographique au Pérou. Le numéro que nous avons sous les yeux contient d'intéressantes études sur Ptinéraire des voyages de Raïmondi au Pérou; les ruines d'Intihuataia; Je climat d'Arequipa, l'ascension de l'Huascaràn, ainsi que des notes sur la flore des montagnes péruviennes et des observations thermomé- triques. La publication, très bien conçue, fait grand honneur à la Société de Géographie de Lima. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 4° Sciences médicales Bergouignan (P..— Les Caïdiopathies artérielles et la cure d'Evian. — 1 vol. in-8° de 159 pages. (Prix : 3 fr. 50.) G. Steinheil, éditeur. Paris, 1905, L'auteur donne des cardiopathies artérielles la défini- tion établie par M. Huchard et en expose les symptômes cliniques. Ceux-ci, rangés sous les trois chefs d'hyper- tension artérielle, de meïopragie et d'intoxication, sont exposés successivement et avec une grande clarté. L'évolution de ces cardiopathies artérielles est décrite dans ses trois périodes : 1° artérielle, au début de laquelle existe une phase purement fonctionnelle, sans lésion appréciable, n'ayant souvent pour tout signe que l'hypertension artérielle; 2 cardio-artérielle, où les lésions se manifestent par l’endartérite des vaisseaux périphériques et viscéraux, ef toujours accompagnée d'hypertension. La sclérose intéressant les artères propres du cœur compromet le fonctionnement de cet organe. C'est alors qu'apparait, après la dilatation aor- tique, le début des lésions valvulaires; 3° mitro-arte- rielle, où le retentissement sur le cœur est général, où les cavités cardiaques, ayant des parois d'une résistance et d'une élasticité amoindries, se dilatent, où les val- vules deviennent insuffisantes. C'est alors que la tension artérielle diminue. De telles lésions provoquent un ensemble de symp- tômes que l'on peut, dans un but didactique, grouper sous cinq formes cliniques, bien que le plus souvent elles se confondent entre elles : 4° la cardio-sclérose à forme arythmique; 2° l'angine de poitrine corona- rienne; 3° la cardio-sclérose à forme myovalvulaire; 4° la forme cardio-aortique ; 5° la forme cardio-rénale. C'est la prédominance de tel ou tel symptôme qui caractérise ces diverses catégories. M. Bergouignan étudie les causes de ces affections. Il les signale plus fréquentes chez l’homme (70 °/,) que chez la femme (50 °/,). Cela tient à ce que l'alcoolisme, le tabagisme, le saturnisme, la syphilis, le surmenage physique et intellectuel sont plus fréquents chez l'homme. En outre, on trouve, comme causes prédispo- santes, l'hérédité, la ménopause, la sénilité, les infec- tions antérieures, les maladies telles que le diabète, la goutte, le rhumatisme chronique. L'auteur insiste avec raison sur le rôle des intoxications, soit endogènes, produites par l'organisme même, dont les élaborations ne sont plus normales, soit exogènes, par introduction dans l'organisme des poisons lents. M. Huchard a for- tement incriminé l'alimentation carnée excessive. On ne sait encore si l'hypertension artérielle ne finit pas par provoquer les lésions des vaisseaux, ou si toutes deux ne sont pas les effets d’une même cause. L'hypertension ne serait alors qu'un trouble fonc- tionnel, précédant la lésion artérielle, et la décelant quand celle-ci en est encore au début de sa formation. Cette hypothèse semble aujourd'hui la plus probable. En effet, un agent toxique peut, avant d’altérer les parois artérielles, agir sur les vaso-constricteurs et augmenter la tension sanguine. Avant la lésion anato- mique se produit une perturbation physiologique. L'hypertension traduit alors l'action toxique longtemps avant d’être le signe de l’altération artérielle. Il est un organe qui, plus que tout autre, est destiné à l'épuration du sang: c’est le rein. S'il ne suffit plus à ca tâche, non seulement les lésions antérieures s’ac- centuent rapidement, mais d'autres se créent : les organes recevant un sang adultéré souffrent, et très vite des accidents éclatent, souvent fort graves, quand l'intoxication est massive ou bien qu'un organe, variable suivant les conditions individuelles, présente un défaut de résistance ou une fragilité particulière. Et non seulement le rein a cette influence spéciale sur la composition du sang, mais encore il se trouve que, pour accomplir son rôle, c'est au système artériel mème qu'il emprunte ses ressources. Le glomérule du rein, indispensable à la formation de l'urine, n'est, en 98 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX effet, qu'une adaptation du système vasculaire lui-même à une fonction déterminée. D'où le retentissement infaillible des lésions artérielles sur le rein. Cela explique les connexions étroites qui existent entre l'intoxication et l'insuffisance rénale, à tel point que l'une ne va pas sans l’autre. Onsaitl'importance qu'a prise, en cesdernièresannées, la rétention des chlorures dans l'organisme, rétention qui est produite par un défaut de l'élimination normale du sel au niveau du rein. M. Bergouignan donne un bon résumé de cette question; puis, il étudie la fonction rénale chez les artério scléreux et expose les divers procédés d'exploration de la perméabilité du rein, tels que la séparation des urines, les analyses chi- miques, l'épreuve de la toxicité, la cryoscopie, les épreuves d'élimination de diverses substances (bleu de méthylène, iodure de potassium, glycosurie phlori- dzique, chlorurie alimentaire). En général, chez les cardio-artériels, on observe une tendance à l'insuf- fisance de l'épuration rénale, c'est-à-dire à la rétention des produits qui sont d'ordinaire facilement éliminés. Entre l'insuffisance et l'imperméabilité, il y a la diffé- rence d'un état temporaire, susceptible de céder, à un état définitif, que rien ne peut réduire.théra La peutique doit avoir pour objet de rétablir le fonctionnement rénal, ce qui rend au sang une composition plus nor- male, le débarrasse de ces principes retenus, qui sont précisément la cause de l'hypertension artérielle, des troubles fonctionnels et de la progression des lésions anatomiques. M. Bergouignan divise cette thérapeu- tique en trois parties. Ce sont : 1° La restriction dans l'apport des substances re- connues nuisibles, comme l'alcool, le tabac, le plomb. Ces poisons sont faciles à supprimer. Mais ceux qu'in- troduisent les régimes alimentaires défectueux sont beaucoup plus difficiles à définir et, par suite, à éviter. Le régime lacté, le régime lacto-végétarien sont à ce point de vue des régimes de prudence, car ce sont de beaucoup les moins toxiques. Il est aussi plus aisé, avec eux, de graduer la proportion de chlorure de sodium qui doit ètre mêlée à l'alimentation; 2° La restriction de la formation des: substances nuisibles dans l'économie. On y arrive au moyen de ces mêmes régimes, par la surveillance des fonctions digestives, et l'accélération des fonctions générales de la nutrition (massage, gymnastique, hydrothérapie); 3° La stimulation de la fonction urinaire. Ici encore, le régime prédomine, Le lait est le meilleur des diuré- tiques. Les médicaments tels que la digitale, la théo- bromine, etc., employés par intermittences et à propos, ont une action bienfaisante. On trouve encore une aide efficace dans les moyens physiques : tels que le massage général el abdominal, l'exercice modéré et les cures hydrominérales. Ce dernier point a été particulièrement visé par M. Bergouignan. Toute la seconde partie de son ouvrage est consacrée à la cure des cardiopathies artérielles par les eaux d'Evian. L'action de cette cure a été étudiée avec Soin, sans parti pris et dans un bon esprit de thé- rapeutique. Les multiples observations sur lesquelles l'auteur s'appuie l’amènent à conclure que : « La cure d'Evian régularise la diurèse des artério-scléreux: régularise l'élimination de leurs solides urinaires ; peut amener chez eux fdes déchlorurations accentuées, accompagnées où non de perte de poids; coïncide avec la diminution progressive et souvent durable de l'hyper- tension et des signes physiques et fonctionnels ». Ces conclusions ne seront contredites par aucun clinicien. De A. LÉTIENNE. Meige (D° IL). — Tics. — 1 roch. in-8° de 40 pages de l'Œuvre médico-chirurgical. (Prix : 1 fr. 25.) Masson et C°, éditeurs. Paris, 1905. Nos lecteurs trouveront dans cette plaquette le déve- loppement de l'étude que l'auteur à consacrée aux tics dans la evue du 15 mai 1904. 5° Sciences diverses ! Halden (Ch. Ab der). — Etudes de Littérature cana- dienne française, avec'une introduction: « La langue et la littérature françaises au Canada. La famille française et la nation canadienne, » par M. Louis Hergette, Conseiller d'Etat, Président du Comités Général de Propagande de « l'Alliance Francaise ». (Prix : 4 fr.) FR. de Rudeval, éditeur. Paris, 1905 I y à, par-delà les mers, une ancienne France à laquelle nous ne nous intéresserons jamais trop, car il existe, entre elle et nous, le double lien d’une origine: et d'une langue communes. Nous faire mieux connaitre, par l'étude de sa littérature, et, par suite, nous faire. mieux aimer cette ancienne France restée comme un. prolongement de la mère-patrie, c'est la tâche qu'ont. entreprise M. Ab der Halden, en nous présentant les. écrivains canadiens du xix®siècle, et M. Louis Herbette,. en écrivant une magistrale introduction pour les: « Etudes de littérature canadienne française ». « Les Canadiens-Français ne sont pas un peuple, ils. n'ont pas delittérature », disait, dans son Rapport, lord Durham, le haut-commissaire envoyé, après la guerre civile de 1837, pour étudier les réformes urgentes que réclamait la colonie. Les Canadiens-Francais ont répondu, et ils ont accompli le miracle, tout en restant loyaux sujets de l'Angleterre, de créer une littérature francaise qui possède déjà ses titres de noblesse. Les légendes d'autrefois, les anciennes traditions, les vieux souvenirs, tout ce passé qui conditionne, en quelque sorte, le présent, — car, selon la forte expres-# sion d'Auguste Comte, nous sommes faits de plus de morts que de vivants, — tout cela reparait dans les Mémoires d'Aubert de Gaspé; l'histoire du pays, une. histoire épique, ou plutôt une épopée, est écrite dans les livres de Gérin-Lajoie, et les poésies de Fréchette sont, dans les lettres canadiennes, comme un joyau. précieux qui ne déparerait pas notre propre littérature. Il ressort d'une lecture attentive de l'ouvrage de M. Charles de Halden que la culture classique n'a exercé aucune influence sur les écrivains canadiens. L'étude de nos œuvres à remplacé pour eux celle de l'antiquité. Il en résulte, forcément, dans les débuts d'une littéra- | ture, une certaine imitation, mais il n'en faut pas redouter les effets; l'originalité viendra ensuite. Ï C'est une question, sinon résolue, car elle ne peut! l'être, mais souvent posée, de savoir quelle direction. auraient suivie chez nous l'Art et la pensée, sans la’ révolution qui s’accomplit au xvi* siècle, et si le génie. national, qui reçut la forte empreinte de la Renaissance, ! n'aurait pas conquis le même rang dans le monde, ! par un développement autre des qualités qui ont fait de, lui le représentant le plus autorisé de l'humanisme. Nos petits-fils verront, eux, ce que donnera la lilté- rature canadienne, inspirée des lettres françaises, comme nous avons puisé nous-mêmes, dans le trésor! de la Grèce et de Rome. M. Herbette, à qui il faut en revenir, Car il à écrit sur la famille francaise et la nation canadienne cent pages qui resteront, n'éprouve aucune inquiétude : « Quand un pays, dit-il, borde deux océans, quand il comprend des paysages gran- dioses, des montagnes verligineuses, des lacs grands\ comme des mers, et des fleuves comme des bras de mer, — quand il à des hivers où se fige la nature em un bloc, pour se diversifier au retour de la chaleur, des richesses minières incalculables, des bois inépui- sables, des « pouvoirs d'eau » gigantesques, — quel! caractère ne peut y prendre la littérature, quelle! puissance doit y acquérir la poésie! » On ne peut s'empêcher, après avoir lu les « Etudes! de littérature canadienne française », de partager cette confiance. Et il faut remercier M. Charles de Halden: et le Président si dévoué du Comité de Propagande del l'Alliance française d'avoir, le premier écrit, et le! second présenté au publie français un bel et bon livre, par-dessus tout réconfortant. LUCIEN RouLLEr. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 99 ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS A+ * , ue: Séance du 26 Décembre 1905. W Académie procède au renouvellement de son Bureau pour 1906. M. H. Poincaré, vice-président, ient de droit président. M. A. Chauveau est élu président. SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. A. Demoulin com- que ses recherches sur les surfaces isothermiques une classe d’enveloppes de sphères. — M. C. Ca- dory généralise le théorème de M. Picard qui a au nombre de valeurs qu'une fonction entière ne pas atteindre, — M. W. Stekloff étudie le avement non stationnaire d’un ellipsoïde fluide de olution qui ne change pas sa figure pendant le mou- ent. Le mouvement se décompose en mouvement nirainement se réduisant à la rotation de l’ellip- ide, comme s'il était un corps solide [système (A), r de son centre, et en mouvement relatit du ide par rapport au système (A). — M. J. Clairin met ses recherches sur une transformation de ines équalions linéaires aux dérivées partielles du ond ordre. — M. J. Guillaume communique ses ervations du Soleil faites à l'Observatoire de Lyon idant le premier trimestre de 1905. La surface totale taches a presque doublé ; le nombre et la surface roupes de facules ont notablement diminué. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. Ant. Sauve signale qu'il découvert, avant M. Nodon, un appareil presque dentique à celui de ce dernier et permettant d’'aper- oi en tout temps les protubérances solaires. — Le …Cirera communique les observations magnétiques à l'Observatoire de l'Ebre à l’occasion de l’échipse eSoleil du 30 août 1905. Malgré quelques troubles, onremarque dans les trois éléments magnétiques une dance générale à revenir dès le début de l'éclipse à valeur moyenne. — M. G. Sagnac étudie la propa- tion de la lumière dans un système en translation ; une rotalion des ondes inobservable, dont l’aber- n des étoiles est un effet indirect observable. — Violle à cherché à réaliser un étalon de lumière atilisant un point fixe de température pour assurer ité et la constance de la radiation. Ce point fixe obtenu par l'ébullition d'un métal au four élec- que. — M. Ch. Maurain a reconnu que les pulvéri- ions cathodiques paraissent être constituées par des cules déjà assez grosses, arrachées à la cathode le choc des rayons X, projetées dans toutes les diections et chargées électriquement, mais avec un rapport e/m beaucoup plus petit que pour les projectiles mStituant les rayons cathodiques. — M. G. Moreau à leulé les mobilités des ions des vapeurs salines “après la théorie de Maxwell; elles varient en raison se de la racine cubique de la concentration du ant gazeux el concordent assez bien avec les xs observées. — M. G. A. Hemsalech à observé la décharge électrique donne lieu au spectre de es dans l'air non ionisé et au spectre de bandes lair ionisé. Une seule oscillation est capable de ire et de rendre lumineuse de la vapeur métal- : — M. C. Matignon a constaté que le sulfate neutre de samarium Sm°(S0‘*, dont le poids est aniable à 500°, est décomposé à 1.000° avec formation Sulfate basique Sm°0'S0*, dont le poids reste fixe à ëtempéralure. Cette fransformation constitue une wellente méthode de détermination du poids ato- jue, qui est de 150,6 (0—16), — M. H. Baubigny Btient, contre les assertions de Bellucci et Clavari, ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER l'existence d’un oxyde salin de nickel Ni°0*‘, qu'on obtient en chauffant du chlorure de nickel vers 250°- 400° dans un courant d'O. — M. G. F. Jaubert a reconnu que l'acétylène réagit énergiquement sur l'acide iodique à 80°, suivant l'équation : 0° C°H* —[5+-2C0—+ H°0. Dans ces conditions, il est bon, dans le procédé Albert-Lévy et Pécoul pour la recher- che de CO, de s'assurer d'abord que l'air examiné ne contient pas CH°, — MM. W. Œcbsner de Coninck et Chauvenet ont observé, dans la réduction de l'acide sélénieux par le glucose, la formation d'une variété de sélénium rouge amorphe, insoluble dans CS*, dont l'état physique paraît très voisin de l’état colloïdal, et qui se transforme partiellement, vers 100°, en Se noir, — M. C. Hugot, en faisant réagir AzH* sur PBr* et PE à basse température, a obtenu l’amidure de phosphore jaune P(AzH®}, qui se décompose lentement en imi- dure P#{AzH}. L'amidure, insoluble dans AzH*Br ammo- niacal, est très soluble dans AzH'I ammoniacal. — M. Guntz, par dissociation de l'hydrure de baryum pur chauffé dans le vide vers 1.200°, a obtenu le baryum chimiquement pur. — M. L. Franchet a étudié les procédés employés par les Arabes pour obtenir des reflets métalliques sur les émaux. Ils consistaient dans l'application, sur l'émail préalablement cuit, d'un com- posé spécial, contenant des sulfures de cuivre et d’ar- gent et de l’ocre rouge, soumis ensuite à la réduction par cuisson avec un combustible donnant une fumée abondante. — M. P. Lemoult, en faisant réagir les acides, en particulier l'acide acétique, sur les composés R'.0.P(AzHR)‘, a obtenu, sans perte d’amine, par subs- titution au groupe alkyle R' d'un groupe acidyle R"CO, des composés R”CO.0.P(AzHR), dérivant toujours de l'acide phosphorique pentabasique. — M. J. L. Ha- monet, en faisant réagir le formiate d’éthyle sur le dérivé magnésien de l'iodométhoxypropane-1:3, a obtenu, après traitement par l'eau, le diméthoxyhep- tanol-1 : 4: 7, CH*O{(CH?}CHOH(CH*)OCH*, Eb. 2169-2489, d'où il a pu préparer le tribromo- et le triodoheptane- 1:4:7. — M. L. Brunel, par hydrogénation du car- vacrol sur le nickel réduit, a obtenu deux alcools iso- mères, l'a et Je B-carvacromenthol, Eb. 219 et 2229. M. M. Berthelot a constaté la présence, dans le charbon de bois complètement noir, de composés potassiques insolubles, analogues à ceux que forment les substances humiques ; ces composés sont de deux ordres, inégalement stables les uns destructibles immédiatement par HCI étendu, les autres résistant davantage à cet agent. — M. L. Guignard a étudié les variations quantitatives du glucoside cyanhydrique dans les feuilles de Sureau noir aux différentes périodes de leur existence. Ce principe n'y présente avec l’âge qu'une faible diminution ; vers la fin de la période végétative, il n'émigre pas en nature dans la tige et reste dans la feuille qui tombe. — M, P. Petit a observé que les infusions de malt se comportent, vis-à-vis de la teinture de gaïac, comme des solutions de combi- naisons ferreuses et ferriques, ou manganeuses et man- ganiques. — M. G. Bertrand a expérimenté l'emploi des sels de manganèse comme engrais. Dans une cul- ture d'avoine qui avait reçu 50 kilogs de sulfate de manganèse par hectare, la récolte a été supérieure de 22,50/, à celle d'une culture témoin qui n'avait pas recu de Mn. — M'e M. von Linden a constaté que cer- taines chrysalides de Lépidoptères, placées dans une atmosphère contenant C0?, absorbent ce gaz et re- jettent de l'oxygène au printemps suivant. 30 SCIENCES NATURELLES. — M. R. Legendre a reconnu que les canalicules de Holmgreen des cellules nerveuses 100 sont de nature pathologique, en relation avec des phé- nomènes de neuronophagie. — M. Mayet à constaté que l'injection dans le parenchyme du foie des produits solubles des tumeurs et la dissolution in vitro de ces produits dans le sérum du chien favorisent l'action excitatrice de prolifération cancéreuse par les principes solubles des néoplasmes de l'homme. — M. A. Lave- ran a reconnu que les trypanosomes du surra et de la mbori appartiennent à la même espèce; celui de la mbori constitue seulement une variété du 77. Evansi un peu moins virulente. — M. Y. Delage a étudié l'in- fluence de quelques facteurs sur la parthénogénèse expérimentale. La température optima est d'environ 48°. Pour les oursins, on obtient les meilleurs résul- tats en opérant en liqueur légèrement alcaline. — M. P. Wintrebert a constaté l'indépendance com- plète de la métamorphose vis-à-vis du système nerveux chez les Batraciens: elle se produit, en effet, chez les larves dont la moelle et les ganglions spinaux ont été enlevés. — M. G. Bohn établit un parallélisme entre le phototropisme et la parthénogénèse artificielle, qu'il attribue tous deux à des phénomènes d’anhydrobiose. — M. Ed. Heckel, cultivant en pleine terre, au voisi- nage de pommes de terre comestibles, un plant de Solanum Maglia, espèce sauvage, l'a vu donner des tubercules en état de profonde variation, de couleur violet rouge, etcomestibles. Il n’est pas douteux, comme le pensait déjà A. de Candolle, que le S. Maglia ne soit l'une des espèces sauvages d’où est issue notre pomme de terre cultivée. — M. H. Jumelle à constaté que le Raphia Ruffia, palmier de Madagascar déjà utilisé pour sa fibre, se range également dans le groupe des plantes à cire. Ses fruits contiennent, en effet, dans leur péri- carpe, une substance grasse, rappelant la cire de Car- nauba, soluble seulement dans l'alcool bouillant, fusible à 82°. — M. A. Lacroix déduit de nouvelles observations que les monzonites à olivine de la Somme, qu'il a nommées sommaites, constituent bien la forme de profondeur, rejetée au cours des éruptions du Vésuve, des leucotéphrites qui les accompagnent. — M. Deprat a reconnu la présence de trachites et d’andésites à hypersthène dans le Carbonifère de la Corse à Osani. — M. Arm. Thévenin a étudié les Am- phibiens récemment découverts dans le terrain houiller de Commentry. Ce sont des Protriton, que l’auteur nomme ?. Fayoli. Il a pu en suivre la métamorphose sur les échantillons recueillis, depuis le stade P/euro- noura. Séan°e du 2 Janvier 1906, 49 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. C. Guichard pour- suit ses recherches sur la déformation des quadriques et ramène le problème à trouver des congruences H possédant certaines propriétés. — M. Auric démontre un théorème sur les fonctions entières ou quasi- entières. — M. Lerch généralise les théorèmes de Sylvester concernant le quotient de Fermat. — M. F. Rossard communique ses observations de la comète Giacobini (1905c) faites à l'Observatoire de Toulouse. — M. E. Maubant a déterminé les éléments provisoires de la même comète, d'après les observations faites à Nice, à Mont-Hamilton et à Vienne. — M. J. Guil- laume adresse également ses observations de cette comète, faites à l'équatorial Brunner de l'Observatoire de Lyon. — M. G. Tikhoff à étudié, au moyen de la photographie, la nébuleuse annulaire du Cygne N. G. C. 689%. Elle à la forme d'un anneau elliptique avec une condensation au centre; le grand axe mesure 44,8, le petit 37,3. Elle ressemble à la nébuleuse de la Lyre, mais elle est plus avancée dans son évolution. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. J. Renaux montre qu'on peut fabriquer des écrans photographiques par l'emploi judicieux de certains colorants à bandes d'absorption étroites. — M. Ch. Nordmann à déterminé le champ électrique terrestre pendant l’éclipse du 30 août 1905 à Philippeville. Il a observé une augmentation relative du champ pendant l'éclipse, le maximum absolu coïn- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES | cidant avec le minimum de la courbe des ions positif — M. A. Leduc discute les déterminations de la chale de fusion de la glace et estime que, conformément au expériences de Laprovostaye et Desains, confirmées par celles de Regnault et Bunsen, la chaleur de fusia | de la glace est de 79,2 calories à 15°. — M. Ch. Mourex décrit l'appareil qu'il emploie pour la détermination des gaz rares dans les mélanges gazeux naturels. gaz naturel, après avoir séjourné sur KOH aqueuse puis sur KOH fondue, est chauffé au rouge en présen d'un mélange de CaO et Mg, qui fixe Az et O. Les et vapeurs combustibles sont brûlés par Cu0, et produits de la combustion sont absorbés par la cha sodée et P?05. Le résidu gazeux est constitué par les gaz rares, qu'on mesure, puis examine spectroscopis quement. — M. A. Gautier signale qu'il a déjà indiqué en 1898 l’action de l'acétylène sur l'anhydride iodiques retrouvée récemment par M. Jaubert. L'acétylène n'existe jamais dans l'air des rues en quantité appré= ciable et ne vient qu'exceptionnellement troubler dosage de l'oxyde de carbone par l’anhydride iodique — MM. L. Hugouneng et A. Morel, en faisant réagil à froid COCE sur le sel de soude de la tyrosine, on obtenu l'urée symétrique de la tyrosine CO(AZH (CO*H).CH°C'H‘OH)*, F. 20° avec décomposition. Les carbimides réagissent sur la tyrosine dissoute dans l’eau alcaline en donnant des urées mixtes de la tyr sine et des amines. l 3° SCIENCES NATURELLES. — MM. H. Guillemard R. Moog ont constaté que l'action des hautes alti tudes sur le sang se traduit toujours, et dès le secon jour au moins, par une hyperglobulie totale, attestéey par une diminution de la valeur globulaire et coin dant avec un déplacement considérable des hématies vers la périphérie. — M. Guglielminetti décrit u appareil respiratoire pour l'exploration des milie remplis de gaz irrespirables. C'est un appareil auto nome, basé sur la régénération d'air par absorption d CO? éliminé par les poumons et remplacement l'oxygène consommé par le sang. — M. E. L. Bouvier a étudié les Pycnogonides recueillis par l'Expédition antarctique Charcot. Les Pycnogonides décapodes semblent communément répandus dans les régions australes, où ils sont représentés par les Decalopoda (D. australis au voisinage des Shetlands et D. antarctieä plus près du pôle) et Pentanymphon (P. Cul sur tout le pourtour du continent austral). gonides octopodes (Cordylochete et Ammothea) se ve contrent également dans les régions antarctiques. = M. Quidor a examiné les Copépodes recueillis l'Expédition Charcot. Il a trouvé quatre espèces no velles : Phyllopus Tarqueti, Porcellidium Charcotie P. affinis, et Anchorella intermedia. — M. C. Cé décrit une microspodie nouvelle, qu'il nomme PJeis tophora macrospora, et qui vit en parasite des Loche; franches du Dauphiné. — M. E. Fauré-Frémiet a étud la structure intime du protoplasma chez les Protol zouires. Le cytosome comprend deux sortes d'éléments le cytoplasma proprement dit et les sphéroplastés organites complexes que l’on peut mettre en parallà avec les leucites des végétaux et le noyau cellulaire — M. M. Molliard a constaté que les végétaux déde loppés à la lumière, sans gaz carbonique, en présen@ de matières organiques, ont une structure sembla à celle des organes souterrains, avec parfois formati® de tissus à cellules plurinucléées, comme dans galles. — M. N. Bernard a réussi parfois à faire déWel lopper en symbiose des embryons d'une mème espé de graines d'Orchidées avec l’un ou l’autre de de champignons endophytes différents. — M. Grand’Eut}, montre la permanence des espèces de plantes foss al du terrain houiller durant la majorité ou la presqu totalité de leur existence. Cette permanence et le transitions rapides qui, néanmoins, les relient entrt elles, lui suggèrent l'idée que leurs mutations se son opérées à la manière des métamorphoses, ou mèmea sauls. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 2 Janvier 1906. M. le Président annonce le décès de M. P. Mégnin, membre de la Section de Médecine vétérinaire, et de f. J. Renou, correspondant de l'Académie. “M. Kelsch présente un Rapport sur un travail de M. H. Vincent relatif au tétanos dit médical ou spon- é et à l'influence de la chaleur. L'auteur a constaté poupe que le coup de chaleur chez le bbaye hâte l'apparition du tétanos après injection de Culture sporulée du bacille; en outre, le bacille se lgénéralise dans toute l'économie de l'animal infecté. chaleur paraît avoir pour effet de neutraliser les orces vives défensives de l'organisme et de paralyser influence protectrice des phagocytes; cet effet se “véri d'autres. maladies, comme la fièvre Séance du 9 Janvier 1906. M. Chauffard, au nom d'une Commission chargée de étude de œtte question, propose à l'Académie l’adop- tion des conclusions suivantes : Considérant que l'em- bploi médical des rayens de Rüntgen peut déterminer Mes accidents graves; que certaines pratiques peuvent eréer un danger social; que seuls les docteurs en médecine, officiers de santé et dentistes diplômés (en » qui cencerne la pratique odontologique) sont apables d'interpréter les résultats obtenus au point de vue du diagnostic et du traitement des maladies, l'Aca- mie est d'avis que : l'application médicale des rayons ntgen par des personnes non pourvues des diplômes di-dessus constitue un acte d'exercice illégal de la médecine. — MM. A. Chantemesse et F. Borel étudient Wan récente épidémie de choléra en Allemagne, son ode de propagation (par la voie fluviale) et les mesures “défense prises par le Gouvernement allemand. — M: Armaignac donne lecture d'un travail sur un D 7uopiomètre à miroirs. * SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Fr Searce du 23 Dceembre 1905. . M. E. Wertheimer a constaté que toutes les modifi- \cations de la respiration provoquées par les injections de soude chez l'animal intact peuvent se rencontrer chez celui dont le bulbe a été séparé de la moelle par sec- tion de la moelle cervicale. Les centres respiratoires aux sont donc sensibles aux mêmesinfluences que ein transplanté dans la région cervicale. La circula- ion est analogue, la sécrétion quatre à cinq fois plus rapide que celle du rein normal. — M. Ch. Féré a observé que le ralentissement du rythme n'augmente pas indéfiniment le travail. — MM. L. Dor, J. Mai< x AZ AzH AzH Pyrazine. Pipérazine. 2:5-diacipipérazine. C'est alors la 2:5-diacipipérazine. Les sub- stances de ce genre sontconnues depuis longtemps, car c'est à elles qu'il faut rapporter la /eucinimide, découverte par Bopp‘' en 1849 dans les produits de décomposition des albuminoïdes, et la jactimide, obtenue par Preu ? en chauffant l’alanine dans un courant d'acide chlorhydrique. Il est parfaitement établi aujourd'hui que ce sont des anhydrides d'aminoacides, à structure pipérazique : CH? — CH — AzH — CO C449 — CH — AzH — CO | | CO — AzH — CH — C'H° Leucinimide. 3:6.diisobutyl-2:5-diaci- pipérazine | | CO — AzH — CH — CH* Lactimide. 3:6-diméthyl1-2:5-diaci- pipérazine. . 1849: 2$ 372, 1865. 1 Bore : Ann. d. Chem. u. Pharm., t. LXIX, p. 3 Prev : Ann. d. Chem. u. Pharm., L. CXXXIN, p. 116 D: L.-C. MAILLARD — LES PEPTIDES Les acides aminés que l’on peut retirer des ma- tériaux de l'organisme, et qui portent tous, comme on le sait, leur fonclion aminée en posilion & par rapport au carboxvle, peuvent donc, soit s'unir doublement deux à deux pour former des 2: 5- diacipipérazines, soit se greffer indéfiniment en longues chaînes ouvertes. On considère aujourd'hui les matières albumi- noïdes comme formées essentiellement, pour la majeure parlie de leur molécule tout au moins, d'un semblable entassement d'acides aminés, en- chainés les uns aux autres par déshydratation entre les groupes — COOH et — AzH*, c'est-à-dire par le chainon — CO.AzH — répélé un très grand nombre de fois dans l'intérieur de la molécule. C'est la rupture successive de ces chainons — CO. AzH — par l'hydratation qui produirait la dégrada- tion progressive de la matière albuminoïde, en l'amenant, à travers les stades variés d'albumoses et de peptones, jusqu’à l'état définitif de simples aminoacides. Les peptones elles-mêmes devraient donc être considérées encore comme des chaines complexes d'acides aminés, et c'est ce qui a sug- géré à E. Fischer le nom de peptides ou polypep- tides pour les chaînes d'aminoacides que Th. Cur- tius ou E. Fischer lui-même ont réussi à créer par les procédés synthétiques que nous décrirons plus loin. Avant d'étudier le rôle prépondérant que les recherches modernes ont attribué, dans la struc- ture des molécules protéiques, à l'enchainement réciproque des groupes aminés et carboxylés R.AzH.CO.R", il nous semblerait injuste de ne pas rappeler ici en quels termes précis P. Schützen- berger insistait déjà sur cette nolion, à la suite de ses travaux sur la décomposition de l'albumine par la baryte à 100° et à 200°. « Remarquons, disait-il', que le nombre des molécules d’eau fixées pendant la réaction (51 mo- lécules) est très rapproché du nombre des atomes ! d'azote contenus dans l’albumine (56 atomes). La différence s'explique naturellement par la produc- tion d’anhydrides. Ainsi le groupe urée CO (AzH?}° ne fixe, pour se dédoubler en CO* + 2AzH°, qu'une seule molécule d'eau. « On peut donc considérer comme prouvé que la rupture de la molécule complexe de l’albumine en divers termes se fait par hydratation entre des grou- pes élémentaires azotés et des groupes élémentaires carboxylés. Le dédoublement est de la forme : R.AZH.CO.R' + H.OH = R.AzH* + R'.C0.0H R et R' représentant des résidus quelconques plus | ou moins complexes. VI, 1 P. SCHÜTZENBERGEZ : p. 1450. Paris, 1890. Traité de Chimie générale, t. forme de substances variées, auxquelles Schützen- + « Ce fait capital est un résultat direct de l'expé= rience , il domine l'histoire du dédoublement de l'albumine par la baryte et ne doit jamais étre perdu de vue. » Laissons de côté la naissance de l'urée par hy= dratalion secondaire, sous l'action de la baryte, de l'arginine, dont on ne connaissait pas le rôle au temps de Schützenberger, et occupons-nous de lam parlie principale de la molécule. Si, dans ses re-= cherches, Schützenberger était parvenu à transfor- mer la presque totalité de l'albumine en acides aminés, nul doute qu'il eût reconnu la grande. généralité du mode de liaison (— CO.AzH —) entre carboxyle et aminogène, liaison sur laquelle il venait lui-même d'attirer l'attention. Mais, si l'hy- drolyse du blanc d'œuf par la baryte à 200° lui avait effectivement fourni de la tyrosine et des leucines (alanine, acides aminobutyrique et ami- novalérique, leucine), il restait néanmoins une forte proportion (plus de la moitié) de l'albumine sous berger donnait les noms d'acides hydroprotéiques, leucines, acides protéiques, et glucoprotéines f, et dans lesquelles il supposait que l'azote, engagé dans des liaisons de la forme : — (CH?)n — AzH — (CHE) — n'était pas en relation avec le carboxyle. Depuis lors, l'attaque des albuminoïdes, non plus par la baryte, mais au contraire par les acides, tels que l'acide chlorhydrique concentré bouillant (Cohn'), s'est révélée comme un moyen plus fruc- tueux pour l'étude, et a notablement élargi le domaine des acides aminés. L'étude de ceux-ci est devenue beaucoup plus précise grâce à un nou- veau procédé de séparation imaginé par E. Fischer et qu'il n'est pas superflu de décrire ici, puisqu'il repose sur l'intervention de ces mêmes éthers qui vont nous servir tout à l'heure pour la synthèse des polypeptides et de leurs dérivés. Les acides aminés jouissent, en effet, de la fâcheuse propriété de donner des cristallisations mélangées, soit qu'ils forment de véritables individus cristallins mixtes, soit tout simplement que leurs différences de solu- bilité soient trop faibles pour constiluer un moyen pratique de séparation. Bref, il est extrèmemenb difficile, pour ne pas dire impossible, de séparer ces corps par cristallisation fractionnée : les con stantes physiques des acides aminés décrits autre= fois comme purs s'en ressentent, et plusieurs autres sont restés longtemps inaperçus. L Dans la technique actuelle, lorsque la matières albuminoïde a été hydrolysée par l'action des acides, par une ébullition prolongée avec l'acid@ — 1! R. Cons : Z. physiol. Chem., t. XXII, p. 153, 1897. | concentré par exemple (procédé de Got n'}, le liquide est distillé sous pression réduite usqu'à sirop épais. On applique alors, aux chlor- hvdrales des acides aminés qu'il renferme, le procédé employé par Th. Curtius et Gœbel* pour N hérifier le glycocolle : on délaye le mélange dans lalcool absolu, on sature par un courant de HCI zazeux, et l'on achève la combinaison en chauffant quelques instants au bain-marie. Si la matière dbuminoïde est riche en glycocolle, comme la gélatine, il suffit de porter la solution alcoolique à a glacière pour recueillir, au bout de quarante-huit ieures, une abondante cristallisation du chlorhy- drate de glycinate d'éthyle : CH® — AzH°.HCI | COO.C‘H® est ce corps qui nous servira de point de départ rm la synthèse des polypeptides: une faible antité seulement reste dissoute dans la liqueur coolique. Si l’albuminoïde est pauvre en glyco- le, on n'a pas de cristallisation et l'on passe reetement à la méthode générale de fractionne- ent. e liquide alcoolique contenant les chlorhydrates és amino-éthers est évaporé jusqu'à sirop épais, us pression réduite, sur un bain-marie ne dé- ant pas 40°. Le résidu, mêlé de la moilié de on volume d'eau, est placé dans un mélange rigérant, additionné de soude caustique con- entrée presque jusqu'à neutralisalion, puis d'une olultion très concentrée de carbonate de potassium, benfin agité avec de l'éther. Les éthers des acides partique et glutamique, peu basiques, sont mis liberté de leurs chlorhydrates et passent dans ther. Pour libérer de leurs chlorhydrates les hers des monoacides aminés, il suffit d'ajouter Léncore, toujours en refroidissant, un excès de soude 1 iustique et du carbonate en poudre, puis d'épuiser magma par l'éther (Fischer”). Lorsque le dissolvant a été chassé par l’évapora- tion, il reste le mélange des éthers éthyliques des ai ers acides aminés. Il suffit maintenant, el c'est Len.cela que consiste le procédé si fructueux de Scher, de fractionner ce mélange d'éthers par ation dans le vide. Wppliquée pour la première fois par Fischer‘ à la caséine, cette méthode a permis de séparer très facilement, sous une pression de 10 millimètres de "méreure environ, 8 fractions dont les points PORT SO UT . À 2 + A L disti DR Cons : Z. physiol. Chem. t. XXII, p. 153, 1897. Tu. Cunrius et Goreez : Journ. f. prakt. Chem., LOXXXVII, p. 159, 1888. DE: Fiscnen : Ber. d. d. chem. Ges., t. XXXIV, p. 433, 4901; Z. physiol. Cherm., t. XXXIII, p. 151, 1901. DE. Fiscnen : Z. physiol. Chem., t. XXXUII, p. 154, 1901. D' L.-C. MAILLARD — LES PEPTIDES 117 d'ébullition s'échelonnent depuis 40° jusqu'à 160, et qu'il suffit de saponifier ensuite pour régénérer les acides aminés, qu'une dernière cristallisation fournit en état de pureté véritable. À son exemple, un grand nombre de chercheurs, parmi ses élèves nolamment, se sont attachés à l'étude des produits de décomposition fournis par les matières albumi- noïdes, et ont trouvé ainsi plusieurs acides aminés dont la présence élait restée inapercue. A l'heure actuelle, les divers matériaux dûment reconnus qu'a fourni, non pas toujours une seule malière albuminoïde déterminée, mais l’ensemble du groupe, peuvent s'énumérer de la manière sui- vante : 1° Acides monoaminés : glycocolle (ac. +-amino- acélique), alanine (ac. :-aminopropionique), acide z-aminovalérique, leucine (ac. z-aminoisocaproï- que), phénylalanine, proline (ac. «-pyrrolidinecar- bonique), tryplophane (ac. «-amino-indolpropio- nique) ; 2 Acides diaminés : ornithine (ac. 4-w-diamino- valérique), dans la molécule d’arginine, lysine (ac. z-w-diaminocaproïque), histidine ; 3° Diacides monoaminés : acide aspartique, acide glutamique ; 4 Acides-alcools aminés : sérine, acide oxypyr- rolidinecarbonique, tyrosine (paraoxyphénylala- nine) ; 5° Acides-thiols aminés : cystéine. Au point de vue spécial qui nous occupe en ce moment, tous ces corps sont équivalents, car, si certains d'entre eux possèdent d'autres fonctions en surplus de celles qui caractérisent les aminoa- cides, tous sont au moins des acides aminés, c'est- à-dire possèdent au moins un groupe amine (ou imine) et un groupement carboxyle capables de s'enchainer aux molécules voisines. On comprend quelle infinie variété de corps peut former la soudure, non seulement d’un nombre croissant de molécules d'une même espèce, mais surtout de molécules d'aminoacides différents ; et l'on sait que la science tend aujourd'hui à con- sidérer les nombreuses malières albuminoïdes comme étant précisément de lels édifices, distincts les uns des autres par la nature, le nombre ou la disposition des radicaux d'acides aminés qui les consliluent*. ! En consultant les tableaux dans lesquels les divers auteurs relatent la quantité d'aminoacides de chaque espèce que leur a fourni telle ou telle espèce de matière protéique, on constate que le total n'atteint pas 100 0/6, alors qu'il devrait, au contraire, ètre supérieur à 100, par suite de l'hydra- tation. On pourrait donc croire qu'une partie importante de la molécule albuminoïde est formée par autre chose que des acides aminés (au sens large). Mais il ne faut pas oublier que les chiffres ainsi déterminés indiquent seulement le rendement pratique des substances isolées à l'état pur par des manipulations assez compliquées entrainant toujours 118 D' L.-C. MAILLARD — LES PEPTIDES IT. —- ESsaiS KMPIRIQUES DE SYNTHÈSE DES ALBUMINOIDES. La synthèse des matières albuminoïdes est un des mirages les plus séduisants qui aient tenté l'imagination des chimistes; plusieurs d’entre eux, impalients de parvenir au but rêvé, ont exécuté des essais par lesquels ils voulaient réaliser d'un seul coup la reconstitution des molécules protéiques en partant des produits d’une décomposition plus ou moins avancée de ces matières. A une époque où l'on discutait encore pour savoir si la transformation des albuminoïdes en peptones était, oui ou non, un phénomène d'hydratation, A. Henninger' pensa que le meilleur argument en faveur de cette théorie consisterait à remonter des peplones aux albuminoïdes à l’aide des agents dés- hydratants. Après avoir essayé sans succès plu- sieurs de ces agents, il réussit, en chauffant à 80° pendant une heure un mélange de fibrine-peptone (10 parties) et d'anhvdride acétique (25 parties), à obtenir une substance soluble dans l'eau en pré- sence d'un peu d'acide ou d’alcali, mais précipita- ble par neutralisation (à la manière des syntonines), se troublant par la chaleur, par l'acide nitrique ou le ferrocyanure acétique. Dès qu'il eut connaissance de l'expérience de Henninger, Fr. Hofmeister*, qui avait déjà obtenu, en desséchant la gélatine pendant longtemps à 130°, une substance analogue au collagène, ehauffa pendant quelques heures à 140° (ou pendant quel- ques instants à 160°-170°) des peptones de fibrine. Le produit brun, dégageant des vapeurs alcalines, était en partie soluble dans l’eau, et la solution ressemblait à celle d'une globuline, se troublant par la dilution, se clarifiant par Na, coagulant par la chaleur, précipitant par l'acide nitrique, le ferrocyanure, les sels des métaux lourds. Quant au résidu insoluble, il se dissolvait, à la manière des syntonines, dans une trace d'acide ou d'alcali, montrait les réactions colorées des albuminoïdes, précipitait par l'acide nitrique, le ferrocyanure acélique, el par des sels métalliques qui, comme le sulfate de cuivre et l’acétate de plomb, ne préci- pitaient pas la peptone. Il semble bien qu'il y ait eu vraiment relour, par déshydratalion, à des | substances plus condensées que les peptones. Mais, duns ces tentatives un peu brusques, le | point de départ, les peptones, était si peu éloigné du but à atteindre que le résultat ne pouvait être fort instructif, au point de vue de la synthèse des matières albuminoïdes, étant donné surtout que des pertes notables : ces chiffres ne représentent que des minima souvent bien inférieurs à la réalité. 1 A. HENNINGER : €. À. Acad. Se., 1. LXXXVI, p. 1464, 1878. * Fr. Horueister : Z. physiol. Chem., t. 11, p. 206, 1878. les substances d’où l’on partait étaient tout aussi mystérieuses que les albumines elles-mêmes, en & 4 qui concerne leur constitution. A la suite de ses travaux sur la décompositio des matières protéiques par la baryte, P. Schützen berger! tenta la synthèse par déshydratation de produits ultimes et cristallisables provenant de l'albumine et de la fibrine. Le mélange des com posés aminés C"H?"+1A70*(leucines) et C'H°?"—'A70 (leucéines), addilionné de 10 °/, environ d'urée de 1,5 fois son poids d’anhydride phosphorique se déshydrate quand on le chauffe au bain d'huile à 125°. On obtient une substance soluble dans l'ea précipitable par l'alcool, qui offre de grandes ana logies de caractères avec les peptones. La solution aqueuse précipite par le tannin, l'acide picriquefl le sublimé, le nitrate mercurique acide, le réael ‘ de Millon, l'iode ioduré, l'iodomercurate de potas# sium, l'acide phosphomolybdique et l'acide phos photungstique en présence de HCI, l'acétale et 18 sous-acétate de plomb. Elle ne précipite pas par le ferrocyanure acélique. } L ST - ed soufle en dégageant l'odeur caractéristique des malières animales brüûlées. l Plus instructive que celles de Henninger et de Hofmeister, puisqu'elle nous fait franchir une dis=4 tance plus considérable dans la voie de la complis cation des molécules, cette expérience laisse cepen=t dant beaucoup à désirer encore, à cause de l'incerA titude qui règne sur la constitution des « leucéines M employées. Plus intéressants peut-être sont les essais tentés avec un matériel plus simple, mais de constitution connue. Dès 1871, E. Schaal? avait chauffé, dans un& cornue traversée par un courant de CO* sec, du chlorhydrate d'asparagine bien desséché ; il élevaits progressivement la température jusqu'à 200°, en l'espace de plusieurs jours, jusqu'à cessation coms plète du dégagement d’eau et d'acide chlorhydriques Il obtint une masse blanche dure, renfermant ur corps difficilement soluble dans l'eau C"H'*Az‘0 el un corps tout à fait insoluble C*H*Az'0". Schaa considère ces anhydrides comme provenant, 16n premier, de 4 molécules d'acide aspartique con“# densées par élimination de 7 molécules d’eau, et lé deuxième, de 8 molécules d'acide aspartique con! densées avec perte de 15 molécules d'eau. C anhydrides se dissolvent dans J’ammoniaque et le 1 P. SCHÜTZENBERGER : C. À. Acad. Se., t. CXII, p. 198, 18928 * E. Scuaaz : Aunal. d. Chem. u. Pharm., &. CLNII, p.289 1871. alis; Grimaux ! a constaté ullérieurement que le rps C*H*AZ"0" donne en violet la réaction du uret. Hugo Schiff* a, plus récemment, repris l'étude de tes deux anhydrides, le {étraspartide et l'octaspar- dide, obtenus toujours en déshydratant l'aspara- ne par la chaleur, et des acides tétrasparlique HC'H'Az:0°).OH et octaspartique H.(C'H°AzO*). H, qu'ils fournissent lors de leur dissolution cile dans les alealis. L'acide tétraspartique libre constitue de petits cristaux incolores, groupés en chou-fleur, bien solubles dans l’eau, à peine dans cool, insolubles dans l’éther et le benzène. acide octaspartique libre paraît moins bien ca- Mérisé. Bien qu'un certain nombre de dérivés de ces des polyaspartiques (sels, hydrazones, ani- elc.) aient été préparés par Schiff, il serait intéressant de voir confirmer les données de auteur, notamment celles sur lesquelles il s'ap- e pour considérer comme libres les groupes H” de ces molécules : co co co CooH SE HC.AzH? C.AzH® NC.AzH® \C.AzH® | | | CH: CH° CH? CH® | | : | COOH COOH COOH COOH | Acide tétraspartique. Une telle constitution en ferait des substances t éloignées de tous les autres corps oblenus par ondensalion des acides aminés et dans lesquels soudure des molécules paraît se faire au moyen Chainon (— CO.AzH —}), par action du carboxyle l'aminogène. d. Grimaux”*, lui aussi, partait de l’anhydride tique C*H°A7'0" décrit par Schaal, préparé chauffant pendant plusieurs jours à 200° du orhydrate d'acide aspartique : poudre blanche nplètement insoluble. Quand on chauffe cet anhydride à 125-130° avec ilié de son poids d'urée, pendant 2 heures, Dblient une masse épaisse, qui donne avec l'eau Solution gommeuse, filtrant difficilement, ne Sant pas, possédant les propriétés des sub- colloïdales. Les acides la précipitent ! î eux des métaux lourds, le tannin, donnent aussi précipités gélalineux. DE: Gnimaux : C. R. Acad. Se., t. XCIHI, p. 771, 1881; Bull. & Chim. [2], t. XXXVIII, p. 64, 1882. SH. Scuvrr : Anoal. d. Chem. u. Pharm., t. 88, 1898; t. CCCVII, p. 231, 1899. ME. Grimaux : C. À. Ac. Se.. t. XCHI, p. 731, 1881; Bull. &chim. {2}, t. XXXVIII. p. 64, 1882. CCCOXI, D: L.-C. MAILLARD — LES PEPTIDES 119 L'uréide polyaspartique se dissout dans la potasse et donne en violet la réaction du biuret. L'eau de baryte à 150° le transforme en acide carbonique, ammoniaque et aspartate de baryum. Ce corps répondait donc, dans l'esprit de Grimaux, aux caractères desmatières protéiques, qu'il délinissait : « des colloïdes azotés, se dédoublant par hydrata- tion en acide carbonique, en ammoniaque et en acides aminés ». Grimaux attribuait à son uréide polyaspartique la formule C*H®Az"O*, représentant 8 molécules d'acide aspartique unies à 2 molécules d’urée avec perte de 2 molécules d'ammoniaque et de 9 molé- cules d’eau. L'anhydride polyaspartique, chauffé pendant 9 heures à 150°, sans urée, mais dans un courant de gaz ammoniac sec, donnait à Grimaux' une substance colloïde du même genre (colloïde amido- aspartique), précipilant par divers acides et sels, et donnant comme les albumines la réaction du biuret. Grimaux* obtint même un colloïde formé par l'anhydrisation de l'acide aminobenzoïque (méta), sans intervention de l'urée. L'acide aminoben- zoïque, chauffé avec du perchlorure de phosphore, fournit une poudre blanche qui se dissout dans l'ammoniaque en formant une solution très lente à filtrer; évaporée dans le vide, cette solution donne d’abord une gelée épaisse, puis se dessèche en plaques translucides ressemblant à de l'albumine sèche. Le produit sec peut êlre chauffé à 100° sans perdre sa solubilité dans l'eau, mais, si l'on évapore la solution au bain-marie, le résidu est devenu complèlement insoluble. La solution ammoniacale du colloïde aminoben- zoïque précipite par les acides minéraux, le ferro- cyanure acétique, l'alun, le sublimé, le nitrale mercureux, le tannin. Cette solution a la propriété remarquable de don- ner un coagulum vers 70-80° lorsqu'on y ajoute une quantité suffisante de divers sels, tels que les chlorures et sulfates alcalins ou alcalino-terreux, ou l’eau de chaux. L’addition d'acide carbonique permet la coagulation des solutions pauvres en sels. Ed. Grimaux voyait dans ces phénomènes l'expres- sion d'une analogie frappante entre son anhydride aminobenzoïque et les matières albuminoïdes. Le colloïde aminobenzoïque donne par KOH et CuSO° une solution violet-bleu (Grimaux*); par KOH et NiSO‘ une solution jaune päle, et par KOH et CoS0O* un brun pourpre qui passe rapidement au brun (Pickering ”). 1 Ep. Grimaux : Bull. Soc. chim., t. XXXVIII, p. 64, 1882; C. R. Ac. Se., t. XCVILT, p. 1436, 1884. 2 En. Gnisaux : C. R. Acad. Se., t. XCVIII, p. 234, 1884. 3 En. Guumaux : C. R. Acad. Se., t. XCVIII, p. 231, 1884. 4 J.-W. PickenixG : Journ. of Physiol., vol. XIV, p.347, 18935. 120 Des recherces ultérieures de J. W. Pickering'ont montré que les trois colloïdes synthétiques (col- loïde aminobenzoïque A, obtenu à 125° ; colloïde aminobenzoïque B, obtenu à 135°; colloïde as- partique ammoniacal C) produisent, lorsqu'on les injecte, en solution de 1 à 2°/,, dans les veines à des lapins, des coagulations intravasculaires tout à fait comparables à celles que déterminent les nucléoproléides ou le venin des serpents. Bien plus, l’analogie remarquable du colloïde C avec les nucléoprotéides se poursuit si loin qu'il ne détermine pas de coagulation intravasculaire chez le lapin albinos (Halliburton et Pickering*), ou même chez le lièvre polaire (Lepus variabilis) en pelageb lance, landis que, chez cet animal en pelage d'été, la coagulation est rapide (Pickering*). Or, les nucléoprotéides se comportent exactement de la même facon; de plus, le colloïde C accélère comme eux la coagulation in vitro du sang addi- tionné de carbonates alcalins. En maintenant ces trois colloïdes à 38° pendant 14 jours avec de la pepsine et de l’acide chlorhy- drique à 2 °/,, le colloïde B ne paraît pas diges- tible. Le colloïde C se digère plus lentement que les fibrines, et au bout de 14 jours la digestion est encore incomplète ; mais le produit, qui donnait en violet la réaction du biuret, au bout de deux jours la donne en rose comme les peptones et les pro- téoses. Le colloïde À se digère encore bien plus lentement, et incomplètement; au bout d'une semaine seulement, la réaction du biuret se fait en rose (Pickering *). Le colloïde C entretient tout autant que l'oval- bumine les mouvements du cœur d'embryon de rat qu'on plonge dans sa solution à 7,5 °/,; les col- loïdes À et B n’entretiennent pas plus ces mouve- ments que si le cœur est plongé dans NaCl à 0,75 °/, (Pickering 5). En outre, Pickering® prépara lui-même, à l'exemple de Grimaux, une série de coloïdes nou- veaux en chauffant en tube scellé, à 125° ou 130°, les mélanges suivants : Colloïde « : acide métaaminobenzoïque (4 partie + biuret (1 p.) + P‘05 (3 p.); — 8 : tyrosine (1 p.) + biuret (4 p.) + P206 (2 p.); — y: alloxane (1 p.) + acide mélaaminobenzoïque (1 p.) + P°05 (2 p.); — Ô: acide paraaminobenzoïque (1 p.) + PCF (1 p.); — e : tyrosine (1 p.) + xanthine (1 p.) + PCI (2 p.); — & : tyrosine ({ p.) +hypoxanthine (1 p.)+ PCI (2 p.); — n : tyrosine (1 p.} + P°0: (1 p.). ! J.-W. PickeriNG : C. R. Acad. Se., t. CXX, p. 1348, 1895. * HauLreurrox et PickeuNG : Journ. of Physiol., vol. XNHI, p. 285, 1895. * J.-W, Pic KERING : Jour ». of Physiol., PE XX, p. 310, 1896. ® d.-W. Pickeninc : C. BH. Acad. Se., t. CXX, p. 1348, 1895. 3 JW. PICKERING : Journ. Ph ya. vol. XX, p. 172, 1896. * J.-W. PickERING : Procecd. Roy. Soc., t. LX, p. 337, 1897. "© L.-C. MAILLARD — LES PEPTIDES Ces substances, qui naturellement différent en elles par certaines propriétés, sont Loutes solubles du biurel et la réaction xanthoprotéique. l'absence de sels, elles ne coagulent pas; ma une trace de sels neutres suffit à les faire coagulen à des températures analogues à celles où coagulent les albumines. Un excès de sels neutres les précis pite, ainsi que les sels des métaux lourds. Chacunë& de ces substances présente le phénomène de l coagulation fractionnée, ce qui révèle son carat tère complexe. Leurs propriétés physiologiques elles aussi, rappellent celles de cerlains protéidesl Dans un dernier travail", Pickering s'est adressé enfin aux produits de désintégration du nuclé protéide du thymus de mouton : cette substance chauffée en tube scellé avec du chlorure de calciur anhydre, fournit des malières cristallines donnant encore la réaclion du biuret, mais ne se compo tant plus comme des matières protéiques. Si, main tenant, on chaufle ces produits cristallins à 1259 avec PCI°, ils se transforment partiellement er substances colloïdales ressemblant, au point de vue chinique et au point de vue physiologique, aux col loïdes de Grimaux. Malheureusement l'ignorance complète de la nature des produits cristallins dont on est parti ne laisse à celle expérience qu'un | intérêt limité. Les essais de condensalion de L. Lilienfeld* ont eu pour point de départ ces mêmes éthers d'ami noacides que nous allons retrouver dans la syn thèse systématique des polypeptides. Nous verron que le glycinate d'éthyle AzH°.CH°.COOCH’, incom plètement privé d’eau, se transforme, lorsqu'on! l’abandonne à lui-même, partie en 2:5-diacipipé razine, et partie en une base solide donnant la réaction du biuret: c'est la « base à biuret » (Biuretbase) de Curtius et Gœbel*, qui l'avaien ainsi désignée avant qu'on l'eùl reconnue pour le triglycylglycinate d'éthyle. Or, Lilienfeld, chauffant cette « base à biuret » avec de l'eau, voit se pro- duire des flocons qui constituent une gelée lors- qu'on les recueille sur un filtre, et qui par dessicca- tion donnent des croûtes vitreuses, à peine solubles dans l’eau où elles se gonflent beaucoup. A cette substance colloïde, donnant la réaction du biuret, facilement soluble dans la pepsine chlorhydrique, Lilienfeld trouve une ressemblance frappante avee la gélaline. 1 J.-W. PrckerinG : C. R. Acad. Se., ? L. Luuenreub : Dubois-Reymond's 1894, p. 383. — L. LireNreLo (et Reymond's Archiv f. Physiol., * Tu. Cunrits et GOEBEL : p. 173, 1888. t. CXXV, p. 963, 1897. Archiv 1. Physiol. A. Wozkowicz) : Dubois= 1894, p. 555. Journ. f. prakt. Chem., t. XXXNWY Condensant ensuite l'aminoacélate d'éthyle avec ; éthers correspondants de la leucine et de la rosine qui furent préparés pour la première fois celte occasion, Lilienfeld oblint une substance emarquable, possédant toutes les propriétés des éptones. Soluble dans l'eau, précipitable par cool, cette peptone synthétique charbonne avec pdeur caractéristique des albuminoïdes, et pos- ède mème la saveur spéciale des peptones. Elle onne la réaction du biurel en violet rouge, la éaction xanthoproléique, celles de Millon et dAdamkiewiez, la réaction par le sucre et H°SO*, > lannin, l'acide picrique, le sous-acétate de plomb ammoniacal, le sublimé, les acides phos- photungstique et phosphomolybdique, l'iodomer- burale de potassium la précipitent; mais elle n’est brécipitée ni par l'acide nitrique, ni par le ferro- anure acélique. Enfin, par certains procédés de condensation de base glycique avec les éthers de la leucine et de tyrosine en présence d'un peu d'aldéhyde for- mique, Lilienfeld a même réussi à obtenir un corps coagulable par la chaleur, précipitable par les acides minéraux et par le ferrocyanure acétique, se comportant en un mot tout à fait comme les matières albuminoïdes naturelles. La dernière des condensations empiriques d'ami- noacides que nous devons signaler ici est d'origine fortuite. En chauffant en tube scellé à 150°-170° pendant 24 heures un mélange de glycocolle et de -glycérine, dans l'espoir d'en obtenir la combinai- son, Balbiano et Trasciatti' ont constaté que la Blycérine n'entre pas en combinaison, mais se “comporte comme un agent déshydratant. Ils ont obtenu ainsi une poudre jaunätre, inso- uble dans tous les dissolvants neutres, qui char- onne au-dessus de 250°, sans fondre et en déga- eant une odeur de corne brûlée. Celte substance ‘est pas sans analogie avec les matières cornées ; lle est facilement hydratée par HCI concentré à 00°, et redonne abondamment du glycocolle, qui st le seul produit de son hydrolyse, ainsi que l'a émontré plus lard Balbiano*. C'est un anhydride olymérisé du glycocolle (C*H*AzO ", ER de lanhydride bimoléculaire (C*H'AzO)* (2:5-diacipi- razine) obtenu antérieurement hote et œbel” grâce à un procédé que nous vercons plus vin. Balbiano a constaté, d'ailleurs, qu'une petite uantité de cet anhydride C'H°AZz*0*, soluble dans eau chaude, se forme à côté de l'anhydride corné. LL. Bausraxo et D. Tuasciarri : Ber. d. d. chem. Ges., XXXIII, p. 2323, 1900 2 L. Bazniaxo : Ber. d. d. chem. Ges., t. XXXIV, p. 1501, 1. Tu. Connius ét Goreeez : Journ.f. prakt. Chem.,t. XXXNII, 173, 1888. D: L.-C. MAILLARD — LES PEPTIDES 121 La glycérine ne semble pas exercer d'action sur l'alanine ; en revanche, l'asparagine, dans les mêmes conditions, perd de l'ammoriaque et de l'acide carbonique, et parmi les produits de réaction les auteurs ont pu isoler une petite quantité d'un acide amorphe, soluble dans l'eau, dont ils interprètens ainsi la formation : 2C'TI°AZ?0 = C'H'0A7209 + 2 AzHS. Asparagine. Toutes ces reproductions artificielles de subs- tances ressemblant aux matières protéiques par un ensemble de propriétés physiques, chimiques el physiologiques sont d’un intérêl très réel; car elles ont eu au moins ce résultat de nous montrer qu'on pouvait parvenir au but grâce à la conden- salion par déshydratation d'un certain nombre de molécules d'acides aminés. Le seul fait de la désin- tégration successive des matières protéiques par l'hydrolyse permettait de s'attendre au résultat de l'opéralion inverse; la confirmation expérimentale n'en est pas moins précieuse. Mais loutes les substances obtenues ainsi ont pour caractère commun d’être des corps colloïdes, mal définis, sans critérium de pureté, de consli- tution inconnue. Si quelques-uns d'entre eux se présentent parfois à l'état cristallin, comme ceux dont H. Schiff ou L. Lilienfeld ont prétendu établir la constitution, celte constitution même est encore trop sujelte à réserves pour satisfaire aux exigences de la science. C'est que la synthèse des albuminoïdes n'est pas un problème dont la solulion puisse être réalisée d’un seul coup. Vouloir s'élever d'un bond, depuis ces corps très simples que sont les acides aminés, jusqu'à ces molécules extrêmement complexes que sont les albumines, est une entreprise téméraire. La seule voie qui puisse conduire au but, lente- ment mais sûrement, c'est, au contraire, la prépara- tion et l'étude patiente d'une riche série d'inter- médiaires progressivement compliqués : c'est la synthèse des polypeptides, telle que l'ont comprise Th. Curtius et E. Fischer, dont les travaux ont fait entrer dans une voie rationnelle le problème de la synthèse des albuminoïdes. III. SYNTHÈSE DES DÉRIVÉS DES POLYPEPTIDES. Avant de parvenir à réaliser syslémaliquement la synthèse des polypeplides eux-mêmes, on a réussi à obtenir d'abord celle de leurs dérivés. L'union direcle d'un certain nombre de radicaux d'aminoacides, d’un cerlain nombre de glyeyles par exemple, — (AzH.CH*.CO) —, en une chaine ter- minée d'une part par un carboxyle libre COOH et de l’autre par le groupe AzH* lui-même, se heurte 122 D: L.-C. MAILLARD — LES PEPTIDES en effet, dans la pratique, à de sérieuses difficultés | que l'on va comprendre. On ne peut partir, en effet, des acides aminés libres. Il suffira de se rappeler l'expérience de Bal- biano el Trasciatti', comme d’ailleurs toutes celles que nous avons énumérées au paragraphe précé- dent, pour constater que la condensation, lorsqu'on déshydrate les acides aminés eux-mêmes, ne permet pas de saisir les phases progressives d'un enchai- nement méthodique, mais se poursuit d'emblée jusqu'à des substances trop complexes et trop mal définies pour une étude fructueuse. Si, au lieu des acides aminés, on s'adresse à leurs éfhers, au glycinate d’éthyle par exemple, AZH° — CH — CO.OCH”, on réussit, au contraire, à commencer la série des soudures successives cher- chées. C'est ainsi que Curtius et Goebel*, aban- donnant à lui-même l’éther éthylique du glycocolle en présence de l’eau*, ont constaté qu'il se produit une saponification de l’éther, aussitôl suivie de la condensalion deux à deux, par anhydrisation, des molécules du glycocolle ainsi régénérées : =" | +2C?H5.0H. CO — CH? — AzH 2 : 5-diacipipérazine. C2H°0.CO — CH° — AzH° Glycinate d'éthyle. AzH?— CHÈ—CO.OCHS AzH—CH?— CO Il s'agit ici d’un phénomène général. L'éther éthylique de la leucine, par exemple, ne se con- dense, il est vrai, que lentement et partiellement en leucinimide à la température ordinaire (E. Fis- cher‘), plus rapidement si le flacon est mal bouché (L. Bouveault et R. Locquin‘), maisla condensation est plus rapide au bain-marie en présence d'éthy- lale de sodium (E. Fischer”); et, si l’on chauffe en tube scellé pendant vingt-quatre heures vers 180° l’éther éthylique de la leucine ou de l’alanine, on obtient, avec des rendements supérieurs à 60 °/,, la leucinimide ou la lactimide : CH C‘H° | Î AZH — CH — CO AzH — CH — CO | | | | CO — CH — AzH CO — CH — AH | CH? Leucinimide, | CH* Lactimide. Tous les acides aminés se comportent d'une manière analogue, en fournissant leurs anhydrides doubles, les 2 : 5-diacipipérazines. ter. d. d. chem. Ges., t. XXXIHI, Ber. d. d. chem. Ges., t. XXXIW, 1 Bazeraxo et TasciarTi : p. 2323, 1900. — BaLerano : p. 1501, 1901. ? Tu. Connuvs et GogeeL : Journ. {. prakt. Chem., t. XXXVNII, p- 173, 1888. ? La présence de l'eau est indispensable : l'éther glyeique parfaitement desséché ne se condense pas. # E. Fiscuer : Ber. d. d. chem. Ges., &. XXXIV, p. 448, 1901. 5 L. Bouveaucr et R. Locquix : Bull. Soc. Chim.,t. XXXI. 1180, 1904. 6 E. Fiscuen : P- Ber. d. d. chem. Ges., 1. XXXIX, p. #48, 1901. centré, et de porter à l'ébullition pendant une minute, pour ouvrir l'anneau pipérazique et obteniMl des cristaux d’un corps qui n’est autre que le chlo hydrate de glycylglycine, d'où les alcalis libèrer facilement la glycylglycine elle-même : AZH — CH — CO | | + H*0 = AzH®.CH*.CO — AzH.CH?.C00 CO — CHE — AZH Anhydride de glycine. Glycylglycine. Voilà le premier représentant de la famille des peptides, qu’il est done maintenant aisé d'obtenir Si la diacipipérazine est mise en suspension dans l'alcool, qu'on sature de HCI gazeux et qu'on chauffe un instant, on obtient directement le chlor hydrate de l’éther glycylglycique : AzH?.CH?.C0 — AzH.CHE.COOC?H, lequel se libère facilement par les alcalis. L'isocyanate de phényle donne très facilement la phénylurée correspondante; et l'action du chloro-M carbonate d'éthyle en présence de Na*CO* fournit directement l’éther carboxéthyl-glycylglyeique : CH5.0.C0 — AzH.CH®.CO — AzH.CH?.CO.OC1P, que nous allons retrouver dans les synthèses ulté- . rieures (E. Fischer et E. Fourneau”). Les éthers de l’alanine, de la leucine, et en général des acides &-aminés, se comportent d'une manière analogue; les 2: 5-diacipipérazines qu'ils fournissent par leurcondensation spontanée peuvent être ouvertes avec plus ou moins de facilité suivant l'espèce (E. Fischer a montré? que la leucinimide exige l'action de HBr fumant pour se transformer en leucylleucine). Le phénomène de condensalion spontanée des éthers permet donc d'obtenir des corps tels que la glycylglycine, l'alan ylalanine, la leucylleucine, qui sont des dipeptides. Mais on n'a pas signalé jusqu'à présent de condensations mixtes unissant l'une à l'autre, par ce procédé, deux molé- cules d'espèce différente pour aboutir à la glycyl- alanine ou à l’alanylleucine par exemple. Et, surtout, la chaine construite de cette façon ne contient que deux molécules d’aminoacide, c'est-à-dire que l'édifice architectural s'arrête, à peine commencé. A vrai dire, cependant, Th. Curtius* avait ob- servé, dès 1883, que l’éther du glycocolle, abandonné à lui-même, fournit non seulement l'anhydride du glycocolle (2:5-diacipipérazine), mais encore une ! E. liscaen et E. Fourneau : Ber. d. d. chem. Ges., t. XXXIV, p. 2870, 1901. ? E. Fiscuen et E. FourNeau : Ber. d. d. chem. Ges:, t. XXXIV, p. 2875, 1901. * E. Fiscuen : Ber. d. d. chem. Ges., t. XXXV, p. 1096, 1902. “ Tu. Currius : Ber. d. d. chem. Ges., t. XNI, p. 755, 1883: D: L.-C. MAILLARD — LES PEPTIDES 1293 tre substance cristallisée, à point de fusion élevé, ficilement soluble dans l'eau, donnant avec ensilé la réaction du biuret et qu'il appela pro- Soirement « /iurethase ». Or, Curtius lui-même reconnu l'an dernier ‘ que cette base estidentique déther triglycylglycique : aH*.CH*,CO0 — AzH.CH*.CO — AzH.CH*.CO — AzH.CH°.CO. OCT e Fischer venait d'obtenir par une voie que nous lécrirons plus loin. La condensation spontanée des ers d'aminoacides peut donc aller en réalité jus- qu'à l'union en chaine ouverte de 4 molécules. Mais le cas de la Biuretbase de Curlius est un cas solé, empirique, que nous ne sommes libres ni de rovoquer ni de régler à notre gré, et qui jusqu'à isent ne saurait constituer une wéthode de syn- hèse des polypeptides. Si l’on jette un coup d'œil d'ensemble sur les di- rs résullats partiels que nous avons énumérés jusqu ici, on peut remarquer que l'échec auquel se heurtent toutes ces lentatives, dès qu'on cherche à es insliluer en méthodes générales, paraît tenir principalement à la présence, dans les molécules fagissantes, du groupe AzH:° libre et capable de bir des transformations dans un sens peu favo- able à l'enchainement linéaire cherché. Nous allons voir que les synthèses deviennent beaucoup plus faciles si l’on a eu la précaution de fixer préala- blement le groupe AzH° par l'introduction d’un groupe acylé, tel que le benzoyle (Curlius) ou le arboxéthyle (Fischer). On sait que, dès 1853, Dessaignes * avait réalisé a synthèse de l'acide hippurique par le chlorure de benzoyle et le glycocollate d'argent : D*H®.CO.CI + AzH*.CH?.COOAg — AgCI + C'H°.C0 — AzH.CH°.COONH. dette réaction est complexe en ce sens que, non seulement elle s'accompagne d'une migration mo- éculaire, puisque le benzoyle ne se fixe pas à la lace qu'occupait l'argent, mais que, de plus, . Curtius * découvrit en 1881, parmi les produits brmés, outre l'acide hippurique, deux autres acides poids moléculaire plus élevé. À cette époque éme, Curtius reconnut l'un de ces corps pour ons aujourd'hui la benzoylglvcylglycine : C*H°.CO — AzH.CH*.C0 — AzH.CH?.COOH, arl'hydrolyse scindait le corps d'aborden une mo- ule de glycocolle et une molécule d'acide hippu- 2 Tu. Cunrius : er. d. d. chem Ges., t. XXXVII, p. 1285, LE Re BDessuoxes : C. A. Acad. Se., t XXXVII, p. 251, 1853. Mu. Currius : Journ. f. prakt. Chem., N. F.st. XXIV, 239, 1881; t. XXVI, p. 145, 1582. acide hippurylaminoacétique, que nous appelle- | rique, laquelle fournissait à son tour une deuxième molécule de glycocolle et l'acide benzoïque. Quant à l'autre acide obtenu en même temps que la benzoylglycine et la benzoylglycylglycine par simple réaction du chlorure de benzoyle sur le glyci- pate d'argent, l'« acide y » de Curtius, il fut identifié plus tard par Curtius et Benrath ‘ avec la Lenzoyl- pentaglycylglycine : C'H°.C0 — (AzH.CH?.CO) — AzH.CH°.COOH. Curtius * avait indiqué formellement, dès 1884, que, par l'action du glycinate d'argent sur le chlorure de benzoyle, il se forme, à côté de l'acide hippu- rique, une série d'acides dans laquelle chaque terme contient un glycocolle moins H°O, c’est-à- dire — AzH.CH*.CO —, de plus que le terme précé- dent. Cette synthèse était encore assez empirique, mais, dès celle époque, Curtius cherchait à la régu- lariser. S'il avait pu avoir en mains le chlorure d'hippuryle C°H°.C0 — AzH.CH°.CO.CI, il élait per- mis d'espérer que ce corps, condensé avec le glyci- nate d'argent, eût donné la benzoylglyeylglycine, et qu'ensuile le chlorure correspondant à ce der- nier acide eût fourni facilement l'homologue supérieur et ainsi de suite. Malheureusement, les tentatives de Curtius* pour préparer le chlorure d'hippuryle échouèrent. Il ne put pas davantage se procurer les anhydrides des acides aminés ; le seul genre de dérivés de ces acides alors accessible était celui des éthers : la fusion de l’hippurate d'éthyle avec leglycocolle fournità Curtius* ce même acide, qui devait être reconnu pour la benzoylpentagly- cylglycine. C'est aussi par l'intermédiaire des éthers d’amino- acides acylés que E. Fischer et E. Fourneau * réus- sirent à préparer un dérivé du tripeptide. L'éther carboxéthylglycylglycique, dont nous avons indi- qué plus haut la préparation, maintenu longtemps à 130° avec le leucinate d'éthyle, leur fournit l'éther carboxéthylglycylglycylleucique : C#H50.C0 — AzH.CHE.CO — Az .CH?.CO — AzH.CH!C'H9).CO.O0CŒH, qui renferme une chaîne de trois restes d'amino- acides. Malheureusement, si les acides aminés eux- mêmes se prêtent peu à la synthèse méthodique des chaines, leurs éthers ne leur sont pas très supé- 1 Tu. Currnivs et Bexrata : Ber. d. d. chem. Ges., t. XXXVII, p. 1279, 1904. 2 Ta. Currius : Ber. d. d. chem. Ges., t. XVIT, p. 1666, 1884. 3 Qu. Currius : Jouran. f. prakt. Chem., N. F., t. XXVI, p. 182, 1802. 4 Ta. Cenrios : Ber. d. d. chem. Ges., t. XVI, p. 756, 1883. 5 E. Fiscuer et E. Founxeat Ber. d. d. chem. Ges., t. XXXIV, p. 2877, 1901. — E. Fiscuen : Ber. d, d. chem. Ges., | t. XXXV, p. 1100, 1902. D: L.-C. MAILLARD — LES PEPTIDES rieurs à ce point de vue, et l’on échoue lorsqu'on veut continuer par celle voie. Or, les recherches de Curtius l'avaient amené à découvrir les azides des acides carboxylés et à re- marquer leur grande analogie avec les chlorures d'acides sous certains rapports. Il pensa que peut- être les azides lui permettraient certaines synthèses qu'il n'avait pu réaliser par la voie des chlorures, faute précisément de savoir préparer les chlorures d'acides aminés. Baum ‘ avait appliqué en 1885, aux acides aminés, le procédé de benzoylation de Schot- ten-Baumann, et obtenu l'acide hippurique en agi- tant le chlorure de benzoyle avec une solution alcaline de glycocolle. Remplaçant le chlorure de benzoyle par la benzazide, Curtius”, aidé de ses élè- ves Hallaway ‘et Darmstaedter*, obtint par le même procédé, et avec d'excellents rendements, l'acide hippurique. La voie était ouverte et la méthode des azides allait se développer régulièrement. Enfin, en 1903, E. Fischer”, appliquant aux acides aminés le procédé au chlorure de thionyle de Béhal et Auger”, préparait enfin les chlorures d'aminoacides vainement cherchés par Curtius. Une voie parallèle s’ouvrait pour la synthèse des dérivés des polypeptides : ce sont ces deux mé- thodes, celle des azides et celle des chlorures, dont nous allons exposer les résultats. $ 4. — Méthode des azides. Dans la description de cette méthode, il suffit de prendre comme exemple l'enchainement des molé- cules de glycocolle, celui des autres acides ami- nés devant se faire par un processus tout à fait identique. On sait que l'action de l'hydrazine sur le ben- zoate d’éthyle donne lieu à la production de la benzhydrazide : C°H5 — CO. LOGE + Han = AzH° Z CAS. OH + CSH5 — CO — AzH — AzH°, et que la benzhydrazide, trailée à froid par le ni- trite de sodium en milieu acide, se transforme en benzazide : C°H5 — CO — AzH — AzH° + AzO.0H AZ — 2 H°0 + CH — CO — AZ£ | Az Zeitsehr. f. phystol. Ch., t. IX, p. 465, 1855. Journ. f. prakt. ! Baum: 2 Voir pour cet historique : Ta. CuRTius : Cherm., N.F., t. LXX, p. 57-73, 1904. 3 R.-R. Haucaway : Ueber das Hydrazid und Azid der m-Nitrohippursaüre. Inaug. Diss., Heidelberg, 1901. (Expe- rimentell abgeschlossen, August 1899.) 4 E, DarmsragoTer : Ueber das Hydrazid der n-Tetramethy- lendikarbonsaüre (Adipinsaüre). Inaug. Diss., Heidelberg, 1902. 5 E, Fiscaer : Sitzungsber. d. Berlin. Akad., L. XIX, p.387, 4903; Ber. d. d. chem. Ges., &. XXXVI, p. 2094, 1903. < Béuaz et AuGer: Bull.Soc.chim. [2e s.], t.L, p. 594, 1888. Or, Hallaway découvrit en 1899, dans le labora- toire de Curtius, que celte benzazide, agitée avec. du glycocolle en solution alcaline, fournit directe ment l'acide hippurique ou henzoylglycine, en ré générant de l'acide azothydrique : DA NA — AZ H + CH .CO — AzH.CHE.C00 Az NA C°H5 — CO || + Hi— AZH — CHE — COOH Ê Î Z A son tour, l'acide hippurique, éthérifié par ur moyen approprié, par exemple par le passage d'ur courant de BCI dans sa solution alcoolique, es transformé en hydrazide, puis en azide, qui réagit avec une deuxième molécule de glycocolle en mi- lieu alcalin pour donner la benzoylglyeylglycine Benzoylglycine : CSH5,CO — Az .CH*.COONH; Benzoylglycinate d'éthyle : C°H5.CO — AzH.CH*.C0.OCH; Benzoylglycinhydrazide : C'H5.CO — AZII.CHE.CO — AzH.AZH*; Benzoylglycinazide : CeH5.CO — AzH.CH?.C0 — Az || ; Na Benzoylglycylglyeine : u C‘H5.CO — AZH.CIHE.CO — AzH.CHÈ.COOH. Par l'intermédiaire de son éther, de son hydra- zide et de son azide, puis réaction de celle-ci sur une troisième molécule de glycocolle, la benzoyl= glycylglyeine se transformera er benzoyldiglyeyl- glycine. 4 Curtius et Wüstenfeld' ont réussi à s'élever gra- duellement jusqu'à la benzoylpentaglyeylglycine. Toutes les substances de cette série sont des corps bien cristallisés, dont les points de fusion s'éche- lonnent entre 200° et 270°. On peut même aller plus vite, en remplaçant le glycocolle par la glyeylglycine préparée suivant Fischer et Fourneau : on fixe ainsi d'un seul coup deux chainons de glycyle. Curtius et Leo Levy* sont parvenus jusqu'à la benzoylhexaglycylglyeine ? C9H5,CO — (AzIT.CH®. CO) — AzH.CH?.COOH, qui est un heptapeptide benzoylé. Si l'hippurazide est traitée, non plus par le gly- cocolle, mais par l'alanine, on oblient la benzo ylgly= cylalanine; Curlius et Lambotte* ont pu prépare successivement la benzoylglycylalanylalanine et la benzoylglyeylalanylalan ylalanine (télrapeptide ben= zoylé). 1 Ta. Cunnius et R. WüsrenreLo : Ber. d. d. chem. Ges: t. XXXV, p. 3226, 1902; Journ. f. prakt. Chem., N.F., t. LXX p. 73, 1904. 8 Tu. Curnius et L. Levy : t. LXX, p. 89, 1904. 3 Tu. Cunnius et E. Lawnorre : Journ. f. prakt. Chem: N. F.,t. LXX, p. 109, 4904. ; Jourp. f. prakt. Chem., N. E°4 Cr Else LéS CUITS D: L.-C. MAILLARD — LES PEPTIDES 195 Il n'est pas nécessaire d'avoir un chainon de | lyeyle : en prenant pour point de départ, non lus l'hippurazide, mais la benzazide elle-même, urtius et Van den Linden‘ ont préparé la Lhenzoyl- alanine, puis la benzoylalanylalanine, de même que la benzoylälan ylglyeine et la benzoylalanylqly- cylglyeine. Curtius et E. Müller* ont obtenu la Len- zoylglyeylphénylalanine. Enfin, l'action de l'hippur- _azide sur l'acide aspartique a fourni à Th. Curtius et Hans Curtius* les très intéressants acides ben- » zoylglyeylaspartique et benzoylglycylaspartylas- partique. Mais Th. Curtius n’a pas borné ses tentalives aux acides aminés en position z : en collaboration wec 0. Gumlich*, ilobtint les acides henzoylglycyl- aminobutyrique et benzoylglycyl-B-aminohuty- ryl-8-aminobutyrique, et avec l'aide de E. Müller* il prépara l'acide benzoylglyeyl-y-aminobuty- rique. _ Enfin, les essais pour obtenir des chaines de car- bamyles, où le reste carbamique — (AzH.C0) — jouerait le même rôle que le reste glycique — (AzH.CH°.CO) —, ont échoué jusqu’à présent : Curtius a pu préparer seulement, en collaboration avec W. Lenhard”, la phénylearbamineglycine, la phénylcarbamineglycylglyeine et la phénylcarba- minediglyeylglyceine : C°H5 — AzH.CO — (AzH.CH?.CO) — AzH.CH*.COONH. $ 2. — Méthode des cklorures. C'est en 1903 que E. Fischer’ appliqua aux acides aminés la méthode de chloruralion par le chlorure de thionyle SOC, après consolidation du groupe aminé par le carboxéthyle, le radical de Vacide 8-naphtalènesulfonique ou encore le ben- zoyle. Si l’on traite par le chlorure de thionyle la carhé- thox ylglycylglycine : 4 CH°0.C0 — AzH.CH3.C0 — AzH.CH®.COOH, obtenue par l'action du chlorocarbonate d'éthyle sur la glycylglycine, on obtient le chlorure cor- _respondant : C#H50.C0 — AzH.CH2.CO0 — AzH.CH*.CO.CI. Lu. Conrius et Vax Der Lixoes : Journ. f. prakt. Chem., M, 1. LXX, p. 137, 1904. Tu. Conous et E. Müccer : Journ. f. prakt. Chem., N.F., PLXX, p. 223, 1904. Tu. Conrius et H. Conrics : Jour. f. prakt. Chem., N.F., ELXX, p. 158, 1904. LXX, p. 195, 1904. 5 Tu. Cunnus et E. MüLLen : ELXX, p. 223, 1904. — Tu. Cunnus et W. Lexuago : Journ. f. prakt. Chem., N°E,, t. LXX, p. 230, 1904. ? E. Fiscaen : Sitzungsb. d. Berlin. Akad., t. XIX, p. 381, 1903; Ber. d. d. chem. Ges., t. XXXVI, p. 2094, 1903. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. Journ. f. prakt. Chem., N.F., 8 Fu. Cunniws et O. Goxicu : Joura. f. prakt. Chem., N.F., | Celui-ci se combine facilement avec les éthers des avides aminés, en milieu alcalin : C'H50O.CO — AzH.CH3.CO — AzH.CH*.C0 — | . — NC] + C'H5O.CO — AzH.CH?.CO — AZH.CH#.CO — AZH.CH°.C0.0C?H5 et on a l'éther de la carbéthoxyldiglycylqlyeine. En répétant le même processus, E. Fischer obtient l'éther de la carbéthoxyltriglyeylglycine; on peul saponifier ces éthers, avec quelques précautions. En remplaçant l'éther du glycocolle par ceux de l'alanine, de la leucine racémique et de la tyrosine, on arrive à la carbéthoxylglyeylalanine", à la car- béthoxylylveyl-3-HHleucine et à la carbéthoxylqly- cyltyrosine (E. Fischer*). Sur ces entrefaites, E. Fischer et P. Bergell* avaient trouvé que le chlorure de l'acide $-naphta- lènesulfonique réagit sur les acides aminés en solu- tion alcaline : A SO OT HR AZI — CHE — COOH | DENT NN S0: — A7H. CHE. COOH is | | . NAS On obtient ainsi la $-naphtalènesulfoglycine, où le groupe azoté est consolidé comme dans l'acide hippurique. Le chlorure de thionyle transforme à son tour cette substance en le chlorure corres- pondant : ZNIN 280: AzH.CH*.CO.CL NAN ‘ | qu'il est facile de fixer sur l'azote des divers aminoéthers. L'éther dipeptique obtenu est sapo- nifié, l'acide traité par le chlorure de thionyle, puis par les aminoéthers, et ainsi de suite. C'est de cette facon que furent obtenues la $-naphtalènesulfogly- cyLè-alanine*, la 6-naphtalènesulfo-5-alanylglyeine, la B-naphtalènesulfoglycyltyrosine, et la $-naphta- | lénesulfoglycyl-3-l-leucine*. Quant à la tyrosine, elle fixe par son oxhydrile un deuxième groupe &-naphtalènesulfo, de telle sorle qu'on arrive à la di-8-naphtalènesullo-tyrosyl3-Lleucine. Enfin, toujours grâce au chlorure de thionyle, 1 E. Fiscuer et P. BeroeLc : Per. d. d.chem. Ges., t. XXXVI, p- 2110, 1903. 2 E. Fiscuer : 1903. 3 E. Fiscuer et P. BERGELL : Per. d. d. chem. Ges., t. XXXV, . 3119, 1902, 4 E. Fiscuer : 1903. 5 E. Frscuen ét P. BERGELL : Ber. d. d. chem. Ges.,t. XXXN\I, 2592, 1903. Ber. d. d. chem. Ges., t. XXXVI, p. 2592, Sitzungsb. d. Berlin. Akagd., t. XIX, p. 387. p- 126 E. Fischer a pu préparer le chlorure d'hippuryle, qui avait échappé aux tentatives de Th. Curtius, et obtenir par la voie des chlorures' ce même éther benzoyldiglycylglycique que Curtius préparait par la voie des azides. Par la méthode des chlorures comme par celle des azides, il est done possible aujourd'hui de réunir, dans une même chaine ouverte, un nombre théoriquement indéfini de molécules d’aminoacides, de même espèce ou d'espèces différentes. En fait, on a réalisé déjà l'enchainement de sept molécules d'acide aminé. Malheureusement, les méthodes que nous venons de décrire ne peuvent s'appliquer qu'à une chaine consolidée dès l'origine par l'in- troduction d’un groupe acylé, benzoyle, carbox- éthyle ou f$-naphlalènesulfo dans l’aminogène initial, et l'on n’a pas trouvé le moyen jusqu'ici de débarrasser la chaine de cet impedimentum. Chaque fois que Curtius ou Fischer ont essayé de saponilier ce groupe, c’est au contraire par l’autre extrémité qu'a commencé la rupture, les molécules d'aminoacides se détachant une à une pour aboutir par exemple à l'acide hippurique, puis à l'acide benzoïque. Ces méthodes, d'un intérêt théorique puissant, n'ont donc pu nous mettre en mains les véritables polypeptides. \ SYNTHÈSE DES POLYPEPTIDES LIBRES. La synthèse des polypeptides mêmes com- mence avec les travaux de Fischer et Fourneau* sur la rupture des anneaux diacipipéraziques*, mais elle se borne, comme on l’a vu, aux dipeptides homogènes. Bien que la « base à biuret » de Curtius soit comme un témoin de la possibilité d'obtenir des condensalions plus avancées, et que certains indices autorisent quelque espoir, le développe- ment du procédé est encore à trouver. En revanche, E. Fischer‘ a réalisé en 1903 la synthèse systématique des polypeptides par une voie très ingénieuse. Jusqu'ici, lorsque nous avions en mains une chaîne à » molécules d'acides aminés, c'est du côté du carboxyle que nous cherchions à souder la (n + 1)**, de telle sorte que ‘ E. Fiscuer : Ber. d. d..chem. Ges., &. XXXVIII, p. 605, 1905. 2 E. Fiscuer et E. Fourneau : Ber. d. d. chem. Ges., t. XXXIV, p. 2870, 1901. 3 Dans des recherches ultérieures, Fiscuer a trouvé (Ber. d. d. chem. Ges., {. XXXVII, p. 607, 1905) qu'il suffit d'agiter pendant un quart d'heure à froid l'anhydride de glycocolle avec de la soude normale pour le transformer en glycylgly- cine. L'anhydride d'alanine s'ouvre avec la même facilité surprenante ; en revanche, la leucinimide est beaucoup plus résistante. ‘ E. FisCuer : 1903. Ber. d. d. chem. Ges., t. XXXVI, p. 2982, D: L.-C. MAILLARD — LES PEPTIDES la chaine s'accroissait dans le sens de la flèche et des numéros ci-dessous : > C'H5.CG — AZH.CH$.CO — AzH.CH#.CO — AzH :CH®. COOH | ] | JALE 22 1 2 3 Au contraire, Fischer réalise maintenant l’addi- tion des molécules successives du côté du groupe aminogène. L'éther glycylglycique, par exemple, mélangé avec le chlorure d'un acide halogéné, s'y combine * : CL. CHE, C0 — ŸCI + HlAZH. CH, CO — AzH.CH?,CO.OC#H Chlorure de chloracétyle. Ether glycylglycique. —= HCI + CI. CHE. CO — AzH.CH?.C0 — AzH.CH®.CO.OC?HS 11 suffit de chauffer le produit avec l'ammoniaque aqueuse concentrée pour remplacer l'halogène terminal par AzH°, et obtenir l’éther de la diglyeyl- glycine*. I suffit de saponifier cet éther si l’on veut arrêter ici la synthèse, ou de le traiter à nou- veau par le chlorure de chloracétyle, puis l'ammo- niaque, pour obtenir le tétrapeptide, et ainsi de suite. Dans cette méthode, comme on le voit, l’accrois- sement de la molécule se fait dans le sens inverse du précédent : © AzH?.CH?.C0 — AzH.CH2.CO — AzH.CH°.CO.OCH5. | : | | = | “+ nn On emploie, tantôt les acides chlorés, tantôt les acides bromés, suivant les condilions pratiques de la réaction ; el l'on choisit tout naturellement l'acide convenable suivant qu'on veut souder un groupe glycyle, leucyle, phénylalanyle, prolyle, etc. S'agit-il, par exemple, de souder un groupe leucyle, on aura recours au bromure d'«-bromoisoca- proïle, etc. Nous ne saurions entrer ici dans les détails de la riche série de synthèses exécutées d'après ce principe, au cours des trois dernières années, par Fischer et ses collaborateurs” : Leuchs, Suzuki, Abderhalden, Künigs, Axhausen, Brunner, War- burg, Kœlker, Raske, Schmidlin, Kautzsch, Johnson, Reuter, etc. Le tableau suivant contient la liste des polypeptides qui ont élé décrits jusqu'à présent : Dipeptides. O0 glycyl-glycine. 0 glycyl-alanine. glycyl-leucine. 0 glycyl-phénylalanine. + glycyl-/-tyrosine. glycyl-asparagine. 1 E. Fiscuer et P. BerGeLc : Per. d. d. chem. Ges.,t. XXXVI, p. 2110, 1903. 2 E. Fiscuer : 1903. # Voir le détail de ces travaux dans: Ber. d. d. chem. Ges,, Ber. d. d. chem. Ges., t. XXXVI, p. 2982, n > alanyl-glycine. d-alanyl-glycine. I-alanyl-glycine. alanyl-alanine. ulanyl-leucine A. alanyl-leucine B. alanyl-phénylalanine. a-aminobutyryl-glycine. ac. a-aminobutyryl-a-aminobutyrique A. ac. a-aminobutyryl-a-aminobutyrique B. z-aminoisovaléryl-glycine. leucyl-glycine. leucyl-alanine. leucyl-leucine. a-leucyl-phénylalanine. 6-leucyl-phénylalanine. leucyl-/-tyrosine. leucyl-proline. ac. leucyl-aspartique. leucyl-asparagine. leucyl-isosérine A. leucyl-isosérine B. phénylglyeyl-glycine. phénylglycyl-alanine A. phénylglyeyl-alanine B. ac. phénylglycyl-aspartique. phénylglycyl-asparagine. phénylalanyl-phénylalanine. prolyl-alanine. asparagyl-monoglycine. ccoscse eV + VW M=—= 312 Tripeptides. 0 diglycyl-glycine. diglycyl-phénylalanine. diglycyl-cystine. glycyl-leucyl-alanine. alanyl-glycyl-glycine. dialanyl-alanine. dialanyl-cystine. > alanyl-leucyl-glycine. > leucyl-glycyl-glycine. leucyl-glycyl-leucine. leueyl-glycyl-phénylalanine. leucyl-alanyl-glycine A. leucyl-alanyl-glycine B. leucyl-alanyl-alanine A. leueyl-alanyl-alanine B. — dileucyl-cystine. leucyl-:-leucyl-phénylalanine. phénylalanyl-glycyl-glycine. asparagyl-alanyl-alanine. A + AA M = 391 Tétrapeptides. 0 triglycylglycine. M = 246 leucyl-diglyeyl-glycine. 302 dileucyl-glyceyl-glycine. 358 e Peätapeptide. —+ tétraglycylglycine. M = 303 V. — PROPRIÉTÉS DES POLYPEPTIDES. Après avoir étudié la méthode générale qui permet d'obtenir les polypeptides, on peut se de- ander quelles sont les propriétés de ces sub- lances. Elles dérivent, comme on pouvait s’y 3071, 3306, 4575, 4585, 1904: t. XXXVIIL, p. 605, 2375, 2914, 1905; et dans Liebig's Ann. d. Chem. u. Pharm., t. CCCXEL, p. 123, 128, 142, 152, 172, 180, 190, 1905. D: L.-C. MAILLARD — LES PEPTIDES E XXXVI, p. 2982, 2993, 1903; t. XXXVII, p. 2486, 2842, 3062, 127 attendre, de celles des acides aminés eux-mêmes. C'est ainsi que les polypeptides sont des corps solides, bien cristallisés, ne fondant qu'à des tem- pératures élevées (200°, 250°, et plus). Les polypep- tides sont assez facilement solubles dans l’eau, au moins pour ceux qui dérivent des acides supérieurs, car les polypeptides dérivés du glycocolle sont moins solubles, à l'exemple du glycocolle lui-même. Les polypeptides sont plus ou moins solubles dans l'alcool, peu dans les dissolvants neutres. Comme les aminoacides simples, les polypep- tides jouissent d'une double fonction : basique, se traduisant par la formation des chlorhydrates et autres sels, et acide. C’est à cette deuxième fone- tion qu'il faut rapporter les éthers, dont nous avons vu la facile préparation, et la propriété qu'ont les polypeptides de se dissoudre dans les alcalis. Une question intéressante est celle des isomé- ries d'ordre stéréochimique qui se révèlent dans la famille des peptides. Sauf le glycocelle, tous les acides aminés que fournit la décomposition des albuminoïdes, et qui entrent dans l'architecture des peptides, renferment un carbone asymétrique. Les glyeyles mis à part, tout peptide à » chainons ren- ferme donc n carbones asymétriques et doit pou- voir se présenter, d'après les lois générales de la stéréochimie, sous 2" formes stéréochimiques diffé- rentes, racémisables deux à deux. Par exemple, l'alan ylleucine : CH° C‘H° AzH° — cu — CO — AzH — Vu — COOH, renfermant deux carbones asymétriques, désignés ici par des astérisques, doit se présenter sous les quatre formes dd' et Il, dl'et 1d', constituant en tout deux paires racémiques. Et, de fait, les produits que l’on oblient en pré- parant les dipeptides à l’aide de deux corps synthé- tiques, c'est-à-dire racémiques, peuvent être quel- quefois fractionnés en deux substances différentes A et B, loutes deux inactives. C'est ce qu'on à trouvé dans quelques cas, comme ceux de l'alanyl- leucine, du dipeptide aminobut rique, de la leuecyl- isosérine, etc. Dans beaucoup de cas, on n’a obtenu qu'un seul produit. On peut admettre, soit que les deux racé- miques isomères ne présentent pas assez de diffé- rences pour en permettre la facile séparalion, soil que les conditions de la synthèse ont favorisé l'un des états d'équilibre au détriment de l’autre. En revanche, lorsqu'on effectue la synthèse avec des corps optiquement actifs, tels que les amino- acides d'origine biologique, on obtient des pep- tides actifs, ce qui se conçoit sans peine. Les peptides, formés par l'union de plusieurs mo- 128 D: L.-C. MAILLARD — LES PEPTIDES lécules d'aminoacides qui peuvent être remises en liberté par des processus d'hydralation conve- nables, ressemblent donc sous ce rapport aux pep- tones. Les peptides, comme les peptones, préci- pitent par l'acide phosphotungstique. Un autre point de rapprochement est l'action de divers peptides ou de leurs dérivés sur certains métaux lourds, le cuivre par exemple. Depuis long- temps, on a remarqué que plusieurs de ces dérivés, la « Biuretbase » ({éther triglycylglycique) et l'« acide + » (benzoylpentaglyeylglycine) de Cur- lius par exemple, donnent, en présence d'un excès d'aleali et d'un sel cuivrique, la coloration rose vio- lacé si employée par les biologistes, sous le nom de « réaction du biuret », pour la recherche des pep- tones. D'autres exemples sont venus s'ajouter à la liste. En ce qui concerne la complexité des molécules obtenues, on remarquera que, jusqu'à présent, l’at- tention des expérimentateurs s'est portée plutôt vers la variété des peptides inférieurs que vers l'allongement des chaines. C'est ainsi que, pour 36 dipeptides et 19 tripeptides relevés dans le lableau précédent, nous ne trouvons que 4 tétra- peplides et 1 seul pentapeptlide. Encore est-ce le pentapeptide glycique pur. Cependant, son poids moléculaire est déjà 303, bien qu'il n'entre dans sa struclure que l'amino- acide le plus simple. L'emploi de termes plus éle- vés dans la série des acides aminés conduit, bien entendu, à des molécules plus lourdes. C'est ainsi qu'un tétrapeptide comme la dileucyl-glyeyl-glyeine pèse 358, un simple tripeptide comme la leueyl- 4-leucyl-phénylalanine pèse 391, et que nous treu- vons même un dipeptide, la phénylalanyl-phényi- alanine, du poids de 312. Le pentapeptide leu- cique, par exemple, pêserait 583. Or, si nous ne sommes pas définitivement fixés sur le poids mo- léculaire des peptones, mélanges complexes qu'il est difficile de définir par des données numériques, les renseignements les plus plausibles que nous possédions conduisent à fixer entre 600 et 250 les poids moléculaires de ces composés. Le poids mo- léculaire des peptides les plus élevés concorde avec celui des peplones inférieures. Une question des plus importantes au point de vue biologique est l'action des diastases protéoly- liques sur les peptides. Dès 1903, Fischer et Ber- gell' avaient constaté que les dérivés carbéthoxy- et B-naphtalènesulfo- de la glycyllyrosine et de la glycylleucine sont dédoublés par la trypsine. [Il étail même très remarquable de voir que les dérivés de la glycylleucine, préparés à l'aide de 1 E. Fiscuer et P. BERGELL : Ber. d. d. chem. Ges.,t. XXXVI, p. 2592, 1903. la leucine synthétique, et par suile racémiques, sont attaqués asymétriquement, c'est-à-dire que l'un des isomères est détruit par la trypsine, - tandis que l’autre est respecté. E. Fischer‘, avec l'aide de P. Bergell* et de E. Abderhalden”, a repris ces expériences sur un grand nombre de peptides, en employant le suc pancréalique frais obtenu du chien par le procédé de Pawlow. Certains peptides sont attaqués, d'autres restent insensibles ; chez les racémiques, en général l'un des isomères est détruit, laissant l'autre isomère optiquement actif; il y a là un moyen d'obtenir des corps actifs, et même d'établir des conslitulions. Les peptides soumis jusqu'à ce jour à l'action du suc pancréatique ont été indiqués dans le tableau ci-dessus (pages 127 et 128). Les peptides marqués du signe + sont les corps actifs attaquables par le suc ; ceux marqués du signe > sont des racémiques dont une moitié est attaquée ; enfin, ceux marqués du signe 0 ne sont pas touchés par le ferment. Sur les autres, nous manquons encore de rensei- gnements ; mais E. Fischer et E. Abderhalden ont l'intention de poursuivre ces expériences, dont l'intérêt sera considérable en ce qui touche à la structure des albuminoïdes naturels. Cinq dipeptides, la glycyl-/tyrosine, la diala- nyleystine, la leucylalanine, la leucylglycine, la leucylleucine, ont élé soumis à l'action du sue gastrique (procédé Pawlow) : tous ont résisté (Fischer et Abderhalden ‘). Des recherches ont été entreprises par E. Abder- halden avec ses collaborateurs P. Rona” et Fr. Sa- muely® au sujet de la facon dont se comportent les dipeptides introduits dans l'organisme : leurs ré- sultats ne pourront manquer d'être fort intéres- sants lorsqu'ils seront en nombre suffisant pour permettre d'en dégager les lois. [Lest, enfin, un point de vue tout particulier sous lequel les peptides ont été comparés aux peptones. On sail depuis longtemps que « la peptone » injec- tée aux animaux exerce une action dépressive sur la pression sanguine ; mais on s'est aperçu que cette action doit être attribuée surtout aux albu- moses primaires, et qu'elle s'efface à mesure que la protéolyse progresse. Les produits de décompo- 1 E. Fiscaer : 1904. 2 E. Fiscuer et P. BERGELL : t. XXXVII, p. 3103, 1904. 3 E, Fiscuen el E. ABDERHALDEN : t. XLVI, p. 52, 1905. # E. Fiscuer et E. AsvenuaLoen : Z. physiol. Ch., &. XLNI, p. 52, 1905. 5 E, AnvennaLoenx et P. Roxa : p. 176, 1905. 9 E. ApnentALDEN el Fr. SamuELy : Z. physiol. Ch., t. XLVI, p. 187, 1905. Ber. d. d. chem. Ges., t. XXXVII, p. 2488, Ber. d. d. chem. Ges., Z. physiol. Chem., Z. physiol. Ch., t. XLVI, ition cristallisés ont complètement perdu celte ' ropriété. Or, Halliburton’, étudiant à ce point de ue la leucylleucine, la leucylglycine, la leucyl- asparagine et l'alanylleucylglycine, n'a obtenu que des résultats nuls. La combinaison des groupes moléculaires qui fait apparaitre l'action des pépiones doit donc être plus compliquée que celle des tripeptides. En présence de ces faits, jusqu'à quelles limites pr admettre l’analogie des peptides et des . peptones ? Devons-nous considérer les peptides comme les premiers représentants synthétiques et … purs de la grande famille dont les peptones natu- elles ne seraient que des mélanges d'individus variés ? Il nous semble prémaluré de répondre s moins vrai que les recherches de Curtius et de Fischer ont ouvert une voie nouvelle et qu'elles autorisent la Chimie biologique à concevoir de hautes espérances. . Nous donneront-elles un jour la clef de la struc- “ture des matières protéiques ? Ceci est plus délicat “à prévoir. Car l'idée qui a servi de guide à la syn- Dans le langage ordinaire, on distingue l’espace tactile, l'espace visuel, qui, d’ailleurs, se confon- dent. On ne parle jamais d'espace auditif, olfactif, - sapide. Pourquoi? Pour répondre à celte question, il convient de rechercher : 4 Si les organes du toucher et de la vue pré- sentent des particularilés dont les organes des autres sens seraient dépourvus; 2 Comment, de ces particularités, peut naitre, ins notre esprit, la notion de l’espace. I. — LE SENS DU TOUCHER. Supposons un être doué du seul sens du toucher et voyons comment la notion d'espace peut se = Mürmer dans son esprit. — L'organe du toucher est la peau et, spécialement, la main et la langue. La particularité caractéristique TC | W.-D. HazcteunTox : D. 114, 1905. Journ. of Physiol., € XXXII, GEORGES GUÉROULT — LA NOTION D'ESPACE 129 thèse des peptides, implicitement tout au moins, c'est que les groupes atomiques des aminoacides existeraient préformés dans la molécule protéique, et qu'il suffirait de les détacher les uns des autres par l'hydrolyse. Mais nous n'en avons point la cer- litude. Récemment encore, O. Lœw' remarquait que la caséine fournit 29 °/, d'acide glutamique lorsqu'on l'hydrolyse par HCI + SnCF, 10 °/, si on emploie HCI, et 1,8 °/, seulement par l'acide sul- furique. D'autres arguments jettent le doute sur la ques- tion de savoir si les produits du dédoublement chlorhydrique sont vraiment préformés dans les corps proléiques ; mais leur examen nous entrai- nerait trop loin. Notre seul but est ici, en rappelant combien est encore mystérieuse la structure si complexe des systèmes « vivants », de mettre le lecteur en garde contre des généralisations trop hâtives qui n'élaient pas, je pense, dans l'esprit de ceux dont les remarquables travaux ont abouti à la synthèse des polypeptides”. D' L.-C. Maillard, Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris. LA NOTION D’ESPACE ET LES CONDITIONS PHYSIOLOGIQUES NÉCESSAIRES A SA FORMATION DANS L'ESPRIT de cet organe, c'est que la surface en est constituée par un nombre invariable d'éléments tactiles tels qu'un nombre quelconque de pointes appuyées sur un seul élément y déterminent une sensation unique. Ces sensations spéciales peuvent être dites égales entre elles comme minima d'une même fonc- tion. Elles sont done susceptibles d’addilion et de mesure; ce sont de véritables quantités. De plus, l'homme a ce qu'on appelle la sensation musculaire, c'est-à-dire la conscience d'un changement qui s'opère dans l'état de ses muscles, sans pouvoir d’ailleurs évaluer en aucune manière l'intensilé variable ou même la direction exacte de l'effort qu'il exerce. Enfin, les nerfs tactiles donnent la sensalion du froid, du chaud, fournissent des sensalions agréables ou douloureuses, et d'innombrables autres du même genre, mais moins caractérisées; ces sensations peuvent présenter des intensilés difré- 1 O. Loew : Chem. Zig., t. XXIX, p. 60%, 1905. ? Conférence faite au Laboratoire de Chimie organique de la Sorbonne, sous la présidence de M. Haller, le 23 no- vembre 1905. 130 GEORGES GUÉROULT — LA NOTION D'ESPACE rentes, mais ne sont en aucune manière susceptibles |! d'être mesurées. Etudions d’abord les sensations qui résullent d'un contact entre deux parties de notre propre corps, d'un doigt de la main droite, par exemple, appuyant sur le doigt correspondant de la main gauche. Dans ces conditions, nous avons conscience d’une action exercée par le doigt de la main droite, à laquelle répond une réaction correspondante de la part de l’autre doigt. L'intensité peut varier ; mais, dans le cas de l'équilibre, l'aclion est égale à la réaction et nous avons conscience de l’une et de l’autre. Supposons qu’on modifie la position des deux doigts, de façon qu'un seul élément tactile de l'un corresponde à un seul élément tactile de l’autre. En négligeant l'intensité, il est évident, d'après ce qui précède, qu'au-dessous de celte sen- sation commune il n'y a plus rien. Cette sensation commune est donc indivisible. C’est ce que le lan- gage ordinaire exprime en disant que nous n'avons plus que la sensation d'un point de notre propre corps. Retirons le doigt de la main gauche; il peul arriver qu'après avoir éprouvé certaines sensations musculaires, l'élément tactile de notre doigt de la main droite retrouve une résistance absolument de même nature que la précédente, l'intensité de celte résistance pouvant être variable. Nous dirons alors que notre doigt a rencontré un point du monde extérieur, c'est-à-dire un obstacle de même nalure que, tout à l'heure, notre doigt de la main gauche, nous fournissant comme lui une sensation indivisible, au-dessous de laquelle il n’y a plus rien. En faisant varier de nouveau nos sensations mus- culaires, nous pouvons retrouver encore de nou- velles sensations indivisibles, que nous ne pouvons distinguer que par les sensations musculaires à la suite desquelles elles ont pris naissance. Nous arrivons ainsi à la notion d'une pluralité de points du monde extérieur coexistant à ce que nous appellerons des distances variables, la variation des sensations musculaires nous donnant l'idée de ce que nous appellerons un déplacement de notre doigt. De cette expérience, il résulte plusieurs consé- quences intéressantes : a) Les points du monde extérieur dont nous pouvons avoir conscience par le toucher sont de même nature que les points de notre propre corps, au point de vue de l’action et de la réaction qui s'exercent entre eux; D) La notion du point du monde extérieur cor- respond au contact d’un de nos éléments tactiles. Ce point est indivisible, mais dans notre esprit seu- lement, puisque, si l’on supposait un élément tactile plus petit, nous pourrions avoir plusieurs sensations au lieu d’une ; ‘ c) Considérons deux points correspondant aux. sensations fournies par deux éléments tactiles con- tigus. Ces deux points se distingueront l'un de. l’autre, mais ils sont à la limite de la distance où cette distinction est possible. En effet, pour une distance moindre que celle de deux éléments tac- tiles contigus, de deux choses l’une : ou les deux excilations s'exerceraient à la fois sur l’un des deux éléments, et la sensation serait unique; ou elles s'exerceraient chacune sur un élément parti- culier, et, dans ce cas, on ne pourrait distinguer s'il s’agit de deux points ou d'un seul situé à l'inter- section des deux éléments. Il résulte de là que, si l'on suppose l'excitation extérieure agissant suc- cessivement sur une série d'éléments tactiles deux à deux contigus, on aura une sensation continue, représentée par une série de points qu'on peut qualifier de contigus, et à laquelle on a donné le nom de ligne. C’est là une notion nouvelle venant s'ajouter à la notion de point. Par analogie, on peut concevoir des lignes contiquës formant des surfaces; des surfaces contiguës formant des volumes. Ces différentes notions impliquent le déplacement relatif du doigt ou de l'excitation extérieure; d) Ces points, lignes, surfaces ou volumes peuvent nous opposer des résistances très diffé- rentes, nous donner l'impression du froid, du chaud, de l'humide, mais ces différentes particu- larités n'altèrent en rien l'essence des sensations indivisibles d'où elles procèdent. Nous acquérons ainsi la nolion générale qu'il existe, en dehors de nous, des corps de même nature que le nôtre et que nous appelons des corps solides. Mais ces corps ne sont pas contigus entre eux. En variant nos sensations musculaires, nous pouvons cesser d'éprouver une sensation tactile quelconque. Nous arrivons ainsi, en généralisant, à la notion de quelque chose comme la possibilité de la coexistence d'un nombre quelconque de corps semblables au nôtre, une sorte de lieu géométrique présentant des lacunes qui peuvent étre comblées, en totalité ou en partie, par d’autres corps. Ce quelque chose est proprement l'espace. REMARQUES. — I. Le point, tel qu'il a été défini plus haut, présente une analogie saisissante avec ce que la Mécanique rationnelle appelle un point matériel, c'est-à-dire un corps dont les dimensions sont assez pelites pour que, dans le mouvement, les trajectoires de toutes ses parties se confondent, mais qui peut varier par l'action qu'il exerce et par les sensalions diverses qu'il détermine en nous. II. Ce point serait donc l'élément constitulif, pri- mordial, des corps, des volumes, des surfaces, des lignes. C'était là la doctrine des Pythagoriciens, avec cetle différence essentielle que ces philosophes + æ + GEORGES GUÉROULT — LA NOTION D'ESPACE 131 _objectivaient la notion du point, et en faisaient à M'éenlvur rire priori un élément du monde extérieur. En quoi, ils PO) s'engageaient dans un dédale de difficultés logiques Supposons-lui, au contraire, le sens du toucher insurmontables. Il élait impossible de comprendre, | accompagné du sens de la vue; nous allons voir — en effet, par exemple, comment une somme quel- | quela notion d'espace serasingulièrement agrandie, _ conque de points, de nulle étendue chacun, pou- | complétée par le concours de ces deux groupes de L: . xait former une ligne de longueur finie; comment | sensations. … deux points pouvaient êlre contigus sans se con- Notons d'abord que le sens du toucher et les _ fondre. expériences qu'il comporte sont nécessairement …_ Il fautreconnaitre, d'ailleurs, qu’en objectivantla | antérieurs au sens visuel. notion du point, les Pythagoriciens ne faisaient En effet, Muller à fort justement remarqué que que se conformer à un procédé général qui veut | le sens du leucher est le premier de tous qui entre que nous attribuions aux objets extérieurs les qua- | en conflit actif avec le monde extérieur. « Suppo- dités de nos propres sensations. sons, dit-il (Physiologie du Système nerveux), un | être humain qui, sans avoir jamais éprouvé une seule sensation visuelle, — l'enfant dans la matrice, par exemple, — n'ait eu que de simples sensations —. L'organe essentiel de la vue est la rétine, mem- | tactiles dues à des impressions faites du dehors sur ane nerveuse, qui forme le fond de l’œil. Elle est | son corps; la première idée vague et confuse ne nstituée par des éléments dits rétiniens, de très | pourra être que celle du moi modifiable, par oppo- petites dimensions (0%*,003 environ), et tels qu'un | silion avec quelque chose qui le modifie. La mombre quelconque de points lumineux venant | matrice, qui oblige l'enfant à garder une situation faire leur image sur le même élément ne donnent | délerminée, et qui provoque en lui des sensations, lieu qu'à une sensation lumineuse unique. Ces élé- | est, à cette époque, la cause immédiate de la con- ments ne sont impressionnés que par les vibrations | science qu'il acquiert de cette opposition, et de deux “de l'éther comprises entre certaines limites (entre | manières. D'abord l'enfant est maitre des mouve- Mes ondes de 800 et 200 millionièmes de millimètre). | ments de ses membres, qu’il sent comme des ins- Les vibrations les plus lentes donnent la sensation | truments soumis à son moi; au contraire, il n'est du rouge, les plus rapides celle du violet. Au- | pas maitre de la résistance que lui oppose son dessus et au-dessous de ces limites, la rétine ne | entourage, et cette résistance lui inspire l'idée d’un . donne plus aucune sensalion. extérieur absolu. En second lieu, les sensations Elle présente cette particularité que toute action, | diffèrent suivant que deux parties de son corps se de quelque nature qu’elle soit, mécanique, élec- | touchent l’une l’autre, ou suivant qu'une partie trique, calorilique, elc., exercée sur cette mem- | de son corps percoit seulement la résistance du » II. —— LE SENS DE LA VUE brane, donne une sensation lumineuse. dehors. » Cette propriété s'appelle énergie spécilique de la L'enfant vient au monde et ses yeux s'ouvrent. réline. Il a déjà, d'après ce qui précède, une notion à la Quant à l'intensité, à la force vive de ces diverses | fois du monde extérieur et de son propre corps, vibrations, ce qui correspondrait à la résistance | s'opposant l’un à l’autre. que le monde extérieur oppose aux actions du Dès les premiers temps, par des expériences toucher, l'œil n'accuse rien de semblable. On peut | réitérées, il peut constater que tous les points faire pour les éléments rétiniens le même raison- | (définis comme dessus) de son propre corps don- nement que pour deux éléments tactiles, et | nent lieu à des sensations lumineuses correspon- admettre que les images de points lumineux tom- | dantes; il en est de même des lignes, des surfaces, ant sur une série d'éléments réliniens contigus | des volumes du monde extérieur qui lui sont donnent lieu à l'image d'une ligne continue. | révélés par le toucher. Par les mouvements de Bien que la question ne soit pas encore complè- | l'œil, il peut s'assurer qu'il y a proportion entre tement élucidée, on admet que chaque élément est | l'étendue tactile et l'étendue visuelle des objets constitué de façon à donner la sensation des | qu'il peut à la fois toucher et voir. Le fait s'ex- diverses couleurs par le moyen des trois systèmes | plique de la même manière dans les deux cas. En —de fibres imaginés par Yung. effet, comme il a été dit plus haut, dans la vision Il parait résulter de ce qui précède qu'un homme | comme dans le toucher, il y a une somme constante doué du sens de la vue, mais privé du sens du | de sensations sui generis indivisibles. toucher, n'aurait aucun moyen de constater l'exis- Dans son investigation, l'enfant est conduit à tence du monde extérieur, et ne pourrait acquérir | voir des objets trop éloignés pour qu'il puisse les à aucun degré la notion d'espace. | toucher de la main; il s'en rapproche et vérifie d J 132 GEORGES GUÉROULT — LA NOTION D'ESPACE leur correspondance, Enfin, il arrive à des points ou corps visuels absolument inaccessibles, soit ter- restres, soit célestes. Dans ce cas, l'homme, plus avancé, fait des expériences indirectes, qui confir- ment toujours l'identité de l’atlas visuel avec l'atlas tactile, pour employer une heureuse expression de Taine. C'estainsi qu'il arrive à calculer les forces, les masses des astres, c'est-à-dire, en définitive, les sensations qu'ils détermineraient dans le toucher si l’on pouvait s'en approcher suffisamment. Il prend conscience aussi par la vue des objets en mouvement permanent, d'un fleuve, de la flamme, elc., objels que le toucher ne saurait lui révéler. Il faut bien remarquer, cependant, que, si les sen- salions visuelles viennent bientôt confirmer, en les complétant, les notions fournies par les sensa- lions tactiles, elles présentent sur ces dernières une infériorité essentielle et caractéristique. Elles ne donnent qu'indirectement et imparfaitement la notion de la dimension des corps perpendiculaire à la rétine. Le déplacement latéral des objets (ou le déplacement correspondant de l'œil) peut être mesuré au moyen des éléments rétiniens. Le dépla- cement dans la direction normale à l'œil, au con- traire, n'est accusé que par la varialion de l'ac- commodation, el, dans le cas de la vue binoculaire, de la convergence des axes des deux yeux; mais ces variations n’ont aucun caractère précis, mesu- rable, et il faut recourir à de nombreuses expé- riences, à des raisonnements muitipliés pour ar- river à la notion de la troisième dimension ‘. Aussi est-il admis par tous les auteurs que l’espace visuel proprement dit n'a que deux dimensions. En résumé : 1° Le sens du toucher donne la notion de l’es- pace à trois dimensions, au moyen d'éléments tactiles fournissant des sensations indivisibles, égales, mesurables entre elles, qu'on pourrait ap- peler idiométriques; par la sensation de résistance, il donne la preuve de l'existence du monde exté- rieur ; 2° Le sens de la vue donne, avec le concours du sens du toucher, la notion d'un espace à deux dimensions (l'espace tactile dont on retrancherait la troisième dimension), grâce à des éléments réti- niens fournissant chacun des sensations lumi- neuses 1ndivisibles, égales, mesurables, idiomé- triques. Ces deux dimensions correspondent à deux diamètres perpendiculaires entre eux de l'élé ment rélinien ; 3° L'ouïe, l'odorat, le goût, qui ne fournissent ni 1 HELMHOLTZ : loc. cit. Optique physiologique, p. 790; et Muzcer : les uns, ni les autres, de sensations indivisibles, ne donnent pas la notion de l’espace. Il parait donc permis de conclure que les sensa- lions indivisibles jouent un grand rôle dans la for- … mation de la notion d'espace. IV. — LE SENS DE L'OUÏE. Cette conclusion prendrait un caractère de grande probabilité si, poussant plus loin l'inves- tigalion, nous voyions, dans un ordre d'idées tout à fait différent, la notion d'espace reparaitre avec l'idiométrie des sensations. IL à été constaté plus haut que le sens de l’ouïe était absolument impropre à nous fournir aucune donnée précise sur l’étendue et la situation des ob- jets extérieurs, producteurs du bruit ou du son. Au point de vue subjectif, certaines sensations audi- tives, celles qu’on appelle sensations musicales, sont universellement considérées par tous les peuples connus comme disposées sur une sorle d'échelle, de ligne, de gamme. Le langage des différentes nations fournit à cel égard des indica- tions remarquablement concordantes. En grec, en latin, en français, en ilalien, en allemand, en an- glais, ete., les sons montent et descendent, comme s'ils parcouraient une ligne droile verticale. Ils sont séparés les uns des autres par des intervalles susceplibles d'être divisés, subdivisés, reportés à la suite les uns des autres, exactement comme les portions d'une même ligne. « Le caractère essentiel de l’espace, dit Helmholtz (Théorie physiologique de la musique), est qu'en chacun de ses points des figures matérielles égales puissent trouver place el exécuter des mouvements égaux à partir de ce point. Tout ce qui peut se passer dans une portion de l'espace peut se passer aussi de la même manière dans loute autre portion et être perçu de la même façon par les organes de nos sens. « C’est précisément ce qui a lieu dans la gamme; toute phrase mélodique, tout accord exécuté à une hauteur quelconque peut êlre reproduit à une autre hauteur quelconque, de façon à nous donner immédiatement et instantanément la sensation des traits caractéristiques de leur identité. « D'autre part, des voix différentes qui chantent la même phrase ou des phrases différentes peuvent se juxlaposer simultanément dans l'étendue de la gamme, comme deux corps dans l'espace, et sans que leurs sensations respectives soient allérées, au moins si elles forment une consonnance aux temps accentués de la mesure. Il y a là, en essence, entre la gamme et l'espace, une similitude si grande que la variation de hauteur, — ce que nous appelons au figuré le mouvement de la voix en haut et en bas, — Ps) GEORGES GUÉROULT — LA NOTION D'ESPACE 133 résente une ressemblance frappante et facilement ppréciable avec le mouvement dans l’espace. » Or il existe, dans les sensations musicales, des sensalions simples, indivisibles, susceptibles de ormer des groupes définis, constants, séparés par “des intervalles égaux, des sensations idiométriques. La sensation d'un son de violon, de flûte, de trompette, elc., est un agrégat de sensations simples, élémentaires, correspondant aux harmo- niques. Supposons un son de flûte que nous représente- rons par UT, ; il se compose de deux sons élémen- laires, savoir : ut,, premier harmonique IT u!,, Second harmonique : Prenons le son de flûte à l’octave UT, formé de : u!,, premier harmonique } e UT, ul,, second harmonique Ÿ * La première sensalion élémentaire de UT, coïn- cide avec la seconde de UT,. L'intervalle entre ut, et ut, est égal à l'intervalle entre ut, et ut.. Nous avons donc entre ut, et ut, la sensalion d’un inter- valle double du premier. Dans cette manière de voir, des sons rigoureu- sement simples ne devraient point se présenter à nous comme formant une gamme ou échelle. Ce moyen de confirmation nous échappe parce que tous les sons musicaux sont riches en harmo- niques, et qu'il faut avoir recours à des artifices toul particuliers pour S'en débarrasser. D'ailleurs, d'après la construction de l'oreille, des sons même objectivement simples y déterminent toujours la production d'harmoniques, à moins de présenter une très faible intensilé. Remarquons toulefois que, surtout dans les régions graves, il est très diflicile d'apprécier exactement les intervalles qui Séparent les sons simples. . On peut constater aussi que, dans la voix parlée, qui procède par intervalles beaucoup plus petits que les intervalles musicaux, où le timbre (c'est-à- ire le groupement des harmoniques) varie à haque instant avec la voyelle, la notion d'espace tinfiniment moins nette, si même élle existe ‘. V. — COoxcLUSIONS. Ainsi : 1. La nolion de l'existence d'un monde extérieur, mais homogène à nous, commensurable avec notre = | À noter aussi que la notion d'espace musical s'anéantit dans la région supérieure, à partir du moment où les har- mimoniques dépassent la limite supérieure des sons percep- * tibles. 1 propre corps, nous est fournie uniquement par le sens du toucher, grâce à la sensation de résistance extérieure. Il. La notion d'espace nous est fournie par le sens du loucher, agissant seul, et complété par le sens de la vue. Elle résulte de la notion de points, empruntée à des sensalions lacliles ou visuelles se correspondant entre elles, mais indivisibles, dont la combinaison forme les lignes, les surfaces, les volumes. 5 IT. Il n'existe pas, au point de vue du monde extérieur, de sensations indivisibles auditives, olfactives, sapides. Ni l'ouïe, ni l’odorat, ni le goût ne peuvent donner la notion de l'espace. IV. Dans l'ordre des sensations musicales, il existe des sensations simples, indivisibles, pouvant s'ajouter, formant des quantités. Les distances des sons musicaux sont mesurées avec une très grande précision. Il se forme alors, dans l'esprit, la notion d'un espace purement idéal, subjectif, à une seule dimension. V. Il s'ensuit que l'idée d'espace résulterait, non du caractère spécial de telle ou telle sensation, mais de la possibilité de la comparaison, de la mesure de sensations indivisibles, quelle qu’en soit la nature. VI. L'idée de l’espace serait donc une idée pure- ment subjective, correspondant à une propriété particulière de notre esprit opérant sur des sensa- tions indivisibles et mesurables. VII. Toutes les fois qu'elle prendrait naissance, l'idée de l’espace s’imposerait à notre entendement d'une manière invincible; c'est une idée nécessaire, parce qu'il nous est impossible de supprimer nos sensations indivisibles. Nous ne pouvons modifier, par la volonté ou l'habitude, la nature propre de nos sensations ; nous ne pouvons faire qu'il n'y ail pas des sensations tactiles, visuelles et musicales indivisibles; nous ne pouvons faire qu'il y en ait d'auditives, d’olfactives et de sapides. L'idée d'es- pace nous est donc imposée par une fatalité de noire organisme sensoriel, el rien ne saurait la délruire en nous. Cetle théorie ne parait pas inconciliable avec celle de Kant, d’après laquelle l'espace correspon- drait, non à une réalité extérieure, mais à la forme même de notre entendement ; il faudrait seulement ajouter « à la forme de notre entendement » la possibilité de mesurer certaines réaclions physio- logiques du sensorium, ce qui pourrait se formuler ainsi : Ex mensurä in sensu, spalium concipilur in intellectu. Georges Guéroult. il 134 LA PLASMOTHÉRAPIE Les méthodes qui empruntent leur activité thé- rapeutique aux tissus el aux organes des animaux normaux ou immunisés sont extrêmement nom- breuses. L'étude historique complète de ces pro- cédés comporterait des développements considé- rables, qui ne sauraient trouver leur place ici. Il importe, cependant, de faire ressortir les particu- larités qui les distinguent de la méthode nouvelle à laquelle nous avons donné le nom de /’/asmo- thérapie et qui utilise le protoplasma cellulaire à l'état de pureté aussi parfait que possible. Les produits organiques d’origite animale qui sont employés dans un but thérapeutique sont administrés en général soit par la voie gastrique, soit en injections sous-cutanées, intra-vasculaires ou intra-péritonéales. La voie gastrique présente le grave inconvénient de déterminer la désinté- gration de la plupart des substances diastasiques qui constituent l'élément actif des extrails orga- niques. L'hydratation et la transformation de la diastase dans le tube digestif ne semblent cepen- dant pas un fait absolu. N'y a-t-il pas, en effet, dans la zomothérapie autre chose que la surali- mentation? L'ingestion de macération de rein de porc chez les brightiques et d’extrait de glande thyroïde ne détermine-t-elle pas des phénomènes qui peuvent être considérés comme résultant d'ac- tions diastasiques? Quoi qu'il en soit, ce sont là des exceptions, et l'on peut dire, d'une façon gé- nérale, que la voie gastrique ne permet pas d'in- troduire, dans l'organisme, les produits cellulaires, sans les modifier profondément et sans leur faire perdre leur activité. On se trouve donc dans l'obligation d'introduire directement sous la peau, dans les muscles, dans le système vasculaire ou dans les séreuses, les substances diastasiques auxquelles on peut attri- buer un rôle thérapeutique. Or, il n’est possible de recourir à ce mode d'administration que si l’on emploie des extraits organiques parfaitement purs, aseptiques, dépourvus de débris cellulaires et d'éléments figurés. Lorsque Denis, Blundell, Diffen- bach et Magendie, Oré et Hayem, ont voulu réaliser la transfusion du sang, ils ont rencontré des diffi- cultés nombreuses et ont constaté des accidents graves, dus principalement à l'introduction dans les vaisseaux de stromas globulaires. Quand Brown-Séquard rénova la méthode opo- thérapique, de nombreux expérimentaleurs ten- tèrent de préparer des extraits aqueux glycérinés d'organes divers, destinés à être injectés. Mais, élant données la fragilité des substances organiques AUGUSTE Er LOUIS LUMIÈRE — LA PLASMOTHÉRAPIE auxquelles ces extraits doivent leurs propriétés, et la difficulté — pour ne pas dire l'impossibilité de les filtrer à la bougie, ces préparations ne peu- vent être obtenues pratiquement, avec loutes ga- ranties d'innocuité, par les procédés préconisés: jusqu'ici. La plupart du temps, on livre sous le nom d'extraits organiques des produits non filtrés à la bougie, fortement glycérinés ou qui ne doivent leur conservation qu’à la présence d’antiseptiques. Ces difficultés d'obtention ont été certainement très préjudiciables au développement de l'opothé- rapie. Si nous exceptons le traitement antirabique instilué par Pasteur, et qui constitue un procédé toul spécial, nous voyons qu'il ne subsiste guère, comme méthode thérapeutique générale basée sur l'utilisation de produits d'origine cellulaire, que la sérothérapie. Le sérum d'animaux normaux ou immunisés doit vraisemblablement ses propriétés aux cellules qu'il est chargé de véhiculer. Les éléments actifs, diastases, anticorps, spécifiques ou non spécifiques, qu'il renferme sont d'origine cellulaire. Lorsqu'on injecte à un animal, avec les précau- tions d'usage, de la toxine tétanique et que l’on parvient à l’immuniser contre celte toxine, si l’on trouve dans le sérum une substance anli-toxique, capable de neutraliser le poison microbien, il y a lieu de croire que ce n’est pas le sérum qui a éla- boré cet anticorps, mais bien le protoplasma cellu- laire, seul capable d'engendrer des diastases. Telle est, du moins, l'opinion admise actuellement et qui s'appuie sur de nombreux travaux. Pour n'en citer que quelques-uns, nous rappellerons ceux de Metchnikoff! et de ses élèves, notamment Cantacu- zene*, qui, recherchant l'explication du « phéno- mène de Pfeiffer », l'attribuèrent à une subslance bactéricide issue des leuccoytes, morts ou avariés pendant la phagolyse. Bordet*a montré le rôle pri- mordial des cellules dans la défense organique en admettant que celles-ci communiquent au sérum des propriétés bactéricides principalement par la sub- slance fixatrice qu'elles sécrètent el qui se diffuse dans le milieu liquide. Les derniers travaux d'Ebr- lich*et de Metchnikoff” ont établi que l'organisme est à même d'élaborer, soil primitivement, soit ! MeTCuniKOrr : Annales de l'Institut Pasteur, juin 1895. 2 CanTACUZENE : Annales de l'Institut Pasteur, avril 1898. 3 Bonver : Mode d'action des sérums préventifs. An». de l'Inst. Pasteur, avril 4896. * XIIIe Congrès international de Médecine, août 1900. 5 Mercanxkorr : L'immunité dans les maladies infectieuses. Paris, 1901, dd ce sé Sdilistit mrédi us l'influence d'un traitement, certaines sub- nces antagonistes des microbes et des toxines icrobiennes. Ces substances sont des ferments ou diastases. s principales d'entre elles sont : 1° Les diastases protectrices, d'origine leucocy- taire (Bordet, Buchner, Denys), les cytases, alexines ou compléments (Metchnikoff, Ehrlich), élaborées par les phagocytes et diffusées dans le sérum dans des circonstances exceptionnelles seulement ; 2% Les diastases développées par immunisation artificielle (sensibilisatrice, phylocytase ou sub- slance préventive), encore élaborées par les cellules phagocylaires (Deutsch-Pfeiffer) et diffusées secon- dairement dans les humeurs. -Metchnikoff exprime ainsi son opinion sur le des éléments cellulaires : « Les propriétés ins l'ensemble des phénomènes de l'immunité, dernière étant dominée par des propriétés ellulaires. » Le lieu de production des anticorps est donc le otoplasma. C’est le protoplasma qui semble jouer le rôle important dans la défense de l'organisme. ILétait donc rationnel de revhercher dans ce pro- oplasma les substances actives que l'on a jusqu'ici rouvées quelquefois dans le sérum. Il y avait lieu de supposer que, puisées directe- ment dans leur lieu de production, ces anti-toxines doivent être plus efficaces, tout au moins dans un ertain nombre de cas, lorsque l'immunisation ne ermet pas l'application de la sérothérapie. Ces onsidérations ont élé la base de la méthode plasmothérapique que nous avons instituée el qui emprunte ses agents et ses moyens thérapeutiques au proloplasma cellulaire. On peut se demander pour quel motif cette con- ception de la plasmothérapie, qui semble aussi Simple que rationnelle, n'a pas retenu l'attention des biologistes. Nous trouvons la réponse à cette question dans s difficullés d'extraction du proloplasma cellu- Aucun procédé décrit jusqu'ici ne permet isoler facilement, en grande quantité, et de con- rer ce protoplasma à l'état de pureté. II fallait être, à priori, convaincu de l'importance du rôle que peut jouer la substance cytoplasmique pour lappliquer à rechercher les moyens délicats et mplexes qui doivent être mis en œuvre dans extraction de cette substance. Nous n'avons pu indre ce but qu'en construisant des appareils ciaux dont il sera question un peu plus loin. Notre étude a porté tout d'abord sur la plasmo- érapie sanguine, et nous avons donné le nom hémoplase à Yextrait protoplasmique des cellules u sang. A AUGUSTE er LOUIS LUMIÈRE — LA PLASMOTHÉRAPIE 135 I. — PRÉPARATION DE L'HÉMOPLASE NORMALE !. Le sang recueilli par saignée est immédiatement mélangé à un liquide isotonique, afin d'éviter tout passage dans le sérum de substances actives des cellules et de conserver celles-ci intactes. Le mé- lange est fait dans la proportion de 1 litre de sang pour 20 litres de liquide, et, à cette dilution, la coagulation ne peut s'effectuer. Ce mélange est soumis à une centrifugalion énergique, à l’aide d'un centrifugeur dans lequel la vitesse tangen- tielle est d'environ 100 mètres à la seconde. Après décantation du liquide qui surnage, la masse glo- bulaire est recueillie, puis lavée plusieurs fois dans le liquide isotonique. La masse ayant été ramenée au volume primitif du sang mis en œuvre par addition d’eau distillée, on la soumet à plusieurs congélations brusques el successives, suivies de réchauffements à 35°, qui ont pour effet de briser les enveloppes des éléments cellulaires et de mettre en liberté les substances contenues dans le proto- plasma. La partie délicate de celte préparation consiste à se débarrasser des débris de cellules. On procède, pour cela, à une nouvelle centrifugation dans laquelle la vitesse tangentielle de l'appareil doit alteindre au moins de 160 à 175 mètres à la seconde *. Le liquide, décanté soigneusement, est rendu iso- tonique par addition de chlorure de sodium, puis filtré à la bougie el conservé dans des flacons stérilisés. Ces opérations s'effectuent, bien entendu, avec toutes les précautions de l’asepsie la plus rigou- reuse ; on s'assure, d'ailleurs, qu'aucune faute n'a été commise au cours des opérations indiquées, en portant les flacons à l'éluve à 30°, pendant qua- rante-huit heures au moins. On peut constater qu'ils conservent leur parfaite limpidité. II. — PROPRIÉTÉS DE L'HÉMOPLASE. Ainsi préparée, l'hémoplase se présente sous forme d’un liquide rutilant qui se conserve pendant fort longtemps; un an après sa préparation, elle ne donne ni précipité, ni dépôt, et sa couleur n'a pas subi de changement notable. On la conserve commodément dans des ampoules scellées d'une contenance de 10 centimètres cubes. L'hémoplase placée dans le vide perd rapidement prend une l'oxygène fixé par l'hémoglobine et ! Comptes rendus, 1904, p. 112. 2 Afin d'obtenir la vitesse de 1460 à 135 seconde, nécessaire pour la centrifugation, nous faire construire un centrifugeur spécial, dont la description nous entrainerait trop loin. mètres à la avons dû 136 teinte violel noir. Dès qu'elle est agitée à l'air, elle se réoxyde et redevient rouge. Elle possède des propriétés oxydasiques très marquées, et qui peu- vent être mises en évidence par la teinture de gaïac, les solutions de gaïacol, de paraphénylène- diamine, de pyrogallol et d'hydroquinone. Nous avons préparé des extraits protoplasmiques avec du sang de divers animaux, et plus spéciale- ment de l'âne et du mouton. Ces produits n'ont qu'une toxicité très limitée. En injections inlra-veineuses dans la veine mar- ginale de l'oreille, chez le lapin, on a pu administrer d'une manière presque constante jusqu'à 250 et 300 centimètres cubes d’hémoplase, sans amener la mort de l'animal. On ne constate, au cours des injections, aucun phénomène toxique. La circula- tion et la respiralion ne semblent pas influencées, même par des doses massives d'extrait; seule, la température s'abaisse peu à peu, plutôt par suite de l’immobilisation de l'animal en expérience que par l’action propre du produit. Dans quelques cas où l’on a pu déterminer la mort de l'animal en injectant une quantité de liquide correspondant à 90 ou 100 centimètres cubes par kilog de poids vif, on n'a constaté, comme phénomène préagonique, que quelques mouvements de défense accompagnés de cris, puis la disparition des réflexes, el enfin l'arrêt respira- loire précédant l'arrêt cardiaque. A l'autopsie, on ne remarque aucune particularilé, sauf cependant qu'on retrouve dans la vessie et dans le péritoine des éléments du liquide injecté. Les animaux qui ont résisté à l'injection de 100 centimètres cubes d'extrait par kilog n’ont présenté à la suile de ce traitement aucun trouble appréciable. Quelles que soient les doses injectées sous la peau ou dans les museles, chez les cobayes, les chiens et les lapins, on n'a jamais délerminé de phénomènes toxiques généraux. Localement, le produit a toujours été bien absorbé el n'a jamais provoqué d'abcès ni d'induration. Le seul fait à signaler est peut-être une élévation de température de quelques dixièmes de degrés, six ou huit heures après l'injection. L'hémoplase, administrée tous les deux jours en injections sous-culanées à doses variables, chez le chien normal, n’a pas provoqué, dans les éléments principaux de l'urine, de variations plus considérables que les variations normales. Même en quantités massives el répélées, on n'a constuté aucune action sur le rein. L'hémoplase ayant été empruntée à des ani- maux qui, normalement, sont plus ou moins ré- fractaires à la tuberculose, il élait inléressant d'expérimenter son action sur des animaux luber- culeux. Pour cela, nous avons tuberculisé, le AUGUSTE Er LOUIS LUMIÈRE — LA PLASMOTHÉRAPIE 1 mars 1904, vingt-cinq cobayes en leur injectan une cullure très active de bacilles de Koch. Un lot de cinq cobayes a été pris comme témoin; les. autres cobayes ont été divisés en quatre lots aux= quels on à administré l'hémoplase provenant de sang d'âne et de sang de mouton, à la dose den 1 à 2 centimètres cubes par jour. Les témoins sonL tous morts du 17 juillet au 2 septembre 1904. La. plupart des animaux traités ont eu une survie de deux à trois mois et ont nettement résisté, sous l'influence de l'extrait protoplasmique, à l'infection tuberculeuse brutale que nous avions toujours vue fatale chez les cobayes, lorsqu'elle est réalisée, comme dans le cas qui nous occupe, au moyen de cultures très virulentes administrées à doses mas- sives. III. — ÉTUDES CLINIQUES. Les expériences de laboratoire que nous venons de résumer, et qui ont élé poursuivies avec la colla- boration de M. Chevrotier, étaient forl encoura- geantes et ont décidé le D' Gélibert à étudier l’action de l’'hémoplase normale chez l'homme. Ces essais cliniques ont fait l'objet d'un premier travail, qui a été présenté au dernier Congrès de la tuberculose à Paris. Depuis celte époque, nous avons recueilli de nouvelles observations qui con- firment les résullats du D° Gélibert. $ 1. — Posologie et mode d'emploi. L'hémoplase s'administre en injections intra- musculaires. Le choix de la région à injecter se fait, au gré de l'opérateur, à la région fessière, aux flancs, dans l’une ou l’autre cuisse. La technique opératoire, des plus simples, est celle de toutes les injections intra-musculaires; elle s'accompagne des recommandations habituelles, relatives aux me- sures asepliques et antiseptiques. La quantité à injecter chez un adulte est de 10 centimètres cubes à chaque ‘séance. Le nombre des séances varie, selon les besoins et les circons- lances, de deux à trois par semaine, de deux en deux ou de trois en trois jours. Ce nombre peut même, à la rigueur, être dépassé en raison de l'innocuité absolue du produit. Les injections d'hémoplase n'ont jamais pro- voqué jusqu'ici d'accident proprement dit. A peine, chez quelques sujets, a-t-on noté, consécutivement aux premières injections. une sensation prurigi- neuse, légère d’ailleurs, de courte durée, et dis- paraissant loujours à la troisième ou quatrième séance. Chez quelques malades également, on voit la région injectée présenter, au bout de quelques instants, un gonflement, léger le plus souvent, pouvant même s'accompagner quelquelois d'une sensation plus ou moins pénible de tension, mais yant toujours disparu au bout de quelques heures. Eofin, on a noté, chez certains sujets, un peu rès l'injection, une élévation de la tempéralure e 4 ou à dixièmes de degré, ainsi que nous l'avions servé chez certains animaux, mais jamais aucune oussée fébrile vérilable, prolongée au delà de uelques heures. Ces symplômes, très légers, sont, du reste, abso- ument exceplionnels, et il n'a jamais élé observé d'accidents véritables comme ceux qu'occasionnent la plupart des méthodes sérothérapiques. $ 2. — Action thérapeutique générale. Les observations que le D' Gélibert a communi- quées au Congrès étaient au nombre de 116, comportant un chiffre global de 1.150 injections environ. Elles s'adressent à tous les états cachec- ques en général, quelle qu'ait élé la cause de héance organique (tuberculose, cancer, diabète, aäludisme, convalescence, chloro-anémie, ete.). outefois, les tuberculeux se retrouvent dans ces dbservalions en énorme majorité, puisque nous omptons 110 de ces malades sur un ensemble de 116. Dans le groupe de ces luberculeux, se trouvent comprises quelques formes à localisations diverses (intestinale, osseuse, testiculaire, etc...); mais l'élément le plus important est constitué par es tuberculoses pulmonaires aux différents degrés de développement, et avec la plupart des formes décrites jusqu'ici. Dès le début du traitement par l'hémoplase, et dès la seconde ou même la première injection, organisme tout entier subit une stimulation, qui anque rarement d'être accusée par le malade. nouvelle récupérée. Cetle sensalion très nelle se maintient et quel- quefois saccuse jusqu'à la fin du traitement. Toutes les fonctions organiques paraissent influ- encées et participer. à ce coup de fouet général : appétit se réveille, permettant une alimentation plus substantielle et un relèvement du poids qui à larde guère à se produire en général. Cette augmentation du poids s'observe surtout dans le mois qui suit le traitement; elle alleint alors géné- lement 2 ou 3 kilogs, chiffre moyen qui se trouve dans presque toutes les observalions du Gélibert. Mais elle dépasse fréquemment ce iffre. En même temps, le sommeil reparaît et vient plus réparateur. Les combustions organi- es se trouvent activées; la respiration gagne, à fois, en amplitude et en régularité. Comme con- uence de ces modilications, l'état du moral, si important chez ces malades, s'améliore; la bonne umeur renait avec la confiance. AUGUSTE er LOUIS LUMIÈRE — LA PLASMOTHÉRAPIE 137 $ 3. — Action thérapeutique spéciale à la tuber- culose pulmonaire. Mais, à côté de ces signes d'observation générale, il en est d'autres qui sont propres aux malades atteints de tuberculose pulmonaire et sur lesquels il convient d'insister plus particulièrement ici. Le traitement hémoplasique détermine, dans chaque forme particulière, un certain nombre de modilications qui sont vraisemblablement le fait d'une action antiloxique. Parmi les symptômes qui s'observent chez tous les malades traités par l'hémoplase, quelle que soit la périole d'évolution tuberculeuse à laquelle ils se trouvent, on note tout d'abord la rémission ordinaire de la température chez les malades fé- bricitants, indépendamment de toute médication antithermique différente, rémission qui s'observe dès les premières injections. Les rémissions de température que l'on peut observer sont, au début du traitement, d'une durée limitée, qui varie de deux à trois jours; leur action se prolonge davantage à mesure que progresse l'amélioration de l’état général, pour aboutir dans les cas heureux à une apyrexie constante. Le second symptôme consiste en une diminution rapide des sueurs nocturnes, en général si pénibles pour les malades, et leur disparition définitive en un temps lrès court, même dans les cas où elles étaient le plus abondantes. En troisième lieu, chez un grand nombre de malades qui se trouvent en proie à des accès fatigants de toux, on constate une rémission rapide el progressive dans ces accès jusqu'à cessation définitive. En outre, chez ceux des tuberculeux traités qui présentent des expecloralions, princi- palement aux périodes avancées, on à pu constater une amélioration rapide et importante dans l’as- pect des crachats. Parallèlement à ces constatations, on note l’amé- lioration des symptômes stéthoscopiques d'une ma- nière à peu près constante. L'auscultalion permet de suivre le travail de cicatrisation des lésions qui se manifeste avec une grande netleté dans presque toutes les observations et aux différentes périodes de la maladie. $ 4. — Résultats statistiques. L'élude complète des cas observés nous entrai- nerait hors des limites que nous devons assigner à cet article ; aussi nous contenterons-nous de rap- porter les résultals d'ensemble qui ont été obtenus et que l'on peut classer de la façon suivante : 1° Malades traités à la période de germination et d'agglomération des tubereules : Ces malades, au nombre de 14, ont reçu ensemble 138 AUGUSTE er LOUIS LUMIÈRE — LA PLASMOTHÉRAPIE 1 138 injections : 9 peuvent être considérés comme guéris, 3 très améliorés et 2 améliorés notablement. 2% Malades traités à la période de ramollisse- ment : a) Forme ulcéreuse : 22 malades, b) Forme fibreuse : 10 malades, ce) Forme pleurale : 5 malades. Ensemble 37 malades; 360 injections. Ne pré- sentant plus de signes de maladie, 8; très amé- liorés, 15; améliorés, 7; stationnaires, 3; morts, 4. 3° Malades traités à la période des cavernes : a) Forme fibreuse : 8 malades, D) Forme ulcéreuse : 31 malades, ce) Forme pleurale : 4 malade. Ensemble 40 malades; 366 injections. Ne pré- sentant plus de signes de maladie, 2; très amé- livrés, 14; améliorés, 143; stationnaires, 5; morts, 6. 4° Granulie généralisée : Trois malades ont été traités : l'un peut être considéré comme guéri; l'autre a été très amélioré, et le troisième a succombé. Si l’on ajoute aux cas mentionnés ci-dessus ceux qui se rapportent à un certain nombre d'autres formes ou localisalions spéciales de la tuberculose, on voit que, depuis le mois de février 1904 jusqu'à fin septembre, le traitement par les injections d'hémoplase a été appliqué à 116 malades qui ont recu au total 1.150 injeclions. Sur ce chiffre, 1.050 injections ont été administrées à 110 malades tuberculeux dont : 28 ne présentent plus, à la fin du traitement, aucun signe de maladie ; 37 ont été très améliorés (un grand nombre de cette catégorie tendent à la guérison définitive et quelques autres poursuivent le traitement dans ce but); 23 ont été franchement améliorés, sans que l'on puisse affir- mer le maintien définitif du résultat; 5 sont restés stationnaires, n'ayant paru bénéficier du traite- ment que temporairement. En aucun cas on ne voit, à la suite du traite- ment, l'affection prendre une allure plus grave, et se trouver influencée dans un sens défavorable. Les douze décès enregistrés se rapportent à des malades très profondément atteints déjà, chez lesquels le traitement a été employé en tout déses- poir de cause, ou porteurs d’une affection conco- milante aggravante. Nous transcrivons ci-dessous les conclusions que le D° Gélibert à cru devoir formuler à la suite des expériences aussi nombreuses que conscien- cieuses auxquelles il s'est livré d’une façon cons- tante depuis plus de dix-huit mois : « Ces constatations, et l'examen attentif de ces statistiques, nous conduisent à penser que le trai- tement plasmothérapique exerce sur les cachexies en général, et dans la tuberculose spécialement, une influence remarquable, et qui nous à paru -nisme atteint sans leur faire subir les désintégra ————— plus active qu'aucune des méthodes thérapeutauss utilisées jusqu'ici. « Bien entendu, les injections d'hémoplase ont été faites à nos malades à l'exclusion de tout trai, tement pharmacodynamique simultané. Avec l'adg jonction nécessaire des moyens hygiéniques et diétéliques habituels, dans les cas où il est possible de les instituer, la méthode plasmothérapique est capable de fournir les résultats les plus encoura à la triple action que l'hémoplase exerce sur l'or ganisme: stimulante, antitoxique et tonique. « Cette triple action tient incontestablement à le de recueillir intégralement, sans altération de substance protoplasmique globulaire, les éléments diastasiques de défense organique (oxydases, anti: toxines, etc.) et de les faire passer dans l'orga= tions nécessaires par la voie gastrique, cela sans danger d'aucune sorte, grâce à l'élimination des’ stromas globulaires. « Nous ne croyons pas nous hasarder en décla= rant que la méthode plasmothérapique nous parai appelée à un avenir que lui assurent les succès: dont elle nous a fourni déjà les gages non équi- voques, et que ne tarderont pas à légitimer sans doute les résultats qu'elle ne peut manquer de, fournir aux expérimentateurs nombreux qui diri- geront leurs recherches dans cette voie féconde. » IV. — PLASMOTHÉRAPIE ORGANIQUE. Parallèlement à la plasmolhérapie sanguine, nous devons étudier les propriétés d'extraits pro-M toplasmiques des cellules d'autres organes. En utilisant des procédés d'extraction analogues à celui qui a été décrit pour l'hémoplase, procédés basés principalement sur l'élimination des débris cellulaires par la centrifugation, nous pouvons préparer des sucs hépatiques, rénaux, spléniques, musculaires, elc., auxquels nous donnons les noms d'hépatoplase, néphroplase, splénoplase, myoplase, ele. , Les propriétés de ces extraits normaux, emprun- tés à différents animaux, font, en ce moment, l'objet d'éludes-spéciales. V. — PLASMOTHÉRAPIE ANTI-TOXIQUE. Les extraits des cellules des tissus d'animaux" normaux, qui possèdent déjà des propriétés si inté-) ressantes, pourront sans doute acquérir une act vilé nouvelle lorsqu'on s'adressera à des animaux» immunisés. La plasmothérapie anti-toxique, spécifique, cons=h | era vraisemblablement une importante branche e la méthode générale que nous proposons aujour- hui, et dont nous devons nous contenter d'esquis- le programme dans cet article. De nombreux animaux sont, en ce moment, en paration, et nous fourniront bientôt les moyens ‘apprécier l’action des extraits plasmatiques dans s différents cas d'immunisation. Au printemps de 1896, M. René Millet, Résident vénéral de France à Tunis, eut l'heureuse idée de rouper un cerlain nombre de Savants, d’Ingé- ieurs, d'Économistes, et, se plaçant à leur tête, de s promener en caravane à travers les régions les 1S intéressantes du pays qu'il avait la charge administrer. Conviée à cette « tournée », la evue générale des Sciences exposa, en ses numéros du 30 novembre et du 15 décem- re 4896, « ce que nous apprend sur la Tunisie tude, scientifiquement conduite, de son sol, de - Depuis lors, dix années se sont écoulées ; mais elle monographie reste toujours l'étude la plus ait été publiée sur la Régence. La raison en est que chacun des collaborateurs auxquels M. Louis Olivier s'adressa, pour mener à bien ce travail, eut à remplir un cadre nettement tracé et fut l'artisan d'une œuvre dont le plan d'ensemble lui avait été préalablement indiqué en tous ses détails. louvrage, si méthodiquement composé, ont cessé d'être au courant, car la Tunisie est un pays de progrès rapide, où l'aspect des phénomènes écono- ements apportés dans l'administration intérieure ju dans l'orientation de la politique extérieure. C'est pourquoi, en 1900, après un voyage d'études ätpar la Revue en Tunisie, à Tripoli, à Malte et à les, M. Louis Olivier jugea utile de publier, “dansle numéro du 15 juillet, des « Notes sur la “Tunisie », constituant une sorte de mise au point “des articles parus quelques années auparavant. “Mais, pendant les cinq premières années du siècle, des événements se sont accomplis, qui “permettent de préciser encore le sens dans lequel “s'opère l'évolution de la Tunisie, considérée au point de vue de la colonisation agricole, de la com- sition et de la répartition de la population, du GASTON LOTH — L'ÉVOLUTION DE LA TUNISIE Quel que soit le résultat de ces recherches, les expériences entreprises nous démontrent déjà que l'hémoplase normale est douée de propriétés sti- mulantes et anti-toxiques incontestables, et que la Plasmothérapie est en voie de fournir un chapitre nouveau et intéressant de la Thérapeutique. Auguste et Louis Lumière. L'ÉVOLUTION DE LA TUNISIE perfectionnement des méthodes d'éducation et des services scientifiques, enfin des modifications ap- portées à l'outillage nécessaire à l'exploitation du sol et du sous-sol. Nous allons essayer, dans le présent article, de montrer par quels aspects nouveaux ces grandes questions s'imposent à l'attention de tous ceux qui s'intéressent à l'avenir d’un pays où, malgré cer- taines erreurs de direction, certaines lacunes signa- lées ici même en toute imparlialité, la France a accompli une œuvre vraiment digne d'être ad- mirée. I En parcourant la région de la Tunisie où la eüle- nisalion européenne s'est le plus fortement implan- tée, on éprouve l'impression très nette que les pro- cédés de culture et de transformation des produits agricoles ontété partout améliorés; mais, faute d'une enquête générale faite par les soins de l’Adminis- tralion, on ne peut, à l'heure acluelle, donner des indications d'ensembleet l’on doit se contenter de si- gualer les points principaux sur lesquels des efforts bien compris ont amené des résultats appréciables. Tel est le cas du pays de Béja, longtemps mé- connu de nos compatriotes, redouté à cause de ses basses vallées où sévissait la fièvre paludéenne, et déclaré même impropre à certaines cultures, la vigne par exemple. Or, voici que, depuis quelques années, les environs de la vieille ville à l'enceinte byzantine ont pris une physionomie nouvelle. Du haut de la Kasbah, fièrement campée sur un ma- melon dominant au loin la plaine fertile, il est facile de se rendre compte des changements surve- nus dans la campagne. Aussi loin que s'étend la vue, apparaissent des espaces cultivés formant, au début de l'été, comme un vaste damier dont les multiples colorations témoignent de la variété des plantes ensemencées. Et la beauté, la vigueur des céréales sur pied laissent partout deviner l'emploi des moyens scientifiques, l'usage des instruments | aratoires perfectionnés. 140 Le concours agricole qui, au mois de mai der- nier, a réuni dans Béja les colons et les indigènes, venus de toutes les parties de la Tunisie, a témoi- gné grandement de l'excellence des résultats obte- nus soit dans la culture, soit dans l'élevage du gros bétail. On n'avait pas encore présenté à un jury lunisien d'aussi beaux représentants des races chevaline et bovine, et, remarque intéressante à faire, nombre de récompenses ont été décernées à des propriétaires indigènes. Au contact du colon francais, les éleveurs musulmans améliorent donc, peu à peu, leurs méthodes, et ik est probable que le prochain concours agricole de Mateur prouvera, de facon encore plus complète, la bienfaisante influence exercée à cet égard sur les paysans indigènes par nos colons francais. En dépit des prophètes de malheur, il s’est trouvé de courageux colons, parmi lesquels M. Va- cherot, professeur au Lycée de Tunis, pour démon- trer, par l'exemple, la possibilité de joindre la vigne aux céréales sur le gras terroir de Béja et d'y créer même des cultures fruitières capables de fournir un sérieux appoint aux ordinaires res- sources d'une exploilalion rurale. Toutes ces iniliatives ont eu pour effet, non seu- lement d'augmenter le bien-être général, mais en- core de contribuer à l'assainissement de la région. La fièvre recule devant la charrue, ne laissant der- rière elle que le pénible souvenir de ses méfaits d'antan. Sachant bien que le perfectionnemént de la tech- nique agricole est lié à l'abondance plus ou moins grande des capitaux, M. Vacherot a aussi organisé avec quelques amis une association coopérative ayant pour objet la construction et l'exploitation en commun d’un cellier où, avec des frais réduits au minimum, sera fabriqué le vin de tous les domaines intéressés. Première applicalion en Tu- nisie d'un principe de solidarité dont les bons effets se font déjà sentir dans l'Italie du sud et dans le midi de la France! Puisse cette heureuse innovation être mise en pratique dans tous les pelits centres de colonisation de la Régence ! Le salut du cultiva- teur peu fortuné est dans le développement pro- gressif des institutions de coopération el de mutua- lité. C'est peut-être aussi par elles que le Gouver- nement du Protectoral parviendra quelque jour à résoudre le difficile problème du peuplement des campagnes tunisiennes par une foule nombreuse de robustes paysans francais. Chez les oléiculteurs, on ne pourrait noter aucun effort dans le sens d'un groupement d'énergie per- meltant de se passer des coûteux intermédiaires qui ranconnent à la fois le producteur et le con- sommateur. Le fait saillant n'est pas non plus dans l'adoption de méthodes culturales nouvelles ou GASTON LOTH — L'ÉVOLUTION DE LA TUNISIE d'une taille même appropriée à la nature de l'oli= | vier, mais dans les perfectionnements apportés à la. fabrication de l'huile. Grâce aux récents travaux de M. Bertainchand, directeur du laboratoire de Chimie installé à la Direction de l'Agriculture et du Commerce, les industriels de Sfax, de Mehdia, Sousse et autres lieux où l'olive est la principale res- source des habitants ont désormais les moyens de se débarrasser de la margarine en excès dans l'huile et de fournir au commerce d'exportation un liquide capable de rivaliser en limpidité avec les meilleures huiles de Nice. Les échantillons envoyés à l'Exposition de Liége attestent la bonté du pro- cédé et il est permis de croire que, dans un avenir prochain, les fabricants de conserves de la région nantaise s’approvisionneront d'huile en Tunisie et cesseront de donner une préférence injustifiée aux produits de Bari, de Molfella et de Bitonto. Il n'est pas inutile de faire connaitre également que la culture des fleurs à parfum est en voie d'ex- lension, et l’on peut signaler la création, à Tunis même, d'une fabrique dirigée par un Européen qui obtient, par distillation des plantes, diverses essences de qualité très supérieure aux eaux de roseet de {leur d'oranger apportées sur le marché par les indigènes de Nabeul et d'Hamamet. Enfin, le Syndicat d'initiative des Primeuristes, constitué sur le modèle de celui qui fonctionne avec tant de succès à Oran, est en train de révolutionner les cultures maraichères et fruilières. L’'émulation des producteurs, surexcitée par la certitude aujour- » d'hui acquise de pouvoir écouler leur récolte à l'Étranger, en Suisse particulièrement, ainsi que dans toute l'Europe centrale et septentrionale, a pour effet de les pousser à la recherche des espèces nouvelles, tout en améliorant, par une technique plus savante, la qualité des fruits et légumes qu'ils savent déjà convenir au sol et au climat. II Dans quelle mesure la marche en avant de la colonisation française se poursuit-élle concurrem- ment avec les progrès de la culture, c'est ce qu'il est difficile de déterminer exactement. Ilest à noter tout d'abord que, malgré certains fléchissements correspondant à des années de récolle mauvaise, les surfaces ensemencées en céréales ont considé- rablement augmenté depuis 1900, passant de 412.000 hectares à 462.000 pour le blé, de 380.000 à 448.000 pour l'orge, de 15.000 à 28.000 pour l'avoine, cette dernière culture élant à peu près exclusivement aux mains de nos compatriotes. Dans le même espace de lemps, le vignoble s'est accru de près de 3.000 hectares, atteignant, à la fin de 1903, le chiffre de 14.240 hectares. Si nous GASTON LOTH — L'ÉVOLUTION DE LA TUNISIE 141 n'avons aucun tableau statistique de la superficie complantée en olivier, nous pouvons du moins constater, en comparant deux années de bonne récolte, 1900 et 1903, une différence de plus de 50.000 hectolitres au profit de cette dernière. Mais, tandis que les viticulteurs sont surtout des Euro- péens, beaucoup d'indigènes sont cullivateurs de céréales ou propriétaires d'oliveltes. Or, l'Adminis- ation ne distingue point, dans ses slatistiques, entre le champ de l'Arabe et celui de l'Européen, en sorle que nous ne pouvons connaitre de facon précise la part qui revient à notre colonisation dans ce progrès général. On lit, il est vrai, dans le dernier Rapport adressé au Président de la République par le Ministre des Affaires étrangères, que le nombre des propriétés rurales appartenant à des Français est en augmen- lation sensible, car, de 1.167 en 1900, il passe à 93 en 1904, avec un accroissement de superficie 531.115 à 625.917 hectares. Il faudrait, cepen- ant, se garder de croire qu'il y ait dans la Régence à de 1.600 propriétaires ruraux de nationalité française, représentant une population totale de i à 6.000 personnes occupées aux travaux de la erre. Lors des élections du mois d'avril dernier, pour le renouvellement de la Conférence consul- alive, on à Le se convaincre que L nombre des Or, non nent tous les propriétaires CRETE leurs sont compris dans ce chiffre‘, mais encore leurs gérants, surveillants de cultures, contre- maitres, cavistes et simples ouvriers. De ceci il résulle qu'un assez grand nombre de Français possèdent deux ou plusieurs propriétés exploitées ar la main-d'œuvre indigène ou étrangère, et, par conséquent, il ne faut pas se baser exclusivement sur la progression des achals effectués depuis cinq ans pour juger de l'intensilé du mouvement de colonisation pendant la même période. Le dénombrement qui va être opéré dans les pre- miers mois de l'année 1906 achèvera de nous fixer à cet égard. En se basant sur le nombre des électeurs inscrits dans les trois collèges électoraux, soit 7.591, on peut prévoir, dès maintenant, que … la population française ne dépasse guère 30.000 - âmes pour loute la Régence, non compris, bien - entendu, les effectifs de la Division d'occupation. Les ruraux ne doivent compler dans ce total que pour un contingent de 3.500 à 4.000 individus, et - l'on voit combien est faible le courant d'immigra- tion paysanne, dont nous aurions lant besoin pour ontrebalancer les effets de la colonisation étran- gère. Par suite, les obstacles à la colonisation fran- ! Moins quelques propriétaires femmes et quelques pos- sesseurs de domaines résidant en France qui fe réclament pas leur inscription sur les listes électorales. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. çaise, que signalait naguère M. Louis Olivier, restent toujours les mêmes. Aujourd'hui, comme avant, les grands propriétaires ont une tendance marquée à allotir leurs terres au profil d'immigrés siciliens plutôt qu'à rechercher les moyens d’altirer en Tu- nisie les petits colons français. Et il n'est pas pos- sible de leur en faire un grief, quand on songe que le Sicilien se présente à eux tout d'abord comme ouvrier à bon marché, puis accepte des terres à ütre de propriélaire ou de fermier, moyennant le paiement d'une redevance annuelle calculée de telle facon qu'elle constituerait un fardeau très lourd pour les épaules de nos paysans de France, moins aples que l'Italien du Sud à supporter les privalions et la fatigue sous le rude climat de l'Afrique. Profitant des facilités illusoires qui leur sont offertes, les cultivaleurs de Sicile, chassés de leur ile par tout un ensemble de conditions économiques et sociales mauvaises, vivent aujourd'hui dans les campagnes tunisiennes. Combien sont-ils ainsi, d'or- dinaire groupésautour del'habitation d'unriche pro- priélaire, parfois isolés sur le coin de terre acheté avec le produit des économies péniblement amas- sées comme contremaitres ou simples ouvriers? Les documents administralifs évaluent la population ita- lienne des campagnes à environ 12.000 âmes; il est probable que ce chiffre est inférieur à la réalité, mais nous n'avons pas encore de données certaines sur ce point, car les étrangers domiciliés dans la Régence ne sont pas astreints à l'obligalion du recensement quinquennal. L'évaluation approxi- malive faite par la Direction de l'Agriculture et du Commerce montre néanmoins quelle place impor- tante tiennent déjà les petits colons siciliens parmi leurs compalriotes, dont le nombre total alteignait | en janvier 1905 un peu plus de 85.000, si l'on s’en rapporte aux seules déclarations effectuées au Ser- vice du contrôle des étrangers, mais dépasse sans doute 90.000, y compris les insoumis et les enfaats soustraits aux investigalions des autorités locales. Avec les agriculleurs, ce sont les pêcheurs et les ouvriers qui forment loujours la grande masse de ces immigrants. L'établissement dans la Régence de nombreux artisans de Sicile ne nous semble pas constituer un péril pour notre dominalion, si nous savons concilier le respect de la liberté individuelle et des intérêts privés avec une surveillance active des associations constituées par le maiulien de « l'italianité » et si nous nous efforcons d'altirer dans nos écoles la foule des enfants susceptibles d'adopter, avec l'usage de.notre langue, nos mœurs et coutumes nationales, puis de devenir citoyens francais en vertu d'une bonne loi de naturalisalion. Au reste, ce courant d'immigration diminue d'in- | tensité par le fait même de la concurrence active J 142 GASTON LOTH — L'ÉVOLUTION DE LA TUNISIE que se font entre eux les artisans italiens, particu- lièrement les ouvriers du bâtiment. À l'instigation du « Patronato dell emigrazione », Société de pro- teclion des immigrants de la péninsule, constituée récemment à Tunis, le Gouvernement de Rome a même décidé de ne plus laisser partir pour la Régence ceux de ses nationaux qui ne seraient pas assurés d'y trouver un travail rémunérateur. Les effets de la circulaire dans ce sens adressée à tous les préfets du royaume au mois d'avril dernier ne tarderont pas à se faire sentir, et l'on pourra bientôt constater que le mouvement d'émigralion vers l'Afrique du Nord s’est sensiblement ralenti. Il faut ajouter que les grandes entreprises agri- coles tentées par des associations de capitalistes italiens n'ont pas réussi, sauf exception, et que, d’autre part, les petits cultivateurs sont trop sou- vent aux prises avec des difficultés financières insurmontables. Autant de causes paraissent s'opposer au déve- loppement continu de la colonisation sicilienne en Tunisie, si désireuse que puisse être l'Italie « d'opé- rer la conquête économique du pays avec l'espoir d'arriver plus tard à une domination de fait* ». Obsédés par la crainte de voir quelque jour les Italiens régner en maitres dans les campagnes tunisiennes, bien des Français ignorent que d’autres étrangers se sont fixés au sol et participent à l’œuvre de la colonisation agricole. Des Maltais, des Suisses, des Belges, des Espagnols et même des Allemands contribuent, cependant, à la prospé- rité de la Régence aux côtés des Français et des [aliens. Ils sont au nombre de 242, propriétaires de 42.000 hectares, soit 3.000 hectares de moins seu- lement que ne possède la foule des petits proprié- | taires ilaliens. Sous la rubrique « Autres Euro- péens », on leur réserve une place à part dans les stalistiques officielles; mais, à l'exception des Mal- tais, ils n'ont pas d'organisation collective et ils passeraient inaperçus si les Rapports annuels sur la colonisation ne révélaient leur existence. Les Maltais eux-mêmes, groupe compact d'environ 12.000 âmes, sont moins des agriculteurs que des gens de petits métiers : cochers, arabaliers, mo- destes commercants. Encore leur nombre tend-il à diminuer; ils ont reculé ténacité du Sicilien. Faut-il conclure de ce qui vient d'être dit à l’im- possibilité d'accroître assez rapidement le nombre des colons français? Non, si le Gouvernement met devant la en œuvre quelques-uns des puissants moyens dont il dispose pour aider nos compatrioles à réaliser des projets d'installalion sur le sol tunisien. Déjà ! Les nouvelles conditions d'émigration en Tunisie ont élé précisées par l'arrêté ministériel du 26 août. ? Revue générale des Sciences, 15 juillet 1900, p. 833. les procédés employés pour hâter le peuplement des campagnes ont été modifiés de telle sorte que les acquéreurs de biens domaniaux ont vu porter de quatre à dix le nombre d'années qui leur était accordé pour se libérer du prix d'achat de leurs terres. Réforme excellente, car les chances de succès du colon augmentent évidemment en raison directe de l'importance du capital dont il peut gar- der la libre disposilion pour exploiter son domaine. Pendant quelque temps, on put même croire que celte seule mesure suffirait à déterminer l'accrois- sement de population française si nécessaire à l'extension de notre influence. En effet, au cours de l'année 1901,17 lots, d'une contenance lolale d'en- viron 800 hectares, furent vendus, dans ces con- ditions, à la Mohammedia, non loin de Tunis, tandis que 6.000 hectares, formant l'Henchir Merdja, près de Souk El Khemis, étaient également répartis entre 27 acquéreurs. En 1902, dans les caïdats de Tebourba, Medjez-El Bab, Souk El Arba, 16 lots d'une contenance totale de 2.000 hectares ont trouvé preneurs, et au cours de l'année 1903 les allotissementsont encore compris environ 2.000 hec- tares répartis entre 15 colons. Mais voici que, sans cause apparente, les résultats de l’année 1904 sont tout différents, car, l'Elat tunisien ayant mis en vente, pendant celte dernière période, 8 propriétés domaniales d'une superficie totale de 12.238 hec- ares répartis en 196 lots, 51 seulement ont été vendus et 129 restent disponibles. Il devient évi- dent que les dispositions prises jusqu'à ce jour sont insuffisantes et devront être complétées par des mesures plus efficaces. Les terres, ainsi alloties par l'État, ont dû être préalablement acquises par lui avec les fonds pro- venant de la Caisse de colonisalion. L'effort finan- cier, nécessaire pour mettre de nouveaux espaces cultivables à la disposition de nos compatriotes, n'a pas été moindre de 2.068.477 francs pendant les trois années 1901-1902-1903. Ainsi apparaît la constante préoccupation de M. le Résident général S. Pichon de résoudre le problème du peuplement français par le développement de la colonisation agricole. Malheureusement, au fur et à mesure que s'épuisent les réserves domaniales et que s'effectue en achats de terres par l'État le remploi des fonds de colonisation, la valeur moyenne de l'hectare augmente, et il devient de plus en plus difficile d'offrir aux immigrants des lots d'un prix assez bas pour que le succès de leur entreprise soil assuré. Le problème se complique du fait que la Tunisie se meut dans les limites d'un budget médiocrement compressible el ne peut, par conséquent, ni aug- menter considérablement la dotation de la Caisse de colonisation, ni consentir à subir sur les ventes des pertes trop fortes. En présence de ces diflicultés, de Gouvernement du Protectorat fut amené à créer, Lie 28 novembre 1902, une Commission de colonisa- lion, composée de délégués des corps élus, des .… chefs de service et de représentants de l'Adminis- … lration, avec mission « de rechercher les moyens … d'augmenter la prospérité de la Tunisie et d'y déve- - Jopper la colonisation française en lui fixant une - direction ». Un vœu relatif au rachat des enzels ou rentes perpétuelles fut pris en considération par | F l'État et sanctionné par un décret. Différentes - mesures furent également adoptées dans le but de - faciliter l’aliénation des biens habous. Quant aux moyens financiers proposés par la Commission, ils - consistaient en la création de bons de colonisation, È autrement dit en émission d'obligations à court - térme, dont le produit serait affecté à l'achat de — terres cultivables. Dans sa dernière session, la Con- férence consultalive a préconisé une solution plus - radicale en émettant le vœu qu'un emprunt de 60 millions fût réalisé pour permettre l'achèvement du programme des travaux publics, la construction _ d'écoles et la création de villages de colonisation. - Comme à la Mornaghia et à Triaga, les nouveaux “— centres seront dotés d'une école, d'une poste- … Lélégraphe, et, autant que possible, d'un service , médical dont les bases viennent d'être indiquées - dans un remarquable lravail de MM. Malinas et » Tostivint. 7 L'État complétera-t-il son œuvre en fournissant : aux colons l'habitation et l'outil, ou se bornera-t-il à intervenir en favorisant de tout son pouvoir la 4 constitution de sociétés mutuelles et coopératives, - auxquelles il pourrait consentir des avances rem- —. boursables sans intérêt? Ce dernier système, tout —…_ en ménageant davantage les finances publiques, permettrait au colon, semble-t-il, de se procurer — dans les meilleures conditions une modeste habita- tion, des instruments de culture et de récolte, enfin, vec les ateliers, les celliers, les huileries, tout l'outillage indispensable à la transformation des — produits agricoles. Si les caisses rurales de Crédit, — dont la création vient d'être autorisée par un récent f décret et qui fonclionnent à Bir-Mcherga, à Béja, à Tunis, se développent, comme il convient de — l'espérer, les agriculleurs ne tarderont pas à juger — de la puissance que mettrait eu leurs mains Fappli- cation bien comprise des principes de coopération 2 … ct de mutualité ?. » Mutualité coopérative et projet général d'assistance médicale indigène en Tunisie, par MM. Malinas, directeur 2 du service de santé de la division d'occupation de Tunisie, ct M. Tostivint, médecin-major de 2° classe (en cours de publication dans la Revue Tunisienne). ? En un Rapport très documenté sur le Crédit agricole mutuel et son institution en Tunisie, M. Paul de Beaumont, membre de la Conférence consultative et deola Chambre ' d'Agriculture de Tunis, a exposé le fonctionnement de ces Dnisses et montré les services qu'elles pouvaient rendre à GASTON LOTH — L'ÉVOLUTION DE LA TUNISIE 143 La Tunisie possède dans les élèves de l’École coloniale d'Agriculture un élément de colonisalion auquel toutes ces idées sont déjà familières. Chaque année, quelques-uns d’entre eux prennent part à la vente des terres de colonisalion et, par privilège spécial, ils ont, sur tous les autres acquéreurs, un | droit de priorité pendant cinq ans après leur sortie de l'École, ce qui est un excellent moyen d'assurer le recrutement des étudiants et de garder, en même temps, dans la Régence une bonne partie des anciens élèves. Quand cet établissement ouvrit ses portes, en octobre 1898, une vive opposition se manifesia dans les rangs de ceux qui auraient dû favoriser la création d’une semblable institution; mais nul ne songerait plus aujourd’hui à contester l'heureuse influence exercée sur le développement de la colonisation par ces jeunes gens actifs, dont une centaine au moins sont, dès maintenant, in- stallés en Tunisie à titre définitif, soit comme gérants, soit comme propriélaires. Dans le but de provoquer le « retour à la Terre » d'une parlie de ce prolétariat juif qui végète misé- rablement dans un des plus sordides quartiers de Tunis, l'Alliance Israélite Universelle a créé aussi, à la Djedeida, une ferme-école où une solide instrue- tion professionnelle est donnée à un groupe nom- breux d'adolescents, dont on veut faire simplement de bons ouvriers ou des contremaitres. Malgré le caractère pralique de cette organisation, il ne semble pas que le but soit atteint. Les jeunes israélites ne trouvent pas facilement emploi de leurs facultés chez les colons européens et, chose singulière, ils n'obtiennent pas meilleur accueil chez leurs coreligionnaires, grands propriétaires ruraux, assez nombreux pourtant dans la Régence et qui devraient avoir à cœur d'encourager une aussi louable entreprise. L'expérience, il est vrai, date seulement de | quelques années. On ne saurait donc actuellement se prononcer de façon trop affirmative sans risquer de mal préjuger de l'avenir. Il est bon d'attendre encore avant de constater l’échec ou le succès de cette tentative, On peut dire, cependant, qu'elle ne débute pas sous d'heureux auspices. Qu'adviendra-t-il aussi de la ferme-école indi- gène récemment inaugurée à Lansarine? Placée sous la direclion d'un musulman intelligent, ancien commandant de l'armée française, elle a également pour but de former des contremaitres et des ouvriers indigènes capables d'utiliser les instruments per- fectionnés dont usent les seuls agriculteurs euro- la colonisation. Dans son opuscule du 25 mai 1905 se trouve aussi le texte du décret qui constitue à Tunis une Caisse régionale de Crédit mutuel du nord de la 1égence, étendant son action aux Caïsses locales des contrôles de Tunis, Bi- zerte, Béja, Souk El Arba, Grombalia, le Kef. péens el de rompre avec la traditionnelle routine du Fellah. Le recrutement des élèves s'opère, dit- on, avec quelque difficulté. Il faut espérer qu'on surmontera tous les obstacles et souhaiter vive- ment le succès d’un établissement qui pourrait contribuer, non seulement à fournir aux colons la main-d'œuvre intelligente, dont ils manquent quelquefois, mais aiderait en outre à la diffusion, dans le monde des propriélaires indigènes, de méthodes culturales plus rationnelles, mieux ap- | propriées au sol et au climat de l'Afrique du Nord que les procédés actuellement en usage dans les tribus. III Ce ne sont pas seulement les questions d’ensei- gnement agricole qui sont à l’ordre du jour. Nos compatriotes de Tunisie s'intéressent vivement à toutes les formes de l'éducation populaire, car ils n'ignorent pas qu'une bonne méthode d'instruction est un des plus puissants moyens d'aclion dont dispose un peuple colonisaleur pour déterminer la | nalure de ses rapports avec ses sujets indigènes ou avec les étrangers auxquels il offre l'hospitalité sur un sol nouvellement conquis. Dès le début de l'occupation francaise, le Gouver- nement du Protectorat a pris soin de donner aux indigènes toutes facilités pour apprendre à parler, à lire el à écrire notre langue. Plusieurs milliers d'enfants musulmans et israélites vinrent aussitôt se ranger sous la direction de nos instituteurs, et l'enseignement du français ne cessait de se déve- lopper, quand un mouvement de réaction locale amena un brusque arrêt dans celle marche en avant. Les Pouvoirs publies, mis en garde contre les dangers d'une polilique visant à instruire nos protégés de la même facon que nos propres conci- toyens, consentirent à la fermeture de plusieurs écoles franco-arabes. On est heureusement revenu, depuis lors, à une plus juste appréciation des faits, et l'on a compris qu'au lieu de supprimer l'enseignement du francais aux indigènes, il était préférable d'améliorer les mélhodes existantes et d’aviser aux moyens de permettre aux jeunes musulmans de satisfaire les besoins nouveaux dérivant des idées nouvelles que nous avions fait éclore en leurs inlelligences un peu frustes. Ainsi naquit le projet de doter la Régence d'un enseignement professionnel, donnant aux Francais et aux indigènes la possibilité de résoudre le dif- licile problème de l'apprentissage des métiers manuels en un pays qui à tant besoin d'ouvriers experts et diligents. Le Collège Alaoui fut d'abord exclusivement chargé de distribuer cet enseigne- ment spécial, puis fut créée à Tunis une « École pro- GASTON LOTH — L'ÉVOLUTION DE LA TUNISIE fessionnelle », de dimensions restreintes, assez mal outillée et ne possédant qu'un personnel très réduit. Cet établissement a fait place à une instituliom répondant mieux aux exigences de l’industrie moderne. « L'École Émile-Loubet », dont la pre- mière pierre fut posée par le Président de la Répu- blique en avril 1902, vient d'ouvrir ses portes à la rentrée d'octobre, et il est permis de croire que rien n'y sera négligé pour assurer aux élèves un ensei- gnement vraiment pratique et adapté à tous les besoins de la vie économique. Plus tard, vraisemblablement, une lransforma- tion analogue s’opérera à Bizerte, Sousse et Sfax. Les diverses régions lunisiennes verront ainsi peu à peu se modifier la physionomie de quelques-unes de leurs écoles primaires, de telle sorte que, tout en répondant aux nécessités d'un enseignement de caractère général, elles puissent donner aussi satisfaction aux exigences de l’agriculture et de l'industrie locales. Dans son Rapport au Président de la République sur la marche de l'enseignement à Madagascar de 1899 à 1903, le Général Galliéni préconise la création d'écoles où sera réalisée « l'union de l'instruction générale et de l'instruction pratique, industrielle ou agricole ». Et, pour justifier cette formule, il ajoute : « L'’ins- truction purement intellectuelle ne produit, le plus. souvent, pour la masse des indigènes, que de funestes résultats. D'autre part, l'instruction pure- ment professionnelle est presque toujours insuffi- sante, car, privé du secours des connaissances générales, celui qui la reçoit s'arrête bientôt dans ses progrès et ne peul guère devenir qu'un médiocre artisan, enclin à la routine. Comme les écoles manuelles d'apprentissage de France, nos écoles régionales sont, à chaque année scolaire, de plus en plus des ateliers, mais sans cesser jamais d'être des écoles. « Le jeune homme qui les fréquente sait qu'il en sortira muni d'un mélier, et c'est dans ce but qu'il y est entré. » Il y a lieu de supposer que la Tunisie ne regrelterait pas de rivaliser sur ce point avec notre grande colonie de l'Océan Indien. Enfin, chose digne de remarque, les étrangers, Italiens ou Maltais, domiciliés dans la Régence, recherchent de plus en plus notre enseignement. Malgré la concurrence des établissements scolaires entretenus par le Gouvernement de Rome, nos ins- tituteurs voient grandir chaque jour leur clientèle de jeunes Siciliens. Ils sont parfois obligés, faute de place, de refuser un grand nombre d'élèves. Toutes les écoles franco-européennes ont leur contingent maximum el la Direction de l’Enseigne- ment publie ne cesse d'être occupée à préparer de nouvelles constructions, à rechercher de nouveaux État. de GASTON LOTH — L'ÉVOLUTION DE LA TUNISIE 145 maitres. Elle réclame, en ce moment même, trois | plus importants de ces ouvrages. Enfin, la publica- millions de franes pour assurer la régularité des services et empêcher une partie des enfants étran- gers d'échapper à notre action morale. Un dixième de cette somme doit être consacré, d'après le projet volé par la Conférence consul- tative, à l'édification d'une bibliothèque plus digne de la Régence que l'humble local décoré de ce nom, et surtout mieux outillée pour les recherches scientifiques. Si les maigres collections de docu- ments se rapportant à l'Afrique du Nord, mises actuellement à la disposition des chercheurs, ont pu leur rendre quelques services, elles sont néan- moins tout à fait insuffisantes, et l’on souffre d'être obligé d'avouer qu'un simple crédit de 1.500 francs est prévu, chaque année, par la Direction de l'En- seignement public, pour « abonnements aux pério- diques etacquisitions nouvelles, reliure des volumes de la bibliothèque française ». Est-ce que l'intérêt bien compris de la colonisation, à défaut du point de vue purement scientifique, n'aurait pas dù, depuis longtemps, primer toute autre considération et décider une réforme radicale de cetle organisa- tion ? Il faut donc savoir gré à la Conférence consulta- tive d'avoir exprimé le vœu que Tunis fût dotée à bref délai d'une bibliothèque de travail. Dans le nouvel édifice trouveront place, à côté des collec- tions d'œuvres anciennes, quelques bons ouvrages publiés, dans ces dernières années, par des savants “envoyés en mission dans la Régence ou des écri- vains qui y sont en résidence permanente. Ceux qu'intéressent les queslions de propriété immobi- lière consulleront avec fruit l'excellente thèse de M. Lescure, chef de bureau à la Direction générale des Finances, sur le Double régime de la propriété foncière en Tunisie, etles géologues trouveront un guide très sûr dans l'étude si complète publiée par M. Pervinquière sur la Tunisie centrale. Nous n'aurions garde d'oublier la Æ'evue tunisienne, qui, sous la direction de M. le D' Bertholon, est devenue un recueil eslimé de travaux scientifiques et litté- raires sur l'Afrique du Nord. Les arabisants auront aussi à leur disposition la grammaire arabe de Silvestre de Sacy, rééditée par les soins de MM. Ma- -chuel et Serres. Nous espérons même qu'un jour viendra où l'on jugera nécessaire d'arriver à une entente avec les autorilés religieuses musulmanes pour grouper en une salle unique les précieux manuscrits dispersés dans toutes les mosquées ou zaouias de la Régence. Le catalogue des princi- paux documents en langue arabe a élé dressé par M. Roy, secrétaire général du Gouvernement tuni- sien; mais, s'il est bon d'avoir déjà un inventaire partiel de nos richesses en manuscrits, il serait Æncore meilleur de pouvoir consulter et traduire les tion d'un Corpus des Inscriptions arabes de Tu- nisie aiderait singulièrement à la connaissance approfondie de la civilisation musulmane, IV Parmi les travaux les plus considérables publiés sur la Tunisie depuis le début du siècle, quelques- uns se rapportent aux antiquités phéniciennes, romaines ou byzantines. Telle est l’œuvre magis- trale publiée sur Carthage par M. Audollent, pro- fesseur à la Faculté des Lettres de Clermont-Fer- rand; telle est aussi l’importante contribution à l'histoire de la Mosaïque, rédigée par M. P. Gauck- ler pour le Dictionnaire des Antiquités de Darem- berg el Saglio. Dans le même ordre d'idées, le Musée de Gar- thage doit à l'activité du P. Delattre de s'être enrichi de quelques pièces d’un haut intérêt, comme les trois sarcophages, reproduisant en un relief de marbre, peint de couleurs à peine effacées par le temps, les portraits en pied des prêtres et de la prètresse dont les squelettes sont encore étendus sous la pierre. Enveloppés dans leurs longs vêle- ments, la têle coiffée d’une sorte de tiare, la barbe et les cheveux tressés à la mode assyrienne, les deux hommes sont d'une beauté parfaile. Sur les jambes de la prêtresse se replient de grandes ailes de vautour noir d'un effet saisissant. Ce sont cer- lainement les plus belles pièces du Musée, peut- être mème les plus beaux spécimens connus de l’art punique. A Carthage également, la Direction des Antiquités et Arts est parvenue à découvrir le théâtre romain, jadis détruit par les Vandales. Le déblaiement en est presque achevé. Bientôt, les colonnes se dresseront de nouveau sur leurs bases, se couron- neront de leurs chapiteaux, et l'ordonnance géné- rale de l'édifice apparaitra à tous les yeux. Le plan général de la grande cité a été établi, et par le réseau des égouts, on a reconstitué celui des rues et des impasses. D'autre part, les fouilles méthodiques exécutées à Dougga ont amené la découverte d'une superbe mosaïque représentant les Cyclopes forgeant les armes d'Enée. Elle forme aujourd'hui le principal ornement d’une des nou- velles salles du Bardo. Enfin, dans les vastes soli- tudes de la Tunisie méridionale, le Service des Antiquités a exhumé, sur les bords de la mer de Bou-Grara, les restes de la ville romaine de Gightis. qui paraitavoirété un emporium assez considérable, si l'on en juge par les dimensions de ses quais, de son forum et le nombre de ses monuments. Le Gouvernement francais n'ignore ni ce labeur, ni ces riches trouvailles, mais n'en continue pas moins à se désinléresser complètement des moyens à employer pour multiplier les découvertes et assurer la conservation des monuments histo- riques. C'est aux modestes finances de la Régence qu'est laissée la lourde charge de subvenir à ces dépenses. Par suite, le Service des Antiquités ne peut disposer que d'un budget ridiculement faible. Depuis plusieurs années, on réclame à la France une partie des ressources si libéralement affectées aux missions scientifiques d'Asie-Mineure, de Perse ou de Grèce. L'an dernier, M. Emile Chautemps a fait adopter par la Commission du budget de la Chambre des députés une proposition donnant satisfaction au désir des archéologues. Le Parle- ment n’a pas sanctionné ce vole, et c’est vraiment regrettable, quand on songe à tous les trésors encore enfouis à Oudna, Sbeïtla, Haïdra, Dougga, Bulla-Regia et tant d’autres régions inexplorées. Grâce à l’emploi judicieux des fonds dont il dis- pose, le Service des Antiquités est néanmoins par- venu à constituer un Musée d'art arabe, installé dans une gracieuse habitation mauresque, attenant aux grandes salles de collections antiques du Bardo. Là, se trouvent rassemblés la lourde joaillerie dont se parent les femmes arabes et les produits plus grossiers de l'industrie des bijoutiers berbères. Fusils avec incrustation de nacre ou de corail, sabres et poignards aux fourreaux d'argent ciselé, lampes et veilleuses en cuivre curieusement fouillé, tapis aux mille nuances, vêtements brodés d'or ou d'argent, lits à fuseaux, vieilles faïences reprodui- sant quelques-uns des modèles phéniciens ou romains, forment déjà, dans ce petit palais, une collection de premier ordre pour l'étude de l’art oriental. La préoccupation légitime de développer la con- naissance des civilisations anciennes n'empêche pas le Gouvernement tunisien d’avoir le souci de la réalité présente, en améliorant les condilions d'existence des populations de la Régence par une organisation, sans cesse perfectionnée, des services d'hygiène. L’admirable installation de l'Hôpital français de Tunis a été signalée ici-même; nous n'y reviendrons pas, mais il nous est agréable de rendre hommage à l'esprit d'initiative dont fait preuve M. le D' Brunswick-Le Bihan, chirurgien en chef de l' «hôpital Sadiki », qui, avec de médiocres ressources et un personnel restreint, a fait de cet établissement, exclusivement réservé aux indigènes musulmans, un modèle du genre. C'est au même pralicien que revient aussi l'honneur d'avoir pro- voqué la création des auxiliaires médicaux indi- gènes, institués par arrêté du 12 octobre 1903, pour « seconder le médecin européen là où il est GASTON LOTH — L'ÉVOLUTION DE LA TUNISIE installé, ou le suppléer dans cerlains cas déter- minés là où il n'est pas encore venu ». Transféré dans les locaux de l'ancien collège italien, | « Hô- pital israélite », bien que pauvrement doté et dépourvu des choses les plus essentielles à la bonne marche d'un établissement d'assistance, subit d'heureuses transformalions sous l'énergique impulsion de son directeur, M. le D' Albert Cattan. Avec le développement des services d'hospitali- sation, |’ «Institut Pasteur » a pris une importance telle qu'un bâtiment spécial vient d'être affecté aux divers services dont il assume la charge. La nou- velle construction est heureusement située aux portes du parc du Belvédère et du jardin d’Essais, à deux pas de l'Ecole coloniale d'Agriculture, dont les élèves sont initiés par le directeur de l'Ins- üilut, M. le D' Nicolle, aux diverses recherches scientifiques qui se poursuivent dans les labora- toires. On ne saurait parler d'hygiène sans mentionner les énormes travaux accomplis pour l'adduction d'eau potable dans les principaux centres. Aux eaux de Zaghouan et de Djouggar, qui ne suffisent pas à alimenter Tunis, s'ajoute, depuis quelques mois, l'apport des eaux du Bargou, relié à la cana- lisation primitive par une conduite de 50 kilo- mètres. Si l’on a éprouvé quelques mécomptes relativement à la quantité de liquide obtenu par l'aménagement de ces nouvelles sources, il est permis de prévoir que les travaux complémentaires en cours d'exécution, notamment l'abaissement du plan d’eau aux points de captation, permettront de donner aux habitants de Tunis les satisfactions attendues, d'autant mieux que les eaux de Ia Medjerdah,amenées aussi dans la capitale, seraient réservées à l’arrosage des rues elaux divers usages ménagers. Quant aux eaux d’égout, après leur réunion dans l'usine du boulevard de Paris, sur les bords du lac, elles seront refoulées, par une puis- sante machine, dans de vastes champs d'épandage disposés à cet effet, à une dizaine de kilomètres de la ville, sur la route de La Goulette. Pour l'alimentation des villes du Sahel et l'irri- gation de leur banlieue, on a capté les eaux de l'Oued Merguellil, qui vont apporter dans toute une région, jusqu'alors déshéritée, la vie et la prospé- rité. A Sfax, où les eaux de source sont rares, les études sont activement poussées pour la recherche des nappes souterraines et l'approfondissement des puits. Bizerte recoit les eaux des collines qui avoisinent ses faubourgs; mais, en cette dernière cilé, bien d'autres travaux sollicilent l'attention. Le canal mettant en communicalion le lac avec la mer a été élargi de 100 à 240 mètres, el le pont transbordeur qui æeliait les deux rives a disparu pour faire place - cales de radoub, ] ] 1 ' 1 d { | à des bacs à vapeur. En mer, la digue de pleine eau, perpendiculaire aux jetées, dresse au-dessus des vagues ses énormes blocs de 30 mètres de lon- gueur sur 10 mètres de largeur et 10 mètres de hauteur, maconnés dans des caissons métalliques, puis coulés les uns sur les autres au moyen d'ingé- nieux appareils. Les batteries d'artillerie qui forment le front de mer ont été renforcées et protègent efficacement la ville et les casernes, situées au premier plan, tandis qu'à quelques kilomètres en arrière, dans une erique du lac, connue sous le nom de baie de l'ami- ral Ponty, s'abrite la flottille de la défense mobile. Par une heureuse innovalion, les indigènes ont été appelés à coopérer à l'organisalion de nolre marine militaire et, sous le nom de « Baharias », deux cents d'entre eux sont répartis sur les principales unités navales stationnées à Bizerte. A l'arrière-plan, protégé contre toute attaque du côté de la mer, l'arsenal de Ferryville pourrait, dès maintenant, offrir aux vaisseaux désemparés le secours d'un outillage perfectionné, ÿ compris deux dont la plus grande mesure 240 mètres de longueur. Deux autres cales de dimensions moindres vont êlre construites et de nouveaux ateliers sont prévus, mais le personnel d'ingénieurs et d'ouvriers nécessaires au fonction- nement de l'arsenal n'est pas encore désigné. Il importerait au Gouveraement métropolitain de ne pas oublier que l'effort accompli risque d'être inu- tile, si les fluctuations de la politique intérieure peuvent, à tout moment, entraver le développement de ce formidable organisme. Les hésitations et les fausses manœuvres dans la conduite d'une aussi vasle entreprise ont, en outre, une fâcheuse réper- eussion sur la vie économique du pays byzertin. C'est ainsi que l'arrêt des travaux de défense à provoqué, en ces derniers mois, une véritable crise commerciale dont Bizerte a beaucoup souffert. Préoceupé de cette situation, M. le Résident général Pichon a fait hâter la mise à l'étude du tracé du chemin de fer des Nefzas et de le ligne Béja-Mateur qui pourraient amener à Bizerte, avec des minerais de fer et de zinc, des vins et des céréales, suscep- libles de déterminer l'accroissement du trafic et peut-être mème la transformation de la place en un important port de relàche. Telle est la légitime ambition des Bizerlins. Une première el large salis- faction leur serail déjà donnée, si tous les orga- nismes de la vie militaire et maritime étaient en plein fonctionnement. Cela ne saurait tarder, car, en ce moment même, s'ouvre une période d'activité qui fera oublier les ennuis passés. Pendant que Bizerte souffrait de la stagnation des affaires, les capitaux, refluant vers Tunis, y ont provoqué une fiévreuse activité. Des quartiers GASTON LOTH — L'ÉVOLUTION DE LA TUNISIE neufs ont surgi dans la ville européenne, allon- geant leurs rues entre la porte Bab-El Khadra et le boulevard de Paris, donnant un aspect plus coquet aux abords du Belvédère, entamant la « Petite- Sicile », ce cloaque immonde dont les masures lépreuses, bordées de ruisseaux fétides, sont un juste sujet d'étonnement pour le touriste, qui se demande comment on peut tolérer, dans une grande agglomération, à quelques mètres du palais où réside le représentant de la France, un pareil foyer de pestilence. Un chemin de fer électrique, courant sur la berge du canal qui traverse le lac El-Bahira, mettra bientôt Tunis à un quart d'heure de la Goulette. Enfin, l'on achève de creuser dans les boues du lac un bassin à flot destiné aux phosphates qu'a- mènera de Kalaat-Es-Senam et de Kalaat Djerda le chemin de fer récemment mis en exploitation. De cette ligne un embranchement se détache vers Le Kef, en sorte que la Tunisie se trouve ainsi dotée d'une nouvelle voie de pénétration de plus de deux cents kilomètres. On avait cru pouvoir, en cette circonslance, passer avec la Compagnie amodiatrice des gisements de phosphates une convention ana- logue à celle qui fut conclue antérieurement avec la Société des Mines de Mellaoui. L'intervention d'un député parisien eut pour effet de provoquer, à la tribune de la Chambre, un débat publie, qui aboutit à l'abandon de la combinaison projetée et décida la prise en charge du nouveau chemin de fer par le Gouvernement tunisien, auquel les Pouvoirs publics de la Métropole accordaient l'autorisation d'émettre un emprunt de quarante millions pour la réalisation du programme soumis au Parlement. Les redevances à percevoir sur les phosphales transportés seront certainement suffisantes pour assurer la rémunéralion des capitaux engagés par l'Etat dans cette entreprise. En outre, des mines et carrières ont été reconnues dans le voisinage de la voie ferrée. Leurs produits contribueront à l'aug- mentation des bénéfices de l'exploitation, sans parler de la qualité des terres des régions traversées, bonnes pour le bétail comme pour les céréales. Sur d'autres points encore, des phosphates ont été découverts. Les couches d'Ain-Moularès sont particulièrement riches. On pouvait facilement relier ce gisement à la voie ferrée de Sfax à Gafsa par un embranchement de 22 kilomètres. La Direc- tion des Travaux publics a pensé qu'il valait mieux prendre en écharpe toute la région centrale de la Tunisie, en construisant une ligne aboutissant au chemin de fer de Kairouan à Sousse, de façon à pouvoir fournir à cette dernière ville le fret qu'elle réclame avec insistance depuis tant d'années. Ce plan aura aussi pour conséquence heureuse de permettre la colonisation des régions fertiles de 148 Feriana, Kasserine et Sbeïtla, aujourd'hui à peu près désertes, mais où se pressait une nombreuse population d'agriculteurs au temps de la domina- tion romaine. Pour dédommager la Compagnie des phosphates de Gafsa du droit de préemption qu'elle aurait peut- ètre pu faire valoir sur les gisements d'Aïn-Moularès, si proches des siens, on lui a consenti une prolon- gation de durée pour sa concession du Metlaoui. D'autre part, la Compagnie s'engage à pousser la voie ferrée de Sfax à Gafsa jusqu'à l'oasis de Tozeur, aux portes du désert, ce qui aura pour effet immédiat l'accroissement du mouvement d'expor- lation des fameuses dattes du Djerid, principale source de richesse de toute la lisière saharienne. Aussi bien au Metlaoui qu'à Kalaat Es Senam, les rails des chemins de fer tunisiens de pénétration s'arrêtent en decà de la frontière algérienne. La seule ligne de la Medjerdah unit les deux colonies. N'est-il pas étonnant qu’on ne meite pas plus d'em- pressement de part et d'autre à multiplier les moyens de communication entre le département de Constantine et la Tunisie? On objecte que le régime douanier et le système d'impôts sont trop différents dans les deux pays pour ne pas nécessiter des mesures spéciales en malière de relations écono- miques. Nous ne voulons voir là que les marques d'un protectionnisme outrancier, dont la disparilion sera saluée avec joie par toute la population française de l'Afrique du Nord. C'est pourquoi nous espérons voir aboutir rapidement le projet de jonction de La Calle à Tabarka par une voie ferrée qui pourrait être prolongée jusqu'aux Nefzas, de même que nous souhaitons complète réussite aux promoteurs du chemin de fer Tabarka-Souk El Arba par Aïn Draham. Multiplier les voies ferrées, puis relier les lignes de pénétration aux chemins de fer algériens sont autant de conditions nouvelles de prospérité économique pour la Régence. Dès maintenant, les phosphates de Metlaoui assurent au port de Sfax un fret annuel de 475.000 tonnes, qui sera bientôt porté à 500.000. On calcule que tous les gisements phosphaliers réunis vont déverser dans les ports tunisiens plus d'un million de tonnes chaque année. Une pareille production inquiète certains économistes; ils crai- gnent non seulement une baisse de prix qui empé- cherait ces diverses entreprises d'être fructueuses, mais encore l'épuisement rapide des couches, el ils se demandent si, d'ores et déjà, il ne serait pas pru- dent de limiter l’extraction des phosphales à un chiffre plus réduit que la quantilé prévue. Outre que cette solution serait malaisée, de pareilles appréhensions semblent injustiliées, car le nombre des pays où la consommalion des phosphales est | | | (| GASTON LOTH — L'ÉVOLUTION DE LA TUNISIE courante augmente sans cesse, elil est à présumer, par conséquent, que les prix ne subiront pas une baisse excessive. La mise en exploitation des gisements de phos- phates a eu pour effelde provoquer en Tunisie une véritable fièvre minière. Brusquement, les demandes de permis de recherches ont afflué à la Direction des Travaux publics. En une année, près de mille autorisations ont élé données, et la foule des pros- pecteurs s'est ruée vers les montagnes qui recèlent la calamine, le cuivre, le plomb, le fer et même l'or, disait-on.On n'a trouvé d'autre or que les débris des bijoux portés par les femmes de Carthage, mais de nouveaux gisements de calamine ont élé reconnus et l'on annonce qu'à 80 kilomètres de Tunis une importante mine de fer vient d’être découverte, dont la richesse pourra consoler les Tunisiens de voir dériver vers Bône les minerais de l’'Ouenza. Et non seulement de nouvelles concessions vont être pourvues de l'outillage nécessaire à leur exploitation, mais quelques-unes des anciennes mines reprennent une vie nouvelle. À Zaghouan, par exemple, et surtout au Djebel Ressas, relié directement au port de Tunis par une voie ferrée, l'activité est plus grande que jamais. Le Comité d'études de Tabarka et la Compagnie du Mokta El Hadid, concessionnaires depuis 1884 de mines de fer inexploitées, ont subi également les consé- quences de l'impulsion donnée aux entreprises minières, car ils viennent d'être mis en demeure d'avoir à remplir les obligations de leurs cahiers des charges. Le mouvement est donc général et l'on peut dire dès à présent que la Tunisie a cessé d'être un pays exclusivement agricole. La colonisation n'y .pré- sente plus un seul aspect. Par la richesse de leur sous-sol, certaines régions, réputées infertiles, con- tribueront à la prospérilé générale, à l'égal des plaines les plus favorables au développement de la végélation. Heureuse évolution, car la diversité des ressources donnera au budget l'élasticité qui lui est indispensable pour faire face aux multiples besoins de la colonisation et permettra ainsi au Gouvernement du Protectorat d’envisager, avec plus de confiance, la solution des problèmes d'où dépendent la solidité de notre établissement po- litique et l'implantalion dans la Régence d'une race de colons français, assez forte pour y main- tenir les caractéristiques de nolre génie national, tout en se mêlant aux immigrants de race latine et en s'adaptant aux condilions d'existence déter- minées par le sol et le climat de l'Afrique mineure. Gaston Loth, Docteur ès letlres, Directeur du Collège Alaoui ANALYSES 1° Sciences mathématiques et Nestle. — Lehrbuch der praktischen Geo- metrie. — 1 vo/. de vu-164 pages, avec 145 figures. % édition (Prix : # fr. 75). B. G. Teubner. Leipzig, 4905. - Le titre de cet ouvrage n'est pas assez approprié au contenu et aurait gagné en clarté en se transformant n : « Traité pratique d'arpentage, levé des plans et nivellement ». C'est, en effet, un manuel destiné sur- out aux élèves des Ecoles techniques moyennes et praticiens des constructions sur le terrain. Une wrtie du volume comprend la description des princi- aux instruments, et aussi des plus récents, employés ans ces sortes de travaux (théodolite, planimètres, niveau de pente, niveaux perfectionnés, etc.). Une deuxième partie est consacrée aux calculs et partages le surfaces et aux opérations du tracé des courbes et des profils, le tout ne nécessitant que l'emploi des éléments d'Algèbre et de Trigonométrie. - L'ouvrage parait bien conçu; peut-être faut-il gretter que l'étude des plans cotés et des éléments “de triangulation y soit trop écourtée. En. DExoLis, Professeur à l'École professionnelle de Genève. “Chollet, Actuaire du Crédit Foncier de France. — Remboursement des emprunts à long terme. — 1 vol. in-8° de 99 pages (Prix : 10 fr.). Dulac, édi- teur. Paris, 1905. . On sait que la théorie des opérations financières à long terme nécessite l'établissement de quelques for- …mnmules importantes qui servent à la solution de presque tous les problèmes particuliers. Les beaux travaux de «R. Thoman et de M. Achard semblent avoir épuisé le Sujet au point de vue général et tous les travaux publiés sur les emprunts ne peuvent être que la recherche de a solution de cas particuliers d'ailleurs intéressants. L'étude de M. Chollet est, en effet, consacrée unique- ment aux modes de remboursement des emprunts à long terme; il semble, d'ailleurs, que l’auteur se soit fait une spécialité de la solution des problèmes d'amor- issement, car il a déjà publié divers articles très do- mcuinentés dans le Bulletin des Actuaires français. L'introduction du livre est un rappel fort intéressant les notions d'Economie politique relatives à l'amortis- sement des emprunts : l'auteur, après avoir exposé très impartialement les diverses théories économiques, semble conclure à la nécessité absolue de l'amortisse- ment et répudie les rentes perpétuelles; cette solution mous parait trop absolue et, en ce qui concerne les Etats, il faudrait établir des distinctions suivant la hature mème des emprunts (emprunts de guerre, em- prunts pour travaux, etc.). Le livre se compose de deux parties : L'une, peu développée, relative aux rentes perpé- Auelles, contient un historique des Caisses d’amortis- sement et quelques citations très heureuses du Dr Price, le J.-B. Say et Léon Say; L'autre, fort importante, est consacrée aux emprunts remboursables par tirages au sort. Ces emprunts sont classés par l'auteur en trois caté- gories : À 1° Emprunts à capital transformé, c'est-à-dire em- ployé par l'emprunteur en travaux, et remboursables par des annuités fixes servies à l'aide d'impôts : Ja | théorie en est connue depuis longtemps et a été ex- sée de nombreuses fois; nous regrettons que M. Chol- let n'ait pas signalé, parmi les ouvrages qui se sont BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ET INDEX occupés de cette question, celui de F. Thoman et le traité si clair de M. Brasilier, le meilleur de tous les ouvrages d'auteurs français; 29 Empruntis à capital non transformé sans lots; 3° Emprunts à capital non transformé avec lots. Dans ces deux chapitres, nous reconnaissons sans peine l’actuaire du Crédit Foncier, et le mécanisme de la double opération de ce grand établissement y est exposé d’une manière très claire et très précise ; il ne pouvait en être autrement. Nous aurions souhaité que les longues formules mathématiques, qui rendent l'ou- vrage assez difficile à lire, mème pour les habitués du calcul financier, aient été simplifiées ; certains exposés ressemblent trop à la solution d'un bon élève de ma- thématiques spéciales et certaines constructions de courbes très simples auraient pu être traitées avec moins de détails : ce livre ne s'adresse qu'à un publie restreint, ayant ou devant avoir de bonnes connais- sances mathématiques, et le lecteur aurait fait crédit à l’auteur d'explications un peu trop développées. Nous devons cependant féliciter M. Chollet de son excellent travail, qui constitue une contribution très importante à l'étude des nombreux cas particuliers d'emprunts à long terme; son livre a une place toute marquée dans les grandes administrations, chemins de fer ou banques, pour lesquelles ces questions sont capitales. A. BanRiOL, Actuaire, Directeur de l'Institut financier et des Assurances. 2° Sciences physiques Eiffel (G.), Ancien Président de la Société des Ingé- nieurs civils de France. -— Etudes pratiques de Météorologie et Observations comparées des Sta- tions de Beaulieu, Sèvres et Vacquey pour l'an- née 1903. — 1 vol gr. iu-4° de 377 pages et 1 atlas gr. in-4° de 2% pl. lmp. L. Maretheux. Paris, 1905. Ce livre n'avait été préparé qu'en vue de continuer les observations et les comparaisons systématiques de 1902 entre les trois stations de Beaulieu (près de Nice), Sèvres, et Vacquey (entre Bordeaux et Libourne); mais, comme il arrive toujours quand on travaille sérieuse- ment et qu'on n’est pas gèné par un programme imposé, l'auteur a élargi son sujet: d'abord ses comparaisons ne se sont pas limitées à trois stations; ensuite et sur- tout, il a été amené à formuler des idées générales dont quelques-unes ont déjà fait leur chemin. M. Eiffel ne désire rien changer aux habitudes d'ex- trème précision des observatoires de premier ordre; mais il propose, sur plusieurs points, des simplifications qui donneraient au personnel moins nombreux des observaloires particuliers le moyen de rendre des ser- vices presque équivalents dans la pratique. Pour cela, il recommande l'emploi presque absolu des instruments enregistreurs, et le remplacement des observations directes d'heure en heure par une ou deux observations de contrôle en vingt-quatre heures. Cette simplification est possible aujourd'hui que les enregistreurs sont devenus des instruments presque parfaits. Il n’est pas besoin de s'étendre sur les avan- tages des instruments en ce qui concerne le vent: un anémomètre Robinson ou un Richard convenable- ment taré donne des renseignements bien autrement précis que les évaluations à l'estime. En outre, la con- tinuité des courbes permet d'étudier en détail les variations brusques dont, souvent, les observations horaires ne permettent pas mème de soupçonner l'exis- tence. 150 Il en est de même, dans une mesure moindre, pour les autres éléments météorologiques, relevés directe- ment avec une précision souvent illusoire. A quoi bon recueillir à grands frais les observations thermomé- triques au dixième de degré, quand le simple aspect de la courbe d'un enregistreur Richard montre, d'une minute à l’autre, dans un mêmethermomètre sous abri, des variations de 3 à 5 dixièmes. L'atmosphère n'est pas homogène et consiste en filets d'air très voisins à température très variable, Le peu que l'on perdrait en précision apparente serait largement compensé par la continuité des courbes des enregistreurs. Si l'on veut bien nous permettre une remarque personnelle, nous ajouterons ici que l'étude des grains et des orages eût été infiniment plus difficile, sinon impossible, sans l'emploi des instruments enregistreurs, qui ont permis de voir la vraie relation entre les changements brusques produits sur tous les éléments météorologiques par le passage de ce que nous avons appelé le ruban de grains. Les moyennes très étendues — annuelles ou men- suelles — ont été la base nécessaire de la Climatologie. Mais l’auteur fait remarquer avec grande raison que les moyennes qui correspondent à des périodes plus courtes, aux décades, par exemple, font mieux entrer dans l'intimité réelle des phénomènes. D'autre part, on avait fait observer depuis longtemps que les moyennes générales sont loin de donner la vraie physionomie d'un climat. Ainsi, New-York et Paris ont la même moyenne annuelle; on sait pour- tant combien le climat de Paris est modéré, combien celui de New-York est extrème. Mais, jusqu'à présent, on s'était borné là-dessus à des remarques générales. M. Eiffel, entrant dans l'application pratique de cette idée, remplace les moyennes annuelles où mensuelles par des graphiques de maximaou de minima journaliers accolés, qui donnent, au premier coup d'œil, la physio- nomie de chaque station en ce qui concerne les divers éléments météorologiques: pression, température, etc. Pour faciliter les comparaisons, il établit chaque gra- phique en second exemplaire sur papier calque. On devine les avantages de cette importante innovation. Nous ne pouvons entrer dans tous les détails. Citons- en encore un ou deux: l'auteur propose de ne plus indiquer, pour un laps de temps déterminé, la vitesse moyenne du vent, mais de la remplacer par l'espace parcouru pendant cette période. Quant aux vitesses instantanées, selon nous, il préfère les noter en kilo- mètres à l'heure plutôt qu'en mètres par seconde; l'essentiel est que ces à-coups brusques soient exprimés Sous une forme qui les rende facilement comparables. M. Eiflel propose aussi, avec grande raison, à notre avis, de remplacer par la durée de l'insolation pendant une journée, en d’autres termes par la fraction d'in- solation, les notations, faites à l'estime et très arbitrai- rement, de la nébulosité. . Le bel atlas qui accompagne ce volume rend facile et rapide la vérification des idées de l’auteur. Nous prions le lecteur de s'y reporter. Pour finir, au risque de rappeler M. Josse, nous indi- querons, dans ce travail si riche en faits et en idées, une lacune. Les grains n'y sont pas étudiés. Si l'on se rend compte que tout accroissement brusque et vio- lent de la force du vent est un grain, que toute averse de pluie ou de grêle, toute giboulée même est accom- pagnée d'un grain, on verra qu'il y a là, pour l'ave- nir, une ample matière à observations. Et nous ne doutons pas que cette lacune soit comblée dans le courant de l’année prochaine, au grand bénéfice de la science. E. DURAND-GRÉVILLE. Armagnat (H.). — La Bobine d’induction. — 1 vol. in-8° de 223 pages, avec 109 figures (Prix : 5 fr.). Gauthier- Villars, éditeur, Paris, 1905. Il est peu d'appareils qui aient joué, dans l'évolution des sciences physiques, un rôle aussi important que la bobine d'induction. Accueillie avec faveur dès son apparition vers 1837, à cause de la facilité avec laquelle BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX elle permettait d'obtenir, avec les courants des piles les effets dus aux machines électrostatiques à haute tension, elle a subi, dans les vingt premières années qui ont suivi son invention, les grands perfectionne= ments tels que l'adjonction du condensateur, la con: struction par cloisonnement, l'emploi de l'interrupteur à mercure, qui en ont fait l'appareil puissant que nous connaissons aujourd'hui. Pendant toute cette période, et dans les trente années qui ont suivi, elle est restée confinée dans les laboratoires, où elle a servi surtout à étudier les bril- lants effets de décharge disruptive dans les gaz, qui on! acquis par la suite une si grande importance. Personne n'a oublié le rôle qu'elle a joué, à cette époque, dans les études spectroscopiques. Depuis 1890, la bobine d'induction a acquis un® importance nouvelle qui l'a fait pénétrer dans le domaine industriel. C'est, en effet, dans cette courte période qu'on à vu naître successivement son spples tion à la production des rayons Rüntgen, à celle des ondes électriques, à la télégraphie sans fil, à la fabrica- tion industrielle de l'ozone, sans compter l'emploi de plus en plus fréquent qu'on en fait dans les moteurs à gaz où à pétrole pour l'allumage du mélange explosif Quand les phénomènes électriques se présenten sous forme de décharges disruptives, ils offrent un. caractère de complexité qui les rend difficiles à dé- brouiller : c'est là, sans doute, une des raisons pout lesquelles aucun ouvrage d'ensemble n'avait été écrit jusqu'ici sur la bobine d'induction. Cette lacune vient d’être très heureusement comblée par M. H. Armagnat. Nul n'était plus qualifié, pour mener à bien un travail de ce genre, que l'ingénieur d'une de nos plus impor- tantes maisons de construction d'instruments de pré- cision. Dans le livre qu'il vient d'écrire, M. Armagnat traite la bobine d'induction à la fois au point de vue théo- rique et au point de vue pratique. Après un exposé. historique complet, il s'occupe d'abord, d'une manière exclusivementthéorique, des interrupteurs mécaniques, puis des interrupteurs électrolytiques, tels que celui de Wehnelt, dont l'application à la bobine d’induction constitue un des perfectionnements les plus récents. Grâce à l'emploi des oscillographes, on possède aujour- d'hui, pour étudier les détails complexes qu'entraîne la rupture du courant inducteur, un précieux moyen d'investigation qui manquait autrefois. Après deux nouveaux chapitres consacrés à l'étude du courant induit dans le circuit secondaire, puis à la puissance et au rendement de l'appareil, l’auteur passe au côté pratique en décrivant les divers modes de construction des bobines, en reprenant la question des w divers interrupteurs au point de vue de leur disposition réelle, et en indiquant les dispositifs spéciaux qui permettent d'obtenir des phénomènes de haute fré- quence. Enfin, un dernier chapitre est consacré aux diverses applications de la bobine d'induction et une bibliographie très complète termine le volume. : Malgré le caractère ardu du côté théorique de la question, M. Armagnat a su élaguer les surcharges inutiles et éviter les calculs longs et fastidieux. En publiant cette monographie, il a rendu un véritable service à tous ceux, praticiens ou savants, qui s'inté- ressent à la science électrique. E. COLARDEAU, Professeur de Physique au collège Rollin. Danneel (H.. — Jahrbuch der Electrochemie für 1902 und 1903. (RÉPERTOIRE ANNUEL D'ELECTROCHIMIE POUR 1902 ET POUR 1903.) — 2 vol. in-8° de 750 et 930 p. (Prix : 26 marks le volume). W. Knapp. Halle a. S., 1904-et 1905. Le Répertoire d'Electrochimie, fondé en 1894 par MM. Nernst et Borchers, est publié depuis 1901 par M. Danneel. Les deux volumes pour 1902 et 1903 ont paru très rapidement, grâce à une nouvelle répartition du travail entre plusieurs collaborateurs. Le tome IX pour 1902 est conçu sur le plan des précédents; le sujet divisé en deux parties principales : Electrochimie mtifique et Electrochimie appliquée. Un chapitre cial a cependant été consacré aux procédés de con- { (catalyse). vec le tome X, le cadre de la publication à été rgi, notamment pour la partie scientitique. M. Dan- 1 a pensé avec raison que les progrès de l'Electro- imie théorique étaient indissolublement liés à ceux a Chimie physique dans son ensemble; les princi- ux travaux se rattachant àla règle des phases, à la loi ction des masses, à l'hydrolyse et à la catalyse ont & été pris en considération, aussi bien que ceux lectrochimie pure. La parlie Dolinuée est toujours traitée sur le plan volumes précédents; elle est remarquablement do- nentée; les sources bibliographiques et les cotes de vets sont fort nombreuses ; ï nous a semblé cepen- dt que divers travaux non publiés par les pério- ues allemands ou non analysés par ces derniers vaient pas été pris en considération. nmoins, tels qu'ils sont, les volumes du Jahr- der Electrochemie constituent une source d'infor- tions de grande valeur, qui continuera à avoir sa e marquée dans toutes les bibliothèques des labo- ires où l’on s'intéresse aux questions d'Electro- imie. Pu.-A. GUYE, , Professeur de Chimie à l'Université de Genève. Lumière pour 1906. — 1 vol. de 400 pages Prix : 4 fr.). Gauthier- Villars, éditeur. Paris, 1906. Vous signalons avec plaisir la publication de la der- > édition de cet agenda, véritable vade mecum du tographe. Documents physiques, chimiques, photo- phiques, recettes et formules diverses se distinguant out par le caractère pratique, on trouve tout cela ms ce petit volume dont l'éloge n'est plus à faire, nsi que le prouve le succès qu'il obtient. % enda 3° Sciences naturelles ayser (E.), Maïtre de Conférences de Microbiologie &Dnstitut National Agronomique. — Microbiologie agricole. — 1 vo;. in-8° de 440 pages et 100 figures Prix : 5 francs). J.-B. Baillière et fils, éditeurs. Paris, 1905. I y a quelque dix ans, mon regretté maitre et ami P. Déhérain avait tenté, dans un timide essai, de ilgariser les notions que l'on possédait alors sur le e que jouent les microbes en Agronomie. Depuis > époque, de nombreux travaux sont venus préciser étendre encore nos connaissances sur ce sujet, dans @ telle mesure qu'aujourd'hui la question ne peut us être traitée que par un spécialiste, connaissant à nd la Microbiologie, les sciences agronomiques et leurs plications. test cette tâche que M. Kayser a entreprise : nous plaisons à reconnaitre que, grâce à sa compétence connue, il y a parfaitement réussi. L'ouvrage, qui partie de l'Encyclopédie agricole, publiée sous la ection de M. Wéry, est d'allure franchement scien- ique et paraîtra peut-être un peu difficile à lire aux ronomes praticiens ; il sera certainement d'une grande ilité aux professeurs d'Agriculture, qui y trouveront plus d'un point une voie nouvelle à explorer, ainsi Wune foule de matières destinées à devenir fonda- tales dans leur enseignement. S'il était autrefois nécessaire, dans son intérêt même, faire savoir au cultivateur que le sol peut servir de beptacle à certains germes redoutables, comme ceux charbon et du tétanos, il est bon maintenant de lui prendre que tous les microbes ne sont pas des ënnemis; le temps est venu de le réconforter en lui ontrant sa terre peuplée d'espèces utiles, plus nom- “breuses que les espèces nuisibles, dont chacune travaille & son profit, et dont il est capable, dans une certaine iesure, de favoriser la prolifération par des pratiques mples. C'est ce que fait M. Kayser, et le sentiment BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX qu'on éprouve à la lecture de son livre, c'est que dé- sormais l'agronome devra s'inquiéter de l'alimentation des microbes de sa terre autant que de celle des plantes qu'il à semées. Sans doute, l'auteur ne nous donne aucune règle ni aucun formulaire pratique immédia- tement applicable à cette agriculture des infiniment petits; la question n’est pas encore au point, quoiqu'on puisse citer à son actif quelques tentatives d'ensemen- cement du sol par les Bacillus radicicola et megathe- rium ; il était au moins utile qu'elle füt soulevée, pour répandre celte notion capitale que nombre de microorganismes sont pour nous de véritables auxi- liaires, auxquels nous devons aide et protection. La fertilité de la terre est intimement liée à leur dévelop- pement et la semi-réussite de la nitragine est là pour nous montrer ce que l’on peut attendre d'eux dans les applications. On ne peut évidemment parvenir à aucun résultat, en pareille matière, si l'on ne possède à l'avance quelques données générales sur la morphologie des microbes, leurs exigences, leurs fonctions, les diastases qu'ils sécrètent, leurs modes de cultures, etc.; aussi M. Kayser consacre-{-il le premier chapitre de son livre à une revision rapide des méthodes employées en Microbio- logie. C'est seulement après cette initiation préalable qu'il entre dans son sujet et expose d'une manière systématique l’état actuel de nos connaissances sur la flore microbienne de la terre arable et la microbie appliquée aux industries agricoles : distillerie, vinai- grerie, féculerie, boulangerie, ensilage, rouissage, lai- terie, tannerie, etc. La fabrication du fumier, la fixation de l'azote par les légumineuses, l'emploi des engrais verts comme agents de fertilisation du sol, l'épuration microbienne des eaux résiduaires, la conservation des produits ali- mentaires par fermentation, plasmolyse ou stérilisa- tion font l’objet d'autant de chapitres qui, par leur importance ou leur actualité, méritent au plus haut point l'attention. Nous ne pouvons malheureusement que les signaler ici, car, pour chacun d'eux, le sujet est trop touffu pour se prêter même à une analyse succincte. Pour en ap- précier le puissant intérêt, il faut les lire in extenso, ce à quoi on est d'ailleurs à peu près obligé, car l’auteur a omis d'introduire dans sa table des matières beaucoup d'indications qu'on aimerait à y voir; mais c'est là un défaut qui, avec l'absence de données bibliographi- ques, est commun à nombre de publications françaises; je n'insiste pas. L'ouvrage n'en est pas moins l’un des meilleurs, parmi ceux qui composent l'Encyclopédie agricole. L. MAQUENXE, Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'histoire natureile. Kieffer (abbé J.-J.), membre de la Société entomolo- gique de France. — Monographie des Cynipides d'Europe et d'Algérie. Tome II, 2° fascicule. — 4 vol. in-8° de 460 pages, avec 13 planches (Prix : 24 fr.). À. Hermann, éditeur, 6-42, rue de la Sor- bonne. Paris, 1905. Ce second fascicule complète la magnifique mono- graphie des Cynipides, faisant partie du Species des Hyménoptères entrepris par Edmond André. (Voir les analyses des fascicules précédents dans /a Revue générale des Sciences, t. XIV, n° 2, p. 104; t. XV, n°2, p. 99.) Le présent fascicule comprend les Cynipides 700- phages, tels que les Evaniides, parasites à létat lar- vaire chez les Blattides, les larves d'Hyménoptères el les larves xylophages de Coléoptères ; les Stephanides, qui parasitent sans doute diverses larves xylophages : les Trigonalides, parasites des Vespides, et enfin les Agriotypides, qui plongent pour pondre leurs œuls dans les larves aquatiques de Phryganes. Un supplé- ment considérable, nécessité par les acquisitions ré- centes, un catalogue méthodique et synonymique des Cynipides d'Europe et d'Algérie, et enfin une table alphabétique très détaillée, terminent cette mono- graphie, vrai monument d'érudition et de patience, qui fait le plus grand honneur à M. Kiefrer. L. CuÉxoT. Professeur à l'Université“le Nancy. 4° Sciences médicales Bouchacourt (Dr L.), ancien Chef de clinique obsté- tricale à la Faculté de Médecine de Paris. Hygiène de la grossesse et Puériculture intra- utérine, avec une préface de M. le Professeur Bunix. — 1 vol. in-18 de 518 pages, avec T planches hors iexte (Prix : 5 fr.). O. Doin, éditeur. Paris, 1905. Ce petit traité d'Hygiène de la grossesse ne s'adresse pas seulement aux femmes enceintes, comme son titre pourrait le faire supposer; il intéresse également les médecins, les éleveurs, les avocats, les philanthropes et les hommes d'Etat ayant quelque souci des questions sociales. L'auteur est resté fidèle à sa méthode habituelle de travail, qui consiste à faire de larges emprunts aux faits tirés de la vie animale et aux observations provenant de la pratique vétérinaire ; comme précédemment, il a émaillé son texte d'anecdotes toujours instructives, quelquefois amusantes, qui rendent plus facile la lec- ture du livre. Après avoir fait l'historique, à travers les âges, des variations dans la durée de la gestation, M. Boucha- court passe en revue les causes, si nombreuses, qui sont capables d'abréger — ou mème parfois d'allonger — la durée physiologique de la grossesse. Ce petit traité de la grossesse, fait à un point de vue spécial et particulièrement intéressant, contient l'exposé des moyens que la nature, la science et l'ob- servation mettent à la disposition de la femme enceinte, pour réduire à leur minimum les chances de mettre au monde un enfant débile. D' P. DEsrosses. 5° Sciences diverses Meyer (D° M. Wilhelm. — Die Naturkräfte. Ein Weltbild der physikalischen und chemischen Er- scheinungen. — 1 fort vol. gr. iu-8 de 671 pages, avec 474 figures dans le texte et 29 planches. Biblio- graphisches Institut, Leipzig et Vienne, 1905. Jusqu'à ces dernières années, la science allemande était restée très universitaire, car beaucoup de profes- seurs eussent pensé déroger en mettant leur savoir sous une forme accessible à tous, par des écrits ou des conférences. Helmholtz, il est vrai, donna l'exemple, venu de haut, du « populärer Vortrag ». Mais il ne faudrait pas se méprendre sur le qualificatif « popu- laire », car il est bien des hommes très cultivés aux- quels l'intelligence complète d'un des discours du maître impose une étude très approfondie. Rien de semblable, en somme, aux écrits des savants français et surtout des maîtres de la pensée anglaise qui ont, de tout temps, distribué libéralement autour d'eux leur science dans ce qu'elle avait de vraiment popu- laire. La création de l'Urania de Berlin fut un grand pas vers la vulgarisation de la science en Allemagne. Puis, le mouvement s'accentuant, on vit se combler de plus en plus le fossé large et profond qui avait subsisté entre la masse et l'élite des savants officiels. L'ouvrage que nous avons sous les yeux est certainement un des meilleurs qui aient été écrits en Allemagne pour mettre une branche de la science à la portée de tous. Bien imprimé, abondamment illustré de belles figures et de planches en couleur d'un très agréable aspect, il a toutes les apparences du livre populaire, où tout est combiné pour soutenir l'intérêt, Assurément, il est plus sévère que les ouvrages français poursuivant le même but. L'auteur n'a point les envolées de Camille Flammarion ou la verve de Georges Claude. Il est un peu plus solennel, sans cependant avoir plus de lour- | | BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX “électrique par des courants de haute tension trans: | | deur que n'en comporte normalement la phrase lié aux exigences de la syntaxe germanique. à Pourquoi le titre choisi? L'auteur nous l'expliqu dans sa première phrase : « Dans la Nature, rien m reste en repos, tout se déplace ou se transforme, le mouvements sont dus à des forces, et connaitre ce forces, c'est connaître la Nature. » 4 L'étude débute par un bon exposé des notions élé mentaires sur la mesure, la force mécanique, la ma tière. Puis, par un sentiment très juste de ce que doi ètre un enseignement populaire, l'auteur consacre ui chapitre aux « portes de la connaissance », en déc vant les organes des sens et leurs relations avec monde extérieur. Le corps lui-même de l'exposé est divisé en troi parties : les phénomènes physiques, les phénomène! chimiques, le développement des phénomènes naturels La partie physique est très ciaire et parfaitement documentée, même dans la science étrangère à laquell l'auteur rend pleine justice; on y trouve en dose égal les applications et la simple description des phéno mènes, et ces deux ordres de données scientifiques S côtoient constamment dans un mélange qui ne man pas d’imprévu. La photographie de la gerbe d'étincelle d'une bobine est suivie immédiatement d’une série di vues de quelques installations très typiques de transpo formés. Puis, sans beaucoup de transition, nous trous vons la télégraphie sans fil, et c'est seulement après en avoir décrit les appareils et les résultats que l’auteur donne, sous le titre d'Electro-optique, l'œuvre de Hertz On avait toujours fait l'inverse jusqu'ici, et cela sem blait naturel. Encore pourrait-on penser que ce der nier chapitre a été séparé des applications pour pous voir lui donner plus d'ampleur, revenir au spect ordinaire, et insister sur cette grande synthèse de Ja fin du xix° siècle, grâce à laquelle les domaines d l'Electricité et de l'Optique ne sont plus séparés. L'au teur ne fait que l'effleurer, et on pourra le regretter car ce rapprochement est un de ceux qui frappent Je plus les personnes curieuses de science. La Chimie occupe, dans l’ensemble, un peu moins de place que la Physique; encore, cette dernière fait-elle de fréquentes incursions dans la deuxième partie de l'ouvrage, puisque, après avoir parlé des combinaisons, M. Meyer reprend l'analyse spectrale, les relations avec la lumière, la cristallisation. De belles planches en couleur nous montrent les diverses pierres précieuses et les cristaux les mieux connus, une vue des colorations typiques des feuillages dans cette saison, particulière à l'Amérique du Nord, que lo nomme l'été indien, ete.; des planches en noir repré sentent la flore de l'époque carbonifère, les forme bizarres et gracieuses des squelettes siliceux des algues, une mine de charbon, une mine de diamant. ‘ La troisième partie donne comme une synthèse pro gressive de nos connaissances sur des ensembles de lus en plus considérables. Le point de départ es tone, dont les premières associations forment les combinaisons chimiques, puis les êtres vivants, enfit les amas considérables que sont les corps célestes. conclusion est que ces derniers eux-mêmes sont comme les atomes de l'univers, susceptibles à leur tour dé s'associer, et auxquels nous ne donnons, dans la Nature une place à l'opposé des atomes que parce que not taille nous place à peu près à égale distance des uns et des autres. Ainsi, à la description pure des phénomènes et des objets, l'auteur ajoute quelques vues philosophiques qui peuvent faire penser. C'est un attrait de plus donné à un ouvrage populaire, dont celui de M. Meye porte tous les caractères. Un peu confus peut-être pa endroits, un peu en désordre par-ci par-là; mais un beau désordre, a-t-on dit, est un effet de l’art. { Cu.-En. GUILLAUME, Directeur-adjoint du Bureau international des Poids et Mesure ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Ÿ Séance du 8 Janvier 1906. A2 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. J. Hadamard étudie ibilité et l'univocité de l'inversion de deux fonc- ons définissant une transformation ponctuelle plane. > M. W. Stekloff signale un deuxième cas possible du avement non stationnaire d'un ellipsoïde fluide de volution lorsqu'il ne change pas sa figure pendant le uvement. — M. Edm. Seux étudie le problème de stabilité des aéroplanes et de la construction ration- le des plans sustentateurs. Pour lui, l'aéroplane vrait posséder : 1° un appareil de réglage automa- ue de stabiité longitudinale (plan régulateur placé Jarrière et mobiie sur son axe); 2° un ou deux plans ntateurs semi-rigides, semi-flexibles, — M. Em. lot déduit, de ses théories cosmiques, que lescomètes foviennent, entre certaines limites de distance au dleil, de trainées de poussières cosmiques dirigées le üg de la trajectoire solaire vers l’apex et l'anti-apex. 29 SGIENCES PHYSIQUES. — M. Th. Moureaux indique “valeur des éléments magnétiques à l'Observatoire ui Val-Joyeux (Seine-et-Oise) au 1°° janvier 1906. La inaison est de 1495373, l'inclinaison de 64°48'8., — G. Lippmann décrit une méthode permettant de eminer la constante d'un électrodynamomètre “absolu à l'aide d'un phénomène d'induction; lorsque appareil est symétrique, l'expérience se réduit à bnstater l'équilibre d'un galvanomètre, puis à mesurer un angle, soit une longueur. — M. P. Vaillant a tudié la variation avec la température du spectre mission de la lampe Cooper-Hevwitt. L'intensité lumi- use des diverses lignes du spectre croît d'autant plus ipidement avec la puissance fournie que la longueur mnde est plus grande. — M. F. Wallerant a observé ms des mélanges isomorphes, comme dans les solu- ns, les deux phénomènes de la diffusion et de la cris- Uisation; mais, ces phénomènes se produisant. au ment de la disparition de l'édifice cristallin, ils emnent plutôt à l'encontre de l'hypothèse de l'ana- vie des solutions et des cristaux mixtes. — M. C. Ma- (gnon et E. Cazes, en réduisant à haute température & chlorure anhydre de samarium SmCF par l'hydro- pe, ont obtenu un sous-chlorure, le chlorure sama- SmCP. La mème réduction a lieu par le passage Burn courant d'AzH*. — M. D. Tommasi à préparé tain spongieux par électrolyse du chlorure stanneux Lave une cathode tournante, de laquelle deux frotteurs Mdétachent le dépôt métallique au fur et à mesure de sa mation. — M. Em. Vigouroux à constaté que, dans Siliciures de cuivre purs, la teneur en silicium com- Diné est très voisine de 10 °/,. 11 en a isolé le siliciure Mouivreux Cu‘Si, à éclat métallique; D= 7,58. — M. L. LHackspill, en réduisant les chlorures d'argent et de Mouivre par le calcium, a obtenu des alliages de ces Minélaux avec le calcium. Les alliages Ag-Ca sont gris, à sure cristalline, pulvérisables, attaqués à froid par u. Les alliages Cu-Ca sont jaune orangé, à propriétés sines des précédentes. — M, R. Dionneau, en faisant léagir le brome ou l'iode sur les éthers-oxydes de anediol-1 : 6, a obtenu des dérivés qui, par réaction © Mg et ICH*OCHP, conduisent au diiodoheptane-1 :7, » 4782 sous 20 millimètres. — M. E. Chablay à rvé que la molécule d'un métal-ammonium alcalin téagit comme hydrogénante sur les dérivés halogénés substitués et, par extension, sur les dérivés trisub- Stilués, à condition que toutes les substitutions soient les sur le même atome de carbone. Elle réagit, au u ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 153 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES . DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER contraire, simplement par son métal alcalin lorsque les deux substitutions sont faites sur des carbones dif- férents. — M. Eug. Roux à reconnu que tous les ami- dons naturels examinés par lui sont essentiellement constitués par de l’amylose, comme la féeule ordinaire, et qu'ils en renferment à peu près la mème proportion; ils renferment, en outre, de l'amylopectine. — M. v. Henri à étudié l'action de l’invertine dans un milieu hétérogène. Le mode de répartition du ferment a une importance très grande pour la loi d'action de ce ferment. — M. G. André a déterminé les variations de l'azote dans les feuilles des végétaux. La concen- tration des sues en azote soluble est notablement plus élevée chez les feuilles de la plante annuelle que chez celles de la plante vivace. — M. E. Léger a extrait des touraillons d'orge un alcaloïde nouveau, l’horde- nine, en prismes incolores, anhydres, F.<+4117,8, inactifs. C’est une base forte, de formule C!°’H:Az0, donc isomérique avec l'éphédrine ; elle est tertiaire et monoacide. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. L. Camus à fait l'étude physiologique de l'hordénine. Elle est peu toxique et donne lieu, en injection ou ingestion à forte dose, à des manifestations d'origine corticale ou bulbaire. Quand la mort se produit, elle est déterminée par un arrêt de la respiration. — M. R. Koehler a déterminé les Echi- nodermes (Stellérides, Ophiures et Echinides) recueillis par l'Expédition Charcot. Il a trouvé plusieurs espèces nouvelles, et deux genres nouveaux, dont l’un devient le type d'une famille nouvelle, celle des Cryastéridées. — M. P. Guérin a éludié les canaux sécréteurs du bois secondaire des Diptérocarpées. Chez certaines espèces, ils apparaissent de (rès bonne heure; ils prennent nais- sance dans le cambium, à la facon de ceux des Copaifera et Daniellia. — M. Maige a constaté que, chez la plupart des plantes, l'intensité respiratoire de la fleur rapportée au poids frais va en décroissant régulièrement depuis les stades les plus jeunes jusqu'à l'épanouissement; chez un petit nombre d'espèces, c'est le contraire qui a lieu. — M. A. Chevallier à reconnu, par ses études sur l'Atlantique nord, que la circulation océanique est notablement plus active au voisinage de la surface que dans les profondeurs, où elle diminue d'intensité jusqu'à devenir sensiblement nulle. Les courants, suivant une mème verticale, quoique souvent très rapprochés, peuvent manifester des directions notablement diffé- rentes. Séence du 15 Janvier 1906. 4° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. E. Goursat com- munique ses recherches sur les intégrales infiniment voisines des équations aux dérivées partielles. — M. E. Merlin recherche, dans une famille de réseaux conjugués à une même congruence, combien il peut y en avoir à invariants égaux. — M. G. Zemplen essaie de réfuter les objections de M. Duhem relativement à sa démonstration de l'impossibilité des ondes de choc négalives dans les gaz. — M. A. Krebs montre que, pour obtenir l'amortissement des oscillations des véhi- cules sur route, l'effort de frottement à produire doit être à chaque instant proportionnel à la variation de flèche que possède le ressort du véhicule. Il y à lieu de rejeter a priori tout dispositif empruntant un fluide quelconque, forcé de s’écouler à travers un oritice de section variable. L'auteur décrit un appareil à lames remplissant les conditions voulues. — M. Bouquet de la Grye propose d'employer à l'atterrissage des aéro- planes un disposilif analogue aux parachutes. 2 Sciences ruysiques. — M. Dehalu présente les 154 observations magnétiques faites à Sfax (Tunisie) à l'oc- casion de l'éclipse totale de Soleil du 30 août1905. Elles ne font pas ressortir avec certitude l'influence de l'éclipse sur les éléments magnétiques. Les troubles observés ne concordent pas avec ceux qu'on à enre- gistrés en Europe. — M. E. Mascart: Sur les rayons N (voir p. 58). — M. C. Gutton : Expériences photogra- phiques sur l'action des rayons N sur une étincelle électrique (voir p.59). — M. A. Leduc : Sur la densité de la glace (voir p. 157).— M. I. Révilliod démontre que, dans tout réseau conducteur alimenté par des sources d'électricité, le double du travail de ces sources, diminué de l'effet Joule total, est maximum.—M. J. de Rohan- Chabot présente une soupape dite parhydrique, ayant pour but d'éviter les retours d'eau lorsqu'on fait le vide au moyen de la trompe à eau. — M. P. Lebeau montre que la limite de siliciuration du cuivre correspond bien à SiCu'; ce siliciure fond vers 800 et se solidifie par refroidissement lent en une masse à cassure conchoï- dale très fragile. — M, O0. Hônigschmid, en réduisant par Al un mélange de fluorure double de thorium et de potassium et de fluosilicate de potassium, à obtenu un siliciure de thorium ThS®, D = 7,96, brülant dans l'oxygène, soluble dans les hydracides. — MM. Albert- Lévy et A. Pécoul montrent que, dans les conditions où ils utilisent leur appareil avertisseur d'oxyde de car- bone, l’action de l'acétylène n’influe en rien sur la déter- mination quantitative et mème qualitative de l'oxyde de carbone. — M. M. Nicloux a constaté que la réaction classique CHCEF + 4KOH — 3KCI—H HCO?K E 210 peut s'appliquer au dosage de très faibles quantités de chlo- roforme, pourvu qu'il se trouve en solution alcoolique. — M. P. Mauriceau-Beaupré a reconnu que, dans les combustions vives, comme celle de l'acétylène, l'azote de l'air peut être oxydé par entraînement en donnant des vapeurs nitreuses capables de réduire lanhydride iodique chauffé à 80°; on peut les arrèter par des cris- taux de sulfate ferreux. — M. L. Graux à constaté qu'il existe une proportionnalité directe entre le point cryoscopique d’une eau minérale de la classe des bicar- bonatées et la composition de cette eau, exprimée en sels anhydres et en monocarbonates. — M. F. Walle- rant a observé que les azotates d'ammonium et de rubidium, qui ne sont ni l'un ni l’autre isomorphes à l'azotate de thallium, donnent par leur mélange des cristaux possédant cette isomorphie. — M. Louis Henry montre que les alcools tertiaires renfermant le groupe C(OH), comme le triméthylcarbinol (CH*)C(OH), constituent les véritables alcools, puisque seuls ils sont fonctionnellement analogues et équivalents aux alealis caustiques ROÏ, les bases par excellence de la Chimie minérale. — MM. L. Maquenne et Eug. Roux ont observé que la vitesse de saccharification de l'empois d'amidon est maximum lorsque, l'empois ayant été saturé, on ajoute au malt une quantité d'acide sulfu- rique égale à 1/3 ou 2,5 de celle qui pourrait le neu- {raliser complètement. Dans ces conditions, la saccha- rification peut atteindre jusqu'à 92 °/, de la matière mise en œuvre, — M. L. Vignon à reconnu que la diazotalion des deux groupes AZH*° des diamines s’'accomplit comme celle des monamines quand les groupes AZH® sont liés à des noyaux benzéniques dis- tincts. Quand les deux groupes sont liés au même noyau, la diazotalion ne s'effectue pas (dérivés 0) ou elle donne des diazoïques très instables (dérivés m etp), ne se prélant pas à la formations de diazo-aminés. — M. L. Hugounengq à soumis à l'hydrolyse la vitelline de l'œuf des oiseaux et a obtenu les produits suivants : arginine, histidine, lysine, tyrosine, d-leucine, acide aminovalérique, acide glutamique, acide aspartique, phénylalanine, ete. — M. F. Battelli et M'e L. Stern ont observé que H°0? n'oxyde pas l'urée en présence de sulfate ferreux. L'oxydalion de l'acide lactique par les émulsions de tissus en présence de sulfate ferreux n'a pas lieu en l'absence d'oxygène. — MM. C. Dele- zenne, H. Mouton et E. Pozerski ont conslalé que la papaïne agit sur l'ovalbumine crue ou le sérum san- ACADÉMIES ET SOCIËTÉS SAVANTES parallèles ; on se trouve en présence d'anciennes dis: guin pour les transformer aussitôt en majeure parti en substances incoagulables par la chaleur. Si l'or abandonne, pendant un certain temps, le mélange dé ferment et d'albumine, on observe, au contraire, um augmentation de la matière coagulable par la chaleur — M. E. Fleurent montre que, dans le blanchiment des farines par le peroxyde d'azote, ce corps se fix sur la matière grasse en provoquant une diminution de son indice d'iode. L'action de l'ozone produit, a contraire, une augmentation de l'indice d'iode. 30 SCIENCES NATURELLES. — MM. H. Lamy et André Mayer ont reconnu que le débit urinaire ne dépent directement ni du débit du sang, ni du débit de l’ea du sang dans le rein. Les cellules rénales jouent dan l'excrétion de l’eau un rôle actif. — M. Deprat à étudi les roches alcalines à riébeckite et ægyrine d'Evis (Corse). Elles appartiennent à un magma spécial qu parait avoir donné au début de puissantes masses intru sives très acides, assez riches en soude, mais don l'acidité a été en décroissant, tandis que l’enrichisse ment en soude allait croissant. — M. Ph. Négris« étudié la nappe charriée du Péloponèse. — M. Ph Glangeaut à observé, au nord-ouest de la chaine de Puys, une ancienne chaîne volcanique, alignée suivanl une cassure principale, accompagnée de cassuré locations hercyniennes qui ont rejoué, à plusieurs reprises, devant le Tertiaire. } Séance du 22 Janvier 1906. L 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. A. Korn démontre un théorème relatif aux dérivées secondes du potentiel d'un volume attirant, très important pour la théorie di l'élasticité. | 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. J. Chaudier à constat que les liqueurs mixtes, constituées par certaines sub stances cristallisées disséminées sous forme de parti cules très petites dans des liquides mauvais condut teurs, polarisent elliptiquement la lumière, non seule: ment dans un champ électrique uniforme, mais encon dans un champ magnétique uniforme et même sous L seule influence de la pesanteur. — MM. A. Cotton &l H. Mouton ont étudié les propriétés magnéto-optiques des solutions colloidales d'hydroxyde de fer placées dans un champ magnétique et traversées par un fa ceau lumineux parallèle aux lignes de force. On observe un pouvoir rotatoire négalif accompagné d'un dichroisme circulaire magnétique. — M. G. Urbain « observé la phosphorescence cathodique que l’europium excite par dilution à des degrés divers dans les oxyd Les spectres subissent des modifications graduelles exactement comme si l'europium était un mélang d'au moins deux terres phosphorescentes. — M. H. Pé labon a étudié la fusibilité dé mélanges de tellure d’antimoine et de sélénium et d'antimoine et déte miné la constante cryoscopique de l’antimoine; celles ci peut être considérée comme égale à 1240. — M. Le coq de Boisbaudran rappelle qu'it a défini bien longs temps avant Van't Ho la notion de solution solide &l employé ce terme dans ses travaux. — M. H. Moissai a constaté que tous les métaux de la famille du plati sont rapidement fondus, puis portés à l'ébullition ax four électrique avec des courants qui varient de 500 à 700 ampères soûs 110 volts. On recueille sur un tube de cuivre traversé par un rapide courant d'eau froide et placé au-dessus du creuset des sphérules métal liques, des lames cristallines et souvent un feutrage de très petits cristaux. Tous ces métaux liquides disso vent du carbone, qu'ils abandonnent par le refroidis sement sous forme de graphite. — M. J.-L. Hamone en faisant agir le chloral anhydre sur le dérivé magné sien du méthoxypropane iodé 1:3, a obtenu le méthoxy trichloropentanol-1:5:#, F. 59°, qui, déshydraté par P*0% donne l’a-trichlorométhyltétrahydrofurfurane, Eb. 203% 2049, — MM. Ch. Moureu el I. Lazennec ont préparé les amides acétyléniques R.C : C.COAZH* en attaquant à froid les éthers-sels par AZI. Ces amides sont saponi D ET DR Re TNT. &s à chaud par KOH en donnant l'acide correspon- ant R.C : C.CO*H, qui peut se transformer ensuite par fydratation en acide cétonique. On obtient aisément s nitrites R.C : C.CAz en déshydratant les amides par DaQ%, — M. G. Darzens à obtenu des éthers glycidiques disubstitués par condensation de quelques aldéhydes jasses et des aldéhydes aromatiques avec l’éther chloropropionique. — MM. E.-E. Blaise et M. Maire ont préparé les cétones $-chloréthylées CIPCI.CH?.CO.R action du chlorure de $-chloropropionyle sur les lérivés organométalliques mixtes du zinc. Ces cétones, bouillies avec la diéthylaniline, se transforment en boylvinyleétones CH?:CH.CO.R, liquides mobiles se Déisont avec l’hydrazine pour donner des pyrazo- nes. — M. F. Wallerant signale une modilication stalline stable dans deux intervalles de température ; S'agit de l'azotate d'ammonium, qui se présente en istaux quadratiques au-dessus de 82% et au-dessous —{ù, — M. P. Gaubert a constaté que les cristaux Pacide phtalique peuvent absorber, pendant leur éeroissement, une certaine quantité de matière étran- êre dissoute dans l’eau mère, qui exerce une influence ur leur forme et sur leur grosseur. Les différentes aces n'ont pas la même faculté de se laisser pénétrer jar ces substances; aussi les cristaux montrent-ils la structure dite en sablier, dont l'origine est ainsi expli- quée. — M. G. André a reconnu que, chez la plante innuelle, une partie de l'acide phosphorique quitte la feuille et se dirige vers l’ovule à l’état de phosphate inéral soluble, une autre partie se déplaçant de son büté à l'état de combinaison avec la matière azotée. — l. J. Tissot a déterminé les proportions de chloro- forme contenues dans l'organisme au cours de l'anes- Mhésie chloroformique. Il y a plus de chloroforme dans Je sang artériel que dans le sang veineux. Il n'y a aucun rapport direct entre les proportions de chloro- forme dans le sang artériel et l'effet qu'elles produi- “ent: cet effet dépend de la durée du contact et de la proportion de oralueme dans le cerveau. — MM.R. Lépine et Boulud ont constaté que l'acide glycuro- dique des globules du sang peut disparaitre entière- nent, par glycolyse, pendant la centrifugation. 3° SciexCES NATURELLES. — MM. P. Bouin et P. Ancel ont observé que les effets de la castration sur le sque- tte et les organes génitaux peuvent ètre atténués par es injections sous-cutanées d'extrait de glande inters- itielle du testicule ; cet extrait agit sur le cobaye, bien que provenant des testicules de grands Mammilères. — f: L. Camus : Action du sulfate d'hordénine sur la bireulation (voir p. 156). — M. A. Quidor a étudié le Peposphilus labrei Hesse, de la famille des Philichthy- ae. Dans cette famille, le corps des mâles comprend : à cephalon, cinq segments thoraciques et cinq seg- ments abdominaux. Ce sont des Copépodes typiques, s voisins des formes ancestrales. — M. A. Gallardo lonne une interprétation dynamique de la division ulaire en se basant sur les propriétés des colloïdes. M. A. Tison a étudié le mécanisme de chute de cer- ins bourgeons terminaux; il est lié à l'apparition dune couche séparatrice qui s'établit un peu au-dessus Ale la dernière feuille normale. La cicatrisation de la jlaie rappelle en tous points celle des coussinets üliaires. — M. M. P. Hariot et N. Patouillard décri- tent un champignon rapporté de l'Afrique orientale Anglaise par MM. de Rothschild. 11 constitue un genre nouveau, appartenant aux Hypocréacées, section des Mélanosporées; il est également voisin des Hypoxylées. “Les auteurs le nomment Colletomanginia paradoxa. — M: Ph. Glangeaud montre qu'à l’époque oligocène il devait exister sur le versant nord du massif du Mont- Dore un lac, qu'il nomme lac d'Olby, d'environ 15 kilo- “Hiètres de longueur sur 10 de largeur. Il avait son dé- soir dans la direction de Pierre-Chastel,etc'est par qu'il acheva de se vider à la fin de l'Oligocène. — - R. Chudeau a constaté que le sud du Hoggar est constitué par une pénéplaine archéenne et silurienne, ar Ruelle se greffent des accidents volcaniques im- 1 ah ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 155 | portants qui forment les seuls reliefs notables de la région. — M. J. Boussac à observé deux modes diffé- rents de formation du réseau chez les Nummulites réticulées : dans l’un, le réseau adulte se constitue par l'intermédiaire d’un stade caractérisé par le développe- ment d'une lame transverse; dans l'autre, cette lame transverse n'existe pas et le réseau se constitue direc- tement par les ramilications des filets. — MM.J.Thoulet et A. Chevallier montrent que, lorsque deux courants marins de surface se rencontrent obliquement, l'un d'eux, celui qui charrie l'eau la plus lourde, doit passer par-dessous l’autre. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 16 Janvier 1906. M. Chauvel présente un Rapport sur l’autosynopto- mètre à miroir du D' Armaignac. C'est un appareil destiné à découvrir la simulation de la cécité unilaté- rale et de l'amblyopie, en même temps qu'à mesurer l'acuité de vision de l'œil supposé affaibli. On y arrive par l'emploi de deux miroirs mobiles de chacun 80° autour d'un axe vertical commun. — Après discussion, l'Académie adopte à l'unanimité les conclusions du Rapport de M. Chauffard sur les conditions légales de l'emploi médical des rayons Rœntgen (voir p. 101). Séance du 23 Janvier 1906. M. Lancereaux analyse un travail du D' Paulesco d'après lequel la rate n'exercerait pas une influence manifeste sur la sécrétion de la bile. — M. Kelsch pré- sente un Rapport sur un travail du D' Goldschmidt (de Strasbourg), dans lequel l’auteur montre que des esprits éclairés ont cherché à introduire en Alsace la vaccine obligatoire dès l'aurore de l'ère vaccinale. Il est même probable que Napoléon [°° fut un des pre- miers promoteurs de l'obligation vaccinale. — M. Alb. Robin déduit de ses recherches qu'à l'heure actuelle, el avec les statistiques qui nous sont fournies, il est absolumentimpossible de connaître le taux exact de la mortalité tuberculeuse en France. En tous cas, en appréeiant rationnellement cette mortalité avec les éléments dont nous disposons, elle est bien inférieure au chiffre de 150.000 décès communément adopté, et elle se rapproche de celle de l'Allemagne. — M. le Dr Lara donne lecture d'une Note sur deux ptomaines extraites des urines de lépreux. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 13 Janvier 1906. M. Em. Boulanger a étudié la germination de la spore échinulée de la truffe : il y a digestion et résorp- tion de l’exospore; puis la spore incolore, emprisonnée à l'intérieur, s'en dégage après s'être gonflée. — M. Ch. Féré a constaté que le sucre produit une exaltation immédiate du travail liée à l'excitation sensorielle, suivie d’une dépression rapide, puis d’un relèvement secondaire. — Le même auteur a observé que le ralen- | tissement du rythme provoque une diminution du tra- vail. — M. E. Retterer décrit la technique qu'il emploie pour l'étude du tissu osseux rougi par l’alimen- tation garancée. La garance ingérée par le tube digestif chez le cobaye passe dans le sang, qui prend une teinte rouge foncé et la communique à tous les organes vasculaires. La substance osseuse au voisinage des vaisseaux sanguins et le cartilage vasculaire se colo- rent aussi en rouge. — M. L. Camus : Etude physio- logique de l'hordénine. (voir p. 153). — M. A Brisse- | moret a constaté que les nitriles-alcools « ou cyanals | R?C(OI)C Az ontles propriétés physiologiques de l'acide prussique, ce qui tient à ce qu'ils sont dédoublés par l'eau en aldéhydes et HCAz. Les nitriles d'acides, au contraire, qui ne donnent pas HCAz au contact de l'eau, sont moins toxiques et agissent surtout comme pur- gatifs. — M. H. Hérissey indique une méthode de 156 dosage de petites quantités d'aldéhydé benzoïque, basée sur la réaction de ce corps avec la phénylhy- drazine et la formation de la phénylhydrazone corres- pondante. — M. Pécaud à observé, dans la région de Bamako (Soudan francais), une épizootie, la soumaya, produite par un Trypanosome qui parait différer des espèces déjà connues. — MM. H. Lamy et André Mayer : Sur le débit urinaire (voir, p. 454).— MM. J. Bridré, Haaland et Youréwitch ont préparé un sérum antipasteurellique, dont l'injection préventive confère une immunité relalive contre l'inoculation d'une dose mortelle d'une lasteurella très virulente (survie de quelques jours) et une immunité vraie contre une dose mortelle de Pasteurella peu virulente. — M. Em. Berger présente une nouvelle loupe stéréos- copique, différant de celles de Bruecke et de Jackson. — M. Pariset a constaté que l'injection de suc hépa- tique dans la veine porte produit de l'hyperglycémie et de la glycosurie; l'injection dans la veine saphène donne des résultats analogues, mais moins accusés. L'injection de sécrétine dans la veine porte ne produit pas d'augmentation du sucre dans le sang de la veine sus-hépatique. — M. C. Levaditi rappelle que le prin- cipe de l'imprégnation par l'argent des Spirochètes sur coupes appartient à Bertarelli, et non à Pétresco. — MM. C. Delezenne, H. Mouton et E. Pozerski : Sur l'allure anormale de quelques protéolyses produites par la papaïine (voir p.154). — M. P. Wintrebert a observé l'accomplissement régulier des fonctions de nutrition, des processus d’ontogenèse, de régénération et de métamorphose chez des larves d'A/ytes en l'absence d’une grande étendue de la moelle. — Le mème auteur a reconnu qu'on ne peut attribuer ni à la moelle, ni aux ganglions spinaux une action directrice dans les phénomènes de métamorphose chez la Salamandra maculosum. — M. $. Leduc a réalisé des phénomènes de nutrition, d'organisation et de croissance dans des gouttes liquides (cellules de Traube), par le simple jeu des forces physiques. — M. C. Ciaccio a découvert, dans le fond des glandes de Lieberkühn, une nouvelle espèce de cellules, de forme ovale, à noyau rond bien pourvu de petites granulations entremêlées de vacuoles. — Le même auteur a observé, dans le rein des Pla- giostomes, un tissu myéloïde, analogue à la moelle osseuse des autres Vertébrés. — M. H. J. Hamburger : Méthode pour évaluer la pression osmotique de très petites quantités de liquide (voir t. XVI, p. 1120). — MM. A. Ruffer et M. Crendiropoulo ont constaté que les chlorures de sodium et de potassium, à partir d'un certain degré de concentration, ont des propriétés antihémolysantes. — MM. Em. Bourquelot et Em. Darjou, en se servant des enzymes : ont reconnu la présence, dans les feuilles de Viburnum Lantana, V. Opulus et V. Tinus, de sucre de canne et de glucosides hydrolysables par l'émulsine. Ces feuilles, à l’état frais, renferment également des enzymes : invertine, émul- sine, ele. — M. A. Pi y Suner a constaté que le sang urémique n'a pas d'influence sur la pression artérielle ; l'inhibition rénale doit ètre attribuée exclusivement à l'action chimique stupéfiante du sang urémique sur l'activité métabolique des épithéliums du rein, — Le même auteur communique quelques observations sur la perception du relief dans certaines cinématographies. — M. M. Nicloux : Sur le dosage de petites quantités de chloroforme (voir p. 154). Séance du 20 Janvier 1906. M. Ed. Retterer montre que la structure du tissu osseux vivant est identique à celle que nous décèle la coloration de l'os fixé frais. — M. L. Camus à constaté que le sulfate d'hordénine n'a pas d'action hémo- lysante ; il peut retarder plus ou moins la coagulation du sang. — MM. A. Gilbert et J. Jomier ont réussi à colorer par l'acide osmique les granulations qui pro- duisent lopalescence du sérum sanguin; cest un argument décisif en faveur de leur nature graisseuse. — M. KR. Chudeau signale l'extinction progressive | ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES de l’autruche au ‘Sahara, sans que celle-ci ait por cause une chasse abusive. MM. P. Carnot & P. Amet ont observé l'hypertrophie habituelle des ilot de Langerhans dans les hépatites alcooliques; ell parait être en rapport avec un processus réactionnel et peut-être antitoxique. — M. Zanietowski commu nique ses expériences sur l'excitation, qui confirment en partie celles de Weiss et de Cluzet. — MM. A. Gouix et P. Andouard ont constaté que l'introduction de} protyline, matière protéique riche en phosphore, dar l'alimentation des Bovidés est suivie d'une brusqu diminution de l'hydratation des tissus du corps. M. G. Froin a injecté au chien un sérum Rénoues préparé par injection de sang de chien dans le p toine du lapin. Ce sérum a une action dissociée : détruit d'abord plus de globules blancs que d'hématies puis le contraire se produit. — M. G. Martin a obserw en Guinée française un cas de spirillose du cheval. - MM. J. Renaut et G. Dubreuil ont reconnu que les cellules connectives rhagiocrines possèdent un intens pouvoir phagocytaire, puisque l'inflammation aseptique ramène toutes les cellules connectives ordinaires à l'activité rhagiocrine. — MM. M. Doyon et G. Dubreui ont constaté que les cellules rhagiocrines peuvent transporter la pulpe hépatique injectée dans le péri toine jusque sur l’épiploon et dans la cavité thoræ eique. — MM. A. Pic et G. Petitjean ont observé que le nitrite d'amyle produit parallèlement de la vasos dilatation dans la grande circulation et de la vaso-cons- triction dans la circulation pulmonaire. — M. G. Vallet montre que les plaquettes du sang, colorées par le réae tif de Giemsa, se retrouvent bien conservées et nome breuses dans les préparations. — MM. C. Levaditi € Y. Manouélian proposent une nouvelle méthode rapide pour la coloration des Spirochètes sur coupes, basée sur l’imprégnation par le nitrate d'argent en présence de pyridine et la réduction subséquente. — M. P. Bon nier a constaté que, dans les écoles, plus de la moitit des enfants sont, au point de vue auditif, au-dessous du niveau pratique et utile. D'autre part, près des Urois quarts des élèves maitres et maîtresses présentent de l'insuffisance vocale. — M. A. Borrel montre que le Spirochaete gallinarum doit prendre place à côté des vrais Spirillum, car il n'a pas de membrane ondulante il a de nombreux cils sur tout le corps etil se multiplie par division transversale. — MM. Nepper et Riva on retiré de la bile un extrait, ou antimucose, qui empêche la concrétion du mucus en fausses membranes par l@ mucinase. Employé dans la colite muco-membraneuse il calme la douleur et fait disparaître les fausses mems branes. — M. M. Nicloux a constaté que Ja dose anesthésique de chloroforme est variable avec les animaux; elle est voisine de 50 milligrammes pat 100 grammes de sang. La dose mortelle varie de 60 à 70 milligrammes ; il y a done une marge relativemen très faible entre les deux doses. Le chloroforme s'élimine très rapidement au début (de moitié en cinq minutes) puis plus lentement, pour disparaitre complètemen après sept heures. — M. L. van Itallie : Les catalases du sang (voir p. 160). Distinction des liquides albumis neux provenant de divers animaux (voir p. 160). RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY Séance du 15 Janvier 1906. MM. E. Aubry, P. Jeandelize el L. Richon on observé un type d'infantile à longs membres avec pe sistance des cartilages épiphysaires. — M. R. Coll propose une nouvelle méthode de coloration de à substance chromatique de la cellule nerveuse. Les pièces sont préalablement traitées par la méthode de Cajal, puis immergées dans une solutuon de ferricyanure de potassium, et enfin colorées par une teinture basique d'aniline. — M. A. Weber à constaté que le trou di Vésale résulte de la soudure incomplète et variable de l'apophyse du sphénoïde sur laquelle vient s'attacher lé muscle péristaphylin externe. ms me, Split Me. L { ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du 19 Janvier 1906. Le Bureau de la Société pour 1906 est ainsi con- stilué : Président : M. E. H. Amagat; Vice-président : M. H. Le Chatelier; Secrétaire général: M. H. Abraham ; Secrétaire : M. P. Lugol; Vice-secrétaire : M. A. Debierne ; Archiviste-trésorier : M. De la Touanne. M. A. Leduc : Sur la densité de Ja glace et sa cha- — eur de lusion. L'auteur rappelle que la chaleur de k Ï fusion de la glace est, d'après Laprovostaye et Desains, #9,25 en fonction de la chaleur spécitique moyenne de Veau entre 12° et 25° environ. Ce nombre a été confirmé par Regnault. Mais Bunsen a trouvé 80,03, en fonction de la chaleur spécifique moyenne entre 0° et 100 environ. Il se trouve que, d'après Callendar et Barnes, cette dernière se confond avec la chaleur spé- cifique vraie vers 15°. Si l’on adopte cette dernière comme unité (calorie), conformément à la proposition faite par M. Griffiths au Congrès de 1900, et si l’on réduit à cette unité le nombre de Laprovostaye et Desains, on trouve 79,47. Le changement est insigni- liant, et l'écart demeure ce qu'il était : 1 °/, environ. M. Leduc trouve la cause de cet écart dans une petite erreur sur la densité de la glace d'après Bunsen et redétermine lui-même cette densité. A cet effet, il introduit dans un très grand flacon à densités de Regnault (108 cc.) de l’eau longuement bouillie; il la fait bouillir encore dans le vide, puis la fait geler et fondre alternativement plusieurs fois dans le vide. Après ces congélations successives, qui font perdre à l'eau la majeure partie des gaz qu'elle avait retenus malgré l'ébullition prolongée, l'eau est isolée de l’at- mosphère par une longue colonne d'huile de vaseline bouillie dans le vide, puis congelée sous la pression atmosphérique. La masse spécifique de la glace à 0° est 0,9176 au lieu de 0,91674 trouvé par Bunsen, de sorte que la différence des volumes spécifiques (u!— u) de la glace et de l’eau à 0° est 0,0897 au lieu de 0,09069. On en déduit pour la chaleur de fusion d'après Bunsen 79,15. Désireux de supprimer une décimale tout à fait illusoire et Lenant compte de ce que le résultat moyen est légèrement supérieur, M. Leduc propose d'admettre 1—79,2 calories à 15°, M. Leduc reviendra sur la question des gaz retenus par l'eau longuement bouillie, surtout au point de vue qualificatif. — M. C. Tissot : Ordre de grandeur des forces électromotrices mises en jeu dans les antennes réceptrices. Quand une antenne réceptrice reliée à la terre est attaquée par une antenne d'émission accordée, il y a production d'une onde sta- tignnaire dans cette antenne, avec un ventre d'intensité à la base et un nœud au sommet. La distribution des tensions est inverse, c'est-à-dire qu'il y à au sommet un ventre de tension, et un nœud à la base. Le calcul permet d'obtenir une relation simple, dans le cas des antennes filiformes, entre l'amplitude du courant à la base et l'amplitude du potentiel au sommet. Si l'on désigne par / la longueur de l'antenne de rayon r, par V, l'amplitude du potentiel et par 7, l'amplitude du courant, on à : o Vo—=2L— is. D'ailleurs, l'amplitude 7, du courant est liée à l'in- tensité eflicace, c'est-à-dire à la valeur fournie par un instrument thermique (bolomètre par exemple), inter- calé entre l'antenne et la terre, par la relation : où T représente la période, y l'amortissement des oscil- lations dans l'antenne réceptrice, » le nombre de trains d'ondes reçus par seconde. La détermination REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. 157 de x (détermination qui est très facile) permet ainsi de calculer V,, amplitude du potentiel, où Ver, force électromotrice efficace au sommet, On a, en effet, évi- demment : 2 2 Ver — ue D AE EVTPErITS - 0 le Ver=2L— in. nT, d'où : M. Tissot a réussi à déterminer la force électromo- trice efficace au sommet par une mesure électromé- trique directe (par méthode idiostatique bien entendu), en mettant à profit la disposition particulière d'un poste qui permettait d'installer Pélectromètre dans le voisinage de la partie supérieure de l'antenne et d'utiliser une seconde prise de terre peu éloignée. La mesure directe a donné, dans les conditions de l’expé- rience (antenne de 70 mètres attaquée par une émis- sion accordée, étincelles de 5 centimètres), la valeur de 4,6 volts efficaces à la distance de 1 kilomètre. La valeur déduite par le calcul, en partant de la me- sure du courant au bolomètre, fournit la valeur peu différente de 4,4 volts. On sait que, dans la pra- tique, on procède en général, dans les réceptions sur cohéreurs, par réception indirecte, c'est-à-dire que l'antenne agit par induction (à la base) sur un enrou- lement secondaire dont les extrémités sont reliées au cohéreur. La mesure des forces électromotrices effi- caces aux extrémités de pareils enroulements, connus sous le nom de jiggers, a donné des valeurs du même ordre de grandeur que celles qui ont été citées ci- dessus (soit de 4 volts à 5 volts, selon les cas, à 1 kilo- mètre). M. Tissot reviendra ultérieurement sur les conséquences qui en résultent au point de vue du fonctionnement des cohéreurs à distance, SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES Séance du 23 Novembre 1905 (Suite). MM. J. Ewart et J. S. Bayliss : Sur la nature de l'irritabilité galvanotropique des racines. Après les expériences contradictoires de Muller-Hettlingen et Elfving, Brünchorst a trouvé que les forts courants produisent une courbure positive et les courants faibles une courbure négative des racines. Ainsi les racines paraissent posséder une irritabilité parallélotropique aux courants électriques, reversible d’après l'intensité, comme dans le cas de l'irritabilité héliotactique et héliotropique. Les expériences n'avaient toutefois pas donné de résultats entièrement satisfaisants, ni révélé le mode de stimulation ; de nouvelles recherches sem- blaient désirables. Elles ont montré que les courbures sont produites par les produits acides et alcalins de l'électrolyse, libérés sur les côtés opposés de la racine. Les produits acides sont plus actifs que les alcalins, de sorte que, lorsqu'on conduit le courant transversale- ment, à travers la région subapicale sensible, la cour- bure se produit toujours vers l’électrode positive; mais, si l’on place une électrode sur la zone hypocotylée et l'autre sur une zone irritable, la courbure est toujours tournée vers la dernière électrode, qu'elle soit posi- tive ou négative. Ces courbures galvanogéniques ont done une origine chémotropique, comme les auteurs le prouvent par des expériences directes avec les acides et les alcalis. Ainsi, si on englobe les racines, à des distances variables, dans de la gélatine à travers laquelle on fait passer un courant, les racines se recourbent, selon un ordre régulier, vers les électrodes peu après que l'acide ou l'alcali a diffusé près d'elles, phénomène constaté à l'aide de phénolphtaléine. De plus; l'application de la région électrolysée d'une racine ou d'un papier-filtre mouillé avec un alcali ou un acide décinormal, produit des courbures semblables. Toutes ces courbures ont été produites sur un klinostat et sans aucun dommage pour la racine. En somme, dans nombre de cas, un courant constant de 0,000.009 ampère est suffisant pour causer une courbure. Si l'on emploie des électrodes non polarisables, on n'obtient aucun .. ni] effet, à moins d'utiliser de très forts courants, puisque la stimulation dépend alors de la polarisation interne restreinte dans la racine. Il est douteux que les cou- rants électriques du sol puissent mettre en jeu ré- gulièrement cette irritabilité spéciale. Le pouvoir de se courber vers des régions faiblement acides ou alca- lines doit beaucoup aïder la racine à atteindre les par- ties du sol où se trouvent en abondance des consti- tuants solubles, ou bien là où une décomposition azotée anaérobique (avec production d'ammoniaque) ou la nitrification aérobique subséquente (avec produc- tion de traces d'acides nitreux et nitrique) sont en progrès. On peut expliquer le non-développement d'un pouvoir de courbure quelconque par un acide ou un alcali fort, par la non-occurence de concentrations locales élevées dans le sol normal. Mème lorsqu'on produit artificiellement dans le sol une forte acidité ou alcalinité locale, les racines sont tuées avant qu'elles puissent se courber en s'en éloignant, et mème si la zone apicale se recourbait, la zone non recourbée en arrière serait rapidementtuée. — M. H. H. W. Pearson : Quelques observations sur les Welwitschia mirabilis. L'auteur apporte une nouvelle preuve de l'hypothèse que les We/witschia sont partiellement, sinon entière- ment pollinisées par les insectes, et que les processus de fertilisation et de maturation de la graine semblent s'effectuer beaucoup plus rapidement que dans d’autres Gymnospermes. L'auteur est de l'avis de Strasburger, que les fleurs mâles sont des formes réduites d'une structure hermaphrodite originale. 11 discute la nature des tubes prothalliques, et sa conclusion est que la vraie interprétation de la conduite extraordinaire de l'extrémité fertile du prothalle des Welwitschia se trouvera dans une comparaison avec la portion corres- pondante du sac embryonnaire du Gnetum gnemon. — MM. A.-E. Wright et S. T. Reid présentent leurs recherches sur la possibilité de déterminer la présence ou l'absence d'une infection tuberculeuse d'après l'exa- men du sang et des fluides tissulaires d'un malade. Quand une série de mesures du pouvoir opsonique du sang révèle un pouvoir opsonique faible persistant vis- à-vis du bacille tuberculeux, on peut en conclure, dans le cas où il existe des symptômes d'une infection bactérienne localisée ressemblant à la tuberculose, que l'affection en question est bien de nature tuberculeuse. Quand un examen répété montre un pouvoir opsonique normal persistant vis-à-vis du bacille tuberculeux, le diagnostic de tuberculose peut être exclu avec grande probabilité. Enfin, quand une série d'examens du sang révèle un indice opsonique constamment variable, on peut en déduire la présence d’une tuberculose active. En outre, les auteurs montrent que, lorsqu'un sérum conserve d'une facon marquée, après avoir été chauffé à 60° pendant dix minutes, son pouvoir de provoquer la phagocytose, on peut en conclure que des « éléments inciteurs » ont été élaborés dans l'organisme, soit en réponse à des auto-inoculations se produisant sponta- nément au cours de l'infection tuberculeuse, soit sous la stimulation artificielle produite par l'inoculation de vaccin tuberculeux. — Les mêmes auteurs, poursui- vant l'étude de la phagocytose produite par le sérum chaufTé des tuberculeux, montrent que l’opsonine ren- fermée dans le sérum chauffé des malades qui ont répondu à l'infection tuberculeuse ou à l'inoculation de vaccin tuberculeux ne diffère pas, au point de vue de sa résistance à la chaleur et à la lumière solaire, de l'opsonine qu'on trouve dans le sérum normal non chauffé. Dean est arrivé à une conclusion analogue dans ses recherches sur le sérum des animaux immu- nisés contre le staphylocoque. — MM. E. F. Bashford et J. A. Murray, poursuivant leurs recherches sur les mitoses hétérotypiques dans le cancer, estiment aujourd'hui que les mitoses qu'ils ont considérées pré- cédemment comme établissant une division réductrice hétérotypique dans le cancer, sont en réalité des mi- toses somatiques. Ils ne pensent pas expliquer ainsi toutes les figures qui peuvent être indiquées comme ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ressemblant à cette forme de division nucléaire; m ils croient que la présence de mitoses hétérotypiqu dans le cancer demande de nouvelles preuves. 4 SOCIÈTÉ DE CHIMIE DE LONDRES Séance du 21 Décembre 1905. MM. J. T. Hewitt et H. V. Mitchell, en dissolvant la méthyl-z-naphtocoumarine dans les alcalis caus= tiques chauds, ont obtenu des coumarinates alcalins dont les solutions, refroidies et traitées par un sel de diazonium, donnent les azocoumarines correspon- dantes. — M. F. E. Francis, en faisant réagir le chlo- rure de benzoyle sur le nitrate d'argent à basse tempé- rature, à obtenu le nitrate de benzoyle CFH°.C0.04A70* et AgCI. C’est une huile jaune légère, qui fait explosion: par chauffage rapide. L'humidité la décompose avec formation d'acides benzoïque et nitrique. Le nitrate de benzoyle paraît être applicable à la nitration à bass température en l'absence d'eau. — MM. A. W. Crossl et N. Renouf ont constaté que ni le dihydrolaurolène, ni le dihydroisolaurolène ne sont identiques au 1 : 1-di- méthylhexahydrobenzène. Le second est un dérivé pentaméthylénique, le 1 : 4 : 2-triméthyleyclopentane. — M. G.T. Morganet M: F. M. G. Micklethwait ont constaté que la benzènesulfonyl-1 : 8-naphtylènedia= mine, F.168°, donne un sel de diazonium soluble qui, par l’action de l'acétate de sodium aqueux, fournit la benzènesulfonyl-1 :8-naphtylènediazoimide,C'°H°:[Az°1 SO®.C‘H5, composé cristallisé bien défini. — M. Ph. Blackman a fait de nouvelles expériences sur sa méthode de détermination des poids moléculaires ; en employant des solvants à haut point d'ébullition, il vaut mieux opérer sous pression réduite. —M. A. Slator a étudié la dynamique chimique de la fermentation alcoolique par la levure. Le changement de pression dû au dégagement de CO? constitue une méthode sensible pour la mesure de la vitesse de la réaction. Celle-ci est proportionnelle à la concentration de la levure et presque indépendante de la concentration du dextrose, excepté en solution très diluée. Le coefficient de tem- pérature de la réaction est important et varie avec la température : V,./V,=5,6; V,/V,, —1,6. Les résultats. indiquent que la réaction consiste dans la décompo- sition lente d'un composé formé par action de l’enzyme sur le sucre. — MM. L. A. Lévy et H. A. Sisson ont préparé les platinocyanures d'hydrazine et d’hydroxyla- mine, qui forment des hydrates instables à coloration variable suivant l’état d'hydratation. — MM. E. F. J. Atkinson et J. F. Thorpe, en condensant le cyanoacé- tate d'éthyle sodé avec le cyanure de benzyle, ont obtenu l'a-cyano-6-imino-y-phényl-n-butyrate d'éthyle C‘H:.CH2.C(:AzH).CH(CAZz).CO*C'H', F. 125°. Celui-ci, traité par un poids égal d'acide sulfurique concentré. froid, donne une solution d'un vert intense qui, par. dilution et addition d'AzH®, fournit le 1:3-diamino-. naphtalène-2-carboxylate d'éthyle, cristallisant en prismes jaunes, F. 104%, L'acide correspondant se, décompose vers 85° en dégageant CO* et donnant la 1:3-naphtalènediamine, F. 96°. — MM. J. B. Cohen et I. H. Zortmann ont déterminé les rotations molécu- laires des six dibromobenzoates de menthyle isomères. A l'exception de l'éther 2:6, l'effet sur la rotation de la substitution de deux atomes de brome est générale- ment moindre que celui de deux atomes de chlore ou d'un atome de chlore et d’un de brome dansles mêmes positions. — MM. J. Q. Orchardson et Ch. Weizmann ont préparé quelques dérivés de substitution de l'acide naphtoylbenzoïque, et, par l'action de l'acide sulfu-, rique concentré sur ces derniers, les naphtacènequi- nones substituées correspondantes. — MM. Ch. Weiz- mann et E. B. Falkner, en traitant l'acide £-naph-. toïque par PCI, ont obtenu le chlorure de £-naphtoyle, qui, par réaction avec l'acétoacétate d'éthyle sodé, a donné le 8-naphtoylacétoacétate d'éthyle, F.57°; ce der-" nier, par digestion avec AzH° et AzH'C], fournit enfin le. f-naphtoylacétate d'éthyle, F. 37, — MM.G. Young et S. I. Crookes ont constaté que l'alkylation des ami- dines du groupe du thiazol, dont un des atomes d’Az et Patome de G du groupe — Az:C.Az — font partie d'une chaîne fermée, tandis que l'autre atome d'Az est en dehors du noyau cyclique, conduit à la formation de dérivés dans lesquels le groupe alkyle est attaché à l'atome d'Az du noyau, excepté si l'anneau est déjà “partiellement réduit et si un groupe aryle est attaché à l'atome d'Az de la chaine latérale, auquel cas le groupe alkyle va s'y attacher. — MM.J. C. Cane et G. M. Nor- man ont étudié l’action de l’eau sur les sels diazoïques de la 2:4-dibromaniline et de la dibromo-p-toluidine; ils ont obtenu les phénols substitués correspondants. — M. Al. Scott applique la nouvelle valeur du poids tomique du CI donnée par Th. W. Richards à sa détermination du poids atomique de l’Az par titration le AzH!CI et AzHiBr avec Ag. Il arrive à Az—14,013 et 14,010, — M. J. Moir à déterminé la solubilité de Phydrate de zinc dans les alcalis de la concentration 0,01 N à la concentration 7 N. La formule donnant le zinc dissous en fonction de la concentration de l'alcali L =Q y est : y — 0,004 x = x +2 en mol. gr. Les résultats expérimentaux s'accordent bien avec les valeurs calculées. Il ne se forme aucun tomposé défini. — M. N. Smith a déterminé la compo- Silion du dépôt rouge-brun qui se forme quand CS et O passent à travers un tube chauffé; c'est un composé “acidique C‘*H°0*$, donnant des sels d’Ag et d'ammo- “nium. Les produits gazeux consistent surtout en CO? et un peu de SO*, SOCIÉTÉ ANGLAISE DES INDUSTRIES CHIMIQUES SECTION DE BIRMINGIIAM , Où y et x sont exprimés Séance du 14 Décembre 1905. M. J. H. Liverseege propose de déterminer le trouble les eaux soit par l'emploi d'un tintomètre, soit en observant une colonne d'eau verticale dont on puisse “faire varier la hauteur suivant le trouble de l'échan- tillon; dans ce cas, il faut que le tube soit clos et périodiquement agité pour empècher les substances solides de se déposer. On emploie des lettres d'essai comme chez les oculistes, qu'on élève ou abaisse dans Je tube jusqu'à ce qu'on puisse les lire distinctement, — M. J. H. Stansbie a constaté que la présence d'im- puretés dans le cuivre, même en très faibles propor- Lions, moditie la réaction de ce métal avec l'acide mitrique, cet effet étant hors de proportion avec la quantité d'impureté présente. Quand l'oxygène cons- Litue limpureté, il y a une diminution du volume de gaz libéré, qui peut être due à ce qu'une partie du métal est déjà oxydée au commencement de l'attaque par l'acide. L'arsenic et l’antimoine produisent d'abord une diminution du volume de gaz, qui passe par un Minimum, puis augmente pour de plus fortes propor- tions de ces corps. — M. A. H. Hiorns a étudié l'effet le certains éléments sur Ja structure de la fonte. Une Wible quantité de silicium peut, dans certains cas, éparer tout le carbone à l'état de graphite; mais il my a pas de preuve que le silicium puisse s'unir au bone à 1000 C. Le manganèse à une influence Dpposée, mais plus forte. Il s'unit au carbone pour former un carbure double de fer et de manganèse, en absence de soufre et de silicium. En présence de ce dernier, Mn s'unit à Si et neutralise son pouvoir de ‘Séparation du graphite. Le phosphore abaisse le pour- centage de carbone total et agit ainsi indirectement Contre la formation de carbone combiné. Le soufre it comme le manganèse, en forcant le carbone à ndre la forme combinée ou, plutôt, en l'empêchant se séparer à l'état de graphite. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIE DES SCIENCES DE VIENNE Séance du % Janvier 1906. 1° SCIENCES PHYSIQUES. — M. L. R. von Portheim communique ses recherches sur le climat photochi- mique de la région de Yellowstone. Par temps ensoleillé, l'intensité de la lumière totale augmente avec l'altitude au-dessus du niveau de la mer; l'intensité de la lumière solaire directe augmente également. L'intensité de Ja lumière diffuse diminue avec l’altitude pour une hauteur du Soleil constante. Sur la mer, dans les mêmes cir- constances, l'intensité de la lumière totale est plus élevée que sur les continents, cet excès étant attri- buable à la lumière diffuse. — M. K. Brückner : Action du soufre sur le chromate etle bichromate de potassium. 20 SCIENCES NATURELLES. — M. G. Beck von Man- nagetta a étudié les régions végétales des dolines du Karst. On trouve dans plusieurs dolines une série de plantes alpines; mais elles sont distribuées, au point de vue de l'altitude, en ordre inverse de celui où on les trouve sur les hautes chaînes des Alpes. Cette inversion tient à ce que le fond des dolines est moins éclairé et plus froid que leur sommet. — M. H. Vetters commu- nique des observations détaillées sur le tremblement de terre de Scutari de 1905. Il a commencé à Scutari le 4e juin à 6 h.5 du matin et a duré dix à douze secondes; le même jour, on a enregistré 40 autres secousses, puis des secousses de plus en plus faibles les 2, 3, 4, 5, 6,9, 10, 41, 12, 15, 16, 19 et 30 juin, les 4, 2, 7, 14, 18, 21, 22, 26 et 27 juillet, avec une secousse très forte le 16 juillet. La direction des secousses principales était N.-0. ou S.-W. Les dégâts ont été considérables. Séance du 11 Janvier 1906. 1° SCIENCES PHYSIQUES. — M. O. Hôünigschmid a préparé un siliciure de thorium S®Th {voir p. 154) et, d'autre part, par fusion d’un mélange d’Al et de Th dansle vide, un alliage ThAl sous forme d’aiguilles hexagonales. — M. R. Doht, par l’action du chlore à l’état naissant sur la monophénylurée, a obtenu soit la p-chlorophénylurée, soit la 1 :2:4-dichlorophénylurée; en solution acétique, on obtient les mêmes produits par passage de CI gazeux ; en solution acétique bouillante, la dichlorophénylurée se décompose en CO?, AzH* et dichloracétanilide. — M. F. von Hemmelmayr a isolé, des produits acces- soires peu solubles dans l'alcool de la préparation de l'ononine, une substance qu'il nomme onocérine. Par oxydation avec l'acide chromique en présence d'acide acétique, elle fournit d’abord de l'onocétone, puis, par action plus prolongée, un acide C*H*04, l'acide ono- cérique. L'oxydation à l’ébullition conduit à un acide isomère ou pseudo-onocérique. L’acide nitrique donne, outre les acides acétique et butyrique, des acides dinitro ou trinitro-onocériques suivant la concentra- tion. Le permanganate en solution acide l'oxyde com- plètement en CO* et H*0. 29 SCIENCES NATURELLES. — M. M. Probst indique quels sont les trajets des voies sensitives centrales et la loca- lisation des centres sensitifs d'après l'étude expérimen- tale et anatomo-pathologique des lésions du cerveau. — M. L. von Lorenz décrit les caractères différentiels de la Gazella salmi, espèce nouvelle de gazelle trouvée récemment près de Fachoda et qu'on paraît avoir con- fondue jusqu'à présent avec la G. rufifrons. — M. B. Klaptocz a étudié les Cestodes parasites des Poissons, du Varanus et de l'Hyrax rapportés par M. F. Werner de son expédition au Soudan égyptien et dans le nord de l'Ouganda; il a trouvé trois espèces nouvelles : Iehthyotaenia sulcata, 1. pentastomum et Taenïia gon- dokorensis. ACADÉMIE DES SCIENCES D'AMSTERDAM Séance du 30 Décembre 1905. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. J. P. van der Stok : Les courbes de fréquence des observations baromé- 160 triques. I s’agit d'une collection de 67.252 observations barométriques, faites au Helder depuis août 18#3 jusqu'à juillet 4904. L'auteur en déduit que la durée moyenne d'une perturbation est 6,90 jours en hiver, #,89 jours en été et 6,04 jours aux équinoxes. Ensuite, il se sert de la formuleempirique y—e—"##(a+ bx+ ex + dx° + ext), qu'il divise dans la courbe symétrique y = 67 ##(a + cx° — ex#) et la déviation y*=e—#*#(bx + dx). — M. W. Kapteyn : Sur le quotient de deux fonetions consécu- tives de Bessel. L'auteur se pose la question de déve- lopper le quotient 22 des deux fonctions 1,41, 1, de L Bessel de première espèce dans la série f,z+ /,2° +f,z +. De ce développement, convergent pour toutes les valeurs de z dont le module est plus petit que celui de la première racine positive de 1,(z}= 0, Euler et Jacobi ont déterminé les premiers coefficients. Ici l’on trouve les coefficients généraux fs et fon Sous forme de déterminants. — M. H. G. van de Sande Bakhuyzen présente la brochure : « Déterminations de la différence de longitude Leyde-Ubagsberg, de l’azimut de la direction Ubagsberg-Sittard et de la latitude d'Ubagsberg par la mesure des distances zénitales et d'après la méthode Horrebow-Talcott en 1903 ». 2 ScIENCES PHYSIQUES. — M. H. A. Lorentz : Sur les bandes d'absorption et d'émission dans les corps gazeux. Seconde partie (suite de Hev. gén. des Sc., t. XVII, p. 56).15. L'absorption peut-elle être expliquée à l’aide de la résistance qui se présente, d’après la théorie des électrons, aussitôt qu'une particule chargée se meut? 16. L'énergie totale absorbée par une couche d'épaisseur donnée. 17. Les phénomènes qui ne s'expli- quent qu'à l'aide d'une petite valeur de n. 18. Une variation de la fréquence en rapport apparent avec un déplacement observé par MM. Humphreys et Mobhler. 19. Influence d'un certain terme omis dans le calcul. — Ensuite M. Lorentz présente au nom de M. J. J. van Laar : Sur l'allure des lignes spinodales et des lignes de plissement pour des mélanges binaires de substances normales. Troisième communication (voir Rev. gén. des Se., t. XVI, p. 664 et 748). — M. P. van Romburgh présente, au nom de M. W. van Dorsten : Le carbure d'hydrogène le plus simple à deux systèmes conjuqués de liaisons doubles, le 1:3:5-hexatriène. En 1818, M. Tilden a émis l'hypothèse que les terpènes sont des substances dérivées d'un carbure d'hydrogène de la formule CH? : CH.CH : CH. CH : CH=. Dans la mème année, M. Franchimont indiquait une méthode probable de préparation de cet hydrocarbure, la soustraction de deux atomes de chlore au chlorure d'acroléine. Cette méthode n’a pas mené au but désiré. L’attention a été fixée une seconde fois sur cette question, à la suite des considérations de M. Thiele sur des systèmes conjugués de liaisons doubles et des recherches correspondantes; en effet, ce corps formerait l'hydrocarbure le plus simple à trois liaisons doubles, consistant en deux systèmes conjugués. Aujourd'hui, les auteurs ont obtenu la subs- tance désirée à l’aide du s-divinylglycol. Elle est inco- lore, d’une odeur faiblement pénétrante, très réfrin- gente, s’oxydant lentement dans l'air. Point d'ébullition: entre 7% et 82%. Composition CSHS. Poids spécifique 0,7565; indice de réfraction 1,49856, ce qui donne plR= 31,03, au lieu de 28,53, La structure se déduit de la formation à l’aide de CH* : CH.CH.CH.CH : CH* sa ON OH par la soustraction des deux groupes OH à l'aide de l'acide formique. Donc, l'hydrocarbure peut se pré- senter sous deux formes géométriques isomériques, la forme cis et la forme trans : CHE : CH.CH CHE : CH.CH (| et I : CH? : CH.CH HC.CH : CH® ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES Te EE ZE EE Si l'on admet des valences partielles, on parvient à la formule : : CH: : CH. CH : CH. CH : CH*. ; — M. H. W. Bakhuys Roozeboom présente au nom de M. A. Smits les deux communications : 4° Les équi- libres occultes dans les sections (p, x) au-dessous du point eutectiqne. Les sections (p, x) de systèmes binaires à proximité du point eutectique ont été étu- diées minutieusement par M. Bakhuys Roozeboom, sans se soucier de l'allure des isothermes de solubilité, dans les domaines labile et métastable. Ce dernier pro- blème ne pouvait être résolu, il est vrai, qu'a rès l'apparition de l'étude de M. van der Waals intitu éen « L'équilibre entre une substance solide et une phase fluide, à la proximité de l'état critique » (voir Rev. gén. des Se., t. XN, p. 51). Ici M. Smits s'occupe du problème en question ; il indique la connexion entre le domaine stable et les domaines métas- table et labile; 2 Sur les phénomènes qui se présentent si la courbe des points de plisse- ment et la courbe des trois phases d'une combinaison binaire dissociante se rencon- trent. En comparant les résultats de ses re- cherches sur le système éther-anthraqui- none avec les cas étudiés dans une com- munication précédente (Aev. gén. des Sc., t. XVI, p. 96), l’auteur a obtenu une re= £ \ présentation cohérente des phéno- ? 60 mènes indiqués dans le titre, dans la Si \ supposition que la combinaison est 3 50 Ne miscible en toute proportion avec È \, les deux composantes. 5 40 n 3° SctENCES NATURELLES. — M. C. x A. Pekelharing présente deu ù communications au nom de M. L. van Itallie : 1° Les \, catalases du sang. L'auteur = continue une re- 0 55 60 65 70 75 80 85 90 SS 100 105 N0 Temps d'échauffement en minutes . Sang de l'homme Sang de bœuf ;$05.. = 0 du 8509 À? "— chèvre ne __u__ de cheval tartère)—— —— | —n— pigeon — Ar (one Fig. 4. — Nombre de milligrammes de H*0* décomposés par cinq milligrammes de différentes espèces de san après chauffage à 63° (dilution 1 : 1000) cherche commencée par M. C. J. Koning, qui avaib remarqué que le sang humain, chauffé à la dilution de 1°/ pendant une demi-heure à 63°, possède encore une certaine quantité de catalase, tandis que, dans les mêmes circonstances, le sang bovin n'en montre plus la moindre trace. Le diagramme ci-joint fai connaître les résultats. 2. La diflérenciation des li= quides organiques albumineux. Application des ré= sultats de la communication précédente à la méde- cine criminelle. Distinction entre les taches fraîches de sang de l'homme, du chien, du bœuf et entre les taches de linge, datant de 1903, provenant du sang de l'homme, du bœuf, du cheval, de la chèvre et du. cochon. Distinction entre le lait de vache et le lait de femme. — M. C. Winkler présente au nom de M. L: J. J. Muskens : liecherche anatomique sur les con= nexions dans le cervelet. Suite (voir Rev. gén. des Se., t. XV, p. 1056). P. H. SCHOUTE. Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER. Paris. — L. MARETHEUXx, imprimeur, 1, rue Cassette. 17: ANNÉE N° 4 LE 28 FÉVRIER 1906 . Revue générale des : Scienc DirEcTEUR : mé pures et appliquées LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. Aüresser tout ce qui concerne !a rédaction à M. L. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux x publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. è CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Mathématiques La Logistique et Finduction complète. La ption de Correspondance. — On posait en prin- ipe, autrefois, — tout gratuitement, d'ailleurs, et sans moindre démonstration, — que tout raisonnement déductif, en particulier tout raisonnement mathé- matique, peut ètre décomposé en un nombre fini de yllogismes. M: Poincaré, dans La Science et l'Hypothèse, à montré que tel n'est pas le cas ppur beaucoup de géné- alisations mathématiques et, spécialement, pour le isonnement si connu sous le nom d'induction com- te‘. Mais le principe de ce raisonnement, qui échappe tinsi à l'insuflisante, et même assez rudimentaire ana- ÿse de la Logique aristotélicienne, découle-t-il, au bntraire, de la Logique moderne ? On sait, en effet, que les logiciens ont reconnu, sans op de peine d'ailleurs, la puérilité de l'ancienne Logique formelle, et lui ont substitué une construction auvelle, la Logique algorithmique, véritable recherche rieuse, scientifique, des éléments simples du raison- ment. La Logique algorithmique (ou Logistique) présente ces éléments par un ensemble (pasigraphie) dé signes d'aspect cabalistique, mais qu'il suffit, au j S à ce qu'il semble au premier abord, de com- r suivant des règles déterminées pour faire tou- des raisonnements corrects. Par rapport à la Logique algorithmique, M. Couturat Prétendque le principe d'induction complète ne repré- sente nullement un axiome nouveau. Pour lui, ce prin- cipe fait partie de la définition des entiers naturels. Gest un des cinq postulats posés par M. Peano pour cette définition *, celui qui sert à distinguer les entiers naturels des nombres transfinis (car, par une curieuse #4 Toute propriété relative à un entier m, qui ne peut avoir lieu Pour » — n sans avoir lieu aussi pour » = n +1, et qui, d'autre part. a lieu pour m = 1, est nécessairement vraie pour toute valeur de m ». 219 Zéro est un nombre entier; 20 Zéro n'est le suivant d'aucun nombre entier ; 3° Tout entier a pour suivant un entier; 4 Deux nombres entiers sont égaux, si leurs sui- Mants le sont; 5 (Le principe de l'induction complète). REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. inversion, ce sont aujourd'hui les nombres finis que l'on se trouve avoir besoin de définir par opposition aux autres). Mais cette conclusion est, elle aussi, fortement battue en brèche par M. Poincaré, dans un récent article de la Revue de Métaphysique et de Morale *. Les cinq postulats de Peano sont ils vraiment la défi- nition des nombres entiers? Oui, en un sens, car ce sont ces propriétés qui caractérisent la notion de nombre entier, et, d'autre part, en partant d'elles seules, on peut (du moins, cela est fort vraisemblable) retrouver toutes les autres propositions de l’Arithmé- tique. R: di Est-ce suffisant? Et même la notion de nombre est-elle susceptible d’une véritable définition, fût-elle par postulats? Il faut bien qu'il y ait des notions indé- finissables : et si l’on veut aller plus loin que Pascal, préciser quelles seront ces notions indéfinissables, peut-être suffirait-il de remarquer qu'une définition est le passage d’un premier état d'esprit (celui où nous ne possédons pas la notion à définir) à un second (où nous la possédons). Tous ceux qui s'occupent de logique font constamment l'effort, plus ou moins pénible, étant dans le second de ces états, de se placer par la pensée dans le premier. Mais encore faut-il que ce premier état puisse se concevoir. Je crains fort que toute notion pour laquelle cette dernière condition ne serait pas remplie ne soit tout aussi indéfinissable que ne l’est, pour Pascal, la notion d'être.- Or, tel est pré- cisément le cas pour la notion de nombreentier. Aussi M. Poincaré n'a-t-il pas eu de peine à trouver, dans l'article qu'il réfute, l'emploi constant des mots « un », « deux », « plusieurs ».. Qu'est-ce à dire? Le sens de ces mots est-il supposé connu? Les Nombres, au sens vulgaire du mot, sont-ils ou non la même chose que les « nombres » définis par les cinq postulats? En particulier, les premiers (les Nombres vulgaires) jouis- sent-ils des cinq propriétés en question ? On conçoit, avant mème de s'en rendre pleinement compte par la lecture de l'article de M. Poincaré, | répercussion qu'une telle obscurilé peut avoir sur la légitimité de la définition défendue par M. Couturat, mème lorsqu'on considère cette déltinition en ell ! 13° année, n° €, novembre 1905, p. Si 162 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE même. Pour qu'elle füt acceptable, il faudrait démon- trer que les cinq postulats ne conduisent à aucune contradiction. Or cette démonstration, jamais les logis- ticiens ne l'ont tentée ; mais, de plus, on ne pourrait la présenter (si tant est qu'on y arrive) qu'en faisant intervenir une induction complète appliquée non pas aux « nombres » qui sont supposés admettre une telle induction, mais aux nombres au sens vulgaire, lesquels ne leur sont pas identiques jusqu'à nouvel ordre ! Cela n'empèche pas, encore une fois, que les pos- tulats de Peano ne constituent, en un certain Sens, une définition des nombres entiers, et mème que ce ne soit là un résultat extrèmement intéressant et important. Mais il paraît impossible de considérer cette définition comme valable sans aucune hypothèse et de lever la restriction exprimée par les mots « en un certain sens »; il paraît indispensable de prendre les postulats, en particulier celui de l'induction complète, comme un axiome directement emprunté à l'intuition. De telles difficultés se rencontreront évidemment toutes les fois qu'il s'agira de montrer l'existence d’un concept sans lequel tout jugement ou tout raisonnement devient impossible. M. Poincaré réfute encore une autre prétention de la Logistique, celle de donner des règles qu'il suffit - d'appliquer mécaniquement pour être sûr de ne jamais se tromper. De même que les pseudo-règles anciennes n'ont pas empêché les Traités de Logique de cataloguer, et de transmettre ainsi de génération en génération, des modes de syllogismes faux, de même, en des cas évi- demment moins enfantins que ceux où s’emberlificotait cette logique formelle, les règles de la pasigraphie ne peuvent suflire, à elles seules‘, à discerner en toute circonstance le vrai du faux : il faut encore se résigner à laisser la raison humaine juger en dernier ressort. Le même numéro de la Ætevue de Métaphysique et de Morale présente?, entre MM. Russell et Boutroux, une discussion qui n’est pas sans rapportavec ce qui précède et qui dépend, en même temps, d’un sujet abordé, ici mème, à plusieurs reprises. Elle est, en effet, relative à la notion de correspondance. L'une des thèses sou- tenues, à ce sujet, par M. Boutroux au Congrès de Genève est que la notion de correspondance est impos- sible à « décrire ». M. Boutroux émet donc simplement, sur la définition de la notion de correspondance, la même idée que nous exposions précédemment sur la définition d'une correspondance déterminée. Quant aux discordances qui se manifestent entre lui et M. Russell, elles nous paraissent provenir entièrement de ce que la question n'est pas portée sur son véritable terrain. M. Russell part? d'une «énonciation contenant deux ou plusieurs variables ». Une fois cette notion admise, sa définition de la correspondance ne présente, à notre avis, aucune difficulté. Et cependant M. Boutroux est, pour nous, fondé à soutenir contre lui que l'idée de correspondance pour- rait, Suivant son expression, avoir une « complexité infinie », c'est-à-dire être indéfinissable par un nombre fini de mots : qu'il existe de pareilles idées. On a été, dans ces derniers temps, nécessairement conduit à les envisager, ne fût-ce que pour dire qu'on les rejette, comme le veulent les mathématiciens qui adoptent le point de vue de Kronecker. Toute la difficulté provient, il est à peine besoin de le dire, de la notion initiale d’«énonciation », sur laquelle se pose exactement le même problème que sur la cor- respondance. Le concept d’ « énonciation contenant deux ou plusieurs variables » est indéfinissable, c'est ! Le paradoxe de Burali-Forti, qui amène M. Poincaré à cette constatation, appartient d'ailleurs à une catégorie d'exemples traités par les logisticiens eux-mêmes, qui ont vu là un fait tout analogue, dans le fond, au paradoxe classique d’ « Epiménide ». ? Loc. cit., p. 906-917, ? Jbid., p. 907. entendu : encore faut-il qu'il ait, dans le fond, même signification pour tout le moude.Or, nous savo aujourd'hui que des esprits différents le prennent dans des sens différents. Par une énonciation de l'espèce indiquée, sous-entendons-nous une énonciation de complexité finie, ou admetlons-nous des énonciations de complexité infinie? Telle est la question à laquelle il faut d'abord répondre : elle est, en réalité, tout à fa générale et ne concerne pas plus la correspondance qué la « relation » quelconque. $ 2. — Astronomie La grande tache du Soleil. — L'année 190% correspondra sans doute à un maximum assez importan dans la fluctuation de l'activité solaire, dont la période est de onze années : non point, peut-être, que les taches aient été particulièrement nombreuses, mais leur étendue était certainement très anormale. Déjà, em février et en juillet, se présentèrent des groupes très importants et, enfin, le 14 octobre, apparut au bord d Soleil un groupe dont l'étendue parait unique jusqu'à ce jour. Parvenue au méridien central le 20 octobre cette tache atteignait, le 27, le bord occidental; peu après une seconde tache visible à l'œil nu traversait Le disque .solaire, et l'on put apercevoir simultanément les deux groupes correspondants sur le Soleil. Le premier groupe était évidemment l'indice d'une formidable tempête photosphérique il atteignai 195.000 kilomètres de longueur, et l’on put en suivre assez régulièrement les transformations, grâce aux pho tographies et aux dessins d'habiles expérimentateurs comme Jeantet, Quénisset, Schmoll.. La grande tache noire centrale ne mesurait pas moins de 51.000 kilo mètres de longueur, soit plus de quatre fois le diamètre de la Terre, et, vers la fin, le noyau présentait une ten. dance à la désagrégation. La profondeur même de cette éclaircie dans les nuages photosphériques fut bien mise en évidence lorsqu'elle se présenta de profil sur le bord du Soleil. Mais, si l'année 1905 est notable, par ailleurs, en ce qui concerne la recrudescence des tremblements de terre, le nombre des eyelones et des trombes, la variété des perturbations magnétiques, il est cependant remar quable que l’activité solaire ne se soit point manifestée sur la Terre par la multiplication des aurores boréales® elles sont restées très localisées aux pays du Nord. C’e là un point digne d'attention et l'on en peut conclure que la relation entre les taches et les aurores reste assez mystérieuse. L'étoile 70 Ophiueus. — Dans le n° 3946 des Astronomische Nachrichten, astronome A. Prey, de Vienne, donne une intéressante discussion du rappon des masses des deux composantes de l'étoile double 70 Ophiucus, et, en se servant des éléments trouvés dans divers catalogues depuis 1820, date à laquelle on fit une distinction entre les deux composantes de cette étoile, il arrive aux conclusions suivantes : Le centre de gravité du système est aux 4/5 de là | distance, et plus près du compagnon, de sorte que là | masse de celui-ci est quatre fois plus grande que celle | de l'étoile principale; si l'on adopte la parallaxe di Schur (0/16), les deux masses sont respectivement 0,38 et 1,28 de celle du Soleil. C'est done un exemple frap pant de système binaire dans lequel le rapport des masses n'est nullement le mème que celui des éclats nous en connaissons un autre dans le cas de Procya avec son compagnon de 43° grandeur, mais l'exemple le plus connu est celui de Sirius, dont le compagnof est de 9° grandeur stellaire, tandis qu'il n’est que di deux fois et demi plus petit que l'astre principal. Ici mieux encore, l'astre le plus lourd est le moins lumi neux. Cet intéressant résultat fait honneur à M. A. Prey de plus en plus, les recherches modernes attirent l’attens | tion vers les systèmes multiples du ciel, mine profondè réflexions théoriques et de mesures physiques. On à Algol et son compagnon obscur susciter de beaux vaux de Vogel, Chandler, Tisserand, L. Boss, annekock : les deux corps ont ici aussi des dimen- ons comparables et tournent l’un autour de l'autre ; faut-il, pour expliquer les inégalités, recourir à l'apla- “tissement du corps principal, ou à une rotation de ce Système binaire autour d’un troisième corps? Il peut y “avoir là matière à doute et à travaux très délicats. —. Mais, à coup sûr, ces captivantes questions transfor- “ment l'Astronomie : l'individu recule aujourd'hui devant la construction de catalogues gigantesques, et “la précision des instruments, leur puissance, parait mieux utilisée en fouillant les détails de coins spéciaux, étoiles variables ou multiples, nébuleuses ou amas. $S 3. — Art de l’Ingénieur L'allumage des mines au moyen des ondes ustiques. — Un phénomène remarquable a cemment été observé sur les résonateurs tubulaires l'intérieur desquels on suspend un mince disque de tière rigide, susceptible d'une rotation facile *. ue, en effet, on produit la note fondamentale du nateur, le disque se met à tourner autour de son jusqu'à ce que sa surface soit verticale à l'axe lon- tudinal du résonateur; il se maintient dans cette sition aussi longtemps qu'on fait durer l'émission du nm fondamental, et ce n’est qu'en faisant cesser ce 7 SSSR EEE EEE EN Sn DOOOODOOMP TOP Q à à à à 4 à à N VLLLLLLLLLLLLLIIL LIL) # f j 4 4 g. 1. — Schéma du dispositif d'allumage des mines par ondes acoustiques. — a, résonateur, monté sur une base —h; c, disque tournant; d, e, goupilles: f, k, leviers de contact; g, piles; h, conducteur; r, bobine; 7, membrane ; ‘4 #“, entonnoir de renforcement. ernier qu'on le ramène à sa position originale. Les ns d'une note différente et d’une intensité quelconque “Sont incapables de produire la moindre rotation du disque. mu Ce phénomène vient d'engager un inventeur alle- and à construire un dispositif ? où un courant élec- ique est fermé ou ouvert, renforcé ou affaibli, par la tation du disque, qui de cette facon peut amorcer les rces les plus variées. L'un des emplois les plus remar- ables auquel se prête cet appareil, c'est l'allumage «es mines, qu'on réalise sans le concours d'un conduc- fur matériel quelconque reliant l'appareil avec le générateur acoustique. La figure { représente schématiquement le dispositif employé : a est le résonateur tubulaire reposant sur une base b et à l'intérieur duquel on a disposé un disque mince © dans les goupilles d, e, où il tourne avec fa- cilité. À ce disque c est attaché un levier de contact /, se projelant au delà de ce dernier et relié, au-dessus de la goupille d, à l'une des bornes d'une pile galva- nique g. L'autre borne de la pile se trouve en commu- Méalion, au moyen d'un conducteur b, avec la bobine pPümaire d'un dispositif d'allumage électrique, ainsi qu'avec le levier de contact 4 placé sur le chemin du évier /. Alin de protéger le disque et les contacts contre les influences atmosphériques, on a fermé le bout supérieur du résonateur par une membrane /, de (2 & Voir la Revue gén. des Sciences du 13 octobre l ( ne ft es ù ot re ÆXVI, p. s38. 2 Voir Technische Rundschau, n° 2, 1906. 1905, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 163 1 caoutchouc ou autre substance analogue ; un entonnoir m, disposé au-dessus de cette membrane, sert à ren- forcer les effets acoustiques. Cet appareil étant relié par exemple à une mine dis- posée sur terre à proximité de la côte, lorsqu'on vient à donner un signal d’un torpilleur dont la sirène à été accordée pour la note caractéristique du résona- teur a, le disque c se met à tourner, et le levier de contact f frappant le levier k, le circuit de la batterie g se ferme et une étincelle d'allumage est produite, occasionnant l'explosion de la mine. Avant d'actionner le disque ce, on le retient par un ressort faible dans une position ni verticale à l'axe longitudinal du réso- nateur, ni susceptible de produire un contact acci- dentel entre les leviers fet 4. Altin de prévenir une explosion involontaire, qui par exemple pourrait être produite par le signal de la sirène d’un vaisseau de guerre, se trouvant par hasard accordée pour la même note, on peut disposer l'appa- reil en sorte que l'allumage ne se produise qu'après qu'un nombre déterminé de signaux ont été donnés. Cette invention est, semble-t-il, préférable au dispo- sitif d'allumage par ondes électriques d’un autre inven- teur moderne, pour lequel il y a bien davantage lieu de craindre les allumages involontaires, en raison des multiples applications que trouve la télégraphie sans fil. $ 4. — Physique La perte de vitesse et d'énergie qu’éprou- vent les projectiles à leur passage à travers l'eau. — Les remarquables phénomènes d’explosion qu'on observe toutes les fois que des projectiles en mou- vement rapide viennent frapper des masses liquides ont été l'objet de bien des investigations dans ces dernières années, investigations qui ont montré que ni la rotation, ni l'échauffement du projectile n’y jouent un rôle impor- tant. On a également fait voir que ces phénomènes ne sont pas dus non plus aux effets de la pression hydrau- lique, le vase n’éclatant qu'après la sortie du boulet. Ces intéressants phénomènes viennent d’être étudiés de plus près par MM. Gildemeister et H. Strebl ‘. L'énergie de mouvement communiquée au liquide est, au maximum, égale à celle que perd le projectile à son passage à travers la masse liquide; sa valeur s'approche de très près de ce maximum en raison de la petitesse de la quantité immédiatement transformée en chaleur. Dans le dispositif employé par les auteurs, le pro- jectile, en frappant un fil conducteur, déchargeait un condensateur sur une résistance libre de self-in- duction; cette décharge cessait aussitôt qu'un second fil, se trouvant également sur le chemin du boulet, était rompu. L'intervalle de temps s'écoulant entre ces deux ouvertures de courant se déduit de la charge résiduelle du condensateur, sa capacité et sa charge initiale étant données. Voici la loi que les auteurs déduisent de leurs ex- périences : « La perte de vitesse d’un projectile au sein de l'eau est proportionnelle à la première puissance, et la perte d'énergie à la seconde puissance de la vitesse d'entrée. » « Blanc » ou « Incolore ». — Dans un récent numéro du Dingler's Polytechnisches Journal (N° 3, 1906), M. Haedicke fait remarquer, avec beaucoup de justesse, combien est fréquente la confusion des deux notions de « blanc » et d’ « incolore », le premier mot élant bien souvent employé là où il faudrait mettre le second. Les traités classiques mêmes ne sont pas exempts de ce quiproquo. Dans la plupart des traités d'Optique, on trouve, en effet, cet énoncé que les « prismes décomposent la lumière blanche dans ses couleurs » et que « les expé- riences du disque chromatique démontrent le fait que * Annalen der Physik, n° 13, 1905. 164 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE le blanc est obtenu par une composition appropriée de toutes les couleurs du prisme ». La lumière frappant le prisme est, néanmoins, dans la majorité des cas, absolument claire, exempte de couleur, et ce n'est qu'exceptionnellement, dans des conditions expérimentales tout à fait spéciales, qu'elle est blanche. Si, par conséquent, l'on pouvait obtenir les couleurs prismatiques dans toute leur pureté sur des plaques de verre exemples de couleur, ce n’est pas le blanc, mais l'absence de toute couleur qu'on réali- serait. Une couleur parfaitement blanche est, d'autre part, obtenue par la dispersion de la lumière pure incolore, sur de la glace ou du verre purs à l'état finement pul- vérisé. On dit souvent que le blanc ne serait point une couleur. Si cette assertion était vraie, blanc serait en réalité identique à incolore, et les deux notions se confondraient. Aussi il serait plus juste de suivre l'usage journalier en science aussi et de regarder le blanc etle noir comme couleurs, représentant deux limites idéales opposées, le blanc étant la lumière exempté de couleur parfaitement pure, à l’état de dis- persion, et le noir l'absence absolue de lumière. Toutes les couleurs peuvent cependant passer soit au blane, soit au noir, par dilution ou concentration extrémes respectivement. $ 5. — Chimie physique Recherches sur la luminescence chimique. — On sait que le phosphore devient lumineux dans l'obscurité par sa combinaison avec l'oxygène de l'air. D'autre part, l'on observe des phénomènes lumineux dans la cristallisation de l'arsenic de sa solution chlor- hydrique. Enfin, les cristaux de saccharine donnent, comme on le sait, naissance à des étincelles lumineuses bleuâtres en étant broyés. Ces phénomènes lumineux, désignés respectivement sous les noms de chimie- luminescence, cristallo-luminescence et tribo-lumines- cence, viennent d'être étudiés par M. Trautz'. Afin de bien pouvoir observer la moindre trace de luminosité, l'auteur avait eu soin, avant chaque expérience, de reposer ses yeux à l'obscurité pendant au moins un quart d'heure. Les observations suivantes méritent un intérèt tout spécial. Sans être luminescent ni en fondant ni en se solidi- fiant, le salpêtre présente une forte luminosité lorsque sa fonte solidifiée est rapidement refroidie en la plon- geant dans l’eau froide. Dans quelques cas, l'on observe des étincelles d'une grande violence, la masse cristal- line étant déchirée avec de fortes crépitations. Ces étin- celles sont évidemment d'origine électrique. Lorsqu'on ajoute de l’acide chlorhydrique froid à une solution saturée de potasse dans de l'alcool méthylique, il se produit, surtout au commencement, une lueur verdätre, en même temps qu'il se sépare du chlorure de potassium. Tous ces cas de cristallo-luminescence peuvent se réduire aux effets de frottement entre les cristaux séparés, c'est-à-dire à la tribo-luminescence. En ce qui concerne les nombreuses réactions chi- miques s’accompagnant d'une production de lumière, l'effet du carbure de calcium finement pulvérisé sur l'acide chlorique chaud est tout spécialement remar- quable. Cet effet consiste en une lueur brillante de couleur verte. La luminescence la plus éclatante qu'on ait jusqu'ici observée dans un mélange liquide aux températures basses (environ 100° se produit par l'action simultanée du peroxyde d'hydrogène sur le pyrogallol et la formaldéhyde. Cette luminescence S'examine facilement au spectroscope; on obtient un spectre continu allant du rouge au bleu-vert, avec un éclat maximum dans le rouge orangé. En élevant la température, on augmente la vitesse de réaction et l'in- tensité lumineuse, tandis que la température n'exerce ‘1 Dingler's Polytechnisches Journal, n° 2, 1906. aucune influence sur la tribo-luminescence. En étens dant ces recherches aux rayons invisibles, M. Trautz an eu l'occasion de constater qu'une lame d'aluminium de 2 millimètres d'épaisseur est imperméable à la cris tallo-luminescence en solution aqueuse et à la luminoz sité du pyrogallol. | $ 6. — Sciences médicales Le lait des vaches tuberculeuses. — Les vaches tuberculeuses abondent en France, ainsi qui ressort de statistiques nombreuses publiées dans ces dernières années; mais la législation sanitaire, en mä tière de tuberculose bovine, ne considère comme mala: des et dangereuses que les vaches ayant des lésions bacillaires des mamelles. En réalité, il n’en est pas ainsi, et M. Moussu ‘, professeur à l'Ecole d’Alfort, vient de démontrer, par des recherches intéressantes et la borieusement conduites, que le lait de vaches tubercu leuses, ne présentant que peu ou pas de signes cliniques peut renfermer des bacilles et se montrer virulent. Or comprend done combien il serait désirable de voir ex clure de la consommation tout lait provenant d'une vache qui réagit à la tuberculine, car il est prouvé aujourd'hui, par Nocard et ses élèves, que, contraire ment à l'opinion de Koch, l'infection se produit par la voie intestinale. La tuberculose et les influences profes sionnelles. — MM. les Dr Le Gendre et Plicque viennent de publier des recherches très intéres santes sur ce sujet. Ils ont constaté que les profession exposant à des contagions directes (blanchisseuses, personnel des hôpitaux, démolisseurs, etc.) présenten des statistiques assez disparates, mais, dans toutes, on retrouve l'influence d'infections soit successives, soit répétées. Les professions trop pénibles, prédisposan par surmenage, sont aussi très variées : au surmenage professionnel peut s'ajouter, d'ailleurs, le surmenage extra-professionnel, par mauvais emploi des heuress de loisir. Le surmenage local agit à la façon d'un véritable traumatisme, de même d’ailleurs que le professions à poussières ou celles qui obligent les ouvriers à passer de longues heures dans des espaces clos, dans des ateliers trop petits ou mal aérés c’est ainsi que les avocats, les instituteurs, les chan teurs, les mouleurs, les fondeurs, etc., paient à la tuberculose un important tribut. Le gain professionnel trop restreint est lui-même une cause fréquente, et dans un même métier, les pères de famille sont plus frappés que les célibataires qui ont des besoins moins considérables. Mais les professions les plus funestes sont celles qui exposent à la consommation d'alcool et les garcons de café, les marchands de vins, les laciers. les livreurs, etc., sont très souvent tubercu Éie On voit donc, par ce rapide exposé, combien paraît tous les. jours plus grave et plus complexe lé problème de la prophylaxie de la tuberculose : mais une notion apparait nette, sur laquelle il faut toujours et encore insister, c'est la nécessité absolue de com battre l'alcoolisme. $ 7. — Géographie et Colonisation Le développement de l'Afrique occiden tale française. — Grâce à l'énergie et à l'intelli cence de son gouverneur général, M. Roume, cette colonie prend un essor des plus encourageants pour l'avenir. Le commerce a doublé en dix ans, passan de 78.778.000 francs, en 1895, à 161.823.000 francs, en 1904: les voies de communication sont activemen poussées dans plusieurs directions et l'amélioration des conditions sanitaires produit déjà des effets merveil ‘ Revue de la Soc. Scientif. d'hyg. alim. et de l'alim. ra tiono. de l'homme, 1905, p. SAT. 2 J. de Méd. et Chir., Paris, 1905, p. 938. ‘ : sd < L v2PT eux. C'est ainsi qu'en vue de la destruction des mous- iques, propagateurs de la fièvre jaune et de la fièvre baludéenne, le Gouverneur général à prescrit la sup- bression de toutes les eaux stagnantes, et, malgré le peu de bon vouloir des indigènes, disposés plutôt à voir lans ces sages précautions d'inutiles tracasseries, des résultats étonnants sont enregistrés. À Dakar, en deux ans, le nombre des cas de paludisme a diminué de moitié. Un cas de fièvre jaune ayant éclaté dans la ille, en mai dernier, est resté isolé, grâce aux précau- ions prises. Les travaux publies sont en train d'épuiser le pre- mier emprunt de la colonie. Chemin de fer du Daho- mey, de la côte d'Ivoire et de la Guinée, aménagement des ports d'Abidjan et de Dakar, correction du fleuve Sénégal, tous ces chantiers sont en activité et avancent normalement. Au Dahomey, 226 kilomètres de rails Sont déjà en exploitation. Dans la Côte d'Ivoire, le anal qui doit faire communiquer la mer avec la Jagune, sur l'emplacement futur de Port-Bouet, — ujourd'hui Petit-Bassam, — est amorcé sur presque oute sa longueur, et les travaux du chemin de fer, èncore à ses débuts, sont poussés activement. Sur la igne de Konakry au Niger, 154 kilomètres sont utilisés depuis le {er juillet 1904; une véritable ville, Kindia, s'est formée au terminus provisoire. Enfin, la voie ferrée du Sénégal au Niger, qui relie Kayes à Kouli- koro, est terminée depuis le 145 décembre 1904. Deux laits intéressants caractérisent ces lignes. Tandis que la route d'étapes par terre fait le vide autour d'elle, la voie ferrée attire la population et provoque une activité éféconde ; une des meilleures preuves en est le peuple- “ment qui s'est effectué de chaque côté de la ligne, déjà ancienne, Saint-Louis-Dakar. En second lieu, au bout “de très peu de temps, quand ce n'est pas immé- diatement, les recettes kilométriques atteignent des chiffres qui dépassent toujours les prévisions les plus optimistes. C'est un des exemples qui montrent le -mieux le rôle de premier ordre que joue la voie ferrée ans toute exploitation coloniale. . Les travaux d'aménagement du fleuve Sénégal ont jt fourni plusieurs résultats importants : le balisage éclairage du fleuve, et l'établissement d’une carte Ydrographique complète dont les premières feuilles t déjà paru. Le dragage des seuils de Todd et Ker- jour, que l'on va entreprendre bientôt, permettra augmenter la durée de la navigation pour les bâti- énts de haute mer. Enfin, on étudie les moyens de pprimer la barre, de fixer l'embouchure du fleuve et accroître son débit par un barrage dans le cours “supérieur. Grâce aux améliorations déjà existantes et “aux progrès analogues accomplis sur le Niger, on “pourra, à l'époque des hautes eaux du Sénégal, se “rendre de Timbouktou à Dakar en huit ou neuf jours, “ét en France en seize ou dix-sept jours. Mais, alors “mème que tous ces projets fluviaux seront réalisés, et il ne faut pas oublier que quelques-uns seront fort “coûteux, tandis que d'autres paraissent problématiques, “le Sénégal n'en restera pas moins un fleuve à crues, “soumis à l'aléa des conditions atmosphériques. D'autre part, le développement du Soudan ne saurait attendre. Uest pourquoi il est question d'un projet de voie ferrée qui relierait Thiès, sur la ligne de Saint-Louis à Dakar, à Kayes, où commence le chemin de fer du Niger. Ce tracé de 680 kilomètres de longueur se pré- sente dans des conditions très favorables de construc- CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 165 tion; il permettrait la mise en valeur d'un large terri- toire et les produits du Soudan ne supporteraient qu'un seul transbordement à Dakar. Par le fait de la barre, et malgré l'avantage naturel qu'il a de se trouver à l'embouchure du fleuve Sénégal, le port de Saint-Louis est loin d'avoir l'importance de Dakar. Dakar est à la fois porte d'entrée du Sénégal et du Soudan, point de passage obligé pour lous les na- vires qui vont d'Europe vers le sud de l'Afrique; en tout temps d'accès facile, il constitue un abri absolument sûr. Aussi bien, Dakar est-il en voie de devenir un port.de charbonnage très important. On achève en ce moment son outillage par la construction de deux môles de 300 mètres de longueur, de 1.900 mètres de quais, accostables aux grands bateaux, et l'on effectue les dragages nécessaires pour faire accéder les bateaux à ces quais, ainsi que l'établissement de 18 hectares de terre-pleins pour le dépôt des marchandises. Dans le Récent rapport auquel nous devons une partie de ces renseignements, M. Roume s'occupe encore de la population indigène. On espérait que la pacification amènerait un accroissement notable. Cet accroissement est très faible. Les raisons en sont mul- tiples. Sans doute, ce fait tient pour une part à une hygiène déplorable, à une forte mortalité infantile, parfois même à une misère physiologique, résultant d'une quantité de nourriture insuffisante, mais il pro- vient aussi et beaucoup de ce que l'on pourrait appeler l'exploitation sexuelle de la femme indigène par l'homme blanc'. Puisque nous protégeons l'éléphant et le héron aigrette, soyons sûrs qu’au seul point de vue économique il serait beaucoup plus productif de travailler à la sauvegarde de la femme indigène. Nous sommes certes plus exposés à manquer de main-d'œuvre que de richesses végétales. C’est surtout l’arachide, le caoutchouc, les amandes et l'huile de palme qui alimentent le commerce actuel. Les lecteurs de la Hevue connaissent, d'autre part, les essais de culture en grand du coton qui ont été tentés dans les différentes régions de l'Afrique occidentale. La possi- bilité de cette culture parait dès maintenant acquise et les résultats obtenus sont des plus encourageants. Nous croyons que, là encore, et comme nous l'avons signalé ailleurs, le grand danger, c'est la monoculture, quelle que soit la plante choisie. Etant donné le faible apport de nos colonies dans notre consommation de caout- chouc, ce produit est, avec le coton, un de ceux qui se recommandent le plus. Aussi faut-il louer le récent arrêté de M. Roume, par lequel interdiction est faite de laisser circuler le caoutchouc adultéré par l'introduc- tion de matières étrangères ou préparé avec des liquides fermentescibles d’origine animale. De plus, les incisions des arbres et plantes ne pourront ètre faites qu'à 4 mètre du sol; elles ne pourront être annulaires ni poussées jusqu'à l'aubier. Enfin, des écoles profes- sionnelles seront créées pour enseigner aux indigènes les meilleurs procédés de récolte et de coagulation. La colonisation qui s'inspire de mesures de protection de ce genre doitêtre encouragée et donnée en exemple. P. Clerget, Professeur à l'Institut Commercial de jeunes filles de Fribourg (Suisse). 1 Cf., sur cette question, le Rapport de M. J. BRuxHEs au Congrès d'Expansion économique mondiale (Mons, 1905 La colonisation des pays neufs et la sauvegarde de la femme indigène. L ui Un des maïîtres qui honorent le plus et à bien des titres notre corps enseignant lerminait ainsi ua récent Rapport du Conseil de notre Université : « Peut-être enfin, s'il m'est permis d'exprimer ici quelques opinions personnelles, le vieil orga- nisme de nos Universités aurait-il avantage à se modifier plus profondément encore. Peut-être la vieille division des Facultés, legs des idées mé- diévales, ne répond-elle plus aux conceptions modernes. Peut-être verrons-nous s'organiser, comme à l'Etranger. dans la plupart des grands États, d'une part des Instituts où seront concentrées. suivant leurs affinités naturelles. les diverses espè- ces d'enseignements chargés d’élaborer la science désintéressée, de l’autre des Écoles pratiques: placées sous leur dépendance, où les applications des sciences mathématiques, physiques, morales, économiques et sociales seront mises à la por- tée de tous. Aiosi disparaîtraient peu à peu les rouages inutiles. Ainsi s'organiseraient les disci- plines qu'exige l'évolution rapide de la science. Ainsi, les Universités, répondant à leur vraie fonc- tion sociale, feraient pénétrer partout cet esprit et ces connaissances scientifiques sans lesquels aucun des grands peuples du passé ne pourra maintenir désormais sa suprématie dans l'ordre matériel aussi bien que dans l'ordre moral. Peut-être. enfin, serait-il indispensable de développer les germes qui ont été jetés déjà, mais au hasard, d'entre- prendre résolument sous la direction des Universités l'œuvre d'éducation, « d'extension intellectuelle », | pour employer le terme anglais. dont on a tenté confusément les premiers essais * ». Sans doute, il se produira une évolution de nos groupements provinciaux actuels. et peut-être cet avenir de nos Universités, ainsi tracé dans ses grandes lignes, se réalisera-t-il. Mais nous croyons que l'excellente institution des Universités, dont la création doit être rapportée au puissant esprit d'organisation de M. Liard, risque de rester stérile si elle ne trouve pas. dans les milieux mêmes où elle doit évoluer, l'aliment que réclame son activité el qui est nécessaire à son développement. Une des condilions premières pour que nos Uni- versilés, dont la création réalise une décentralisa- tion, constituent des centres d'activité scientifique vraiment féconde et dont la vie ne soit pas factice est dans le recrutement de leurs maitres, qui ne doit plus procéder de l'application de lois ou de règlements adaptés à une époque où l'on cherchait ‘ Borssoxxane : Rapport présenté au nom du Conseil de l'Université de Poitiers, 3 novembre 1905. A. TURPAIN — LES RÉFORMES DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR LES RÉFORMES DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR à grouper à Paris, et à Paris seulement, toute culture de la haute science. Le recrutement d étudiants n'est pas moins important, et constit une seconde condition vitale essentielle au dé loppement des Universités provinciales. Or voic qu à peine les a-t-on dotées de presque toutes 1 conditions de vie active, on leur enlève le premie élément de cette activité : l'étudiant. Il paraît de plus en plus difficile, à l'heure actuelle, aux Fa cultés de province, de continuer la préparation de professeurs ou de savants qui, s'ils furent en petit | nombre, se sont souvent classés de remarquabl | manière. Et cependant, à la faveur de l'autonomie enfin conquise, nos Universités constituent déjà des Écoles et rivalisent d'une façon des plus heu- reuses avec Paris. A peine nos étudiants ont-ils pris l'habitude de subir, sans pour cela se croire diserédités, leurs thèses de doctorat devant les Facultés de province que l'application des nou- velles réformes va immanquablement transporter Paris, au profit de la seule Sorbonne, agrégations et doctorats. La production scientifique ne serait-elle done pas fécondée par l'existence de plusieurs disci- plines? Faut-il rappeler les plus glorieuses pages de la science italienne et, entre tous exemples, la magistrale controverse qu'eurent, à l'aurore du dernier siècle, deux grands génies, chefs d'Écoles rivales, Galvani et Volta? N'est-ce pas | à la lutte de ces deux puissants esprits et de leurs élèves que l'Électricité doit d'être passée du domaine de la pure curiosité à celui de la fécond utilisation et de pouvoir aujourd'hui révolutionne l'Industrie? S'il est avec quelques raisons sout nable qu'une origine et une formation identiqu soient utiles, nécessaires même, à l'agrégation épreuve d'ordre didactique, qui osera soutenir qu l'originalité dans la recherche scientifique se trouv. accrue de l'inspiration d’une discipline unique? Envisageant ces deux importantes questions du recrutement des maîtres et de celui des étudiants, nous allons montrer que le fonctionnement du premier, œuvre du passé, ne s'adapte plus au dévelopement actuel de nos Universités. De centes réformes risquent de tarir le second; no chercherons par quelles mesures on pourrait san doute assurer un recrutement normal d'étudian à nos Universités. I L'un des progrès les plus marqués dans l’orga | sation de notre enseignement public date de romulgalion de la loi du 27 février 1880, qui éorganisa le Conseil supérieur de l'instruction ublique et, en excluant « les rivaux, les détrac- eurs et les ennemis de l'Université sous la sur- eillance et la haute police desquels » les précé- lents gouvernements « l'avaient placée‘ » pour enir en tutelle l'enseignement à tous les degrés, lui restaura la compétence sans laquelle un sem- able Conseil constitue une entrave au libre dé- eloppement de l'instruction et aux progrès de l'enseignement. Mais le législateur de 1880 ne pouvait qu'ignorer les Universités de province non encore existantes. Cest, en effet, la loi du 10 juillet 1896 qui nomma Universités le groupement du corps des Facullés nstilué par la loi du 48 avril 1893 et qui lui assura un régime financier bien défini et autonome. En fait, les Universités prennent leur origine dans le décret du 28 décembre 1885, qui permit le déve- oppement de leurs enseignements si divers, dont beaucoup ont acquis à l'heure actuelle un caractère régional si marqué. Ce décret de 1885 prépare éritablement la naissance des Universités. Comme on s'en peut facilement convaincre en lisant le … magistral exposé des motifs présenté alors au Conseil supérieur par M. Liard”*, ce décret peut être considéré comme la chartre première de notre … Enseignement supérieur. La période d'essai qu'il inaugure fut un ins- trument pour de nouveaux progrès, qui abou- lirent bientôt à la création effective des Univer- sités. La loi de 1880 stipule que deux professeurs de haque ordre de Facultés seront délégués par Vélection au Conseil supérieur. On réunit ainsi ans un même corps électoral la Faculté de Paris et celles de province. Ce groupement, qui ne prévoit “aucune représentation spéciale aux Facultés de province, pouvait paraitre assez juste, il y a ingt-cinq ans. Il n'est pas de nature à assurer une représentation des intérêls des Universités « provinciales, qui comptent actuellement près de L dix ans d'existence légale et qui se sont si rapi- … dement développées dans notre pays. Depuis vingt-cinq ans, en effet, l'Enseignement supérieur dans les quatre ordres de Facultés s'est notablement accru. En 1880, le nombre des chaires magistrales de Facultés dépassail à peine la cen- taine dans chaque spécialité, tant pour Paris que pour la province. Ce nombre oscille actuellement à ! Jours Frnny : Exposé des motifs du projet de loi. Officiel, 29 mars 1879. # L. Lisno : Exposé des motifs du projet de décret sur Vorganisation des Facultés, présenté au Conseil supérieur {Lois et Règlements sur l'Enseignement supérieur, t. IV, p+ 211, réunis par de Beauchamp). ] A. TURPAIN — LES RÉFORMES DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR NN 167 : entre 170 et 190, ainsi que le montre le tableau suivant : MÉDE- DROIT CINE SCIENCES LETTRES En 48S0 : Paris #1 021 31 19 46 :(‘} Province. . 98 36 101 85 Totaux. 119 67 120 101 = 407 chaires. En 1905 : Paris - . 35 36 29 38 (?) Province. . 160 149 151 138 Totaux. 195 185 170 186 — 736 chaires. Accroissement : TOI AT OS RE AE M Cat eve, à 63 % if fo Li otre ÉD OT sé AE 177 SOENCER MCE Ci Em LES 41 lattes EE Le dus s6 Il existe ainsi aujourd'hui une disproportion cho- quante entre la représentation de certains corps enseignants au Conseil supérieur et celle des Fa- cultés. C’est ainsi que nous voyons : le Collège de France, l'École Normale supérieure | avoir chacun deux délégués, que le Muséum, l'École nationale des Chartres, l'École des Langues orientales vivantes, l'École Polytechnique, l'École des Beaux-Arts, le Conservatoire des Arts et Métiers, l'École Centrale des Arts et Manufactures, l'Institut agronomique ont chacun un délégué, alors que chaque groupe de Facultés, la Faculté de Paris et les 14 Facultés de province réunies, n’a que deux délégués. Ces deux délégués peuvent, d'ailleurs, actuellement appar- tenir tous deux à la Faculté de Paris ou être choisis dans les Facultés de province. Qu’en résulte-t-il? Que, suivant le choix des électeurs, soit la Faculté de Paris, soit les 14 Facultés de province peuvent n'avoir aucun délégué au Conseil supérieur, et qu'ainsi leurs intérêts propres se trouvent sans représentants au sein du premier Conseil de notre Enseignement public. C'est ainsi qu'actuellement, en 1905, tant dansl'ordre du Droit que dans l'ordre des Lettres, aucun des deux délégués au Conseil supérieur n'appartient aux Facultés de Paris. Le contraire pourrait se produire : la province n'avoir aucun représentant. Cette alternative possible est aussi regrettable pour l’Université de Paris que pour les groupements provinciaux , actuellement RÉ — 1 Ces nombres sont extraits du tableau annexé ai du 12 février 4881 relatif aux traitements des professeurs ue Faculté. PI 2 D'après un relevé pris dans l'Annuaire de 1108 70 truct | publique pour 1905. 168 A. TURPAIN — LES RÉFORMES DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR si actifs, el dont les intérêts se font de jour en jour plus divers et plus importants. La représentation effective des Universilés de province au Conseil supérieur serait, d'ailleurs, en parfait accord avec les intentions du législateur de 1880, qui voulut faire du corps alors réorganisé un Conseil où {outes les compétences fussent re- présentées. Le rapporteur de la loi de 1880 à la Chambre des Députés, M. Chalomet, s'exprime ainsi, en effet, à propos de la représentation des Facultés : « Le projet de loi ne propose que cinq profes- seurs en tout pour les Facultés de l'État et pour les Écoles supérieures de Pharmacie. La Commis- sion a trouvé qu'un seul représentant suffisait pour les Écoles supérieures, mais que c'était trop peu pour un enseigement aussi important que celui des Facultés et pour un si grand nombre de chaires. « Il serait à craindre, d’ailleurs », ajoute le rap- porteur, « que cet unique délégué fût toujours pris parmi les professeurs de Paris. Nous avons donc admis deux conseillers pour chacune des quatre Facultés, avec l'espoir que l’un d'eux sera choisi dans les Facultés de province. » Ainsi donc, la Commission de la Chambre des Députés estimait déjà en 1880 que, pour un si grand nombre de chaires, il n'était pas trop de deux conseillers par ordre de Facultés. Or les chaires ont presque doublé depuis vingl-cinq ans. Quant au nombre des électeurs, agrégés, char- gés de cours, maitres de conférences pourvus du grade de docteur, la comparaison du scrutin du 15 avril 1880 à celui qui se rapporte à 1904 indique un accroissement de 60 °/, en moyenne, et, pour une catégorie, les Sciences, une augmentation du double, comme le marque le tableau suivant : ÉLECTEURS INSCRITS DROIT MÉDECINE SCIENCES LETTRES TOTAUX Scrutin : du 15 avril 1880'. 164 216 139 121 640 du 26 mai 1904°. 220 320 265 218 1.023 Il parait juste de modifier actuellement la repré- sentation des Facullés au Conseil supérieur. On pourrait, par un article additionnel] à la loi de 1880, porter à trois le nombre des délégués de chacune des quatre Facultés, dont deux au moins appar- tiendraient aux Universités de province. Un nouvel élément de progrès et de développement sortirait de cette modificalion pour nos Universités, dont les légitimes aspirations pourraient se formuler avec une plus grande autorité. De nombreuses et légitimes revendications se sont déjà souvent fait jour sous forme de vœux émis par les Conseils élus de nos Facultés et de ! Officiel, 23 avril 1880, p. 13170. ? Officiel, 2 juin 190$, p. 3276. nos Universités. Elles pourraient ainsi trouver enfin un légitime écho. La solution des questions | que posent ces desiderata du personnel enseignant des Facultés intéresse au plus haut point le déve- loppement de nos Instituls provinciaux. C'est ainsi que les situations faites aux maitres de province, l'avancement extrêmement lent des titulaires, la stagnation des professeurs adjoints et des confé- renciers, non compensée par aucun des avantages que possèdent leurs collègues de Paris (enseigne- ment semestriel, traitements plus élevés, etc.), constituent un état de choses qui n'estpas enrapport avec l’activité que déploie ce personnel d'élite et qui ne stimule le zèle et le labeur d'aucun de ces maitres. A ces questions d'ordre capital se joignent nom- bre d'autres plus secondaires et cependant impor- tantes. Telle l'atteinte récemment portée à l'une de nos prérogatives les plus anciennes. Alors que nos collègues du Droit et de la Médecine jouissent encore pleinement de leurs vacances, nous voyons les nôtres réduites de plus du 1/6, sans aucune compensation, par les secondes sessions annuelles du baccalauréat reportées en octobre. Et cependant les vacances servent à la plupart d'entre nous, soil à achever des recherches en cours, soit à mettre au point des ouvrages que l'activité de nos occupa- tions professionnelles ne nous permet pas toujours de mener à bonne fin au cours de notre année d'enseignement. IT Sans vouloir comparer ici les trailements des professeurs des Universités étrangères à ceux de nos professeurs d'Universités françaises, ce qui serait d’ailleurs tout au désavantage de notre pays, nous uous contenterons de faire remarquer qu'en ce qui concerne l'avancement des professeurs titu- laires, il y aurait lieu d'assurer enfin à tout profes- seur l'accès des première et deuxième classes aux- quelles la grande majorité des Litulaires ne parvient pas actuellement avant l’âge de la retraite. Les pro- portions fixées par le décret de 1881 pour les classes supérieures ne sont pas suffisantes. Elles n'assurent pas, ainsi que l'indiquait, il y a plus de six ans déjà, en 1899, la Commission de revision des trai- tements du personnel des Facultés, un avancement normal aux professeurs de Faculté. « Les proportions de 1881 sont de 1/10° des pro- fesseurs pour la 1"° classe, 1/10° pour la 2° classe, 5/10° pour la 3° classe, et 3/10° pour la 4° classe. On peut se convaincre, en étudiant les tableaux du personnel, qu'un professeur entré vers trente ou trente-cinq ans dans la 4° classe n'a pas la certitude de parvenir avant l'âge de la relraite à l'une des classes supérieures. C'est ainsi que, dans la Faculté A. TURPAIN — LES RÉFORMES DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR 169 des Sciences, les professeurs portés en 1899 Les pre- miers dans le tableau de la 3° classe avaient 55, 58, 67, 64, 52, 53, 50, 60, 48, 50, 47, 50, 47, 45 et 53 ans ; les professeurs inscrits en tête de la 4° classe, 48, 43, 51, 43, 42, 47, 44, 39, 40 et 42 ans. À moins de circonstances imprévues, il leur sera impos- sible de parvenir aux classes supérieures !. » La tâche du professeur d'Enseignement supé- rieur, remplie consciencieusement et accomplie avec le constant souci de se maintenir au courant des incessants progrès de la Science, est déjà assez lourde, et l’on nous accordera, avec Arago ?, que le professeur qui l'exécute mérite par ce fait seul un avancement régulier et assuré. Évidemment, le savant qui joint à l'exécution de cette lâche un labeur constant de recherche scien- tifique fructueuse doit être au plus haut point encouragé, et c'est pourquoi on a prévu avec raison des promotions de classes faites au choix. D'autres encouragements nombreux et des plus légilimes lui sont d'ailleurs réservés : tels sont les prix fondés près des diverses Académies, sans compter les nombreuses distinctions honorifiques qu'il … s'attire, tant du pouvoir public que des diverses - compagnies scientifiques. Il n'empêche que, tout en réservant au choix une part importante, les . droits de l'ancienneté ne nous paraissent pas - devoir être prescrits. En élevant de 1/10 à 2/10 la quotité de la deuxième classe des titulaires et en maintenant les proportions actuelles du choix et de Vancienneté, on permettrait l'accès des classes supérieures à la plupart des professeurs avant l'âge — de la retraile. D'après le Rapport du budget de ; - 4899, un crédit de 104.000 francs est nécessité par cette réforme. Ce sacrifice est-il donc au-dessus des ressources budgétaires? Nous ne le croyons pas. N'est-il pas d'ailleurs très modeste, si on le compare au dévouement et à la valeur du per- sonnel d'élite à l'égard duquel il serait con- senti? Une question à considérer, relative aux émolu- ments des professeurs de Facullé de province et qui est des plus importantes quant à l'essor de nos Universilés régionales, c'est la grande dispropor- lion entre les traitements de Paris et ceux de la province. Celte disproportion est d'autant plus grande que les titulaires de 1" ciasse sont à Paris de beaucoup les plus nombreux. Alors qu'en pro- vince le 1/10 seulement des professeurs constitue la 1° classe, les professeurs parisiens de 1° classe formaient déjà en 4881 plus de 80 °/, de l'ensemble — ! Extrait du Rapport sur le budget général de l'exercice 1599 (Ministère de l'instruction publique). Officiel, Chambre des députés, annexe au procès-verbal de la Séance du 12 janvier 1899, n° 606, p. 175. * ArAG0 : (Œuvres, t. III, p. 624. des professeurs des qualre Facultés de Paris !. En 1889, la proportion de la 1'° classe des professeurs de Paris était encore de 76 °/,; en 1893, de 75 °/,. Cette énorme disproportion est de nature à raréfier les professeurs de talent en province: ils se trou- vent, en effet, attirés vers Paris non seulement par celte notable différence d'émolument, mais encore par tous les avantages qu’entraine l’enseignement dans la capitale (cours semestriel, casuel souvent très important par suite du nombre de grandes écoles qui s’alimentent en maitres ou répéliteurs auprès des Facultés, etc.). Si, par cas, et il y a des exemples, un savant de grand talent préfère demeurer en province par l'attachement même qu'il éprouve pour l'Université où s'est écoulée la majeure partie de sa vie scientifique et où il a éprouvé les inoubliables émotions que donne la recherche scientifique désintéressée, ce maitre ne se trouve pas récompensé à légal de ses collègues parisiens. Presque toujours, sauf de lrop rares exceptions, les portes de l'Institut lui demeurent fermées par le seul fait qu’il n'habite pas Paris, et cetle considération n’est pas des moindres parmi celles qui déterminent l’exode de nos meilleurs maitres vers Paris. Pourquoi ne pas unifier complètement les traite- ments de province et ceux de Paris, en réservant, si l'on veut, une indemnité de séjour aux profes- seurs parisiens ? Cela permettrait de comprendre tous les profes- seurs, tant parisiens que provinciaux, sur un même tableau de classement, alors qu'actuellement les professeurs de Paris sont placés tout à fait à part, leurs promotions et leur classement ne faisan l’objet d'aucune publication officielle. Dans l'éven- tualité d'un tableau unique de classement, lorsqu'un professeur quitterait la province pour Paris, il resterait dans la classe à laquelle il appartient etne bénéficierait que de l'indemnité de résidence. III Comment s'effectue actuellement le recrutement des titulaires de chaires de Facultés? Le décret du 28 décembre 1885 se borne, en ce qui concerne la nomination des titulaires, à renvoyer aux lois antérieures. Nous y lisons en effet : Titre V. Des professeurs et de l'enseignement. ! Le tableau annexé au décret du 12 février 1881 relatif au traitement des professeurs de Faculté mentionne : DROIT MÉDECINE SCIENCES LETTRES TOTAUX Facultés de Paris. {re classe 10 17 13 2e classe. . . k 6 ! 3 DE Beaucaawe : Lois et Règlements sur l'Enseignement supérieur, t. II, p. 559). 170 A. TURPAIN — LES RÉFORMES DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR Art. 33 : « Les professeurs titulaires sont nommés dans les formes prescrites par les décrets du 9 mars 1852, du 22 août 1854 et par la loi du 27 février 1880. » Voici dans quels termes ces décrets et loi régis- sent la matière : Décret du 9 mars 1852. — Art. 2 : « Quand il s'agit de pourvoir à la nomination d'un professeur titulaire dans une Faculté, le Ministre propose au Président de la République un candidat choisi soit parmi les doc- teurs âgés de trente ans au moins, soit sur une double liste de présentation qui est nécessairement demandée à la Faculté où la vacance se produit et au Conseil académique. » Décret du 22 août 1856. — Art. 6 : « Pour être nommé professeur dans une Faculté, il faut être âgé de trente ans au moins, être docteur dans l’ordre de cette Faculté et avoir fait pendant deux ans au moins, soit un cours dans un établissement de l'Etat, soit un cours particulier dûment autorisé, analogue à ceux qui sont professés dans les Facultés. » Art. 7 : « Peuvent être également nommés profes- seurs dans les Facultés les membres de l'Institut qui ont fait, pendant six mois au moins, un cours dans les conditions de l’article précédent. » Art. 8 : « Lorsqu'il y a lieu de pourvoir à une chaire vacante dans une des Facultés de l'Académie de Paris, les Facultés du même ordre dans les départements en reçoivent avis; elles peuvent recommander au Ministre la candidature d'un de leurs membres. » Loi du 27 février 1880. — Art. 4 : « En cas de vacance d'une chaire‘dans une Faculté, la Section per- manente du Conseil supérieur de l'Instruction publique présente deux candidats, concurremment avec la Faculté dans laquelle la vacance existe. » On ne peut se défendre. à la lecture de ces textes. d'un certain étonnement en constatant que la nomination des titulaires est encore en partie régie à l'heure actuelle par ces décrets de 1852 et de 1854 qui, non seulement, sont les moins libé- rales de nos lois universitaires, mais marquent même l’époque où le pouvoir central lint le plus étroitement en tutelle nos institutions. Il est vrai qu'un tempérament notable y a été apporté depuis: L'indépendance du titulaire paraît plus assurée et. si Sa nomination reste encore entièrement à la discrétion du ministre, comme l'indique nettement le texte du résumé des lois précédentes, texte publié chaque année à la fin de l'Annuaire de l'Ins- truction publique*, du moins la consultation simul- tanée de la Faculté où la vacance existe et de la Section permanente semble-t-elle apporter dans ces choix mêmes les plus grandes garanties de haute compétence et de parfaite impartialité. Si, en effet, légalement, le Ministre reste maître de nommer * La loi du 27 février 1880 transporte ce droit de présen- tation à la Section permanente. = « Les professeurs titulaires sont nommés par le Pré- sident de la République sur la proposition du ministre, qui les choisit soit parmi les docteurs et les membres de l'Institut, soit sur une double liste de présentation faite par le Conseil de la Faculté où la vacance se produit et par la Section permanente du Conseil supérieur de l'Instruc- tion publique. » Annuaire de l'Instruction publique pour 1905, P- 146. | en dehors des présentations de ces deux corps, nous savons qu'en fait, il suit d’une façon à peu près constante leurs indications ou du moins celle de la Section permanente. Nous allons voir qu'en dépit de ces apparences cette législation laisse place à un arbitraire indé- niable. La plupart du temps, une incompétence des plus manifestes, ou bien encore beaucoup trop souvent une parlialité évidente, souvent même toutes deux à la fois, nous ne disons pas, se font jour, mais peuvent se produire dans le choix des candidats proposés au Ministre pour les postes de titulaires. Suivons la procédure. Lorsqu'une chaire vient à vaquer par suite du décès ou de la retraite d'un titulaire, en général le Ministre, usant de la préro- galive que lui donne l'article 37 du décret du 27 décembre 1885, nomme un chargé de cours. Ce chargé de cours se trouve être le candidat officielle- ment indiqué aux votes de la Faculté lorsque la déclaration de vacance de la chaire sera faite. Déjà une atteinte est portée au libre choix des Facultés, qui savent que leur vote se portera inuti- lement sur un autre candidat. Critiquant les anciennes suppléances et les conditions de nominalion des chargés de cours d'alors, M. Liard s'exprime ainsi dans l'exposé des motifs du projet de décret du 28 décembre 1885 : « Le suppléant est une sorte de coadjuteur avec succession future; s'il est choisi par le pouvoir central, ce choix rend illusoire le droit de présen- tation de la Faculté le jour où la chaire deviendra vacante; s'il est choisi par le titulaire, il enchaine moralement pour le même jour la liberté des autres titulaires. A quoi bon créer de ces présomp- tions et de ces contraintes morales? » Ces criliques ne s’adressent-elles pas encore à la nomination actuelle des chargés de cours, malgré le renouvellement annuel? Et peut-on dire que vraiment, comme le désirait et voulait le réaliser la réforme de 1885, tous les chargés de cours et maitres de conférences se trouvent égaux en droit devant la Facullé le jour de la déclaration de vacance de la chaire et qu'ils n'aient vraiment d’autres titres à la titularisation que leurs travaux et leurs services ? En fait, le chargé de cours ne se trouve-t-il pas le candidat désigné au titulariat? Si, dans quelques rares circonstances, une concur- rence sérieuse se manifeste lors de la déclaration de vacance de la chaire, c'est sans aucun espoir que le concurrent se met sur les rangs. Le plus souvent, le chargé de cours doit prier un de ses amis de lui rendre le service de se porter comme second con- current, afin que la Faculté ait au moins deux noms de candidats à porter sur la liste de présen- tation que, bien inutilement, on lui demande. * Ainsi done, le droit de présentation de la Faculté demeure aujourd'hui encore tout à fait illusoire. Comme nous allons le voir, cela importe peu, le choix de la Facullé étant généralement incompé- tent et ne pouvant pas être aisément impartial. Supposons, en effet, que le chargé de cours n'ait été préalablement désigné par le pouvoir central qu'après une entente officieuse avec la Faculté, en un mot qu'il lui agrée; supposons même le cas plus net, bien que beaucoup plus rare, d'une chaire déclarée vacante par l'effet d'un transfert par exemple, et pour laquelle la Faculté est appelée à présenter une liste de deux candidats, alors qu'elle ne se trouve en présence d'aucune nomina- tion préalable de chargé de cours. Dans ce cas, la plupart du temps, la Faculté est, disons-nous, incompétente pour opérer le choix. Dans dix de nos Facultés des sciences sur qua- torze, les chaires magistrales sont uniques par spécialité. Dans plus de la moitié des cas, le seul professeur vraiment compétent pour juger des titres scientifiques el des travaux des candidats en présence fait défaut, puisqu'il s'agit justement-de pourvoir à son remplacement. Le seul juge compé- tent capable d'éclairer le vote de ses collègues n'existe donc méme pas le plus souvent. Mais, quand bien même la Faculté possède deux chaires rela- tives à la mème spécialité, ou lorsque l’une des chaires de spécialilés très voisines vient à vaquer, comme cela se présente par exemple en Mathéma- tiques, s’il existe enfin dans la Faculté à compléter un juge compétent, non seulement les intérêts des candidats en présence ne sont pas suffisamment sauvegardés par le jugement d'un seul maitre compétent, mais l'impartialité même de ce juge- ment n'est pas complète, le Juge ne pouvant suffi- samment se soustraire à l'influence des relations locales. Il est, en effet, souvent malaisé à un titu- laire quiest depuis plusieurs années en excellentes relations avec le conférencier attaché à une chaire voisine, qui, à l'exemple de ses autres collègues, l'estime sans doute comme un collaborateur des | plus sympathiques, qui craint d'ailleurs de l’éloigner pour toujours du titulariat dont les vacances se font assez rares, il est malaisé, dis-je, au seul juge compétent que compte la Faculté de ne pas céder aux inconvénients de ces influences que la loi de 1880 transporte du Conseil académique à la Section . A. TURPAIN — LES RÉFORYES DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR permanente le droit de présentation concurem- | — ment avec la Faculté où la vacance existe. Dans l'exposé des motifs du projet de la loi, Jules Ferry s'exprime ainsi à ce sujet : « Les Conseils académiques, investis aujourd'hui de ce droit de désignation, sont trop fréquemment influencés pur le vote des Facultés; et, s’il convient 171 d'admettre que cette influence puisse êlre contre- balancée dans quelques villes, elle se manifeste sans entrave dans les centres moins importants. Le Conseil s'associe d'autant plus volontiers au premier jugement rendu qu'il a pour rapporteur généralement un doyen, qui lui-même se borne à répéter les appréciations de ses collègues. Ea fait, par suite du voisinage des personnes et de la com- munauté des relations, les deux élections n'en font le plus souvent qu'une seule, sans qu’il s'établisse d'un corps à l'autre ces débats contradictoires d'où peuvent sortir l'émulation et la lumière. Nous évi- terons, croyons-nous, ces graves inconvénients en confiant à la Section permanente la seconde dési- gnation. Placée à la source de toutes les informa- tions, elle serait à même de vérifier tous les titres, d'en apprécier rigoureusement la valeur sans être dominée par aucune autre considération que l'in- térêt scientifique. » D'ailleurs, lorsque les présentations de la Faculté et celles de la Section permanente ne concordent pas, le Ministre se conforme au choix de cette dernière. Il semble donc bien que, par le jeu même de cette double présentation, les droits des candidats en présence soient sauvegardés el qu'ainsi la précarité du premier jugement soit atténuée. Il n'en est rien. Comme nous allons le voir, si les influences locales n'existent plus alors, la compétence de la Section permanente pour la désignation qu'on lui demande n'est rien moins qu’assurée. Si l’on examine la composition de cette assemblée et les changements qu'elle a subis depuis 1880, on constate qu'en dehors de la compétence générale des hautes personnalités qui y siègent, ceux qui la composent représentaient et représen- tent les spécialités suivantes {tableau I). Si l’on recherche quelles spécialités particulières représentait chaque conseiller, on constate qu'en Sciences, par exemple, un chimiste siégea à la Section permanente de 1880 à 1897. C'est alors un mathématicien qui le remplace en 1897, et les Mathémathiques se trouvent représentées encore en 1905. De 1899 à 1905, le second professeur de sciences, bien que physicien, ne peut être considéré comme compétent quant à la désignation des can- | didats aux chaires de Physique à pourvoir dans aux influences locales. C’est d'ailleurs pour parer | les Facultés; c'est, en effet, le délégué des agrégés de physique des lycées qui siège à la Section per- manente. Enfin, depuis 1905, la Physique est, pour la première fois depuis l'origine de la Seclion permanente, représentée par un professeur d'En- seignement supérieur. Et si les Sciences naturelles ou tout au moins la Botanique, comptent également un conseiller spécialement compétent, et cela pour la première fois depuis vingt-quatre ans, la Chimie demeure sans représentant spécialement compétent 172 A. TURPAIN — LES RÉFORMES DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR depuis 1897, c'est-à-dire depuis huit ans. Les Mathématiques, d'ailleurs, restèrent sans repré- sentant à la Section permanente jusqu'en 1897, pendant dix-sept ans. Mais il n’est pas jusqu'aux Lettres, qui paraissent cependant avoir eu cons- tamment de nombreux représentants à la Section permanente, pour certaines spécialités desquelles des juges spécialement compétents manquèrent au sein de l'assemblée chargée de présenter au Mi- nistre les candidats aux chaires vacantes. C'est ainsi qu'en étudiant complètement le tableau ci- dessus, on constale que l'Histoire fat sans spécia- liste de 1887 à 1889 et de 1893 à 1901. Et encore de 1859 à 1893 fut-elle représentée à la Section permanente par le délégué des agrégés d'histoire des lycées. Ainsi, en particulier, depuis 1897, pour toutes les chaires de Chimie devenues vacantes dans les époque on s'était parfaitement rendu compte de ce que la Section permanent ne pouvait être com- pélente quant à la présentation des candidats aux chaires de Faculté vacantes. Le rapporteur de la loi près la Chambre des Députés dit à ce propos : « Le projet de loi donne à la Section permanente, en cas de vacance d'une chaire dans une Faculté, le droit de présenter deux candidats concurrem- ment avec la Faculté intéressée. C'est un droit qui est exercé actuellement par les Conseils Académi- ques. Il est permis de dire qu'ils sont incompétents; mais la Section permanente ou le Conseil Supérieur ne le sont-ils pas aussi? « L'honorable M. Paul Bert, président de la Com- mission, a proposé un système de présentation qui nous à paru très ingénieux. Les Facultés conser- veraient le droit qu'elles possèdent de présenter deux candidats ; mais, en même temps, on appelle- Tagceau |. — Gomposition de la Section permanente du Conseil supérieur de l’Instruction publique. oo Ï | | | | 1S80 | 1882 1891 * 1593 1S97 1899 1901 | 1905 | Admiaoistrations : Inspecteurs ou directeurs! .| il il 1 1 2 1 1 1 Professeurs ou anciens professeurs de Facultés RONA PER RMADT a PS AU Re 4 2 2 2 2 1 Professeurs ou anciens professeurs de Facultés HeMÉeCIN ee EN EN MN LENS 3 2 2 2 2 2 2 2 Professeurs ou anciens professeurs de Sciences (Facultés, Collège de France, etc.). . . . . . 1 À il l 1 2 2 3 Prolesseurs ou anciens professeurs de Lettres | | (Facultés, Collège de France! etc.). . . . . . SU 9 9 9 8 Be 8 S Facultés où n'existe qu'une seule chaire de Chimie (et elles sont nombreuses : 8 sur 14), la liste des candidats présentés au Ministre par la Faculté et la liste que présenta la Section permanente furent le résultat de votes provenant d'assemblées où ne siègea aucun spécialiste. Quelles garanties de haute compétence, quelle appréciation rigoureuse * de la valeur des Litres des candidats en présence peut-on attendre de présentations ainsi faites? Et cet exemple relatif à la Chimie est loin d'être unique, comme le prouve le relevé ci-dessus. Cette même critique peut s'appliquer aux présen- tations faites en Mathématiques jusqu'en 1897 et à celles relatives aux chaires de Physique et d'His- toire naturelle jusqu'en 1904. Ne s'applique-t-elle pas, d'ailleurs, encore aux vacances des chaires de Zoologie et de Géologie? La lecture des documents qui accompagnent la discussion de la loi de 1880 montre qu'à cette Nous n'avons rangé sous ce vocable que ceux des con- seillers qui n'ont jamais appartenu au personnel enseignant. * De 1891 à 1893, la Section permanente n'a compté que quatorze conseillers (Annuaire de J'Instruction publique, 1891, 1892). rait les professeurs de toutes les Facultés qui occupent une chaire ayant quelque analogie avec la chaire vacante à en désigner deux également. Le rôle du Conseil consislerait à dresser chaque année le tableau des professeurs que le titre de leur chaire investirait du droit de donner leur avis dans chaque ordre d'enseignement. Ce corps de professeurs offrirait toutes les garanties désirables : compétence, autorité, nombre et, en outre, disper- sion suffisante de ceux qui le composeraient pour qu'ils ne pussent être soupconnés d'obéir à un mot d'ordre. Ce système de présentation a élé adopté et forme un des paragraphes de l’article 6. » Et, en effet, le projet de loi adopté par la Chambre des Députés et soumis aux délibérations du Sénat porte à l’article 6: « Le Conseil dresse tous les ans le tableau des professeurs qui, par la nature de leur enseigne- ment, sont inveslis, en cas de vacance d'une chaire dans une Facullé, du droit de présenter deux candidats, concurremment avec la Faculté intéressée. » La Commission du Sénat revint au texte primitif du Gouvernement, qui est celui de la loi actuelle, A. TURPAIN — LES RÉFORMES DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR prétextant que le tableau qu'on demandait au Con- | seil supérieur de dresser chaque année constiluait un travail d'investigations minutieuses imposé au Conseil supérieur, travail qui, vu les rares réunions du Conseil, parut inacceptable. IL est, croyons-nous, très regrettable que le texte voté par la Chambre n'ait pas été définilivement | admis. Il eût fourni des garanties de compétence tout autres que les garanties actuelles. Est-il, d'ailleurs, nécessaire de dresser, chaque année, la liste des professeurs qui, d'après le projet de Paul Bert, auraient élé investis du droit de présentation en cas de vacance d'une chaire. Puisque c’est au titre d'oceupant d'une chaire déterminée qu'ils seraient consultés, ne suffirail-il pas de dresser, une fois pour toutes, la liste des chaires de Facultés dont les titulaires seraient consultés? Il y aurait seule- ment lieu de délerminer, lors d’une création nou- velle de chaire, celle des catégories dans laquelle on la devrait comprendre; le Conseil supérieur fixerait ce point sans beaucoup de peine. En résumé, il semble que les réformes qu'il y aurait à faire, concernant le recrutement des tilu- laires des Facultés, seraient les suivantes : 4° Abrogation de l'article 37 du décret du ?8 dé- cembre 1885, qui serait ainsi conçu : « Lorsqu'une chaire devient sans titulaire par suite de décès, démission, admission à la retraite ou révocalion, elle est aussitôt déclarée vacante. » Les chargés de cours ne trouveraient leurs raisons d’être que dans le seul cas où un titulaire est mis en congé; dans ce cas même, un maitre de conférence pourrait, sans nul doute, remplacer temporairement le litu- laire sans qu'il y ait lieu de le nommer chargé de Cours ; 2° Abrogation du droit de présentation des Fa- cultés qui, nous l'avons vu, n'ont la plupart du temps ni compétence, ni liberté pour dresser leur liste de présentation; 3° Classement des chaires de Faculiés par caté- gorie de spécialités, le collège formé par la réunion des litulaires d'une catégorie constituant l'assem- blée compétente pour dresser une liste de présen- lation lorsqu'il se produit une vacance d'une chaire de cette catégorie : 4 Si l'on croit qu'une double présentation est utile, il y aurait alors lieu de créer, pour ce cas Spécial des chaires à pourvoir, une sorte de Comité consultatif très notablement élargi, où chaque spécialilé serait représentée par au moins six mai- tres auxquels leurs travaux dans la spécialité en question aient acquis une notoriété indiscutable et qui seraient, d'ailleurs. choisis par moilié, tant à Paris qu'en province, parmi les Lilulaires de chaires. | IV Parmi les dispositions heureuses que le décret de 1885 innova, il y a lieu de signaler la création de l'adjuvat. L'article 40 de ce décret est ainsi concu : « Le titre de professeur adjoint peut être donné, par décret, sur la proposition du Conseil de la Faculté et après avis de la Section permanente du Conseil supérieur de l’Instruction publique, aux chargés de cours et aux maitres de conférences pourvus du grade de docteur, qui se sont distingués par leurs services. « Les professeurs adjoints sont assimilés — sauf pour les traitements et la présentation aux chaires vacantes — aux professeurs titulaires. Leur nombre ne peut excéder dans chaque Faculté le sixième des chaires magistrales. » La circulaire du 31 décembre 1885, qui accom- pagne le décret ci-dessus, spécifie les avantages de l'adjuvat : « Leur situation, au point de vue de l’ensei- gnement, ne sera pas modifiée; seulement, leur nomination de professeur adjoint les mettra, sauf les exceptions prévues, sur le pied des titu- laires. Comme les titulaires, ils seront membres du Conseil; ils seront éligibles au Conseil général des Facultés ; ils ne pourront encourir de peines disciplinaires que dans les formes prévues par les lois et règlements pour les titulaires; ils pren- dront rang dans le Conseil à dater du jour de leur nomination; les années de service leur seront complées entières pour l'ancienneté à dater du même jour. « Les Conseils de Facullé remarqueront que c'est sur leur proposition que les tilres de professeurs adjoints seront conférés après avis de la Section permanente. » Enfin, par un décret du 31 juillet 1894, le nombre des professeurs adjoints dans les Facultés des Sciences et des Lettres fut rendu égal au tiers du nombre des chaires magistrales. Cette disposition permet d'appeler à l’adjuvat un plus grand nombre de maitres de conférences. Le rapporteur de ce dernier décret près du Conseil supérieur fait remar- quer qu'en portant au tiers du nombre des chaires magistrales celui des professeurs adjoints d’une Faculté, on a voulu fixer ainsi une imite supérieure du nombre des professeurs adjoints. « Il est bien entendu », ajoute-t-il, « que ceux-ci ne pourront être nommés que sur la demande de la Faculté et après avis de la Section permanente. L'ancien- nelé des services ne sera pas un titre suffisant ; on tiendra compte surtout de la qualité des services rendus et de la valeur des travaux scientitiques *. » ! Lois et Règlements sur l'Enseignement supérieur, t V, | publié par M. Generès, p. 405. LIR 4 174 A. TURPAIN — LES RÉFORMES DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR Ainsi compris, l'adjuvat se présente comme un moyen de stimuler l’'émulation des maitres de conférences au plus grand profit de l'enseignement. Il est regrettable, toutefois, que le Pouvoir €en- tral, qui s'associe par la voix de la Section perma- nente à la nomination du professeur adjoint, paraisse ensuite l'ignorer et le confonde absolu- ment avec le maitre de conférences. C'est ainsi qu'en tant que maitre de conférences il est soumis à la renomination annuelle. Quel inconvénient y aurait-il à appliquer à tout professeur adjoint le bénéfice du décret du 10 juin 1897 ainsi concu : « Les maitres de conférences pourvus du grade de docteur peuvent être nommés sans limite de temps”. » TagLeau Il. — État de l'adjuvat dans les Facultés des Sciences et des Lettres. l'adjuvat à sa place. On pourrait éviter aisément cette situalion vraiment anormale et quelque peu | injuste : Tout d'abord, le professeur adjoint, étant par le fait même nommé conférencier sans limite de temps, ne pourrait être déplacé que sur sa demande. Puisqu'il est assimilé au litulaire, pourquoi ne pas mettre comme condition à un changement de Faculté désiré par lui la possibilité d'une permuta- tion avec un collègue également professeur adjoint, cetle permutation élant d’ailleurs soumise à l'agré- ment des deux Facultés intéressées, lout comme pour un tilulaire. 1] n'y aurail pas lieu, remar- quons-le, de considérer le cas où un professeur adjoint serait appelé à être chargé de cours ,; d'une chaire non encore déclarée vacante, puisque FACULTÉS DES SCIENCES FACULTÉS DES LETTRES | Nombre de chaires PASSE 2 Aix-Marseille . Besancon . Bordeaux . CReER" a 4er Clermont . . . Dion 7" Grenoble . um 10 _ D D =i 1 19 © & © | Montpellier . Nancy ; Poitiers. . . Rennes . . Toulouse > DS Dræ. ©2 1e HO de ND 19 © © de NO 10 19 re 19 | “Nombre de professeurs! non professeurs | adjoints Nombre Conférenciers de professeurs! non professeurs adjoints adjoints Con'érenciers Nombre adjoints | de chaires 12 Se © ÆmQtID OI S de de © LS ne Où JT QE QE por D ee ne © de CRC 2 © © D st] = Il semble contradictoire que le professeur ad- joint, qui a la préséance même sur ceux des titulaires nommés ou venus à la Faculté posté- rieurement à son accession à l'adjuvat, puisse être déplacé aussi aisément qu'un maitre de confé- rences et qu'il se trouve ainsi privé de la plu- part des avantages que lui confère la marque de satisfaction qu'on lui a précédemment donnée. Car, chose curieuse et assez bizarre, l'éloignement d’un professeur adjoint de la Faculté à laquelle il est attaché ne lui conserve uniquement que l'avan- tage relatif à l'ancienneté. Dans la nouvelle Faculté où il peut être appelé, il ne fait plus partie du Conseil et l’on semble ignorer les services rendus qui l'ont fait précédemment distinguer. Cette sorte de déchéance est, d'ailleurs, sans profit pour per- sonne, car, demeurant toujours professeur adjoint à la Faculté qu'il abandonne, il empêche un confé- rencier méritant de cette Faculté d'être appelé à * Lois et Règlements.…, p. 666. | nous supposons que le décès ou la mise à la | retraite d'un titulaire entraine la déclaration de vacance de la chaire. Le professeur adjoint se trou- verait attaché à l'adjuvat qui lui a élé conféré | comme le tilulaire l’est à sa chaire, ainsi que le spécifie d'ailleurs le décret créant l'adjuvat qui précise les deux seuls points sur lesquels le titu- | laire et l’adjoint cessent d'êlre assimilés : traite- ment et vacance de chaire. Peut-être y aurait-il également lieu de faire bénéficier le conférencier qui est jugé digne de l'adjuvat d'une promotion coïncidant avec sa nomi- | nation de professeur adjoint. 11 semble contradic- toire que, la même année, un conférencier dontona reconnu les services par l'adjuvat ne soit l'objet d'aucune promotion, alors que ceux de ses collègues conférenciers auxquels il a été préféré peuvent recevoir une promolion. Il est vrai que. d'autre part, les avantages d'ordre honorifique que con- | fère l'adjuvat peuvent être considérés comme | de beaucoup plus imporlants qu'une simple pro- motion. Il est à bien remarquer, d'ailleurs, que l'adjuvat ne doit pas être et n'est pas réservé aux plus anciens conférenciers de la Faculté. Ainsi que le rappelle le rapporteur du Conseil supérieur en * 1894, « l'ancienneté des services ne sera pas un titre suffisant (pour être nommé professeur adjoint); on tiendra compte surtout de la qualité des ser- vices rendus et de la valeur des travaux scienti- fiques' ». On a prétendu, peut-être à tort, que la nomina- tion à l’adjuvat était affaire de chance n'ayant rien à voir avec le mérite personnel, le conférencier . l’obtenant plus ou moins rapidement suivant la serait de quelque portée si loules les situalions possibles de professeurs adjoints étaient occupées. Le tableau II, qui marque l’état des Facultés des Sciences et des Lettres à ce point de vue en 1905, montre qu’il est loin d'en être ainsi, surtout dans les Facultés des Lettres. Dans une seule Faculté des Lettres, Lille, les conférenciers ne peuvent accéder à l'adjuvat, le nombre des professeurs adjoints possibles étant atteint. Six Facultés des Sciences sont dans la . mème situation : Caen, Clermont, Lille, Montpellier, | Nancy et Paris. - fesseurs adjoints soient encore disponibles dans la . plupart des Facultés, le fait que, dans quelques- unes, l'accession à l'adjuvat est impossible mérite qu'on cherche à y obvier. Si, comme on l'a proposé ._- et comme cela parait assez juste, on limite le ._ nombre d'années pendant lesquelles les services des maitres de conférences sont comptés pour l'an- - cienneté comme moitié, n'y aurait-il pas lieu alors de donner à l'adjuvat des avantages de traitement? Sans cela, il n'y aurait plus, en effet, entre le maitre de conférences et le professeur adjoint, que des différences portant sur des questions d'ordre hono- . rilique, comme l'éligibilité aux Conseils élus. N'y aurait-il pas lieu de craindre que l’émulation déter- minée actuellement par l'adjuvat, et qui fut une des raisons de son institulion, n'en soit de beaucoup diminuée, le seul avantage matériel de l'adjuvat, dont le professeur adjoint ne bénéficie d'ailleurs que s'il devient titulaire, venant à disparaitre ? | ; … La situation des maitres de conférences est peut- être, de toutes celles des membres du personnel enseignant des Facultés, la plus digne d'attention. Comme c'est en réalité parmi eux que se recrutent * Rspport annexé au décret du 31 juillet 1894 (GENERES : Lois et Règlements sur l'Enseignement supérieur, t. V, p- 405). A. TURPAIN — LES RÉFORMES DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR 0. 175 Faculté à laquelle il appartient. Cette critique | les titulaires, ils constituent un personnel d'élite. Dans les Facultés des Sciences, notamment, tous sont docteurs et plusieurs sont, à part leurs thèses, auteurs d'importants travaux; ils constituent, d'ailleurs, l'une des fractions les plus actives de notre personnel enseignant. Et, cependant, bien qu'on exige, avec raison, pour leur donner accès dans l'Enseignement supérieur, des titres et des garanties de savoir de tout premier ordre, bien qu'élant donnée la rareté des vacances de chaires ils soient obligés d'attendre de longues années une titularisation et qu'ils ne puissent tous devenir titulaires, leur situation est des plus instables et des moins réglementées. Aucune mesure ne leur assure, pendant le temps qu'ils demeurent confé- renciers, un avancement régulier. Aucune règle n'est même observée quant à la quotité du | traitement qu'on leur accorde. C'est ainsi qu'on Bien qu'un grand nombre de situations de pro- | pourrait citer de très nombreux exemples de confé- renciers dont les traitements de début furent nota- blement inférieurs aux traitements de début des professeurs et même des chargés de cours de lycées. La Commission de revision des traitements du personnel des Facultés le constatait en 1599 : « Pris parmi l'élite des professeurs de lycée, sou- vent auteurs d'importants travaux, ils sont loin d'avoir une situation égale à celle de leurs col- lègues des lycées”. » Depuis 1899, les conférenciers attendent et ré- clament un tableau d'avancement dont la publi- calion est constamment remise. L'absence de ce tableau laisse place, quant à l'avancement, au plus complet des arbitraires. Tel conférencier, bien qu'ayant débuté en même temps que tel autre, bien qu'ayant été recu docteur à la même date, se trouve à un traitement notablement inférieur sans qu'il y ait pour cela de raisons plausibles*. Cette incertitude et ce manque absolu de règle- ment sont des plus nuisibles en ce qu'ils sont de nature à fatiguer les bonnes volontés, à tromper les légitimes espérances et à fatiguer en l'énervant le zèle d'un personnel qui ne ménage ni son labeur ni son dévouement. La publication du tableau d'avancement que réclament les maitres de conférences depuis plus ‘ Extrait du Rapport sur le budget général de l'exercice 1899 (Officiel, annexe au procès-verbal de la séance du 12 janvier 1899, n° 606. p. 171). 2 S'il ne pouvait évidemment être question iei de citer des noms, nous pourrions donner des exemples de confe- renciers qui, appelés à la même date dans le personnel enseignant, ayant même ancienneté de service et de d torat, débutèrent cependant à des traitements notablement différents (de près du tiers de l'un d'eux). Un autre ex serait celui d'un conférencier nommé à un poste lent, cela postérieurement à ceux auxquels il vient tré fait allusion, et qui, bien qu'ayant moins d'anciet le service et de doctorat, recut cependant comme ut un traitement supérieur aux précédents. : 176 de six ans devrait, nous semble-t-il, ètre la préoceu- palion première des Pouvoirs publics relalive- ment à l'Enseignement supérieur. Cette publication devrait être accompagnée d'un décret réglementant | | déjà le vide se produit autour de nos chaires magis le jeu des promotions et les conditions d'avance- ment. Ne serait-ce pas le moment de mettre en pratique le principe de l'unification des traitements de Paris et de province? Au lieu de différencier encore rences parisiens et provinciaux, pourquoi ne pas établir une mème échelle de traitements et de classes. On pourrait, d'ailleurs, réserver aux confé- renciers de Paris une indemnité de séjour, mais ils se trouveraient réunis sur un même tableau d'avancement avec leurs collègues de province. Il y a peut-être lieu de faire remarquer, à ce point de vue, que, si le séjour à Paris entraine quelques frais supplémentaires, la réunion de presque toutes les grandes Écoles dans la capitale constitue une imporlante source de casuel pour les conférenciers parisiens, qui sont souvent chargés d'une confé- rence où d’un cours dans l'une d'entre elles. \'A Le recrutement des Facullés en étudiants devient à l'heure actuelle une question vilale pour les Universités de province. La nouvelle loi militaire va priver nos Universités d'un certain contingent d'élèves, que les dispenses attachées au grade de licencié engageaient à suivre nos cours. Devons- | nous en être très préoccupés ? Ce serait bien à tort, car la clientèle d'élèves qui n'étaient attirés vers la haute science que par le désir d'éviter un trop long séjour à la caserne ne constituait évidemment pas la catégorie la plus intéressante de nos étu- diants; elle ne comprenait certainement pas nos meilleurs élèves. Il y aurait plutôt lieu de se féli- citer de voir ainsi nos amphithéâtres débarrassés d'un contingent dont les préoccupations immé- diates n'étaient précisément pas celles d'acquérir une culture scientilique désintéressée ou de suivre une vocalion pour le professorat ou la recherche. La nouvelle réorganisation de l'École Normale Supérieure nous louche plus immédiatement. Si intéressante qu'elle soit à bien des points de vue, elle ne risque pas moins de drainer {ous les meil- leurs étudiants à Paris. La liste des boursiers de licence recus chaque année, décapilée au seul pro- | fit de l’École Normale et de la Sorbonne, ne laisse aux Facullés de province que les moins bons sujets, dont beaucoup d'ailleurs n'abandonneront pas Paris el préféreront tenter un second concours. Bientôt sans élèves, les Facultés de province ver- ront leurs enseignements magistraux péricliter de plus en plus par suite de l'absence d'auditeurs. Si, par les traitements les maitres de confé- | A. TURPAIN — LES RÉFORMES DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR aujourd'hui encore, à la faveur de la pénurie Lem poraire de nos collèges en licenciés ès science physiques, les certificats d'études supérieures d Physique et de Chimie ont encore quelque clientèle, trales de Mathématiques et de Sciences naturelles. I est vrai que, d'après les nouveaux programmes du concours commun à l'Ecole Normale supérieure et aux bourses de licence, les Facultés des Sciences trouveraient dans la préparation au certificat P. C. N. les cadres d'un enseignement qu'il suffi- rait d'élever et de fortifier pour en faire une prépa- ration audit concours. Déjà se trouve instilué près la Faculté des Sciences de Paris un cerlificat supé- rieur P. C. N., dénommé certificat d'études supé- rieures de Sciences portant sur la Physique, la Chimie et l'Histoire naturelle. La Faculté de Paris peut sans crainte entrer dans cette voie et donner asile, à côté de ses enseignements magistraux, à la préparation à l'École Normale. En est-il de même pour les Facultés de province ? N'y at-il pas lieu de craindre que, peu à peu, les seuls étudiants de nos Facultés soient ceux des enseignements secon- daires : P.C. N., enseignements lechniques, etc, et que bientôt les chaires magistrales, dont l’exis- tence constitue à proprement parler la Faculté et sa raison d'être, voient leurs amphithéâtlres tout à fait déserts? L'enseignement des Facultés de pro- vince se trouverait par le fait décapité, et il y a lieu de craindre que, dans un avenir plus ou moins rap- proché, les Facultés ne soient plus à proprement parler que l’ensemble des classes de Mathéma- tiques spéciales et de Rhétorique supérieure de nos lycées actuels. Pourquoi ne ferait-on pas de l'École Normale Su- périeure le véritable séminaire pédagogique où se recruteraient normalement et même uniquement nos professeurs d'enseignement secondaire? Il suf- firait de n'admettre au concours de l'École Normale et des bourses d'agrégation (lesquelles pourraient n'exister qu'auprès de la Faculté de Paris) que des candidats licenciés. Les études de licence et la préparation des cerlilicats d'études supérieures dans nos Facullés s'en trouveraient fortiliées. Les candidats qui, licenciés, n'auraient pu subir avec succès le- concours d'entrée à l'École Normale se- raient tout désignés pour les postes de professeurs adjoints des lycées ou de professeurs de collèges. S'il était nécessaire de faire un choix parmi eux, les diplômes d'études supérieures récemment insti- tués permettraient celte sélection. Ceux d'entre eux que leurs goûts porleraient plus spécialement vers la recherche scientifique pourraient, d'ailleurs, soit à la faveur des postes auxiliaires de nos Facultés, soit encore au moyen de bourses d'études réservées aux plus mérilants, continuer et achever H. BOUASSE — LES GAMMES MUSICALES AU POINT DE VUE DES PHYSICIENS 1 1 — eur éducalion scientifique sous la direction des maîtres de nos Facultés. Nul doute que, ainsi que cela s'est produit jusqu'à ce jour, un cerlain nom- bre de thèses importantes continueraient à être élaborées dans nos laboratoires de province. Comme nous l'écrivions au début de cette étude, l'origina- dité dans la recherche scientifique ne pourrait ainsi “qu'être augmentée, et l'on assurerait, par nos Uni- wersités florissantes, le maintien de plusieurs oles scientifiques, condition si propice aux dé- ouvertes et si nécessaire au progrès de la Science. Par l'effet des incessants progrès de l'Industrie ët par suite de la pénétration de plus en plus intime des donuées scientifiques dans le domaine indus- triel, un grand nombre de carrières s'ouvrent actuellement aux jeunes gens, carrières qui néces- sitent, pour celui qui les veut entreprendre et y éussir, une culture générale préalable dont les éléments se trouvent dans les programmes des cer- ificats d'études supérieures préparés dans nos Facultés. Déjà un certain nombre de grandes Écoles techniques recommandent à leurs audi- eurs, s'ils veulent pouvoir profiter de leurs ensei- “gnements spéciaux, la préparation préalable de erlains de ces certificats d'études supérieures : elle, par exemple, l'École supérieure d'Électricité de Paris. D'ailleurs, le succès de cette École comme même une préparation qui leur soit commune dans -un seul établissement ? Malgré ses nombreux enseignements, l'École olytechnique, par l'effet même de l'énorme dé- eloppement des connaissances, ne parvient plus à donner à ses élèves, en même temps qu'une ulture générale, une préparation qui puisse uffire aux lechniques, aujourd'hui par trop di- werses, vers lesquelles elle les aiguille. Comment, à d'ailleurs, admettre qu'en deux ans un élève qu sort de Mathématiques spéciales, fût-il d'élite, par- vienne à s’assimiler les enseignements d'Analyse, de Mécanique, de Géométrie, de Stéréolomie, d'As- tronomie, de Physique, de Chimie, d'Architecture, d'Histoire, de Littérature et de Dessin que les treize professeurs de l'École lui donnent, sans compter ceux d’Allemand, de Dessin des machines et de Dessin d'imitation que huit conférenciers y ajoutent? Forcément, sur bien des points, ses con- naissances ne peuvent qu'être superficielles. Aussi arrive-t-il le plus souvent que nos ingénieurs d'État acquièrent, dans les premières années de leur carrière, et au plus grand détriment des intérêts qui leur sont confiés, les connaissances lechniques et spéciales que leur trop court séjour aux Écoles d'application n’a pu leur fournir et qu’ils devraient cependant pouvoir utiliser au début même de leur carrière. On ne voit plus très bien l'utilité, à l’époque actuelle, d'astreindre à deux années d'éludes supé- rieures identiques le futur ingénieur des mines et le futur ingénieur des postes et télégraphes, le futur officier d'artillerie ou de génie et le futur ingénieur des tabacs. L'École Polytechnique ne devrait-elle pas céder la place à un certain nombre d'Écoles techniques spéciales, dont les portes s'ouvriraient au concours à des candidats qui devraient préala- blement justifier de la possession de certains cerli- ficats d’études supérieures, certificats dont le choix différerait avec la carrière à laquelle ces candidats se destinent? Cela n’exclurait pas pour ces candi- dats la possession d'une certaine culture générale, dont ces certificats seraient d'ailleurs le garant, mais cette culture doit être évidemment limitée, sous peine d'être par trop superficielle. A. Turpain, Professeur adjoint, Membre du Conseil de l'Université de Poitiers ‘On a coutume de dire que les savants, mathéma- ticiens, physiciens, physiologistes, sont des ama- teurs passionnés de musique. Je crains que ce ne Soit une généralisation imprudente du fait que quelques mathématiciens notoires sont des hôtes “assidus et notés des concerts classiques. On devrait £ Voulant écrire un travail d'ensemble relativement court et lisible par d'autres que les physiciens, je n'ai pu faire qu'une étude assez superficielle. Le lecteur désireux de ren- Seignements plus approfondis les trouvera dans un volume de la collection Scientia, qui paraîtra incessamment chez “Gauthier-Villars : Bases physiques de la Musique. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. LES (GAMMES MUSICALES AU POINT DE VUE DES PHYSICIENS bien plutôt s'étonner du très petit nombre de sa- vants qui possèdent quelques vagues notions de musique. Les physiciens eux-mêmes, qui, par métier, savent l’Acoustique, sont le plus souvent d'une rare ignorance des parties les plus élémen- taires de la théorie des gammes, des tons et des modes. Peut-être est-ce la faute de l'enseignement qu'ils ont reçu. Je voudrais montrer que ces ques- tions sont fort claires, à la condition de ne pas les troubler par des considérations dénuées de tout intérêt pratique. 178 1 H. BOUASSE — LES GAMMES MUSICALES AU POINT DE VUE DES PHYSICIENS Les sons se classent par leur Lauteur, c’est-à-dire par le nombre des oscillations que font par seconde les corps sonores qui les produisent. Nous revien- drons sur cette définilion, très incomplète dans le cas général où le son n’est pas simple. L'ensemble de deux sons de hauteur N, et N, con- stitue un accord; des expériences, que chacun est à même de répéter, à peu de frais, prouvent que le caractère physiologique de l'accord, le lien de pa- renté subjectif entre les sons formant l’accord, ne dépend que du rapport N, : N, du nombre des oscil- lations qui caractérisent les deux sons : l’accord reste le même, le lien de parenté semble identique, tant que ce rapport est invariable, quelle que soit la hauteur de l’an des sons. Voici l'une des expériences les plus simples à l'appui de cette proposition; elle nous fournit l'occasion de rappeler ce qu'est un sonomètre et comment on l'utilise. D’après le résultat d'expériences objectives, où l’on mesure le nombre des oscillations d'une corde vibrante, sans s'occuper de l'impression physiolo- gique du son qu'elle donne, on représente la hauteur par la formule : 1 P = “ où P est la tension de la corde (en kilogrammes), p le poids (en kilogrammes par mètre) de la corde tendue, 1 sa longueur (en mètres), g l'accélération de la pesanteur (9%,81). Cette formule conduit à des hauteurs exactes, pourvu que la corde soit assez longue par rapport à son diamètre, et la tension suffisante par rapport à sa raideur, c'est-à-dire à la difficulté qu'on éprouve à la fléchir. On tire de cette formule des lois bien connues et d'une application journalière : 4° la hauteur N est, toutes choses égales d’ailleurs, en raison inverse de la longueur; 2° elle est proportionnelle à la racine carrée du poids tenseur, pourvu que le change- ment de ce poids ne modifie pas sensiblement le poids par mètre de la corde tendue. Ainsi, quand la tension devient quatre fois plus grande, la hauteur du son rendu par un fil d'acier double très exacte- ment, parce que son allongement est insignifiant; la hauteur du son rendu par une corde de boyau fait plus que doubler, parce que la corde s'allonge rela- tivement beaucoup; le poids p par mètre de corde tendue diminue. Pour utiliser ces lois, on emploie le sonomètre ; c'est'une caisse de sapin sec, longue et étroite, sur la surface horizontale de laquelle sont disposées parallèlement entre elles deux ou plusieurs cordes; elle sert de boîte de résonance, elle renforce le son ! en transmettant à l'air les vibrations des cordes: naturellement, elle en diminue la durée. Chaque corde est attachée par l’une de ses extré- mités à un crochet fixé sur la caisse sonore: elle passe sur deux sillets collés contre la caisse et qui limitent la partie vibrante (généralement un mètre); enfin, ou bien elle s'enroule sur une cheville ordi- naire de piano qu'on manœuvre avec une clef etqui permet de la tendre plus ou moins; ou bien elle passe sur une poulie, devient verticale el supporte des poids P qui mesurent sa tension. Un chevalet guidé par une glissière, et dont la position est donnée par une règle divisée en millimètres, peut être placé entre les sillets terminaux; on limite ainsi à la longueur que l'on veut, différente du mètre, la partie vibrante de l’une ou l’autre corde. Revenons à la démonstration de la proposition fondamentale : Le lien de parenté subjective de deux sons ne dépend pas de leur valeur absolue; il ne dépend que du rapport de leurs nombres de vibrations en un méme temps. Disposons sur le sonomètre deux cordes, iden- tiques ou non, mais aussi homogènes que possible, et donnons-leur des tensions quelconques ; elles fournissent deux sons de hauteurs N, et N.. Faisons résonner plusieurs foisles cordes l'une après l'autre, de manière à nous pénétrer de la mélodie formée par la succession des deux sons; faisons-les ré- sonner simultanément, afin de nous pénétrer de l'harmonie formée par leur accord. Introduisons alors le chevalet et plaçcons-le n'importe où: les longueurs vibrantes des deux cordes ne sont plus d'un mètre; elles sont maintenant de m centi- mètres. D'après la formule rappelée ci-dessus et démontrée par les physiciens indépendamment de tout effet physiologique, les hauteurs sont devenues 100 N, 100 N.. TEL: , =5 leur rapport est demeuré invariable. 11 que soit par conséquent la valeur du nombre », l'expérience prouve que la mélodie formée par la succession des deux nouveaux sons, ou l'harmonie rées invariables. L'expérience, déjà remarquable avec deux cordes, l’est encore davantage avec trois ou un plus grand nombre. Nous pouvons conclure que la parenté entre deux sons est caractérisée par le rapport de leurs nombres de vibrations en un même temps : c’est ce qu'on peut appeler l'intervalle. IT Avant d'aller plus loin dans l'étude des inter- valles, il faut définir ce qu'on doit entendre par Or, quelle que soit la position du chevalet, quelle. résultant de leur audition simultanée, sont demeu-" H. BOUASSE — LES GAMMES MUSICALES AU POINT DE VUE DES PHYSICIENS 179 somme, différence, multiple ou sous-multiple d'un intervalle. Nous, physiciens, ne sommes pas libres de nos définilions ; les musiciens nous ont précédés de tant de siècles que nous devons nous soumettre à leurs habitudes, d'autant qu'elles sont excellentes. Soient trois sons de hauteurs N,, N., N,; l'inter- valle entre les deux premiers est N,:N, d'apres la définition précédente; l'intervalle entre les deux derniers est N,:N,. Les musiciens disent que l'in- tervalle des sons extrêmes N, et N, est la somme des deux intervalles intermédiaires. Il est clair que le mot somme n'est pas pris ici dans son sens ordinaire et arithmétique, puisque nous avons, non pas : NS NS em Ne NUPNEN:: mais : NRC SRUN, NX nn NE N Il est nécessaire, soit de convenir que somme devient en Acoustique le synonyme de produit, soit de modilier la définition de l'intervalle pour l'accommoder aux définitions des musiciens, de- vant lesquelles, je le répèle, nous devons nous incliner. Le premier procédé, étant le plus complexe et le plus difficile à faire comprendre aux débutants, est naturellement celui qui prévaut, en France, dans l’enseignement des lycées et des Facultés. Le . résultat nécessaire de l'introduction de ces opéra- tions symboliques, somme qui se traduit par un produit, différence qui équivaut à un quotient, multiple qui s'exprime par une élévation à une puissance, sous-multiple qui devient une extraction de racine, est l’ahurissement du malheureux élève, S'il est intelligent, l'incompréhension absolue dans le cas général. Le second procédé, qui est connu de tous temps, qui a été défendu par M. Guillemin, dans une Note à l'Académie, que M. Brizard et moi essayons de faire pénétrer dans l’enseignement des lycées (est-il sûr que nos efforts réussissent ?), consiste à modi- fier la définition de l'intervalle. L'intervalle n'est plus mesuré par le rapport des hauteurs, mais par le logarithme vulgaire de ce rapport. Soit, par exemple, deux sons de hauteurs 100 et 150; le rapport est 1450 : 100, le logarithme vulgaire de ce rapport, logarithme qui mesure l'intervalle, est : 2,17609 — 2 = 0,17609. Pour faciliter le langage, on convient de multi- plier le logarithme par 1.000, et de dire que l'in- tervalle est d'autant de savarts qu'il y a d'unités dans le produit obtenu. L'intervalle des sons de hauteurs 150 et 100 est donc 1765,09, le signe ç représentant des savarts. Nous verrons plus loin qu'on peut laisser de côté les fractions de savarts, qui sont trop petites pour être perçues. En défini- tive, l'intervalle des sons 150 et 100 est 176 sa- varts (1766). Nous pouvons maintenant conserver les défini- tions des musiciens. Soient trois sons dont les hauteurs sont 100, 125, 150; l'intervalle des deux premiers est 975, l'intervalle des deux derniers est 195; la somme des intervalles est naturellement égale à l'intervalle des sons extrèmes, d’après les propriétés des logarithmes, 1765. Soit à partager l'intervalle entre les sons 100 et 150 en sept parties égales; il nous suffit de diviser 176 par 7; nous oblenons sensiblement 25. Nous pouvons dès lors calculer sans difficulté les hauteurs des sons formant les 7 intervalles; les voici en regard de leurs logarithmes : Loga- rithmes. 2 2,025 2,050 2,075 2, 100 2,125 2,150 Hauteurs 100 106 112 119 126 3: Dans ce qui suit, nous donnerons les intervalles soit par le rapport des hauteurs, soit par le loga- rithme de ce rapport : il n'y a, d’ailleurs, aucune ambiguïté à craindre. À l’usage, le lecteur aperce- vra la clarté qui résulle de la seconde définition. III Puisque la hauteur absolue des sons ne change pas le caractère proprement musica! d'une mélodie ou d'un accord, puisqu'il faut seulement considérer les intervalles, rapportons tous les sons à l’un quelconque d’entre eux que nous appellerons fon- damental. Les sons plus élevés que le fondamental sont définis par un nombre positif de savarts, les sons plus bas sont définis par un nombre négatif. A la vérité, quand on {ranspose une mélodie ou un accord, c'est-à-dire quand on multiplie par le mème nombre toutes les hauteurs (opération que le chevalet du sonomètre nous permettait précisé- ment de faire), on change bien un peu l'effet artis- tique de la mélodie; certaines mélodies, charmantes pour une voix de ténor, deviennent ridicules chan- tées par une basse, indépendamment même des qualités particulières de l'instrument. Toutefois, personne ne doute que ce ne soit la même mélodie; c’est là seulement ce que nous voulons dire. Nous définissons ainsi, à partir d’un fondamental arbitrairement choisi servant d'origine, une échelle continue de sons, ce que les mathématiciens appel- lent une quantité scalaire; chaque son est carac- térisé par un nombre de savarts, théoriquement compris entre —æ et +2. Nous en verrons plus loin les limites pratiques. Or, l'expérience de tous les peuples prouve que les mélodies agréables procèdent toujours par in- 180 H. BOUASSE — LES GAMMES MUSICALES AU POINT DE VUE DES PHYSICIENS tervalles discontinus. Pourquoi? nous n'en savons trop rien. Nous avons écrit le mot agréable; nous sommes dans le domaine du goût; et, s'il est légi- time de chercher les raisons profondes de ce goût, nous sommes loin de pouvoir énoncer des propo- sitions démontrables comme des théorèmes. Le problème des gammes musicales consiste dès lors à déterminer les barreaux de cette échelle par rapport au barreau fondamental. Y est entendu, une fois pour loutes, que nous pouvons arbitraire- ment changer la place de notre origine, la position du barreau à partir duquel nous déterminons la posilion des autres barreaux. L'expérience montre d’abord que les sons dont les hauteurs sont entre elles comme les nombres 1, 2, 4(—2?), 8 (—9*) et généralement ?", ont une parenté si étroite qu'ils sont, sur certains instru- ments, peu discernables les uns des autres. Qu'on frappe une touche de piano et qu'un auditeur peu exercé s'efforce d'émeltre un son à l'unisson de celui qu'il entend, il n’est pas rare qu'il produise sans s'en douter un son à l'octave supérieure (ayant deux fois plus de vibrations par seconde) ou à l'oclave inférieure (ayant deux fois moins de vibrations). Qu'un homme et une femme chantent simultanément le même air, les sons émis seront généralement à une octave de distance. Produisons d'abord un son, puis simultanément les sons à une, deux, octaves (ayant 2, 4 … fois plus de vibrations dans le même temps); nous entendons à la vérité un accord, mais qui nous semble seu- lement le renforcement, l'enrichissement du son initial. Parmi toutes les {ranspositions qui, nous le savons, laissent intacte une mélodie, la transposi- lion à l’octave est celle qui modifie le moins l'im- pression produite. Il est donc tout naturel de prendre les octaves du fondamental pour premiers repères dans la di- vision de l'échelle musicale; cet intervalle, suivant la définition choisie, est 2 ou 1090 log 2 — 301 savarts. IV Voici déterminé l'intervalle fondamental d'octave, valant 301 savarts. Il s’agit de le couper en parties plus petites. Tant s'en faut que cette division soit arbilraire ; cerlaines coupures s'imposent avec une nécessilé presque aussi grande que l’octave : l'his- toire de la Musique chez tous les peuples le prouve surabondamment. Nous reviendrons plus loin sur ces questions. Exposons d'abord en quoi consiste la division pra- tique, la gamme industrielle si j'ose dire, univer- sellement admise par tous les facteurs d'instru- ments à sons fixes, la gamme à tempérament égal. On convient de diviser l'octave en douze parties égales qu'on appelle des demi-tons. L'intervalle d'octave valant exactement 301 sa- varts, mais le savart élant à l'extrême limite des intervalles musicalement discernables, nous pose- rons l’octave égale à 300 savarts; le demi-ton, que nous représenterons par {, vaut donc 25 savarts, le ton T, 50 savarts. Comme on voit, ce sont des nombres faciles à retenir. L'ensemble des douze demi-tons constitue la gamme chromatique. Voici les noms qu'or donne aux treize sons de cette gamme formant les douze intervalles : ut—{(utf, réP}—ré— (réf, mi?) — (mi, fa) — (fa, mi) SG. (Si, ut?) (faF, sol?) — sol — (so1*, la?) — la —(Jaf, si?) (si*, ut). Pour passer d'une note à la note diézée (le signe £ se lit diéze), il faut ajouter un demi-ton, soit 255; pour passer d'une note à la note bémolisée (le signe b se lit bémol), il faut retrancher un demi- ton, soit 255. Bien entendu, rien ne limite le nombre d'octaves que renferme un instrument, sinon les difficultés physiologiques d'entendre des sons trop graves ou trop aigus, le caractère antimusical de ces sons, ou l'impossibilité technique de les produire sur un instrument d'un mécanisme donné. Les instru- ments les plus étendus, comme l'orgue ou le piano, possèdent environ sept octaves; la voix humaine n'en dépasse guère deux : c'est entre ces limites que sont comprises les étendues des autres instru- ments. On convient de distinguer les sons des différentes octaves par un indice. On aura donc successivement des sons allant du uf, au si, du ul, au si,, etc.; prolongeant celte série au-dessous de l'octave 0, on aura des sons allant du si_, au ul_,, du si_,au ui, etc Reste encore un point à décider; reste à fixer la hauteur absolue des sons de l'échelle musicale. C'est inutile évidemment pour les instruments à cordes el la voix humaine, qui fournissent des sons variant d'une manière continue; c'est indispen- sable, au contraire, pour les instruments dont la hauteur est fixée par construction (cuivres, bois, orgue, harmonium) ou fixée, je ne dis pas une fois pour toutes, mais pour des semaines ou des mois, comme le piano. Autrement, ils ne pourraient ser- vir simultanément. D'après la Convention internationale de 1859, le { Alors que tout le monde est d'accord sur la notation des octaves 1, 2, 3..., quelques auteurs oublient l'octave 0 et passent de l'octave 4 à l'octave — 1. I] suffit de prévenir de cette anomalie, qui est évidemment due à l'inattention. H. BOUASSE — LES GAMMES MUSICALES AU POINT DE VUE DES PHYSICIENS 181 1a,, dit du diapason, doit faire 435 vibrations par seconde", Ce choix est entièrement arbitraire; et, quand on songe que les variations de ce a depuis Louis XIV ont élé de près d'un ton (exactement 445), on se demande s'il n'aurait pas été plus judicieux de le fixer à 427 vibrations, choix qui aurait donné exac- tement pour les u{ les puissances successives de 2, et aurait fait de la seconde, unité de Lemps, un ut, l'ut_s. Quoi qu'il en soit, le piano va généralement du la_; (27 vibrations) au /a, (3.480). C'est encore un fait d'expérience que les mélodies les plus agréables ne contiennent pas tous les sons de la gamme chromatique; elles n'utilisent que des séries incomplètes, appelées gammes diatoniques; les sons constituant ces gammes font avec un son appelé tonique des intervalles dont les grandeurs et les arrangements relatifs sont théoriquement très variés et constituent les différents modes. Nous n'admellons guère aujourd'hui que deux modes, le mode majeur et le mode mineur; mais bien d'autres modes ont été utilisés au cours des siècles. Nous dirons plus loin quelques mots de ces modes désuets, auxquels certain molu proprio fameux de Pie X a rendu récemment une actualité qu'on peut craindre éphémère. La gamme majeure est constituée par la série suivanle : DT MEL ET. +2 Te où la tonique est censément la nole la plus basse. Comme nous avons 12 sons différents dans l’octave, comme nous pouvons prendre comme tonique un quelconque de ces sons, nous pouvons exécuter sur un instrument à sons fixes 12 gammes majeures diflérentes. En voici trois comme exemples; les notes sont séparées d'autant de traits que l'inter- valle contient de demi-tons : Ton d'ut majeur, ut = ré — mi — fa —s0l= 15 = si —ut. Ton de ré majeur. Ton de fa majeur. ré = mi {af — sol — la = si=utf—ré. fa =sol= la — si°= ut = ré= mi — (a. Nous écririons les autres avec la même facilité; on convient de choisir, parmi les différents noms d'une méme note, celui qui permet de retrouver Quelques auteurs parlent encore de vibrations simples. Le diapason fait, d'après eux, 870 vibrations simples à la seconde. 11 est étrange qu'on ne se soit pas apercu depuis longtemps de l'absurdite d'un tel langage. Ce qui fait une vibration, c'est une allée et un retour. La hauteur d'un son musical est définie par le nombre de périodes à la seconde : est-il nécessaire de faire observer qu'un phénomène pério- dique ne se décompose pas nécessairement en deux parties symétriques ? pour la série entière les sept mots : uf, ré, mi, fa, SOL Ua ST. Pour des raisons sur lesquelles je ne puis insister, les méthodes de musique indiquent 13 gammes majeures : 1° la gamme d’ut dite naturelle; ® les gammes contenant de 1 à 7 dièzes; 3° les gammes contenant de 1 à 7 bémols. Il est sûr à priori que 3 gammes du second groupe se confondent avec 3 gammes du troisième. On vérifiera que les gammes : {1° uf* (7 dièzes), réb (5 bémols); 2° ur (7 bémols), si (5 dièzes); 3° fa (6 dièzes\, sob (6 bémols) sont identiques. Voici les deux der- nières : 6 Si ut — réf — mir — fat = si? —utl=ré? = mib= fa —solP On admet aujourd'hui que la gamme mineure est constituée par la série : DNARUTISC TRE TNT TE NN A où la tonique est toujours censément la note la plus basse. On a l'habitude de classer les gammes mineures en les rapportant à une gamme majeure dont elles sont le relatif. La tonique de la gamme mineure est à un ton et demi au-dessous de latonique de la gamme majeure dont elle est le relalif. On trouve naturellement ainsi 15 gammes mineures parmi lesquelles 12 seulement sont distinctes. Voici 3 gammes mineures comme exemple : Ja mineur (relatif la =si— ut — ré — mi — [a —s0l—1a d'ut majeur). si mineur (relatif de ré majeur). ré mineur (relatif de fa majeur). Ésiuté ré min Sole SI \ ré— mi—{a—s0ol=]la — si = utf —ré On vérifiera facilement que la gamme mineure relatif d'une gamme majeure a la même armature de clef, c'est-à-dire le même nombre de dièzes ou de bémols; de plus, l'avant dernière note de la gamme, qu'on appelle sensible, est diézée, c'est-à- dire élevée d'un demi-ton. VI On ne comprendrait rien aux modes du plain- chant, pas plus d'ailleurs qu'aux modes grecs, si l'on ne prenait d'abord une idée nette de ce qu'on entend par tonalité d'un morceau’. Pour rester en ut majeur, par exemple, il ne suflit pas d'employer uniquement les sons ut, ré, mi, fa, sol, 14,2 s7 0 faut rappeler le plus souvent possible, soit par la mélodie, soit par la nature de l'harmonie (accords) ‘ 11 serait plus exact de dire modalite. 182 que la tonique est l'ut. Le procédé le plus élé- mentaire consiste à faire intervenir souvent ce qu'on appelle l'accord de tonique (ut, mi, sol), à le ramener toujours à la fin d’une phrase. On affirme encore davantage la tonalité en faisant précéder dans la phrase la tonique par l'avant-dernière note (le si dans la gamme d'u majeur), qui n’en diffère que d'un demi-ton et qu'on appelle sensible; mieux encore en faisant précéder l'accord de tonique (uf, mi, sol) par l'accord de sensible (si, ré, fa). L'accord de dominante (sol, si, ré) joue aussi un rôle important. Je ne peux naturellement pas insister sur les règles dont l'application affirme la tonalité; j'appelle seulement l'attention sur cette domination d'une note particulière de la série employée, formant le lien entre tous les sons d’une phrase, servant de centre à tous les degrés de la méloäie. Le lien peut être artificiel; le plus grand progrès de la Musique au cours des temps a été précisé- ment de découvrir les raisons profondes qui font de l’ut la tonique naturelle de la gamme : ul, ré, mi, fa, Sol, Ja, Si. Ceci posé, on comprend sans peine que la série majeure : DATA PRET TI NET ART prolongée dans les deux sens, donne des modes diflérents du mode majeur, suivant qu'on prend pour tonique l'un ou l'autre des sons. | On trouve ainsi les fameux modes du plain-chant, dont nous avons tous ouï parler quand les Béné- dictins ont quitté la France. A la vérité, quand il s’agit d'une mélodie sans accompagnement (c'est le cas du plain-chant), la modalité est toujours indécise ; aussi classait-on les modes authentiques et plagaux du plain-chant, non proprement par la position d'une lonique naturelle (le principe de la tonalité rationnelle n'était pas trouvé), mais par la position de la note finale jouant le rôle d’une to- nique rudimentaire, position par rapport : 1° à la série indéfinie des sons ci-dessus indiqués; 2° à la série des sons utilisés dans le morceau. Ainsi l'on chante dans le mode authentique de ré (qui correspond au mode dorien grec) en utilisant les sons : ré mi— fa = Sol = la = si — ut = ré, avec la condition que la finale ré occupe le plus bas degré du chant. Cette condition donne une impor- tance particulière au ré, en fait une sorte de tonique ; une mélodie, utilisant la même série que notre mode majeur, mais évoluant non plus au- dessus de l’uf, mais au-dessus du ré ramené comme finale et jouant le rôle de base, devient entièrement différente d’une mélodie en ut majeur. H. BOUASSE — LES GAMMES MUSICALES AU POINT DE VUE DES PHYSICIENS On chante dans le {on ou mode plagal corres- pondant, quand le chant descend à trois degrés plus bas que la finale, c'est-à-dire jusqu'à la domi- nante. La finale est encore le ré (mode hypodorien des Grecs), mais la série des sons utilisés est : Ja =si—ut—ré— mi fa = sol — 1la. Je n'insiste pas sur les six autres modes du plain-chant; j'en ai dit assez pour préciser ce qu'on entend par un mode. Bien entendu, il y a dans le choix des modes une certaine part d'arbitraire. Pour ne citer qu'un exemple, notre mode mineur n'est pas fixé avec une rigidité absolue. La gamme ascendante s'écrit presque toujours : MOUES DT PTIT EAN exemple (/4 mineur) : la=si—ult=ré= mi {a=solf— la; ce qui veut dire que, dans une mélodie en /4 mineur procédant par voie montante, le s0/ sera générale- ment diézé. Mais la gamme descendante peut très bien être : T t T 1x L 1k a la = Si — ut = ré — mi — fa = sol = Ja; ce qui signifie que, dans une marche descendante en /a mineur, l'oreille n’est pas choquée par un sol naturel. Certains compositeurs, répugnant à ce vide d'un ton et demi, qui est pourtant la raison du charme un peu maladif du mode mineur, n'hésitent même pas à employer comme gamme mineure ascendante la série : T t ME L L Hi, t fa” la=si—ut= ré mi SOIF — Ja, Aucun règlement de police ne forçant les musi- ciens à uliliser une série de sons plutôt qu'une autre, S'ils dérogent aux habitudes, le pire dom- mage qu'ils risquent est de froisser le publie et d'être sifflés. Toutefois, bien des gens ne peuvent s’habituer à la musique ultra-moderne, parce que les compositeurs s’astreignent de moins en moins strictement aux modes classiques et au principe de tonalité rationnelle. Pour ma part, ie n'ose les en blämer, si difficile qu'il soit de quitter la noble simplicité des compositions classiques. VII Nous venons d'exposer ce qu'est la gamme tempérée chromatique ou diatonique ; la question de fait est résolue, la question de droit reste entière. Quelles raisons profondes avait-on de cou- per l'octave en douze parties plutôt qu'en dix-sept par exemple? . : Etait-il rationnel de prendre les parlies égales? Pourquoi l'ut est-il la tonique naturelle de la série choisie? La question se ramène immédiatement à la sui- vante : (/ertains sons ont-ils, avec un Son que nous -continuerons à appeler tonique, des liens plus intimes qui les imposent à notre choix pour con- stituer une série diatonique ? Voici sur quel ensemble de faits et de théorèmes repose la démonstration de l'existence de tels sons. On appelle son simple celui que fournit un corps dont les points vibrent, se déplacent de part et d'autre de leurs positions d'équilibre, comme un point d'un pendule, quand l'amplitude de l'oscilla- tion de ce pendule est assez petite pour que la tra- jectoire du point, généralement circulaire, puisse êlre confondue sans erreur sensible avec une pelile droite. Il est aisé de représenter cette loi. Imaginons une roue tournant d'un mouvement uniforme autour d'un axe horizontal. Plaçcons l'œil à quelque distance, à la hauteur de l'axe et dans le plan de la roue. La trajectoire de la tête d'un clou, planté dans sa jante parallèlement à l'axe, se projette sur un plan vertical; elle paraît simplement animée d'un mouvement alternatif de haut en bas et de bas en haut. Sa vitesse, maxima quand elle passe sur l'horizontale de l'œil, diminue quand elle S'approche de ses posilions extrêmes; elle s’y arrête un temps infiniment court, puis rebrousse chemin. On appelle amplitude A le rayon de la roue; la période T est la durée d’un tour; le mouvement apparent de la tête du clou est représenté par la formule : 2%: T est la vitesse angulaire de la roue; 2+{:T est l'angle que fait un de ses rayons, choisi une fois pour loutes, avec une droite de référence (par exemple l'horizontale passant par l'axe); enfin « est l'angle compris entre ces deux droites, quand on commence à compler les temps ({—0) : c'est a phase. On connait des sons simples: un diapason régu- lièrement entretenu rend un son simple ; de même un tuyau excité par un vent faible. La démonstra- lion de cette simplicité est objective et consiste H. BOUASSE — “LES GAMMES MUSICALES AU POINT DE VUE DES PHYSICIENS dans l’enregistrement direct de la forme de la vibra- | tion. Cette définition posée, voici une proposition que nous devons envisager à la fois comme l'expression d'une identité algébrique, et comme l'application d'un principe général de mécanique : le principe de Ja superposition des petits mouvements. Tout son, si complexe qu'il soit, peut être consi- | 183 déré comme dû à la superposition d'un nombre plus ou moins grand de sons simples, dont il est pos- sible de déterminer les périodes, les amplitudes et les phases ; on les appelle sons partiels. Enfin, voici l'énoncé d'une loi physiologique fondamentale, soupconnée par Rameau, formulée par Ohm, et qui est à la base de toute la théorie des sons : L’oreille perçoit séparément el comme sons constituant un accord les sons simples en lesquels le théorème précédent nous apprend à décomposer un son complexe. Plus brièvement, on peut distinquer directement, et sans artifice, les sons partiels d'un son complexe. Comprenons bien le sens de cette loi. Un audi- teur, même médiocrement exercé, distingue dans un orchestre la partie de violon de la partie de cla- rinetle, ces deux instruments joueraient-ils à l'unisson; plus exercé, il distingue la partie de violon de la partie d'alto. Le chef d'orchestre, dont c'est le métier, distingue les parties des différents violons, joueraient-ils à l'unisson. La loi d'Ohm apprend qu'on peut aller plus loin; qu'un son com- plexe, alors même qu'il est fourni par un corps unique, un seul tuyau, une seule corde, est pour l'oreille un véritable accord (consonant ou disso- nant, peu importe), dont on peut distinguer avec de l'habitude, mais sans artifice, les sons simples constituants. La perception des couleurs et la perception des sons diffèrent donc du tout au tout, et les théories, hélas si nombreuses, où l’on compare autrement qu'en métaphore l'œil et l'oreille, sont de belles absurdités. À l'inverse de l'oreille, l’œil est inca- pable d'analyser une couleur; une infinité de teintes, que le spectroscope prouve de composi- tions absolument différentes, produisent sur l'œil exactement la même impression : par exemple, tous les blancs dits d'ordre supérieur fournissant des spectres cannelés. Mettons en œuvre la définition, le théorème et le fait physiologique que nous venons d'énoncer. VIII Parmi les sons complexes, il en est de particu- lièrement importants, qu'on désigne sous le nom de sons complexes périodiques ou à partiels har- moniques : ces deux expressions sont équivalentes d'après un théorème de Fourrier, bien connu des mathématiciens. Ils sont constitués par un fonda- mental fixant la hauteur, et des sons faisant à la seconde deux, trois, quatre. fois plus de vibra- tions que le fondamental. On les désigne sous le nom de second, troisième, quatrième... harmoni- que, le premier étant par convention le fonda- mental lui-même. Les amplitudes et les phases des L 184 H. BOUASSE — LES GAMMES MUSICALES AU POINT DE VUE DES PHYSICIENS | ; “ : distant du fondamental de 1.000 log (3 : 2) — 17651. Or, nous savons que le sol tempéré diffère de l'utn harmoniques peuvent être les plus diverses; le timbre du son complexe périodique dépend des amplitudes relatives des harmoniques; on admet généralement qu'il est indépendant des phases. Le son complexe, tout en restant de même hauteur, est de plus en plus claironnant, puis criard, que ses harmoniques supérieurs ont des amplitudes plus grandes. Un son complexe périodique peut être représenté par la série dite de Fourrier: 9 2 9 9 À, sin + .) + A sin (ÉT+.)+ PRICE A Î I 9 PT sin(n eue +on). A,,A..,A,... sont les amplitudes des harmo- niques; x, 4... ,... leurs phases: T est la période du fondamental. L'importance des sons périodiques est due à ce qu'une corde ébranlée n'importe comment, un tuyau cylindrique allongé dont le vent n’est pas modéré, donnent toujours de tels sons. Si l’on remarque que les instruments de musique sont formés, à de rares exceptions près (harmonium par exemple), de cordes ou de luyaux, on conclut que es sons à partiels harmoniques sont par excellence les sons DUSICAUX. Il résulte de là, et des considérations du para- graphe précédent, qu'une oreille exercée entend séparément, comme des sons distincts, les harmo- niques successifs du son rendu par une corde ou par un luyau. Comme conséquence de cette propo- sition, nous allons fixer trois intervalles fonda- mentaux : la quinte naturelle, la tierce naturelle et le ton majeur, pour aboutir à la constitution d'une gamme diatonique. IX | Étudions, en effet, les intervalles créés par les divers harmoniques, en les baissant au besoin d'une ou plusieurs octaves. Le nombre de vibra- tions du fondamental étant désigné par l'unité, nous trouvons d’abord un groupe dont les hauteurs sont exprimées par les nombres: 2, 4, 8... Is sont à une ou plusieurs octaves du fonda- mental: et c'est la raison profonde de l’étroite parenté d'un son et de ses octaves. Quand nous émetlons un son musical, sauf exceptions très rares, nous entendons simultanément les octaves: il est tout nalurel que, si nous émeltons ces octaves sur un autre instrument, nous soyons préparés à les reconnailre comme parents du premier son qui les contient déjà. La parenté n'est que la conséquence d'une existence partielle simultanée. L'harmonique 3 baissé d'une octave et l'harmo- nique 6 baissé de deux deviennent le son 3 : 2. Ilest exactement de (7: 12) 301 —1755,5. Le troisième harmonique fournit donc à un demi-savart près le, sol; l'intervalle 1765 s'appelle quinte naturelle. L'harmonique 5 baissé de deux octaves devient le son 5:4. Il est distant du fondamental de 1.009 log (5 : 4) —965,9. Il diffère de 3 savarts du mi lempéré: nous lui conserverons le même nom; l'intervalle 975 s'appelle fierce majeure naturelle. Le septième harmonique ne donne rien d'utili- sable. Le neuvième fournit le son 9:8 dont l'in- tervalle avec le fondamental est 515,1. [1 diffère d'un savart du ré tempéré; l'intervalle 515 est le ton majeur. . Il ne faut pas oublier que les amplitudes des harmoniques diminuent à mesure que leur numéræ d'ordre augmente ; les harmoniques supérieurs au neuvième deviennent difficilement discernables et leur parenté musicale avec le fondamental de plus en plus vague. En définitive, la coexistence des harmoniques avec le fondamental conduit à découvrir 3 inter- valles naturels, la quinte (3 : 2) de 1765, la tierce. majeure (5 : 4) de 976, le ton majeur (9 : 8) de 515. La parenté du premier degré d'un son et du fon- damentlal résulte donc de l'existence réelle de ce son comme harmonique du fondamental émis par un instrument musical. D'après les mêmes principes, nous pouvons définir une parenté du second degré; elle existe entre deux sons quand ils ont en commun un har- monique; d'autant plus nette que le numéro d'ordre de cet harmonique est plus petit, elle n'est perceptible que s'il est un des premiers. . dont l'inter- valle avec le fondamental est 1.000 10g(4:3)—1245,9 et qui, par conséquent, est à peu près identique au fa tempéré; son troisième harmonique coïncide avec le quatrième harmonique du fondamental : ces deux sons ont une parenté lrès réelle ; ils forment la quarte naturelle de 1255. Considérons, par exemple, le son A. 6) £ Considérons enfin le son F dont l'intervalle avee le fondamental est 1.000 log (5 : 3) = 2215,8 et qui est à peu près idenlique au /a tempéré; son troi- sième harmonique coïncide avec le cinquième har- monique du fondamental : ils forment la sixte naturelle de 2226. En définitive, ces règles très simples d'affinité, dé- couvertes par les musiciens avant que les physiciens n'en aient donné la théorie, conduisent à la série : ut ré mi fa sol la ut A ER 5 4 3 2 3 H. BOUASSE — LES GAMMES MUSICALES AU POINT DE VUE DES PHYSICIENS 185 Il ne manque plus, pour compléter la gamme diatonique, que de diviser en deux parties l'inter- valle trop grand /a, ut. L'intercalation de cette “avant-dernière note, que nous âppellerons si, qui “est la note sensible, préparatoire du retour de -…. l'octave de la Lonique, et qu'on est tenté de rappro- “cher de ce son, a toujours été assez arbitraire. “Admeltons que l'intervalle mi, si soit une quinte “identique à /à, ut; nous parfaisons la gamme dite … de Zarlin : ut ré mi fa sol la si ut D nav ens 4 ù 4 3 2 3 5 9 10 16 9 10 9 16 sa 1 15. 5 US 15 D dt) d' n ml T 4 Elle possède des degrés de trois espèces : le ton majeur T = 515, le ton mineur T'= 465, le demi- on majeur {—285. La différence entre le ton pnajeur et le ton mineur s'appelle comma. Il vaut Bi _ — 55, soit un dixième de lon. X Nous sommes donc en possession de deux “gammes : la gamme à tempérament égal, qui est . d'invention relativement moderne, et qui s'est - imposée par le développement de l'orchestre; la “gamme de Zarlin, dont l'emploi remonte à la Renais- “sance et qui est vraiment ralionnelle. La facon “mème dont elle se justifie explique la vogue dont “elle a joui dès sa découverte : les rapports qui “déterminent ses intervalles avec la tonique sont “des plus simples qu'on puisse imaginer, puisqu'ils ont pour numérateur ou dénominateur les numéros d'ordre des harmoniques qui interviennent dans l'évaluation de la parenté avec le fondamental, uméros d'ordre loujours petits. À une époque où “la simplicité des lois de la Nature était un dogme, elle heureuse circonstance passait pour une preuve ; d'excellence. Il existe une troisième gamme, rendue célèbre k rles calculs de Pythagore, et qui, sans aucune “aleur théorique, nest, suivant la judicieuse remarque de Helmholtz, que l'expression naturelle de la manière dont les instruments sont accordés. …— Nous savons qu'après l'octave, la quintle est l'in- ervalle sur lequel on hésite le Oise il est d’ail- leurs presque rigoureusement les 7 : 12 de l'octave. Gest à cette circonstance, et au fait que les nombres “1 et 12 sont premiers entre eux, que nous devons la division plus ou moins explicite de l'octave en 12 parties depuis des temps reculés el l'invention de la gamme de Pythagore. Parlons, en effet, du fondamental et procédons are" par quintes ascendantes, en baissant le son obtenu d'autant d'octaves qu'il faut pour le ramener dans l'octave primitive. Nous obtiendrons une série qui reproduirait rigoureusement la gamme clroma- tique TEMPÉRÉE, si la quinte naturelle était rigou- reusement les 7 : 12 de l'octave. Or, elle en diffère de 05,5 environ : nous obtiendrons des sons légè- rement au-dessus des sons tempérés, la différence avec ceux-ci restant toujours petite. Voici les valeurs exactes des sons de la gamme de Pytha- gore; le fa s'obtient PAR CONVENTION, 20n par le moyen de 11 quintes montantes, mais par le moyen d'une quinte descendante, arbitraire sur lequel nous ne saurions trop insister et qui suffil à faire de la gamme de Pythagore une invention pure- ment empirique et théoriquement monstrueuse : ut ré mi fa sol la si ut 92 94 , 23 3 L SE 3" £ à SE QE 2 23 9e 3 2 Jj4 24 La gamme de Pythagore contient deux espèces d'intervalles, le ton majeur (9 : 8) de 515 et le demi- ton pythagoricien (256 : 243) de 235; ce demi-ton diffère d'un comma du demi-ton naturel (285). Assurément, il est merveilleux qu'on soit arrivé dès une époque reculée à une règle de partition aussi précise pour accorder les instruments : aujourd'hui, l’on procède encore comme au temps de Pythagore pour obtenir le lempérament égal. On se contente de diminuer un peu la quinte natu- relle pour la faire identique à la quinte tempérée. En définitive, nous possédons 3 gammes dont voici les intervalles; je néglige les fractions de savart : UÉ UrE IL TAN SOl INSEE Gamme tempérée 0 50 100 125 176 226 216 301 G: rationnelle . . . "OM 51 "97 125 476 222 213 301 G. pythagoricienne. O0 51 102 4125 116 227 218 301 La gamme tempérée est intermédiaire entre les deux autres; la gamme rationnelle diffère de la gamme de Pythagore d'un comma — 55 pour le mi, le /a et le si. XI Nous devons maintenant faire appel à l'expé- rience : avec quelle précision une oreille suflisam- ment exercée reconnait-elle un inter valle ? Les physiciens tombent généralement ici dans une erreur contre laquelle il faut les prémunir. On lit dans Helmholtz (p. 183 de la traduction française) que des musiciens exercés peuvent encore percevoir une différence de hauteur corres- pondant au rapport des nombres de vibrations 1.000 et 1.001. Le plus petit écart perceptible serait donc de 4.000 log (1.001 : 1.000) — 05,4, environ un demi-savart. Le comma valant exactement 1.000 log (81 : 80) = 55,4, une oreille très exercée 186 H. BOUASSE — LES GAMMES MUSICALES AU POINT DE VUE DES PHYSICIENS L.. | pourrait apprécier un intervalle à 1 : 13 de comma près. Présentée sous une forme aussi absolue, cette proposilion est grossièrement erronée : je m'em- presse de dire qu'Helmholtz n'en est pas respon- sable. En effet, plusieurs distinctions nécessaires posent. Il faut d'abord séparer nettement la possibilité de reconnaitre certains intervalles quand les sons sont maintenus simultanément et indéfiniment, de Ja possibilité de les reconnaitre quand ils sont émis l'un après l'autre; dans le premier cas, la mémoire n'intervient pas; dans le second, son rôle est pré- dominant. Il faut, en second lieu, distinguer les intervalles : si la théorie de l’affinité des intervalles que nous avons exposée est exacte, il est clair qu'on reconnaitra bien plus aisément la ‘parenté de deux sons faisant approximativement l'unisson, l'octave ou la quinte, que la parenté de deux sons formant une seconde (ut, ré). On ne peut donc pas parler absolument d'une erreur limite à laquelle près l'oreille apprécie un intervalle; il y a pour chaque intervalle une erreur limite particulière. Enfin, il existe des procédés physiques (batte- ments, résonance) grâce auxquels on reconnait objectivement V'exactitude de certains intervalles (l'unisson, l’octave et la quinte, en particulier) et qui n'ont rien à voir avec la justesse et la sensi- bilité artistiques de l'oreille. Nous voici loin des affirmations des traités élé- mentaires, où l’on fixe absolument et indistinc- tement à un comma, soit à savarts, la limite des intervalles négligeables. : Par exemple, il est de fait qu'une oreille exercée ne peut distinguer la quinte juste (1766,1) de la quinte tempérée (1755,6), quand on maintient les deux sons indéfiniment en un accord, mais de ma- nière qu'il ne se produise pas de battements des harmoniques. Un violoniste exercé accordant son instrument fait dans la quinte une erreur qui arrive aisément à un demi-savart, soit 1/10 de comma. Pla- çons, au contraire, deux tuyaux donnant la quinte sur une même soufflerie; nous entendrons battre l'octave du fondamental de l'un avec la douzième de l’autre. Nous pourrons accorder les fondamen- taux avec une précision à peu près indéfinie : l'oreille n'intervient plus que pour compter le nombre des battements par seconde. Je ne dis pas qu'une telle expérience soit aisément réalisable, mais les qualités qu'elle suppose à l'oreille sont d’un ordre absolument différent. Alors même qu'on maintient les sons en un accord, certains intervalles sont toujours mal déter- minés par l'oreille; Ja seconde, par exemple, n'est guère précisée qu'à un comma près; c'est pour cela s'im- _tiré des conclusions fausses; je reviendrai là-dessus —— que la distinction du ton majeur (515) et du ton mineur (465), qui diffèrent précisément de 55, est. plutôt théorique que pratique, au moins dans une. mélodie. Delezenne, qui s'est efforcé de déterminer expérimentalement quel intervalle on choisit pour la seconde mélodique, a oscillé dans ses conclus, sions du ton maïeur au ton mineur. b Mais, quand la mémoire intervient, quand les deux sons desquels on doit reconnaitre l'intervalle sont émis l'un après l’autre, il est clair que la prés cision diminue, et d'autant plus que croît le temps qui s'écoule entre les émissions. On définit ainsi € qu'il est permis d'appeler la justesse mélodique d l'oreille : disons tout de suite qu'elle est médiocre MM. Cornu et Mercadier, dont je prise fort l'habi= leté expérimentale, ont fait à ce propos des expé riences intéressantes. Ils en ont malheureusemen plus loin. Utilisons d'abord le résultat brut de leu travail. Ê Ils ont trouvé que des violonistes éminents ne sont pas sûrs d'exécuter mélodiquement un inter" valle, füt-ce une quinte, à moins de 55 près, soit un comma; autrement dit, en répélant l'expérience; les intervalles obtenus diffèrent de la moyenne” d'un demi-comma en plus ou en moins. Exception faite pour l’octave, qui est donnée avec plus de précision. À Mais s’agit-il bien ici de la mémoire de l'oreille?" Ne serait-il pas plus juste de faire intervenir la mémoire du gosier pour un chanteur, des doigt de la main gauche pour un violoniste? Les expé- riences de MM. Cornu et Mercadier ne RS elles pas plutôt la précision du mécanisme des artistes que la justesse de leur oreille? | Qu'on réfléchisse à la manière dont s'exécute un intervalle sur un instrument à sons variables, VOIX ou corde. Pour que le son soit Lien posé à ER convenable, il est évidemment nécessaire de se représenter correctement le son à émettre; mais, cette première opération exécutée, on doit savoir exactement, grâce à une longue habitude, à ces qu'on peut appeler la mémoire des muscles, quelles forme donner à la cavité buccale, quelle tension. aux cordes vocales, quelle place aux doigts sur la touche. Un violoniste, si virtuose qu'il soit, em- ployant un instrument aux cordes plus longues ous plus courtes que son instrument habituel, joue faux, bien qu'il ait des images auditives correctes des sons à émettre, jusqu'à ce qu'il se soit accou-* tumé à écarter ou à serrer les doigts davantage. Quand l'artiste entend simullanément et indéfi- niment deux sons, qu'il les produise lui-même oum non, c'est véritablement son oreille qui mesure l'intervalle. Quand il produit deux sons l’un après l'autre, c'est sa mémoire auditive qui intervient hour juger et corriger au besoin l'intervalle, mais L'est sa mémoire musculaire qui doit être rendue esponsable de la fausseté ou de l'exactitude initiale le l'intervalle‘. L'expérience la plus vulgaire montre ue les corrections apportées après coup sont Lénéralement mauvaises, et qu'un chanteur qui ne XII L'importance de ces considérations, si banales sourtant, n'échappera pas au lecteur, quand j'aurai dit quelques mots des conclusions que MM. Cornu et Mercadier ont voulu tirer de leurs expériences. Jusqu'en 1870, date de ces travaux, il semblait tabli par l'expérience de plusieurs siècles qu'une Seule gamme mérite le nom de rationnelle, de natu- elle : la gamme de Zarlin. La gamme tempérée sb la gamme pratique que les nécessités tech- niques imposent, que dans les conservatoires de musique on apprend aux violons, violoncelles, rombones à exécuter, sur laquelle sont accordés ‘es pianos, les orgues, les harmoniums, tous les bois et tous les cuivres; mais un musicien, à qui l'on fait entendre, l'expérience a été faite des milliers de fois, successivement la gamme tempérée et la gamme de Zarlin n'hésile pas à reconnaître une perfection plus grande à la gamme naturelle. Donc une gamme théorique, une gamme pra- tique : voilà quelles étaient et quelles doivent être encore les conclusions d'un nombre infini de travaux. MM. Cornu et Mercadier ont cru bouleverser tout cela; et, ce qui donne une crâne idée du principe d'autorité, dès qu'ils eurent parlé, tout le monde S'inclina; les traités classiques enregistrèrent. On oublia des expériences nombreuses, très soignées, exécutées sans idées préconçues par d’excellents expérimentateurs; on admit une proposition qui était la négation même de toute la science musicale, telle que Rameau l'avait fondée et que Helmholtz l'avait développée. MM. Cornu et Mercadierdistinguent deux gammes, Pune pour l'harmonie et l'autre pour la mélodie : cest Zarlin qui règle l'harmonie, c'est Pythagore qui règle la mélodie. Que cette théorie soit improbable, inadmissible, léraisonnement le prouve sans qu'il soit nécessaire de faire une expérience, et l'expérience confirme le onnement. | = Un pianiste et généralement un musicien qui utilise uninstrument à sons fixes peuvent avoir sans grand incon- Yénient une oreille très médiocre; ils peuvent même être sourds. Il n'est pas théoriquement absurde de supposer un Yioloniste sourd jouant juste. H. BOUASSE — LES GAMMES MUSICALES AU POINT DE VUE DES PHYSICIENS 187 Tout d'abord une harmonie ne diffère d'une mélodie que par l’émission simultanée ou succes- sive des sons; je m'étonne que les auteurs que je crilique ne se soient pas posé la question sui- vante : À partir de quel moment commence la mélodie? Combien faut-il qu'il s'écoule de secondes ou de centièmes de seconde entre l'émission des sons? Et alors ils auraient écrit fatalement un der- nier Mémoire couronnant harmonieusement leur œuvre, sous le litre : « De la loi, en fonction du temps, du passage des intervalles harmoniques aux intervalles mélodiques ». Ce litre aurait pro- bablement refroidi leur enthousiasme. Je m'étonne encore qu'ils n'aient pas fait un raisonnement dans le genre de celui qu’on va lire. Voici des musiciens qui, à de rares exceplions près, n'ont jamais entendu d’autres gammes que la gamme tempérée, à qui l’on s'est efforcé de faire reproduire celte gamme, dont le mécanisme est assoupli pour ce but, qui sont devenus à ce point de vue de véritables automates. Je leur demande d'exécuter mélodiquement un intervalle; ils me fourniront l'intervalle bien tempéré, même si ce sont d'assez piètres artistes. Je choisis maintenant des artistes excellents; je leur demande mélodi- quement un intervalle : comme les autres, ils exécutent l'intervalle tempéré; je leur demande ensuite le même intervalle comme accord soutenu : ils exécutent après un tätonnement très court l'intervalle juste, correspondant à la gamme de Zarlin, car ils savent, quand on appelle leur atten- tion sur la beauté d'un intervalle, reconnaitre l'intervalle naturel, malgré l'habitude du tempéré. Supposons qu’en l'an de grâce 1905 on arrête un passant par un bouton de sa redingote à Brest en juillet, à Madrid en octobre, et qu'on le prie de chanter un air au hasard : j'imagine qu'à Brest il entonnera le God save the King et à Madrid la War- seillaise. C'est exactement pour la même raison qu'un musicien, interpellé sur la tierce, fournit instantanément la tierce tempérée. Toutefois, faites remarquer au monsieur de tout à l'heure qu’il se trouve soit à un enterrement, soit à un mariage : il conviendra que son air n’est pas de situation et sortira la marche de Chopin ou celle de Mendelssohn. Le problème tel qu'il était posé : à savoir si loreille vierge (si j'ose dire) préfère tel ou tel intervalle mélodique, est insoluble. 11 ne faudrait pas d'abord le compliquer d'un problème de mémoire musculaire. Il faudrait choisir un enfant venant de naître, le mettre dans une boite male- lassée dès avant qu'il fût sevré (les nourrices fre- donnent des airs)..., bref, recomposer l'Æmile.…., pour aboutir sûrement à un échec. Il est plus difficile d'empêcher un homme d'entendre des mélodies que des raisonnements, et tout le monde 188 H. BOUASSE — LES GAMMES MUSICALES AU POINT DE VUE DES PHYSICIENS n'a pas le génie de Rousseau pour faire passer des raisonnements douleux. 11 y a donc lout à parier que les intervalles mélo- diques de MM. Cornu et Mercadier ne sont pas autres que les intervalles tempérés, diffèrent d'ailleurs au maximum que de deux savarts, soit 2:5 de comma; c'est ce que M. Guéroult leur fit immédiatement observer. Mais on lui répondit avec une indigration pompeuse etun air de grandeur offensée qui s'accordent admirablement avec la faiblesse des raisons alléguées. Les arguments de MM. Cornu et Mercadier apparaïilront dans leur comique savoureux à travers la citation que voici : « Est-ce que les anciens Grecs exécutaient les tierces pythagoriciennes à cause de l'habitude qu'ils avaient du tempéra- ment? » Hélas! Ô mes maitres, si les anciens Grecs les exécutaient, c'était pour une excellente raison (la seule que vous puissiez invoquer, aucun instru- ment accordé par Pythagore n'élant parvenu jusqu’à nous) : ils les exécutaient parce que systé- matiquement, d’après la manière même dont ils dont ils ne | | gamme pythagoricienne est elle-même au-dess accordaient ou sont censés avoir accordé leurs | instruments, qui, ne Toublions pas, étaient à sons | fixes, la lierce pylhagoricienne était seule à leur | disposition. Cela ne prouve pas qu'ils la trou- vassent meilleure: artiste, après avoir fait sa partition, ne modifiät pas un peu sa lierce. Et d'ailleurs, à mes maitres! si les Papous avaient une autre tierce, me forceriez-vous à la trouver bonne, parce que Papous? Poussez-vous le prin- cipe d'autorité jusqu'à vouloir faire des Grecs nos maitres en musique ? XIII Mais quels sont donc les intervalles trouvés expérimentalement par MM. Cornu et Mercadier? Démontreraient-ils par hasard leur thèse, au point que le bon sens lui-même dût abandonner ses cri- tiques ? Ces résultats, les voici : cela ne prouve pas que lel | Je tire les nombres principalement du Mémoire | du 17 juillet 1871. Je rappelle que les résultats de chaque expérience peuvent différer de la moyenne en plus ou en moins de 26,5, et que chaque expé- rience comporte déja des moyennes. Ils trouvent pour la quinte le rapport 1,503, soit | 1715. La quinte juste est de 1765,1, la quinte tem- pérée de 1755,6. Ainsi, alors que la quinte juste ne diffère de la quinle tempérée que de 05,5, leur moyenne diffère de la quinte pythagoricienne de 05,9. Ils trouvent pour la tierce 10275; mais, dans une Note précédente, ils donnent pour le même intervalle 1,271, soit 1045,1. Or. la tierce pythagoricienne est | : de 1025, la lierce tempérée de 1006,3; la diffé de ces deux tierces est donc 15,7, moindre q différence 25,1 entre la lierce pythagoricienne"el tierce donnée par une série d'expériences dont ont l'air de faire grand cas, puisqu'ils la jetten la face du pauvre M. Guéroult. Mais, dira-t-on, la thèse de ces messieurs es que démontrée, puisque la gamme tempérée au-dessous de la gamme pythagoricienne et que de leurs résultats expérimentaux ! Ce ne serait certes pas un raisonnement en de faveur: mais ce n'est même pas vrai, car, dans Mémoire du 29 janvier 1872, ils donnent comm quarte expérimentale 1,330, soit 1235,9, tandis la quarte tempérée est 1235,3, de même que | quarte pythagoricienne qui lui estidentique. Enf dans le Mémoire du 17 février 1873, ils trouve la tierce mineure égale à 1,185, soit 747, tandisq la tierce mineure tempérée est de 755. ! En définitive, la différence de la gamme tempé à la gamme pythagoricienne est à ce point pe valle sans risquer une erreur supérieure à différence, ne serait-ce qu'à cause de la homogénéité parfaite des cordes. La gamme Pythagore est théoriquement un moustre. Il. inadmissible que, pour passer de l'uf au mi tendre comme harmonique, comme parlie cons! tutive de l'uf. Si l'habitude du mécanisme ni lervenait pas, si l'artiste pouvait matériellené émettre le son pensé, c’est évidemment ce mi qu choisirait. Mais il est asservi par une longue d° tique ayant duré des années; — c'est approxi m livement le mi tempéré qui sort. j Je laisse de Cote définition RS nition de la tierce mineure que MM. Cornu et M cadier, pour la facilité de leur discussion, dérix de quintes descendantes, sous prétexte q l'écrit ut, mi; je glisse sur les résultats relati la sensible; je n'en finirais pas, si je voulais dire. Je relève cependant un des ultimes argumel de MM. Cornu et Mercadier. M. Guéroult leur ayant fait observer que le théorie était de tous points la contradiction système que Helmholtz avait défendu avec tant} de si bonnes raisons, un des auteurs s'est L précipi i. Le savant professeur voulut bien reconnaitre nt un point de vue nouveau {je le crois), et “avait probablement mieux à faire et comptait Je bon sens de ses contemporains (en quoi il se mpait), n'a formulé par écrit aucune objection. XIV La gamme de Zarlin est à ce point supérieure à gamme tempérée que les musiciens du xvu° et vu siècles ont fait des efforts inimaginables r la conserver; ils ont dû s'incliner devant possibilité matérielle de créer des instruments fixes donnant la gamme rationnelle et per- cependant les modulations. Il nous faut r, les opinions les plus étranges ayant cours l'enseignement sur la définition du dièze et émol. lis dans l'excellent ouvrage de M. Lavignac* : existe (au sujet du dièze et du bémol) une sin- re divergence entre les musiciens et les phy- ns; ces derniers, se basant sur des calculs ifs, veulent absolument que l'uff soit plus bas raire. » M. Lavignac ne se fàchera pas de ma ilique, puisqu'il avoue modestement qu'il n’est ouslicien (p. 76); je ne le cite que pour mon- comment peuvent se glisser dans les meilleurs ages des opinions d'une évidente fausseté, squ'elles sont contradictoires dans les termes. et comment alors pourrait-il y avoir contra- on ? La contradiction, car elle existe, provient »les intervalles (en savarls) : ut ré mi fa sol 46 T! t 515 UE à j ab Jai déjà fait observer que le si est 1nal déter- iné par les harmoniques; c'est arbitrairement uë nous supposons un demi-ton majeur 285 entre Pénsible et l'octave de la tonique. Pratiquement, S\chanteurs et les violons tendent à diminuer cet ilervalle. Musique et musiciens, p. 61. es expériences de MM. Cornu et Mercadier | Nous écrivons, en effet, la gamme diatonique H. BOUASSE — LES GAMMES MUSICALES AU POINT DE VUE DES PHYSICIENS | 189 Supposons maintenant que nous commencions la gamme au sol. Les difficultés de modulation, qui n'existaient pas dans la gamme tempérée, se | présentent insurmontables. L'intervalle de seconde sol-la, à partir de la nouvelle tonique, est un ton mineur, tandis que ce même intervalle était un ton majeur avec la tonique uf. D'où la nécessité de confondre les tons majeurs et les tons mineurs, ou de créer des sons supplémentaires en très grand nombre : nous savons que, l'intervalle de seconde élant assez mal déterminé par l'oreille, il n'ya pas grand mal; toutefois, la modulalion ne va pas sans une modification très appréciable dans les accords. Mais, si nous voulons qu'il existe encore une sen- sible, et qu'elle soit à 285 au-dessous de loctave de la tonique, force est d'introduire une nouvelle note, le fa, placée comme suit entre le fa et le sol : fa fa sol 23 28 TS ae 51 Commencons la gamme au fa; pour maintenir à peu près les intervalles, nous devons intercaler un nouveau son, le si; d'autre part, si nous voulons conserver le demi-ton à sa valeur 285, nous sommes bien forcés de disposer les sons dans l’ordre et avec les intervalles suivants : Commencons la gamme au mi; nous sommes forcés de diézer quatre notes. Cherchons ce que doivent êlre ces dièzes pour maintenir les demi- tons à la valeur 285: MI AT SOLS TI ST UE TO T n Inie Le rez et le so} doivent être disposés de la ma- nière suivante : r'é ré* mi sol solf la 18 28 18 28 EE So e. — 469 46 Ainsi, pour conserver le demi-ton à la valeur | admise 285, nous aboulissons à deux définitions du dièze ou du bémol, exactement aussi raisonnables l'une que l'autre. Diézer une note est tout aussi légitimement la hausser de 235, soil un demi-ton | pythagoricien, que la hausser de 185, soit un demi- ton mineur. Hausser de 185 revient à multiplier la hauteur par le rapport %5 : 24. Cette dernière défi- nition du dièze est celle qu'on apprend aux élèves des lycées; seul, Dieu sait pourquoi. Naturellement, bémoliser une note sera la baisser au choix de 235 ou de 185. Comme 2 X 23 — 46, 190 H. BOUASSE — LES GAMMES MUSICALES AU POINT DE VUE DES PHYSICIENS c’est-à-dire un ton mineur, 2 X 18 — 36, c'est-à- dire un intervalle inférieur à un ton mineur, le bémol se confondra avec le dièze ou sera plus haut que lui, suivant l'hypothèse et suivant que la note à diézer fait avec la note à bémoliser l'intervalle de ton mineur ou de ton majeur. Les physiciens n'y peuvent rien : ils ne font que mettre en œuvre l'hypothèse que, dans la modulation, les demi-tons doivent rester de 285. Mais faisons une autre hypothèse; nous aurons d’autres valeurs du dièze et du bémol : toutefois cela reviendra à prendre une autre gamme dia- tonique. Ainsi, Galin-Paris-Chevé admettent la gamme pythagoricienne, tons de 515, demi-tons de 236. 11 résulte immédiatement de cette définition que le dièze est plus haut que le bémol. Laissons donc cette vaine querelle : la position relative du dièze et du bémol dépend de la struc- ture de la gamme de laquelle on part, et du degré de conformité admise a priori entre les gammes résultant des modulations et la gamme primitive. Les physiciens traduisent ces hypothèses en nombres; si les musiciens ne sont pas satisfaits des résultats, cela prouve tout au plus qu'ils ne se rendent pas un compte suffisant des hypothèses initiales. XV On conçoit maintenant comment la nécessité de moduler, de transposer la gamme; de la faire com- mencer par un son quelconque de la gamme diato- nique initialement choisie, a dû conduire tout naturellement à une altération de cette gamme diatonique, à un tempérament, pour que la cons- truction matérielle des instruments à sons fixes ne devienne pas impossible. Quel doit être ce tempérament ? Au xvu° siècle, on a discuté la question avec violence, avec achar- nement. Toutefois, sur un point, facteurs d'instru- ments et musiciens ont été du même avis; il ne faut pas dépasser le nombre de douze notes par octave; le plus petit intervalle doit être le demi-ton, sinon le mécanisme des instruments à sons fixes devient inextricable. Cette concession faite aux nécessités techniques, le problème est loin d'être résolu. Quelques musi- ciens proposaient de maintenir inaltérée la gamme diatonique de Zarlin, et de recouper cinq des inter- valles. Mais, dans cette division, ils n'étaient pas d'accord. Ainsi, les uns recommandaient les inter- valles 18:17 el 17:16 comme parties du ton majeur, 20:19 et 19:18 comme parties du ton mineur; c'est ce qu'ils appelaient une division arithmétique. Les intervalles sont alors en savarts : ut ul® ré réf mi 26 25 24 22 Les autres coupaient le ton majeur et le ton mi- neur chacun en deux intervalles égaux. Je n’abuserai pas de la patience du lecteur FA l'initiant à tous les systèmes proposés; les règles d'un bon tempérament ont été résumées par Chladni; elles sont indiscutables : 1° Plus il y a de quintes exactes et plus le tem- pérament est mauvais, parce qu'alors le petit tement 7:12 d’octave. F octaves plus 65, soit un comma pythagoricien. On‘a en effet : 17606,1 X 12—21136,2; 301 X 1— 21076. Si, pour trouver les douze sons de la gammë chromatique, on procède par quintes, si l'on coms mence par prendre justes (égales à 1765,1) les si premières, toute l'erreur étantreportée sur les cinq restantes, ces quintes deviendront d'autant plus abominables que l'oreille reconnait très tr l'exactitude de cet intervalle ; 2% Le tempérament est d'autant plus mauv que le comma pythagoricien est plus «3 réparti; 3° Les tempéraments les plus mauvais sont ceu où il y a des quintes haussées, parce qu'alo quelques autres quintes supporteront, outre 1 comma pythagoricien, l'excès des quintes haussées Conclusion : le seul tempérament admissible es le tempérament égal. C'est la solution que deu illustres musiciens, Bach et Rameau, avaient pré conisée dès le milieu du xvur° siècle. Il ne faut pas croire que les musiciens en furen généralement ravis. Au dire de l'Encyclopédi (témoin assez partial, il est vrai; tout le monde lu le Neveu de Rameau), ils ne purent se résoudr à se priver de la variélé qu'ils trouvaient dans leg différentes impressions qu'occasionne le tem rament inégal : « M. Rameau a beau leur dire qu'il se trompent, et que le goût de variété se prend dan l’enlacement des modes (les différents {ons de viennent des modes différents, si le tempérament n’est pas égal) et nullement dans l’altération dess intervalles; les musiciens répondent que l’un n'ex= clut pas l'autre. » : Je ne chercherai pas à trancher ce débat ; mais» c'est un fait d'expérience qu'un piano accordé à tempérament soit-disant égal, un piano bien tem péré, comme eût dit Bach s'il avait connu le pianos, ne produit pas la même impression dans les diffé=\ rents tons. Helmholtz s'est préoccupé d'un si curieux paradoxe; la différence de timbre est-elle (f vi PU k. af ne: A. MAILHE — REVUE ANNUELLE DE CHIMIE MINÉRALE 191 | due à la non-égalité parfaite du tempérament, au fait que les tons ayant un grand nombre d'accidents sont joués principalement sur les touches noires. on ne le sait pas d'une manière certaine. . Les inconvénients du tempérament sont négli- géables dans la musique moderne, qui est essentiel- lement chromalique, procède par mouvements rapides, multiplie les modulations et les notes de passage. Nous ne sommes plus au temps où l'on | considérait le piano comme un instrument faux; et il ya belle lurette que nos chanteurs, même tou- lousains (!), sont incapables de distinguer une tierce juste d’une tierce tempérée. Le lecteur qui a bien voulu me suivre avec atlention à remarqué sans | doute que je n'ai jamais prononcé les mots conson- ant ou dissonant; au xx siècle, ils n'ont plus guère de sens : chaque accord sonne comme il peut, _ @est tout ce que notre oreille nous apprend. Le _triton ne nous effraie plus et l'accord de septième | . | fait nos délices. XNI En résumé, on possède une idée très suffisante _ de l'échelle des sons et des gammes, si l'on com- prend bien les propositions suivantes : L'octave (intervalle 3015 ou 3005) est divisée en 12 intervalles égaux appelés demi-tons (255); l'ensemble forme la gamme chromatique. On utilise, de cette série complète, des séries incomplètes qui constituent les modes. Les deux principaux sont le mode majeur et le mode mineur. On peut en imaginer et on en a utilisé une infinité d'autres plus ou moins artificiels. Transposer ou moduler, c'est changer la hauteur absolue des sons employés : le mot transposer s'emploie quand il s’agit d'un morceau tout entier, le mot moduler quand le changement de Lauteur ou de {on se fait à l’intérieur d'un morceau, sur un nombre plus ou moins grand de mesures. La trans- position et la modulation vont d’elles-mêmes avec le tempérament; elles peuvent s'effectuer sur un instrument à clavier par un simple déplacement du clavier (harmoniums transpositeurs, par exemple). La gamme chromatique tempérée résulte d’une altération (avec subdivision de certains intervalles) d’une gamme rationnelle, la gamme de Zarlin, qui résulle elle-même de la complexité de certains sons dits musicaux et de l'existence des harmoniques. Il va de soi que, dans l’enseignement élémentaire, on ne doit parler que de la gamme à tempérament égal : je n'étonnerai personne en disant que c'est la seule dont on ne parle généralement pas. H. Bouasse, Professeur de Physique à l'Université de Toulouse. REVUE ANNUELLE DE CHIMIE MINÉRALE Il est impossible, dans une revue de Chimie miné- rale, de décrire, même succinctement, les nombreux travaux parus dans le cours de l’année. La plupart n'ont pas acquis encore ce degré de généralité qui convient à des travaux classiques. Malgré leur intérêt, ils ne peuvent entrer définitivement dans la science sans être complétés par des découvertes nouvelles. D'autres, au contraire, par leurs applica- tions, par le développement qu'ils peuvent fournir “à une question, méritent une mention particulière. Mivent les faits vulgaires, les phénomènes les plus simples, dont on paraissait avoir retiré toutes les conséquences qu'on en pouvait attendre, ac- - Quièrent tout à coup une nouvelle signification, des applications inattendues avec les progrès de l'obser- Valion, le perfectionnement des appareils et leur mise en harmonie avec les théories modernes. Les travaux nouveaux qui naissent de ces investiga- | ee. 7 4 | tions apportent toujours quelque lumière sur des faits qu'on considérait comme parfaitement établis. L'année scientifique qui vient de prendre fin a été marquée par des discussions nombreuses sur des | faits très anciens que la science avait enregistrés définitivement; ces discussions nous ont valu des recherches et des hypothèses qu'il convient de signaler. En outre, nous ferons connaître, dans le nombre relativement élevé de Mémoires parus en Chimie minérale, ceux qui ont fait avancer une question et ceux qui peuvent être le point de départ de recherches intéressantes. I. — MÉTrALLOÏDES. Peu de travaux ont été effectués cette année sur les métalloïdes. Il semble que tout est dit sur ces corps. Un des derniers venus, le fluor, retient encore l'attention des chimistes. Il est vrai que son histoire est loin d’être complète. On sait que cet élément, si actif vis-à-vis des métaux, de la plupart des métalloïdes et surtout de l'hydrogène, même à basse température, refuse de s'unir à l'oxygène. Les nombreuses tentatives faites jusqu'à ce jour pour combiner ces deux éléments ont toujours 192 A. MAILHE — REVUE ANNUELLE DE CHIMIE MINÉRALE échoué. Il était intéressant de savoir si celte inac- gazeux sur le protoxyde d'azote et le peroxyde d'azote, n'a pu constater aucune combinaison, même en employant une énergie puissante pour la favori- ser. La chaleur et les étincelles d'induction n'ont pas donné un résultat favorable. En présence d'oxyde azotique AzO, le fluor s'est cependant | combiné avee produclion de flamme. Dans cette réaction vive, il s'est produit un composé gazeux incolore, d'une odeur irrilante, attaquant les mu- queuses ; c'est le fluorure d'azotyle AzO*F. L'équa- tion : 2 Az0 + F — AzO°F + Az montre que le fluor a dédoublé l’oxyde azotique, et le peroxyde d'azote formé s'est combiné à l'état naissant avec le fluor. Si cette équation exprime bien la formation du fluorure d'azotyle, il semble élrange que le peroxyde d'azote ne s’unisse pas directement au fluor. Peut-être faut-il penser que l'énergie de combinaison de AZ0* naissant est beaucoup plus grande que celle du peroxyde d'azote libre. Quoi qu'il en soit, le succès de cette combinaison permet d'espérer des résultats plus fructueux. L'union du fluor avec les autres métalloïdes se fait, au contraire, aisément. Au fluorure d'iode IF°, préparé depuis quelques années, est venu s'ajouter tout récemment le fluorure de brome BrF. Ce corps, obtenu simultanément par M. Lebeau et par M. Prideaux, par deux voies différentes, possède, en raison des deux éléments qui le constituent, une activilé chimique très grande. Il s’unit, en effet, avec incandescence à la plupart des métalloïdes ; il décompose l'eau avec une extrême violence, et les matières organiques avec production de flamme et explosion. Pour complèter la liste des combinaisons halo- génées du fluor, il reste à isoler le fluorure de chlore. Il est à craindre que le chlore résiste comme | l'oxygène, à cause de son caractère trop électro- négatif. Le composé serait cependant très inléres- sant, car, d'après les prévisions, son activité chi- mique serait prodigieusement grande. Un des phénomènes qu'on croyait définitivement élucidés, la phosphorescence du phosphore, vient d'être mis de nouveau à l'ordre du jour. Tout le monde, aujourd'hui, semble être d'accord pour admettre que la phosphorescence de ce mé- talloïde est produite par une oxydation portant exclusivement sur la vapeur qu'il émet à la tem- pérature ordinaire. Cela résulte des recherches nombreuses effectuées par Schrütter, Müller, Jou- bert, etc. Or, M. Jungfleisch, par certaines obser- | vations et expériences, a établi que les quantités tivité se maintiendrait en présence des composés | oxygénés. M. Moissan, ayant fait réagir le fluor | de vapeur de phosphore émises à la températur ordinaire sont trop pelites pour produire les phéno mênes lumineux relativement intenses de la phos: phorescence. Celle-ci serait due, au contraire, à Ja combustion spontanée d'un oxyde de phosphore particulier, beaucoup plus volatil que le phosphore lui-même, Il prendrait naissance toutes les fois que le phosphore se trouve soit en présence d'oxygèn raréfié, soit de gaz inerles chargés d'oxygène Quelle est la nature de ce nouvel oxyde du phos phore? Quelle est sa composition ? Ce sont là des questions encore non résolues ; on sait simplement qu'il présente la plupart des caractères de l’anhy= dride phosphoreux P*0*. De nouvelles recherches ont été effectuées sur le diamant par M. Moissan et par Sir W. Crookes. Ces deux savants sont parvenus à reproduire ce corps par deux voies complètement différentes, mais en opérant toujours sous forte pression. Je ne rappellerai pas ici le procédé antérieure- ment décrit par M. Moissan pour la reproduction artificielle du diamant à l’aide du four électrique. Récemment, à la suite de nouvelles recherches poursuivies sur une météorite de Cañon-Diablo, M. Moissan a été amené à trouver les conditions de formation du diamant. Tous les échantillons de charbon, soumis à la pression ordinaire à la haute température du four électrique, fournissent tou- jours du graphite; au contraire, toute variété de carbone liquéfiée sous forte pression conduirait à la formation du diamant. Cette conception parait vérifiée par les récentes expériences effectuées par Sir W. Crookes. Ce savant est parvenu à isoler du diamant dans les produits de décomposition d'un composé très riche en carbone, la cordite anglaise, explosif puissant à base de nitroglycérine et de coton-poudre. D'après ses calculs, faits en appliquant les for- mules de Rankine ou de Van der Waals, Crookes pense que la température de fusion du carbone « serait de 4.400° sous une pression de 17atmosphères. A des températures et à des pressions inférieures, M le carbone se sublimerait sans prendre l'état liquide. Or, dans les expériences que Sir Andrew Noble poursuit sur les explosifs, ce savant a montré que l'explosion de la cordile, produite dans des cylindres en acier hermétiquement clos, développe \ une pression de 8.000 atmosphères avec une tem- pérature de 3.400°. Si l'on rapproche ces nombres de ceux que Sir W. Crookes a admis pour la tempé-, rature crilique et la pression critique du carbone : 5.800° et 2.320 almosphères, on voit que l'on sem trouve dans d'excellentes conditions pour obtenir du carbone liquide, prêt à cristalliser par refroidis- sement sous la forte pression exislant dans le tube 1 l'acier. Sir W. Crookes a éludié les résidus de cette tplosion et, après les avoir soumis à une série de taitements appropriés, il est parvenu à recueillir résidu formé de crislaux octaédriques de ouvoir réfringent élevé et dépourvus de biréfrin- jence : ces cristaux conslitueraient du diamant. II. — MÉTAUx. L'étude des métaux a été un peu plus féconde en lats. D'abord, les métaux colloïdaux continuent ällirer de plus en plus l'attention des chimistes. bus avons fait connaître dans la Revue de l’année dernière les propriétés de ces corps et les méthodes qui permettent de les obtenir. Signalons que la méthode chimique est le plus souvent préférée à la méthode physique. Néanmoins, il y a peu de temps, Svedberg a modifié la méthode de Bredig pour la préparation des hydrosols. Il emploie non plus “leau, mais des liquides organiques au milieu “desquels il place les feuilles du métal dont il veut faire l'hydrosol ; et il se sert de fer ou d'aluminium pour former ses électrodes. L'auteur a ainsi obtenu très aisément l'or, l'argent, l’étain et le plomb -colloïdal. Mais celte méthode n’est pas applicable à cerlains métaux, par exemple à l'aluminium. Svedberg a imaginé une seconde méthode; il em- ploie un potentiel très élevé avec un courant d'in- tensité très réduite, et un dispositif spécial sur les détails duquel nous ne pouvons pas insister. Par ce moyen, il a préparé le magnésium colloïdal sous forme d’une solution gris-olive, dans l'éther absolu. I a même oblenu les mélaux alcalins à l'état colloïdal : sodium, potassium ; le sodium colloïdal est violet, et le potassium colloïdal est bleu violet. Hous les deux sont formés dans la ligroïne et l’éther absolu, et sont d'une très grande instabilité. La méthode chimique dérive toujours de celle qua instiluée Carey Lea. Les sels métalliques solubles sont soumis à une action réductrice. Et les corps rédvcteurs pouvant servir varient à l'in- fini. C'est l'alcool ordinaire, avec lequel Vanino a obtenu un hydrosol d'or présentant des colorations variées ; c’est l'acroléine ou l'alcool allylique, qui fournit un hydrosol d'or rouge pourpre; c'est Phydrazine, l'hydroxylamine, l'oxyde de car- bone, ete. Paal et Amberger ont préparé des solutions colloïdales du platine et des métaux de ce groupe {palladium, iridium) en. chauffant simplement un Sel d'un de ces métaux avec une solution alcaline des acides protalbique et lysalbique extraits de A. MAILHE — REVUE ANNUELLE DE CHIMIE MINÉRALE Bilbumine de l'œuf. La réduction est longue, mais | on l'accélère en y ajoutant un peu d'hydrate d'hy- drazine. Tous ces hydrosols sont doués de propriétés REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. 193 catalytiques vis-à-vis de l'eau oxygénée. L'argent colloïdal réagit aussi sur les différents sels pour les réduire et les transformer en sels de sous-oxydes ou en métal. C'est ainsi que les chlorures mercu- rique, cuivrique, ferrique passent à l'élat de chlo- rures mercureux, cuivreux, ferreux : 2 CuCE + Ag? — 2 AgCI + CuCl® FeCl + Ag == AgCI + FeCF; dans le sulfate de cuivre et le nitrate de nickel, le cuivre et le nickel sont précipiltés à l’état métal- lique. Du côté des métaux proprement dits, il y a un résultat pratique à enregistrer. Le calcium, que M. Moissan avait obtenu en 1897 dans un grand état de pureté en traitant l'iodure de calcium par un excès de sodium, se fabrique maintenant en grand par électrolyse du chlorure de calcium fondu, à l'usine de Bitterfelt, d'après un procédé de M. Borchers modifié par M. Arndt. Le métal ainsi préparé est ductible et malléable comme le laiton ; il graisse la lime et la scie. A l'air humide, sa sur- face fraiche jaunit superficiellement ; mais à l'air sec, l'éclat métallique persiste longtemps et le métal peut êlre pesé sans difficulté. Comme impuretés, les lingots de calcium élec- trolytique renferment des inclusions de chaux et de chlorure de calcium en quantité très faible. La densité de cet élément est de 1,55 et son point de fusion est voisin de 800°; le calcium obtenu par le sodium fondait à 710°. Si l’on rapproche ces cons- tantes physiques et les propriétés de ce calcium de celles qui ort été décrites autrefois, on voit quelles erreurs on peut commettre sur des corps dont on ignore le degré de pureté. Employé en rognures, le calcium peut effectuer la plupart des réductions pratiquées en Chimie organique; il peut aussi remplacer le magnésium dans la réaction de Grignard en donnant des com- binaisons mixtes : Ca N Il peut enfin servir dans la méthode de Goldschmidt pour la réduction des oxydes et des sulfures des différents métaux. Comme la plupart des métaux, il se dissout facilement dans le mercure en donnant un amalgame crislallisé Hg*Ca, stable dans l'air sec à la température ordinaire, el n'absorbant ni l'oxygène, ni l'azote. À la manière de l’amalgame de sodium, l’amalgame de calcium jouit de pro- priétés réductrices qui le feront employer avanta- geusement en Chimie organique toules les fois que l'on voudra réaliser des réductions en liqueurs neulres ou faiblement alcalines. Si le calcium a donné de si brillants résullats, il n’en est pas de même du baryum. Son obtention à EC è 194 A. MAILHE — REVUE ANNUELLE DE CHIMIE MINÉRALE l'état pur, par voie électrolytique, n’a pas été réa- lisée jusqu'ici. Néanmoins, après de longues et patientes recherches, M. Güntz est arrivé à le pré- parer à l'état pur. On sait que, par calcination ménagée de l’amalgame de baryum, M. Güntz avail isolé un métal contenant 98,5 °/, de baryum. En variant de bien des manières les conditions de cette préparation, il n'élait pas arrivé à un élat de pureté plus satisfaisant. Or, récemment, en chauf- fant de l'hydrure de baryum pur, dans le vide, vers 1.200°, il a obtenu du baryum chimiquement pur dosant 99,56 et 99,46 °/, de Ba. Les propriétés de ce corps seront-elles identiques à celles que l'on connait déjà? Cela est vraisemblable, étant donné le peu d'impuretés que contenait le baryum anté- rieurement isolé par M. Güntz. Les mélaux ammoniums, obtenus par l'action du gaz ammoniac liquéfié sur les métaux alcalins et alcalino-terreux, ont occupé pendant ces der- nières années l'attention des chimistes, et les recherches se poursuivent encore aclivement de ce côlé. Ces corpssont, en effet, intéressants à plus d'un titre. Les travaux parus dans ces dix dernières années onl montré que ces corps peuvent donner naissance à des hypoazotites AzOM lorsqu'on fait agir sur eux l’oxyde azotique AzO ; l'action du phos- phure d'hydrogène produit des phosphidures PH?M analogues aux amidures AzH°M ; et l’oxyde de car- bone donne naissance à des composés de composi- tion parallèle à celle du nickel-carbonyle Ni(CO)' : COK, CONa et (CO)'Ba; ce sont les carbonyles métalliques. En raison de la souplesse qu'ils montrent dans toutes ces réactions minérales, il élait à prévoir que les mélaux ammoniums pourraient trouver un emploi en Chimie organique. On a reconnu, en effet, qu'ils peuvent opérer aisément la réduction des dérivés halogénés forméniques (M. Lebeau). Le chlore, le brome, l'iode sont remplacés par de l'hydrogène. Mais cette réaction très simple se complique loujours d’une deuxième, fort intéres- sante, qui produit les amines primaires. Pendant l'hydrogénation des chlorures, bromures, iodures forméniques, les mélaux ammoniums se trans- forment partiellement en amidures, qui réagissent sur le dérivé halogéné non transformé et le changent en amine primaire. Les équations suivantes mon- trent le sens de ces réactions : CH*CI + 2 AZHÉNa = CH + AZHÈNa + NaCI + AzH!; CHSCI + AZHENa = Nu] + CH°AZHE, Il n'y a rien d'invraisemblable à admeltre Ja transformalion des métaux ammoniums en ami- dures, puisque M. Reéngade a constaté que le cœæsium-ammonium se décompose spontanément en amidure de cœsium et hydrogène. L'hydrogénation des dérivés halogénés formé: niques et la préparation des amines primaires, que l'on sait faire déjà par des méthodes plus pratiques et plus commodes, sont peut-être moins impor tantes que la préparation de certains alcoolates On sait avec quelles difficultés on obtient les aléoo: lates monométalliques des alcools polyatomique Lorsqu'on fait réagir les métaux alcalins en pr sence d'alcool sur certains alcools polyatomiques# glycérine, érythrite, mannite, etc., on forme des alcoolates cristallisant toujours avec un cerlain nombre de molécules d’alcool qu'il est impossiblen, d'enlever. L'emploi des mélaux ammoniums per- met, au contraire, de préparer facilement à l’état de pureté les dérivés monomélalliques de ces alcools : mannite monosodée, érythrile monopotassée, gly= cérine monosodée, ele. : c'est là un résullat pré- cieux, élant donné le rôle que peuvent jouer ces corps en Chimie organique. L'étude des métaux des Lerres rares se poursuit, sans interruption, et chaque année apporte quelques. nouveaux travaux qui précisent peu à peu no connaissances sur ces corps. Il ne faut pas se dis= simuler que la parenté lrès étroile qui unit cess, mélaux rend Ja tâche très difficile et augmente les difficultés de séparation. Le scandium, le sama= rium, l'yttrium, le praséodyme et le néodyme, ete.; se trouvent généralement réunis dans la Nature, et, comme leurs propriétés sont très voisines, il es difficile de les séparer par des méthodes analy- liques rigoureuses. Il faut se contenter d'opérer des fractionnements nombreux, toujours longs el, pénibles, et ce travail amène souvent à la connais… sance de quelque élément nouveau. Les méthodes de fractionnement proposées jusqu'à ce jour sonk très nombreuses ; on peut dire que chaque chimistes, modifie les méthodes déjà existantes. Aucune méthode chimique n’est parfaile. Une seule perme de reconnaitre avec certilude la pureté d'un élé ment; c'est la méthode oplique. Elle est, malheus reusement dans le cas actuel, d'une applications. très délicate à cause des spectres complexes de cess métaux. Les derniers travaux de Muthmann et de sesi collaborateurs ont permis de définir avec exactitude quelques-unes des propriétés des mélaux des terres rares. Le cérium, le lanthane, le samarium et less didymes ont été isolés, après cristallisalions frac tionnées de leurs nitrates doubles avec le magnés sium, par électrolyse de leur chlorure fondu. C4 sont des métaux se laissant facilement distinguer $ | le lanthane est blanc comme l'étain ; le cérium esls blanc comme le fer; le néodyme présente des pis qûres jaunâtres, plus prononcées chéz le praséodis dyme ; le.samarium est blanc gris et est très faci lement al!'érable à l'air. La détermination de leur de LE bee TE me, LL haleur de combustion a couduit à des nombres élevés, voisins el quelquefois supérieurs à lui du magnésium ; d'où on a déduit qu'ils pou- | waient être employés à la réduction des oxydes des métaux lourds par le procédé de Goldschmidt. - La découverte récente, à Ceylan, d'un nouveau minéral, la thorianile, a donné un intérêt nouveau à la question des terres rares. Dans ce minéral, caractérisé par la grande quantité d'oxyde de lhorium qu'il renferme (72 à 78 °/,), on trouve en outre des terres rares : oxydes de cérium, de lan- thane, etc., dans la proportion de 1,02 à 8,04 °/,. Or, précisément à cause de cette composilion mixte, la (horianite est utile au plus haut degré pour l’in- dustrie des manchons à incandesrence. Depuis quelque temps, en effet, on a reconnu que le pouvoir éclairant des manchons à incandescence, formés surtout d'oxyde de thorium, est considé- rablement augmerté par l'adjonction de petites | quantilés d'oxydes des terres rares; l'oxyde de brium et du cérium devait être appelée à rendre les plus grands services à l'industrie des manchons à incandescence. Aussi, dès son apparition, ce miné- ral à atteint une valeur commerciale considérable, Let. a été déjà vendu au prix de 37.500 francs la tonne. III. — SELS MÉTALLIQUES. “Parmi les recherches nombreuses et variées effectuées sur les sels métalliques, nous nous bor- nérons à signaler et à résumer ici les discussions qui se sont produites sur des composés déjà anciens : les hydrosullites et les sels sulfaziliques de Frémy. Elles nous montreront que des queslions très Wieilles ne sont pas loujours bien élucidées, et qu'il West pas inutile de revenir de temps à autre sur IS travaux passés, et de les reprendre en leur appliquant les idées modernes ou les méthodes perfectionnées. En 1869, Schützenberger, reprenant une observa- tion antérieure de Schœænbein, qui avait remarqué qu'une solution aqueuse de gaz sulfureux produit au contact du zinc un liquide réducteur possédant | la propriété de décolorer l'indigo, réussit à pré- parer un nouveau sel bien cristallisé, l'hydrosulfite de soude, auquel il assigna la formule SO*NaH HO. Ce sel correspondait, d'après Schülzenber- , à un nouvel acide inconnu de formule SO’H, qu'il nomma l'acide hydrosulfureux. Onze ans plus lard, Bernthsen, ayant repris l'élude de ce composé, lui assigna la formule SO*Na ou mieux S'O'Na’. D'où discussions et recherches nouvelles. M: Prud'homme, en particulier, se fit le champion | dé la formule de Schützenberger. A. MAILHE — REVUE ANNUELLE DE CHIMIE MINÉRALE | érium à la dose de 1 °/, parait donner les meilleurs | résullats. La thorianite contenant à la fois du tho- | 195 Or, en 1899, M. Nabl, ayant préparé l'hydrosulfite de zinc par action du zine sur le gaz sulfureux en solution dans l'alcool, attribua à ce composé la for- mule S’O‘Zn. A la suite de ses expériences sur les hydrures métalliques, M. Moissan, ayant fait réagir le gaz sulfureux dans certaines conditions de pres- sion sur ces corps, obtint les hydrosulfites alcalins et alcalino-terreux selon la réaction simple : 2S0? + 2KH = S'O'K?-L HE, Ces synthèses vérifiaient la formule adoptée par Bernthsen et la question semblait définilivement résolue. Or, dans ces derniers temps, les chimistes de la manufacture d'indiennes E. Zundel, de Mos- cou, ont découvert que les hydrosulfites s'unissent à la formaldéhyde pour donner des combinaisons doubles analogues aux combinaisons bisulfitiques. Ces nouveaux corps possèdent les précieuses pro- priétés de fixer directement l'indigo et de produire des enlevages blancs parfaits sur des étoffes teintes avec des matières colorantes azoïques insolubles. La constitution de ces hydrosulfites-aldéhydes serait : SONaH.HCOH.2H°0. D'autre part, si l’on met au contact de l'eau l'hy- drosulfite de potassium de synthèse de M. Moissan, il s'hydrolyserait en donnant du bisulfite et de l'hydrosulfite de potassium (formule de Schützen- berger) selon la réaction : S'OSK? + H?0 = SOKH + SOKH. Il résulterait de ces deux faits nouveaux que la véritable formule des hydrosulfites doit être, d'après M. Prud'homme, celle qui a été donnée par Schüt- zenberger, el que les corps du type S‘O'M° doivent êlre considérés comme les sels d'un nouvel acide du soufre, S*O*H*. A cette interprétation, M. Bernthsen répond en maintenant sa formule, et en admeltant que les sels SO'HK et SO*K?, inconnus à l’état libre, mais à | l'état de combinaisons avec l’aldéhvde formique, ! seraient les sels d'un nouvel acide, l'acide sulfaxy- lique, et seraient appelés des sulfax ylates. On voit combien celte question, qui paraissait simple au premier abord, est devenue de plus en plus complexe au fur età mesure que les recher- ches se sont mullipliées. Si elle n’est pas encore résolue d'une facon définitive, elle a eu l'avantage de provoquer des travaux et d'enrichir la science de faits qui seraient peut-être restés inconnus longtemps encore. Une discussion scientifique de même nature s'est élevée au sujet des sels sulfazolés découverts par Frémy, entre un savant japonais, M. Haga, professeur de Chimie à l'Université Impériale de | Tokio, un savant anglais, M. Divers, ancien colla- 196 A. MAILHE — REVUE ANNUELLE DE CHIMIE MINÉRALE borateur de Haga à Tokio, et un savant allemand, M. Raschig. En 1845, Frémy obtenait un sulfazilate de potas- sium qui présentait la curieuse propriété de donner des solutions d'un bleu violet. Il lui assigna, d'après son mode de préparation, la formule simple AzO (SO’K}*, ce qui correspond au sel de potas- sium d’un acide nitroso-disulfonique. Plus tard, Claus et Raschig ont fait connaître la préparation de ce sel et lui ont attribué une constitution parli- culière. En 1896, M. P, Sabatier prépara ce même sel d'après les indications de Raschig, et il constata que sa solution ressemblait étrangement à un composé bleu qu'il avait précédemment obtenu par action d'un composé cuivreux ou d'un réduc- teur quelconque sur une solution d'acide nitro- sulfurique dans l'acide sulfurique concentré. Ce mème corps bleu se forme toules les fois: que l'anhydride sulfureux agit sur l'acide azotique fumant, el sa présence a été constatée plusieurs fois dans la préparation industrielle de l’acide sul- furique dans les chambres de plomb. En rappro- chant ces observations, M. Sabatier en a déduit que ce corps élait un acide nouveau, l'acide nilroso- disulfonique, et il s'attacha à en faire la synthèse. En faisant passer un mélange d'oxyde azotique AzO et d'oxygène dans une solution d'acide sulfurique additionnée du quart de son volume d’eau, et préalablement saturée de gaz sulfureux, il obtint le composé bleu foncé, l'acide nitrosodisulfonique. Les équations qui rendent compte de celte réaction sont simples; on a d'abord : 2 A20 + 0 + 2S0? + H°0 = 2Az0S0'H, c'est-à-dire formation d'acide nitrososulfonique, incolore et {rès instable, qui se dédouble rapide- ment en donnant : 2AzZOSOSH — A20 -+- AzO(SOSH}. M. Sabalier conclut que cet acide, assez instable d'ailleurs, puisqu'on ne peut l'avoir qu'en solution sulfurique, est l'acide auquel correspondait le sul- fazilate de Frémy. Dans un long Mémoire paru celte année dans le Journal du Collège des Sciences de Tokio, Haga s'attache à prouver que ce sel de Frémy n'est pas un nitrosodisulfonate, bien une oxime- peroxyde où peroxime de formule : mais SO*K)}Az0.0Az(SO%K):; or, Si l'on remarque celte formule, c'est celle du nilrosodisulfonale qui a élé doublée. D'autre part, Raschig, dans un Mémoire intitulé : volumineux « Sur là théorie du procédé des chambres de plomb », assigne à l'acide nitrosodi sulfonique la formule : on O0 = Az SSOY dy smile dit déni je à r et à son sel de cuivre bleu la constitution; PRE (a DTA TEEN QE æ. CDR RES La ME où Az serait létravalent; d’après lui, cette consti tution permettrait de rapprocher la couleur bleu de ce sel de celle du sel bleu de Frémy : RUE -. 7 _ JSK 0 — D NR . De ces diverses opinions, quelle est la bonne? sel de Frémy a-t-il la constitution, indiquée par M. Sabatier, d'un sel de potassium de l'acide. nitrosodisulfonique, ou bien est-il le sel d’un acid | différent? Divers pense et affirme que le sel de pour admettre la formule indiquée par M. Sabalier: En réalité, on peut dire que, tant que l'acide n'aura pas été isolé à l’état pur, et ses sels pré parés à l'état cristallisé, on ne pourra pas discuter sur leur constitution. Il y a cependant un résultat important qui est acquis : c'est la synthèse direct de l'acide nitrosodisulfonique à partir de ses éléments. Cette discussion scientifique en a entraine un aulre non moins importante, puisqu'elle a trait la théorie de la préparation industrielle de l'acidi sulfurique. On connait les différentes théories qu ont élé émises à ce sujet. Dans le Mémoire cité plus haut, Raschig donne une théorie nouvelle, est une conséquence de la constilulion qu'il a admise pour l’acide nitrosodisulfonique. Elle est résumée par les équations suivantes : | 19 AzO®H + SO0* = AzOSOH ; 70H 20 AzOSOSH + AzO®H — Az0 + AzO : so‘ 70H 3° Az0 —= Az0 + SO'‘H®; : SsoH 40 2A70 + O0 Æ HO = 2A70°H. Dans une première phase, il y aurait comble naison de l’anhydride sulfureux avec l'acide azoteu et formation d'acide nitrososulfonique, qui, a contact d'un excès d'acide nitreux, fournirait de l'acide nitrosodisulfonique (formule de Raschig),! lequel, dans une troisième phase, se dédoubleral en acide sulfurique et oxyde azotique. C'est là une théorie très simple, qui n'a pas élé admise ceper dant par Divers. Après en avoir fait la critique, al} eux et de la vapeur d'eau, en formant de l'acide rique et de l'acide nitrososulfonique : A20SO%H + SO* + H°0 = SO*(OH)* + AzOSO'H. Ge dernier réagirait sur l'acide nitrosulfurique 1 décomposé suivant la réaction : Az20SO%H + AzO?SO*H — 2 A70 + O(SO*H}*, Lces produits de la réaction se recombinen£ immé- | Fr en présence d'oxygène pour donner de lacide nitrosulfurique : 2 Az0 + O{SOH} + O — 2 Az0* (SO'H}?. et acide nitrosulfurique, qui pourrait absorber » nouvelle quantilé de SO*, reproduirait la même érie de réactions. Il agirait donc comme corps dalyseur, puisqu'il permettrait la transformation ne quantité illimitée de gaz sulfureux. Ces théories de la formation de l'acide sulfurique t> à sont loutes les deux très suggeslives et permettent lése prononcer pour l’une ou pour l'autre tant que seront pas isolés les produits intermédiaires. £ LV. / — CORPS RADIO-ACTIFS, La découverte de la thorianite, ce minéral dont nous avons déjà parlé au sujet des métaux des res rares, a permis de faire des recherches nou- “elles dans le domaine de la radio-activité. L'ana- à de ce minéral très radio-actif a montré qu'il ünlient environ 0,39 °/, d'hélium. Or, cette pro- sortion est très grande de de beaucoup supérieure à celle que fournit la clévéite, qui est jusqu'à présent “minéral le plus riche en hélium. 4 gramme dé clévéite fournit, en effet, 2 cc. 5 d'hélium; Lgramme de thorianile en donne 9 grammes, “est-à-dire une quantilé environ quatre fois plus grande. Cette grande richesse en hélium, jointe Ma forte radio-aclivité de la thorianite, devait Mweiller la curiosité des chimistes. On chercha à xraire le radium de la thorianite par les procédés xeluellement connus, et cette recherche amena non seulement à la découverte du radium, mais aussi à celle d'un nouveau corps radio-actif, mis en évi- Jenée par Sir W. Ramsay, le radio-thorium. Ce 197 nouveau corps, qui possede un pouvoir radio-aetil environ un demi-million de fois plus élevé que celui du thorium, produirait une émanation se comportant comme l'actinium de M. Debierne, ou l'émanium de M. Giesel, qui, on le sait, a été reconnu identique à l'actinium. Ainsi, voilà un même minéral composé à la fois de radium et de radio-thorium. Tous les deux sont très radio-actifs, et tous les deux doivent avoir des propriélés similaires. On sait, par les expériences de Sir W. Ramsay et Soddy, que l’exradio, c'est- à-dire l'émanation produite par le radium, fournit de l'hélium. Il est donc probable, comme le pense Ramsay, que la grande quantité d'hélium de la thorianite est produite en majeure parlie par la décomposition du nouveau corps, le radio-thorium. Radium et radio-thorium auraient donc un même terme final : l'hélium. La thorianite a réservé aux chimistes la surprise d’un corps radio-actif nouveau; la découverte de gisements contenant des mélaux radifères à jeté une lumière nouvelle sur l'origine du radium. On admettait généralement jusqu'à présent que tous les minéraux contenant du radium élaient des minéraux uranifères. Pas d'uranium, pas de ra- dium, pouvait-on dire; et on allait même jusqu'à croire qu'il y avait proportionnalité entre la quan- lité d'uranium et la quantité de radium qui l'ac- compagne. Des découvertes de nouveaux minéraux radifères ont montré que cette idée était fausse, M. Danne a trouvé, en effet, que certains terrains plombifères situés aux environs d'Issy-l'Évèque, dans la Saône- et-Loire, renferment du radium sans qu'il soit accompagné d'uranium. La quantité du corps radio-actif n'y est pas négligeable, puisqu'une lonne de minerai peut fournir un cenligramme de bromure de radium. D'autre part, M. Giesel a observé la présence de corps radio-aclifs dans la vase de Fango et la terre de Capri. Ces matériaux d’origine volcanique possèdent une radio-activité assez forte, inférieure cependant à celle de la pechblende. Leur analyse a montré qu'ils ne con- tiennent pas d'urane. Ainsi, voilà deux séries de gisements d'origine bien différente qui contiennent du radium sans uranium. Que devient, dans ce cas, la théorie qui tend à faire supposer que le radium est réellement créé par l'uranium? A. Mailhe, Chargé du cours complémentaire de Chimie à l'Université de Toulouse. 198 BIBLIOGRAPHIE ANALYSES 1° Sciences mathématiques Couturat (L.). — L'’Algèbre de la Logique. — 1 vol. de 100 pages de la collection « Scientia ». Gauthier- Villars, éditeur. Paris, 1905. Personne ne pouvait être mieux qualifié que M. Cou- turat pour présenter au public français un aperçu de ce calcul, relativement nouveau, dont l’origine remonte aux travaux de Boole et à ceux de Schrüder, car Leibniz n'avait guère fait qu'indiquer le sujet. Très clairement, dans la préface, l'auteur expose que son but est d'étudier le caleul en question au point de vue formel, indépendamment de l'interprétation pos- sible: comme A/gèbre, non comme Logique; mais il s'empresse de montrer qu'il y a deux interprétations générales, suivant que les lettres représentent des con- cepts ou des propositions. Elles viennent se fondre en une seule, celle des ensembles; mais, en fait, il y a des divergences qui empêchent une identification complète au point de vue formel. La suite de l'ouvrage est consacrée à l'exposé des opérations et des règles de calcul que comporte l'Algèbre de la Logique. La relation d’inelusion (a < b), qui paraît fondamentale, peut se traduire par « tout a est b » s'il s’agit de concept, et par « a, donc D » s'il s’agit de propositions. L'égalité, le principe d'identité, celui du syllogisme, la multiplication et l'addition avec leurs conséquences sont ensuite définis, ainsi que les symboles o et 1, signifiant rien et tout (concepts) ou faux et vrai (pro- positions). Le reste ne saurait être analysé, car il faudrait pour ainsi dire refaire le livre lui-même, qui représente déjà une remarquable condensation d'idées. Avant de parler de la conclusion, je crois utile de présenter ici une remarque au sujet de l'opinion émise par M. H. Laurent sur le livre dont nous nous occu- pons. Se fondant sur ce que, dans l’Algèbre de la Logique, l'égalité et l'addition des choses sur lesquelles on opère ont été définies, il n'hésite pas à en conclure que ce sont des quantités. Cette doctrine très ingé- nieuse est en même temps un peu spécieuse, à mon avis; ou bien il faudrait donner au mot « quantité » une telle extension qu'on finirait par en dénaturer quelque peu le sens véritable, et par en altérer la clarté intuitive. D'ailleurs, les conditions auxquelles devrait être assujettie l'opération appelée addition seraient, en réalité, d'un examen tellement délicat qu'on se sentirait rarement sur un terrain vraiment solide. Pour mon compte, je préfère voir dans toute algèbre un ensemble de notations et de règles appropriées, une langue écrite de nature à rendre les plus grands ser- vices par sa précision et sa concision. C'est ainsi que Broodie, par son « Calcul des opérations chimiques », créa une algèbre fort intéressante, et qu'il en est de même des travaux auxquels s'applique ici M. Couturat, Il n'y à pas une algèbre, mais des algèbres; elles méri- tent toutes l'attention des mathématiciens par leur côté formel, mais vouloir à toute force les faire rentrer les unes et les autres dans l’Algèbre mathématique cou- rante, et en arriver, par exemple, à assimiler des pro- positions logiques à des quantités serait excessif, J'ai une tendance à croire que M. Couturat doit pencher du même côté que moi, quand je le vois écrire : « L’Algèbre de la Logique est un algorithme qui a ses lois propres; elle est fort analogue par certains côtés à l'Algèbre ordinaire, et par d'autres elle en est très différente, » BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX : ET INDEX Ceci me parait être la vérité même. Et l'auteur, po À suivant sa conclusion, achève de caractériser la science dont il vient de présenter les principes, lorsqu montre que cette science, confinée dans la Logique classique, est loin d'embrasser toute la Logique, eh lorsqu'il termine: ainsi : « L'Algèbre de la Logique une Logique mathématique, par sa forme et par méthode; mais il ne faut pas la prendre pour Logique des Mathématiques. » C. A. Laisanr, Examinateur à l'Ecole Polytechni 2° Sciences physiques Di Thomson (J.-J), Membre de la Société Royale de Londres, Professeur de Physique à l'Université @ Cambridge. — Conduction of Electricity through Gases. — 1 vol. gr. in-8° de 566 pages avec 183 fig (Prix : 20 fr.), Cambridge, University Press, 1905 Le Professeur J.-J, Thomson cumule les titres à J reconnaissance des physiciens. Dans ce domaine, vivant entre tous, des phénomènes électriques dans les gags il est à la fois la première autorité et le chef de l'Ecolk la plus active; il vient de se constituer en plus l'hiss torien des recherches récentes dans ce domaine, € d'en marquer l’état actuel dans un ouvrage où il donne le fond de sa pensée, sans être gêné par les limites toujours un peu étroites, d'un mémoire. Son ouvrage fera époque dans la science actuelle. Mais, dans cetlé rapide marche en avant, le moment où nous parlons est déjà loin de nous, et nul, au surplus, ne contrk buera plus que le célèbre professeur de Cambridge à nous faire franchir le point précis de la science où nous à conduits. Ce n’est point, cependant, un livre d'actualité dans le sens ordinaire du mot, c'est-à-dire que l’auteur n se tient pas à l'aspect uniquement moderne du sujet il retourne à ses origines, reprenant, par exemple, les vieilles expériences de Coulomb sur la conductivi de l'air, celles de Matteucci, de Warburg et de Hittorf mais il n'y demeure pas longtemps; les expériences récentes ont tellement transformé la question que c'es sur elles que toute l'attention se concentre. M. Thomson considère le gaz d'abord dans son ét normal, puis dans son état conducteur, et montre quë dans cet état, il ne suit la loi d'Ohm que dans ui domaine restreint, pour tendre vers une capacité limitt de transport, et monter enfin à une conductivité élevée lorsque la différence de potentiel aux électrodes s'approche de celle qui donne l’étincelle. La mesure de la vitesse des ions, qui a pris une si grande importance dans ces dernières années, tient une grande place dans ce chapitre, suivi par la théorie mathématique, en grande partie personnelle à l’auteur, de la conduction dans un gaz ionisé. C'est l’action du champ électrique et celle du champ magnétiqué sur un ion en mouvement qui, comme ok sait, permettent de déterminer à la fois la masse ions et leur charge, ou bien la déviation magnétique l'énergie transportée, avec les variantes consistant à produire un retard du mouvement au lieu d’une dévia tion. Toutes ces méthodes, appliquées aux ions 1 plus divers, ont donné des valeurs à peu près iden les ions négatifs, au moins pour ceux n'ayant pas aggloméré, comme dans l'air à la pression ordinaire, ainsi que l'a montré M. Langevin, des molécules zeuses autour d'eux. Pour les ions positifs, le rappoR est sensiblement le même que dans l’électrolyse, alots: qu'il est environ 2.000 fois plus grand pour les ions atifs. uant à la valeur absolue des charges, elle est déter- née par le compte du nombre de noyaux de conden- Salion dans une atmosphère sursaturée d'humidité, dans laquelle on produit une a&étente. La vilesse de chute des gouttes donne leur grandeur, d'après les formules de Stokes, et leur nombre se déduit de la Mences de l’auteur, de M. C.-T.-R. Wilson, de M. Bec- erel, de M. Lenard, de M. Wiechert, de M.Kauffmann, dautres physiciens encore, que l’on est parvenu à valuer numériquement toutes les caractéristiques des vaz ionisés. Les chapitres suivants traitent de la production des ions : par les solides incandescents, par les flammes, kr les rayons X ou uraniques, par l'étincelle ou l'arc électrique, ainsi que des effets photoélectriques, révélés ur Hertz, et qui parurent longtemps si mystérieux. “Depuis l'époque de ces découvertes, qui déconcer- bent si étrangement les physiciens, le chemin parcouru & immense. Mais que de travail et que de surprises ans ces deux décades, fructueuses entre toutes, de couvertes ininterrompues! ..— Dans chacun des chapitres dont nous avons rapide- ment indiqué les titres, l’auteur ne se borne pas à ‘considérer les agents particuliers de production des ions comme limités à cette fonction. Il existe peu …l'exposés plus profonds de nos connaissances sur Létincelle ou sur l'arc que ceux que nous donne M. J.-J. Thomson. — Le point de départ de toute cette science nouvelle était la décharge dans les gaz raréfiés. Ce phénomène n est aussi le terme, et l'auteur lui consacre plusieurs apitres qui sont comme le couronnement de l'édifice dans lequel il nous a introduits. Enfin, les derniers aragraphes font pressentir cetle conception révolu- onnaire de la masse uniquement électrodynamique et pour ainsi dire fonction de la vitesse, devenue rapide- “ment une notion presque courante, tant nous sommes “habitués à ne nous étonner de rien. — On savait, il y a quelque quinze ans, que l'étude des décharges électriques dans les gaz nous réservait extraordinaires surprises; mais nul n'eût pu prévoir, alors, que leur théorie arriverait à rendre chancelants es principes de la Mécanique, qui semblaient indes- ructibles, après avoir subi l'épreuve de deux siècles de “contrôle. C'est là cependant ce qui est arrivé, et c’est “dans cette direction que s'exercent aujourd'hui les “elorts d'un groupe de physiciens dont les travaux sont | ses avec un intérêt qui confine à l'anxiété. y Cu.-Ev. GUILLAUME, Le Directeur-adjoint “ au Bureau international des Poids et Mesures. urer (Gustave). — Die Betriebsmittel der che- mischen Technik. (LES APPAREILS EMPLOYÉS DANS LA TECHNIQUE CHIMIQUE.). Tome I de la Bibliothek des mu Hétrichsleiters. — 1 vol. in-8 de 554 pages, avec 617 fig. (Prix : 16 fr. 25.) Max Jänecke, éditeur, Osterstrasse, Hanovre, 1905. Dans les ouvrages de Chimie technique, il n'est généralement question que d’une façon accessoire des appareils employés à l'exécution des réactions. Ceux-ci prennent cependant une importance de jour en jour lus considérable, et leur étude constitue une branche e la Technologie qui mérite aujourd'hui d’être traitée à part d'une façon systématique. C'est la tâche qu'a entreprise M. Gustave Rauter dans le volume qu'il wient de publier et qui forme le tome I d’une Bibliothek des Betriebsleiters spécialement consacrée à ces sujets. Au premier rang des agents qui assurent la mise en œuvre des processus chimiques se trouve d'abord le personnel ouvrier, auquel l’auteur consacre son pre- mier chapitre. 11 y aborde également la question des mesures et des systèmes de mesures qui ont une grande importance dans la technique, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX Puis intervient la question des constructions: il est rare que des industries chimiques s'établissent dans des bâtiments déjà édifiés; elles exigent, en général, des locaux spécialement construits pour le but qu'elles se proposent, ou, sinon, elles introduisent dansles pre- miers des modifications importantes. C'est l'occasion pour l’auteur de parler des matériaux (pierre, béton, ciment armé, métaux, bois), des fondations et des Loits, de la protection contre l'incendie, contre l'humidité, de l'alimentation en eau, de l'aération, du chauffage et de l'éclairage. Les appareils à feu (chaudières, fours) constituent ensuite un groupe assez important d'appareils d'un usage général. Ils ont pour but de produire de la cha- leur par la combustion du charbon principalement, mais aussi de certains liquides (pétrole, alcool, etc.) ou gaz. L'emploi de cette chaleur au chauffage direct dans des fours, ou à la production de vapeur dans des chaudières, ou à la dessiccation dans des appareilsspé- ciaux, ou à la vaporisation sous pression réduite, est successivement envisagé, ainsi que la surveillance des appareils à feu et la question de la récupération des chaleurs perdues. Mais ce sont les machines qui jouent le rôle le plus important dans l’industrie, et elles occupent, en effet, près de la moitié de l'ouvrage. Voici d'abord les ma- chines destinées à la production de l'énergie, qui se répartissenten machinesàä vapeur, machines à combus- tion interne, machines à vent ou à eau et machines électriques ; puis les machines de travail proprement dites: transmissions, machines frigorifiques, compres- seurs, pompes pneumatiques, souffleries, pompes di- verses, appareils pour l'élévation ou le transport des produits, appareils de pulvérisation, de mélange, etc. Aux machines se rattachent étroitement un groupe d'objets divers : vases, tubes, soupapes, robinets, etc., d'un emploi courant. Enfin, l'ouvrage se termine par la description des appareils propres à l'industrie chimique: ce sont les tours de réaction et de condensation, les appareils de distillation et réfrigérents, les diffuseurs, les filtres et filtres-presses, les presses hydrauliques, les appareils de cristallisation et les appareils électrolytiques, pour ne citer que les plus importants. Pour la rédaction de cet ouvrage, qui exigeait des compétences diverses, l’auteur, rompu lui-même aux opérations de la technique chimique, s'est assuré le concours de l'ingénieur Schwanecke, qui a revu toute la partie mécanique proprement dite. Les figures, nom- breuses et claires, ont été presque toutes dessinées spécialement pour le livre, de façon à réaliser l'unité du texte et de l'illustration. Le volume constitue donc une mine de renseignements précieuse pour les direc- teurs d'industries chimiques. L. B. 3° Sciences naturelles De Lapparent (A.). — Traité de Géologie. 5° cdi- tionrefondue et considérablement augmentée. —1 vol. de xvi-2015 pages, avec 883 figures, Masson et C", éditeurs. Paris, 1906. L'apparition d'une nouvelle édition du célèbre traité dont M. de Lapparent dota pour la première fois la Géologie de notre pays en 1882, est toujours un véritable événement pour tous ceux qu'intéressent les progrès de la science de la Terre et qui prennent souci du rang, du reste si honorable, qu'occupe dans le Monde l'Ecole géologique française. Aussi bien ce traité, en quelque sorte national, dépasse-t-il de beaucoup le cadre ordinaire des ouvrages du mème genre publiés sur la matière : pour les travailleurs isolés, il remplace toute une bibliothèque ; aux élèves, il fournit un cadre didactique de premier ordre; pour les professeurs, il constitue la source précieuse à laquelle s'alimente leur érudition sans jamais l’épuiser et dont ils déses- pèrent souvent de surpasser l'abondance ; enfin, pour tous les savants, e’est un guide sûr et précis qu'ils ont 200 coutume de consulter sans cesse quand il s'agit de l'orientation de leurs recherches et de leurs travaux. Nous ajouterons que la documentation en est scrupu- leusement complète et impartiale et qu'on n'y a pas à déplorer, comme dans certains ouvrages récents, la tendance d'attribuer dans le développement de nos connaissances le rôle principal à l'influence exclusive d'une Ecole ou de quelques savants particulièrement sympathiques à l'auteur. La cinquième édition de ce beau livre, que nous serions heureux de saluer de nos vœux de succès si la réputation mondiale dont il jouit déjà ne les rendait superflus, mérite tout spécialement d'être signalée. De profondes et heureuses modifications, dont quelques- unes ont une grande portée, y ont été introduites, et l’on ne sait ce qu'on doit le plus admirer, du labeur prodigieux qu'a dù coûter la mise à jour de tant de chapitres spéciaux et variés, de l'ordonnance claire et lumineuse avec laquelle tant de matériaux ont été mis en œuvre ou de l'habileté avec laquelle ont pu être con- densés, sans nuire à la clarté de l'exposition, les innom- brables détails et les conquêtes nouvelles d'une science sans cesse en progrès. Le maitre infatigable qui a su mener à bien les éditions successives des belles « Le- cons de Géographie physique » et du « Traité de Miné- ralôgie » s'est ici surpassé, et l’on sent bien qu'en don- nant tous ses soins à cette œuvre il s’est plu à se mouvoir dans son domaine de prédilection. L’ « effort de rajeu- nissement » dont témoigne cette édition paraîtra, du reste, pleinement justifié à ceux qui ont suivi la marche rapide des découvertes géologiques et la transforma- tion qu'ont subie depuis peu d'années un certain nombre de doctrines fondamentales de notre science, en particulier celles qui concernent l'orogénie, et qui procèdent de la Tectonique, branche toute récente, mais déjà féconde et brillamment développée, de la Géologie. La PREMIÈRE PARTIE, Consacrée aux Phénomènes actuels et qui avait été notablement accrue dans les précédentes éditions, a reçu, outre une foule de recti- fications et d’additions de détail (sur l’aplatissement, sur le surcreusement glaciaire, sur les banquises, le tunnel du Simplon, etc.), des compléments relatifs aux anomalies de la pesanteur et à leurs rapports avec les dislocations (d'après les travaux de l'auteur, de MM. Jean Collet, 'Ricco, etc.), aux récentes érup- tions des Antilles, etc. Le chapitre concernant la Sismologie à fait l'objet d’un remaniement complet et a été mis au courant des derniers et si remarquables perfectionnements réalisés depuis peu par la technique dans la construction des sismographes, ainsi que des résultats positifs obtenus par l’organisation interna- tionale des observations sismiques, dans un domaine encore incertain et problématique entre tous. Ce pre- mier volume ainsi complété forme un traité de Géo- physique à la fois si complet, si harmonieux et si bien équilibré, qu'on ose à peine exprimer le regret que les nouvelles données acquises depuis dix ans sur les variations des glaciers francais et la Glaciologie !, ainsi que les progrès accomplis par l'Hydrologie sou- terraine dans ses rapports avec la Spéléologie, n'aient peut-être pas été pris en suffisante considération. Dans la DEUXIÈME PARTIE, plusieurs chapitres ont été considérablement et heureusement modifiés, et l'en- semble à été l’objet d'une refonte qui a surtout porté sur la description des formations stratiliées, dont l'exposé magistral est bien près de la perfection. Le LIVRE PREMIER, traitant des notions fondamendales sur la composition de l'Ecorce terrestre, et en particu- lier de la Lithologie, a subi quelques changements et des additions intéressantes. Les roches éruptives, notam- ment, ont été groupées en familles d'après les vues des pétrographes les plus autorisés, et le tableau résumant leur classification a été refait en conséquence d'une ‘ Voir le bel et savant ouvrage que M. Hess vient de con- sacrer à la Science des glaciers. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX facon très heureuse et en harmonie avec les princip admis par la plupart des spécialistes, quoique l'impo tance des éléments colorés et ferromagnésiens y jou peut-être un rôle trop effacé, En outre, des considéra: tions d'un haut intérêt sur la composition des magmas éruptifs et la récente utilisation de ces données en Pétrographie, sur l'interprétation des analyses chi miques des roches, sur la méthode Michel-Lévy pour la notation et la représentation graphique des prinei paux types éruptifs, sur les recherches de MM. Becke, Broegger, Iddings, elc., ont été introduites, consti= tuant ainsi un ensemble nouveau en amélioration con- sidérable sur les éditions précédentes. Peut-être la « protogine » de l'Oisans (granite du Pelvoux) aurait- elle dû être plus nettement séparée de celle du Mont- Blanc, d'un type si différent, et la structure microsco- pique des roches sédimentaires, en particulier des. roches zoogènes, aurait-elle pu ètre exposée avec plus de détails, si l'on n'avait craint, sans doute, d'étendre démesurément l'ouvrage déjà très volumineux. La description des formations sédimentaires fait l’objet du LIVRE DEUXIÈME ; on y remarque d'excellentes innovations el une homogénéité plus grande que dans l'édition précédente, dans laquelle l'auteur s'était, on se le rappelle, imposé l'obligation de prendre, pour base des descriptions, la division des terrains en étages, au lieu de tout subordonner à leurs groupe- ments en systèmes. Ce mode d'exposition, très sug- gestif, qui n'avait encore été suivi dans aucun M d'ensemble, offre, malgré certaines difficultés d'appli- cation‘, d'incontestables et grands avantages au point de vue de la géographie ancienne du globe et de ses varialions successives. Les étages se trouvaient parfois insuflisamment caractérisés et, à diverses reprises, faute de données suffisamment sûres, il était arrivé de réunir deux-étages dans une même descrip- tion. Cette fois, — malgré leur groupement théorique en systèmes et séries, qui forme le cadre nécessaire, conservé par l’auteur, — tous ont été séparés, et l'étude de chacun d'eux est précédée d’un exposé succinct, mais remarquablement zstructif, des conditions de l'époque ainsi que de ses divisions paléontologiques. On admi- rera aussi dans ce livre deuxième l'abondance des détails stratigraphiques concernant les régions extra- européennes. Tant d'acquisitions nouvelles entrainaient forcément une refonte des esquisses paléogéographiques de l'édi- tion de 1900. M. de Lapparent ne les avait, d'ailleurs, présentées alors que comme de simples ébauches. Sans doute, sous leur forme présente, elles gardent le caractère d’esquisses provisoires, et il semble que, pour beaucoup d’entre elles, il n'ait pas toujours été tenu un compte suffisant des dénudations postérieures qui parfois donnent une idée inexacte de la forme et de l'étendue des terres anciennes. Néanmoins, le nombre des données sur lesquelles le tracé des mers anciennes a été basé s'est beaucoup accru et la partie hypothé- tique des contours est devenue beaucoup moins incer- taine. A cette occasion, « l’auteur a pensé que le moment était venu d'inaugurer l'emploi d'un canevas géogra- phique mieux approprié aux besoins de la Géologie. Jusqu'ici, la projection de Mercator avait été seule usitée pour les essais de Paléogéographie; mais ce mode de représentation, excellent pour les marins, convient très mal aux géologues. M. de Lapparent a donc fait choix d'un mode de perspective, déjà réalisé « dans l'Atlas physique de Berghaus, et où le globe est partagé en deux moitiés par un plan parallèle à l'ho- rizon de l'Europe centrale. La terre ferme presque tout | 1 Ilexiste, en effet, dans beaucoup de régions des forma- tions « compréhensives » ou datées d'uue facon trop peu précise pour être attribuées à un étage déterminé plutôt qu'à un groupe d'étages et qu'il est assez malaisé de faire rentrer dans un cadre aussi précis que celui qu'a adopté M. de Lapparent. \ entière se trouve ainsi concentrée dans un seul hémi- sphère, auquel il suffit d'ajouter deux croissants symé- triques, pour représenter l'Australie et la partie méri- dionale de l'Amérique du Sud. La place ainsi occupée par le pôle Nord met mieux én évidence /a disposition circulaire que les terres ont de tout temps allectée autour de ce point, la perma- mence de la mer arctique à travers les âges, ainsi que Vapparition, dès la période cambrienne, d'une ébauche de la « Méditerranée centrale », de la Te/hys de M. Suess. _ JIly a lieu de signaler, en outre, dans la description … des Schistes cristallins, la part plus grande faite aux influences métamorphiques et la mention des « trois séries cristallophylliennes » définies récemment par M. Termier, dont l'existence restreint encore le nombre des formations cristallophylliennes véritablement ar- chéennes et précambriennes, dont l’auteur détache en articulier les « Schistes lustrés » et les « Schistes de nna » des Alpes occidentales. Deux profils du mas- - sif du Simplon, dont l'un tiré des études récentes … de M. Schardt, ont été introduits à ce propos. Si … le chapitre de l’Archéen a été refait, la description - des terrains cambrien, silurien et dévonien s’est ac- - crue d'une quinzaine de pages (cartes de la France tambrienne et ordovicienne, additions relatives au Pa- léozoïque des régions exotiques diverses, division du - Dévonien en Eodévonien, Mésodévonien et Néodévo- nien, etc...) consacrées surtout aux types extra-euro- péens. Le chapitre relatif au Carboniférien est à lui seul augmenté de quinze pages et de dix figures. Nous remarquons : la prise en considération, à propos de la flore houillère, des plus récents progrès de la Paléonto- logie végétale, la mention des gneiss permo-carboni- fères des Alpes et des considérations sur l'absence du Stéphanien dans la Grande-Bretagne. L'auteur a cher- ché, en outre, à donner une idée suffisante de la con- stitution de tous les bassins houillers, non seulement en Europe (Angieterre), mais aussi en Amérique. Sous ce rapport, l'utilité de l'ouvrage, pour les ingénieurs et les exploitants de mines, se trouve grandement accrue. Il a été tenu compte de l’action des microorganismes dans la formation de la Houille et aussi de la significa- tion des fossiles marins, signalés par MM. Douvillé et Leiller avec des empreintes végétales dans les nodules de fer carbonaté du Houiller de Lancashire. Les améliorations apportées aux chapitres du Per- mien (Permien des Alpes occidentales et de l'Amérique du Nord, Permien exotique), du Trias (divisé en 3 : éotriasique, mésotriasique et néotriasique) et du Ju- rassique ont produit une augmentation de quinze pages. De la même facon, la part des terrains crétacés s’est accrue de vingt-cinq et celle des terrains tertiaires de quinze pages. Les principales modifications portent sur le Trias des Alpes occidentales, l'Hettangien alpin, la séparation des étages Sinémurien et Hettangien, Callo- vien et Oxfordien, Séquanien et Kimméridgien; on remarque de nouvelles données sur les calcaires de l'Echaillon, sur les Rudistes néo-jurassiques (d'après M. Paquier), sur le Malm des Alpes françaises et suisses (Grisons), sur le Portlandien asiatique, le Portlandien continental des Etats-Unis, etc., etc. On regrette l'ab- sence de renseignements sur le Bajocien des Alpes- Marilimes, et on peut se demander pourquoi les Schistes lustrés des Alpes ont trouvé place dans le chapitre consacré au Toarcien plutôt que dans un autre. Entin, le Purbeckien est cité dans les Beauges, probablement par suite d’une légère confusion, le Mont-du-Chat, que l'auteur a sans doute en vue, ne faisant pas, malgré sa proximité, partie de ce massif. La zone à Hoplites Boïssieri (Berriasien) a été, con- formément à une opinion que nous avons toujours soutenue, rattachée au Crétacé comme équivalent du « Marbre bâtard », ainsi que son représentant russe, l'horizon de Rjasan, tandis que le Purbeckien a été très judicieusement maintenu au sommet du système Jurassique, ainsi qu'une partie du Wealdien allemand (?). BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 201 Les « Calcaires à Ciment de la Porte de France », qui renferment cependant une faune berriasienne, figurent dans le Portlandien. Nous remarquons aussi de nom- breuses et utiles additions relatives aux faunes de Ru- distes des divers étages Cocrélacés, au Néocomien du Diois, de l'Echaillon, du Languedoc, de la Suisse, du Caucase, de l'Allemagne du Nord {d’après les impor- tants travaux de M. von Koenen), une indication sur l'extension de cet étage dans le bassin de la Vistule, de nouveaux détails sur l’Infra crétacé continental de Bernissart, sur le Crétacé inférieur de l'Algérie, du Sahara et de diverses autres régions, notamment des contrées arctiques, sur le Gault et la mer cénoma- nienne du Sud-Est (d'après M. Jacob). Le rattachement à l'Aptien des couches de Fredericksburg (lexas), alors que les sables de Trinity sont placés dans le Barrémien, ne parait pas définitif. (Les couches de Trinity, renfer- mant l'Hoplites furcatus, nous semblent en eflet devoir représenter le sommet de l'Aptien.) : Dans le système éogène, des données nouvelles ont été ajoutées, en particulier sur l'Eocène anglais et celui de diverses régions lointaines; le Thanétien et le Spar- pacien ont été réunis comme subdivision de l'étage Landénien de Dumont. A la suite des différents travaux (dus à MM. Haug, Douvillé, etc.) sur les formations nummulitiques, le Bartonien s'est accru d'une partie des assises qui formaient l’ancien étage Ludien, notam- ment de la presque totalité des masses inférieures du Gypse parisien, tandis que les masses supérieures du Gypse figurent avec le Sannoisien dans le système oligo- cène. — Celle dernière série, dont l’auteur a détaché l'Aquitanien, se trouve donc réduite aux deux étages Tongrien et Stampien; il en résulte, peut-il sembler, un défaut de proportions entre les séries éocène, oligo- cène et miocène. Enfin, on a fait ressortir plus que par le passé l'importance des zones basées sur tes Foraminifères, et les passages sur le Nummulitique ont été revisés conformément aux plus récents progrès de la Géologie alpine. Le rattachement de l'étage Aqui- tanien à la série miocène, basé sur la transgressivité de la mer à Lepidocyclina dans diverses contrées, paraitra discutable à certains esprits; on peut opposer, en effet, à cet argument la régression dont témoigne l'établissement et l'accentuation du régime lacustre à cette époque dans une grande partie de l'Europe et qui constitue la dernière phase du cycle sédimentaire oli- gocène précédant la transgression burdigalienne, ainsi que le ciractère de la faune vertébrologique aquita- nienne à Anthracotherium. Vans la série miocène, l'Helvétien et le Tortonien ont été très heureusement réunis en un étage Vindobonien (Depéret). Les conglo- mérats de Gourbesville sont rattachés au Miocène; les couches à Congéries de Bollène au Pliocène. Le chapitre relatif au Pléistocène s'est accru de nou- velles figures et de détails concernant le Quaternaire du Nord; mais on aurait aimé voir accorder plus de développement aux paragraphes relatifs aux dépôts fluvioglaciaires alpins, si magistralement interprétés par MM. Penck et Brückner dans une brillante et récente synthèse. Le problème si important de la formation des terrasses aurait gagné à être plus nettement posé dans ses rapports, encore obscurs, avec les mouvements eustatiques des mers et les glaciations successives. Le LIVRE TROISIÈME (Formations d’origine interne ou éruptives)a recu également quelques additions notables, parmi lesquelles il convient de citer celles qui ont trait au dynamométamorphisme (d'après M. Termier), au volcanisme et aux éruptions modernes (avec quelques nouvelles figures empruntées à M Lacroix), ainsi qu'à l'endomorphisme. Quelques améliorations, inspirées surtout par les travaux de M. de Launay, ontélé appor- tées aux chapitres sur les caractères généraux des giles métallifères, sur le « chapeau de fer », les gites calami- naires, les zones de cémentalion, etc... C'est le QUATRIÈME LIVRE, consacré à l'Orogénie et aux théories géogéniques, qui a subi les plus profonds et les plus intéressants remaniements et qui constitue la partie la plus neuve et la plus originale de cette édi- tion. Prolitant des grandioses et si attachantes concep- tions qui, sous l'influence de M. Suess et de M. Marcel Bertrand, ont inspiré depuis quinze ans, notamment aux géologues de langue francaise, une série de tra- vaux remarquables sur la tectonique des régions mon- tagneuses et la genèse de la chaîne alpine, l'auteur a donné tous ses soins à celte partie de son œuvre. D'in- téressantes pages sur la théorie des dislocations ter- restres, sur les géosynclinaux, dont la première notion est attribuée avec raison à James Hall et non à Dana, et dont les recherches de M. Haug ont montré le fonc- tionnement pendant les temps géologiques, des consi- dérations sur les brachyanticlinaux, les dômes, la direc- tion des accidents tectoniques, ont trouvé place dans cette nouvelle édition, ainsi qu'une interprétation de la structure des Alpes orientales (d'après MM. Termier, Haug, Lugeon‘, etc.) et des Karpathes; nous citerons aussi des indications sur les chevauchements constatés dans les Pyrénées. La description de la région juras- sienne a été refondue de facon à être plus au courant des idées actuelles. De nombreuses figures ont été ajoutées aux anciennes; parmi ces dernières, on regreltera cependant que cer- taines coupes des chaînes subalpines (pp. 1866, 1602), empruntées à Ch. Lory et où figurent des failles dont la disposition et le rôle ne sont plus en rapport avec les faits d'observation, n'aient pas été supprimées, recti- liées ou remplacées. Enfin, une Synthèse des Alpes, s'inspirant des plus récentes et des plus hardies concep- tions des tectoniciens, est brillamment esquissée dans un chapitre spécial, mais avec toutes les réserves si nécessaires lorsqu'il s’agit de spéculations encore hypo- thétiques. La conception d'un continent pacifique, émise par M. Haug, est discutée; à citer encore l’histoire du Pacilique, celle de la dépression méditerranéenne, reconstituées à l’aide d’esquisses paléogéographiques successives. Ajoutons encore, comme nouveautés de cette 5° édition, des considérations théoriques intéres- santes sur la localisation des discordances, la durée des mouvements orogéniques, la dissymétrie des zones de plissement et la formation des plis en profondeur. S'il est permis d'ajouter, à l'expression de notre sincère admiration pour l'œuvre vraiment gigantesque que nous venons d'analyser, l'énumération de quelques desiderata suggérés par la lecture de ce beau livre, nous dirons encore que nous aurions aimé à y trouver un tableau de synchronisme des assises pléistocènes. Nous savons combien il est encore actuellement diffi- cile de réaliser un tel travail, mais on nous permettra de regretter que le maître expérimenté qu'est M. de Lapparent n'ait pas tenté de présenter tout au moins un essai de parallélisme, sinon de synchronisme, des phénomènes si divers dont l'époque quaternaire a été le théâtre ; il aurait ainsi rendu à ses lecteurs un nou- veau service après tant d’autres. Il y à lieu, enfin, de signaler encore les soins don- nés au Lexique alphabétique, si utile pour faciliter les recherches et qui comprend maintenant environ 6.200 noms et 22.000 renvois de pages. Enfin, le souci qu'a toujours eu l’auteur d'indiquer les sources origi- nales auxquelles il avait puisé se traduit cette fois par un total de six mille références bibliographiques par- ticulièrement précieuses aux travailleurs. ® On nous pardonnera de rappeler à cette occasion que la notion du rôle joué par les « plis ‘en retour » dans la structure en éventail des Alpes occidentales, attribuée par M. de Lapparent à M. Lugeon, a été en réalité introduite en 1900 par l’auteur de ce compte rendu, puis reprise et légèrement modifiée en 1905 par M. Lugeon. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX | Rien n’a élé négligé pour assurer le bon aspect de cette édition, où le nombre des figures entièrement nouvelles ou redessinées exprès atteint juste la cen= taine sur un total de 883. W. KiLiaw, , Professeur de Géologie « à la Faculté des Sciences de l'Université de Grenoble. 4° Sciences médicales Leroy (D'Eugène-Bernard). — Le Langage. Essai sur la psychologie normale et pathologique de cette fonction. — 1 vo/. in-8° de 293 pages, de la Biblio- thèque de Philosophie contemporaine. (Prix : 5 fr.) Félix Alcan, éditeur. Paris, 1906. De toutes les fonctions humaines, la « fonction d langage » est une des plus importantes. La psycho= logie du langage embrasse aujourd'hui presque toute l'étude de ces chapitres philosophiques qu'on appelait autrefois l'intelligence, l'entendement, la logique; c’est. aussi l'analyse des phénomènes d’automatisme verbal et du mécanisme de l'expression des émotions, des sentiments. Le D° Leroy n’a pas entrepris l'étude complète de la psychologie du langage, sujet trop vaste, presque illi- mité. Son ouvrage se divise en quatre parties, consacrées respectivement aux signes du langage, à la perception du langage, à l'émission du langage, aux réprésenta- Lions verbales normales (langage intérieur) et aux hallucinations verbales. S'il ne s’agit pas d’un traité didactique, l'ensemble de ce travail forme cependant un tout homogène, dont les chapitres sont reliés par les mêmes idées directrices. L'auteur nous fait saisir les relations étroites qui unissent les systèmes verbaux d'images auditives et les systèmes verbaux d'images kinesthésiques, la parole entendue et la parole répétée, la parole intérieure et l'articulation intérieure. On comprend aussitôt la pré- pondérance du langage oral, et comment les langages écrits, quels qu'ils soient, n'arrivent pas à se suflire à eux-mêmes. D'un intérêt beaucoup plus général pour le psycho- logue est la question des rapports de la fonction du langage avec l'ensemble des phénomènes psychiques. A première vue, le langage semble ne correspondre qu'à une seule des fonctions mentales, l'intelligence, et plus spécialement aux manifestations intellectuelles que le sujet désire extérioriser; c'est, en effet, l'idée qu'a consacrée cette formule courante : la parole a été donnée à l'homme pour exprimer sa pensée. Rien de plus juste; mais cette conception est trop étroite. Le langage serait ainsi quelque chose de sura- joue et de relativement indépendant, une fonction de uxe, presque un art d'agrément. La vérité est que l'intelligence et le langage sont unis de façon indisso- luble; celui-ci n’est rien sans celle-là. L'auteur s'est efforcé de montrer comment, chez chaque individu pris en particulier, le langage est forcément relié à tout le mécanisme psychologique. L'union intime qui existe entre la parole perçue et la parole répétée introduit dans la perception même une réaction de l'organisme. Une condition essentielle de la perception verbale est la préexistence de l'idée, c'est-à-dire de notions déjà élaborées; à cette influence de l'idée s'ajoute l'influence d'une réaction totale de la per- sonnalité, faisant de toute perception verbale une œuvre vraiment individuelle. On voit ainsi dans quel esprit est conçue l'étude de M.E, B. Leroy, et comment elle saura intéresser, non seulement les médecins, mais aussi les philosophes, et tous ceux qui sont curieux de connaître le mécanisme intime de Ja pensée. D' HexrY MEIGE, _ ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 29 Janvier 1906. M. le Secrétaire perpétuel annonce la mort de John Burdon Sanderson, Correspondant pour la Section de Médecine et Chirurgie. . 4° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. C. Guichard a étudié ertains systèmes de cercles et de sphères qui se pré- sentent dans la déformation des quadriques. — M. Gambier communique ses recherches sur les équa- tions différentielles du second ordre dont l'intégrale énérale est uniforme. 2 SciENCES PHYSIQUES. — M. C. de Watteville a obtenu, à l’aide d'un spectrographe en quartz, un spectre de mercure qui se compose de la seule raie 2536, 72. Les sels employés ont été le cyanure, l’acétate à le nitrate, dissous dans l’eau et pulvérisés dans une mme de gaz. — M. André Broca a déterminé la durée à la décharge dans un tube à rayons X. Pour des ftincelles équivalentes allant jusqu'à 10 centimètres, elle est sensiblement constante et égale à 05,0005. — Me S. Curie a constaté que l'intensité du rayonne- «ment du polonium diminue en fonction du temps sui- ant une loi exponentielle simple; cette diminution est “de moitié en un temps égal à cent quarante jours. Le ….radiotellure est identique au polonium, ayant la même diminution. — M. C. Matignon a déterminé les cha- leurs de formation des sulfates des métaux rares à urtir de l'acide et de l’oxyde générateurs; la fonction basique s'affaiblit du lanthane au samarium, à mesure “que la masse atomique de l'élément métallique aug- « mente. — M. F. Bodroux indique une méthode de | Aer rapide de l'acide iodhydrique. Un poids liode est transformé en iodure de Ba; un poids égal «est ajouté à la solution de ce dernier, dans laquelle on fait passer SO* jusqu'à décoloration. On a : Bal ++ 50° +-2H°0 — BaSO‘ + 4HI. — M. O. Hônigschmid : Sur un alliage de thorium et d'aluminium (voir p.159). — M. L. Ouvrard a obtenu, avec les borates de baryum et de strontiur, des combinaisons halogénées 5B°0%,. 3BaO.BaCl® et 5B*0°.3Sr0.SrCl. — M. G. Blanc a pré- é, par réduction de l'éther $-campholytique, l'alcool = Frampholytique, Eb. 197, et l'alcool £-dihydrocampho- F ylique, Eb. 198°, L'alcool x-campholytique bout à 200°. _ — M. A. Fernbach rappelle qu'il a déjà fait ressortir : nude influence de la réaction du milieu sur l’acti- l'extrait de malt sur l'amidon est-la neutralité exacte à l'hélianthine. — M.J. Lefèvre a constaté que les —plantules en inanition de CO* ne se développent en sol amidé que si elles sont placées à la lumière. La "u et des amides apparait ainsi comme un travail chlorophyllien. — M. M. Berthelot a étudié les com- posés alcalins insolubles contenus dans les végétaux vivants. Les feuilles de chêne fraiches, après traite- ment chlorhydrique, ne retiennent pas de potasse - insoluble ; mais elles renferment encore un acide — susceptible de précipiter les sels de potassium. Ce …. double caractère les distingue du charbon de bois. — M. M. Nicloux : Sur le dosage du chloroforme avant, “pendant et après l'anesthésie déclarée (voir p. 156). - 3° SCIENCES NATURELLES. — MM. P. Ancel et P. Bouin ont constaté que les injections d'extraits de glande interstitielle du testicule faites à de jeunes cobayes Castrés activent leur croissance, qui se rapproche de la normale. — MM. Variot et Chaumet communiquent des tables de croissance dressées en 1905 d’après les mensurations de 4.400 enfants parisiens de un à quinze D EC Re, m7 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES Br wité des diastases. Pour lui, l’optima dans l’action de | ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ans. — M. P. Bonnier : Conditions physiologiques de l'enseignement oral (voir p. 156). — M. Y. Delage signale la capture d'un cachalot du genre AXogia Gray sur les côtes de la Manche, à Roscoff, le 27 décembre. Jusqu'ici, on n'avait jamais rencontré cette espèce, d’ailleurs très rare, dans les mers d'Europe. — M. R. Anthony propose d'établir trois genres dans la famille des Bradypodidae (Paresseux) : les genre Choloepus Illig, le genre Bradypus Linné (Aretophithecus de Gray), et le genre Hemibradypus, nouveau, auquel doit être rattaché le Bradypus torquatus. — M. A. Bonnet communique ses recherches anatomiques et histologiques sur l'aire poreuse, l'œii et les glandes venimeuses des Ixodes. Ces dernières sont caractérisées par des émissions nucléaires dans la période d'activité. .— MM. J. Kunstler et Ch. Gineste ont reconnu que certains Flagellés et Ciliés offrent une constitution fon- damentale à peu près analogue, tandis que les con- nexions réciproques de leurs diverses parties ne varient pas beaucoup. — M. N. Jacobesco à étudié un nou- veau champignon parasite qui produit le chancre du tilleul en Valachie. C’est un Ascomycète du groupe des Sphaeriacées, auquel il donne le nom de Tremalovalsa Matruchoti. — M. W. Kilian a déterminé la faune d'Ammonites néocrétacées recueillie par l'Expédition antarctique suédoise; elle est caractérisée par le grand développement des espèces du groupe Holcodiscus. Le type indopacifique du Crétacé supérieur s'étend jus- qu'aux contrées antarctiques. — M. Ph. Négris a recherché l’origine de la nappe de charriage du Pélo- ponèse; il pense qu'elle provient de l’espace compris entre les montagnes d’Achaie et la chaîne du Parnasse et de l'Hélikon. Séance du 5 Février 1906. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. E. Holmgren pré- sente ses recherches sur un problème du calcul des variations. — M. A. Korn indique la solution générale du problème d'équilibre dans la théorie de l’élasticité, dans le cas où les déplacements des points de la surface sont donnés. M. P. Duhem étudie la distribution des températures dans les quasi-ondes de choc. Si le coefficient de conductibilité est une quantité très pêtite, la quasi-onde peut être etest, en général, une uasi-surface de discontinuité pour la température; ans le cas contraire, au travers de la quasi-onde, la température ne peut éprouver que de très petites varia- tions. — M. E. Maubant communique les éléments provisoires de la comète 1906 a. — M. J. Guillaume adresse ses observations du Soleil faites à l'Observatoire de Lyon pendant le troisième trimestre de 1905. L’aire totale des taches a considérablement augmenté; celle des facules à diminué. — M. P. Helbronner donne quelques résultats de la triangulation du massif Pelvoux- Ecrins. Les cotes de la plupart des sommets sont sen- siblement modifiées. 2° ScIENCES PHYSIQUES. — M. D. Eginitis communique le résultat des observations magnétiques faites à l'Observatoire d'Athènes pendant les années 1900- 1903. La déclinaison, les composantes horizontale, verticale, Nord et Ouest, et la force totale présentent une double oscillation diurne. — MM. Ch. Moureu et I. Lazennec, en condensant les nitriles acétyléniques avec les alcools en présence de KOH alcoolique, ont obtenu les nitriles acryliques &-substitués f£-oxyal- coylés. Ceux de la série aromatique sont dédoublés par l'acide sulfurique avec formation de cyanacétophé- none. — M. H. Duval, en réduisant l'azodiaminodiphé- nylméthane par SnCF, a obtenu le tétraminodiphényl- méthane. La réduction par la poudre de Zn donne, au contraire, la paradiaminoacridine, F. 284. — M. P. Freundler, en condensant l’iodure d'hexahydrobenzyl- magnésium avec l’aldéhyde acétique, puis oxydant par le mélange chromique l'alcool secondaire oblenu, a préparé la cyclohexylacétone C'H!1.CH°,CO.CHF, Eb. 197. — MM A. Haller et F. March ont déterminé les pou- voirs rolatoires des hexahydrobenzylidène- et oenan- thylidènecamphres et de leurs dérivés saturés corres- pondants et les ont comparés aux mêmes pouvoirs des benzylidène- et benzylcamphres. Les pouvoirs rota- toires des nouveaux composés sônt de beaucoup infé- rieurs à ceux des combinaisons bepzéniques correspon- dantes; c'est donc le caractère non saturé du noyau benzénique qui produit l'élévation du pouvoir rota- toire. — M, M. Berthelot a constaté que les composés insolubles du potassium et les acides qui les engendrent existent surlout dans les feuilles de chêne, de préfé- rence au tronc (bois et écorce). — M. Th. Schloesing a reconnu, d'après des analyses d'eau de la Méditer- ranée prise près de Carthage, à mi-chemin entre Bizerte et Marseille et à Cette, que la partie de cette mer comprise entre la France et l'Afrique est assez homogène. C'est vers le fond de la Méditerranée qu'ont lieu les grands apports de substance minérale. L'eau de la Méditerranée ne diffère guère de celle de l'Atlan- tique que par le degré de salure. — M. J. Dumont a constaté que les éléments sableux du sol n'exercent aucune action décomposante sur les carbonates alca- lins; le kaolin réagit très faiblement: la silice, même desséchée, décompose à froid le carbonate de potas- sium; les hydrates de fer et d'aluminium réagissent très énergiquement. — M. L. Camus a observé que le sulfate d’hordénine entrave l'action de la pepsine, de la trypsine et de la présure, mais non celle de l’inver- tine, de la maltase et de la lipaséidine, 11 agit égale- ment comme antiseptique sur divers microbes. 39 SCIENCES NATURELLES. — MM. Motz et Majewski ont constaté que les tumeurs épithéliales de la prostate sont formées soit de productions épithéliales alvéolaires cancer alvéolaire), soit de productions plus ou moins alvéolaires, accompagnées ou précédées d’une néofor- mation de culs-de-sac glandulaires (adéno-carcinome ou adéno-épithéliome). La propagation ganglionnaire des tumeurs de la prostate est presque constante. — M. O. Laurent montre que l’arriération avec troubles sensilivo-moteurs peut être traitée avec succès par la trépanation large des deux sillons de Rolando. Celle- cl, avec ponctons ventriculaires, est aussi applicable, à titre palliatif, à certaines méningites chroniques graves. — M. J. Tissot à reconnu qu'il n'y a pas de rapport direct entre les proportions de chloroforme contenues dans le sang artériel et les effets qu'elles déterminent; ceux-ci dépendent des quantités de chloroforme que les lois de la diffusion permettent au Sang artériel de céder aux centres nerveux. — M. P. Wintrebert signale, chez les Batraciens, le passage, à travers les ganglions spinaux, de faisceaux provenant des racines motrices et se rendant aux nerfs dorsaux. — MM. W. Kilian et P. Lory ont constaté l'existence de brèches calcaires et polygéniques dans les mon- lagnes situées au sud-est du Mont-Blanc. ACADÉMIE DE MÉDECINE Seance du 30 Janvier 1906. M. R. Blanchard présente un Rapport sur un cas de mycétome d'origine aspergillaire observé en Tunisie chez une femme arabe par MM. Ch. Nicolle et Brunswic-Le Bihan. Le champignon pathogène à été cultivé et reconnu pour une moisissure banale, le Steriqmatocystus nrdulans. De ce travail il résulte que certaines formes de mycétome ne sont qu'une variété d'aspergillose. — L'Académie poursuit la discussion sur la statistique et la prophylaxie de la tuberculose. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 27 Janvier 1906. M. E. Brumpt a observé, chez divers poissons d'eau douce, des espèces nouvelles de Trypanosones, dont il décrit le mode d'évolution et de transmission; enfin, il a trouvé également un nouveau Trypanosome chez un crapaud du pays des Somalis, — M. L. Camus à étu- dié l’action de l'hordénine sür la circulation; à faible dose, le système pneumogastrique est excité : le ralen- tissement du cœur, l'augmentation des pulsations se produisent; avec une forte dose, le système pneumo= gastrique est supprimé: le cœur s'accélère, les pulsa- tions diminuent d'amplitude. — Mie A. Drzewina a observé que la dessalure plus ou moins accentuée de l'eau entraîne une disparition plus ou moins complète des leucocytes acidophiles du sangchezles Téléostéens marins, — M. Guerbet décrit une nouvelle méthode de séparation et de dosage des acides lactique et succi- nique basée sur le principe suivant: Si l'on sature à chaud une solution alcoolique des deux acides par l'eau de baryte, tout l'acide succinique précipite à l'état de succinate de baryte anhydre. — M. C. Cépède a trouvé chez les anguilles de mer une Myxosporidie nouvelle, qu'il décrit sous le nom de Mysidium Giardi. — M. A. Popovici-Baznosanu à constaté que l'héma- tozoaire qu'il a trouvé chez la Testudo ibera se pro- page par l'intermédiaire d'un Acarien, l'Hyalomina syriacum, dont cette tortue est infectée. — MM. J.-E. Abelous, A. Soulié et G. Toujan, par simple autoxy- dation à la lumière, ont constaté que les extraits sur- rénaux additionnés d'extraits de muscle renferment plus d'adrénaline que s'ils sont additionnés de la même quantité d’eau salée. — M. A. Brissemoret a reconnu que les corps qui contiennent une des cinq fonctions chimiques suivantes: carbure cyclique, phénol, qui- none-peroxyde, sulfocarbimide, éther sulfhydrique neutre, peuvent irriter la peau. — M. Quiry a isolé chez les syphilitiques un organisme polymorphe, se reproduisant par sporulation, et cultivable à l'état isolé sur des milieux renfermant des doses relative- ment fortes de mercure, — M. G. Froin à observé que, dans les hématomes, la désintégration très lente des globules rouges s'accompagne de la diapédèse d'un petit nombre de globules blancs. — MM. L. Nattan- Larrier et A. Brindeau ont constaté la présence du Spirochaete pallida dans le placenta syphilitique. — MM. M. Doyon, CI. Gauthier et A. Morel ont reconnu que l’excision du foie peut déterminer chez la gre- nouille l’incoagulabilité du sang et des accidents téta- niques. — M. E. Nicolas recherche l'indican dans l'urine en se basant sur le fait que l'indoxyle se com- bine aisément au furfurol en présence des acides et donne un produit de condensation dont les solutions offrent une belle fluorescence verte. — M. Ch. Féré montre que l'influence du rythme sur le travail est variable et complexe. — MM. Ch. Féré et G. Tixier ont observé que l'élimination du bromure de potas- sium s'accélère à mesure que l’ingestion est plus abon- dante; elle diminue quand la dose baisse. L'orga- nisme élimine d'autant plus rapidement l'iodure de potassium qu'il est moins étranger à cette médication. — MM. V. Wallich et C. Levaditi n'ont observé la présence de spirochètes dans le placenta que dans un cas où il y avait lésions syphilitiques évidentes et in- fection spirillienne chez le nouveau-né6.— M.J. Tissot : Détermination des quantités de chloroforme dans le sang et les organes au cours de l’anesthésie chlorofor- mique (voir p.204). — M. M. Nicloux à constaté que tous les tissus renferment du chloroforme en quantité notable au moment de la mort à la suite d'anesthésie: parmi eux, le cerveau et surtout le bulbe et la moelle sont ceux qui en renferment le plus. — MM. A. Borrel et Et. Burnet préconisent, pour la coloration rapide des spirochètes syphilitiques, la méthode employée pour la coloration des cils : emploi de la fuchsine phéniquée après mordancage au moyen d'une encre au tannin. — . P. Wintrebert: Sur la distribution partielle des racines motrices aux ganglions spinaux chez les Batra- _“ciens (p. 240). — MM. J. Castaigne et M. Chiray ont constaté que les albumines hétérogènes que l’on intro- Auit dans le tissu cellulaire sous-cutané passent en nature dans le torrent circulatoire ; mais elles ne font que le traverser sans être assimilées et sans jouer un üle utile. Au cours de leur traversée sanguine, elles agissent comme un poison sur les albumines fixes, qui sont détruites en partie, SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du 2 Février 1906. M. E.-H. Amagat : Sur la pression interne des fluides et l'équation de Clausius. M. Amagat étudie la relation bien connue de Clausius : ü dg = Af(t)dt + A(p + r)dv, dans laquelle z,, déduit des propriétés du viriel, a pour valeur : > “11 montre que le terme (p + 7,) est inacceptable, car on “devrait avoir : re(r) 3v A(p +m)= Il, d'où Or, il résulte des calculs effectués par M. Amagat que ze rdP ; LE à * D —P, qu'on à appelé, de même que pression “intérieure, est une fonction très différente de 7,, et que les valeurs numériques de ces fonctions dansles limites “de ses calculs présentent des différences de plusieurs milliers d'atmosphères. M. Amagat attribue la raison de £e désaccord au fait d'avoir considéré comme nulle la différentielle partielle par rapport à v de l'énergie intra- moléculaire et aussi de ne point s'ètre préoccupé de “l'énergie de rotation des molécules. 11 montre ensuite qu'on peut très simplement et sans faire d'hypothèses arriver à retrouver l'expression : z,=p(v,/v) —p, à Jaquelle il a été conduit par la théorie du viriel et qui lui a servi à faire ses calculs numériques; il arrive, par des considérations tout à fait élémentaires, à une figure “sur laquelle se lisent de suite les principales expressions intéressant la théorie, et qui en montre facilement les lois. Comme conséquence de ces considérations, la relation de Clausius ne peut plus être mise, comme on le fait, sous forme : 2 dq = Af(t)dt + = AKT, 3 y 2 e t de laquelle résulte que = est le facteur rendant dg dif- j: … férentielle exacte, œæ qui conduit de suite au principe …Carnot-Clausius. La fonction z,, par la définition même “qui sert de base à son calcul, parait tout indiquée comme pression intérieure à introduire dans l'équa- tion d'état; c'est en procédant ainsi que M. Amagat est arrivé à représenter l'ensemble des données relatives + à l'acide carbonique, tant l'état liquide que l'état gazeux, y compris l'état de saturation. Enfin, M. Amagat termine par quelques considérations relatives au cas où, pour l'étude des fluides, on admet la loi approximative de la éonslance du coeflicient de pression pour un volume donné. — M. Pilleux fait remarquer que les calculs de Clausius ne pouvaient le conduire à des résultats exacts, parce qu'il considère uniquement des molécules tra- “versant un plan idéal, sans tenir compte du trouble apporté par la présence d'une paroi solide sur laquelle “lés molécules rebondissent: si l'on en tient compte, Vexpression de pv relative aux gaz parfaits se tronve ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES notablement modifiée. En définitive, l'auteur pense que 3 1 : la formule Vp=3Mr" devrait être remplacée par Vp= ir, ou plutôt par : ( — 5) = SM, M si l'on veut tenir compte du volume propre, Tr des molécules, volume qui, lui-même évidemment, ne change pas (M, masse des molécules; D, densité de celles-ci). — M. G. Urbain : La phosphorescence, pro- priété atomique et moléculaire. L'auteur commence par exposer suceinctement l'état actuel de la question des terres rares. Ces éléments, dont les propriétés chimiques sont très voisines, sont définis par des caractères spec- traux : spectres d'étincelle ou d'arc, spectres d'absorp- tion et enfin spectres de phosphorescence. Suivant le genre de spectre observé, les terres rares sont consi- dérées tour à tour comme des éléments à spectre de lignes, des éléments absorbants, des éléments phos- phorescents. L'identité possible de ces éléments diver- sement qualifiés n'a pas été, en général, établie. La richesse en bandes ou raies de ces spectres est la cause de nombreuses anomalies, apparentes ou réelles, qui ont été généralement attribuées à l'existence d'éléments nouveaux. Après avoir obtenu les diverses terres rares dans un état de pureté qui n'avait pas encore été atteint, l'auteur a entrepris une étude systématique des diffé- rents caractères atomiques des éléments rares du groupe yttrique. À chacune des terres qu'il a étudiées en détail : europium, gadolinium, terbium, dysprosium, correspondent : 4° un poids atomique constant; 2° un spectre d’étincelle; 3° un spectre d'absorption ; 4° un spectre de phosphorescence cathodique. Exposés dans le vide aux rayons cathodiques, un très grand nombre de composés des terres rares émettent de vives phos- phorescences qui, examinées au spectroscope, donnent des spectres de bandes remarquablement étroites, très lumineuses et diversement groupées suivant la nature des terres. Sir W. Crookes a pris ces spectres comme guide de ses fractionnements. Il les suit comme on le fait d'habitude pour les spectres de lignes ou d'absorp- tion. C’est admettre que leur éclat augmente lorsque s’accroit la proportion de la substance à laquelle on les attribue. M. Lecoq de Boisbaudran attribue les phos- phorescences, non pas aux masses principales dont la matière est composée, mais à certaines impuretés, et il a établi le fait en portant ses recherches non seulement sur les terres rares, mais encore sur un grand nombre d'éléments usuels. Plusieurs auteurs attribuent égale- ment la phosphorescence provoquée par la lumière, dans les sulfures alcalino-terreux, par exemple, à la présence de traces de matières étrangères. L'auteur à étudié plus spécialement la phosphorescence des terres rares provoquée par les rayons cathodiques et expose les premiers résultats de cette étude. Les oxydes purs d’europium, de gadolinium, de terbium, de dys- prosium, etc., ne sont pas ou sont extrèmement peu phosphorescents. Les mélanges de ces éléments mani- festent le plus souvent de vives phosphorescences. Les phosphorescences observées dans les fractionnements ont pu être reproduites en mélangeant dans des pro- portions diverses les terres pures deux à deux. Ces mélanges ont été obtenus en précipitant la solution des terres mixtes par des réactifs appropriés et en calcinant les précipités. En faisant varier de 0 à 100 °/, l'un des termes du mélange, la phosphorescence passe toujours par un oplimum correspondant à de faibles teneurs _. et au-dessous de l’une des substances. Ainsi, les mélanges d'oxydes d'europium et de gadolinium purs présentent l'optimum de D eeente Fons une proportion d'oxyde d'europium d'environ 53 du mé- lange. Le spectre de ces phosphorescences à la même 206 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES physionomie générale que le spectre que donne un mélange d'oxyde d’europium et de chaux. Dans ces mélanges, la phosphorescence rouge est une propriété atomique de l’europium, puisqu'elle est indépendante, dans une certaine mesure, de la nature chimique du système phosphorescent où l’europium est engagé. La chaux ou la gadoline jouent là le rôle de diluants. On observe Loutefois, entre les spectres phosphorescents de l’europium dilué soit dans la chaux, soit dans la gadoline, de sensibles différences, qui tiennent à l'influence exercée par la nature du diluant. Dans la gadoline, le spectre subit de sensibles variations suivant la tempé- rature à laquelle la substance a été calcinée. L'auteur attribue ce phénomène à un changement d'état molé- culaire de l'oxyde de gadolinium. Des variations sont également observées si l'on engage le mélange dans une combinaison chimique quelconque (chlorure, sul- fate, etc.). Des faits analogues s'observent pour des mélanges de gadolinium et de chaux dont la phospho- rescence est ultra-violette. À ce propos, l’auteur montre que cette phosphorescence ultra-violette, attribuée par Sir W. Crookes à un élément nouveau, le victorium, appartient en réalité au gadolinium. Des expériences semblables ont été reproduites avec les différentes terres rares que l’auteur a préparées, et il a pu attribuer déjà divers spectres de phosphorescence qui avaient été considérés comme caractéristiques d'éléments inconnus à plusieurs des éléments chimiques qu'il a obtenus à l'état de pureté. En résumé, la phosphores- cence doit être considérée comme une propriété ato- mique pour l’excitateur et moléculaire pour le diluant, L'auteur à constaté, en outre, que l'europium présente dans un même diluant deux spectres différents suivant la dilution. Il recherche actuellement si ce phénomène doit être attribué à la présence de deux éléments dis- tincts dans l’europium ou si ce phénomène a une origine purement physique. SOCIÈTE CHIMIQUE DE PARIS Séance du 12 Janvier 1906. La Société procède au renouvellement de son bureau, qui est ainsi constitué pour l’année 1906 : Président d'honneur : M. M. Berthelot ; Président : M. Arm. Gautier; Vice-Présidents : MM. L. Bouveault, A. Verneuil, H. Moissan et P. Freundler ; Secrétaire général: M. A. Béhal; Secrétaire : M. G. Bertrand; Vice-Secrétaires : MM. A. Hébert et Ch. Moureu; Trésorier : M. Petit; Archiviste : M. Desgrez. Séance du 26 Janvier 1906. M. Binet du Jassonneix communique ses recher- ches sur la réduction des oxydes de manganèse par le bore. La réduction des oxydes du manganèse par le bore au four électrique permet d'obtenir des fontes borées contenant de 3 à 28 °/, de bore. La limite de saturation correspond au borure défini MnB?, préparé déjà par MM. Troost et Hautefeuille. L'action ménagée du chlore à chaud permet d'isoler un nouveau borure MnB, facilement attaquable par les acides. — M. L. Lindet à constaté qu'une solution de résorcine offre la propriété assez inattendue de gonfler l'amidon, au même titre que l’eau chaude ou les alcalis. Il a, en collaboration avec M. Carpentier, appliqué cette pro- priété à la dissolution de l'amylocellulose, préparée par les procédés de MM. Maquenne et Roux, et à la mesure de son pouvoir rotatoire. Ses solutions dans la résor- cine sont d'autant plus transparentes qu'elles sont moins concentrées, en sorte que l'on diminue la sen- sibilité de la lecture au fur et à mesure que l’on augmente la quantité d'amylocellulose dissoute. Néan- moins, ils ont constaté un pouvoir rotatoire très voisin de celui que l’on attribue aux dextrines æ — 1950. 11s ont pu dialyser la solution d'amylocellu- 1 lose et retrouver celle-ci à l’état inaltéré. — M. A. Bo Ê douard communique les résultats de ses recherch sur les points de fusion des silicoaluminates de cal cium. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES Séance du 16 Novembre 1905 (fn). M. P. Lowell communique les premières phologran phies des canaux de Mars". Séance du 30 Novembre 1905. Séance anniversaire annuelle. La Société procèd n renouvellement de son Bureau pour 1906. Son élus : Président : Lord Rayleigh ; Secrétaires : M. J. Larmor et Sir A. Geikie; Secrétaire étranger : M. F. Darwin; Trésorier : M. A. B. Kempe. La Société décerne ensuite : la Médaille Copley à M. D. J. Mendeléeff, pour ses importantes a tions à la Physique et à la Chimie ; une Médaille Royale à M.J.H. Poynting, pour ses recherches en Physique, spécialement sur la loi de gravitation et les théories de l'Electrodynamique et de la radiation; l'autre Mé- daille Royale à M. Ch. S. Sberrington, pour ses travaux sur le système nerveux central et l'action réflexe ; la Médaille Davy à M. A. Ladenburg, pour ses recherches en Chimie organique, spécialement la synthèse des alcaloïdes naturels; la Médaille Hughes i à M. A. Righi, pour ses travaux expérimentaux en Electricité, en particuliersur les oscillations électriques. Séance du 7 Décembre 1905. L M. G. U. Yule : Sur une propriété qui s'applique à | tous les groupements d'une distribution normale de fréquences pour deux variables, avec application à l'étude des tables de contingence pour l'hérédité des» qualités non mesurées. — M. G. U. Yule : Influence de la tendance et de l'équation personnelle dans la statistique des qualités mal définies. — M. A. Schuster a appliqué à l'étude de quelques quantités variables la méthode du périodogramme, système qui fournit par le calcul la transformation que le spectroscope fait subir instrumentalement à un trouble lumineux. — M. C. V. Boys décrit un nouveau calorimètre pour « déterminer la chaleur de combustion des gaz. Le gaz . est brûlé dans un bec Bunsen ordinaire; les gaz de la . combustion se refroidissent au contact d'une circula= « tion d’eau, dont la vitesse d'écoulement et la tempéra- ture permettent de déterminer la chaleur de combus- tion du gaz; l'équilibre est établi à 1/10 de degré près . en un quart d'heure. — M. le Comte de Berkeley et M. E. G. J. Hartley communiquent leurs expériences sur la détermination des pressions osmotiques des solutions par la mesure de leurs pressions de vapeur. Le principe de la méthode a été posé par Ostwald. Deux flacons de Liebig contenant la solution à exami- ner et un contenant de l’eau sont reliés l'un à l'autre. Ce dernier est pesé et est relié à son tour avec un tube en U contenant de la pierre ponce imbibée d'acide sulfurique. Un courant d'air traverse l'appareil, L'air se sature d'abord à la pression de vapeur de la solution, puis prend à l'eau la quantité de vapeur nécessaire pour sa complète saturalion, et enfin cède le tout à l'acide sulfurique. La perte de poids du flacon à eau est à l'augmentation de poids du tube à acide sulfu- rique comme la différence entre la pression de vapeur de la solution et celle de l'eau pure est à la pression de vapeur de l’eau pure. Les auteurs ont rencontré de nombreuses difficultés dans l'application pratique de cette méthode. Après avoir essayé d'obtenir la satura- tion de l'air par barbottage dans les solutions et l’eau pure, ils ont dû y renoncer, parce que des particules de liquide peuvent être entrainées, et se contenter de 1 Voir la Zevue du 15 octobre 1905, p. 837. faire passer l'air sur les liquides, mais la surface de contact doit être très grande. Tous les appareils, à fermeture hermétique, sont placés dans un bain d’eau à température constante. Les pressions osmotiques ont été calculées d'après les pressions de vapeur au | moyen de la relation bien connue d'Arrhénius. — MM. W. A. Bone el R. V. Wheeler ont étudié la | combinaison de l'oxygène et de l'hydrogène au contact | des surfaces chaudes (Hortasine poreuse, magnésie, or, argent, platine, nickel, oxydes de fer, de cuivre et dé nickel). Le mélange gazeux humide circulait à une | vitesse uniforme sur la surface maintenue à une tem- | pérature constante dans le tube à combustion. Les résultats montrent que, dans aucun cas, le degré de combinaison ne dépend de l'ordre de la réaction (comme le pensait Bodenstein), ni des facteurs de diffu- sion (comme le voulait Nernst). Le processus ne peut non plus être expliqué par une théorie purement | chimique. Le pouvoir catalysant d'une surface neuve | augmente jusqu'à un maximum persistant par le pas- e des gaz de l'électrolyse sur elle: à ce moment, la vitesse de combinaison pour le gaz électrolytique . normal est directement proportionnelle à la pression. | Quand l’un ou l’autre des gaz réagissants est en excès, là combinaison est à peu près proportionnelle à la | pression partielle de l'hydrogène. Le pouvoir cataly- Sant de la porcelaine, de la magnésie et des surfaces . métalliques peut être stimulé, souvent à un haut degré, par une exposition préalable dans l'hydrogène à des fémpératures modérément élevées. En somme, excepté dans le cas de CuO, l'hydrogène joue un rôle très important dans le processus catalytique, étant rendu actif par association avec la surface. Dans la majorité des cas, l'hydrogène est même occlus ou condensé par _ la surface ; avec l'argent, il semble aller jusqu’à former un hydrure instable. Dans le cas de CuO, le processus Cätalytique dépend en premier lieu de la condensation d'une pellicule d'oxygène actif à la surface. SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE DE LONDRES Séance du 26 Janvier 1906. M.1.K. Inglisaétudiéla distillation isothermiquede Pazote et de l'oxygène et de l'argon et de loxygène, dans un appareil spécial où la condensation en arrière æst évitée. Les résultats montrent que le rapport Az/0 “dans la vapeur n'est pas en relation invariable avec le même rapport dans le liquide. En portant en ordon- “nées les pressions partielles d'Az et O et en abscisses “es concentrations dans le liquide, on obtient une ligne droite pour l'azote et une courbe pour l'oxygène. On en déduit que l'azote obéit à la loi de solubilité “Henry; la déviation que présente l'oxygène peut être “lue à ce qu'il est légèrement associé à l'état liquide - lorsqu'il est mélangé avec l'azote. D'autres expériences ont été faites avec des mélanges d'argon et d'oxygène ; la température employée, l'argon est un solide Wolatil ; aussi, la plus grande concentration d'argon qu’on 1508 atteindre est celle de la solution saturée dans oxygène. L'argon semble se rapprocher de l'azote en œbéissant à la loi d'Henry. — M. A. Campbell a étudié Nemploi de la fonte trempée à la construction des timants permanents. Tous les spécimens ont été chauf- fës à 1000°C., puis trempés dans l'eau froide, avec des précautions spéciales. Puisles barreaux étaient essayés au point de vue du magnétisme rémanent maximum ét de la coercivité par la méthode de Mme Curie. Les résultats montrent que la fonte trempée n'est pas très inférieure à l'acier ordinaire pour aimants. Des essais balistiques ont montré que le simple procédé de lrémpe est très satisfaisant, mème pour un anneau massif de 6 cm? de section. Le bon marché et la faci- lité de travail de la fonte doivent encourager les cons- tructeurs d'instruments à l'essayer dans d’autres cas. — MM. Lyle et Baldwin ont recherché s'il existe une Mitesse définie de propagation du magnétisme dans le fer. La méthode adoptée consiste à produire la magné- ACADÉMIES ET SOCIÈTES SAVANTES 207 tisation en un point particulier d'un barreau au moyen d’une bobine traversée par un courant alternatif, puis à observer le flux magnétique à des distances variées de la bobine au moyen d’une petite bobine secondaire pouvant se mouvoir le long du barreau. Par l'emploi du traceur d'ondes de Lyle, on obtient le flux magné- tique en divers points lé long du barreau. Les courbes d'ondes ont été analysées par les séries de Fourier. Contrairement aux observations précédentes, le retard de phase, au lieu de croître continuellement le long du barreau, passe par un maximum, ce qui prouve l'absence d'une véritable propagation ondulatoire. SOCIÉTÉ ANGLAISE DES INDUSTRIES CHIMIQUES SECTION DE NEW-YORK Séance du 24 Novembre 4905. M. A. Rogers indique un nouveau procédé pour adoucir les peaux. Un bain renfermant 5 °/, de sirop de glucose et 1 °/, de soufre, plus une livre de levure pour 1.000 livres de peau traitée, est préparée à 350-380, Au bout de vingt-quatre heures, quand la fermentation est bien établie, on porte à 38°-:0° et on introduit les peaux, qu'on remue une fois par heure. Au bout de huit heures, les peaux les plus lourdes sont convenablement adoucies. ACADÉMIE DES SCIENCES DE BERLIN Séance du 16 Novembre 1905. M. W. Kaufmann, professeur à Bonn, continue ses recherches relatives à la constitution des électrons. Après avoir démontré, dans ses (travaux antérieurs, que la masse des électrons en mouvement, constituant les rayons $ du radium, s'accroît considérablement à mesure que leur vitesse approche de celle de la lumière, en suivant une loi qui concorde avec les formules de M. Abraham, 4 se sert d'un dispositif perfectionné pour comparer les écarts qui existent entre la théorie et l'observation, suivant qu'on se base sur l'hypothèse de M. Lorentz d'un électron se déformant sur son chemin, ou sur celle d’un électron sphérique rigide, comme le veut M. Abraham. Comme les divergences constatées dans le premier cas sont trois fois plus grandes que dans le second, la théorie de ce dertiier savant paraît préférable. ACADÉMIE ROYALE DES LINCEI Séances de Décembre 1905 et Janvier 1906. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. E. Millosevich transmet ses observations sur la comète Schaer, exécutées à l’équatorial de 39 centimètres de l'Obser- vatoire du Collège Romain. — M. P. Pizzetti expose un calcul de la réfraction astronomique, sans hypo- thèses particulières sur la manière dont varie la tem- pérature de l'air avec la hauteur. — M. G. Peano: Sur les différences définies. — M, G. Z. Giambelli s'occupe des variétés représentées au moyen d'une matrice générique de formes, et des variétés engendrées par des systèmes linéaires projectifs de formes. — M. N. Nielsen : Sur le développement en fraction continue de la fonction Q de M. Prym. — M. C. Viola présente un procédé de transformation des coordonnées des cristaux, qui simplifie le problème. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. A. Pochettino expose les résultats donnés par deux ascensions de ballons- sondes, faites à Castelfranco Veneto au mois d'août 1905. Les ballons arrivèrent à des hauteurs de 10.385 el 23.899 (?) mètres; pendant leur voyage, les instruments enregistreurs donnèrent d'intéressantes indications sur des inversions de température à des hauteurs différentes. — M. C. Carpini rappelle que, dans les recherches que l’on a faites sur l'influence de la tem- pérature sur la résistance du sélénium, on na pas L.. 4 208$ étudié les variations de l'effet photo-électrique pour tâcher de reconnaître la cause de ce dernier. M. Car- pini a fait des expériences sur cet effet, à des tempéra- tures comprises entre Ü° et 100°, et a vu que l'effet varie notablement et diminue avec la température. — M. C. Feliciani a réuni de nombreuses observations sur la radio-activité des boues de quelques sources thermales du Latium, et décrit les appareils dont il s'est servi et les résultats obtenus. — Une étude ana- logue est présentée par M. G. Magri sur les boues déposées par les eaux des sources thermales des Bagni de Lucca (Toscane). — M. R. Magini donne le com- mencement d'une étude expérimentale sur l'influence que les bords d'un accumulateur manifestent sur sa capacité électrostatique. — M. A. Pacinotti entretient l'Académie de ses recherches pour étudier Finfluence de la température, des vibrations, de l'humidité, de l'électrolyse, de l’onctuosité, sur l'adhésion et le frotte- ment entre corps différents, et sur le travail des charrues. — M. S. Cheïla décrit ses recherches pour mesurer le coefficient de frottement interne de l'air, à des tempéralures très-basses. — M. V. Monti expose plusieurs considérations destinées à diminuer les difficultés que l’on rencontre dans la mesure de la vitesse de propagation des perturbations sismiques en rapport avec la sismométrie rationnelle. — M. G. Age- mennone donne la description d’un sismoscope à double pendule horizontal, imaginé par lui, qui doit servir à enregistrer les tremblements de terre loin- laius, et qui possède une sensibilité très grande. — M. C. Chistoni transmet la suite des résultats pyrhé- liométriques obtenus à l'Observatoire géo-physique de Modène. — M. U. Panichi envoie un mémoire sur les variations des phénomènes optiques des minéraux, produites par les variations de température. — M. G. Gallo, qui s'était déja occupé de la détermination du poids atomique du tellure, a déterminé le poids ato- mique de l'iode, pour élucider l'anomalie que ces deux éléments présentent par rapport à la classification de MendeléefF; l’auteur a trouvé ce poids égal à 126,89 (0 — 16), et il a vu que l'iode, dans les solutions de iodures, se comporte toujours comme ion monovalent. — MM. A. Angeli et V. Castellana donnent les résul- tats de leurs recherches préliminaires sur quelques composés azotés. — MM. G. Oddo et E. Mameli étu- dient les composés qu'ils ont obtenus avec l'éther éthy- lique trichloré 1:2:2. — MM. C. Ulpiani et M. Cin- golani, après avoir reconnu que la bactérie de l'acide urique n'attaque pas la guanine, se sont proposé d'établir si cette dernière substance, qui, comme l'acide urique, est un produit du métabolisme animal, ne peut subir un processus fermentatif par l'action de quelque microorganisme encore inconnu. En effet, les deux expérimentateurs ont découvert une bactérie de la guanine, dont ils décrivent les caractères morpho- logiques et culturaux. — MM. C. Ulpiani et G. A. Ro- dano, poursuivant leurs recherches sur le couplage des anions daus l'électrolyse des éthers organiques, ont soumis à l'électrolyse quelques sels du groupe des oximido-éthers, obtenant trois composés électro- synthétiques. — MM. O. Carrasco et G. Plancher donnent la description d’une nouvelle méthode des- tinée à la détermination du carbone et de l'hydro- gène dans les substances organiques, au moyen de l'incandescence électrique. — M. G. Bargellini décrit ses recherches sur quelques dérivés sulfuriques de lanhydride naphtalique. et s'occupe, en outre, des produits de condensation de lacide rhodanique, trouvé par M. Rencke, avec les aldéhydes. — MM. G. Minunni et G. Lazzarini donnent la continuation de leurs recherches sur quelques dérivés de pyrazol, obtenus par la nouvelle méthode synthétique. — M. G. Sani présente une étude chimique de la graisse végétale que l’on tire des graines de l'Arbutus Unedo, dont la culture est très étendue dans les environs de Pérouse pour la fabrication de l'alcool. — M. D. Otto- lenghi s'occupe de l'ergostérine qu'il a tirée de la ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES . | PE iÿe à : 34 4 + ‘ graisse du seigle ergoté; de ce corps, il a fait l’anal et il en décrit les réactions. — Dans une autre n M. Ottolenghi annonce avoir étudié plusieurs chole rines (de l œuf, de l'huile, etc.), avec la nouvelle réa tion colorée de Neuberg et Rauchwerger. — M. E Perotti a observé que, dans les engrais chimiques q renferment de la cyanamide calcique, il se form spontanément de la dicyanodiamide : et il se propc d'étudier les conséquences importantes pour l'agrieu ture et l'industrie que cette formation peut avoir. 3° ScrENces NATURELLES. — M. G. Capellini inforr l'Académie que l'éboulement de rochers de Sain Pierre à Porto Venere, près de Spezia, s'est prodi comme il l'avait prévu et annoncé il y a six ans; c'e la mer qui a causé cet éboulement des gisements 4 calcaires compacts et schisteux, signalés par plusieul géologues à cause de leur richesse en fossiles. M. E. Tacconi présente une étude sur la datolite, de il a examiné et mesuré les cristaux, recueillis dans le gisements de Buffaure dans la vallée de Fassa. M. E. Clerici décrit un appareil très simple qu’ imaginé pour obtenir la séparation des minérau dans une autre note, M. Clerici fait une étude géol gique des sables fossilifères que l’on rencontre à grotta, sur la route aurélienne, près de Rome. — M: Perotti, s'inspirant des recherches de Beyerink «s les microorganismes capables de se développer € présence de quantités minimes d'azote, a fait de recherches sur les bactéries oligo et mésonitrophile de la Campagne romaine, étudiant des échantillon divers de terre pris dans les environs de Rome. M. G. van Rynberk transmet la dernière partie des observations sur le mécanisme de la respiration ch les requins; dans une autre note, l'auteur étudie Je mouvements réflexes de clignement de l'œil, par eff d’excitations sur différentes parties du corps de l'an mal. — M. G. Noé apporte une notable contributil aux connaissances sur le sensorium des insecte décrivant les organes sensitifs qu'il a découverts sur nervures des ailes des Diptères; il s'occupe de le structure anatomique et parle de ses recherches & l'ovaire des insectes. — M. L. Petri ajoute d'aut notices à celles qu'il a déjà données, dans une prée dente communication, sur la Stietis Panizzei, chat pignon qui attaque l'olivier. — M. G. Pieri a reconn que l'Ankylostoma duodenale peut se développer che le chien jusqu'à l'état de parasite adulte et capable se reproduire, que l'infection ait lieu par la bouche « à travers la peau. — M. G. Riccioli a repris le expériences de Jobn Siegel qui, en inoculant le pi du vaccin dans la cornée des cobayes, avait retroux les corps de Guarnieri dans le foie et les reins dl animaux. M. Riccioli est d'avis que les corpuscul désignés par Siegel comme des protozoaires du vacel sont des produits artificiels dus à la technique d l'auteur; si quelques formes représentent vraimei des protozaires, on ne peut les considérer comme spé cifiques du vaccin. — M. V. Peglion signale un €a d'hémoparasitisme dû au Rhacodium cellare, moisissur qui dans les caves se développe sur le bois des füts cette moisissure attaque les châtaignes en les noir cissant. Cette altération peut être combattue en recou rant aux fumigations d'anhydride sulfureux ou formol, dans les magasins où l'on conserve les cl taignes. M. Peglion ajoute quelques observations sur, destruction de plusieurs jeunes plants de mürier, du à une infection par le Gibberella moricola (De No infection favorisée par l'abaissement anormal de température à l'époque de la plantation. — M. L. Mor temartini décrit les différences qu'il a trouvées, par un étude morphologique, anatomique et biologique, ent# les tubercules radicaux de Watisca canuabina, décou verts par Trotter, et ceux des légumineuses auxque on les croyait analogues. RNESTO Mancini. Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER. Paris. — L. MARETHEUx, unprimeur, 1, rue Cassette. 4 17e ANNÉE : »» L $ 1. — Mathématiques Les principes de la Théorie des ensembles. La question de la représentation du continu sous rme : ensemble bien ordonné par la méthode de Lermelo, et la question connexe, si discutée dans S derniers temps, de savoir si les êtres mathéma- >s, pour être considérés comme tels, doivent pou- ür être décrits en un nombre fini de mots, ont été, juis la dernière chronique que nous leur avons onsacrée, reprises dans un récent article de M. J. bnig‘. L D en géomètre de Budapest n'intervient pas illeurs, à proprement parler, dans le débat que nous ons résumé précédemment*, et qui n'est autre, tomme nous le fait remarquer un correspondant, que elui de « l'idéaliste et de l'empiriste * ». 11 prend sim- ement acte de son existence, et se place entre les deux camps opposés. Avec l’ « idéaliste », il admet pendant — et le dit d'une facon bien nette — existence d'êtres mathématiques qui, suivant son xpression, pe sont pas « à définition finie » (endlich definiert}, c'est-à-dire qui ne peuvent pas être décrits enun nombre fini de mots‘. Mais il propose d'étudier les êtres à définition finie. admet, à titre de postulat d'ailleurs, et sans en cela que consiste ce qu'il appelle l'axiome métalo- de}, que la distinction ainsi formulée a un sens “précis, mathématique. | Les telle distinction, prise comme point de départ, conduit en particulier M. Künig à cette conclusion - le continu ne peut pas être mis sous forme d’un ensemble bien ordonné. È Ceci ne laisse pas que d’être un peu surprenant. — L'auteur vient, en effet, de déclarer que, pour lui, e« ible » ne veut pas nécessairement dire « pos- e avec définition nie ». Or, si l'on se place à ce L # Math. Annalen, t. LXI, » Tome précédent de la Revue, p. 241, 54. p- 156. 3 Voir Milhaud. * Ce sont ceux que nous appelions dans le numéro pré- cédent (AÆevue du 2 février) : idées à « complexité infinie ». u Bois-Reymond, p. 124-5 de la traduction REVLE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. dissimuler le caractère hypothétique (c'est à peu près | 15 MARS 1906 Revue générale des Scien pures et appliquées Direcreucr : LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. tout ce qui concerne ‘a rédaction à M. L OLIVIER, 22, rue da Général-Foy, Paris — La reproduction et La traduction des œuvres et des rravauz pubtiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, 7 compris la Saëde, la Norvège et ls Hol'ande CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE point de vue, le raisonnement de M. Zermelo semble irréprochable. Dès lors, si celui de M. Kônig était probant, comme il aurait pour effet de mettre en évidence une contra- diction entre la possibilité de bien ordonner le continu et celle (qui a servi de point de départ) de donner un sens rigoureux au mot endlich definiert, c'est cette dernière possibilité — assez douteuse en somme, surtout lorsqu'on se réfère au récent article de M. Poincaré ‘ — qui devrait être rejetée. Mais la conclusion, à notre avis, n'est pas celle-là. M. Kônig fait lui-même une objection à son raison- nement; il donne un exemple, celui de l'ensemble des nombres ordinaux relatifs à toutes les classes dénom- brables, dans lequel ce raisonnement conduirait à un résultat faux. Il répond, il est vrai, à cette objection, en montrant comment cet exemple est différent de celui pour lequel le raisonnement est édifié. Mais c'est cette réponse qui ne nous paraît pas subsister. Nous voyons bien quil y a une différence entre les deux cas, mais non que cette différence ait une influence sur le raisonnement en question. Il y a plus : toute la fin de l'article, et principale- ment la note par laquelle il se termine*, nous parait être une réfutation du commencement. M. Künig montre qu'il peut y avoir des ensembles dont un élé- ment determiné quelconque est « endlich definiert », sans quil en soit de mème pour l'ensemble complet. Or, ce fait nous paraît constituer, pour sa démons- tration, un vice fondamental*. g $ 2. — Astronomie Les risques de collisions entre corps | célestes. — Les collisions de trains, les abordages de navires nous ont enseigné, par de dures expériences, ce * Rev. de Métaph.etde Moralr, 13° année, n° 6 (nov 815-835. Voir la Revue du 28 février. * Note de la page 100. ? Elle en présente, à la rigueur, essentiel. 11 se pourrait, en effet, - ordonné, l'ordination ne fût pas sus finie, même en ce qui regarde les él mêmes « endlich detiniert ». P- 210 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 1 que peut entrainer la combinaison redoutable de la masse et de la vitesse. Or, en Astronomie, les vitesses sont bien plus graniles, les masses bien plus fortes : nul doute que la rencontre d'une étoile, d'une planète, voire même d’un astéroïde ou d’un noyau de comète, ne fût une éventualité désastreuse; ne disons pas une catastrophe mémorable, puisqu'il ne resterait sans doute personne pour l'enregister. Il ne semble pas que cette perspective ait beaucoup troublé le sommeil des Anciens, et, si les apparitions de grandes comètes étaient communément regardées comme des présages d'événements tragiques, des signes de la colère céleste, du moins on ne redoutait pas de leur part une offen- sive matérielle et directe. La question apparut plus sérieuse à la suite des travaux de Copernic et de Képler, puisque les astres flottent désormais sans soutien dans l’espace avec des vitesses foudroyantes, et, si leurs distances mutuelles restent comprises dans des limites assez rassurantes, on peut tout craindre des comètes vagabondes qui viennent se jeter sans règle à travers notre système. Le principe de l'attraction universelle va permettre de serrer la question de plus près : les conditions à réaliser pour le choc sont assez complexes et notre système n’en offre pas d'exemple; tous les cas auxquels le calcul peut être appliqué sont en somme rassurants, les grosses planètes étant remarquablement stables, tandis qu'aucune comète n’est sérieusement menaçante jusqu'à présent. Si de légères résistances du milieu, les frottements des marées, etc., tendent à grouper tout le système solaire en un seul corps, du moins nous ne pouvons prédire la date de cette éventualité avec quelque pré- cision. Mais tous les corps célestes ne sont pas aussi peu exposés que la Terre : Jupiter reçoit plus volontiers la visite des comètes périodiques, contre lesquelles, il est vrai, sa masse sera un puissant rempart; quelques comètes, elles-mêmes, s'approchent imprudemment du Soleil et éprouvent des changements physiques rapides qui pourraient les conduire à la destruction; faut-il, enfin, rechercher l’origine de la comète Holmes dans la collision de deux astéroïdes du merveilleux anneau des petites planètes? Reste encore le spectacle desétoiles temporaires, que l’on peut, non sans raison, rattacher à des phénomènes immenses de collisions astrales et qui décèlent la pré- sence de commotions profondes; mais il reste une cir- constance indéniable, la seule absolue, des rencontres sidérales, et qui réside dans les étoiles filantes et les bolides. Ces corpuscules, au nombre journalier de 400 millions, bombardent notre atmosphère : portés à l'incandescence par le frottement rapide dans l'air, ils sont entièrement consumés, parfois, et nous par- viennent à l’état gazeux ou pulvérulent; d'autres fois, plus importants, ils se brisent, etles fragments viennent violemment s'incruster dans notre sol. Mais on peut être certain qu'il n’y a pas là d'addition importante à la masse terrestre et que la couche météorique sécu- laire n'atteint pas 2 centimètres; nulle part on n'en trouve de dépôt notable, et l'on peut être assuré que les aérolithes n'ont apporté qu'une insignifiante contribu- tion au relief terrestre. D'ailleurs, il est juste de remarquer que leur classification, leurs familles, laissent entendre aujourd'hui leur similitude de com- position et leur origine cométaire, à l'exclusion de toute provenance du Soleil, de la Lune, de la Terre ou d'une planète. Cependant, l'hypothèse de Laplace sur la condensa- tion de la matière nébulaire sous forme fluide, puis solide, reste encore aujourd'hui la seule vraisemblable, et rien n'empêche — il est mème probable — qu'avant la solidification définitive le bombardement ait été beaucoup plus actif. L'observation à cet égard n'est-elle pas muette? Car si, d'une part, l'anneau de Saturne s'est constitué aux dépens de la masse centrale, comme dans l'expérience de Plateau, si la théorie la plus pro- bable indique qu'il doit finir par se résoudre en satel- lites, du moins ses variations sont encore douteuses et. sa connaissance trop récente. Qu'est-ce là que deux. siècles? Et l'anneau des petites planètes n'apprend rien. non plus, avec sa détermination toute contemporaine. D'autre part, la dissémination des essaims météoriques, la désagrégation des comètes, laissent planer un doute. sur la concentration de la matière; et les travaux d'éminents astronomes comme Kirkwood, Stockwell,. Darwin... sont impuissants à élucider définitivement le dernier degré de condensation et l'origine planétaire des satellites. D'ailleurs, la surface — et la géologie même — des planètes les montrent assez homogènes, et il faut recourir au témoignage des satellites. À cet égard, las Lune figure au premier plan par la connaissance pré- cise que nous avons de sa singulière enveloppe, et nul n'était mieux informé que M. P. Puiseux pour apporter le témoignage de la Lune sur les risques de collisions entre corps célestes : c'est ce qu'a fait cet astronome érudit dans une remarquable conférence à l'occasion de l'anniversaire de la Société belge d'Astronomie. Dès 1846, Gruithuisen, frappé des caractères très nets qui distinguent les cirques lunaires, d'une part, des volcans terrestres, de l’autre, se refuse à croire que des constructions aussi dissemblables aient pu être édifiées par les mêmes agents. Les cirques, d’après lui, ne doivent rien aux forces internes; ils naissent sous des impulsions extérieures et soudaines; et nous voici bien dans la théorie de Laplace, avec les empreintes de projectiles autrement volumineux que les bolides actuels, hypothèse adoptée par des astronomes et des géologues dont l'autorité n’est pas négligeable. Aurions- nous donc perdu, de la sorte, une quantité d’autres | satellites plus petits? Car les aérolithes, ou pierres | tombées du ciel, atteignent la Terre sous toutes les incidences : il en serait de même pour la Lune, tandis | que la forme circulaire des orifices indique une inci- dence presque normale. Il ne s'agit donc, ni de bolides extérieurs, ni de bolides lancés par les cratères ter- restres de trop faible puissance. Au contraire, la proportion des incidences normales peut devenir très forte s'il s'agit de corps accompagnant la Lune autour de la Terre; leurs dimensions ne sont plus limitées; ils ont cédé peu à peu à l'attraction du corps principal avec de faibles vitesses relatives. Dans ce cas, contrairement à celui de la Terre, la période d'annexion eût persisté sur la Lune à une phase déjà refroidie et solidifiée de la surface. Mais alors le bom- bardement fut d'ordre expérimental, en quelque sorte, et nous pouvons tenter d'en produire d'analogues : ici, déjà, l'expérience nous enseigne que la surface frappée ne pouvait être dure et résistante, faute d'obtenir jamais les profils cherchés. Serons-nous plus heureux avec une couche superficielle pâteuse et malléable ? Les expériences de Meydenbauer, Althans, Alsdorf... sont multiples et précises : la photôgraphie rend les résultats comparables, et le dernier auteur croit pouvoir se prononcer en faveur de cette hypothèse à cause de nombreuses ressemblances. Malheureusement, les ré- sultats les meilleurs supposent de multiples tours de main de l'opérateur, avec des conditions bien peu vrai- semblables dans le cas de la Lune, comme celui d'une couche malléable pour l'empreinte, superposée à un corps résistant qui mette en jeu l’élasticité et oblige le M projectile à rebondir : il n'y a donc plus l'annexion cherchée; et qu'est devenu le projectile? Si l'on met en jeu la quantité de chaleur dégagée par le choc, on se rapproche de la théorie volcanique, avec ce correctif que l'éruption elle-mème puise son origine hors du globe lunaire. De nouvelles difficultés surgis- sent, d'ailleurs, aussitôt, en ce qui concerne le travail produit et la solidification des vagues fluides résul- tant d'un choc extérieur. Il faut en revenir aux forces internes, qui se sont imposées à Gilbert quand il a voulu rendre compte de la structure des remparts : ce n'est pas l'effet d'un projectile que nous pouvons con stater, mais bien le travail inverse. Alors pourquoi CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 214 recourir à la pénétration de bolides, si l’on n’en cons- tate point les effets? En résumé, les grands cirques lunaires, aussi bien que les hautes montagnes terrestres, sont le produit de transformations lentes, accumulées au cours des siècles : les bolides ne se sont pas montrés plus redou- tables sur une planète que sur l'autre. A l'égard des chocs soudains et destructeurs, l'étude de notre satel- lite affermit la sécurité que faisaient déjà naître en nous l'expérience quotidienne, les annales historiques, les investigations des géologues. Telles sont les conclu- sions critiques de M. P. Puiseux, basées sur un examen attentif des clichés de la Lune : il nous faut savoir gré à ce savant astronome d'avoir utilisé sa grande con- naissance de notre satellite, et sa vaste érudition, pour faire un exposé remarquable d'une controverse aussi intéressante que délicate. $ 3. — Météorologie Variations d'intensité de la. pluie. — Bien des éléments météorologiques, vitesse du vent, tempé- Yature, pression barométrique, qui nous paraissent à mière vue régis par une marche uniforme, montrent aucontraire, quand on les examine au moyen d'appa- reils très sensibles, des variations assez considérables en des intervalles de temps très courts. En effet, les appareils enregistreurs assez délicats ont pu, dans bien des cas, révéler ces singularités, tandis que la chute “le la pluie, avec les inscriptions des pluviographes en usage, ne fournissait qu'un tracé continu dans lequel iltne fallait point songer à trouver les modifications très rapides et de peu de durée. … Or, chacun peut observer, dans les pluies d'orage notamment, des recrudescences soudaines, des sortes de vagues d'eau se succédant à de courts intervalles, ébgénéralement attribuées au vent en coup de fouet : dur les pluies d'une certaine étendue, Helmholtz avait jà admis la présence de vagues d'air, chargées d’eau, se succédant à des intervalles courts et assez réguliers, &b cest pour inscrire d'une manière particulièrement “détaillée toutes ces variations d'intensité que Gellen- kamp donne, dans la Meteorologische Zeitschrift, la description et les applications d'un nouveau pluvio- graphe de son invention. Mis en expérience aux Indes depuis 1894, cet appareil afourni de curieux résultats, etles diagrammes montrent clairement qu'une averse de courte durée, qui nous parait relativement uniforme, passe en réalité par une Série de maxima et de minima d'intensité successifs ëb très rapprochés, insoupconnables par l'observation directe. On a proposé l'explication suivante : la con- densation des premières gouttes de pluie dégage une Meertaine quantité de chaleur, qui évaporerait une partie des gouttes suivantes, d’où diminution d'intensité; cette > Napeur mème s'élève, gagne des régions plus froides, Sy condense, rejoint dans sa chute le niveau originel ) Avec une température inférieure à la température pri- | mitive, y détermine donc une condensation plus abon- dante, — d'où maximum d'intensité; puis la succession des phénomènes se reproduit dans le même ordre. Il ) Sbdiflicile de vérifier, dès à présent, dans quelle mesure il faut définitivement admettre cette expli- Calion, mais, de toutes facons, ce sont là des recherches nouvelles et très originales qui ne peuvent être que fructueuses pour la connaissance intime du régime de la pluie. É t $ 4. — Cartographie nouveau dispositif cartographique. — Lescartes ordinaires, dont on se servait exclusivement Jusqu'à ce jour, même la carte d'Etat-Major classique, sont affectées de sérieux inconvénients. Leur emploi est, en effet, assez malaisé en pleine campagne, lors- qu'on se trouve dans une position peu commode ou que la pluie ou la neige les rendent à peu près indé- chiffrables. Sur le champ de bataille ou de manœuvre, les cavaliers risquent d'effrayer leur cheval par le bruissement des cartes qu'ils déplient. Ces difficultés se compliquent, pendant la nuit ou par un jour insuf- fisant, de la nécessité de frotter une allumette, à moins qu'on ne préfère l'éclairage improvisé que donne un cigare brûlant pour consulter la carte. Le matériel cartographique que doivent emporter les militaires et aussi les touristes, cyclistes ou automobilistes, con- stitue enfin un complément de bagage fort encom- brant. Le Dr Vollbehr, à Halensee, près Berlin, vient de construire, pour remédier à ces multiples inconvé- nients, un ingénieux dispositif qu'il appelle miero-pho- toscope où carte-loupe, et qui n’est autre qu'une lentille grossissante, dans le champ de laquelle on insère des miniatures de cartes. Toutes les feuilles des cartes d'Etat-Major allemandes ont été réduites, dans le rapport de 13,5 à 1, à des diapositives photographiques, constituant des carrés de # à 5 centimètres de côté. Devant la diapositive se trouve la lentille grossissante, qui s'adapte facilement à toutes les vues. Le cadre-porteur de la loupe étant susceptible de déplacements, soit horizontaux, soit ver- ticaux, l'observateur amène tout point dans le champ immédiat de son œil, par un léger déplacement du cadre ; il est ainsi en mesure d'embrasser une super- ficie de 175 kilomètres carrés. Les diapositives s'échan- gent rapidement. Dans la nuit ou par un jour insuffisant, on combine l'appareil cartographique avec un diapositif d'éclairage amovible. Une petite lampe à incandescence électrique, alimentée par une pile sèche. de grande durée, sert à l'éclairage de la diapositive photographique. On obtient à volonté une illumination intermittente ou perma- nente. En dehors de l'usage auquel le microphotoscope est destiné en premier lieu, ce dispositif se prête à bon nombre d'emplois différents. C'est ainsi qu'on pourra faire toutes sortes de petits croquis sur la plaque de verre dépoli disposée derrière la diapositive. La petite lampe peut, en outre, être employée dans la télégraphie militaire, pour donner des signaux optiques multico- lores au moyen de plaques de celluloïd, signaux visibles à plusieurs kilomètres de distance. Après y avoir inséré une plaque rouge, on emploiera la lampe comme lanterne photographique de chambre noire improvisée. Dans les grandes manœuvres allemandes qui vien- nent d’avoir lieu, cet ingénieux dispositif a suscité une attention générale. $ 5. — Electrochimie Une nouvelle pile électrique, le dynélec- tron. — Un ingénieur américain, M. James H. Reed, vient de faire connaître un nouveau dispositif, qu'il appelle le dynélectron, et qui constitue une batterie d'accumulateurs auto-régénérateurs à l'oxyde de fer, dans laquelle la chaleur est utilisée directement comme agent réducteur et transformée en énergie électrique sans le concours d’un moteur électrique et d'une ma- chine à vapeur. Chaque élément consiste en une pile de fer, de 49 centimètres sur 30 ou 35 centimètres, divisée en trois compartiments. Quarante huit baguettes de car- bone, partiellement creuses et disposées horizontaie- ment dans les deux compartiments extérieurs, consli- tuent les électrodes. Elles sont soigneusement isolées des parois en fer. L'électrolyte, dans ces deux chambres, est formé par de l'hydrate de sodium et 0,5 °/, d'oxyde ferrique. Lachambre centrale est argentée sur ses bords extérieurs et reliée électriquement avec les baguettes de carbone. Elle est imperméable à l'air, et l'air y est comprimé sous une pression de 10 livres par pouce carré, en passant à travers les baguettes creuses de carbone, puis, de là, dans l'électrolyte, à travers les 212 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE pores du carbone. En chauffant l'électrolyte à environ 200° C., en même temps un courant électrique est en- gendré, el il continue à passer aussi longtemps que la pression de l'air et la température restent constantes. La réaction chimique est, d'après l'auteur, la suivante : Fe?03 + 2NaOH + (chaleur) — 2 Fe0 + Na°0° + H°0. Quand l'air est comprimé à traversles charbons dans l'électrolyte, une action thermo-électrique prend naïis- sance et l’oxygène de l'air agit sur l'hydrate de sodium en formant du bioxyde et de l'eau. L'eau est décom- posée en oxygène et hydrogène, l'oxygène s'échappant dans l'atmosphère, avec les autres produils gazeux qui peuvent se former, à travers un grand nombre de disques de fil fin renfermés dans un cylindre attaché au sommet de la pile, de façon que les gaz puissent pas- ser sans que l’eau jaillisse sous pression. L'excès d'hydrogène réduit l'oxyde ferrique Fe°0 en oxyde ferreux FeO, qui est de nouveau oxydé par l'oxy- gène de l'air continuellement envoyé. L'eau d'alimen- lation (il s'en évapore, en effet, un demi-litre par cheval-heure) réagitsur le bioxyde de sodium pour for- mer de l'hydrate et de l'oxygène. On voit que le pro- cessus, une fois en marche, n’entraine aucune perte dans les électrodes, ni aucune modification perma- nente du caractère de l'électrolyte. Le courant est ob- tenu par la dissociation et la recombinaison constante de l'oxygène et de l'hydrogène de l’air et de l'eau. M. Reid annonce avoir obtenu 600 ampères sous 0,9 volt par chaque unité de pile des dimensions indi- quées plus haut; ce rendement est égal à 540 watts ou 3/4 de cheval. Comme il y a des pertes de chaleur et que du courant est nécessaire pour commander le compresseur à air, la puissance s'élève, en réalité, à 4/2 cheval par unité. Le courant est proportionnel à la surface du carbone. Les charbons employés sont fabri- qués près de Buffalo et résistent à l'action de la pres- sion de l'air et des liquides chauffés. Des essais faits sur l'appareil montrent qu'il n'y à aucune désintégra- tion du carbone ni des électrodes de fer et qu'il nya pas de perte d'électrolyte. Des expériences délicates ont permis, toutefois, de constater un dépôt de 0,1 °/o de carbonate de sodium à la surface des baguettes de charbon, mais celui-ci ne paraît pas nuire au rende- ment de la pile. Une compagnie pour l'exploitation de ce procédé s'est formée aux Etats-Unis et une usine va probable- ment ètre érigée à Indianapolis pour la fabrication des piles. C. Smith. $ 6. — Sciences médicales Les diflérents insectes transmetteurs de la peste. — On à accusé successivement les puces, qui couvrent les cadavres des rats pesteux, les mous- tiques et les punaises. Le Professeur W. Hunter!, bacté- riologiste du Gouvernement allemand à Hong-Kong, qui a eu l’occasion de voir un nombre considérable de pes- tiférés en 1903 et 1904, a fait porter ses recherches sur tous les insectes qu'il a trouvés soit dans les salles des malades, soit au cimetière, près de l'endroit où les ca- davres étaient exposés. Il a d'abord essayé de vérifier si le bacille était trans- porté par la surface du corps des mouches, et ses expé- riences ont été positives; de même, leurs matières fé- cales et leur intestin renfermaient des bacilles pesteux virulents; en oulre, les mouches ne paraissaient pas souffrir du tout de par l'hôte qu'elles portaient et celui-ci ne semblait pas modifié par son passage dans leur tube digestif. Enfin, des morceaux de sucre pla- cés dans des tubes stériles où l’on avait enfermé des mouches pestiférées donnèrent, après ensemencement, de belles cultures de bacilles pesteux. Ces expériences furent failes aussi pour les blattes, 1 Huxren : Centralb'. l. Bakter., 20 nov. 1905, Bd XL, I. I, 43-56, et Presse méd , 1906, n° G. qui semblent jouer le même rôle que les mouches, } pour les punaises, dont les matières fécales semblent surtout dangereuses, pour les moustiques et les poux, dont Hunter n'a pu établir le danger. De même, pour cet auteur, les puces seraient très peu où même pas dangereuses, car il a essayé en vain d’inoculer des rats et des singes avec des puces infectées. Il semble done que les insectes les plus dangereux sont les insectes non suceurs, en particulier les mouches, qui propa gent la peste soit par leurs pattes, soit par la surface de leur corps et leurs matières fécales, qui souillent I vêtements, les plats et les aliments. $ 7. — Géographie et Colonisation Le canal de Suez. — On ne saurait parler du canal de Panama sans évoquer la destinée brillante du canal de Suez et sans se demander la répercussion pos= sible du premier sur le second. Nous avons montr dans une Note précédente’, qu'au point de vue l'Europe, le canal de Suez aurait peu à craindi puisque le canal de Panama n’abrège les distances qu partir et à l'Est de la Nouvelle-Zélande. Pour les Etats= Unis même, les Indes, l'Indo-Chine et la Chine, jusqu'à Hong-Kong, — c’est-à-dire les pays qui fou nissent à la voie de Suez la plus grande partie de son trafic, restent plus rapprochés que par la route de Panama. Et l’on peut poser en principe que les grands chemins de fer transasiatiques, construits ou projetés ne pourront jamais rivaliser avec les transports marins en ce qui concerne, du moins, les marchandises, les tarifs des premiers resteront toujours fort supérieurs au fret des seconds. Le canal de Suez n'a pas plus à craindre la concurrence du transsibérien ou du futur chemin de fer de Bagdad que le canal de Panama n'aura à redouter celle du transandin ou du transcanadien" Le mouvement de transit du canal présente une pro gression à peu près ininterrompue, comme on pe s'en rendre compte par le tableau suivant : NOMBRE RECETTE de TONNAGE provenant du droit traversées nel spécial de navigation AND MMEADE 2 26.430.191 1880. . : 2.026 3. 36.492.620 1855. 3.62% 6. 60.057.260 1890. 3.389 6. 65.427.230 1895 . 3.43% 8. 15.934.358 1900. . 3.441 9. : 81.218.481 Ag 5237 13.401.835 113.176.947 On peut dire que le canal présente en raccourci unê image du développement du commerce mondial; en étudiant même Ja part respective des différents pavillons, on peut se rendre compte, par comparaison des progrès économiques réalisés par les pays d'Europen et par les Etats-Unis. C'est ainsi que l'Angleterre réussiés à maintenir ses trois cinquièmes du trafic total, que l'Allemagne a plus que triplé sa part en dix ans, tandis que, dans le même espace de temps, la nôtre n'a pass même doublé, et nous avons perdu le deuxième rang le Japon, parti de deux navires, avec 2.350 tonneaux en 1895, est arrivé, en 1903, à cinquante-trois navires avec 220.966 tonneaux. En 1904, les principaux pavil lons ont été représentés par les chiffres ci-dessous : TONNAGE pet NOMBRE PAVILLONS de traversées Anglais. er 20e 2; .929 Allemand. 59.561 Francais . .142 Néerlandais. 2.967 Austro-Hongrois .606 Italien . 5.411 Russe. St 82 53.848 Divers 27 220 3.705 Total. 4.231 14.401.835 1 Voir la levue du 15 février 1906. | CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 213 pu Comme nous l'avons déjà fait remarquer, le transit est alimenté en grande partie par les régions au delà de Suez, et tout particulièrement par les Indes et l'Extrême-Orient; aussi arrive-t-il que les fréquentes fluctuations qui se produisent dans les récoltes indiennes impressionnent le trafic du canal dans une proportion qui s’affaiblit dans la mesure du dévelop- pement général des pays asiatiques. En 1904, on a noté, en milliers de tonnes, les destinations suivantes : Côte orientale d'Afrique et les iles. . 450 Bombay et côte occidentale de l'Inde . 3.033 Calcutta et côte orientale de l'Inde 4.006 Sonde, Siam, Philippines . 1122 Chine, Cochinchine, Japon 2.665 Australie . 92% Autres régions . 602 Ensemble 260.0, -4.1-1.243"40 11 faut reconnaître que la Compagnie universelle du Canal maritime de Suez à fait les plus louables efforts our adapter son entreprise aux exigences d'un tel ent. Elle a profité de sa prospérité finan- cïière pour favoriser le trafic. Le canal de 1883 avait 8 mètres de profondeur et 22 mètres de largeur. Le canal actuel a presque partout plus de 9 mètres de fondeur et sa largeur, à 8 mètres, est d'au moins mètres; dans les courbes, qui toutes ont été rec- tifiées, la largeur minima a été portée de 22 mètres à 52 mètres ‘. En 1883, il y avait douze gares, la largeur au droit de ces gares était de 37 mètres; elle a été portée à 52 mètres ; la longueur de chacune d'elles à été considérablement accrue et leur nombre doublé. En 1883, 3.307 navires fréquentaient le canal, et le passage d'une mer à l'autre demandait quarante-huit eures en chiffres ronds. En 1904, grâce à l'éclairage æt à la marche pendant la nuit, 4.237 navires ont tran- Sité, et la durée moyenne de leur passage a été de dix-huit heures. Quant aux échouages, leur proportion Stest abaissée de 85 °/,, à 15 °/%:; elle n’est même que de 3 °/,, si l'on considère seulement les échouages nécessitant le concours des appareils de la Compagnie. Ænlin, le droit de passage, perçu sur la capacité utili- Sable du navire et non sur la quantité de marchandises transportées, vient d’être abaissé à 7 fr. 25. Toutes ces mesures, jointes à. l’œuvre remarquable d’assainisse- ment accomplie dans l'isthme, où la fièvre paludéenne exerçait ses ravages, témoignent de l'activité et de lintelligence que la Compagnie apporte dans l'œuvre Qui restera — par ses conséquences — une des plus importantes du siècle dernier. P. Clerget, Professeur à l'Institut commercial des jeunes filles de Fribourg (Suisse). Cet agrandissement se reflète dans le tirant d'eau des navires qui transitent : PROPORTION °/60 par rapport au nombre des traversées RE — TIRANT D'EAU 1903 1902 Jusqu'à 7m,50 inclus. 8:19 884 Neue 5 A 7ni60 . . . . . 25 22 DOM OLA 1m) 10. :1. . 43 33 MPa TA à mOn à . 35 23 RErTeRL A Te ON 1 : . 21 14 De 3,91 à 8® inclus . . . 27 19 $ 8. — Enseignement L'Assemblée générale de l'Université de Paris. — Depuis trois ans, l'Université de Paris, toutes Facultés réunies, tient chaque année une assemblée générale. Celle de 1906 a eu lieu le 24 février. Le rec- teur, M. Liard, a d'abord rendu compte de la situation morale et financière de l'Université; puis, il a exposé les résultats de la constitution des Universités provin- ciales, « heureux, a-t-il dit, de se reporter ainsi vers une œuvre à laquelle il a consacré les meilleures années de sa vie, parce qu'elles étaient pleines de foi et d’es- pérance, et des suites de laquelle il ne se désintéressera Jamais ». M. Liard a rappelé les principes de la constitution universitaire, franchises civiles et franchises scienti- fiques; puis il a montré les résultats généraux de la loi dans les centres d'enseignement supérieur. Grâce à celte loi, les Universités ont eu à leur disposition, depuis 1898, des crédits extraordinaires s'élevant à 8 millions. En 1904, le dernier exercice réglé, elles ont encaissé plus de 1.800.000 francs de recettes ordinaires. Sur ces recettes, elles affectent chaque année environ 500.000 francs à des enseignements qu’elles ont créés. Le total de ces enseignements est de 220 : 31 chaires, 127 cours, 51 conférences et 11 emplois de lecteurs pour les langues étrangères. Elles ont créé 96 titres universitaires, les uns purement scientifiques, les autres d’un caractère pratique. Enfin, M. Liard a terminé en présentant un tableau des caractères propres qu'ont réussi à se donner quel- ques-unes de ces Universités et des institutions qu’elles ont fondées. Ne pouvant les présenter toutes, il a choisi quelques types : Grenoble, Nancy, Besancon, Aix, Marseille, Rennes, Montpellier et Lyon. Personnel universitaire. — M. Vallois, agrégé des Facultés de Médecine, est nommé professeur de Clinique obstétricale à la Faculté de Médecine de Montpellier. M. Merlin, aide-astronome à l'Observatoire de Lyon, est chargé, en outre, d’un cours complémentaire d'Astronomie à la Faculté des Sciences de Lyon. M. A. Robin, agrégé des Facultés de Médecine, est nommé professeur de Clinique thérapeutique à la Faculté de Médecine de Paris (fondation de M. le duc de Loubat). M. le D' Bordas, préparateur de la Chaire de Méde- cine du Collège de France, est nommé directeur- adjoint du Laboratoire d'Hygiène générale et expéri- mentale dépendant de cette chaire. M. Glangeaud, docteur ès sciences, chargé d'un cours de. Géologie à la Faculté des Sciences de Cler- mont, est nommé professeur de Géologie à ladite Faculté. M. Boulanger, docteur ès sciences, maître de Confé- rences de Mécanique à la Faculté des Sciences de Lille, est nommé professeur-adjoint à ladite Faculté. M. Pollosson, agrégé des Facultés de Médecine, est nommé professeur de Clinique gynécologique à la Faculté de Lyon. M. Haushalter, agrégé des Facultés de Médecine, est nommé professeur de Clinique des Maladies des enfants à la Faculté de Nancy. M. le D" Sébileau, chirurgien des hôpitaux, est nommé Directeur des travaux scientifiques à lamphi- théâtre d’Anatomie des Hôpilaux de Paris. LE PROBLÈME DE L'ORIGINE DES LEVURES Les premiers observateurs qui apereurent des organismes vivants dans les liquides en fermenta- tion constatèrent sans surprise qu'un milieu aussi insolite abritait des êtres différents de la population habituelle des eaux et du sol. Le besoin de catalo- guer qui hante les naturalistes fit classer les levures d'abord parmi les animalcules monadiniens, puis parmi les Algues ou les Champignons. Ces rappro- chements hésitants, incertains, étaient fondés sur des analogies plus ou moins plausibles dans la forme et la structure grossière. Jusqu'au milieu du xix° siècle, les taxonomistes bornaient leurs aspi- rations à grouper dans la même catégorie les êtres les moins dissemblables. L'idée d'une filiation réelle entre les formes diverses enregistrées par les descripteurs ne s'offrait pas ou s'offrait à titre exceptionnel. La conception transformiste de l'origine des espèces ne troubla pas, de longtemps, la sérénité des systématiciens. La façon même dont se posait le problème de l’évolution reconnaissait l'existence de l'espèce et en faisait une catégorie pratiquement immuable, puisqu'elle supposait la nécessité d'un temps démesurément long pour amener des chan- gements appréciables. Le problème de l'origine des levures n’est pas, à vrai dire, une question de phylogénie. Il s'agit simplement de savoir si les levures représentent un type à part d'êtres organisés, manifestant tou- jours et nécessairement les propriétés morpholo- giques et physiologiques qui ont conduit à les distinguer sous un nom spécial, ou bien si elles sont susceptibles de végéter sous une autre forme et d'exercer des actions différentes sur le milieu qui les nourrit. Le polymorphisme des êtres inférieurs, notam- ment des Champignons, résulte en grande partie des actions variables de l'ambiance auxquelles ils sont susceptibles de se plier. Dès que l'on eut trouvé, dans la structure des levures, des preuves suffisantes de leurs affinités avec les Champignons, on fut naturellement conduit à penser que leurs caractères particuliers sont déterminés par l'action exceptionnelle des liquides fermentescibles. Si réellement les levures sont des Champignons polymorphes, changeant de forme selon les condi- | tions éthologiques, on peut songer à transformer les levures en Champignons moins excentriques en les cultivant dans les conditions propices au développement des moisissures, ou inversement à obtenir des levures en acclimatant les Champi- gnons filamenteux aux milieux qui fournissent ha- PAUL VUILLEMIN — LE PROBLÈME DE L'ORIGINE DES LEVURES bituellement les organismes de la fermentation. Il s'agit dès lors, non d'une vue théorique intéressant uniquement la spéculation philoso- phique, mais d'une hypothèse se prêtant à la véri- fication expérimentale. La solution du problème « comporte des applications pratiques. Si nous arri- vions à nous rendre maitre du déterminisme par lequel des Champignons variés acquièrent la qualité des levures industrielles, nous pourrions fabriquer des levures nouvelles susceptibles d'être substi- tuées aux vieilles races épuisées ou répondant, mieux que la flore dont disposent aujourd'hui les techniciens, aux besoins croissants, de plus en plus spéciaux, de mieux en mieux précisés, de l'industrie. Disons-le tout de suite : ces applications pra- tiques ne sont pas encore à notre portée; mais la question est posée sur un terrain rigoureusement scientifique. Les premiers résultats sont encoura- geants et méritent d’être connus. Tel est le but de cet article. Avant d'apprécier ces résultats et de décider si, en partant des levures, on a obtenu des Champi- gnons différents et réciproquement, nous devons dire à quoi nous reconnaissons une levure. IL n'est pas facile d'exprimer par une définition ce que l’on entend par levure, bien que ce terme soit employé couramment dans le langage vulgaire, comme dans la langue technique des industriels et des naturalistes. La difficulté que nous éprouvons à préciser le sens du mot levure vient justement, pour une bonne part, des points de vue divers auxquels on se place quand on parle de levures. Il est plus simple de prendre un exemple sur lequel tout le monde est d’accord et d'analyser les propriélés de la plus banale des levures, le Sac- charomyces Cerevisiæ des botanistes, type des levures haules des brasseurs. Cet organisme est bien connu par les effets de sa végélation sur les liquides sucrés : le saccharose, le maltose sont dédoublés ; le sucre interverti donnes de l'alcool avec un abondant dégagement d'acide carbonique produisant l'effervescence, qui a fait naître le Lerme de fermentation pour désigner les phénomène et celui de levure pour en désigner l'agent. } L'action industrielle de la levure relève de ses propriétés physiologiques. Le S. Cerevisiæ sécrète,« selon les conditions de son alimentation, les enzymes les plus variés : enzymes dédoublant soit les bi | PAUL VUILLEMIN — LE PROBLÈME DE L'ORIGINE DES LEVURES 215 hydrates de carbone (invertase, maltase), soit les graisses (lipase), soit les albuminoïdes (endo- tryptase, ferment lab), enzymes oxydants, enzymes réducteurs, zymases ou enzymes alcooliques. Deux de ces produils, la maltase et l’alcoolase, inter- viennent dans la fermentation industrielle. La structure du proloplasme reflète assurément ses propriélés physiologiques; mais nous ne savons pas saisir les rapports entre la production des enzymes el la constilution de l'organe sécréteur, si tant est qu'il soit morphologiquement dislinet du protoplasme fondamental. On a désigné sous le nom de zymogène ou proenzyime des granulations qui se colorent autrement que le reste du cyto- plasme. Ces mots indiquent avec trop de précision un rôle encore hypothétique, car les mêmes gra- nulations, sous les noms de corpuscules métachro- maliques ou de grains de volutine, sont envisagées _ avec autant de raison comme des substances de réserve. Quoi qu'il en soit, l'étude de ces formations Fig. 1. — Saccharomyces Cerevisiæ. — a, bourgeonnant; : b, Sporulant. (D'après Hansen. délicates ne nous fournit pas encore de points de comparaison ulilisables pour définir les levures. Pendant la période de vie active, le Saccharo- | \myces est réduit à une cellule ovoïde, bourgeocn- nant des cellules qui deviennent semblables à elle él s'isolent, soit immédiatement, soit après avoir ‘émis toute une série de cellules bourgeonnant à leur tour et formant avec la cellule initiale une ‘colonie ramifiée à la façon d'un Nopal (fig. 1, a). Msolées ou associées, les cellules sont immobiles, munies d'une membrane rigide et dépourvues de chlorophylle. Lorsque les conditions du milieu ambiant cessent d'être favorables à l'expansion de la levure, mais que, néanmoins, elle est encore assez vigoureuse pour pourvoir sur son propre fonds à la formalion de cellules nouvelles, le globule issu de bourgeon- nement cesse de bourgeonner à son tour. Son noyau se divise toutefois une ou plusieurs fois, el chaque noyau devient le centre d'une cellule nouvelle, qui prend le caractère d’une spore en se révélant d'une coque résistante. Les spores restent enfermées dans la membrane primitive du globule et agglutinées entre elles par le résidu inemployé de la cellule primitive (fig. 1, 2). Leur nombre n'a rien de fixe : on en compte de 2 à 9. Leurs dimen- sions aussi sont variables, même dans un seul globule. Ce nombre et ces dimensions sont réglés simplement par la taille et la vigueur de la cellule au moment où elle a concentré en elle-même l'énergie qu'elle dépensait jusque-là à essaimer au dehors. La caractéristique du S. Cerevisiæ repose en définitive sur trois propriétés : c'est un puissant producteur d’enzymes; il s'étend et se propage par bourgeonnement; il se conserve par endo- spores. II Aucune de ces propriétés envisagée isolément ne suffit pour caractériser les levures. Quelle que soit la valeur des produits sécrélés par le S. Cerevisiæ, tant pour le profit de l'indus- triel que pour la nutrition de la levure elle-même, ils ne sauraient définir un groupe naturel, puisque les mêmes enzymes se retrouvent dans les sécrétions des végétaux les plus divers et même des animaux. Ses propriétés physiologiques rattachent simple- ment le S. Cerevisiæ au groupe biologique des ferments figurés. Le mot levure n’a jamais pris un sens aussi large. L'immobililé, la paroi ferme qui revêt la cellule, le mode d'expansion de l'appareil bourgeonnant en font un végétal, un Champignon, un Blastomycète. Mais les Blastomycètes ne constituent pas plus une famille naturelle que les ferments figurés. La végé- tation bourgeonnante qui les caractérise apparait transitoirement chez un grand nombre de Cham- pignons supérieurs. Les Mucorinées elles-mêmes, du moins certaines espèces, cultivées à l'abri de l'air dans une solution sucrée, morcellent leurs filaments en articles qui s'arrondissent, se disjoignent, puis bourgeonnent simultanément par plusieurs points de leur pour- tour, tandis qu'ils forment de l'alcool aux dépens du sucre. Ces propriétés morphologiques et physio- logiques concomitantes, entrevues par Bail en 1857, précisées par MM. Fitz, U. Gayon, Hansen, portèrent | à admettre une corrélalion entre les formes bour- geonnantes et la fonction de ferment : d'où les noms de ferment sphérique, Kugelhefe ou levure en boule, donnés aux agents zymogènes issus des Mucorinées. Dans ces derniers temps, M. Wehmer! a démontré que la forme morcelée et bourgeonnante est indé- pendante de la fonction ferment, notamment chez 1 C. Weumer : Unabhängigkeit der Mucorineengärung von Sauerstoffabschluss und Kugelhefe. Zer. d, deut. bot. (res, t. XXII, 1905. — Versuche über Mucorineengärung. Ceatr. f. Bakt., [2], t. XIV, 1905. 216 PAUL VUILLEMIN — LE PROBLÈME DE L'ORIGINE DES LEVURES les Mucor racemosus et javanicus. Le bourgeon- nement est déterminé par l'absence d'oxygène elle trouble qui en résulte sur la végétation ; la produc- lion d'alcool est aussi active dans les liquides aérés, bien que le Champignon y garde la forme filamenteuse. On a beaucoup parlé, depuis quelques années, des levures chinoises. Les recherches inaugurées par M. Calmette ont établi qu’à côté des ferments alcooliques analogues à la levure de bière, elles renferment des Champignons zymogènes capables de saccharifier l'amidon, et que ces Amylomycètes sont des Mucorinées exercant leur fonclion de ferment sans cesser d'être formées de tubes ramifiés. Il ressort de ces expériences qu'il n’y a pas, chez les Mucorinées, de rapport nécessaire entre Ja 9, — Ferment sphérique de Macor circinelloïdes. (D'après Léger.) Fig. végétation bourgeonnante et la fonction ferment. Le prétendu ferment sphérique des JMucor (fig. 2) s’écarte d'ailleurs morphologiquement et de la levure de bière et des formes bourgeonnantes issues de divers Eumycètes. Le globule n'y est pas une cellule typique, mais une vésicule plurinucléée, ainsi que l'a établi M. Maurice Léger’. Mais le concept morphologique de Blastomycète, appliqué exclusivement aux cellules typiques, ne cadre pas plus exactement avec le concept biologique de ferment figuré. La capacité de donner des spores protégées par une membrane commune ne passe pas pour une propriété banale, comme la production d'alcool ou la végétation bourgeonnante. Si nous laissons de côté les Mucorinées et autres Phycomycètes, elle ne se manifeste régulièrement que dans la grande classe des Ascomycèles, à laquelle on surbordonne ‘ LI, LÉGER : Poitiers, 1895. Recherches sur la structure des Mucorinées. | aussi illusoire de chercher l'origine des levures 1 les types one sous le nom d'Hémiascées. Les affinités du S. Cerevisiæ ont paru fixées du jou où ses endospores furent connues et assimilées au ascospores : ce qui est encore, à l'heure qu'il est l'opinion classique. La levure de bière est done envisagée comme le Lype, non plus seulement des ferments figurés ou des Blastomycètes, groupes hétérogènes, mais de la famille des Saccharo mycètes, catégorie botanique circonserite et occu Ascomrvcètes. On admet donc aujourd'hui qu'il n'y a pas de levures vraies en dehors des Saccharomycètes; caractérisés par des asques très simples, s'organi sant directement aux äépens des cellules végétan tives. Toutefois, ce caractère ne cadre pas néces sairement avec les propriétés physiologiques qu justifient le nom de levures, ni avec le mode de végélation des principaux Champignons zyme gènes. En d’autres termes, la réciproque n'est pas vraie : tous les Saccharomycètes ne sont pas des” levures. M. Em. Chr. Hansen, celui de nos contemporains qui a contribué le plus puissamment aux pro grès de l’industrie des fermentations et qui a le mieux compris, en même temps, tout l'intérêt qu'il y a, pour la zymotechnique, à préciser les caractères morphologiques des levures, définit’ les Saccharon mycèles vrais par la concordance des trois carac tères relevés dans la levure de bière. Une seclion à part est réservée aux espèces qui ont les mêmes caractères morphologiques, mais qui ne sont pas d'actifs ferments. Quant aux Schizosaccharomyce qui sont bien des ferments endosporés, mais q isolent leurs cellules par scission, non par bour geonnement, M. Hansen les exclut de la famille. Les levures vraies forment un groupe naturel de plus en plus circonscrit, fermé, autonome. On pourra bien parler encore de leurs affinités au sens“ phylogénétique et les discuter d'après les airs de famille qu'elles présentent avec tel ou tel Cham= pignon. Mais, si le genre Saccharomyces est défiuk comme les genres Morchella ou Peziza, il serait que de chercher l'origine des Morilles ou de Pézizes. En un mot, si les organes reproducteurs des levures sont des asques, on n'obtiendra pas d levures en parlant de Basidiomycèles, d'Ustilagié nées, d'Ascomycèles supérieurs aux Saccharo myces. Le problème de l'origine des levures, tel que nous l'avons posé, est insoluble. Le débat semblait donc définilivement clos, et les auteurs classiques répélaient à l'envi que l'on # E. C. HANSEN : Grundlinien zur Systematik der Saccha= romyceten. Centr. f. Bakt., [2], t. X11, 4904. connaissait des formes bourgeonnantes et des fer- ments issus de Champignons variés, mais que jamais ces formes levure ne donnaient des asques et des endospores comme les Saccharomrces. Une découverte récente a tout remis en question. JII Ce fait nouveau est la formation de spores internes semblables aux prétendues ascospores des Saccharomyces dans des globules bourgeonnants issus d’un Champignon filamenteux d'organisation complexe, le Manginia ampelina. Une donnée aussi imprévue ne saurait être acceptée sans un contrôle | Sévère ; les causes d'erreur abondent dans l’appré- ciation du polymorphisme des Champignons et nous savons, en parliculier, combien les cultures _ Sont sujettes à la contamination par les levures, | dont les germes sublils, répardus à profusion autour de nous, se développent dès qu'ils ren- contrent un milieu propice. IL n'est donc pas CASE oa ; in PAR dll 7 (| ( = SA ii NT d Fig. 3. — Stroma conidifère de Manginia ampelina. Gr. 450. (Viala et Pacottet.) _ superflu de résumer les expériences méthodiques à l'aide desquelles MM. Viala et Pacottet® ont démontré qu'une levure vraie, un Saccharomyces au sens d'Hansen, provenait du Champignon qui cause l’anthracnose de la vigne. On savait de vieille date que les chancres qui apparaissent sur les sarments verts, les feuilles, les jeunes grains de raisin se couvrent d’un stroma conidifère (fig. 3). Cette fructification imparfaile avait fait rattacher le Champignon de l’anthracnose au groupe provisoire des Mélanconiées. De Bary Pavait nommé Sphaceloma ampelinum; mais la création d'un genre nouveau n'élait pas justifiée par le peu que l'on connaissait du parasite et Saccardo le réunit aux G/æosporium. MM. Viala et Pacottet oblinrent des cultures en bou!urant le mycélium sur un milieu solide formé de jus de jeunes feuilles gélosé et stérilisé à basse température. Une fois acclimaté aux terrains arti- ficiels par ce premier passage sur un support, inerte il est vrai, mais différant peu, par ses qua- lités physico-chimiques, de l'org inisme dont il pro- vient, le parasile se laisse cultiver dans des milieux * Viaza et Pacorter : Sur la culture et le développement de l'anthracnose. Her. de Vitir., 1904. — Nouvelles recher- ches sur l'anthracnose. Zbid., 1905. PAUL VUILLEMIN — LE PROBLÈME DE L'ORIGINE DES LEVURES 21 variés, solides ou liquides et y donne des fructifi- cations beaucoup plus compliquées que les G/æ0- sporium. Ce sont des conceptacles en forme de sac arrondi muni d'un ostiole, ou irrégulier avec gs TR CL Fig. 4. — Paroi d'une spermogonié de Manginia ampelina. Gr. 500. (V. et P.) ostioles multiples dans le cas de concrescence de plusieurs conceptacles élémentaires. Ces concep- tacles ont une paroi hautement différenciée : on y distingue une couche externe pseudo-parenchyma- teuse, charbonneuce, cassante, une couche interne, stromatique, claire, tapissée elle-même d'un duvet de tubes fertiles (fig. 4, 5). Ils ont, en un mot, la structure des périthèces des Pyrénomycètes ; mais on n'y trouve pas d'asques ; la couche fertile forme seulement des conidies terminales. Il ne s'agit donc pas d'une Mélanconiée ni d’un Glæosporium ; nous sommes en présence d'un genre nouveau, que Viala et Pacottet nomment Manginia « en le rappro- chant du groupe provisoire des Sphaeropsidées- Sphaerioïdées, jusqu'au moment où la connaissance des périthèces permettra de le mettre à sa vraie place dans les Ascomycètes-Pyrénomycètes ». d'une Gr. 5. — Paroi pycoide de Manginia ampelina. 500. (V. et P. Les conceptacles sont de deux sortes : les uns, plus petits, à paroi plus délicate, renferment des spores bacillaires ou spermaties : ce sont des sper- mogonies (fig. 4, 6); les autres ont une taille plus élevée, une couche charbonneuse plus compacte, 218 PAUL VUILLEMIN — LE PROBLÈME DE L'ORIGINE DES LEVURES LA des conidies ovales plus grandes ou stylospores : ce sont des pycnides (fig. 5, 7). Les spermaties sont identiques aux conidies observées primitivement sur la vigne et rapportées aux G/æosporium (com- Manginia et Pacottet. Fig. 6. — Spermogonies de ampelina. Gr. 100. parez les fig. 3 et 4). A côté des spermogonies typiques, les cultures offrent des conceptacles à large ouverture formant passage vers les coussinets découverts (fig. 8). Les cultures renferment encore des appareils re- producteurs beaucoup plus simples, réduits par exemple à des houppes conidifères. L'appareil vé- gétatif y offre toutes les variations entre les trames . — Pycnides de Manginia ampelinia. Gr. 100. L'ART 5 A aranéeuses incolores et les sclérotes compactes en passant par les tubes variqueux, les chlamydo- spores noires, les kystes, etc. Nous ne saurions dé- tailler ici tous ces états, décrils avec le plus grand son par MM.Viala et Pacottet. Qu'il nous suffise d'ob- server que le Manginia présente un polymorphisme indéfini et que toutes les formes issues les unesdes , autres dans les cultures pures ont été reproduites sur les organes de la vigne placés, au laboratoire à l'abri des contaminations extérieures. Toutes ont été retrouvées dans le vignoble. (La figure 9 nous montre les spermogonies sur les grains de raisin.} Fig. 8. — Manginia ampelina. Forme intermédiaire entre le stroma conidifère et la spermogonie. Gr. 500. (V. et P.} Si les précautions de la méthode expérimentale # étaient seules capables de démontrer leur commune { filiation, leur présence en pleine campagne établit que ces formes diverses ne sont pas des produits artificiels. Comme il ressort de ce rapide apereu, le Champi- | gnon qui a fourni des levures à MM. Viala et Pacottetw apparlient à un groupe élevé et présente une com- plexité de structure | qui n'est pas prévue | dans la définition des Saccharomycèles. Venons au fait de la production des le- vures. Nous citerons à peu près textuelle- ment le Mémoire de MM.Viala et Pacottet: Dans nos essais, bien souvent répétés, di- sent-ils, quand nous chargeons nos mi- lieux de culture en matière sucrée, la trame mycélienne se produit tout d'abord au pourtour du point de semis, que ce se- mis ait été fait avec mycélium, conidies en bâtonnet, spermaties, stylo- spores ou conidies de sclérotes. Les premières bran- ches mycéliennes sont à calibre fin et régulier peu cloisonné, Mais bientôt les cloisons se rapprochent, Fig. 9. — Spermogonies de Man- ginia ampelina sur grains de L d'A DT raisin. PAUL VUILLEMIN — LE PROBLÈME DE L'ORIGINE DES LEVURES 219 = . . “ - ni - e mycélium devient très variqueux, rétréci forte- ment au niveau des cloisons. Les rétrécissements s'accusent et les fragments se séparent sous forme } spores. Ce ne sont pas des chlamydospores, car, lans les milieux sucrés, on voit ces nouvelles pro- Big. 10. — Levure d'anthracpose; formes bourgeonnantes Gr. 1.200. (V. et P.) ons mycéliennes bourgeonner, le bourgeon que à la cellule-mère, et la multiplication se poursuit ainsi d'une facon indéfinie. Ce sont de aies formes levures par leur multiplication. Bai- er,en 1883, a décrit en termes presque identiques naissance du ferment sphérique du Wucor race- mosus par disjonction du thalle, puis par bour- nnement. diverses levures sauvages: elle se rapproche davan- age des levures apiculées, mais elle tient aussi des levures ellipsoïdes (fig. 10). Si l’on ressème les élé- ments globuleux en série dans des milieux sucrés, Ja forme bourgeonnante est fixée. Le retour aux formes filamenteuses, qui s’effectuait d’abord par imple changement de milieu, devient de plus en usdifficile à mesure que le Manginia s'accoutume aux liquides sucrés. Il a fallu près de cinq mois maintenus à l'état bourgeonnant durant quatre mois. Le Manginia bourgeonnant est encore une levure ses fonctions. Dans les milieux sucrés à dose iée, il fournit au bout d’un mois 1 °/, d'alcool. La fermentation est lente et ne s'accompagne pas de dégagement apparent de gaz. Le taux de 1°, d'alcool ne marque pas la limite du pouvoir fer- ment de la levure, mais la limite de sa tolérance à La levure de l’anthracnose rappelle les types des | onobtient exclusivement des formes semblables : | pour régénérer les Champignons qui avaient été | l'égard de l'alcool. En effet, on arrête d'emblée sa croissance en la plaçant dans un liquide contenant d'avance 1 °/, d'alcool; au contraire, si l’on chasse l'alcool fabriqué par le Manginia, la végétation re- part jusqu'à accumulation d'une nouvelle dose de 1°/, d'alcool. On parvient à accoutumer la levure à des doses croissantes d'alcool. Les premiers essais tentés dans cette direction ont déjà fourni un résultat sen- sible. Dans des expériences en cours, MM. Viala et Pacotltet ont obtenu jusqu'à 1,5 °/, d'alcool à la fois. La levure d'anthracnose se perfectionne donc dans ses fonctions zymogènes, de même qu’elle se fixe dans sa forme blastomycète. La persistance de la forme levure n'est pas limi- tée par la durée du milieu qui l'a provoquée. Les globules bourgeonnants produisent directement des organes de conservation de deux sortes : ce sont, d'une part des cellules durables, différant seulement du globule actif par l'épaisseur de la membrane, d'autre part des sacs endosporés. Les cellules durables apparaissent principale- ment sur les supports solides, en milieu épuisé, relativement sec et soumis à l’action de l'air: ce sont des globules plus volumineux que les éié- ments actifs et munis d'une membrane double dont la couche externe est brune et rigide. Repor- tées en milieux sucrés. elles régénèrent la forme bourgeonnante (fig. 11). Will a observé les mêmes formations dans des levures basses de brasserie et dans des levures sauvages (fig. 12). Mais, si les cel- Fis. 41. — Levure d'anthracnose: cellules durables. Gr. 900. V. et P.). lules durables marquent une nouvelle analogie avec les Saccharomyces, elles rentrent dans la catégorie des productions banales connues sous le nom de chlamydospores, auxquelles on n'altribue aucune valeur pour fixer les affinités. Il en est autrement des endospores. Apparaissant régulièrement dans des conditions déterminées, par 9290 exemple quand des cellules vigoureuses, porlées brusquement sur plâtre, s'y trouvent sevrées de leur copieuse nourriture, elles sont considérées comme le caractère essentiel, le signe distinetif des Saccharomyces. Les levures d'anthracnose, soumises aux mêmes Fig. 12. — Cellules durables d'une levure basse de bras- serie. (D'après Will.) conditions de culture que les levures industrielles et élalées sur du plâtre humide, ont, dans de nom- breux essais, donné toujours le même résultat. Beaucoup de globules grandissent jusqu'à 9-11 de diamètre; le protoplasme se sépare de la mem- brane primitive et donne naissance à 1-3 spores munies d'un noyau et d'une membrane propre. Les premières spores internes apparaissent dès le qua- trième ou le cinquième jour et,au bout du sixième, la plus grande partie des globules a sporulé. On observe, en un mot, les mêmes phénomènes que dans la forination des organes considérés comme Fig. 13. — Sporocystes de la levure d'anthracnose.Gr. 1.000. V. et P des asques chez le Cerevisiæ (fig. 13). Les endospores sortent de l'enveloppe commune, restée flexible et incolore quoique assez épaisse ; elles sont ovales, très réfringentes, à protoplasme homogène el sans granulations (fig. 14). Semées sur un milieu sucré, elles se gonflent et donnent d'emblée des globules bourgeonnants. Saccharomyres PAUL VUILLEMIN — LE PROBLÈME DE L'ORIGINE DES LEVURES | une seule circonstance dans laquelle les aptitudes Si nous n'avions eu sous les veux que la forme Blastomycète fixée, avec ses éléments végétatif bourgeonnants faisant fermenter les sucres et ses éléments conservateurs (chlamydospores et sacs endosporés), nous l'aurions, sans hésiter, classée” parmi les Saccharomyces. Mais il est incontestable également et ne laisse aucune place au doute. Les levures fixées par de nombreux passages dans les milieux appropriés n'ont pas perdu défini tivement la propriété de régénérer les formes fila menteuses productrices de coussinets conidiens, de — Endospores de la levure d'anthracnose. Gr. 1.000. (V. et P.) Fig. 14. de cette semence pure les procédés d'entrainemen qui avaient fourni la race levure, mais en sens in verse, ils ont oblenu successivement, en milieux. solides, non sucrés, des thalles filamenteux, avides d'air, qui donneront les conceplacles compliqués du Wanginia et tout d'abord les spermogonies. Le relour est d'une excessive lenteur si l’on maintient le Champignon à une température conslante el« assez élevée (28° C.), lors même que la constilulion physico-chimique du milieu (solide et non sucré répond aux conditions primitivement favorables au maintien de la végélation filamenteuse. Il es alaviques sont brusquement réveillées : elle se trouve réalisée quand les levures fixées sont trans portées en juin à la surface des grains exposés à la vive lumière de l'été et à l’action intense de l'air. Le retour de la levure au mycélium demande envi ron un mois dans ces conditions et les chancres se développent comme dans les vignobles spontané= ment envahis. | Nous sommes en possession d'un fait solidement, établi. Le Manginia ampelina, qui donne sur la . à Li PAUL VUILLEMIN — LE PROBLÈME DE L'ORIGINE DES LEVURES — _— vigne ou dans les cultures des spermogonies et des pycnides caractéristiques des Sphæropsidées, est susceptible de végéler à la façon des levures et de produire, dans ces conditions, les organes endo- Sporés considérés comme des asques chez les Saccharomyces. AN Les asques représentent, partout où ils sont connus, le dernier terme de l'évolution ontogé- nique, l'organe reproducteur par excellence, le produit le plus parfait de la différenciation histolo- _gique. Ils n'apparaissent isolés et épars sur la trame végélalive que chez les types inférieurs. _ Toute espèce assez élevée pour élaborer des massifs D: que cet article est écrit, MM. Viala et Pacottet t poursuivi leurs recherches sur un parasite du Platane à été rangé, comme l'agent de l'anthracnose, dans le Glæosporium. Déjà, dans le Mémoire auquel nous avons fait de nom- breux emprunts, ces observateurs avaient consacré quelques “lignes au G/. nervisequum (Hymenula Platani Léveillé). En appliquant à ce Champignon les procédés de culture qui les avaient conduits à fixer le polymorphisme du Ma2nginia ampelins, ils avaient obtenu, dans les mêmes conditions, mes mêmes formes de reproduction : spermogonies, pyc- unides, kystes, levures, cellules durables, conidiophores, etc. Le fait nouveau récemment signalé par MM. Viala et Pa- méottet (C. R. Acad. Sc., 19 février 1906, p. 458), c'est que les “levures du Glæosporium du Platane donpent des endospores aussi nettes que le Manginia. Chaque sporocyste en ren- (érme de quatre à douze, le plus souvent huit. Les levures du Platane forment aussi des cellules durables, ne différant de celles du WManginia que par une forme plus sphérique ou polygonale et une surface “rugueuse. La même rugosité, accompagnée de craquelures, se retrouve dans la membrane des kystes endosporés nés sur lé trajet des filaments. es diverses formes conservatrices issues de l'appareil wégélatif sont donc reliées entre elles par des transitions insensibles. Elles apparaissent comme des manifestations variées d'une même adaptation chez le Champignon du Platane aussi bien que chez le parasite de la Vigne. 1 est intéressant de constater que la production de lévures endosporées par un ( hampignon à pycenides n'est “pas un phénomène isolé. Mais la dernière observation de MM Viala et Pacottet prend une importance spéciale si on la rapproche des récentes découvertes de M. Klebahn, complé- tant les expériences antérieures de Beauverie. (KLKBARN : Unters. ü. einige Fungi imperfecti und die zugehôrigen \ Douce Formen. Jahrb. fur wiss. Botanik, t. XLI, 1905) Sur les feuilles de Platane tuées par le Glæosporium el conservées pendant l'hiver apparaissent des fructifica- tions ascosporées de Gnomonia veneta (Sacc. et Speg.) Kleb. On obtient des cultures identiques en partant des asco- spores ou des conidies : les prévisions de MM. Viala et Pacottet sur l'existence de véritables périthèces chez le Glæosporium de la Vigne sont donc justifiées par l'observation et les expériences de Klebahn sur le G/æosporium du Platane. Les sporocystes des Saccharomyces coexistent dans une même espèce avec Îles fructifications des Ascomycètes supérieurs. C'est la meilleure preuve que les organes repro- ducteurs caractéristiques des Saccharomyces ne sont pas des asques et que les levures ne forment pas un groupe autonome. Les expériences de MM. Viala et Pacottet sur le Glæosporium du Platane seront publiées prochainement avec 42 figures dans les Anuales de 1 Institut agronomique. cellulaires forme ses asques à l'abri des massifs les plus compliqués. Chez les Ascomycèles pourvus de pycnides ou de spermogonies, les asques se forment dans des conceptacles semblables ; nous ne con- naissons point d'exception à cette règle. Aussi MM.Viala et Pacottet n'hésitèrent-ils pas, dans leur premier Mémoire, à annoncer que la découverte des périthèces du Manginia permettrait un jour de fixer sa vraie place parmi les Ascomycètes-Pyréno- mycètes. Cet espoir ne s'est pas réalisé jusqu'ici. Nous. n'avons pas lieu d'en être surpris, si nous songeons que d'autres parasites de la vigne, le Jematophora {ou /osellinia) du pourridié, le Guignardia du black-rot, dont les périthèces ont élé rencontrés dans la Nature, n'ont jamais fourni, en culture, de fructifications supérieures aux conceptacles à coni- dies. Ils ont pourtant été soumis, comme l'agent de l'anthracnose, aux essais expérimentaux les plus variés et les plus sagaces. Mais la question change de face, s'il est démontré que le Vangima produit des asques directement aux dépens des globules levuriformes sans protéger leur naissance et sans préparer la dispersion de leurs spores en formant des périthèces, si cette espèce, en un mot, réalise ce paradoxe de s'élever au niveau des Pyrénomycètes dans la production des organes accessoires de dissémination et de descendre au niveau des Champignons les plus infé- rieurs quand il forme ses fructifications essentielles. Les sacs endosporés du Manginia ont-ils réelle- ment la valeur d'asques? Ils l'ont au même titre que ceux de la levure de bière, et nous ne saurions la contester chez l'un sans la contester chez l’autre, sans remettre en question l'autonomie du groupe des Saccharomycètes qui n’a pas d'autre base. La question, on le voit, n’est pas oiseuse. Ce n'est pas une querelle de mots, car les termes asque, asco- spore, désignant des organes bien définis, répondent à une idée claire. Ils ont une signification précise qu'il ne faut pas perdre de vue. Qu'est-ce qu'un asque? On dit un peu à la légère que c'est une variété de sporanges, que les asco- spores sont des formations endogènes. J'écarte ces deux expressions incorrectes et fallacieuses. L'asque n'a pas une enveloppe vivante formée d’une couche de cellules comme le sporange des Fougères; c'est un simple sporocyste (sroç4 semence, xüotie vessie). L'asque n'est pas une cellule-mère engendrant des cellules-filles distinctes d’elle-mème, car elle cesse d'être une cellule au sens biologique, une énergie, par le fait même de son morcellement en spores. La substance granuleuse qui persiste entre les spores, et que l’on est convenu d'appeler & piplasma, ne garde pas plus d'individualité à l'égard des spores que la membrane commune qui les revêt. 29° 2 PAUL VUILLEMIN — LE PROBLÈME DE L'ORIGINE DES LEVURES Les ascospores ne sont pas des formations endo- gènes ; nous ignorons si une nouvelle génération commence avec elles. Les asques sont définis dans leur forme et dans leurs dimensions; ils contrastent avec les éléments qui les portent, lors même qu'ils ne naissent pas dans des fruclifications complexes; les ascospores présentent un haut degré de constance dans leur nombre, leur taille, leur structure souvent compli- quée. Au contraire, les spores des Saccharomyces sont indéterminées dans leur taille et dans leur nombre ; leur forme est aussi simple que celle de la vésicule qui les enveloppe. A cet égard, le S. Cerevisiæ est inférieur, non seulement aux Ascomycètes, mais aux Hémiascées. Les sporocystes sont même beaucoup mieux définis chez les Phyco- mycètes, où ils représentent pourtant de simples organes accessoires de dissémination, à côté d’oo- spores dans lesquelles s'est concentré le processus Fig. 15 Fig. 16 Fig. 15. — Globules bourgeonnants et endosporés issus d'une ascospore de Cucurbitaria. (D'après Cavara.) Fig. 16. — Endosporeschez le Dematium pullulans.(D'après L. Planchon.) sexuel, ou de zygospores qui en sont une modifi- cation. La morphologie comparée nous montre chez les Ascomycètes toutes les gradations entre les fructi- ficalions compliquées et.le thalle purement végé- talif; mais, dès que nous arrivons aux types les plus rudimentaires, tous les liens positifs sont rompus et nous sommes livrés aux conjectures. Lindau l’a bien compris lorsqu'il dit : « Nous pou- vons considérer, soit comme un {ype de simplicité primitive, soit comme un {ype réduit de la forma- tion des asques, la sporulation de certaines levures, chez lesquelles un certain nombre de spores appa- raissent dans les cellules végétatives à la suite des divisions nucléaires correspondantes... ce cas n’est pas tout à fait clair‘. » Il l'est si peu, qu'à défaut de données positives montrant, soit la réduction de l’asque classique à la simplicilé du sporocyste de la levure de bière, soit le progrès du sporocysle inférieur jusqu'au # Lixnau : Allgemeine Morphologie... der Eumyceten. — In Larar : Handbuch der technischen Mykologie, t. 1, 4904. (G. Fischer. ne nous sentons nullement enchaiïnés par les term du dilemme posé par Lindau et nous sommes ten grande attention. Cavara' figure des globules RE Fig. 17. — Globules internes chez l'Endomyces albicans. Gr. 2.300. (Orig.) | obtenus en semant dans des liquides nutritifs des - ascospores de Cucurbitaria pithyophila; l'un d'eux, encore adhérent à la spore seplée, contient trois cellules dans son intérieur (fig. 15). Jürgensen? signale des espèces de Dematium endosporées, développant des générations bour- | 1 Cavara : Ueber eine Pilzkrankheit Zeitschr. 1. Pflanzenkrankheiten, t. fig. 6,e. ? JOERGENSEN : Paris, 1899. NIL, 1891520100 der Weisstanne, « Les microorganismes de la fermentation = PAUL VUILLEMIN — LE PROBLÈME DE L'ORIGINE DES LEVURES 223 geonnanles qui produisaient également des spores Enternes, « c'est-à-dire des Saccharomycètes ». lans sur du bois slérilisé dans une solution d'acide gallique, constate que la division cellulaire se fait souvent à l'intérieur de la cuticule, qui reste comme une en- lveloppe commune à 12-4 cellules bien dis- tinctes au dedans fig. 16). Le Champignon du imuguet (Ændomyces lalbicans), à côté des sporocystes dontnous avons fait des asques, Len raison de la forme, Lde la structure, du tuombre défini de teurs spores, pré- Isente, soit dans les Mfilaments, soit dans des vésicules plus ou "noins renflées, des globules internes semblables aux bour- igeons ordinaires, et dont le nombre, la forme, les dimensions varient comme l'espace où ils se développent (fig. 17). Le Manginia ampelina lui-même produit, dans les 2hancres de l'anthracnose, aussi bien que dans les eullures pures, des filaments variqueux dont les renflements s'entourent d'une membrane épaisse qui leur a valu le nom de kystes (fig. 18). Sous l’en- veloppe commune, le con- tenu des kysles s’isole en une ou plusieurs spores (fig. 19). Les spores kysliques sont subsphériques ou ovoides, de dimensions assez régulières, quoique provenant de kystes variés. Leur membrane est de moyenne épaisseur, in- colore ou légèrement fuli- gineuse. Leur germination donne, selon les circonstan- ces, soit des filaments, soit des éléments en chapelets, qui, bientôt, se séparent en globules bourgeonnants. La formation des kystes endosporés sur le trajet des filaments, comme celle des globules endosporés RS = Kyste po- Axsporé de Manginia ampelins. Gr. 1.000. Muet P. LL, PLaxcuox : Influence de divers milieux chimiques sur quelques Champignons du groupe des Dématiées. Ann. Sc. Luat:, Bot., 8° s., t. XI, 1900. Fig. 18. — Aystes de Manginia ampclina. Gr. 500. (V. au milieu de la végétation levuriforme, se réalise quand les conditions extérieures deviennent défa- vorables à l'expansion des éléments munis de réserves alimentaires par une vigoureuse végétation antérieure. Les influences du milieu, prépondé- rantes dans l'appari- tion des kystes, ne le sont pas moins dans l'apparition des pré- tendus asques des Manginia ou des Sac- charomyces. Elles le sont à tel point que Hansen a pu formu- ler de véritables re- cetles pour l'obten- tion des spores de le- vures. Chez les fer- ments industriels, il se les procure à coup sûr, et dans un délai strictement délermi- né, quand il trans- porte sur plâtre, à une lempéralture ré- glée pour chaque espèce, les levures amenées à leur maxi- mum de vigueur dans un milieu fermentescible. En variant les actions du milieu, il a pu, d'autre part, supprimer d'une facon plus ou moins durable, chez certaines races, la capacité de donner des spores. Le mème procédé réussit pour faire sporuler la levure d'anthracnose. Il nous à aussi permis‘ d'obtenir des pseudo-asques chez un organisme qu'on ne sera pas tenté de classer parmi les Asco- mycètes : il s'agit d'une bactérie voisine du fer- ment butyrique de =S> SE Se CE \ à Pasteur, le Clostri- Î > dium disporum. (] À / LA Q H.Gille£. et P.) Transportée sur plà- tre humide, cette bac- térie forme dans ses bâtonnels renflés une ou deux spores ré- fringentes (fig. 20). Docu LR TT Fig. 20. — Ændospores chez le es asques vérila- Clostridium disporum. (Orig. bles ne sont pas de Gr. 2.300. simples produits d'a- daptation du thalle obéissant régulièrement aux ordres de l'expérimentateur : ils ne se plient pas aux règles qui conviennent pour obtenir les spores de levures. Cela ne saurait nous surprendre, puis- 1 Vuiceux : Sur les organes reproducteurs chez les Bac- téries. Pull. Soc. sc. de Nancy, 1903. 294 PAUL VUILLEMIN — LE PROBLÈME DE L'ORIGINE DES LEVURES que les asques apparaissent aujourd'hui comme une fructificalion définie, dernier terme de l'évo- lution progressive de l'organisme. Tant que nous cherchons à reconnaitre l'asque à ses caractères superficiels ou aux conditions dans lesquelles il apparait, nous n'avons donc aucune raison de lui rattacher les vésicules endosporées du Manginia ampelina ou des Sacclaromyces. v Les recherches cytologiques ont amené à assi- gner aux asques un caractère plus précis que la fixilé de la forme et du nombre des spores, que l'agencement en fructifications plus ou moins com- plexes. Le noyau, qui, par sa division, fournira les noyaux des ascospores, se distingue des noyaux vé- gélatifs parce qu'il procède de la fusion de deux noyaux. Dangeard ! à insislé sur la généralité de Fig. 21. — Caryogamie chez l'Exoascus deformans.(D'après Dangeard. ce phénomène, dont l'importance n'échappera à personne. Contrairement à la complication des organes spo- rogènes, la caryogamie n'admet pas de degrés. Elle est aussi nelle chez les Ascomycètes qui ressem- blent aux levures par la simplicité de leur appareil reproducteur el de leur appareil végétalif que chez les Pézizes ou les Morilles. C'est ce que nous mon- trent les Exoascées, parasites des plantes supé- | rieures (fig. 21). Ce phénomène si net n’a pas été observé dans les sacs endosporés du HManginia et rien ne porte à en soupconner l'existence. Il a été recherché chez le S. Cerevisiæ. Janssens et Leblanc* ont cru l’entrevoir. Le noyau qui va subir la première division, prélude de la formation des spores, commence par se gonfler. À ce moment, on aperçoit à la place du noyau deux masses s'indi- vidualisant juste assez pour se réunir de nouveau. Cette séparation temporaire des portions d'un noyau est difficilement comparable au rapproche- ment et à la conjugaison de deux noyaux d'abord distincts et nellement circonscrits; mais le fait même sur lequel s'appuient Janssens el Leblanc 1 DaxGEeauD : Le Butaniste (passim). 2 Jaxssexs et LeBLanc : La Cellule, t. XIV, 1898. n'a pu êlre vérifié par les observateurs les plus experls dans ce genre de recherches, tels q Wager et Guilliermond; ce dernier nous expliq même comme une méprise la description de devanciers, car il a observé de simples vacuole remplies de granulalions métachromatiques qui masquent le vérilable noyau et qui donnent parfois l'illusion de deux noyaux en conjugaison. C'esin done un fait acquis que, chez le S. Cerevisiæy la caryogamie n'existe pas plus dans la cellule mère des spores que dans les cellules bourgeon nantes. Hirschbruch® tourne la difficulté en avancan que le processus sexuel, dont la caryogamie sera un cas particulier, se manifeste dans les globule bourgeonnants comme dans les cellules sporifères Dans cette théorie, chaque cellule serait herma phrodite; toute division nucléaire, même dans simple bourgeonnement, serait précédée d'u autofécondation par union du noyau avec un cor puscule spécial jouant le rôle d'élément fécond teur. Mais les descriptions sur lesquelles s'appu celte curieuse conceplion ne nous paraissent pa plus claires qu'à Schwellengrebel* et à Alb. Klü cker. Elles nous montrent du moins que l'on n’a pa reculé devant les tentatives les plus hardies pou chercher la preuve de l'homologie des sporocysle des levures avec les asques. Fondée ou non, la théorie de Hirschbruch revien à dire que toutes les cellules de la levure sont é lement reproductrices. C'est une nouvelle mani d'exprimer le défaut de différenciation entre l'appa reil végétalif et l'appareil reproducteur. La mêm idée a été exprimée inconsciemment par les obse vateurs d'occasion qui appelaient asques tous lé globules levuriformes, ou qui décrivaient comu spores toules sortes de granulations incluses dan le protoplasme des Blastomycèles pathogènes. Quelle que soit la valeur théorique qu'on assigne, la caryogamie caractéristique de l’évol tion de l'asque et distinguant cet organe des au cellules de la plante fait défaut chez le S. Ceres siæ. Pour rattacher ses sporocystes à l'asque que l'entendent aujourd'hui les cytologues à suite des belles découvertes de Dangeard, il fa recourir à l'hypothèse de l'apogamie. Guillie mond* s'est fait le champion de celle théorie € invoquant des phénomènes de fusion nucléai observés chez des organismes ressemblant plus @1 moins aux levures. Nous ne pouvons négliger € indicalions. “ Hinscuerucn : Centr. f. Bakt., [2], t. 1X, 1902. * SCHWELLENGREBEL : Ann. Inst. Pasteur, 1905. % Guicienmonp : Rech. sur la germination des spores la conjugaison chez les levures. Rev. gé0. de Botanique t. XVII, 1905. | … Schiünning, le premier !, découvrit que, dans le Schizosaccharomyces octosporus, le sporocyste résulte de la fusion de deux cellules séparées d'abord par une cloison. Hoffmeister * apercut dans le jeune sporocyste un noyau unique, résultant xraisemblablement de l'union des deux noyaux des cellules conjuguées. Guilliermond* suivit le phé- nomène daus tous ses détails et mit la caryogamie hors de doute en laissant de côté les numérations mélange filtré est maintenu qualre à cinq es à 40°C, puis étendu sur des plaques de verre Lopale : les plaques, après avoir été séchées, sont sensibilisées au moment de les utiliser en les imergeant pendant environ cinq minutes dans une Solution éthérée d'eau oxygénée obtenue en agitant 1Bcentimètres d'eau oxygénée à 30 vol. avec 200 cen- limètres cubes d'éther. On expose ensuite la surface ainsi sensibilisée ous l'image transparente colorée à reproduire. La lurée d'exposition est d'environ un quart d'heure lu soleil, mais les couleurs obtenues sont beau- up plus vives à la lumière diffuse. La sensibilité ul être augmentée par l'addition de diverses ibslances, telles que le persulfate d'ammoniaque, Pydrate de chloral, mais cetle augmentation a lieu aux dépens de l'éclat des couleurs. —…_Neuhaus a pu également, dans certains cas qu'il na pas encore précisés (par exemple en présence de certains sensibilisateurs chromatiques, comme le rouge d'éthyle), développer l'image en couleurs traitant pendant quelque temps par l'eau tiède. Ce moyen permellra peut-être plus tard d'obvier à un dés plus graves inconvénients du procédé, son manque de sensibilité. Jusqu'ici, Neuhaus n'a pu oblenir que des à images incomplètement fixées et n'a pu élendre directement la couche sensible que sur du verre ou Sur du carlon épais très forlement verni. Sur du papier, même recouvert d’une couche de caoutchouc où de collodion, le mélange des couleurs se diffuse irrégulièrement dans la pâte du papier et la sensi- bilité est beaucoup diminuée. Les méthodes précédentes donnent actuellement des résullals imparfaits et sont d’une exéculion extrémement délicate. Leur application pratique parail problématique. Il n'en est pas de même de äprès une exposition relativement courte, en la | la nouvelle méthode de MM. Lumière‘, qui est sur le point d'entrer dans la pratique courante et réali- sera un grand progrès dans l'obtention d'épreuves. en couleur visibles par transparence. 3. Nouvelle méthode de MM. Lumière. — Le principe de cette méthode avait été entrevu il y a longtemps par Ducos du Hauron, et Joly avait essayé de réaliser, il y a quelques années, un pro- cédé basé sur ce même principe, mais sans obtenir de résultats pratiques. Non seulement MM. Lumière ont pu obtenir la reproduelion exacte de sujets quelconques avec toutes leurs couleurs, mais ils promeltent de livrer bientôt des plaques lout préparées, dont la mani- pulation sera presque aussi simple que celle des plaques ordinaires au gélatino-bromure d'argent. Voici le principe de la nouvelle méthode : Si l’on dispose à la surface d’une plaque de verre el sous forme d'une couche unique, mince, un ensemble d'éléments microscopiques transpa- rents et colorés en rouge-orangé, vert et violet, on peut constater, si les rapports des intensilés de coloration de ces éléments et de leur nombre sont convenablement élablis, que la couche ainsi obte- nue, examinée par transparence, ne semble pas colorée, el qu'elle absorbe seulement une fraction de la lumière transmise. Les rayons lumineux traversant les écrans élé- menlaires orangés, verts ou violels reconslitue- ront, en effet, la lumière blanche, si la somme des surfaces élémentaires pour chaque couleur et l’in- tensité de la coloralion des éléraents constitutifs se trouvent établies dans des proportions relatives bien déterminées. Celte couche mince lrichome étant réalisée est ensuite recouverte d’une émulsion sensible pan- chromatique. Si l'on soumet la plaque ainsi préparée à l'action d'une image colorée, en prenant la précaution de l'exposer par le dos, les rayons lumineux traver- sent les écrans élémentaires et subissent, suivant leur couleur et celle des écrans qu'ils rencontrent, une absorption variable, avant d'influencer la couche sensible. On a ainsi réalisé une solution qui porte sur des éléments microscopiques et qui permet d'oblenir, après développement et fixage, des images colorées dont les tonalités sont com- plémentaires de celles de l'original. Si l'on prend, en effet, une région de l'image colorée en rouge, les rayons lumineux rouges se- ront absorbés par les éléments verts de la couche, et traverseront seulement les éléments orangés et violets. ‘ À. et L. Lumière : C. R. de l'Acad. des Sc. (1905). 234 A. SEYEWETZ — LES RÉCENTS PROGRÈS DE LA PHOTOCHIMIE La couche sensible panchromatique sera donc impressionnée derrière ces derniers et restera inal- térée sous les écrans élémentaires verts. Le développement réduira le bromure d'argent de la couche et viendra masquer les éléments oran- gés et violets, tandis que les éléments verts appa- raîtront après fixage, l'émulsion qui les recouvre n'ayant pas élé réduite. On aura donc un résidu coloré vert, complémen- | taire des rayons rouges considérés. Les mêmes phénomènes se produiront pour les autres couleurs: c'est ainsi que, sous la lumière verte, les éléments verls seront masqués et la couche apparaitra colorée en rouge. Dansla lumière jaune l’image sera violette, ete. On concoit qu'un négatif de couleur complémen- | taire ainsi obtenu puisse, par contact, donner, avec des plaques préparées de même manière, des épreuves positives qui seront complémentaires des négalifs, c'est-à-dire qui reproduiront les couleurs de l'original. On peut aussi ne pas fixer l'image négalive après développement et l'inverser pour obtenir par le procédé connu un positif direct présentant la colo- ration de l’objet photographié. Ce dernier moyen a été adopté, le premier donnant des résultats im- parfaits. MM. Lumière ont rencontré, dans l'application de cette méthode, des difficultés considérables qu'ils sont arrivés à résoudre après un labeur acharné, avec leur ingéniosité coutumière. Comme grains colorés, ils ont adopté la fécule de pomme de terre convenablement traitée pour séparer des éléments ayant de 10 à 15 millièmes de millimètre. Ces grains sont divisés en trois lots qui sont teints respectivement en rouge-orangé, vert et violet à l'aide de matières colorantes spé- ciales, puis mélangés après dessiccation complète, en proportions telles que le mélange ne présente pas de teinte dominante. La poudre résultante est élalée au blaireau sur une lame de verre recou- verte d'un enduit poisseux. Avec des précautions convenables, on arrive à avoir une couche de grains juxtaposés sans aucune superposition. On oblure ensuite, avec du charbon de bois pul- vérisé, les interstices qui peuvent exister entre les grains el qui laisseraient passer de la lumière blanche. On à ainsi constitué un écran dans lequel chaque millimètre carré de surface représente 8 à 9.000 petits écrans élémentaires verts violets. La surface ainsi préparée est isolée par un ver- nis possédant un indice de réfraction voisin de celui de la fécule, et enfin on coule une couche orangés, ou | déplaçant l'acide oxalique, mais pas l'acide sulf mince d'émulslon sensible panchromatique gélatino-bromure d'argent. L'exposition a lieu à la manière ordinaire, mais, par le dos de la plaque, en plaçant devant l'objectif un écran jaune spécial pour compenser l'excès d'activité des radiations bleues et violettes. L sensibilité, quoique moindre que celle des plaques! ordinaires, est cependant suffisante pour per” mellre d'obtenir au soleil des images en 1/5 € seconde à l’aide d'objectifs très lumineux (//3). photographie ordinaire; mais, au lieu de fixer, inverse chimiquement l'image de façon à rélab l'ordre des couleurs. Cette opération se fait par les. méthode permet de reproduire en une seule opéræl tion les objets avec toutes leurs couleurs. IT. — DÉVELOPPEMENT DE L'IMAGE LATENTE. $S 1. — Théorie du développement. contestée par les récentes expériences de Reeb D'après lui, l'alcali a pour but de salifier le révéla pateur que s’il possède une constilution saline à s'il peut la contracter au moment du développemen de facon à être à la fois réducteur et saturateut d'acide bromhydrique. l'oxalale, un révélateur, l'acide bromhydrique | rique. Le chlorhydrate de diamidophénol,. le mé (sulfate de méthylparamidophénol), qui ne sont pas décomposition, forme des sels décomposables par l'acide bromhydrique. $ 2. — Développateurs organiques. MM. Lumière sur la fonction développatrice resté à peu près stationnaire dans ces dernières { RE£Es : p. 32. Bull. de la Soc. franç. de Photoyraphie (1904 A. SEYEWETZ — LES RÉCENTS PROGRÈS DE LA PHOTOCHIMIE 235 uver de nouvelles substances plus parfaites que anciennes. La métoquinone' est pourtant venue emment augmenter la liste des révélateurs jouvant fonctionner pratiquement sans alcali. Jusqu'alors, le chlorhydrate de diamidophénol drlho para) était seul doué de cette propriété, qui st la gélatine à l'abri de l’action désorganisante les alcalis. "La méloquinone fait partie de la classe des révé- eurs formés par la combinaison saline d'une stance développatrice à propriétés basiques avec à autre jouant le rôle d'acide. Le métol (sulfate métlhylparamidophénol) réagit sur l'hydroqui- ne en présence du sulfite de soude pour donner je combinaison définie ayant la formule suivante: OH on cn ) LCHS , ( NuwH(cH)/ 7 NoH uée de propriétés révélatrices que ne possédait “üSqu'alors aucun autre développateur. Son pouvoir ducteur peut être accru par degrés suivant qu'on dditionne d'alcali carbonaté, d'acétone ou d'alcali stique. Son aclion développatrice peut aussi être lentie par l'addition de bromure alcalin. Enfin, à “elle grande élasticité, elle joint une remarquable Maltérabilité à l'air. On à pu établir avec certitude les conditions que doit remplir une substance révélatrice pour pouvoir velopper sans addition d'alcali* : ° Pour révéler l'image latente sans addition cali, en présence de- sulfite alcalin, il suffit elle renferme une seule fonction développatrice nl un des groupes soil un amidogène. Celui-ci ut être substitué ou non, pourvu que la subsli- ion ne détruise pas le caractère basique de hidogène. 11 faut, en outre, que la substance soit Hisamment soluble dans le sulfite alcalin ; Le pouvoir réducteur se trouve considérable- étion développatrice, si celle-ci renferme deux üpes amidogènes. Le révélateur peut alors être isé pratiquement sans alcali: Le pouvoir réducteur est augmenté aussi, que plus faiblement, si la ou les fonclions ques du révélateur sont salifiées par les Würiles d'un composé phénolique possédant lemême des propriétés développatrices. Le révé- leur est alors également utilisable pratiquement ns addition d'alcali. $ 3. — Développateurs minéraux. Les substances organiques n'ont pas élé seules # Loire et Seyewerz : Bull. de la Soc. franc. de Photo- Die (1904), p. 231. Ébumène et SEYEWETZ : taphie (1904), p. 134. Bull. de la Soc. franc. de Photo- nt renforcé, dans le cas où il y a deux fois la | s ment ou fortement l'image. Outre les substances mises à contribution comme révélaleurs. Dans ces derniers temps, la préparation de l'hydrosulfite de soude anhydre, réalisée industriellement par la Badische Anilin et Soda Fabrik sous forme d'un produit stable, a occasionné de nouveaux essais d'application de ce puissant réducteur dans le développement. Les propriétés révélatrices de cetle substance, signalées en 1887 par MM. Lumière, ne présentaient alors aucun intérêt pratique. Le révélateur donnait un voile intense et, en outre, la nécessité de le préparer au moment même de son emploi le rendait inutilisable. Le nouvel hydrosulfite, associé en proportions convenables avec du bromure de potassium et du bisulfite de soude, a pu donner un bon révélateur doué d'un pouvoir réducteur énergique. Par contre, les hydrosulfites organiques, tels que l'hydrosulfite de diamidophénol, bien que formés par la combinaison de deux substances révélatrices, l'une minérale, l'autre organique, n’ont pas présente de propriétés réductrices inté- ressantes. $ 4. — Influence de la nature des révélateurs sur la grosseur du grain d'argent réduit. On avait admis à la suite de plusieurs travaux que le grain de l'argent réduit par les divers révé- lateurs possède une grosseur sensiblement uniforme quel que soit le révélateur employé. Cette question a été reprise avec la plupart des révélateurs connus, non seulement en les utilisant avec leur composition normale, mais aussi en étudiant pour un même révélateur l'influence de son degré de dilution, de la durée de son action, de sa température el de son alcalinité*. On a éga- lement étudié les modifications que déterminent les variations du temps de pose, ainsi que les résultats obtenus suivant qu'on développe faible- révélatrices utilisées dans la pralique, on a expéri- menté aussi d'autres réducteurs, sans ulilisation courante à cause de leur faible énergie réductrice, tels que la paraphénylène-diamine et l'orthoamido- phénol employés en présence dusulfile de soude seul. Ils donnent naissance à de l'argent d'une grande transparence, dont la couleur est brunâtre à la lumière transmise, et grise par réflexion. Voici les principales conclusions tirées de ces | expériences : 1° La grosseur du grain d'argent réduit par les révélateurs à composition normale ulilisés dans la pratique est sensiblement constante; ‘ Lumiène et Seyewerz : Bull. de la Soc. franc. de Photo- graphie (1904), p. 565. * Ibid. (1904), p. 297. 236 A. SEYEWETZ — LES RÉCENTS 2% La lempérature des révélateurs, leur con- centralion, la durée de leur action ne paraissent pas avoir d'influence sur la grosseur du grain de l'argent réduit; 3° L'excès d'alcali ou de bromure alcalin semble provoquer un accroissement très faible de la. grosseur du grain; 4° La surexposition parait êlre un des facteurs de la diminution de grosseur du grain; 5° La paraphénylène-diamine et l'orthoamido- phénol, employés en présence du sulfite de soude seul, donnent de l'argent réduit dont le grain est beaucoup plus fin que celui que fournissent les autres substances révélatrices, et d’une couleur gris violacé; 6° La couleur de l'argent réduit semble être en relalion avec la grosseur du grain. On a reconnu que. pour former des images à grains fins’, il parait indispensable de réaliser deux conditions : 1° Développer lentement, soit en ajoutant dans le révélateur des substances retardant la venue de l'image, soit en diluant convenablement la solu- tion ; 2 Introduire dans le révélateur un dissolvant | du bromure d'argent. Ce dissolvant ne peut pas | être en trop grande quantité, afin de ne pas dis- | soudre le bromure d'argent avant que l'image soit développée. | Le chlorure d'ammonium, employé à raison de 15 à 20 grammes pour 100 centimètres cubes de révélateur, réalise ces condilions. Elles sont aussi réalisées dans les révélateurs à la paraphénylène-diamine et à l'orthoumidophénol, car ils ont à la fois une faible énergie révélatrice et dissolvent des quantilés appréciables de bro- mure d'argent. £ D] 5. — Altérations du sulfite de soude dans les révélateurs. Antioxydants. Le sulfite de soude, dont le rôle principal est de retarder l'oxydalion à l'air des subslances révéla- trices, a été l'objet de diverses études *, dans le but de délerminer, d'une part le mécanisme de l'oxy- dation de ses solulions, d'autre part dans quelles limites peut durer leur conservation el par quels moyens on peut la prolonger. On à trouvé que l'altération des solulions est uniquement produite par dissolution de l'oxygène de l'air qui se renouvelle au fur et à mesure de la transformation du sulfite en sulfate. Cetle oxyda- 1 LumiÈRe et SEYEWETZ : graphie (1904), p. 422. 2 Nawias : Bull. de la Soc. suisse de Photographie (1903), p. 513. — Hausermsser : Das Atelier des Photographen, (1903), p. 129. Bull. de la Soc. franç. de Photo- | PROGRÈS DE LA PHOTOCHIMIE ——_—_…—…—————…———_—_—_—_—_— tion a lieu beaucoup plus rapidement en soluti élendue que concentrée *. Un certain nombre de réducteurs organiqu ajoutés aux solutions de sulfite alcalin en quantité très faibles, en ralentissent considérablement l'os dation. Ces substances réductrices ont été désin gnées sous le nom d'anlioxydants*. Ainsi quelque décigrammes de chlorhydrate de paramidophénolot d'hydroquinone, 2 à 3 grammes de triox yméthylè pour 1 litre de sullite de soude à 30 grammes pa litre, évitent praliquement l'oxydation. On croyait que la cause la plus importante d& l'altéralion des révélateurs au diamidophénol con sistait dans la facililé avec laquelle les solutio diluées de sulfite absorbent l'oxygène de l'air. On peut, en effet, supposer que le sullite soude, jouant le rôle d'alcali dans le révélateur, I fait perdre son pouvoir développaleur dès qu'il # fonctionne plus comme alcali. On a reconnu” celle hypothèse, généralement admise, estinexa@ etquel'altération des révélateurs au diamidophé®a n'est pas due à la destruction du sulfite de soud mais à l'oxydation à l'air du diamidophénol, retà dée, mais non empêchée par la présence du sulfite IL. — OBTENTION DU POSITIF. $ 1. — Papiers aux sels d'argent. 1. Papiers par noircissement direct. — Ta les papiers photographiques dits par noircisseme direct, préparés jusqu'à ces derniers temps, rl fermaient un excès de sels d'argent solubles, sa lequel l’action de la lumière ne se manifeste d'une manière pratiquement insuffisante. Ces sortes de papiers, depuis le papier salé e papier albuminé d'autrefois, jusqu'aux genn citrale, celloïdine, etc., en usage actuellemer ont été et sont encore très répandus parce qui ont le grand avantage de permettre l'examen l'épreuve pendant le tirage et d'arrêter son impr sion au moment opporlun; en outre, leur manip lalion ne nécessile pas l'emploi d'un laboratai obscur. Muis, à côté de ces avantages incontestables, présentent tous des inconvénients communs 4 sont mulliples et que nous rappelons ci-dessou 1° Leur conservalion est très limitée, quel soit le substratum de la substance sensible. L'altération de ces papiers est favorisée p l'action de la chaleur et de l'humidité; de là, nécessilé de prendre de grandes précautions dans { Lumène et Sexewerz : Bull. de la Soc. franc. de Polo: graphie (1904), p. 226 % LUMIÈRE et SEYEWETZ : graphie (1905). 3 Jbid, (1905). Bull. de la Soc. franç. de Phalo ee à HR | à 0 A. SEYEWETZ — LES RÉCENTS PROGRÈS DE LA PHOTOCHIMIE 19 1 emballage de elles préparalions et de les utiliser une époqne rapprochée de celle de leur fabrica- Les préprations par noircissement direct xigent l'emploi de papiers très purs, exempts urtout de particules métalliques. Malgré les pro- rès réalisés dans la papeterie, il est impossible léviler d'une manière absolue les points métalli- ues, qui se traduisent à la sensibilisalion par des ches circulaires blanches, au centre desquelles n remarque un point noir. 3° L'emploi de composés argentiques solubles a ncore l'inconvénient de déterminer fréquemment ir les négatifs la production de taches brunes par ansport de ces sels sur la gélatine du cliché, and l'humidité vient à imprégner soit Je papier, le négatif. Lorsque le tirage d'un grand nombre épreuves doit être effectué sur un même cliché, “est fréquent de constater ces taches, surtout en iver si l'impression s'effectue à l'extérieur. P Un autre inconvénient des préparalions à se de sels argentiques solubles réside dans la @ilité avec laquelle elles donnent lieu à la pro- ielion des taches de sulfure d'argent provenant 2 lraces d'hyposulfite de soude. 5° Enfin, les papiers par noircissement direct nt peu sensibles et fournissent des épreuves qui ianquent de demi-teintes, principalement quand négatifs employés sont un peu trop intenses. | Tous ces inconvénients sont liés à une cause nique : la présence dans la couche sensible de e s d'argent solubles, et l’on concoit l'intérêt consi- able qui s’altachait à la découverte d'une mé- < . ” ans ces sortes de papiers sensibles. MM. Lumière‘ sont arrivés tout récemment à oudre cette difficulté. Ils ont remarqué que les ubstances réductrices, en général, favorisent le drcissement des sels haloïdes d'argent et plus écialement du chlorure; mais l'influence de ces ‘ducteurs varie dans une large mesure suivant la ature de la fonction chimique qui communique à “molécule des propriétés réductrices. Ainsi, par emple, les amines aromatiques n'exercent qu'une Mluence peu marquée sur le noircissement du drure d'argent, landis que les phénols paraissent uir d'une activité bien plus considérable. Les diphénols, les triphénols sont plus actifs que #S corps qui ne possèdent qu’un seul hydroxyle, et, armi les phénols polyatomiques, c'est la résorcine uissemble être la substance la plus convenable. Les sels manganeux, les nitrites, les arsenites vat également susceptibles de fournir des résul- us intéressants. —— LBrevet francais, déposé le 24 Août 1905. de permetlant la suppression de ces sels solubles Ces différentes substances réductrices peuvent être employées soit avec des émulsions de chlorure d'argent dans la gélatine renfermant des sels de la double décomposilion qui a donné naissance au sel haloïde d'argent insoluble, soit encore avec des émulsions lavées ne renfermant que du chlorure d'argent pur. La même action se manifeste lorsqu'on remplace la gélatine formant le substratum de la substance sensible par d'autres matières colloïdales, telles que la caséine, l’albumine, le collodion, etc. La méthode nouvelle conduit à des résultats qui ne le cèdent en rien à ceux que fournissent les meilleurs procédés de tirages directs employés jusqu'ici. Les nouveaux papiers, qui ont été dési- gnés sous le nom d'Actions, semblent donc devoir prendre une grosse importance dans l'industrie des papiers photographiques, car ils offrent tous les avantages recherchés dans les procédés par noircissement direct sans en présenter les incon- vénients et sont, en outre, d'une sensibilité notable- ment plus grande. Enfin, ces nouvelles préparations sensibles peuvent être coulées sur les supports variés, notamment sur des papiers métallisés, et donner ainsi des effets très originaux. 2. Papiers à image latente ou par développement. — Quelques perfectionnements ont été apportés dans la fabrication des papiers au gélatino-chlorure d'argent. Ces papiers joignent à leur faible sensibi- lité, permettant de les manipuler facilement à la lumière jaune (sans lanterne spéciale), la propriété de donner de beaux noirs veloutés. En outre, on peut, en faisant varier la durée d'exposition, la dilution du révélateur et le temps de développe- ment, obtenir des images constiluées par de l’ar- gent à un état de division variable fournissant une gamme de couleurs : sanguine, sépia, vert, etc. On a pu, d'autre part, modifier la couleur noire habi- tuelle des papiers par développement en transfor- mant l'argent de l’image en divers ferrocyanures métalliques. Les nombreuses formules indiquées dans ce but renferment un composé commun, le ferricyanure de polassium (qui est réduit par l'ar- gent et transformé en ferrocyanure), et un sel mé- tallique qui réagit à son tour sur le ferrocyanure et duquel dépend la couleur de l’image virée. L'image obtenue est bleue avec les sels ferriques, rouge pourpre avec les sels cuivriques, sépia et sanguine avec les sels d'urane. Ces virages sont, en outre, additionnés d'un acide organique destiné à dissoudre le ferricyanure d'arg-nt formé par l'ac- tion du ferricyanure de potassium en excès sur le sel d'argent soluble, qui prend naissance pendant le virage et qui teinterait les blancs. Tout récem- | ment, on a pu transformer l'argent de l'image en 238 A. SEYEWETZ — LES RÉCENTS PROGRÈS DE LA PHOTOCHIMIE un ferrocyanure d’une belle couleur verte conte- nant à la fois de l'argent, du cobalt et du plomb". L'analyse des images virées avec les divers sels métalliques a montré qu'elles étaient formées de ferrocyanures doubles et triples, mais n'a pas per- mis de déterminer la formule exacte de ces com- posés. $ 2, —Papiers au charbon. Les procédés de tirage qui utilisent l'action de la lumière sur la gélatine bichromatée n'ont pas subi dans ces derniers temps de modifications intéres- santes à signaler. L'étude de la réaction servant de base à la photographie au charbon, qui avait été en 4878 l’objet d’un travail resté classique publié par Eder*, a été reprise récemment". On a déterminé si la lumière agissant sur la gélatine imprégnée de bichromate de potassium le réduit seulement à l'état de sesquioxyde de chrome, ou s'il se forme, avec l'excès de bichromate, du chromate de chrome comme l'avait indiqué Eder. On a également étudié si la composition de la gélatine bichromatée correspond à une combi- naison définie ou bien si elle varie avec la concen- tralion de la solution de bichromate et la durée d'exposition à la lumière. Les résultats de ces recherches tendent à prouver que, dans une première phase de l'action de la lumière sur la gélatine bichromatée, il se forme du sesquioxyde de chrome avec libération de potasse, qui forme du chromate neutre avec l'excès de bichromate. Ce chromate neutre, dont la proportion augmente peu à peu, ralentit au fur et à mesure la réduction du bichromate par la lumière. La forma- tion du chromate de chrome a été confirmée, mais l'analyse n'a pas pu prouver que sa composilion répond à celle du chromate de chrome normal. La quantité de chrome que fixe la gélatine bichromatée insolubilisée par la lumière varie avec la concen- tration de la solution de bichromate et la durée d'exposition à la lumière. Sa teneur en chrome peut varier de 0,39 à 10 grammes pour 100 gr. de gélatine. L'oxyde de chrome que renferme la gélatine inso- lubilisée parait formé de deux parties : l'une fixe, comparable à l'oxyde que retient la gélatine dans l'insolubilisation par les sels de sesquioxyde de chrome, l’autre variable avec la durée d’exposition et provenant de la réduction directe du bichromate par la matière organique. 1 Lumière et Sevewerz : Bull. de la Soc. franc. de Photo- graphie (1905). ? Ibid. (4905). 3 Epen : C. R. de l'Acad. des Sc. de Vienne et Photogra- phische Correspondenz (ASTS). 4 A. L. Lumière et Sevewerz : Bull. de la Soc, chimique de Paris (1905). T, XXXII, p. 1032. L'acide chromique et le bichromate d'ammo- niaque, qui ne donnent pas naissance comme les bichromates alcalins à un chromate stable‘, sont beaucoup plus facilement réductibles par la lumià è que le bichromate de potassium. On obtient, effet, avec ce dernier après sept heures d'expt sition une quantité de chrome voisine de 10 °/, & qui atteint 20 °/, après trois jours, tandis qu'avee les premiers celte quantité est déjà supérieure 10°/, après une heure d’exposition. $ 3. — Ozotypie. Parmi les procédés de tirage du positif se rattæ chant au précédent, nous citerons le procédé 0 type de Manly*, qui date déjà de plusieurs années: Il utilise, comme le procédé au charbon, la gélas tine insolubilisée, mais il en diffère en ce que l'in solubilisation n'a pas lieu directement par insolas tion, mais au moyen d'une épreuve obtenue p l’action de la lumière sur un mélange d'un sel d& manganèse et de bichromate de potassium. On imprime done à travers un cliché un papie ainsi sensibilisé : il se forme une image brune constituée par du sesquioxyde de chrome et du peroxyde de manganèse, que l'on débarrasse facile ment de l'excès de bichromate et des autres sels solubles. On prend alors un papier gélatiné qu'on imbib d'une solution à 5 °/,, d'acide acétique additionnée d'une substance telle que l'hydroquinone (1 gr. pa litre) destinée à tanner la gélatine, puis on y appliqu l'image à l'oxyde de manganèse. L'acide acétique tend à dissoudre cet oxyde € le sel manganique formé se décompose au contaël de la gélatine; toutes les parties mouillées par le sel de manganèse s'insolubilisent et d'autant plus profondément que la couche de peroxyde de ma ganèse est plus grande. Il ne reste plus qu'à dé pouiller l'image à l'eau chaude, comme dansd photographie au charbon, pour dissoudre la gélæ tine restée soluble et faire apparaitre l'image qui. comme dans le procédé au charbon, est constituée par des reliefs de gélatine. $ 4. — Katatypie. Nous citerons enfin un procédé de tirage curieux! dans lequel on ne fait pas intervenir la lumière mais où l'on substitue à son action celle d'un mélat très divisé (comme celui qui constitue une im ge au plaline) agissant comme catalyseur. D'où dk ‘ On peut supposer que l'ammoniaque libéré dans la dé composition du bichromate se dégage peu à peu, au fume à mesure de la décomposition du bichromate d'ammonium par suite de l'instabilité du chromate neutre d'ammonium # Maxcy : Bull. de la Soc. franç. de Photographie (A89)} pe 361. | 239 l'on mélange l'acide pyrogallique à un corps , tel que le bromate de potassium, le dätion de l'acide pyrogallique aux dépens du bro- fäle. On peut produire ce noircissement d'une on très rapide par l'emploi d'un catalyseur. Le line peut jouer ce rôle. En effet, si l'on im- règne une feuille du mélange précédent et qu'on applique, ea pressant fortement, une épreuve au plaline, ce métal agira comme catalyseur. Le issement de l'acide pyrogallique sera suffi- autres. La réaclion sera d'autant plus rapide la couche de platine en contact sera plus daisse, c’est-à-dire que les noirs de l'image seront us intenses. On peut donc oblenir ainsi une roduction en noir de l'image au plaline. à D° Gross à fait une autre application de la orps laisse facilement dégager son oxygène Jus l'action des métaux très divisés. Si donc on | Mimprègne une épreuve photographique formée de l'argent ou du platine, l'oxygène se déga- ta dans toutes les parties en contact avec le étal, c'est-à-dire dans les parties noires, et l'eau pxygénée subsislera dans les parties blanches. dier ordinaire ou gélatinée cette image invisible, _ constitue un véritable négatif puisque l'eau génée ne subsiste que dans les parties blanches Pimage. Celle-ci est rendue visible par divers fs donnant des produits insolubles et colorés arles oxydants. Ainsi avec un sel de manganèse se. Un mélange de chlorure de cuivre, d'acé- nne une image brune de ferricyanure de cuivre, 1oxygénée agissant ici comme réducteur. Wwec du sulfate double de fer et d'ammoniaque, Se forme avec l'eau oxygénée du sulfate ferrique juépeut être développé en violet avec l'acide gal- ique. Æn pratique, on emploie une solution éthérée dapier, au platine de préférence. Après évapora- mViron dans le châssis-presse en contact avec une Bull. de la Soc. franç. de Photographie (1904), p. 444. ( alyse, en utilisant l’eau oxygénée. On sait que | On peut reporter par contact sur une feuille de | btient une image brune de peroxyde de man-. ale de soude et de ferricyanure de potassium | Veau oxygénée dont on imprègne un négatif sur | de l'éther, le négatif est mis une minute | feuille de papier gélatiné. Le positif invisible d'eau oxygénée qui passe sur cette feuille est ensuite développé avec une solution de sel de manganèse par exemple. On peut enfin insolubiliser la gélatine comme le ferait le bichromale en présence de la lumière. Le négatif au bromure d'argent est recouvert d'une solution éthérée d’eau oxygénée et, après évapora- tion de l'éther, mis en contact pendant trente secondes au chässis-presse avec le papier gélatiné. L'eau oxygénée restée dans les ombres du négatif passe dans la gélatine. Le papier est ensuite plongé dans un sel ferreux qui est transformé en sel fer- rique par l’eau oxygénée. Cetle transformation est d'autant plus profonde qu'il s'est fixé plus d’eau oxygénée. Le sel ferrique insolubilise la gélatine, de sorte qu'après un simple lavage l'image peut être dépouillée à l’eau chaude et à la sciure de bois comme dans le procédé à la gomme bichromatée. IV. — ConcLusIons. Nous avons passé en revue les principaux pro- grès réalisés récemment dans les diverses branches de la Photochimie. Nous avons dû évidemment omettre certains points et nous abstenir de signaler des travaux intéressants s'y rattachant moins directement. On à pu voir combien la science photographique se perfectionne de jour en jour, et comment, grâce aux études tendant à élucider les phénomènes pho- tochimiques, les opérations photographiques, si longtemps confinées au domaine de l’empirisme, auront dans un avenir prochain le caractère qui leur convient, celui d'une science précise. Il reste pourtant de nombreux sujets de recher- ches : la sensibililé des plaques est encore insuf- fisante, le grain de l’émulsion trop gros; il reste d'importants progrès à réaliser dans le traitement des surfaces impressionnées soit pour combattre la solarisation, soit pour remédier à la sous-expo- sition, en prolongeant l'action de la lumière par celle du développateur. Et les questions seront peut-être résolues un jour, comme l'a été celle de la photochromie pra- tique réalisée au moyen d'une plaque ordinaire, problème qui paraissait jadis irréalisable. Mais les conquêtes progressives de la science nous montrent que l'impossible d'hier peut devenir la réalité de demain. A. Seyewetz, Sous-Directeur de l'Ecole de Chimie industrielle de Lyon. “ à TT + De” D + 240 Mie I. JOTEYKO — UNE THÉORIE TOXIQUE DE LA DOULEUR ES UNE THÉORIE TOXIQUE DE LA DOULEUR Les expériences de Max von Frey, et aussi celles de Goldscheider, Alrutz, Thunberg et autres, ont démontré de la facon la plus convaincante l’exis- tence des nerfs dolorifères. Il y a donc spécificité des organes servant à recueillir les excilalions douloureuses. Je désirerais compléter ces faits par une lhéorie encore inédite, qui m'est personnelle, dans laquelle j'essayerai de démontrer la spécilicité de l'agent qui provoque les sensations douloureuses, autre- | ment dit de l'excitant de la douleur. ’ La douleur est produite par une excitation forte; la douleur est produile par toute cause qui modifie profondément l'état du nerf, Or, il se pourrait que l'excitation forte qui produit la douleur ait des vertus différentes, non pas seulement au point de vue quantitatif, mais aussi au point de vue qualitatif. Elle n'agirait pas en tant qu'excitation forte, mais par les produits spécifiques qu'elle engendrerait. L'élude approfondie de la physiologie de la dou- leur, c'est-à-dire l'étude de la douleur par rapport à ses causes, nous permet de mettre en avant une théorie qui expliquerait le mécanisme intime de l'excilalion dolorifique. Max von Frey avait déjà admis qu'elle est d'origine chimique, c'est-à-dire que l'excitation mécanique nécessaire pour éveiller | la douleur produit des changements dans la con- centration des liquides contenus dans les termi- naisons nerveuses. Nous dirons : la douleur est due à une intoxica- tion des terminaisons nerveuses dolorifiques. L'excitant de la douleur est constitué par des substances algogènes, nées au moment de l'exci- tation forte. Cette théorie n'est pas présentéesans arguments. Certains d'entre eux expliquent mieux que toule autre hypothèse les particularités de la douleur; d'autres sont empruntés à des analogies. Chaque excitation est liée à une transformation chimique. On admet aujourd’hui une origine chi- mique pour un grand nombre d’excitations. J'ai expliqué ailleurs comment il fallait concevoir la douleur visuelle, par exemple. Est-il possible que la lumière, qui est l'excitant spécifique pour le nerf optique, puisse aussi agir sur les ter- ! Le sens de la douleur (Rapport présenté au 2er Congrès belge de Neurologie et de Psychiatrie, tenu à Liége du 28 au 30 septembre); brochure de 86 pages, chez Lamertin à Bruxelles et chez Maloine à Paris. | sur place, au moment de l'excitation forte. minaisons du nerf ophtalmique”? Mais lesvibration! lumineuses de l'éther n'agissent pas non plus € rectement sur les terminaisons du nerf optique on admet qu'elles produisent des modifications chimiques dans la réline, et c'est la’ modificas lion chimique qui agit à son tour comme un exci tant sur les terminaisons du nerf optique. Iles donc facile à admettre que la modification chi mique, dès qu'elle aura atteint une certaine forme (substances toxiques), grâce à son intensité, vien dra agir comme un excitant sur les terminaisons des nerfs dolorifiques, qui réagiront par la sensa tion qui leur est propre. Pour l’olfaclion et la gustation, l'excitation es chimique dans tous les cas, aussi bien pour lan perception que pour la douleur. Ainsi, pour Ja gustation, par exemple, il est de toule évidence qu'un acide faible ne vient agir que sur les Lermis naisons du nerf lingual et dunerf glosso-pharyngien sans atteindre les nerfs de la douleur, dont le seuil est plus élevé; mais un acide plus fort ébranle les terminaisons des nerfs dolorifiques. Quand on demande le pourquoi de cette diffé rence, on trouve la réponse dans le fait de la toxi cilé des solulions concentrées des acides. Dé même, si l'ammoniac gazeux fortement mélangé à l'air blesse notre muqueuse olfactive, c'est par 1 fait de sa toxicilé. {l en serait de même pour l'excilant mécanique tant que les produits chimiques issus de cette exei tation ne seraient pas toxiques, on n'aurait aucuné douleur: la douleur n'apparaitrait qu'au momen de la formation de ces produits, qui seraient nature définie et viendraient agir comme un exei tant sur les lerminaisons des nerfs dolorifères. C'es la compression de ces nerfs qui produit les dot | leurs atroces des crampes, des caleuls hépatiques | du glaucome. Pour avoir la sensation douleur, il n’est null ment nécessaire de supposer que la substan À toxique doive être transportée au cerveau par vo | sanguine. C'esl l'ébranlement nerveux des term { naisons nerveuses qui se transmet au cervealll ébranlement déterminé par l'action sur les ter minaisons doloriliques des poisons algogènes nés | | 2 | | En réalité, la formalion des substances algogènes n'est pas instantanée. Elle demande un tertai temps. La douleur apparait, en effet, bien plus divement que les autres sensalions (tactiles, thet miques, acoustiques, visuelles, etc.). Un trauma: lisme violent nous donne d’abord la notion de > Let À Mie I. JOTEYKO — UNE THÉORIE TOXIQUE DE LA DOULEUR 241 19 bntact; la douleur ne se produit que quelque mps après. L'incision d'un abcès nous fait sentir abord le froid du bistouri; ce n'est que quelque lemps après que nous ressentons la douleur de se est égal à 150 5 (millièmes de seconde) pour exeilalions lactiles et acoustiques, à 200 our les excitations optiques, il est de 900 6, c'est- dire près d'une seconde, pour les excitalions do- beaucoup plus tard que toutes les autres sensations. 2e relard a été interprélé de différentes façons : pour les uns, il serait d'origine centrale ; pour les autres, il aurait une origine périphérique. Dans ma lhéorie, ce relard est non seulement explicable, mais il est quasi indispensable, car il serait dû au »mps nécessaire à la formation et à l'accumulation des substances algogènes". Et en poursuivant le même raisonnement, on arrive à comprendre pourquoi MM. Ch. Richet, Gold- Scheider et d'autres physiologistes ont toujours constaté que la douleur était due à la sommation des excilalions. Pour expliquer le retard dans la percep- Lu on douloureuse, disent Sad et Goldscheider, il ne É ut pas oublier que chaque excilalion mécanique broduit une sensation double, dont les deux élé- ments sont séparés par un intervalle appréciable. Best la seconde impression qui est douloureuse. dr, une onde électrique unique ne peut produire &e phénomène ; pour le provoquer, il est indispen- Sable de faire passer une série d'excilations. Les celle conclusion que la sensation de douleur, qui ipparait après un intervalle plus ou moins long, st due à la sommalion des excitalions, et que la iqûre d'une épingle est donc analogue non à meexcilation simple, mais à une série d'excitations. sommalion, d'après eux, se produirait dans la iwelle. Nous croyons que notre théorie rend suffi- wament bien compte de lousces faits, pouradmeltre ue la sommation est d'ordre chimique et qu'elle à fait à la périphérie sensitive. La douleur n'ap- ait que quand les substances toxiques onlacquis me cerlaine concentration. Goldscheider dit aussi le non seulement l'intensité de la sensation dou- ireuse, mais aussi l'intervalle au bout duquel 8 apparait, peuvent varier avec la force de l'exci- nt. Ces phénomènes se rattachent striclement à la quanlité de toxines produites. Sila douleur produite par une excitation forte et NÉETE SE TE TITA 2 Le fait que, dans certaines maladies des centres nerveux, ment dans le tabès, le retard dans la perception do- onifique est encore plus considérable, n'enlève aucune va- eur à cette théorie: pour beaucoup d'auteurs, le retard où une origine périphérique, le tabès n'étant pas exclu- tement une maladie médullaire, mais produisant aussi des nodifications dans les nerfs périphériques. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. violente est due à la sommation des exeilations, à plus forte raison ilen est de mème pour les douleurs dues à des excilalions modérées, mais de longue durée. Non seulement des douleurs légères et sans cesse répétées peuvent occasionner des dou- leurs violentes, mais il arrive que le contact léger n'étant pas senti, il devient douloureux quand il agit à la longue. Ainsi, un grain de charbon tom- bant dans l'œil peut amener à la longue des dou- leurs insupportables. On sait, en effet, expérimentalement que la sensa- lion de douleur dépend non seulement de l'inten- silé de la pression, mais aussi de la durée de la pression; il faut que cette durée dépasse certaines limites, dit von Frey, pour que la sensalion de la douleur alteigne son maximum. C'est là le fait connu du relard des sensations de douleur, qui vient confirmer l'opinion soutenue par Naunyn, Ch. Richet, Goldscheider et Sad, que la douleur est due à la sommation, à une addition latente d'excilations qui, élant isolées, seraient impuis- santes à provoquer la douleur. La théorie toxique de la douleur donne une explication salisfaisante de tous ces faits. Il y a une grande inertie dolorifique, par rapport aux autres sensations. Cette inertie serait due au temps néces- saire pour l'élaboration et l'acccumulation des sub- stances loxiques. D'ailleurs, la longue durée des perceptions lumineuses (200 millièmes de seconde au lieu de 150) n'avait aussi cessé d'intriguer les physiologistes, et cette longue durée est expliquée non par un retard d'origine centrale où siégeant dans le nerf optique, mais bien par l'inertie réli- nienne. Il faut un certain temps à l’excilant lumi- neux pour produire les modifications chimiques dans la réline nécessaires pour exciter les lermi- naisons du nerf optique. L'excitalion dolorifique, qui exige des changements bien plus profonds dans la constitution du nerf, nécessite un temps encore plus long. La douleur se caractérise aussi par sa persistance et par son irradialion. Quand on touche avec une fine pointe un point de pression, on a une sensa- tion seulement au premier moment; elle disparait bientôt, malgré la persistance de la pression. Pour un point de douleur, la sensation de douleur aug- mente peu à peu, alteint un maximum et puis diminue lentement: si on enlève la pointe, la sen- sation persiste encore pendant un certain temps. En pathologie, l'on sait que la douleur persiste souvent après que la cause provocatrice de ja douleur a été enlevée. Quant à l'irradiation, c'est le fait bien connu du manque de localisalion pré- cise ; la piqûre avec une pointe très fine s'irradie en élendue et en profondeur. La persistance de la douleur aussi bien que son 242 Mie I. JOTEYKO — UNE THÉORIE TOXIQUE DE LA DOULEUR irradialion s'expliquent par la présence et la dif- | stances algogènes) nous apparait non moins pro: fusion des substances algogènes. IT Il nous reste maintenant à exposer quelques arguments qu'on peul invoquer par analogie. On admet sans difficulté que la douleur très vive d'un phlegmon est due aux substances toxiques irritantes sécrétées par les microorganismes. L'in- flammalion d'une région quelconque de l'organisme (arthrites, ostéites, cystiles, méningiles), dit M. Ch. Richet, est due à la réaction des tissus contre les toxines sécrélées par les microbes. IL est done permis de parler de substances algo- gènes dans les inflammations. En généralisant, on comprendrait alors pourquoi des organes, presque insensibles à l’état normal, deviennent douloureux quand ils s'enflamment. La sensibilité dolorifique de ces organes, bien qu'étant obtuse à l'état normal, est terriblement exallée par l'action com- binée des toxines microbiennes el des toxines pro- duiles par la compression des nerfs lors de l'inflam- mation. D'autre part, nous savons combien douloureuse est l'injection sous-cutanée des différents poisons; la douleur est quelquefois intolérable (mercure, sels métalliques en général, sel marin concentré). Et, dans le même ordre d'idées, citons le pouvoir dolorigène des venins animaux, destinés à la lutte pour l'existence, à la défense et à l'allaque, à paralyser l'adversaire grâce à la douleur atroce que provoque la piqûre ou la morsure. Dans certains cas particuliers, le système nerveux central lui-même peut devenir douloureux : ainsi par exemple, dans l'anémie expérimentale du cerveau. Ici encore on peut invoquer l'action des toxines, qui se forment en abondance durant la vie partiellement anaérobie des lissus. La toxicité du sang asphyxique a été expérimentalement démontrée. Or, aucune partie du système nerveux central n’est jamais sensible au toucher. Les nerfs du toucher ne seraient pas sensibles aux poisons. Ces expériences permettent d'établir une démarca- tion quasi irréductible entre le sens du toucher el le sens de la douleur. [Il semble donc qu'il soit permis de généraliser, en disant que non seulement la douleur patholo- gique, la douleur par injection des poisons ou des venins et la douleur d'origine centrale, mais aussi la douleur traumalique, c'est-à-dire produite par piqûre, déchirure, compression, tiraillement, frois- sement, arrachement, contusion, ete., est elle aussi due à un phénomène loxique, qui serait à la base de toute sensation de douleur, de quelque nature qu'elle soit. La théorie toxique de la douleur (sub- (vision, olfaction, gustlation, etc.). Il nous reste à ; bante que la théorie toxique de la fatigue (sub stances ponogènes). Et, en parlant des douleurs pathologiques, il nes faut pas perdre de vue la fréquence des migraines et d'autres manifestalions douloureuses dans les maladies par ralentissement de la nutrition (arthris. lisme, diabète, etc.,) et dans les inféctions maladies virulentes (syphilis, impaludisme). Ces manifeslations morbides, y compris l’anémie, sont en effet dues à l'intoxication, soit interne, soit externe. Nous croyons ainsi avoir expliqué le mécanisme intime de la naissance des sensalions dolorifiques lors de l’excitalion mécanique des tissus, lors de leur excitation microbienne, el aussi lors de l’exci tation des organes de la sensibilité dite spéciale parler des brülures. Les brülures constituent une source importante des douleurs traumatiques. Pa quel mécanisme peut-on expliquer la douleur the mique? Pour répondre à cette question, il faut rappele les diverses théories qu'on a mises en avant pou expliquer la mort par brûlure locale. Les opinions se partagent entre le système nerveux, le sang el l'intoxication. Sous son ancienne forme, la théorie de l'inloxication attribue l'origine des acciden mortels à la suppression des fonctions de la surface ques. Mais on a objecté que le mécanisme de mort par vernissage de la peau n’est pas le même que celui des brûlures. Sous sa nouvelle forme, cette théorie semble $ préler mieux que loute autre aux principes de ki pathologie générale. Le poison qui provoque mort des individus brûlés n'est pas un poisot normal relenu par l'organisme, mais une substanci nouvelle qui se forme sous l'influence de la brülum par suite de la destruction des tissus. Reiss à x que la loxicilé des urines des individus brûlés es considérablement augmentée et que les animau injectés avec cette urine succombent rapidement avec les symptômes caractéristiques des brülurés très étendues. Ces substances appartiendraient t groupe pyridique. Finalement, Kianicine, en an@, lysant le sang et les organes des animaux brûlés, pu en extraire, par le procédé de Brieger, une plos maïne, qui offre l'aspect d'une substance amorpli jaunätre, d'une odeur acre et désagréable, facile ment soluble dans l'eau et dans l'alcool, insoluble dans l'éther, et qui se rapproche, par ses propriétés chimiques, de la peptotoxine isolée par Brieger da les liquides de la digestion gastrique. Cette s stance, injectée aux animaux, porte surtout action sur le cerveau et le bulbe; elle donne lieu r ne somnolence et à une torpeur marquées et pro- _voque le ralentissement de la respiralion et du cœur en arrêlant cel organe en diastole. Ce poison > se trouve pas dans le sang ni dans les organes ès individus normaux. IL n'est pas un produit de linfection septique des lissus mortifiés. « Mortelles ou non, les toxines produiles par les brûlures locales de la peau déterminent l'excitation hécessaire pour agir sur les nerfs dolorifères. Ainsi s'explique la douleur thermique. Dans les brûlures, la destruction des tissus peut è plus ou moins profonde et plus ou moins dlendue; mais, pour qu'il y ait douleur, il faut que s nerfs dolorifiques ne soient pas détruits. En labsence des nerfs, la douleur ne pourrait être trque. Il est impossible de dire à l'heure actuelle les substances algogènes sont dues à la décom- position chimique des lerminaisons nerveuses ou bien à la destruction d'autres tissus. Cette dernière Supposilion ne parait pas impossible. Bien des fonelions sont assurées dans la nature grâce à la destruction de certains éléments anatomiques. L'opinion de Tschitch, à savoir que la douleur Serait le résultat de la mortification des lissus, uverait ici une confirmation. 3 III + ; C'est ainsi que les particularités les plus caracté- ristiques de la sensation douleur se trouvent expliquées. La théorie loxique de la douleur ne eut prétendre à l'heure actuelle à donner l'expli- ation de toutes les analgésies, des phénomènes de ansfert, de la suppression des douleurs violentes Sous l'influence du sommeil hypnotique ou sim- plement de la suggestion à l'état de veille. À cet et, il serait nécessaire de connaitre le mécanisme les élals morbides qui servent de base à ces mani- féstations. Mais il est permis de supposer que, dans es cas, ou bien la formation des substances algo- Ênes se produit comme à l'état normal et seule la Perception de la douleur est absente : ou bien, Sous l'influence de l'anesthésie générale, de la sug- eslion, elc., il y a diminution des échanges orga- niques et conséculivement non-formalion des sub- lances algogènes. Cette dernière supposilion est très séduisante. Elle expliquerait pourquoi, dans M'e I. JOTEYKO — UNE THÉORIE TOXIQUE DE LA DOULEUR 243 le sommeil anesthésique aussi bien que dans le sommeil hypnotique, la sensibilité à la douleur dis- parait la première et est la dernière à revenir. Comme la production des substances algogènes demande une transformation de la matière poussée assez loin, on comprendrait pourquoi, sous l'in- fluence de l'anesthésie générale qui diminue l'inten- silé des échanges de moitié, si ce n’est davantage, la suppression de la sensibilité dolorifique est si précoce. Elle serait due à l'insuffisance des trans- formations chimiques, qui s’arrêteraient à mi- chemin et seraient impuissantes à donner nais- sance aux substances algogènes. Dans les mêmes conditions, l'excitation des autres organes sen- soriels, œil, oreille, etc., produirait encore son plein effet. On comprendrait aussi pourquoi, dans l'anesthésie locale produite par le froid, elc., c’est aussi la sensibilité à la douleur qui est la première à disparaitre : le froid paralyse les transformations chimiques et cette paralysie est funeste avant tout pour les nerfs de la douleur, dont l’excitant naturel est de nature toxique. Cette explication ressemble à celle qu'avait formulée M. Ch. Richet en disant que la douleur est due à une vibration forte du système nerveux el que le chloroforme diminue l'amplitude de la vibration. Nousremplacons cette donnée par la notion de substances toxiques, notion qui permet de donner une explication satisfaisante des phéno- mènes les plus essentiels de la douleur, et nous dirons que l'action analgésiante du chloroforme et d'autres substances pourrait être due à l'inhibition des échanges sous l'influence de ces poisons du système nerveux, et consécutivement à la non-pro- duction de l'excitant périphérique de la douleur au moment de l'excilation des nerfs. La théorie que nous venons d'esquisser se prête à des vérifications. Quelles sont ces substances algogènes? Elles sont difficiles à mettre en évidence, car la douleur s'accompagne toujours de contrac- tions musculaires. Mais il y a des moyens détournés pour étudier ces substances. Cette théorie aura donc le bon côté de susciter des expériences. M'° I. Joteyko, Présidente du 1‘ Congrès belge * de Neurologie et de Psychiatrie, Chef des travaux au Laboratoire de Psycho-physiologie de l'Université de Bruxelles. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES 1° Sciences mathématiques Duhem (P.), Correspondant de l'Institut de France, Professeur à la Faculté des Sciences de Bordeaux. — Les Sources des théories physiques : les ori- gines de la Statique. T. I. — 1 vol. in-8° de 360 pages avec 93 figures.(Prix : 10 fr.) A. Hermann, éditeur. Paris, 1905. Depuis plus d'un quart de siècle, les postulats de la Mécanique sont pris à partie par une critique sévère, impitoyable de logique, qui a trouvé récemment en M. Poincaré son interprète le plus autorisé et le plus rigoureux. Incohérences, contradictions, cercles vicieux, réels ou apparents, rien n'a échappé à la pénétration des philosophes. Un certain désarroi à suivi, chez les nombreux esprits, attachés à la croyance carlésienne qu'un phénomène est expliqué quand on en à obtenu une image, une interprétation mécanique. Le problème de la « valeur de la science » s'est trouvé posé, ressuscilant la vieille querelle du réalisme et du nominalisme. Devant des difficultés logiques incontestables, d'excel- lents esprits estimèrent que l'étude historique de la formation de la tradition en Mécanique jetterait quel- que lumière sur cetimportant débat, et, tout au moins, fournirait une exposition didactique très souple ; cette opinion, qui fut celle de Kirchhoff, a été soutenue à plusieurs reprises par M. Picard, notamment à l'occa- sion de la traduction belge récente d'un livre déjà ancien, consacré par E. Mach aux « Principes de la Mécanique », ouvrage qui vulgarise, en vue de l’ensei- gnement, de précieuses indications sur le développe- ment des principes, sans prétendre à être une histoire complète de la Mécanique. Le Manuel de Mach permet de prendre contact avec les fondateurs dont les œuvres sont d'une lecture malaisée; mais l'auteur comprend l'histoire trop subjectivement ;ses citations sont souvent sans références et le choix n'en est pas toujours décisif. Bref, le lecteur garde l'impression que l'étude des sources des théories mécaniques est encore à faire. Cette étude, M. Duhem semble promettre de sy consa- crer, et le premier volume que le savant professeur de l'Université de Bordeaux vient de publier sur les Origines de la Statique montre qu'il s’agit là d'une entreprise considérable d'érudition et de critique, pleine de révélations inattendues, surprenant l'auteur lui-même et l’'amenant à formuler, à la fin de sa Pré- face, cette conclusion générale sur l'évolution scienti- fique : « La science mécanique et physique dont s'énor- gueillissent à bon droit les temps modernes découle, par une suite ininterrompue de perfectionnements à peine sensibles, des doctrines professées au sein des écoles du Moyen-Age ; les prétendues révolutions intel- lectuelles n'ont été, le plus souvent, que des évolutions lentes et longuement préparées; les soi-disant renais- | sances que des réactions fréquemment injustes et | stériles; le respect de la tradition est une condition essentielle du progrès scientifique. » La période qu'embrasse ce premier tome va de l'Antiquité à 1650, d’Aristote à Descartes. L'histoire en est répartie dans quatorze chapitres; la partie classique, résumé des idées fécondes introduites dans la Science par Aristote, Archimède, Léonard de Vinci, Galilée, Stevin, Roberval et Descartes, forme les chapitres 1 à IV, x1 à XIV; les six chapitres intermédiaires sont con- sacrés à raconter le développement insoupconné des doctrines de l'Antiquité par le Moyen-Age occidental, l'influence de ce Moyen-Age sur Léonard de Vinci, de ET INDEX Léonard sur les savants de la Renaissance, marquan ainsi la continuité de l'effort et la progressive éclosiot des idées dans la suite des temps; ces six chapitre apportent une contribution absolument originale € singulièrement importante à l'histoire de la Mécanique Un double caractère frappe dès l'abord le lecteu l'abondance des citations et la multiplicité des réfé rences. On est heureux de trouver des extraits copiew des textes anciens, souvent transcrits dans la lan d'origine, ce qui permet de constater la précision € l'élégance des traductions données par M. Duhem toujours accompagnés de l'indication détaillée de source, ce qui facilite l'étude de certains contextes si par hasard le commentaire et l'interprétation de l'auteu n'entrainaient pas une adhésion complète à son opt nion. | Je serai bref sur les chapitres où l'historien ne f que perfectionner les connaissances classiques: il fau dire cependant comme il recherche chez les fondateu « l'idée de derrière la tête », comme il précise leu méthode, intuition féconde chez Aristote, logiq impeccable chez Archimède, par exemple, comme enfi il décèle habilement dans leurs œuvres les germes de idées modernes. Je veux plutôt insister sur la partie toute neuve d livre : l'histoire de la Statique du Moyen-Age et de se sources alexandrines. Une analyse très détaillée de écrits attribués à Euclide, du « Liber Charastonis publié etcommenté par l'illustre géomètre arabe Thah ibn Kurrah {ix° siècle), de lanonyme traité « D Canonio », conduit jusqu'au seuil du Moyen-Age. théorie du levier droit, de la balance romaine, avaien jusqu'alors été presque l'unique objet des méditation des chercheurs, quand, au xm° siècle, on voit app raître la notion d'un postulat très général, sur leque Descartes proposera de fonder toute la Statique, savoir qu'il faut même puissance pour élever un cek tain poids à une certaine hauteur que pour élever poids K fois plus fort à une hauteur K fois moindre Jean Bernouilli, on le sait, a tiré de ce postulat W principe des vitesses virtuelles sous la forme aujour d'hui employée. Tandis qu'Aristote, Thabit ibn Kurral prenaient comme point de départ l'axiome, plus tar abandonné, de la proportionalité de la force à la vite Jordan de Nemore et son école rattachent l'équilibe du levier à l'égalité entre le travail moteur et le traväl résistant. Jordanus Nemorarius à vécu au début du x sièe et son Tractatus de Ponderibus paraît avoir été source des nombreux ouvrages toujours publiés sot le nom de Jordan du xm° au xvi° siècle. Tous À manuscrits et imprimés attribués à Jordan et qui & trouvent soit à la Bibliothèque Nationale, soit à Bibliothèque Mazarine, M. Duhem les a dépouillés analysés, dégageant le Traité primitif de Jordan découvrant dans les productions de l'Ecole de maître un traité du x siècle où le postulat pm cédent est utilisé pour trouver élégamment la d'équilibre d'un levier de forme quelconque et justifi la notion de moment, pour résoudre aussi le problèn de la pesanteur apparente d'un corps placé sur un p incliné par la méthode mème que préconise Descartes. Les documents, inconnus où méconnus, qu'on vie d'énumérer, font mieux comprendre les manuseritsu facon, que « la végétation touflue d'idées neuves Léonard a trouvé ses semences dans cette Statique Moyen-Age » ; il montre ce grand génie usant fréquem ent du postulat de Jordan, l'appliquant à la méca- ique industrielle, à Ja démonstration de l'impossibilité u mouvement perpétuel ; il met surtout en évidence découverte par Léonard de Vinci de la loi de compo- tion des forces concourantes, très exactement tirée es lois d'équilibre du levier. On sait combien malheureux fut le sort des manus- its de Léonard de Vinci: il n'en est pas résulté qu'ils aient point eu d'influence sur les contemporains. L. Duhem marque comme Tartaglia, comme Cardan ssédaient et mettaient en œuvre les principes de rdan, vulgarisaient les vues du peintre-géomètre ; il trouve Léonard dans le traité De Subtilitate de ardan (1551). e réaction se produisit contre l'Ecole de Jordan, Guido Ubaldo et Benedetti, qui s’ingénièrent à ne erver de l'œuvre de Léonard de Vinci que les idées usses et à étouffer toute pensée féconde. ; ous les résullats déjà acquis durent être découverts nouveau; c'est ce à quoi s'employèrent successive- ent Galilée, Stevin, Roberval et Descartes; leur œuvre insidérable est décrite dans les quatre derniers cha- itres du livre par M. Duhem, heureux de retrouver au 1 siècle le postulat de Jordan transmis, par le traité à Cardan, à Salomon de Caux, par les originaux à erre Hérigone, employé par Roberval, érigé enfin en iome fondamental de la Statique par Descartes. “Voilà pour la matière de ce curieux ouvrage. Quant à forme, si l'on passe un léger défaut d'unité dans la omposition justilié par la préface, il n’en faut rien re : ce serait superflu auprès des lecteurs de la Revue mérale des Sciences, car ils ont gardé le souvenir s articles que M. Duhem a consacrés ici à l'Evolution le la Mécanique; ce style d’une lumineuse clarté, for- ment imagé, celte dialectique qui sait éviter la con- sion fatigante, cette élégance d'exposition des doc- nes les plus abstruses, ces qualités pédagogiques ht prisées par la jeunesse studieuse dans les œuvres didactiques si nombreuses et si variées de l’'éminent Professeur, tout cela se retrouve dans le présent blume. N'est-ce pas une chose rare qu'un livre d’éru- tion qui, d'un bout à l'autre, vous tient sous le arme et qu'on ferme, tout au regret d'avoir à en endre la suite ? A. BOULANGER, Professeur-adjoint de Mécanique à la Faculté des Sciences de Lille. 2° Sciences physiques «Chwolson (0. D.), Professeur à l'Université impé- …riale de Saint-Pétershourg. — Traité de Physique, traduit sur les éditions russe et allemande par . Ed. Davaux, ingénieur de la marine. Edition revue et augmentée par l'auteur, suivie de notes sur la Physique théorique par MM. E. Cosserat, Pro- fesseur à l'Université de Toulouse, et F. CossErar, Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées. — Tome 1. Premier fascicule : Introduction. Mécanique, Mé- -thodes et instruments de mesure. { vo/. in-8e de 407 pages avec 219 figures. (Prix : 16 fr.) — home 11, Premier fascicule : Emission et absorp- tion de l'énergie rayonnante. Vitesse de propa- gation. Réflexion et réfraction. 1 vol. i1n-8° de 202 pages avec 105 fig. (Prix : 6 fr.) Librairie seienti- dique A. Hermann. Paris, 1905. Voici une œuvre considérable et dont il suffit d'avoir ouru les deux fascieules parus pour lui prédire en ace le succès qu'elle a obtenu en Russie et en Alle- plan de l'ouvrage est très notablement différent de ceux qui ont été généralement adoptés jusqu'ici en ce pour l'étude de la Physique générale propre- ment dite ; il en diffère surtout à deux points de vue : tout d'abord, pour le mode d'exposition des idées ou dés méthodes générales; c'est ainsi que dans une itroduction remarquable se trouvent exposées et BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 245 discutées, avec une ampleur et des développements qu'on ne rencontre généralement pas dans les traités de Physique, les questions relatives à l'étude de la Physique en général et aux rapports existant entre ses différentes parties, aux définitions et caractères des diverses grandeurs physiques, à l'établissement des lois, à leur valeur, aux rapports qu'elles ont entre elles, aux divers états de la matière, aux propriétés générales des corps, etc. Il en est de même de la facon dont sont présentées à la suite de principes indispensables de Mécanique les considérations géné- rales sur les diverses formes de l'énergie, leurs trans- formations, leurs rapports avec les divers phénomènes physiques, le principe de la conservation. Isolément, toutes ces considérations sont familières aux physi- ciens, le mérite de l’auteur est de les avoir groupées en un ensemble fort instruelif et d’une lecture inté- ressante. Un second point qui caractérise tout particulière- ment l'ouvrage est le groupement des théories géné- rales, dont les principes fondamentaux et les formules peuvent ètre appliqués à l'étude de phénomènes variés ; ainsi deux chapitres importants sont consacrés à l'étude de la composition des vibrations harmoniques, à ia propagation des vibrations longitudinales et trans- versales, aux ondes stationnaires, au principe d'Huyghens, à la diffraction, à la réflexion et la réfraction des ondes, au principe de Düppler. Ces questions, traitées avec beaucoup de détails et une grande clarté, forment donc une excellente intro- duction à l'étude de l'Optique et de l'Acoustique. On pourra s'étonner de rencontrer par exemple les courbes de Lissajous et les principes de la diffraction dans un chapitre où le mot de son ou d'acoustique n'est pas plus prononcé que celui de lumière ou d’op- tique, et, à la vérité, si la généralisation pour ainsi dire anticipée, dans un traité de Physique, d'idées fondamentales, présente des avantages incontestables, poussée à l'excès, elle pourrait présenter aussi quel- ques inconvénients, ne füt-ce que celui de donner l'illusion d'analogies par trop profondes entre des phé- nomènes d'essence fort différents malgré l'identité de formules algébriques pouvant représenter leurs carac- tères communs. Le mème fascicule contient encore l'étude de la gra- vitation, la théorie du potentiel, l'étude des systèmes d'unités, et un dernier chapitre est consacré aux généralités relatives à l'exécution de mesures, à la méthode des moindres carrés, à l'usage des instruments généraux de mesures. Enfin, deux notices importantes ont été ajoutées au texte primilif : l'une, très remarquable, de MM. E. Cos- serat et F. Cosserat, est relative à la dynamique du point et du corps invariable ; l’autre, également fort intéres- sante, de M. Davaux, traite de la théorie des intégrateurs. Le premier fascicule du tome IL traite de l'Energie rayonnante ; il est concu sur le mème plan et avec le mème esprit de généralisation. Dans une introduction très documentée, l’auteur traite des propriétés géné- rales de l’éther, puis de la production et des propriétés générales de l'Energie rayonnante sous ses différentes formes. Il donne ensuite un exposé très complet des recherches entreprises relativement à la transforma- tion de l'énergie calorifique en énergie rayonnante et inversement. Le reste du fascicule est consacré à la vitesse de propagation, à la réflexion et la réfraction de l'énergie rayonnante. Ajoutons que la bibliographie qui accompagne chaque sujet est aussi complète qu'on peut le souhaiter. En résumé, le traité de Physique de M. Chwolson, à en juger par les fascicules parus, sera à la fois un livre précieux d'informations par la quantité et le choix des matériaux, et un livre d'étude d'une incon- testable valeur par les idées d'ensemble, la méthode et la clarté de l'exposition. E. AMAGAT, Membre de l'Institut Chabrié {C.), Chargé de cours à la Faculté des Sciences de l'Université de Paris. — Traité de Chimie appliquée ({. /). — 4 vol. in-8° de 8T6 pages. (Prix 22 fr.) Masson et Cie, éditeurs. Paris, 4905. M. Chabrié, qui professe à l'Université de Paris le cours de Chimie appliquée, vient de faire paraitre le premier volume d'un traité sur cette matière, plus spé- cialement destiné aux étudiants qui se préparent aux carrières de l'industrie chimique. L'ouvrage débute par une introduction très intéres- sante et très suggestive, où l’auteur, — bien connu par la part active qu'il a prise à la fondation et à l’organi- sation de Finstitut de Chimie appliquée de l'Université de Paris, — expose sa façon de concevoir l'enseigne- ment dé cette science, Bien qu'il se place plus parti- culièrement au point de vue des étudiants francais et des besoins de l'industrie francaise, les considérations générales qu'il développe seront certainement accueillies avec faveur dans tous les milieux où l’on se préoccupe de l'enseignement de la Chimie appliquée; nous trou- vons en particulier très heureuse l’innovation consis- tant à donner d'emblée au lecteur une vue très nette de l’organisation de cet enseignement dans les pays de langue francaise, auxquels s'adresse naturellement le traité de Chimie appliquée. Le premier chapitre, qui traite de l'intérêt des per- sonnes dans l’industrie, — soit de l’organisation des Sociétés industrielles, des brevets d'invention, des moyens d'assurer la sécurité des travailleurs dans les fabriques de produits chimiques, — constitue aussi une innovation des plus heureuses; le jeune chimiste doit être orienté, dès le début de ses études, sur les conditions pratiques de la carrière à laquelle il se destine. Le chapitre suivant est également consacré à des considérations générales fort utiles et qui simplifient beaucoup la suite de l'ouvrage; il traite, en effet, des notions fondamentales sur le matériel général employé dans les industries chimiques. 1 Viennent ensuite les principaux chapitres du tome I qui concernent : le chauffage industriel, l’'épuration des eaux, la grande industrie chimique, la métallurgie, les chaux, mortiers et ciments, les combustibles, les composés ammoniacaux, les industries fondées sur la saponification des corps gras, et l'industrie sucrière. Nous ne pouvons évidemment entrer ici dans l’ana- lyse de ces divers chapitres; nous nous bornerons à noter qu'ils nous ont paru fort bien conçus; ils dé- butent en général par quelques considérations de chi- mie pure relatives à l’industrie considérée, suivies de renseignements historiques et statistiques, et se ter- minent par l'étude détaillée des procédés proprement dits. Cette étude, conçue avec raison, pour un ouvrage de ce genre, au point de vue du chimiste plutôt qu'à celui de l'ingénieur, est toujours écrite avec clarté et précision; l'auteur a su faire un choix particulière- ment judicieux entre les méthodes anciennes, — tou- jours instructives en ce sens qu'elles représentent une source d'expériences indispensables à connaître pour les applications dans d'autres domaines, — et les pro- cédés les plus modernes, qui éveillent et excitent l'esprit de recherche et d'initiative, Tous les chapitres qui intéressent plus spécialement l'industrie française ont été très largement traités ; ils contiennent un grand nombre de renseignements inédits, et parmi ceux-ci des dessins et plans absolument nouveaux que les specialistes apprécieront très vivement. Ces quelques indications suffiront pour faire com- prendre dans quel excellent esprit est rédigé le Traité de Chimie appliquée de M. Chabrié et quels services considérables il est appelé à rendre aux étudiants, aux spécialistes et aux membres du corps enseignant, qui attendront avec une vive impatience la publication du second volume. Pu. A. GUYE, Professeur de Chimie à l'Université de Genève, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 3° Sciences naturelles k LT 4 fat à zodoût 1908 || RS CO TER 1 ù RU Trois jours après celle rencontre, à l'heure où le pittoresque rocher de Gibraltar commençait à pa- raitre sur l'horizon, un Cachalot (Gg.5) se montra en avant du navire. Quand nous aperçümes le gigan- tesque Cétodonte, il était au repos à la surface, avec la partie dorsale de son corps saillante au- dessus des flots, semblable à un demi-cylindre noirätreet verlicalement tronqué en avant. L'animal ne resta pas longtemps dans cette position; dérangé par notre marche, il plongea quelques instants, mais pour émerger bientôt à l'arrière du navire. Alors, il se dirigea vers le nord à toute vitesse, soufflant par intervalles une haute coionne 2 5 QUE) # later des Ant: | A «rostre aplati, fort semblable à celui des Dauphins, et à leur taille qui pouvait alteindre 4 ou 5 mètres, ces habiles nageurs furent bien vite reconnus pour des Grampus (fg.4). Moins familiarisés que les Dau- phins, qui, sous la proue, luttent de vitesse avec le navire, nos visiteurs se tenaient à quelque dis- lance, et, comme ils ne venaient point à nous, le Prince résolut d'aller à eux. Une baleinière est mise à l'eau, avec sa caronade chargée et ses harpons reliés à un cordage; le Prince descend dans l'em- “barcation, et la chasse commence. Mais les Grampus Ùsont des animaux prudents; sans s'éloigner beau- coup de la baleinière, ils surent toujours se tenir “hors de portée, semblant narguer leur agresseur dont j'admirais le calme et dont j'enviais la pa- b tience. Cette partie dura plus d'une heure et, si elle _ ne fut pas fructueuse, elle nous renseigna du moins . Sur la sagacité des Grampus. Fig. 3. — Itinéraire de la « Princesse Alice » pendant la campagne de 1905. (Carte dressée par M. Tolmer.) 1, L Cid 2 Canaries | irdutapVert 2 é A is t sw 7 Dét.de Giéraltär vaporeuse de gouttelettes finement divisées. Le jet expiraloire est beaucoup plus élevé chez le Cachalot que chez les Grampus; il donne naissance à un bruit beaucoup plus net et il retombe oblique- ment sur l’un des côtés du corps, ce qui tient à la position très asymétrique de l'évent chez cet animal. De la sorte, jalonnant sa route, le Cétacé put être suivi assez loin, et nous en apercevions la piste quand son dos noirätre avait depuis longtemps cessé d'être apparent. Une troupe de trois Cachalots fut également ren- contrée par le yacht entre les Açores et le détroit, durant le trajet de relour. Au reste, ces animaux sont fréquents dans les parages des Acores, et les iles de l'archipel sont assidôment fréquentées par les baleiniers américains qui pourchassent le gigan- tesque Cétodonte. Chaque ile a ses guérites d'obser- valion, toujours situées sur de hautes falaises, d'où 266 E. BOUVIER — LES VERTÉBRÉS DE SURFACE l'on peut explorer le large; un Cachalot est-il apereu, les baleiniers partent en chasse et, le cas échéant, remorquent leur victime en un lieu de dépeçage approprié. Le port de Horta, dans l'ile Fayal, conserve depuis longtemps les faveurs des baleiniers, ce qui tient sans doule à sa position au centre de l'archipel. C'est dans une anse séparée du port par un monticule de laves que sont dis- posées les installations relatives à l'exploitation du cadavre (fig. 6); encore liquide, le spermaceti, ou blanc de baleine, est tiré des cavernes fibreuses qu'il occupe au-dessus du crâne, et, quant à l'huile, on l'obtient par fusion de l’épaisse couche de lard qui revêt le corps du Cétacé. Les dents qui garnissent les bords de l’étroite mächoire inférieure ontégalementune va- leur commerciale; on les vend comme cu- riosités à Horta, ou on les utilise pour l'ivoire dontellessont formées. Ces travaux de dépecage sont tou- jours pénibles, car la besogne est longue, et nulle odeur n'est plus répugnanle et plus tenace que celle du Cétacé en décom- position; l’anse de \ Fayal nous parut em- pestée ; et quelques semaines plus lard, dans l'ilot de Villa- franca, nous retrou- vâmes, atlénué, le même fumet désagréable, bien que le chantier de l'ilot n'eût pas reçu de travailleurs depuis des années! Au cours de la campagne dernière, on a capturé vingt Cachalots à Fayal, et quelques autres sans doute dans le reste de l'archipel ; mais l'industrie des huiles minérales et des huiles végélales semble avoir porté un coup funeste à celle qui nous occupe, et le nombre des balei- nières armées pour la pêche diminue chaque année dans les Acores, comme aussi, parait-il, dans les régions arctiques. Et dès lors, au lieu de disparaître à courte échéance comme on l’a tant de fois prédit, les grands Cétacés ont quelque chance Fig. 4. — Grampus griseus hissé à bord de la « Princesse-Alice ». (D'après un cliché de Son Altesse.) de se mulliplier comme jadis, ce qui ne se produira pas sans retentir, par contre-coup, sur la gent. maritime dont ils font leur nourriture. L'archipel des Acores est également très fré- quenté par l'Hyperoodon rostratus, Uélodonte moins volumineux que le Cachalot et qui s'avance « beaucoup plus loin vers le Nord, voire jusque dans la Manche, où fréquemment il vient s’'échouer. Nous eûmes l’occasion, à plusieurs reprises, de rencon- trer des individus de cette espèce, notamment, le 31 août, au nord de Graciosa, où cinq d’entre eux suivirent le yacht pendant des heures. Ils nous découvrirent de fort loin et s'élancèrent dans notre direction avec une rapidité extrême; de minute en minute, leur souffle vaporeux se rapprochait du navire, qui pourtant élait en marche et filait 7 ou. 8 nœuds à l'heure. Ils sont maintenant à l'arrière, dans le sillage, et si près de nous que le D' Richard peut très heureusement les photographier; on. distingue aisément leur protubérance céphalique, . fort accentuée chez les mâles, qui surplombe un rostre assez court. À certains moments, ils dispa- raissent et nous croyons que le curieux spectacle a pris fin; mais, après être restés sous l’eau une demi-heure, sans doute à la recherche de quelques proies, ils reviennent à la surface et, de nouveau, recommencent leur poursuite. On sait que les Hypéroodons sont des Cétodontes où l'armature buccale est réduite à une paire de dents, situées sur. la mâchoire inférieure; comme tous les grands Cétacés, ils donnent une ample provision d'huile qui, dans leur cas particulier, est riche en sper-" maceli. Un spectacle plus original encore nous fut offert, le 9 août, au point où nous apparurent, vers le sud, les premières touffes de Sargasses. Dans l’immensité, de l'Atlantique, depuis plusieurs jours absolument désert, nous eûmes la satisfaction de voir appa- raitre une troupe de Globicéphales (Globicephalus melas) (fig. 7), qui comprenait au minimum vingt individus. Celte escadrille d'un nouveau genre était développée en file sur plusieurs kilomètres de lon- gueur, suivant une ligne oblique par rapport à la direction du navire. Elle s'approcha du yacht et cessa de poursuivre sa marche quand les premiers furent à une centaine de mètres de l'avant. Alors la bande ennemie se livra au plaisir, comme pour fèter notre passage : cerlains individus faisaient la sieste, laissant apercevoir leur dos et leur nageoïire dorsale peu élevée; d'autres exéculaient des plon= geons bizarres et revenaient verticalement à la sur face, où émergeait leur région céphalique obtusé- ment tronquée; plusieurs même réussissaient à laisser sorlir, dans la même attilude, une grande partie de leur corps. Nous pouvions très bien entendre leur souffle expiratoire suivi du | CE :. BOUVIER — LES VERTÉBRÉS DE SURFACE d'inspiration; au loin, on apercevait encore le jet des plus atlardés. En pareille circonstance, une pêche eût été facile, car ces grands Cétodontes se laissent approcher de fort près, el, quand l'un d’eux est capturé, les autres s'offrent d'eux-mêmes sur les flancs du navire. Je liens ce dernier détail de mes compaguons de route qui, plusieurs fois, eurent l'occasion de l'observer, durant les précé- denles campagnes. Le même jour, à un mille du yacht, nous pûmes Fig. 5. Le Cachalot Physeter macrocephalus), apercevoir deux grands Mysticètes (des Balénop- lères sans doute), qui, malheureusement, n’eurent pas la curiosité de nos Globicéphales. Les Cétacés de ce groupe portent des fanons au lieu d'une armature dentaire; ils se distinguent, en outre, des Cétodonles parce qu'ils ont deux évents, et par suite un jet double, qui permet de les reconnaitre à dis- lance. Bien que ces animaux ne soient pas rares, nous n'eûmes pas la bonne fortune d'en rencontrer de nouveaux sur notre route. Tandis que les grands Cétacés peuvent s'aven- turer sur l'Océan aux points les plus éloignés des les Dauphins, lerres, qui sont de laille relative- 267 ment bien plus petite, semblent localisés près des hauts fonds ou au voisinage de la côte. Telle est, du moins, la distribution que présentèrent ces ani- maux au cours de la campagne du yacht; de bien plus loin que les phares, ils nous annonçaient tou- jours un banc ou une partie émergée. Durant la tra- versée de Marseille à Madère, nous rencontrâämes presque chaque jour une ou plusieurs troupes de ces animaux; mais ils disparurent bien vite après notre départ de celte ile, au cours du long crochet Cétodonte pouvant atteindre une longueur de 30 mètres. (Gravure extraite des Mammifères de Carl Vogt; cliché prété par la librairie Masson.) que nous fimes vers le sud-ouest, puis vers le nord, pour atteindre et explorer la mer des Sargasses. Il faut avoir parcouru ces solitudes infinies, délaissées par les navigateurs, pour se rendre compte du plaisir qu'on éprouve lorsque reviennent les Dau- phins. Le yacht avait quitté Madère depuis vingt-trois jours, quand ces messagers aquatiques apparurent ] de nouveau; nous étions alors à 400 kilomètres au sud de Pico, et à 250 kilomètres du banc de la Princesse Alice, c'est-à-dire dans les parages des Acores. A partir de ce point, nous recûmes leur visite à peu près chaque jour, sauf à mi chemin 268 E. BOUVIER — LES VERTÉBRÉS DE SURFACE entre Punta-Delgada et l'Espagne, durant une période où les vents du nord-est secouèrent assez violemment le navire. Quels gracieux nageurs que ces animaux, et combien sont variées leurs évolu- tions! Dans le canal qui sépare Pico de Saint- Georges et, quelques semaines plus tard, au voisi- nage de Majorque, ils se trouvèrent réunis en grand nombre et tout remplis d'ardeur comme pour nous donner le spectacle de leurs ébats : ils sautent hors de l’eau, s'infléchissent en arc, apparaissent verti- calement au-dessus de la surface, ou disparaissent et reviennent bientôt en se lutinant. Plus encore que les Globicéphales, ce sont les amis des navires, vers lesquels, de très loin, ils se dirigent à forts coups de na- geoire. Leur grand plaisir, qu'ils satis- font toujours, c'est d’entre- prendre une lutte de vi- tesse avec les bateaux. Au contraire des Requins vora- ces, qui se tiennent dans le sillage des navires pour s'yrepaitre de débriset d'im- mondices, ils | | | | | III * Il n'est pas difficile d'expliquer la distribution si différente des Dauphins et des grands Cétacés dans les mêmes régions. Suivant la règle intangible, ces animaux se tiennent aux lieux où ils trouvent leur nourriture. Mysticètes et grands Cétodontes peuvent s'aventurer dans les parages les plus lointains, parce qu'ils rencontrent partout l'aliment qui les sustente : partout, en effet, se développent les Crus= lacés et aulres organismes du plankton qui con-" viennent aux Mysticètes; partout les Céphalopodes, qui sont la proie du Cachalot, de l'Hypéroodon et | des autres grands Cétodontes. Mais le Dauphin se nourrit de À Poissons, et les Poissons n’abondent… que sur less bancs et au voisinage des. terres, et c'est" là que leurs» À adversaires viennent less pourchasser. … Danslespan | rages traver-| sés par les yacht, les Oi= seaux de mer Î présentent d peu près las se plaisent à l'avant et jus- qu'au-dessous de la proue. Avec un navire de recherches comme la Princesse Alice, le Cétodonte court quelques risques en se livrant à ces jeux : sur une sorte d'établi spéciale- ment installé sous le beaupré, voici que descend un matelot habile dans le maniement du harpon : une proie est choisie, bien visée et presque tou- jours alteinte en plein corps; un flot de sang rougit la mer. Et alors ce sont les compagnons du chas- seur qui s'emparent du càble fixé au harpon, et c'est le Dauphin palpitant qu'on amène sur le navire, où il fournira au laboratoire quelque organe intéressant et à la cuisine le copieux filet de ses muscles. Cette tragédie a toujours pour effet d'éloigner immédiatement la troupe des nageurs, même quand l’un des animaux n’a été que sim- plement touché. Si ce n’est pas de la solidarité, c'est au moins la preuve de l’activité psychique de ces animaux, qui sont à coup sûr fort intel- ligents. Fig. 6. — Le dépeçage d'un Cachalot à Saô Miquel. (D'après une carte postale de la librairie Travassos, à Saô Miguel.) même distri= | bulion que les. | Dauphins, eb | pour des mo- tifs analogues, car ce sont d'infaligables pêcheurs: Les Goéëlands, qui constituent la majeure partie de cette populalion aérienne, s'avancent même un peu moins au large : durant notre longue fugue dans là mer des Sargasses, ils nous quiltèrent avant les | Dauphins et réapparurent un jour après, le 21 août, à 200 ou 300 kilomètres du banc de la Princessà | Alice. De même, entre Sao Miguel des Acores et HL l'Espagne, nous fûmes quelques jours sans en aper- | cevoir. Par contre, ils formaient des colonies extra | ordinairement populeuses au voisinage des îles; n et à Punta-Delgada, en pleine rade, je les ai vus disputer le Maquereau à la ligue du pêcheur. | Les gracieux Pétrels, aux ailes noires barrées M de blanc, sont bien plus puissants dans leur volet w bien plus hardis dans leurs pérégrinations, Sem | blables aux Hirondelles, dont ils ont les ailes fines 4 et la taille, ils suivent très loin le navigateur, | effleurant l’eau de leur vol rasant, et capturant du, il E. BOUVIER — LES VERTÉBRÉS DE SURFACE 269 ————— bec les organismes de surface. Est-ce pour rebondir à la manière des Poissons volants, que ces rapides Palmipèdes touchent parfois le liquide du bout de l'aile? Nous les rensonträmes sur toute notre route, depuis Tanger jusqu'à Madère et depuis les Açores jusqu'au détroit de Gi- Exténuées de fatigue, les malheureuses égarées se reposaient fréquemment sur les cordages, sur les vergues ou au bord des chaloupes, puis elles tour- naient aulour du yacht sans jamais se livrer aux chasses rasantes qu'elles ont coutume de faire sur le continent. Elles refu- braltar. Pendant près d'une quinzaine, aucun d'eux n'apparut au voi- sinage du navire, mais vous étions fort loin de toute terre, au sud de la mer des Sargasses, ou dans les parties orientales de cette ré- gion. Là, notre solitude pe fut troublée que par lécole de Globicéphales dont j'ai fait mention plus haut, et par deux Oiseaux particulière- ment avenlureux : une sorte de grand Pétrel et un autre, non moins robuste, que les ma- rins appellent Paille en queue, à cause de l'al- longement de certaines pennes caudales. Nous avions quitté Madère le 31 juillet, et le grand Pétrel fut rencontré le 6 août, précédant le Paille en queue de quarante-huit heures; le yacht se trouvait alors au point ex- trème de sa croisière, par 30°4' lat. N. et 42°37 | sèrent toute nourriture et ne parurent pas s'ap- procher d’un vase rem- pli d'eau qu'on avait placé à leur intention sur le rouf d'avant. Après deux jours, nos pensionnaires disparu- rent; j'ignore si quel- ques-unes avaient re- pris leur indéfini voya- ge; en tout cas, l'une d'elles fut trouvée mor- Le, peu de temps après, derrière l’un des treuils du câble. Rapporté à terre et étudié depuis par M. Eugène Simon, le cadavre fut rapporté à l'Hirundo rustica var. erythrogaster, c’est-à- dire à une variélé amé- ricaine de notre Hirondelle commune. Par quelle tempête violente ces oiseaux furent-ils chassés si loin de leur pays d'origine ? et comment put s'ef- fectuer leur ravitaillement au cours d'un si long voyage? C'est un mystère. Ils ne parurent pas se Fig. 7. — Ln Globicéphale hissé à bord du yacht. (D'après une photographie de M. le Dr Richard.) Fig. 8. Fig. 9. Big 8 — La Daurade (Coryphæna hippurus), jeune mâle. — Les grands mäles de cette espèce mesurent jusqu'à 2 mèlres. D'après Goode and Bean, Oceanic Ichthyology, avec la permission de M. Alexandre Agassiz. Fig. 9. — Variation, avec l'âge, de la tête de la Daurade. (D'après Goode and Bean. long. O., à l'endroit où nous vimes flotter les pre- mières touffes d'Algues. Six jours plus tard, le 14 août, nous ne fûmes Pas médiocrement surpris de voir une Hirondelle voler autour du navire, et le lendemain quatre autres la rejoindre. Nous étions en pleine région des Sargasses el à 4.400 kilomètres de toute terre. soucier du petit Crabe des Sargasses, le Naultilo- grapsus minutus, que nos récoltes apportaient chaque jour en assez grand nombre sur le pont du navire. En réalité, les malheureuses souffraient d'une profonde disetle, et dans le gésier de la dé- | funte on ne trouva rien, pas même un débris de ces Hémiplères océaniques, connus sous le nom 970 E. BOUVIER — LES VERTÉBRÉS DE SURFACE d'AHalobates, qui patinent sur l’eau à ia manière de nos Hvdromètres et qui auraient pu, semble- t-il, fournir quelque aliment aux voyageuses. Dans ces solitudes infinies, et sur des fonds qui dépassent fréquemment 3.000 mètres, la vie se réduit à son minimum, et ce minimum ne semble pas suffire à la voracité coutumière des Poissons. C’est en vain que l’œil sonde la nappe bleue pour y voir scintiller la tunique écailleuse de ces ani- maux, etc'est non moins vainement que Costeveec, posté dans une chaloupe, surveille ses lignes trai- nantes amoureusement préparées. Après une quinzaine de navigation, des provisions fraiches seraient les bienvenues à bord du navire, mais c'estuneressource mirer leurs leintes magnifiques et leur majes- tueuse allure ; ils venaient souvent près de la surface et alors offraient au pêcheur une proie assez facile. Un coup de foëne bien dirigé atteignit l'un d'eux au milieu du corps, et bientôt la vic- time frappée livrait ses soubresauls d'agonie sur le pont du navire. Quel poisson magnifique avec ses couleurs dorées très changeantes, et ses nombreuses taches du bleu marin le plus franc! Malgré sa taille assez grande (70 cm. de longueur environ), c'était un jeune qui alla enrichir les col- lections du laboratoire. Maïs il était dit que nous devions connaître plus complètement les qualités zoologiques et culinaires de cetle remarquable espèce. Le 2 sep- qui bien problématique, et parait si quelque épave ne se trouve pas sur notre roule, avec la flotlille de Poissons qu'elle abrite, nous ris- quons fort de res- ravitail- voici ter lement. sans La enfin, celle épave si longtemps dé- sirée c'est une longue et forte poutre flottant au milieu des trai- nées de Sargasses ; est mis un canol tembre, durant des opéralions ef- fecluéessur la côte occidentale de les Acores, une épave couverte d'Anati- fes- vint à passer du navire, donnant abri à quelques Daura- des plus volumi- neuses. Deux d’en- tre elles furent capturées, que uous primes d'a- Florès, dans près bord pour des re- présentants d'une espèce distincte de la première, à à Ja monté par le Prince ar- mé d’un foëne, et conduit par deux mer, rameurs. Hélas! nos espérances furent à peu près vaines : la poulre était dénudée, sans le revête- ment d'Anatifes normal, surtout sans accompa- gnement de gros Poissons; pourtant, elle abritait un certain nombre de Pagellus, qui fournirent à la table du bord une assez belle pièce. Quatre jours plus tard, le 16 août, sérieuse revanche nous fut sous la volumineuse bouée qui servait l'altache à fond, les matelots découvrirent quelques Jaurades fig. 8), vinrent tourner autour du baleau quand leur offerte : de point une nasse descendue sur le (Coryphæna hippurus qui s’enfuirent et abri fut ramené à bord. Pendant plusieurs heures, ces volumineux Poissons nous permirent d’ad- ! Plus près des terres, quelques Bonites (Thynnus pela- mys) furent ainsi capturées. La Bonite tient à la fois du Thon et du Maquereau ; elle a la forme du premier et dépasse le second par la taille. Fig. 10. — Le pesage d'une Tortue marine après Sa capture. (D'après une photographie de M. Tinayre). cause du grand développement de la têle, qui pro- longeait le dos en droite ligne et finissait brus- quement au-dessus de la bouche; mais il ne fut pas difficile de reconnaitre que ce remarquable développement céphalique est le résultat de l'âge (fig. 9). Cette fois, les deux victimes prirent le che- min de la chambre froide, et bientôt nous pûmes apprécier loule la délicatesse de ce rare Poisson, dont la chair est ferme et la saveur très fine. Mais nous étions alors près des iles, et j'ai hâte de revenir aux immensités lointaines où la faune surface semble si pauvrement ichthyolique de représentée. Les Ærocels, ou Poissons volants, sont les seuls représentants de celte faune qui exis- tent là en quelque abondance, bien plus nombreux toutefois à mesure qu'on se rapproche de Madère. Entlrela mer des Sargasses el cette ile,ces curieux montrérent en grande abondance, Poissons se rarement isolés, le plus souvent en troupes popu- VE 7 EN OR Er 4 A. KLING — LA VISCOSITÉ DANS SES RAPPORTS AVEC LA CONSTITUTION CHIMIQUE 274 euses semblables à celles que forment les Oiseaux. Avec leurs nageoires antérieures, qui atteignent les deux tiers de la longueur du corps et qui sont ilargies en ailes, ils parcourent d'assez longs tra- ets un peu au-dessus de la surface, parfois plu- sieurs centaines de mètres. Leur vol étant rapide, peuvent s'appuyer et rebondir sur l'eau à la manière des cailloux lancés à ricochets, ce qui rigent suivant une ligne droite ou arquée, rare- ent sinueuse, qui ne parait guère modifiable à eur gré; aussi n'est-il pas rare de les voir tomber le navire quand ce dernier, battu par un fort oulis, vient à s'incliner sur leur route. Une jeunes de ces animaux abondaient en certains joints dans la mer des Sargasses, où ils prenaient ès Leintes mimétiques les plus variées ; ils ont leurs sauts et leurs plongeons, dépistent allè- ement le pêcheur au haveneau; pourtant, nous pümes capturer plusieurs qui fournirent à . Tinayre le motif d’intéressantes et jolies aqua- elles. À mesure qu'on remonte vers le nord, les boissons volants deviennent plus rares : nous en mes de très grands aux Açores, entre Florès et drvo, de plus petits entre Saô Miguel et Gibraltar, un seulement dans la Méditerranée. Ces dernières régions, mais surtout les parages end plus longue la traversée aérienne. Ils se: ès Acores, fournissent au naluraliste l'occasion ; d'observer, dans son milieu naturel, la Tortue ma- rine ou Thalassochelys caretta (fig. 10). Cet animal peut s'éloigner à plusieurs centaines de kilomètres des côtes; étant retenu à la surface par les besoins de la respiration et ne possédant pas les vastes réservoirs sanguins des Cétacés, il ne saurait plonger longuement et se tient de préférence sur le flot, où sa large carapace peu saillante le désigne au filet du pêcheur. La capture est facile : une barque montée par deux hommes se dirige vers le Chélonien, qui tantôt se laisse cueillir immédiatement au have- neau, tantôt plonge pour revenir bientôt à la surface, où il subit le même sort. Le yacht captura deux de ces Tortues, l’une au delà de Saô Miguel, l’autre à 150 kilomètres en decà ; la première fut conservée vivante dans un bac, et se trouve main- tenant à l'aquarium de Monaco, où elle tient compagnie à une de ses congénères prise l'année précédente; l’autre vint enrichir la cuisine du bord, où son plastron cartilagineux fournit les éléments d'une soupe exquise. Celte Tortue peut atteindre un poids de 300 kilogs ; elle avale gloutonnement les morceaux de viande et les Méduses qu'on lui donne, voire le Nautilograpsus minutus ou Crabe des corps flottants, qui, parfois, délaisse les Sar- gasses et les épaves, pour le gîte et le couvert que lui offre la Tortue, dans la partie la plus reculée de son corps. , E.-L. Bouvier, Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle. Entre la constitution de la matière et ses pro- ilés, il existe des liens, longtemps méconnus et ue chaque jour les progrès de la Physico-Chimie ous révèlent plus nombreux. La connaissance de liens exerce une- influence considérable sur idée que nous nous faisons de la structure des olécules chimiques, et, par conséquent, l'étude toule constante physique de la matière, si ste que puisse paraitre cette constante, mérite dêtre faite. Parmi les résultats obtenus, à côté de ceux qui sont aujourd'hui classiques, il en est d'autres dont lésort est moins favorisé et qu'il serait utile de Soumettre à un nouvel examen. C'est le cas, en particulier, de la viscosité des liquides, dont les rapports avec la constitution chimique sont encore mal connus et qui, néanmoins, dans le cas où LA VISCOSITÉ DANS SES RAPPORTS AVEC LA CONSTITUTION CHIMIQUE d’autres constantes restaient muettes, a pu fournir des indications utiles. C'est là ce qui m'a engagé à rassembler en cet article les principaux travaux qui ont été publiés sur la viscosité et à examiner les services qu'elle pourra rendre à la Physico-Chimie. I. — VISCOSITÉ DES LIQUIDES. — COEFFICIENT DE VISCOSITÉ. Par définition, les molécules d’un liquide seraient indépendantes les unes des autres. En réalilé, cette indépendance absolue n'est qu'une conceplion idéale, et nous constatons que les divers liquides possèdent des mobilités très diverses, ce qu'on exprime en disant qu'ils ont des /uidilés ou des viscosilés différentes. Cette solidarité variable 272 A. KLING — LA VISCOSITÉ DANS SES RAPPORTS AVEC LA CONSTITUTION CHIMIQUE entre les molécules des divers liquides résulte d'une attraction plus ou moins grande qui s'exerce entre elles el qui peut s'exprimer en fonction de la résistance de frottement à vaincre pour les faire glisser les unes sur les autres. Aussi nomme-t-on indistinctement coefficient de viscosité ou de frot- tement interne le nombre résultant de la détermi- | nation de cette résistance. Divers procédés ont été proposés pour mesurer le coefficient : le plus employé consiste à faire cir- culer le liquide à expérimenter à travers un tube capillaire et à déterminer la diminution de vitesse subie par le filet liquide. Celui-ci est, en effet, sou- mis à l'action de deux forces antagonistes: la pre- mière, soit F, due au poids de la colonne liquide et à la pression qui s'exerce à sa surface supérieure ; la seconde constituée par la résultante des résistances de frottement. Ces dernières trouvent leur explica- tion dans l'hypothèse suivante : Si, par la pensée, on subdivise le filet liquide en un certain nombre de cylindres concentriques s’emboitant à la façon des tubes d’une lorgnetle, ceux-ci vont glisser et frotter les uns sur les autres. Par suite de l'inéga- lité des surfaces frottantes, les vitesses avec les- quelles ils se déplacent iront en croissant de la périphérie, où l’on considère que la vitesse est | nulle, au centre, où elle est maxima. L'intégra- tion de loutes ces résistances élémentaires fournit la résistance des forces de frottement, soit p. La force F a pour effet d'accélérer le mouvement du filet liquide; la composante £ /e retarde. Si le tube est suffisamment étroit, il s'établit une compensation entre les effets de ces forces antago- nistes, et l'écoulement s'effectue avec une vilesse uniforme. Dans les tubes de diamètres relativement forts, la résultante de frottement est exprimée en fonc- tion de la vitesse et de son carré par la formule suivante, due à Coulomb : F— (AV + BV!). Dans les tubes suffisamment étroits, elle dépend seulement de la première puissance de la vitesse : F—œ{(AV), et l'on dit alors que l'écoulement est linéaire. Gi- rard ‘, puis Poiseuille ?, à qui l’on doit les pre- mières expériences précises sur la circulation des liquides dans des capillaires, ont montré que RATE 1 | l'écoulement est linéaire lorsque le rapport de la longueur du tube à son rayon est supérieur à une 1 Ginaro : Mém. Institut, 1813-1816. 2 PorsEuILLE : Mém. Sav. Etrang., t. IX. ‘pendant dela /empéralure etde la nature du liquide: | portionnelle à la vitesse, le débitest représenté par | deux la valeur du débit, mais exprimée à l'aide | mule : certaine limite x. Dans ce cas, le débit est fourni par l'expression : | (1) dans laquelle Q est le débit en milligrammes par à seconde, H la hauteur en millimètres deliquide pro= duisant la charge, L et D la longueur et le diamètre du capillaire en millimètres, K un coefficient dé Cette expression ne nous permet pas d'obteni directement la valeur du coefficient de frottement interne 1 d'un liquide. Pour le déterminer, il faut nous adresser à une formule résultant du dévelop pement des théories mathématiques de Navier, Mathieu, etc. D'après ces auteurs, lorsqu'on produit l'écoule ment d'un liquide dans un capillaire infiniment long et étroit, avec une différence de charge cons tante entre deux sections droites, de telle sorte quà la perte de charge par unité de longueur soit pro _#R'C ErrcE (H) q étant le débit ou volume écoulé durant une se conde, C la charge en dynes par centimètre carré R et / le rayon et la longueur du capillaire en cen timètres, n le coefficient de viscosité ou de frotte ment interne. Les équations I et II nous fournissent toutes d'unités différentes ; si nous les transcrivons dans le même système d’unités et que nous égalions les valeurs des débits devenus identiques, il vient K _ xp e 1.280» d'où : LEP 11.280 XK’ 2 étant la densité du liquide, g l'accélération de le pesanteur, K un coefficient dit de dépense dépen dant de l'appareil employé et qui nous est fourn par les expériences et la formule de Poiseuille. Pour un même liquide, les valeurs du coefficien n — où, par conséquent, du coefficient K qui lui esb proportionnel — sont très variables, suivant les” températures auxquelles on opère. C'est ainsi ques lorsqu'on détermine le débil d'écoulement de l'eat à travers un capillaire, on constate qu'il est à / cient x sont assez fidèlement exprimées par la fors\ ec === { 1+bt}" dans laquelle e, b et n sont des constantes. Quant à la nature des parois du tube au travers duquel se fait l'écoulement, il semble, d'après les expériences de Poiseuille et de W. Hetham, qu'elle soit sans importance sur la vitesse d'écou- ement, par conséquent sur l'épaisseur de la couche iquide immobile, pourvu que la paroi du tube soit polie. Il ne semble même pas que la constante ca- billaire intervienne dans le phénomène d'adhérence de la couche liquide, puisque les lois d'écoulement sont les mêmes pour les liquides mouillant la paroi = | à" D TN NS = EE — A 1 M 1 : a ] a "| b PE ] la ag lc, Fig. 2. &. 4. — Appareil de MM. Varenne et Godefroy. — A, réser- voir; Bet B', bouchons de caoutchouc: C, capillaire ; a et b, pères gravés sur le réservoir ; DE, tube de rentrée d'air. ge 2 — Appareil modifié par l'auteur. — A, réservoir por- ant deux étranglements à ses extrémités; sur les étran- Alémeri sur la partie supérieure du réservoir A: B, bou- on de caoutchouc traversé par le tube de rentrée d'air DE; ce dernier est divisé par des traits équidistants per- mettant de repérer exactement sa situation par rapport à a du à b; C,, capillaire soudé directement sur l'extrémité inférieure de À ; M, manchon traversé par un courant d'eau à température constante; T, thermomètre. teur à travers un tube dont les deux extré- Milés étaient porlées d'abord au même potentiel, Wis à des potentiels différents, je me suis assuré que l'état électrique du liquide n'a pas d'influence appréciable sur la vitesse d'écoulement et, par REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. glements sont gravés les repères a et b; C, bouchon rodé | A. KLING — LA VISCOSITÉ DANS SES RAPPORTS AVEC LA CONSTITUTION CHIMIQUE 273 conséquent, sur les valeurs des coefficients de viscosité et de dépense. II. — APPAREILS DE MESURE DU COEFFICIENT #. Un grand nombre d'appareils ont été proposés comme viscosimètres ; ils reposent, pour la plupart, sur les mêmes principes; aussi nous contente- rons-nous d'indiquer ceux qui ont élé le plus fré- quemment employés pour les recherches dontnous donnons plus loin les résultats. Poiseuille faisait écouler un volume donné du liquide en expérience à travers une ampoule munie d'un capillaire noyé au sein du liquide même sur lequel il opérait et provoquait l'écoulement par une pression délerminée. Ostwald emploie deux ampoules siluées- à des hauteurs différentes et réunies entre elles par un tube capillaire ; il note le temps nécessaire au ni- veau du liquide pour passer d’un repère supérieur à un repère inférieur. . Récemment, MM. Varenne et Godefroy ‘ ont dé- crit un appareil qu'ils ont nommé chronostilis- cope. Cest un appareil (fig. 1) constitué par un ca- pillaire au travers duquel un volume déterminé de liquide s'écoule sous pression constante ; l'ob- tention de celte dernière condition est réalisée par la présence d'un vase de Mariotte qui surmonte le capillaire et contient le liquide en expérience. On note le temps nécessaire à l'écoulement. J'ai légèrement modifié cet appareil, en vue d’ac- croître l'exactitude des lectures et la facilité du réglage, et lui ai donné la forme représentée dans la figure 2. Ces divers appareils permettent soit de mesurer les coefficients n ou K, soit de comparer entre elles les viscosités de plusieurs liquides. III. — RÉSULTATS EXPÉRIMENTAUX. Nous passerons en revue successivement les ré- sultats relatifs aux liquides purs non mélangés, puis aux mélanges liquides et dissolutions. $ 1. — Liquides purs (non mélangés). La viscosilé d'un liquide étant mesurée par le frottement des molécules les unes sur les autres, on doit s'attendre à ce que la grosseur et la forme des molécules aient un retentissement notable sur la valeur du coefficient . Ces prévisions sont confir- mées par l'expérience, et un certain nombre d'au- teurs, en particulier Graham”, Thorpe et Rodger’, { C. R. Ac. Sc, t. CXXXVIII, p. 990. 2 Granan : Philos. Trans., 1861. 3 Tuonve et Roocer : Trans., 4897, t. LI, CCCLX.: 274 A. KLING — LA VISCOSITÉ DANS SES RAPPORTS AVEC LA CONSTITUTION CHIMIQUE Pibram et Handl', ete., ont reconnu qu'en général, pour les termes successifs d'une même série orga- nique, la viscosité augmente d’une facon régulière en même temps que le poids moléculaire, à la con- dition que les comparaisons soient faites sur des liquides considérés à des températures également éloignées de leurs points d'ébullition. En outre, à mesure qu'on s'élève davantage dans une série, la différence entre les coefficients des deux termes successifs va en diminuant. Cette règle est malheureusement en défaut dans un certain nombre de cas; les alcools et les acides, en particulier, y font exception. La polymérisation, ainsi que je l'ai constaté per- sonnellement, augmente également la viscosité d'une substance dans de très fortes proportions. En ce qui concerne l'influence de l’isomérie de posilion, les auteurs cités plus haut ont été amenés à celte conclusion qu'elle retentit sur la valeur du coefficient”, mais que : tantôtles composés à chaine linéaire sont plus fluides que leurs isomères à chaines arborescentes (carbures), tantôt c’est l’in- verse qui se produit (éthers). Néanmoins, si on limite la comparaison aux différents termes d’une même série possédant une même fonclion, on abou- tit à des résultats assez comparables. C’est ainsi que MM. Pibram et Hand], en opérant sur des éthers- sels isomériques, tels que R.CO? — R'etR'CO?— R, ont observé que celui des deux qui a la plus grande viscosité est l’isomère pour lequel le radical alcoolique est doué du plus grand poids molécu- laire. Il y a donc une prépondérance d'influence exercée sur l'accroissement de viscosité par le ra- dical alcoolique vis-à-vis de celle du radical acide. Il eût été intéressant d'éclairer ces faits par un rapprochement entre la viscosité relative aux acides RCO'H et R'CO'H et aux alcools ROH et R'OH, mais, à ma connaissance, cette comparaison n'a pas été faite. Nous ne savons, en effet, que fort peu de chose sur les modifications que subit la viscosité d'une substance lorsqu'on la modifie par une série de sub- stitutions ; tout ce qu'on peut dire, c’est que l’accu- mulation des radicaux Of augmente considérable- ment celte viscosité. Nous voyons donc qu'en ce qui concerne les liquides uniques, nous n'aboutissons qu'à des règles particulières s'appliquant aux composés d'une même série et possédant une même fonction, mais que, jusqu'ici, il ne se dégage aucune loi géné- rale permettant de relier entre elles les valeurs des viscosilés de substances à fonctions différentes ?. 1 Prpaau et Haxoz : Wien. Akad., 1881. 2 Graham, à propos de la viscosité des gaz, déduite de ce qu'il nommait leur vitesse de transpiration, c'est-à-dire de leur vitesse d'écoulement à travers des lubes capillaires, était arrivé à des résultats analogues et avait constaté que $ 2. — Mélanges de liquides et dissolutions. 1. Cas où le mélange n'est pas accompayné de réaction probable. — D'une façon générale, le coef=n ficient 1 d'un mélange de deux liquides ne réagis= sant pas l'un sur l’autre (par exemple C°H° et CCI, CH'OH et C'H', etc.) est inférieur à la moyenne arithmétique entre les coefficients propres à chaque liquide considéré séparément. D'après Wagner!, lorsqu'un liquide entre en dissolution dans un autre, son coefficient de viscosité serait non plus celui de ce liquide primitif, mais un coefficient réduit du fait de la raréfaction des molécules, et si l’on désigne par #4, et "1 les coefficients ainsis réduits de deux liquides, leur mélange aura un coef=« ficient qui sera proportionnel à (44, + #r;). Comme Ja différence , —#", entre le coefficient calculé et le coefficient trouvé est d'autant plu grande qu'on opère à température plus basse, cer= tains auteurs ont voulu voir dans ce fait la preuve d'une combinaison partielle entre les constituants du mélange”, hypothèse peu vraisemblable, comme nous le verrons plus loin. ARR RS MORE SES 2. Cas où la substance dissoute se modifie. A priori, on est en droit de supposer que toute modification atteignant la molécule d’un liquide o d'une substance dissoute doit avoir pour résulla d'en modifier plus ou moins la viscosité. De fait, il n'en est pas toujours ainsi. J'ai élé, par exemple très surpris de constater que la valeur du coeffi= cient : d'une solution de glucose reste la même qu'on la détermine sur une solution fraichemen préparée et possédant, par conséquent, un faible pouvoir rotatoire, ou sur une solution ayant attein son pouvoir rotaioire, stationnaire, ce qui prouvem que la taulomérisation du glucose et son passage de la forme x à la forme 6 n'a pas d'influence s la valeur du coefficient de viscosité de ce sucre dis sous. Le phénomène de l'interversion ou de l'hy drolyse, qui fait pourtant subir de profondes mo difications à la grosseur, à la fonction et à la strue ture des molécules des polyoses et des glucosides" n'a pas non plus de retentissement sur la viscosité de leurs dissolutions. J'ai observé le fait avec des solutions de saccharose el d'amygdaline. Dans d'autres cas, au contraire, et il est vrai den dire que ce sont les plus nombreux qui aient été signalés, la formation de combinaisons entre le solvant et le corps dissous est accompagnée de va riations brusques dans la valeur du coefficient des viscosité. RE Li cette vitesse paraissait indépendante de la densité et des autres constantes physiques du gaz, ainsi que de ses pros priélés chimiques. 1 Wacner : Zeit. phys. Ch., 1903, t. XLVI, p. 867. 3 Duoxsrax : J. Ch. Soc., 1904, p. 817. Per Tr + A. KLING — LA VISCOSITÉ DANS SES RAPPORTS AVEC LA CONSTITUTION CHIMIQUE 275 Graham l'a, en particulier, montré pour un cer- ain nombre d'acides, dont les solulions aqueuses possèdent des maxima de viscosité pour des compo- un hydrate décelable au viscosimètre. Surpris de à fait, j'ai repris la question à propos de SO'H?, dont on a isolé plusieurs hydrates, et, pas plus que Graham, je n'ai pu trouver dans la courbe “de viscosité des mélanges de cet acide et d'eau autre point singulier que celui correspondant SO'H* H°O. M. D'Arey *, ayant signalé la disparition du point ingulier au-dessus de 65°, et Vijkander *, ayant itiré l'attention sur ce fait que les maxima de viscosité des solulions acides se déplacent lorsque ie la température, on serait tenté de supposer que les hydrates sulfuriques supérieurs à SOH?, H?0 sont dissociés à la température ordinaire et n’exis- at qu'aux basses températures. Mais on ne s’ex- urs solutions aqueuses ne correspondent pas plus souvent aux maxima de contraction, et ue la coïncidence des deux maxima à une même mpéralure est un accident fortuit. … Les solutions aqueuses d’alcools présentent aussi pour certaines concentrations des maxima de vis- sité. Ceux-ci sont également déplacables par élé- ation ou abaissement de la température, et ce est qu'à des températures déterminées que les portions pour lesquelles les mélanges ont une Miscosité maximum sont celles que nécessite existence d'hydrates définis. Au contraire, la si- |aqueuses d'alcools est indépendante de la tempé- ure. Mais, tandis qu'avec les solutions aqueuses cides on n'observe jamais qu'un seul maximum dans la courbe de viscosité, il n'en est plus de Même pour celles des alcools, des cétones, des alcools cétoniques, etc. Ainsi, MM. Varenne et Gode- froy” ont montré que la courbe des viscosités de alcool éthylique en solution dans des quantités Grau : Loc. cil. PD'Ancy : Phil. Mag., 5°s., t. XXVIII, p. 221. ÉVukaxoen : Wied. Beih., 1819, p. S3 Tnause : Deutsch. Gesel., t. XIX, p. 871. MVARENNE et Governoy : Loc. cit. lüalion des maxima de contraction des solutions | croissantes d'eau présente quatre maxima corres- pondant à quatre hydrates, dont plusieurs déjà avaient été signalés ; de même pour l'alcool mé- thylique. Nous reviendrons un peu plus loin sur ces divers résultats. 3. Cas des dissolutions salines. — Ces dissolu- tions sont tantôt plus fluides, tantôt moins fluides que l’eau. Leur étude n’a pas permis d'aboutir jus- qu'ici à une loi rattachant la viscosité d'une solu- tion saline à la nature du sel qu'elle contient. Si l’on fait varier leurs concentrations, on obtient une courbe sans points singuliers et analogue à celles que fournissent par mélanges de liquides sans réac- tions réciproques. Pour certaines solutions salines, la viscosité semblerait néanmoins varier dans le même sens que la conductibilité électrique. Mais rien de bien net ne résulte des rares travaux effectués sur ce point. Quant à la formation de combinaisons complexes et de sels doubles au sein d’une solution, elle peut êlre accusée par la courbe de viscosité de cette solulion. Blanchard ‘ l'a montré, en opérant sur des solutions métalliques qu'il additionnait de quantités croissantes d’ammoniaque et en faisant intervenir un terme de correction pour rendre comparables les résultats obtenus à des concentra- tions différentes, Il a constaté que, dans les cas où des combinaisons complexes peuvent se produire entre le selet la base, l'addition de celle-ci diminue la viscosité tant que l’alcali est utilisé à la forma- tion du complexe, mais qu’une fois celui-ci totale- ment constitué, toute nouvelle addilion d’ammo- niaque accroît la viscosité de la solution. En résumé, dans les cas où les mélanges ou les solutions sont accompagnés de phénomènes chi- miques, la viscosité du mélange peut changer brus- quement, maïs ne change pas fataiement. IV. — CoxcLusions. De cet exposé rapide de la question, il résulte que, dans l’état actuel de la science, les rapports existant entre la constitution de la matière et sa viscosité nous échappent presque totalement. Le seul cas où l'étude de la viscosité ait donné des résultats pratiques est celui des hydrates difficiles à déceler par d'autres méthodes. Mais nous avons vu que, même dans ce cas, la viscosimétrie est un procédé souvent infidèle. Il y a lieu de se demander si la stérilité du pro- blème qui nous occupe ne proviendrait pas de Ja ! BLanxcuaRo : J. Am. Chem., t. XXVI, p. 1315. facon dont il a été envisagé. C'est le point de vue | résultats oblenus à propos de la viscosité des que nous allons aborder et par lequel nous termi- nerons. Tout d’abord, le principe sur lequel repose la détermination des coefficients de viscosité est-il inattaquable? Les divers auteurs qui ont essayé d'établir mathémaliquement les lois de circulation des liquides dans des capillaires sont partis d'hy- pothèses diverses : Pour les uns, le filet liquide glisse, à la façon d’une baguette solide, dans une gaine de liquide adhérent ; celle-ci aurait une épais- seur variable suivant la nature du liquide, et peut- être aussi son épaisseur dépendrait-elle de la nature de la paroi du tube. Pour d'autres, c'est la théorie de l'emboitement de tubes concentriques, dont nous avons parlé plus haut, qui prévaut. En un mot, on n'est pas définitivement fixé sur la facon dont se produit l'écoulement. Cette constatation conduit à se demander si ce qu'on mesure, à l'aide des capillaires, est bien le coefficient de frottement interne des liquides. C’est là un point qui ne me parait pas suffisamment démontré. J'ajouterai que, même en supposant correct le principe de la méthode de mesure, son application manque d’uniformité. Certains expérimentateurs laissent les liquides s'écouler sous leur propre poids, d'autres sous une pression constante au cours d'une même expérience, mais indéterminée et variant d’une expérience à l'autre; d’autres, comme Poiseuille, opèrent sous une pression cons- tante et uniforme, mais produisant une accélération variable d’une expérience à une autre, parce que celte pression agit sur des masses variables repré- sentées par des volumes égaux de liquides de den- sités différentes, etc. Nous constatons, en outre, qu'à part quelques exceptions, les comparaisons des viscosités des diverses substances à comparer n'ont pas été failes sur des substances prises à des {empéralures cor- respondantes et à un même éfat d'agrégalion molé- culaire. Or, les substances susceptibles d'associa- lion ou de polymérisation, telles que les alcools, acides, ete., sont précisément celles qui présentent une viscosité considérable par rapport à celle des composés à molécules non associées ,tels que les éthers-oxydes et la plupart des hydrocarbures. — Il serait donc nécessaire de reviser les expériences déja faites, de les recommencer sur des substances prises à des températures convenables, et de n'admettre les coefficients obtenus qu'après avoir reconnu, par la méthode des volumes moléculaires, qué les substances à comparer sont au même degré d'association. A la notion d'état variable d'association molé- culaire se rattache également, à mon avis, un autre point touchant les anomalies que présentent les | modifié au maximum; l'apparition d'hydrates supés | contraire (alcools), la modification d'agrégatiom | riences effectuées sur des mélanges de liquidé mélanges. — Par exemple, il est étonnant, ainsi. hydrates alcooliques, peu stables, soient décelables” au viscosimètre, alors que les hydrates sulfuriques supérieurs à SO‘H*,H°0, beaucoup plus stables, ne le sont pas. — Il est donc permis de se demander si l’apparilion d'un point singulier dans la courbe de viscosilé des solutions aqueuses des alcools ets des acides est bien la conséquence immédiate el nécessaire de la production d’un hydrate et si elle« ne serait pas plutôt un résultat indirect etnon fatal Ainsi il est très possible que, lorsqu'un hydrat@ se forme, l'état d’associalion de la substance qui s'hydrate soit modifié et que ce soit seulement celte modification d'agrégation qui se traduise aus viscosimètre. Dans cette hypothèse, il y aurait donc des cas (SO‘H*) où, au moment de la forma tion du premier hydrate, l'état d'agrégation serait rieurs ne pourrait plus alors apporter de nouvelle modification à l'élat d'associalion et, de ce fait aucune perturbation consécutive ne se produirait dans la courbe de viscosité. Dans d’autres cas, at se produirait par élapes successives et, chaque fois, à propos d'un nouvel hydrate formé; ce serait alors cette série de manifestations d'associations moléculaires qu'enregistrerait la courbe de visco= silé. Enfin, pour terminer, je voudrais dire un mot d'une erreur de méthode dont sont enlachées bon nombre d'expériences sur la viscosité. Losqu'on & voulu comparer entre elles les viscosités de pl sieurs liquides ou de diverses solutions, on a opéré sur des volumes égaux de liquides, et l'on a déter miné le temps qui leur était nécessaire pour tra verser un même capillaire. Or, la viscosité est une propriété moléculaire, et, par conséquent, les seules comparaisons ayant une signification sont celle qui ont élé effectuées sur des masses liquides con tenant un méme nombre de molécules. C'est également pour avoir perdu de vue la causé de la viscosité que certains auteurs ont méconnt le véritable sens des résultats fournis par les expés non susceplibles de combinaison entre eux. Ainsi lorsque deux liquides À et B sont mélangés, € chaque point du mélange nous aurons à considéré l'attraction exercée par une molécule A sur une, autre molécule À, l’altraction d'une molécule B sur” une autre molécule B, et enfin l'attraction Ne | une molécule À et une molécule B. Comme l'attra@ tion des molécules est représentée par la viscosité, rien de surprenant que le coefficient d'un mélange soit différent de la moyenne arithmétique entre + L'ABBÉ TH. MOREUX — REVUE ANNUELLE D'ASTRONOMIE 271 soin de faire intervenir l'hypothèse de combi- raisons partielles. Dans le cas où À et B se combinent pour fournir d'autres substances C, D, ete., qui viennent aug- menter l'hélérogénéité des surfaces flottantes, il doivent être les variations du coefficient mélanges dans lesquels la teneur de A va en crois- sant au fur et à mesure que celle de B diminue. . Les découvertes dans toules les branches de la Science se succèdent avec une si grande rapidité, s moyens d'action mis en jeu sont tellement divers et les ouvriers si nombreux, qu'il paraît difficile, ans une revue annuelle, même astronomique, de resser le bilan des découvertes d'une année; un olumineux recueil n'y suffirait pas. A vrai dire aussi, les faits nouveaux, ou consi- érés comme tels, à part quelques exceptions, ne auraient, pour les initiés, se réclamer d'un acte de aissance bien authentique, à date précise. Les solulions des problèmes variés que se sont sés les généralions antérieures, pour définitives u'elles nous paraissent à l'heure présente, doivent ombre d'entre elles, nous devons l'avouer, seront ppelées, à nolre insu, à recevoir d'importantes se au point exige une somme d'efforts considé- rables, répartis le plus souvent sur un grand nombre années. Là encore, comme en d'autres circons- Mances, l'esprit évolue lentement, suivant des lois qu'il est intéressant d'étudier. Dans cet assaut vers d vérilé entrevue, les sciences se prétent un nutuel concours et leurs efforts réunis sont à èine suffisants pour mener à bien la solution de roblèmes souvent très complexes. Houtefois, à l'instar des pionniers lancés à la herche de terres inconnues, il est bon de jalon- Ja route et de marquer les étapes parcourues : Halles permises n'auraient-elles d'autre avan- alleindre et, par là même, d'assurer une orien- tation plus précise à nos travaux, qu'elles nous pporteraient plus d'un secours précieux. elles sont les idées générales qui nous guide- & dans cette revue annuelle d'Astronomie pour 1905. aurait lieu d'établir mathématiquement quelles | des | En résumé, nous voyons que le problème qui | que de montrer plus clairement le but à | les coefficients propres à À et B, et point n'est | consiste à trouver les rapports existant entre la viscosilé el la constitution chimique de la matière est actuellement un problème mal posé. De nou- elles recherches, réclamant la collaboration des Mathématiques, de la Physique et de la Chimie, sont nécessaires en vue de préciser les conditions dans lesquelles il peut être résolu. André Kling, Docteur ès sciences, Chef de travaux adjoint à l'Ecole de Physique et do Chimie de la Ville de Paris. REVUE ANNUELLE D’ASTRONOMIE I. — FIXATION DE LA PARALLAXE SOLAIRE. Nous commencerons par donner les premiers ré- sullats de l'importante campagne entreprise depuis 1900 pour la lixation définitive de la distance de la Terre au Soleil. L'évaluation précise de cette distance constitue, on le sait, le problème capital de toute l'Astronomie moderne. Est-il besoin de rappeler que cette dis- tance sert à l’astronome d’unité de mesure? Si bien qu'une erreur dans son évaluation se {transmet dans toutes les directions, affectant aussi bien les distances qui nous séparent des planètes de notre propre système que celles des astres les plus voisins, ou celles des étoiles composant les plages élince- lantes de la Voie Lactée. Il n’est pas jusqu'au calcul des masses qui ne soit affecté par cetle évaluation : la quantité de ma- lière contenue dans un corps céleste est déterminée effectivement à l’aide de la distance, d’après les immortelles lois de Newton, et comme la distance entre généralement dans les équations à la troi- sième puissance, la moindre erreur de l'unité linéaire vient troubler les résultats d'une quantité très forte. Celte quantité fondamentale, mieux connue, nous permettrait aussi une évaluation plus certaine et plus précise du moment de lel ou tel phénomène astronomique. Ces quelques considérations suffiront pour justi fier l'opinion du grand astronome Airy, qui sou- tenait que la fixation de la distance de la Terre au Soleil est «le plus important problème astrono- mique' ». Mais c'est aussi l’un des plus difficiles, car les quantités qui entrent dans les données sont si faibles que leur déterminalion exacte réclame toutes les ressources de la science moderne. # Aumy : Monthly Notices, vol. XVIT, p. 210. 278 L'ABBÉ TH. MOREUX — REVUE ANNUELLE D'ASTRONOMIE La solution du problème repose entièrement sur , la détermination de la parallaxe solaire. Toute l'histoire de l’Astronomie est liée à la solution de ce problème, en apparence inabordable. On sait par quelles méthodes, toutes indirectes, les astro- nomes ont essayé de résoudre la question. Après les essais infructueux de détermination au moyen de quelques parallaxes planétaires, on aborda le problème à l'aide des méthodes gravi- tationnelles, et ce n'est pas un des moindres titres de gloire de l'illustre Leverrier que d'avoir montré le parti qu'on pourrait tirer, dans ce genre de re- cherches, des perturbations séculaires apportées par la Terre aux mouvements de Vénus et de Mars. Leverrier avait une telle confiance en cette mé- thode qu'il la considérait comme seule digne de valeur; à ce point qu'il refusa de vérifier les opéra- tions faites lors du passage de Vénus en 1874. D'après lui, tous les autres moyens n'étaient que travaux dépensés en pure perte. Il n’est pas douteux que la méthode des pertur- bations soit d’une valeur incontestable et qu'elle constitue vraiment la « méthode de l'avenir », car, selon Leverrier lui-même, « elle diffère de toutes les autres en ce qu'elle a le temps pour elle”», puisque l'effet de la Terre sur la révolution des nœuds etla position des apsides des orbites voisines s'accumule avec les années; et ainsi la détermina- tion de la masse de la Terre par rapport à celle du Soleil se précise de plus en plus. Les générations futures seront donc seules appelées à bénéficier des résullats. L'échec obtenu lors desrécents passages de Vénus et les résullats contradictoires des discussions pho- tographiques ne semblaient guère un encourage- ment pour les astronomes lancés dans celte voie. On se rappelle qu'après le passage de 1874, le Professeur Harkness jugeait que l'incerlilude sur la distance du Soleil à la Terre s'élevait à 2.536.000 ki- lomèlres*, alors que, peu d’annés auparavant, Proc- tor l'avait estimée, d'après les derniers travaux, à | une valeur beaucoup moindre, soit 2.329.000 kilo- mètres”. On fut plus heureux en employant les pelites planètes, et, tour à tour, Flora, Iris, Junon et Vic- toria servirent à la détermination de la parallaxe. Les observations de Victoria n'avaient pas occupé moins de 21 observatoires pendant quatre mois, et le résultat final, publié par Gill en 1897, annonçait une parallaxe de 8",802, valeur trop différente de celles qu'on admetltait dans diverses publications officielles pour être acceptée sans conteste. Le ré- sultat obtenu contenait, cependant, une précieuse Monthly Notices, vol. XXXV, p. 401. Am. Jour, of Sc., vol. XX, p. 393. Transits of Venus, p. S9 ({re édition). LI 3 sement, Mars, la plus proche des planètes, offre un "1 siasme qui salua la découverte d’'Eros, ce monde lilliputien placé entre Mars et la Terre. À son plus grand voisinage de la Terre, Eros s'approche à moins de 21 millions de kilomètres, tandis que Mars, dans les mêmes circonstances; reste encore à 56 millions et Vénus à 40 millions: et la portée de la trouvaille de M. Will. La planète mesure tout au plus 30 kilomètres de diamètre, si bien que, dans les plus grands instru obtenir la position d'Eros avec une extrême exac- titude. Dès la découverte d'Eros, sous l'initiative de M. Læwy, directeur de l'Observatoire de Paris, on décida à la Conférence internationale de Paris qu'on profiterait immédiatement des avantages offerts par la situation très proche de la planète pour essayer une détermination nouvelle de l& para!laxe solaire. Il est bon de rappeler les débuts de cette impor tante campagne. À la réception des circulaires demandant une collaboration, 47 observatoires ré pondirent à l'appel. On calcula la trajectoire de la planète, et une liste de plus de 700 étoiles placées près de cette trajectoire fut dessée afin d’avoir des étoiles de repères; 13 observatoires se mirent à l'œuvre pour déterminer leur position. Les déterminations de la planète furent faites soit photographiquement, soit au micromètre à là lunette. Les résultats obtenus à la fin de 1903 étaient déjà prodigieux. Voici comment, dans soh Rapport annuel pour 1903, paru à la fin de l’annéen dernière, M. Læwy résumait les travaux d'ensembl à celle époque : « Nous sommes parvenus, disait-il, à terminer mesure et la réduction de la masse énorme de do ments se rapportant à la campagne internationale den 1900-1901 concernant la parallaxe du Soleil. Tous ces résultats figureront en grande partie dans la onzièmtk circulaire, dont l'impression est en cours d'exécution! L'Observatoire de Paris était particulièrement tenus dans cette circonstance, à s'acquitter sans délai des engagements contractés dans la Conférence internatios pale de 1900 et à fournir à l'œuvre commune la con- tribution la plus efficace. L'inspection du tableau, qui, dans cet ordre d'idées, résume notre activité, permet tra au Conseil de juger que nous ne sommes pas restés au-dessous de notre tâche : «1.661 observations méridiennes pour déterminerles 4 positions des étoiles de repère destinées à faire con- maitre les coordonnées célestes qui correspondent aux mages stellaires contenues dans les clichés; « 10.85S observations photographiques des étoiles de “omparaison, des étoiles de repère et d’astres voisins de la trajectoire d'Eros ; « 28% positions équatoriales de la planète obtenues à l’aide des clichés: « 281 mesures micrométriques réalisées à l’aide des quatoriaux à vision directe. « Le vaste ensemble des positians de Ja planète Eros émanant des divers observatoires associés, et obtenues soit par des mesures micrométriques directes, soit par emploi de la méthode photographique, où, dans les deux cas, les astronomes se sont efforcés d'atteindre le plus haut degré d'exactitude, fournira une occasion ceptionnelle de se rendre compte de la valeur rela- live de ces deux modes d'opérations. « 11 me semble de toute opportunité de fournir quelques renseignements sur l'état d'avancement de ette importante entreprise internationale, car on n'a pas cessé d'émettre des doutes sur la possibilité de faire paraître, dans un délai admissible, toute cette Quantité énorme de documents accumulés par un si grand nombre de collaborateurs. L'histoire de la science dans le passé semblait bien, en effet, autoriser des inquiétudes à ce sujet. Je suis heureux de pouvoir dissiper ces craintes et d'affirmer que l'apparition de a onzième circulaire va encore apporter un nouveau contingent considérable de matériaux homogènes et usceptibles d'être immédiatement utilisés sans qu'on it contraint de se livrer à ces longs et fastidieux tra- aux préliminaires, toujours nécessaires autrefois pour endre comparables les diverses données. Une seule publication supplémentaire suffira probablement pour mettre à la disposition des savants A presque totalité M XIeS travaux effectués dans cette mémorable entreprise, M qui à si bien mis encore une foisen lumière l'esprit de Solidarité qui, depuis plus d’un siècle, anime les astro- homes de tous les pays‘. » - Ainsi que l'annonçait M. Læwy, la onzième cir- œulaire est maintenant parue; elle forme un volume in-4° de plus de 400 pages. La première était de 6 pages, la cinquième de 14; la septième de 67 pages; la neuvième de 200, et la dixième ne comprend pas moins de 220 pages, plus un appen- dice de 98 pages de table. — On peut le dire sans injustice pour personne, E est M. Læwy qui a assumé la responsabilité de celle tâche gigantesque, et qui a donné à cette { æuvre tout son crédit. Nous ne devons pas oublier ion plus que c'est l'Académie des Sciences de L aris qui supporte les frais considérables de cette publication. Et, maintenant, quels seront les résultats ? Il serait téméraire de donner des conclusions éfinitives sur la valeur de la parallaxe solaire. Il allendre les réductions de toutes les observa- L. ons; mais, d'ores et déjà, on peut faire quelques prévisions sur les chiffres qu'on obtiendra. — On a déjà commencé la réduction d'un certain nombre de photographies. C'est ainsi que M. Wil- Son, de Northfeld Observatory, a déjà publié les J … Rapport annuel sur l'élat de l'Observatoire de Paris Pour 1903, par M. Lœwy, directeur de l'Observatoire de Paris, p. 10. L'ABBÉ TH. MOREUX — REVUE ANNUELLE D'ASTRONOMIE 279 résultats qu'il a obtenus, d'après les mesures prises sur 67 clichés posés pendant la période de l'automne et de l'hiver 1900-1901. « La seule conclusion que nous puissions tirer de cet examen, dit-il, est que la parallaxe solaire est très voisine de 8",80 et probablement comprise entre 8,80 et 8",81. Il ne serait pasconvenable, cependant, de tirer une solution rigoureuse de ces seules données, car il est nécessaire de réunir une masse d'observations beaucoup plus grande, afin d'éliminer plus complète- ment les erreurs accidentelles, » M. Hinks, de Cambridge Observatory, a publié, dans les Monthly Notices de la British Royal Astronomical Society, les résultats d'une réduction des mesures de 295 photographies d'Eros fournies par neuf observatoires. Il a obtenu comme valeur de la parallaxe solaire 8",7966—0",0047, ce qui donnerait, dans le cas d'une erreur positive, 8",8013?. De toutes facons, les deux valeurs diffèrent peu l'une de l'autre. IL est aussi intéressant de noter que ces résultats concordent très bien avec ceux obtenus par le D' Weinberg, comme moyenne de toutes les observations depuis 1825 : 8",804+ 0",00243, ainsi qu'avec ceux obtenus par le D° Gill au Cap de Bonne-Espérance, d’après les mesures héliométriques des astéroïdes Victoria et Sapho en 1889. Il est donc assez facile de calculer entre quelles limites est comprise la distance du Soleil à la Terre. En supposant que 8",80 est la vraie parallaxe et que 6.377 kilomètres est la valeur du rayon équa- torial de la Terre, la distance du Soleil est donnée par la proportion suivante : d: 6.311: :1":"8;801sin l'L Le calcul donne pour valeur de 4:149.474.000 ki- lomètres. En adoptant un rayon de 6.318 kilo- mètres, d'après Clarke, on aurait 149.494.000 kilo- mètres. Si la parallaxe atteignait 8",81, la distance serait diminuée de 170.000 kilomètres. Il y a donc encore une incertitude de 90.000 kilomètres au maximum sur la véritable distance, et cette incertitude sera réduite de moitié lorsque nous aurons le résultat final des observations d'Eros faites pendant la campagne 1900-1901. La distance du Soleil à la : 1 MR Terre sera connue à moins de 3000 P'ÈS- C'est un résultat digne des efforts tentés dans cette gigan- tesque entreprise et la meilleure réponse que puisse faire M. Lœæwy à ceux qui avaient douté du succès *. ! Popular Astronomy, 1904, mars. * The Observatory, sept. 1903. — Monthly Notices, juin 1904. 3 1] ne sera pas sans intérêt de donner ici les valeurs en II. — PuysiQUE SOLAIRE. D'importants progrès s'accomplissent depuis quelques années dans la Physique solaire. Grâce aux applications des méthodes préco- nisées par MM. Hale et Deslandres, la surface solaire est très près de nous révéler ses secrets. Par surface solaire, il faut entendre maintenant tout ce qui, au-dessus de la phutosphère, est acces- sible à l'analyse, et l'on doit dire que, sous ce rap- port, les idées des astronomes à l'égard du milieu entourant le Soleil ont radicalement changé. Autre- fois, l'atmosphère solaire nous apparaissait limitée à la couche photosphérique: et, des théories hers- chéliennes à celles. plus récentes, de M. Faye, le progrès n'est guère sensible. Il faut proclamer bien haut, cependant, que le Soleil n’est pas à propre- ment parler entouré d'une atmosphère au sens que donnent à ce mot les physiciens modernes. Toute assimilation du milieu dans lequel tourne le Soleil à une véritable atmosphère conduirait aujourd'hui aux plus déplorables conséquences. Bien qu'il nous soit difficile de fixer la densité kilomètres correspondant aux différentes parallaxes qui ont éte le plus employées: nous avons supposé, dans le tableau Suivant, le rayon équatorial moyen de la Terre égal à 6.571 kilomètres. Une parallaxe de S".60 correspond à 153.500.000 kilomètres. = s,5 — 150.335.000 — — s”.sû — 149.410.000 — — s”,85 — 13$.600.000 — — sr 90 —= 14$.085.000 — —=, s7,5 — 131.253.600 — D'autre part, les valeurs adoptées officiellement depuis un siècle pour la parallaxe ont subi des oscillations qu'il est bon de noter. Après le chiffre de $".81, admis par Leverrier au commencement du xix* siècle, on adopta pendant qua- rante ans la valeur de Encke, beaucoup trop faible, soit 8”,58. A partir de 1860, on crut devoir. d'un seul coup. porter cette valeur à S",90 et mème davantage. Le British Nau- tical Almansc inscrivit $°,3 jusqu'en 1882 On employa ensuite une parallaxe de 8",85 dans tous les Nautical A/ma- gacs jusqu'en 1900. En France. la discussion des passages de Vénus, terminée en 1864, fit adopter le chiffrestres élevé de $”,86, et ce n'est qu'en 188$ que l'Annuaire du Bureau des Longitades, tout en conservant cette même valeur, inséra une note où l'on insinuait que la parallaxe devait se rapprocher de 8”,80. Ce dernier chiffre fut enfin admis offi- ciellement par la Conférence internationale des étoiles fon- damentales, réunie à Paris en mai 1896. Depuis 4900, on trouve celte valeur dans la Connaissance des Temps et autres publications étrangères similaires. Bon nombre de tableaux cependant — ceux relatifs. surtout. au système solaire — sont encore établis sur l'ancienne valeur "85. qui est pratiquement suffisante, il est vrai, au point de vue des éphémérides. L'ABBÉ TH. MOREUX — REVUE ANNUELLE D'ASTRONOMIE _sède une extension considérable, insoupconné D serait néanmoins plus que temps que l'Annuaire da | Bureau des Longitudes cessät d'admettre. pour le calcul des principaux éléments du système solaire, une parallaxe de #",86, certainement très éloignée de la vérité. (V. l'Annuaire de l'année 1905, note de la page 260.) On saît qu'un cen- tième de seconde, en plus ou en moins, fausse la distance du Soleil de 130.000 kilomètres, et cette erreur. ainsi que nous l'avons dit, se répercute sur tous les éléments des planètes. . clichés, obtenus à l'aide d'objectifs à grande ouver TA C7 a ETS 5 4 , À. de ce milieu, nous devons admettre toutefois cette densité est loin d'être nulle. Déjà en 3 M. Young, à propos du spectre coronal très com plexe, concluait que la couronne doit se composei en partie de gaz brillants et de matière capable de réfléchir la lumière solaire, — matière qui-est pro= bablement sous la forme de poussière et de brouil lard. k Les observations spectroscopiques de la dernière éclipse ont montré que l'anneau du coroniun s'élend tout autour du Soleil‘, et les mesures pola> riscopiques de M. Landerer en 1900, ainsi qué celles de MM. Meslin et Landerer en 1905;, tout en accusant une même proportion de lumière pola- risée, établissent nettement que l'anneau coronë réfléchissant la lumière augmente en épaissew à certaines époques. La loi de distribution de ke matière coronale et de sa densité selon l'exten= sion radiale suivrait ainsi les lois générales déjà formulées au sujet de phénomènes mieux étudiés (taches, facules, protubérances, ete.). 1 La parenté de la lumière zodiacale avec la cou ronne extérieure nous apparait de plus en plus étroite, et le mécanisme de la condensation de ces deux objets nous semble devoir posséder plus d'un trait commun. Je me permettrai de rappeler ici les récentes recherches entreprises par ma mission lors de l'éclipse du 30 août observée à Sfax. Nos ture, ont montré que la couronne extérieure pos= jusqu'ici, pendant les périodes de maxima d’acti vité. D'après les mesures directes effectuées sur no négatifs, le Soleil occupait l'intérieur d’un ellip soïde très aplati, dont le grand axe mesurait plu de 24 fois le diamètre solaire et qui s'étendait da une direclion voisine, à quelques degrés près. d plan de l'écliptique. Il résulte aussi des mesure photométriques de nos clichés que la loi de dim nution d'intensité lumineuse, — qui doit varier raison inverse du carré de la distance, d'après d expériences antérieures, — est vraie seulement, € encore d'une façon très générale, pour la couront intérieure, mais se trouve complètement en défai pour la couronne extérieure”. La densité du milieu entourant le Soleil do donc, à une certaine distance, ainsi que je montré dans Le Problème solaire“, varier suivan des lois beaucoup plus complexes. m Tous les résultats récents s'accordent, en effe ‘ Constaté par la Mission Bigourdan à Sfax, le 30 Ve Bal. Soc. Astr. de Fr., 1905, p. 495. ? Bull. Soc. Astr. de Fr., 1905, p. 476 et suiv. “ Ta. Morecx : Le Problème solaire, p. 120 et Thomas, Paris, 1900.) | s'dmbé/ | Ç 7 | L'ABBÉ TH. MOREUX — REVUE ANNUELLE D'ASTRONOMIE o 284 ur indiquer que le Soleil, loin d'être à sa période ! de violentes perturbations occupant desniveaux plus condensation finale, est entouré d'une matière , formant des couches à densité alterna- nt Le et faible. es solaires seraient le résultat e deux forces contraires actuellement en jeu : >, répulsive, s'exercant suivant la loi de Max- l oli et que nous commencons à connaitre, tout depuis les expériences de Lebedew ‘ et les vaux plus récents de MM. E. F. Nichols et Hull° : c'est la pression de radiation; l’autre, aclive, qui n'a jamais cessé d'exister depuis la mation d'un noyau d'attraction au centre de la ieuse solaire. e force, qu'on a trop négligée depuis quelque “ cessus de la condensalion solaire. On ne saurait ns elle expliquer la loi particulière de rotation u Soleil, variable aux différentes lalitudes hélio- ? triques, ainsi que la formation de toute une égorie de protubérances appelées quiescentes et ui paraissent prendre naissance dans les parties vées de l'enveloppe chromosphérique. Ces vues synthétiques éclairent d’un jour nou- éau les faits constatés récemment à la suite de enregistrement continu des troubles solaires. s en donnerons quelques exemples. On sait uen isolant, à l’aide du spectrohéliographe, une endre un compte exact de la distribution des ériaux à des niveaux différents au-dessus de la iotosphère. Un examen des photographies ainsi btenues a montré qu'au-dessus de la couche sible, limitant le disque solaire, s'étend une enve- pe formée de gaz dont la sélection s'opère d'’elle- ême, suivant les hauteurs. La structure de ces eloppes se rapproche des granulations photo- phériques, sortes de nuages analogues aux cirrus > notre atmosphère et qui ont été étudiés avec de succès tout dernièrement par M. Hansky, de observatoire de Poulkowa:. IL a été possible, par emple, de rechercher la distribution des nuages 2calcium auxquels le D° Hale a donné le nom de reules. On a constalé que ces derniers devien- ent de plus en plus nombreux à mesure qu'on poche des régions équatoriales, — là où proba- ment la condensation et l'échauffement sont plus insidérables. L'analyse montre en même temps ue chaque tacheest toujours accompagnée, suivant ine ligne un peu oblique par rapport à la verticale, ù L Annalen der Physik, t. VI, p. 433-458, 1901. — Swith- ian Report, 1902, p. 177-178. Astrophysical Journal, vol. XVII, n° 5, 1903. à Mitteilungen der Nicolai-Hauptsternwarte zu Pulkowo, 5, n° 6. ire Amerts en anneaux probablement mé- | s, nous donnera probablement l'explication du ie déterminée du spectre, il devient possible de | élevés, et de floccules silués à l'arrière des taches, sans que les floceules soient nécessairement pré- cédés de ces dernières. Les taches sont donc des phénomènes accessoires des grandes perturbations, et, en fait, la durée d'une tache n'est qu'un court intervalle dans la vie d'un floccule'. Il devient dès lors vraisemblable que le secret des principaux troubles des enveloppes solaires doit être cherché, non au-dessous, mais au-dessus de la photosphère, les perturbations pénétrant la chromosphère et l'enveloppe sous-jacente à la façon d'un soc de- charrue dans un terrain meuble. J'avais déjà émis l'hypothèse, il y a quelques années, que les laches proviennent de perturba- tions de ce genre, à la suite d'études continues de leur constitution physique*, et les faits nouveaux que nous venons de citer, comme les constatations que j'ai pu faire lors de la présence des taches anormales de 1905 *, me paraissent non seulement une preuve de cette interprétalion, mais aussi une indication précieuse pour la distribution des varia- tions de pression à la surface photosphérique. La considération des anneaux météoritiques se condensant à la surface solaire est aussi la seule qui explique merveilleusement le fait très fréquent des protubérances antipodales et celui de la variation systématique du niveau de la photo- sphère dans les basses latitudes héliocentriques. Ce dernier fait, déjà mis en lumière, il y a une trentaine d'années, par le P. Rosa‘, ne saurait plus être mis en doute depuis les études récentes de Charles Lane Poor sur la figure du Soleil*. Les quelques exemples cités montrent quel vaste champ reste ouvert aux chercheurs, sans sortir du domaine de la Physique solaire. Pour éviter la répétition des mêmes études dans les différents observatoires, il était vraiment néces- saire de subdiviser la tâche, et c'est certainement l'idée qui a guidé les promoteurs de la récente réunion internationale d'Oxford. A vrai dire, ce premier Congrès des recherches solaires n'a pu qu'ébaucher quelques essais de coopéralion des observatoires pour un petit nombre d'observations solaires. Trois questions principales ont surtout attiré son attention : {° La détermination des repères fondamentaux pour la mesure des longueurs d'onde par l'emploi d'un appareil dû à MM. Perot et Fabry: % La mesure de lintensité du rayonnement 1 Nature. 4 maï 1905. 2 Ta. Moreux : Le Problème solaire. C. Æ., 25 juin 1900. C. R., 20 février 1905. 4 # Seccui : Le Soleil. t. II, p. 213 et suiv. (Gaut r-Vil- lars, Paris, 1875. : * Astrophysical Journal, 1905, vol. XXII. n° 2et 5. 282 L'ABBÉ TH. MOREUX — REVUE ANNUELLE D'ASTRONOMIE solaire en différentes régions du globe et à diverses altiludes à l’aide du pyrhéliomètre d'Angstrôm; 3° L'étude aussi continue que possible du Soleil et de ses dépendances. En résumé, celle première réunion d'Oxford a simplement posé les principales questions sans les résoudre; elle a servi surtout à rapprocher les membres présents, qui ont appris à se connaitre, à s'apprécier, et cette cohabitation, bien que très courte, a suffi à faire disparaitre certaines diver- gences qui existaient entre quelques-uns d’entre eux. C'est ainsi que MM. Hale et Deslandres, qui avaient autrefois beaucoup discuté sur ce sujet, sont arrivés à s'entendre à peu près sur tous les points. Dans les deux années qui vont suivre, un pre- mier essai de Coopération sera lenlé dans les diverses séries de recherches mentionnées ci- dessus; en 1907, lors de la réunion à Meudon, lorsque les questions seront plus avancées, et l'expérience de chacun plus grande, il sera possible de poser des règles précises, acceptées par tous. En réalité, le Congrès qui aura lieu en France dans deux ans sera le plus important et le premier qui verra la réalisation de l'entente et de la coopé- ration internationales, si désirables, si utiles, dans le cas particulier du Soleil. C'est, en effet, par l'étude ininterrompue du Soleil que l'on arrivera à connaître les lois qui régissent son activité variable et à discerner les causes de l’action certaine du Soleil sur le magné- tisme et la météorologie terrestres. Nous touchons là l’un des points les plus impor- tants de la Physique solaire et, pour l’apprécier à sa juste valeur, il nous faut reprendre la question d'un peu plus haut. Depuis longtemps, on se doutait que la réaction des changements solaires sur la Terre n'était pas aussi limitée qu'on se l'élait imaginé. Cette idée des anciens astronomes ne prit corps définilive- ment dans la science qu'après les travaux du D' Slone, de l'Observatoire royal du Cap, de Piazzi Smith (Observatoire d'Édimbourg) et ceux de quelques autres, vers les années 1870-1871. De son côté, le D' Meldrum, directeur de l'Observatoire de l'ile Maurice (devenu depuis le Royal Alfred Observatory), apportait la plus sérieuse contribu- tion à cetle étude. Il avait remarqué, pendant de longues années, que le nombre des épaves appor- tées par la mer dans le port de Maurice et provenant des naufrages, ainsi que le nombre des cyclones observés dans l'Océan Indien, étaient liés au nombre des taches du Soleil, à tel point que la sta- tislique des uns permettait de déterminer la quan- tité de ces derniers phénomènes". 1 Nature, 4872, vol. VS, p. 357. dire, aux premières places pour étudier ce rappo de la Météréologie terrestre avec la variati solaire, car l'ile Maurice est située dans les régio tropicales, et c'est là, sans contredit, que les ins fluences solaires sont le moins troublées.…. Poëy, presque à la même époque, faisait des recherches sur l'état cyclonique dans les Indes” occidentales et trouvait que le plus grand nombre des années de maxima des orages tombe toujo de six mois à deux ans au plus après les années de maxima des taches. Sur 12 maxima d'orages 10 coïncident avec des périodes de maxima de taches; sur 5 minima d'orages, à coïncident avec des minima de taches. On voit donc que les résul tats sont généraux pour les Indes orientales et occidentales *. En 1874, M. Lockyer découvrait un cycle de pluie correspondant à la période undécennale des taches solaires, dans la région de Ceylan *. L'étude de la condensation pluvieuse à Port Louis, Brisbane et Adélaïde conduisit le D' Meldrum à des conclusions analogues. En 1873, l'idée du rapport possible entre les changements solaires et magnéliques prit telle ment d'importance, que le Département magné tique et météorologique du Royal Observatory, à Greenwich, établi depuis 1838, recut une annexe importante. Un photohéliographe fut installé pour continuer l'enregistrement photographique quoti dien de la surface du Soleil, commencé à Kew en 1865. Dans la même année, W. Küppen trouva que la température maximum arrive dans les années de minima des taches, et vice versa, les années qui ont beaucoup de taches étant des années froides Il est vrai que la variation est très faible, puisque son amplitude n'alteint pas un degré centigrade®#s Depuis cette époque, les observations spectra scopiques des changements solaires ont prouvé que le Soleil était plus chaud quand il y a le plus de taches, détruisant ainsi la vieille idée que les taches agissent comme des écrans et réduisent l& radiation. Le résultat semblait paradoxal, mais Blanford fit remarquer qu'il yavait là un phénomène très expli= cable en faisant intervenir l'évaporation. En outre, les conclusions de Küppen ne sont valables que pour la zone tropicale; partout ailleurs, quoi qu'on en ait dit, la courbe des tem péralures ne suil pas la courbe renversée des 1 C. R., 24 nov. 1873, p- 1222. ® Lockyer: Solar Physics, 1874, p. 425. 3 W. KôPrex : « Ueber mehrjahrige Perioden der Witter= ung ». Zeitschrift f. Metcorologie, Bd. VIT, 1873, p. 241-248 et 257-268. DER L'ABBÉ TH. MOREUX — REVUE ANNUELLE D'ASTRONOMIE 283 “taches. Parfois même, ainsi que l’a montré récem- _ ment M. Flammarion, le directeur de l'Observa- “Loire de Juvisy, et pendant de longues périodes, les deux courbes offrent la même allure’. D'une facon générale, si la chaleur dépasse une “très grande quantité provenant d’une suractivité pour l'évaporation anormale produira dans les ds équatoriales une température un peu plus “ basse (0°,32 d'après Küppen); par contre, les | sions polaires auront probablement une tempé- rature plus élevée”. …_ Dans les latitudes intermédiaires, le phénomène devient plus complexe, et il faudra certainement de nombreuses observations pour établir une loi. Malgré de grandes difficultés, la question pro- gresse très sûrement. Les travaux de M. Cham- bers en 1875 et en 1878 ont établi que, dans cer- taines régions tropicales déterminées, il y à une étroite relation entre les variations des taches, de “la pression barométrique et de la pluie; comme, d'autre part, les famines dans les Indes sont tou- Br amenées par le manque d’eau, il faut ajouter elles-ci à la liste des phénomènes connexes. Il faudrait ciler encore les études du D' Blan- “ 1880) sur les relations entre le climat russe Le le climat indo- malaisien; celles de M. N. Lockyer sur la spectroscopie des taches et la chimie du Soleil (1879-1886); de M. Gonzalez, directeur de “l'Observatoire de Bogota; les beaux travaux de “M. Savelief sur la constante solaire et ceux, plus récents, de Langley, montrant que la radiation —colaire est essentiellement variable; ceux de M. Flammarion en 1895 et 1896; mes propres recherches sur le mécanisme des taches et leurs fets (1880 à 1900), pour donner une idée de l’état de la question à l'heure actuelle. Nous nous conten- lerons, en terminant, de dire un mot des derniers “travaux relatifs aux pluies. La série des études spectroscopiques entreprises ur le Soleil par M. Lockyer confirma cette vue, qu'à la Auctuation undécennale de l’activité solaire vient LE. ajouler une seconde, beaucoup plus longue et “voisine de trente-trois ans. —. D'autre part, les études de Brückner, purement Slatistiques, avaient mis en évidence un cycle "météorologique de trente-cinq ansenviron. L'accord entre les deux périodes était assez satisfaisant pour “qu'on prit la peine d'examiner la question de plus près. En fait, les travaux du D' Meldrum, ceux de "MM. Blanford et N. Lockyer ont montré que la courbe des pluies dans le monde entier offre une oscillalion cyclique remarquable, les maxima étant éloignés d'environ trente-trois ans et chacun d'eux ‘ Bull. 2 KôPrenx : Soc. Astr. Fr., Op. J. cit. 1898, p. 250. arrivant peu d'années après un grand maximum de taches. Me servant des nombres de M. Renou, du Bureau central, j'ai pu établir l’année dernière qu'une con- clusion analogue doit s'imposer pour le climat parisien depuis 1800”. Le grand maximum d'activité solaire ayant eu lieu en 1905, il faudrait, d'après ces données, s'attendre à une période de pluies qui aurait elle- même son maximum vers 1912 ou 1913. Nous sommes done en possession d'un véritable cycle météorologique très important, découvert par le D' Meldrum, et analogue sur beaucoup de points à la période du saros pour les éclipses. « Les Anciens ignoraient la raison du saros comme nous igno- rions nous-mêmes, à l'époque où parlait le D' Mel- drum, les rapports entre le Soleil et la Terre”. » Nous sommes aujourd’hui un peu plus avancés ; évidemment le rapport existe, mais quelle est sa vraie nature? Pour la découvrir, disait M. Lockyer, il nous faut obtenir une connaissance exacte des courants solaires et, en même temps, une Connaissance non moins exacte des courants terrestres. La première demande les efforts réunis de la Photographie et de l'Analyse spectrale; la seconde exige l'emploi de la Météorologie comme science physique, et non comme une simple collection des statistiques de la température. Quand ces deux conditions seront réalisées — et, en dépit de certains météorologistes qui s'efforcent de faire le contraire, elles le seront bientôt — nous aurons une science de la Hétéoro- logie placée sur une base solide — la Météorologie de TAvenir*. » De toutes parts on se met à l'œuvre, etdes obser- vatoires de Physique solaire se sont créés depuis quelques années. Qu'il nous suffise de citer l'Observatoire de South Kensington, si habilement dirigé par M. N. Lockyer, celui de Tortosa, créé par le P. Cirera, et différents observaloires américains dont le plus important, dans quelques mois, sera sans contredit celui du Mont Wilson. On peut donc espérer de voir aboutir bientôt à des résultats éminemment pratiques l'œuvre entre- prise par le Congrès international des recherches solaires, dont la prochaine réunion doit avoir lieu à Meudon en 1907. III. — CHKONOMÉTRIE. Il ne semblera pas déplacé d'aborder ici les pro- grès réalisés récemment dans un ordre d'idées 1 Tu. Moreux : {ntroduction à la météorologie de l'avenir Thomas, Paris, 1904). ? Lockvyer : Solar Physics, p. 424. 3 Lockyer : Solar Physics, 1874. L'ABBÉ TH. MOREUX — REVUE ANNUELLE D'ASTRONOMIE Me ut 7 # appartenant à ce qu'on a coutume d'appeler, mais à Lort selon nous, les à-côté de la science astrono- mique : nous voulons parler de la Chronométrie. Depuis les premières observations, on s’est, en effet, rendu compte que la plupart de nos mesures “astronomiques se ramènent en dernière analyse à l'apprécialion d’un intervalle de temps. Les deux déterminations sont tellement connexes qu'on n'a jamais cessé de chercher à augmenter la précision avec laquelle nous mesurons cette dernière quan- tité. La localisation exacte de l'instant où se passe un phénomène a fait, dans ces dernières années, de tels progrès que nous avons cru devoir y consacrer un chapitre de cette revue annuelle ; à n’en pas dou- ter, les plus importants sont dus à l'application des aciers au nickel aux horloges et aux chronomètres. Rappelons que les deux principaux éléments perturbateurs du mouvement des horloges sont les varialions de la température et celles de la densité du milieu ambiant. On élimine cette dernière cause de varialion dans la mesure du possible, soit par une compen- sation appropriée, soil en enfermant les horloges dans une enveloppe hermétique. Quant à l'action de la température, les deux seules méthodes clas- siques qui parvenaient à la corriger étaient celle du pendule à gril et celle du pendule à mercure. Il ne semblait mème pas que de grands progrès pussent encore être réalisés dans cette voie, lorsque la découverte, par M. Ch.-Ed. Guillaume, des alliages très peu dilatables de fer et de nickel”, a ouvert une voie toute nouvelle au problème de la compensation des horloges. Grâce à l'emploi de ces alliages, la question a été amenée à son maxi- mum de simplicilé. Une lentille posée sur un écrou vissé à une tige d’invar* en fait tous les frais. Les trois principaux avantages de cette nouvelle combinaison sont : 1° l'économie; 2 la facilité de transport; 3° la précision. Je n'insisterai pas sur le premier avantage, qui est évident. La transporlabilité résulte de la simplicité et de la robustesse du mécanisme, ou plutôt de l'absence de tout mécanisme susceptible de dérangement. On peut maintenant pincer le pendule et la len- lille dans des cales de bois, transporter l'horloge, la fixer en un autre lieu, libérer le pendule et remettre l'horloge en marche. Ainsi que l’indique M. Guillaume, d'après les expériences de M. Blum- bach, de la Chambre centrale des Poids et Mesures de Russie, une horloge bien faite, ainsi traitée, prend, au bout de très peu d'heures, son allure de régime *. Cet important résultat a permis d'em- { Cu.-En. GuiLLAUME : Recherches sur le nickel et ses alliages (Gauthier-Villars, 1898). ? Acier à 36 °/, de nickel, à très faible dilatation. Ca. -Eo. GUILLAUME, directeur-adjoint du Bureau intern. se. «* ployer, dans les meilleures conditions possibles" des horloges de grande perfection pour les études de la gravité au moyen du pendule’. k Quant à la précision, elle résulte de la dilatabi lité très faible des pièces qui concourent à la com= pensalion, et qui assurent celle-ci très suffisam: ment, même lorsqu'il existe du haut en bas de lan cage de l'horloge des différences de température appréciables. Un perfectionnement d'une tout autre nalure a élé apporté également par M. Guillaume à la com pensation des chronomètres. Pour en faire com-= prendre toute la valeur, une courte digression sera nécessaire. On sait que la variation de marche des montres avec la température est due en presque totalité au changements du module d'élasticité du spiral; mais ce que l'on ignore généralement, c'est que ces changements sont lels que, si l'on n'y apportait remède, une montre très bien construite offrirai des variations de 12 secondes environ par degré centigrade et par vingt-quatre heures. On à appris, depuis plus d’un siècle, à anoulem approximativement l'effet de ces changements, en les compensant à l'aide de la variation du moments d'inertie du balancier, constitué dans ce cas pa deux lames circulaires bimétalliques fixées au extrémités d’un même bras diamétral. Mais, en raison de la forme de la fonction sui vant laquelle se produit la variation d'élasticité du spiral et la dilatation des métaux (généralement acier et laiton) qui constituent la bilame, la com= pensation n'est pas complète, en ce sens qu'un chronomèlre qui possède la même marche à deux températures déterminées ne la retrouve à aucune autre. L'horloger anglais Dent découvrit, en effet, en 1833, que les écarts aux lempératures moyennes sont de l'ordre de 2 secondes par jour pour un chronomètre réglé à 0° et à 30°. La correction de cette erreur a beaucoup préoc cupé les horlogers, et un grand nombre de méca= nismes ont été imaginés en vue de l'atlénuer. Bien que ces mécanismes soient coûteux, et sujets à des dérangements, ils se sont beaucoup répandus er raison de l'importance que l’on attache à donne aux chronomètres une compensation uniforme. Reprenant la question et s’aidant de la théorie de Yvon-Villarceau, M. Guillaume a montré commen on pourrait, par une combinaison particulière de l'acier-nickel et du laiton, donner au balancier unes fonclion compensatrice qui fût pratiquement de même forme que la fonction perturbatrice du spiral des P. et M. : Les applications des aciers au nickel, p. 130 (Gauthier-Villars, Paris, 1904). 1 Cn.-Eo. GuILLAUNE : Op. Jj. cit., p. 163. H L … L'essai aussitôt tenté par deux des plus habiles _horlogers suisses, MM. Nardin et Paul Ditisheim, conduisit immédiatement à des résullats de com- _pensation tellement supérieurs aux anciens qu'ilne peut subsister aucun doute sur l'efficacité de ce nouveau procédé de compensation". Le nouveau balancier se répand de plus en plus, t la tête des concours de Hambourg, de Kew, de “Besançon et de Neuchälel a été régulièrement tenue, depuis plusieurs années, par des chrono- mètres qui en étaient munis. À Besançon, à Ge- iève, à Greenwich et à Washinglon, ce balancier enregisiré récemment les mêmes succès. Ajoutons que les perfectionnements successifs pportés au chronomètre de marine en ont fait un instrument d'une extrème précision. Un lel chro- omètre sera donc très précieux désormais aux tronomes, non seulement en voyage, mais dans toutes les circonstances où ilsne pourraient assurer une horloge astronomique les conditions de sla- ilité indispensables à une marche régulière. Tel st le cas, par exemple, dans les pays sujets aux ismes. C’est ainsi que les astronomes japonais, ‘auxquels l'emploi des horloges est interdit, en raison du peu de stabilité de leurs îles, ont pu trouver, dans les chronomètres construils en ces dernières années, une précision qui suffit ample- ment à leurs observations. Le perfectionnement du balancier a permis aussi “de reprendre dans ces dernières années, avec un Succès inespéré, la détermination des positions géographiques par le transport des garde-temps. à précision qu'il est possible d'obtenir par ce pro- édé a été mise bien nettement en évidence par ransporté à deux reprises différentes des chrono- mètres de petit format, de Neuchâtel à Paris, aller relour, et a obtenu, en comparant les observa- queslion a pu être effectuée avec une précision de ordre du dixième de seconde de temps. “compensée dans l'ensemble du réseau européen Lbéaucoup mieux que ne le fait la détermination dérée, il esl vrai, comme peu exacte ?. On pouvait cependant faire une objection à la méthode : c'est que son emploi exigerait de faire passer les chronomètres pendant le transport à des allitudes très variables ; comment alors les instru- » Cn. En. GuiLLause : /d.. p. 136. 2 C. R., 25 avril 1904. L'ABBÉ TH. MOREUX — REVUE ANNUELLE D'ASTRONOMIE , k Paul Ditisheim, de la Chaux-de-Fonds, qui a | — Le résullat concorde, d'ailleurs, avec la valeur | lélégraphique exécutée autrefois entre Paris et | Neuchâtel, détermination qui a toujours été consi- | 285 ments se comporteraient-ils? Cette question impor- tante a donc amené naturellement à un nouvel examen de l'action des pressions sur le mouvement du balancier. Des mesures exécutées par M. P. Dilisheim, et dont M. Guillaume a établi la théorie, ont montré que la marche d'un chronomètre retarde d'autant plus que la pression augmente davantage. Ce retard est dù à l'entrainement de l'air, qui accroit le moment d'inertie du balancier. Il est un peu diminué par le défaut d’isochronisme, que l'on règle, en général, de manière à donner un peu d'avance aux petits ares. Mais, dans une pièce bien construite, le retard es oujours prépondérant. Ce fait avait été contesté, et il était très utile de ie mettre définitivement en lumière. Les progrès réalisés dans la marche des chro- nomèlres munis du balancier à acier-nickel ont déjà rendu plus pratique l'enregistrement chro- nographique employé dans les observaloires. Depuis quelques années, on se servait, en effet, de pendules de précision fort coûteuses pour ouvrir et fermer à chaque seconde un courant électrique dont les interruptions étaient enregis- trées sur une surface de papier se déroulant d’un mouvement continu. Le moment précis d'un phé- nomène vu à la lunette, le passage d'une étoile par exemple, pouvait done, grâce à un nouvel inter- rupleur manié par l’astronome, s'inscrire sur la même bande en regard de l'enregistrement continu des secondes. Les constructeurs se sont ingéniés récemment à simplifier les appareils, et nous devons signaler dans cet ordre d'idées le chronographe enregistreur de M. P. Ditisheim, qui réunit, dans une seule boîte facilement transportable, l'appareil chronographique à mouvement continu des obser- vatoires et le chronomètre à contact électrique avec sa batterie commandant l'enregistreur des secondes. Le papier est entrainé, comme dans le télégraphe Morse, par un mouvement d'horlogerie dont la marche est très exactement réglée par le régula- teur à lame vibrante de Hipp. M. Dilisheim peut donner au déroulement de la bande une vitesse telle que chaque seconde est comptée par un trait d’une longueur de plusieurs centimèlres. Une autre plume enregistre un deuxième trait au-des- sous du premier ; les ressauts oblenus sur ce second trait, et qui sont inscrits à la volonté de l'opérateur, viennent ainsi prendre place dans une partie bien déterminée d'un intervalle connu, une seconde par exemple; la détermination du passage d'une étoile devient donc une opération presque automalique, ne nécessilant plus un long appren- lissage et des instruments coûteux. C'est un chronographe de ce genre que nous . "r* æ » Le 286 avons emporté à Sfax et qui nous a servi dans L'ABBÉ TH. MOREUX — REVUE ANNUELLE D'ASTRONOMIE l'appréciation des conlacts lors de l'éclipse du | 30 août ; et nous devons dire que le transport de ce remarquable instrument n’a aucunement nui à la précision des observations. Malgré tous ces perfectionnements, les chrono- graphes à main ne parviennent pas à éliminer l'équation personnelle. C'est pour se soustraire à cet inconvénient que différents observatoires ont essayé des procédés nouveaux d'enregistrement des passages d'une facon directe et sur une plaque photographique. Nous en signalerons deux qui méritent d'attirer l'attention. Le premier est le photochronographe inventé par le P. Fargis, de l'Observatoire de Georgetown. Le réticule de l’oculaire est remplacé par une lame de verre sur laquelle on a gravé un trait coïncidant avec la méridienne de la lunette ; derrière ce réti- eule simplifié, on met une plaque photographique. En interceptant à intervalles réguliers, au moyen d'une languette de métal, les rayons de l'étoile, on obtiendra sur la plaque une série d'images s'éche- lonnant à des distances égales. En outre, des interruptions plus longues peuvent supprimer une image toutes les deux secondes par exemple. Le passage terminé, une lampe électrique allumée devant l’abjectif de la lunette donne sur la plaque | l'image de la ligne méridienne. Si l’on sait le temps exact du commencement de l'inscription, il est facile de déterminer le temps du passage à un dixième de seconde près, les interruptions étant données par un électro-aimant relié à un chrono- mètre. Cette application du photochronographe a réalisé tout ce qu'on en avait espéré. Or a pu déterminer ainsi les ascensions droites d'un grand nombre d'étoiles : le perfectionnement du photo- chronographe a permis des déterminations très exactes de latitudes, des mesures concernant les étoiles doubles, et les planètes, etc. *. Il est permis de supposer que l'application de cet instrument aux chronomètres portatifs en faci- litera grandement l'emploi dans un avenir peu éloigné. Le second appareil, dont nous avons à dire quelques mots, réalise des progrès plus considé- rables encore. Il a élé construit par M. Gautier sur les indications de M. Lippmann, qui en a proposé récemment le dispositif. Les essais ont été faits à l'Observatoire de Paris par MM. Jean Mascart et W. Ebert, sous la direction de M. Lœwy, et les premiers résultats donnent pleine confiance dans cet instrument nouveau, qui porte le nom de : Lunette méridienne photographique pour la détermination des ascensions droites ». ‘ Photographie Trausits of 161 Stars. Hedrick, Was- hington. | la pendule, et non son état absolu, on la peut déduir | avec une grande précision de divers clichés du mêmt | mentales. Le principe en a été exposé cette année à l'Aci démie des Sciences, dans la séance du 15 mai: voici en quoi il consiste : « Imaginons un collimateur orienté dans le plan du méridien et, devant lui, un miroir cylindrique 4 les génératrices sont normales au plan du méridien: Au lieu d’un point lumineux, il sera préférable de mettre, au foyer du collimateur, une fente vertics fournissant plus de lumière ; l'appareil étant réglé; les rayons réfléchis par le miroir vont constituer une nappe plane qui projette la fente sur la sphère céleste suivant un grand cercle lumineux qui sera le cercle de référence. À « IL suffit alors d'adjoindre, pour l'observation, une lunette visuelle ou photographique, dont l'objec recoit et la nappe plane formée des rayons réfléchis par le miroir et, en même temps, la lumière des étoilesa cet objectf est assez large pour n'être que peu masqué par le miroir cylindrique de petite dimension. pe. étoiles forment donc leurs images dans le plan focal # dans le mème plan, les pren à la nappe lumineuse produite par le miroir cylindrique forment une ligne fixe qui servira de référence, ligne qui n’est autre chose que l'image du grand cercle découpé dans sphère céleste par le plan de référence. Dans l’instru ment en question, la lunette réceptrice, par un dispo- siif plus pratique, est constituée par un objectif renvoyant les rayons lumineux vers l’oculaire par l'intermédiaire d'un miroir à 45 degrés. « L'instrument de l'Observatoire de Paris est di posé pour la photographie : il suffit alors de diriger vers le ciel une lunette photographique, montée équa torialement, et dont l’objectif recoit la lumière des étoiles en même temps que celle qui provient du miroir” D'autre part, le collimateur à fente est muni d'un obtu: rateur instantané, déclanché toutes les minutes par un mouvement d'horlogerie ; ainsi le résultat de l’opé= ration est un cliché, document graphique qu'il reste utiliser. Le cliché porte les images de nombreuses étoiles, ainsi que des traits noirs qui sont, toutes les minutes, les photographies de la ligne de référence les distances es disques stellaires par rapport à ces lignes, mesurées au moyen de la machine micromé trique, permettent d'en conclure les ascensions droites des étoiles, tandis qu'à l’aide des images des étoiles fondamentales les clichés fournissent l'état de la per dule. Si, au contraire, on ne désire que la marche d groupe stellaire. [ « Les méthodes et formules de réduction sont le mèmes que pour les observations visuelles ; mais, ici, les documents réunis en quelques minutes sont bez coup plus nombreux et il n'y a pas à craindre l’inter vention des erreurs personnelles ; le temps de post n'est pas élevé. Au point de vue astronomique, si l'a! veut déterminer par la photographie les coordonnée des astres, on est obligé de rapporter sur les cliché les objets faibles à des étoiles de repère, puis, par de observations visuelles, de rapporter ces étoiles de repèr aux fondamentales : il faut donc combiner trois ins truments, lunette photographique, lunette à réticule € horloge, qui, actuellement, sont indépendants ou reliés physiologiquement par l'observateur. Avec la méthodi photographique directe qui nous occupe, les trois instru ments dont il faut connaître les indications simultanée sont automatiquement reliés entre eux et constituer un seul appareil, tandis que, par là même, disparaissen les erreurs personnelles et de réduction des cliché grâce au réseau des images de la ligne de référence:l faibles objets sont rapportés directement aux fond! “« Le champ d'exploration sur le ciel de l'instrume est considérable : 480 degrés, théoriquement, aveu demi-cylindre comme miroir ; les réglages sont facile wérifier ; les organes sensibles sont immobiles, rantie de stabilité, évitant les flexions et déviations ine lunette mobile sur coussinets ; l'enregistrement agles est direct, sans avoir à passer par les temps. endement, enfin, est bien supérieur à celui des Ù ations visuelles. e Dans l'instrument que M. Læwy avait fait installer, ébjectif avait 16 centimètres de diamètre, permettant bservation des étoiles de onzième grandeur ; le champ it d'environ 2 degrés 1/2 carrés; la pose de douze iutes peut, dans de bonnes conditions, photographier Hoïles de neuvième grandeur *, » IV. — Nouveaux SATELLITES DES PLANÈTES. Passons maintenant à la découverte des nou- aux Satellites, qui est bien, à proprement parler, fait le plus sensalionnel de l'année astrono- rique 1905 :. Depuis la découverte du neuvième satellite de turne, en 1898, par M. W. H. Pickering, le eutourant celte planète s'est enrichi cette nnée, grâce à cet astronome, d'un dixième membre, di a pris place au septième rang à l'intérieur du stème, entre Titan et Hypérion. Presque en même mps, la découverte de deux autres astéroïdes par Prof. Perrine, en portant de 5 à 7 le nombre des itellites de Jupiter, augmentait de plus de six fois tendue de son système. Les découvertes récentes portent à 7 le nombre s satellites nouveaux observés dans le système & pendant les trente dernières années, el il est essant de constater tout d'abord qu'elles ont ncidé avec l'emploi de méthodes nouvelles ou pouveaux instruments. En parlant de Jupiter et de Saturne, M. Faye écri- dans son Origine du monde, une phrase isse de conséquences : « Si l’on vient à découvrir satellite à l’une de ces planètes, on peut être qu'il circulera autour d'elle dans le sens de la ation de celle-ci »”°. La découverte du mouvement rétrograde des atre satellites d'Uranus et de l'unique satellite “CR, 15 mai 1905. On sait que M. Perrine, de l'Observatoire Lick, a dé- un sixième satellite de Jupiter, en décembre 1904, septième en janvier 1905. Le dixième satellite de mme a été découvert par M. W. H. Pickering, en juin ÆFave : Sur l'origine du monde, p. 155 (Gauthier-Villars, 1885). Dans l'édition de 1896, p. 162, M. Faye a modifié la rédaction de ce passage, mais le sens reste le :« De même et par la méme raison, les satellites qui ourent une planète se meuvent dans le sens de la rota- de celle-ci. On a dans ces derniers temps découvert un me satellite à Saturne, un cinquième satellite à Jupi- deux satellites à Mars; ils circulent autour de leur pla- dans le sens où leur planète tourne elle-même. De né, les satellites d'Uranus et le satellite de Neptune cir- dans le sens de la rotation de leur planète : du moins, contribue à le faire penser. Voilà des caractères cer- - I serait superflu d'appliquer ici le calcul des proba- és. La théorie les indique et chaque découverte nouvelle es confirme ». L'ABBÉ TH. MOREUX — REVUE ANNUELLE D'ASTRONOMIE 287 de Neptune avait déjà porté un coup violent à l’écha- faudage mal assis de la nébuleuse de Laplace ‘; la constatation du mouvement du neuvième satellite de Saturne, tournant en sens inverse de ses com- pagnons, anéantit d'un seul coup les théories de Faye en leur infligeant un cruel démenti. Phœbé tourne. en effet, sur une orbite faiblement inclinée par rapport au plan de l'écliptique, mais dans le sens rétrograde. Quant à Thémis, le dixième satellite de Saturne, et aux deux satellites de Jupiter récemment découverts, pour n'être pas animés d'un mouvement rétrograde, ils n’en offrent pas moins d’autres particularités très remarquables, bien faites pour déconcerter les adeptes de l'hypo- thèse de Laplace et de ses dérivées : ou les incli- naisons des nouveaux salellites sont considérables (39° et 31°), ou leurs excentricités sont très pro- noncées. En présence d'aussi importantes singularités, déjouant à première vue les cosmogonies classiques, l'imagination eut beau jeu et on ressuscita les vieilles théories de la capture. C'était une façon singulière d’éluder la question et, ainsi que nous allons le montrer, de s'en tirer à trop bon compte. Déjà Laplace, dans son Exposition du Système du Monde, avait été arrêté un instant par les orbites déconcertantes des comètes. Ces astres vagabonds, comme on avait « accoutumé » de les appeler, présentent une particularité curieuse : alors que, dans le système solaire, les planètes cir- culent toutes dans le sens direct, les comètes semblent faire exception à cette loi, puisque bon nombre d'entre elles sont animées d'un mouve- ment rétrograde. Cette singulière façon de se comporter semblait bien un peu embarrassante, mais un stratagème fut imaginé pour expliquer le fait. On déclara net que, si les astres chevelus n'avaient pas tous un mouvement direct, c'élait qu'en réalité ils avaient élé captés par le Soleil au hasard des rencontres dans leur course à travers l'infini. Leurs orbites, calculées seulement sur une faible portion d'arc, s'accommodaient assez bien de la nature parabo- lique ou hyperbolique. Les comètes fuyardes ani- mées de grandes vilesses subissaient à peine ‘* On lit, dans l’{ntroduction à la théorie des probabilités, de Laplace. p. Lxxu1 : « Ces mouvements (rotation directe des planètes et des satellites connus à cette époque) forment, avec ceux de révolution, un ensemble de quarante-trois mouvements dirigés dans le mème sens: or, on trouve par l'analyse des probabilités qu'il y a plus de quatre milliards à parier contre un que cette disposition n'est pas l'effet du hasard, ce qui forme une probabilité bien supérieure à celle des événements historiques sur lesquels on ne se per- met aucun doute. Nous devons croire, au moins avec la même confiance, qu'une cause primitive a dirige les mou- vements planétaires, surtout si nous considérons que l'in- clinaison du plus grand nombre de ces mouvements à l'équateur solaire est fort petite £: EL } per ’ du? É 4 x 288 L'ABBÉ TH. MOREUX — REVUE ANNUELLE D'ASTRONOMIE l'attraction solaire et, libérées bientôt de cette der- nière, elles pouvaient reprendre leur course sans fin ; quant à celles qu'une vitesse trop lente vouait à l'emprisonnement perpétuel, leurs orbites se transformaient en ellipses plus ou moins allongées et, gardées comme otages, elles devenaient comètes périodiques. Ces hypothèses prévalurent jusqu'en ces der- nières années et ce ne fut pas la première fois qu’on vit les savants plier les faits à leurs exigences sous l'empire d’une idée préconcue : l’Astronomie nous en fournirait plus d'un exemple. Sans se préoccuper des théories cosmogoniques reçues, dont le propre devrait être de fournir une explication des faits, M. Fabry résolut de traiter la question en détail, et les conclusions de sa thèse peuvent se résumer ainsi : « Si le Soleil est en mou- vement dans l’espace, ce mouvement fût-il même faible, et si les comètes nous viennent des espaces interstellaires, ces astres doivent tous décrire des hyperboles'. » Or, l'hyperbole n'étant pas une courbe fermée, tout corps étranger au système solaire, pénétrant accidentellement dans sa sphère d'action, est destiné à en sortir : la capture est donc impossible. Cette conclusion s'impose d'autant . mieux que, loin d'être faible, le mouvement du Soleil dans l'espace, d'après les recherches ré- centes, atteint près de 16 kilomètres à la seconde. Il n'y a pas de raison plausible pour qu'on ne puisse appliquer l'argumentation de M. Fabry à la capture des satellites par les grosses planètes. Outre que Jupiter, par exemple, est animé de la transla- | tion commune au système solaire, il possède un mouvement propre orbital de 13 kilomètres environ, ce qui rend de même très invraisemblable a priori l'hypothèse de la capture. Mais il est facile de démontrer par des chiffres que cette théorie est loin de donner l'explication des faits. Soient : y, la vitesse relative, par rapport à une planète, d'une pelite masse qui a pénétré acciden- tellement dans sa sphère d'activité; j, l'accélération communiquée par la planète à la distance r. Pour que celte masse décrive autour de la pla- nète une courbe fermée, il faut qu'on ait: v? < 27r. Si le mobile doit devenir un satellite, y? ne doit guère dépasser jr; la valeur de la vitesse, V}r, étant celle qui convient au mouvement circulaire. Pour le système de Jupiter, les limites d’une vitesse de ce genre sont comprises entre 26,2, à hauteur du petit satellite intérieur, et 3%,24 dans la région des plus éloignés. En admettant que ces derniers aient été caplurés, leur vitesse, aux liques et l'origine des comètes (Barlatier, Marseille, 1893). | croître, ne l'oublions pas, aux approches de I@ | Jupiter est prépondérante, et appelons y la vitesse de pên voisine de 3*",2% et, en tout cas, inférieure 3xm,94 V9, soit : 4x%,6 environ. D'autre part, une comèle venant des espac interstellaires — ou simplement des confins « système solaire — aurait pris à hauteur de l'orbi de Jupiter, du fait seul de l'attraction solaire, ur vitesse égale à celle de la planète multipliée pa V2, c'est-à-dire 18*%,4 environ. La vitesse min mum que puisse avoir celle comèle par rapporb Jupiter répond au cas où le périhélie de la comè (supposée directe) est sur l'orbite de la planète tive est 18%%,4 — 13 kilomètres, ce qui nous donné le chiffre très faible de 5“",4. Et cette valeur, déjà sensiblement plus grande que le minimum 4*8,( requis pour avoir une courbe fermée, doit s’ planète en vertu de son attraction, qui est loin d'être négligeable. Oa peut calculer cet accroissement partir du point où la comète entre dans la sphère d'activilé de Jupiter, c'est-à-dire dans la partie de l'espace où l'attraction de Jupiter est prépondés rante. Le rayon de celte sphère estenviron le double de celui de l'orbite du dernier satellite, et le caleul montre que la petite masse acquiert, en arrivant à cette dernière distance, une vitesse de 6“",3, déj bien supérieure à celle du satellite le plus éloign (3°%,24) et plus forte encore que la vitesse minimut 4°%,6 nécessaire pour lui faire décrire une courh fermée *. Si je me suis étendu sur l’hypothèse de la caf ture, c'est que cette théorie surannée avait Loi dernièrement réuni quelques partisans. Nous pourrions aussi mentionner l'essai malhet ‘ Désignons par r le rayon de la sphère où l'attraction tration dans la sphère (v=5 k. 4). | La théorie du mouvement d'un point matériel attiré veisl un centre fixe en raison inverse du carré de la distan fournit l'équation : 2 r ,l' 297; (1 v— y =2ir(5 1), v' étant la vitesse gagnée à la distance r". Aux distances r et r' les vitesses du mouvement cir@ laire, u et u', sont liées par la relation : . = 2. etton a :7r—=u"; ! | | | | L'équation (1) devient donc : | 9) (2 _y2— 97/2 2): (2 y Pa—2u (: IE 4 or, à la distance du dernier satellite d " - d'a; = 24 x TAN et il vient : ve veut —5k£ + 3K2E ; PAS pk: : d'où v!— 6K,3. 4 $ æ a CE tenté par M. Pickering ‘, qui supposait que les solaires avaient renversé la direction de la n de Salurne après la naissance de Phœæbé, s avant celle des satellites intérieurs. Avec une e digne d'un meilleur sort, le Professeur y annonçait en même temps que tous les très éloignés de leurs primaires posséde- b cetle même particularité d'un mouvement grade. La prédiction ne fut pas heureuse; à : était-elle énoncée qu'on découvrait à Jupiter satellites éloignés tournant dans le sens direct. On peut cependant difficilement admettre que Soit par hasard que nous rencontrions le mou- ment rétrograde dans les trois familles exté- ures du système solaire et dans celles-ci seules. 1 outre, les mouvements rétrogrades deviennent plus en plus prononcés à mesure que nous nous dignons du Soleil *. » M. Crommelin, auquel nous npruntons celle judicieuse réflexion, parait moins ureusement inspiré lorsqu'il ajoute : « Ces fails nblent certainement fournir un bon exemple riori à cette thèse que la rolation de la matière 5 planètes était primilivement rélrograde et que Soleil a en quelque sorte renversé le mouvement ur les planètes intérieures. Le mode exact de le action est encore un mystère, mais je recom- mde le problème comme un champ très inté- sant pour les hypothèses et les recherches. » . Crommelin semble ignorer que la particu- Lé dont il parle a été très bien expliquée par le nel du Ligondès dans son livre remarquable : Wation mécanique du Système du Monde, il y quelque dix ans *. Quant à l'explication des ularités des nouveaux satellites, je me suis is de la demander à l'auteur même de l'ou- e déjà cilé, ‘et je résumerai le plus simplement ible la façon dont il a traité le problème. arli d'une nébuleuse à peu près ronde, M. le Colo- du Ligondès a montré que, par l'application des s lois de la Mécanique, la nébuleuse initiale ané naissance à un disque lenticulaire se trans- ant peu à peu en anneaux concentriques dans els la circulation des molécules était à la fois le et rétrograde, pour aboutir finalement, par ë de condensation, à des globes planétaires ani- Ssur leur orbite d'un mouvement de translation ct. Quant au sens de rotation, l'auteur prouve best fonction de la variation de la pesanteur à eur de la nébuleuse. Au début, la pesan- esl proportionnelle, en effet, à la distance au r, et g—Ar; mais, à la fin, lorsque le M° M. Pickerixc : Explication de l'inclinaison des axes hèles. Astronomical Journal, 1902. Mommecix : Discours présidentiel du 25 octobre 1905. Poalof the Brit. Astr. Ass., t. XVI, p. 5 à 10, Du-Licoxnès : Formation mécanique du système du ide (Gauthier-Villars, Paris, 1897). — REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. 4 EE L és. A ee L'ABBÉ TH. MOREUX — REVUE ANNUELLE D'ASTRONOMIE 289 “ Soleil est formé et que les planètes tournent dans un milieu à densité presque nulle, la pesanteur suit la loi de Newton (g — B/r*), sans qu'on puisse admetlre, avec M. Faye’, que, dans l'intervalle, elle suive une sorte de loi mitigée représentée par la fonction simple g—=ar + b/r°, a et h élant deux coefficients variant le premier de À à zéro et le second de zéro à B pendant la durée de la con- densation *. L'analyse démontre, en effet, que, dans un milieu dont la densité croit de la surface au centre, la pesanteur alleint un maximum avant d'arriver à ce centre *. Il en est de même dela vitesse linéaire du mouvement circulaire, v—=Vgr, bien que la valeur maximum de cette dernière soit toujours un peu plus loin du centre que le maximum de la pesanteur. En outre, il est facile de montrer que ces deux maxima sont mobiles et se rapprochent du centre au cours de la condensation. Ainsi, au début, le maximum de vilesse élant à la périphérie, il n'y aura qu'un sens à l’enroulement des amas nébulaires; mais, à mesure que le maximum mobile s’approchera du centre, nous aurons deux cou- ronnes circulaires où l’enroulement aura tendance à s'effectuer en sens contraire. Les planètes, commencées sous l'influence de la rotation directe, devront donc subir chacune à leur tour l'influence rétrograde, et il en sera de même de leurs satellites; enfin, comme les axes des pla- nètes n'élaient certainement pas perpendiculaires primitivement aux plans de leurs orbites respeclifs, inclinés eux-mêmes par rapport au plan équatorial de la nébuleuse, ces axes, en vertu du théorème de la composition des rotations, ont été plus ou moins déviés. Dans cette hypothèse, ce sont les planètes exté- rieures, rencontrées de bonne heure par la période rétrograde, qui ont dû subir la plus forte dévialion. C'est exactement ce que nous constatons : les incli- naisons des axes diminuent graduellement de Nep- tune à Jupiter. On ne peut demander un accord plus satisfaisant de la théorie avec l'observation. Les quelques principes que nous venons d'ex- 1 Fave : Sur l'origine du monde, p.213 (Gauthier-Villars, Paris, 1896). ? En général, si la densité varie avec le rayon comme la fonction F (r), la pesanteur à la distance au centre r est donnée par une équation beaucoup plus complexe que celle de Faye. On doit avoir en effet : T— SJ Fe rdr, r o formule qui n'est encore qu'approchée pour le cas d'un ellipsoïde. 3 L'auteur représente la densité en fonction de la dis- tance au centre par une formule telle que p = Ae— "*, qui se prête facilement aux calculs, et il admet une dis lance telle que Ax entre les matériaux situés dans le disque équa- torial de part et d'autre du plan de symétrie; la densite est alors proportionnelle à xe—#?, .. 6 290 poser nous suffisent maintenant pour comprendre comment, dans un système planétaire, une partie des satellites reste engagée dans le sens direct, alors que d’autres sont entrainés dans le sens rétrograde. Le système de Saturne en offre précisément un exemple. En voici l'explication : au début, l'amas lenticulaire qui devait donner naissance à la pla- nète et aux salellites rapprochés tournait, nous l'avons vu, dans le sens direct. Dans la suite, les matériaux venus du dehors ont dû le solliciter à tourner dans un sens contraire, puisqu'eux-mêmes élaient animés d’un mouvement rétrograde. Une zone neutre intermédiaire s'est donc formée, où les matériaux sollicités dans les deux sens ont cons- tilué un milieu troublé absolument impropre aux mouvements circulaires; le résultat immédial a été de précipiter celte zone neutre sur la zone intérieure à mouvement direct. De là un mouvement de com- pression de la zone interne, qui a provoqué un très grand vide entre celte région et la zone extérieure à mouvement nellement rétrograde. Les neuf pre- miers satellites de Saturne se meuvent, en effet, à G Be 18° 28° 5h É RE QAR PR A Fig. 4. — Saturne et ses satellites. — S, Saturne: SE, plan de l'écliptique; AB, plan des anneaux et des orbites des sept premiers satellites (28°44' à 28040'); SC, plan de l'orbite du 8° satellite (18028); SD, plan de l'orbite du 9e satellite (5°). l'intérieur d’une sphère dont le rayon ne dépasse pas 60 fois celui de la planète, alors que Phæbé, l'unique satellite rétrograde, circule à une distance moyenne de 215 rayons (fig. 1). L'influence rétrograde survenue au cours de la formation du système se traduit encore par une inclinaison croissante, par rapport à l'écliplique, du plan de circulation des satellites, à partir du plus éloigné, Phœbé (5°), jusqu'au septième, Hypé- rion (28°). Entre ce dernier (qui n'est éloigné que de 95 rayons) et la planète, tous les satellites — à ‘exception de Thémis, le minuscule récemment découvert — lournent à peu près dans le plan des anneaux. Quant à l'ensemble des satellites, ils constituent comme autant de jalons laissés par ’équateur du globe sur le chemin qu'il à parcouru. Le mouvement de Thémis, dans un plan incliné de plus de 39 sur l'écliptique, demande une expli- calion spéciale. D'après la théorie du Colonel du Ligondès, il existe dans la formation des lentilles plané- taires deux phases successives. La seconde est caractérisée par une recrudescence du nombre des matériaux susceptibles de s'agglomérer le long des orbites circulaires. Si cette phase, suc- cessive elle-même dans toute l'étendue de la nébu- L'ABBÉ TH. MOREUX — REVUE ANNUELLE D'ASTRONOMIE leuse solaire, arrive à hauteur d’un anneau avan L que celui-ci soit déjà condensé en une lentille unique, les matériaux surajoutés ne font que prendre rang parmi les autres sans en altérer sen: | siblement la figure. Mais, si la lentille planétairé est déjà formée, et même en partie condensée lorsque les nouveaux amas viennent se présenter sur sa roule, elle ne peut que les recueillir au pas sage, les caplurer suivant l'expression admises Comme, en outre, ces amas viennent pour la plupart de directions fortement inclinées sur le plan dans lequel se meut le système en formation, ils s'acæ, crochent obliquement à lui. Tel est le cas de Thémis et celui des deux nouveaux satellites de Jupiter: Tout porte à croire que ce ne sont pas les seuls. asléroïdes ainsi capturés par la grosse planète. L'existence de ces satellites confirme l'hypothèse de M. du Ligondès, qui admet que Jupiter “a ] : : | plus ancienne planèle du monde solaire. Alors qu la plupart des matériaux de la nébuleuse erraie encore éparpillés loin du centre, avant surtout que ce point fût devenu lui-mème un puissant foy d'attraction, Jupiter accrochait à son orbite une. partie des amas circulant dans son voisinage portait le trouble dans le mouvement des mat riaux plus lointains. C’est ainsi que l'anneau imm diatement voisin et situé à l'intérieur de son orbi n'a pu former de système planétaire. Les amas quil jovien formé dès le début, de l’autre par la force centrale progressivement croissante, sont allés! grossir la masse de Jupiler, ou se sont parlagés entre le soleil naissant et lui sous forme de comètes périodiques, tandis que le reste des amas s’ dispersé en planètes télescopiques dans tou l'étendue de leur zone de circulation. C'est la seule explication plausible du fait, en apparence anor mal, qu'au lieu d'une grosse planète entre Mars el, Jupiter, nous trouvons des centaines d'astéroïdes:. J'ai insisté sur celte dernière théorie, bien qu'e é ne soit pas tout à fait récente, parce qu'on a hi | avec raison, pouvoir établir un rapprochement entre l'existence des astéroïdes nouvellement décot®\ verts et celle des planètes télescopiques situées dans l'intervalle Mars-Jupiter. est Il vauraitlieu, pour terminer cette revue annuelle. | de parler desremarquables pholographies, obtenues par M. Lowell, de la planète Mars, mais le résultat des travaux auxquels à donné lieu la dernièrel opposilion de la planète étant à peine connu nous semble de toute prudence et de toute oppa tunité de réserver pour le cours de celte année un jugement qui serait forcément prématuré. 1 | L'Abbé Th. Moreux, Directeur de l'Observatoire de Bourges | 1° Sciences mathématiques Jusson (Ed.), Professeur au Lycée de Lille. — Re- cherches des intégrales algébriques dans le mou- vement d'un solide pesant autour d’un point fixe (Mhèse pour le Doctorat de la Faculté des Sciences le Paris). — 1 vol. in-4° de 80 pages. (Prix : 5 fr.) Gauthier- Villars, éditeur. Paris, 1905, e beau Mémoire est consacré à une question qui à issionné les géomètres, persuadés, sur la parole d'une ève de Weierstrass, de la possibilité d'en obtenir des lutions nouvelles : l'espoir que fit naître M" Kova- wsky, M. Husson vient de le détruire, et bien défini- ment. Le mouvement d'un solide pesant autour d'un point best régi par six équations différentielles dont le stème (2) admet trois intégrales premières algébri- ies fournies par les théorèmes généraux de la Dyna- ique, et un dernier multiplicateur, égal à l'unité. Il e, de plus, trois cas particuliers, dus à Euler, à ange, et à Mne Kovalevsky, où l'on peut trouver une trième intégrale première algébrique, indépendante du temps, et non fonction des intégrales précé- lentes : dans ces trois cas, en vertu d'un théorème ën connu, la réduction du système (£) aux quadra- res est possible et a été réellement effectuée. Le pro- ème de la recherche de tous les autres cas dans quels il existe une quatrième intégrale algébrique Sttrouvé posé dès la publication du Mémoire de se Kovalevsky. La réponse apportée par M. Husson celle-ci : Les conditions initiales étant supposées bitraires, toute intégrale première algébrique et in- bendante du temps du système différentiel (È) est &combinaison algébrique des trois intégrales clas- ques, sauf duns les cas d'Euler, de Lagrange et de se Kovalevsky. our préciser la contribution de M. Husson, rappe- S que : 12 M. Poincaré a démontré en 1892 l'impossibilité l'existence d'une nouvelle intégrale algébrique si lipsoide d'inertie relatif au point de suspension st 4 de révolution (M. Husson vient de donner lans les Comptes rendus du 20 novembre 1905 une elle démonstration de ce résultat); M. R. Liouville a donné en 1896 des conditions L ï PE ire sur les propriétés générales des intégrales pre- res des équations de la Dynamique, fournissant de les points d'appui pour étayer de nouvelles recher- sur le présent problème. üs sa thèse, M. Husson donne une démonstra- M nouvelle rigoureuse des conditions nécessaires de , | iouville, puis il établit leur insuffisance et trouve ès conditions nécessaires supplémentaires élimi- les deux cas de M. Liouville. Les résultats de M. Husson sont obtenus par deux mé hodes distinctes, l'une un peu longue, mais assez llémentaire, l'autre plus concise, mais plus délicate, pirée de la méthode générale employée par M, Pain- »é, pour la recherche des équations différentielles ont l'intégrale générale est uniforme; je ne doute pas ie, le second mode d'exposition ne séduise davantage + “ei au courant des travaux récents de l'éminent nalyste. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 291 BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX Au point de vue de l'ingéniosité des procédés de recherche comme au point de vue de l'intérêt de la conclusion, ce Mémoire est tout à fait remarquable. A. BOULANGER, Professeur-adjoint de Mécanique à la Faculté des Sciences de Lille. de Lanessan (J.-L.), Député, ancien Ministre de la Ma- rine.— Les Enseignements maritimes de la Guerre Russo-Japonaise. — 1 vol. in-16. (Prix : 3 fr. 50.) Alcan, éditeur. Paris, 1905. L'ouvrage de M. de Lanessan touche à toutes les questions qui ont trait à la marine de guerre. Ecrit au moment où l'on peut commencer en connaissance de cause à tirer des déductions sûres de la guerre russo- japonaise, il ‘présente un intérèt considérable et mérite d'être lu et médité par tous ceux que préoccupe l'avenir de notre marine de guerre. M. de Lanessan commence par rappeler les profondes divergences de vues et les opinions contradictoires qui régnaient, durant ces dernières années, dans les milieux politiques et maritimes au sujet de la constitution de la marine de guerre. Puis il examine les enseignements de la guerre russo-japonaise au point de vue de la com- position des flottes. Si l’on ne doit guère compter sur les torpilleurs pour détruire les grands bâtiments de combat, on peut escompter leurs services à la fin d'une bataille pour achever les navires désemparés; ils sont également propres à exercer une surveillance active soit autour des flottes à la mer, soit à l'entrée des ports. Ce sont de bons auxiliaires, mais dont il convient de limiter la construction dans les proportions indiquées par le rôle qu’ils peuvent, efficacement remplir. Le navire le plus utile et le plus résistant dans les combats est le cuirassé de ligne, qui doit avoir une puissance offensive aussi considérable que possible et une protection proportionnée à cette puissance. La flotte cuirassée aura d'autant plus de valeur qu'elle sera plus homogène : pour obtenir cette homogénéité, il faut construire les escadres cuirassées en ne mettant pas en chantier moins de six navires à la fois. Il n'y a plus lieu de construire des croiseurs protégés. Quant aux croiseurs cuirassés, la dernière guerre a mis en relief leur infériorité par rapport aux cuirassés d'escadre. Cela ne veut pas dire qu'il faille condamner ce type de navire ; il est, en effet, fort utile pour la poli- tique des mers lointaines et pour toutes les actions qui demandent une grande mobilité et une grande rapidité d'exécution. Toutefois, nous en avons aujourd’hui en quantité suffisante; au contraire, en comparant nos forces à celles de l'Angleterre et de l'Allemagne, on voit qu'il y a lieu de faire de suite un gros eflort en vue d'accroître rapidement le nombre de nos cuirassés. Pour l'armement des çuirassés, M. de Lanessan pré- conise les grosses pièces de 305, mais en demandant lé maintien de pièces aussi nombreuses que possible de moyen calibre (du 194 de préférence); pour la petite artillerie, du 75 millimètres semi-automatique et des mitrailleuses automatiques. Il est partisan de sup- primer les tubes lance-torpilles au-dessous comme au-dessus de l'eau sur les cuirassés et les croiseurs. Inutiles aux distances de combat futures, ces tubes prennent une place qui pourrait être mieux utilisée ou mème sont dangereux. En ce qui concerne le blocus, les enseignements de la guerre russo-japonaise permettent de conclure à la nécessité de concentrer les forces bloquantes contre le port où se trouvent réunies les principales forces enne- BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX mies, de pratiquer un blocus éloigné et de faire assister les escadres bloquantes par de nombreux et robustes contre-torpilleurs. La guerre maritime ne s'improvise pas. Il faut une longue et minutieuse préparation. L'instruction des officiers et des équipages doit ètre théorique et pra- tique et obtenue par des manœuvres incessantes dans les mers lointaines. On doit développer l'initiative des officiers. Nous avons de la peine à avoir un nombre suffisant de mécaniciens; nous manquons surtoul de canonniers. Il faut créer des moyens spéciaux de recrutement pour les principales spécialités en imitant l'Angleterre, qui fait face à ses besoins au moyen d'écoles où l’on recoit des enfants qui s'engagent à ser- vir douze ans sur les navires de l'État. M. de Lanessan rappelle qu'étant ministre il a créé dans ce but l'école des mécaniciens de Lorient et des écoles profession- nelles maritimes, dont il demande le maintien ou le rétablissement. L'auteur conclut en réclamant des navires offensifs de grand tonnage ayant le can” supérieur de leur cui- rasse nettement au-dessus de la flottaison : « L'illusion de la marine défensive s'effondre sous la leçon des défaites russes, en même temps que celle de la marine aux petits bateaux. » 2° Sciences physiques Hagenbach (A.), Professeur de Physique à la Hochschule d'Aix-la-Chapelle, et Konen (H.), pri- vat-docent de Physique à l'Université de Bonn. — Atlas des Spectres d'émission des Eléments, d'après des photographies avec texte explicatif, tra- duit de l'allemand par M. H. VEILLON, professeur de Physique à l'Université de Bâle. — 4 vol. in-4° de 16 pages et de 48 planches. (Prix : 30 marks.) léna, Gustav Fischer ; Paris, Masson et Cie, éditeurs, 1905. Cet ouvrage, dù à deux jeunes savants déjà connus par d'intéressants travaux, est issu du Laboratoire de Physique de l'Université de Bonn, dirigé par le Profes- seur H. Kayser, l'un des maîtres de la Spectroscopie. C'est un recueil, aussi complet que possible, des spectres des corps simples. Il à été établi sur une base uniforme et exécuté avec tout le degré de perfection que les procédés modernes permettent d'atteindre. Les planches, de dix photographies chacune, nous donnent les spectres de lignes de 68 corps simples sur environ 80 qui sont connus à l'heure actuelle, et ceux qui manquent sont parmi les plus rares et les plus dif- ficiles à obtenir à l'état de pureté. Les auteurs ont pré- féré donner les spectres normaux, obtenus avec un ré- seau concave qui projetait le spectre sur une circonfé- rence de 50 centimètres de diamètre. Chaque spectre, s'étendant sur une longueur de 27 centimètres, est donné en deux épreuves : l'une comprenant la partie ultra-violette entre À 240 pp et le bleu, et l’autre empié- tant sur la précédente depuis À #00 pu pour présenter la partie visible jusque vers À 660 py dans le rouge, où la raie À 656,3 de l'hydrogène est nettement visible. On trouvera ainsi, pour la première fois, des planches pho- tographiées permettant une confrontation immédiate avec les spectres visibles observés à la lunette du spectroscope. Les auteurs ont donc photographié dans le rouge plus loin que cela n'avait été fait jusqu'ici, sur des clichés donnant aussi les autres régions visibles ; c'est là un des principaux mérites de leur ouvrage. Les spectres étant normaux, l'écartement des raies est pro- portionnel à la différence de leurs longueurs d'ondes, qui seront facilement obtenues par la lecture directe d'une échelle à divisions équidistantes gravée en des- sous de chaque spectre. Cet avantage compensera l'in- convénient de la dissemblance entre le spectre normal de réseau et les spectres obtenus généralement dans ARS Je | Se NE EEE i Can est un terme technique maritime qui sert à dési- gner le bord d'une tôle ou d'une plaque de blindage. les laboratoires avec des prismes, dont l'emploi est plus commode, mais où, la dispersion allant en décroissant du violet au rouge, les raies de cette région se montre ront beaucoup plus resserrées que dans les planches" de l'Atlas ; l'inverse aura lieu dans l’ultra-violet. Chaque élément a été étudié dans des conditions variées: flamme, arc, étincelle, ou tube à gaz raréfié. Les planches présentent ainsi des spécimens typiques des principaux aspects des spectres, et pourront servir d'illustrations aux traités de Physique et de Spectro scopie, car on y verra, mis en. évidence, les renverse ments de raies, les différences entre l’are, les élin celles et la flamme, les spectres rouge et bleu de Fa on, les spectres positif et négalif de l'azote, le spectre de l'air, la distribution des raies en séries. La grande finesse de ces planches, qui gagneront à être exami nées à la loupe, est particulièrement visible dans les spectres de bandes du cyanogène, du bore, du baryum de l'aluminium, etc. En ce qui concerne les types des: tinés à montrer l'effet de la self-induction sur l'étin celle, les auteurs ont malheureusement pris une trop faible inductance, par exemple pour le spectre du fer, où elle est près de vingt fois inférieure à celle qui a donné à M. Hemsalech ses résultats les plus caractéristiques. Le texte explicatif qui accompagne les planches augmente encore leur intérêt en signalan pour chaque spectre la matière employée, le disposi tif, les longueurs d'onde des principales lignes, et le raies dues à des impuretés. Des notes spéciales don nent ensuite d'intéressantes instructions sur la techs nique photographique, qui a permis de réunir sur uné même plaque presque tout le spectre visible, et auss sur le dispositif de production des différentes classe de spectres. Qu'il me soit permis de rectifier ici un erreur ou une inadvertance, à propos des étincell@ produites au moyen de circuits sans capacité. Dans ce conditions, c'est-à-dire sans condensation, les auteur m'attribuent le procédé de production des spectres d lignes des métalloïdes dans les sels fondus, tandi qu'au contraire c'est avec deux ou trois bouteilles d Leyde, donnant une capacité de 0,0085 à 0,014 micre farad, que j'ai obtenu les raies des métalloides dans le composés solides ou fondus. D'une manière générale, les spectres d'étincelle 4 cet Atlas sont moins bien venus que ceux de l'arc, & deux extrémités du spectre surtout. Pour l'ultra-viole par exemple, le groupe très fort et tout à fait caraclt ristique du silicium, entre À 252,86 et À 250,70 pu, Lol jours présent dans l'étincelle, aussi bien que dans l'ar n'est visible que dans la figure de ce dernier ; ilene de mème pour les fortes raies rouges de Cd, Zn, Ph, manquant ou presque invisibles sur l'épreuve spectre d'étincelle. ‘ En admirant la netteté de ces belles planches, on prend à regretter que le souci de ne pas augmenter; simple au double, le prix de vente de l'Atlas, paraî n'ait pas permis de reproduire les spectres en ra noires sur fond blanc, les faibles lignes blanches distinguant mal sur un fond sombre. Quoi qu'il en s0 nous féliciterons MM. Hagenbach et Konen d'avoir mener à bien un labeur aussi délicat, aussi consid rable, et avec une exécution héliographique au bonne. Rappelons, en terminant, la compétence ak laquelle le Professeur H. Veillon a mis à la portée public français le texte explicatif, qui forme une par très importante et presque indispensable de louvra A. DE (GRAMONT, Docteur ès sciences. RE Joly et Lespieau. — Nouveau Précis de Chù (NOTATION ATOMIQUE), r'édigé conformément aux pl grammes officiels du 31 mai 1902. 3° fascicull Chimie générale. Analyse. — 1 vol. in-l2 248 pages. (Prix : 2 fr.) Hachette, éditeur. Paris, 488 Ce petit livre, qui n'a pas deux cent cinquante pag de petit format, est un des plus intéressants auxq ait donné naissance la transformation récente notre enseignement secondaire. Les sciences expéri- mentales doivent être enseignées par l'expérience; les motions fondamentales de ces sciences doivent être tirées de l'expérience; ce ne sont pas des définitions bstraites et d'un caractère métaphysique qui doivent leur servir à classer les faits qu'elles étudient: ce sont les considérations tirées de l'observation des faits par- ticuliers, assez nombreux pour fournir à un énoncé général une base solide, - A ce point de vue, les généralités sur les combinai- sons chimiques étaient exposées autrefois d'une ma- mière bien peu satisfaisante, au moins dans l'enseigne- ment élémentaire. Placées au début même des leçons, es étaient destinées à apprendre à l'élève les premiers mots d'un langage nouveau pour lui, plutôt qu'à lui enseigner des lois; et, ce qui est plus étonnant, l'ex- posé n'était pas beaucoup plus scientifique, ni la dis- bussion plus approfondie dans la plupart des traités onsidérables écrits par les plus illustres chimistes. Depuis une vingtaine d'années, l'éclatant développe- ment de la Chimie organique, la naissance et les pides progrès de la Chimie physique ont profondé- ment modifié la manière de voir des chimistes. La distinction entre le mélange homogène et la combi- xison chimique, la définition des poids atomiques des poids moléculaires, l'établissement et le rôle des formules chimiques et particulièrement des for- nules développées, ne sont pas pour le chimiste con- mporain ce qu'elles étaient autrefois. Il est de- venu possible de faire comprendre aux jeunes gens tes notions nouvelles, depuis que l'étude de la Chimie st répartie en trois années, les généralités ayant été réservées sagement à la troisième année. L'élève a déjà acquis pendant les deux premières années des lotions sur les métalloides, les métaux, la Chimie ganique ; il connaît déjà les exemples nécessaires à Millustration des généralités. Si peu qu'il ait manipulé, ba vu que le rendement d'une préparation est souvent médiocre, et que la précision d'une analyse est limitée ; n peut lui faire comprendre le caractère approximatif e certaines lois, le degré d'indétermination de cer- ins résultats, sans le faire douter de toute la science. La plupart des traités déjà existants n'ont guère mis prof ces circonstances; les matières ont été trans- “posées pour les mettre dans l'ordre du programme; Pesprit dans lequel elles ont été exposées est resté sentiellement dogmatique et affirmatif. Tout autre le 3° fascicule du Précis de M. Lespieau; on s’en “aperçoit dès la première page : « C'est d'après la facon ont il a pu obtenir la séparation que le chimiste lasse la substance qu'il étudie parmi les mélanges ou mi les combinaisons. » Le lecteur prend contact ce la réalité; l'ordre de l'exposition suit l’ordre du favail au laboratoire ; les énoncés suivent l'exposition ës faits et lui donnent sa forme condensée, au lieu » la précéder comme des définitions. Le chapitre suivant rappelle les propriétés des poids bléculaires et des poids atomiques universellement bceptés, el montre à quelles conditions variées le @tit nombre des poids atomiques des corps simples éussit à satisfaire : lois d'Avogadro, de Raoult, de Dulong et Petit, et comment on utilise ces lois pour @hever de déterminer la formule d'un corps dont la bmposition centésimale est connue “Mais l'ambition des chimistes, justifiée par le succès, de faire exprimer à la formule bien d'autres pro- P iétés encore, de façon qu'à son seul aspect le lecteur exp rimenté apprenne le plus grand nombre possible de réactions du corps. La signification expérimentale les formules développées, ou formules de constitution, es mise en évidence aux chapitres XLI et XLII avec Mine clarté que je n'avais rencontrée jusqu'ici dans aucun livre élémentaire ou autre. Pour un élève, apprendre que les formules développées représentent comment un corps se coupe dans ses principales réac- tions, c'est autre chose et autrement clair, et concret, que d'entendre parler de satisfaction des atomicités ou { re ' + [E d- . BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 293 de neutralisation des valences. C'est la su pression de l'intermédiaire abstrait et inutile entre le fait et sa représentation. Lorsque la signification expérimentale des formules développées est bien comprise, la notion de valence est introduite utilement, avec tous les déve- loppements nécessaires, mais au second plan, comme il convient pour une propriété qui, très généralement déterminée, peut néanmoins avoir des valeurs inégales dans divers groupes de combinaisons. Plus loin, au chapitre LI, toute la puissance de coordination que possède la notion de quadrivalence du carbone est utilisée pour la description des fonctions organiques, mais en accompagnant toujours la formule de la des- cription des propriétés qu'elle traduit. Dans un livre qui s'adresse à des élèves déjà ins- truits en Chimie organique, on ne peut plus présenter la loi de Dalton comme à des débutants. La notion d'exposants simples doit être remplacée par celle d'ex- posants commensurables : l'élève le sait; il l'a appris l’année précédente, et il se doute bien que, lorsque les exposants sont grands, l'analyse chimique ne renseigne qu'imparfaitement sur leur rapport; M. Lespieau le dit clairement, il l'explique, et il explique aussi comment les réactions et les analogies de propriétés concourent alors à fixer définitivement le choix entre les divers rapports commensurables voisins que l'analyse seule ne pouvait distinguer. : Jusque-là, les mots poids atomique, poids molécu- laire, ont été employés avec une signification expéri- mentale bien nette; il n'a été question ni de molécules ni d’atomes. C'est seulement au chapitre XLV : « Théorie atomique », que M. Lespieau montre quelle repré- sentation simple et complète l'hypothèse des atomes fournit de toutes les lois précédentes. Quant à la notion de « nombres proportionnels », c’est vraiment une étape par laquelle il est inutile de faire passer les élèves de l'enseignement secondaire; il n'y a même plus de traité de stæchiométrie qui s'attarde à la dis- cuter; et quant à la préférence à accorder à telle ou telle valeur du poids atomique d’une substance, c’est matière de spécialistes. Les «nombres proportionnels » figurant au programme, probablement parce qu'on a oublié de les effacer sur les programmes précédents, il a bien fallu leur faire une petite place. Mais M. Les- piau n’en a pas alourdi son exposition, et je trouve qu'il a bien fait. Tout, dans ce petit livre, est ainsi disposé de manière à donner à l'élève le sens juste de ce qu'est la Chimie expérimentale, du rôle que jouent les lois chimiques comme guides dans le travail du Laboratoire. C'est bien un livre élémentaire, clair et sobre, non pas de cette clarté tout artificielle et purement verbale trop recherchée et trop vantée, mais de la clarté particu- lière qui convient à la science chimique. L'élève formé par l'étude de ce livre peut entrer au Laboratoire : il n'y sera pas dépaysé; il ne sera pas brillant sur les expériences « de cours », mais il saura vite ce qu'on cherche au Laboratoire, et comment on le cherche. Il n'y a pas beaucoup de livres d'enseignement secon- daire qui donnent cette impression; et c'est pourquoi je tiens à signaler ce petit livre comme un des meilleurs et des plus originaux dont le renouvellement des pro- grammes ait provoqué l'apparition. MARCEL BRILLOUIN, Professeur suppléant au Collège de France. 3° Sciences naturelles Ferry (Commandant Edmond). — La France en Afrique.—1 vol. in-8° de 301 pages. (Prix: 3 fr. 50. A. Colin, éditeur. Paris, 1905. Ce livre est la réunion de six études intitulées res- musulman. pectivement : Bonaparte et le monde — Soudan français, Maroc et Algérie. — La question de la Tripolitaine. — La question musulmane dans le Centre africain. — La conquête du Nil. — L'action civilisatrice de la France. — L'auteur a fait suivre 294 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX ces études de « notes de voyages » dans le nord du Soudan, notes très personnelles, très vivantes et qui sont, en quelque sorte, une illustration des vues d'ordre théorique émises dans tout le livre, — Au reste, une pensée domine l'ouvrage : ces six mémoires tendent tous, en effet, plus ou moins à démontrer que l'Islam peut, entre nos mains, devenir un moyen de gouvernement dans nos possessions coloniales habitées par des Musulmans. C'est une proposition sur laquelle, pour notre part, nous avons jadis fait des réserves en ce qui concerne l'Afrique du Nord. Mais il ne nous en coûte rien de reconnaitre qu'à maintes reprises cette conception politique à joui d’une grande faveur auprès de nos gouvernants : Waldeck-Rousseau y pensait peut-être quand il laissait tomber de la tribune de Ja Chambre des députés sa fameuse formule : « Faire évo- luer les Musulmans dans leur civilisation ». Et, comme l'Islam n'a d'autres cadres organisés que ceux des con- fréries religieuses, c'est évidemment cette organisation que, dans l'esprit des promoteurs d'une pareille politi- que, l'Etat devrait utiliser ; telle a bien été la doctrine de la haute administration à une certaine époque ; on en peut lire l'exposé presque officiel dans un passage des Confréries musulmanes de Depont et Coppolani (p. 279-289). C'est là une conception toute napoléonienne ; aussi est-il caractéristique que le livre du Commandant Ferry s'ouvre par une étude sur la politique de Bona- parte en Egypte : étude du reste bien informée et qui, à mon avis, constitue le morceau le plus solide et le plus inédit du livre. L'article suivant, sur les rap- ports du Soudan, du Maroc et de l'Algérie, présente moins d'unité; nous y relevons une juste appréciation de la valeur du transsaharien; l'auteur estime que celle-ci serait nulle au point de vue économique ; ap- préciable au point de vue stratégique, elle ne justifie- rait cependant pas l'effort que la construction de cette ligne nécessiterait. Le Commandant Ferry insiste sur l'influence des confréries musulmanes dans le Sahara et sur la nécessité d'achever l'occupation de la Mauri- tanie saharienne en poussant vers le sud du Maroc. — Dans « la question de la Tripolitaine », l’auteur dé- bat, au point de vue diplomatique, la question des limites de l’action francaise et de l’action italienne au sud de la Tripolitaine. — L'article sur « La question musulmane dans le Centre africain » est, en réalité, un article sur les Senoussia ; il nous à paru résumer les faits et reprendre les vues que nous avons exposées jadis dans le Bulletin du Comité de l'Afrique française (avril 1902). Nous en sommes flatté, car ces vues avaient été assez discutées; cependant, le Commandant Ferry, tout en présentant des conclusions analogues aux nôtres (p. 189), nous parait exagérer quand il qua- lifie le senoussisme de schisme; les Senoussia se présen- tent plutôt comme une « école », un « madhab » indé- pendant, que comme une voie mystique, mais ce n'est là qu'une tendance non avouée. Revenant à son idée favorite, l'auteur nous rappelle ici la politique de Bo- naparte, et estime que, si les Senoussia avaient existé, il n'eût pas hésité à s'appuyer sur cette confrérie ; l'auteur pense que nous devrions franchement en- trer en rapport avec elle; il propose l'envoi de chefs musulmans de nos possessions vers le chef des Senous- Sia et prononce ensuite le nom du mokaddem des Senoussia de Mostaganem. Sans méconnaître le haut intérêt que nous pourrions avoir à entrer en relations avec les Senoussia au point de vue de notre œuvre soudanaise, il est permis de penser qu'il pourrait y'avoir des inconvénients à renouer entre les Senous- sia de Gouro et ceux de Mostaganem des relations qui sont à peu près oubliées actuellement, — L'étude suivante est destinée à prouver que la question d'Egypte est, avant lout, une question abyssine; l'auteur conclut en préconisant un programme d'influence française en Abyssinie, qui n’est pas sans analogie avec l'ancien programme dit de « pénétration pacifique » au Maroc. — Enfin, dans « L'action civilisatrice de la France », le Commandant Ferry essaie de dégager les grandes lignes d'un programme soudanien: la mission chrétienne est inefficace en pays musulman, il faut là reléguer en pays fétichiste; les chefs européens doivent entrer en contact continuel avec les populations noires: il faut apprendre aux noirs à travailler: pour leur don ner le goût du travail, il faut transformer l'impôt en journées de prestation. En résumé, en dépit de son caractère fragmentaire le livre accuse un effort des plus intéressants pour préciser notre politique envers les populations d 1 centre de l'Afrique. Eoxonp Dourté, É Chargé de Cours à l'Ecole Supérieure des Lettres d'Alger Stone (Herbert), — The Timbers of Commerce and their identification. — 1 vo/. in-8° de 311 pages, avec 186 photomicrographies de sections de bois. (Prix # 3 sh. 6 d.) W. fider and son, éditors. London, 1905. A l'aide de matériaux réunis pour des besoins com merciaux, l’auteur a entrepris de rédiger un livre qu puisse servir de guide pour déterminer pratiquement ïe nom des échantillons de bois qu'on rencontre dans Je commerce. Une attention particulière a été consaer aux bois coloniaux, qui sont de plus en plus apportés sur nos marchés et qui ne tarderont pas, certainement, à prendre une bonne place dans l'importation euro- péenne. Si le nombre des espèces tropicales décrites était accru, cet ouvrage rendrait des services appré= ciés aux praticiens du commerce des bois et aux agents des services forestiers coloniaux ; aussi peut-01 souhaiter la rédaction d’un second volume sur le même plan, avec l’adjonction d'une clef directrice, facilitant les déterminations, et qui fait défaut ici. Il y a déjà 247 espèces de bois décrites dans l'ouvrage, sous la forme d'autant de monographies comparatives, illus= trées par 186 microphotographies donnant les strue= tures anatomiques des bois. A côté de l'aspect habituel du bois, en coupe tran versale ou en coupe tangentielle, les caractères détaillés de la structure sont décrits : vaisseaux, rayons médullaires, tissus parenchymateux, canaux rés neux... On trouve, en outre, avec intérêt, des docu ments sur les caractères physiques, chimiques ou org noleptiques des bois : couleur, grain, poids, odeur, saveur, caractères des bois pendant qu'ils brûlen aspect des sections minces examinées entre deux verres à l’aide d’une lanterne, principes solubles à l'ébullition dans l’eau ou dans l'alcool, dureté, sensation tactile plus ou moins froide et plus ou moins consistante. L'auteur admet une échelle de dureté des bois com portant huit catégories, du Peuplier jusqu'à l'Ebène Il donne aussi une échelle de mesure pour le diamètr des pores ou vaisseaux du bois, sorte de gammi d'exemplestypiques permettant une facile comparaison! Un index des roms permet les recherches, mais 1 est à regretter qu'il n'existe pas un index des figures Il est ainsi très difficile de trouver rapidement les planches microphotographiques auxquelles le texte renvoie sans indication de pages, La dissémination: sans ordre, des planches, eût été avantageusemen! remplacée par le groupement de toutes les planches à la fin de l'ouvrage, Une table bibliographique de 132 numéros complète cet ouvrage, qui réalise une tentative louable, nouvelles etutile, dont nous souhaitons vivement la continuation" Eomoxp GAIN, | Professeur adjoint à la Faculté des Science Directeur de l'Institut colonial de Nancy Lacomme (D' L.), Licencié ès sciences, Préparatetin du Laboratoire d'Hygiène de la Faculté de Médecine de Lyon. — L'Epuration des Eaux par les Filtre à sable dits américains. — 4 roch. in-8° 20 pages. Masson et CY, éditeurs. Paris, 1905. se préoccupe plus que jamais de l'alimentation dé villes en eau potable. 4° Sciences médicales uget (J.), Médecin-major de 1" classe, Professeur grégé au Val-de-Grâce et Dopter (Ch.), Médecin- major de 2° classe, Professeur agrégé au _Val-de- Grâce. — Hygiène alimentaire. — 1 fascicule de 315 pages, in Traité d'Hygiène publié sous la direc- jon de MM. P. BrouaroeL et E. Mosxyx. (Prix : 6 fr.) J.-B. Baillière et fils, éditeurs. Paris, 1906. À une époque où l'on se préoceupe particulièrement hygiène et où les questions d'alimentation sont à dre du jour, un Traité d'Hygiène alimentaire ne peut ianquer d'offrir un très grand intérêt. Savoir se bien ourrir est indispensable pour se bien porter. On trou- éra dans le livre de MM. Rouget et Dopter, exposés lune manière précise et succincte, tous les renseigne- nents désirables sur : la composition desaliments d'ori- ne animale ou d'origine végétale ; la préparation culi- ire et la conservation des aliments; les boissons Cooliques et non alcooliques; les falsifications des nrées alimentaires et le moyen de les reconnaitre par xpertise ; la composition de la nourriture saine en pport avec les conditions physiologiques de cha- in; les divers régimes; les maladies produites par une imentation surabondante ou insuffisante, par les asites qu'apporte l'alimentation, par les infectionset toxications alimentaires; les accidents spéciaux D' ManceL LABgé, Professeur agrégé: à la Faculté de Médecine de Paris. ur{z (R.), Professeur agrégé à la Faculté de Méde- Cine de Paris, et Thiroux (A.), Médecin-major de A"® classe des troupes coloniales. — Diagnostic et séméiologie des Maladies tropicales. — 1 vol. de 1 pages avec 91 figures. (Prix : 12 fr.) Masson et , éditeurs. Paris, 1905. MM. Wurtz et Thiroux se sont proposé de présenter lecteur les principes cliniques et bactériologiques icessaires au énaete des maladies des pays chauds. icune de ces affections est l'objet d’une description maire, suivie d'un exposé plus étendu relatif à la gnose. On lira avec fruit les chapitres relatifs à l’in- ation et au coup de chaleur, aux intoxications (la- isme, etc.), aux piroplasmoses humaines, à la lè- , à la bilharziose. a Séméiologie proprement dite est décrite dans la onde partie du livre. Chacun des grands symptômes fui sont communs aux maladies tropicales ou à plu- surs d'entre elles : fièvre, douleur splénique, conges- On du foie, hémorragie, hématurie où hémoglobi- ïe, ulcère cutané, etc., est envisagé successivement ns Îles affections qui peuvent lui donner naissance. la lecture de la discussion critique qui en est ex- lemment faite, le praticien est conduit au diagnostic &\la maladie d'espèce. Bien qu'exposant nécessaire- ent à des redites, cette méthode d'exposition ne Sse pas d'être, avant tout, très pratique et de rem- le but que se sont proposé les auteurs, dont louvrage, disent-ils trop modestement, est «un livre étude élémentaire et rien de plus ». IL ést édité, d'ailleurs, avec le plus grand soin et Ittompagné de nombreuses et profitables figures. Dr H. VINCENT, Professeur à l'Ecole d'application du Val-de-Grâce (Paris), 5° Sciences diverses léline (Jules). — Le Retour à la Terre et la Sur- « duction industrielle. — 1 vo/. 11-18 de 313 pages. de Prix :3 fr. 50.) Hachette et Ce, éditeurs. Paris, 1905. La question agraire se pose, à l'heure actuelle, avec une particulière insistance, et fort nombreux sont les $ L BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 295: ouvrages qui lui ont été consacrés. Je rappellerai pour mémoire ceux de MM. G. Blondel, Kautsky, de Philip- ovich, Vandervelde, et, parmi les travaux plus loca- isés, les récentes recherches de M. Paul Parmentier sur la dépopulation des campagnes en Franche-Comté. Par la haute personnalité et la compétence de son auteur, le livre de M. J. Méline est une contribution de valeur. Dans une première partie, l’auteur étudie les conditions actuelles de l'industrie, caractérisées par une surproduction croissante. L'idée maitresse en est que, devant la diminution des débouchés par suite du | développement économique des pays neufs, y compris le Japon et les Etats-Unis, nous devons réduire notre production industrielle, comme y sont arrivées déjà certaines institutions de concentration, telles que les kartells allemands. Aussi bien, M. Méline regrette-t-il « l'entraînement général qui lance tout le monde dans l'industrie », tout en rendant cette justice à nos indus- triels « qu'ils sont par nature et par caractère plus prudents que ceux des autres pays et qu'ils ont moins cédé que les autres à l'entrainement général ». Si la première affirmation nous parait contestable et si ce reproche nous semblerait plus justement adressé au fonctionnarisme qu'à l’industrie, la seconde est mal- heureusement trop vraie et, pour ne prendre qu'un exemple, si nos industriels n'avaient pas été plus pru- dents que leurs collègues allemands, ils n'auraient point laissé ceux-ci constituer à leur profit un quasi- monopole de la fabrication des produits chimiques. L'Allemagne, comme le faisait remarquer récemment M. Georges Blondel, ne regrette certainement pas son magnifique développement industriel, que la crise de 1901-1902 n'a pas réussi à entraver, et son com- merce extérieur s’est accru d'une facon remarquable parce que la recherche très active et très ingénieuse des débouchés s'est toujours exercée simultanément avec l'extension de la production. C'est là le secret de la prospérité allemande et, en même temps, l'explica- tion de notre stagnation commerciale. M. Méline étudie ensuite l’agriculture : ilne méconnaïit point la crise qui l'a si durement frappée et qui, quoique s’atténuant, dure encore; il en analyse très justement les causes et indique les remèdes, en insis- tant tout particulièrement et à fort juste titre sur ce que l’on a appelé « l'industrialisation » et la « commer- cialisation » de J'agriculture. M. Méline ajoute : « Les tarifs de 1892 ont tellement amélioré la situation de nos agriculteurs que toutes les branches de notre pro- duction ont repris leur essor et leur marche en avant. » Si, grâce à de très gros sacrifices imposés à la consom- mation, les droits d'entrée ont permis à l’agriculteur de vendre son blé 3 ou 4 francs plus cher par hecto- litre, ils ne possèdent point la vertu magique que leur prête M. Méline. Les tarifs n'ont point fait cesser la crise qui dure encore, quoique atténuée, et c’est l'emploi des machines, des engrais, des variétés nou- velles de semences qui a accru la production, tandis que l'activité des syndicats travaillait à la vente à l'intérieur et aux exportations. Ce retour à la terre que prèche si ardemment M. Méline nous apparaît hautement désirable, beau- coup plus encore au point de vue social qu'au point de vue économique. Il faut redonner sa part à l'ancien droit terrien, il faut renouer les liens qui unissaient l'homme à la terre, à sa terre, faire revivre cette union que le grand psychologue que fut Gabriel Tarde a si finement décrite. Et si l'on nous objectait que le sol francais est saturé de main-d'œuvre et que l'introduc- tion des machines agricoles va précisément à l'encontre de ce mouvement, nous répondrions que, dans nos seules colonies de l'Afrique du Nord, c'est-à-dire sous un climat identique au nôtre, il y a place pour plus de bras inoccupés que nous n'en posséderons pendant longtemps encore. PIERRE CLERGET, Professeur à l'École supérieure de Commerce de jeunes filles, à Fribourg (Suisse). 9 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 26 Février 1906. M. le Secrétaire perpétuel annonce le décès de M, A. F. A. Bienaymé, Correspondant pour la Section de Géographie et Navigation. — M. A. Heim est élu Cor- respondant pour la Section de Minéralogie. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. P. Boutroux dé- montre la proposition suivante : Soit une fonction mul- tiforme définie à l'intérieur d'un contour C, où elle est algébroïde, et soit x, un point intérieur à C. Si la fonction ne présente aucune indétermination incom- plète au point x,, elle ne saurait en présenter lorsque x tend vers le contour C sur un chemin quelconque intérieur à C. — M. L. Féjer communique ses recher- ches sur les séries de Fourier. — M. H. Dulae étudie les intégrales d’une équation différentielle dans le voi- sinage d'un point dicritique. — M. P. Fatou applique analyse de Dirichlet aux formes quadratiques à coef- ficients et à indéterminées conjuguées.— M.I. Fredholm montre comment on peut, d'une facon générale, trouver des systèmes mécaniques dont les vibrations fonda- mentales obéissent à des lois identiques à celles qu'on a trouvées pour les vibrations des raies spectrales. — M. A. Korn présente ses recherches sur les vibrations d'un corps élastique dont la surface est en repos. — M. T. Banachiewitz généralise, pour le cas de n corps, le théorème dù à Lagrange, qui n'était établi que pour trois corps s’attirant conformément à la loi de Newton. — M.L. Fredey, étudiant la signification exacte du prin- cipe de Carnot, estime que, pour que des mouvements d'ordre quelconque se maintiennent, il faut et il suffit que le degré de fréquence de leur destruction soit équivalent au degré de fréquence de leur réapparition. — M. J. Boussinesq étudie la propagation du mouve- ment autour d'un centre dans un milieu élastique, homogène et isotrope, et, en particulier, l'onde corré- lative aux variations de densité. — M. P. Duhem détermine une inégalité importante pour l'étude des quasi-ondes de choc. — M. E. Esclangon communique ses observations de la comète Brooks (1906 a) faites au grand équatorial de l'Observatoire de Bordeaux. 2° SCIENCES PHYSIQUES. — MM. M. Berthelot et D. An- dré ont analysé divers objets métalliques et minéraux trouvés par M. de Morgan dans les fouilles du Tell de l'Acropole de Suse en Perse. Ils ont constaté la pré- sence du nickel, accompagnant le cuivre dans un cer- tain nombre d'objets; ce métal n'a jamais été ren- contré dans les analyses d'objets provenant d'Egypte ou de Chaldée. — MM. A. Gautier et Clausmann ont constaté que, dans un mélange d’Az ou d'air et de CO, ou bien d'Az, de gaz combustibles divers et de CO, on ne peut retrouver la totalité de ce dernier gaz, soit par explosion en présence d'O, soit par lavage au chlorure cuivreux. Mais, après l’une de ces opéralions, il sera toujours facile de doser le CO résiduel par cir- culation sur l’anhydride iodique chauffé à 70°, qui oxyde les dernières traces de CO et permet de FE doser. — M. L. Henry, en faisant réagir HCI sur l'oxyde d'isobutylène, a obtenu une chlorhydrine isobu- tylénique (CH*)CCI.CH*OH, différente de celle qui à servi à préparer l'oxyde d'isobutylène, Il nomme 8 le composé obtenu à fonction alcool primaire et à le composé déjà connu à fonction alcool tertiaire, — MM. E. Jungfleisch et M. Godchot ont préparé l'acide lactique gauche en prismes aplatis, très hygroscopiques, fondant à 26°-27°, L'acide gauche, en solution concen- trée, se combine spontanfment à lui-même pour don- ner l'acide lactyllactique gauche, qui est dextrogyre 3° SCIENCES NATURELLES. — M. Ch. Richet 4 constaté que la viande crue est l'aliment avec lequel un orgaæ nisme répare le mieux ses tissus après le jeûne, MM. A. Charrin et Le Play ont mis en évidence le variations de la toxicité des produits intestinaux associés à ceux qui viennent des annexes du tub digestif, du foie et de la muqueuse intestinale, — MM R. Koehler et C. Vaney décrivent, sous le nom € Stellosphaera mirabilis, une nouvelle larve d’Astér appartenant très vraisemblablement à une forme abys sale. La présence de pédicellaires forcipulés ne sem laisser aucun doute sur sa vraie nature, malgré le différences qui la séparent des autres larves d'Échint dermes. — MM. P. Viala et P. Pacottet : Sur lé kystes des Gleosporium et sur leur rôle dans l'origini des levures (voir p. 221). — M.E. Argand a découver dans le massif de recouvrement de la Dent-Blanche un pli frontal et une série de replis très puissants pos térieurs à la mise en place de la nappe. — M. R. Chx eau à étudié la constitution géologique de l'Air, d'Ifé rouane à Zinder. Le Crétacé présente plusieurs niveaux poudingues, d'abord, reposant sur l'Archéen, pui plateau gréseux, et enfin argiles verdâtres. Séance du 5 Mars 1906. | 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. G. Humbert dédui quelques conséquences arithmétiques de la théorie dé fonctions abéliennes. — M. L. Bianchi démontre * théorème suivant : Toute surface (S) applicable st une quadrique (Q) (quelconque) appartient, comm première nappe de la surface focale, à une dou intinité de congruences W, dont la deuxième nap (S,)_ est applicable sur la même quadrique (Q): M. S. Bernstein donne quelques théorèmes sur singularités des solutions des équations aux dérivé partielles du type elliptique. — M. J. Boussines poursuit l'étude de la propagation du mouvem autour d’un centre dans un milieu élastique, homt gène et isotrope. — M. J. Guillaume communique Si observations du Soleil faites à l'Observatoire de Ly: pendant le quatrième trimestre de 1905. Le nombre groupes de taches est moindre, mais leur surface tot est bien supérieure. Il en est de même pour les facul 2° SCIENCES PHYSIQUES. — MM. B. Baillaud et E. Mi thias ont fait l'étude critique de la méthode des static centrales, employée par MM. Rücker et Thorpe da l'établissement de la carte magnétique des Iles Brita niques. Cette méthode se trouve parfaitement justifié — M. A. Pérot décrit une méthode pour la mesuret pertes de phase par réflexion. En passant de la longuët d'onde 5.625 à 5.253, il a trouvé une dispersion 2,8 puy pour les argentures employées. — M. A. bierne estime que les phénomènes de L caractérisent des transformations particulières dé malière, comme les phénomènes de radio acti caractérisent des transformations d'éléments chimiqu et que, lorsqu'une radiation excite la phosphorescen d'un corps, celui-ci se transforme en ue culière. — M. M. Berthelot pense que l'on e carbone est susceptible de former, comme le méthylèt une série de polymères CO», se décomposant en sol oxydes C—'0n, Il à lui-mème préparé, par action l'effluve sur CO, un sous-oxyde C40*, qui se décompt à chaud en donnant un autre sous-oxyde C#0*, D'au part, la décomposition de CO à 550° donne un sû oxyde volatil, probablement C*0, et MM. Diels et M viennent de préparer un autre sous-oxyde C'0* | M. W. Oschsner de Coninck a étudié quelquesp ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 297 priétés et réactions de l'anhydride sélénieux., Il est oxydé par l'acide nitrique en acide sélénique. L'action de PCF donne SeCl'; celle de PCF donne du sélénium. _— M. A. Duboin a préparé l'iodomercurate de calcium Cal.Hgl'.SH°O et l'iodomercurate de strontium Srl. SHgl.SH°0. — M. H.Pécheux a étudié la décomposition d'une solution de sulfate de cuivre par divers alliages d'aluminium. L'action des alliages Mg-Al se ramène à une réduction de l'eau par le magnésium et à une réduction du sulfate de cuivre par l'aluminium. — M. H.Baubigny propose une modification au dosage du cadmium'; après filtration du précipité de sulfure, le filtre est ‘incinéré à 500°, puis le sulfure est transformé en sul- fate, qui est ensuite pesé. — M. J. Bougault, en rem- plaçant l'alcool par l’acétone dans la préparation du tartrate d’antimoine, a obtenu un pe bien défini, cristallisé, CHSbO®, c'est-à-dire le tartrate normal CAH°SbOT moins une molécule d'eau. — M. Ph. Lan- drieu a constaté que la 1'e molécule de phénylhydra- zine se fixe sur les dicétones et dialdéhydes « en déga- éant une quantité de chaleur voisine de celle qui se Désoge pour une monocétone. La 2% molécule se fixe avec une quantité de chaleur plus faible, deux fois moindre environ. — M. Léo Vignon, en faisant réagir soit la tétrazobenzidine sur l'aniline, soit le diazobenzène sur la benzidine, a obtenu le diphénylbidia- “zoaminobenzène C°H°.AzH.A7?.C°H*.CSH*.A7°.AzH.CSH5, F. 1809. — MM. P. Sabatier et A. Mailhe, en fixant de l'hydrogène, par le nickel réduit, sur les xylénols 1:2: #,1:3:4 et 1:4:2, ont obtenu : le diméthyl-1 : 2-cyclo- hexanol-#, Eb. 189, le diméthyl-1 : 3-cyclohexanol-#, Eb. 176°,5, et le diméthyl-1 :4-cyclohexanol-2, Eb. 178,5, — M. L. Guignard rappelle qu'on a introduit récem- ment sur le marché de grandes quantités de graines de haricots exotiques (Phaseolus lunatus : haricot de Java, de Birmanie, de Lima) pour l'alimentation du bétail, lesquelles ont causé de nombreux accidents et empoisonnements chez les animaux et même chez des personnes qui en avaient mangé. La toxicité de ces graines vient de ce qu'elles renferment toutes un gluco- Side cyanogénétique en quantité plus ou moins grande «(0,004 à 0,102 gr. de HCAZ par 100 grammes). Il y a onc lieu d'apporter une grande circonspection dans Pemploi de ces haricots; l'acide cyanhydrique se recon- naît très facilement par la coloration rouge intense qu'ilcommunique a un papier imprégné d'acide picrique #æt de carbonate de soude. — M. E. Kohn-Abrest à analysé également des graines désignées sous le nom de pois de Java et y a trouvé des quantités d'acide eyanhydrique atteignant 1 gr. 638 par kilog. — M. E. Manceau à étudié les caractères chimiques des vins “provenant de vignes atteintes par le mildiew. On y trouve moins d'alcool, plus d’acidité totale, une propor- tion très élevée de matières organiques azotées, plus de “matières minérales et beaucoup moins d'acide tartrique libre que dans les vins normaux. 3° SCIENCES NATURELLES. — MM. A. Charrin et Goupil envisagent le placenta comme une sorte de glande, capable de retenir et de modifier différentes substances ou de perfectionner des élaborations déjà commencées. — M. M. Lambert a constalé que la principale cause de l'arrêt du cœur isolé où circule du liquide de Ringer est l'épuisement de ses réserves, et non l'accumulation le substances fatigantes, éliminées par le lavage. — M. À. Moutier montre que, chez le vieillard, l'hyper- tension artérielle n'est pas aussi fréquente qu'on le dit; celle hypertension, lorsqu'elle existe, serait la consé- quence de l'artério-sclérose et ne serait pas due à l'évo- “lution normale de l'organisme. — M. J. Bounbhiol a étudié le gisement huîtrier naturel de l'embouchure de la Macta. En automne, on y trouve un grand nombre de jeunes huîtres bien vivantes, qui disparaissent pen- dant l'hiver à la suite des crues qui transforment Peau Saumâtre en eau douce. Une légère modification du régime des crues permettrait d'assurer la multiplication haturelle et indéfinie des huîtres. — MM. L. Légeriet O. Duboscq décrivent le cycle évolutif des Æccrina des Glomeris. — M. Ph. Glangeaud a reconnu que la chaine des Puys quaternaires est encadrée, à l'Est et à l'Ouest, par deux chaines éruptives miocènes et par plu- sieurs volcans pliocènes. — MM. W. Kilian et L. Gen- til signalent, dans la région sud- marocaine, deux horizons intéressants, jusqu'ici inconnus au Maroc l'un appartenant à l’Aptien supérieur (Gargasien), l'autre offrant les espèces du niveau de Clansayes, intermédiaire entre l’'Aptien supérieur et le Gault infé- rieur, — M. E.-A. Martel a exploré le grand cañon du Verdon (Basses-Alpes), profond de 300 à 700 mètres. En plusieurs endroits, le torrent passe sous la roche en place. L'ouverlure du cañon doit remonter au Pléisto- cène, ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 27 Février 1906. M. le Président annonce le décès de M. Léon Colin, membre de l'Académie. Séance du 6 Mars 1906. M. Josias, après avoir ajouté les injections de sérum de Chantemesse aux bains froids dans le traitement de la fièvre typhoïde, a vu la mortalité tomber de 12 à 3,8 °/o à l'hôpital Bretonneau. — M. N. Gréhant a fait respirer un chien dans l'air confiné; au bout de huit heures l'air confiné renfermait5,5 °/, d'acide car- bonique. En ajoutant une cartouche de soude, la pro- portion de CO* au bout de huit heures n'était que de 0,16 °/,. — Suite de la discussion sur la statistique et la prophylaxie de la tuberculose. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 17 Février 1906. M. M. Nicloux montre qu'il est possible qu'il y ait une légère décomposition du chloral dans l'organisme avec production de chloroforme. Mais, même dans ce cas, la proportion de chloroforme qui en résulte est insuffisante pour produire l’anesthésie: l’action du chloral est donc bien spécifique. — Le même auteur donne un procédé de dosage rapide de l'alcool dans le chloroforme. On agite avec de l'eau distillée, qui s’em- pare de la totalité de l’alcool, on laisse reposer et on dose l'alcool dans le liquide aqueux surnageant. — MM. M. Caullery et A. Chappellier décrivent, sous le nom d’Apurosporidium pelsenerii, une Haplosporidie infectant les sporocystes d'un Trématode parasite de Donax trunculus. — MM. C. Nicolle et Cathoire ont constaté, par l'examen du pouvoir agglutinant du sang de malades typhiques, l'existence en Tunisie d'infec- tions paratyphiques; dans un quart des cas observés, l'agent pathogène était le bacille paratyphique A. Le sang des malades contenait souvent, outre l'agglu- tinine principale, des agglutinines secondaires. — M. C. Ciaccio pense que la substance chromaftine des surrénales se transforme en substance sidéraffine, qui serait le vrai produit de sécrétion. L'adrénaline n’est pas un produit des cellules corticales; elle est élaborée par des cellules spéciales. L'adrénaline de la substance corticale est due aux cellules chromaffines répandues dans la capsule conjonctive et au produit de sécrétion de la substance médullaire ayant pénétré secondaire- ment dans les vaisseaux de la corticale. — M.G. Mioni a étudié l'influence de la durée et de l'intensité de l'excitation électrique sur la production des convulsions toniques et cloniques. Les premiers atteints sont tou- jours les centres cloniques, corticaux, bulbaires ou basilaires; ensuite les centres toniques médullaires, Lorsque ces derniers sont atteints, ils réagissent, pro- voquant un tonisme qui se superpose au clonisme, en partie où complètement, — MM. G. Péju et H. Rajat ont vu, sous l'influence de l'iodure de potassium, le bacille d'Eberth subir des modifications morphologiques rapides et profondes, — M. F.J. Bosc a constaté que 298 le Treponema pallidum Sch. est surtout abondant, sans mélange d'autre forme spirillaire, dans les lésions du poumon et du foie de syphilis héréditaires graves. Les Treponema peuvent subir une dégénération extra ou intracellulaire, dont un des stades peut reproduire l'aspect du Spirochaete refringens. — Le même auteur estime que la gomme n'est pas une formation syphili- tique spéciale; elle n'est que l'expression d'un mode de résolution d'une néoplasie syphilitique identique à celle du chancre ou de la papille. — MM. A. Gouin et P. Andouard ont observé que l'extrait du thymus exerce une action excitante manifeste sur le rein chez les Bovidés. — M. F. Battelli montre que les tissus des animaux ne perdent pas la catalase qu'ils ren- ferment par une cireulation artificielle prolongée d’eau salée. Il est indispensable, pour le dosage de la cata- lase, d'employer H*0* chimiquement pur. — M. G. Pa- tein a constaté que le sérum sanguin contient, à côté de la fibringlobuline, produit de dédoublement du fibri- nogène, une globuline présentant les plus grandes ana- logies avec ce dernier, et lui étant peut-être identique. — M. E. Fauré-Frémiet décrit une petite Vorticellide, l'Epistylis gasterostei, qui vit sur les branchies de l'Epinoche.—MM. H. Vincent et C. Dopter ont observé, chez un ancien paludéen atteint de fièvre bilieuse hémo- globinurique, une diminution de résistance des glo- bules sanguins à la suite de l'administration de qui- nine. Ces globules, traités par le chlorure de calcium, ont une résistance à peu près semblable à celle d’un sujet sain. — M. H. Iscovesco a constaté que la dilution n'a pas d'influence sur l’action de la catalase dès qu'on a atteint la quantité maximum de H°0* que le ferment est capable de décomposer. — Mlie T. Robert a étudié l'hémol\se des globules de cheval par l'acide acétique. La quantité de globules hémolysés croît avec la quan- tité d'acide. Le sérum ajouté avant ou en même temps que l'acide diminue ou arrête l'hémolyse. — MM. A. Charrin et G. Delamare décrivent un procédé capable de s'opposer à la transmission aux rejetons des tares viscérales maternelles; il repose sur l'injection d’anti- toxines. — M. H. Tissier expose une méthode de trai- tement des affections intestinales basée sur la trans- formation de la flore bactérienne de l'intestin. — MM. Nepper et Riva pensent que la formation des muco-membranes intestinales est fonction de l'augmen- tation de la mucinase et de la diminution simultanée de la substance anti-coagulante, qui en permet la mise en valeur. Les mêmes auteurs ont retiré de la bile un extrait jouissant de propriétés anticoagulantes sur le mucus; mais ils n’ont pu en isoler la substance active. — M. M. Cohendy à constaté qu'une espèce étrangère aux hôtes habituels de l'intestin peut s'y acclimater sans qu'un régime alimentaire spécial ou quelque pré- paration soit nécessaire. Séance du 24 Février 1906. M.Guerbet a entrepris l'élude de la transformation des substances hydrocarbonées par les bacilles du groupe paratyphique en milieu minéral. — MM. H. Roger et O. Josué ont observé que l'injection, dans les veines du lapin, de l'extrait d'intestin produit un abaissement très marqué de la pression artérielle; mais, si l'on a injecté préalablement de petites doses répétées, l'injec- tion de fortes doses ne produit plus aucun effet. — M. M. Nicloux a constaté que le chloroforme passe de la mère au fœtus; ce passage est comparable, par sa rapidité, au passage de substances très solubles rapide- ment diffusibles, telles que l'alcool. — MM. C. Gautier et A. Morel décrivent une nouvelle réaction colorée du lait de vache; après addition de soude ou de potasse et repos de vingt-quatre heures, il se sépare à la partie inférieure un liquide transparent coloré en rouge cerise, — M. Ch. Féré a étudié l'influence des excita- tions sur la précision du mouvement. — MM. A. Carrel et C.-C. Guthrie ont procédé à l'amputation, puis à la replantation d'une cuisse chez une petite chienne. La circulation s’est rétablie d’une facon normale; on n'a ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES constaté aucun trouble trophique, et les tissus se sont cicatrisés rapidement. — M. M. Sakorraphos considère la scrofule comme une tubereulese atténuée; l’orga- nisme s'imbibe de petites doses de virus tuberculeux atténué et finit par s'immuniser complètement. — M. I.-G. Lache a étudié les boutons terminaux qui. existent autour des cellules motrices de la moelle humaine. Ils sont formés d’une ou plusieurs grosses granulations incolores. — Le même auteur confirme l'existence de réseaux autour des cellules de Pur- kinje. — MM. A. Gilbert et M. Villaret signalent deux cas de parotidite unilatérale, du côté paralysé, chez deux hémiplégiques. — M. R. Legendre a étudié. les modifications des cellules nerveuses d'Aelix pomatia pendant l'asphyxie par immersion. Les cellules ner-. veuses grossissent rapidement, le noyau devient très volumineux et la chromatolyse est totale au bout de trois jours. — MM, C. Nicolle et Cathoire ont isolé d'une épidémie tunisienne deux échantillons de bacille paratyphique du type A, formant un groupe spécifique. Les infections qu'ils déterminent ne présentent, par. contre, aucune spécificité. — M. L. Cesari a constalé que, chez les cobayes empoisonnés par la toxine tétanique, la crise épileptiforme provoquée par le passage d'un courant alternatif se produit comme chez les cobayes normaux. Les animaux intoxiqués chez lesquels on a. provoqué ces accès présentent une légère survie en comparaison des témoins. — MM. D. Courtade et J.-F.. Guyon ont reconnu que l'excitation du pneumogas- trique exerce une influence accélératrice sur l'écoule- ment du liquide circulant dans le cholédoque. — MM. L. Bloch et Ch. Aubertin ont observé un cas d'éosinophilie myéloïde très nette chez une malade atteinte de dermatite polymorphe douloureuse. —" M. A. Trillat a constaté la présence d'aldéhyde formique dans les produits de caramélisation, ce qui leur confère des propriétés antiseptiques. — MM. F. Widal et P. Rostaine, en injectant une antisensibilisatrice à des sujets atteints d'hémoglobinurie paroxystique a frigore, ont empèché l'explosion de la crise. — M. H. Iscovesco a observé qu'au bout d’un certain temps les quantités d'eau oxygénée décomposée par des quantités crois= santes de catalase hépatique sont rigoureusement pro- portionnelles aux quantités de catalase. — M. F. Gué- guen à observé une maladie à sclérotes du collet des reines-marguerites; cette infection est due à un cham- pignon qui se rapproche du Stearophora de la vigne. — M. J. Lefèvre montre qu'en dehors de tout travail et de toute fonction thermogénétique le corps produit et élimine en chaleur une énergie égale à celle de l'en= trelien de son mécanisme, qui est de 1,1 cal. par kilog-heure. — M. M. Cohendy a constaté que les bactéries rejetées normalement par l'intestin forment près des deux tiers du volume des fèces; la plupart de ces microbes sont morts; les anaérobies y prédominent de beaucoup. — MM. M. Pacaut et P. Vigier montrent que les cinq aspects cellulaires décrits par eux dans les glandes salivaires de l'Escargot correspondent à des phases successives de deux évolutions cellulaires abou- tissant à la formation de mucus (mucocyte) et de fer=. ments (zymocyte). PT RP A te 2h nd LE RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE Séance du 20 Février 1906. M. J. Moitessier a obtenu de bons résultats dans la recherche directe de traces de glucose dans l'urine par le réactif cupropotassique en tube cacheté. — M. L: Bordas décrit la structure des glandes mandibulaires des Mantidées ; on y remarque une enveloppe externes une mince membrane basilaire, un épithélium glan= dulaire et une mince membrane chitineuse. — Le mêmen auteur a étudié les appendices glandulaires de l'in= teslin moyen des Phyllies. — M. C. Gauthier décrit les lésions anatomiques liées à l'affection épizootiques qu'il a observée chez le rat : les lésions pulmonaires révêtent un aspect pseudo-tuberculeux très net, _ SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du 2 Mars 1906. M. Biernacki, à propos de la diminution, jusqu'à un certain minimum, de la résistance d'une couche Vair ionisé quand son épaisseur augmente, indiquée par MM. J.-J. Thomson et Rutherford en 1896, rappelle qu'il est arrivé, en 1894, à un résultat semblable avec étincelle, qui, d’après la théorie électronique, est un ourant très rapide, assimilable à celui qui traverse un gaz ionisé par des agents extérieurs; il a donné en elet, pour représenter la résistance d'une étincelle de ongueur /, la formule : R=A/+B//, où A, B, n sont les constantes positives!, — M. Maurice Hamy : Sur les franges de réflexion des lames argentées. Ces franges S'obtiennent au moyen d'un dispositif, rappe- nt celui de Fizeau, composé de deux surfaces très anes M et N, pouvant être légèrement inclinées l'une ue l'autre ou rendues exactement parallèles, au moyen de réglages spéciaux. L'une, M, est argentée à fond; autre, N, qui appartient à une lentille convergente L, est recouverte d'une couche d’argenture transparente, : Hamy a étudié deux catégories de franges fournies par ce système optique : les unes non localisées, les autres localisées dans le plan focal situé du côté de la e sphérique de la lentille L. Les premières prennent naissance en inclinant légèrement, l'une sur l’autre, les surfaces réfléchissantes et en faisant passer la “lumière incidente, par l'intermédiaire d’un prisme à “réflexion totale, à travers un petit diaphragme placé “près du foyer. Elles s'observent, sans oculaire, en pla- jant l'œil devant l'image de ce diaphragme, fournie par “autocollimation. Les franges de la seconde catégorie Sobtiennent en amenant les surfaces réfléchissantes au parallélisme parfait et en supprimant le diaphragme limitant la face de sortie S du prisme que l'on éclaire nm totalité. Elles s'observent avec un oculaire, dans bimage de la surface S fournie par autocollimation, “ét affectent la forme de demi-circonférence décrite autour du foyer. Ces franges jouissent de propriétés “particulières, en dehors de celles qui leur sont com- Lmunes avec les franges de surfaces vitreuses. En géné- ral, les franges de l’une et l'autre catégorie sont dissymétriques ; mais la symétrie peut être obtenueæn donnant une épaisseur convenable à l’argenture du blan N. Il existe même plusieurs classes de franges symétriques jouissant des propriétés suivantes : Lorsque Pargenture du plan N possède un pouvoir réflecteur voisin de 0,3, les franges ressemblent, à l'éclat près, à celles des surfaces vitreuses. Toutefois, elles possèdent & faculté de se décomposer en plusieurs systèmes, ur des différences de marche convenables, lorsque lumière incidente contient deux radiations voisines. maxima sont, du reste, un peu moins larges que minima. Lorsque l'argenture du plan N a un pou- voir réflecteur voisin de 0,5, la largeur des maxima est dixième environ de celle des minima. Ces franges semblent à celles de MM. Pérot et Fabry, mais sont aucoup plus lumineuses, Elles jouissent de leurs pro- Lyriélés séparatrices et se prêtent à l'analyse des radia- Lions complexes. Le dispositif qui leur donne naissance > permet d'observer les franges sombres des raies des tres d'absorption et les franges de superposition. ue le pouvoir réflecteur du plan N est voisin de 09, le phénomène est tout différent, Les maxima sont complètement étalés et les minima se réduisent à des es noires d'une extrème finesse, d'aspect compa- le aux raies solaires fournies par un réseau de Howland. Ces franges ont des propriétés séparatrices encore plus accentuées que les précédentes. En dehors deces franges symétriques, on peut en obtenir d'autres, qui présentent un aspect bien caractéristique, en don- nant à l'argenture du plan N un pouvoir réflecteur peu éloigné de 0,8. Les maxima et les minima sont alors D dournal de Physique, 3e série, t. IV, p. 464: 1895. ACADÉMIES ET SOCIËÈTÉS SAVANTES 299 simultanément très déliés et presque en contact d'un côté. Ces propriétés sont communes aux franges loca- lisées et non localisées. Cependant, lorsque la différence de marche augmente, la finesse des franges non loca- lisées se modilie assez rapidement, tandis qu'elle per- siste pour les autres, tant que le défaut d'homogénéité de la source ne se fait pas sentir. La théorie explique, dans leurs moindres détails, les propriétés si variées de ces franges. La considération des retards dus à la réfraction à travers la couche d'argent déposée sur le lan N, et à la réflexion sur ses deux faces, joue dans es raisonnements un rôle essentiel. Cette théorie four- nit la loi de succession des maxima et des minima, en fonction de la différence de marche, qui n'est pas la même que pour les surfaces vitreuses, en général. Les phénomènes ne changent pas de nature si lon rem- place le miroir argenté, M, par une surface polie, taillée dans une substance quelconque, pourvu qu'elle réfléchisse la totalité de la lumière incidente. Cette propriété ne peut manquer de recevoir des applications dans les expériences réclamant des mesures très pré- cises de petites variations de niveau de mercure. — MM. A. Cotton et C. Raveau font connaître les impres- sions qu'ils rapportent d’un voyage à Nancy, où ils sont allés voir les expériences récemment décrites par M. Gutton‘. Ils ont pu, pendant la journée presque entière du 24 février, assister à des expériences faites avec le dispositif déjà connu et avec un autre encore inédit, destinés tous deux à rendre manifeste l'action des rayons N par la variation d'éclat d'une étincelle secondaire. Dans une première série, certains résultats ont été très nets dans le sens prévu, et, malgré le. nombre relativement petit des cas de succès, le phéno- mème ne paraissait pas plus capricieux que les indica- tions d'un appareil quelconque de haute sensibilité qui ne serait pas protégé contre les perturbations exté- rieures. Malheureusement, par la suite, les présomptions favorables qui avaient été conçues d’abord se sont évanouies. Les expériences suivantes ont, en effet, été tentées : 1° L'étincelle secondaire étant réglée et mon- trant un changement marqué d'intensité à la suite de la manœuvre de l'écran interposé devant la lanterne, on enlève celle-ci avec la lampe Nernst qu'elle contient : aucune variation de l'étincelle n'a été observée au moment où l'on faisait cette opération. L'expérience consistant à éteindre la lampe n'a pas été faite, car le filament, dans l'opinion de M. Gutton, continue à émettre des rayons N longtemps après l'extinction. 20 On a cherché à supprimer l'action attribuée aux rayons N d'une autre façon : en plaçant à l'intérieur de la lanterne, derrière le filament, une lame de plomb épaisse et en faisant tourner le tout de 180. Le résul- lat a été négatif. Ces expériences négatives ont élé faites sans toucher, après les réglages préliminaires, à l'écran de zine placé devant la lanterne. Cet écran porte sur une de ses moitiés une feuille de papier mouillé et on peut le faire glisser de façon à interposer la moitié recouverte ou la moitié nue. Dans les expériences, c'est toujours sur la même moitié que se trouvait la feuille de papier mouillé. MM. Cotton et Raveau auraient désiré que l'on transportàt la feuille de papier sur l'autre moi- tié : cette expérience, qu'ils ont demandée, n'a pas été tentée. — M. D. Berthelot donne la description de l'Usine centrale d'électricité de Saint-Denis (voir p.259). SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE PARIS Séance du 23 Février 1906. M. H. Copaux décrit la préparation et les propriétés générales de l'acide silicomolybdique et des silicomo- lybdates. Il à déterminé la composition et la forme cristalline d'environ 25 de ces sels; les résultats obtenus montrent l’extrème analogie des acides silicomolyh- dique et silicotungstique, et notamment la relation qui existe entre la valeur d'un oxyde et l'hydratation du # CR. dun 45 janvier 4905 et Rev. du 30 janv., p. 58 300 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES silicomolybdate ou du silicotungstate correspondant. — M. Frenkel entretient la Société de ses recherches sur le dosage de petites quantités d'ammoniaque en présence d'urée. — M. Binet du Jassonneix expose ses recherches sur la réduction de l'oxyde de thorium par le bore. — M. A. Brissemoret a préparé des com- binaisons de la caféine, de la théobromine et de la théophylline avec les acides salicylique, protocaté- chique et gallique. Entre autres, le salicylate de caféine se combine à la soude pour donner le sel très probable- ment décrit par Tanret. L'acide benzoïque nese combine pas. D'autre part, la glyoxaline et la 2-méthylglyoxa- line donnent des résullats analogues. Il est donc naturel de croire que la formation de sels cristallisés avec les acides-phénols appartient au noyau glyoxa- lique des alcaloïdes considérés. — M. Conduché à préparé à partir de l’oxyurée des dérivés avec les aldéhydes, En particulier, l'aldéhyde benzylique donne un composé de formule développée : C°H5 — CH — Az — CO — AzH°; (n par action de l'acide chlorhydrique, ce composé se détruit en donnant, outre CO* et AzH*CI, du benzoni- ile ou du chlorhydrate de benzamine, suivant que l'on opère en solution aqueuse ou alcoolique. La potasse aqueuse ou alcoolique le décompose en cyanate de potassium et benzaldoxime-«. L'eau, à des tempéra- tures supérieures à 1009, donne un mélange de nitrile, d'amide, d'oxime-+ et d'urée, outre un dégagement de CO*, L'amalgame d'Al le transforme en benzylurée. La réaction à été étendue avec de bons rendements à d'autres aldéhydes et peut servir pour l'identification de ces composés. Ces recherches seront continuées. — M. E. Léger rappelle qu'il a proposé! de représenter la barbaloïne par la formule C*'H*°0°, soit : CHOC )CH (CH) (OH) O0 — CH — (CHOH) — CON. CO” | CHE MM. Jowelt et Potter ayant contesté l'exactitude de cette formule*, à laquelle ils préfèrent la formule de Tilden : C'H#07, M. Léger fait observer que, dans cette dernière hypothèse, le dérivé chloré de la barbaloïne serait C‘H#CFO7. Or, M Léger a obtenu, dans l'action de Na*0* sur la barbaloïne, la trioxyméthylanthraqui- none C#H!°0% (méthylisoxychrysazine ou aloémodine), et, dans l’action du mème réactif sur la chlorobarba- loïne, le corps C'*H°CIO5, Si la formule C'H#CPO7 était exacte, c'est le corps C'H/CFO® qui aurait dù se pro- duire; de plus, la formule C'‘H#*#07, dans laquelle 15 atomes de carbone sont employés à la formation du noyau méthylanthraquinone, ne saurait expliquer l'existence du pouvoir rotatoire dans la barbaloïne, pas plus que Ja formation d'un sucre dans le dédou- blement de la mème aloïne. Ce sucre, que M. Léger nomme aloïnose, se produit en quantité non négli- geable dans Flaction prolongée (2 ans au moins) à froid de l'alcool! ou de l'eau sur la barbaloïne. MM. Jowettl et Potter n'ayant pu obtenir les résultats annoncés par M. Léger, résultats relatifs à l'action Na°O sur la barbaloïne, ce dernier présente à la Société un échantillon important de la méthylisoxychrysazine obtenue par lui, ainsi qu'une photographie microsco- pique de l'osazone de l’aloïnose. — M. M. Nicloux expose les recherches qu'il a faites pour déterminer la quantité d'alcool contenue dans le chloroforme. Il agite avec de l’eau et dose l'alcool dans l'eau par la méthode qu'il a fait connaître, — M. A. Béhal, à propos de cette communication, dit que le procédé qu'il a publié en commun avec M. François a pour but de 1 Bull. Soc. Chim., (3), t. XXVII, p. 1224. * Chemical Society, juin 4905, p. S78. déterminer la pureté du chloroforme, que le dosage de l'alcool par le procédé qu'ils ont donné est précis, mais que leur méthode présente sur celle de M. Niclouw l'avantage d'avoir immédiatement un chloroforme dont on peut déterminer les constantes physiques. — M. M. Nicloux donne un procédé qui permet d'appré= cier exactement de petites quantités de chloroforme dans les liquides de l'organisme ou dans l'air. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES Séance du T Décembre 1905 (suite). M. A. Schuster a éludié la périodicité des taches solaires au moyen du périodogramme, diagrammt représentant l'intensité des variations périodique telles qu'elles sont déterminées par la somme des carrés de deux coefficients de Fourier appartenant à chaque période considérée. Il a trouvé un assez grand nombre de périodicités diverses; celles qui présentent le plus grand caractère de probabilité sont respectivemen de 4, 81, de 8, 38 et de 11, 125 années. On constate que la somme des fréquences des deux dernières périodes concorde avec la fréquence de la première. Ces trois périodes peuvent être considérées comme des sous- périodes d’une période de 33,375 années. — M. A.N Whitehead : Sur les concepts mathématiques du monde matériel. — MM. W. Bateson, E. R. Saunders el R. C. Punnett communiquent des expériences préli= minaires sur l’hérédité chez les pois et haricots doux Séance du 14 Décembre 1905 (suite). M. W. H. R. Rivers: Rapport sur la psychologie et la sociologie des Todas et d'autres tribus indiennes. Voici un extrait des observations faites principalement sur les Todas des Monts Nilgiri : L'étude psychologique a surtout porté sur les sens, pour deux desquels il existe une différence marquée entre les Todas et les Anglais: Les premiers sont moins sensibles à la douleur, et mon: trent certaines défectuosités du sens de la couleur, spécialement dans le degré de sensibilité relative vis: à-vis du rouge et du bleu, un faible degré de sensibilité pour le bleu s’associant avec une nomenclature défec tueuse pour cette couleur, L'auteur a trouvé chez 12 2/6 des mâles une cécité absolue pour la couleur, ce qj représente le chiffre le plus élevé qui ait été donné pour une race quelconque. 11 à fait des observations quantitatives sur deux illusions visuelles, dont une celle de la comparaison des lignes horizontales et ve ticales, a été plus prononcée chez les Todas, tandis que l'autre, l'illusion Müller-Syer, s'est présentée à un degré moindre. Cette différence est supposée dépendre de la différence de nature des deux illusions. L'auteur & apporté une grande attention à la variabilité des indi vidus soumis aux essais, et il est prouvé qu'il existe um rapport entre le degré du développement intellectuel général et certaines activités mentales simples, sus ceplbles d'être étudiées par des méthodes expérimens tales. L'auteur a étudié la sociologie des Todas at moyen de la méthode généalogique et il a constaté qu'elle avait beaucoup de points de ressemblance avet celle du Malabar; il émet l'hypothèse que les Todasà une certaine époque ont habité ce district et sont pro bablement de la même race que les habitants actuels du Malabar, les Nairs et les Nambutiris. Il a observé en détail le rituel religieux des Todas, et il y a des pe que cette religion a subi des changements de dégéné rescence. L'auteur suppose qu'il y a là, en partie, un disparition générale de la culture plus élevée que le Todas ont apportée avec eux aux monts Nilgiri. SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE DE LONDRES Séance du 9 Février 1906. Séance générale annuelle, dans laquelle la Société procède au renouvellement de son Bureau, qui est aïnsb constitué : Président : M. J. Perry; Vice-présidents : MM. C. Chree, H. M. Elder, J. A. eming et J. Swinburne ; Secretaires : MM. W. R. Cooper et W. Cassie; Secrétaire étranger : M.S. P. Thompson; Trésorier : M. H. L. Callendar: Bibliothéeaire : M. W. Watson. SOCIÈTÉE DE CHIMIE DE LONDRES Séance du 1 Février 1906. M. T. Haga a obtenu, par hydrolyse des hydroxyl- minetrisulfonates (métasulfazilates de Frémy), une nouvelle série de sels, les hydroxylamine-2$-disulfo- ates KSO®.OAZH.SO'K, isomères avec les sulfazotates de Frémy ou hydroxylamine-68-disulfonates HOAz SOK}*. L'auteur estime que c'est le premier cas incon- estable d'isomérie de structure parmi les composés norganiques. Les nouveaux sels sont solubles dans leau et très stables. — M. M. O. Forster, en ajoutant un sel de diazonium à une solution aqueuse de nitrate de camphoryl-Y-semicarbazide, a obtenu le dérivé cor- spondant du benzène-diazo-b-semicarbazinocamphre. es alcalis dilués le résolvent en camphoryl-ÿ- carba- ide et phénylazoimide. — MM. A. W. Stewart et . C. C. Baly déduisent de leurs études sur Îles pectres d'absorption que, dans les à-dicétones, il xiste une vibration ressemblant jusqu'à un certain oint à celle qu'on trouve dans le cas de l’acétoacétate d'éthyle et de ses dérivés. Cette vibration est produite r un changement dans les relations entre les atomes de carbone et d'oxygène, et elle ressemble à la transi- “tion de la forme cétonique à la forme énolique et vice- ersa. [Ses deux phases extrèmes peuvent êtres repré- “sentées par les formules : — C.0 —C:0 Il | | — C.0 —C:0 La transformation de la première dans la seconde pro- duit un groupe carbonyle naissant, plus actif que le carbonyle normal. Les auteurs proposent pour celte jbration le terme d'isorropèse; elle produit une absorption de lumière dans la région du bleu visible, de sorte que les substances sont colorées en jaune intense. On observe chez les quinones le même phéno- mène qu'avec les «-dicétones ; on le constate également chez les corps ayant une liaison quinoïde et contenant un atome d'Az à la place de l'un ou des deux atomes l'oxygène des quinones. On en déduit que le processus d'isorropèse a lieu également entre les atomes d’Az non saturés et les atomes d'oxygène des cétones. — “M. F. D. Chattaway a constaté que la coloration rouge prise par la benzaldéhyde-phénylhydrazone après expo- - sition à l'air et à la lumière est due uniquement à action des parties bleue et violette du spectre, et que présence ou l'absence de l'air n’a aucune influence. “Cette coloration est probablement due à une transforma- tion isomérique : C°H°.CH : Az.AzH.C°H° —- C'HSCHE?Az : A7.C‘H°. — MM. C. H. Burgess et D. L. Chapman ursuivent leurs recherches sur la période d'induction ns l'union du chlore et de l'hydrogène. Les effets observés doivent être dus à l’action retardatrice d'une “impureté, composé gazeux résultant de l'action du chlore sur AzH°. — MM. G. Barger el A. J. Ewins ont déterminé par leur méthode microscopique le poids moléculaire de l'épinéphrine (adrénaline), en employant Pacide acétique et la benzaldéhyde à 90°. La moyenne des valeurs obtenues est 179, correspondant à la for- mule C’H°0°Az. — M. J. L. Brown a déterminé la tem- pérature critique et la valeur de ML/H pour un certain nombre de composés du carbone. Cette dernière valeur Sélève légèrement avec l'augmentation des groupes CH: dans les séries des alcools, acides et éthers alipha- tiques ; elle est très constante pour les hydrocarbures aromatiques. — M. M. Smith a observé l'oxydation de Pammoniac à la température ordinaire en présence de Vair et de l'eau au moyen de catalysateurs : Fe*0°, ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 30€ Sn0?, Mn0?; il se forme des nitrites et nitrates. Pt n'a d'action qu'un peu au-dessous du rouge sombre. L'oxy- dation a lieu aussi par induction en présence de métaux subissant l'oxydation à l'air. — M. P. C. Ray à étudié la décomposition du sel de Fischer par la chaleur; elle est représentée par l'équation : Co*(Az0*)°.6KA70*.311F0 — Co°0* + 6470 + 3KAz0® HE 3KA70°+ 3H°0. — M. J. Leicester, en réduisant par HI la quinonefluorindine obtenue par l'action de l'o-nitroaniline sur la benzoqui- none, a préparé l'homofluorindine. — M. A. G. Perkin, en oxydant l'acide gallique dissous dans H?50* par le persulfate de potassium, à obtenu une matière colorante jaune cristallisée, qu'il nomme acide flavellagique, F.> 360"; elle donne un dérivé pentaacétylé, F. 317-3199, et un dérivé pentabenzoylé, F. 2870-289°. Par digestion avec KOH bouillante, cet acide est converti en une substance donnant un dérivé hexacétylé, qui à été reconnue pour l'hexahydroxydiphénylméthylolide. On en déduit que l'acide flavellagique est l'acide hydroxyel- lagique : — 0 — CO — rare) HOSPEICO 0 Le oH OH on Quand l'acide gallique est oxydé en solution acétique par HSO* et le persulfate, il se forme seulement de l'acide ellagique. — MM. R. H. Pickard et J. Kenyon ont préparé facilement les oxydes de phosphines ter- tiaires par action de POCI sur les composés organo- magnésiens. Ces oxydes se combinent avec les acides, les sels métalliques et les iodures organo-magnésiens pour donner des composés de formules 1(RPO)-HEX; (R#PO}.M'X* et (R#PO):.CHMgl. — M. H. J.S. Sand décrit une méthode pour le dépôt électrique rapide des métaux en vue de l'analyse. L'argent est séparé du cuivre en six minutes en solution acétique bouillante sans le concours d’une électrode auxiliaire. SOCIÉTÉ ANGLAISE DES INDUSTRIES CHIMIQUES SECTION CANADIENNE Séance du 49 Octobre 1905. M. J. H. Bowman présente quelques études sur la cristallisation au point de vue pratique. Le mélange d'un colloïde à une substance cristalline fondue ou d'une solution de colloïde à une substance cristalline en solution influe généralement sur la cristallisation en produisant un ou plusieurs des résultats suivants 1° empêchement absolu de la cristallisation; 2° sup- pression de quelques directions de croissance cristal- line; 3° augmentation du cristal à des proportions anormales pour en faire un cristal composé; #° défi- guration, torsion ou courbure du cristal ou de ses parties. L'auteur explique ces phénomènes par les deux hypothèses suivantes : 1° Il y à des lignes de force selon lesquelles la cristallisation a lieu qui diffèrent en intensité suivant la forme du cristal et aussi suivant qu'elles sont principales ou subordonnées ; 2° L'apport de matière au cristal en formation n’est pas ausst rapide que la force de cristallisation l'exigerait. SECTION DE NEW-YORK Séance du 24 Novembre 1905. M. J. Alexander décrit une série d'essais qui peuvent être employés pour l'estimation des colles et gélatines et donne quelques indications pratiques sur le choix et le mode d'emploi de celles-ci. — M. W. D. Horne étudie l'industrie du sucre à Cuba. Elle a une grande impor- tance, puisqu'elle fournit environ un million de tonnes de sucre brut sur les 12 millions que comporte la pro- duction mondiale annuelle. La presque totalité de ce sucre est envoyée aux raffineries des Etats-Unis, dont 302 elle forme les 40 °/, de l'alimentation. Entrant dans les détails de la fabrication, l'auteur montre que la rou- tine y joue encore un trop grand rôle et que l'adoption plus générale des méthodes scientifiques de recherche et de contrôle permettrait de réaliser d'importants progrès. ACADEMIE DES SCIENCES DE BERLIN Séance du 11 Janvier 1906. M. Waldeyer présente une Note sur les cerveaux des tribus du Sud-Ouest africain, discutant la structure de 9 cerveaux d'Héréros et de 2 d'Ovambos. Il semble exister deux types de cerveau : l’un allongé et à sinuo- sités bien subdivisées ; l’autre plus court, à sinuosités moins compliquées. — M. Koenigsberger adresse une communication relative aux équations de Maxwell, que l'auteur réduit à un principe de minima, et notam- ment au principe de Hamilton pour les intégrales mul- tiples, étendu à un nombre quelconque de variables indépendantes. Les équations en question se trouvent par là rattachées à la Mécanique générale. — M.J.Schur présente des recherches arithmétiques relatives à des ensembles finis de substitutions linéaires. L'auteur vient d'étudier les représentations d'un ensemble fini de l’ordre h, irréductibles dans un corps algébrique donné. Dans les conditions qu'il établit, une représen- tation irréductible dansle domaine de tous les nombres estéquivalente à une autre dont les coefficients peuvent s'exprimer rationnellement par les racines 2 de l'unité. Séance du 48 Janvier 1906. M. F. E. Schulze présente des contributions à l’ana- tomie des poumons des Mammifères. En calculant, au moyen du diamètre et du nombre des alvéoles pulmo- naires, la surface respiratoire totale de plusieurs Mammifères, l’auteur constate une relation entre celle- ci et la masse du corps, ainsi que la grandeur et l'intensité de l'économie du corps. Des trous circulaires ou de forme ovale à bords lisses existent, en nombres très variables, dans les alvéoles de tous les Mammifères. — M. Schottky présente un supplément à une Note anté- rieure sur le théorème de Picard et les inégalités de Borel, expliquant la nature d’une fonction auxiliaire qui y entre. — M. Stumpf présente un Mémoire sur la classification des Sciences. Afin de tenir compte des caractères essentiels de certaines sciences, telles que la Psychologie, l'Histoire, les Mathématiques, il convient de se servir, au lieu d’un seul principe, de raisons de classification multiples, s’entre-croisant et mettant en lumière la variété des sciences, chacune d'un point de vue spécial. ALFRED GRADENWITZ. SOCIÉTÉ ALLEMANDE DE PHYSIQUE Séance du 12 Janvier 1906. M. R. Pohl présente les résultats de quelques mesures faites sur le conseil de M. Warburg, relative- ment aux effets exercés par les décharges électriques silencieuses sur l’'ammoniac et l'oxygène. Ces dé- charges étaient produites par un condensateur ana- logue à ceux de Siemens, à diélectrique partiellement gazeux, par des courants alternatifs sinusoïdaux à haute tension de cinquante périodes. L'auteur distingue le courant dit de capacité, consommé par le dispositif en tant que condensateur, du courant lumineux de con- duction, dontil est seul tenu compte. La première com- posante du courant est déterminée par des mesures faites sur un ozoniseur, à l'intérieur duquel on a établi le vide, de façon à éliminer tout courant de conduc- tion. L'auteur constate, pour des potentiels croissants, un accroissement graduel de la quantité d’ammoniac décomposée par l'unité d'électricité et une décroissance du rendement économique à partir du potentiel de 7.000 volts. Dans le cas de l'oxygène, il trouve un maximum du coefficient économique pour 6.500 volts ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES et une décroissance linéaire entre 7.000 et 10.000 volts. Pour les densités de courant croissantes, les quan- tités d'ammoniac décomposées soit par l'unité d'élec- tricité, soit par l'unité de travail, augmentent. M. F. Neesen a continué ses essais de détermination photographique des éléments .de projectiles, en employant des appareils disposés latéralement par rapport à la trajectoire. Les deux appareils extrêmes, disposés à 6 mètres de distance, servaient à déterminer la position du projectile, tandis que deux autres appa- reils, disposés à mi-distance entre eux, comportaient, l'un un tambour enveloppé d'une pellicule et mû par. un moteur, et l’autre une section de tambour fxe portant également une pellicule photographique. La vitesse de rotation du tambour mobile est déterminée au moyen d'un diapason enregistreur au moment du passage du projectile, lequel renferme un dispositif d'allumage à magnésium dont la flamme, à chaque rotation du projectile, dessine un trait sur les plaques des appareils. Les traits marqués sur la pellicule tour- nante, ainsi que leurs distances mutuelles, sont plus longs que ceux de la pellicule stationnaire, et la diffé- rence entre les distances des centres de traits consé- cutifs sur l’un et l'autre tambour donne le chemin par- couru par la circonférence tournante pendant une rotation complète du projectile, dont le temps se cal-. cule par la vitesse de rotation du tambour Le nombre de tours exécutés par seconde par le projectile décroit régulièrement, à savoir de 140 °/, pour une distance de 3.000 mètres, la vitesse initiale étant de 300 mètres par seconde. Cette méthode donne tous les éléments de la trajectoire, à l'exception de la durée de projection, dont elle facilite néanmoins le calcul. ALFRED (GRADENWITZ. ACADÉMIE DES SCIENCES D'AMSTERDAM Séance du 27 Janvier 1906. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. J. de Vries : Un groupe de complexes dont la surface singulière se compose d'une surface réglée et d'un certain nombre de plans. L'auteur considère une surface réglée ration- nelle z* d'ordre », admet{fant une droite d de la multi- plicité n—1, et en range les génératrices dans une, involution 1, d'ordre p; ainsi chaque couple des ratrices /,l' d'un même groupe de l'involution 1, déter- mine une congruence (1,1), dont le complexe en ques-. tion est le lieu géométrique. Le complexe est de. l'ordre (n—1) (p—1); sa surface singulière se com- pose de #" et de (n —2) (p — 1) plans principaux. Le lieu des transversales communes de quadruples de droites / d'un mème groupe de l'involution 1, est une. surface de l'ordre _ (p — 1) (p — 2) (p— 3) (4n — 9), ! faisant partie du complexe. — M. W. Kapteyn : Sur le quotient de deux fonctions consécutives de Bessel.n Seconde communication (pour la première, voir Hev. génér. des Sciences, t. XVII, p. 160). Relations entre les coeflicients f du développement : 1,41 (2) 1, (2) =f,2 +2 +12 + M. H. G. van de Sande Bakhuyzen présente au nom de M. H. J. Zwiers: /techerches sur l'orbite de la comète@n périodique de Holmes et sur les perturbations de son mouvement elliptique. Après la réapparition de lan comète en 1899-1900, M. Aer a calculé les pertur- bations qu'elle éprouvait de la part de Jupiter, de Saturne et de la Terre; à l'aide de l'éphéméride déduite de ce calcul, publiée dans le n° 3553 des Astronomische Nachrichten, la comète a été retrouvée par l'instru- ment de l'Observatoire Lick. Ici l'auteur corrige cette éphéméride en tenant compte des perturbations éprou- vées de 1899 jusqu'à 1906. Le travail se termine par une table faisant connaître les positions apparentes de la comète depuis le 4% mai jusqu'au 31 décembre 1906. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 303 … 2° SGiENCES PHYSIQUES. — M. W.J. Julius : L'’ue nou- | au quatrième contact l'intensité du rayonnement en velle méthode pour déterminer la loi selon laquelle le | fonction du temps, on saurait le montant de l'accrois- rayonnement du disque solaire diminue du centre au | sement ou de la décroissance du rayonnement total bord. Tout ce qu'on sait jusqu'à présent de la distri- | dans un intervalle de temps donné quelconque. Cet bution du pouvoir de rayonnement sur le disque solaire, | accroissement, positif ou négatif, est dû exclusivement repose .ur des expériences dans lesquelles on a exploré | aux rayons émis par la petite bande du disque solaire 3 parcourue dans cet intervalle par le limbe de la Lune. Divisons le 4emps écoulé après le troisième contact en parties égales, par exemple de deux minutes, Indi- quons la position du limbe de la Lune sur le disque solaire à la fin de chaque intervalle. Ainsi le disque À LS 500000 È #00000 1,0 0,9 08 O7 0,6 0,5 0,4 03 O2 O1 00 limbe Milieu Fig. 2, — Pouvoir de rayonnement du disque solaire, solaire est divisé en environ 39 bandes minces, faisant croître le rayonnement total de quantités connues 50 O 10 20 30 40 50 j 10 20 30®40 50 2 a, b, c, d,... Distinguons ensuite sur le disque solaire : n zones concentriques, aux pouvoirs de rayonnement Fig. 1. — Partie moyenne de la courbe du ARTS Ya gs. X. , par unité desurface. Alorsune des 39 bandes « Re RG EC EC CE Re en question contribue au rayonnement pour la quan- l'image du Soleil à l'aide d'un photomètre, d'une pile | Hé x + Bsxp... a x, , Si cette bande se compose Hiermique ou d’un bolomètre. Les résultats obtenus de | de à, unités de surface de la première zone, à, de la tte manière sont troublés par la dispersion des | Seconde, etc. Ainsi la connaissance des 39 quantités ayons lumineux dans l'atmosphère terrestre. Cette | 4; b, e, d... mène à 39 équations linéaires entre les quan- perturbation a pour conséquence le nivellement des | tités x,, Xg.…, x. Pour l'évaluation des coefficients “lifférences : la décroissance de l'intensité en procédant | à,, 8... 8, etc., l'auteur s'est servi de la méthode du centre vers le bord a été trouvée trop petite. Si l'on | expérimentale de pesage. Sur une feuille de papier — laëLEau I. — Variations de l'intensité du rayonnement du disque solaire en allant du centre au bord. DISTANCE EXPÉRIENCES SPECTRO-PHOTOMÉTRIQUES DE H.-C. VoGEL RAYONNEMENT TOTAL D'APRÈS du Centre | __—— “7 À —— pa disque 510-515 573-585 658-666 solaire vu y ue 105-412 : Wilson Frost Julius ————— | ——— — 0,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 0,1 99,6 99,7 99,8 99,9 99,9 99,9 99,8 0,2 98,5 98,7 992 9975 99,6 99 ,# 98,6 0,3 96,3 96.9 98,2 98,9 98,8 98,4 96,6 0,4 93,4 95,3 96,7 98,0 96,3 94, 0,5 88,7 90,7 94,5 96,7 91,6 90,3 0,6 82,4 86,2 90,9 94,8 89,8 85,5 0,7 74,4 80,0 84,5 91,0 84,6 179,5 0,75 69,4 15,9 80,1 88,1 — 1533 0,8 63,7 70,9 74,6 84,3 71,9 70,1 0,85 56,7 64,7 61,7 79,0 = 63,5 0,9 41,1 56,5 59,0 71,0 68,0 35,0 0,95 34,7 4,0 6,0 58,0 €0,5 14,0 1,0 13,0 16,0 25,0 30,0 — 24,U) ot le pouvoir rayonnant des diverses parties du | homogène, il a dessiné le disque solaire avec la divi- ue solaire de la marche de l'intensité du rayonne- | sion en 39 bandes et en 13 zones concentriques ; après ment Lotal pendant une éclipse, au contraire les résul- ! avoir découpé les pièces correspondant aux coeflicients, lats sont indépendants de Tufltiente de la diffusion | il en a déterminé séparément le poids. Les valeurs des qur l'atmosphère terrestre. L'auteur a employé cette | quantités a, b, ce, ont été empruntées à la courbe du ernière méthode, en se servant des mesures faites | rayonnement (fig. 1), réduite à la même hauteur du lui à Burgos, le 30 août 1905, à l’aide d'une pile | Soleil. La solution des équations donne, pour le rayon- érmique extrémement sensible, exposée au rayon- | nement par unité de surface des 13 zones, les valeurs nement sans l'intermédiaire de miroirs ou de lentilles. | représentées graphiquement dans la figure 2. Au moyen Sion disposait de la courbe qui exprime du premier | d'une ligne continue menée par les points trouvés, 304 l'auteur est parvenu aux résultats déposés dans la der- nière colonne du premier. des deux tableaux ci-joints, dont les autres colonnes ont trait aux résultats ana- logues d'autres expérimentateurs. En comparant les ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES Le. “HR dé SES. cristal biaxial autour d'un centre de vibration. Un des problèmes importants de la théorie électromagnétique de la lumière consiste dans la détermination de la condition électromagnétique dans un cristal, due à un TagLeau Il. — Résultats des expériences de M. Very. LA EXPÉRIRNCES SPECTRO-BOLOMÉTRIQUES DE F.-W. VERY DISTANCE du SITES centre 416 pu 168 uy 550 U 1010 pu 0,5 85,8 90,2 93,3 94,1 94,3 95,9 0,75 74,4 16,4 83,1 88,5 89,4 95,0 0,95 14,1 416,2 58,1 74,9 16,5 85,6 résultats de M. Julius à ceux qu'ont obtenus MM. Vo- gel, Wilson, Frost et Very, on voit, en effet, que la méthode nouvelle fait trouver une décroissance plus forte de l'intensité du rayonnement en procédant du centre vers le bord. A Ja fin, l'auteur s'occupe des explications différentes de ce phénomène. H réfute l'opinion généralement adoptée que l'absorption dans l'atmosphère solaire en serait la cause principale ; au contraire, l'explication basée sur la réfraction, en rap- port avec la théorie du Soleil due à M. A. Schmidt, lui semble beaucoup plus plausible. — M. H. A. Lorentz présente au nom de M. O. Postma : Quelques remar- ques sur la quantité H de Boltzmann. D'après Boltz- mann (« Vorlesungen über Gastheorie », $ 6), la quantité H = f f. 1f. dw, qui atteint une valeur mini- male chez un gaz à l'état stationnaire, a encore ceci de particulier que cette valeur minimale correspond à la probabilité maximale pour que les molécules du gaz aient des vitesses dont la distribution est indiquée par la fonction /. L'état stationnaire du gaz représenterait donc en même temps son état le plus probable. La distribution des vitesses moléculaires dite « de Max- well » résultant de ce que la quantité H passe par sa valeur minimale et de la condition que l'énergie ciné- tique de n molécules doit avoir une valeur déterminée, ce serait donc cette distribution qui représente l'état le plus probable. D'après l'auteur, le raisonnement de M. Boltzmann manque de rigueur, la supposition que les probabilités à priori pour les molécules du gaz d'obtenir une vitesse quelconque sont égales pour les vitesses possibles étant inadmissible. En effet, dans cette hypothèse, la vitesse moyenne des molé- cules ne pourrait pas toujours être finie et l'énergie cinétique de » molécules serait infinie en général. De plus, l'auteur fait voir que la démonstration de la loi des vitesses de Maxwell donnée par J. H. Jeans (The dynamical Theory of gases, Cambridge, 1904), et intro- duite par ce savantcomme une méthode de Dynamique générale, ne diffère pas essentiellement de la démons- tralion discutée de Boltzmann et que, par conséquent, elle prête à la même critique. — Ensuite, M. Lorentz présente, au nom de M. L. S. Ornstein : Sur le mouve- ment d'un fil métallique à travers la glace. Discussion mathématique sur l'expérience connue du regel. L'au- teur suppose qu'au-dessous du fil -cylindrique de rayon KR se trouve une couche concentrique d'eau d'épaisseur minimale d. Il trouve que la vitesse de la descente du fil portant un poids assez considérable est { 3 Sue : ms à — ou à —» suivan R? ie ; ou que l'on tient compte de la courbure du fil. Pour que le fil courbé descende en entier d'une vitesse constante, il faut que la courbe soit représentée par proportionnelle que l'on néglige J É Ne l'équation y k log cos 7’ où k est une constante. A — Enfin M. Lorentz présente, au nom de M. H. B. A. Bockwinkel : Sur la propagation de la lumière dans un mouvement de lumière émis d'un point O. Pour fixer les idées, l’auteur suppose que la cause de ce mouve= ment est une force électromagnétique périodiquement alternante, agissant dans l'élément de volume + situé autour du point O. Alors cet élément émane de l'éner- gie dans toute direction, le montant de cette énergie par surface conique infiniment petite donnée dépen dant de Ja direction par rapport à celle de la force électromagnétique et aux axes de symétrie électriques. Ici l'auteur détermine cette énergie dans le cas de points situés à des distances assez considérables de la source O. Au lieu de se servir des résultats obtenus par M. J. Grünwald (Livre jubilaire de Boltzmann, p. 518), qui se rapportent à un milieu élastique fixe, il ramène la question du problème à celles d'ondes planes à l’aide d'une formule de M. Lorentz, où une fonction continue des coordonnées est représentée par une intégrale par rapport aux cônes infiniment petits à sommet commun 0, qui forment ensemble tout l'es pace autour de ce point. — M. H. Kamerlingh Onnes présente, au nom de M. J. E. Verschaffelt : 1° Contri butions à la connaissance de la surface 4 de van der Waals : X. Sur la possibilité de prédire les propriétés des mélanges, connaissant celles des composantes. L'auteurse propose de faire voir que l'équation originale RT V— by 14% | | dx P = de van der Waals, où 9x = du (1 — X)° + 204, X(1 — X) + au X°, br = DU — XP + 2b,x 1 — x) + b,,x?, et où l’on a introduit les suppositions si simplifiantes &ya = dysdes, Lys = Disbes, donne une représentation assez précise des propriétés particulières des mélanges ; 2° Appendice à une com imunication antérieure (Revue gén. des Sciences, &. XV, p.51). Rectification. — M. A. F. Holleman : Sur la nitration du métadibromobenzène en ortho et méta: — Ensuite M. Holleman présente, au nom de M. J. g: Blanksma : Sur l'introduction d'atomes d'halogènes: dans 1e noyau benzénique pendant la réduction des composés nuitriques aromatiques. — M. P. van Rom burgh présente, au nom de M. C. J. Enklaar : 1° Su lo-cymène et le myrcène, une contribution à la con naissance des terpènes aliphatiques; 2 Sur quelque alcools de terpènes aliphatiques. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. P. P. C. Hoek :! polyandrie chez Scalpellum Stearnsi. — M. F. A. F.G Went présente la thèse de M. A. A. Pulle : An enume ralion of the vascular plants from Surinam, togetlie with their distribution and synonymy. P. H. ScnouTe. Le Directeur-Gérant : Louis OLiviEr. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, {, rue Cassette. . st HR SRE. U : LI , anid . | 47 ANNÉE N° 7 13 AVRIL 1906 des Revue générale BSCIenCes pures ef appliquées [ST AX es. € 2Q Û RARY 0 : saillie À Z 2. % 2 / Direcreur : LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. E MAS D Aüresser tout ce qui concerne !a rédaction à M. L. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des tFivaux 4 publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tons les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et ia Hollande CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Nécrologie . Phisalix. — Nous avons le regret d'annoncer à S lecteurs le décès de notre distingué collaborateur Phisalix, assistant au Muséum d'Histoire naturelle. dici en quels termes M. J.-P. Langlois a retracé euvre du défunt devant sa tombe : Phisalix était, suivant l'expression du xvin® siècle, « curieux de la Nature ». Son esprit chercheur le ussait, en effet, à porter ses investigations dans les lérentes branches du domaine biologique. Ses travaux sur les chromatophores des Céphalo- des le classent parmi les biologistes zoologistes. Dans longues et patientes recherches au Laboratoire de scoff, il réussit à pénétrer le mécanisme de la omo-constriction, à donner la clef d'un phénomène ù connu avant lui. Bactériologiste, il s'attaque à la biologie si trou- mte de la bactéridie charbonneuse et, ici encore, il la joie d'apporter une nouvelle page à l'histoire déjà en chargée de cet agent pathogène: il parvient à er une race asporogene. Mais l’œuvre principale de Phisalix est constituée son étude magistrale sur les venins ‘. Ce sont ses aux, faits en collaboration avec Bertrand, et ceux Calmette qui ont doté la science française de cette duvelle conquête si précieuse : la vaccination contre morsures des serpents. Notre collaboration dans tude physiologique du venin de la salamandre fut le point de départ de ses recherches sur les substances Maccinantes contre les poisons des glandes à venin. äant le « problème », il montre tout d'abord que la ance toxique du venin de la vipère existe dansle g de l'animal ; que, par le chauffage, on peut obtenir e venin et même dans le sang une substance Hnante. Entin, il parvient à expliquer l'immunité serpents contre leur propre venin par l'existence @ substance antitoxique coexistant dans le sang. Malgré une santé depuis bien longtemps précaire, alix fut toujours un travailleur infatigable : il avait é en M®e Phisalix une collaboratrice fidèle. » La LIL en a exposé, ici même, à plusieurs reprises, les prin- résultats. REVOE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. Revue adresse à cette dernière l'expression de sa vive et respectueuse sympathie. $ 2. — Astronomie A propos du spectrohéliographe. — On sait que le récent Congrès des Astrophysiciens, quis’est réuni à Oxford, a mis en première ligne, parmi les questions qui se posaient à lui, l’organisation d'une coopération internationale pour les études spectrohéliographiques du Soleil. Le Congrès a projeté de se réunir à nouveau en 1907, afin de régler les derniers détails de cette grande entreprise de coopération scientifique, et il a décidé de siéger à l'Observatoire de Meudon, en l'honneur de M. Janssen, l'illustre directeur de cet établissement. Il ne paraîtra peut-être pas inutile, à ce propos, de rappeler brièvement aux lecteurs de la Revue le prin- cipe et le but du spectrohéliographe, d'autant plus que des documents récents ont éclairé d'une lumière déci- sive la question de la priorité dans l'invention et le premier emploi de cet instrument, priorité qui avait fait, en ces dernières années, l'objet de contestations entre divers astrophysiciens. Depuis la découverte, en 1868 (Lockyer et Janssen), d'une méthode spectrale permettant l'étude journa- lière des éruptions protubérantielles et de la chromo- sphère sur le bord du disque solaire, un problème nouveau s'imposait : l'extension à toute la surface du disque de ce mode de recherches. En 1889, M. G. E. Hale résolvait complètement la question en publiant la description d'un instrument appelé par lui spectrohéliographe et qui, du premier coup, lui donna des résultats remarquables en permet- tant l'enregistrement automatique, par la photographie, de la chromosphère et des protubérances projetées sur le disque. Le principe en est extrêmement simple c'est un spectroscope à vision directe, où l'oculaire est remplacé par une deuxième fente tout près de laquelle se place une plaque photographique. L'image du Soleil étant projetée sur la première fente, on choisit dans le spectre qui se produit une raie, H8 par exemple, et on la fait coincider avec la deuxième fente, qui ne laisse donc passer que cette radiation. En donnant au spec- troscope un mouvement de rotation autour de son centre optique et perpendiculairement à la direction 1 306 des deux fentes, les positions successives de la fente projettent sur la plaque photographique l’image mono- chromatique de toute la surface du disque solaire. Tel est, dans sa forme schématique, le spectrohélio- graphe, dont la construction et le premier emploi sont tout à l'honneur de M. G. E. Hale*, M. Hale a, d'ailleurs, reconnu depuis,avec une modes- tie bien digne de son talent, que le principe d'instru- ments ayant quelque analogie avec le sien avait été indiqué dès 1869 par M. Janssen, puis par Braun, de Kalocsa,en (872, el enfin par Lohse, de Potsdam, en 1880. Mais il n'en reste pas moins que M. Hale a été le pre- mier à construire l'instrument sous sa forme pratique, et à lui faire donner des résultats positifs dès le début, L'instrument était, d’ailleurs, appelé à rendre des services qu'on n'avait pas d’abord soupconnés, sa des- tination primitive étant bornée à l'étude des éruptions solaires d'hydrogène. M. Hale ayant eu l'idée de se ser- vir des raies H et K du calcium, que l’on voit partout « brillantes » sur le disque solaire, réussit à obtenir l'enregistrement photographique des nuages brillants qui surmontent les « facules » et leur donna le nom de « flocculi ». Il découvrit ainsi que la distribution des masses de vapeur de calcium au-dessus de la surface solaire est extrèmement différente de celle de l'hydro- gène. Depuis 1892, et sous la direction de son inventeur, l'appareil fonctionne régulièrement tousles jours clairs, et les résultats déjà obtenus sont trop connus pour que nous y insistions. Dès que les travaux de Hale furent connus, divers savants comprirent tout le parti qu'il y avait à tirer de la nouvelle méthode; elle fut tout de suite appliquée avec quelques modifications par M. Evershed en Angleterre (1893), puis à Paris par M. Deslandres, qui, après avoir photographié quelques sections du disque en 1893, réussit très bien l’image entière en 1894; M. Des- landres attribua à des protubérances les renversements brillants des raies H et K que la photographie lui mon- trait. Nous savons maintenant, comme l'a montré Hale, « que ce sont des nuages incandescents de calcium et d'hydrogène qui se produisent au niveau de la base de la chromosphère et offrent la plus grande analogie avec les granulations photosphériques ». Mais, si précieux que soient les résultats déjà obtenus avec le spectrohéliographe, il est évident qu'on ne pourra tirer de ce merveilleux instrument tout ce qu'il peut donner que le jour où son emploi, systématisé dans toutes les régions du globe, permettra l'étude ininterrompue de l'atmosphère basse du Soleil, à toutes les heures du jour, et indépendamment des mauvaises conditions atmosphériques qui, dans une station isolée, interrompent si fréquemment les recherches. Ce sera l'œuvre du prochain Congrès des Astrophysi- ciens de réaliser sur ce point une coopération inter- nationale, si souhaitable à tant d'égards. En décidant de tenir ce congrès à l'Observatoire de Meudon, les astro- nomes de tous les pays ont voulu rendre un juste hommage à M. Janssen, à qui, comme nous l'avons dit, revient la première idée du principe du spectrohélio- graphe. $ 3. — Art de l'Ingénieur Locomotive à vapeur surchauffée des Chemins de fer prussiens. — La Société berli- noise de construction mécanique vient de construire, pour les Chemins de fer de l'Etat prussien, une locomo- tive à vapeur surchauffée destinée à la traction de trains rapides sur des lignes à trafic intense. ! C’est ce qu'ont voulu honorer l'Académie des Sciences de Paris, l'American Academy of Sciences, la National Academy et la Royal astronomical Society, qui ont respec- tivement décerné à M.Hale les médailles Janssen, Rumford, Draper et la Gold Medal, pour la construction et l'emploi du premier spectrohéliographe. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Ces conditions de fonctionnement obligent à donne à la locomotive une adhérence suffisante, tout en lui laissant l’élasticité que doivent avoir, pour se plier au passage rapide des courbes, les machines motrices de trains express. La caractéristique de la locomotive est l'emploi d° surchauffeur de vapeur Schmidt, installé dans la chambre de fumée; il consiste en un certain nombre d'éléments tubulaires recourbés en forme d'U et qui se terminent à leurs deux bouts dans des chambres collectrices. Ces tubes sont chauffés directement par les gaz du foyer, amenés à une température de 800 à 1.090° C. par l'intermédiaire d'un canal de 305 millimètres de dia: mètre environ. Ils sont intérieurement parcourus pa la vapeur vive de la chaudière, qui sy chauffe, sy dessèche et prend ainsi une température de beaucou supérieure à celle de la saturation avant d'arriver aux cylindres. Malgré la perte de calorique qu'elle subit dans ceux ci, et qui, dans d'autres types de machines, a pou effet de provoquer une condensation representant uné inutilisation de puissance sensible, la vapeur se trouve encore à une température telle que la condensation ne peut se produire et que la vapeur reste sèche. Le principe de la surchauffe est trop connu, d’ailleurs pour que nous insistions; Schmidt est le premier qui en ait fait application à la locomotive, comme Wolf est le premier qui l'a introduite dans la locomobile. Mais l'application de la surchauffe est une question délicate ; il n’est pas aisé, en effet, de maintenir en bon état des organes soumis à une température qui atteint en général 3300 C., et, pour se prononcer sur la valeur d'une telle innovation, il est indispensable de procéder à des expériences d'une certaine durée et effectuée dans des conditions particulièrement attentives au poir de vue de l'entretien et de la surveillance. Le moteur est à cylindres jumelés, placés extérie rement au chässis; il repose avec ses accessoires S trois axes moteurs accouplés, celui d'avant relié par le système Krauss à un quatrième essieu de roulemenl rotalif. La distribution se fait par tiroirs commandés cylin driquement, système Schmidt. Sur une ligne de 124 kilomètres de longueur, courbes nombreuses et avec une rampe de { °),, locomotive hale un train de 42 essieux, pesant 322 ton nes, non compris le poids de la locomotive et du tender à une vitesse de 80 kilomètres à l'heure. La vitesse maxima est alors de 105 kilomètres, Pad mission étant de 23 °/, en moyenne, sous une pressio de 9 atmosphères au tiroir. Le démarrage se fait bien et rapidement. ; Le but principal de la mise en service de la loca motive que nous venons d'esquisser était principalemen de la comparer avec les autres machines, c'est-à-di de se rendre compte de la valeur du surchaufleur. … A celte fin, la locomotive à été mise en marcel pendant plusieurs mois en même temps qu'une au de même poids alimentée en vapeur saturée. L'adjonction du surchauffeur à donné lieu à résultats économiques très satisfaisants en Allemag et son usage semble devoir se généraliser tout pa culièrement sur les lignes de l'Etat prussien; il à démontré que les condensations dans les cylind étaient nulles, même dans des conditions climatériqui très défavorables. La locomotive de comparaison était également à essieux moteurs et à quatre cylindres. L'économie d'eau en faveur de la locomotive à va surchauflée a été évaluée à 18-20 °/,, aussi bien da les conditions de trafic intense que dans des con tions normales; l'économie de charbon s'est élevée à 42-45 0/0. ] Une économie correspondante aurait aussi . constatée dans les frais de réparation et d'entretien} tout au moins pour la période d'essai. $ 4. — Physique des bases physiques de Ia Husique. — Nous recevons de M. E. Mercadier la èttre suivante : « Dans un article inséré dans la Aevue du 8 février 1906, M. Bouasse, professeur à la Faculté des ences de Toulouse, expose à sa manière la théorie s Gammes musicales, et critique vivement les con- ences que nous avions cru pouvoir tirer, Cornu et noi, d'expériences faites sur ce sujet, il y a trente- inq ans, d'après une méthode alors nouvelle. « C'est son droit. Mais son tort est d'accompagner ës critiques de facélies, qu'on peut lire principale- nent aux pages 187 et 188. Si ses raisons sont bonnes, roit-il les fortifier en essayant de tourner eu ridicule ux qu'il attaque, en traitant leurs arguments de co- iques, en les comparant eux-mèmes à des Papous? « D'ailleurs, tout le monde est pris à partie dans cet icle : d'abord tous les professeurs des Lycées et des lacultés (pp. 179 et 196), puis tous les auteurs de Traités à Physique c/assiques (p. 187), enfin tous les contem- orains (p. 189), parmi lesquels le pape Pie X, qu'on je s'attendait pas à trouver en cette affaire (p. 181)! « Pour railler ainsi tout le monde, M. Bouasse croit ans doute posséder la Vérité sur la théorie de la usique. Je pense qu'il se trompe; j'espère le montrer squ'il cessera d'étayer ses arguments par des plai- nteries. # Justement, il annonce un travail approfondi qui va raître dans la collection Scientia. Celui-là, écrit, Ht=il, pour les PAysiciens, renfermera ce qui constitue ses yeux les Bases physiques de la Musique. Si ces ses sont celles qu'on peut voir dans l'article de la vue, je me permettrai d'essayer de les critiquer èrieusement. « Pour le moment, attaqué ainsi que Cornu, qui, üheureusement décédé,ne peut répondre, j'ai tenu lement à ce que les lecteurs de la Æevue ne croient S que je passe condamnation sur les critiques de Bouasse. Veuillez agréez, etc. » E. Mercadier, Directeur des Etudes à l'Ecole Polytechnique. A propos $ 5. — Électricité industrielle hénomène remarquable observé dans les eaux téléphoniques centraux. — Des phé- omènes électriques d'un genre tout nouveau viennent, près ‘un article de M. W. Meyer‘, d'être observés de nombreux bureaux téléphoniques centraux Nemagne. 11 s'agit de chocs vibratoires se produisant s les membranes acoustiques (les récepteurs télé- niques étant mis en circuit) et donnant lieu à de ürtes délonations: en insérant les électro-aimants es annoncialeurs, on à observé un son martelant dû ux armatures de ces derniers, et quelquefois on a vu s étincelles passer aux paratonnerres. Le nombre de s produits par minute était de 60 à 110, tandis que écrépitement caractéristique des orages n'a été jamais bservé dans les fils téléphoniques. Après avoir com- neé tout à coup et persisté pendant quelques mi- les, ces bruits ont disparu, sans donner lieu à la indre perturbation du service, ni avant ni après; Dont: n'ont jamais été brûlés. Ces faits démontrent faible intensité, combinée à une tension élevée, que possédaient les courants donnant lieu aux phénomènes en question. Les recherches auxquelles on procéda ont fait voir que ces phénomènes sont dus à l'électricité atmosphé- que. Les décharges orageuses y jouent peut-être un certain rôle, en ce qu'elles sont supprimées sous l'action d'ondes hertziennes (ou d'influences analogues) avant d'atteindre la tension critique des paratonnerres (en- iron 300 volts\, ce qui pourrait donner lieu aux déto- MEloctrotechnische Zeitschrift, n° 11, 1906. , CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 307 nations observées. Il parait, cependant, plus probable que l'origine de ces phénomènes est dans quelque autre forme d'électricité atmosphérique: une enquête effectuée aux différents bureaux téléphoniques a, en effet, mon- tré la coïncidence à peu près régulière des détonations avec des chutes de neige ou de grèle. Les accroisse- ments, diminutions, disparitions temporaires el déli- nilives de ces dernières semblent même s'accompagner d'une allure analogue des phénomènes en question. Aussi l’auteur suggère-t-il l'explication suivante : les flocons de neige où grains de grêle chargés d’électri- cité donneraient, dans certaines conditions, aux con- ducteurs téléphoniques une tension élevée, qui, après s'être déchargée par les paratonnerres ou par d’autres endroits appropriés, serait reproduite par un autre flocon de neige, frappant le fil, pour disparaitre et ètre reproduite alternativement jusqu'à la cessalion de la chute de neige. $ 6. — Chimie Un générateur d’acétylène par voie sèche. — Les brillantes espérances qu'avait données, dès son apparition, l’éclairage à l’acétylène ne se sont pas réalisées, en France du moins, pour diverses raisons, dont la principale est la crainte des accidents, parfai- tement justifiée dans bien des cas ; aussi est-il intéres- sant de signaler, d'après les indications données par M. G. Richard à l'une des dernières séances de la Société d'encouragement, un appareil générateur dacé- tylène, dont l'exploitation progresse en Angleterre, et dont le maniement, très simple, paraît peu dangereux. Le principe de cet appareil, dù à M. Atkins, consiste à produire l’acétylène en faisant réagir le carbure de calcium à sec sur du carbonate de soude ; cette réac- tion produit, avec l'acétylène, du carbonate de chaux, de la chaux, de la soude et de l’eau, et sa tem- pérature ne dépasse guère 959, de sorte que l’acé- tylène produit est débarrassé des benzines et autres impuretés qui se forment dans les réactions à tempé- ratures élevées ; le soufre et le phosphore du carbure se combinent avec la chaux et la soude, de sorte que l'acétylène ne contient ni hydrogène sulfuré, ni hydro- gène phosphoré; il ne contient aussi que très peu d'humidité. L'appareil se compose d'un tambour en tôle d'acier, divisé en trois compartiments : un pour le carbure, un pour la soude et l'autre, rempli de coke, que l'acétylène traverse avant de quitter le tambour, par les trous de son arbre creux. La cloison qui sépare le premier com- partiment du second est pourvue d'une petite trémie ne s’ouvrant que dans un sens, pour laisser, à chaque tour du tambour dans ce sens, passer une charge de carbure dans le compartiment de la soude. Une fois cette charge passée, on tourne en sens contraire, pour effectuer le mélange. Du filtre à coke, l’acétylène passe au gazomètre par un joint à huile. ; Avec un appareil de 3,60 X 1,80, on peut produire en vingt-cinq minutes environ 7 mètres cubes d'acéty- lène, suffisants pour alimenter 120 becs pendant vingt- quatre heures. Les résidus de l'opération se retirent très facilement par l'autoclave du compartiment mé- langeur, auquel on suspend un seau pour les recevoir. La sécurité de cet appareil semble bien constatée par ce fait que le Home Office l'a exempté, après essais, des sujétions de la loi anglaise de 1875 sur les appa- reils explosifs", $ 7. — Zootechnie L'élevage de l’'Autruche en Afrique ocei- dentale. — L'élevage de l'Autruche à donné des résultats commerciaux avantageux dans certaines régions comme le Haut-Nil, l'Afrique du Sud, l'Algérie, et mème la banlieue de Nice. On peut voir, en elTet, à ! Engineering, 2 mars, p. 261. 308 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Nice un troupeau de plus de cent Autruches, dont les plumes sont régulièrement coupées et vendues sur place, à l'entrée du « compound », ou à des maisons parisiennes. La partie la plus délicate de cet élevage est la réussite des couvées, car c'est dans les premiers jours qui suivent l'éclosion que les petits succombent facilement. Plus tard, mème sous le climat de la Côte d'Azur, les oiseaux offrent une assez grande résistance. Le gouverneur général de l'Afrique occidentale, M. Roume, a pensé qu'il pouvait y avoir dans la créa- tion d’autrucheries une source de bénéfices pour les colonies qu'il administre. Déjà, en 1903, il avait chargé une Mission d'étudier dans quelles régions et quelles conditions l'élevage de l’Autruche avait le plus de chances de réussir. Malheureusement, le titulaire de celte Mission, atteint dès le début de ses recherches d'une grave maladie, dut rentrer en France. Depuis quelques mois, le D° Decorse, des troupes coloniales, membre correspondant du Muséum d'Histoire natu- relle, vient d'être chargé de la même mission. Le D' Decorse, qui fut le collaborateur de M. Chevalier dans son exploration du Chari-Tchad, avait été chargé, en 1904, par le Gouvernement tunisien de rechercher dans quelles conditions on pourrait tenter l'élevage de l’Autruche en Tunisie‘. Il est donc placé dans de bonnes conditions pour apporter une solution de cet intéressant problème économique. S 8. — Sciences médicales La mort subite familiale des jeunes en- fants. — On se souvient encore du bruit fait par l'affaire Weber (janvier 1906). Une femme était accusée d'avoir étranglé huit enfants, qui étaient morts dans ses bras. Elle niait tout crime, et les conclusions de l'expertise, pratiquée par MM. Brouardel et Thoinot, lui donnaient raison. Le D° Hedinger* vient de citer à l'appui de ces conclusions le cas de cinq enfants de la même famille qui sont morts ainsi brusquement. J1 a eu Foccasion de faire l'autopsie de la dernière fillette subitement emportée et il n'a rien trouvé, en dehors des stigmates de ce qu'on désigne actuellement sous le nom d'état lymphatique, c'est-à-dire le thymus considérablement augmenté de volume, les amygdales très volumineuses et les organes lymphoïdes (ganglions lymphatiques, follicules clos, plaques de Peyer) très notablement hypertrophiés. Fait à noter, cependant: le père était alcoolique. Il semble bien, en effet, que, dans toutes ces morts subites d'enfants, on doive incriminer une fare congénitale, une déchéance de l'organisme lymphatisme, si l'on veut) causée par la maladie d'un des ascendants, et l'alcoolisme expliquerait bien tous ces faits si bizarres en apparence. La méthode de Bier. — On parle beaucoup en ce moment de la méthode de Bier. Voici en quoi elle consiste, d'après le Dr Faure* : il s'agit de provoquer au niveau d'un foyer malade une hyperémie veineuse plus ou moins prolongée. Il suffit pour cela de mettre obs- tacle à la circulation du sang. Aux membres, rien de plus facile ; à une certaine distance au-dessus du point malade, on applique une bande de caoutchouc; pour obtenir l'hyperémie au niveau de la tête, on met cette bande autour du cou. Cette compression peut être faite pendant plusieurs heures et même pendant plusieurs Jours de suite, mais elle doit être surveillée. Grâce à elle, on à obtenu la cicatrisation de vieux foyers tuber- culeux ulcérés, d'arthrites rebelles, de phlegmons et de suppurations aiguës, d’otites moyennes particulière- ment tenaces. C'est une méthode inoffensive, très simple et très efficace, d'après les résultats déjà nom- breux qui ont été publiés. * Deconse : L'élevage industriel de l'Autruche en Tunisie. Bulletin de la Soc. de Géogr. commerc., 1905. p. 398. ® Deutsche Arch. f. Klin. Med., 1906, t. XXXVI, p. 248. $ J. L. Faure : La Presse médicale, 24 janvier 1906. d'encourager ses industries naissantes. De même q $ 9. — Géographie et Colonisation La Colonisation de FOuest Canadien. — Canada est encore, à l'heure actuelle, un des pays q offrent le plus de ressources à la colonisation. semble naturel de le rapprocher à cet égard de la Ré publique Argentine; pourtant, le climat de ses région! utilisables et sa situation géographique dans l'hémi sphère Nord le placent dans des conditions plus favo rables. Le Canada à souffert pendant longtemps du voisina des Etats-Unis, qui attiraient à eux la presque tot des émigrants; mais, à mesure que diminuait la cap& cité d'absorption de ce dernier pays, et aussi grâce une intelligente réclame, faite notamment aux Expos tions internationales, les colons se sont portés vers Canada, qui recoit aujourd'hui une moyenne annuëell de 400.000 émigrants. Après n'avoir été pendant lon temps qu'un pays agricole, le Dominiona pris conscien de la puissance hydraulique de ses cours d'eau, de st richesses minières, si variées et si abondantes, et s'est « protégé » à son tour pour le louable moti dans des circonstances identiques, les fabricants alle mands furent les initiateurs du mouvement indust en Russie, les premières usines canadiennes furent di succursales de maisons américaines. L'exode n'éta pas long: il n°y avait qu'à traverser les lacs ou le Sain Laurent. Dès lors, l'industrie du Dominion n'a cessé dé se développer; elle s'est très heureusement spécialisé dans les domaines où elle pouvait jouir d'avantagé naturels : la métallurgie, le travail du bois, les brancht dérivées de l'agriculture et de la pêche. - Maintenant que l'Est habitable est suffisamment peupli et mis en valeur, le Canada imite à son tour les Etats Unis dans leur marche vers l'Ouest. Quatre territoire viennent de se transformer en deux nouveaux Etat l'Alberta etla Saskatchewan, suite naturelle du Man toba; en même temps, le Gouvernement faisait procéd à une division des terres en lots de 60 hectares, m la plus grande difficulté résidait dans le recrutem des colons. Ces régions ne sont abordables que par chemin de fer, car à leur éloignement de l'Océa s'ajoute encore la présence d'une large solution x continuité qui les sépare des Etats de l'Est, régid granitique qui porte l'empreinte de l'ancienne exte sion glaciaire, et se caractérise par la rareté de la ter végétale, le grand nombre de lacs, l'irrégularité d rivières. Impossible à la colonisation de gagner proche en proche. De là, l'établissement, il ÿ a vin ans déjà, du premier chemin de fer transcanadien:M là, l'inauguration récente des travaux d'une secon grande ligne transcontinentale, qui doublera, de 150 400 kilomètres plus au Nord, le rôle de la premië parfois « congestionnée » au moment des récoltes. C que le Manitoba est déjà un pays exportateur de révant, grâce à l’adjonction des terres voisines, deu venir, en particulier, le grenier de la Grande-Bretagt Cela fera ensemble un vaste domaine cultivable” 100 millions d'hectares, silué tout entier au-de de 55° de latitude Nord. Les communications assuré le Gouvernement s'est préoccupé de faire connaître régions : des excursions à prix réduits y ont attiré Canadiens de l’Fst, des brochures illustrées les popularisées en Europe et aux Etats-Unis, et les Gt pagnies privées, propriétaires de terrains et intéressi à leur vente, ont imité l'Etat. L'afflux des colons commence, et l'on remarque pa eux un grand nombre de fermiers américains qui vendu leurs terres en valeur des Etats-Unis pour vel tenter à nouveau la fortune. Au point de vue éco mique, cet exode aura les mêmes avantages que ce des industriels; au point de vue politique, il est pe être moins favorable. En attendant, l'Ouest Canad qui produit déjà 30 millions d'hectolitres de blé, prend sans doute peu à peu la place des Etats-Unis dans D portation de cette céréale ; il a le même avenir certah ue la région plus vaste des «terres noires» russes t sibériennes. Dans la carte de répartition géogra- ihique du blé, ces deux bandes de culture semblent narcher à la rencontre l'une de l'autre. Pierre Clerget, Professeur à l'Institut commercial des jeunes filles de Fribourg (Suisse). \ $ 10. — Enseignement La question des professeurs adioints. — propos du récent article de M. A. Turpain sur « les téformes de l’enseignement supérieur! », nous avons qu de M. H. Lebesgue la lettre qui suit : « Monsieur le Directeur, « Permettez-moi de revenir sur l'une des questions ue soulève l’intéressant article de M. Turpain. .« Il s'agit des professeurs adjoints. M. Turpain ne tique guère les règlements qui les concernent; il émande seulement que plus d'avantages leur soient servés. La façon dont se fait le choix des professeurs djoints justilie-t-elle une pareille mesure? « Les professeurs adjoints sont nommés sur la pro- osition du Conseil de la Faculté, après avis de la Sec- on permanente. Le nombre maximum des professeurs ljoints d'une Faculté est fixé au tiers du nombre des haires magistrales de cette Faculté (plus exactement la partie entière de ce tiers?). : « Il n'y aurait rien à dire contre cette limitation — ar laquelle on a peut-être voulu assurer aux profes- Burs titulaires la majorité dans le Conseil — si le dnombre des maîtrises de conférences était propor- onnel au nombre des chaires; mais il n'en est rien, ans deux Facultés d'importance comparable, le per- onnel enseignant est à peu près aussi nombreux; plus - contient de titulaires, moins il contient de confé- meiers, et, cependant, plus la Faculté dispose de places & professeur adjoint. Ainsi, le nombre de ces places e en raison inverse du nombre des postulants; ajoute que, plus le nombre des titulaires est restreint, us Sont importants les enseignements confiés aux inférenciers. « L'inégalité entre Facultés apparaît nettement sur tableau [1 de M. Turpain. On y voit qu'à Besançon et Poitiers tous les conférenciers peuvent accéder à djuvat, tandis que cela n'est possible qu'au tiers entre eux à Montpellier (2 places de professeur ljoint pour 7 conférenciers), à Lyon (3 pour 10), à le (3 pour 9), etc. II me semble donc qu'on a eu ison de prétendre « que la nomination à l’adjuvat itafaire de chance, n'ayant rien à voir avec le mérite sonnel, le conférencier l’obtenant plus ou moins tpidement suivant la Faculté à laquelle il appartient ». #Turpain répond : « Cette critique serait de quelque fe si toutes les situations possibles de professeurs joints étaient occupées. Le tableau II, qui marque lat des Facultés des Sciences et des Lettres à ce point vue en 1905, montre qu'il est loin d'en être ainsi, out dans les Facultés des Lettres ». M. Turpain ut certainement dire que le nombre des conférenciers érilants n'est pas tellement élevé que la limitation nombre des postes de professeur adjoint ait sou- it des inconvénients. — Examinons donc le tableau II de M. Turpain. On “Yoit marqué un poste de professeur adjoint vacant Faculté des Sciences de Rennes; cette vacance a quatre mois. Si, comme je le crois, toutes les ces relevées par M. Turpain sont momentanées Voir M Revue du 28 février 1906. Jen résulte que, contrairement à l'affirmation de M. Tur- aucune place de professeur adjoint n'était vacante à aculté des Lettres de Rennes en 1905. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 309 comme celle de Rennes, que reste-t-il de la thèse de M. Turpain? « Comme il faudrait que les conférenciers d’une Faculté remplissent mal leur service pour que le Con- seil püût laisser vacante pendant longtemps une place de professeur adjoint, et comme l'harmonie régnerait dans cette Faculté‘? D'autre part, si la Section perma- nente s’est parfois opposée à la nomination d’un pro- fesseur adjoint proposé par une Faculté, le cas est certainement très rare*, « Et si vraiment les vacances indiquées prouvaient que la plupart des Facultés ne possèdent pas de confé- renciers méritants, comment expliquer qu'on voie, à chaque instant, titulariser des maîtres de conférences non professeurs adjoints? « Examinons maintenant comment le Conseil d'une Faculté choisit un professeur adjoint. — Je suppose parmi les compétiteurs un mathématicien, un physi- cien, un botaniste; qui comparera leurs travaux scien- tifiques, à supposer que ces travaux puissent se com- parer? Jugera-t-on avec plus de compétence la valeur de leur enseignement? Le titulaire appelé à choisir un professeur adjoint se voit, en général, obligé ou de s'abstenir, ou de juger d'après de bien vagues raisons, d'après des racontars, des impressions, sa sympathie ou son antipathie pour les candidats, ses relations avec eux, etc., ou de baser son vote sur l'ancienneté. « Aussi, loin de demander, avec M. Turpain, qu'on augmente les avantages de l’adjuvat, je désire qu'on les réduise et qu'en particulier un professeur adjoint n'ait aucun avantage sur les conférenciers des autres Facultés avec lesquels il n’a pas concouru pour l’adjuvat. « Je vais plus loin. Le seul avantage matériel de l'adjuvat est le suivant : dans la constitution du tableau de classement par ancienneté des titulaires, les années passées comme professeur titulaire ou adjoint comptent intégralement, tandis que les années passées comme maitre de conférences ne comptent que pour moitié. « Depuis longtemps, on réclame la suppression de cette chinoiserie. On dit, en effet, que si, A et B ayant les mêmes années de service, A a été titularisé avant B, cela ne prouve pas la supériorité de A sur B s'ils appar- tiennent à des spécialités différentes et que, si A a été nommé professeur adjoint avant B, cela ne prouve pas la supériorité de A sur B s'ils appartiennent à des Facultés différentes. Si l’on remarque, de plus, que les services demandés aux conférenciers et aux profes- seurs titulaires et adjoints sont exactement les mêmes, on ne s'étonnera pas qu'il y ait presque unanimité à réclamer cette réforme. Je n’y ai jamais entendu faire qu'une objection sérieuse (?) : siles années des conféren- ciers comptent comme celles des professeurs titulaires et adjoints, quel avantage restera-t-il attaché à l'adjuvat ? Et il va de soi, en effet, que si l’on nomme des profes- seurs adjoints, il faut leur donner quelque avantage. Ne vaudrait-il pas mieux ne plus en nommer? « Veuillez agréer, etc. » H. Lebesgue, Maitre de Conférences à la Faculté des Sciences de Rennes. ! Cependant, il y a eu, à la Faculté des Sciences de Rennes, un poste de professeur adjoint vacant pendant plus d'une année; ce n'était pas faute de conférenciers méritants, mais parce que le Conseil, jugeant deux conférenciers égale- ment méritants, ne trouva pas d'autre solution que d'attendre une seconde vacance qui lui permit de proposer en mème temps les deux compétiteurs. 2 1 faut ajouter que certaines Facultés des Lettres, ne possédant aucun conférencier non professeur adjointqui soit docteur, ne peuvent présenter personne pour l'adjuvat. D'où les nombreuses vacances que M. Turpain a relevées dans les Facultés des Lettres. Mais ces vacances ne prouvent pas qu'il soit jamais arrivé qu'une Faculté, pouvant faire des propositions pour l'adjuvat, s'en soit abstenue parce qu'elle ne Jugeait aucun de ceux qu'elle pouvait proposer digne de cette distinction. 310 A. CRONEAU — QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LA MARINE QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LA MARINE L. — EvoLutIoN DE LA MARINE DE GUERRE. La Marine de guerre a, depuis quelques années et sous la pression d'événements récents, pris une importance vitale pour tous les grands pays et, d'une manière plus générale, pour toutes les nalions qui possèdent un domaine colonial impor- tant. Ce n'est pas d'aujourd'hui que date la nécessité d'avoir des navires de guerre pour pourvoir à la défense des colonies, pour y faire la police et en assurer le ravitaillement. Mais, depuis l'apparition des lourdes machines de guerre qu'étaient les cuirassés d'il y à une quarantaine d'années, on s'élait habitué à considérer les escadres cuirassées, sinon comme des garde-côtes, du moins comme des instruments de guerre à peu près réservés pour les conflits européens. C'était logique, les nations lointaines n'ayant que des flottes nulles ou de peu d'importance, les nations européennes n'entrete- nant dans leurs colonies que des navires de second ordre et de types le plus souvent démodés. La cou- tume s'était élablie de réserver pour les mers d'Europe les véritables unités de combat. On en élait même arrivé à ce point qu'il eût été non seulement inutile, mais dangereux de les envoyer au loin, malgré leur plus grande puissance. Car il n'y aurait eu ni bassins, ni arsenaux pour réparer des bâtiments modernes, et les points d'appui manquaient pour leur ravitaillement. Depuis quelques années, cependant, le grand développement pris par la Marine américaine, puis par la Marine japonaise, montrait qu'on ne pouvait continuer plus longtemps dans cette voie. Peu à peu, on vit, côte à côte avec de vieux bateaux ou des croiseurs simplement protégés, le plus souvent doublés de bois, de puissants cuirassés prendre le chemin de l'Océan Indien et de l'Extrême-Orient. Les Anglais, qui s'élaient préparés les premiers à celte éventualité, commencèrent. Aujourd’hui, après la guerre de Cuba et la guerre russo-japo- naise, il est évident que les flottes qui auront à lutter dans les océans lointains devront répondre au même but et avoir la même composition que la lotte des mers de l'Europe. C'est là an fait d’une haute importance. La pre- mière conséquence à en Lirer est que les flottes doivent de plus en plus tendre vers l'homogénéité; celles qui serviront au loin devront être exacte- ment semblables à celles qui joueraient un rôle dans les mers d'Europe. Il devient donc inutile d'entretenir à grands frais des baleaux démodés . sous prétexte de représentalion, sous prétexte de montrer le pavillon ; on doit s’abstenir de répare dans ce but de vieilles unités sans valeur militaire Tous les navires de guerre devront, à l'avenir, être capables de tenir un rang honorable dans uné escadre de combat. Pour pouvoir entretenir et réparer des navires pourvus de tous les perfectionnements modernes pour leur permeltre de se rendre d'un point à un: autre du globe et de se ravitailler en charbon, en vivres, en munitions, il faut des points d'appui pourvus de grands bassins de radoub et des arse- naux munis d'ateliers de premier ordre et de ma gasins abondamment garnis. En second lieu, le bateau de station lointaine, caractérisé par un coûteux doublage en bois de la coque, a vécu. En effet, puisque les navires appelés à être envoyés au loin devront trouver, dans les points d'appui ou les arsenaux des colonies, des bassins pour se réparer, ils y auront toute facilité pour passer tous les six ou huit mois en cale sèche. afin de nettoyer et de repeindre leur carène. Dès lors, il n'y a plus de raison d'employer le revê tement en bois, qu'on appliquait sur beaucoup de ces navires pour pouvoir y superposer un doublage en cuivre, afin de mieux les mettre à l'abri de l@ salissure et de leur permettre de rester un ou deux ans sans passer dans un bassin. Cette différence entre les bateaux destinés au service lointain et à celui des mers d'Europe a donc disparu. Enfin, dans chacune des catégories de navires de combat, on ne doit plus mettre en chantier que des navivres d’un modèle uniforme et de très grand tonnage. Tous les navires pouvant être appelés désormais à servir au loin et, par suite, à se transporter à de grandes distances sans pouvoir se ravitailler, ils devront avoir une grande « distance franchissablew c'est-à-dire beaucoup de charbon et d'approvision: nements de toute nalure. Comme ils devront néan: moins êlre égaux en artillerie et en protection à on est amené à leur donner un tonnage trè supérieur à tout ce qu'on avait fait jusqu'ici. Eb comme il n’y a plus de bâtiments destinés at service lointain, mais que tous les navires peuven être appelés à servir dans un quelconque des océans, ceci s'applique à tous les navires combat. À une polilique mondiale, qui est celle des grands États modernes, doivent correspondre des moyens adéquats. Sans doute, le problème posé dans ces termes arait gigantesque, el il est certain que, parmi les compris qu'il fallait désormais voir et faire grand dans la limite de leurs moyens. Si, maintenant, nous passons à l'examen des élé- ments essentiels du navire de combat, nous verrons comment on a été amené à agrandir le tonnage et Taëzeau L. — Tableau comparatif entre des cuirassés déjà anciens et les derniers cuirassés lancés. 311 $ 1. — Navires cuirassés. 1. Le cuirassé. — Prenons le cuirassé lui-même. Tout en lui est devenu et tend à devenir plus grand. Il y a quelques années encore, son arlillerie se composait de quelques grosses pièces, quatre au maximum, et encore le plus souvent deux seule- ment étaient du plus gros calibre. Le reste de la puissance offensive était oblenu au moyen de l'artillerie moyenne. Celle artillerie secondaire, très suffisante contre des navires sans cuirasse de flanes, ne servirait plus efficacement contre des | CARAC VÉRISTIQUE | ANGLETERRE ! ALLEMAGNE ÉTATS-UNIS JAPON | DO Eu nl | Howe en Te Deutschland| Oregon |Connecticut Fugi Katori Date de lancement . . . . . 1885 1903 1891 1904 1893 1905 1896 1905 EU 5 1-1: .| 99,00 130,00 108m,75 121m 5 106,00 137,00 114,00 128,00 Drgeur. . - . . . 20m ,75 23m,80 19m, $0 22m ,20 21m,15 23m ,10 22m 26 23m ,80 Tirant d'eau AR . . . . . Sm,30 Sm15 | 7m,ï0 70,50 8m 30) sm ,15 1,08 8m,23 di) Déplacement . . . . . 10.450. |16.600 €. |10.000€. |13.200 t. | 10.450 t 16.260 t. | 12 500 1 16.200 t } Puissance indiquée . 11.650 ch.! 18.380 ch.| 9.800 ch.! 16.200 ch.| 11.150 ch.| 16.720 ch.| 14.200 ch.! 16.200 ch. CC LEP IE 160,80 199,04 160,5 182,00 132,00 189,0) 180,50 182,50 Charbon : Approvisionnemt normal .! 1.220 t. 965 t. 680 t. 700 t. 406 t A5 t 1.120 t 760 EL Avec surcharge. + . . . . ù 1.220 +. 800 t. 1.800 L. 1.620 t. 2.935 t » 1.830 |! Cuirasse : | LS NP SE REA | 45imm | -229mm 400mm |240-100mm 457mm 2$3mm |{57-12mm/)229-127mm A 15-63 65 76 #4 76 1062-62 76-51 Au-dessous de la ceinture. » » 200 127 203 102 | 152 Cloisons: : .*. . - = 106 » 150 432 178 » | 152 Protection de r'artill. grosse. 292 300 250-150 432 254 356 | 24 - moyenne. » 40 165 254-127 178 152 192 Artillerie : : prie re Gros calibre . . . . . . . 1-305 6283 1-283 Fe Fe 4-303 ù Fe AT = Moyen calibre. . 6-152 j pu Aa s ATE 12178 10-152 | 19-152 Danse (12-47,10-37 ( 12-37 4-37 20-KT )20-16,12-47) 4-57 )10-41,3-37 Petit calibre . . . . . 2 ETES ON OPIEGES DES 4 m. 6-37 { 1-37, 8m. 20-51 6 m. Mubes lance torpilles . . . . » | 4 s.-m.? 6 Gsm: 2 s. m. » 5(4s.m.)| 5 s-m Bquipage. . : . . - . . 515 h. 176 h. 552 h. 736 h. | 500 h 803 h. 600 h. | » | Sidérations d'ordre général que nous venons d’ex- poser ne pourraient le faire supposer. évêlement cuirassé sur les flancs du navire. Luirassés (cuirassés proprement dits et croiseurs Luirassés) et le torpilleur, si ce n'est l’éclaireur | : : . “d'escadre, bâtiment de renseignement plulôt que navire de combat. — L L'Agamemnon, de 15.500 tonnes, mis en chantier après le King Edward, aura le méme nombre de pièces de 905 millimètres, 10 pièces de 234 au lieu de #4, et 37 pièces dé petit calibre sans aucune artillerie moyenne. Le Dread- Hnought, de 18.000 tonnes, aura 10 canons de 305 millimètres en tourelles et pas d'artillerie moyeane. * M., mitrailleuses. 3 S.-m., sous-marins. dimensions des navires encore plus que les con- | Les guerres récentes ont montré l'importance du | Donc, plus d'intermédiaire entre les navires | murailles blindées. Aujourd'hui, ne devant plus trouver devant lui que des cuirassés puissants ou des torpilleurs, le cuirassé moderne devra recevoir le plus grand nombre possible de grosses pièces de 305 ou de 270 millimètres, et, après, de la pelite artillerie à tir très rapide (du calibre de 75 milli- mètres au maximum), pour combattreles torpilleurs. Les grosses pièces sont Lrès lourdes; elles doivent, élant donnée leur importance, être installées dans des tourelles fortement blindées. Le poids de l'artillerie, qui était devenu réellement minime ! il y à une vinglaine d'années, est en voie de regagner l'importance qui doit lui être assignée sur des navires destinés au combat. 17à 80), du déplacement du navire pour l'artillerie, ses munitions et sa protection, au lieu de 18 à 20 °/, sur les anciens vaisseaux en bois. 312 A. CRONEAU — QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LA MARINE Pour les torpilles, les tubes aériens ont fait leur temps. Sur les grands navires, ils sont abandonnés et remplacés par des tubes sous marins. L'efficacité est plus grande et la présence de torpilles dans les fonds n'est pas dangereuse comme elle le serait dans les hauts, où un éclat d'obus peut provoquer l'explosion de réservoirs d'air comprimé et causer d'importants dégâts. Les tubes sous-marins sont très lourds relativement aux tubes aériens et ils exigent beaucoup de place. Si le blindage s'est imposé à ceux qui le sacri- fiaient résolument à la vitesse, la vitesse ne s'im- pose pas moins à leurs contradicteurs. La bataille de Tsoushima a été une leçon à cet égard : le succès de la tactique des Japonais est en partie dû à la supériorité de la vitesse de leurs escadres, qui leur ont permis de prendre les formations qu'ils ont voulues, de les modifier au cours du combat, et d'étreindre l’armée navale russe. Si la guerre russo-japonaise a prouvé que la cuirasse de flancs est indispensable aux navires de combat, elle a démontré, d'une façon non moins claire, que la supériorité de vilesse est un des facteurs néces- saires pour obtenir la victoire, en permettant d'adopter les formations stratégiques dont elle dépend. Sans doute, comme on le fait à propos de l'épais- seur des blindages, on discute encore sur le plus ou moins de vitesse à donner aux navires. Mais ce qu'on admet comme minimum pour un cuirassé est au moins égal à ce qu'il y a encore peu d'années on regardait comme convenable pour un croiseur. De l'avis général, un cuirassé doit avoir une vitesse de 18 nœuds au moins, et ce qu'on exige, ce n'est pas une vilesse d'essai qui ne se reproduira plus, mais une vitesse réelle, facile à maintenir et contrôlée par des expériences non plus de quelques heures, mais de longue durée. Pour résoudre sûrement le problème de la vitesse, il faut non seulement des machines robustes, mais aussi des chaudières auxquelles on ne demande que ce qu’elles peuvent humainement donner. En effet, elles sont alimentées de charbon par des | chauffeurs qui ne peuvent enfourner qu'un nombre limité de pelletées par heure pendant la durée de leur travail devant les fourneaux. On a très sage- ment reconnu ce faitet limité, en conséquence, sur les navires autres que les torpilleurs, la consomma- tion de charbon à 110 kilogs au plus par mètre carré de grille. De là la nécessité d'augmenter la surface des grilles, le nombre et le poids des chaudières. Bref, tout concourt à faire que le navire de com- bat moderne doive être non seulement un grand, mais un très grand cuirassé. Pour donner une idée de l'évolution qui est en train de s'accomplir, nous cilerons quelques exemples (Tableau 1). de citer. Les prochains navires de combat auront de 18.000 à 20.000 tonnes. 2. Le croiseur cuirassé. — Ce qui précède s'applique aussi bien aux croiseurs cuirassés qu'aux. cuirassés ; car, si les premiers ont un moindre poids de blindage, ils ont des machines et des chaudières plus puissantes, donc plus lourdes. Le croiseur cuirassé a subi la même évolution que le cuirassé, dont il se distingue seulement par sa plus grande: vitesse (4 à 5 nœuds de plus environ), par la moin dre épaisseur de son blindage et sa moindre puis- sance offensive, soit comme calibre, soit comme nombre de grosses pièces. En quinze ans, le tonnage est passé de 6.676 tonneaux sur le Dupuy-de-Lôme à 13.427 sur l’£rnest-Renan, l'appareil moteur de 14.000 à 36.000 chevaux, la vitesse de 20 à 23 nœuds Les bâliments de la classe Achilles ont le même tonnage que l'Ærnest-Renan. Is ont une cuirassé de 23 centimètres à la ceinture et recoivent 6 pièces de 234 millimètres. L'Amirauté anglaise a l'inten=« lion de donner aux prochains croiseurs Cuirassés une vitesse de 25 nœuds. Tels sont les éléments gigantesques qui vont constituer la composilion des flottes modernes, er y joignant quelques éclaireurs d'escadre et des tor pilleurs de haute mer de 500 à 300 tonneaux. 2, — Des types de bâtiments de combat. Con 1. Cuirassé ou croiseur cuirassé. — On voit quelle différence il y aura entre des escadres com posées de ces deux types de bâtiments de combab et les flottes hétérogènes d'il y a vingl ans. On à marché rapidement dans la voie qu'indiquait l’ami ral Fournier. D'ailleurs, la distinction entre les cuirassés et les croiseurs cuirassés n'est pas auss grande qu'elle semble au premier abord : les de niers combats n'ont nullement démontré que les blindages moins épais des croiseurs seraient po ceux-ci une cause de mise hors de combat rapide ils ont, au contraire, prouvé l'utilité de la cuirasse même de moyenne épaisseur. Ce qui nuirail au croiseurs cuirassés, dès le début, dans un comba contre des cuirassés proprement dits, ce serait leut moindre puissance offensive comme arlillerie. Ma déjà les croiseurs du type Acilles ont 6 pièces 4 234 millimètres et, d'autre part, certains cuirasséss récents dépassent en vitesse d'anciens croiseurs. Dès qu'on ne s'arrête pas uniquement aux der: niers Lypes mis en chantier, les deux seules classes” de bâtiments de combat qui subsistent s'enches vêtrent de plus en plus. Tel cuirassé ancien art é de vieux canons et dont la ceinture seule est A. CRONEAU — QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LA MARINE 313 entourée de plaques compound est infiniment moins redoutable qu'un croiseur dont les flancs sont défendus par une cuirasse mince d'une quinzaine de centimètres en acier au nickel, har- veyée, et l'armement constitué par des canons de modèle récent. Bref, la limite entre le cuirassé et le croiseur suirassé est difficile à saisir dans bien des cas. Que sera-ce si l'on fait entrer en ligne de compte le irassé-croiseur, dont il a été si souvent question depuis quelque temps? ë contact apparents des divers types, on est en droit de se demander s'il ne vaudrait pas mieux thoisir un modèle unique de navire de combat. ètte solution est séduisante au premier abord, et hances égales de succès, elle devrait être préférée. Quand on parle de construclions et de pro- gramme naval, c'est sur l'avenir qu'il faut jeter les Pux et non sur les bâtiments démodés ou plus ou moins près de l'être. C'est donc uniquement de ce qui se fait à l'heure actuelle qu'il faut tenir compte our avoir un point de départ raisonnable. Pour décider la question de la dualité ou de unification des types de navires de guerre, il onvient, par conséquent, de poser bien en évi- ence les différences qu'il y a actuellement entre à croiseur cuirassé et le cuirassé, et de chiffrer es différences. Si l'on admet avec nous que le croiseur cuirassé bit avoir de grosses pièces, en plus petit nombre ins doute que le cuirassé, mais égales ou à peu ës comme calibre‘, que reste-t-il? Le cuirassé est un navire de combat dont la wirasse a une ceinture de 10 centimètres plus paisse que le croiseur cuirassé, et est d'une ma- ière générale plus épaisse dans une proportion 1/3 environ. Le croiseur cuirassé est un navire de combat qui aune vitesse de 5 nœudsdeplus que le cuirassé; trement dit, avec les vitesses en usage aujour- ui, le croiseur cuirassé fait en un peu moins de üatre heures la route que le cuirassé met cinq bures à parcourir. 11 saute aux yeux que les différences sont assez porlantes pour justifier l'existence des deux Le croiseur cuirassé, armé comme nous le com- prenons, pourra bien engager de très loin la lutte avec des cuirassés et leur faire quelque mal; mais, quand il sera obligé de combattre à pelite distance, Säecuirasse de 170 millimètres sera percée bien L Au moins du 240 millimètres, et mieux du 270 ou même du 305. . Dans ces conditions, étant donnés tous ces points | avant qu'un de ses coups ait perforé les plaques de 280 millimètres du cuirassé. Une escadre com- posée uniquement de croiseurs cuirassés ne peut espérer balayer la mer des cuirassés ennemis. Le cuirassé, avec sa vitesse plus faible, ne peut, de son côté, espérer atteindre le croiseur cuirassé et le contraindre au combat. Sauf le cas où il le guette dans un détroit, dans un chenal resserré par lequel le croiseur cuirassé doit passer, il n'y à pas de chance qu'il puisse le forcer à combattre si telle n’est pas sa volonté. Une escadre de cuirassés seule ne suffit pas pour s'assurer l'empire de la mer, en supprimant la flotte ennemie. Prenons une escadre composée de cuirassés el de croiseurs cuirassés et imaginons en face d'elle une escadre composée de croiseurs cuirassés seu- lement. Les croiseurs cuirassés de la première formeront un rideau que les croiseurs cuirassés composant la seconde ne pourront tenter de forcer sans subir de nombreuses avaries, après lesquelles ils sont exposés à être achevés par les cuirassés. Si, au contraire, en face de l’escadre complète on suppose une escadre de cuirassés, elle cherchera vainement à franchir le rideau des croiseurs cuirassés, et il arrivera un moment où ceux-ci, se dérobant devant elle, pourront manœuvrer de ma- nière à ce qu’elle ait, sur le front, des cuirassés ennemis et, derrière et sur les flancs, les croiseurs qui, grâce à leur plus grande facilité d'évolution, achèveront de l'étreindre. La vieille, mais juste comparaison, qu'on appli- quait autrefois aux cuirassés et aux croiseurs est loujours vraie. La question se résume ainsi : Une armée doit-elle être uniquement composée d'infan- terie ou uniquement de cavalerie, ou comprendre les deux ? 9, Cuirassé-croiseur. — Le cuirassé-croiseur peut être envisagé de deux manières différentes, soit qu'on prétende lui donner intégralement toutes les qualités d'un cuirassé et c2lle d'un croiseur, soit qu'on en fasse un type hybride intermédiaire entre les deux précédents. a) Cuirassé-croiseur complet. — Le cuirassé- croiseur qui aurait à la fois la vitesse d'un croiseur et l'armement ainsi que la protection d'un cuirassé serait un bätiment d’un trop fort tonnage. Ses dimensions deviendraient telles que l'on devrait modifier dès maintenant la plupart des cales, des formes de radoub, des bassins et des chenaux, afin de rendre sa construction possible et assurer sa sortie des ports de construction et son entrée dans les autres. Beaucoup de ces améliorations sont à faire, mais il faudrait les précipiter. La France a des dépenses considérables pour son armée de terre; ce serait pour elle un bâtiment trop grand 314 A. CRONEAU — QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LA MARINE et trop coûteux à la fois, par lui-même et par les conséquences que sa construction entrainerait. On n'en aurait, d'ailleurs, qu'une quantité réduite pour le prix d’un certain nombre de croiseurs et de cuirassés, moins des deux tiers certainement. Pour reprendre la comparaison faite plus haut, en assimilant le croiseur à la cavalerie et le cui- rassé à l'infanterie, le cuirassé-croiseur serait de l'infanterie montée; or, un petit escadron d'infan- rie montée ne saurait remplacer sur terre un con- tingent plus considérable formé de cavalerie et d'infanterie. Une quantité restreinte de cuirassés- croiseurs ne remplacerait pas sur mer des escadres plus nombreuses composées de cuirassés et de croiseurs Cuirassés. Le cuirassé-croiseur est un luxe que pourraient se payer seulement des marines très riches; ce type n’est pas indispensable. À moins d'être en quantité trop grande pour qu'on puisse songer un seul instant à en faire un tel nombre, il ne dispen- sera pas d’escadres composées des deux autres types de bâtiments. Aucune nalion n'a osé jusqu'ici entreprendre de pareilles constructions, et il parait douleux qu'on y songe en l'état actuel de la science. Si des gains considérables sur le poids de l'appareil propulseur, sur la dépense de combustible ou la résistance des plaques, permettaient un jour de résoudre le pro- blème en se tenant dans les limites de déplacement d'une vingtaine de mille tonnes, il pourrait en être autrement. Mais, jusque-là, il s'agit de faire des choses pratiques au moment où on les fail, et il n'y a pas à raisonner sur des hypothèses. b) Cuirassé-croiseur incomplet. — Laissons donc de côté le cuirassé-croiseur que nous avons appelé complet et passons au lype incomplet, au cuirassé-croiseur intermédiaire entre le cuirassé et le croiseur, c'est-à-dire ayant les qualités de l'un des deux avec une partie de celles de l'autre. Parmi les compromis auxquels on peut arriver, l’une des meilleures définilions de ce cuirassé- croiseur à été donnée par le Commandant Wilhem Howgaard, qui le recommandait encore dernière- ment, avec toute l'autorité qui s'attache à son nom, à la Society of Naval Archilects and Ma- rine Engineers des Etats-Unis, en allant jusqu'à dire : « For all strictly mililary service, the armored cruiser should be abandoned, and a new, more powerful type, the battle shipcruiser, put in its sSlead ? » Il en donne la définilion suivante : « Les caractéristiques générales de ce type ne peuvent être déterminées que par relalion avec le type du cuirassé qui existe à un moment donné. Le cuirassé-croiseur dérive du cuirassé en avant un peu plus de finesse, avec un plus grand rapport 3 . | de longueur à largeur et en développant une force | ment de la guerre. \ à 3,5 nœuds de plus queceux-ei, au lieu de 5 nœuds en chevaux suffisante pour atteindre une vitesse | de 15 à 20 °/, supérieure, l'artillerie, l'épaisseur et la distribution de la cuirasse restant Les mêmes. » À L'armement préconisé par le Commandant How gaard est de quatre pièces de 305 millimètres et. de huit de 254 millimètres, et il estime que, dans}, ces conditions, le déplacement doit atteindre. 20.000 tonneaux. 5 La conception du Commandant Howgaard est très nette. Pour les opérations militaires, c'est-à-dire pour toute opération où l’on aura à lutter à coups de canon contre des cuirassés fortement armés, le Commandant Howgaard estime les croiseurs cui: rassés actuels insuffisamment armés et protégés el propose de les remplacer par des cuirassés-croi: seurs ayant même armement, même protection ques les cuirassés, mais filant seulement de 2,5 nœuds Il n'entend d'ailleurs pas pour cela créer un type unique et laisse subsister les cuirassés et même les croiseurs cuirassés, tout en diminuant le rôle de ces derniers. Le type intermédiaire dans lequel on admet cer= lains sacrifices par rapport à l'un des deux types primordiaux est parfaitement réalisable; c’est uns type en usage depuis longtemps dans la Marines italienne, qui, d’ailleurs, parait avoir plulôt des tendances à y renoncer pour se rapprocher des types mieux déterminés. Le Dreadnought, s'il alteint la vitesse qu'on es compte pour lui en Angleterre, 20,5 rœuds à 91 nœuds,sera un cuirassé-croiseur suivant la défi= nilion du Commandant Howgaard. Eh bien ! quoi qu'on puisse en penser, le Preade uought n’est pas un cuirassé-croiseur; il ne le sera jamais, parce que les Anglais ne se laisseront pas séduire par le mot ou par les apparences. Il n’est pas autre chose qu'un cuirassé amélioré, et tel i reslera, et tels ceux qui viendront après lui reste ront des cuirassés à plus grande vilesse que leurs devanciers, sans que personne voie pour cela en eux de nouveaux types. Ce sont les anneaux sue cessifs d'une même chaine. L'unique conclusio que les Anglais aient lirée du fait qu'ils vont avoi un cuirassé dépassant 20 nœuds, c'est qu'il conve nait de se hâter d'éludier et de mettre en chantie le plus vite possible des croiseurs cuirassés dépas { sant 25 nœuds, c'est-à-dire de maintenir la diffé rence de cinq nœuds qui doit exister entre le cuis rassé et le croiseur cuirassé mis en chantier à l même époque; c'était la seule à en tirer. Cuirassés el croiseurs anglais auront fait un pas de plus em avant sans que, pour l'un ou pour l'autre de ces deux types essentiels, on ait accepté l'ombre d'un | compromis qui puisse nuire à leur usage au mo» A. CRONEAU — QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LA MARINE 315 Ce qu'il faut, c'est exactement cela : c'est con- server les deux Lypes indispensables sans compro- mis. Si l'on arrive momentanément à donner à l’un des deux un autre nom, cela peut ne pas faire de mal, mais à condilion de savoir que ce n’est qu'un “mot et qu'il ne change rien à la chose. Il vaut d'ailleurs mieux s’en abstenir, de peur de se laisser une autre fois tromper par le mot, ce qui pourrait fort bien arriver. 3. Cuirassé et croiseur cuirassé. — En défini- ive, le plus sage est de recourir uniquement à deux pes différents : Ze cuirassé et le croiseur cuirassé ; e premier ayant plus d'épaisseur de blindage et un plus grand nombre de grosses pièces, le second mayant, par contre, davantage de vitesse, au moins nœuds de plus, les deux types de bâliments ant d'ailleurs la plus grande similitude dans les détails et les installations. Quoi qu'il en soit, ce qui est certain c'est qu'on ne sonstruira plus désormais que des navires ayant une sérieuse valeur militaire. On ne verra plus, dans aucun point du globe, de ces navires bien ménagés, mais peu armés, qui ont été longlemps envoyés au loin sous prétexte de représentation. On ne pourra plus raconter dans les carrés la Mieille anecdote de l'amiral anglais ou américain i, pendant une visite à bord, s'extasie sur les ommodités et le confortable du navire et termine èn S'écriant : « Good for {lirtation ». Les comman- ants et les ofliciers ne s’en plaindront pas. $ 3. — Éclaireurs d’escadre. Les nouveaux éclaireurs d'escadre méritent, eux ussi, d'attirer l'attention. Ils diffèrent essentielle- ment de leurs prédécesseurs. Non seulement il a ülu accroître leur tonnage pour les doter de ma- ines robustes et pour leur permettre de tenir “mieux la mer, mais, en outre, devant les progrès de lillerie, on a reconnu utile de leur donner un irassement partiel. Cela a été fait dans le but de les protéger, non contre les navires de combat, mais contre la petile artillerie des torpilleurs de haute mer. Aussi est-il intéressant de citer quelques données des deux types les plus récents (Tableau Il. $ 4. — Torpilleurs. …Les lorpilleurs de haute mer atteignent actuel- ment de 300 à 700 tonnes et quelquefois même un peu plus. Ils filent de 25 à 30 nœuds et sont bien plus aptes à tenir la mer que leurs devanciers Souvent trop petits. Les torpilleurs de haute mer du dernier programme anglais sont projetés pour filer les uns 33, les autres 36 nœuds. Mais il semble que les constructeurs ont éprouvé de sérieuses hésitations avant de s'engager à promettre des bâti- ments alleignant cette dernière vitesse. $ 5. — Sous-Marins. Les sous-marins, sous-marins proprement dits ou submersibles qui diffèrent des premiers par leur plus grande flottabililé, sont devenus un fac- teur important des futures luttes navales. Ils em- pêcheront les blocus et gêneront les opérations près des côtes. Leur tonnage s'est accru dans ces derniers temps. Il y a en chantier des bâtiments de 300 tonnes en Angleterre, de 400 lonnes en France. C'est là un accroissement normal, qui était lout in- diqué du jour où les résullats oblenus montrèrent TagLeau Il. — Eclaireurs d’escadre. AMÉRICAINS tvpe Birmingham ANGLAIS ° CARACTÉRISTIQUES : Ÿ type Forward Nombre de bätiments mis e | 3 S 111m,32 11m,80 4m,25 2.992 tonnes. |} en chantier. Longueur extérieure Largeur. es Tirant d'eau. . . Déplacement . A Puissance indiquée . Vilesse . 128m,10 1im,23 5m,12 3.810 tonnes. 16.200 chev. 24 nœuds. Long., 8 hauteur, 3 (dont 76cm au-dessous de l'eau): 2 traverses blindées : épaisseur gé- nérale, 51mm, 10-16; $-47mm. 2 sur le pont. 508 tonnes. { Long., 59m: ren 4m,26 (dont 1m,11 .‘au-dessous de l’eau): épaisseur gé- | nérale, 51mm, Cuirasse (acier nickel) . .|12-76, 10-Kimm 2 sous-mar. 415 tonnes. 1.250 tonnes. 6.250 milles. IRATIMEIDENT Er Tubes lance-torpilles . ne. { Approvt normal. Charbon } Avec surcharge. » Rayon d'action . . . . 5.000 milles. que le problème de la navigation sous-marine était définitivement résolu. L'accroissement des dimen- sions correspond naturellement à des bàtiments mieux armés et de plus grande valeur. Mais ce qui est surtout à noter, c'est l'augmentation du nom- bre de ces pelits navires en France et en Angle- lerre. Le dernier Naval A nnualde lord Brassey (1905) en mentionne 39 construits ou en construclion eu Angleterre, 48 en France, 8 aux Étals-Unis et 2 en Italie, et, depuis lors, un certain nombre d'autres ont élé mis en chantier. II. — MARINE DE COMMERCE. — PAQUEBOTS TRANSATLANTIQUES. La marine de commerce, pour des raisons diffé- rentes, est entrée comme la marine de guerre dans la voie des gros tonnages. Pendant longlemps, on avait reculé devant l’idée de grands paquebots à allure rapide. Au moment où, pour la traversée A. CRONEAU — QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LA MARINE d'Europe en Amérique, les vitesses de 15 et 16 nœuds devenaient insuffisantes à attirer les passa- gers qui s’enlassaient sur des paquebots déjà plus rapides, on avait craint que le lransport à très grande vitesse des marchandises ne coûtât trop cher; on avait donc émis l'idée de créer deux types de navires distincts : le bâtiment réservé unique- ment aux passagers et au fret exigeant un trans- port rapide, et le cargo qui aurait eu d'immenses cales, mais moins de vitesse. Il est probable que le navire destiné à porter seulement des passagers aurait eu un trop faible tonnage et, par suite, n'eût pas élé un vrai bâtiment de mer, conservant sa vilesse même dans les mauvais temps. Quoi qu’il en soit, les paquebots ont grandi de manière à laisser en arrière le Great Eastern lui-même, cette belle conception qui a eu le tort de venir trop tôt, TaBEau III. — Caractéristique des grands paquebots modernes. | Nos LON- | LAR- È DéPra-| puis- | vi- des paquebots |éaveur | 6eur | CEUX |ceyexr| sance | resse | tonnes chev. | Great Eastern.|211"00| 25%31 | 17"53 27.000! $.000 | Lucania. . -1190,06! 19,82 | 12,81 |19.000!30.000 | Oceanic. . . .1214,07| 20,74 | 14,94 |[28,500|28.000 Deutschland. .1217,02| 20,43 | 12,81 [23.000!/37.500! 2 Baltic. . . . .1221,01| 22,87 | 14,94 |40.000|18.000 Kr Wilhem 11./215,03| 21,96 | 16,01 |30.000/40.000! 2: Carmania (tur- _ bines) .[205,10! 21,96 | 15,86 [31.400 » |20,19| | Cunarders (tur- | | bines) . . .|239,43| 26,84 | 18,45 |43.000|80.000! 25,00 mais qui, il faut le reconnaitre, a beaucoup servi à l'art du constructeur de navires. Le tableau II, que nous empruntons en grande partie au Yacht" est éloquent à cet égard. IIT. — OUTILLAGE DES PORTS DE GUERRE ET DE COMMERCE. La polilique mondiale qui est aujourd'hui à l’ordre du jour, les relations commerciales de plus en plus étendues, conduisent à faire grand sur mer. Mais ce n'est pas tout de faire de grands bateaux : il faut des ports où ils trouvent de l’eau sous leur quille à toute heure du jour ou de la nuit sans risquer de s'échouer, des quais où ils puis- sent accoster sans craindre de toucher le fond à la marée basse; il faut des bassins de radoub où ils puissent se peindre et se réparer; il faut des cales pour les conslruire qui aient la longueur voulue et devant lesquelles il y ait une nappe d'eau suffisante pour qu'à peine entré dans la mer le bäliment ne vienne pas s’écraser contre un quai * Numéros du 4er août 1905 et du 15 décembre 1905. | besoin de vivre, d'être ou de ne pas être. | appelés à diminuer plutôt quà augmenter de ou une rive de fleuve. Pour mettre en œuvre, dans un lemps raisonnable, l'énorme quantité de maté riaux qui entre dans la construction des coques et des machines des navires, il faut des chantiers pourvus d'un outillage moderne, des grues puissan- tes et à grande portée. Bref, tout l'outillage doit" être renouvelé dans toutes ses parlies. Même dans les pays qui ont su le plus et le mieux s'installer, n'ayant pas l’arriéré de vieilles flottes de commerce ou de guerre, les travaux qui ne sont pas encore achevés sont déjà insuffisants el seront à refaire demain. Quand on se représente ce qu'est l'outillage d'un portet qu'on se rend compte qu'il est tout entier à reprendre depuis ses bassins trop pelils, ses grues trop faibles, ses magasins trop étroits, jusqu'au moindres détails, on est effrayé de ce qui doit èlre fait dans une seule localité. Mais quand cela se multiplie comme dans le cas présent, que tous les grands ports de commerce, tous les arsenaux du monde, même les plus récents, même ceux encore inachevés se trouvent dans une situation analogue, notre esprit reste hésitant et déconcerté. Malgré notre éducalion latine, nous ne concevons pas l’ef-n fort gigantesque qu'exige la politique mondialen entrée dans nos mœurs françaises à notre insu el sans l'intervention de notre volonté, par le seul Sans doute, on peut dire que désormais les ports de commerce mondiaux sont à peu près classés et nombre. L'effort doit être porté sur un nombre restreint de points bien choisis. Sur des côtes de grande étendue, un port doit suffire pour le com merce mondial, et la région voisine doit être des- servie par le cabotage. Mais, pour que les grands ports déjà existants dans un pays ne disparaissen pas et ne deviennent pas en quelque sorte des ports de cabotage dépendant d'un port étranger, il faut, dans chaque pays, faire l'effort nécessaire avant que le commerce, ait pris d'autres voies et d'autres habitudes. Aussi dans le monde entier celte transformalion est-elle en cours d'exécution plus ou moins rapide C'est ainsi que les Américains, pour permettre aux nouveaux navires d'entrer à New-York avec un: tirant d'eau de 11 mètres, sont déjà en train de« creuser l'Ambrose Channel, une des passes prin cipales qui donnent accès à ce port. En Angleterre en Amérique, au Japon, on installe, pour le char gement et le déchargement des malières lourdes charbons et minerais, des appareils d'une puissance inouïe, avec lesquels on arrive à décharger de 400 Wagons. Sans doute, cette transformation mondiale a quelque chose d’effrayant. En ce qui concerne les ‘dépenses failes pour la marine et les ports de com- merce, on peut du moins espérer qu'elles seront oductives ; l'argent qui sert à faire de plus grands ports, des canaux plus grands et plus nombreux ét de nouvelles voies ferrées pour desservir ces ports semble bien employé parce qu'on en voit Putilité immédiate. L'augmentation du tonnage des navires de tombat, l'approfondissement des ports de guerre, la eréalion de bassins gigantesques, de nombreux points d'appui, effraientdavantage au premier abord. Cependant, les dépenses failes pour préparer la guerre sont utiles parce que le meilleur moyen de Méviter est de la préparer, et cela coûte meilleur barché. Les anciennes marines avaient jusqu'ici ne foule de vieilles unités dont la valeur était discu- able, mais qui faisaient nombre et dontiln’eût pas aru sage de se défaire. Les jeunes marines allaient ëlles-mêmes avoir à trainer ce fardeau. La trans- formalion actuelle tend à faire table rase du passé : elle crée de nouvelles et importantes sources e dépenses dans un but utile, elle a pour corol- ire de supprimer d'autre part des réparations bûleuses et de faire renoncer à un oulillage Wranné. Enfin, à un point de vue plus général, la réation d'arsenaux et de points d'appui dans le ionde entier crée de nouveaux foyers d'industrie he la surface du globe. Dans des contrées où il n'y ait pas un atelier vont se former des ouvriers abiles, et le résultal ne sera pas perdu au point de e de la civilisation. IV. — PROGRÈS RÉCENTS. Pour terminer celle étude, après avoir examiné S questions d'ensemble, il reste à noter quelques- mes des parlies où les progrès ont élé le plus saillants. Nous n'en dirons que quelques mots. 1. Cuirasse. — La cuirasse varie comme épais- eur suivant les marines. On trouve dans le Naval Annual de Lord Brassey de 1905 un tableau très | Suggestif, donnant les épaisseurs de blindage des navires cuirassés des diflérentes marines construits deuS96 à aujourd'hui. Dans cette période de dix “nnées, la protection, exprimée en millimètres d'acier forgé de manière à Lenir compte des perfec- liünnements de la fabrication, est la suivante (Tableau 1V). Ces chiffres sont très instructifs, en ce qu'ils montrent quelle opinion on se forme dans les diffé- rents pays de l'épaisseur maximum à donner à la | 317 cuirasse pour pouvoir aborder sans crainte le combat. La proportion entre les épaisseurs maxima des cuirasses de ceinture en Angleterre et en France 176 estde— GT3 °U 0,69; ce qui revient à dire que là où nous avons mis une cuirasse de ceinture de 320 millimètres, les Anglais en auraient adoplé une de 234 millimètres. Cette dernière épaisseur est, d’ailleurs, celle de la cuirasse des navires de la classe Xing Edward VII. Les cuirassés type Pépublique ont une cuirasse de ceinture de 280 millimètres, au lieu de 320 sur l'Zéna et de 400 sur le Charlemagne et le Gaulois. Même en France on a donc aujourd'hui une ten- dance à diminuer Ja cuirasse de ceinture pour reporter l'accroissement du poids sur les machines ou l'artillerie. Les leçons des dernières guerres jus- TagzEeau IV. — Moyenne de la protection maximum adoptée dans les dernières années, exprimée en millimètres d'acier forgé. PROTECTION des gros canons | NATIONALITE CEINTURE CLOISONS France Etats-Unis . . Japon. : RUSSIE Allemagne ITEE ER 000.4 | Angleterre . . .| Ceint. compl. 508 546 489 Ceint. compl. 46% 669 tifient celte manière de faire. Elles ont montré que l'important élait d'avoir de larges surfaces cui- rassées d'épaisseur raisonnable, plutôt que des cuirasses très épaisses couvrant une moindre étendue. Les cuirasses sont toules soumises à des traile- ments coûteux et délicats pour leur permettre, avec une épaisseur bien moindre, ne dépassant pas 28 centimètres en général, d'offrir cependant une meilleure résistance à la pénétration que les plaques épaisses d'autrefois. Les procédés employés pour durcir les plaques de blindage sur la face extérieure, tout en laissant la partie arrière plus douce et moins cassante, sont de trois sortes : 1° Ze procédé Harvey, à composilion chimique variable et chaleur constante; 2 Je pro- cédé Krupp, où l’on fait varier la composilion chi- mique et la chaleur; 3° enfin Ze procédé Krupp sans cémentalion, caractérisé par sition chimique constante et la variation de la une compo- chaleur. Dans les deux premiers procédés, la variation de la composition chimique est obtenue au moyen d'une cémentation progressive, grâce à laquelle la plaque se trouve amenée à une leneur en carbone 318 A. CRONEAU — QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LA MARINE décroissante depuis la face extérieure jusqu'à une petite distance en arrière. Dans le procédé Harvey, la plaque déjà presque finie de fabrication est chauffée également dans toutes ses parties, qui se trouvent portées uniformé- ment à une haute température. A ce moment, on refroidit brusquement la face extérieure, qui devient très dure. La résistance de la plaque à la pénétra- tion est rendue très considérable, mais ce traitement ne modifie pas sensiblement la structure molécu- laire de la face interne, qui est plus ou moins cas- sante. Dans le procédé Krupp, en plus des opéra- tions précédentes, on soumet, lors du traitement final, les deux faces de la plaque à des tempéra- tures différentes, de manière à rendre le métal moins cassan!. L'opération est délicate et difficile à réussir, et cela d'autant plus que les plaques sont moins épaisses. Au-dessous de 100 millimètres, on a employé souvent, en Angleterre et en Allemagne, le procédé Krupp sans cémentation, bien que la résistance à la pénétration soit bien diminuée. 11 semble résulter de cela que le procédé Krupp serait supérieur pour les plaques épaisses, le pro- cédé Harvey pour les minces. Mais il faut tenir compte de ce que certains fabricants de plaques ont cherché et réussi à produire des plaques har- veyées dont la face intérieure n’est nullement cassante et sujette à se fendre. Ils ont eu pour cela recours à des aciers spéciaux. Les plaques épaisses ainsi produites se sont montrées aussi bonnes que n'importe quelle plaque Krupp et les plaques minces ont élé infiniment supérieures à ce qui s'étail fait jusqu'alors. De très beaux résultats ont été obtenus en parti- culier par M. Charpy, directeur de l'usine Saint- Jacques, à Montlucon. Ils ont eu pour conséquence d'amener MM. Krupp à accepter la cémentation pour les plaques d'une épaisseur supérieure à 76 millimètres, tandis qu’ils avaient jusqu'ici re- fusé d'appliquer leur procédé aux plaques de moins de 100 millimètres pour lesquelles il est impropre. Le procédé Charpy parait destiné à se substituer à ceux jusqu'ici en usage pour la fabrication des plaques minces. 9, Artillerie. nières lultes — Les enseignements des der- navales ont élé particulièrement féconds en ce qui concerne l'artillerie. Les combats récents ont montré que le rôle de l'arlillerie moyenne était négligeable et amené à envisager l'artillerie des navires de combat futurs comme devant êlre uniquement composée de deux sorles de pièces : des canons de gros calibres : 305, 270 ou 240 millimètres, pour lutter contre les grands navires, et ensuite de petites pièces : 47 millimètres, destinées à combattre 13, 57 ou les Lorpil- leurs, la préférence devant êlre accordée, dans chacune de ces deux classes, aux calibres les plus forts : 305 et 75 millimètres. Le fait le plus saillant a élé ensuite la distance à laquelle s'est engagée et poursuivie l'action. Or s'est battu à des disiances variant de 3.000 12.000 mètres et, en général, supérieures à 6.000: Puisque c'est l'artillerie qui décidera de la victoire tous les efforts doivent être faits en vue d'obtenir la supériorité du tir à ces grandes distances. En dehors de la question du tir, qui est primor diale, il faut également s'arranger pour que les projectiles produisent leurs effets maxima aux grandes distances de combat. La conséquence immédiate est que l’on doit renoncer à lancer des projectiles relativement légers avec une grande vitesse iniliale et chercher, au contraire, à auge menter le poids du projectile. Le Colonel Vallier écrivait, il y a une dizaine d'années : « À égalité de force vive initiale entre deu projectiles de même calibre, le plus léger aura une vilesse supérieure, une trajectoire plus tendue, une zone dangereuse plus allongée. « Mais aux distances de combat à rupture, c'est-à dire entre 1.500 et 2.000 mètres, ces avantages disparaissent devant la supériorité de masse du projectile lourd, de telle sorte que l'effet probable du tir du projectile lourd est toujours supérieur à celui du projectile léger'. » Ce que disailalors le Colonel Vallier s'appliquai aux distances qu'on envisageail à re moment comme distances normales de combat : 1.500 à 2.000 mètres: Aujourd'hui, où le combat se livrera de 6.000 12.000 mètres, le projectile léger doit sans hésita tion être mis de côté et l'on doit uniquement avoi en vue le projectile lourd qui, à cause de sa masse conserve une énergie plus grande au fur et mesure que la distance croit. Deux canons de 305 millimètres ayant même vilesse initiale tirant des projectiles pesant respectivement 383 et 340 kilogs, auront à la bouche de la pièce une énergie peu différente; à la distance de 4.500 mètres, la puissance de perforalion du second ne sera plus que les 0,84 de celle que réalise le premier : le projectile lourd traverserait 79 cen timètres de fer et le second 65 centimètres seu lement. Ce ne sera donc plus dans l'allongemen des canons et dans l'augmentation de la vitess iniliale qu'il faudra chercher à l'avenir l'aë croissement de la puissance de l'arme principale ‘I ajoutait ensuite : « Nous appelons effet probable le pr@ o | duit de l'effet d'un coup isolé par la probabilité qu'il a des produire. Pour un obus léger, la tension de trajectoire éta grande, la probabilité est élevée, mais l'effet médiocre; ces le contraire pour l'obus lourd, et le calcul montre que; égalité d'énergie initiale, l'avantage est en faveur de ce der nier, » A. CRONEAU — QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LA MARINE 319 les bâtiments de combat: il faudra, avant tout, se occuper de donner aux projectiles la plus grande masse possible. Les Américains et les Anglais sent, pour les pièces de 305 millimètres, de pro- sctiles de même poids : 385 kilogs. Les canons iméricains sont particulièrement puissants : leur D5 a une vitesse initiale égale à celle du canon français : 915 mètres environ; il lance un projec- ile de 385 kilogs au lieu de 340, Les autres nations, artout les Allemands, ont jusqu'ici des projectiles beaucoup plus légers; le canon allemand de 283 ace un obus pesant seulement 270 kilogs avec ine vitesse iniliale de 825 mètres. Pour soustraire l'ogive des projectiles à l'action risante des plaques durcies à la surface, on con- nue à employer les coiffes que l'amiral Makaroff ait imaginées en 1894 et dont les avantages sont ujourd'hui universellement reconnus. La puis- ance de perforalion est augmentée de 15 à 30 °/, quand les coups ne sont pas trop obliques. 3. Torpilles. — Un grand progrès a été réalisé ans ces derniers temps au point de vue de la tance qu'on peut faire franchir à la torpille Whi- head en ligne droite. Ce fait, qui eût vivement appé il y a quelques années, n'est pas passé ina- érçu, mais il n'a pas retenu particülièrement latiention. En effet, la distance du combat a telle- dent augmenté que cet avantage est bien moins pnsidérable qu'il ne l'eût été à l'époque où l’on se tait encore à 2.500 ou 3 O0 mètres. Les grands wires seront, soit écartés des côtes par la crainte les sous-marins, soit appelés à se battre en pleine er à des distances telles que la torpille ne sera à douter qu'à la fin de l'action, comme cela a été le s à Tsoushima. Elle n'interviendra qu'au moment ù les torpilleurs chercheront à accabler un ennemi jà défait et pouvant à peine se défendre. Dans es conditions, le fait de pouvoir lancer la torpille quelques centaines de mètres plus loin ne parail pas devoir avoir une grande importance. 4. Chaudières. — Au point de vue des généra- éurs de vapeur, pour lesquels la France continue es de longues années à tenir le premier rang, laissant de côté les importants perfectionnements de détail qu'ont subis les principaux types, un immense progrès à élé réalisé le jour où l'on a limité à 110 kilogs la combustion par mètre carré de grille sur les grands bâtiments. C'est un point acquis aujourd'hui. Il donne aux navires une endu- rance qui leur faisait souvent défaut et permet de maintenir leur vilesse sans qu'il soit besoin d'un personnel de chauffeurs spécialement entrainés, quon peut ne pas posséder en nombre suffisant pour tous les navires au moment d'une guerre. Si nous insistons sur ce point, c'est qu'il constitue à nos yeux un progrès de premier ordre. IL faut rappeler aussi les bons résultats qu'a donnés le réchauffage de l'eau d'alimentation. 5. Turbines à vapeur. — La turbine à vapeur a commencé à entrer dans le domaine de la pratique comme appareil moteur des bâtiments de guerre et de commerce. La solution qui consiste à atteler sur plusieurs arbres des turbines à vapeur au lieu de machines alternalives est des plus séduisantes : l'appareil moteur gagne en simplicité et en facilité de manœuvre, il exige moins de personnel, il est moins sujet à l'usure, el est moins exposé aux chances d'avaries. Toutefois, deux grosses objec- lions ont paru, dès le début, de nature à retarder le développement de l'emplei de la turbine à vapeur comme moleur des navires : 4° la difficulté de pas- ser de la marche en avaat à la marche en arrière; 2 la forte dépense de combustible aux allures modérées. La première de ces objections, qui était très grave au point de vue des manœuvres d'accostage et des risques d'abordage, x été résolue par différents disposilifs et surlout par l'emploi de lurbines spéciales à marche arrière, attelées sur les mêmes arbres que les turbines de marche avant. La seconde objection est plus importante pourles navires de guerre que pour les paquebots. Ces der- niers doivent, en effet, développer toute leur puis- sance pendant la traversée : la marche à allure ré- duite est un non-sens‘ pour ces navires, puisqu'elle correspondrait à faire transporter à prix d'argent un poids mort sans nulle ulilité. Ce n’est que dans la période très courte d'atterrissage ou de départ ou dans les temps de brume qu’ils sont appelés à diminuer d’allure. Il en va toul autrement pour les navires de guerre. La vitesse maximum qu'ils doivent pouvoir atteindre, ces bâtiments ne sont appelés, en temps de paix, à la donner que rarement, soit dans des essais périodiques où l’on s'assure qu'ils pourront la fournir sans hésitalion le moment venu, soit quelquefois dans les manœuvres. Le reste du lemps, dans le double but de ne pas faire de dépenses inutiles et en même temps de pouvoir parcourir un plus grand espace avec la quantité de charbon qui peut se loger dans leurs soutes, ils font usage de vitesses modérées, beaucoup moins coûteuses. Un moteur économique aux allures de 12 à 15 nœuds doit donc être préféré. La lurbine jusqu'ici n'avait pas paru répondre du 1 Sauf le cas tout à fait spécial où les bâtiments de com- merce ont été construits dans des conditions d'entente par- ticulière avec les Gouvernements, pour pouvoir être utilisés en cas de guerre comme croiseurs auxiliaires. 320 A. CRONEAU — QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LA MARINE tout au programme que nous venons de rappeler. Aussi les essais du croiseur Amethyst, qui semblent, jusqu’à un certain point, de nature à faire revenir sur une prévention justifiée, ont-ils eu un grand retentissement. L'intérêt de ces essais était accru par ce fait que la Marine anglaise possède trois autres croiseurs absolument semblables à l'Ame- thyst, mais à machines alternatives. Ils ont donné 22,34 nœuds; avec les mêmes chaudières, l'Ame- thyst a atleint 23,63 nœuds. Le poids de l'appareil moteur est le mème. À 10 nœuds, l'Amethyst con- somme environ 23 °/, de plus que la Zopaze; à 14 nœuds, il y a presque égalité; à 48 nœuds, la TagLceau V. — Consommation de charbon, par heure, réalisée dans les essais comparatifs de l'Amethyst et de la, Topaze. TOPAZE (machines alternatives) VITESSE EN MILLES | | AMETHYST | 1 turbines) a —— | | 1 (40,00 | 4. { 10,05S Essai à 10 nœuds. 3208 | Durée, 24 heures. 5,062 4,08 Essai à 14 nœuds. (A! Durée, 24 heures. t1 ( 18,186! t 18,10 | Essai à 18 nœuds. Durée, 30 heures. ( 20,6 | 20,63 Essai à 20 nœuds. Durée, 8 heures. 23,63 | » Essai à toute puissance. 22,10 .800 Durée, 4 heures. turbine éconômise environ 20 °/,; à 20 nœuds. 30 °/,, et celte différence augmente encore au delà de 20 nœuds. Cette comparaison est d'autant plus précieuse qu'on est toujours dans l'hésitation quand il s'agit de rendement des navires à turbines : les essais progressifs de vilesse d'un navire donné ne peuvent, en effet, fournir à ce point de vue aucun renseignement utile, puisqu'il est impossible de mesurer la puissance au moyen d'indicateurs. Ilestintéressant de citer quelques chiffres extraits des rapports d'essais (Tableau V). Il résulte de là que, avec son approvisionnement de 750 tonnes de charbon, l’Amethyst pourrait franchir au maximum 5.570 milles à 10 nœuds, tandis que la 7opaze aurait un rayon d'action de 7.300 milles à cette vitesse. Vers 15°,5, la distance franchissable serait égale pour les deux navires et voisine de 5.000 milles. Au delà, le moteur à tur- bines serait supérieur à Lous les points de vue, et il permettrait à l’'Amethyst de franchir 4.620 milles à 230,63, tandis que la Topaze n'aurait, à toute vitesse. qu'un rayon d'action de 1.420 milles à 22,10. A la suite des expériences de l'Amethyst, ] Marine anglaise n'a pas hésilé à mettre des tur bines sur son plus puissant vaisseau de guerre. Le Dreadnought, qui promet d'être un modèle à bier des égards, doit être muni de turbines développant environ 22.000 chevaux. Si les essais de ce cuirassé venaient confirme les résultats de l'Amethyst et a fortiori si de nou veaux perfeclionnements introduits dans les tur: bines permettaient de diminuer encore davanta la consommation de charbon aux allures inférieures à 15 nœuds, il n'y a pas de doute que la questior de l'emploi des turbines sur les navires de guerre serait résolue. Mais, jusque-là, on peut dire que le queslion est encore à l'étude; elle est des plus intéressantes à suivre de près. En ce qui concerne les paquebots, un certain nombre déjà fonctionnent avec des lurbines entré la France et l'Angleterre, et en 1905, pour la pre mière fois, un paquebot à turbines, le Victorian, de l'Allan Line, a fait la traversée de l'Atlantique. a été bientôt suivi par la Carmania, de la lignée Cunard, un des plus grands navires actuellement en service. Les gigantesques paquebols dont doil s'enrichir la ligne Cunard, qui auront la capacité de charge inouïe de 30.000 tonnes, seront mus par quatre turbines conduisant quatre arbres ayan chacun une hélice. La puissance développée pa les turbines atteindra 80.000 chevaux. L'emploi des turbines comme moteurs des paquebots est donc complèlement entré dans le domaine de la pra tique. V. — CoxcLusioNs. En terminant celte revue des diverses questions qui présentent le plus d'intérêt pour les bâtiments de guerre et de commerce, il y a lieu de se de: mander ce que la France doit et ce qu'elle pe faire. Depuis soixante-dix ans, les transformations di la Marine ont élé ininterrompues et la France a é au premier rang de tous les progrès. Le premie grand navire à vapeur, le Napoléon, puis les cu rassés, les croiseurs protégés, le premier croiseu cuirassé, les premiers sous-marins sont d'origini francaise. Aujourd hui où la transformation qui s'impos parait nécessiter plus de continuité dans l’effon plus de suite dans les idées que de talent ou di génie, pouvons-nous hésiter à la faire? Telle est queslion qui se pose. De la réponse qui y sera faite dépend en grandi parlie l'avenir de notre pays. La place que nou occupons dans le monde exige que nos flottes e le guerre et de commerce soient puissantes el spectées. Elles ne le seront qu'à condition d'être n France pour qu'on puisse espérer que notre \arine de commerce revoie des jours meilleurs. ans les temps les plus mauvais, on a vu se fonder croître de nombreux chantiers de construction, ésage d'un relèvement qui, nous voulons le toire, ne se fera pas trop attendre. - Mais pour la Marine de guerre, surtout, l'heure st grave. Des nalions voisines sont sur le point à nous égaler el de nous dépasser. EL, comme on Erovisd pas une marine el que les navires bülent cher, il faut voir juste et faire vite. Or, jour cela, aurons-nous les ressources nécessaires L la fois pour les flottes et les points d'appui? Nous répondrons oui sans hésiter. Nous avons les ressources en tant qu'hommes et nm Lant qu'argent, à condition de traiter les deux uestions du personnel el du matériel d'une ma- ière absolument opposée. personnel, il importe, avant tout, de les vieilles tradilions de la Marine, les de discipline, d'abnégation et de pa- matériel, il faut trancher dans le passé, noncer aux réparations coûteuses de navires dé- iodés, et concentrer tous les efforts sur la nouvelle blte, composée de quelques types bien choisis, ainlenus toujours armés el sur des points d'appui u nombreux, mais bien défendus, munis de tout ulillage nécessaire aux arsenaux elabondamment vus en charbon, en vivreset en munitions. J1 faut faire produire à nos arsenaux et à nos 321 chantiers privés le maximum. Pour les arsenaux, on doit construire dans des ports déterminés et y avoir toujours trois navires en construction : un sur cale, un en achèvement à flot, etun en armement; le per- sonnel ouvrier et l'outillage doivent y être suffi- sants pour que les constructions se fassent dans le délai minimum. Mais ce n'est pas tout : la flotte elle-même doit avoir un rendement maximum. Pour cela, les na- vires de combat doivent toujours être armés ; sauf le cas d’avarie, ils ne doivent être immobilisés un certain temps dans les porls que de loin en loin, lors des retubages de chaudières, sans jamais subir autre chose que de simples réparations. Sauf sur le premier navire d’un type nouveau après la première campagne, les modifications doivent être proscrites. À fortiori ne doit-on pas faire de refontes, qui sont des modifications coùû- teuses de bätiments déjà anciens. L'effort doit se limiter à deux points : construire vite et tenir toujours prête la flotte construite. En s’engageant dans cetle voie et en y persévé- rant, on ne tardera pas à en apercevoir les résultats fructueux. Le jour où l'arsenal de Bizerte sera définitivement organisé, la situation de la France aura singulièrement grandi. Le jour où nous posséderons des escadres de grands cuirassés et de grands croiseurs cuirassés toujours prêtes et bien entrainées, la parole de la France aura encore acquis un plus grand poids dans le monde. Que faut-il pour cela? D'abord de la volonté, ensuite de l'ordre et de la méthode. A. Croneau, Ingénieur en chef de la Marine. L'élude de la circulation océanique est peut-être problème le plus intéressant — on dirait presque plus passionnant — de l'Océanographie, qui en bulève de si passionnants. Il est à coup sûr le plus ompliqué, car il impose, pour une solution com- lète et définitive, la connaissance des résultats de toutes les recherches staliques qui font l'objet de L science de la mer. Peu de ces résultats sont lièrement connus, quelques-uns son! à demi con- , le plus grand nombre restent encore inconnus, blous se réunissent pour donner comme résultat al, comme condensation des phénomènes accom- plis, le mouvement des eaux marines. Bien des fois on a comparé l'Océan à un gigantesque organisme ; on poursuivrait volontiers la comparaison, car la cir- €ulation océanique, mettant en mouvement rythmé REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. LA CIRCULATION OCÉANIQUE et régulier la masse liquide qui, sur tout le globe, tend à unifier les conditions physiques et chimiques, est bien l'analogue dela circulation du sang,unitiant, elle aussi, les conditions de vie dans l’ensemble des organes de l'être vivant. On ne connait, jusqu'à présent, que dans leurs traits principaux les lois de la cireulation océanique, en tant qu'elles rendent des services praliques immédiats principalement à la navigation; on ne possède sur le reste que des soupcons plus ou moins justfés; le plus souvent, on demeure dans l'ignorance. Cependant, gräce à des procédés que j'ai indiqués récemment", ilsemble que, dès aujourd'hui, on en sait assez pour ètre 1 J. Taourer : Méthode physique et chimique de recon- naissance et de mesure des courants sous-marins prolonds. C. R. A. S., t. CXXXVILI, pp. 527-529, 22 février 1904. ÿ 322 assuré que, pour parvenir à découvrir jusqu'en leurs moindres détails les lois des phénomènes, il ne sera besoin que de patience et de conscience scientifique, car le travail se bornera à recueillir des données expérimentales à la mer, à faire des analyses dans le laboratoire et à transcrire graphi- quement sur des cartes les résultats obtenus. Dès que, points par points, ces cartes relatives à une région déterminée auront été achevées, elles four- niront la représentalion exacte des lois, que chacun sera dès lors en état de lire et d'énoncer. On se rappelle les divers procédés employés pour mesurer à la mer deux des trois variables qui, en chaque lieu, caractérisent un courant marin : sa direction et sa vitesse. Le loch est un procédé rudimentaire et, d’ailleurs, applicable seulement à la surface: les bouteilles et flotteurs abandonnés au large n'apportent que des indications grossières et iwême erronées; les bouteilles et flotteurs accouplés, peut-être un peu plus précis, servent à la surface -et en profondeur, mais leur manœuvre est longue et souvent incommode, sinon impossible à appli- quer dans une foule de cas. Les dragues à courants sont préférables; elles ont servi. à bord du Chal- lenger, à dresser quelques roses de courants qui, malgré leur nombre restreint, ont appris à peu près tout ce que l'on sait actuellement sur la circu- lation profonde. Les divers systèmes de mesureurs mécaniques de courants, ceux d'Aimé, de Pillsbury et d’autres encore, ne sont à citer que pour mémoire; leur moindre défaut est d'être compliqués, par con- séquent coûteux, délicats à manier et d'un fonction- nement irrégulier. J'ai indiqué ‘ pour mesurer les courants des pro- cédés indirects, applicables en partie à la mer, où l’on recueille les échantillons d’eau et où l'on prend leur profondeur avec leur température, et en partie dans le laboratoire, où l'on observe leur densité, où l'on procède à leur analyse chimique. Je passe sous silence d'autres méthodes indirectes consistant, par exemple, à mesurer le diamètreet la vitesse de chute dans l'eau des sédiments déposés sur le fond, où ils sont parvenus en traversant toute l'épaisseur des eaux sus-jacentes et qui ne se trouvent à l'endroit où on les rencontre que parce que les courants en ce point avaient une vitesse inférieure à celle qui est suffisante pour entrainer les grains. On tire de ces documents. recueillis en une localité de l'Océan, * J. Tuourer : Analyses d'eau de mer récoltée à bord de la Princesse-Alice en 1902 et 1903 et considérations gé- nérales sur la circulation océanique. Résultats des campa- nes scientifiques d'Albert I, Prince de Monaco, fase. XXIX, mémoire V, 1905. J. THOULET — LA CIRCULATION OCÉANIQUE | sées, l’une comprise entre la surface et 1.000 mètre des informations sur la circulation au contact mêr du fond. Dès à présent, les documents obtenus sont as abondants pour que, grâce à eux, la science en possession des données certaines suivantes. Ainsi, d'ailleurs, qu'on le savait depuis longtemps tous les phénomènes s'accomplissant sur le glok se coalisent, réuaissent leur action pour fournir u résultat total qui est la circulalion telle qu'ell existe au sein de l'Océan. Il y a des courants chauds et des courants froids Les roses de courants établies par le Cha lenger* permettent d'affirmer que la cireulatio se fait sentir dans les profondeurs aussi bien qu? la surface et qu'en un mème point, le long d'un même verticale, les courants sont susceptibles d varier en direction et en intensité. On peut déduir de ces faits et de considérations basées sur la dis tribution de la température dans les eaux profonde que, selon loutes probabilités, la masse liquide es partagée horizontalement en deux régions superpé environ de profondeur, où la circulation s'’effectut avec un maximum d'activité, la seconde, entr 1.000 mètres et le fond, où, sauf de rares excey tions, même douteuses, elle est réellement nulle® Mes propres observalions, appuyées sur l'anal d'échantillons d'eaux récoltés en séries ‘, ont con duit à reconnaitre que. contrairement à ce qui Si passe sur le sol subaérien où tous les cours d’eau descendent la pente de leur lit, les courants marins fleuves encaissés entre des berges et un ou deu: lits liquides, coulent à contre-sens de la pente d leur lit inférieur. La pente ou inclinaison d'u courant constitue maintenant une troisième cara@ téristique essentielle de celui-ci. Partout les courants marins se dirigent Le loca lités de plus faible densité in situ des eaux ver les localités de plus forte densité in situ. Celte Ie d'équilibre avait déjà été énoncée par Marsigli dè la fin du xvu siècle. Les causes naturelles donnant naissance al courants, quelque nombreuses qu'elles soient, puis qu'elles sont infinies, se ramènent néanmoin deux grandes classes : les causes mécaniques © dynamiques et les causes statiques. Parmi Je premières sont les forces astronomiques et m téorologiques. dont l’action est bien connue; part les secondes, les causes se raltachant à des éta ‘ J. Taovuer : Distribution des sédiments fins sur le océanique. C.R.A.S., n° 17,t. CXLI, p. 669, 23 octobre 4$ 2 Narrative of the cruise, vol. 1, p. 81. — Report on scientific results of the exploring voyage of H. M. S. Chi lenger, 1873-76. 3 J. Tnoucer : Océanographie dynamique, p. MS. # J. TaouLer et CAEVALLIER : ÊsE la circulation océaniqu C. BR. A. S., t. CXLII, p. 245, 22 janvier 1906. iflicile de faire entre les unes et les autres une éparation rigoureuse, qui, d'ailleurs, serait sans rand intérêt, toute classification n'étant en défini- > qu'une aide artificielle destinée à faciliter la ompréhension d'un ensemble de faits et à secourir mémoire. La première des forces astronomiques est la otation terrestre. Sur le globe nivelé, entièrement écouvert d'une nappe d'eau uniforme, qui, on en a vil le calcul, aurait une épaisseur de 2.500 mètres nviron, la masse liquide entrainée par le mouve- nent de rotation de la Terre, d'est en ouest, animée lune vitesse plus rapide à l'équateur que vers les les, prendrait à elle seule un mouvement gé- éral vers l'ouest dans les régions équatoriales, rs l’est sous les latitudes plus hautes. Une nouvelle cause est celle des marées, dues à attraction exercée par les astres, principalement à Lune et le Soleil, et qui produisent deux fois par ur une intumescence de la masse liquide, double rêle mobile d'ondulalion séparée par deux creux. en résulte, surtout dans les parages relativement u profonds voisins des continents, un mouvement gulier de progression des eaux cherchant à passer, ur rétablir le niveau, de la crête à la vallée et suite de la vallée à la crête. Ces courants sont rliculièrement sensibles dans les mers étroites, pngées, en communication à leurs extrémités des espaces d'eau plus vastes, et ils donnent demment naissance à des courants de sens exac- nent inverse, appelés de réaction ou de compen- La cause dynamique principale mettant en mou- nent l'Océan est le vent. Cependant, son action ne xerce qu'à l'extrême surface et à une faible pro- deur au-dessous d'elle, ainsi que l'a démontré ippritz; elle entraine les eaux dans la direction ème de la marche de l'air et, à son tour, le cours eaux réagit dans une certaine mesure sur celui went, car tout phénomène naturel est à la fois se el effet. Cette action se fait sentir avec son maximum d'énergie dans la couche mince superfi- cielle de la mer, tout comme, en sens inverse, dans dmince couche gazeuse inférieure, au sein de téan atmosphérique, la circulation aérienne èrce avec son maximum d'intensité. Les deux pes se touchent suivant la surface de l’eau. » que l'on s'élève ensuite à travers l'air ou que à descende à travers la mer, dans un sens ou s le sens opposé, l'activité décroit rapidement sein de ces deux autres zones beaucoup plus paisses, non contiguës, où le mouvement n'est resque uniquement qu'une compensation se bor- nt à alimenter, en tant qu'il est indispensable J. THOULET — LA CIRCULATION OCÉANIQUE 323 l’activité des deux zones conliguës. II Abordons maintenant l'exposé plus détaillé des considérations nouvelles sur la circulation océa- nique. Les causes statiques en un moment déterminé sont toutes condensées, quel que soit leur nombre, en deux symboles qui doivent à présent être rigou- reusement définis. L'unité de volume d’eau de mer, le litre, possède à la température fixe de zéro un certain poids, variable dans les divers échantillons avec la quan- tité de sels en dissolution, et qui, évalué par rapport au poids du litre d'eau distillée à la température de + 4°, qui est celle de son maximum de densité, afin d’obéir aux prescriptions du système métrique, est la densité absolue S°, de l'échantillon. La dé- termination pratique de cette caratéristique, dans chaque échantillon, est une opération de physique sans aucune difficulté. Cependant, le litre d'eau n'est pas toujours dans la nature à la température de zéro. Pris en divers points de l'Océan, il a, en chaque endroit, et parfois, au même endroit, à des moments diffé- rents, une tempéralure 8, tantôt plus haute, tantôt plus basse, et, à chaque variation de 8, correspond une valeur différente du poids, toujours rapporté au poids du litre d’eau distillée à + 4°, représenté par le symbole Si,, désigné sous le nom de densité à la température in situ 6. Mais, même pour deux échantillons de S5, iden- tiques, la densité varie selon que le litre en aura été recueilli à une profondeur plus ou moins con- sidérable au-dessous de la surface. Plus il était situé profondément, plus il élait comprimé par les couches d'eau sus-jacentes, de sorte que le litre, à la pression d'autant d'atmosphères qu'il y a de fois 40 mètres entre son gisement et la surface, aura son volume diminué; et, par suite, si on le ramène au volume de 1 litre, son poids S$, sera augmenté en fonction du coefficient de compressi- bilité n à n mètres de profondeur, valeur préala- blement mesurée par les physiciens. Le symbole 89, représente le poids du litre d'eau de mer pris à la profondeur de x mètres, avec sa température in situ de 8 degrés. Or, c'est précisément dans ces conditions que le litre d'eau joue dans la Nature le rôle dont la découverte est l'objet de nos invesli- gations. Dans le laboratoire, quand nous mesurons le S°, d'un échantillon, celui-ci est inactif, il est mort. Au contraire, dans l'Océan, lorsque son poids au litre est nSô,, ilest actif, il cireule, il est vivant, et c'est alors que nous devons l'étudier puisque J. THOULET — LA CIRCULATION OCÉANIQUE nous cherchons à découvrir les lois de sa vie qui | zine, le brome, l'iode; l'apport continuel de ma est la circulation. En réalité, on mesure expérimentalement, pour chaque échantillon, le $°,, mais des calculs simples permettent de passer de la valeur trouvée à celle du »55,, à la condition qu'au moment même où l'on a récolté sur place l'échantillon, on ait eu le soin de noter sa température et sa profondeur. Le symbole nS, révèle, à lui seul, les cararac- tères de la cireulalion telle qu'elle s'effectue dans | la masse des eaux océaniques, à l'exception de leur extrême surface où intervient l'action des causes mécaniques. Il nes'agiraque de recueillir des échan- tillons. Plus ils seront nombreux en des points dif- férents de l'Océan, plus on aura de »S9,, plus on connaîtra avec précision la circulation océanique. Étudions de plus près mainlenant les causes qui font varier le 159. La valeur trouvée pour 288, résume en un nombre unique trois variables, n et 6 d'une part, variables topographiques et physiques, spéciales à la posi- tion même qu'occupait l'échantillon. Elles sont ce qu'elles sont, complètes à elles seules, et nous n'avons qu'à les accepter sans les discuter. En revanche, la troisième variable, S°, dépend de la nature même de l’eau. L'eau de l'Océan ne possède pas partout la même composition chimique. On ne saurait en rien la considérer comme une dissolulion plus ou moins concentrée, dans de l’eau distillée, d’un mélange complexe, quoique toujours le même dans sa com- plexité qualitative et quantitative, des divers sels dont l'analyse chimique accuse la présence. Dans la masse entière de l'Océan, s'il peut exister et s’il existe certainement des eaux de même S°,, on est en droit d'affirmer qu'il n’y existe pas deux gouttes possédant rigoureusement la même composition chimique. Cette diversité de composition chimique est due à une foule de causes dont nous citerons quelques- unes. La congélalion de l’eau de mer dans les régions polaires concentre les sulfates dans la glace et les chlorures dans la saumure, détruisant par conséquent ainsi l'équilibre chimique de l’eau; les éruptions volcaniques du fond dégagent des pro- duits gazeux et salins qui se dissolvent dans les eaux ambiantes; les eaux continentales arrivent à la mer plus ou moins chargées de sels divers; des réactions chimiques s'accomplissent à l'intérieur mème de la couche superficielle du sol sous-marin constamment imbibé d'eau, dont les modifications de composition se transmettent par convection aux eaux sus-jacentes; les êtres vivants, animaux ou plantes, concentrent pour les fixer dans leurs Lissus, les uns la silice, d’autres le calcaire, d’autres divers corps parfois bien inattendus, tels que le plomb, le | provoquer de nombreuses réactions chimiques : devient indispensable de mesurer directement lière organique résullant de la pluie de cadavres de Foraminifères, Radiolaires et autres, tomban de la surface pour s'accumuler sur le sol et avec la malière inorganique des sédiments; enfin et en bornant l'énumération, l’action réciproque des sels, quand l’un d'eux est soustrail ou ajouté à l'ensemble, donne naissance à de nouvelles com binaisons entre les éléments restants. Toules ces causes modifiant la composition chimique de lea changent le $°,, par conséquent le »S5,, et par suile exercent une influence sur la circulalion. Comme un courant se dirige de l’eau de plus faible 2S5, vers l'eau de plus fort »S,, il en résullé une nouvelle série de causes de circulation. C'est ainsi que l'évaporalion élant plus active à l'équateur qu'aux pôles, puisque la chaleur y es! plus forte, les eaux s'avancent des pôles vers l'équateur. La mesure de l'épaisseur de la couché liquide évaporée en chaque point de l'Océan prend à ce litre une importance extrême, car elle indiq la marche des courants et explique la remonté des eaux vers la surface. IL s'agit non pas d'u mouvement vertical de bas en haut d'une nappi d'eau profonde, mais d'une sorte d'abaissemen par évaporation de la surface même, continuelle ment compensé par un relèvement général dé eaux sous-jacentes. Pour oblenir celte donnée, À indirectement, sur l'Océan et sur ses rivages, l’él hygrométrique, en notant en même temps la direc tion et la vitesse du vent régnant au moment € l'observation. Ces mesures devront être synopl sées sur des cartes spéciales se rapporlant 80 à l'année entière, soit, selon les localités, au diverses saisons de l’année, figurées respective ment sur des feuilles distinctes. La précipilation des méléores aqueux, pluie neige, étant plus abondante dans les régions ten pérées et froides du globe que dans les régions Le picales, les eaux auront une tendance à se rend des pôles à l'équateur. La congélalion des eat polaires et leur fusion exagèrent encore ce mo vement. L'eau douce des pluies, neiges el glaces des c0 rivages, où elle parvient subaériennement par termédiaire des fleuves et souterrainement de nappes, finissent ainsi par arriver à la men suivant la pente des couches géologiques. De océans. Dans ces divers cas, il s'exerce une compensaliong J. THOULET — LA CIRCULATION OCÉANIQUE 325 qui, fermant le cycle, ramène les eaux qui ne peu- rent s'accumuler indéfiniment aux mêmes endroits, vers les lieux d'où elles sont parlies el par des chemins de retour différents, à la surface ou dans les profondeurs. —…_._ Pour connaitre la marche des courants sus- marins et surtout sous-marins, ilsuffit de recueillir en série sur une même verticale, de la surface au fond, des échantillons d'eau dont on détermine le nS9,. Trois de ces séries, en trois points modéré- ment éloignés l'un de l'autre, permettent, gràce à «la construction graphique des résultats obtenus, de découvrir l'existence, de fixer la direction, l'inten- sité et l'inclinaison de lous les courants existant entre la surface et le fond. C'est ainsi qu'on a pu, «malgré le très petit nombre des mesures prises m jusqu'à présent, affirmer que la circulation au- dessous de 1.000 mètres était ou très faible ou nulle, et ce résultat assez inaltendu que, contraire- ment aux courants continentaux qui descendent toujours leur lil, Lous les courants marins remon- ent leur pente. On ne tient pas compte ici des cas “exceptionnels de rencontre de deux courants au même niveau. L L'examen des sédiments du lit marin et des fines giles qui le constituent sur presque toute sa perlicie a détruit l’ancienne théorie de ce qu'on ppelait la circulation verticale océanique. Les deux nasses lolales d'eaux froides étaient supposées escendre en nappes continues, dans l’un et l’autre émisphère, des pôles vers l'équateur en suivant es contours du sol immergé. Arrivées à l'équateur s'y heurtant, elles auraient remonté verticale- ent vers la surface pour s'y réchauffer et fermer asuite le cycle en repartant immédiatement vers ès pôles, afin de s’y refroidir et continuer indéfini- ent le mouvement. Pour qu'un tel courant permit aux fines particules d'argile de se déposer sur le | 0 | Li f icessaire pour faire le trajet d'un pôle à l'équa- eur en cinquante-sept mille ans. Ce chiffre, à lui Seul, démontre l'absurdité de l'hypothèse. III En résumé, pour connaître complètement la circu- lätion océanique, on n'aura qu'à recueillir beaucoup Pobservalions el d'échantillons sur place, à les ana- ser dans le laboratoire et à en dresser des cartes. Une carte bathymétrique, montrant le relief du ob et sa disposition en cuveltes conliguës reliées des seuils, indiquera jusqu'où descendent les fourants qui ne Sauraient passer d'une cuvette lans une autre qu'en franchissant le rebord mon- agneux limite en son point le plus bas et en redes- | C | graphic, Congress, held in the United States, cendant ensuite, suivant loujours le sol, la pente inverse. Ce trajet est assez difficile à admettre, etce serait une raison de plus pour appuyer l'hypothèse de l'immobilité mécanique habituelle des eaux les plus profondes. Les cartes de lempérature de l’eau à la surface et par plans parallèles à des profondeurs déter- minées fixeront les traits principaux de la circula- lion; mais, à elles seules, elles seront incapables d'en expliquer tous les détails, puisque la tempéra- ture n'est pas l'unique agent en jeu. Les cartes des pluies sur les terres et sur les mers apporteront des renseignements indispensables, et il en sera de même des cartes synoptiques de l'état bygrométrique sur les océans, qu'elles soient dressées par saisons ou qu'elles forment un ensemble avec les cartes des vents à la surface. Il s'agit d'établir avec leur aide cette donnée essen- lielle : la hauteur de la couche évaporée en chaque point et, par conséquent, la montée générale de la masse des eaux vers la surface. Les cartes de densités normales $°, combinées aux cartes thermiques fourniraient des cartes de uS8,, n ne devant pas être pris en considération dans le cas de cartes par plans parallèles pour les- quelles celte variable devient constante. Quant aux régions voisines de lerre où, aux causes si nombreuses de perlurbalions dues au nS5,, se joignent les complications apportées par les marées, par la forme et la faible profondeur du fond, par la configuration géographique des rivages et le reste, c'est-à-dire pour une zone d'environ 200 mètres de profondeur maximum, se confondant par conséquentavecle plateau continental, parages pour lesquels cette connaissance rendrait tant de services à la navigalion sus-marine et sous-marine, il faudrait certainement opérer empiriquement et mesurer directement les courants sur place. Le fluctomètre, très simple et peu coûteux, serait l’ins- trument à employer dans ce but. On en combine- rail l'usage, même à bord des bâliments de faible tonnage, avec le système des stations fixes indé- pendantes, et les résultats, probablement à grouper par saisons ou par durées de temps d'autant plus courtes qu'on se rapprocherait davantage de la surface, seraient mis ensuite sous forme de cartes par plans parallèles" ou de schémas verticaux ? de courants, montrant d’une manière continue les variations de la circulation entre la surface et le fond. J. Thoulet, Professeur d'Océanographie à la Faculté des Sciences de Nancy. 1 J. Tuoucer : Atlas océanographique de l'archipel des Açores, p. 429. — Report of the eighth international geo- 1904. ? CazvaLuiER : Courants profonds de l'Atlantique nord. (UA, ‘A, t. CXLIT, p. 116, 8 janvier 1906 326 E. LAMBLING — REVUE ANNUELLE DE CHIMIE PHYSIOLOGIQUE REVUE ANNUELLE DE CHIMIE PHYSIOLOGIQUE PREMIÈRE PARTIE : MATIÈRES PROTÉIQUES. ALIMENTS. DIASTASES. DIGESTION. On s’est borné dans celte revue, comme dans la précédente, à un choix de questions qui ont paru actuellement mûres pour un exposé d'ensemble ou d'un intérêt spécial. Il est clair qu’un tel choix, nécessairement un peu arbitraire, laisse de côté un grand nombre de travaux intéressants, mais qui pourront être repris ultérieurement. I. — BiBLIOGRAPIME. S 1. — Traités généraux. S. P. Bee et R. H. Buxron : Outlines of physio- logical Chemistry. Londres, 1905. A. CnassEvaNT : Précis de Chimie physiologique. Paris, 1905, 424 pages. F. Czarer : Biochemie der Pflanzen, 2 vol. Iéna, 1905 ; t. I, 584 pages. W. D. HariBurron : Essentials of chemical Phy- siology, 5° éd. Londres, 1904, 248 pages. V. Henri: Cours de Chimie physique (cours libre professé à la Sorbonne), 1°" fascicule. Paris, 1906. — Cet ouvrage contient un grand nombre d'applications à la Biologie. A. LEGAnN: Physiologische Chemie. 1905; 2 parties de 134 et 138 pages. C. Simon : Texbook of physiological Chemistry. 2e éd. Londres, 1905. Leipzig, $ 2. — Ouvrages spéciaux. Curor : Le sucre dans l'alimentation des animaux. Paris, 1905, 383 pages. J. Duccaux : Recherches sur les substances col- loïdales. Laval, 1904. Fesrscurier zu Ehren des 60 Geburtstages von E. Sarrxowski : Beiträge zur wissenschaftlichen Medizin und Chemie. Berlin, 1904, 480 pages. W. D. HALLIBURTON : nerve. Londres, 1904. KOBERT : Biochemistry of musele and Lebhrbuch der Intoxikalionen, 2° éd., t. Il, partie spéciale, 1"° partie. Stultgart, 1904, 400 pages. H. Lagé: Analyse chimique du sang. Paris, 1904, 192 pages. M. NENckr : Opera omnia, 2 vol. Braunschweig, 1905, 882 et 906 pages. C. Scunorr : Neue physikalisch-chemische Unter- suchung der Milch. Untersuchung physiologischer und pathologischer Kuhmilch. 1905, 207 pages. Zurich, E. Strauss: Studien über Albuminoïde, mit besonderer Berücksichtigung der Spongine und der Keratine. Heidelberg, 1904, 126 pages. $ 3. — Traités d'Analyse chimique appliquée à la Chimie physiologique ou ouvrages pour l’ensei- gnement pratique. ! A. W. M. W. Biyru: Foods; their composition and analysis; 5° éd. New-York, 1904, 616 pages. S. W. CoLe : Exercises in practical physiological Chemistry. Cambridge, 1905. DENIGES : Manuel opératoire des travaux pratiques de Chimie biologique de la Faculté de Médecine de Bordeaux. Bordeaux, 1904, 35 pages. E. Fiscuer : Anleitung zur Darstellung organi- scher Präparale, 7° éd. Braunschweig, 1905. — Ce petit livre, dont les précédentes éditions ne contenaient que des préparations de Chimie orga- nique, comprend maintenant une partie physiolo- gique, destinée aux étudiants en médecine ou en biologie. G. GiraRD : Analyse des matières alimentaires et recherches de leurs falsifications, 2° éd. Paris, 1904, 872 pages. À. GurBier : Chemisches Praktikum für Medi- ziner. Leilfaden für den praktisch-chemischen Un- terricht auf physikalisch-chemischer Grundlage. Leipzig, 190%, 100 pages. I. B. Lacey et C. A. PaNxET : Practical exercises in chemical Physiology and Histology. Londres, 1904. LassaR-Coux : Praxis der Harnanalyse. Ham- bourg, 1905, 71 pages. ROSENTHALER : Grundzüge der chemischen Pflan- zenuntersuchung. Berlin, 1904, 124 pages. Thouvenix : Précis de Microchimie végétale. Paris, 1904, 100 pages. VANINO : Anleilung für den Unterricht der Medi- ziner chemischen Laboratorium. Zum Ge- brauche im chem. Laboratorium des Slaates in München, 2 éd. Munich, 1904, 51 pages. im IT. — LES MATIÈRES PROTÉIQUES. SAME — Les produits d’hydrolyse des protéiques: L'enquête sur les produits d'hydrolyse des malières albuminoïdes a été activement continuée principalement par l'École d'Émil Fischer à Berlin el presque loujours à l’aide de la méthode par éthé rification établie par ce savant, Elle a porté tant —_—_—_—_—— ————————— 1 Ewic Fiscuen : Zeitschr. f. physiol. Chem., t. NT p. 151, el t. XXXV, p. 227. 1 { ê . ! Sur des matières albuminoïdes proprement dites, comme l’ovalbumine de l'œuf, l'albumine de Bence- Jones, la gliadine du froment et diverses édestines {de graine de colon, de graines d'Aelianthus), que Sur des albumoïdes comme les diverses kéralines (du crin de cheval, de la plume d'oie'). . L'ensemble de tous les résultats actuellement onnus montre que, par leur composition quali- pure, les diverses matières albuminoïdes se res- semblent beaucoup, en ce sens qu’elles fournissent outes les mêmes fragments, mais que ces frag- TaguEeau |. — Résultats de l'hydrolyse de quelques matières protéiques. [UGLOBINE de l'oxy-|_ ÈRE GÉLA- | KÉRA- | ÉLAS- | hémo- | CASE TINE TINE TINE | globine | Groupe | | de la leucine. | Glycocolle . . . .| 0 | 0 16,5 | 0,34 | 25,75 Bianne ... : . #.19 | 0.9 0,8 1,20 | 6,58 Leucine . . 29,04 | 10,5 2,1 | 18,30 | 21,38 BSérine . . . . .. | 0,56 | 0,23 » | 5,70 » MA Groupe de l'acide | | | | à glutamique. | | | | Acide glutamique.| 1.73 | 10,7 0,88 | 3,00 | 0,76 — aspartique. | 4,43 | 1,2 0,56 | 2,50 » | Groupe de l'argi- | | | ; nine. panne CRE 4,84 | 7,62] 2,25| 0,3 5.80 219 | » » «| 12:39 0,40 | » » | Corps sulfurés. | psline. . . . 0,31 | 0,065] » Û 1,0 Dorps aromatiques.| DEC [4531 £,5 » | 0,68! 0,34 hénylalanine . .| 4,24 | 3,2 0,4 | 3,00} 3,89 Corps ï hétéro-cycliques. | Acide pyrrolidine- £arbonique. . .| 2,34 | 3.1 27110200) MATE XY-a-pyrroli-| | | = dine-carbonique | 1,0% | 0,25 | 3,0 ) » ments Sont associés en quantités différentes d'un buminoïde à l'autre. Le tableau suivant, qui est emprunté à E. Abderhalden? et qui résume des inalyses plus anciennes (1901-1904), donnera au teur une idée de l'étendue de ces différences. Les nombres n'ont, d'ailleurs, qu'une valeur de Omparaison, la méthode employée dans ces sépa- allions ne donnant encore que des résultats appro- LE. Auvenuauoex et O. Rosroski: /brd., t. XLIV, p. 265, 4905. — E. Anpennauoex et F. SauueLy : "jbid D fl BA Añuennaoex et B. Rernsouo : Zbid., p. 284. — E. Avorn- MALDEN et F. Pres : /bid.,t. XLVI, p. 24, 1905 — E, Auoen- MaLDEN et G. Wecrs : /bid,, p. 31. — E. AnpernALDEN ct E. Abe Couxr : 1bid., p. 40. — E. Acorrnanoex et O. Rosroski : Mid, p. 125. — E. Avveunazoex et B. Reix80LD : 1bid., p. 159. DE: AsbsnnaLoen : Zeitschr. f. physiol. Chem., t. XLIV, p-. 23, 1905. 276. E. LAMBLING — REVUE ANNUELLE DE CHIMIE PHYSIOLOGIQUE 327 chés. Ceux-ci se rapportent à 100 parties de sub- stance sèche. On voit que les différences quantitatives sont considérables, principalement pour les corps des groupes de la leucine et de l’arginine. On remar- quera aussi que, lorsque avec la caséine, son prin- cipal sinon son unique aliment azoté, le nouveau-né doit produire les divers protéiques, gélatine, kéra- tine, élastine, nécessaires à la formation de ses nouveaux lissus, ce résultat ne peut évidemment être atteint que par une dislocation assez profonde, suivie d’une reconstruction de la molécule. Nous verrons que c’est aussi la conclusion à laquelle on est conduit de plus en plus par l'étude de la diges- tion des protéiques. Notons aussi que le total des produits d'hydrolyse actuellement isolés n'a jamais dépassé 70 °/, de la substance sèche mise en œuvre, et n'atteint souvent que 50 °/, à peine. Le reste non dosé est donc encore considérable, ce qui tient à l'imperfection des méthodes de sépara- tion employées, et sans doute à la présence de fragments encore inconnus et que de nouvelles recherches feront apparaître peu à peu. Nous en avons signalé plusieurs dans notre précédente revue!, qui ne figurent pas encore sur ce tableau. On a continué aussi l'étude de ces fragments en ce qui concerne leur constitution. La ÆPevue* a rendu compte récemment des der- niers travaux sur la constitution de l'histidine, qui se trouve être un acide amino-B-imidazol-propio- nique, et sans doute l'acide «-aminé. On a achevé, d'autre part, de déterminer la structure du {rypto- phane. On sait qu'Ellinger ayant démontré l'iden- tité de l’ancien acide scatol-carbonique de Nencki avec l'acide indol-Pr-3-acétique, le tryptophane devenait nécessairement un acide indol-amino- propionique, et nous avons indiqué, dans la pré- cédente revue annuelle de Chimie physiologique”, la formule provisoire à laquelle Ellinger s'était arrêté pour des raisons, non d'ordre chimique, mais physiologique, tirées de la transformation du tryptophane en acide cynurénique chez le chien. Depuis, Ellinger* à fait la synthèse de l'acide indol-Pr-3-propionique, qui se trouve être identique à l'ancien acidescatol-acétique de Nencki. Cette syn- thèse a été effectuée par soustraction d’ammoniaque à la phénylhydrazone de l'acide +-aldéhydobuty- rique (plus exactement de son éther méthylique) CHE.CHE.CH=.COOCIF A CCH CH CO0CH | CH CH CH CH + AZI. \zH AZH Ac. indol-Pr-3-proponique. 1 8 la /tevue du 15 janvier 1905, p. 21. 2 Voy. la Revue du 30 novembre 1905, p. 969. Voy. la Revue du 15 janvier 1905, p. 25. # EcunGer : D. chem. Ges.,t. XXXVIII, 2884, 1905. La formule provisoirement adoptée par Ellinger doit donc être modifiée dans sa chaine latérale, et le tryptophane prend l'une des deux formules ci- après, c'est-à-dire qu'il devient l'acide indol-Pr-3- z-aminopropionique ou l'acide indol-Pr-3-6-amino- propionique : C.CHE.CH (AzH2).COOH NS CH CH AzH C.CH(AZIF).CH?.COOH CH UCH SA AzH Quant à la transformation du tryptophane en acide cynurénique dans l'organisme du chien, elle devra être expliquée par un autre mécanisme chimique. £ 2. — Les acides aminés et la production phy- siologique du sucre aux dépens des albumines. Nous avons montré, dans notre précédente revue (numéro du 15 janvier 1905, p. 24), qu'il est difficile d'expliquer la production des sucres à partir des albumines en n'invoquant que le grou- pement hydrocarboné préformé que contiennent beaucoup de protéiques, d'autant plus que, chèz l'animal, les producteurs de glycogène ou de glu- cose les plus efficaces paraissent être précisément les protéiques qui sont dépourvus de ce groupe- ment. Aussi se tourne-t-on de plus en plus vers une autre hypothèse, mise d'abord en avant par F. Muller', et d'après laquelle les fragments pro- ducteurs de sucre seraient les acides aminés, si abondamment représentés dans la molécule des proléiques. Nous avons déjà cité quelques expériences ten- dant à démontrer la production du glucose à partir de l’alanine et de la leucine chez le chat et chez l'homme. Ces travaux ont été repris récemment en ce qui concerne l'alanine par M. Almagia et G. Embden*, qui ont opéré sur cinq chiens dépan- créatés, puis maintenus à jeun. Trois d’entre eux ont été sacrifiés après une semaine, et l'on a dosé le glycogène contenu dans leur corps par la méthode de Pflüäger*. Les deux autres ont reçu pendant la deuxième semaine de jeûne, et à plu- sieurs reprises, de grandes quantités (de 15 à 30 grammes) d'alanine per os ou sous la peau. Or, — 1 K,. MuLcer : Deutsche med. 2 M. ALzmaGia et G. EMBDEX : Wochenschr., 1899, n° 13. Beitr. z. chem. Physiol. u. Pathol., t. VII, p. 298, 1905; Cf. LancsreIx et NEUBERG : Arch. 1. Physiol., 1903, p. 514. — F. Keauss : Berl. klin. Wochensehr., t. XXI, p. 5. — Emsvex et SaLomon : Beitr. z. chem. Physiol. u. Pathol., L&. V, p. 508. 3 Prcucer : Pflüger s Arch., t, CII, p. 169. E. LAMBLING — REVUE ANNUELLE DE CHIMIE PHYSIOLOGIQUE la leneur de l'urine en glucose a été immédiate ment augmentée, et la quantité de sucre perdue pendant la période à l'alanine a été très supérieure à celle que l'on peut calculer d'après les réserves en glycogène des animaux témoins à cetle période de jeûne. Chez un animal, nolamment, il aurait fallu admettre une réserve en glycogène huit ‘fois plus forte que celle du témoin pour pouvoir rapporter à cette seule source la quantité de sucre éliminée par les urines. La production du sucre aux dépens de l'alanine prend donc un degré de vraisem: blance de plus en plus grand. Ces résultats donnent donc un intérêt parti culier à toutes les recherches tendant à établir le passage in vitro des acides aminés aux sucres. On sait que les acides aminés fournis par l’hydrolyse des matières albuminoïdes appartiennent à Lrois grands groupes : les acides monaminés (groupe de la leucine), les acides diaminés (groupe de l'argi nine), et les acides oxy-aminés (sérine), qui font là transition entre les deux précédents : CIF CON CH°.AzH® | | | CH.AZH° CH. AZI CH.AZ1P | | | coon COOI Cooïn Alanine. Sérine. Ac. a-f-disamino-propionique Tous ces acides aminés en C° sont des dérivés construits sur le type de l'acide ou de l'aldéhyde glycérique : CHOH.CHOH.COOH CHOH.CHOH.COH Acide glycérique . . . . Aldéhyde glycérique . . Le problème qui se pose est de réaliser, par des réactions excluant toute modification des pouvoirs rotatoires, la transformation de chaque isomèr actif dans l'isomère de même configuration groupe voisin, et de passer ainsi des acides dia minés, oxyaminés et monaminés à l'acide ou l'aldéhyde glycérique, et de là jusqu'aux sucres L'aldéhyde glycérique n’a pas encore été isolée. l'état de pureté, el ses isomères actifs sont inconnus Il faut donc passer par l'acide glycérique, dot Neuberg et Silbermann! viennent de dédoubler. forme inactive en ses deux composants aclifs, l'aide de la brucine. Ils ont préparé ensuite, partant de la nitro-cellulose, l'acide /-aldéhydt glycérique COH.CHOH.COOH, qu'ils ont transform par réduction en acide /-glycérique, et par l'inte médiaire du mononitrile en acide /-lartrique D'autre part, l'acide glycérique se raltache par des réactions plus ou moins simples aux acides aminés, en queslion. Ainsi l'acide #-8-diamino-propionique” ‘ Neuvenc et SILBERMANY : D. chem. Ges., t. XXXVII, p#83 1904. * C. NeueerG et M. Siceenmanx : Zeitschr. £. phySl Chem., t. XLIV, p. 134, 1905. E. LAMBLING — REVUE ANNUELLE DE CHIMIE PHYSIOLOGIQUE 329 Ac. diamino-propionique. CH*.(Azi®).CH. (AZI). COOH MISogérine. . + . . . + - - CHE. (4212). CHOIH.COONH Ac-glycérique. . . . . . CHOH.CHOH.COOH Notons que ce remplacement de AzH° par OI est également opéré par l'organisme, qui transforme mjalanine en acide lactique *? et l'acide a-6-diamino- { ee” è A Mhropionique en acide glycérique’. Ces travaux Tout progrès dans l'étude chimique des acides aminés présente donc un intérêt physiologique Méthode de synthèse des acides &-aminés établie fcemment par Sürensen'. Voici quelle est la Na (C:HOOCE C€ ARS Co CO, CHE. Celui -ei, trailé par le chlorure de benzyle, a donné Téther benzyl-phtalimido-malonique, que l'on iponifie de façon à obtenir le sel de sodium de lacide benzyl-phtalamino-malonique, puis l'acide libre correspondant. Cet acide, chauffé avec l'acide hlorhydrique, se décompose avec fixation d'eau en Phénylalanine, acide carbonique et acide phta- lique : /CH*.C°H° O0CE CZ L H20 AzH.C0.CSH*.COOH Acide benzyl-phlalamino-malonique. = CO? + CH COON)S + COON.CH(AZH®). CHE. CIF. Phénylalanine. Les rendements en éther benzyl-phtalimido- malonique et en phénylalanine sont chaque fois de “80 ‘/, de la théorie. En remplaçant chaque fois le “chlorure de benzyle par d'autres dérivés halogénés convenablement choisis, Sürensen a préparé syn- x thétiquement par celte méthode l'acide «-3-diamino- —rulérianique où ornithine, c'est-à-dire l'acide aminé “résultant du dédoublement de l'arginine, l'acide “a-umino-adipique, c'est-à-dire un acide monamino- “dicarbonique, les acides u-:-diamino-pimélique et “ai-diamino-adipique, c'est-à-dire des acides dia- î ! O. Kuess : Zhid., t. XIX, p. 330, 1594. 2 NeusenG et LANGSTEIN : Arch. {. Anat. u. Physiol., Pbhy- Siol. Abt., 1903, p. 514. 2 P. Maven : Zertschr. [. physiol. Chem., 1. XLIT, p. 59, 4904. # S. P. L. Sônensex : Zbid., p. 448, 1905. mino-dicarboniques, et l'acide «-amino-è-0xyvalé- rianique, c'est-à-dire un acide oxy-aminé. La synthèse d'acides dicarboniques diaminés et oxyaminés a été réalisée aussi par Neuberg et Silbermann ‘ et par Neuberg”. Les acides dibromo- succinique, &-«,-dibromo-subérique, &-«,-dibromo- sébacique;, chauffés avec AzH”, ont été transformés dans les acides diaminés correspondants, et ceux-ci, par l'action ménagée du nitrite de baryum et de l'acide sulfurique, en acides oxyaminés : COOÏN.CHBr.CHBr.COOH COOH.CH(AZIP).CH(AzHE).COOH COON.CHON.CH(AZH®).COOH Ac. dibromosuccinique. . Ac. diamino-succinique . Ac.oxy-amino-succinique. Pareillement, l'acide 2-2,-diamino-sébacique a donné l'acide oxyamino-sébacique. Ces synthèses tirent un intérêt particulier de ce fait qu'un acide oxy-amino-succinique, identique ou isomère avec cet acide de synthèse, a été trouvé par Skraup” parmi les produits d'hydrolyse de la caséine, et que J. Woblgemuth* a signalé un acide oxy-dia- mino-sébacique et un acide oxy-amino-subérique parmi les produits d'hydrolyse du nucléoprotéide du foie. Skraup aussi avait annoncé la production d'acides subérique et adipique diaminés et oxy- aminés. $ 3. — Les polypeptides naturels et les polypeptides de synthèse. On a vu que la digestion pepsique ou trypsique, même lorsque cette dernière est poussée jusqu'à la disparition de la réaction du biuret, laisse toujours subsister, sous la forme d'un produit amorphe et précipitable par l'acide phosphotungstique, des fragments assez volumineux de la molécule pro- téique primilive, que l'hydrolyse par les acides résout en produits crislallisables (acides aminés)”. Ce produit, que E. Fischer à appelé polypeptide, et qui est peut-être un mélange de plusieurs corps, représente donc ce noyau résistant que la théorie de Kühne croyait avoir trouvé dans l'antipeptone. Ce polypeptide n'apparaît pas seulement in vitro après des digestions prolongées ; E. Abderhalden” l'a isolé aussi du contenu intestinal de chiens tués de sept à onze heures après ingestion d'un gros repas de viande, et l’hydrolyse de ce corps par l'acide chlorhydrique fumant a donné tous les acides aminés habituellement fournis par les pro- téiques, et notamment le glycocolle, l'acide 4-pyr- rolidine-carbonique et la phénylalanine. 1 NEUBERG et SiLBErMANN : Zeitschr. f. physiol. Chem., t. XLIV, p.147, 1905. 2 NeuserG : /bid., t. XLV, p. 93. 3 Voy. la Revue du 15 janvier 1905, p. 22 # J. WouLceura : D. chem. Ges., t. XXXVII, p. 4362, 1904. 5 Voy. la Revue du 30 janvier 1905, p. 31. 6 E. ABDERHALDEN : Zeitschr. physiol. Chem. 1. XLIV, p. 33, 1905. ".. 330 E. LAMBLING — REVUE ANNUELLE DE CHIMIE PHYSIOLOGIQUE Nous reviendrons sur ce composé à propos de la digestion et de l'urine, Ce corps est donc bien un produit de la diges- tion naturelle des protéiques, et ce fait accroit encore l'intérêt qui s'attache aux polypeptides arliliciels de E. Fischer, dont nous avons parlé dans notre précédente revue annuelle. Le récent article de M. Maillard’ nous dispense d'insister plus longuement sur celte question. Bornons-nous à noter ici un résullat intéressant des recherches de E. Fischer et Abderhalden, relativement à l'action du suc pancréalique sur les polypeplides de synthèse. Selon le mode d'association des acides aminés dans chaque polypeptide, @eux-ci sont accessibles ou non à l'action de ce suc. Pa- reillement, nous voyons, dans la digestion pan- créatique des protéiques, les divers acides aminés se délacher de la molécule avec une rapidité très variable. Si la leucine et la tyrosine sont toujours cilées comme étant les produits cristallisables four- nis promplement par la plupart des proléiques, ce n'est pas seulement parce que ces deux corps sont faciles à isoler à cause de leur aptitude à la eris- lallisation ; c'est aussi parce qu'ils se détachent de la molécule beaucoup plus aisément que les autres complexes aminés. Un‘exemple typique à cet égard est fourni par une peptone dérivée de la fibroïne de la soie sous l’action de l'acide chlorhydrique. Mis à digérer avec de la pancréatine à 40° dans des conditions favorables, ce corps donne déjà après quinze minutes une cristallisation de tyrosine, tandis que le glycocolle et l'alanine, que cette pep- tone contient aussi, manquent encore dans le liquide même après plusieurs jours”. On reviendra plus loin sur ce point (p. 337). Il est clair que c’est en étudiant ainsi méthodi- quement l'action des diastases sur des polypeplides de synthèse de plus en plus complexes, que l’on arrivera à expliquer la marche de l'hydrolyse diges- tive des divers protéiques. Dans cette étude si laborieuse des produits d'hydrolyse des proléiques, où les méthodes de séparation ont dû être créées pas à pas, tout pro- grès est étroitement lié au perfectionnement de la technique analytique. C’est ainsi que le procédé par éthérification de E. Fischer, qui a été rappelé au début de cette étude, à constilué un progrès considérable sur les anciennes méthodes par préci- pitalions el cristallisations successives. Bien que cette méthode ne soit encore qu'approximative, elle donne du moins des résultats comparables. La Pevue* à signalé aussi l'heureux emploi du chlo- ‘ Voy. la Revue du 15 février 1906, p. 115. * E. Fiscugr et P. BenGezL D. chem. p. 2593, 1903. 3 Voy. la Revue du‘30 janvier 1905, p. 78. tt 'XXXVI; Ges., rure de l'acide 8-naphtalène-sulfonique pour la pré» cipitation des acides aminés et oxyaminés. Pour caractérisation des acides aminés, E. Fischer et se élèves se sont aussi très largement servis des com= binaisons de ces corps avec l'isocyanate de phé= nyle. Enfin, Steudel‘ a introduit aussi l'emploi de l'acide picrolonique ou 1-p-nitrophényl-3-méthyE 4-nilro-5-pyrazolone, C''H$Az‘0*, de Knorr, dont ce savant et ses élèves se sont servis pour la sépa ralion des bases du groupe de la morpholine *. Cet acide donne avec l’arginine, l'histidine, la guan# dine* des combinaisons cristallisées peu solubles: Pour la préparation de ce composé, qu'on ne trouve encore que difficilement dans le commerce, voir le second travail de Steudel, cité plus haut. III ALIMENTS. RATIONS ARTIFICIELLES. $ 1. — La cause du besoin d’albumine. Dans la précédente revue annuelle, l'attention du lecteur a été appelée sur la discussion que sou lève encore la question de la grandeur du besoin minimum d'albumine chez l'homme. Une question connexe de celle-ci, et bien plus intéressante, parce qu'elle nous ferait pénétrer, si elle élait résolue; dans l’inlimité même des phénomènes de la nutri lion, c'est celle de a cause du besoin d'albumine On sait qu'en lant que combustibles alimentaires c'est-à-dire en vue de l'apport de la somme totale de calories nécessaires, les différents aliments organiques peuvent être substitués l'un à l’autr& dans le rapport de leur pouvoir calorifique, maïs avec celle restriction que les proléiques doivent toujours figurer dans la ration pour un certain apport minimum, évalué approximativement 1 gramme d’albumine par kilogramme de poids vif et pour vingt-quatre heures, et pour lequel ils ne peuvent être remplacés par aucun autre aliment A quelle fonction correspond la destruction néce saire de ce minimum quotidien d'albumine ? C'est ce que l’on ignore encore entièrement. O. Cohnheim* s'est proposé récemment de re chercher si cette destruction ne correspond pas at lravail sécréloire des glandes digestives. Il a donc par œsophagolomie d'après Pawlow, disposé ur période d'alimentation fictive, excilant ainsi 1 H. Srecnez : Zeitschr. f. physiol. Chem., t. NXXM p. 218, 1903 et L. XLIV, p. 157, 1905. * Kxonr : D. chem. (ies., t. XXX, p. 909. — Cf. Jbid# tu XXXII, p. 132 et 736: Liebig's Ann., t. CCCI, p.48 t. CCCVII, p. 174; t. CCCXV. p. 104. 3 M. Scnexcx : Zeitsch. f. physiol. Chem., t. XLIMN p. 427, 1905. # | | 4 0, Couxusim: Zeitschr. f. physiol. Chem., &. XLVI,p: Ua 1905. 7 - écrétion psychique de suc gastrique, lequel allait son tour éveiller la sécrélion pancréatique. Pen- nt les trois périodes, on a dosé l'azote total des ines. Or, le résultat fut que le travail sécréloire u tube digestif ne provoqua aucune augmentation à l'excrétion d'azote par l'urine. On pourrait bnelure de là que ce travail est trop faible pour btentir d'une facon sensible sur les échanges atrilifs. Mais les calculs de Dreser pour la sécré- jon urinaire, les observations de Bareroft, de jareroft et Starling' sur l'augmentation considé- able des quantités d'oxygène absorbé et d'acide bonique exhalé pendant le travail de la sécré- ion Ssalivaire ou pancréalique, rendent cette hypo- hèse lrès peu vraisemblable. Il faut donc chercher illeurs la cause du besoin d’albumine. - On a souvent émis l'hypothèse que les protéiques eprésentent simplement des excitants spéciaux de cellule vivante, pure supposition, mais qu'il est léressant de rapprocher des résultats d'un tra- ail récent de E. Babak * sur « la réaction morpho- énétique du tube digesLif du têlard » vis-à-vis de iverses sorles d'aliments protéiques. Cet auteur a émontré d'abord que l'intestin du têlard devient lus long avec une alimentalion végétale qu'avec e alimentation animale, puis ils’esteforcé d’éta- ir que ce résullal est dû à des différences non dans tion mécanique (volume plus considérable), ais dans l'excitation chimique produites par ces ax sortes de rations. En nourrissant, en effet, s lots de têlards (de 89 à 201 individus chacun) ec de la chair musculaire de vertébrés (cheval, isson, grenouille), d’anodonles, d’écrevisses et in de la protéine extraite des semences de urge, il a mesuré, après un certain temps, des ngueurs d'intestin qui élaient respeclivement primées en longueur du corps) : 6,6 — 5,9 — 7,6 — 8,3. “Le résultat est intéressant, encore qu'il soitdiffi- » de savoir s’il est dû à des différences dans le nflit des sucs digestifs et de l'aliment (lenteur plus ou moins grande de la digestion et de l'absorp- ion), ou, au contraire, comme le pense l'auteur, à $ 2, — Les rations artificielles. connait les expériences failes par plusieurs élèves de Bunge et qui démontrent l'impossibilité EE —— M Dassen: Arch. f. exp. Path, t. XXIX, p. 303. — ÆBancrorr : Jour. of Physiol.,t. XXV, p. 265, ett. XXVII, DSL. — J. Bincnorr et E. H. Sranzixc : /bid., &. XXXI, P- 491, 1906. BE. Basar : Biolog. Centralbl., t. XXII, nos 13-15, 1903. — Centralb. f. Physiol., &. XVII, n° 21,1905. — Breitrage z. chem. Physiol. u. Pathol., L. VI, p. 322, 1905. E. LAMBLING — REVUE ANNUELLE DE CHIMIE PHYSIOLOGIQUE 9931 où nous sommes, quant à présent, de constiluer de toutes pièces, par le mélange d'aliments simples pris à l'état de pureté, une nourriture pouvant suffire indéfiniment à l'entretien de la vie chez les animaux supérieurs. W. Falta et C. P. Nœg- gerath' viennent de reprendre ces expériences en variant davantage la nature des aliments simples associés et augmentant leur nombre. Quatre lots de deux rats chacun ont été nourris respectivement : 1° Avec de la sérumalbumine pure, de la graisse, de l'amidon, du glucose et des sels (mélange de cendres de lait, de cendres de sérum de cheval, de carbonate de polassium, de phosphate de calcium, de carbonate de calcium et de chlorure de magné- sium) ; 2 Avec de la caséine, de la graisse, de l'amidon, du glucose et les mêmes sels; 3° Avec de l’ovalbumine, de la graisse, de l’ami- don, du glucose et les mêmes sels; 4 Avec de l'ovalbumine, de la globuline et de l'albumine du sang, de la fibrine, de l’hémoglobine, du nucléinate de sodium, de la cholestérine, de la lécithine, de la graisse, de l’amidon, du glucose et les mêmes sels. Dans les deux premiers groupes, les animaux sont morts en 51-53 jours; dans le 4° en 83- 84 jours; dans le 4° en 71 (?) et 94 jours. Tous pré- sentaient des diminulions de poids considérables, mais aucun signe d'affeclions spéciales. Ils n'ont cessé d’accepler avec plaisir leur ration que peu de jours avant la mort. Toutefois, comme il n'a pas été possible de faire un bilan des receltes et des dépenses, on ne peut pas affirmer que, pendant la période de diminution du poids, les animaux ont réellement consommé de quoi couvrir leur besoin tolal de calories. Il est donc impossible de dire si la mort est due à l'absence dans la ration de certains matériaux indispensables à la vie ou à une alimentation insuffisante par suile d’inappétence croissante. Ce qui est remarquable, c’est que plu- sieurs animaux ont commencé par augmenter de poids, et Falla et Nœggerath concluent de là que des expériences comme celles de Henriques et Hansen (dont il sera question plus loin à l'occasion de la digestion) ne démontrent pas que les rations employées par ces expérimentateurs auraient suffi à la longue. En effet, les augmentations de poids et les gains d'azole signalés par Henriques et Hansen n'ont été observés que pendant trois à quatre semaines. Or, durant ce laps de temps, les rats à la caséine, par exemple, ont présenté une courbe de poids tout à fait semblable à celle des ! W. Faura et C. P. Norccerarn : Beitr. z. chem. Phyvsiol. u. Pathol., L. NW, p, 343, 1905 992 animaux de Henriques et Hansen, et ils ont fini néanmoins par succomber. On voit donc que, pour les animaux supérieurs, les expériences sur la nutrition continuent à rester très loin de l'élégante précision que l'on a atteinte du premier coup avec les organismes inférieurs, et dont les classiques recherches de Raulin sur l'ali- mentation.de l'Aspergillus niger fournissent un exemple toujours cité. IV. — LES ACTIONS DIASTASIQUES. Des travaux loujours très nombreux publiés sur les actions diastasiques, nous ne reliendrons ici que quelques recherches présentant pour le phy- siologis!e un intérêt direct et actuel. $ 1. — Amylase. Il y a longlemps que l'on soupconne pour un cerlain nombre de diastases qu'elles sont un mélange de plusieurs agents, dont les actions se succèdent l’une à l'autre. De ce nombre est l'amy- lase de l'orge, que Duclaux ‘, notamment, considé- rait comme étant un mélange d'amylase vraie, diaslase liquéfiant l'empois avec formation de dextrine, et de dextrinase, qui transforme la dex- trine en maltose. Aujourd'hui, les recherches de Maquenne sur la constitution de l'amidon nalu- rel sont venues montrer que ce n'est pas seule- ment l'agent diastasique qui est un mélange, mais encore le corps transformé, l'amidon. Nous ne pouvons indiquer ici que la conclusion de la péné- trante analyse à laquelle Maquenne a soumis ces phénomènes *. L'amidon nalurel est un mélange de deux sub- stances. L'une, la matière amylacée vraie ou am ylo- cellulose des auteurs, est une substance soluble dans l’eau surchauffée, mais sans jamais donner d'empois ou de gelée par le refroidissement, et qui conslilue environ les 4/5 de l'amidon naturel. A cet élat dissous, elle est colorable en bleu par l'iode, el l'extrait de malt la transforme intégralement en wmallose. L'autre est une substance mucilagineuse, que Maquenne appelle l'amylopectine, colorable par l’iode, que l'extrait de malt dissout et lrans- forme en dextrine, sans aucune formation de sucres réducteurs. C’est cette matière qui confère à l'amidon nalurel la propriété de donner des gelées. Maquenne a montré, en outre, que l'extrait de malt agit sur chacun de ces corps par une diastase 1 DucLaux : p. 391. ? MAQUENNE et Roux Traité de Microbiologie, Paris, 1899, t. II, : Comptes rendus, t. CXL, p. 1305. — Voy. en outre : Comptes rendus, t. CXL, p. 441 et 1065. — Ann. de Chimie et de Physique (8), t. I, p. 109. — Bull. Soc. chim., (3), t, XXXIII, p. 471. E. LAMBLING — REVUE ANNUELLE DE CHIMIE PHYSIOLOGIQUE “nique serait dû aussi à l'aclion successive de deux à-dire celle de l'amylopectine; il n'agil plus s l'amylocellulose. La diastase saccharifiante a done qu'au-dessous de 56°. Au-dessus, la saccharificez tion n'est plus complète, et il se forme, à côté mallose, des dextrines qui s'ajoutent à celle fournil la dissolution de l'amylopectine. Il faut donc s'attendre à voir nos théorie actuelles sur les saccharificalions salivaire et pan: créatique subir une transformation profonde. $ 2. — Zymase alcoolique. D'après Buchner et Meisenheimer', le dédou blement du glucose en alcool et en acide carbo: diastases, dont l'une, que ces auteurs appellent spécialement la zrmase, décompose le glucose en acide lactique, et dont l’autre, la Zactacidase, trans: forme l'acide lactique en alcool. Cette hypothès avait déjà élé émise de divers côtés, mais sans preuves à l'appui. Elle à pris plus de consistanct depuis que P. Mazé? a démontré la transformation de l'acide lactique en alcool et acide carboniqu par une mucédinée, étudiée par Laborde, l'Zura tiopsis Gayoni. Aujourd'hui, Buchner et Meisenhei mer annoncent que, pendant la fermentation di glucose au moyen du suc d'expression de levur basse, on voit tantôt l'acide lactique que ce s contient souvent naturellement, ou celui qu'on lu ajoute, disparaitre complètement, tantôt, au con traire, cet acide apparaitre dans le liquide. Ge résullats sont très variables, et cette variabilit mème peut être invoquée comme une preuve l'existence de deux diastases différentes. En effe dans la levure vivante et en activité, on peu admettre que les deux agents sont là constammer en excès, ou que la cellule en reproduit des quan tités toujours suffisantes pour que le produit inter médiaire, l'acide lactique, soit toujours détr aussilôt qu'il est formé. Dans le suc, au contraire il n°y a plus production de diastases nouvelles, € tout dépend de la proportion relative des deu diastases : selon que l'une l'emporte sur l'autre on assiste à la production ou à la destruction d l'acide lactique. Ainsi s'expliquerait aussi l’aeli si variable des sucs d'expression comme agents 4 la fermentalion alcoolique. On la ratlachait à « lé physiologique » variable de la levure exprimé mais, sans doute, cet élat physiologique ne signüll “ Bocuxen et MeisexneIvxe : D. chem. Ges., L. xxx 1 p. #17, 1904, et t. XXXVIII, p. 620, 1905. % P. Mazé : An». de l'Institut Pasteur, 1. 1902. XVI, p. jas autre chose que la proportion relalive des deux astases au moment de l'expression. Il y a aussi beaucoup de faits chimiques qui aident en faveur de cette hypothèse d'un stade lactique dans la fermentation alcoolique. Dans un élange d'une solution de glucose avec de la Polasse caustique, abandonné à la lumière solaire, uclaux' à trouvé une partie (2,6 °/,) du sucre nnsformée en alcool et en acide carbonique. Si bn remplace, au contraire, la potasse par l'eau de aryte ou de chaux, il se produit de l'acide lactique 50 °/, du poids du sucre) sans formalion d'alcool. celle belle expérience, Duclaux conclut, non ns raison, que, dans le dédoublement du glucose la lumière solaire, il s'est produit sans doute ansitoirement de l'acide lactique. Des considérations théoriques permettent de ipposer que, dans sa transformation en acide tique sous l'ivfluence des alcalis, le sucre passe le stade du méthylglyoxal CH°.CO.COH, et élte hypothèse, qui s'applique également à la mentation alcoolique, est fortifiée par ce fait ‘qu'en abandonnant à la lumière un mélange de glucose et d'ammoniaque, — celte dernière em- byée sous la forme de la combinaison Zn(OH}. Az, fortement dissociée, — Knoop et Windaus * at observé à la température ordinaire la forma- bn de grandes quantités de méthylimidazol. Or, composé se produit à froid quand on fait réagir r le méthylglyoxal de l'aldéhyde formique et de immoniaque, d'après l'équation : CH cHe | HEAzH CH | DD, + IN = C—AH + 3H°0 [ HeAzH OH || >CH CoH CH — Az7 hylglyoxal. Méthylimidazol. Notons qu'il se produit aussi de l'acide lactique Jans l'action des alcalis sur le glucose (Hoppe) et cours de la fermentation du glucose par la re (P. Thomas)’. Ce slade méthylglyoxal M aussi pourquoi c'est toujours à l'acide lique inactif que le sucre donne naissance dans loutes ces réactions. Quoi qu'il en soit, il est intéressant, au point de Nue physiologique, de constater que, dans sa des- tente vers l'alcool, le sucre fail halle au niveau de ide lactique, et que c'est une diastase spéciale qui est chargée de cette première élape. Comme Las lactique est un produit très répandu dans L Fganisme des animaux supérieurs, il est possible EE —— " : Ann. de l'Inst. agronom., t. X, 1886. “. DucLaux 2 Kxoor et Winvaus : D. chem. Ges., t. XXXVII, p. 1166, 2905. — Beitr. z. chem. Physiol. u. Pathol., t. VI, p. 39%, 1905. D Horre : D. chem. Ges., t. IV, 346. — P. Tuomas : Comptes rendus, t. CXXXVI, p. 1915, 1905. 7 E. LAMBLING — REVUE ANNUELLE DE CHIMIE PHYSIOLOGIQUE 393 que, là aussi, la désintégration du sucre passe par cette élape. Déjà Nencki, à la suite de ses expé- riences sur la mesure du pouvoir oxydant de l'organisme, à l’aide de sa méthode au benzène, avait conclu que le diabétique est incapable de détruire le sucre, parce qu'il a perdu le pouvoir de transformer ce corps en acide lactique. $ 3. — Autres diastases. Dans un chapitre spécial consacré à l'étude des destinées des nucléoprotéides dans l'organisme, nous montrerons que, non seulement on connail mieux l'action des sues digestifs, pepsine, trypsine, érepsine sur les nucléoprotéides, mais encore que l'on a trouvé toute une série de diastases qui paraissent être spéciales aux nucléoprotéides ou à leurs produils de décomposition. Rappelons aussi les intéressantes recherches de Nicloux sur l'agent lipolytique de la graine ae ricin, récemment exposées dans la Æevue par l’auteur lui-même *. Enfin, Roger * vient d'extraire de la muqueuse intestinale du chien et du lapin une diastase, la mucinase, qui précipite ou coagule les solutions de mucine. La bile retarde ou annihile l’action de cette diaslase, ce qui explique pourquoi le mucus reste liquide dans les parties supérieures de l'in- testin, et pourquoi il se coagule dans le gros intestin; pourquoi, enfin, dans certaines enlérites, il peut être expulsé en filaments ou en membranes. L'action anticoagulante de la bile n’est pas aboïie par l'ébullition ou par chauffage à l’autoclave. V. — LA DIGESTION. $ 1. — Pepsine et chymosine. — Rôle de l'acide chlorhydrique. — Titration de la pepsine et de la trypsine. 1. Pepsine et chymosine. — L'École russe con- tinue à soutenir l'identité de la pepsine et de la chymosine. Pawlow entend cette identité non seulement dans ce sens qu'une seule et même diastase exercerait deux aclions différentes : une protéolytique et une coagulante (sur la caséine), mais encore qu'il n’existerait pas d'action chymo- sique différente de l'action proléolytique, l'action chymosique n'étant qu'une action protéolytique effectuée en sens inverse. Contre cette théorie on à fait valoir les raisons suivantes : 1° Il est possible de préparer des solutions actives n'ayant que l'une ou l’autre des deux actions. Pawlow soutient que cette objection a été enliè- ‘ Voy. la fevue du 15 décembre 1905. 2 Rocen : Comptes rendus de la Soc. de Biol., t. LIX, p. 424, 1905. 334 E. LAMBLING — REVUE ANNUELLE DE CHIMIE PHYSIOLOGIQUE rement réfutée par ses travaux, ce qui est contesté par Bang. Ce dernier auteur dil, notamment, qu'il est possible que la pepsine possède en milieu acide à la fois une action protéolytique et une action coagulante, mais que la question de l'identité de la pepsine et de la chymosine est un autre problème, différent de celui-ci". 2° On a soutenu, en outre, que les lois d'action des deux ferments sont différentes; mais Sawjalow * soutientque, lorsqu'on se place dans des conditions convenables, il y a identité dans la marche des deux phénomènes. 3° Enfin, on objecte que la pepsine n'agit qu'en milieu acide, tandis que la chymosine est active aussi en milieu neutre ou alcalin. Mais Courant* a montré que la caséine n’est pas coagulée par le lab en milieu neutre ; il faut ajouter des phosphates acides. Pareillement, Sawjalow avance que le phos- phate monopotassique suffit, en l'absence de tout autre acide, pour assurer la peptonisation, et il accepte finalement la thèse de Pawlow sur l'iden- tité des deux diastases. Toutefois, il reconnaît qu'il n'est pas possible de considérér avec Pawlow la caséification comme une aclion « protéo-synthé- tique », inverse de l’action protéolytique. C'est une action de dédoublement, qu'il faut envisager comme le premier stade de la digestion pepsique de la caséine. Quant à la coagulation du caséum, qui représente l'un des deux termes de ce dédouble- ment, c’est, d’après lui, un phénomène purement contingent, dû à la présence de sels de chaux. On voit qu'il convient d'attendre de nouveaux travaux avant de se prononcer. 2. Rôle de l'acide chlorhydrique dans la diges- tion pepsique. — On sait que de la fibrine plongée dans une solution d'acide chlorhydrique se charge de cet acide, à Lel point que le liquide peut devenir neutre. En outre, des lavages à l’eau n'enlèvent à la fibrine qu'une pelite quantité de l'acide fixé. Or, H. Leo‘ vient de montrer que de la fibrine, chargée de tout juste autant d'acide qu'elle en peut fixer, n'est pas digérée quand on la plonge dans une solution de pepsine bien active. Un léger surplus d'acide est indispensable. Pareillement, de la fibrine, d'abord chargée de pepsine par un pas- sage à travers une solution de cette diastase, n’est pas digérée quand on lui fournit exactement la quantité d'acide qu'elle peut fixer (ou un peu moins). H.Lco conclutde là que ce n'est pasl'acide ‘ PawLow et Panusrscaur : Zeit. physiol. Chem., t. XLII, p. #15, 190%. — J. Ban : Zbid., t. XLIII, p. 358, 1904. * SAwWJALOW : Beitr.z. chem. Physiol. u. Pathol., t.XLVI, p- 307, 4905, * Courant : Arch. de Pfüger, 1, L, p. 109, 1894. * Leo : Zeitschr. f. physiol. Chem., t, XLVI, p. 286, 1905. qui sert d'intermédiaire entre la pepsine et fibrine et qui rend possible l’action de la première sur la seconde. C'est, au contraire, la pepsine fixéé sur la fibrine qui rend possible l’action du surplus de l'acide. 3. Titration de la pepsine et de la trypsine. = Volhard a proposé en 1903, pour le dosage de Ia pepsine, une intéressante méthode, qu'il vient dé faire vérifier par un des élèves, W. Lüblein!, @ sur laquelle il serait utile d'appeler le contrôle d'autres expérimentateurs. Lorsqu'on dissout de la caséine (50 gr.) dans de l'acide chlorhvdrique étendu (1000 c. c. contenan 10 c. e. de HCI normal), et qu'on précipite la matière albuminoïde par addition d'une solution de sul fate de sodium, le précipité de caséine fixe une quantité constante d'acide chlorhydrique, et le filtrat possède une certaine acidilé. Si, au contraire celle dissolution primitive de caséine est mise à digérer d’abord avec de la pepsine, on constate qué le filtrat, séparé du précipité produit par le sulfate de sodium, présente une acidité plus forte, parce qu'une partie de la caséine a été transformée en peptone non précipitée par le sel, et que la quan- lité d'acide chlorhydrique qui correspond à cette peptone passe maintenant dans le filtrat. Cette augmentalion de l'acidilé du filtrat peut done servir de mesure de la quantité de caséine pepto* nisée, c'est-à-dire de l'activité de la pepsine employée. Le mème principe peut être appliqué aw dosage de la trypsine. Une solution de caséine d'un titre alcalin connu est addilionnée de trypsine et mise à digérer. On acidifie ensuite avec une quantité connue d'acide chlorhydrique, on préci pite par le sulfate de sodium et on titre l'acidité du filtrat. L'auteur a pu vérifier ainsi la loi de Schutz-Huppert pour la pepsine, mais non pour trypsine. De nouvelles recherches sont nécessaires: sur ce point. | | | | : | | | | | 1 $S 2. — Importance de la digestion salivaire des | amylacées et de la digestion pepsique des pro téiques dans l'estomac. | On se représente généralement le bol alimen | taire comme devant être rapidement pénétré dans. toute sa masse par le sue gastrique, grâce au bras L sage très puissant exercé par la musculature sto= macale. De là on tirait deux conséquences. La première, c'est que la digestion salivaire des malières amylacées est de courte durée, car les acides annihilent ou ralentissent fortement l'action de la plyaline; la seconde, c'est que les mouve Munch. med. Wochenschr, 1903, n° 49. z. chem. Physiol. u. Pathol., t. NUS ‘ VOLHARD : W. LôaLeix : Beitr. p- 121, 1905. [hi E. LAMBLING — REVUE ANNUELLE DE CHIMIE PHYSIOLOGIQUE A * . : 3 3 ments de l'estomac maintiennent à peu près homo- ène le contenu gastrique. Il n'en est rien. Ni au bint de vue mécanique, ni au point de vue chi- dique, les diverses régions du bol alimentaire ne Sont trailées de la même facon par l'estomac. Au point de vue mécanique, on a pu être ren- eigné sur les pressions actives exercées par la on en caoutchouc, tandis que l'autre est mise communication avec un manomètre à eau. On constale ainsi chez l'homme que, lorsque le petit allon est poussé vers le cardia, le manomitre alors qu'un autre ballon, poussé en même temps du bé du pylore, transmet des pressions qui attei- nent 56 centimètres d'eau. Chez le chien, on Voit ces augmentations de pression dans la région pylorique se produire, vigoureuses et régulières, butes les 20 secondes, avec une durée de 8 à [0 secondes chaque fois". A ces différences au point de vue mécanique brrespondent des différences chimiques pro- ondes, que Grülzner* vient de mettre en lumière son ingénieuse méthode des congélations. Il it avaler à des animaux (chiens, chats, lapins, bbayes, rals, grenouilles, crapauds) des pâtées olorées avec du tournesol bleu ou d'autres indi- ileurs, et suivies à des intervalles variables de lées blanches (pain écrasé avec du lait) ou versement colorées. Après un temps plus ou bins long, l'estomac est extrait, lié aux deux rémités, puis rapidement congelé dans un ilange réfrigérant. Des coupes praliquées dans s masses dures ainsi oblenues montrent que la ée introduite en dernier lieu se trouve toujours milieu d'autres aliments plus anciens, qui la éservent de tout contact avec la muqueuse. Si tte pälée a été colorée avec du tournesol bleu, exemple, on la retrouve avec celte coloration ème après des heures (2 à 3 heures), et l'analyse Montre quelle est encore riche en amylase. e digestion salivaire a done pu s'y poursuivre Mbrement à l'abri de l'action nuisible du suc gas- rique acide. Si plusieurs pâtées (trois ou quatre et davantage) diversement colorées se sont suivies, on lrouve, en règle générale, la plus ancienne étalée contre la muqueuse et les suivantes formant autant de couches qui sont comme emboiîtées successive- ment les unes dans les autres, la plus récente for- nt toujours comme le noyau de cette masse. Cette stralificalion est surtout nette du côté du grand cul-de-sac, là précisément où les contrac- : : L è : LMonrz : Zeitschr. f. Biol.,t. XXXII, p. 312, 1895. 2 Gaurzxen : Pllüger's Arch., t. CVI, p. 463, 1905. tions de la musculature sont médiocres. Le virage de l'indicateur mêlé aux pälées el le dosage de la pepsine montrent, en outre, très clairement que l'imprégnation par le suc gastrique ne se fait que par la périphérie. C'est là que la digestion com- mence et c'est dans la partie pylorique et prépylo- rique, dans « l’entonnoir pylorique », c'est-à-dire dans la région où les contractions sont le plus actives qu'elle est la plus avancée. À ce niveau, on retrouve, fortement imprégnés de pepsine et tou- jours franchement acides, les aliments les plus anciens. L'arrivée simultanée ou successive de liquides et de solides ne trouble pas sensiblement ces phénomènes, car on sait que l’estomac évacue très promptement vers le duodénum la partie la plus liquide de ce qu'il recoit. Carnot et Chasse- vant' ont montré que, si l’on fait ingérer à des chiens, munis d’une fistule duodénale, de l'albu- mine coagulée, mise en fine suspension dans de l’eau, la majeure partie de l’albumine reste dans l'estomac. C'est un liquide à peu près limpide qui s'écoule par la fistule, et, pour 200 centimètres cubes de liquide introduit, cetle évacuation est déjà terminée en vingt minutes environ. On comprend, dès lors, qu'un coup de sonde donné dans une masse si peu homogène doit amener au jour des choses très différentes selon la région atteinte par l’extrémilé de l'instrument, et cette constatation, si elle n’enlève pas leur intérêt à la masse énorme d'examens de contenus gas- triques faits par les cliniciens, montre, du moins, combien l'interprétation en est difficile, quand on n'est pas sûr que l'organe a été complètement vidé, en même temps qu'elle explique bien des contra- dictions. De ce qui précède il résulte, en outre, que c’est la totalité du contenu gastrique qu'il faut analyser si l’on veut mesurer exactement l'importance de la digestion stomacale. Beaucoup de méthodes ont été essayées ici. L'une des meilleures est, sans contredit, celle dont vient de se servir Tobler ?, sous la direc- tion de Cohnbein. On pratique chez un chien une fistule duodénale aussi rapprochée que possible (6 à 7 cm.) de l'estomac; et, à l’aide d'un ballon gonflé d'air que l’on introduit dans le duodénum en aval de la fistule, on oblige la totalité du chyme stomacal fourni par le pylore à se déverser au dehors par la fistule. Si l'on donne à ces animaux un repas de 100 grammes de viande hachée (débar- rassée de ses matières extractives azolées par des lavages à l'eau froide), on constate que, dans l’es- pace de trois heures et demie l'estomac se vide peu 1 Canwor et CnAssEvANT : C.R. de la Soc.de Biol.,t. LVIII, p. 599, 1905. 2 TOBLER : 1905. Zeitschr. f. physiol. Chem., t. XLV, p. 185, 330 fournis par l'orifice pylorique‘. Un lavage de l’es- tomac pratiqué à ce moment n'amène plus que des traces de matériaux azolés. Or, l'analyse chimique, pratiquée sur la totalité du chyme ainsi recueilli, montre que sur 100 par- ties d'azote ingéré, il en manque de 20 à 30°/;, qui ont donc été absorbés sous une forme qu'il est malheureusement impossible de déterminer. Les 70 à 80 centièmes recueillis se décomposent ainsi : Matières protéiques encore solides : 20 par- ties ; albumoses : 8 à 11 parties ; peptones : de 40 à 50 parties environ. L'effet de la digestion stomacale est done, du moins chez le chien, beaucoup plus considérable qu'on ne l’a admis en général dans ces derniers temps, puisque la quantilé des proltéiques absorbés dans l'estomac, ajoutée à celle des peptones for- mées, représente de 60 à 80 ‘/, de l'azote total ingéré. On s'explique ainsi qu'en cas de suppres- sion du suc pancréatique, l'estomac puisse suppléer le pancréas et maintenir à un taux suffisant l’uti- lisation des protéiques. Celle-ci a été, en effet, de 60 à 80 °/, chez l’homme dans le cas d’obstruction du canal de Wirsung et de 70 à 80 °/, chez le chien *. Toutefois, il ne faudrait pas inscrire ce résullat uniquement au compte de l'estomac, car on ignore dans quelle mesure l'action de la pepsine a été complétée dans ces cas par celle de l’érepsine. Signalons encore, dans la même direction, d'inté- ressantes recherches de Zunz ‘ sur la marche de la digestion de la viande dans l'estomac du chien et sur le sort de mélanges d'albumose et de peptones, de composition connue, introduits dans l'estomac. $ 3. — Signification physiologique de la digestion des protéiques. On sait que, pendant longtemps, le but physiolo- gique de la digestion est apparu très clairement dans une transformation des matières protéiques en substances solubles et dialysables, les peptones. On a vu aussi * à quelles difficultés se heurte ‘ Pour conserver à ce phénomène sa forme normale, il faut que l'organisme ne soit pas privé des réflexes produits par l'arrivée du chyme stomacal acide dans l'intestin. Ce résultat est atteint en conservant, à une température infé- rieure à 0°, une quantité suffisante de chyme stomacal provenant d'un repas antérieur, et en injectant par portions ce chyme réchautfé à 37° dans le bout inférieur du duodé- num pendant toute la durée de l'expérience. Si ces injections ne sont pas faites, l'estomac se vide beaucoup plus vite, et le chyme évacué contient beaucoup plus de non digéré. * E. Zuwz : Mémoires de l'Acad. roy. de méd. de Belgique, 1904 et Bulletin de l'Acad.roy.de Médecine de Belgique, 1905. * E. Zuwz : Ann. de la Soc. roy. des Sciences méd. de Bruxelles, t. XIIT, fase. 1, 1904 et Arch. internat. de Phar- macodynamie, t. XV, fase. III et IV, 4905. * Voy. la Revue du 30 janvier 1905, p. 75. aminés. Or, dans celte série, les peplones ne repré sentent ni le produit final de l'opération, ni le produit le plus important comme masse, au moins in vitro. Quelle est donc alors la significalion physio logique de celte opération? On peut aussi se posa la question sous cette forme : À quel état les pro téiques sont-ils absorbés? On sait quelles sont les diverses hypothèses qui ont été défendues ici 1° Absorption sous la forme d'albumines en natur sans aucune modification, possible seulement pou certains protéiques ; 2° absorption sous la formé d'albumoses et de peptones ; 3° absorption après dislocation complèle en produits cristallisables. Cette dernière hypothèse, mise en avant pa tout d'abord présentée sous la forme absolue q voici : Zn vitro, la digestiontryps ique aboutit rapis On trouve aussi ces corps dans le contenu intes linal, où ils prennent naissance sous l'action com binée de la trypsine et de l’érepsine *. Ce sont dom ces acides qui représentent sans doute le but phy siologique de toute l'opération, laquelle consis terait donc en une dislocation complète de molécule protéique en produits cristallisables D'ailleurs, l'expérience suivante de Loewi monlr qu'une telle décomposition n’est nullement inconm patible avec les exigences de la nutrition. chien, préalablement mis en équilibre azoté, a ël nourri pendant onze jours avec un mélange graisse de porc et d'amidon de riz, additionn comme unique aliment azolé, des produits l’aulodigestion de issu pancréatique poussé jusqu'à la disparition de la réaction du biurë c'est-à-dire jusqu’à la destruction des albumos et des peptones. L'équilibre azoté se maintint a un léger bénéfice quotidien pour l'organisme. Cell expérience a été répétée avec succès sur des souri sur des rals et sur le chien. L'aliment az employé était la caséine hydrolysée par le sue pa créatique jusqu'à disparition de la réaction biuret (Abderhalden et Rona; Henriques et Ha sen)”. Avec les fragments de l'hydrolyse diges complète des proléiques, l'organisme peut de ‘ Kurscuer et SEëmaNx : Zeitschr. f. physiol. Chem L XXIV, p. 528, et t XXXV, p. 432. — Couxasgim : ID) t. XXXIIL, p. 456. ? Kurscuer et SREMANN : Zbid.,t. XXXIV, p. 528, 1902 E. AsvennALDEx : Zbid., t. XLIV, p. 32, 1905. L * ABDERHALDEN et RoxA : Zeïtschr. 1. physial. Che t. XLIL, p. 528, 4904, ett. XLIV, p. 198, 1905. — Henri et Haxsex : Zbid., t. XLIIX, p. 417, 1905. j (og. + cd Ets PTAT E. LAMBLING — REVUE ANNUELLE DE CHIMIE PHYSIOLOGIQUE 337 t conduit à l'admettre, les protéiques spéciaux ui lui sont nécessaires. C'est cette théorie qui gagne du terrain, mais ce les atténuations que voici. L'apparition des bduils cristallisables dans un liquide de diges- on Lrypsique, et même la disparition complète de L réaction du biuret, ne démontrent nullement ie la dislocation du protéique a :!é complète. le mise en liberté d'acides aminés commence éndant toute l'opération. En Fan réagir la pese sur la caséine, E. Fischer et E. Abderhal- én' ont vu la cristallisation de la Lyrosine com- lenver après quelques heures et se terminer après n à deux jours. Plus lentement apparaissent la ucine, l'alanine, les acides aspartique et gluta- dique, et les trois bases hexoniques. Quant à à ide pyrrolidine-carbonique et à la phénylalanine, n ne les trouve pas dans le liquide, même après pt mois. Mais celui-ci contient un polypeptide ont l'hydrolyse par l'acide chlorhydrique con- ntré donne les deux acides aminés qu'on vient à nommer, et en plus tous les autres : leucine, nine, acides glutamique et aspartique. L’oval- mine, l'hémoglobine, l'édestine, la fibrine et la rum-globuline se comportent de même. E. Abder- den et B. Reinbold * ont observé sur l'édestine waprès le départ de la tyrosine il subsiste dans - liquide des produits plus compliqués, les uns alysables, les autres non dialysables, et qui ne ferment plus que des traces de lyrosine où ème pas du tout. L'acide glutamique se sépare issi de bonne heure de la molécule et en quan- lés considérables. On voit donc que la digestion peut délacher, de molécule protéique, des acides aminés sans ue ce départ entraine en aucune façon un écroule- entcomplet de l'édifice, mais en laissant subsister, contraire, des fragments volumineux de la blécule. Essayons maintenant de confronter ces bnnées avec ce que nous savons sur le résultat hysiologique de l'acte digestif. Ici nous consta- ns qu'avec une matière albuminoïde étran- ère à l'organisme, et qui, introduite dans le sang sous la peau, serait éliminée par les urines Comme une substance non utilisable, en provo- s le début de la digestion, et elle se continue : quant des réactions spéciales (formation de préci- pitines), l'économie faitgune substance désormais assimilable, c'est-à-dire une des malières albumi- noïdes spécifiques de l'organisme considéré. Or, on à vu plus haut (p.327) que les diverses matières albuminoïdes contiennent sensiblement les mêmes acides aminés, mais en quantités différentes. On conçoit done que, pour transformer une de ces malières en une autre, il suffise que la digestion détache de la molécule telles ou telles chaines d'acides aminés, le gros de l'édifice subsistant intact, sous la forme d'un ou de plusieurs frag- ments assez complexes, tels que les polypeptides, ou peut-être même des albumoses et des peptones, trois catégories de composés que l’on trouve dans le contenu intestinal à côté des acides aminés. Parmi ces acides, ceux qui sont inutiles ou sura- bondants seraient brûlés, les autres serviraient, associés à ces fragments plus volumineux, à la reconstruction de la nouvelle molécule”. L'intestin serait done bien un broyeur molécu- lire, selon l'heureuse expression de Hugounenq’, mais ce broyage ne serait pas uniforme et rédui- rait les protéiques en fragments de très inégale grosseur. Nous voici done assez loin de l'idée que l'on se faisait autrefois de la protéolyse digestive : une opération ayant pour but de transformer les pro- téiques en produits solubles et dialysables, c'est-à- dire de préparer simplement l'absorption de ces aliments. Il semble bien qu'il y a plus, et que la dislocation digestive propre à chaque protéique est telle qu'elle prépare non seulement son absorption, mais encore sa reconstruction en un protéique spécilique de l'organisme considéré. La digestion aurait done, conclut Abderhalden, un rôle considé- rable dans le maintien de la spécificité des orga- nismes, laquelle est, en dernière analyse, d'ordre chimique. Dans un second article, nous examinerons les travaux relatifs à la constitution et à la formalion des tissus, au sang et à l'urine. E. Lambling, Professeur à la Faculté de Médecine de l'Université de Lille. ) Fiscuen ct E. ARDERHALDEN : XXXIX, p. 82, 1903. . AuvennaLoex etB. ReixvoLo : Fe itschr.physiol. Chem., BIUV, p. 284, 1905, et t. XLVI, 158, 1905. Zeïtschr. f. physiol., Clhem., 4 LA NEVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906 “E. AuoennALosx : Zeitschr. . physiol. Chem., L XLIV, p. 17, 1905. — Zentralbl.1. Stoffwechsel- und Verdauuugs- krankheïiten, KL. NV, p. 641, 1904. 2 Voy. la Revue du 30 décembre 190%, {. XVI, p. 1091. 338 BIBLIOGRAPHIE ANALYSES 1° Sciences mathématiques ouse Ball (W.-W.), Professeur au Collège de la Trinité, à Cambridye (Angleterre). — Histoire des Mathématiques. T. 1: Les Mathématiques de l'Anti- quité à Huygens. Traduit sur la troisième édition anglaise par M. L. FREUND, lieutenant de vaisseau. — 4 vol. in-8°, de vir-422 pages. (Prix : 45 fr.) A. Her- maun, éditeur. Paris, 1906. Cette Histoire des Mathématiques date de 1888 et en est déjà à sa troisième édition anglaise. Les étudiants d'Outre-Manche estiment donc beaucoup le manuel de Rouse Ball, dont M. Freund, le traducteur français, a considérablement augmenté la grosseur et la valeur par diverses additions sur Viète considéré comme géo- mètre, d’après Michel Chasles; sur les ouvrages origi- naux de Näapier, analysés par Biot; sur Xépler, d'après Michel Chasles et Joseph Bertrand; sur les travaux de Galilée et de Huygens, d'après Mach; sur les Origines de la Statique, dont M. P. Duhem vient de renouveler complètement la physionomie. Mais, se demandera peut-être quelque lecteur, à quoi bon revenir sur un sujet traité si magistralement par de nombreuses plumes de Montucla jusqu'à Moritz Cantor? Nous répondrons simplement : pour profiter des découvertes historiques que font chaque jour les érudits en fouillant les sources, si souvent ignorées, même des plus laborieux chercheurs de notre époque. C'est la tâche que nous nous sommes efforcé d'accom- plir dans plusieurs chapitres de notre Histoire des Mathématiques (1900); par exemple en réhabilitant un peu le Moyen-Age, qu'on commence à mieux queen Au lieu donc ‘de résumer à grands traits tout le livre de M. Rouse Ball, choisissons cette époque trop peu connue où Jean de Sacro-Bosco professait avec succès les Mathématiques à Paris, tandis qu'Albert le Grand émettait sur l'infini des considérations curieuses. Le savant dominicain écrit en effet : « Les mathématiciens n'ont pas besoin pour leur science d'une quantité inti- nie en réalité, car ils n'envisagent pas la quantité réelle, mais la quantité imaginaire et se règlent d'après la faculté de l’imagination =. » De leur côté, Les calculateurs parisiens des xm°, xiv° et xv° siècles ont accumulé bien des théories sur la quadrature du cercle, avant qu'on soit parvenu à jeter le pont entre les idées d'Archimède et celles de Leib- niz. Le célèbre Raymond Lulle s'y évertua, en 1299, alors qu'il occupait une chaire au Collège des Francis- cains, et quelques-uns de ses disciples partageaient déjà les idées que Cavalieri et Wallis devaient défendre plus tard. Is assimilaient le cercle à un polygone d'un nombre infini de côtés, et sa circonférence à une série de lignes droites infiniment petites. Enfin, il y a lieu de se demander si Newton ne s'est pas inspiré des idées émises par Jean de Muris, qui vivait à Paris au milieu du xiv° siècle. Ce dernier déclare effectivement, dans un ouvrage où il traite de la proportion des vitesses dans les mouvements, que « la vitesse de deux corps subis- sant une impulsion du même genre est proportionnelle aux espaces parcourus, et que les résultats des forces motrices sont proporlionnels aux temps où ces forces s’exercent*® ». Ne sont-ce pas là d'intéressantes figures de précurseurs à ressusciter ? ‘ J. Boyer : Histoire des Mathématiques, Paris, 1900, p.88. ® BimLiornÈQuE NATIONALE DE Pants Manuscrit latin, n° 34317, fol. 13. 3 BieciounÈèQue NATIONALE DE Paris Maouscrit latin, n° 7190. De movenubus et mous, fol, 75, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX ; ET INDEX Arrèlons ici notre trop courte incursion à travef une époque mathématique digne au moins d'une mef tion et formulons une légère critique sur le plan adopt par M. Rouse Ball. Dans cette succession de biogra phies séparées des mathématiciens, on ne suit pa assez l’évolution de la pensée mathématique à traver les âges. Néanmoins, nous signalerons de très heureusé ages : en particulier, le chapitre VII (p. 130-38) su es systèmes de numération elle chapitre VI (p. 140-52 sur la naissance de l'enseignement dans l'Europe occi dentale, excellent résumé des travaux de S. Günther & H. Weissenborn. Jacques Boyer. Schlômilch (0... — Uebungsbuch zum Studiux der hôheren Analysis. (EXERCGICES POUR L'ETUDE L'ANALYSE SUPÉRIEURE.) Tome | : Aufgaben aus de Differentialrechnung. {PROBLÈMES SUR LE CALCUL DIFFÉ RENTIEL.) 5° édition, mise au point par M. E. NaETsCH professeur à l'Ecole supérieure technique de Dresde — 1 vol. in-8° de 372 pages avecS85 ligures. (Prix, cak tonné : 10 fr.) B.-G. T'eubner, éditeur. Leipzig, 190 L'ouvrage de Schlômilch est excessivement comm en Allemagne, où il a déjà servi de guide à de nom breuses générations d'étudiants, puisque la premiè édition date de 1868. C'est un recueil d'exercices et di problèmes sur toutes les parties de l'Analyse, y compris celles qui sont d'une application courante en Méca nique et en Physique mathématique. Rajeunie complétée par M. E. Naetsch, cette 5° édition aux nous n'en doutons pas, le mème succès que ses ainée 2° Sciences physiques Gérard (Eric), Directeur de l'Institut Elecrroteel nique Monteliore. — Leçons sur l'Electricité, p fessées à cet Institut. T. I et II, T° édition. — 2 va gr. in-8° de 882 et 888 pages, avec 400 et 432 figures (Prix :2% fr.) Gauthier- Villars, éditeur. Paris, 190% Par la plume de M. H. Pellat ‘, puis de M. Berget# et enfin de M. Lafargue*, la Revue a présenté à se lecteurs les première, seconde et troisième éditions de cet ouvrage. Depuis lors, quatre autres éditions sont succédé sans épuiser le succès de l'œuvre d M. Éric Gérard, qui reste le meilleur traité modern sur la science de l'Electricité. A propos de l'apparition de la septième édition nous signalerons les principaux développements dq ont été introduits dans l'ouvrage, en priant nos lee teurs de se reporter, pour le fond même, aux analysé citées ci-dessus. ‘ Dans les chapitres relatifs au Magnétisme, on tro vera des données sur les écrans magnétiques, st l'effet de la durée de l’aimantation, sur les inscripteu des courbes magnétiques, et des renseignements numé riques nouveaux sur les aimants permanents, ains que sur les fers et aciers employés dans l'industri électrique. Dans l'Electrostatique sont introduites les propriété des rayons cathodiques, des rayons X et des corp radio-actifs, ainsi que des considérations sur les éle® trons. Dans l'Electromagnétisme ont trouvé place des marques destinées à éviler certaines confusions en les feuillets et les courants, ainsi que le calcul des ! Voy. la Fevue des 15 juin et 15 novembre 1890. ? Voy. la levue du 15 juillet 1891, p. 452. 3 Voy. la fevue du 30 septembre 1893, p. 610. mants permanents et de nouveaux problèmes d'appli- ion. Dans l'induction, les formules générales, telles que lles de lord Kelvin et de Neumann, sont suivies des plications aux circuits contenant des forces électro- atrices constantes. Les courants alternatifs sont traités dans des cha- es spéciaux avec l'ampleur qu'ils comportent ac- bllement. Le cas des courants alternatifs simples et élui des courants oscillants sont étudiés avec les appli- ions aux phénomènes de résonance, aux câbles et à chantant. Après l'exposé des méthodes graphiques de repré- htation des grandeurs alternatives, vient la considé- ion de la sinusoide équivalente, permettant l'exten- on de la méthode des vecteurs aux courants non musoïdaux et à la détermination des effets de l'hysté- ésis dans les électro-aimants, ce qui conduit à la btion de la résistance effective, Un chapitre nouveau, consacré à la représentation mholique des grandeurs sinusoïdales, contient l'ap- ication de ce mode de calcul aux lois de KirchhofT, circuits en série et en dérivation contenant des lf-inductions et des capacités, aux puissances alter- lives, ainsi qu'au problème de la propagation des ndes électriques dans les circuits linéaires. Dans un autre chapitre sont réunis les développe- ents relatifs aux ondes hertziennes, y compris l'étude à [a propagation de ces ondes dans un milieu diélec- que et dans un milieu conducteur. La formule de Nernst, pour le calcul de la force élec- “romotrice, trouve son emploi dans les piles. L'étude ès accumulateurs a été reprise. Un premier chapitre importe des considérations générales sur les combi- isons susceptibles de former des piles secondaires et description des accumulateurs autres que ceux au mb. Ceux-ci sont étudiés à part, en tenant compte progrès récents, tant dans Ja construction que NS la formation et l'entretien des couples secon- Les chapitres relatifs aux dynamos présentent aussi remaniements considérables. On à insisté sur le alage et les artifices de commutation. Le chapitre enroulements a éte refait complètement, tant au nt de vue du texte que des figures : les enroule- mis en série, en parallèle et en séries-parallèles, bliqués aux anneaux et aux tambours, ont été donnés eurs formules de construction. Parmi les addi- ins se rangent le régulateur de Thury, l'étude de la tribution du flux dans les induits dentés, les for- iles de dispersion et une méthode pour la détermi- ion des frottements des dynamos. Sont ajoutés au chapitre relatif à la construction : étude des isolants spéciaux aux machines, des for- ules de construction et des dispositifs applicables à fabrication des induits dentés et aux bobinages sur bres, les conditions indiquées par Arnold, Parshall Hobart pour éviter les étincelles à la commutation. Les descriptions des dynamos comportent quelques- des types principaux exposés à Paris, en 1900, Si que toutes les données relatives à ces machines. 1 Les projets de dynamos ont été repris et mis en con- dance avec les règles récemment admises. Î Pétude des alternateurs forme actuellement une partie distincte de l'ouvrage. Dans un premier chapitre 6 Mrent les classilications et définitions, les calculs des forces électromotrices alternatives et les principaux dèles d'enroulements d'induits, Un chapitre descriptif contient des types caractéris- iques de machines à courants alternatifs avec toutes données de construction. Un chapitre spécial, réservé aux essais des alterna- , comprend l'établissement des courbes caraëtéris- ques et leur prédétermination à l'aide des divers flux Quiinterviennent dans ces appareils. Après un examen général de l'association des alter- hal@urs viennent l'analyse détaillée des phénomènes BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 339 observés dans la mise en parallèle et l'étude, par voie graphique et par voie algébrique, de ces phénomènes et des procédés propres à éviter les perturbations. La marche à suivre dans les projets des alternateurs et un exemple d'application à un cas spécial forment l'objet d'un chapitre inédit, qui se termine par des tableaux récapitulatifs des dynamos calculées, Les transformateurs à courants alternatifs forment l'entrée en matière du tome II; une extension plus grande a été donnée aux méthodes de calculs graphi- ques, telles que le diagramme du cercle, et la méthode symbolique à été appliquée à la prédétermination des caractéristiques et des rendements. Les bobines d'induction, dont l'importance indus- trielle s'est accrue depuis l'essor de la télégraphie sans fil, forment l'objet d'un chapitre spécial, présentant les progrès accomplis dans les dispositions d’enroule- ments et d'interrupteurs. Incidemment, on à indiqué les soins à donner aux personnes foudroyées. Une place importante à été faite aux appareils auxi- liaires employés dans les distributions électriques : interrupleurs, commutateurs, coupe-cireuits, pour hautes et basses tensions, parafoudres, limiteurs de tension et tableaux. La description des systèmes de distribution comporte des additions au sujet des divi- seurs de tension, des survolteurs-dévolteurs et des batteries-tampons L'étude des réseaux a été étendue, ainsi que les descriptions des lignes aériennes et sou- terraines, à propos desquelles sont exposées des mé- thodes de caleul spéciales aux lignes pol\phasées. La télégraphie et la téléphonie, qui progressent plus lentement, présentent cependant des nouveautés signa- lées au sujet des tableaux centraux, des méthodes de communications simultanées et des appareils de télé- graphie sans fil. Dans l'éclairage, on a mis à jour la fabrication des lampes et l’on à décrit les illuminants récents, tels que les lampes à corps incandescents autres que le charbon, ainsi que les ares à flamme et au mercure. Les tableaux des rendements des lampes et des données relatives aux éclairements ont été mo- difiés en conformité avec les expériences récentes. A propos des règles à suivre dans les projets d'éclairage, on a indiqué les signes conventionnels qui tendent à se généraliser. Le chapitre des compteurs renferme des additions nombreuses, tant au point de vue de la des- cription des systèmes que des procédés de tarification, Les chapitres consacrés aux moteurs et à leurs applications ont été récrits en grande partie. L'étude des moteurs asynchrones à courants polyphasés pré- sente de nombreux développements nouveaux, tels que les représentations analytiques et graphiques des champs tournants, lapplication du diagramme du cercle, des détails de construction et d’enroulement, un calcul simple de projet, enfin les méthodes d'essai et de prédétermination des caractéristiques. Les moteurs asynchrones monophasés et particuliè- rement les moteurs à collecteurs, tels que les moteurs à répulsion, en série simple et en série avec compen- sation, sont examinés aux points de vue descriplif, analytique et expérimental. Les chapitres relatifs à la Traction électrique compor- tent aussi de nombreuses modifications. Le tassement qui s'est opéré daus les méthodes adoptées à permis de mieux dégager les règles générales applicables au choix et au calcul des éléments en jeu. On à toutefois insisté sur les expériences nouvelles faites à l'aide des moteurs à courants alternatifs, en indiquant les dispo- silifs propres à remédier aux inconvénients inhérents à l'emploi de ces courants. La traction électrique des chemins de fer se généra- lise dans les voies métropolitaines et est à l'ordre du jour dans les voies interurbaines à trafic intense ou dans les pays montagneux riches en chutes d'eau. Les différents systèmes en exploitation ou en expérience ont été décrits et discutés. Enfin, au sujet de l'Electrométallurgie, indépendam- ment de l'indication des progrès de détail, l'importance 340 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX de plus en plus grande prise par les fours électriques a justifié une élude séparée de ceux-ci, avee leurs applications au traitement des métaux et spécialement des aciers spéciaux et des ferro-alliages. Fritseh (1), Zagénieur-chimiste. — Fabrication de la Margarineet des Graisses alimentaires. — { vol. iu-46 de 269 pages. H. Deslorges, éditeur. Paris, 1905. Les graisses alimentaires dont l'emploi est le plus répandu sont la margarine, le saindoux et le beurre de coco. L'industrie de la margarine, créée en 1872 par Mège-Mouriès, a pris une grande extension en France. Considérée comme succédané du beurre, la margarine est une graisse alimentaire susceptible de rendre de grands services à l'alimentation de la classe pauvre; mais, malheureusement, cette matière grasse à trouvé une de ses plus larges applications dans la fraude du beurre. Aussi, pour protéger l'industrie beurrière, en est-on arrivé, par la loi du 46 avril 1897, à réglementer d'une manière très sévère la fabrication et le commerce de la margarine. Cette loi à mème paru insuflisante, puisque les Chambres étudient une nouvelle législation plus efficace; la margarine, ainsi que les graisses sus- ceptibles d'ètre employées à frauder le beurre, devront être dénaturées par addition de fécule et d'huile de sésame, substances que le chimiste est en mesure de déceler avec une grande facilité. L'auteur décrit la fabrication de l'oléo, et la trans- formation de cette malière première en margarine par son barattage avec du lait et de l'huile. Depuis la créa- tion de l'industrie de la margarine, les progrès de la fabrication n'ont guère porté que sur l'outillage. En traitant des saindoux, l'auteur nous renseigne sur la fabrication des saindoux artificiels, qui a pris son essor aux Etats-Unis et dont la matière première la plus importante est l'huile de coton. M. Eritsch a terminé son volume en donnant la des- cription des méthodes d'analyse des graisses alimen- laires. X. RoGQuUEs, Ex-chimiste principal du Laboratoire municipal de la Ville de Paris 3° Sciences naturelles Raspillaire (E.), Secrétaire de la Société dHis- toire naturelle de Savoie. — Etude systématique des Charbons minéraux d'origine végétale. Note sur la caractéristique chimique des charbons infé- rieurs et des charbons oxydés ou altérés. — 2 br. gr. in-8° de 45 et 16 pages. Imprimerie Nouvelle, Chambéry, 1905. Dans la première de ces études, le distingué secré- taire de la Société d'Histoire naturelle de Savoie expose et discute les méthodes propres à la détermination de l'ulmicité et du pouvoir calorique. Dans la seconde, il montre comment on peut connaître, de façon assez pré- cise, non seulement le sens de l'oxydation, mais encore la nature des lignites voisins des houilles véritables et même sur quelle partie fixe ou volatile du charbon l'oxydation produit surtout son effet. Nous sommes heureux de signaler l'intérèt de ces travaux qui font honneur à l'auteur et à la Société d'Histoire naturelle de Savoie, que les lecteurs de la Hevue connaissent déjà par les belles études géologiques de son prési- dent, M. Révil. LR: Pfeffer (W.). — Physiologie végétale : Étude des échanges de substance et d'énergie dans la plante. Tome 1, 1 fascicule, traduit de l'allemand par M. J. FRigpez. — 1 vol. in-8° de 640 pages avec 70 fiqures. Paris, 1906. Ce livre est une véritable bonne fortune pour les bota- nistes français à qui la langue allemande n'est pas complètement familière, Aucun ouvrage de Physiologie végétale comparable à celui du savant professeur de “estécrit dans une langue très claire, et nous ne douton Leipzig n'existe dans notre langue ; aussi devrons-not remercier bien vivement M. J. Kriedel d'en avoir abordé la traduction. Ce premier fascicule correspond à la moitié du p mier volume de la deuxième édition du « Traité Physiologie végétale » paru en 1897, dont l'éloge es aujourd'hui superflu. On y trouve, après l'étude del cellule au point de vue de sa structure intime, un che pitre sur la turgescence et la structure molécula un autre sur le mouvement de l'eau dans la plante; d nombreuses pages sont réservées au mécanisme dE échanges de substances et de gaz. Les aliments den plante sont traités dans le chapitre VII, qui compre cinq sous-chapitres des plus importants, auxquels (à suite l'étude des échanges de matières qui servent à, construction de l'organisme et qui lui fournissent l'éne sie nécessaire à la vie. Les deux derniers chapitres rapportent à la respiration et à la fermentation, phént mènes inséparables, et enfin au transport des matière La lecture de cet ouvrage montre constamment souci du traducteur de chercher à rendre aussi fidèle ment que possible la pensée même de l'auteur, etu n'était pas toujours chose aisée. Malgré cela, le li pas que le, but visé soit atteint. Souhaitons que MM Friedel et surtout son éditeur ne tardent pas, comm on le promet, à nous donner les quatre autres fascicule nécessaires pour la traduction de l'œuvre complète d M. W. Pfeffer. Nous émettrons seulement un regrel c'est que l’auteur et le traducteur n'aient pu, à l'occt sion de cette édition francaise nouvelle, intercaler Je quelques faits nouveaux acquis à la science dans et dernières années. EM. PERROT, Professeur à l'Ecole Supérieure Je Pharmaë Drzewina (M'° Anna). — Contribution à l’étud du tissu lymphoïde des Ichthyopsidés (716se pot le. doctorat de la Faculté des Sciences de Paris — 1 vol. de 19% pages, avec une planche double 9 fig. dans le texte. Schleicher frères et Cie, éditeurs Paris, 1905. Mie Drzewina s'est proposé l'étude des divers organé lymphoïdes des Poissons et des Batraciens, à l'exclt sion de la rate. Ces organes encore très mal connus; peine indiqués par les auteurs classiques, formel soit des amas diffus, soit des follicules à conto précis, annexés au rein, au foie, au cerveau, etc., @ inclus dans la paroi conjonctive de l’æsophage, testicule, etc. Le rein, au moins chez les Poissons et les Urodèle est l'organe qui renferme le plus souvent du tiss lymphoïde, intercalé entre les canalicules urinifères, 0 en amas périphériques. Dans le tube digestif, il n'y & a guère que des traces chez les Batraciens, landis ql les Poissons présentent des localisations remarquable notamment dans la valvule spirale des Cyclostom Sélaciens, Ganoïdes et Dipneustes, ainsi que da l'æsophage des Sélaciens. Le foie renferme chez les Sélaciens et Ganoïdes d masses lymphoïdes intercalées dansle parenchyme hép tique; chez les Urodèles, la couche lymphoïde est le pli souvent périphérique; le pancréas peut ètre aus accompagné d'amas diffus (certains TéRO ES surface du cœur. de l'Esturgeon est revètue d'u épaisse couche lymphoïde, qui a à peu près la structul d'un ganglion lymphatique de Mammifère. Les organ génitaux, testicules chez les Raies, ovaires chez ce lains Dipneustes, présentent aussi des localisation lymphoides; enfin, il y a encore des nodules de mèm nature dans la capsule cranienne de l'Esturgeon et surface du cerveau antérieur du Polypterus hichirs Si la situation de ces organes est très variable, structure est à peu près toujours la même : une War réticulée, formée par des cellules anastomosées les uné$ avec les autres, renferme dans ses mailles de très non breux globules qui présentent les caractères des] phocytes, mononucléaires, polynucléaires, leucoc kgrains acidophiles, à grains basophiles, etc., connus hez les Vertébrés supérieurs; suivant les organes, il x prédominance de tel ou tel type leucocytaire. e Drzewina n'est pas très favorable à la théorie de la pécilicité des granulations leucocytaires, ayant observé » la fois des granules acidophiles et basophiles dans mème corps cellulaire; il lui semble que tous les obules blancs des Ichthyopsidés ont la mème origine constituent, à partir de l'élément germinatit, des es très variables qui ne présentent pas entre elles is différences tranchées qu'on a voulu établir chez les ertébrés supérieurs. Quant au rôle de ces divers organes lymphoïdes, Me Drzewina ne l'a pas recherché d'une façon ftaillée; elle admet, en général, une fonction globu- ène (formation de globules blancs) prouvée par la isence de nombreuses mitoses, qui augmentent icore de nombre après des saignées ou des jeùnes divis d'une alimentation abondante; quant à la for- ation de globules rouges, il ne lui a pas été possible à la mettre en évidence, même après splénectomie. wuvent, ces organes doivent avoir une fonction pha- ytaire (capture de carmin injecté sous la peau, chez S Cobitis, par le tissu intertubulaire rénal). Enfin, la ation des granulations variées, analogues à celles » la moelle osseuse des Vertébrés supérieurs, est imontrée par l'étude histologique. ‘Cet intéressant travail donne une excellente vue ensemble de ces organes si mal connus, très suffi- mte au point de vue de l'anatomie microscopique ; ais il reste certainement à glaner encore; on ne sait rainsi dire rien sur l'irrigation lymphatique de ces rganes, qui doit être importante; la technique des jections physiologiques (carminate, encre de Chine, urnesol, etc.), appliquée méthodiquement, mettra en idence bien des faits impossibles à constater par étude histologique pure et simple. Je ne songe pas, reste, à reprocher ces lacunes à Mfe Drzewina; le jet très neuf qu'elle a abordé était trop vaste pour avoir être approfondi dans tous ses détails. L. Cuénor, Professeur à l'Université de Nancy. 4° Sciences médicales nmuel des Maladies des Reins et des Capsules sur- rénales, publié sous la direction de MM. Debove, Doyen de la Faculté de Médecine de Paris, Membre de l'Académie de Médecine; Achard, Professeur agrégé à la Faculté, Médecin des Hôpitaux, et Cas- igne, Chef de Laboratoire à la Faculté. — 1 vol. 8° de 792 pages, avec liqures. {Prix : 14 fr.) Mas- on et Cie, éditeurs, Paris, 1906. ës grands traités de Médecine qui ont paru en ces | Pnières années avaient de graves inconvénients, mt les principaux étaient la lenteur de la publication le prix élevé. L'établissement d'un traité scienti- ie composé de plusieurs volumes importants néces- it plusieurs années, si bien que les derniers tomes | étaient pas encore parus que les premiers n'étaient à plus au courant des découvertes nouvelles. : Debove, Achard et Castaigne ont résolu de publier ie série de manuels dont chacun sera consacré aux ladies d'un organe ou d'un appareil. Ces ouvrages, que composés sous la même direction, seront hmoins indépendants les uns des autres, ce qui ra l'avantage au médecin de choisir parmi eux x dont il aura besoin et aux auteurs la faculté de mettre au courant par des éditions successives. L'idée heureuse, et sera certes favorablement accueillie. présent ouvrage comprend deux grandes divi- S : les maladies des reins et celles des capsules Surrénales. Les maladies des reins ont été exposées par MM. Castaigne et Rathery, pour la plus grande part, étpar MM. Feuillée et Lavenant. Les maladies des les surrénales sont dues à MM. Lœfer et Oppen- | liéim. La rédaction en est claire, avec un grand souci | BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 3H de faire un exposé complet des questions. Les points de doctrine y sont présentés et discutés avec un Jugement avisé et une assurance qui ne messied pas dans un ouvrage didactique. Les auteurs me permettront de leur présenter une critique qui s'adresse plutôt à leur éditeur qu'à eux- mêmes. Avec la belle typographie à laquelle nous à habitués la librairie Masson, on se prend à regretter que les figures soient si rares dans un texte que les auteurs ont fait à dessein le plus concis et le plus rapide possible, ayant à exposer un nombre immense de faits. Dans toute la première partie de l'ouvrage, on ne rencontre qu'une seule figure; et, dans le reste du livre, elles sont distribuées avec une grande parci- monie. Quand on songe au luxe d'imagerie de livres allemands très élémentaires et qui, malgré quelques défauts et inexactitudes, rend d'indiseulables services, on est vraiment confus de ce que nos éditeurs français soient si peu disposés à faire des sacrifices dans ce sens. L'étudiant — ce que nous sommes tous — n'a aujourd’hui qu'une chose à faire : c’est de lire un texte classique français en s'aidant d’un atlas allemand cor- respondant. On sait beaucoup en France; mais ce qu'on ne sait guère, c'est enseigner. Et pourtant, une des meilleures satisfactions qu'on ait d'acquérir des connaissances, c'est d'en faire profiter autrui. La caractéristique du livre de médecine français actuel, la voici : c'est un énorme livre, sous une mau- vaise couverture de papier sans résistance, avec des séries interminables de caractères uniformes et mono- tones. Si on le touche, on le détériore; si on l’ouvre, ce sont des suites de lignes à faire le tour de la terre sans qu'un dessin ou une couleur vienne reposer les yeux. Pour ceux qui vendent les livres et ne les lisent pas, c’est fort bien; pour ceux qui passent leur vie à les acheter et à les lire, c’est lassant. Et Messieurs les libraires se plaignent de ce que le public médical fran- cais ne lise plus! Lire dans nos livres modernes ! certes, pour mon compte, si je n'en avais la mauvaise habitude, je tâcherais à ne la point prendre. Tout ce que je dis là, ce n’est que dans l'espoir de faire donner à des livres tout le succès légitime qu'ils méritent et par la valeur de leurs auteurs et par la peine qu'ils y ont consacrée. Et M. Masson lui-même comprendra ma diatribe au moment où, avec une rédaction de premier ordre, il entreprend une publi- cation de longue haleine et de haut intérêt. D' A. LÉTIENNE. Coulomb (D: R.). — L'œil artificiel. — 1 vo/. 1n-8° de 150 pages avec 21 planches et 103 figures dans le texte. J.-B. Baillière et fils, éditeurs. Paris. 1906. La prothèse oculaire, pour être bien faite, réclame le concours d’un artisan de premier ordre, d'un artiste et d'un ophtalmologiste avisé. Jusqu'ici, les deux pre- miers personnages étaient représentés par les ocula- ristes, auxquels des chirurgiens célèbres, Ambroise Paré, entre autres, ne ménageaient pas leur concours. M. Coulomb, qui descend d'une famille d'ocularistes, a ajouté aux traditions familiales une éducation médicale et ophtalmologique. Son livre réunit ainsi des données qui restaient dispersées jusqu'ici dans deux ordres de publications entièrement différentes. A cheval sur les deux parties du travail que nécessite la mise en place d'un bon œilartificiel, l'auteura crééle procédé de mou- lage de l'orbite. A l’aide d’une seringue qui tient les paupières fermées, il injecte dans le cul de-sac conjonc- tival vide de la paraffine fusible à basse température. Le moulage ainsi obtenu par le chirurgien guide l’ocu- lariste dans l'exécution de la pièce. Le livre de M. Coulomb contient également l'exposé des opérations plastiques destinées à créer une cavité pouvant recevoir un œil artificiel dans les cas où le traumatisme destructeur de l'œil a entrainé la suppres- sion de la cavité orbitaire par cicatrisation vicieuse, D' SULZER, Ophtalmologiste de la Fondation Ad. de Rothschild. 342 ACADEMIES ET SOCIETES SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER AC \DÉMIE DES SCIENCES DE PARIS tumance à l'ingestion de doses croissantes. Lés cobayes Séance du 12 Mars 1906. 4° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. J. Boussinesqg éludie les caractères de l'onde totale dans la propagation du mouvement autour d'un centre, dans un milieu élas- tique, homogène et isotrope. — M. P Duhem démontre les deux propositions suivantes : Tant qu'une quasi- onde de choc peut se propager avec une vitesse réelle en un fluide mauvais conducteur, la densité est plus grande en amont de Fonde qu'en aval. Au sein d'un fluide qui se dilate par élévation de température, une quasi-onde de choc se propage avec une vitesse réelle, quelle que soit la grandeur de la discontinuité. — M. E. Esclangzon présente sesobservations de la comète 1906 b, faites au grand équatorial de PObservatoire de Bordeaux. 20 SGiENGES PHYSIQUES. — M. Ch. Nordmann décrit un perfectionnement de l'ionographe à écoulement liquide et reproduit un spécimen des courbes enre- gistrées à Philippeville avec cet appareil. L'auteur reviendra prochainement en détail sur celte question dans la Aevue. — M. Edm. Bailly est parvenu à faire vibrer sympathiquement sur le piano une corde grave (ur, ou /a,) à l'appel d'une corde aiguë (ut,). H faut que le rythme de l'appel coïncide synchroniquement avec le nombre des vibrations de la note appelée, — M. M. De- lépine, en dissolvant le platine ividié dans l'acide sul- furique à l’ébullition en présence de sulfate d’ammo- nium, à obtenu des solutions d'où l’on peut extraire les sels d'ammonium de deux acides irido-sulfuriques: — MM. Be-son et Rosset ont étudié les réactions du per- oxyde d'azote sur l'ammoniac et les sels ammoniacaux ; elles peuvent s'exprimer par les équations suivantes : 3A20° + 4A2H° — 742 + 6H°0; 3Az20° +- 2AzH° + H°0 — A0 + 2A20*.AzH#; AzO*.AZH'Æ2A70%— 2 1\7<+ 2A70'H + H°0; (AzH‘}S0* + 4A70° = 4Az + 2A70°H + H°SO! —+.2H°0. — M. Em. Vigouroux à observé qu'à tempéra- ture élevée le chlorure de silicium est réduit par le cobalt avec formation de chlorure métallique, qui se volatilise, et d'un cobalto-silicium ; Paction cesse lorsque l'alliage renferme 19 à 20 °/, de Si combiné, ce qui correspond au composé Cosi, — MM. E. Jungfieisch et M. Godchot, en déshydratant par la chaleur lacide 1-lactique, ont obtenu le /-dilactide. Il présente des propriétés semblables à celles du d-dilactide, auquel il se combine pour former le (d+ /) dilactide, F, 1200. — MM. F. Bordas et Touplain décrivent un procédé de séparation-et de dosage des malières étrangères con- tenues dans les cacaos et les chocolats, par centrifu- gation dans des liquides de densité variant de 1,340 à 1,600, — M. C. Gessarû à observé qu'après injections sous-cutanées de mactrations glycérinées de /?ussula delica, le sérum des lapins ainsi traités empêche l’action de la tyrosinase, de la laccase et de la peroxydase. — M. G. Baudran a fait de nombreuses analyses de bacilles tuberculeux, morts ou vivants. En voici la com- position moyenne : substances grasses, 36 à #4 (cho- lestérine, 5 à 7; stéarine, 15 à 18; oléine, 10 à 12; léci- thine distéarique, 6 à 7); nucléine, 3 à 4; cellulose, 3,6 à 5,5; fer, 0,006 à 0,008 ; manganèse, traces; substances albuminoïdes, 50 à 56. — M. J. Gautrelet montre qu'il y a un parallélisme absolu entre l'alcalinité apparente du sang et l’activité des échanges organiques mesurée par le titre hémoglobinique. 39 SCIENCES NATURELLES. — MM. A. Calmette et M. Bre- ton ont constalé que la tuberculine absorbée par le tube digestif est toxique pour les animaux non tuber- culeux, surtout les jeunes ; il ne s'établit aucune accou- rendus tuberculeux réagissent constamment à la tub culine ingérée à la dose de 4 milligramme, inoffensis pour les cobayes sains. Chez les animaux tubercule la réaction diagnostique s'obtient aussi bien par l'in tion que par l'inoculation sous-cutanée de tuberculine — MM. M. de Rothschild et H. Neuville ont étudié l'Hylochoerus Meinertzhageni sur les pièces rapportées d'Afrique orientale par le premier. Les détails de dentition sont très intéressants. L’Æy/ochoerus appa tient au type bunodonte et manifeste un achemi nement vers la structure qui s'observe chez le Pha cochère. — M. L. Bordas décrit la structure de cæcums où appendices liliformes de l'intestin moyer des Phyllies; ils présentent de grandes analogies ave les tubes de Malpighi. — M. M.-A. Hérubel montre que le tube cérébral des Sipuneulidés n’est qu'un diverti cule buccal, une sorte d'hypophyse, et que les tuber cules ciliés ne sont qu'une différenciation de l'épithé lium buccal et æœsophagien. —- M. Th Moroff a reconnu que les Sporozoaires parasites de la paroi intestinal de l'Octopus et de la Sepia, considérés généralemer comme des Coccidies, sont en réalité de véritables Gré garines. — M. L. Léger signale une nouvelle Myxe sporidie qui habite dans la vésicule biliaire de la truite indigène; elle appartient au genre Chloromyxum @ semble être l'agent pathogène d'une maladie souvent mortelle. —$S. A.S. le Prince Albert de Monaco retra l'historique de la septième campagne scientifique de Princesse Alice. — M. F. Pelourde, par l'étude com parative de la racine et du pétiole, a constaté que le genres de Fougères Aspleuium, Poly podium et Adiantun sont bien homogènes. Le genre Nephrodium est hété rogène ; on pourrait en retrancher l’Aspidium angulart pour le ranger dans la première série. — M. P. Dan geard a observél a fécondation nucléaire chez les Muco: rinées, caractérisée par la fusion des noyaux d’éne gides sexuels lors de l'union des gamétanges. — M. Ch Depéret étudie l'évolution sur place et les migration des Mammifères oligocènes. — M. M. Chevalier 4 trouvé des traces très nettes des glaciers pléistocènes dans les vallées d'Andorre. Le massif granitique sit à l'est de l'Andorre formait un centre de dispersio des glaciers. — M. Ph. Glangeaud montre que la plu part des volcans du Livradois et de la Comté sont situ sur des failles de direction N.-$. (dislocations tertiaires et de direction N.-E. et N.-W. (dislocations généré ment hercyniennes ayant rejoué au Tertiaire). Ces vol cans paraissent ètre du Plhiocène ancien, les coulé phonoliliques étant postérieures aux coulées bast tiques. — M. E. Argand à étudié la tectonique de zone d'Ivrée et de la zone du Strona. La zone d'Ivréé est un synelinal; c'est dans la zone du Strona venait s'enraciner le prolongement, aujourd'hui détruit des nappes orientales, — MM, P. Petit et H. Courte ont recueilli, dans la région du Tchad, trois roche un calcaire, un tuf calcaire et un tripoli, contenant des Diatomées, toutes fossiles, mais d'âge relativement. récent; ces roches sont des dépôts d’eau douce. Séance du 19 Mars 1906. L'Académie présente, à M. le Ministre de l'Instruction publique, la liste suivante de candidats pour la chaire de Zoologie (Mammifères et Oiseaux) vacante au Mt séum d'Histoire naturelle : 4° M, G. 2° M. E. Trouessart. à 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M, V. Volterra com, | munique ses recherches surles fonctions qui dépendent. 4 d'autres fonctions, — M, J, Juhel-Rénoy démontrée héorème suivant : Soient Ax, (4 —1, 2, ......,n) les fixes des racines d'un polynome f (2) de degré ». Les ixes des racines du polynome dérivé sont les foyers réels d'une courbe de classe (7-1), tangente, en leurs “milieux, aux droites qui joignent deux à deux les points Ax. — M. T. Boggio donne une nouvelle solu- “ion, très simple, du problème de l'induction magné- tique pour une sphère isotrope. — M. G. Bigourdan présente ses mesures de nébuleuses distribuées entre h. et 2 h. d'ascension droite. — M. J. Guillaume dresse ses observations de la comète Kopff (1906 D), faites à l'équatorial coudé de l'Observatoire de Lyon. MM. Sy et Villatte communiquent leurs observa- tions de la comète 1906 D, faites à l'équatorial coudé de VObservatoire d'Alger. … 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. C. Tissot montre que Nénergie absorbée par un détecteur intercalé dans Pantenne d'émission est maximum quand la résistance le ce détecteur est égale à la résistance d'amortisse- ment du système, c'est-à-dire quand le courant est éduit de moitié. — M. P. Villard estime que la co- lonne positive des tubes de Geissler est une chaine de particules gazeuses parcourue par le courant; l'émis- ion de lumière serait due au passage de ce courant. — MM. P. Chrétien el J. Guinchant ont constaté que le sulfure d'antimoine éprouve, au moment de la fusion, une dilatation d'environ 17 °/,; sa densité reste, à toute température, très inférieure à celle de lanti- moine. — M. H. Moissan a distillé le titane au four électrique à une température d'environ 3.500°, avec in courant de 500 ampères sous 110 volts. Ce corps xistant à l'état gazeux dans le Soleil, celui-ci ne doit “pas avoir une température de beaucoup supérieure. — M. R. Marquis, en faisant réagir les imino-éthers et les imino-chlorures sur les dérivés organo-magnésiens, obtenu dans quelques cas les aniles des cétones cor- Yespondantes, d'où l'on retire facilement ces dernières par hydrolyse. — MM. A. Haller el H. Bauer ont pré- baré les benzylbornéols secondaires par réduction du benzylcamphre, les benzyl- et phénylbornéols tertiaires ar action des composés organo-magnésiens sur le blorure de benzyle et le bromure de phényle, et les nzyl-et phényl-camphènes par deshydratation des pro- luits précédents. — MM. G. Darzens el P. Lefébure, n faisant réagir l'éthylate de soude sur un mélange le cyclohexanone et d'éther monochloracétique, ont btenu un éther glycidique, l'oxyde cyclohexylacétique, donnant l'acide correspondant par saponification. Cet acide, disullé à basse pression, se décompose en déhyde hexahydrobenzoïque et CO*. Ces réactions ont générales. — MM. E. Kayser et E. Manceau ont éeonnu qu'un vin renfermant du sucre, aliment né- éssaire, ne peut devenir gras que si sa composition est worable à la multiplication des micro-organismes. Les eteurs les plusimportants sont : l'acidité libre, Palcool, es matières organiques azotées, les sels de potasse. 99 SCIENCES NATURELLES. — M. F. Villemin a constaté que les rayons X agissant sur le testicule détruisent épithélium séminal, mais respectent la glande inters- …litielle. — M. Ch. Henry présente ses recherches sur “les lois de l'élasticité musculaire. — MM. Brau el Denier ont obtenu, en milieu albumineux, une toxine “cholérique soluble, voisine, par ses propriétés, des #ndotoxines pestense et typhique. Injectée aux animaux “ans les veines, elle provoque la formation d'une anti- —loxine dans le sérum. -— M. E.-L. Bouvier a constaté, a cours de la campagne de la Princesse Alice, que le …hiennadas elegans est une espèce bathypélagique ; le nombre des adultes capturés augmente à mesure qu'on éloigne du niveau de 1.000 mètres pour descendre vers les profondeurs. — M. A. Vayssière a étudié “es Gastéropudes recueillis par l'Expédition antaretique Mharcot; quatre sont des Nudibranches et deux des “Marséniadés. Quatre deviennent des types de genres nouveaux. - MM. L. Léger et E. Hesse ont reconnu que la paroi sporale des Myxosporidies n'est pas un simple produitde sécrétion anhiste, mais est constituée ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 313 aux dépens de deux cellules pariétales dont chacune donne finalement une des valves de la spore. — M. P. Pelseneer signale que le genre Lima est toujours pourvu, d'une façon absolument normale, de deux orifices buccaux symétriques, un droit et un gauche.— M. A. Lacroix montre que les faciès de variation des syénites néphéliniques des iles de Los sont comme la reproduction en miniature des roches qui, en Laponie, forment individuellement des massifs distincts, et constituent par suiteune véritable série pétrographique. Ils précisent ainsi les relations génétiques que ces der- nières roches présentent entre elles. — M. L. Cayeux a observé au microscope, dans le minerai de fer de Diélette (Manche), des corps ferrugineux qui ont conservé les caractères des oolithes les plus typiques. La magnétile occupe la place d'éléments qui étaient certainement calcaires à l'origine. Ce minerai parait donc procéder d'un calcaire oolithique. — M. Michel- Lévy présente la feuille de Gap de la Carte géologique de France au 1/80.009. — M.E. Haug à étudié une collection de fossiles rapportés de FAhenet occidental par MM. Chudeau et Gautier. L'ensemble des couches qui font suite aux grès éodévoniens représente le Dévonien moyen : les couches à Tropidoleptus cari- nalus correspondent vraisemblablement à l'Eifélien, tandis que les couches à Anarcestes Chudeaui appar- tiennent peut-être au Givétien. — M. J. Cornet à étudié la faune du terrain houiller inférieur de Bau- dour (Belgique). La liste des espèces déterminées montre l’analogie des couches de Baudour avec la Pend- leside Series, que M. Hind place à la base du terrain houiller du Lancashire. — M. A. Renier a déterminé les principaux représentants de la flore des mêmes couches. Ces espèces sont caractéristiques du Culm et beaucoup plus anciennes que celles de la zone A re- connue par M. Zeiller dans le bassin houiller de Valen- ciennes. — M. J. Thoulet à analysé de nombreux échantillons de fonds marins, au point de vue de leur teneur en calcaire et argile. Le calcaire provient sur- tout des innombrables animaleules vivant près de la surface et tombant au fond après leur mort. L'argile est d’origine continentale. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 13 Mars 1906. M. A. Gautier montre que la formation des eaux thermales est due à l’action lente et continue du feu central sur les roches profondes. Sous celte action, celles-ci perdent leur eau de constitution, qui réagit sur les matériaux du milieu ambiant, se minéralise à leurs dépens, puis se liquéfie et vient sortir à la sur- face. — MM. Ant. Poncet et R. Leriche ont poursuivi leurs recherches sur le rhumatisme tuberculeux. Is ont constaté qu'avec le bacille de Koch il est expéri- mentalement possible d'obtenir des inflammations simples, à marche aiguë ou chronique, se terminant par résolulion, ou par cirrhose indéterminée. D'autre part, ils ont observé que le rhumatisme articulaire tuberculeux revêt anatomiquement deux formes aiguë et chronique. Dans la première, deux modes d'évolution sont possibles : une évolution hydropique, une évolution sèche et plastique. Dans la deuxième, on trouve deux groupes principaux de lésions : les unes relèvent d'un processus raréfiant, comme la polyarthrite déformante; les autres d’une inflamma- tion hyperostosante, périphérique et localisée (arthrite sèche, sénile) ou totale (arthrite ankylosante). 11 est probable que les différents types de maladies ostéo- articulaires de la croissance, que les dévialions ostéo- articulaires des adolescents sont fréquemment d'ori- gine tuberculeuse. — M. J. Renaut montre que les cellules fixes du tissu conjonctif sont, en cerlaines circonstances, douées d’une activité sécréloire d'un mode très élevé : elles élaborent, en effet, au sein de leur cytoplasme, un grand nombre de grains de ségré- gation albuminoïdes, réalisant tous les caractères his- Pr 2 344 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES tologiques et cytologiques des « proferments ». L'auteur désigne ce mode d'activité sécrétoire sous le nom de fonction rhagiocrine. — Suite de la discussion sur la statistique et la prophylaxie de la tuberculose, Séance du 20 Mars 1906. M. L. Landouzy communique les résultats d’une enquête de morbidité et de mortalité tuberculeuse portant sur 257 menuisiers, emballeurs et parqueteurs entrés à l'hôpital Laënnec de 1900 à 4904. La morbidité tuberculeuse est de 31,9 °/,, et la mortalité tubercu- leuse de 7,78 °/,, chiffres de beaucoup inférieurs à ceux qu'a révélés une précédente enquête sur les blanchisseurs. La tuberculose à un rapport étroit avec la respiration des poussières dans des milieux clos et bacillifères ; mais ces poussières sont moins bacillifères chez les menuisiers que chez les blanchisseurs. — M. de Ranse signale les facilités de transmission des maladies contagieuses dans les stations balnéaires, généralement surpeuplées, et Putilité qu'il y aurait à ériger un local approprié où l'isolement et la désinfec- tion des malades pourraient être appliqués rigoureuse- ment. — MM. Rochard et de Champtassain présentent un Mémoire sur le traitement des alrophies muscu- laires consécutives aux épanchements articulaires (en particulier à l’hydarthose) par la méthode du travail musculaire avec progression des résistances. — MM. A. Castex et L. Marchand adressent un travail sur l’ana- tomie et l'histologie de la surdi-mutité. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Scance du 3 Mars 1906. M. L. Imbert à étudié les avantages des appareils à chloroformisation sur la compresse : économie de chloroforme, durée du réveil plus courte, vomisse- ments plus rares, anesthésie plus calme. — M. M. Weinberg a observé la présence de kystes vermineux chez le chimpanzé et les singes inférieurs au niveau du cæcum et du gros intestin. La formation de ces kystes est due aux larves de différentes espèces d'OEsopha- gostomes, qui se fixent dans la sous-muqueuse en pro- voquant autour d'elles un foyer hémorragique aux dépens duquel elles se nourrissent. — MM. A. Raïlliet et A. Henry ont déterminé les OEsophagostomes recueillis par M. Weinberg chez les chimpanzés et chez les singes inférieurs. Les premiers constituent une espèce nouvelle (Ues. dentigerum); les seconds sont l'OUes. apiostomum Willach. — M. Ch. Féré à observé un certain nombre de sujets adultes incapables de fléchir isolément aucun doigt, y compris le pouce. Très peu de personnes fléchissaient les cinq doigts isolément. — Le même auteur à étudié aussi les mou- vements d’abduction des doigts, c'est-à-dire ceux qui écartent les doigts de l'axe de la main. L'incapacité de ces mouvements est fréquente chez certains sujets. — M. Ch. Richet a observé une accélération de la fer- mentation lactique du lait par la présence d’une quan- tité minuscule de chlorure de platine ou d’autres sels. — M. A. Laveran à découvert dans le sang d'anguilles provenant de la République Argentine une Hémogré- garine nouvelle, qu'il nomme A. Lignieresi. — Le même auteur signale que le parasite qu'il a décrit sous le nom d'Haemogregarina Neïreti vit sur la ana mas- careniensis. — M. A. Lécaillon à étudié la ponte des œufs chez le Tabanus quatuornotatus : elle a lieu à la fin de mai ou au commencement de juin uniquement sur les brins d'herbe desséchés. Les larves tombent à terre dès leur sortie de l'œuf et s'enfoncent immédiate- ment dans le sol. — MM. H. Vincent, C. Dopter et Billet ont constaté que le chlorure de calcium favorise, en général, l'action hémolysante préexistante, atténuée ou latente des sécrétions d'un grand nombre de microbes pathogènes. — MM. J. E. Abelous, H. Ribaut, A. Soulié et G. Toujan ont reconnu qu'il existe dans les extraits de muscles putréfiés une ou plusieurs substances: de nature alcaloïdique, qui peuvent élever beaucoup la pression artérielle. — M. R. Turro & observé que le suc de thyroïde du porc et du mouton, préparé par compression, dissout presque instanta nément les cultures du bacille virgule sur Ja gélose, Le bacille d'Eberth, réduit à la forme globulaire, est auss dissous très rapidement par ce suc. — MM. Al. Carrel et C. C. Guthrie sont parvenus à transplanter les deu reins d’un chien terrier sur une petite chienne dont: on avait préalablement extirpé les deux reins, Au bout: de quelques heures, la circulation est rétablie et l'an mal guérit parfaitement. — Les mêmes auteurs ont pratiqué également avec succès la transplantation de l'ovaire chez la chatte. — MM. H. Rajat et G. Péju ont obtenu avec d'autres iodures(de Ca, Sr, AzH#, Li, N les mêmes variations morphologiques du bacillé d'Eberth que sous l'influence de l'iodure de potassium (formes filamenteuses et renflées). — M. G. Patein à constaté que, dans la coagulation du sang, il faut um: certain excès de sel calcaire dans le plasma pour que le fibrinogène soit entièrement transformé. Le plasma oxalaté privé de fibrinogène par l'acide acétiqué contient encore une matière albuminoïde coagulable à 56°, — M. Ch. Lesieur a observé que la, toxicité des alcools croit bien avec leur poids moléculaire, l'alcoo méthylique étant le moins toxique de tous. L'intoxica tion par les alcools purs se traduit surtout par la para lysie etle coma, et non par l'épilepsie et les convulsionss — M. 9J. P. Bounhiol décrit la technique expérimen tale qu'il emploie pour les mesures respiratoires chez les Poissons et qui est analogue à celle qu'a exposée récemment M. L. Roques. — M. H. Iscovesco reconnu que le suc gastrique pur et dialysé ne contient que des colloïdes positifs. Le sérum sanguin, déba rassé de fibrine et de ses globulines, contient encorë une substance colloïdale positive et une autre négative — M.J. Nageotte a constaté qu'au point de vue de Ka régénération des cylindraxes, les nerfs radiculaires et les portions de racines avoisinantes se comportent dans le tabes ancien comme des cicatrices nerveuses — MM. H. Bierry, Giaja el V. Henri ont observé que le suc pancréatique de chien, dialysé avec soin, devient presque complètement inactif vis-à-vis de l’amidon L'addition de chlorure de sodium, d'un acide ou di mélange de sels contenus dans l’eau de mer rent l'amylase du suc pancréatique active. Séance du 10 Mars 1906. M. Frenkel à constaté que, dans le suc intestinal pur, le carbonate de soude est seul capable de mettre en liberté l'oxygène actif du peroxyde de magnésium — M. Ed. Retterer a reconnu que le tissu épithéli constitue, dans les membranes tégumentaires, les muës queuses et les formations lymphoides qui en dérivenb l'élément initial ; au deuxième stade de son évolution il devient tissu conjonctif. — M. R. Le Gendre décrit une structure particulière, en rapport avec les grains de lipochrome, qu'il a rencontrée dans quelques cel lules nerveuses d'Aelix pomatia. — Le mème aute critique l'assimilation à un centrosome de la structur décrite par Mac Clure dans les cellules nerveuses de plusieurs Gastéropodes. — M. E. Fauré-Frémiet observé que l'anesthésie du Glaucoma pyriformis &s caractérisée par une cessation des mouvements, u 4 } | réfringence spéciale du protoplasma qui semble indi quer une déshydratation, etune diminution des actions réductrices intraprotoplasmiques. — M. G. Mancaü découvert des trypanosomes dans le sang de plusieurs animaux (lapins et anguilles) capturés en Sardaigne: — MM. H. Rajat et G. Péju ont constaté qu'à la formé filamenteuse ou élargie du bacille d'Eberth correspond une disparition des caractères biologiques du bacillé normal ; au retour à la forme normale se juxtapose un retour à ces propriétés. — M. Guerbet a reconnu que le streptobacille suffit à lui seul pour assurer la prép® ration du yoghourt (lait fermenté); l'alcool du yogho est d'origine bacillaire, — MM. Rieux et Sacqué ont observé que les sérums typhiques et paratyphiqu + euvent coagglutiner les bacilles d'intoxication carnée. Ces bacilles paratyphiques B et les bacilles carnés type ertryck se comportent comme des espèces très voi- ines; les bacilles type Gärtner s'éloignent des précé- lents. — M. F. Marceau décrit un dispositif expéri- mental pour l'étude des rapports de la durée de la ëriode d'excitation latente (temps perdu) avec les harges à soulever dans les muscles de différents ani- faux. 11 conclut de ses observations que, chez les ollusques, le temps perdu augmente très légèrement ec la valeur des poids à soulever ; chez les Mammi- ères, au contraire, le temps perdu reste constant. — . G. Froin à constalé que, quand on mélange deux quides possédant une action hémolysante propre, lune naturelle et à manifestation précoce, l’autre arti- tielle et à action plus tardive, leurs effets ne s'ajou- Lpas, mais, au contraire, s'annihilent. — M. A. Ron- hèse montre qu'à la température ordinaire l'acide rique est oué régulièrement par l'iode en milieu ëndu alcalin par un corps sans action sur ce métalloïde. Jetle réaction peut servir au dosage de l'acide urique. M. C. Gessard, en faisant à des lapins des injec- üns sous-cutanées de macération glycérinée de /{us- ula delica, a obtenu un sérum anti-peroxydasique. Séance du 17 Mars 1906. \ M. le Président annonce le décès de M. C. Phisalix, iembre de la Société. — M. D. Courtade est élu iembre titulaire de la Société. M. E. Bourquelot montre que la méthode à l’émul- me permet dé découvrir rapidement si une plante nferme ou non un glucoside hydrolysable par cet Wzyme ; elle donne des indications sur ses proportions permet, en général, de savoir s'il est ou non déjà onnu. — M. Ch. Lefebvre a retiré du Taxus bacrata glucoside nouveau, qu'il nomme taxicatine. Il se résente en aiguilles incolores, fondant à 165°, solubles ns l’euu et l'alcool, lévogyres, dédoublables par ëmulsine. — MM. A. Gilbert et M. Herscher ont dé- pminé la teneur en bilirubine du sérum sanguin dans congestion hépatique liée à l’asystolie; le chiffre ven est de 0,08 gramme par litre de sérum. — M. Metalnikoff a constaté que la Galleria melonella est uée d'une véritable immunité vis-à-vis de l'infection berculeuse. Celle-ci parait liée à la présence de fer- mis capables d'attaquer la matière cireuse qui en- ire ce bacille et de détruire ensuite le bacille. — reconnu que les phénomènes de réflexion auxquels @apis » du fond de l'œil doit son aspect nacré el pouvoir réflecteur sont de même nature que ceux donnent aux téguments des Invertébrés et des ibrés inférieurs leurs belles colorations chan- ates. Les uns et les autres ressortissent à des phéno- nes de lames minces dus à la structure des tissus. M. A. Ronchèse applique sa méthode de dosage de ide urique au moyen d'une solution titrée d'iode au ige decetacide dans l'urine. — MM. AI. Carrel etC.C. hrie ont constaté que les anastomoses artério-vei- ses restent perméables au moins pendant six mois emi. L'épaississement de la paroi d’une veine trans- ée en artère au point de vue physiologique varie raison directe de la pression sanguine. — MM.J.-E. élous, H. Ribaut, A. Soulié et G. Toujan ont rvé qu'il existe dans les macérations de muscles Wéliés une plomaïne qui exerce une action considé- » sur la pression sanguine. — M. Ed. Retterer à éconnu que, chez les fœtus et les jeunes animaux, le glion lymphatique est formé par des cellules con- netives dont le cytoplasma est commun (syncytium). Æesyncylium évolue en tissu réticulé, plein d'abord, MS à mailles vides; c'est par fonte protoplasmique quese produisent les éléments libres. — M. Ch. Féré montre que le travail exalté par une excitation néces- iléun repos supplémentaire, — MM.J.-Ch. Roux et & Riva ont constaté que le mucus et les membranes intestinales ne sont digérés ni dans le suc gastrique, ni dans le suc pancréatique après un séjour de vingt- quatre heures à l’étuve à 37°. — M. N. Gréhant rap- pelle la précision avec laquelle des mélanges gazeux contenant du formène peuvent ètre analysés avec son grisoumètre, — M. H. Iscovesco à reconnu que le suc pancréalique de sécrétine ne contient que des colloïdes électro-négatifs. — MM. A. Borrel et Et. Burnet on! observé le développement a vitro du spirille de la poule puisé avec le sang dans divers milieux : plasma de Gengou, sang citraté, plasma de sang défibriné. — M. A. Mayer à constalé : que le suc gastrique dialysé précipite l’ovalbumine, que le précipité contient de l'albumine et de la pépsine, que ce précipité est soluble dans les solutions d’électrolytes diluées. — MM. M. Pacaut el P. Vigier ont reconnu que les glandes de Nalepa favorisent, chez l’escargot, la déglutilion (sécré- tion de mucus) et agissent chimiquement sur certains aliments (sécrétion de ferments : amylase, xylanase, émulsine). RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY Séance du 13 Février 1906. MM. P. Simon el L. Spillmann recommandent la ponction du cœur comme méthode de récolte du sang chez les petits animaux de laboratoire; l'opération n'entraine pas nécessairement la mort. — M. P. Haus- halter signale un cas de développement anormal des organes génitaux chez un garcon de neuf ans, débile mental et hérédo-syphilitique. — M. L. Garmer à déterminé la teneur en glycogène du foie chez l'homme sain ; elle a été de 2,79 et de + °/, dans deux cas. — Le mème auteur a constaté que la muqueuse gastrique de l’homme à une acidité de 0.27 °/, en HCI et la muqueuse intestinale de 0,208 °/,. — M. L. Mercier a observé, à la base de la formation des spores chez le Myxobolus Pleifleri, un phénomène de sexualité, une véritable anisogamie. — M. L. Bruntz à découvert chez les Stomatopodes un organe globuligène, constitué par de nombreux et gros nodules répandus dans toute la longueur de la partie ventrale de l'abdomen. — MM. F. Gross et L. Sencert ont constaté, chez la plu- part des grands opérés, une hyperazoturie coïncidant avec une hyperleucocytose post-opératoire. SOCIETE ROYALE DE LONDRES Séance du T Décembre 1905 {Suite). MM. J. B. Farmer, J. E. $S. Moore et C. E. Walker, poursuivant leurs recherches sur la cytologie des tumeurs malignes, arrivent aux conclusions suivantes : 1° Une tumeur primaire a d’abord son origine dans un changement de nature d’un certain nombre de cellules somatiques antérieurement fonctionnelles ; 2° La trans- formation peut affecter un nombre considérable de cellules et continue certainement à agir pendant un certain temps; 3° Comme résultat de ce changement, l'activité mitotique et amitotique est réveillée et pro- cède rapidement, en augmentant la masse du tissu afecté: 4° Durant cet accroissement, une activité remarquable se manifeste parmi les leucocytes, ressem- blant d'abord à celle qu'on observe dans les processus inflammatoires, mais aboutissant finalement à l'union de quelques cellules atteintes à un degré plus ou moins grand avec un ou plusieurs leucocytes; 5° Dans Îles divisions subséquentes de ces cellules, le noyau du leu- cocyte se divise simultanément avec celui de la cellule cancéreuse, et leurs chromosomes peuvent se mêler en figures de clivage; 6° Des cellules multinucléées (syncytia) peuvent se former par mitose ou amitose non accompagnée de la division de la masse du pro- toplasma ; 7 Les noyaux résultants peuvent se diviser normalement ét mitotiquement, ou bien les figures nucléaires peuvent être plus ou moins mélangées, de telle facon que toutes les sortes de variations dans le nombre des chromosomes peuvent se présenter, mais LL | 346 le mode d'évolution et de division des chromosomes suit le type somatique; 8° En outre, on observe une forme de mitose conduisant à des noyaux possédant la moitié du nombre des chomosomes somatiques, et les phases concordent de très près avec celles qu'on observe durant la mitose hétérotypique (maïotique primilive) des animaux et des plantes; 9° Des divisions subséquentes se présentent, dans lesquelles le nombre réduit des chromosomes persiste, le type de division ressemblant, à tous les autres points de vue, à celui des cellules somatiques. Ces miloses tombent dans une catégorie corresoondant aux miloses post-maioliques des plantes; 10° Pendant les divisions maïotiques et post-maïotiques des cellules cancéreuses, on trouve des structures qui ont été désignées sous le nom de corps de Plimmer. IIS sont communs aux cellules cancé- reuses et aux cellules reproductrices du testicule à une phase particulière de leur évolution. Les seules autres cellules dans lesquelles des structures ressemblant aux corps en question aient été observées sont peut-être celles qui forment certains leucocytes de la moelle des os. Les observations précédentes montrent que le déve- loppement cancéreux est intimement lié à des varia- lions détinies des cellules affectées. Elles peuvent être attribuées à l'influence d'un parasite, mais les auteurs n'ont jamais rien observé qui légitimät cette opinion. D'autre part, leurs observations réfutent complètement l'hypothèse de la persistance de « restes embryoniques » suggérée par Cohnheim. Les auteurs continuent leurs recherches. Séance du 1% Décembre 1905 (Suite). M. L. Rogers à poursuivi ses recherches sur le déve- loppement de lHepalomonas du Kala-Azar et de Ja lièvre cachectique aux dépens des corps de Leishman- Donovan. On sait que l’auteur, cherchant à conserver vivants hors du corps humain les corps trouvés par Leishman et Donovan dans le sang de certains malades, y est parvenu en placant ces parasites dans du sang de rate citraté stérile à 22° C. Dans ce milieu, ces corps restent non seulement vivants pendant plusieurs jours, mais ils se multiplient très rapidement el se déve- loppent en corps flagellés allongés, qui paraissent être un stade de développement d'un Trypanosome. M. L. Rogers à reconnu qu'on obtient une flagellation plus régulière si le sang de rate citraté est légèrement aci- difié par de l'acide citrique. Dans ces conditions, il à pu observer le mode de division des formes flagellées et la formation de rosettes;: de ses observations, il conclut que ce parasite n’est pas un Trypanosome, mais appartient à l'ordre des Æepalomonas. Les deux conditions qui favorisent le rapide développement de cet organisme : stérilité et légère acidité, se rencon- trent dans l'estomac de certains insectes suceurs de sang, parmi lesquels la punaise des lits et peut-être les moustiques; et il se pourrait que ceux-ci fussent les agents de transmission du parasite. Il est à remarquer que la température optimum, relativement fraiche (229), pour le développement de ces organismes est en rela- lion directe avec le fait que le Kala-Azar commence généralement aux Indes et en Extrème-Orient pendant la saison froide, — M. V. H. Blackman et Mie H. C. I. Frazer ont étudié le développement de l'ascocarpe de l'Humaria granulata Quél. Le processus de fusion par paires des noyaux femelles, observé par les auteurs dans l'ascogonium de l'Aumaria gr'anulata, doit être considéré d'après eux comme un processus sexuel réduit qui, en l'absence de l’antheridium, remplace la fertilisation normale par les noyaux mâles, telle qu'on la trouve chez le Sphaerotheca, l'Erysiphe, le Pyro- nema, I rend très improbable la dernière hypothèse de Dangeard que, chez les Ascomycètes, il n'y a pas de fertilisation dans l'ascogonium, et que le processus sexuel a été transporté de cette structure aux asques; car, chez l'A. granulara, les auteurs ont trouvé que, même en l'absence d'anthéridium, le processus de la fusion nucléaire n'est pas confiné aux asques, mais ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES dispersif de la plaque elle-même produit une dispers + + ‘ % qu'il y a une fusion primitive dans l’ascogonium, qu doit être considérée comme le processus sexuel quoique d’un type réduit. ; SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE DE LONDRES Seance du 23 Février 1906. M. J. Walker présente ses recherches sur les lign& de Talbot. Le dessin de diffraction d'une ligne dé lumière monochromatique vu au foyer, ‘dû à une ouverture rectangulaire dont les côtés sont parallèles à la ligne, est caractérisé par des bandes sombres arran gées à intervalles égaux de chaque côté de l'ima géométrique de la ligne. Lorsqu'on couvre la moitié di l'ouverture avec une plaque retardatrice, les bandé d'ordre impair sont déplacées du côté couvert d'une quantité proportionnelle au retard introduit, celles d'ordre pair demeurant fixes. Supposons que la lumië soit blanche et que ses constiluants monochromatiques occupent, par un dispositif spectral analytique, diff rentes posilions angulaires dans le champ. Par suite de la dispersion, les bandes d'ordre pair sont oblitérées mais, dans le cas de celles d'ordre impair, le pouvoi sion des bandes, par suite de laquelle ces bandes seronl vues, pourvu que la plaque ait une épaisseur con nable et soit placée de telle facon que la dispersion d bandes qu'elle produit agisse en opposition à la dispers sion primitive de la lumière. Le mode opératoire es facile à se représenter en supposant le phénomène analysé par un spectroscope ayant sa fente dans lé plan du dessin de diffraction dans une direction per pendiculaire aux bandes; un simple calcul donne Ji meilleure épaisseur de la plaque. — M. C. G. Barkla expose ses recherches sur la radiation Rüntgen secons daire. La même communication ayant été présentée à la Société Royale de Londres, on en trouvera l'analyse dans le compte rendu de la séance du 8 février dé cefte Société. — MM. C. W. S. Crawley et F. B. O Hawes ont enregistré la différence de potentiel entre les rails d'une ligne de chemin de fer au moment dû passage d'un train. À chaque rail un fil est attacht d'une façon permanente; les deux extrémités som reliées aux bornes d'un galvanomètre à réflexion. W courant normal qui passe à travers le galvanomètm commence à être troublé environ une minute avant passage d'un train, etla perturbation dure environ deu minutes; les courbes enregistrées, quoique très com: plexes, ont quelque analogie. La f. 6. m. entre les rails a atteint jusqu'à 28 millivolts; des différences de 8 à 15 millivolts sont fréquentes. Il est probable que ces effets sont dus à des courants terrestres; ils sont en rapports assez étroits avec le temps. SOCIETE DE CHIMIE DE LONDRES Séance du 15 Février 1906. M. A. Angel, en dissolvant l'oxyde cuivreux dans une solution ammoniacale de formiate d'ammonium sous du pétrole, diluant par l'alcool et acidifiant pa l'acide formique, à obtenu des cristaux incolores qu'il recueille dans une atmosphère d'H. Ils constituent le formiate cuivreux (HCO?}?Cu*, très facilement décomk posable, — MM. H. Hartley et N. G. Thomas on constaté que le triphénylméthane cristallise du benzène du thiophène, du pyrrol et de l’aniline, dans certainé conditions, avec une molécule du solvant, en crista du système rhomboédrique. L'étude de la cristallisation spontanée des solutions sursaturées du triphényIméen thane dans les solvants précédents montre qu'il exist une région mélastable, dans laquelle les solutions sui saturées ne peuvent cristalliser spontanément. M. H. Hartley discute les hypothèses d'Ostwald et d@ de Coppet sur la cristallisation spontanée des solution! sursaturées. La différence entre les solutions métæ& stables et labiles peut être expliquée, au point de vu cinétique, comme le résultat de l'augmentation de sol té des petits cristaux qui sont d’abord formés dans là cristallisation spontanée. — MM. H. A. D. Jowett t A. C. O. Hann ont constaté que les tropéines des “acides térébique et phtalide-carboxylique, qui pro- “uisent un effet analogue à celui de l’atropine sur le ur, perdent cette action après qu'on leur à ajouté ine proportion moléculaire d’alcali; elles montrent lonc, en solution aqueuse et alcaline, une différence Waction semblable à celle qui a été observée pour la pilocarpine. — M. Al. Mc Kenzie, en étudiant l'action u propyliodure, de l'isobutyliodure et de l'e-naphtyl- romure de Mg sur le benzoylformiate de /-menthyle, effectué dans chaque cas la synthèse asymétrique un acide /-glycolique substitué. — M. A. J. Walker Mie E. Smith ont préparé, par la méthode de Jesu- un modiliée, l'acide o-cyanobenzènesulfonique, CAz. tH'.SOH, F. 279%. Son chlorure est réduit par Zn avec brmation d'acide sulfinique CAz.C‘H#.SO®H, F. 226°,5- 289, — M. P. Haas, en condensant la diméthyldihy- orésorcine avec la phénylènediamine, a obtenu eux composés, l’un avec une molécule de diamine BH PC‘H'(OH).AzH.C‘H'.AzZH, l'autre formant une nine disubstituée (CH°)C‘H#(OH).AzH.C°H'.AzH.(OH) HCH°)*. — M.C. C. Ahlum, étant donnée l'inappli- ibilité des indicateurs dans la titration d'un acide ibre en présence de sels de fer, propose de précipiter “ceux-ci par le phosphate biacide de soude et de titrer & filtrat par la soude. On corrige la valeur obtenue de ‘quantité d'acid> mise en liberté par la précipitation s sels de fer, qui est directement proportionnelle à la antité de fer ferrique. — M. S. E. Sheppard, étu- ant la théorie du développement alcalin, montre là une concentration modérée une molécule d'hy- toxylamine réduit une molécule de sel d'argent, et ux aux grandes dilutions, tandis qu'une molécule de D ne réduit jamais qu'une molécule de sel d’argent. : M. A. Neville, en traitant le benzylacétoacetate éthyle par H*SO' concentré, a obtenu l'acide 3-méthyl- dène-2-carboxylique, qui, réduit par l’'amalgame de , donne l'acide 2:3-dihydro-3-méthylindène-2- boxylique. Ce dernier est résolu en ses deux consti- nts actifs par cristallisation fractionnée avec la enthylamine. L'acide droit, dont le sel est moins uble, fond à 86°; [x —+ 76°,86 dans le benzène. bide gauche a les mèmes constantes. É SOCIÉTÉ ANGLAISE _ DES INDUSTRIES CHIMIQUES SECTION DE LIVERPOOL Séance du 10 Janvier 1906. . H. B. Dixon expose l’état actuel des recherches iB l'union du chlore et de l'hydrogène, en particulier siennes propres sur la vitesse de l'explosion et celles Chapman et Burgess sur la période d'induction. SECTION DE LONDRES Séance du 5 Février 1906. M: J. K. H. Inglis, étudiant les pertes de nitre dans S chambres de plomb, arrive aux conclusions sui- antes : 1° De très faibles quantités seulement de per- xyde et de trioxyde d'azote sont réduites en oxyde A20 dans les chambres à acide sulfurique ; 2° Environ 2 50 °/, de la perte totale de produits azotés sont dus Babsorption incomplète d’Az*0® et AzO* dans les tours Gay-Lussac. — M. M. Chika hige a employé du gaz &beau carburé pour le chauffage avec les becs Bunsen. 2e, gaz est préparé en injectant des huiles de pétrole durdes avec de la vapeur dans le générateur de gaz à u rempli de coke rougé. Il brûle bien; il en faut un plus que de gaz d'éclairage ordinaire pour donner &mème flamme. 11 n'a pas plus d'action sur les vases lé.cuivre, de platine ou de porcelaine que le gaz ordi- aire ; il faut toutefois éviter que ces récipients touchent ecône intérieur de la flamme. — MM. O. Silberrad et ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES UE MERE à 347 B. J. Smart ont constaté qu'à l'exception du sulfate d'hydrazine, les réactifs qui servent à détruire l'acide nitreux sont très ineértes vis-à-vis de ce corps en pré- sence d'acide nitrique concentré, tandis qu'ils agissent rapidement en solution diluée. Il semble donc que la réaction à lieu entre l'acide nitreux et les ions formés par les sels d’amine ou d’amide, et non avec le sel même. SECTION DE MANCHESTER Janvier 1906. M. W. Thomson rappelle que les fabricants de drap gris fortement collés s'apercoivent de temps en temps qu'en laissant la chaîne sur le métier pendant la nuit les peignes se rouillent et qu'en recommencçant à tisser le matin une bande de rouille de 5 à 9 pouces se forme en travers de chaque pièce de drap. Ce phénomène est attribuable à une impureté d'un des constituants de la charge : le chlorate de potassium ou de sodium existant dans le chlorure de zinc. Ce chlorate a été ajouté en excès au chlorure de zinc pour oxyder les sels ferreux qu'il contient. L'auteur montre que le chlorate peut être remplacé comme oxydant par le bioxyde de man- ganèse, le bichromate de potassium ou l'acide chro- mique, le peroxyde de sodium; les substances formées dans ces cas n'ont pasle pouvoir de rouiller les peignes. — M. L. G. Radcliffe a redéterminé les constantes de la cire de Carnauba; il a trouvé : F. 84 C.; indice d'acide 2,9; indice de saponification 88,3; indice d’éther 85,4; indice d'iode 13,7. ACADEMIE DES SCIENCES DE BERLIN Séance du 1 Février 1906. M. Mertens adresse une Note sur la forme des racines d’une classe d'équations solubles dont le degré est une puissance à nombre premier. L'auteur y étudie les racines d'une équation algébrique possédant un groupe métacyclique dans un champ de Galois. Séance du 8 Février 1906. M. Frobenius présente deux Mémoires, rédigés en collaboration avec M. I. Schur, sur les représentations réelles des ensembles finis et sur l’équivalence des ensembles de substitutions linéaires respectivement. Dans le premier, il démontre qu'un ensemble fini de substitutions linéaires est toujours (et alors seulement) équivalent à un ensemble réel, si ses substitutions transforment en elles-mêmes une forme carrée à déter- minant non disparaissant. Dans le second, il fait voir que deux ensembles isomorphes de substitutions linéaires renferment toujours (et alors seulement) les mêmes composants irréductibles si chaque groupe de deux substitutions se correspondant possède la même trace. — M. J. H. van’t Hoff présente un nouveau Mémoire sur la formation des dépôts de sels océani- ques, traitant de celle du chlorure de calcium, due à la double décomposition du chlorure de potassium et de l’anhydrite, décomposition accompagnée de la for- mation du calcio-pentasulfure de potassium. ALFRED GRADENWITZ. SOCIÉTÉ ALLEMANDE DE PHYSIQUE Séance du 26 Janvier 1906. MM. F. Ladenburg et E. Lehmann présentent un manomètre en verre qu'ils viennent de construire, d'après le principe de la spirale de Bourdon, au cours de leurs recherches sur le spectre d'absorption de l'ozone concentré. Par suite de l'altération considérable que subissent le mercure et [a plupart des autres mé- taux sous l'action de l'ozone, il fallait, en effet, renoncer à l'emploi de baromètres métalliques ou à mercure. Les tubes en verre recourbés à la facon d'une spirale de Bourdon dont se servent les auteurs sont à parois très minces et à section plate; ils se prètent parfaite- ment aux lectures par microscope. En se servant d’un Séance du 5 948 tag n° ” al Ve TRAME EUReTT N ds x ACADÈMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES miroir, on augmente beaucoup la sensibilité de l'ins- trument, qui, pour une distance de l'échelle de { mètre, donne des différences de pression de 1/20 à 1/30 de millimètre. Ce manomètre rendra des services aussi dans le cas où l’on ne disposerait que de petites quan- tités de gaz, comme par exemple en déterminant les densités de vapeurs. — M. H. Geiïtel rend compte de récentes recherches sur lionisation spontanée de Pair et d'autres gaz, démontrant l'intérêt tout particulier que présente le phénomène si familier de la déperdi- lion de l'électricité. Ce phénomène est, en effet, dû en partie aux processus radio-actifs se passant dans la terre, dans la matière des bâtiments et des appareils, ainsi que dans l'atmosphère, processus qu'il faut attri- buer à leur tour, pour une certaine part au moins, à la diffusion générale des éléments radio-actifs pro- prement dits. Il convient, cependant, de tenir compte également des radiations émanant de substances autres que celles considérées comme radio-actives; il semble, en effet, qu'on doive regarder ces radiations comme étant essentiellement identiques aux premières, attri- buant ainsi une radio-activité proprement dite, c'est- à-dire une puissance radiante due à l'énergie intra- atomique, à des éléments autres que l'uranium, le radium, le thorium, l’actinium et leurs descendants. D'autre part, il ne faut pas écarter cependant l'hypo- thèse de rayons d'origine non-radio-active qui, eux aussi, joueraient un certain rôle dans l'ionisation spon- tanée des gaz. Les expériences récentes de M. J. J. Thomson ont, en effet, fait voir que les métaux alca- lins émettent des rayons cathodiques, non pas seule- ment à la lumière (comme on le savait depuis quelque temps), mais encore à l'obscurité, tant à l’état solide qu'à celui de vapeur. Or, ces substances ne sont pas radio-actives dans l'acceptation proprement dite du mot, leurs radiations n'étant pas liées à l'atome lui-même. ALFRED (GRADENWITZ. ACADÉMIE DES SCIENCES D'AMSTERDAM Séance du 24 Février 1906. 49 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. J. C. Kapteyn : Sur la parallaxe des nébuleuses. Jusqu'à présent, on ne sait rien de la distance des nébuleuses. Elles ne se prêtent pas à des mesures exactes : ainsi l'idée de la détermination directe de leurs parallaxes est exclue. Toutefois, leurs mouvements propres (m.p.) pourraient servir à obtenir bientôt des notions un peu plus pré- cises sur leurs distances. Les déterminations spectro- scopiques de vitesses radiales ont démontré que les vitesses des nébuleuses sont du même ordre de gran- deur que celles des étoiles. Aussitôt que l'on connaitra le m. p. astronomique d'une nébuleuse quelconque, on pourra en conclure avec quelque vraisemblance que la distance de cette nébuleuse est égale à celle des étoiles présentant le même m. p. Malheureusement, Jusqu'à présent, on n'a pas constaté avec certitude le m. p. d'une nébuleuse. Cela ne prouve pas que ce m.p. soit néces- sairement petit. Le temps pendant lequel on a fixé les positions des nébuleuses est extrémement faible et les erreurs d'observation sont assez grandes. L'effet de ces erreurs sur le m. p. peut très bien s'élever à 0"2, ou 0/3, ou même plus encore. On peut essayer de diminuer l'influence des erreurs d'observation en remplaçant les im. p. individuels par le m. p. moyen de plusieurs né- buleuses. Ce m. p. moyen pourrait être comparé au m.p. moyen de différentes classes d'étoiles dont on connaît à peu près la distance moyenne, ou bien à la vitesse radiale moyenne des nébuleuses déterminée spectroscopiquement. Il est vrai qu'en général on n’aug- mente l'exactitude que très faiblement en se servant de la valeur moyenne de plusieurs résultats observés. Cette difficulté disparaît si, au lieu de se servir du m. p. total, on se borne à une composante déterminée, offrant, dans les deux sens opposés l'un à l'autre, des signes contraires, par exemple, si l'on s'occupe de la En se bornant à 168 nébuleuses, composante dans le sens de l'antiapex. Si l'on repré 1 sente par À le mouvement linéaire du Soleil, par g W distance d'une nébuleuse à notre système solaire, pat À la distance angulaire de la nébuleuse à l’apex dt mouvement solaire, par vel + les composantes du m. pe observées dans la direction de l’antiapex et normales ment à cette direction, par p la composante du m.p particulier vers l'antiapex, on trouve pour le m. ; Le : : parallactique — sin = v — p. En appliquant'cette rel& ion à un certain nombre de nébuleuses, les p dispæ raitront du résultat moyen, de manière qu'on trou £ AN h une valeur déterminée pour le montant de —, la pan laxe séculaire moyenne. L'auteur à essayé d'obteni ainsi une idée grossière de la distance des nébuleuses jusqu'à présent, le travail pénible de cette étude l'en a empêché. Depuis, le D° Môünnichmeyer, assistant à l'Observatoire de Bonn, a diminué considérablement difficulté d’une telle recherche en publiant un ca logue indiquant les places exactes de 208 nébuleuses (Publications de l'Observatoire royal de Bonn, n°4 déterminées ave plus de précision, l’auteur trouve pour la parallax annuelle moyenne — 0",0017 + 00012 par rapport des étoiles de comparaison de la grandeur 8,75. 1lem déduit la parallaxe absolue 0”,0046 +0",0012, valeu s’accordant assez bien avec la parallaxe moyenne des étoiles de la grandeur 10. — M. P. H. Schoute présent la thèse de M. P. Middel: « De trisectie van den hoek (La trisection de l'angle, aperçu des construction: approximatives). | 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. I. W. Bakhuis Roo7e boom présente, au nom de M.J. J. van Laar : l'allure des lignes de fusion de Compositions dissoc partiellement dans la phase fluide, pour des proportion une substance composée Av,Bv.,, atteint son point di congélation maximum, si la proportion des quantité moléculaires des deux composantes est de v, à v,, c'es à-dire quand il n'y a pas d'excès d'un des deux pro duits de dissociation. Donc, si l'on détermine les poinil de congélation d'une série de mélanges fluides de AIM et de leur composé A,,Bv,, à excès x d'un des deux produits de dissociation, la ligne de fusion correspone} dante sera caractérisée par la propriété () — 0.10 < o 1 ligne de fusion admet, au point x—0, une tangenl horizontale, Ici l’auteur fait voir que cette directiti iniliale se transforme d'autant plus vite dans ui direction inclinée que la dissociation est moindre, pi priété prouvée par M. H.-R. Lorentz en 1892, à propl | d'une étude de M. W. Stortenbeker, et par M. J. D. a der Waals, en 1897, à propos d'un résultat de M. HW Châtelier (Fev. gén. des Sciences, t. VII, p. 399). | 3° SCIENCES NATURELLES. — M. K. Martin : épü d'eau douce et d'eau de mer de la rivière Silat dans Bornéo occidental. — M. F. A. F. C. Went présemie aussi au nom de M. A. A. Blaauw : L'apogamie cl le Dasylirion acrotrichum Zucc. Description de la 1 raison d'un exemplaire de Dasylirion acrotricht faisant partie des Liliacées arborescentes du Mexiqi — Rapport de la Commission pour l'érection d'une titution pour l'étude du cerveau. Rapporteurs : MM: Bolk, Th. Mac Gillavry, E. Rosenberg, C. Winkl JW. van Wyhe. — M. C. A. Pekelharing présen au nom de M. J. H. F. Kohlbrugge : « Die Gebhi furchen der Javanen, ein vergleichend-anatomist Studie » (Les sillons cérébraux des habitants de étude d'anatomie comparée). P. H. Scnoure. Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER Paris, — L, Manéruikux, inpruneur, |. rue Cassolle : 17 ANNÉE 30 AVRIL 1906 { Revue générale des Scien LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. Aüresser tout ce qui concerne !a rédaction à M. L. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. | € f pures et appliquées : Direcretr : . $S 1. — Nécrologie Pierre Curie. -- Aucun deuil ne pouvait frapper us cruellement la Science que la mort du grand phy- en, de l'homme simple et bon que fut Pierre Curie. lis celte mort emprunte, aux circonstances acciden- les dans lesquelles elle se produisit, quelque chose particulièrement douloureux, ajoutant comme une olte au frisson d'émotion qui parcourut le monde que la nouvelle en fut connue. Le nom de Curie ait pas, en effet, honoré des seuls hommes de science ; S la France entière, à laquelle il avait apporté un plus de gloire, il était un des plus aimés. Au de- S, pour qui connaissait la révolution apportée à nos es par ses découvertes, il était tenu à légal des plus nds. Mierre Curie avait eu le rare privilège de trouver, S ladmirable compagne de sa vie, une collabora- de partageant tout son labeur et toutes ses pensées, tageant aussi, en toute justice, la gloire de son nom. nous soit permis de lui dire avec quelle poignante ütion nous prenons part à sa douleur, avec quelle esse nous nous associons à son deuil. a Hevue consacrera prochainement une étude dé- lée à la vie et à l'œuvre de Pierre Curie. $ 2. Astronomie 2 nombre des étoiles. — On sait les impor- ls travaux suscités par le dénombrement des étoiles ës lois de leur répartition, et ce qu'il faut connaître, mt tout, dans ces recherches, à savoir leur classifi- ion précise par grandeurs distinctes. Au début, avec pparque et Ptolémée, l'élément unique d'apprécia- Bpour les six classes adoptées réside dans le temps “écoule entre le coucher du Soleil et l'apparition © étoile ; mais le problème s'élargit bientôt. Après htion des lunettes, et avec Flamsteed, nous assis- baux premières comparaisons exactes. La méthode séries de J. Herschel fait faire un pas sensible à la Mon, ainsi que le fractionnement des classes gelander, encore qu'il reste un point délicat dans our aux étoiles visibles à l'œil nu, ou dans le pas- >invèrse. Aujourd'hui, la méthode des degrés et ses ées est assez généralement employée, et l'on est REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. Île CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE d'accord pour une échelle normale dans laquelle rentre notre propre Soleil : la grandeur d'une étoile s'obtient alors en multipliant la valeur logarithmique de son éclat par un coefficient constant, 2,5; mais il ne faut pas oublier que, à la base même de cette échelle, figure un coefficient qui résulte des étoiles faibles et qui est adopté d'une manière uniforme pour une simple facilité de calcul. Le nombre des étoiles d’une classe de grandeur serait sensiblement quadruple de celui de la classe immédia- tement supérieure en éclat; après Gould, on apprécie à 12.000 à 14.000 le nombre maximum des étoiles visibles à l'œil nu sur toute la sphère céleste, pour un œil très exercé bien entendu, ce qui correspond aux étoiles plus brillantes que la septième grandeur. Quant à leur distribution mème par fuseaux, elle est encore aussi capricieuse que mystérieuse, et nous ne saurions songer à donner ici un aperçu résumé des multiples et intéressantes conclusions qui en découlent. Dans le Popular Astronomy, G. Burns a voulu re- prendre l'étude du nombre des étoiles contenues dans le ciel entier; il donne les déductions de ses calculs sur les divers catalogues existants; d’après les plaques prises dans la zone de Greenwich pour la carte du ciel, il conclut qu'il y a 38 étoiles plus brillantes que la deuxième grandeur, 13.421 plus brillantes que la septième, et 8.325.000 plus brillantes que la quinzième. Le point important de la discussion est le suivant : d'une grandeur à celle qui la suit, le nombre des astres croit dans le rapport 3,4 jusqu'au voisinage de la sixième grandeur; là, d'après l'auteur, ce coefficient tomberait brusquement à 1,9, valeur acceptable jusqu'à la quinzième grandeur. Faut-il voir là une nouvelle présomption en faveur de l'hypothèse que les étoiles se raréfient suivant la pro- portion de leur distance? Au premier abord, certaine- ment; bien qu'il soit assez étrange que notre système redevienne ainsi une sorte de centre important. Mais, d'autre part, il ne faut pas oublier que l'auteur suppose une répartition stellaire uniforme — fait en contradiction formelle avec l'observation, même approchée. Puis il est encore un point plus troublant dans les travaux de D. Gill et Turner relatifs aux distri- butions elles-mèmes des étoiles : le premier, en com- parant les catalogues du Cap, de Madras et de Cordoba, 8 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE crut pouvoir énoncer que l'ensemble des étoiles fixes brillantes est animé d'un mouvement de rotation par rapport à l'ensemble des étoiles faibles; le second en conclut que l'équation de grandeur, déduite des mesures photographiques, dépendrait alors de l’époque de la pose, — ce qu'il ne pense pas, car l'anomalie signalée dans une zone se retrouve dans une autre, mais en sens inverse. Pour concilier les deux opinions, on peut abandonner l'idée d'une rotation d'ensemble et admettre que, dans la région de la Voie lactée, les étoiles faibles sont plus près de nous que les brillantes. Ces questions, on le voit, sont connexes, el il ne sera guère possible, à pré- sent, de séparer l'étude de la distribution de celle du dénombrement des astres; mais les nouveaux résultats signalés sont du plus haut intérêt et prouvent l'utilité de reprendre la question avec les données les plus complètes possibles. Vitesses radiales. — Il est peu de questions d’Astro-physique plus intéressantes que celle de la détermination des vitesses radiales, et c’estcertainement une de celles qui nous éclaireront le plus utilement sur la constitution des nébuleuses et des amas; dans quelle. mesure ces groupements constituent-ils des systèmes physiques? et faut-il croire, avec quelques auteurs autorisés, à la grande extension de certaines apparences comme les nébuleuses en spirale ? A cet égard, la nébuleuse d’Orion avec le trapèze stel- laire est un excellent champ d'études : or, alors que Keeler trouvait une moyenne de 17,7 kilomètres, les mesures de Frost et Adams indiquent une moyenne générale sensiblement supérieure de 18,5 kilomètres; toutefois, une de leurs meilleures plaques ne révèle que 44 kilomètres par seconde de vitesse radiale. Enfin, deux des étoiles Bond indiquent respectivement pour vitesses moyennes 20 et 48 kilomètres. Le problème, on le voit, se complique, et l'étude d’autres systèmes du type Orion montre assez clairement que la vitesse radiale ne peut pas être considérée aujourd'hui comme un élément rigoureusement constant; cependant, il faut la connaitre avec quelque précision, à un moment donné, et dans ses variations, pour pouvoir trancher de la communauté physique d’astres voisins. Les mesures faites à Yerkes, par Adams, sur le groupe des Pleïades, laissent entrevoir la même diffi- culté parmi les vitesses radiales : VITESSE MOYENNE N° DE BESSEL GRANDEURS Electra. . . . 17 Taureau. 3,8 + 15 kilom. Taygète.. - 19 — 4,4 + 3 — MÉérope.. 23 _ 4,92 + 6 — Alcyone : -". 25 _— 3,0 + 45 : — ALIDS ee LD — 3,8 + 13 — On peut vraiment se demander si Taygète et Mérope sont physiquement liées à la nébulosité environnante. Ce sont d'importantes recherches dont le caractère se complique de jour en jour, mais dont la haute portée se précise, et dont il est légitime d'attendre les plus intéressants résultats. S 3. — Géodésie La base géodésique du Simplon. — L'en- semble des importants travaux entrepris par la Com- mission géodésique suisse, à l’occasion du percement du Simplon, vient d'être complété par la mesure directe de la longueur du tunnel, pris comme base géodésique, entre les observatoires de Brigue et d’Iselle, institués pour le contrôle de l'alignement du tunnel, et con- servés pour les travaux astronomiques complémen- taires. La distance des deux observatoires est un peu supérieure à 20 kilomètres, ce qui fait, de la base me- surée, la plus longue dont les géodésiens aient disposé jusqu'ici. Mais cette déterminalion tire son principal intérêt d’autres éléments, dont les plus importants sont les suivants : La base du Simplon est la première @ laquelle une voie ferrée ait été directement utilisée pou: le placement des appareils; pour la première fois au les travaux sont effectués entièrement à la lumière tificielle ; cette base est la première dont les extrémi soient situées sur les flancs opposés d'un pui massif montagneux, et comprennent entre elles déviations inverses de la verticale. Enfin, pour la p mière fois aussi, sur une grande base, le travail Le travail continu était, d'ailleurs, imposé par la duré extrèmement restreinte pendant laquelle, pour 4 raisons évidentes, le tunnel avait été mis, par lAdm nistration des Chemins de fer fédéraux, à la dispositi de la Commission géodésique suisse, qui a accom l'effort sans précédent consistant à mesurer 40 kilom tres en cinq jours. Le travail a été fait par trois équip se relayant de huit heures en huit heures, sous commandement de MM. R. Gautier, directeur de l'O servatoire de Genève, A. Riggenbach, professeur à VU versité de Bâle, M. Rosenmund, professeur à l'Ece polytechnique fédérale, membres de la Commissi géodésique suisse. La direction générale des trava avait été confiée à M. Ch.-Ed. Guillaume, qui avait 6 dié les dispositifs spéciaux pour les mesures de nuüill sur une voie ferrée, appliqués aux appareils imagin : en commun avec M. J.-R. Benoît et construits par M. Carpentier. Le Gouvernement italien avait délég pour suivre les opérations, M. C. Nagel, ingénieurMd Milan. D. Les équipes, que des trains spéciaux amenaient lieu du travail, étaient composées d'ingénieurs d'élèves ingénieurs de quatrième année de l'Ecole Poly technique fédérale; des ouvriers, engagés sur placé étaient employés pour le transport du matériel. L'édi cation spéciale de tout le personnel avait consisté € une mesure de quelques centaines de mètres, sur u nuit de travail, pour chaque équipe, à Viège. } Les étalons de mesure étaient des fils d'acier nicke invar, de 24 mètres de longueur, dont la valeur, déters winée au Bureau international des Poids et Mesures, avant et après la mesure du Simplon, s'est montré remarquablement constante. La traversée du Rhône, qui sépare l'Observatoire d@ Brigue de l'entrée du tunnel, a été effectuée à l'aide! d'un fil de 72 mètres, qui s’est très bien comporté. Le résultat définitif de la mesure ne sera connu qué dans quelques semaines, après l'achèvement des réduæl tions. Mais un calcul provisoire a déjà montré quel l'écart des mesures à l'aller et au retour est inférieum à 3 millimètres, quantité si petile qu'on est conduit 4 attribuer en partie à une heureuse chance cette extræ ordinaire concordance. Cependant, les six points inte médiaires, marqués par des repères fixés sur les tra verses de la voie, ont été retrouvés tous au retour quelques millimètres près des positions déterminées l'aller. Le succès de l’entreprise, en quelque sorte témé& raire, de la Commission géodésique suisse ouvre da la détermination des bases géodésiques une voie no velle. La perspective du percement de quelques grand tunnels donnera aux géodésiens de prochaines occæ! sions de renouveler cette expérience d'un très grand, intérêt. $S 4. — Météorologie La prévision du temps. — M. Durand-Grévillea fait à la Societé Belge d'Astronomie une importa communication sur les lois des grains et des orag et la prévision du temps. Il décrit d'abord tous 18 phénomènes qui accompagnent les diverses espèces grains : le grain blanc, le grain arqué, le bricklieldeæ d'Australie, le blizzard des Etats-Unis, le rorther duA Texas, ete., définit le barogramme et le thermogramme# de grain, le ruban de grain, la ligne de grain et montn CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE tide de projections, des photographies et des cro- S de grains, de nuages de grèle, ete. L'auteur dit il suflirait d'une entente entre les observatoires, qui gnaleraient le passage des lignes de grain, allant tjours de l'Ouest à l'Est, avec une vitesse à peu près mème, pour que l'on sût à douze, vingt-quatre et me trente-six heures à l'avance s'il faut s'attendre simple grain où à un orage, suivant les circons- ices locales. faudrait, pour cela, que toute station météorolo- que d'Irlande, de Bretagne et de l'Europe occidentale B laquelle passerait un grain violent fit connaître égraphiquement au Bureau Central de Paris l'heure passage de ce grain. Une dizaine de télégrammes mettraient au Bureau Central de Paris de déterminer orme de la ligne de grain et la vitesse de sa marche par conséquent, d'envoyer aux villes situées plus à st des télégrammes ainsi conçus : « A telle heure — quart d'heure près — un grain de vent violent era Sur vous. » serait l'affaire des météorologistes locaux de voir, on l'état de l'atmosphère, l'heure et la saison, si le sage de ce grain menacerait cn même temps veiller des averses de pluie ou.de grèle et des orages, même, si un service pareil s’établissait aux Etats- is, des trombes et des tornades. à principe général est simple, malgré les complica- causées par l'existence des rubans de grain com- xes ou multiples. 11 suffirait peut-être, pour éviter perte de nombreux millions, de dépenser, par an, & centaine de francs dans chaque pays, en attendant à l'on eût obtenu de chaque Etat la gratuité des grammes météorologiques en dehors des heures lementaires. On sait la part brillante que prit Durand-Gréville au récent concours de Liége; ses aux viennent puissamment en aide à la méthode Ssique, et contribuent à répandre largement dans le blic le vif désir de voir se perfectionner la science de prévision du temps; nous devons donc nous louer ous points de vue de ces importantes recherches, et ir la bonne diffusion scientifique, et pour secouer athie des Gouvernements en vue dune entente iérale dont il est permis d'attendre les résultats les s féconds. $ 5. — Physique n nouveau procédé photographique d’en- gistrement des indications des instru- nts de physique. — M. R. Nimführ‘ vient imaginer un procédé fort pratique pour enregistrer indications des météorographes emportés par les Mons non montés, mais qui se prête également à bservation de Fallure d'instruments de physique de es sortes (vibrations d'un diapason, etc.). L'auteur mplace le papier ordinaire ou la feuille d'aluminium mt on s'est Jusqu'ici servi par du papier photogra- ique enveloppé avec beaucoup de soin sur un tam- ur et qu'il enduit d'une couche uniforme de suie. S empreintes faites sur ce papier à l’aide d'un crayon tu, ayant été exposées à l'action de la lumiere, ënnent une teinte sombre qu'on fixe au bain de ge, tandis que les endroits couverts de suie, étant eu près insensibles à la lumière, gardent la teinte ïchâtre qu'ils prennent une fois la suie enlevée par avage à grande eau. & procédé précité serait d'une précision extrême, mettant de reproduire les moindres détails. DE me ès équations d'état dans leurs rapports 2e la Thermodynamique.-— Dans un Mémoire Æmment publié par M. A. Byk?, l'auteur démontre dnécessité de l'existence d'une équation d'état de la me p—/(v,T), en se basant sur les deux théorèmes Annalen der Physik, n° 3, 1906. 2 Annalen der Physik, n° 3, 1906. fondamentaux de la Thermodynamique et sur certains phénomènes se produisant dans le vide. Après avoir fait voir que la température d'une sub- stance homogène est déterminée par sa masse, son volume et son énergie (la définition de la notion de température étant basée sur lélectromagnétisme ), M. Byk présente un cycle susceptible de conduire à un désaccord avec le second théorème fondamental, dans le cas où la température ne serait pas donnée pour une masse, une énergie et un volume conslants. Ce cycle est réalisé, non pas sur une substance ma- térielle (pour laquelle l'existence d’une équation d'état devrait être présupposée), mais sur un vide rempli de radiations, la relation entre la pression de radiation et la densité d'énergie étant appelée « équation d'état du milieu vide ». En raison de la simplicité des caractères du vide, ce cycle, l'auteur le démontre, a lieu sans la moindre variation externe, toutes les fois qu'on le produit dans un vide absolument libre de radiation (« absolument froid »). L Les seules modifications externes qu'on puisse ima- giner dans ce cas sont, en ellet : 40° les variations élec- tromagnétiques (qui cependant, en l'absence de toute énergie électromagnétique, ne peuvent se produire); 20 les changements du champ de gravitalion dû au système dans le vide. Or, ce champ ne saurait éprouver aucune variation, vu la proportionalité démontrée par l'expérience entre les masses inertes et gravilantes. L'auteur fait voir ensuite la forme de l'équation d'état, en tenant compte de la composition chimique de la substance; c’est ainsi qu'il démontre l'identité des deux formes proposée par Nernst et Planck respecti- vement. $ 6. — Électricité industrielle Un dispositif pour la direction à distance des vaisseaux et des ballons. — Depuis que s’est généralisé l'emploi de la télégraphie sans fil, on s'est posé la question de savoir si l'énergie électrique ne pourrait ètre, aussi sous forme de force motrice, transmise à distance sans l'intermédiaire d'un fil con- ducteur, pour exécuter à destination un travail déter- miné. La différence ‘entre ce problème et celui dela télégraphie sans fil n'est, on le voit, que d'un ordre quantitatif : tandis que, dans la télégraphie, il s’agit de franchir des distances aussi grandes que possible, avec un travail minime à la station réceptrice (grâce à des appareils très sensibles), le problème de transmis- sion sans fil de la force motrice demande la propa- gation aussi peu affaiblie que possible, à des distances modérées, de quantités d'énergie très considérables. Dans bien des cas, l'on préférera cependant réduire à un minimum le travail à exécuter par les ondes électriques, qui n'auront à actionner qu'un relais, dé- clenchant à son tour l'opération voulue. M. Branly, à qui l'on doit le principe fondamental de la télégraphie sans fil, a présenté, l'année dernière, à l'Académie des Sciences de Paris, un dispositif de ce genre, fort ingénieux, au moyen duquel on actionne ou arrête par exemple un moteur éloigné. Un autre appa- reil, désigné sous le nom de « télékino » par son in- venteur, M. Torres Quevedo, un ingénieur espagnol, qui vient de l'essayer avec un succès parfait à Bilbao, attire en ce moment l'attention. Cet appareil est des- tiné à diriger du rivage les mouvements d'un vaisseau ou à commander de terre le vol d'un aérostat, sans aucune liaison matérielle. On comprend sans peine le parti qu'on pourra en tirer, par exemple pour le pilo- tage des vaisseaux à l'entrée des ports. L'appareil comprend deux parties, à savoir : un dis- positif ordinaire de télégraphie sans fil et le télékino proprement dit. La station de départ dont on s’est servi dans les expériences de Bilbao se trouvait à la terrasse du Club Maritime Royal. Le bateau qu'il s'agissait de diriger | portait la station d'arrivée, où les ondes hertziennes, 302 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE reçues par un fil aérien (antenne), étaient transmises à un pelit tube rempli de limaille. Cette dernière, deve- nant bonne conductrice au contact des ondes, donnait passage à un courant électrique, faisant basculer un électro-aimant. C’est ainsi qu'à chaque étincelle pro- duite à la station de départ correspondait une petite oscillation d'un des trois électro-aimants installés à bord du bateau, lesquels, avec les dispositifs mécaniques actionnant l’hélice et le timon, formaient le « télé- kino » proprement dit. L’électro-aimant central repro- duisait les signaux, tandis que les deux autres ser- vaient à effectuer les différentes manœuvres. L'inventeur à essayé, en premier lieu, de renforcer et d'agrandir les oscillations engendrées par le dispo- silif de télégraphie sans fil, et d'emmagasiner leur force vive dans des accumulateurs spéciaux, pourvus de deux dérivations vers lhélice et le timon respecti- vement. Cela fait, il ne s’agit plus que d'ouvrir ou de fermer l’un ou l'autre de ces cireuits au moment voulu. Les vibrations engendrées par l'électro-aimant central actionnent un petit échappement, avançant d'une dent à chaque vibration, et qui ouvre et ferme automatiquement les deux circuits précités. Les diffé- : rentes pièces de ce mécanisme, après avoir exécuté les mouvements ordonnés par la station de départ, re- tournent d’elles-mêmes à leurs positions initiales, prêtes à fonctionner à nouveau. Les différentes manœuvres que M. Quevedo fit exé- cuter à son bateau, depuis la station du Club, où il se trouvait, ont été d'une exactitude et d'une sécurité surprenantes; le bateau se mouvait dans la direction voulue, comme par enchantement, obéissant à l’appa- reil directeur comme à une baguette magique. Le « télékino » se prêtera, entre autres, au sauve- age des naufragés et à la défense des ports maritimes. Par l'utilisation de son appareil, l'inventeur, visant surtout les emplois militaires, espère rendre la défense des côtes d'Espagne plus efficace qu'elle ne l’est actuel- lement. Alfred Gradenwitz. $ 7. — Chimie physique La production de lhélium aux dépens du bromure du radium. — Pour démontrer, d'une facon simple, la production de l'hélium aux dépens du bromure de radium, M. F, Giesel! se sert de deux tubes de Geissler à électrodes d'aluminium, tubes qu'il remplit directement (et en évitant toute entrée d'eau) chacun de 50 milligrammes de bromure de radium exempt d'eau et où il fait un vide aussi parfait que possible. Il essaie ainsi d'éviter la production d'un mélange détonant d'oxygène et d'hydrogène et de con- stater si la présence de l'eau est d'une importance quelconque pour la formation de l'émanation et de l'hélium. L'un de ces tubes, d'une capacité d'environ 5 centi- mètres cubes, contenait dans un raccord latéral le sel exempt d'eau, mais qui n'avail pas passé par la fusion. L'autre tube, d’une capacité de 15 centimètres cubes environ, contenait un fil de platine portant le sel de radium attaché par fusion. Dans le premier tube, la raie d'hélium D, (A=-587,6)s'est manilestée après deux mois; après six mois, la raie À—502 et, bien qu'avec une extrème faiblesse, les raies À —495, 470, 466, sont venues s'y ajouter. Quant au second tube, la raie D, est jusqu'ici seule visible. Ces tubes peuvent être actionnés pendant un inter- valle illimité avec du courant induit, sans qu'il se pro- duise le moindre affaiblissement du spectre de l'hélium. Leur enceinte est bien moins active que le mélange détonant provenant de solutions de radium; il semble que l'émanation soit fortement retenue par le sel des- séché. 4 Beiblätter, t. XXX, 1906. $ 8. — Sciences médicales Manière de rendre les mines de ho réfractaires à lFankylostomiase. — Jus les seules mines considérées comme susceptibles préservées étaient des mines salines ou des métallifères où s'intiltrait l'eau de mer, jusque & laquelle on les exploitait. M. Manouvriez, membre c@ respondant de l'Académie de Médecine, vient montrer! que cette cause d'immunilé peut aussi trouver réalisée dans certaines houillères, situées l'intérieur des terres, où des eaux salées filtrentt vastes poches souterraines, reliquats d'anciennes l gunes des époques géologiques, qui, sur quelqu points, comme dans le bassin d’Anzin, s'étendent ae dessus du terrain carbonifère. D'après des expériene toutes récentes, la salure de ces eaux, 2 °/, et un p moins, suffit pour tuer les larves nouveau-nées d’an lostome. | Et, de fait, les fosses à eaux salées n’ont jamais infestées; par contre, ces eaux n'ont jamais été rê contrées dans aucune des fosses infestées. La const talion de ces faits a mis l’auteur sur la voie d'un ma de préservation des mines, dont on s'était trop hàté considérer la recherche comme illusoire; celte prése vation paraît, en effet, pouvoir être obtenue par sté lisation du milieu souterrain, en provoquant une sa de morti-natalité des larves nouveau-nées. Les mesu proposées dans ce but sont la projection de sel dén turé, pour les mines humides, et la pulvérisation de salée à 2 °/,, pour les mines à poussières charbof neuses explosives ou rocheuses phtisiogènes. L. La glace à rafraichire. — M. Laveran * vient faire adopter par le Conseil d'Hygiène un nouveau te réglementant le commerce de la glace à rafraich Désormais, il sera interdit de vendre ou de livrer à consommation pour les usages alimentaires toute gl qui ne donnerait pas par fusion de l'eau potable. Sa doute, la fabrication de la glace dite industrielle sera pas défendue, mais elle devra être conservée da des locaux séparés et portée dans des véhicules sp ciaux. C'est sur ces bases que la Préfecture de Paoli prépare une nouvelle ordonnance, qui serait applical dès l'été de 1906 et qui compléterait celle du 13 d cembre 1899 : celle-ci avait déjà produit d'excellen résultats; la proportion des échantillons mauvais pl levés par le Laboratoire municipal était tombée de 30 moins de 10 °/,; mais cette proportion est encore da gereuse pour la santé publique, car on sait que microbes pathogènes, tels que celui de la fièvre typhoïl peuvent rester vivants des mois entiers dans des bl@ de glace. Il y à donc un grand intérêt pour la sa publique à voir édicter ce nouveau règlement. $ 9. — Géographie et Colonisation La question du eaoutchoue. — La /ievué signalé dernièrement à ses lecteurs la création dx Association caoutchoutière coloniale, à l'instar de ct qui s’est formée en faveur du coton. D'autre part Parlement a voté un crédit de 90.000 francs pour fa riser le développement de la culture du coton, dut et du caoutchouc. Si la concurrence du Brésil rend problématique essais de plantation concernant le caféier, il en autrement du coton et du caoutchouc, qui sont l'heure actuelle, des produits d'avenir. Avec les pra du cyclisme, de l'automobilisme et les emplois de to sorte qui se multiplient dans l'orthopédie, la cordon nerie, les industries électriques, etc., le caoutchou® pris dans la vie moderne une place qui grandit une rapidité surprenante. En 1882, la récolte él si “ Dr A. Maxouvrtez (de Valenciennes). Paris, Ro 1906, 4 vol. in-80, 28 pages. ? Gaz. des Hôp. de Paris, 11 mars 4906. iviron 10.000 tonnes; en 1896, elle dépassait DO tonnes ; en 1904, elle s'est élevée à 57.000 (onnes. rès MM. Brenier et Claverie, cette production mon- ëse répartit de la manière suivante : Le 31.863.000 kilogs. 04. Autres Elats américains. 1.763.000 — nb 15289000 : — MCongorbelge. . . . . . . . .. . 5.764.000 — 04. Afrique occidentale française . 6.954.000 — ÿ. Congo français . 3.310.000 — 3-04. Madagascar . Lai ME DEC EEE 65.000 — 2-03. Autres Etats africains. . . . . 5.403.000 — falgré cet accroissement rapide de la production, besoins croissent plus vite encore et les prix lèvent dans la même mesure. Le « Kassaiï rouge » nonté à Anvers, entre 1902 et 1905, de 8 francs le og à 11 francs. A Paris, le « Para fin », qui valait en PBlentre 8 francs et 10 frs. 50, s'était élevé, le juin 1905, à 15 fr. 75 le kilog. Une telle hausse de valeur à provoqué, d'une part, ë exploitation très active, dont nous aurons à naler les abus, et, d'autre part, un mouvement de herches qui a révélé l'existence d'une prodigieuse été de plantes à latex utilisable. C’est ainsi qu'au ésil, dans l'immense selve que l’on pourrait croire puisable, l'Hevea recule de plus en plus vers les luts affluents de l'Amazone; le marché de Para est ès d'être supplanté par ceux de Manaos et d'Iquitos,. lon peut se demander déjà si le caoutchouc du ésil ne partagera pas un jour prochain le sort du inquina du Pérou! Plus près de nous, M. Auguste évalier signalait récemment la décroissance de la duction dans l'ensemble de l'Afrique, par suite de ploitation brutale et irraisonnée à laquelle se livrent indigènes et aussi des feux de brousse si fréquents ‘. es beaux bosquets de lianes, écrit-il, qui existaient, My a pas longtemps encore, à proximité de beaucoup villages de la zone soudanaise, sont la plupart épuisés anéantis ». Il faut donc substituer au régime de tploitation forestière irraisonnée le régime rationnel la plantatien. Les seules diflicultés résident dans le ix des espèces et parfois aussi dans la question de main-d'œuvre. C'est l'Hevea, l'arbre-type du Brésil, ba donné jusqu'à présent les meilleurs résultats, hme qualité des produits et moindres frais de cul- @; il n'est pas étonnant que l’on ait cherché à andre cette espèce de préférence. À l'heure qu'il l'Hevea couvre plus de 15.000 hectares dans la squ'ile malaise; à Ceylan, il est déjà si commun il tend à remplacer le thé et prend le second rang ès cette culture. Des essais se poursuivent dans colonie d'Indo-Chine, où l'Hevea semble devoir Ssir. Les conditions géographiques seraient une tem- bétature moyenne d'environ 28°, une atmosphère très Aumide avec répartition régulière des pluies, une alti- inférieure à 400 mètres. D’après M. Capus, le sud Mndo-Chine, avec Hué comme limite Nord, répon- lait assez bien à ces exigences*. Le Æ'icus elastica, us rustique, aurait l'avantage de réussir jusque dans Haut Tonkin. Dans nos possessions africaines, les préférences de Mug. Chevalier vont d'abord à une essence indigène, Æuntumia elastica, qui donne d'excellents résultats ameroun et dans les colonies anglaises, puis à une ëe américaine, le Ceara (Manihot Glaziowii), qui iSsit dans toute l'Afrique tropicale. est principalement dans ce continent, plus encore dint de vue du coton qu'à celui du caoutchouc, que Dose la question de main d'œuvre. L'opinion de LA: Cnevaurer : La situation de l'Ouest africain. Rensei- tents coloniaux du Comité de l'Afrique francaise, n° 12, (en Bulletin économique de l'Indo-Chine, août 1905. Cf. galement les Annales de Geographie, janvier 1906. Chro- ique géographique. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE M. Chevalier est intéressante. Pour lui, le cultivateur indigène n'est pas ce paresseux méprisable qui ne tra- vaillera que par contrainte, tel qu'on l'a si souvent représenté. « Quand on à vu, écrit-il, comme je viens de le constater, l'étape franchie en sept années par nos populations du Haut Niger, on est en droit d'attendre, de l'initiative même de ces peuples sagement adminis- trés, les plus grands résultats. » Notre Association caoutchoutière coloniale a donc devant elle un champ d'activité plein de promesses pour le développement de la culture, l’approvisionnement de nos industries et l'extension de nos deux marchés du Havre et de Bor- deaux !. Pierre Clerget, Professeur à l'Institut commercial des jeunes filles de Fribourg (Suisse) Le Service de l'Agriculture dans les Colo- nies.— Le Ministère des Colonies vient de réorganiser de la façon suivante le Service de l'Agriculture dans les colonies autres que l'Indo-Chine. Dans chaque colonie existera un chef de service de l'Agriculture, relevant du Gouverneur. Le personnel comprendra des directeurs, des inspecteurs, des direc- teurs de Jardins d'essais ou de Stations agronomiques, et des agents principaux. Les directeurs ne peuvent être choisis que parmi les inspecteurs de l'Agriculture de 1° classe, comptant, dans cette classe, trois années au moins de service effectif aux colonies ou en mission. Les inspecteurs sont choisis exclusivement parmi les sous-inspecteurset directeurs de jardins d'essais ou de stations agronomiques de 1"° classe, comptant dans cette classe deux années au moins de service effectif aux colonies ou en mission. Les sous-inspecteurs et directeurs de jardins d'es- sais sont choisis : 4° Parmi les élèves diplômés de l’Institut national agronomique ou des Ecoles nationales d'Agriculture, de l'Ecole d'Horticulture de Versailles ou de l'Ecole d'Agriculture coloniale de Tunis, et pourvus du diplôme de l'Ecole supérieure d'Agriculture coloniale; 2 Parmi les agents principaux de culture de re classe comptant, dans cette classe, au moins une année de service effectif aux colonies ou en mission. Les directeurs de stations agronomiques sont pris parmi les élèves diplômés de linstitut national agro- nomique, des Ecoles nationales d'Agriculture, de l'Ecole centrale, de l'Ecole de Physique et de Chimie ou les licenciés ès sciences, et pourvus du diplôme de l'Ecole supérieure d'Agriculture coloniale. Les agents principaux seront recrutés parmi les élèves de l'Ecole supérieure d'Agriculture coloniale, ou les élèves de l'Ecole d'Horticulture de Villepreux ayant accompli un stage d'une année au Jardin colo- nial de Nogent. $ 10. — Congrès Association des Anatomistes. — La huitième Réunion de l'Association des Anatomistes vient d'avoir lieu à Bordeaux, où plus de 60 membres, venus de France et de l'Etranger, ont reçu un accueil des plus aimables. Les trois journées de la session ont à peine suffi pour faire passer les nombreuses communications et démonstrations annoncées. L'Association a choisi Lille comme fieu de réunion pour sa prochaine session, qui se tiendra les 25, 26 et 27 mars 1907. Elle a désigné comme président M. le Professeur Hallez, comme vice- présidents MM. les Professeurs Debierre, Curtis et Van Gehuchten. 1 D'après l'{Zndian Rubber World, la consommation du caoutchouc aurait atteint, en 14904, 57.300 tonnes, dont 26.410 pour les Etats-Unis, 12.800 pour l'Allemagne, 10.030 pour l'Angleterre, 4.130 pour la France, 1.320 pour l'Autriche-Hongrie, 1.218 pour la Hollande, 748 pour la Bel- gique ét 588 pour l'Italie. E.-L. BOUVIER — LA FAUNE PÉLAGIQUE DES INVERTÉBRÉS LA FAUNE PÉLAGIQUE DES INVERTÉBRES LA MER DES SARGASSES ET SA FAUNE: Quand la mer est calme, ou doucement agilée par les rides mobiles d'une faible houle, la faune pélagique des Invertébrés vient s'épanouir à la surface, élalant aux yeux du voyageur les richesses de son inépuisable écrin. Et, devant ces merveilles d'un nouveau genre, on oublie sans beäucoup de peine les Poissons de surface, les rares Oiseaux du large, les Tortues nageuses et les grands Cétacés. I Parfois le navire s'avance, durant des heures, : au milieu de sphères, de cylindres ou de boudins, entrainés par le flol sans réaction apparente. Cer- taines de ces sphères sont grosses comme le pouce, certains cylindres ont au moins 15 centimètres de longueur; le tout est hyalin, avec d'innombrables corpuscules disséminés dans la masse. Ce sont des Radiolaires coloniaux, Spherozoum ou Collozoum; chacun de ieurs corpuscules est un être infime, presque microscopique; mais une gelée transpa- rente réunit un grand nombre de ces êtres, et donne à l'ensemble colonial l’une quelconque des formes signalées plus haut. Quand ce plankton pullule, ce qui ne laisse pas d'être fréquent au large, il fournit un aliment d'importance aux car- nassiers qui explorent la surface. Les espèces pélagiques du groupe des Polypes sont rarement aussi abondantes, mais, présentent des dimensions bien plus grandes et des formes plus variées. Durant les chaudes nuits du mois d'août, que de fois n’avons-nous pas admiré, dans le sillage phosphorescent du yacht, des globes lumineux semblables à des lanternes vénitiennes flottantes! C'élaient des Méduses de grande taille, le plus souvent des Pélagies (Pelagia noctiluca), reconnaissables à leur ombrelle hémisphérique, et à leur manubrium découpé en longues lanières(fig. 1); leur phosphorescence était le résultat d'une réac- tion occasionnée par le mouvement du navire. Ces Méduses, comme beaucoup d’autres, nagent ordi- nairement inclinées par les contractions lentes et molles de leur ombrelle; nous les rencontrâmes durant toute la croisière, mais particulièrement nombreuses entre la mer des Sargasses et les îles, surtout dans la région des Acores. Plus grandes et ! Voir le numéro du 30 mars 1906, p. 263 : « Quelques impressions d'un naluraliste au cours de la dernière cam- pagne scientifique de $S. A.S. le Prince de Monaco. » de couleurs plus délicates sont les Cassiopé (Cassiopea borbonica), qui ressemblent beaucoup aux Rhizostomes de nos côles, mais qui les dépas: sent singulièrement en splendeur. Leur manubri délicatement ouvragé est une admirable rosace, & tous sens armée de larges tentacules terminés y une ventouse violetle; avec ces organes chargés € nématocystes, c'est-à-dire d'appareils urtican Fig. 1. — Pelagia noctiluca un peu réduite. (D'après Milne Edwards.) l'animal a vite fail de paralyser les proies qui servent de nourriture. Nous ne renconträmes cette belle espèce qu'une] seule fois, au voisinage de Majorque, où elle fom mait des groupes peu populeux, mais fort aban: dants. Comme beaucoup de grandes Méduses, Cassiopée a fréquemment pour commensal un pelil| Poisson, qui s'abrite dans une ample gouttière comprise entre le rebord de l'ombrelle et la base des! membranes. Ce commensal est désigné par les z logistes sous le nom de 7rachurus trachurus; L mesure à peine quelques pouces etoffre la transpà rence du verre, si bien qu'on ne l'aperçoit pas tout d'abord. Au repos, ou lournant en cercle dans son, E.-L. BOUVIER — LA FAUNE alysées par la Méduse. n ne peut plus donner le nom de commensa- Sme aux relations par trop étroites qui s'établis- nt entre les Polypes cténophores du genre Z'eroe bles Crustacés amphipodes du genre Phronima. Béroés sont de gracieux organismes absolu- ent incolores et hyalins, qui présentent la forme Mun grand dé à coudre et des bandes ciliées paral- Hèles au grand axe du corps. Ils donnent asile aux hronimes, non sans doute bénévolement, mais à Suite d'une intrusion violente; car le Crustacé se contente pas de lrouver abri dans l'hôte : il en éwore les organes, sauf loulefois la charpente i lui servira de flolteur et de gite. Ce n'est même plus du parasilisme; c'est une destruction doublement intéres- sée. Plus heureuses sont les C1- dippes (fig. 2), Cténophores ovoi- des qui fréquentent la surface en même temps que les Béroés ; hya- lines comme ces derniers, elles renferment rarement un hôte et, tranquillement, déroulent pour la pêche les deux longs tentacules préhenseurs atlachés à leurs flancs. Les Æucharis apparlien- nent au même groupe que les deux formes précédentes, mais elles se rencontrent bien plus fréquemment et atteignent d'or- LAAATITT ES tr dinaire la grosseur du poing. Elles abondaient au des Acores et dans la Méditerra- voisinage MRIp.2. — Une Cy- “dippe du geure ormiphora. (Grandeur na- 3 turelle. organes Jaunätres qui les rendent [ assez visibles dans la mer; on ne L peut en faire aisément l'étude, car leur masse géla- “lineuse est si remplie de liquide qu’elle passe comme du blanc d'œuf à travers les mailles du Miävencau le plus fin; il est presque impossible Mdéles conserver intactes, même en ayant recours à dés fixaleurs très énergiques. La plupart de ces Pulypes peuvent être dils mimé- liques, parce qu'ils ont la claire transparence du “iilieu où ils vivent et se dissimulent de la sorte Aux voraces habitants des eaux; la lumière qui se Joue dans leurs tissus, qui s'y réfléchit et qui s’y méfracte, les rend seule quelque peu apparents. Tout autre est le mimélisme de certains Polypes sipho- nophores, surtoul des Porpites et des Vélelles, qui, Sur le bleu de la Méditerranée, et celui plus pro- fond encore de l'Atlantique, se distinguent à peine du reflet des eaux. Avec leur disque nummuliforme qui soutient une forèt de tentacules préhensiles et née, près des iles Baléares. Les Eucharis sont hyalines, avec des PÉLAGIQUE DES INVERTÉBRÉS de tubes digérants, les Porpiles (fig. 3) azurées reçoivent de l'Océan une protection mimétique des plus parfailes; il en est à peu près de même pour \ 2 KRN HA | A SN Al Abbé) NS 3 4 Fig. 3. — Une Porpite vue de profil et du côté supérieur. (Grandeur naturelle.) les Vélelles, mais avec une alténuation désavanta- geuse ; car le disque aplali de ces Polypes supporte EE CERTES à . 5 A ä / — Une Galère ou Phyvsalia, avec les tentlacule Cliché de Fig. 4. tractés. — Exemplaire de médiocre taille. librairie Masson. )n= > la une voile verticale saillante qui peut attirer l’atten- tion des Oiseaux. 356 E.-L. BOUVIER — LA FAUNE PÉLAGIQUE DES INVERTÉBRÉS Les Physalies ou Galères (fig. 4) sont plus expo- sées encore, à cœæuse de leur gros flotteur hyalin et violacé, qui, semblable à une ampoule de verre, et totalement rempli de gaz, émerge sur les vagues qui l'entrainent. Mais les Physalies sont infiniment mieux armées que les Vélelles et les Porpites; à leur flotteur est suspendu un fort paquet de longs | tentacules extensibles qui portent par millions des nématocysles grou- pés en batteries urli- cantes. Malheur au curieux qui, altiré par la belle couleur violette de cette touffe pendante, veut saisir le Polype pour l’exa- miner de plus près : au moindre contact, les tentacules s'appliquent sur la main de l'impru- dent et y enfoncent les innombrables fils barbe- lés de leurs batteries : C'est Vénus tout entière à sa proie attachée; les fils microscopiques pénètrent dans la chair, S'y fixent irrémédiablement et y déversent la toxine urlicante qui les imprègne, produisant une inflam- malion violente, longue et très douloureuse, ca- pable, en bien des cas, d'envahir le bras tout entier. Prévenu par les mésavenlures antérieures de cer- Fig. 6. — Glaucus atlanticus, un peu grossi. tains de mes compagnons, je ne voulus pas tenter l'expérience sur une échelle aussi vaste ; un simple fragment de tentacules, déposé sur la main, adhéra aussitôt, en produisant des rougeurs et une déman- geaison assez vive; et, pourtant, détaché par un coup de ciseau, ce fragment ne faisait plus partie de l'animal. infiniment mieux armées et plus agressives que les Vélelles, les Por- Les Physalies sont piles et la plupart des autres Polvpes, et la déno- | Fig. 5. — Une Ptérotrachée, la Firola hippocampus, un peu réduite. | rare, chacun des deux groupes nous offrit en-abon= minalion d’orties de mer leur convient à merveille Assez communes en Méditerranée, elles abon= daient dans la mer des Sargasses, el le Prince pre fila de l’occasion pour faire cueillir et conserver des touffes nombreuses de tenlacules; ces matériau serviront aux recherches de MM. Richet et Portie sur la toxine urticanle (Lypnotoxine) des Polypes* Au point de vue de la coloration, les Mollusques pélagiques rappellent: assez bien les Poly pes : les uns étant hyalins et presq dépourvus de pig ments, les autres d'une teinte bleue plus ou moins inten- se. Au premier groupe appartiennent les pe tils et gracieux Ptéropodes, qui papillonnent dans l'eau en agitant, comme des ailes, leurs deux nageoï= res, et les Hétéropodes, qui flottent else dirigent en godillant avec leur pied; dans le second viennent se ranger les Gastéropodes, qui ont choisi pour habitat la surface des eaux. Par une bonne fortune plutôt Ses ee ee œ CR exe dance quelques-uns de ses représentants. Presque toujours le haveneau et le filet trainant de surface ramenèrent les jolis Ptéropodes du genre (Ureseis, à coquille aciculiforme, et deux sortes d'Hétéro podes bien différentes l’une de l’autre, mais loutes deux finement délicates : les minuscules À /{antess quiontune coquille enroulée en spirale,et les Ptéro trachées (Gg.5), dont le corpslong el absolument nu laisse apercevoir, par transparence, tous les organes internes. Au contraire des Mollusques précédents; les Gastéropodes pélagiques n'apparaissent qu'en certains points, où ils se trouvent parfois en quan= tité considérable ; ils sont représentés par les Glaus cus et les Janthines. C'est deux jours après avoi quillé les Sargasses, et lorsque la protection de l'archipel açoréen se faisait sentir, que nous aperçü= mes les premiers Glaucus, el je ne saurais dire combien me frappa la délicate élégance de ces crganismes. Ils ont (fig. 6) le corps étroit et limaz ciforme, avec trois paires de prolongements laté=« raux qui s'épanouissent en digitations, comme le plumes des aigles héraldiques. Leur atlitude es celle des Ptérotrachées, avec le dos en bas et la fac ventrale en haut; ils rampent, pour ainsi dire contre la surface, au moyen de leur sole ventrales qui est symétriquement teintée de bleu päle et des bleu marine, comme le côté correspondant des” expansions latérales. On ne saurait imaginer un molif d'ornement plus gracieux. Au surplus, la face” dorsale, tournée contre le fond, a une teinte pars faitement blanche, et, comme la couche superficielles Le me tes +0 commet PA US 2m à E.-L. BOUVIER — LA FAUNE PÉLAGIQUE DES INVERTÉBRES 397 à réllexion totale, doit présenter un ton métallique dargent aux chasseurs du milieu liquide. Les Glaucus se plaisaient à merveille dans nos cristal- isoirs, où ils dévoraient avidement les Porpites dont ils ne laissaient guère que le lissu cartilagi- eux. Quelques jours plus tard, le 28 août, alors que le rince avait fait descendre une nasse dans la fosse de 3.500 mètres située l'ouest de Sio Miguel, ous fimes connais- ance avec les Janthi- s (fig. 7) qui, du pre- ier coup, se montrè- ent en essaim. Elles aient représentées deux espèces bien stinctes, l'une rare el al ÉCACE: : Etre ce rte Fe M ex une assise d'œufs. nune, mais notablement plus petite. Ces Gasté- opodes ont une coquille bleuätre et finement rnée de stries; ils sont suspendus à la surface run long flotteur, blanc et spumeux, qui adhère l'extrémité du pied dont il est un produit de sécré- ion. Le flotteur se détache et se régénère très ilement, de sorte qu'il n'est pas rare de le rouver isolé sur la vague ; comme nous élions au moment de la ponte, on trouvait fréquemment les Bufs réunis en groupe sur sa face ventrale, qui leur ert de point d'attache. Avec les nombreux exem- laires capturés, le D° Richard prépara une belle lution alcoolique rougeätre et dichroïque; car S Janthines sécrètent de la pourpre, au même tre que les Murex, les Aplysies et bon nombre autres Gastéropodes marins. Quelle richesse inépuisable dans cette mer des ores, lorsque le calme s'y fait sentir! Le lende- ain du jour où apparurent les charmants Glaucus, encore nous fut offert par les Salpes. Durant des ures entières, nous eûmes pour compagnons de dute ces Tuniciers diaphanes qui, lentement, se déplaçaient dans l'eau par les contractions de leur orps cylindrique. Bientôt, noscristallisoirs d'obser- Walion renfermaient de nombreux sujets d’études, jui, dans un corps transparent comme du cristal, mous laissaient admirer le crible oblique des bran- chies, le tube digestif jaunätre, et les deux cordons, Si joliment violets, qui consliluent les organes els. Un examen plus attentif nous permit de lier entre elles les deux phases allernantes qui bnstituent le curieux cycle vital de ces animaux : ains individus restent toujours isolés et d'autres sont réunis côle à côte en une chaine circulaire de six ou sept individus; or les seconds engendrent &olément les premiers et ceux-ci, à leur tour, sont rec Le Fig.1.— Une Janthine avec son flotteur portant du côté inférieur (Grandeur naturelle.) la taille de l'Helix hortensis, autre fort com- | speclacle non moins curieux et plus instructif | les générateurs des chaines qu'on voit déjà, loutes petites mais bien constituées, vers la partie termi- nale du corps. Celle alternance dans les formes d'une même espèce caractérise loutes les Salpes, mais tous les représentants du groupe ne donnent pas des chaines circulaires. Ces dernières appar- tiennent en propre aux Cyclosalpes, tandis que les Salpes proprement ‘dites constituent des chaines à bouts libres et par- fois très longues. Nous élions donc en plein banc de Cyclosalpes, mais quelques Salpes vraies se trouvaient disséminées dans l’en- semble, soit en chai- nes, soil en individus isolés, longs de 1 à 2 centimètres. Depuis lors, par les temps calmes, le yacht rencontra souvent ces espèces et, par inter- valles, d’autres Tuniciers diaphanes, les Pyrosomes (fig. 8), qui sont des groupements coloniaux en forme de manchon, où chaque aspérité repré- sente un individu relié à ses congénères par la charpente hyaline de l'en- semble. Les mêmes parages aco- réens sont également ri- ches en Crustacés péla- giques. Dans la masse bleue de : l'Océan, parmi les Salpes et les Glaucus, de petits Copépodes apla- tis, les Sapphirines, scin- tillaient comme des pail- lettes diaprées et s'irra- diaient de loutes les cou- leurs du spectre. Avec elles semblait vouloir ri- valiser une remarquable Isopode, l'Zdotée métalli- que, dont la face dorsale est d’un bleu de métal, clair et changeant, tandis que la face opposée res- semble à l’azur des flots. Cetle jolie espèce présente des phénomènes de colo- ration très Curieux, qui furent observés tout d’a- Fig. 8.— Pyrosome géant, bord par mon ami le colonie de très petite ni ; taille. (Cliché de la li- D' Richard : transportée re Masson: dans l'eau de mer d'une cuvette, elle change rapidement de teinte et, au bout d'une heure, devient presque complètement E.-L. BOUVIER — LA FAUNE PÉLAGIQUE DES IN VERTÉBRÉS noire, sans que d'ailleurs sa vitalité soit amoin- drie. Serait-ce là un phénomène de rapide adap- tation, semblable à celui dont une Crevette de nos côtes, le Virbius varians, nous offre un modèle accompli ? Le soir, à la lumière violente du réflecteur élec- trique, des Cruste- cés de diverses sor- tes viennent nager à la surface, accom- pagnés de pelites Annélides, qui for- ment avec eux une masse étrangement agitée et tournoyan- te. C'est ainsi que nous primes, à 100 kilomètres au sud de Sào Miguel, un assez grand nombre de Glaucothoës (fig. 9), qui sont les larves nageuses et symélriques de Cruslacés connus sous le nom de Paguridés ou Bernards l’'Ermite. Grâce aux spécimens précédents, et à un autre plus volumineux recueilli par le filet vertical, entre O0 et Fig. 9. — Glancothoe Peroni. lis 1.500 mètres, dans la région des Sargasses, j'ai pu montrer : 1° Que les Glaucothoés se divisent en deux groupes, comme les Paguridés eux-mêmes; 2° que les unes sont pélagiques et se liennent au voi- sinage des côtes où vivent les Bernards l'Ermite dont elles sont issues, tandis que les autres flottent entre deux eaux dans les profondeurs au-dessus des Reproduction de la figure originale de Milne-Edwards. Longueur de l'exemplaire-type, 18 mm.) . 10. — Préparation du filet pour les pêches fines de surface. (A du Dr Richard.) abysses que fréquentent leur progéniture ; 3° enfin. que ces organismes sout vraisemblablement des. larves qui, n'ayant pu s'abriter dans une coquille au moment favorable, continuent à muer, à croître et à mener une vie errante en conservant leur symé- trie et leurs organes natatoires. IL. Des pèches péla- giques faites au ha- veneau, il convient de passer à celles, plus menues et plus délicates, effectuées jour et nuit avec le petit filet de gaze fine trainé à l'ar- rière du navire. Que dire de ces captures infini- ment variées, du très ingénieux appareil imaginé | par le D° Richard pour en faire l'étude, et des | bonnes heures passées, au doux bercement du | navire, devant ce kaléidoscope merveilleux ! | Je ne résiste pas au plaisir de détailler quelque | : sur la table, l'appareil d'observation peu l'ingénieux Le filet conique appareil de mon industrieux ami: se compose de soie à bluter la plus fine; son orifice est maintenu béant par un anneau métallique, et il se termine en arrière par uue courten manchelte de cotonnade souple qu'on ferme en« | l'étranglant avec un demi-nœud de cordonnet tressén (fig. 10). A l'anneau de l’orifice est fixée une patle= d’oie formée de trois fils métalliques réunis en une” | { ’ E.-L. BOUVIER — LA FAUNE PÉLAGIQUE DES INVERTÉBRÉS boucle d'amarrage; la ligne, de 50 à 60 mètres, est raltachée au filet par un porte-mousqueton, à un mètre dugnel est fixé un lest'd'un peu plus d'un kilogramme. Grâce à son étroit orifice, le filet peut être em- ployé à bord d’un navire marchant à toute vitesse, en don- nant assez de ligne pour qu'il reste im- mergé. Rentréà bord, on Je laisse égoutter, on retire le cordon- net qui le ferme en arrière, et on plonge le fond ouvert dans un récipient rempli aux deux tiers d'eau de mer ou de liquide fixateur. Voici maintenant, d'après M. Richard lui-même, le dispositif, plus remarquable encore, de l'appareil d'examen (fig. 10) : « La récolte est enfermée dans Fig. 11. — Commweut on observe «à bord les fines piches péla- giques au moyen de l'appareil du Dr Richard. Fig: 12. — Un Copépode corycéide, la Copilia vitrea, avec ses grands yeux et ses pattes nalatoires richement garnies de poils empennés. (Longueur, 6 à 7 mm.) une boile de verre à faces parallèles" complètement pleine de liquide, sans la moindre bulle d'air; le L Cuves fabriquées à Saint-Gobain suivant le procédé de M? Fabre-Domergue. Pour de plus amples détails relatifs à plankton se dépose sur la face inférieure de la boite de verre; on l’examine au moyen d'une loupe horizontale, terminée par un prisme rectangulaire dont une des petites faces, horizontale, est paral- lèle à la face inférieure de la boite de verre et siluée au-dessous d'elle, de facon à renvoyer dans la loupe l'image des objets déposés sur le fond de la boite. Celle-ci peut glisser de droite à gauche et de gauche à droite; la loupe à prisme peut glisser d'avant en arrière ou d’arrière en avant; la combi- naison de ces deux mouvements permet de par- courir tout le fond de la cuve de verre sans changer la mise au point. » Et l'on peut examinerainsi, commodément ins- tallé sur le pont du navire (fig. 11), même par un fort roulis, les orga- nismes recueillis par le filet. Vraiment, les minuscules élé- ments du plankton, au grossisse- ment de l'appareil, passent en splendeur, en variété et en intérêt les représentants plus volumineux de la faune pélagique. Voici d'a- bord la foule prédominante des En- tomostracés les Podon et les Evadue, qui sont des Cladocères fort courts et à carapace très ré- duite, les Calanus ou Copépodes à céphalothorax renflé, à queue grêle et à longues antennes, d'autres Copépodes plus rares et non moins curieux, les Setella, qui portent une longue soie caudale, et les Coryceus (fig. 12), dont les yeux énormes envahissent la plus grande partie du corps; — puis des formes jeunes ou adulles appartenant aux groupes les plus divers : Tuniciers du genre Appendiculaire, jeunes Vers du genre Sagilta (fig. 13), larves d'Annélides et de Crustacés, Fig. 13. — Une Sagitla, ver pis- cilormeincolore et hyalin, très caractéristique de la faune péla- gique. 4 fois.) Grossie et les Rhizopodes du genre (G/0bi- gérine, dont le corps se compose de sphérules noyées dans un protoplasme à prolongements mul- tiples, et les Radiolaires dont le noyau jaune ou rougeàtre sert de centre à une infinité de rayons microscopiques (fig. 14), et les jeunes groupe- ments de Collozoum et de Spherozoum au début de leur évolution coloniale. Nous primes quelquefois, dans le filet, de très jeunes Céphalopodes, sans d’ailleurs être favorisés comme l'année précédente, où le filet ramena une Ri- l'appareil, voir l'intéressante Note publiée par M. le D 10 È ) n0- chard dans le Bulletin du Musée de Mon , n° 52, 1 vembre 1905. 360 E.-L. BOUVIER — LA FAUNE PÉLAGIQUE DES INVERTÉBRÉS À rares et les plus dignes d’être étudiées de la faune marine. J'ajoute que les mémes pêches renfermaient un grand nombre de fort jolies Algues microsco- piques : un Péridinien à trois cornes, l'Hirundinella tripos (fig. 15), les Halosphæra qui ressemblent à Fig."14. — Un Radiolaire, l'Acanthometra Mülleri (d’après Hæckel). — Est à peine visible à l'œil nu. (Cliché Masson.) nos Prolococcus, les Coscinodiscus en forme de plaquettes vertes, les Æhizosolenia qui ont la même couleur et un corps plus allongé, etc. À mesure que nous approchions de la mer des Sargasses, deux sortes d’Algues jaunäâtres vinrent s'ajouter aux types précédents, toutes filamenteuses et agglomérées, Fig. 15. — Une Algue de la famille des Péridiniens, l'Hi- rundinella tripos. (A peine visible à l'œil nu.) mais les unes sous la forme de bottes irrégulières, les autres en un massif évhevelé plus ou moins sphérique. III Est-ce au voisinage des Sargasses qu'il faut attri- buer le développement, en quantité considérable, de ces Algues agglomérées et jaunàtres ? Il y a des raisons de le croire. En tout cas, la faune des Sargasses est tout à fait spéciale, admirablement adaptée au milieu où elle vitet, pour la plus grande part, indépendante de la faune pélagique normale. Les Sargasses sont des Algues brunes de la même famille que les Fucus de nos côtes; leur thalle se ramifie en branches grèles qui portent des expansions dentelées en forme de feuilles et, un peu partout, des flotleurs isolés munis d'un court pédoncule (fig. 16). Ces flotteurs globuleux et remplis de gaz ont la taille d'un gros pois; ils se détachent aisément de leur pédoncule et abondent sur les flots dans les régions où sont nombreuses les Sargasses. Les ramifications du thalle et les flotteurs àgés sont d’un brun noirätre assez intense, mais les flotteurs jeunes et les expansions foliacées sont d'un jaune verdàtre, qui est la teinte prédomi- nante de l'Algue. On sait que les Sargasses à flotteurs (Sargassum bacciferum) végètent au voisinage des côtes américaines tropicales à la manière de nos Fucus, et que les portions délachées de leurs thalles, entrainées par les courants, viennent se réunir dans un vaste espace de 200.000 kilomètres carrés, com- pris entre le Gulf-Stream et le courant équatorial. A lui seul, cet apport serait insuffisant pour peupler d'Algues une élendue aussi vaste; mais, si les Sargasses flottantes ne forment aucun élément reproducteur, elles végèlent parfaitement à la sur- face des flots, y poussent des rameaux, des expan- sions foliacées el des flotleurs, sans doute également s'y divisent sous l'influence des vagues, chacune de leurs branches détachées donnant naissance à une touffe nouvelle. Certaines de ces louffes, encore petites, sont manifestement au début de leur crois- sance, les plus grandes pouvant dépasser largement le volume de la tête; grandes ou petites, elles poussent dans loules les directions, ce qui leur donne une forme arrondie bien caractéristique et, cela va sans dire, une texture assez lâche, produite par leurs rameaux plus ou moins enche- vêtrés. Aux confins de la mer des Sargasses, les touffes sont rares et isolées; plus loin, elles ont une tendance à se réunir suivant la direction des cou-. rant(s superficiels et constituent alors de longues trai- nées interrompues, dont les dimensions en largeur sont loujours médiocres. Nulle part nous n'avons vu la surface absolument recouverte d'Algues : la disposilion en trainées semble tout à fait prédomi= nanle, avec de larges intervalles où flottent parfois quelques louffes isolées et, dans certains cas, des sortes de radeaux assez compacts dont les plus grands pouvaient alteindre 15 à 20 mètres carrés. Cà et là, parmi les Sargasses, on rencontre quelques # | fragments de Fucus nodosus arrachés certainement , aux rivages des Canaries, de Madère ou des ACOresM E.-L. BOUVIER — LA FAUNE PÉLAGIQUE DES INVERTÉBRÉS 361 Nous atteignimes la mer des Sargasses par son extrémité du sud-ouest. C'est le 8 août que les | premières loufles furent aperçues près du navire; le yacht se trouvait alors à 2.200 kilomètres des Cana- ries, et à 2.000 kilomètres des Açores, par 26°40' lat. N. et 36°36' long. O. (Greenwich); après quoi pairs assez larges et délicatement frangés, ce Mol- lusque nu est découpé sur le modèle des expansions foliacées de l'Algue dont il possède le coloris, si bien qu'il peut ramper inaperçu dans les dédales de son habitation flottante. Les deux mimélismes associés se rencontrent également dans le Syngnate | | | il fit ur long coude vers le nord-ouest pour atteindre la » région où abondent les Algues. Au point le plus éloigné de notre course, Île 12 août, nous nous trouvions à 2.700 ki- lomètres des Cana- ries, et à 1.700 kilo- mètres de Pico (Aco- res), par 31°40'lat. N.et42°40' long. 0O.; le 20 août disparu- rent les dernières pélagique, dont le corps allongé et grêle s'infléchit len- tement ou se tient immobile commeun rameau ; ils se déve- loppent à un degré vraiment étrange dans un autre Pois- son, l'Antennarius maäarmoralus (fig. 16), qui est mar- queté de blanc sur un fond brun jau- nâtre, avec des na- geoires et des ex- de Pico, par 33°51' lat. N.et34°03'long. 0.; soil une campagne de treize jours dans la région des Sargasses. La population zoologique localisée dans les touffes d'Algues est riche en individus, mais peu variée comme espèces; elle se distingue surtout par le mimélisme extraordinairement prononcé de presque tous les animaux qui la représen- tent. Comme les Sargasses elles-mêmes, ces der- niers sont d'un jaune verdàtre, avec des parties plus foncées lirant parfois sur le rouge, et des taches blanches imitant les Bryozoaires disposés en croûles sur les Algues; toutes ces coloralions, asso- ciées aux bigarrures, sont étonnamment variées “dansune même espèce. Un Crabe pélagique, le Nau- tiloyrapsus minutus, celui-là même que nous avions trouvé à l'arrière des Tortues et sur les épaves, grouille dans les Sargasses, où, néanmoins, on ne W'apercoil pas lorsqu'il se tient immobile, tant est parfait son mimétisme de couleur, qui varie d'ail- leurs pour chaque individu. Il en est de même d'un Crabe pélagique plus rare, le Neptunus Sayi, et des … pélites Crevetles qui nagent d’une touffe à l’autre : enon pelagieus, Leander tenuirostris, Virhius acuminalus, etc. Les Gastéropodes qui vivent dans «ce milieu présentent des caractères analogues, et sont en général de petite taille ; l'un d'eux pourtant, la Scyllæa pelagica, atteint une longueur de 6 à 1 centimètres et se distingue par un étrange mimé- tisme de la forme et des couleurs : orné de lobes Fig. 16. — L'Antennarius marmoratus, à côté d'un fragment de Sar- gasse. (Grandeur naturelle.) touffes, à 2.000 kilo- pansions frangées mètres des Canaries ou découpées en et à 830 kilomètres lobes. L’Antenna- rius est cerlaine- ment l'animal le plus typique et le plus curieux de la faune des Sar- gasses; très rapide en ses évolutions, il revient rapidement à la touffe dont on l'écarte, et s’y cramponne avec ses nageoires antérieures dilatées qui fonclionnent à la manière d’une main. Ce Poisson ine parait alteindre au plus 10 centimètres. Fig. 17. — Halobates Vüllerllerstorffi dans sa position naturelle à la surface de l’eau. (D'après nature. Grossisse- ment linéaire, 7.) de longueur; il se construit un nid globuleux et compact, gros comme les deux poings, en réunis- sant les louffes d'Algues avec une sécrétion fili- forme et élastique fort abondante. Nous trouvä- mes deux de ces nids peu après notre entrée dans la mer des Sargasses, dans une région où les touffes étaient encore très peu nombreuses; plus tard, 362 D' AD. CUREAU — ESSAI SUR LA PSYCHOLOGIE DE L'EUROPÉEN AUX PAYS CHAUDS malgré des recherches multipliées, il nous fut im- possible d'en rencontrer un seul. Les deux nids renfermaient une quantité d'œufs répartis dans toute la masse, entre les rameaux d’Algues et les fils élastiques; ces œufs mesuraient à peu près 9 millimètres de diamètre et, vraisemblablement, avaient été pondus par le Poisson. 1Y Pour terminer celle esquisse de la faune superfi- cielle,je dois consacrer quelques lignes aux Hémip- tères du genre //alobates, qui sont les seuls Insectes adaptés à la vie errante du large. Très voisins des Hydromètres de nos eaux douces, mais beaucoup plus courts et plus trapus, ils vivent comme eux à la surface, où ils patinent en s'appuyant sur leurs quatre pattes postérieures (fig. 17), qui sont fort allongées. C'est le 15 août, en pleine région des Sargasses, que nous vimes les premiers Halobates; ils furent également assez nombreux le lendemain; mais, dans la suile, nous n'en trouvämes plus un seul, sauf à 100 kilomètres au sud de Saô-Miguel, où ils étaient d'ailleurs beaucoup plus rares. Ces | Insectes sont parlout revèlus d’une pubescence grise qui prend un reflet blanchâtre sous les rayons lumineux; ils glissent en zigzagant et saulent sur l'eau avec une agililé extrême, si bien que, vus du bord, ils ressemblent plutôt à des moucherons qui effleurent la vague. On les prend au haveneau, mais la caplure en est difficile. [ls paraissent inca- pables de plonger et, pour les mettre à l’élat d'im- mersion complète, il faut les agiter dans un tube avec de l'eau de mer; alors, on les voit remonter à la surface et se tenir quelque lemps appliqués, le dos en bas, contre la couche liquide en contact avec l'air. Ainsi, au contraire des autres animaux péla- giques, les Halobales ne semblent pas pouvoir quitter la surface et descendre à de certaines pro- fondeurs quand l'Océan est agité. Pourtant, nous ne vimes ces Insectes que par des lemps calmes; mais comment pourrait-on les apercevoir quand la mer est couverte de rides nombreuses ou de vagues un peu écumantes? E.-L. Bouvier, Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle. ESSAI SUR LA PSYCHOLOGIE DE L'EUROPÉEN AUX PAYS CHAUDS PREMIÈRE PARTIE : FACTEURS GÉNÉRAUX IL est remarquable que les faits de sévices, commis contre les indigènes dans diverses colonies françaises ou étrangères, n'onl pas été appréciés de même manière par l'opinion publique en Europe el par les personnes ayant une expérience appro- fondie des choses et de la vie exotiques. Non pas que les honnêtes gens hésitent à réprouver là-bas comme ici des faits que condamne la morale uni- verselle : Luer un homme est aussi bien un crime sous les tropiques que dans les zones tempérées; loutes les lois connues le frappent d'un chàtiment sévère. Mais, en dehors du point de vue de l'intérêt social et de la répression pénale, le problème mérite d'être analysé plus profondément. Que l'on ne taxe pas cette étude de pure spéculation : car elle permettra de voir sans doute si le remède pra- tique est possible et dans quelle voie il doit être recherché. L'opinion publique s’est justement émue des faits; mais elle les a jugés avec sa passion et sa nervosilé féminines, trop irréfléchie et trop versa- tile pour en peser mürement les causes. Après avoir provoqué et glorifié, au nom soit des intérêts les brillantes expéditions d'outre-mer, sans avoir entrevu la nationaux, soit de la civilisalion, possibilité d'arriver à un résultat meilleur et plus durable par des moyens différents, elle en a désa- voué ensuite les instruments nécessaires et les conséquences fatales. On ne déchaine pas impuné- ment la violence sans que les instincts de la brute, que recèle tout civilisé, n’écaillent bien vite le vernis d'éducation policée trop frais et trop fragile. Pour- quoi, à peu près limilé dans nos sociétés à une catégorie infime et abjecte de la population, le cri- minalisme remonte-t-il parfois comme un hoquet vers les couches supérieures? Pourquoi et sous quelles influences se produit chez que]ques-uns cette efflorescence de passions malsaines? Ces faits ne sont pas l'apanage exclusif des pays d'outre-mer; ils apparaissent chaque fois que la discipline sociale est rompue ou méconnue. On les retrouve ainsi dans les convulsions populaires"; le cas que j'envisage ici n'est qu'une forme particu- lière du même état mental. Il est donc intéressant d'essayer de dégager du cas particulier des milieux coloniaux des facleurs qui modifient ou paraissent modifier si profondé- 1 SIGuELE : Les Foules criminelles, — Dr G. Le Box : Psy- chologie des Foules. .. «D' AD. CUREAU — ESSAI SUR LA PSYCHOLOGIE DE L'EUROPÉEN AUX PAYS CHAUDS 363 ent la moralité de l'Européen. J'envisagerai plus spécialement l'Afrique tropicale, que je connais mieux el qui se présente comme un cas limite du problème. La dissociation des divers facteurs assez complexes conduit à distinguer : généraux, exlérieurs à l'individu et qui, par suite, s'imposent à tous; — des facteurs individuels, qui renforcent ou afaiblissent l'influence des premiers el, en tout cas, impriment à leurs manifestalions des modalités caractéristiques. La première catégorie des facteurs appartient lout entière au milieu nouveau dans lequel se trouve plongé l'Européen fraichement débarqué de sa patrie. C'est un milieu physique, c'est un milieu humain, tous deux très différents de son milieu ‘originel. Sa première impression exagère précisé- ment celle dissemblance et l'entraine à croire qu’il devra apporter un bouleversement complet dans sa conduile et dans ses mœurs. Les premières alteintes du climat, un genre de vie assez rude, le contact d'un monde nouveau, la nature de ses relations, tout est pour lui si inaccoutumé qu'il accueille sans examen le bagage complet des préjugés que lui transmettent fidèlement ses anciens. IL est jeune; l'enthousiasme des premiers moments, l'étourderie, l'instinct primesautier et l'inexpé- rience de son âge le prédisposent à accepler sans contrôle les suggestions de son propre esprit ou de son entourage, parliculièrement ce qui flattera sa conceplion encore simpliste de la vie, son amour-propre, sa vanilé, son désir de briller, sa naïve ostentalion de virilité. I. — MILIEU PHYSIQUE. La plupart des colonies, surtout les plus nou- elles, se montrent réfractaires à l'Européen. Afrique tropicale, en particulier, lui oppose des bstacles sans nombre. Quel contraste pour le nou- eau venu entre les pays civilisés et ces contrées arbares ! Dans la vieille Europe, la vie de relation st facililée par une végélation depuis longtemps omptée, par des routes aplanies, par des moyens ussi variés que rapides; on y goûle le fruit du vail des générations passées. Ici, au contraire, activité est entravée par mille contrariétés : ore puissante des forêts dresse contre l'homme la rrière ses troncs énormes, de ses lianes ntrelacées; les plaines arrêlent sa marche par le trage de leurs herbes raides et dures. Nulle rt il n'existe de roules, mais seulement dès sen- ers étroits, lortueux, raboteux, vallonnés, tantôt lune mortelle aridité, tantôt transformés en tor- ns par les pluies diluviennes. Les cours d'eau “Sont semés de rapides et de calaracles; la natiga- Lion y est aventureuse. Au sein d'une nature aussi de — des facteurs | 142) hostile, le voyageur, le colon endurent des fatigues et des souffrances de lout instant; la palience s'irrite, l'instinct de combalivité s'exaspère contre l'obstacle sans cesse culbuté, sans cesse redressé. A cette lutte constante le caractère gagne sûrement en virilité, en sang-froid, en décision; la volonté se trempe et acquiert plus d'énergie. L'inévitable obligation de subvenir par soi-même aux besoins les plus simples de l'existence sollicite l’ingéniosité, enseigne le prix des jouissances et le salaire équi- valent à l'effort, inspire la confiance en soi-même. Mais aussi, par un entrainement naturel, cet élal de lutte permanente pousse à l'exagération, vers la violence et le personnalisme extrème. La conception de la force comme moyen suprème et universel se substitue à la juste notion des possibilités et au sens exact de l'intérêt bien entendu. Ce travers est commun à tout état ou profession développant l'instinct de combativilé. La sagesse est une affaire d'opportunilé et de mesure. L'action physiologique des climals chauds intro- duit un élément nouveau et caractéristique. Elle se manifeste au début par une excitation générale. Dans la suite, sous des influences très mal connues, il y a, au contraire, tendance à l'engourdissement, à l'apathie. La fatigue, causée par le moindre exer- cice, conseille facilement l'inertie. Pourtant, si les circonstances viennent à imposer un effort soulenu, l'abattement et l'indolence du premier moment s'efacent vile pour laisser goûter le plaisir et le bienfait d’une vie active. Cet effet, je le sais bien, n'est pas spécial aux zones tropicales; mais, quelle qu'en soit la raison, je crois qu'il y est beaucoup plus accentué, comme il me parait résuller de ma propre expérience et des impressions que m'en ont communiquées beaucoup de personnes. Les pérégrinations bohémiennes sur les fleuves ou les senliers de la brousse contrastent par le charme, l'entrain et la santé avec l'existence languissante, monotone, nerveuse, qu'on lraine dans les postes. Le désœuvrement, le besoin d'excitants, plutôt que la chaleur, portent nombre de gens à l'usage des liqueurs et à l'alcoolisme. L'apéritif quotidien de cinq heures est une habitude plus funeste encore sous ces climats que chez nous. Sans parler de l'état de réceplivité que crée l'intoxication éthylique pour toutes les maladies, il est depuis longtemps démontré que les essences, contenues dans les préparations les plus prisées des buveurs, prédis- posent à des troubles cérébraux graves. C'est avec raison que l'État Indépendant du Congo a pris des mesures draconiennes pour en prohiber l’introduclion sur son terriloire. En Extrême-Orient, on ajoute à l'alcool la pas- sion de l'opium, dont les dangers ont élé trop | souvent décrits pour n'être pas universellement connus. À ce propos, il est curieux de constater avec quel empressement l'homme, à quelque race qu'il appartienne, accueille tous les excitants, tous les générateurs d'ivresse, qui s'offrent à lui. Etnon seulement l'homme mûr, mais l'enfant s'y adonne avec passion. L'animal même surmonte assez faci- lementsa première répugnance et arrive vile à priser l'usage des liqueurs fortes. On dit souvent que ce penchant général n'est qu'une forme de cet autre penchant qu'a lout être de rechercher la jouis- sance. Ainsi exprimée, la question ne me parait pas présentée sous son plus juste aspect ou, du moins, ne me parait pas assez généralisée. J'y verrais plus volontiers une déviation, une perversion de cet instinct de tous les êtres, vers une plus grande intensité de vie et dont il est averti par le plaisir qu'il y éprouve; l’un de ses &as particuliers est l'instinct de conservation en présence du danger. L'usage du tabac, de l'alcool, de l'opium n'a pas des débuts très engageants; mais, après quelque entrainement, lorsque l'expérience de l'excitation a été faite, le sujet oublie le conseil de la Nature, caché sous la première répugnance; il ne songe plus alors qu'au plaisir, qui, par un effet non moins naturel, lui fait croire à l'action bienfai- sante de son poison favori. Cette double illusion aveugle son jugement et lui dissimule le danger immédiat ou lointain. J'ai cru observer que, aux pays chauds, l'alcoolisme prononcé préserve pen- dant quelques années ses sectateurs de l'atteinte de quelques maladies exotiques, notamment du paludisme. Mais, comme, pour produire ce résul- tat, les doses journalières doivent êlre élevées, les altérations organiques amènent, un jour, une chute brusque et une mort rapide. La race blanche offre une remarquable faculté d'adaptation aux lempéralures les plus variées son échelle de tolérance atteint presque 100° entre les régions extrêmes, tropiques el zones arctiques, où elle a pu s'implanter. Au contraire, les autres races sont, en général, douées d'une élasticité beaucoup moindre : une différence de quelques degrés seulement étouffe un Groënlandais ou gèle un Toucouleur. En dehors de ce point de vue d'en- semble, j'ignore comment l'Européen se comporte au delà du cercle polaire. Mais, sous les climats chauds, il manifeste une sensibilité très grande aux variations de température. Les brusques abaisse- ments du thermomètre, après les fortes pluies, se traduisent par une impression de froid humide extrêmement pénible, quoique la température absolue ne descende pas au-dessous d'une ving- taine de degrés. Les parois des habitations suintent l’eau; la literie, les vêtements s'imprègnent des buées extérieures dans des cases mal closes. Le soir on se couche sur des draps trempés ; le matin, 364 D° AD. CUREAU — ESSAI SUR LA PSYCHOLOGIE DE L'EUROPÉEN AUX PAYS CHAUD la chemise et le pantalon se sèchent aux dépens de la chaleur du corps. Dans les régions plus sèches, on éprouve des différences de 45° à 6°; alors, I sensation de froid va jusqu'à une réelle souffrance M il faut se charger de couvertures et entrelenir du feu dans sa case. À cet égard, l'indigène, moins sensilif, parait en éprouver une impression moins pénible, bien que la saison sèche lui vaille ass fréquemment des broncho-pneumonies à term naison fatale. Que dire de plusieurs autres agents, dont l'action physiologique, plus ou moins bien définie, a été en tout cas, fort peu étudiée? On a trop délibéré= ment laissé de côté l'observation des influences d milieu physique sur les fonctions des êtres vivants M on à quelque tendance à considérer l'organisme comme médicalement indifférent à ce milieu, © bien les faits admis sont d'une écœurante bana lité. Fascinés par les merveilleux progrès de 1 Bactériologie, le physiologiste, le médecin se son habitués à ne voir dans l'être vivant qu'un simple tube à culture; ils ont trop négligé ou même méconnu chez lui le côté sensible, qui en fait um réactif si délicat des impressions du monde exté- rieur. Si le microbe est l’agent direct de la maladie je voudrais savoir en quoi, pour sa part, l'ambiance peut favoriser ou entraver son invasion dans mor organisme. Au lieu des stériles listes de tempéra-M tures, sans signilicalion et sans porlée, auxquelles sont astreints les médecins coloniaux, il serai intéressant d'étudier l'électricité atmosphérique la richesse de l'air en ozone, l'intensité de la cha leur solaire, la nature des radiations transmises au sol, ele. Je sais bien que, si ces données phy-M siques sont susceptibles de mesures de quelquem précision, il n'en est pas de même des données phy= siologiques ; néanmoins, on y trouverait sans déute des indications fécondes, que l'observation jour nalière permet déjà de prévoir. L'impression d'abattement, d'énervement, d'irritabilité à l'ap proshe d'un orage et surtout d'une tornade dans les pays chauds est un fait banal. — L'abondance de l'ozone dans l'air est clairement démontrée au amateurs photographes qui emploient l’acidés pyrogallique. Quelles modifications peuven amener les combustions organiques plus activ provoquées par ce gaz? — Il y a prédominance des radiations rouges dans la lumière solai filtrée par les buées denses de l'atmosphère desn régions forestières et fluviales sous le ciel tropica Ont-elles une influence sur le chimisme physid logique? N'exerceraient-elles pas aussi sur 1@ caractère l'agacement et l'aigreur qui ont observés dans certaines fabriques de plaques gélatino-bromure? — Pelites causes, à coup Sûk pures hypothèses. Rien n'est si puissant que le =. © | bites causes, ni d'effet si durable. Peut-être St-ce au concours d'une multilude de causes nalogues, plus qu'à des causes grossièrement videntes, que telle contrée doit ses propriétés irmenantes, telle autre ses verlus calmantes et iparatrices. Dans un ordre d'idées voisin du précédent, on nil que les variétés de fièvres, dites palustres, qui Weignent le plus profondément la santé de l'Euro- Sen, ne sont pas, hors les cas pernicieux, celles i se manifestent avec le plus grand fracas. Il xiste tout un groupe de pyrexies insidieuses, ne harquant que quelques dixièmes au thermomètre, hais qui provoquent des désordres sérieux dans économie générale des fonctions : délabrement s voies digestives, douleurs névralgiques vagues, éphatalgie, somnolence, dégoût de toutes choses. La constipalion tenace est très fréquente et se iontre souvent rebelle à la thérapeutique. — lun autre côté, la chaleur humide est un mer- billeux agent de stimulation pour les fermenta- ons en général, tant extra qu'intra-organiques; germes contenus soil dans les cavilés viscé- es, soit dans l'épaisseur même des tissus, loin en êlre garantis, lui doivent une remarquable uractivilé. C'est ainsi que l'on voit la luberculose oluer avec une grande rapidité. Il parailrait vrai- mblable d'altribuer aussi à une accélération alogue les intoxications gastro-intestinales ou néralisées, qui compliquent presque toujours les res, dites palustres, des pays chauds. Un fait ïdrait à le prouver : c'est que les mêmes affec- ns acquièrent un caractère de gravité beaucoup bindre sur les plateaux au climat relativement que dans la région si humide des rivières et s forêts. Les propriétés déprimantes des climats intertro- aux sont dues à la collaboration de ces multiples ses. EL la dépression organique, affaiblissant hergie réactionnelle, laisse le champ libre aux ènts morbides el aux prédisposilions de toute lure. Les conditions hygiéniques défectueuses anent encore noircir le tableau : surmenage du rps et de l'esprit, régime alimentaire insuffisant mine qualité el quantité, consommation prolon- > des conserves et de produits locaux indigestes, alion de fruits. Ainsi, les diathèses subissent lement le contre-coup de la débilitation et de la ère physiologique, les tares mentales comme bautres. Et s'il est vrai que personne n'en esl solument exercpt, qu'il n'y a pas de ligne de harcalion tranchée entre la saine raison et la Me; on conçoil que les plus faibles lics, les plus imples « manies » (au sens vulgaire du mot üissent s'exagérer sous le coup de tant de causes Oncourantes. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. Dh TE NOTE OR TT UE Me voici donc ramené au cœur de mon sujet, après une excursion nécessaire, quoique rapide, sur les confins de la Physiologie et de la Médecine. Qu'on l'excuse : ce n'était point un hors-d'œuvre. Chacun sait, par une expérience malheureusement inhérente à l'humaine nature, combien l’état de santé réagit fortement sur le moral de l'individu. Les états morbides lentement et faiblement conti- nus, comme ceux dont j'ai parlé, sont précisément ceux qui affectent le plus le caractère. A l'influence de la maladie il faut ajouter un peu aussi celle du remède. Je vise particulièrement ici la quinine, dont l'usage est si répandu aux pays chauds, qui même v est souvent administrée avec exagération. J'ai vu, après l’ingestion de fortes doses de ce médicament et pendant la période d'ivresse, des gens de caractère habituellement fort doux manifester une irritabilité et parfois même une brutalité extrèmes. Je n'ai point remarqué que les doses préventives et faibles eussent un résultat analogue. S'il est réel, l'effet en est sans doute peu considérable et ne saurail, dès lors, être démélé au milieu des influences d'autre nature. En outre, comme je suivais moi-même cetle pratique pro- phylaxique, mon observation personnelle a pu être troublée par cette circonstance. A côté de l'influence matérielle, le milieu phy- sique exerce une influence morale non moins réelle : il exerce sur l'esprit une suggestion favo- rable ou fâcheuse, indéfinissable dans sa cause et dans son essence, et dont l'esprit s'affranchit diffi- cilement. Les vieux acclimalés du Stanley-Pool savent combien, en saison sèche, le ciel gris, l’as- pect terreux du paysage, les brumes qui rétré- cissent l'horizon, rendent l'esprit morose et assom- brissent le caractère. Avec quelle satisfaction, avec quel soulagement on salue la première réappa- rition des lointaines collines, aux approches de la saison des pluies! — A l’une de mes missions, j'avais pour collaborateur un brave garcon, qui fut saisi d'un véritable sentiment d'angoisse en péné- trant dans le Congo, au lieu dit « Chaudron d’en- fer », non loin de l'embouchure du grand fleuve. Durant toute la campagne, sa poitrine lui parut comme oppressée, depuis qu'il avait pénétré par cette gorge étroite. Au moment où il la franchit de nouveau pour rentrer en France, il poussa un « ouf! » vraiment comique et se sentit dès lors sou- lagé. — Cette « peur de l'Afrique » n’est point très rare. Je l'ai observée chez plusieurs, notamment chez un autre agent, qu'elle rendit véritablement malade et qu'il fallut rapatrier huit jours après son arrivée, — Sur beaucoup} au contraire, la vie de brousse exerce une incomparable séduction. Ils en aiment l'existence rude et sauvage pour les souf- frances même qu'elle leur fait endurer. Aux uns g* 366 elle fournit matière à leur instinct de combali- vité; pour d’autres, c'est une indépendance, une liberté d’allures tout à fait ignorée dans nos socié- tés policées, où l'encombrement humain limite l'initiative individuelle. : L'absence de confortable, les installations rus- tiques et grossières, l’inélégance des ustensiles d'usage courant, la malproprelé et l’impéritie du personnel domestique pèsent de manière très diverse sur chaque individu. Ce ne sont pas tou- jours les plus gâtés en Europe qui en souffrent ou qui s'en plaignent le plus. La privation de commo- dités est un merveilleux maitre d’ingéniosité. Lors- quil ne faut compter que sur soi-même pour s'abriter, se coucher, se vêlir, se nourrir, on devient vite architecte, maçon, menuisier, lailleur, cuisi- nier. Jamais dicton n'a été plus vrai : « Comme on fait son lit, on se couche. » On a vu ainsi, dans les pays dénués de tout, se dépenser des trésors d'ingéniosité et de fantaisie, s'ébaucher maladroiï- tement les formes les plus étranges de meubles et de maisons, se confectionner des costumes selon des modes inédites. À ces travaux, la plupart des Européens s'adonnent avec goût et plaisir, d'abord parce qu'ils constituent un tribut sans exemption possible, ensuite parce qu'ils donnent à l'homme la mesure de sa propre valeur et qu'ils comblent cha- cun au prorata de son intelligence et de son adresse manuelle. Malheureusement nos désirs et nos conceptions sont nés, ont grandi sur le terrain plus vaste et plus fertile de l’industrieuse Europe. Les installations sommaires de la brousse africaine, les expédients infirmes, impuissants contre la souveraine Nature, ces démonsirations patentes de notre faiblesse originelle, en froissant peut-être quelque secret orgueil, triomphent de notre patience et nous font chercher sur d’autres objets un dérivalif à notre humeur exaspérée. Que d'entreprises ruinées par un incendie, par une simple pluie, par la malveil- lance, et qui avaient coûlé tant d'heures et tant de peines ! Que d'objets précieux gâtés par l'humidité, détrempés par les orages, rongés par les insectes, pillés par les noirs! Ce n'est, il est vrai, autre chose que la vie, avec ses rares moments de salis- | faction, payés par un excès de déceplions et de déboires ; mais c'est la vie plus âpre, plus brutale, une vie que les généralions humaines ont peu à peu désapprise, une vie privée de ces dehors au moins qui, chez nous, en enveloppent l’amertume. La loi est morale autant que mécanique : tout acquit, toute salisfaction, l'entretien même de la vie exigent un effort, une dépense, qui a pour équi- valent une usure de notre propre vie. Négliger cetle contribution, c'est s'exposer aux inforlunes. Tra- vail ou malheur sont les deux seules et exclusives -tage morbide. L'insecte remplace avec avantage le monnaies pour acquilter cet impôt. Ainsi revers tirent souvent leur source de notre faute D'autres fois, le malheur nous vient de vouloi nous maintenir dans un milieu auquel nous y sommes point adaptés : l'effort qu'exige l'entretien de la vie dans ce milieu réfractaire excède alor neufs, l’'Européen, qui veut trop demander à des. condilions exlérieures non encore pliées à ses caprices et qui prennent sur lui la revanche d’une | nature encore indomptlée. L'ennemi le plus redoutable et le plus dan reux, c'es! l'insecte, infaligable et tenace dans se allaques, invincible par sa mullitude, quelquefois sonnée inslille sournoisement le germe d'un con: fauves les plus féroces des autres parties du monde: Le tigre ne vous égorge qu'une fois. L'insecte fait trêve ni jour, ni nuit; sa petilesse et son infin multitude lui donnent toutes les audaces. Duran le jour, des colonnes de fourmis coulent en fleuw sur vos papiers, vos mains, votre visage; des mouches de mille espèces vous chalouillent, vous lardent, vous sucent. Sur les plateaux, un bataillon d'abeilles met en déroute une troupe de soldats Quand les magnans envahissent votre maison, n'es sayez pas une vaine résistance : donnez la liberté à votre basse-cour et rendez vous-même sans honte la place à l’envahisseur. Les termites entreprennen! la ruine de votre domicile, avant l'achèvement de sa construction, transpercent d’outre en outre Vos malles de linge, réduisent vos livres en une bouillie terreuse. — Il existe dans les bois de l'Afrique tros picale une minuscule abeille d'odeur repoussante et vivant en innombrables colonies. Mes bûücheron en furent un jour assaillis par de si formidables légions qu'ils en avaient sur le corps une coucl épaisse comme la main et qu'il fallut abandonnen le travail. — Sur ies bords du Ngoko, j'ai vu pen dant deux mois consécutifs des papillons passer @ flocons serrés comme une tourmente de neige. — A tère, lépidoptère, névroptère produit d'êtres sexués s'abaltent dans votre maigre potage, s'insinuen dans votre verre, pourtant protégé d’une soucoupe s'engluent au morceau que vous porlez à vob bouche. Deux soirs de suite, observant au thé dolite, sur la limite des bassins du Congo et du Ni ma slation fut envahie par un nuage épais névroplères extrèmement petits, qui s'introd saient dans le nez, les yeux, les oreilles, et y déle minaient de vives démangeaisons; le verre de mon L photophore en fut rempli à tel point que la bougie l s'éleigail; il fallut quitter le terrain. — Veut-on, à la i iles rrivent, annonçant par leur sifflotement le sup- lice de leurs piqûres envenimées. Malheur à qui a pas abrilé son sommeil sous le rempart étouf- ant d'une mousliquaire ou bien y a laissé pénétrer n seul de ses ennemis! Il lui faudra renoncer au ommeil. Toutes ces petites taquineries, provenant d'êtres ussi infimes, peuvent paraitre des bagatelles à qui n'en a point fait l'expérience personnelle. Il aut pourtant les compter parmi les sources les plus ‘elles de la mauvaise humeur chez l'Européen. Elles sont pelites, mais incessantes. Unités négli- eables, leur somme excède la force et la patience jumaines. La grosse mouche, qui pose sur la main ne large et dégoûtante souillure, succède immé- jatement au laon, qui s'envole lourdement, le entre rebondi et rouge du sang dont il vient de e gaver. Une pluie de fourmis rouges se répand ur la peau en morsures de feu, pendant que la puce hique sculpte son nid sous un ongle de pied. Ainsi, à moins de se résigner comme le sauvage, homme n'a pas lu parlie belle contre la Nature rutale. Iei l'animalité règne en maitresse sous le ouvert de la flore toute-puissante. Le civilisé ne eut lutter seul et nu contre ces ennemis coalisés. Pour y réussir, il lui faut loutes les ressources de on industrie européenne; par leur moyen, il doit enter, dans la mesure du possible, de transporter ans ces pays, image de lemps préhistoriques qu'il » connait plus, le milieu nouveau et artificiel, en elque sorte, que lui ont créé ses ancêtres et en hors duquel il ne saurait désormais prospérer vivre. II. — MILIEU HUMAIN. t On admet comme suffisamment démontré que le hilieu physique peut, parmi un ensemble de causes très complexes, avoir contribué pour une large part Ééciproque ; l'homme réagit à son tour sur le milieu qui l'environne. Il en modifie les aspects; il change nature de ses productions; il en améliore les onditions hygiéniques; il met les bèles sauvages s d'état de lui nuire et, au contraire, il les souplit à son service ; il rapproche les distances n aplanissant le sol et sillonnant la terre et l'eau » machines perfectionnées, imaginant des moyens Mransport mécaniques; il s'attaque aux forces iaturelles, soit qu'il les rende inoffensives, soit 'illes détourne à son profil; ses travaux de déboi- ément e{ d'irrigation arrivent méme à modifier ce Mi parait le plus en dehors de ses atteintes, le chmat. Mais, en retour, le milieu modifié réagit de façon permanente sur la race, et ainsi se produit faconner la mentalité des races. Mais l'action est ee A La T n - Et COMRINRTN . AD. CUREAU — ESSAI SUR LA PSYCHOLOGIE DE L'EUROPÉEN AUX PAYS CHAUDS 367 une adaptation continue et réciproque, dont le point de départ se trouve dans le milieu, premier modificateur et stimulateur de l'homme : car, au début äe la longue chaine du progrès, on trouve l'effort de l'individu isolé contre les autres êtres animés el contre la Nature brute, pour la salisfac- tion des besoins les plus rudimentaires et la défense de sa vie. Tous les instincts, toutes les facultés, tous les ressorts de l'âme se tendent et s'exercent d'autant plus que le milieu se montre plus rebelle. C'est pour la même raison, mais en sens inverse, que les peuples des tropiques se sont endormis, depuis leurs origines, dans une stagnation com- plèle : car le climat, toujours égal, leur crée très peu de besoins et livre contre une faible somme de travail tout ce qu'il faut pour les satisfaire ; la den- sité extrêmement faible de la population ne les incite guère non plus à lutter entre eux pour l’exis- lence. Comment la civilisation européenne s'impré- gnera-t-elle sur ces races, indifférentes par essence au progrès ? Des deux facteurs qui nous ont amenés à notre état actuel, le milieu et la réaclion du pro- grès sur soi-même, le premier est nul et plutôt contraire dans les pays nouveaux; le second est le seul dont nous disposons pour modifier, un peu, il est vrai, contre le gré de la nature ambiante, les primitifs, que nous prenons en tutelle. Il nous faut d'abord nous faire suivre de tous nos instruments de progrès et les appliquer à modifier la Nature dans la mesure de notre industrie: il nous faut ensuite constituer un milieu social analogue au nôtre, avec un système approché de droits et de devoirs, de prérogalives et d'obligations. J'ai dit « analogue » et non «semblable » : car notre orga- nisme social et ses lois sont faits à la mesure de ce milieu. Excellents pour lui, il y à toul à parier, comme il arrive effectivement, qu'ils s’adapteront mal à des conditions différentes. Ils devront donc subir quelques retouches pour se mouler sur un corps nouveau et ne le point blesser. Mais, pour maintenir le nouvel état de choses et pour vaincre l'inertie inhérente à son milieu naturel, il est indispensable que la colonie subisse l'impulsion incessante de l’activité et des intérêts de la métropole. Eu effet, lorsque la Nature sau- vage aura été domptée et aura permis une existence plus molle, l'Européen subira l'influence d’une vie facile et sans préoccupations matérielles sérieuses ; il glissera dans l'indolence et le nonchaloir, où sont parvenus les créoles des vieilles colonies. $ 1. — Isolement. Pour l'heure et dans les conditions actuelles, que devient psychologiquement l'Européen, subitement transplanté de sa patrie d'origine dans une contrée 368 D" AD. CUREAU — ESSAI SUR LA PSYCHOLOGIE DE L'EUROPÉEN AUX PAYS CHAUDS exotique? Il y trouve des conditions tout à fait inaccoutumées : l'isolement moral, un entourage de mœurs et d'idées complètement différentes des siennes, des suggestions régressives, l'affranchisse- ment des entraves sociales. Si l’on admet cette définilion, qu'une société est un ensemble d'individus reconnaissart les mêmes lois, la plupart des possessions européennes en . lointains pays ne constiluent nullement des sociétés. Car les lois ne sont librement consenties que par la partie la plus infime de la population et sont par elle imposées à l’autre. Il ne peut, d’ailleurs, en être autrement; car l’alliage d'éléments ethniques aussi dissemblables ne saurait prélendre à devenir jamais homogène. C'est le mariage forcé de deux parties incompatibles de goûts et d'humeur : l’une quelconque des deux arrive toujours à tyranniser l'autre; ici l'Européen reste le maitre; ailleurs l'indigène a pris la suprématie et en abuse. La dissemblance des conceptions, des sentiments, et, si je puis dire, de la conformation intellectuelle et morale tout entière est telle qu'il n'y a qu'un nombre extrêmement restreint de points de contact entre les deux mentalités. Ce n'est pas seulement une différence de grandeur, mais une différence de structure. Ce ne sont pas, géométriquement par- lant, des figures semblables, superposables sur une partie de leur étendue, mais des figures différentes, sans angles ni lignes communes et pouvant avoir | seulement par pur hasard des portions de surface applicables. Je vise ici particulièrement le noir africain. Tou- tefois, si j'en crois les auteurs et les rapports oraux que j'en ai recueillis, la même remarque s'appli- querait aux autres peuples exotiques, quoique avec des modalités et à des degrés divers. Entre les nègres et les individus de race supérieure, il n°y a ni affinilé, ni attraction. Recommencez l'expé- rience tant de fois faite par d'autres et par moi- même : comblez un jeune noir d’atlentions et de bienfaits; montrez lui de la sympathie; faites le possible pour le rapprocher de vous. Quelques- uns, notamment parmi les races du Sénégal et du Soudan, seront capables de reconnaissance et même d’un dévouement poussé jusqu'au sacri- fice. D'autres, tels les Congolais, sont tout à fait incapables de si beaux sentiments. Dans les deux cas, l'expérience, si prolongée qu'elle soit, vous fera toujours sentir entre vous et eux un défaut complet d'harmonie. Et, chose remarquable, que j'ai développée dans une précédente étude !, l’édu- cation, loin de réduire la distance, ne fait que l'accroitre. Ainsi la société n'est issue de la colonisation 1‘ Essai sur la Psychologie des Races nègres de l'Afrique équatoriale (Revue générale des Sciences, 1904, p. 638 et679). | vivement trois fois son pa villon. Î | vitale. Le Congo en a présenté de nombreux, ts 5 L guère qu'une juxlaposilion el non une fusion. L'Eu- ropéen, relégué au sein de populations indigènes est dans un complet isolement par rapport à ceu: qui sont, à proprement parler, ses semblables. I est plus isolé qu'au milieu d’une nation euro: péenne dont il ignorerait la langue. Il est, si l'ot me permet celle comparaison, qui outre-passe de beaucoup ma pensée, comme un berger au milieu de son troupeau. L'échange possible d'idées est extrêmement restreint et ne sort pas du cercle des préoccupalions matérielles les plus immédiates. A ce compte, on conçoit que les facultés inte lectuelles et la moralité même s’engourdissent L'âme, tout comme un organe, a besoin d’un exer- cice constant dans une atmosphère propice, pou conserver sa vigueur et sa souplesse. L'intense production d'idées dans nos civilisations élevées est éminemment propre à son développement; on l'accuse même, non sans raison, de pousser l'exer= cice au surmenage. De toutes façons, elle lui cré des habitudes, elle lui engendre des besoins, q ne trouvent guère leur satisfaction dans la brousse africaine. Après quelque temps de séjour, l'activilém mentale se concentre sur elle-même et ne s'épanchém au dehors qu'avec peine. On devient taciturne tandis que le cerveau se livre à des caprices vaga bonds. Volontiers on se « raconte des histoires Très probablement aussi, la nourriture mauvaise le jeûne forcé, le surmenage physique, la chaleu intense, la continence contribuent puissamment à cette exaltation psychique, comme il arrive, pou quelques-unes des mêmes raisons, aux ordres monastiques. Le défaut d'échanges intellectuels @ l'insuffisant exercice de l'idéation ont cet autre résultat que l'expression de la pensée s'embarrassé et, pour ainsi dire, s'ankylose. J'ai observé plu sieurs fois ce fait sur moi-même, après de long; séjours; l’usage des langues indigènes ne me mettait pas à l'abri. 1 Cette réflexion sur soi-même de l'activité psy chique tend à développer sourdement les pen chants, les manies, les tares, les déviations morale enfouies, en temps ordinaire, sous le sublimina et masquées ou tenues en bride par la prédomis, nance des impressions extérieures, par la craint du ridicule, par les nécessités de la concurrence Ed Se à exemples, tantôt comiques, lantôt tragiques. Jen citerai seulement comme type le cas de cet ouvrier mécanicien qui s’élait imaginé de dresser sure» sommet de son casque colonial un petit mât avec pavillon et drisse; celle-ci passait par le trou du macaron et descendait sous la coifle, jusqu'au devant du vesion. A l'approche d'un supérieur, mOn homme le saluait en tirant sur la ficelle et amenanb ( Î 4 { ie la solitude d'un seul homme ; souvent, il est ire. La vie en commun ne présente alors quelque trait que dans le début, quand chacun n'a pas icore épuisé sa provision d'aperçus, ou quand un puveau venu apporte avec soi les idées et les évé- ements du dehors. Bientôt, les multiples causes igreur, que j'ai énumérées plus haut, échauffent s esprits; les Lics, les manies, les petits défauts u voisin font hausser les épaules, puis irritent, uis exaspèrent. On voit des gens nalurellement pux devenir féroces. J'ai connu tel bateau sta- onnaire de la Marine, où les officiers, hommes istingués et de parfaite éducalion en temps ormal, finissaient par ne plus pouvoir se souffrir, Squ'à se livrer aux personnalités les plus gros- ères el aux voies de fait. À peine débarqué, on dy pensait plus et l'on riail volontiers des extra- rances d'antan. “Je crois que l'isolement à deux aboutit moins ouvent à l'animosité reciproque. Il est difficile de aintenir longtemps sans froissement en contact urnalier des individus indépendants : des moines euls en seraient capables, parce qu'ils obéissent ne suggestion et à un idéal communs; encore a discrétion du couvent ne laisse-t-elle rien trans- irer à l'extérieur des mésintelligences inteslines. L deux, si l’éducalion antérieure n'esl pas lrop issemblable, si la disposition des lieux ne les blige pas à une vie trop intime, les premières nversations, ainsi que cet inslinct secret, mais n inexplicable, qui nous fait sentir immédiate- ent chez un autre conformilé ou dissemblance humeur, le premier abord, enfin, place les deux léressés sur leur terrain commun d'entente. Les ïtretiens ultérieurs retombenl spontanément sur mêmes sujets. Ceux-ci occupent bientôt une ace prépondérante dans l'existence journalière et ènnent un peu le caractère de l’idée fixe. Entre solitaires s'entretient une suggestion réci- üque, qui S'amplifie elle-même et surenchérit aduellement sur le thème favori : le jugement en trouve alléré, le sens moral affaibli. La nature » la marotte collective est déterminée par les onslances extérieures et revêt l’aspect badin, btesque ou criminel selon les cas: elle sera la ésullante du terrain dans lequel l'idée aura mé et de l'atmosphère morale, où elle se sera eloppée. Ainsi se manifestent à tous les degrés, buis les plus bénins jusqu'aux plus graves, des mes d'aberralion mentale analogues à ce qu'on appelé la « folie à deux » et à ce qu'on pourrail ppeler, en cas de pluralité, la « folie collective ». Voilà donc, avec ses effets psychologiques bien !S, un premier facteur propre, quoique non ial, aux pays nouveaux, l'isolement. Par cer- — — PP L'isolement par petits groupes ne vaut pas mieux | - l'action AD. CUREAU — ESSAI SUR LA PSYCHOLOGIE DE L'EUROPÉEN AUX PAYS CHAUDS 369 taines de ses modalités, dont je viens de parler en dernier lieu, nous sommes conduits à examiner une aulre calégorie de faits mettant en jeu cette suggestivité, qui est bien l’une des caraclérisliques les plus importantes de l'esprit humain dans l'état de société. L'homme subit consciemment ou inconsciemment une impression morale des objets du monde physique : j'entends de leur aspect, des sensalions tactiles ou auditives qu'ils nous pro- curent, et non plus, comme je l'ai fait vers le début de cetle étude, des obstacles qu'ils peuvent opposer à notre activité. En réalité, ce fait n'est point imputable à une suggeslion du dehors, émise par des objets inertes; il s’agit là d'une aulo- suggeslion. En d’autres lermes, on doit distinguer deux influences simultanées et différentes : — stimulante ou déprimante du milieu physique, tel que je l'ai esquissé plus haut, mode- leur de races indigènes, destructeur des races étrangères ; — l’auto-suggeslion, provenant de ce que les sensalions ou impressions fournies par le monde ambiant satisfont ou contrarient, par des -effets d'opposition ou de similitude, soit nos aspi- rations, soit des habitudes, des aspects, des images associées à des souvenirs heureux ou malheureux de notre vie. Evidemment, il est difficile de séparer cette influence, qu'on pourrait appeler purement morale, des phénomènes de nature physiologique en général, dont j’ai parlé plus haut. Cependant, placez pendant deux ans un agent presque seul sur un seuil rocheux, dans une vallée resserrée, domi- née par des escarpements et étouffée par d'épaisses et sombres forêts ; immergez-le chaque matin sous les denses et méphitiques vapeurs exhalées des eaux et des bois; faites bourdonner à ses oreilles sans discontinuité, jour et nuit, au long de l’année, le grondement tumullueux d'une cataracte; livrez- le à ses pensées, loin des nouvelles d'Europe et des siens, ne voyant qu'à de rares intervalles un visage blanc; recommencçant jour après jour sa monolone besogne, isolé, sans diversion, sans une lueur de gaité, sans même un chant d'oiseau devant ce tableau immuable, au sein de cette Nature tou- jours identique à elle-même, l'esprit enfin indé- finiment ohsédé par cette image d'une désespé- rante élernité : quel homme, dans ces condi- tions, ne sentirait son caractère s'assombrir et des germes d'instincts farouches poindre dans son àme. En étudiant mes propres impressions et quoique je ne croie pas être d'humeur sensible- ment plus morose que la moyenne des hommes, j'ai souvent éprouvé combien l'éblouissant soleil de l'Afrique tropicale, alternant avec des nuits pleines de mystérieuse terreur, semble, malgré la vie intense, que l’on sent partout présente et cachée, n'éclairer qu'une scène de désolation et 310 D' AD. CUREAU — ESSAI SUR LA PSYCHOLOGIE DE EN . - < a 7 Meg :- L'EUROPÉEN AUX PAYS CHAUDS “ - un monde en deuil. La gaité, l'entrain, l’ardeur naissent de la variété. La pâle lueur de nos hivers, en dépit de sa mélancolie, possède encore quelque charme, parce qu'elle apporte un changement d'aspect, parce qu'elle fait penser au dernier été, espérer le prochain printemps. Là-bas, la lumière est écrasante par son intensité el sa continuité; le paysage ne se dépouille presque jamais de son aspect sévère el, si j'ose dire, hostile; il n'offre au repos du voyageur ni une touffe de gazon, ni un carré de mousse; l'ombre de ses arbres est défen- due par un rempart de broussailles inextricables. Abandonné à travers ces soliludes inhospitalières, on mourrail de faim, de froid, de fièvre. Je ne me crois autorisé à parler que de ce que je connais par une expérience personnelle, vieille déjà de bien des années; mais, sur la foi de récits lus et enten- dus, je n'ai nulle peine à admettre que cette partie de la présente étude eût élé traitée d'une tout autre manière par un voyageur accoutumé aux aspects d’autres pays du monde, grouillants d'acti- vité humaine el appropriés par le labeur d'antiques civilisations à notre mentalité d'hommes du xx" siècle. Après le tableau que je viens d’esquisser du paysage de l'Afrique tropicale, considéré au point de vue moral, et que je crois résumer assez bien l'impression la plus générale, on pourrait s'élonner que tant de gens s’attachent quand même à celte brousse si dépourvue de charmes et y reviennent avec lant de persistance. On en trouvera peut-être quelques raisons dans ce qui va suivre. Retenons tout d'abord en passant ces deux grands mobiles : l'amour de l'indépendance et l'amour de l'action. Et retirons toujours de là cet enseignement : que la première indication pour le bien moral de tous (j'y joins du même coup l’indigène), dans les pays nouveaux, c'est de commencer au plus tôt et de poursuivre avec persévérance la transformation matérielle de ces sauvâges contrées. . — Élément indigène. Le principal caractère des phénomènes naturels, c'est, par leur infinie diversité et par leur graduelle variation, de n'abandonner aux classifications rigoureuses que leurs grandes lignes et d'échapper par leurs détails à toute espèce de répartition. Quelque attention que j'y apporte, à chaque instant de celte élude, je tombe dans le même défaut : car Je ne puis, sans vicier l’ordre naturel des choses, rompre à lout moment l'enchainement qui les lie. Si le lecteur, soucieux de cadres réguliers, est choqué de mes négligences, que mon aveu lui montre au moins que je suis excusé par le cas de force majeure et que le reste de confusion, que je n'ai pas su éviler dans cet essai d'analyse, a cet avantage de rétablir les transilions et les con- nexions réelles et rendre à l'ensemble un peu de sa complexilé vérilable, En abordant le second point des faits de suggestlivité chez l'Européen aux pays chauds, je m'aperçois que j'en ai déjà traité une partie en parlant de l'isolement. Ces deux points étaient, en effet, inséparables, parliculière= ment en ce qui concerne l'entourage européen car l'isolement est précisément une des meilleures conditions peur metllre un homme en état de récep tivité psychique, parce qu'il laisse l'attention du sujet s'abstraire sur un objet unique. — Faisant encore un effort pour mettre quelque clarté sur cé nouveau point de vue, nous dislinguerons deux facteurs assez définis : — l'élément indigène, en tant qu'il influe sur notre instinct d'imitation; la nature des rapports des éléments étrangers avec l'élément indigène. Les grandes lignes du décor africain viennent d'être esquissées ; les peuples qui l’habitent ont été longuement décrits dans la Psychologie des Nègres de l'Afrique équatoriale”. Ce tableau d’un monde primitif, préhistorique pour ainsi dire, dépayse complètement le nouvel arrivé, l'arrache à une civilisation relativement douce et clémente, pour le plonger d’un coup en pleine barbarie et le faire sauter, par un bond en arrière, jusqu'aux âges les plus reculés de l'humanité. Dans une étude qui 4 principalement pour objet d'enregistrer des obser= vations, et si possible de déterminer les causes prochaines, il convient de ne préjuger d'aucune théorie, même des plus accréditées à l'heure actuelle. Il est sage d’être très circonspect dans ce genre d'interprélations et surtout dans leur applica tion à la pratique. L'histoire des théories n'es qu'un perpétuel écroulement, d’où ne survit qu'une parcelle des conceplions qui avaient paru d’abord les plus décisives. Moyennant ces restriclions, el en quelque sorte à litre d'image, je dirai que toul se passe comme si, soustrait au foyer de sa culture el de ses progrès, retrouvant le souvenir perdu de ses origines dans la senteur sauvage des forêts reconnaissant obscurément, à travers plus de cim quante siècles, dans les primitifs actuels ses aïeu de l'âge de bronze, l'Européen remontait 18 chemins de l'histoire et tendait à marquer degré plus ou moins prononcé de régression morale ; On pourrait aussi, en laissant à l’hérédité I seule tâche de transmettre les apliludes, dire que emmagasinés dans d'énormes masses humaine comme la force vive en un gigantesque volante rotalion rapide; inculqués avec le lait par des gên ralions intimement engrenées les unes dans Je | autres; consentis et praliqués sans examen pal | “Loc. cit. immense majorilé, les concepts et les principes oraux persistent à l'élat latent dans la subcon- science, longtemps après l'éclosion d'idées nou- Îles, qui ne forment, durant de longues périodes, une couche superficielle et fragile. Nous n'en sommes plus, fort heureusement, aux horreurs des conquisladores. Mais, à notre époque, qui se dit civilisée, toutes les gradalions se pré- entent en pays nouveaux, depuis la douceur et la sévérilé mesurée jusqu'aux pires atrocilés de l'In- quisition. Comme, en abordant cette étude pure- rent philosophique, je me suis fait une stricte loi d'éviter tout ce qui pourrait avoir même l’apparence d'une personnalité, je me garderai bien d'invoquer i des exemples, que tous les coloniaux ont résents à la mémoire et dont le public même, en Europe, a eu les échos à diverses époques et en divers pays. Ce public a, d’ailleurs, été victime d'une Musion assez commune, qui porte à étendre consi- dérablement les faits exposés à la vive lumière de a publicité; on a trop généralisé. En réalité, ces as excessifs ne sont pas très communs. Générale- ment tout se borne à de simples brutalités, plus préjudiciables à la dignité el à la gravité de lEuropéen qu'à la peau de l'indigène. Ces faits, éanmoins, montrent bien comme l'adoucissement les mœurs et les sentiments d'humanité ont encore énétré peu profondément notre éducation. On le omprendra encore mieux, quand on verra à quels notifs souvent futiles ce mince vernis est sus- quemment entre l'excès du châtiment et son étexte. Ce prétexte est l'élincelle déchainant explosion de toute une masse d'instincits som- deillants, de préjugés secrètement accumulés, uis surchauffés, envenimés par les mille coups épingle, les innombrables zizanies, que j'ai énu- nérées plus haut. — Les faits de sévices sur les indigènes apparaissent tout où leur mentalité heurte la nôtre. Ils ont jour point de départ celte conviction à peu près niverselle el dont l'essence simpliste empêche de woir l'erreur : que la violence est le plus sûr moyen d'apporter immédiatement un changement radical ans la conduite, les idées et les mœurs de toute ne race. Ce procédé était le seul en usage, et cer- ainement le meilleur, aux premiers äges de umanité, lorsqu'il suffisait d'allaquer son sem- able et de le terrasser, si l'on pouvait, pour le nager. Plus tard, le but fut de voler sa victime. ais, à mesure que la lutte s'est mise sur un à sa conceplion au même niveau et transformer parallèlement ses procédés de conquête". ® Novicow : Les Luttes entre les Sociétés humaines. ptible de céder et quelle disproporlion il y a | ain plus élevé, l'homme n'a guère su dresser | ces procédés de « douce contrainte » On oublie trop que le mobile essentiel de l'homme ne réside nullement dans l'abstraction, mais dans l'intérêt personnel ou collectif, ce dernier n'élant, du reste, qu'une forme composée de l'autre, et ce terme d'intérêt étant pris sous loutes ses acceptions possibles : intérêt de conservation per- sonnelle, intérêt de conservation de la race, intérêts moraux, intérêts religieux, elc. Quand, d'occasion, la force parvient à triompher et à troubler un état de choses établi, elle crée une anomalie, une mons- truosité momentanée. Le vaineu adopte la conduite que lui dicte la nécessité du moment; mais toutes les forces de la Nalure réagissent aussitôt pour rétablir l'équilibre. L'intérêt est une des forces les plus puissantes qui soient. Un ressentiment plus ou moins hypocrite prend naissance sous la poussée de l'hérédité, de l'éducation, de tradilions tacites; les conditions physiques du milieu conservent lout cela dans une atmosphère propice et le main- tiennent inaltérable et fixe, même sous des appa- rences contraires. ]l faudrait que le conquérant arrivät à bouleverser à la fois ce puissant substralum psychologique et ambiant pour imposer à ses nouveaux sujels une identification parfaite avec son propre caractère, ses mœurs et ses mobiles d'action. Cette entreprise excède le pouvoir humain. Sous la pression étrangère réagit lentement et invinciblement le ressort des lois naturelles, un moment tendu. Ce qui vient d’être dit paraïtrait décourageant, si la colonisation n'avait la ressource de trouver des armes dans cela même qui la tient en échec. Elle dispose, dans ce but, de quelques faits sociaux, qu'elle peut modifier à son gré : l'accroissement de la population par immigration, l'apportde capitaux, l'amélioration économique du pays, les travaux d'art, le développement des moyens de communi- cation, le défrichement, la culture. Sice mouvement s'est opéré avec continuité et lenteur, l'indigène passera insensiblement de son milieu originel à un milieu notablement différent, sans en être, pour ainsi dire, élouflé; loin de là, son intérêt de con- servation lui conseillera, à son insu, une adapta- tion progressive; l'introduction dans son pays de la concurrence vilale le meltra mieux que loule coercilion dans l'obligation de travailler. Je ne dis pas que son âme s'identifiera à la nôtre. Que nous importe? Quel but poursuivons-nous ? Est-ce un but d'humanitarisme abstrait? Est-ce un intérêt égoïste? Pourquoi tiendrions-nous obstinément à civiliser ces gens auxquels leur condition ne pèse nullement Le rapprochement de leurs intérêts matériels au contact des nôtres n'est-il pas le meilleur moyen, pour ne pas dire le seul, d'ouvrir à notre culture un petit sentier vers leur àme”? Et, d'un autre côté, n’ont-ils pas 372 D' AD. CUREAU — ESSAI SUR LA PSYCHOLOGIE DE L'EUROPÉEN AUX PAYS CHAUDS l'inestimable avantage de ménager à nos entre- prises une main-d'œuvre que nous ne saurions remplacer et que la violence détruit ou nous aliène? — Le dressage de certaines races animales, leur cohabitation auprès de l’homme les a tellement modifiées, leur a si bien fait oublier leur existence ancestrale qu'elles ne sauraient maintenant se passer de vivre dans les sociétés humaines et que le retour à la vie sauvage serait pour elles un arrêt de mort. Tous les dresseurs sont d'accord pour affirmer que la violence bute un animal, que la douceur et la patience surtout sont les seuls moyens d'en venir à bout. L'être à forme humaine qu'est le nègre a au moins droit au même lraitement; et il a droit à notre considération, parce qu'il est notre frère inférieur. Si l’on ne s'attend pas qu’un chat saute de lui-même à travers un cerceau de flammes, pourquoi suppose-t-on que le nègre se prèlera sur la première réquisition à toutes les exigences : ter- ritoires, vivres, femmes, corvées, produits indus- triels? Distinguera-t-il, dans son esprit simpliste, entre l'arbitraire d'un particulier et les contribu- tions d'ordre administratif? Les unes comme les autres lui sembleront violence et spoliation. Sur quel criterium reconnaitra-t-il la légitimité de celles-ci de l'injustice de celui-là, tant qu'il n'aura pas acquis une notion sommaire de nos organismes sociaux, si compliqués pour lui; tant qu'il n'aura pas apprécié la solidarité qu'ils créent entre les individus d'un même groupement, ainsi que les devoirs qu'elle lui impose et les avanlages per- sonnels qu'il en peut relirer ? Certains aussi veulent contraindre par force le noir à travailler, pour lui donner, disent-ils, le goût du travail. Cette asserlion me met dans un grand embarras : car elle me place, dans l'élat actuel des choses, entre une hérésie économique et un crime de lèse-humanité. De par son climat, le nègre n'a qu'un nombre extrêmement limilé de besoins. A-t-on jamais vu personne travailler sans but, sans désir, par vaine et stérile acquisivilé? Mais alors, si vous imposez au nègre dix heures de travail par | jour et que deux heures, par exemple, suffisent à son entrelien journalier, les huit heures supplé- mentaires sont purement gratuites ét ne servent qu à vous. Qu'est-ce autre chose que de l'esclavage? Même si vous voulez rétribuer ce travail, pour en dissimuler la vraie nature, n'est-il pas évident que vous pouvez indifféremment payer en argent, en étoffes ou en cailloux? On voit ainsi, dans un pays voisin du Congo français, l’'indigène bourrer sa case de marchandises inutiles, stérile rémunération de fournitures forcées d'ivoire el de caoutchouc, et que dévastent promptement l'humidité et les insectes. Ici encore, l'obéissance pure et simple aux lois natu- relles, aux lois économiques en particulier, se montre supérieure à leur violation et aux procidis de coercition. Dès le moment que l'indigène aura à sa portée et saura disponible pour lui une abon- dance d'avantages de toutes sortes, produits de consommation, vélemerls, parures, ustensiles, sans compter la protection de sa personne el de ses biens, il sera libre de choisir entre le vol, qui estune appli- calion inintelligente et imprévoyante de Ja loi du moindre effort, et le travail. Le premier parti lu sera interdit par des moyens sociaux appropriés el surtout par la simple concurrence vitale, devenue plus aclive à cause de l'encombrement huinain ; son intérêt lui commandera d'adopter le second. Le lecteur a pu croire peut-être que je viens de me livrer à des digressions toul à fait étrangères à mon sujet. Il n'en est rien pourtant : car j'y ai trailé des causes les plus communes de conflits. Si j'ai su. les présenter sous leur véritable aspect, on y aura reconnu l'emploi de méthodes rétrogrades et mala= droites : pour le fragile avantage d'un succès super ficiel et éphémère, les colons imprévoyants blessenb l'humanité et, ce qui devrait surtout les toucher compromettent l'avenir des intérêts bien compris de la colonisation. En résumé, il faut se pénétre de ceci — l'expérience le démontre surabondam ment — qu'il est impossible, pur des moyens arlifiM ciels et violents, d'imposer à une race entière une évolulion si minime qu'on voudra. Pour que cette évolution soit effective, el non pas seulement appa rente, la race doit l'opérer spontanément. L'unique et plus puissant levier dont dispose le civilisé pour déterminer ce mouvement, c'est de rendre l'évolu tion nécessaire, en modifiant le milieu social et; dans la mesure du possible, le milieu physique. Le mentalité de la race suivra le progrès d'un pied boiteux et de (rès loin ; mais elle s'accommodera à ces nouvelles conditions matérielles pour le plus grand profit des indigènes et de nous-mêmes. On& souvent tout gâlé d'avoir voulu aller trop vite. Ajouterai-je à ce qui précède d’aulres causes de conflits moins essentielles, mais qui tendent tou jours à développer un certain degré de régressionn morale : — la conquèle à main armée el les repré sailles qu’elle entraine; le désir de frapper de terreur l'imagination du conquis el de lui imposer ainsi le respect de ses nouveaux maitres; le brusqué afflux d'un nombre d'étrangers plus grand que lé pays n'en peut nourrir; — l'enlèvement des femmes par les auxiliaires indigènes : rares sont les pas labres causées de ce fait par des Européens; — deux autres causes très fréquentes : les exactions con ds CNT 4. es -£ | sin ste d AD. CUREAU — ESSAI SUR LA PSYCHOLOGIE DE L'EUROPÉEN AUX PAYS CHAUDS 373 emploi de procédés inquisiloriaux et les exécu- ons sommaires, formes régressives d'une justice imitive, basée sur des suppositions ou des lémoi- gnages de nègres toujours suspects. $ 3. — Relâchement du frein social. . Ce dernier point, commun par plus d'un côté à ndigène et à l'étranger, confine au troisième fac- eur de la psychologie européenne aux pays chauds. Cest peut-être le facteur le plus important des trois. e veux parler du relächement du frein social. Qu'est-ce qui maintient l'homme policé dans cer- aines limites modérées de conduite? Qu'est-ce qui empêche de s'abandonner à lous les écarts, à oules les fantaisies, que lui suggèrent ses intérêts ses passions? — Ce n'est point ici le lieu de hercher le fondement de la morale; tant d'autres ont fait, beaucoup plus autorisés que moi sur elle matière! Et si longtemps encore on disputera ce sujet palpitant! Je m'en tiendrai à la pra- ique, que vise essentiellement le présent travail. Or l'exercice de notre liberté est limité de deux hanières : par notre volonté et par la volonté des atres. Ce qui guide notre volonté répressive, c'est soil n idéal, soit diverses formes de l'intérêt. Il serait uperflu d'examiner avec quelques-uns si l'intérêt labsorbe pas lout et s'il n'est au principe même e tout idéal. Quoi qu'il en soit, on rencontre des sonnes d'élite, portées à l'abnégation, qu’une onception élevée du devoir fait agir parfois à l'en- bntre de leurs intérêts. Ou, si l'on veut, il existe n intérêt de l'idéal, en ce sens que l'idéal, suffi- mment cultivé, s'organise en quelque sorte et ée des besoins, qui demandent satisfaction tout omme les besoins naturels. On pourrait admettre que cel idéal existe à l’état embryonnaire chez les imitifs et qu'il évolue conformément à une loi lurelle ; la morale universelle tend ainsi asymp- iquement vers une limile infinie qu'elle ne peut amais espérer toucher d'une manière parfaite. Le nds commun des principes moraux est à peu près tout le même et se ramène à un nombre très ëslreint de formules. 11 pourrait se résumer dans respect de la personne d'autrui, étendu à la pro- Priélé, qui est une émanalion de la personnalité lumaine. Dépassant ce terme de « respect », on Aboulit à la charilé, qui consiste, non seulement “sauvegarder la chose d'autrui, mais encore à croitre. enombre des hommes qui cultivent l'idéal moral r lui-même est excessivement petit : je crains bien que, dans l'humanité entière, il ne soit que de ordre des unités. Une autre catégorie, immensé- ment nombreuse, professe des croyances religieuses MSubit, soit consciemment, soit à son insu, l'in- E fluence d'idées religieuses ancestrales. Ils ont an- {hropomorphiquement transporté dans le monde moral les sanctions pénales de la vie sociale. Le frein intime, au lieu d'être, comme pour la première calégorie, l'amour du bien en soi, n'est plus que la peur de l’au delà, figuré par la lutte de deux prin- cipes ou deux divinités, l’une bonne, l'autre mau- vaise; le premier principe triomphe toujours et applique des châliments ante, mais surtoul post mortem, au prorata des fautes commises durant la vie. Assurément, l'idéal, quel qu'il soit, est le meilleur frein aux abus de la liberté. Mais, en dehors des deux catégories précédentes, réprouvées par le Nielzscheisme, s'échelonnent, avec tous les degrés de transilion possibles, les amoraüx, desquels encore sont deux espèces, les habiles et les inintel- ligents ou maladroits. Les degrés de la moralité ne concordent pas, d’ailleurs, d'une facon absolue avec les classes sociales, établies selon la fortune, l'édu- cation, les préjugés. Or, ainsi que je l'ai déjà indiqué, abstraction faite du frein intime, il existe autour de nous une puis- sance, à peu près complètement indépendante de nous et qui s’oppose à l'expansion illimitée de nos volontés, de nos désirs, de nos passions. Cette ennemie de nos caprices est représentée par la somme algébrique des volontés, des désirs, des passions de nos contemporains; et, si J'ai usé de ce terme mathématique, c'est que les tendances am- biantes sont partie analogues, parlie contraires aux nôtres. Entre ces tendances diverses, dont la nôtre, s'établit un équilibre presque stable ou dont les variations oscillent autour d'une valeur, soit per- manente, soit graduellement variable. Telles, dans l'eau de savon insufflée, se forment de nombreuses cellules, qui tendent individuellement à la forme sphérique, mais, par pression réciproque, de- viennent polyédriques; chacune abandonne un peu de son espace au développement de ses voisines en retour d’une pareille concession de la part de celles-ci. Cet état d'équilibre est traduit et sanc- tionné par des préceptes moraux et des lois juri- diques; la condition de son respect par les mino- rilés est dans la coalition des forces de la majorité; par application de la division du travail, celle-ci délègue ce soin à des corps spéciaux, police et tri- bunaux. L'homme, qui entre en lutte avec la société, pour quelque raison que ce soit, fait preuve d'inin- Lelligence : car il ne comprend pas à quelle puis- sance prodigieuse il s'attaque. Ou bien c'est un novaleur trop pressé, qui prétend à lui seul animer cette colossale inertie. Coup de poing contre la montagne. Comparaison n'est pas preuve; elle est au moins un excellent moyen d’abréger le discours. — Nos ; 374 D" AD. CUREAU — ESSAI SUR LA PSYCHOLOGIE DE L'EUROPÉEN AUX PAYS CHAU cellules de tout à l'heure sont remplies d'un gaz, qui ne demande qu'à satisfaire à son élaslicilé na- turelle. Celte tension interne représente, en quelque sorte, la personnalité humaine. Celle-ci se mani- feste aussi par une force d'expansion, définie en direction par l'intelligence et l'ensemble des con- cepts hérilés ou acquis, — en grandeur, par une somme de termes, auxquels j'ai déjà fait allusion vers le début de ce travail et qui, toul en étant ré- | ductibles entre eux, se présentent sous des formes variées : conservation de l'existence, ambition, pro- grès el amélioration individuels, recherche de la plus grande intensité de vie. Elle est en réaction constante et réciproque avec les cellules ou per- sonnalités environnantes. Si elle tente contre l'am- biance une poussée trop brusque, qu'elle se méfie d'en recevoir en retour un choc qui l'écrase ; tel ce boxeur qui frappe d'un coup de poing le ballon suspendu par un cordon de caoutchouc et en recoit aussitôt la riposte avec la même force d’impulsion qu'il lui avait imprimée. L'amoraliste habile doit toujours craindre ces relours vengeurs, qui sont l'effet d’une loi naturelle et auxquels les religions ont donné une origine divine : il n’y a là qu'une distinction de mots. La saine morale prescrit de fuir à la fois ces deux écueils, funestes au progrès de la personnalité humaine : l’abnégalion totale qui est un suicide moral, — le froissement d'autrui qui provoque les représailles impitoyables de la puissante coalition des intérêts lésés. La personna- lité ne doit donc se manifester que par une pression lente et tenace, sans choc brusque, mais toujours semblable à elle-même et se conformant à la conception actuelle de l'idéal moral. Reprenons maintenant notre masse de gaz, qui est la personnalité humaine, comprimée dans sa double enveloppe, représentant respectivement le frein social et le frein intime. Que le frein social vienne à manquer pour une cause quelconque, si le frein intime manque aussi, la bride est làchée aux instincts el aux passions. De ce fait nous voyons de fréquents exemples dans la vie journa- lière de nos sociétés policées : le réseau des lois ne garotte pas si bien l'initialive individuelle, il ne prévoit pas assez bien tous les cas possibles, pour : qu'il n’existe pas partout des fissures, par où le fluide des passions tend à obéir à son expansion naturelle. Ainsi se produit la multitude des petits délits journaliers, que nulle pénalité n'a prévue et ne peut atteindre. Ainsi également se font jour, dans les grandes commotions sociales, les excès de toute nature, alors que le faisceau des lois est rompu, que la dissociation de la com- munaulé en à affaibli l'énergie répressive et qu'on voil remonter de tous côtés les boues les plus abjecles de la populace. On va voir un résultat | en pays sauvage. Prenons un représentant de chacune des deux grandes catégories morales que j'ai distinguées tout à l'heure : l'un à frein intime robuste, l'autre à frein intime débile ou nul. En Europe, ils diffèrent assez peu entre eux au point de vue de la conduile« générale et des rapports sociaux. Je laisse, bier entendu, de côté le cas extrême du délinquant habis tuel, qui constitue une sorte de type pathologique Il nous suffit de constater, pour deux cas assez dis: tants, pris dans la moyenne de la populalion, que le frein extérieur ou social les maintient pratiquez= ment dans des limites morales restreintes et pe dissemblables. Transportons-les maintenant en une contrée élois gnée, où n'exisle plus ce coudoiement étroit, emprisonne l'initiative, où l'appareil des lois es par l’effel de la distance, dépouillé de presque toute sa puissance répressive. Alors lend à se produire dans ces deux mentalités une rupture d'équilibre — D'un côté, elles sont sollicitées par un systèmes compliqué d'idées raffinées, de goûts artistique de besoins nés à l'usage d'instruments perfeclionnés et d'inventlions commodes : toutes choses qui ne« trouvent nullement leur satisfaction dans le complet dénuement de la Nature sauvage. L'organisation physiologique même, devenue trop délicate, ne sait plus se réadapter à des condilions depuis longtemps oubliées. Le plus borné des deux ressent comme l’autre celle privation, ce vide ; car c'est une affaire non d'intelligence, mais d'habitudes profondément enracinéesou même organisées. — D'un autre côté le frein social manque, c’est-à-dire les désirs cou- currents de nos désirs, les ambitions ennemies de nos ambitions, les appétits armés contre nos appé tits, et, résumant cet ensemble d'antagonismes, les conveulions et les lois. Comment réagiront no deux individus devant le déplacement du centre de gravité moral? Chez le premier, le frein intime fera contrepoids et empêchera la chute. Si mêm sa culture morale est assez développée, il éprouve quelque satisfaction à sa victoire et un légitim orgueil à constater son empire sur soi-même. L'autre fera la culbule complète, dès le moment qu'il se sentira affranchi de toute entrave et de Lo contrôle. Les vertus chancelantes ont vite perdu l'équilibre, silôt qu'elles cessent d'être solidemen maintenues et qu'elles peuvent impunément « tuer le mandarin ». Ainsi reparaissent les instincts, les tares, les vices, les monstruosités latentes. Ainsi l'indélicatesse, le vol, la criminalilé arrivent à percer le vernis de l'homme civilisé. On ne saurail prélendre que, parmi tout peuple, il ne se trouve que des prix de vertu. Si, à la rupture d'équilibre dans l'ambiance morale, 14 E Lea es. e{ : AD. CUREAU — ESSAI SUR LA PSYCHOLOGIE DE L'EUROPÉEN AUX PAYS CHAUDS 375 Le « nements, les circonstances viennent ajouter ir coup d'épaule, si l'individu est jeune, inexpé- menté, s’il est de nature fruste, d'éducation rudi- éntaire, n'y a-t-il pas quelque pharisaïsme à abler de sa faute? Et cependant la nécessité ciale ne dicte-t-elle pas la rigueur ? Je suis l'Evangile pour l'exeuse, avec la justice hu- tine pour la condamnation. Philosophe, j'ac- rde les circonstances atténuantes ; juré, je de- ieure impiloyable, parce que je dois compte à bn pays de sa dignité et à l'humanité de son rogrès moral. IL. — Résumé. _Me voici arrivé au terme de l'étude des facteurs néraux de la psychologie de l'Européen en pays otiques. Je les ai parcourus selon un ordre en ëlque sorte objectif. Avant de passer outre, je dis intéressant d'en donner un tableau d'en- ëmble, qui en montrera, sous une forme peut-être lus intuitive, les relations assez complexes. J'y dopterai l'ordre subjectif par rapport à l'individu. » schéma ci-contre résume à ce nouveau point de > l'ensemble des faits exposés précédemment. bmontre en présence le monde extérieur, soit al, soit européen, et la personnalité psychique » l'Européen lui-même. Celle-ci comprend les dis grandes phases du cycle réflexe : — impression centres nerveux, depuis ceux qui président x simples fonctions organiques jusqu'à ceux qui nt en relation avec les phénomènes intellectuels plus élevés, — transformations des réflexes orga- ques ou psychiques, immédials ou retardés, en mifestations extérieures et en actes. Ce schéma est à double entrée ; il se lit en deux : l'un, vertical, de haut en bas, suit l’ordre des inomènes successifs, tel que je viens de le rap- ler, ordre commun à tous les êtres vivants; ütre, horizontal, de gauche à droite, marque les eux termes extrêmes de l'évolution psychologique, premier réduit au stade de la vie purement rganique el des manifestalions les plus simples psychisme, le second exprimant, au contraire, stade le plus élevé dans la période actuelle de évolution humaine. Un vide ménagé entre les ux parties laisse place pour tous les termes que bn pourra imaginer d'y intercaler. Si donc, dans £as qui nous intéresse, on veut considérer un ropéen d'une éducation, d'une intelligence, d'un actère donnés, qu'on imagine un plan verlical rpendiculaire au plan du tableau et le coupant à à distance des extrèmes proportionnelle à son degré de culture et de moralité; on aura ainsi, Pour ce cas particulier, une image des diverses ré- monde extérieur; — élaboration et fixation dans aclions que représentent les autres particularités du tableau. Considérons plus spécialement la phase moyenne du grand cycle réflexe, et conservons le terme «centre » pour plus de concision et de clarté. Entre les deux points extrèmes, placés ici à gauche et à droite, il existe un nombre immensément grand de centres échelonnés par degrés insensibles. C'est comme une sorte de vaste harpe composée de cordes très rapprochées el qui, par un phénomène de résonnance, rendent les harmoniques des sons qu'on leur fait entendre. De même, les phéno- MONDE EXTERIEUR Monde local Europe Milieu humain Echos par pour esex NIves indigène primitif Milieu physique européen Crises Réaction des uns | /°trraux. livres. sur les autres | Lois. Administ ®” a $ Aù inculte SENSIBILITÉ : : Troubles sil Modifications de la logiques et path sensibilité : cexcita- logiques. ion, dépression: ifiees ou perverties. INTELLIGENCE, | N besoins Greregrééls étude, He fon de concepts Inbuveaux Ge du devoir sensibilité sens) sihiite S = 2/9anique \ Sensations rentre) nouvelles besoins mes) instincts ns ancestrale He passio) \ vices a —— Concepts moraux nüls du déries A 7 = inférieures 4 4 p satisfaction a besoins SN À ] passions RS] décision violence KL empire Sur soi-même accomplissement du devoir [1 Æ bonté crime F BOJFEMANS de. Fig. 1. — Znfluence du monde extérieur sur la personnalite psychique de l'Européen. mènes du monde extérieur font vibrer, dans la hiérarchie si riche des centres nerveux, ceux qui sont en conformité avec eux et y réveillent de vieux réflexes oubliés ou qui, obscurément hérités, sont toujours restés dans la subconscience. Ainsi, envi- sageant la question sous ce nouvel aspect, nous voyons encore que la Nature et les mœurs sau- vages, retrouvées par l'Européen dans les pays nouveaux, le rappellent en arrière et le font reculer vers des mentalités éloignées dans le passé; comme Cagliostro, il se souvient, mais inconsciemment, de personnifications antérieures du Moyen-Age, de l'Antiquité, des temps primitifs. Les centres supé- rieurs exercent un contrôle etune action de retenue d'autant plus intenses que le plan vertical, dont j'ai parlé tout à l'heure, se trouve reporté à une grande distance sur la droite : car alors ces centres supé- 376 E. LAMBLING — REVUE ANNUELLE DE * SN dl), R LA CHIMIE PHYSIOLOGIQUE . rieurs croissent en nombre etprenñent la najorité. Sur le schéma, des flèches indiquent ces différents rapports el, de proche en proche, conduisent de l'impression du monde extérieur jusqu'à l'acte. Si j'ai su être clair depuis le début de ce travail, on lira sur le schéma les plus essentiels au moins des faits exposés précédemment, comme un étudiant géomètre retrouve sur la figure les lignes dont lui parle le théorème. De longues flèches sinueuses, rejaillissant de bas en haut, représentent les réac- | | | en peut recevoir par la suile. Dans un second article, j'éxaminerai l'influence des facteurs individuels sur la psychologie des l'Européen aux pays chauds. D' Ad. Cureau, Administrateur en chef des Colonies Lieutenant gouverneur du Moyen Congo REVUE ANNUELLE DE CHIMIE PHYSIOLOGIQUE DEUXIÈME PARTIE : TISSUS. ÉCHANGES NUTRITIFS. SANG. URINE. Dans une première partie‘, nous avons passé en revue les {ravaux récents relatifs aux matières pro- téiques, aux aliments, aux diaslases et à la diges- lion; nous allons maintenant examiner ceux qui se rapportent aux lissus, aux échanges nutritifs, au sang el à l'urine. I. — QUESTIONS RELATIVES A LA CONSTITUTION ET A LA FORMATION DES TISSUS. Sous ce titre, nous étudierons quelques questions dont le lien avec ce qui précède apparaitra tout de suite. EL d'abord celle-ci : Où se fait, après l'absorption digestive, celte reconstruction des protéiques dont il vient d’être question. Cette (transformation s'opère soil au niveau de la paroi digestive, soit au niveau des tissus. Dans la seconde hypothèse, la composition des protéiques de la ration influerail sur celle des protéiques du sérum. E. Abderhalden et F. Sarmuely? ont donc fait à un cheval une saignée de 6 litres, puis, après huit jours de jeûne, une seconde prise de 6 litres. L'animal a recu ensuite pendant trois jours 3 kilogs de gliadine de froment, malière albuminoïde qui contient 36,5 °/, d'acide glulamique, tandis que la sérum-albumine du cheval n'en donne que 7,7 et la sérum-globuline que 8,5 °/,. Pendant ces trois jours, on a enlevé à l'animal 7.500 centimètres cubes de sang, saignées qui ont élé bien supportées. Or, il s'est trouvé que, dans les protéiques du sérum de ce sang, la teneur en acide glutamique n'avait pas varié. Bien qu'on puisse faire à cette expé- rience diverses objections, que les auteurs expo- sent eux-mêmes avec de beaucoup soin, on peut conclure avec beaucoup de vraisemblance que ! licvue gén. des Scicuces du 15 avril, & XVI, p. 326. ? E. ABDERHALDEN et F. SAavueLy Zeitschr. physiol. Chem., t. XLVI, p. 193, 1905. Ja gliadine avait été transformée, soit déjà au, niveau de l'intestin, soit peut-être par le foie L'expérience serait donc à reprendre en s'adressant celle fois, au sang de la veine porte. Dans le même ordre d'idées, E. Abderhalden Rona' ont recherché si, en variant l'alimentation azotée de l’Aspergillus niger, on parvient à saisiBM une différence dans la composition de la partie protéique de la récolte. Or, le résullat a été qu'en prenant comme aliment azolé un nitrate, du gly= cocolle ou de l'acide glutamique, lhydrolyse de la récolle obtenue fournit les mêmes acides aminés soit du glycocolle, de l'alanine, de la leucine, de l'acide glutamique ou de l'acide aspartique. Les acides aminés aromatiques ont partout fait défaut Le résullat a donc été négalif, du moins au poinl de vue qualitatif. L'expérience reste, d’ailleurs, pas sible d’une objection grave, que les auleurs ne se sont pas dissimulée. Il est probable que les liss du végétal en question contiennent plusieurs pro téiques, de composition différente. Si donc on avails vu diminuer certains acides aminés dans l'ensembll de la récolle, ce résultat eût pu s'expliquer tou simplement par la disparilion ou la diminutia quantitative d'un protéique richement pourvu d ces acides. Ce sontdonc les modifications des dive protéiques considérés un à un qu'il faudrait pou voir étudier. à La tâche est lourde, mais le problème présente un intérêt considérable. On a été conduit à la fit de la première partie à celte conclusion que digeslion joue un rôle considérable dans le maintien | de la spécificité des conslituants chimiques propres" à chaque espèce. Mais on concoit que cette défense des organismes puisse ne pas être absolue, et qu'en: modifiant les conditions d'existence, d'aliment& 74 #" a 5 ion, elce., d’un être vivant, il soit possible de ire varier la structure des molécules conslilulives, conséquemument toutes les propriétés vitales de ét être. Cest le problème posé et poursuivi par Gautier‘ dans ses recherches sur la variation de Pspèce litis vinilera corrélative de celle du pig- ent rouge qu'elle produit et sur les tannins des iverses variélés de chènes. Le même problème se pose au point de vue pa- ologique. Déjà on a recherché si, sous l'influence à l'inanilion ou de certains agents chimiques, on arvient à modifier la constitution chimique des otéiques de l'organisme, c'est-à-dire si, au lieu dun écroulement total de la molécule, il pouvaitse oduire simplement un départ de certains groupes, épart qui laisserait subsister ainsi des protéiques utres que ceux qui, auparavant, caractérisaient état normal de cet être. Ainsi Umber? a recherché , en donnant à des chals maintenus à jeun de ide benzoïque, — lequel s'élimine à l’état d'acide ippurique, en emmenant donc avec lui du glyco- olle, — on arrive à modifier la composition des rotéiques de l'organisme. On doit se demander, en outre, si, dans les affec- ons du tube digestif ou de la nutrition, l'orga- isme réussit Loujours à défendre et à maintenir tte spécilicité de ses consliluants chiwiques. Un bntenu cellulaire peut devenir pathologique non ulement par un excès ou un déficit d'un consti- ant normal, ou par l'introduction d'une substance rangère, mais aussi par ce fait qu'un de ses con- lituants normaux, un protéique par exemple, a été dodifié daos sa structure par le départ ou la trans- brmation de l'une ou l’autre des pierres qui con- tuent l'édifice moléculaire de ce protéique. On Duche ici à la notion proprement chimique de la égénérescence, qui jusqu'à présent a loujours été ésentée à l'esprit des médecins sous sa forme atomo-physiologique*. IL. — ECHANGES NUTRITIFS. LES TRANSFORMATIONS DES NUCLÉOPROTÉIDES. il. — La transformation des nucléoprotéides ali- mentaires dans l'intestin. — La source exogène de l'acide urique. Cetle question de la transformation des nucléo- btéides alimentaires dans l'intestin, demeurée s obscure pendant longtemps, vient d'être très läirement mise au point par À. Schittenhelm. Outre l'intérêt biologique général qu'elle présente, A. Gaurien : Cüimie bioloyique, Paris, 1892, p. $. LR. Uuuen : Perl. klin. Wochenschr., 1903, p. 885. —D'AnbEnnaLoEx : Zentralbl. für Stoffwechsel- und Ver- dauunyskrankheiten, t. V, p. 641, 190i. E. LAMBLING — REVUE ANNUELLE DE CHIMIE PHYSIOLOGIQUE 311 | elle doitretenir l'attention des médecins, les nucléo- protéides des aliments représentant, par les bases puriques qu'ils fournissent, l'une des deux sources qui alimentent la production de l'acide urique, la source exogène. Voici quel est l'état actuel de cette question, d'après l'exposé d'ensemble de A. Schit- tenhelm, à qui l'on doit de nombreuses recherches dans celle direction. L'aliment le plus riche en nucléoprotéides et, par suite, en bases puriques est le thymus, qui contient 0,402 °/, de purines; puis viennent le foie (0,110 °/,), la chair musculaire des animaux de boucherie, des poissons, de la volaille (de 0,020 à 0,052 °/,). Les farines d'avoine et de légumineuses en renferment beaucoup moins (de 0,021 à 0,026 °/,), el les autres aliments végétaux n’en fournissent que des traces”?. Quelles sont d'abord les destinées de ces nucléo- protéides dans le tube digestif? IL est acquis aujourd'hui que la digestion pep- sique dédouble les nucléoprotéides en une matière albuminoïde et en nucléine, mais que celte dernière n'est scindée à son tour que pour une petile parie en une matière albuminoïde et en acide nucléique. Ce dédoublement des nucléines est surtout l’œuvre de la trypsine. C'est ce que démontre l'obServation de Ad. Schmidt sur la présence d’un nombre consi- dérable de noyaux cellulaires dans les selles des individus atteints d'affeclions du pancréas. De là, la méthode de diagnostic suivante, déduite de ces con- statations. On faitavaler aux malades de petits cubes de viande de bœuf enfermés dans de pelits sachets en gaze, et, lorsque ces sachets ont été rendus par l’aous, on recherche dans leur contenu la présence des noyaux. Si l’on en rencontre beaucoup, on peut conclure à une affection du pancréas. Celle asser- tion se trouve indirectement vérifiée par l’observa- tion de Schittenhelm*, qui a pu extraire des selles d'un sujet, atteint d'une maladie du pancréas, des quantités considérables de bases puriques (environ 0 gr. 50 par jour). La lrypsine sépare donc des nucléoprotéides le noyau phosphoré d'acide nucléique, mais dé- double-t-elle aussi cet acide avec mise en liberté de bases puriques? Ici les avis sont divergents. La plupart des essais ont été faits avec l'acide thymo- nucléique, qui est remarquablement riche en bases puriques. Des travaux de Kossel, Neumann, Kos- { A. SCHITTENHELM : Zentralbl. {. Stofwechsel-uud Ver- dauungskrankheïten, t. VI, p. 101, 1901. Comme ce travail de Schittenhelm se trouve dans un périodique peu accessible au lécteur français, je donnerai ci-après, en les citant d'après cet auteur, les principales données bibliographiques de la question. 2 Wacker HaLzz : Chem. Centralbl., 1902, €. 1, p. 1169. 3 Ao. Scumtor : Deutsche med. Wochenschr., 1899, p. SIA. — Die Funktionsprüfung des Darmes mittelst der Probekost, Wiesbaden, 1904, p. 40. — A. SCHITTENHELM Deutsches | Arch. f.klin. Med., &. LXXXI, p. 423, 1905. 378 tytschew", il ressort que cet acide, qu'on appelle | l'échelle des dédoublements jusqu'au niveau maintenant «-thymonueléique, donne des solutions qui à raison de 5 °/, se prennent en gelée par le refroidissement. Bouilli en milieu alcalin pendant un certain temps, cet acide perd environ les 2/3 de ses bases puriques et se transforme en un acide 8-thymonueléique, qui ne se prend plus en gelée. Or, tandis qu'Araki avance que la trypsine trans- forme l'acide « en acide 8, Naxayama soulient que l'érepsine seule opère le dédoublement complet avec mise en liberté de bases puriques. Ces contra- diclions ont été en partie expliquées par F. Sachs, qui a montré que les extrails pancréatiques con- tiennent à la fois de la trypsine et une diastase nouvelle, une zucléase, qui dédouble l'acide thymo- nucléique avec mise en liberté de bases puriques, action qui fait défaut à la trypsine. il y aurait lieu de rechercher aussi si les solutions d’érepsine, c'est-à-dire les extraits intestinaux dont s’est servi Nakayama, ne conliennent pas une nucléase?. Cette nucléase des extraits pancréatiques existe-t- elle aussi dans le suc de la glande ? C’est ce que l’on ignore encore entièrement. On ne peut donc pas affirmer que l'action des sucs digestifs dépasse le stade des acides nucléiques, bien que cela appa- raisse comme très vraisemblable. Mais d'autres agents hydrolysent certainement ces acides; ce sont les bactéries du tube digestif, qui dédoublent non seulement les nucléoprotéides et les nucléines, mais aussi l'acide «-thymonucléique, qui est liquéfié et totalement défaiten acides phosphorique, formique et oxalique, en ammoniaque et en bases puriques. Même celles-ci sont transformées : les amino-purines (adénine et guanine) en oxypurines (hypoxanthine et xanthine), et il est très vraisem- blable que ces oxypurines sont décomposées à leur tour avec production d'acide formique et d'ammoniaque (qui ont été isolés) et sans doute de glycocolle *. Nous allons voir que les tissus con- tiennent des diastases qui opèrent la même série de réactions, mais avec celle différence que la transformation des oxypurines passe par le stade acide urique, avant d'aboutir à la décomposition totale. En ce qui concerne la digestion des nucléopro- téides, el comme pour celle des protéiques, on assiste donc au même broyage moléculaire, l'édi- fice si complexe de ces composés descendant 1 S. Kosryrscnew : Zeilschr. {. physiol. Chem., t.XXXIX, p- 545, 1904. ? Voyez pour cetle discussion le travail de F. Zeitschr. f. physiol. Chem., L. XLVI, p. 337, 1905. * A. SGHiTTENNELM et Scnrürren : Zbid., t. XXXIX, p. 203; t, XL, p. 62 et 70; t. XL], p. 284. — PLENGe : Zbid., t. XXXIX: p. 190. — Les mèmes auteurs viennent de faire un exposé complet de cette question dans : Zeitschr. [. Stoffwechsel- und Verdauungskrankheïten, t. VI, p. 319, 1905. SAcus : E. LAMBLING — REVUE ANNUELLE DE CHIMIE PHYSIOLOGIQUE produits cristallisables et relativement simpl Celle production de bases puriques dans l'intestir est importante au point de vue de la physiologie den l'acide urique, car ces bases constituent, comme nous le verrons plus loin, l'une des sources de pros duction de l'acide urique, la source endogènes Celle-ci variera donc avec la richesse des alimen en corps nucléiques etsuivant l'intensité des procè d'hydrolyse de ces corps dans l'intestin. Ajoutons que, si les aliments contiennent des bases puriques\ prélormées, comme il arrive pour la viande l'extrait de viande ou le bouillon, il est clair qui l'acide urique d'origine exogène se trouver augmenté d'autant !. $ 2. — Larégression des nucléoprotéides des tissus La source endogène de l'acide urique. 1. Le dédoublement diastasique des nucléopro: | téides des tissus jusqu'au niveau des bases pur ques. — Le point de départ des recherches sur k | régression des nucléoprotéides dans les lissus s& trouve dans une observalion de Béchamp, et s tout dans un travail de Schulzenberger, que l’on peut considérer comme contenant en germe nos connais sances actuelles sur les diastases des tissus et surn ce que l'on a appelé plus tard l’autolyse des lissus Béchamp a constaté d'abord que, dans la levure abandonnée au contact de l'eau et à l'abri de le putréfaction, il y a mise en liberté d'acide phos: phorique. Puis Schutzenberger fit voir qu'à ce acide s'ajoutent la leucine, la tyrosine, la xanthine et l'hypoxanthine. La formation de leucine et des tyrosine s’expliquait aisément par une digeslior proléolytique des albuminoïdes de la levure mais l’origine de la xanthine et de l'hypoxan= thine n'apparut que lorsque Kossel eut montré qu | ces corps sont des produits de dédoublement de nucléines des noyaux. Plus tard, Salomon étendil l'observation de Schutzenberger à des lissus ani maux, etlorsque Salkowski eut montré, par l'emploi systématique d'agents antiseptiques, que ces pro duits se forment en dehors de tout travail bactésM rien, et qu'ils n'apparaissent plus lorsque le tissi ou l'organe a été bouilli, il devint évident que cette autolyse des nucléoproléides résultait d'actions diastasiques ?. Ces actions sont-elles le fait de diastases protéo lytiques analogues à la trypsine, dont l’existene dans les sucs d'expression d'organes ou dans celu de la levure est bien démontrée, ou liennent-elles | | | 1 1 1 Sivex : Skand. Arch.f. Physiol., t. XI, 1901. — Cozco® Bull. de la Soc. chim. du nord de la France, 1904, p. 454 ? Cet historique est emprunté au travail déjà cité de F. Sachs, où le lecteur trouvera les indications bibliogræ phiques correspondantes. À ides nucléiques soit le fait de diastases ana- zues à la trypsine, le dédoublement de ces acides, vec production de bases puriques, étant ensuile issuré par des agents spéciaux, analogues à la à la rate, des capsules surrénales fait apparaitre s bases, ce qui implique donc un dédoublement astasique des nucléoprotéides de ces organes *. oyons maintenant ce que deviennent ultérieure- ent ces bases. 2. La transformation diastasique des bases uviques en acide urique. — I y a longtemps qu'à à suite des travaux de Liebig et Wühler sur la série rique, on a considéré les bases puriques comme es précurseurs de l'acide urique, et que l'on à iccumulé dans cette direction une masse énorme > recherches expérimentales. De tous les résultats btenus jusqu'à une époque toute récente, ne rete- ions ici que ces deux principales acquisitions. D'une part, il est établi, que, chez l'homme, l'in- æslion de chacune des quatre bases puriques, dénine, guanine, hypoxanthine, xanthine, accroit quantité d'acide urique de l'urine ? ; chez les animaux, les résullats sont différents pour l’une ou tutre de ces bases, selon l'espèce considérée, ce hin'a rien de surprenant, comme nous le verrons lus loin. D'autre part, on sait, depuis les classiques périences de Horbaczewski, confirmées et pré- sées par celles de Wiener et de Spitzer ?, que les urées ou les extraits d'organes (foie) transforment 37°, el sous l'action d'un courant d'air, l'hypoxan- hine el :a xanthine qu'on leur ajoute en acide uri- ue. Mais la marche du phénomène, la nature des gents qui interviennent et le côté quantitatif de es réactions n'ont élé établis récemment que par ne série de travaux que nous résumons ci-après. Quand on fait l'hydrolyse de l'acide thymonu- éique par les acides, on oblient de la guanine et & l'adénine, tandis que l'autolyse du nucléopro- éide du thymus donne de la xanthine et de l'hypo- anthine. W. Jones ‘et ses collaborateurs ont les bibliographie de cette question pour chacune des quatre Dases puriques se trouve réunie dans le travail de Burian bid., t. XLIII, p. 529). 2 Honsaczewset : Mon” f. Chem., t. X, p. 624, 1889. — “Miexen : Zestsch. f. physiol. Chem., t. XXVIII, p. 581, 1899. — Srirzen : Plüger's Arch., t. LXXVI, p. 492, 4899. + W. Joxes : Zeitschr. f. physiol. Chem., t. XEU, p. 35. 1906. — W. Joxes et C. L. Parruince : /bid., t. XLII, p. 343, 190%. — WW. Joxes et M. C. Waxrenxirz : Zbid., t. XLIV, p.1, 2905. — W. Jones : Zbid., t, XLV, p. 85, 1905. 319 premiers expliqué ces différences, en admellant que les mêmes bases prennent d'abord naissance de part el d'autre, mais que dans l’autolyse inter- viennent ensuite deux sortes de-diastases, les unes désamidantes, qui transforment respectivement la guanine en xanthine et l’adénine en hypoxanthine | en remplaçant AzH par O, les aulres oxydantes, qui transforment l'hypoxanthine en xanthine, par fixa- tion d'oxygène, comme le montrent les formules brutes suivantes (auxquelles nous ajoutons, pour la suite de cel exposé, celle de l'acide urique) : CPHSAZ10S CSIÉAZ4O® CFH'AZ10 CFH#AZ0 (AzH) CSH'AZ! (AZH) ACITOUTIQUE SEE Xanthine NE PR PIE HSROXANITNIENTEMNREEE CRETE 5e Run nc Adénine Cr NC La première de ces actions diastasiques est donc une hydralation, et la seconde une oxydation, comme le montrent les deux équations que voici : CSIIAZ:0 (AzH) + H°0 = C#HAZ0? L AzHS Guanine. Xanthine. CSH*AZ'O + O = CHAZI0? Hypoxanthine. Xanthine. Ces observations ont été confirmées et étendues par A. Schittenhelm”, qui a montré que ces trans- formations sont quantitatives et qu'elles aboutis- sent à l'acide urique, et qui a isolé l'agent diastasique de ces réactions. Lorsqu'on opère la précipitation fractionnée d'un extrait aqueux de rate par le sulfate d’ammonium, on conslate que le précipité qui se forme, quand ôn est arrivé à 66°/, de la saturation totale, entraine très large- ment la diaslase. Ce précipité est ensuite mis en suspension dans de l’eau chloroformée et longue- ment agilé, puis le tout est dialysé pendant six à huit jours contre de l’eau courante. Le liquide restant, fillré, possède un pouvoir diastasique considérable. Exemple : 250 centimètres cubes de ce liquide sont additionnés de 0 gr. 20 de guanine et de chlo- roforme, et sont maintenus pendant trois jours à 43°, en mème temps que l'on fait passer constam- ment un courant d'air. On retrouve, au bout de ce temps, 0 gr. 203 d'acide urique, ce qui correspond à la transformation de 91,2 °/, de la guanine en acide urique. Si, dans cette expérience, on supprime le courant d'air, on voit apparaitre comme terme intermédiaire la xanthine. Ainsi, avec 0 gr. 90 de guanine, on oblient alors 0 gr. 71 de xanthine et seulement 0 gr. 18 d'acide urique. Pareillement, l’adénine est transformée en hypo- xanthine et celle-ci, par oxydation, en xanthine, puis en acide urique, à condition que l'on fasse DNS ie CRE En 2 1 A. ScarrrenurLm : Zbid., t. XLIII, p. 228, 1904; t. XL, p. 121 et 152; L XLVI, p. 354, 1905. v: 350 pisser un courant d'air. Un travail très inléressant de Burian ‘ confirme pleinement ces résullals. Ces expériences de Schiltenhelm montrent done bien que l'agent diastasique précipité par le sulfate d'ammonium est un mélange de deux diastases, l'une hydratante, qui opère la transformalion des aminopurines (adénine et guanine) en oxypurines (hypoxanthine et xanthine), l’autre oxydante, qui n'agit bien que quand elle est soutenue par un cou- rant d'airapportant largement de l'oxygène néces- saire, et qui transforme les oxypurines en acide urique. W. Jones a cru constater que les extraits de certains organes (rate) ne touchent pas à la guanine el transforment, au contraire, l'adénine en hypoxanthine, d'où il concluait à l'existence de deux diaslases hydratantes différentes, la quanase et l'adénase. Mais, de la polémique qui s'est élevée à ce sujet entre Jones et Schittenhelm, il semble ressortir que celte distinction doit être abandonnée et que ces deux dénominations différentes sont superflues. Nolons encore que Burian à proposé d'appeler xanthinoxydase la diastase qui lrans- formel'hypoxanthineet laxanthine en acide urique. 3. La destruction diastasique de lacide urique dans les tissus et organes. — Ce n'est pas tout. Il existe des organes où cette formation d'acide urique aux dépens des bases puriques est accom- paguée d'une destruction de ce même acide sous l'action d'une diastase uricolytique, dislincte de l’oxydase ci-dessus. Gette destruction d'acide urique par des purées ou des extraits d'organes à été observée il y a longtemps déjà, notamment par Stockvis dès 1860, mais elle n'a été clairement démontrée que par les travaux de Chassevant et Richet, Wiener, Burian, Ascoli, Schittenhelm, el plus récemment par M. Almagia et par Pfeiffer”. Schittenhelm à isolé la diastase uricolytique en la précipitant de l'extrait du rein de,bœuf au moyen de l'acétate d'urane. On réussi œ] préparer ainsi des solutions très aclives. Exemple : 250 centimètres cubes de solution diastasique, additionnés de 0 gr. 30 d’acide urique dissous dans un peu de soude normale et de chlo- roforme, sont maintenus sous l'aclion d'un courant d'air pendant trois jours à 40°. On ne retrouve que 0 gr. 0 d'acide, ce qui indique une destruction de 83 °/,. Parfois on n’en retrouve plus du tout. Une contre-épreuve montre que la destruclion bien 1 Buntan : Zbid., t. XLIII, 352, 1905. 2 Cuassevanr el Ricuer : Soc. de Biol., t. XLIX, 1897. — Wiexen : Arch. f. exp. Path., t&. XL, p. 375. — Burian : Zeitsch. f. physiol. Chem., t. XLII, 497 et 532. — AScoLr: Arch. de Plüger,t. LXXII, p. 340. — ScuiTreNuELs : Zertschr. physiol. Chem., t. XLII, p. 251, et t. XLV, p. 121 et 161, 1905.— M. ALuaGïA : Beitr. chem. Physiol., &. NII, 459, 1905. — W. Preirren : Jbid., p. 463. E. LAMBLING — REVUE ANNUELLE DE CHIMIE PHYSIOLOGIQUE d'alcool”. La destrution de l'acide urique passera jamais on n'a pu saisir comme produit intermé connue de l'acide urique en milieu alcalin n'inte vient ici que pour une très pelile part". M. Almagia a montré que les liquides de des truction donnent toujours la réaclion de l’acit glyoxylique avec l'indol et l'acide sulfurique ?. O# en milieu alcalin, la destruction de l'acide urique& se fait avec passage par l'allanloïne, composé qui après chauffage avec les alcalins, donne aussi cell réaction de l'acide glyoxylique. De plus, l'urine du lapin, qui ne contient pas d'acide glyoxylique l'état normal, donne la réaction ci-dessus ave l'indol et l'acide sulfurique, après que l'on a injeel dans le péritoine de grandes quantités (2 à 5 gr. d'acide urique. Dans l'urine d'un goutleux, Alma gia a trouvé aussi de l'acide glyoxylique, alors que chez l'homme normal, la réaction est très raremen posilive, à moins qu'il n'y ait eu consommaliol donc par un stade allantoïne. Wiener, Ascoli on aussi signalé comme produits de l'uricolyse glycocolle et l'urée. Il existe donc dans les organes : 1° des diastases qui dédoublent les nucléoproléides avec mise er liberté de bases puriques ; 2° une diastase qui transforme les aminopurines (adénine et guanine} en oxypurines (hypoxanthine el xanthine); 3° une oxydase qui transforme au contact de Fair l'hys poxanthine en xanthine et celle-ci en acide urique 4° une diastase uricolytique, également oxydanteé qui délruit l'acide urique, peut-être avec passag par l'allantoïne. 4. Variations de ces actions diastasiques selo les organes et les espèces. — Chez le bœuf, systé maliquement étudié à cet égard par Schittenhelmn on trouve que la rale, le poumon, le foie, l'intest le muscle et le rein conduisent l'ensemble de bases puriques jusqu'à l'état d'acide urique, € cette différence que les extraits de rate, de pol mon et de rein sont plus actifs que ceux de foie € purines en oxypurines, mais n'arrive pas probabl ment au stade urique. Il est à remarquer 1 ScnrrTENHELN : Zeitschr. f. physiol. Chem., t. XB p. 161, 1905. — Voy. aussi Wiener : Zentralbl. f. Physio! t. XVIII, p. 690. 3 M. ALmaGra : loc. cit. — On sait que Hopkins se s@ d'un mélange d'acide sulfurique et d'acide glyoxylique pot caractériser le groupe indol dans les matières albuminoïde Eppinger (Beitr. chem. Physiol., 4. VI, p. 489, 1905) el ployé inversement l'acide sulfurique et l'indol pour carats tériser l'acide glyoxylique. La réaction est extrémement sensible {Cf. R. Ixapa : /bid., L. VII, p. 473, 4905). 1 % M. EerixGer : loc. cit. 4 ScurrrexneLs : Zeitschr. physiol. Chem., &. XLN,; pis 1905. aire la 6-amino-2:8-dioxypurine et la 2-amino-6: -dioxypurine. Enfin, le rein, le muscle et le foie jt lapropriété de détruire l'acide urique qu'ilsont jrmé, tandis que celte action fait défaut à la rate au poumon. Chez d'autres espèces, les résultals sont diffé- ents, et Schillenhelm a posé avec raison celle ègle absolue que, dans celte question des échanges utritifs des bases puriques, il faut s'abstenir abso- ment de faire servir à des raisonnements sur une bèce les résultats obtenus avec une autre espèce. insi, la rate du bœuf et du cheval transforme uantitativement les bases puriques en acide ique, tandis que la rate de l'homme, du chien el ü porc est tout à fait inactive à cet égard'. Schil- bnhelm insiste ici avec raison sur le cas du porc, bnt la rate est incapable de transformer la gua- ine en acide urique, mais qui avec les aminc- urines peut faire des oxypurines, résultat qu'il St intéressant de rapprocher d'une curieuse obser- alion de pathologie faite par Virchow sur le même nimal. C'est l'apparition chez le porc d'une goutte à quanine, caractérisée par des dépôts cristallins à guanine dans les lissus, et l'excrélion par les ines de grandes quantités de cette mème subs- nce, à côté d'une certaine quantité de xanthine, mdis que l'acide urique fait défaut. Or, l'urine drmale du pore contient de l'acide urique et aussi »s bases puriques, mais parmi lesquelles la gua- de ne figure que pour des traces, tandis que la nthine est abondante?. De plus, dans la trans- mation des amino-purines en oxypurines par la le de porc, Schittenhelm a vu que l’adénine four- de l'hypoxanthine beaucoup plus vite que la anine ne donne de la xanthine. Ce serait donc à diminulion plus grande encore de cette apti- de à agir sur la guanine qui serait la cause de le accumulation pathologique de guanine, dont Solubité, d'ailleurs, est des plus médiocres. Une étude approfondie de celte goutte spéciale porc serait cerlainement d'un très grand inté- pour toute la physiologie et la pathologie du élabolisme des nucléines. ! . Importance des deux sources exogène el end dogène de l'acide urique. Les purines muscu- res, autre source endogène de l'acide urique. — Vo ici donc quelle serait la double origine de l'acide K ue. Il y aurait, pour Rss à la terminologie Hoposée par Burian et Schur* : 1° la source des urines exogènes, c'est-à-dire eme par l'ali- Le ÉScurrexaec : Zbid.. t. XLVI, p. 354, 1905. ÆPrcre : Ann. Chem., t. CLXXXIII, p. 141, 1876. — LSouirrexueLs : Zeitschr. physiol. Chem., t. XLV, p. 351. ÆBunrax et Scnur : Ann. de Pflüger,t. LXXX, p. %80, UE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906, : UN is ie E. LAMBLING — REVUE ANNUELLE DE CHIMIE PHYSIOLOGIQUE 381 mentalion et provenant soit des purines contenues dans les nucléoprotéides des aliments, soit des pu- rines libres apportées, par exemple, par la viande; 2° la source des purines endogènes, provenant de la désintégration des nucléoprotéides des royaux cellulaires. On a beaucoup discuté et expérimenté sur l’im- portance absolue et relative de ces deux sources ‘. Notons simplement que Burian et Schur évaluent à 0 gr. 3-0 gr. 6 par jour la quantité d'acide urique endogène excrété par l'adulte. Mais, tandis que l'acide d'origine exogène dépend, d'après Burian et Schur, uniquement de l'apport en purines alimen- taires el varie constamment avec cet apport, au contraire, l'acide d'origine endogène, variable d’un individu à l’autre, est remarquablement constant chez le même individu”. Or, Burian® estime que ces 30 à 60 centigrammes d'acide urique endogène sont une quantité beaucoup trop forte pour qu'on puisse la rapporter uniquement à la décomposition des nucléines des noyaux, et il a fourni une série d'expériences tendant à établir que le muscle produit constamment de l'hypoxanthine pendant le repos et que celte production augmente pendant le travail. Cette hypoxanthine serait ensuite trans- formée par oxydation en acide urique. On a vu, d’ailleurs, que le muscle contient l’oxydase capable d'opérer celte transformation. L'acide urique endogène aurait donc une double origine : une partie, la plus petile d'après Burian, Res des nucléines des noyaux cellulaires ; une autre, la plus forte, se formerait à partir de bases puriques (hypoxanthine) que le muscle pro- duirait constamment. 6. L'hypothèse de la formation synthétique de l'acide urique.— On voil que ces recherches aboutis- sent toutes, en définitive, à faire des bases puriques, qu'elles soient d'origine exogène ou endogène, les précurseurs uniques de l'acide urique. Ce n’est pas qu'une autre hypothèse n'ait pas surgi de temps à autre, à savoir celle d'une formation synthétique de l'acide urique. Une telle formation a pu être clairement démontrée chez l'oiseau, notamment par Minkowski. La synthèse s'accomplit ici à partir de l'urée par union synthétique avec un autre com- plexe chimique, qui peut être fourni par exemple par l'acide tartronique ou l'acide dialurique, comme l’ont montré les expériences de Wiener. Burian a montré que la production d'acide urique par les extraits d'organes est à la vérité augmentée par ces expériences l'exposé d'ensemble de Zentralbl. f. Stofwechsel-und Verdauungs- 1 Voyez pour SCHITTENHELM : krankheïiten, t. V, p. 226, 1904. 2 Bunian et Scaur : loc. cit. % Burtax : Zeitschr. physiol. Chem., t. XLHI, p. 533, 1905. ge 382 E. LAMBLING — REVUE ANNUELLE DE CHIMIE PHYSIOLOGIQUE l'addition de ces deux acides, mais ces corps n'agissent qu'indirectement en accélérant la trans- formation diaslasique des bases puriques en acide urique ‘. Kossel et Steude] * ont aussi émis l'hypo- thèse d'une synthèse de l'acide urique à partir des bases pyrimidiques, mais sans fournir jusquà présent aucune preuve expérimentale. Une formation synthétique telle qu'elle se produit chez les oiseaux ne peut donc pas, actuellement, être soutenue en ce qui concerne les mammifères. 7. Conclusions, — On voit combien nous sommes loin de l'idée que l’on se faisait, hier encore, de la production de l'acide urique dans l'organisme humain. Pendant longtemps, on a considéré ce corps comme provenant de la désintégration des protéiques, et comme représentant un « produit vers l'urée », c'est-à-dire comme étant de l’urée qui serait restée en route, par le fait d'une oxyda- tion insuffisante. Aujourd'hui, l'acide urique nous apparaît comme élant surtout un produit de trans- formation des bases puriques, qui elles-mêmes sortent du noyau phosphoré des nucléoprotéides. Or, cette production de l'acide urique est suivie incessamment d'une destruction, et l’acide que nous recueillons à la sortie de l'organisme n'est donc que la différence de ces deux opérations. Pour expliquer l'encombrement de l'organisme par ün excès d'acide urique, comme il arrive dans la goutte, il n’est donc pas nécessaire d'admettre que la production d'acide urique a été exagérée; il se peut que ce soit la destruction qui a été moins active. Il faut se borner au point de vue patho- génique à celte réflexion, car, si intéressantes que soient ces nouvelles acquisilions, elles ne per- mettent encore aucune construction solide touchant la physiologie normale et pathologique de l'acide urique. Contentons-nous de noter l'importance que prennent dans ce problème, comme dans lant d’autres, les actions diastasiques. Au point de vue thérapeutique, on ne peut utiliser actuellement que ce que nous savons sur l'origine exogène d'une partie de l'acide urique, car, si nous n'avons pré- sentement aucun moyen d'agir sur la production de l'acide urique endogène, nous pouvons du moins diminuer l'arrivée des purines exogènes en sup- primant dans la ration les corps riches en nucléo- protéides, comme le riz de veau, le foie, ou con- tenant des bases puriques préformées, comme c'est le cas pour la viande. La /evue a déjà rendu compte des intéressantes observations de Soetbeer * À Mixrowskr : Arch, f. exp. Path., t. XXXI, p. 214, 1893. — Wiener : Beitr. z. chem.Physiol. u. Pathol., t, WU, p. 42, 4902. — Burran : Zeitschr. physiol. Chem., t. XIII, p. 497, 1905. 2 Voyez la Revue du 30 août 1903, p. S4b. 3 Voyez la Revue du 15 juin 1904, p. 528. Javage ne donne plus la réaction de la murexide 1 LUS sur le rôle de la viande comme producteur d'acide. urique dans l'organisme. ” Enfin, M. Almagia! s'est occupé aussi, dans Je laboratoire de Hofmeister, de déterminer la cause des dépôts d'urates dans les cartilages au cours de la goutte, et il a trouvé que ce procès n'est que l’exas gération d'un phénomène physiologique. Lorsqu'on dépose, en effet, de minces tranches de cartilage (de cheval) dans des dissolutions d’urates neutres ou tout au plus faiblement alcalines au tournesol on constate que le liquide s'appauvrit en acide urique et que le cartilage présente, après quelques jours, des taches blanches qui rappellent les dépôts uriques des cartilages de goutteux et qui sont con: slituées par des amas cristallins d’urates. Parfois aussi ces cristallisations font défaut, mais toujours le cartilage lavé à froid jusqu'à ce que l’eau de cède ensuite à l’eau bouillante de l'acide urique facile à caractériser. III. — LE Sanc. 1. Réaction du sang. — L'étude de la réaction di sang à l'aide de la méthode électrométrique an montré que ce liquide peut être considéré comme élant très près de la neutralité, puisque sa concen= | lration en ions OH est à peu près celle de l’eat distillée. Ces résultats viennent d’être confirmés par C. Foa, dans le laboratoire de Dastre, où l’on à entrepris une étude d'ensemble de la réaction des liquides de l'organisme”. Le logarithme de la con centration en ions H+, calculé d’après la fo mule de Nernst, a varié, pour le saug défibriné et le sérum du lapin, du chien el du cheval, entre 7,1100 et 7,3232, alors que celte valeur est éga pour l'eau à 7,0969 et pour une solution de potassi normale au millionième à 8,1938. On voit que résultat obtenu pour l'eau se rapproche beaucoul de celui que donne le sang. Il sera assurément intéressant de poursuivie cette étude avec les diverses variétés de sang sangs artériel et veineux et sangs des organe mais je ne crois pas que les anciennes détermina tions litrimétriques de l'alcalinité aient perdu toub, intérêt et qu'elles doivent désormais être abans données. Bien que leur interprétation chimique, précise laisse encore beaucoup à désirer, elles cons stituent, en somme, la mesure des alcalis du sat salurés par un ensemble d'acides faibles, com né | l'acide carbonique, et les variations de celle ne à “At, Aumaora : Beitr, chem, Physiol, u. Pathol., t"NHyf p- 466, 1905. | # C. Fos : Comptes rendus de la Société de Biologit; | t. LVIIL, p. 865, 887 et 4000; t. LIX, p. 2; 5 et 7, 1905: : lé Ré s'Étè N'a grandeur ont certainement une signification phy- siologique importante. - 2. Hémoglobine oxycarbonée. — Le dosage simultané de l'oxyhémoglobine et del'hémoglobine, qui se fait avec une grande précision à l'aide du spectrophotomètre, a permis à L.-G. de Saint- Martin! d'établir une méthode de dosage optique de l'oxyde de carbone dans l'air et dans le sang, spécialement applicable à de si petites quantités de ce gaz qu'il est presque impossible ou du moins très difficile de les doser autrement. Le principe de la méthode estle suivant : Quand on agite, jusqu'à production d'un équilibre final stable, une dilution récente de sang de chien très frais, titrée à 0,15 °/,, d'oxyhémoglobine, avec dix fois son volume d'air contenant de 0,20 à 1 °/, d'oxyde de carbone, la solution absorbe un peu de gaz toxique, et l'oxyhémoglobine qu'elle renferme se transforme partiellement en hémoglobine oxy- carbonée. Appelons H; la quantité d'oxyhémoglobine ainsi “transformée, et H, celle de l'oxyhémoglobine totale existant préalablement dans la dilution sanguine employée. Il est clair que le rapport croit en onction de la proportion d'oxyde de carbone con- tenu dans l'air toxique. Si donc un a d'abord expé- rimentalement déterminé un certain nombre de points permettant de construire la courbe qui relie les deux variables x, titre de l'air en CO, et y, H : faleur du rapport —, inversement H doser la proportion d'oxyde de carbone, entre les limites de 0,2 à 1°/,,, dans un échantillon d'air icié. À cet effet, on agitera cet échantillon d'air avec le dixième de son volume de la dilution san- guine type, et l'on déterminera ensuite au spectro- photomètre ? les coefficients d'extinction E et E' du liquide sanguin dans deux régions spectrales = 568,3-557,2 et À — 549-538); puis, du rapport 4 co on pourra t 1% on déduira, d'après des formules connues, la Hco : valeur du rapport ee L'ordonnée correspondant à cette valeur représentera la teneur de l'air en gaz toxique par 4.000 centimètres cubes. Il faut se servir de sang de chien; les sängs d'herbivore (lapin, bœuf) ne peuvent être employés cause de la facile dissociation de leur hémoglobine $ oxycarbonée*. D'autre part, la teneur en gaz toxique nn 0 on" o : L. G. pe Saivr-Mannix : Journ. de Physiol. et de Pathol. …énér., t. VII, p. 35, 1905. à L'appareil employé était celui de Mufner, Pour les détails de l'opération voy. : L. G. nr SaintT-ManTI : trophotoinétrie du sang, Paris, O. Doin, 1898. ? L. G. De Sar-Manrix : Joc. cit. p. 113, Spec- E. LAMBLING — REVUE ANNUELLE DE CHIMIE PHYSIOLOGIQUE 4 ad Te mu CE 2 AR To HO RER EEE Lx De TION 383 doit être inférieure à 1 °/,,, ce qui est d'ailleurs un cas fréquent en médecine légale, car, pour une teneur supérieure à 1 °/,,, les dilutions sanguines oxycarbonées subissent trop rapidement la disso- ciation. On devra, dans ce cas, diluer avec une quantité connue d’air pur, de telle sorte que le spectrophotomètre puisse être employé. L.-G. de Saint-Martin a aussi appliqué cette méthode au dosage des petites quantités d'oxyde de carbone que l’on trouve dans les gaz du sang normal (de 0 e.e. 8 à 2 c.c. par litre de sang); 40 à 50 centimètres cubes de sang sont épuisés de leurs gaz en présence de l'acide tartrique, on enlève l'acide carbonique par la potasse, et les gaz restants sont dilués de quatre volumes d'azote. On obtient ainsi un air oxycarboné qui est dilué con- venablement avec de l'air pur et agité avec le dixième de son volume de la dilution sanguine à 0,15 °/, de pigment. L'opération est terminée comme il estdit ci-dessus. Pour vérifier l'exactitude de la méthode, l’auteur a dosé directement l’oxyde de carbone contenu dans les mêmes échantillons de sang en opérant sur un volume plus considérable (500 c. c.)'. Il a trouvé par exemple (pour 1.000 c. c: de sang) : Par la méthode spectro- photométrique. . . . 1 ce. 23 Par l'analyse des gaz extraits de 500 cc. de SANG de & ee ee « à Acc. 90 Oéc.98 2cc. 2% V] Acc. 27 Acc. 84 Ace. 02 20cc. 31 C'est une nouvelle démonstralion des services que peut rendre en Physiologie la méthode spectro- photométrique. IV. — L'URINE. 1. Réaction de l'urine. — Mesurée à l’aide de la méthode électrométrique, la réaction de l'urine humaine, laquelle est franchement acide au tour- nesol, a été trouvée sensiblement la même que celle de l’eau distillée. L'urine humaine est donc un liquide neutre. La réaction de l'urine des herbivores correspond à peu près à celle d'uné solution de potasse normale au 100.000° pour l'urine de lapin, et normale au 10.000° pour l'urine de cheval. Ces valeurs sont donc beaucoup plus pelites que celles que donne la méthode alcalimé- trique *. 2. Composilion du « non dosé » organique. — On a vu que le « non dosé » organique de l'urine est beaucoup plus important qu'on ne l'avait cru t L. G.be SaiNr=MAnmN : Journal de Physiol, et de Pathol, génér., t. I, p: 103: ? C. Foa : Comptes rendus de la Société de Biol., &. LVI; p. 867, 1905, 384 jusqu'à présent", et qu'il renferme notamment des acides azotés complexes, acides oxyprotéique, alloxyprotéique, uroferrique. Dans ce reste non dosé, P. Hari* vient de trouver un nouvel acide, qu'il considère comme différent des précédents et dont le sel de zinc est C**H”Az*0"Zn'; de leur côté, Bondzynski, Dombrowski et Panek annoncent aussi la séparation d'un nouvel acide azoté de l'urine, l'acide antoxyprotéique, à la fois azoté et sulfuré, et renfermant : C 43,21; H 4,91; Az 24,40; S 0,61 et 0 26,33°/,. En même temps, ces auteurs complètent leurs précédentes descriptions des acides oxyprotéique et alloxyprotéique et don- nent quelques premières indications sur un autre acide azoté et sulfuré, qui est peut-être identique à l'urochrome de Garrod. Mais, en dépit des analyses multipliées avancées par ces auteurs, la preuve définitive de l'individualité chimique de ces com- posés est encore à faire. Beaucoup plus fructueuse et plus sûre est la méthode adoptée par Abderhalden et Pregl° pour l'étude de ces composés. Ces auteurs ont dialysé pendant longtemps, contre de l'eau courante, 30 litres d'urine humaine, et, après s'être assurés à l’aide du réactif naphtalène-sulfonique que le reste non dialysable ne contient plus d'acides ami- nés, ils ont hydrolysé ce resle par l'acide chlorhy- drique bouillant. Ils ont obtenu ainsi surlout du glycocolle et, en outre, de l’alanine, de la leucine et de l'acide glutamique. La phénylalaniné a pu êlre reconnue par sa réaction avec le mélange chromique, et la présence de l'acide aspartique a été rendue probable. Voilà done démontrée la présence, dans l'urine, d'une substance évidemment d'ori- gine protéique, analogue aux polypeptides isolés dans les digeslions naturelle et artificielle, et dont il a été question plus haut. Il passe donc dans l'urine à l'état normal des fragments assez gros de la molécule des protéiques. 3. La matière albuminoïde de Bence-Jones. — On connait ce protéique à allures spéciales, trouvé en 1847 dans une urine pathologique par Bence- Jones, etsur la situation duquel dans l'échelle des corps protéiques on discute depuis si longtemps. ! Voy. la Revue du 30 janvier 1905, p. S2. ? P. Hart : Zeitschr. physiol. Chem., t. Boxpzyxski, Dousrowskt et Paner : Jbid., 1905. 3 ABDERHALDEN et F. XLVL RE t. XLVI, p. 83, : Ibid., PREGL p. 11. E. LAMBLING — REVUE ANNUELLE DE CHIMIE PHYSIOLOGIQUE Est-ce une albumose, c'est-à-dire un protéique déjà simplifié, ou, au contraire, une albumine véritable? Représente-t-il un protéique propre aux tissus ou, au contraire, dérive-t-il des aliments et est-il une substance « étrangère », à l'organisme? Enfin, quelle est sa composilion? Toutes ces questions sont demeurées jusqu'à présent sans réponse précise. Abderhalden et Rostoski” ont repris cette étude en utilisant l'urine d'un malade atteint de sarcoma- lose osseuse grave, avec albumosurie de Bence- Jones. L'urine contenait de 7 à 12 °/,, du protéique en question. En injectant sous la peau de lapins de 50 à 100 c.c. d'urine contenant 10 °/, du corps de Bence-Jones ou une solution de ce même corps. isolé par précipilation, les auteurs ont conslalé que ce composé n'est pas éliminé par les urines, ce qui montre que l’on n'a pas affaire à une albu- mose où à une peptone. On sait, en effet, que ces corps sont aussitôt éliminés par les urines, comme aussi d'ailleurs les albumines du blanc d'œuf, tandis que les protéiques d’un sérum peuvent être injectés en assez grande quantité sans reparaïitre dans les urines. De plus, après plusieurs injections, les animaux forment dans leur sérum des précipi- tines qui réagissent non seulement sur le corps de Bence-Jones, mais encore sur le sérum humain et sur les matières albuminoïdes extraites de ce sérum (sérumalbumine, pseudoglobuline et euglobuline). Ce dernier résultat est atteint même lorsque l'urine employée ne contient que le corps de Bence- Jones sans aucun protéique du sérum. Ce résultat plaide nettement contre l'hypothèse de Magnus-Levy, qui faisait provenir le corps de Bence-Jones directement des aliments. Évidem- ment, ce corps sort d'un protéique qui a fait partie constituante de l'organisme, qui a été « assimilé ». Enfin, l'hydrolyse de ce protéique a donné qualitati- vement le même ensemble d'acides aminés que les protéiques ordinaires, de lelle sorte que l'albumine de Bence-Jones ne se présente donc nullement comme différente des matières albuminoïdes pro- prement dites. On ignore, d'ailleurs, si c'est un corps unique ou un mélange. é E. Lambling, Professeur à la Faculté de Médecine de l'Université de Lille. Poe ‘ AgpeRnALDEN et Rosroski : Zeitschr. physiol. Chem t. XLVI, p. 125, 4905. 1° Sciences mathématiques Heffter {L.), Professeur à l'Université de Kiel, et Kæhler (C.), Professeur à l'Université d'Heidel- berg. — Lehrbuch der analytischen Geometrie. — Tome 1.1 vol. in-S° de xvi-526 pages, avec 136 figures. (Prix : 17 fr. 50.) B. G. Teubner, éditeur, Leipzig. » Cet ouvrage est un exposé systématique de la nouvelle conception de la Géométrie analytique née à la suite très remarquables travaux qui ont fondé la Géo- trie moderne et ont illustré les noms de Poncelet, Chasles, Môübius, Steiner, Cremona et autres. Ce livre devait donc commencer par l'étude de la Géométrie projective. En effet, la plus grande partie de ce premier lume est le développement de cette théorie que « les propriétés métriques des figures géométriques peuvent “ètre regardées comme des rapports projectifs (Cayley) ». - Voici tout d'abord les modes de transformation des figures et tout le principe de Dualité géométrique. On “sait, en effet, combien sont fécondes ces méthodes de a Géométrie supérieure, telles que l'Involution, l'Homo- ügie, l'Homographie. De la simple conservation, par exemple, du rapport anharmonique de quatre points dans une transformation par projection, découlent d'innombrables conséquences sur les propriétés des coniques, des pôles et polaires, qui en facilitent singu- Jièrement l'étude. Les deux sortes de Dualité sont étudiées successivement : celle par Eléments correspon- dants (appelée Kollineare par les auteurs) et celle par Eléments corrélatifs (Reziproke). Puis viennent les différents systèmes de coordonnées et leurs transfor- mations : homogènes, ponctuelles, barycentriques, Hessiennes, de Plücker, etc. Après avoir introduit les invariants et les imaginaires, les auteurs reprennent le cours ordinaire : étude de la droite, des faisceaux de droites, de l'équation normale (Hessesche Normalform), des courbes du deuxième ordre, du pôle et des polaires. Les sections coniques sont largement traitées dans rs propriétés projectives. Il y a là certainement des longueurs et des répétitions. Ajoutons que nulle part cul différentiel n’est employé et qu'une théorie apide des Déterminants a trouvé place en appendice. livre constitue un sérieux effort pour vulgariser la nouvelle conception de la Géométrie analytique qui cherche de plus en plus à s'affranchir du tribut qu'elle baie à l'Analyse. Il témoigne d'une association intime entre les instruments géométriques et analytiques ; ës auteurs ne craignent pas d'établir le rapport le plus ect possible entre les faits géométriques et les sym- boles destinés à les traduire (choix le plus judicieux des coordonnées, par exemple. L'ouvrage est destiné aux étudiants; en tout cas, il ne convient guère aux commencçants, que rebuterait rlainement l'appareil abstrait et souvent compliqué li est employé. Une autre critique serait celle qu'aucun exercice parmi ceux qui figurent à la fin de chaque hapitre ne présente d'application pratique. Ainsi la Cinématique, qui emprunte tant de moyens à la Géomé- Mieanalytique, aurait présenté, semble-t-il, un domaine at trouvé à cet égard, et cependant nulle part il n'y est fait attention. E. Démouis, Professeur à l'Ecole professionnelle de Genève velshauvers-Dery (W.) — Note sur la théorie expérimentale de la Machine à vapeur. — (om- munication présentée dans la Section de Mécanique du Congrès international des Mines, de la Métal- lurgie, de la Mécanique et de la Géologie appliquées, tenu à Liège en 4905. Imprimerie La Meuse, Liége. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 2° Sciences physiques Nouguier (A.), Ancien élève de l'Ecole Polytechnique et de l'Ecole supérieure d'Electricité de Paris. — Précis de la Théorie du magnétisme et de l'électri- cité à l'usage des ingénieurs et des candidats aux écoles et instituts électrotechniques.—1 vol. in-8° de 403 pages. (Prix: 12 fr. 50.) Ch. Béranger, édi- teur. Paris, 1905. g Le titre de ce volume indique nettement son contenu ; comme lé dit l’auteur dans sa préface, « ce précis résume à peu près tout ce qu'un ingénieur doit connaître de théorie du magnétisme et de l'électricité pour pouvoir aborder l'étude un peu complète de l'électrotechnique industrielle ». Le livre commence par l'étude du magnétisme, se continue par l'électricité statique, l’électrocinétique et l’électromagnétisme. Comme le déclare modestement l’auteur, le lecteur n'y trouvera rien de personnel. Mais l'éclectisme de M. Nouguier est en général si heureux et son exposé si clair que l’on ne saurait que le féliciter de l'œuvre qu'il a produite et lui souhaiter le succès qu'elle mérite à tous égards. R. SWYNGEDAUW, Professeur de Physique et d'Electricité industrielle à la Faculté des Sciences de Lille. Benischke (G.. — Die asynchronen Drehstrom- motoren (LES MOTEURS ASYNCHRONES A COURANT TOUR- NANT). —1 vol. in-8° de 172 pages, avec 112 fig. et 2 pl. (Prix : 6 fr. 90.) F. Vieweg und Sohn, Braun- schweiq, 1905. Zeïdler (J.). — Die elektrischen Bogenlampen (Les LAMPES ÉLECTRIQUES A ARC). — 1 vol. in-8° de 144 pages, avec 130 fig. et 2 pl. (Prix: 6 fr. 90.) F. Vieweg und Sobn, Braunschweïg, 1905. Nous avons déjà signalé l'apparition des premiers volumes de la nouvelle collection de la maison Vieweg et fils : l'Electrotechnique en monographies séparées. Les deux ouvrages ci-dessus constituent les n° 5 et 6 de la série. Ils sont conçus dans le même esprit que les précédents et sont destinés à la fois aux étudiants des Ecoles techniques supérieures et aux ingénieurs qui sont déjà dans la pratique. Dans les Moteurs asynchrones à courant tournant, M. Benischke a surtout envisagé le mode d'action et les essais, se bornant à quelques indications sommaires sur les facteurs d’enroulement. L'auteur estime, en effet, que, sur mille ingénieurs qui ont à s'occuper de ce genre de moteurs, il n'y en a guère qu'un que ces facteurs intéressent spécialement, et celui-là‘il le ren- voie à des ouvrages spéciaux, comme le beau traité de Boy de la Tour : Moteurs asynchrones. De même, pour le calcul ab ovo d'un type de moteur, l’auteur se borne à indiquer la marche générale, car il arrive rarement qu'on se trouve dans le cas d’avoir à faire un calcul de projet sans posséder déjà des chiffres trouvés pour d'autres moteurs. Et même alors ne peut entreprendre cette tâche que celui qui a fait de longues expériences sur l'essai et le calcul de ces moteurs, choses qui ne s'apprennent pas dans les manuels ou par l’enseigne- ment oral. Dans les Lampes électriques à are, M. Zeidler, après un court exposé des principes, s'occupe surtout des détails de construction, qui sont exposés très minutieu- sement de façon à permettre au monteur et à l'installa- teur de se retrouver dans tous les types, même ceux qui ne sont pas décrits. Puis l'auteur montre par des 386 exemples comment déterminer l'intensité lumineuse et le nombre de lampes nécessaires pour atteindre une valeur d'éclairement horizontale moyenne donnée en lux. Cette collection, d'un caractère surtout pratique, rédigée sous la direction d'un habile technicien qui lui assure une certaine unité d'exposition el qui s'est entouré de collaborateurs qualifiés, nous paraît assurée d'un succès durable auprès des ingénieurs électriciens. Roozeboom (H.-W. Bakhuis), Professeur à l'Uni- versité d'Amsterdam. — Die heterogenen Gleich- gewichte vom Standpunkte der Phasenlehre. (Les EQUILIBRES HÉTÉROGÈNES ÉTUDIÉS D'APRÈS LA RÈGIE DES PHAsEs). — 2 cahiers in-8° de 217 pages et de 467 pages. F. Vieweg und Sohn, éditeurs. Braun- schweiq. En signalant l'apparition du deuxième cahier de cette importante publication, il sera certainement utile de rappeler en quelques mots le contenu du premier; celui-ci comprend deux parties principales : étude de la règle des phases, à un point de vue général, et son application aux systèmes d’un composant indépendant. Cette seconde partie est subdivisée en 13 paragraphes dans lesquels sont passés en revue tous les principaux cas rencontrés dans ces systèmes, avec description des méthodes expérimentales à mettre en œuvre. Le deuxième cahier, qui constitue à lui seul un vo- lume, traite des systèmes de, deux composants indé- pendants: il est conçu sur un plan analogue; l’auteur n'y aborde cependant que la première partie de son sujet, c’est-à-dire les équilibres entre phases solides, liquides et gazeuses de mélanges binaires, où les com- posants se trouvent seuls comme phases solides, à l'exclusion des cas plus compliqués où ces composants donnent lieu à la formation de complexes cristallins avec séparation éventuelle de la phase liquide en deux couches non miscibles ; ces cas feront l’objet d'un troi- sième cahier. Ainsi délimité, le sujet du deuxième cahier est déjà très développé, surtout si on le compare à celui du premier cahier. C'est évidemment l’écueil que présente l'application de la règle des phases : le sujet devient très touffu dès que l’on passe des systèmes simples aux systèmes plus compliqués. Ces doctrines constituent, cependant, le seul guide conducteur vrai- ment sûr, pour s'orienter dans la multiplicité des cas auxquels donnent lieu les équilibres chimiques. Aussi faut-il ètre reconnaissant à M. Bakhuis Roozeboom, dont on connaît la haute compétence en ces matières, d’avoir pris la peine d’en faire l'exposé systématique et com- plet que nous signalons ici. Ces questions ne peuvent plus être ignorées, non seulement des théoriciens, mais aussi des praticiens, les méthodes auxquelles elles con- duisentayant jeté déjà une vive clarté sur plus d’un pro- cessus industriel, fort mal défini auparavant. Les per- sonnes qui auront à les approfondir trouveront donc dans l'ouvrage du savant professeur d'Amsterdam le guide le plus sûr et le plus documenté qu'elles puissent désirer. PH.-A. GUYE, Professeur de Chimie à l'Université de Genève. Granderye (L.-M.), /ngénieur-chimiste, Préparateur à l'Université de Nancy. — L'Industrie de l'Or. — A vol. in-16 de 158 pages, avec 15 figures, de l'Ency- clopédie scientifique des Aidé-mémoire. (Prix : 2 fr. 50.) Gauthier- Villars, éditeur. Paris, 1906. Le petit livre de M. Granderye est bien écrit, clair et présenté d'une façon intéressante. Comme l’auteur l'annonce lui-même dans sa préface, ce n’est pas une étude complète de l'industrie de l'or, mais seulement un développement de certaines parties de cette indus- trie, notamment la méthode au cyanure. L'auteur a su puiser des renseignements pratiques de sources auto- risées : il ne suffit pas que les traitements donnent de bons rendements, il faut surtout qu'ils réalisent des bénéfices ; il faut, en d'autres termes, que l'or paie; BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX c'est sur quoi insiste M. Granderye, qui donne, en mème temps, des indications générales sur le choix des la méthode à employer suivant la nature du terrain! minier, sur ce que l'auteur appelle l'adaptabilité de la méthode. À C'est un genre qui prévaut dans le langage des mines que d’angliciser les termes francais. M. Granderye me s’en prive pas ; on ne saurait, d’ailleurs, lui en faire un reproche, car il continue un usage déjà acquis. C’est: ainsi qu'on serait mal venu à désigner une cuve à amalgamer autrement que par clean-up-pan, où un clas soeur par densité autrement que par {rue-vanner. C'est fort disgracieux et surtout cela n'ajoute rien à la pré: cision de l'expression française. C’est même tellement génant que les auteurs de traités de métallurgie — dont. M. Granderye — font maintenant suivre leur ouvrage d'un lexique anglais-francçais! Celui de M. Granderyé n'a pas moins de trois pages. Cette anglomanie envahis sante est effrayante et l'on ne saurait trop réagir contre elle. S'il est quelquefois nécessaire de conserver Je terme anglais, qu'on le mette entre parenthèses, à suite du mot français, mais jamais tout seul. Ce livre est pauvre en figures, relativement au grand nombre d'appareils qui y sont décrits. Il est vrai qu'un certain nombre de ces appareils (notamment les appa reils de classements et les fours) figurent déjà dans les traités de métallurgie générale et que l’auteur & suppléé, par des descriptions très claires, à la pénuri® des figures. En somme, ce petit livre, d'une lecture facile, sera de l'or au point de vue industriel en même temps qu'économique. AUGUSTE HOLLARD, Chef du Laboratoire central des usines de la Compagnie française des méta 3° Sciences naturelles Fraser (Malcolm A. C.), Government Statistician. Western Australian Yearbook. for 1900-1908; t. Il. — À vol. in-8° de 620 pages, cartes, tableaux sta tistiques et graphiques. A. Watson, Perth. Ce volume fait suite au Year-Book pour 1900-1901 (t. précédemment analysé dans la Æevue*, et forme ave lui la douzième édition complète de l'Annuaire de l'Australie occidentale. Les renseignements et les statistiques sont à jour jusqu'à la fin de 1903. Le mème soin détaillé a été apporté à l'information et à la rédaction que pourle tome 1; et l'ouvrage toutentier se présente ainsi comme un instrument de travail des plus utiles. Je ne dirai rien des chapitres, très étudiés, à ce quil semble, qui sont consacrés à la législation (pp. 165-185} à la sociologie (pp. 362-437), aux finances (pp. 314-3614 ils sont hors de ma compétence. J'essaierai seulement d'extraire quelques notions essentielles des parti suivantes du volume : IV, /Zndustries (pp. 187-307, I. Population and vital statistics (pp. 1-64); IL. Jante change (pp. 74-163); ainsi que des « variétés » etd tableaux qui se trouvent dans les dernières pages. C'est à l'or que sont consacrées les plus nombreus etles plus intéressantes informations. Sur une valeu totale de production estimée à 31 millions de liv.s l'or figure à lui seul pour plus de 29 millions. M. Maitlan géologue du gouvernement, a écrit pour le Year-Bo ok une étude des « goldfields » (pp. 232 et suiv.) : M gisements sont disposés en trois couches parallèle dirigées du N.-0. au S.-E., au milieu des schistes, d granites et des gneiss, et s'étendant de la côte S Jusque vers 20° N. La richesse moyenne du minen est de 88 °/,. Plusieurs champs, pour lesquels la pr clamation est assez ancienne, paraissent avoir dé donné leur maximum de rendement (vers 1898-1899 mais, dans la plupart des champs riches, la production augmente encore, par exemple dans Murchison, Mount ‘ Voir la Revue du 30 octobre 1904, t. XV, p. 954. MMargaret, North-Coolgardie, et surtout East-Coolgardie, qui à donné en 1901 plus de 990.000 onces d’or fin sur in total de 1.700.000. La carte géologique des districts de Coolgardie (p. 250) est intéressante, parce qu'elle montre la correspondance du minerai avec des diorites ét des schistes métamorphiques d'âge indéterminé, comme dans l'Afrique occidentale (Falémé). Le gra- phique de la page 294 donne les chiffres comparés de métal fin obtenus en 1901 dans les diverses régions de l'Australasie : West-Australia, 1.700.800 onces ; Victoria, 700.000 ; Queensland, 598.000; Nouvelle-Zé- Jande, 415.000. Malgré la faible densité de la population, la produc- on agricole de l'Australie occidentale demeure insuf- sante. Les terres du S.-0., aptes à recevoir des cul- es de céréales, ne sont mises que très lentement en “valeur. Sur les pâturages de pays tropicaux qui occupent lune partie du N.-0., de Kimberley à Murchison, le bétail est en augmentation assez rapide; mais il ne Mpeut faire face à la consommation. En 1901, les impor- tions de farine, d'avoine et de riz, de lard et beurre, de lait, de viande sur pied ou abattue, ont approché de 475.000 livres. Le problème des subsistances d’une Mpopulation qu'a surtout attirée, et que retient en partie s l’intérieur la recherche du métal précieux, n’est s encore résolu. Et il se complique de celui des mmunications, qui ne peuvent avoir lieu dans des nditions satisfaisantes que par railway. Or, depuis uverture de la première voie ferrée, en juillet 1879, Geraldton à Northampton (pour l'exploitation du ivre), il n'a été établi dans l'Etat que 1.516 milles de ls (1903); et la plus longue ligne est justement celle des champs d’or, de Perth à Coolgardie-Kalgoorlie- Menzies-Mount Margaret. Une bonne carte du Year- MBook montre les principaux projets : Kalgoorlie à MPort-Augusta, etc.; mais ces voies nouvelles ne sont ëncore qu'étudiées ou commencées, et celle qui existent doivent suffire à des transports très lourds et très combrants. Ce sont les charbons, les minerais, les bois, qui constituaient en 1903, à côté des grosses denrées alimentaires, la «plus grande partie du tonnage btal par fer, de 2 millions de tonneaux. Ce fait, et l'éloignement où se trouve l'Australie occidentale des Hands marchés extérieurs, de ceux même des Etats de st, suffisent à expliquer l'énorme cherté de la vie ns toute la contrée. nDe 1891 à 1901, la population de l'Etat a augmenté 270 °/,, accroissement dù pour plus des 4/5 à l’im- gration. Le maximum d'arrivées s’est produit en 1896: us de 55.000. Le total en 1902, 215.160 habitants on compris les 6 à 7.000 indigènes), ne représente encore 6 °/, de la population de l’Australasie. En 1903, plus de la moitié des habitants (113.000) aient établis dans l'Etat depuis moins de dix ans, et brès de 100.000 étaient originaires des autres parties Mu Commonwealth. Les conditions actuelles du peuple- ent de l'Australie occidentale sont donc curieuses à udier : il s’agit de groupes humains non entièrement ixés (le nombre des départs a atteint 1/10 du total est, par exemple, intéressant d'observer qu’en dépit à la concentration des habitants dans quelques villes, mme Perth et Freemantle, et sur certaines exploita- ns minières, moins des deux tiers vivent dans des 4 définitives en bois ou en brique ; 26 °/, sont core sous la toile. Il ne faut pas croire, d’ailleurs, qu'il s'agit pour ces derniers de simples tentes : ce sont des demeures spéciales, que l'expérience fait préférer, r les «fearms» ou pour les campements des champs bor, aux barraques primitives de tôle ondulée; la Structure est en bois, la couverture seule en toile, une EroSse toile appelée « hessian », et très demandée our le « rush », dit l'annuaire; l'intérieur comporte plus souvent trois ou quatre pièces. Là dedans vivent la plupart des 55.000 Australiens de l'Ouest que les sta- Müistiques enregistrent comme mineurs et carriers, ou Producteurs de matières premières. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 387 Très peu peuplée relativement à son étendue, l'Aus- tralie occidentale à atteint (1902) un chiffre d'affaires de 375 millions de francs, ce qui donne une moyenne par tête d'habitant supérieure à celle des autres Etats du Commonwealth : fait dû aux nombreux besoins du pays et à l'exportation de l'or. Les ventes forment les 4/7 du chiffre précédent. Celles qui ont lieu dans le Royaume-Uni se montent aux 2/3 de l'ensemble; elles sont onze fois plus considérables que les place- ments de produits dans la Confédération. Aux impor- tations, c'est l’Empire britannique qui vient aussi en tête, avec plus du tiers des affaires. 11 l’a emporté pour la première fois en 1901 sur les états australiens. Mais l'Allemagne et surtout la Belgique enregistrent des progrès chaque année ; pour la dernière puissance, les ventes ont quadruplé de 1899 à 1900. J. MAcHaT, . Docteur ès lettres, Professeur d'Histoire au Lycée de Bourges, Fabre-Domergue et Biétrix (Eugène). — Déve- loppement de la Sole. Introduction à l'étude de la Pisciculture marine. —1 vol. gr. in-8°. Vuibert et Nouy, éditeurs. Paris, 4905. Ce ne sont pas que les cours d’eau qui se dépeuplent : c'est aussi le littoral marin. Depuis longtemps déjà on a pensé à essayer de le repeupler, à faire de la pisci- culture marine. Mais jusqu'ici on n'avait obtenu que des résultats peu encourageants. Pour assurer le repeu- plement, il faut, en effet, réaliser trois conditions : 1° S'adresser à des espèces où l'on puisse pratiquer la fécondation artificielle, ou dont on puisse facilement recueillir les œufs fécondés ; — 2° Obtenir le développe- ment et l’éclosion de ces œufs ; — 3° Nourrir les alevins pendant et après la disparition du sac vitellin pour les conduire à la forme adulte; ne les mettre en liberté que s'ils ont acquis cette forme depuis quelque temps déjà et sont susceptibles de se suffire à eux-mêmes. C'est l'étude de ce triple problème, dont la troisième partie surtout avait été à peu près complètement négligée jusqu'ici, qu'ont essayée Fabre-Domergue et Biétrix dans le beau livre qu'ils viennent de faire paraitre. L'un d'eux, le D' Biétrix, nous a malheureu- sement été ravi dans la pleine maturité de son talent, au moment même où allait commencer l'impression. L'autre, du moins, nous demeure,et les fonctions qu'il occupe au Ministère de la Marine (inspecteur général des pèches maritimes), sa situation de directeur-adjoint du laboratoire fondé par Coste à Concarneau, per- mettent d'espérer qu'il pourra donner tout son déve- loppement à la tentative de pisciculture marine si heu- reusement commencée. Dans leur livre, illustré de très belles planches, les auteurs consäcrent une première partie à l'étude du développement de la sole commune, qu'ils ont particu- lièrement suivie. Les observateurs précédents, Raffaele, M'Intosh et Prince, Cunningham, Holt, Marion, Canu, Ehrenbaum, n'avaient guère pu étudier en série con- tinue que les premiers stades du développement, la segmentation, l'apparition de l'embryon, l'éclosion. Au contraire, Fabre-Domergue et Biétrix n'ont pu recueillir que des œufs déjà assez avancés ; mais, grâce à leurs méthodes spéciales d'élevage, ils ont pu suivre le développement fort loin. Ils font ainsi un travail très précieux pour les embryologistes, et ils établissent, en outre, les bases scientifiques indispensables aux pisei- culteurs pour surveiller le développement de lears alevins. Ils divisent ce développement en stades soi- gneusement déterminés, suivent pas à pas l'apparition des principaux organes et notamment du squelette, la pigmentation, la migration de l'œil et l'établissement du stade pleuronecte, la résorption du vitellus, etc. Toute cette partie est longuement développée, large- ment illustrée, et pleine de détails embryologiques précieux. L La seconde intéressera davantage le grand public. Elle constitue, à proprement parler, l'introduction à 388 l'étude de la pisciculture marine, discute et précise les conditions d'élevage, expose des méthodes nouvelles. Les auteurs ont patiemment recueilli leurs œufs de sole au large, par la pêche au filet fin. Mais ils ont pu en obtenir d'autres espèces (le bar notamment), dans les viviers de Concarneau, en parquant dans un bassin un certain nombre d'adultes des deux sexes. Les œufs de toutes ces espèces flottent à la surface de l’eau, et il suffit d'établir un crible à mailles fines au niveau du déversoir pour les capter. C’est le procédé employé par les Anglais; c'est le seul rationnel pour nos auteurs français, la récolte des œufs par expression donnant ici des résultats très inconstants. La question de l'in- cubation est déjà résolue. Plus difficile est celle de l'élevage de larves, qui normalement sont pélagiques, vivent à la surface d'une eau sans cesse agitée. Nos auteurs ont ici combiné un appareil extrèmement simple. C'est un tonneau de verre, de 50 litres environ, dans lequel plonge un axe métallique vertical animé d’un mouvement de rotation continue. À sa partie infé- rieure se trouve fixé un disque de verre arrondi placé obliquement. Cet agitateur a donné d'excellents résultats. Mais ici intervient la grosse question de l’alimenta- tion. On s'est contenté, en pisciculture marine, dans les essais faits en Angleterre, en Norvège, en Amérique, de garder les alevins sans les nourrir, car on comptait pour cela sur leur réserve de vitellus, et de les lâcher immédiatement après la disparition de cette réserve, quelquefois même dès l'éclosion. C’est une grave erreur qui les voue à une destruction certaine, car c'est les livrer affaiblis et sans défense à leurs multiples ennemis, dans une période aussi critique que l’est, pour le jeune enfant, l'époque du sevrage. Comme l'ont établi nos auteurs, Cest bien avant l'époque de Ja résorplion du vitellus qu'il faut alimenter les larves. « L'avenir de Ja Pisciculture marine industrielle se trouve, peut-on dire, entièrement subordonné désormais, pour chaque espèce de poisson cultivable envisagée isolément : 1° à la détermination des proies vives qu'exigent ses larves depuis le commencement de la période alimen- taire jJusqu'äu moment où pourra se réaliser l’alimen- tation artificielle ; 2° à la culture du ou des organismes reconnus nécessaires, » Les auteurs ont résolu très heureusement ce pro- blème pour la sole, en ensemencant leurs tonneaux d'un flagellé vert, le Monas Dunaldi, qui y prolifère très facilement. Plus tard, les alevins, devenus plus voraces, ont été nourris avec des larves de Sprat, abon- damment fournies par les pêches pélagiques. Plus {tard enfin, la sole métamorphosée recherche avec avidité les Copépodes. Parvenues à la taille de 45 à 30 milli- mètres, les jeunes soles, transportées dans des bacs à eau courante garnis de sable fin, n’ont pas tardé à s'enterrer, et elles n’ont cessé de prospérer jusqu’à la taille de 4 à 7 centimètres. Il est évident que la période critique élait franchie depuis longtemps, et que, dans des expériences en grand, ces sujets auraient pu être abandonnés à eux-mêmes sur Ja côte, ou parqués dans de vastes bassins. Le Turbot, le Bar ont été également expérimentés, et ont donné des résultats intéressants. Tout permet d'espérer que la culture de la sole et de ces deux espèces pourra bientôt entrer dans la pratique. Pourtant, Fabre- Domergue et Biétrix pensent que, si ces espèces sont plus tard susceptibles de donner des profits à l'indus- trie privée, il ne faut pas pousser à la légère « dans la voie des coûteu et imprudentes applications ». Il vaut mieux laisser d'abord celles-ci à la charge de l'Etat, tant que les conditions de la culture en grand ne seront pas rigoureusement déterminées. É D' E. LaGursse, Professeur à la Faculté de Médecine de Lille. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 4° Sciences médicales Roques de Fursae (D' J.), Ancien Chef de Clinique | à la Faculté de Médecine de Paris. — Les écrits et les dessins dans les maladies nerveuses et. men tales (Essai clinique). — 1 vo. de 306 pages, avec 232 figures (Prix : 12 fr.). Masson et Cie, éditeurs Paris, 1905. Si l'écriture des sujets bien portants est susceptible de nous renseigner assez exactement sur leur carac= tère, celle des malades doit traduire encore beaucoup plus grossièrement leurs troubles mentaux. Quelques essais de graphologie pathologique avaient déjà été faits par Marcé, Koster, Joffroy, Dupré, ete. M. Roques, de Fursac a étendu ces recherches et, se basantes l'observation d’un grand nombre de documents per= sonnels dont il nous donne la reproduction graphique, est arrivé à écrire le premier traité de graphologie pathologique. Cet ouvrage est remarquable par la pré cision que l’auteur à apportée à ses observations et à | ses descriptions. ; Dans une première partie, M. Roques de rurs expose la méthode d'observation, beaucoup plus per=| fectionnée que celle des graphologues physiologiques à l'observation simple de l'écriture, l'auteur ajoute | l'expérimentation dans des conditions déterminées : tient compte des écrits spontanés et des écrits pro voqués, de la copie, de la dictée, de l'écriture appliquée ce qui lui permet de dissocier. dans les anomalies l'écriture, celles qui relèvent des troubles de la motili ( et celles qui dépendent des troubles psychiques. Il di tingue ainsi : 4° Les troubles calligraphiques élém 18 taires : ordonnance générale de l'écrit, direction el forme des lignes, direction, forme, dimension, liaison des lettres; 2 Les altérations des images graphiques, tenant à des troubles du centre cérébral des mouv ments graphiques; 3° Les troubles de l'écriture tenant à des troubles psychiques complexes : omissions de! mots où de lettres, impossibilité de la copie, fautes! Syntaxiques et homonymies, substitution, transposie tion, additions, incohérence graphique, échographie, Stéréotypie graphique, impulsion graphique, corrections! Après avoir fait l'analyse délicate et précise de ce! que l’on peut appeler les troubles graphiques élémen®| taires, après avoir rapporté chacune de ces altérations! de l'écriture à un trouble d’une fonction motrice ou | psychique spéciale, M. Roques de Fursac, fait dans une seconde partie, la synthèse des notions ainsi acquises! et établit le groupement des symptômes graphiques tel qu'il s'observe au cours des différents états morbides: Il arrive ainsi à définir les caractères de l'écriture dans les affections à manifestations motrices (paralysie! agitante, goitre exophtalmique, chorée, tabes, sclérost en plaques, crampe des écrivains, etc.), dans l'épi-| lepsie, la paralysie générale, les démences organiques, l'alcoolisme, la confusion mentale, la manie, Ja mélan-| colie, la neurasthénie, l’'hystérie, etc. # Dans une troisième partie, l'auteur esquisse, ave} quelques exemples à l'appui, une esthétique patholo=| gique et montre les caractères des dessins exécutés par un certain nombre de psychopathes, qui traduisent sous une forme artistique leurs conceptions érotiques, | mystiques, prétentieuses, incohérentes. Cette étude} n'est qu'ébauchée, mais elle est fort suggestive et pourrait, devenir le point de départ d'une étude très complète) du caractère morbide des conceptions et des exéete lions artistiques. Combien il serait intéressant de faire! à ce point de vue l'examen des œuvres des dessinateurs, | peintres, sculpteurs, musiciens, pour chercher à recons naitre le trouble moteur, sensoriel ou psychique qui a imposé une forme étrange et incompréhensible en apparence aux productions artistiques de certains d'entre eux! D' MarcEL LaBBé, Professeur agrégé à la Faculté de Médecine. ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 26 Mars 1906. : Académie présente, à M. le Ministre de l'Instruc- ion publique, la liste sûivante de candidats pour la ire de Botanique vacante au Muséum d'Histoire iturelle : 1° M. H. Lecomte; 2° M. Leclere du Sa- on. 12 SGIENGES MATHÉMATIQUES. — M. G. Tarry étudie un buveau carré cabalistique aux » premiers degrés; il St construit avec des nombres entiers consécutifs et brésente l'égalité aux » premiers degrés dans toutes ses nes, toutes ses colonnes et ses deux diagonales, et, outre, l’égalité-aux n-1 premiers degrés dans toutes directions de ses diagonales. — M.E. Goursat pré- hte ses recherches sur les intégrales d'une équation ix dérivées partielles passant par une caractéristique année tout le long de cette caractéristique. — M. L. oretti étudie un ensemble parfait, somme d’une infi- non dénombrable d’ensembles discontinus, et tel ue sa projection sur toute droite du plan comporte ie portion continue. — M. P. Fatou présente ses écherches, complémentaires de celles de Riemann, ir le développement en séries trigonométriques des fonctions non intégrables. — M. L. Rémy étudie cer- dines surfaces qui peuvent être définies au moyen des dnetions thêta et dont chacune peut ètre rattachée à ne surface hyperelliptique plus générale, dépendant rois modules, dont elle n’est qu'un cas singulier. — MG. Cuénot à examiné l'influence des traverses sur S déformations des voies de chemins de fer. Le mou- ëment transversal de la voie provient de ce que la tra- èrse, au passage des charges, ne s'enfonce pas seule- ïent dans le ballast, mais qu'elle fléchit, chacun de S points s'enfonçant de quantités inégales. Il y aurait me lieu d'employer des traverses moins flexibles. — E. Seux signale un mode de construction des plans roplanes permettant d'augmenter, dans de notables portions, leur valeur sustentatrice ; il consiste à ur donner une épaisseur diminuant progressivement ucentre aux extrémités. — M. P. Duhem démontre dé, si un fluide est bon conducteur de la chaleur, que élément de la quasi-surface de glissement de masses fluides l’une sur l’autre est le siège d'un ement de chaleur; si le fluide est mauvais con- ur, il n'existe pas de telles surfaces. — M. H. Des- dres expose les méthodes employées pour la re- che des particules lumineuses mêlées aux gaz de la lromosphère et des protubérances solaires. Pendant clipse de 1905, les protubérances du Nord-Est se mbmontrées riches en particules brillantes. — M. J. Esquirol à observé pendant l'éclipse de Soleil du août 1905, sur le bord est, des protubérances présen- nt une double coloration : rosée vers le sud, blanche le nord. 22 SCIENCES PHYSIQUES. — M. L. Malassez indique DIS procédés pour l'évaluation de la puissance des Jectifs microscopiques. — M. J. Becquerel a exa- méles variations des bandes d'absorption d'un cris- lle xénotime dans un champ magnétique en diri- 2eant les rayons lumineux dans une direction normale champ. Le déplacement de quelques bandes est ucoup plus considérable qu'on n'aurait pu s'y atten- d'après la grandeur de l'effet Zeeman dans les eotres de vapeurs métalliques. — M.J. Amar a cons- qu'une membrane colloidale déterminée, parfai- nent desséchée, se montre imperméable à CO? quand J'affecte par sa surface interne, — M. G. Millochau ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 389 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER a étudié les caractères de la décharge dans l'exploseur capillaire, appareil composé de deux fils métalliques placés en regard sur un support et coiffés chacun d'un tube de verre effilé par un bout. Les étincelles dont se compose la décharge se répartissent en groupes ayant une certaine analogie avec le groupement des lignes dans les spectres de bandes. — M. Nogier a constaté que certains tubes à rayons X ne produisent pas, dans l'hémisphère opposée à l’anticathode, un champ de rayons X d'intensité sensiblement constante. Dans cette région, la répartition des rayons se fail suivant une série de petits cercles parallèles à l'équateur rüntgé- nien. — MM. Ch. Fabry et H. Buisson ont reconnu que la lampe Cooper-Hevwitt constitue une excellente source de lumière monochromatique. — M. G. Ur- baïn a isolé à l’état pur le dysprosium, caractérisé par un spectre d'absorption visible et un spectre ultra- violet très sensible; son poids atomique est de 162,49; son oxyde pur est blanc. — M. G. F. Jaubert a réalisé la fabrication industrielle de lhydrure de calcium par action de l'H à haute température sur Ca préparé élec- trolytiquement. Ce nouveau corps constitue une source d'hydrogène pour l'Aéronautique. — M. L. J. Simon a étudié la formation de l'acide diuréthanepyruvique par action de l’uréthane sur l'acide pyruvique sans agent de condensation; la réaction est quantitative si l’on élimine l’eau formée. — M. E. Fouard a constaté que les sels alcalins ou alcalino-terreux exercent une action catalytique sur la fixation de l'oxygène de l'air par les solutions de polyphénols. — M. N. Slomnesco montre que les bases xanthiques, qui précipitent le cuivre de ses solutions à l’état d'hydrate jaune, peuvent servir à déceler ce métal dans divers cas. — M. H. Baubigny décrit en détails le mode opératoire pour le dosage du cadmium par précipitation à l’état de sulfure et trans- formation en sulfate. — MM. A. Trillat et Sauton proposent une méthode de dosage de la matière albu- minoide du lait par insolubilisation au moyen de Pal- déhyde formique; cette opération ne fait pas varier sensiblement ni son poids, ni sa composition élémen- taire, — MM. Eug. Charabot et G. Laloue ont cons- taté que le citral se rencontre plus abondamment dans l'essence de feuilles que dans l'essence de tiges de l'oranger à fruit doux (Citrus aurantium), plus abon- damment aussi dans la feuille elle-même que dans la tige. — MM. L. Hugounengq et A. Morel ont obtenu, par hydrolyse de l'hématogène de l'œuf de poule, un pigment noir, qu'ils nomment hématovine : C 65,9; H4,37; Az 6,67; Fe 2,6. 3° SCIENCES NATURELLES. — MM. A. Charrin el Jardry ont constaté l'existence d’hyperthermie consécutive à des interventions sanglantes et indépendante de toute infection. — M. N.-A. Barbieri a observé que chaque cordon médullaire se compose d'un ensemble de tubes nerveux ; chaque tube nerveux est formé d'une gaine conjonctive el d’un contenu en apparence homogène au neuroplasma. — M. G. Seurat a observé sur les hui- lières des îles Gambier la présence de kystes renfer- mant un ver, un scolex de Cestode qu'il rapporte au genre Tylocephalum. Ces kystes constituent les noyaux autour desquels se forment les perles fines. — M. E. Bouvier à reconnu : 1° que les Gennadas sont nettement bathypélagiques et ne descendent pas à demeure sur les grands fonds ; 2° qu'ils ne remontent pas à la surface pour la ponte, où pourtant ils subis- sent leur évolution; 3° qu'ils dérivent des Benthesi- eymus par adaptation à l'existence bathypélagique et qu'ils se rattachent à ces derniers par l'intermédiaire du G. Carinatus et du G. Alicei. — MM. Ch. Depéret 390 et L. Vidal montrent que le bassin tertiaire de l'Ebre, jusqu'ici désigné par tous les géologues sous le nom de Miocène de l'Ebre, est en réalité un immense bassin oligocène, très complet, comprenant les trois grands étages de ce système. — M. E. Argand a constaté que le métamorphisme caractérisé par les roches vertes va en croissant du bord externe au bord interne du géo- synclinal piémontais, tandis que le métamorphisme du Permo-Carbonifère va en croissant des deux bords vers le centre. — M. L. Gentil a reconnu que les deux ailes du Haut-Atlas sont composées des mêmes ter- ains, affectés des mêmes plissements, Séance du ? Avril 1906, 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. P. H. Schoute étudie la réduction analytique d'un système quelconque de forces en E,.— M. Edm. Maillet poursuit ses recherches sur les fonctions hypertranscendantes et obtient un théorème qui présente de grandes analogies avec un théorème similaire de Liouville, relatif aux nombres transcendants. — M. Jouguet présente ses recherches sur l'accélération des ondes de choc planes. — MM. H. Deslandres et G. Blum ont photographié les protubérances solaires dans l'éclipse du 30 août 4905 avec des écrans colorés; l’une, en particulier, avec écran vert, est très belle et riche en détails. — MM. G. Millochau et M. Stefanik décrivent un nouveau dispositif de spectrohéliographe évitant les vibrations de l'appareil ordinaire. Un spectrographe à deux fentes est rendu mobile autour d'un axe hori- zontal perpendiculaire au plan déterminé par les axes optiques de ce spectrographe ; le mouvement est produit par une pompe de Brashear placée verticalement. 29 SCIENCES PHYSIQUES. — M. Ch. Eug. Guye montre que la formule qui donne le rapport e/y de la charge à la masse de l’électron dans les rayons cathodiques peut être corrigée et que cette correction à pour effet d'aug- menter la concordance entre les valeurs tirées des expériences de Simon et de celles de Kaufmann.'La élaborées est de 75. — MM. M. Doyon, C. Gautier et A. Morel ont observé que, si l’on saigne une grenouille et si l’on débarrasse entièrement son système circulatoire du sang qu'il contient, pour lui substituer du sang défibriné, la fibrine est régénérée en quelques heures. La régénéra- tion de la fibrine n'a pas lieu si l'animal est privé de son foie.—M. Lortet a examiné les restes des viscères de Ramsès Il contenus dans quatre vases canopes, acquis récemment par le Louvre. Dans l'un, on reconnaît par- faitement le cœur, qui a conservé absolument intacte la structure de ses fibres musculaires. — MM. Ch. Bou- chard et Balthazard ont étudié l’action de l'émana- tion du radium sur les bactéries chromogènes. Le bacille fluorescent et le bacille pyocyanique perdent rapidement le pouvoir de sécréter des pigments; la virulence de ce dernier est également diminuée, tandis que les bacilles s'allongent et s'incurvent. Une action prolongée est nettement bactéricide. — Mie H. Ri- chardson à déterminé les Crustacés isopodes recueillis par l'Expédition antarctique française. Ils se dis- tinguent par la multiplicité des formes spéciales et les dimensions géantes de certaines d’entre elles. — M. H. Coutière a étudié quelques larves de Macroures eucyphotes provenant des collections du Prince de Monaco. Elles se rapprochent par un mode de dévelop- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES : oolithique des formations stratiliées, pement dilaté, caractérisé par une phase larvaire unis forme, très longue, pélagique, héritée d’ascendants Schizopodes, et que termine sans doute une brusque crise génitale avec réduction probable de taille.» MM. G. Rivière et G. Baïlhache ont constaté quel poids moyen, les proportions d'acide libre, de sucre réducteur et de saccharose sont plus élevés chez Je! pommes récoltées sur le Calville blanc greffé su paradis que chez les pommes de la même variét greffées sur doucin. — M. P. Becquerel à observé que des graines humectées sont tuées par un Séjour pres longé dans C0*, tandis que des graines à l’état de des siccation naturelle ou desséqhées dans le vide lèven et donnent de belles germinations malgré leur séjou dans ce gaz. — M. H. Coupin à reconnu que la plupai des alcaloïdes sont très toxiques pour les tubes pol niques, quoique, à une faible dilution, ils puissen devenir des aliments pour les mêmes tubes. I] se pe que la présence ou l'absence de tel ou tel alcaloïde dant une plante favorise la germination de son propre polle et nuise à celle des pollens étrangers. — M. S. Meunie montre que les faits observés par M. Cayeux sur minerai de fer de Diélette confirment sa théorie l'origine et le mode de formation du minerai de ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 27 Mars 1906. M. Kermorgant présente un Rapport sur les maladi endémiques, épidémiques et contagieuses qui ont régnt dans les coionies françaises en 190%. — M. Motail prescrit, dans presque tousles cas d'hypersensibilité 4 la rétine à la lumière, des verres jaunes. Sur tous l@ yeux, malades ou non, ces verres produisent à la foi et à un haut degré la sensation d'éclairement et cell de calme. Cela tient à ce que, dans la lumière solai les rayons nocifs pour les rétines sensibles ne sont päl les plus éclairants; les rayons irritants sont les rayon chimiques, — Suite et fin de la discussion sur la statis tique et la prophylaxie de la tuberculose. Séance du 3 Avril 1906. M. A. Pinard présente un Rapport sur un travail dl M. P. Mantel relatif à un cinquième cas d’inversio utérine traité avec succès par l'application du balla de M. Champetier de Ribes gonflé avec de l'air. Æ rapporteur estime avec l’auteur que cet accident es plus fréquent dans les campagnes, où les accouché reprennent plus tôt leurs occupations. La cause la plus commune repose dans les tractions intempestives fai sur le cordon; l'insertion du placenta sur le fond l'utérus constitue une cause prédisposante. — M. Pinard analyse encore un travail de MM. Chambrel et Pousson sur la décapsulation rénale et la néphmt tomie dans le traitement des formes graves de l'éclampen sie. Les auteurs ont pratiqué avec succès cette doub opération chez une primipare atteinte d'éclampsie; ont reconnu ensuite qu'il existait chez cette male une néphrite double. Le rapporteur estime que cette opération ne doit être tentée que lorsqu'on observe l'anurie chez les éclamptiques. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 24 Mars 1906. M. J. Lefèvre décrit sa technique pour la mest du besoin d'énergie chez l'homéotherme au repos ne subit aucune perte de chaleur; il montre da quelle mesure elle assure le repos et évite la soustra tion du calorique. — M. M. Cohendy a cultivé une ment lactique caractérisé par une puissance de Î mentation des hypocarbonés quatre fois plus él que celle de tous les ferments lactiques connus M. E. Retterer a reconnu que la sécrétion urinalle est accompagnée de modifications structurales portant, ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 391 les glomérules, le système sanguin et le tissu con- pnetif du rein. — MM. J.-Ch. Roux et A. Riva mon- nt qu'au cours des entérites, il peut exister dans les es du mucus hyalin provenant de l'intestin grêle et différant pas du mucus qui provient du côlon. — “TJ. Jolly a constaté qu'à la naissance, le rat n'a guère ie le quart des globules rouges qu'il aura plus tard; gmentation du nombre des globules se poursuit qu'à trois mois, âge où le nombre définitif est atteint. sement initial du cours de la lymphe à la suite d'injec- ns salines hypertoniques. — MM. A. et L. Lumière reconnu que le foie et la rate constituent des ieux de cultures solides éminemment favorables au syeloppement des bacilles de la tuberculose. — M. J.- * Lache estime que, dans le névraxe de l'homme ulte, il y a au moins deux modalités de rapports interneuroniques : par des lerminaisons libres et par anastomoses ou des vrais réseaux. — Ml: P. Cer- iovodeanu et M. V. Henri ont observé que l'addition > sels de magnésium en très faible quantité augmente pouvoir hémolytique de certains sérums. — M. P. mlinger montre que le virus rabique se propage sque exclusivement par les nerfs périphériques, et vaccin antirabique par les lymphatiques. -— MM. A. bert et A. Lippmann ont constaté qu'à l'état nor- l’appendice est dans son entier le siège d’une flore icrobienne d’une grande variété et d'une extrême abondance. Les cultures anaérobies l’emportent sur ës cultures ordinaires; le colibacille est prépondérant. M. H. Lemaire à étudié les effets cliniques et bio- ques de la sérothérapie antidiphtérique. — MM. H. ger et O. Josué ont reconnu que le foie neutralise pouvoir hypotensif des extraits intestinaux, mais sse subsister, par une véritable sélection protectrice, ion immunisante. — MM. Al. Carrel et C. C. Gu- rie montrent que l'augmentation artificielle de la culation dans une glande pathologique modifie pro- ement sa nutrition dans un sens favorable, — .G. Bohn considère l'adaptation aux réactions pho- piques comme le résultat d’une sorte d'expérience ée, acquise à la suite d'une série de mouvements auraient placé l'animal dans des conditions défa- ables. — M. C. Ciaccio montre que le bacille de ch peut renfermer des substances grasses, mais que coloration spéciale et l'acido-résistance ne sont pas lues aux acides gras. — MM. J. Cantacuzène et “Slatineano ont constaté que la dégénérescence des bres musculaires cardiaques dans la myocardite aiguë due à la suractivité fonctionnelle du sarcoplasma. - A. Mayer a reconnu que les lieux de fixation nporaire de l’eau dans l'organisme sont : après les ites ingestions, le foie; après les fortes ingestions, bablement le tissu cellulaire. — M. H. Iscovesco à ervé que le suc gastrique précipite le suc pancréa- 1e; la précipitation n'est pas due exclusivement à idité du suc gastrique; le colloïde négatif du suc rique forme avec le colloïde négatif du suc pan- “éatique un complexe qui est insoluble dans un milieu même très légèrement acidifié par HCI. Séance du 31 Mars 1906. | - M. Cohendy a obtenu sans régime spécial, par lacelimatation d'un ferment lactique dans le gros ntestin, une heureuse modification de la flore intesti- iale, cause d’auto-intoxication constante. — MM. L. Lortat-Jacob et G. Vitry ont constaté que l'injection ntra-veineuse de salicylate de soude a pour effet laugmenter la résistance du lapin à l'inoculation con- écutive du streptocoque. — MM. M. Doyon, C. Gau- ner el A. Morel : Démonstration de la fonction fibri- hogénique du foie (voir p. 390). — MM. Ch. Porcher et 'h: Hervieux ont observé que le scatol et son isomère, > méthylkétol, s'éliminent par l'urine, sous la forme 8 chromogènes qui possèdent des caractères iden- iques. — M. Ch. Hervieux a reconnu que l'indol, dministré à dose faible, s’élimine entièrement à l’état d'indican ; à dose forte, une partie seulement emprunte la forme d'indican ; le reste .s’élimine dans l'urine sous forme d’un chromogène différent, qui donne à celle-ci une coloration bleu foncée à l'air. — M. Ed. Retterer décrit la structure de l’épithélium rénal dans quelques états fonctionnels du rein. — M. P. Mulon à constaté qu'à un moment déterminé de l’évolution du corps jaune, certaines cellules à lutéine contiennent dans une portion de leur eytoplasme, semi-fluide, facilement rétractable : 4° une substance réductrice de Os0O* qui n'est pas un corps gras; 2 un acide gras combiné. Ces faits établissent une étroite similitude entre les corps jaunes et les capsules surrénales, — MM. A. Desgrez et J. Ayrignac : Influence du régime alimentaire sur la valeur des coefficients urologiques (voir p. 390). — M. À. Sartory a remarqué l'existence constante d'une levure chromogène dans les sucs gastriques hyper- acides; il a, en outre, trouvé dans ces sucs : l’'Ordium laetis, une levure non chromogène et un staphylocoque. — M. Ch. Féré a étudié l’état de la motilité dans l'anesthésie locale par l’alypine. Comme la cocaïne et la stovaïne, celle-ci provoque une impotence croissante suivant la dose. — M. E. Maurel a reconnu qu à l'état normal il existe, chez l'adulte, un rapport constant entre la section thoracique, d’une part, le poids et la surface cutanée, de l’autre. La diminution de ce rap- port provoque des troubles généraux et souvent la gène de la respiration. — M. J. Nicolas a étudié l'appari- tion de la virulence dans la salive mixte des animaux rabiques; elle peut se produire déjà quelques heures après la prise de la matière inoculée. — M. A. Brisse- moret a recherché quelles sont les fonctions chimiques douées de propriétés entéréthistiques (vomitives et purgatives); ce sont, en particulier, les éthers-oxydes de phénols, les oxyquinones, les sulfocarbimides. — MM. G. Péju et H. Rajat ont constaté que, dans les milieux salins, le coli-bacille, comme le bacille d'Eberth, revèt des formes polymorphes, filamenteuses ou élar- gies. — M. F.-J. Bose a reconnu qu'il peut exister, dans les syphilis héréditaires graves, une méningo- encéphalite diffuse subaiguë, caractérisée par une néo- formation conjonctivo-vasculaire pure. — M. H. Le- maire décrit les effets d'une injection de sérum anti- diphtérique chez le lapin. — M. J. Jolly a observé que la moelle rouge subit, chez le rat blanc, depuis la naissance jusqu'à l’âge de deux ans environ, une évo- lution tout à fait en rapport avec celle qu'il a constatée dans le sang. — MM. H. Lamy, A. Mayer el F. Ra- thery ont constaté, dans les tubes contournés du rein, au cours des polyuries provoquées par injections intra- veineuses de cristalloïdes, — outre les phénomènes déjà connus : élargissement de la lumière des canaux, aplatissement des cellules, conservation de la bordure en brosse, — l'élargissement des espaces intertubu- laires et, après l'injection de sucres et de sulfate de soude, l'apparition dans le corps cellulaire d'éléments vacuolaires. — MM. L. Rénon et L. Tixier ont trouvé que, dans un liquide céphalo-rachidien normal, il n'existe que des traces d’albumine (sérum-globuline) ; dans la grande majorité des liquides céphalo-rachi- diens pathologiques, il existe un parallélisme assez net entre le degré de réaction cytologique et la quan- tité d’albumine.—M. M. d'Halluin a reconnu 1° que les battements rythmiques du cœur peuvent être ranimés par le massage { h. 15 m. et peut-être même 1 h. 50 m. après son arrêt; 2 que les centres nerveux peuvent être ranimés, même après une anémie prolongée durant 1 h. 15 m. — M. Pariset a constaté que le pou- voir amylolytique du sang augmente après l'injection de suc pancréatique. —M. W. Frei montre que l'hé- moglobine empêche l’action hémolytique de la sapo- nine; l'action neutralisante est maximum si on la mélange d'abord avec la saponine et ajoute les globules ensuite. — M. H. Iscovesco conclut de ses recherches que le sang est composé : 4° d’une sérum-albumine positive ; 2 d’une sérum-albumine négative; 3° d'une globuline positive; 4#° d’une globuline négative. 392 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE Séance du 20 Mars 1906. M. C. Gerber a observé l'existence de fleurs vires- centes de la Valériane chausse-trape; la cause de cette virescence est un puceron (Trioza Centranthi) vivant entre les fleurs et les bractées. — M. Alezais signale l'existence d’une éosinophilie myéloïde dans la lèpre. — M. A. Raybaud a noté une hyperglobulie très nette dans un cas de pneumothorax assez ancien chez un tuberculeux avancé. — M. P. Stephan décrit un état intermédiaire de développement des organes génitaux observé chez un hybride de coq faisan et de poule naine. RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX Séance du 6 Mars 1906. M. J. Kunstler décrit un nouveau mode de forma- .tion des membranes périvacuolaires chez les Infusoires ciliés. — MM. J. Gautrelet et H. Gravellat ont cons- taté que les injections sous-cutanées concentrées de bleu de méthylène chez le lapin agissent à la fois sur les fonctions hépatiques, sur la nutrition et sur le rein. La fonction uréopoiétique ainsi que la fonction glyco- génique soint amoindries. La sécrétion rénale n’est pas arrètée, mais la désassimilation est diminuée. — M. F. Jolyet montre que l’action inhibitrice de l’eau de mer sur le fonctionnement du cœur isolé doit être due à sa teneur assez élevée en magnésium. SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du 16 Mars 1906. M. E. Bouty poursuit ses recherches sur le passage de l'électricité a travers des couches de qaz épaisses. Il a établi précédemment qu'aux pressions supérieures à quelques millimètres de mercure,le champ électrique nécessaire pour provoquer l'effluve dans un ballon déterminé, à masse de gaz constante, est indépendant de la température. Pour un gaz donné, ce champ cri- tique y est lié à la pression p par la formule : A Vhp (p + b); (1 a est une constante spécifique du gaz, que M. Bouty a nommée cohésion drelectrique. Le premier objet de la communication actuelle est l'étude du coefficient 2. Ses expériences ont porté sur l'air et sur l'hydrogène. Il à trouvé que le coefficient varie rigoureusement en raison inverse du diamètre des ballons évalué dans le sens du champ, c’est-à-dire en raison inverse de l'épaisseur de la couche de gaz employée. Cela posé, la formule (1) des champs critiques peut s’écrire : k a Vr ( 7 =): (2) e représentant l'épaisseur de la couche gazeuse et une nouvelle constante spécifique du gaz. La différence de potentiel totale V, entre les extrémités de la colonne gazeuse intéressée par l’effluve, est donnée par l’équa- tion : Y — ae Vr (» +=) = Vpe (pe + k). (3) On voit que Y ne dépend que du produit pe et, par conséquent, que de la masse de gaz intéressée à l’et- {luve et rapportée à À centimètre carré de section. La loi de Paschen est donc rigoureusement applicable aux expériences de M. Bouty, dans le cas des pressions assez élevées pour que la paroi diélectrique n'inter- vienne pas. L'asymptote à la courbe (3), construite en prenant pe pour abseisses et Y pour ordonnées, est ; ak Y, + a (pe) + ——. Le coefticient angulaire de cette asymptote est la cohé- sion diélectrique. On appellera son ordonnée à l’origine e l'adhésion diélectrique. M. Bouty a aussi étudiés la relation de la différence de potentiel d’effluve à I différence de potentiel explosive. La disposition expé= rimentale adoptée, très inférieure à la disposition mise habituellement en œuvre par M. Bouty, per met cependant de constater que, tout au moins tant que la différence de potentiel Y ne dépasse p 10.000 à 12.000 volts, 1/7 n° y a aucune différence entre les deux sortes de potentiel minimum. A l’origine, l'étincelle comme l’effluve est donc un phénomène en” tièrement localisé dans le gaz. Les électrodes n'inters viennent qu'après coup pour entretenir la dépense d'électricité. C'est aussi la conclusion à laquelle est arrivé M. Hemsalech par l'étude du spectre de l’étinn celle. En terminant, M. Bouty fait remarquer que formule (3) du potentiel d’effluve ou d’étincelle tent vers zéro avec la pression, quelle que soit l’épaisseu On sait que, si l'épaisseur est petite, il faut ajouter ces formules un terme complémentaire qui croît san limite quand la pression tend vers zéro. Mais ce term peut provenir d’une action propre de l’électrode ou dem la paroi diélectrique. En tout cas, l'expérience apprend que les formules monomes (1) ou (3) suffisent à rem présenter les phénomènes à des pressions d'autant plus basses que l'épaisseur de la couche gazeuse est plus considérable. Ainsi, le potentiel minimum d'en fluve qui, pour un ballon de 56 d'épaisseur, était de 129 volts par centimètre (pression de 1/4 de millimètre), n'est plus que de 16 volts pour un tube large de 37,5 d'épaisseur dans le sens du champ (pression de 1/23 de couche suffisamment raréfiée de la haute atmosphère on peut donc supposer que, sous la seule influence dim champ terrestre, une décharge pourrait passer entre deux masses de cirrhus plus ou moins éloignées l’une de l’autre. A cette altitude, l'air serait donc normale ment ionisé. Si ces vues étaient confirmées par d expériences poussées suffisamment loin, il en résulte rail, pour la Météorologie, des conséquences que M. Bouty laisse aux hommes compétents le soin de déduire. — M. Chéneveau présente le spectro-réfracsl tomètre à liquides de M. Ch. Féry. Il rappelle d’abord le principe duréfractomètre à lecture directe de M. Féry On annule par un prisme solide d'angle variable et d'indice constant (formé par une lentille de verre plan convexe) la déviation imprimée à un rayon lumineux par un prisme creux, d'angle fixe, rempli du liquide dont on veut déterminer l'indice de réfraction. La simple mesure du déplacement qu'il faut donner à L lentille, pour compenser la déviation due au prism liquide, permettra d'évaluer l'indice. L'appareil d | M. Féry ne se prêtait, sous sa forme primitive, qu'à] | détermination d'indices de liquides pour la raie D. spectro-réfractomètre présenté à la Société permet de faire la mesure des indices pour toutes les radiations du spectre visible. Il a suffi, pour cela, de mettre un prisme à vision directe en avant de la lentille objectives qui, comme celle du collimateur, est rendue achromasn} tique. La fente, éclairée par une lumière quelconque (pu exemple, celle qui provenait d'un tube à hydrogène); envoie un faisceau de lumière homogène. Celle-ci trasn verse la cuve à liquide etest décomposée par le prisme, On connaît la dispersion du verre de la cuve et de l'eaus On peut donc, en comparant les écarts vrais entre les indices se rapportant aux différentes raies ea 1 l'exemple choisi, les raies C, F, Hy) pour le verre et pour l'eau, aux écarts observés dans l'appareil pour les mêmes corps, avoir une constante caractéristique de la | radiation. Il suffira alors de multiplier l'écart entre | l'indice observé pour un liquide et l'indice observé pour | l'eau par la constante correspondant à une raie dés finie pour avoir la différence entre l'indice vrai du | D | ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 393. ide et de l’eau, pour cette raie. Pour éviter ce cal- on peut dresser, une fois pour toutes, une Table permettra, pour les diverses radiations, d'avoir de te l'indice vrai lorsqu'on aura l'indice observé. La sibilité du spectro-réfractomètre est comparable à e du réfractomètre. — M. A. Turpain a poursuivi dant plus d’un an des recherches sur les rayons N duits par la lampe Nernst, l’acier trempé, les champs gnétiques non uniformes, le champ hertzien, les hamps électrostatiques. Dans les expériences où il ait si les rayons N agissaient ou non sur le sulfure, pourcentage des concordances entre l'effet observé leffet attendu a oscillé entre 77 et 85 °/,. Dans utres expériences où les choses étaient disposées de e facon qu'il ne pouvait pas savoir si les rayons ssaientounon, mais seulement connaître après coup $ conditions réalisées pendant chaque expérience, le Ourcentage des concordances entre l'observation et S prévisions a oscillé entre 48 et 54°/.,. Ces résultats imblent indiquer l'existence d’une sorte d'autosug- tion à laquelle se soustrait malaisément l’observa- r et que, seules, des expériences de contrôle peuvent ettre en évidence. Mais M. Turpain ne croit pas que s expériences faites avec l'écran au sulfure puissent érmettre d'établir d'une manière irréfutable l'exis- nce des rayons N. Il souhaiterait que MM. Blondlot Rubens pussent reprendre en commun les expé- ences de photographie de la petite étincelle — qui er décisives — et se mettre définitivement d'ac- rd. SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE PARIS Séance du 9 Mars 1906. f. P. Nicolardot communique les résultats de ses xpériences sur un oxalate d'alumine cristallisé. — M. A. Trillat fait une communication sur la formation él'adéhyde méthylique dans le cours de la caraméli- on. Il à pu doser l’aldéhyde formique restant dans caramels du commerce et met les experts en garde ntre les conclusions que l'on peut tirer de la pré- nce de cette aldéhyde dans certaines substances ali- Mentaires. M. Trillat pense qu'une partie du caramel est formée par la polymérisation de l’aldéhyde for- ique. A l'appui de cette thèse, il indique que l'on ob- ént un véritable caramel en chauffant l’aldéhyde mé- lique dans certaines conditions. — M. E. Berger, 1 faisant agir l'aldéhyde éthylique sur le bromure a-naphtylmagnésium, à obtenu l'alcool cristallisé ®H7.CH(OH).CH*, fondant à 64. Le chlorure et l’acé- te sont liquides et bouillent respectivement à 149% et ° sous 46 mm. Par simple distillation dans le vide, alcool se scinde en eau et z-naphtyléthylène, carbure diquide qui distille à 128° sous 16 mm. Ce carbure, sous laction de la chaleur et de la lumière, se comporte womme le styrolène et donne un trimère, messe imorphe transparente, qu'une température plus élevée létransforme en naphtyléthylène. L'auteur se propose étudier les homologues de ce carbure et les dérivés analogues en 5. — M. J. Bougault a repris l'étude de ide tartroantimonieux C*HSbO7, correspondant à émétique ordinaire. Il conclut que la préparation de t'acide, telle qu'elle a été donnée par M. Guntz (éva- ration à sec d'une solution de Sb*0* dans un excès icide tartrique et élimination de cet excès par l’al- ü! absolu), conduit, en réalité, à un mélange de nhydride C*H°SbO° de l'acide cherché et d’un éther hylique de cet anhydride. En remplaçant l'alcool par cétone, il obtient le corps de formule C‘H*SbOS à tat pur. M. Bougault propose, pour l’émétique ordi- are, la formule de constitution : CO? — CHO — CHOH — CO°K 2 2 SbOH et, pour l'acide anhydre qu'il a préparé, la formule : CO? — CHO — CHO — COH > | F4 Se NU sb 4 — M. P. Lebeau rappelle les principales recherches qui ont été faites jusqu'ici sur le siliciure de cuivre et expose ensuite les résultats de ses travaux personnels sur ce mème composé. Dans le cours de l'application de la méthode qu'il a décrite pour la préparation des siliciures métalliques, cet auteur à été conduit à re- connaître fréquemment la présence de silicium libre dans des cuivres siliciés renfermant moins de 18 °/, de silicium total, teneur qui correspond au composé SiCu* dont l'existence était admise. L'examen d'un cuprosili- cium industriel très riche (50 à 60 °/, de silicium total) l'a conduit à reconnaitre que la limite de siliciuration du cuivre correspondait à 10 °/, environ, c’est-à-dire à la formation d'un composé répondant à la formule SiCu*. En reprenant l'étude de l’action du silicium sur le cuivre, M. Lebeau a précisé les conditions de forma- tion de ce siliciure, dont l'existence est confirmée par la détermination de la fusibilité des mélanges de cuivre et de silicium et aussi par l'examen métallographique. Le cuivre silicié renfermant plus de 10 °/, de silicium total contient toujours du silicium libre. Ce silicium comprend la variété ordinaire ef aussi la variété so- luble dans l'acide fluorhydrique découverte par MM. Moissan et Siemens. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES Séance du 7 Décembre 1905 (fin). M. W.-H. Dines communique ses recherches sur les gradients de température verticaux sur la côte occi- dentale de l'Ecosse et à Oxshott (Surrey). Ces gradients ont été déterminés au moyen d'ascensions de cerfs- volants porteurs de météorographes. Ils varient suivant le temps et peuvent être divisés en plusieurs catégories. On a observé quelques inversions de température, qui paraissent exceptionnelles. — M. Raymond Pearl : Etude biométrique de la conjugaison chez les Paramaæ- cium. Le but de ces recherches était de déterminer s'il existe une différence sensible entre les membres qui se conjuguent et ceux qui ne se conjuguent pas dans une colonie d’un infusoire cilié commun, le Paramæ- cium caudatum, et jusqu'à quel point des individus de structure identique tendent à se conjuguer. Les princi- paux caractères étudiés sont la longueur et la plus grande largeur du corps et la forme de l'organisme mesurée par l'indice longueur-largeur. Le matériel employé comprenait une grande variété de cultures. L'auteur a découvert une différence très considérable entre les individus conjugants et les non conjugants. Par rapport aux caractères de taille absolue (longueur et largeur du corps), les différences entre les moyennes des deux groupes d'individus s’élevaient à 10-20 °/, de la taille moyenne des individus les plus grands (non conjugants). Non seulement les conjugants sont plus petits que les non conjugants, au point de vue absolu, mais ils se différencient aussi sensiblement par la forme. De plus, ils sont beaucoup moins variables et ont une corrélation moins élevée. Il y a une tendance fortement marquée à s'associer entre semblables dans la conjugaison des Paramæcium. Les coefficients de cor- rélation mesurant l’homogamie dans la conjugaison sont relativement très élevés, à la fois pour l’accouple- ment assortatif direct et croisé, dans tous les carac- tères examinés. Par une étude expérimentale de con- jugaisons prises au hasard, l’auteur a montré que cette homogamie dans la conjugaison est due à un assor- timent et un accouplement réel de semblables avec semblables, et n’est pas un effet supposé de différen- ciation locale dans la culture. De plus, en comparant les rapports obtenus pour des paires de conjugants récemment unis avec des rapports semblables pour des 394 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES paires sur le point de se séparer, il montre que les résultats ne peuvent pas être dus à un procédé d'égali- sation de la taille pendant le cours de la conjugaison elle-même. — M. C. C. Hurst communique ses re- cherches sur l'hérédité de la couleur de la peau chez les chevaux. Il conclut que chez les chevaux pur sang mo- dernes, la couleur marron est un caractère mendélien récessif pour le bai et le brun, qui sont des caractères dominants. La considération des autres couleurs étant exclue, les bais et les bruns sont de deux sortes : a) ceux qui, accouplés avec des marrons, ne donnent aucun rejeton marron; 2) ceux qui, accouplés avec des marrons, donnent, en moyenne, une moitié de rejetons marrons, et le reste bais ou bruns. De mème, les mar- rons récessifs, extraits d’une facon diverse des bais et bruns dominants, donnent des rejetons de la même couleur lorsqu'ils sont accouplés ensemble, sans réver- sion à leurs ancêtres bais ou bruns. On n’a trouvé que 9 exceptions à cette règle sur 1.104 cas, et il n’est pas impossible qu'elles proviennent d'erreurs d'obser- valion. Séance du 18 Janvier 1906. MM. E.-E. Henderson et E. H. Starling ont re- cherché quels sont Les facteurs qui déterminent la pro- duction du fluide intraoculaire. Is sont arrivés aux conclusions suivantes : 4° La pression intraoculaire re- présente la pression à laquelle la vitesse de formation du fluide intraoculaire est exactement balancée par sa vitesse d'échappement à travers l'angle de filtration de l'œil ; 2° La production du fluide intraoculaire est stric- tement proportionnelle à la différence de pression entre le sang des capillaires du globe oculaire et le fluide intraoculaire ; 3° On n’a pas encore trouvé de méthode satisfaisante pour mesurer la pression intra- capillaire dans le globe oculaire. Les auteurs indiquent les erreurs de la méthode de Niesnamoff. En se basant sur une comparaison des pressions artérielles et des pressions intraoculaires chez un grand nombre d'ani- maux dans des conditions diverses, on constate qu'il existe probablement toujours une différence entre la pression intracapillaire et la pression intraoculaire suf- fisante pour expliquer la production du fluide intrao- culaire, sans assumer une intervention active de la part des cellules des cloisons capillaires ou des protes- sus ciliaires; 4° Une augmentation de la quantité de protéide du fluide intraoculaire ralentit son cours d'ab- sorption à cause de l'obstacle mécanique que le pro- téide offre à l'infiltration ; 5° La filtration, c’est-à-dire l'absorption de fluides intraoculaires à des pressions intraoculaires élevées, est favorisée par la constriction de la pupille et retardée par la dilatation de celle-ci. La différence, cependant, est seulement perceptible avec des pressions intraoculaires normales ou faibles. — M. W.-F.-R. Weldon : Sur les descendants des ju- ments marrons pur sang. Dans une récente communi- cation, M. Hurst a émis l'opinion que la relation entre les couleurs les plus importantes des chevaux pur sang anglais : marron, bai et brun, peut êlre exprimée par une formule mendélienne simple. Pour vérifier cette hypothèse, l’auteur a extrait du Stud-book de Weatherby un tableau complet des poulains produits en Angleterre par des juments marrons pendant une période de huit ans. L'examen critique de ce tableau l'a conduit aux conclusions suivantes : 4° Il est impos- sible de formuler une hypothèse mendélienne simple sur la relation entre les poulains marrons, bais et bruns, en considérant le marron comme un caractère récessif simple; 2° La chance d'obtenir un poulain marron d'une jument marron n’est pas constante pour des mâles d’une couleur quelconque, et il n’y a aucune apparence que les mäles d’une couleur quelconque puissent être assemblés en groupes téls que ceux de chaque groupe donneraient des poulains marrons dans une proportion mendélienne quand on les accouple à des juments marrons ; 3° Ces faits rendent probable que l'hérédité de la couleur du poil chez les chevaux est exprimable en fonction de l'hypothèse suggérée par Galton en 1872. —M. G. C. Chubb cherche à interpr ter, en fonction du métabolisme cellulaire, les change ments de structure qui se présentent pendant la cro sance de l’oocyte de l’Antedon bifida. — M. A.T. W son a observé un cas le régénération très curieu chez un ver polychète du genre Potamilla vivant dan les roches crétacées. Si l’on coupe un fragment du ver sans tête ni thorax, donc formé de segments abdomi naux seulement, on constate qu'il peut régénérer l’ani mal entier en formant un segment céphalique et ut seul segment thoracique sétigère nouveau; les h autres segments thoraciques nécessaires à la vie di l'animal se produisent par transformation des premiers segments abdominaux. Il est probable que ce pouvoi d'adaptation est commun, à un plus ou moins graï degré, à tous les segments abdominaux. SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE DE LONDRES. Séance du 9 Mars 1906. # M. H.-A. Wilson présente ses recherches sur 168 vitesses des ions des vapeurs de sels alcalins dans lé flammes et les gaz à haute température. Il montre que tous les résultats obtenus concordent avec l'hypothèse qu'un sel quelconque de Cs, Rb, K, Na ou Li don dans une flamme de Bunsen, des ions négatifs a une vitesse de 1.000 cm. par seconde pour un volt cm. et des ions positifs ayant une vitesse d’enviro 80 cm. par seconde. Ce résultat peut être expliqué & supposant que chaque molécule de sel émet un corpus cule négatif qui forme l'ion négatif, tandis que le resté de la molécule forme l'ion positif. — M. J.-A. Har décrit les expériences faites, il y a quelques années, l'Observatoire de Kew sur les courants terrestres pro: duits par les entreprises de traction électrique et sut les perturbations qu'ils provoquent dans les instruments magnétiques enregistreurs qui inscrivent sans inter ruption les variations de la déclinaison et des forces horizontale et verticale. Pour ces expériences, deux larges plaques de mise à la terre ont été enterrées dans le sol à environ # pieds de profondeur et à une distance de 200 mètres; elles sont reliées à travers un voltmètre enregistreur photographique à haute résistance. Sui les tracés donnés par cet instrument, l'effet des trains du Central London Railway est très appréciable; i indiquent clairement l'horaire de ce chemin de fer tout arrèt accidentel. Les mêmes perturbations se retrouvent sur les courbes du magnétographe; le effets sont plus prononcés sur la force verticale que sur la force horizontale ou la déclinaison. SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES Séance du 4* Mars 1906. M. Th. M. Lowry a mesuré la solubilité dans l'alcool de l'«-chloro- et de l'&-bromocamphre, de l'«f- et l'ux-dibromocamphre et de l’af- et de l’ax-chlorobro mocamphre, soit seuls, soit en présence d'un peu d'éthylate de soude. La présence de ce dernier a mente la solubilité dans le rapport d'environ 0,9 à — MM. W. P. Dreaper et Al. Wilson ont observé q l'addition d'acide tannique à un colloide organiqu comme la gélatine ou l’albumine détermine la quan tité d'acide gallique qui sera absorbée par le coagulum Les acides réduisent cette absorption, les sels laugs mentent, l'alcool l'empêche. L'absorption de l'acide tannique par la soie et par la poudre de peau est for tement réduite en présence de l'alcool. — MM. R. Pickard et W. ©. Littlebury ont résolu l'-phénys) al-4-hydroxyphényléthane au moyen de la Zmenthy=\ carbimide; les /-menthylcarbamates obtenus sont séparés par cristallisation fractionnée, puis hydrolysésW par NaOH alcoolique. Le d-a-phényl-a'-4-hydroxyphé= \ nyléthane fond à 64°; [«]}n —-7°,78 dans le benzène; — MM. F. W. Kay et W. H. Perkin jun. ont préparé # ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES + 124 395 Jacide A‘-tétrahydro-p-toluique; son éther éthylique gauche, traité par CH*Mgl, fournit, après décomposition par l’eau et un acide dilué, le /-A$-p-menthénol, CH°.C‘HS.C(CH*)0A, Eb. 101° sous 44 mm.,[&}p —— 670. Celui-ci, par digestion avec le sulfate acide de K, donne Je A3:5%-p-menthadiène GH°.C'H8.C(CH*) : CH?, Eb. 1850. MM. A. E. Dunstanet J. T. Hewitt ont préparé les dérivés di-ettétra-acétylés de la chrysaniline en partant la base purifiée. — M. Th. E. Thorpe décrit une méthode pour la détermination de l’arsenic dans les piers de tapisseries, les tissus, etc. Une quantité ‘connue de matière est mouillée avec de l’eau de chaux, mélangée avec de la magnésie calcinée, séchée et cal- cinée, Les cendres sont traitées par l'acide sulfurique dilué et le métabisullite de K, la solution bouillie, et dans une partie aliquote on dose l’arsenie par voie électrolytique. — MM. M. ©. Forster et H. Grossmann, en faisant réagir l'hypobromite et l'hypochlorite de K sur la camphoryl-b-carbamide, ont obtenu des dérivés dihalogénés où l'halogène est attaché à l'azote. La car- bamide normale donne les mêmes substances. — MM. J. B. Cohen et H. P. Armes ont déterminé les rotations spécifiques de huit des dix éthers menthyliques isomériques des acides chloronitrobenzoïques. SOCIÉTÉ ANGLAISE DES INDUSTRIES CHIMIQUES SECTION DE BIRMINGHAM Séance du 15 Février 1906. M. W. Rosenheïin propose une nouvelle méthode ‘pour déterminer la chaleur de combustion des liquides yolatils, au moyen de son calorimètre où la combustion ma lieu par un courant d'oxygène sous une pression lar- gement supérieure à la pression atmosphérique. Afin d'éviter l'évaporation pendant la combustion, on a pro- posé d'absorber le liquide volatil soit par du kaolin en udre, soit par un morceau de brique poreuse; mais là combustion est souvent incomplète, ces corps rete- nant une partie du liquide dans leurs pores. L'auteur les remplace par un corps absorbant entièrement com- bustible, et il propose à cet effet des briquettes de cel- mlulose sèche légèrement comprimées. De la chaleur de “combustion totale, on soustrait celle de la cellulose, déterminée préalablement sur une briquette de même poids. On obtient des résultats exacts à 1/2 °/, près. our les liquides très volatils, il est bon d'envelopper la briquette de cellulose, après imprégnation, d'une mince feuille de papier d'étain. SECTION DE LONDRES Séance du 5 Mars 1906. MM. W. D. Borland présente ses recherches sur J'allumage des explosifs nitrés dans les cartouches des armes portatives. Il envisage successivement : 1° la “composition du détonateur ; 2° la relation des produits “solides aux produits gazeux de la combustion; 3° la “rapidité d'action; 4° la chaleur totale dégagée; 5° la température atteinte; 6° la relation entre les résultats observés et calculés. SECTION DU YORKSHIRE Séance du 26 Février 1906. … MM. H. R. Procter et H. G. Bennett ont étudié la formation des sels de calcium et de baryum des acides “gallique, protocatéchique et digallique. Ces sels sont “solubles dans l'eau additionnée d'un peu d'alcool, … L'acide digallique est, en outre, en partie hydrolysé en présence d'alcalis. Il en résulte que la méthode de Parker-Payne pour le dosage du tanin est inutilisable, car elle donne des précipités qui ne sont pas des com- posés métalliques définis des acides gallique et digal- lique, mais de constitution indélinie, variant avec la méthode de travail, la concentration, la température, l’ordre des mélanges, ele. — MM. H. R. Procter et D. Mc Candlish décrivent une méthode pour la déter- mination de l’'ammoniaque dans les liqueurs calciques usées du tannage des peaux. Un courant d'air, débar- rassé de CO? et AzH® par passage dans des tubes en U contenant KOH et H°S0*, est conduit rapidement au- dessus de la liqueur ammoniacale répartie sur une large surface, et chauffée par un bain-marie à 90 C. L'air chargé d'AzH* passe ensuite dans un tube en U contenant un volume connu d'acide normal, dont on détermine ensuite la quantité neutralisée. SECTION DE LA NOUVELLE-ANGLETERRE Séance du 2 Février 1906. M. E. F. Burnham montre qu'un bon adoucisseur pour coton doit être composé approximativement de 7 parties d'eau, de 3 parties de savon et de 1 partie d'huile; pour les savons à la soude, l'huile libre doit être de l'huile d'olive ou de maïs; pour les savons à la potasse, ce doit être de l'huile de lard. — M. F. H. Small étudie les diverses méthodes de détermination du tanin et recommande l'emploi de poudre de peau préalablement chromée, ce qui égalise le pouvoir d’ab- sorption des diverses peaux pour le tanin sans le diminuer. La poudre de peau est traitée avec une solu- tion diluée d’alun de chrome, puis lavée pour la dé- barrasser du sel non combiné, comprimée pour éloi- gner l'excès d’eau et ajoutée à la solution de tanin; on applique une certaine correction pour la quantité d'eau qui reste dans la poudre de peau. SECTION DE NEW-YORK Séance du 19 Janvier 1906. MM. R. von Foregger et H. Philipp étudient les propriétés et les applications des peroxydes alcalino- terreux et analogues : peroxydes de calcium, de stron- tium, de magnésium et de zine. Le peroxyde de cal- cium peut être employé avec avantage au blanchiment des huiles et d’autres produits organiques, comme désinfectant, comme préservant le cidre de la fermen- tation, comme stérilisateur pour le lait (il n'y constitue pas une substance étrangère et peut être ensuite assi- milé). Le peroxyde de magnésium est excellent pour la stérilisation de l'eau; le peroxyde de strontium se recommande comme dentifrice. SECTION DE NOTTINGHAM Séance du 2% Janvier 1906. M. H. J. Watson a étudié les causes de la formation d'écume sur la colle. 11 conclut que, par l'emploi de bonnes malières premières, soumises à un dégraissage et à un nettoyage soigneux, et par la réduction du chauffage au strict minimum, on peut obtenir une colle qui n’écumera pas pratiquement; mais, même avec des matériaux bien préparés, si l’on néglige les opérations d'ébullition, on peut s'attendre à obtenir une colle qui écume. ACADEMIE DES SCIENCES DE BERLIN Séance du 15 Février 1906. M. Klein présente une étude sur les météorites faite sur les échantillons composant les collections de l'Uni- versité de Berlin; il fait voir que les fers météoriques sont parfaitement analogues, quant à leur composition et à leur structure, aux produits artificiels de l’indus- trie. Les pierres météoriques ressemblent à leur tour par leur structure et leur composition aux formations terrestres, surtout quant au caractère radial concen- trique de leurs chondres, analogues aux sphérolithes des roches terrestres. Ceci démontre l'identité des lois régissant, quant à sa formation et sa structure, la matière de la Terre et celle qui se trouve en dehors d'elle. — M: Schottky adresse une note du Professeur nn: 750: PS V DO KT TPE 4 396 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES E. Landau, de Berlin, sur la non-disparition d'une série de Dirichlet. L'auteur y présente deux nouveaux ordres de démonstration du théorème démontré pour la première fois par Dirichlet, à savoir : 4/7 étant un caractère réel, autre que le caractère principal de l’en- semble des classes résiduelles, premières par rapport à k, la valeur de la somme 7] $ PL) pi Î est différente de zéro. Séance du 22 Février 1906. M. Môbius présente un Mémoire relatif à la ques- tion de savoir si les animaux sont capables de perce- voir et de ressentir la Beauté. L'éminent biologiste qu'a été Darwin donne une réponse aflirmaltive à cette question, supposant que la beauté remarquable des oiseaux, insectes et autres animaux mâles, comparée à l'aspect moins beau de leurs femelles, s’expliquerait par le fait que ces dernières choisissent, pour l'accouple- ment, les males les plus beaux. S'opposant à cette manière de voir, l'auteur démontre qu'en se guidant sur le reste de leurs propriétés psychiques, il ne con- vient point d'attribuer aux animaux des goûts esthé- tiques. Tout en étant capables de distinguer des diffé- rences de couleurs, de forme et de mouvement, ils ne seraient pas susceptibles de percevoir la régularité qui est en toutes choses et qui justement en fait la beauté. ALFRED GRADENWITZ. ACADÉMIE DES SCIENCES DE VIENNE Séance du 4% Février 1906. 4° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. A. Leon : Sur l'équi- libre élastique d’une sphère creuse ou d’un eylindre creux, quand une pression uniforme p. et p; agit sur les surfaces extérieure et intérieure respectivement, en considérant dans les tensions des membres qui sont du deuxième ordre par rapport aux éléments de la déformation. — M. £. Weiss présente ses travaux sur la mesure photographique des azimuts et décrit la méthode et l'instrument qu'il emploie dans ce but. 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M. I. Lecher détermine les courbes de variation de l'effet Thomson en fonction de la température dans un conducteur linéaire pour Ag, Cu, Fe et le constantan, et montre au moyen de dia- grammes qu'énergétiquement l'effet Thomson, l'effet Peltier et la force thermo-électrique additionnés sont égaux à zéro, c'est-à-dire que, de deux de ces gran- deurs, on peut déduire la troisième. — M. K. Przibram a étudié la condensation des vapeurs dans l'air ionisé. Tandis que la vapeur d’eau se condense d'abord sur les ions négatifs, les vapeurs des alcools se condensent d'abord sur les ions positifs. Le chloroforme et l'iodure d’éthyle se comportent de mème; le benzène et l'acé- tone ne montrent aucune différence de charge. — MM. S. Meyer et E. von Schweïidler ont déterminé la constante de diminution de moitié de l'activité du radium F (138,2 jours), du radio-plomb (135,5 jours), du radio-tellure (136,5 jours) et du radio-bismuth (138,9 jours); la moyenne est de 137 jours. — M. L. Bunzl à étudié l’occlusion de l'émanation du radium par les corps solides ; elle est surtout sensible pour les corps poreux. Le charbon de bois absorbe l’'émanation beaucoup mieux que toutes les autres substances. — MM. R. Doht et J. Haager ont observé que l'acide nitreux agit sur les trois tolylurées isomères et sur la m-xylylurée, en présence d'un excès d'HCI, avec forma- tion des carbonimides correspondantes. Sans excès d’HCI, sont seules nitrosées les urées dont les positions ortho par rapport au groupe imidique ne sont pas substituées; les autres fournissent les isocyanates cor- respondants. — MM. P. Gelmo et W. Suida ont con taté que la laine de mouton qui a été soumise pendant des temps variables à l'influence de l’eau bouillante des acides, de l’ammoniaque et du carbonate de soud dilués subit une hydrolyse progressant irrégulière ment dans le sens de la rupture des liaisons lacto niques, de sorte que, tandis que les propriétés basique! restent les mêmes, les propriétés acides croissent. Q fait concorde avec l'observation courante de la moindi solidité des colorants sur les laines qui ont été trai longtemps par des liquides acides. 30 SCIENCES NATURELLES. — M. B. Wahl présente recherches sur la structure des Turbellariés parasi! de la famille des Dalyellides (Vorticides). Il donne description histologique de deux espèces du genr Anoplodium, dont l’une, l'A. gracile, vivant dans k cavité de l’Holothuria Forskalir, constitue une espèce nouvelle, — M. E. von Marenzeller à reconnu qi toutes les Eupsamminées ont un état jeune commu avec des septes régulièrement développées des troi ordres. Les /?hodopsammia et les Heteropsammia em plissent complètement les conditions de la loi dé croissance de von Koch : toutes les septes du 4° ordr y apparaissent à leur place et même celles du 5° ordre au moins en partie. Chez les autres, le reste du déve loppement n'est jamais que partiel. — Le même auteur étudié les coraux de profondeur recueillis par l’expé dition de la Pola dans la Mer rouge. A part deu nouveaux genres, tous les autres étaient déjà connus dans la zone littorale de l'Océan Indien et de l'Océan Pacifique. — M. H. Zikes montre que les mouvements du Bacterium Zoplii excités par l’action de la pesans teur ne sont pas dus, comme on le croyait, au gé tropisme, mais à la géotaxie négative. La direction di ces mouvements est aussi plus ou moins influencé par la chémotaxie. — M. O. Richter à constaté q les germes des différentes plantes sont beaucoup plu sensibles aux excilations lumineuses quand ils croissen dans de l'air contenant des impuretés que dans 1 pur; il en est de mème pour l’action du géotropis — M. A.Zahlbruckner à étudié la flore lichénologi de la Crète ; il a recueilli 89 espèces. La Crète orien se rattache au continent grec; mais la flore des il Paximadhia se rattache au domaine adriatique. = MM. F. Krasser et Kubart ont poursuivi l'étude de à flore fossile de Moleten en Moravie. Cette flore com prend : des Fougères, des Cycadophytes, des Conifères, des Inglandacées, des Moracées, des Platanacées, des Lauracées, des Araliacées, des Magnoliacées, de Myrtacées et quelques Monocotylédones; elle est cénor manienne. Séance du 8 Février 1906. 1° Sciences PHYSIQUES. — M. G. Tomann a déterminé la composition du mucilage des fruits de Viseum albu et du Loranthus europaeus. Le premier est formé de deux couches: lextérieure, constituée par un mucilag cellulosique, et l'intérieure, constituée par un mucila pectique. Par contre, l'enveloppe mucilagineuse « Loranthus est homogène et constituée seulement p du mucilage pectique dans lequel sont suspend des gouttelettes graisseuses. Ces deux mucilag empêchent la germination et facilitent la dissémi nation des graines par les oiseaux. Ÿ 20 SCIENCES NATURELLES. — Mlle P. Brezina a étudié l'anatomie du bois des Composites. Elle correspond j gros à la structure du bois des Dicotyles. A cù d'autres caractères, on remarque fréquemment présence de vaisseaux et de trachéides avec sculptun double de la membrane. “4 Louis BRUNET. Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 7 dt. li ‘à à AR ANNÉE N°n9 15 MAI 1906 DIRECTEUR : Revue générale SCienC pures el appliquées LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. L. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norrège et la Hollande. $ 1. — Astronomie . Les chocs en Mécanique céleste.— Pendant que les conséquences de chocs possibles entre corps lestes attirent l'attention des astronomes‘, il se uve que, au point de vue purement théorique, ude des chocs entre planètes, si importante dans intégration des équations de la Mécanique céleste, end à faire de sérieux progrès. Comme on le sait?, M. Painlevé a établi la régula- ité des trajectoires de la Mécanique céleste dans le ‘as où les chocs ne se produisent pas: mais c'est à M. Lévi-Civita qu'on doit d'avoir discuté la condition pour qu'il en soit ainsi, du moins dans le cas le moins “compliqué, celui auquel on donne le nom de « pro- Dblème restreint ». … L'initiative de M. Lévi-Civita s'est bientôt montrée “féconde et, peu de temps après, M. Bisconcini s’est occupé d'étendre le résultat primitif aux cas généraux -du problème des trois corps. M. Lévi-Civita reprend aujourd'hui * la question et se ropose, toujours en se bornant au problème restreint, “de compléter ce résultat sur un point essentiel. —— En effet, comme le remarque l’auteur, « les corps “célestes ne sont pas des points matériels, et il est loi- sible de les traiter ainsi pourvu seulement que leurs dimensions soient négligeables par rapport aux “distances, c’est-à-dire (dimensions et degré d’approxi- mation étant donnés) pourvu que leurs distances ne escendent pas au-dessous d'une certaine limite :. A tte condition seulement, les résultats mathématiques eront acceptables. — ... « Reconnaître d'avance sur les données initiales “quand il en est ainsi, voilà le but essentiel de l'analyse qualitative de notre problème. » # - à en étudiant les trajectoires pour lesquelles le corps attiré P passe dans un certain voisinage D d’un des corps attirants, l'auteur a pu constater que le minimum à de la distance entre les deux corps est une fonction uniforme (dans le voisinage en question) 1 Voir la Revue du 15 mars 1906. 2 Voir la Revue du 30 juillet 1903 (p. 742). “Acta Math. t. XXX. à REViE GNÉXALE DES SCIENCES, !906. #. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE de la position et de la vitesse P. Il suffira donc d'exprimer que cette fonction est supérieure à =. Toutefois, ce résultat pourrait prêter à une interpré- tation erronée. L'inégalité ainsi écrite exprime que le point P ne passera pas à une distance moindre que à du corps attirant tant qu'il restera dans le domaine D. Mais il n’en est plus de même s'il quitte ce domaine pour y revenir après un intervalle de temps plus ou moins long; dans ce cas, les calculs précédents n'apprennent rien sur cette phase ultérieure du mouvement. L'Etoile variable Algol. — Chandler a publié dans l’Astronomical Journalune formule donnant l'éclat d’Algol, et d’après laquelle l'Annuaire du Bureau des Longitudes calcule des éphémérides pour cette étoile; mais l'écart devient de plus en plus grand entre l'obser- vation et le calcul des minima d'intensité. M. Enzo Mora a groupé heureusement les observations qu'il poursuit depuis de longues années sur cette étoile : les résultats méritent confiance, car les mesures elles-mêmes sont effectuées en tenant compte de l'équation de la lumière et de la différence d'absorption atmosphérique pour les étoiles de comparaison. Les époques minima observées avant 1900 s'accordent assez bien avec celles qu'on tire de la formule de Chand- ler ; mais, dès 1900, le désaccord apparaît et cette formule donne, pour la durée de la période, des valeurs entiè- rement inadmissibles. En effet, tandis que la période d’Algol, d’après la formule, serait de 21 20h 48 565,7 en 1900 et 2i 208 48m57s,8 actuellement, M. Enzo Mora trouve, pour 1901: 2i 20h 48m 54s 45 + 05,13, et, en groupant les observations des dernières années jusqu'en décembre 1904, les lieux normaux donnent, pour 1903: 2j 20h 48m 54s,42 + 0S,10. Ce dernier résultat est presque identique au pré- cédent : faut-il donc en conclure que la période d’Algol n'a pas sensiblement varié depuis 1901? La question, on le voit,est très importante, puisqu'elle concerne un des points les plus délicats qui soient soulevés par les étoiles variables. 398 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 2. — Géodésie Différence de longitude Paris-Greenwich. — Suivant le désir exprimé par la Conférence géodé- sique internationale en 1898, l'opération de la déter- mination de da différence de longitude entre Paris et Greenwich fut concertée entre ces deux observatoires : MM. Dyson et Hollis, d'une part, MM. Bigourdan et Lancelin, d'autre part, devaient former deux équipes d’observateurs avec double échange des observateurs et des instruments. 1l a été fait trois séries de printemps et trois séries d'automne, et les précautions prises pour l'élimination des erreurs instrumentales furent très étendues. Dans les Comptes rendus (t. CXXXIX), les astronomes français ont donné comme résultat de leurs mesures la valeur 9m90s,974 + 0,008, tandis que, dans le tome LXV de Monthly Notices, les observateurs anglais donnent 9m205,932 + 0,006. Cette détermination est extrèmement intéressante; mais l'écart des mesures est de six fois l'erreur pro- bable moyenne, et il reste à expliquer cette singularité : est-ce mauvaise définition de l'erreur probable, ou intervention d'équations personnelles fluctuantes? Poussées à une telle aproximation, les mesures sont vraiment difficiles et nécessitent la plus grande habi- leté chez des observateurs très circonspects. $ 3. — Physique du Globe Perturbations magnétiques et taches so- laires. — M. E. W. Maunder a fait l'étude complète de 276 perturbations magnétiques bien caractérisées, sur une période de vingt-deux ans, pour comparer la statistique aux phénomènes astronomiques contempo- rains. Empruntant au Professeur Ricco les documents de protubérances, à Greenwich ceux des taches et facules, il a représenté tous ces phénomènes par des courbes qui imitent assez bien l'allure de la courbe des orages magnétiques, et la comparaison est plus remar- quable encore pour les facules que pour les taches. Sans entrer dans le détail des discussions statis- tiques, nous donnerons du moins les conclusions de l’auteur : 1° L'origine des perturbations magnétiques est dans le Soleil et point ailleurs. Leur période est celle de la rotation synodique, et non celle de la rotation sidérale ; 2° Les aires solaires qui provoquent les orages ma- gnétiques sont bien définies ; 3° Ces aires tournent comme la zone des taches, entre 0° et 30° de latitude ; 4 Les plus fortes perturbations magnétiques sont liées à l'apparition de grandes taches; 5° L'activité magnétique d'une aire donnée peut pré- céder la formation d’un groupe important de taches et lui survivre ; 6° L'action magnétique est limitée à un faisceau étroit qui tourne à toute distance avec le Soleil : ainsi s'expliquent le commencement brusque et le retour périodique des orages magnétiques ; T° La largeur moyenne de ces faisceaux peut se déduire de la durée moyenne des orages magnétiques ; 8° L'activité magnétique des taches paraît sujette à des éclipses ; 9° Les taches qui donnent lieu aux grandes pertur- bations passent en général au sud du centre. Il semble donc que leur action n’est pas exactement radiale. M. E. W. Maunder à une compétence reconnue en ces matières et il faut certainement attacher Ja plus grande considération à ses conclusions; mais, d'autre part, il s’agit là d’un des problèmes les plus troublants et les plus controversés de l’époque actuelle, et nous devons ici rapprocher les idées de quelques autres spé- cialistes, d'autant plus que la première conclusi semble dépasser sensiblement la portée de la sta tique dressée. Si tout le monde est à peu près d'acco pour reconnaître la tendance des perturbations magn! tiques à se reproduire après une ou plusieurs rotatio solaires, quelques auteurs ne jugent pas qu'une émi sion directe du Soleil puisse fournir l'énergie mise em jeu dans ces phénomènes. s Faut-il donc admettre, avec M. Schuster, que l'énerg mise en jeu dans les orages magnétiques est emprunté! à la rotation de la Terre? qu'elle est sous la dépens dance de courants électriques circulant dans notre atmosphère et qu'elle se trouve libérée, à la maniè d'une étincelle électrique, par des émissions corpuse laires venues du Soleil et modifiant la conductibili électrique de l'air? C’est là une hypothèse assez pla sante tout d'abord, mais elle repose aussi sur une base bien frèle; son mécanisme n’est même pas ébauché, alors qu'il devrait être susceptible d'un traitement numérique. A nos yeux, jusqu'à nouvel ordre, il faut se rappros cher de préférence d'idées analogues à celles de M. A.-Ls Cortie. Orages magnétiques et taches ne sont pas sous! la dépendance directe les uns des autres, mais cons tituent deux groupes de phénomènes qui résultent eux-mêmes d’une cause commune encore mal définies $ 4. — Physique Sur la nature de la pression osmotique. — L’explication donnée par M. van'tHoffdes phénomènes sen rattachant à la pression osmotique, à savoir que cette dernière serait due aux chocs des molécules de matièr dissoute contre la membrane semi-perméable, vien d'être critiquée par beaucoup de savants. | MM. A. Battelli et A. Stelanini s'occupent depuis quelque temps, à l’Institut de Physique de l'Université de Pise‘, d'expériences tendant, entre autres, à établi les relations qui existent entre la pression osmotique et la température. On lira, dans ce qui va suiv l'énoncé préliminaire de certains des résultats trouv par ces expérimentateurs : Les phénomènes osmotiques sont toujours déterminé par les différences de tension superlicielle. Quant à la direction de l’osmose, celle-ci se produit dans tous les cas dans le sens le plus approprié à compenser les tensions superficielles des deux côtés de la membrane Les solutions à tension superficielle égale, bien que n'étant pas équimoléculaires, sont toujours à l'état d'équilibre osmotique mutuel. | Les faits précités rendent extrêmement improbable que la pression osmotique soit d’une nature purement cinétique, comme le veut M. van’t Hoff. $ 5. — Électricité industrielle! La traction électrique sur le chemin de fe du Simplon. — Bien que le premier train de chemins de fer ait récemment traversé le Simplon, la grande ligne passant à travers ce tunnel ne sera pas ouverte à service public avant la fin du mois de mai. Or cet date fera époque dans l'histoire de la traction éle trique; elle marquera, en effet, le premier emploi & Europe de l'électricité sur l’une des voies ferrées inte nationales. L'offre que vient de faire aux autorités des Chemi de fer d'Etat suisses l’une des plus importantes mais) sons d'électricité de ce pays ne manque pas de hars diesse : Après avoir, à leurs dépens, aménagé pour le service électrique lasection traversant le tunnel (20 kilo» mètres), MM. Brown, Boveri et Cie se sont, en effet, , engagés à rétablir cette ligne à l’état primitif, prèteà être exploitée par la vapeur, dans le cas où la traction électrique ne donnerait pas des résultats au moins aussi | 1 Physikalische Zeitschrift, n° 6, 1906. 4 satisfaisants que la vapeur. Cette promesse fait voir à quel point on est sûr des avantages offerts par l’élec- fricité. Il n’y a pas de doute qu'une fois cette première portion ouverte à la traction électrique, on n’étende tte dernière bien vite à la ligne tout entière, et que d'autres lignes de chemins de fer ne suivent cet emple avant bien longtemps. Mu la brièveté du temps disponible avant l'ouverture “du tunnel, on a dû renoncer à la construction d'un “matériel spécial, et se contenter de celui dont on dis- Iposait. Les deux locomotives électriques (fig. 1) qu'on IMañectera au service du Simplon venaient d'être com- |Mmandées parles Chemins de fer d'Etat italiens. Ce sont LMdes machines à courant triphasé de 900-1.000 chevaux fl chacune, à trois essieux accouplés, mus par deux oteurs au moyen de bielles et sans l'intermédiaire engrenages. Les moteurs sont disposés pour deux vi- sses, à savoir 34 kilomètres et 68 kilomètres respecti- vement. La puissance de traction de la locomotive est de 6 tonnes pour la petite vitesse et de 3 tonnes et mie pour la grande. Son poids total, enfin, est de 62 tonnes et le poids adhérent de 42 tonnes. Le courant électrique triphasé sera produit sous la ension de 3.300 volts et à 15 périodes par les deux isines de force hydraulique installées aux deux extré- : mités du tunnel pour la commande des machines ayant vi dans la construction du tunnel. Ces usines, après elques moditications préalables, se prêteront parfai- ement au nouvel usage auquel on les destine. Le fil de trolley est à deux pôles, les rails servant de conduc- t@urs de retour; il est soutenu par des suspensions Liransversales disposées à des intervalles de 25 mètres. Une gare d’évitement électrique, construite au centre | du tunnel, a été prévue pour le cas où un entre-croise- iment de trains serait nécessité à la suite d'un retard. = Les trains arrivant de Lausanne, après avoir été découplés, en gare de Brigue, de leurs locomotives à lwapeur, seront attachés à la locomotive électrique, des- ltinée à les remorquer à travers le tunnel, jusqu’à la lstation d'Iselle, où le service électrique est remplacé lpar la vapeur. Le tronçon du tunnel comprend, par hintervalles, jusqu'à 5 voies placées l’une à côté de l'autre. | Les rampes, à part quelques courtes portions de | 10 °/00; sont sensiblement constantes, celle du nord (de Bri ue au centre du tunnel) étant de 2 °/,,, et celle du |aidi (du centre à Iselle) de 7 0/5. Il s'agira de transporter des trains de voyageurs d'un | poids de 365 tonnes et des trains de marchandises de }465 tonnes; les premiers mettront vingt minutes pour | traverser la ligne de Brigue à Iselle et trente minutes en | Sens opposé, les temps correspondants étant de quarante | minutes pour les trains de marchandises dans les deux | sens. Alfred Gradenwitz. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Fig. 1. — Locomotive électrique pour la traction des trains dans le tunnel du Simplon. 399 Une combinaison des lumières Nernst et Auer. — Un problème d'un grand intérêt vient d'être résolu par M. Adolphe Herz'. On sait que l’économie d'une source thermique de lumière est d'autant plus satisfaisante que sa température absolue est plus élevée ; le maximum de radiation se déplace graduellement du côté dela portion visible du spectre, à mesure que la tem- pérature monte, en même temps que l'intensité lumi- neuse totale de la lampe s’accroit dans des proportions bien plus rapides que celle qui correspondrait à une progression arithmétique. Lorsque, par exemple, la température du platine nu est portée de 8000 à 820° seu- lement, la puissance lumineuse augmente de plus du double, et, si la température d’un corps se trouvant à l’incandescence blanche est portée de 1 à 2, son inten- sité lumineuse s'accroît de 41 à 2", c'est-à-dire de 1 à 4.000. Or, il est impossible de réaliser avec les flammes ordinaires des températures excédant 1.800-2.000°; il n'est pas non plus possible de surpasser avec les brû- leurs Auer une économie relativement faiple de la production de lumière. Par contre, les courants élec- triques donnent le moyen d'accroître considérablement la température des corps. Un manchon Auer ou tout autre filament d’une forme appropriée, formé d'oxydes métalliques, est un isolateur d'électricité à peu près parfait aux basses températures, tout en devenant bon conducteur lorsqu'on le porte à la chaleur rouge (c'est ce qui se passe dans le cas des lampes Nernst). C'est ce fait qu'utilise M. Herz en fournissant, à un filament échauffé par un bec de gaz, un courant élec- trique d’une intensité et d’une tension convenables, de facon que ce filament, en dehors du chauffage dû au bec de gaz, se trouve soumis à un accroissement ulté- rieur de la température, produit par le courant élec- trique. Son rendement lumineux se trouve par là aug- menté dans des proportions considérables. $ 6. — Chimie L'explosion des mélanges de gaz d’éelai- rage et d'air. — C'est là une question qui a déjà suscité les études de nombreux savants et qui, cepen- dant, réserve encore aux chercheurs d'importantes constatations, ainsi que le montre l’intéressante com- munication que vient de faire, sur ce sujet, M. B. Hop- kinson à la Société Royale de Londres; nous en résumons ci-après les principaux points. L'explosion de mélanges homogènes de gaz d’éclai- rage et d'air, à la pression et à la température atmos- phériques, a été étudiée au moyen de thermomètres à résistance de platine placés en divers points dans le 1 Zeitschrift für Beleuchtungswesen, n° 7, 1906. 400 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE vase à explosion. Le récipient est de forme cylindrique trapue, de 6,2 pieds cubiques de capacité, et le mé- lange est allumé au moyen d'une étincelle électrique jaillissant au centre. Chaque thermomètre consiste en une boucle d'un fil de platine nu d'environ 5 centi- mètres de longueur et d'un diamètre de 14/1000 de pouce, qui est placée en série avec une batterie à potentiel constant et un galvanomètre à réflexion à courte période, dont la déviation est enregistrée pho- tographiquement sur un tambour tournant. La pres- sion du gaz est enregistrée sur le même tambour. L'arrivée de la flamme sur un fil quelconque est marquée par une forte élévation dans sa résistance, et la vitesse de l'élévation, corrigée du retard du fil, donne une mesure de la rapidité avec laquelle les gaz se combinent autour de lui. Voici maintenant les résultats obtenus par l'auteur : Avec un mélange consistant en un volume de gaz et neuf volumes d’air, la flamme se propage à partir de l'étincelle d’une manière un peu irrégulière, mais à une vitesse approximative de 150 centimètres par seconde. Un thermomètre placé près de l'étincelle produisant l'explosion indique une élévation subite de la température allant jusqu'à environ 1.200°C., après quoi elle reste presque constante jusqu'à ce que la flamme s'approche des parois du récipient. Par suite de la rapide élévation de pression qui se produit alors, la compression adiabatique du gaz brûlé au centre fait élever la température en cet endroit jus- qu'à environ 1.900°C.; le résultat est que le fil du thermomètre fond généralement. En un point proche des parois, le gaz est comprimé presque à la pression maximum déjà avant l'ignition ; en conséquence, la température s'élève subitement jusqu'à 1.200°C. ou 1.300°C., et, comme il y a peu de compression subsé- quente, il n'y à pas d'autre élévation appréciable de température. Ainsi, par suite des conditions différentes du gaz en divers points du récipient, il existe des différences de température de 500° dans le gaz à la pression maxi- mum après une explosion de cette sorte. II ne semble pas avoir été remarqué jusqu'ici que de telles diffé- rences dussent nécessairement se produire après une explosion, même dans un vase imperméable à la chaleur. Ces différences sont rapidement effacées par des courants de convection, mais leur importance au moment de la pression maximum est telle qu'il est impossible d'obtenir une valeur exacte de la chaleur spécifique au moyen de l'enregistrement de la pression d'après la méthode de MM. Mallard et Le Châtelier. Le travail de ces savants n'est pas cependant justiciable de l’objection principale qui à été jusqu'ici soulevée contre lui, c’est-à-dire que la combustion était incom- plète lorsqu'ils mesurèrent la chaleur spécifique. Les expériences de M. Hopkinson montrent que la com- bustion en un point quelconque est pratiquement terminée 1/40° de seconde après son début, et que 4/30° de seconde après l'obtention de la pression maximum, le gaz dans le récipient peut être considéré comme un mélange de CO*, de vapeur et de gaz inertes à un élat d'équilibre chimique. La pression du gaz enflammé au centre du vase s'élève, durant la propa- gation de la flamme, de 1 à 6 atmosphères. Pendant ce temps, il ne perd pas de chaleur, et l'élévation de la température observée est de 1.200° à 4.900° C. Il s'ensuit qu'entre ces limites de température la valeur moyenne de y (rapport des chaleurs spécifiques) pour ce gaz est de 1,25. Avec un mélange plus dilué, contenant un volume de gaz et douze d'air, la propagation de la flamme est beaucoup plus lente : il s'écoule environ 2!/, secondes avant que tout le gaz soit brûlé. Par suite de la lente propagation de la flamme, les courants de convection jouent un rôle important pendant le cours de l'igni- tion; les gaz brûlés s'élèvent à la partie supérieure du récipient et le reste du gaz qui doit ètre brûlé n'est pas situé près de la paroi, mais immédiatement au- dessous de l’étincelle, à une faible distance de celle-ci# quoique la flamme se propage très lentement, la com: bustion de n'importe quelle partie du gaz, lorsqu'elle a commencé, s'efleclue presque aussi rapidement qué dans le mélange le plus concentré. Il n'y a pas de combustion résiduelle, dans le sens d’un lent accomplis= sement d'une réaction déjà commencée. Durant la pé= riode de 1/10° de seconde avant le moment de la pres- sion maximum, une certaine quantité de gaz n’est pas encore brûlée, mais 1/10° de seconde après tout le gaz est complètement brûlé et tout le mélange se trouve en équilibre chimique. Au cours de ces recherches, la différence de tempé= rature entre un fil fin plongé dans le gaz et la tempé= rature de celui-ci a été déterminée par la comparaison des températures de deux fils, dont l’un à un diamèt double de l'autre, placés l’un près de l'autre dans Ja même explosion. On trouve ainsi l'erreur due à la ra diation et l’on constate que, si la température d’un fil de 1/500€ de pouce de diamètre varie à raison de 1.3000 CA par seconde, il doit alors être de 200° C. plus chaud o plus froid que le gaz qui l’environne. Ces résultats: sont employés pour trouver la température actuelle du gaz d'après celle d'un fil de 1/1000° de pouce de diamètre qui y est plongé, et M. Hopkinson arrive à la conclusion que les températures, dans un cylindre dé moteur à gaz, ne peuvent pas être obtenues par l’em ploi d’un fil plus épais que celui-ci, sinon en appliquant les corrections s’élevant à plusieurs centaines dé degrés centigrades. L'auteur cherche alors à tirer parti de ces résultats pour discuter la question de là combustion résiduelle dans les moteurs à gaz; il arri à la conclusion que la chaleur spécifique élevée de produits de la combustion, avec une certaine perte de chaleur pendant le passage de la flamme à travers l'espace de compression, explique toutes les parti cularités du diagramme du moteur à gaz. La forme du diag’amme obtenu avec des mélanges dilués est due simplement à la très lente propagation de Ja flamme et non à quelque retard dans l'obtention de l'équilibre chimique en un point que la flamme a déjà atteint. Les colorations des pierres précieuses sous l'action du radium, — On à observé à plus sieurs reprises que les substances inorganiques, expo sées à l’action des rayons cathodiques ou de ceux du radium, prennent des colorations, à savoir : le verré une teinte fortement brune ou violette, le chlorure de sodium une couleur gris-brun, et le chlorure de potas sium une nuance soit brunâtre, soit jaune, selon les circonstances. Ces observations ont suggéré l’idée d’ex poser aux rayonnements du radium les minéraux trans parents naturels employés comme bijoux; cette exp rience à été, en effet, tentée par M. Crookes dans li cas du diamant. Dans une série étendue d'expériences pareilles, ens treprises par M. A. Miethe', on a constaté qu'un nombre très grand de pierres précieuses changent d couleur sous l’action d'un rayonnement plus ou moi prolongé dù à une substance fortement radio-actives Bien qu'on ne puisse pas encore énoncer de principe communs à tous les phénomènes observés, on p@ dire cependant que la teinte des pierres claires chan facilement, tandis que les minéraux possédant ui forte coloration originale ne présentent qu'une faib variation de couleur. Ce fait pourra peut-être se ratta cher à la loi récemment trouvée par les minéralogiste à savoir que les pierres précieuses d’une couleur el ne renferment le plus souvent aucune impureté ch mique pouvant produire une coloration, tandis queéy dans le cas d'une coloration sombre, la pierre contie des sels métalliques colorants ou même des corps organiques de la série des hydrocarbures. + ‘ Annaler ler Phys'k, n° 3, 1906. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE AOL $ 7. — Géologie Les glaciers de la Savoie. — Les questions glaciaires sont plus que jamais à l’ordre du jour, et, si ce sont des physiciens qui se livrent actuellement à leur étude avec le plus d’ardeur, le point de vue géo- graphique n'en conserve pas moins toute son impor- tance. Nous n’en voulons pour preuve que les deux études, d’un haut intérêt, que M. Paul Girardin, le patient enquêteur de la Commission francaise des gla- ciers, vient de consacrer à son champ d'observation, les glaciers de la haute Maurienne, de la haute Taren- taise et de la Vanoise ‘. Les appareils glaciaires de ces régions sont non seulement remarquables par leur nombre et leur étendue, mais encore les plus méridio- naux surprennent par leur basse latitude, qui est celle du cours moyen du Pô et de la région du Karst. M. Paul Girardin en attribue la cause principale à un fait de topographie : la « Savoie massive » possède, à défaut d'altitudes exceptionnelles, une altitude moyenne très élevée, qui permet aux glaciers de se défendre contre es influences du climat. Cette altitude moyenne peut être mise en évidence soit par l'élévation des cols, soit par celle du fond des vallées, qui dépassent ce que nous pouvons constater dans les autres régions alpines. C'est une première constatation intéressante que le développement des glaciers dépend beaucoup moins de la présence de hautes cimes que de l'extension de larges surfaces élevées. A juste titre, M. Paul Girardin répudie l'idée de élimat général pour une région si morcelée en bassins diversement orientés qu'il ne saurait y être question que de climats locaux. Ceux-ci ont pourtant un caractère Commun qui réside dans la faiblesse des précipitations. Cependant, ces précipitations augmentent avec l'alti- tude, et comme, à partir de 2.000 mètres, elles se con- ensent sous forme de neige, — mème en été, dès le Second jour, — et s'y maintiennent grâce à l'extension e la surface élevée, il en résulte des conditions phy- ques favorables à la glaciation, et à une glaciation plus étendue que ne le laisserait supposer l'altitude evée des fronts, ce qui vient encore à l'appui de la prédominance du facteur topographique. D'ailleurs, la topographie explique non seulement la répartition locale de ces glaciers, leur préférence pour l'exposition Ouest, mais jusqu'au type auxquels ils appartiennent. le climat empêche leur front d'atteindre le fond des lées, comme c’est le cas pour le plus grand nombre, est bien la forme du relief qui les développe en une ange continue de glaciers de plateau ou glaciers sus- dus. C’est de la limite des neiges que dépendent et l'ex- ension et le régime des glaciers. De là, l'importance 8 la détermination de cette limite. Après avoir défini 8 qu'il faut entendre par limite locale, limite clima- que et limite topographique, M. Paul Girardin cri- ique la méthode dite indirecte, employée par Kurowski reprise par Jegerlehner, d’après laquelle la valeur de limite climatique serait la hauteur moyenne du gla- er. A côté du caractère hypothétique du point de épart, il faut aussi remarquer que les cartes utilisées pour ces calculs sont à trop faible échelle et ne don- dent qu'un état plus ou moins ancien du glacier. Dans conditions, ne pourrait-on avoir recours à une néthode d'observation directe nermettant de déter- Mminer cette limite sur le glacier lui-mème, c’est-à-dire u point où le glacier proprement dit disparaît sous la neige qui persiste toute l'année ? Cette ligne des neiges sereconnait à ce qu'au-dessous l’eau ruisselle sur la sur- iace du glacier, tandis qu'au-dessus, l'eau pénètre dans Jlaneige. D'autre part, à partir de la limite où le glacier proprement dit se dégage du névé, on voit la glace se | 2 Paul Girarnix : Les Glaciers de Savoie. Pull. de la Soc. Neuchäteloise de Geographie, t. XNI, Neuchätel, 1905. — Mo: Les phénomènes actuels et les modifications du modelé dans la haute Maurienne. La Géographie, 15 juillet 1905. relever peu à peu en son milieu et prendre un profil transveisal bombé, tandis que, dans le bassin d’alimen- tation, la neige épouse les concavités du sol. Ces diffé- rences se traduisent dans les cartes par une allure différente des courbes, convexes sur le glacier propre- ment dit, concaves sur le névé, enfin, rectilignes à la limite des deux zones. Cette méthode topographique, comme l'appelle son auteur, ne fait donc intervenir ni formule, ni rapport arbitraire : elle n’est que l’enregis- trement d'un fait précis correspondant à une limite réelle. Seulement la précision sera en quelque sorte pro- portionnelle à la grandeur de l'échelle des cartes ; c’est pourquoi M. Paul Girardin prolite de ses enquêtes sur place pour dresser des cartes glaciaires au 1/5.000!. Les différents repères, établis par M. Paul Girardin depuis l'été de 1902, attestent tous une décrue, irrégu- lière et variable, plus ou moins forte suivant la « sen- sibilité » du glacier. Ce retrait se reconnait d'ailleurs à l'apparition de rochers, émergeant de leur « gencive » de glace, mais surtout à la forme du front qui passe par trois phases successives : le morcellement en lobes, séparés par des échancrures, la dissymétrie des bords et enfin l'abandon de plaques de « glacier mort ». Malgré l’âge récent des observations, mais en s’aidant des témoins glaciaires, moraines frontales et rive- raines, et aussi de l’état de la végétation et des souve- nirs des gens du pays, M. Paul Girardin a essayé d'es- quisser l'histoire récente de ces glaciers. Tous ont ressenti vers 1818 la grande extension du début du xixe siècle, la plus importante depuis les temps histo- riques, et qui fut accompagnée d'une seconde oscilla- tion vers 1855, à laquelle mirent fin les été chauds de 1856-57. Les grands appareils glaciaires arrivèrent au niveau du palier supérieur de la vallée, les monta- gnards craignirent pour leurs alpages. Depuis ce moment, le mouvement de retrait n'a guère été inter- rompu que vers 1890, où presque tous ces glaciers don- nèrent, en même temps, des signes d'avancement que l'on doit plutôt interpréter commer un simple arrêt dans la décrue. En dernière analyse, les observations locales de M. Paul Girardin confirment, pour leur part, le remar- quable phénomène que M. Charles Rabot a si puissam- ment contribué à mettre en lumière : le parallélisme, dans le temps et dans l'espace, des mouvements de crue et de décrue de tous les glaciers terrestres. Pierre Clerget, Professeur à l'Institut commercial des jeunes filles de Fribourg (Suisse). $ S. — Géographie et Colonisation La Sardine au Maroc. — On sait que la Sardine est abondante sur les côtes du Maroc, où l’on en pêche 360 millions par an. La pêche s'y fait au moyen de sennes et de filets semblables à ceux de nos pêcheurs bretons. Les équipages des bateaux se composent ordi- nairement de quatre matelots et d’un patron. Pour faire monter la Sardine et la faire donner dans le filet, on emploie une sorte de rogue composée de sardines, de maquereaux, d'oursins écrasés et mélangés à du sable et de l'huile. Les Arabes sont très satisfaits de cette rogue appelée M'rasa?. Le Maghzen possède trois sennes el trois grands canots qui ramènent à terre environ 320 millions de sardines. Le produit de cette pèche se partage en trois lots égaux : un pour le Sultan, un pour l'entretien du matériel, et un pour l'équipage, auquel le monarque abandonne souvent la moitié de sa part. Quand la pêche a été abondante, la sardine se vend 2 fr. 50 le mille; quand elle est moyenne, 7 francs, et quand elle est mauvaise, le prix peut monter jusqu'à 25 francs. 1 M. Girardin a pour collaborateurs habituels deux étu- diants de l'Université de Fribourg, MM. Cesare Calciali et M. de Concza. ? lievue genérale de la Marine marchande, 1905, p. 451. 102 ED. SAUVAGE — LES LOCOMOTIVES AMÉRICAINES LES LOCOMOTIVES AMÉRICAINES Dès l'origine des chemins de fer, les locomotives américaines ont été caractérisées par des dispo- sitions originales, bien adaptées aux lignes qu'elles desservent et à leurs méthodes d'exploitation, dis- possède également des ateliers de locomotives. La production des ateliers des Etats-Unis an dépassé, en 1903, 5.000 locomotives, dont un cer tain nombre pour l'exportation. Cette production. )] Fig. 1. — Locomotive type Américain, construite en 1885 dans les ateliers de Montréal du Canadian Pacific Railway, positions dont quelques-unes ont été imitées parles constructeurs européens. Le grand nombre de ces machines, les dimensions colossales qu'on leur donne aujourd’hui leur influence sur le dévelop- | pement des Etats-Unis, en rendent l'étude intéres- sante à aivers Litres *. Les locomotives qui desservent l'immense réseau des voies ferrées aux Etats-Unis, auquel il convient de rattacher les lignes du Mexique et du Fig, 2. Canada. sortent, pour la plupart, d'un petit nombre d'ateliers, ceux de Baldwin, à Philadelphie, et ceux | de l'American Locomotive Co., qui a réuni sous une direction unique les établissements de huit | constructeurs. Quelques Compagnies de chemins de fer construisent des locomotives dans leurs ateliers, mais celle pratique est peu répandue. Le Canada “ La Revue a déjà consacré un article aux locomotives, dans son numéro du 30 mai 1901 (p. 472), mais en traitant ce sujet d'une manière générale. — Locomotive type Mogul, construite en 1902. — Poids en service : VE eul, | que possible, avec des dimensions croissantes ; il F'BOGGEMANS del. était de 4.070 en 1902, et elle est tomhée à 3.44 en 1904. [. — TYPES DES LOCOMOTIVES. La plupart des locomotives américaines appar tiennent à un petit nombre de types, définis pa le nombre et la disposition des essieux. Pendant longtemps, le type Américain (fig. 1), à deux essieux 71 tonnes. E | couplés et bogie, avec des dimensions qui parais= | sent bien petites aujourd'hui, a suffi pour 2 | | | la plupart des services. Le type Mogul (fig. 2 avec un essieu porteur arliculé à l'avant et trois essieux couplés, grâce à son poids adhérent plus fort, permet d'utiliser un plus grand effort de traction. # On à conservé ces deux types aussi longtemps en reste beaucoup en service aujourd'hui, et l'on ED. SAUVAGE — LES LOCOMOTIVES AMÉRICAINES 403 “en construit même encore; mais de nouvelles dis- | Aussi le type Consolidation est-il généralement {| positions sont devenues nécessaires. préféré. L’essieu directeur unique du type Aogu ne vaut Le désir d'augmenter constamment la puissance | pas le bogie normal à deux essieux, qui se combine | des machines a conduit à des modifications plus fort bien avec les trois essieux couplés : aussi le | radicales des dispositions anciennes. Dans la chau- Miype dit à dix roues (fig. 3) s'est-il beaucoup | dière usuelle de locomotive, la boite à feu, qui répandu. Avec des diamètres de roues motrices | contient le foyer, descend entre les roues ; le plus Fig. 3. — Locomotive type à dix roues, appropriés aux vitesses demandées, il convient | souvent même, le /ongeron du châssis se trouve pour des services très variés : c’est une disposition | placé entre la boîte à feu et la roue. Avec l’écarte- actuellement fort usitée en Europe comme aux | ment ordinaire des voies, cette disposition limite IMEtats-Unis, même pour des trains rapides. | nécessairement la largeur de la grille à un mètre —… Pour les grands trains de marchandises, le type | environ. Cette largeur est même moindre sur beau- Consolidation (fig. 4), avec un essieu directeur et | coup de locomotives américaines, dont les châssis, | En % Fig. 4. — Locomotive type Consolidation. quatre essieux couplés, est en usage depuis long- | au lieu des longerons en tôle relativement mince, temps. Il a recu la même modification que le type | usités en Europe, comportent de grosses barres, Mogul, substitution du bogie à l'essieu directeur | forgées ou fondués, à section rectangulaire. Pour unique (type dit à douze roues), bien que cette | que le chauffeur puisse charger le combustible sur modificalion soit moins importante pour ces ma- | toute la surface de la grille, on ne dépasse guère chines, dont la vitesse est forcément restreinte ‘. | la longueur de trois mètres, ce qui limite la surface à trois mètres carrés environ. Or, pour augmenter la puissance des machines, il faut de vastes chau- | | : Une locomotive de ce genre est figurée dans l'article | précité de la Revue, numéro du 30 mai 1901, p. 481. | ED. SAUVAGE -- LES LOCOMOTIVES AMÉRICAINES dières qui produisent beaucoup de vapeur, avec de grandes grilles qui brûlent assez de bon. Quand les roues sont de petit diamèlre, on peut placer au-dessus de ces roues la chaudière | entière, y compris sa boîte à feu, qui reçoit alors une largeur aussi grande qu'on le désire, la lar- geur n'élant plus limitée que par le gabarit de | chargement. Mais les grandes roues empêchent cet | à char- | Fig. 5. — Locomotive Atlantic. élargissement du foyer, à moins qu'elles ne soient placées entièrement sous le corps cylindrique de la chaudière, en avant de la bhoïile à feu, sous laquelle il devient nécessaire de placer un essieu porteur, à petites roues. Telle est la disposition du type Atlantic (fig. 5), à cinq essieux, dont deux moteurs. Il convient de remarquer que cet arran- Fig. 6. — Locomotive Pacific. gement des roues est parfois réalisé sans qu'on en ait profité pour élargir la boite à feu ‘; l'addition | du cinquième essieu permet alors d'augmenter le poids de la locomotive, sans dépasser les limites de charge admissibles par essieu. Le type Pacilie (fig. 6), plus récent, réalise la même disposition pour locomotives à trois essieux couplés, avec un long corps cylindrique les 1 Telle est la locomotive At/antie du chemin de fer du Nord francais, figurée p. 480 de l'article précité de la Revue. — Poids en service : — Poids en service l au-dessus des roues, généralement de diamètre assez grand. Enfin, le type Mikado dérive de même du type | Consolidation par l'addition d’un essieu porteur à l'arrière, addition motivée seulement par l'aug- mentlation du poids de la machine, car le diamètre modéré de toutes ses roues n'oppose pas d'obstacle à l'élargissement du foyer. Parfois, on préfère re nr à ant 81 tonnes. coupler ce dernier essieu avec les quatre qui le précèdent, afin d'augmenter l'adhérence : tel est le type Decapod (fig. 7), à cinq essieux couplés, qui a seulement le défaut d'une longue base rigide, peu favorable à la circulation dans les courbes. Enfin, on a même ajouté un essieu porleur en arrière des cinq essieux couplés du Lype Decapod. pannes 2 RS EE pe edit DS : 100 tonnes. A ces types principaux, dont les plus en faveur sont actuellement les types Atlantic, à dix rouesw Pacilie et Consolidation, s'en ajoutent d’autres, de moindre importance, qu'il est inutile de considérer” dans une étude générale, notamment les locomo= tives de manœuvre et les locomotives-tenders * de ‘ Les Jocomotives-tenders sont celles qui, portant leur provision d'eau et de combustible, n'ont pas le véhicule auxiliaire appelé tender. Au contraire, on appelle en anglais tender-engine la locomotive qui a un tender: celle qui n'en ont pas se nomment {ank-engines, machines à soutes: ED. SAUVAGE — LES LOCOMOTIVES AMÉRICAINES 405 banlieue. Ces dernières sont moins employées ( qu'en Europe, par suite de l'énorme extension aux nvirons des villes des services de tramways élec- ltriques, souvent préférés aux trains de banlieue des chemins de fer. _ Quelques nombres donneront une idée des dimensions des locomotives américaines de cons- : Lruction récente. Une Atlantic, construite pour MlZrie Railway Co, pèse en service, c'est-à-dire | avec l'eau dans la chaudière, le combustible sur la grille, 92 tonnes ‘, dont 52 pour l’adhérence ous les quatre roues motrices. Une locomotive MPacitie de l'Oregon Railroad and Navigation Co, Latteint le poids de 105 tonnes, dont 65 pour l'adhé- rence des six roues motrices. u_ On a donné à certaines locomotives Consolidation le poids énorme de 113 tonnes, dont 102 pour motive arliculée du type Halle, construite pour un service de renfort sur le chemin de fer /altimore and Ohio, et pesant 152 tonnes, avec 6 essieux seu- lement. Cette locomotive a un tender séparé, qui atteint, complètement garni, 66 Lonnes. Le poids admis par essieu ne dépasse pas 18 ton- nes en France, landis qu'on trouve souvent en Amérique des charges de plus de 25 tonnes. Cependant, les voies américaines sont constituées comme les voies françaises ; les rails ne sont pas plus lourds ; on n'y a pas lrouvé,plus qu'en France, le joint idéal permettant l'assemblage des rails consécutifs sans disconlinuilé, sans point faible ; la seule particularité notable est qu'en général les traverses sont plus rapprochées en Amérique qu'en Europe. L'énorme différence des charges admises par essieu a beaucoup frappé les ingénieurs qui se Éi F| Gh 19322232" 75 il ml] TIRER AIT js | Nadhérence, soiten moyenne plus de %5 par essieu. Les Decapod de l'Atchison Topeka and Santa Fe R. BR. pèsent 118 tonnes, el l'effort de traction peut | atteindre 25 tonnes. Il est intéressant de rapprocher de ces nombres les poids des plus fortes locomotives en service sur les chemins de fer francais. Les À {lantie du chemin de fer de Paris à Orléans pèsent, en service, 13 lonnes, dont 36 pour l'adhérence. Les chemins de fer du Midi et de l'Est ont des locomotives type : Consolidation du poids de 72 à 73 tonnes. Enfin, le chemin de fer du Nord vient de construire deux Jocomotives-tenders articulées, à Sessieux, dupoids, | avec chargement d'eau complet, de 105 tonnes. De cette machine on peut rapprocher une loco- ! Ces poids sont donnés en tonnes métriques de }4:000 kilogs. Ne pas confondre avec la petite tonne anglaise de 904 kilogs, fort employée en Amérique, et avec la grosse tonne de 1016 kilogs. De même, le gallon anglais vaut 4,543 litres, et le gallon américain 3,785 litres. Et il y a | dans les deux pays quantité de personnes qui combattent l'adoption éventuelle du système métrique ! = - rclne of Eéomemes d'°7 2 eee Eh Fig. 1. — Locomotive Decapod de J'Atchison and Topeka Railroad. — Poids en service : 121 tonnes, dont 108 pour l'adhérence (d'après la Revue de Mécanique, août 1902, p. 183). sont rendus au Congrès international des Chemins de fer, tenu à Washington en 1905; la question est l’objet d'un examen sérieux, et il est probable que, dans un avenir prochain, les charges de 20 lonnes seront admises sur les grandes artères des réseaux français. Elles y suffiront d’ailleurs pour longtemps, car les locomotives géantes d'Amérique n'y pour- raient guère ètre employées, ne füt-ce que parce que les wagons qu'elles sont destinées à trainer ne résislteraient pas à leur formidable effort de trac- tion. Les motifs qui poussent à augmenter constam- ment la puissance des locomotives sont, d'une part des nécessités de service, d'autre part la recherche de l'économie. Pour les trains de voyageurs, le poids des voitures, de plus en plus confortables et spacieuses, va sans cesse en augmentant; l'aug- mentation du nombre des voyageurs contribue éga- 1 Certaines voitures-salons et voitures-lits Pullmann, qui n'offrent pas plus de 20 à 30 places, pèsent jusqu à 60 tonnes. 406 ED. SAUVAGE — LES LOCOMOTIVES AMÉRICAINES lement à l'accroissement du poids des trains. En outre, on demande des vitesses toujours plus grandes. C’est ainsi que la durée du trajet de New- York à Chicago a été réduite à dix-huit heures en 1905 pour un trajet de 4.454 kilomètres parle Penn- sylvania Railroad, et de 1.552 par le New York Central. La nécessité de très fortes machines pour remorquer à une vitesse suffisante de grands trains express pesant jusqu'à 500 ou 600 tonnes est évi- dente”. Pour le service des marchandises, c'est surtout la question d'économie qui pousse à l'emploi des fortes machines, sur les lignes à grand trafic. Les frais de traction, rapportés à la tonne transportée, diminuent quand le tonnage.augmente. Gelte éco- nomie provient d'abord de la réduction du nombre des agents, le personnel restant le même pour un train long que pour un train léger : le service de Fig. $. — Locomotive à foyer Wootten, type la machine n’exige toujours que le mécanicien et le chauffeur, et il n’est pas nécessaire d'augmenter le nombre des serre-freins, par suite de l'emploi du frein continu air comprimé. Quant aux dépenses de combustible et d'entretien des loco- motives, elles augmentent en mème temps que la puissance, mais moins vile. La réduction du nombre des trains nécessaires pour un tonnage donné est, d'ailleurs, avantageuse pour l’exploilalion, en diminuant l'encombrement des lignes. En particulier, sur les lignes à voie unique, très nombreuses aux Etats-Unis, cet avan- tage peut être sérieux, en reculant le moment où la construclion d'une seconde voie devient indispen- sable. à En outre, on ne peut manquer d'êlre frappé du développement constant de la puissance demandée aux locomotives depuis l’origine des chemins de fer; bien qu'aux Etats-Unis le remplacement des 1 En Europe, on constate de même l'augmentation cons- tante de la vitesse et du poids des trains, qui toutefois ne dépasse guère actuellement, pour 300 à 400 tonnes. les express, Atlantic. anciennes machines se fasse avec moins de par- cimonie qu'en Europe, il est naturel de chercher à les construire de telle sorte qu'elles ne risquent pas de devenir trop vite insuffisantes. IT. — DÉTAILS DE CONSTRUCTION. En examinant les détails des locomotives amé= ricaines, on constate pour les chaudières l'emploi général de tôles en acer doux, aussi bien pour le foyer intérieur que pour toute la partie extérieure tandis qu'en Europe les foyers sont presque tous jours en cuivre. Le foyer en acier coûte moins que le foyer en cuivre; il est plus léger, car l'épais= seur des feuilles de métal est moindre ; par contre; la durée en parait un peu plus courte. Cette diffé= rence si tranchée dans la pratique des construc teurs, qui ne s'explique pas par des raisons bien — Surface de la grille : 7 mètres carrés. probantes, semble indiquer que, tout compte fait! les deux systèmes doivent être à peu près équiva=| lents en général, si bien que chacun préfère celui auquel il est depuis longtemps habitué. Les entreloises, qui relient les faces parallèles! du foyer et de la boîte à feu extérieure, sont en} fer très ductile. La pression de la vapeur s'élève} dans les chaudières récentes à 16 kilogs par centi-| mètre carré, valeur également admise en Europe: Le diamètre du corps cylindrique atteint parfois 2 mètres. Les tubes à fumée qu’il renferme sont en fer. Les tubes à ailettes intérieures, fort usités en France, ne sont pas employés aux Etats-Unis ls demandent un ramonage soigné et fréquent, qui n'est pas dans les habitudes américaines. Le foyer Wootten, de très grande largeur, exige le mécanicien soit installé dans une cabine placée vers le milieu de la chaudière (fig. 8). Une locomotive américaine, munie du foyer Wootlens a figuré à l'Exposition de 1878 à Paris, où elle a beau. coup intéressé les ingénieurs. On préfère aujour-\ d'hui un type de foyer moins large, ent in que | pas la séparation des deux agents de la machine! | | | ED. SAUVAGE — LES LOCOMOTIVES AMÉRICAINES 407 “En Amérique, comme en Europe, l'emploi de srandes chaudières de locomotives, fonctionnant à haute pression, n’est pas sans quelques incon- nients : les tôles sont sujettes à se criquer en rtaines parties, par suite d'efforts excessifs, sultant surtout des dilatations du métal sous l'action de la chaleur; ces criques exigent des répa- tions coûteuses, parfois après un service assez urt. On n’est pas encore arrivé à un type de chau- ère entièrement satisfaisant sous ce rapport. Les tespressionssont,d’ailleurs, indispensablespour onner à la locomotive une puissance suffisante. gmenter la puissance, les constructeurs améri- ains ont tout récemment adapté à quelques chau- dières de locomotives des surchauffeurs de vapeur. Pour les machines fixes, la vapeur surchauffée permet une économie de combustible ; pour la locomotive, on cherche surtout, par l'emploi de vapeur surchauffée, comme par l'application du ‘système compound, à oblenir plus de puissance ‘pour une même dépense de combustible, toujours poussée au maximum. Pour réaliser la surchauffe, on donne à un certain nombre des lubes, qui vont Wu foyer à la boîte à fumée, un diamètre assez grand pour qu'on puisse y faire pénétrer, du côté Idela boîte à fumée, d'autres tubes repliés en forme (AU: dans ces tubes repliés circule la vapeur sor- flant de la chaudière. | Ges surchauffeurs sont depuis quelque temps en usage en Allemagne, où en ont été faites les pre- mières applications aux locomotives’. ! Au moins sur une échelle assez grande. On sait com- | | Leur avantage est assez marqué; reste à savoir, par la pratique, s'ils ne sont pas sujets à des avaries de route, résultant de la rupture des tubes fortement chauffés, avaries qu'il faut avant tout éviter sur les locomotives. Le chässis des locomotives américaines comporte deux longerons en fer forgé ou, dans les construc- tions récentes, coulés en acier (fig. 9) et formés chacun de deux ou trois parties assemblées. Cette disposition diffère complètement de la pratique européenne, qui emploie des longerons découpés dans une feuille de tôle épaisse. A l'avant de la locomotive se trouve le bogie ou petit chariot à deux essieux, qui guide la machine en se prétant aux sinuosités et irrégularités de la Fig. 9. — Locomotive Consolidation en cours de montage”. voie, À cet effet, non seulement le bogie peut tourner autour d'une cheville centrale, mais le centre de rotation est libre de se déplacer trans- versalement. Dès l’origine, les locomotives amé- ricaines ont été munies de bogies : en Europe, les applications en ont été longtemps limitées aux locomotives de certains chemins de fer secondaires. Dans l'esprit des ingénieurs européens, l'idée de bogie était attachée à celle de voies sommairement établies et peu entretenues, telles qu'elles exis- taient autrefois sur les railroads américains; el, par une déduction assez naturelle, ils pensaient que bonne voie et bogie s'exeluaient. Il était cepen- dant plus logique de penser qu'une locomotive, capable de cireuler sur une mauvaise voie, n'en bien, en matière technique, il est facile de se tromper sur les attributions de priorité. 1 Cette figure est extraite d'un travail publié par M. Oudet dans la Revue de Mécanique, en 1902. 108 ED. SAUVAGE — LES LOCOMOTIVES AMÉRICAINES roulerait que mieux sur une bonne, avec l'avan- tage de ne pas dérailler si, par hasard, la bonne voie vient à présenter un point défectueux. C'est ce qu'on à reconnu aujourd'hui en Europe, où l'on ne conçoit plus une locomolive à grande vitesse dépourvue de bogie. Pour les locomotives à moyenne et petite vitesse, on peut se contenter d'un simple rain mobile d'un seul essieu, au lieu du bogie à deux essieux; et c'est ce qu'on a fait dansles types Mogulet Consolidation. Le mécanisme usuel des locomotives américaines comprend deux cylindres extérieurs, c'est-à-dire placés en dehors des longerons, avec distribulion par coulisse de Stephenson. Ces mécanismes, fort simples et d'un entretien facile, sont depuis long- temps en usage; dans les constructions récentes, on à remplacé les tiroirs plans, qui distribuent la vapeur, par des Liroirs cylindriques, formés de deux pistons conjugués, qui causent une moindre perte de travail par frottement. On peut reprocher aux mécanismes usuels des locomotives améri- caines une certaine lourdeur des pièces mobiles, trop massives : soit par défaut d'étude, soit pour en simplifier l'exécution, on ne donne pas à ces pièces toute la légèreté désirable. Il en résulte, dans le mouvement de la locomotive, certaines perturbations, qu'on atténue par l'addition de contrepoids aux roues molrices; mais ces contre- poids exercent sur les rails, à grande vitesse, une fâcheuse action de martelage. Ce défaut devient d'autant plus sensible que les dimensions des machines sont plus grandes. Une disposition, assez fréquemment employée il y à quelques années, de deux cylindres compound superposés commandant une bielle unique, exagère encore ce défaut, Aussi les constructeurs améri- cains comiiencent-ils à imiter la disposition, qui a trouvé tant de faveur en Europe et spécialement en France, des locomotives compound à quatre cylindres, avec pistons équilibrés deux à deux. Deux des cylindres sont à l'extérieur des longe- rons; les deux autres sont intérieurs et exigent un essieu coudé, pièce qui, jusqu'ici, inspirait une grande méfiance aux Américains. Les deux pistons placés du même côté de la machine, l'un dans un cylindre extérieur, l’autre dans un cylindre inté- rieur, ont des mouvements contraires, par suite du calage diamétralement opposé des deux mani- velles correspondantes, ce qui réduit beaucoup les perturbalions dues à leur masse. Cet emploi de quatre cylindres, au lieu de deux, complique dans une cerlaine mesure la locomotive; mais cette complication n'entraine pas d'inconvé- nients réels, car les mécanismes moins fatigués s'usent peu et les avaries produisant des arrêts intempestifs deviennent plus rares. les plus saillants, les bogies, les grandes chat cation, les Américains emploient un tiroir cylin=. drique unique pour distribuer la vapeur dans les deux cylindres correspondants à haute et à basse pression, tandis que l'expérience a indiqué, en Europe, l'avantage des liroirs séparés, avec come mandes indépendantes, la distribution de vapeur devant varier dans les cylindres à haute pressio tout en restant constante dans ceux à basse pres= sion. Il est possible qu'avec le temps la mêmé conslatation soit faite aux États-Unis. Jusqu'à présent les constructeurs européens s'étaient inspirés de la pralique américaine, plu que les Américains n'avaient cherché de modèle en Europe, en exceptant toutefois les premières dé toutes les locomotives, qui ont élé importées! d'Anglelerre en Amérique. Pour citer les points dières perchées très haul au-dessus des rails, on été imilés en Europe. Aujourd'hui, les constructeurs, américains s’inspirent à leur tour des idées euro» péennes. Au point de vue de l'aspect extérieur, les loco= motives américaines ont perdu le caractère tout spécial qu'elles avaient autrefois. On a renoncé aux enveloppes compliquées el ornées de peinture avec filets, dans le genre de celles qu'on voit encore sur certains appareils, tels que les machines à coudre, à écrire. Les formes sont devenues plus simples dans l'ensemble: si l'on fait abstraction di certains détails qui ne frappent guère que l'œil des spécialistes, les locomotives américaines ne diffè rent plus aulant des locomotives européennes, Si ce n'est par leurs dimensions souvent plus grandes Le personnel est abrité dans une vaste cabine mais les constructeurs européens soignent de plus en plus cetle partie de la machine, autrefois comes plètement sacrifiée. Toutefois, comme organes spé ciaux, la locomotive américaine porte encore d& cloche sur sa chaudière et le chasse-bestiaux l'avant. péennes, est leur bas prix, qui en permet l'expor tation dans le monde entier, et non seulement da ricains et européens, mais même, d'une manière eX= M ceptionnelle il est vrai, en France et en Angleterre: Pour une cerlaine part, ce bas prix tientià | l'emploi de matières moins coûteuses, notamment , de la tôle d'acier au lieu de cuivre pour le foyer, \ de certaines pièces coulées en fonte qui remplacent le fer forgé ou le bronze. . ED. SAUVAGE — LES LOCOMOTIVES AMÉRICAINES 109 E— y Toutefois, pour la majeure partie de la machine, on ne peut dire que les matières premières soient, \'d'une manière générale, moins chères en Amérique qu'en Europe. _ La main-d'œuvre, si l’on considère les salaires ayés aux ouvriers, est nolablement plus coûteuse A États-Unis, les laux moyens de journée étant de une fois et Fons à deux fois plus élevés. Mais celte comparaison ne peut donner qu'une idée fausse : ce qui importe, ce n’est pas le prix de la “ournée, c'est le prix du travail produit, dont la quantité paraît en général plus grande dans les ateliers américains. Cette production, plus rapide et ar suite plus économique, peut tenir dans certains as à l'emploi d'outillages perfectionnés, ou à ÿ l'activité plus grande des ouvriers; elle tient aussi à la meilleure organisation du travail. La tâche de chaque homme est bien définie, et l'on cherche à ce qu'il n'exécule aucune opération étrangère au tra- vail spécial qu'il doit faire. Ainsi un ouvrier tour- | neur doit constamment exécuter des travaux de ournage, mais il n'a pas à imaginer et à exécuter je outillages spéciaux qui permettent de fixer sur tour les diverses pièces à tourner; il n’a pas à réparer et à affuter ses outils; il n'a pas à lrans- Porter et à manœuvrer les pièces à tourner. Il n’en “est pas de même dans beaucoup d'ateliers euro- | | Il faut dire aussi que l’ouvrier américain parait prêler à cette Sms à outrance, et qu'il ouvriers. Il est clair que, si l'on pose en principe Que l'augmentation du salaire, résultant du travail à la tâche, ne doit pas normalement dépasser 30 tou 40 °/, du taux nominal de la journée, comme lon le fait dans certains ateliers européens, en révi- sant les tarifs qui donnent des bénéfices supé- rieurs, l’'ouvrier n’est nullement encouragé à forcer |saproduction, ce qui lui demanderaït plus de peine Sans qu il soit assuré de gagner davantage. Outre ces raisons générales, qui s'appliquent à Moule l’industrie mécanique américaine, les loco- Imotives sont, en général, plus simples aux États- | Unis qu'en Europe; on donne aux pièces les formes Strictement nécessaires, sans se perdre dans des détails qui compliquent l'exécution, souvent sans |avantage bien appréciable. Chaque pièce est traitée suivant son importance, et, pour certains organes, {on ne craint pas une exécution un peu fruste. Par ‘exemple, les locomolives sont munies de freins comme les autres véhicules. En Europe, les timo- neries, qui commandent les sabots de frein des locomotives, sont exéculées presque avec le même soïn et le même fini que les pièces du mécanisme moteur. Sur la locomotive américaine, cette limo- nerie est construile de la facon la plus sommaire, avec des barres de fer brutes et des articulations très simples, aussi bien pour les locomotives que pour les wagons. La locomotive européenne est construite avec le même fini que ces belles machines fixes qui fonc- tionnent dans de véritables salons; la locomotive américaine est un instrument destiné à être placé entre des mains peu soigneuses et à ne recevoir que le minimum de soins d'entretien. Comme en toute chose, il est difficile de se tenir au juste milieu; les constructeurs américains vont peut-être un peu loin dans la simplification des détails, tandis qu’en Europe on dépense réellement beaucoup de travail inutile pour l'exéculion de la locomolive. De plus, les machines américaines sont générale- ment exécutées en séries nombreuses, et en em- ployant pour les principaux organes et les acces- soires des types uniformes : il existe des séries de pièces, chacune en quelques modèles de dimen- sions différentes, qui trouvent leur emploi sur presque toutes les locomotives d'un même cons- tructeur. Cette méthode permet une fabrication économique, à l’aide d’outillages spéciaux, qu'il serait trop dispendieux de construire lorsqu'on n’a pas un grand nombre de pièces pareilles à fabri- quer. En service, la consommation de charbon des locomotives américaines est généralement très grande. Cette forte consommation tient d'abord à ce qu'on demande souvent à ces locomotives de travailler à la limite de leur puissance : il s’agit avant tout de tirer les plus grandes charges pos- sibles, sans s'occuper des dépenses de combus- tible; surtout avec des houilles à bas prix, il est possible que cette méthode abaisse au minimum le prix de revient des transports. En outre, les chauffeurs américains n'apportent pas le même soin à la conduite du feu que leurs collègues européens. Notamment en France, on sait que l’économie de combustible se traduit, pour le personnel, par des primes qui augmentent très nolablement les salaires. Les nécessités du service, ou d’autres causes, ont souvent empêché de donner aux locomotives amé- ricaines tous les soins d'entretien nécessaires. Le rapide développement du trafic a poussé à l'utili- sation à outrance des locomolives exislantes, qu'on n'arrête pas assez fréquemment pour le lavage des chaudières et pour les menues répara- tions. De plus, pour augmenter le parcours des locomotives, on à beaucoup employé le système des équipes banales, où l’on change sans cesse le personnel d’une machine pour la laisser presque constamment en service, au lieu de l’attribuer à une seule équipe qui en est responsable, ce qui oblige à arrêter la machine pour le repos des agents qui la conduisent. Les ressources des dépôts et des ateliers de réparations sont généralement assez restreintes en Amérique : l'entretien défectueux des locomotives se traduit non seulement par une usure rapide, mais aussi par une exagéralion de la consomma- tion de combustible. La construction des locomotives mêmes a pu aussi se ressentir de la hâte avec laquelle il fallait le plus souvent les livrer. En particulier, on à récemment construit de nouveaux types très puis- sants, sans avoir eu le temps d'en étudier suffi- samment tous les détails, en profitant de l'expé- rience acquise sur les premiers exemplaires mis en marche. On ne voit pas, d’ailleurs, de raison pour qu'en principe la locomotive américaine, trainant les mêmes charges, et conduite avec le même soin, consomme plus de vapeur qu'une locomotive européenne équivalente, dont les cylindres ont mêmes proporlions, et sont alimentés par une chaudière de même surface de chauffe. D'ailleurs, la locomotive américaine aura souvent une chau- dière plus grande pour les mêmes cylindres, ce qui est favorable à la production économique de la vapeur. cela ne peut tenir qu'à des causes accessoires aux quelles on pourrait, en principe, porter remède soit à une disposition vicieuse de la tuyère d'échappement qui produit le lirage, soit à ur mauvais réglage de la distribution de vapeur dans le cylindre, soit à des fuites de vapeur qu'on doi aveugler. IV. — ConcLusIoNs. En résumé, la locomotive américaine est ur engin très remarquable par sa puissance, par lé bas prix auquel ses constructeurs le livrent; si cer taines de ses dispositions sont loin d’être parfaites et devraient être améliorées, les constructeurs européens peuvent encore y trouver beaucoup de détails à imiter. D'autre part, on a vu qu’en Amé rique on s'écarlait des dispositions classiques, pe dant longtemps considérées comme immuables Europe. Cet heureux échange de vues amènera de part et d'autre des progrès sérieux. Ed. Sauvage, Ingénieur en chef des Mines, Ingénieur en chef conseil de la C!e de l'Ouest ESSAI SUR LA PSYCHOLOGIE DE L’EUROPÉEN AUX PAYS CHAUDS DEUXIÈME PARTIE : FACTEURS INDIVIDUELS Dans un premier article’, j'ai envisagé l'in- fluence des facteurs généraux (milieu physique, milieu humain) sur la psychologie de l'Européen aux pays chauds; c’est la partie de ce travail qui est de beaucoup la plus importante : car les questions qu'elle traite intéressent tous les hommes indis- tinctement, quoique à des degrés divers. Celle que j'aborde maintenant, et qui se rapporte aux facteurs individuels, sera courte à cause de la nature même du sujet; non pas que le sujet soit trop restreint, mais, au contraire, parce qu'il est trop vaste, que son développement complet me ferait sortir des limites de la question et nuirait à sa clarté. Autant d'hommes, autant de psychologies différentes : c’est un détail dont l'analyse est réservée au roman et à la biographie. La philosophie ne peut l'essayer que pour les grandes catégories sociales ou les 4 Voir la Revue du 30 avril 1906, t. XVII, p. 362. | nous intéresse. I. — NATURE DES FACTEURS INDIVIDUELS. La conception de l’âme humaine, celle, du moins, | que l'on considère actuellement comme exaële | jusqu'à nouvel ordre, la présente comme formée d'un très grand nombre de couches superposées. Que l'avenir consacre ou infirme cette théorie, peu importe ; il en laissera toujours assez pour ne pas mettre en défaut — je l'espère du moins — l’argu- mentalion qui va suivre. Au pis aller, on pourrait simplement la considérer comme une simple image | D' AD. CUREAU — ESSAI SUR LA PSYCHOLOGIE DE L'EUROPÉEN AUX PAYS CHAUDS Ait £ | | concordante avec les faits. La succession de ces couches forme un ensemble presque continu, montant du général au particulier, du simple au Leomplexe. Toutes les tranches qu'on pourrait dé- | couper, arbitrairement ou par un procédé naturel, Le ans cette longue série, constituent autant de per- | sonnalités distinctes, susceptibles de se combiner | entre elles de diverses manières. Depuis le principe de la vie, chaque couche se stratifie lentement aux utres dans les parties les plus cachées de l'âme, Soit par acquisition héréditaire, soit par le patient Mtravail de l'éducation et de l'expérience, comme le imon et le sable au fond de la mer. Or, ainsi que pour les sédiments géologiques, on peut dire que la couche est d'autant plus compacte et plus dure bqu'elle est plus profonde. Vers le bas, la matière Lest indestructible comme le roc; à la surface, “C'est le sable et la terre meuble. Les premières, “cachées à la conscience, sont d'une stabilité qui | défie tout effort pour les vainére ; les plus élevées, Vaccessibles à la conscience, sont assez faciles à transformer etmême à détruire. Toutefois, la répé- tition pendant des années des concepts et des actes, ‘que ces couches élevées représentent, tend à les | 0 de plus en plus profondément, les trans- orme en habitudes, enfin les organise ‘ dans l'in- Mdividu ; leur répétition durant des séries de géné- rations les organise de même dans la race et les fait passer à l’état d'instinets et d'aptitudes héréditaires. Ces concepts, aptitudes, instincts, considérés dans l'objet auquel ils s'appliquent et rangés selon | âges de la vie ou les âges du monde, croissent “élat le plus rudimentaire, sous leur forme orga- nique, on pourrait les considérer comme limités à Ma fonction cellulaire. Puis ils s'étendent à l'organe, ipuis à un système de fonctions, puis à l'individu tout entier. Ils dépassent ensuite l'individu et cons- |tituent des personnalilés complexes, superposées letconfondues sur leurs limites : de famille, de race, de nationalité, d'éducation, d'instruction, de pro- fession, de caste, de degré hiérarchique. L'huma- nité entière, chaque race, chaque nation, chaque province, chaque corps social, chaque individu, rassemblent, à des degrés de condensation et de complexité variables, un nombre plus ou moins grand de ces états progressifs. La limite supérieure, lindécise d'ailleurs et flottante, marquerait l'échelon \oceupé par l'organisme simple ou composé dans la iradation des êtres. Certains agents moraux et même physiques | 2 J'emploie ce terme, qu'on a déjà trouvé précédemment, non pour préjuger en quoi que ce soit de la facon dont les lotions passent du conscient dans le subconscient, mais barce qu'il me parait ici représenter sous une forme plus Iatuitive leur fusion au sein de la personnalité. 1 | | | | arrivent à dissocier les composants d'une person- nalité complexe. Depuis plus de trente ans, la Psy- chologie expérimentale l’a réalisé dans le domaine de l'hypnotisme. Mais, en dehors de ces cas, qui ressortent plutôt à la Pathologie, l'assemblage psy- chique est susceptible de se désagréger ou, si l’on préfère, de laisser la prédominance ou même la domination exclusive à certains de ses groupe- ments intimes; le fond solide et bien organisé reste seul immuable, et quelquefois. dans le désar- roi des parties supérieures de la conscience, montre son assise puissante et inébranlable. Les passions, la contagion de l'exemple, le danger, l'entrainement guerrier, et bien d’autres circons- tances, peuvent exalter les sentiments de person- nalité collective aux dépens de la personnalité égoïste, ou inversement. Tel, sous l’influence de températures variables, un mélange de substances volatiles voit ses composants s’évaporer ou se condenser l’un après l’autre. Or, dans le cas spécial des pays nouveaux, les trois principaux facteurs généraux, dont j'ai parlé précédemment, peuvent, avec l’aide de circons- tances locales, produire une dissociation analogue. Je ne dissimule pas que, sous le point de vue où je me place maintenant, le processus psychologique ne diffère pas sensiblement de celui que j'ai déjà étudié à propos des facteurs généraux. Mais il était nécessaire de le montrer faisant jaillir de la per- sonnalilé globale des groupes, combinés diverse- ment, ses éléments constiluants, c’est-à-dire ces véritables personnalités distinctes, qui font qu'un officier est souvent un tout autre homme au quar- tier et dans sa famille, ou bien un employé derrière son guichet et dans un cercle d'amis. L'isolement et l'entrainement réciproque agissent simplement ici comme causes banales: ils n'ont rien de spécifique ; beaucoup de circonstances, sous d’autres climats, exercent une influence analogue. Dans l'ordinaire état de société, le commerce inces- sant des hommes entre eux développe en leur âme des personnalités de plus en plus collectives. Vienne l'isolement. L'homme, souslrait aux sug- gestions étrangères et réduit à la contemplation de soi-même, sent se désagréger en ordre croissant les notions les plus récentes, les plus élevées et, par suite, les plus fragiles, celles qui n’ont pas encore eu le temps de s'organiser solidement. Bien plus, l'exer- cice à peu près exclusif de la même case mentale, d'une part, et, de l’autre, lorsque l'individu est isolé avec un très petit groupe de même origine ou de même catégorie sociale que lui, la suggestion, la répercussion réciproques, l’échauffement des ima- ginations dans un cercle trop restreint, travaillent encore à renforcer le particularisme des préoccu- pations, des idées et des actes. 412 Mais, ici encore, c'est le troisième facteur qui joue de beaucoup le rôle le plus important. On se souvient qu'il consiste en l'absence du réseau d'in- térêts adverses ou indifférents dont chaque homme est entouré de la part de ses semblables, et que j'ai désigné plus haut sous le nom de frein social. De même qu'à la personnalilé totale de l'individu, l’in- dépendance plus ou moins complète, en contrées barbares ou sauvages, ouvre un large champ d’exer- cice aux personnalités spécialisées de nationalité, de caste, d'instruction, d'association, etc. Les grands peuples colonisateurs se sont récipro- quement jeté à la têle les plus véhbémentes accu. sations de barbarie dans leurs procédés à l'égard des indigènes. Aucun, en réalité, n'aurait le droi de lapider la femme adultère. L'homme moyen n'es, pas si dissemblable en divers lieux qu'il n'ait également à reprendre partout. Les différences ne sont guère qu'une affaire de brutalité ou d'’élé- gance, d’idéologie ou de positivisme. L'Anglo- Saxon et le Hollandais ont massacré syslémati- quement par esprit d'acquisivité; le Francais e l'Allemand, formés par des hostilités séculaires ! ont opéré avec lout l’apparat des expédilions mi? litaires méthodiquement organisées ;: l'Espagno] et le Portugais exterminèrent par prosélytisme religieux; le Belge concilie à la fois son entente des affaires et le besoin d’épancher des capacités guerrières qui ne sauraient trouver leur emploi en Europe. Parlout aussi se sont rencontrés des esprits généreux, quelquefois ulopistes, qui ont protesté contre les excès et la rudesse du contact entre conquérants et conquis, surtout chez les voisins. — En réalité, chaque peuple a apporté, dans l'administration et le développement de ses possessions, les qualités et les défauts qu’on peut attribuer à l'administration et au développement desa métropole. Vouloir en discourir ici, ce serait remettre encore une fois sur le métier une étude abondamment traitée déjà par d’autres, et fort habilement; de plus, ce serait sortir, je crois, des limites de mon sujet actuel. Au-dessous de la nationalité, chaque individu renferme, je l'ai déjà dit, des groupements d'autres concepts, dont les combinaisons forment une ou même plusieurs personnalités moins vastes et qui se rapportent aux grandes catégories sociales, castes ou professions. L'orientation vers une caté- gorie donnée a pour causes délerminantes l'origine sociale, l'éducation première, l'entourage, le choix d’une carrière, la vocation; mais elle a pour instru- ments essenliels la tradilion et l'éducation spéciale. Celle-ci, sous quelque forme qu'on la comprenne, est indispensable pour donner aux grands orga- nismes la cohésion, sans laquelle leur durée serait absolument éphémère. Elle est basée sur la vie et D' AD. CUREAU — ESSAI SUR LA PSYCHOLOGIE DE L'EUROPÉEN AUX PAYS CHAUDS de différenciation analogue à celui que, dans un organisme vivant, la cellule embryonnaire éprouve pour entrer dans la composilion d'un organe Comme toute cellule quelconque, celle-ci déroule les phénomènes généraux de la vie cellulaire ; maïs des particularités caractéristiques de sa fonction spéciale la mettent nettement à part des autres, à l'occasion, des circonstances accidentelles peuvent lui faire reprendre ses propriétés origis nelles. — Un fait commun prouve bien cette dif férenciation dans les grandes catégories sociales et la conslilulion d'une personnalité secondaire correspondante : c’est que, en dehors de celles de ces catégories qui, comme l'Église catholique, son figure uniforme permet de s’engrener entre elles exactement. — Mais je me hàle de rattacher ce exposé succinct au sujet qui nous intéresse. A l'état de société, ces grandes catégories son! tout comme les personnalités individuelles, obli gées de composer entre elles et d'user de conces sions réciproques. La réaction de l’une à l’autre le maintient ou tend à les maintenir dans les limite que, pour une cause quelconque, la stabilité, discipline sociales ne sont pas fermement assises dans un Etat, il se forme entre les grands group ments des oscillalions d'amplitude croissante, peuvent devenir dangereuses et compromettre paix intérieure. Un des principaux dissolvants la discipline sociale, dont je viens de parler, @ certainement dans l'erreur de la plupart d hommes, de perdre de vue le but final en faveur de l'instrument et de l'accessoire, de méconnaïitre pour un avantage individuel et passager, la solida- rité qui lie leur propre bonheur à celui de la com= munauté tout entière. Ils l’oublient encore bien | mieux dans les pays nouveaux, où aucune influence, | soit contraire, soit seulement indifférente, ne vient les distraire de leurs préoccupations spéciales ou plutôt spécialisées. Chaque caste, chaque catégorie | sociale, chaque profession a la tendance instinetive : d'appliquer les principes dont elle a été nourrieÿel D: AD. CUREAU — ESSAI SUR LA PSYCHOLOGIE DE L'EUROPÉEN AUX PAYS CHAUDS A13 . de tout eslimer au point de vue exclusif auquel la place sa mentalité, façonnée par une longue éduca- tion. | Dans cet ordre d'idées et sous sa forme la plus simple, voyez déjà l'influence considérable qu'ont | exercée les lectures de la jeunesse! Combien ont nrêvé d’imiler un jour les héros extraordinaires des | livres dorés ! Combien, imprégnés d'exploits pro- | digieux, à l’âge où l’on assimile si aisément, n'ont “pu, une fois en présence de la réalité prosaïque, chasser l'inconsciente obsession de Vendredis gro- “iesques avec un anneau dans le nez, d'affreux « sauvages » mangeant leurs viclimes toutes crues, “de luttes fantastiques du crocodile et du serpent! Soyez persuadés que, chez beaucoup d'hommes, “même de ceux qui se croient esprits forts, ce “palimpseste des premiers âges de la vie ressuscite ses caractères presque effacés et fausse Le jugement de l'homme mûr. … Nous admirons là la puissance des concepts acquis spontanément et comme bus avec plaisir. La tradition et la discipline particulières aux milieux où s’élabore l'éducation des grandes caté- gories sociales ont une puissance plus grande “encore; car elles sont renforcées par dessentiments Mivers : l'orgueil, l'intérêt, l’ulilité de l'association rations entrent en jeu. Le Remarquons d'abord que les données, d’après les- quelles sont faconnées les personnalités de caste ou de profession, appartiennent, aux zones tempérées, dun milieu policé. Expatriez-en les produits : il y aura disconvenance entre eux et les êtres physiques et humains de leur nouvel habitat. Les principes acquis de longue main, et profondément gravés par les méthodes d'éducation rigide et absolue, éprou- Neront une résistance considérable à s'adapter brusquement à des conditions très dissemblables ide leur berceau d'origine. On voit là, pour les per- onnalités collectives, une source de conflits iden- tique à celle que j'ai déjà signalée pour les person- malités individuelles. - Un nouveau point de similitude entre ces deux modes de la personnalité globale réside dans l'ana- ogie d'action de ce facteur important, le relàche- |ment du frein social, que nous retrouvons encore june fois et qui domine toute la psychologie de Européen en lointains pays. Voyant se desserrer lesentraves imposées aux ambitions de son savoir Pt de son pouvoir, enfermé par l'éducation et la liscipline professionnelles dans un cercle restreint [idées et d'objets, qui ne tentera d'appliquer ‘oûte que coûte des théories, dont la vérité et l’ef- icacité lui paraissent indiscutables à l'exclusion de oute autre? Les esprits judicieux par nature ou Luune heureuse fortune a quelquefois frottés à des REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. groupes hétérodoxes, échappent difficilement, même en présence d’incompatibilités, à ce mirage du dogme professionnel, qui concentre le regard et l’'aveugle. Le militaire éprouve un penchant inslinctif à utiliser la force, qu'il a dressée et dont il dispose ; il porte hors de son service la rigidité et l'absolu- üsme qui y sont indispensables, mais qui sont en complet désaccord avec la nature flottante et indé- cise des choses communes. Son manque de sou- plesse fomente parfois l'irritalion et donne matière à la satisfaction de ses secrets désirs. — Le civil, d’ailleurs, jaloux du prestige des armes, renchérit souvent en matière d'ardeur guerrière et brûle de se couvrir de gloire. Simple affaire d'amour-propre un peu ridicule. — Quel missionnaire n’a rêvé un timide essai de théocratieet n’a, au moins clandes- tinement, revendiqué pour son caractère sacré le mo- nopole de l’autorité? — Et ce fonctionnaire modèle, nourri de subtilités administratives, n’étendra-t-il pas à tout ses conceptions méthodiqnes et forma- listes? Et ainsi des autres, chacun suivant les apli- tudes propres à sa caste ou profession. Il pourrait arriver que ces éléments disparates, hors d’un Etat bien organisé, vinssent à se déchirer entre eux. Cet accident n’est pas très rare dans les possessions lointaines. Un Etat est assuré contre de telles erreurs quand le caractère national, for- tement organisé, sait suppléer au frein social par une discipline, qui est à la personnalité collective ce que le frein intime est à la personnalité indivi- duelle. Cette discipline a son principe dans cette conception intelligente et fondamentale que chaque individu dans un corps social, chaque corps social dans l'Etat n'est, par une application naturelle et spontanée de la division du travail, que la partie d’un tout; que les parties ne sauraient subsister sans l'intégrilé du tout, ni réciproquement le tout sans la conservation des parties; que ce tout, enfin, résultante et intégralion des traditions, des intérêts, des instincts, des sentiments de mil- lions d'individus, n'est autre que ce qu'on appelle communément la patrie. IT. — ConcLüsIon. Je ne crois pas pouvoir mieux conclure qu'en résumant brièvement les principales déductions pratiques qu'on en peut tirer. Posons le problème : Coloniser honnêtement. Et définissons ces deux mots. — Qui dit « colonisa- tion » dit « intérêts conjoints de la métropole et de la colonie »; — qui dit « honnêteté » dit « confor- mité des actes avec les principes courants de la morale universelle ». On oppose communément à tort l’intérêt et la morale. Envisagée pratiquement, 9* A E. NOELTING — LA FORMATION DE DÉRIVÉS INDAZOLIQUES hop celle-ci n’est qu'un tableau des concessions que | les hommes se doivent entre eux, pour ménager le mieux possible leurs intérêts individuels; autre- ment dit, chacun sacrifie une partie de ses intérêts pour sauver le reste. Ainsi, coloniser honnêtement revient simplement à faire de la colonisation sage et profitable pour tous, Européens et indigènes. Cela exclut l'existence de deux morales, l'une à l'usage des Européens, l’autre à l'usage des indigènes. Quel que soit le niveau mental de ceux-ci, que cette mentalité les réduise vis-à-vis de nous au rôle du mineur légal, ou qu’elle leur assure d'avance l'émancipation, dans les deux cas (au moins pour les contrées intertropicales), nous ne pouvons nous passer de leur collaboration, attendu que le | climat nous interdit d'une façon presque absolue le travail physique. Notre intérêt bien entendu est donc de les ménager. Souvenons-nous — on ne saurait trop le redire — que l'espèce humaine, si résistante et si maniable aux agents lents, est émi- nemment destructible par les agents brusques, de | quelque nature qu'ils soient d’ailleurs, moraux ou physiques. Vous passez sans danger par variations lentes d’une forte chaleur à un froid rigoureux; la même impression, subie sans transition, vous frappera d'une maladie mortelle. Une population progresse spontanément par une éducation sécu- laire ; l'instruction intensive détraque l'individu et fait dévier la masse intellectuellement et morale- ment. De même, l’indigène modifiera ses mœurs de son propre mouvement, au fur et à mesure que se formera lentement autour de lui un milieu social différent de son milieu primitif; la contrainte brus- que le détruira de deux manières : d’abord par la mort violente, qui est le procédé le plus grossier et le plus évident ; ensuite, parce qu’elle apportera un bouleversement complet dans ses conditions d'existence et que, de plus, elle le tiendra, en quelque sorte, au ban de notre société : ce dernier il est vrai, détruire une partie essentielle du capital point est incontestable, tant que dure la période d'hostilités; mais, alors même qu'elle est terminée le ressentiment, un éloignement instinctif tiennent l'indigène à distance de nous. Donc je suis pour la nomie sociale. Vis-à-vis de quelques-uns je suis tenté philosophiques touchent peu l'immense majorit des hommes. Si je pouvais croire que ce qui pré= cède soit lu par un grand nombre d’entre eux, n'espérerais pas que mes raisonnements les com vainquissent le moins du monde, si empreint qu'ils soient de sens pratique. Car on retrouve encore ici la lutte de l'intérêt individuel et de l'in térèt commun. Causer la perte de l’indigène, c’est colonial et, par conséquent, en compromettre les revenus futurs. Mais, pour comprendre ce fait dans: toute l'étendue de ses conséquences, ii faut voÿ au delà du petit profit momentané et personnel; faut faire parfois quelques légères concessions d'amour-propre ; il faut comprendre que l’homme quelle que soit sa couleur, se plie spontanémentà tout ce qui sollicite ses instincts, ses aptitudes, se goûts, ses intérêts, mais, au contraire, qu regimbe, se bute et succombe, lorsque ces instincts aptitudes, goûts, intérêts, qui sont fonctions d son existence même, viennent à être violemmen contrariés. Si j'ai peu de chances de rendre 6 dente au plus grand nombre une démonstration qu relève de l'absurde, n'aurait-il pas été plus stéril encore d'aborder le problème par son côté abstrait Au demeurant, tout se ramène à choisir entre des procédés conciliant la prévoyance avec l’humas nité, et la méthode de Panurge. D' Ad. Cureau, Administrateur en chef des Colonie LA FORMATION DE DÉRIVÉS INDAZOLIQUES AU MOYEN D'AMINES AROMATIQUES ORTHOMÉTHYLÉES L'indazol __CH | NH / — AZ f et l'isindazol AN CH | | AZ NN AZ H. (ou, plus exactement, les dérivés substitués dans le groupe AzH de ce dernier) ont été découvertséb étudiés d'une manière approfondie par M. Émile Fischer et ses élèves. Ils onl recu ces noms | parce de ‘on peut les considérer comme des‘in-| dols, dans lesquels un groupe CH est remplacé | par un azote trivalent. L'indol étant « | » | NC H 4 | NS CH, « | | ENV ñ à T4 + est l'isindazol qui montre avec lui la plus ande analogie de constitution, et c'est à lui u’on aurait dû donner le nom d'indazol et non à Son isomère. Mais la nomenclature est maintenant une fois établie et, pour éviter des confusions, il serait inopportun de la changer. On connaît de nombreux modes de formation “des dérivés indazoliques et isindazoliques, mais “cela m'entrainerait trop loin de les résumer ici, “même brièvement; je me propose aujourd'hui de Ltraiter d'une manière approfondie un seul de ces modes de formation, qui est très général et qui a onné naissance à un nombre de dérivés très con- sidérable. MM. Witt, Noelling et Grandmougin ‘ ont montré, ans deux Mémoires publiés en 1890 et 1892, que dérivé diazoïque de la nitro-orthotoluidine, isible à 107° : ; CHS PN — AzH Der it N7 AzO? ET ont Le d'autre part, que la Lee ortho- luidine fondant à 128° : CHS ATV: k Na ebla nitroxylidine fusible à 125° CE #4 NP NEA AzO? # AzO® CH à que l’orthotoluidine elle-même, ne donnent, | dans les mêmes conditions, que les phénols corres- pondants. | J'ai repris plus tard l'étude de cette réaction, eb j'ai étudié la décomposition d'un grand nombre dedérivés diazoïques d'amines orthométhylées, en opérant non seulement (ainsi que nous l'avions fait primitivement) en solulion d'acide minéral, mais aussi en solution neutre, ainsi qu'en solution acé- |lique diluée ou concentrée *. Les résultats sont, Suivant les conditions dans lesquelles on se place, | EWrrr, NoëcrixG et GRANDMOUGIS : Berichte der Deutschen bhemischen Gesellschaft zu Berlin, t. XXII, 3635 (1890), et LXXV, 3149 (1892). he Entre temps, MM. Gabriel et Stelzner ont étudié, indé- jendamment de nous, l’indazol de l’o-nitro-as- métax yli- line et un grand nombre de ses dérivés. Berichte, t, XXIX, D. 306 (1896). E. NOELTING — LA FORMATION DE DÉRIVÉS INDAZOLIQUES HA © extrêmement variables. En opérant d'une certaine manière, on n'obtient souvent pas trace d'indazols, tandis qu’en opérant différemment les rendements sont excellents. Je n'ai pas éxaminé moins de 22 dérivés nitrés d’amines orthométhylées, et dans tous les cas, sans exception, j'ai réussi à déter- miner les conditions dans lesquelles ils se trans- forment en indazols avec des rendements presque théoriques ou tout au moins satisfaisants. Le brome (et il en sera sans doute de même des autres halo- gènes) rend les diazoïques des amines orthomé- thylées également aptes à fermer la chaine indazo- lique, mais à un degré bien moindre que le groupe nitro. L'orthotoluidine elle-même ne fournit d’indazol qu’en solution neutre, et encore avec un rendement bien faible, ne dépassant pas 3 °/,; elle n'en a donné ni en solution d'acide minéral, ni en solution acélique concentrée ou diluée. M. Bamberger ‘, d'autre part, a fait l'observation fort intéressante que l’orthotoluidine et ses homo- logues donnent en solution fortement alcaline, à côté de peu d’indazol, avec un rendement excellent, des corps nouveaux, qu'il a reconnus comme com- | binaisons du diazoïque mis en œuvre avecl'indazol correspondant. Ainsi l’orthotoluidine lui a fourni l'ortho-tolyl-azo-indazol : CHS et la mésidine l’homologue supérieur. La description des indazols bromés et bromo- nitrés fera l'objet d'un Mémoire ultérieur; pour aujourd hui, je me bornerai à l'étude des dérivés nitrés. Dans ces recherches de longue haleine, j'ai été secondé par mes élèves, MM. Lorber, Gurwitsch, et tout particulièrement par MM. Jelens- berger, Braun et Holzach. M. Holzach a enfin répété et contrôlé un grand nombre des essais antérieurs et a pris une part active au classement et à la rédaction des résultats. Pour ce qui concerne la nomenclature des déri- vés indazoliques, je me suis rallié aux propositions de M. Bamberger. Ce savant distingue les atomes d'hydrogène par les préfixes B et Jz, suivant qu'ils appartiennent au noyau benzénique ou au noyau azoté, et les désigne par des chiffres dans l’ordre indiqué par le symbole ci-dessous : er 3 2 NE CHR [bn SAZH. ps 1 BAMBERGER : Chemie, t. XXXV, p. 289 (1899). Liebigs Annalen der 416 . NOELTING — LA FORMATION DE DÉRIVÉS INDAZOLIQUES I. — GÉNÉRALITÉS. Ainsi que je l'ai déjà mentionné plus haut, il n'est nullement indifférent d'opérer la décompo- silion d'un diazoïque dans telle ou telle autre condition : en solution neutre ou acide, en pré- sence d'un acide minéral ou d'acide acétique. Les résultats sont également différents si l'on travaille à chaud ou si l’on laisse la solution neutre ou acé- tique se décomposer à la température ordinaire. Si l'on opère à l’ébullition, la concentration de l'acide a aussi son influence, plus particulièrement dans le cas de l'acide acélique, et enfin la manière de chauffer peut faire varier encore les rendements. Si, pour donner dès à présent un exemple, on chauffe le diazoïque de la p-nitro-p-xylidine en solution sulfurique ou chlorhydrique diluée, on obtient quantilativement le nitroxylénol, tandis qu'en solution neutre il se forme à peu près 4°/ d'indazol. Si l'on chauffe en solution aqueuse con- tenant environ 4 °/, d'acide acétique, le rendement reste le même; en solution acétique à environ 68 °), il se forme 27 °/,, et, en solution d'acide acétique cristallisable, jusqu'à 60°/, d’indazol. Le rendement monte, enfin, à 80 °/, en abandonnant la solution dans l'acide acétique glacial à elle-même à la tem- pérature ordinaire. À côlé de l’indazol, il se forme toujours, sauf dans le cas de la solution dans l'acide minéral, un corps brun-rouge qui n’a pas été étudié plus à fond. La position du groupe nitro a également une importance fondamentale, ce qui ressort, par exemple, très nettement de la comparaison des ren- dements en indazol que donnent les quatre dérivés nitrés de l'orthotoluidine. En solution d'acide minéral, ils varient de 0 à 80 °/,, en solution acétique diluée de 40 à 80°/,,et en solution dans l'acétique glacial de 60 à 95 °/, ainsi que cela se trouve indiqué dans le Pleeu synoptique publié plus loin (p. #18 et 419). J'ai étudié, avec les collaborateurs cités plus haut, une grande série d'amines nitrées de consti- tution variée et cette étude a permis d'établir des régularités remarquables. Les vingt-deux amines examinées peuvent être divisées en sept groupes suivant les substances- mères dont elles dérivent : 4 dérivés mononitrés. 3 dérivés mononitrés. Vic-Métaxylidine : 4 mono et 1 dinitré. As-Métaxylidine : 3 mono et 1 dinitré. 5 — Paraxylidine : 3 mono et 4 dinitré. 6e =— Mésidine : {1 mono et 1 dinitré. 7 — Pseudocumidine : 2 mono et 1 dinitré. 4er Groupe. Orthotoluidine : — Vic-Orthoxylidine : Les amines mononitrées montrent des particula- rilés intéressantes, suivant que le groupe nitro se trouve en ortho, méta ou para vis-à-vis du groupe nr amido, et les amines dinitrées ont également leurs ] réaclions caractéristiques. II. — RÉACTIONS DES DIVERSES SÉRIES D'AMINES. $ 4. — Ortho-nitro-amines. ! | Les dérivés diazoïques de ces amines, chauffé | en solution d'acide minéral, donnent des indazo s 4 entre 80 et 100 °/,. Dans le cas des homologues de, € en quantité prédominante ; les rendements varienl : l'orthotoluidine, un groupe méthyle en ortho vis= dazol, tandis que, s'il se trouve en para vis-à-vis du groupe diazoïque, l'influence est défavorable; sil est en méla vis-à-vis de ce groupe, l'influence est peu marquée, mais plutôt désavantageuse. Ainsi l'on obtient avec l’o-nitro-0-toluidine l'o-nitro-p-xylidine etl'o-nitro-vic-0-xylidine : | CH Ent fa os 2 ‘HS 2 AH QT: cs Ja (Ja {20° Xz0° {z0? de bons rendements en indazols (80, 75 et 100 4} tandis que l'o-nitro-as-m-xylidine et l'o-nitros pseudocumidine : CH: AE CHS 7N CHS pres cle AzH® ÂzO® AzO® n’en fournissent que 40 et 20 °/,, la décompose tionner que, dans les trois premiers cas, il est préférable de chauffer les solutions ER lei du A dans l'acide sulfurique ou chtosil drique bouillant à 10 °/,, de façon à effectuer u décomposition très rapide. En chauffant les solutions acétiques diluées diazoïques d'orthonitramines, les rendements SOBb moins avantageux ; il en est de même si on laisse reposer à la température ordinaire les solutio dans l'acide ne glacial. Toutefois, l’o-nit métaxylidine (1 :3 : 4:5) donne, dans ces dernièt conditions, un PQ un peu meilleur qu’à l'acide minéral : 48 au lieu de 40 °/,. En chauffant, les solutions neutres des diazoïques des ortlios) nitro-amines, on obtient aussi des indazols, mais les rendements sont inférieurs à ceux qu’on obtient} avec l'acide minéral. Des méthyles en para vis-à-Vis| E. NOELTING — LA FORMATION DE DÉRIVÉS INDAZOLIQUES 1 1 Fa groupe diazoïque ont, lorsqu'on emploie les trois EL erniers modes de transformation, encore la même influence défavorable. É | $ 2. —- Méta-nitro-amines. Il existe deux nitro-orthotoluidines contenant Je groupe nitro en méla par rapport à l'amino; ce sont : —_«) Le 1-méthyl-2-amino-4-nitrobenzène : 8) Le 1-méthyl-2-amino-6-nitrobenzène : AzO® NX ce s ANT :E - aol. ) AZHe À G Les mm Les dérivés diazoïques de la série x donnent, par Mébullition en solution d'acide minéral, des indazols des crésols, ces derniers en quantité prédomi- nte. Les dérivés paraméthylés (par rapport au groupe diazoïque) ne donnent que les phénols. Les gombinaisons de la série 8 se comportent d'une facon analogue, mais les rendements en indazols ont moindres et peuvent même devenir nuls. Si, lieu de chauffer lentement au bain-marie, on laisse couler les diazos dans l'acide sulfurique ou Si l’on chauffe les diazoïques en solution d'acide acétique à > ou 10 °/,, on obtient avec la série « Ldes rendements salisfaisants en indazols, tandis r ue dans la série 6 les résultats sont moins favo- n para. On arrive pourtant aussi dans ce dernier cas à des rendements de 70 à 80 °/, quand on laisse nfluence considérable sur le résultat. Si, enfin, on abandonne les solutions diazoïques “obtenues dans l'acide acétique cristallisable à la Miempérature ordinaire, on obtient des rendements en indazols pour ainsi dire théoriques, sauf pour les dérivés contenant un méthyle en para. “ Dans ce cas, la proportion des indazols diminue Met l'on trouve de grandes quantités de ces produits brun-rouge qui se forment presque toujours à | côté des indazols, mais en général en quantités peu importantes. À La méthode à l'acide acétique cristallisable est certainement la plus pratique pour la transforma- | tion des nitro-amines de cetle série, ainsi que le montre le tableau suivant : BENDEMENT en indazol en % 4z0° /N CH3 ) Ac. acétique dilué au bain-marie. 80 | . à Ac. acétique cristallisable à la tem- PA AzH° pérature ordinaire . . . . . . - 90-%6 AzO° | /N CH | Ac. acétique dilué . . . . . . . - 60 | | Ac. cristallisable, tempér. ordin. . 96-98 D AAZHE 3 { Ac. acétique dilué. : - - . . . . . 6 CH: / CH: \ Ac. cristallisablelà 0... . . . - . 35 | < Enlaissant couler le diazoïque dans AzO® 7 AzH° l'acide cristallisable chauffé à i RS TROT MERE MORE RE 15-80 Az0? ) Ac. acétique dilué + : : . . . . . 8 cm /N cHs | Acide cristallisable à 0°. : . . . . 27 | , ( En laissant couler le diazoïque dans AzH® ) l'acide cristallisable à l'ébullition. 80 A AzO° \ CH? à CIF te be” A Ja | l Ac. acétique dilué | AZH2 \ Ac. cristallisable à la temp. ordin. 100 Ainsi qu'on le voit par l'exemple de la nitromé- sidine, l'influence nuisible du méthyle en para est contrebalancée par l'influence d'un autre méthyle en ortho, agissant ici dans un sens favorable. Si l’on chauffe les diazoïques des »-nilro-0-toluidines et leurs homologues en solution neutre, les rende- ments sont moins bons qu'en solution acétique diluée, et descendent quelquefois jusqu'à la moitié. Les amines de la série & donnent en général un peu plus d'indazol que celles de l'«. Les matières | secondaires rouges ou rouge-brun se forment ici en quanlité plus abondante qu'en solution acétique diluée et constituent souvent le produit principal de la réaction. $ 3. — Para-nitro-amines. En solution dans l'acide minéral, les diazos four- nissent quantitativement les phénols. En solution acétique diluée, on obtient des indazols, mais avec des rendements souvent peu salisfaisants (40 °/, avec la p-nitro-0o-toluidine, 4 °/, avec la p-nitro- paraxylidine). En chauffant les solutions dans l'acide acétique glacial, les résultats sont déjà meilleurs, et les rendements atteignent 80°/, si on les laisse se décomposer à la température ordinaire. $ 4. — Dinitro-amines. Leurs diazoïques se transforment par l'ébullition en solution d'acide minéral en indazols avec des rendements satisfaisants; inais, ici même, un méthyle en para vis-à-vis du groupe diazoïque exerce, dans ces conditions, une action très défa- vorable. Même à froid et en présence d'un grand excès d'acide, les solutions diazoïques sont, dans ce dernier cas, très instables, se colorent en rouge 418 E. NOELTING — LA FORMATION DE DÉRIVÉS INDAZOLIQUES TagLeau I. — Résultats obtenus lors de la décomposition des dérivés dtazoïques des nitroamines dans différentes conditions. GROUPES AMINE | À Re Less AzH? Az0° P. de f. 9%. INDAZOL (DATE A: VA Àz0? P. de f. 186 187. l He DÉCOMPOSI- TION en solution d'acide minéral à l'ébullition 80 % d'indazol. DECOMPOSI- TION dans l'acide acétique cristal- lisable à tempé- rature ordinaire 62-61 % d'indazol. DÉCOMPO- SITION dans l'acide acétique dilué à l'ébullition 60-71) % d'indazol. DÉCOMPO- SITION en solution neutre à l'ébullition 10 % d'Indazol. PRÉPARATION de l'amine prise comme point de départ Nitration de l'or- tho-acélo-tolui- dine. (Ber:, t..XMIR p. 265.) Nitro-ortho-toluidines. CN cu: oval, es P.‘de f. 14079, ONCE | | | az O?Az . Az Ne P. de f. 181e. 50 % d'indazol. A0? / NCHe > AZI P. de f. 910,5. P. de f. 2052. 10% d'indazol. 90 % de crésol. O°Az/ CH: | Jane P. de f. 198 199. CI / N CH: jp \ \AzH° À702 P. de f. 116-118e. OAz CPS CH, | | |] JAZH A7 1 de f. 2080. GAS (0 CH | | Az Se fie AZ AzO? e f. 180-1810, CHS ASS [ Ee 2% 2 O'AZK,, AzH P. de f. 111-112. CH: N'CHR || OfAz< 7-AZz P. de f. 177-1780. >AZH Nitro-vic-ortho-xylidines. 2] CH: O°Az/ CH: ZAzH° P. def. 10». LA Fe Sn AZI CH P. de f. S1-82. CI O®A2// NC [1 an ve A7. P: def. 2590: [ur2Az] CH, | | |. NAzH O2AZ\ A7 N, CHE P. de f. 175-176° et 2220,5. 96-98 % Nitration de lor- tho-toluidine en solut.sulfurique. (Ber., t. XVII, p- 2168.) Réduction du di- nitrotoluène -1 : 2:6. (Ann., t. CLXXII, p. 223.) Pas d’indazol. crésol seulement. 400 % d'indazol. 82-90 % Nitration de l'or- tho-acéto-tolui- dine. ! (Ann., t. CLV, p.6 | et CCXXVII, p. 2392) Nitration de l’or- tho-vie-xylidine ou de son acéto. (Ber., t: XXXIV, 40 % d'indazol. D0%.% de xylénol. 10 (74 d'indazol. 902 & de xylénol. 8 % d'indazol. 90 % de xylénol. 93 % Deux 1iso- mères. 12 % d'indazol. 350% de xylénol. 46-56 % d'indazol. Deux isomères. 60 % Deux iso- mères. Nitration de la mé” ta-vie - xylidineWln ou de son acéto. (Ber., L. XXIV, p. 568.) Nitro-vic-méta-xylidines. Nitro-as-méta-xylidines re, = = ÉMIS É Az0°® ai ll AzH° CH P. de f. 172-173°. CH3 CH5 | AzH? AzO® P+de-f."720, Az0* La N.CH | | | aAzIl OZ AZ CI P. de f. 1807. .CH cu: | [| Az . Az” 86 % d'indazol. 40 % d'indazol. 48 % 53 % à chaud. Nitration de lac to-as-méta-xyl dine. 4 (Ber., t. XXVI, p. 2671). 1 CH CH° P:de t. 1236. mel és | 100 % de xylénol. 35 % 15-80 % par dé- composition rapide. Nitralion de las métla-xylidine en solut.sulfuriques (Ber., t. XVIT, p- 265.) E. NOELTING — LA FORMATION DE DÉRIVÉS INDAZOLIQUES 419 dans différentes conditions. mTasceau I (suite). — Résultats obtenus lors de la décomposition des dérivés diazoïques des nitroamines DÉCOMPOSI- 2 QUaeN Den DÉCOMPO- PRÉPARATION AMINE INDAZOI 2 dans l'acide dans l'acide BF de l'amine me DUR TUE en solution pique cristal |Macétiques |ensolution M "Sr ins d'acide minéral | Jisable à tempé- dilué neutre F E à l'ébullition {|rature ordinaire |à l'ébullition|à l’ébullition de départ = Az0? AzO® 6 % d'indazol Réduction - du. di = à à p sdi . ec cuo ou dI- = ce" N ou cu CR . Pas d’indazol; sp ones So 8 œ nitro-vic - méta- = | | | | [PAZ xylénol Pie nn Eee 0 2,0 ne = 9 / 9 n lant le azol. € cs 3 . FE 1 Ni AzH° \ 7 A7 uniquement. Ro dan le d'indazol. | d'indazol. (Ber., t. XVII, & P. de f. 79. P. de f. 198-199. acét.bouillant. p2426:) E AZU? Az0? 16 % d'indazol ; 5 = PU ; Réduction du tri- ü PPANATL a s0 % en cou- ë PR TE £ CH | CH CH | Mb re JE rez ne Do ES © ‘ Re NU / °° |dans lac. sul- EE 3 È O’4z NA AzHP: | O’Az iv 27 furique bouil- (Ann. t. CXI, P. def. 192-193. | P. def. 190-191». | lant à 10 %. p:409:) (Nc PNCHN Nitration de l'acé- 4 1 >AzH 710 % to de la para-xyli- CH NS AzH? |: (CHF VA Az” ribail Si % 58 % 50 % dine dans l'acide 0: V0: sulfurique conc. P. de f. 36e. P. de f. 162. ÉVEREE A20° AzO® Ne [CH [Pas d'indazol: NL . | ; | DA | xylénol 93 % 53 % | 16-20 % Rae CH°\ /AzH° CHQ /.Az uniquement. ie r 292). P. de f. 96°. P. de f. 206-207. O4z/ Nc | O47// CH Sn ED Le CH: \zH2 CHE | Aa Pas d'indazol. 83 % 4 % 4 % out Mo ioue NEA FER AN (Bert: XVII P.def 143-1449. P. de f. 231-9320 P- 2261. o4z/ Nc | o4z/ cu Det Le | | 4H ae Ne de rs 3 2 3 A2/ : D 0 CEMPATIEX YA En AE PE NA 24 d'indazol. 10 % dine en solution Az0? AzO® sulfurique. P. de f. 204-205°. P. de f. 229. [AzO®] CH A CH cH/ NcH Nitration de la mé- { | | [1 AH pas d'indazo| 100 12-30 (18 LE don neue {1 O°Az AzH® | O°4z . Az ASS EMOazOL % 2-30 % -18 % PR RELAENQLEE “ a: (Ber., t. XXIV, Cus OT p.510) | | C P. de f. 730-740. P. de f. 180-181° | È Az0° Az0° | Ê GO) ce lc CE 4 A ee ni DA 100, x Jon Nitration de l’acé- O?Az C7 AzH® | O°Az \ 7° Az’ d'indazol. £ to-mésidine. CH CHS P. de f. 199-2000. Prrdera2are. à ; 7 Re , | cf \CH | CH/ VC Nitration de l’acé- | ; Fr is _ ISA 20 % to-pseudo-cumi- ? 3 / = 9 [u ñ > 1 As an CES AE d'indazol. 20 % dine.. ee LEA ÀÂz02 ÂzO® (Ber., CA III. 45 P. de f. 47e. P. de f. 180°,5-181°,5. p- 2661.) = A20° Az0? È Traitement du ni- = x 5S % en cou- CUS É a | è CH° ZX CH CI / \ CHR ant la solut. nn ts CH | H2| cs | se Dome HeSO* con. = NEC SRE Hola ‘ £ (Ber., t. XXIV, P. def. 137. P. de f. 20%. QE Le p. 571.) RE | AIS Az0° Az0O? | = ee Ë NE Re Fa em or em/N ct 1 % par chauf- Nitration de l’acé- à < | | an fage lent: jus- to-pseudo-cumi- n Dre e ETS ea qu'à 75-80 % dine. | Œ NA 7 os N/ poz par chauffage (Ber., t. XVIIL., 1110 Az? AzO® très rapide. p. 2662.) | P. de f.483. P. de f. 221-2220 420 E. NOELTING — LA FORMATION DE DÉRIVÉS INDAZOLIQUES fuchsine et laissent déposer des corps rouge-brun amorphes. Mais, si on laisse couler la solution diazoïque dans l'acide sulfurique bouillant à envi- ron 10 °/,, les matières rouges ne se forment qu'en traces et le rendement en indazol atleint 80 °/,. Le petit tableau suivant vient à l'appui de ces consta- tations : RENDEMENT en indazol Az0O® | en % ANS w pes Diazotée et chauffée en solution A0 ee / SULUTIQUE TUE 0e - CTRE 86 Vs AzO? ) Diazotée et chauffée en solution CH: Ne La sulfurique diluée. . . . . . . 16 1 b) Diazotée et introduite dans l’ac. AzO® Le sulfurique bouillant à 10 % 80 Az0? ; N € Er jaan | )ICOMMELCI-TESSUS MEN 1 cr (| Jazre |” LANCE 80 Az0° En solution neutre, le rendement est mauvais, autant qu'il semble résuiler du seul cas examiné jusqu'ici. Avec l'acide acétique dilué, on obtient, autant qu'il semble jusqu'à présent, les mêmes résultats qu'avec l'acide minéral. Si on laisse les solutions des diazoïques dans l’acide acétique cris- tallisable se décomposer à la température ordinaire, on obtient des corps blancs, bien cristallisés, inso- lubles dans les acides et les alcalis et dont la nature n’a pas encore élé déterminée. Les tableaux des pages 418 el 419 contiennent les résultats des expériences dont on a déduit les règles énoncées. III. — PRODUITS SECONDAIRES OBTENUS A CÔTÉ DES INDAZOLS. A côté des indazols el des phénols, il se forme, lors de la décomposilion de beaucoup de nos diazoïques nilrés, des corps rouges, brun-rouge ou jaunes, dont la constitution n'a pas toujours été élucidée. On en obtient généralement peu en solu- tion acide. C'est seulement avec les dérivés para- méthylés qu'il se forme, au commencement de l'ébullition, des flocons brun-jaune qui s'agglo- mèrent peu à peu en produisant des masses bour- soufflées demi-solides ; dans le cas de l'o-nitro- as-mélaxylidine, de la dinitro-as-métaxylidine, de l’o-nitro-pseudocumidine et deladinitro-pseudo- | cumidine, ce phénomène a en particulier été observé. En chauffant les solutions acétiques, ces produits secondaires se forment abondamment, toutes les fois que les rendements en indazol sont faibles. Ainsi, avec | dant, ou des dérivés indazoliques formés de la 1, Az0® Az0® Nc cr fase cH/N CH: Az0° W 2 2 e 2 3 AzH 6 AzH AzO \ JAH CH x cm /N ca cu°| aa az0*( | Jaze X20° CH: avec (f N cas ea Jasss un corps brun-jaune. Avec les amines où les positions para et ortho@ sont toutes occupées, on obtient surtout des malières résineuses. En solution dans l'acide acélique glacial, les indazols se forment en général nettement; quelque fois, dans le cas des para-nitro-amines, il se forme 1 de petites quantités de ces corps brun-rouge, quim colorent alors fortement les solulions. Des produits amines paraméthylés et le rendement en indazol diminue en conséquence considérablement. la méthode à l'acide acétique, il se sépare de la solution une substance en belles aiguilles orangées, qui, d'après ses propriétés et les résultats des analyses, doit être considérée comme un dérivé nitré du tolyl-azo-indazol de M. Bamberger, c’est- à-dire comme vrai en quantité minime, et se forme également € chauffant la solution dans l'acide acétique dilué Les analyses concordent avec la formule : IN — C Az = Az 1 > () 16 D — 02 ù L'un et l'autre sont solubles dans l'acide sulfe. rique concentré avec une coloration orangée intense. Les produits brun-rouge et jaunes peuvent être des dérivés oxyazoïques, formés par l'action de diazo encore inaltéré sur le phénol correspon= « même manière avec les indazols. F Quelques-uns de ces produits ont été purifiés et E. NOELTING — LA FORMATION DE DÉRIVÉS INDAZOLIQUES 421 k analysés. Ainsi on obtient, dans la décomposition du diazo de la m-nitro-paraxylidine, à côté de l'in- | dazol, une substance cristallisée en aiguilles oran- | gées, soluble dans l'acide sulfurique en orange et D sans aucun doule la formule : | Az0? CIS Az0? CH® ê € Se CO if î CT CT D'autres encore de ces produits se dissolvent dans l'acide sulfurique en orangé, par exemple eux qu'on obtient avec Az0® lies ie CH° 3 1 H° L. 2 CH \/ Az 7 AzH chauffant les diazos en solution neutre ; mais il ene est aussi qui donnent des solutions violet foncé, tels ceux qu'on obtient avec me eg 1 Az0° FA ( cH® cs //N cH: 2 1 2 2 Æ AzH AzO NY AzH ainsi qu'avec AzO? Î + Je AzH° x Nr lorsqu'on laisse la solution dans l'acide acétique lacial se décomposer à froid. - Les dérivés mono et disazoïques de la série b enzénique se dissolvant toujours en orange ou | jaune ; ces corps doivent avoir une autre constilu- tion et demandent une nouvelle étude. Lors de l'ébullition de certaines solutions diazo- . on à pu remarquer aussi une odeur de car- bures nitrés, et l’on à pu constater la formation de gouttelettes huileuses nageant sur le liquide, mais en quantité trop minime pour permettre un examen | détaillé. La proportion de ces corps bruns ou rouges est généralement encore plus forte en solution acétique. En résumé, on peut dire que, lors de la décom- position des diazoïques des amines orthométhylées nitrées, il se forme, en dehors des indazols et des phénols, les dérivés azoïques de ces corps avec Wamine mise en œuvre et parfois des substances azolées, peu solubles, de constitution encore inconnue. IV. — PROPKRIÉTÉS DES NITROINDAZOLS. Les nitroindazols sont blanes ou jaunätres, rare- {ment jaunes. Ils sont sublimables, quelques-uns | très facilement, peu ou point volatils avec la vapeur | d'eau; le 6-nitroindazol distille le plus facilement. | à 50 | Dans la benzine et l'alcool méthylique, ils sont aisé- Les nitroindazols simples sont assez facilement solubles dans l’eau à l’ébullition, et cristallisent par refroidissement. Les indazols méthylés ou dinitrés ne se dissolvent que peu ou même point du tout. Ils sont, en général, facilement solubles dans l’al- cool; souvent, l'alcool dilué ou l'acide acétique de 10 °X sont de bons moyens de cristallisation. ment solubles à chaud, difficilement à froid. L'acé- tone et l'acide acétique crislallisable dissolvent abondamment, même à froid. L'indazol typique fond à 146°,5; l'introduction du groupe nitro élève le point de fusion sensi- blement. L'introduction du méthyle dans le groupe Iz de l'indazol typique abaisse le point de fusion; il en est de même pour les nitroindazols. Les homologues, ayant les méthyles dans le noyau benzénique, ont des points de fusion tantôt plus élevés, tantôt plus bas que les substances- mères. Les dinitroindazols fondent plus haut que les mono. Les propriétés basiques de l'indazol sont forte- ment diminuées par l'introduction du groupe nitro; néanmoins, on peut obtenir aisément les chlorhy- drates, en faisant passer un courant d'acide chlor- hydrique sec dans la solution benzénique. Dans le cas du B. 1-nitroindazol, deux molécules de la base se combinent avec une de l'acide. Si l’on ajoute bien à froid, à la solution d'un nitro- indazol dans un mélange d'acide et d’anhydride acélique, de l'acide chloroplatinique, H°P(C!, on peut obtenir des chloroplalinales cristallisés, qui, dans les deux cas plus particulièrement étudiés, | conlenaient deux molécules d’indazol pour une de cet acide bibasique. Parmi les dinitroindazols, quelques-uns sont encore capables de fournir des chlorhydrales ; d’autres, tel que le B.1 : 2-méthyl- 3 : 6-dinitroindazol, ne montrent plus cetle pro- priété. Les sels des nitroindazols sont très instables et sont immédiatement décomposés par l’eau et l'alcool ; dans certains cas, ils servent avantageuse- ment à la purification des produits. Les propriétés acides sont bien plus prononcées et rappellent, sous beaucoup de rapports, celles des nitrophénols. L'hydrogène imidique est rempla- cable par les métaux, comme l'hydrogène phéno- lique. On a préparé des sels de sodium, de potas- sium et d'argent; leurs selutions sont oranges ou rouges. Un excès d’eau les dissocie. Le sel d'argent du B. 1-nitroindazol répond à la formule C'H°Az'O*Ag + C'H°Az'O*. Un essai pour préparer avec un dini- troindazol et la diméthylaniline un sel analogue au picrate donne un résultat négatif. Les solutions alcalines des nitroindazols sont décomposées par l'acide carbonique. Comme les sels des indazols sont plus décomposables que les nitro- 422 E. NOELTING — LA FORMATION DE DÉRIVÉS INDAZOLIQUES F phénolates correspondants, on peut se servir de cette propriété pour séparer les corps de ces deux classes, lorsqu'ils se sont formés simullanément. L'hydrogène du groupe imide peut être remplacé par des radicaux acides et alcooliques. Les dérivés acétyliques s'obtiennent facilement n additionnant les solutions dans l'anhvdride acé- tique à chaud d'une goutte d'acide sulfurique. Dans un cas (B-2-méthyl-1-nitroindazol), le dérivé acéty- lique se forme déjà à froid par simple dissolution dans l’anhydride. Le chlorure de benzoyle et le sulfochlorure de toluène réagissent facilement sur la solution älca- line. Les dérivés acétyliques sont peu stables et se saponifient déjà lors de la cristallisation dans l'alcool étendu ; les dérivés benzoyliques et sulfo- toluiques sont plus résistants. Par l'action du sulfate de méthyle ou des halo- génures alcooliques sur les solulions alcalines des indazols, on obtient très facilement les [z-2-alcoyl- indazols. Ces corps ont une coloration jaune intense, sauf le dérivé benzylique qui est jaune clair. Ce sont des bases relativement fortes, solubles dans l'acide chlorhydrique à 15 °/,, distillables presque sans décomposition à la pression ordinaire, diffi- lement saponifiables, insolubles dans les alcalis. Généralement, il se forme en méthylant deux iso- mères qui se laissent, non sans difficullé, séparer par cristallisation fractionnée. La constitution de la seconde combinaison, formée en quantité plus faible, n’a pas encore été établie; elle est sans doute substituée au carbone. Le brome réagil aisément sur les indazols dissous dans l'acide acétique gla- cial ou suspendus finement dans l’eau. Les dérivés bromés sont solubles dans les alcalis: le brome n'est éliminé ni à froid ni à chaud. Il n'est pas encore établi s'il se trouve dans la position 3 du noyau indazolique où dans le noyau benzénique ; dans tous les cas, il semble certain qu'il n’est pas uni à l'azote. Vis-à-vis des oxydants, les indazols sont très stables. Certains indazols sont facilement altérés quand on chauffe leurs solutions alcalines, même modérément; ainsi, par exemple, se comportent le 3-nitroindazol et le B. 3-nitro-2 : 6-diméthyl- indazol. Parmi les agents réducteurs, le méthylale de sodium ne transforme en azoxydérivé ni le 1-nitro- indazol ni son éther méthylique. Le sulfure d'ammonium alcoolique, la poudre de zinc, le chlorure stanneux ou l'étain et l'acide chlorhydrique, le disulfure de sodium, l’oxyde ferreux, réduisent les nitroindazols à l’état d’ami- noindazols. En employant l’étain et l'acide chlorhy- drique, le chlore entre quelquefois en même temps dans le noyau; ainsi le B. 2-nitroindazol donne un colorées en rouge, même en employant des matières B. 2-aminoindazol chloré, et MM. Gabriel etStelzner oblinrent de même un dérivé chloré par réduction du B. 2-méthyl-6-nitroindazol. e Les aminoindazols donnent des dichlorhydrates" et des chloroplatinates, contenant pour une molé=" cule de base une molécule d'acide chloroplatiniquen Avec la paranitrobenzaldéhyde, on obtient des. dérivés benzylidéniques bien cristallisés; ceux qu'on prépare au moyen de la dimélhylparamido= benzaldéhyde sont des matières colorantes jaunes intenses. Avec le trinilrobenzène, il se forme des produits d’addition crislallisés en belles aiguilles niques. Les aminoindazols se laissent nettement diazoter en solution acide; les solutions diazoïques sont tout à fait pures. Elles copulent normalement ets donnent des matières colorantes ayantune certaine affinité pour le coton non mordancé. En faisan®s bouillir les diazoïques, on obtient des oxyindazo à à caraclère phénolique. Avec le chlorure ferrique et l'acide chromiqueÿ les 6-aminoindazols, qu'on peut considérer comme des dérivés de l'o-phénylène-diamine, donnent des réactions colorées intenses. Les nitroindazols ne se combinent pas avec le dérivés diazoïques, mais les aminoindazols sont diazotables et copulent facilement, en donnant des colorants azoïques doués d'une affinité faible, mais pourtant sensible pour le coton non mordancé. Voici quelques détails opératoires pour la pré paration des nitroindazols. Pour diazoter en solution d'acide minéral l'amine, dissoute ou suspendue dans un excès cor sidérable d'acide, fut additionnée de nitrite doubles normal. Pour la diazotation dans l'acide acétique cristallisable, l'amine dissoute dans ce milieu est traitée à froid par la quantité théorique de nitrite double ou quadrupie normal. Dans certains cas: il faul ajouter tout le nitrite à la fois, sans quoi se forme du diazoamido. Les solutions diazoïques contenant de l'acide minéral sont très stables à Jar température ordinaire; les solutions acétiques le sont beaucoup moins et sont souvent transformées au bout de quelques heures. Les paranitrés sont les plus stables el demandent, pour la trans- formalion complète, pour ? grammes de base, entre vingt-quatre el cent heures. Les diazos des amines paraméthylées sont très instables, aussi bien en solution minérale qu'en solution acétique; ils se colorent rapidement en rouge et laissent déposer les corps brun-rouge mentionnés ci-dessus. Le rendement en indazol en est diminué d'autant. E. NOELTING — LA FORMATION DE DÉRIVÉS INDAZOLIQUES 123 our étudier la décomposition dans l'acide acé- e dilué, on étend d'eau les solulions dans l’acide ial ou l’on additionne d’acétate de soude les lutions dans l'acide minéral... En neulralisant ec précaution, en présence de glace, par le car- nate de soude, on obtient les solutions neulres. Pour diazoter certaines nitramines très peu siques, on a employé les deux méthodes sui- tes : a) On dissout 1 gramme de base dans 20 grammes us que la quantité théorique de sulfate de nitro- e (obtenu en dissolvant dans l'acide sulfurique ncentré du nitrite sec), on laisse reposer quelque mps, on ajoute un peu d'urée pour décomposer de nilreux en excès et on verse sur de la glace lée. On dilue ensuite la solution diazoïque claire 0 centimètres cubes. b) On dissout 1 gramme de base dans 25 centi- es cubes d'acide acétique glacial, on ajoute entimètres cubes d'acide sulfurique concentré 10 à 15 centimètres cubes d'eau et on chauffe squ'à dissolulion complète. On laisse refroidir à viron 15° et, sans s'inquiéter de la pelite quantité sulfate séparé, on ajoute la proportion théorique nitrite double ou quadruple normal. Au bout de quelque temps, on dilue à 200 centimètres cubes; la diazotation est parfaitement nette. “Pour établir le rendement, on a déterminé Issi exactement que possible les quantités d'in- azol formé et, d'autre part, on a mesuré l'azote dégagé pendant la réaction. Les indazols sont généralement peu solubles st retiré par extraction à l’éther ou mieux avec mélange d’éther et de benzène qui ne dissout peu d'eau. Après distillation du dissolvant, on met la solution alcaline à la précipitation frac- nnée par l'acide carbonique, ou bien on extrait lirectement le résidu à l'éther de pétrole bouillant S 100°, dans lequel les nitro-indazols sont en éral très peu solubles. sa mesure de l'azote fut effectuée d'après les x méthodes suivantes : On opère la décomposition du diazo dans un ballon communiquant d'une part avec un appareil acide carbonique, d'autre part avec un azoto- mètre. Avant de chauffer, on chasse l'air par un courant d'acide carbonique, puis on chauffe, en interrompant le courant dès que l'azole commence à se dégager: à la fin, on pousse à l'ébullition et on chasse tout l'azote formé par l'acide carbonique. En étudiant la transformation du diazoïque en dacide sulfurique concentré, on ajoute un peu | solution d'acide acétique glacial à froid, qui demande parfois quelques jours, cette méthode n'est pas applicable; on opère alors de la manière suivante : Le ballon contenant le diazoïque est muni d'un tube abducteur s'abouchant dans la cuve pneumatique avec ur eudiomètre. Le ballon est plongé entièrement dans de l'eau contenue dans un grand vase, afin que le volume du liquide et du gaz qu'il contient soit aussi indépendant que possible des variations de la température exté- rieure. On peut, de cette manière, lire directement les volumes d’azole formé et suivre la marche de la décomposition. Sans être très exacte, cette seconde méthode est pourtant suffisante. La proporlion de l'azote dégagé ne correspond pas toujours aux rendemenis en indazol, en parti- culier dans les cas où, en dehors de celui-ci et du phénol, il se forme les produits bruns ou jaunes dont il a été parlé précédemment (surtout en solu- tion neutre); en conséquence, j'ai négligé, dans bien des opéralions, la détermination de l'azote. Quelquefois, les rapports entre les quantités d'in- dazol trouvées et celles du phénol calculées d'après le dégagement d'azote étaient tels qu'on pouvait conclure à la formation d'un dérivé oxyazo formé aux dépens du phénol en question et d’une partie correspondante du diazo. Dans ces cas, le produit secondaire rouge obtenu avait aussi le poids et la composition prévus par la théorie. La décomposition en solution acélique diluée donne des résultats analogues, mais la propor- tion des produits secondaires est généralement moindre. Même en solution d'acide minéral, les rendements en indazol ne correspondent pas toujours à la quantité d'azote dégagé; c'était en particulier le cas pour les bases paraméthylées (0-nitro-pseudo- cumidine et 0-nilro-métaxylidine.) Après avoir ainsi constaté l'influence favorable du groupe nitro sur la formation des indazols au moyen des amines orthométhylées, j'ai naturelle- ment cherché si d'autres groupes électro-négatifs pouvaient jouer un rôle analogue et j'ai déjà cons- taté que c'est le cas pour le brome (et sans doute aussi les autres halogènes) et le groupe sulfonique. J'ai, en particulier, obtenu avec mes élèves déjà une vinglaine d'indazols et méthyl-indazols mono- et polybromés. L'action du brome est beaucoup moins forte que celle du groupe nitro, et ce n'est que dans des conditions spéciales — ébullition avec l'acide cristallisable — ou en employant des dérivés polybromés que l'on obtient de bons ren- dements *. E. Noelting. Directeur de l'Ecole de Chimie de Mulhouse. 1 Conférence faite au Laboratoire de M. Haller à la Sorbonne. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES 1° Sciences mathématiques Schroôder (R.). — Die Anfangsgründe der Differen- tial-und Integralrechnuug. — 1 vo/. de 131 pages avec 27 figures (Prix : 2 fr.). B.G. Teubner, éditeur, Leipzig, 1905. Schütte (F.). — Anfangsgründe der darstellenden Geometrie für Gymnasien. — 1 hroch. de 42 pages, avec 5% figures (Prix : 1 fr.). B. G. Teubner, éditeur, Leipzig, 1905. Comme on le sait, les programmes prussiens, élabo- rés en 1901, ont autorisé l'introduction des éléments de l'Analyse mathématique, de la Géométrie descrip- tive et de la Géométrie analytique dans la classe supé- rieure des gymnases. Il en est résulté, entre autres conséquences, la publication des deux petits ouvrages ci-dessus indiqués, qui doivent être loués pour leur simplicité et leur clarté. Le premier surtout semble bien approprié à son but par le soin qu'a pris l'auteur de faire œuvre concise, dépouillée de l'emploi de trop nombreux symboles et de tout ce qui n’est pas, en quelque sorte, résultat tangible dans le domaine de l'Analyse. E. Demorrs, Professeur à l'Ecole professionnelle IS de Geneve. Michotte (Félicien), Zngénieur, Président du Comité technique contre l'incendie. — Etude théorique et pratique de l’Incendie. Ses causes, sa prévention, son extinction. — 1 vol. in-8& de 563 pages avec 135 figures. (Prix : 15 fr.) Ve Cl. Dunod, éditeur. Paris, 1906. La vaste usine, seul foyer digne de l'industrie mo- derne, la maison à huit et neuf élages de nos popu- leuses cités, les salles publiques dans lesquelles s'en- tassent des milliers de spectateurs, les grands steamers qui contiennent des centaines de passagers ont certai- nement beaucoup augmenté, dans ce dernier siècle, les chances et les ravages de l'incendie. L'art de pré- venir ce dernier a-t-il progressé parallèlement ? Non, répond mélancoliquement M. Michotte, après avoir constaté que les mesures préventives sontinsignifiantes, et que, pour éteindre un incendie, on n’a encore recours qu'à l’eau, projetée par la même pompe que jadis, seu- lement un peu mieux construite aujourd'hui. Et cette remarque ne légitime que trop la publication du | copieux ouvrage que l'auteur consacre à la matière. La première partie en est réservée : 1° Aux causes de l'incendie (éclairage, chauffage, moteurs, automobiles ..). Nous ne voulons pas nier le danger que présente, avec ces dernières, l'emploi de l’essence de pétrole; mais la suppression des brûleurs et leur remplacement général par l'électricité pour l'allumage, que l'ouvrage a le tort de ne pas mentionner, ont singulièrement atténué ce danger; 2° Aux effets du feu ; 3° Aux agents d'extinction. M. Michotte appelle l'attention sur l'intérêt qu'il y aurait à employer la vapeur d'eau, surtout en espace clos : la vapeur à un volume 1.700 fois plus grand que celui de l'eau qui lui a donné naissance ; elle ne surcharge pas les planchers et ne produit pas de dégâts. Mais elle a le tort d'exiger l'installation, d'ailleurs assez facile, d'une tuyauterie. Dans une seconde partie, sont étudiés : 1° Les matériaux résistant au feu ; 2° Les moyens préventifs (contrôleurs de rondes de veilleurs de nuit, avertisseurs automatiques, avertis- l'auteur indique comment le feu doit être combattu el seurs, extincteurs...) ; ET INDEX 3° Le matériel d'extinction. Parmi les engins dé premier secours, M. Michotte préfère à l'extincteur à dos, coûteux et peu efficace, l'extincteur à mains u Il proscrit surtout l'emploi des grenades, qu'il accuse de ne pas atteindre le foyer de l'incendie et de dégas ger, quand le feu en produit l’éclatement tardif, de vapeurs asphyxiantes. Il préconise le faubert, bal en vieille corde que l’on trempe dans l’eau et ave lequel on frappe sur les objets enflammés, l'éponge la toile de secours, le sac de sable, le vulgaire seau d'eau. Les pompes sontpar lui soigneusement étudiées Dans un dernier chapitre de cette seconde partié décrit les engins de sauvetage. L La troisième partie, sous la rubrique : applications montre comment les notions qui précèdent doiven être utilisées à la ville, à la campagne, au théâtre, l'usine, en bateau, en ballon, dans un chemin de fer ou dans une mine. . Enfin, une dernière partie parle des usines classéés" et des précautions particulières qui leur sont imposées Ce livre, clairement écrit, s'adresse spécialement au officiers de pompiers, aux ingénieurs, aux architect et industriels. Tout lecteur en ferait, d’ailleurs, son profit dans sa sphère, si modeste soit-elle. GÉRARD LAVERGNE, Ingénieur civil des Mines, 2° Sciences physiques Kohlrausech (F). — Lehrbuch der praktischen Physik (10° édition). — 1 vol. in-8° de 656 pages avec fig. (Prix : A1 fr. 25.) B. G. Teubner, éditeur, 3, Poststrasse, Leipzig, 1906. La maison Teubner publie aujourd'hui la 10° édition du Manuel de Kohlrausch sur les exercices pratiques et les mesures en Physique, ouvrage classique en AIE magne et dont l’éloge n'est plus à faire. Elle a été soi gneusement mise au courant des derniers progrès d& la science : à ce titre, il faut signaler les modificatio qui ont été apportées aux chapitres sur les chaleu spéciliques des gaz, les constantes de diffusion, les g ionisés, les mesures de courants alternatifs, les pyr mètres optiques, la mesure des ondes électriques, et aux tableaux donnant les propriétés physiques d gaz. Dans la détermination des constantes par la méthode des moindres carrés, on manquait jusqu'à présent d'un procédé général permettant de répartir les erreurs sur toutes les grandeurs observées. M. Helmert a déve loppé une méthode de ce genre, qui vient heureuses mentcompléter les autres chapitres du livre. L. B: Les Quantités élémentaires d'Électricité:ions, élec- trons, corpuscules. — Mémoires réunis et publiés par MM. HENRI ABRAHAM e{ Pauz LANGE vIN. —1 vol. | in-8° de 1133 p. avec fig. (Prix : 35 fr. ). Gauthiel Villars, éditeur. Paris, 1905. 1l C'est une œuvre éminemment utile au développes mentde la Physique que viennent d'accomplir MM. Abræ ham et Langevin, sous les auspices de la Société Eran= çaise de Physique. À « La notion de structure discontinue des charges | électriques domine et pénètre la plupart des décou= vertes récentes en Physique; celte forme nouvelle des conceptions atomistiques sert maintenant de guide à un grand nombre d'expérimentateurs. C’est pour leur | faciliter les recherches, autant que pour préciser les caractères essentiels des idées actuelles, que la Société BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX = 19 CE ançaise de Physique a jugé utile de réunir un isemble de travaux concernant les circonstances observation et les propriétés des centres élecirisés : ons, électrons, corpuscules ». Ainsi s'expriment les auteurs dans leur préface, et tel est bien le but qu'ils ont atteint par cette importante publication. - En réunissant et traduisant au besoin les principaux “mémoires relatifs à ces questions d’un intérêt fonda- “mental, la Société Française de Physique a mis aux mains des lecteurs de langue francaise un outil de tra- il de premier ordre. Mais le domaine embrassé par s questions est déjà si vaste que les auteurs ont dù Se limiter dans le choix des mémoires à ceux qui con- rent plus particulièrement la production et les propriétés des centres électrisés. Le lecteur ne se trouvera donc pas en face d’un re- Leil complet des mémoires relatifs à la radio-activité, à décharge disruptive, à ia conductibilité des gaz, ou autres phénomènes qui, de près où de loin, touchent à notion de charge électrique élémentaire. Les au- teurs (et c’est là le côté personnel de leur œuvre) se nt bornés à choisir les mémoires fondamentaux, émanant en général des savants les plus distingués, et our autant que ces mémoires jetaient un jour sur la motion fondamentale des charges électriques discon- | tinues. Bien des mémoires importants concernant les Mdispositifs expérimentaux et les applications ont donc mu être laissés de côté; d’autres n'ont été que partiel- } lement traduits ou même résumés. Malgré cela, l’en- semble forme encore un volume de 1133 pages en deux scicules: le livre d’or des ions, électrons et corpus- cules, si on peut l'appeler ainsi. - Pour le classement des mémoires, MM. Abraham et P. Langevin ont adopté l’ordre alphabétique, et pour chaque auteur l'ordre chronologique. C’est donc par “un heureux hasard que l'ouvrage débute par la traduc- ion du mémoire fondamental de M. Max Abraham sur s « Principes de la dynamique de l'électron ». Tel qu'ilest, l'ouvrage est donc avant tout un diction- aire. Mais, pour permettre au lecteur de mieux suivre le développement d’un sujet, les auteurs ont eu l'heu- feuse idée de publier en tête du volume un tableau sy- M peuvent être lus avec fruit et cela dans chaque sujet. … Ce tableau synoptique, particulièrement utile aux physiciens qui désirent s'initier à l'étude de ces ques- ions, est divisé en deux parties principales. La pre- ière donne la liste des mémoires dans lesquels le cteur trouvera les renseignements concernant les ns (leurs caractères, leurs circonstances de produc- on et leurs propriétés). La seconde énumère les mé- oires concernant les électrons (circonstances de broduction et propriétés). Une dernière subdivision t relative aux questions de mécanique électromagné- tique. Les mémoires de cette dernière partie consti- ent la base des théories actuelles sur la constitution ectrique de la matière. Il suffit de citer les noms de MM. J. J. Thomson, Lorentz, Larmor, Riecke, “Wien, Wiechert, Max Abraham, Poincaré et Langevin, pour se faire une idée de la valeur de cette dernière artie: En résumé, l'œuvre publiée constitue un ensemble “magistral. La Société Francaise de Physique, qui a pris _ ie de cette publication, et MM. H. Abraham et LP: Langevin, qui l'ont menée à bonne fin avec autant de jugement que de conscience, ont droit à la recon- “naissance de tous les physiciens. Puisse l'exemple donné se généraliser et amener plus fréquemment la publication de recueils semblables. C.E. Guve, F Professeur de Physique à l'Université de Genève. « Robine (R.),, Ingénieur-Chimiste. — Manuel pra- … tique de l'Éclairage au gaz acétylène. — { vol. …in-8 de 28% pages et 63 figures. (Prix: 10 fr.) … Ch. Béranger, éditeur, Paris, 1905. Je , De nombreux ouvrages ont déjà été publiés sur | Pacétylène, mais peu présentent la question sous une ferme aussi pratique que celle adoptée par M. Robine. Sans s’arrèler à de longues considérations théoriques, l'auteur s'attache à renseigner immédiatement tous ceux qui ont à choisir un appareil générateur, à faire une installation, à épurer le. gaz produit, à poser la canalisation et les becs, etc. Il débute par l'étude de la matière première qui permet de produire le gaz, celle du carbure de calcium, dont la découverte fut si contestée et définitivement attribuée au Français Bullier. La fabrication industrielle du carbure donne lieu à une description détaillée de l’importante usine de Notre-Dame de Briançon, située en Savoie, où l’on utilise comme unique force motrice celle que produisent les chutes d’eau, c'est-à-dire la houille blanche. Le lecteur consultera avec fruit dans ce chapitre les passages qui concernent le prix de re- vient du carbure, ainsi que les essais à faire subir à ce produit, pour se rendre compte de sa qualité. La deuxième partie du volume a trait à l'acétylène et àses propriétés, notamment à celles qui peuvent avoir ‘des conséquences d'ordre pratique. L'auteur examine les divers moyens permettant de préparer facilement le gaz acétylène, et il en déduit les principes généraux sur lesquels reposent tous les appareils, quels qu'ils soient, en faisant ressortir les avantages et les incon- vénients inhérents à chacun d'eux. ll traite enfin une question tout à fait à l'ordre du jour actuellement, mais dont on ne tenait pas compte jusqu'ici : celle de l’épuration du gaz. Les impuretés de l’acétylène, qui se composent principalement d'hydrogène phosphoré, d'hydrogène sulfuré et d’ammoniac, se différencient par leur naturechimique, et les corps oxydants, capa- bles de décomposer les substances acides comme les phosphures ou sulfures d'hydrogène, sont gènés dans leur action par la présence du gaz ammoniac. Aussi l’épuralion de ce gaz ammoniac doit précéder celle des composés sulfurés et phosphorés. Après avoir défini les qualités requises pour un bon épurant, M. Robine démontre tout au long la nécessité d’une épuration sérieuse de l’acétylène en passant en revue les nom- breuses applications de ce gaz dans la troisième par- tie de son ouvrage. L’éclairage en est la plus importante. Mais là, au début, une grosse difficulté se présentait : celle du gra- phitage des becs, c’est-à-dire leur encrassement par un dépôt de charbon finissant par boucher les oritices du brüleur ; ce fut encore M. Bullier qui eut l’idée de construire des becs spéciaux, dans lesquels l’acétylène pût se mélanger à une proportion convenable d'air immédiatement avant d'être brûlé. Après avoir montré tous les dispositifs d'éclairage basés sur ce principe, l'auteur expose l'étude complète d’une installation d'éclairage privé et d'éclairage publie, en terminant par la transcription des règlements administratifs qui ré- gissent les usines à acétylène à Paris et dans les dé- partements. Un certain nombre de renseignements techniques, mis en appendice, viennent encore confirmer les in- tentions de M. Robine, qui a voulu faire avant tout un guide pratique et y a réussi. Euice DEMENGE, Ingénieur civil. Fritseh (J.), Zngénieur-chimiste. — Fabrication et raffinage des Huiles végétales. — 1 vol. 1n-8° de 579 pages avec 83 figures. (Prix : 12 fr.) H. Desforges, éditeur. Paris, 1905. Ce volume, qui s'adresse aux industriels et aux négo- ciants, donne des indications assez complètes sur la technique de l’industrie des corps gras. L’extraction, puis la purification de l'huile, sont les parties les plus importantes de cette technique. L'extraction s'opère soit au moyen des presses, soit au moyen de dissolvants (sulfure de carbone, benzine, tétrachlorure de carbone). L'auteur ne se prononce pas en faveur de l’une ou l'autre de ces méthodes, qui ont chacune leurs applica- tions. Au sujet de l’épuration, l'auteur cite les brevets assez nombreux pris à ce sujet. 426 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX L'auteur a complété son volume par la description des | méthodes d'analyse élaborées par MM. Müntz, Durand et Milliau. X. RocQuEs. | La Fonderie moderne. — 1 broch. in-8° de 80 pages et 60 figures. (Prix :2 fr. 50.) Bibliothèque pratique du Mois scientifique et industriel. Paris, 1905. Les publications concernant l’art du fondeur sont peu nombreuses et, en général, peu pratiques. L'objet de la présente brochure est précisément de jeter quelque clarté sur une question encore obscure. Nul doute que la lecture de ce petit travail ne rende ser- vice aux intéressés, et c’est là le but essentiel, 3° Sciences naturelles Mission scientifique du Bourg de Bozas : De la Mer Rouge à l'Atlantique à travers l'Afrique tropicale (octobre 1900-mai 1903). Carnets de route. Préface de M. R. DE SaiNT-ARROMAN. — 4 vol. in-4° de 442 pa- ges, avec 172 illustrations et3 cartes (Prix : 30 fr.). F.-R. de Rudeval, éditeur, Paris, 1906. La Mission du Bourg de Bozas aura donné d'intéres- sants résultats géographiques et scientifiques. Elle ne doit pas son importance à ce qu'elle a effectué une traversée complète du continent noir, mais plutôt à ce qu'elle a suivi des itinéraires nouveaux dans l'Afrique orientale, où elle a reconnu le massif du Harar, déter- miné le cours moyen du Ouabi-Chébili et du Oueb, étudié les mœurs des riverains, recueilli quelques notions nouvelles sur le pays Galla et sur la capitale du Négous, et surtout exploré l'Ethiopie méridionale, le pays sauvage du Tourkouana et les contrées du Haut- Nil. La Mission avait déjà atteint le bassin du Congo lorsque son jeune et courageux chef rendit le dernier soupir; elle élait au terme du voyage et n'avait plus qu'à descendre le fleuve. Fort bien organisée par le vicomte du Bourg, qui s'était entouré de collaborateurs de valeur: le D' Brumpt, le lieutenant Burthe d'Annelet, MM. de Zeltner, Golliez, Didier, la Mission avait donc pu, malgré la catastrophe survenue, remplir entièrement son programme, qui, au point de vue scientifique, avait été tracé par une Com- mission composée de MM. Grandidier, Hamy, Perrier et Maunoir. Les résultats scientifiques proprement dits serontprochainement publiés dans quatre fascicules ex- clusivement consacrés à la Géologie et à la Botanique, à la Zoologie, à l'Ethnographie, à la Pathologie et à la Parasitologie des pays explorés par la Mission. Ce qui est donné aujourd'hui dans ce volume, c’est le récit du voyage écrit, d’après les carnets de route de Robert du Bourg, par un agrégé de l'Université, M. Fer- nand Maurette. On y trouvera l'expression fidèle des pensées et des actes du chef de la Mission, et l’on pourra voir, par les observations scientiliques et géographiques nombreuses qui y sont relalées, que sa préoccupation constante avait été, au cours de ce long voyage, de faire une œuvre profitable à la science. Ce ne sont donc pas de simples récits d'aventures et d’exploits cynégétiques que M. Maurette a tiré des notes du vicomte du Bourg, bien que celui-ci ait été un passionné de chasse, mais bien une relation d'un explorateur consciencieux, qui n'a laissé passer aucun fait notable, aucune observa- tion imstructive sans les consigner dans son journal. Trois bonnes cartes permettent de suivre les itiné- raires des voyages; elles sont suffisamment détaillées et donnent une idée nette de la configuration du pays et de ses divers aspects forêts, savanes, steppes, marais, cultures. On voit de suite, à la seule inspection de la deuxième carte, combien est curieuse cette région lacustre, encore si mal connue, qui s'étend au Sud et au Sud-Est d'Addis-Ababa et qui a été particu- lièrement étudiée par la Mission. C'est le Graben, la « fosse » de l'Afrique orientale, que le vicomte du Bourg s'élait proposé de suivre, dépression où dort une ligne | d'eau presque continue de la vallée de l'Aouache au Stéphanie, entre les montagnes du Gouragué et du damo, hautes de 3.000 mètres. Il explora particulière ment les deux plus grands et en même temps les der moins connus des lacs du Graben: les lacs Abassa Abbay. Soucieux de tout ce qui touche à la sciene du Bourg de Bozas notait soigneusement les plant qu'il rencontrait auprès de ces nappes d’eau, puis qu'il observait de la faune terrestre et de la faune aqua tique. C'est de cette facon que l'ouvrage, qui est vraiment son œuvre, contient à chaque page de précieuses indien cations. Plus loin, c’est la région, fort peu connue malgré explorations de Donaldson Smith, qui borde le Ja Rodolphe à l’ouest et s'appelle le Tourkouana, que du Bourg devait faire connaître. Il décrivit le pays rectifiant sur beaucoup de points ce que l'on en savait montrant, par exemple, que ce que Bottego et d’autres ont appelé des rivières, comme la rivière Bass, ne son que des vallées à sec terminées par des marécages Les monts Péleketch, vers le sud du Tourkouana furent aussi inspectés et un pic qui paraissait domine tout le massif fut appelé pic du Bourg de Bozas. En voilà assez pour montrer combien fut importante Ja contribution apportée par la Mission à la conn sance de cette partie de l'Afrique. Des régions à pei entrevues furent explorées, les itinéraires des précédents voyageurs reliés et, sur les routes moins ignorées, We pays fut étudié en détail et bien des erreurs rectifiée Non moins considérable, nous pouvons l’affirme déjà par le volume qui vient de paraître, a été l’apponl fait par la Mission à l'Ethnographie. Des peuplades en* tièrement nouvelles furent étudiées dans cette Afrique. orientale où le contact peut être saisi entre le domaine des races sémitiques et celui de la race nègre; quan aux peuples déjà bien connus, ils furent l’objet, de Ja part de la Mission, d'observations du plus haut intérê Nous trouvons par exemple, dans ce volume, de très nombreux détails sur les Somalis, les Gallas, les Dje bertis. Dans le Graben, la Mission étudia les deux races gallas, Aroussi et Sidamo. Les Basketo furent la pre mière tribu nègre, jusque-là inconnue, que rencontrà la Mission; puis ce furent les Karo et, au delà du la Rodolphe, les Tourkouana, féroces guerriers qui app rurent au vicomte du Bourg comme un ensemble tribus de chasseurs et de pasteurs demi-nomades. Et laissant les Tourkouana, il trouva les Lodousso, appat tenant à la grande tribu des Karamodjo, puis, en appr@ chant du Nil, les Soudanais-Choulli. De nombreuse reproductions de types de toutes ces peuplades et di leurs diverses tribus constituent, dans le volume, dé documents d'autant plus intéressants qu'elles donnent! ces types à la fois de face et de profil. Sous une appa rence très séduisante, le journal de route du vicomt du Bourg de Bozas est, on le voit, un ouvrage de science GUSTAVE REGELSPERGER. Hitier, /ngénieur agronome, Maïtre de Conférences l'Institut national agronomique. — Plantes indus trielles. — 1 vol. in-18 de l'Encyclopédie agricole (Prix: 5 fr.) Baïllière et Cie, éditeurs. Paris. Dans un volume rempli de renseignements sûrs et conseils judicieux, M. Hitier expose l'état actuel de culture des plantes industrielles en France. Les développements relatifs à chaque plante ont é proportionnés à l'importance économique. La culs ture de la betterave industrielle occupe 200 pages Cent pages sont consacrées à la pomme de terre; cenb aux plantes oléagineuses (colza et œillette) et aux planté ‘textiles, lin et chanvre; cent aux plantes industrielles diverses : topinambour, chicorée à café, houblons tabac, osier, safran, sorgho à balais, chardon à foulons Pour chaque plante, l’auteur étudie en détail le mode de végétation, les variétés, le climat, le sol, la fumure, les assolements, les procédés de culture et les soins, culturaux. Û Comme agriculteur, comme professeur, Comme BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 427 “enquêteur chargé du contrôle des travaux de vacances des élèves de l’Institut agronomique, l'auteur a pu réaliser une documentation sûre, précise, variée, qui ‘donne à son ouvrage une réelle valeur pratique. E. RABATÉ, Ingénieur agronome. 4° Sciences médicales » Dantec (Félix), chargé de cours d'Embryologie à - Ja Sorbonne. — Introduction à la Pathologie géné- - rale.— 1 vol. 1n-8° de X-504 pages, avec fiqures. (Prix: 45 francs.) Alcan, éditeur. Paris, 1906. - Depuis dix ans, M. Le Dantec s'efforce de dégager la philosophie des nombreuses questions de Biologie énérale abordées par les chercheurs du xix° siècle. Il ait logique et naturel qu'il songeät à s'attaquer aussi l'une des questions les plus philosophiques de laPatho- ogie générale, celle du mécanisme de l'infection et de immunité. Cette question ne se trouve-t-elle pas liée ntimement à celles de Biologie générale que l’auteur a js l'habitude d'exposer? Par la phagocytose, ne che-t-elle pas les problèmes de l’atrophie, des méta- Mmorphoses et, en dernier ressort, de la digestion intra- Ilulaire? Le vaste domaine des cytotoxines, qui n’a é exploré que grâce à des travaux préliminaires sur mmunité antimicrobienne, n'appartient-il pas à la Biologie générale ‘? Le livre que publie aujourd'hui M. Le Dantec est donc une suite logique de ceux qui l'ont précédé et surtout “du Traité de Biologie paru deux ans et demi aupa- ravant (analysé dans cette evue, t. XIV, p.961). Etl’on a cette impression très nette, tant à la lecture de la table “des matières qu'à celle du livre même. A chaque instant, des passages entiers du Traité de Biologie sont résumés dans le but de faire mieux saisir les faits de « Patho- ogie générale » que l’auteur expose. Les faits relatifs ux cytotoxines tiennent aussi, et à juste titre,une très arge place et préparent à l'intelligence des anti- orps microbiens. M. Le Dantec ne dit-il pas (p. 53) : & La Pathologie étudie des éléments différentiels dont Biologie étudie l'intégrale. » Comme toujours, M. Le Dantec use peu des travaux première main. Dans le cas particulier, il ne pouvait mieux se documenter qu'avec le livre de M. Metchnikoff : MD'immunité dans les maladies infectieuses. Comme le ivre date de quelques années, il a complété sa docu- Mmentation dans le Pulletin de l'Institut Pasteur, qui, r sa nature même, est amené à traiter, entre autres Choses, des questions qui intéressaient M. Le Dantec Introduction, p. 44). D'ailleurs, par son passage à mstitut Pasteur, M. Le Dantec était particulièrement en préparé pour s'assimiler l'énorme quantité de faits 'embrassait son sujet. Je ne m'attarderai pas à relever tel ou tel point où lauteur a exagéré la portée des documents qui ser- ient de base à son développement, ou encore quel- es inadvertances (exemple : on sait, depuis Juin 1903, e le virus rabique passe à travers certaines bougies rkefeld). L'intérêt, dans les livres de M. Le Dantec, est pas là. Il est surtout dans la facon de raconter, lans la narration des faits. C’est d’ailleurs une de ses | | « Il est assez difficile, dit M. Le Dantec en parlant de la écouverte des cytotoxines, de déterminer delle idée pré- conçue a conduit les expérimentateurs dans cette voie Liéconde… » (p. 163). Je ne pense pas qu'il y ait eu idée pré- | concue. Metchnikoff a raconté (Ann. Inst. Pasteur, 1899. | p.143) comment, injectant du sang d'oie renfermant des Sigles dans la cavité du corps des cobayes, il vit qu'en Tépélant l'injection les hématies se dissolvaient en partie | en dehors des leucocytes. Partant de là, M. Bordet, qui étu- diait déjà les cytotoxines naturelles, put obtenir des cyto- | toxines artificielles et, préparé par ses travaux antérieurs sur limmunité antivibrionnienne, débrouiller leur mode | d'action. Dans ce cas, comme dans la majorité, le hasard a donc joué un rôle dans la découverte; mais il n'aurait rien | donné si le terrain ne s'était pas trouvé particulièrement bien préparé, idées favorites que le développement des sciences et surtout de la Biologie est souvent entravé par le lan- gage dans lequel on raconte les faits. Le nouveau livre mérite donc d'être surtout envisagé à ce point de vue. M. Le Dantec a rencontré, dans ce domaine, un lan- gage compliqué dont M. Ehrlich-est surtout respon- sable. Dans plusieurs de ses livres, M. Le Dantec s’est attaqué aux idées de M. Weissmann; il voit, dans les théories de M. Ehrlich, « une erreur de méthode com- parable à celle de M. Weismann » (p. 184, note). C'est ainsi qu'en traitant les diastases, les toxines (les albuminoïdes mêmes, dont il n’est pas question ici), comme des corps chimiques définis, dont les propriétés seraient complètement déterminées par la constitution de leur molécule, on « crée des entités dont on a ensuite la plus grande peine à se débarrasser » et l’on est con- duit à faire des travaux nombreux dont la majeure partie restera probablement sans valeur. Quand on considère les travaux trop nombreux con- sacrés à l'isolement des diastases, les conceptions com- pliquées auxquelles a conduit l'assimilation des actions d’antitoxines à des ensembles d'actions chi- miques simples, on ne peut manquer de penser que la critique de M. Le Dantec porte juste sur beaucoup de points. En l'état actuel de nos connaissances, ce que le langage chimique a de plus condamnable, c'est l'abus qu'on en fait, et la critique, qui porte pour Ehrlich, ne saurait atteindre ceux qui emploient le même langage simplement parce qu'ils ne s'intéressent pas assez à cet aspect particulier de la question pour éprouver le besoin d’en changer. Il est certain que le langage chimique a contribué à embrouiller beaucoup de questions de Biologie, au sujet desquelles il eût mieux valu raconter les expériences le plus « naïvement » possible et essayer, lorsqu'il s’agis- sait de grandeurs mesurables, de relier les données expérimentales par des lois, des courbes ou des for- mules qui ont l'avantage de n'introduire d'autre hypo- thèse que celle de la continuité des phénomènes. M. Le Dantec, lui, préfère essayer de raconter, dans ce qu'il appelle le langage de l'équilibre, les phénomènes d'immunité et de sérothérapie et faire appel, pour les expliquer, à l’état colloïdal des matières vivantes, état dans lequel il faudra, le plus souvent, chercher la cause de leurs propriétés et des variations de ces propriétés. Certes, devant l'échec de la théorie chimique, c’est vers les propriétés colloïdales de la matière vivante que s’est porté l'espoir de beaucoup de ceux qui cherchent une théorie de l’action des diastases, des toxines et de leurs anticorps. Mais il faut bien reconnaître que les explica- tions ne sauraient avoir encore une grande précision, étant donné l’état actuel de nos connaissances, et le « taux » que l’auteur attribue aux éléments de l’orga- nisme ne nous paraît pas aider beaucoup à l'intelligence. En fait, les travaux récents de Neisser et Friedemann, Bechhold, V. Henrietses collaborateurs, laissent espérer une explication des réactions des toxines sur les anti- toxines, mais on n'entrevoit encore aucune lumière au sujet de la question capitale de la spécrilicite des anti- toxines, ni de leur mode de formation. Pourquoi une toxine déterminée provoque-t-elle la formation d'une antitoxine déterminée ? Nous avons essayé de montrer dans quel esprit parti- culier était conçu le nouveau livre de M. Le Dantec. Il a les qualités philosophiques de ses devanciers et prin- cipalement celle-ci, qu'on ne saurait trop louer : c'est de forcer l'esprit à réfléchir sur la définition, la signi- fication des faits et des mots qu'on croit le mieux con- naître, et qui nous paraissent presque banals. 1’ «Introduction à la Pathologie générale » sera accueillie avec la même faveur que les autres ouvrages de M. Le Dantec; les philosophes et nombre d'esprits cultivés y gagneront, entre autres choses, des no- tions générales sur une des branches de la Biologie les plus neuves et les plus riches de faits et d'aperçus généraux. F. MESNIL, Chef de Laboratoire à l'Institut Pasteur. 428 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 9 Avril 1906. 40 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Em. Picard com- munique quelques remarques sur deux problèmes de Physique mathématique se rattachant à l'équation de M. Fredholm. — M. J. Clairin étudie les transforma- tions des systèmes d'équations aux dérivées partielles du second ordre. — M. M. Brillouin a déterminé les courbures du géoïde dans le tunnel du Simplon à l’aide de la forme modifiée par lui de l'appareil de M. Eütvôs. Il a constaté que l’ellipticité du géoïde dépasse 50 à 100 fois celle de l’ellipsoide; elle est très variable en crandeur et en direction à l'intérieur du tunnel, et très différente de ce qu’elle est à l'extérieur. — M. G. Bi- gourdan décrit un moyen de contrôler un système d'horloges synchronisées électriquement. 2° ScIENCES PHYSIQUES. — M. Ch. Mauraiïn a préparé par pulvérisation cathodique des lames métalliques minces qui ont la propriété remarquable d'être très fortement dichroïques; de plus, leur conductibilité électrique varie avec la direction; enfin, ces lames sont biréfringentes et les sections principales coïncident avec les directions d'absorption lumineuse et de con- ductibilité maximum et minimum. — M. J. Amar à constaté que l’osmose gazeuse à travers une membrane colloïdale desséchée ne se conforme ni aux lois expé- rimentales de Graham et Bunsen, ni aux théories de Stefan et O. Meyer. — M. J. Becquerel a étudié les variations des bandes d'absorption d'un cristal de xénotime placé dans le champ magnétique, lorsque le rayon lumineux est dirigé suivant les lignes de force. — MM. G. Claude et R. J. Lévy présentent un appa- reil pour la production de vides élevés à l’aide de l'air liquide. Le procédé consiste à faire le vide en plusieurs stades : d’abord au moyen d'une pompe dans l'enceinte à vider et dans plusieurs récipients à air liquide, qui sont ensuite immergés et mis hors circuit successive- ment. — M. Marage montre que le son de résonance peut servir à caractériser les propriétés acoustiques d’une salle ; pour que l’acoustique d'une salle soit bonne, la durée d’un son de résonance déterminé doit être sen- siblement constante pour toutes les places et toutes les voyelles; elle doit être comprise entre 0,5 et 1 seconde. — M. H. Buisson a éludié quelques propriétés de deux cubes de quartz très limpides de # centimètres et de 5 centimètres d'arète. La densité, la dilatation, la réfrin- gence et la biréfringence, le pouvoir rotatoire sont plus faibles pour le cube de 5 centimètres que pour celui de 4 centimètres. Le quartz, même très bien cristallisé, n'est donc ni pur, ni homogène. — MM. L. Rotch et L. Teisserenc de Bort déduisent des résullats de leurs sondages aériens dans la région des alizés que les vents de nord-ouest (contre-alizé de M. Hergesell) n’ont pas, dans cette région, l'épaisseur qui leur à été attribuée, puisqu'ils font place au contre-alizé classique des régions sud entre 2.500 et 4.000 mètres. — M. CI. Rozet à observé au lever et au coucher du Soleil, sur un écran blanc recevant la lumière par une fenêtre ouverte, des bandes sombres analogues à celles qui se produisent pendant une éclipse de Soleil. — M. F. Dienert a con- staté que les sources de la Vanne sont aussi radio- actives que celles de l'Avre, mais elles le sont beaucoup moins que celles de la Dhuys: il n'y a aucune relation apparente entre la conductibilité électrique et la radio- activité. — M. J. Cavalier a préparé les pyrophos- phates neutres d’un certain nombre d’alcools; ce sont des liquides ne pouvant être distillés. La cryoscopie dans le benzène montre qu'ils ont un poids moléculaire cor respondant bien à la formule P*07R'. — M. A. Duboin. a obtenu, par évaporation de diverses liqueurs d'iodo= mercurate de baryum, les corps Bal®.5lIgl?.8H20 2 Bal°.3Hgl%.16H°0 ; 3 Bal°.5Hgl°.21H°0. — M. Em. Vi gouroux, par union directe du fer et du molybdène, formé une série de ferromolybdènes purs, fondus atteignant des teneurs voisines de 80 /,. Ces ferromor lybdènes abandonnent quatre corps répondant à des formules de composés définis : Fe’Mo, Fe* Mo?, Fe Mo et Fe Mo°. — M. L. J. Simon explique, par la juxtapo sition dans la même molécule de la fonction cétonique et de la fonction acide, la stabilité de l'acide diéthane pyruvique en solution alcoolique et sa décomposition: au sein de l’eau. — MM. Ch. Moureu et J. Lazennec en condensant les amides acétyléniques avec les phé nols, ont obtenu les amides éthyléniques &-oxyphé nolées, qui sont hydrolysées par l'acide sulfurique er CO®,AzHS, acétone et phénol correspondants. — M. G André a étudié les variations de l'azote et de l'acide phosphorique dans les sucs d'une plante grasse, Mesembrianthemum eristallinum. L'acide phosphoriqué et l'azote solubles présentent les mèmes maxima au mêmes périodes de végétation.—M. J. Tribot a déter- miné la composition et la chaleur de combustion de os du squelette, en fonction de l’âge, chez les cobayes La teneur en matières minérales passe par un maxis mum vers le 150€ jour, puis décroit jusqu'aux environ de 555 jours, époque à laquelle-elle devient sensiblement constante. La chaleur de combustion passe par un ma ximum dansles premiers jours de la croissance et atteimi son minimum vers le 450° jour. — MM. M. Piettre et A. Vila ont reconnu que le phosphore est un élémen prédominant dans la composition de la substanck nucléée des hématies d'oiseaux et qu'il y existe en forte proportion à l’état de combinaison organique. 30 SCIENCES NATURELLES. — MM. J. Beauverie A. Guilliermond ont observé dans diverses graines d globoïdes et certaines granulations ressemblant, pa quelques-unes de leurs propriétés, aux corpuscu métachromatiques. — MM. H. Jumelle et H. Perrie de la Bathie signalent l'existence à Madagascar d’un Khaya distinct des deux espèces déjà connues au Séné et dans l'Angola; ils le nomment À. madagascariens Le tronc sécrète une gomme sans tanin. — M. E. Bréa montre que la stérilisation superficielle des graines par la bouillie cuivrique n’a pas seulement pour €@ de prévenir les maladies cryptogamiques; elle favori en mème temps la levée des semences et assure u meilleure utilisation de leurs réserves. — M. M. C valier a reconnu que les glaciers pléistocènes ont eu une bien moindre extension sur le versant espagnol des Pyrénées que sur le versant français; ce fait doit ètre attribuable à un phénomène analogue à celui di foehn dans les Alpes. — M. Ed. Bonnet a constaté, qu'au Maroc septentrional et dans le nord-est de PES» pagne, les conditions climatériques ne s'étant pas s@ siblement modifiées ont permis à certaines espèces tel que les Cinnamomum Scheuchzeri et Salix angust de persister jusque dans le Pliocène, alors que, d& l'Europe centrale et la vallée du Rhône, elles vien par suite du changement de climat, disparu dès la Him du Miocène. — M. L. Cayeux montre que le minerai de fer de Grandpré (Ardennes) s’est formé aux dépens, d’un dépôt originellement très glauconieux, dont glauconie s’est altérée et transformée, en grande parte; | enlimonite. Sa structure et son origine l'éloignent des miverais oolithiques avec lesquels il avait élé coms fondu. a ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 429 M. le Président annonce le décès de M. S. P. Lan- | ey, Correspondant de l'Académie. MI° SCIENCES PHYSIQUES. — M. L. Malassez décrit plu- sieurs procédés d'évaluation de la distance foco-faciale bpostérieure des objectifs microscopiques, c'est-à-dire kde la distance comprise entre le foyer postérieur de jectif et sa face postérieure. — M. E. Vigouroux ique les propriétés des quatre constituants des fer- molybdènes : Fe’Mo, D—%$,90, non magnétique; Mo’, D—9,16, non magnétique: FeMo, D —9,01, non agnétique; FeMo®, D—9,%1; non magnétique. — . L. J. Simon et G. Chavanne ont observé que le yoxylate d'éthyle donne avec l'ammoniaque une réac- caractéristique, qui consiste en la formation d'un cipité d'abord blanc, virant au jaune, orange, rouge nfin au noir bleu très intense. Cette réaction est ès particulière à cet éther. — M. E. Demoussy à oennu que l’amidon offre tous les caractères d'un de faible, comparable à l'acide carbonique, et en | a se rapproche des autres hydrates de carbone. mme eux, il contracte avec les hydrates métalliques es combinaisons dissociables par l’eau et peut, en utre, absorber de petites quantités de sels neutres. — l P. Gaubert a déterminé le coefficient de partage bleu de méthylène entre une solution de ce corps b des cristaux d'acide phtalique plongés dans cette lution et colorés par elle. Ce coefficient est à peu s constant, ce qui indique que la molécule de bleu 8 méthylène se trouve sous le mème état dans les cris- ux et dans la solution; on a donc affaire à une véri- le solution solide. © SCIENCES NATURELLES. — M. S. Meunier à exposé, endant le brouillard sec et jaunâtre du {1 avril à aris, des plaques glycérinées pour retenir les pous- ères de l'atmosphère, L'examen microscopique de elles-ci a révélé une identité complète avec la cendre etée par le Vésuve en 1822. Le brouillard du 11 avril ait donc en relation avec l'éruption actuelle du LVésuve. Séance du ?3 Avril 1906. “M. le Président annonce le décès de M. P. Curie membre de l'Académie. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Eug. Fabry pré- ente ses recherches sur les courbes algébriques à tor- n constante qui se déduisent de trois polynomes. — H. Taber étudie les groupes réductibles de trans- ormations linéaires et homogènes. — M. G. Lery mmunique ses recherches sur l'équation de Laplace eux variables. — MM. G. Millochau et M.Stefanik se roposent d'étudier la couronne solaire en dehors des lipses en photographiant les régions voisines du bord olaire au moyen du spectrohéliographe, en isolant ans la seconde fente la raie À— 5.303 et en éliminant dlumière des autres radiations au moyen d'un écran vert approprié. 2 ScreNces PHYSIQUES. — M. Devaux-Charbonnel a dié les courants engendrés dans l’électro-aimant nm diapason électrique. Ils sont loin d'être sinu- didaux, mais présentent un sommet très aigu et une, Jeux ou trois encoches, suivant la résistance inter - ée; ils donnent lieu à des effets d'induction élec- statique très marqués.— M. M. Yégounow a constaté “que le rapport du coefficient de diffusibilité K à la (k vitesse du mouvement y dans une section donnée d'un milieu est une grandeur constante pour les solutions uimoléculaires de toutes les substances. Quand la | Concentration x varie en progression géométrique, la Litesse v varie en progression arithmétique. La déter- | nation du poids moléculaire peut être faite d'après les tables des rapports K à r.— M. G. Urbain a déter- miné le poids atomique du terbium par dosage de l'eau dans le sulfate octohydraté Th:{S0:)°8H20. Il trouve D— 159,22 pour O—16. 11 donne également la liste des principales raies du spectre d’étincelle du terbium. 1906. , er D US EE ET SO D, ue sn ; | REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES ES; Séance du 17 Avril 1906. | — M. H. Baubigny indique des procédés de dosage du cadmium dans un sel volatil ou organique. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. H. Carré montre que la maladie des chiens est une affection à étiogénie complexe, due à des infections successives et dans une étroite dépendance. La première, seule spécifique, est due au virus filtrant qui, en plus de son pouvoir patho- gène propre, annihile la défense phagocytaire de l'animal infecté, et livre ainsi passage à d'autres agents microbiens variables, qui créent des lésions secon- daires non spécifiques. — M. E. Joukowsky a observé une mollasse à Turitelles et une couche lignitifère à Congtries dans la presqu'ile d’Azuero (Panama). — MM. M. Lugeon et E. Argand montrent que les masses de calcaires seconuaires des Madonie et de la Sicile occidentale, ainsi que celles de l'archipel des Egades, appartiennent à une immense nappe de charriage plus ou moins compliquée; elles ne sont que des lambeaux de recouvrement ou des lames de charriage supportées par l'Eocène moyen ou plus ou moinsenfouies dans ce dernier. — M. A. Lacroix adresse de Naples quelques observations sur l'éruption du Vésuve. La caractéris- tique essentielle du paroxysme actuel réside dans la coexistence de deux ordres de phénomènes qui, tous deux, ont été intenses et destructeurs : 1° production d'importantes coulées de laves épanchées rapidement; 2° phénomènes explosifs extrèmement violents. ACADEMIE DE MEDECINE Séance du 10 Avril 1906. MM. A. Poncet et R. Leriche montrent qu'il existe toute une catégorie de tumeurs bénignes adénoma- teuses, d’origine inflammatoire, qui relèvent de la tuber- culose. Cette infection engendre dans les glandes {en particulier le sein, le corps thyroïde), non seulement de l'hypertrophie et de la sclérose, mais l’adénome typique avec toutes ses formes évolutives. Les unes et les autres sont, maintes fois, des produits réactionnels de l'infection tuberculeuse, des localisations de la tuber- culose inflammatoire. M. L. Labbé critique cette rela- tion entre la tuberculose et certaines tumeurs, l'examen anatomo-pathologique ne révélant aucune trace des lésions habituelles de la tuberculose. — M. le D° Picqué communique une observation de décortication du poumon par le procédé de M. Delorme. Séance du 17 Avril 1906. M. A. Guépin adresse un travail sur les prostatites réveillées par la grippe. — M. Ev. Guyot envoie une Note relative aux effets de l'introduction de l'extrait de la graine de cotonnier dans l'alimentation des nour- rices. Séance du 2% Avril 1906. M. le Président annonce le décès de M, V. Pauwlet, Correspondant national. SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE PARIS Séance du 23 Mars 1906. M. Mermet à envoyé une note montrant que l’on peut obtenir un mélange ininflammable de sulfure de carbone et de chlorure de carbone et qu'il peut être utilisé pour la cristallisation du soufre. Le chlorure de carbone peut être également employé pour la prépara- tion des chlorures d'aluminium, de silicium, etc. Il remplace avantageusement le chlore et le charbon uti- lisés pour la préparation de certains chlorures à partir des oxydes. — MM. Ch. Moureu et I. Lazennec ont préparé quelques amides et nitriles acétyléniques. Ces composés fournissent avec les alcools et les phénols des produits de condensation résultant de la fixation de la molécule alcoolique ou phénolique sur la liaison acétylénique. Leur constitution est établie par l'étude des produits résultant de leur hydrolyse. — M. A. Mou- neyrat montre que l’on peut doser le fer colorimétri- g 430 quement en utilisant la coloration verte que des sels ferreux et ferriques, en solutions très diluées, donnent avec l'hydrogène sulfuré en présence de l'ammoniaque. — M. A. Haller, au nom de M. E. Bauer et au sien, communique des recherches sur des dérivés des bor- néols et sur leurs produits de déshydratation. Quand on réduit le benzylcamphre droit au sein de l'alcool par du sodium, on obtient deux benzylbornéols : CH — CH°CH5 CHE] 2 CHOH qu'il n'a pas été possible de séparer, mais qui se com- portent différemment vis-à-vis des agents déshydra- lants. Le mélange bout à 179-181° sous 13 mm., donne une phényluréthane fondant à 116-1189, ainsi qu'un phtalate acide fondant à 146°. Chauffé avec l'acide for- mique anhydre, l'acide acétique cristallisable ou l'anhy- dride phtalique, une partie du produit se scinde en eau et benzylcamphène, tandis que l’autre reste inatta- quée. Les auteurs en concluent que le benzylbornéol ainsi préparé est un mélange de benzylbornéol et de benzylisobornéol. Ils ont également préparé les benzyl- et phénylbornéols tertiaires, ou B, en faisant agir Îles composés organomagnésiens du chlorure de benzyle et du bromure de phényle sur le camphre. Ces corps ont pour formules : , CH? CH | Ne CH? oH CH | x OH . CH (où : UT : C— CIE — M. L. J. Simon, en poursuivant l'étude de la réac- tion de l'acide pyruvique sur l'uréthane : CH? — CO — CON + 9 AzH?CO?C2H5 CIE — OC — CO'H = IHE0 + COZC#HP — Az ÂzH — COCHE, a constaté que cette réaction est limitée par la réac- tion inverse à la manière d'une éthérification, bien que l'acide produit soit insoluble dans l'eau. La vitesse de décomposition à la température ordinaire est voisine de 0 gr. 15 pour 100 d'eau par heure. La décomposi- tion saccélère avec l'élévation de température. A la température ordinaire, la limite est voisine de celle de l'éthérification des éthers ou des acétals. Ce type de décomposition rappelle, par le nombre de molécules mises en jeu, la formation et la saponification des acé- tals. Il ne rappelle aucune réaction connue par le mode de liaison atomique des molécules intéressées. En solu- tion alcoolique, à décomposition ne se produit pas et l'on peut, à l'aide de cette solution, préparer les sels de l'acide uréthane-pyruvique avec des bases telles que la phénylhydrazine, l’aniline, la paratoluidine: le sel de phénylhydrazine est soluble dans l'eau; il y subit, lentement à froid, rapidement si l'on chauffe, une dé- composition qui met en liberté l'uréthane et qui pro- voque la précipitation de l'hydrazone pyruvique. Cette ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES expérience met bien en opposition la solubilité sans. décomposition dans l'alcool avec la décomposition par. l'eau de l'acide diuréthanepyruvique. — M. M. Delé- pine à continué ses recherches sur l'attaque du platimi par l'acide sulfurique à chaud. Il a aussi étudié l’attaquen du platine iridié à 10 °/,. Les deux métaux sont diss sous en même temps. Si à la solution sulfurique of ajoute du sulfate d'ammonium et fait bouillir, le pl& tine est précipité; l'iridium reste dissous et comm nique au liquide une couleur verte. Cette couleur vert passe au violet par ébullition avec l'acide nitrique. E solution verte contient les sels ammoniacaux de det acides iridosulfuriques, l'un vert et l'autre bruy D'autre part, M. Delépine à aussi étudié le sel dée par M. Lecoq de Boisbaudran comme sulfate d'iridiu et de potassium. C'est aussi un sulfate complexe, qui porte à trois le nombre des acides complexes irid sulfuriques. 1l montre les riches colorations des sels ces acides et exécute quelques expériences démontre que l'acide sulfurique y est masqué. — M. A. Gautier en son nom et en celui de M. P. Claussmann, monti que l’on peut doser de petites quantités d'oxyde de bone par le passage du mélange gazeux sur l'anhydrit iodique chauffé à 70°. L'oxyde de carbone mélangt une grande proportion de gaz inerte n'est pas absorl complètement par le chlorure cuivreux en soluti chlorhydrique. En présence de gaz combustibles, drogène et carbures, et d'une quantité insuffisant d'oxygène pour les brûler, c'est l'oxyde de carboneq reste inaltéré. . SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES Séance du 25 Janvier 1906. M. W. Burnside présente ses recherches sur groupe simple d'ordre 25.920, envisagé entièrermentau point de vue de la Géométrie projective. L'existenée d'un groupe de collinéations de cet ordre n'est pas posée à priori, mais l'auteur montre qu'elle découlex l'existence d'une configuration remarquable de poin de lignes et de plans dans l'espace, reliée à un group moins complexe de collinéations de l’espace. La méthot employée est uniquement synthétique et construeti — M. T. H. Havelock étudie /a double réfraction art ficrelle due à la distribution æolotropique, en appliqua ses résultats aux solutions colloïdales et aux chami magnétiques. Il considère la double réfraction dans l solutions colloïdales comme due à une déformation milieu, consistant dans un changement de l’assembl des particules colloïdales. Cette déformation peut êt produite par des tensions mécaniques provenant de que ces solutions possèdent une certaine rigidité. effets observés présentent une grande analogie ave double réfraction due à un champ magnétiques M. R. C. Maclaurin communique ses recherches la réllexion métallique et l'influence de la couche transition. 4° Dans la réflexion métallique, si la tra sition d’un milieu à l'autre est abrupte, l'incident principale est toujours près de l'angle quasi-polaris et est donnée très approximativement par la formule Seco—M+M—! (1+1/2 cos 2 &); 2° Même lorsque grand soin est pris de nettoyer la surface du métal transition de celui-ci au milieu voisin est toujours gt duelle, jamais abrupte. Ce fait s'accorde avecAle recherches expérimentales et théoriques sur la réflexi® par les substances transparentes comme le verre diamant; 3° L'influence de cette couche sur l'ellipt de la lumière réfléchie et sur la différence de pha entre la lumière polarisée perpendiculairemente parallèlement au plan d'incidence s'étend sur une plus grande échelle que pour les substances transparentes 4 L'épaisseur de la couche est à peu près du même ordre de grandeur que dans le cas des de ? transparentes; 5° La couche affecte considérablem l la position de l'incidence principale et aussi l'azimutl principal; 6° Par suite, la déduction des constantes optiques d’un métal des seules observations de Pine | ce | À | | | ) | ence principale et de l'azimuth principal est sujette à une forte erreur; 7 Quatre constantes sont nécessaires ir représenter les propriétés optiques d'un réflecteur Jlique, dont deux dépendent de la nature de la uche de transition; 8° Avec ces quatre constantes, on ent un bon accord entre la théorie et l'expérience ce qui concerne à la fois l'intensité de la lumière échie et la différence de phase entre les lumières arisées perpendiculairement et parallèlement au plan meidence. — M. A. G. Greenhill adresse ses études Dlintégrale elliptique de la théorie électro-magné- ique. — M. J. Muir présente ses recherches sur la Suntension dans le fer par traction et compression. L'au- ur a étudié un échantillon d'acier qui obéit à la loi de oke jusqu'à ce qu'un raccourcissement permanent idain se produise à la charge de 21 1/2 lonnes par uce carré; à cette charge, la lecture sur un exten- ètre de compression d'Ewing varie de 241 à 2,900 que la charge augmente. Ce raccourcissement anent au point de relâchement à la compression pratiquement égal à l'extension au point de relà- ment à la traction de la mème matière. Un second Ssai de compression sur le même spécimen, après tour de la surtension de compression, montre que le at de relächement à la compression s’est élevé en fois de 4 tonnes par pouce carré. C’est approxima- ent la valeur dont le point de relâchement à Ja on peut être élevé par la surtension à la traction. atres expériences ont été faites pour étudier com- nt se comporte à la compression l'acier préalable- at Soumis à une surtraction. Elles montrent que r peut être trempé par une surtraction de facon à Ster à des tensions supérieures à la fois à la trac- net à la compression, quoique la substance ainsi mpée résiste toujours à une plus grande tension à clion qu'à la compression. — M. P.E. Shaw pré- tune machine de mesure électrique pour les étalons Mongueur à bouts et autres corps semblables. Dans Esmachines actuelles, l'étalon repose contre une des oires, fixe, de la machine, tandis que l'autre aire se déplace au moyen d'une vis micromé- que jusqu'à ce qu'elle touche l’autre extrèmité de on; le contact est indiqué par un dispositif méca- e variable. A ce procédé de contact mécanique, “peut provoquer des erreurs, l'auteur substitue, ans sa nouvelle machine, un procédé de contact élec- € par une pointe, beaucoup plus sensible que cienne méthode, M. A. Gray décrit ses herches sur l'alliage magnétique de Heusler (man- èse-aluminium-cuivre). Un des échantillons exa- S contenait 26,5 °/, de Mn, 14,6 °/, d’Al et le reste ivre; l'intensité de magnétisation induite par un mp d'environ 8 unités C. G. S. était approximative- de 105. L'autre barreau contenait 16 °/, de Mn, d'Al, un peu de Ph et le reste de cuivre. Après in été tourné, ce barreau fut trouvé pratiquement magnétique. On supposa que le chauffage et les rations qu'il avait subis pendant le tournage avaient Quit sa qualité magnétique, et l'on essaya de la arer par un traitement thermique. Après chauffage C. et refroidissement lent, il retenait une quan- pie onsidérable de magnétisme sous l'action d'un mp magnétique. L'immersion dans l'air liquide pro- ibune légère augmentation de susceptibilité magné- : Des chocs répétés à 100° produisent une réduc- considérable du magnétisme résiduel, mais la Meur originale fut restaurée en appliquant à nouveau | champ magnétique. Le chauffage à 400° C., suivi d'un ‘froidi K {01 ssement rapide par immersion dans l'eau de, ramène l'alliage à l'état pratiquement non lasnétique; dans cet état, l'immersion dans l'air quide produit une augmentation de la susceptibilité aënélique. — M. W. Spens étudie la relation entre Pression osmotique et la tension de vapeur dans une ‘ation concentrée. Il arrive à la relation : Pv—sp log pl, où P est la pression osmotique, p' la tension de a de la solution, p celle du solvant pur, s le ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 431 volume spécifique de la vapeur et v° l'augmentation de volume d'une grande quantité de solution à une pres- sion hydrostatique P—p quand l'unité de masse du solvant y est ajoutée. Cette formule diffère de celle de Lord Berkeley et M. Hartley: Pu— sp log p/p' (où u est le volume spécifique du solvant) par la substitution de v* à u. La seconde peut se déduire de la première en supposant que la pression osmotique est indépendante de la pression hydrostatique du solvant. — M. F. T. Trouton et Ml: B. Poole présentent leurs recherches sur la pression de vapeur en équilibre avec des sub- stances retenant des quantités variables d'humidité.Les substances employées sont d'abord desséchées en pré- sence de l'air sur P*05 et leur poids est déterminé. Puis elles sont exposées aux conditions atmosphériques ordinaires et leur poids observé de temps en temps, l'état hygrométrique de l'atmosphère étant déterminé simultanément. Tandis que le poids W d'humidité dans la substance reste le même, la quantité d'humidité dans l'air peut varier beaucoup, mais dans chaque cas le rapport hygrométrique (c'est-à-dire celui de la pres- sion de vapeur p dans l'atmosphère à la pression de saturation P pour la même température) est le même; autrement dit, on à : W—f (p/P). Les auteurs justi- fient cette formule par des considérations ther- modynamiques. Ils arrivent également à la relation W,—W}: 100 — H stance à l’état de saturation et W le poids à l'état hygro- métrique H, relation vérifiée par l'expérience. — M. M. Wilderman poursuit ses recherches sur les piles galvaniques produites par l'action de la lumière 11). 1 donne de nouvelles preuves que la vitesse de réaction chimique et l'équilibre chimique dans les systèmes homogènes suivent, sous l’action de la lumière, la loi de l'action de masse. Il montre expérimentale- ment que la f. é. m. produite par la lumière dans les différents systèmes consiste en deux f. 6. m. : l’une, créée par la lumière à température constante, est due à la variation du potentiel chimique ; l’autre (f. 6. m. thermique), produite simultanément par l'effet calori- fique de la lumière, est due à la variation du potentiel chimique avec la température. Les phénomènes observés par Becquerel et Minchin ne sont pas des phénomènes superficiels, mais leur combinaison forme des piles galvaniques inconstantes sous l’action de la lumière. L'auteur expose ensuite la statique et la dynamique chimiques des piles constantes réversibles par rapport au cathion et à l’anion, et leur théorie physico-mathématique. — M. H. Stansfield présente ses observations sur les pellicules de savon noires et grises décrites pour la première fois par Newton. On sait que Rücker et Reinold ont trouvé deux sortes de pellicules noires, dont l’une a une épaisseur double de l'autre. Les mesures de Johonnot ont montré que l'épaisseur de la pellicule noire la plus épaisse est de 12 uu, après quoi elle s'abaisse soudainement à 6 uy dans la pellicule la plus mince. De l'examen de pelli- cules planes verticales en lumière réfléchie, l'auteur déduit que le passage abrupt du noir épais au noir mince s'observe facilement avec des pellicules prove- nant d’une solution d’oléate de soude dans l’eau. Il trouve ensuite que le passage d’un noir à l'autre n'est que le dernier et le plus frappant d'une série de chan- gements analogues qui ont lieu quand une pellicule s’'amincit. Le phénomène d’amincissement parait être continu et graduel jusqu'à une épaisseur d'environ 100 uy; ensuite, il est accompagné d’une série de va- riations brusques. Les photographies obtenues mon- trent les deux pellicules noires et trois stades entre la partie colorée de la pellicule et le noir le plus épais, stades que l’auteur appelle premier, second et troi- sième gris. L'auteur étudie encore diverses apparences qu'on peut observer sur les pellicules de savon (taches colorées, épaississements lenticulaires, etc.).— M. W.T. Cooke a étudié la façon dont se comportent l'argon et Thélium à haute température vis-à-vis de divers éle- — constante, où W, est le poids de la sub- 432 ments. Quand un poids connu d'une substance est vapo- risé dans un volume donné de gaz chimiquement inerte vis-à-vis de cette substance, on peut calculer la densité de la vapeur, connaissant la température finale et la pression du mélange gazeux. Mais, si le gaz et la substance se combinent totalement, le composé résul- tant aura, en général, une plus grande densité que celle de la vapeur de la substance. Par conséquent, de hautes valeurs de la densité peuvent être considérées comme indiquant une combinaison chimique, mêmé si cette combinaison n’est que partielle. La méthode employée par l’auteur consiste donc à obtenir les valeurs des densités de divers éléments dans des gaz inertes (H, Az) et à comparer celles-ci aux valeurs trouvées dans le même appareil quand on prend comme gaz l’argon ou l’hélium. Des résultats obtenus, on déduit que le zinc et l’argon ont une tendance marquée à se combiner, la densité observée étant de 12 o/, plus élevée dans l'argon que dans l'azote; avec l'hélium, il n'y à pas de signe de combinaison. Le cadmium et l'argon ne présentent pas de tendance à se combiner, mais dans l'hélium la densité est de 12,4 °/, plus haute que dans l'hydrogène. Pour le mercure, les valeurs sont très irrégulières; les valeurs moyennes montrent une tendance à la combinaison avec Ar et avec He. L'arsenic et le soufre n'ont aucune tendance à se combiner avec ces gaz, tandis que le sélénium en à une légère. — M. W. Makower à étudié l'effet des hautes températures sur l'émanation du radium. L'ac- tivité de l'émanation du radium en équilibre radio- actif avec ses produits A, B et C est modifiée par chauf- fage au-dessus de 1.000° C.; l'effet augmente avec la température jusqu'à 1.200° C. et peut-être au-dessus. L'effet augmente avec le temps de chauffe pendant la première heure, mais un chauffage subséquent n'a plus d'action. Séance du 1 Février 1906. M. J. A. Craw présente ses recherches sur Ja filtra- tion des cristalloïdes et des colloïdes à travers la géla- tine, et en particulier sur la facon dont se comportent les hémolysines : 1° Il est préférable d'employer des filtres de gélatine humides plutôt que des filtres par- tiellement secs, les premiers ayant des vitesses plus uniformes de filtration, et la dilution du filtrat par l'eau de la gélatine pouvant être en grande partie éliminée; 2 Sous une pression constante, la gélatine du filtre absorbe de l’eau et sa porosité diminue gra- duellement; par décompression, cette eau se dégage et la porosité originale reparait rapidement; 3? La gélatine à une concentration définie a apparemment une perméabilité spécifique pour les différents cristal- loïdes et colloïdes; la valeur est élevée, mais non ma- ximum, pour les cristalloïdes tels que le chlorure de sodium, l’iodure de potassium et l'acide butyrique; elle est basse, mais non nulle, pour les colloïdes tels que l'hydrate ferrique, le sérum et l’amidon soluble; 4° Pendant la filtration, les cristalloides passent avec une concentration qui augmente, tandis que celle des colloïides diminue rapidement jusqu'à0; 5° La filtra- tion simultanée de deux substances peut influencer leurs perméabilités spécifiques; ainsi l'acide butyrique altère la perméabilité pour le sodium, et l’iode celle pour l'iodure de potassium ; 6° Les variations dans Ja gélatine influencent la perméabilité; ainsi la gélatine traitée par la formaldéhyde est moins perméable au chlorure de sodium que la gélatine ordinaire, et la gélatine a 45 °/, est moins perméable à la lysine du Megatherium que celle à 7,5 °/,; 7 Une variation dans la pression produit des changements remarquables dans la per- méabilité. Une diminution soudaine de pression donne des filtrats fortement concentrés à la foisdes cristalloïdes et des colloïdes, tandis qu'une diminution graduelle n’a pratiquemment aucun eflet; 8° Les substances qui colorent la gélatine, par exemple le rouge neutre et l'iode, donnent des filtrats à concentrations plus basses en diminuant la pression; 9° La vitesse de la filtration ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES - jusqu'à 0,001 milligramme. — M. N. Nicloux, à prop _ est accélérée par l'alcool amylique et l'acide butyriqués qui accélèrent la vitesse de sédimentation des limons den la même facon; 10° Une partie du phénomène p s'expliquer par l'hypothèse mécanique d'un bloqua des pores de la gélatine, mais les relations chimiqu entre la gélatine et les substances filtrées doivent & prises en considération, et probablement l'hypoth la plus satisfaisante est que l’action de la gélatine & les solutions éprouvées est essentiellement un phén mène d'absorption. — MM. H. W. Armit et A. Harde décrivent un procédé de détermination quantitative petites quantités du nickel dans les substances org niques. La substance est soumise à l'incinération et la calcination, qui détruit toute la matière organiqu puis les cendres sont dissoutes dans HCI concentré. LE fer et les phosphates sont ensuite séparés, puis © traite par H?S en solution chaude, et enfin dans le fil on précipite le nickel par la soude à l'état d'hydrate qui est transformé en sesquioxyde par quelque gouttes de brome, puis filtré. Le précipité est redissou dans HCI et le nickel est dosé colorimétriquement pa l'a-diméthylglyoxime, qui donne avec Ni une coloratid écarlate en présence d'ammoniaque; on compare ave la coloration de solutions-types. On peut décele de la récente communication de M. Armstrong St l'action enzymatique, rappelle ses travaux sur la sapt nilication des graisses par le cytoplasma des graines ricin. | [a F2 f SOCIÈTÉE DE PHYSIQUE DE LONDR Séance du 23 Mars 1906. à M. F. T. Trouton expose ses recherches sur a cond tivité électrique unilatérale sur les surfaces humide L'auteur a observé, depuis quelque temps déjà, une di férence de résistance électrique suivant la directi dans laquelle passe un courant électrique sur uf plaque de verre recouverte d'humidité. Si l'on fond une plaque de verre deux fils de platine parallèles une certaine distance, reliés entre eux par une pile un galvanomètre, puis qu'on refroidisse la plaque at ficiellement, on commence à noter le passage du @0 rant avant que le point de rosée soit atteint : c'est à élat que se produit l'anomalie de résistance. En fais passer un courant à travers une plaque de verre exp aux conditions atmosphériques ordinaires, on obser qu'il diminue jusqu'à une valeur minimum, la rés tance augmentant, valeur qui dépend de l'état hy métrique de l'air. En renversant le sens du cou il reprend sa valeur originale, puis recommen diminuer comme avant. Ces effets ne sont pas d quelque chose d'analogue à la polarisation ordinal l'auteur les attribue à un transport de l'humidité su plaque par le courant. — M. J. A. Fleming : Const tion et emploi de soupapes oscillautes pour rectifien courants électriques de haute fréquence. L'auteurme pelle le phénomène suivant, qu'il a découvert en 190 sile filament de carbone d'une lampe électrique à int descence est entouré d'un cylindre métallique rebé une borne isolée par un fil scellé à travers le glob® si le filament est rendu incandescent par une batte isolée, il se produit entre la borne isolée et le p négatif une conductivité unilatérale, de l’électmi négative passant du filament au cylindre métallique ne pouvant circuler en sens inverse. Cette conduet peut ètre employée à rectilier des courants alternatils etelle agit même pour des courants de haute fréquence puisque la soupape ainsi créée sert à rendre des 0s0l lations électriques mesurables par un galvano ordinaire sensible. L'auteur présente des soup: construites sur ce principe et indique leurs principal usages. Placée en série avec un galvanomètre dans circuit d'une bobine de fil induite à distance pale oscillations créées dans un autre circuit, cette SOupapl donne des indications intéressantes sur l'amo ment dans le cireuit primaire. La soupape sert a ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 433 “ montrer l'action protectrice de minces feuilles métal- “liques placées entre des circuits d'oscillation primaire et secondaire. Enfin, elle peut être utilisée comme détecteur d'onde en télégraphie sans fil. — M. G. B. Dyke étudie l'adaptation du cymomètre à lecture directe à la délinéation des courbes de résonance et à la déter- mination des décréments logarithmiques des trains londe et de la résistance des étincelles oscillantes. ne forme spéciale d'ammètre à fil chaud est introduite dans le circuit du cymomètre, pour permettre d'ob- server le courant dans toute position de l'instrument. SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES Séance du 15 Mars 1906. MM. W. A. Bone et G. W. Andrew ont constaté que la présence de vapeur d'eau n'est pas essentielle pour la combustion d'un hydrocarbure. Le degré de dessiccation qui empêche presque la combinaison de O et H à 525° ne retarde pas d'une facon appréciable l'oxydation de l’éthylène. L'oxygène est donc directe- ment actif. — MM. W. A. Bone et J. Drugmann con- cluent d'une série d'expériences sur la combustion “explosive des hydrocarbures qu'il n'y a pas de diffé- rence essentielle entre la combustion lente et rapide lieu probablement avec formation initiale de molécules hydroxylées instables, qui subissent ultérieurement une décomposition thermique en produits plus simples. La combustion explosive des systèmes CH + x/2 0? diffère beaucoup suivant qu'il s'agit de paraflfines ou —d'oléfines : dans le premier cas, il y a séparation de carbone et formation de beaucoup de vapeur, tandis que dans le second il n'y a pas séparation de vapeur “et les produits refroidis consistent presque uniquement en CO et H. — M. P. Haas a reconnu que le gaz re- “cueilli sur KOH dans un nitromètre de Schiff, pendant la détermination de l'azote par la méthode absolue, “ renferme du méthane dans un grand nombre de cas; son fait disparaître cette cause d'erreur en remplaçant loxyde de cuivre ordinairement employé par le chro- “mate de plomb, qui oxyde tout le méthane. — M. P. W. … Robertson a observé que les hydrocarbures et leurs dérivés halogénés se caractérisent en solution phéno- Roue par leur faible dépression moléculaire du point ‘à l'association du solvant. Le benzène forme une solu- tion solide à 33 °/, dans le phénol. — M. A. F. Joseph a étudié l'action quantitative de HCI sur les nitrates de Na, K et Sr, et celle de HAzO* sur les chlorures corres- pondants. Un équivalent du sel en solution aqueuse “est mélangé avec x équivalents de l'acide; le mélange rest évaporé à siccité au bain-marie, et l'on détermine “la proportion de Cl dans le résidu. Si la quantité de sel “transformé est y, on a : y—a log" x—+b pour une série considérable de valeurs de x (a et b étant des “constantes dépendant du sel et de l'acide employés). MM. C. L. Jackson et L. Clarke ont préparé divers composés d'addition des arylamines avec des dérivés “nitrés aromatiques : # : 6-dibromo-{ : 3-dinitroben- “zène-diméthylaniline, prismes rouges fondant à 50°; Lh4-chloro-1 : 3 : 5-tribromo-2 : 6-dinitrobenzène-dimé- “thylaniline, aiguilles jaunes, F. 105; s-trichlorotrini- “trobenzène-méthylaniline, tables rouges, F. 78°; trini- …trotoluène-p-toluidine, aiguilles rouges, F. 68°, etc. — MM. J. J. Sudborough et N. Picton ont étudié l'in- M iluence des substituants dans la molécule du trinitro- mn benzène sur la formation de composés d'addition avec “lesarylamines. L'introduction de trois groupes méthyle, de deux groupes méthoxy ou de 3 Br empêche toute maddition. — MM. A. W. Stewart et E. C. C. Baly poursuivent sur les quinones leurs recherches sur les rapports entre le spectre d'absorption etla constitution chimique. Is concluent que la benzoquinone existe presque entièrement sous la forme quinonoïde; la toluquinone, quoique de constitution analogue, pos- Sède cerlaines caractéristiques du benzène et vibre d'un hydrocarbure, et que la combustion explosive à | de congélation, phénomène qui paraît intimement relié | probablement d'une manière analogue à celle de la molécule du benzène. La chlorobenzoquinone, quoique possédant certaines propriétés quinonoïdes, est dans un état de vibration qui se rapproche encore plus des mouvements intra-moléculaires du benzène. La tri- chlorobenzoquinone est tout à fait voisine du benzène. — M. J. Hawthorne a étudié l'influence de la base et celle du radical acidique du thiocyanate dans les réac- tions des acylthiocyanates sur les bases. L’o-toluidine cause une grande augmentation des fonctions thiocar- bimidiques de l'acétylthiocyanate sur les fonctions thiocyaniques comparée à l’aniline; vis-à-vis de l’ani- line, les thiocyanates d'acétyle et de propionyle se comportent presque de mème. — MM. H. Rogerson et J.F. Thorpe, en condensant le cyanoacétate d’éthyle sodé avec l’oxalacétate d'éthyle, ont obtenu l’x-cyanoa- conitate d’éthyle, qui, par hydrolyse acide, donne l'acide aconitique, et par hydrolyse alcaline l'acide citrazinique. — MM. S. Smiles et R. Le Rossignol, en faisant réagir le chlorure de thionyle sur le phéné- tol en présence d’AIC, ont obtenu le p-phénétylsul- foxyde et le chlorure de triphénétylsulfonium. Les bases sulfonium aromatiques se préparent encore : 1° par l’action d’un sulfoxyde sur un phénétol en pré- sence d'un déshydratant; 2° par l’action d'un acide sulfinique sur un phénétol en présence d'HSO* con- centré. — M. A. E. Hill décrit une nouvelle forme de tube à chlorure de calcium pour combustion. — M. A. E. Dunstan à trouvé que, pour les mélanges liquides à composants unimoléculaires, la courbe de viscosité générale est concave vers l'axe des compositions en pour cent, par suite de l'effet réciproque de chaque liquide sur l’autre. Les angles de dépression qui me- surent ces effets mutuels sont, en général, proportion- nels au poids moléculaire du liquide; l'angle externe entre la courbe et l'axe de viscosité est aussi propor- tionnel au poids moléculaire du liquide. — M.S. Ruhe- mann poursuit l'étude des composés résultant de l’ac- tion du chlorure de phénylpropiolyle sur les composés cétoniques. Séance du 30 Mars 1906. Séance générale annuelle. La Société procède au renouvellement de son bureau, qui est ainsi constitué : Président : M. R. Meldola; Vice-présidents : Tous les anciens présidents et MM. EH. T. Brown, H.B. Dixon, R. Messel, W. H. Per- kin jun., A. Smithells et W. P. Wynne; Trésorier : M. Al. Scott; Secrétaires : MM. O. Forster et A. W. Crossley; Secrétaire étranger : Sir William Ramsay. SOCIÉTÉ ANGLAISE DES INDUSTRIES CHIMIQUES SECTION DE BIRMINGHAM Séance du 15 Mars 1906. M. J. R. O’Shaughnessy indique une méthode simple pour juger de l'efficacité d’une installation de purification des eaux d'’égouts. Elle consiste à déter- miner, pour des échantillons d’eau pris à la rivière au-dessus et au-dessous du point de décharge des eaux d'égouts purifiées, la tendance à la putréfaction, donnée par la quantité d'oxygène absorbée en trois minutes avant et après incubation. Si la tendance est moindre au-dessous du point de décharge, la purifica- tion peut être considérée comme bonne. SECTION DE LIVERPOOL Séance du 14 Mars 1906. M. J. K. Smith présente ses recherches relatives à l'influence du vanadium sur les qualités de l'acier, qui l'ont conduit à créer cinq types d'acier au chrome et au vanadium, possédant chacun des propriétés spé- ciales qui trouvent leur application dans diverses pe ++ 434 industries. L'auteur décrit, en outre, une méthode de détermination du vanadium dans l'acier. SECTION DE LONDRES Séance du 2? Avril 1906. M. E. J. Watkins présente ses recherches sur la viscosité de la farine et du pain et les moyens de la prévenir, La viscosité du pain est produite par des variétés du Bacillus mesentericus de Flügge. Le bacille est introduit dans la pâte par le moyen de la farine, où il existe souvent en grande quantité, provenant pro- bablement des enveloppes du son. Ce bacille est une espèce sporogène prolifique, les spores étant capables de résister à de hautes températures pendant des périodes prolongées. Une fois présent dans la pâte, le développement du bacille, quand le pain a été fabriqué, dépend en partie de la réaction du pain et en partie des conditions atmosphériques. Le pain est tou- Jours faiblement acide comme réaction, mais insuffi- samment pour prévenir naturellement le développement et la propagation de la viscosité; mais, si l'acidité est augmentée par l'addition de faibles quantités d'acide acétique à la pâte, le développement peutêtre empêché. Une basse température et la sécheresse de l'endroit où l’on conserve le pain tendent à supprimer le dévelop- pement, mais la température maximum de 18° C. ne peut être surpassée sans de grands risques. Quand une fournée de pain est trouvée filante, toute la farine en magasin doit être analysée, de facon à localiser la partie infectée. Celle-ci est isolée et travaillée dans les conditions les plus défavorables au développement du bacille, ou conservée jusqu'aux mois les plus froids de l'année. SECTION DE LA NOUVELLE-ANGLETERRE Seance du 2 Mars 1906. M. W.S. Williams a étudié l'emploi des composés de l’antimoine comme agents fixateurs de tannique sur les fibres végétales. 11 à reconnu que le pouvoir fixateur dépend de la quantité d'oxyde d’anti- moine que ces composés contiennent. Le fluorure double d'antimoine et de sodium, l’oxalate et les lac- tates de Sb sont les plus aisément hydrolysés; l'acide mis en liberté ne nuit pas à la fixation, même HF. SECTION DE NOTTINGHAM Séance du 28 Mars 1906. M. H.S. Garry expose la question de la déprécia- tion des installations et de la machinerie dans les industries chimiques. La tendance actuelle est d’allouer pour la dépréciation une provision beaucoup plus forte qu'on ne l’estimait autrefois nécessaire. ACADÉMIE DES SCIENCES DE BERLIN Séance du 8 Mars 1906. M. Klein présente une Note de M. Baumhauer, pro- fesseur à l'Université de Fribourg (Suisse), sur les cristaux composites du rutile et du fer oligiste. A l'in- verse de l'opinion jusqu'ici adoptée que, dans les cristaux composés, les axes principaux du rutile sont parallèles aux axes intermédiaires du fer oligiste, l'au- teur fait voir que les prismes de rutile forment avec la direction de ces axes un angle aigu, qui, semble-t-il, est constamment égal à 2° 10". Aussi, il y aurait six posi- tions différentes, au lieu de trois, dans lesquelles les rutiles se combineraient au fer oligiste. Ces positions, bien que ne se prêtant point à une définition cristallo- nomique exacte, font supposer que le rutile subit, pour ainsi dire, une attraction double de la part du fer oligiste, par suite de laquelle il occupe une position intermédiaire entre celle qu'on lui attribuait jusqu'ici et une autre position dans laquelle une arète polaire de P{IIT) serait parallèle à un axe intermédiaire du fer oligiste. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES l'acide: #4 "+ 2 LE ’ Séance du 15 Mars 1906. M. Vogel présente un Mémoire sur les télescopes à miroir à foyer relativement court. L'auteur y fait remar- quer les grands progrès dus aux perfectionnements des télescopes à miroir aussi bien que des réfracteurs. Bien que ces derniers soient en toute probabilité des=" tinés à l'emporter sur les télescopes à miroir, ceux-ci. ont rendu dans ces derniers temps des services tout particulièrement précieux pour l'observation des nébu- leuses et des ensembles d'étoiles de peu d'étendue, grâce surtout à l'application de la photographie. Un autre” progrès est dû aux efforts récents pour construire des surfaces spéculaires aussi parfaites que possible, en leur donnant, au lieu de celle d’une surface sphérique, la forme d’un paraboloïde derotation, produisant, au moins dans l’axe même, une combinaison des rayons aussi. parfaite que possible, et plus satisfaisante au voisinage de cet axe que dans le cas des surfaces sphériques, où les images sont déformées même dans l'axe par suite de l'aberration de sphéricité. C’est ainsi qu'on à dù agrandir le rapport de l'ouverture à la distance focale, augmentant par là dans des proportions énormes la puissance lumineuse des images. L'auteur vient de faire” construire par M. B. Schmidt, à Mittweida, un miroir d'une ouverture de 41 centimètres et d'une distance focale de 93 centimètres seulement, qu'il a étudié avee beaucoup de soins et qui vient de lui donner des ré- sultats très satisfaisants à l'Observatoire d'Astrophysi-" que de Potsdam. ALFRED GRADENWITZ. k ACADÉMIE DES SCIENCES DE VIENNE Séance du 45 Février 1906. L 1° SCIENCES PHYSIQUES. — M. S. Kreutz a constaté” que la formation des mâcles à une influence sur la. croissance des cristaux de calcite. On observe une augmentation de croissance le long du plan de mâclen lorsqu'il correspond à une surface cristalline possible (plan moléculaire). — M. G. Tschermak, poursuivant ses recherches sur les silicates, a préparé les acides. orthosilicique H'Si0*, métasilicique H°SiO*, pectoli- thique H'SiO* et granitique H#Si"O8. L'olivine Mg’SiO# est un métasilicate, car elle donne par décomposition de l'acide métasilicique; la willemite et la monticellite sont des orthosilicates. La wollastonite est un trisilicates CaSi0". Le grossulaire dérive de l'acide granatique et. a la composition Si*(CaOAIO)*Ca, l'alumine jouant les rôle d'un acide; l’épidote, la zoïsite et la prehnite dérivent du même acide. — M. C. Bruckner a étudié l'action de l'iode sur les sulfates d'oxyde et d'oxydule de mercure; dans la première phase, il se forme un iodure, qui réagit ensuite sur le reste du sulfate pour donner des composés d'ordre supérieur. — M. A: Konschegg à constaté que la base indolinique qui dérive de la p-tolylhydrazone de l’isopropylméthyleé= tone est une base secondaire. Par l'action de CHSI, elle donne une nouvelle base, analogue à la base de Fischer 2° SCIENCES NATURELLES. — Mie ©. Rollett a reconnu» que les cultures de vibrions du choléra retirés de l'exsudat péritonéal des animaux infectés sont beau- coup plus virulentes que les cultures provenant du sang du cœur, — Ml: ©. Steindler a étudié la sensibilité à la couleur de l'œil normal et aveugle aux couleurs Dans l'œil normal, il y a quatre points de plus grande sensibilité aux couleurs. Les résultats concordent bien avec les déductions de la théorie de Young-Helmholtz — M. E. von Marenzeller a déterminé les coraux litto= raux recueillis par l'Expédition de la Pola dans la MeL Rouge. ‘4 Séance du 22 Février 1906. 1° SGiENCES PHYSIQUES. — M. A. Wassmuth : | la détermination des variations thermiques « du module d’élasticité E des métaux d'après les Variis\ tons de la température + dans la déformation r'Égu= » lière des barreaux. L'auteur arrive aux conclusions Sur h suivantes : 4° La méthode qui consiste à déterminer DAME TE‘ aT d'après : donne pour : des valeurs qui sont constantes aux erreurs d'observation près; 2° Quand, pour de fortes déformations, on observe un abaissement de :, cela provient de ce que les limites de l'élasticité par- faite ont été dépassées; 3° Dans certaines limites, la règle des mélanges appliquée aux + se vérifie pour les Iliages Zn-Cu; 4 Le développement du potentiel thermodynamique des corps élastiques donné par Voigt est confirmé par ces expériences. — M. P. et M!e T. Ehrenfest montrent que les bases d'un théo- rème sur l'augmentation d’entropie donné par Gibbs dans sa « Mécanique statique » sont fausses. M. F. von Lerch : Séparation du radium C et du radium B. — M': L. Meitner montre, par des expé- iences sur un onguent au mercure, l'applicabilité de a formule de Maxwell pour la conductibilité électrique des corpsinhomogènes à la conductibilité calorifique. — M. H. Knoll déduit d'expériences sur la dispersion de électricité dans les caves qu’à côté des ions ayant une vitesse de 1,5 cm. par seconde dans un champ de 4 volt-cm. il existe des ions plus lents qui jouent un rôle important. … 20 SCIENCES NaATURELLES. — M. J. Wiesner a étudié les besoins de lumière de diverses espèces de géra- niums en fleurs; les expériences ont été faites pendant l'été et l'automne 1905 à Fiesach en Carinthie, à une altitude de 650 mètres. Le maximum du besoin relatif de lumière est égal à 1 pour les G. pratense et G. pa- “lustre; ilest un peu moindre pour les G. phæum et Fobertianum. Les minima sont de 1/6, 1/14, 1/18 et 4/25. — M. G. Geyer communique les dernières observations géologiques sur le percement du tunnel de Bosruck. € Séance du 8 Mars 1906. 1° Sciences PHYSIQUES. — M. H. Benndorf donne les expressions de la répartition du potentiel, de la force et des densités quand un ellipsoïde orienté d’une facon quelconque et possédant une charge propre est induit par un champ électrique homogène.— Le mème auteur “étudie une série de perturbations du champ terrestre normal, telles qu'elles sont produites par des corps (ballons, tiges, tours, collecteurs) ayant approximative- ment une forme ellipsoïdale, et utilise à cet effet les ré- Sultats du mémoire précédent. Pour un ballon de 24 m. de hauteur et 16 m. de diamètre, la perturbation est nulle à 8-10 m. au-dessous de la nacelle. Une tige pro- duit une perturbation du champ normal allant de 5 à 10/, quand on est éloigné du pied de la tige d’une dis- ance allant de sa hauteur au double de sa hauteur. — V. von Lang communique ses recherches sur le amp tournant électrostatique. Il complète la mé- thode d’Arno (qui produit un champ tournant au moyen d'un courant alternatif monophasé) par une méthode générale due à Gôrges, qui permet d'uniformiser le “champ tournant dans tout son développement. L'étude «des rotations des isolateurs suspendus dans des liquides a montré une rotation renversée dans trois d'entre eux : éther, chloroforme et xylène. — M. H. Meyer, en faisant agir les alcoolates de sodium sur la y-chloro- quinoline, à obtenu les éthers oxygénés de la kynu- mrne, lesquels, par chauffage à une température conve- nüable, se transforment dans leurs isomères, les éthers Lazotés. La méthoxykynurine fond à 31°, l'Az-méthyl- | Kÿnurine à 143. — M. J. Zellner à poursuivi ses recherches chimiques sur le champignon des mouches L(Amanita musearia). L'extrait aqueux renferme princi- | palement des hydrates de carbone amorphes, puis des | substances azotées différentes des albuminoïdes et des peptones, enfin de la xanthine. — Le mème auteur à constaté que toutes les graisses extraites des champi- | Snons contiennent beaucoup d'acides gras libres, ce qui prouve la présence d'un ferment lpolytique. La ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 77 s À + 2 = 4 435 présence d'acides gras se décèle déjà dans la plante fraiche et augmente par la dessiccation. On peut pro- voquer, par la poudre de champignon, l'hydrolyse lente d’autres graisses, comme l'huile de navette ; ce pouvoir fermentatif est détruit par chauffage à 110° ou action du sublimé. — M. A. Nestler a constaté que la sécré- tion des glandes des parois de séparation des fruits de Capsicum annuum renferme, outre la capsaïcine, une huile qui se prête à la production des formes myéli- niques après addition d'ammoniaque; elle parait être riche en acide oléique. D'autre part, il a trouvé, dans les parois supérieures de séparation incomplètement formées des fruits secs de Capsicum, des cristaux qui ont toutes les réactions microchimiques des cristaux d'albumine. 29 SCIENCES NATURELLES. — M. V. Apfelbeck donne quelques renseignements sur les résultats de son expé- dition zoologique au Monténégro et en Albanie. Séance du 15 Mars 1906. 1° ScrENCES PHYSIQUES. — M. G. Jaumann explique les actions spéciales du mouvement du milieu dans le champ électromagnétique par l'hypothèse suivante : Le mouvement n'a aucune influence directe sur les phéno- mènes électromagnétiques; il agit seulement en provo- quant une déformation du milieu, qui modifie la con- ductibilité de celui-ci, ce qui explique tous les phéno- mènes observés. — M. A. Kirpal, en faisant réagir l'alcool méthylique sur l'anhydride quinolique, a obtenu principalement l'éther &-méthylique de l'acide quino- lique et de petites quantités de sor isomère £. 29 SCIENCES NX ATURELLES. — MM. E. Finger et K. Land- steiner : Recherches sur la syphilis chez les singes (11). — M. W. Friedberg a étudié le Miocène des terrains bas de Neumarkt en Galicie. 11 le considère comme appartenant au Tortonien. Son niveau assez élevé montre que les Karpathes ont encore subi des mouve- ments importants après celle période. Séance du 22 Mars 1906. 4° SCIENCES PHYSIQUES. — M. J. Pauksch à étudié la façon dont se comportent les tissus des plantes au point de vue magnétique. La plupart sont diamagné- tiques, mais il en existe de paramagnétiques; leur façon de se comporter dépend de la teneur en eau, de la structure cellulaire et de la teneur en fer. Les tissus riches en fer sont souvent diamagnétiques, mais ils peuvent être paramagnétiques; cela dépend probable- ment de la forme sous laquelle le fer s'y trouve. Les tissus possèdent des axes magnétiques qui coincident avec les axes géométriques principaux des cellules. — M. J. Mauthner, par l'action du HCIlsur la cholestérine, le chlorure de cholestéryle et le cholestène, a obtenu : le chlorocholestanol, C*HCIOH, d'où l’on revient à la cholestérine par traitement avec KOH; le 5-dichloro- cholestane, C*H#CE; le chlorocholestane, C7H#CL — M. A. Kirpal a obtenu, par condensation du chlorure de l'acide +-oxynicotique avec le benzène, l'x-0xy-5- phénylpiridylcétone, identique à celle qu'on prépare avec l'acide benzoylpyridine-carbonique: ce dernier est donc bien lacide $-benzoylpicolique. 29 SCIENCES NATURELLES. — M. R. Popper à constalé que l'action des injections d'extrait de thymus est attribuable à la production de coagulations intra-vascu- laires; si l'on empêche celles-ci de se produire, les autres effets des. injections de thymus disparaissent aussi. — M. L. von Lorenz a étudié les bouquetins de l'Asie centrale d'après les crânes et les peaux rapportés par M. von Almasy de son voyage au Tian-chan, Toutes les formes sont des sous-espèces du Capra sibirica Meyer. — M. H. Rebel décrit un nouveau genre el espèce de Psychide, l'Auchmophila kordofensis, rap- porté du Soudan égyptien par F. Werner. — M. A. Grund : Le problème de la géomorphologie au bord des domaines desséchés, À L. BRUNET. + LD ipes ‘7 , " y T2 D LI 136 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES + - re "Rae nf v ACADÉMIE DES SCIENCES D'AMSTERDAM Séance du 31 Mars 1906. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. P. H. Schoute : Sur une série particulière de quadriques à huit points et huit plans tangents communs. Le lieu des deux trans- versales communes des quadruples de rayons corres- pondants de quatre faisceaux de rayons projectifs est une surface réglée S#, admettant une courbe double de l’ordre 18. Si les faisceaux contiennent un, deux, trois ou un nombre infini de quadruples hyperboloï- diques, cette surface dégénère en une quadrique et une surface $° (courbe double d'ordre 9), en deux qua- driques et une surface S' (cubique gauche double), en quatre quadriques, ou elle devient indéterminée (est remplacée par une série de quadriques). Etude du cas particulier où les surfaces du dernier cas admettent un même tétraèdre antopolaire, passent par un point com- mun et touchent un même plan contenant ce point; alors la série (3,6,3) de quadriques admet huit points et huit plans tangents de base et forme donc l'inter- section de deux réseaux de quadriques, un réseau ponctuel et un réseau tangentiel. — M. J. C. Kapteyn présente au nom de M. W. de Sitter : Sur les plans des orbites des satellites de Jupiter. Aperçu des résul- tats d’une étude qui paraîtra in-extenso dans les Annals of the Observatory at the Cape of Good Hope, basée sur des observations faites à l'Observatoire de Cape-town, consistant en : 4° observations héliométriques de 1891, par MM. Gill et Finlay; 2° plaques photographiques de 1891 ; 3° observations héliométriques de 1901 et 1902 par M. Cookson; 4° plaques photographiques de 1903 et 1904. L'auteur s'est proposé exclusivement la déter- mination des inclinaisons et des nœuds des orbites, et le mouvement de ces nœuds; la connaissance de ces quantités est d'une grande importance, parce qu'elles permettent de rattacher aux observations le mouvement considérable des nœuds, exigé par la théorie et dont l'aplatissement de la planète est la cause principale. So ScIENCES PHYSIQUES. — M. P. Zeeman présente au nom de M. F. M. Jaeger : Une déduction géométrique simple des relations reliant entre elles les quantités observées et cherchées figurant dans la méthode de détermination de la conduction de la chaleur par les cristaux, due à M. W. Voigt. H s'agit de l'angle s£ entre deux isothermes à la frontière d'un cristal jumeau artificiel dont les directions principales font un angle donné # avec la frontière, le courant de chaleur se pro- pageant le long de cette ligne. Pour + — 450, l'auteur dé- duit par la géométrie la relation 24,2, tang « = Vo où À,,2, sont les indices de conduction dans les direc- tions principales. Chemin faisant, il trouve que, dans les cristaux, les isothermes ne sont pas en général nor- males à la direction du courant de chaleur, ce qui arrive toujours dans le cas des axes thermiques prin- cipaux. — M. J. D. van der Waals présente, au nom de M. J. W. Giltay : Recherches expérimentales sur la téléphonie double à l’aide de sons continus. Sont nommés rapporteurs : MM. H. Haga et W. H. Julius. 30 SCIENCES NATURELLES. — M. L.Bolk: /telation entre les formules dentaires des Primates platyrrhiniens et katarrhiniens. D'après l'auteur, le système dentaire platyrrhinien : LÉ DACAD /SRTRLRS RS OS A De TD ER Ce Te oc ma Me Ms Mie MONM:> s’est transformé dans le système dentaire katarrhinien: Le VÉRACCANS O ARTAE Done Ce Mi Ma. Mae Ms: Ms: [Mi]: PP LE M;, [M]: | * quefois plus petite produisant encore une accélérations où les crochets renferment des dents réduites. Cette dif férenciation semble, quoiqu'elle soit assez compliquée; S'accorder le mieux avec les observations. — M. H: Zwaardemaker: L'intensité des excitations de réflexes. les plus faibles, d'après les expériences de M. D.I. A van Reekum. Irritations chimique, thermique, méca= nique et électrique sur la peau et les nerfs d'animaux" d'expérience. Conclusions : Les valeurs minima perceps tibles des excitations de réflexes différentes sont très divergentes. Ainsi, le même effet sur la peau de gre= nouille correspondait à une excitation électrique de 3,15 X 10—* ergs, à une excitation mécanique dé 212 ergs, à une excitation thermique de 11,5 mégaerss et à une excitation chimique de 57 mégaergs. Don l'irritation électrique est la plus efficace. L'effe s'agrandit quand on applique l'irritation à la racin& lumbale postérieure de la grenouille. Alors 3< 108 ergs donnent encore un réflexe typique, ce qui S'aps | proche des excitations les plus faibles chez les sens (excitations de la lumière entre 1X 10—19 et 6 X 10, du son entre 0,3 X 10—5 et 1 X 10°). Les résultats se rap= portant à la grenouille s'appliquent aussi aux mammi= fères. À l'aide d'une excitation centrale de 0,17 X 104 ergs du nerf vague, on provoque encore une modifica= tion très marquée de la respiration, une valeur quels évidente de la respiration. Les excitations de réflexe minimales offrent aussi dans ce cas une valeur limite de l’ordre de 4 X 10—5 ergs. — M. J. W. Moll présent au nom de M. W. Burck: Sur les plantes offrant & l'état actuel le caractère de races intermédiaires dansn le sens de la théorie de mutation. Des recherches Sul les causes de la «eléistogamie » ont appris à l'auteur que : 1° les plantes à fleurs fermées dérivent des plantes à fleurs chasmogames par mutation; 2 elles se prés sentent dans la nature en partie comme des variétéss constantes, en partie comme des races intermédiaires Cette étude conduit à se demander si d'autres plant sauvages ne présentent pas peut-être le caractère des races intermédiaires. L'auteur a cherché des soutiens pour cette opinion, d'abord dans la culture de l'espèce à | gyno-monoique Satureja hortensis, puis dans une Coms paraison des différentes formes sous lesquelles se prés sente une même espèce d'Ombellifères, quant a nombre des fleurs mâles par rapport à celui des fleu dioïques et quant à la position de ces fleurs mâles aux axes principal et accessoires. Dans le commenceme de la période de floraison, le Satureja hortensis présente que des fleurs dioïques; ensuite, quand là plante est plus vigoureuse, elle engendre quelqu fleurs femelles en proportion croissante jusqu'à ui maximum déterminé; à la fin de la floraison, elle ne produit que des fleurs dioïques. Donc ces fleurs femelles suivent la loi de périodicité. Ensuite, l'auteur com munique en détail les résultats de son étude sur pl sieurs espèces d'Ombellifères. — M. A. A. W. Hubrec présente, au nom de M. H. Strahl (de Giessen): Uterus von Erinaceus europaeus L. nach dem Wuñl Par rapport à l’involution puerpérale de l'utérus, le hés risson occupe une position intermédiaire entre les Rongeurs et les Carnivores.— M. H. G. van de San Bakhuyzen présente, au nom de M. J. Lorié : «} geologische bouw der Geldersche Vallei benevens B schryving van eenige nieuwe Grondboringen (la strue- ture géologique de la « Geldersche vallei », suivie ‘« à t description de quelques nouveaux percements du sa Sont nommés rapporteurs MM. J. M. van Bemmelen G. van Diesen. $ P. H. ScHoure. Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. de 47e ANNÉE N° 10 sd vs î 30 MAI 1906 des > Revue générale Sciences pures ef appliquées DIRECTEUR : LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. Aûresser tout ce qui concerne la rédaction à M. L. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. $ 1. — Astronomie Double parhélie. — Dans un air calme, les faces érales des prismes aciculaires et les bases des la- Îles hexagonales des cristaux de glace se disposent aturellement suivant la verticale. Les réflexions sur ltes ces faces, et les réfractions dans les dièdres juelles forment entre elles, donnent lieu à une série Pimages disposées sur un cercle horizontal qui passe ar le Soleil et que l’on appelait autrefois l'A/mican- t solaire : c'est le cercle parhélique ordinaire, sur el il peut exister certains points de concentration lumière qui déterminent le phénomène des faux leils. Ce parhélie de 22° est muni d'une queue et, à me- sure que la hauteur du Soleil augmente, l'écart croit u mstamment entre ce parhélie et le halo correspon- dant, en même temps que son éclat s’affaiblit et que lendue de la queue diminue. is il existe aussi un parhélie de 469, variant comme écédent, visible auprès des branches latérales d'un 0 incomplet. a fourni trois explications possibles pour ce se- Cond phénomène, assez rare, généralement de faible ] ëlat, et l'observation ne permet guère, jusqu'à présent, dedécider sa véritable origine, car il faudrait pouvoir e sa déformation avec une assez grande précision : pourquoi, du moins, il est intéressant de men- nner les observations précises. », M. A.-C. Nell vient précisément de donner‘ une ation détaillée de l'observation d'un parhélie double 2, Le 15 février 1906, par M. A. Bracke, entre Mons Nimy. L'observateur a fait, en outre, une aquarelle Pour représenter cette apparition: les phénomènes sont particulièrement beaux et très lumineux; rien anormal ou d'imprévu n'est signalé et ne peut déci- lwlexplication définitive du phénomène, mais c'est Aéammoins un très bon document où les données sont complètes, y compris les apparences nuageuses très létaillées. : _Remarquons que, dans ce cas, comme dans l’obser- lation de M. C.-W. Hissink, du 8 décembre 1902, toute race de halo de 22 était invisible. * Bull. de la Soc. belge d'Astronomie, p. 152, 1906. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Lectures sur une lunette méridienne à deux cereles. — Les recherches de haute précision entreprises à l'Observatoire de Paris ont posé à l’ob- servateur quelques problèmes intéressants. Ainsi, on a été conduit à se demander si, dans les lunettes pour- vues de deux cercles divisés, les angles de rotation mesurés simultanément aux deux cercles s'accordent rigoureusement ou présentent une différence systéma- tique. Sur l'instrument de cette nature qui existe à Besancon, M. Paul Bruck a fait des expériences pour élucider cette question : elles conduisent à affirmer l'égalité rigoureuse des angles. Les observations anté- rieures n'avaient Jamais manifesté de discordance, mais il n’était pas inutile de porter une attention spé-. ciale sur ce point, avec élimination soigneuse de toute cause d'erreur aux lectures. Les principales sont le défaut de mise au point et le mauvais éclairage : l’in- strumentutilisé datant d’une vingtaine d'années, la sur- face du limbe des cercles est quelque peu altérée par places, mais les divisions ont conservé leur netteté, Il n'a pas toujours été possible de faire disparaitre les raies lumineuses qui encadrent parfois le trait noir de la division : ce qui, d’ailleurs, ne semble pas exercer d'influence fâcheuse sur les pointés. Pour la précision, il est essentiel d'avoir un trait noir terminé bien net- tement, et non estompé sur les bords. Un autre point important, c'est la propreté des verres. Rien ne gène l'observateur comme le trouble des images causé par un verre qui n’est pas très net, et il ne faut pas hésiter à essuyer les oculaires à chaque série d'observation Dans toute recherche de précision, on sera amené à vérifier les erreurs des traits employés, qui sont en général peu nombreux. C'est ce qu'a fait M. Renan dans ses minutieuses observations sur la recherche des latitudes : il utilise ingénieusement un double mi- croscope permettant de pointer deux traits distants de 1°, et il serait désirable que tout observateur eût à sa disposition un couple de pareils microscopes. Les déterminations de M. Bruck ont été, à son sens, insuffisantes pour la révision précise des erreurs des traits de son instrument; mais elles apportent une in- téressante contribution aux mesures de haute préci- sion que l’on désire effectuer avec une lunette à deux 10 e « 438 cercles, et précisent heureusement les précautions et les conditions d'observation. $ 2. — Météorologie Marche annuelle de la température.— M. J. Loisel, de l'Observatoire de Juvisy, a déjà étudié la marche diurne de la température pour le climat de Paris ; utilisant Les observations faites au Pare Saint- Maur pendant les trente dernières années; il examine à présent comment s'effectue la variation annuelle. L'auteur suppose que, dans un intervalle de trois mois, la loi probable de variation de la température est une fonction parabolique du temps,et, partant des températures moyennes des douze mois, il en déduit les valeurs vraies de la température pour douze époques déterminées ; mais nous n'avons pas à nous attarder ici sur les détails des calculs et les hypothèses faites en vue d'obtenir la loi la plus probable de la variation thermique. M. Loisel arrive à une conclusion très importante : l'heure la plus favorable pour une observation unique est celle de huit heures du soir; et une observation unique, faite à cette heure, permet, pour le climat des environs de Paris, d'obtenir la normale avec une erreur inférieure à un dixième de degré. Certainement, pour compléter toute étude de clima- tologie locale, il serait encore très important de con- naitre les variations subies par la température moyenne dans le cours des siècles. En dehors des causes géné- rales sous la dépendance directe desquelles se trouve la température moyenne d’un lieu, celle-ci subitencore, comme le dit Humboldt, « des changements assez con- sidérables, soit parles progrès des sociétés humaines lorsqu'elles deviennent très nombreuses et très agis- santes, soit par des causes géologiques presque inaper- cues dans la lenteur extrême de leurs effets, et tenant au manque de cet équilibre que la lutte des éléments et des forces n’a point encore atteint ». Malheureusement, la détermination de la loi géné- rale à laquelle obéissent toutes ces actions si diverses est encore hors de notre portée et nous devons, pour le moment, nous contenter, en accumulant des maté- riaux, d'établir des points de repère auxquels on puisse se rapporter dans la suite : à cet égard, il faut savoir gré à M. Loisel, et de ses intéressantes conclu- sions, et de ses études longues et minutieuses. L'insolation en Suisse. — L'enregistrement du nombre des heures de soleilse fait en Suisse depuis 188%, date de l'introduction dans quelques stations de l'hélio- craphe de Campbell et Stokes. Les résultats des obser- vations sont intégralement publiés dans les Annales mé- téorologiques suisses par les soins du Bureau central, à Zurich. Le nombre des années élant, pour certaines stations, assez grand, il valait la peine de résumer et d'établir les moyennes de Finsolation pour quelques types de régions bien définies et caractéristiques. C'est le résultat de ce travail, fait pour dix années, que M. Dufour a présenté récemment à la Socrété Vaudoise des Sciences naturelles, sous forme de tableaux gra- phiques préparés pour l'enseignement. ‘ On a choisi sept stations principales, possédant toutes des séries complètes d'observations de 1891 à 4900. Ces stations se groupent en villes de plateau traversées par un fleuve : Berne et Bâle; villes riveraines d'un lac : Lausanne et Zurich; station du sud des Alpes : Lugano ; station de haute vallée alpine : Davos; sommet : le Säntis à 2.500 mètres. Les résultats généraux sont les suivants : l'insolation relative, c'est-à-dire le pour cent du possible, est de 430/, à Bäle et de #2 °/, à Berne; l’insolation maximum possible serait celle qui résulterait d’une année dont tous les jours seraient clairs; le maximum a lieu en août et le minimum en novembre à Bàäle et en dé- cembre à Berne. L'insolation croît rapidement de jan- vier en avril et présente une diminution sensible en mai. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE “distribution du potentiel dans le champ intérieur Les villes de Zurich et de Lausanne ont une courbe semblable à celle de Berne et de Bâle; le minimum e en janvier à Zurich et en décembre à Lausanne; le maximum est en août dans ces deux villes; la moyenn annuelle est de 43 /, à Zurich et de 47 °/, à Lausanne A Lugano, le régime est un peu différent; il y a deux maxima, le premier en juillet (69 /,), le second eñ février (60 °/,), et deux minima, en mai (51 °/,) et en novembre (42°/,); la moyenne de l'année est de 5994; A Davos, il y a également deux maxima : le premier en août (60 °/.), le second en février (55 °/,), et deu minima, en mai (#7 °/,) et en janvier (49 °/,); l'insol& tion moyenne est de 54 0/4. l Enfin, au Säntis, on trouve un maximum en nô- vembre (51 °/,) et un minimum en juin (35 °/,); Lin solation moyenne est de 42 °/, à peine; cette faibl insolation s'explique par le fait qu'à la montagne on une insolation d'hiver; l'été est sombre à cause de l’élé vation des nuages et des brouillards. $ 3. — Physique Le pouvoir inducteur spécifique des mé taux. — Si l’on introduit, entre les armatures d'u condensateur, une lame parallèle d'un diélectrique, d représentée par une ligne brisée telle que l’inclinaist relative de ses trois tronçons est inversement propoi tionnelle au pouvoir inducteur spécilique du diélet trique et de l'air qui achève de remplir l’espace dt armatures. Si le diélectrique est remplacé par un con ducteur, le potentiel est constant à l'intérieur celui-ci, qui joue le rôle d'un diélectrique dont le pot voir inducteur spécifique serait infini. En fait, expériences statiques ne peuvent donner aucun indication sur le pouvoir inducteur spécifique d métaux. Autrefois, on se contentait de l’assimilati que nous venons de rappeler, et l’on considérait recherche du pouvoir inducteur spécifique des méta comme une question ou oiseuse ou irrésoluble. Mais problème a pris, à la suite de l'étude des ondes h@ ziennes, une forme toute nouvelle ; et, bien que lep blème soit considéré encore comme d’une extrè difficulté, on entrevoit la possibilité de le résoud Dans uue série de belles recherches sur les on électriques, M. André Broca vient de lui apporteræ… contribution d'une extrême importance, dont n@ allons essayer de donner une idée. On sait que, d'après Maxwell, les courants de 0 duction et les courants de déplacement exercen mêmes actions électromagnétiques; mais, tandis les premiers échauffent les conducteurs dans lesqui ils circulent, les seconds n'échauffent les diélectriqt que lorsque ceux-ci sont imparfaits. Les courants déplacement étant tenus en équilibre par l'élasti électrique du milieu, on ne peut mettre leurs ef nettement en évidence qu'en les accumulant, &’es dire en opérant avec des oscillations de haute quence. Maxwell à établi des équations générales pou propagation des perturbations électriques, en Lenant compte du pouvoir inducteur spécifique et de lat ductivité. Ces équations ont permis des conclusion deux ordres distincts; Maxwell lui-même, en cons rant le cas où la conductivité est nulle, découvrit relations entre les ondes lumineuses et les pert tions électriques. En supposant, au contraire, la @ tante diélectrique nulle, Lord Kelvin a pu calcule variation de résistance d’un fil métallique quandau lieu de le faire parcourir par un courant conünu, on le fait traverser par un courant alternatif Dans ce l'induction mutuelle des courants élémentaires oblige, suivant leur fréquence, à se porter plusot moins complètement à la surface du condueteur-ÆRouE les fréquences hertziennes, cette concentration pes surface est bien connue. M. Poincaré l’a appliquéesau calcul de la fréquence d'un oscillateur de Hertz, les expériences de M. V. Bjerknes, sur les résonnateurs de fer recouverts de cuivre électrolytique, ont pleine- ment confirmé les prévisions de la théorie. Dans le cas des ondes hertziennes, l'expérience ne “semble donc pas intirmer l'hypothèse suivant laquelle e pouvoir inducteur spécifique des métaux serait nul. Mais ce résultat doit être enregistré avec d'autant plus de eirconspection que M. Drude n’a pu rendre compte “de leur haute conductivité, dans le sens de la théorie des électrons, qu'en leur attribuant un pouvoir induc- teur spécifique égal à 10.000 au moins, de manière à xpliquer le degré élevé de dissociation que suppose la … mobilité rendant les métaux les meilleurs des conduc- teurs. - M. Broca à cherché à trancher la question en expé- rimentant avec des fréquences inférieures à celles des “ondes hertziennes, en employant, par exemple, les “courants connus, dans les applications médicales, sous le nom de courants de haute fréquence. La mesure de l'intensité eflicace de ces courants, en utilisant, d’une part, leurs actions électromagnétiques, d'autre part, leurs actions thermiques, pouvait faire apparaitre des discordances attribuables à laction du pouvoir L'inducteur spécifique. La mesure électromagnétique des courants de haute réquence présentait des difficultés particulières, que M. Broca réussit à surmonter en construisant un élec- rodynarmomètre d'un modèle nouveau, dans lequel l'intensité efficace était mesurée par les déplacements “microscopiques d'une bande d'aluminium attirée par “une bande parallèle. Les expériences, faites avec la ollaboration de M. Turchini, montrèrent que, pour des lils de cuivre, de platine, de fer, de maillechort, d'un diamètre de 02,59, l’échauffement est plus fort que ne l'indique la loi de Lord Kelvin, aussi longtemps que la fréquence est inférieure à 1.800.000, tandis qu'il est plus faible pour les fréquences plus élevées. Jusqu'à la fréquence de 3 millions, les écarts ne sont Wpas très considérables, mais semblent dépasser toute- dois les erreurs d'expériences, estimées à 1/20 au maximum, et résultant surtout de la difficulté que l’on æencontre à obtenir des courants de haute fréquence bien constants. » L'interprétation d'un tel résultat n'était pas facile; von s'explique mal, en effet, au premier abord, que le beourant de déplacement, qui ne devrait produire aucun effet thermique, puisse augmenter notablement LMléchauflement du conducteur. Mais, d'un autre côté, Veffet électrodynamique de ce courant peut agir sur densité superficielle, et cet effet peut ètre important r certaines fréquences. « Pour rechercher la raison théorique de cette action, M: Broca reprit l'équation de Maxwell, mais sans Mmégliger d'emblée, comme l'avait fait Lord Kelvin, Paction du pouvoir inducteur spécitique. … La solution cherchée dépend d'une fonction de Bessel argument complexe; on la trouve en introduisant, dans le calcul, un paramètre dont l'expression est DE — + u° étant le pouvoir inducteur spécifique, X la con- its en unités électrostatiques, + la période du “courant. mm Introduisant dans les équations les nombres tirés des expériences, on trouve, pour le cuivre, dans le cas une fréquence égale à 3 millions, une valeur du amètre égale à 1,19. Le pouvoir inducteur spéci- Mique qui en résulte est égal à 0,3. 10°. Les formules | quent que le paramètre doit augmenter très lente- ment en même temps que la fréquence. La raison pour laquelle les résultats obtenus avec | les fréquences hertziennes s'expliquent en supposant nul le pouvoir inducteur spécifique des métaux, est e à saisir. Pour des périodes aussi courtes, la concentration à la surface due aux effets électrodyna- pmiques des courants de conduction est tellement com- plète que l'apport de l'effet des courants de déplace- ‘ment peut ètre négligé. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 4 439 Cependant, une difficullé sérieuse restait à sur- monter. Les expériences de MM. Rubens et Hagen :, sur la réflexion des rayons de grande longueur d'onde à la surface des métaux, ont fourni des nombres en bon accord avec la théorie de Planck, dans laquelle la valeur du pouvoir inducteur spécifique est aussi négli- gée.M. Broca a levé la contradiction de la facon la plus ingénieuse. Puisque le calcul de M. Planck donne des résultats numériquement exacts, on peut égaler aux valeurs fournies par sa formule celles que donne la formule complète. On trouve alors, dans l'équation ainsi obtenue, outre deux racines imaginaires, et la solution 7 —0, une autre solution réelle, correspon- dant, pour le paramètre rappelé plus haut, à la valeur 1,52, qui présente un accord satisfaisant avec le nombre trouvé directement, et avec l'indication d'une augmentation lente avec la fréquence. Pour les fréquences très élevées, telles que celles qui correspondent au spectre visible, le désaccord devient manifeste, quelles que soient les formules employées. Ici, nous entrons dans le domaine des résonnances moléculaires, et la théorie de Maxwell, qui envisage les propriétés globales du conducteur, cesse de s'appliquer. La valeur élevée du pouvoir inducteur spécifique des métaux permettra sans doute d'expliquer leur trop grande transparence comparée à celle que leur assigne la théorie simplifiée. Ces rapides allusions à un travail difficile et délicat en font pressentir toute l'importance. Les expériences de MM. Broca et Turchini, avec l'interprétation qu'en donne M. Broca, sont un premier pas vers la connais- sance du pouvoir inducteur spécilique des métaux, constante naturelle qui avait semblé jusqu'ici se dérober à toutes les investigations. La démonstration du passage graduel de l’électrolyte au diélectrique à mesure de l'élévation de la fréquence, dont MM. Broca et Turchini avaient montré, il y a quelques années, la réalité, avait mis sur la voie de leurs travaux actuels. $S 4. — Electricité industrielle La production de la lumière rouge dans les lampes à vapeur de mereure. — L'obstacle le plus sérieux qui s'oppose à l'utilisation industrielle des lampes à vapeur de mercure réside, comme on le sait, dans l'absence de rayons rouges dans le spectre de ces lampes, absence qui oeccasionne des modifications ficheuses de la coloration naturelle de tous les objets présentant à la lumière du jour une teinte rougeûtre : la cire à cacheter rouge prend une couleur brun cho- colat, la peau humaine une teinte vert-bleuätre, etc. Les tentatives faites jusqu'ici pour remédier à cet inconvénient par l'emploi de substances présentant une fluorescence rouge, ou par l'addition de lampes à incandescence ordinaires, disposées en parallèle, n’ont pas donné de résultats nettement satisfaisants. M. E. Gehrke et P. von Baeyer* ont tout récem- ment réussi à produire une lumière d'un rouge intense au sein mème de la lampe à mercure et à corriger ainsi cette dernière lampe par une addition de zinc. En effet, lorsqu'on remplace les électrodes de mercure par des électrodes d'amalgame de zine, dans une ampoule de quartz amorphe, l'arc établi au vide rayonne, en dehors des lignes du mercure, celles du zinc, et spécialement la raie rouge 636,44. La lumière de cette lampe à l’amalgame de zinc, fonctionnant sous 110 volts, tout en approchant de plus près des colorations dela lumière du jour que celle que donnent les lampes à mercure pur, donne cependant toujours lieu à des modifications de couleur. Cet inconvénient est éliminé par l'addition à l'amalgame d'un peu de sodium, achevant de corriger la lumière, qui alors devient comparable. à celle des lampes Bremer. Comme + Revue, t. XV, p. 928; 1904. ? Elektrotechnische Zeitschrift, n° 16, 1906. 440 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE k les ampoules éclatent souvent sous l'influence de la détente de l’amalgame de zine, les auteurs recomman- dent de l’additionner de 10 °/, de bismuth, élément dont le spectre n’est pas assez intense pour modifier à un degré appréciable la coloration de la lampe. La lampe construite par les auteurs, tout en n'étant pas encore perfectionnée au point de pouvoir con- courir avec les types existants, donne toutes les espé- rances pour permettre ultérieurement lutilisation de la lumière si économique émise par les vapeurs incandescentes. $ 5. — Chimie La nature des métaux-ammonium alea- lins. — Deux savants allemands, MM. O. Ruff et E. Geisel!, viennent de se livrer à des recherches d’où il semble résulter que ce qu’on appelle les métaux- ammonium alcalins (sodium-ammonium, potassam- monium) ne sont pas du tout des composés, mais consistent en un mélange du métal avec une solution liquide saturée adhérente du métal dans l’'ammoniac liquide. Ils ont déterminé à diverses températures la solubilité des métaux alcalins dans l’'ammoniac liquide et n’ont trouvé d'autre phase, soit solide, soit liquide, que le métal et la solution saturée. Les faibles quantités de chaleur dont M. Joannis à constaté le dégagement pendant la solution du sodium ou du potassium dans l'ammoniac liquide sont proba- blement attribuables au fait que les métaux existent en solution non à l'état monoatomique, mais à l’état de Na° et de K®. Des recherches analogues vont être poursuivies sur les métaux-ammonium alcalino-terreux. L'application du suere aux besoins de l'industrie. — Le Syndicat français des Fabricants de sucre vient de voter un prix de 100.000 francs dans le but de stimuler la recherche de nouvelles méthodes d'emploi du sucre dans l'industrie. Les conditions d'obtention sont les suivantes : 4° La nouvelle application du sucre doit être faite uniquement dans un but industriel, et non à la fabri- cation d’une forme quelconque d’aliment; 2 L'invention doit provoquer une augmentation de la consommation en France au moins égale à 100.000 tonnes de sucre raffiné ; 3 Le prix sera remis à l'inventeur aussitôt que les statistiques officielles françaises auront prouvé que la nouvelle application du sucre a eu pour conséquence cette augmentation dans un délai de douze mois. S'il paraît nécessaire d’abaisser ou d’abolir la taxe sur le sucre pour faciliter le succès de l'invention, le Syndicat fera tous ses efforts pour obtenir un rabais sur le sucre employé dans la nouvelle industrie. $ 6. — Biologie Un nouveau périodique : les « Annales de Biologie lacustre ». — Si l’on jette un coup d'œil rapide sur l’ensemble de l’histoire de la Biologie lacustre, on distingue trois périodes dans son évolu- tion : l’une qu'on pourrait dénommer empirique et qui coïncide avec les premières observations au micro- scope, une autre systématique, caractérisée par un grand nombre de travaux descriptifs, et enfin la période actuelle ou biologique. M. F. A. Forel, professeur à l’Université de Lau- sanne, est le vrai fondateur de la Limnobiologie. Dans sa remarquable étude sur le Lac Léman, il a donné aux observations lacustres une orientation toute nou- velle en montrant qu'il ne faut pas s'occuper seule- ment des animaux et des plantes qui vivent dans un lac, mais aussi des conditions physiques, atmosphé- riques, chimiques et géologiques qui régissent la vie ! Ber. d. deutsch. chem. Ges., t. XXXIX, p. 828-42. dans ce lac. En cherchant des relations entre ces divers facteurs, il a contribué à la découverte de lois biolo- giques intéressantes. La Limnobiologie est devenue ainsi une branche importante de l'Histoire naturelle. De toutes parts s'élèvent des laboratoires analogues à celui que créa, à 4 Plün, le D'Zacharias; des travaux de plus en plus nom=. breux étudient ces questions délaissées pendant si longtemps; de plus en plus, on constate les signalés services qu'ils rendent à ceux qui s'occupent d'aquis culture. t Malheureusement, ces travaux sont en grande partie disséminés dans une quantité de publications et de revues, et, pour quiconque s'occupe aujourd'hui de Biologie lacustre, il devient difficile de se tenir au courant des progrès de la science. La création d'uné Revue qui, tout en publiant des travaux originaux de biologie, de technique ou de systématique sur la Lim nobiologie, rendrait compte, dans la mesure du pos | sible, des études du même genre paraissant dans d'autres publications, paraissait devoir être d'une grande utilité pour tous ceux qui ont dirigé leur acti= vité scientifique vers ce champ fertile de recherchess C'est le programme que se sont imposé les Annales, de Biologie lacustre, dont le premier fascicule vient de paraître. Aux côtés de leur fondateur, le Dr E. Rous= | seau, de Bruxelles, s’est déjà réuni un important noyau. de collaborateurs autorisés. Les colonnes du nouveau périodique sont, d'ailleurs, ouvertes à tous ceux qui désirent contribuer à l'avancement de la Limnobio® logie. En signalant à nos lecteurs le but que se propose ce nouveau périodique, nous souhaitons aux Annales de Biologie lacustre tout le succès que mérite leur intés ressante tentative ‘. $ 7. — Géographie et Colonisation Le Commerce marocain. — Les lecteurs de là, Revue n'ont pas oublié les remarquables articles qu'ell a consacrés au Maroc dans le premier semestre de 1903 Depuis qu'ils ont paru, la curiosité qui s'attache à ce pays n'a pas faibli, et, si des intrigues politiques n'y on pas été étrangères, il faut reconnaître qu'en ce qui nous" concerne, nos intérêts de voisinage nous commandaienty une vigilante attention et nous invitaient à l'étude d'unë région encore si peu connue. À ce dernier point de vue, nous devons rendre justice à l'intelligente initiativé prise par le Comité du Maroc. Ce groupement d'initia® tives privées, formé par un autre groupement du même genre dont l'œuvre n’est pas moins admirable, le Comité de l'Afrique française, a entrepris un vaste travaik d'inventaire du Maroc. Depuis deux ans, les missions se succèdent sans interruption : missions économiqu de M. Ch. René-Leclere, missions scientifiques de MM. de Segonzac, de Flotte, A. Bernard, Doutté, Gentil, Le moine, Buchet; hier encore, c'était l'importante recon= naissance hydrographique Dyé sur toute la côte du Maroc?. (4 Etant donnés l’état endémique d'anarchie politiqu dans lequel ce pays est plongé, la pénurie des voies de, communication et leur insécurilé, le commerce maros, cain s'accroit dans une faible mesure, quand il me régresse pas comme on l'a constaté en 1904: s 1902 1903 1904 53.037.669 fr. 62 38.508.059 36.568.396 99.103.885 fr. COMMERCE MARITIME Importations. Exportations . Totale 135.489 fr. 54.495.524 36.489.416 =. 90.984.940 fr. 91.545.728 fr. ‘Les Annales paraissent irrégulièrement par fascicules: Chaque tome formera un volume de 400 à 500 pages, avec | figures et planches, dont le prix sera de 20 à 30 francs. Pour | tous renseignements, s'adresser au Dr E. Rousseau, au } Musée Royäl d'Histoire naturelle, 31, rue Vautier, l Bruxelles. mn 2 Les Rapports complets de toutes ces missions ont paru CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE En 1904, les ports marocains se sont réparti les transactions de la manière suivante : LRO 8 OO ROME 17-449:415 fr. RER ee CCS eue oux 46.542.165 Casablanca . . . . . . . . . . . . 15.637.488 NORTON NM 1410960245 PARAPHE RE Une ns t auto 44138:598 ÉREE UN UA LoM i LE DRE MERREMEEAPRE PORC NP RE EEE Les cinq pays qui font le plus d'échanges commer- @iaux avec le Maroc sont, par ordre d'importance, Angleterre, la France, l'Allemagne, l'Espagne et la Belgique. Leur participation était représentée, en 1904, par les chiffres suivants : Angleterre, 40,2 °/,; France, 30 °/o3 Allemagne, 11,1 °/0; Espagne, 7,8 °/,; Belgique, AA 1902 1903 190% Angleterre . . 43.011.595 45.036.094 39.266.450 France . 3 oh 6 ( 21.098.155 24.321.035 22.709.259 Algérie (frontière Kerresire) -. 4: : À 11.802.000 10.492.000 6.704.573 Allemagne . . . 9.317.667 10.522.183 10.900.875 Espagne . . . 8.123.335 7.903.076 1.662.972 Belgique . . 2.856.715 3.010.373 2.430.047 Si le pourcentage varie dans une certaine mesure, le ng commercial de ces pays reste le même. Il ne fau- drait pas, d’ailleurs, accorder trop de précision à ces hiffres. Ce sont des approximations, par suite des pro- cédés d'investigation rudimentaires actuellement en gueur dans les douanes marocaines, et aussi du fait que, dans l'impossibilité de déterminer l'origine exacte des produits, on l’attribue au pavillon sous lequel ils oyagent. De telle sorte que l'Angleterre et l'Allemagne oient de cette façon leurs chiffres majorés. Les pro- duits belges, par exemple, empruntent souvent les lignes de navigation allemandes dont les bateaux font escale à Anvers. D'autre part, les résultats des deux tableaux précédents ne concernent que le mouvement commercial des ports: c'est pourquoi nous avons noté ‘Séparément les chiffres relatifs au trafic du Maroc avec PAlgérie par la frontière de terre. Depuis 1901, ce trafic est en diminution continue par suite de l’état d’insé- œurité de la région frontière, troublée depuis trois ans ar l'insurrection du Rogui. Mais il n'est pas douteux e le rétablissement de l’ordre serait le signal d'une importante reprise des relations commerciales entre mpire chérifien et notre colonie africaine. … Les importations sont encore en partie spécialisées : Angleterre envoie surtout des cotonnades, draperies, nfections, les bougies, le thé et les denrées colo- mniales; nous vendons du sucre, des soieries, de la ver- èrie et de la parfumerie, de la droguerie et des farines; MPAllemagne tient la tête pour les alcools, le riz, le ent, la quincaillerie et la porcelaine. Mais la con- rence est vive,et au Maroc, comme partout ailleurs, os marchandises ne se prêtent pas suffisamment aux ésirs de la clientèle marocaine, qui a ses préférences bien nettes, quelquefois puériles, mais que les fournis- urs n'ont pas à essayer de contrecarrer. Elle veut, par emple, des pièces de drap de » centimètres de largeur et jamais de x L 1 ou n — 1. Elle les veut de telle cou- | leur spéciale, de telle qualité à bon marché. Pour les pans de sucre, elle exige un empaquetage déterminé, | un poids délini et invariable, Nous n'utilisons pas assez Mesyoyageurs qui notent ces désirs de la clientèle ; nos facilités de crédit sont largement dépassées par celles dans le Bulletin du Comité de l'Afrique française, au cours | déS années 1904-1905. Paris, 21, rue Cassette. des commerçants allemands, qui, d’un autre côté, béné- ficient d'une réclame bien entendue sous forme d’une abondante distribution de catalogues illustrés et d'échar- tillons. Nous ne prenons qu'une part restreinte des expor- tations par voie de mer, mais il faut leur ajouter celles qui franchissent notre frontière algérienne et qui, en 190%, malgré l'anarchie rappelée plus haut, représen- taient une somme plus forte que les premières. Nous pourrions sans doute augmenter nos achats au Maroc, mais il faut aussi tenir compte du fait que l'Algérie et la Tunisie nous fournissent les mêmes productions : c'est pourquoi, au point de vue exportation, l’Angle- terre et l'Allemagne prélèveront toujours une part plus considérable. Pierre Clerget, Professeur à l'institut csmmercial des jeunes filles de Fribourg (Suisse). $ 8. — Enseignement Conseil de FUniversité de Paris. — Dans sa dernière réunion, le Conseil de l'Université de Paris a approuvé le projet d'extension de cette Université. Cette vaste affaire comprend deux opérations dis- tinctes : 1° Construction, à frais communs, par l'Etat et la Ville de Paris, d’un Institut de Chimie couvrant une surface de 9.000 mètres, où seraient établis les divers services de la Faculté des Sciences et le Service de la Chimie appliquée provisoisement installé, lors de sa création, dans les baraquements de la rue Michelet. Cette première opération coûtera 3 millions, partagés entre la Ville et l'Etat ; 2° Acquisition par l’Université de Paris, pour ses besoins futurs, d’un terrain de 14.000 mètres carrés, faisant, comme le précédent, partie de l'immeuble situé entre la rue Saint-Jacques et la rue d'Ulm, que la congrégation des Dames de Saint-Michel à été auto- risée à vendre. Cette seconde dépense, qui s'élève à 1.900.000 francs, sera faite par l'Université sur ses ressources propres, avec le concours de l'Etat pour 750.000 francs et avec le montant de la donation du prince de Monaco. C’est, en effet, sur une partie de ce terrain que s'élèvera l’Institut Océanographique fondé par le prince de Monaco, et auquel il vient d'attribuer, ainsi qu'au Musée créé par lui à Monaco, un capital de 4 millions. Personnel universitaire. — M. Lemoult, doc- teur ès sciences, chargé d'un cours de Chimie générale et appliquée à la Faculté des Sciences de Lille, est nommé professeur de Chimie générale à ladite Faculté. M. Boquet, astronome-adjoint à l'Observatoire de Paris, est nommé astronome titulaire audit établis- sement. M. Jumelle, docteur ès sciences, chargé d'un cours de Botanique agricole à la Faculté des Sciences de Marseille, est nommé professeur de Botanique agricole à ladite Faculté. M. Decrock, docteur ès sciences, maître de Confé- rences de Botanique à la Faculté des Sciences de Mar- seille, est nommé professeur adjoint à ladite Faculté. M. Dulac, docteur ès sciences, maître de Conférences de Mathématiques à la Faculté des Sciences de Gre- noble, est nommé professeur adjoint à ladite Faculté. M. Portier, préparateur à la Faculté des Sciences de Paris, est nommé directeur adjoint du laboratoire de Physiologie expérimentale de l'Ecole pratique des Hautes Etudes. M. Vaillant, docteur ès sciences physiques, chef des travaux à la Faculté des Sciences de Lyon, est nommé maître de Conférences de Physique à la Faculté de Grenoble. 442 LE CHAMP ÉLECTRIQUE DE L'ATMOSPHÈRE La Physique du Globe n’a pas échappé à l'évo- lution magnifique qui, depuis la découverte de la radio-activilé, transfigure peu à peu toutes les par- ties de la Philosophie naturelle. Elster et Geilel ont montré, en 1899, qu'il existe en permanence dans l'atmosphère des charges électriques libres, positives et négatives, ana- logues à celles que les radiations du radium et divers autres rayonnements font apparaître dans les gaz. Cette découverte a ouvert des horizons imprévus pour la solution des problèmes soulevés par le champ électrique de l'atmosphère et la charge de la surface terrestre. Étant donné l'intérêt fondamental de ces ques- tions pour la Physique du Globe, il ne paraîtra peut-être pas inopportun d'indiquer brièvement quels sont les faits actuellement bien établis rela- livement au champ électrique terrestre; nous y ajoulerons quelques résultats nouveaux que des expériences récentes en Algérie nous ont permis d'obtenir; nous indiquerons ensuite, d’après les recherches les plus récentes, combien les consé- quences de la découverte d’'Elsler et Geitel sem- blent devoir être fructueuses pour l'intelligence et la synthèse théorique de ces phénomènes. Ï. — SENS DU CHAMP ÉLECTRIQUE DE L'ATMOSPHÈRE. CHARGE DE LA TERRE. Rappelons d’abord, pour mémoire, comment l’on prend actuellement le potentiel d’un point P de l'air, le potentiel du sol étant pris pour ori- gine : Supposons qu'en ce point P aboutisse l'extrémité d’un conducteur, relié d'autre part à l'électromètre et soigneusement isolé; si le poten- tiel de l’air en P est différent de celui du conducteur, par exemple positif, et que le conducteur laisse échapper en P un écoulement de gouttelettes d’eau, ilse développe, par influence, de l'électricité néga- tive à l'extrémité P du conducteur, et, chaque gouttelette emportant, par suite, avec elle une légère charge négalive, il reste sur le conduc- teur un léger excès de charge posilive, qui va en croissant jusqu'à ce que tout entier celui-ei soit précisément au même potentiel positif que l'air au point P, potentiel indiqué alors par l’électromètre: avec un écoulement convenable, il suffit d'un temps très court pour que le conducteur se mette au potentiel du point P de l'air, et, si ce potentiel varie, les indications de l’électromètre, que l'on peut enregistrer photographiquement, suivront une marche parallèle. C'est par ce procédé qu'ont été CH. NORDMANN — LE CHAMP ÉLECTRIQUE DE L'ATMOSPHÈRE | atmosphérique. Quoi qu'il en soit, il serait du plus sitive. La terre, considérée dans son ensemble, est obtenues les courbes reproduites dans cet article! Or, les mesures faites par cette méthode ou d'autres analogues, sur les points les plus variés® du Globe en Europe, en Asie, en Australie, en Amérique et aussi dans les régions polaires, indi- quent que, par beau temps, la chute du potentiel est" généralement positive, c’est-à-dire qu'un point de l'air est à un potentiel plus élevé que la terre; les” courbes données par les électromètres indiquent, il est vrai, exceptionnellement, et surlout par temps: de pluie (comme nous le verrons ci-dessous), des chutes de potentiel négatives, mais l'aire comprises | entre la courbe, l'axe du potentiel origine et deux. ordonnées suffisamment écartées, est toujours po= done à un potentiel moins élevé que l'air, et l'on en a déduit que /a charge du Globe terrestre est néqa=« tive. Cette hypothèse a élé proposée par sir WA Thomson ; elle est généralement admise. Nous” | voudrions cependant faire remarquer à ce propos que les résultats d'expériences récentes sont peut= | être de nature à ne la plus faire considérer comme évidente : on a, en effet, établi, en ces dernières années, par des méthodes dont il sera question ci dessous (voir ch. 111), que l'air atmosphérique, loi d'être électriquement neulre, est électrisé positive ment, ou, pour parler plus correctement, contien un excès de charges positives. Le champ éle trique terrestre ne serait-il pas dû précisément au moins en grande partie, à cette charge positim de atmosphère ? Nous posons simplement la ques= tion, car on manque encore des données as lives qui permettraient de la résoudre. Mais il est, en tout cas, évident que le sers de la chute den potentiel observée serait le même si l'atmosphère supérieure est chargée positivement et le Globe électriquement neutre, que si l’on suppose celui, ci, comme on le fuit généralement, chargé négas livement, sans tenir compte d'une électrisation haut intérêt de mesurer en valeur absolue le, potentiel du sol; on n'a jamais encore, à notre connaissance, tenté d'expériences dans ce but. El n'est, cependant, pas cerlain que la question soil | soluble. e Un calcul très simple va, d’ailleurs, nous montrer ‘Nous n'insistons pas sur les appareils réalisant ce dis= positif. Imaginés par M. W. Thomson, perfectionnés par, M. Mascart, ils doivent beaucoup à M. Chauveau, qui lessæ décrils et mis au point dans son Mémoire : « Etude dela variation diurne de l'électricité atmosphérique ». Plusieurs des données de cet article sont empruntées à ce rem quable travail. CH. NORDMANN — LE CHAMP ÉLECTRIQUE DE L'ATMOSPHÈRE 443 que la charge de la terre, en lui donnant sa valeur maxima, c'est-à-dire en admetlant que le champ | atmosphérique est dû à la négativité de cette charge, el exclusivement à elle, ne peut avoir que “des effets mécaniques insignifiants et ne peut modi- fier d'une manière sensible le poids des corps les plus légers : la chute de potentiel par mètre, au voisinage du sol, est de l'ordre de 100 volts par mètre, OÙ 55 Le j d'unité électrostatique par centi- d = ; de cette valeur on peut déduire è densité ne à la surface de la terre, y, & mètre : : dn naissant u., en déduire, d’après la formule 27° — 7, valeur de la force électrique qui tend à soulever à un objet d'un centimètre carré de surface appliqué Sur le sol. On trouve ainsi + — 0,000.000.43 ; celte force est donc inférieure à la millionième partie Eu poids d'un milligramme : elle échappe à toute _ constatation expérimentale. d'après la formule connue — Ary, et, Muuu TT. — VARIATION DU CHAMP AVEC L'ALTITUDE. , CONSÉQUENCES. _… La théorie montre que, si l'on désigne par g la "densité électrique de l'air (quantité d'électricité contenue dans l'unité de volume), il existe entre » celte quantité et la variation avec l'altitude de Ja : chute de potentiel par mètre + & a T) ou -h relation suivante : dŒvV dn° ? } D'où l’on déduit que, si la charge électrique p de air est nulle, la chute de potentiel par mètre est la négatif. e représente d’ailleurs, à proprement parler, la somme algébrique des quantités d'électricilé po- LGilive et négative, par unilé de volume ; c’est-à-dire que 9 pourrait être nul, sans qu'on pût en déduire Signifierait seulement que la somme des masses charges positives. Nous verrons au prochain para- | graphe l'importance de cette distinction. ) théorique, de savoir comment varie le champ à mesure qu'on s'éloigne du sol. Il ne pouvait être question de demander à des observations de mon- | tagne la solution de celte question, par suite de la déformation des surfaces de niveau produites par Il était donc très intéressant, au point de vue | | | Ccon- | le relief du sol; mais des expériences précises et va- riées ont été faites en ballon en ces dernières années, et elles semblent avoir établi d’une manière indu- bitable que le champ diminue avec l’allitude, ce qui indique que l'atmosphère contient un excès de charges positives. D'autres expériences, que nous allons rappeler, ont récemment conduit, par des considérations toutes différentes, au même résultat. IT. — EXISTENCE, DANS L'AIR, DE CHARGES ÉLECTRIQUES LIBRES DES DEUX SIGNES. IONISATION ATMOSPHÉ- RIQUE. Il n'entre point dans les limites de cet article de donner un apercu complet de tout ce qui a été fait là-dessus en ces dernières années. Comme il arrive pour tout progrès scientifique, la découverte d'ions dans l'air, en même temps qu'elle éclair- cissait certains problèmes antérieurement posés, en faisait naître de nouveaux, dont l'étude ne rentre pas dans le cadre de cet article. Nous n'en exposerons que ce qui est nécessaire pour l’intelli- gence des théories récentes du champ électrique de l'atmosphère. On sait que les substances radio-actives, l'ura- nium, le radium, etc., émettent constamment des radiations analogues aux rayons Rôntgen et aux rayons cathodiques, qui rendent, comme ceux- ci, l'atmosphère environnante conductrice de l'électricité. Peu après la découverte des corps radio-actifs, MM. Elster et Geitel ont trouvé un phénomène non moins curieux en constalant que l'air libre, qui ne semble nulle part traversé par des rayons Becquerel, possède, quoique à un degré | moindre, des propriétés analogues à celles de l’air rendu conducteur par cesrayons. Ils ont montré, en | effel, qu'un corps électrisé et très bien isolé, ou tout même à toutes les altitudes: si celle-ci diminue avec ! à hauteur, » est posilif; si elle augmente, 6 est | au moins dont on connaît parfaitement le défaut d'isolement, abandonne toujours une partie plus ou moins grande de sa charge, qui semble se dis- perser dans l'atmosphère environnante. Ils ont | prouvé ensuite, avec une certitude presque absolue que l'air ne contient pas d'électricité libre; cela | | négatives y est égale en valeur absolue à celle des | que cette conductibilité faible de l'air naturel s'ex- plique, de la même manière que celle de l'air rendu artificiellement conducteur au moyen du radium, par la présence de particules électrisées, les unes positivement, les autres négalivement, et se mou- vant librement dans l'atmosphère. On a donné à ces particules le nom d’ «ions »; mais il faut bien remarquer qu'elles n’ont aucun rapport avec les particules de même nom qui figurent dans la théorie des solutions électrolytiques dissociées : les ions électrolytiques sont des groupements d'atomes; les ions des gaz semblent êlre, au contraire, des pro- duits de dissociation de l'atome; ils sont, en tout cas, beaucoup plus petits que lui, et toujours iden- tiques à eux-mêmes au point de vue de leurs diverses propriétés, quel que soit le gaz où ils prennent naissance. On à étudié, depuis, d'une façon complète, et par des mélhodes nombreuses, les propriétés de ces charges électriques libres de l’air, et l'on a trouvé : 1° que les « ions » positifs se déplacent moins vite, dans un champ électrique donné, que les « ions » négatifs, autrement dit que ceux-ci ont une mobilité | plus grande ; 2° que les uns et les autres ont la pro- priété de condenser autour d'eux, sous forme de gouttelettes, la vapeur d’eau amenée, par exemple par détente, à dépasser son point de saturation, mais que la détente nécessaire est moins grande pour la condensation des gouttelettes aulour des ions négatifs que des positifs; autrement dit, la vapeur d’eau se condensera d'abord, et plus facile- ment, autour des centres négatifs. Toutes choses égales d'ailleurs, la condensation sera, en outre, d'autant plus intense que l’air sera plus fortement ionisé, contiendra plus d'ions par unité de volume. Toutes ces propriélés nous aideront à concevoir la formation de la pluie ; 3° que les charges libres pc- sitives et négatives engendrées dans l'air par une radiation active ne subsistent pas indéfiniment lorsque la cause productrice a cessé d'agir, mais disparaissent progressivement, suivant des lois numériques aujourd'hui bien connues, par suite de la recombinaison des ions de signe contraire qui se neutralisent réciproquement à la longue; 4° que les ions négatifs se diffusent plus rapi- dement que les ions positifs vers les corps conduc- teurs voisins, c’est-à-dire que, si un gaz ionisé cir- cule dans un tube électriquement neutre, le nom- bre des ions positifs qui viendront lui céder leur charge par suite des mouvements intérieurs du gaz sera moins grand que celui des ions négalifs. On a été, par suite, amené à rechercher quelles sont les causes qui ionisent d'une manière perma- nente l'air atmosphérique; la question est loin d'être encore complètement élucidée ; cependant, on peut considérer actuellement comme bien établi: 1° que les couches inférieures de l’atmosphère sont enparlierenduesconduclrices, c'est-à-dire ionisées, par les subslances radio-actives contenues dans l'écorce terrestre et les gaz radio-actifs (émanation) qui en dérivent ; 2° que, tout au moins pour les couches plus élevées de l'atmosphère, doit s'y ajou- ter l'effet du rayonnement ultra-violet du Soleil. Lénard a, en effet, montré que les rayons ultra- violets ont, comme ceux de Becquerel, la propriété de faire apparaitre des charges électriques libres, posilives et négatives, au sein des gaz traversés par eux. En outre, et c'est à principalement que nous voulions en venir, ’e} périence a montré que, dans CH. NORDMANN — LE CHAMP ÉLECTRIQUE DE L'ATMOSPHÈRE l'air atmosphérique, les proportions en ions positifs À eten ions négalifs ne sont en général pas du tout les mêmes; on trouve la plupart du temps un À excès d’ions positifs, de telle sorte que, si le con- ducteur électrisé dont la vitesse de décharge donne une mesure du degré d'ionisation de l'air est chargé d'électricilé négative, sa charge, neutralisée par les ions positifs de l'air qu'il attire à sa surface, diminue plus rapidement que s'il avait une charge positive neutralisée progressivement par les ions | négalifs. La charge portée par cet excès d'ions positifs dans un volume d’air donné peut, nolam= ment d'après les recherches d’Ebert, atteindre l@ quadruple ou même plus de la charge totale des | ions négatifs. Si nous admettons que la quantité d'électricité | constituant la charge d'un seul ion est la même en | valeur absolue, quel que soit son signe, ce quid élé, du reste, établi par toutes les mesures quanti talives faites sur ce point, nous pouvons conclure de ce qui précède qu'il ya plus d'ions positifs dans les couches de l'atmosphère où l'on a jusqu'ici fait des mesures, que d'ions négatifs. Il reste que l'air contient un excès d'électricité positive ; nous avons vu au chapitre IT que l'on étaib arrivé à ce résultat par une autre méthode absolu= ment indépendante. Il est, d'ailleurs, évident que la densité électrique de l'air p, définie par l’équas tion de Poisson, s'entend uniquement de l'excès de la quantité d'électricité portée par les ions d'un signe sur la charge totale des ions de signe cons traire. ie Il serait intéressant de faire des mesures coms | binées et systématiques de ç par les deux méthodes. ci-dessus indiquées, dans le but de voir si numéri quement les valeurs obtenues concordent. IV. — VARIATION DIURNE DU CHAMP ÉLECTRIQUE DE L'ATMOSPHÈRE. U 4) La différence de potentiel entre un point de l'air et le sol n'est pas la même aux différentes heures du jour. Presque tous les observateurs qui ont étudié cette varialion, depuis les travaux classiques d8 de Saussure, ont constaté qu'elle présente générales ment l'allure d'une oscillation double, avec deux maxima très accentués vers 8 heures du matin el 8 heures du soir, en moyenne, séparés par deux minima, l'un pendant le jour, l’autre pendant la nuit, ce dernier étant ordinairement le plus impors ant et, chose remarquable, se produisant dans toutes les stations et en toute saison sensiblement à la même heure (4 à 5 heures du malin). La courbe de la figure 1 (qui nous a été obligeam-= ment communiquée par M. Moureaux, directeur de > " CH. NORDMANN — LE CHAMP ÉLECTRIQUE DE L'ATMOSPHÈRE rs [= Qe l'Observatoire du Parc Saint-Maur) montre bien le | … caractère de ce type de variation. - L'oscillation diurne double du champ a été depuis longtemps constatée dans les stations et sous les latitudes les plus diverses (Perpignan, Paris, Saint-Maur, Rome, Naples, cap Horn, Bis- “kra, Batavia, Louxor, elc.), et l’on a cru jusqu’à - ces dernières années qu'elle représentait l'allure constante du phénomène. De plus, comme la pression baromélrique, dans la plupart desstations, présente, elle aussi, une double oscillation diurne, “on a élé naturellement porté à considérer le pre- … mier de ces phénomènes comme engendré par le “second; même une théorie récente, celle d'Ebert, “que nous examinerons plus loin, est basée en - parlie sur celte idée. 7 ER 2" 2 D'autre part, M. Chauveau a eu l'idée d'étu- dier simultanément la variation diurne du champ en deux stations (le Bureau Central Météorologique et le sommet de la Tour Eiffel), très voisines et différant, cependant, beaucoup d'altitude : ses pa- | tientes et belles recherches ont établi que, tandis que la variation diurne au Bureau Central pré- sente l'oscillation double ordinaire, la courbe au sommet de la Tour Eiffel est entièrement différente, el présente la forme générale d'une onde simple, | avec maximum diurne et minimum de nuit, ce qui | est précisément l'allure constalée au sommet des montagnes. M. Chauveau en a conclu que le voisi- nage du sol se manifeste dans la varialion diurne par une influence perturbalrice, produisant un affaiblissement du champ au milieu de la journée. Minuit Fig. 1. — Variation diurne du champ électrique de l'atmosphère au Parc Saint-Maur. b) Des recherches plus récentes ontremis tout cela en question : 1° D'une part, on a constaté que, dans les stations d'altitude élevée, la variation diurne change com- plètement de type. MM. Elster et Geitel, notamment, ont établi qu'au sommet du Sonnblick (3.000") le -minimum de jour disparait pour faire place à un maximum unique, dans lequel semblent se fondre les deux maxima habituels du matin et du soir, de Sorte que la varialion du champ estune onde simple avec maximum diurne et minimum nocturne. Tou- tes les observations faites récemment sur les som- mels de montagnes ont conduit au même résultat‘. ? Nous devons signaler à ce propos une très remarquable série de recherches exécutées récemment dans l'Antarctide par M. le lieutenant de vaisseau Rey, et d'où il semble ressortir nettement que, sous ces latitudes, la variation diurne a également la forme d'une onde simple (C. A. du 20 novembre 1905). Nous verrons, au paragraphe suivant, que cetle influence paraît, d'autre part, en rapport avec l'élévation de la température. e) Enfin, l’auteur de cet article a eu l’occasion, au cours d’une récente mission en Algérie, dont le Bureau des Longitudes lui avait fait l'honneur de le charger, de faire sur ce point une série d'obser- valions dont nous demandons la permission de dire quelques mots, étant données les conditions particulières dans lesquelles elles ont été exécu- tées et les résultats particulièrement nets qu'elles ont fournis. Nous avons enregistré à Philippeville, d'une ma- nière continue, du 7 août au 21 septembre dernier, la varialion diurne du champ. La station choisie se trouvait sur une éminence de 460 mètres d'alliltude, tombant presque à pic au bord de la mer el, au contraire, par une pente très douce vers l'intérieur des terres. Cette station, où le climat est très régu- “orrAoddiprqe à Mo E 9p PI0Q ne o49ydsOupe 9p anbr4790/9 dE70 NP OUANIP UOMETIRA — ‘e ‘SU 446 CH. NORDMANN — LE CHAMP ÉLECTRIQUE DE L'ATMOSPHÈRE 10O+ échelle 1% = Fvolés 2 aug il ÿ0! té i8 WP 49 dE üh ÿ£ tu ul PM ul üL 49 h { porte ee a nn Nav ‘ { = 3 & Es œ PA — a Æ 2 =: = | Æ PT = lier en élé, est exposée régulièrement pendant les heures du jour au vent de mer et la nuit au vent de terre. Les cour- bes diurnes obtenues dans ces conditions pré- sentent une uniformilé et une régularité d'as- pect exceptionnelles, et telles qu'un grand nom- bre d’entre elles sont pour ainsi dire superpo- sables. Le tableau ci-dessous représente en volts, d'après la moyenne des courbes les plus calmes, les excès positifs ou né- gatifs moyens de la va- leur du champ par rap- port à la moyenne diurne à toutes les heures du jour et de la nuit : Excès horaires par rapport à la moyenne. MIDI — 12 AMIE E EEE — 15 RTE An SL — — 20 Et = —} 5 — — 22 6 — — 20 T — — 20 S — —17 9 — — 6 10 — — 2 A1 — + 1 Midi. 1 h.s + 7 RE: : + 3 — +15 a = +19 SU TT + 27 Gus VENTRE + 26 T — + 24 ER M « +- 26 CARACAS UE à +19 ie Ur . Nous donnons, à titre d'exemple, l’une des courbes obtenues (fig. 2). La variation diurne est done caractérisée dans son ensemble par une oscillation simple avec un MaxImuUM VErS 4 heures du soir et un minimum vers à heures | port apparent à Philippeville enire la variation _ mais indirectement, par une action de l'air ayant | sières et avec elles de petites parties de la charge ” du matin; on voit qu'elle serait assez bien repré sentée par une onde sinusoidale à période den 24 heures. ee. . Ce qui peut donner quelque intérêt à ce résultat, … c'est que, tandis que M. Chauveau avait dû, pour obtenir une variation diurne à onde simple, s'élever à 300 mètres au-dessus du sol, tandis que, d'autre part, MM. Elster et Geitel n'avaient obtenu une 1 variation de cetype, en un point près du sol, qu'en … choisissant une station de grande altitude, les courbes de Philippeville ont été obtenues en un" point à la fois très voisin du sol et de faible alti- à tude. Mais, par suite de la silualion particulière. du lieu d'observation, l'air qui, pendant toute lan journée, se trouve au voisinage de l'appareil, pro= vient sans cesse directement de la mer, sans aVOir« passé sur une surface appréciable de terrain. _ De tout cela on peut déduire, semble-t-il, que, si comme l'a montré M. Chauveau, l’oscillation diurne double du champ dans les stations ordinaires tient à une influence perlurbatrice du sol, cette influence provient du voisinage du sol non pas directement, séjourné au voisinage du sol. L'idée que le minimum habituel de la courbe du champ au milieu du jour serait dû à ce que les courants d'air ascendants, produits par l'échaufle-\ ment du sol, emportent dans l'atmosphère des pous= négative Lerrestre, serait bien d'accord avec ce résultat. Celui-ci conduirait à écarter, au contraire, l'hy= pothèse d'après laquelle le minimum diurne du champ serait dû à l’affaiblissement de la radiation solaire que l'on constate généralement au milieu du jour: en outre, nous n'avons trouvé aucun rap= diurne simple du champ et l'oscillation du baro mètre qui s'y est chaque jour montrée nettement A double. Il restera, en tout cas, à expliquer l'allure simple de la variation diurne du champ, el nous verron qu'aucune des théories récentes n'y a encore réussis V. — VARIATION ANNUELLE. L-: La valeur moyenne diurne du champ n'est pass la même, en un point, aux différentes saisons" | mais subit, dans toutes les stations pour lesquelles" | on possède des séries d'observalions suffisamment” | étendues, une variation annuelle extrêmement | nelle, avec maximum en hiver (décembre-janvier). | et minimum en élé (juillet-août). Cette variation est très accentuée et la valeur moyenne du champ peut varier du simple au double, et même pluss | d'une saison à l'autre. Par exemple, à Greenwich; l } CH. NORDMANN — LE CHAMP ÉLECTRIQUE DE L'ATMOSPHÈRE 447 | d'après la moyennne de quatre années ‘, le champ moyen passe de 43 volts pour les mois d'été à | 409 volts pour ceux d'hiver. - 1 semble donc, en quelque sorte, que les lignes Re potentictes qui entourent la surface terrestre aratent en passant de la saison froide à la sai- son chaude. En outre, la variation diurne elle-même se modifie maximum de jour. En particulier à la Tour Eiffel, M. Chauveau à observé que l'oscillation diurne luit ordinairement le minimum du milieu du jour, en rapport avec l'élévation de la température. L air ascendants, il est probable que, l'échauffement e la surface terrestre étant beaucoup moindre en iver, ce minimum devra être moins accentué. - Il est, d'ailleurs, à remarquer que les courbes ue nous avons enregistrées à Philippeville, au isinage du sol, et qui ne présentent aucune trace un minimum diurne, ont été obtenues pendant été, alors que les courbes de la Tour Eiffel, obte- “nues à la même saison, à 300 mètres du sol, et bien que la Rene moyenne y fût alors bien oindre qu'à Philippeville, présentent ce minimum. - On peut, semble-t-il, en tirer cette conclusion, nforme à ce que nous avons déjà vu : que l'ac- L bon perturbatrice du sol sur la variation diurge du champ peut être complètement annulée, même | dans la saison la plus chaude et au voisinage immé- . diat du sol, si les masses d'air dans lesquelles on mopère n ont pas stagné en quelque sorte près de la L surface terrestre, et proviennent, comme dans nos expériences de Philippeville, de la mer. Ç —…._ VI. — INFLUENCE DE QUELQUES PHÉNOMÈNES ACCIDENTELS SUR LE CHAMP. La plupart des perturbations atmosphériques | produisent, dans l'allure ordinaire du potentiel de 2 CHAUvVEAU : Loc. cit. sortie l'air, des modifications locales qui sont parfois d’une intensité extraordinaire. Nous n'en citerons que deux exemples : 1° Les chutes de pluie déterminent presque tou- jours des variations très grandes du champ; le plus souvent, celui-ei devient alors fortement négatif; quelquefois aussi, il s'exagère dans le sens positif; la courbe de la figure 3, que nous avons obtenue à Philippeville le 143 septembre dernier, présente un curieux exemple de ce second cas. Ce jour-là, le temps avait été très beau jusque vers 2? h. 40, heure à eue le ciel s’est couvert de cumuli légers; de 2 h. 55 à 2 h. 58, c'est-à-dire © l E = Ÿ ù | EN V & À \ É | PS à fre è Ë S (l + 1 rer 1 2h 3 4 si Fig. 3. — Influence d'une pluie sur le champ électrique de l'atmosphère. pendant trois minutes seulement, il y a eu une chute soudaine de pluie qui a élé exactement notée et qui correspond sur la courbe aux abscisses de deux traits pointillés. On voit que le champ, qui, déjà plus d'un quart d'heure avant les premières gouttes d'eau, s'était mis à croître avec une grande rapidité, s'est trouvé, au moment précis de la pluie, à sa plus grande valeur positive (au moins à fois plus grande que sa valeur habiluelle et telle que l'image est de l’enregistreur). Si nous nous sommes | permis de rapporler en détail cette observation, c'est qu'elle nous a paru typique du fait que l'in- fluence d'une chute de pluie sur le champ com- mence à se manifester un temps notable avant que les premières gouttes d’eau parviennent au sol. Il semble qu'on ne peut interpréter ce phénomène qu'en admeltant que cette pluie portait avec elle une forte charge positive ; elle a commencé à agir- 448 CH. NORDMANN — LE CHAMP ÉLECTRIQUE DE L'ATMOSPHÈRE ad + À par influence sur les appareils placés au voisi- nage du sol, alors qu'elle élait encore à une assez grande hauteur. Et, à ce propos, il faut remarquer qu'à part quelques observations isolées faites en Allemagne, on ne possède encore aujourd'hui aucun ensemble | de données sur la question dont Lord Kelvin mon- trait, dès 1865, toute l'importance en l’énonçant en ces termes : « Les particules de pluie, de grêle et de neige possèdent-elles des charges absolues d'électricité en tombant à travers les couches d'air? S'il en est ainsi, sont-elles positives ou négalives et comment varie leur intensité dans les différentes conditions de lieu et de temps? » (Discours à la Royal Institu- tion). 2° Le vent seulsuffil par- fois à perlur- ber le champ: mais, dans nos régions, son effet n'est jamais très nolable. En revanche, la courbe de la figure 4, ob- tenue pen- dant notre sé- jour à Philip- peville un jour de fort si- rocco, el que nous reproduisons sans commentaires, montre quelles modifications extraordinairement rapides et intenses, non seulement de la valeur du champ, mais de son signe, peut produire le vent du désert. A ce sujet, qu’il nous soit permis de rapporter une remarque curieuse que nous avons faile pen- dant notre séjour au désert dans l'extrême Sud- oranais, et que plusieurs officiers séjournant dans ces régions nous ont confirmée : par temps de sirocco, les queues et les crinières des chevaux arabes offrent souvent une apparence très bizarre ; les poils, au lieu de tomber normalement. s'écar- tent très obliquement les uns des autres jusqu'à être presque horizontaux, et cela dans tous les azi- muts (ce qui prouve que ce n'est pas un effet mécanique du vent); si l’on vient alors à les tou- cher de la main, ils retombent instantanément pour, bientôt après, diverger de nouveau progres- sivement. Si l’on veut se rappeler que les chevaux arabes ne sont pas ferrés, et sont, par suite, assez bien isolés électriquement sur leurs sabots, il paraîtra naturel de penser que les poils des 3volts 4 1O+ échelle 1% Z S: | grandes valeurs (comme la courbe précédente en. 4 | faudrait Fig. 4. — Influence du sirocco sur le champ électrique de l'atmosphère à Philippeville. 2 > [a crinières jouent le rôle des feuilles d'un électro scope et prennent facilement, par suite de leur forme effilée, le potentiel de l'air ambiant, ce qui, lorsque le sirocco donne à ce potentiel de très. fait foi), suffit à les faire diverger notablement. Peut-être est-ce aussi dans cette direction qu'il chercher l'explication de l'influence étrange qu'exerce le sirocco sur le système ner- veux d'un grand nombre de personnes. À VII. — EFFETS DES ÉCLIPSES DE SOLEIL. Le fait que le champ terrestre présente des varia de bien d’au- tres consid réelle, doive ètre com plexe. D'une part, en effet, d'après les caractères den la variation diurne dégagés de l'influence du sol les plus grandes valeurs du champ correspondent | aux heures de la plus forte insolation, le minimum» ayant lieu la nuit; d'autre part, au contraire, l'a lure de la varialion annuelle est telle que les plu grandes valeurs moyennes du champ correspondent | à la saison où la radiation solaire est minima. Il semble qu'il y ait là une contradiction apparente eb nous y reviendrons tout à l'heure (v. ci-dessous» chap. VIII et IX). { Quoi qu'il en soit, on a été amené à se demander si la diminulion du rayonnement solaire lors d'une éclipse pouvait modifier l'allure habituelle du champ, et dans quel sens. El, à l'occasion de l’éclipses totale du 30 août dernier, des expériences onL été tentées dans ce sens par divers observateurs en. Espagne et aux Baléares et par l’auteur de cet artis cle à Philippeville. Malheureusement, partout, sauf à Philippeville, le temps fut couvert et l'effet possible de l'éclipse masqué par des perturbations du champ dues aux irrégularités météorologiques: : Li CH. NORDMANN — LE CHAMP ÉLECTRIQUE DE L'ATMOSPHÈRE ” 449 paraissent telle- ment nets, et ils ont été obtenus dans des condi- lions météorolo- ques si favora- es, quil ne pa- raitra peut-être inutile de les ICI. à figure > re- résente la cour- obtenue le r de l'éclipse; trait pointillé ésente aux nes heures, aprèsla moyen- e des courbes les plus calmes 1 rer “dessus de sa va- r habituelle oyenne pen- nt toute la du- * marquable de la | courbe est l’exis- Vence d'un maxi- L extrème- ” + cchele 1H=2L volts 6 -T Fig. 5. — Variation du champ électrique de l'atmosphère à Philippeville pendant l'éclipse de Soleil du 30 août 1905. + confirmation ou l'infirmation des résultats que | ous avons obtenus à Philippeville; mais ceux-ci | 10° n° 70P9u00 :] | ionographe à écoulement liquide légèrement mo- difié, indiquait un minimum absolu (fig. 6). En outre, cette dernière courbe présente une allure descen- dante progres- sive jusqu'à son minimum pour remonter gra- duellement en- suite, de telle sortequeles pha- ses du minimum de la courbe sont en retard sur les phases astrono- miques de l’é- clipse ‘. Sansnouséten- dre davantage sur ces faits, qui 5? demandentàêtre étudiés à nou- veau, lors d'é- clipses ultérieu- J28JU09 JaIWay) 9}!/840] 19PJU09 J8/UIa( Midi 040 1" 2h RESTE ës jours voisins de l'éclipse, l'allure normale du | res, nous remarquerons seulement : 1° Qu'il semble y avoir une connexion directe entre l’augmentation du champ observée à Philip- peville pendant début de S à l'éclipse et la di- œ o . . > a © minution consta- ss Fs tée de l'ionisa- & tion posilive de l'air; que cet ef- fet est conforme à la théorie, car Elster et Geite} ont montré que, toules choses ., égales d'ailleurs, toute diminution | momenlanée de la conductibilité de l’atmosphère doit correspon- dre à une aug- mentation du ; champ; 0 = th Midi Fig. 6. — Courbe des ions positifs de l'air à Philippeville pendant l'eclipse ment accentué (marqué en M sur la figure), quiest | le maximum maximorum de toute la journée, et qui s'est produit à 2 h. 45 environ. Or, précisément à la | même heure, la courbe de la conductibilité due aux | ions positifs de l'air, enregistrée au moyen de notre | Il a ; (il 25 si 4h ce EL 2 Que la dimi- nution du rayon- nement solaire par l'interposi- tion de la Lune s’est accompagnée d'une modifica- tion du champ dont le sens est le même que celui de Soleil du 30 août 1905. ! Pour les détails de ces expériences et la descripuon de l'ionographe employé, voir les notes de l'auteur dans les Comptes rendus du 4 décembre 1905 et du 12 mars 1906. 450 nee, AUX CH. NORDMANN — LE CHAMP ÉLECTRIQUE DE L'ATMOSPHÈRE + qu'on observe par suite de la diminution de ce | rayonnement de l'été à l'hiver. VIIE. — IDÉES THÉORIQUES RÉCENTES SUR LA QUESTION. Il nous reste à indiquer brièvement comment la | considération des ions atmosphériques a, en cesder- | nières années, modifié nos idées sur le champ élec- | trique de l'atmosphère etses diverses particularités. Pour les théories plus anciennes, nous renver- rous, afin de ne pas surcharger cet article déjà trop long, à l'exposition complète qu’en a faile M. Chauveau dans ses Mémoires. $ 1. — Théorie d’Elster et Geitel. Après leur découverte des ions ou charges électriques libres de l'atmosphère, produits à chaque instant par le rayonnement radio-aclif du sol et sans doute d'autres causes encore mal con- nues, MM. Elster et Geitel, se basant sur le fait, | établi par Zélény, que le coefficient de diffusion est plus grand pour les ions négatifs que pour les posi- tifs, en ont déduit que, dans un temps donné, la surface du sol doit recueillir un nombre des ions négatifs de l’air environnant plus grand que celui des ions positifs; la Terre prendrait ainsi une charge négative, tandis que l'air lui-même garde- rait un excès d'électricité positive. Dans cet ordre d'idées, la chute normale du potentiel s'explique aisément, et aussi d'autres particularités de l'élec- | tricité atmosphérique, notamment la diminution du champ avec l'altitude (puisque l'air renferme un excès d'ions posilifs). Il faut remarquer, cependant, que le champ élec- trique ainsi créé au voisinage du sol doit tendre | rapidement à produire un effet inverse de celui de la diffusion : on sait, en effet, que, dans un champ donné, les ions positifs se déplacent vers le côté négatif du champ (les ions négatifs allant en sens inverse) et avec une vitesse proportionnelle à l'in- tensité de ce champ. De la sorte, il doit s'établir un état d'équilibre tel que l'excès de charge néga- tive amené au sol par l'inégale diffusion des ions soit compensé par l'apport d'un excès d'ions posi- tifs dû au champ ainsi créé. Or, divers observa- teurs, et notamment M. G. Simpson, ont recherché quel pouvait être l'ordre de grandeur de ce champ limite ; en plaçant une sphère électriquement isolée au sein d’un gaz ionisé, ils ont constaté que le champ ainsi créé est sensiblement nul et notable- ment insuffisant pour expliquer de la sorte le champ si intense de l'atmosphère, alors qu'au con- traire un conducteur peut, par le simple effet de la diffusion, prendre une charge assez notable, lorsque, comme dans l'expérience de Zélény, il est creux et traversé par le gaz ionisé. | elles se transporteraient jusqu’à ces allitudes. IL semble que, dans ce dernier cas, la grandeur de l'effet obtenu tienne à ce qu'il ne peut pas se crée de champ antagonisle dans la cavité traversée par le gaz ionisé. Or, dans le cas du globe terrestre l'effet de la diffusion ne peut s'exercer intégrale ment de la sorte que dans un nombre limité de. cas, et notammert à l'abri des anfractuosités du” globe qui protègent électrostatiquement l'air sous= jacent contre l’action direcle du champ extérieurs En résumé, si l'on peut dire que l'hypothèse si simple d'Elsler et Geitel a ouvert des horizons absolument nouveaux à la Météorologie électrique il n'est pas encore prouvé qu'elle concorde quant tativement avec les phénomènes: en particulier dans sa forme primilive, elle parait incapable d'expliquer la persistance, jusqu'à plus de 3.000 mè tres de hauleur, des charges positives libres d l'air, car elle n'indique pas par quel mécanism En outre, les volumes de l’atmosphère où diffusion seule peut avoir son effet sont très petits et négligeables par rapport à ceux où se produi l'effet antagoniste du champ. $ 2. — Théorie d'Ebert. M. H. Ebert a très heureusement modifié de L facon suivante l'hypothèse d'Elster et Geitel : L résulte des expériences de ces derniers que l'ai qui se trouve dans les cavités et les pores de | surface terrestre est fortement ionisé, et beaucoug plus que l'air extérieur; M. Ebert suppose alors avec beaucoup de vraisemblance : 4° que tout baisse barométrique doit expulser du sol une parti de l’air ionisé qu'il contient ; 2° que cet air, en cireus lant alors dans les pores terrestres, doit céder pa diffusion à leurs parois plus d'ions négatifs que di positifs, de sorte qu'il apporte à l'atmosphère uw excès d'ions positifs que les vents et les courants d'air ascendants doivent transporter jusqu'a couches les plus élevées. Ainsi, le champ terrestre normal se régénérera sans cesse partout où de fo échauffements dusol ou des minima barométriques laisseront échapper des quantités notables de l'air contenu dans les pores, fentes, cavernes et cawi Œ | diverses du globe. Il est vrai que les dépressi ‘ barométriquessonttoujours compensées en d'autre endroits par des hautes pressions équivalentes qu tendront, au contraire, à refouler l'air dans le pores du sol; muis cet effet ne pourra que très fa blement diminuer l'effet précédent, car l'air libre est beaucoup moins fortement ionisé que l'air aspiré du sol, comme l'ont établi Elster et Geitel. ; Poussant plus loin encore ses déductions, M. Ebert explique de la même manière le parallés lisme souvent constaté entre la double période diurne du baromètre et celle de l'électricité atmo= 4 _æ | nee, (2 MANN — LE CHAMP ÉLECTRIQUE DE L'ATMOSPHÈRE 451 * sphérique, qu'il considère comme une relation de ause à effet. D'ailleurs, indique-t-il, il ne faut pas s'attendre à une coïncidence des maxima et des minima des deux périodes considérées; en effet, l'air repoussé par une pression barométrique dans les pores capillaires du sol doit vaincre pour y pénétrer une grande résistance de frottement; cette résistance s'exerce aussi lorsqu'une dépression ispire l'air au dehors, ce qui pourra retarder de plusieurs heures l'expulsion de l'air fortement ionisé des couches terrestres un peu profondes. insi s'expliqueraient les différences de phases constatées entre la courbe diurne du baromètre et celle du potentiel. Telle est, dans ses grandes lignes, la théorie d'Ebert, inspirée, comme on voit, des idées d'Elster et Geilel. Par sa simplicité, par le grand nombre de faits qu'elle explique, elle a de suite attiré l'attention, et elle est apparue à tous comme un réel progrès. Elle a soulevé, d'ailleurs, en Alle- magne et en Angleterre, des polémiques lrès vives portant principalement sur la mesure dans la- quelle elle peut interpréter quantitativement les phénomènes. On a fait à ce sujet des expériences contradictoires ; nous n'en parlerons pas, car, à notre avis, les mesures faites jusqu'ici sur la teneur en ions des diverses couches almosphé- riques sont trop peu nombreuses, et localisées en un op petit nombre de lieux du globe, pour fournir mudes bases certaines à des calculs quantitatifs “(sinon à l'ordre de grandeur près: et, à ce point de “rue, la théorie d'Ebert n’esl, peut-on dire, ni con- “firmée, ni infirmée nettement). Toute discussion numérique nous semble sur ce point d'autant plus “prématurée que ni Ebert ni ses contradicteurs n'ont tenu compte, dans leurs expériences et leurs calculs, des gros ions de faible mobilité, qui, d'après M. Langevin, se trouvent en très grand nombre dans l'atmosphère. Restantuniquement sur le terrain qualitatif, nous “ferons simplement quelques remarques quilaissent d'ailleurs intacte la valeur des idées si originales d Ebert; elles ont simplement pour but de montrer “que les causes qu'il invoque sont loin d’être les seules qui concourent aux manifestations de l'élec- “ricité atmosphérique, et doivent être fréquemment beaucoup plus importantes. - à) La variation diurne du champ, dès qu’on | s'élève à une faible distance du sol, comme l'a établi devient une période d'onde simple ; on ne voit pas “alors comment peut intervenir l'explication de M. Ebert pour la théorie de la période diurne dans les couches d'air qui ne sont pas au contact immé- diat du sol. La variation diurne du baromètre est, accompagnées et même masquées par d'autres | en effet, la même, par exemple à la Tour Eiffel et au Bureau Central météorologique ; or, celle du champ électrique y est fort différente; D) La variation diurne du baromètre ne change pas sensiblement de l'été à l'hiver; or, la double oscillation duchampest beaucoup moins prononcée à la saison froide qu'à l’autre; si l’on essaie de faire intervenir, comme Ebert, l'échauffement du sol comme facilitant l'expulsion de l'air occlus, on trouve, en oulre, contrairement aux faits, que la dépression minimale du champ, au milieu du jour, devrait être plus prononcée en hiver qu'en été, puisqu'en élé l'air surchargé d'ions positifs s'é- | chappe en plus grande quantilé du sol échaufé; en outre et pour les mêmes raisons, et contrairement à ce qui est constaté, la valeur moyenne du champ devrait être plus grande en été qu'en hiver; c) Si l'expulsion hors du sol de l'air surchargé d'ions positifs était la seule source du champ élec- trique de l'atmosphère, ce champ aurait dû, dans notre slation de Philippeville, être beaucoup plus intense la nuit, quand le vent souffle de terre, que le jour, quand il vient de mer. Or, c'est l'inverse qu'indiquent nos courbes. Il y a donc une source d'électrisation positive de l'air provenant de la mer, qui doit être beaucoup plus importante que celle indiquée par Ebert; d) Enfin, on ne voit pas plus dans les idées d'Ebert que dans celles d'Elster et Geitel quelle cause peut élever jusqu'à une altitude supérieure à 3.000 mètres l'excès d'ions posilifs dont la décrois- sance constatée du champ a indiqué la présence à ces hauteurs, d'autant plus que le champ lui-même tend, au contraire, à repousser les ions positifs vers le sol et à élever les négatifs. $ 3. — Idées de M. Gerdien. C'est précisément cette dernière contradiction qu'a eu en vue M. Gerdien dans les très intéres- santes considérations qu'il a exposées récemment et qui complètent heureusement les théories anté- rieures, en faisant intervenir, comme facteur fonda- mental de la production des phénomènes, l'effet des précipitations atmosphériques (pluie, neige). Tandis que, dans les hypothèses d'Elster et Gei- tel et d'Ebert, la séparation des ions aériens des deux signes, qui régénère sans cesse le champ terrestre, se faisait dans les couches les plus voi- sines du so], d'après Gerdien elle aurait lieu principa- | lement dans les couches les plus élevées, par suile notamment M. Chauveau, se modifie, et de double : de la propriété qu'ont les ions des deux signes de condenser inégalement la vapeur d'eau. Rappe- lons d’abord que cette propriété a été découverte par M. Wilson, qui, en produisant la détente d'un certain volume d'air saturé d'humidité, a montré que la condensation de la vapeur en gouttelettes se 452 produit autour des ions négatifs pour une détente de 1,25 volumes, et aussi pour les ions positifs, lorsque la détente est plus grande et atteint 1,38 volumes. Voici ce qui se passerait alors dans l'atmosphère : L'air ionisé des couches inférieures emporte avec lui son humidité vers des couches plus élevées lorsqu'il se produit des courants d'air | ascendants ; par suite de la diminution de pression avec l'altitude et pour des vitesses ascendantes suffisantes, il se produit une détente sensiblement adiabatique de ce gaz, se traduisant par une sur- saturation de son humidité. Pour une certaine altitude et une certaine vi- tesse du courant d'air ascendant, la détente devient égale à 1,25 et ia condensation des gout- telettes d'eau se produit alors aulour des ions négatifs qui, considérablement alourdis par leur enveloppe liquide (dont plusieurs se réuniront peu à peu pour former des gouttes plus grosses), ne tarderont pas à avoir un retard sur le reste de la masse ascendante qui contient les ions positifs ; ceux-ci sont entrainés vers des régions plus éle- vées, où ils pourront à leur tour, pour une vitesse beaucoup plus grande du courant d'air, correspon- dant à une détente adiabatique de 1,38, servir de noyaux à de nouvelles gouttelettes. Mais il est évi- dent que la formation de gouttelettes positives sera beaucoup plus rare que celle des goutteleltes négatives, puisqu'elle nécessite des vitesses de l’air ascendant beaucoup plus rarement réalisées. En un mot, il doil se former dans l'atmosphère des nuages chargés le plus souvent d'électricité néga- tive. l'air ambiant restant positif ; et c'est précisé- ment la chute de ces nuages négatifs sous forme de pluie qui régénérerait sans cesse la charge néga- tive du sol et laisserait l'atmosphère chargée positi- vement, malgré la conductibilité due précisément aux ions des deux signes et qui tend à annuler conlinuellement ce champ. Autrement dit, les cou- rants de convection négatifs dus aux chutes de pluie suffiraient, et au delà, à compenser le courant de conduction dû au champ terrestre, et qui tend à accumuler vers le sol les ions posilifs. Telle est, dans ses grandes lignes, l'hypothèse de Gerdien; pour expliquer l'existence du champ dans les régions du globe où il ne pleut pas, son auteur admet, en outre, que l'air possédant un excès d'ions positifs est sans cesse amené par la circula- tion générale de l'atmosphère au-dessus des ré- gions sans pluie. On voit de suile quel intérêt s'at- tacherait à une étude régulière de l'électricité plu- viale ; les quelques données trop rares que nous possédons à ce sujet, et qui sont dues à Gerdien lui-mème et à Elster et Geitel, tendent en tout cas à prouver dès maintenant que la charge des gouttes de pluie est le plus souvent négative, et d’une in- 1 CH. NORDMANN — LE CHAMP ÉLECTRIQUE DE L'ATMOSPHÈRE F | tensité lelle que, malgré la durée relalivement faible des chutes de pluie, elle n'est numérique- ment guère inférieure, tout au moins dans nos cli- mats, aux valeurs qu'exige cette théorie. Pas plus d'ailleurs qu'Ebert, Gerdien n’explique les particularités de la variation diurne du champ, qui sont cependant, après l'existence même de ce- lui-ci, les mieux établies peut-être parmi les faits connus de l'électricité atmosphérique. I] n’en reste pas moins que leurs hypothèses, écloses toutes deux k dans le champ si fertile de la théorie des ions, et qui se complètent sans s'exclure, constituent les progrès théoriques les plus réels que l’on ait faits depuis longtemps dans la Météorologie électrique. CT IX. — QUELQUES REMARQUES. ® pins _ Il est assez curieux qu'Ebert ne tient pas compte, dans sa théorie, d’un fait remarquable qu'il a lui- même contribué à élablir lors de ses expériences en ballon, à savoir : que la teneur en ions de l'air atmosphérique augmente rapidement avec l'alti- tude jusqu'à dépasser 23 fois, à 3.000 mèlres de | hauteur, sa valeur près du sol. Ce fait semble pour- _" tant démontrer que les substances radio-actives du M sol sont loin d'être la seule cause d'ionisation at- mosphérique. Et il semble bien légitime, en effet, d'augurer que, tout au moins pour les couches élevées de l'atmosphère, le Soleil est un facteur im- portant de celte ionisation, ne fût-ce que par son rayonnement ultra-violet, car Lénard a montré qu'un tel rayonnement agit à ce point de vue comme les corpsradio-actifs. La conductibilité d’une partie de l'atmosphère étant eu un lieu plus grande en été qu'en hiver doit donc, toutes choses égales d'ailleurs, diminuer le champ atmosphérique à la. saison chaude, et ceci précisément expliquerait la variation annuelle du champ, que les théories d'Ebert et Gerdien laissent, comme nous l'avons vu, dans l'ombre, ainsi que la variation diurne. È | Pour ce qui est de celle-ci, le seul fait qu'elle a une période de vingt-quatre heures nous paraît dé- montrer qu'elle est en quelque manière sous la dé- pendance du Soleil. Mais ici une contradiction Se. fait sentir puisque, tandis qu'en passant de l’élé à l'hiver la diminution du rayonnement solaire sac compagne d'un abaissement du champ, en pas- sant du jour à la nuit elle coïncide, au contraire,» avec une augmentation de celui-ci, lorsque l'on | considère sa période diurne d'onde simple, déga- gée de l'influence directe du sol. | | | L'action solaire serait donc complexe et aurait deux effets opposés dont l’un pourrail, suivant les circonstances, l'emporter alternativement sur l'autre : le premier doit être, comme nous venons | de le voir, une conductibililé plus grande de l'air; 1 1 econd devrail être une augmentation du champ. IL y aurait peut-être moyen de tout concilier en ad- -meltant, par exemple, que le Soleil nous envoie des ons #, qui sont, comme on sait, chargés d'élec- eité posilive et sont en même temps des ionisants enses. Celte hypothèse ne paraitra sans doute absurde, si l’on se souvient que la présence en ande quantité d'hélium dans le Soleil est une te présomption pour qu'il y existe des radio-élé- ients. On sait, en outre, que les rayons x sontles ls que ces corps émettent dans toutes les périodes de leur existence. La charge d'ensemble de la Terre et de son atmosphère serait alors positive. Pour terminer, nous remarquerons qu'une cause sans doule très im- rtante de l'électricité atmosphérique doit prove- dir du phénomène découvert il y a une dizaine d'années par Lénard : que des gouttelettes d'eau ée en mouvement prennent une charge négative J. DYBOWSKI — LA PRODUCTION LÉGUMIÈRE MODERNE | 453 et laissent! à l'air ambiant un excès d'électricité | posilive. Etant donné que la surface des océans re- présente la plus grande partie de celle du globe, on concoit que le mouvement conlinuel des vagues, éparpillant les gouttelettes d’eau à leur surface, doit fournir en permanence une électrisalion posilive à l'atmosphère. Les résultats obtenus à Philippe- ville au bord de la mer s'accordent, en particulier, très bien avec cette hypothèse. Le phénomène de Lénard doit donc concourir, au même titre que ceux qui ont fait l'objet des théo- ries exposées ci-dessus, à l'existence de l'électricité atmosphérique. Tant il est vrai que la Nalure emploie pour ses fins les moyens les plus disparates, sans souci des limites étroites de chaque théorie. Ch. Nordmann, Docteur ès sciences, Astronome-adjoint à l'Observatoire de Paris Les hygiénistes s'accordent à reconnaitre que, ( plus souvent, l'alimentalion des habitants des les est vicieuse. Elle a pour base la viande, alors qu'elle devrait se composer, pour la plus grande t, de légumes. Ceux-ci, peu à peu, ne sont plus venus que l'assaisonnement des plats. On ne rt presque plus de légumes seuls, à l'exception iéniques, niles plus nourrissants. Nous sommes Gräce à de nouvelles forces contingentes, les umes frais, venus en toule saison, qui étaient ë privilège de quelques-uns, sont devenus à la portée de lous. C’est qu'autrefois ils étaient pro- duits dans des conditions spécialement difficiles, laide d'un outillage coûteux, au moyen de mé- des que, seuls, les iniliés pouvaient appliquer ont ils possédaient le secret. rOus de Paris était entouré d’un voile impénétrable, dont on ne pouvait percer le mystère. Leurs pro- duits étaient à tel point estimés que, venus sur des s dont le loyer annuel dépassait souvent 0 fr. 50 le mètre carré, ils étaient exportés jusqu'en Alle- magne et en Russie. Nul ne savait les produire plus beaux, meilleurs et plus savoureux. Nul sur- tout ne possédait le secret de produire en toule Saison, sous les frimas les plus durs, des légumes REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906, fut un temps où l’art des maraichers des envi- LA PRODUCTION LÉGUMIÈRE MODERNE qui semblaient venir avec le concours de l'ardent soleil, alors qu'ils avaient poussé sous le ciel bru- meux de notre capitale. C'est ainsi qu'un produc- teur s’élait engagé, et tint complètement sa pro- messe, d'apporter toute l’année, tous les quinze | jours, à la Société d'Horticulture de France, plu- quelques-uns, qui ne sont certes ni les plus | sieurs bottes d'asperges, toujours aussi grosses el aussi belles. Autrefois, la science du maraicher consistait à contrecarrer les saisons, à les ployer pour ainsi dire à sa volonté, en créant des milieux factices dans lesquels toutes les plantes se pouvaient déve- lopper et produire. Toute son intelligence, comme son inlassable activité, s’appliquait à trouver des mélhodes, comme à créer des races, qui pussent lui permettre d'effacer les saisons et d'unifier la production, au point de donner l'illusion d'un élernel renouveau. Mais ces produits chèrement conquis étaient l'apanage du riche. Or, on peut dire que la produc- tion culturale a suivi de près le mouvement général d’unification, de nivellement, qu'elle s'est démo- cratisée. Il n'est pas loin de nous le temps où la base de l'alimentation du peuple comprenait en tout huit ou dix légumes, que l’on consommait frais et nouveaux pendant la belle saison ou que l'on conservait pendant l'hiver. Ces conditions ne se retrouvent plus que dans les campagnes. C'est maintenant dans la ville, en toule saison, un appro- visionnement régulier de tous les légumes mis à la portée de tous. 10 I Que s'est-il donc passé? On peut résumer la situa- tion en disant que, si l'art du producteur a été, il y à peu de temps encore, de savoir lutter contre le climat, il consiste aujourd'hui à savoir en tirer parti. Les voies de communication plus nombreuses, mieux desservies, pourvues d'un matériel plus moderne, plus perfectionné, jouent le rôle de canaux qui feraient communiquer des vases très éloignés en unifiant leur niveau. La production maraichère des environs des grandes villes a dû subir le choc résultant de ces circonslances nouvelles, impuissante à enrayer ou seulement à ralentir un mouvement qui porte une grave atteinte à ses prérogatives, nées de son opi- niâlre travail, de son talent et, peut-on dire, de son art. Elle assiste à sa déchéance, sans y pouvoir rien changer. Elle se débat encore cependant; elle lulle avec les armes courtoises que lui donne sa connaissance profonde des plantes et du milieu dans lequel elle évolue. Elle garde encore, pour privilège, ses races les plus perfectionnées de légumes, qu'elle a su faire naître de toutes pièces par une sélection rigoureusement élablie. Certes, les fruits de sa production sont les plus beaux, les meilleurs qui se puissent trouver, mais ils sont à tous moments concurrencés par ceux, venus sans peine, et encore sans assez de soins, sous un ciel plus clément, et que de rapides moyens de trans- port déversent sur nos marchés. Le seul privilège qui lui reste encore réside dans sa science et son talent. Mais que demain le cou- rant d'émigration des maraichers eux-mêmes les chasse vers ces sources nouvelles et naturelles de production légumière, qu'ils emportent avec eux leurs semences obtenues au prix de lant de soins, et leur art de la culture, et c'en est fait de la produc- tion suburbaine. Le fait est d'autant plus à prévoir que les circon- stances mêmes d'où est néle maraichage sont en train de s’atténuer, sinon de disparaitre. Quelles sont les raisons pour lesquelles ces habiles artisans sont venus s'établir aux portes des villes, dans l’intérieur même des remparts de la capitale, où le terrain leur est si parcimonieusement mesuré et où ils sont astreints à en payer un loyer excessif? Est-ce pour pouvoir transporter plus aisément leurs produits sur le marché? Celle cause n’a jamais été au nombre des raisons dominantes, et la meil- leure preuve que l’on en puisse donner, c'est que bon nombre de légumes produits dans l’intérieur de Paris sont exportés jusque dans les capitales de toute l'Europe du Nord. La raison dominante qui a rapproché la création des jardins maraichers des villes, c’est la nécessité J. DYBOWSKI — LA PRODU * VER CTION LÉGUMIÈRE MODERNE d'avoir sous la main, pour l'établissement des couches, qui sont la base sur laquelle naît toute la culture forcée, des quantités énormes de fumier d'écurie, qui seul est capable, par sa fermentation, de donner au sol recouvert de vilrages la quantité de chaleur humide nécessaire à la bonne venue des. végétaux. Or, il n'y a pas à se le dissimuler, celte base première indispensable est en train de disparaitre. Elle est sapée de tous côtés. D'une part, les grandes écuries cherchent à utiliser d’autres substances que la paille, matière nécessaire à l'établissement des couches: on la remplace par la tourbe, la sciure et des déchets d'industries diverses. Mais, ce qui est plus grave encore, le moteur animé tend diminuer en nombre, dans les villes tout au moins, et l’on entrevoit déjà le jour où il aura fait place au ROIEUS mécanique. À ce moment, le maraîcher sera privé de son indispensable outillage. Ÿ | Mais les circonstances qui ont précédé cells cause de désorganisation des cultures urbaines, sont, avons-nous dit, le développement des gran moyens de communication, qui, d'une part, a inei 3 les peuples à se porter plus aisément, et avec moin de répugnance aussi, vers les régions qui sembl s'être rapprochées de nous, et, d'autre part, facilité le transport des produits obtenus. Le problème économique s'est renversé. lieu de lutter contre les saisons et le climat, cultivateur s'en fait un auxiliaire et cherche à tirer parti. Il s'établit là où les saisons plus douces: lui permettent de culliver plus longtemps à Pair libre. Il a compris que, même s'il doit se serwir de verres, cloches ou châssis, il en lirera un par meilleur là où le soleil plus chaud augmentera puissance de son outillage. Et enfin l'organisati plus complète de nos colonies, la sécurité qui sy développe, les voies d'accès et de communication! intérieure chaque jour plus étendues, plus un et plus promptes, lui donnent le moyen d° assurer à bon compte l'écoulement des produits de sa culture. C'est ainsi qu'a pris naissance el quesse, développe avec une rapidité considérable le coms merce des légumes d'Algérie. Mais, malgré les énormes progrès accomplis en ces dernières années, et que les chiffres statistiques, démontrent clairement, ce n'est là que l'aurore d’un jour nouveau. Il faut prévoir le momentoù loutes les cultures de primeurs se feront exclusi-| vement dans les régions chaudes. La vapeur, l'électricité, le froid artificiel auront fait leur œuwre, et accompli ce bouleversement économique. | Il nous faut donc, non pas seulement suivr II J. DYBOWSKI — LA PRODUCTION LÉGUMIÈRE MODERNE 455 ce mouvement, mais le prévoir et le diriger. l'A Les chiffres de la statistique des dernières années _ nous montrent l'imporlance du mouvement, qui ne s'arrêtera plus. - En effet, les indications qu'ils nous fournissent | | Sont les suivantes : | Importations des légumes en France. POMMES DE TERRE nouvelles AUTRES LÉGUMES 1899, . . 110.932 quintaux. 51.160 quintaux. AUD un 192.148 — 68.957 — | 2901. . . 157.710 — 11.294 — 1902 .…. C161:096 — 111.514 — 0-5. 166:974 — 106.901 — ! Î — Voici, pour l'année 1905, le chiffre d'exportation d'Algérie de quelques-uns des principaux légumes: : ARDIChAUtS UN. ue 43.645 quintaux. » HORICOLS ETS 0 32.315 — : BEGISENOISE EE 11.142 - HOMIRLES EME CNE Le 11.135 — 4 … Ce serait folie que de chercher à enrayer un semblable mouvement. La sagesse veut qu'on le \Suive, ou le précède, Certes, le maraichage de LParis n'est pas mort encore; mais, depuis dix ans, “ilse ressent déjà cruellement de l'importation des légumes de primeurs venus des régions plus chaudes. Ce malaise ne fera que s'accentuer et, Imalgré l'extrême habileté des cultivateurs pari- iens, il leur faudra céder à la force des évé- ù Ils s'en iront alors dans ces centres nouveaux de production. Ils y transporteront leurs semences sans rivales, leurs méthodes admirables et leur indomptable énergie au travail. Et ils amé- loreront en la transformant cette culture méridio- male, trop primitive encore, comme ils ont su ployer à leurs besoins, pendant un si long temps, la culture maraichère de Paris et des grandes villes. “C'est qu'en effet la culture méridionale est loin d'avoir dit son dernier mot. Elle est sortie de la période des hésilalions et des tâlonnements, mais le a encore, à l'heure présente, beaucoup à faire pour égaler, dans la perfection de ses méthodes, les résultats obtenus par la cullure maraichère métro- politaine. Il faut que cette dernière lui prête main- lorte et que, se ployant aux exigences économiques du moment, elle envoie ses travailleurs diriger ce mouvement, si puissant déjà à l'heure actuelle, et qui, par la force naturelle des choses, ira néces- Sairement en grandissant. ILest loin de nous le temps où, péniblement, le. ardinier essayait de produire, au prix de quels forts, pendant la période hivernale, des légumes qui ne pouvaient paraitre, en raison de leur haute raleur, que sur la table des privilégiés de la fortune. Aujourd'hui, ces mêmes produits sont devenus populaires; on les consomme à bas prix pendant toute la saison froide. Le bien-être s'en est accru et l'hygiène elle-même y a gagné, par la création d'une alimentation meilleure, et plus variée, car les légumes frais ont remplacé les conserves végé- tales qui tendent à disparaitre. Elles ont paru cependant, à un moment donné, comme le dernier eri de la civilisation moderne. Elles ne sont plus, en ce qui concerne les légumes, qu'une nécessité pour les points que n’a pas touchés encore le réseau des communications rapides. III C'est qu'aujourd'hui le corollaire de la produc- lion sous des climats plus favorables a élé l'étude des moyens de transport. Celle-ci comporte la rapidité de la locomotion elle-même et des lrans- bordements, l'aménagement du milieu transpor- teur, l’abaissement des tarifs et enfin le perfeclion- nement de l'emballage. Ce sont là autant de points qui méritent une élude spéciale, délaillée, minutieuse, et que le producteur devra faire pour mettre de son côté toutes les chances de succès. Malgré les grands progrès qui ont été déjà réalisés sous ces différents rapports, il reste encore beaucoup à faire. Cepen- dant, il faut le reconnaitre, les compagnies de transport ont fait leur possible pour favoriser le mouvement d'expansion et de diffusion. C’est ainsi, pour ne citer qu'un exemple, qu'à l'heure actuelle les légumes chargés à Alger sont rendus ving- quatre heures après à Marseille, où un train spécial les attend qui partira directement pour le Nord de l'Europe. Ce train est composé de wagons iso- thermes, c'est-à-dire présentant à leur intérieur une température constamment uniforme et se maintenant entre % et + 6° aussi bien en hiver qu'en été, ce point ayant été déterminé comme étant le plus favorable à la conservation des fruits et légumes. En quarante-huit heures au plus, les légumes passent done du champ algérien aux halles de Paris, ou chez les expéditeurs de Cologne. C'est déjà un progrès énorme, mais qui admet et qui réclame même déjà des perfectionnements. La question des emballages a, elle aussi, une très grande importance. Le transport ne se fai bien qu'à la condition que les produits soient bien maintenus, qu'ils n'aient pas à subir de chocs, de meurtrissures, et qu'ils arrivent intacts; une autre difficulté réside dans l'emploi de matériaux légers, qui n'augmentent que dans la plus faible propor- tion possible ce que l'on peut appeler le poids mort. Des concours spéciaux ont été ouverts pour rénondre à ce nouveau besoin; ils ont donné déjà des résultats favorables, qui iront encore en se per- 450 D' GUSTAVE LOISEL — REVUE ANNUELLE D'EMBRYOLOGIE fectionnant. Chaque genre de produit admet à l'heure présente un emballage spécial, qu'il im- porte de connaître pour pouvoir se livrer à l'ex- portation des produits obtenus. L'habileté des maraichers, qui s’est efforcée de produire des légumes répondant aux exigences de la culture sous verre, s'exercera désormais à créer des races résistant aux transports, c’est-à-dire ayant des qualités spéciales de conservation et pou- vant, par leur forme et leur nature, se plier aux meilleures conditions d'emballage. C'est ainsi, pour ne citer ici qu'un exemple, que l'on commence à posséder des races de fraisiers donnant des fruits plus fermes, et dont les petites graines de la surface sont saillan!es, de façon à protéger la pulpe contre les chocs du voyage. Et ce fruit, le plus délicat de tous, commence déjà à être transporté pratiquement du littoral algérien en France. D Ces quelques considéralions, rapidement énon- cées, montrent la transformation profonde qui est en voie de s’opérer dans la production des légumes et dont nécessairement il faudra tenir compte dans l'avenir. La culture ndustrielle se trouve donc directe- ment atteinte, et modifiée, par la mise en jeu de forces nouvelles. Il n’en est pas moins vrai que la grande cullure, en plein champ, des légumes à gros rendements, conserve encore et conservera toujours, sans | doute, sa raison d’être et ses avantages. Elle s'est beaucoup développée depuis que, il y à vingt ans, | nous en montrions, pour la première fois, tout l'intérêt pratique. Elle fournit et fournira toujours le fond de l'alimentation du peuple. Les modifications dont nous avons parlé porle- | ront donc surtout sur la culture de primeurs, non sur la production en plein champ, qui, elle, ne, peut que s'accroitre et se perfectionner. Mais, tandis qu'au début le producteur, confiné | dans une région étroile, n'ayant d'autres concur- | rences à supporter que celle des cultures de la même contrée, pouvait se contenter d'exercer son métier et de perfectionner les plantes qu'il cultie | vait, il doit nécessairement lenir compte, à l'heure présente, des circonstances nouvelles qui l'en- tourent et qui font que, les distances n'étant plus rien aujourd'hui, il lui faut regarder plus loin et compter avec toutes les sources nouvelles de pros duclion. L Mais il en est résulté, au total, un immense bien fait dont nous sommes prêts déjà à oublier lime térêt, tant les événements marchent rapidement, et tant on s'habitue vite à ce qui rend la vie plus facile et meilleure: il faut se garder d'en mécon naitre l’imporlance économique el sociale. J. Dybowski, Directeur du Jardin colonial de Nogent-sur-Mariiés REVUE ANNUELLE I. — RECHERCHES NOUVELLES SUR L'OVULE DES MAMMIFÈRES Depuis l'année 190%, époque ou nous donnions ici même ‘ l'état de nos connaissances sur l'élément sexuel femelle, peu de travaux importants ont paru, surtout en ce qui concerne l’œuf des Mammi- fères. Nous devons cependant nous arrêter sur les Mémoires de Van der Strichl*, qui nous apporte une contribution des plus importantes sur « la structure de l'œuf des Mammifères », en même temps qu'il 1 GUSTAVE Loisez Deuxième partie. Rev. suiv. 2 O. Van per Srricut : La structure de l'œuf des Mammi- fères. {re partie : L'oocyte au stade de l'accroissement. Arch. de Biolog., 190%, t. XXI, p. 14-101, pl. 4 à 141. 1. : Seconde partie : Structure de l'œuf ovarique de la Femme. Bullet. Acad. roy. de Méd. de Belgique, 1905, L. XIX, p. 303. In. : La structure de l'œuf des Mammifères (V. Noctula). C. à. de l'Assoc. des Anat., 1905, 6-12. Revue annuelle d'Embryologie. gén. des Se., 1904, t. XN, p. 444 et D'EMBRYOLOGIE sur la même question. Le Professeur Van der Stricht est certes un dés” histologistes auquel nous devons le plus pour Man connaissance intime de l'œuf; nous sommes de ceux aussi nous permeltra-t-il de lui faire d'abord une petite critique qui, du reste, est d’un ordre tout | fait général. Il y a cinq ans, un de ses élèves, Hans,| von Winiwarter, fit paraitre un Mémoire : « L'OvO genèse du Lapin et de l'Homme », mémoire excellent sous bien des rapports, et dont nous avons été heureux de pouvoir parler dans notre revue | de 1904. Winiwarter avait employé, pour ses) recherches, une très bonne technique, qui lui aval! montré, dans la structure nucléaire des ovules, | quelques aspects nouveaux à côté d'autres déjà | décrits; séduit sans doute par la beauté de ses ! préparations, désireux certainement aussi deb mettre de l'ordre dans la variété de ces aspectssil 3 he D' GUSTAVE LOISEL — REVUE ANNUELLE D'EMBRYOLOGIE 457 avait cru devoir créer une lerminolcgie nouvelle ; celte Lerminologie était compliquée, certes, puisque Winiwarter arrivait à distinguer dans les seuls | oocytes € | des noyaux protobroques, F deutobroques, synaptènes, leplotènes, pachytènes, diplotènes, dictyés, “celte fois, heureusement, de désigner par les lettres de l'alphabet; c'est ainsi qu'il décrivait des noyaux L protobroques, variété a; des noyaux protobroques, variété b; des novaux synaplènes, variété e; des noyaux synaptènes, variété f, ete. Nous n’avions pas parlé en son temps de celte terminologie, car nous ne lui croyions aucun succès ; “or, voilà que le Professeur Van der Slricht l'adopte à son tour, en partie du moins, dans son Mémoire. “Nous ne saurions trop le déplorer, quant à nous, car nous estimons que c'est là une des erreurs les plus néfastes pour la science. Cette terminologie, comme la plupart de celles des histologistes, repose “entièrement sur l'aspect que donnent à la malière “vivante certaines méthodes techniques; que ces “méthodes changent ou se modifient, ce qu'elles font “presque tous les ans, les aspects changeront “quelque peu et de nouveaux noms viendront rem- “placer les anciens; encore les remplaceront-ils “seulement dans l'esprit de certains, dans ceux qui aiment la discontinuité dans l'étude des sciences: les autres, au contraire, ceux qui ont l'esprit con- “servaleur, s'en tiendront aux anciens jusqu'à ce que des savants renommés, tels que Van der Stricht, “soient arrivés à répandre, à vulgariser le langage “nouveau. C'est ainsi que, pour une bonne partie, . va notre science, de verbiage en verbiage, cachant “ Lrop souvent la pauvreté des idées sous la richesse des mots. Nous ne voulons pas proscrire évidem- “ ment loute nouveauté en terminologie scientifique, … car nous savons qu'il devient nécessaire, à un cer- tin moment, d'employer de nouvelles appellations . sous peine de confusion, nous voulons dire seu- - lement qu'il faut éviter de créer ou de propager une nomenclature pareille à celle de Winiwarter, qui se rapporte à des fails, tels que la disposition de la chromatine dans les noyaux, qui seront peut-être vus demain, avec une autre technique, sous des aspecis nouveaux. …— Revenons maintenant, après cette digression trop } longue peut-être, à l'étude de l'œuf des Mammi- … fères, d’après Van der Stricht. Lé ‘ $S 1. — La formation de lœuf des Mammifères. Les «oocytes de premier ordre » des Mammi- fères, qui sont probablement les ovules primor- diaux (Oogonies ou Ureier) décrits par les auteurs dans les ovaires embryonnaires et fœlaux, mani- festent leur croissance par deux ordres de phéno- mènes. C'est d'abord l'apparition ou, plus exacte- ment, le développement du corps vitellin, corps de Balbiani ou centrosome primitif. Dans les oocytes les plus jeunes de la Chauve-Souris et de la Femrae (Bg. 1 et 2, c. v.), on parvient à le reconnaitre sur des préparations lrès bien Gxées", sous forme d'un amas arrondi ou ovalaire foncé, dense, très colo- rable par la sa- franine ou par J'hématoxyline ferrique ; si la couche vitello- gène (v.), dont nous parlerons plusloin,estbien visible, on la trouve au milieu de cette zone. Les oocytes grossissent, Île noyall passe à l'état de synap- sis; alors les di- mensions corps vitellin de- viennent plus considérables et le ou les corpus- du Fig. 2 cules EDR Fig. 4 et 2. — Ovaires el ovules qu'il renferme d'enfant nouveau-né (d'après Van der Stricht). — b, oocytes à noyau s’observent plus facilement;ce corps se trans- forme ainsi en centrosome défi- nilif ou idiosome. Au stade du développement parfait, le corps vilellin est formé par un ou plu- sieurs corpuscules centraux, entourés d'une cou- che assez compacte, arrondie; dans l'oocyte de la Femme (fig. 3, 4 et 5), le centrosome peut subir une ou plusieurs divisions, les centrosomes dérivés restant toujours au sein de la même couche cor- ticale ; chez la Chauve-Souris, au contraire, le corps vitellin peut se diviser lout entier de manière à engendrer des corps vitellins multiples séparés les uns des autres (fig. 6). L'ovcyte s'accroît encore, en accumulant de plus deutobroque ; ce, oocyle avec noyau de transition; c.v., corps vitellin; d, oocyle avec noyau leptotène: e, oocyte avec noyau synaptène; y, couche vitellogène. ‘ Les meilleurs fixatifs sont ici les mélanges osmiqués, le liquide de Hermann surtout. 458 D' GUSTAVE LOISEL — REVUE ANNUELLE D'EMBRYOLOGIE en plus du vitellus; mais alors le corps vitellin de- vient invisible. Disparait-il réellement au profit de la couche vitellogène, ou bien persiste-t-il au milieu du vitellus en présentant des caractères peu tran- chés, difficiles à mettre en lumière par une Lech- nique imparfaite? Van der Stricht ne résout pas la question; mais il montre que le corps vitellin doit être considéré comme une véritable sphère attrac- tive, dont la présence serait indispensable pour amener le protoplasma ovulaire à élaborer son vitellus ; il montre, de plus, que le corps de Balbiani doit correspondre à l'idiosome du spermatocyte, s” So, \ Peas de Fig. 4. Fig. 5 Fig. 3. — Trois oocyles voisins d'un ovaire de Femme adulte. — ce et g, boules et granulations graisseuses: c.v., COrps vitellin; y, couche vitellogène; et, épithélium folliculaire. , Fig. 4. — Oocyte d'une Femmeadulle montrant deux centro- sumes (cv) entourés d'une couche corticale. — vi, zone interne de la couche vitellogène, parsemée de boules graisseuses; ve, zone externe ; ca, Corps accessoire. Fig. 5. — Oocyle d'une Femme adulte montrant quatre cen- trosomes (cv), dans une couche corticale continue. d'où dérive l'acrosome du spermatozoïde, tout en faisant des réserves sur l'homologie absolue entre les deux formations. Le second phénomène qui caractérise le dévelop- pement de l’ovule est la formation d'une différen- ciation particulière du corps protoplasmique, qu’on appelle couche vitellogène. Cette couche apparait dans l'ou :yte de la Femme et de la Chauve-Souris à la même époque que le noyau vitellin, sous l'aspect d’un croissant très mince périnucléaire, formant une sorte de couche endoplasmique en rapport intime avec le noyau, qui intervient probablement dans sa genèse. Elle se colore d’une autre manière que la zone exoplasmique et renferme le corps } vitellin dans sa partie la plus épaisse; sa substance paraît dense et homogène, ou, d'autres fois, nette- } ment granuleuse. | Au fur et à mesure que l'oocyle grossit, on voit apparaître à l'intérieur de lacouche vitellogène trois. sortes d'éléments : 4° un grand nombre de granu: lations colorables par la safranine et l'hématoxy= line au fer, les milochondries de Benda. Ces grains peuvent se condenser en amas plus ou moins volumineux ou en filaments très fins, souvent, excessivement nombreux, qu'on a décrits dans ces. derniers temps sous les noms de chondromitess de spicules, de pseudo-chromosomes, ete.; les fila ments peuvent être libres, s’entre-croiser dans toutes les directions ou former des sortes d'enveloppes ou capsules centra- ‘ les fenêtrées; 2° des granulations et des boules graisseuses, qui deviennent sou- vent volumineuses dans les oocytes d’o- vaire de Femme adulte; 3° un corps accessoire énigmati- que, qui parait exis- ter d’une façon cons- tante au milieu de la couche vitellogène. L'ovule s’accroit de plus en plus sous l’influence de ces formations. Il arrive alors un certain moment où I couche vitellogène disparail sous forme de couche protoplasmique distincte; sa parlie périphérique se confond insensiblement avec le cytoplasme en= vironnant; finalement, elle se désagrège, et le corps vitellin nu persiste pendant un certain temps à l’intérieur du corps cellulaire. Celui-ci se voit donc envahi peu à peu, d'abord par une sorte de liquide diffus, et ensuile par des granulalions graisseuses provenant de la couche vitellogène. Sa structure change alors; elle devient pseudo-alvéo= laire. Des vacuoles, d’abord petites et à contenu« clair, augmentent graduellement en volume et en nombre, engendrant finalement des boules vitel=m} lines. Entre ces dernières, persistent toujours de nombreuses granulations graisseuses, surtout nom breuses au pourtour du corps de Balbiani. Tous ces. phénomènes présentent, du reste, un caractères général, puisque Van der Stricht les retrouve à peu près identiques dans les ovules de Femmes, de Chauve-Souris et d'Araignée domestique. 2277777) 14 Fig. 6. — Oocyte d'un ovaire di Vesperugo noclula.— cv, corp vitellin; ef, épithélium follicus laire; vg, vésicule germinatives ps, pseudo-chromosomes ; 2, zone pellucide. KE | Pendant ce temps, les formations mitochon- jales s'écartent et s'éloignent graduellement du corps vitellin ; elles s'épaississent, se raccourcissent ebse transforment peu à peu en amas ou en boyaux s boyaux ont une tendance à gagner la périphé- des vitellus, où ils se désagrègent entièrement L profit d’une couche corticale de vitellus plas- ue ou formateur. Il est probable, du reste, qu'ils ssent également pour l'élaboration du vitellus tritif, car, à mesure qu'ils se transforment, on t apparaitre autour d'eux une aréole claire for- ée d'un liquide hyalin, analogue à celui qui mplit les vacuoles de vitellus nutritif (fig. 7). — Van der Stricht réserve sans doute pour plus tard une étude détaillée des changements chroma- # tiques qui se pro- duisent dans la vésicule germi- nalive, depuis la dernière division des oogonies jus- qu'au stade de la formation du premier fuseau de maluration. C'est là un pro- blème des plus difficiles et des plus intéressants de l’Embryolo- gie, nous disait- il en 1898 !: et “déjà, à celle époque, il avait trouvé et publiait deux stades intéressants de cette évolution qu'il ait observés chez la Femme. Le noyau des jeunes oocytes, entourés ou non d'une rangée de cellules épithéliales encore aplaties, AT. Oocyte dun ovaire de . noctula.—bv,boyau vitellogène; les autres lettres comme ci-dessus. orienté par rapport à un nucléole safraninophile bu achromalique. Ce stade du dédoublement du filament chromatique est tellement net dans l'oocyle e la Femme, que Van der Stricht recommande Povaire d'enfant nouveau-né pour servir aux cours pratiques, comme objet de démonstration de la division longitudinale du peloton-mère au début de a mitose. Une section de ce noyau montre alors plusieurs segments doubles partant de la péri- bhérie et aboutissant au nucléole; d’autres fois, pendant, les différentes anses du peloton double S'entre-croisent dans divers sens en simulant une M! O. Vax Der Srricat : La répartition de la chromatine dans la vésicule germinative de loocyte de la Femme. Verhandi. d. Anat. Gesells., 1898, p. 139-141, avec 1 fig. enferme un filament chromatique double, souvent D' GUSTAVE LOISEL — REVUE ANNUELLE D'EMBRYOLOGIE 459 espèce de réticulum, sur le trajet duquel on apercoit un ou deux nucléoles. A ce stade de peloton chromatique double suc- cède un autre état difficile à rencontrer : il s’agit de l'apparition de véritables anneaux chromatiques, à un moment où la segmentation transversale du boyau nucléinien est encore incomplète. anneaux, qui n'avaient été rencontrés jusqu'ici, chez les Mammifères, que dans les spermatocyles, résultent d'un écartement des deux segments chro- maliques filles au niveau de la partie médiane. Quant à l'évolution ultérieure des anneaux chro- matiques, Van der Stricht n'a pu la préciser jusqu ici. Ces $ 2. — L’œuf des Mammifères (blastocyste) et sa fixation sur les parois utérines. Si l'on excepte le stade 4, que Selenka a observé et figuré chez le Macacus nemestrinus, on ne sait encore rien des phénomènes de la segmentalion chez les Singes et chez l'Homme. Dans les stades de développementles plus jeunes dont on ait con- naissance, chez les Primates, l'œuf segmenté se pré- sentait déjà sous la forme d'une sphère creuse ou blastocyste. D'un autre côlé, aucune recherche ré- cente n'estvenue modifier sensiblement ce que nous connaissons déjà de la segmentation de l'œuf des Mammifères en général; aussi allons-nous mainte- nant voir comment l'œuf de Mammifère, transformé en blastocyste, se fixe et se soude aux parois de la muqueuse utérine. Les travaux qui ont été fails dans ces huit der- nières années sur l'embryologie des Mammifères placentaires nous permettent de reconnaitre, chez ces animaux, deux types de blastocystes. Dans un premier Lype, le blastocyste, au moment où il arrive dans l'utérus, est une grande vésicule qui présente déjà à sa surface une ligne primitive ; celte vésicule reste libre pendant quelque temps, flottant libre- ment dans la cavité utérine. Dans l’autre type, le blastocyste se présente, au contraire, sous l'as- pect d'une petite vésicule qui se fixe presque aussitôt aux parois ulérines : mais, en même temps, se produit le phénomène de l'inversion, après lequel seulement apparait la ligne primitive. Ce second type, qui a été bien ‘étudié chez la Souris par Burckhard', nous intéresse surtout en ce sens qu'il renferme probablement le cas du blastocyste humain. En effet, Selenka avaitobservé, en 1898”, le phénomène de l'inversion des feuillets blastoder- miques chez deux primates : le Semnopithecus nasi- 1 Gorc. Burcknarp : Die Implantation des Eies der Maus in die Uterusschleimhaut und die Umbildung derselben zur Decidua. Arch. f. mikr. Anat., 1901, t. LVLI, p. b28-569, 3 pl. et 4 fig. 2 Biolog. Centralbl., 1898, t. XNIIL, pp. 552-557, avec 10 fig. eus et lJylobates concolor. I avait montré les res- semblances que ces phénomènes ont avec l'inver- sion bien connue des Rongeurs et ajoutait, d'autre part, qu'ils devaient se présenter également dans le blaslocyste humain. Il faisait dépendre l'in version de la coalescence des villosités d'une portion du blastocyste avec l’épithélium utérin, coalescence qui se serait faite pendant le processus de la gas- trulation et qui dépendrait de causes purement mécaniques. Mais, l’année suivante, Hubrecht' présenta quel- ques critiques aux conclusions de Selenka. Il pensait que les conditions figurées par ce dernier sont dues à ce fait que, chez les Singes, l’'amnios est complètement formé de très bonne heure ; cependant, le disque germinatif d'où provient le corps même de l'embryon et la vésicule ombilicale paraissent, en effet, suspendus à l'extérieur de la paroi du blastocyste par un double feuillet d’ecto- derme et de mésoderme somalique. Mais Hubrecht ajoute que, si c’est cela qu'on appelle inversion, il faut appliquer alors ce terme à tous les Sauropsidés et à tous les Mammifères, au moment où le cordon de l’amnios est resserré. D'un autre côté, les causes mécaniques qu'invoquait Selenka ne se présentent justement pas dans les conditions de la véritable inversion, celle des Rongeurs. En effet, l'inversion se forme, chez le Tupaia, à une époque où le blas- tocyste est encore libre dans la cavité de l'utérus; ensuite, dans le cas du Hérisson, le blastocyste se fixe de très bonne heure sur l'utérus : il est alors pressé de tous côtés par ces parois et, pourtant, il n'y a là aucune inversion véritable; enfin, chez le Sorex, où l'inversion est si nette, celle-ci ne se présente que longtemps après la croissance de l'utérus, c'est-à-dire à une époque où l'on ne peut invoquer vraiment le manque de place. Hubrecht croit, de plus, que l’origine des plis amniotiques, telle qu'elle se produit chez les Amniotes ovipares, n'est pas un mode primitif pour les Mammifères : ce mode primitif serait représenté justement par l'inversion, qu'il faudrait considérer alors comme un phénomène palingénétique. Les critiques d'Hubrecht étaient certes sérieuses. Selenka y répondit la même année? en disant qu'il emploie le mot inversion pour expliquer l’enfon- cement de l’ectoderme embryonnaire dans l'inté- rieur du blastocyste au moment de la gastrulation, enfoncement qui produit, en effet, une inversion temporaire de la posilion des deux feuillets. Quant aux causes des phénomènes, il reconnaît qu’elles peuvent être variées, mais maintient que des "A. W. Husnecur: Blattumkher im Ei der Affen. PBiolog. Centralbl., 4899, t. XIX, p. 171-175. ? E. SkcexrkA : Bemerkung zu voranstehendem Aufsatze Hubrechts. Biolog. Centralbl., 1899, t. XIX, p. 175-6. D' GUSTAVE LOISEL — REVUE ANNUELLE D'EMBRYOLOGIE phénomènes de compression doivent se trouver parmi ces causes. Le mode de formation de l’amnios, celui de la vésicule ombilicale et de l'allantoïde varient beaucoup, en effet, avec les types et ces variations doivent être délerminées par le mode et l'époque de la fixation de l'embryon aux parois” utérines. Cette fixation se fait, comme on le sait, par le moyen de la première enveloppe de l'œuf, du chorion, formé d'éléments ectodermiques extra- embryonnaires. Or, des recherches récentes, en particulier celles de Sedgwick Minot!, qui a publié sur cette question an excellent résumé où nous avons largement puisé, nous montrent que l’inser- tion de l'œuf humain, comme celui de tous les œufs de Mammifères, se fait en grande partie par le moyen d'une lyocytose active”. 4 Le premier phénomène qui se montre dans l’ecto-m derme extra-embryonnaire est une prolifération active de ses éléments, dont quelques-uns attei- gnent bientôt un volume considérable (cellules géantes polynucléées); en même temps, dans les régions correspondantes de la muqueuse utérine, on voit des changements destructifs se produire. Il semble donc que les éléments du chorion aient précisément pour rôle de corroder et de faire dis- paraitre les parties les plus superficielles de la muqueuse utérine ; aussi Minot propose-t-il le no de trophoderme pour désigner celte première enveloppe de l'embryon, nom qui rappelle celui de trophoblaste antérieurement créé par Hubrech pour la même formalion. Le trophoderme agissant ainsi sur toule sa sur face, qui se trouve d'abord partout en contact ave la muqueuse utérine, on voit bientôt se former dans celte muqueuse, une pelite cavité dans laquelle l'embryon vient se loger. Puis des phéno= mènes de dégénérescence se produisent, cette fois dans l’intérieur même du trophoderme; mais ces phénomènes n'ont lieu qu'en certaines régions limitées, qui deviennent des cavités irrégulières appelées espaces intervilleux; entre ces cavilés les séparant les unes des autres, restent les parties { Cu. S. Mixor : The implantation of the human ovum the Uterus. Transact.ofthe American gynecological Soei& 190%, p. 595-402, avec 1 diagr. ? Anglas a désigné sous ce nom le phénomène de di solution subi par des tissus en voie de régression, SOUSM l'action d'autres tissus qui sont, eux, en voie d'évolution progressive ; ces derniers exercent ainsi une véritable gestion extra-cellulaire. Voir notre Revue annuelle d'Ë bryologie de 4901 (Rev. du 30 décembre 1904, p. 1139). … Se 2 } à D' GUSTAVE LOISEL — REVUE ANNUELLE D'EMBRYOLOGIE de la sorte, chacune de ces dernières se trouve composée d’un axe mésodermique et d'un revèête- ment ectodermique formé lui-même de deux . couches : une interne ou profonde juxla-mésoder- . mique restée cellulaire; une externe ou superfi- _ cielle qui est devenue plasmodiale. Chez d'autres Mammifères, tels que le Lapin, le Hérisson, le Cobaye, le Chien et le Chat, la différen- ciation trophodermique que nous venons de décrire ne se fait qu'en cerlaines régions du chorion qu'on . appelle aires placentaires; elle se montre de très bonne heure et, chez le Hérisson et le Cobaye, dès les premières phases de la segmentalion. Au con- | | ig. 8. — Coupe d'un œuf humain (blastocysle) venant d'entrer dans les paroïs utérines (fig. demi-schématique, d’après Peters). Uréeus, en fin granité régulier : UE, épithélium utérin brisé au niveau du passage de l'œuf: GP, bouchon de fibrine qui recouvre ce passage: BIG, gros vaisseaux utérins: C, capillaires ; BL, iacunes sanguines; Dr, glan- des de l'utérus: 0Z et UZ, partie de la muqueuse utérine qui enveloppe l'œuf. OŒur, en clair : KA, embryon recouvert de l’amnios: A, sac vilellin: Tr, trophoblaste envoyant partout des prolongements qui s'insinuent dans les tissus utérins et enveloppent les lacunes de sang maternel. traire, chez l'Homme, de même que chez les Anthro- “poïdes étudiés (Gibbon et Chimpanzé), elle se fait sur toule la surface de l’œuf et à une époque un «peu moins avancée du développement. La figure 8 | montre bien quel est l'état du trophoderme humain à la fin du processus de dégénérescence | d'où est résultée la formation des villosités chorio- nnales. Ce diagramme a été construit d'après l'œuf Le L F ; A61 de Peters’, qui reste toujours l'œuf humain le plus jeune que l'on ait bien observéjusqu'ici. Cet œuf, âgé d'une semaine environ, se trouvait entièrement logé dans l'épaisseur de la muqueuse utérine, qui, à celendroit, faisait fortemert saillie dans la cavité de l'organe ; sur le sommet de cette saillie, se voyait une petite cassure dont les bords étaient en conti- nuité avec l'épithélium utérin et dans l’intérieur de cette cassure se trouvait un bouchon de fibrine. Cette brisure représentait sans doute les traces du passage de l'œuf à travers l’épithélium, passage qui avait déjà été constaté par Spee pour le Cochon d'Inde. L’œuf lui-même se présentait sous la forme d'une pelite vésicule couverte de villosités et encastrée dans la muqueuse utérine comme un Oursin dans son rocher; elle avait un diamètre de 3 à 4 millimètres, dont la couche trophodermique représentait à elle seule le quart ou le cinquième ; à l’intérieur, elle renfermait un écusson embryon- naire formé d’une plaque ectodermique, mais non encore un véritable embryon. Ce rudiment d'em- bryon était placé du côlé des muscles utérins; il élait protégé, sur le dos, par un pelit amnios com- plètement fermé et portait sur le ventre un pelit sac vitellin clos. Toutes ces formations étaient dou- blées de mésoderme qui se continuait avec le mésoderme du chorion par un cordon de cellules représentant l'allantoïde mésodermique. Aussilôtentré, l'œuf s'était greffé intimement à la muqueuse, comme nous allons le voir, puis,se nour- rissant aux dépens de sa mère, il grossissait, s'éten dait dans toutes les directions, repoussant de plus en plus la portion de la muqueuse qui le recouvrail dans la cavité utérine: cette portion devenait ainsi la caduque réfléchie ou capsulaire”, tandis que la portion de la muqueuse comprise entre l'œuf et les muscles utérins devenait la caduque sérotine ou basale ; les aulres parties de la muqueuse ulérine formaient la caduque vraie. Dans cette dernière caduque, les glandes utérines allongées et tor- tueuses,s’ouvrant par des orifices en forme d'enton- noir, présentent de place en place des dilatations formant ainsi la courbe spongieuse de la caduque: dans les autres caduques, ces glandes ont disparu, sauf dans les parties profondes de la caduque basale où l’on trouve leurs restes sous forme de parties dilatées et aveugles. Mais revenons aux phénomènes beaucoup plus ! Hugerr Peters : Ueber früheste menschliche Placenta- tion. Monatschrift für Geburt. und Gynaek., 1889, t. IX, pp. 41-59, avec 1 fig. ? On sait que cette membrane, présente pendant la pre- mière moitié de la grossesse, a complètement disparu en général à la fin du 5e mois. Minot (1904) dit que sa dispari- tion se fait par dégénérescence suivie de résorption. Ceci permet au chorion de l'embryon de venir en contact direct avec la caduque vraie, contact qui est la caractéristique de la seconde moitié de la grossesse. 462 D: GUSTAVE LOISEL — REVUE ANNUELLE D'EMBRYOLOGIE importants qui se passent sur l'œuf lui-même. Le mésoderme, que nous avons vu venir remplir les villosités du chorion, continue à grossir, de manière à transformer ses papilles simples en papilles composées ou ramifiées. Sur la surface de ces papilles, le trophoderme se convertit peu à peu en la membrane à deux couches : l’une synciliale, l'autre cellulaire, que nous avons signalée plus haut et dont l'ensemble forme ce que les embryo- logistes désignent sous le nom d’ectoderme cho- rionique, d'ectoderme placentaire ou d'ecto-pla- centa'. Pendant longtemps, cependant, on voit toujours des régions où le trophoderme à conservé son carac- ère primitif et aussi sans doute ses propriétés lyocytiques; c'est lorsque l'œuf a alteint un dia- mètre de 41 à 12 millimètres que ce caractère dis- paraît à peu près entièrement. Or, comme c'est aussi vers cette époque du développement que les formes de l'embryon se dessinent, on peut dire que le rôle du trophoderme est essentiellement pri- milif et que l'histoire de cette membrane se ter- mine avec l'apparition du vérilable embryon. Pendant ce temps, des phénomènes particuliers se produisent dans l'intérieur de l'ulérus, comme répondant à l'excitation produite par la greffe du parasite fœtal. Nous ne pouvons pas nous étendre sur ces phénomènes assez bien connus; disons seulement que les cellules conjonctives voisines des vaisseaux utérins se transforment en grosses cellules appelées déciduales; ce lissu conjonctif utérin modifié constitue, d'après la terminologie de Hubrecht, le {rophospongia. L'œuf, avons-nous vu, se creuse une loge dans les parois de l'utérus. Cette loge se montre comme si elle avait été faile au moyen d'un instrument tranchant qui aurait formé une cavité sphérique de quelques millimètres de diamètre. On ne peut guère expliquer celte formation qu'en supposant, avec Minot, une corrosion ou une dissolution des tissus ulérins sous l'influence du trophoderme. Il est probable, du reste, que l'œuf a non seulement détruit les tissus qui se sont trouvés dans son voisinage, mais encore qu'il les a digérés el qu'il s'en est nourri; or, tous ces phénomènes rentrent bien dans la lyocylose d'Anglas. La conséquence immédiale de cette destruction du tissu utérin a été la production d’une « surface à vif », d'une sorle de plaie qui atteint les vais- seaux maternels; leur paroi détruile, alors le sang sort de ces vaisseaux pour aller se répandre dans ! Certains auteurs, à l'exemple d'Hubrecht, appellent cylotrophoblaste où plus simplement cytoblaste la partie profonde restée cellulaire de cette membrane; la partie su- perficielle s'appelle alors plasmoditrophoblaste où plasmo- diblaste. les espaces intervilleux du chorion. L'on peut done dire, avec Minot, et cela contrairement à l'opinion ” admise, que la circulation intervilleuse est presque le premier phénomène ulérin dont une des consé- quences sera la nourriture de l’embryon; on peut € même dire que la circulation intervilleuse est i antérieure à la formation des villosités, car, avant que le mésoderme ait formé ces villosités, on trouve du sang maternel circulant dans les espaces limités par le tissu fœtal. En résumé, l'on peul affirmer que les conditions essentielles du développement du placenta sont déterminées par les phénomènes de l'implantation de l'œuf, et que le placenta résulte lui-même des modifications des dispositions primitives que nous venons de faire connaitre. $S 3. — Les formations placentaires des Mammifères. Il est encore impossible de résumer, en vue d’en- semble, les nombreux travaux qui ont été faits jusqu'ici sur la formation du placenta chez les Mammifères. C'est là, certes, une des questions les plus difficiles de l'Embryologie, si l'on en juge par le peu de concordance que l’on lrouve dans les résultals obtenus par les auteurs. Chez le Lapin, par exemple, un des types les plus faciles à étudier, . nous voyons Fränckel, Marchand, Kossmann et Maximov', par exemple, émettre tous les quatre des opinions radicalement différentes; de même, chez le Chien, Schoenfeld et Bonnet* viennent d'arriver à des résultats tout à fait contradictoires. Certes, la question est difficile en elle-même, car, comme le fait justement remarquer Schoenfeld, les phénomènes que présente l'utérus gravide, la fixa- tion de l'œuf, la pénétration des éléments fœtaux dans le tissu utérin, tous ces faits se succèdent avec rapidilé, et l'interprélation d'un stade déter= miné devient fort difficile si l'on n'a pas, pour se guider, une série bien complète des stades à observer. Mais nous aurions encore à critiquer ici la trop grande richesse de la nomenclature suivien par les auteurs ; nous ne voulons pas nous répéter, el pourtant il nous parait utile de tächer des mettre un peu de clarté dans les expressions plas=\ modium et syncitium qui sont employées à tort et à travers, tantôt avec la même significalion, tantôt | avec des significations différentes, el cela non, seulement dans l'étude de la placentation, mais. encore dans une foule d’autres questions”. { ——_———__—_—__—_—_— 1 Cités par IL. Scnoexreco: Contribution à l'étude de le fixation de l'œuf des Mammifères dans la cavité utérine et les premiers stades de la placentation. Arch. de Biolog# 1903, t. XIX, p. 701-830, avec #4 pl., p. 702. 2 Scnoexreo : Loc. cit. — Boxer : Anat. Hefte 1902. 3 Les mots obplacenta et périplacenta qu'emploient les auteurs depuis quelque temps sont encore l'occasion de D' GUSTAVE LOISEL — REVUE ANNUELLE D'EMBRYOLOGIE 463 _ Ces deux expressions ont été créées par Hæckel «pour désigner : sous le nom de plasmodium une . masse protoplasmique sans noyau (cylode}, et sous nom de syncitium une masse protoplasmique in- vise, mais résultant de la fusion de masses proto- plasmiques distinctes nucléées, c'est-à-dire de cel- lules. Les études ultérieures n'ayant pas confirmé existence réelle de masses protoplasmiques sans oyau, l'expression de plasmodium devait dispa- tre logiquement. Elle fut conservée cependant, particulier par les embryologistes, pour désigner couche protoplasmique nucléée qui sert d'union ntre les tissus maternels el fœtaux et au travers 8 laquelle se font les échanges osmoliques néces- ires à la vie du fœtus!. Par contre, il fallait attendre jusqu'à Fleisch- ann, en 1886, pour voir le mot de syncitium re employé en embryologie placentaire, mais our désigner un détritus glandulaire et non une ion de cellules entre elles. Ce fut là l’origine de nfusions et d'obscurités qui sont encore loin être dissipées maintenant. Une autre cause de nfusion, c'est que certains auteurs veulent faire s expressions plasmode et syncitium absolument ÿnonymes, alors que d’autres attachent à chacun de ces mots une signification distincte. His, par exemple, considérant en 1898 la question au point de vue général, désigna sous le nom de ncitium un complexus d'unités histologiques aies les unes aux autres par des prolongements, out en se montrant séparées les unes des autres r des territoires limites : tel est le mésenchyme s Vertébrés; dans le plasmodium, au contraire, e limite serait perdu. Opitz* (1899), considérant taire, désigne sous le nom de syncilium les asses nucléées dérivées de l’épithélium utérin, et us celui de plasmodium celles qui dérivent de \Vectoderme fœtal. Enfin, Schoenfeld * admet qu'un infusion. La muqueuse utérine du Lapin présente six bour- ets longitudinaux : les deux bourrelets placés du côté du “nésentère servent seuls à la formation du placenta dis- \eoïde ; les quatre autres servent à la distension des parois Sous l'influence du développement de l'œuf; mais ils subissent “ce moment des modifications placentaires qui ont été décrites par Minot (Journ. Morph., 1889, p. 345) et non par Bonnet, comme le dit en certains endroits Schoenfeld, sous le nom d'obplacenta pour les deux bourrelets antimésomé- traux et de périplacenta pour les bourrelets latéraux. Or, Sthoenfeld (1903) confond la description des quatre bourre- Hets sous le même nom d'obplacenta. # On modifiait parfois plus ou moins le terme de Hæckel; YeSbinsi que Van Beneden l'appelait, en 189, plasmodi- blaste, et Mathias Duval, en 1889, couche plasmodiale ou \plus simplement plasmode. Pour l'historique et la biblio- Sraphie de cette question, voir Mararas Duvac: Le placenta dés\Carnassiers. Journ. de l'Anat. et de la Physiol., 1893, ÆAXIX, p. 446, et Bonner : Anat. Hefte, 1902. À Cité par Scnogvreuo : Loc. cit., p. 123. À ScnoexreLn : Loc. cit., p. 123, où l'on trouvera également syncitium a un caractère dégénératif, de régression ; il ne serait pas mobile, chaque noyau restant en place dans son territoire cytoplasmique distinet, alors que le plasmodium est une masse très viable, changeant continuellement de forme et déplaçant continuellement ses noyaux l’un par rapport à l’autre. Ajoutons que, pour cet auteur, le syncitium et même le plasmodium peuvent s'organiser en cellules séparées. En somme, les distinctions que l'on vient faire entre les formations syncitiales et plasmodiales sont toutes plus théoriques que pra- tiques. Aussi suivrons-nous ici l'exemple de Bonnet en évitant d'employer le terme syncitium pour n'utiliser que les mots plasmodium ou plasmode. Une autre question, qui divise ici les embryolo- gistes, est de savoir quelle est l’origine exacte du plasmode placentaire. Si nous nous en tenons à l'espèce humaine, nous voyons le plus grand nombre lui donner une origine fœtale, comme nous l'avons exposé plus haut : tels sont Léopold, Boit et Marchesi, Opitz, Ruge, Peters, Siegenbeek et van Heulekom. Ruge va même jusquà prétendre que cette origine serait propre à l'Homme, lous les autres animaux ayant un plasmode maternel. Par contre, l'origine maternelle de cette couche est soutenue par un cerlain nombre d'auteurs : Strassmann et Mertens la font provenir de l’épithélium utérin, Romiti des cellules déciduales, et enfin Spee de cellules migra- trices qui viendraient elles-mêmes de la moelle osseuse. Nous retrouvons, comme de raison, ces ui dériverait toujours d'un syncitium, tout lerri- | à contraire la question au seul point de vue pla- | cinq sortes d'opinions chez les autres Mammi- fères ; nous renvoyons au Mémoire de Schoenfeld* pour ceux qui voudront avoir une idée complète de ces divergences d'opinion et pour les indications bibliographiques correspondantes. Nous devons ajouter, cependant, que Schoenfeld forme à lui seul un sixième groupe; il pense, en effet, que, chez le Chien, l'origine de la couche syncitiale serait mixte, à la fois d’origine fœtale et d'origine maternelle; le plasmodium fœtal détruirait bien l'épithélium utérin, mais il viendrait se fusionner avec le tissu conjonctif utérin modifié (décidual) et formerait avec lui une association, un plasmode mixte, fœto- malernel. L'accord est donc loin d’être fait sur ce point; cela est d'autant plus malheureux que la connais- sance exacte d’un type bien étudié serait du plus grand secours pour la comparaison avec les autres | formes de placenlalion. La difficulté, pour la ques- | tion du plasmodium, se complique de ce fait qu'il la bibliographie de His et de Opitz; voir également SCHOEN- rEuD : Nouvelles recherches sur la fixation de l'œuf des | Mammifères et la formation du placenta. Ann. de la Soc. de méd. de Gand, 1903. 1 Loc. cit., p. 816. AGt devient bientôt impossible de distinguer les élé- ments maternels des éléments fœtaux. Schoenfeld a montré pourtant que cette différencialion était plus netle avec les réactifs osmiques, principale- ment la liqueur de Hermann, qu'avec tous les autres réactifs, surtout avec le sublimé. Aussi conseillons-nous «vec lui, à lous ceux qui s'oc- cupent de placentalion, de traiter toujours, au moins une partie des pièces, par le moyen de ces fixateurs. Il y a deux ans, le Professeur Arthur Robinson a fait au Royal College of Surgeons plusieurs confé- rences sur la formation du placenta dans différents groupes de Mammifères. Les conférences, qui ont été publiées depuis", résument l’état de nos connais- sances acluelles sur les formations placentaires du Cochon, du Mouton, du Chat, du Furet, du Léopard, du Rat et de la Souris, du Hérisson, des Chauves- Souris, des Singes, de l'Homme, ainsi que des diffé- rents types de Marsupiaux et de Lémuriens. Elles se terminent par des considérations générales et par un essai de elassificalion nouvelle qui doivent nous arrêter ici, car il est à remarquer que les groupements de formes placentaires adoptés jus- qu'ici deviennent de plus en plus insuffisants au fur et à mesure que s'avancent nos connaissances. La première classification placentaire des Mam- milères remonte à 1835. À cette époque, on avait remarqué qu'au moment de la mise-bas, cerlaines femelles de Mammifères, telles que la Truie et la Jument, rejetaient leur placenta en même temps que le fælus ou peu après et sans qu'il y ait aucune perte de sang; dans d'autres espèces, au contraire, une cerlaine quantité de sang élait perdue par la mère, el l'on supposait alors que celte hémorragie était due à une déchirure el à une perte réelle de la portion de la muqueuse utérine soudée intime- ment au placenta; c'est, du moins, ce que suggéra le Professeur Weber, qui proposa alors le terme de caduque pour désigner les muqueuses uté- rines de ces dernières femelles. Eschricht et von Baer adoptent aussilôl cette idée et divisent les Mammifères placentaires en caduques et non ca- duques, les premiers élant ceux dans lesquels une portion de la muqueuse maternelle est rejetée au moment de la parlurilion, les seconds étant ceux dans lesquels les lissus fœtal et maternel se sépa- rent simplement l'un de l’autre. En 1863, le Professeur Huxley remplaça ces termes de caduques et de non caduques par ceux 1 A. Romixsox : lopment Lectures on the early stages ou the deve- of Mammalian ova, and on Anat. and Physiol., 1904, &. XXVIIT, p, 1, 325 et 485, avec 5 pl. the formation of the placenta in different groups of Mammals. Journ. of D' GUSTAVE LOISEL — REVUE ANNUELLE D'EMBRYOLOGIE de déciduéës et non décidués. Mais il faisait remar- quer, en même temps, que celte division ne devait. pas.être aussi tranchée que le pensaient ses pré- décesseurs, car on observe également, chez les non décidués, une hypertrophie de la muqueuse utérine pendant loute la durée de la gestation. Du reste, on ne tarda pas à voir que le placenta n'est. pas un organe où le sang maternel se mélangé au sang fœlal et à montrer que les deux formations | malernelle et fœtale sont complèlement sépas. rées l’une de l'autre; dès lors, les classifications précédentes n'avaient plus aucune base solide. | C'est alors que Vernhout, chez la Taupe, et Hills chez les Perameles et les Dasyures, nous montrèrent que là, non seulement il n'y a aucune perte de tissu malernel, au moment de la parturition, mais qu du tissu fœtal reste alors dans l'utérus et qu’ il y est graduellement résarbé; c'est ce qui constilua les type contra-décidué de Hubrecht et de Hill. » Cependant, des recherches de plus en plus intimes” montraient que, dans beaucoup de types, chez les cidué ou non décidué devenaient bien difficilesu appliquer. Aussi Strabl, à la suite de nombreux t ces expressions nouvelles ne sont pas entièreme 12 satisfaisantes. En effet, une portion donnée de lissi est ou n’est pas placentaire, et, si c'est un placenta elle doit être considérée comme un placenta vraieb, complet. D'un autre côté, les expressions anciennes. de caduque et de décidué étant erronées, sinon, entièrement incorrectes, Robinson propose à 1e. place les Lermes apposita et conjuncta, le premier indiquant que les couches sont simplement appos, sées el peuvent êlre séparées sans qu'il y ait néces- sairement rupture, le second indiquant que les portions malernelle et fœtale sont intimemenb ‘ Le dernier Mémoire de Srrauc (Abh. Senckenberq Nat. Ges., 1904, t. XXVII, p. 263-319, avec 10 pl. et 1 fig.) étudie le placenta des Lémuriens, qui est du type semiplacenta diffus, de la Civette, qui a un placenta zonaire simplénel du Tanrec, qui a un placenta discoïdal perforé. Voir également Srrauz: Die Embryonalhullen der Säuger und die Placenta, in Herrwi6: Hand. d. Entwickelungr slehre der Wirbelthiere, 1905. ? Loc. cit., 4904, p.499. unies entre elles. Dès lors, voici comment devraient être groupées les différentes formes de placenta | chez [les Mammifères vivipares : &” PLACENTAS APPOSÉS PLACENTAS UNIS EL (Apposita) (Conjuncta; D : Zonaires : (Carnivores —…. Quelques Marsupiaux etle | a) simples : Chat. % Porc. b) composés (zone avec Villeux : villosités éparses): Elé- —… à) diffus : Equidés. phant. b) cotylédonaire: Mouton | Zono-discoïdal : Fr + et Vache. Furet. j e) zonaire : Halicore, Du- | Discoïdal : . gong. a) simple: Homme, An- 3 | ä | Enfin, Richard Asshelon, tout en admettant avec Robinson que les expressions anciennes de décidué Met non décidué ne sont plus en rapport avec l’état Me nos connaissances sur le placenta, crilique à | son tour la terminologie proposée par Robinson‘. Il fait remarquer, par exemple, que le placenta | du Rat peut être considéré comme « opposé » tout Maussi bien que celui du Mouton. Et, prenant comme thropoides, Rongeurs, Insectivores, Chéirop- tères. b} doubles Singes l’ancien continent. ce) perforés: Tanrec. de v blaste au moment de son union avec les lissus | maternels, Asshelon divise les placentas en deux | groupes. — Dans un premier groupe, qui comprend le Héris- “son, le Rat, quelques. Singes et probablement l'Homme, le trophoblaste prolifère et forme une -masse de tissus dans des cavités où le sang ma- miernel vient plus tard se répandre en grande quan- Mtité (Hérisson, Rat, Primates) ou en moins grande “abondance (Lapin et Taupe.) Dans un second groupe “Cochon, Cheval, Vache), cetle prolifération ne se produit pas, mais on observe un simple plisse- “ment (Porc) ou un plissement combiné avec du - bourgeonnement (Mouton). Ces différences fondamentales, marquées dès les premiers stades, conduiraient à deux grandes formes distinctes de placentas, que Richard Assheton propose de désigner sous les noms de placenta cumulala et de placenta plicata. Le placenta cumulala, dit-il, est celui dans lequel il y a une tendance évidente à la formation d'une accumulation de cellules trophoblastiques; dans “cette accumulation, des cavités se creusent ultérieu- rement et dans ces cavités vient tomber le sang maternel. En général, ces formations sont précédées -‘ R. Assueron : The morphology of the ungulate Placenta, particularly the development of that organ in the Sheep, and notes upon the Placenta of the Elephant and Hyrax. Philosoph.Trans.ofthe Roy. Soc. of London, 1906, t. CXCVIIT, P. 143-220, avec 5 pl. base d'une classification nouvelle l’état du tropho- | D' GUSTAVE LOISEL — REVUE ANNUELLE D'EMBRYOLOGIE 465 par une différenciation du trophoblaste épaissi (ectoplacenta de Mathias Duval, {räger de Selenka) en une couche interne (proximale), dans laquelle les limites cellulaires sont nettement distinctes, et en une couche externe de nature syncitiale, couches qui forment respectivement le cytoblaste et le plas- modiblaste de Van Beneden. Ce type de placenta résulle toujours, d'une facon temporaire ou perma- nente, de la destruction de l'épithélium utérin. Il se rencontre, par exemple, chez les Garnivores, les | Chéiroptères, les Rongeurs, les Insectivores et les Primates. Le placenta plicata, que l'on trouve chez le Pore, la Jument, la Vache, la Brebis, l'Éléphant, les Cétacés et les Sirènes, est celui dans lequel il ne se forme pas de bourgeonnement du trophoblaste, mais bien des plissements; dans ce cas, l'épithélium utérin reste presque toujours intact. Ces considérations de Richard Assheton sont certainement très inléressantes et marquent un réel progrès sur tout ce qui avait été dit jusqu'ici dans ce sens, mais leur applicalion à la classification des placentas n'en sera peut-être pas plus facilitée. Assheton, lui-même, fait remarquer que les carac- tères distinctifs d'un de ses deux types de placenta n'excluent pas forcément les caractères de l’autre type et que l’on peut passer facilement d'une forme de placenta à l'autre. En réalité, les formations placentaires sont déter- minées, en grande partie, par les adaptations des individus, et, comme ces adaptations liennent sur- tout à des conditions de milieu dans lequel vivent les individus, il faut s'attendre à trouver la plus grande diversité, en même temps que les rap- prochements les plus inattendus, dans les pla- centas des différents types de Mammifères. La question se complique encore, sans doute, de l'action de facteurs plus immédiats, d'origine ma- ternelle ou fœtale, et sur lesquels Assheton ailire, lui-même du reste, l'attention. Tels sont: la persis- tance de la zone pellucide, la présence d’une couche d'albumen autour de l'œuf, la présence de régions spécialisées dans l'utérus (trophospongiæ), la grandeur de la lumière et la nature des parois uté- rines. Ii est probable, par exemple, que le type cotylédonaire des placentas « non décidués » est dû à la présence d'aires spéciales interglandu- laires, les caruncules, qui sont tout à fait indépen- dantes de la gestation chez la Vache et la Brebis, et représentent par conséquent un facteur maternel. D'autres fois, c’est une combinaison de caractères maternels et fœtaux qui semble déterminer la forme du placenta, comme Assheton nous l’a montré autrefois, pour le cas du Lapin‘. Enfin, chez ! R. ASSnETON : On the causes wich lead to the attach- 466 + D' GUSTAVE LOISEL — REVUE ANNUELLE D'EMBRYOLOGIE le Hérisson et chez l'Homme, en particulier, la | forme extérieure du placenta semble moins dépendre des organes de la mère que de l'influence | directrice du fœtus. Nous devons signaler, à la suite de cette étude d'ensemble, quelques travaux spéciaux sur les for- mations placentaires qui nous sont encore par- venus. C'est tout d'abord un article de Van der Hæven ‘, dans lequel on trouve un curieux rappro- chement entre les éléments du chorion et les cellules des tumeurs malignes, qui ‘pénètrent les unes et les autres dans des tissus qui leur sont étrangers et s'y développent quelquefois forte- ment. « Lors de l'accouchement et après, continue- t-il dans un français un peu parliculier, les cellules malignes fœtales sont expulsées avec une partie de la paroi utérine et la mère n'en éprouve aucun préjudice. Au cas où elles ne sont pas expulsées avec le fœtus, parce qu'elles ont pénétré plus pro- fondément dans les tissus de la mère, comme on le voit si bien, entre autres quand le placenta s’est formé sur un fibrome, elles mourront pourtant, lorsque leur force végétative est relativement petite, et les leucocytes seront capables de s'en rendre maitres. Si, au contraire, leur vitalité est grande et leur tendance à croître forte, elles peu- | vent subsister là où elles sont, et même continuer à se développer. Après un accouchement normal, du reste, on voit alors se développer dans la paroi utérine une tumeur maligne, provenant de l’ovule : ce qu'on nomme déciduome malin. Du reste, eu égard au but de cette revue, je ne veux pas pénétrer plus avant dans ce sujet. Je me bornerai à mentionner le fait qu'après un môle hydati- forme, où la tendance à former des végétalions du syncitium et des cellules de Langhans est ordinai- rement plus forte que dans un ovule normal, le développement de tumeurs malignes d'origine fœtale se présente beaucoup plus fréquemment. » A propos du placenta humain, nous citerons encore une étude de Lüwy” sur le mode de régres- sion du canal allantoïdien. On sait maintenant, depuis Graf Spee, que l'allantoïde apparait à la fin de la deuxième semaine de la vie embryonnaire de l'Homme sous la forme d’un bourgeon entoder- mique qui alteint la face interne du chorion dans le cours de la troisième semaine. Elle se laisse alors diviser en deux parties : une intra-abdomi- nale, l'ouraque, et l’autre extra-abdominale, le ment of the Mammalian Embryo to the walls of the uterus. Quart. Jour. Micros. Sc., 1894, t. XXXVIT. 1 Van DER Hoeven : La placentation humaine. Camper, 2e Deel., 4re Afev., 1903, p. 29-43. 2 H, Lowy : Die Rückbildung der Allantois beim Mens- chen. Arch. f. Anal. u. Physiol.; Analom. Abth., 1905, p. 158-116 avec 1 pl. et 5 fig. Petrus canal allantoïdien. La première partie, qui donneræ naissance à la vessie, a perdu sa lumière, chez un embryon long de 12 millimètres, pour ce qui con= cerne la région voisine de l'ombilic; plus tard, on trouve pendant longtemps encore des restes épi=.# théliaux de celte région dans le ligament ombi= | lical. La dernière partie, qui se trouve au centre du cordon ombilical, contre l'artère, va bientôt régresser, mais d’une manière que nous fait con= naître H. Lüwy. L'oblitération du canal allantoïdien commence, chez des embryons longs de 9 millimètres, par la région placentaire; elle gagne ensuite peu à peu les autres parties, mais d'une facon irrégulière # chez les embryons de 14 millimètres, on trouve des endroits où les cellules épithéliales de l’allantoïde ont complètement disparu. Les restes de l’allantoïde se maintiennent soit sous la forme de cordons épithéliaux, scit comme un canal aplali ou dilaté, revêtu d'un épithélium cubique. D'autre part, Charrin, par une suite d'expériences» très bien comprises, faites avec l’aide d’un de ses élèves", montre que le placenta régularise les, échanges et protège le fœtus contre les corps toxiques ou même conlire des proportions exces= sives de principes utiles. C'est ainsi qu'introdui sous la peau, le sulfate de strychnine lue les mères: avant les pelits, qui sont pourtant plus gréles ; d'autre part, après les injections intra-vasculaires | le placenta relient une fraction de ce poison. L placenta agit ainsi soit mécaniquement, soit à l'aidem de ferments propres ou empruntés que Charrin® étudie en ce moment. En définilive, ces très itéres santes recherches moatrent que la physiologie d placenta se développe: sans cesser de jouer ul | rôle passif (filtre, etc.), il devient un organe actif. C'est également la conclusion qui résulte des recherches d'histophysiologie faites sur le placent par Mélissenos*. ; Cet auteur nous montre, en effet, que les éléments: chorioniques élaborent de la graisse en telle quans tité et d'une facon si régulière qu'on ne peut y voir que la manifestation d'une activité glandu= laire. Comme études de placentas spéciaux, nous cile” rons encore celles de Richard Assheton, qui nous fait connaitre, seul ou en collaboration, la structure» des placentas de l'Éléphant et de l’'Acomys”. 1 4 Car et Gouriz : Physiologie du placenta. C. R. Ac: des Sc., 1905, t. CXLI, p. 391. 2 Koxsr Méussenos : Uber die Fettkôrnchen und üihre Bildung in der Placenta bei den Nagern und der Katze: Archiv f. mikr. Anat., 4905, t. LXVII, p. 267-290, avec 4 pl % R. Assueron and Ta. G. Stevens : Notes on the strucs ture and the development of the Elephants placentas Quart. Journ, of micr. Se., oct. 1905, t. XLIX, p. 1-37, avec ù pl. D' GUSTAVE LOISEL — REVUE ANNUELLE D'EMBRYOLOGIE A6T Le placenta de l'Éléphant, qui n'a été étudié - jusqu'ici que deux ou trois fois, a une forme zonaire, mais cette ressemblance avec le placenta des Car- . nivores est tout à fait superficielle. Le placenta de l'Éléphant diffère de celui des Carnivores: à) par la résence de trois aires d'attachement, au lieu d'une, dont deux sont entièrement du type décidué, J'autre étant en partie déciduée et en partie non | déciduée ; b) parce qu'il n'y a pas de formation com- arable à un angio-plasmode; c) parce que les sapillaires maternels ne deviennent pas directe- ment les vaisseaux maternels du placenta. Par contre, le placenta de l'Éléphant montre, par ses longues villosités, qui tendent à rester incluses | dans les parois de l'utérus, une ressemblance avec “ce que l'on a trouvé chez les Sirénides. Il se rapproche encore du placenta des Périssodactyles par la disposition de ses villosités et du {ype disco- | placenta, par l’envahissement du trophoblaste par le courant sanguin maternel. Les auteurs signalent … également dans la courbe syncitiale du placenta des Mgranules pigmentaires en abondance; le pigment, ‘qui n'existait pas dans un placenta plus jeune décrit par Owen, serait un produit d'excrélion que les Mleucocytes, fætaux ou maternels, transporteraient du fœtus dans le courant sanguin maternel. —… Dans les Proceedings of the Zoological Society of London de l'année dernière, Richard Assheton donne une description intéressante du fœtus et du placenta de ces petites souris africaines du genre | Acomys qui portent sur leur dos des piquants acé- | rés‘. Le placenta de ces Rongeurs ressemble, dans “sa forme, dans l’arrangement et dans le caractère des membranes, à celui des Rats et des Souris qui à été bien décrit par Mathias Duval. Il en difère, cependant, pour ce qui concerne le système masculaire, parce qu'il ne présente rien de compa- \rable au « plasmode endovasculaire », M. Duval | décrivant sous ce nom le bourgeonnement du | trophoblaste dans les vaisseaux maternels”. è à Il. — DÉVELOPPEMENT DU CERVEAU HUMAIN. Nous savons, depuis W. His (1889), comment se fait le développement morphologique du cerveau antérieur de l'Homme jusqu'à la fin du troisième ) mois de la vie fœlale ; mais nous n'avons encore ‘ que des notions confuses sur les stades ullérieurs, Surtout en ce qui concerne le développement des | grandes commissures (Balken et Fornix), et cela 4 On the Fœtus and Placenta of the Spiny Mouse (Acomys cahirinus). Proceed. of the Zoolog. Soc. of London, 1905, | LIT, p. 280-288, avec 5 fig. ? Nous avons recu également de Richard Assheton une très intéressante étude sur la croissance de l'embryon des | Vertébrés, dont nous aurons sans doute l’occasion de parler longuement dans notre revue de l'année prochaine. malgré les recherches sérieuses de Marchand. Quant aux assez nombreux travaux qui ont élé faits sur le développement de ces régions chez les Mammifères, ils ne peuvent 7. ne. ES. < guère nous ser- \ Ne Le : \ vir ici, car ils \ s'adressent à des types qui sont de beaucoup trop éloignés de l’es- pèce humaine. A Son Ce. F / = C'est pourquoi £Lo/ . Po à nous sommes ARANGEENEES heureux d'avoir A 3 CA à rendre compte FN .ici d'un premier …. ; Si : P à Fig. 9. — Encéphale d'un embryon Mémoire de Gold- humain ägé de 4 mois et demi (5/# stein®, consacré de la grand. naturelle). — H, hé- S s 5 as È misphère gauche; Æ, Syl., scissure à l'étude d’un de Sylvius; L. olf., lobe olfactif; $ Ch., chiasma; À. inf., recessus in- CERNERE de fœtus fundibuli; Po., Pont de Varole; Ce., humain long de cervelet. 10 cent. 5, c'est- à-dire parvenu au quatrième mois et dans un par- fait état de conservalion. Ce cerveau, coupé et re- Le!. (Ce caf]. À Mon. ! (l = —/. gu. \ Vmedant. Fig. 10. — Moitié droite de l'encéphale représenté par la ligure 9, vue du dedans. — C.call., corps calleux; F. Mon., trou de Monro; Vel., velum; ÆZp., épiphyse; L.qu., tuber- cules quadrijumeaux; V. med.ant., velum medullare ante- rius (valvule de Vieussens); Ce, cervelet; C. ant, commis- sure antérieure; L.olf., lobe olfactif: Ch., chiasma; AY, hypophyse: V. med. post., velum medullare posterius (valvule de Tarin). construit par Goldstein, nous montre un stade CR RE 1 Arch. f. mikr. Anat., t. XXXVII, 1891, 298-234. ; ? Kurt GoLpstEIN : Beiträge zur Entwickelungsgeschichte des menslichen Gehirnes. I. Die erste Entwickelung der 468 qui vient immédiatement après le dernier àge décrit par His. A cel âge, la longueur des hémisphères, après fixation dans le liquide de Zenker, est de 31 mil- | limètres ; le lobe occipital est nettement .dis- tinct (fig. 9) ; il en est de même du lobe temporal, qui est séparé du lobe frontal par une fosse accen- tuée, première indication de la scissure de Sylvius ; en coupe antéro-postérieure (fig. 10), on peut voir en plus la partie antérieure et inférieure du cer- veau intermédiaire et du chiasma optique ; au-dessous te frontal se place le lobe olfactif à l'extrémité an- térieure renflée. Il est à remarquer que la surface des lobes Fig. 11. — Coupe horizontale schématique faite à travers un cerveau d'embryon hu- main. Stade I. — U, endroit du reploiement: a, b, scis- sures; Th.,thalamus; Str., corps strié. cérébraux est absolu- ment unie et sans au- cune trace de plis; on ne trouve même pas le sillon des corps calleux, que les anciens obser- vateurs, tels que Marchand, ont décrit et figuré, sans doute d'après des cerveaux en mauvais élat de conservation; Goldstein voit seulement en cet endroit une dépression linéaire el courbée qui se termine en avant derrière le corps calleux. La plus grande longueur du corps calleux est de Fig. 1 2, — Coupe analoque au stade II. 2mw 5: sur une coupe médiane, il se montre sous la forme d'une surface convexe en haut, concave en bas, pointue en avant, plus large et arrondie en arrière ; elle est encore située tout entière devant srossen Hirncommissuren und É Thalamus und une Arch. Abth., 1903, p. 29-60, 2 pl. et 4 « Verwachsung » von Anal. u. Physiol.; Anat. D' GUSTAVE LOISEL — REVUE ANNUELLE D'EMBRYOLOGIE le (halamus ou corps optique, le dépassant à peine à droite et à gauche. & En arrière, le corps calleux se trouve en relation avec la lamina terminalis, qui est épaissie de 1/4 de millimètre el qui se continue à droile el à pari b Fig. 13. — Coupe analogue au stade III. avec les hémisphères. Derrière cette lame, se trouve le trou de Monro. du reploiement, a et h les scissures profondes qui en résultent en de- dans et en dehors du cer- xeau. Au stade présenté par le cerveau de Goldstein, on ne trouve plus trace Ve de la paroi hémisphéri- que médiane infléchie, de sorle que le halamus pig, 14. — Coupe ana1di | el le corps strié se trou- au stade IV. vent placés à côté l'un de l'autre, séparés seulement par les fibres de la caps, sule interne ; en même temps, les scissures à et h se sont aplalies extraordinairement ; aussi, sur | une coupe transversale, on n’en trouve plus qua ‘un. petit reste. La disparition de ces scissures à été loujours expliquée, jusqu'à maintenant, d'abord par l'union du thalamus et du corpsstrié avec les parois médianes des hémisphères, puis par la disparition ullérieure et complète de ces parois médianes sous} l'influence de l’entre-croisement du thalamus et du corps strié qui finissent par se joindre direc- tement. Ce serait au niveau de cet entre-croisement que pénétreraient, d'avant en arrière, les fibres de à couronne rayonnante. C'est ainsi que Déjerine présente encore ces faits, dans son grand livre sur l'Anatomie du système nerveux. Mais Goldstein, reprenant en partie l'opinion de Schwalbe, montre u'il n'existe probablement pas ici ni un entre- croisement réel du thalamus et du corps strié, ni ‘une croissance appositionnelle des fibres de la couronne rayonnante. Il s'agirait plutôt là, pour lui, lune croissance en masse des parties du cerveau considérées. Les fibres de la couronne rayonnante partent de la paroi latérale du bulbe, entre le noyau . canelé et le noyau lenticulaire, pour arriver sur le | côlé du thalamus (fig. 14, St.). Ces fibres exis- teraient dès le début dans leur ensemble morpho- | logique; en même temps que croissent les hémi- : sphères, on voit de nouvelles fibres s'intercaler | toujours entre les anciennes ; puis le thalamus et ‘Je striatum croissent activement, surtout d'avant Len arrière, amenant le rétrécissement de la fente a, | comme c'est montré dans la figure 11 par les lignes pointées à droite. Des coupes horizontales, faites en cet endroit, montrent qu'il se fait un rétrécis- \sement progressif du pli a, amenant finalement Lune union entre le thalamus et le corps strié. “ Au-dessous des corps striés, le troisième ventri- \eule est un peu dilaté ; en avant se voit le recessus Lopticus ; en bas se trouvent les fibres du chiasma Loptique ; le ventricule se continue ensuite par l'in- fundibulum qui va dans la tige de l'hypophyse; en \arrière de celle-ci se trouve le recessus mamillaire, "où l'on peut déjà reconnaitre, sur des coupes vues a loupe, la substance grise des corps mamillaires 4 10). Le toit du ventricule n’est pas aussi uni que le montre la figure; en réalité, il présente de nombreuses circonvolutions qui sont dessinées exactement dans le cerveau plus jeune, représenté dans la figure 15. De la partie antérieure de la région épiphysaire, le plafond du troisième ventricule forme quelques pelites cavités, que Burckhardt a décrites comme un « velum » ; peut-être est-ce là l'origine des para- physes, mais c'est encore un point à élucider. À ce niveau se trouve la commissure supérieure qui représente la commissure du ganglion habe- nul®. Cette commissure forme la paroi antérieure épaissie du diverticule épiphysaire ; la paroi pos- térieure est un peu recourbée et se conlinue en bas par un repli rayé où se trouve placée la com- missure postérieure. Les tubercules quadrijumeaux sontdéjà bien indi- qués dans le volume respectif qu'ils auront plus lard. Le fond de l’aqueduc de Sylvius est forlement | REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906, | D' GUSTAVE LOISEL — REVUE ANNUELLE D'EMBRYOLOGIE 469 renflé, ce qui rétrécit déjà beaucoup la cavité du ventricule, surtout dans la partie antérieure; en arrière, cette cavité présente d’abord un élargisse- ment, puis se continue par un petit canal limité en arrière par le velum médullaire antérieur qui se continue avec le cervelet (fig. 10). Sur le cervelet, on voit encore distinctement les hémisphères qui sont sans plis et un lobe moyen (vermis) coupé transversalement par quatre scis- sures profondes qui séparent les circonvolutions primitives l’une de l’autre. La face inférieure du cervelet recouvre le qua- trième ventricule, qui est creusé plus profondément en avant; dans sa moitié postérieure, le ventricule est plus étroit parce que son fond se renfle forte- ment, et en arrière il est limité par le {ænia médul- laire ; sur les côtés et en arrière, il se prolonge par les recessus latéraux, de sorte que la fente entre le DE \ ne - \ h Bmam. Po. ch. #y. Fig. 15. — Coupe sagitlale médiane d'un encéphale humain plus jeune que celui représenté dans la figure 9 (d'après une figure de Goldstein retournée). — C.call., corps cal- leux ; C.sup., commissure supérieure; G.hab., ganglion babenulæ; Æp., épiphyse; C.post., commissure posté- rieure; L.qu., tubercules quadrijumeaux; Ce., cervelet: Ch., chiasma; Æy., hypophyse; ÆR.mam., recessus mamillaire; Po., pont de Varole ; O1., olive. velum médullaire postérieur et le {ænia medullaris du quatrième ventricule ne s'ouvre pas seulement en arrière, mais encore latéralement. Derrière le ténia se voit un dôme qui répond au clavae el au noyau du Æuniculus cuneatus, auquel se joint laté- ralement le large corps resliforme. Plus ventrale- ment, nous trouvons l'origine des pyramides, qui sont encore très peu développées; à côté d'elles, on voit les olives qui, au contraire, sont déjà très pro- noncées. Depuis le travail de Goldstein, His a réuni en une grande monographie les nombreux travaux spé- ciaux qu'il a entrepris sur le développement des premiers stades du cerveau humain‘. Comme, dans cet ouvrage, His se trouve en contradiction avec certaines des idées de Goldstein, celui-ci revient à 1 W. His : Die Entwisckelung des menschlichen Gehirnes während der ersten Monate. Unterschungsergebnisse, Leipzig, Hirzel, 1904. 10“* nouveau sur la question dans un long article de l’Analomischer Anzeiger*. Une des idées de Goldstein les plus intéressantes est celle qui a trait à la formation des circonvolu- tions cérébrales. Pour His, les premiers plis du cer- veau apparailraient au-dessus du corps calleux déjà au troisième mois de la vie embryonnaire; pour Groldstein, au contraire, qui se rencontre ici avec Hochstelter et Relzius, les cerveaux du qua- trième et même, d'après Mall, ceux du cinquième mois seraient encore absolument sans plis: l'aspect déerit par His ne serait pas un pli réel du cerveau, c’est-à-dire une formation dérivée d’un plissement dans la paroi, mais il s'agirait d'une simple rigole creusée dans la paroi et en rapportavecles branches d’origine du nerf olfactif, d'où les noms de sulcus olfactorius et de fovea olfactoria sous lesquels Goldstein désigne ces formations. Goldstein étudie en même temps la croissance du corps calleux jusqu'au quatrième mois sur des coupes médianes ainsi que sur des coupes longitu- dinales et transversales. Il arrive aux mêmes résultats que ceux auxquels Martin et Elliot Smith sont arrivés en étudiant différents animaux, Pour tous ces auteurs, le corps calleux ne provient pas d'une croissance des parois de l'hémisphère comme His le croit, mais il se forme, par différenciation sur place, aux dépens de la lamina lerminalis, qui unit, à l'origine, un hémisphère à l'autre et d'où proviennent également les fibres de la couronne rayonnante. Ajoutons que Goldstein diffère égale- ment de His pour ce qui concerne la formation de l’hippocampe, qui se manifeste vers le quatrième mois: pour l’un, ce corps provient d'un plissement de la paroi du cerveau; pour l’autre, il se forme par l'enroulement de la couche corticale, comme le montre la figure 15. IIL. — DÉVELOPPEMENT DU CERVELET HUMAIN. Les embryologistes allemands, en particulier Bolk, nous ont montré que le cervelet n'est pas composé en réalité de trois parties distinctes d'une partie médiane ou vermis et de deux hémi- sphères latéraux, mais qu'il se montre originaire- ment formé d'un lobe antérieur et d’un lobe pos- térieur. Ces deux lobes sont séparés l’un de l’autre par une scissure appelée suleus primarius, marquée par une croix dans les figures ci-dessous. Ils se sub- divisent bientôt en lobules secondaires, dont nous 4 K. Gocpstenx : Zur Frage der Existenzberechtigung der sogenannten Bogenfurchen des embryonalen menschlichen Gehirnes, nebst einigen weiteren Bemerkungen zur Entwin- ckelung der Balkes und der Capsula interna, Anal, Anz., 1904, t. XXIV, p. 579-595, 1 pl. et 10 fig. D' GUSTAVE LOISEL — REVUE ANNUELLE D'EMBRYOLOGIE allons suivre le développement sur les coupes” médianes données par Berliner‘. L'organisation du lobe postérieur est facile à. comprendre : sur un fœtus de trois mois (fig. 16), il. se compose déjà de trois lobules nettement séparés" l'un (a) est le nodulus, le second (b) est l’uvula et IN troisième donnera dans le cinquième mois (fig.47) A le pyramis (c'), le {uber vermis (c), le folium cac minis et le déclive. Chacun de ces lobules se divi sera, dans la suite, d'une façon très simple, qu'il es facile de suivre sur les figures ci-après (fig.18 à 21) Le développement du lobe antérieur du cervele est un peu plus compliqué; une coupe médiane” montre ici en général trois lobules seulement : 1 linqula, le lobulus centralis et le culmen. Cependant, Liehen* a montré que, dans quelques cervelets, le lobule central se divise lui-même en deux lobules ou sublobuli: un antérieur, plus faible, et un posté” rieur. 4 Le cervelet d'un fœtus de trois mois monte Fig. 16. Fig. 11. Fig. 16. — Coupe médiane à travers le cervelet et le bulh d'un fœtus humain du 3° mois (gross. 1 3/4). Fig. 17. — Coupe médiane à travers le cervelet et le bulbe d'un fœtus de 4 mois (gross. 1 3/4). — IV Ventr., 4 vent cule ; Corp. quadr., corps quadratique; culm., culmen: a, nodulus; b, uvula; €, pyramis; c, tuber ivermis centr. a. el p., lobules centraux antérieur et postérieur. immédiatement en avant du sulcus primarius, us lobule bien formé sur la surface ondulée duqu est indiquée déjà la formation de lobules secon- daires ; c'est le culmen (culm). Devant le culmen se voient encore deux circon= volutions qui appartiennent au lobule centril (ceit.); la lingula ne se trouve encore indiquée ni dans ce stade, ni dans le suivant. M Dans le fœtus de quatre mois (fig. 17), les circon- volutions principales sont déjà très distinctement, prononcées. En avant du culmen s'est formé un gyrus très étendu, qui montre encore ici une ces. taine indépendance du culmen, mais qui, comme l'indique la suite du développement, va bientôt s'attacher à celui-ci. En avant, se voient les deux ‘ Konr Benuner : Beiträge zur Histologie und Entwick=. lungsgeschichte des Kleinhirns, nebst Bemerkungen uber die Entwicklung der Funcktionstüchtigkeit desselben. Arühe \ f. mikr. Anat. u. Entwickl., 1905, t. LXI, 220-270, 19 fige 1 pl. j | 2 Zieuen : Makroskopische Anatomie des Gehirns. Barde- leben, Anatomie, 10. Lieferung. … lobules centraux : l'antérieur (cent. a) et le pos- s rieur (cent. p.) dont la partie antérieure porte une circonvolution qui est encore indépendante à ce stade comme la circonvolution du culmen. - Au cinquième mois (fig. 18), la lingula, qui est apparue distinctement, commence à montrer, comme les lobules centraux, de nombreuses circon- olutions secondaires bien formées. À ce stade, le lobe antérieur du cervelet humain apparait divisé en quatre lobules secondaires, comme le lobe postérieur ; mais, dans la suite du développement, on voit en général les deux lobules cen- traux se fusionner en une seule masse centrale qui, à l’état adulte, prend un grand développe- ment (fig. 19, 20 et 21). Cependant, on peut voir des cervelets où les deux lobules gardent — leur indépendance jusqu'à l’état adulte (fig. 20). ES Voyons maintenant, toujours avec Berliner, Fig. 18. — Cervelet d'un fœtus de 5 mois. — ling.,lingula; les autres lettres comme précé- 1 demment,. [4 - comment se fait le développement intérieur du | cervelet. Chez un fœtus de trois mois, qui nous … montre les gyri dans leur forme la plus primitive, è on trouve en général des formations comparables à | #V Venir | 4 $ Fig. 19. — Cervelet d'un fœtus de6 moïs. celles qu'on trouve chez l'embryon de Poulet, du qualorzième jour à la naissance. La couche granu- leuse externe est formée de dix rangées environ de cellules, qui sont d'autant moins pressées entre elles qu’on s'enfonce dans le cervelet". ! Chez le Poulet, on ne peut diviser cette couche granu- D' GUSTAVE LOISEL — REVUE ANNUELLE D'EMBRYOLOGIE ATI Au-dessous de la couche granuleuse, se trouve une zone assez pauvre de cellules; ensuite une couche de un ou deux rangs de cellules irrégulièe- rement placées, contenant à la base de grands noyaux vésiculeux et une masse protoplasmique piriforme et granuleuse; ces grosses cellules res- + : g ; Ÿ =, g NC SNS 75) Set ae Corp. quad. CON AT AN - cenér a. < 2. p lin, V : Q IV Ventr. F8 AREMANS del. Fig. 20. — Cervelet d'un enfant nouveau-né. semblent beaucoup aux neuroblastes moteurs de la moelle dorsale; on doit les considérer comme précédant l'apparition des cellules de Purkinje et peut-être comme des cellules de Golgi. En dessous, se trouve encore une zone de cellules '8 Lopp lg Fig. 21. — Cervelet d'un enfant âgé d'un an (gross. 1 3/4). serrées formant comme un ruban étroit; il s'agit ici de l’origine de la couche granuleuse du cervelet adulte. On arrive ainsi au milieu du gyrus, près de la substance blanche où les cellules sont plus rares et ORNE EE oO ER lée en deux zones distinctes, comme on peut le faire chez le Chat, par exemple. 472 D' GUSTAVE LOISEL — REVUE ANNUELLE D'EMBRYOLOGIE disposées en groupes ou rangées irréguliers, séparés l’un de l’autre par les fibres des nerfs qui se forment ici. Toutes ces couches deviennent seulement nette- ment distinctes chez le Poulet à la naissance, où l’on voit une couche moléculaire se différencier à la base de la couche granuleuse externe. Elles le sont encore davantage dans le cervelet d’un fætus humain de trois mois, où le gyrus est encore dans sa forme la plus primitive (fig. 22); cela se présente du moins pour les couches ns car on ne voit encore aucune cellule, ni aucun noyau qui puissent être considérés comme éléments souches des cellules de Purkinje. À quatre mois, la couche granuleuse superficielle parait plus réduite, alors que la zone moléculaire est devenue plus large; les gyri se sont agrandis tout en présentant le type primitif (fig. 23). À cinq mois, on voil apparaitre, au fond de la zone moléculaire, de grands noyaux Fig. 22. — Structure du cervelet d'un fœtus âgé de 3 mois (gross. 17). vésiculeux, première indicalion de la zone des cellules de Purkinje. Pendantle mois suivant, les circonvolutions s'or- ganisent, mais les éléments cellulaires se modifient peu. Au septième et au huitième mois, on voit appa- raitre très nettement, pour la première fois, une couche granuleuse interne très bien développée, dont l'aspect rappelle celui de l’état adulte; c’est galement à ce moment qu'on peut reconnaitre distinctement, surtout avec la méthode de Golgi, le corps cellulaire des cellules de Purkinje, qui envoie un prolongement proloplasmique jusque dans la zone moléculaire (fig. 24). Chez le nouveau-né, les seuls changements qu'on observe sont un élargisse- ment de la couche granuleuse interne au niveau des circonvolutions et un allongement des prolon- gements de Purkinje qui vont tout près de la couche granuleuse superficielle Un mois après la naissance, on voit se former sur les lobules secondaires des circonvolutions ter- liaires ; la couche granuleuse externe, devenue de plus en plus étroite, se compose encore de cinq rangées de cellules environ. On n'en trouve plus guère que trois rangées, à trois mois et demi, alors que le cervelet s'agrandit loujours en surface par la formalion de nouvelles circonvolutions entre Fig. 23. — Structure du cervelet d'un fœtus âgé de 4 mois (gross. 17). celles qui existent déjà. Mais nous sommes là à un maximum d'activité de croissance, car, à parlir de maintenant, l'agrandissement du cervelet va de plus en plus lentement. Au huitième et au neuvième mois, la couche granuleuse superficielle a entière- fœtus de 8 mois cervelet d'un SAME Fig. 24. Structure du (gros ment disparu; il ne reste plus que la couche molé- culaire avec ses cellules de Purkinje et la couche de grains formée de myélocytes. À partir de ce moment, le cervelet n'a plus qu'à grandir un peu pour arriver à l’état adulte, et cette croissance ne se fera plus que par la simple augmentation des élé- ments préexistants, car on ne trouvera plus main- Ÿ . : : : j EL : tenant, dans ces éléments, aucune trace de division cellulaire. Il est à remarquer que la couche granuleuse superficielle, que nous avons vu disparaitre chez l'Homme, au huitième mois après la naissance, se - montre avec le même caractère transitoire chez tous les animaux qui présentent un cervelet compact, c'est-à-dire chez les Poissons osseux, les Oiseaux et les Mammifères; elle ne se montre pas, au con- -traire, chez les animaux où le cervelet se présente sous la forme d'une lamelle simple, comme chez les Cyclostomes, les Amphibiens et les Reptiles, ou plissée comme chez les Sélaciens. Les anciens auteurs, tels que Vignal', Bellonci- Stefani”, croyaient que les malériaux de cette couche disparue servaient à la formation de la couche moléculaire. D'autres opinions, que l'on trouvera dans Ber- liner *, ontété avancées depuis, sans que la question paraisse être nettement résolue. Tous les faits donnés par la Physiologie et la Pa- thologie, que l’on trouve réunis par Thomas dans son livre sur Le Cervelel (Paris, 1897), concordent pour nous montrer cet organe comme étant le centre . de tous les réflexes qui ont pour résultat la conser- - vation de l'équilibre de l'individu. Un réflexe demande, comme l'on sait, une partie centripèle ou réceptrice, un centre et une partie centrifuge, motrice. Or, ces trois parties principales du cervelet sont connues anatomiquement et il est donc facile de suivre leur développement. C'est ce que fait encore Berliner, comme suite à son Mémoire sur le développement morphologique du cervelet. La partie centripète est formée par le cordon latéral, par le faisceau de Gowers et par des fibres qui pro- viennent des cordons postérieurs ainsi que du noyau vestibulaire. Ces voies réceptrices nous renseignent sur la position de la tête. Les aulres voies réceptrices viennent des articulations et des muscles. Toutes ces réceptions s'associent entre elles par des pro- longements cylindre-axiles des « cellules en cor- beille », qui envoient, comme l’on sait, des collaté- ? Arch. de Pysiol., 1888. ? Arch. ital. de Biol., 1889. » Loc. cit., p. 236. ! D' GUSTAVE LOISEL — REVUE ANNUELLE D'EMBRYOLOGIE AT3 rales dont les terminaisons se ramifient sur les cel- lules de Purkinje. La partie centrifuge de l'arc réflexe cérébellaire serait formée par des fibres qui se mettent en rela- tion avec.les cellules des cornes antérieures ou motrices. En terminant cette partie de notre revue, citons un travail de Donaldson sur un sujet d'étude qui devrait, selon nous, occuper davantage l'activité des embryologistes. Ce travail, dont nous ne con- naissons malheureusement qu'un compte rendu‘, a consisté à étudier les changements dans la pro- portion d'eau présentée par le syslème nerveux central du Rat blanc, au cours de son développe- ment, après la naissance. Donaldson à vu qu'au cours de la première année le pourcentage d’eau dans le cerveau tombe approximativement de 89 à 77 °/,, et dans la moelle de 86 à 69 °/,. Dans le cerveau, la décroissance se fait presque tout entière durant les premiers sep- tante jours de la vie, alors que, dans la moelle, cette période est un peu plus prolongée. Donaldson à remarqué, de plus, qu'au cours du même temps les solides ont augmenté dans ces organes d’une facon corrélative avec l’âge et plus rapidement que le poids même des organes. Il est regreltable que l’auteur n'ait pas mis en évidence, dans ses recherches, le facteur sexe. Nous avons reçu un ?récis d'Embryologie de l'Homme et des Vertébrés, par Oscar Hertwig, lra- duit sur la deuxième édition allemande par L. Mer- cier. C'est la mise au point, par un maitre dont la renommée est universelle, de l'état actuel de nos connaissances sur le développement de l'Homme comparé à celui des autres Vertébrés; c’est le seul ouvrage, écrit en français, que nous puissions recommander actuellement aux éludiants qui ont besoin de connaissances claires et précises en Embryologie. D' Gustave Loisel, Directeur du Laboratoire d'Embryologie à l'Ecole des Hautes-Etudes. 1 II. Doxaznsox : Changes in the percentages of water in the central nervous system of the White Rat between birth and maturity. Science, 1905, t. XXI, n° 545, p. 884. 474 BIBLIOGRAPHIE ANALYSES 1° Sciences mathématiques Czuber (E.). — Professeur à l'Ecole Technique supé- rieure de Vienne. — Vorlesungen über Differen- tial und Integralrechnung. Tome 1, 2° édition. — 4 vol. in-8° de 560 pages avec 115 figures (Prix car- tonné : 45 fr.). B. G. Teubner, éditeur, Leipzig, 1906. Nous avons déjà signalé à nos lecteurs’ la publica- tion de la première édition de cet excellent traité. L'ap- parition d’une seconde édition est une preuve du suc- cès qu'il a obtenu. Les quelques améliorations de détail qui lui ont été apportées en augmentent encore la valeur pédagogique. Goodrieh (W. F.), Membre de lInstitution of Mech2- nical Engineers. — Refuse disposal and Power production (LE TRAITEMENT DES ORDURES MÉNAGÈRES ET LA PRODUCTION DE L'ÉNERGIE). — 1 vo/.1n-8° de 384 pages, avec 98 figures. (Prix : 20 fr.) Archibald Constable and C°, éditeur, 2, Whitehall Gardens, Londres, 1905. Le problème du traitement des ordures ménagères préoccupe depuis longtemps et à juste titre les admi- nistrateurs et les hygiénistes. Dans les campagnes et dans le plus grand nombre des villes, on en est encore réduit au vieux procédé qui consiste à accumuler tous les détritus des agglomérations urbaines sur de vastes terrains réservés à cet effet, entassement qui n’est pas sans faire courir souvent des risques sérieux au point de vue de la santé publique. Dans certaines localités situées au bord de la mer ou à proximité, on trans- porte au moyen de chalands les ordures au large où on les immerge. Mais ce dernier moyen n'est pas d'un emploi général; aussi la question s’est-elle posée depuis longtemps de substituer au vieux système d'épandage un procédé plus rationnel et plus hygiénique aboutis- sant à la destruction complète des ordures. L'une des solutions proposées est la crémation, par- faite au point de vue sanitaire, puisque, si elle est bien complète, elle fournit des produits dépourvus de toute nocivité. Mais il était à craindre que les frais de ce mode de traitement fussent hors de proportion avec les avantages obtenus, si l’on n'avait en même temps constaté que les ordures de composition moyenne sont combustibles par elles-mêmes et dégagent, pendant cette combustion, une quantité importante de chaleur, qui peut être transformée sous une autre forme d'éner- gie, mécanique ou électrique, par les moyens connus. Ce procédé se trouvait donc avantageux à la fois au point de vue économique et sanitaire, et il n’est pas étonnant qu'il ait pris un grand développement, qui reste toutefois confiné à certains pays, au premier rang desquels se trouve l'Angleterre. M. Goodrich a pu étudier à fond dans son pays le fonctionnement des installations de ce genre, et c’est le fruit de ses obser- vations qu'il offre dans l'ouvrage que nous analysons. Il décrit d’abord les principaux types de destruc- teurs actuellement en usage, avec les systèmes de chargement des ordures et la conduite de la combus- tion. Le résidu de la combustion peut être employé à la construction des lits bactériens, à la fabrication du mortier, des briques et même à la construction de petites maisons. Quant à la chaleur dégagée, elle s’emmagasine dans les gaz de la combustion, qui sont conduits dans les faisceaux tubulaires de chaudières de types divers où ils servent à la production de 4 Voir la Revue du 15 juillet 1899, t. X, p. 526. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX h : ET INDEX vapeur. Les installations de destructeurs varient sui= vant l'usage subséquent qui est fait de cette vapeur. Dans le plus grand nombre, elle est employée à la génération de l'électricité, pour la traction ou l’éclaiz rage; dans une seconde catégorie, elle actionne des pompes pour l'enlèvement des eaux d’égouts; enfin, dans une troisième catégorie d'installations, elle ae= tionne des pompes pour l'alimentation de la ville en» eau potable. L'auteur décrit les caractéristiques de ces dispositifs. Le reste du livre est consacré à une description, détaillée de tous les destructeurs existant dans le Royaume-Uni. Le premier fut installé à Manchester en 1876; on en comptait 175 au commencement de 1904, et ce nombre est aujourd’hui largement dépassé. Pour les installations les plus importantes, l’auteur donne des indications numériques détaillées et fort intéres= santes : composition moyenne des ordures, quantité traitée, production de vapeur par heure, température atteinte, composition du résidu et des gaz de la com bustion, frais de traitement et rendement économique de l'installation. Sont, en outre, décrites un certain nombre d'installations étrangères, en particulier aux Etats-Unis, au Canada, dans les colonies anglaises, 4 Bruxelles, à Hambourg, à Monaco, à Zurich. A Paris, un petit destructeur expérimental avait été érigé à Javel en 1895; quoiqu'il ait fonctionné d’une façon satisfaisante, les opérations n’ont pas été reprises sur une plus grande échelle. Telle est la matière de l'ouvrage de M. Goodrich ‘, quin constitue une riche mine de renseignements pour tous: ceux qu'intéresse la question du traitement des ordures i ménagères. L. B. | 2° Sciences physiques Guillaume (Jacques), /ngénieur des Arts et Manufar- tures.— Notions d'Electricité. Son utilisation dans l'industrie. — 1 vo/. 1n-8° de 346 pages et 154 figures (Prix : T fr. 50). Gauthiers- Villars, éditeur, Paris, 1905. Ce livre, fait d’après les cours professés par l’auteur à la Fédération nationale des chauffeurs, conducteurs, mécaniciens, automobilistes de toutes les industries, s'adresse aussi aux industriels qui désirent se rendre compte des installations de force motrice et de lumière qu'ils se proposent de faire dans leurs usines : les notes du cours ont été largement complétées à cet effet. Le livre débute par une introduction sur les notions générales de Mécanique, et il se développe en six cha= { pitres dont les titres sont : « 1° Généralités sur les machines électriques indus- trielles, qui forment en réalité un exposé des lois générales de l'électricité ; D _ 20 Courant continu : génératrices et moteurs; 3° Courant alternatif : généralités, alternateurs, mo- teurs synchrones et asynchrones, transformateurs, converlisseurs ; 4 Utilisateur des machines électriques de l'énergie, distribution, éclairage; 5° Accumulateurs ; ‘ 2 | ! ; transport * M. Goodrich, qui est un spécialiste en matière d'ordures ménagères, avait déjà exposé cette question d'une facon générale dans un précédent ouvrage : The Economie Disposal of Town's Refuse, 1 vol. in-8° de 340 pages avec 75 fig. (Prix: 13 fr. 25). P. S. King and Son, 2 et 4, Great Smith Street, Londres, 1901. e livre contient d'excellentes choses, exposées avec é pour celui qui connait avec précision les lois de ectricité générale. our se faire comprendre de ses lecteurs et de son ditoire, l'auteur fait une introduction sur l'énergie cinq pages, et un résumé de magnétisme et d’élec- cité en dix-huit pages, à coups de comparaisons pas ours heureuses. Si cette première partie de son livre était plus pré- et traitée avec assez d'ampleur pour permettre au teur une intelligence claire des applications, alors me qu'elle serait incomplète, je louerais l’auteur sans serves ; je l'engage beaucoup à réformer dans ce sens nouvelle édition. R. SWYNGEDAUW, Professeur de Physique et d'Electricité industrielles à la Faculté des Sciences de Lille. tte (Alfred), Membre de l'Institut. — Etude géné- rale des Sels. Leçons professées à la Faculté des Sciences de Paris. 1"° partie : Sels binaires. — 1 vol. de 304 pages. (Prix: 10 fr.) H. Dunod et E. Pinat, éditeurs, Paris, 1906. “Ce volume est destiné aux élèves des Facultés; il ne stitue donc pas une étude bibliographique des sels, ais un exposé méthodique des propriétés générales W'ils présentent quand on les étudie par groupes homo- “éènes. Le point de vue commun nécessaire dans un ouvrage de cette nature pour relier les faits entre eux constitué ici par les propriétés thermochimiques. même que dans le traité classique du mème auteur: cons sur les métaux, publié en 1890-1891, les prin- pes de la Thermochimie trouvent leur application onstante dans tout ce volume, qui ne constitue d'ail- leurs qu'une première partie de l'œuvre totale. Cette première partie est consacrée aux sels binaires: drures, fluorures, oxydes, carbures, etc.; on y trouvera une foule de données numériques empruntées soit à ouvrage de M. Berthelot: Thermochimie; données et s numériques, soit aux Mémoires publiés dans ces rnières années. GC. MARIE. 4 Docteur ès sciences. Levat (David), ancien élève de l'Ecole Polytechnique, Membre du Conseil supérieur des Colonies. — . j'Industrie aurifère. — 4. vol. in-8° de S89 pages, avec de nombreuses figures et planches hors texte. (Prix: 30 fr.) Dunod et Pinat, éditeurs. Paris, 1905. L'industrie aurifère est considérée, en général, comme une entreprise qui offre des risques d'insuccès beaucoup plus grands que toute autre exploitation minière, et toute participation à ce genre d'industrie ést regardée comme un « billet de loterie ». M. Levat élève contre ce préjugé, qui, d'après lui, a pour racine gnorance, où se trouvent la plupart des Français, des principes les plus élémentaires qui régissent les mines or. Aussi s'est-il efforcé d'élargir le cadre ordinaire s traités écrits uniquement pour un public de spé- alistes. Son livre, en effet, n’est pas un simple exposé didactique des divers procédés d'extraction de l'or, avec monographies des meilleures installations à titre d'exemples. Cet ouvrage indique au public comment Se créent les affaires aurifères, quelles sont les dépenses à prévoir pour installer tels et tels procédés de traite- ent, et quels sont les prix de revient de ces procédés. Le capitaliste et le financier qui veulent étudier une äffaire trouveront dans cet ouvrage des éléments appréciation qui leur permettront d'évaluer leurs risques et de se documenter sur les valeurs intrinsèques de l'affaire qui leur est offerte. Le public, dit M. Levat, pourra ainsi se rendre compte que les affaires de mines d'or, examinées en dehors de toute préoccupa- on particulière, sont aussi rémunératrices et aussi “sérieuses que toute autre affaire minière similaire. _— Dans une première partie, M. Levat traite la ques- “tion de l'extraction proprement dite de l'or de ses BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 475 minerais. De là, deux grandes divisions : l’or alluvion- naire et l'or filonien, chacune de ces exploitations ayant ses procédés propres de recherches, d'organisa- tion du travail et ses méthodes de traitement. Les alluvions, aussi bien que les filons, ont été l'objet, dans ces dix dernières années, de ‘perfectionnements et de transformations considérables, que M. Levat décrit sans trop insister sur les procédés antérieurs, qui n’ont plus qu'un intérêt rétrospectif. Dans la dernière partie de son ouvrage, l'auteur envisage les mines d'or dans les diverses régions du monde, ce qui lui permet de mettre en évidence les méthodes les plus perfectionnées et les plus récentes mises en jeu pour l'exploitation de ces mines. M. Levat insiste surtout sur ceux de ces pays dont il possède une expérience personnelle. En résumé, nous possédons, grâce au beau et consi- dérable travail de M. Levat, un ensemble très complet et très bien présenté de l'industrie aurifère envisagée au triple point de vue technique, économique et finan- cier. Son livre permet de se rendre compte de l’état d'avancement de l'industrie aurifère, depuis les pays les mieux pourvus en fait d'outillage et de ressources de toutes sortes jusqu'aux contrées les plus éloignées du globe, où la civilisation industrielle n’est encore pour ainsi dire qu’ébauchée. La clarté de l'exposition est encore rehaussée par l'abondance des figures (schémas, cartes géographi- ques, courbes, dessins, photographies). Ces figures se présentent très bien, et certaines reproductions de photographies faites à la mine mème sont de véritables œuvres d'art. A. HoLLanp, Chef du Laboratoire central des Usines de la Compagnie française des Métaux. 3° Sciences naturelles Machat (J.), Agrégé de l'Université, docteur ès lettres. — Les Rivières du Sud et le Fouta- Diallon. Géographie physique et civilisations indigènes. — 1 vol. gr. in-8° de 32% pages. À. Chal- lamel, éditeur. Paris, 1906. Cet important travail est la consciencieuse relation du voyage effectué par l'auteur à travers les brous- sailles touffues de... la littérature guinéenne. Armé d'une patience à toute épreuve, il a dressé l'inventaire des productions géographiques de la Guinée, analysant, avec la même attention soutenue, les spécimens exubé- rants et couverts des fleurs de l'imagination, les échan- tillons rabougris et parfois terre à terre de la statistique, les bourgeons ternes des tentatives scientifiques, et même les végétations parasites, qui, comme l'on sait, pullulent dans tous les pays lointains. Le livre de M. Machat arrive à son heure. En Guinée, comme dans la plupart de nos possessions d'outre-mer, l'ère des explorations est close : celle de la science ne tardera sans doute pas à s'ouvrir. Il était done, à mon avis, du plus haut intérèt de fixer, d’après tous les documents qui ont paru jusqu'à ce jour, l'état des questions qui se posent à propos des pays neufs. L'au- teur se défend de laisser percer sa préférence pour une source de renseignements plutôt que pour une autre : il tente, avec une entière bonne foi, de faire un corps de doctrine avec des opinions le plus souvent disparates, et il parvient quelquefois à réconcilier le Grand Ture avec la République de Venise. La plupart des voyageurs ignorent à peu près com- plètement les travaux de leurs devanciers : c’est d'ailleurs là le secret, et l'excuse, de tant de décou- vertes qui ne sont que des redécouvertes. Le livre de M. Machat, sans ètre la table rase cartésienne, sera, Je l'espère du moins, la base sur laquelle on pourra élever un édifice solide de connaissances sérieuses. Après un résumé très complet des nombreux voyages de pénétration qui ont été effectués dans les Rivières du Sud et le Fouta-Diallon, l’auteur étudie la répartition géographique et les rapports entre eux des différents 476 terrains qui constituent la Guinée française actuelle. Il décrit ensuite le relief du sol, tel qu'il lui apparaît à travers les approximations des voyageurs. L'étude du climat lui donne des résultats un peu plus concordants, car elle s'appuie sur des faits très faciles à observer. Il en est de mème pour la faune et la flore, dont le Muséum possède des échantillons nom- breux et précis. Le chapitre qui traite des populations et des civilisa- tions indigènes est un effort méritoire pour coordon- ner les renseignements de voyageurs inégalement pré- parés aux recherches ethnographiques, trop souvent soucieux du seul pittoresque, ou même plus simplement entrainés par le désir inconscient de faire prévaloir telle ou telle thèse intuitive. Néanmoins, et sous cette réserve que fait l’auteur lui-même dans sa conclusion, à savoir qu'il ne s’agit ici que d'une « préface à l'étude géographique du pays », j'estime que l'ouvrage de M. Machat est appelé à rendre les plus grands services à l'étude de la plus belle et de la plus riche de nos colonies de l'Ouest africain. Dr Macraun. Dupond (L'R.), Ancien chef des Travaux de Micro- biologie à la Faculté des Sciences de Nancy. — Recherches sur la mobilité et les organes moteurs des Bactéries (Thèse de Doctorat en médecine). — 4 vol. in-8° de 191 pages. Barbier, éditeur. Nancy, 1905. La mobilité des bactéries ne constitue pas, dans la biologie de ces microorganismes, un élément acces- soire ou indifférent. Sans doute, un microbe peut éventuellement perdre la faculté de se mouvoir sous des influences variables : vieillissement, substratum nutritif peu favorable, etc.; en un mot, dans tous les états de souffrance. Cette perte de la mobilité est même, aussi, un phénomène physiologique, en rapport avec la sporulation. Mais, dans ces divers cas, il ne s’agit que d’un fait transitoire. Transplanté dans le milieu opti- mum, le microbe ou la spore donnent des cultures- filles mobiles. M. R. Dupond, qui a consacré sa thèse à l'étude des organes moteurs des bactéries, estime, en effet, que la capacité ou l'incapacité de se mouvoir sont des élé- ments de classification de premier ordre. Une forme acrotriche ne se transforme Jamais en une forme péri- triche, ni inversement. Cet auteur expose avec détails la morphologie et la physiologie des fouets. Selon lui, le courant électrique n'a aucune influence sur l’orien- tation des bactéries mobiles. L'agglutination par les immunsérums ne modifie les cils ni dans leur forme, ni dans leur disposition, ni dans leur nombre. Les fouets fixent l’agglutinine plus que les corps. Is filtrent à travers la bougie Berkefeld et ils exercent, dans le liquide de filtration stérile, une action énergique comme récepteurs libres (formation et fixation d’ag- glutinine). Ils sont contractiles. Le vaccin 1 du charbon présente des cils. Le bacille de la tuberculose, dans les culiures homogènes et agglutinables, ne serait pas mobile : cette opinion n'est pas conforme à celle de MM. Arloing et P. Courmont. Travail érudit et consciencieux, qui fait honneur à l'Université de Nancy aussi bien qu'à son auteur. D' H. VINCENT, Professeur à l'École d'application du Val-de-Grâce (Paris). 4° Sciences médicales Sérieux (D'Paul), Médecin en chef des Asiles d'aliénés de la Seine. — L’Assistance des aliénés en France, en Aïlemagne, en Italie et en Suisse. — 4 vol gr. in-8° de 93% pages, avec planches. Imprimerie muni- cipale. Paris. Depuis bien des années, les rapports des médecins chargés de rendre compte du fonctionnement des asiles de province ont signalé les imperfections de ces établis- BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX malades « non dangereux ». On parle même souvent sements. La plupart répondent mal aux exigences di l'assistance et du traitement des aliénés, tels qu'on les conçoit aujourd'hui. Installés dans d'anciens bât ments (couvents, dépôts de mendicité), mal adaptés" leur destination actuelle, ils ne peuvent que difficileme être améliorés. Leurs bâtiments symétriques, leu PER entourés de murs, leurs quartiers cellulaires, e nombre insuffisant des médecins, des infirmiers et des veilleurs, l'usage habituel des moyens de contention! mécanique (camisole de force, colliers de cuir, en- traves, etc.), l'installation défectueuse des bains, l'en combrement, enfin, tout cela est vraiment d’un autre âge. l Et n'est-on pas surpris aussi de voir le préjugé de l'incurabilité des maladies mentales persister, non seu* lement dans les classes éclairées de la population, mais: encore chez les médecins et les législateurs, chez ceux même qui se sont donné pour mission de faire revisen la loi de 1838, et que l'on aurait cru mieux informés ? Cette idée, cependant si naturelle et si simple, qu'un: établissement d’aliénés est destiné à favoriser le trai= tement des maladies mentales, cette idée est, aujour= d'hui encore, difficilement acceptée et rarement bien comprise. Beaucoup s’indignent de voir placer dans un asile des d'internement illégal, de séquestration arbitraires L’asile d’aliénés n’est pas un hôpital où l’on soigné des malades; c’est une prison où l'on incarcère des parias dangereux. : Pourtant, l'expérience de chaque jour le démontre, près de la moitié des internés peuvent sortir un jour de l'asile améliorés, parfois même guéris. Et, même à ne considérer que les formes aiguës, la proportion des guérisons s'élève au-dessus de ce chiffre. : Nul plus que le D' Paul Sérieux n’a parlé, n’a voyagé, n'a écrit, en vue d'amener la cessation d’un état de choses vraiment pénible pour ceux qui ont souci dl bon renom de notre pays. L Longuement, patiemment, il a visité les asiles étrans gers et nationaux ; obstinément, il a décrit les avantages: des uns, en les opposant aux insuffisances des autres: Sobre de commentaires, par la seule exposition des faits, il a entrepris d’instruire le public, en général, et les médecins aliénistes, en particulier, des amélioras tions qu'ils pouvaient et devaient réaliser, tant pou perfectionner l'assistance et le traitement des alién! que pour assurer les progrès de la Psychiatrie fran caise. ” Le dernier travail de l’auteur est un volumineux Rapport rédigé au nom des délégations commises paë. le Conseil général de la Seine pour visiter : : 1° En 4901, les asiles d’aliénés de la région de l'Est en France et les asiles d’aliénés, les cliniques psychias triques universitaires, les quartiers d’aliénés criminels de l’ouest de l'Allemagne; : 20 En 1902, les asiles d'aliénés, les établissements d'aliénés criminels et les cliniques psychiatriques unis versitaires de la Suisse et de l'Italie du Nord. Les délégations ont visité et étudié d’une façon come plète les établissements suivants : asiles de Saint-Dizier, de Fains, de Maréville (France); quartier d'aliénés cris minels et établissement pénitentiaire de Bruchsal, cli= « niques psychiatriques de Heidelberg et de Giessen, asile et pavillon d’aliénés criminels de Düren, asile-colonie | de Galkhausen (Allemagne); asile clinique de Bale, asile= colonie de Mendrisio (Suisse) ; asile de Quarto al Mare, asile d’aliénés criminels de Montelupo, asile clinique de Florence, asile d’aliénés criminels et asile clinique de Reggio (Italie). Ces visites d'étude ont fait constater une fois de plus les progrès accomplis à l tranger. A vrai dire, c'est une ère nouvelle qui s'ouvre dans l'histoire du dévelop- pement de l'assistance et du traitement des sujets | atteints de maladies mentales. | Parmi les réformes les plus fécondes, il faut citer la | multiplication des pavillons de traitement, des quartiers |, a? distincts, et même des asiles spéciaux pour les caté- ories d’aliénés classés d’après leurs réactions (incu- bles valides, incurables infirmes, aigus curables, minels devenus aliénés, aliénés dangereux, épilep- iques, idiots, buveurs, nerveux, etc.). La création d'asiles-colonies a été une innovation “importante. Ces établissements, où les deux tiers des malades jouissent de la vie en liberté, diffèrent abso- lument des asiles-casernes, des renfermeries de jadis. La subordination étroite de l’organisation matérielle aux exigences du traitement a changé du tout au tout physionomie de l'établissement d’aliénés. Des pavil- ons isolés disséminés, à destination spéciale soigneu- sement étudiée, sont affectés chacun à un petit nombre de malades seulement (pavillons de surveillance con- inue, d'observation, pavillons fermés, villas ou- rtes, etc.). L'asile devient ce qu'il doit être : un hôpital (pour le traitement des curables), annexé à ine colonie (pour la vie en liberté des convalescents et des chroniques). L'assistance des aliénés criminels a été organisée dans la plupart des Etats de l’ancien et du nouveau monde : des médecins dirigent des quartiers spéciaux annexés aux établissements pénitentiaires; des pavillons nt affectés, dans certains asiles, aux détenus aliénés ant terminé leur peine, aux aliénés ayant commis des crimes. En italie, trois grands asiles centraux ecueillent plus de 600 aliénés criminels. L'assistance des buveurs d'habitude est en bonne oie d'organisation. Cependant, il faut le reconnaitre, ous n'avons, en France, rien d’analogue aux établis- ements modèles d'Ellikon et de Berlin. … L'assistance des épileptiques, encore si rudimentaire lans nos asiles publics, est une question résolue à tranger. Le seul mode d’hospitalisation qui convienne -à ces malades est l'asile-colonie spécial, autorisant, lune part, la vie en liberté au cours des phases de cidité, et, d'autre part, comportant la surveillance sontinue et un traitement approprié pendant les pério- des délirantes. Les asiles-colonies de Bielefeld, Berlin, Hochweitzschen, sont admirablement installés dans ce double but. … La création de sanatoriums populaires pour les ner- veux a été aussi un progrès incontestable, de mème que les hopitaux urbains destinés au traitement immé- diat des maladies mentales aiguës. Malheureusement, contention mécanique ont été supprimés (n0-restraint), traitement en liberté mis en pratique (open-door), solement cellulaire supprimé, le traitement par le lit, par les bains permanents, généralisé. Le nombre proportionnel des asiles est plus considé- -rable en Allemagne qu'en France, 152 contre 68. Le confort des aliénés est l’objet d'une plus grande solli- citude : le prix de journée est plus élevé. En France, il oscille entre 4 franc et 1 fr. 23, somme manifeste- ment insuffisante. Pour la région de l'Est, il varie de Ofr. 80 à 4 franc, tandis que, pour les asiles voisins de la province rhénane, il est de 2 fr. 41. Enfin, il faut mentionner tout particulièrement l'organisation du service médical en Allemagne, en Suisse et en Italie. Confier 600, 4.000 malades à un médecin, comme on le fait encore chez nous, paraitrait chez nos voisins une monstruosité. Les médecins-di- recteurs sont recrutés parmi les médecins en second, ceux-ci parmi les médecins-assistants; enfin, ces der- niers sont choisis par les chefs de service responsables, . qui ont tout intérêt à ne prendre que des hommes instruits et consciencieux. Les agents du personnel de Surveillance sont également plus nombreux et mieux rétribués en Allemagne et en Suisse. . Les asiles sont mieux outillés au point de vue scien- tifique (laboratoires, bibliothèques). Dans toutes les universités allemandes existent des cliniques psychia- tiques, et le stage psychiatrique, obligatoire pour les élèves, est sanctionné par une épreuve spéciale. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 477 En résumé, on est forcé de constater un progrès considérable dans l'assistance des aliénés, en Alle- magne, en Suisse et en Italie. Et ce progrès s’est réalisé en moins de trente années. Les idées francaises sur l’organisation des quartiers de classement, sur l’ensei- gnement clinique des maladies mentales, sur la colo- nisation des aliénés, la doctrine anglaise du no- restraint, le principe écossais de l’open-door, tous ces perfectionnements se sont rapidement acclimatés en Allemagne. Ils ont été appliqués avec une méthode inflexible, qui n’a pas tardé à donner à ce pays le premier rang, dans ce domaine philanthropique, si longtemps occupé par la France. Si, pendant la première moitié du siècle dernier, nous fûmes, sans contredit, les initiateurs de la Psy- chiatrie et de la thérapeutique mentale, il faut bien reconnaitre que, depuis lors, nous avons été dépassés. L'ignorance des réformes réalisées au delà de nos frontières a nui grandement à notre marche en avant. Il semble que nous ayons voulu laisser à d’autres l'honneur de poursuivre l'œuvre admirable entreprise par nos devanciers, et le soin de tirer parti des idées nées dans notre propre pays. Nos asiles sont loin de représenter ces « instruments de guérison » qu'on réclame depuis si longtemps. Si humiliant que cela puisse être, il ne faut pas hésiter à proclamer notre infériorité; continuer à l'accepter, c'est l'aggraver encore. Il est grand temps d'y remédier. Une réforme radicale de nos asiles s’im- pose, au point de vue matériel; une réorganisation sérieuse du service médical n'est pas moins nécessaire, si nous voulons reconquérir la place que nous n’au- rions jamais dû perdre. D'heureux symptômes donnent, d’ailleurs, à penser que nous ne resterons pas plus longtemps en arrière. Toutes les questions concernant l'assistance et le trai- tement des aliénés sont aujourd'hui à l’ordre du jour. La Presse s’en empare; on les discute activement dans les Congrès et dans les Sociétés savantes, dans les assemblées législatives et départementales. Des écrivains bien informés font journellement le procès de la routine, de l’optimisme, de l'ignorance. Ces courageux efforts ne peuvent conduire qu'au succès. Alors qu'il n'y a pas bien longtemps la satis- faction était le mot d'ordre général, qu'on s'était endormi dans un /ar-niente dangereux et qu'on osait présenter des asiles-prisons comme des asiles modèles, on voit maintenant nombre d'esprits indépendants dénoncer le mensonge des clichés optimistes tradi- tionnels. Ils disent hautement que tout n'est pas pour le mieux dans nos asiles; ils comparent ce qui se fait à l'Etranger avec ce qui se fait chez nous; ils réclament des réformes urgentes, indispensables, peu coûteuses en somme. Voilà ce que nous enseigne, sans crainte de dire très haut d'assez dures vérités, le D' Sérieux. C’est un très louable effort que de chercher à secouer les préjugés, l'incuriosité et la torpeur. 11 y faut un réel courage. Là est le grand mérite de cet auteur. Et il en est déjà récompensé. La tâche qu'il a entreprise depuis plusieurs années, et qu'il poursuit sans relâche, a déjà porté ses fruits. On ne peut plus dire aujourd'hui, avec Marandon de Montyel, que « la Psychiatrie française se meurt ». Une rénovation bienfaisante s'accentue chaque jour. Elle se manifeste non seulement dans le domaine scientifique, mais aussi dans les perfectionnements incessants apportés à l'assistance des aliénés. Une pléiade de psychiatres laborieux et conscients de leurs devoirs à su faire justice des errements anciens, s'assimiler les méthodes rationnelles de trai- tement, inaugurer tous les perfectionnements nouveaux. Encore quelques années, encore quelques efforts pour secouer la routine du passé, et l'assistance des aliénés en France pourra supporter toutes les comparaisons. Plus que quiconque, le D' Paul Sérieux aura con- tribué à cette œuvre hautement philanthropique. Dr Henry MEIGE. 478 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 30 Avril 1906. 4° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. C. Guichard re- cherche les variétés doublement infinies de points d’une quadrique de l’espace à quatre dimensions appli- cables sur un plan. Le problème revient à la recherche des réseaux O de l’espace à quatre dimensions appli- cables sur un réseau de l’espace à cinq dimensions, les deux réseaux applicables étant tels que trois coor- données de l’un ne diffèrent que par un facteur constant de trois coordonnées de l’autre. — M. M. d’Ocagne donne une démonstration du théorème de J. Clark sur les équations à trois variables susceptibles d’une repré- sentation réelle en points alignés. — MM. H. et L. Bo- chet ont fait l'étude expérimentale d'un ventilateur centrifuge du système Capell. Le rendement mécanique peut s’y élever jusqu'à 1,67, autrement dit l’air mis en mouvement possède, dans certaines circonstances -t en certains points de son trajet, une demi-force vive supérieure de beaucoup (probablement de plus de moitié) au travail moteur. — M. M. Stefanik a observé le spectre infra-rouge du Soleil jusqu'à 0,900 y en plaçant devant la fente de son spectroscope un écran absorbant ne laissant passer que les rayons de l’extrème rouge et de l’infra-rouge. 20 SCIENCES PHYSIQUES. —M.H.Abraham a mesuré des courants alternatifs de l’ordre du centième de micro- ampère avec un galvanomètre à cadre mobile dont le champ magnétique est créé par un électro-aimant excité par un courant alternatif de même fréquence. — MM. J. de Kowalski et P. B. Huber ont constaté qu'en intercalant une self-induction dans le circuit de la décharge oscillante pour la production d'un spectre métallique, on fait disparaître, dans le cas des élec- trodes en métal pur, un plus grand nombre de lignes du spectre que dans le cas des électrodes en alliage; les lignes qui n'ont pas disparu dans le spectre des alliages sont les mêmes pour l’alliage Cu-Zn que pour Cu-Mg et appartiennent au cuivre. — M. G. Blanc a fait la synthèse de l'acide $6-diméthylpimélique en con- densant l’éther à-bromo-ff-diméthylvalérique avec l'éther malonique sodé; cet acide cristallise en aiguilles fondant à 1049. Par une condensation analogue avec l'éther méthylmalonique sodé, on obtient l'acide fGBe-tri- méthylpimélique, F.55°-56, — MM. A. Haller el E. Bauer, en faisant réagir le bromure de phénylma- gnésium sur le benzylidène-camphre, ont obtenu le diphénylcamphométhane, F.106°-107°. En faisant agir d’autres dérivés organo-magnésiens, on obtient toute la série des alkylphénylcamphométhanes. D'autre part, par action de la benzophénone sur le camphre sodé, ou par déshydratation du diphénylcamphocarbinol, les auteurs ont préparé le diphénylcamphométhylène, F.143°,5. — MM. L. W. Collet et G. W. Lee montrent que la glauconie marine est un silicate essentiellement ferrique et qu'il est impossible d'expliquer sa formation en se basant sur l'étude de la glauconie des roches sédimentaires, cette dernière ayant pu subir de nom- breuses transformations. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. A. Chauveau montre que : 4° l'énergie créatrice de la force avec laquelle le muscle équilibre un poids donné est toujours propor- tionnelle à ce poids; 2° elle est aussi nécessairement proportionnelle au temps pendant lequel la force élas- tique du muscle reste créée et agit sur le poids que cette force équilibre; 3° en donnant le nom de «travail statique » au produit de la force musculaire soutenant ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ‘ches sur certaines séries asymptotiques. — M. Jouguet un poids par le temps consacré à cette sustentation, on peut dire que l'énergie consacrée à l'exécution du travail statique des muscles est toujours. proportion- nelle à ce travail, pourvu qu'il s'effectue sans fatigue. — MM. M. Lugeon et E. Argand ont constaté que la grande nappe de recouvrement de la Sicile vient du Nord, qu'elle est formée par les argiles de l'Eocène moyen, entrainant avec elles des lentilles de calcaire secondaire, et qu'elle a subi des transgressions dès Miocène. — MM. P. Termier et G. Friedel montre que la formation singulière qu'on trouve au-dessous du terrain houiller de Saint-Etienne est une nappe de roches diverses, le plus souvent écrasées, où domine! un granit réduit par laminage à une bouillie presque amorphe, et qui témoigne de vastes phénomènes de charriage antérieurs au Stéphanien. Séance du 7 Mai 1906. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. A. Buhl signale un nouveau procédé pour former des séries trigonomé= triques plus générales que celles qu'on envisage habi= tuellement. — M. L. Schlesinger présente ses recher=, étudie l'accélération des ondes de choc sphériques. La vitesse des ondes sphériques dépend dela manière do les gaz se détendent en arrière du front. — M. Loewy annonce que M. Max Wolf est parvenu à mettre en évis dence l’existence de mouvements propres pour de, nombreuses étoiles par comparaison, dans un stéréo: scope, de deux photographies d’une même portion dun ciel prises à plusieurs années d'intervalle. — M. H. De landres indique plusieurs méthodes pour la RL en dehors des éclipses, des amas de particules brillan= tes, mèlés aux gaz et vapeurs dans la partie basse de l'atmosphère solaire. ; 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. A. Blondel applique le! principe de la superposition à la transmission des cous rants alternatifs sur une longue ligne. Chaque régime) est caractérisé par une épure à deux courbes (tensia et courant) et la superposition des régimes se traduit» par une superposition géométrique de deux épures. M. G. Meslin, en disposant un réseau sur la surfacel convexe d'une lentille à faible courbure, a observé del larges anneaux d'interférence dont il donne la théo® rie. — MM. C. Matignon et R. Trannoy ont constaté} que le gaz ammoniac se combine au chlorure de néoë| dyme anhydre NdCK pour former sept combinaisons &! 4, 2, 4,5, 8, 11 et 12 molécules de AzH*. La chaleur totale dégagée dans ces combinaisons est de 147,5 calo® ries. — M. R. Boulouch à étudié la solidification des} mélanges de soufre et de phosphore ; d'après l’allurëk de la ligne de solidification, il y a lieu de supposeb! qu'au-dessus de 44 il se dépose des cristaux de PSM pur, tandis qu'au-dessous de cette température on obtient des cristaux mixtes de sesquisulfure et de pho&} phore. — M. L. Guillet montre que, dans les laitonsi spéciaux, la présence d’un constituant, combinaisom| ou solution, autre que celui que l’on rencontre dans! les alliages Cu-Zn, diminue considérablement la valeu® mécanique de l’alliage. — M. A. Mouneyrat décrit| une méthode de recherche et de dosage de petites} quantités de fer; elle est basée sur la coloration vert@l qui se développe quand on fait passer un courant de IFS dans une solution alcaline étendue d'un sel de fers, — M. L. Henry, en faisant réagir le méthylbromure | de Mg sur le chloro-isobutyrate d'éthyle, a obtenu l’a, cool éthylique pentaméthylé (CH*)C.C(OH)(CH*}. Celuis, ci s'éthéritie facilement au contact de HCI fumant, en{ donnant un éther chlorhydrique, F. 1300. — MM. A: ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 419 ewetz et Bloch, en réduisant avec ménagement dérivés nitrés aromatiques par l'hydrosulfite de so- n, ont obtenu les sulfamates correspondants. Ex. : :A70? HE Na’S°0* + H°0 = C'H°.AzHSONa—NaHSO“. SCIENCES NATURELLES. — M. E. Metchnikoff a étu- le blanchiment hibernal des poils chez le Lièvre riable et des plumes chez le Lagopède et il a reconnu Ml est dû au même mécanisme qu'il a déjà fait con- naître pour le blanchiment des cheveux chez l'homme, -à-dire à la destruction du pigment par de gros romophages. — M. E. Bouvier a conslaté que l'Abeille imestique est capable de nidifier en plein air; elle difie alors plus ou moins heureusement son archi- re de manière à se protéger. La colonie, édifiant mesure et dépensant une grande partie de ses ltes au soin de l'élevage, ne peut généralement pas muler assez de provisions pour la mauvaise saison it de faim vers la fin de l'hiver. —M. A. Lacroix a ié les conglomérats des explosions vulcaniennes ésuve ; ils présentent une grande analogie avec onglomérats trachytiques du Mont-Dore, d'où l'on conclure que les brèches du Mont-Dore ont été oduites par de violentes explosions, ayant déman- le cône central. — Le P. Cirera a enregistré le I8“avril après-midi un mouvement microsismique mportant à l'Observatoire de l’'Ebre, ACADÉMIE DE MÉDECINE Seance du 1% Mai 1906. [ Yvon présente un Rapport sur les demandes en risation pour les eaux minérales. — MM. Bricard- ourneau et Richard-Chauvin donnent lecture poail intitulé : Prothèse dentaire et végétations ides, Séance du 8 Mai 1906. E. Gley présente un appareil, dù à M. L. Camus, hettant d'obtenir l’anesthésie avec des quantités petites et bien déterminées de chlorure d'éthyle. Î. Huchard rapporte trois cas d'anévrysmes (l'un artère de la sous-clavière gauche, l’autre intéres- le tronc brachio-céphalique de l'aorte, le troisième sur la portion transverse et descendante de l'aorte racique) guéris par la médication hypotensive ; abaissement de la tension artérielle est obtenu : {° par lesepos presque absolu au lit pendant toute la durée aitement ; 2° par un régime alimentaire excluant substances toxiques; 3° par l'emploi de médica- ts hypotenseurs et vaso-dilatateurs : trinitrine, nitrol, nitrite de soude. — MM. E. Metchnikoff BE. Roux ont inoculé simultanément, à un jeune étudiant, qui a bien voulu s'offrir pour cette expé- mce, et à des singes, du virus syphilitique. Une üre après l’inoculation, les parties lésées du jeune me et d'un des singes ont été frictionnées pendant minutes avec une pommade mercurielle; vingt- re heures après, les parties lésées d’un second e ont été frictionnées avec la même pommade; n, deux autres singes ont été laissés sans aucun tement, à titre de témoins. Le jeune homme et le nier singe sont restés complètement indemnes de philis; le second singe présenta un accident pri- re après 39 jours d’incubation ; les deux singes non és ont présenté des lésions syphilitiques nettes S 47 jours d'incubation. Ces expériences montrent e la pommade au calomel, appliquée une heure l'inoculation du virus syphilitique, est capable mpécher l’éclosion de la syphilis chez l'homme. — outeaud donne lecture d'un Mémoire sur un cas duration récidivante de l'épaule, traité par arthro- lomie et suivi de guérison. — SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES ; Séance du 48 Janvier 1906 (suite). F. L. Usher et J.-H. Priestley ont étudié le isme de l'assimilation du carbone dans les plantes “= vertes et sont arrivés aux résultats suivants: 4° La photolyse de l’anhydride carbonique peut avoir lieu en dehors de la plante en l'absence de chlorophylle, à condition que l’un des produits de décomposition soit éloigné ; 2° Les produits normaux de la photolyse sont le peroxyde d'hydrogène et la formaldéhyde; cepen- dant, dans certaines conditions, il peut se former de l'acide formique; 3° Dans la plante, la décomposition du peroxyde d'hydrogène est provoquée par un enzyme catalysant généralement présent; 4° La condensation de la formaldéhyde dépend de la vitalité du proto- plasme. Il y a, par conséquent, trois facteurs essentiels pour la photosynthèse de l'anhydride carbonique et de l'eau dans la plante: 4° la vitalité du protoplasma ; 2° la présence d'un enzyme catalysant; 3° la présence de la chlorophylle. Si l’un ou l'autre de ces facteurs fait défaut, le cours de la photosynthèse prend fin, par la destruction du sensibilisateur optique, la chlorophylle, On peut exprimer comme suit les rapports entre les divers facteurs de ce processus ; Eau | Anhydride carbonique + Si on ne l'éloigne pas, il détruit > Chlorophylle + | Peroxyde dhyargene Formaldéhyde Si on ne LébieneT / ; pas, il empoi-{ } sonne \ Enzyme Protoplasma vivant | Oxygène Hydrates de carbone Séance du 1 Février 1906 (suite). MM. A. Harden et G. S. Walpole ont étudié l’action chimique du Bacillus lactis aerogenes (d'Escherich) sur le glucose et le mannitol. Le B. lactis aerogenes agis- sant sur le glucose donne les mêmes produits que le B. coli communis : acide lactique, acide acétique, acide succinique, acide formique, alcool éthylique, CO* et H. Mais une détermination quantitative montre que le total du carbone de ces produits ne forme que les deux tiers du carbone du glucose décomposé, Un examen plus approfondi du liquide de fermentation a permis d'en isoler un nouveau produit bouillant à 181°-1839 et se solidifiant en une masse transparente fondant vers 28°; il est optiquement actif et ses réac- tions montrent qu'il est constitué en majeure partie par du 2 : 3-butylène-glycol CH*.CH(OH). CH(OH). CH*. Enfin, le distillat du liquide de fermentation réduit la liqueur de Fehling à froid et donne avec la phénylhy- drazine l’osazone du diacétyle; ces propriétés indiquent la présence dans le distillat de l’acétylméthylcarbinol, CH3.CO.CH(OH).CH*. Dans l'action du B. /actis aero- genes sur le mannitol, il se forme également du bu- tylèneglycol et de l’acétylméthylcarbinol, mais en quan- tités moins grandes. — M. A. Harden a recherché les causes de la réaction de Voges et Proskauer pour certaines bactéries. Ces deux savants ont constaté qu'un certain bacille, cultivé sur un milieu sucré addi- tionné de KOH, donne au bout de vingt-quatre heures une belle coloration fluorescente, semblable à celle d'une solution alcoolique diluée d’éosine. Plus tard, Mac Conkey a reconnu que trois bacilles seuls donnent cette réaction : B. lactis aerogenes, B. capsulatus et B. cloacae. L'auteur, ayant constaté que le premier d'entre eux produit de l’acétylméthylcarbinol et du butylèneglycol aux dépens du glucose, a recherché si l'un de ces deux corps était la cause de la réac- tion de Voges et Proskauer. Avec la potasse seule, aucun ne donne la coloration fluorescente; mais, si l'on ajoute, en outre, de l’eau peptonée, l’acétylmé- thylcarbinol produit la réaction au bout de vingt- quatre heures, le glycol étant inactif. Le diacétyle, produit d’oxydation de l’acétyvlm“thylcarbinol, fournit 480 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES la coloration rouge en quelques minutes, en présence d’eau peptonée et de KOH, Il en résulte que la réaction de Voges et Proskauer est due à l’acétylméthylcarbinol qui, après oxydation au contact de l'air, réagit sur un des constituants de l’eau peptonée. — MM. A. Harden et W. J. Young : Le ferment alcoolique du jus de levure. Les auteurs ont constaté que la fermentation alcoolique du glucose par le jus de levure est fortement accrue par l'addition de jus de levure bouilli et filtré, soit à l'état frais, soit après avoir subi l'autolyse, quoique ce liquide bouilli soit lui-même incapable de provoquer la fermentation. Le constituant du jus bouilli et filtré auquel est dù cet effet est enlevé par dialyse du liquide dans un tube de parchemin, en lais- sant un résidu inactif. Une expérience analogue avec du jus frais donne uh dialysat qui a un effet similaire sur un jus bouilli, il en résulte que le constituant actif existe dans le jus de levure original et n'a pas été formé pendant l’ébullition. On peut donc, par dialyse, diviser le jus de levure frais en deux fractions : un résidu inactif et un dialysat qui, quoique inerte lui- mème, est capable de rendre ce résidu actif. La fer- mentation du glucose par le jus de levure dépend, par conséquent, de la présence d’une substance dialysable, non destructible par la chaleur. L'action de l'addition de jus de levure bouilli à un liquide en fermentation est caractérisée par une période initiale de dégagement rapide d'acide carbonique, puis par une prolongation de la fermentation; or, on observe des effets iden- tiques lorsqu'on ajoute des phosphates solubles au jus de levure frais. On constate, de plus, ceci : si la fer- mentation en présence de phosphate se prolonge jusqu'à une période régulière, puis qu'on ajoute une seconde quantité de phosphate, une seconde période de dégagement rapide de CO? se manifeste et elle se poursuit comme Ja première. Le phosphore ainsi ajouté passe, au cours de ce phénomène, sous une forme non précipitable par le citrate ammoniaco- magnésien. Les auteurs poursuivent leurs expériences en vue de déterminer si le phénomène entier de la fermentation du glucose par le jus de levure dépend de la présence de phosphates. Séance du 8 Février 1906. Sir G. H. Darwin : Sur la fiqure et la stabilité d'un satellite liquide. L'auteur reprend les travaux d'Edouard Roche (1847) et cherche à les vérifier et à les étendre. Il étudie ensuite l'équilibre de deux masses de liquide contraintes à rester sphériques et jointes par un tube sans poids, tournant l’une autour de l’autre dans une orbite circulaire sans mouvement relatif. —M. C. G. Barkla : La polarisation dans la radiation Rôntgen secondaire. Dans un Mémoire précédent, l'auteur a donné un compte rendu des expériences démontrant la polarisation partielle d'un faisceau de rayons X pro- venant de l’anti-cathode d'un tube focus à rayons X. La radiation secondaire des substances de faible poids atomique placees dans le faisceau primaire varie toute- fois en intensité dans les deux principales directions de moins de 20 °/,;. Les expériences décrites dans ce Mémoire-ci ont été faites sur la radiation secondaire provenant d’une substance de poids atomique faible, car, d'après la théorie indiquée, la radiation se produisant dans une direction perpendiculaire à celle de la pro- pagation de la radiation primaire doit être presque complètement polarisée, La méthode employée a été la même que précédemment, l'intensité de la radiation tertiaire d'une substance légère placée dans le faisceau secondaire étant étudiée au moyen d'électroscopes, pro- tégés des radiations primaires et secondaires directes. Les principales difficultés expérimentales provenaient de la faiblesse des faisceaux tertiaires. On a choisi le carbone comme substance radiante parce qu'on a trouvé que l'énergie de la radiation secondaire des substances de faible poids atomique est simplement proportionnée à la quantité de matière traversée par un rayon primaire d’une intensité donnée, et, comme l'absorption diminue avec le poids atomique, plus il est faible, plus grande est l'énergie de la radiation secondaire provenant de plaques épaisses exposées à un rayon primaire donné, L'auteur à placé un grand morceau de carbone dansde faisceau primaire et il a étudié le faisceau seconda horizontal provenant de celui-ci dans une direetio perpendiculaire à celle de la propagation du faiscea primaire. Dans ce dernier, il met une seconde ma de carbone et place des électroscopes pour recevoir I rayons tertiaires se produisant dans des directi horizontale et verticale. Lorsqu'on fait tourner le tu à rayons X autour de l'axe du faisceau secondaire, Je intensités de radiation tertiaire dans les deux direction changent, l'une augmentant jusqu'à un maximu tandis que l’autre diminue jusqu'à un minimum. Ô découvert que le faisceau tertiaire horizontal atteinte maximum, et le vertical, le minimum, lorsque le fa ceau primaire est horizontal, et inversement lorsqu est tourné à angle droit. Ce résultat était prévu par théorie donnée précédemment, et peut être explig si l'on considère que les électrons dans la substane radiante sont accélérés dans la direction du dépla ment électrique dans les pulsations passant au-des d'eux. Les intensités des deux principales direction sont approximativement dans le rapport de 3 à 1. Si lon considère l’obliquité des rayons primaires, secondai et tertiaires dans les faisceaux expérimentés, ce résulte indique une polarisation tout à fait complète dans étroit pinceau de radiation secondaire provenant de Ja substance dans une direction perpendiculaire à cel de la propagation du primaire. Lorsqu'on emploie le fe comme radiateur dans le faisceau secondaire, quoiquk les valeurs de déviation des électroscopes soient mème ordre de grandeur que précédemment, il n'y« pas de variation appréciable si l'on change la directiôn du faisceau primaire, Ce résultat est tel que les pré dentes expériences avec le fer le laissaient suppos il est la preuve la plus concluante de l'interprétation des résultats obtenus avec le carbone. L'indépenda de mouvement des électrons disparait dans les atomk plus lourds, et chacun est soumis à des forces considé rables non dues directement à la pulsation primailt (dans ce cas à la pulsation secondaire) et non situ dans la direction du déplacement électrique dans cet pulsation. Par conséquent, la variation en intensité tertiaire dans des directions diverses devient inappré ciable, tandis que l'épaisseur de la pulsation danse faisceau tertiaire devient plus grande que dans Ü secondaire, et par conséquent est plus rapidement absorbée. — M.W.R. Bousfeld poursuit ses r'echere sur la dimension des ions et ses rapports avec les p { priétés physiques des solutions aqueuses. Dans un p cédent Mémoire, l'auteur était arrivé, pour le rayon d ion hydraté, à l'expression r = r, (1<+Bh=—?#)> ,0 est le degré d'hydratation de la solution et B un co ficient. La fonction r, qui exprime le rayon moyen l'ion, est appelée radion. Le volume de l'ion est pi portionnel au cube du radion, et le volume d’une paire d'ions à la somme des cubes; ces cubes sont appelés volumes ioniques. Par des considérations théoriq l'auteur arrive au résultat que les inverses des nombt de transport de Hittorf sont exprimables en fonct linéaire du rapport des radions. Ces considération permettent de déterminer les coefficients B pour les! ions séparés : ces coefficients, où nombres d'hydra tion, sont reliés aux nombres de transport à une d tion infinie par une équation de la forme B=BN, + B,N,. D'autre part, l'auteur montre que la viscosité! d'une solution est proportionnelle à son radion. Enfin; le volume de solution est une fonction linéaire.du} volume ionique et la dépression moléculaire effective) du point de congélation est aussi une fonction linéaire/ du volume ionique. Séance du 15 Février 1906. M. H.-M. Vernon: La constitution chimique du pro toplasma montrée par le cours de la désintégration des -. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 481 sus. Si l'on fait macérer un rein avec une solution ine pendant cinq à six jours, on trouve que de 28 à °/, des tissus passent en solution. Ces constituants consistent en protéides et en produits de la désintégra- tion des protéides, et contiennent une grande quantité du ferment dédoublant la peptone, l'érepsine. Quelque- , le passage du tissu du rein de la vie à la mort complit graduellement sans accompagnement de intégration. D’autres fois, il a lieu subitement, et le téide et le ferment extraits du rein peuvent aug- nter rapidement de quatre à vingt fois pour décroitre isuite. Une désintégration soudaine et très marquée produit invariablement si l’on ajoute de l’éther ou du oroforme au liquide de macération. Une mort sou- e occasionnée par la macération avec Na F ne pro- t pas une désintégration subite. Le cours de la intégration dépend énormément des changements Is le liquide de macération; par exemple, la substi- ion de 1 °/, de sel par 4 °/, cause une augmentation rente à soixante fois dans la désintégration à la fois uferment et des groupes protéides. D'un autre côté, si fait pénétrer, dans le rein, une solution saline ayant à servi à la macératicn, la désintégration du protéide t diminuer jusqu'au septième de sa valeur première, is la désintégration du ferment peut augmenter jusqu'à une vingtaine de fois. Après les quelques pre- dières heures de macération, une quantité constante “dazote continue à s'échapper des tissus sous forme non protéide, quoique le protéide s'échappant au même moment puisse varier de 4 à 1.300. Il est produit par lautolyse. Presque tout l’azote est présent dans les us comme protéide potentiel, et peut être amené à > dégager comme protéide actuel; mais, si l’on fait cérer le rein dans une solution saline contenant 0,1 cide lactique, qui n’a pas d'action sur le protéide dinaire, plus de la moitié du protéide potentiel ins- ble des tissus est dédoublée. Ces résultats semblent idiquer que la différence entre les tissus vivants et les ssus morts est une affaire de degré, plutôt que d’es- e, car les tissus morts présentent une grande labi- , et leur propre décomposition est grandement aug- ntée par des excitants. — M. C.-S. Sherrington : nnervation des muscles antogonistes. IX. L'induction inale successive. — MM. Léonard Hill et M. Green- od : /nfluence de laugmentation de la pression arométrique sur l'homme. Les résultats des recherches des auteurs montrent : 1° qu'un homme peut être mis à une pression totale de sept atmosphères sans ts fâcheux, à condition que la décompression fectue graduellement et que l’on facilite la circula- On capillaire par des contractions répétées des muscles, és mouvements des articulations et des changements e.position ; 2 qu'il n'y a pas de sensation de l'augmen- Mation de la pression barométrique aussi longtemps que celle-ci est constante. Il est probable : 1° que les ts subjectifs de l'augmentation de pression, à part S changements de la voix et l’anesthésie des lèvres, dépendent de conditions psychiques, telles que l’an- té et l'excitation; 2° que les changements dans le bourcentage de l’anhydride carbonique dans l'air éolaire proviennent seulement de variations phy- iques et non de l'augmentation ou de la diminution dans le métabolisme respiratoire. Pour conclure, les auteurs font remarquer qu'ils n’ont pu trouver aucune Preuve en faveur de l'hypothèse de Snell! que la pré- ISence de CO° dans l'air respiré exerce une influence riculièrement défavorable lors d'une augmentation dépression. Ainsi, dans une expérience, le pourcentage de C0: dans la chambre à air, à une pression de 31 livres, | lait de 0,62 (équivalent à plus de 1,8 °/, à la pression or- maire), et aucun fâcheux résultat ne s'est produit pen- dant la décompression. — M.C. Shearer: Sur l'existence déommunications cellulaires entre les blastomères. En coupant des sections d’un certain nombre de stades de | l | Lu Compressed air illness, or so called Caisson desease », |London, 1896, Lewis, p. 212. . segmentation des œufs d'Eupomatus et de Polygordius, l’auteur a observé fréquemment des cordons protoplas- miques délicats reliantles blastomères. Des expériences faites avec divers réactifs fixateurs démontrèrent que ce ne sont pas des figures de coagulation ou le résultat de la désintégration du protoplasma, car, dans la plu- part des coupes où on les observe, tous les détails les plus fins de la structure histologique sont bien préser- vés. Dans des conditions favorables, on peut apercevoir ces cordons pendant l’état de vie ; ils sont analogues, à tous égards, aux cordons de filose décrits par Andvews chez certains œufs de Métazoaires. Ils constituent pro- bablement un moyen de coordonner les diverses acti- vités cellulaires. SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE DE LONDRES Séance du 27 Avril 1906. M. W.B. Croft présente quelques observations sur les images des microscopes et télescopes. Il a constaté que, lorsqu'un microscope est mis au point visuelle- ment, une image est formée sur le verre d’une chambre dans laquelle l’oculaire microscopique est inséré après enlèvement de la lentille. Dans ces conditions, l'image reste plus ou moins au point pour des positions varia- bles de l'écran de la chambre. — M. J. Morrow étudie les vibrations latérales des barreaux soumis à des forces dans la direction de leur axe. Les barreaux sont supposés soumis à une force axiale de tension ou de compression, et l’auteur donne des équations différen- tielles qui peuvent s'appliquer à des barreaux de sec- tion uniforme ou variable et aux cas dans lesquels le barreau porte une ou plusieurs charges concentrées en différents points de sa longueur. Dans le cas de bar- reaux de masse négligeable, portant une charge concentrée et soumis à une force longitudinale de compression, on trouve qu'il y a une certaine charge limite pour laquelle toute vibration cesse. SOCIÈTÉ DE CHIMIE DE LONDRES Séance du 5 Avril 1906. M. W. H. Perkin sen. décrit un appareil perfec- tionné pour la mesure des rotations magnétiques: il em- ploie une courte, mais puissante bobine, dont le centre est occupé par un tube métallique de trois pouces, et un courant électrique très fort ; d'autre part, pour remé- dier au fait que la lumière du sodium n’est pas parfai- tement monochromatique, il dispose un prisme à vision directe dans l’oculaire ou dans le télescope de l’analy- seur. Enfin, il indique une méthode pour obtenir une lumière de sodium puissante. — M. G. Moody a constaté que du fer brillant, laissé en contact avec l'air et l’eau, complètement débarrassés de CO*, ne se ternit pas, même au bout d'un temps très long. L'admission d’une faible quantité de CO? provoque une oxydation rapide. D'autre part, la composition de la rouille n’est pas bien représentée par la formule Fe?0*(0H}; elle contient toujours une forte proportion d'oxyde et de carbonate ferreux.— MM. A. D. Hall, N. H. J. Miller et N. Marmu ont constaté que la combustion par l'acide chromique, pour la détermination du carbone dans les sols, conduit toujours à des résultats trop faibles, parce qu'une partie des composés carbonés n’est pas oxydée jusqu'à l'état de CO?; on peut obvier à cet inconvénient par l'intro- duction d’une petite colonne d'oxyde de cuivre chauffé au rouge sur le passage des gaz. — MM.J. Walker et J. K. Wood, par électrolyse du $f'-diméthylglutarate d’éthyle sodé en solution aqueuse concentrée, ont £IR obtenu le $6-E'5'-tétraméthylsubérate d’éthyle. Dans les mêmes conditions, le $f-diméthylglutarate de soude donne CO et C0? et un peu de méthyléthyléthylène. — M. J. K. Wood a étudié l’action de la potasse alcoo- lique sur les dérivés bromés de l'acide £6-6'5'-tétramé- thylsubérique ; il se forme des hydroxy-dérivés. — M. G.Stallard a préparé un nouveau bromo-0-xylène (CH: : CH° : Br —1 : 2:3) par hydrolyse de l'acide bromo- 482 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES o-xylène-4-sulfonique de Kolbe. — M. J. Moir a cons- taté que les feuilles d’or se dissolvent facilement lors- qu'on les laisse flotter sur une solution acide de thiocarbamide; l'oxydation est rapide en présence d’un agent d’oxydation convenable (FeCl*, H°0*). La solution n'est pas précipitée (sinon au bout d'un temps très long) par le sulfate ferreux ou le chlorure stanneux, ce qui montre que l'or fait partie d'un ion complexe. Le composé de l'or est isolé sous forme de losanges bril- lants incolores, différents du composé AucCI, 2CH'A7°'S déjà connu. — MM. S. E. Sheppard et Ch. E.K. Mees rectifient une erreur qui s'était produite dans leur calcul de la constante de dissociation de l’oxalate fer- reux en solution; elle est de 9,39 à 20°. — MM. A. W. Titherley et W. L. Hicks ont constaté que l’anhydride phtalique réagit sur la sodium-benzamide comme sur la sodium-acétamide pour donner des acides acylphtal- amiques CO*H.CSH*CO.AZH.COR ; ceux-ci, par traite- ment avec le chlorure d’acétyle, subissent une conden- sation interne avec formation d’acylphtalimides : COX CH »Az.COR. \ CO Celles-ci sont hydrolysées par les carbonates alcalins en reformant les acides acylphtalamiques. — M. E. P. Hedley a reconnu que, en solutions neutres, le phlo- roglucinol existe sous ses deux modifications, la forme énolique étant de beaucoup prépondérante sur la forme cétonique; cet équilibre n'est pas troublé par la classe du solvant. — MM. Al. Mc Kenzie et H. Wren ont étudié la réduction du pyruvate de /Zbornyle par l'amal- game d'aluminium et constaté qu'elle conduit à la syn- thèse asymétrique de l'acide Ælactique. — MM. W. H. Perkin jun.el W. J. Pope, par réduction avec Na et l'alcool, ont converti l’hexahydro-p-toluate d'éthyle en hexahydro-p-tolylcarbinol, Eb. 197, qui, traité par HBr, donne le bromure d'hexahydro-p-tolyle; ce der- nier, chauffé avec KCAZ, puis soumis à l’hydrolyse, fournit l'acide hexahydro-p-tolylacétique, F. 739-740, qui, traité par PCF et Br, donne l’«-bromure corres- pondant, p-GH*.C‘H!°.CHBr.CO’H, F, 78°. L’éther de cet acide bromé est décomposé par ébullition avec la dié- thylaniline en formant un éther qui, par hydrolyse, donne l'acide méthyleyclohexylidène-acétique,CH*.C'Hf: CH.CO*H, F. 709-719. L'acide analogue décrit par Mark- wald et Meth et fondant à 40°-41° doit être un isomère avec la double liaison dans le noyau. — M. G. W. Clough, en chauffant l’x-naphtol avec le chlorure de benzophénone, a obtenu le di-4«-hydroxynaphtyldiphé- nylméthane; avec le S-naphtol, il se forme le di-6-naph- toxydiphénylméthane. L'a-naphtoxyde de sodium réagit sur le chlorure de benzophénone en donnant l'anhy- dride interne de l'x-naphtyldiphénylcarbinol; le &-naph- toxyde de sodium fournit un composé analogue. — M. J. Moir a étudié la composition de la coerulignone (cédriret). On la considère généralement comme une tétraméthoxyldiphénoquinone; mais elle n’a aucune propriété quinonoïde, excepté sa couleur rouge. Au contraire, elle a toutes les propriétés de la diphéno- quinhydrone et doit en être parente. — M. Th. V. Barker à étudié au point de vue cristallographique les perchlorates de K, Rb, Cs et AzH'; ils forment un groupe isomorphe, semblable à celui des perman- ganates des mêmes métaux. Ces sels sont orthorhom- biques et possèdent des clivages parfaits parallèles à la base et au prisme. — Le mème auteur à observé la croissance parallèle de cristaux de nitrate de sodium sur les surfaces de clivage de la calcite, celle de cristaux de perchlorate ou de permanganate de potassium sur la baryte, la célestine et l'anglésite. L'auteur considère ces substances isostruclurales comme isomorphes, quoiqu'on ne puisse en obtenir de cristaux mixtes. — MM. J. C. Irvine et R. E. Rose, en traitant la salicine par Ag°0 et CH°I, ont obtenu la pentaméthylsalicine, F. 62°-649, [an ——52°,15. Celle-ci, hydrolysée par chauffage à 100° de sa solution méthylalcoolique avec 0,25 °/, d'HCI, fournit du tétraméthylglucose, puis les a- et B-tétraméthylméthylglucosides. La salicine contient donc la mème liaison y-oxydique que les méthylgluco= sidesetle sucrose.On peut préparer synthétiquement pentaméthylsalicine par chauffage de la saligénine du tétraméthylglucose et méthylation du produit obten: — MM. A. G. Perkin et A. B. Steven, en oxydant pa l'acide nitrique et le nitrite d’isoamyle une solution, alcoolique de pyrogallol, ont obtenu une petite quans. tité d'une substance C°H*0*, F. 206°-2089, qu'ils cons dèrent comme de l'hydroxy-0-benzoquinone.—M. A.G Perkin, en chauffant l'acide ellagique à 230° avec d l'acide sulfurique à 100 °/,, a obtenu un produit d'ox dation C#H°0#°, donnant un dérivé hexacétylé, et teint plus facilement les tissus mordancés que l’acidi ellagique. L'acide flavellagique se comporte de même — M. O. C. M. Davis a observé que l’éthylène-aniliné s'unit à deux molécules d'allyl-, o-tolyl- ou p-tolylthio= carbimide pour former des dérivés dithiocarbamid symétriques, tandis qu'avec la m-tolylthiocarbimid elle donne une monothiocarbamide asymétrique. L'éth: lène-0-toluidine fournit difficilement des monodériv asymétriques; l'éthylène-m-toluidine donne des dériv disubstitués symétriques avec les phényl- et p-toly thiocarbimides et monosubstitués asymétriques à! les autres; enfin, l'éthylène-p-toluidine donne des d rivés symétriques, sauf avec la m-tolylthiocarbimide: SOCIÉTÉ ANGLAISE DES INDUSTRIES CHIMIQUES SECTION DE LONDRES Séance du 2 Avril 1906. Il donne la préférence à la première méthode, qui, appliquée avec les précautions nécessaires, est exacteM non seulement pour les besoins commerciaux, mais mème pour les expertises légales. SECTION DE LA NOUVELLE-ANGLETERRE Scance du 6 Avril 1906. M. F.-J. Falding étudie la substitution des pyrite au soufre dans la production de SO* pour la fabricatio de la pulpe de bois sulfitée. Le soufre a l'avantage donner par combustion à l'air un gaz assez riche SO? (16 °/, en moyenne) et relativement pur; le grill des pyrites donne un gaz moins riche en SO* (12 °/,@ moyenne) et contenant des impuretés (As, Se, ete nuisibles au but qu'on se propose et assez difficiles éliminer. Cependant, c'est ce dernier procédé qui esb de beaucoup le plus employé. L'auteur en voit la ca dans le prix de revient beaucoup moindre du gaz des pyrites, qui permet de réaliser, pour les usines amé® caines, un bénéfice de 20 à 25 °/, sur le gaz proven de la combustion du soufre. SECTION DE NEW-YORK Séance du 23 Février 1906. M. E.-H. Foster rappelle qu'un grand nombre dispositifs ont été proposés pour empêcher la formatio de la fumée dans les foyers, mais ils ne sont guè pratiques : trop chers, lrop spacieux ou nécessi une trop grande surveillance. Pour être pratique, ur foyer doit non seulement permettre une combusti parfaite sans formation de fumée, mais encore être assez simple pour pouvoir être construit sans difficultés, L'auteur signale, comme répondant à ces condition le four W. Kent, dans lequel la combustion compl est facilitée par des masses de matière réfractain retenant la chaleur sur le trajet des gaz et pa dispositifs de mélange des produits de 1 provenant des diverses parties de la gri s'emploie indifféremment avec les chaudières à tubes Do ou à tubes à feu. SECTION DE NOTTINGHAM Séance du 28 Fevrier 1906. M. T.-H. Lloyd estime que le meilleur moyen de se rendre compte de la valeur pratique des désinfectants “est l'essai bactériologique, d'après les indications de Rideal-Walker. On fait agir les désinfectants à diverses dilutions sur des cultures semblables et l'on compare eur action à celle de l'acide carbolique à 1/110° qui rt de type. SECTION D'ÉCOSSE Séance du 27 Mars 1906. M. Th. Gray décrit quelques modifications qu'il a apportées au calorimètre de W. Thomson et qui per- ettent d'obtenir avec cet instrument des valeurs affisamment exactes pour la pratique courante. SECTION DU YORKSHIRE Séance du 19 Mars 1906. “ M. J. Grossmann indique une méthode de traite- ment des liqueurs ammoniacales des usines à gaz ayant pour but d'éviter la présence de produits nocifs dans s eaux résiduelles qui sont généralement déchargées dans les égouts ou les rivières. Les liqueurs sont réduites par évaporation de manière à constituer une olution concentrée de chlorure et de thiosulfate “d'ammonium, avec un peu de thiocyanate et de ferro- cyanure. Par refroidissement et cristallisation, on peut extraire une forte proportion d’AzH*CI. La liqueur- “mère est neutralisée avec H?SO* faible, qui décompose “le thiosulfate en formant du sulfate acide. En chauf- “fant à 1009, le thiocyanate est aussi en partie décom- posé, en partie distillé; en faisant passer les gaz sur “de la chaux, on obtient une solution pure de thiocya- nate de calcium; H?S et les autres gaz cyanés sont absorbés par un sel de fer additionné d’alcali. La “liqueur qui reste, et qui contient du sulfate et du “chlorure d'ammonium et de l'acide sulfurique libre, eut être employée pour diluer l'acide sulfurique du Saturateur à ammoniaque. Les ferrocyanures, s'il y à lieu, peuvent être séparés à l’état de ferrocyanures de zinc par précipitation avec le sulfate de zinc. — M. W.-J. Dibdin donne les résultats obtenus par emploi des couches horizontales d’ardoises ou de tuiles dans le traitement des eaux d’égouts contenant es matières en suspension. Elles arrêtent complètement s boues et rendent l’eau propre aux procédés ulté- rieurs de purification, soit dans les lits de contact, Soit par le sol. ACADÉMIE DES SCIENCES D'AMSTERDAM | Séance du 28 Avril 1906. 10 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. J. de Vries : Quel- “ques propriétés de faisceaux de courbes planes algé- briques. Extension des résultats obtenus pour un fais- | + de cubiques planes par M. Schoute (Comptes rendus, tome CI, p. 736, etc.), à un faisceau de courbes | : de l’ordre », à l’aide de la solution d'une équation ho mogène aux différences finies. Incidemment, l’auteur Mure le nombre 3 (n—3) (n— 4) (n*Æ6n—%) des hcourbes admettant une tangente d'inflexion touchant ur ailleurs, le nombre (n—3) (n—%) (n —5) W(n = 3n — 2) des courbes admettant une tangente riple et le nombre 6 (n — 3) (37 — 2) des courbes ad- imettant une tangente à un contact de quatre points. 2° SGENGES PHYSIQUES. — M. P. Zeeman : La décom- \position magnétique des raies du spectre et l'intensité du champ. Première partie. Il s’agit de la détermina- ‘tion de l'intensité d’un champ magnétique à l’aide du degré de décomposition éprouvé par une raie du Spectre. La distance des composantes extérieures d'un I ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES triplet se détermine très exactement. Les composantes d'une raie dédoublée magnétiquement sont aussi fines que la raie originale elle-même et l'on sait avec quelle exactitude on peut mesurer les distances d’un spectro- gramme. Ainsi deux intensités de champ magnétique peuvent être estimées égales si elles causent une même décomposition d’une raie spectrale, et deux différences d'intensité sont égales si les différences des distances des composantes sont égales. On définit ainsi une échelle d'intensités de champ magnétique; le point origine et la valeur des unités peuvent être choisis arbitrairement. Pour l'application de cette échelle, il est tout à fait indifférent de savoir quel caractère pré- sente la relation fonctionnelle entre l'intensité et la décomposition ; il suffit que cette fonction soit univa- lente. D'ailleurs, les déterminations récentes les plus précises, de même que la théorie, rendent extrèmement probable que la décomposition des raies spectrales est proportionnelle à l'intensité du champ où se trouve la source de lumière; sous cette condition, l'échelle des intensités de champ magnétique est identique aux échelles ordinaires. Alors la décomposition d'une raie spectrale fait connaître l'intensité de champ en valeur absolue, aussitôt que le facteur de réduction est connu. Ce facteur de réduction se déduit des mesures des raies 4.678 Cd et 4.680 Zn exécutées par M. A. Färber avec une erreur probable inférieure à 1/100. Les méthodes employées jusqu'à présent donnent l'intensité de champ magnétique en un seul point. Au contraire, la décom- position d’une raie du spectre fait connaître en même temps l'intensité du champ dans tous les points d’une droite. — M. H. W. Bakhuis Roozeboom présente au nom de M. J.J. van Laar : La pression osmotique de solutions de non-électrolytes, en rapport avec les déviations des lois des gaz parfaits. Récemment, MM. H. N. Morse et]. C. W. Frazer ont publié les résul- tats d'expériences très consciencieuses sur la pression osmotique de solutions diluées de sucre dans l’eau. Ces expériences ont démontré que les pressions osmo- tiques mesurées ne s'accordent avec les valeurs calcu- lées que sous la condition que c’est le volume molécu- laire v, du milieu solvant et non pas le volume total v qui figure dans le dénominateur de l'expression. Ce résultat est d'accord avec la loi déduite par l’auteur dès 1894; il fait voir qu'il est absurde d'expliquer la pression osmotique comme étant une pression ana- logue à une pression de gaz exercée par les molécules de la matière dissoute. L'auteur compare les résultats nouveaux de MM. Morse et Frazer à la formule qu'il a trouvée en 1894. — Ensuite, M. Roozeboom présente au nom de M. A. Smits: Sur l'introduction de la notion de solubilité d'ions métalliques dans la question de l'équilibre électromoteur. — M. J. D. van der Waals présente, encore au nom de M. A. Smits : Sur la forme des lignes (P,T) dans un solide-fluide de composition invariable. — M. P. van Romburgh présente au nom de M. F. M. Jaeger : Sur les formes sristallines des dérives 2: 4-dinitrés de l’aniline. Tableau faisant con- naître les propriétés chimiques de 31 composés diffé- rents. — M. A. F. Holleman présente aussi au nom de M. F. M. Jaeger : Un nouveau cas d'analogie de forme et de miscibilité de dérivés du benzène de position isomérique et les formes cristallines des six nitrodi- bromobenzènes isomériques. — M. A. P. N. Franchi- mont présente au nom de M. J. Moll van Charante : La préparation d'acide salicylique aux dépens du phé- nolate de soude. — Rapport de MM. H. Haga et W. H. Julius sur un Mémoire de M.9J. W. Giltay intitulé : « Experimental-Untersuchung über die Môglichkeit einer Doppeltelefonie mittelst unterbrochener Klänge » (Recherche expérimentale sur la possibilité de la télé- phonie double à l’aide de sons discontinus). L'auteur s’est demandé ce que l’on entend si un son est inter- rompu périodiquement, par exemple s'il est possible d'entendre à travers un disque tournant à trous aussi bien que l’on voit. Déjà M. A. M. Mayer a répondu dans le sens affirmatif à cette question. Entre l'ouverture très étroite d'un résonnateur et un tuyau auditif, il pla- cait un disque tournant à trous, un diapason vibrant se trouvant devant l'ouverture large du résonnateur. La vitesse minimale de rotation du disque compatible avec une perception continuelle du son fit connaitre la durée des sons intermittents donnant à l'oreille l'impression d’un son continu; de cette manière, la relation entre cette durée et la hauteur du son fut déter- minée. Dès lors, l’idée se présente d'essayer de baser une téléphonie duplex ou multiplex sur ce principe ; car, dans les périodes où deux personnes qui se télé- phonent ne recoivent pas de vibrations, la «ligne » est à la disposition d'autrui. M. Giltay a évalué, d'après la formule de M. Mayer, à 160 le nombre des intermis- sions de l’harmonique le plus &igu de la voyelle : (2.376 vibrations d'après Helmholtz) pour que la durée de l'interruption soit égale à celle où le son passe; pour ou, ce nombre est 28, L'auteur interrompait périodique- ment le courant téléphonique en intercalant dans le cireuit un disque tournant à dents métalliques sépa- rées les unes des autres par des morceaux d'ébonite, des ressorts métalliques ou des brosses de charbon pressant contre la circonférence. On n’entendait rien, quoique le nombre des interruptions fût assez large ; d'après M. Giltay, ce résultat est dû à ce qu'il inter- rompait soudainement le courant téléphonique, tandis que la voie des vibrations est fermée et réouverte len- tement dans l'expérience de M. Mayer. Quoique l’auteur n'ait pas encore atteint le but qu'il s'est proposé, il croit toujours à la possibilité de la téléphonie multiple et il continuera ses recherches. — M. W. H. Julius fait connaitre quelques conclusions sur la «Coopération internationale de recherches sur le Soleil », prises à la seconde séance tenue à Oxford, les 27, 28, 29 septem- bre 1905. — M. J. P. van der Stok présente quelques publications de l’Institut météorologique néerlandais. 39 SCIENCES NATURELLES. — M. H.J.Hamburger, aussi au nom de M.S. Arrhenius : Sur la nature de la réaction de précipitation. L'un des phénomènes les plus impor- tants découverts dans ces derniers temps par les bio- logistes s'exprime en forme de loi de la manière sui- vante : Si l’on introduit dans le corps d’un individu une substance étrangère, ce corps y réagit par la for- mation d'une anti-substance. La toxine, injectée dans le circuit sanguin, est fixée; de plus, une antitoxine est formée, circulant bientôt dans le courant sanguin. Le poison diphtérique en donne un exemple. Une injec- tion de la toxine de bacilles diphtériques à un cheval est fixée et, en même temps, il se forme dans le liquide sanguin l’antitoxine diphtérique. On s'en sert, en injec- tant à des enfants, infectés par le poison des bacilles diphtériques, une petite quantité de ce sérum de cheval, ce qui neutralise la toxine. La formation de précipitine appartient à la même catégorie de phéno- mènes. En injectant au cheval une certaine quantité de sang de veau qui agit comme toxine pour le cheval, il se forme dans le corps du cheval une antitoxine cor- respondante, qu'on désigne sous le nom de « précipi- tine » pour la raison suivante : En soustrayant à ce cheval un peu de liquide sanguin contenant cette anti- toxine et en mélangeant ce sang au liquide sanguin d'un cheval normal contenant de la toxine, un préci- pité se forme. Ce phénomène porte le nom de « réac- tion de précipitation ». Ce précipité n’est autre chose qu'une combinaison de la toxine et de l’antitoxine. Autrefois, MM. Arrhenius et Madsen ont étudié in vitro la nature de la combinaison chimique de la toxine et de l'antitoxine de plusieurs systèmes différents, ce qui les conduisit à émettre l'opinion que, dans tous ces cas, on a affaire à une réaction d'équilibre, c'est-à-dire à une réaction comparable à celle qu'on observe en mélangeant des quantités équivalentes d'acide borique et d'ammoniaque. On trouve toujours dans le liquide de l'acide borique libre et de l'ammoniaque libre à côté de la combinaison borate d’ammonium. De même, on trouve dans le mélange de la toxine et de l’antitexine la combinaison, à côté des composantes libres, de la M LT < : * 1 S. } 4 Se Un ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES toxine libre et de l’antitoxine libre. Cependant, ce résultats ont été contredits de plusieurs côtés. Er vérité, la combinaison de la toxine avec l'antitoxine n'avait pas été accusée directement; de plus, la toxine libre n'avait été déterminée quantitativement que pa une méthode indirecte, à l’aide de corpuscules s guins ou par des expériences sur des animaux. contraire, dans la réaction de précipitation, les condi- tions sont plus propices. Là, la quantité du précipité qui s’est formé peut être déterminée très minutieust ment à l'aide des éprouvettes en forme d’entonnoir décrites récemment (/tev. génér. des Sciences, t. XNI, p. 1120). Le résultat trouvé par les auteurs, c’est qu'on a affaire ici à deux réactions d'équilibre simultanées La première est celle où la toxine (la substance précis pitinogène) se combine à la précipitine, mais seule ment à un degré tel que le liquide continue à contenin certaines quantités des deux composantes à l’état libre; toutefois, une partie de la combinaison formée se dis sout dans le liquide. A côté de la réaction indiquée une autre se présente; celle-ci consiste en ce qu'un autre partie du précipité forme une combinaison soluble avec la substance précipitinogène libre. De même que la première, cette seconde réaction d’équiz libre suit la loi de Guldberg et Waage. Les deux réac= tions d'équilibre sont comparables à ce que l’on observ dans l’action de CO? sur CaH°0*. D'abord, il se form un précipité de CaCO*. En ajoutant encore de l'acid carbonique, une partie de ce précipité se transforme dans un bicarbonate soluble. Ici, le CaH°0® tient lie de la précipitine, le CO? de la substance précipitinogène, CaCO* de la combinaison. En exprimant les deux réac= tions d'équilibre par des formules, on trouve un accord sensible entre les quantités trouvées et calculées, comme le montre le petit tableau suivant : 1 CC. SÉRUM DE VEAU VOLUME DU PRÉCIPITÉ (précipiline = antitoxine) RS + ... cc. serum de cheval 1/50 (toxine) trouvé calculé 0,013 0 0,027 3 0,05 10,6 0,08 18,7 0,1 23,5 0,15 9,6 0,18 DA ,4 0,2 54,1 0,25 64,7 0,27 65,6 0,29 72,6 0,33 79,8 0,38 77,5 0,46 74,% 0,56 68,9 0,7 45,2 1 13,5 452 4 1,4 0 Ces résultats sont importants, non seulement poux la connaissance de la réaction de précipitation qua talis qui se révèle ici comme une réaction d'équilibre, mai surtout pour la réaction toxine-antitoxine en général, parce que la réaction de précipitation qui s'exécute san peine avec tant de précision pourra faire comprendre toute une catégorie de réactions toxine-antitoxine, dont elle ne forme qu'un cas particulier. — Rapport de MM. J. M. van Bemmelen et G. van Diesen sur un Mé moire de M. J. Lorié : « De geologische bouw der Ge dersche vallei, benevens de beschryving van eenige nieuwe grondboringen » (La structure géologique de vallée de Gueldre, suivie d'une description de quelq percements nouveaux du sol). P. H. Scnoure. Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER. Paris. — L. MaR£ETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. Le. 0 + 10 RENE Nes ss É AUN ts TEEN NNÉE 15 JUIN 1906. $ 1. — Astronomie Variabilité de 68 u Hereule.— La variabilité “le 68 u Hercule a été découverte, en 1869, par Jul. «Schmidt. D'après les observations faites par Schmidt, “Schwab, Yendell et Luizet, de 1873 à 1899, la variabi- ité serait irrégulière. Le spectre de 68 u Hercule étant du type Orion, cette étoile semblerait, soit appartenir “au type des variables de la nébuleuse d'Grion, soit re- résenter un type inconnu jusqu'ici. …— M. H.-E. Law s'est attaché à l'étude légitime que unécessitait cette variable et a obtenu 388 comparai- sons de l'éclat de cette étoile à ceux de e et w Her- cule ; la combinaison avec les mesures photométriques de Potsdam et de Harvard College, et la discussion des udéterminations de l’auteur, conduisent à une courbe d'éclat qui n’est pas exactement symétrique et dont on ne pourrait faire coïncider les deux branches. D'après la courbe de lumière, il faut supposer que 68 u Hercule se compose de deux étoiles de grandeurs 5,1 et 6,6; le diamètre du compagnon serait moitié “environ de celui de l’astre principal, et l'orbite légère- bument elliptique. La continuité de la variation montre, men outre, que les deux composantes sont à peine sépa- mrées, ce qui s'accorde avec les conclusions tirées de d. $ 2. — Physique du Globe a hauteur de l’atmosphère.— La hauteur ème de notre atmosphère a été déterminée plu- eurs fois par les observations des étoiles filantes, qui “commencent à s'embraser quand le frottement devient fisamment intense pour vaporiser les matériaux . dont elles sont composées. Cette méthode est satisfai- e à un grand nombre de points de vue et conti- uera peut-être à être utilisée par les astronomes. Mais eut aussi, avec T. J. J. See, de Washington, | mployer une autre méthode, plus simple, et assuré- ment aussi exacte. Si l’on observe à l'œil nu la disparition graduelle de ouleur bleue du ciel quand la nuit approche, on est pris de voir avec quelle exactitude une personne douée d’une bonne vue peut faire cette observation REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. Revue générale P'SCencCes pures et appliquées Dirscreur : LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. » Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. L. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE quand l'atmosphèr® est parfaitement claire; en notant alors l'heure du coucher du Soleil et celle de la dispa- rition complète du bleu du ciel, un simple calcul de trigonométrie sphérique donne la dépression du Soleil à l'instant où le bleu se change en noir, et l'on peut en déduire la hauteur à laquelle se trouvent les parti- cules illuminées. La hauteur moyenne indiquée par M. See est, par ce procédé, de 211 kilomètres, et l'incertitude ne dépasse pas une vingtaine de kilomètres : certainement, l’ins- tant de la disparition du bleu est légèrement indéter- miné et, vu la raréfaction graduelle des couches, il faut encore que les particules soient réparties d'une manière assez dense pour que le bleu, par réflexion, se détache encore sur le noir du ciel; néanmoins, on est surpris de la concordance des résultats de l’auteur. Que resterait-il à objecter? Les étoiles filantes indi- quent une hauteur moyenne de 120 kilomètres; mais ne faut-il pas, pour elles-mêmes, un certain parcours de friction pour déterminer l’incandescence? Le frotte- ment n'est-il pas important seulement dans un milieu assez dense ? N'oublions pas qu'elles sont douées de vitesses moyennes analogues à celle de la Terre, soit 30 kilomètres par seconde. Ainsi, en résumé, le procédé de M. See paraît plus précis et nous semble susceptible de révéler la pré- sence de couches diluées où les météores ne sont pas encore incandescents, — en même temps que ses résul- tats numériques sont beaucoup plus concordants que ceux qui résultent de la luminosité des étoiles filantes, de diamètres et de masses trop différents. $ 3. — Art de l'Ingénieur La distribution à domicile du froid artifi- ciel. — M. G. Richard a exposé, à l’une des dernières séances de la Société d'Encouragement, l'état actuel de cette intéressante question. La distribution à domicile du froid artificiel, aussi nécessaire, dans bien des cas, que la chaleur, a fait, aux Etats-Unis, l’objet de nombreuses tentatives, long- temps infructueuses, mais qui ont fait école, de sorte que l’on peut considérer aujourd'hui le problème comme résolu, d’après les renseignements fournis au un 4 486 dernier meeting de l'American Society of refrigera- ting Engineers, à New-York, par M. L.-E. Starr sur la distribution du froid, telle qu'elle est pratiquée dans certaines villes américaines : Boston, New-York, Phila- delphief. On emploie, pour cette distribution, tantôt directe- ment l’'ammoniac détendu dans les tuyaux de la cana- lisation, comme à New-York, Boston, Saint-Louis, Baltimore, Norfolk, Los Angeles, Kansas City, tantôt du liquide incongelable refroidi, comme à New-York, Boston, Denver. Ces distributions ont deslongueurs de canalisation allant jusqu'à 27 kilomètres. ] Les distributions à circulation de liquide inconge- lable sont, en général, établies d’après le système à deux lignes de tuyaux : une pour l'aller, l’autre pour le retour, avec les appareils réfrigérants branchés en quantité. La circulation de ce liquide est commandée par des pompes à pistons. La puissance absorbée par ces pompes est, par frigorie utile, proportionnelle à la charge hydrostatique de la canalisation et inverse- ment proportionnelle à l'accroissement de température entre la sortie et la rentrée du liquide incongelable. Les tuyaux sont posés dans des coffres en bois recouverts d'un isolant hydrofuge, tel que du feutre imprégné d'huile de résine ou de paraffine ou du liège imprégné de poix, le toutenseveli dans des caniveaux appropriés. On ne sait rien de précis sur les pertes par rayonne- ment dans ces caniveaux, sinon qu'elles sont, en géné- ral, très faibles. Au Quincy Market, de Boston, d'après M. Voorhes, sur une longueur de 450 mètres, elles seraient pratiquement nulles. Avec la circulation directe de l'ammoniac, on emploie presque toujours le système à trois lignes de tuyaux: l'aller A, le retour R et celle dite « du vide » V, tel qu'il a été breveté en 1893, par MM. Branson, Thorburg et Starr *. La ligne du vide V est constamment reliée à une pompe qui y entretient le vide. Les appareils réfrigé- rants sont montés en dérivation sur A et R. S'il arrive un accident à l’un d'eux, on l'isole de A et de R, en fermant les robinets correspondants, et on le met en rapport avec V en ouvrant un troisième robinet. Cette ligne du vide V permet aussi de faire, aux appareils de réfrigération branchés sur les conduites d'aller et de retour, toutesles réparations sans en troubler la cireu- lation; elle permet encore de faire le pont entre deux sections À de la distribution principale séparées par une section en réparation, en utilisant la section de V correspondante pour faire passer l’ammoniac liquide de l’une à l’autre des sections valides, pendant qu'on répare la section intermédiaire. Ces canalisations sont disposées dans des conduites en poteries vitrifiées et en deux pièces. On pose d'abord la moitié inférieure de ces conduites dans du ciment, on vérifie l'étanchéité des tuyaux d'ammoniac et on pose la seconde moitié de la conduite en poterie. Des regards permettent d'accéder à ces canalisations. La détente de l’ammoniac liquide dans les différents réfrigérants de la distribution est réglée par tâtonne- ments, de manière que le gaz détendu s'y surchauffe au point de ne pas donner lieu à des condensations dans la ligne de retour. Lorsqu'il s'agit d'un grand établissement, comme un hôtel, on préfère, pour sim- plifier ce réglage, le desservir par une canalisation locale de liquide incongelable refroidie par une déri- vation unique de la distribution d'ammoniac, La température, dans les canalisations d’ammoniac, ne dépasse guère 25°, ce qui correspond à une tension de vapeur de l’ammoniac de 9 kilogrammes environ et donne, avec une pression de 10 kil. 5 au compresseur, une charge utilisable de 1 kil. 5; mais il ne faut guère compter sur plus d’un kilogramme pour tenir compte des frottements de la canalisation. Dans la canalisation de retour, il faut maintenir la contre-pression à la ‘ Revue de Mécanique, avril 1906. * Brevet anglais 545 de 1893. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Hi station centrale aussi basse que possible, et c'est pour cela que l'on emploie souvent, dans ces distributions, des machines à absorption dont le fonctionnement est économique aux très basses pressions. En général, on peut satisfaire à toutes les exigences avec une pression maxima de 2 kilogrammes au point le plus chargé du retour et de 0 kil. 5 à la station. 6 M. Starr cite, comme exemple, une installation ali- mentant des caisses réfrigérantes de capacités variant entre 30 et 1.100 mètres cubes, en moyenne de 500 mètres cubes, et où la réfrigération d'un mètre cube d'espace coûte, par an, une puissance réfrigérante de 2 tonnes environ‘; mais ce n’est là qu'une indication très vague, la dépense variant énormément avec les circonstances locales. | La question des joints des tuyaux est absolument» capitale. Après bien des essais, on adopta le principe de fixer les tuyaux par sections ancrées à des inter- valles réguliers et de relier ces sections fixes les unes aux autres par des tubes en U formant joints de dila- tation. Sur toute la longueur d’une section, les tuyaux sont soudés les uns aux autres, et, le plus possible, en place, par l’aluminothermie. Ce système donne d’excel- lents résultats. La difficulté des joints est moindre avec la cireula- tion du liquide incongelable. A Philadelphie, on à récemment adopté des emmanchements coniques avec brides de serrage et joints de dilatation tous les cin- quante mètres environ. | On voit qu'il ne s’agit plus, ici, d'essais, mais de grandes et nombreuses installations en marche nor- male depuis déjà quelques années. $ 4. — Physique Un spectroscope binoculaire à réseau. — Le Professeur Marshall Watts, de Sydenham, vient de présenter, à la récente « Conversazione » de la Société Royale de Londres, un nouveau et très ingé- nieux modèle de spectroscope binoculaire à réseau. Il est tout simplement constitué par une jumelle de spectacle devant laquelle sont adaptés deux réseaux de diffraction par transparence, identiques et tracés sur des verres à faces optiquement parallèles. L'appareil fonctionne sans collimateur, comme les prismes objec- tifs des lunettes astronomiques, et il s'applique à l'examen direct de tout objet lumineux affectant une forme à contours définis et plus spécialement linéaires, tels qu'un tube de Plücker, par exemple, qui, examiné avec l'appareil à une distance de 3 mètres, fournira par sa partie capillaire un spectre à lignes aussi nettes que si l’on avait affaire à un faisceau venant de la fente d'un collimateur. Dans certains cas, il est intéressant de voir le spectre donné non seulement par le tube capil=s laire, mais aussi par les espaces avoisinant l'anode et la cathode. Ainsi, dans le spectre del’hélium représenté pa la figure 1, chaque radiation est représentée par un image entière du tube à gaz. Pour les spectres de flammes des métaux alcalins et alcalino-terreux, une courte flamme de bec Bunsen est de forme asse définie pour que ses images dispersées par le réseau permettent d'en identifier les radiations; néanmoins, est préférable de fixer au brûleur un écran percé d’une fente verticale; on aura alors de très beaux spectres M. Marshall Watts ayant eu l’amabilité de me confie un de ses nouveaux appareils, j'ai cherché à en faire l'application aux spectres de courtes étincelles cons densées. J'ai reconnu qu'il était préférable alors, d'examiner à 2 ou 3 mètres le faisceau donné par une: lentille de verre cylindrique, l’étincelle étant placée au voisinage du foyer de celle-ci; on obtient ainsi des, spectres particulièrement vifs et brillants, et ceux du ! La Ton Refrigeration, unité frigorifique usuelle aux Eta Unis, est le nombre de frigories, en unités anglaises, pou congeler une tonne américaine de 2.000 livres (ou de 907 ki logs) d'eau prise à 0e, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 487 troisième ordre soat encore observables. Pour faire des mesures de longueurs d'ondes, la jumelle est fixée sur un support, de manière à avoir au milieu du champ le spectre cherché, dans la direction duquel il suffit de placer à 2 mètres une règle de 30 centimètres de longueur divisée en millimètres, convenablement éclairée, et sur laquelle se projettent les raies, pour lesquelles M. Watts arrive ainsi à des déterminations voisines de l'unité d’Angstrom. On peut aussi faire la comparaison entre deux spectres en employant deux sources de lumière sem- blables. Pour cela, M. Waits fait usage d’un écran tra- versé par une longue fente verticale dont la partie supérieure est éclairée par l’une des sources, et la moitié inférieure par l’autre source; cet effet s'obtient aisément avec deux miroirs inclinés en sens inverse l'un de l’autre, ou deux prismes à réflexion totale. Ces réseaux peuvent être adaptés à n'importe quelle jumelle de campagne, à grande ouverture de préfé- rence; les jumelles à prismes ne donnent pas de résultats satisfaisants à cause de la petitesse de leurs objectifs et des pertes de lumière qu’elles occasion- nent. Ce modèle, si portatif, si lumineux, et si dispersif serait, à mon avis, un spectroscope susceptible de solution alcoolique d'acide gallique à 20 °/, et y intro- duire 10 centimètres cubes d'acide sulfureux liquide pour 100 centimètres cubes de solution. Ajouter dans l'obscurité 50 centimètres cubes de cette solution pour 100 centimètres cubes d'émulsion au citrate. L’émul- sion ainsi obtenue peut être facilement préparée et étendue sur papier sans subir aucun noircissement. Le papier ainsi obtenu, auquel MM. Lumière ont donné le nom de Takis, réunit à la fois les avantages des papiers par noircissement direct et des papiers par développe- ment. Il permet de tirer un grand nombre d'épreuves, n’exige pas de manipulations délicates et il fournit des épreuves d’une grande variété de tons avec une gamme de demi-teintes très étendue. Il a, enfin, le grand avan- tage de permettre une très grande latitude pour le temps d'exposition. Le papier, exposé dans le châssis-presse, sous le néga- tif, à la lumière du jour, jusqu'à ce que l’image soit net- tement apparente, est développé à l’eau jusqu'à ce que l'on juge l'intensité suffisante. Cette opération peut s'effectuer soit à la lumière artificielle, soit à la lumière diffuse faible. Il n’est pas nécessaire d'opérer dans le laboratoire obscur. Lorsque l'épreuve a atteint toute sa vigueur, on lave à grande eau. Fig. 1. — Spectre de l'hélium donné par le spectroscope binoculaire à réseau de M. M. Watts. rendre de grands services en météorologie, notamment pour l'étude des spectres de l'aurore polaire, de l'éclair, de la lumière zodiacale, etc. A. de Gramont, Docteur ès sciences. $ 5. — Chimie Un nouveau papier photographique aux sels d'argent développable par simple im- mersion dans l’eau. — On sait que les papiers photographiques aux sels d'argent renfermant un excès de sel d'argent soluble, tels que les papiers au citrate d'argent, peuvent être faiblement impressionnés et traités ensuite par un développateur physique, hydro- quinone, acide gallique, etc., en solution acide par exemple, qui, agissant sur l'excès de sels d'argent solubles du papier, donne de l'argent réduit qui se fixe peu à peu sur l’image dont l'impression a été commencée par l’action de la lumière. Jusqu'ici on n'avait pas pu introduire directement la substance révélatrice dans l’'émulsion servant à la pré- paration des papiers, afin de permettre le développe- ment physique de l’image par simple immersion dans Peau ; l'addition d’une substance révélatrice à l'émulsion provoque, en effet, au bout de très peu de temps, la réduction du sel d'argent soluble. . MM. Lumière viennent d'arriver à remédier à cet mconvénient par l'addition d'acide sulfureux, soit à Pémulsion, soit à la solution de la substance révélatrice qu'on y ajoute. Voici, à titre d'exemple, comment ils Préparent un papier à l'acide gallique : Faire une | Pour certains tons sépias, il suffit de fixer à l'hyposul- fite de soude à 15 °/,. On peut aussi traiter l’image par le bain de virage et fixage combinés ordinaire pour avoir des tons analogues à ceux que donne le papier au citrate. Enfin, on obtient de beaux tons noirs en traitant les épreuves par le virage au chloroplatinite de potassium et en les fixant ensuite dans le bain de virage et fixage combinés. Les épreuves sont lavées et achevées comme sil s'agissait du papier au citrate. Une source de perte dans la fabrication du suere. — M. H. Pellet{ vient de faire connaître une source, jusqu'alors insoupconnée, de perte de sucre dans la fabrication ou le raffinage de cette denrée. Il s’agit d'une sorte de volatilisation qui a lieu quand la vapeur qui se dégage du jus chauffé, ou des masse- cuites, ou des centrifuges, s'échappe à l'air libre : on constate alors que les vapeurs, inhalées, ont un parfum sucré. On s'en rend compte encore très facilement en tenant une bouteille propre, remplie d’eau froide, dans la vapeur et en essayant le liquide qui se condense sur les parois par la réaction à l'acide a-naphtolsul- fonique. Si l'on considère que l’évaporation libre des liquides chauds au cours de la fabrication s'élève à 3 du volume total et que, à une température de 85°C., on trouve dansles liquidescondensés de 2,5 à 5 grammes de sucre par litre, on comprendra que les pertes dues (] ou # 0 1 Bull. de l'Assoc. des Chim. de Sucrerie et Distillerie, t. XXIII, p. 991-994. 188 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE à cette cause puissent être très considérables. La volatilisation du sucre se produit probablement sous forme de petites vésicules de jus en suspension dans la vapeur. Quand une solution de sucre à 10 0, est distillée dans un ballon, en prenant soin de tamiser les vapeurs, on ne trouve pas de sucre dans le distillat. $ 6. — Hygiène publique Quelques nouvelles applications de l'ozone à la stérilisation des eaux potables et in- dustrielles. — L'emploi de l'ozone pour da stérilisa- tion de l’eau potable et de l'eau nécessaire à certaines industries a fait, dans ces dernières années, des pro- grès très remarquables, grâce surtout aux recherches du D' G. Erlwein, ingénieur en chef de la maison Siemens et Halske. Les résultats obtenus à l'aide de l'usine d’eau à ozoniseur de la ville de Paderborn sont tout particulièrement dignes d'attention. Pendant un service régulier et exclusif de trois ans et demi, la fièvre typhoiïde, fléau régulier de cette ville avant l'instailation de l'usine, en a, en effet, entièrement disparü. En dehors des usines centrales de distribution, l'ozone se prête à la stérilisation de l’eau dans des installations particulières desservant soit des usines industrielles, soit de petites communes, ou destinées à pourvoir aux besoins des détachements de troupes; on affecte, enfin, dans les laboratoires de bactério- logie, les ozoniseurs à des recherches de stérilisation expérimentale. Les dispositifs de ce dernier genre, qui ontété adoptés dans plusieurs institutions scientifiques de l'Allemagne, comportent (fig. 4) : une tour stérilisa- trice a à admission supérieure et décharge par le bas, remplie de petites sphères de verre, d'argile ou de porcelaine; un tube de verre inséré dans le courant d'ozone et pourvu d'un manomètre différenciel b, au moyen duquel le flux d'ozone est déterminé à tout moment voulu. Le générateur d'ozone, disposé à l'inté- F PORFTAME dei, Fig. 1. — Schéma d'une installation de laboratoire pour la purification de l'eau par l'ozone. — a, tour de stérilisation: b, manomètre différenciel; ce, tubes ozoniseurs; 4, trans- formateur; e, moteur à courant continu; f, soufflerie; g, interrupteur; À, tour pour la purification de l'air à 0z0- niser; 1, et /, flacons doseurs; k, compteur. rieur d’une boîte en bois, se compose de 10 tubes ozoniseurs du système Siemens e et d’un transforma- teur d; sur le couvercle de la boîte se trouve un petit moteur à courant continu e, actionnant, d'une part, la soufflerie f qui fournit le courant d'air à ozoniser, et, de l’autre, un interrupteur rotatif g, engendrant le courant continu intermittent pour le circuit primaire du transformateur. Les tubes ozoniseurs de l'ancien Leu non stérilisée —+ £a Poñ. séeri/isee le Fig. 2. — Installation militaire transportable pour la sté- “rilisation de l’eau par l'ozone.— A, pompe à eau; B, souf- flerie; C, moteur; D, dynamo; E, ozoniseurs; F, transfor- mateur; G, filtres; H, tour de stérilisation. type Siemens, employés dans cet appareil, comportent chacun deux tubes de verre concentriques, scellés en. haut et dont l'extérieur est baigné par l’eau réfrigé- ratrice, le tube intérieur étant rempli d'eau de façon … que celle-ci peut servir en même temps comme con- M ducteur amenant la tension élevée aux pôles de décharge de l’ozoniseur. Pour le dosage de l'ozone en cours d'opération, on a inséré, entre la tour et l’ozo- niseur, un flacon À rempli d'iodure de potassium, un compteur À mesurant l'air ozonisé appelé par succion et un flacon / pouvant être substitué au compteur précité. Dans certains cas, on préfère actionner l’ozoniseur par des courants continus intermittents; on se sert alors, pour engendrer le courant primaire du trans- formateur, d'un petit convertisseur, consistant en une petite machine à courant alternatif, sur l'axe de laquelle est monté un moteur à courant continu d’une: puissance de 1/2 cheval inséré dans la ligne. Ces installations de laboratoire demandent, suivant la nature du courant, une consommation de 1/4- 1/2 cheval. En opérant sur l'oxygène atmosphérique sous la forme d'air desséché, l’on obtient, avec um courant d'air de 500 à 1.000 litres par heure, 5 à 6 grammes d'ozone hautement concentré, tandis qu'um débit double ou triple est réalisé au moyen de l'oxygène )ur. Sur des principes du même genre, mais sur une plus grande échelle, sont construites les installations stationnaires telles qu'on vient d'en inaugurer pour le service de l’eau potable à Saint-Pétersbourg, celui de l'eau minérale à Astrakhan, et pour la stérilisation de l'eau à rincer dans une des grandes brasseries dem Munich. A côté d’une tour stérilisatrice basée sur le principe des contre-courants, et où l’ozone arrive aw contact de l’eau descendant en minces filets, on & monté un moteur à courant continu, actionnant d’une part une génératrice à courant alternatif et de l’autre une soufflerie à air et une pompe à eau. L'ozoniseur comporte deux séries de 8 tubes chacune. L Les installations transportables pour usages mili- taires (fig. 2 et 3), après avoir été employées avec succès par l'armée russe sur le théâtre de la guerre, en Mand= chourie, seront adoptées très prochainement par plu= sieurs Gouvernements, soit pour desservir les fortifica= tions, soit pour fournir une réserve transportable prête à tout moment à fonctionner, pour le cas où une épi= démie, due à l’eau potable, éclaterait dans un camp militaire. à ne. - produitlecou- Li ler l’eau crue — dans la tour re o 3 LB: —… ne petite souf- É4 I : 4 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 489 Chacune de ces installations militaires (fig. 2) com- prend deux voitures portant, l’une, les appareils moteurs, et l’autre, les dispositifs stationnaires de stéri- lisation. Les premiersse composent d'un moteur à essence C du type auto- mobile, por- tant sur son axe un alter- nateur D qui rant primaire du transfor- smateur F, d'une pompe à eau À, ser- ant à refou- stérilisatrice , et, enfin, d'u- flerie B four- nissant l'air à ozoniser. Les dispositifs Stationnaires, placés dans l'autre voitu- sont les suivants: deux - séries E de 8 —_seurs chacu- 1 L tubes ozoni- ne, dont l'une sert comme réserve, un transformateur F recevant le courant alternatif primaire à basse tension engendré dans la première voiture, et trois filtres provisoires G, où l’eau crue, avant son entrée dans la tour H, est débarrassée des impuretés les plus grossières. Des tubes de caoutchouc et un cäble assurent la connec- tion mécanique et électrique des deux voitures. La figure 3 représente l’une de ces installations en fonc- tionnement sur le théâtre de la guerre russo-japonaise, à Kharbine. Les courbes de la figure 4, dans lesquelles on a porté en abscisses les quantités d’air lancées par heure à travers l'appareil et en ordonnées le nombre de grammes d'ozone obtenus par appareil et par cheval- “heure, serviront à caractériser ces appareils ozoniseurs. On remarquera que le débit d'ozone par unité de puis- Sance s'accroit jusqu'à un maximum à mesure que le “courant d'air augmente d'intensité, en même temps “que la concentration de l'ozone diminue. Or, en jugeant lefficacité d'un ozoniseur donné, il convient de tenir compte et du débit absolu et de la concentration de Mozone obtenu, les faibles concentrations étant évi- “demment de peu de valeur pour les emplois industriels. Alfred Gradenwitz. T. — Enseignement CA La caisse des recherches scientifiques. — Le Rapportannuel sur le fonctionnement de cette caisse en 1905 vient de paraître au Journal officiel. On sait que les ressources de cette caisse proviennent de sub- ventions diverses, entre autres des Conseils généraux et des fonds du pari mutuel: elles sont destinées à aider les savants dans leurs recherches et leurs travaux Spéciaux. C'est ainsi qu'en 1905 il a été accordé aux auteurs 158.000 francs, sur un total de 175.888 francs. La somme de 50.000 francs provenant du pari mutuel a été employée, comme précédemment, à subvention- Fig. 3. — Dispositif pour la stérilisation de l'eau au moyen de l'ozone, en fonctionnement sur le théâtre de la guerre russo-japonaise. ner les travaux entrepris à la Station expérimentale de Lille, sous la direcion du docteur Calmette. Parmi les recherches. de la première section (Biolo- gie), citons ] celles de M. | Achard, agré- de la Fa- culté de Méde- cine de Pa- ris, sur « le régime dé- chloruré »; de M. Arloing, de Lyon, sur «l'u- nité etla dua- lité de la tu- berculose hu- maine et bo- vine et sur la vaccination anti-tubercu- leuse»; de M. F.-J. Bosc, de Montpel- lier, sur «les maladies bry- ocytiques », notammentla variole; du Dr Delacroix, de l’Institut agronomique, sur les mala- dies de diver- ses plantes, entre autres du tabac: de M. Raphaël Dubois sur les « radiobes » ; de M. Julien Ray, de Lyon, sur le cancer, etc. Dans la deuxième section, nous trouvons les recher- cé Gr. ozone par heure et par appareil. 0 5 0 15 20 25 30 5 Fig. 4. — Courbes donnant le rendement des appareils ozoniseurs. ches de M. Charles Bénard sur l'Océanographie et de M. Charles Deslandres sur les mouvements de l'atmo- sphère solaire. 49 E.-L. BOUVIER — LA FAUNE BATHYPÉLAGIQUE ET LA FAUNE DES GRANDS FONDS + LA FAUNE BATHYPÉLAGIQUE ET LA FAUNE DES GRANDS FONDS‘ À l'exception des Halobates, les animaux péla- giques ne restent pas confinés à la surface; suivant leur aptitude à la natation, ils descendent plus ou moins vers la profondeur, et remontent quand les conditions de calme et de température leur pa- raissent favorables. Si, dans le sillage du navire, e filet de gaze fine récolte tou- jours des Copé- podes, des Fo- raminifères, 4 des Sayitla, des larves el autres petits organis- mes, par con- tre, les ani- maux de plus grande taille disparaissent fréquemment de la surface, surtout quand le temps est frais et la mer agitée. Mais, qu'on descende alors jusque vers 500 mètres le filet à grande ouverture, dans sa course remontante l’engin récoltera les orga- nismes qui se tiennent entre deux eaux, et ces organismes seront, à très peu près, ceux qu'on trouve ordinairement à la surface par un temps calme. Fig. M. Au-des- sous de la zone, très variable sui- vant les es- pèces, qui est fréquen- tée par animaux pélagiques ou de surface, s'étend jusqu’au fond une couche d’eau plus ou moins épaisse. Cette couche a-t-elle une faune qui lui soit propre, une faune dont les représentants n’explorent jamais les régions supérieures de l'Océan et ne se tiennent pas localisés sur le soubassement du domaine mari- time? Pour répondre à cette question, il suffit de comparer les récoltes du filet vertical avec celles que donnent le chalut et les autres engins de fond. Dans la région des abysses, c'est-à-dire par des Fig. 2. les ! Voir Revue gén. des Sc. du 30 mars 1906, p. 263, et du 30 avril 4906, p. 354 : « Quelques impressions d'un naturaliste au cours de la dernière Campagne scientifique de S. A. le Prince de Monaco ». — Cyelothone microdon Günther. Chauliodus Sloanèi Schneïid. profondeurs qui peuvent dépasser 6.000 mètres, le filet vertical ne ramène guère que des animaux hyalins, bleuâtres, violacés ou incolores quand on le fait fonctionner entre 1.000 mètres et la surface : c'est la zone des organismes pélagiques; — des= cendu jusqu'au voisinage du fond et remonté. ensuite, il ra- mène, au con { traire,un grand mélange de for=. | mes dont les, unes sont iden- tiques aux Pr i cédentes et les autres d’un type tout par- liculier : noi-M. râtres, rouges, parfois brunes et hyalines et très souvent munies d'organes lumineux. Les animaux 1 de ce type appartiennent à la faune des abysses | où ne pénètrent jamais les rayons lumineux du dehors; maisils ne viennent pas du fond, car on on ne les obtient pas avec le chalut, sauf dans les cas très rares où cel engin, fonctionnant comme filet vertical, a fait quelques captures en remontant à la surface. « Ainsi, entre la zone su- périeure et le lit des océans, vit et se déve- loppe une population abyssale qui ne remonte jamais dans les couches supérieures éclairées et ne touche le fond qu'aux hasards de la chasse; loca- lisé entre deux eaux comme les organismes péla- giques, et d'ailleurs isolé dans les abysses comme les espèces qui vivent sur les grands fonds, cet ensemble d'animaux constitue ce qu'on a très jus-. tement nommé la faune bathypélagique. Pour découvrir cette faune et en étudier la dis- tribution, les zoologistes explorateurs ont eur recours à des filets verticaux en gaze fine, qui, au d'un mécanisme assez délicat, peuvent s'ouvrir et se fermer à la profondeur voulue. Mais," à cause de leurs dimensions très réduites, ces engins ne rapportaient qu'un petit nombre d'animaux et (Grossi deux fois.) (Réduit au tiers.) moyen E.-L. BOUVIER — LA FAUNE BATHYPÉLAGIQUE ET LA FAUNE DES GR: DS FONDS 491 seulement des espèces peu rapides; on les a rem- placés à bord de la Princesse-Alice par le filet Fig. 3, — Argyropelecus hemigymnus Cocco. (Gr. nat,) Richard à grande ouverture, qui fixe moins bien, il est vrai, la distribution verticale des organi-mes, avec beaucoup moins de fréquence; on la distingue à ses longues dents aciculiformes qui débordent les lèvres, à ses flancs argentés et aux taches phos- phorescentes siluées sur sa face ventrale noirätre. Une espèce plus commune, et de coloration ana- logue, l'Argyropelecus hemigymnus (fig. 3), appar- tient à une famille très voisine, encore que sa forme soit toute différente : trèscomprimé latéralement, ce petit poisson est presque tout en tronc et en tête, presque semblable à un disque augmenté d’une étroite queue; il a une bouche peu fendue et, près du vertex, deux gros yeux presque contigus et dirigés vers le haut à l'extrémité de courts pédon- cules. Ces veux télescopiques ne semblent pas rares, du moins dans le jeune âge, chez les espèces qui vivent entre deux eaux; au voisinage des îles Fig. 4. — Deux poissons bathypélagiques à organes lumineux : ; ; | par le ‘ Talisman "; en bas, grossi trois fois, le Photostomias Guernei, Collett, pris aux Açores par l “Hirondelle mais qui a pour avantage de les capturer en plus grand nombre et d'être d'une manœuvre fortsimple. IT Tous les groupes d'animaux marins sont repré- sentés dans la faune bathypélagique. Parmi les Poissons, il convient de ciler en premier lieu les petits Scopélides du genre C yclothone(fig.1), qui reviennent nombreux à chaque coup du filet ver- tical. Leur corps grêle n’a pas assez de consistance pour résisler au voisinage des autres animaux capturés et souvent même se colle aux mailles de l'engin; pourtant, il est facile d'en observer la couleur noire, la Lête un peu dilatée sur laquelle s'ouvre une longue bouche, les très petites dents et parfois, quand le spécimen est bien conservé, les organes lumineux très petits, distribués en rangs multiples. Une autre espèce également aplatie et grêle, mais notablement plus grande, le Chauliodus Sloanei (fig. 2 : 30 centimètres environ), apparaît en haut, le Xenodermichthys socialis, Vaillant, capturé Baléares, le filet vertical nous ramena une larve où ils élaient démesurément allongés. Étant données leurs couleurs plutôt claires, les deux espèces précédentes se tiennent vraisembla- Fig. 5. — Partie antérieure d’un Malacosteus avec les deux organes lumineux situés au-dessous et en arrière de l'œil. blement à des profondeurs médiocres. Il n’en est pas de même de certains Poissons étranges, dont nous capturâmes quelques rares spécimens : le J/acrurus globiceps, à tête renflée suivie d’une queue longue et étroite; l'Æurypharynx pelecanos, plus exagéré dans le même sens, avec une màchoire dilatable 492 E.-L. BOUVIER — LA FAUNE BATHYPÉLAGIQUE ET LA FAUNE DES GRANDS FONDS en un vaste sac, et le Malacosteus niger, où la même mandibule très grêle atteint une longueur démesurée. Toutes ces espèces ont la teinte noi- rälre caractéristique des Poissons franchement bathypélagiques, et parfois même présentent des taches phosphorescentes. C'est ainsi que le Hala- costeus niger est muni, près du bord de la lèvre supérieure, de deux grands or- ganes lumineux (fig. 5). Les Crustacés bathypélagi- ques présentent 1 une variété non XN moins grande et, : en général, une plus grande ri- chesse en indi- vidus. Cette ob- = servation cCcon- vient particuliè- rement au grou- pe des Schizo- podes, qui tou- joursnousdonna une quantité de spécimens ap- | partenant aux familles les plus diverses : des Æu- copia, des Boreomysis, des Thysanopoda, des Nema- toscelis (fig. 6), ces dernières avec des organes lumineux. Grâce aux récoltes du filet vertical, on sait aujourd'hui que les Schizopodes sont des êtres fort variés, qui passent aux Pénéides et aux Crevettes par toutes les transitions et se raltachent par des liens étroits aux Décapodes na- geurs. Telest, du moins, le résultat des observations effectuées par M.Hansen sur les Schizopo- des ét par M. Coutière sur les Crevettes recueillies pendant la campague de 1904, avec le filet vertical. Les Schizopodes bathypélagiques sont toujours dans l'œil, ce dernier accoupagnés de Décapodes nageurs plus volu- minvux, parmi lesquels il convient de citer au prenner rang d'énormes Sergestes, aussi grands que notre Palémon comestible, les admirables Cre- veltes rouges (fig. 7) du genre Acanthephyra et des Fig. 6.— Nematoscelis mantis, Chun,un Schizopode bathypélagique présentant des organes lumineux arrondis à la base des pattes et d'autres enchässés Fig. 1. — Systellaspis Bouvieri, Coutière, ‘ Princesse-Alice ” . (Long. 35 mm.) Pénéides notablement plus petits, les Gennädas, qui ont la teinte des précédentes avec des appendices buccaux purpurins. Le Gennadas elegans estl'espèce la plus commune du genre : il fut considéré comme une espèce rarissime aussi longtemps qu'on se borna aux pêches sur le fond; mais, depuis l'emploi du filet vertical, surtout de celui à grande ouver- ture, il apparait très commun et doit être consi- ÿ déré comme un des éléments les plus caractéris- tiques de la faune bathypélagique dansnosrégions. En Médilerra- née, près des iles Baléares, et au centre de l'Atlan- tique, dans la ré- gion des Sargas- ses, certains coups de filet nous donnèrent jusqu'à trente spécimens de ce joli Pénéide. Au- dessus de 1.000 mètres, on ne rencontre guère que les jeunes et les larves de l'espèce; au-dessous apparaissent les adultes, qui, d’ailleurs, ne sem- blent jamais se tenir sur le fond’. Beaucoup plus rares, mais mieux adaptés encore à l'existence bathypélagique, sont les Décapodes du genre Ær yo- neicus,quire- présentent, dans les mers actuelles, les Eryonides de l’époque ju- rassique:avec leur carapace globuleuse ou transversale - ment dilatée et leur queue relativement réduite, ces Crustacés ressemblent à des ampoules transpa- rentes que meuvent et dirigent les palles nata- loires de la région caudale. On en connait huit espèces, dont quatre ont élé capturées par la Priu- représenté en dessus. Acanthéphyridé pris aux Açores par la ! Les autres Gennadas offrent les mêmes caractères ; ils sont représentés dans nos régions par d'assez nombreuses espèces (G. Alicei, G. Tinayrei, elc.), pour la pluplart dé- couvertes au cours des campagnes de 190% et 1905. mp ee dant dr dt giens- nd dtamdé "00 0.20 one eu nu ne À “ . " . mence l'examen … E.-L. BOUVIER — LA FAUNE BATHYPÉLAGIQUE ET LA FAUNE DES GRANDS FONDS cesse Alice au cours de ses deux dernières cam- pagnes; ces huit espèces réunies ne sont guère représentées que par vingt spécimens, ce qui donne une idée de la variété du genre, de sa pauvreté en individus, et aussi de l'efficacité du filet Richard. L'une de ces espèces est remarquable en- tre toules par la dilatation transversale de sa carapace, qui est beaucoup plus large que longue; je lui ai donné le nom d'£ryoneicus Alberti (fig.8), en l'honneur du Prin- ce qui l'a découverte. C'est en pleine région des Sargasses que le filet vertical nous rap- porta celte jolie capture, après une course comprise entre 2.000 mètres de profondeur et la surface. Quand le filet arrive à bord,on en déverse le contenu dans des bacs de verre disposés sur une table, et c’est alors que com- Fig. 8. — Æryoneicus Alberti, Bouv., captu- ré dans la mer des Sargasses par la ‘‘ Princesse- Alice ” entre la surface et £000 mètres. (Légè- rement grossi.) desanimaux cap- turés. Au pre- mier coup d'œil, on aperçoit les Décapodes et les grands Schizopodes, d'un rouge vif uniforme pour la plupart, mais dans certains cas aussi incolores et hyalins, avec des parties noires ou purpurines. - Très nombreux, mais beaucoup moins colorés, ap- Fig. 10. — Strectsia Stebbingi, Chevreux, un autre Amphi- pode des profondeurs. (Gr. 4 fois.) — Les yeux de cette espèce sont énormément développés. paraissent ensuite Jes petits Schizopodes pélagi- ques, assez semblables à de menues Crevettes. Puis on voit lournoyer cà et là des Amphipodes (fig. 9 " pe dés: la” » mob) à 493 et 10) ou Crevettines, les Gigantocypris noirs, qui sont des Ostracodes relativement énormes, et la foule grouillante des Co- pépodes de la famille des Calanides. Ces der- niers sont toujours fort abondants: très variés comme espèces, ils cons- tituent pour une grande part le plankton pélagi- que et bathypélagique. En général, leur taille est petite et leur colora- tion très diverse, encore que certains d’entre eux, les Macrocalanus notam- Fig.!1.— Nectonemertes Gri- maldii, Joubin, Némerte bathypélagique, de couleur Jaunätre, capturée au large des Acores par la « Prin- Fig. 9. — Cyphocaris Richardi, Chevreux, Amphipode bathypélagique pris aux Açores par la “ Princesse-Alice ”. (Long. 12 mm. cesse-Alice ».-— À gauche, ment, atteignent un cen- face ventrale; à droite, dorsale. (Gr. nat.) timètre de longueur et présentent une belle teinte rouge, uniforme, très caractéristique des espèces bathypé- lagiques. A cela ne se bornent point, tant s'en faut, les surprises que nous réserve le filet vertical. Voi- ci des Annélides polychètes na- geuses qui pro- gressent entre deux eaux par mouvements on- dulatoires ; unes sont d’un beau jaune et assez longues, les autres plus cour- tes, incolores et absolument hyalines. Ces der- nières appartiennent au genre Tomopleris; elles sont remarquables par la longueur démesurée de leurs parapodes, qui ressemblent à de longs pieds, et par les grandes dimensions de leurs antennes filiformes. En voyant ces animaux, on saisit la valeur de l'hypothèse qui rattache aux Annélides les formes primitives du groupe des Crustacés : que la mince couche chitineuse des Tomopteris augmente en épaisseur, elle devra se briser en articles pour permettre les mouvements, et le type Arthropode sera réalisé. Voici d’autres Vers. plus étranges dans ce milieu, parce qu'ils ont coutume de se tenir sur le fond ; ils appartiennent au groupe des Némertes et constituent les genres ANeclone- mertes (fig 11) et Pelagonemertes; les uns sont rouges et allongés, les autres marbrés de noir avec des contours cordiformes, certains jaunâtres et semblables à des poissons (fig. 11); tous présentent les 49% E.-L. BOUVIER — LA FAUNE BATHYPÉLAGIQUE ET LA FAUNE DES GRANDS FONDS une longue trompe, le plus souvent dévaginée, qui faitsaillie à l'extrémité antérieure du corps. Dépour- vus de parapodes, ces animaux doivent se dépla- cer par des mouvements ondulatoires. Les Péla- gonémerles comptent parmi les représentants les plus rares de la faune bathypélagique, et l'on doit considérer comme un résultat sans égal d'avoir pu en capturer cinqindividus(représentant cinq espèces nouvelles) au cours de la dernière campagne. Si le filet Richard nous pro- digue ses merveilles, il nous plonge parfois dans de sérieux embarras. Nous parvenons à ran- ger dans le groupe des Géphy- riens un Ver bizarre qu'il nous rapporte, mais souvent aussi nos en défaut. C'est l'humiliante aven- ture qui nous arrive en présence de trois espèces différentes, mol- les, contractiles et dépourvues d'appendices; à quel embranche- ment du règne animal faut-il rap- porter ces animaux problémati- ques? Sont-ce des Vers ou des Mollusques? Nous n’arrivons pas à le savoir, car le roulis du ba- teau ne permet guère une étude approfondie. Les zoologistes, à terre, résoudront sans doute cette curieuse énigme. Dans le groupe des Mollusques, la faune bathypélagiqueest repré- ropodes, lesunsplulôtabondants, comme les Créséis et les Hyales, les autres rares et voisins des Pneumodermes. Bien plus com- muns devront êlre les Céphalo- podes; mais ces animaux sont ra- pides : ils échappent même au filet Richard, et il faudrait un engin à ouverture plus grande encore pour être à même de les capturer à coup sûr. Dans ce but, le Prince avait imaginé un filet de 80 mètres, dont l'entrée devait être maintenue béante par un jeu de quatre plateaux; nous fimes l'essai de cetle gigantesque machine qui encom- brait tout le pont du navire; mais les plateaux ne fonclionnèrent pas convenablement et le filet revint à bord un peu disloqué, sans la moindre récolte. En présence de cet échec fâcheux qui réduisait à néant le bénéfice d'un long et dispendieux effort, le Prince ne manifesla pas le plus léger dépit; il diseuta simplement le mécanisme des plateaux, envisagea les modifications qu'il conviendrait d'y \ Fig. 12.— Taonius pavo, Lesueur, réduit au quart. connaissances zoologiques sont sentée par d'assez nombreux Plé- | apporter, et, dès l'instant, prépara le succès d'une campagne prochaine. En attendant cette revanche, qui promet de frappantes découvertes, il fallut nous contenter d’un petit nombre de Céphalopodes bathypélagiques, à vrai dire tous rares et fort curieux. Plusieurs furent capturés à la surface, épaves plus ou moins inertes échappées à la poursuite des grands Cétodontes; c’est ainsi que nous fimes main basse, au voisinage de Fig. 43. — Leachia cyclura, Lesueur. — Moitié antérieure, vue du côté ventral pour montrer les petits organes lumi- neux sphériques réunis en cercle autour des yeux. (Gross. 2 fois.) Saô-Miguel, sur un certain nombre de Zeachia ey- clura (fig. 13) encore assez actifs, et que plusieurs Taonius pavo (fig. 12) nous apparurent sans mou- vement vers les parages des Sargasses. Ces deux sortes de Céphalopodes ont le corps allongé des Cal- mars, maisilss'en dislinguent l'un et l'autre par des traits bien caractéristiques : le premier par ses yeux saillants entourés d’un cercle d'organes lumineux, le second par ses taches colorées qui ressemblent aux ocelles des plumes de Paon, et par sa couronne … de bras qui est remarquablement courte. Comme tousles Céphalopodes bathypélagiques, cesanimaux E.-L. BOUVIER — LA FAUNE BATHYPÉLAGIQUE ET LA FAUNE DES GRANDS FONDS 495 appartiennent au groupe des espèces nageuses et, tèrent également des Céphalopodes d'un tout autre comme ces dernières, présentent deux longs tenta- | type, les Cirroteuthis (fig. 14), dont le corps est cules en plus des huit bras de leur couronne céphalique. Un jour,en remontant une nasse déposée à 3.000 mètres de profondeur, nous trouvämesenrouléssur le câble de l'engin deux tentacules encore vi- vants, dont le proprié- “taire vraisemblable fut rapporté par la nasse elle-même, privé de ses deux organes. Nous “élions en présence d'un merveilleux Mastigo- teuthis violacé, au long corps terminé par une nageoire caudale ar- rondie; et il nous fut possible d'examiner à loisir, sur les très cu- rieux tentacules du spé- cimen, les innombra- bles etminuscules ven- touses qui, semblables à des filaments un peu renflés, sont caracté- ristiques du genre Mastigoteuthis. Une autre fois, le chalut à plateaux, en remontant à la surface, recueillit un Céphalopode hyalin et fine- mert allongé quiprésentait de nombreu- ses taches rouges et,sur la tête, des yeux pédon- culés munis chacun de deux organes lumineux ; c'était le re- présentant d’une forme inconnue, sur laquelle l'ha- bile sagacité de mon excel- lent collègue du Muséum, M. Joubin, s'exerce actuellement. Le chalut à plateaux et le filet vertical nous rappor- Fig. 414. — Cirroteuthis umbellata, P. Fischer, réduit au quart. Fig.15.— Pelagothuria Bouvieri, Hérouard, Holothurie bathypélagique capturée par la ‘* Princesse-A lice ”. Gr. nat. trapu, arrondi en ar- rière, et muni latérale ment de deux aïilerons obtus et très saillants. Moins élégants que les autres Céphalopodes bath ypélagiques et sû- rement aussi moins ac- tifs, ces animaux nous frappèrent davantage à cause de leur colora- tion noire et delafaible consistance de leurs tissus. Au surplus, ce dernier caractère, di- versement accentué, semble être un des trails assez généraux de la faune de profon- deur : la musculature perd de sa densité, l'or- ganisme devient très aqueux,etl'animal prend un aspect géla- tiniforme toutes les fois qu'il n'est pas pro- tégé par une enveloppe solide. Plus que tous les autres Céphalopodes, les Cirroteuthis présen- tent ces caractères à un remarquable degré. Les Cépba- lopodes occu- pent une des premières places parmi les grands ha- bitants des mers, el, à ce point de vue, rivalisent mé- me avec les Poissons. On ne saurait douter que certains navi- gateurs en aient rencon- tré de gigan- tesques : Ver- rill a observé queles grands Céphalopo- des ne sont pas rares au voisinage de Terre-Neuve, et l'on a capturé dans les parages de la Nouvelle- 496 E.-L. BOUVIER — LA FAUNE BATHYPÉLAGIQUE ET LA FAUNE DES GRANDS FONDS Zélande un Architeuthis qui mesurait 17 mètres de longueur, les tentacules étalés. Durant la cam- pagne, nous eümes la satisfaction d’apercevoir, mais non de prendre, un assez volumineux repré- sentant du groupe; c'était le 28 août, au pied du cratère de Sete Cidades, dans l'ile Saô-Miguel : sous les rayons du projecteur électrique disposé pocent fs Fig. 16. — Œginura Grimaldii, Maas. Méduse prise par le Prince de Monaco à 781 m. de profondeur. (Grossie.) pour la pêche, nous vimes apparaître un Céphalo- pode presque cylindrique, dont le corps avait pour le moins un mètre de longueur, sans compter les tentacules. L'animal resta quelques minutes à la surface, dans une immobilité à peu près complète, mais il ne nous laissa pas le temps de le harponner et s'évanouit dans les profondeurs. J'ai dit plus haut que les Céphalopodes bathy- pélagiques viennent flotter à la surface quand, ils ont subi quel- que lésion ou quand leur vitalité dimi- nue.Cette par- ticularité doit s'étendre à d'autres ani- maux qui ha- bilent les mêmes milieux et certainement, comme on va le voir, aux Echinodermes du genre Pela- gothuria (fig. 415). voisinage et, dans ce but, organisa une promenade Un jour de beau calme, pen- dant que le yacht était immobilisé dans la mer des Sargasses pour une pêche sur le fond, le Prince voulut Où : Fig. 17. — Spinax niger, Bonap. (Long. moyenne : 1 m.) en youyou. Après deux ou trois heures de recher- | des cäbles. ches, le canot apportait à bord une récolte assez riche : des embryons de Poissons volants, des Cydippes, des Physalies, et un animal teinté de brun et de violet, que nous primes tout d’abord pour une grande Méduse et ensuite pour une Actinie flottante. Nous étions loin de la vérité, mais aussi, quel organisme énigmatique ! Qu'on se figure une sorte de tronc de cône obtus, forte=. ment teinté de brun et muni d'une double couronne de longs tentacules violets (fig. 15), les uns délica= tement arborescents, el groupés en cercle autour de la bouche, à la grande base du cône, les autres. simples, de plus grande taille, et réunis au-dessous, + N _peent des premiers par une sorte de grande ombrelle. * hyaline. Comment reconnaitre, dans la gracieuse» Le créature flottante, une forme du groupe des Holo= thuries, dont les espèces normales sont toutes ram= pantes et localisées sur les fonds! Et pourtant, notre animal appartenait bien réellement à cette classe; c'était un représentant du genre Pelago- thuria, qui fut découvert par M. Agassiz dans les Pacifique et retrouvé depuis par la l'océan Indien. Les Pélagothuries sont les seulfi Echinodermes qui, à l'état adulte, passent leur. existence entre deux eaux ; elles doivent être d’une rarelé extrême, car on n'en connaît qu'un très petit / nombre de spécimens. Ceux d'Agassiz, un peu en- dommagés, furent pris à la surface, comme l’exem- plaire de la Princesse-Alice; mais il est certain que les Pélagothuries appartiennent à la faune”, bathypélagique, car elles ont les teintes brunes et violettes si communes chez les représentants den cette faune, et, d'ailleurs, les spécimens de la Val divia furent capturés par le filet vertical entre 800 et 1.000 mètres de profondeur. Ce sont également les teintes brunes et violeltes,M quelquefois remplacées par du rouge, et presque» loujours associées à des tissus incolores et hyalins,. qui font reconnaitre les espèces bathypélagiques représentées surtout par des Siphonophores et des: Méduses. Il existe certainement dans les profon=. deurs des Siphonophores très complexes et de grande taille, mais ces animaux ne nous revinrent, | jamais intacls, et le yacht n’en recueillit que des | faune superticielle du | fragments volumineux qui se lrouvaient enchevê=. 4 trés dans les mailles des filets ou enroulés autour | Nous ne fümes pas plus heureux avec un très | grand Polype brun, qui paraît assez répandu dans les profondeurs, el que nous rapportons avec doute Valdivia dans k e de chement dés. Polypes. Abs= traction faite | d'une Actinie | flottante re. lativement commune,ces. espèces sont. Là 1: ‘ E.-L. BOUVIER — LA FAUNE BATHYPÉLAGIQUE ET LA FAUNE DES GRANDS FONDS 497 au groupe des Méduses. Quant aux Méduses de | nombreuses, et quelques-unes très remarquables ; petite taille, elles au premier, ap- entrent pour une | \ partiennent deux grande part dans jolis spécimens en la faune bathypé- forme de cloche, lagique et présen- qui présentaient lent une variété un manubrium extrême. Beau- coup sonthyalines et presque incolo- res, avec des ta- ches rouges vers le centre de l'om- brelle qui est cu- bique, en forme de longue cloche, ou quelquefois assez largement étalée (fig. 16); d'autres paraissent totale- ment brunes, et il faut un examen minutieux pour simple, démesu- rément allongé ; au second, une bizarre Méduse brune dont le voile cristallin se dilatait en quatre ballons symétri- quement dispo- sés. Mais comment décrire ces for- mes élégantes et délicates ; les Mé- duses sont les joyaux du monde Fig. 18. — La nasse, au moment où elle est ramenée à bord de la ‘‘ Prin- apercevoir la cou- cesse-Alice ”. (D'après une photographie de M. Tinayre.) bathypélagique et che de fin cristal le pinceau de incolore qui les enveloppe. Dans l’un et l’autre | notre compagnon M. Tinayre peut seul lenter "> ex. Ds RTL Fig. 49. — Le chalut à étrier. — En haut, chalut vide avec ses fauberts et son empêche conique; au milieu, un faubert dont les filaments d’étoupe retiennent des organismes marins, puis les poids de lest; en bas, le chalut trainant sur le fond. de ces deux groupes, les espèces recueillies furent | d'en rendre les splendeurs magnifiques. 198 E.-L. BOUVIER — LA FAUNE BATHYPÉLAGIQUE ET LA FAUNE DES GRANDS FONDS Je veux maintenant parler de la pêche au pa- langre, qui sert à cuplurer les Poissons de faible profondeur et ceux qui se tiennent entre deux eaux ou au voisinage du fond. Le palan- gre est une li- gne démesuré- ment longue, qui reste fixée au bord par l’une de ses ex- trémilés, des- cendenarc jus- qu'au fond de Ja“mer“et-re- vient à la sur- face par l'autre bout que main- tient un flot- teur en forme de cerf-volant; il porte plu- sieurs centai- nes de gros ha- mecons situés à deux mètres les uns des autres, tous soigneusement appätés. Onretire l'engin après quelques heures d'immersion en commençant, bien entendu, par le bout amarré au bord. Nous fimes quatre pêches au! palangre, trois dans les eaux des | Acores, par des fonds de 2.000 mètres (à l’ouest de Saô-Miguel), 1.229 mètres (à l’ouest de Flores) et III Fig. 20. — Une Crevette de grands fonds, le Benthesicymus longipes Bouv., espèce nouvelle capturée aux iles du Cap Vert par la ‘ Princesse-Alice” sur un fond de 3.890 mètres. (Gr. nat.) Fig. 21. Fig. 21. — Uroptychus (Diptychus) nitidus Edw. et Bouv., Galathéide abyssal vivant sur les grands fonds. (Gr. nat.) Fig. 22. — Lispognathus Thomsoni A. M. Edw., crabe des grandes profondeurs. (Gr. nat.) Fig. 22. 600 mètres (au sud de Punta Delgada), la quatrième sur le banc de la Princesse-Alice par 83 mètres de profondeur. Les trois premières opérations furent peu fructueuses, mais singulièrement at- je ne sais quoi de plus profond et de fascinateur, « dont les Squales de nos côtes donnent une idée très bonne. Nous primes surtout au palangre deux | espèces de Squales, le Centrophorus calceus et le Spinax niger (fig. 17), dont le tapis oculaire a des reflets jaunes ; un charmant petit Requin aux yeux verts, une Brême identique à l'espèce de nos. tirantes. Rien n'est plus cap- tivant que la remontée du palangre lors-. que la tran-. quille obscuri- té nocturne s’est étendue sur l'Océan des profon-… deurs ténébreu- ses on voit Sur- gir des escar- boucles luisan-" tes qui se rap- prochent peu à peu et appa- raissent bien-… tôt comme les, yeux brillants. | des Squales capturés; cela, rappellenosFé-. lins, mais avec … Ï E-L. BOUVIER — LA FAUNE BATHYPÉLAGIQUE ET LA FAUNE DES GRANDS FONDS 499 côtes (Pagellus centrodontus) et un animal du groupe des Anguilles, le Synaphobranchus, qui habite les fonds. Sur le banc de la Princesse- Alice, par 83 mètres de profondeur, la pê- che fut totalement infructueuse, et ce fait mérite d'être signalé, carlé banc se montra sin- guiièrement riche et poissonneux quand le Prince en fit la décou- verte, il y a quel- ques années. À quoi faut-il attri- buer cette dépo- pulation curieuse, déjà observée au cours de la précédente campagne ? Peut-être aux phénomènes volcaniques sous-marins qui ont accompagné \ Fig. 24. — Un Polype arborescent, le Cladocarpus Sigma. (Grandeur naturelle.) l'éruption de la Montagne Pelée. Ces phénomènes, en effet, ne sont pas rares dans la région des Açores, et l'on sait qu'à l'époque où se produisit ig. 23. — Un Crabe des grands fonds, le Merocryptus boletifer; Edw. et Bouv. (Grossi 4 fois.) | la catastrophe de la Martinique, le cäble sous-marin fut brisé et fondu au voisinage de Fayal, c'est-à- non loin du banc de la Prin- dire cesse-A lice. IV Cette perturba- tion apportéedans le régime de la faune ichthyologi- que saurait avoir une longue ne durée, car les hauts fonds semblent aux cô- res- tes et sont, comme elles, peuplés par denombreux Pois- sons. En allant du Cap Spartel à Madère, le Prince fit jeter quelques lignes sur le banc Seyne, en des points où la sonde marquait 185 mètres; et nous vimes revenir en assez grand nombre les espèces qui avoisinent le littoral, des Se- bastes rouges, des Raies mar- brées et des Po- lyprion ou mé- rous, les mêmes qui accompa- gnentles épaves. Sur les fonds abyssaux, par contre, la faune ichthyologique est toujours très pauvre et limitée à des espèces toutes spéciales, colorées en noir. C'est ainsi que la nasse (fig. 18), à l'ouest de Flores, nous rapporta 2 Synaphobran- chus et 30 Si- menchelys, Pois- Fig. 25.— Plumarella Grimaldii, Stu- )VSSAUX der, colonie de Polypes, caplurée ÉR eby Eu aux Acores par le Prince de Monaco. quiappartien- (Grandeur naturelle.) nent au groupe des Anguilles, et qui arrivaient à la surface légère- ment déformés par la dilatation des gaz de leur vessie natatoire. Le même coup de nasse nous rap- porta une magnifique Crevette abyssale, l’Hetero- 500 E.-L. BOUVIER — LA FAUNE BATHYPÉLAGIQUE ET LA FAUNE DES GRANDS FONDS carpus Grimaldii, déjà capturée au cours des cam- pagnes antérieures et aussi par le Talisman. La pêche au chalut (fig. 19) nous donna divers Crustacés, qui se dépla- cent sur les grands fonds : l’Hepomadus tener,quiest un Pénéide des plusrares, plusieurs Bernard l'Er- mite, entre autres le Cäafa- pagurus gracilipes et le Parapaqurus abyssorum, deux Galathéides abvs- saux : l’U/roptychus nili- dus (fig. 2) et le JMunida Sancti Pauli, et plusieurs Crabes caractéristiques des mêmes niveaux : la Pa- thynectes superba, qui est d'un beau rouge comme les espèces précédentes, la Seyramathia Carpen- teri, le Lispognathus Thomsoni (fig. 22) aux paltes longues et grèles, et le charmant Ærqas- tieus Clouei dont la cara- pace est délicatement or- née de tubercules grèles. Toutes ces espèces sont Fig. 26. — eponge siliceuse Euplectella, abys- sale. (Réd. au 1/3.) connues depuis les cam- pagnes déjà anciennes du Challenger et du Talis- man; elles furent accompagnées dans nos pêches par des Macroures aveugles de la famille des Eryo- nides : la Willemæsia forceps et divers Polycheles, entre autres une espèce nouvelle que j'ai appelée Polycheles eryoniformis, paree qu’elle ressemble, plus que toute autre, aux Eryons fossiles des ter- rains jurassiques. Sur les fonds abyssaux vivent également les Galathéides aveugles du genre Mu- nidopsis ; mais nous n’en primes pas au cours de cette campagne, qui fut bien moins consacrée au chalut qu'à la pêche bathypélagique. C'est au voisinage de Madère que le chalut nous des Polypiers arbo- 24 et 25), plusieurs Eponges siliceuses (fig. 26 et 27), des Holothu- sans compter rapporta la plus riche récolte : rescents de la famille des Gorgones (fig. des Alcyonnaires, des Actinies fixées, ries, des Ophiures, des Astéries, la plupart des Crustacés précédents. Nous fûmes moins heureux aux Acores, car ces parages très riches sont singulièrement tourmentés à cause de leur nature volcanique, et souvent ils gardèrent nos engins de fond ou ne nous les rendirent que vides et absolument déchirés. A l'ouest de Flores, pourtant, sur un fond de 1.200 mètres, couvert de Madrépores caliciformes ou arborescents, le chalut nous rapporta une quantité d’Eponges siliceuses dont le squelette de verre filé soumit nos mains à une rude épreuve, des Brachiopodes, des Gastéro- podes du genre Pleurotome, diverses Crevettes de fond, et plusieurs Zrisinga qui sont des Etoiles de mer abyssales à longs bras et à disque très réduit, Quand le chalut a élé trainé sur un fond de vase, il revient à bord surchargé, avec ses captures enfouies dans une boue épaisse qui rend toute recherche impossibie. Il faut déverser le contenu de l'engin dans la partie supérieure d’une haute cuve divisée en trois étages par trois tamis super- posés. On amène un fort courant d’eau sur la masse qui est supportée par le tamis le plus grossier; les éléments fins passent sur les deux autres cribles, dont les mailles sont de plus en plus étroites, puis la vase est entraînée dans la mer, ayant abandonné aux cribles tous ses organismes mécaniquement triés. Alors seulement intervient le naturaliste, qui Fig. 21. — Ferrea occa, Topsent, éponge siliceuse trouvée aux Açores par le Prince de Monaco. fait généralement une bonne récolle parmi ces ma- tériaux arrachés au fond de l’Océan et propres dé- sormais aux recherches zoologiques. E.-L. Bouvier, « Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle. La, k +. Lei L. DE LAUNAY — L'OR DANS LE MONDE ET SON EXTRACTION 50L L’OR DANS LE MONDE ET SON EXTRACTION | PREMIÈRE PARTIE : ÉCONOMIE ET RÉPARTITION DE LA PRODUCTION AURIFÈRE Le développement énorme de l'extraction auri- re est certainement un des traits caractéristiques de l’industrie minérale à notre époque. Tandis que, | sur les tableaux statistiques, les courbes repré- considérés individuellement, la même forme, plus ou moins accentuée, avec une persistance curieuse, depuis quelques années, à se suivre, à se serrer de près dans leur développement. Depuis 1893, c'est, Fig. 1. — Production de l'or dans les trois principaux pays : pu de la production ont, pour la plupart des autres métaux, une allure assez paisible, avec | une tendance ascensionnelle plus ou moins rapide, : celle de l'or se rapproche hardiment de la verticale, et, quand on distingue sur les graphiques les _grands pays producteurs, on retrouve, pour les trois principaux, Transvaal, Etats-Unis, Australasie, REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906, E 8 ARE 8 8 2 8 Transvaal, Etats-Unis, Australasie, et total mondial. entre ces trois pays, une sorte de steeple à bride abattue, où tantôt l'un, tantôt l’autre tient la corde: course un moment interrompue pour l'Afrique du Sud par la guerre du Transvaal, mais un moment seulement ; car déjà, en 1905, le Transvaal a repris la prééminence. Les chiffres approximalifs, que l'on peut donner provisoirement pour celte année 1905, A1* 502 sont les suivants : Transvaal, 524 millions; Austra- lasie, 432 millions ; Etats-Unis, 436 millions". Au Lotal, on voit que ces trois pays produisent à eux seuls, dès aujourd'hui, 4.392 millions de francs d'or par an, soit 72°/, de la production mondiale, qui s'élève à 1.908 millions. Dès cette année 1906, on aura atteint 2 milliards. Sur le reste de la production, quatre pays fournissent un chiffre encore important : Russie et Sibérie, 121 millions ; Mexique, 68 millions ; Canada, 73 millions; Inde, 59 millions. Tous les autres n'ont qu'une impor- tance secondaire. Une industrie qui, en 1884, ne produisait pas 500 millions par an et qui va arriver à 2 milliards, se place, comme chiffre de rende- ment, avant loutes les autres industries métalli- fères, le fer excepté. L'argent, qui ne dépasse guère 450 millions (472 millions en 1903), joue, à côté de l'or, un rôle très restreint. Ce mouvement si singulier a des causes et des conséquences qu’il peut être intéressant d'examiner. Il comporte, de plus, des progrès rapides dans la connaissance des gisements aurifères ainsi que dans les méthodes d'extraction industrielles : pro- grès qui rendent déjà les descriptions datant seu- lement de dix ans tout à fait démodées. Sur ces diverses queslions, je voudrais essayer ici un travail de mise au point, qui devra nécessairement, vu le caractère de ce recueil, rester dans des géné- ralités assez brèves. I. — ETUDE ÉCONOMIQUE DE L'INDUSTRIE AURIFÈRE. CAUSES ET CONSÉQUENCES DE SON DÉVELOPPEMENT. Parmi les causes du développement de l'indus- trie aurifère, je rappellerai bientôt la prise de pos- session de la Terre par l'expansion coloniale, et je dirai alors quelles limites le mouvement peut ren- contrer dans ce sens. Mais il intervient aussi, el peut-être à un degré supérieur, un facteur écono- mique. En dehors du mirage, de la fascination plus ou moins raisonnée qu'exerce sur les esprits le brillant métal, l'industrie de l'or a cela de très sérieusement tentant que, seule entre toutes, elle n'a pas à s'occuper de la vente de son produit. Ce produit s'écoule (tout au moins apparemment) en quantités illimitées et à un prix immuable. Aucun aléa pour les débouchés; aucune incertitude pour l'établissement du revenu brut; aucune néces- sité d'organisation commerciale. Sans doute, il y a là quelque chose d'un peu illusoire ; car une sur- production momentanée de l'or, qu'il n’est pas para- 1 On peut remarquer que la courbe de l'argent avait eu, de 1850 à 1892, une allure analogue, jusqu'au moment où elle a atteint ce qu'on pourrait appeler son éliage et est restée stationnaire. L. DE LAUNAY — L'OR DANS LE MONDE ET SON EXTRACTION Re doxal d'envisager malgré son rôle d'unique élalon monétaire, se traduirait par un renchérissementuni- versel de la vie el, par conséquent, par un accrois- sement du prix de revient. Mais, outre que cette circonstance est encore loin de se réaliser, il esl évidemment plus facile pour un industriel de faire entrer en ligne de compte dans ses calculs un prix, quel qu'il soit, des matières premières et de la main-d'œuvre, prix immédiatement connu el sou- mis seulement à des fluctuations lentes, que d’avoir. à compter sur les brusques à-coups, sur les «hooms» elles « krachs » par lesquels le prix de tout autre autre métal, le cuivre, par exemple, se trouve brus- quement et du jour au lendemain modifié. L’exploi- tant d’or a le droit, en principe, « de compter sur la M vente assurée de sa marchandise, et l’économiste seul peut avoir à se préoccuper de ce qui arriverait le jour où le monde serait saluré de cette substance précieuse, qui est en somme une marchandise comme une autre, qu'on l’applique aux industries de luxe ou à la monnaie, si, à ce moment, la produc- tion de l’or conservait la même tendance à s'ac- croitre. » Dans cet ordre d'idées, on doit remarquer que les grands besoins d'or actuels sont surtout la conséquence de la prise de possession du monde par la civilisation européenne, et des relations internationales de plus en plus serrées qui exigent une monnaie commune ; le rapide essor de la pro- duction est le résultat du même phénomène: les champs d'or les plus riches étant découverts dans ces pays nouveaux, ou mis en valeur dans des pays plus anciens grâce aux progrès généraux du pays, notamment à ceux des moyens de transport ou d'accès, il est donc à présumer que, la cause des deux faits étant la même, leur modification se pro- duira à peu près simultanément dans le même sens : c'est-à-dire que, à l'époque où tous les pays seront gorgés d’or, les découvertes retentissantes de champs d’or nouveaux se trouveront, en même temps, devenir de plus en plus rares. Quoi qu’il em soit de cet avenir, sans doute assez lointain encore, le rôle de l'or comme étalon monétaire est, comme je le disais en commençant, un facteur important, de son industrie. À cet égard, il s’est produit, depuis une quinzaine d'années, une transformation notable. Dans un article paru ici même ily a onze ans’, c'est-à-dire au moment où a commencé cette éton-M nante poussée de la production aurifère, je m'étais attaché à combattre la théorie, alors très puissam= ment soutenue, du bimétallisme, en montrant com- ment l'argent me paraissait, en Llant que métal moné- { L'avenir géologique de l'or et de l'argent. Conséquences économiques et sociales (30 avril 1895). 2 ë # l * [ p. Lt use: li 2 ë | ; …._ Le premier de ces faits a été la conquête du RELPRT 2 + » L. DE LAUNAY — L'OR DANS LE MONDE ET SON EXTRACTION 503 taire, définitivement condamné, et combien il était dangereux pour la France de prétendre en soutenir artificiellement le cours. Aujourd’hui, celte opinion est, je crois, admise à peu près de tous et il n’est plus nécessaire de la défendre ; l'essor de la pro- duction argentifère a eu beau, depuis ce moment, s'arrêter par suite de la dépréciation du métal - blanc (5.291.000 kilogs en 1903 contre 5.652.000 en 1895), . nous l’avons vu: le prix moyen de l'argent ne tandis que celle de l’or quadruplait comme s'est pas relevé d'une facon appréciable; lui aussi de- meure, avec des oscillations légères, à peu près immobile. Le prix de revient minimum de l'argent estimé en or, que l'on évaluait en 1895 de 75 à 85 francs le kilog, ne s’est pas sensiblement modifié, - le pouvoir d'achat de l'or n'ayant pas subi de chan- . gement durable et aucune grande découverte mé- | tallurgique n'ayant eu lieu ; ce prix de revient con- | linue à déterminer la limite d’exploilabilité des minerais et à restreindre, par conséquent, la pro- duction du métal, qui, faute de découvertes géolo- giques nouvelles, ne s'est pas accrue: les'pays neufs, d'où vient le grand afflux d'or actuel et d'où vien- dra certainement aussi de l'argent plus tard,ne sont pas encore arrivés à la phase de l’exploilation ar- + genlifère {. En ce qui concerne cette valeur relative de l'or, dont l'estimation esl toujours délicate, et les débou- chés de ce métal, il s’est produit depuis dix ans, en dehors des mouvements normaux, quelques 1 grands faits poliliques, dont l'influence plus ou moins directe a eu et aura encore bientôt son reten- tissement sur la question de l'or pour contrarier | l’évolution normale de son industrie, diminuer sa | production et augmenter ses débouchés, et qu'on ne saurait donc passer sous silence. Transvaal par les Anglais. Cette conquête, que les financiers sud-africains avaient, avec plus ou moins de sincérité, réclamée, favorisée ou encouragée - dans l'intérêt prétendu de leur industrie, a, comme on finit par s'en rendre trop bien compte aujour- d'hui et comme ilétait facile de le prévoir, paralysé pour longtemps son essor. Tout d'abord, on a vu l'arrêt complet des mines pendantles deux ansqu'a duré la guerre, annoncée comme une simple pro- - meuade militaire, et les destructions d'installations ou d'usines (heureusement assez restreintes) qui en ont été la conséquence. Mais surtout le prix de revient,qui devait si bien s'abaisser avec ce change- * L'argent, cessant en ce moment d'être employé comme étalon monétaire, subit de ce chef une dépréciation mo- mentanée ; lorsqu'il ne sera décidément plus qu'un métal industriel, on verra ses emplois s’accroître avec l'enrichis- sement général et, par suite, une demande plus forte en- trainer un relèvement de son prix, ou du moins un accrois- sement de son extraction. ment de régime, est, impôts compris, resté à peu près le même malgré tous les progrès techniques réalisés. Au lieu des faibles’ taxes du Gouverne- ment boer, contre lesquelles on menait une cam- pagoe si bruyante, il a fallu payer la lourde et coûteuse administralion anglaise ; les charges sont devenues plus fortes’; les nègres ont perdu l'habi- tude de travailler aux mines, ét l'idée, bizarrement impratique, que l’on a eue un moment de réduire tout à coup leurs salaires par un coup d'autorité, a amené une disette de main-d'œuvre à laquelle on n'a pu remédier que par l'introduction d'une main- d'œuvre chinoise, qui a donné, tout au moins au dé- but, bien des déboires. On peut dire * que la valeur des mines d'or du Transvaal s'est trouvée, par l'ensemble de ces faits, réduite d’un liers à un quart. Enfin, les frais énormes de la guerre onl amené, sur le marché anglais, une raréfaction des capitaux etune déprécialion des valeurs, qui a eu un contre-coup falal sur le marché européen. Le marasme qui en résulte pour l'Afrique du Sud a donc paralysé la mise en valeur des gisements nouveaux, dont quelques-uns sont déjà reconnus, et l'exploitation des masses énormes de minerais pauvres, qui feront la richesse fulure du pays. Pour toutes ces causes, la guerre du Transvaal, en diminuant la production de l'or dans le monde, a faussé momentanément la loi d'évolution écono- mique, qui préside à l’industrie de l'or. L'afflux d'or, sur lequel on s'était habitué à compter, à manqué tout à coup, en même temps que des besoins d'or se faisaient sentir pour payer les frais de la guerre. On vient de voir une diselte moné- taire telle qu'il ne s'en étail pas produit depuis quinze ans. L'or a done, si l’on peut ainsi parler, augmenté de valeur: ce qui s’est traduit, comme je le rappellerai plus loin, par un relèvement de l'intérêt, par un abaissement des principaux titres mobiliers, changement accru pour certains d'entre eux, diminué pour d'autres, par des causes inci- dentes (par exemple, pour la France, par les cau- ses politiques et fiscales qui ont fait arbitrer nos titres nationaux en faveur de certains titres étrangers). Ce n'est pas le seul fait de ce genre dont l'inter- vention se soit manifestée ou qui doive exercer son influence dans un délai restreint. Il faut encore compler avec la brusque transformation de l'Ex- trême-Orient, résultant des guerres successives du Japon contre la Chine, des Européens contre les Chinois après l'insurrection des Boxers, enfin du 1 La taxe nouvelle de 10 o/, sur le bénéfice net a repré- senté en 1904 plus de 10 millions. 2 Au moment où je corrige les épreuves, les luttes inté- rieures de l'Angleterre interviennent à leur tour pour para- lyser le développement de l'industrie aurifère. 504 L. DE LAUNAY — L'OR DANS LE MONDE ET SON EXTRACTION Japon contre la Russie, avec le développement surprenant du Japon et la transformation de la Chine par le Japon, qui peut en étre la conséquence. Là aussi le résultat immédiat est un besoin d'or pour constituer des slocks monétaires d'usage international à ces pays qui, jusqu'alors, avaient gardé la monnaie d'argent et pour régler leurs achats en Europe. Peut-être plus tard verra-t-on inversement la pénétration de la Chine et, par suite, de l'Asie centrale amener la découverte de gise- ments aurifères ; mais ce n'est pas, en principe, sur ces pays asiatiques de très ancienne civili- sation, quoique jusqu'ici plus ou moins étrangers à notre forme de civilisation européenne, qu'il faut beaucoup compter pour les futures découvertes aurifères ; l'or est un métal trop attirant et trop facile à reconnaître ou même à extraire pour que les gisements superficiels, par la rencontre desquels se produisent les brusques poussées de la produc- tion, n'y soient pas en moyenne épuisés. L’Asie, comme l'Europe, ne recommencera à compter sérieusement dans la production aurifère que le jour où, l'or libre de surface ayant été extrait par- tout, on en sera réduit à ces formes plus perma- nentes de minerais profonds et complexes qui seront la grande ressource de l’avenir. Enfin, toujours dans le sens d’une raréfaction de l'or malgré l'essor de sa production industrielle, il faut noter le mouvement, chaque jour accéléré, quientraine tous les pays vers l'adoption de l’étalon d'or unique. Chaque pas en arrière que fait l'argent précipite en même temps sa chute. L'entrée du Mexique lui-même dans cette voie en 1905 a été un incident capital de cette transformation. Pour toutes ces causes, on voil donc, en résumé : 1° que l'essor de la production aurifère, si extraor- dinaire qu'il puisse paraître depuis dix ans, n'a pas été encore ce qu'il aurait dû être normalement si le Transvaal n'avait pas subi la perturbation de la guerre; 2 que les besoins d’or ont été, d'autre part, et resteront, pendant quelque temps encore, anormaux. Diminution de la production, augmen- tation des débouchés, correspondent nécessaire- ment à un accroissement de la valeur, qui, pour l'or, se trouve masqué par l’ensemble des phéno- mènes de lous genres au milieu desquels ce fac- teur se borne à intervenir, mais qui n’en doit pas moins être réel et qui, par ses causes mêmes, est appelé à se modifier plus tard avec la disparition de celles-ci. Si nous envisageons maintenant, tout d'abord, un avenir immédiat, il est à présumer que l'essor de l’industrie aurifère va se précipiter encore quelque temps. En dehors des États-Unis, où la mise en valeur, quoique avancée, est loin de son apogée, il y a encore beaucoup à faire dans ce sens sur loute la longeur du continent américain. La découverte retenlissante des placers du Yukon n'a été qu'un épisode dans celte série de trouvailles à laquelle on doit s'attendre. En résumé, ces champs d'or n'ont produit au total, en dix ans, que 500 millions: ce que le Transvaal produit en moins d'un an. Mais le progrès du Canada et du Mexique, par exemple, passés l’un de 5 millions à 72 et l’autre de 6 à 68 entre 1893 et 1905, montre : d’un côté, ce qu'on peut attendre de certaines régions jusqu'ici réputées inabordables; de l'autre, ce que peuvent produire les formes relativement pauvres de minerais sulfurés ou complexes, qui existent par grandes masses dans les parties profondes de nombreux gisements supposés épuisés. En Améri- que du Sud, dans la Colombie, la Bolivie et le Chili, tout est à peu près à faire. L'Australie con- tient encore d'assez grandes régions inconnues pour prêter à des découvertes. En Afrique, à côté des minerais riches qui n’ont généralement donné que des déboires, il parait exister un peu partout des masses considérables de minerais pauvres, qui prendront leur imporlance le jour où l'on pourra les traiter moins coûteusement ou extraire les métaux, tels que le cuivre, avec lesquels l'or s'y trouve associé. Enfin, l’on peut en dire autant pour toutes ces roches aurifères d’où proviennent les placers de l'Oural, de la Sibérie, de la Corée. De tous côtés, le branle est donné et, pendant une trentaine d'années au moins, on peut compler sur une production d’or supérieure à celle de ces der- nières années, ou tout au moins comparable. C'en est assez pour que les prévisions relatives à un avenir plus lointain perdent singulièrement de leur intérêt, puisque la plupart d’entre nous ont des chances de les voir se réaliser. Un quart de siècle est pourtant une courte période dans la vie de l'humanité et même dans celle d'une nation. Qu'arrivera-t-il alors plus tard? Plus tard, il sem- ble bien permis de dire, comme je me suis déjà trouvé l'indiquer en passant, que l'avenir sera de plus en plus aux minerais pauvres, ceux-ci ten- dant à leur tour assez vite à s'épuiser. La loi géné- rale qui, pour tous les minerais, conduit vers les grandes masses pauvres d’exploilation économique commence déjà à se faire sentir pour l'or. Ainsi que nous le verrons dans une autre partie de ce travail, la plus grande mine d’or du monde entier est celle de Homestake (South Dakota), qui broie, avec 900 pilons, 1.400.000 tonnes par an de mine- rai tenant moins de 19 francs d'or par tonne. La mine Treadwell, dans l'Alaska, broie, avec 540 pilons, 600.000 tonnes de minerai à 10 fr. 50 d'or par tonne. Le Witwatersrand, qui, dans une courte zone d'à peine 45 kilomètres de longueur, a pro- duit par an plus de 520 millions d’or, le fait avec - a sa? Zot +2 es * he # 2 SA L. DE LAUNAY — L'OR DANS LE MONDE ET SON EXTRACTION 50 Qt des minerais relativement pauvres, tenant parfois à peine 30 francs d'or à la tonne. On a broyé, en 4904, 8 millions de tonnes pour obtenir 397 millions d'or: soit une moyenne de 49 fr. 50 par tonne’. A mesure que les frais diminueront, la teneur moyenne s'abaissera parallèlement par l'utilisation des grandes masses aujourd'hui sans valeur. Et je ne parle ici, bien entendu, que des minerais durs, en roche,des minerais non remaniés, non soumis à une concentration naturelle préliminaire comme dans les altérations superficielles ou surtout dans les alluvions, pour lesquelles l’abaissement du prix de revient est tel qu'avec la méthode hydraulique on a pu traiter avec fruit des alluvions tenant à peine 10 à 30 centimes d'or au mètre cube et où, - plus communément, 3 francs d'or au mètre cube (4 gr.), soit 0,000.000.4% en poids, constituent une teneur bien rémunératrice. Partout ce mouvement se fait sentir; mais nulle part, peut-être,il n’est plus sensible qu'au Mexique, - ce centre classique de la produclion argentifère dans le monde. On sait comment la renaissance du Mexique, qui a débuté il y a une trentaine d'années avec l'établissement d'un régime poli- tique stable, a entrainé d’abord la reprise des exploitations argentifères sur les zones profondes et pauvres des anciens filons d'où l'ona tiré, au xvi° et au xvir' siècles, de si fabuleuses richesses. En peu d'années, le Mexique a rejoint à pas de géants, pour les chiffres de production argentifère, son grand voisin les États-Unis. Puis est venue la baisse de l'argent, et le Mexique s'est alors improvisé produc- teur d'or, allant rechercher les parties aurifères des mèmes zones métallisées ; sa produclion, insigni- fiante avant 1894, est rapidement montée en 1904 à 65 millions, à 68 en 1905, ce qui lui a permis d'abandonner l'étalon d'argent. Ce qui s’est produit pour le Mexique peut faire prévoir ce qui arrivera bientôt pour l'Amérique du Sud, quand les progrès de l'impérialisme yankee, accélérés par le percement de l’isthme de Panama, auront, sous une forme de protectorat plus ou moins déguisé, mis de l’ordre dans les Républiques sud-américaines. Ces vieilles régions de l'Amérique du Sud semblent de celles qui sont appelées au développement le plus remarquable dans un avenir prochain. Mais, en dehors de ces pays très riches, pour les- quels la prévision est facile, il est bien probable que, dans l'ancien monde, on verra quelque chose de semblable. L'Europe et l'Asie ont élé des pays aurifères; l'antiquité a connu des Californies qui 1 Il ne faut pas oublier que le chiffre moyen se trouve très relevé par quelques mines riches. La teneur moyenne des minerais broyés depuis l'origine à la Robinson a été de 93 francs, à la Ferreira de 90. s'appelaient le Pactole ou le Mont Pangée, l'Égypte ou l'Altaï. Dans tous ces pays, non seulement les alluvions, les placers, mais les parties hautes des filons ont élé enlevés; il reste les parties profondes, où exis- lent des minerais pauvres, actuellement inexploi- tables, qui peuvent devenir un jour un élément de richesse. Cela est vrai aussi pour des régions comme le Witwatersrand, où, dans une énorme série de terrains, tant de couches sont, à stricte- ment parler, aurifères. Le prix de revient ac- tuel établit seul la ligne de démarcalion entre ce qui est qualifié minerai et ce qui est réputé stérile, détermine seul la teneur limite, au-dessous de laquelle une roche est rejetée. Que l'on songe alors à la transformation produite dans le monde entier par l'invention de la cyanuration vers 1890, à cette brusque poussée qui, aussitôt après, fait remonter les courbes de production aux États-Unis et en Australie comme au Transvaal, et que l'on imagine l'effet analogue pouvant être produit par tout autre perfectionnement industriel, amenant un abaissement de quelques francs dans le prix de revient, ou simplement que l'on calcule l’abais- sement normal résultant, pour les pays déjà exploités, de tous les progrès amenés par celte exploitation même, sans parler de l'amortissement des installations, et l'on verra que la production d'or future a des chances pour être fournie par des minerais de plus en plus pauvres et, par ce fail même qu'ils sont plus pauvres, de plus en plus abondants. A ce propos, il convient, d'ailleurs, de relever aussitôt une erreur dans laquelle on tombe souvent quand on prétend tirer une conclusion géologique ou économique de la valeur minima des minerais traités par un district où par une mine el de ses variations avec le temps, quand, par exemple, on s’émeut en voyant s'abaisser la teneur moyenne des minerais dans une mine en exploitation inten- sive. On semble s'imaginer qu'il existe, dans un gisement, deux entités bien définies et absolument indépendantes l'une de l'autre, constituant : l’une le minerai, l’autre le stérile, tandis qu'en réalité le passage du minerai au stérile s'effectue par toute une série de transitions. Dans une mine quelcon- que, on rejette, sur les tas de déblais, des roches qui contiennent encore une certaine proportion du métal exploité, et seul le prix de revient économi- que établit la distinction entre les parties de la roche qu'il convient de traiter et celles qu'il faut, au contraire, rejeter. La teneur maxima du mine- rai traité est done, en grande partie, fonction du triage plus ou moins avancé qui, poussé dlex trème, aboutirait à ne passer que des minerais purs, et la teneur minima est, de son côté, limitée 506 L. DE LAUNAY — L'OR DANS LE MONDE ET SON EXTRACTION par les frais de traitement. Les comparaisons de la teneur moyenne à diverses époques n'ont donc d'inlérèt que si l'on envisage, en même temps, les quantités de minerai extraites dans un cube égal des ‘gisements, et seule la combinaison des deux facteurs quantité et teneur peut donner, à un moment quelconque, une notion sur la valeur de 0 Po Cty ANSE UF : MONTAN A Éee ro OREGON 0H * Bin hami We g Ge jura FDLORDG Deiver : A acatecas Mexico Fig. 2. — Districts aurifères du Far West américain. ce gile, que la teneur prise isolément ne caracté- rise en aucune façon. Les progrès industriels futurs dont il vient d’être queslion, progrès qu'il est logique d’attendre et de calculer dans ses prévisions, ne doivent pas néan- moins faire oublier la loi naturelle, qui amène l'épuisement rapide des giles aurifères par suite de l'attraction même qu'ils exercent et de l'ardeur exceptionnelle que l’on metà les utiliser. Quand on reprend, chiffres en mains, l'histoire des grands districts miniers aurifères, on y retrouve presque toujours les mêmes phases. C'est d'abord la péné- lration des Européens dans une région nouvelle, difficilement abordable jusque-là, séparée de la civilisation par un désert comme le Witwatersrand ou l'Australie occidentale, glacée comme le Yukon, . le Cape Nome, la Transbaïkalie, ou simplement sans moyens decommunicalions comme la Colombie britannique et la Corée. Aux Etats-Unis, par exem- ple, on voit très bien la mise en valeur minière con- quérir États après États comme une marée montante (voir la carte ci-contre). L'invasion arrive par la côte en Californie en 1848. Elle dépasse la Sierra et atteint le Nevada vers 1860 (Comstock, puis Eureka), De là, suivant un parallèle qui corres- pond au transcontinental, on passe dans l'Utah (un moment défendu par ses Mormons) et dans le Colorado, où Leadville date de 1874. En même temps, on commence à refluer vers le Nord dans la direction du Montana et du Dakola, vers le Sud dans l’Arizona. La région de Butte City, dans le Montana, date de 1876 ; mais l'exploitation de l'or en filons n'y a guère commencé qu'en 1880. Le flux continuant, les prospecteurs débor- dent alors, soit au Nord vers le Dominion, la Colombie britannique et l'Alaska (Treadwell, en Alaska, date de 1891, le Yukon de 1896, le Cape Nome de 1899), soit au Sud vers le Mexique, où l'essor de l’industrie aurifère s’est fait après 1894. C'est pourquoi il est facile de prévoir, par une appli- cation de la même loi, la mise en valeur des régions équatoriales et sud-américaines, ou, au contraire, des glaces arctiques. Dans chacun de ces pays, on voit, aussitôt après la première découverte des alluvions à or libre bien visible, facile à extraire, un « rush », un emballement, une invasion de mineurs, une pro- duction extraordinaire et déréglée, obtenue par des efforts individuels : une phase romantique, après laquelle, au bout d'un très petit nombre d'années, ces alluvions modernes étant épuisées', il faut recourir à des moyens d'action plus puissants pour exploiter plus difficilement les alluvions anciennes ou les parties hautes (elles-mêmes enrichies) des filons; les capitaux deviennent nécessaires, l'indus- trie s'organise, l'extraction subit des à-coups, baisse un peu, puis remonte, puis s'abaisse décidément quand on aborde bientôt les parties profondes des filons à minerais complexes exigeant un traitement plus délicat et plus coûteux. À ce moment, il ÿ avait ! Cette loi d'épuisement rapide des alluvions aurifères, qui vient de se manifester pour le Yukon, a été autrefois très netle en Californie. De même, en Sibérie, le distriet d'Yenisseisk était, de 1840 à 1847, le premier district aurifère du monde entier. En 1847, il produisait à lui seul 20.000 ki- logs d'or. Baissant d'année en année par l'épuisement des alluvions, il n'en donne plus aujourd'hui que 2.500. Il se meurt après avoir produit 440.000 kilogrammes d'or, soit 1,3 milliards environ. L. DE LAUNAY — L'OR DANS LE MONDE ET SON EXTRACTION 507 même souvent autrefois arrêt et abandon des mines. _ Aujourd’ hui, les procédés métallurgiques étant plus connus et plus vulgarisés, cette période critique se franchit plus facilement; elle exige pourtant de | nouveaux appels de fonds, une nouvelle orga- unisation des capitaux et ne peut, en général, se éaliser que quand les moyens de communication ont été créés. Ces chemins de fer, qui sont destinés à desservir quelques grands centres miniers, en font ‘du même coup découvrir d'autres et les rendent exploitables. Une période d’accroissement tran- quille et continu succède alors, pendant un nombre d'années plus ou moins long, aux brusques sou- resauts des débuts, jusqu'à ce que la profondeur e plus en plus grande des travaux détermine un nouvel arrêt : arrêt qu'on ne peut, d'ailleurs, jamais qualifier de définitif, puisque les progrès techniques dans l'exploitation ou dans la métal- lurgie, sans compter les demandes nouvelles du étal exploité qui peut commencer à se faire rare, mènent d'ordinaire tôt ou lard la reprise plus ou oins heureuse de toutes les anciennes mines célèbres. - Plusla méthode d'exploitation est anglo-saxonne, c'est-à-dire vise à la rémunération rapide des capi- taux sans souci de l'avenir, plus ces phases sont rapidement franchies. Le désir d'un prompt amor- tissement et de dividendes immédiats amène à ne considérer que le minerai payant du moment, le « paying ore », et à perdre pour plus tard, irrémé- iablement, des réserves de minerai plus pauvres, qui, quelques années après, auraient représenté une ressource. Aujourd'hui, quinze ou vingt ans sont une ériode assez normale de vie pour un district aurifère, cinquante ans sont presque un maximum. Si l’on veut, dans un demi-siècle, continuer l’ex- “traction aurifère sur le même taux à raison de milliards par an, il faudra donc, tous les gise- ments actuels ayant été épuisés, qu’on en ait retrouvé autant d’autres d'égale valeur dans les regions inexplorées du globe, ou que le traite- ent d'immenses quantités de minerais plus «pauvres y ait suppléé. Ce n’est pas être grand pro- “phète que de mettre en doute une semblable hypo- thèse, sinon dans un demi-siècle, au moins dans un siècle ou deux. “ Mais, comme je le disais plus haut, cette éven- tualité d’une disette d'or ainsi retardée, succédant une forte production immédiate, ne saurait avoir les mêmes conséquences économiques que si elle avait lieu de suite, sous nos yeux; à ce moment, il est probable, malgré l'accroissement continu de la population et malgré les progrès du luxe chez tous les peuples (dont la consommation croissante du diamant à des prix de plus en plus élevés est un indice si bizarre), que les besoins d’or se feront moins cruellement sentir, besoins d'or monnayé" et même besoins d’or industriel*. Il faut, en effet, s'imaginer que les échanges se régleront de plus en plus avec du papier, par virements, chèques, elc., et exigeront de moins en moins d'or; avec un métal qui s'use aussi peu, le stock accumulé pourra donc, à la rigueur, suffire. En attendant donc une disette future qui est encore loin de se produire, et pour se borner à la période présente, qui a, au contraire, toutes les chances pour être marquée par un afflux d'or énorme, on peut se demander quelles consé- quences va avoir celle production, poussée pen- dant quelques années à raison d'au moins 2 mil- liards par an : production qui, chaque année, ajoutera à nos réserves cinq fois plus d'or quil n'en restait en Europe au Moyen-Age, et qui, d'autre part, en jeltera autant dans la circulation, tous les huit ans, qu'il en est sorti de terre en trois siècles et demi entre la découverte de l'Amérique et celle de la Californie jusqu'en 1848, ou, tous les vingt-deux ans, autant qu'il en avait été extrait depuis l'Antiquité jusqu'au grand essor actuel de 1890. Cet afflux d'or constilue-t-il une surproduc- tion et entraine-t-il, par suite, les conséquences ordinaires d'une surproduction, c'est-à-dire une dépréciation du métal produit, qui, pour apparaitre moins directement ici que dans le cas d’un métal ordinaire, ne s'en traduirait pas moins par des conséquences aisées à prévoir ? Il ne semble pas en être ainsi, du moins jusqu'à nouvel ordre, et l'on a même, comme j'ai déjà eu l’occasion de le dire, relevé récemment quelques indices d'une tendance inverse, dès que la production à un peu fléchi. Une diminution de la valeur de l'or entrai- nerait, en effet, un renchérissement de loutes les matières premières. Or, celles-ei ont subi, de 1870 à 1890, une baisse continue, qui ne parait pas avoir été enrayée ensuite, malgré la brusque chute en 1900 de la production aurifère, et qui, tout en étant due évidemment à beaucoup d’autres causes (développement des relations, facilité des trans- ports, progrès industriels, commerce international), ne semble pas néanmoins compalible avec une diminution de valeur de l'or, d'autant plus que, dans le même temps, l'accroissement considérable du prix de la main-d'œuvre, attribuable à des causes politiques ou sociales, et, généralement, celui des impôts peur les mêmes raisons, sont venus contrebalancer ces progrès. ‘ C'était, on le sait,un des arguments favoris des bimétal- listes de prétendre que jamais l'or à lui seul ne serait en quantités suffisantes pour subvenir aux besoins monétaires de l'humanité. 2 Ces besoins industriels absorbent environ les deux tiers de la production. 508 L. DE LAUNAY — L'OR DANS LE MONDE ET SON EXTRACTION Un fait économique assez frappant a eu lieu depuis une dizaine d'années, où l'on voit plutôt l'indice d'une raréfaction momentanée. Jusqu'alors le taux de l'intérêt avait subi, pendant longtemps, une baisse progressive, seulement interrompue par quelque désastre comme la guerre de 1870-1871 ; e » ‘/, il était descendu progressivement à 2 1/2°/, pour la même catégorie de valeurs : ce qui tenait, en grande partie, au goût croissant du public pour les valeurs mobilières et, spécialement, pour les fonds d'Etat, substitués, comme placement, à la terre, mais ce qui correspondait également au stock croissant des capitaux disponibles. Les éco- nomistes et les hommes publics, prolongeant par la pensée ces courbes décroissantes, annonçaient alors presque lous que ce mouvement allailse con- tinuer sans arrêt en s’accélérant ; les Commissions du budget voyaient là un moyen automalique pour l'Etat d’amortir sa dette sans avoir besoin de faire des économies, et les politiciens opportunistes trou- vaient dans le même phénomène une panacée de la question sociale, le différend classique entre le capital et le travail devant disparaître de lui-même, dans un avenir restreint, par la suppression de toui capilal non appliqué à un travail industriel. Cepen- dant, la loi économique, qui semblait si bien établie. et qui a de fortes chances pour redevenir vraie dans l'avenir, vient d’être quelque peu démentie par les faits depuis dix ans, et le taux de l'intérêt, au lieu de continuer à s'abaisser, s’est relevé sen- siblement pour les valeurs mobilières autrefois réputées « de tout repos ». Là encore, comme dans tous les phénomènes économiques, les causes sont complexes et parfois difficiles à démé- ler. Il est pourtant évident que la première a été la guerre du Transvaal, par les dépenses qu'elle a occasionnées et l'arrêt dans la production auri- fère de l'Afrique du Sud, qui en est résulté. L'or, s'étant raréfié, a été plus demandé et s’est loué par suile à un prix plus élevé. Bientôt un résul- tat du même genre sera produit par la guerre russo-japonaise, par les emprunts de liquidation des deux pays, par les destructions dues à la révolution russe, par la réorganisation du maté- riel que devra s'imposer ce grand pays, par les renouvellements de matériel de guerre qu'entraine dans toule l'Europe l'attitude actuelle de l'Alle- magne. La baisse continue de l'intérêt est surtout marquée dans les longues périodes de paix à atonie industrielle. Mais, malgré les efforts louables des pacifistes, nous sommes encore loin de la paix universelle, et le geste d'un kaiser suffit à entrainer, dans les pays voisins, pour un milliard de com- mandes improductives en canons ou en cuirassés. Ce qui reste de la terre à mettre en valeur est, d’ailleurs, encore assez grand pour occuper l’activité et rémunérer les capitaux de plusieurs générations. Il y a donc peut-être quelque illusion à s'imaginer que l'intérêt de l'argent doit toujours baisser auto= maliquement el surlout continuement, au moins dans le laps de temps qui peut pratiquement nous intéresser, et il serait plus exact de dire que cette. baisse se restreint à certaines catégories de valeurs, progressivement étendues, par suile d'un change=n ment dans les goûts et les esprits presque autant. que par un phénomène économique général”; elle atteindra peut-être les fonds des grands Etats de plus en plus exotiques comme elle a atteint autre fois les valeurs françaises ou anglaises, mais il ny, a plus là qu'une relation très lointaine avec la production de l'or, donc rien qui doive ici nous occuper. © II. — RÉPARTITION DE LA PRODUCTION AURIFÈRE DANS LE PASSÉ ET DANS LE PRÉSENT. Je me suis déjà trouvé indiquer en passant quels sont aujourd'hui les principaux pays producteurs d'or dans le monde. Je vais maintenant revenir un peu plus en détail sur cette statistique pour essayer de tracer rapidement le tableau de l'industrie auri- fère actuelle et restituer à chacun des grands centres aurifères sa valeur relative, que des incidents mo- mentanés, des coups de fortune relentissants, des jeux de spéculation, ou simplement le tapage de la réclame, font trop aisément oublier. Mais ce tableau actuel ne représente (surtout avec l'extraordinaire rapidité d'évolution qui caractérise aujourd'hui les industries minières) qu'un épisode très momenlané dans l'histoire de notre industrie et, si l'on veut arriver à quelques conclusions générales, soit dans l’ordre économique, soit dans l’ordre géologique, il faut tenir compte aussi des résultats acquis dans le passé, afin de se représenter d'une facon réelle- ment exacte la distribution de la richesse aurifère sur notre globe, du moins sa distribution dans la partie de ce globe qui est jusqu'ici bien reconnue. On ne doit pas, d'ailleurs, se dissimuler que, dans les régions encore mal explorées, nous demeurons toujours exposés à quelque découverte extraordi- naire, qui viendra renverser soudain la hiérarchien élablie par l'histoire entre les anciens champs aurifères. Ainsi, en 1887, on ignorait encore l'existence de ce Las d'or si anormal du Witwatersrand, le plus hacer en tentes bent — ere Ban en Pantin © 6 Rs) D 1 Le contre-coup de certaines mesures législatives, telles que les constitutions proposées de caisses des retraites avec achat automatique et continu de rentes francaises, peut être énorme dans cet ordre d'idées, mais tout à faib artificiel et d'autant plus dangereux ; inversement, le taux de capitalisation de la terre ou des immeubles urbains tend à augmenter, leur valeur baissant à mesure que l'état social en détourne. : L. DE LAUNAY — L'OR DANS LE MONDE ET SON EXTRACTION 509 L_ considérable que l'on ait encore rencontré sur un seul point dans le monde entier et qui peut repré- _senter, dans une centaine de kilomètres carrés, au - moins 15 à 20 milliards d’or à extraire (dont 3,5 déjà pris). 2 En 1891, on ne connaissait pas Cripple Creek au - Colorado, qui a déjà donné 800 millions et en don- -nera sans doute au moins encore une fois autant. “— En 1895, on ne soupçonnait pas non plus le Yukon, qui a déjà produit plus de 500 millions et “en produira peut-être encore 3 à 400. Si nous commencons par la production actuelle “de l'or, on a déjà vu quel rapide essor cette extrac- “tion a pris depuis vingt ans. En 1882, le monde produisait 512 millions; en 1894, on en a eu 919; “1.369 en 1901 ; 1.700 en 1903; 1.758 en 1904; 1.908 “en 1905. Le tableau suivant montre la répartition approximative dans ces dernières années : TaBceau I. — Production actuelle de l'or. PAYS PRODUCTEURS 1905 1904 1903 1900 millions fr. |millions fr. [aiions fr. [millions fr Transvaal 402 À , À Guerre Rhodésia : : 23,9 314 jan.-boër Australasie 9e 439 463,8 6 407 382,6 126 129,9 90,4 94 65.43| 35 Indes britanniques . ,15 DOXD 58 | Guyanes 21, MAO. 0 à 2n, Brésil 15, Guerre } te rus.-jap.f 14,2 æ 19 19 ee 00 D Dis I ee CO COS OCR 155 Hongrie » 11,5 Colombie. 10,9 É Dans ce total de 1,9 milliards, j'ai déjà fait res- sortir la place occupée par les trois grands pays producteurs : le Transvaal, auquel on peut associer la Rhodésia, les Etats-Unis et l'Australasie, qui, à eux seuls, fournissent près des trois quarts de la « production mondiale. Mais il y a quelque inexacti- “tude à mettre en parallèle des continents entiers, comme l'Australasie ou les Etats-Unis, aux districts . miniers très nombreux et très divers, avec tel petit “pays, ou surlout tel centre de production localisé comme le Wilwatersrand, qui, sur une cinquan- taine de kilomètres de longueur, fournit à lui seul presque tout l'or de l'Afrique Australe ; et, quand on tient compte de cette remarque, la richesse de ce centre d'exploitation, qui à lui seul rivalise avec tous les autres et les dépasse, paraît encore plus surprenante. De même, la division de l'Amérique du Sud en nombreuses républiques fausse sa com- paraison avec l'Amérique du Nord. Si l'on groupe toute l'Amérique du Sud, on trouve, en 1903, 71 mil- lions contre 382 aux Etats-Unis. Nous allons bientôt parcourir, les uns après les autres, les divers continents ‘pour donner, dans chacun d’eux, la répartition entre les pays et les districts aurifères. Mais, auparavant,mettonsencore en évidence la prééminence de quelques grands centres miniers, qui viennent dans l’ordre d’impor- tance aussitôt après le Witwatersrand. Tandis que le Wilwatersrand atleint aujourd'hui environ 520 millions, le district de Kalgoorlie, dans l'Australie Occidentale, a dépassé un moment 107 millions en 1903, pour baisser ensuite; celui de Cripple Creek au Colorado a alteinl83,2 millions en 1904, dont 13,5 pour la seule mine de Portland. Le Yukon a encore produit 52,5 millions en 1904, après êlre arrivé à 90 en 1900. Le district du Cape Nome, sur la mer de Bering, a donné, ces dernières années, environ 26 millions par an. La mine de Homestake, au Dakota, produit 26 millions par an, et Gelden Reward, à côté d'elle, 6 millions : la mine de Treadwell, dans l'Alaska, 15,6 en 1904; la mine Waihi, en Nouvelle-Zélande, 15 millions en 1904: la Guyane française 12 à 15 millions ; la mine El Oro, au Mexique, 12 millions ; Mount Morgan, au Queens- land, 10 millions; le district de Butte City, au Mon- tana, 7 millions; la Côte-d'Or africaine, 6 à 7 mil- lions. Préciser davantage et comparer telle mine à telle autre serait assez illusoire dans l’ordre d'idées général et théorique qui nous intéresse seul en ce moment, puisque tel distriet, comme le Witwa- tersrand, a été morcelé en de très nombreuses con- cessions, jouant le rôle d'autant d'unilés particu- lières, landis qu'ailleurs toute l'exploitation d'un district est beaucoup plus judicieusement restée concentrée en une seule main. 1. Afrique. — En Afrique, le principal centre de production aurifère, qui est aussi le premier du monde, est celui du Witwatersrand (ou Rand), près de Johannesburg, découverl seulement en 1857. Le développement naturel de l'industrie en ce point s'est trouvé faussé, pendant plus de cinq ans, par une guerre néfaste de deux ans et demi. D'août 1899 à mai 1905, on n'a fait que réparer les dommages causés par l'annexion anglaise et revenir au même chiffre de production globale. C’est comme si le district était plus jeune de cinq ans: Malgré cela, il existe aujourd'hui, en ce point, une industrie qui, avec 17.000 pilons et 253.000 hommes (190.000 noirs, 46.000 Chinois, 17.000 blanes), a broyé en 1905 envi- ron 10 millions de tonnes de minerai pour produire 492 millions d'or. Les autres districts annexes du Transvaal portent le Lotal à 520 et la Rhodésia à 550. Avec les progrès techniques chaque Jour réalisés et la mise en valeur prévue de toutes les 510 L. DE LAUNAY — L'OR DANS LE MONDE ET SON EXTRACTION mines déjà reconnues, le jour où la main-d'œuvre ne fera plus défaut, on est en droit d'attendre, bientôt, une production annuelle de 800 millions. À côté de ces chiffres, tous les autres districts aurifères de l'Afrique font mince figure. Quelques- uns ont cependant joué un rôle important dans l'histoire. Sans parler des mines égyptiennes, qui ont dû fournir une grande partie de l'or utilisé par l'Antiquité, il est certain que la Côte-d'Or a exporté, depuis plusieurs siècles, des quantités d'or allu- vionnaire impossibles à évaluer, mais qui, vraisem- blablement, doivent dépasser ? milliards. Les nombreuses tentatives failes depuis dix ans pour mettre en valeur les gisements primitifs, source originelle de ces placers ouest-africains, ont fourni une preuve nouvelle, après beaucoup d'autres, de l'illusion que l’on subit quand on s'imagine, avec des procédés industriels perfec- lionnés, devoir nécessairement obtenir des résul- tats brillants sur des gisements d’or exploilés depuis des siècles par les indigènes. Après beaucoup de tapage et beaucoup de débàcles, l'Ouest-Africain arrive péniblement à produire 7 millions par an. Unautrecentre aurifère d'Afrique, au sujet duquel l’imaginalion s'est également donné libre carrière, est notre colonie de Madagascar, qui semble enfin sortir des difficultés causées par les trop grands enthousiasmes du début. La production, qui était de 3,58 millions en 1900, a été de 5,85 en 1903. Enfin, dans les prévisions d'avenir, il faut, sans doute, faire entrer les vastes régions de l'Afrique cen- trale, aux très nombreux minerais de fer et de cuivre produits par des oxydations de pyrite, dans lesquels il serait bien étonnant qu'on ne découvrit pas un jour ou l’autre quelques belles parties aurifères. 2. Amérique. — La région ouest de l'Amérique offre, d'une extrémité à l’autre, du détroit de Be- ring à la Terre de Feu, dans la zone de plissementset d'éruptions récentes qui contourne l'Océan Pacifi- que, la traînée la plus remarquablement métallisée etsurtout la plus métallisée en mélaux précieux qu'il y ait au monde. L'importance relative des deux con- tinents nord et sud n’a pas toujours été la même. Après êlre demeurée pendant trois siècles la source de l’or comme de l'argent, l'Amérique du Sud n’a plus eu, au cours du x1x° siècle, qu'une importance très restreinte, tandis que les Etats-Unis, puis le Canada, prenaient un essor bien connu. Mais l’équi- libre est peul-être destiné à se rétablir, et peut-être même la bascule à se renverser un jour, quand les Républiques de l'Amérique du Sud auront, sous la pression des Américains du Nord, pris le développe- ment général dont le Mexique leur a donné l'exem- ple. L'Amérique du Sud en est restée, comme l'avait fait longtemps le Mexique, à celte phase cri- surface, il faut commencer à élaborer avec plus de peine les minerais pauvres de la profondeur. Quand on sera entré résolument dans celle période nou- velle, il est permis d'espérer, pour les mines Sud- Américaines, un beau relèvement. Si nous parcourons rapidement du Nord au Sud la longueur du continent américain, nous trouvons d'abord, à l'extrême Nord, sur la mer de Bering, le Cape Nome, gisement alluvionnaire très fameux en ce moment, parce que sa découverte date seulement de la fin de 1898, mais dont, par une remarque que nous aurons à renouveler pour tous les gites d’allu- vions, l'existence industrielle ne pourra manquer d’être très brève. Au Cape Nome, les alluvions litto- “ales ont été enlevées en trois ans, et l'on travaille aujourd'hui dans les alluvions gelées des placers intérieurs, qui donnent environ 26 millions par an: Le district minier important le plus voisin du Cape Nome en est à quelque onze cents kilomètres, déjà dans le Dominion, quoique à la frontière dem l'Alaska, près de Dawson Cily, dans le Yukon (Klon- dyke). La richesse des placers du Yukon, qui a paru un moment fabuleuse, n'a eu, comme il élait aisé de le prévoir, que la durée d’un feu de paille. Découvert en 1896, ce gite tend déjà très vile à son épuise- ment, au moins en ce qui concerne les gites d'allu= vions, qui ont seuls fourni des résultats jusqu'ici: Après être monté à 90 millions en 1900, on est tombé à 59 en 1903; 52,5 en 1904. C'est pourtant 500 à 550 millions qui sont sortis de là au total, dont 300 des seules criques Bonanza et Eldorado, aujourd'hui épuisées ; mais ce chiffre, si élevé qu'il semble, représente seulement l'extraction d'une année au Witwatersrand et l’on fait peut-être là mesure large au Yukon en évaluant à un milliard la quantité d'or utilisable qui pourra en être extraite dans un temps restreint, malgré les exploitations en grand sur le point d'êlre organisées. Il faut encore sauter 700 kilomètres pour trouver, sur la côte de l'Alaska, dans l’île de Douglas, le gite fameux de 7readwell, découvert en 1881, où une exploitation intensive travaille, à raison de 900 pi lons, sur des masses considérables de minerais par ticulièrement pauvres (9 fr. 50 à 10 fr. 50 par tonne) dont on broie 5 à 600.000 tonnes par an, avec un rendement qui a été de 15,6 millions en 190%. La région prospère de la Colombie hritanniquen est à 1.400 kilomètres au Sud, vers la frontière dess Etats-Unis, dans les deux centres de Boundary el Rossland. Sa production, de date très récente, est. | montée, en 190%, à 32,5 millions. Encore un millier de kilomètres et nous attei” gnons la région de la Californie : assurément l'une L. DE LAUNAY — L'OR DANS LE MONDE ET SON EXTRACTION 511 ais aussi la plus étendue. Le fameux Mother-lode, à l'Est de San Francisco, a 120 kilomètres de lon- gueur, et d'autres filons parallèles le prolongent Lencore vers le Nord. Découverte en 1848, la Cali- 1901. Il peut en être sorti, en un demi-siècle, à peu près 7 milliards. … Cependant, la décroissance a été très nette depuis e grand essor de 1853 jusqu'en 1891; en 1853, 336 millions; en 1860, 233; en 1868, 114; en 1880, 1: en 1891, 63,2. Dès 1860, toutes les alluvions cenles ont été épuisées; puis les placers anciens nt été aussi en grande partie. Depuis ce mo- ment, l’exploitation de plus en plus active des filons a amené un relèvement progressif : 86,9 en 1902; 106,1 en 1904; aujourd'hui, on travaille jusqu'à 650 mètres de profondeur. «Dans la production nord-américaine, la Californie, ii à fourni jusqu'ici le lotal de beaucoup le plus nsidérable et l'exploitation la plus continue, rde encore, au bout de soixante ans, sinon la place prééminente, du moins un second rang assez wisin du premier. C’est, jusqu ici, avec la province Victoria, en Australie, et le Witwatersrand, région où l’on a vu les gisements d'or se pour- ivre avec le plus de régularité aux grandes rofondeurs (1.500 mètres dans le groupe de Ben- Mais d'autres États, plus nouvellement mis en valeur, prennent un rôle de plus en plus notable dans l'extraction aurifère des États-Unis, dont la Californie ne donne que le quart (Tableau Il). ve LA Il h U II. = Répartition de la production aurifère aux États-Unis (en millions de francs). . PAYS PRODUCTEURS 1900 1901 1902 1903 143,98 117,20 d'A IS 82.26 | 87,82 | 87,30 | 83,72 49,48 | 35,11 | 43,36 | 44,17 SE SEE 32,13 | 33,69 | 32,35 | 35,46 A 24,44 | 24,64 22,72 | 22,67 MENTON MATE DES 7 | 20,5% | 19,08 | 18,66 | 19,20 10,40 15,59 15,02 17,62 - TO ,94 9,72 8,16 415,69 382,6 Le premier de ces États est aujourd'hui le Colo- rado (147,3 millions en 1902: 116,6 en 1903; 134,5 en 1904), grâce au grand centre de Cripple- ïreek, découvert en 1891 et remarquablement déve- oppé depuis quelquetemps, malgré une profondeur |les travaux qui atteint 300 à 500 mètres. De 1891 à 1894, on à produit là environ 33 millions par an; en 1897, 69 millions ; en 1903, 67,6 millions; en 1904, 83,2 millions. Au total, il a pu sortir de ce , district, jusqu'à la fin de 1905, environ 800 millions et les gisements sont loin d’être épuisés. L'une des priscipales mines est celle de Portland, qui donne à elle seule environ 13,5 millions par an. Cripple-Creek est, d’ailleurs, loin d’être le seul centre au Colorado. On exploile, depuis 1880, les filons du comté de Gilpin. Les grands gisements de plomb argentifère de Leadville fournissent, en même temps, de l'or (10 millions de 1877 à 1884, mais beaucoup plus dans la suite), etc. Parmi les autres États productifs des États-Unis, il faut faire encore une large place au Dakota, avec ses riches mines des Black Hills, Homestake et Golden Reward. La mine de Homestake, qui à elle seule possède 900 pilons, traite, par an, 1.400.000 tonnes de mine- rais pauvres tenant en moyenne 18 fr. 72 d'or, soil un produit brut d'environ 26 millions par an. C'est, comme chiffre de minérais traité, la première du monde, et l’extraction, qui a élé toujours crois- sant, date au moins de 1890. J'ai dit également que Golden Reward produit 6 millions. Dans le Montana et l'Utah, une production d'or assez notable est obtenue par le raffinage des abondants minerais de cuivre de Butte City (7 mil- lions) et de Bingham. La production aurifère du Montana a passé par une série de flucluations : 2% millions en 1876; 13 millions en 1882; 27 mil- lions en 1887; 17 millions en 1890 ;15 en 1891.Jus- qu'en 1880, on n'exploitait guère que des placers. Aujourd'hui, la presque totalité de l'or vient des minerais cuprifères de Butte (7 millions en 1904). Enfin, si l'on veut se faire une idée juste de la répartilion géologique de l'or dans un pays où la vie des mines est aussi courte qu'aux États-Unis, il ne faut pas oublier d'anciens districts, tels que ceux du Nevada, dont le rôle estaujourd'hui achevé. Le fameux Comstock a produit, depuis 1860, envi- ron À milliard de franes d'or et 1,4 milliards d'ar- gent, avec un seul filon de 3 kilomètres de longueur. Dans des proportions beaucoup plus res- treintes, Eureka a produit, de 1869 à 1883, 100 mil- lions de francs d'or et 200 millions d'argent. Au total, on estime que la production des États- Unis, de l’origine à 1905, a pu être d'environ 14,325 milliards. La renaissance minière du Mexique est assez récente et surtout le développement de la produc- tion aurifère ne date que de quelques années. J'ai déjà rappelé plus haut le rôle joué dans le passé par ce pays, où les minerais riches argenti- fères élaient tellement abondants. La nouvelle phase industrielle a commencé avec le traitement 512 L. DE LAUNAY — L'OR DANS LE MONDE ET SON EXTRACTION des minerais pauvres, exploités aujourd'hui par grandes masses, et, en même temps, le Mexique a commencé à devenir un producteur d’or de plus en plus important. La production mexicaine a passé de 3,2 millions en 1890, à 42,9 millions en 1899 ; 48,7 millions en 1900; 65,4 en 1904; 68,2 en 1905. La plus grande mine est celle d'El Oro, exploitée depuis 1898, qui produit aujourd'hui environ 12 millions par an. Quand on passe à l'Amérique du Sud, il faut, comme je l'ai déjà remarqué, envisager moins la production actuelle assez faible que les résultats tout autres obtenus dans le passé, auxquels vien- dront sans doute s'ajouter ceux de l'avenir. La Colombie a produit, de 1537 à 1902, 4.550 mil- lions. Actuellement, on reste entre 12 et 12 mil- lions par an. Le Venezuela a donné, de 1866 à 1900, environ 280 millions. Le Pérou, depuis 1533, a produit environ 600 millions. Le Chili, depuis Tagzeau III. les États-Unis, dont le dépilage industriel est cer- tainement plus avancé, on voit que, contrairement, aux apparences premières, l'or parait avoir été assez équitablement réparti entre l'Amérique de. Nord, l'Amérique du Sud et l’Australasie. on Dans cette production de l'Australasie, les gros chiffres ont élé fournis par les vieux districts de Victoria; mais ceux-ci ont déjà un demi-siècle d'existence (depuis 1856), ce qui est beaucoup pour des mines anglo-saxonnes, et s'épuisent visible= ment, La forte production de l'Australie n'a été" maintenue, dans ces derniers temps, que grâce au nouveaux districts de l'Australie occidentale, décou verts en 1893, el spécialement à celui de Kalgoorliehs Le fléchissement acluel de celte région se Ne. aussitôt senlir pour l’ensemble (Tableau II). L'Australie occidentale a produit, en chiffres” ronds, 20 millions en 189%; 22 millions en 18954 27 millions en 4896 ; 65 millions en 1897; 101 mil» : 2: — Production aurifère de l'Australasie de 1900 à 1904. 4 AUSTRALASIE 1900 1902 1903 43.990 kgs 52.982 kgs N 54.922 kys | Victoria (Bendigo, allar: it, etc.). 23.365 22149 22.42 23.867 Queensland (Mount Morgan, etc) 21.028 .612 9.922 20.794 Nouvelle-Zélande {Waihi, etc.) . : 10.541 2.842 4.2 4.922 Nouvelle-Galles du Sud . . 8.747 1 6.746 5.015 905 Tasmanie. DAMES 22915 2.161 2-2 863 | Australie du Sud . RUE ARTE 603 683 597 659 Australie del'Ouest( Ki ilgoorlie,etc.) 116.984 kgs 22,748 kgs 134.232 kgs Total. de: 110.589 kgs — 380.917.666 fr. — 402.944.000 fr. 21 95. 000 fr. — 462.353.000 fr.|— 449.100. 000 fr] ! lions en 1898 ; 157 millions en 1899 ; 151 millions en 4900;182 millionsen 1901 ; 200 millionsen n | 1543, a donné un peu plus d’un milliard. Actuelle- ment, on reste entre 2 et 3 millions. La Guyane francaise a produit environ 300 mil- lions et les Guyanes anglaise et hollandaise envi- | ron 300 millions à elles deux. En 1900, la partie française complait 7,1 millions 226 millions en 1903; 212 millions en 1904: a total 4.360 millions. r * Dans celte province, on avait d'abord trouvé pour contre | autour de Coolgardie, des filons à or visible d'appas 10,98 millions pour la partie anglaise. Actuellement, le rapport est tout à fait renversé : 15 millions dans la Guyane francaise, el la Guyane anglaise est retombée à 7 millions. Au Présil, l'exploitation, commencée en 1693, touche à 4 milliards. Très élevée au xvine siècle, la production était beaucoup tombée ; elle remonte actuellement à environ 43 millions. on a dépassé Une addition très sommaire montre que l'Amé- rique du Sud a dû produire, de 11 milliards. depuis l’origine, plus 3. Australasie. — Le chiffre pour l’Australasie, depuis la découverte de ses gisements en 1851, est d'à peu près 13,2 milliards, el, comme nous avons trouvé 14,32 milliards pour auquel où arrive rence très riche, qui ont singulièrement déçu les espérances. Les résultats pratiques ont été obtenus pe le grand district de Kalgoorlie (Coolgardié Est), dont le développement date surtout de 1898 (25.700 kilogs d'or en 1899; 25.563 kilogs en 1900: 29.140 kilogs en 1901 ; 31.335 kilogs en 1902; 35.800 kilogs en 1903), avec des minerais, qui, en 1899, | tenaient moyennement 52 gr. d'or par tonne. Au, total, Kalgoorlie a pu produire 850 à 900 mil lions. La province de Victoria a tenu longtemps le premier rang jusqu’à la découverte de l'Australi® occidentale. On montait, en 1899, à 5,3 milliards (1.786.000 kilogs). Les deux districts les plus fameux sont celui de Bendigo, où l'on a dépassé aujourd'hui 1.300 mètres de profondeur, et celui de L. DE LAUNAY — L'OR DANS LE MONDE ET SON EXTRACTION 513 | Ballarat. Le groupe de Bendigo avait déjà produit, 1 en 1892, 1,5 milliards (466.000 kilogs). | | Dans le Queensland, l’une des principales mines est celle de Mount Morgan. La Nouvelle-Zélande avait produit, jusqu’en 1892, 114.200 millions d'or (375.000 kilogs). Les spécula- | tions de 1895-1896 ont amené l'arrêt de beaucoup | de mines. On cite cependant la mine Waihi comme l ‘ayant produit, en 1904, environ 15 millions. nn 4. Eur-Asie. — Si nous passons maintenant au | vieux continent d'Asie, dont l Zurope n'est géogra- Mphiquement qu'une annexe, il y a eu là certainement, à des époques anciennes, des richesses aurifères importantes, dont on peut se faire une certaine idée par les accumulations de bijoux en or que L'on a retrouvés dans les sépultures de l'Egypte et Me Mycènes, et par tous les objets précieux qui ont L:: s'enfouir dans les trésors des princes orien- Maux. L'Altaï, par exemple, a pu être considéré comme la plus ancienne source de production auri- ère dans le monde. Mais les placers de l'Asie cen- trale, du Pactole, du mont Pangée, de l'Inde, de la ombardie, de la Gaule sont, depuis des siècles, “épuisés, et les gisements pauvres dont ils prove- Lnaient n’ont, en général, pu donner lieu jusqu'ici n à aucune exploitation moderne de quelque intérêt. LLa production aurifère du vieux monde est donc, en dehors du seul district de Mysore, dans l'Inde, presque exclusivement fournie par les régions de J'Asie septentrionale, où l’homme civilisé n'avait “pas anciennement pénétré : c'est-à-dire, dans Mlordre de découverte géographique, par l'Oural, après 1814, puis, après 1829, par la Sibérie occi- …dentale et, plus récemment, par la Sibérie orien- tale, la Transbaïkalie, la province de l'Amour, la “Corée, qui, dans ces dernières années, ontremédié Là l'épuisement progressif, d’abord de l'Oural et de PAltaï, puis de l'Iénisséi et même de la Lena. Pour l'avenir, il est peut-êlre permis de compter sur les pays dont, soit une civilisation vieillie trop diffé- | rente de la nôtre, comme en Chine, soit une irré- bmédiable barbarie, comme en Turquie, ont em- 1 pêché l’essor récent. On estime qu'au total l'Oural a produit, depuis 1814, environ 1,4 milliards (450.000 kilogs) et la : Sibérie, de 1829 à 1905, 5,27 milliards (1.700.000 kilogs). En Corée, il faut citer surtout les mines Oriental Consol, du district de Wunsan, momentanément V arrêtées par la guerre russo-japonaise. Le Japon, } qui continue, sur le bord ouest du Pacifique, la | trainée éruptive des Etats-Unis et du Mexique, fournit également un appoint assez sensible. | Aux /ndes britanniques, la production, continuel- lement accrue, atteint aujourd'hui près de 59 mil- Sr ee -S lions par an : les deux tiers de l'or obtenu venant des deux mines de Champion reef et de Mysore. Enfin, la Hongrie reste en Europe le seul centre de production sérieux, avec une extraction qui, depuis bien des années, oscille autour de 3.000 kilogs, soil 10 à 11 millions, et qui, au total, a dû atteindre, depuis l'origine, 2,5 milliards. Si nous essayons, pour l'Asie et l'Europe, un calcul de totalisation analogue à celui qui a été donné pour les autres continents, on voit que nous atteignons probablement aussi 11 à 12 milliards. 5. Origine du stock d'or mondial. — En résumé, on estime qu'il a élé produit, de 1500 à 1848, par l'Amérique du Sud, l'Afrique, la Russie et la Hon- grie, environ 15 milliards et demi. De 1848 à 1889, après la découverte de la Californie et de l’Austra- lie, on a extrait, en outre, 24 milliards, et, de 1889 à 1906, après la découverte du Transvaal, environ 20,56 milliards, soit un total de 60 milliards d'or, ou, approximativement, 17.600 tonnes. Le tableau suivant donne, en chiffres ronds, la part prise, jusqu'au 1‘ janvier 1906, par les princi- paux pays producteurs dans ce total : BAS US rene eu na ee Ce 14,325 (Californie, 7 milliards; Cripple Creek, 0,8; Yukon, 0,5. ATISLTALAS IPS RE CE 2 = eh 13,130 (Victoria, 6,5 milliards; Australie occidentale, 1,4.) Russie (Sibérie et Oural) . . . . . . . 6,30 COMTE EN ET CR 4,59 BTE EU ns et mass A 3,80 NTIQUENAUTSUTEEN SR MEN OR 3,57 OuestaMCun REC CE Cie 2,00 BUIRICHE HONTE ER CCR CE 1,765 Mexique 204%: 0 Re 0e 1,47 Crea Elo QUE Aoine AE ENE 1,30 CONILENS ERP SP DS ET CE 1,00 CDIMElP UOTE NEA RTC 1,00 PDO ES va NN ER ER Re TM 0,62 GUVIRENTANCHISE ES ER 0 0,31 NÉREZHEIAM UE TU CU Ce 0,29 Guyanes anglaise et hollandaise. . . . 0,2% Totale encre 52,110 La différence entre les deux chiffres, auxquels nous arrivons ainsi, tient, soit aux pays non men- tionnés dans le tableau précédent, comme l'Amé- rique centrale, elc., soit aux approximations assez vagues de certaines statistiques anciennes. Enfin, si, pour terminer ce sujet, nous cherchons quelle est la part actuelle de la France dans la pro- duction aurifère, nous trouvons environ 22 millions par an, dont 15 en Guyane, 6 à Madagascar, plus une certaine production en Annam, ou même aujourd'hui en France (la Lucette dans la Mayenne}. Dans un second article, nous étudierons la géo- logie et l’extraction industrielle de l'or. L. de Launay, Professeur à l'Ecole supérieure des Mines. 14 D' J. MEURICE — LES PROPRIÉTÉS DE LA STOVAÏNE LES PROPRIÉTÉS PHARMACODYNAMIQUES ET THÉRAPEUTIQUES DE LA STOVAINE L'application de l'anesthésie locale est, comme on le sait, d’une utilité incontestable, au point qu'on ne peut s’en passer pour nombre de praliques de la Chirurgie courante. Il est notoire, aussi, que l'un des composés les plus largement employés dans ce but est la cocaïne, et vouloir rappeler ici les multiples indications auxquelles répond ce précieux alcaloïde serait évidemment superflu. Médecins, chirurgiens et spécialistes l'utilisent dans les cas les plus variés; mais, même à doses réduites et malgré toutes les précautions prises, la cocaïne possède une toxicité réelle, bien qu'in- constante, provoquant, chez certains sujets à sus- ceptibilité individuelle impossible à prévoir, une sé_ rie de troubles, — vomissements, faiblesse, päleur, dyspnée, convulsions, — exposant parfois le patient à de réels dangers. De là l’idée de substituer à la cocaïne un composé qui, lout en étant doué de propriétés analgésiques suffisamment profondes et durables, se trouvät en même temps dénué de lous les inconvénients de la cocaïne, du moins pour les doses thérapeuliques actives. Nombreuses furent les recherches orientées dans ce sens, el c’est ainsi que successivement ont été prônées l'holocaïne, l'eucaïne «, l’eucaïne 6, la tropacocaïne, la nirvanine, l’anesthésine, tous corps présentant, il est vrai, de sérieuses propriétés analgésiques, mais ne fournissant point encore satisfaction entière aux praticiens. Or, en ces derniers temps, on a beaucoup vanté un nouvel anesthésique local, la stovaine, et, d’après les essais qui en ont été faits jusqu'à présent, il y aurait lieu de s'y intéresser, car il présenterait comme principal avantage une toxicité beaucoup moindre que celle de la cocaïne. Nous nous proposons donc d’étudier ici les pro- priétés pharmacodynamiques et thérapeutiques de la stovaine, de facon à pouvoir l'apprécier à sa juste valeur. Découverte en 1903 par M. Fourneau, chimiste francais, la stovaïne, produit de synthèse, est une substance cristalline incolore, parfaitement soluble dans l'eau el se présentant sous l'aspect de lamelles douées d'un vif éclat. Ce corps s'obtient par l'action de l’éthylo-bromure de magnésium sur la diméthylaminoacélone. Au point de vue chimique, c'est exactement le chlorhydrate de l'«-diméthyl- amino-6-benzoylpentanol où chlorhydrate d’amy- léine, répondant à la formule complexe : CH?,C (CH) (0,CO.C‘I).CH.Az (CH°}.HCL. lement, au bout de deux à trois minules, la para Les solulions aqueuses de slovaïne résistent très bien à l’action de la chaleur et peuvent, de chef, être stérilisées par ébullition, car ce n'est. qu'à 120° C. que ce produit se décompose. L'action physiologique de la stovaine peut se dé doubler en action locale eten action générale. No étudierons donc séparément ces deux actions. “ip © pti Se I. — ACTION LOCALE. bent La solulion aqueuse de stovaine détermine locas lysie des terminaisons nerveuses sensitives, qu'elle soit injeclée sous la peau ou bien déposée à a surface des muqueuses. Mais deux particularités la différencient déjà à ceLégardde la cocaïne : D'abord au lieu d'exercer l'action vaso-constrictive de celles les expériences de H. Braun, de Leipzig, d’une certaine irritation locale provoquant une doule est plus concentrée. Abstraction faite de ces différences, la question qui se pose immédiatement est la suivante, puisqu'il à la cocaïne. | Comme le dit P. Reclus lui-même, il est assez difficile d'évaluer, d’une facon exacte, la plus où moins grande puissance analgésique d'une subs= tance donnée; on ne dispose pas, en effet, de mé= thodes permettant de mesurer la douleur, laquelle," d'ailleurs, quoique pouvant être de même intensitéy, est souvent appréciée différemment par des sujets différents. Toutefois, voici un procédé imaginé pan ce clinicien, qui peut renseigner sur la valeur anes= thésique comparée de la stovaïne : On choisit une opéralion où il est nécessaire de praliquer un D' J. MEURICE — LES PROPRIÉTÉS DE LA STOVAÏÎNE 51 © longue incision cutanée, par exemple l'extirpation d’un long segment d’une veine variqueuse ; on pro- yoque d'abord, par injection, l'analgésie de la sur- face sur laquelle portera l'incision, une moitié à la stovaïne, l'autre moitié à la cocaïne, délimitant “ainsi en deux parties distinctes le champ d'action de ces substances. Il sera dès lors facile de demander à l’opérési la section de la peau a réveillé une sen- sation plus ou moins marquée dans l’une ou l’autre portion. L'éminent chirurgien, qui, à différentes 4 a institué celte expérience, en arrive à cette conclusion : à part quelques nuances lé- E. et si fugitives qu'elles se contredisent d'une “opération à l'autre, la cocaïne et la stovaïne pos- èdent absolument la même puissance analgésique, “ioutes les deux abolissant au même degré la sen- ation de la douleur. Donc, pour ce qui regarde lanesthésie, la stovaine vaut la cocaïne, fait qui montre la confiance que l’on peut accorder à l’effi- “cacité de ce médicament. Cependant, disons-le dès à présent, pour obtenir, dans les mêmes condi- ions, le même degré d’analgésie, il faut employer D. quantité plus grande de stovaïne que de co- Wéaine; là où P. Reclus employait, pour la cure adicale de la hernie, par exemple, 10 à 14 centi- grammes de cette dernière, il emploie 16, 18 et même 20 centigrammes de stovaïne; mais, nous le | justifie parfaitement l'usage de pareilles doses. Quant à la durée de cette analgésie, elle est sen- »siblement la même que celle de l’analgésie cocaï- nique, peut-être un peu plus courte. II. — ACTION GÉNÉRALE. Examinons à présent cette deuxième action, et par là même abordons un point non moins inté- ressan!, qui est celui de la toxicité du nouveau | - médicament. | S 4. — Toxicité. | Avrai dire, l’action toxique de la stovaïne n’a pu |encore être bien déterminée chez l'homme, parce bque, procédant par comparaison, on s’est entouré bpour la manier de toutes les précautions néces- “saires, que l’usage de la cocaïne avait fait con- maître, bénéficiant ainsi d'un manuel opératoire | d'une rigoureuse précision et ne sortant pas des Mimites des doses inoffensives ; de sorte que l'étude | des troubles physiologiques que peut déterminer chez l'homme l'administration d'une dose trop forte de stovaïne n’est point encore élucidée. Par contre, l’expérimentation du laboratoire, consti- tuant toujours en matière de Pharmacodynamie la | base de nos connaissances, compense largement le manque des données cliniques. Les expérimenta- verrons plus loin, la toxicité plus faible de ce produit | teurs qui se sont surtout occupés de l'étude phar- macodynamique de la stovaine sont : MM. Launoy et F. Billon, Pouchet et Chevalier; les résultats de leurs expériences peuvent fournir aux cliniciens des indications nettes et précises relativement au mode d’action de ce médicament sur les différents appareils. Administrée au cobaye en injection sous-cutanée et intra-péritonéale à la dose de 0 gr. 18 à 0 gr. 20 par kilog d'animal, la stovaïne détermine la morten six à huit heures. Chez le chien, dont le système nerveux est beaucoup plus impressionnable, elle est mortelle à raison de 0 gr. 10 à O0 gr. 12 par kilog, en injection. intra-veineuse ; ce qui revient à dire qu'elle est environ deux fois moins loxique que la cocaïne. Il est intéressant de noter que l'absorp- tion de ce médicament se fait d’une facon fort rapide, et qu'il n'y a pour ainsi dire pas de diffé- rence entre la toxicité par voie intra-veineuse, par voie intra-périlonéale et par voie sous-cutanée, du moins en ce qui concerne le chien. Pour exprimer plus nettement son degré de toxicité, si nous repré- sentons par 1 la dose mortelle de chlorhydrate de cocaïne, celle de la stovaïne sera représentée par 2. De même, si nous représentons par 1 la dose mini- male de chlorhydrate de cocaïne produisant des symptômes d’intoxicalion, celle-ci sera représentée par 3 pour la stovaïne. Inversement, la toxicité du chlorhydrate de cocaïne étant 1, la toxicité de la stovaïne sera 1/2 ou 1/3; c’est-à-dire qu'il faudra en donner 2 ou 3 fois plus pour atteindre la même toxicité. $ 2. — Tableau de l'intoxication. Si nous détaillons le tableau symptomalologique de l'intoxication stovainique, nous voyons que, d’après les expériences des auteurs précités, il y a deux formes distinctes : l’une, la forme comateuse, plutôt propre aux herbivores, le cobaye par exemple; l’autre, la forme convulsive, qui se retrouve surtout chez le chien. 1. Forme comateuse. — Après l'injection d'une dose toxique, mais non mortelle, de stovaïne, l’ani- mal (cobaye) présente d’abord une agitation passa- gère peu marquée (période d'excitation), à laquelle fait bientôt suite un affaissement presque complet (période de dépression). L'analgésie est totale : l'animal ne répond plus aux excitations; toutefois, on ne peut dire qu'il est frappé de paralysie; seuls les mouvements volontaires sont un peu plus lents. En même temps, on voit la température baisser de 4°, 5° et même 6° pendant les quelques heures qui suivent l'injection. Cet état persiste pendant six à huit heures, puis les animaux reviennent progres- sivement à la normale et se rétablissent. Cette 516 D: J. MEURICE — LES PROPRIÉTÉS DE LA STOVAÏÎNE forme d'intoxication est rarement mortelle; cepen- dant, dans certains cas, les animaux sont tardive- ment pris de convulsions et meurent au cours d'une crise convulsive. 2. Forme convulsive. — Prenons, pour mieux fixer les idées, l'exemple d’un chien de 15 kilogs environ, auquel on a injecté 0 gr. 20 de stovaïne en solution à 4 °/,, soit 20 centimètres cubes. Tout d’abord, l'animal présente de la gène respiratoire, et parfois même un arrêt complet et passager de la respiration. Laissé libre, il titube; bientôt il est pris de vomissements, puis se couche, car il pré- sente de la faiblesse et même de la paralysie du train postérieur. Quelques minutes après, il est pris d'une secousse généralisée, avec mouvements ambulatoires violents; surviennent ensuite l’opis- thotonos et des convulsions franchement toniques qui marquent la fin de la convulsion proprement dite. L'animal reprend sa respiration, qui devient ample, profonde el précipitée. Il cherche alors à se relever; le train postérieur est paralysé, l’incoor- dination motrice est manifeste, et il exécute pen- dant quelque temps des mouvements désordonnés; enfin, il parvient à se dresser sur ses pattes et à marcher plus ou moins franchement. Une salivation intense marque la fin de cette période; l'animal se remet alors progressivement. Si l’on continue les injections intra-veineuses, par doses de 0 gr. 20 à intervalles d’un quart d'heure, on voit, à la fin de chaque injection, se reproduire une crise convul- sive du même genre que celle qui vient d'être dé- crite. Cependant, au fur e{ à mesure des progrès de l'intoxicalion, ces crises convulsives se différen- cient suivant que les diverses parties du système nerveux sont plus ou moins touchées. C'est ainsi qu'on voit se produire dans la premiére partie de l’intoxication des convulsions plutôt cloniques, avec mouvements ambulatoires de galop, de natation, entremélées de convulsions tonico-cloniques et loniques. A une période plus avancée, apparaissent de grandes convulsions, à lype nettement épilepli- forme. L'animal exécute de grands mouvements giratoires sur lui-même et des mouvements en cercle autour de son train postérieur complètement paralysé. Par intervalles, se manifestent des con- tractures loniques avec opisthotonos et, plus rare- ment, pleurosthotonos. Un peu plus tard, ces phénomènes augmentent d'intensité et les crises deviennent subintrantes. Dans la dernière phase de l’intoxication, l'animal présente nettement des convulsions analogues à celles que provoque la strychnine, avec trismus initial et claquement des mâchoires, des tremble- ments généralisés, de l’opisthotonos et de la con- tracture des memles en extension forcée. Ces crises sont séparées par des intervalles de repos de plus en plus courts, pendant lesquels l'animal pré- sente de la polypnée. Il meurt à la suite de convul- sions se succédant presque sans interruption, lan respiration s'étant définitivement arrêtée pendant: la crise convulsive. | Quant à la question des variations de tempéri ture signalées chez le cobaye, les expériences insti= tuées dans ce but démontrent que les intoxications, non mortelles ne la font pas varier chez le chien" Ce n’est que dans les intoxications graves et mor telles qu’en raison des violentes convulsions lan température arrive à atteindre 41° et même 42°. M Résumant actuellement ce qui se dégage de l’ana= lyse des différentes phases de l’intoxication stovaï=. nique, nous dirons, avee MM. Pouchet et Chevalier," auteurs auxquels nous avons emprunté la descrip tion symptomatologique qui précède, que ce médi=s, cament parail agir comme un poison du systèmes nerveux tout entier ‘ c'est un poison convulsivants se rapprochant en cela de la cocaïne. Les vomisse= f. ments, les troubles respiratoires que l’on constate toujours immédiatement après les injections, indi=. quent clairement l’action de cette substance sur le bulbe cérébral. Les convulsions cloniques, les hal=« lucinations, les troubles oculaires paraissent évi= demment sous la dépendance d’une excitation des hémisphères cérébraux ; l'incoordination motrice et, surtout les mouvements giratoires démontrent pé- remptoirement un trouble du cervelet; les convul= sions toniques, l'opisthotonos, les divers autres phénomènes nerveux observés montrent la part: prépondérante de la moelle dans la production des accidents, principalement dans les dernières phases de l’intoxication. En essayant vis-à-vis dela stovaïne certaines subs= tances anliconvulsivantes, telles que le chloralose;s le chloroforme à dose anesthésique, le bromure de potassium, on parvient à modifier le type et l'inten= sité des convulsions, et, de ces diverses modifica= tions, on est autorisé à tirer certaines conclusions; permettant jusqu'à un certain point de dire dans quel ordre et avec quelle intensité les diverses par ties du système nerveux central sont alteintess Bien que ce problème ne soit point encore entière ment résolu, Pouchet et Chevalier attribuent une part prépondérante, dans la production des phénos mènes toxiques, à la moelle épinière et au cervelet; le bulbe et les hémisphères cérébraux seraient cependant touchés, mais beaucoup moins profon- dément. Action cardiaque. — En plus de l’action de ce médicament sur l'appareil neuro-musculaire, on a recherché l’action qu'il exerce sur le cœur. Sans’ centrer dans le détail de ces expériences, disons | simplement qu'il résulte de celles-ci que la slovaïne nest pas, même à doses assez fortes, un poison du cœur; au contraire, elle peut être considérée comme un tonique de cet organe. En effet, sous Vinfluence stovaïnique, le nombre des contractions cardiaques diminue, mais l'énergie des systoles et lamplitude des diastoles augmentent de plus du de uble, tout en restant toujours régulières. Ce n'est qu'à doses toxiques mortelles qu'après cette pé- riode on voit survenir un ralentissement progres- Sif, des intermittences, de la diminution d'énergie, finalement l'arrêt en systole avec contracture du “,. Action hémolytique. — D'autre part, M: L. Launoy a recherché l’action qu'exerce la sto- ine sur le sang. Cet auteur a démontré que, mis n présence de celle-ci in vitro, les globules rouges . riences ont porté sur du sang de lapin.Mais, in vivo, phénomène ne se produit pas: ce n’est qu'à con- ion d'injecter, par voie inlra-veineuse, des doses $ 3. — Pouvoir bactéricide. Enfin, pour être complet, signalons encore que Pouchet et Chevalier ont découvert à la stovaïne un atre heures par une en à 1°/6+ En ce qui Le l’action bactéricide vis-à-vis de cultures _ en bouillon ordinaire, les bacilles typhiques el diphtériques, ainsi que le coli-bacille, sont tués Lau bout de trente-six heures par une solution fn de 5 à 45 ‘/s. F III. — APPLICATIONS CLINIQUES. : “Ces propriétés toxicologiques de la stovaïne | élant connues, il est intéressant de voir l'usage que l'on peut en faire dans le domaine clinique. Comme nous le disions plus haut, c'est princi- | palement ses propriétés anesthésiques qui sont mises à profit dans la thérapeutique chirurgicale, dans tous les cas où la cocaïne a été employée. | Pour l’anesthésie locale, on utilise généralement la | Slovaïne en solution à 0,5 et 1 °/,, cette solution se REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. D' J. MEURICE — LES PROPRIÉTÉS DE LA STOVAÏNE o1 vel faisant ordinairement dans l’eau distillée conte- nant 8 °,, de chlorure de sodium; on peut ainsi injecter plusieurs centimètres cubes ét aller sans inconvénients jusqu'à 14, 18 et même 20 cenli- grammes, selon les opérations à pratiquer. L'injec- tion sous-cutanée dermine une anesthésie suffisam- ment durable, permetlant d'effectuer, le mieux cinq minutes après l'injection, les opérations les plus variées. Nous rapporterons ici les plus impor- tantes, signalées par P. Reclus, telles que : l’extir- pation de tumeurs circonscrites cutanées et sous- cutanées, les lupus, les fibromes, les cancroïdes, les ampulations de phalanges d'’orteils, de doigts, puis les gastrostomies, les anus artificiels, les her- nies ombilicales, inguinales et crurales, étranglées ou non, les hémorroïdes, les dilatations anales, les varicocèles, les laparotomies pour kystes ovariques non adhérents, les empyèmes avec ou sans résec- tions costales. Cetle série assez longue montre suf- fisamment la diversité des interventions possibles pour que nous ne nous y arrêlions pas plus long- temps: mais il est, nous semble-t-il, plus impor- lant d’insister sur l'innocuité de la méthode. Au cours de sa pratique déjà longue, P. Reclus n'a eu à déplorer aucun accident mortel; parfois, il a noté de petits troubles physiologiques, se traduisant par une légère päleur de la face, un peu d’anxiété pré- cordiale, mais cela bien plus exceptionnellement encore qu'avec la cocaïne. Nous signalions plus haut, comme propriété de ce nouvel anesthésique, une certaine action vaso- dilalatrice; il résulle de ce chef des avantages et des inconvénients. L'inconvénient, c'est qu'au cours de l'opération, les vaisseaux — surlout ceux de pelit calibre, qui ne se distinguent pas et qu'on ne peut lier — versent sur le champ opératoire une nappe sanguine qui le voile; de là la nécessité de tamponner fréquemment et de se préoccuper plus souvent de l'hémostase. Mais, d’un autre côlé, la vaso-dilatation des vaisseaux cérébraux cons- titue un réel avantage. Tandis que l'action vaso- constrictive de la cocaïne réclame chez le patient le décubitus horizontal, à cause des menaces de syncope, la stovaïne, en congestionnant le bulbe, supprime la syncope et permet aux malades d'être opérés assis et de se lever aussitôt après l'opéra- tion, ceci s'applique surtout aux opérations por- tant sur la bouche et sur la tête. Mais la stovaïne peut être employée en chirurgie pour des opérations beaucoup plus étendues que celles dont nous avons parlé, grâce à l’anesthésie de la moitié inférieure du corps qu'elle délermine par injeclion sous-arachnoïdienne au niveau des vertèbres lombaires. Ce genre d'anesthésie, réalisé d'abord à l’aide de la cocaïne par Bier et Tuffier, il y a six ans, fut assez employé pour qu'actuelle- 11r* 518 ment on en connaisse exactementles conséquences; mais les graves accidents, symptômes d'intoxica- tion cocaïniqué, qui marquèrent ces tentatives, de même que des cas de mort, jetèrent un discrédit complet sur la rachicocaïnisation, laquelle est à présent à peu près abandonnée. L'idée de rem- placer, ici également, la cocaïne par la slovaïne élait tout indiquée. Les premiers essais, institués dans cette voie par MM. Chaput, L. Kendirdjy et Berthaux, montrèrent, en effet, le bien fondé de cette substitution. Cette anesthésie par voie rachi- dienne, ou rachislovaïnisation, est pratiquée à l'aide d’une solution à 10 °/, de stovaïne et de chlorure de sodium; la dose moyenne à injecter est de 4 centigrammes, correspondant à peu près à un demi-centimètre cube de cette solution. Mais, comme celle-ci est trop concentrée, et que, d'autre part, il a été prouvé par M. Guinard que l’eau ser- vant de véhicule provoque de lirritation des méninges, celte dose de 4 centigrammes est diluée à son tour, mais cette fois dans le liquide céphalo- rachidien lui-même; voici comment on procède : après avoir aspiré la dose indiquée de stovaine dans une seringue, l'aiguille est détachée de celle-ci et plantée dans le deuxième espace lombaire du patient; quand l'aiguille a pénétré dans l’espace sous-arachnoïdien, on voit aussitôt le liquide céphalo-rachidien s'écouler; on adapte alors à l’ai- guille la seringue chargée e‘ le liquide céphalo- rachidien pénètre, par sa propre pression, dans la seringue en refoulant le piston. Lorsque le mélange du liquide rachidien et de stovaïne — mélange qui devient aussitôt opalescent — à atteint 1 centi- mètre cube, on l’injecte dans le sac médullaire et l’on retire brusquement aiguille et seringue. Or à ainsi injecté À centimètre cube d'une solution non plus à 10°/,, mais à 4 °/,, de stovaïne et de chlo- rure de sodium, qui ne saurait irriter la pie-mère. Dans ces conditions, l’anesthésie se manifeste de trois à quinze minutes après l'injection, et dure en moyenne quarante minutes, laps de temps suffi- sant pour accomplir la majorité des opérations, du moins celles qui portent sur les membres inférieurs, les organes génitaux, le périnée et l'abdomen, car la rachianesthésie stovaïnique s'étend seulement à la moilié inférieure du corps, sa limite supérieure étant représentée par un plan transversal passant par l’ombilic. D'après L. Kendirdjy et Berthaux, qui ont pratiqué de la sorte soixante-quatre opéra- tions, l'analgésie serait constante; cependant, entre les mains d'autres médecins qui en ont fait l'usage, Sonnenburg, de Berlin, par exemple, il y aurait quelques cas où celle-ci a fait complètement défaut. Néanmoins, tous s'accordent à reconnaitre qu'il n’y a, à la suite de la rachistovaïnisation, ni aceidents immédiats, ni accidents consécutifs. Pas | D° J. MEURICE — LES PROPRIÉTÉS DE LA STOVAÏÎNE de pàleur, pas de sueurs, pas de tremblemen exagéré des membres, aucune modification du pouls et de la respiration, ainsi que cela se mani- feste sisouvent pour la cocaïne; les malades restent calmes et ne présentent ni vomissements ni nausées. De ce qui précède, il résulte done que cette méthode d'analgésie lombaire stovaïnique doit être considérée comme réellement supérieure à la rachi= cocaïnisation, non pas lant pour l’anesthésie en elle-même que pour son innocuité, fait qui, à lui seul, présente déjà une importance capitale, puis= qu'il écarte les accidents meltant la vie en danger. En dehors du domaine de la Chirurgie générale, la stovaïne peut rendre, ainsi qu'on est en droit de s'y attendre, de réels services. Dans la thérapeu- tique oculaire, par exemple, où l'essai en a été fait, notamment par M. de Läpersonne, on peut l'utiliser en instillations et en injections sous-conjoncti-« vales. Pour les instillations, on se sert générale- ment du collyre au vingt-cinquième; quatre à cinq gouttes de celui-ci, déposées à la surface de l'œil, suffisent pour produire une anesthésie profonde, permettant d'opérer des cataractes et des iridec- tomies. D'autres fois, on peut recourir aux injec-m tions sous-conjonctivales, qui sont pratiquées alors avec la solution au centième, après instillation préa- lable, et opérer ainsi les strabismes, l'anesthésie étant complète et l'opération pouvant être com- mencée une minute après. Enfin, en Médecine générale, dans toutes les” affections où la cocaïne est employée, la stovaïne trouve son application. Par voie stomacale, elle réussit dans les affeclions douloureuses de l'estomac, où elle peut être prescrite sous forme de sirop et ingérée à raison de 2,5 centigrammes par dose: de même, dans les cas de vomissements, elle peut être administrée seule ou en association: avec la morphine. Signalons encore son emploi local dans les cas de névralgie, dans le traitemen des plaies douloureuses, des ulcères, des crevasses, des hémorroïdes, les extraclions dentaires, etc. En résumé, la stovaine est appelée à être employée dans de nombreux cas; si l'on fait la par de ses avantages et de ses inconvénients, on peut dire que ces derniers sont en réalité assez minimes: Mais, à notre sens, un point surtout doit dominer là question: c’est la faible toxicité de ce médicament, démontrée d'une part par les expériences de labo=M ratoire, d'autre part par les faits cliniques; et, bien qu'il y ait certaines imperfeclions inhérentes à son emploi, — quel est du reste le médicament qui. n'en présente pas? — cet avantage suffirait déjà à démontrer que la slovaïne a réalisé en Thérapeus tique un progrès immense. Li D' J. Meurice, à Assistant à l'Institut de Phar re de l'Université de Gand. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 519 ANALYSES 4° Sciences mathématiques lahlen (K. Th.). — Abstrakte Geometrie (La Géouk- “TRIE ABSTRAITE). — 1 vol. in-8° de x1-302 pages. (Prix: 12 marks.) Teubner, éditeur. Leipzig, 1906. L'ouvrage appartient à la collection des manuels Lehrbücher) que la maison Teubner édite depuis quelques années. Il est parfaitement résumé par son s-titre, dont voici la traduction : « Recherches sur s fondements de la Géométrie euclidienne et non-eu- elidienne ». S'inspirant des résultats les plus récents de la eri- tique géométrique et notamment des idées de M. Poin- aré, M. Vahlen cherche à mettre en lumière et à dis- nguer ce qui, en Géométrie, provient des deux ources différentes dont cette science découle : 1. — Logique pure et Arithmétlique : II. — Empirisme, c'est-à-dire nolions et conven- tions suggerees par l'expérience du monde extérieur corps rigides et solides, etc.). L'auteur développe ainsi une Géométrie « abstraite » ontles géométries euclidienne et non-euclidiennes ne ont plus que des cas particuliers, traités sur le même ed. - On a d'abord, dans les cas euclidien et non-eucli- liens, la géométrie projective, où les différents points lune droite jouent le mème rôle. Puis arrive la géo- nétrie affinne : on y distinyue sur une droite certains oints spéciaux ou impropres (uneigentlicher Punkt). ans le cas euclidien. chaque droite possède un — etun eul — pareil point: l'intersection avec une quelconque ses parallèles. Il n’en est plus de même pour les Cas non-euclidiens. » Vient enfin la géométrie métrique (toujours : eucli- anne et non-euclidienne), fondée sur la coïncidence Bt la non coïncidence des vecteurs (Strecke). Le livre est fort intéressant, éminemment suggestif. a lecture en est parfois laborieuse, mais cela est iné- able en pareille matière. LÉON AUTONNE, Maitre de Conférences à la Faculté des Sciences de l'Université de Lyon. lusil (Alfred), Professeur à l'Ecole technique supé- rieure de Brünn. — Bau der Dampfturbinen. — A vol. in-8 de 233 pages avec 102 figures. (Prix : 40 fr.) B. G. Teubner, éditeur. Leipzig, 1905. L'auteur déclare, dans sa préface, qu'il s'est proposé double objet de présenter la théorie des turbines à apeur et de faire connaître leur construction; son e a été écrit non seulement pour les élèves-ingé- eurs des Ecoles techniques, mais il s'adresse encore table des matières indique que, sur huit chapitres, deux premiers sont consacrés à des généralités, que les six autres ont spécialement pour sujet les ines de Laval, Parsons, Zælly, Riedler-Stumpf, LGurtis et Rateau. Chacun de ces derniers chapitres est rédigé sur le même plan : après avoir donné leur aractéristique théorique, on étudie le mode de cons- truction des turbines et leur fonctionnement, et l’on init en rapprochant un certain nombre de résultats | d'essais de consommation. Les figures sont parfaitement exécutées et repré- BIBLIOGRAPHIE ET INDEX sentent bien les détails d'agencement des divers organes. En somme, le livre de M. Musil constitue une œuvre excellente de vulgarisation, élémentaire dans son exposé théorique, claire dans ses descriptions et assez complète dans son ensemble pour faire bien connaitre les turbines, les avantages qu'elles présentent et le bel avenir qui les attend. AIMÉ Wirz, Doyen de la Faculté libre des Sciences de Lille. 2° Sciences physiques Blanco (P.Antonio), Professeur au Collège des Augus- tüins de Valladolid. — Hidrometeorologia caste- Ilana, segun los datos recogidos en el Colegio de PP. Augustinosde Valladolid desde 1592 al 1905. — 4 vol. de 248 pages qr. in-12. Valladolid, 1m- prenta « la Nueva Pincia », 1906. Le présent livre fait suite à un ouvrage publié en 1894, par le P. Rodriguez, directeur de l'Observatoire du Vatican, où étaient résuméesles données d'observa- tions du Collège de Valladolid de 1878 à 1892. Celui-ci résume les observations faites à l'Observatoire météo- rologique de ce Collège de 1892 à 1905. II donne des graphiques et des tableaux numériques intéressants. Les travaux classiques de M. Teisserenc de Bort nous ont bien fait connaître, dans son ensemble, le climat de la Péninsule ibérique. Néanmoins, les stations où l'on fait, en Espagne, de bonnes observations sont encore trop peu nombreuses pour qu'on ne soit pas reconnaissant à ceux qui poursuivent régulièrement et publient ensuite de longues séries d'observations con- sciencieuses. L'auteur du livre reprend à l’occasion de chacun des éléments météorologiques : pression, vents, pluie, etc., un exposé des notions générales sur la variation de cet élément, sur la théorie de chacun des hydrométéores:; on comprend très bien son but, qui estde montrer à ses lecteurs espagnols en quoi chacune des observations inslituées au Collège est intéressante, parce qu'elle vient se classer dans un cadre scientifique préparé. Mais il faut avouer que l'exposé théorique, assez élé- mentaire, intéresse beaucoup moins l'étranger que les tableaux accompagnés de remarques soigneuses sur le résime des vents dans la Vieille-Castille, — on a en moyenne 38 °/, d'heures où soufflent des vents de S.-W. et 30 °/, d'heures où soufflent les vents de N.-E., — sur les jours et les quantités de pluie, de neige, de gelée blanche, etc. L'année la plus pluvieuse de la série est 1895, qui a donné 824 millimètres d'eau à Valladolid, à 741 mètres d'altitude: la moins pluvieuse est 1900, qui a donné 295 millimètres. L'auteur attribue une grande impor- tance, pour la régularisation des cours d’eau, au reboi- sement ou au regazonnement des montagnes, ce qu'il appelle d'un mot «la repoblacion de los montes ». On ne saurait lui reprocher de commencer en Espagne une campagne analogue à celle qui se poursuit en France depuis quelques années, l'Espagne et la France étant les deux pays (avec l'Angleterre) où le déboisement a fait le plus de ravages : mais peut-être serait-il embar- rassé pour appuyer ses affirmations quand il soutient, par exemple, que le mistral n'est qu'un effet du déboi- sement des Cévennes. Et l'auteur qui dirige, je le le r pète, des observations intéressantes, aurait tout avantage à se conformer aux instructions et conventions des Conférences météorologiques internationales ; par exemple, il écrit 0. et S.-0. pour Ouest et Sud-Ouest, alors qu'on écrit partout W. et S.-W., la lettre O étant BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX exclue parce qu'elle signifierait l'Est en Allemagne, et les lettres E pour l'Est et W pour l'Ouest étant em- ployées en tous pays. BERNARD BRUNHES, Directeur de l'Observatoire du Puy-de-Dôme XVhetham (W.C. D.), Membre de la Société Royale de Londres, Fellow of Trinity College, Cambridge. — The recent Development of physical Science. — 1 vol. in-8° de 347 pages, avec 39 fiqures et planches. (Prix:78s.6 d.) John Murray, editeur. Londres, 1905. L'ouvrage de M. Whetham a eu une fortune rare pour un livre de science. Dans la seule année 1904, il a vu trois éditions, qui témoignent à la fois de l'intérêt des sujets traités et de la curiosité de bon aloi que les récentes découvertes scientifiques ont éveillée dans le public. Il faut reconnaître qu'à l'heureuse période où vivent aujourd'hui les hommes de science, on peut puiser à pleines mains dans les trésors qui s'accumulent chaque jour, sans cesser de rencontrer des merveilles. C'est ainsi que M. Whetham a procédé, regardant au près ou au loin, au près surtout, ce qu'il pouvait, sans être trop particulariste, dans ce foyer d'intelligence que n’a cessé d'être Cambridge. Vivre dans un tel milieu pour qui voudrait faire un traité général et complet ne serait pas sans inconvénients. Les choses proches et fami- lières ont une importance que les lointains diminuent; et, dans un ouvrage d'ensemble, où tout doit être équilibré, elles peuvent tenir trop de place. Mais ce n’est pas un ouvrage d'ensemble qu'a écrit M. Whetham ; c'est une suite de monographies sur des sujets actuels, et, comme il avait le libre choix, on trouvera naturel qu'il ait traité surtout les questions qu'il connaît bien. Le fait que la science britanique y tient beaucoup de place relativement à l’ensemble du travail mondial cesse, dans ces conditions, de mériter une critique; nous saurons, au contraire, gré à l’auteur de nous l'avoir mieux fait connaître. Mais, si les sujets traités par M. Whetham sont dé- tachés de la Physique, et en quelque sorte indépen- dants, ils ne sont pas rassemblés dans son ouvrage sans un lien ou un fil conducteur. Une excellente introduc- tion, sous le titre : l'he philosophical basis, donne une esquisse des procédés modernes de la pensée scienti- fique, de la notion de loi, transformée au xvn: siècle par la renaissance de la science expérimentale. Les Anciens disaient qu'une pierre tombe parce que chaque corps de la Nature cherche sa place, qui est aussi bas que possible. Galilée, en se demandant non pourquoi une pierre tombe, mais comment elle tombe, c'est-à- dire par quelle loi mathémathique, a ouvert la voie dans laquelle s'est engagée la science de nos jours. Il suffirait de reproduire les titres des sujets traités pour montrer que le choix en est excellent. Mais, en les passant en revue, nous verrons, de plus, qu'ils se suivent dans un ordre d’une logique parfaite, chacun présentant, sur le précédent, un nouveau degré de complication et de mystère. La question de la liquéfaction des gaz est fort claire- ment exposée, avec le détail des expériences de détente, abordées pour la première fois par Gay-Lussac, mais dont Thomson et Joule ont montré le véritable sens. La fusion et la solidification, dans leur aspect moderne, où la micrographie et les diagrammes d'équilibre ont illuminé des points restés longtemps obscurs, serait un chapitre très complet si l'auteur y avait fait un peu plus de place aux travaux des métallurgistes français et aux idées de M. Tammann, qu'il n'est plus possible de passer sous silence lorsqu'on parle des états solide et liquide. Le chapitre est fort intéressant cependant, puisque l'œuvre des métallographes anglais est de pre- mier ordre, puisque MM. Heycock et Neville ont donné l’un des diagrammes les mieux connus, celui des al- liages cuivre-étain, et, puisque, pour retourner aux origines, Willard Gibbs, dont l'œuvre est esquissée par M. Whetham, a été l’iniiateur de la théorie des équi- libres hétérogènes. Avec cet ensemble de travaux, qu l'auteur groupe fort bien, on peut saisir le prineip des idées qu'il s'est proposé d'exposer. Dans les questions concernant la dissolution, M. Whe= tham est de compétence exceptionnelle. L'ouvrage: d'ensemble qu'il a publié, il y a quelques années, sous le titre: On Solution, a été, en effet, pour lui l’occasion d’en faire une étude approfondie, à laquelle il a apporté d'importantes contributions personnelles. Nous ren controns, dans ce chapitre, une idée nouvelle, qui contient un germe de l'explication du pouvoir coagulan des corps de diverses valences, ajoutés aux solutions colloïdales. Les trois chapitres qui précèdent se rapportent presque uniquement à la matière. Les suivants envi- sagent celle-ci en connexion avec l'éther, dans la Conduction de l'électricité par les gaz, la Radio-activité, et dans un chapitre spécial où sont exposées nos con= naissances sur les actions réciproques de l’éther et de la matière. Les deux premiers sont trop à l’ordre du jour etpartant trop connus pour que nous insistions sur l'exposé qu’en donne l’auteur, et qui ne pouvait être que parfait sous la plume d’un collègue de M.J.J. Thomson. Atoms andEther nous en donne comine un résumé philosophique d'une haute valeur. La détermination de la grandeur appro— ximative des molécules, qui fit tant d'impression il y & quelque vingt-cinq ans, parut alors d’une extrême hardiesse. A côté des théories qui évoluent aujour- d’hui, elle peut passer presque pour un timide essai. Le“ résultat de cette évaluation est bien connu; l’auteur l'indique cependant, surtout pour montrer plus tard quelle est la relation de grandeur entre ces molécules qui sont, pour le physicien d'aujourd'hui, un édifice déjà très compliqué, et les vrais atomes, corpuscules ou électrons, qui sont leurs éléments constitutifs. L'une des plus curieuses tentatives de reconstitution de la molécule en partant des corpuscules est due au Professeur J. J. Thomson. Etudiant par le calcul des expériences déjà anciennes de Mayer, il détermine les conditions de stabilité d'un ensemble composé d'une surface sphérique électrisée positivement, et d’un groupe: plus ou moins complexe d'électrons négatifs, qui gra= vitent à son intérieur. Ces électrons se disposent en anneaux, qui peuvent être stables jusqu'à un nombre déterminé, et cessent de l'être si leur nombre est augmenté au delà de cette. limite. Alors, il se forme un nouvel anneau, qui grossit, pour arriver, à son tour, à la limite instable. Or, à partir du nombre minimum de corpuseules constituant une série déterminée d'anneaux, on peut en ajouter un, deux, trois, qui donnent à l'atome un nombre égal de valences négatives. Le quatrième forme le sommet, au delà duquel les valences libres deviennent positives, et décroissent jusqu'à l'unité; enfin, à la limite, on trouve le corps sans valence. Cette conception nouvelle pourrait passer pour un simple jeu de l'esprit, si rapprochement de la géniale conception de J. J. Thom= son avec les séries de Mendeleef ne montrait un accord que l’on est obligé de considérer comme une merveilles Les cinq gaz inertes sont les limites des corps cons titués par des molécues possédant un nombre déterminé d'anneaux; entre deux limites successives, les corpus: cules additionnels déterminent les valences, positives. ou négatives, suivant que l’on tend vers l'édifice stab supérieur ou inférieur, auquel on arrive en ajoutant des corpuscules négatifs, ou en les neutralisant. Les con ceplions modernes ramènent naturellement à l'idée quem les atomes sont des centres de forces, idée qui reparails plusieurs fois par siècle comme originale, mais que Boscovich opposa déjà aux sphères impénétrables des Démocrite. Les corpuscules électrisés transportent des tubes de force électrique; si, à un moment donné, ces, corpuscules éprouvent une accélération (de vitesse où de direction), le tube, à leur contact, suit le change= ment de leur mouvement, et cette modification de leum déplacement se transmet de proche en proche. C'est cette perturbation qui constitue l'onde électromagné- tique ou lumineuse : lumière véritable si le mouvement e l'électron est une oscillation amorphe; lumière à polarisée si cette oscillation est régulièrement dirigée n cercle, sur une ellipse ou dans un plan; rayon X “i le mouvement est brusque et très fortement amorti. La notion de l'inertie électromagnétique permet aller plus loin, et de déterminer la grandeur des orpuscules par la connaissance de la valeur numé- rique de l'expression 2e?/3a, e étant la charge trans- portée, a son rayon. » L'étude des rayons $ du radium ou des rayons ca- “thodiques montre ainsi que le volume d'un électron 40: fois plus petit que celui d’un atome, de telle orte que l’électron se meut dans l'édifice atomique ce la mème liberté qu'un moucheron dans une ca- drale. C’est peut-être à cette extrême discontinuité de la matière qu'on peut attribuer l'absence d'écrans pour la gravitation. = Cette discontinuité de la matière est partagée par électricité, dont la quantité primordiale est la charge l'électron, ou plutôt l’électron lui-même, si l'on admet, avec Larmor, que le sous-atome est un centre de tension dans l'éther, brisé et mal ressoudé. On onnaïîtrait dès lors la véritable unité électrostatique, et le système général des unités électriques, qui con- tient, à la base, une donnée arbitraire, pourrait être constitué entièrement sur des données naturelles. … Ce n’est pas la seule discontinuité que nous enseigne Pévolution actuelle de la science. La lumière, surtout e haute fréquence, ionise les gaz qu'elle traverse; “mais cette ionisation n'atteint qu'une proportion ex- traordinairement faible des molécules. On peut en imaginer deux raisons : ou bien très peu de molécules Sont réellement frappées par la lumière, ou bien un très petit nombre est dans l’état réceptif. Or, la tem- pérature à une influeuce à peu près nulle sur le pouvoir onisant de la lumière, alors que son élévation devrait mettre les molécules dans l’état instable, c'est-à-dire réceptif. C’est donc la première hypothèse qui semble vraie, et il en résulte que les tubes de force n’occupent qu'une portion très faible de la surface de l’onde. Ce chapitre de M. Whetham, vrai poème de science, Se termine malheureusement par un oubli : « Darwin et Wallace, dit-il, nous ont révélé l’évolution des orga- nismes vivants; il semble possible que Thomson, Lar- or et Rutherford nous donnent le moyen de suivre le processus correspondant pour la matière inorga- “nique. » Assurément, les biologistes et physiciens bri- “tanniques que cite l’auteur brillent au premier rang des «penseurs auxquels nous devons les deux théories paral- lèles de l'évolution. Mais il ne faudrait point oublier Lamarck dans la première, ni, dans la seconde, ceux Qui découvrirent l'ionisation, les radiations nouvelles et la radioactivité. + L'exceptionnelle importance du chapitre dont je ens de parler nous à retenus si longtemps que je ois me borner à signaler celui par lequel se termine buvrage, et qui est consacré à l’Astro-physique ; l’ori- malité en est moins transcendante, mais l'intérêt en aussi très soutenu. Cu.-Eo. GUILLAUME, Directeur-adjoint du Bureau international des Poids et Mesures wuchot (P.), Zngénieur-Chimiste. — Les Petits - métaux : Titane, Tungstène, Molybdène. — 1 vol. min-16 de 1489 pages (de l'Encyclopédie des Aide- Mémoire de M. Leauté). (Prix : 2 fr. 50.) Gauthier- …Millars et Masson, éditeurs. Paris, 1906. «Le titane, le tungstène et le molybdène sont désignés ici Sous le nom de « petits métaux », sans doute parce quuls sont peu connus, mais non pas à cause de leur rareté : Le titane, en effet, forme un des constituants Principaux de la couche terrestre. Il s’y trouve même en quantité plus notable que le carbone, le soufre, le manganèse, puisqu'on l'estime à 0,33 °/, des consti- tuants de l'enveloppe du globe. Les gisements de mine- BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 521 rais de tungstène sont aussi très nombreux. Le molyb- dène, bien que moins répandu, n'est cependant pas rare. Ce petit volume est une excellente compilation de travaux assez nombreux, mais très disséminés. Chaque métal est étudié au point de vue de son histoire, de ses minerais et de leurs traitements. L'auteur a su grouper un grand nombre de méthodes de dosage de ces métaux. C'est là un grand service qu’il a rendu aux chimistes, qui sont généralement embarrassés lorsqu'il s'agit de séparer et de doser ces métaux, dont les traités d'analyse ne disent, en général, rien ou presque rien. Et, cependant, on ne saurait faire une analyse de terre ou d'argile sans se préoccuper de la présence très fré- quente du titane et du rôle qu'il peut jouer : par exemple, le titane influe sur la fusibilité des argiles et sur leur coloration après cuisson. On trouvera également dans ce petit livre les appli- cations, mises au point, de ces « petits métaux », notamment en sidérurgie. Ce volume est la suite naturelle de la monographie, parue dans la même collection, sur le vanadium, qui, lui aussi, est un « petit métal ». A. HocLarD, Docteur ès sciences. 3° Sciences naturelles Lemoine (Paul), Préparateur de Géologie à la Sor- bonne. — Mission dans le Maroc occidental. — 4 vol. in-8° de 224 pages. (Prix: 3 fr.) Publication du Comité du Maroc. Paris, 1905. Cet intéressant Rapport contient les résultats d’une mission de reconnaissance géologique exécutée, pour le compte du Comité du Maroc, dans la partie du Bled- Maghzen située entre Safi et Mogador à l’ouest, Marra- kech et le Glaoui à l’est. Il complète, précise et même met au point les observations spéciales des précédents voyageurs dans cette région, notamment les données fournies depuis 1901 par les travaux remarquables de M. A. Brives. Les chapitres de beaucoup les plus importants et les plus nouveaux du livre sont celui qui est consacré à la description physique et économique sommaire des régions visitées, un peu rapidement peut-être par l'au- teur, et surtout celui qui renferme les notes, en très grande partie personnelles, sur les terrains, la strati- graphie, l’orogénie des pays du Bled-Maghzen. Lais- sant de côté les mesures d'altitude et les rectifications topographiques de la carte à 1/1.000.000 donnée en 1904 par M. Flotte de Roquevaire, j'analyserai briève- ment ici les principaux résultats qui se dégagent des pages en question. Je n'aurai que quelques mots à dire ensuite, au sujet du journal de route de M. Lemoine, et de ses observations sur les populations du Maroc. Les régions naturelles du Bled-Maghzen, dans la con- trée visitée par M. Lemoine, peuvent maintenant être considérées comme connues dans leur ensemble. En partant de l'Océan, les « dômes anticlinaux » du Djebel- Hadid et du Djebel-Kourat, formés de couches calcaires redressées, sont entourés, à l’ouest et au nord, de pays fertiles : les sédiments tertiaires de la plaine d’Aquer- mout, à l'ouest, portent des cultures maraïchères, tandis qu'au nord les calcaires marneux, tertiaires aussi, du Riat, avec leursilots de terres noires, sont le domaine du blé et des grandes fermes {« azibs »); etl’on en pourra dire autant dans l’avenir, selon M. Lemoine, de tout le pays des Abda. Au contraire, les calcaires crétacés horizontaux des Chiadma, à l’est de Magador, donnent lieu à un plateau boisé assez pauvre. Les Djebilet (850 mètres au maximum) correspondent à une série de plis schisteux parallèles dirigés nord-sud ou nord- est sud-ouest; le sol y est très médiocre, mais ces « montagnettes » sont coupées de vallées profondes, et c’est là que trouvent un abri contre le pillage les tribus qui cultivent El-Bahira au nord, ainsi que la partie septentrionale de la grande plaine de Marrakech, au sud. Cette dernière, véritable centre à l'heure actuelle Sa 19 LS de la puissance du Sultan, est inclinée vers l’ouest (Marrakech, #00 mètres) : balayée de proche en proche par l’'Oued Tensift, que ses affluents de gauche ont peu à peu rejeté vers le nord, jusqu'au pied presque des Djebilet, elle a de très bonnes terres d'alluvions limoneuses, riches en carbonates et faciles à irriguer, mais mal utilisées jusqu'ici (vigne, arbres fruitiers et dattiers, légumes). Au sud, enfin, de cette plaine, M. Lemoine a longé la bordure nord de l'Atlas, de chaque côté d’'Amismiz; mais il a surtoutétudié la route, jadis suivie par de Foucauld, qui mène par l’oued Rdat jusqu'au chateau-fort du Caïd des Glaoui, sur le ver- sant méridional de la chaine. Le Tizi n° Telouet (2500 mètres), où se trouve « un excellent chemin muletier », n'a pas perdu de son importance comme point de passage : 12 tonnes environ de marchandises y circuleraient par jour. Les sommets voisins ont de la neige toute l'année, mais ne portent ni glaces, ni névés. L'étude de M. Lemoine sur la nature des roches et leur disposition est accompagnée d’une carte géolo- gique nouvelle (p. 213), de nombreuses photographies, de coupes dressées sur place, et aussi de références précieuses aux travaux récents, qui en font une véri- table synthèse. Elle mérite tout à fait l'attention, car elle pose nettement, et résout en partie plusieurs pro- blèmes d'un intérèt pratique autant que scientifique sur la structure et l'histoire physique despays de l'Atlas. Elle a, d’ailleurs, été complétée déjà, depvis sa première publication au Bulletin du Comité de l'Afrique fran- çaise, par des communications à l'Académie des Sciences !; et M. Lemoine annonce qu'il prépare avec M. L. Gentil, son collègue, un travail d'ensemble sur le Maroc, comportant les observations faites par ce der- nier dans le Bled-es-Siba, aux côtés de M. de Segonzac. C’est ainsi aux savants français que l'on devra les prin- cipales contributions à l'étude du Magreb occidental, malgré les très estimables publications des Anglais (Thomson) et des Allemands (von Fritsch, von Pfeil, Th. Fischer). La série primaire est représentée : par les schistes plissés des Djebilet, à nombreux filons de quartz, et injectés de granites qui affleurent presque, en certains points; par les schistes carbonifères (sans gisements reconnus de charbons) de l'Oued Rbah, sur le versant nord des Glaoui, et des Amismiz, analogues à ceux reconnus dans l'Oued Draa, et récemment dans la région. de Figuig (M. F. Gautier). Mais il y a encore incertitude sur l’âge des grès de Zerekten (0. Rdat) et de Tizi n° Telouet (Glaoui), plissés aussi, et qui peuvent appartenir, comme ceux du Sahara central et ceux de certaines parties du Soudan (Guinée francaise littorale), au Permien ou à l'Infracrétacé. Les grès et les argiles du Trias, à gisements gypsifères et salifères, et peut- être à minerais de cuivre, se présentent, soit en revê- tements épais sur les pentes inférieures septentrionales du grand Atlas (0. Rdat), soit pincés dans les plis de formation plus récente (sommet du Djebel-Hadid). Sur le Trias des plateaux de l’ouest, repose toujours le Crétacé, et l’on croyait jusqu'ici que le Jurrassique était absent de la contrée; mais M. Lemoine a établi qu'en un point tout au moins, dans le Djebel-Hadid, les escarpements calcaires presque verticaux qui con- tenaient dans leurs fissures leslimonites, maintenant épuisées, sont du Jurassique. Ces terrains ont été ail- leurs, ou entraînés par l'érosion, ou noyés par la grande extension déjà connue des mers crétacées, dont les sédiments faiblement inclinés, et à niveaux d’eau réguliers, forment aujourd'hui le sous-sol des plateaux des Chiadma et des Haha, au sud du Djebel- Hadid. Le Tertiaire est représenté par des lambeaux horizontaux de calcaires éocènes, à gros silex, ou gré- seux (contenant des phosphates) comme ceux du pla- teau du Chichaoua, et surtout par les vastes nappes de formations néogènes, à gisements de gypses, du Riat et des Abda, avec leurs cuvettes d’effondrement 4 Voy.notamment : C. R. Acd. Sc., 1905, p. 393. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX cet « empilement de plis couchés » se reproduit s garnies de terres noires (« tirs »). Enfin, M. Lemoine étudié les terrasses d’alluvions caillouteuses et de con“ glomérats de l'Oued Tensift, élevées de 17, 30 et 70 mé: tres au-dessus du lit actuel du cours d'eau. M. Brives avait admis‘, en ce qui concerne l’orogénié de l'Atlas Marocain, qu'il représente un témoin encore élevé de chaines hercyniennes de directions sensible ment méridiennes (comme dans l'Espagne occidentale le Sahara central et dans la Sénégambie-Soudan). Cette direction est, en effet, celle des plis des Djebilet. Ma elle ne se retrouve pas dans le « dôme anticlinal aigus du Djebel-Hadid. Et, d'autre part, dans la région Grand Atlas vue par M. Lemoine (Glaoui), les band de calcaires verticaux et les schistes des bas et moyens versants, plissés N.-S. ou dans des directions voisines, sont surmontés en discordance par des grès probablement infracrétacés, plissés de l’ouest à l'e (Tizi n° Telouet). L'Atlas est donc, selon l'auteur, résultat de deux ridements successifs, l'un hereyn et l’autre alpin. Ce dernier a donné lieu à des « pli couchés sur le Primaire, avec ou sans intercalation de Trias» ; il y a même eu, grâce aux argiles du Trias, des glissements, et peut-être des charriages; et, comme les deux versants, le résultat est une structure er éventail simulant des gradins séparés par des failles: Les observations de M. Gentil dans le Bled-es-Siba et de MM. Ficheur et Gauthier dans la région de Figuig, confirment cette manière de voir. Le récit du tranquille voyage de M. Lemoine, pa lequel l'ouvrage débute, n'apporte presque rien dé nouveau. Il se recommande d’ailleurs par la sobriété @l la précision des tableaux ; et il fait ressortir heureuse ment certains faits déjà connus, par exemple le rôle des Juifs et de l'Alliance Israëlite pour la « francisas tion ». L'étude sur les populations est, à certains égards plus importante. L'auteur insiste avec raison, ap M. Doutté, sur les distinctions à faire, tant au point de vue politique et religieux qu'au point de vue éconc mique, entre les Arabes cultivateurs des plateaux de l'ouest et les Chleuhs de l'Atlas. Il expose la formation dans le Bled-Maghzen des grands caïdats, constitués par la réunion, sous l'autorité d'un même caiïd, de plusieurs tribus achetées au Sultan : Si Aïssa el Abdi, qui lève l'impôt et les hommes chez les Doukbhala et les Abda, d'autres chefs encore, par exemple Si-ek Medani, qui gouverne les Glaoui et le Mestioua, et don! l'autorité s'étend presque jusqu'aux portes de Mars rakech, sont aussi respectés que les Cheurfa, et on plus de moyens d'action que le sultan lui-mème. Cette constatation est importante. Mouley Abd el Aziz,n'étant, en effet, pas plus obéi dans le Gharb, comme le cons: tate M. Lemoine lui-même, qu'à Tanger et à Fez, le vrai Maghzen ne se composant guère, en somme que de la région décrite dans ce livre, la plus riche comme la plus tranquille, d’ailleurs, on se demandé quelles forces vont rester au Sultan pour reprendre lutte contre le Rogui. D'autant plus que celui-ci p pour un homme de commandement, vraiment obéi plus de 100 tribus, et qu'il est bien, semble-t-il, le fr ainé de Mouley Abd el Aziz. Que pèsent donc au Ju les accords européens pour maintenir l'intégrité ma caine, et pour consolider l'autorité du Sultan? M. Lemoine ne va-t-il pas un peu loin dans sa Con fiance en la politique française de réformes pour Maghzen et de « pénétration pacilique », avec où sam mandat de l'Europe? On serait même tenté de croite qu'avec d’autres, il a une tendance à regarder les réformes en question comme le début d’une sorte di protectorat. Mais cela n’enlève rien au grand mérite d géologue. F. MAcHaT, Docteur ès lettres, Professeur au Lycée de Bourg! Bull, de la Soc. Geogr. Alger, 1903. à Société préhistorique de France. — Manuel des Recherches préhistoriques. — 1 vol. in-16 de ix-332 pages avec 205 figures. (Prix: 8 fr.) Schlei- cher frères, éditeurs. Paris, 1905. Le Préhistorique est une science qui ne peut se dé- velopper que par les efforts collectifs d’un grand nom- bre de savants et d'amateurs. Comme la Géologie, la Paléontologie et l’Archéologie, elle exige des recher- ches sur tous les points du Globe où l’occasion favo- rable se présente. Mais, pour que ces recherches soient utilisables, il faut une certaine méthode, car nous savons, hélas! combien de gisements magnifiques, de stations préhistoriques remarquables ont été per- dus à jamais pour la science par suite des dilapida- tions et des dégâts causés par des soi-disant archéo- logues et préhistoriens. Aussi le guide du chercheur et du fouilleur que vient de publier la jeune Société préhistorique de France doit-il être salué avec reconnaissance par tous les amis de la science. Rédigé par une Commission de la Société, formée de - spécialistes : E. Rivière, A. de Mortillet, Fourdrignier, . Marcel Baudoin, Taté, Thiot, Edm. Hue, Henri Martin et autres, il offre toutes les garanties de savoir et d’ex- périence. Il est rédigé d’une manière pratique et, sauf quel- ques digressions, ne prétend pas enseigner le Préhis- torique. Son but est de guider un débutant, de lui montrer comment il faut s'y prendre pour faire les fouilles et les recherches préhistoriques en général, et dans différents cas particuliers. Supposons un amateur éclairé n'ayant qu'une idée générale du Préhistorique, ou même un savant con- naissant cette science, mais seulement en théorie. Comment s'y prendront-ils s'ils veulent faire des - recherches sur le terrain, des fouilles sérieuses et non des grattages sans plan, des dévalisations des ca- chettes et des sépultures, ou du ramassage des objets achetés ou trouvés au hasard ? Le Manuel de la Société préhistorique les instruira dès leurs premiers pas dans cette direction. Il leur dira quels sont les instruments de travail dont il faut se munir, comment il faut reconnaître les gisements, comment il faut les occuper, car il existe tout une - législation spéciale en cette matière, et le « Manuel » la » fait connaître en détail, jusqu'à donner les modèles de bail, d'acte de vente, etc. Il enseignera ensuite com- ment il faut faire le compte rendu des fouilles, lever le plan du terrain et des monuments; comment il faut récolter les objets préhistoriques; quels soins il faut . prendre suivant que ces objets sont en pierre, os, métal, bois, cuivre, etc. Il dira, enfin, comment il faut consolider les objets dans le cas où ils sont friables, comment il faut faire l’estampage des signes ou des dessins gravés et les moulages des objets. H ne négli- gera même pas les conseils sur l'emballage et l’expé- dition. . La photographie est traitée dans un chapitre spé- cial, ainsi que la question, très épineuse, de l’authen- ticité des objets et des fraudes, malheureusement trop fréquentes. | On aurait aimé voir plus développé le chapitre sur la … recherche, la préservation, etc., des ossements hu- k mains et animaux. Ce n'est pas assez d’avoir indiqué le procédé de Manouvrier pour la détermination de “ la taille d'après les os longs. Il fallait insister davan- —… age sur l'importance des ossements datés pour pré- venir le retour des faits de vandalisme, comme ceux qui Se sont produits encore tout récemment!, quand on a, dans une soi-disant « fouille », réduit en miettes, ! Voy. Revue de l'Ecole d'Anthropologie, 1905, noyembre- - décembre. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 523 intentionnellement, plus de vingt squelettes préhisto- riques de l’époque paléolithique, dit-on, c'est-à-dire presque autant qu'il en existe en tout dans les collec- tions du monde entier. Le chapitre des classifications préhistoriques des auteurs exclusivement français n'a qu'une valeur documentaire, car il n’est accompagné d'aucun exposé critique. ; Malgré cette longue liste, on n’a pas épuisé encore la mine de renseignements qui est le « Manuel ». Dans la partie intitulée « technique spéciale », il est ques- tion des différentes sortes de gisements, stations et monuments préhistoriques : gisements superficiels (stations, ateliers, fonds de cabanes, cachettes), gise- ments des berges et des côtes (dragages, sources, kjoekkenmoeddings, etc.), stations lacustres, sépul- tures diverses, grottes et cavernes, monuments mé- galithiques, tumuli, enceintes, puits, etc. Dans l « annexe », on trouve l'explication des prin- cipaux termes employés en Préhistoire, et les statuts de la Société préhistorique de France. Une table des matières n'aurait pas déparé le petit volume dont on vient de voir le contenu. Mais c'est une omission qui pourra être réparée dans la 2° édition. En somme, le Manuel est un guide indispensable et doit se trouver entre les mains de tous ceux qui s’inté- ressent de près ou de loin à la science préhistorique. J. DENIRER, Bibliothécaire du Muséum. 4° Sciences médicales Pouchet (G.), Membre de l'Académie de Médecine, Professeur de Pharmacologie et de Matière Médicale à la Faculté de Médecine de -Paris. — L’Iode et les Iodiques.— 1 vol. 1n-8° de 136 pages, avec tracés dans le texte. (Prix :3 fr.) O. Doin, éditeur. Paris, 1906. Si les applications thérapeutiques de l'iode et des iodiques n'ont pas été sensiblement moditiées par les travaux de ces dernières années, la pharmacodynamie de ces substances a été, en revanche, singulièrement éclaircie ; dès maintenant, on peut dire que l’'empirisme pur a fait place à une interprétation rationnelle. Ces acquisitions pharmacodynamiques récentes sont très complètement exposées dans la monographie actuelle. L'auteur résume, schématise comme suit l'action de l'iode : «L'iode agit : par la stimulation du tissu lymphoïde, par action spéciale sur la nutrition, enfin par une action, accessoire si l'on peut ainsi dire, sur le cœur, la circulation et la respiration. » Comme on voit, c’est le renversement de la proposition classique, qui faisait de l'action circulatoire l'action primaire et de l’action nutritive l’action secondaire. Les iodiques exagèrent l’activité du tissu lymphoïde : la notion est ancienne, et n'avait pas échappé aux empi- riques. Les recherches récentes ont montré qu'ils agis- sent surtout sur les macrophages, dont le rôle inter- vient à la période tardive des affections pour débarrasser l'organisme des déchets cellulaires et microbiens. Les iodiques exercent une action stimulative marquée sur les processus de désassimilation, notion ancienne aussi. Cette action semble s'exercer par augmentation notable de la labilité des albumines et des graisses, ren- dues ainsi plus facilement et plus complètement oxy- dables. L'action cardio-vasculaire, enfin, résulterait d'une action essentielle sur la pression sanguine abaissée et accessoirement de l'action lymphagogue et nutritive. Les bons effets, enfin, des iodiques dans l'asthme s'expliqueraient par le véritable drainage exercé sur les tissus par l’action des iodures, par la stimulation des combustions organiques, le désencombrement des cellules des déchets de la nutrition et enfin la fluidifi- cation des exsudats. D' ALFRED MARTINET. 524 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 1x Mar 1906. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Haton de la Gou- pillière expose ses recherches sur les centres de gra- vité de systèmes discontinus. — M. E. Guyou indique : la cause de certains phénomènes de frottement, en apparence paradoxaux, observés par M. de Saintignon en mettant en rotation très rapide un globe de verre sphérique rempli d’eau dans laquelle on introduit une substance solide réduite en particules très minces. — MM. P. Vieille et R. Liouville ont étudié l'influence des vitesses sur la loi de déformation des métaux par une méthode d'opposition, dans le but d'appliquer les résultats aux indications des manomètres à écrasement. 20 ScrENCES PHYSIQUES. — M. C. de Watteville décrit un nouveau dispositif pour la spectroscopie des ÉOREEN phosphorescents, dans lequel un conducteur mobile provoque la décharge d’un condensateur en passant à quelque distance de conducteurs fixes en relation avec les armatures; l’étincelle qui jaillit éclaire le corps phosphorescent. — M. Devaux-Charbonnel indique un procédé de mesure de temps très courts qui utilise la décharge d’un condensateur à travers une résis- tance. — MM. A. d'Arsonval et F. Bordas montrent qu'on peut, par l'emploi de basses températures, distiller des liquides alcooliques, dessécher des subs- tances facilement altérables, recueillir des produits volatils, etc., en quelques minutes. — M. G. Boizard a étudié la conductibilité des solutions de sulfate d'ammoniaque dans des mélanges d'acide sulfurique et d'eau. Elle est soit plus grande, soit plus petite que celle du solvant; la différence varie avec la concentra- tion en sulfate. — M. L. Henry a étudié l'hexaméthyl- éthane (CH“}C.C(CH*), qui s'obtient comme produit accessoire dans l’action de l’aldéhyde acétique sur le bromo-(tertio)-butylmagnésium. C’est un corps solide, F. 103°-10%, volatil à l'air libre. — M. G. Blanc : Syn- thèse totale de dérivés du camphre isolaurolène, acide isolauronolique (voir p. 529). — MM. L. Bou- veault et F. Chéreau, en chlorant le cyclohexanol ou la cyclohexanone en présence du carbonate de chaux, ont obtenu la chlorocyclohexanone, F. 23°. Elle est hydrolysée par les alcalis en &-oxycyclohexanone ou adipoïne, F. 113°, sublimable à 25° dans le vide. La chlorocyclohexanone se combine avec les dérivés organomagnésiens pour donner les homologues de la cyclohexanone. — MM. E.-E. Blaise et P. Bagard, en décomposant par la chaleur les «-oxyacides à fonc- tion alcool tertiaire, ont obtenu des acides af non saturés. Dans tous les cas où la stéréoisomérie est possible, l’isomère que l’on obtient est constitué, non par l’isomère stable, mais par le stéréoisomère instable correspondant. — MM. L. Maquenne et E. Roux ont constaté que la réaction alcaline optima reconnue par eux comme la plus favorable à la dextri- nilication de lempois d'amidon est aussi celle qui donne avec le temps la plus grande quantité de mal- tose. L'addition d'acide diminue la stabilité de l'amylase. Dans le malt, l'amylase est probablement engagée en combinaison avec les matières basiques, minérales ou aminées. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. A. Laveran a fait sur des cobayes, rats et souris, des expériences d’inocula- tion avec trois échantillons de trypanosomes recueillis chez l'homme, l’un en Gambie, l’autre dans l'Ouganda, le troisième dans lOubanghi. La comparaison des ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES observé, chez les fourmis, qu'après le vol nuptial les | | résultats ne révèle que de faibles différences, d'où l'on peut conclure à l'unité de l'agent pathogèné. — M. G: Levaditi a réussi à cultiver en série le spirille de fièvre récurrente africaine (tick-fever) par la méthod des sacs sur un milieu formé de sérum de macaque chauffé à 70°. — M. H. Vallée montre, par de nouvelles expériences, que, moins que jamais, l'on ne doit const dérer la tuberculose pulmonaire comme résultant de la seule inhalation de poussières virulentes; maintes tuberculoses pulmonaires sont consécutives à une infection par les voies digestives dans le jeune âge, non: exprimée par des adénopathies mésentériques. M. L. Léger a découvert, chez la tanche commune. une nouvelle Myxosporidie à spores capsulées, qu'il nomme Chloromyxum cristatum. — M. Ch. Janet à eo fibres des muscles vibrateurs du vol disparaissent com: plètement et qu'elles sont remplacées par des colon nettes d’adipocytes. — M. M. Dubard à constaté que les Mascarenhasia sont des arbres recherchant les sols humides, croissant surtout en abondance sur la côte orientale de Madagascar. Les rameaux floraux sont dé nature sympodique et les feuilles très polymorphess Les caractères floraux les plus intéressants sont fournis par le tube de la corolle et par le disque. M. Jean Friedel a observé que l'ovaire d'Ornitho galum arabicum, bien que fortement coloré en vert noirâtre, n’a pas de pouvoir assimilateur. Cette parti cularité curieuse s'explique peut-être par une altéras tion superficielle de la chlorophylle. — M. E. de Wil deman a étudié les maladies des caféiers du Congo indépendant. Les deux principales sont dues : l’une a Pellicularia Koleroga, qui se développe surtout dans les stations humides et très ombragées, l'autre l’'Hemileia vastatrix. — M. de Lamothe a retrouvé le long de la vallée du Rhône, en aval de Lyon, des traces de la plupart des niveaux de terrasses découverts par lui dans la vallée de l’Isser (Algérie). — M. E. Haug suppose que les nappes charriées dont la Sicile a con servé les témoins n'ont laissé aucune trace en Tunisie Elles existaient peut-être au-dessus de la série auto chtone, mais l'érosion en aurait fait disparaître les derniers vestiges. — MM. M. Lugeon et E. Argand estiment que la zone des phyllades qui chevauche s l'Eocène moyen, par l'intermédiaire d’un coussineln d’argiles scallieuses de l'Eocène inférieur, représente l’amorce de la racine de la grande nappe de charriagë sicilienne. Tout l'ensemble de l'arc cristallin de le Calabre doit être considéré comme un arc de charriage: — M. Edm. Maillet montre queles grandes crues d@ saison froide dans le bassin de la Seine sont conséet tives aux saisons chaudes où le total des pluies a été supérieur à la moyenne de 380 millimètres. & M. F. Diénert a suivi la minéralisation d’un certain nombre d'eaux souterraines par la mesure de Jeun conductibilité électrique. Certaines sources présentent une minéralisation très constante dans des cireons stances complexes : ce sont généralement celles qui n@ renferment pas de colibacilles et ne sont par CONSÉ quent pas souillées par les eaux superficielles. = MM. E. A. Martel et E. van den Broek ont étudié les excavations naturelles connues sous le nom d'Abannets… sur les plateaux calcaires de Nismes et de Couvin (Bel gique). Ce sont les bas-fonds de points d'absorptionn d'eaux courantes remontant à une antiquité considé= rable. — MM. P. Portier el J. Richard décrivent un nouveau dispositif pour prélever l'eau de mer destinées aux analyses bactériologiques. Séance du 21 Mai 1906. M. le Président annonce le décès de M. R. Bischoffs- heim, Académicien libre. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Haton de la Gou- pillière recherche le lieu géométrique des centres de ravité d'un fil circulaire de longueur croissante, ont la densité varie proportionnellement à une puis- . sance 2 entière de cette longueur. — M. Ed. El. Colin présente la suite de ses observations géodésiques et magnétiques faites aux environs de Tananarive. 29 SCIENCES PHYSIQUES. — M. E. H. Amagat expose ses idées sur la discontinuité des chaleurs spécifiques à saturation et les courbes de Thomson.— M. A. Berget décrit un dispositif, dit collimateur magnétique, per- mettant de transformer une jumelle ordinaire en ins- trument de relèvement. — M.Jean Becquerel a observé l'existence de la polarisation rotatoire magnétique dans une lame de xénotime normale à l'axe; on peut y mettre également en évidence la dispersion anomale et la biréfringence circulaire magnétique. — M. Ch. Moureu a analysé les gaz de 43 sources thermales, françaises et étrangères. Toutes renferment des gaz rares (argon et hélium); la proportion de ceux-ci suit assez réguliè- - rement la teneur en azote; elle est inverse, au con- traire, de la teneur en CO?. — M. H. Pélabon a déter- miné les températures de fusion des mélanges d’étain avec l’un des métalloïdes : S, Se ou Te. Le maximum du point de fusion correspond à peu près au composé défini contenant un atome de métalloïide pour un de métal. — M. E. Rengade a constaté que l'oxygène, —._ même parfaitement sec, attaque énergiquement le césium à la température ordinaire. L'action d'un excès d'O conduit au peroxyde Cs°0", jaune, facilement dissociable, décomposable par H°0, réduit par CO? et H à des températures peu élevées, — M. V. Auger indique quelques méthodes faciles de préparation des dérivés organiques de l’As en partant des acides méthylarsinique et cacodylique. lodure de méthylarsine : réduction de l’acide méthylarsinique par SO®, puis précipitation par KI et HCI. Chlorure de méthylarsine : action de POCIF sur l'acide méthylarsinique. Chlorure de cacodyle : action de HCI et de l'acide hypophosphoreux sur l'acide cacodylique. — M. P. Freundler a observé que les azoïques 0-carboxylés, traités par PCF, se transforment en dérivés C-oxyindazyliques chlorés dans le noyau aromatique. — M. E. Fouard a reconnu que les com- posés halogénés des terres rares, depuis le samarium Jusqu'au lanthane, sont des catalysateurs oxydants très énergiques. — Mn° Z. Gatin-Gruzewska à constaté que, si, après un jour de jeûne, on donne à un lapin 4 milligramme d'adrénaline par kilogramme sous forme de solution, on ne trouve plus de glycogène 36 à 40 h. après cette injection, ni dans le foie, ni dans les muscles. — MM. M. Doyon, A. Morel et N. Kareff montrent que la fibrine se reforme très rapidement dans l'organisme. Peu d'heures après la défibrination presque totale d’un animal, la teneur du sang en fibrine peut dépasser la teneur initiale. Le fibrinogène paraît être d’origine hépatique. 3° SCIENCES NATURELLEFS. — MM. A. Calmette, C. Gué- rin et A. Déléarde ont constaté qu'expérimentalement chez les animaux, et cliniquement chez l'enfant, toutes les fois que l'infection tuberculeuse se manifeste par de l’adénopathie trachéo-bronchique, il existe des bacilles tuberculeux dans les ganglions mésentériques, alors même que ceux-ci paraissent sains. L'infection Dshonnate mésentérique précédant l'apparition des ésions trachéo-bronchiques, celles-ci doivent être con- Sidérées, de même que la tuberculose pulmonaire chez l'enfant et chez l'adulte, comme résultant d'une infec- tion tuberculeuse d'origine intestinale. — M. A. Chau- veau montre que, pour communiquer une vitesse déterminée à la masse d'un mobile préalablement équi- :libré par la force élastique des muscles en état de contraction statique, il faut que la force primitive et l'énergie qui la crée s'accroissent ensemble propor- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 325 tionnellement à la vitesse communiquée au mobile au moment où la contraction statique se change en con- traction dynamique. Donc il n’y a que des rapports simples entre les actions dynamiques du moteur musele et l'énergie qu’elles dépensent. — M. Ad. Goy a déter- miné expérimentalement l'élasticité de diverses mu- queuses, en particulier de la muqueuse vaginale. Les courbes obtenues sont exprimées par l'équation loga- rithmique de Ch. Henry. — M. Seguin a observé, dans le Séquanien de Bourges, toutes les formes de pas- sage entre l'Hemipyqus tuberculosus Cotteau et l'adulte typique d'Hemicidaris crenularus Lamarck ; le premier paraît n'être que le jeune âge du second. ACADÉMIE DE MÉDECINE Seance du 15 Mai 1906. MM. Kelsch et Cambier ont constaté, dans le Service de vaccination de l'Académie, que la pulpe fraiche possède une bien plus grande efficacité que le vaccin conservé dans la glycérire. Il est vrai que le vaccin glvcériné perd rapidement le plus grand nombre de ses germes parasites adventices; mais ceux-ci ne paraissent pas nuisibles et le vieillissement semble plus préjudiciable qu'utile au vaccin. — MM. Lemoine et Simonin présentent un Mémoire sur les rapports de la morbidité militaire avec l'habitation du soldat. M. Martel donne lecture d’un travail sur la rage dans. ses rapports avec la capture des chiens errants. Séance du 22 Mai 1906. M. A.-J. Martin lit un Mémoire sur la défense sani- taire de la Ville de Paris. — M. le D' Rousseau Saint- Philippe donne lecture d'un travail sur la tuberculo- phobie. Séance du 29 Mai 1906. M. Kaufmann est élu membre titulaire Section de Médecine vétérinaire. M. A. Motet présente un Rapport sur un Mémoire du D' Marie intitulé : « Paralysie générale et syphilis chez les Arabes ». L'auteur a constaté que la paralysie géné- rale est fréquente chez les Arabes en Egypte; la pro- portion des syphilitiques parmiles Arabes paralytiques semble notablement plus forte que parmi les Arabes aliénés autres de ce pays. — M. N. Gréhant montre que le chirurgien doit employer pour l’anesthésie des doses de chloroforme qui varient suivant qu'il agit sur des personnes de forte ou de faible constitution, et qu'il est utile de mesurer la température des opérés avant et après anesthésie. — M. Dieulafoy a été frappé du grand nombre de malades atteints d’entéro-colite muco-membraneuse ou sableuse, avec typhlite domi- nante, chez lesquels la douleur s'accuse plus vivement à la fosse iliaque droite, et qui sont indüment opérés d'appendicite qu'ils n'ont pas. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du T Avril 1906. M. Ch. Richet a observé qu'au cours de la fermen- tation lactique il se forme une combinaison de l'acide lactique avec la caséine, relativement stable, encore qu'elle soit dissociable par la potasse. — MM. A. Des- grez et J. Ayrignac ont reconnu que le poids moyen de la molécule élaborée dans l'organisme dépend de la composition du régime alimentaire ; il varie de 65, en régime lacté absolu, à 93, en régime végétarien absolu. — M. C. Hervieux estime que les diastases hydrolysantes rencontrées d'une manière très générale dans le testicule des Mammifères ont leur origine dans dans la la glande interstitielle de cet organe. — M. G. Mari- nesco présente ses recherches sur la structure des boutons terminaux. — M. Ch. Féré a étudié l'influence excito-motrice de quelques composés phosphoriques ; après la première excitation, il se produit une dépres- sion graduelle du travail total, liée à une action toxique 526 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES du produit qui s'accumule. — MM. E. Retterer et G. Tilloy ont constaté que, dans l'oligurie, les tubuli de la substance corticale du rein sont tapissés de cel- lules hautes; ils présentent une lumière étroite ou bien se transforment en cordons pleins. — MM. H. Soulié et V. Gardon ont observé la séro-réaction dans le cours de la fièvre méditerranéenne. Le pouvoir agelutinant est variable, mais constant ; la séro-réac- tion est spécifique vis-à-vis du Micrococcus melitensis. — M. Weinberg a observé 10 cas d'appendicite chez le chimpanzé; les vers intestinaux jouent un rôle important dans l’étiologie de l’appendicite chez ces singes. — MM. G. Linossier et G. H. Lemoine con- lirment leurs expériences précédentes démontrant, contrairement aux affirmations de Pavlov, que le bicarbonate de soude agit comme un excitant de la sécrétion gastrique. — MM. H. Roger et M. Garnier ont reconnu que, dans l'occlusion intestinale expéri- mentale, le contenu de l'intestin arrêté est moins toxique que celui de l'intestin normal; en même temps, on trouve dans le sang des bacilles anaérobies. — M. M. d'Halluin à constaté que, dans le cas de syncope grave, l’instillation d'éther dans un œil permet, si la rubéfaction se produit, de diagnostiquer la per- sistance des battements du cœur, inappréciables à l’auscultation. — MM. J. Ch. Roux et A. Riva mon- trent qu'à l’état normal le mucus sécrété dans l'intestin grêle et le gros intestin, et résistant à l'action des ferments digestifs, se dissout dans les fèces au niveau du gros intestin. Cette dissolution ne se produit plus lorsqu'il y a une traversée trop rapide du gros intestin (certaines diarrhées). — M. A. Rodet a constaté que, dans la réaction de précipitation, c’est le sérum consi- déré comme « précipitant » qui fournit surtout la matière du précipité; c'est le sérum neuf qui est en réalité précipitant et qui précipite la substance spé- cifique du sérum préparé, dite à tort « précipitine ». — M. R. Delanoë à reconnu que le B. prodigiosus est très sensible à la chaleur ; il est touché dans sa fonc- tion chromogène avant de l'être dans sa végétabilité. — M. C. Ciaccio a rencontré la mucinase dans les gan- glions lymphatiques, en particulier dans les ganglions mésentériques, dans la rate, et dans les exsudats riches en macrophages. — Le même auteur a observé que les macrophages élaborent un ferment qui agit de la même facon que l’entérokinase. La couche lym- phoïde de l'intestin contribue donc, par les macro- phages qu'elle renferme, à la formation de l'entéro- kinase. — MM. M. Curtis et J. Salmon ont observé un fœtus à lésions achondroplasiques présentant, exté- rieurement, les principaux attributs de la phocomélie. — M. F. Battelli et Me L. Stern ont étudié les échanges gazeux dans les tissus réduits à l’état d'émul- sion et immergés dans des liquides de composition différente. Les tissus absorbent de grandes quantités d'oxygène. — MM. M. Doyon, A. Morel et N. Kareff décrivent le procédé qu'ils emploient pour doser la fibrine dans le sang de chien. — MM. A. Gilbert et M. Herscher ont déterminé la teneur en bilirubine du sérum sanguin dans la cirrhose alcoolique : elle est en moyenne de 0,07 gramme par litre de sérum. — MM. H. Labbé et G. Vitry ont constaté que la quan- tité de sulfo-éthers éliminés quotidiennement par l'urine est sensiblement proportionnelle à la quantité d'albumine ingérée. — M. C. Levaditi a cultivé en série le Spirillum gallinarum par la méthode des sacs; ensemencé dans du sérum de poule préalablement chauffé à 72, ce spirille se multiplie activement et garde intacte sa virulence au bout de huit passages. — MM. F. Trémolières et A. Riva ont observé que la mucinase apparaît dans le sang des sujets qui rejettent par l’anus du mucus plus ou moins concrété et dans celui des animaux atteints d'hypersécrétion muqueuse expérimentale. — M. E. Debains propose de modifier la flore intestinale par l'introduction, dans la cavité intestinale, d'un ferment lactique puissant (bacille bulgare), se développant très bien à 37 et n'attaquant pas les matières protéiques. — M. H. Iscovesco à reconnu que la partie liquide du sang contient des colloïdes qui forment avec les colloïdes positifs du su gastrique des complexes instantanément précipitablés dans un milieu privé de sels et lentement dans un milieu non dialysé. Le sang normal contient des pré- cipitines pour le suc gastrique. — MM. Widal et Burnet signalent un cas de longue persistance d’éosinophilie sanguine à la suite. d’éosinophilie pleurale, — Mile p, Robert à étudié l'influence retardatrice du sérum sur l'hémolyse des globules de cheval par l'acide 'acétique. Ni les globulines, ni les sels du sérum n’ont d’influence seuls ; c’est leur ensemble qui possède l'action empé- chante. — M. V. Henri à étudié la coagulation du latex de caoutchouc sous l'influence de divers corps. Il semble que les charges positives des ions des élec- trolytes ajoutés viennent neutraliser les charges néga- tives des globules de caoutchouc. Séance du 28 Avril 1906. M. M. Nicloux a observé le passage du chloroforme dans le lait chez la chèvre anesthésiée; la quantité contenue dans le lait peut même dépasser celle que renferme le sang. — M. Ch. Féré montre que le con- trôle dans la limitation de l'amplitude des mouve- ments contribue à provoquer la fatigue. — M. G.. Patein. a constaté que le sérum sanguin de l’homme, neutra- lisé, présente plusieurs points de coagulation par la chaleur; ces températures sont les mêmes que celles auxquelles sont coagulées les euglobulines et pseudo- globulines. — M. L. Guillemot et Ml: W. Sezawinska estiment que, chez l'enfant, tout au moins dans les gastro-entérites communes, non spécifiques, Îles microbes interviennent surtout comme agents de fer- mentation d'un chyme intestinal anormal, la déviation du type régulier étant due aux troubles fonctionnels ou aux lésions du tractus digestif et des glandes, annexes. — M. M. Delanoë montre que la restriction de l’aération permet de dissocier la fonction de végéta- tion de la fonction chromogène chez le Baci/lus prodi- giosus, et, sans troubler la végétation, de faire subir au pouvoir chromogène une atteinte plus ou moins profonde et durable. — MM. A. Carrel et C.-C. Guthrie ont produit chez le chien de l’artério-sclérose expéri- mentale en augmentant la pression sanguine dans une artère pendant plusieurs mois. — M. F.-J. Bose a. reconnu que la gomme cérébrale, à son état d'activité, est constituée par une néoformation cellulo-vasculaire de structure précise; la lésion de méningo-encéphalite diffuse chronique ulcéreuse, qui est en connexité étroite avec elle, représente un syphilome de même structure générale. — M. E. Maurel a constaté que, chez le nouveau-né, la surface cutanée, rapportée au kilogramme de son poids, est environ trois fois plus grande que celle de l'adulte; il en est de mème pour la section thoracique. — MM. C. Nicolle et C. Comte ont observé, chez le Vespertilio Kubli, chauve-souris commune à Tunis, une petite et une grande forme de Trypanosome, souvent associées. — Les mêmes auteurs ont constaté que plusieurs chauves-souris, examinées par eux, puis relàchées, étaient retournées au point où elles avaient été capturées, distant de 2 kilomètres. — MM. F. Mesnil et G. Martin estiment que l'infection des Oiseaux par les Trypanosomes pathogènes des Mammifères est réelle, mais exceptionnelle, et, jusqu'à, plus ample informé, limitée aux oies inoculées de Tr. Brucei. — M. L. Vaillant a observé qu'il existe un rapport entre la quantité de chloroformo-bacilline produite par le bacille tuberculeux et le milieu où ilest cultivé : saccharose, glucose ou lévulose; elle est maximum pour le glucose et minimum pour le sac= charose. — MM. G. Lion et H. Français ont obtenu chez le lapin, après injections successives, de muqueuses d'estomac de chiens, un sérum toxique pour la muqueuse gastrique de cet animal et permet= tant de réaliser chez lui le tableau de l’apepsie: — M. J. Nageotte poursuit ses recherches sur la régéné- > ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 527 ration collatérale des neurones radiculaires postérieurs —… dans le tabes; les « cellules pourvues d'appendices z terminés par des boules encapsulées » de Ramon y ÿ Cajal sont des cellules en train de remplacer leur — axone. — M. H. Iscovesco montre qu'il existe dans le U . sérum du sang de chien des colloïdes négatifs qui for- — ment, avec les colloïdes positifs du suc gastrique, un précipité; cette précipitation rend le ferment gastrique - inactif en le fixant dans un complexe insoluble. — MM. H. Bierry et Giaja ont observé que le suc pan- - créatique du chien obtenu par injection de sécrétine - et dialysé avec soin ne dédouble pas le maltose; laddi- . tion de NaCI lui rend son activité. — MM. M. Doyon, - A. Morel et N. Kareff ont constaté qu'une saignée -abondante détermine une diminution passagère, suivie - d’une augmentation de la teneur du sing en fibrine. — M. J. Lefèvre montre que, chez l'adulte moyen de nos climats qui garde le mème habillement (demi-saison) - pendant toute l’année, la ration calorique d'hiver doit être presque deux fois plus forte que celle d'été. Séance du 5 Mai 1906. M. A. Mouneyrat : Méthode de recherche de petites quantités de fer (voir p. #29). — MM. À. Mougeot et _E. Albert-Weil ont observé, après l'application de bains carbo-gazeux artificiels, une rétraction immé- diate du cœur, d'environ 15 millimètres, suivant son . diamètre transversal. — M. A. Lécaillon montre : 1° que les araignées sont douées de la faculté d’être impressionnées par le son; 2° que certains insectes qu'elles capturent produisent des sons analogues aux notes musicales; 3° qu'elles sont incapables de faire une distinction nette entre les sons produits par les d instruments de musique. — M. E. Fauré-Frémiet à constaté que la frange adorale des Vorticellides, qui, par la vibration de ses cils, détermine un appel d’eau dirigé sur l'Infusoire, possède une force de 0.0086 microdyneetaccomplitun travail de0,000.000.000.08 erg. — M. Kuckuck estime que c'est l'électricité des col- loïdes des cellules sexuelles, de signes opposés dans les deux sexes, qui est la force attractive entre les cellules - sexuelles. — MM. Audebert et E. Maurel ont reconnu que la température sous-vestiale des nouveau-nés est sensiblement constante; elle correspond à peu près à la température cubiliale de l’adulte (soit 340-360). — M. Thi- roux a observé que le sérum de deux malades atteints de trypanosomiase humaine a une action préventive sur des souris inoculées avecle 7r.gambiense. — M. P. Remlinger montre que la rage peut se transmettre . non seulement par morsure et lèchement, mais encore > par coup de grile, les griffes étant souillées par la bave virulente de l'animal. — MM. M. Doyon, A. Morel et N. Kareff ont constaté que le sang qui s'écoule des veines sus-hépatiques contient généralement plus de fibrine que le sang de tout autre vaisseau et notamment que le sang de la veine porte. — M. H. Iscovesco a reconnu que : {1° le plasma contient des globulines positives et des globulines négatives; 2° le sérum ne —… contient que des globulines positives; 3° la fibrine est —… un complexe formé par l'union de toutes les globulines —… négatives du plasma avec une partie des globulines — posilives. — M. E. Solvay : Sur l'organisation et la possibilité de la self-organisation de la réaction chi- mique. — MM. Javal et Adler signalent un cas typique de déchloruration fécale chez un tuberculeux pulmo- naire, atteint de néphrite tuberculeuse avec albumi- nurie énorme et diarrhée incoercible. Séance du 12 Mai 1906. M. Weinberg a constaté que les Nématodes, hôtes habituels du tube digestif de l'homme et des animaux, ont susceptibles de se fixer sur la muqueuse. — MM. L. Lévi et H. de Rothschild ont vu une auto- infection périodique disparaître pendant toute la durée du traitement thyroïdien et encore deux mois après, et réapparaître atténuée à la suite d’une nouvelle atteinte morbide et de la cessation du traitement. — M. Ch.-A. |. François-Franck a étudié graphiquement les mouve- | ments respiratoires des Poissons téléostéens. Les mou- | vements buccaux etopereulaires ne sont pas alternants, | comme le voulait Duverney; ils ne sont pas non plus | synchrones, comme l’a dit Paul Bert; ils sont suc- cessifs, avec anticipation constante du mouvement buccal. La membrane souple, plus ou moins large, qui borde le battant osseux operculaire intervient d'une façon essentielle dans le fonctionnement respiratoire des Poissons téléostéens. — MM. P. Teissier et Ch. Esmein ont fait l'étude bactériologique de quarante- cinq cas d'oreillons; ils ont trouvé presque constam- ment une variété de microcoque tétragène septique. — M. J. Heitz, après l'administration de bains carbo- gazeux, à observé une diminution du chiffre des globules rouges, une leucocytose très accusée, avec augmentation surtout des mononucléés, et une augmen- tation légère des éosinophiles. — M. P. Carnot a cons- taté que l'absorption d'alcool, par une voie quelconque, provoque une sécrétion glandulaire active de l'estomac chez les sujets sains; elle donne, au contraire, des résultats notablement différents chez les sujets dont la muqueuse gastrique est malade. — M. A. Mouneyrat a reconnu que, dans le liquide vert qui se forme par action de H?S sur une solution diluée d'un sel de fer, le fer est à l’état colloïdal. — M. J. Nageotte a observé la présence de massues d’accroissement dans la subs- tance grise de la moelle, particulièrement dans les cornes antérieures, au cours de la paralysie générale | et du tabes. — MM. J. Kunstler et Ch. Grineste attirent l'attention sur les modifications profondes qui se produisent dans la constitution de la substance vivante, consécutivement aux variations de milieu. — M. F.-J. Bosc montre que les lésions méningo-encé- phaliques de la paralysie générale vraie présentent tous les caractères de la méningo-encéphalite chro- nique ulcéreuse syphilitique. — MM. G. Péju et H. Rajat ont constaté que l’iodure de potassium pro- voque l'apparition de formes polymorphes chez divers bacilles : pneumo-bacille de Friedlaender, bacille du choléra asiatique, bacille de la diarrhée verte. — M. P. Remlinger a reconnu que le syndrome de Landry (paralysie ascendante aiguë) est susceptible d’être réalisé par le virus rabique etaussi, au cours ou à la suite du traitement pastorien, par la toxine rabique renfermée dans les émulsions vaccinantes. — MM. A. Gilbert et M. Villaret apportent de nouveaux argu- ments cytologiques en faveur de l’origine mécanique de l’ascite dans les cirrhoses (gène de la circulation portale intrahépatique). — M. H. Iscovesco montre que la fibrine est un complexe qui, redissous dans l’eau salée, prend une charge positive; un complexe binaire redissous et ayant une charge peut former un complexe ternaire avec un colloide simple de signe opposé. — M. E. Fauré-Frémiet a constaté que, pendant les deux premières minutes de son introduction dans le cytosome de la Vorticelle, le bol alimentaire est isolé de l'endoplasma par la membrane périvasculaire ; puis la vacuole cède à la tension superficielle et devient sphérique, elle se laisse pénétrer par des acides qui ne peuvent provenir que du cytosome et elle perd en deux minutes les trois quarts de son contenu liquide, absorbé par l'endo- plasma environnant. — M. G. Rosenthal a reconnu que le bacille d’Achalme (8. perfringens) peut s'adapter progressivement à la vie aérobie. Séance du 19 Mai 1906. M. Ch.-A. François-Franck a observé, dans la mem- brane limitante operculaire des Poissons téléostéens, la présence de fibres striées, surtout abondantes vers le bord libre. — M. A. M. Bloch, par l'étude de la vision indirecte, confirme le fait que le regard physio- logique, le vrai regard de la fixation, ne s'effectue que dans une étendue horizontale de 2 dixièmes de milli- mètre et est ainsi exercé uniquement par la fosse cen- trale. — M. M. Letulle montre que, chez l'adulte, tout ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES appendice examiné soit après la mort, soit après abla- tion chirurgicale, est presque régulièrement atteint de lésions chroniques inflammatoires anciennes, banales et communes. — M. Weinberg a reconnu la présence de l'appendice chez 4 singes inférieurs sur 46 examinés. — MM. J. Bruckner et C. Cristeanu, par des injections répétées de cultures pures de gonocoque, chez le cheval, ont obtenu un sérum qui agglutine tous les gonocoques. — MM. A. Gilbert el P. Lereboullet ont constaté que le Rumex crispus est un médicament ferrugineux actif, par suite de sa richesse en fer végétal en combinaison lâche, richesse qu'on peut augmenter par la culture. — M. A. Sartory a cultivé une levure chromogène qu'il a découverte dans certains sucs gastriques hyperacides ; il lui donne le nom de Cryptococcus Salmoneus. — M. F. Guéguen propose l'emploi d'une solution de Sudan II dans l'acide lactique pour colorer les glo- bules gras des champignons. — MM. P. Teissier et Ch. Esmein, au moyen du microcoque trouvé par eux sur les malades atteints d'oreillons, ont déterminé chez le cobaye des lésions absolument comparables à celles de la septicémie tétragénique expérimentale. — M. L. C. Maillard à observé une cristallisation spontanée de chlorhydrate de glycinate d'éthyle qui présente un aspect qui peut être comparé à celui de certaines struc- tures biologiques. — M. A. Thomas à constaté la pré- sence de renflements cylindraxiles dans les ganglions rachidiens d’un amputé, examinés par la méthode de Ramon y Cajal (imprégnation à l'argent). — MM. M. Doyon, A. Morel et N. Kareff : Régénération de la fibrine chez le chien et origine de la fibrine (voir p. 525). — M. E. Maurel estime que, pendant les saisons inter- médiaires des régions tempérées et dans les conditions de la ration d'entretien, l'homme adulte de 65 kilogs ‘ne dépense pas plus de 2.400 calories par jour, avec un écart de 1/6 en moins en été et en plus en hiver. —— MM. P. Carnot el A. Chassevant ont reconnu que l'évacuation pylorique des graisses est tardive et pro- longée, d'autant plus que leur point de fusion est plus élevé. La présence de graisses retarde l'évacuation des liquides qui leur sont mélangés. — M. H. Iscovesco à étudié la bile au point de vue de sa précipitabilité par l'hydrate de fer et le sulfure d'arsenie colloïdaux; elle ne contient que des colloides négatifs. — M. N. Fies- singer à constaté que l’action nocive du chloroforme sur le foie n'apparaît expérimentalement qu'à condition de donner le toxique à dose forte ; les lésions appa- raissent d'une façon très précoce et prédominent autour de l’espace porte. — M. M. Cohendy a tenté, chez 5 malades atteints d'entérite muco-membraneuse aiguë, l’acclimatation d’un ferment lactique dans le gros intestin ; chez 4 d'entre eux, l'acclimatation microbienne et la désinfection intestinale étaient réso- lues du #° au 6° jour. — M. G. Rosenthal est parvenu à obtenir l'accoutumance du vibrion septique à la vie aérobie. — MM. H. Lamy, A. Mayer et F. Rathery, analysant les modifications des tubes contournés observées après les injections intraveineuses massives de cristalloïdes, ont constaté que l'élargissement de la lumière des tubes, l'aplatissement des cellules et l’élar- gissement des espaces intertubulaires semblent être corrélatifs du passage de l’eau, tandis que les vacuoles intra-cellulaires paraissent dues au passage des cris- talloïdes. — MM. E. Louïse et F. Moutier ont reconnu que les chèvres supportent sans accident des injections de mercure-phényle dissous dans l’acétate d'éthyle à dose thérapeutique ; une petite quantité de mercure s'élimine par la glande mammaire. — M. V. Henria étudié le liquide périviscéral des Oursins ; il renferme le nombreux éléments figurés el se coagule spontané- ment. Cette coagulation à pour but de réparer les blessures de l'intestin chez ces animaux. — Mit P. Cer- novodeanu et M. V. Henri ont observé une phagocy- tose rapide et intense des bacilles introduits dans la cavité générale des Oursins par les éléments figurés du liquide périviscéral, — M. V. Henri et Me Kayaloff ont trouvé, dans chacune des quatre espèces de pédi- cellaires des Oursins, des poisons qui provoquent une paralysie, puis la mort des animaux injectés. — MM. M. Gompel et V. Henri ont constaté qu'après injection de glucose la teneur de l'urine du poulpe en chlorures diminue nettement, tandis que la teneur en glucose augmente. La sécrétion parait se présenter comme chez le chien. RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX Séance du 3 Avril 1906. M. H. Sérégé a constaté que le fer paraît être égale- ment réparti dans le foie droit et dans le foie gauche chez l'animal à jeun; le foie droit renferme, au con- traire, une quantité de fer supérieure à celle du foie gauche pendant la période digestive. Enfin, dans l’'em- poisonnement par l'oxyde de carbone, la teneur en fer du foie gauche est plus grande que celle du foie droit. — M. R. Brandeis décrit un nouveau procécé de colo- ration des coupes histologiques par l’azorubine alunée. — M.J. Kunstler expose ses idées sur la nomenclature: anatomique des éléments protoplasmiques. — MM. J. Gautrelet et H. Mallié ont observé que les injections sous-cutanées de fluorure de sodium chez le lapin sont suivies d’une ammoniurie et d'une glycosurie qui tra- duisent une inhibition de la fonction hépatique. — M. P. Rivière a reconnu que, chez la grenouille, la fréquence du rythme musculaire dans la contraction volontaire ou réflexe est au moins du même ordre de grandeur que celle qui est nécessaire pour obtenir, à l’aide de moyens artiticiels, le tétanos complet dans les muscles striés du même animal. — MM. J. Sabrazès et L. Muratet signalent un cas de cancer épithélial muci- pare du poumon avec épanchement pleural séro-muci- neux. y Séance du 1% Mai 1906. M. Ch. Pérez présente quelques exemplaires de Leptocephalus brevirostris, larve bathypélagique de l’Anguille vulgaire. — M. J. Bergonié conclut, d'une | expérience préliminaire, qu'il n’y a aucun rapport entre la répartition du vêtement etla formation de la graisse. — MM. Coyne et Cavalié ont observé, chez les dents dont l'ivoire a subi un commencement d'attaque, une réaction protectrice, défensive, et réparatrice, consis- tant en une hyperplasie de l'ivoire due probablement à un processus irritatif qui atteint la pulpe et plus spécialement les odontoblastes; cette réaction odonto- blastique est malheureusement incomplète. RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY Séance du 12 Mars 1906. M. R. Collin signale un cas d'atrophie bilatérale non symétrique d’un métacarpien chez une jeune fille de quinze ans, due à la disparition du cartilage de conju- gaison. — M. L. Mercier étudie le développement des spores du WMyxobolus Pfeilleri. — MM. P. Simon el L. Spillmann ont observé les altérations du sang dans l'intoxication saturnine expérimentale. La plus sail- lante consiste dans l'apparition, dans le sang, de glo- bules rouges à granulations basophiles et de leucocytes atypiques. Séance du 8 Mai 1906. M. L. Bruntz a découvert chez deux Schizopodes, les Mysis chamaeleo et vulgaris, un organe globuligène parfaitement typique. — MM. P. Simon et L. Spill- manon ont étudié l'action des injections d'extrait de rate sur le sang chez le cobaye. Elles produisent une forte diminution des polynucléaires et une augmenta= tion correspondante des lymphocytes. — M. L. Bruntz a observé que les globules sanguins des Arthrostracés présentent les mêmes phases évolutives que celles des globules sanguins de Décapodes; ce sont des éléments glandulaires et phagocytaires. Les Amphipodes et les Isopodes ne possèdent pas d'organe globuligène; les amibocytes se multiplient normalement par mitose. RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE Séance du 24 Avril 1906. - M. M. Arthus a constaté qu'en liqueurs fluorées, “stérilisées à 110°, les caséines subissent une digestion saline semblable à la digestion peptique, puisqu'elles sont dédoublées en paranueléine précipitée et en pro- … téoses dissoutes. — M. L. Imbert estime que la gre- nouillette commune n'est autre chose qu'un kyste “conjonctif du plancher de la bouche, de la région Muse. — M. A. Briot a étudié l’action de l'ino- culation de suc salivaire de poulpe sur la grenouille ; elle produit de la congestion, qui aboutit à la mort de Panimal. Le suc chaulfé ou filtré a perdu tout pouvoir. Séance du 15 Mai 1906. ne malformation par anomalies artérielles. M. A. Billet a constaté que la filariose sous-cutanée de Médine, au même titre que les hémofilarioses et que Ja filariose de l'œil, paraît entraîner l’éosinophilie. — M. P. Stephan a observé des modifications du syncy- tium nourricier dans le tube séminifère des hybrides. SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE PARIS Séance du 27 Avril 1906. M. A. Mouneyrat expose un procédé de destruction des matières organiques en vue de la recherche de cer- “tains métaux. Etant en possession d'acides sulfurique “et chlorhydrique absolument exempts de fer (purifiés d'après les indications de l’auteur), on divise les tissus “aussi finement que possible à l’aide d'un couteau de “platine et l’on sèche à {20°-130°; on les additionne alors “du dixième environ de leur poids d'acide sulfurique pur, que l’on chasse à feu nu. On lessive à l’eau dis- tillée, afin d'enlever la plus grande partie des sels; le résidu noir non dissous est de nouveau additionné d'acide sulfurique que l’on chasse à feu nu. La masse harbonneuse est rapidement brülée en dirigeant, dans la capsule chauffée, un courant d'oxygène provenant “d'une bombe. Le contenu de la capsule, dissous dans HCI pur, sert à la recherche du fer ou des métaux dont les sulfates ou oxydes sont fixes à la température du rouge. M. L.-C. Maillard estime que cette méthode est identique à la méthode classique d’incinération frac- “tionnée. — M. G. Urbain expose ses recherches sur le dysprosium. La Æevue publiera prochainement un article du même auteur sur cette question et celle des “terres rares en général. Séance du 11 Mar 1906. — M. A. Mouneyrat proteste contre l'affirmation de M. Maillard que le procédé de destruction des matières organiques indiqué par lui est identique à la méthode classique d’incinération fractionnée. Il s'en distingue, “au contraire, en ce que : {4° Pour éviter les pertes métal- liques à l’état de chlorures, les matières organiques, “avant leur destruction, sont traitées par l'acide sulfu- rique, afin de faire passer les chlorures métalliques, $ volatils au rouge à l’état de sulfates (lesquels par décom- position peuvent donner des oxydes) beaucoup plus stables; 2° Le charbon n'est pas détruit en le placant dans un tube disposé surune grille à analyse, mais direc- tement dans la capsule de platine. — M. G. Blane expose la méthode qu'il a employée pour réaliser la synthèse de quelques corps contenant le noyau du camphre. En condensant l'éther diméthylbromobuty- rique avec le malonate d'éthyle sodé, on obtient un “éther bicarboné dont la saponification fournit l'acide ax-diméthyladipique CO*A.CH*.CH°.CH°.C(CH*)*CO’H.Cet acide est facilement transformé en pentanone bouillant à 1439. Cette pentanone se condense à son tour avec V'iodure de méthylmagnésium pour donner un alcool tertiaire fusible à 37, dont la déshydratation fournit lisolaurolène. Deux réactions analogues fournissent le campholène et la campholènelactone. — M. A. Hollard | M. Alezaïis considère le rein en fer à cheval comme: ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 529 montre le grand intérêt qu'il y a à supprimer le déga- gement d'hydrogène qui accompagne le dépôt électro- lytique des métaux, dégagement gazeux qui, souvent, est la cause de leur état spongieux, pulvérulent et impur. Cette suppression de l'hydrogène conduit à des dépôts compacts, unis et de grande épaisseur. Cette suppres- sion peut être obtenue par l'addition de certains sels qui font disparaître les ions hydrogène en les faisant passer à l’état de combinaisons complexes. C’est ainsi que l'addition d'un sulfate à l'acide sulfurique fait dis- paraître des ions H qui passent à l'état d'ions SO“H, et cette disparition est d'autant plus complète que la con- centration de l'acide sulfurique est plus forte. M. Hollard prouve cette disparition des ions hydrogène par des mesures de conductibilité électrique faites sur des mélanges, en toutes proportions, d'acide sulfurique avec les sulfates de soude, de magnésie, de zinc, de cuivre et d'ammoniaque. SOCIETE ROYALE DE LONDRES Séance du 1* Février 1906 (Suite). MM. A. D. Hallet C.G. T. Morison: Sur Ja fonction de la silice dans la nutrition des céréales. 1° La silice, quoique n'étant pas un constituant essentiel de la nourriture des plantes, joue un rôle dans la nutrition des céréales, telles que l'orge, qui contiennent norma- lement une proportion considérable de silice dans leurs cendres; 2 L'effet d’une addition facultative de silice soluble se manifeste par la formation plus rapide d'un grain plus gros; il est donc semblable à l'effet produit par l'acide phosphorique ; 3° La silice agit en causant une augmentation dans l'assimilation de l'acide phosphorique par la plante, acide auquel les effets observés sont dus. Il n’y a pas de preuve que la silice dans la plante produise une utilisation plus com- plète de l'acide phosphorique qui à déjà été assimilé, ou qu’elle-même provoque la migration des matières nutritives de la paille à la graine; 4& Le siège de l'action est dans la plante et non dans le sol. — M. Ch. Bolton expose ses recherches sur la spécificité et l’action in vitro de la gastrotoxine. La cytotoxine gastrique formée dans le sang d'un animal à la suite de l'injection de cellules gastriques paraît être un corps complexe. Après une seule injection, il se pro- duit une grande augmentation de l'hémolysine norma- lement présente dans le sang de l'animal, et en même temps on découvre un nouveau corps immunisant hémolytique qui n'est pas normalement présent dans l'animal. Ce dernier corps s'y trouve en quantité con- sidérable après la seconde injection. La gastrotoxine agglutine aussi les corpuscules rouges du sang. On trouve, étroitement associée en apparence avec ce corps immunisant hémolytique artificiel, une agglutinine qui agit sur les granules gastriques, et une précipitine qui agit sur les protéides solubles des cellules gastriques. Si l’on renouvelle les injections, ces substances restent présentes dans le sang pendant plusieurs mois. L'auteur n'a pas encore prouvé si elles ne forment qu'un seul et même corps ou des corps distincts. Après plusieurs injections, et pas moins d'environ cinq semaines depuis la première, apparaît dans le sang une autre substance, qui possède une action sur les cellules gastriques intactes. En dépit des injections répétées, cette substance disparaît du sang dans l’espace de quatre mois environ. Elle est probablement de la même nature qu'une hémolysine, mais ce point n'est pas éclairci. Le facteur hémolytique agit seule- ment sur le sang. Les actions de l’agglutinine et de la précipitine ne se bornent pas aux constituants des cellules gastriques, mais s'étendent aux autres pro- téides du corps. L'auteur n’a pas encore déterminé s'il y a des agglutinines et des précipitines séparées pour différents protéides, ou si les mêmes substances agissent sur tous les protéides; de toute facon, s’il s’agit des mèmes corps dans tous les cas, leur action sur les protéides des cellules de l'estomac est probablement ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES plus grande que sur les autres protéides. Il reste à prouver si la gastrolysine elle-même est vraiment spé- cifique. Les quelques expériences entreprises sur l'estomac humain indiquent que la cytotoxine gas- trique humaine est de constitution identique à celle des animaux inférieurs. Séance du 22 Février 1906. M. F. T. Trouton présente ses recherches sur le coefficient de traction visqueuse el son rapport avec le coefficient de viscosité. Il est clair qu'il doit exister une relation entre le coefficient de traction visqueuse et le coefficient de viscosité tel qu'il est ordinairement défini. La force de traction appliquée à un barreau peut être résolue en deux forces de cisaillement égales, situées à angle droit l'une de l'autre et à 45° de la direction de la traction, en même temps qu'en une force uniforme de dilatation. La valeur de chaque ten- sion de cisaillement et aussi de la tension de dilatation est, dans chaque cas, égale au tiers de la tension de traction. Au premier moment de l'application de la force de traction, l'effet résultant produit et correspon- dant à ces tensions consistera en une dilatation et en un effort de cisaillement. C’est seulement au flux résul- tant de ce dernier qu'est due l’élongation continue du barreau; rien de similaire n'a lieu dans le cas de la tension de dilatation, qui n’a qu'un effet initial. L'appli- cation continue de chaque force de cisaillement pro- duira un flux correspondant, donné dans chaque cas par S— y, où S est la tension de cisaillement, y le coefficient de viscosilé et la vitesse de changement de direction d'une ligne quelconque de la substance dans le plan de cisaillement lorsqu'elle passe par la direction normale à la tension de cisaillement. Le flux résultant dans la direction de l'axe est obtenu en ajou- tant les composantes des deux flux dans cette direction, de sorte qu'en résolvant les deux effets, ajoutant les composantes et réduisant l'élongation axiale à celle (e) par unité de longueur, on trouve e—®. Comme Ts — Xe, et S—1/3 T, où T est la force de traction par centimètre carré, on ap—1/3); ainsi le coefficient de viscosité est égal au tiers du coefficient de traction visqueuse. Pour comparer ces deux coefficients dans la même substance, l'auteur a adopté deux méthodes distinctes. L'une consiste à choisir une substance sut- fisamment visqueuse pour que le coefficient de visco- sité puisse être déterminé par torsion d'un barreau, et aussi pour que le coefficient de traction visqueuse puisse être trouvé en étirant directement le barreau ou en fléchissant un barreau horizontal. La seconde consiste à choisir une substance suffisamment fluide pour que le coefficient de viscosité puisse être déter- miné par la vitesse d'écoulement sous pression à tra- vers un tube, et en même temps assez solide pour que le coefficient de traction visqueuse soit déterminable par la méthode du fléchissement d'un barreau ou de la colonne descendant sous son propre poids. Voici les résultats obtenus pour les valeurs de xet de u pour plu- sieurs substances ayant des valeurs très dillérentes de | ces constantes : À u u/} 3.6 de 10e EN 3:60 33 AU 1,0 X 10° 3:30 42,9:X 40° 4,2 X10° 3,07 6,1 X 10° 22x40? 3,0% 5,9 X 405 2,0 xX 108 2,95 9,3 X 40% 2:8 X 105 3,25 1,6 X 10% 2,6 X 105 2,91 On voit que le coefficient de traction visqueuse X est bien approximativement le triple de celui de viscosité p. SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE DE LONDRES Séance du 11 Mai 1906. M. A. Russell présente ses recherches sur les points morts d'une aiguille de galvanomètre pour des courants lugitifs. Quand divers types d’aiguilles de galvanomètre sont reliés à un condenseur et à une batterie de la manière: ordinaire par un commutateur à charge et à décharge, on peut observer facilement les phénomènes suivants :M Quand l'aiguille est originellement à angle droit de l'axe de la bobine du galvanomètre, et que la trace” lumineuse est au centre X de l'échelle, les déviations" au moment de la charge et de la décharge sont égales: Si l'aimant de contrôle est tourné d’un petit angle, ou si la fibre de suspension est légèrement tordue, de sorte l que la trace lumineuse ne soit pas initialement au centre de l'échelle, les déviations pour la charge et læ décharge ne sont plus égales; toutefois, leur différence algébrique est constante. Aussi, pour une position ini= tiale P, de la trace lumineuse, il n’y a pas de déviation au moment de là charge, et pour une autre position initiale P, il n'y a pas de déviation à la décharge: L'auteur appelle ces deux points points morts. Si les résistances des circuits de charge et de décharge sont: les mêmes, on a XP,—PX.. Dans ce cas, la distance P,P,. varie directement comme la résistance du cireuit de charge et en raison inverse du voltage appliqué. Si la position initiale de la trace lumineuse est en dehors dé P,P,, les deux déviations pour la charge et la décharge sont dans la même direction. L'auteur montre que ces effets peuvent être expliqués avec une grande exac=" titude en supposant que le magnétisme dé l'aiguille se compose de deux parties, l'une permanente et l'autre w proportionnelle à la force magnétisante. — M. W. Duddell présente un appareil qui montre simultané- ment, sous forme decourbes projetées sur un écran, le mouvements d'un diaphragme de transmetteur micro- phonique, le courant lancé dans une ligne téléphonique, le courant reçu à l'extrémité de la ligne et le mouvement d'un diaphragme récepteur, lorsque des sons ou des: paroles sont transmis. Au moyen de cet appareil, on peut mettre en évidence les perturbations et l'atté= nualion produites par la résistance, la capacité et la self-induction de la ligne, et par les diaphragmes du transmetteur et du récepteur. SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES Séance du 3 Mai 1906. MM. E. C. C. Baly, E. G. Marsden et A. W. Ste-. wart déduisent de leurs observations des spectres. d'absorption de plusieurs composés isonitrosés en solu- tion neutre ou alcaline que les substances libres ont probablement la constitution (I); mais, en présence de soude, l'atome d'hydrogène entre parenthèses est rem placé par Na et devient labile, de sorte qu'il se produit un changement tautométrique : R.C: 0 R.C:0 > () | | R.C(H).Az0 R.CNa.AzO!' —<— L'isorropèse se produit ensuite entre les groupes» = C:0 et >C:Az—. Les composés sont donc jaunes en solution alcaline, par suite de la présence d’une bande d'absorption dans la région bleue visible du spectre, qui est due à l'isorropèse. Il y a ainsi une analogie complète entre les corps isonitrosés et les quinone-monoximes, ainsi qu'avec l'isonitrosocamphre. Les conclusions de ce travail sont fortement critiquées par cristallisation un periodure d'iodhydrate # L HI.I. — MM. P. Engels et W. H. Perkin jun., en tral tant la brésiléine C'°H#0° (produit brésiline en solution alcaline) par un excès méthyle et de KOH, ont obtenu la triméthylbrésiléine H2(OCH*)°05 en deux modilications, F. 1609 et F, 178. oute dans l'acide sulfurique concentré et le pro- duit versé dans l’eau, il se précipite des cristaux ver- millons de sulfate de triméthylisobrésiléine. La tri- méthylbrésiléine donne un composé d'addition avec une molécule d’'hydroxylamine. — MM. W. H. Perkin et J. L. Simonsen, en faisant réagir le tribromopro- pane sur le dérivé sodé du malonate d'éthyle, ont obtenu, outre l'éther CH#0?Br déjà décrit antérieure- ment et les acides qui en dérivent, un éther C'H:0* Br°, Eb. 191° sous 11 mm., probablement de constitu- tion (CH°:CBr.CH°}C(CO*C*H°}. Digéré avec KOH alcoolique, il donne un acide fondant à 47°, qui, bouilli ‘avec l’eau ou les acides minéraux, est converti quan- titativement, par réarrangement moléculaire, en acide m-toluique; cet acide est désigné sous le nom d'acide pseudo-m-toluique. — M. J. Me C. Sanders a étudié Pacide pipitzahoïque extrait de la racine de Pipitzahoac. Il possède la formule C°H#0° et est donc isomère à la camphoquinone. Il fond à 104°-105°; au-dessus de cette température, il perd CO et CO? et donne un sublimé istallin incolore, F. 140°, de formule CH0?, dex- trogyre. Par fusion avec KOH, il donne de la méthyl- hexylènecétone et de l'acide butyrique. Il est réduit avec formation d'un produit isomère au benzylidène- camphre. La soie peut être teinte en vert olive par Vacide pipitzahoïque après mordancage à l’acétale de cuivre. — M. Ch. K. Tinkler, par l'étude des spectres d'absorption ultra-violets, montre que les hydroxydes roduits par l’action de NaOH sur les méthiodures d'acridine, de méthylacridine et de phénanthridine sont des carbinois. — M. G. W. A. Foster a constaté qu'une solution neutre ou alcaline de ferrocyanure de potassium, exposée à la lumière, précipite de l'hydrate ferrique ; en présence d’un sulfure alcalin, il se forme du sulfure ferreux. 11 n'y a aucune précipitation à lobscurité; l’action est entièrement photochimique : elle est due à la dissociation des ions ferrocyanogène plexes par la lumière. — Mie E. M. Rich et M. W. Travers ont déterminé les points de congé- on d’une série d’amalgames d'ammonium. La valeur dela dépression moléculaire concorde avec celle qu'a obtenue Tammann pour des solutions d'autres métaux dans le mercure, ce qui montre que l'amalgame dammonium est une simple solution d'ammonium dans le mercure. — MM. A. G. Green et A. G. Perkin nt constaté que l’acétate le plus élevé de la cellulose est le triacétate et que le tétracétate mentionné par divers auteurs n’est qu'un triacétate. Il n’y a donc que trois hydroxyles dans la molécule de cellulose non polymérisée. — M. F. P. Leach, en traitant le nitro- sochlorure de pinène par le cyanate de potassium et versant le produit dans l'eau, a obtenu un précipité BEH#7A7z0%, F. 2380-240°. Réduit par le zinc et l'acide acétique, il perd CO® et. AzH® et donne une Ÿ-carbamide, C"H**O0A7°, F. 224. Ce même composé, traité par H°SO* concentré, perd également CO* et AzH* et donne une rase C{H#OA7?, F. 1230-1250, — M. S. Ruhemann cri- tique les conclusions auxquelles sont récemment arri- vés Rogerson et Thorpe dans l'étude des acides gluta- conique et aconitique. % SOCIÉTÉ ANGLAISE - DES INDUSTRIES CHIMIQUES SECTION CANADIENNE Séance du 6 Avril 1906. - MM. R.-J. Manning et W.-R. Lang communiquent eurs recherches sur la détermination de lacide orique, seul ou en présence d'acide phosphorique. Par } distillation de 0 gr. 5 à { gr. 5 d'acide borique avec 250 centimètres cubes d'alcool méthylique à une tem- F Dur de 66°-67, il est complètement évaporé à | Pétat de composé triméthylique au bout d'une heure ebdemie. Le distillat est traité par une solution concen- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 531 trée de chlorure de baryum ; il se forme du borate de baryum et HCI qui est exactement neutralisé par une solution de soude demi-normale. Le borate se précipite; il est filtré, lavé à l'alcool, séché à 110° C. et pesé sur un filtre taré. Les résultats sont très exacts. Pour titrer l'acide borique en présence de sulfates et de phosphates, on ajoute au mélange de l'acide sulfurique Jusqu'à réaction acide au méthyl-orange, ce qui indique la mise en liberté des acides borique et phosphorique. Puis on ajoute de la soude déci-normale jusqu'à alcali- nité à la phénolphtaléine, ce qui indique la formation de phosphate disodique. Enfin, on ajoute de la glycé- rine et on titre l'acide borique par l’alcali. La méthode est exacte. ACADEMIE ROYALE DES LINCEI Séances de Février, Mars et Avril 1906. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. E. Millosevich: Observations de la comète .1905 c Giacobini, et des comètes 1905 D et 1906 à, faites à l'Observatoire du Collège Romain, à l'équatorial de 39 centimètres d'ouver- ture. — M. C. Arzela donne les conditions d'existence des intégrales dans les équations aux dérivées partielles. — M. G. Castelnuovo : Sur les séries algébriques de groupes de points appartenant à une courbe algébrique. — M. B. Levi, se rapportant à un travail de M. Lebes- gue, expose ses recherches sur les fonctions dérivées. — M. G. Lauricella s'occupe de l'intégration des équa- tions de l'équilibre des corps élastiques isotropes. — M. E. Lebon : Théorie et construction de tables per- mettant de trouver rapidement les facteurs premiers d'un nombre. — M. R. Marcolongo : Sur les intégrales des équations de l’Electrodynamique. — M. L. Orlando fait une application de l'intégrale de Fourier au pro- blème des vibrations du sol isotrope ; dans une autre Note, il s'occupe de l'intégration d'une remarquable équation différentielle aux dérivées partielles. — M. G. Pavanini s'occupe du problème des deux corps dans l'hypothèse d’un potentiel newtonien retardé, et fait un premier essai d'emploi de ces potentiels en Astro- nomie. 20 ScrENCES PHYSIQUES. — M. A. Battelli étudie la résistance électrique que présentent les conducteurs enroulés en solénoïdes, résistance qui diffère beaucoup de celle des mêmes conducteurs étendus en ligne droite, et qui s'éloigne des données théoriques conte- nues dans les travaux de Wien et de Sommerfeld. — M. L. Tieri décrit une modiltication que l’on peut apporter au détecteur de M. Sella, dans lequel, comme l'on sait, l'hystérèse magnétique est engendrée par une déformation élastique, tandis que, dans le détecteur Marconi, l'hystérèse est due à un change- ment du champ extérieur. — M. R. Magini transmet la suite de son étude sur l'influence des bords sur la capacité électrostatique d’un condenseur. — M. C. Chistoni présente la suite des mesures pyrhéliomé- triques exécutées sur le Mont Cimone pendant les étés 1902-1905. — M. E. Teglio apporte une contri- bution à l'étude du pyrhéliomètre à compensation élec- trique d'Angstrôm, et insiste sur l'exactitude de cet instrument qui, dans les mesures difficiles, conduit à des erreurs de 0,01 cal.-gramme par minute et par cen- timètre carré. — M. A. Sauve réclame la priorité d'une nouvelle disposition apportée au spectroscope pour l'étude de la surface solaire, présentée .par M. Nodon à l'Académie des Sciences de Paris, et décrit l'appareil qu'il a imaginé. — M. A. Pochettino com- munique ses expériences sur la propriété de l'anthra- cène d'émettre des électrons sous l'influence de la lumièreultra-violette. — M.G. A. Blanc, ayant découvert la présence d’une substance radio-active dans les sédi- ments des eaux des sources thermales d’'Echaillon et de Salins-Moutiers en Savoie, a cherché à établir la nature de cette substance très active, qui présente les caractères du thorium. — M. F. Eredia résume les observations pluviométriques à Rome de 1825 jusqu'à ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ha LL, à nos jours, et la distribution de la pluie mensuelle et annuelle. — MM. R. Nasini et G. Levi ont fait l'exa- men, à l’aide d'un électroscope à cloche, de la radio- activité des gaz contenus dans l’eau de la source de Fiuggi près d'Anticoli; cette eau est la plus radio- active des eaux thermales italiennes. — MM. G. Levi et M. Voghera continuent leurs recherches sur la for- mation par électrolyse des hyposulfites. — M. M. Pa- doa : Sur les produits d’hydrogénation du pyrrol à l'aide du nickel réduit. — M. G. Bargellini décrit les produits de condensation de l'acide rhodanique avec les aldéhydes. 3° SGiENCES NATURELLES. — M. V. Monti s'occupe de l'interprétation mathématique des sismo-grammes, et de l’origine probable de la distribution des orages italiens suivant les saisons. — M. P. Moderni fait quelques remarques sur les formations volcaniques du Latium, et sur la constitution du Monte Cavo. — M. C. Parona donnne la description de quelques fossiles turoniens recueillis par M. Vinassa de Regny dans la Tripolitaine septentrionale, à Tarahuna, près de Homs. — M. A. Martelli s'occupe de la formation du Méso- zoique du Monténégro et en décrit les fossiles. — M. V. Ducceschi présente une série d'observations qu'il à faites sur un sujet qui présentait une fistule bronchique postérieurement sur le thorax, et étudie les rapports entre les mouvements respiratoires du thorax et du diaphragme, et les modifications de la pression bron- chique dans la phonation. — M. Taco Kuiper étudie le mécanisme respiratoire des Poissons osseux. — M. E. Pantanelli s'occupe de l'influence des colloïdes sur la sécrétion et l’action de l’invertase. — M. L. Petri a reconnu, en poursuivant ses recherches sur la mouche de l'olivier, que les bactéries qui se trouvent dans le tube digestif de l'insecte ne sont pas attri- buables à une contagion extérieure, mais probable- ment à la fonction digestive dans l'alimentation de la larve. — M. N. Brizi expose les résultats de ses recher- ches sur la manière de caractériser les altérations causées aux plantes cultivées par les émanations gazeuses des établissements indusiriels, et en par- ticulier l’action des vapeurs fluorhydriques sur les feuilles de mürier. — M. B. Longo adresse une notice préliminaire sur les résultats qu’il a obtenus en étudiant la caprification et les rapports qui existent entre le figuier cultivé et le figuier sauvage ; de plusieurs obser- vations on déduit que ce dernier peut donner des fruits bons à manger. — M. R. Perotti a fait des recherches sur la distribution de l’azotobactérie en Italie, et, en ayant relevé la présence dans plusieurs terrains très éloignés entre eux, exprime l'opinion que l’azotobactérie se trouve dans tous les terrains de la péninsule italienne. — M. G. Di Stefano signale l’exis- tence de l'Eocène dans la péninsule de Salerne. — M. F. Millosevich s'occupe de quelques minéraux de la vallée de Saint-Barthélemy, dans le Val d'Aoste, el précisément de la rodocrosite, de l'or cristallisé et de l'hématite titanifère de Pratorgnan. Le même auteur transmet la description et lesmesures de quelques eris- taux de bournonite, qu'ilatrouvés cachés dansune variété de blende du Sarrabus en Sardaigne. — M. L. Colomba expose les observations et les mesures exécutées sur des cristaux de schéelite de Traversella. — M. F. Zam- bonini fait une communication sur la constitution de la titanite et en donne la formule suivante : TiO.SiO,Ca. — M. C. Gorini siguale une coloration défectueuse du fromage de Gorgonzola, due à l'introduction de bactéries dans la pâte, lorsqu'on y fait des trous, pour provoquer le vert des moisissures, avec des aiguilles qui trans- portent à l’intérieur les impuretés de la croûte. Ernesr Mancini. ACADÉMIE DES SCIENCES DE VIENNE 5 Avril 1906. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. A. Schell montre que, opur obtenir, dans un but topographique, de bonnes Séance du images phoiographiques avec un appareil photogrammé- trique fixé dans un ballon, il faut opérer avec un ballon. captif non monté. L'appareil est porté à l’intérieur du ballon, dans une boîte cylindrique, par une suspension à la Cardan. Par un fil électrique qui le relie à l'obser-. vateur, l'appareil prend automatiquement des vues aussitôt que la plaque est dans une position horizontale. L'auteur donne le moyen de déterminer la position du. ballon et l'orientation de la plaque. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. Alb. Defant présente ses recherches sur les oscillations périodiques de tem-" pérature pendant le fæhn. Elles sont en relations avec des ondulations stationnaires de l'air à longueurs d'onde. déterminées, absolument analogues aux seiches obser- vées par Forel sur le Lac Léman. — M. E. Murmann procède à une nouvelle détermination du poids ato-. mique du cuivre, basée sur le rapport dans lequel il se combine avec l'oxygène par chauffage. — M. C. Doelter a déterminé à nouveau les points de fusion des feld- spaths naturels au moyen du microscope à cristallisa- tion; il obtient des températures inférieures à celles. qu'ont trouvées Allen et Day pour les plagioclases . artificiels. — Le même auteur décrit les méthodes qu'il emploie pour la détermination des points de fusion et, de solidification des silicates, en particulier la méthode optique, puis pour la détermination des points eutecti- ques, et la mesure du frottement interne des fusions. —" MM. A. Skrabal et J. Preiss ont étudié le mécanisme de la réduction du permanganate par les substances M organiques. Il paraît exister un degré d'oxydation intermédiaire entre MnO et Mn°0*, qui a une action oxydante plus rapide que l'acide permanganique et qui produit au commencement une accélération de la rédue-" tion. Ce constituant actif est l'ion manganique ou le sel manganique à l'état naissant. — M. I. Mauthner a déterminé le pouvoir rotatoire d’une série de dérivés de la cholestérine et observé un cas remarquable de mutarotation. La transposition du bibromure labile de G-cholestène dans son stéréoisomère stable à lieu à la température ordinaire et peut être suivie par la modi- fication de pouvoir rotatoire qui l'accompagne. — M. M. Barber a préparé les phosphotungstales de gly- cocolle, d'alanine, d'asparagine et d'acide glutamique et mesuré leur solubilité. — M, C. Pomeranz, en con-« densant la benzaldéhyde avec l’o-nitroaniline, a obtenu la benzylidène-0-nitroaniline, qui est réduite en benzy- lidène-0o-aminoaniline, laquelle, traitée par l'acide nitreux, se transforme en phénanthridine. Une partie de cette dernière, toutefois, est décomposée par HAzO® avec formation d’isoquinoline et d'acide succinique. — M. R. Haid a constaté que les deux nitro-«-naphto= quinolines de Claus et Imhoff sont, en réalité, des mélanges d’où l'on peut extraire 4 dérivés mononitrés isomères; deux ont été réduits en composés aminés, qui, oxydés par le permanganate, fournissent un même acide 7 : 8-quinolinedicarbonique. — M. C. Kaas a cons- taté que l'albumine d'œuf de poule cristallisée peut» contenir du phosphore dans certaines circonstances. Une cristallisation répétée d'une solution à demi-satu= rée de sulfate d'ammonium ne diminue que faiblement la teneur en phosphore. Toutes les ovalbumines des œufs de Styrie renferment du phosphore. ' 3° SCIENCES NATURELLES. — M. C. Diener communique ses recherches sur la faune du Trias moyen et SUpÉrieuL, de Spiti. — MM. A. Elschnig et H. Lauber ont cons taté que les « cellules en peloton » de l'Iris sont den nature épithéliale; elles dérivent de la feuille pigmentéen rétinale. — M. G. Haberlandt : Sur le géotropisme du Caulerpa prolifera. — M.F. von Hæhnel présente ses recherches de systématique spéciale sur un grand nombre de champignons nouveaux. L. BRUNET. 4 Le Directeur-Gérant : Louis OLIviEr. "+2 ER » Paris. — L. MaRETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. “+ î LS 30 JUIN 1906 des DIRECTEUR : $ 1. — Nécrologie R. Knietsch. — Le chimiste allemand Rodolphe nietsch, directeur des importants établissements de la Badische Anilin und Soda Fabrik, vient de mou- rir à l’âge de cinquante-deux ans. Il était bien connu par son procédé de contact pour la fabrication de l'anhy- dride sulfurique, qui a supplanté en nombre d'usines Jancien procédé des chambres de plomb. C’est lui aussi qui, aidé de quelques collaborateurs, trouva la solution de la préparation commerciale de l’indigo synthétique, autre révolution importante dans le domaine de l'in- dustrie chimique. Enfin, il fut l’un des promoteurs de industrie du chlore liquide. $ 2. — Astronomie Les occultations d'étoiles par la Lune. — M. G.-W. Hough poursuit, à l'Observatoire de Dearborn, d'étude de ces phénomènes, et constate que les occulta- “tions peuvent être réparties en quatre classes princi- pales : —… 4° Disparition instantanée ; t 2° Disparition lente ; mn. 3° Changement soudain dans l'éclat de l'étoile; 4 Projection de l'étoile sur le disque, dans la partie “éclairée par la Terre seule. Le second et le troisième cas permettent de présumer assez sûrement que l'on est en présence d’une étoile double, tandis que les irrégularités du bord et l’irra- diation interviennent dans le quatrième cas. Ces recherches sont d'autant plus intéressantes que “M. Hough est conduit à suggérer une méthode plus expéditive que celle de Bessel pour la prédiction des occultations. Cependant, nous ne craignons pas de répéter ce que nous avons déjà dit en ce qui concerne leS occultations : les documents accumulés sont déjà considérables, et ils deviendront bientôt inutiles si Personne ne les utilise pour corriger le mouvement et la théorie de notre satellite. Or, en particulier, Popportunité est hors de doute d'examiner à nouveau les problèmes qui se rattachent au moyen mouvement de la Lune, et la question semble avoir fait peu de pro- grès depuis les recherches que publiait M. Newcomb à REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. Revue générale SCIE C pures el appliquées LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. Aüresser tout ce qui concerne la rédaction à M. L. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres #t des trevsnix publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE cet égard il y a vingt-cinq ans; depuis, néanmoins, la dis- cussion des passages de Mercure a montré que les écarts progressifs des positions de la Lune, par rapport aux tables de Hansen, n'avaient pas leur source dans une variation lente de la rotation diurne du globe terrestre. De légères erreurs ont été relevées dans les formules de Hansen, la plus forte affectant l'inégalité parallac- tique, mais elles n’expliquent pas la divergence. Il serait vraiment temps, maintenant que nos idées se précisent sur la structure et la surface lunaires, d'enserrer dans des formules précises le mouvement de notre satellite, le corps le plus voisin de nous! Les travaux de E. Nevill, à l'Observatoire du Natal, consti- tuent la meilleure contribution à ce desideratum : il en résulte qu'il faut résolument tenir compte de pertur- bations planétaires négligées jusqu'alors, et, tant que l’étude des résidus mettra en évidence quelque cause méconnue, on ne doit négliger dans ce but, ni les dépenses, ni les efforts. Parallaxe d'étoile filante. — Le 12 août 1904, M. P. Gœtz*, d'Heidelberg, photographiait la nébuleuse d'Andromède à l’aide de deux objectifs distants l'un de l’autre dé 0,68. Au développement, on remarqua qu'un météore vu pendant la pose avait laissé une trace sur les deux plaques. Il fut ainsi possible de dé- terminer sa trajectoire exacte et de prendre certains points de cette trajectoire aux endroits les plus bril- lants, afin d'en déduire une parallaxe absolument sûre. Le résultat donne une parallaxe moyenne de 28",12, et six points pris sur la trajectoire offrirent des valeurs variant de 28”,26 à 10”,0. En prenant comme base d’un triangle la distance de 0,68, intervalle entre les deux appareils, on trouve, pour les distances du météore, en différents points de sa course : 4km,98 : 3,78; 5,05: ! = 8,27; 14,03. La trajectoire paraissait rectiligne ; mais, en réalité, les nombres montrent que le météore suivait une courbe dont la convexité était tournée vers l'observa- teur. La trainée comprenait sur la plaque 9 degrés en- viron. 1 Astronomische Nachrichten, n° 3975. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE La parallaxe des étoiles filantes est trop difficile à observer et à déterminer avec précision pour que la Revue néglige de signaler une mesure de ce genre ; mais il s’agit là d’un des météoresles plus bas qu'on ait jamais observés sérieusement, et le résultat lui-même appelle d’autres mesures, — car nous ne sommes pas familiarisés avec la pensée de passer si près des étoiles filantes. $ 3. — Art de l’Ingénieur La transmission des signaux sur mer en temps de brouillard. — On sait qu'en temps de brouillard les phares les plus puissants deviennent parfois invisibles; si la tempête s'en mêle, on n'entend plus les sirènes de ces phares, mi celles des bâtiments voisins, et, si on les entend un peu, il est très difficile, en raison des réflexions du son sur ces brouillards, d'en identifier la situation. Si l'on pouvait, par conséquent, parvenir à transmettre par l’eau même de la mer les sons d’un signal quelconque, d’une cloche, par exemple, agitée par l'eau, on augmenterait singulièrement la sécu- rité des navires en ces moments dangereux et fré- quents. La transmission de certains sons se fait par l’eau très facilement et à de très grandes distances, mais le difficile était de trouver un récepteur qui, installé à bord du navire, séparerait ces sons des bruits du navire assez complètement pour laisser entendre distinctement la cloche. La Submarine Signal C de New-York y est parvenue en n'employant que des cloches à sons très aigus et, comme récepteurs, des microphones sensibles seulement aux sons aigus. À cet effet, ces microphones sont dis- posés sur des réservoirs collés sur la quille du navire, à l'intérieur et au-dessous de la flottaison, et remplis d'un liquide plus dense que l’eau de mer. Les bruits du navire semblent ne pas passer dans le réservoir des microphones ,. qui laissent parfaitement entendre, jusqu'à une quinzaine de kilomètres, le son d’une cloche installée sous un bateau-phare par exemple. En outre, si l’on dispose de deux de ces appareils : un à bâbord et l’autre à tribord, leur audition simultanée au poste du pilote, par des téléphones appropriés, indique parfai- tement la direction d'où vient le son. On peut entendre ainsi non seulement le son d'une cloche, mais le bruit que fait, par exemple, l'hélice d’un navire distant de quelques kilomètres. Cet appareil est actuellement monté sur le Xaiser Wilhelm et quelques autres grands navires allemands et américains; il est en expérience sur des sous-marins, et il a partout donné des résultats décisifs, qui con- sacrent son succès complet. Comme preuve, nous nous bornerons à reproduire l'attestation suivante de M. Ho- gemann, Capitaine du Xaiser Wiihelm Il, citée par J.-B. Millet dans une Communication faite à la Society of Arts de Londres. A l'entrée du Kaiser Wilhelm dans le Weser, le 27 février, on enteudit la cloche du phare de l'embou- chure avec le récepteur un point à tribord, à la distance de 10 nœuds, en brouillard épais, vent S.-0. et mer calme. On changea la direction du navire d'un point à tribord, et l’on n’entendit plus alors la cloche qu'au récepteur de bäbord, ce qui indiquait que le phare se trouvait environ à un point en avance de celte direction, comme on s'en assura d’ailleurs ensuite. Marchant à la vitesse de 13 à 14 nœuds, on n'entendit la sirène du phare que treize minutes après, et dans la même direc- tion que le signal de la cloche... Peu après la première localisation du signal sous- marin, nous avons dépassé trois navires non pourvus de l'appareil, et qui cher- chaient encore le phare. Cette localisation certaine en épais brouillard, et à la distance d'environ 10 nœuds, confirme l'utilité extraordinaire de cette invention pour la sûreté de la navigation en tout temps. » Aprè sdenombreux essais, l appareil de la « Submarine Signal C°» vient d'être adopté officiellement par la ma- rine de guerre américaine. $ 4. — Physique Une étude expérimentale des étincelles de condensateurs. — Les besoins de la télégraphie sans fil ont, dans ces derniers temps, donné un intérêt tout spécial aux éclateurs insérés dans un circuit métallique, notamment au point de vue de leur influence sur la distribution des intensités et des ten- sions, ainsi que sur la durée et l'amortissement des décharges. M. Ad. Heydweiller, professeur à l'Université de Münster, avait, dès 1891, (ché de résoudre ce problème par des mesures absolues d’ énergie faites sur des étin-" celles de condensateurs, méthode que beaucoup ont imitée après lui. Il avait pu constater ainsi qu'un fac- teur analogue à la résistance ohmique des métaux et des électrolytes ne suffit point à représenter les phé-\ nomènes observés dans le cas des petites étincellesM (jusqu’à 3 millimètres de longueur), leur énergie, lom d’être exprimée sous la forme de la loi de Joule, étant, « en première approximation, proportionnelle à la durée de la décharge, insérées dans le circuit. Dans un récent Mémoire’, M. Heydweiller, en conti- nuant ses recherches, fait voir que, les facteurs caracté- ristiques des décharges par pointes, d’un côté, et des décharges silencieuses, de l’autre, présentant une parfaite analogie, l'on peut compléter l'équation diffé- rentielle des déchar ges de condensateurs sans étincelle (d'après G. Kirchhoff et lord Kelvin), en leur ajoutant des termes supplémentaires caractéristiques des écla= teurs. L'intégration de cette équation différentielle géné ralisée étant possible dans certains cas, l'auteur en déduit plusieurs méthodes pour déterminer les deux constantes nécessaires à leur utilisation numé- rique. Ces deux constantes sont des fonctions sensi- blement linéaires de la longueur de l’étincelle. Au moyen de ces constantes et des potentiels explo- sifs donnés, on calcule dans certains cas la durée et l'énergie des étincelles, l'amortissement de la décharge et le nombre de décharges partielles, ainsi que l'allure temporaire des intensités et des tensions. L'accord entre la théorie et l'expérience étant très satisfaisant, on pourra se baser sur ces recherches pour le calcul numérique des problèmes de distribution de courants dans les circuits à éclateurs. La résistance ohmique de ces derniers est pratiquement négligeable pour des distances explosives inférieures à 7 milli- mètres. L’électricité de contact des alliages. — On sait que le point de fusion de certains alliages est infé- rieur à ceux de tous leurs composants. Or, comme un point de fusion moins élevé indique une solidité moindre dela structure moléculaire, et qu'une faculté plus grande de se scinder en ions, comme l'a fait voir M. N. Hesehus, est en faveur d'une électr isation positive, l'on pouvait supposer que les alliages à point de fusion moins élevé s'approcheraient de l'extrémité positive de la série des tensions de Volta davantage que ne le demande leur composition. M. Hesehus vient de vérilier cette supposition par des expériences faites en colla- boration avec M. N. Georgiewski?. L'alliage de Lipowitz, qui, tout en se composant des mêmes métaux, présente un point de fusion de 5° inférieur à celui de l’alliage de Wood, s’est toujours trouvé être positif par rapport à ce dernier. Les deux alliages se comportent de la même manière vis-à-vis des métaux composants, étant positifs par rapport à Bi et Sn et négatifs par rapport à Cd, tout en présentant une différence de tension nulle par rapport à Pb. Les alliages A, — 50 Zn+50Pb, et A,—90Zn—+10Sb, dont les points de fusion sont également inférieurs à ceux que donne le calcul, se montrent positifs par Annalen der Physik, n° 4, 1906. ? Beiblätter, tome XXX, 1906. dans le cas de grandes résistances CPE LS 7 < CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 535 apport à tous leurs composants. Les alliages 32 Cd + à 68 Sn, le laiton, 50 A1 50 Sn, etc., qui ont également été étudiés, occupent une place concordant sensible- . ment avec leur composition. À $ 5. — Électricité industrielle di __ Les nouvelles lampes à incandescence. — Revue a, l'année dernière, attiré l'attention de ses lecteurs sur les lampes à incandescence, nouvelles lors, à filaments de tantale, d’osmium et dezirconium, | “qui donnaient, à cette époque, les plus belles espé- gances: depuis, ces espérances paraissent s'être réa- Ijisées, du moins en grande partie, à en juger par le | très grand nombre de ces lampes employées, même à aris, et la poursuite du progrès en matière de lampes incandescence continue avec la même ardeur. I n'y à pas lieu de s'en étonner si l’on songe que, ans les meilleures de ces lampes, on n'utilise pas, en radiations lumineuses, le centième de l'énergie élec- ique dépensée, de sorte qu'il semble qu'il y ait là un L champ presque infini de recherches ouvert aux savants | aux inventeurs. Le rendement de ces lampes aug- ente rapidement avec la température, presque M comme la cinquième puissance de cette température ; il y à donc grand avantage à élever le plus possible la température des filaments, et c'est ce à quoi visent toutes les tentatives nouvelles. Voici, à ce sujet, quelques renseignements donnés par M. G. Richard à l’une des récentes séances de la ociété d'Encouragement. Le prix des lampes à osmium, ärconium et tantale baisse constamment, à mesure que leur fabrication s'améliore et s'étend. Le prix de la lampe à tantale est tombé de 7 francs à 3 fr. 25; sa “dépense ne dépasse guère 1,6 watt par bougie. Au bout ‘de cinq cents heures environ, le filament risque de se “casser; mais il suffit de secouer la lampe pour que le bout brisé, venant au contact du reste du filament, s'y ssoude automatiquement. Cette opération peut se répéter quatre ou cinq fois, et prolonger ainsi très oïn la durée de la lampe. On a, en outre, constaté que ‘la lampe au tantale dure beaucoup moins avec le cou- ant alternatif qu'avec le courant continu. —. Les lampes à l'osmium et au zirconium dépensent, “comme celles au tantale, dans les environs de 1,5 watt “par bougie; mais voici une nouvelle lampe, celle de M. Kutzel, qui ne dépenserait que 4 watt, c'est-à-dire “de trois à quatre fois moins que les meilleures lampes Mau carbone, d'après des essais exécutés sur une cen- Miitaine de lampes par M. Kremenezky, et l'on espère arriver à en établir ne dépensant que 0,5 watt et durant de mille à mille cinq cents heures, ce qui mamènerait une révolution complète dans l’industrie de Méclairage au gaz, et même celle des petits arcs élec- iques. Quant à la composition exacte et à la fabrica- on du filament des lampes Kutzel, on n’en sait guère que ce que veulent bien en dire les brevets assez nébuleux de l'inventeur. —…. D'après ces brevets, on constituerait, en effet, ces filaments par des métaux : molybdène, tungstène… oire mème de l'uranium, tirés de leurs dissolutions colloïdales, c’est-à-dire de leurs émulsions à l'état nfinitésimal. On obtiendrait ainsi ces métaux à l’état ès pur et sous forme de substances plastiques, tréfi- lables, donnant, par leur séchage, des fils suffisam- nent résistants. Il paraît bien difficile de retirer une se appréciable de métal d'une dissolution colloi- e, qui n'en renferme que des traces, et c’est sous tte réserve qu'il faut signaler ce brevet. D’après les brevets de M. Hanaman, le filament de | Ses lampes dites &au wolfram » s’établirait en partant d'un filament de carbone très mince (0"#,3), chauffé, par un courant électrique, dans une atmosphère de | chlorure de tungstène ou de molybdène, en présence d'hydrogène, de manière à déposer sur le charbon une Couche de tungstène; puis, dès que l'épaisseur de ce «dépôt est suffisante, on porte le filament à l'incandes- w ( cence dans une atmosphère d'hydrogène raréfiée à la pression de 15 à 20 millimètres. Le tungstène forme alors, avec le carbone du filament, un carbure très homogène, brillant et à reflets métalliques. Enfin, on porte ce filament de carbure de tungstène à une tem- pérature très élevée, soit, par le courant, dans une atmosphère réductrice, soit dans un creuset avec du sous-oxyde de tungstène, et ce pendant plusieurs heures, au voisinage de 1.600°. Enfin, la Société Auer aurait tout récemment obtenu des filaments de tungstène et de molybdène en traitant des hydrates de ces métaux par l’'ammoniaque jusqu'à la formation d’une pâte compacte dont on fait ensuite des filaments. Ces lampes, comme celles de Kutzel et de Hanaman, ne dépenseraient que 4 watt environ par bougie, marcheraient mille heures sans faiblir avec des courants de 110 à 120 volts et donneraient une lumière très blanche. Ce ne sont là que des indications assez vagues, mais ce qu'il y a de certain, c'est qu'il se présente actuelle- ment un grand nombre de lampes extrêmement inté- ressantes, qui constituent très probablement un progrès important sur les lampes usuelles, et qu'il serait très désirable d’être fixé sur leur valeur réelle par des essais impartiaux et méthodiques. $ 6. — Chimie La présence d'alcool dans le pain. — On à supposé, depuis longtemps déjà, qu'à la suite des processus fermentatifs qui ont lieu pendant la cuisson du pain il devait se former de petites quantités d'alcool; mais on n'était pas bien d'accord sur la proportion qui est effectivement retenue par la pâte. M. O0. Pohl! vient de se livrer à une nouvelle étude de la question, qui lui a permis d'arriver à des conclu- sions précises. Le pain est soumis à la distillation dans un diges- teur de Papin d'environ 8 litres de capacité, dans le couvercle duquel passe un tube communiquant avec un condenseur de Liebig. La charge consiste en 2 litres d’eau et 990 grammes de pain divisé en petits cubes. Le distillat, mesurant environ 500 centimètres cubes, possède une forte odeur de pain frais, une réaction acide et exige 1,15 centimètre cube de solu- tion de potasse normale pour sa neutralisation. Les distillats réunis (environ 2? litres) de quatre charges, représentant 4.419 grammes de pain, sont saturés de chlorure de sodium et redistillés dans un flacon pourvu d'un rectilicateur de Hempel jusqu'à ce qu'ils soient réduits à la moitié de leur volume. Le distallat est de nouveau saturé de NaCI, réduit de moitié par redistil- lation, et l'on continue cette opération jusqu'à ce que le distillat final mesure 120 centimètres cubes. Ce dernier est alors saturé de chlorure de calcium et distillé. Le distillat ultime, mesurant 50 centimètres cubes, a un poids spécifique de 0 gr. 9885, correspon- dant à 6 gr. 66 d'alcool dans 100 centimètres cubes. On en déduit que 100 grammes de pain ordinaire ren- ferment normalement 0 gr. 0753 d'alcool. $ 7. — Botanique Le Jardin botanique de la Ville de Paris. — Plusieurs membres du Conseil municipal de Paris viennent de déposer sur le bureau de cette assemblée une proposition qui va être mise à l'étude par l'Admi- nistration et qui conclut : {o Au vote du principe de l'établissement à Bagatelle d'un Parc botanique, d’une Station d'étude botanique et de culture ; 20 À l’organisalion de cultures botaniques appliquées à l’art, ainsi qu'à celle d’un Musée et d’Expositions des arts de la plante dans l’un des pavillons du Parc ; 3° A l’envoi d’une délégation du Conseil aux Jardins 1 Zeils. f. angew. Chemie, 1906, t. XIX, p. 668-669. 536 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE , de Kew, proposés comme le type dont il y a lieu de s'inspirer, sans se borner cependant à une copie ser- vile ; 4 À la désignation d'une Commission spéciale qui aurait à s'occuper de tous les détails d'organisation de la création projetée à Bagatelle. Le phylloxera dans une vigne tunisienne. — Jusqu'ici les vignobles tunisiens avaient échappé au phylloxera. Le Gouvernement du Protectorat avait pris les mesures les plus sévères pour empêcher l'in- troduction du terrible insecte sur son territoire : inter- diction d'introduire non seulement des pieds de vigne étrangère, mais même des boutures d'autres arbres fruitiers, même des branches coupées, et parfois les douaniers faisaient jeter par-dessus bord, à l’arrivée des paquebots en rade de la Goulette, des bouquets de fleurs emportés de France. La Tunisie, qui compte actuellement 16.236 hectares de vignes en plein rapport, avait raison de se défendre ; mais les précautions prises ont été insuffisantes : le Syndicat des viticulteurs tunisiens annonce, en effet, qu'une tache phylloxérique intéressant onzes ares d'un vignoble vient d'être découverte. : On espère que les travaux d'arrachement des plants et d'injection de sulfure de carbone dans le sol, suivis de l’arrosage au pétrole du terrain infecté, auront. raison du fléau. En tout cas, un examen minutieux des vignobles environnants va être pratiqué. $ 8. — Zoologie Les moules et les huîtres en Algérie. — Les ressources maritimes de l'Algérie ont été jusqu'ici, sinon complètement méconnues, du moins très peu exploitées. La raison en est d’abord dans l'indifférence vis-à-vis de la mer de la population indigène musul- mane, qui n'a guère fourni de marins, voire même de simples pècheurs sédentaires. Puis les premiers occu- pants européens sontallés tout d’abord vers les richesses naturelles dont l'exploitation était la plus simple et la plus commode, vers celles qui leur assuraient, dans le temps le plus court et avec le moindre travail, le ren- dement le plus immédiat et le plus considérable : forêts, mines, etc. Pendant ce temps, l’industrie des pêches maritimes restait dans l'enfance. Le Gouverneur général actuel de l’Algérie, M. Jon- nart, pensant que le moment est venu de mettre en valeur toutes les ressources du pays qu'il a recu la mission d'administrer, a chargé récemment M. J.-P. Bounhiol de dresser l'inventaire des richesses mari- times de notre grande colonie africaine et d'exécuter la première carte ichthyologique des côtes de l'Algérie. M. Bounhiol vient d'achever la première partie de sa mission, qui concerne une catégorie de produits de la mer moins importants, certes, que les poissons au point de vue de l'alimentation générale, mais point négligeables cependant, et qui pourraient donner lieu dès maintenant à une culture artificielle : les moules et les huîtres. Nous croyons intéressant de signaler ici les principales conclusions du Rapport! qu'il vient de rédiger à ce sujet : Les côtes de l'Algérie sont mytilifères. On y trouve de nombreux gisements de moules partout où l’on peut s'attendre à en trouver, c'est-à dire partout où les con- ditions, parfaitement connues, favorables à leur dévelop- pement se trouvent réalisées. Les moulières naturelles, plus nombreuses et plus peuplées autrefois, s’appau- vrissent et se raréfient en bien des points, principale- ment dans le voisinage immédiat des grands centres. Les produits de leur exploitation — pratiquée, il est vrai, au prix d'inuliles gaspillages et d’incessantes destructions — ne suffisent pas à alimenter la consom- mation locale. L'Algérie importe, à l'heure actuelle, ! Bulletin d'Etudes appliquées de l'Ecole supérieure des Sciences d'Alger, n° 1-8, p. 3-92 (janvier-mars 1906). d'huîtres, généralement peu accessibles, placés Sur deux fois plus de moules qu'elle n’en produit. Trois. groupes importants de moulières existent encore : le“ groupe de l’ouest du littoral oranais, le groupe du gol de Bougie et le groupe du cap de Bougaroni. Ils pour: ront être exploités avec plus de prévoyance ou, mieux, être utilisés comme source de naissain par des établis= sements mytilicoles. La moule s'accroit très vite da les eaux algériennes, plus rapidement qu'ailleurs, égalité de conditions favorables. La mytiliculture, facile, rapide, peu coûteuse, a devant elle des débouchés assurés, une prospérité certaine. ; Le littoral algérien est également ostréifère. Des huîtres, qui sont presque toutes des variétés probabl de lOstrea edulis Linné, s'y rencontrent à l'embouchure de tous les cours d’eau, dans le fond de tous les golfes où la salure, la température, les courants sont conve- nables, et à peu près constants. L'Algérie est ostréifè comme le sont ou le furent tous les pays devenus pl tard ostréicoles. Ses huïîtrières naturelles fournisse des produits dont les qualités et l'abondance sont de tous points comparables à ceux qu'on retire des autres riva ges où ces animaux vivent spontanément. Les gisemen des fonds souvent accidentés ou parsemés d'obstacles n'ont jamais été exploités. Il faut s'en réjouir, car, s'ils« l'avaient été, les huîtres ne seraient plus aujourd'hui en Algérie qu'un vague et lointain souvenir. Ces hui=M trières naturelles doivent être considérées cependant comme une richesse importante. Leur véritable utili= sation consiste à les considérer comme source du naiss sain, nécessaire à l'alimentation de l'industrie ostréi cole, dont l'établissement, en Algérie, plus encore que la mytiliculture, s'impose aujourd'hui. à Les essais d'ostréiculture qui ont été faits en Algérie ont été peu sérieux et ont abouti à des échecs. l'Algérie ne récolte pas d'huiîtres, elle ne se prive pas d'en consommer. Elle en importe tous les ans pour près de 100.000 francs. Et ce débouché offert à la future industrie locale est nécessairement appelé à grandit dans des proportions considérables. D'autre part l'huitre pousse en Algérie deux fois plus vite qu’er France, deux fois et demi plus vite qu'en Angleterre où en Hollande. En outre, bien des points du littora algérien réunissent toutes les conditions favorables ax développement de l'huître et à sa culture artificielle. En mème temps, l'Algérie possède des rivières ostréis fères, en particulier la Macta. L'utilisation de ces rivières est l'une des premières solutions du problè de l’ostréiculture dans ce pays. La Macta est un lo et profond canal qui met en communication le marais du même nom avec la mer. Le marais est alimenté pa trois importantes rivières permanentes : l'Oued-Tinén l'Habra, le Sig. Ce canal est, sur près de 6 kilomètres parallèle à la mer, dont il n’est séparé que par unên cloison de sable de 300 mètres de largeur moyenne. BON niveau de l’eau y est plus élevé que celui de la mer des quelques centimètres à peine et le fond y est souvent à plus de 6 mètres au-dessous. Grâce à la plus gran densité de l’eau de mer que les courants marins appo tent incessamment par l'embouchure, grâce aussi au courants osmotiques latéraux qui s'établissent, à ta vers la cloison de sable, entre la mer et la rivièrel couches profondes de la Macta gardent une salure constante et relativement élevée. L'eau des couch superficielles, au contraire, saumätre pendant toute belle saison, peut devenir à peu près complèteme douce à la saison des pluies. Dans ce canal vivent abondance deshuîtres, dont les unes, adultes, vieillissent el se reproduisent en toute sécurité sur le fond; dont les autres superficielles, jeunes, provenant d'embryons annuellement fixés sur les végétations immergées des bords, sont exposées à une destruction plus ou moins, périodique et plus ou moins générale, par les crues des ! hivers très pluvieux. EL En dehors de cette variation possible de la salure superlicielle, la Macta, comme les rivières ostréifères de Hollande, d'Angleterre, de Bretagne, de Vendée, » l d'Italie, de Dalmatie, ete., réunit un ensemble de con- ditions remarquablement favorables à la culture artifi- -cielle de l’huitre indigène ou importée. La sécurité vis- “à-vis des violences de la mer y est complète. Les conditions de densité, de température, de courants, de profondeur, etc., y existent aussi parfaitement et peut- être plus parfaitement qu'ailleurs. Enfin, la condition “biologique capitale de posséder un gisement naturel, source normale et indéfinie de naissain, en fait un emplacement ostréicole de premier ordre. L'ostréicul- . ture, immédiatement praticable dans la Macta actuelle, serait assez facilement mise, d'ailleurs, à l'abri des aléas que les crues d'hiver pourraient, de temps en - temps, lui faire courir. Pour assurer à l’eau de la Macta, … superlicielle et profonde, la constance rigoureuse de sa densité, et rendre sa salure complètement indépen- - dante de son débit et des saisons, il suffirait de trouer … Ja dune et d'envoyer à la mer, directement, à travers les 400 mètres de sable qui l’en séparent, l’eau du - marais supérieur. f » Il apparaît donc, dès maintenant, comme possible de - créer une industrie huîtrière en Algérie et de mettre en … valeur une nouvelle richesse de notre grande colonie _ africaine. $ 9. — Enseignement _. Le diplôme d'études supérieures de scien- ces. — Un sait qu'un arrêté du 18 juin 1904 a institué, dans les Facultés des Sciences et des Lettres, un diplôme d'études supérieures. Ce diplôme existait depuis 1894 pour l'Histoire et la Géographie; et cette expérience de dix années n'a donné que d'excellents résultats au point de vue de la préparation professionnelle des professeurs des lycées. Aussi le Ministre de l'instruction publique, après avis du Conseil Supérieur, a décidé de généraliser - cette mesure, qui va être appliquée cette année pour la première fois. Grâce à ce nouveau régime, les candidats à l’agréga- tion pourront mieux séparer, dans leurs études, la pré- paration exclusivement scientifique de la préparation professionnelle. Mais, en dehors des candidats à l’agré- gation, il est certain que d’autres étudiants chercheront à obtenir ces diplômes, qui seront la constatation de leurs études scientifiques à l'Université. Il est, en effet, entendu, dit le Ministre dans une circulaire aux Rec- teurs, qu'aucune condition d'âge, de grade, ni de natio- … nalité, ne sera exigée de ceux qui voudronts'y présenter. … La préparation à ce diplôme sera comme un appren- tissage scientifique. Les candidats pourront choisir … librement le sujet qu'ils veulent traiter, même quand - celui-ci ne rentrerait pas directement dans l'un des - enseignements donnés par la Faculté; mais il faut, dit la circulaire ministérielle, que, dans l'exercice de cette liberté, ils soient guidés par les conseils de leurs maitres. Pour les Sciences mathématiques, le candidat devra composer un travail sur un sujet choisi au-dessus des programmes des Certificats de Calcul infinitésimal, de Mécanique rationnelle et d’Astronomie; il devra aussi ajouter quelques développements originaux ou quelques applications nouvelles. Si le candidat choisit l'étude d'un Mémoire, il devra montrer une connaissance approfondie des théories de l’auteur et être capable d'en faire des applications particulières. Enfin, s'il s'occupe de Mécanique physique et expérimentale ou de Mécanique appliquée, il devra se conformer aux règles suivantes, relatives aux Sciences expérimentales. C'est surtout dans les Serences expérimentales que ce régime rendra des services : il a pour but, en effet, d'obliger les candidats à vivre de la vie de laboratoire, au contact des maîtres de la science, de les initier aux méthodes de recherche etde mesure, de leur apprendre CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE , 537 à se tirer d'affaire avec les ressources, même modestes, - d’un laboratoire, et à monter eux-mêmes les appareils dont ils peuvent avoir besoin. On demande, avec raison, aux professeurs des lycées et collèges de développer le côté expérimental de leur enseignement et d’habituer les élèves à manipuler avec des moyens simples. Or, ce n'est que par la vie libre dans le laboratoire que les futurs maîtres acquerront les qualités nécessaires pour remplir cette tâche. Cette initiation à la vie de labora- toire sera également utile aux étudiants qui se destinent à l'industrie ou à ceux qui veulent poursuivre des recherches scientifiques. Pour que cette initiation porte tous ses fruits, un séjour de deux semestres au moins dans les laboratoires est indispensable. Les travaux et les expériences pré- aratoires au diplôme seront faits entièrement dans les aboratoires de l’Université, sous la direction et le con- trôle d’un de ses maîtres. A Paris, ces travaux pourront être effectués dans des établissements d'enseignement supérieur de l'Etat, tels que le Collège de France et le Muséum d'Histoire naturelle. Son travail terminé, le candidat devra en exposer la théorie et les résultats dans un Mémoire détaillé, accom- pagné des cahiers d'expériences et d'observations et d'un court résumé indiquant les méthodes suivies et les résultats obtenus. Ces documents seront déposés au Secrétariat de la Faculté, qui lescommuniquera au jury d'examen désigné par le doyen. Le résumé de ce travail pourra être imprimé, à la condition d'en limiter l'im- pression à trois pages au plus du format des Comptes rendus de l'Académie des Sciences. Le jury, composé d’au moins trois membres de l'Uni- versité, rendra compte de la valeur des expériences, des travaux écrits et des épreuves orales, dans un Rap- port détaillé qui sera transmis au Ministre. L'Université de Paris. — Nous lisons, dans le Rapport que M. Tannery, sous-directeur de l'Ecole Normale supérieure, vient de rédiger sur la situation des établissements de l'Université de Paris, les statis- tiques suivantes : La Faculté de Droit a 6.086 étudiants inscrits, dont 321 étrangers. L'augmentation sur l’année précédente est considérable : 1.289. Les étrangers les plus nom- breux sont les Roumains (81), les Egyptiens (68) et les Russes (29 hommes, 29 femmes). A la Faculté de Médecine, diminution de 93 unités : 3.482 étudiants. « Le doyen de la Faculté, dit le rap- porteur, se réjouirait si cette diminution était plus forte. » Sur les 109 étudiantes étrangères, on compte 98 Russes. A la Faculté des Sciences, le nombre des étudiants est resté stationnaire : 1.610; à la Faculté des Lettres, le nombre est de 2.100; il est en légère augmentation de 33 unités. Dans ces deux Facultés, c'est parmi les Russes que se recrutent principalement les étudiants étrangers. A l'Ecole de Pharmacie, la disparition prochaine du diplôme de 2° classe a provoqué une nouvelle diminu- tion. Le chiffre actuel est de 1.318. Au total, l'Université de Paris, l’an dernier, comp- tait 14.462 étudiants, dont 1.638 étrangers. Les femmes sont au nombre de 968, dont 513 étrangères. L'ensei- gnement est donné par 281 professeurs, agrégés ou maitres de conférences. Le budget de l'Université approche de 2 millions de francs, exactement : 1.995.508 francs de recettes et 1.787.257 francs de dépenses. La situation financière est donc satisfaisante, mais elle peut être modifiée dans l’avenir par la répercussion inconnue qu'aura la loi militaire sur le nombre des étudiants. 538 A. WERNER — LES PHÉNOMÈNES D'ISOMÉRIE EN CHIMIE INORGANIQUE LES PHÉNOMÈNES D’ISOMÉRIE EN CHIMIE INORGANIQUE On a souvent émis l'opinion que l'isomérie est un phénomène réservé aux composés organiques et qui se manifeste rarement parmi les corps minéraux. Le principal résultat de cette idée pré- conçue a été d'entraver pour longtemps la re- cherche de la structure des corps inorganiques. Or, j'estime, au contraire, qu'une étude appro- fondie de la constitution des corps inorganiques est d'autant plus nécessaire qu'elle permettra, sans doute, d'établir une théorie générale de la constitu- tion chimique, dont la structure organique ne sera plus qu'un cas particulier. En Chimie organique, le problème de la consti- tution des corps se rattache en grande partie aux phénomènes d'isomérie et son but est de fournir une expression figurable de ces phéno- mènes, en se basant, d’une part sur un arrange- ment hypothétique des atomes dans la molécule, et, de l’autre, sur les relations qui existent entre les propriétés chimiques des corps et les variations de liaisons atomiques dans les molécules en question. Ce sont justement ces mêmes points de vue qu'on retrouve dans l'établissement des for- mules de constitution proposées pour certains groupes de composés inorganiques, tels que les composés mélalammoniques, les ferrocyanures, les ferricyanures, les chloroplatinates, etc. Pendant longtemps, ces efforts sont restés sans résullat, et ce n'est qu'en ces quinze dernières années que les recherches, entreprises sur les sels métalammo- niques, ont conduit à une théorie plus générale. Aussi, avant d'aborder les phénomènes d’iso- mérie proprement dite, je décrirai les principaux résultats obtenus sur les métalammines. Par convention, lous les auteurs étrangers qui ont traité des bases ammoniaco-métalliques ont adopté pour elles l'orthographe ammines, afin de les distinguer des bases organiques ou amines, I. — MÉTALAMMINES. S 1. — La dissimulation des radicaux et leur substitution. On sait que bien des sels métalliques, par exemple ceux de cuivre, de cobalt, de chrome, de platine, ont la propriété de se combiner avec l'am- moniac pour former des composés complexes, où les réactions chimiques des métaux et de l'ammoniac disparaissent pour faire place à des réactions nouvelles, qui ne sont caractéristiques ni du métal, ni de l'ammoniac. En étudiant ces composés métalammoniques, surtout ceux d’entre eux qui se distinguent par leur stabilité, comme les cobaltammines, les chromammines et les platin= ammines, on s'aperçoit bientôt que l’ammoniae doit être uni tout spécialement au métal et nom point aux radicaux acides, car ces composés se comportent tous comme des dérivés salins de radicaux complexes, formés de métal et d'am- moniac. Ainsi, les sels du cobalt trivalent, en s'unissant à six molécules d’ammoniac, forment des composés répondant à la formule générale : CoX°+ 6AzH', où X représente un radical acide monovalent quelconque ‘. j Dans toutes les réactions, le radical complexe {Co(AzH°)] se comporte comme une intégrité, c'est-à-dire qu'il joue le même rôle quun atome métallique, en particulier celui d'un atome de métal alcalin. La base [Co (AzH°)| (OH) eb les sels [Co(AzH*}"] X*, dissous dans l’eau, sont, en effet, dissociés électrolytiquement comme les. composés correspondants des métaux alcalins. En vertu de l’analogie de ces composés avec les ammoniums quaternaires, nous devons conclure que les radicaux acides des sels de Jl'hexammine- cobalt ne sont plus liés directement au cobalt, mais bien indirectement, et par l'intermédiaire des. groupes ammoniacaux. C’est ce que nous exprimons. en meltant le radical complexe entre parenthèses. et le radical acide hors de la parenthèse : [Co (AzH°)°] X°. ‘ Il s’agit maintenant de résoudre la question sui- vante : de quelle façon les six molécules d'ammo- niac sont-elles combinées au cobalt? La réponses nous est donnée par les faits que voici. Si l’on en- lève aux composés hexammoniques du cobalt unes molécule d’ammoniac, on obtient les composés : CoX° + 5 AzH°. Mais, par cette élimination d'une molécule d'ammoniac, un des groupes négatifs Xa perdu une propriété caractéristique, l'aptitude à se dissocier électrolytiquement. En effet, la solution du nouveau composé : CoX°—+5 AzH° se dissocie de: la manière suivante : [ce X De positif LXLX 2 ions négatifs | AzIE$ bivalent monovalents. \ Cette différence de propriélés de l’un des radi= | caux acides, dissimulé à ses réactifs analytiques, s'explique en supposant une liaison directe de ce. radical X avec le cobalt, tandis que les deux autres à sont liés, comme dans les sels hexammoniques, 1 Nous engageons le lecteur à se reporter, pour la prépas ration et les propriétés de toutes ces combinaisons, aux articles Cobalt des traités de Moissan ou de Dammer, et, ER général, pour les conceptions de M. Werner, à son récent. ouvrage : VNoeuere Anschauungen auf dem Gebiete der an01= ganischen Chemie. Vieweg und Sohn, Brunswick, 1905. A. WERNER — LES PHÉNOMÈNES D'ISOMÉRIE EN CHIMIE INORGANIQUE 539 par l'intermédiaire de l’'ammoniac. Ainsi la formule de ce composé s’écrira de la manière suivante : [co : V3 aars] et nous dirons que la molécule d'’ammoniac, qui a fait place au groupe X non dissociable, se trouvait . en liaison directe avec le cobalt. Les sels de la série pentammonique, en perdant une molécule d'ammoniac, se transforment en … composés tétrammoniques, dans lesquels un seul des groupes X fonctionne comme ion, tandis que - les deux autres groupes, non dissociés, doivent être “liés au métal. La formule des composés tétram- … moniques sera donc la suivante : < & x 1 Co —X x; È N(AzHE el nous en déduirons que deux des molécules - d'ammoniac du groupe cobalthexammonique doi- «vent être directement liées au cobalt. —._ Si, des sels de cobalt-tétrammine, on élimine une molécule d'ammoniae, on obtient les composés -triammoniques : CoX’+3AzH". Aucun des grou- pes X n'étant dissocié électrolytiquement, tous doivent se trouver en liaison directe avec le cobalt, “et l’on ne peut donner à ces composés que la for- . mule : 4 : Az Co Et JU 1 \ x , Il s'ensuit que, des six molécules d’ammoniac “des composés hexammoniques, trois au moins sont “liées directement au cobalt, ce que nous repré- ‘sentons par la formule : à / AzHP (HSAz} Co —— Az |XS. * AzHS Mais on peut aller plus loin et substituer encore l'ammoniac des composés triammoniques par des groupes X. Comme ces groupes X représentent des radicaux acides monovalents, et que l'atomi- cité du cobalt reste la même, les groupes X devront être saturés par réunion à un élément ou radical R | positif. Par substitution d'une seule molécule d'ammoniac, nous obtiendrons le composé : x H#4z} Co — X ou ((AzH5)CoX!R, RX Se et, par substitution des trois molécules, nous aurons le composé : ; Rx x Le r * £ 67 RX — Co — X ou [CoXF]R?. Rx de Tous les groupes X de ces composés sont dissi- mulés. Le premier de cescorpspossèdeles propriétés d'un dérivé salin d'acide à radical complexe : A [ce Re le second, les propriétés d'un dérivé d'acide com- plexe : [CoX‘]H°. Les X, ayant remplacé les molé- cules d’ammoniac dans les sels triammoniques, doivent également se trouver en liaison directe avec le cobalt, et nous en concluons que les trois molécules d'ammoniac des composés triammo- niques présentent elles-mêmes cette liaison. En résumé, les considérations précédentes nous amènent à représenter les composés hexammo- niques par la formule : HA. AzH5 H5Az — Co -- AzIF | X, HSAz AzH5 qui exprime que chacune des six molécules d'am- moniac se trouve en liaison directe avec le cobalt, tandis que les groupes négatifs X sont liés indi- rectement par l'intermédiaire de l’'ammoniac; c'est la formule de constitution des sels lutéocobaltiques. Si nous remplaçons successivement dans cette for- mule les molécules d'ammoniac par des groupes X, nous obtenons une série de formules types, for- mant transition entre les composés métalammo- niques et les composés complexes, désignés sous le nom de sels doubles. Par exemple, prenons pour point de départ l’azotite cobalthexammonique et nous aurons les formules suivantes : [Co(AzH*}](AzO?}?, [ 0 qe À AzO®}, Az0?P . (AzO®} Az02)4 NI AzO° 0 N [ » (AzH° | “ 20 (AzH°) [: V Re) ë [Go (AzO®}]RS. $ 2. — Valences secondaires. La grande conformité de structure moléculaire mise en évidence par ces formules dégradées peut être interprétée, à un point de vue général, en faisant intervenir la notion des valences secon- daires. C'est-à-dire que nous supposons qu'en outre des valences principales admises pour les combinaisons ordinaires, les atomes peuvent encore faire valoir des restes d'énergie chimique, qui, faisant fonction de valences secondaires ou pseudo-valences, réunissent des atomes considérés en général comme saturés, tels que le chlore dans les chlorures. Pourles chloroplatinates, par exem- ple, il en résultera la formule : Cl CN CI Cl _CIR Pt L CIR 540 Nous admettons, de même, que l'ammoniac dans les corps métlalammoniques est lié au métal par une valence secondaire". $ 3. — Indice de coordination. à Le nombre maximum d'atomes ou de groupes d'atomes capables de s'unir directement, par va- lences principales el valences secondaires, à un atome d’un élément quelconque, pour former un radical complexe, a été nommé indice de coordi- nalion. Cet indice représente la limite supérieure de l'aptitude des atomes à se combiner avec des radicaux simples ou composés pour former des complexes, qui ne présentent plus les propriétés des atomes ou des groupes d’atomes qui entrent dans leur constilution. Ces groupes faisant partie d'un radical complexe, dont ils ne peuvent se sépa- rer comme ions simples, il en résulte que leurs pro- priétés se trouvent dissimulées. Pour la plupart des éléments, l'indice de coor- dination est égal à six; c’est ce qui explique la composition analogue d’un grand nombre de com- posés inorganiques, tels que : [re SA Re, [Co (AzO®)5] R5, [Fe(Cy°]R*, etc. [Co(AzH5)JX5, [PtCI]R?, [Cr(AzHS)5]X$, [PE (AzHS)9]XS, [PtBrs] Re, [FeCy]R#, Cependant, j'ajouterai que, de même que les atomes n'atteignent pas toujours l’atomicité maxima, ils peuvent aussi ne pas atteindre la limite de saturalion donnée par l'indice de coordination. Ce fait n'ayant pas été suffisamment pris en cousi- déralion a souvent valu à la règle de coordination la remarque d'être arbitraire. L'ammoniac des composés métalammoniques peut être remplacé par des bases organiques, par exemple par des amines grasses ou par la pyridine. Deux molécules d’ammoniac peuvent être substi- tuées par des diamines, et surtout par l’éthylène- diamine, qui entre dans la composition d’un grand nombre de composés cobaltiques et chromiques, tels que les composés suivants, où l’abréviation en symbolyse l'éthylènediamine C*H*(AzH°} : [Go (AzHs)s] XS, Cr (AzH*)‘] X*. [Coen*]X*, correspondant à [Cr en] X°, — En outre, l'ammoniac peut êlre substitué équi- ‘ Une hypothèse ayant une certaine analogie avec celle des valences secondaires a déja été émise par Schutzen- berger sous le nom de fractionnement possible des équi- valents de combinaisons. Pour Schulzenberger, on pourrait représenter le chloroplatinate de potassium par Cl CI K— CI— Pt— CI —K. CI CI Voir Revue gén. des Se., t. III (1892), p. 397. A. WERNER — LES PHÉNOMÈNES D'ISOMÉRIE EN CHIMIE moléculairement par l'eau, avec formation de composés mixtes contenant simullanément de l’ammoniac et de l’eau, coordonnés à l'atome mé- tallique et formant avec lui un radical complexe dont il occupe le centre. Ainsi, j'ai pu, dans la série du chrome, et par des méthodes qu'il serait trop long de décrire ici, substituer par des molécules d’eau jusqu'à quatre des six molécules d'ammoniac des composés lutéo- chromiques : [Cr(AzH*)°] X°. Les sels obtenus correspondent à la formule : ON) ETE [co el ol et l'eau y remplit le même rôle que l’ammoniac,« car la perte d'eau entraine, pour la fonction des ra-" dicaux négatifs, le même changement que la perte d'ammoniac. L’ammoniac des sels métalammoni= ques peut même être remplacé par l'eau jusqu'à substitution complète. Dans ce cas, les composés du chrome donnent des sels qui répondent à la formule : {Cr{OH”)f] X*. : Or, cette formule est précisément celle de Ne de chrome hydratés, du chlorure et du bromure de chrome, par exemple: {Cr (OH?)"1CF et [Cr(OH°)‘]Br". | INORGANIQUE La subslitution de l’ammoniac par l’eau s’'ap- plique non seulement aux composés du chrome, mais à tous les sels métalammoniques, et cette grande analogie de formules entre les sels métal=« ammoniques et les sels hydratés nous engage à admettre que leurs constitutions sont analogues Les hydrates des sels peuvent êire considérés comme des dérivés salins de radicaux complexes formés par combinaison d’un certain nombre de molécules d'eau avec les atomes métalliques. | J'irai plus loin en disant que les formules dem constitution des sels métalammoniques, des sels complexes et des sels hydratés sont analogues. Tels sont les points principaux de la théorie de coordination, qui nous permet de traiter à un poin de vue général la constlilution d’un grand nombr de corps inorganiques." Ces nouvelles formules de constitution, appelées formules de coordination; sont fondées sur des fails bien acquis, et les con= sidérations théoriques qu'on est appelé à en déduire nous permettent d'élargir nos notions sur l'atomi= cilé, parce qu'au principe des valences principales, elles ajoutent celui des valences secondaires. Il, — ISOMÉRIE MINÉRALE. $ 1. — Isomérie polymère. Envisageons d'abord les phénomènes d'isomérie qui reposent sur le principe de la polymérie. La Chimie inorganique nous montre de nom= breux corps polymères, fréquents surlout parmi les composés métalammoniques. Je me bornerai à 4 faire un bref exposé des cas de polymérie que nous présente la classe de ces derniers sels. - Le caractère spécial de ces corps polymères est qu'ils sont tous formés par l'union de radicaux complexes de composition différente, mais unis dans. un tel rapport que la somme des atomes des éléments conslituants est toujours un multiple d’une mème formule fondamentale. Le cas le mieux étudié de ce phénomène de po- lymérie est représenté par des composés du cobalt - ayant tous pour formule : [Co (AzH*)(AzO*} }". Ainsi, le composé monomoléculaire, où n—1, nommé trinitrotriamminecobalt, a pour formule - de constitution : | HSAz,, 7 AzO® H®Az-— Co — Az0®. H°Az“ N Az0: … Deux composés bimoléculaires sont connus, sa- … voir : [Co(AzH®)5] [Co(AzO?)"}, le cobaltinitrite de - J'hexamminecobalt, et A , (AzHS)‘ (A ZO)S | [ce Fo ne HE Aé le tétranitrodiamminecobaltate du dinitrotétram- minecobalt. Un seul composé trimoléculaire est connu jus- qu'à présent : il correspond à la formule : | Az0O? AzO?)*} [co tas [1 Co ne ’ et doit être nommé : tétranitrodiamminecobaltate de nitropentamminecobalt. _ Ensuite, nous arrivons à deux composés tétra- - moléculaires : le tétranitrodiamminecobaltate de . l'hexamminecobalt et le cobaltinitrite du dinitro- & tétramminecobalt : , ‘ (AzO®)" 1 (AzO!ET [ 3) 8] } | ER 1e [Co (AzH°)°] [co nn et [co nd) . [Co(Az0®}s]. Enfin, l'on connait un composé pentamolécu- laire, le cobaltinilrite du nitropentamminecobalt : [ A7 02 Co 3 ‘o (A7 2,612 Geael . [Co(AzO®}Sf. La série des composés du platine bivalent pré- sente un cas analogue de composés polymères : CE [rt mule Ainsi, les sels du platosammonium et les sels du platosemidiammonium PtCI? (AzH° sont des com- posés monomolécuiaires. Comme composés bimolé- _ culaires, nous connaissons le sel vert de Magnus : [Pt(AzH3)1] (PLCI), et un autre de la formule : CI AzH° [rt (A2E "| LE cal A. WERNER — LES PHÉNOMÈNES D'ISOMÉRIE EN CHIMIE INORGANIQUE £ 541 La formule : représente le composé trimoléculaire. Ces exemples de composés polymères peuvent être multipliés, et j'en ai préparé toute une série dérivée du chrome, dont les sels correspondent à la formule : [er (AzH° ] ñ (SCAz a .. dans laquelle 7 peut varier de un à cinq. Je ne m'arrêterai pas à ces corps, dont la struc- ture moléculaire ne présentera plus aucune diffi- culté, si nous tenons compte de mes considérations sur les formules de coordination. $ 2. — JIsomérie de coordination. Un second genre d'isomérie, que nous nomme- rons « isomérie de coordination », se rencontre dans un grand nombre de composés métalammo- niques. Les corps doués de ce genre &'isomérie ont le mème poids moléculaire, mais une structure moléculaire variable avec la répartition des groupes formant les radicaux complexes. Ainsi, les sels du platine bivalent ont la pro- priété de se combiner avec quatre molécules d'am- moniac pour former des composés qui contien- nent un radical basique bivalent, correspondant à la formule : [Pt(AzH°)*|. De même, les sels de cuivre et les sels de zinc manifestent cette propriété et donnentles radicaux : [Cu (AzH*)‘] et [Zn(AzH°)‘]. En outre, les chlorures de ces métaux peuvent faire fonction d'anhydrides de chlorosels, c'est-à- dire se combiner avec d'autres chlorures métalli- ques pour former des dérivés salins des radicaux complexes suivants : [PLCI], [CuCI*] et [ZnCl]. Si nous combinons les radicaux basiques et aci- des, nous obtenons les composés : [Pt{AzH%)#] [CuCl‘}, isomère de [Cu(AzH*)‘] [PIC], {Pt{AzH°)‘] [ZnCl‘}, isomère de [Zn(AzH°}*] [PtCI“). el ainsi de suite. Le phénomène d'isomérie que présentent ces composés a été nommé: isomérie de coordination, parce que ces corps se distinguent par la façon dont les groupes AzH° et CI sont coordonnés aux atomes métalliques formant le centre des radicaux complexes. La même isomérie de coordination existe aussi entre les corps suivants : [Co (AzH5)9] [Cr Cy°] et [Co(AzH)5] [Gr(C*0‘)}] et [CoCy°] [Cr{AzH®) [Co (C20*}] [Cr(AzH*)°]. Mais l'isomérie de coordination peut encore se présenter sous un aspect tout à fait différent. Prenons, par exemple : [Pt(AzH°)‘} PLCL'}; si nous 542 A. WERNER — LES PHÉNOMÈNES D'ISOMÉRIE EN CHIMIE INORGANIQUE échangeons un des groupes AzH° du radical basique contre un atome de chlore du radical acide, nous obtenons la formule : ce | AzHE |” [ia (AzH°) | [ri La composition restant la même, ces deux corps sont isomères. On connaît déjà toute une série de corps isomé- riques de ce genre, par exemple : 4 204\2 Tee (AzH°) (AZI) C°0* Enfin, une troisième forme, très intéressante, de l’isomérie de coordination se rencontre dans les cas où les métaux formant les centres des radicaux complexes montrent une atomicité variable. Ainsi, l’on connaît, comme nous venons de le voir, deux dérivés du platine bivalent qui sont : (1) [Pt(AzIF}IXE, (2) [PICLJR?; De même, nous connaissons les deux dérivés du platine tétravalent : ) 2 [DA 9) [rt Hire CURE Si nous combinons (1) avec (4) et (2) avec (3) nous obtenons les composés : [Gr (AzH®)f] [Cr(C20%)?] isomère de [er [PtCI] R2. CE . AZH° \ RER Ces deux corps sont également soumis au prin- cipe de l’isomérie de coordination. [PE (AZIB)] [PECIS), et [Pt SU: -- Isomérie d'ionisation. Après l’isomérie de coordination, vient un troi- sième genre d'isomérie, que nous nommerons «isomérie d'ionisation ». Les corps qui présentent les caractères de cette isomérie ont la propriété de donner des différents, lorsqu'ils sont dissous dans l'eau. Prenons pour exemples les sels de la série plati- nique ayant pour formule générale : æ, fe Az) 1 E Les 2 X unis directement au platine sont dissi- mulés, tandis que les 2 X placés en dehors de la parenthèse se montrent sensibles à leurs réactifs ordinaires. — Remplacons les X complexes par CF et les X normaux par Br°, nous aurons : [er Ce 2 Si, maintenant, nous remplaçons les premiers X par Br° et les seconds par CI nous obtiendrons : ions Ces deux corps présentent les phénomènes de | mulés, l'isomérie d'ionisation, car les solutions aqueuses du premier ne manifestent pas les réactions du. chlore, pas plus que celles du second ne mani-. festent les réactions du brome. De nombreux isomères d’ionisation ont été pré-. parés déjà ; j'en citerai deux très intéressants. + Les composés du premier cas répondent aux formules suivantes : (OH 2f 2 * a SL [er | (OHX® et pd SO, Le premier de ces corps est une base très forte, donnant une solution alcaline, dont les propriétés sont absolument analogues à celles de la soude ou de la potasse. Le second de ces corps est un sel neutre : sa solution aqueuse ne réagit pas sur le tournesol. La solution du premier ne donne pas de préci- pité avec le chlorure de baryum, tandis que celle du second précipite instantanément. Un autre cas, où l'isomérie se reconnaît au premier coup d'œil par la différence de couleur des composés, est représenté par les corps suivants : cie ; [ce dore A70 Nitrite du dichlorotétram- minecobalt. SO‘ AzH°)" CI o AzO? (AzHS)* Chlorure du nitrochlorotétram= minecobalt, CI Le premier est vert, le second est rouge brique. S 4. — Isomérie d'hydratation. Passons au quatrième genre d'isomérie, que nous nommerons «isomérie d'hydratation ». Ce phénomène d'isomérie résulte des différente manières dont certaines molécules d’eau sont com- binées dans les radicaux complexes des sels hydratés. Ainsi, le chlorure du dichloro-tétrammine-co- balt cristallise avec une molécule d'eau de cristal lisation; il a pour formule : CAR [ce (AZI) LE C'est un sel vert, soluble dans l’eau en vert. Si. nous chauffons cette dissolution, elle devient vio=M lette. Par cristallisation, elle abandonne des cris taux violets offrant la même composition que le sel vert qui a servi de point de départ. | Mais ces deux corps sont différents par leurs | propriétés chimiques. Tandis que le composé pri- mitif ne contient qu'un seul atome de chlore sen= sible à ses réactifs et deux atomes de chlore dissi- le nouveau corps violet ne contient qu'un atome de chlore dissimulé et deux atomes de” chlore sensibles aux réactifs. Le composé violet correspond donc à la formule : | CI + 1 H$O. A. WERNER — LES PHÉNOMÈNES D'ISOMÉRIE EN CHIMIE INORGANIQUE 543. cl Co OH | cr. (AzH5)' Il existe également une grande différence entre les fonctions de l’eau contenue dans ces deux sels. Tandis qu'on peut enlever une molécule d'eau au composé vert sans altérer ses propriétés chi- .miques, il n’en est pas de même du second, qui repasse au composé vert en perdant une molécule ‘d'eau. La molécule d’eau dans les deux composés ‘isomères est donc liée de manières différentes au radical complexe ; c'est là le point caractéristique de l’isomérie d'hydratation. D'autres cas d’isomérie d’hydratation ont été bservés dans la série triammonique du cobalt. Avec un de mes collaborateurs, le D' Grün, j'ai pu “préparer dans cette série deux isomères possédant “es constitutions suivantes : (0x2? OH: j Co (AH | Br et |Co A) Br +1H0. © Cl Br «—._ De même, j'ai préparé avec un autre de mes élèves les deux composés suivants : Ë nel D |Coom |Be et [co se | C1 + 10. Ê (AzH)+ F2 : Cette isomérie d'hyäratation n'est pas particu- “lière aux composés métalammoniques; elle s'étend encore aux hydrates purs. Ainsi, le chlorure de chrome hydraté, contenant six molécules d'eau, se présente sous deux formes wisomériques, l'une verte, l'autre violette, toutes “deux solubles dans l'eau. — La conductibilité de la solution de l'hydfate violet montre que les trois atomes de chlore sont Mionisés, ce qui conduit à la formule : [Cr(OH°}] CE. La solution de l'hydrate vert ne contient qu'un “seul atome de chlore à l’état d'ion. Les deux autres sont dissimulés. Ce que nous représentons par la _ formule : os Fe Ja + 90. Ainsi, l’eau des composés hydratés possède une fonction chimique particulière et il sera impor- tant par la suite de définir cette fonction dans les | différents sels hydratés. $ 5. — Isomérie saline. Nous arrivons au cinquième genre d'isomérie auquel nous donnerons le nom : isomérie des sels. Cette isomérie se rencontre chez les composés Salins des acides à fonction tautomère. Nous déve- lopperons le principe de cette isomérie en nous basant sur quelques exemples pris parmi les dérivés de l'acide sulfocyanique. Cet acide est un corps à fonction tautomère, car ses dérivés se pré- sentent sous deux formes isomériques qui se rattachent à l’une des deux formules suivantes : S : C: AzH et H.S.C : Az. Ainsi, les dérivés où l'hy- drogène est remplacé par un radical alcoolique sont : les sénévols S:C:Az. C,H,,,, et les éthers véritables C;,H2, 1 S.C : Az. Or, l'hydrogène de l'acide sulfocyanique peut être remplacé par un atome métallique. Si le sel formé, dissous dans l’eau, se dissocie électrolyti- quement, on ne pourra guère espérer obtenir les formes salines isomères qui répondent aux deux formules : S:C:A7z.Me et Me.S.C: Az. Mais, si le sel formé ne se dissocie pas, on pourra extraire les isomères. En effet, j'ai pu démontrer leur existence dans deux cas différents. Le premier cas nous est offert par une série de composés de formule : Az0° Co SCAz x: Az) Cette série existe sous deux formes biendistinctes. Par oxydation au moyen de l'eau de chlore, on a pu déterminer la constitution. Dans les composés de l'une des formes, le groupe sulfo-cyanique est complètement éliminé par l'oxydation : AzO? Az0° Co SCAZz X => Co CI Xe (AzHS)* AzH°}* Ici le groupe sulfocyanogène est uni au cobalt par le soufre. Si on oxyde les corps de la seconde forme par le chlore, l'azote du radical sulfocyano- gène reste uni au cobalt à l’état d'ammoniaque : AzO® "3 Az0* Co AZCS | X ZE Co AzH° Me (AzH*}* AzHS)* Ces mêmes différences ont été constatées pour deux séries isomériques de formule : SCAz}1 , [ce À 2 115 en° qui, par oxydation, donnent : SCAZz ”_ Co SCAZE X => [co | X EL en AZCS AzH° et Co AzCS'E X —> Cor AzH}: XX. en en° D'après M. Hantzsch, le cyanurate de mercure présente le même genre d'isomérie. $ 6. — Isomérie de structure. L’isomérie la moins fréquente dans la Chimie inorganique est certainement l’isomérie de struc- 544 A. WERNER — LES PHÉNOMÈNES D'ISOMÉRIE EN CHIMIE INORGANIQUE ture des corps organiques. Nous connaissons pour- 8 8 tant deux exemples qui en présentent bien les + < À A caractères ; ce sont : la nitramide et la nitrosohy- droxylamine, qui ont pour formules : A A A ) il H. A ; Naz—az0® et Az — A20 $ | I” on” Jusqu'à présent, tous les résultats obtenus dans, Ÿ l'étude des composés en question s'accordent avec, HOAz— AzON. Ces formules de structure, quoique contestées encore par M. Hantzsch, qui leur préfère une expli- calion stéréochimique, ont l'avantage de mieux expliquer les fails. $ 7. — Isomérie stéréochimique. Passons maintenant au dernier genre d'isomérie, très fréquent chez les corps inorganiques, et que nous nommerons «isomérie stéréochimique », où isomérie dans l’espace. Cette isomérie est surtout particulière à deux groupes de composés, que nous pourrons appeler hexacoordonnés et tétracoordonnés, c’est-à-dire tels que le nombre des groupes accolés à l'atome métallique central soit de six dans le premier cas, et de quatre dans le second : [MA"] et [MA*]. Etudions en premier lieu des corps renfermant le complexe : [MA']. Les six groupes À se trouvent- ils dans un même plan avec M? Ont-ils, au con- traire, dans l'espace une disposition spéciale, dont la plus symétrique est l'arrangement octaédrique ? Suivant l’une ou l’autre hypothèse, nous adop- terons les deux schémas suivants : Et la valeur de ces schémas sera en raison directe du nombre d'isomères qu'ils nous permettront d'ex- pliquer. Si nous substituons une partie des À par d'autres groupes, nous pourrons en tirer les consé- quences que je vais développer. Comme point de départ, remplaçons un des groupes À par un autre groupe que nous nomme- rons B. Dans ce cas, aucune des deux formules ne nous permellra de prévoir des isomères. Il n'en est plus de même sinous remplaçons deux groupes A par deux groupes B. En ce cas, la formule plane laisse prévoir lrois isomères correspondant aux trois isomères de position des dérivés bisubstitués du benzène ; la formule oclaédrique n’en laisse prévoir que deux. Pour l’un des isomères, les deux groupes B seront reliés par une des arêtes de l'octaèdre, pour l'autre par un axe : les conséquences de la formule octaédrique, mais. non pas avec celles de la formule plane. ) En effet, jusqu'ici on a pu démontrer l'existence. de deux séries isomériques de composés à radical. complexe MA'B° dérivés du cobalt, du chrome où du platine. Mais jamais on n'a pu obtenir trois séries. d'isomères, ce qui nous porte à admettre que la disposition des six groupes est un arrangemen 4 dans l’espace qui correspond aux sommets d'u octaèdre, dont le centre est occupé par l’atom tiniques : Li [rnoe | : : | dans lesquels X peut être remplacé par le chlore, | le brome ou d’autres radicaux simples Ou COM posés. Citons, par exemple, les deux composés : cit | » PE ayney" Développons cette formule, et nous aurons le. choix entre deux dispositifs pour représenter le isomères platiamminiques et platisemidiammis niques, connus depuis fort longtemps : a cl HA cl cl AzH? HA cl H'Az C1 G Cl Ces sels se distinguent par une faible condues tibilité électrique, à peine supérieure à celle de l'eau. : Par certaines considérations que nous ne déves lopperons pas ici, on arrive à délerminer la formule stéréochimique qui revient aux composés platiame miniques et celle des composés platisemidiammi= niques. Les deux molécules d'ammoniac de ceux-Ci occupent la position rapprochée (cis), tandis que dans la série platiamminique, elles sont en position éloignée (lrans). J'ai étudié à fond les séries isomériques du cobalt, et un de mes élèves, le D' Pfeiffer, a décou- vert el étudié les isomères correspondants du chrome. A. WERNER — LES PHÉNOMÈNES D'ISOMÉRIE EN CHIMIE INORGANIQUE 945 4. Sels de coball. — Parmi les cobaltammines pures, c’est-à-dire parmi celles qui ne contiennent que de l’ammoniac, il n'existe que deux exemples d'isomérie stéréochimique. Ce sont les sels du dini- trotétrammine-cobalt et les sels du disulfitotétram- mine-cobalt. Les sels du dinitrotétrammine-cobalt répondent à la formule générale : 2 [co 4] Xe Ils existent sous deux formes isomériques bien distinctes par leur couleur, leur forme etc. : les sels crocéo et les sels flavocobaltiques. (Az0®?) (AzH) ù Les sels disulfitotétramminecobaltiques ont pour - formule générale : SO: Co (AzHF):, SOIR - dans laquelle R représente un métal monovalent “quelconque, potassium, sodium, lithium, ammo- 1 -nium, etc. Ces sels existent aussi sous deux for- mes différentes, parfailement caractérisées par leurs propriétés physiques et chimiques. Mais les composés tétrammoniques du cobalt sont assez instables et ne nous permettent pas de pousser nos investigations assez loin. Aussi, pour avoir des molécules plus stables, et se prêtant mieux aux transformations mulliples que néces- sitent les recherches sur ce genre d'isomérie, on s'est adressé à des composés dans lesquels l’am- moniac est remplacée par une amine; les meilleurs résultats ont été obtenus avec l’éthylènediamine. En effet, on a pu isoler les séries suivantes: CI (AzO2}? [co [x [ce J% fc worfx, [co ke ‘le en qui toutes présentent l’isomérie envisagée. Les isomères ‘de la première série ont été découverts et étudiés par Jürgensen; les sels des autres séries sont des résullats de mes travaux en collaboration avec mes élèves. On peut noter, en passant, que les isomères du premier type sont connus depuis longtemps: les uns sont verts et nommés sels pra- séocobaltiques, les autres sont violets et appelés violéocobaltiques. 11 nous est impossible d'entrer en détail sur les différences de propriétés chimiques des séries isomères ; nous dirons seulement que, par certaines relations déduites du schéma octaédrique, on est conduit à admettre que les sels violéo et flavoco- baltiques contiennent deux groupes acides en posi- tion rapprochée, landis que, dans les sels praséo- et crocéocobaltiques, ces groupes acides occupent une posilion éloignée. Leurs formules respectives -sont ainsi : (01t en? Br? en? CI(Az0°) CI (Az0°) CI(Az0°) Sels praséo- et crocéo-coballiques. Sels violéo- et flavo-cobaltiques Pour terminer ce qui à trait aux composés iso- mériques du cobalt, je mentionnerai enfin que nous venons de trouver une série de sels hexammi- necobaltiques qui répondent à la formule : Je [co CE | X°, en” c'est-à-dire qu'ils appartiennent également au groupe des composés contenant un radical de la formule générale CoB'A'. Ces composés se présen- tent aussi sous deux formes isomériques, très dif- férentes par leurs solubilités. C’est le premier cas d'isomérie stéréochimique constaté sur les com- posés hexamminecobaltiques. 2. Sels de chrome. — Les cas d'isomérie observés parmi les composés chromiques sont limités au groupe des sels diacidodiéthylène-diamminechro- miques : [er x] X.. enx Les X du radical complexe peuvent être rem- placés par le chlore, le brome et le sulfocyanogène, et les séries isomériques des composés dichloro- et dibromodiéthylènediamminechromiques se dis- tinguent de la même manière que les composés coballiques, c'est-à-dire que les uns sont verts, les autres violets. Il est intéressant de constater que la détermination de leur formule de configuration nous permet aussi de démontrer qu'il faut attri- buer aux sels violets la formule où les groupes acides sont reliés par une arête, tandis que les sels verts répondent à la formule reliant les groupes acides par un axe de l’octaèdre : Sels verts, Sels violets. Il existe donc une concordance parfaite entre les sels de cobalt et les sels de chrome. 3. Sels de platine. — Passons enfin à l'isomérie stéréochimique des composés ammoniques du pla- tine bivalent X°PE(AzH°). La plupart des composés peuvent étre rangés dans deux séries isomériques, et l'étude détaillée de ces 546 A. WERNER — LES PHÉNOMÈNES D'ISOMÉRIE EN CHIMIE INORGANIQUE composés nous a montré que l'ammoniac et les deux groupes acides se trouvent directement liés au platine, suivant la formule : HAAZ x QUE H°Az” XX Considérée au point de vue stéréochimique, cette formule peut être développée dans un plan ou dans l'espace, soit X X AT Npt et H°A7 x X AzH° La formule tétraédrique ne laissant pas prévoir d'isomères pour les composés X° Pt(AzH°), il faut admettre la formule plane, qui permet de prévoir les deux séries isomères platosamminiques et pla- tosemidiamminiques : Pet Le et PE pie H°Az x \ On connaît un grand nombre de ces corps, car l'ammoniac y peut être substitué par des amines, des phosphines, des sulfures et des séléniures orga- niques. C'est surtout à Clève et Blomstrand que nous devons l'étude détaillée de ces composés. Les X des formules types peuvent être substitués par les radicaux acides les plus différents. Je mentionnerai, par exemple, les composés dans lesquels l’un des X est remplacé par le chlore, l’autre par le radical de l'acide sulfureux, ce qui nous donnera : CI AZI HSAz. Cl » Pt Pt: 4 AZ Nso:H I Az SOW Les groupes SO'H ne se dissocient pas. Autre- ment dit, ces groupes sont insensibles aux réactifs spécifiques de l'acide sulfureux; mais ils se com- portent comme ceux des acides sulfoniques, bien connus en Chimie organique. Je ferai observer encore que les formules stéréo- chimiques des composés platosamminiques et pla- tosemidiamminiques se rapprochent des formules des composés stéréoisomériques de la série de l’éthylène : 1 b b 1] PI Pt 14 D 7 b ä b b 1 C/ { | I C C a b a No Souvent, en effet, l’on constate que les diffé- rences entre les propriétés de ces composés isomé- riques du platine et du carbone sont du même ordre. Aux phénomènes d'isomérie dont nous venons de parler, se rattachent encore ceux qu’on observe. dans d’autres composés du platine bivalent, c’est-à- dire dans les sels platodiamminiques : HS Az. Az | Pt | x? HAZ SAZH? L'ammoniac de ces composés peut être partielle= ment substitué par une amine organique, telle que la méthylamine, l'éthylamine, la pyridine, ete. Si, pour la configuration de la molécule des sels de platodiammine, nous admettons la formule plane, on pourra prévoir que, dans la substitulion de deux molécules d'amine à deux molécules d'ammoniac,- $- deux cas peuvent se présenter : 7 HSAz., Am r HSAz,, -Am Pt x2 et PES DE : Am * HSAz_ H°Az* “Am . gl En effet, l'expérience montre qu'il existe deux séries isomériques, différentes par leurs solubilités et surtout par leurs réactions. Sous l’action des acides, tous les composés de l’une ont la propriété de perdre deux de leurs molécules d’ammoniac ou d’amine, tandis que ceux de l’autre ne perdent qu'une molécule d’ammoniac et une molécule d’amine. Par exemple, soumettons les composés isomé- riques : ea 3 PL x° [ Py° | à l'action de l'acide chlorhydrique concentrés, bouillant; nous constaterons les transformations suivantes : | Isomère z : (ATH | able. 7 LOS [et < Jo | Py° =” pt CE + 2A7HS | Py° 2AZ : à | Isomère f : 1 AzH° (AzHS}Ÿ°T [rt ‘: at: ER Py + AZI + Py. . La détermination des formules de ose die des composés platosamminiques, platosemidiam= miniques et platodiamminiques repose exclusive ment sur ces réactions. On connait encore quelques phénomènes d’iso | méries minérales, mais leur étude n'est pas suffi samment approfondie pour nous permettre d'en | donner une explication sérieuse; c'est le cas des. sels érythro- et rhodochromiques, ete. | Le chapitre de la Chimie inorganique que nous | | LT venons d'exposer est en plein développement, et les résultats obtenus jusqu'ici nous laissent entrevoir la base d'une nouvelle théorie sur la constitution des | } composés inorganiques. A. Werner, Professeur à l'Université de Zurich, L. DE LAUNAY — L'OR DANS LE MONDE ET SON EXTRACTION L’OR DANS LE MONDE ET SON EXTRACTION DEUXIÈME PARTIE : GÉOLOGIE ET EXTRACTION INDUSTRIELLE | | Dans un premier article‘, nous avons étudié | d'économie et la répartition de la production auri- | fère ; nous allons maintenant envisager la géologie «t l'extraction industrielle de l'or. 4 4 ; Es I. — GÉOLOGIE DE L'OR. “ Il ne peut s'agir ici de donner, dans le cadre | restreint de ce travail, une description générale, | même très sommaire, des gisements aurifères, qui M nanderait à elle seule tout un volume, mais : Seulement de résumer comment, dans nos idées nouvelles sur la métallogénie, se présente cette question de l'or, en insistant sur quelques points lun intérêt plus mérqué ou d’une plus grande actualité. _ Quand on étudie ainsi la métallogénie d’un métal, on se propose, comme je l'ai fait souvent bremarquer ailleurs, d'expliquer ses concentrations ‘normales, puisque ce sont les seules qui, indus- tniellement, aient une valeur : le prix d’un métal Vélant en raison directe de sa rareté et, par suite, “ses gisements utilisables impliquant une concen- “ration d'autant plus avancée que le métal est plus commun; théoriquement, ces mêmes points de “concentrations anormales doivent être aussi ceux où les phénomènes dont elles proviennent sont les mieux caractérisés. … Nous allons bientôt envisager le processus de cette concentration ; mais, auparavant, il peut être “bon, en nous reportant à l'étude statistique et béconomique précédente, de fixer un peu les idées sur l'intensité réelle de ces accumulations aurifères, auxquelles la valeur très grande du métal fait lattribuer un prestige de fascination très exagéré. —… Tout d'abord, si l’on examine des cartes où ont été figurés les divers gisements métallifères, le mombre des gisements d'or apparait considérable. 41 y à là une illusion, qui se présente pour la plu- tpart des métaux, parce que, sur de semblables «cartes, on a généralement noté jusqu'aux appari- tions les plus pauvres et les moins utilisables des divers métaux, mais qui, pour l'or, est poussée plus loin encore que pour toute autre substance, en raison de l'intérêt extrême avec lequel l'or a été cherché partout et de la facilité avec laquelle il a pu être reconnu. La vérité est que les gisements d'or d'une | Revue gén. des Sciences du 15 juin 1906, t. XVII, p. 501. sérieuse valeur sont, au contraire, fort rares, et cela apparait déjà quand on se reporte aux chiffres de production globale qui ont été donnés plus haut. Nous avons vu, en effet, que, depuis l'antiquité jusqu'à 1906, on avait pu sortir de terre environ 17.500 tonnes d’or représentant 60 milliards”. C’est, en faisant le calcul d’après la production annuelle à raison de dix heures de travail par jour, à peu près le poids de produits ferrugineux (fer, fonte etacier) que le monde livre en une heure. L'écorce terrestre superficielle contient, en moyenne, 4,70 °/, de fer; si l'on admettait (simple- ment pour fixer des ordres de grandeur) que les teneurs en or et en fer fussent proportionnelles à leur extraction annuelle, on arriverait, en compa- rant pour 1900 les 735 millions de tonnes de pro- duits ferrugineux aux 392.000 kilogs d'or, à une teneur 187.500 fois plus faible pour l'or, soit 0.000.025 °/, ou 1 : 4.000.000. Cetle pauvreté moyenne de nos terrains en or semble encore plus accusée si l’on remarque que les plus grosses productions ont été fournies par quelques zones extrêmement localisées. Défalquons, par exemple, les 150 kilomètres de longueur des filons californiens, qui ont pu fournir 7 milliards, les 50 kilomètres de longueur du Witwa- tersrand qui en donneront peut-être 15, Kalgoorlie qui en donnera peut-être 2, le groupe de Bendigo à peu près autant, et quelques gites fameux dont on peut estimer la valeur moyenne à 1 milliard dans l’ordre d'approximation qui nous intéresse ici, comme le filon du Comstock, le district de Cripple Creek ou le Yukon; retranchons encore quelques gros tas d'or rencontrés en Colombie, au Brésil, en Guyane, à Homestake, au Dakota, en Hongrie, dans l'Oural, sur l'Ienissei, la Lena ou l'Amour”, et ce qui subsistera pour tout le reste du globe sera bien peu de chose. On peut done dire que l'or n'est arrivé à la superficie que dans des conditions très exceptionnelles : ce qui, d'après une loi développée ici même précédemment*, cor- respond à son poids atomique élevé et à la rareté de ses combinaisons chimiques. Comment a dù se faire cet apport primilif de l'or { Un calcul analogue donne, pour le stock de diamants, comptés en diamants bruts, à peu près 20 tonnes,représen- tant un prix brut de 3,5 milliards. ? Parmi les placers sibériens, on estime que ceux du Djilinda et du Djolon (Zéya, dans la province de l'Amour) ont donné chacun 100 millions. 3 Révue gén. des Sciences du 30 avril 1904. 548 L. DE LAUNAY — L'OR DANS LE MONDE ET SON EXTRACTION à origine profonde, c’est ce que nous allons d’abord examiner ; nous étudierons ensuite les procédés de concentration chimique ou mécanique qui ont ultérieurement transformé ces gites originels, à valeur le plus souvent faible, pour les enrichir. C'est là évidemment l’ordre logique pour exposer la métallogénie de l'or dans l'ordre même de sa formalion ; mais c'est, d'autre part, ainsi que nous l'avons vu déjà, l’ordre inverse de celui que suit l'exploitation industrielle, puisque les gisements enrichis sont à peu près loujours le point de départ des recherches sur les gites les plus pauvres, et c'est également aborder le sujet théorique par son côté le plus mal connu pour n'arriver qu’en terminant aux gisements, dont l'interprétation est la mieux assise. Les idées générales que je essayer d'exposer pour la métallogénie de l'or sont en partie nouvelles. Peu de sujets ont été, en effet, plus complètement renouvelés depuis un demi- siècle, et non pas seulement par le progrès naturel des connaissances géologiques, mais plus encore peut-être parce que chaque découverte d'un nou- veau grand district aurifère est venue troubler les idées admises jusque-là, en apportant un type nouveau qu'il devenait nécessaire de faire entrer violemment, et par effraction, dans les théories précédemment admises. Bien qu'il y ait là une évo- lution tout à fait normale en indusirie, puisque les formes déjà connues d’une substance, ayant déjà été explorées et exploitées, se prêtent malai- sément à des découvertes retentissantes, le fait ne s’est nullement traduit avec lamême intensité pour les autres métaux, tels que le plomb, le zine, le cuivre, éte., à l'occasion desquels on a pu s'endor- mir pacifiquement sur un « siège déjà fait ». Au contraire, voyons ce qui s'est produit pour l'or. Avant 1847, on pouvait soutenir que tout l'or venait des terrains anciens. C'était l'époque où l'or arrivait de la Sibérie et de quelques gîtes européens. Sur quoi on trouve, en 1848, les gisements de Cali- fornie en tertiaires. L'or de l'Australie Orientale, trouvé en 1850, est également en filons. On ne voitdoneplus, pendant longtemps,que grands vais filons filons de quartz aurifère, que fractures filoniennes bien nettes. Mais, en 1887, on découvre le Witwa- tersrand, et voici l'or dans le ciment d’un conglo- mérat primaire. Sur quoi les prospecteurs par- courent, non seulement l'Afrique du Sud, mais les autres continents, à la recherche des conglo- mérats. Et, maintenant, ce sont les tellurures, qui, à Cripple Creek (au Colorado) comme à Kalgoorlie (en Australie occidentale), alimentent deux des prin- cipaux champs aurifères du monde... Ces transfor- mations successives dans l'allure des grands gise- ments d'or, sur lesquels l'attention est violemment allirée, sont failes pour nous inspirer beaucoup de réserve dans nos théories, et il faut bien avouer que, même aujourd'hui, même après tous les progrès réalisés depuis quelques années, nos con= naissances sur la métallogénie de l’or ne sont pas encore complètement assises. Voici, cependant, comment il me semble que l’on peut présenter l'état de la question. ; 4 $ 1. — Gisements primitifs de l’or. F Dans notre théorie métallogénique, l'or s'est comme tous les autres métaux, concentré d'abord par une action de métallogénie ignée exercée sur un magma éruptif avec intervention de fumerolles" volatilisantes et d'eaux chaudes. Il convient done”. d'examiner, avant tout, la relation du métal avec les roches ignées, le rôle des fumerolles, puis les associations minérales qui en résultent. L'association de l'or avec une roche éruptive est souvent bien marquée; mais celte association peu varier suivant les cas : 1° Très souvent, l'or a dû se dégager en profondeu d'un magma à structure granilique dans des condi tions qui le rapprochent du groupe stannifère | (étain, bismuth, tungstène, etc.). (a) Il peut alor être directement en inclusion dans de telles roches; soit daus des granites, soit surtout dans des gran nites à mica blane, soit encore (peut-être quand 1 magma granitique a absorbé et s'est assimilé des sédiments calcaires) dans des roches vertes, dio rites, elc. (b) Il peut encore s'être isolé de ce granit à l'état de filons : filons analogues à ceux d'étain, c’est-à-dire appartenant au groupe des granites à mica blanc, pegmatites, ou, enfin, simplement quartzeux par élimination des éléments autres qu la silice. La chalcopyrite intervient fréquemmen dans ces filons, et souvent aussi l’arsenic à l’état d mispickel. (ec) Enfin, il semble bien qu'on doi rattacher à ce groupe toute la série de gisements très importants en industrie, qui conslituent dans les terrains crislallins ayant pris, par des réactions métamorphiques profondes, l'allure d8 gneiss, micaschistes, schistes amphiboliques, etc. des imprégnalions, des lentilles, des fahl= bandes, etc., à minéralisalion de pyrite, mispickel ou chalcopyrite aurifère. Dans ce cas, l'association, avec le granile ne se manifeste pas, en général, explicitement; mais la réaction de profondeur, qui a souvent introduit l'or dans les éléments mêmes du ciment métamorphique, est bien caractérisée;eb celle réaction paraît souvent devoir être attribuée | aux interventions de magmas ignés, dont le granite est un des termes caractéristiques et dont les autres formes plus basiques peuvent être beaucoup plutôt attribuables à des endomorphoses de roches encaiss | santes refondues qu'à des différenciations propre= L. DE LAUNAY — L'OR DANS LE MONDE ET SON EXTRACTION 49 -ment dites. Ces imprégnations aurifères dans les ‘terrains métamorphiques sont extrêmement fré- -quentes en Sibérie (Léna et Zéia), en Guyane, au Brésil, dans l'Afrique centrale, etc. Il est à noter - que, dans ce groupe, l'or suit le même sort que le Cuivre, avec lequel il avait pu déjà se rencontrer “dans les filons du groupe à Lype stannifère (h), mais | “qui ici se sépare nettement de l'ébain. Il est, d'ordi- | maire, associé au soufre et au sélénium (pyrites de fer, etc.), mais l’arsenic est également un élément fréquent (mispickel, etc.). 2 Des intrusions plus superficielles de magmas ignés, ayant pris la forme des granulites porphy- roïdes, puis des microgranulites, peuvent être encore accompagnées d'or. C'esl un Lype de gise- “ments qui est souvent caractérisé par la présence bi l'antimoine: métal assez analogue à l'étain par sa cristallisation en filons quarlzeux inhomogènes ‘du groupe pegmaloïde, fréquemment associés à de “tels types de roches en dykes ou nappes d’intrusion, “mais métal qui semble néanmoins s'être écarté “plus loin des roches mères, ayant été maintenu “plus facilement en dissolution. Nous aurons à citer “des cas nombreux de slibines aurifères. 3° Il faut, sans doute, rattacher à un groupe ana- …logue, avec un départ un peu plus avancé, toute la série de filons complexes du groupe plombo- Margentifére, où l'or joue souvent un rôle notable, et particulièrement, ce semble, quand l'argent s'est en même temps développé. En dehors du soufre, qui st à peu près constant pour tous les minerais auri- “ères, l'apparilion de l'or dans ce genre de gise- ments paraît être parfois reliée à la présence, soit de l’arsenic, soit du fluor, que nous allons voir Lbientôt prendre un caractère de plus en plus impor- tant dans les gites suivants. — 4° Les filons auro-argentifères proprement dits “constituent un groupe très connu, très fréquent et “d'une grande importance industrielle. La plupart d'entre eux, sinon la totalité, semblent déjà en “rapport avec les parties hautes des phénomènes héruptifs et se trouvent, par conséquent, de préfé- Lrence avec les roches tertiaires, puisque celles-ci L ont été, en principe, moins profondément décapées “que les roches anciennes et nous montrent done “au jour leurs parties plus hautes. Ces filons, qui peuvent passer, soit au type précédent, soit au type Suivant et qui se mélangent souvent avec des filons 1 complexes ou avec des filons tellurés, apparaissent très fréquemment dans la ceinture volcanique de océan Pacifique, en de nombreux points de l'Ouest américain ou du Mexique, en Transylvanie, etc. Beaucoup d'entre eux (Colorado, Nevada, etc.) Sont en relation nette avec des foyers néo-volea- | niques, c'est-à-dire avec des parties relativement hautes des intrusions éruptives. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. 5° Enfin, les fumerolles aurifères ont dû pouvoir se dégager jusqu'au voisinage de la surface, en connexion directe avec des phénomènes d’intrusion éruptive à caractère volcanique ; car on rencontre l'or à l'état defilons très nombreux, très irréguliers, parfois de formes très bizarres, dans un certain nombre de centres volcaniques, qui paraissent avoir été à peine entamés par l'érosion et où l'on retrouve conservés, sinon les cratères eux-mêmes, du moins les cheminées ascensionnelles, les nappes d'épanchement éruplives: par conséquent, dans des conditions qui rappelleraient presque celles des gites mercuriels. L'or est alors associé avec des minéralisateurs actifs, dont le fluor est le principal; la fluorine est une gangue caractéristique de ce genre de filons, qui présentent souvent l'or combiné au tellure sous forme de tellurures d’or et d'argent, dans lesquels, par un rapprochement que je viens de faire prévoir, le mercure peut intervenir comme élément constituant. Tel est le cas de quelques très grands et très riches centres de production aurifère, comme Cripple Creek au Colorado, Kal- goorlie en Australie, la Transylvanie, ete. Ainsi donc, nous venons de voir, par une évolu- tion progressive, à mesure que nous envisagions des magmas ignés de plus en plus voisins de la surface, l'or entrer dans les divers groupes caractérisés par tel ou tel métal dont la prédomi- nance correspond en principe à ces formes de roches plus ou moins profondes ou plus ou moins superficielles, c'est-à-dire cristallisées sous une pression plus ou moins accentuée : d'abord dans le groupe de l’étain (1°,a,b), puis dans celui du cuivre (1°,,c) ou dans celui de l’anlimoine (2°), dans celui du plomb argentifère et des B.P.G.' (3°) et même dans celui du mercure (5°). Il semble donc que, lorsque le magma initial contenait de l'or en profondeur, cet or ait pu s'en dégager à des niveaux divers de l'ascension interne, en combinaison ou en association avec des miné- ralisateurs très divers, qui, ainsi que nous allons le voir, comprennent à peu près toute la série des métalloïdes, avee prédominance probable des chlo- ro-fluorures, du soufre, du tellure, de l'arsenic et de l’antimoine. Ailleurs, et de beaucoup le plus généralement, des roches tout à fait identiques à celles d'où paraissent dériver les gîtes aurifères ne contiennent aucune trace d’or. Il faut donc faire intervenir (comme, à des degrés plus ou moins marqués, suivant leur rareté moyenne, pour tous les autres métaux) un phénomène originel, relativement profond, qui, en tel ou tel point du globe, avait déjà concentré l'or dans les mag- nécessairement 1 Abréviation de biende, pyrite, galène, 550 L. DE LAUNAY — L'OR DANS mas ignés initiaux, et l'origine première de cet or me parait, en raison de sa densité, devoir être cherchée dans ces zones internes de notre planète, avec lesquelles notre superticie n’a eu que derares, accidentelles et éphémères communicalions par quelque bouffée ou fumerolle. Voyons maintenant quelles sont, dans ces divers types de gisements, les associations de Tor, qui vont nous aider à comprendre les caractères de cette métallurgie naturelle. Ces associations, ainsi que je viens de le montrer incidemment, varient suivant la nature des gise- ments où l'on exploite l'or. Les plus constantes sont celles qui rapprocheront de l'or : le quartz (sa gangue à peu près constante), la pyrite de fer, et l’on doit ajouter l'argent, auquel on songe moins, mais qui occupe généralement une place importante dans les impuretés de l'or natif. Il faut, en effet, rappeler aussitôt que l'or natif et l'or obtenu par les divers procédés métallur- giques avant raffinage sont loujours impurs et diffèrent de l'or lin par la présence d’autres métaux, surtout d'argent, puis de cuivre, puis de fer, en proportion qui peut atteindre 36 à 38 °/, d'argent dans les électrums. Très habituellement, la teneur en or fin de l'or natif varie de 85 à 95 °/ ; elle atteint assez rarement 98 à 99, etla presque totalité du résidu est faite d'argent, avec du cuivre qui ne dépasse pas 0,40, du fer allant exceptionnelle- ment à 3,75 et, dans quelques cas très rares, un peu de platine‘. En Californie, l'or en poudre fine est seulement à 850 ou 870 millièmes, les plus gros morceaux à 950. Au Klondyke, ce titre est parti- culièrement faible : en moyenne 850, et souvent à peine 700. La presque totalité des gisements d'or présente donc cette association de l'or et de l’ar- gent, qui a surtout élé remarquée dans le groupe des filons auro-argentifères à argent dominant?. 4 L'or de Mount Morgan, à 997 de fin et 3 millièmes de cuivre, est un produit tout à fait exceptionnel. 2 Notons, à propos, l'idée récemment suggérée l'étude du radium, d'après laquelle certaines associations fréquentes d’un métal rare à un métal commun (argent et plomb, or et argent, or et cuivre, etc.) seraient le produit d'une transmutalion spontanée et continue, opérée depuis les temps géologiques sur un élément d'abord unique. On s’est même demandé si la proportion de l'argent au plomb, dans un gisement, ne permettrait pas, dès lors, de calculer en années l’âge de celui-ci. Mais, en admettant mème qu'il y ait quelque chose de vrai dans cette hypothèse, ses con- clusions géologiques ne seraient pas exactes, et trop d'au- tres phénomènes indépendants beaucoup plus intimes masqueraient celui-là. Il suffit, en effet, de remarquer que l'abondance la plus grande de l'or et de l'argent se trouve précisément dans les filons particulièrement récents de l'Ouest américain, du Mexique, elec. ; en outre, que les as- sociations des métaux précieux aux métaux communs ne sont nullement constantes ni en proportions définies. Il existe fréquemment de l'argent sans plomb, ne fut-ce que dans des filons d'or.et la relation proposée de l'or au cuivre est encore bien moins générale. par | LE MONDE ET SON EXTRACTION L'association de l'or avec la pyrite est tellemen ! constante et tellement caractéristique qu'il suffit de la signaler sans y insister. Cette pyrite est rare= ment remplacée par de la pyrrhotine !, assez fré s quemment associée à du mispickel et souvent accompagnée d’autres sulfures complexes, qui peuvent être eux-mêmes aurifères, en premier lieu de chalcopyrites. ' LA Quand l'or est ainsi accompagné de pyrite, c'est dans les pyriles mêmes qu'il y à, d'ordinaire, lieu de chercher l'or. Par exemple, en Californie, le pyrites préparées mécaniquement arrivent à con tenir 150 grammes d'or à la tonne et mème parfois. plus. L'or extrêmement fin * est disséminé dans cette pyrite sans qu'il semble y avoir combinaison, et dans certains cas, on s'est demandé si la pyrité préexistante n’aurail pas joué le rôle d'un réactif .précipitant sur des dissolulions aurifères ultérieur rement mises en conlact avec elle. Enfin le quartz, malgré tous les efforts faits pou distinguer par des caractères généraux et constants un quartz aurifère d'un quartz stérile, peut avoir des aspects très divers, auxquels la dissémination des sulfures métalliques prète seule quelque chost de particulier : teinte grise en profondeur, cavités bulbeuses plus ou moins rouillées par de l’oxyde dé fer aux affleurements. Les inclusions liquides abondantes dans le quartz aurifère comme dans le quartz slannifère ou, plus généralement, dans le: quartz des filons pegmatoïdes, forment souven! des files qui passent d'un individu cristallin l'autre sans s'interrompre, À ces associations presque constantes de l’or,i faut ajouter celles, variables suivant la nature des gisements, qui ont un caractère plus accidentel L'or dans les roches (1°,4) et l'or en filons di granulite ou directement dérivés des granulité (1°,2)se trouvent dans des conditions qui rappellent comme je l'ai dit, le groupe stannifère. Il est don tout naturel que l'on ait observé le passage des« quartz aurifères aux apliles, pegmatiles, ete., reconnu dans ces quartz les minéraux ordinai des granulites ou les métaux du groupe stannifè (élain, bismuth, molybdène, tungstène, ete.). L'élain lui-même est associé à l'or avec de“k tourmaline dans les Appalaches sud ; dans la régiot de l'Onon, en Transbaïkalie, giles d'or et gite d'étain s'associent ; il en élait de même pour les anciens gisements d'or de notre Plateau central, et, nombreux sont les cas où l'or d’alluvions est mêlé \ à de la cassitérite. Le bismuth existe avec l'onà. Falun (Suède), à Bommelü (Norvège), en Bolivie. (région également caractérisée par le rapproche: | 1 Charters Towers au Queensland, Passagem au Brésil > On a reconnu dans le quartz aurifère des particules d'or | | n'ayant que un 480e de millimètre. ! D. di tre © * < CE TRS TE. LL ment du cuivre, de l’étain et de l'argent avec l'or), à Passagem au Brésil, à Dahlonega en Géorgie, à Glynn (Lydenburg)', etc. On peut avoir alors la combinaison du bismulh au sélénium (Falun) ou au tellure (Dahlonega). Le molybdène se présente avec de l'or et du mispickel en Californie, dans les Tauern, à Masinga (Mozambique), à Remolinos (Chili). Le mispickel, qui est un élément si normal des filons stannifères, se retrouve aussi très abondant dans une foule de gites aurifères : Tscheljabinsk (Oural); Kotschkar (Sibérie); la Californie; Passa- gem et Pary (Brésil); Santa Cruz (Honduras); le Matabele en Rhodesia; la province de Victoria en Australie, etc. Comme minéraux, il y a lieu de signaler l’asso- | ciation fréquente avec l'or de la tourmaline, minéral boraté, dont on connaît assez les relations habi- tuelles d'origine avec les granites à mica blanc. Cette association est très caractéristique à Passa- | gem (Brésil), où le mispickel aurifère a une gangue de tourmaline, avec bismuth, pyrrhotine et galène. On | l'a retrouvée récemment à Madagascar (Beforona). Mais elle est surtout fréquente dans les filons de notre groupe (1°,2), où domine le cuivre (associé lui- même fréquemment à l’élain, comme on le sait, . dans les départs de roches acides, aussi bien au Cornwall qu'en Bolivie et au Yunnan). Tels sont les gisements de Svartdal en Telemark, de Berezowsk dans l'Oural, où se présente, en outre, une association assez rare de l'or avec le chrome?, de Meadow Lake en Californie, de Remolinos, de Guanaco et Andacollo au Chili, ete. Indépendamment de la tourmaline, les chalco- | pyrites aurifères sont une des formes les plus fré- quentes de minerais d’or (Malmani et Lydenburg au Transvaal, Kansanshi en Rhodesia, Namaqua- land, Remolinos au Chili, Boundary en Colombie brilannique et côte de Vancouver). Dans le groupe {4°, c) des imprégnations sulfurées aurifères en terrains métamorphiques, nous retrou- - vons l'or habituellement associé avec pyrite de fer, mispickel, chalcopyrite et, accessoirement, pyrrho- « tine : aussi bien dans les Alpes que dans l'Afrique . centrale ou le Brésil. Souvent, dans ces gisements comme dans les filons précédents, apparaissent, avec ces sulfures dominants de fer et de cuivre, quelques autres sul- fures accessoires de plomb, zinc, cobalt, pouvant eux aussi contenir un peu d'or, qui conduisent, par des transilions progressives, au groupe plom- ! Pour ces gisements sud-africains, voir L. De Lauxay : Les richesses minérales de l'Afrique, Paris, Béranger, 1903, où j'ai donné, p. 26, un résumé des associations de l'or en Afrique. ? On retrouve de même l'or avec crocoïse et galène en Rhodesia, dans le Manica (Penhalanga). L. DE LAUNAY — L'OR DANS LE MONDE ET SON EXTRACTION 591 bo-argentifère, dont il sera question plus loin. Les exemples de stibines aurifères (2°) passaient autrefois pour assez rares ; ils se sont beaucoup mul- tipliés dans ces derniers temps et ont souvent paru localement très riches en or avec une richesse irré- gulière. On peut citer Gravelotte en Murchison Range, la mine Inez en Mashonaland, Armida dans la Nouvelle Galles du Sud, Majurka et Kremrilz en Hongrie, Krasnahora et Milesoy en Bohème, Gold- kronach dans le Fichlel Gebirge et, en France même, la mine de la Lucette dans la Mayenne, dont l'exploitation récemment commencée pour or (après avoir été longtemps poursuivie pour antimoine) a paru donner de grandes promesses. La même association de l'or et de l’antimoine, sous une forme un peu différente et celte fois avec intervention du cuivre,se retrouve dans les cuivres gris aurifères de la région d'Huanchaca en Bolivie, | et l’on verra bientôt des exemples de filons com- plexes plombo-argentifères avec or et antimoine. Le type des filons plombo-argentifères (3°) est, d'ordinaire, caractérisé par des groupements de sulfures complexes, dont nous aurions déjà pu citer des exemples dans nombre de gisements signalés précédemment. Ainsiles filons californiens peuvent, avec la pyrite aurifère, renfermer galène, blende, panabase et même cinabre. A Ymir (Nelson) dans la Colombie britannique, comme à Leadville au Colorado, comme à Berezowsk dans l'Oural, déjà cité plus haut, on trouve la pyrite aurifère associée à la galène, parfois avec interven- tion de molybdène (Leadville), ailleurs de chrome (Berezowsk). Nous allons, d'ailleurs, retrouver la galène dans le groupe plombo-argentifère dont il va être ques- tion; mais, auparavant, il faut encore citer l’asso- ciation de l'or et du cobalt (cobaltines et smaltines aurifères du district de Middelburg au Transvaal). Comme exemples de filons auro-argentifères (4°), je citerai d’abord le fameux filon du Comstock en Nevada, dont les minerais, sous leur forme utilisée, élaient surtout des formes allérées argentifères, mais qui, en profondeur, contenait, avec pyrites et chalcopyriles, galène, hlende, etc. A Custer County, dans le Colorado, apparaissent, en outre des mêmes sulfures, des tellurures, qui marquent le passage aux gisements du groupe zui- vant. Dans le groupe de Thames, en Nouvelle-Zé- lande, à ces mêmes sulfures complexes vient, d'autre part, s'ajouter la stibine. En Europe, les mines fameuses de Schemnitz (Hongrie) et celles de la Transylvanie représentent des exemples également caractéristiques de cette forme de gisements. À Schemnitz, la stibine, la panabase, le cinabre et le spath fluor apparaissen accessoirement avec les pyrites aurifères accompa- L. DE LAUNAY — L'OR DANS LE MONDE ET SON EXTRACTION gnées de chalcopyrites, blendes et galènes qui for- ment le minerai dominant. En Transylvanie, on a : lantôt les sulfures com- plexes, pyrite, blende, galène, mispickel, chalco- pyrile, tétraédrite, etc., avec de l'or; tantôt, en outre, des tellurures. Enfin (5°), les lellurures d’or, avec associalion fréquente d'argent ou de mercure, qui semblaient autrefois une forme minéralogique assez rare, jouent aujourd'hui un rôle capital dans quelques- uns des plus grands gisements du monde, tels que Cripple Creek, au Colorado, Kalgoorlie, en Australie occidentale; je viens déjà de citer à ce propos Custer County, au Colorado, et la Transylvanie. Ces tellurures présentent parfois, à Cripple Creek (Colo- rado), au mont Judith (Montana), une association très caractérisée de fluorine. Le tellure associé à l'or n’est pas nécessairement un élément des zones superficielles et, par consé- -quent, des gisements récents. On voit le tellurure intervenir aussi dans certains gites anciens, cris- tallisés en profondeur sous forme d’imprégnation (1°,c) dans des terrains métamorphiques, alors avec les minerais ordinaires de ce groupe, chalcopyrite, mispickel, bismuth : par exemple, dans les gites des Appalaches regardés comme d'âge hercynien (Kings Mountain, N. C., et Dahloneja en Georgie, White Hall en Virginie, etc.). Certains filons an- ciens du Telemark renferment également, avec la chalcopyrite aurifère et la tourmaline, un peu de bismuth lelluré. De même, à Bômmelô, l'or est avec du tellurure de bismuth. J'ai déjà fait remarquer que, dans ce groupe, on voyait apparaitre le mercure, ainsi que l'on pouvait s’y attendre dans des cristallisations regardées par nous comme superficielles. À Kalgoorlie, on a sur- tout des sesquitellurures d’or, argent et mercure, appelés par M. Carnot coolgardite et kalgoorlite*. L'association du mercure avec l'or se relrouve éga- lement en Californie, à Bendigo (Australie), et dans la République de l'Équateur. Enfin, il y a lieu de signaler parfois la haute teneur en sélénium de certains filons aurifères : notamment ceux de Redjang Lebong, dans le sud de Sumatra, en relation avec des andésites. Les séléniures de bismuth de Falun font reconnaitre - les minerais d'or. On a, d'ailleurs, assez fréquem- ment du sélénium avec du mercure, sans que l'or intervienne (Clausthal, Utah). En résumé, on estconduil à faire intervenir, dans la métallogénie de l'or, à peu près tous les métal- loïdes auxquels nous attribuons un rôle de minéra- lisateurs. C'est, d'abord, le groupe du chlore et du fluor. f Ann. des Mines, mai 1901, p. 530. L'intervention du fluor est souvent bien caractérisée par l'abondance de la fluorine, notamment dans les filons du groupe lelluré (Cripple Creek, Kal- goorlie). Celle du chlore n'est jamais aussi bien définie en métallogénie, parce que le chlore, en précipilant son métal pour se combiner aux alcalis ou à la chaux, a dù former des sels solubles, qui ont été aussitôt éliminés. Mais elle est rendue très vraisemblable par le rôle du chlorure dans la chimie de l'or, par la solubilité spéciale du métal sous celte forme et par l'instabilité de ce chlorure, qui a dû contribuer à donner l'or finement pulvé-" rulent de tant de gites divers. L'association avec le groupe du soufre est non moins netle. La pyrile de fer est le compagnon constant de l’or,et j'ai, d'autre part, insisté sur less associations également fréquentes de l'or avec le tellure ou avec le sélénium. Nous avons vu, de même, combien fréquemment l'or se trouve associé avec l’arsenic ou l’anti=M moine (mispickels et stibines). Enfin, il ne serail pas impossible, quoique nous n'en ayons aucune preuve directe, que le carbone lui-même fût intervenu sous la forme de cyanures, | | et, tout au moins, nous voyons se manifester le bore, élément à certains égards homologue du carbone, &. par l’abondance très grande des tourmalines, miné-«. raux boratés, sur laquelle j'ai insisté plus haut. Si nous revenons, pour préciser, sur quelques- uns des gisements précédemment signalés, il est, je crois, inutile d'insister sur les catégories de gites très connus, pour lesquels il n'y a pas de dieu sion, comme les grands filons de quartz à pyrile aurifère; j'insisterai seulement sur deux points 4 la relation avec les roches granitiques en profon= ne + ne .deur, celle avec les éruptions volcaniques dans les gites plus superticiels et plus récents. ; 1. Relation de l'or avec les roches gran — Les gisements d'inclusion, où l’on peut être cer lain que l'or n'a pas été introduit ultérieurement dans la roche par une réaction secondaire, sont assez rares. | On a eité comme aurifères divers graniles dans! la Sonora mexicaine, dans la Cordillère côtière du Chili, dans les environs d'Ekaterinbourg (Oural}s Mais on voit surtout, comme cela se produit pour l'étain, l'ors'isoler de telles roches dans les pegmas lites ou aplites, qui en dérivent, et, encore plus; dans des veines quartzeuses de ces pegmatiles. Les gisements d'Um-rus en Égypte et ceux d& Mazoé en Rhodésia' semblent se rattacher àce types dont les exemples les plus souvent cités sont ceux du Telemark et de Berezowsk. Dans le Telemark, à | { L. De Lauay : Richesses minérales de l'Afrique, p.10 4 et 120. (l | L. DE LAUNAY — L'OR DANS LE MONDE ET SON EXTRACTION 553 Näsmark, les veines de quar!z aurifère découpent en échelons un filon de granite, à l'intérieur duquel - elles sont limitées. À Berezowsk, il y a, dans cer- tains filons de microgranite, qui recoupent eux- mêmes des schistes talqueux, de nombreuses veines très minces de quartz aurifère tenant des sulfures divers de cuivre, plomb, bismuth, avec de l'or, du chrome et de la tourmaline, et le massif granilique dont dérivent ces microgranites paraît lui-même _ aurifère. … En Transbaïkalie, dans le groupe de l'Onon, l'or …— paraît provenir d'aplites aurifères traversant le graniteau milieu du Laurentien et sur lesquelles se … trouvent aussi des giîles d'étain'. Lesfilons de Tscheljabinsk forment de nombreuses veines quartzeuses dans le granite disloqué. Les filons de Californie paraissent, eux aussi, en relation assez directe, quoique peut-être non immé- —… diate, avec un granite récent, dont ils ont souvent — suivi le contact dans les schistes. Ceux de la colonie de Victoria ont été rattachés à des diorites, etc. De même, d'après M. Levat, les € des tale-schistes, en lentilles pyriteuses à peu près interstratifiées dans des schisles amphiboliques ou micacés, etc. L'hypothèse correspond bien avec ce que l’on croit observer pour tant de régions métamorphiques (quel que soit d’ailleurs leur âge réel), où, commeen Scandinavie, au Canada, dans les Alpes, en Sibérie, etc., on trouve des impré- gnations de pyrile aurifère disséminées, etc. Peut-être les gisements si mystérieux du Witwa- lersrand sont-ils eux-mêmes un cas analogue d'imprégnation aurifère dans des bancs de con- glomérat. D'autre part, une relation analogue à celle que nous venons de signaler jusqu'ici entre l'or et les magmas granitiques de profondeur semble ailleurs s’accuser entre le même métal et des for- mations rocheuses plus superficielles. 2. Relation de l'or avec les roches volcaniques. — Quand on examine certaines régions de filons auro-argenlifères de l'Ouest américain, comme le Comstock en Névada, Custer County au Colo- rado, etc., ou la plupart des filons mexicains, on voit un rapport presque évident entre ces filons et les éruptions volcaniques, manifestées tout autour par des émissions ou des coulées de lave. Parfois, … diorites à labrador de la Guyane, avec lesquelles certains placers sembleraient en relation, renfer- — ment souvent, dans leur masse, jusqu'à 5 °/, de 4 pyrite de fer aurifère. —_ M. Bernard a considéré l'or très abondant de l'ancien Conteslé franco-brésilien comme prove- nant de granulites pyriteuses avec quarlz connexe, qui traversent des schistes métamorphiques et amphibolites. Dans un cas un peu différent et peut-être plus discutable, on a signalé encore la relation de l'or avec un autre groupe de roches un peu moins profondes. —_ En Espagne, dans la Sierra de Peñaflor, on peut conclure des observations de M. Noguès qu'il y a eu, à l'époque tertiaire, des formalions de contact ana- … logues à celles du Banat, de Traverselie, etc., avec — développement dans des calcaires de gangues sili- catés et isolement de sulfo-arséniures de fer, cuivre et nickel accompagnés de magnétite : le tout ayant, - par l’altération en lerres rouges des diorites et am- phibolites, donné des minerais d'or, qui contien- nent quelques tellurures. Enfin, il semble y avoir lieu de citer à ce propos la présence de l'or dans le ciment métamorphisant de certains gneiss, comme ceux de Madagascar, ciment auquel on peut attribuer une origine granu- litique. L'introduction de l'or dans les terrains métamorphiques où nous l'observons paraît avoir été souvent connexe de ce métamorphisme même. C'est ainsi que l'or a dû pénétrer dans le ciment des gneiss, ou, ailleurs, se déposer en enduits sur 1 GLasser : Les richesses minérales de la Sibérie. Ann. des Mines, juillet 4900 ; voir la carte, p. 32. ce rapport affecte même des formes bien curieuses. Ainsi à Bassik (Custer County), M. Emmons a décrit une sorte de colonne métallisée elliptique de 8 à 20 mètres de diamètre sur plus de 400 mètres de profondeur, qui traverse des brèches andésitiques -sans démarcation nette avec elles et dans laquelle des sulfures de plomb, zinc, antimoine et cuivre, cimentant les blocs, sont aurifères et argenlifères. Ce phénomène curieux n’est pas sans analogie avec celui que l’on a rencontré à Cripple Creek, au Colo- rado, dans une région où les phénomènes volca- niques offrent un caractère encore plus superfi- ficiel'. Il y a là, à la mine Portland, dans le basalle, une cheminée de4 à5 mètres de diamètre sur plus de 300 mètres de profondeur, où des tellurures aurifères incrustent des débris basaltiques*. En dehors de ce gisement spécial, il existe à Cripple Creek, qui est le centre le plus net de ces gisements d'or à relalions volcaniques, de très nombreuses fissuralions, souvent sans épontes bien définies et à digitations complexes, avec tellurures auro-argentifères, tels que la sylvanite, accessoire- ment de la pyrite (moins fréquente ici que dans la plupart des autres districts aurifères), un peu de galène, de blende et de stibine et une gangue de fluorine. L'or et l'argent semblent, en moyenne, par quantités égales. Les minerais sont disposés 1 Les phonolithes, très rares aux États-Unis, apparaissent au voisinage de ce gîte de Cripple Creek et dans les Black- Hills au Dakota. 2 Érrenxe A. Rirrer : Le district aurifère de Cripple Creek. Ann. des Mines, avril 1905. L. DE LAUNAY — L'OR DANS LE MONDE ET SON EXTRACTION " ROPE R par colonnes dans les veines, dont les plus produc- tives sont sur le pourtour du volcan, vers la limite de ses éruptions et du granite primaire. Par un phémonène aisément explicable dans notre hypothèse, ces gisements, que nous considé- rons comme presque superficiels et d'origine vol- canique, présentent, pour la plupart, leurs mine- rais dans de minces fissures analogues à celles qui caractérisent les gisements mercuriels et très diffé- rentes, au contraire, des crislallisations par grandes masses, que l'on trouve dans les filons plombeux plus profonds. Ces grandes fractures, dans leurs parties superficielles, ne se seraient sans doute pas prétées à la cristallisation de tels éléments très solu- bles ou maintenus en dissolution par des agents très énergiques. En Transylvanie et dans la plupart des autres gisements à minerais d'or lellurés, la relation avec les roches éruptives tertiaires est également mani- feste. Il semble, cependant, falloir faire une excep- tion pour un gisement de tellurures maintenant classique, celui de Kalgoorlie, où les gisements sont, sous leur forme profonde, des filons quart- zeux de pyrite et tellurures d'or interstralifiés par zones dans les amphibolites. $ 2. — Gisements de concentration secondaire. La forme de gisements aurifères qu'ilnous reste à étudier a joué, jusqu'ici, un rôle tout à fait pré- pondérant en industrie, et c'est très récemment qu'on à commencé à allaquer les gisements ori- ginels plus pauvres, dont l'exploitation constituera la principale ressource de l'avenir. L'or, qui est partout un des métaux les plus anciennement recherchés dans le monde entier, sinon le plus anciennement connu, est un de ceux dont les formes profondes ont le plus longtemps échappé aux recherches. Il ne faut pas, en effet, perdre de vue les teneurs extraordinairement faibles, quelques grammes à la tonne, que présentent la majorité de ces gites aurifères. Si une concentration superfi- cielle ne les avait pas enrichis localement et n'y avait pas mis l’or sous sa forme de métal natif qui attire aussitôt l'attention, ces roches, où seuls l'analyse chimique très soignée, l'examen micro- scopique très minutieux pouvaient signaler l'or, n'auraient eu aucune raison d’être remarquées. Il a fallu que les recherches aient été provoquées et localisées par la rencontre antérieure des placers ou des chapeaux de filons pour qu'on ait eu l'idée d'aller chercher l'or dans la plupart des gisements où nous l’exploitons aujourd'hui. Le phénomène des concentrations aurifères dont nous avons à parler, parait, en principe, partout où il a produit des gisements de quelque valeur, s'être opéré en plusieurs temps successifs, par l’interven- tion de préparalions mécaniques combinées avec des réactions chimiques, el c'est pourqnoi des gise- ments secondaires d’une grande richesse peuvent provenir de gites primilifs très pauvres et indus- triellement inexploitables. Au début, il a dû commencer par y avoir, sur les parlies hautes de tous les gisements primitifs énu- mérés précédemment, quelle que fût d'ailléurs leur nature, une altération chimique propre à faciliter la destruction et la préparation mécanique dont. nous parlerons bientôt. Cette altération et ce remaniement consécutifs, qui se sont appliqués à de très nombreux filons, me paraissent avoir présenté surtout une impor- tance pratique quand, au lieu de filons déjà distinets et présentant dans leur propre masse une zone naturellement disposée pour l'enrichissement, on avait de très nombreuses imprégnalions dissé- minées dans les terrains mélamorphiques, comme celles dont il a élé question plus haut, c’est-à-dire quand l'érosion avait mis à nu des zones suffisam- ment profondes de l'écorce pour exposer à l'altéra- tion ces parties métamorphisées. Un tel phénomène est très habituellement réalisé pour les parties anciennement plissées de l'écorce terrestre. Les gneiss anciens offrent même, de cechef, une exten- sion assez grande pour que l'on ait pu croire longtemps à l'ancienneté de tous les gneiss. La mise à nu de tels terrains, là où ils avaient été pyritisés par de la pyrite aurifère, a provoqué, dès lors, le déplacement mécanique et chimique de l'or contenu; une partie de cet or a pu aller former directement des placers; une autre, descendant à l'état de dissolution suivant le plan même des filons ou dans des joints voisins, a produit des veines aurifères déjà enrichies, dont la destruction ullé- rieure à donc amené un enrichissement au second degré. Le caractère superficiel de semblables veines enrichies donne même à supposer que, dans cer- taines régions fortement érodées plus tard, où l'on a trouvé des placers aurifères, elles-mêmes avaieut pu être complètement usées, usées jusqu’à la racine, en sorle que nous n’en observons plus ë : F1 trace, ou du moins que les gites de ce genre subsislants ne semblent pas proportionnés aux alluvions aurifères correspondantes. Il est important de faire cette remarque; car ces veinules ou imprégnalions pyrileuses de terrains mélamorphiques, sans filons proprement dils, doi- vent jouer un rôle prépondérant dans un certain nombre de grands voussoirs anciens du globe, où l'abondance de l’or concentré secondairement par altération sur place ou par alluvion a fait concevoir l'espoir, probablement en grande partie illusoire, de rencontrer des gites primitifs eux-mèmes très développés. = nt D. ee ln Ps dt En + LE Re dd der Part 3 amie Nice ae 85 Dem TS mn + — Tel paraît être le cas sur presque loute la longueur du massif sibérien, dans le massif brésilien pro- ongé par les Guyanes, dans le massif de l'Afrique centrale, à Madagascar, dans le massif scandi- ave, etc. : toutes régions, où nous observons profondeur mis à nu. Dans les plus septentrionaux } de ces massifs anciens, la concentration de l’or ne est guère faite que par la voie alluvionnaire: labourées par les passages glaciaires, les roches ne présentent guère, en effet, d'altération bien profonde. Dans la zone équatoriale, c'est, au con- traire, l'allération sur place qui domine, avec ses résidus argileux et ferrugineux (terre rouge, cas- jo, terre à ravels), dans lesquels s’est produit sur place un enrichissement chimique de l'or, parfois suivi ultérieurement d'un remaniement mécanique. La « roche à ravets » de la Guyane contient assez Souvent, outre l'or fin presque microstopique qui est l'élément principal, de grosses pépites cet «parfois des pépites recouvertes d'un enduit ferri- gineux ou noirâtre, qui les ferail prendre pour des blocs d'oxyde de fer. Dans l’ancien Contesté franco-brésilien, comme nous l'avons vu déjà, des terrains métamorphiques avec amphibolites dominantes sont traversés par “des veines de granulite et de quartz connexe ayant enfermé de la pyrite de fer; ces pyrites ont donné, aux affleurements, des oxydes de fer ou de manga- nèse avec or libre dans le terrain de décomposition. Au Brésil, on trouve de même, dans la province de Minas, de grandes masses de minerai de fer oligiste ou ilabirites, parfois exploitées pour or {à Gongo-Socco et Morro de Santa Anna). Là l’or “imprègne, en outre, les joints des quartzites, les surfaces des schistes micacés et peut même se trouver dans de vrais filons quartzeux, où il a été, en même temps, isolé par l'allération et reprécipité à l'état natif. J'ai surtout, dans ce qui précède, insisté Sur Valtération des imprégnations pyriteuses dissé- . minées et trop pauvres pour être par elles-mêmes “exploitables, parce que c’est le cas le moins connu; les altérations qui portent sur les filons proprement “dits ont été beaucoup plus étudiées. Il suffira de rappeler les lois générales du phénomène chimi- que, qui s'appliquent d'ailleurs dans les deux cas. “Cet enrichissement, comme je l'ai expliqué ailleurs’, consiste : en partie, dans une dissolulion des sulfures associés à l'or, ce qui produit un enri- chissement relatif; en partie aussi dans une disso- 3 Rev. générale des Sciences (15 mai 1900). — La Science géologique. Paris, Armand Colin, 1905, ch. x. L. DE LAUNAY — L'OR DANS LE MONDE ET SON EXTRACTION 555 lulion de l'or à la faveur du sulfate de fer; après quoi, cet or dissous descend le long du filon et va se reprécipiter plus bas par une sorte de cémenta- tion sur la pyrite de fer, avec enrichissement absolu. Un tel phénomène de descente a pu se pro- longer pendant des périodes géologiques entières, en concentrant finalement, sur une même zone profonde du filon, des quantités d’or empruntées à une hauteur de plus en plus grande de ce filon, à mesure que l'érosion le détruisait (en résumé à toute la hauteur du filon détruite depuis l'origine); il a donc ainsi provoqué des accumulations de métaux précieux, qui constituent ce qu'on appelle la zone de la honanza. La dissolution de l'or par les réactifs oxydants a dû, en principe, s'opérer au-dessus du niveau hydrostatique : niveau qui peut, d’ailleurs, être très complexe et qui comporte des réapparitions de parties oxydées au-dessous de parties intactes'; mais, ainsi que les géologues américains MM. Weed, Emmons, etc., l'ont montré par de nombreuses et intéressantes observalions, la reprécipitalion de l'or, la cémentation, et, par con- séquent, la bonanza ont pu descendre beaucoup au- dessous de ce niveau hydrostatique, du moment que la circulation de l’eau s'y continuait. Ces géo- logues ont également fait voir que d’autres sulfures métalliques, la galène par exemple, n'avaient: pu suppléer la pyrite pour cette reprécipitalion de l'or : en sorte que, dans les gites à galène sans pyrite, il n'y a pas de bonanza. Toutes les fois qu'en s’enfonçant dans un filon aurifère on dépasse la zone transformée par alté- ration où se trouvent les « jewelers shops * » (éla- lages de joaillier) et les bonanzas, on rencontre en profondeur une zone plus pauvre, dans laquelle l'or, au lieu d'être libre, se présente engagé dans des combinaisons complexes. Enfin, comme on le sait assez et comme je l'ai déjà rappelé à diverses reprises, l'allération chi- mique, qui constitue un premier enrichissement des gites aurifères, a élé suivie par un remanie- ment mécanique, auquel sont dues les alluvions ou placers : remaniement qui, lui-même, a pu être repris à diverses reprises dans des époques géolo- giques successives, en déterminant une concentra- tion de plus en plus forte sous la forme d'’alluvions de plus en plus récentes. Il est inutile d'’insister sur les caractères bien 1 Les failles jouent un très grand rôle dans ces introduc- tions d'eaux superficielles. J'ai, à l'occasion d'un travail récent sur la métallogénie italienne (Congrès géologique de Mexico), analysé quelques cas de ce genre. Il faut également penser aux sources ascendantes ou thermales. 2 Jé ne parle pas ici des mouvements du sol, dont j'ai depuis longtemps signalé le rôle probable dans cerlaines altérations qui descendent très bas et dont M. Weed a donné des exemples à Butte City (Genesis of ore deposits, 2° édit., p. 491). L. DE LAUNAY — L'OR DANS connus de ces placers, qui témoignent, en moyenne, d'un transport peu prononcé et qui sont, par consé- quent, en relation assez directe avec les gites origi- nels. Je rappellerai seulement, parce que c'est un point discuté, que, vraisemblablement, la dissolu- tion chimique est intervenue (toujours dans les mêmes conditions et à la faveur du sulfate de fer) pour amener la concentration de l'or dans les pla- cers, en pépites loujours plus volumineuses que les fragments du même métal contenus dans les filons. On à fait également remarquer que la loi très habituelle, d'après laquelle l'or est concentré de préférence à la base des alluvions, sur le « bedrock », semble nécessiter un déplacement de l'or dans l’alluvion même, postérieurement à son dépôt déplacement peut-être analogue à celui qui, dans un lavage de sables aurifères, fait bientôt descendre l'or plus dense à travers lesstériles, jusqu'à la base de la cuvette où on lui imprime des secousses. Pour la même raison, l’or s'est souvent introduit dans les fissures mêmes du bedrock jusqu’à 0,50 de profondeur. II. — EXTRACTION INDUSTRIELLE DE L'OR. L'or ayant été rencontré dans la terre sous une des formes quelconques que nous venons de passer en revue, il s’agit de l’en retirer. Cette industrie com- porle, comme pour un métal quelconque, trois par- lies tout à fait distinctes : 4° un travail de mine ou de carrière, une série d'opérations mécaniques, dans lesquelles on sort du sol et l’on trie les minerais: 2° un broyage plus ou moins fin; 3° une élaboration métallurgique (c'est-à-dire, en principe, une disso- lution ou une fusion), destinée à extraire l'or de ces minerais. Mais l'or, par suite de Ja forme native sous laquelle il se présente fréquemment dans ses gisements naturels, offre cette particularité que l'opération mécanique d'extraction suffit souvent à elle seule, ou demande tout au plus à être complétée par une mélallurgie très élémentaire, consistant dans une amalgamalion et un raffinage. Cela était surtout vrai autrefois, alors qu'on s'altaquait aux placers ou aux formes altérées et superficielles des gisements, dans lesquelles domine l'or natif. Plus on va, plus le rôle de la métallurgie s'accentue et se développe, au contraire, dans la question de l'or : le premier travail d'extraction des minerais prenant de plus en plus, à mesure que l'exploitation des filons devient prédominante, le caractère d’un tra- vail minier quelconque. Dans un avenir assez proche de nous, il est bien certain que. ces gisements superficiels étant épuisés, l'exploitation des mine- rais d’or perdra ce qu'eile peut encore présenter de particulier pour devenir un banal travail de LE MONDE ET SON EXTRACTION mine ; le traitement mélallurgique seul restera spécial. Comme il ne s'agit naturellement pas icih d'expliquer l'exploitation des mines qui travaillent k l'or en filons, c'est uniquement de ces particularités, relatives à l’extraclion minière de l'or alluvionnaire,* | que je vais dire d'abord quelques mots dans le S4: après quoi, je m étendrai un peu plus longuement, dans les K 2 et 3, sur le broyage et le traitement métallurgique moderne de ses minerais. $ 1. — Exploitation des alluvions aurifères. Sluices, Dragage. Méthode hydraulique. Cas des alluvions gelées. Les alluvions aurifères, qui peuvent être géolo-# giquement plus ou moins anciennes, sont, tantôt directement exposées au jour ou faciles à mettre à nu par l'enlèvement de couches stériles peuépaissés, tantôt enfoncées profondément sous la plaine ou dans l'intérieur des coteaux, ou même recouvertes par des coulées de roches éruptives. Dans le premier cas, qui s’est présenté d'abord h pour toutes les alluvions modernes, par lesquelles M a commencé la découverte des champs aurifères, l’exploilation est extrêmement simple. On abat et! on retire les sables ou graviers aurifères ; on les désagrège au besoin ; puis, avec des engins plus ou moins perfectionnés, on opère le triage entre l'or M plus dense et les sables ou argiles plus légers qui # l’'accompagnent, en mettant le tout en suspension » dans l'eau et imprimant des secousses avec des: mouvements giratoires, ou délerminant un courant. C’est le lavage à la batée, au pan, à la poruña! des prospecteurs ; c'est le traitement un peu moins sommaire au craddle, au long tom ; c'est, dans les M installations plus perfectionnées, le s/uice (ou la! conduite de bois avec des obstacles pourretenir l'or), : et c'était déjà, dans l'antiquité, la toison d’or des Argonautes. Souvent on profile, en même temps, ! de la facilité avec laquelle le mercure s'empare de l'or pour fixer ainsi et retenir les particules d'or très Lénues, qui auraient pu se perdre (long tom à plaques amalgamées, sluices, etc.). Rarement, dans L. les contrées désertiques, on fait un vannage à see % en opérant le classement désiré par l'action du vent. # Le travail d'extraction et d'abatage des minerais | aurifères ne présente, dans le cas simple où je me ‘4 suis placé lout d'abord, rien de particulier. HN devient un peu plus compliqué et nécessite desl installations plus spéciales quand les alluvions aurifères à extraire se trouvent, soit sous le lita d'une rivière actuelle (cas où l'on a pu employerh des dragues), soit dans un flane de coteau suscep-h tible d'être démoli entièrement par la méthode. hydraulique, soit enfin à une profondeur telle qu'il faut travailler par puits et galeries, avec des pro=n | L. DE LAUNAY — L'OR DANS LE MONDE ET SON EXTRACTION 557 -cédés un peu spéciaux pour les régions glacées comme la Sibérie etle Klondyke. “ Le système des dragues et des excavateurs, c'est- | à-dire des instruments d'extraction mécanique, qui : s'introduit de plus en plus dans les travaux publics (ports, canaux, |etc.), était assez naturellement “indiqué pour les alluvions aurifères, où il présente cependant quelques difficultés spéciales par suile L de la nature peu homogène des terrains à excaver, | en raison aussi des conditions industrielles défa- Lvorables dans lesquelles se présentent la plupart bde ces exploitations d'or alluvionnaire en des ays neufs où le moindre accroc devient difficile à Lréparer, enfin par la nécessilé où l'on est de passer Mrégulièrement aux dragues d'énormes cubes jour- naliers et, par conséquent, d'avoir un très vaste champ assuré si l’on veut travailler fructueuse- ment. Les premiers résultats favorables dans l'emploi des dragues ont été obtenus en Nouvelle- Zélande et en Australie après 1889. Depuis ce moment, le procédé s'est généralisé et s'emploie maintenant même dans des placers arrosés par un Simple ruisseau. M. Levat l'a introduit en Guyane t en Sibérie ; il a été également appliqué en Cali- “fornie, en Colombie britannique, dans l'Alaska, etc. - Jusqu'i ici, presque toutes les dragues étaient à “apeur : on a commencé récemment à employer + des dragues électriques. D'ordinaire, l’extrac- “tion de l’alluvion se fait par chaine à godets. Puis | ces alluvions passent, sur la drague même, dans un trommel débourbeur destiné à opérer le classe- ment des matières, qui vont ensuite à un sluice de | 8 à 10 mètres de longueur; après quoi les résidus sont évacués par un acer placé en queue. —…_ Les excavaleurs commencent également à entrer dans la pratique, notamment au Klondyke. — La méthode hydraulique, employée pour la pre- mière fois en 1852 en Californie, consiste, comme “on le sait, à démolir des collines entières, ayant | sus 100 mètres de hauteur, au moyen d’une sorte de lance d'arrosage, « le géant », où l’eau est amenée sous forte pression; puis l'eau, entraînant les graviers, s'écoule par un tunnel partant du fond des terrains aurifères et y subit un classement. Les difficultés de la méthode consistent : d'abord dans le prix de l'installation (barrage de vallée pour l'établissement de réservoirs, conduite d'eau en flume, tunnel pour l'écoulement des eaux jusqu'à une vallée inférieure, etc.), et surtout dans l’évacua- tion des énormes quantités de déblais qui en résul- lent. Cette question des déblais à fait interdire presque complètement la méthode en Californie, en raison des dévastations causées dans de grandes régionsagricoles; maisellesertencore au Klondyke, au Cap Nome, en Nouvelle-Zélande. Quelques chiffres vont en faire connaître l'importance. Pour les retenues d'eau, on a atteint une capa- cité de 20 à 30 millions de mètres cubes, avec une dépense de 1 à 2 millions. Pour les conduites, on a été jusqu'à 500 kilomètres de longueur et 10 mil- lions; souvent on a dépassé 100 kilomètres et 2 millions. Les jets d’eau ont été poussés jusqu'au débit colossal de 150.000 mètres cubes par vingt- quatre heures, avec une vilesse de 50 mètres par seconde. Quant aux tunnels d'évacuation, plu- sieurs ont alteint 4 kilomètre et coûté plus de 700.000 francs. Le prix de revient, très faible, descend parfois à 0 fr. 10 ou 0 fr. 15 par mètre cube de gravier traité. Enfin, l'exploitation souterraine par puits et gale- ries (drift-mining) a été, de 1855 à 1870, organisée en grand en Californie, où l’on a reconnu ainsi peu à peu tout un réseau souterrain de rivières auri- fères pliocènes ; un moment délaissée, elle a repris son importance depuis l'interdiction de la méthode hydraulique. Avec ce système, on ne peut pas des- cendre, dans des conditions moyennes, au-dessous de 6 fr. 80 (2 grammes) d'or fin par mètre cube. L'exploitation souterraine prend un caractère spécial dars les régions profondément glacées comme la Transbaïkalie, le Klondyke, le Cap Nome. Les procédés ordinaires d'abalage au pic et aux explosifs ne produisent alors aucun effel, et l’on est obligé de travailler en dégelant au feu, malgré la localisation d'une telle action caloritique. En Sibérie, ce dégelage est resté très rudimentaire et s'opère seulement en brûlant des tas de bois; au Klondyke, on a employé des pointes, c'est-à-dire des tubes chauffés à la vapeur par l'intermédiaire d'un pulsomètre. La méthode hydraulique est para- lysée dans ces pays du Youkon et de l'Alaska par la difficulté d'avoir de l'eau sous pression, et la cherté extraordinaire de la vie fait qu'on ne peul pas y travailler en grand par le dégelage à la vapeur à moins de 60 francs au mètre cube. $ 2 — Désagrégation et broyage des minerais. Batteries de pilons.Tube-mills. des minerais d'or comprend : leur désagrégation, leur Le traitement d'abord, s'il y a lieu, broyage en poudre plus ou moins fine; puis l'extrac- tion de l'or par des procédés divers, dont les prin- cipaux sont l'amalgamation, la cyanuration et la chloruration. Ces opérations de métallurgie propre- ment dites, qui sont habituellement fondées sur la solubilité de l'or dans divers réactifs, seront étudiées plus loin; mais, auparavant, il faut mettre le minerai en état de les subir, c’est-à-dire le réduire en parcelles assez ténues pour que le dis- solvant puisse agir sur lui. La question du broyage commence déjà à se poser pour certains alluvions et graviers cimentés, L. DE LAUNAY — L'OR DANS LE MONDE ET SON EXTRACTION que l’on se contente parfois de laisser se désagréger à l'air et qu'ailleurs on passe à des concasseurs. Mais elle ne prend son véritable intérèt que pour les minerais de filons, où For est généralement engagé, comme nous l'avons vu, dans une gangue quartzeuse très dure. Peu importe, en principe, pour ce broyage, la nature du minerai aurifère; mais, en pralique, cette nature détermine le degré de finesse auquel il faut réduire le minerai : degré évidemment moins grand pour des minerais à or libre, sur lesquels on pourra faire agir directement | le mercure au bas du pilon lui-même, ou pour des minerais complexes et réfractaires, qui devront être ensuite longuement élaborés. Dans tous les pays aurifères qui sortent de la phase héroïque du début pour prendre une allure véritablement industrielle, la nécessité s'impose de plus en plus d'extraire tout l'or contenu dans les minerais, de retirer par conséquent les 40 à 50 °/, de cet or que l’on commence souvent par perdre dans les résidus ou tailings; le résultat d'un tel progrès ne se chiffre pas, en effet, seulement par le rendement plus considérable des minerais traités, mais sur- tout par la possibilité de traiter, en outre, des masses de minerais pauvres, autrement sans valeur, et cette utilisation des tailings demande,d’ordinaire, un broyage très perfectionné, sur lequel, dans ces derniers temps, l'attention a été tout particulière- ment attirée au Transvaal, en Australie, aux États- Unis, etc. Le procédé de broyage classique et presque universellement adopté des quartz aurifères à jusqu'ici toujours été, pour commencer, « le pilon ou bocard », le stamp mill (moulin californien). Dans un très grand nombre de cas même, quand l'or est à l’état libre, ce pilonnage, qui se combine avec une amalgamation immédiale, a paru suffi- sant à lui seul et, mème pour les minerais plus complexes, il demeure d'ordinaire la première opé- ration, par laquelle on enlève aisément d’abord tout l'or amalgamable. Ces appareils sont décrits dans tous les livres; je me contente donc d'en rappeler le principe. Le minerai, d'abord concassé à 40 millimètres dans un appareil à mâchoires Blake, ou un concas- seur giraloire, réduit ensuite à 15 millimètres dans un arisch, passe alors sous les pilons, dont l'ensemble constilue une « batterie », et subil un broyage à l’eau avec amalgamation dans le mortier situé à la base de ces bocards, puis une amalgamalion extérieure. L'or est retenu, dans les deux cas, sur des plaques de cuivre argenté et amalgamé. À intervalles réguliers, on nettoie l’amalgame et on le distille. La tendance actuelle est d'employer des pilons lourds (400 à 550 kilogs) et de les faire battre concasseur rapidement (90 à 96 coups par minule) avec une faible chute (0,15 à 0®,20). d Quelquefois, depuis une dizaine d'années, on substitue aux broyeurs à pilons des broyeurs 4 boulets, également pour le broyage des minerai en gros fragments, et l'on emploie aussi parfois des” cylindres, notamment à Cripple Creek ou en Aus tralie. Un progrès important, que le développe ment de la cyanuralion rendait nécessaire, a été réalisé depuis peu par l'addition, à ce premie appareil de broyage, d'un appareil finisseur, Je tube-mill, destiné à réduire (rès notablement 1 grain des produits broyés, qui forment ce qu'on appelle la pulpe. Les avantages du tube-mill sont de trois genres : 1° ce broyage complémentaire permet de restreindr le broyage aux pilons, d'en diminuer la durée el« d’accroitre la capacité de broyage d’une batteri déterminée; 2° le tube-mill, en rendant le broyage plus parfait, conduit à une extraction de l'or plus complète; 3° celte extraction est plus rapidemen opérée dans la cyanuration. De ce côté, il y a done à la fois un bénéfice net sur l'or produit et une dimi: nution sur le prix de revient par l’utilisation meil leure d'une série donnée de cuves de cyanuration: L'appareil qui produit ces résultats est un « tube broyeur », c'est-à-dire un broyeur cylindrique à boulets, un grand cylindre fermé, animé d'u mouvement de rotation autour de son axe hori- zonlal et contenant des instruments de broyage mobiles (le plus souvent des galets de quartz, plus rarement des boulets d'acier), dans lequel on intro= duit à un bout des minerais destinés à être broyés finement, pour les recueillir à l’autre et les sou- meltre ensuite aux traitements de cyanuralion. Cet appareil est muni intérieurement d'un gar-= nissage en silex très dur. Les dimensions habituelles au Transvaal sont 6"60 de longueur sur 1"50 de diamètre ; la vilesse de rotalion est d'environ 24 à 27 tours à la minute. Les minerais passent des’ pilons aux tube-mills, puis aux classeurs, puis aux appareils de cyanuration. Les résultats obtenus en 1905 avec ces appareils ont élé si encourageants qu'une soixantaine ont élé immédiatement installés ou commandés sur le 1 Witwatersrand. On estime, en effet, par ce moyen pouvoir augmenter de 2 à 3 °/, la proportion des. l'or extrait. L Le tube-mill constitue un premier appareil den finissage, intermédiaire entre les pilons et la cya- nuralion. C'est à ce moment que vient également se placer le travail de préparation mécanique et de concentration, destiné à séparer, à classer les résidus du broyage et de l’amalgamation pour pou= voir les soumettre convenablement, soit à la chla- ruralion, soit à la cyanuration. L. DE LAUNAY — L'OR DANS LE MONDE ET SON EXTRACTION 559 Quand le minerai broyé, la pulpe, a passé sur les tables d'amalgamalion, qui font suite aux bocards, ‘son traitement n'est pas terminé, même pour les minerais à or libre, ou « free milling ores ». Une partie de l'or en fines paillettes flottantes (floating api a été emporlée par le courant d’eau; une autre est restée incorporée dans les résidus ou {ai- inys, qui s'échappent de cel appareil. Il s’agit donc de récupérer le plus possible de cet or perdu. …— Avec les minerais réfractaires, où l'or ne se pré- lente pas à l’état amalgamable, soit par suite de sa mbinaison au tellure, soit par son mélange à la h yrite de fer et aux divers sulfures dits sulphurets, soit par la présence de l'arsenic, de l'antimoine, bismuth, du plomb, soit simplement parce uil est à l’état de combinaison mal définie en résence de la silice ou de Rd de fer (Mount TO, ee pre EU ensable et, de toutes façons, il y a dise lieu lopérer leur classement méthodique, leur concen- mployés d’une facon générale à la préparation “mécanique des minerais : tables à secousses laté- les Rittinger; toiles sans fin caouichoutées à s ; tables Wilfley rigides L ngitudinales d'inégale longueur et de hauteur riables, les riffles, entre lesquelles, dans un mouvement alternatif rapide, s'accumulent les parties lourdes métallifères, tandis que le stérile passe par-dessus; puis round-buddles et tables tournantes. — Les produits de ce travail sont les concentrés. | résidus fins, qui échappent aux lables de con- centration et qu'on arrive malaisément ensuite à décanter, puis à faire traverser par des liqueurs 1 constituent les s/imes, dont le traitement st souvent une très grande difficulté dans la métallurgie de l'or. F2 3. — Métallurgie de l'or. Amalgamation. Chloru- 1" ration. Cyanuration. La métallurgie de l'or, contrairement à ce qui Sest passé jusqu'ici pour la plupart des autres -mélaux, n'est pas une métallurgie ignée, si ce n'est pour les minerais complexes cupro-aurifères, plombo-argentifères ou auro-argentifères, dans les- °quels l'or est le sous-produit d'une extraction con- duite d'abord en vue d'obtenir un autre métal. Elle “consiste dans l'emploi de dissolvants, dont le pre- mier en date a étéle mereure, puis le chlore etenfin le cyanure de potassium. Inutile de revenir sur Pemploi du mercure; l'amalgamation se combine directement avec les procédés antérieurement indi- ‘qués, soit de simple lavage au sluice, soit de broyage aux pilons, et son principe est, d’ailleurs, extrême- ment simple. Mais un très grand nombre de mine- rais échappent, on le sait, à cette amalgamation et ce sont ces minerais réfractaires qui, en inter- venant de plus en plus depuis 1890 dans la produc- tion aurifère, ont déterminé son essor si étonnant; ce sont eux également, comme je l'ai dit déjà, qui prendront, dans l’industrie aurifère future, une part de plus en plus exclusive. Le procédé de ja chloruration a été employé en grand longtemps avant celui de la cyanuration; mais il tend à décroitre, et c'est surtout cette dernière méthode qui, avec ses perfectionnements progressifs, dont quelques-uns tout récents, a amené une véritable révolution dans notre industrie. Parmi les nombreux systèmes de echloruration essayés par Elsner, Platiner, Mears, etc., on a com- plètement abandonné tous ceux qui employaient un grillage chlorurant avec du sel marin, en raison des pertes en or qui en résultaient. La chloruration commence aujourd'hui toujours par un grillage oxydant et les minerais, pour lesquels un tel gril- lage est en tous cas nécessaire, mème si l'on veut traiter ensuite par le cyanure, sont, en somme, les seuls pour lesquels ce procédé semble indiqué. Quand on a broyé et grillé, il faut chlorurer, puis précipiter l'or en dissolution par un réducteur quelconque. Les procédés diffèrent, tant par le mode d'obtention du chlore que par le choix du réducteur. Dans le procédé Plaliner, employé vers 1895 au Transvaal, on produisait le chlore par l'action de l'acide sulfurique sur un mélange de bioxyde de manganèse et de sel marin et l'on pré- cipitait par du sulfate de protoxyde de fer. Dans le procédé Newbery-Vautin, le plus en vogue actuel- lement (Mount Morgan, Cripple Creek, etc.), on obtient le chlore par l’action de l'acide sulfurique sur le chlorure de chaux et l’on précipite l'or, soit par un filtre en charbon de bois (Mount Morgan), soit par l'hydrogène sulfuré. Enfin, loutrécemment, à Cripple Creek, on a commencé à produire le chlore d'une façon plus économique, par l’élec- trolyse du sel marin : méthode, qui, d'après M. Levat, donnerait un prix de revient de 34 cen- times par kilogramme de chlore dégagé. Pratiquement, à Mount Morgan (Queensland), où les minerais sont extraordinairement rebelles à l'amalgamation, on a obtenu de bons résultats en les grillant faiblement après les avoir passés aux cylindres broyeurs ; puis on traite dans des barils tournants par le mélange acide sulfurique et chlo- rure de chaux et l’on réduit au charbon de bois. A Cripple Creek (Colorado), les minerais oxydés, caractérisés par la présence du tellure, sont main- tenant traités: environ pour les 3/6 par la chloru- ration, pour 2/6 par la cyanuration, pour 1/6 par 560 la fusion; par exception, la chloruration tend là à s'étendre. Le minerai destiné à la chloruration est broyé très fin aux cylindres, puis grillé dans des fours à rablage automatique passant de 60 à 100 tonnes par 24 heures, et ensuite traité dans les barils comme à Mount Morgan; après quoi, on précipite par l'hydrogène sulfuré. Le principe de la cyanuration, à laquelle nous arrivons enfin, est extrêmement simple : il consiste uniquement à employer la solubilité bien connue de l'or dans le cyanure de potassium, pour précipiter ensuite l'or par réduction ou électrolyse. Cepen- dant, le brevet Mac Arthur et Forrest pour l'appli- cation de cette méthode date seulement de 1887, et les premiers résultats, sauf au Wilwalersrand, paru- rent assez décourageants, en raison de difficultés praliques très nombreuses dans l'application ; mais, au Witwatersrand, ils furent de suite tels que toutes les mines adoptèrent le procédé !, et, de là, il s'est répandu ensuite dans le monde entier ; ses progrès successifs l'ont amené peu à peu à une quasi-perfeclion. Le succès de cette méthode dépend, à la fois, de la composition des matières traitées et de leur état physique, de leur capacité filtrante ; chimiquement, il y a lieu de considérer: la présence de certains mélaux comme le cuivre, qui paralyse l'opération ; puis l'acidité ou la quantité d'alcali nécessaire pour neutraliser l'acide sulfurique produit par la décom- position des pyriles. Les sulfates acides produisent, en effet, de l'acide cyanhydrique, donnant avec l'or un composé imprécipitable ensuite par le zinc. Pour certains minerais sulfurés, un grillage préa- lable est nécessaire. Physiquement, il est essentiel que les résidus à lixivier soient bien classés et, si leur compacité s'oppose au passage des liqueurs cyanurées, il faut les maintenir mécaniquement en suspension. Dans la pratique actuelle du Transvaal, on se fonde sur ce que la finesse du grain augmente beaucoup le coefficient d'extraction de l'or et l'on cherche done à obtenir, pour la eyanuration, les pro- duits broyés aussi fins que possible (d'où l'emploi des tube-mills décrits plus haul). À cet effet, on commence par extraire le plus d’or possible par une amalgamation succédant à un broyage aux pilons relativement grossier. Après quoi, on rebroie très fin au tube-mill et l’on cyanure. Les produits à cyanurer sont classés avec grand soin par grosseur pour traiter : d'un côlé, rapidement, avec des solutions concentrées, les sables et, de l’autre, longuement, par des volumes énormes de solu- { On sait que la cyanuration, arrivée juste à propos au moment où les free milling ores commencaient à manquer, a sauvé le Transvaal, où, sans elle, un très petit nombre de mines feraient des bénéfices. L. DE LAUNAY — L'OR DANS LE MONDE ET SON EXTRACTION ———————— tions très faibles, les parties fines ou slimes.. C'est là, remarquons-le, un changement notable avec la méthode usitée en 1895", où le traitement. de ces slimes commençait à peine à intervenir el. où, par conséquent, on cherchait à obtenir, par le broyage, le plus possible de tailings sableux, un peu plus fins que ceux qui vont au tube-mill aujours d'hui. La récupération de l'or contenu dans les slimes a permis d'élever de 80 à 92 ?/, le coefficien! d'extraction de l'or dans les minerais. ê Pratiquement, les résidus sont remontés par d grandes roues à augels el traités par le cyanur& dans des cuves en fer ou en bois. Dans d'autres régions, comme en Australie Occidentale ou à Cripple Creek, on fait, avant tout un grillage oxydant, qui pourrait peut-être être employé fructueusement d’une façon plus générale A Kalgoorlie, on a imaginé le procédé très spécia du fltre-presse. Certains minerais réfractaires de cette région (Great Boulder) contiennent du gypse; de la magnésie et de la calcite, qui rendaient less anciens systèmes de traitement illusoires. Un essais pour agiler la pulpe à l'air comprimé dans le cuve de cyanuralion ne donna pas de bon résultats On inventa alors la méthode du filtre-presse appli=M quée après concassage, broyage, grillage etpremièren cyanuration daus des cuves munies d'agilateursh La pulpe est comprimée en gâteau dans une presses contenant six lonnes de matière, de manière à extraire le plus possible des 55 °/, d’eau qu'ellen contient. On y fait passer dix minutes de l'air comprimé pour oxygéner, puis vingt-cinq minutes une solution à 0,08 °/, de cyanure comprimée à pure. A Cripple Creek, avec des minerais tellurés, le grillage préalable a pour but de diminuer le temps de contact avec le cyanure etles pertes de cyanure, en mème temps qu'on augmente le coefficient d'extraction. De loutes façons, quand on a la liqueur de cyanure aurifère, il reste à précipiter l'or, soit par le zine (procédé Mac Arthur Forrest), soit par l'électricité (procédé Siemens et Halske). Ajoulons seulement, pour lerminer, quelques chiffres sur les prix de revient de ces divers pros cédés métallurgiques. n° Dans une mine importante et largement ouverle; on peut traiter en moyenne des minerais à or libre à raison de 42 francs par tonne. Mais, bien souvent le chiffre atteint le double : 25 francs dans certains moulins californiens, beaucoup plus encore dans des pays comme la Colombie. Tout à fait excep= lignnellement, dans les exploitations géantes du 1 L. De Lauxay : Les mines d'or du Transvaal, 1896, p. #4 D' R. ROMME — LE BILAN DE LA TUBERCULOSE AU CONGRÈS DE 1905 561 Dakota, ouest descendu à 2 fr. 10 et même, à Treadwell (Alaska), à 1 fr. 12. n Avec la chloruration appliquée aux minerais {ellurés de Cripple Creek, le prix derevientest d'en- viron 16 à 20 francs par tonne; à Mount Morgan, . à un traitement analogue, le prix est de 18 fr. 40. Au Transvaal, avec la cyanuration, les frais d exploitation et de traitement par tonne métrique {non compris l'amortissement des installations) yariaient, en 1895, de 22 francs par tonne à 80 francs télaient en moyenne de 32 à 35 francs. La con- Mquête anglaise les a d'abord augmentés ; mais les progrès industriels compensent peu à peu cet effet Mâcheux. Sans faire une moyenne, qui porte sur des | éléments trop variables pour avoir une portée réelle, les frais d'exploitation (auxquels il conviendrait, pour avoir une appréciation exacte, d'ajouter l'impôt sur les bénéfices) sont, actuellement, dans d'assez nombreuses compagnies, de 24 à 31 francs (2% à la City and Suburban, 26 à la Robinson deep, 27 à la Crown deep, ete., 30, 20 à la Henry Nourse, 30, 60 à la Ferreira, 37, 50 à la Wemmer). Ces chiffres restent, d'ailleurs, très élevés par rapport à ceux d'autres régions, où l'on emploie également la cyanuration. Ainsi, à Homestake au Dakota, on ne dépasse pas 8 fr. 50 par tonne. L. De Launay, Professeur à l'École supérieure des Mines. 4 À ommunications, le tout formant lrois forts volu- es, — tel est le bilan du Congrès international de la uberculose, tenu à Paris du 2 au 7 octobre 1905. J]ne faut naturellement pas songer à analyser cette masse de documents d'une valeur très inégale. Un grand nombre de ces travaux offrent, d’ailleurs, Mun intérêt très spécial, strictement médical, voire “clinique, et d’autres, non moins nombreux, se rap- portent au côté social de la tuberculose, dont il a déjà été si souvent question ici même. Laissant donc de côté ces deux ordres de fails, | nous nous proposons, après les éliminalions néces- Saires, de retenir seulement ceux qui se rapportent “aux questions que les études récentes de la tuber- Meulose ont mises à l’ordre du jour, à savoir : 1° la “biologie du bacille de Koch et l'unité de la luber- ulose; 2 les voies de pénétration du bacille tuberculeux dans l'organisme; 3° les procédés de iagnostic précoce de la tuberculose; 4° la vaccina- Lion et la sérothérapie anti-tuberculeuses. nm Rapports et plusieurs centaines de “ I. — LE BACILLE DE Kocu ET L'UNITÉ DE LA TUBERCULOSE. La question des relations entre la tuberculose de l'homme et celle des animaux s’est posée de bonne n heure après la découverte du bacille de Koch. Les lésions dans lesquelles on le trouvait chez l'homme, chez les Bovidés, chez les Oiseaux et chez les ani- } maux à sang froid, étaient tellement différentes d'aspect qu'on pouvait se demander si, malgré ses caractères morphologiques et linctoriaux iden- | tiques, c'était bien le même bacille qui les provo- émis cette opinion que, chez les diverses espèces animales, la tuberculose était provoquée par des quait. Et, de fait, dès 1890, Gibbes et Shurly ont | LE BILAN DE LA TUBERCULOSE AU CONGRÈS DE 1905 bacilles différents, assez voisins sans doute, mais non identiques. Plus tard, Koch lui-même finit par regarder les bacilles de la tuberculose des poules comme une espèce distincte des bacilles de la tuberculose humaine. Et l’on se rappelle la véritable émotion que provoqua sa communication au Con- grès de Londres, en 1901, communication dans la- quelle il soutenait que la tuberculose humaine et la tuberculose bovine n'élaient pas provoquées par le même bacille, et que le bacille bovin était inoffen- sif pour l'homme, de même que le bacille humain était incapable d'infecter, de luberculiser les Bo- vidés. On sait que ces idées ne furent pas acceptées sans discussion et, aujourd'hui encore, malgré les nombreux travaux qu'elles ont provoqués, l'accord est loin d'être fait. On s’en apercoit facilement à la lecture des Rapports qui ont élé présentés sur cette question, au Congrès de Paris, par M. Arloing (de Lyon), partisan de l'unité de la tuberculose, par M. Kossel (de Giessen) et par M. Ravenel (Etats- Unis), qui partagent plutôt les idées de Koch. Celles- ci étant bien connues, nous nous arrêlerons davan- tage à l'argumentation de M. Arloing. $ 1. — Tuberculose humaine. Tuberculose cutanée, le plus souvent sous forme de lupus, tuberculose ganglionnaire et ostéo-arti- culaire, tuberculose pulmonaire, telles sont les principales manifestations du bacille de Koch, en rapport avec ses localisations, quand il s'implante dans l'organisme humain. La façon dont évoluent ces lésions et leur retentissement sur l'étal général du malade varient avec cette localisation. La struc- ture anatomique des organes envahis (peau, gan- glions lymphatiques, articulations, poumon), ainsi que la réaction des tissus dont ils se composent, 562 D' R. ROMME — LE BILAN DE LA TUBERCULOSE AU CONGRÈS DE 1905 expliquent en grande partie ces différences d'évo- lution. Mais n'est-il pas permis de penser que les propriétés individuelles, etsurtout le degré de viru- lence des bacilles qu'on trouve dans chacune de ces localisations, jouent également un certain rôle ? M. Arloing l'a toujours pensé et, dans son Rap- port, il cite un certain nombre de faits et d'expé- riences, expériences le plus souvent personnelles, qui viennent à l'appui de cette conception. On sait que le lapin et le cobaye ne sont pas au même degré sensibles au virus tuberculeux et que le second de ces animaux est plus facilement tuberculisable que le premier. Or, voici les faits qu’on constale quand on les inocule avec des pro- duits tuberculeux ou des bacilles tuberculeux hu- mains provenant de lésions spécifiques de la peau, des ganglions, des articulations ou des poumons. L'inoculation sous-culanée des cultures tubercu- leuses tirées des poumons provoque une tubercu- lose généralisée chez le cobaye aussi bien que chez le lapin. Mais, si l’on opère avec des ganglions caséifiés ou avec des fongosités articulaires, on n'arrive généralement à infecter que le cobaye, tandis que le lapin résiste le plus souvent à cette inoculation, Enfin, le cobaye lui-même résiste ordi- nairement à l'inoculation de tissus lupiques. A côté d'un virus tuberculeux actif, il y en a donc un autre moins actif, et les bacilles contenus dans les lésions tuberculeuses de la peau, des gan- glions et des poumons ne présentent, par consé- quent, pas la mème virulence. On a bien dit, en face de ces expériences, que la bénignité relative des lésions scrofulo-tuberculeuses tenait à la rareté des bacilles dans ces lésions plutôt qu'à un affai- blissement de leurs propriétés pathogènes. Mais M. Arloing répond à cette objection que, si les bacilles sont rares dans ces tissus tuberculeux, ils se multiplient dans les lésions que leur inoculation provoque chez le cobaye, soit au premier, soit au deuxième degré, et pourtant, malgré cette multi- plication, le virus conserve sa virulence initiale. En second lieu, un virus actif simplement dilué agit aussi bien sur le lapin que sur le cobaye, tandis que le même virus, atténué dans sa virulence par le chauffage, n'agit plus que sur le cobaye. Au reste, mème dans un groupe donné de lésions tuberculeuses, la virulence des bacilles est soumise à certaines variations. Au cours de ses recherches, M. Arloing a parfois rencontré, dans les fongosités articulaires, des bacillesquiavaientun pouvoirinfec- tant analogue à ceux qu'on tire des poumons, e’est- à-dire capable de tuberculiser le lapin et le cobaye. Inversement, MM. Jules Courmont et Denis ont isolé, dans des poumons tuberculeux, des bacilles dont le pouvoir infectant ne dépassait pas celui des tuberculose viscérale la plus active, il existe un bacilles tirés des fongosités articulaires et qui n tuberculisaient pas le lapin. On sait également q la virulence d'un bacille à pouvoir infectant at nué peut êlre augmentée par des passages succes sifs à travers un organisme favorable. De mêmen encore, en faisant vivre des bacilles tubercule virulents dans la profondeur du bouillon glycériné M. Arloing a notablement modifié leurs ‘caractèr morphologiques et leur a fait perdre une gran partie de leurs propriétés pathogènes au point qu'en injection sous-cutanée ils ne tuberculisaien! plus ni le cobaye ni le lapin. De tous ces faits, qui montrent les variations d virulence que le bacille tuberculeux peut présente chez l'homme, M. Arloing se croit autorisé à tira la conclusion que de la tuberculose humaine la plus atlénuée, celle de certains lupus par exemple, à gamme de virulence dont les termes sont en nombre indéfini. $ 2. — Tuberculose bovine. Si on applique le critérium de l'infectiosité à l'étude des rapports entre la tuberculose humaine et la tuberculose bovine, on arrive également à le conclusion que, malgré les différences de virulence les bacilles de ces deux tuberculoses appartiennen à la même espèce, modifiée par son évolulion su deux terrains différents. Déjà en 1903, lorsqu'au Congrès de Bruxelles les idées de Koch furent disculées, on arriva à la cons clusion que l’homme pouvait se tuberculiser par les produits de la tuberculose bovine. D’autres faits, dale plus récente, que M. Arloing cite dans st Rapport, sont venus confirmer celle opinion, @ montrant qu'un échange de bacilles avec toutes conséquences peut se faire entre l'homme et le Bovidés. C'est ainsi que la Commission royale anglaise, inoculé 200 Bovidés avec 20 cultures différente d'origine humaine, tirées de crachats, de lésions ganglionnaires ou articulaires. De ces 20 cultures cobaye, ces bacilles ont récupéré leur virulence € ont provoqué cinq fois une tuberculose généralisée chez le bœuf. Ajoutons qu'au point de vue micros scopique et histologique, la Commission n'a pu étas blir aucune différence entre les deux me De même encore, dans les expériences de Schwei- nitz, Marion-Dorset et Schroeder, on voit trois culs Lures de tuberculose humaine agir loutes les trois sur le veau et seulement deux d'entre elles sur le porc. Les mêmes expérimentateurs ont encore pu. D: R. ROMME — LE BILAN DE LA TUBERCULOSE AU CONGRÈS DE 1905 563 uleux, en première ligne par le lait de vaches atteintes de tuberculose mammaire ». C'est aussi Jopinion du rapporteur américain, M. Ravenel, qui, “dans une de ses conclusions, déclare que « le ba- “cille tuberculeux du type bovin est capable d'enva- hir l'organisme humain et d'y produire les lésions “de la tuberculose ». Ces faits expérimentaux, ainsi que la diminution “de la tuberculose intestinale depuis l'emploi du lait térilisé, permettent donc de dire que le bacille bo- vin et le bacille humain sont deux variétés d'une même espèce, et que, si l'homme n'a pas pour le “premier la même réceptivité que pour le second, es bacilles n'en sont pas moins capables de tuber- “culiser le bœuf, de même que les bacilles de celui-ci “peuvent s'implanter chez l’homme et l'infecter. $ 3. — Tuberculose aviaire. Des faits analogues peuvent être invoqués contre l'opinion de ceux qui considèrent la tuberculose des Oiseaux comme absolument distincte de celle des Mammifères. Il est parfaitement exact que le bacille de la “tuberculose aviaire pousse facilement dans les mi- ieux liquides, qu'il offre des particularités très nettes en ce qui concerne sa morphologie et ses éactions tinctoriales, que l'inoculation de ses cul- tures aux Mammifères ne donne pas toujours des ésultats positifs et que les Oiseaux sont difficile- … ment tuberculisables par les bacilles d’origine hu- maine ou bovine. Cependant, la tuberculisation de la poule avec es cultures ou les produits tuberculeux d’origine humaine ou bovine a pu être réalisée bien des fois “(Courmont et Dor, Cadiot, Gilbert et Roger, Lydia Rabinowitch). Inversement, avec des cultures aviaires, on à pu tuberculiser, par la voie veineuse _ «t péritonéale, des lapins et des cobayes, et les ré- “sultats sont particulièrement nets quand ces ani- maux ont survécu assez longtemps à ces inocula- tions. En faisant vivre des bacilles de Mammifères pendant plusieurs mois dans le péritoine de la poule, où ils étaient introduits dans des sacs de collodion, Nocard a obtenu des cultures capables de tuberculiser d'emblée les Gallinacés. De même encore, Behring a obtenu des cultures aviaires dont les plus virulentes tuberculisaient le lapin, le co- baye et même le bœuf. M. Arloing cite dans son Rapport encore d'autres faits à l'appui de la parenté entre la tuberculose aviaire et la tuberculose des Mammifères. C'est ainsi que, chez l'homme et chez le cheval, on a isolé des bacilles qui possédaient les carac- tères morphologiques et végétatifs des bacilles aviaires. La tuberculine préparée avec les bacilles aviaires provoque, chez les Mammifères tubercu- leux, les mêmes réactions que la tuberculine ordi- naire. Les bacilles aviaires semblent immuniser plus ou moins les Mammifères contre ïes bacilles humains. EL la conclusion qui se dégage de tous ces faits, c'est que le bacille aviaire n’est pas une espèce particulière, qu'il se relie, au contraire, au bacille des Mammifères, et que les caractères parti- culiers qui lui appartiennent en propre viennent de son adaptation à l'organisme des Oiseaux, dans lequel il vit. $ 4. — Tuberculose des animaux à sang froid, Chez le serpent et chez la carpe, on a trouvé, au milieu de lésions d'aspect particulier, des mi- crobes qui, par leur morphologie, leurs cultures et leurs réactions colorantes, présentent de grandes analogies avec le bacille de Koch, tel qu’on le trouve chez les Mammifères. S'agissait-il là de ba- cilles d’une espèce différente ou bien d'une simple variété du bacille de Koch? Des recherches faites dans celte direction ont montré que les bacilles de la carpe ou du serpent, inoculés à la grenouille, à la tortue, donnent souvent des résultals posilifs. Inoculés dans le tissu con- jonctif, ils n'infectent pas le cobaye; mais, si l'ino- culation est faile dans le périloine ou la chambre antérieure de l'œil, elle provoque chez cet animal des lésions tuberculeuses manifestes.Chez le poulet également, l'injection intra-péritonéale de bacilles pisciaires donne lieu à la formation, à la surface de l'intestin, d'un exsudat néo-membraneux avec nodules tuberculeux renfermant des bacilles en voie de dégénérescence. D'un autre côté, les bacilles des Mammifères qu'on fait vivre dans l'organisme des animaux à sang froid perdent peu à peu leur virulence. On a encore constaté que le bacille pisciaire est agglutiné par le sérum d’un mammifère tubercu- leux; qu'il donne une tuberculine analogue à la tuberculine ordinaire; qu'il abandonne à l'éther, au chloroforme, au toluène, à l’ammoniaque, les mêmes principes, quoique moins actifs, que ceux que l'on extrait du bacille humain. Et de ces faits encore on a tiré la conclusion que le bacille pis- ciaire, le bacille des animaux à sang froid, n'est ‘ 564 D' R. ROMME — LE BILAN DE LA TUBERCULOSE AU CONGRÈS DE 1905 qu'une variélé du bacille de Koch, lequel a été modifié dans ses caractères par son séjour dans l'organisme des animaux à sang froid. $ 5. — Bacilles acidophiles. Ainsi donc, quand on envisage, dans les diverses tuberculoses, la virulence et le pouvoir pathogène des bacilles qu'on y trouve, on voit que ceux-ci forment une sorte de gamme allant du bacille bovin, particulièrement actif, au bacille pisciaire, à peine virulent. Mais ce bacille pisciaire à virulence très atténuée ne constitue pas encore le dernier terme de la série bacillaire. Depuis quelques années, l’attenlion à été attirée par un groupe de bacilles qui, morphologiquement, ressemblent au bacille de Koch et qui, comme celui-ci, présentent la même résistance à la décolo- ration par les acides, d'où le nom d'acido-résistants ou d'acidophiles qu'on leur a donné. On les à trouvés dans la terre, sur certaines Graminées, dans le fumier, dans le beurre et le lait, à la sur- face du tégument externe chez l'homme et les ani- maux. Leur culture est facile, mais leur inoculation donne le plus souvent des résultats négatifs ou provoque des lésions caséeuses. D'après ces caractères, les bacilles acidophiles se rapprochent donc des saprophytes, et l'on s'est demandé s’ils ne constituaient pas précisément une forme saprophyte du bacille de Koch. On a même supposé que, vivant à la surface de la terre et sur certaines Graminées comme la phléole, ces bacilles ‘ne deviennent virulents qu'en passant par le tube digestif des Herbivores, qui les rejettent ensuite, à l’état pathogène, avec les matières fécales. Et l'on a formulé cette hypothèse qu'ils pouvaient être repris par les oiseaux ou les animaux à sang froid, de même qu'ils pouvaient parvenir dans l'organisme humain soit avec la poussière dans laquelle ils se trouvent, soit avec le lait des vaches tuberculeuses. Mais, si séduisante que soit cette vue d'esprit, ce n'est toujours qu'une hypothèse qui attend encore d'être établie d'une façon solide. FI. — VOIES DE PÉNÉTRATION DU BACILLE DANS L'ORGANISME HUMAIN. TUBERCULEUX Les nolions générales de Microbiologie el de Pathologie permettent de comprendre comment le bacille tuberculeux peut pénétrer dans notre orga- nisme. On conçoit, en effet, qu'à la faveur d'une solution de continuité de l'épithélium protecteur, il peut s'implanter dans la peau ou sur une mu- queuse accessible, et y produire une série de lésions caractéristiques. On comprend encore qu'au lieu de rester localisé à ce premier foyer, il peut pénétrer dans la circulation générale, directement ou par l'intermédiaire des voies lymphatiques, e s’arrêler dans un viscère, un os ou une articula= tion. Ces faits sont de connaissance classique et ne prêtent plus à la discussion. Tout au contraire, une question qui paraissait également tout à fait acquise, la pathogénie de ]a tuberculose pulmonaire, a élé remise en diseus sion. | $ 1. — Origine intestinale de la tuberculose pulmonaire expérimentale. Jusqu'à cestemps derniers, on a vécu sur celte idée que la tuberculose pulmonaire élait provoquée p la pénétration directe des poussières bacillifères dans les voies respiratoires. C'est de cette façon qu'on s'expliquait la fréquence excessive de las tuberculose des ganglions trachéo-bronchiques, en considérant celle-ci comme une adénopathie simi=« laire, c'est-à-dire comme un retentissement, sur les ganglions régionaux, de l'infection localisée aux poumons. Quant aux cas relativement rares dan lesquels la tuberculose des ganglions bronchique était constalée en dehors des lésions tubercaleuses« des poumons, on attribuail cette luberculose gan=« glionnaire à la faculté que posséderait le bacille de Koch de traverser l'épithélium alvéolaire sans laisser de traces de son passage. Mais, en 1903, Bebhring vint dire que la tubereus lose pulmonaire de l'adulte ne provenait pas de la pénétration. des poussières bacillifères dans les voies respiratoires, mais résultait presque toujours d'une infection tubereuleuse de l'intestin survenue pendant l'enfance. Pendant de longues années, les bacilles qui auraient traversé l’épithélium intes tinal sans laisser de traces de leur passage restez raient, à l’état latent, enfermés dans les ganglions lymphatiques annexés à l'intestin, et en sortiraient ensuite, dans certaines condilions, pour réaliser alors une infection de tel ou tel organe ou de l'ors ganisme tout entier. Cette opinion — qui était, au début, considérée comme une simple vue d'esprit, tellement elle allail à l'encontre des idées généralement admises cette opinion de Behring ne tarda pas à être con firmée par les expériences de Weleminsky, Bartel et Spieler, et surtout par celles que M. Vallée (d'Alfort) communiqua au dernier Congrès del Tuberculose. Les expériences de M. Vallée ont élé faites sur des veaux indemnes de tuberculose, qui furent divisés en deux lots. Dans le premier, comprens quatre veaux, les animaux furent soumis SsoibK des injections intra-trachéales, soit à des pulvé salions de cultures Sense faites dans le naso-pharynx. Quand ils furent sacrifiés au 332,0 au 137°, au 178° et au 208° jour après ces inocula- tions, on trouva chez ces animaux une tuberculose s ganglions rétro-pharyngiens et, dans un cas, June tuberculose concomitante des ganglions tra- héaux. Mais les poumons et les ganglions bron- ques étaient chez eux indemnes, et ne présen- nt aucune lésion tuberculeuse. æ second lot de veaux fut soumis pendant quelque temps à l'ingestion d’un lait bacillifère. es quatre veaux furent ensuite sacrifiés successi- xement au 54°, au 90°, au 118° et au 146° jour, et iez tous les quatre on trouva des lésions tubercu- Jeuses des ganglions bronchiques et médiastinaux. Enfin, dans une troisième série d'expériences, deux veaux furent laparotomisés et inoculés, l’un ans la veine mésaraïque, l’autre dans un ganglion ésentérique, avec 1 milligramme et demi de bacilles tuberculeux bovins. Chez le premier de ces ani- Maux, qui succomba trente jours plus tard, on ouva une tuberculose aiguë du foie et des lésions lrès nettes des ganglions bronchiques. Le second, sacrifié au 49° jour de l'expérience, présentait une hypertrophie des ganglions bronchiques dont la nature tuberculeuse a été établie par les résultats leur inoculation au cobaye. Ce qui ressort donc de ces expériences, c'est que “es bacilles tuberculeux introduits dans l'intestin ou directement dans les ganglions mésentériques qui lui sont annexés, pénètrent dans les ganglions bronchiques situés dans la cage thoracique, tandis e l'introduction directe de ces bacilles dans les es aériennes supérieures, par injection intra- héale ou par pulvérisations dans le naso-pha- yanx, n'amène qu'uneinfection des ganglions régio- x, rétropharyngiens ou trachéaux, sans tuber- reuliser les poumons. mu Les recherches de MM. Calmette et Guérin’, Des sur des chevreaux et des chèvres, ont encore dieux mis en lumière le rôle de la voie intestinale ans la genèse de la tuberculose pulmonaire. 1 résulte, notamment, de ces expériences que Pingestion d’une faible quantité de bacilles tuber- culeux d'origine bovine provoque, chez les jeunes tchevreaux, une tuberculisation des ganglions mé- tériques qui marche rapidement vers la caséi- tion. Aussitôt que celle-ci commence à se pro- duire, les lésions tuberculeuses apparaissent dans les poumons, puis dans les ganglions bronchiques. is, tandis que, chez les jeunes chevreaux, la erculose pulmonaire n'apparait qu'après la des- tion caséeuse des ganglions mésentériques, z les chèvres adultes, les ganglions mésenté- es arrêtent à peine les bacilles tuberculeux introduits dans l'intestin. 11 semble donc que ceux- {ci après avoir traversé la muqueuse intestinale | Ces recherches, publiées dans les Annales de l’Institut Pasteur du 25 octobre 1905, ont paru peu de temps après la |clôture du Congrès. | REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. sans la léser, arrivent presque directement dans les poumons, dans lesquels ils provoquent les lésions classiques de la tuberculose. Cette différence s'explique, du reste, par la texture des ganglions lymphatiques de l’adulle, chez lequel ces ganglions, aux alvéoles plus lâches, ne constituent qu'un filtre imparfait, rempli de fissures par où les bacilles sont facilement entraînés vers le hile jus- qu'aux canaux efférents et, de là, dans la circula- tion lymphatique générale. L'infection tuberculeuse des poumons par les bacilles ayant pénétré dans l'intestin s’effectuerait, d'après MM. Calmette el Guérin, de la façon sui- vante : Passant avec le chyle dans les chylifères de l'in- testin, ces bacilles seraient à peine retenus chez l'adulte par les ganglions mésentériques qu'ils tra- verseraient sans encombre. Ils seraient charriés ensuite par la lymphe jusque dans le canal thora- cique, puis dans la veine sous-clavière gauche, passeraient alors dans le cœur droit, quiles lancerait par l’arlère pulmonaire dans les capillaires du pou- mon. Là ils s'arréteraient, car le réseau capillaire du poumon, enserré dans un lacis conjonctif ex- trêmement dense, les reliendrait à la façon d’un filtre. Les choses se passeraient de la même facon chez les jeunes animaux, avec cette différence que les bacilles tuberculeux qui ont traversé l'in- testin sans le léser ne pénétreraient dans la circu- lation lymphatique, et de là dans le sang, qu'après destruction des ganglions mésentériques qui, mieux que chez l'adulte, retiennent les bacilles tuberculeux. $ 2. — Origine respiratoire de la tuberculose pulmonaire chez l’homme. Cependant, ces faits d'ordre expérimental, qui conduisent à envisager sous un jour nouveau la pathogénie de la tuberculose pulmonaire, ne sont pas acceptés sans réserves par les cliniciens. Et, bien que cette question ne fût pas formellement discutée au Congrès, elle se trouve abordée, d'une facon indirecte, dans une communication de MM. Hutinel et Lereboullet, ainsi que dans le Rap- port de M. Marfan. C'est ainsi que, pour M. Hutinel, il ne faudrait pas trop se hàter de conclure de l’animalà l'homme. Il pense que, dans un grand nombre de cas, c’est au niveau du poumon même que se fait la lésion iniliale. Ce qui le prouverait, c'est que, lorsqu'en présence d'une tuberculose des ganglions bron- chiques en apparence primitive, on examine le poumon avec un soin suffisant, on trouve presque toujours, dans un point de cet organe, un foyer d’inoculation dont les caractères d'ancienneté 12+* 566 D' R. ROMME — LE BILAN DE LA TUBERCULOSE AU CONGRÈS DE 1905 montrent qu'il a préexisté à la lésion des ganglions du médiastin. Presque toujours encore, la disposi- tion topographique de ce foyer pulmonaire permet d'éliminer l'idée d'une infection du poumon par les ganglions bronchiques primilivement tuberculisés, aussi bien que l'hypothèse d'une infection par la voie sanguine. M. Hutinel pense donc que, si la voie intestinale joue un rôle dans la pathogénie de la tuberculose pulmonaire chez l'homme, ce rôle n'est cependant pas prépondérant. M. Marfan ne rejette pas non plus la possibilité pour le bacille tuberculeux de pénétrer dans les poumons par la muqueuse des bronchioles, l'his- toire de l’anthracose démontrant que les poussières inbalées, et par conséquent les poussières bacilli- fères, peuvent pénétrer jusqu'aux dernières ramifi- cations des voies respiratoires. Ilestime, cependant, que, chez l'enfant du moins, ce mode d'infection est moins fréquent qu'on ne l’a pensé jusqu'à pré- sent, D'un autre côté, l'infection par voie intesti- nale ne lui paraît possible que dans les cas où il y a ingestion massive et répétée de bacilles tubercu- leux, condition qui se trouve rarement réalisée dans la vie. Il pense donc que, le plus souvent, les bacilles s'arrêtent dans quelque anfractuosité ou lésion de la muqueuse buccale ou des amygdales et passent de là dans les ganglions cervicaux. S'ils franchissent cette première barrière, ils arrivent aux ganglions du médiastin, d’où ils peuvent, dans cerlaines conditions, gagner le canal thoracique, passer par Ja veine sous-clavière dans le cœur droit et arriver, par l'artère pulmonaire, aux capillaires des poumons. Comme on voit, la conception de M. Marfan se rapproche beaucoup de celle de MM. Calmette et Guérin, avec cette différence que, d'après M. Marfan, la porte d'entrée de l'infection tuberculeuse des poumons serait, le plus souvent, non pas l'intestin, mais la cavité bucco-pharyngienne, c'est-à-dire la portion initiale du tube digestif. III, — DIAGNOSTIC PRÉCOCE DE LA TUBERCULOSE PULMONAIRE. La tuberculose étant curable lorsqu'elle est lraitée dès son début, on comprend l'importance qu'offre son diagnostic précoce. Il peut se faire de deux facons: par les procédés strictement cliniques et par les procédés dits de laboratoire. Nous n'avons pas à envisager ici les procédés purement cliniques, que M. Mariani (de Gênes) à étudiés dans un Rapport fort documenté. Nous nous en tiendrons donc aux procédés de laboratoire, Achard à consacré une grande partie de son Rapport; mais nous laisserons de côté ce la radiographie et aux injections de auxquels M. qui à trait à nique. tuberculine qui n'offrent aucun intérêt de nou veauté. — Echanges respiratoires; pneumographie! calorification. SES M. Robin a constaté, en collaboration avec M. Binet, que, chez les tuberculeux, dès le début. de l'infection, et même pendant la période qu! désigne en clinique sous le nom de pré-tuberculose les échanges respiratoires sont augmentés. Cett augmentation, qui va de 25 à 80 °/,, a été constaté par M. Robin chez 92 °/, des phtisiques. On conçoit l'importance de cette constatation puisque la simple étude des échanges respiratoires permettrait de déceler la tuberculose dans les cas où celle-ci ne se manifeste encore par aucun signe Malheureusement, les faits énoncés pa M. Robin n'ont pas été confirmés, et tout porte croire que ces résultats tiennent à une technique défectueuse employée dans ses recherches. MM. Charrin et Tissot, qui avaient repris celle question au double point de vue clinique et expé rimental, ont, en eflet, niques conservent leur intensité normale à parti du moment de l'inoculation jusqu'au moment où les animaux commencent à maigrir. Les combus tions respiratoires subissent ensuile une diminu tion progressive absolument parallèle à la dim coefficients respiratoires. Elle se produit mêmi quand les animaux ont une température élevée. Chez l’homme tubereuleux non plus, MM. Char moyen de 60 kilogrammes absorbe en moyenn 237 centimètres cubes d'oxygène par minute,el grammes en absorbe 207 centimètres cubes. Ce s0 là des coefficients respiratoires parfaitement nm maux et différant considérablement de ceux q obtenus M. Robin, à savoir 350 centimètres € d'oxygène par minute pour un homme normal 300 et même davantage chez un homme tubereus, bustions intra-organiques conservent leur valeur normale chez les tuberculeux et ne peuvent ap porter aucun élément utile au diagnostic précoce de la tuberculose, C'est aussi la conclusion à laquelle ” Ne : M. Küss, qui a étudié les échanges respiratoires. chez seize tuberculeux du sanatorium d ‘Angicourt D' R. ROMME — LE BILAN DE LA TUBERCULOSE AU CONGRÈS DE 1905 567 -Ila trouvé que la quantité d'oxygène consommée par minule et par kilogramme de poids variait chez eux entre 3 c.c. 8 et 5 c. c. 8 et présentait, par conséquent, une valeur normale. Disons enfin que ces chiffres concordent avec ceux qui ont été obte- "nus, dans les mêmes conditions, par MM. Jolyet, - J. Gautrelet et E. Soulé. - La preumographie, sur laquelle MM. Hirtz et - G. Brouardel avaient attiré l'attention, ne semble pas non plus pouvoir être utilisée pour le diagnostic - précoce de la tuberculose. Ces deux auteurs avaient notamment constalé qu'à l'état normal le tracé pneumographique se “compose de quatre lignes, qui correspondent à l'as- “ cension inspiratoire, au plateau de la plénitude - thoracique, à la descente expiratoire et à l'horizon- “lale de vacuité. Or, à la période initiale de la « tuberculose, ce tracé se réduirait à trois lignes, la “ligne de vacuité ayant disparu et la ligne de des- «cente expiratoire se prolongeant de manière à en occuper la place. Mais M. Letulle et M! Pom- -pilian, qui avaient repris ces recherches, n'ont pu - confirmer ces faits. Ils ont trouvé que le rythme respiratoire est très variable chez les tuberculeux et - que leurs tracés ne présentent rien de particulier. - Tout au contraire, l'étude de la calorilication “peut aider au diagnostic de la tuberculose, élant “donnée l'instabilité de la température que les tuber- “culeux présentent dès le début de leur infection. - C'est ainsi que, chez les tuberculeux apyrétiques, “un exercice physique ordinaire, une simple marche ÿ tant soit peu prolongée provoquent, comme l'ont «montré les études de Daremberg et de Penzoldt, une élévation de la température allant de quelques dixièmes de degré à un degré et mème davantage. “C'est encore cette instabilité thermique qui fait qu une simple injection sous-cutanée de sérum artificiel amène chez les tuberculeux, comme l'a prouvé M. Hutine], un vérilable mouvement fébrile. Dans le même ordre d'idées, on peut encore citer les recherches de M. Sabourin, d'où il résulte que, Chez les tuberculeuses même tout à fait au début, le thermomètre accuse une élévation variable de la température pendant les deux ou trois jours qui précèdent les époques menstruelles,. LE | (2) (f j $ 2. — Examen hématologique et épreuve du vé- sicatoire ; séro-diagnostic et agglutination du bacille de Koch. Les recherches hématologiques, dont on connait l'essor depuis quelques années, n'ont pas permis d'établir l'existence de modifications caractéris- tiques dans la composition morphologique du sang au début de la tuberculose. En revanche, MM. Roger et Josué ont montré que l'étude de la sérosité transsudée après l'appli- cation d'un vésicaloire peut servir à déceler la tuberculose. Ils ont notamment constaté que, chez les tuberculeux, cette sérosité ne renferme presque pas de cellules éosinophiles, mais qu'on y trouve des cellules particulières, dites hydropiques. Le séro-diagnostie de la tuberculose par aggluti- nation des bacilles tuberculeux s'appuie sur le même principe que celui du séro-diagnostic de la fièvre typhoïde. On sait que, dans celle-ci, le sérum du malade acquiert de bonne heure la propriété d'agglutiner les bacilles typhiques. Mais, dans la tuberculose, cette méthode a rencontré dès le début des diffi- cultés considérables, tenant à ce que, contrairement au bacille typhique, le bacille de Koch est immo- bile et forme, en cultures, des masses cohérentes avec lesquelles le phénomène de l’agglutination est difficilement appréciable. Cependant, grâce à de longues et persévérantes recherches, MM. Arloing et P. Courmont sont parvenus à créer une race de bacilles tuberculeux doués d'une certaine mobilité et formant, dans des milieux liquides, des cultures troubles et homogènes dont l'agglutinalion se fait de la même facon que celle des bacilles typhiques par un sérum spécifique. Les recherches concernant le séro-diagnostic de la tuberculose ont montré que la réaction aggluti- nante s'observe chez les tuberculeux dans une pro- portion d'environ 85 °/, des cas. Il y a ceci de parti- culier que cette réaction est d'autant plus accentuée que la tuberculose est plus légère, plus atténuée dans ses manifestations. C’est dire que, très nette dans les infections relativement bénignes (tuber- culoses ganglionnaires, ostéo-articulaires), elle est très faible et peut même manquer dans les tuber- culoses médicales graves. La valeur pratique de cette réaction, destinée à révéler l'existence d’une infeclion tuberculeuse de l'organisme, a été diversement interprétée. Comme elle peut manquer chez des tuberculeux avérés et que, d’un autre côté, on l’a vue se produire chez des individus bien portants, elle ne peut cerlainement pas être considérée comme un moyen sûr de dia- gnostic. D'un autre côté, elle comporte des diffi- cultés techniques notables, si bien que, dans son Rapport, M. Achard arrive à la conclusion qu'actuel- lement, du moins, elle ne se prête pas encore très bien aux nécessités de la pratique usuelle. $ 3. — La recherche du bacille de Koch et l'inocu- lation des produits tuberculeux. Les méthodes et les procédés que nous ÿYenons de passer en revue n'assurent donc pas, malgré leur intérêt, le diagnostic dé la Luberculose et sur- tout son diagnostic précoce. Aussi peut-on dire que c'est encore la constatalion du bacille tuberculeux D68 D' R. ROMME — LE BILAN DE LA TUBERCULOSE AU CONGRÈS DE 1905 dans les produits pathologiques, l'expectoration en cas de tuberculose pulmonaire, qui permet d’af- firmer l'existence d'une infection tuberculeuse. La recherche du bacille de Koch dans les crachats est aujourd'hui d'une pratique courante et nous n'avons pas à nous en occuper ici. Mais il est des cas où la tuberculose se présente sous forme d'une infection générale de l’organisme, sous forme d’une bacillémie, et dans ces cas, fort compliqués au point de vue clinique, la constatation du bacille dans le sang lève tous les doutes. Mais, comme les bacilles sont rares dansle sang, M. Joussel a eu l’idée de faciliter leur recherche par un procédé qui consiste à faire digérer in vitro le caillot formé spontanément ou produit artifi- ciellement dans le sang recueilli par la saignée. Les bacilles, quand ils existent dans le sang, se trouvent donc libres dans le produit liquéfié de la digestion artificielle, dont ils sont ensuite extraits par la centrifugation. Dans le même ordre d'idées, et pour faciliter la recherche du bacille dans le caillot, MM. Bezançon, Griffon et Philibert soumeltent celui-ci, non pas à la digestion par un suc gastrique artificiel, mais à l'action de la lessive de soude, qui le liquéfie tandis que les bacilles persistent et restent colorables. D'autres, comme Gebrovsky, arrivent au même résultat en empêchant le sang de se coaguler. A cet effet, le sang est reçu dans une solution de fluorure de sodium et les bacilles sont extraits de ce mélange par la centrifugation. Un autre procédé pour rendre le sang incoagulable, procédé imaginé par M. Le- sieur, consiste à faire digérer le sang par des sang- sues, que l’on fait ensuite dégorger par expression dans des tubes stérilisés. Pour isoler les bacilles, il ne reste plus qu'à centrifuger ce sang. Mais, le bacille une fois isolé et reconnu à ses réactions colorantes, il s'agit encore d'établir s’il ne s'agit pas de bacilles acidophiles et de déter- miner ensuile sa virulence. L'inoculation des pro- duits tuberculeux à un animal sensible, comme le cobaye, permet de s’en rendre compte. Seulement, au point de vue clinique, cette méthode a l’incon- vénient de la lenteur, l'inconvénient de faire attendre pendant plus ou moins longtemps les résultats, positifs ou négatifs, de cetle inocu- lation. Aussi, pour accélérer celle recherche, M. Nattan- Larrier a-t-il proposé d'inoculer le produit suspect dans la mamelle d'une femelle de cobaye en lacta- tion, la tuberculose évoluant dans cet organe avec une rapidité particulière. Mais, comme le fait fort Justement observer M. Achard, la difficulté est d'avoir au moment opportun le sujet favorable, la lactation n'ayant, dans cette espèce animale, qu'une durée fort courte. IV. — LA VACCINATION ET LA SÉROTHÉRAPIE ANTITUBERCULEUSES. La séance de clôture du Congrès a été marquée par une communication de M. Behring sur la séro- thérapie antituberculeuse. Le peu que le savant professeur de Marbourg a bien voulu faire con= naître se réduit à ceci : une substance TC, tirée du bacille de Koch, et injectée dans l'organisme, se transformerait en une autre substance TX, qui cons= titue le vaccin contre la tuberculose. M. Behring a promis de compléter dans un an cette première communication, passablement énigmatique. Nous sommes beaucoup mieux renseignés sur la vaccination anti-tuberculeuse des Bovidés, d’après la méthode de Behring. Les expériences faites ré= cemment à Melun, par M. Vallé, ont, en effet, montré que l'injection intra-veineuse de cullures atténuées de tuberculose humaine met les Bovidés à l'abri de l'infection par les bacilles bovins. Du moins; sur vingt génisses vaccinées de celte façon eb soumises ensuile à l'infection par des produits tuberculeux bovins aucune n’est devenue tubercus leuse, tandis que toutes les génisses témoins se sont tuberculisées. Il reste encore à établir la durée de cette immunité vaccinale. Quant à la sérothérapie de iatuberculose humaine, nous en sommes toujours à la nouvelle tuberculin de Koch, au sérum de Maragliano et à celui de Mar | morek. Les lecteurs de cette Revue savent certai=M nement quecesmédications, prétendues spécifiques, n'ont pas donné de résullats décisifs, à peine des résultats satisfaisants. Et l’on peut en dire aulant du sérum de Tabakian (de Vienne), qu'on obtient en immunisant des lapins avec des cultures humai= nes entières, ou du sérum de MM. Rappin et Blaisol (de Nantes), qui se servent du sérum de chiens inoculés avec des cultures de tuberculose humaines d'abord desséchées, ensuite vivantes. D'une com municalion de MM. Lannelongue, Achard et Gaile lard, il résulte qu’en injectant à des ànes ou à des chevaux une toxine extraite du bacille tuberculeux; on obtient un sérum qui possède quelques pros priétés thérapeutiques chez les cobayes tubereu= leux, dont il parait augmenter en tout cas la résis= tance et diminuer la mortalité. Or, il ne parait pas qu'un pareil résultat, si modeste cependant pour un traitement spécifique, soitobtenu par les sérums employés chez l'homme. La question de la sérothé= rapie tuberculeuse altend donc toujours sa solution: La conclusion qui se dégage de cette revue rapide, c’est que le Congrès de 1905 n'a fait que préciser les points qui attendent leur solution définitive el sur lesquels devront porter les travaux ultérieurs. D' R. Romme, Préparateur à la Faculté de Médecine de Paris: La , BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 569 ANALYSES L 1° Sciences mathématiques | Œuvres de Laguerre, publiées sous les auspices de … l'Académie des Sciences par MM. Ch. Hermite, … H. Poincaré et E. Rouché, membres de l'Ins- …. titut. Tome 11. Géométrie. — 1 vol. gr. in-8& de —… 715 pages. (Prix : 10 fr.) Gauthier- Villars, editeur. Paris, 1905. _ Après un intervalle de sept années, ce second : olume des OEuvres de Laguerre a enfin paru; il était “attendu avec impatience par le public mathématique. On se rappelle que le premier volume des œuvres de Péminent géomètre que fut Laguerre était consacré à ses travaux sur l’Algèbre, où il a donné une marque si apparente de sa grande sagacité en même temps que de la profondeur de son esprit. Cependant, il est per- “mis de se demander si, en Géométrie, il ne s’est pas -montré encore plus inventeur, si ses qualités origi- “nales ne se sont pas révélées avec plus d'éclat. A ce mtitre, ce nouveau volume présente donc peut-être un “intérêt supérieur à celui du premier, et retiendra plus particulièrement l'attention. - Un fait qui surprend dès l’abord, quand on sait com- bien considérable a été l'importance des travaux de Laguerre, c’est le petit nombre de Mémoires étendus quon y rencontre. Dans le volume dont nous nous occupons, il n’y à pas moins de 83 articles, en laissant de côté un Mémoire sur la réduction d’une fonction en fraction continue, publié dans le Journal de Liouville, et qui aurait dù figurer dans le premier volume. On constate que l'étendue moyenne de chaque travail de Laguerre sur la Géométrie ne surpasse guère 8 pages ; eaucoup de ces articles se réduisent à de simples notes d'une page ou moins, et il y en a 43 qui com- rennent au plus 5 pages. . Cette dissémination contribue à rendre assez diffi- cile l'étude de certaines des théories de l’auteur. Une note très concise ouvre la voie; par sa condensation même, la lecture en est pénible; pour s’éclairer, on se reporte aux autres articles traitant du même sujet; et nl on s'aperçoit alors que l'identité n’est pas absolue, que “la terminologie est loin d'être uniforme, que les … mêmes mots n'auront pas toujours la même significa- « tion. Dès lors, pour pénétrer la pensée de Laguerre, « pour se l’assimiler exactement, il faut souvent se livrer à une sorte de travail de divination. Ce fait, re- marqué par les géomètres de la jeune génération qui … ont pris à tâche de continuer l’œuvre si brillamment entreprise, a conduit quelques-uns d’entre eux à se « demander si Laguerre n'aurait pas été le dernier re- présentant de ces mathématiciens qui, dans les siècles précédents, avaient tant de souci de cacher leurs mé- … thodes, s’il n'aurait pas systématiquement jeté un cer- … tain voile d’obscurité sur les moyens employés par lui, … afin de mieux faire ressortir la splendeur des résultats obtenus. - Je crois fort que cette explication ne sera admise par aucun de ceux qui ont connu personnellement Laguerre. Get esprit, ardemment épris de vérité, un peu brusque dans ses manifestations, primesautier, d'une originalité incontestable, toujours en éveil, ne se concilie guère avec l'hypothèse d'un petit calcul _ personnel qui l’eùt conduit à proposer des rébus à ses contemporains ou à ses successeurs, dans le but d'augmenter sa propre renommée. Pour moi, l'expli- cation est toute autre, je pourrais dire toute contraire. Je l'ai entendu, par la parole, s’attachant à faire con- naître tout résultat, toute vérité découverte par lui, aussitôt qu'il venait de la découvrir; et je crois for- BIBLIOGRAPHIE ET INDEX probable que dans ses écrits il a procédé d'une façon analogue. Une idée surgit dans son cerveau; aussitôt, il la publie telle quelle, jetant à pleines mains les vérités; puis, il reprend cette idée, il l’'approfondit davantage, l'apercoit sous un nouveau jour, entrevoit des conséquences qu'il n'avait pas tout d'abord envi- sagées; un nouvel article traduira cette évolution de son esprit; et, le même phénomène se reproduisant, se continuant plutôt, nous verrons une série d'articles successifs sur le même sujet, parfois sous le même titre, et qui nous sembleront présenter entre eux des discordances, parce qu'ils traduisent les phases de cette évolution dont nous parlons, et qui a le plus sou- vent été inconsciente. Ceci ne diminue, d'ailleurs, en rien la grandeur de l'œuvre, ni l'utilité scientifique de l'étude de cette œuvre. Les efforts mêmes qu'il faut faire pour se l’assimiler ont pour résultat de rendre plus solides les connaissances qu'on y peut acquérir. On n'attend pas de nous, après ce qui précède, une énumération détaillée des articles publiés par Laguerre sur la Géométrie ; ils s'étendent de l’année 1852 à 4885. De 1853 à 1865, il y a une lacune totale. L'élève de spéciales, qui avait au début publié trois articles sur les foyers, dans les Nouvelles Annales, à été momen- tanément détourné de la science pure par les obliga- tions professionnelles de sa carrière nouvelle, de sa vie militaire; et c'est seulement au bout de douze années qu'il opère sa rentrée par une Note, publiée aux Comptes Hendus, sur les courbes planes algébriques. C'est dans les Nouvelles Annales de Mathématiques, dans k Bulletin de la Société Philomathique, dans celui de la Société mathématique de France, dans les Comptes rendus de l'Académie des Sciences, dans le Journal de Mathématiques pures et appliquées, qu'ont été publiés presque tous ces articles. Ils s'appliquent à d'innombrables sujets, mais plus particulièrement à ceux qui concernent l'application de lAlgèbre ou du Calcul infinitésimal à la science de l'étendue. En dehors de la théorie des foyers, déjà signalée plus haut, nous mentionnerons : la théorie des courbes et des surfaces algébriques; les courbes et surfaces anal- lagmatiques; la courbure des lignes et des surfaces; une foule de propriétés des coniques, des quadriques et des lignes tracées sur celles-ci, notamment des lignes sphériques; les transformations; la géométrie de direction; les cycles et hypercycles; des études sur des lignes et des surfaces particulières (cardioïde, hypocycloides, surface de Steiner, cyclide); l’applica- tion des formes binaires à la Géométrie; les réseaux de courbes planes; enfin l'emploi des imaginaires en Géométrie. Dans ce dernier domaine, où Laguerre poursuit l'interprétation des coordonnées imaginaires, il a été un créateur, ainsi que dans la Géométrie de direction; partout ailleurs, il a pour le moins élargi l'étendue de la Science. En somme, il est permis, sans rien exagérer, de dire que pas un jeune mathématicien, s'il veut produire aujourd'hui des travaux personnels en Géométrie, ne saurait se dispenser de connaître préalablement à fond l'œuvre de Laguerre. Elle était dispersée dans divers recueils périodiques, et la lecture en était par là même rendue plus difficile. La publication dont nous venons de signaler le deuxième volume est donc d'une utilité scientifique universelle, dont le monde entier prolitera (car tous les mathématiciens du monde connaissent le nom et la valeur de Laguerre), mais qui fera spéciale- ment honneur à la science francaise. C.-A. LAISANT, Répétiteur et Examinateur d'admission à l'Ecole Polytechnique. >70 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX ‘ 2° Sciences physiques Tissot (Camille), Lieutenant de vaisseau. — Etude de la résonance des systèmes d'antennes. (7hèse présentée à la Faculté des Sciences de Paris). — Gauthier-Villars, éditeur. Paris, 1906. L'application si importante des ondes électriques de Hertz à la transmission des signaux par la « télégraphie sans fil » a suscité de nombreuses études, tant de la part des théoriciens que des expérimentateurs, sur les meilleures conditions de transmission et d'utilisation de ces vibrations électriques. L'une des plus remarquables vient d'être présentée, comme thèse de Doctorat, par M. le Lieutenant de vaisseau Tissot, qui a mis à profit, pour cette étude, les ressources spéciales que présentent les postes de télégraphie sans fil installés, soit sur les côtes, soit à bord des bâtiments de la marine de l'Etat, Les expériences ont eu lieu sur des distances va- riables depuis 1.200 mètres jusqu'à 40 kilomètres entre les postes transmetteur et récepteur. M. Tissot s'est préoccupé, en premier lieu, des cir- conslances dans lesquelles se produit la résonance, du système des antennes d'émission et de réception. On décèle généralement l'arrivée des ondes à la station réceptrice par des cohéreurs à limaille. Les incerti- tudes qui règnent encore sur le mode intime de fonc- tionnement de ces appareils ont fait renoncer à leur emploi, malgré la sensibilité qu'ils présentent, et les ont fait remplacer, soit par un bolomètre, soit par un détecteur magnétique (genre Rutherford) fondé sur la désaimantation partielle que subit une aiguille d'acier, aimantée préalablement à saturation, quand elle est placée dans une bobine parcourue par un courant oscillatoire de haute fréquence. Ces appareils ont permis de reconnaître que, dans les antennes de réception, aussi bien que dans celles d'émission, il y a production d'une onde stationnaire avec ventre d'intensité à la base, et nœud au sommet. (C'est l'équivalent du tuyau fermé, en Acoustique). Lorsqu'on fait varier systématiquement la longueur de l’une des antennes, on reconnaît le moment où elle arrive en résonance avec l'autre, par un maximum dans l'effet accusé à la réception. M. Tissot a pu pré- ciser quelles conditions doivent remplir des antennes, de dimensions et de formes variées, pour être équiva- lentes au point de vue de l'accord, et, par suite, pour fournir le maximum de rendement dans la transmis- sion et la réception des ondes. En particulier, dans le cas simple où les antennes ont la même forme, Ja résonance a lieu pour l'égalité des longueurs, quelle que soit la courbure générale des systèmes. Après avoir précisé les conditions d'accord des an- tennes, M. Tissot a cherché à mesurer la fréquence des variations périodiques du courant dans ces organes, Il a repris, en la perfectionnant, la méthode du miroir tournant, déjà employée par Feddersen pour mettre en évidence le caractère oscillatoire de la dé- charge d'un condensateur. Les étincelles successives, enregistrées photographiquement, ont montré que la durée des périodes correspondant aux formes et dimen- sions d'antennes généralement utilisées dans la télé- graphie sans fil, est une fraction {de seconde de l’ordre de 10-5 ou 107, ce qui correspond à des longueurs d'onde pouvant atteindre quelques centainesde mètres. Conjointement avec cette méthode d'enregistre- ment, M. Tissot a utilisé, pour déterminer la fréquence des oscillations, une autre méthode dans laquelle il a mis à profit les oscillations d’un excitateur accordé sur le système d'antennes en résonance. On sait quel est le rôle important joué par l'amor- tissement dans un système d'organes solidaires, sus- ceptibles de se transmettre réciproquement des mou- vements vibratoires. Il était donc essentiel d'ajouter à la connaissance de la période des vibrations, celle de leur amortissement. r Æ En traduisant graphiquement les résultats fournis à par les études précédentes, M. Tissot a obtenu LT courbe, étudiée par Bjerknes sous le nom de courhe de résonance, des éléments de laquelle on déduit. facilement la loi de décroissance de l'amplitude des. oscillations. En construisant cette courbe dans de nombreux cas particuliers, M. Tissot a précisé les circonstances les plus importantes qui influent sur cêt amortissement et il a montré, en particulier, l'impor- tance de la qualité de la «prise de terre » dans les antennes et celle du mode direct ou indirect d'émission. des ondes. Enfin, il était utile d'estimer quelle part de l'énergie» d'émission récupère l'antenne réceptrice. Il a été re connu que l'intensité efficace du courant reçu par l'antenne de réception varie en raison inverse de sa distance à l'antenne d'émission, et que, par suite, l'énergie mise en jeu varie en raison inverse du Carré de cette distance. De plus, cette énergie est propor- tionnelle aux carrés des potentiels explosifs de la décharge oscillante dans l'antenne d'émission, 4 Quant à la valeur absolue de.l'énergie mise en jeu. dans une antenne réceptrice, les exemples numériques suivants, correspondant à des conditions bien définies, donneront une idée de son ordre de grandeur. Une antenne simple de 50 mètres de longueur, excitée à 4 kilomètre de distance par une antenne identique (actionnée elle-même par des étincelles de 5 centimètres, à raison de 20 trains d'ondes par se- conde), correspond à une énergie de 57 ergs reçue par le bolomètre en une seconde. | Cette énergie peut monter à plusieurs centaines d'ergs (300 à 500) dans des antennes multiples accor- dées, formées de 4 ou 6 branches parallèles, de 50 à 5 mètres de longueur. En résumé, les expériences de M. Tissot ont éclairei bien des points dans le fonctionnement des appareils employés pour la transmission des ondes de Hertz, Elles ne pourront manquer de contribuer aux progrès. de cette question si importante de la télégraphie sans fil, en substituant aux tâtonnements et aux essais empiriques des indications nettes et des méthodes réellementscientifiques. E. COLARDEAU, Professeur au Collège Rollin. me A : CE + Open 2e) ET æ 1 EE EL Nansouty (Max de). — Actualités scientifiques. — 1 vol. in-8° de 365 pages, (Prix:3 fr. 50.) Schleicher frères, éditeurs. Paris, 1906. Dans ce volume, des mieux présentés, M, de Nansouty aréuni une série d'études de science et de vulgarisa- tion, qui, toutes, concernent les découvertes effectuées pendant l’année, C'est dire l'intérêt d’un ouvrage de ce genre, auquel. le talent de l'écrivain confère un attrait de plus. Grou- pées dans un ordre précis, ces chroniques documen- aires ne peuvent laisser indifférents tous ceux qui tiennent à être au courant du mouvement scientifique. . C'est ce qui assure à l'ouvrage de M, de Nansouty un succès réel et durable, mérité autant par l'intérêt des questions traitées que par la compétence de l'auteur. De Thierry (D' Maurice), professeur à l'Université de Fribourg (Suisse). — Introduction à l'étude de la Chimie. — 1 volume de 456 pages, avec 302 figures. Masson et Ci®, éditeurs. Paris, 1906. Le livre que M. Maurice de Thierry nous offre sous ce titre n'est autre chose que le développement du chapitre « Généralités », toujours insuffisant, par lequel M débutent tous nos traités classiques de Chimie. ? L'idée est excellente et nous ne pouvons que féliciter dl l'auteur d’avoir su la mettre à exécution sous une forme « qui rend la lecture de son ouvrage aussi agréable qu'instructive. Ce n'est pas sans raison que M. Mau- rice de Thierry blâme l'habitude qui consiste à exposer sèchement des faits sans même citer le nom de ceux qui, au prix de longs efforts, ont eu la gloire de les dés couvrir ou de les interpréter. On ne peut également. que l’approuver quand il nous dit qu'il y a une certaine | probité à parler des précurseurs, que les jeunes doivent | connaître les vieux, que chacun doit apprendre par quels labeurs, par quels efforts la pensée humaine a . passé pour arracher à la Nature le moindre de ses se- ts. C'est là un noble langage, et l’auteur a été bien nspiré lorsqu'il a écrit sa courte préface ; l’arrange- nent et l'exposition des sujets traités ne sont pas oins remarquables dans leur ensemble. Passant successivement en revue tout ce qui à trail aux différents états de la matière, aux différentes formes de l'énergie, aux lois pondérales qui régissent | Jés transformations des corps, aux théories, classifica- | tions et formules dont se servent ou se sont servis les chimistes, M. Maurice de Thierry fait passer sous nos L'yeux, sans jamais les fatiguer, une multitude de faits, d'appareils et de données expérimentales, dont le plus souvent il nous détaille l'historique et le fonctionne- ment avec soin et un véritable luxe de figures, toutes éprochables d'exécution. ( Malheureusement, le fond ne répond pas partout à la forme, et nous avons le regret d'y constater en plu- Sieurs points des défaillances qui, surtout pour les élèves, peuvent avoir des conséquences fâcheuses. Ainsi, la dialyse est confondue avec la diffusion mple ; rien m'explique la pénétration du fer par l'hy- drogène ou l'oxyde de carbone ; à propos de la réfrac- lion, l’auteur oublie les réfractomètres de Pulfrich et d'Abbe-Zeiss, dont pourtant l'usage est universellement répandu. m—… Dans les applications, il ne cite même pas les noms “le Landolt et de Brühl; en revanche, il nous offreune for- mule anonyme, qui doit être celle de Lorenz, rendue Mméconnaissable et fausse, et nous dit que, grâce à elle, ïl est facile de calculer, en partant d'une expérience ke physique, les poids moléculaires. Ce sont là autant “d'omissions ou d'erreurs particulièrement graves quand elles affectent une donnée stéchiométrique aussi im- portante que la réfraction moléculaire, et il eût certes mieux valu passer ce chapitre entièrement sous si- lence, c + Plus loin, le symbole [«|; se confond avec [4]; comme “exemples de catalyse, on ne parle ni de la fabrication “de l'acide sulfurique par contact, ni des travaux de ‘M. Sabatier. On ne signale pas les relations physiques qui existent entre les pressions osmotiques, l'abaisse- ment des tensions de vapeur et celui des points de con- pélation ; la loi des phases est insuffisamment dévelop- pée; mais, à côté de ces lacunes, on nous rappelle lon- ement des théories et des systèmes qui n'ont jamais “eu d'adeptes, comme le fractionnement des valences de Schützenberger, les classifications d'Ampère, de “Hæfer, de Baudrimont, de Dupasquier, de Frémy, elc. I y a là un manque de pondération manifeste, auquel une seconde édition pourra seule remédier, ainsi qu'à “certaines fautes d'impression regrettables qui se sont uslissées dans le tableau des poids atomiques, page 370 de l'ouvrage. Alors nous applaudirons sans réserves la | tentative e M. Maurice de Thierry, qui mérite à tous égards d'être encouragée, parce qu'elle ne peut être _ que profitable à ceux qui désirent connaitre un peu l'histoire de la Chimie en même temps que son élal actuel. L. MAQUENNE. Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle. nRaulin (Jules). — Etudes chimiques sur la Végé- tation. — Masson et Ci, éditeurs. Paris, 1906. II faut savoir gré à MM. Masson et Cie d'avoir réim- primé cette thèse de doctorat, qui fut et qui reste un travail fondamental. Pasteur écrivait à l'auteur, en 1868 : «C'est une œuyre qui vous fera grand honneur. Elle ouvre des horizons tout nouveaux aux études sur la végétation.» L'avenir a confirmé les prévisions et la péné- trante justesse des vues de l'illustre savant. La lecture de la thèse de Jules Raulin continue de s'imposer à tous ceux qui étudient la Biologie. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 574 3° Sciences naturelles Dehérain (Henri). — L'expansion des Boers au dix-neuvième siècle. — 1 vol, in-12 de 433 pages, avec 8 cartes. (Prix : 3 fr. 50.) Hachette et C, édi- teurs. Paris, 1906. Cet ouvrage est « l'histoire des origines de la natio- nalité boer » Tout à fait recommandable par l’éten- due et la sûreté de l'information, par la rigueur de la critique et de la méthode, par la clarté et l'intérêt du récit, il continue la série des beaux travaux de M. De- hérain sur les pays africains d'influence ou de domina- tion britannique. La matière du livre, indiquée en détail dans une excellente bibliographie (pp. 401-416), se compose des recueils de documents officiels anglais concernant l'Afrique australe, des récits imprimés ou manuscrits laissés par les témoins des événements, de travaux de seconde main ou livres d'impression sur les pays boers, de cartes géographiques anglaises et allemandes du Cap et territoires voisins, enfin de quelques docu- ments figurés se rapportant aux Boers et aux Zou- lous, qui sont conservés au Laboratoire d'Anthropologie du Muséum d'Histoire naturelle. L'exposé commence aux deux conquêtes du Cap de Bonne-Espérance par les Anglais, en 1795 et 1806, de facon à donner toutes les causes du déplacement des Boers. Il s'étend jusqu’à la reconnaissance de l’indépen- dance des deux républiques sud-africaines, c'est-à-dire jusqu’en 1854. L'auteur ne s’en est d’ailleurs pas tenu aux événements auxquels les Boers ont pris part. Il à été amené à étudier, à propos des Boers, leurs divers adversaires : il a raconté les invasions des Cafres dans les territoires anglais, les mouvements des Zoulous dissidents (Matabélés) jusqu'au N. du Limpopo, la for- mation et l’organisation du royaume Zoulou voisin de la Tugela, sous Chaka et Dingan, et enfin les origines de la colonie britannique du Natal, où les Boers avaient fondé, en 4840, une République bientôt annexée au Cap. Les premières atteintes portées au loyalisme des Boers provinrent du dédain dans lequel les Anglais tenaient leur civilisation, et du dissentiment profond entre les deux peuples au sujet de l'esclavage. Boers et Anglais se trouvent encore unis pour repousser l'in- vasion cafre de 1835; mais l'essaimage des fermiers vers le Nord commence de 1833 à 1836. L'exposé fait bien ressortir la formation familiale et régionale des bandes de Burghers, et aussi leurs méthodes de dépla- cement, de campement et de combat (« laagers »), soit pendant leur trajet jusqu'au Nord du Vaal, soit lors des expéditions de Pieter Retief et d’Andreis Pretorius pour la fondation de la République du Natal. De même, les géographes apprécieront beaucoup le tableau de la civilisation zouloue (pp. 151 et suiv.). M.'Dehérain montre, enfin, que c'est par l'impopularité où était tom- bée en Angleterre la colonie du Cap, dans laquelle on ne soupçonnait pas encore l’existence des diamants, et où celle de l'or était contestée, qu'il faut expliquer l'abandon de la poursuite des Boers et la reconnais- sance formelle de leur indépendance, faite en 1852 (convention de la Sand-River), et en 1854 (convention de Bloemfontein.) J. MacHaT, Docteur ès lettres, Professeur au Lycée de Bourges, Forel (A.), ancien Professeur de Psychiatrie à l'Uni- versité de Zurich. — La question sexuelle exposée aux adultes cultivés. — 1 vol. in-8° de GI pages. (Prix : 10 fr.). G. Steinheïl éditeur. Paris, 1906. Point n’est besoin de connaître autrement que de réputation et biographiquement le célèbre psychologue des fourmis, pour pouvoir dire de son livre qu il est l'homme mème. De même que le Professeur Forel, tour à tour naturaliste, psychologue et psychiatre, sociologue enfin, résume en sa personne l'une des évolutions naturelles d’un z0ologiste qui ne redoute pas Qt l'évolution, de même son livre est une étape complète, allant de la science de la Nature à celle de la Société humaine, du microscope à l’article de loi. «Il à deux sources : l'étude de la Nature et celle de la psychologie des hommes malades et des sains d'esprit »; il aboutit à la conception d’une société régie par des lois sexuelles meilleures, que les « esprits conservateurs et bour- geois » considèrent encore aujourd'hui comme des utopies, mais qui sont des réalités de demain. L'ouvrage n'est pas, comme tant d'autres qui ont été publiés sur cette matière, une excursion plus ou moins pittoresque au pays du Tendre et une histoire anecdo- tique des faits et gestes de l'amour. C'est un traité méthodique et complet de la question sexuelle. « Mon but, dit l’auteur, est d'étudier la question sexuelle sous tous ses rapports : scientifiques, ethnologiques, patho- logiques et sociaux, et de chercher la meilleure solution pratique desnombreux problèmes qui s’y rapportent ». L'écueil d'un pareil exposé était l'érotisme, auquel ont succombé la plupart des ouvrages sur les questions sexuelles; l'auteur déclare avoir fait tout son possible pour s'en libérer, car, « tout sentiment faussant plus ou moins le jugement, la critique scientifique a le devoir d'éliminer l'érotisme pour demeurer exacte et impar- tiale ». Le problème sexuel n’est pas exposé, cependant, sous une forme sèche et abstraite, outre qu'il est de ceux qui se prêtent mal à la sécheresse et à l’abstrac- tion. La méthode biologique exigeait des exemples de psychopathologie sexuelle, que l’auteur n’a eu qu'à tirer de la riche collection de ses documents cliniques et sociologiques. M. Forel {race lui-même le plan général des idées directrices de son ouvrage : Dans les chapitres I à V, on apprend à connaître l'histoire naturelle, l'anatomie et les fonctions des organes reproducteurs, ainsi que la psychologie de la vie sexuelle. Dans le chapitre V, intitulé « l'amour et les autres irradiations de l'appétit sexuel dans l'âme humaine », l’auteur passe en revue les irradiations psy- chiques de l'amour chez l'homme et chez la femme, le fétichisme et l’antifétichisme, les rapports psycholo- giques de l'amour avec la religion. Au chapitre VI, il donne, d’après Westermarck, un résumé de l’ethnographie et de l’histoire des rapports sexuels chez les diverses peuplades humaines; c'est le chapitre du mariage au point de vue éthique et ethnique. Au chapitre VII, il est rendu compte : d'un côté, de l'évolution zoologique de la vie sexuelle (phylogénie), et, de l’autre, de l’évolution ontogénique de la vie sexuelle humaine depuis la naissance jusqu'à la mort. Au chapitre VIIT sont décrites les excroissances pathologiques de la vie sexuelle dans leurs multiples variétés (sadisme, inversion sexuelle, sodomie, etc.). L'auteur croit devoir justifier cette exhibition de réa- lités psychopathologiques devant le grand public auquel il s'adresse, en disant que ces anomalies psycho- sexuelles interviennent bien plus profondément qu'on ne le croit dans nos rapports sociaux. Dans les chapitres IX à XVIII, enfin, sont expliqués les rapports de la vie sexuelle avec les sphères les plus importantes de la vie humaine, avec la suggestion, l'argent et la propriété, la religion, le droit, la méde- cine, la morale, la politique, l'économie politique, la pédagogie et l’art. Voici quelques sous-titres de ces chapitres : mariage d'argent, prostitution et proxéné- tisme, concubinage vénal; — pruderie religieuse, éro- tisme religieux, influence du catholicisme, de la confession auriculaire sur la question sexuelle; hygiène du mariage, prévention anti-conception- nelle, etc. ; — morale sexuelle, humaine et religieuse ; — question sexuelle en politique et en économie poli- tique, néo-malthusianisme; — éducation sexuelle de l'enfance, coéducation, écoles nouvelles ; — vie sexuelle dans l’art, l'artetla pornographie. Toutes ces questions, et tant d’autres encore, M. Forel ne se borne pas à les exposer; il les résout pratiquement à la lumière deson clair jugement scientifique, et sans se préoccuper des BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX solutions traditionnelles qu’on en a données. C'est di qu'il est partisan de la prophylaxie anti-conception nelle, d’une instruction sexuelle donnée à l'enfant, den Ja coéducation des sexes, qu'il est sélectionniste en ma tière de reproduction, etc. Dans un dernier chapitre : « Coup d'œil rétrospectif et perspectives d'avenir », toutes ces solutions pars tielles sont résumées en un idéal pratique et réalisable Cet idéal comprend des tâches négatives et des tâches positives à accomplir. Les tâches négatives, c'est I suppression des causes directes ou indirectes des maw sexuels et des vices sociaux qui leur correspondent M la lutte contre le culte de l'argent, contre les narco: tiques, contre le préjugé et l'autorité de la tradition, etes Les tâches positives, c'est la sélection humaine à tous les points de vue et par tous les moyens, l'apprentissage de la vie sexuelle et de l'art d'aimer longtemps. L chapitre se termine par la prophétie d’un avenir meil leur, d'une sexualité plus morale; cette prophétie n'est pas l'utopie, follement optimiste, d'un rêveur mais une déduction scientifique; car « c'est, dit Forels l'étude des mœurs des fourmis qui m'y a conduit d'abord ». | L'intérêt de ce livre réside dans la haute moralité qui se dégage d’un examen scientifique de la question toute sentimentale de la sexualité. C’est sur la matière un ouvrage honnête et véritablement ‘éducatif; c’ests d'une facon générale, un des meilleurs livres de vulga risation que puisse lire l'adulte cultivé soucieux de conduire scientifiquement sa vie et celle des siens. A. PRENANT, Professeur à l'Université de Nancy 4° Sciences médicales Yvon (P). — Docteur en Pharmacie, Membre de l'Académie de Médecine.— Du Compte-gouttes nor mal et de ses applications dans la pratique phar- maceutique. — À vol. in-8° de 108 pages. O. Doin éditeur. Paris, 1906. La Conférence internationale pour l'unification des médicaments héroïques, qui s’est réunie à Bruxelles en septembre 1902, a adopté la résolution suivante : «Il a lieu, pour tous les pays contractants, d'adopter un compte-gouttes normal dont le diamètre extérieur d tube d'écoulement soit exactement de 3 millimètres, c'est-à-dire qui, à la température de 15° C. et avec de l’eau distillée, donne XX gouttes par gramme, » M. P. Yvon a recherché s’il était possible de préciser davantage les conditions de construction du compte= gouttes, de façon à obtenir une exactitude plus grande Après de longues et minutieuses expériences qui onf mis en évidence l'influence de la hauteur de chute, de la pression, de la vitesse d'écoulement, de la longueur du capillaire, des diamètres intérieur et extérieur, des! facteurs atmosphériques, de la nature du liquide, ete, M. Yvon arrive aux conclusions pratiques suivantes: On peut construire un compte-gouttes normal déta= chant XX gouttes pour {1 gramme d’eau distillée em donnant au diamètre intérieur du tube capillaire une dimension de 00%,595 (Omm,59 à Omm 60) et en faisant varier le diamètre total (diamètre extérieur) de 3 mil mètres à 422,05 et la hauteur de chute de 0,02 & 0,0% (poids moyen de XX gouttes 1 gr. 006) ou d& 0%,05 à 0,06 (poids moyen de XX gouttes 4 gr. 005» On voit que l'approximation est très grande. ; On trouvera dans ce travail la description de deux compte-gouttes, établis d'après ces données : lun compte-qouttes de précision, qui permet d'atteindre lapproximation de 0 gr. 002 par XX gouttes et qu pourra rendre des services appréciables dans les dosa: ges volumétriques, par exemple où l’on pourra remplacer la burette graduée par la numération des gouttes | l'autre, compte-gouttes pour l'usage courant, beaucoup. plus simple, mais d'une exactitude encore suflisam= J ment grande et qui peut être mis entre les mains dus | publie, D' ALFRED MARTINET, | 14 À ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 373 4 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES li DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER À à ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS : Séance du 28 Mai 1906. —_ M.Ch. Trépied est élu Correspondant de l'Académie pour la Section d’'Astronomie. 49 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. L. Autonne étudie he propriétés qui, pour les fonctions d'une variable “ hypercomplexe, correspondent à la monogénéité. — M. H. Bourget communique ses recherches sur une “ classe particulière de fonctions 0. — M. Haton de la “Goupillière démontre le théorème suivant : Si la den- sité des arcs d’une spirale logarithmique varie en rai- son d'une puissance » de la longueur comptée depuis le pôle, le lieu géométrique des centres de gravité est “une spirale égale tournée d’un certain angle, pour l'arc “en question si 2 est compris entre — 4 et Lx, ou, au ponte, pour l'arc complémentaire qui se développe “du point décrivant à l'infini lorsque x se trouve entre ' 2 et— x. — M. J. Janssen donne quelques détails sur une expédition en ballon dirigeable projetée pour l’ex- ploration du Pôle Nord par M. Wellman. 20 ScieNcEs PHYSIQUES. — Le P. Et. El. Colin présente “ses observations magnétiques faites à Tananarive de mai 1902 à avril 1906. La déclinaison a diminué de 12’ avec un minimum en avril; l’inclinaison a augmenté sde 5! 45”, avec un minimum en septembre. — MM. A. Broca et S. Turchini ont constaté que, quand la con- ductibilité est suffisante pour permettre l'observation d'un changement de résistance d'unélectrolyte, l'échauf- “fement de celui-ci est moindre avec le courant de « haute fréquence qu'avec le courant de basse fréquence de même intensité efficace, contrairement à ce que la … théorie semble faire prévoir. — M. G. Berlemont pré- sente un nouveau tube à rayons X à réglage automa- tique en se servant de l’anticathode comme osmo-régu- “lateur. — M. E. Briner à étudié l'effet produit par des variations de pression sur les équilibres auxquels donne lieu la formation de corps liquides ou solides à “partir de deux gaz. — M. B. Szilard présente ses “recherches sur la décomposition à la lumière de la “solution chloroformique de triiodométhane faite à l'obscurité. Si l’on mêle la dissolution insolée et décom- - posée avec une solution non décomposée, cette dernière se décompose à son tour; on est donc en face d’une réaction purement catalytique et la matière catalysante est produite par la réaction elle-même. — MM. C. Ma- tignon et R. Trannoy ont mis en évidence les propriétés catalytiques oxydantes d’un certain nombre de subs- tances : oxydes de Fe, Co, Ni, Cr, Cu, Mn, Ce, Ag; avec “ces corps, on peut réaliser facilement la lampe sans flamme. — M. O. Manville a constaté que le carbone amorphe purifié, placé dans un courant d'O, donne naissance, lorsqu'on élève la température, à CO* et CO, dont les températures de formation dépendent de la nature du carbone, de son état physique et chimique, de la vitesse du courant d'O et du temps. — M. G..-D. Hinrichs applique sa méthode de calcul des poids atomiques absolus aux chiffres trouvés par M. Urbain pour le terbium et arrive pour cet élément à la valeur Mb—150 exactement. — M. Em. Vigouroux a préparé par voie aluminothermique des ferrotungstènes dans lesquels la teneur en Tu atteint 46, 25 °/,; ces ferro- tungstènes purs, épuisés par HCI étendu qui s'empare de la totalité de leur fer libre uniquement, abandon- nent un corps dans lequel la teneur en Tu est voisine de 68, 7 °/,, chiffre correspondant à Fe‘Tu°. — M. M. François a préparé trois combinaisons de l'iodure mercurique avec la monométhylamine gazeuse : Hgl° (CH'Az), liquide, F. — 46° ; Hgl°(CH°Az}, prismes incolores ; Hgl’.CHSAz, solide blanc jaunâtre. — M. P. Lemoult, par action ménagée de PCF sur les amines cycliques primaires, puis décomposition des produits formés par l'humidité, a obtenu les phosphites acides d’amines POSHS.RAzH®, solubles dans l'alcool d’où ils cristallisent. — M. M. Godchot, par hydrogé- nation de l’hexahydroanthrone, a préparé l'octohydro- anthranol, F.81°-820, qui, par déshydratation, donne l'hexahydrure d’anthracène 6, F. 669,5, Eb. 303°-306°. — MM. F. Bordas et Touplain ont constaté que le lait absorbe d'autant plus facilement les composés gazeux odorants, comme l'aldéhyde formique, qu'il est plus frai- chement recueilli. Cette absorption est si rapide que l'on pourrait songer à utiliser le lait pour déceler dans l'air des traces de formaldéhyde. — MM. A. Fernbach et J. Wolf montrent quil est possible de transformer presque intégralement en maltose les dextrines prove- nant de la saccharification de l’'amidon. — MM. E. Jung- fleisch et H. Leroux ont purifié la gutta brute des feuilles de Palaquium Treubi et obtenu une substance F.230°, de formule C*’H°°0, qu'ils nomment paltreu- bine. Elle est éthérifiée par l’anhydride acétique en donnant deux éthers, F.235° et F.290°, qui saponitiés donnent deux alcools &-et £-paltreubyliques, F.190° et F.295°. — M. Mauricheau-Beaupré a reconnu que les composés du phosphore amenés dans une flamme à l'état de vapeurs ont la propriété de dépolir le verre; cette réaction, très sensible, peut servir à reconnaitre le phosphore. — M. G. Gastine décrit une méthode pour la recherche du riz dans les farines de blé. On imprègne la farine suspecte d'une solution colorante, on la dessèche ensuite lentement, on la porte à 110°- 430° pendant quelques minutes et on l’examine au microscope dans quelques gouttes d'essence transpa- rente : les grains polyédriques d'amidon de riz appa- raissent avec un hile rougeàtre très distinct. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. N. Vaschide a constaté dans les états émotifs durables, à la suite d'une émotion- choc, une augmentation du chiffre des leucocytes à noyau polymorphe. Toutefois, il existe des émotions intenses (abstraites) qui ne laissent aucune empreinte sur la morphologie sanguine. — MM. A. Rodet et G. Vallet ont observé que, dans le cours des infections à trypa- nosomes (au moins à 1r. Brucei), la rate et, accessoi- rement, les autres organes lymphoïdes constituent des foyers de destruction intense des parasites. La rate est douée d’un énergique pouvoir trypanolytique. — M. G. Arthaud a reconnu qu'il y à toujours adénopathie bronchique dans le goître exophtalmique et dans la coqueluche. — M. F. Noc estime que l’'Unicinaria ame- ricana joue un rôle capital dans l’étiologie du beriberi. La larve enkystée vit dans le sol et pénètre dans l’or- ganisme humain, soit par la bouche, soit surtout par la peau. Le traitement par le thymol, qui permet d'éli- miner les parasites, améliore avec une rapidité surpre- nante l’état des malades. — MM. L. Léger et O. Du- boseq ont reconnu que les prétendues Goccidies des Céphalopodes et des kystes cœlomiques des Crus- tacés appartiennent au cycle d’une même Grégarine digénétique. En conséquence, les Eucoccidium doivent rentrer dans le genre Aggregata Frenzel. — M. Fabre- Domergue a observé une invasion d'Algues méridio- nales (Colpomenia sinuosa) sur les huîtres de la rivière de Vannes. Ces algues ont la forme d’outres qui se rem- plissent d'air à marée basse, et au retour du flot for- ment un flotteur assez puissant pour entraîner l'huître qui leur sert de support. — MM. Brocq-Rousseu et M. Piettre ont étudiéles spores d’un champignon para- 574 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES site des grains et fourrages, le Sreptothrix Dassonvillei. Ces spores ne contiennent ni chlore, ni soufre, mais sont riches en phosphore et contiennent aussi de la silice. — M.J. Brunhes montre que l'érosion glaciaire présente des aspects très divers et n'est pas encore parfaitement comprise, — M. F. Dienert estime que, dans le sol, en dehors des crues, c'est-à-dire pendant une période normale, les eaux souterraines sont miné- ralisées au maximum. L'étude du degré de minéralisa- tion de ces eaux peut permettre de déterminer approxi- mativement le périmètre d'alimentation des sources Séance du 5 Juin 1906. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. G. B. Guocia dé- montre un théorème nouveau sur les courbes algé- briques planes d'ordre », par lequel on parvient à linvariant numérique » comme rapport anharmonique. — M. Ch. Lallemand donne une description du cercle azimutal à microscopes du Service technique du cadastre. — M. Jean Mascart propose un nouveau système de contrôle des horloges synchronisées électriquement. 29 Saences paysiQues. — M. E. Bouty tire de l'expé- rience de Hittorf sur la décharge dans les gaz raréfiés quelques conclusions nouvelles et montre, en particu- lier, que, quand la nature et l'état de la paroi sont identiques, la loi de Paschen généralisée est aussi bien applicable aux basses qu'aux hautes pressions. — M. H. Ollivier a étudié les propriétés des surfaces enfumées pour lesquelles l'angle de raccordement ap- parent de l’eau est nul. Le glissement à la paroi est nul, On observe, d'autre part, sur ces surfaces un rejail- lissement, très énergique et extrêmement régulier, des pelites gouttes d'eau ou de mercure, — M.de Forcrand a déterminé les chaleurs de dissolution de la rubidine (+-14,264 cal.), de la césine (4-16,423 cal.), de la li- thine (4,477 cal.) et de leurs hydrates (43,702 cal., + 4,317 cal, et + 0,720 cal.) à 159. — M. G. Malfitano établit que, dans le colloïde hydrochloroferrique, ce sont les portions les plus riches en CI qui peuvent traverser une membrane de collodion. — M. E. Vigou- roux à obtenu par l'action du chlorure de silicium sur le nickel : 49 un corps NifSi, inconnu jusqu'à présent; 29 le corps NiSi déjà étudié. — M. V. Auger a constaté qu'à froid ou à chaud, anhydre ou hydraté, le sulfate de cuivre est décomposé par l'alcool méthylique, qui s'empare d'une forte proportion d'acide sulfurique, avec formation de sel basique. — M. E. Séverin, en faisant réagir la diméthylaniline sur l'anhydride dibro- mophtalique, a obtenu l'acide diméthylamidobenzoyl- benzoïque dibromé, F,249°, dont il a préparé de nom- breux dérivés. — MM. A. Muntz et X. Lainé ont constaté que des tourbes à des états de décomposition différents, divisées en fragments, mélangées de calcaire etensemencées d'organismes vivaces, puis additionnées de sulfate d'ammoniaque, deviennent le siège d'une nitrification extraordinairement active. La température optima est de 30°. D'autre part, la distillation humide de la tourbe permet de retirer sous forme d'ammo- niaque la presque totalité de l'azote qu'elle contient à l'état inerte, — M. L. Bréaudat a découvert dans l’eau d'alimentation de la ville de Saïgon un microbe chro- mogène violet (B. violarius acetonicus), qui possède la propriété de former de l'acétone en solution de pep- tone, — MM. L. Lindet et L. Ammann ont constaté dans le lait la présence d’un phospho-caséinate de chaux soluble. La présure ne porte son action que sur le phospho-caséinate en suspension colloïdale, — M. P. Fauvel à reconnu que la quantité de purines et d'acide urique endogènes est constante pour un même , sujet suivant un régime alimentaire exempt de purines, qu'il soit d’ailleurs lacté, lacto-végétal ou strictement végétal. 39 SCIENCES NATURELLES. — M, P, Achalme a observé, à l'autopsie d’un tigre royal mort à la ménagerie du Muséum, des lésions de tuberculose pulmonaire, avec néoformation d’un épithélium pavimenteux stratilié aux dépens de l’épithélium des terminaisons bronchi- ques. Cette réaction épithéliale a isolé le bacille tuber- culeux de l'organisme en maintenant l'intégrité absolue du système lymphatique pulmonaire. — M. F. Marceau a reconnu que, pendant la vie, chez les Mollusques acéphales, les muscles adducteurs sont en état de dis- tension constante avec contractions et relächements intermittents. — M. Ch. Gravier a recueilli dans les sables vaseux de Djibouti un Alcyonnaire qui constitue un type nouveau de la famille des Virgularidae. — M. E. Hérouard à observé un nouveau Copépode para- site d'Amphiura Ssquammata. N lui donne le nom de Philichthys amphiurae. — M. A. Guilliermond à étudié au point de vue cytologique le Bacillus radico- sus. On ne peut y mettre en évidence un véritable noyau, La bactérie renferme une chromatine plus ou moins mélangée au cytoplasme, différenciée parfois à l'état de chromidies et se précipitant lors de la sporu- lation pour former la spore. — M. A. Lacroix décrit les avalanches sèches et les torrents boueux de l'érup- tion récente du Vésuve. Les premières ont creusé à la M surface du cône des couloirs profonds qui ont favorisé la production des seconds à la suite des pluies tombées sur les hauteurs du volcan. -- Le même auteur a observé, sur les blocs rejetés par la récente éruption du Vésuve, une grande quantité de cristaux de sylvite (chlorure de potassium); il à trouvé également un minéral nouveau, qui constitue un chlorure de potas- sium, de sodium et de manganèse, — M. J. Brunhes montre que les phénomènes du surcreusement glaciaire doivent être attribués aux eaux torrentielles sous- glaciaires. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 5 Juin 1906. MM. A. Mosso el Ehlers sont élus Correspondants étrangers dans la Division de Médecine. A la suite du Rapport de la Commission de la Tuber- culose, l'Académie émet à l'unanimité les vœux sui- vants : A. Statistique. La statistique des causes de décès ne peut offrir de garanties d'exactitude que si les déclarations sont faites par les médecins traitants, Ces déclarations ne peuvent être imposées que si des me- sures sont prises pour assurer le secret médical. La statistique doit avoir pour base l’éliologie des maladies. Pour reviser dans ce sens la nomenclature des causesde décès, il convient d'attendre la réunion de la prochaine Conférence internationale de 1910. B. Déclaration de ma- ladies transmissibles. La déclaration, obligatoire pour le médecin, doit l'être également pour le chef de fa- mille, le logeur, les chefs de collectivité et d'établisse- ments. C. Lutte contre la tuberculose. Le médecin trai- tant indiquera au malade et à son entourage les me- sures à prendre pour prévenir la contagion. L'exercice M du droit de déclarer les cas de tuberculose (décret du 10 février 1903) donne aux médecins traitants, aux fa- milles et aux chefs de collectivité le moyen de provo- quer la désinfection des locaux habités par un tuber- culeux. Cette désinfection est particulièrement néces- saire en cas de décès ou de changement de domicile, Les conditions de développement et d'évolution de la tuberculose sont si différentes de celles des autres ma- ladies transmissibles, qu'on ne saurait, pour combattre cette maladie, se contenter des mesures édictées par la loi du 15 février 14902, Il convient d'organiser cette lutte par une loi spéciale. D, Désinfection, L'Académie, se référant à son vote du 45 juin 1905, appelle l’atten- tion des Pouvoirs publiessur la nécessité de faire fonc= tionner les services de désinfection prévus par la loin du 140 février 4902. — D'autre part, la coqueluche est ajoutée à la liste, dressée par l'Académie, des maladies dont la déclaration estobligatoire. — M. A. Lacassagne estime que l'Académie devrait s'associer à la revision actuellement en cours de notre Code civil et faire cons naitre son opinion sur un certain nombre de questions qui sont de sa compétence. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES l. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 26 Mai 1906. M. E. Roubaud décrit deux Stomoxyides nouveaux ra du Sénégal, le Lyperosia Thirouxi et le L. 4 mgipalpis. — MM. P. Teissier et Ch. Esmein ont observé que, dans 11 cas sur 12 cas d’oreillons, le Sérum des malades possède la propriété d'agglutiner le microcoque tétragène considéré comme l'agent de la aladie. — M. et Mr® L. Lapicque ont constaté que le rapport des constantes de la loi d'excitation est le même ns l'excitation directe du muscle que dans l’excita- tion par le nerf moteur. — MM. R. Lépine et Boulud ont reconnu que les globules blancs jouent dans la ycolyse un rôle plus actif que les rouges. — M. H. Va- z montre que l’action de la trinitrine est très variable; son influence vaso-dilatatrice, prouvée par erlains cas, peut faire défaut sur un grand nombre de sujets, même à dose forte. — MM. J. Bruckner et €. Cristéanu ont observé l'agglutination du méningo- que de Weichselbaum par un sérum gonococcique. = M. A. Lorand a constaté, à côté de l’action directe de la narcose sur les centres nerveux, une action nportante de celle-ci sur la thyroïde et, par l’inter- édiaire de cet organe, sur le sysième nerveux. — ÆE. Maurel estime que l'étude physiologique d'un agent quelconque doit toujours commencer par la fixa- “lion des doses minima mortelles (pour chaque espèce imale et chaque voie d'administration), en rapportant quantité employée au kilogramme d'animal. — “M. H. Vallée a reconnu que les ganglions d'apparence normale, chez un sujet tuberculeux, ne sont pas sûre- “ment indemnes d'infection, mais sont, au contraire, très souvent virulents. — M. Ch. Féré à constaté que Passociation des mouvements des doigts augmente le “travail du médius; l'alternance, au contraire, le “diminue. — M. F. Battelli indique une nouvelle réac- ion très sensible de l'alcool et de l’aldéhyde : l’hépato- catalase, qui, additionnée de sulfate ferreux, a perdu n partie son pouvoir de décomposer H°0*, le recouvre n présence d'une faible quantité d'alcool ou d'aldéhyde. MM. A. Gilbert et A. Lippmann ont étudié bactério- logiquement les liquides d’ascite; ils sont toujours _ en milieux aérobies et donnent des cultures dans 5 cas sur 45 en milieux anaérobies. — M. L. Ro- riguez a observé les réactions déterminées par uelques bacilles du groupe Coli-Eberth sur la pomme “de terre violette. Tous donnent la réaction ammonia- e verte du colibacille, mais avec des différences consi- érables d'intensité. — M. E. Fauré-Frémiet a découvert une nouvelle Vorticellide nageuse, qu'il nomme Opis- honecta Henneguyi; elle s'enkyste très facilement. — M. H. Iscovesco a reconnu qu'il existe dans le plasma deux globulines : l'une, électro-négative, coagulant à su l’autre, électro-positive, coagulant vers 72. Le Llibrinogène ne se différencie en rien de la fibrine. — L MM. Girard et V. Henri ont obtenu l'anesthésie du Lu poulpe en le plaçant dans l'eau de mer contenant un peu de chloroforme. Le sang contient alors 5 à 6 milli- | Los de chloroforme pour 100 grammes, soit dix os moins que chez le chien. — M. G. Rosenthal décrit les étapes de l’évolution du bacille d’Achalme L(B. perfringens) rendu aérobie; il perd entièrement Ses propriétés biologiques et chimiques. — MM. G. Leven et G. Barret ont constaté, par l'examen radio- | Scopique, que, chez l'adulte normal, la direction de l'estomac est nettement verticale, tandis que, chez le nourrisson, elle est transversale. — MM. H. Lamy, A: Mayer et F. Rathery n'ont pu, dans aucun cas, mettre en évidence une différence quelconque entre les nérules du rein normal et ceux du rein en état hypersécrétion. — MM. H. Lamy et A. Mayer estiment que la sécrétion urinaire se fait en deux temps : 4 transsudation à travers l'endothélium du réseau capillaire vers les espaces intertubulaires; 2° sécrétion par l’épithélium rénal plongé dans ce transsudat. LA Séance du 2 Juin 1906. M. J. Baylac a constaté que le tabac, sous forme d'infusion et de macération, exerce, chez les animaux, une action nocive sur les parois artérielles et produit, au niveau de l'aorte, des lésions rappelant celles de l'athérome de l'homme. — MM. A. Gilbert et P. Le- reboullet ont observé une malade atteinte d'ictère chronique léger, mais net, dont l'apparition est nette- ment consécutive à la fièvre typhoide. — Me Z. Gatin- Gruzewska montre que la disparition du glycogène dans le foie et dans le musele à la suite d’injections d'adrénaline dépend de la dilution de cette dernière. — MM. J. Bruckner et C. Cristéanu ont réussi à exagérer la virulence du gonocoque pour le lapin après de nombreux passages dans le corps de cet animal ; ses propriétés biologiques ne changent pas. — MM. O. Josué etC. Alexandrescu ont reconnu que la néphrite inter- stitielle est la conséquence directe de l’artério-sclérose ; elle survient quand les artérioles et les capillaires du système glomérulaire sont atteints, ce qui amène la suppression fonctionnelle du glomérule avec atrophie consécutive des tubes. — MM. Bierry et Giaja n'ont pas trouvé, chez les animaux supérieurs, de ferments capables d'hydrolyser la mannogalactane retirée de la graine de luzerne; par contre, le suc sécrété par l'hépatopancréas de l'escargot est capable de trans- former cette mannogalactane en mannose et galactose. =_ M. H. Vaquez a constaté que la trinitrine fait dis- paraitre le plateau caractéristique de certains tracés, plateau qui indique un état de rigidité des parois arté- rielles avec tension élevée. — M. F. E. Moscoso déduit de ses expériences que la décomposition de H°O* par les macérations d'organes ne semble pas due à un ferment spécial (catalase). — M. H. Iscovesco à trouvé dans l'urine normale humaine un colloïde électro- négatif; l'urine diabétique renferme un colloide électro-positif. — M. E. Hédon montre que l'appareil vasculaire du larynx doit être soumis à l’action du système nerveux ganglionnaire périphérique, comme celui de la région bucco-faciale. — M. E. Maurel estime que la fixation des doses minima mortelles est utile pour rechercher la véritable cause de la mort et pour faire connaître les éléments anatomiques de sen- sibilité et de toxicité. — M. G. Rosenthal décrit les étapes de transformation du vibrion septique rendu aérobie et indifférent. — M. A. Mayer a constaté que la concentration moléculaire du sang est fixe chez le Poulpe et se rétablit, quand on l'a troublée, en partie crâce à l’action du rein. — M. Ch. François-Franck décrit la technique qu'il emploie dans les explorations graphiques et dans la prise de vues photo- et chrono- photographiques pour l'étude de la mécanique respira- toire des Poissons téléostéens. — Le même auteur a noté l'existence d’une contractilité dans l'appareil pulmonaire de la Tortue terrestre. — MM. Léopold- Lévi et H. de Rothschild ont observé, sur une cen- taine de malades soumis à la médication thyroïdienne, l'augmentation de la faim et de la sensation de faim dans vingt et un cas. SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE PARIS Séance du 25 Mai 1906. M. Daniel Berthelot rappelle que la méthode des conductibilités électriques se prête fort bien à l’étude des équilibres des sels en solution aqueuse. Dès 1888, M. Bouty, dans un Mémoire paru aux Annales de Chimie, a déterminé les proportions de bisulfate formé dans les mélanges de sulfate neutre et d'acide sulfurique, et mesuré les effets de la dilution, de la température et des excès de l’un ou l’autre des constituants. Ces expé- riences confirment les résultats de la Thermochimie et permettent de les étendre à des liqueurs très étendues. Dans des expériences publiées aux Comptes rendus de 1889 à 1891 et aux Annales de 1891 à 1893, M. D. Ber- thelot a étudié de même les sels acides, neutres ou basiques d’un grand nombre d'acides minéraux ou ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES organiques. La conductibilité d'un mélange ne peut se calculer par une règle de simple proportionnalité que s'il s’agit de corps bons conducteurs (sels neutres, acides minéraux ou bases fortes) en solution étendue. Pour les acides ou bases organiques, même très dilués, il faut tenir compte de la variation de conductibilité avec la dilution. On trouve ainsi que l'addition d’un sel neutre à un acide peut accroître ou diminuer sa con- ductibilité, selon la concentration; et qu'il existe en général une concentration pour laquelle la conducti- bilité ne varie pas : ainsi, dans la neutralisation de l'acide benzoïque à 0,01 équivalent par litre par la potasse au même titre, on peut ajouter jusqu'à 50 °/, de sel neutre à l'acide sans accroître sensiblement la conductibilité du mélange, bien que la conductibilité du benzoate dépasse de 70 °/, celle de l'acide. Le point d'inversion se rencontre dans des solutions d'autant plus concentrées que l'acide est meilleur conducteur. Dans le cas de l'acide sulfurique, examiné par M. Hol- lard, le phénomène se complique de la formation par- tielle de bisulfate acide, et mème, si l’on opère avec des liqueurs très concentrées comme l'a fait M. Boisard, de l'existence des hydrates définis d'acide sulfurique. En règle générale, le sel neutre d'un acide polybasique est stable, les sels acides instables, en dissolution; mais il existe des exceptions : c'est ainsi que le sel neutre et le sel acide de l'acide aspartique sont tous deux stables; par contre, le sel neutre de l'acide phosphorique est instable et les sels acides stables. L'influence réciproque de deux fonctions chimiques suivant leur position dans une même molécule est mise en évidence par l'étude des sels acides des acides maléique et fumarique, par exemple, ou bien des acides itaconique, mésaconique el citraconique, ainsi que par l'étude des sels basiques de l'acide salicylique et de ses isomères. — M. Ch. Moureu entretient la Société de ses recherches sur les gaz rares des sources thermales. Après avoir rappelé que divers auteurs (Lord Rayleigh et sir W. Ramsay, Bouchard et Proost, Moureu, Bouchard et Desgrez, Dewar,Moissan, Armand Gautier, etc...) ont déjà étudié à ce point de vue quelques mélanges gazeux naturels, M. Moureu montre comment cette question, principa- lement en ce qui touche l'hélium, se rattache au phé- nomène de la radio-activité; il décrit sommairement la technique de ses expériences, et expose ensuite les résultats généraux auxquels il est arrivé. L'auteur à étudié 43 sources, appartenant à des régions diverses de la France et de l'Etranger. Dans une première série d'expériences, il a dosé en bloc les gaz rares (argon, hélium, néon, crypton, xénon). Les teneurs observées sont très variables, mais elles suivent assez réguliè- rement les proportions d'azote. En général, la propor- tion globale des gaz rares est comprise entre 4 et 1,5 °/, de celle de l'azote. Certaines sources dépassent nota- blement cette moyenne ; dans deux sources de Bourbon- Lancy, on a trouvé 2,8 et 2,9 c/,, et, à Maizières, la proportion globale des gaz rares atteint le chiffre excep- tionnellement élevé de 6,35 °/,. En ce qui concerne la nature même des gaz rares existant dans les sources thermales, M. Moureu, par le seul examen spectrosco - pique direct du mélange global, a reconnu la présence de l’argon dans 43 sources étudiées, et celle de l'hélium dans 39 sources. Il ne doute pas, d'ailleurs, de la pré- sence de l'hélium dans toutes les sources, et il consi- dère que les 4 sources où il n’a pas encore mis en évi- dence l’hélium en renferment une proportion trop faible pour la sensibilité de la méthode de recherche suivie. On peut donc admettre comme établie la pré- sence générale de l’hélium dans les sources thermales. On sait, d'autre part, que le radium (Ramsay et Soddy) et l’actinium (Debierne) engendrent spontanément de l'hélium, et que ces deux corps et leurs émanations sont plus ou moins répandus partout dans la substance de la terre. L'hélium, issu du radium ou de l’actinium, doit donc se rencontrer dans la généralité des gaz sou- terrains, ce qui est en accord complet avec les expé- riences de l’auteur. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES Séance du 1* Mars 1906. 1 M'ie J.-E. Lane-Claypon et M. E.-H. Starling : REA cherche expérimentale des facteurs qui déterminent 18 croissance et l'activité des glandes mammaïires. Les expériences des auteurs montrent que la croissance des glandes mammaires pendant la grossesse est due l'action d’un stimulus chimique spécifique produit dans l'œuf fertilisé. La quantité de cette substance augmenté avec la croissance du fœtus et, par conséquent, est plus considérable pendant la dernière moitié de la grossesse La lactation est due à la disparition de cette substance, qui doit ètre considérée, par conséquent, comme exer= cant une influence inhibitoire sur les cellules de glande, arrètant leur activité secrétoire et favorisant leur croissance. Il est probable que la substance spéei fique est diffusible et résiste à la température de l’ébullition. Cependant, les auteurs ne donnent pas ces conclusions comme établies d'une facon certaine. Une conclusion formelle pourra seulement être donnée par une recherche entreprise dans des conditions plus favo rables. Les auteurs désireraient avoir à leur disposition une ferme et 500 lapins, afin de pouvoir disposer chaque jour d’une grande quantité de lapines qui seraient dans le milieu de la grossesse. — MM. W. Bulloch et G.-I Western : Spécificité des substances opsoniques dans: le sérum sanguin. On à trouvé un degré relativement élevé de spécificité pour la plupart des anti-corps qui existent dans les sérums immunisants; dans le sérum normal, la preuve de la spécificité est souvent difficilen à établir par le fait que les anti-corps ne sont générale ment présents qu’en faible quantité. Les expérience des auteurs se rapportent à la spécificité des substances: opsoniques des sérums normaux etimmunisants. Celles= ci, découvertes par Wright et Douglas, agissent sur less bactéries de telle facon que ces dernières deviennent une proie facile pour les phagocytes. Voici les conclu sions des auteurs : 4° Lorsque les staphylocoques sont. mis en contact avec le sérum normal humain et sont ensuite éloignés par la centrifugation, le sérum perd son pouvoir opsonique vis-à-vis du staphylocoque, quoi que le pouvoir opsonique pour le Bacterium pyocya neum soit préservé; 2° Le contact du sérum norm humain avec les bacilles tuberculeux laisse presque intact le pouvoir opsonique de ce sérum pour les sta phylocoques, tandis que le pouvoir opsonique pour les bacilles tuberculeux disparait complètement; 30 Le contact du sérum normal humain avec les staphylon coques laisse presque intact le pouvoir opsonique di ce sérum pour les bacilles tuberculeux, tandis que le pouvoir opsonique pour le staphylocoque disparaît complètement; 4° L'inoculation d’un être humain p la tuberculine produit une augmentation quantitati de l'opsonine tuberculeuse, tandis que la quantité d'opsonine staphylococcique n’est pas altérée; 5° L'ino culation d'un être humain avec de la vaccine staphylo® coccique produit une augmentation quantitative de l'opsonine staphylococcique, tandis que la quantité de l'opsonine tuberculeuse est inaltérée. — M. F.Tulloch« L'anatomie interne du Stomoxys. Séance du 8 Mars 1906. M. Allan Macfadyen: Sur les propriétés d'un séru antityphoïde obtenu avec une chèvre : 4° L'injectio intra-veineuse d’une chèvre avec les sucs cellulair toxiques du Z. typhosus (obtenus dans les conditions décrites dans le Mémoire) en faibles doses, soigneuse= ment réglées, provoque la production d’une antiendo= toxine ; 2 la valeur antiendotoxique, autant que celasa pu être prouvé, atteint un point auquel 1/50c.c. des sérum neutralise 30 doses mortelles du suc cellulaire typhoïde toxique. Cette action n'a pu être démontrée avec 3 c. c. du sérum normal de la chèvre et a été obtes nue après environ quatre mois de traitement de celle-c Les résultats, après une méthode rapide d’immunisas L tion, sont meilleurs chez la chèvre et le lapin que ceux - obtenus par le D' Besredka, au cours de deux années, ‘avec des bacilles morts et vivants, chez le cheval et le cochon d'Inde; 3° Le sérum est agglutinant pour le B. typlosus, mème à la dose de 1/1.000.000 ; 4 Le érum est aussi bactériolytique, 1/10.000 de c. c. neu- tralisant 10 doses mortelles du B. {yphosus; 5° Le sérum ie donne pas une réaction de précipitation avec les ucs celluiaires typhiques; 6° Tandis que le sérum neu- ralise l’'endotoxine typhique, 1l ne neutralise pas l’en- lotoxine cholérique. Les nouvelles recherches de l’au- eur auront pour but de prouver s'il est possible d'obtenir des résultats analogues avec le cheval. Des résultats semblables ont été obtenus indiquant la pro- uction d’un anticorps pour l’endotoxine de l'organisme du choléra. — M. R. D. Keith: Sur le rapport entre hémolyse et la phagocytose des cellules rouges du ang. L'auteur est arrivé à la conclusion que la phago- eytose des cellules rouges du sang ne dépend pas de présence de l’ambocepteur hémolytique, puisque : ° La substance qui produit la phagocytose est partiel- ement détruite par la chaleur, tandis que l’ambocep- ur hémolytique est entièrement thermostable; 2° ambocepteur hémolytique peut être présent en grande quantité dans le sérum hémolytique sans produire la hagocytose, malgré le contact prolongé de l’ambocep- teur avec les cellules rouges sanguines. M. Dean a émis hypothèse que la phagocytose peut être causée par n complément agissant par le moyen d'un ambocep- eur, et que la destruction partielle par la chaleur de a propriété du sérum d'induire la phagocytose peut tre due à la destruction du complément, tandis que pambocenteur, même en l'absence du complément, “peut encore être capable de produire la phagocytose. “Quoiqu'il soit difficile d'infirmer directement cette “théorie, le complément étant détruit à la même tempé- Pre que la partie thermostable de la substance pro- ab D la phagocytose, elle paraît pourtant peu soute- “ nable pour les raisons suivantes : 1° Cette action n'est “pas semblable à celle d'autres ambocepteurs, par exemple celui de l’hémolyse. Si l'on détruit le complé- ment d'un sérum hémolytique par la chaleur. il n'y æ as d’'hémolyse, malgré la présence d’un ambocep- LE | : Ç ur en grande quantité ; 2° L'ambocepteur hémolytique . peut ètre présent en grande quantité dans un sérum dilué sans que le sérum ait le pouvoir de produire la …phagocytose, même lorsque la méthode d'essai de Dean est employée; 3° Dans les expériences de dilution rap- x ortées dans le Mémoire, l’auteur montre que l’on peut diluer le complément jusqu'au point d’abolir l'hémo- _ lyse, et alors un tel sérum a un plus grand pouvoir M « opsonique » à cette dilution qu'a le même sérum FF orsqu'il est chaufté et employé dans des dilutions cor- M respondantes. — M. H. W. Mott: Changements micro- Mu scopiques dans le système nerveux dans un cas de dou- urine ou mal de coït chronique, et comparaison de ceux- L\ci avec les altérations observées dans la maladie du sommeil. On sait que la dourine est due à une forme spécifique de trypanosome qui a le pouvoir de pénétrer La membrane muqueuse; elle affecte les chevaux et se L transmet, comme la syphilis, par le coit. L'auteur a eu | l'occasion d'examiner les tissus nerveux d'un étalon arabe atteint de cette affection et décédé au bout de deux ans et demi. Une comparaison de ces tissus avec ceux d'animaux infectés par le Trypanosoma Gambiense | et avec les tissus nerveux d'hommes morts de maladie du sommeil chronique (spécialement de ceux qui ne présentent pas d'infection microbienne terminale ou Secondaire), montre que l'infection trypanosomienne prolongée produit, dans ces trois genres de cas, une prolifération et une hypercroissance marquées des tis- sus névrogliques subapiaux, septaux et périvasculaires. Une inflammation interstitielle chronique des struc- tures du tissu conjonctif avec une infiltration de lym- phocytes se manifeste ; elle est due à la présence d'un agent irritant dans le système lymphatique, lequel, dans le cas de la dourine, partant du siège de l'infection ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 571 primaire, s'étend aux glandes inguinales, puis proba- blement par les lymphatiques pelviques au plexus lombo-sacré, et des racines lombo-sacrées postérieures au système nerveux central; par suite, la partie infé- rieure de la corde spinale, spécialement la colonne postérieure, est la première et la plus affectée. Séance du 15 Mars 1906. M. C. Chree présente une discussion sur les obser- vations de potentiel atmosphérique faites à Kew pen- dant les jours de beau temps de 1898 à 1904. Les jours de pluie ou de potentiel négatif ont été exclus. Les courbes diurnes présentent toutes deux maxima et deux minima distincts; les minima ont toujours lieu vers quatre heures du matin et deux heures de l'après- midi ; les heures des maxima sont plus variables, mais l'intervalle de jour entre les deux est plus long en été qu'en hiver. Le gradient de potentiel moyen le plus élevé se présente en décembre. Tandis que l'amplitude de l'inégalité diurne est maximum au milieu de l'hiver, son rapport à la valeur journalière moyenne est alors minimum. Les inégalités diurnes pour les divers mois ont été analysées au moyen de la série de Fourier à quatre périodes. Le terme de douze heures est, en géné- ral, le plus important; ses variations d'amplitude et d'angle de phase pour toute l’année sont relativement faibles. Le terme de vingt-quatre heures est plus fort en hiver qu'en été, et son angle de phase varie beau- coup. Parmi les éléments météorologiques, la tempé- rature est celui qui a le plus d'influence sur le poten- tiel: un potentiel moyen élevé et une forte variation diurne de potentiel sont associés à une basse tempéra- ture pour chaque mois de l'année, excepté pour le plus chaud (juillet). — M. D. Clerk: Sur la chaleur spécifique, le flux de chaleur et d'autres phénomènes du fluide en travail dans le cylindre des moteurs à combustion interne. Les expériences ont été faites sur un moteur à gaz de 60 chevaux-vapeur au frein, de construction spéciale; la méthode a consisté à compri- mer et dilater alternativement les gaz portés à une haute température à l'intérieur du cylindre, tandis que le refroidissement se poursuit, et à observer par l’indi- cateur les chutes successives de pression et les courbes de compression et d'expansion de révolution en révo- lution. Au moyen de 200 tracés d’indicateur pris dans des conditions diverses, l’auteur a calculé : 4° une courbe de chaleur spécifique apparente du contenu gazeux à volume constant entre 200° et 4.500° C.; 2° les courbes de pertes de chaleur cédée aux parois environnantes ; 3 la distribution de la chaleur dans le cycle de travail. On constate que la chaleur spécifique apparente à volume constant augmente de ?2 livres-pied par pied cubique à 200° C. à 27,4 livres-pied à 1.500° C. Les courbes de perte de chaleur montrent que, pour des différences de température égales, la perte de chaleur par unité de surface exposée augmente avec la densité; la tempé- rature moyenne des parois du cylindre varie, à pleine charge, de 190°C. pour une course entière à 400°C. pour une course de trois dixièmes. L'auteur suggère la déter- mination de la chaleur spécifique des gaz chauffés par de fortes compressions pour éviter les complications introduites par la combustion. Ainsi le degré de perte d'une masse à 1.000°C. aux parois relativement froides du cylindre est moindre que le degré d'augmentation de chaleur par le travail accompli dans le piston, de sorte que la température de la flamme, pendant la première compression, s'élève de 1.000° à environ 1.300°C. L'auteur estime que les expériences de Mal- lard et Le Chatelier ne permettent pas de tracer une courbe de chaleurs spécifiques. Séance du 22 Mars 1906. M. J. Milne expose devant la Société les proyrès récents de la Séismologie. En terminant, il attire spé- cialement l'attention sur les mouvements continus des pendules horizontaux qui se prolongent souvent pen- dant plusieurs heures, et qui sont considérés généra- 578 lement comme des perturbations microséismiques. Une étude attentive de ces phénomènes l'amène à penser qu'ilse produit sur toute la face du globe des distorsions superficielles diurnes qui varient en grandeur et en direction, et que la pluie est accompagnée par des changements mesurables dans la pente de certaines vallées. — M. G. Marconi: Sur les méthodes par les- quelles l'émission d'ondes électriques peut étre en grande partie confinée à certaines directions et par lesquelles la réceptivité d'un récepteur peut être res- treinte aux oscillations électriques émanant de certaines directions. Lorsqu'un fil horizontal isolé AB est relié par une de ses extrémités A à une sphère d’un éclateur, dont l'autre sphère est mise à la terre, et qu'on fait passer des étincelles entre les deux sphères, on cons- tate, en explorant l’espace qui entoure un oscillateur de cette nature, que les radiations émises atteignent un maximum dans le plan vertical qui contient le fil horizontal AB et procèdent principalement de l’extré- mité À qui est reliée à l'éclateur, tandis que la radia- tion est nulle, où atteint un minimum, dans des direc- tions qui font approximalivement un angle de 1009 avec la direction de l'effet maximum. L'auteur a encore observé qu’un conducteur horizontal d’une longueur suffisante, placé sur la surface du sol ou à une faible distance au-dessus, et relié à la terre à l’une de ses extrémités par l'intermédiaire d'un détecteur conve- nable, ne recoit des ondes avec une efficacité maximum que lorsque le transmetteur est situé dans le plan vertical renfermant ce conducteur-récepteur horizontal et dans une direction telle que l'extrémité reliée au détecteur et au sol soit pointée vers la station trans- mettrice. En se basant sur ces constatations, l’auteur a fait un certain nombre d'essais de télégraphie sans fil en employant les dispositifs suivants : 1° Conducteurs transmetteurs consistant en fils horizontaux, dont les radiations sont reçues à distance par des antennes verticales ordinaires syntonisées ; 2° Conducteurs trans- metteurs et récepteurs consistant tous deux en fils horizontaux; 3° Conducteurs transmetteurs consistant en une ou plusieurs antennes verticales dont les radia- tions sont reçues par des conducteurs récepteurs horizontaux. Dans tous les cas, lorsque la direction du fil horizontal transmetteur ou récepteur s'écarte de la ligne qui joint les deux stations, les signaux diminuent d'amplitude pour cesser complètement pour des angles variant de 20° à 90°. L'auteur poursuit ses expériences sur ce sujet. — M.J. A. Fleming : {Vote sur la théorie des antennes directrices ou des oscillateurs hertziens non symétriques. Un oscillateur électrique droit et court (ou doublet) rayonne d'une façon parfaitement symétrique tout autour de son axe. Cette égalité est détruite quand on recourbe l'oscillateur, et il rayonne alors inégalement dans différentes directions prises dans son plan équatorial ou de symétrie passant par le centre : la radiation est un peu plus grande ou plus forte du côté convexe de l'oscillateur. L'auteur étudie théoriquement la question dans le cas particulier d’un oscillateur coudé formé par la superposition de trois doublets électriques de Hertz placés à angle droit, les pôles étant disposés de telle façon qu'aux deux coins des pôles de signes opposés soient superposés, les oscillations étant partout synchrones et similairement dirigées : SR + Il passe de là au cas d’un seul oscillateur doublement coudé de même forme et il arrive à des résultats qui concordent avec ceux qu'a observés M. Marconi dans ses expériences. On peut admettre que, tandis qu'un ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES oscillateur vertical droit, mis à la terre par son extré mité inférieure, rayonne également dans toutes les directions horizontales ou azimutales, le résultat dt coudage de l'antenne, opéré de façon qu'une partie devienne horizontale, se traduit par une radiatiom moins vigoureuse dans la direction suivant laquell l'extrémité libre pointe que dans la direction opposée et par la création d'une radiation minimum dans deux autres directions également inclinées sur la’ direction de radiation maximum. L'asymétrie de la radiatiot dans le plan équatorial ne dépend pas de la longueut d'onde absolue, mais du rapport de celle-ci à la dis tance du récepteur et de la proportion entre les pors tions verticale et horizontale de l’oscillateur. SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE DE LONDRES [Séance du 25 Mai 1906. M. J. S. Dow étudie le phénomène de couleur dans la photométrie. On s’est souvent demandé s'il est ph siologiquement possible de comparer des lumières de différentes couleurs; pour l'auteur, c'est surtout une affaire de pratique. Une grande difficulté provient du fait que la portion centrale de la rétine est plus sens sible au rouge et moins sensible au vert que la partie avoisinante; aussi, en photométrant des lumières différentes couleurs, on trouve des différences énorme en faisant varier la distance de l'œil à l'écran du phos tomètre ou en employant des photomètres différents L'auteur montre que le phénomène de Purkinje, génés ralement considéré comme une grande cause d'incers titude dans le travail ordinaire, ne devient perceptib qu'aux très faibles illuminations et avec de grands. champs de vue. L'effet de Purkinje peut être exp} é physiologiquement par l'action des bâtonnets et des cônes sur la rétine; sa faiblesse, pour les petits champs vient de ce que la portion centrale de l'œil ne contient pratiquement que des cônes et pas de bâtonnets. M. S. Skinner décrit une lampe à are automatique d& forme simple, qui peut être construite par un amateut à peu de frais. Un tube de laiton vertical, supporté p un châssis en bois, porte le charbon supérieur, qui peut être levé ou abaissé à la main et fixé en position quelconque. Le charbon inférieur passe dans un tub& de laiton creux, à la partie inférieure duquel est fixé un plongeur en fer. Le plongeur est entouré d’un solé= noïde d'une seule couche de fil de cuivre n°14; le plongeur s'enfonce dans une petite boite de mercure et flotte verticalement au moyen d'un collier de laïs ton et des extrémités arrondies de trois pointes fOr= mant un triangle équilatéral. Le courant, arrive au charbon supérieur par le cylindre de laiton, passe à. travers le charbon inférieur dans le mercure et art au solénoïde. Pour amorcer l'are, on élève à la main Je charbon inférieur jusqu'à ce qu'il touche le supérieurs puis on laisse le plongeur s'enfoncer dans le mercure jusqu'à ce que l'attraction du solénoïde balance. | perte de poids dans le mercure. Avec des courants 2 à 6 ampères, la lumière est très stable. — M. H. An Wilson donne les formules exactes indiquant la quans tité d'électricité qui passe à travers les différents type L de galvanomètres ballistiques d'usage courant. formules sont différentes pour chaque type, mais ell se réduisent toutes à une même formule pour un angle. 2 de déviation très petit. — M. A. Campbell présente un galvanomètre bifilaire sans déplacement du zér0s Les deux fils de la suspension sont distants de 1 centi= mètre et la déviation totale peut ètre maintenue pens dant plusieurs heures sans causer un déplacement dt zéro de 1/2.000, SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES … | Séance du 17 Mai 1906. | MM. E. C. C. Baly et W. B. Tuck ont constaté, pah | l'examen spectroscopique des phénylhydrazones M à 1 formaldéhyde, de l'acétaldéhyde, de la propylaldéhyde; L ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 519 À de l’acétone et de la diéthylcétone, que tous ces com- } posés existent sous deux formes, la vraie hydrazone … C‘'H°.AzH:A7.CH.CH°,etla forme azoïque, CSH°.Az:Az.CH° CH. La dernière est la plus stable et tous ces composés passent sous cette forme sous l'influence de la lumière, excepté la phénylhydrazone de la formaldéhyde, qui se polymérise. Tous les composés azoïques sont forte- ent colorés, par suite de l’isorropèse entre les atomes -d'Az non saturés et le noyau benzénique. L'étude du spectre d'absorption des hydrazones des trois nitro- -benzaldéhydes isomères montre que la couleur de ces ubstances n’est pas due à leur existence sous forme azoïque, mais sous forme quinonoïde.— M. J.T. Nance a observé que l'accélération de la rouille du fer sous “ l'influence d'une solution de chlorure d'ammonium a lieu avec dégagement d'hydrogène et mise en liberté d'AzH"; le fer passe en solution à l'état ferreux et n'est pas précipité en l'absence d'air. La rouille parait être “due à l’action (surtout catalytique) des ions H. — MM. A. W. Crossley et J. S. Hills, en faisant réagir PCI sur la triméthyldihydrorésorcine, ont obtenu le 3 : 5-dichloro-1 : 4 : 2-triméthyl-A?‘#-dihydrobenzène, m Eb. 118-1199, et le 3 : 5-dichloro-1 : 2: 6-triméthylben- mène, F. 760,5. Ce dernier est converti par oxydation en acide dichlorohémimellitique, cristallisant avec 2H°0, F. 226°-227° avec transformation en son anhydride. — M. T.M. Lowry et T. H. Magson ont mesuré la solu- bilité d'une vingtaine de dérivés sulfoniques du camphre, -soit seuls, soit en présence d'un alcali. La plupart, «dérivés de l'x-bromo- et de l’«-chlorocamphre, pré- sentent une augmentation de solubilité en présence d'alcali. La camphosulfonamide présente une diminu- tion de solubilité et se convertit en anhydramide. — MM. J. K. H. Inglis et J. E. Coates ont déterminé les densités de l'azote et de l'oxygène liquides et d'un cer- " tain nombre de leurs mélanges .aux températures …absolues de 749,7 et 799,07. Le mélange des deux liquides se produit avec une légère contraction, qui augmente quand la température s'élève. La solubilité de l'azote … dans l'oxygène obéit à la loi de Henry, mais non la |. solubilité de l'oxygène dans l'azote, l'oxygène dissous étant associé dans la proportion d'environ 9 °/,. — «MM. H. Rogerson et J. F. Thorpe répondent aux cri- «tiques de S. Ruhemann sur leurs travaux relatifs aux acides glutaconique et aconitique. — M. A. E. Dixon, uen faisant réagir les composés R.CO({CAZS) avec les “bases azotées primaires, à observé des différences “marquées suivant la nature du radical hydrocarboné R. Si R est aromatique, ces composés se comportent en M général comme des thiocarbimides et s'unissent à la «base pour former une thiocarbamide bisubstituée symé- trique : R.CO.AzCS + R'AzH° — RCO.AzH.CS.AzHR". Si R M est gras, la réaction varie suivant la température et la nature de la base; les produits finaux contiennent à la fois la thiocarbamide bisubstituée etun mélange d'amide substituée et d'acide thiocyanique provenant de la réac- tion: R.CO.SCAz —E R'AzH*— RCO.AzHR'+H.SCA7. L'in- terposition d'un atome d'O entre le radical R et le groupe CO(CAZS), quand le premier appartient à Ja série aliphatique, augmente le pouvoir thiocarbimidique .de la molécule résultante. — M. G. G. Henderson, en Ldissolvant les anhydrides molybdique et tungstique dans des solutions de lactate d'ammonium chaulfées au bain-marie, a obtenu par refroidissement une cristallisa- tion de molybdilactate d'ammonium Mo0*(C*H‘O*AzH#) et de tungstilactate d'ammonium TuO*(C#H‘O*AzH!}, cristaux incolores, très solubles dans l'eau. SOCIÉTÉ ANGLAISE DES INDUSTRIES CHIMIQUES SECTION DE BIRMINGHAM Séance du 25 Mars 1906. M. F. Platten fait une comparaison des méthodes anglaises et américaines pour le raffinage et la fabrica- lion du cuivre. Il conclut à la supériorité des méthodes | » américaines, qui travaillent avec des fours beaucoup plus grands et produisent une substance plus pure et plus uniforme. Il semble que les Etats-Unis resteront le grand centre de progrès et de développement de l'industrie du cuivre. SECTION DE MANCHESTER Séance du 6 Avril 1906. M. J. J. Royle étudie le problème de la purification des eaux par le procédé à la chaux et à la soude au point de vue mécanique. Il envisage successivement : 4° les moyens d'introduire les réactifs (chaux et soude) en quantité déterminée, d'une façon régulière et sûre; 2° la chambre de réaction dans laquelle les réactions chimiques ont lieu; 3° les méthodes de clarification de l’eau traitée. Il décrit ensuite le purificateur Reisert, qui réalise actuellement de la façon la plus parfaite tous les desiderata exprimés. — M. W. B. Hart signale le fait curieux de la perforation d’une feuille de plomb de 3,2 millimètres d'épaisseur, d'une chambre à acide sulfurique en construction, par un insecte qui semble ètre le Sirex gigas, qui s'était développé dans le bois supportant le plomb, où il avait probablement été déposé à l'état d'œuf. Cette perforation ne peut être produite par la larve, mais seulement par les mandi- bules de l'insecte à l'état parfait. Comme l'insecte parfait perce toujours le bois en allant du côté du centre vers le côté de l'écorce, on peut éviter tout dégât, dans le cas des chambres de plomb, en disposant le revêtement en bois de telle façon que le côté de l'écorce soit à l'extérieur et que l'insecte qui peut se trouver dans le bois s'échappe à l'air libre. Le gou- dronnage du bois du côté du plomb n'empèche pas l'attaque de ce dernier par l'insecte, ni l'interposition d’une feuille de zinc. Seul un mélange de goudron de houille et d'huile de eréosote, formant une couche pâteuse épaisse, peut arrèter l’insecte en empâtant ses mandibules. SECTION D'ÉCOSSE Séance du 27 Mars 1906. M. H. Dunlop montre que la recherche de la graisse de bœuf dans le lard est un problème beaucoup plus difficile qu'on ne l'imagine généralement. L'auteur propose de faire cristalliser de l’éther la substance à examiner, et d'observer au microscope, sous un gros- sissement de plus de 100 diamètres, les cristaux recris- tallisés plusieurs fois. SOCIÉTÉ ALLEMANDE DE PHYSIQUE Séance du 9 Février 1906. M. H. Rubens présente un Mémoire relatif à la tem- pérature des manchons Auer. Les recherches dernière- ment publiées par l'auteur lui avaient permis, entre autres, de calculer le pouvoir d'émission approximatif des manchons incandescents, comme fonction de la longueur d'onde. Après avoir déterminé par l'expé- rience la distribution d'énergie dans le spectre du man- chon incandescent, M. Rubens avait évalué le rapport entre la radiation totale du manchon et celle d’un corps absolument noir, de dimensions et de structure iden- tiques et se trouvant à une température donnée quel- conque. Ayant ensuite estimé, au moyen de diverses méthodes, la température d'incandescence du manchon, il déterminait, à l'aide de la loi de Stéfan, ce même rapport pour un manchon et un corps noir à tempéra- ture égale. Lorsque enfin on superpose la courbe d'éner- gie expérimentale du manchon sur celle du corps noir à même température (calculée au moyen de la formule de Planck), de facon que les aires des deux courbes soient entre elles comme les radiations totales de ces deux sources de radiations, le pouvoir d'émission, pour chaque longueur d'onde donnée, sera égal au rapport des ordonnées des deux courbes. En présence des eri- tiques de cette méthode d'estimation des températures, 380 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES éléments rigides. La formule simple qu'il donne s’ap- plique avec une approximation suffisante à toute une série d'éléments. ACADÉMIE DES SCIENCES DE VIENNE Séance du 26 Avril 1906. Lo Screxces marmémariques. — M. E. Waelsch montre qu'en appliquant aux grandeurs du calcul vectoriel la méthode de l'analyse binaire, on parvient à ordonne un système de polyvecteurs en une polyadique ; l'au teur s’en sert pour l'étude des potentiels élastiques. 90 SctENcEs PHYSIQUES. — M. H. von Ficker présente ses recherches sur les abaissements de température prononcés et rapides qui ont été observés sur le Sonn blick de 4901 à 1903. Tous ont été causés par des masses d'air froides venant du Nord contre les Alpes. __ M. F. Hess propose une modification de la formule de Pulfrich pour la réfraction des mélanges de deu liquides qui tient compte des variations de volume consécutives au mélange et qui donne des résultats plus exacts. — MM. S. Meyer et E. von Schweïdler ont cherché à séparer, par électrolyse, du radio-plomb les produits de décomposition du radium connus Sous, les notations de RaD (sans rayonnement), RaE (à rayons nement &) et RaF (à rayonnement «). Ils ont reconnu que RaF est électrochimiquement plus noble que RaËE, et celui-ci l'est plus que RaD ; le plomb est égal ou um peu plus noble que RaD. La constante de diminution de moitié de RaE paraît de 5,02 jours, mais il semble exister, entre RaD et RaE, un autre corps avec une constante de 6,5 jours. — Les mêmes auteurs, en étu diant les propriétés de feuilles métalliques soumises l'action inductrice de l'émanation de l'actinium, ont mis en évidence, outre les deux produits de décompo- sition connus ACA et AcB, l'existence soit d'un troi sième produit AcC, à rayonnement #, avec constante formulées par certains savants, l’auteur fait voir que ces critiques ne peuvent avoir été provoquées que par un malentendu dû à une omission de sa part. Il discute par le menu les considérations sur lesquelles sa méthode est basée. Il appelle aussi l'attention sur l'ac- cord existant entre ses travaux et les recherches de M. Ch.-Ed. Guillaume, publiées ici même en décembre 1901, recherches qui lui avaient échappé lors de leur première publication. — MM. W. Nernst et H. von Wartenberg rendent compte de leurs recherches sur les points de fusion du platine et du palladium. La nécessité de déterminer des points lixes supérieurs à la température de fusion de l'or se fait surtout sentir dans l'évaluation des températures élevées, si impor- tante pour les études d'équilibres chimiques dans les gaz. Les présentes recherches ont été faitessur la base de lathéorie des rayonnements, au moyen d'un pyro- mètre de Wanner dans un four en iridium. Voici les valeurs définitives trouvées par les auteurs : Or, 1,064°; platine, 1.745°; palladium ; 1.541. Séance du 23 Février 1906. MM. R. Wachsmuth et A. Kreis ont étudié la pro- duction des sons dans les tuyaux d’orgues. Les auteurs trouvent que les sons engendrés par le mouvement pendulaire d'une lamelle d'air ne se bornent pas aux lamelles affectant la forme d’un coin ; ce groupe de sons exempts de résonance est, au contraire, d'une importance très générale. La production des sons dans les flûtes labiales et dans tous les instruments sonores construits suivant un type analogue, s'explique parfaite- ment sur la base de la théorie des sons de languette. Les autres déplacements de l'air se produisant dans la flûte ne jouent qu'un rôle secondaire. — M.H.Rubens vient de construire un appareil pour déterminer l'équi- valent mécanique de la chaleur. L'emploi d'appareils de différents systèmes lui avait fait voir que la difti- culté principale réside dans l'évaluation du travail à convertir en chaleur. Aussi s'est-il proposé de remé- dier à cet inconvénient. Le vase calorimétrique de l'ap- pareil de M. Rubens est un tube de laiton rempli d'huile, disposé à l'intérieur d'une enveloppe coaxiale en laiton bien poli et nickelé et qui tourne autour d’un axe horizontal pourvu d'une manette double. Les calottes terminales du tube calorimétrique portent à leur cir- conférence des anneaux d’ébonite s’adaptant avec très peu de jeu dans l'enveloppe de laiton extérieure et ménageant une couche cylindrique d'air d'environ > centimètres d'épaisseur entre les deux tubes. L'en- veloppe extérieure est, à sen tour, pourvue de calottes terminales qui s'y vissent. L'un et l’autre des deux tubes possèdent huit fenêtres à travers lesquelles on peut observer leur intérieur ; ces fenêtres sont fermées soit par du verre, soit par du mica. A l'intérieur du calorimètre se trouve, au sein de l'huile, un poids de plomb de plus de # kilogs, remplissant presque entiè- rement la moitié inférieure du vase. Lorsque ce dernier est tourné de 180 à une vitesse modérée, le poids de plomb, en vertu du frottement initial considérable, est entrainé jusqu'au point le plus haut. Après être resté dans cette position pendant quelques dixièmes de seconde, il se met à descendre à la vitesse d'environ 10 centimètres par seconde, l'effet du choc étant amorti par un disque en cuir. Un procédé d'agitation très efli- cace sert à assurer de bonnes valeurs moyennes de la température. La valeur de l'équivalent mécanique, trouvée comme moyenne de 10 valeurs individuelles, est de 424,8 kgm. par calorie-kilogramme, ou de 4,168 X 104 ergs par calorie-gramme, valeur qui con- corde très bien avec celle de Rowland. _—M.W. Biegon von Czudnochowski présente quelques remarques sur l'emploi de pompes pneumatiques à mercure raCCOUT- cies, du système Sprengel. Dans ces pompes, on se sert avantageusement d'une pompe à piston ordinaire pour produire le vide auxiliaire préliminaire. — M. H. F. Wiebe adresse un Mémoire sur la relation entre les points de fusion et les coefficients de dilatation des de diminution de moitié égale à 42 jours, soit d’un nouvel élément radio-actif encore inconnu. — M. Auer von Welsbach a extrait, d'une demi-tonne d’oxalates de terres yttriques brutes, l'ytterbium, l'erbium, le holmium et le dysprosium à l'état de mélanges. Par l& cristallisation fractionnée répétée des oxalates doubles: ammoniacaux, l'auteur a obtenu plus de cent fractions différentes, dont l'examen spectral montre que les quatre éléments ci-dessus sont des corps complexes __ M. O. Hônigschmid et H. Moissan, par réduction du chlorure de thorium avec le sodium, ont obtenu d thorium métallique contenant encore 3 c/, d'oxyde L'électrolyse du chlorure double de Th et K donne du thorium cristallin, qui contient cependant 5 °/o d'oxyde. Ce thorium impur ne fond pas encore à 1.440°. = MM. L. Alberti et B. Smiecinszewski : Préparation de la chlorhydrine, de l'oxyde et d'un alcool non saturé aux dépens du décane-1 : i0-diol. — M. À. Praetori a étudié la saponification de l’éther méthylique de l'acide benzène-sulfonique par HCI, NaCI, KBr et KI en solution aqueuse à 25°. Les équations de Wegscheider, qui reposent sur la saponification simultanée par l'eau et par lesions halogènes, représentent bien la réactio D _— MM. R. Wegscheider et E. Frankl ont préparé ui sel double de l'acide aspartique inactif C'H°O'AZAS AgAzO®, Le sel neutre d’Ag donne avec l'iodure d'éthyle à côté de l'éther neutre, le même éther acide qu'on obtient dans l'éthérification de l'acide avec HCI et l'alcool. — M. A. Kaïlan a étudié l'éthérilication de l'acide benzoïque par l'acide chlorhydrique alcooliques Si l'on calcule la réaction en solution d'alcool absolu comme monomoléeulaire, on obtient, pour des fortes concentrations en acide benzoïque, des constantes diminuant rapidement, tandis qu'elles ne varienb guère pour de faibles concentrations de l'acide. G€ fait est attribuable à l'augmentation de la teneur en eau avec la marche de la réaction. L. BRUNET. | Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER: © Paris. — Li. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. Ti N° 43 15 JUILLET 1906 1m Ldes DIRECTEUR : | | | $ 1. — Nécrologie Raphaël Bischoffsheim. — Avec M. Bischoffs- heim, la Science francaise vient de perdre un de ses ienfaiteurs, et nombreux sont ceux qui n'auront pas vu disparaitre sans tristesse ce vieillard spirituel et bon. …— Possesseur d'une grande fortune, M. Bischoffsheim ne voulut point, cependant, consacrer sa vie aux loi- Lsirs dorés d'une oisiveté improductive ; il avait l'âme sirop haute pour cela, et il voulut et sut être utile à son pays. Né en 1823, élève de l'Ecole Centrale, il dirigea Jabord comme ingénieur les chemins de fer de la Haute-[talie, puis il vint se fixer à Paris, qu'il ne devait plus quitter. = Peu de temps après la guerre de 1870, M. Bischofts- heim vint spontanément trouver à l'Observatoire M Lœæwy, avec lequel il était en relations d'amitié, MSouvrit à lui de son désir de consacrer sa fortune à l\des œuvres de progrès scientifique et lui demanda quelle serait, dans ce but, la meilleure voie à suivre. De ce jour date l'intérêt passionné que ce noble esprit Vait porter aux choses de l’Astronomie, et dont il allait donner bientôt les preuves les plus efficaces. Il avait compris que, là plus qu'ailleurs encore, il pouvait faire œuvre utile; car moins heureux que les mathématiciens, à qui suffit la puissance créatrice de leur cerveau, “moins heureux même que les physiciens, les astro- homes, dans leurs recherches, sont les esclaves d’ins- uments dont le moindre représente une petite fortune ; trop souvent, semblables à Icare dans leur conquête du ciel, ils sentent fondre les ailes de leurs rêves au ontact de leurs maigres budgets. A cette époque, précisément, tandis qu’en Angleterre, | en Amérique, en Russie même, l'analyse spectrale des astres, les découvertes d'étoiles doubles, de satellites, | de petites planètes, de nébuleuses, faisaient chaque L Jour des pas de géant, la France, faute d'instruments odernes, s'était laissé distancer dans le domaine de Stronomie d'observation. Grâce à M. Bischoffsheim, cette situation ne tarda pas changer. 11 dota d'abord l'Observatoire de Paris du and cercle méridien du Jardin, grâce auquel on réa- e actuellement des recherches d'une précision qui REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. | kRevue générale SMéT en C ; pures et appliquées LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. L. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE n'avait pas été atteinte ; il y fit construire aussi le pre- mier équatorial coudé de M. Lœwy, et l’on sait quel essor ont pris, depuis lors, dans les Observatoires du monde entier, la construction et l'emploi de ce type d'instrument. Mais ce n'était pas tout. En 1880, il créait de toules pièces cet admirable Observatoire de Nice qu'il devait donner plus tard à l'Université de Paris, et y installait ces instruments grandioses qui ont fourni depuis une si riche moisson de découvertes. Dès lors, la France n'avait plus rien à envier aux plus beaux observatoires des Etats-Unis. Et, dans ce Temple merveilleux qu'il avait élevé à la Science, M. Bischoffsheim voulut que tout savant, de quelque provenance qu'il fût, s’il avait des recherches sérieuses à entreprendre, fut sûr d'être accueilli avec une libéralité sans égale. Un seul nom, celui de Thol- lon, dont les découvertes spectroscopiques sont dans toutes les mémoires, suffira à montrer combien a été fructueuse cette généreuse pensée. En 1890, l'Académie des Sciences rendait à une telle œuvre un juste hommage en appelant M. Bischoffsheim dans son sein. L'Astronomie, qui lui doit tant, ne fut point, d'ail- leurs, le seul objet de sa sollicitude éclairée et toujours en éveil. Aucune manifestation de la pensée ne le laissa indifférent, car il avait une générosité infiniment éclec- tique, comme son esprit. Rien ne peut rendre, d’ailleurs, la spirituelle bon- homie et la pudeur charmante avec lesquelles il affec- tait toujours de prêter à ses libéralités des mobiles égoistes. C'est un homme de bien et d'esprit qui disparaît. Le nom de M. Bischoffsheim restera à jamais gravé au livre d’or de l’Astronomie française. La coupole géante de l'Observatoire de Nice est le mausolée splendide qui le gardera de l’oubli. Ch. Nordmann, Astronome-adjoint à l'Observatoire de Paris. Es $ 2. — Astronomie Mouvement propre du Soleil, — Pour obtenir le point du ciel qui tombe le plus près possible des directions des mouvements propres d'un ensemble d'étoiles, M. Carrigan a fait une élégante application de 13 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE la méthode des moindres carrés : il obtient, d’ailleurs, un résultat très voisin de celui que l’on admet généra- lement, en utilisant 65 étoiles plus brillantes que la grandeur 2, 5. Ne faudrait-il pas étendre cette appli- cation à toutes les étoiles dont le mouvement propre est assez bien déterminé? Sans doute, au premier abord; mais, si l’on y réflé- chit, on ne tarde pas à reconnaître qu'il est peut-être bien téméraire de donner le même poids à toutes les étoiles et que le choix des astres à utiliser est chose délicate. Puis, si l’on tient compte des plus récentes recherches de W.-H.-S. Monck sur les mouvements systématiques des étoiles fixes, une nouvelle incerti- tude naît, et l’on est en droit de se demander si l’on peut attribuer l’ensemble de ces mouvements à un déplacement du système solaire. Utilisant, en effet, le catalogue des mouvements propres de M. Bossert, M. Monck partage le ciel en deux régions : dans l’une dominent les ascensions droites croissantes, dans l’autre les ascensions droites décroissantes. Or, ces régions sont inégales et le degré de prédominance n'est pas le même dans les deux cas. Peut-être est-ce la manifestation de mouvements généraux et systématiques qui nous donnent le change sur la véritable translation du Soleil ? Il est donc intéressant de se rappeler les résultats auxquels on est. arrivé pour les différentes positions de l'apex, du point du ciel vers lequel se dirige le Soleil, grâce à la discussion des mouvements propres stel- laires : Ascension droite Déclinaison Agh 4m + 590 M. Ristenpart, par quatre clas- | ÿ$n 99m 460 ses différentes de mouve- ju om Go IMENÉSIPIOPrTES NN j1ù 48m 70 M. Newcomb, par les étoiles ++ + +H+ a ENLEVER ER E 18h 30m 350 M. Porter, par la méthode de RADIÉYRN ES Ne 18h 42m 90; NÉRREDIEN SEM E ES-EU 18h 14m 290,5 MAABOSS ORNE CE 18h 20m 450 MALHSIEUNES, 60: Mate 18h 20m 230,5 M. Campbell, par la vitesse spectroscopique sur notre PAVOTISUElENRNENC IEC 18h 30m + 209 avec la vitesse de 20 kilomètres par seconde. Où allons-nous, vraiment ? $ 3. — Génie civil Le nouveau paquebot de la Compagnie Transatlantique « La Provence», et laccrois- sement des dimensions des navires de com- merce. — On a, tout récemment, le 21 avril, mis en service un nouveau paquebot, La Provence, de notre Compagnie transatlantique. C’est le plus grand de nos paquebots français. Il a 190 mètres de longueur totule, 12,70 de creux au milieu, une largeur maxima de 199,7 et un déplacement, en charge, de 19.000 ton- neaux, avec un tirant d’eau moyen de 8,15. Il peut transporter 442 passagers de première classe, 132 de deuxième et 808 de troisième, soit, en tout, 1.382 passagers, auxquels il faut ajouter 216 graisseurs, chauffeurs et soutiers, 15 officiers mécaniciens, 157 Cui- siniers, garcons et femmes de chambre, 7 officiers de pont, et seulement 51 matelots, ce qui porte la popula- tion du navire à 1.828 personnes. L'ensemble de ce beau bâtiment et de ses aménage- ments intérieurs est des plus confortables ; à citer, notamment, un ascenceur reliant le pont principal au pont supérieur de promenade. La sécurité est assurée, autant que faire se peut, par la division de la coque en 22 compartiments par des cloisons étanches à portes fonctionnant à l'eau sous pression, et que le Comman- dant peut fermer et ouvrir tout d’un coup ou isolément. La manœuvre de ces portes doit se faire toutes les 24 heures au moins, afin de s'assurer de leur bon fonc- tionnement. Les machines, construites, comme la coque, aux Ate liers de Penhoet, sont au nombre de deux : une pou chaque hélice, et du type vertical pilon, à quadrup expansion et à quatre cylindres de 1,20, 1m,)4, 2m, 24, et 20,24 sur 12,700 de course. Elles marchent à 80 tours par minute, ce qui correspond à une vitesse moyenne des pistons de 4,54 par seconde. Elles peuvent dévelop per 30.000 chevaux. « Les chaudières sont du type cylindrique à retour de flammes et pourvues chacune de 4 foyers ondulés : elles sont au nombre de 21, avec une surface totale de grilles de 146 m°et 3.420 m° de chauffe (timbre : 14 kil}: Le tirage se fait par du vent forcé au moyen de 14 ven= tilateurs aspirant l'air au travers d'un système tub laire chauffé par les gaz de la combustion et le refous lant dans les cendriers entièrement fermés, de sorte que les chambres de chauffe sont à la pression atmosphé: rique. L'emploi de ce vent forcé a permis d’obtenim aux essais, 200 chevaux par mètre carré de chauffe. Le gouvernail est commandé par un télémote Brown avec amortisseur de choc. Ce paquebot La Provence, qui fait grand honneur à ses constructeurs, n'est pourtant qu'un petit bateau à côté des gigantesques transatlantiques d'Angleterre eb d'Allemagne, du Xaiser Wilhelm 11 par exemple, avec ses 215 mètres de longueur et son déplacement de 30.000 tonnes, du Baltic, de 218 mètres et d’un dépl cement de 40.000 tonneaux, de l'Amerika, de 42.000 ton= neaux et de 207 mètres de longueur, sans compter les prochains Cunard à turbines, de 2/5 mètres, 43.000 tons neaux et 75.000 chevaux. Mais il faut bien noter que cette petitesse relative ne tient pas du tout à l'impos: sibilité de construire, en France, des navires aussi grands et puissants que ceux de l'Etranger, mais sim plement à l'impossibilité de les loger dans nos ports, qui sont, eux, et sans aucune excuse possible, d’une infériorité honteuse. Et, d'autre part, lorsqu'on parle de ces paquebots gigantesques, atteignant des vitesses prodigieuses; comme les 25 nœuds des grands Cunard, il ne faut j mais oublier le prix de cette vitesse, laquelle ne peub s’obtenir qu'en augmentant le déplacement du navire à formes semblables, à peu près comme la sixième puissance de la vitesse, et la force des machines comm la seplième puissance de cette même vilesse C’est ains que les prochains Cunard auront besoin de 75.000 che vaux pour faire leurs 25 nœuds avec 43.000 tonneaux tandis que le Baltie et l'Amerika, avec 41.000 @ 42.000 tonneaux, n'ont que 18.000 et 16.000 chevau pour des vitesses d'environ 17 nœuds. La Proventt fera 21 nœuds avec ses 30.000 chevaux etses 3.510 tonn de charbon, et, malgré cette puissance relativemenl modérée, elle ne peut emporter que 400 tonnes de max chandises de fret, moins de 5 °/, du déplacement to chiffre excessivement bas, et qui montre bien ce q coûtent la vitesse et le luxe des passagers. De pare navires à grandes vitesses ne peuvent vivre qu'à Cou de subventions postales et autres, qui ne sont pas inés puisables ; aussi ne faut-il pas s'étonner de voir les lign véritablement commerciales réagir, comme, pa exemple, la Zambourg-American, par la construction de navires tels que l'Amerika, cité plus haut, quie porte une population de 4.000 âmes, avec 500 passage de première classe, et le pendant de ce navire, la Aaë serin Augusta Victoria, de dimensions encore plus grandes, actuellement en construction aux chantiers de Vulcan, à Stettin. $S 4. — Physique La radio-acetivité de la neige. — Les pres mières recherches sur la radio-activité de la neige on été faites par Allan, qui, ayant pris environ 1 litre des neige dans la couche superficielle tombée dans le cous rant de la saison et l'ayant vaporisée sur un disqi constata une forte jionisation de l'air ambiant, auparavant n'avait pas présenté la moindre trace Ÿ radio-activité. D'autre part, M. Kauffmann, en 1904, en arriva aux conclusions suivantes : 4° La neige récemment tombée est, toutes choses … étant d’ailleurs égales, plus radio-active que la pluie ; 20 La neige recueillie sur les toits ne présente plus … Ja moindre trace de radio-activité après un intervalle … de 400 heures; —. 3° La neige tombant sur le sol garde presque inté- …sralement sa radio-activité Jusqu'à 100 heures après sa chute, tout en présentant des fluctuations qui, en appa- rence, sont reliées à l'allure du baromètre, Dans un récent Mémoire #, MM. Constanzo et *C. Negro résument les résultats de leurs investigations Sur la radio-activité de la neige, faites au moyen de Pappareil bien connu d'Elster et Geitel. Pour con- Server la neige dans le réservoir métallique protégeant le disperseur, ils se servent d'un récipient annulaire placé sur le fond du réservoir. La charge donnée au isperseur, étant toujours supérieure à 100 volts, parais- ait suffisante pour produire le courant de saturation, la faible radio-activité de la substance en expé- rience. Les auteurs ont fait des essais soigneux pen- dant toutes les chutes de neige ayant eu lieu à Bologne au cours de l'hiver dernier, et, bien que leurs résultats “ne montrent pas l'accord parfait nécessaire pour éta- blir une loi absolue (ils ne concordent qu'en partie avec ceux des investigateurs antérieurs), ils se croient fondés à émettre les propositions suivantes : … 4° La neige récemment tombée et presque immédia- tement recueillie est hautement radio-active ; 29 Cette radio-activité, au moins dans le cas des pré- entes expériences, disparait presque entièrement après deux heures au maximum ; - 3° La neige tombant sur le sol paraît garder son pou- oir radio-actif un peu plus longtemps que celle qu'on ueille sur les toits. » Pour en arriver à une intelligence parfaite de la loi régissant ces phénomènes, il convient de tenir compte des conditions météorologiques et plus spécialement de Wallure du baromètre. $ 5. — Chimie - La combustion spontanée du charbon et les moyens de la prévenir dans les entre- pôts. — Cet important problème vient de faire l’objet de recherches nouvelles de M. Vivian B. Lewes*, ingé- nieur et chimiste anglais bien connu pour sa compé- tence dans les questions de chauffage et d'éclairage. uteur a constaté que, dans la combustion spontanée u charbon emmagasiné en grandes quantités, l'oxyda- on des pyrites présentes ne joue qu'un rôle très Subsidiaire, le facteur principal étant la condensation superficielle de l'oxygène dans les pores du charbon et l'action du gaz condensé provoquant l'oxydation des hydrocarbures contenus dans le charbon. » Une ventilation suffisante pour prévenir toute éléva- tion un peu considérable de température à l'intérieur de la masse permet d'empêcher la combustion; mais il est pratiquement impossible d'opérer cette aération “dans de grands magasins ou à bord d’un navire chargé, où l'accès restreint de l'air est, au contraire, tel qu'il peut favoriser un échauffement dangereux. On a pro- posé récemment de mouiller soigneusement la masse Æntière du charbon, mais c'est là encore un procédé peu pratique, par suite de la forte augmentation de Lupoids que provoquerait une addition d'eau suflisante our être effective; un arrosage trop faible ne ferait, dilleurs, qu'accentuer le danger. extinction des feux de charbon à bord des navires t, il faut le constater, grosse de difficultés : il est Souvent impossible d'amener de l’eau au siège précis “de l'incendie, et la formation d'hydrogène et d'oxyde “de carbone par l’action de la vapeur sur le combustible n d S eme is —— er > Physikalische Zeitschrift, n° 10, 1906. * Jour. Gas. Lighting, 1906,t. XCIV, p. 33-34. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 583 incandescent fournit un mélange explosif dans les soutes à charbon. 1 Pour éteindre dès le début un incendie toujours possible, M. Lewes est amené à recommander l'emploi de petitscylindres d'acide carbonique liquide, qui seraient enterrés en diverses parties de la masse de charbon pendant le chargement; la soupape de ces cylindres resterait ouverte, mais le tube de dégagement serait bouché par un alliage fondant à 93° C. Ki la tempéra- ture du charbon, à un moment quelconque, s'élève au-dessus de ce point, l’alliage fond et l'acide carbo- nique liquide se volatilise en causant un fort refroi- dissement local; en même temps, le gaz lourd et froid, qui empêche la combustion, reste pendant longlemps au contact du charbon et prévient tout incendie ultérieur. $ 6. — Géologie L'inventaire géologique de l'Afrique occi- dentale française. — Le Gouverneur général de l'Afrique occidentale française vient d'envoyer aux administrateurs des colonies placées sous sa direction une lettre leur rappelant qu'il y à grand intérêt à réunir à Dakar le plus grand nombre possible de docu- ments pouvant aider à établir la géologie et la miné- ralogie des territoires de l'Afrique occidentale. Il appelle aussi leur attention sur certaines coquilles qui y vivent actuellement et dont l’analogie avec des fos- siles crétacés et éocènes du nord de l'Europe et de l'Afrique a été signalée par certains auteurs. Deux notes rédigées avec netteté indiquent comment les échantillons de minéraux, de minerais et de fossiles doivent être recueillis, classés, expédiés, ainsi que l’objet de ces recherches : établir la nature, puis l’âge des couches minérales; fixer le périmètre et la direc- tion des gites et filons de minerais. Les échantillons, concentrés à Dakar, seront ensuite envoyés aux laboratoires compétents de France, qui en feront l'analyse. $ 7. — Géographie et Colonisation Une Station arctique scientifique au Groen- land. — Dans le courant de l'été 1906, une Station arctique scientifique sera établie sur la côte sud de l'ile de Disko, au Groenland danois. Les frais de cette fondation ont été couverts par M. A. Holck, conseiller de Justice à Copenhague ; de son côté, le Gouvernement danois a promis un budget annuel de 14.000 francs. A cette Station sera installé un laboratoire pourvu des appareils les plus nécessaires pour des recherches biologiques. Des places de travail, limitées provisoire- ment à deux, y seront réservées pour des savants danois ou étrangers. Les savants auront gratuitement à leur disposition les appareils scientifiques et de voyage, la bibliothèque de la station, etc.; on leur as- surera les occasions de faire le voyage de Copenhague à la station, aller et retour, le logement gratuit et la nourriture à bon marché au Groenland. Les premiers visiteurs pourront être recus dès 1907. On s’efforcera de réunir à la Station les ouvrages sur la nature arctique, antarctique ou alpine, en général, et spécialement sur la biologie arctique. Il est fait appel, dans ce but, aux sociétés et aux auteurs, qui recevront, en échange de leurs ouvrages, tout ce qui sera publié par la Station. $ 8. — Enseignement La formation des chimistes-experts. — Le 4er août 1905 a été promulguée une loi sur la répression des fraudes dans la vente des marchandises et des fal- sifications des denrées alimentaires et des produits agricoles. | | “Aux termes des articles 3 et 5, cette loi s'applique particulièrement aux denrées servant à l’alimentation de l'homme et des animaux, aux substances médica- 584 menteuses (sérums thérapeutiques, etc.), aux boissons (vins, cidres, poirés, etc.), aux produits agricoles ou naturels (engrais, etc.). Elle prévoit et organise l'expertise contradictoire. Or si, dans quelques grandes villes, et spécialement dans les villes universitaires ou industrielles, il n’est pas très difficile de trouver des chimistes qualifiés pour pro- céder à de telles expertises, il n'en est pas de même dans beaucoup de départements; et lorsque la loi, après promulgation des quelques règlements d'admi- nistration publique prévus, recevra son plein fonction- nement, les autorités judiciaires seront fréquemment embarrassées pour désigner des experts compétents. Il apparaît alors comme nécessaire de constituer en France un corps de chimistes spécialement éduqués pour faire les opérations nécessitées par la loi de 1905. Obéissant à des préoccupations de cette nature, M. le député Cazeneuve, dans la séance de la Chambre du 7 février dernier, au cours de la discussion générale du budget, appelait l'attention de M. le Ministre de l'instruction publique sur la nécessité de créer un diplôme spécial de chimiste-expert. « On a créé, disait-il, des Instituts de Chimie pour faire des chimistes métallurgistes ou des chimistes coloristes pour notre industrie de la teinture. Il fau- drait, maintenant, créer des chimistes analystes aptes à analyser sûrement et sans erreur des boissons, des denrées alimentaires, des engrais. Ces experts ana- Evsies enistentien Allemagne. Ce MU NET EN « Eh bien, nous devons être outillés comme l'Alle- magne. « On à dépensé de fortes sommes pour les études chimiques ; nos universités se sont même fortement endettées à cet égard : eh bien, il faut former des chi- mistes collaborateurs des médecins pour les denrées alimentaires, pour la toxicologie, pour l'analyse des médicaments. » Ces considérations sont excellentes. La conclusion qu'en déduit M. Cazeneuve est, au moins, inattendue. Dans la séance du 22 mars suivant, en effet, MM. Ca- zeneuve, Villejean et Jean Morel déposaient un article additionnel à la loi de finances, dont la partie essen- tielle était ainsi conçue : « Il est institué un diplôme de chimiste-expert qui sera accordé par les Facultés mixtes de Médecine et de Pharmacie et les Ecoles supérieures de Pharmacie des Universités. « Le diplôme sera délivré à la suite d’études et d'examens organisés dans ces Facultés et Ecoles, sui- vant un règlement rendu après avis du Conseil supé- rieur de l'Instruction publique. » Ce dispositif néglige complètement les grands efforts CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE faits par toutes les Universités françaises pour déve- | lopper l’enseignement de la Chimie, confère un véri- table monopole à un nombre très restreint d'établis- sements d'enseignement supérieur, puisqu'il institue le nouvel enseignement seulement dans les Facultés mixtes de Médecine et de Pharmacie et les Ecoles supérieures (qui sont, en tout, au nombre de sept}, à | l'exclusion des Facultés des Sciences, Ecoles de Méde- cine et de Pharmacie préparatoires et de plein exercice et autres établissements d'enseignement supérieur. Avant de discuter ce projet, disons quel a été son sort parlementaire. Le dispositif n'a pas été adopté comme article addi- | tionnel à la loi de finances. Mais il a été repris sous forme de proposition de loi spéciale, et celle-ci a été adoptée, après déclaration d'urgence, dans la séance du 8 avril, sans discussion, sans observation. Le projet à été ensuite renvoyé au Sénat, où il sera rapporté incessamment. Nous ne pouvons croire que puïsse être définitive- ment adopté un projet si manifestement contraire à : l'intérêt public, à celui des étudiants, à celui des Fa- cultés des Sciences et des Ecoles de Pharmacie de province. N'oublions pas que les nouveaux chimistes-experts | auront à connaître non seulement les substances médicamenteuses, mais encore et surtout les su tances alimentaires, les boissons, les engrais. L'en gnement qu'ils doivent recevoir n’a donc aucun cara tère spécialement pharmaceutique. I n’est pas à fondi de toutes pièces. Il est déjà donné, au moins en parti dans nombre de Facultés des Sciences, qui délix 1 des certificats de Chimie industrielle ou agricole, dans les Ecoles spéciales de Chimie. Les connaissances pratiques spéciales peuvent éga ment être acquises dans les laboratoires de provi consacrés particulièrement à des analyses de nature : Laboratoires Agricoles, Municipaux, Stati Agronomiques, etc. : Aucune bonne raison ne peut être donnée pout ignorer, pour ne pas utiliser ces enseignements fone-= tionnant depuis plusieurs années, ces installations déjà faites, et pour créer de toutes pièces, à grands frais, enseignements nouveaux dans un nombre très res d'établissements privilégiés. Dans la pensée mème de M. Cazeneuve, la possession du diplôme projeté ne conduira pas, en général, à une situation se suffisant à elle-même. « Les pharmaci appelés à exercer leur profession dans tous les dé tements de France, dit-il, munis de ce diplôme, serou les experts tout désignés. » Sans doute, les candidats se recruteront beaucou parmi les futurs pharmaciens; pourquoi ne paslesre ter aussi parmi les futurs chimistes industriels agricoles, les futurs professeurs ? Tous, d'’aille poursuivront ainsi d'autres études. Avec le projet neuve, ils seront obligés, à leur plus grand préjudice, de quitter au moins pendant une année le centre univer sitaire de leurs débuts, où souvent ils trouvent réunis EE et laboratoires nécessaires à leur formation com ète. | E Ce ne sont pas seulement les Facultés des Sciences qui perdraient ainsi des élèves qu'elles ont contribu: former. Les Ecoles de Pharmacie préparatoires et & plein exercice se verraient aussi abandonnées au pro de leurs sœurs plus riches en diplômes, alors que 1 développement est déjà fortement compromis parle projet de réorganisation des études de pharmacie Veut-on les tuer tout à fait? Alors que tout le monde parle de décentralisation que les Universités de provinces, petites et grandes, su profiter de la constitution libérale octroyéeil yaqu ans; qu'elles ont lutté et donné des preuves certaines vitalité; que. poussées par les Pouvoirs publics, € se sont résolument orientées vers les enseigneme locaux et les sciences appliquées; que penser d projet qui méconnait de tels efforts et qui s’'efforcedi drainer les étudiants vers quelques centres, de faire d la mauvaise centralisation ? = Une ville industrielle comme Marseille serait déela rée inapte à faire des Chimistes experts, alors qu'ell renferme une Faculté des Sciences, une Ecole-dié Médecine et de Pharmacie, de nombreux laboratoire industriels d'analyses. De mème, Caen avec sa Faculté sa Station Agronomique et sa Station Pomologique Rennes avec son Laboratoire Agricole, son Laboratoin municipal et son Ecole nationalé d'Agriculture. Ce quelques exemples, qu'il serait facile de multiplier montrent combien les auteurs du projet en discussiol se sont peu souciés de l'intérêt général. k L'Allemagne possède des experts analystes (Nal rungsmittel-Chemiker) analogues à ceux que l'on former chez nous, et, l'exemple de nos voisins ayan invoqué par M. Cazeneuve, il peut être intéresse d'examiner comment sont organisés chez eux” études et les examens. Les.dispositions sont un peu différentes suivant les Etats ; mais les grandes lignes sont les mêmes dans tout l'Empire. J'indique ce qu'il y a d’essentiel. L'examen se passe en deux fois, comporte deux de rés. Û É A. Examen préliminaire. — Les candidats doiven avoir fait six semestres d'Etudes Naturelles, soit dans “une Université, soit dans une Ecole supérieure tech- nique, et avoir travaillé au moins cinq semestres dans « Les laboratoires de Chimie du même établissement. … L'examen, purement oral, comprend des interroga- tions sur la Chimie (inorganique et organique, analy- tique, minéralogique), la Botanique et la Physiologie. Il est passé devant la Commission de l'établissement où l'étudiant a pris ses inscriptions. Cette Commission est composée d'un fonctionnaire administratif prési- dent, de un ou deux professeurs de Chimie, un de Bo- tanique et un de Physique. Sont ou peuvent être dispensés de l'examen préli- -minaire ceux qui ont le diplôme de chimiste d'une Ecole supérieure technique. B. Examen principal. — Il se passe au moins trois semestres après le premier. Le candidat doit prouver qu'il a fait pendant au moins un semestre de la technique microscopique; que, dans l'intervalle des deux examens et pendant au - moins trois semestres, il a travaillé activement et avec fruit dans un établissement de l'Etat consacré à des analysestechniques(denréesalimentaires, engrais, etc.). La liste de ces laboratoires est établie explicitement par l'autorité administrative. (Ainsi, en A/sace-Lor- raine, cette liste comprend : Institut bactériologique et hygiénique de l'Université de Strasbourg, Labora- toire municipal de Chimie de Strasbourg, de Metz; La- boratoire agricole de Colmar. — Dans le duché de Bade : Laboratoire de Chimie de l'Université de Hei- delberg, Station agronomique, Laboratoire muni- cipal, etc.). L'examen comprend d’abord quatre épreuves pra- tiques éliminatoires (analyse qualitative et quantita- tive d'un mélange, examen qualitatif et quantitalif d’une denrée alimentaire, d'un produit commercial, examen microscopique), puis des épreuves orales por- tant sur la Chimie (analyse etfalsification des produits commerciaux), la Botanique générale (y compris élé- ments de Bactériologie) et la Législation. Le jury estcomposé d’un fonctionnaire administratif président, de deux chimistes, dont un praticien spé- cialiste, et enfin d’un botaniste. Que nous voilà loin de la solution étroitement phar- maceutique préconisée et presque adoptée chez nous! Les ressources les plus variées déjà existantes ont su être utilisées. Il ne saurait être évidemment question pour nous de copier textuellement l’organisation allemande ; mais Sommes-nous incapables de nous inspirer de son libéralisme ? . L'examen préliminaire allemand a pour but de s'as- surer des connaissances scientifiques générales; on ‘pourrait le remplacer par des grades déjà existants : Certificats d'Etudes supérieures des Facultés des iences, Examen de pharmacien, Diplôme de chimiste d'Ecoles spéciales (Ecole centrale, Ecoles de Chimie de Paris, de Lyon, de Bordeaux, Institut du Nord, etc., Ecoles nationales d'Agriculture, etc.). Les candidats seraient ensuite assujettis à un stage d'une année dans des laboratoires officiels, dont la liste serait dressée par une autorité quelconque (de préférence régionale) et comprendrait, par exemple, des laboratoires de Facultés des Sciences, d'Ecoles de Phar- macie supérieures ou non, des Laboratoires agricoles, municipaux, industriels. + Les candidats complèteraient en même temps leurs nnaissances théoriques à leur convenance. Grâce à Sares en utilisant les ressources locales. me déterminé, devant un jury siégeant au chef-lieu de chaque Académie, et non choisi uniquement parmi le personnel d’un seul établissement. Je n’ai pas évidemment la prétention d'élaborer un | définitif; j'ai voulu seulement montrer dans quel leur autonomie, les Universités ont toute latitude pour | organiser les enseignements complémentaires néces- | L'examen final se passerait enfin sur un program- | CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 585 sens il fallait chercher une solution qui puisse être acceptée par fous ou presque tous les intéressés*. Les Facultés des Sciences, en effet, dont l'avis n'avait pas été soilicité, se sont émues dès qu'elles ont connu le projet de création de chimistes-experts. La Faculté de Montpellier d’abord, puis celle de Nancy, enfin celle de Rennes ont émis des vœux. iden- tiques quant au fond, et protestant contre le projet en discussion. Un vœu analogue a été adopté par l'Association du personnel enseignant des Facultés des Sciences dans son Assemblée générale d'avril dernier. Nous pouvons, nous devons espérer que ces Vœux seront entendus ou tout au moins qu'ils auront l'hon- neur d'être discutés; et qu'à une conception centrali- satrice et rétrograde, le Parlement saura préférer la solution large et libérale, sauvegardant les droits de tous. J. Cavalier, Professeur à l'Université de Rennes. Première remarque. — I] semble permis de deman- der plus encore que M. J. Cavalier. Pourquoi l'Etat exigerait-il du futur expert un stage dans ses écoles ? Français ou étranger, universitaire, départemental, municipal ou privé, peu importe le laboratoire où s’est instruit le candidat. La seule chose à considérer, c'est la compétence acquise. Arrière donc toute cette tyran- nie de réglementation qui, quoi qu'on fasse, ne garantit jamais le savoir et aboutit souvent à écarter le vrai mérite ! N'interdisons le concours à personne et même dispensons-en les compétences notoires, qu'une Com- mission autorisée doit tout simplement désigner sur titres. Deuxième remarque. — M. Cavalier souhaite que les professeurs de Chimie de nos lycées et collèges puis- sent se préparer pratiquement au concours. Ajoutons à ses bonnes raisons celle-ci : en apprenant à mani- puler, ils apprendraient pour de bon la science qu'ils ont mission d'enseigner. L. O. Personnel universitaire. — M®° Pierre Curie, docteur ès sciences, chef des travaux de Physique à la Faculté des Sciences de Paris, est chargée d'un cours de Physique à ladite Faculté. M. Merlin, agrégé des Sciences mathématiques, aide- astronome à l'Observatoire de Lyon, est chargé d'un cours complémentaire d'Astronomie à la Faculté des Sciences de Lyon. M. Thomas, docteur ès sciences, maître de confé- rences de Chimie à la Faculté des Sciences de Clermont, est nommé professeur adjoint à ladite Faculté. Muséum d'Histoire naturelle.— M. Ie D° Troues- sart est nommé professeur de Zoologie (i/ammiferes et Oiseaux) au Muséum national d'Histoire naturelle, en remplacement de M. Oustalet, décédé. M. Lecomte, professeur de Sciences naturelles au Lycée Henri IV, est nommé professeur de Botanique (Classifcations et familles naturelles) au Muséum national d'Histoire naturelle, en remplacement de M. Bureau, admis à la retraite. Académie de Metz. — L'Académie de Metz, dans sa séance de mai 1906, sur la proposition de son prési- dent M. C. Massing, a élu membre honoraire M. Ernest Lebon, professeur de Mathématiques au Lycée Charle- magne. ! Il existe déjà chez nous et depuis longtemps un diplôme de chimiste-essayeur, lqui remplit pour les matières d'or et d'argent sensiblement jE mème he que le diplôme projeté doit remplir pour les denrées alimentaires et commerciales. Il n'est pas sans intérêt de remarquer que, si l'examen qui confère le diplôme se passe devant un jury unique siégeant à Paris, la préparation en est absolument libre. Il n'a jamais été question de la restreindre à quelques établissements peu nombreux. À è “M INA, 6 586 LÉON GUILLET — L'ÉTAT ACTUEL DE LA MÉTALLOGRAPHIE MICROSCOPIQUE L'ÉTAT ACTUEL DE LA MÉTALLOGRAPHIE MICROSCOPIQUE PREMIÈRE PARTIE : TECHNIQUE DE LA MÉTALLOGRAPHIE IL — DÉFINITIONS ET PRINCIPES. Lorsque deux ou plusieurs métaux se trouvent en présence à l’élat fondu, et qu'ils sont refroidis lentement, différents cas peuvent se produire : 1° Les métaux ne sont pas susceplibles de s'allier : on peut citer le fer et le plomb; 2° Les métaux se mélangent mécaniquement : c’est le cas du cuivre et du plomb, du cuivre et du chrome, du cuivre et du tungslène ; 3° Les métaux se dissolvent mutuellement : tels, dans certaines proportions, le cuivre et l'aluminium, le cuivre et l’élain, le cuivre et le zinc; 4° Les métaux donnent naissance à des combi- naisons définies : a) Ou bien les combinaisons ne se dissolvent ni dans les métaux constituants, ni dans une aulre combinaison ou une solution de ces métaux: c’est le cas, pour certaines proportions, des alliages aluminium-cuivre, aluminium-fer, etc. ; b) Ou bien ces combinaisons se dissolvent dans les métaux conslituants ou dans une de leurs solu- tions ou de leurs combinaisons : on peut citer la combinaison SbSn, qui est soluble dans l’anti- moine ; 5° Les métaux sont isomorphes et crislallisent ensemble: c’est le cas de l’anlimoine et du bismuth, de l'argent et de l'or. De nombreuses méthodes permettent d'étudier la constitution des alliages métalliques et de déter- miner les différents cas qui peuvent se présenter. Parmi elles, la métallographie microscopique est assurément l’une des plus importantes et des plus rapides. Son but est de mettre en vue les différents constituants des produits métallurgiques. Pour l’atteindre, elle procède par examen microscopique sous lumière réfléchie d'une surface parfaitement polie, que l’on a soumise à l’action d'un réactif qui différencie les divers constituants, attaquant les uns et respectant les autres. IT. — HISTORIQUE. Ce n’est qu'en 1864 que l’on songea à utiliser le microscope pour l'examen d’une coupe polie d'un produit métallique. Sorby fut le premier qui pensa à appliquer aux fers météoriques celle méthode, — qui rendait déjà de grands services en Pétrographie, — en indi- quant les principes du polissage et de l'éclairage. Quelques années plus tard, Martens et Wedding étudièrent les fontes et les aciers, plus particu- lièrement les spiegeleisen. — En 1883, Osmond et Werth présentaient à l'Académie des Sciences, puis publiaient dans les Annales des Mines, leur premier Mémoire sur a fhéorie cellulaire des Aciers, jetant ainsi les premières bases des théories allotropiques du fer et confirmant la théorie que Tchernoff avait émise, en 1867, sur la solidification et les transformations des aciers. Mais ce fut réellement en 1894 que l'on put. entrevoir l'avenir qui était réservé à cette nou- velle méthode, lorsque Osmond publia, dans le Bulletin de la Société d'Encouragement pour l’In- dustrie nationale, son remarquable Mémoire sur la Constitution des Aciers au Carbone. Depuis cette époque, la Métallographie marcha de succès en succès: Guillemin l'applique aux alliages de cuivre, bronzes et laitons ; Charpy publie des travaux de la plus haute importance sur les laitons et les antifrictions, etc... Henry Le Cha- telier, qui, depuis fort longtemps, a jeté les bases de la constitution des alliages métalliques en s'ap- puyant sur les théories physico-chimiques et à déterminé la constitution d'un grand nombre de produils en s'aidant des courbes de fusibilité, de la résistance électrique, des dilatations, elc., s'adonne à la nouvelle méthode et la rend réelle- ment industrielle. D'autre part, les travaux de Howe et Sauveur en Amérique, de Roberst-Austen, Arnold, Stead en Angleterre, de Behrens en Hollande, tendent à démontrer le grand intérêt de la micrographie. En résumé, on peut dire que l’histoire de la Métal- lographie se divise en trois parties : 1° Découverte de la méthode par Sorby (1867) et premiers travaux de Martens et Wedding ; 2% Recherches d'Osmond, qui applique la mé- thode aux alliages fer-carbone et en fixe les cons- liluants ; 3 Travaux de H. Le Chatelier, qui rend l& méthode industrielle. III. — DIVERSES PHASES D'UNE OBSERVATION MICROGRAPHIQUE. Une observation micrographique comprend les quatre phases suivantes : a) Polissage ; b) Attaque ; e) Examen micrographique ; d) Photographie. Ce sont ces quatre phases que nous allons décrire avec quelques détails. $ 1. — Polissage. L'opération du polissage se divise elle-même en trois temps distincts: 1° Le découpage ; 2° Le dégrossissage ; ” 3° Le finissage. h 1. Découpage. — Le découpage est l'opération qui donne au produit que l’on veut observer les ‘dimensions et formes que l’on désire. — Pour la plupart des métaux et alliages, le décou- | page sera obtenu au moyen de la scie. … Comme il est de toute première nécessité que le produit que l’on observe ne subisse aucune altéra- tion pendant la préparation, on aura soin d'éviter tout échauffement, soit en opérant à très faible “vitesse, soit en arrosant la scie d'eau de savon, d'huile, etc. — Sil'on peut aisément découper ainsi la plupart “des alliages courants : aciers ordinaires recuils, _bronzes, laitons, alliages d'aluminium, il y a certains produits qui ne peuvent subir ce travail. —._ Parmi ceux-ci, il en est qui se brisent sous l'in- . fluence d'un coup de marteau ; on peut créer ainsi “un morceau de dimensions convenables. Mais, il ven est d'autres qui, n'étant pas suffisamment _ fragiles pour se rompre sous le choc du marteau, “doivent être découpés au moyen de meules en car- borundum extrêmement étroites. Nous employons “couramment des meules ayant un diamètre de 300 millimètres et une épaisseur de 3 millimètres. “Le gros inconvénient de celte méthode réside dans l'échauffement, qu’il est presque impossible d'évi- “ter entièrement ; elle rend cependant des services dans le cas de certains aciers au nickel, d'aciers à coupe rapide, etc. Généralement, on fait en sorte de créer un morceau présentant une surface plane de 4 à 5 centimètres carrés de surface et une hauteur de 2 à 3 centimètres. 2. Dégrossissage. — Le dégrossissage est l'opé- ration par laquelle on dresse la face que l’on veut ubserver. Il se fait généralement à la meule d'émeri ou de carborundum, tournant à une vitesse qui varie suivant le métal que l’on examine. Le carborundum, dont le grain est plus fin et plus régulier, nous paraît préférable. Le moyen le plus simple d'utiliser les meules consiste à les monter sur un touret du genre de ceux qu'on ulilise dans les ateliers de polissage. Ces tourets peuvent être mus au pied; il est bien LÉON GUILLET — L'ÉTAT ACTUEL DE LA MÉTALLOGRAPHIE MICROSCOPIQUE 587 préférable d'avoir une commande mécanique, qui permet de bien régler la vitesse. Cette vitesse peut atteindre 800 à 1.000 tours par minute pour les aciers recuits ou laminés, les bronzes non trempés, les laitons, en un mot pour tous les alliages qui sont dans un état tel qu'ils n'ont pas à craindre un léger échauffement. Dans le cas contraire, notamment pour les aciers trempés, il faut abaisser la vitesse de rotation et même arroser la meule pendant sa marche. Il est nécessaire de rappeler dès maintenant que le chauffage à température relativement basse de la surface d un acier trempé peut, en certains cas que nous étudierons plus loin, amener un change- ment complet de la structure. De toutes façons, il est bon de ne pas presser trop fortement le métal sur la meule, ceci afin d'éviter un écrouissage trop profond. Comme l'a fort bien fait remarquer M. Henry Le Chatelier, dans sa remarquable conférence au Congrès de | | Métallurgie de Liége ‘, il est nécessaire de faire disparaître ce derme pour éviter toute indication inexacte. On peut conseiller, à cet effet, les papiers d'émeri à grains grossiers, sur lesquels on frotte les échantillons à la main. En résumé, la période de dégrossissage, dans la- quelle l'on dresse la face de l'échantillon à observer, consiste dans le passage à la meule d’émeri ou, mieux, de carborundum, puis sur des papiers à grains assez grossiers qui permettent de faire dis- paraitre le derme provenant de l'écrouissage, que l'on ne peut éviter dans la première partie de l'opération. Enfin, si la surface à examiner pré- sente des angles vifs, on a bien soin de les abattre à la meule, de facon à éviter qu'ils ne déchirent draps ou papiers dans les manipulations posté- rieures. 3. Finissage. — Cette opération a été regardée fort longtemps comme extrêmement délicate. Nous tàächerons de montrer qu'il n’en est rien et que, grâce aux précieuses indications de M. Henry Le Chatelier, elle est extrêmement rapide. Il faut distinguer deux points importants : a) La préparation des matières nécessaires au polissage; ») Le polissage lui-même. On peut dire que le succès de l'opération dépend presque entièrement du soin que l’on a apporté dans la préparation des matières que l’on utilise pour polir. Le principe essentiel est de n'utiliser que des produits dont la grosseur des grains soit très régu- : Congrès international des Mines, de la Métallurgie, de la Mécanique et de la Géologie appliquée (25 juin au 4er juillet 1905). 588 LÉON GUILLET — L'ÉTAT ACTUEL DE LA MÉTALLOGRAPHIE MICROSCOPIQUE lière; aucune matière commerciale ne répond à ce désideratum. Il faut donc préparer soi-même les produits dont on a besoin. Pour cela, la matière choisie est broyée avec soin et mise en suspension dans l’eau ; on laisse reposer un certain Lemps, qui varie avec chaque produit, et l’on rejette les grains grossiers qui se sont précipilés, en siphonnant la liqueur qui surnage. Celle-ci est abandonnée à elle- même pendant une heure, deux heures, quatre heures, etc., et à chaque fois on siphonne la liqueur, tandis que l’on conserve précieusement les précipités correspondants, lesquels sont évi- demment d'autant plus fins que le nombre des décantations est plus grand. Nous donnerons, avec quelques détails, la préparation de l’alumine dont nous nous servons ordinairement : On prend de l’alun ammoniacal que l'on calcine; l'alumine ainsi obtenue est broyée au mortier pour désagréger les grumeaux formés. On la lave à plu- sieurs reprises avec de l'acide azotique au millième, avec de l’eau distillée, et, à la fin, avec de l’eau additionnée de 1 à 2 centimètres cubes d'ammo- niaque par litre. Ces opératiors ont pour but de dissoudre les différents sels, notamment les car- bonate et sulfate de chaux qui pourraient se préci- piter avec l’alumine, et de neutraliser la liqueur, qui pourrait contenir finalement un léger excès d'acide azotique. Cela fait, l'alumine en suspension dans l’eau est placée dans un récipient de 1 ou 2? litres, et on laisse reposer pour venir décanter après un temps convenable. : M. Henry Le Chatelier conseille comme très avantageux l'emploi de l'appareil suivant, qui permet une séparalion plus rapide : une pipette en verre de 1 litre de capacité, 50 centimètres de hau- teur et un diamèlre approprié, se lerminant par une partie conique ayant une pente d'au moins 3/1, qui empêche le dépôt de rester adhérent au verre, et possédant une ouverture inférieure de 3 milli- mètres de diamètre au maximum. On mastique cette pipetle sur un robinet à pointeau en cuivre, qui porte une lubulure latérale pour l'aspiration. Voici, d'après M. Henry Le Chatelier, le fonction- uement de cet appareil : « Ayant ouvert le pointeau et mis la tubulure latérale en communication avec une trompe à vide ou un appareil d'aspiration quelconque, on place la pointe de la pipette dans une grande capsule en porcelaine renfermant le mélange d’eau et d'alumine; on remplit ainsi la pipette et on ferme le robinet quand elle est pleine. On détache la communicalion avec la trompe et l’on abandonne au repos. Les parties les plus lourdes d’alumine tombent au fond. Pour les éva- cuer, il suffit d'ouvrir très légèrement le pointeau, de facon à laisser au début couler une goutte en 10 ou 2) secondes. Bien entendu, on ne doit pas lais= ser le robinet pointeau constamment ouvert. On: l’ouvre seulement de temps en lemps, pour faire écouler le dépôt que l’on voit très nettement se for mer dans la partie conique inférieure de la pipette. On rejette le dépôt qui s’est formé dans le pre mier quart d'heure et qui contient tous les grains grossiers; on décante ensuite après deux heures quatre heures, et l'on met de côté le liquide qui surnage à ce moment. L'alumine de deux heures ne peut être utilisée que pour les premières passes de polissage ; l’alu mine de quatre heures permet très bien d'obtenir un très bon polissage sur des métaux assez durs; tels que les aciers; pour des alliages plus mous, comme les laitons, les alliages d'aluminium, il es nécessaire d'utiliser le liquide qui surnage après le dépôt de quatre heures et qu'il est inutile de se tionner. Nous verrons un peu plus loin comment on utis lise les produits ainsi préparés. À la place d'alu= mine, on peut traiter de la même facon l’oxyde de chrome provenant de la calcination du bichromatem d'’ammonium, l'oxyde de fer préparé en calcinantà l'air l’oxalate de fer. Pour préparer l'émeri et la potée, M. Henry Le Chatelier opère de la façon suivante : L'émeri 2 minutes du commerce est tamisé entre les tamis 150 et 200 ; on recueille donc les grains qui traversent le tamis de 150 et sont relusés par le lamis 200. Pour la potée, on prend le produit le plus fin d commerce (60 à 120), on le lave au moyen d’un courant d’eau ascendant, se déplaçant avec une vitesse de 1 millimètre environ par seconde. On recueille toutes les portions entrainées par le cou= rant. Pour rendre pratique celte opération, M. H. Le Chatelier utilise l'appareil suivant, qu'il a décrita Congrès de Liége (fig. 1) : Un tube en verre À, de 40 centimètres de hauteur et 50 millimètres de diamètre, est fermé à ses deux extrémités par des bouchons en liège « el b. Le bou chon inférieur est traversé par un pelil entonnoim en verre B, dont la queue sort à l'extérieur et dont la partie évasée entre dans le tube avec un jeu de quelques millimètres. Il est fermé à la partie supé=. | rieure par une toile métallique. L'eau est amenée au moyen d'un caoutchouc Cpar cet entonnoir, et l& toile mélallique divise le courant d’eau de façon à obtenir dès le début une vitesse à peu près unifor= me. À une petite hauteur au-dessus de cet entons noir est placé un double cône en clinquant D E; présentant la disposition suivante : On prépare un cône complet en clinquant dont la hauteur soit à peu près égale à trois fois la base, Re. A LÉON GUILLET — L'ÉTAT ACTUEL DE LA MÉTALLOGRAPHIE MICROSCOPIQUE 589 et on le coupe à moitié hauteur, ce qui donne, \d'une part, un tronc de cône ouvert et, d'autre part, un cône de plus petite dimension. Le tronc de cône D est placé dans le tube, la partie étroite ers le bas, et le cône fermé E est placé au-dessus, la pointe tournée vers Le haut, de telle sorte que le plan de sa base soit dans le plan de la base supé- rieure et la plus large du tronc de cône. Le bou- ‘chon supérieur est traversé au centre par un long tube de verre F de 5 millimètres environ de dia- mètre intérieur, qui descend jusqu'’au-dessus de la pointe du petit cône et sert à amener l'émeri d'une { façon continue. Cet émeri glisse sur la surface du cône et, en la quitlant, tombe dans le courant d'eau ascendant qui passe autour de la base du cône droit, par l'ouverture du cône ren- versé. Les parties les plus fines sont alors entrainées par le courant d'eau et les plus lourdes tombent au fond de l'appareil, où elles sont réunies aulour de l'entonnoir ; les parties entrainées montent vers le haut de l'appareil et sortent par un tube H fixé latéralement dans le bou- chon supérieur. red o PT RE Fig 1.— Appareil de M. Le « Chatelier. pour la prépa- M ration de l'émeri à polir. —._— À, tube en verre fermé par les bouchons a et b; BR, enfonnoir en verre: … (, caoutchouc amenant 4 l'eau du récipient K; D, tronc de cône ouvert; E, À — cône fermé; F, tube ame- nant l'émeri du réc ipient —…G; H, tube d'entraine- E ment des matières légè- res, qui se réunissent dans le vase I. de l'orifice d'écoulement étant constante, nécessairement, pour faire varier le débit, chan- | ger en même temps la pression hydrostatique. C là le dispositif de l'appareil de Schüne. On détermine dans une expérience préalable à quelle hauteur de l’eau correspond un débit donné, et chaque fois que l’on veut faire un lavage dans les mêmes conditions avec le même appareil, il n y a qu'à ramener l’eau au même niveau. Pour introduire l’émeri d'une façon continue par le tube central, celui-ci est raccordé au moyen d'un caoutchouc à un tube pénétrant dans une fiole en Ce tube est recourbé en forme d'S et porle dans le bas de la courbure un petit trou à travers lequel le liquide entrainant l'é- meri s'écoule au dehors de l'appareil. Le niveau du liquide se maintient dans la branche verticale ouverte à une hauteur qui varie avec le débit de l’eau, puisque, la section il faut ‘est verre renversée G et fermée par un bouchon; le flacon contient un mélange de potée et d'eau ; cette potée s'écoule par son poids à travers le tube ver- tical et le débit dépend, bien entendu, du diamètre du tube à travers lequel se fait la chute. Un dia- mètre de 3 à 5 millimètres semble des résultats salisfaisants. L'eau décantée, qui entraine la polée fine, peut être reçue dans de grands vases, où on l'abandonne à la décantation. Mais il est plus simple de l'envoyer dans un vase de section notablement plus considérable, par exemple un flacon I de 2 litres de capacité ayant environ 20 centimètres de diamètre, dans lequel la vitesse de circulation de l’eau, en raison de la section plus grande, est moindre que dans le tube vertical. La majeure partie de la potée s'y déposera et l’on perdra, ce qui ne peut qu'être avantageux, les parties les plus fines entrainées au dehors. On peut se servir, pour cela, d’un flacon à deux tubulures. Le mélange d’eac et de potée arrive par une tubulure latérale au moyen d'un tube à enton- noir pénétrant à mi-hauteur dans le flacon. Son extrémilé inférieure est effilée et recourbée hori- zontalement. En la dirigeant tangentiellement aux parois du flacon, on produit dans le liquide un mouvement de rotation qui favorise encore la sépa- ration de l'émeri. L'eau s'écoule à la partie supé- rieure par la tubulure centrale. Nous avons vu comment se préparent les ma- tières à polir. Examinons maintenant comment on les utilise. Aux laboratoires des usines de Dion-Bouton, où l’on polit une moyenne de 35 à 45 échantillons par jour, nous procédons de la facon suivante : Après dégrossissage sur meule de carborundum et passage très léger sur une meule garnie d'émeri grossier, nous polissons la surface à examiner sur une série de papiers d’émeri du commerce n°° 0000 et potée 000; nous avons pu obtenir, d'une maison spécialisée dans la préparation de ces papiers, qu'elle nous fournisse un produit suffisamment régulier. Ces papiers sont purement et simplement maintenus avec une main sur une glace épaisse, tandis que l’autre main promène l'échantillon. Pour que l'opération soit rapide, il faut que l'échantillon soit frotté sur un papier dans un sens et sur le papier suivant dans le sens perpendicu- laire, ceciafin qu'un papier puisse en quelque sorte effacer les raies créées par le précédent. On peut activer l'action des papiers d’émeri en les humectant de térébenthine, la diminuer en répandant des corps gras, des savons, etc. (H. Le Chatelier) Ceci fait, les dernières dans le polissage à l'alumine sur des disques tour- donner opérations consistent ca [Je] >90 LÉON GUILLET — L'ÉTAT ACTUEL DE LA MÉTALLOGRAPHIE MICROSCOPIQUE nant à grande vitesse. Ceux dont nous nous servons sont constitués par du bois très sec, sur lequel est appliqué un disque de zine bien plan; on vient tendre sur l’ensemble du drap militaire, que l'on a soin de très bien laver et frotter de facon à éviter tout corps étranger. Il est utile que le drap ait une cerlaine épaisseur et qu'il soit parfaitement tendu. On commence par polir à l’alumine de deux heures, puis de quatre heures, et, s'il est nécessaire, à l’alumine plus \ fine. Pour utiliser dans les condi- tions les meilleu- res l’alumine pré- parée suivant les indications don- nées plus haut, on la place en sus- pension dans l’eau d’un vaporisateur, lequel permet une excellente réparti- tion de la poudre à polir (H. Le Cha- telier). La photographie que nous donnons (fig. 2) représente l'atelier de polis- sage des usines de Dion-Bouton ; la salle estexclusive- ment réservée à l’opéralion du fi- nissage; le dégros- sissage et le pas- sagesur papier ont lieu dans un autre atelier, de facon à éviter que les grains d'émeri ne se portent pas sur les meules de drap. On voit quatre meules qui sont affectées à des grosseurs d’alumine différentes, deux servant cependant à l'alumine de quatre neures, qui est l'opération la plus fréquente. On à utilisé des tourets ordinaires de polisseurs, qui sont commandés indirectement par une dynamo Fis. dont on peut régler la vitesse ; ces meules tournent ordinairement à une vitesse de 800 tours. Sous chaque meule se trouve une cuvette d'eau à grande surface, qui recueille la poussière qui peut se produire; de plus, le sol de la salle est 2. — Salle spéciale pour le finissage (Usine de Dion-Bouton). huilé ; les murs, peints au ripolin, sont tenus dans un état de propreté aussi grand que possible, et seule pénètre dans cette salle la personne qui doit polir. Un compresseur, qui dessert tous les labora- toires, donne l’air nécessaire à la marche des vapo= risateurs. Avec une telle installation, nous arrivons à polir les aciers en dix minutes, les alliages de cuivre en vingt minutes pour les plus durs, enune demi-heure à peine pour les plus tendres. de touret que nous utilisons, les pla- leaux sont main- tenus sur l'arbre écrou. M. Osmond a pensé qu il était plus rationnel d’é- viler cet écrou, dans le joint du- quel peut se glis- ser de la pous- nisé l'emploi de plateaux vissés à l'extrémité même de l'arbre ; cette: disposition pré- sente l'avantage d'offrir une plus grande surface plane. M_Henry re comme suit : Lesmalièresuli- lisées pour le po- lissage sont l'éme- ri, la potée d'émeri et l’alumine pré- parés comme nous l'avons indiqué plus haut; on les met en suspen- sion dans un savon, qui, après dessiccalion, reste encore mou et plastique. On ne peut pas employer le sléarate de soude pur; le savon noir est à recommander; on a soin de filtrer le savon à 1009 avant son utilisation, de facon qu'il ne renferme aucun grain dur. Comme support des matières à polir, M. Le Cha- telier conseille une flanelle très fine étendue sur une glace et maintenue à l’état de tension conve- nable sur une petite planche à dessin avec des rai- Dans le modèle au moyen d’un sière, et a préco-. Chatelier opère LÉON GUILLET — L'ÉTAT ACTUEL DE LA MÉTALLOGRAPHIE MICROSCOPIQUE 591 ures à réglettes; mais, pour l'alumine,les disques tournant à une certaine vitesse sont préférables. Il nous faut ici citer plusieurs cas particuliers de polissage. Tout d'abord, il arrive fréquemment que l'échantillon à observer présente une faible surface : c'est notamment le cas pour les fils ; les moyens les plus simples consistent à enserrer le métal dans ‘une pince présentant une certaine épaisseur et de polir l'ensemble ou encore de placer le fil dans un alliage fondant à basse température et de à polir le tout. N On peut encore avoir à exami- ner un copeau de mélal; on peut procéder de la même facon en le placant à plat dans un alliage ramolli par un léger chauffage. Nous lais- sons de côté les difficul- tés que pré- sente l’observation de grosses pièces de lingots, de barres volumineuses, dont le découpage peut nécessiter des opéralions très coûteuses. Nous reviendrons plus loin, en détail, sur ce cas très fréquent. Un dernier point intéressant à noter est l'observation des mé- laux ou alliages mous, qui sont particulièrement délicats à polir. Ewing et Rosenhain ont pro- posé de couler le métal fondu sur une lame de verre ou d'acier : M. H. Le Chatelier indique de placer une lame de verre ou de mica dans le métal fondu et de laisser refroidir. On peut alors observer le métal en le séparant du corps étranger. Ces méthodes DRASS IIS TPS ET TETE LR LE D 0 PS) # BE 4 Fig. 3. — Micro- È re _… DE arecéclai- ont cependant un gros inCOnvÉ- 54 Rte nient : elles produisent sur le mé- harpy. — ; Here es mince tal fondu un refroidissement brus- réflé- que, qui peutentièrement changer la constitution, comme nous le verrons en détail dans la seconde partie de cette élude. Enfin, avant d'achever ce qui a trait au polissage, nous lenons à attirer tout spé- cialement l'attention sur le point suivant : un al- liage parfaitement poli, ne présentant aucune raie xisible sous des grossissements de 500 à 1.000 dia- mètres, peut très bien, après l’altaque, montrer des raies qui n'indiquent nullement un constituant spé- cial, mais proviennent de ce que l'écrouissage, dû _äupolissage, a créé des zones d'attaque plus faciles. chissant la lu- mière prove- nant du prisme à réflexion Lo- | tale P. | en verre | | Nous avons noté ce phénomène avec de nom- breux alliages, notamment avec des aciers au sili- cium, des ferro-tungstènes, des ferro-chromes, etc. La $ 2. — Attaque. Les méthodes d'attaque que l'on peut utiliser peuvent se classer comme suit : Fig. 4. — d\icroscope vertical Nachet. 1° Polissage en bas-relief; 2% Polissage-attaque ; 3° Attaque par électrolyse ; 4 Attaque directe par un réactif approprié. Cette dernière méthode est assurément la plus usitée. Le polissage en bas-relief est basé sur ce fait queles divers éléments d'un produitnon homogène tendent à s'user inégalement; si donc on polit 9 Ce 19 LÉON GUILLET — L'ÉTAT ACTUEL DE LA MÉTALLOGRAPHIE MICROSCOPIQUE LA l'échantillon sur une surface qui use certaines parties en en respeclant d’autres, on pourra diffé- rencier les constituants. Pour faire le polissage en bas-relief, il faut utiliser une malière qui épouse bien toules les aspérités de la surface. M. Os- mond a conseillé le parchemin, que l’on tend mouillé sur du bois dur et que l’on humecte, au moment de l'uli- liser, avec une poudre aussi fine que possible, telle que le sulfate de cal- cium précipilé. Généralement, quand on polit sur ua substratum assez mou, par exemple sur disque en feu- tre, on obtient facilement le bas-relief. On peut même ajouter qu'il est bien rare qu'en observant un échantillon poli par la méthode ordinaire, on ne voie pas trace de bas-relief, s'il peut se produire. L'examen au micro- scope d’un échantillon simplement poli est donc souvent fort intéressant et instructif. | l'intensité du courant et la dilution du réactifs Fig. 5. — Æclaireur Guïille- min-Nachet. — B, C, bou- tons molletés; P, prisme à réflexion totale. produit ne réagissant qu'au moment du polissage. Ce phénomène s'explique par l’action de frotte- ment. Comme réactifs à utiliser dans ce cas, M. Osmond a conseillé l'ex* trait aqueux de la racine de réglisse (coco) ou mieux une solution à 2% en poids de nitrate d'ammonium. Cette méthode d'attaque est généra- lement abandonnée. L'électrolyse a eu également son heure de succès; elle est délaissée ac- tuellement. On ulilisait une liqueur qui, en temps ordinaire, est sans ac-\ tion sur l'alliage que l’on observesl mais qui l'attaque lorsque l’on fait passer le courant électrique, lequel décompose le réactif en ses éléments; dont l'un agit. L'avantage particulier de cette méthode résidait surtout dans, la facilité que l’on avait de régler lat taque, en augmentant plus ou moins, Fig. 6. — Microscope Zeiss pour l'observation métallographique. — T', bouton qui Commande le mouvement rapide du tube; T”, bouton qui commande le mouvement rapide de la platine; M, levier qui bloque ce mouvement: M, bouton qui actionne le mouvement lent de la platine ; Tr, pignon qui permet de manœuvrer à distance la vis micromé= rique et qui est relié à la lige St; S, vis immobilisant le bras tournant qui porte le pignon Tr; Sp, miroir qui permet d'éclairer par réflexion et qui est maintenu en place par une tige et la vis SI. Le polissage -attaque, indiqué d'abord par M. Osmond, consiste à produire l’atlaque par un La méthode la plus usitée, on peut même dire la seule employée actuellement, est celle des réactifs LÉON:GUILLET — L'ÉTAT ACTUEL DE LA MÉTALLOGRAPHIE MICROSCOPIQUE 593 | t Î proprement, dits. Ils diffèrent beaucoup, et comme -omposition, et comme dilution, avec le métal à Lever. Dans la seconde partie, nous indiquerons les principaux réactifs et leur utilisation. | Mais nous voulons déjà atti- F M rer l'attention sur deux points : TE , . . DE e À 1° Le véhicule qui est utilisé | ÏEs pour amener à l'état de dilu- | b Rig. 7. — Microscope Le Chatelier. Schéma de l'ancienne disposition. — A. métal à observer; B, rapport de mise D, objectif “renversé; E, prisme à réflexion totale: F, oculaire hori- zontal; J, K, L, M, lentilles et diaphragme constituant le : dispositif d'éclairage. au point, reposant sur une monture C, G:; tion voulu le réactif a une importance très grande. Comme nous le verrons, les résultats sont souvent bien plus nets avec une solution alcoolique d'acide chlorhydrique qu'avec une solution aqueuse du même acide, etc. D'ailleurs, des études récentes, notamment celle de M. Kourbatoff, sur laquelle nous aurons à revenir, ont parfaitement mis en lumière ce rôle important du véhicule. 2 Il y a toujours grand intérêt à utiliser des réaclifs dilués, de facon à éviter toute action bru- tale el à pouvoir suivre toutes les phases de l’atta- que, ce qui a une très grande importance pour l'in- terprétation des résullats obtenus. $S 3. — Observation microscopique. La métallographie procède à l'examen desalliages polis et attaqués par réflexion et non par transpa- rence. Il faudra donc que les microscopes permet- tent l'éclairage de la surface polie. C'est là, en Somme, leur principale particularité, qui les éloigne parfois du type classique. Nous rappellerons le principe des principaux types de microscopes et nous insisterons d'une facon toute spéciale sur l'appareil de M. Henry Le Chatelier et ses derniers perfectionnements, qui ont rendu la méthode de la métallographie si pra- tique. Le microscope avec éclairage Cornu- Charpy (fig. 3) a été utilisé pendant quelques années ,notam- ment par M. Charpy pour ses études si remarquables sur les laitons, les antifrictions, etc.: c'est un mi- croscope ordinaire: il a donc son axe vertical : il est muni de l’oculaire éclairant Cornu-Charpy. Dansle modèle Cornu, l'appareil comporte quatre lames minces (G en verre, qui sont superposées ef placées à 45° au-dessous de l’oculaire. Une ouverture P. placée sur le côté, permet de faire tomber sur ces glaces un faisceau lumineux, qui est réfléchi par- tiellement suivant l'axe de l'appareil et vient éclairer la surface métallique. Le perfectionnement apporté par M. Charpy consiste dans l’utilisation d'un prisme à réflexion totale, remplaçant l’ouver- ture P; ce prisme est monté dans un tube qui peut tourner autour de son axe d'une part, et autour de l'axe du microscope d'autre part: on peut donc, sans déplacement du microscope, utiliser la lumière siluée en un point quelconque de l’espace. L'appareil Nachet, qu'utilisent quelques métallo- graphes, nolamment MM. Osmond, Guillemin, estun microscope ordinaire (fig. 4), que l'on munit d’un Fig. 8.— Microscope Le Chatelier, avec nouvelle disposition de la mise au point. — B, glissière à collier de serrage : R, mouvement lent micrométrique, qui peut être action- né par un fil souple S; a, b, e, boutons pour le déplace- ment de la platine. éclaireur spécial dû à ce dernier savant. Cet appa- reil (fig.5) est formé d'un prisme à réflexion totale P, dont une surface forme lentille; la disposition de ce prisme est telle que la face réfléchissante ne se trouve que sur la moitié au plus de la section du microscope. Deux boutons molletés B et C, placés 59% LÉON GUILLET — L'ÉTAT ACTUEL DE LA MÉTALLOGRAPHIE MICROSCOPIQUE sur le côté de l'appareil, permettent d'avancer ou En Amérique, on emploie parliculièrementles de reculer l'appareil, ou même de lui donner une | microscope Sauveur, qui est un microscope à axe certaine inclinaison. vertical dans lequel Dans le dernier mo- : l'éclairage est obten | dèle construit par la au moyen d'une glace maison Nachet, la inclinée à 45° sur platine, qui est mo- l'axe de l'appareil bile et Lournante, se placée près de l'ob-1 meut indépendam- jectif. ment du corps, tout Le microscope de en permetlant son M. Henry Le Chate- déplacement et son lier, qu'il nous resté orientation. Cetle dis- à décrire, a considé position est néces- rablement contribu saire pour que le pro- au progrès de la Mé duit à examiner puis- tallographie. En effet, se rester fixe pour l’é- on verra par sa des clairage. cription combien il L'appareil Zeissest estsimple etde man utilisé dans différents pulation facile. Il e laboratoires, notam- caractérisé par la pos | ment au Laboratoire sition de l'objectif, | fédéral d'Essai des qui est renversé, ebM de l'oculaire, qui à | st natériaux (Polytech- . ; ) ee ; me È A È ù à Fig. 9. — Microscope Le Chatelier. Vue extérieure de l'ancienne nicum de Zurich), au disposilion. son axe horizontal Laboratoire de Char- La figure 7 repré lottenburg, et dans quelques usines et universités allemandes. Il est connu aussi sous le nom de | est placé en À, l'objectif renversé est en D; l’ocu Statif Martens, du laire horizontal F re nom du savant mé- coit l’image par l’ins tallographe allemand termédiaire du pris qui l’a inventé. La ca- me à réflexion totale ractéristique de l’ap- E. La mise au point était obtenue dans le premier modèle par l'intermédiaire d’un rapport B, qui repose par trois pointes su une monture à vis entourant l'objectif, Dans le modèle ae= tuel (fig. 8), la mise au point se fait à l'aide d'une platine montée sur une CO=« lonne latérale CONS= lruite comme celles. des MICrOSCOPES OT=\ dinaires ; on peut dis= poser de deux mou= pareil réside dans le point suivant : Au lieu d'opérer la mise au point en dé- placant le tube, com- me on le fait dans la plupart des micro- scopes, on l'obtient ici en déplaçant la platine. L'appareil (fig.6) a son axe horizontal. En Angleterre, on utilise surtout l'appa- reil Zeiss: au labora- toire des usines Hé- cela, de Sheffield, que dirige M. Hadfield ; à Fe vements : une glis- l'Université de Shef- pig. 10. — Microscope Le Chatelier. Vue extérieure de la nouvelle sière B à collier de field, à la Lête de la- disposition. serrage sert pour la quelle se trouve M.Ar- mise au point rapide; nold; au Physical Laboratory de Londres, c'est | un mouvement lent micrométrique R permet d'ache= bien ce microscope qui est en usage. ver la mise au point. De plus, ce mouvement peut e. LÉON GUILLET — L'ÉTAT ACTUEL DE LA MÉTALLOGRAPHIE MICROSCOPIQUE 9 © O6 | être obtenu à distance au moyen d'un fil souple S; À ceci a son importance, comme nous le verrons au point de vue photographique. | La platine actuelle est à trois mouvements : deux chariots marchent perpendiculairement et leurs | déplacements sont notés sur des divisions à ver- nier. Quant au troisième mouvement, c'est une rotation, également |repérée aulour de axe. Il est enfin à noter que, dans le 4 modèle actuel, au- eun organe ne dé- passe la platine et \ que l’on peut, par Conse- Méuent, obser- ver des échantillons Lyolumineux. … Examinons main- tenant comment est obtenu l'éclairage dans le microscope Mde M. Henry Le LChatelier : un tube L droit ou coudé, ter- .miné par un diaphragme bvariable M (fig. 7), en- voie directement, oupar l'intermédiaire d'un prisme à réflexion totale, un faisceau lumineux provenant d'une source lumineuse quelconque sur un prisme J, qui le réfléchitsuivant l'axe de l'objectif. Le diaphrag- me est placé au foyer de tout le système, qui est formé par une lentille L, le prisme éclaireur et l'objectif. Un diaphrag- me K arrête les rayons présente l'appareil de M. Henry Le Chatelier, dont | la vue extérieure est donnée par les figures 9 et 10: il ne nécessile qu'une seule face plane, il ne de- mande aucune manipulation délicate pour amener l'axe optique de l'appareil à être perpendiculaire à la surface que l'on veut observer, ce qui s'obtient dans les appareils verticaux par tätonnements et en plaçant le métal dans une cire assez malléable; il permet d'obser- ver de grandes surfaces, des pièces volumineuses ; enfin, l'opérateur pouvant s'asseoir devant l'oculaire qui est horizontal, les observa- Lions ne sont nullement fatigantes. Nous verrons plus loin les avan- tages de cet appareil au point de vue photographique. $ 4. — Photographie. Tout au début de la microgra- phie, on s’est contenté de repro- duire au moyen d'une chambre claire l’image obtenue. La repro- duction était trop inexacte et l’on chercha rapidement à utiliser la pholographie. Dans appareils verticaux fig. 11), on place, au-dessus de l'appareil, une chambre verticale, qui est maintenue par deux colon- les nettes verticales et vient s’'emboi- ter dans une collerette qui entoure l'objectif. Pour permettre l’obser- vation, la chambre peut pivoter autour d'une des pelites colonnes. L'inconvénient d’une telle disposition réside dans une manipulation très difficile, de par la hauteur de l'appareil, et très délicate, de par l'o- rientation de la face à observer qui se trouve autres que ceux quitoMm- Fig, 11, — Appareil Nachet avec chambre photographique à une grande distance bentsur la préparation à verticale. de la plaque photogra- ‘examiner. Actuellement, le diaphragme est placé sous l'ob- jectif, aussi rapproché que possible de la lentille arrière. On peut monter une série de diaphragmes de diamètres différents sur un disque mobile, que l'on fait tourner à volonté de l'extérieur par une simple pression du doigt. On peut ainsi, par un léger déplacement du diaphragme, réaliser un éclairage oblique, qui met en vue certaines déni- wellations des surfaces attaquées. On voit, d'ores et déjà, Les grands avantages que phique. La maison Nachet a préconisé un dispositif horizontal (fig. 12), qui se rapproche de celui qu'on utilise au Laboratoire de Charlottenbourg : la cham- bre est reliée au microscope par une série de tubes; la porte O permet l'introduction d'oculaire de pro- jection; enfin, une tige T, dont l'extrémité se ter- mine par un bouton C, permet la mise au point en agissant par un ressort R sur la vis micromé- trique H. Avec le Statif Martens, il suffit d'avoir une cham- 96 LÉON GUILLET — L'ÉTAT ACTUEL DE LA MÉTALLOGRAPHIE MICROSCOPIQUE — bre photographique horizontale, qui vient se rac- corder avec l’oculaire du microscope (fig. 13). Mais, au lieu d'utiliser le miroir dont nous avons parlé pré- cédemment pour l'éclairage, on préfère employer un i/luminateur qui rappelle beaucoup l'éclaireur st il 000 et l’on peut, en desserrant la vis V, attirer tout le système en arrière, de telle sorte qu'aucun rayon ne tombe sur le prisme E. L'image de l'objet placé” en À,ayant traversé l'objectif D, tombe alors verti= calement sur une plaque photographique placée en EVETA Fig. 12. — Appareil Nachet, avec chambre photographique horizontale. — O, porte pour l'introduction d'oculaire de point; R, ressort; projection ; C, T, tige pour la mise au Guillemin-Nachet. Sur les photographies que nous donnons de l'installation du Laboratoire du Poly- technicum de Zurich (fig. 14), on voit l’ensemble des appareils utilisés pour l'éclairage. L'appareil de M. Henry Le Chatelier joint, aux | H, vis micrométrique. P. Si l’on veut obtenir un grossissement plus fort on place en P un oculaire de projection et au-des= sous une chambre noire qui, à distance CONve= nable, renferme le châssis et la plaque sensibles Le gros inconvénient de celte disposition réside Fig. 13. qualités que nous avons déjà énumérées, grande facilité de l'exécution photographique. Dans le premier (fig. 7), le prisme à réflexion lotale E est monté dans un tube mobile G, qui peut être fixé au tube extérieur par la vis de serrage V. Le tube G coulisse dans le tube extérieur une modèle — Dispositif général du Statif Martens pour la photographie. dans ce que la mise au point directe est impossibles Actuellement, le prisme à réflexion totale est monté sur un axe qui permet de le faire pivoter de 90° et de diriger l'image soit dans l'oculaire, soit dans une chambre horizontale qui permet de voir ce que l’on photographie comme dans un appareil L F ; < \ d& LÉON GUILLET — L'ÉTAT ACTUEL DE LA MÉTALLOGRAPHIE MICROSCOPIQUE 597 quelconque. Ceci nécessite un prisme à réflexion | totale très bien travaillé, pour qu'il ne nuise pas à _ Ja netteté de ces images. Le dernier modèle du microscope de M. Henry Xe Chatelier permet de monter tout l'appareil sur un banc métallique comme le banc d'optique fig. 15); on peut obtenir ainsi une stabilité très grande, particulièrement nécessaire pour la pho- Mtographie. L'ensemble se compose alors d'une sont parfois dangereuses et son emploi entraine à des temps de pose très longs. Nous avons employé pendant longtemps la lumière oxhydrique; mais, sur les conseils de M. Henry Le Chatelier, nous utilisons depuis quel- que temps une lampe Nernst à deux gros filaments, consommant un ampère par filament. On arrive avec un tel éclairage à des temps de pose relative- ment très courts. Fig. 14. — Ensemble des installations du Polytechnicum de Zurich pour la pholomicrographie. (Appareil Zeiss.) lampe Nernst N, d'une cuve absorbant certains brayons F, d'une lentille L, du microscope M et de Ma chambre photographique C, le tout monté sur le . banc S. Un dernier point à étudier est l’éclairage. Pour I Mobservation, un bec à incandescence quelconque Lesbsuffisant. Pour la photographie, il faut utiliser une autre source. M. Henry Le Chatelier a recom- mandé la lampe à arc de mercure, qui permet d'utiliser la radiation monochromatique indigo en ärrétant les radiations ultra-violettes au moyen d'une cuve à sulfate acide de quinine. Mais cet appareil est extrêmement fragile; ses ruptures | | REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. Si l'on veut avoir plus de netteté, on peut utiliser des plaques isochromatiques et interposer une solution d'acide picrique à 1 °/,, sous une épaisseur de 1 centimètre ; avec les objectifs apochroma- tiques de Zeiss et des plaques photographiques ordinaires, on obtient des images suffisamment nettes pour les usages courants (Henry Le Chate- lier, conférence du Congrès de Liége). En terminant, nous tenons à insister sur la rapi- dité d'une observation micrographique; quand on est bien outillé, on arrive aisément à polir, atta- quer, examiner et photographier en 15 à 18 mi- nutes. L'an dernier, dans une conférence que nous 15° 598 LÉON GUILLET — L'ÉTAT ACTUEL DE LA MÉTALLOGRAPHIE MICROSCOPIQUE avons faite à l'Association Française pour l’Avan- cement des Sciences, nous avons pu, en opérant sur un antifriction, composé d’étain, plomb, anti- moine et cuivre, scier le petit lingot, le polir, l'examiner, le photographier et projeter l’image | | impossible à pratiquer sur pièces finies, dont on ne peut sacrifier aucune partie. Nous avons pensé que, dans ces conditions, ik élait intéressant de créer un appareil portatif qui puisse se fixer sur un lingot, une colonne, une Fig. 15, — Ensemble du nouveau modèle de l'appareil de M. Le Chatelier. — N, lampe Nernst: F, cuve à absorptiony | L, lentille; M, microscope; C, chambre photographique; S, banc d'optique. en un quart d'heure à peine. Il est donc incontes- table que la métallographie est la méthode la plus rapide, et souvent la plus précise, pour arriver à la connaissance de la constitution d'un produit métallurgique; elle est assurément la moins coûteuse. $ 5. — Trousse de Métallographie. Nous avons déjà fait allusion aux difficultés que présente l'examen de grosses pièces; le découpage Fig. 16. — Trousse de métallographe. — A droite, le mi- croscope avec l'éclairage; à gauche, le moteur et l’appa- reil à polir. de petits morceaux de métal peut nécessiter des ma- nipulations longues et coûteuses; il est parfois pièce quelconque et qui puisse cependant être uti= lisé pour l'examen fixe: ilétait, de plus, nécessaire d'avoir sous la main toutes les meules pour poli la pièce à examiner sans avoir à la remuer. On peut toujours, en effet, trouver sur unepièce, quelle qu'elle soit, une surface de 4 à 2 centimètres car= rés que l’on puisse polir légèrement. Nous avons alors établi avec M. Pellin la trousse métallographique, qui est représentée par 1 figure 16 ; elle comprend : 4° un moteur à courant continu qui permet de faire tourner à grande vitesse un souple sur lequel on vient fixer des meules pou le polissage; 2 des limes, des papiers d’émeris une boîte de réactifs, les vaporisateurs pour alus mine, deux objectifs ; 3° le microscope. peut venir se fixer sur un objet quelconque, soit pan un étau, soit par des lanières. hd On a cherché ainsi à faire un appareil d'un prix. Li peu élevé et ne devant servir qu'à l'observation. \ À Une telle trousse peut servir dans de très nome. breux cas : nous indiquerons, par exemple, la res connaissance des lingots métalliques, la vérification rapide de la teneur en carbone de barres d'acier; de la teneur en cuivre de lingots de laiton, etes» tous exemples que l'on comprendra aisément lorsque nous aurons étudié, dans la seconde parties la constitution des alliages industriels. Léon Guillet, Docteur ès sciences, Ingénieur des Arts et Manufacture: E. COUSTET — LES RÉCENTS PROGRÈS DE LA PHOTOGRAPHIE DES COULEURS e a © LES RÉCENTS PROGRES DE LA PHOTOGRAPHIE DES COULEURS Un progrès dont la portée pralique est facile à apprécier fait entrer, cette année, la pholochromie dans une phase nouvelle. En effet, la préparation … industrielle des plaques « autochromes » va mettre - à la portée de tous la reproduction de l’image de la “ chambre noire, avec la variété infinie de ses nuances : et l'éclat de son coloris, sans aucun changement — au matériel actuel et sans exiger d'autres manipu- «lations que celles dont les photographes ont depuis - Jongtemps l'habitude. “— JIlne faudrait, cependant, pas en conclure que le « problème se trouve, par là même, complètement et définilivement résolu. Dans certaines applications, … — et nous verrons bientôt que ce sont les plus “ importantes, — il faudra encore recourir à d'autres — solutions, en sorle qu'il est intéressant de savoir ce qu'est susceptible de donner chacun des prin- … cipaux procédés photochromiques actuellement connus : l'examen comparatif que nous allons … essayer d'en faire montrera ce qui est acquis dès à présent et ce qui reste encore à découvrir. I. — MÉTHODE INTERFÉRENTIELLE. —._ Théoriquement, c'est une merveille de simpli- “cité : une émulsion transparente et sans grain —_adossée à une couche de mercure doit suflire à … fournir une image stralifiée en lames minces entre “ lesquelles peuvent seuls se réfléchir les rayons de mème longueur d'onde que ceux qua transmis “l'objectif. Mais, en pratique, les difficultés se “dressent, si nombreuses, les insuccès se multi- plient, si déconcertants, que les opérateurs, même les plus habiles, finissent par y renoncer, peu à peu découragés par l'impossibilité de se rendre maîtres du procédé. k L'incertitude et l'irrégularité des résultats, l'ins- “tabililé des émulsions (d’où résulte la nécessité, pour le photographe, de préparer soi-mème ses plaques, au fur et à mesure de ses besoins), la longueur de la pose ne sont pas, d'ailleurs, les seuls inconvénients. L'image interférentielle ne montre ses couleurs que dans des conditions déterminées d'éclairage et d'examen, qui en restreignent natu- rellement l'intérêt. Ce n’est là, à vrai dire, un défaut qu'au point de vue artistique, mais il en est un autre qui doit être pris en sérieuse considéra- tion, même par ceux qui n’envisagent la question | qu'au point de vue documentaire : je veux parler de l'exactitude du coloris. M. Pfaunder a montré’, dans une étude qui a été résumée ici même”, en quoi la méthode de M. Lipp- mann laisse encore à désirer. La conclusion de ses expériences est que les succès oblenus par quelques opérateurs seraient dus soit au choix de sujets à couleurs presque homogènes, tels que perroquets ou vases peints, soit à une telle diversité et à une telle répartilion des mélanges de couleurs, que les franges perturbatricesn'éteindraientaueune nuance et auraient seulement pour effet de répandre un voile général : ce serail le cas, notamment, pour les paysages, qui sont généralement ternes. Ces conclusions concordent, d'ailleurs, avec les résultats des recherches entreprises, il y a quelques années, par M. Alphonse Blanc, de Laval. Si l’on frotte l’image interférentielle, de façon à enlever la couche superficielle, on apercoit, le plus souvent, une sous-couche couleur d’or dont l'aspect varie avec la durée du développement et suivant que la couche sensible était, ou non, en contact avec le miroir de mercure. M. Blanc explique cette particularité en supposant que l'argent est réduit par le révélateur, non pas sous la forme normale, mais sous la forme allotropique, couleur d’or, jadis étudiée par Carey-Lea. La nuance propre des lames minces aurait pour effet de fausser le coloris. M. Blanc est d'avis que, si l’on parvient à éviter la formation du métalallotropique, on obtiendra plus facilement des images correctes, qu'il a d’ailleurs déjà pu réaliser, dans certaines circonstances déterminées”. Enfin, une observation personnelle me conduit à émettre quelques doutes sur la conservation des images interférenlielles. J'ai eu l’occasion de voir, à deux reprises et à douze ans d'intervalle, le même cliché (c'était l’un des premiers spectres reproduits par M. Lippmann) : la première fois, les couleurs s'y montraient admirables de pureté; la seconde fois, le cliché était méconnaissable, tantelles avaient päli. Cette altération rapide peut, évidemment, n’être qu'accidentelle et résulter d'un manque de soins, mais rien n'empêche de l’imputer à l'ex- traordinaire ténuilé des couches d'argent réduit, dont l'épaisseur moyenne n'est, comme on le sait, que de 1/4000 de millimètre. Dans tous les pro- cédés aux sels d'argent, l’exiguïté du grain est une Drude’s Ann. der Physik, t. XV, p. 371. Revue générale des Sciences, 1905, p. 100. Congrès des Sociétés savantes à la Sorbonne. Session de 1902, 1 2 3 600 cause d’altération notoire : il est constant que, sur les épreuves au gélalino-bromure, les demi-teintes pâlissent et disparaissent les premières, et, par ailleurs, les astronomes qui travaillent à la carte du Ciel savent, depuis quelques années, que leurs clichés seraient bientôt inutiles, s'ils ne prenaient la précaution de les faire reproduire, au plus tôt, à l'aide de procédés inaltérables. En effet, le D' Ro- berts s'est aperçu que les faibles dépôts d'argent qui constituent l’image des étoiles s’affaiblissent avec le temps et finissent par disparaitre complè- tement. C'est ainsi qu'il a trouvé qu'au bout de neuf années et trois mois de garde, érente-trois pour cent des images stellaires avaient disparu’. Pour que le lecteur soit complètement au cou- rant de l’état actuel de la méthode interférentielle, il ne nous reste plus qu'à signaler brièvement l'intéressante variante que M. Lippmann a fait connaître l'an dernier”. La couche, composée de gélatine, d'albumine ou de cellulose, est sensibi- lisée au bichromate de potasse et mise, comme d'habitude, en contact optique avec un miroir de mercure. Les maxima lumineux créés par interfé- rence rendent la couche imperméable, de telle sorte qu'après la pose, si l'on humidifie la plaque, les régions correspondant aux minima absorbent seules le liquide. Il en résulte, dans l'épaisseur de la couche, des indices de réfraction différents, superposés en lames minces qui reproduisent les couleurs du modèle. Ces couleurs disparaissent, dès que la plaque est sèche, pour reparaître aussitôt qu'on la mouille de nouveau. Dans le but d'avoir une image visible à sec, M. Lippmann lave la plaque, d'abord dans un iodure alcalin, puis dans du nitrate d'argent. Il se forme ainsi, dans les plans correspondant aux minima, qui seuls ont absorbé les deux réactifs, un dépôt d'iodure d'argent blanc. Les couleurs fixées de la sorte sont très brillantes ; mais il va sans dire que la sensibilité de ja préparation bichromatée, suffisante pour de simples copies par contact, ne l'est plus lorsqu'il faut opérer à la chambre noire, le temps de pose se trouvant alors prolongé dans des proportions inadmissibles. Il. — PROCÉDÉ PAR SUPERPOSITION ÉLÉMENTAIRES. DE COULEURS Inventé en 1867 par Ch. Cros et M. Ducos du Hauron, ce procédé, généralement connu sous les qualificatifs d'indirect où trichrome, est resté, pendant un quart de siècle, en butte à une hosti- lilé incompréhensible. Il a fallu que les typographes 1 Annuaire général et international de la Photographie, 1897, p. 16. ? Académie des Sciences, Séance du 5 juin 1905. E. COUSTET — LES RÉCENTS PROGRÈS DE LA PHOTOGRAPHIE DES COULEURS américains, avec l'instinct pratique qui caractérise leur race, eussent l'idée d'en étudier les ressources et de le lancer, pour que l'industrie européenne. se décidàt enfin à en tirer parti. Le temps perdu à été heureusement rattrapé Aujourd'hui, la photogravure en trois couleurs est en plein succès et tient une large place dans lil lustration. Ses résultats, non pas irréprochables, mais singulièrement améliorés depuis peu, sont | d'autant plus intéressants qu'il n'existe, jusqu'à. présent, aucun autre moyen de faire mieux, à des 1 prix abordables. Par la süperposition de trois encrages (bleu-jaune-rouge), l’imprimeur obtient des gravures en couleurs qui, sans avoir une haute f valeur artistique, valent au moins autant que les anciennes « chromos », si difficiles à réaliser dans des conditions à peu près acceptables. Ce n'est pas que la méthode photographique tri= chrome soit exempte de difficultés et de complica tions. Elle exige, en effet, l'exécution de trois clichés sur lesquels s'effectue la sélection des trois couleurs fondamentales. Le cliché qui doit fournir la planche à encrer en bleu est impressionné der- rière un verre orangé; pour le cliché destiné l'impression du jaune, le filtre sélecteur est violet; il est vert pour le cliché du rouge. Or, le verre vert et le verre orangé ne laissen passer que des radiations peu actiniques. On beau faire usage d'émulsions orthochromatiques ; leur sensibilité pour les rayons verts, jaunes, orangés et rouges reste toujours médiocre. Il e résulle que, si l’on additionne la durée des troi poses successives (dont deux de 12 à 20 fois plu longues que la pose normale en photographie mo nochrome) et le temps nécessaire pour changer le chässis, on arrive à un total qui exclut radicale ment la possibilité de reproduire les sujets animés Nous allons voir, toutefois, que les plaques «au tochromes » ont permis de tourner la difficulté. Mais il reste d'autres inconvénients. Que le suje soit immobile ou que l’on ait commencé par le reproduire à l’aide d’une plaque autochrome, la préparation de trois planches monochromes exige encore l'exécution des trois clichés sélectionnant les couleurs fondamentales. Il faut donc calculer Lrois temps de pose inégaux, développer exacles ment de la même façon troisémulsions inégalement sensibles, de facon à obtenir trois négalifs égales ment intenses et pareillement détaillés, quoique ne donnant pas trois images identiques. Un rien suffit pour rompre l'équilibre et fausser le coloris : aussi des retouches délicates sont-elles général) nécessaires. | La mise en train exige des ouvriers experts el | soigneux ; mais, une fois bien réglée, le tirage s'ef- fectue régulièrement et avec une rapidité très | E. COUSTET — LES RÉCENTS PROGRÈS DE LA PHOTOGRAPHIE DES COULEURS 601 . satisfaisante. On pourrait souhaiter que les trames employées fussent plus fines, afin que les éléments _ colorés révèlent d’une facon moins apparente leurs - formes géométriques. Il faudrait aussi trouver le _ moyen de se passer de ces papiers couchés, dont Me salinage excessif blesse la vue. Du reste, ces “deux défauts ont déjà pu être atténués, en gau- frant le papier après l'impression. Le grain de ce gaufrage, qui imite l'aspect du papier à dessin, détruit le lustre de la surface, en même temps qu'il dissimule un peu la trame de simili-gravure. On voit qu'appliquée aux tirages typographiques, a méthode trichrome offre déjà de précieuses res- sources. Mais, pour l'amateur qui veut seulement oblenir, par des procédés exclusivement photo- graphiques, quelques épreuves en couleurs, les tirages superposés présentent des complications rebutantes. Il faut, en effet, tirer trois épreuves au charbon, l’une bleue, la seconde jaune, la troi- sième rouge, de telle sorte que leurs densités soient rigoureusement équivalentes; si l'un des … monochromes vient à prédominer, même légère- “ment, voilà le coloris complètement dénaturé. Il faut, ensuite, que, malgré les transferts qu'elles ônt à subir sur des papiers plus ou moins exten- sibles dans l’eau, les trois pellicules de gélatine mixtionnée coïncident rigoureusement, lorsqu'on les superpose, le moindre empiétement se tra- duisant par des franges irisées inacceptables. La méthode des trois clichés s’appliquait encore, usqu'à ces temps derniers, à l'exécution des dia- positifs (vitraux et stéréoscopies); la projection imultanée, sur le même écran, des irois mono- bromes éclairés par une triple lanterne‘ permet- ait de réaliser la synthèse lemporaire du coloris analysé par les filtres sélecteurs. Ces applications Sont désormais sans objet, le procédé par juxtapo- Sition des éléments colorés ayant très heureuse- ment simplifié la question. + Ë + III. — PROCÉDÉ TRICHROME PAR ÉLÉMENTS JUXTAPOSÉS. MM. Augusteet Louis Lumière ont fait connaitre à l'Académie des Sciences, le 30 mai 1904, un pro- “édé extrêmement ingénieux, dont la ÆRevue* a “donné un exposé suffisamment complet pour qu'il » soit inutile d'y revenir. Rappelons seulement que le principe de cette méthode consiste à couler une émulsion panchromatique sur une glace préalable- ment recouverte d'un filtre trichrome composé d'une multitude de grains de fécule colorés, les uns en violet, d'autres en vert et les autres en | Voir notamment Revue générale des Sciences, 1905, P: 4. ? Revue générale des Sciences, 1904, p. 883. orangé. Ces éléments microscopiques réalisent, sur une surface unique, la sélection des trois cou- leurs fondamentales et réduisent les opérations à l'exécution d'un cliché unique, sans report n1 superposition. Toutefois, telle qu'elle avait été primitivement imaginée, la préparalion des plaques entrainait de sérieuses difficultés d'ordre pratique. La coloration de la fécule, son tamisage et surtout son étendage en couche parfaitement régulière, exigeaient beau- coup de soins et une habileté que n'eussent certai- nement pas pu acquérir la plupart des amateurs. Aussi les inventeurs, poursuivant leurs recher- ches, ont-ils étudié les moyens de faire de cette préparalion une opération entièrement automa- tique. La fabrication industrielle des plaques « autochromes » est maintenant réalisée. Ce sont des machines qui effectuent le triage de la fécule et qui l’étendent, une fois colorée, en couche irré- prochablement uniforme sur les plaques de verre. De plus, le tamisage de la fécule a été modifié : la fabrication actuelle n'utilise plus que les grains dont le diamètre est compris entre 10 et12 millièmes de millimètre, en sorte que, même en tenant compte des interstices remplis par de la poudre de charbon, on peut calculer qu'il y a environ 2euf mille éléments colorés par millimètre carré. C'est dire qu'il est impossible de soupconner ia constitution trichrome de l'écran, qui semble incolore, non seulement à l'œil nu, mais même à la projection, si l’on s'en tient aux conditions ordinaires d'amplification. Les plaques vendues prêtes à l'emploi doivent être mises en chàssis, verre en avant et gélatine en arrière, contrairement à ce qui se fait d'habitude, puisqu'il faut que la lumière n'atteigne l’'émulsion qu'après avoir traversé les granules colorés sélec- teurs. En outre, l'interposition d'un verre jaune, devant ou derrière l'objectif, est indispensable, comme d'ailleurs dans toutes les méthodes où l’orthochromatisme est en jeu, afin de compenser l'excès d'activité des rayons violets et bleus, ainsi que pour arrêter l'ultra-violet, dont l’action faus- serait le coloris. La double absorption que subit la lumière, d'abord en traversant le verre jaune, puis en pas- sant à travers les grains colorés, a naturellement pour effet d'allonger notablement le temps de pose. Cependant, comme l’'émulsion employée est très sensible, MM. Lumière ont réussi à obtenir, au soleil, des images en 1/5 de seconde, en se servant, il est vrai, d'un objectif dont l'ouverture atteignait le tiers de la distance focale (//3). Il en résulte la possibilité de reproduire, avec toutes leurs couleurs, la plupart des sujels intéressants. L'amateur et le photographe de profession dis- posent ainsi d'un moyen facile et sûr pour exécuter 602 E. COUSTET — LES RÉCENTS PROGRÈS DE LA PHOTOGRAPHIE DES COULEURS des diapositifs en couleurs, c’est-à-dire des images pouvant servir de vitraux, de stéréoscopies, de clichés de projections, ou encore de prototypes destinés à la préparalion des trois clichés mono- chromes, dans le cas où les lirages typographiques lrichromes ont pour objet la reproduction de scènes animées. Malheureusement, là s'arrêtent, du moins pour le moment, les applications de ce procédé : il ne crée que des diaposilifs et non pas de vérilables tableaux, visibles par réflexion et susceptibles d'être encadrés ou montés sur les feuillets d'un album. En effet, la sensation du blanc, sur une plaque autochrome, résulte de la vision simultanée de mi- croscopiques particules violettes, vertesetorangées. Observé par transparence, cet ensemble paraît bien blanc : on croirait voir un verre dépoli. Mais il n'en est plus de même, si on l’examine par lumière réfléchie : les pigments violet, vert et orangé, vus dans ces conditions, loin de former un blanc pur, ne donnent plus qu'une résultante gris terne. La gamme des valeurs ne peut ainsi aller que du noir au gris, et toute image où le blanc fait complète- ment défaut se trouve inévitablement dépourvue d'éclat. Il se peut qu’un perfectionnement prochain permette de tourner la difficulté; mais enfin, pour le moment, la plaque autochrome n’est encore sus- ceplible de donner que des diapositifs ou des clichés servant à tirer des épreuves colorées à l'aide d'autres procédés, notamment à l’aide du procédé par décoloralion. IV. — PnoTOCHROMIE PAR DÉCOLORATION. M. Bernard Brunhes a publié, en 1895, dans cette Revue, une excellente analyse d’un Mémoire de M. Otto Wiener! sur la photographie des couleurs, Mémoire dont nous rappellerons seulement la con- clusion. D’après M. Wiener, pour obtenir photographi- quement des images colorées visibles sous toutes les incidences, il faudrait trouver une substance noire absorbante, composée d'un mélange de sub- slances élémentaires dont chacune serait capable d’absorber loutes les radiations colorées, sauf une, qu'elle réfléchirait, et qui, par suite, seule, ne la décomposerail pas. Il suffirait des trois couleurs * Farbenphotographie durch Korperfarben und mechanis- che Farbenanpassung in der Natur (Wieemann's Annalen, t. V, p. 225; — 1895). simples, bleu, jaune et rouge, pour réaliser toutes les nuances possibles. On pourrait introduire, avant la pose, des substances accélératrices et, après la pose, d’autres substances protégeant les couleurs contre l’action ultérieure de la lumière. Sur ces données, diverses solutions ont élé pro- posées. Nous n’en signalerons que deux, qui seules ont déjà donné des résullats encourageants et qui semblent, d'ailleurs, perfectibles. M. Karl Worel plonge un papier exempt de fibre de bois dans un mélange de primerose, de bleu vic- toria, de curcuma et d’auramine, en solutions alcoo- liques, le Lout additionné d’anéthol : cette dernière substance sert d'accélérateur. Aussitôt sec, le papier" est impressionné, dans un chässis-presse, sous un diapositif coloré. Au soleil, le temps d'exposition est quelquefois réduit à cinq minutes. Quand l’image est complète, on lave le papier dans de la benzine pure, où on le laisse pendant: une heure au moins, à l'abri de la lumière, après quoi il est séché à 30°. Le fixage est ensuile com- plété par une immersion de deux à trois heures dans une solution saturée de sulfate de cuivre. Le second procédé est celui du D° Neuhauss, qui, se sert d'eau oxygénée pour accroître momenla-M nément la sensibilité des couleurs à la lumière. Les couleurs employées par M. Neuhauss sont le bleu méthylène, l'auramine et l'érythrosine. Le fixage, après l'impression au châssis-presse, con= siste à laver l'épreuve, d'abord à l'eau pure, puis dans une solution de tanin à 10°/,, renfermant, de faibles quantités d'acétate de soude. On ter mine en immergeant dans une solution saturée d’émétique, puis dans une autre saturée d'acétate de plomb. Il est clair que ni l’un ni l’autre de ces deux pro= cédés ne se prête à‘la reproduction directe de la Nature par la chambre noire. La sensibilité des couleurs additionnées soit d'anéthol, soit d’eau oxys= génée, est à peine égale à celle des papiers à noir cissement direct (ciltrate d'argent et similaires) gélatino-bromure et l'aspect artistique des papiers pigmentés pourront être heureusement combinés” | Le cliché en couleurs est trouvé; il ne reste plus. qu’à perfectionner les procédés par décoloration pour avoir des épreuves colorées sur papier, abel lument comparables à de véritables aquarelles. Ernest Coustet. F. DIENERT — HYDROLOGIE SOUTERRAINE ET EAUX POTABLES 603 “— Les sources sont susceptibles de se contaminer sur toute l'étendue de leur périmètre d’alimenta- là où les germes dangereux, déposés par homme, viendront souiller les eaux souterraines, et il est évident que, toutes choses égales d'ailleurs, “une source sera d'autant plus facilement contami- “able que son périmètre sera plus habité. Il est “donc nécessaire de déterminer ce périmètre, de “savoir s’il est très peuplé, enfin de se rendre 4 ‘ | Fig. 1. — Détermination du périmètre d ‘alimentation d'une source d'affleurement par la méthode géologique. Vy M V7 4 RNX ; ES A S S'Martin® A: fe2 6 Miroir S. Clos Noé 2 D Vzumort 2525 ê S ë ne Puits Bo Bottin g2 F1 Folie S È SI œ NX Îes Sièges &. de lareilles taté d'appréciable aux sources de résistivité com- prise entre 2.250 et 2.450 ohms. D'autre part, l'expérience faite à la Joncheroy, ayant été néga- tive pour lés sources d'Armenlières, il y a lieu de penser quele périmètre de ces sources ne s'étend pas jusqu'à la vallée d’Arces. On n'a pas cru utile de multiplier les expériences pour mieux limiter le périmètre de cette source. Pour en apprécier la qualité, on sait par avance qu’elle doit être excel- à .5.del Bouillarde Sy à. Armentières 2500 2660 le #05 2265 le 27, 06 Cérilly 2517 2457 13 Bouillante Fe Jardin 92= .435 ÉCoulours Bœurs-en-Othe 2530@2970 2r00 cz Guinard 2755 3 2700 “ Ë Fe : # la Raoul 27:51 Eat . de Sévy . E es a 1 7 pes Bond Villechétive ne VE PS Geeois k Ë 2 ’Arces € CL 950 Vauleriers o “ 72 Ë $ de DAS © 2852 o 2. Marie Léonie Frofonde Fredu Sucrè &. Grande fontaine 2$. À Jfalien-du- Sault [e] Bassy-27- à S? Aubin- —s-Ponne HAN > LR WE = LAROCHE M > émissaire principal allant de la zone de forte résis- | livité jusqu'à Armentières. L'émissaire passe du | côté de Berluviers et suit très probablement la vallée jusqu'à Bérulles. … En effet, un orage très localisé, qui s'est déclaré enM4905 dans la région de Berluviers, a montré que les sources de Bérulles et d’Armentières s'étaient légèrement altérées, et, par suite de l’arrivée rapide d'eaux de pluie, qui avaient ruisselé et étaient venues s'infiltrer dans le sol très poreux de la wallée, la résistivité de ces sources s'était élevée de 70 à 80 ohms environ. On n'avait rien cons- & d'e Croix-vers-Nous ÆBoOBBEMNs ol Fig. 5. — Région des sources de la Vanne. lente à son origine. Mais si, entre la zone de son périmètre et l’émissaire de la source, il se trouve des bétoires capables d'absorber des eaux contami- nées et mal filtrées, il faut redouter les contamina- tions. Dans l'état où ces études se trouvent actuelle- ment, il semble qu'il eût été préférable d'aller cap- ter la source à l'amont, au pied de la Forêt d'Othe, et il est à peu près certain maintenant qu’on n'aurait pas beaucoup perdu de son débit, ce qu'on ignorait à l’époque des captages. On en aurail perdu cependant une petite quantité, car la source Armen- tières principale reçoit un peu d’eau de la zone G10 F. DIENERT — HYDROLOGIE SOUTERRAINE ET EAUX POTABLES voisine de la vallée de la Vanne, caractérisée par | une plus faible résislivité. On s’en est fort bien apercu cette année. En effet, généralement après une crue, la résistivité de cette source augmente par suile de l'apport, par bétoires, d'eau superfi- cielle. En 4905, au commencement de novembre et à la suite des pluies, la résistivité varia peu, et au lieu d'augmenter elle diminua. La variation se fit sentir, mais plus faible, à la source Armentières aval. Voici, en effet, ce qu’on a conslalté : Résistivité en ohms em. à 180. ARMENTIÈRES ARMENTIÈRES LA BOUIL- DRAIN (amont) (aval) LARDE DE FLACY 2 novemb. 2.847 2.: 2.285 AR 21822 2 2. 1 décemb. 2.762 De 2: 15 - 2.162 2 2. Fr ep décharge. Le débit des sources d’Armentières a augmenté de 108 litres entre le 7 novembre et le 7 décembre. Or, l'abaissement de la résistivité, accompagné d'une augmentation du débit, ne peut s'expliquer que par une arrivée d’eau de la nappe voisine des sources el a coïncidé avec un changement dans l'hydrologie soulerraine à Rigny-le-Ferron. Au mois d'octobre, la source de Rigny-le-Ferron a une résistivité de 2.660 ohms; en janvier, après les pluies, elle n’est plus que de 2.265 ohms, c’est-à- dire qu'il y a eu changement complet dans la com- position de l’eau de cette source. Tout se passe comme si, pour une cause encore indélerminée, la nappe la plus conductrice avait pu trouver depuis le commencement de novembre un écoulement par les diaclases qui alimentent les sources d’Armen- tüières et de Bérulles (la source de Bérulles à varié également). On pourrait objecter à notre raisonnement que vers novembre et décembre la quantité de gaz car- bonique a augmenté dans le sol, d’où une variation dans la proportion du calcaire dissous dans l'eau et, par ce fait, changement de la résistivité électrique. Cette manière d'envisager les faits ne serait pas exacte et est infirmée par l'augmentation de la résis- tivité des eaux de la Guinand au mois de novembre (60 ohms d'augmentation au puits Morrissat) et par l'analyse quantitative du colibacille à la source d’Ar- mentières. On sait qu'une arrivée d'eau superlti- cielle mal filtrée augmente la proportion du B. coli dans l'eau des sources qui les reçoivent. D'autre part, pour une cause encore mal connue, certaines sources contiennent toujours, même en période sèche, beaucoup de 2. coli communis. Les sources d'Armenlières sont dans ce cas. 1 Quand on met Armentières amont en décharge, on élève son plan d'eau, et cette manœuvre a toujours pour effet de faire arriver à Armentières aval une plus grande proportion d'eau de forte résistivité. Or, tandis qu'avant le 9 novembre, c'est-à-dire avant les pluies, on comptait 100 germes de € genre dans 100 centimètres cubes d’eau de là source Armentières amont, on n’en comptait plus. que 40 au commencement de décembre et 20 seules ment à la fin de ce mois, c’est-à-dire que, con: trairement à ce que l'on avait toujours observé lors de crues précédentes, l'épuration des eaux avait été rapide et était nettement plus grande à celle époque que pendant Ja saison sèche. résullat paradoxal s'explique très bien avec notre première hypothèse d'un mélange d'eaux, dont l’une, la principale, vient de la Forêt d'Othe, tandis que l’autre provient de la zone voisine de la vallée de la Vanne, beaucoup plus pure en ces germes Tout semble bien concorder pour démontrer q la source d'Armentières amont reçoit ou peulM recevoir des eaux de la zone voisine de la vallée di la Vanne; mais son alimentation principale est a a Le ee (4 Bérulles. Si nous ne craignions pas d’allonger cet article nous démontrerions, au moyen de la méthode d tières aval reçoit un mélange de deux eaux, quel@ Bouillarde peut assez bien se délimiter par ce pre cédé, que la source du Miroir est également exutoire direct de la zone siluée dans la Forêb d'Othe; mais l'exemple de la source Armenlièréss principale peut être donné comme celui d'un c& classique. III. — ConNcLUuSsIONS. Si l'on voulait poursuivre plus loin encore les de cas, la méthode de la conductibilité électrique; méthode simple, rapide et peu coûteuse, peut Ed | utilement employée. l Il est évident que cette méthode ne remplace pis À totalement la fluorescéine, qui reste pour étudier les détails d'un périmètre d'alimentation; mais le est souvent indispensable pour prévoir ces expé= riences, beaucoup plus coûteuses, avec les matières | colorantes, et pour ne les entreprendre que là où | véritablement c'est ulile pour limiter la zone de | protection. F. Dienert, Docteur ès sciences, Chef du Service de Surveillance locale des sources de la Ville de Parise 1° Sciences mathématiques tolz, Professeur à TUniversité d'Innsbrück, et Gmeiner, Professeur à l'Université allemande de » Prague. — Eïnleitung in die Funktionentheorie. ‘11° Abteilung (INTRODUCTION À LA THÉORIE DES FONC- tions. Deuxième partie). — 1À vol. in-8 de vi- 598 pages. (Prix : A1 fr. 25) Teubner, editeur Leipzig, 1906. » Cet ouvrage est la seconde partie du livre dont j'ai fendu compte dans la Æevue du 30 mai 1905. IL a les Mmêèmes qualités et le même intérèt. Bornons-nous à énumérer les matières successive- ment traitées : Séries ; Fonctions monogènes d’une variable complexe; Fonctions circulaires d’une variable complexe ; Produits infinis ; Fractions continues, finies et infinies. LÉON AUTONNE, Maître de Conférences à la Faculté des Sciences de l'Université de Lyon. “Rodier (H.), Zngénieur, ancien constructeur. — . Automobiles. Vapeur, pétrole, électricité. — 1 vol. in-8° colombier de 160 pages et 282 figures, de PAn- nuaire Technique des Sciences, de l'Industrie et des Travaux Publics. (Prix : 12 fr.) 64, rue de la Vic- - toire, Paris, 1906. — Si l'industrie automobile s’est fort vite développée, sa littérature n’est pas restée en arrière et est déjà très iche. Mais la plupart de ses ouvrages, surtout destinés b des conducteurs, qui n'étaient pas mécaniciens au ns abstrait du mot, se sont jalousement gardés des considérations théoriques, seules capables pourtant d'éclairer rationnellement la matière. … Le livre de M. Rodier est, au contraire, un cours à la fois théorique et pratique d’automobilisme. Il débute par l'exposé fort complet des éléments qui “entrent en jeu dans le problème de la traction auto- mobile : résistance à vaincre, adhérence, perturba- ions dues à l’inertie des pièces en mouvement... Il passe ensuite à l'étude de chaque organe de la Voiture; mais, avant de le décrire, il rappelle les tions théoriques qui président à sa construction. C’est nsi qu'avant de montrer comment sont faits les moteurs, chargés d'actionner nos voitures, il rappelle S principes de la Thermodynamique, les cycles nployés pour les moteurs à vapeur et à explosion, les règles qui président à l'établissement d'un moteur électrique. Il donne aussi les moyens de calculer, con- rmément aux règles de la résistance des matériaux, éléments des divers organes. Il donne enfin des applications numériques pour illustrer et rendre plus | compréhensibles les formules. | Après avoir analysé les divers éléments d’un véhi- -cule, il décrit en détail les principaux types de voitures ädvapeur, à pétrole et électriques. … L'ouvrage, fait avec beaucoup de méthode, comprend, | Sous un volume aussi réduit que possible, la matière de près de 1400 pages d’un format ordinaire. Il doit être recomposé chaque année pour être tenu au cou- rant des perfectionnements qui sont apportés, d’une facon incessante, à la construction automobile. | <% GÉRARD LAVERGNE, Ingénieur civil des Mines. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 614 BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 2° Sciences physiques Hildebrandsson (Hildebrand), Professeur à TUni- versité royale, directeur de l'Observatoire météoro- logique d'Upsal, et Teisserene de Bort (Léon), directeur de l'Observatoire de Météorologie dyna- mique de Trappes. — Les bases de la Météoro- logie dynamique; historique, état de nos connais- sances. 7° livraison — 1 vol. in-8°. Gauthier-Villars, éditeur. Paris, 1906. On a rendu compte, dans la Revue de 1904, des pre- mières livraisons parues du grand ouvrage de MM. Hil- debrandsson et Teisserenc de Bort. Peu de temps après, paraissait une septième livraison, qui comprend deux chapitres, l’un consacré aux orages et grains, l'autre aux trombes et tornades. C'est au Service météorologique français, organisé par Le Verrier, et aux travaux de ses collaborateurs, Marié-Davy et Fron, qu'on doit la démonstration du fait capital que les orages ne sont pas, en général, des phénomènes localisés. Ils viennent de l'Océan, traver- sent la France, et, si l’on trace les lignes joignant les stations où l'orage a éclaté à la mème heure, on trouve que cette ligne balaie d'un mouvement régulier une partie du territoire. M. Mohn étendit bientôt à la Norvège le service des observations d’orages et arriva aux mêmes conclusions : des observations analogues furent instituées en Suède, en Allemagne, en Italie et dans les divers pays d'Europe. L'étude des variations du baromètre et des autres instruments d'observation au début d'un orage con- duit naturellement à l'étude des grains : l'enquête de Clement Ley à la suite du naufrage de l’£urydice, les recherches d'Abercromby et sa découverte de la coïn- cidence entre la ligne de grain et le thalweg de la dépression en V, enfin les travaux plus récents de Kôppen en Allemagne et de Durand-Gréville en France sont résumés avec tout le détail nécessaire. Le chapitre sur les trombes et tornades contient des descripuüons des phénomènes divers groupés sous ces dénominations, depuis les petites trombes du Sahara et de l'Egypte, observées par Raoul Pictet, puis par Teis- serenc de Bort, qui en a plusieurs fois traversé à cheval et a pu observer les phénomènes à l'intérieur et à l'extérieur, — jusqu'à ces tornades terribles qui ont parfois dévasté quelques cantons de notre pays; on trouve notamment la description de la trombe de Dreux, par M ‘leisserenc de Bort, et de la trombe de Hallsberg en Suède, par M. Hildebrandsson. L'ouvrage contient dans le présent fascicule, comme dans le précédent, des reproductions de cartes origi- nales empruntées aux Services météorologiques des divers pays, et offre ainsi un intérêt historique et documentaire absolument unique. BERNARD BRUNRES, Directeur de l'Observatoire du Puy de-Dôme. Riche (A.), Directeur des Essais à la Monnaie, et Forest (M.), Essayeur des Monnaies. — L'Art de l'Essayeur. — À vol. in-16 cartonné, de 431 pages avee 103 figures. (Prix : 5 fr.) Baillière et fils, edi- teurs. Paris, 1906. Ce livre est une seconde édition, augmentée, de l'ouvrage de Riche et Gelis. Il constitue le bagage scientilique essentiel des essayeurs, c'est-à-dire des chimistes qui, avec un matériel très simple, doivent trouver vite et exactement les teneurs des matières- argentifères, aurifères, platinifères et quelquefois cupri- 612 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX fères. Plus rarement, les essayeurs ont à doser les métaux communs. Ce manuel permettra au candidat-essayeur d'acquérir toutes ces connaissances, non pas comme un manœuvre qui ne se rend pas compte de ce qu'il fait, mais comme un chimiste intelligent qui ne se rebute pas en face de difficultés imprévues. I] faut féliciter MM. Riche et Forest d'avon relevé le niveau des connaissances scien- tifiques exigées des candidats au diplôme d’essayeur de la Monnaie. Il est intéressant — déjà au point de vue pédagogique — de voir les méthodes suivies par les auteurs pour arriver à un but essentiellement pra- tique, tout en développant juste assez d'idées théoriques pour que la culture générale du candidat ne soit pas négligée. Le lecteur est d'abord initié, grâce à de nom- breuses et excellentes figures, aux choses du labo- ratoire : il se familiarise avec le mortier, le tamis, la cisaille, le creuset, la balance, les fourneaux, etc... C'est, en quelque sorte, une promenade qu'il fait à travers le laboratoire. Il reçoit ensuite une lecon de Chimie théorique : les phénomènes de dissolution, les combinaisons, la théorie atomique, la nomenclature, les lois de la Chimie sont exposés dans ce qu'ils ont d'essentiel et sont appuyés sur des exemples frappants. L'essayeur aura à se servir d'un certain nombre de réactifs : L'Art de l'Essayeur lui en donne les pro- priétés, les modes de préparation dans ce qu'ils ont d'intéressants pour le but qu'il se propose. Après un court chapitre sur les essais au chalumeau, on aborde les propriétés et l'analyse des métaux précieux. Ici, aucun détail n’est épargné : l’échantil- lonnage avec ses causes d'erreur (phénomènes de liquation, etc..), la coupellation, les essais par voie sèche et par voie humide, l'influence des différents -métaux sur les méthodes d'analyse, tout cela est décrit avec une minutie qui ne laisse rien à désirer et qui dénote, de la part des auteurs, une rare compétence. On ne saurait avoir à faire une analyse de métaux pré- cieux sans avoir recours à cette partie du livre. Après un exposé aussi complet des essais relatifs à l'argent, à l'or et au platine, les auteurs sont beaucoup plus brefs pour ce qui concerne les autres métaux. Le cuivre, cependant, comporte un certain développement à cause de sa présence fréquente à côté des métaux précieux. Le dernier chapitre est réservé à l'essai des cendres et des combustibles et à des notions générales sur la mélallographie. On sait que M. Riche a été, il y a plus de trente ans, l’un despremiersinitiateurs des méthodes d'analyse électro- lytique ; aussi trouvons-nous ces méthodes appliquées à quelques métaux. A ce propos, nous ferons quelques pe- tites critiques : d'après M. Riche, le cuivre peut se dé- poser d’une solution contenant peu d'argent sans être gêné par ce métal ; nos expériences nous ont montré, au contraire, que l'argent se dépose avec le cuivre, ce qui est d'ailleurs évident, a priori, étant donné que l’ar- gent se dépose déjà avec une tension électrique infé- rieure à celle du cuivre. D'autre part, M. Riche admet comme constitution du peroxyde de plomb électroly- tique le composé Pb0O*; nous avons démontré que cette formule est inexacte, et que le facteur analytique Pb (re) fait une différence de 1,5 °/,. Il est vrai que cette différence affecte peu les résultats de M. Riche, qui n’a guère à déposer plus de 30 milligrammes de plomb. Nous ferons une dernière critique à l'endroit des poids atomiques, qui sont anciens et qui présentent sur les poids atomiques revisés (année 1903) des différences qui peuvent dépasser 1 °/,. Ces quelques petites réserves ne sauraient atteindre la valeur de l'ouvrage de MM. Riche et Forest, qui res- tera le manuel pratique des essais des métaux pré- cieux, comme il l'a été pour l'édition précédente (de MM. Riche et Gelis). A. HozLarp, Docteur ès sciences. — 0,866 doit être remplacé par 0,853, ce qui 3° Sciences naturelles | FAR È Sargenton-Galichon (M"° A.) — A travers le. Haurân et chez les Druses. Excursion à EP: A myre par Homs (Communications faites à Société de Géographie de Genève). — 4 plaquet de 88 pages avec gravures. Chez l'auteur à Genève et librairie Fischhacher, à Paris, 1906. | Mu: Sargenton-Galichon est toujours l'intrépide voya geuse dont nous avons fait connaître, ici même, Ml beau voyage : « Sinaï Mà-àn Petra (Sur les traces dl raël et chez les Nabatéens) ». Les deux communications qu'elle vient de donner à la Société de Géographie dé Genève et qu'elle a réunies, sur le désir de tous ses auditeurs, en une élégante brochure, nous permettent de visiter quelques cités antiques de la Syrie, de pént trer un peu mieux dans la connaissance des Drusés et d'avoir une vue toute récente de Palmyre. Il sera superflu de louer de nouveau le talent de l’auteur, pittoresque et le charme de ses descriptions, son éru dition discrète et souriante. La lecture est courte mais l'agrément en est grand, et il faut souhaiter qui Mme Sargenton-Galichon voyage souvent pour notre profit et pour notre plaisir. LPO: | Javal (E.), Membre de l'Académie de Médecine. = Physiologie de la Lecture et de l’Ecriture, suivi& de déductions pratiques relatives à l'hygiène, at expertises en écriture el au progrès de la (yp@ graphie, de la cartographie, de l'écriture en relié pour .les aveugles, ete. — À vol. in-8° de la Biblit thèque scientitique internationale de 296 pages ave 96 ligures dessinées par M. CH. Dreyrus. (Prix: 6 fi F. Alcan, éditeur. Paris, 1906. Ù Voici un livre dont le contenu, malgré le titre, inté ressera moins les physiologistes que bon nombre médecins, d'hygiénistes, d’ophtalmologistes, de pédas gogues, d'architectes, d'imprimeurs, de fondeurs d caractères, de journalistes, ete. J'en passe. C'est que livre en question est un livre socialement utile; ce qu'il apporte, par l'étude attentive et précise des qu tions exposées, des perfectionnements dans des déta dont l'importance esténorme, vu le nombre de ceux qi peuvent en profiter. C'est aussi qu'il est la conclusia immédiatement applicable et pratique, d'un grand nombre de recherches théoriques et expérimentales qu ont rempli à peu près toute la vie de l’auteur; conclue sions où chacun de ceux que j'ai cités plus haut, t d’autres, peut venir puiser après s'être convaincu qui fera mieux ce qu'il a socialement à faire s'il appliq après avoir lu. Or, n'est-ce pas là aujourd'hui l'id que nous sommes plus enclins à chercher dans livre scientifique? Et en cela, un livre comme celui=t se différencie, me semble-t-il, du mémoire, de la no de l’article. Avec toute la série des démonstrations p le raisonnement et par les faits que comporte le dé loppement du sujet traité, il apporte quelque chose plus : les indications pour passer à l’action, c'est-à-dire pour refaire, quand c'est possible, ce qui a été m fait d’après les erreurs antérieures; pour concevoilm réaliser un progrès d'après la vérité nouvelle. Ge ainsi qu'on pourra, dans ce livre, trouver comment.0n Y peut mesurer plus exactement l’acuité visuelle ma. s # œil; pourquoi ce défaut si fréquent de l'œil, l'astigmas, tisme, est si rarement corrigé et encore plus rarement bien corrigé; à quoi tiennent la rapidité et la lisibilité | de l'écriture; dans quelle orientation nécessaire doivent ètre construites nos écoles; comment raccourcir le | temps et la peine des enfants qui apprennent à pe à écrire ; enfin, et surtout, on y trouvera un très ran nombre de données pratiques sur la forme et le dessin des caractères, l'épaisseur des traits constitutifs des | lettres, les empâtements, l'interlignage, etc., toutes choses qu'il est aujourd'hui impossible d'ignorer, car tout le monde est journaliste plus ou moins, ou le sera, et sinon journaliste, auteur, ayant affaire à un ne 4 | 2 l BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 613 eur ou à un éditeur dont il vaut mieux savoir discuter conditions ou les idées. L'utilité d'un pareil livre ne pouvait donc être plus oive étonner*. ais à cette qualité dominante, à mon avis, s'en joint “ne autre, c'est le nombre de faits historiques, expéri- ntaux, scientifiques qu'il révèle. Saviez-vous, par “exemple, que les caractères dits e/zévir, qui plaisent ant à notre œil, ont tout simplement été créés à Paris n 4540 par Garamond, et que c’est Garamond qui fut suite le fournisseur des Elzévir à Amsterdam et à eyde? Et la lettre 7, barrée à gauche, saviez-vous que st d'après une ordonnance du roi Soleil et dès 1702, e cette sécante est la marque distinctive de notre mprimerie nationale, que nulle autre n'a le droit d'avoir ? “Je voudrais dire encore quelques mots avant de ter- ner cétte analyse, déjà trop longue, sur toute la partie ce livre se rapportant aux améliorations intro- tes par l’auteur, aveugle lui-même, à l'écriture et à lecture des aveugles. Il y a là des petits miracles Mingéniosité (telle la languette de papier buvard qui indique, par un arrachement plus facile, si la plume est lien encrée), miracles que l’auteur décrit avec une sim- licité qui en double le charme. Décidément, chacun üura trouvé son compte à l'apparition de ce bon livre, ës aveugles et plus encore les clairvoyants! J. BERGONIÉ, Professeur de Physique biologique et d'Électricité médicale à l'Université de Bordeaux. 4° Sciences médicales Manson (Sir Patrick). — Lectures on tropical « Diseases. — 1 vo/. in-8° de 230 pages, avec figures. “(Prix : 15.6 d.) Arch. Constable and C°, éditeurs. Londres, 1906. L'étude de la pathologie des pays chauds a fait, depuis uelque temps, d'incontestables progrès. Il n’est pas ne année où une découverte notable, un éclaircisse- nent important, ne soient venus révolutionner nos sonceptions premières sur l’étiologie ou la nature des aladies des climats chauds. Parmi les affections qui mürissent dans l’étuve tropicale, et qui se sont tour à r enrichies de notions nouvelles, je citerai la malaria, chylurie, les piroplasmoses, la filariose, la dysenterie, maladie du sommeil et les diverses formes cliniques la trypanosomiase, la fièvre de Malte. L'auteur des « Lectures sur les maladies tropicales », Patrick Manson, peut, lui-mème, revendiquer sa part dans les progrès apportés à l'étude de ces maladies, “ét ses travaux antérieurs lui donnent une incontes- able autorité dans ces matières. L'ouvrage qu'il publie aujourd'hui constitue le recueil ë, dix Conférences qu'il a faites en 1905 au Collège médical de San Francisco. En lisant ces leçons, écrites en un langage familier et imagé, où l'humour ne fait même pas défaut, on éprouve le sentiment que leur teur n’a parlé que de faits et de choses qu'il a per- nmnellement observés et médités. Il s'appesantit exclu- Sivement sur les principes cliniques et épidémiologiques importants, délaissant tout détail historique ou biblio- raphique. “On lira avec fruit ses études originales sur le ver de “Guinée, la bilharziose, les filarioses, les trypanoso- Mmiäses humaines, l'ankylostomiase, le paludisme. Il se range à l'avis de Leishman, de Christophers et de L. Ro- gers, sur l’origine piroplasmique du Kala azar, pyrexie | redoutable fréquente dans l'Inde, et sur les relations De Poloriques étroites de son parasite avec le trypa- nosome. Il fait observer que, puisque le bouton d'Orient est une piroplasmose bénigne, son agent pathogène nest, peut-être, qu'une forme dégénérée des corps de = La deuxième édition est sous presse. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. ge, ni plus immédiate, et son succès n'a rien qui‘ Leishman, et qu'il pourrait vacciner contre la spléno- mégalie tropicale, si fréquemment mortelle. Pour le paludisme, Manson n'admet pas d'autre mode de transmission que la piqûre par les Anophèles. Peut-être, selon lui, ces moustiques sont-ils capables de s'infecter en puisant du sang non seulement chez l'homme paludéen, mais encore chez les singes anthro- poïdes ou chez les mammifères ayant quelque rapport évolutif avec l'espèce humaine. De nombreuses figures illustrent ce petit ouvrage, édité avec le plus grand soin. Dr H. VincenT, Protesseur à l'Ecole d'application du Val-de-Grâce. 5° Sciences diverses Poincaré (H.), Membre de l'Institut, Professeur à la Faculté des Sciences de Paris. — La valeur de la Science. — 1 vol. in-8° de 278 pages de la Bi- bliothèque de Philosophie scientifique. (Prix : 3 fr.) Ernest Flamarion, éditeur. Paris, 1906. Quelle que soit la science dans laquelle les grands penseurs de tous les temps ont été des inventeurs de génie, un caractère commun lesréunit: c'est leur esprit philosophique. L'invention, dans le domaine que des dis- positions particulières leur avaient fait choisir, fut, pour presque tous, la tâche unique de leur jeunesse. Puis, possédant, autant qu'un homme puisse la dominer, la science de leur temps, ils se sont élevés au-dessus des branches particulières du savoir, et, embrassant désor- mais de grands ensembles, se sont demandé quelles étaient les limites de notre connaissance réelle du monde. Pour tous ceux qui alteignirent ces som- mets, ce fut certainement une joie intense de découvrir des contrées de plusen plus étendues. Mais c’est aussi, pour les maîtres de la pensée, un devoir de montrer quels en sont les procédés, quels sont les instruments du progrès réel en dehors des techniques spéciales, quels sont les faits bien acquis, quelles sont les illu- sions. Cette noble tâche, M. Henri Poincaré la poursuit, depuis des années, par la parole et par le livre. Il fut un temps où, tandis qu'il enseignait la Physique mathé- matique à la Sorbonne, ses cours, publiés chaque se- mestre, ouvraient constamment aux physiciens des horizons nouveaux. Ceux auxquels leurs occupations ne permettaient pas de suivre le grand géomètre dans le détail de son enseignement s’en tenaient aux préfaces, où abondaient des vues toujours nouvelles au point d'être parfois déconcertantes. L'impression sur les physiciens, jeunes ou vieux, était profonde, et la trace en est restée dans bien des esprits. Aujourd'hui, M. Poincaré aborde avec une ampleur plus grande encore les questions de philosophie scien- tifique ; en deux ouvrages parus Coup sur coup Serence et Hypothèse, et La Valeur de la Scrence, il développe plus complètement sa pensée en ce qui con- cerne les concepts fondamentaux sur lesquels s'appuie notre connaissance du monde extérieur. Dans le pre- mier, une place très large était faite à la Géométrie et à l'Analyse. Le second se rapproche des sciences expé- rimentales, et répond ainsi plus complètement à une préoccupation de notre époque. Quelle est donc la véritable valeur de la Science ? Bien des gens nous répondront en disant que, sans la science, nous ne posséderions pas les machines qui sont la source des richesses et du bien-être, et que, pour ce bienfait, il faut pardonner à la science de coù- ter si cher. On est parfois obligé de recourir à cet ar- gument pour répondre aux doutes quon entend émettre sur les bienfaits du travail scientifique. M. Poin- caré s'associerait, au besoin, à cette manière de voir, ou tout au moins comprend que certains esprits s’en tiennent là. Mais sa pensée vraie ne s’y arrèle pas longtemps. «Si j'admire, dit-il, lesconquètes de l'indus- trie, c'est surtout parce qu’en nous affranchissant des soucis matériels, elles donneront un jour à tous le loi- sir de contempler la Nature ; je ne dis pas : la Science 13** 614 est utile, parce quelle rous apprend à construire des machines ; je dis : les machines sont utiles, parce qu'en travaillant pour nous, elles nous laisseront un jour plus de temps pour faire de la science. Mais enfin il n'est pas indifférent de remarquer qu'entre ces deux points de vue il n'y a pas de désaccord, et que l'homme ayant poursuivi un but désintéressé, tout le reste lui est venu par surcroit. » Voilà bien ce qu'il fallait faire. Et, à notre époque où, plus que jamais peut-être, on n’estime que ce qui est immédiatement utile, c'est-à-dire ce qui produit directement des richesses, il est heureux que le culte de lidéal scientifique soit aussi fermement affirmé. L'ouvrage de M. Poincaré est divisé en trois parties : la première traite des sciences mathématiques, la seconde des sciences physiques ; dans la troisième, en- lin,est discutée la question de la valeur objective de la science. Pour qui n’a pas étudié de près les Mathématiques, elles constituent le domaine de la logique et de la cer- titude, à tel point qu’on n'imagine pasqu'une question mathématique puisse être traitée avec une autre pré- occupation. Il est loin, cependant, d'en être ainsi. Sans doute, toute question mathématique n'est parfaite que lorsque la logique l'a fouillée dans ses moindres détails, et n'a rien laissé qui n'offre une complète certitude. Mais c'est là, à peu d'exceptions près, le second stade de son évolution. Le premier est tout d'invention, et l'intuition y joue le rôle principal. Cette intuition n’est assurément point aussi arbitraire que celle de la pensée artistique. À celle-ci on ne demande que la beauté, alors que, dès l'instant où elle commence à se former, on est plus exigeant pour la pensée mathé- matique. Mais ne voit-on pas M. Klein, lorsqu'il étudie une question très abstraite de la théorie des fonctions, remplacer la surface de Riemann, à laquelle se rapporte la question traitée, par une surface métallique, dans laquelle il fait passer un courant électrique ? La facon dont ce courant sera distribué définira une fonction dont les singularités seront précisément celles qui sont prévues par l'énoncé. Un logicien aurait rejeté avec horreur une semblable conception, ou, plutôt, il n'aurait pas eu à la rejeter, car elle n'aurait jamais pu naître dans son esprit. Mais, si l'intuition donne souvent sans difficulté des résultats exacts, il faut cependant se garder de lui demander autre chose. C’est parce qu'on était autrefois trop intuitif et trop peu logique, que l’on regardait comme deux définitions à peu près équivalentes celle de la continuité d'une fonction et celle de l'existence d'une dérivée. Les logiciens nous ont montré que la première de ces conditions n’entraîne pas nécessaire- ment la seconde. Autrefois, on était trop visuel à l'égard des courbes; on les matérialisait de telle sorte qu'il était impossible de les voir continues sans qu'elles euss ent une tangente en chaque point. Aujourd'hui, la théorie des fonctions, dans son complet développe- ment, s'est complètement affranchie de ce lien qui la bridait. La mesure du temps et celle de l’espace ont amené M. Poincaré à discuter la valeur objective de ces con- cepts. Nous croyons avoir uné notion instinctive de la fuite du temps; deux intervalles égaux dans le temps nous semblent parfaitement définis et suffisamment comparés entre eux lorsque nous les avons rapportés à l'échelle se déroulant en même temps que notre vie, et dont les divisions naturelles sont les années et les jours, subdivisés au moyen des horloges. En fait, cette notion, si simple et si claire en apparence, cache des obscurités; et, pour être cerlain de s'entendre sur des intervalles égaux ou sur le même instant mathéma- tique repéré en deux points du monde, il faut accu- muler les corrections et les subtilités. L'importance de délinitions irréprochables el de labsence de toute illusion apparaitra à tout instant, en Mécanique, dans l'application du principe de relativité, dans la BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX par exemple, la multiplication des quaternions et celle discussion du mouvement de la Terre, bref dans Île questions les plus vitales de la science. Les Mathématiques, auxquelles M. Poincaré a con: sacré la première partie de son ouvrage, pénètren toute la science expérimentale, qu'elles fécondent po ainsi dire, en faisant rendre à l'expérience tout qu'elle peut donner. Les expériences sont isolées; I formule les réunit d’un trait continu, et contient, par cela même, un nombre de faits infiniment plus grands que celui qu'a directement révélé l'expérience. Mais Mathématiques, dans leurs rapports avec la Physique, ne sont pas limitées à ce rôle un peu suballerne, qui ne les rendrait productrices que par interpolation. D'abord, elles aident l'intuition, et elles seules peu vent conduire la pensée de la conception d’une action élémentaire au résultat directement vérifiable du phé nomène visible. | Mais leur conquête la plus élevée dans le domain des sciences physiques tient à ce qu'elles ne s’attachen qu'à la forme pure, sans connaître la matière elle mème. « C’est l'esprit mathématique qui nous enseigné à nommer du même nom des êtres qui n£ diffèrentque par la matière, à nommer du même nom des nombres entiers. » C'est ce même esprit d’abstraction qui fait oubliel les apparences, et fait considérer, par exemple, comm un seul phénomène, les ondes électriques et les rayons lumineux. Maxwell, qui était profondément imprégné du senti ment de la symétrie mathématique, eut l’idée de coms pléter, par un terme qui n'avait pas semblé jusque-là nécessaire pour l'explication des phénomènes connus, les équations classiques de l'Electro-dynamique. Eb grâce à cette intuition toute mathématique, Maxwell pu devancer de vingt ans l'expérience. Tels sont les exemples que donne M. Poincaré d services que les Mathématiques peuvent rendre à Physique, et par là à toutes les sciences. d Mais ces services ne sont pas sans compensation; Mathématiques ne donnent pas constamment San recevoir. La Nature, c'est-à-dire, en définitive, science expérimentale, apporte au mathématicien les meilleurs objets de sa pensée, qu'elle guide et ramèn dans sa vraie voie. « Le mathématicien pur qui oublierait l'existence di monde extérieur serait semblable à un peintre q saurait harmonieusement combiner les couleurs et Li formes, mais à qui les modèles feraient défaut. Sa puis sance créatrice serait bientôt tarie. » * Les mathématiciens doivent tout d'abord à la Nat la notion du continu. Assurément, beaucoup d'en ° eux affirment qu’en dehors du nombre entier, il n°yn pas de vraie rigueur. Mais faut-il rappeler que M. Her mite a introduit le continu même dans la théorie de nombres? ; « Ainsi le domaine propre du nombre entier es envahi lui-même, et cette invasion a établi l'ordre, dl où régnait le désordre. » D'ailleurs, les cas particuliers" ne manquent pas, et il suffit de rappeler les grand noms de Fourier et de Laplace pour montrer à que point la nécessité de traiter des problèmes de la Phy sique a été créatrice en Analyse pure. ’ Dans le chapitre où M. Poincaré parle de l'Astro: nomie, nous trouvons le développement magistral de celte pensée, que cette science a possédé un rôle dus) cateur de premier ordre, parce que, la première, EN révélé aux hommes l'existence de lois se déroulant dans le temps et dans l’espace. Et l’homme, ayant quis par l'observation la certitude que quelques-uns des phénomènes de l'Univers sont complètement en | dehors du hasard et du caprice, ne pouvait manqu de chercher des généralisations là où l'arbitraire se blait encore régner. Puis l'Astronomie nous à appl à nous défier des apparences. Elle nous à mont aussi ce que nous sommes véritablement dans l'Uni vers, et, en le faisant, nous a rendus plus réelle destes. Tels sont ses services dans le passé. Pour le présent et l’avenir, si nous laissons de côté plications immédiates au repérage des points sur ilerre, l'Astronomie physique, dont les débuts datent fun demi-siècle à peine, dispose pour son étude des eusets gigantesques où se produisent les prodigieuses nsformations dont nous ne voyons, dans les labora- es, qu'une päle et minuscule nage. « Peut-être ième les astres nous apprendront-ils un jour quelque hose sur la vie; cela semble un rêve insensé, et je ë& vois pas du tout comment il pourrait se réaliser ; s, il y a cent ans, la chimie des astres n’aurait- le pas paru aussi un rêve insensé? » La Physique mathématique a franchi déjà plusieurs étapes successives. Il sembla, au début, que tous les énomènes naturels seraient expliqués lorsque la orie des forces centrales aurait été suffisamment veloppée, et c’est à l'élaboration complète de cette héorie que les grands mathématiciens se sont d'abord aqués. En fait, aussi longtemps qu'on s’en est tenu à roblèmes abordables par le calcul, la Physique forces centrales a permis de progresser. Fondée le principe de l’action et de la réaction, ou principe Newton, ainsi que sur le principe de relativité, Suivant lequel le système de coordonnées peut être lié Jun quelconque des corps que l’on considère, elle ermettait d'établir par déduction le principe de la onservation de l'énergie. Toutefois, ce principe, considéré dans toute sa géné- falité, est d’une application infiniment plus facile, rce qu'il opère sur des ensembles, et donne, d’un Seul coup, une relation entre l’état initial et l'état final l'un système. ; Ainsi, peu à peu, l'usage de ce principe et des autres jrincipes fondamentaux s’est substitué à la Physique des forces centrales, non point que celle-ci fût jugée ronée, mais parce qu'elle était devenue inféconde r sa complication technique. h Puis il était un groupe de transformations qui lui ichappaient : ce sont celles que gouverne le principe le Carnot, et dont il indique le sens, alors que, pour la Physique des forces centrales, on pourrait, à partir n état initial quelconque, remonter dans le passé ou lescendre dans le futur. Le rôle du principe d'évolu- on est ici décisif. La Physique du xix° siècle est surtout féconde par emploi des principes; et maintenant, on peut se mander s'ils n’ont pas fait leur temps, si les excep- ions à chacun d'eux ne commencent pas à apparaître Bt si l'on ne devra pas restreindre le domaine de leurs pplications. : Les masses semblent dépendre de la vitesse, et le principe de Lavoisier est en péril, ou, tout au moins, il nest suffisamment exact que pour les faibles vitesses. Paction et la réaction ne sont pas immédiatement égales, si l'on considère les corps matériels entre les- quels passe un flux d'énergie. Un corps rayonnant supporte une action de recul avant que le rayonnement, atteignant un autre corps matériel, le repousse à son ur. Cependant, le principe peut rester vrai si l’on onsidère l'action sur l’éther. De plus, il est vrai en Sie, même pour la matière seule, et n'est que éré. Le radium a semblé impliquer une exception au incipe de Mayer. Cette exceplion est expliquée ujourd'hui par les décompositions atomiques; mais il & faut pas oublier que l’une des explications données èsle début par notre très regretté Curie reposait sur iypothèse de l'existence, dans l'espace, d'une énergie traversant dans tous les sens, et que seuls les corps radio-actifs arrêtent et transforment. Ainsi, dit M. Poincaré, le principe est mis hors des teintes de l'expérience, parce que cette nouvelle ource d'énergie pourrait expliquer toutes les excep- _ tions futures. « La Science est-elle artificielle? Telle est la question que pose M. Poincaré au début de ses conclusions. LA q D PPS BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX + POS p' 1." nes. À ai # EL. = (77 Pour comprendre cette question, il faut avoir suivi les débats des métaphysiciens modernes, dont quelques- uns, M. Le Roy notamment, ont réduit la Science à une sorte de nominalisme, pour lequel la science n'est faite que de conventions, ce qui lui donne son appa- rente certitude. Ainsi, la science ne pourrait rien nous apprendre de la vérité, et pourrait seulement nous ser- vir comme règle d'action, c'est-à-dire comme un en- semble de recettes, servant à prévoir les phénomènes ou à les provoquer, mais sans autre valeur générale. M. Poincaré combat avec force cette manière de voir. « I n'y a pas moyen d'échapper à ce dilemme : ou bien la science ne permet pas de prévoir, et alors elle est sans valeur comme règle d'action; ou bien elle permet de prévoir d’une façon plus ou moins imparfaite, et alors elle n’est pas sans valeur comme moyen de con- naissance. » M. Le Roy pousse son opinion jusqu’au paradoxe lorsqu'il dit que le savant crée le fait, ou tout au moins le fait scientifique, sinon le fait brut. Mais M. Poincaré montre combien la distinction est artificielle, en trai- tant une série d'exemples, qui l’amènent à conclure que « le fait scientifique n'est que le fait brut traduit dans un langage commode » et que « tout ce que crée le savant dans un fait, c'est le langage dans lequel il l’'énonce ». Dans le groupement des faits en lois, la libre activité du savant se manifeste plus que dans la recherche ou dans l'exposé brut des phénomènes. Mais M. Le Roy semble attribuer une trop grande part à cette liberté. Ainsi, dire que les corps qui tombent en chute libre parcourent des espaces proportionnels aux carrés des temps, c'est, pour lui, énoncer la loi même de la chute libre; lorsque cette condition ne sera pas remplie, nous en serons quiltes pour dire que la chute n’est pas libre, de telle sorte que la loi ne pourra jamais être mise en défaut. «Il est clair que, si les lois se réduisaient à cela, elles ne pourraient servir à rien prédire. » Mais la science vaut heureusement mieux que cela. On peut déGnir, antérieurement au résultat, les conditions dans lesquelles se produira la chute libre ou à peu près libre, et l'on devra s'attendre alors à trouver la relation connue entre les temps et les espaces, Il me semble qu'en apportant de bons arguments à l'encontre des idées de M. Le Roy, M. Poincaré est, en quelque mesure, mieux qu'autrefois, d'accord avec le sentiment instinctif, sinon raisonné, des physiciens. N'élait-il pas un peu nominaliste lorsqu'il énonçait le principe de Mayer sous la forme : « Il y a quelque chose qui reste constant » ? Alors, le principe ne pou- vait jamais être en défaut, parce qu'il contenait lui- même la définition de l'énergie. Comme pour la chute des corps, nous pouvons rechercher quelles sont les formes de l'énergie que contient un système isolé, et alors nous affirmerons que la somme en restera cons- tante. Assurément, nous ne posséderons pas la certi- tude mathématique de notre prédiction, mais le prin- cipe sera fructueux, tandis qu'il élait mort dans sa forme nominaliste. Pour M. Poincaré, la science est objective, et nous pouvons l’affirmer, parce que la connaissance de cer- tains faits est commune à un grand nombre d'êtres pensants. Ce n’est point que nous arrivions à connaître parfaitement la véritable valeur des choses, mais nous connaissons les rapports des choses, et c'est là la seule vérité objertive. Telle est la conclusion du beau livre de M, Poincaré; elle est d'autant plus bienfaisante que, pour y parvenir, il a remué tous les doutes, entrainant le lecteur à se demander, en maint endroit, ce qui survivrait à tant de ruines amoncelées, à tant d'illusions semées au long des chemins; et c'est par là que restera fortifiante l'action de cet ouvrage, qu'on lit et relit avec passion, et dont chaque ligne incite à penser. Cu.-Ep. GUILLAUME, Directeur-adioint du Bureau international des Poids et Mesures, 616 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 11 Juin 1906. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. M. Lerch présente ses recherches sur le problème du cylindre elliptique. — M. A. Laussedat signale les tentatives intéressantes poursuivies dans la Marine allemande pour déterminer, au moyen de la photographie, d'une part les positions de combat des torpilleurs d'une flotte en manœuvre, d'autre part la hauteur des vagues de la mer. 20 SciENCES PHYSIQUES. — M. E. H. Amagat démontre la proposition suivante : Pour deux fluides suivant la loi des états correspondants, en des points correspon- dants les excès des chaleurs spécifiques moléculaires sur les valeurs limites qu'ont celles-ci à l’état parfait sont égaux; par suite, si les fluides considérés ont même chaleur spécifique moléculaire à l’état de gaz parfaits, en des points correspondants leurs chaleurs spécifiques moléculaires sont égales. — M. André Broca estime que le pouvoir inducteur spécifique, dans le cas des conducteurs comme dans celui des diélectriques, n'est pas une constante bien définie; la viscosité élec- trique, au contraire, dans le cas des conducteurs, est une constante importante, — M. P. Villard a réalisé des phénomènes analogues à ceux de l'aurore boréale au moyen d'une vaste ampoule dans laquelle on pro- duit un faisceau cathodique aussi parallèle que pos- sible et oblique aux lignes de force d'un champ produit entre les pôles d’un électro-aimant. — M. H. Hergesell montre que les îles situées au large du continent africain exercent une certaine influence sur les courants aériens; en particulier, les brises de SW observées sur le Pic de Ténériffe sont la résultante de causes locales. — M. G. Claude à apporté une amélio- ration nouvelle à la liquéfaction de l'air par détente avec travail extérieur; il opère la détente en deux por- tions distinctes. — M. Binet du Jassoneix a constaté que, des deux borures de manganèse définis MnB et MnB?, le premier seul présente des propriétés magné- tiques; la perméabilité des fontes borées de manganèse est d'autant plus grande qu’elles contiennent davantage de ce borure. — M. A. Duboin a préparé de nouveaux iodomercurates de magnésium Mgl°.2Hgl°.7H4°0 et Mel*.Hgl.9H°0 et de manganèse 3 Mnl°.5Hgl°.20H°0. — M.P. Chrétien, en réduisant le séléniure d'antimoine au rouge par l'hydrogène pur, a obtenu deux sous-sé- léniures : Sb‘$Seÿ ou Sb?Se*.2SbSe et Sb’Set ou Sh°$et. Sb Se; il existe également un monoséléniure Sb Se. — M. L. Quennessen montre que, dans l'attaque du pla- tine par l'acide sulfurique, si l’on emploie l'acide du commerce, c'est l'oxygène de l'air qui intervient comme agent oxydant; avec l'acide à titre élevé en l'absence d'O libre, c’est SO* en solution dans l'acide qui fournit l'O nécessaire à l'oxydation! — M. R. de Forcrand conseille d'adopter l'orthographe cæsium pour le métal de ce nom, comme conforme à la graphie classique et à l’'étymologie. — MM. A. Haller et J. Minguin, en faisant réagir à 220°-230° l'alcool isobutylique sodé sur le camphre, ont obtenu l'isobutylcamphol, F.559, qui est oxydé par le permanganate en isobutylcamphre, F.28°; ce dernier, traité par Br à 100°, puis par KOH, fournit l'isobutylidènecamphre, Eb. 1459 sous 10 mm. Avec l'alcool propylique, on obtient de même le propylcam- phol, E.61°, le propylcamphre, Eb.123° sous 14 mm., et le propylidènecamphre. — MM. L. Vignon et J. Mol- lard ont constaté que le chlore, en agissant sur la laine, la modifie et peut la dissoudre ; dans des condi- tions déterminées, il lui donne des propriétés nou- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES | -ment les résultats précédents. — M. A. Imbert signale velles. En particulier, elle perd 10 °/, de son poids, s& teint plus facilement en donnant des nuances plu foncées et plus brillantes, et devient sensiblement irrétrécissable. — MM. F. Bordas et Touplain propo sent une nouvelle méthode de dosage des matières albuminoïdes et gélatineuses au moyen de l’acétones qui les précipite, tandis qu'elle dissout les graisses, huiles, résines et sels solubles qu'elles contiennent. 30 SCIENCES NATURELLES. — MM. A. Calmette et Guérin ont reconnu qu'on peut vacciner les jeunes veaux contre la tuberculose par simple absorption intestinale de bacilles modifiés par la chaleur et que cette méthode de vaccination ne présente aucune sor de danger. — M. Em. Roux indique qu'il poursu actuellement des expériences analogues, qui confir un cas de sarcome du fémur chez un enfant de neuf ans arrèté dans sa marche, sinon guéri, par la radiothé= rapie. L'action thérapeutique des rayons X peut donc s'exercer dans la profondeur sur le tissu osseux. = MM. J. Sabrazès, L. Muratet et P. Husnot signalent l'extraordinaire résistance des scolex dans les milieux putréfiés et leur grande mobilité à la température d corps humain. — M. E. Bataillon a réalisé l’imprégnaz tion d’un œuf d’Anoure (Pejodytes) par le sperme d’ur Urodèle (Triton alpestris) et a obtenu une segmentation« suivant le type de la segmentation parthénogénétique — M.L.Joubin aétudiélesNémertiens bathypélagiques recueillis pendant la dernière croisière du Prince de Monaco; ils se rattachent aux genres llanktonemertes Nectonemertes et Pelagonemertes, dont ils constituent de nouvelles espèces. — M. J.-M. Guillon a constaté que tout grain de raisin blessé sur lequel viennent à tomber quelques spores vivantes de Botrytis Cinerea est fatalement appelé à pourrir au bout d'un temps variable de 36 heures à 3 jours après l'infection si l'humidité de l'air est suffisante. L'infection de proche en proche ne peut se faire que pour les grains en con tact; elle est à peu près impossible à une certaine distance en raison de l'agitation de l'air. — M. Pusseno déduit des dispositions que présentent les truis bandes: de schistes graphitiques du Morbihan, que ces schiste ont appartenu à une couche unique, plissée ultérieus rement. NDS 4 Pont mere sl EEE Re Spa dr 2 Séance du 18 Juin 1906. M. Edm. Weiss est élu Correspondant de l’Académie pour la Section d’Astronomie.— La Section de Physique présente la liste suivante de candidats à la place laissée vacante par le décès de M. P. Curie : 1° M. D. Gernezis 20 MM. E. Bouty et H. Pellat; 3° MM. A. Broca, A Pérot et P. Villard. — L'Académie présente, à M. le Ministre du Commerce, la liste suivante de candidats à la chaire de Géométrie vacante au Conservatoire nas tional des Arts-et-Métiers : 1° M. M.d’'Ocagne ; 2° M. C: Bourlet; 30 M. L. Lévy. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. G. Tzitzéica pré sente ses recherches sur la déformation de certaines surfaces tétraédrales.— M. Gambier signale une nouvelles classe d'équations différentielles dont l'intégrale géné rale est uniforme. — M. G. Lery communique Ses" W recherches sur l'équation de Laplace à deux variables. — M. E. Guyon donne quelques renseignements Su | les déterminations de la longitude de Brest qui viennenb d'être faites entre deux stations à Paris et à Brest pal W la méthode du transport électrique de l'heure, le temps local étant déterminé au moyen d’astrolabes Claude= Driencourt,. r 20 Sciences PHYSIQUES. — M. N. Piltschikoff a trouvé -ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES NO 617 ue, pendant la phase totale de l'éclipse de Soleil du août 4905, la polarisation du ciel à Philippeville fait nulle; ce phénomène s'explique par l'étude des ilieux troublés. — M. G. Millochau est parvenu à tographier le spectre infra-rouge en utilisant la propriété des rayons infra-rouges de détruire l'action photographique produite sur une plaque sensible préa- ement insolée. — M. E. Demole propose de repro- re les médailles en faisant à la presse à copier mpreinte de celles-ci sur du papier de plomb mat et photographiant cette empreinte du côté creux, non s avec une plaque, mais avec du papier au bromure d'argent. — M. A.Job montre que les vitesses d’oxyda- tion par l'air sont très difficiles à saisir. Les mesures on en fait ne sont valables que si l’on s'impose une chnique rigoureuse : agitation très violente du liquide ec l'air dans un vase hermétiquement clos, tempéra- e constante, déclenchement brusque de la réaction dante, inscription graphique très sensible des pressions. — M. E. Briner à vérifié les résultats théo- iques de ses études sur les équilibres hétérogènes par expériences sur les systèmes HCI<+ PH*, CO? 2AzH*, AzH® H IFS. — M. M. Berthelot, en soumet- nt à l’action de l’effluve électrique, à la température dinaire, un courant d'air ou un volume constant oxygène et d'azote. en présence d’eau ou d’une solu- on aqueuse de potasse, à observé la formation directe acide azotique, sans formation sensible d'AzH® ou acide azoteux, jusqu'à épuisement de l'oxygène. La mation d'acide azotique étant exothermique, l’effluve ue surtout le rôle de déterminant ou catalyseur. — » A. Gautier montre que l’oxyde de carbone réagit u rouge vif sur la vapeur d’eau avec formation d'H et CO?; par contre, H réagit sur CO? au rouge blanc our former H°0 et CO. Entre ces deux réactions, il établit un équilibre quand le volume de CO® est égal celui de H. Ces réactions expliquent l'existence de quatre gaz dans les produits des éruptions volca- niques. — M. P. Chrétien montre que les deux tem- ératures de fusion observées par M. Pélabon pour les ssolutions de Se dans Sb contenant de 11 à 39 °/, de proviennent de ce que le mélange est défectueux. n réalité, il n’y a qu'un seul point de fusion. — M. G. alfitano a constaté que la pression qui se manifeste dans les solutions concentrées de colloïde hydrochlo- bferrique, séparées par une membrane semi-perméable u liquide intermicellaire, ne paraît pas liée à la mobi- lé des micelles; elle dépend de la quantité d’électro- te retenue par les micelles et de celle qui se trouve bre dans le liquide intermicellaire. — M. P. Breuil à éconnu que la présence de cuivre élève considérable- ent la dureté de l'acier; tous les aciers contenant de à 33°/, de Cu sont magnétiques à froid. — MM. P. Sabatier et A. Maïlhe ont observé que les oxydes de Gu, Ni, Co, mis en présence d’un mélange de vapeurs dun carbure forménique et d'oxygène, provoquent, par alyse, la combustion complète du carbure.— MM. L. quenne et Eug. Roux ont constaté que l'activité Pun extrait de malt, préparé rapidement et à froid, augmente par le repos à la suite d’une auto-excitation Qui parait être en rapport avec sa protéolyse. La réac- “tion alcaline optima pour la saccharification est la “même pour les malts frais et les malts déjà excités ou “uffaiblis. Les dextrines résiduelles de la saccharification ordinaire paraissent provenir exclusivement de l'amy- lopectine, déjà liquéfiée, mais non encore saccharifiée. M. G. Tanret montre que le mélézitose C#H*#0!6 est oublable par hydrolyse faible en une molécule de cose et une de turanose. Le turanose C‘?H?*0!! est “hydrolysé à son tour en une molécule de glucose et une | de lévulose. — MM. L. Hugouneng et A. Morel ont “reconnu que les albumines s hydrolysent par les alcalis “comme par les acides, sauf quelques particularités :“télles que la destruction par la baryte de l'arginine, | “Stable en milieu acide. Les leucéines et gluco-protéines | Mde Schutzenberger ne sont autre chose que des mé- | Janges d'acides amidés. — M.P. Fauvel a constaté que les méthylxanthines (théobromine et caféine) du cho- colat et du café augmentent sensiblement les purines urinaires (xantho-uriques), pas du tout l'acide urique et empêchent sa précipitation par les acides. — M. W. Lubimenko a étudié spectroscopiquement les pigments verts des graines mûres; ils diffèrent sensiblement de la chlorophylle. — M. A. Desgrez et Ml: B. Guende ont observé que l'administration d'acide phosphorique, de phosphate mono- ou trisodique augmente l’élabora- tion de la matière azotée et le coeflicient d’oxydation du soufre. Les moindres volumes d'urine éliminés correspondent au phosphate trisodique. 30 SCIENCES NATURELLES. — M. S. Arloing a obtenu, il y à huit ans, un bacille humain habitué à végéter abondamment dans la masse d’un bouillon glycériné et ayant perdu en partie son aptitude à provoquer des tubereules ; ce bacille peut être habitué à vivre à 439-440, et alors, inoculé au lapin dans le sang, il permet une survie de 80 à 100 jours. L'auteur a réalisé avec ces bacilles ainsi modifiés la vaccination antituberculeuse du veau. — MM. A. Charrin et Jardry montrent que l'ablation des ovaires ou leur mise au repos (par la grossesse) ralentissent les mutations nutrilives; par contre, r'introduction dans l'économie de proportions relativement considérables de tissu ovarien accélère ces mutations. — M. E. Roubaud a étudié le parasi- tisme de la Siphona cristata chez les larves aquatiques de Tipules, qui lui apparaît comme la condition nor- male du maintien de l'espèce. — M. C. Houard a ob- servé que l’action cécidogène engendrée par les larves du Perrisia capsulaese fait sentir d’une façon identique tant sur les feuilles de l'extrémité des pousses des Euphorbes que sur les bractées soudées de leurs invo- lucres et les transforme en galles. — M. F. Kovessi a constaté, sur le tronc d'un ARobinia pseudacacia, que le rayon du cercle limité par l'anneau formé chaque année ne s'accroit pas d'une facon constante, mais en fonction linéaire du temps. L'accroissement en volume est donc proportionnel au cube du temps. — MM. J. Bergeron et P. Weiss estiment que le bassin houiller de Sarre- brück, dans toute son étendue, n’est qu'une immense nappe de recouvrement; dans ce cas, on devra retrou- ver en Lorraine francaise, au sud de la région houillère connue, la partie du bassin d'où est venue la nappe qui correspond au bassin de Sarrebrück. — M. Fr. Laur a constaté qu'il existe de l'or d'une facon normale dans les sédiments triasiques en Meurthe-et-Moselle et en Allemagne au delà de la frontière. — M. A. Gaudry présente son ouvrage sur les fossiles de la Patagonie. La faune de ce pays a subi un arrêt de développement à partir de l'Eocène. — M. P. Bertrand à étudié les caractères du stipe de l’Adelophyton Jutieri; on y constate une indépendance relative du bois et du liber qui ne se retrouve dans aucune plante actuelle. — M. E. A. Martel montre que, s'il est des cas de roches dures et homogènes où les effets de l'érosion torren- tielle demeurent pratiquement non enregistrables par les mesures de temps humaines, il y a, par contre, nombre de sites où la fissilité et l’inconsistance de la pierre permettraient de constater matériellement ces effets au cours même de quelques années. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 412 Juin 1906. M. P. Budin montre que les consultations de nour- rissons rendent de très grands services puisque, dans les villes où elles existent, quoique tous lesenfantsn'y soient pas conduits, la mortalité de zéro à un an s’abaisse très notablement, parfois d’un quart, d’un tiers et même de la moitié. Ces résultats sont obtenus grâce aux con- seils éclairés que donnent les médecins, grâce aussi au développement de l'allaitement au sein. — M.P. Fabre a constaté que la luette est parfois le siège d’une suffusion sanguine se produisant brusquement, d’une véritable apoplexie locale occasionnant une sensation de chatouillement, de présence d’un corps étranger dans 618 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES larrière-gorge, bientôt suivie d’un besoin inconscient de déglutir ; il survient alors des accès de toux, de vives quintes, des nausées, des vomissements même, tendant à rejeter le faux corps étranger représenté par un petit hématome à forme généralement globuleuse, appendu au voile du palais. Le traitement consiste à piquer avec la pointe d’un bistouri la néo-formation vasculaire pour Ja faire disparaitre, en conseillant aussitôt après l'usage de gargarismes astringents. — Discussion sur la typhlo-colite muco-membraneuse ou sableuse et l'appendicite. Séance du 19 Juin 1906. MM. Armaingaud et Trolard sont élus Correspondants nationaux dans la Division de Médecine. MM. G. Daremberg et Th. Perroy estiment que la présence d'un excès d'indol dans l'urine indique un trouble dans le fonctionnement du rein, et celle d'un excès de scatol un trouble dans le fonctionnement du foie. — M. E. Thierry signale un cas d’avortement spontané chez une femme ayant donné des soins à des vaches atteintes d'avortement épizootique. Il semble donc possible que l'avortement infectieux des femelles domestiques se transmette à la femme. — MM. P. Reynier et E. Brumpt signalent le premier cas observé en France d’un pied de Madura ou mycétome sur un homme n'ayant jamais quitté Paris. L'examen du pied amputé a permis de reconnaître la présence d’un champignon, que les auteurs font rentrer dans le genre indiella sous le nom d’Z. Reynieri. — Suite de la dis- cussion sur la typhlo-colite muco-membraneuse ou sableuse et l'appendicite. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 9 Juin 1906. M. A. Guilliermond critique les observations de MM. Viala et Pacottet, d’après lesquelles les Saccha- romyces ne seraient que des formes de développement d’autres champignons. — M. H. Iscovesco a étudié le caillot de glacière qui se forme au fond du plasma fluoré de cheval, débarrassé de ses globules par centri- fugation. C’est un caillot de fibrine, formé par un complexe de globulines positives et négatives. — MM. A. Jousset et P. Cartier ont étudié les variations de virulence du liquide de la pleurésie séro-fibrineuse au cours des ponctions successives. Il n'existe aucune cor- rélation entre le nombre de bacilles trouvés dans le liquide et la virulence de l’'épanchement ; mais l'impor- tance du caillot est en rapport avec la bénignité de l'é- panchement. — M. Ch. Richet a constaté qu'à la dose très faible de gr. 0,000.001 les sels de Va, Ag, Pt, Co et l'iode accélèrent la fermentation lactique. — M. F. Curtis a reconnu que la base de la safranine constitue un colorant nucléaire extrêmement puissant. — MM. Al. Carrel et C. C. Guthrie ont pratiqué l'exclusion longitudinale d'une portion de certains vaisseaux pour arriver à un procédé de traitement de certaines formes d’anévrismes de l'aorte. La paroi vasculaire paraît s’a- dapter aux modifications de la pression sanguine résul- tant du rétrécissement du vaisseau. — M. F. Devé à observé dans les kystes hydatiques deux variétés de scolex : les ortho-scolex, à grande résistance et grande vitalité; les méta-scolex, présentant une grande fragi- lité. — MM. J. Bruckner et C.Cristéanu ont obtenu une exagération de la virulence du méningocoque, type Weichselbaum, par des passages répétés chez le lapin et par culture sur gélose-sérum. — M. G. Proca a extrait des eaux d'alimentation de deux localités qui constituent des foyers de goitre et de crétinisme endé- miques un bacille fluorescent mucinogène, qui produit par inoculation des symptômes d'insuffisance thyroï- dienne. — M. et Mne L. Lapicque ont étudié les varia- tions de l’excitabilité du muscle dans la curarisation ; elles sont absolument graduelles. — MM. A. Gilbert el A. Lippmann ont observé, chez les hépatiques, des oscillations brusques, répétées et souvent extrêmement trale chromatique et d’une couche corticale claires étendues du tracé urinaire des 24 heures, la quanti de liquide ingéré étant constante; ils désignent ce phénomène sous le nom d'anisurie. — M. KF. Tré molières a éludié l'anatomie des lésions de l’entéra colite muco-membraneuse humaine et expérimentales Les lésions sont superticielles, parfois prépondérantess au niveau de l'intestin grèle, toujours importantes am niveau de l'appendice. Il y a hypergenèse des cellules muqueuses. Séance du 16 Juin 1906. du muguet-type, cultivé sur liquide de Raulin, donne rapidement de grosses masses floconneuses abondantes avec formes levures globuleuses énormes et renflées. = MM. L. Léger et O. Duboscq ont observé l’évolution d'une Aggregata de la seiche qu'ils ont fait ingérer ax Portunus depurator Leach. Les sporozoïles sont mis en liberté et évoluent jusqu'au stade de jeune Grégarine massive, pour s’enkyster ensuite. — M. Ed. Rettererd trouvé dans le sang : 1° des hématies petites, de 3 à 4w sphériques et essentiellement chromatiques; 2° des hématies hémisphériques, composées d'une masse cens 3° des hématies semi-lunaires ou lenticulaires, réduites à la masse centrale chromatique. — MM. A. Javal et Adler ont constaté que la teneur en eau et en chlo: rures des principaux organes n'est pas influencée, em général, par la présence ou l'absence d'œdème dans le tissu cellulaire sous-cutané. — M. B. Wiki montre que les sels de magnésium exercent une action curarisante sur les nerfs moteurs des animaux à sang chaud, tandi qu'ils sont sans action sur l'appareil nerveux sensitifs — MM. Al. Carrel et C. C. Guthrie ont observé que les lambeaux artériels ou veineux transplantés sur la paroi d'une artère se comportent à peu près comme les segments vasculaires dans les transplantations biter minales artérielle et veineuse. Le péritoine est capable, dans certaines circonstances, de remplir les fonctions d'une paroi artérielle. — M. G. Billard montre que l'excitation de la sécrétion gastrique produite par de petites doses d'alcool est uniquement due à l’abaisse ment de la tension superlicielle du suc gastrique. MM. G. Péju et H. Rajat ont obtenu, par l'action de l'iodure de potassium, des variations polymorphiques des bacilles de la psittacose, de la dysenterie (Vaillard et Dopter) et du Z. enteridis (de Gaertner). — M. Con montre que l’action favorable de la méthode de Foch (abcès de fixation) réside surtout dans la dérivation! vers un point choisi de l'organisme, et la fixation en @e point des toxines sécrétées par le microorganisme el cause. — MM. J. Ch. Roux el A. Riva ont vérilié que le tissu conjonctif cru n’est digéré que par le suc gas trique; sa présence dans les fèces après ingestion dé viande crue, par exemple, indique qu'il échappe à digestion gastrique, soit parce que la sécrétion insuffisante, soit parce que la traversée de l'estomac est trop rapide. — MM. Léopold-Lévi et H. de Rothen schild ont observé la disparition habituelle den migraine, du rhumatisme, de l'asthme pendant la gros sesse; ces faits sont dus à l’exaltation du fonctionne ment thyroïdien. — M. H. Vallée a obtenu, par l'inje@ tion de bacilles tuberculeux dégraissés aux jeunes veaux, une résistance marquée aux effets de l'inoct lation intra-veineuse de bacilles bovins virulents: MM. Ch. Dhéré et G. L. Grimmé ont constalé qu chez le chien, la proportion de calcium dans le san! s'abaisse régulièrement avec l’âge; chez le lapin, ikmMy a pas de variation systématique en fonction de l'âge — MM. Ch. Féré et G. Tixier ont remarqué que lDélis mination de l’iodure de potassium est accélérée para répétition des doses, par l'habitude. — MM. P. Achalmes et G. Rosenthal ont trouvé, dans l'estomac d'un mas lade atteint de gastrite avec troubles nerveux, un ms crobe anaérobie strict, le Zacillus gracilis ethyhcusÿ qui possède la propriété de faire fermenter le lait em donnant de l'alcool éthylique. — MM. G. Marinesco et . Minea ont étudié trois cas de compression de la oelle épinière démontrant péremptoirement la possi- hé d'une régénérescence très étendue des libres ner- uses détruites par le processus pathologique. — IM. J. Bruckner, C. Cristéanu et A. Ciuca ont obtenu a sérum préventif et curatif dans la septicémie expé- mentale par injections répétées au cheval de cultures le gonocoques. — M. P. Remlinger montre que l’élé- ation de la température du corps dans le traitement & la rage n'a, pas plus que la sudation, d'action sur le irus rabique 2n vivo. — MM. C. Nicolle et Cathoire nt constaté que le bacille dysentérique tunisien est dentique aux échantillons-types de la même espèce microbienne (Shiga, Chantemesse); comme eux, il Séloigne du bacille Flexner IE. Sa virulence est très rande. — M. M. Nicloux apporte une nouvelle sim- ification à sa méthode de dosage de l'alcool dans le Sang et dans les tissus. — M. A. Yersin à observé en ndo-Chine, sur un coolie chinois, un cas de fièvre éeurrente, avec spirochète d'Obermeyer dans le sang. MM. H. Bierry el Giaja ont constaté que le suc Stro-intestinal de l’escargot commun renferme de la tasé et un ferment soluble analogue à l'émulsine; il e contient pas de myrosine. — MM. A. Frouin et Thomas ont observé que les divers sucs digestifs et 8 sérum empêchent, 12 vitro, l'action hydrolysante de lémulsine d'amandes sur l'amygdaline et la salicine. — M V. Henri montre que le pouvoir catalytique des nétaux colloïidaux varie énormément d'un métal à utre; le pouvoir catalytique d’un colloïide augmente orsque les granules diminuent de volume. n - SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE carie l PRES Séance du 6 Avril 1906. “M. A. Guébhard : Sur l'irradiation photographique. je par le principe de la visibilité des objets maté- els, toute particule de sel sensible en suspension dans fémulsion photographique devient, sitôt frappée par Mlonde lumineuse, un centre secondaire de vibration, “diffusant en tous sens toute l'énergie incidente non bsorbée au travail moléculaire dit de l'image latente. ne portion de cette irradiation, pénétrant dans le üpport vitreux, donne par réflexion totale les phéno- nènes dits de halo. Une autre portion, la presque btalité mème, s'il n'y à pas de support vitreux, s’épand atéralement dans la couche sensible, en y produisant Muüne série décroissante d’impressions, à partir d'une œerlaine sous-valeur de l'impression principale, jusqu'à zéro. D'où il résulte qu'en dehors même des aber- rations optiques étudiées par MM. André et Angot, toute image d'objet clair sur fond noir doit se trouver bordée d'un dégradé qui, du dehors au dedans, doit onner l'image même de la fonction photographique, Cest-à-dire des valeurs de noircissement en fonction Mimpressions croissantes, depuis zéro jusqu'à une Valeur qui peut être expérimentalement rendue très lande. C’est ainsi qu'en exposant des pellicules ou piers sensibilisés sous une cache opaque percée d’un “simple trou, l'on trouve l’image de celui-ci entourée de cercles concentriques alternativement clairs et foncés. Si, au lieu d'un trou, c'est une fente étroite hque l'on expose sous une cache graduée, on voit image, par transformations successives, reproduire Léxactement en s'étalant toutes les variations d'aspect qui, dans la photographie des raies spectrales et des Lélincelles, ont donné lieu depuis longtemps aux inter- | mrétations les plus diverses. Il n'est pas jusqu'aux | élargissements dissymétriques de raies claires qui ne | paraissent attribuables à la visible répulsion qu'excer- cent l'une sur l’autre, à leurs confins, les plages d'irra- | diation. Quant aux raies noires sur fond clair, il est | évident qu'elles doivent, avec la plus grande facilité, Pätirradiation, s'inverser et se dédoubler soit en clair, { Soil en noir. Cela est rendu surtout frappant au moyen | dévfils métalliques tendus parallèlement aux échelons { | PT AR TE Eee le Sn ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 619 d’une cache combinée de manière à imiter la répar- tition de l’actinisme dans le spectre. Si lon impres- sionne sous cette cache une surface préalablement impressionnée elle-même, par échelons, dans le sens perpendiculaire, on obtient une superposition de bandes pseudo-spectrales, reproduisant, par la seule action graduée de la lumière blanche, toutes les sin- gularités spectrales, et particulièrement les prétendues destructions attribuées par divers observateurs aux causes les plus diverses. — M. Chassagny : Sur deux appareils destinés à l'étude graphique de la composition des mouvements vibratoires de même direction ou de directions rectangulaires. Dans ces deux appareils, les oscillations à composer sont produites de la même facon : ce sont les oscillations des tètes de deux longues bielles commandées par des manivelles dont les axes de rotation sont parallèles. Ces têtes de bielles sont assujelties à se déplacer dans des directions déter- minées, parallèles ou normales; les manivelles sont, en réalité, fixées sur des roues et leurs extrémités peu- veut être plus ou moins rapprochées des axes de rota- tion, ce qui permet de faire varier l'amplitude des oscillations. L'une des roues entraine l'autre par une courroie sans fin, de telle sorte que, si l'une d'elles est animée d’une rotation uniforme, il en est de même de l’autre, et les périodes des mouvements sont entre elles dans le rapport des rayons. Enfin, en déca- ant les manivelles l’une par rapport à l'autre, on peut établir entre les mouvements à composer telle diffé- rence de phase que l’on veut. Dans l'appareil qui sert à composer deux oscillations de même direction, les roues sont voisines et la courroie sans fin peut alors être avantageusement remplacée par une denture. Aux manivelles sont attachées les extrémités d'une longue corde de boyau qui vient passer sur une poulie montée sur un levier; celui-ci est mobile autour d'un axe parallèle à celui des roues et il est constamment ramené par un ressort qui assure la tension de la corde. On démontre aisément que le mouvement du levier est la résultante des mouvements simples que lui imprimerait isolément chaque manivelle. L'extré- mité du levier porte une aiguille qui s'appuie sur un tambour enregistreur. Dans l'appareil qui sert à la composition des mouvements rectangulaires, les roues sont éloignées l’une de l’autre : les bielles, placées à angle droit pour leur position A ts sont arli- culées à leurs extrémités libres. Ces bielles sont tantôt des tiges rigides, comme dans le modèle construit par M. Ducretet, tantôt des fils métalliques maintenus tendus par une traction sur l'articulation, comme dans les modèles destinés aux expériences de projection. Au point d'articulation est fixée une pointe qui s'appuie sur un plan : en tournant à la main l’une des roues, l'autre est entraînée par la courroie sans fin, et l’on voit alors la pointe décrire les courbes bien connues de Lissajous. — M, Armagnat présente une boîte pour la mesure de la résistance des électrolytes, basée sur les propriétés des détecteurs électrolytiques, Lorsqu'un fil de platine très fin est plongé daus un liquide con- ducteur, l'acide sulfurique, par exemple, le courant passe facilement du fil à l'électrolyte et difficilement dans le sens inverse tant que la différence de potentiel ne dépasse pas une valeur critique comprise entre 1 et 2 volts. Le détecteur est composé essentiellement de deux électrodes en platine plongeant dans un vase rempli d'eau acidulée, En réunissant un détecteur et une pile ou un aceumulateur avec un galvanomètre, on constate que celui-ci ne dévie pas; mais, si l'on envoie dans le même circuit un courant alternatif ou un courant périodique quelconque, le galvanomètre dévie dans le sens du courant fourni par la pile. La déviation obtenue n’est pas proportionnelle au courant alternalif; elle tend vers une limite qui correspond au courant maximum que peut fournir la pile dans le circuit considéré. Ce dispositif permet de déceler de très petits courants alternatifs au moyen d'un galva- nomètre à courant continu, 620 ACADÉMIES ET SOCIÈTÉS SAVANTES SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE PARIS Séance du 8 Juin 1906. M. A. Colson à préparé des sels chromiques acides, dans lesquels l’eau de cristallisation est remplacée par des molécules d'acides. 11 traite par le gaz sulfureux une dissolution froide de CrO* dans l’anhydride acé- lique, ou mieux dans un mélange d'anhydride et d'acide. Le solide vert qui se dépose est un dérivé du sesquioxyde de chrome, et la formule suivante s'accorde avec les analyses : /S0—"A\: (are 4 ) . ISO, “ SO'H A représentant le radical C*H*0? de l'acide acétique. La thermochimie indique la présence d'acide sulfu- rique libre {dissocié par l’eau) dans les dissolutions récentes de ce composé. Si l'on remplace l’anhydride chromique Cr0* par le chlorure de chromyle, on obtient encore un dépôt vert, insoluble dans l'acide acétique et soluble dans l'alcool. Ce corps dérive aussi du sesquioxyde Cr*0*. L'analyse et l'étude de ses propriétés conduisent à le représenter par la formule : A°Cr*(SO*A)CP.4AH. Ce résultat paraît indiquer une sorte de dissymétrie dans la constitution du chlorure de chromyle, car la moitié du chlore initial a disparu. Or, dans la formule Cr°X° généralement admise pour exprimer les sels chromiques, l’atome de chrome est au moins tétravalent. Si l'on transporte celte trétava- lence dans les composés acides, l’anbydride chromique s'écrit : 0 O=Cr< | 0 et le chlorure de chromyle devient : ER UE cl et l'on s'explique que dans cette réaction, faite à froid, les deux atomes de chlore agissent cependant d'une manière différente. — M. A. Vila, en collaboration avec M. M. Piettre, présente une communication sur l'hématine cristallisée. L'analyse chimique de cette préparation montre que la substance étudiée contient une quantité considérable de matière grasse, qui a pu être isolée, dont la composition se rapproche de celle des acides en C'f. L'acétylhémine de Nencki se scinde de la même facon et contient en outre, suivant la préparation, des quantités variables de Cl], ainsi que des traces de S. À propos d’un de leurs Mémoires précédemment publiés et au sujet de la récente commu- nication de MM. Ville et Derrien, sur la recherche du fluor dans les produits alimentaires, MM. Piettre et Vila font remarquer que les composés fluorés ne créent point la bande d'absorption À— 612 dans le spectre des solutions de sang ou d’oxyhémoglobine, mais que ces composés ont la propriété de transporter une bande existant déjà à À 634 et de la fixer à À 612. Ils rappel- lent que ce transport s'effectue pour une dose de 1/209.000 de NaF en solution; mais ils ajoutent qu'il est prématuré d'appliquer cette méthode à la recherche légale des antiseptiques fluorés, étant donné que la présence de phosphate peut masquer complètement celte réaction dans certains cas. — M. M. Delépine expose ses recherches sur le sel vert d'iridium Ir?(SO#) HE 3SO'K* décrit par M. Lecoq de Boisbaudran. [I le considère comme le sel de potassium de l'acide triva- lent iridotrisulfurique Ir*{SO*H}*. Il en décrit la prépa- ration à partir des chloroiridates et chloroiridites de potassium et d’ammonium. Ce sel se conduit comme un sel complexe à radical acide trivalent. Son potas- sium est échangeable en tout ou en partie avec d’autres métaux. Ses solutions sont très stables en milieu acide, mais deviennent violettes en milieu alcalin et libèrent alors de l'acide sulfurique, en même temps qu'elles dépo- “platine pur l'est beaucoup moins. Dans le vide, au sent un oxyde violet dont la nature et la formation ne pourront être établies que par de nouvelles expériences La plupart des réactions de l’iridium sont dissimulées# pas de précipitation du métal avec l'acide formique, Jen zinc, etc. L’hydrogène sulfuré transforme la solution bleue en une solution jaunâtre opalescente, que les oxydants font virer en un violet-bleu très intense; cette réaction appelle de nouvelles recherches, car la déco loration par H°S n'est guère explicable avec la formule Ir(SO'K}. M. Delépine indique aussi que l8 meilleuw moyen de transformer les chloroiridates en chloroiri dites consiste à les traiter par l’oxalate correspondant Avec le sel d'ammonium, la solution concentrée à chaud donne, soit IrCl'(AzH‘}.H20, soit IrCIS(AzH#}® ces sels cristallisent exempts de platine, celui-ci étant alors transformé en PICI*(AzH‘} non isomorphe. M.L.Quennessen expose ses recherches sur l'attaqu du platine par l'acide sulfurique pur, à divers états de concentration. Ses expériences ont été effectuées € tubes scellés vers 4009 : 1° dans une atmosphère d'oxys gène; 2 dans le vide. Avec l'acide à 94°/, de SO‘HS, Je platine impur ou platine du commerce est attaqué d'une façon très notable dans l'oxygène, tandis que le contraire, l'action est presque nulle; l'oxygène inte vient donc ici dans la réaction. Avec un acide contes nant de l’anhydride, ou même d'un titre supérieur à 96,75 °/, de monohydrate (comme il se produit dans cé dernier cas, ainsi que l’a démontré Dittmar, une disso ciation de SO*H® en SO H?0), c'est alors l’anhydride en présence qui fournit l'oxygène nécessaire à l'ox dation, ce que prouve d’ailleurs la formation d'aci sulfureux. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES Séance du 18 Janvier 1906 (suite). M. J. E. S. Moore et Mie A. L. Embleton on observé Je phénomène de synapsis chez les Amphibies Chez le Triton, on constate, avec un pouvoir optique et une préservation suffisants, que les chromosome sont visibles dans les cellules restantes; pendant Pin ception de la phase synaptique, ces chromosomé! s'unissent par paires pour former des corps doubles qui sont les avant-coureurs des gemini adultes (chr@ mosomes hétérotypes, allotypes, bivalents, etc.) ; pa croissance et élongation, les gemini constituent les boucles polarisées de la première prophase maïotique ces boucles se scindent longitudinalement, puis chaqu agrégat fendu longitudinalement s’enroule en l’une @ l'autre des formes prises par les gemini adultes. À € derniers stades, chez le Triton, la scission longitudinal des chromosomes est toujours terminée, et dansul diaster les chromosomes séparés la présentent de nous veau. — MM. J. E. S. Moore et G. Arnold signalen l'existence de formes permanentes parmi les chromt somes de la première division maïotique chez certain animaux. Dans chaque forme particulière, le nomb des gemini de chaque type a une relation numérique constante avec les autres. Séance du 29 Mars 1906. Sir W. D. Niven montre comment on peut caleu des harmoniques ellipsoïdales des quatrième, ci quième, sixième et septième degrés. — Lord Rayleig étudie le problème de la stabilité dilatationnelle de Terre en partant de la condition que la Terre actuellement soumise à des tensions par sa prop gravitation. — Sir N. Lockyer poursuit ses recherel sur les observations d'étoiles faites dans quelques à cles mégalithiques anglais. La pratique égypie consistant à déterminer le temps la nuit par la révol tion d'une étoile autour du pôle a été suivie dans S cercles mégalithiques anglais, où elle paraît avoin introduite vers 2.300 ans avant Jésus-Christ. Sous cé latitude et à cette époque, Arcturus et Capella étaient 4 circompolaires. L'auteur donne la liste des monumë — _— SR — -. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 621 | dans lesquels l'une ou l’autre de ces deux étoiles était | utilisée à la détermination du temps. Les premiers Limmigrants astronomiques en Grande-Bretagne intro- tduisirent l’année de mai, qui est divisée en quatre arties par le passage du Soleil par 16°20 de décli- aison nord et sud (6 mai, 8 août, 8 novembre et février). Dans plusieurs monuments britanniques, on igea des alignements pour marquer la place du lever ù du coucher du Soleil aux quatre dates ci-dessus de née de mai; sir N. Lockyer en donne également la e, ainsi que celle des alignements qui paraissent se tacher à l'année solsticielle. SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE DE LONDRES | F Séance du 8 Juin 1906. | {. H. Davies cherche à obtenir la solution de cer- ins problèmes de diffraction à l'aide d'une intégration contour. La méthode adoptée consiste à obtenir une Solution pour un espace non limité sous forme d'inté- | e de contour ; puis on tient compte des conditions éciales à la limite par l'addition de termes à l'expres- on précédente. Quand l'expression complète a été tenue, on l'évalue sous forme d'une série à l’aide du bexpériences Sur une plaque d'acier vibrante. Les hénomènes présentés par cette plaque sont de deux tes : 1° battements, qu'on peut voir et entendre ultanément ; 2° figures de dispersion. Ces dernières nt dues principalement à l'action de deux systèmes vibrations de même hauteur travaillant à angle droit. M. R. de Villamil présente ses recherches sur la sistance des fluides. Les ingénieurs admettent qu'un ide peut être poussé dans une direction rectilinéaire quelconque ; pour l'auteur, c'est une erreur. Un liquide, comme un courant électrique, peut se mouvoir d’une amière seulement, c’est-à-dire d’une région de haute ession (ou potentiel) vers une région de pression plus isse. On admet encore, d'autre part, que, dans un ide parfait, il n'y a aucune résistance de nature quel- que à un corps mobile qui s'y déplace avec une esse quelconque ; or, c'est seulement dans un océan fini de fluide parfait qu'il n’y aurait pas de résistance. )Ges deux omissions expliquent qu'il n'y a généralement | pas accord entre les travaux d'Hydrodynamique et ceux d'Hydraulique pratique. … SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES l Séance du 7 Juin 1906. M. A. E. H. Tutton a constaté qu'à l'inverse des fates et séléniates alcalins normaux rhombiques, le niate d'ammonium normal cristallise en prismes tables monocliniques. On peut obtenir des cristaux ombiques mixtes de sulfate et de séléniate d’ammo- mum, ce qui tendrait à montrer que le séléniate d'am- onium est dimorphe et toute la série des sulfates et séléniates isodimorphe. Les cristaux monocliniques de léniate d'ammonium présentent une zone prismatique maire pseudo-hexagonale. — M. A. Marshall montre e les courbes indiquant les variations des pressions tielles de vapeur des mélanges binaires avec la com- position moléculaire peuvent être classées en 4 types, dont 3 sont relatifs aux substances miscibles en toutes proportions et se distinguent l'un de l'autre suivant que p/x (pression partielle divisée par la proportion moléculaire) est moindre que, égal ou supérieur à la pression de vapeur de la substance pure. Les courbes : SE totale correspondantes sont obtenues en k ditionnant les deux courbes de pression partielle qui Font du même type. — MM. H. Jackson et D. N. Lau- rie, en soumeltant l'acétylène aux décharges élec- briques de haute fréquence, ont obtenu une substance prune, demi-solide, qui devient dure et insoluble à air. Elle paraît être un polymère de l'acétylène et elle hibsorbe jusqu'à 8°/, d'oxygène. Chauffée en l'absence Jair, elle distille une huile et il se dégage un peu de gaz, consistant surtout en CI et H. — Les mêmes auteurs ont étudié l'effet des décharges de haute fré- quence sur les vapeurs d'alcool méthylique et d’'acé- taldéhyde. Le premier forme CO et H, le second CO et CH" avec un peu de C?H° et H°0; ceS changements sont réversibles. — MM. R. Meldola et H. G. Dale, en dia- zotant la %-bromo-2-nitro-1(x)-naphtylamine, puis diluant et faisant bouillir la solution du sulfate de dia- zonium dans l’eau, ont obtenu, par élimination du groupe nitré, un diazo-oxyde, Br.C!H5.4720; celui-ci, bouilli avec une solution de chlorure cuivreux, est converti en 1-chloro-#-bromo-2($)-naphtol. — MM. R. Meldola et F. G. C. Stephens, en nitrant le diacétyl- m-aminophénol, ont obtenu un mélange de deux i mères mononitrés, donnant par hydrolyse le 4-nitro-3- aminophénol, F. 185°-186°, et le 6-nitro-3-aminophénol, F.1589. Les nitroacétaminophénols, par nitration subsc- quente, fournissent tous deux le 4: 6-dinitro-3-acétami- nophénol, F.1689, et celui-ci, par hydrolyse, le 4: 6-dini- tro-3-aminophénol, F.231°. Son éther méthylique cons- ütue la 4: 6-dinitro-m-anisidine, F.208°.— MM.S.Smiles et R. Le Rossignol ont constaté que l’anhydride sulfu- reux réagitsur leséthersphénoliquesen présence d'AICF pour donner des acides sulfiniques. — M!° I. Smedley, en faisant réagir K ou Na sur l’ax-dichloropropylène à 80° pendant plusieurs jours, a obtenu un liquide -bouillant à 60°, qui est le diallyle, et une faible frac- tion, bouillant à S0°-83°, qui est probablement l'hexa- triène. — M. J. C. Irvine à résolu l'acide lactique de fermentation en ses composants opliques par cristalli- sation de ses sels de morphine; le /lactate, peu soluble, se dépose le premier. — MM. W. H. Perkin jun. et R. Robinson ont préparé un certain nombre de déri- vés de l’«-hydrindone : la salical-«-hydrindone, F.206°, par condensation de l'aldéhyde salicylique avec l'&- hydrindone ; la méthylènedihydroxy-&-hydrindone, F. 1600, par action de PCF, puis AICF sur l'acide méthy- lènedihydrocaféique; la 4 : 5-diméthoxy-:-hydrindone, FE. 114%, par action de PCF, puis AICF sur l'acide dimé- thyldihydrocaféique ; la p-méthoxysalicaldiméthoxy-«- hydrindone, F. 230°, par condensation de l'aldéhyde p-méthoxysalicylique avec la diméthoxy-4-hydrindone. Ce dernier dérivé a des relations étroites avec la tri- méthylbrésiline. — M.J. A. N. Friend montre que le peroxyde d'hydrogène et le persulfate de potassium réagissent en solution suivant l'équation H°0?-E K?S°0* — 2KH.S0'—+0?; la réaction est monomoléculaire. — MM. W. A. Tilden et F. G. Shepherd, en traitant par CH#Mgl les #-et 5-nitrosochlorures de dextrolimonène, ont obtenu deux isomères C*H#OA7°?CE, qui sont trans- formés par PCI en C#H#A7?Cl'; celui-ci perd deux HCI en donnant le composé actif et saturé C#H*AZCE, — M. D. C. Crichton, en électrolysant une solution con- centrée d'éthyldipropylmalonate de potassium, a obtenu les éthers éthyliques des acides &-propyl-8-éthylacry- lique, dipropylglycolique, tétrapropylsuccinique et pro- bablement dipropylacétique. — MM. R. B. Denison et B. D. Steele ont décrit antérieurement une méthode pour la détermination directe des nombres de trans- portetdes vitesses ioniques qui nécessite l'emploi d'une solution auxiliaire ou indicatrice. L'indicateur ne doit pas être hydrolysé pour obtenir des résultats exacts, car l'hydrolyse provoque la formation d'ions nouveaux qui aflectent la vitesse apparente de l'ion soumis aux mesures. Les auteurs montrent que cette méthode peut être employée pour déterminer le degré d’hydrolyse de l'indicateur en solution, et ils appliquent les formules obtenues aux chlorhydrates d’aniline, 0- et p-toluidines, dont les constantes d’hydrolvse à 18° sont respective- ment 61,9 X 10°, 46 X 10% et 256 X 10%. — M. J. Drug- man a constaté que l'ozone, à la température ordinaire, agit lentement sur les hydrocarbures saturés comme le méthane et l'éthane ; la réaction est une hydroxyla- tion graduelle. Avec un hydrocarbure non saturé comme l'éthylène, la réaction est instantanée, même au-dessous de 0°; il se forme un composé d’addition très explosif, probablement un ozonure, qui se décom- Le... 622 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES pose en donnant des produits d'oxydation à un seul atome de C. — M. A. Lapworth, par union de la car- vone avec HCAz, à obtenu la cyanodihydrocarvone, donnant par hydrolyse deux acides carboxyliques sté- réoisomères. — M. J. Moir, en dissolvant l'or dans une solution acide de thiocarbamide, à préparé deux nou- veaux sels d'or complexes C‘H?"Az'®S'Au?(S0*) et CH? Az'S'AuCl*. Le dernier, par ébullition avec HCI, est converti dans le composé connu C*H*Az'SAuCl; par chauffage avec la soude, il donne le corps CH*Az*S’Au*. — M. J. Me C. Sanders décrit un appareil de Beck- mann modifié pour la détermination des poids molé- culaires. SOCIÉTÉ ANGLAISE DES INDUSTRIES CHIMIQUES SECTION DE BIRMINGHAM Séance du 15 Février 1906. M.O.F.Hudsonaétudié la microstructure desalliages euivre-zinc contenant de 40 à 100 °/, de Cu. Ils se di- visent en six groupes, dans lesquels on n'observe que lrois phases «, B, et y, qui se solidifient en cristaux dont l'auteur donne les caractéristiques. SECTION CANADIENNE Séance du 10 Mai 1906. MM.J. W. Bain et J. W. Batten décrivent un calo- rimètre enregistreur pour les gaz. L'emploi de cet appareil montre qu'il y a une relation directe entre la température de la flamme et la valeur calorifique. SECTION DE NEWCASTLE Séance du 45 Février 1906. M. S. H. Collins a étudié la méthode de Scheibler pour la détermination de l'acide carbonique dans les carbonates. Il en examine toutes les causes d'erreur : température, solubilité de CO* dans l’eau et dans l'acide employé pour décomposer le carbonate, influence des sels divers, gaz occlus, et il propose une modification de l'appareil de Scheibler qui évite toutes les pertur- bations. ACADÉMIE DES SCIENCES DE BERLIN Séance du 22 Mars 1906. M. Schwarz présente une Note intitulée : Un are de cercle comme solution d’un problème du calcul des variations, traité pour la première fois par Delaunay. Séance du 5 Avril 1906. M. E. M. Fischer adresse une Note sur la stéréo- chimie des 2 : 5-dicétopipérazines. D'accord avec la théorie, il observe sur l’anhydride de l'acide amino- butyrique deux stéréoisomères inactifs correspondant aux deux dipeptides racémiques. — M, J. H. vant Hoff présente une nouvelle communication relative à ses recherches sur Ja formation des dépôts de sels océaniques. En collaboration avec M. D'Ans, il termine ses investigations sur la formation du chlorure de calcium et de la tachhydrite, donnant en même temps la solution du problème relatif aux gisements naturels du calcium, de façon qu'il ne reste plus que la partie relative aux borates, — M, Kleïn à fait des recherches sur les gneiss et sur les ardoises mélamorphiques des Alpes tessinoises, disculant d'abord, sur la base d'ana- lyses chimiques, les relations qui existent entre les granits du Tessin et du Saint-Gothard et communi- quant ensuite les résultats d’explorations faites à la frontière Sud du massif granilique tessinois, — M.Klein présente ensuite les résultats de recherches sur le massif de gabbro des montagnes limitrophes bavaro- bohémiennes, — M. Vogel adresse une Note du D° G. Eberhard, à Potsdam, relative à un examen spectro- scopique des produits du terbium de M. G. Urbain. Bien que cet élément ait élé découvert dès 1843 par M. Mosander, il fut, jusque dans ces dernières années impossible de l'obtenir à l'état de produit suffisamment pur pour éludier ses propriélés chimiques et som spectre ; le terbium appartient, en effet, aux éléments les plus rares et ne se rencontre jamais qu'en qua tités excessivement réduites. Aussi bien des chimiste dont Bunsen, ont-ils douté de l'existence même terbium. Cet élément a été isolé pour la première fois par G. Urbain, à Paris, lequel, à la suite de fraction nements continués pendant plusieurs années suivant des méthodes imaginées par lui-même, finit par pro duire 7 grammes de cette précieuse substance à l'état de grande pureté, tout en démontrant par voie ch mique que ces produits représentent bien un élément unitaire, identique au terbium de Mosander et avan un poids atomique de 159,2. Il ne restait plus, pour définir parfaitement, qu'un examen approfondi de SO spectre, nécessaire pour caractériser sans équivoqué un élément donné, et qui, à côté des propriétés chi ques, est d’une importance spéciale pour les terres rares dont les caractères chimiques se rapproche tant les uns des autres. Sur le conseil de M. Urbain l'auteur a entrepris cette recherche spectroscopique | qui donne la preuve irréfutable de ce qu'il s’agit bieiM d'un élément réel. En même temps, M. Eberhard réussi à établir des tableaux donnant les raies di spectre d'arc du terbium. Voici, du reste, quelques-uns des résultats généraux que lui donne l'étude des raies spectrales de cet élément: 4° Il n'y a point d'indice d'une décomposition du gadolinium; 2 Il ne sembl point qu'il existe d'autre élément intermédiaire ent le gadolinium et le terbium; 3° Les produits du M. Urbain sont assez purs pour permettre une dété@lA mination assez approchée du poids atomique ; 4° Ce taines raies spectrales peuvent servir à démontre l'existence du terbium dans les minéraux et les matièn brutes ; 5° Les lignes du terbium ne sont point pi sentes dans le spectre solaire, ou, pour le moins, n existent pas avec une intensité appréciable. ) Séance du 26 Avril 1906. M. M. Planck, professeur à Berlin, présente résultats de ses recherches sur la théorie des rayol nements thermiques, recherches parmi lesquelles faut noter, en premier lieu, la déduction de laM10M régissant la distribution d'énergie dans le spect normal et la détermination de la température rayonnement en mesure absolue, détermination do il résulte, entre autres, une méthode pour calculël exactement la masse des atomes chimiques. | ALFRED GRADENWITZ. SOCIÉTÉ ALLEMANDE DE PHYSIQUE Séance du 9 Mars 1906. M. H. von Wartenberg a fait des recherches si détermination des températures élevées au moyen.des; équilibres chimiques et des deux théorèmes de la D À modynamique, choisissant comme exemple la vapeu! d'eau. Les températures déduites des lois du rayon ment coincident très bien avec celles que donnentMes! équilibres chimiques. — M. J. Stark présente une étude sur l'émission lumineuse polarisée des 10nS atomiques en mouvement, normalement à la vitesse translation. 11 étudie subséquemment la polarisation de l'émission totale, le déplacement des lignes Sÿ trales dû à la translation, ainsi que celui qu'on duit par une modification de la pression, et, & l'élargissement des raies spectrales dû à une augmens} tation de la densité des ions. Le même auteur à en00Le/) fait des recherches sur la charge électrique des portemts} de séries de doublets et de triplets. En généralisan bles! résultats que lui donne l'expérience, il formule les ropositions suivantes : Les porteurs des spectres de ignes des éléments chimiques seraient des ions &l0-} miques positifs. Toutes les lignes d'une même Sébie) ! | | | | | | ; ( même de plusieurs séries auraient le même porteur. porteur de la série principale et des séries secon- ires des doublets serait un ion atomique monova- positif, celui des séries secondaires des triplets un ï atomique divalent positif. Les ions d'une valence érieure émettraient également desspectresde lignes, s d’une structure encore inconnue. Le spectre d'un ément donné pourrait constituer un mélange de plu- eurs spectres, correspondant aux ions monovalents, ivalents et polyvalents, respectivement. Ces résultats sentent un accord remarquable avec les investiga- ns de Runge et Paschen sur l'effet Zeeman des séries lignes. — M. H. Geiger présente une expérience le démonstration pour illustrer les distributions de mpérature dans les couches de lumière positive des es à décharge. Les mesures faites par l’auteur montrent que, dans les tubes larges et pour les cou- mts intenses, la température des portions lumineuses a décharge peut être de beaucoup supérieure à celle des portions obscures; or, ces faits sont illustrés par- tement au moyen du tube décrit par M. H. Geiger. Bill - Séance du 23 Mars 1906. M. A. Koepel présente un Mémoire sur les résistances ebsell-inductions élevées à variation continue. On sait que les résistances actuellement en usage ne satisfont Pincomplètement le besoin qu'on éprouve dans les boratoires de résistances élevées à réglage facile, es variations ne se produisant que par sauts, et F prix étant considérable. L'auteur préconise l'em- | d’une corde de boyau entourée d'un fil métal- ique, sur lequel glisse un contact à ressort, exerçant, a vertu de l’élasticité de la substance, une pression èmement uniforme et d’ailleurs très forte, de façon endre les résistances de passage parfaitement négli- les à partir de 20 ohms. Ces résistances sont d’une ndeur considérable, même pour des longueurs relati- ment petites, tout en étant susceptibles d’une variation tiquement continue. L'auteur emploie aussi des dis- | ifs circulaires. D'autre part, ces bobines à enroule- nentsserrés constituent des self-inductions fort élevées. MM. E. Ladenburg et E. Lehmann ont étudié le etre d'absorption de l’ozone. Le spectre infra-rouge dié par eux concorde très bien avec les observations ngstrüm, tout en présentant certains phénomènes uveaux dont l'étude est loin d'être terminée. — . Planck étudie le principe de « relativité » et les ations fondamentales de la Mécanique. L'auteur nale la forme que doivent prendre les équations du vement de Newton dans le cas où le principe précité td'une validité générale. — M. O. Lehmann adresse Mémoire sur la force morphogénétique des cristaux foulants ». La découverte, par l’auteur, de ces formes allines à vie apparente a fait renaître la question Savoir s’il s'agit de cristaux liquides ou solides, et si st à l'élasticité que sont dus leurs phénomènes de dmation et de mouvement si remarquables. L'auteur émontre l'existence d'une force «morphogénétique », au concours de la cohésion et de la force expansive, US qui est essentiellement différente d'une force iStique proprement dite. —MM. W. Nersst et H. von artenberg présentent quelques remarques au sujet emploi du pyromètre Wanner.— M.F.Kohlrausch ésente un Mémoire sur ce qu'il définit comme Capacité de résistance » d'un espace compris entre à électrodes, à savoir la résistance que posséde- cet espace en étant rempli d'un milieu d'une tibilité égale à l’unité. Les rapports qui existent me les lignes de flux et les lignes de force électro- tique impliquent une relation très intime entre cette deur et la capacité électrostatique des électrodes. U,scomme les capacités de résistance se prêtent sou- ent, assez factiement à une détermination exacte, landis que les capacités électrostatiques, surtout de petite grandeur, ne se mesurent en général que difli- cilement, on remplacera avantageusement leur déter- mination par celle des premières. Pour permettre * ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES y 623 l'emploi de cette méthode, l'auteur établit la formule assez simple reliant les deux grandeurs. — M. E. von Drygalski adresse une Note sur la glace des contrées polaires, glace qui est de deux espèces, suivant qu'elle est d'origine terrestre où marine. La première se mani- feste à l’état de glace continentale, recouvrant les vastes étendues de ces régions et s’écoulant sur elles vers la mer, d'un mouvement lent, s’arrétant dans les parties plus profondes de cette dernière et formant ainsi les ice-bergs flottants. Les choses se passent d'une facon à peu près analogue dans les régions arctiques et dans les régions antarctiques; dans ces dernières, on vient pourtant de constater certaines différences, au point de vue surtout de la façon dont la glace continentale va aboutir dans la mer: les vallées étroites du Groënland ne se retrouvent pas dans l’Antarctide ; c'est pourquoi les vitesses d'écoulement y sont bien moindres. Or, ces différences de vitesse répandent un jour tout nouveau sur le mécanisme du mouvement des glaciers, prouvant que ce sont les couches inférieures qui coulent au-des- sous des supérieures en les entraînant d'une façon plus où moins passive. Après avoir discuté les diffé- rentes transformations que subissent les ice-bergs, l’auteur passe aux phénomènes présentés par la glace marine. Les sels contenus dans l’eau de mer sont séparés dans sa congélation en même temps que ses autres impuretés ; après avoir été renfermés mécani- quement au sein de la glace, ils en sont progressive- ment lessivés, et finissent par en disparaitre tout à fait. Le sel en étant donc absent, il faut s'en rapporter à sa structure plate pour distinguer la glace marine. La croissance de cette dernière peutse faire de deux facons, à savoir : par un processus de congélation continue ou par l'agrégation de la neige; l’auteur définit les limites de ces deux processus. Séance du # Mai 1906. M. M. Laue adresse un Mémoire sur la décomposition spectrale de la lumière due à la dispersion, Mémoire où il rend compte d’une série de travaux récents se rapportant à la théorie de cette décomposition. Loin de vouloir mettre en doute la théorie courante, qui se base sur la possibilité de décomposer toutes les ondes en oscillations sinusoïdales au moyen de l'intégrale de Fourier, ces travaux ont l'intention de placer à côté de cette méthode analytique une méthode plus illustrative, bien que moins rigoureuse, en considérant l'onde lumineuse comme une succession d’impulsions très brèves et en commencant par l'étude d’une impulsion individuelle. L'auteur fait voir les difficultés qui s’op- posent à une généralisation de cette théorie, dont il voit l'importance dans la facon dont elle illustre la réalisa- tion, par la Nature, de l'analyse harmonique que nous effectuons, par la Logique, en représentant la vibration par une intégrale de Fourier. Les deux faits sur les- quels se basent ces processus sont la modification de forme périodique qu'un groupe d'ondes subit dans le milieu dispersif, et d'autre part la forme sinusoïdale que possède l'onde plane stationnaire succédant à une impulsion. La périodicité qui se manifeste dans ces faits est la seule cause de celle que nous observons dans la lumière homogène produite par la décomposi- tion spectrale, loin d’être un indice d’une condition spéciale de la lumière non décomposée. — M. J. E. Lilienfeld vient d'imaginer une méthode pour déter- miner la température et la conductibilité calorifique de l’effluve positif. Suivant les vues courantes, qui ré- duisent à un processus de dissociation la conductivité électrique d’un gaz ionisé, il fallait s'attendre à ce que la conduction de la chaleur au sein d'un gaz pareil serait plus forte que dans le même gaz à température et à gradient thermique égaux, mais sans décharge. Les méthodes signalées par l’auteur pour élucider ces phénomènes d’une facon complète sont basées sur l'observation de la température stationnaire qui s'éta- blit dans une bande de feuilles de platine lorsqu'on lui fournit une quantité d'énergie donnée, au moyen d’une CAT PRET 624 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES TRS > à be a) Re DE Ue | : batterie d'accumulateurs isolés. On mesure la tension aux entrées du courant dans le platine, ainsi que l'in- tensité du courant chauflant; la température est déterminée soit par une pile thermique, soit par des mesures de résistances directes. La feuille de platine, introduite dans l’effluve positif, atteint une température bien inférieure à celui-ci. La température de leffluve correspond, en effet, à l'état dans lequel la feuille de platine, pour un apport d'énergie stationnaire égal, prendrait lamême température que dansle vide absolu, toutes chosesétant d’ailleurs égales. La conduction de la chaleur dans l'effluve positif est toujours plus forte que celle qui s'établirait dans le même gaz à tempéra- ture égale des parois extérieures et de la feuille de platine, la pression aussi étant identique. Les petites additions de gaz étrangers, surtout d'hydrogène, à une atmosphère d'oxygène ou d'azote, exercent une grande influence sur les phénomènes précités; immédiate- ment après le passage de la décharge, la conduction de la chaleur est meilleure qu'à l'état ordinaire, ALFRED GRADENWIIZ. ACADÉMIE DES SCIENCES DE VIENNE Séance du 10 Mai 1906. 49 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. J. Plemelj : Sur une nouvelle preuve d'existence du système de fonc- tions de Riemann avec un groupe de monodromie donné. — M. H. Benndorf poursuit ses recherches sur le mode de propagation des ondes de tremblements de terre à l'intérieur de la Terre. Si l’on désigne par e la vitesse de propagation des ondes élastiques à la surface, par T le temps qu’elles emploient pour parve- nir du centre d’ébranlement au lieu d'observation, par A la distance épicentrale du lieu d'observation, et par e, l'angle d'émergence sous lequel le rayon considéré dT rencontre la surface terrestre, on a CoTa— COS : Co. Autrement dit, le rapport de la vitesse de propagation vraie à la vitesse apparente est égal au cosinus de l'angle d’'émergence. 20 ScIENCES PHYSIQUES. — Me $S. Hillebrand a examiné deux genres de serpentine, l'une compacte, l'autre schisteuse, et le chrysotile. L'analyse attribue à ces trois minéraux la même composition SiOMg‘Hf. Mais le chrysotile fournit un acide Si'O'#H" (ac. chrysotilique), tandis que les serpentines donnent l'acide SiO®H5. Il en résulte pour le chrysotile la formule développée Si'0'# (Mg0Mg) (MgOH)'‘H' et pour les serpentines la formule SiO"#(MgOH)SHE. L'heulandite à la composition Si*O?* AlËCaH'* et l’on en retire un acide Sif0'7H!°; elle a donc la constitution Sif0O'TH?0*APO?CaH* Æ IP0.— M. V. von Cordier a signalé antérieurement l’existence de deux formes stéréoisomères du picrate de guanidine, cris- tallisant l’une en tablettes, l’autre en aiguilles. Si l’on place les aiguilles (plus solubles dans l’eau) dans une solution saturée des tablettes, elles ne perdent pas de leur poids, ce qui devrait arriver si elles constituaient une forme dimorphe des tablettes. On se trouve donc bien en présence d’une isomérie du genre cis-trans, causée par l'azote imidique à liaison double. — M. K. Kremanñ a étudié la saponilication du diacétate de glycol et de la triacétine en solution homogène par un alcali aqueux; ce sont des réactions du second ordre. Les valeurs absolues de la vitesse de saponilica- tion du diacétate de glycol sont de plus du double, et celles de la triacétine de plus du triple des valeurs ob- servées pour l'acétate d'éthyle. — Le même auteur à constaté, par l’étude du diagramme de fusion des mé- langes de 2 :4-dinitrophénol et d'aniline, que ces deux substances se combinent en proportion équimolé- culaire.— MM. Zd. H. Skraup et R. Witt ont refait l'hydrolyse de la caséine par le procédé de Siegfried et obtenu deux combinaisons peptoniques qu'ils ont puri- fiées sous forme de picrates. Les peptones mises en liberté des picrates donnent par hydrolyse des bases hexoniques en quantité moins grande que la caséine. Il faut en conclure que la caséinokyrine de Siegfried. est, un mélange de bases hexoniques libres avec. d'autres restes. — MM. Zd. H. Skraup et Ph. Hœrnes, par action de l'acide nitreux sur la caséine, ont obtenw une combinaison plus riche en O et à peu près dé même teneur en Az. Par hydrolyse, elle fournit plupart des combinaisons aminées que donne caséine, mais moins d’arginine, et pas de lysine, tyrosine, ni d'alanine.— M. Zd. H. Skraup a obtenu di résultats analogues en faisant agir l'acide nitreux s la glutine. — M. J. Stuchetz à conslaté que, parm les produits aminés résultant de l’hydrolyse des albus minoïdes, seule l’arginine réagit avec l'hypobromite de sodium. — M. H. Molisch a reconnu que toutes les Cyanophycées ne donnent pas le même phycocyane mais qu'on peut en préparer au moins deux : un phy= cocyane bleu, donnant des solutions bleues en lumiè transmise et à fluorescence rouge carmin ; un phycon cyane violet, donnant des solutions violettes en lumière. transmise et à fluorescence rouge ocre. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. S. Jellinek a étudié l'influence des courants électriques puissants sur lé pigeons et les poissons. Pour les pigeons, une tension di 100 volts est dangereuse, et une tension supérieure € mortelle ; la mort se produit à la suite de crampes mus culaires et respiratoires. Les poissons ne meurent qu sous une tension de 200 volts, souvent sans p nomènes visibles extérieurs. — Le mème auteur a con taté que la disparition des mouvements du cœur pros voquée chez le cobaye par la narcose chloroformiqueé est combattue avec succès par l'application d'un cou rant fort, dangereux à l'état normal. Le cœur de cobayes tués par des injections sous-cutanées de morphine @ par la strangulation ne peut être remis en mouvement par l’action d'un courant puissant, — M. P.Th. Mulle montre que le pouvoir des cultures staphylococe d'augmenter le fibrinogène est lié au corps bacillaït mais passe dans le filtrat; il résiste à la températu de 60°, Il n’est identique ni à l'hémolysine, ni à la lex cocydine des cultures; on n’a pu obtenir d'immunis tion contre cet agent. — M. R. Wagner a étudié point de vue morphologique le Trisema Wagapii Vieil Dilléniacée de la Nouvelle-Calédonie. | Séance du 17 Mai 1906. 40 SCIENGES MATHÉMATIQUES. — M. Ad. Prey : cherches de convergence pour la loi de la diminuti de l'amplitude dans les observations pendulaires. 2° Sciences PHysiQues. — M. F. Meissner signé une source d'erreur. dans les mesures thermo-él8 triques. Quand on détermine la température de # métalliques par un thermomètre pendant à côté d'eux; on commet, par suite de la conductibilité caloritiq du fil, des erreurs importantes, qui peuvent aller ] qu'à 70° pour un fil de cuivre de 3 millimètres d’épai seur chauffé à 300 à l'intérieur d’un four électrique 3° SCIENCES NATURELLES. — M. von Ebner cherch montrer que les fibrilles germinatives du tissu conjo tif, en particulier dans les os des dents, ne naissentp directement du protoplasma des cellules de formation: mais secondairement d'une substance sécrétée par cellules. — MM. S. Exner et H. Januschke On! constaté que les bâtonnets de la rétine de l'Abramis!| brama disparaissent complètement quand l'œil regoit la lumière solaire directe. Ils se trouvent près de choroïde et sont englobés par les masses granuleu: de guanine et de fuscine des prolongements cellulaires épithéliaux, tandis que les cônes de la membrane limi- tante sont exposés à la lumière. — M. H. Matiegka a étudié un certain nombre de caractères distin®) tifs des crânes humains qui sont en relation avecsles} crêtes craniennes chez les Mammifères, en particulier les singes anthropoiïdes. Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER. Paris. — L, MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette: 17° ANNÉE N° 44 30 JUILLET 1906 des DIRECTEUR : Revue générale SOON C pures el appliquées LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. L. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans lu Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande, $ 1. — Nécrologie EF. Laulanié. — C'est avec une douloureuse sur- se qu'on a appris la mort de Laulanié, Professeur Physiologie et de Thérapeutique à la Faculté de decine, Directeur de l'Ecole vétérinaire de Toulouse. sparait en pleine activité d'esprit, en pleine vigueur e, victime, on peut le dire, d'un travail sans répit, seule la défaillance de ses forces physiques l'avait orcé depuis quelques mois d'interrompre. “J'ai eu l'honneur de le voir pour la première fois en 1892; je le trouvai dans son laboratoire, ou plutôt dans son amphithéâtre-laboratoire, organisé à la fois pour les recherches et pour l’enseignement. Ce labo- ratoire était meublé presque entièrement par des appa- reils de son invention. Car Laulanié,était un inventeur el. un constructeur extrêmement ingénieux. C'est Lâce à cette ingéniosité, ainsi qu'à sa grande habi- té d'expérimentateur, qu'il put apporter des solu- (tions aussi élégantes que précises aux problèmes de Physiologie qui l'intéressaient particulièrement. Les questions relatives à l'Energétique et aux échanges respiratoires et nutritifs le passionnaient au point quelles constituent le sujet de presque toutes ses echerches physiologiques. M. Chauveau, dont il était ledisciple éclairé et dévoué, pourrait dire quelle con- Hribution importante Laulanié a fournie à l'étude de \ceS importantes matières. | Doué d'une intelligence pénétrante et sans cesse en éveil, causeur alerte et spirituel, logicien rigoureux, Laulanié possédait aussi des qualités didactiques qui apparaissent bien dansson Traité de Physiologie‘. Les lélèves appréciaient beaucoup la clarté et la méthode {deson enseignement. Ils ne goûtaient pas moins N'aménité de son caractère comme administrateur. Tous les physiologistes seront profondément attristés par cette mort inopinée, car c'est une grande perte que fait la Physiologie dans la personne de Laulanié. J. E. Abelous, Professeur de Physiologie à la Faculté de Médecine de Toulouse. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. À Voirla Revue des 45 Novembre 1901 et 15 juillet 1903. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE , $ 2. — Astronomie L'Equinoxe de Printemps. — Le Bulletin de la Société astronomique mentionne une communication de M. Maunder à la Société astronomique de Londres, à propos du passage de l’'équinoxe de Printemps du Tau- reau dans le Bélier. Dans un Mémoire publié en 1874, le Professeur Sayre émettait l'opinion que l’équinoxe de printemps a dù se trouver dans la constellation du Taureau entre les dates 4.698 et 2.540 avant l'ère chré- tienne : cette manière de voir, adoptée depuis par plusieurs auteurs, semble mal fondée. M. Maunder, en admettant que les belles étoiles de la région du zodiaque ont toujours été rattachées aux mêmes signes, déter- mine les portions de l’écliptique comprises dans chaque constellation et les dates où l’'équinoxe de printemps a coincidé avec l'entrée du Soleil dans les diverses cons- tellations. Les principales conclusions de cette étude sont les suivantes : Les mois et leurs noms ne sont point dérivés des signes du zodiaque, et ceux-ci n’ont point été limités et dénommés d’après les mois : les deux modes de divi- sion sont indépendants à l’origine; C’est seulement à partir de l’an 700 avant l'ère chré- tienne que le Bélier a été reconnu comime premier signe du zodiaque ; Des inscriptions assyriennes, assez vagues, donnent lieu de penser qu'il y a eu vers cette époque un chan- gement dans la manière de fixer le commencement de l’année, ainsi qu'un développement notable des con- naissances astronomiques. La météorologie sur Mars. — Nous ne parle- rions point de cette question, pour le moins épineuse, si elle n'avait été traitée par un éminent astronome, W.-H. Pickering, dans le n°8 du volume LIIL des Annales de l'Observatoire de Harvard College, en se basant sur des photographies qui, sans montrer les canaux et les lacs, accusent cependant des variations suflisantes pour être attribuées aux changements atmosphériques. L'auteur étudie les formations de nuages, de neige, etc., eten conclut des indications sur les saisons, des comparaisons avec nos climats. Tout le monde est, du 14 626 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE reste, d'accord pour reconnaitre la présence de vapeur d’eau dans la circulation atmosphérique de Mars : là où le problème devient plus délicat, c'est lorsque M. Pickering mesure la hauteur des nuages, 24.000 mè- tres, et explique les anomalies de l’aplatissement polaire par la présence ou l'absence de telles formations dans la zone équatoriale. En tous cas, le Mémoire est fort intéressant : puisse seulement l'étude de Mars nous aider à percer quelques- uns des secrets de notre propre météorologie. Le Collimateur de l'Amiral Fleuriais. — Tout ce qu'en matière de navigation l’on peut demander aux observations astronomiques, c’est de faire connaitre à 1/2 mille près la position d'un navire, car, sauf à l’'ap- proche des côtes, une pareille approximation est très suffisante pour la navigation : dans ce but, on recourt aux mesures de hauteur lorsque l'horizon de la mer est bien visible ; mais le problème se pose tout autrement, soit en temps de brume, soit pendant la nuit, et l’ins- trument imaginé par l'amiral Fleuriais était destiné à éviter ces inconvénients. Perfectionné en tous ces temps derniers, cet instrument permet d'observer la position moyenne des oscillations de l'axe d'un gyroscope, ré- solvant la difficulté : la précision de l'axe équivaut à un pendule de petite dimension, mais dont l’oscillation serait suffisamment longue pour que le roulis du navire la trouble néanmoins assez peu. Il reste cepen- dant à appliquer deux corrections, l'une du fait de ce roulis, l'autre dépendant du mouvement de la Terre, et ces corrections ont suscité les importantes et intéres- santes recherches de savants comme MM. Guyou, Crétin, Faye, Arago. Une étude récente et très complète a été faite sur le gyroscope collimateur par M. Gheury : la conclusion de l’auteur est que cet instrument, muni des récents perfectionnements, est vraiment très pra- tique, et supérieur à tous les autres appareils proposés pour donner un horizon artificiel. Ù $ 3. — Art de l'Ingénieur Un procédé simple pour le desséchement de Fair des hauts-fourneaux. — La Revue à déjà attiré l'attention de ses lecteurs sur le curieux procédé de desséchement de l'air des hauts-fourneaux de M. Gayley par le refroidissement de l'air au moyen de machines frigorifiques. Ce refroidissement se fait en faisant passer l'air, avant son entrée dans les machines soufflantes, sur des serpentins frigorifères, qui en abaissent la température aux environs de zéro. Le procédé de M. Gayley a donné lieu à de nom- breuses discussions, et l’on n’est pas encore tout à fait d'accord sur la raison de son succès incontestable; d'autre part, si le succès du procédé est reconnu, on doit aussi constater la complication et le prix très élevé des appareils frigorifiques qu’il met en jeu. C’est pour atténuer celte complication que M. Steinhart à récemment proposé — d’après les indications données par M. G. Richard à l'une des dernières séances de la Société d'Encouragement pour l'Industrie nationale — un refroidissement de l'air beaucoup plus simple, au moyen, non pas d’un appareil frigorifique, mais d’une sorte de réfrigérant à circulation d’eau à la tempéra- ture de l’atmosphère, analogue aux condenseurs à surface des machines à vapeur. Celte considération de la simplification des appareils et de la diminution de leur prix est bien, en effet, de la plus haute impor- tance, car, d’après de nombreux résultats pratiques, l'économie réelle finale produite par l'emploi du sys- tème Gayley ne dépasserait guère, en tenant compte de son amortissement et de son entretien, 20 centimes par tonne de fonte *. Au lieu de refroidir l'air avant son aspiration, M. Steinhart le refroidit lorsqu'il est échauffé après et Voir la Revue du 15 décembre 1904, p. 1059, The Engineer, 20 avril, p. 401, par sa compression à 1 kilog environ; il résulte, de cet abaissement de température, un abaissement de l’état hygrométrique de cet air comprimé correspondant à un desséchement d'autant. Le procédé de M. Steinha est encore à l'état d'essai. En faisant passer de l'air, refoulé au taux de 1%*,15 par minute, au travers d'un. tube de 50 millimètres de diamètre et de 2,20 di longueur entouré d'eau à 15°, la température de l'ai fut abaissée à 29°, et son humidité tomba de 20 12 kilogs par mètre cube. C'est un desséchement moindre que celui qu'obtient M. Gayley, mais aussi avec un appareil infiniment plus simple et moins coûteux, de sorte que les essais de M. Steinhatn méritent certainement d’être signalés. $ 4. — Physique Les phénomènes de vie apparente chez cristaux mous. — Les recherches de Physiq ayant fait voir, dans ces dernières années, l’impossis bilité d'établir une distinction bien nette entre les éta liquide et solide, certains savants ont proposé de ren placer l’ancienne classification de la matière nof gazeuse par les états dits amorphe et cristallin, co prenant le premier les substances non cristallin solides et liquides ainsi que toutes les conditions intermédiaires entre ces limites. En désacord avee ces définitions, les travaux de M. O0. Lehmann, professe à Karlsruhe, viennent de démontrer l'existence substances étant à la fois liquides et cristallines. Bi que ces résultats ne figurent pas encore dans les traités de Physique et de Chimie, il paraît incontestable qu certains liquides présentent une structure parlaitement cristalline, se manifestant par une réfraction qui obé aux mèmes lois que celle des cristaux solides. D’aut part, on doit à ce même savant la découverte de to une série de formes cristallines intermédiaires, à point de vue de leur état d’asrégation, entre les deu limites solide et liquide, et que M. Lehmann désigné sous le nom collectif de cristaux mous. Dans c@ derniers, c'est tantôt la tension superlicielle, tantôt force directrice de cristallisation qui prévaut. Tout en démontrant une fois de plus l'impossibilil de classer les phénomènes dans des catégories absolue bien séparées les unes des autres, ces recherches mé ritent une attention toute spéciale par le jour qu'elles, viennent répandre sur les régions limitrophes entre monde des organismes vivants et celui de la matièr dite inerte, régions qui, depuis les récentes investi tions de M. Butler Burke, de M. Leduc et d'au savants, suscitent un intérêt considérable, même auprè des gens du monde. C'est que certaines substances étudiées par M. Lehmann et ses élèves présentent sous le microscope, des phénomènes de croissance, 4 propagation et de subdivision, ainsi que des mou ments en apparence spontanés, qui, au moins par le aspect extérieur, ressemblent parfaitement aux phé mènes caractéristiques des organismes vivants les pl rudimentaires, les bactéries. M. Lehmann vient, en effet, de trouvér des résul tout particulièrement intéressants sur le parazoxycl namate d'éthyle, qui existe à l’état cristallin mou entt des limites de température très étendues, tout a donpant sous le microscope chauffé l'apparence d'une” vie des plus agilées. L'importance toute spéciale de cette substance réside dans le fait qu'elle vient, pourla première fois dans le cas d'un cristal, présenter des analogies avec la subdivision des cellules vivantes, la W croissance par intussusception ou absorption interne (à l'opposé de l'agrégation de particules), ainsi qu'avec les phénomènes de mouvement caractéristiques des micros organismes. Bien qu'il ne faille point, pour cela, consi dérer ces cristaux comme de vrais êtres vivants, ones bien fondé à admettre que les analogies observées, loin de se borner aux apparences, sont dues à l'identité de certaines forces actives dans les deux cas. Il n'en est pas moins vrai de dire que cette question ne pour? | | ! être tranchée avant que ces recherches ne soient défi- | nitivement terminées. = Les cristaux de parazoxycinnamate d'éthyle affectent, à la température d'environ 200°, la forme de petites FRiepmans : Beitr. z. chem. Physiol. u. Pathol., t. VIT, p. 95, 1906. O. von Fürra : Zbid., L. VI, p. 94, 1905. “ Sroz : D. chem. G., t. XXXVII, p. 4152. a On doit donc adopter pour la tribenzène-sulfo-adré= naline la formule III et pour l’adrénaline la formule Je $ 7, — Biologie { ù L'expression des émotions. — M. Francois Franck, membre de l’Académie de Médecine, vient de faire, à l'Institut général psychologique, une intéres= sante conférence sur « quelques expressions des émo= tions chez homme et chez les animaux ». V Après avoir rappelé les travaux de Duchenne (di Boulogne) et de Darwin, le conférencier a exposé J& résultat de ses recherches personnelles, en appuya ses démonstrations sur de nombreuses photographies, quil a recueillies. 11 a montré successivement, par 4 projections : l'expression émotive de l'homme normal; celle de l’aliéné à idée fixe, caractérisée par ce fait que le sujet rend avec énergie, et sans modifications, li pression qu'il éprouve; chez l'enfant, qui réagit un peu à la façon de l’aliéné; chez l'aveugle et le sourd-muet chez les acteurs, etenfin chez de nombreux animaux M. Francois-Franck a démontré expérimentalement" que toutes les manifestations extérieures de l'émotis vité peuvent être provoquées par l'excitation de parties. localisées de l'écorce cérébrale. Il a beaucoup insisté sur le fait physiologique suivant : autant les manifesta=. tions extérieures de l'émotion (expressions et jeux de physionomie, attitudes, gestes, etc.) sont variées autant, par contre, les manifestations profondes, orgas. niques, de l'émotion (modifications dans les fonctions respiratoires, circulatoires, digestives, sécrétoires, etel sont uniformes. Ce qui permet au savant conférencié de critiquer la théorie dite physiologique des émotions dans laquelle l’état cérébral serait subordonné au variations cireulatoires. ï En somme, l'écorce cérébrale doit être considéré comme une surface sensible qui élaborerait par el même les états émotifs et serait le point de départ des réactions nombreuses, tant extérieures que profondes, qui leur correspondent. 3 Enfin, M. Francois-Franck a indiqué les applications, pathologiques qui résultent de sa manière de voir, en insistant plus particulièrement sur les troubles cas diaques produits par les chocs émoiifs. $ 8. — Géographie et Colonisation Les relations commerciales entre Tonr bouetou et Tunis. — La première caravane venanb. de Tombouctou par In-Salah est arrivée le 20 juin Gabès. Escortée de 30 cavaliers, composée de 50 € meaux, elle convoyait de nombreuses marchandises dont 800 kilogrammes de plumes d'autruche et 1.000 kE logrammes d'ivoire. , Jusqu'ici les caravanes partant de Tombouctou pour l'Afrique du Nord aboutissaient à Tripoli ou au Marot: Il était intéressant de signaler cette reprise des relä= tions commerciales entre la Tunisie et Tombouctou: Le Gouvernement tunisien avait bien essayé, il y à une douzaine d'années, d'attirer le courant des caravanes de Tombouctou; mais il avait dû y renoncer, à cause de la baisse de l'ivoire, qui ne valait alors que 11 franes le kilogramme, au lieu de 25 francs actuellement. Dans) ces conditions nouvelles, la marchandise peut supporter les frais de la traversée du désert. Le prochain percement des Alpes ber- noises!. — La position centrale de la Suisse prédes- tinait ce pays à recevoir une grande partie du transit européen?. Si cel avantage ne compense pas l'absence 1 Cf. Pauz Girannin : Le percement des Alpes bernoïses. | La Géogr phie, 45 mars 1906. — Azrertr Gomar : La percée des Alpes bernoises. fevue économique internationale, 15-20 octobre 1905. 2 Le transit de la Suisse s'élève annuellement à 400.000 | 1 { d'une valeur approximative de 600 millions de francs; Jes CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 629 s.] | de rivage maritime, il n’en reste pas moins très appré- | ciable. Mais, si la Suisse est un centre, elle est en même {émps un nœud montagneux, le faîte de l'Europe, en quelque sorte. C’est pourquoi le transit Nord-Sud a dû Jongtemps tourner ce pays, empruntant alors les terri- foires des pays limitrophes, le nôtre en particulier. Grâce à l'appui financier de l'Allemagne et de l'Italie, à Je Gothard fut percé. Quant au Simplon, la Suisse en L fit à peu près tous les frais; la participation de l'Italie | fut insignifiante. Voici maintenant que le plus popu- | Jeux des cantons suisses, celui de Berne, va se lancer | hardiment, et presque seul, dans un nouveau perce- ment des Alpes. Dans une Note précédemment con- ) sacrée au Simplon, nous avions laissé entrevoir comme probable la construction du tunnel du Lôütschberg. Les différentes études et expertises qui ont eu lieu depuis L ont confirmé le choix de cette solution. On peut pré- woir qu'elle sera bientôt adoptée par le Grand Conseil | bernois. « Trois vallées s’avancent à la rencontre de la puissante “shine alpestre qui sépare le canton de Berne du canton lu Valais. La plus orientale, la vallée supérieure de “l'Aar ou Hasli, conduit au delà du tunnel du Simplon; Ile ne saurait être choisie pour ce motif. Les deux utressontcelles dela Kanderet deson affluentlaSimme. La vallée de la Kander est la plus directe : elle aboutit au débouché le plus favorable du côté Sud, le Lüt- _schenthal; mais, par suite de deux importantes ruptures de pente, elle offre un degré d'inclinaison beaucoup “plus considérable que la vallée rivale de la Simme. “Celle-ci ne s'élève que de 150 mètres entre Zweisimmen : et Oberried, distants de 17 kilomètres l’un de l’autre. pe plus, le massif du Wildstrubel, auquel elle aboutit, st moins épais que le Lôtschberg, qui barre la vallée “de la Kander. Mais le trajet est plus long, parce que le Simmenthal dessine un arc de cercle vers l'Ouest, et surtout il laisse l'Oberland complètement de côté; cest là son plus gros désavantage et celui pour lequel sera abandonné: l'Oberland, qui est une des régions s plus visitées de la Suisse, est aussi la grosse richesse … du canton de Berne. «. Ge sera donc par la vallée de la Kander que passera M la future voie; mais la dernière rupture de pente, pro- uvenant d'un éboulis, donne lieu à deux solutions, sui- ant que la ligne franchit ou non ce seuil avant de | s'engager dans le tunnel. Dans le premier cas, il faut Luun tunnel de 14 kilomètres, avec un maximum d'incli- | maison de 30 à 35 °/c, mais qui pourra être ramené “à 27 °/,,; dans le second cas, le tunnel aura 21 kilo- “mètres et les rampes ne dépasseront pas 15 °/. Les I derniers experts, M. Zollinger, chargé d'étudier plus “particulièrement les tracés, et M. Thomann, auquel on ihavait demandé un Rapport sur l'emploi de la traction “électrique, se sont prononcés tous deux pour le tunnel Ne faite à fortes rampes. On estime, en effet, qu'avec “ce dernier mode de traction, des rampes de 27 °/59 — avec des courbes de 300 mètres, au minimum, — équi- valent, pour l'exploitation, à des rampes de 15°/,, avec . traction à vapeur. —… De Berne à Brigue, le tracé aura une longueur de 113 kilomètres, dont 71 de Spiez à Brigue. Sur cette “dernière longueur, 11 kilomètres sont déjà exploités n0 °/, de ces marchandises sont acheminés par la voie du Gothard, et 12 à 15 °/, par celle de l'Arlberg. de Spiez à Frutigen. La durée de la construction est évaluée à cinq années et demie, et le coût à 84 millions. On estime les recettes de la ligne Spiez-Brigue à 5.350.000francs(avec 426.000 voyageurs et 680.000 tonnes de marchandises), etles dépenses à 2.460.000 francs, ce qui laisserait un excédent de recettes de 2.890.000 francs. Il est intéressant de noter à ce sujet l’évolution qui s’est produite en quelques années dans le domaine de la construction des chemins de fer de montagne. On revient aujourd’hui à l’idée des hauts tracés, avec une moindre longueur de tunnel, et non seulement parce qu'ils sont moins onéreux et plus rapidement construits, mais aussi parce que, gràce à la traction électrique, ils sont parfaitement exploitables au point de vue du grand trafic international, et encore parce que les longs tunnels de base — dont le Simplon restera le type — sont trop sujets aux surprises de toute sorte. La déci- sion que viennent de prendre les promoteurs du per- cement des Alpes bernoises ne manquera pas d'influer sur celle qui nous concerne, à propos du prochain per- cement du Jura francais. Pierre Clerget, Professeur à l'Institut commercial des jeunes filles de Fribourg (Suisse). Une Mission scientifique à San-Thomé. — M. Gravier, docteur ès sciences, assistant au Muséum d'Histoire naturelle de Paris, qui avait accompli l'an dernier un intéressant voyage sur les bords de la Mer Rouge, vient d'être chargé par le Ministre de l'Instruc- tion publique d'une Mission scientifique à San-Thomé, pour étudier spécialement la faune des Invertébrés dans cette colonie portugaise et ses dépendances. $ 9. — Enseignement L'enseignement de la Physique dans les lycées. — Le Bulletin administrati! du Ministère (le l'Instruction publique (numéro du 2 juin 1906) publie l'extrait suivant d'un Rapport d'inspection générale, montrant la nécessité de l'entente entre les professeurs de même ordre dans chaque établissement : « Je ne connais pas de lycée où l’enseignement de la Physique marche mieux qu'à X..… Cela ne tient pas seulement à ce qu'il s'y trouve un ensemble de bons professeurs, mais surtout à ce qu'il y a entre ceux-ci une entente parfaite, non accidentelle, mais de tous les jours et sur tous les points, et que tous mettent en commun leurs travaux et leurs idées. « Il en résulte pour l'enseignement une uniformité et une continuité tout à fait favorables au travail des élèves et à leur développement. On arrive ainsi à ce résultat qu’on rencontre des classes, même nom- breuses, où il n'y a pas de non-valeurs, et où, dans la liste dressée par Île professeur, il n’y a pas de troisième série. k « Cet exemple prouve l'importance des conseils d’en- seignement. Ils sont aussi nécessaires, à un autre point de vue, que les conseils de classe. ; « Les professeurs d'une même catégorie ne devraient pas agir isolément et sans se préoccuper de ceux qui les précèdent et de ceux qui les suivent. Il est essentiel qu'ils se mettent et se tiennent d'accord sur l'interpré- tation des programmes, sur la méthode à suivre, sur la continuité et la progression de l’enseignement. » 630 LÉON GUILLET — L'ÉTAT ACTUEL DE LA MÉTALLOGRAPHIE MICROSCOPIQUE L'ÉTAT ACTUEL DE LA MÉTALLOGRAPHIE MICROSCOPIQUE DEUXIÈME PARTIE : UTILISATION INDUSTRIELLE DE LA MÉTALLOGRAPHIE Dans la première partie de cette étude’, nous avons décrit la technique de la Métallographie ; il nous reste à montrer, par de nombreux exemples, comment l'industrie peut utiliser cette méthode d'essais. Pour cela, nous passerons successivement en revue les alliages suivants : 4° Alliages de Fer : Alliages Fer-Carbone : Fers, Aciers, Fontes ; Aciers spéciaux ; Autres alliages industriels du fer. 20 Alliages de Cuivre : Bronzes ordinaires ; Bronzes spéciaux ; Laitons ordinaires; Laitons spéciaux. 3° Antifricltions. Mais il nous faut tout d’abord attirer l'attention sur différents points qui ont une grande importance. I. — COMBINAISON ET SOLUTION SOLIDE. POINTS DE TRANSFORMATION. On sait — comme nous l'avons déjà rappelé — que les métaux peuvent donner naissance à des combinaisons définies. On a pu arriver, par diffé- rents procédés, à déterminer l'existence des combi- naisons Cu’Sn, CuAl, FeAl, etc. Mais on à, pendant longtemps, abusé de la con- ception de la combinaison définie. Il est un cas beaucoup plus fréquent, nous dirons même bien plus intéressant : c'est celui de la solution solide. Il est beaucoup plus fréquent: nousen trouverons, en effet, des exemples de la plus haute importance, non seulement dans les aciers trempés, mais aussi dans les aciers spéciaux, dans les bronzes, les laitons, les bronzes d'aluminium, etc., et l’on peut dire actuellement que la plupart des produits métallurgiques industriels sont formés de solu- tions solides. Ce cas est beaucoup plus intéres- sant que celui de la combinaison : en effet, les propriélés mécaniques, physiques et chimiques de la solution se modifient peu à peu sous l'in- fluence d'une variation de composition; de plus, la solution solide est — ou du moins peut être — 4 Voir la Rev. gén. des Sciences du 15 juillet 1906. Li 4 un produit homogène, qualité qui est, dans la, plupart des cas, particulièrement précieuse. 1 On peut dire que les travaux des physicos chimistes, particulièrement de Roozeboom, sur 18. solutions solides ont eu, dans ces deux ou troi dernières années, une influence considérable su les recherches relatives à la constitution de produits métallurgiques. Un autre point sur lequel il nous faut attire l'attention est la relation qui existe entre la micro graphie et la courbe de fusibilité, ou plutôt 1 diagramme des alliages. : On s’est contenté pendant fort longtemps de Temperatures | | | | 4 A | Pourcentages Courbe de fusibilité Fig. 4. — Courbe de fusibilité d'un alliage. déterminer le point de solidification commençant des alliages ; en réunissant les points obtenus pour les différents alliages de deux métaux, on obtenai la courbe de fusibilité. L: Or, il y a d’autres points dont la délermination" est non moins importante : ce sont les points de solidification finale et les points de transformation ÿs ces derniers sont très fréquents dans les alliagess Si l'on porte sur {axe des x le pourcent d'un mélal et sur l'axe des y les températures, on arrives. au moyen des points déterminés, à diviser le plam en un certain nombre de régions, pour lesquelles il faut déterminer la constitution; c’est là que las. micrographie intervient. Entre la courbe de solidification commencante et la courbe de fin de solidification, on a une partie liquide et une partie solide. Considérons une courbe de solidification commencçcante eltsupposons qu'elle présente un maximum et deux minima (fig. 1). Les alliages qui correspondent au maximum el aux minima se solidifient entièrement à une CE même température. Au maximum correspond ou un composé défini } ou une solution solide. La masse qui se solidifie à } même composition que la partie liquide qui pré- l'existait. D'autre part, les minima indiquent les eutec- \tiques, qui sont formés, d'après les études de Pion- \chon, Charpy, elc., par des lamelles alternantes des deux constituants qui correspondent aux deux \branches de la courbe de fusibilité. Supposons | qu'en M se dépose une combinaison : le minimum mest l'eutectique formé par le métal A et la com- binaison M; le minimum y»! est l'eutectique formé parla combinaison M et le métal B. Nous donnerons fout de suite un exemple pour montrer la coïnci- |dence qui existe entre la micrographie et la courbe 1de fusibilité. Prenons les alliages anlimoine- | plomb ; la courbe de fusibilité, qui est tracée dans 700 0 10 LEig. 2. — Courbe de fusibilité des alliages antimoine-plomb. la figure 2, montre un eutectique pour une teneur de 13 °/, d'antimoine. Si les alliages ne subissent après leur solidifi- ‘Cabion aucune transformation, ils doivent être cons- titués de plomb entouré d’eutectique plomb-anti- moine pour les teneurs d'antimoine inférieures à 13°}, et d'antimoine entouré du même eutectique lorsque la teneur en antimoine est supérieure à 15, °/,. Mais il y a plus : il existe une relation directe entre la teneur en eutectique et la compo- sition. Plus on se rapproche de la teneur de 13°}, d'antimoine, plus l'eutectique occupe de surface. IT. — ALLIAGES DE Fer. $ 1. — Alliages de fer et de carbone. Fers. Aciers. Fontes. _ À: Constituants. — Les principaux constituants des alliages fer-carbone sont : La ferrite ou fer pur ; Le graphite ; La cémentite ou carbure de fer Fe’C ; La perlite, qui est l'eutectique ferrite-cémentile ; LÉON GUILLET — L'ÉTAT ACTUEL DE LA MÉTALLOGRAPHIE MICROSCOPIQUE 631 La martensite, solution de carbone dans le fer, dédiée à Martens ; L'austénite, dédiée à Roberst-Austen : La troostite, du nom de M. le Professeur Troost : La sorbile, dédiée à Sorby, le premier savant qui ait songé à la métallographie. Nous définirons ces différents constituants et donnerons leurs principales caractéristiques. a) Ferrite. La ferrite n’est autre chose que le fer pur. Elle n'existe que dans les aciers hypo- eutectoïdes, c'est-à-dire renfermant moins de 0,850 °/, de carbone. Une attaque prolongée à la teinture d'iode, à l'acide picrique, etc…., la fait apparaître en grains polyédriques (fig. 3), provenantdecristaux cubiques qui se sont développés autour de centres indépen- dants et se trouvent limités par des facettes plus ou moins planes. M. Kourbaloff a indiqué, dans un important Mémoire publié en mars 1904 dans la /?evue de Métallurgie, que la solution à 4°/, d'acide azotique dans l'alcool amylique permet de distinguer, dans les aciers extra-doux, les produits fragiles des pro- duits non fragiles : dans les premiers, le contour des grains de ferrite est extrêmement net, et il semble y avoir deux constituants. Il parait néces- saire de rapprocher ce fait du travail de M. Braune relatif à l'influence de l'azote sur les propriétés des aciers et paru dans la /evue de Mécanique. Il est nécessaire d’ajouter que l’on désigne aussi sous le nom de ferrite le fer renfermant en solu- tion certains produits, notamment le nickel, le silicium, le vanadium. La ferrite formée de fer pur n'existe pas dans les produits commerciaux. b) Graphite. Le graphite se voit, après simple polissage, avant toute attaque; il apparaît en sombre sur le fond brillant et possède généralement la forme de virgules provenant des lamelles coupées dans la préparation. Le graphite peut ou exister dans le produit naturel et refroidi, ou se produire par recuit de la fonte grise ou de certains aciers spéciaux (silicium, vanadium). c) Cémentite. Le fer forme avec le carbone un carbure de fer de formule Fe*°C. On lui a donné le nom de cémentite, parce qu'il prend naissance en abondance dans la cémentation des aciers. C'est le plus dur des constituants des aciers recuits. Aussi la voit-on par polissage en bas- relief. L'acide picrique ne l'attaque pas (fig.5); mais le picrate de soude en solution sodique la colore en brun (fig. 4) (H. Le Chatelier). On a cherché à établir l'existence de plusieurs cémentites (Von Juptner, Benedicks) ; mais aucune preuve certaine n'en à élé donnée. La cémentite n'existe à l'état indépendant (c'est- à-dire hors de l’eutectique) que dans les aciers 632 LÉON GUILLET — L'ÉTAT ACTUEL DE LA MÉTALLOGRAPHIE MICROSCOPIQUE Fig. 3.— Fer ducommerce. Polyédres de ferrite; traces de perlite. Grains ronds de scories. — Attaque prolongée à l'acide picrique. (G = 300 d.) Fig, 4. — Acier hypereutlectoïde atlaqué au picrate de _ soude. — La cémentite se colore en noir. (G —500 d.) Fig. 6.— Acier extra-doux (C — 0,090). Perlite noire et fs rite blanche. — Attaque à l'acide picrique. (G — 206 d:} Fig. 7. — Acier demi-dur (C— 0,400). Perlite noire et ft rite blanche. — Attaque à l'acide picrique. (G = 200 d4 Fig. 5. — Acier hypereutectorde (CO = 1,05). Cellules bordées de cémentite blanche et remplies de perlite. — On notera ici les lamelles alternantes de la perlite. Attaque à l'acide picrique. (G=— 200 d. Fie. 8. — Acier dur, très voisin de l'eutectoïde (C = 0,150). | Perlite noire et traces de ferrite blanche. — Atlaque 4 l'acide picrique. (G = 200 d.) (4 LÉON GUILLET — L'ÉTAT ACTUEL DE LA MÉTALLOGRAPHIE MICROSCOPIQUE 635 hypereutectoïdes, contenant, par conséquent, plus de 0,850 °/, de carbone. d) Perlite. La perlite est l’eutectique ferrite- cémentite. Elle est donc formée de lamelles alter- nantes de ces deux constituants. La perliteest coloréepar l'acide picrique(fig.6à8), ou la teinture d'iode. Le picrate de soude l'attaque à peine. Les trois conslituants : ferrite, cémentite, per- lite, sont les seuls que nous rencontrerons dans les aciers normaux, c'est-à-dire dans les aciers qui, portés vers 900°, ont été refroidis lentement. Lorsqu'on examine des aciers normaux renfer- anant des quantités de carbone de plus en plus importantes, on trouve les résultats suivants : . La perlite croit avec la teneur en carbone ; elle est nalle dans le fer pur, elle couvre la surface dans - l'acier contenant 0,850 °/, de carbone. Le carbone continuant à augmenter, on trouve de la cémentite, qui augmente avec la teneur en “carbone. On ne peut confondre celte cémentite avec la ferrite, le picrate de soude colorant nette- ment la première. e) Ferronite. Dans une thèse très remarquée, M. Benedicks semble avoir démontré que, dans les aciers renfermant plus de 0,500 °/, de carbone, lesparties qui restent claires après l'attaque à l'acide picrique sont constituées par une solution de car- bone dans le fer à 0,27 °/, de carbone et non par du fer pur. M. Benedicks étaie son opinion sur la mesure des surfaces occupées par la perlite, sur Fig. 9. — MartenSile très fine. — Attaque à l'acide picrique. (G—200 d.) les dosages de carbone, sur les propriétés phy- siques et les densités. f) Martensite. La martensite est une solulion de carbone dans le fer. C'est le constituant des aciers trempés à température un peu supérieure au point de transformation correspondant à la recalescence. La martensite est caractérisée par des aiguilles que l'on ne voit qu'à un fort grossissement et après attaque profonde; elles sont dirigées suivant trois directions. Une attaque de 5’ secondes à l'acide fig. 10. — Austénite (blanche) et ai (noires). (G—200 d.) picrique ne la colore pas; on l’aperçoit après une attaque de 5 minutes (fig. 9). Du fait que la martensite est une solution solide, on peut conclure que ses propriélés vont dépendre de la composition, c'est-à-dire de la teneur en carbone de l'acier‘. Altirons de suite l'attention sur ce fait que, si l'on prend l'acier eutectique et si on le trempe à des températures croissantes à partir du point de trans- formation, la martensite, d’abord extrêmement fine, devient de plus en plus grossière au fur et à mesure que la température de trempe augmente. Ce fait a, nous le verrons plus loin, une grande importance théorique et industrielle. g) Austénite. L'austénile (fig. 10) estle constituant des aciers très carburés (C >> 1,1 °/,) trempés à très haute température (à 1.000°) dans un bain de trèmpe très froid (au-dessous de 0°). En un mot, pour produire l'austénite, il faut exagérer loutes les conditions de la trempe. Avec les aciers au carbone, on n'obtient jamais de l’austénite pure, mais un mélange auslénite-marlensite, où mieux austénite-troosto-sorbite ; le maximum d'austénite que l’on peut obtenir atteint 70 °/, de la masse, avec un acier à 4,65 °/, de carbone. Pour un acier plus riche, on a séparation de cémentite ; la pro- portion d’austénile n'augmente plus (Osmond). Les caractéristiques micrographiques de l'austé- nile sont les suivantes : elle possède une faible 1 On sait que, lorsqu'on examine la courbe de refroidis- sement d'un acier, on obtient un dégagement de chaleur aux environs de 6800, lequel est particulièrement accentué dans les aciers à haute teneur en carbone. 63% LÉON GUILLET — L'ÉTAT ACTUEL DE LA MÉTALLOGRAPHIE MICROSCOPIQUE dureté minéralogique el se raie à l'aiguille; elle n'est pas colorée par l'acide picrique. h) Troostite. La troostite (fig. 11) est le principal constituant d'un acier trempé dans l’eau, pendant l'intervalle critique, ou bien à température plus élevée, mais dansun bain moins actif que l'eau, tel que l'huile par exemple. Les caractéristiques micrographiques dela troos- tite peuvent se résumer comme suit : coloration rapide (5") par l’acide picrique; coloration par la solution de l'acide azolique dans lalcool amylique (légère coloration après 7', coloration foncée après 15° (Kourbatofr). La troostite est colorée très nettement après 15° par le réactif suivant: une partie alcool amy- lique, une partie alcool éthylique, une partie Troostite (noire) et fond de martensite (blanc). — Attaque à l'acide picrique. (G — 200 d.) alcool méthylique, une partie d'une solution à 4 °/, d'acide nitrique dans l'anhydride acétique. i) Sorbite, La sorbile est un constituant inter- médiaire entre la perlite et la troostite. Elle se colore aisément par l'acide picrique. On l’oblient surtout par revenu de la martensite ou encore par la trempe de fonte aciéreuse (Henry Le Chatelier). j) Troosto-Sorbite. M. Kourbatoff (Revue de Métallurgie, février 1905) appelle troosto-sorbile un constituant obtenu, à côté de la martensite et de l’austénite, par la trempe, à une températureélevée, d'aciers très riches en carbone, el qui présente des caractères se rapprochant assez de la troostite. M. Le Chatelier en avait déjà signalé l'existence et le mode de production. La troosto-sorbite est brun foncé, après 5 minutes d’atlaque, par une solution à 4°}, d'acide azotique dans l'alcool amylique. Le réactif que nous avons déjà indiqué à propos colorée en de la troostite donne la même réaction qu'avec ce constituant, tous les autres ne subissant aucune action. On voit que la seule différence qui existe entre la troostite et la troosto-sorbite se trouve dans le moyen de les produire et dans la structure géné rale : tandis que la trooslo-sorbite forme des masses irrégulières entourées par un liséré plus noir et que le milieu des taches est toujours plus clair et renferme généralement de la cémentite, la troostile, obtenue en trempant pendant la recales-" cence, se développe au milieu de la perlite et non plus autour des grains de cémentile. 2. Classilication des constituants des alliages Fer-Carbone. — Dans une étude des plus remar=" quées, parue dans le Journal de Chimie physique en janvier 1904, et dans un Mémoire plus détaillé, publié dans la /tevue de Métallurgie (4905, p. 207), M. Le Chatelier a étudié la classification des consti=M tuants des aciers ordinaires; il faut distinguer : 1° Les constituants homogènes ou phases; ce, sont : la ferrite, le graphite et la cémentile. Il est entendu que ces phases peuvent renfermer d'autres corps que les précédents; la ferrite peut contenir en solution du nickel, du vanadium, ete. ; la cémentile peut contenir d’autres carbures que Fe°C, notamment Mn°C,Cr*C', etc; - 2° Un constituant d'agrégation, qui est la perlite eutectoïde ferrite-cémentite ; 3° Les constituants de structure; ce sont la martensite, l’austénite, la troostite, la troosto-sor- bite et la sorbile. Ce sont ces différentsconstituants qui amènent des difficultés loutes spéciales dans l'étude micrographique des aciers, et cela provient de ce qu'ils ne sont normalement stables qu'à température élevée et qu'un brusque refroidisse= ment ne permet de les conserver à une tempéra= ture ordinaire que d’une façon fort incomplète. « Cette propriété de former avec le carbone des solutions solides paraît surtout appartenir à la variélé du fer normalement stable au-dessus de 900°, celle que M. Osmond désigne par la lettre y. » Il ne semble pas qu'entre la perlite et la troostite il y ait des changements brusques; il parait bien que l’on passe progressivement de l’un des consti- luants à l’autre par l’intermédiaire de la sorbite. M. Benedicks, dont les travaux sont d'une précis sion et d’une méthode remarquables, a donné, à la dernière réunion (25 septembre 1905) de l’/ron and Steel Institute, une conception qui nous semble fort plausible de la troostite; il la regarde comme une émulsion de la cémentite. Lorsqu'on passe de la troostite à la martensite, le changement est brusque, et il n’est pas douteux que l’on se trouve en présence d'une solution de carbone dans le fer. Mais, dans les aciers ordinaires (comme d’ail= pu Jeurs dans cerlains aciers spéciaux, notamment | ceux au nickel et au manganèse), il semble que le passage de la martensite à l’austénite est pro- _ gressif: les aiguilles de martensite, d'abord très fines lorsque la température de trempe est juste au-dessus du point de transformation, deviennent de plus en plus grossières au fur et à mesure que | celte température augmente. | Quant à l’austénite, elle paraît bien devoir être Ja forme stable à chaud de tous les aciers, forme que l’on ne peut généralement maintenir à la tem- pérature ordinaire. . | On voit qu'il y a encore une certaine imprécision , dans la définition de quelques constituants; on sait, d'ailleurs, qu'une Commission internationale pro- cède à des essais très importants, sous le patro- Lnage de la Société Française d'encouragement pour l'Industrie Nationale, de la Société d'Encou- ragement de Berlin et du National Physical Labo- ratory de Londres. Mais, d'ores et déjà, l'examen micrographique | des alliages fer-carbone donne, au point de vue Lindustriel, des renseignements du plus haut intérêt; Inous les indiquerons en quelques lignes. «3. Conclusions que l'on peut tirer d'une obser- | xation micrographique d'aciers ordinaires. — Rap- | pelons d’abord que les réactifs à utiliser sont : 1° L’acide picrique (solution alcoolique à 5°/,), qui permet de différencier la perlite, la troostite el la sorbite (Igewsky); 2° Le picrale de soude en solution sodique (25 °/, | soude caustique + 2°/, acide picrique) à la tempé- \rature de l'ébullition, permettant de caractériser la | cémentite libre, qu'il colore en noir (H. Le Chate- lier); 3 La solution d'acide azotique (à 4°/,) dans \Palcool amylique, qui colore d'abord la troostite et la sorbite (5 à 7 minutes), ensuite l'austénite, (très légèrement après 10 min., très fortement après 55 min.); la martensite n’est teintée en jaune qu'après une heure; la cémentite est toujours blanche ; 4 Le réaclif formé de : une partie alcool amy- lique, une partie alcool éthylique, une partie alcool Iméthylique, une partie de solution à 4 °/, d'acide :nitrique dans l'anhydride acétique. Il ne colore que là troostite et la troosto-sorbite. Les différents cas qui peuvent se présenter sont les suivants : | 4 On est en présence de perlite et de ferrite. On peut affirmer que l'acier renferme moins de 0,850 °/, de carbone et l'on peut, avec quelque häbitude, déterminer le carbone à 0,100 °/, près. | Dans le cas d’un acier extra-doux, on notera la grosseur de la ferrite, la plus ou moins grande | | LÉON GUILLET — L'ÉTAT ACTUEL DE LA MÉTALLOGRAPHIE MICROSCOPIQUE 635. nettelé des polyèdres, qui ont une relation directe avec la fragilité; on remarquera si l'acier renferme des scories, qui apparaissent avant tout polissage et que l’on peut aisément distinguer; on exami- nera si l’acier est surchauffé, brûlé, etc. Ici se place une remarque de la plus haute impor- tance : si l'on examine un acier brut de forge, on se trouve souvent en présence non de perlite, mais de sorbite; le temps d’attaque nécessaire pour l’apparition du constituant noir permet d’élucider ce point. On ne peut alors déterminer la teneur approximative en carbone sans opérer un recuilt suivi d'un refroidissement lent. Enfin, il arrive souvent que la perlite est rangée en bandes parallèles; un acier présentant cette structure est toujours fragile. 2° L'examen micrographique décèle perlite et cémentite. On peut affirmer que l'acier renferme plus de 0,850 °/, de carbone. La quantité de cémentite libre, que l’on décèle aisément aupicrate, permet de préciser la teneur en carbone. 3° On se trouve en présence de martensite. En admettant que l’on examine un acier au carbone et non un acier renfermant nickel, man- ganèse ou chrome, on peut affirmer que l'acier est trempé. La plus où moins grande facilité d'attaque ou de coloration de la martensite donne des renseigne- ments sur la teneur en carbone ; de plus, si les aiguilles sont très fines, l'acier a été trempé dans le voisinage du point de transformation; si elles sont plus grossières, la température de trempe a été trop élevée. On est conduit à la même conelu- sion si l'on se trouve en présence d’austénile, ce qui n'est pas un cas industriel. On a bien soin de noter les autres constituants qui peuvent accompagner la martensite, ainsi que leur situation : si l’on trouve de la ferrite en même temps que de la martensite, on est en pré- sence d'un acier hypoeulecloïde trempé à trop basse température ; si l'on rencontre de la cémen- Lile, c'est un acier hypereutectoïde. Il est, d'ail- leurs, facile et généralementnécessaire de compléter la premier examen par une observation sur produit recuit, laquelle permettra de déterminer approxi- mativement la teneur en carbone et les propriétés mécaniques du produit primitif. Il est nécessaire de faire remarquer que, dans les aciers trempés, on se trouvera rarement en présence de martensite pure, surtout dans Îles grosses pièces; on aura généralement de la troos- tite, de la sorbite; la situation et l'importance de ces constituants donneront des indications du plus haut intérêt : c'est ainsi qu'une pièce, une cuvette de roulement, par exemple, qui, après trempe, renfermerait de la troostile sur les bords, donne- 636 LÉON GUILLET — L'ÉTAT ACTUEL DE LA MÉTALLOGRAPHIE MICROSCOPIQUE rait assurément à l'usage de très mauvais résul- | en carbone supérieure à 0,500; on a tout d'abord als; de même, un arbre cémenté trempé, qui, | des mélanges de troosto-sorbite et de martensité après tous traitements, laisserait voir au micro- | puis de la troostite et de la martensite, enfin de scope de la cémentite libre, surtout si elle est aciculaire, serait absolument à rejeter à cause de TagLEau IL. — SEE des aciers la fragilité de la couche superficielle. SA ReNRPNUEN: Les exemples pourraient être multipliés; mais le cadre de cette étude ne nous permet pas de nous étendre davantage. Les cas que nous venons de citer démontrent suffisamment le haut intérêt que CLASSES MICROSTRUCTURES PECUTERE RER 0A. Le titre fictif est alors supérieur au titre réel. . L'importance de la métallographie est ici de toub premier ordre; en effet, elle permet de déterminer. le titre fictif de l’alliage dont le produit considé se rapproche comme propriétés et utilisation. | Nous renverrons, pour plus de détails, de Métallurgie. IV. — ANTIFRICTIONS. aussi utilisés comme caractères d'imprimerie; 2° Les alliages cuivre-élain-anltimoine. Leur microstructure (fig. 31 à 35) a été étudiée f. détails par M. Charpy ‘. ! Contribution à l'étude des alliages métalliques. Société d'Encouragement pour l'Industrie Nationale. ri LÉON GUILLET — L'ÉTAT ACTUEL DE Fig. 30. — Lailon à l'aluminium (Cu = 10; Al —5; Zn — 25). Même structure que le laiton (Cu—60; Zn — 40). — At- taque à la solution ammoniacale d'oxyde de cuivre. (G = 50 d.) LRig 31. — Antifriction industriel (Sn—82,22; Sb—11,36; Ph —0,71; Cu —5,58). Cubes de SbSn. Aiguilles de Cu*Sn. — Attaque à l'acide chlorhydrique. (G —200 d.) Li À Sn — 83,3; Sb—41;1; — 5,5) Cubes de SbSn. Aiguilles de Cu®Sn.— Attaque à l'acide chlorhydrique. (G —200 d.) LA MÉTALLOGRAPHIE MICROSCOPIQUE 643 Fig. 33. — Antifriction industriel formé de plomb, étain, antimoine, pour fortes charges. — Attaque à l'acide chlor hydrique. (G=— 50 d. Fig. 34. — Antifriction industriel formé de plomb, étain, antimoine, pour charges moyennes. — Attaque à l'acide chlorhydrique. {G = 50 d.) Fig. 35. — Antifriction industriel formé de plomb, étain, antimoine, pour charges faibles. — Attaque à l'acide chlorhydrique. (G— 50 d. 64% Nous rappellerons que les premiers sont formés de cristaux de SbSn entourés d'eutectique dans lequel se trouve le plomb. Les cubes SbSn forment un corps dur enchàssé dans l’eutectique plastique. La charge que peut supporter un anlifriction plomb-étain-antimoine est sensiblement propor- tionnelle à la surface occupée par les cristaux durs. Dans les alliages cuivre-élain-anlimoine, on se trouve en présence de deux corps durs : les cubes SbSn, des aiguilles Cu'Sn. Nous donnons (fig. 33 à 35) les micrographies de trois antifrictions d'une même marque indus- trielle ; le premier est destiné à des charges élevées, le second à des charges moyennes, le troisième à des charges faibles et à de grandes vitesses. Les cubes ont presque totalement disparu dans le der- nier alliage. On voit encore les services que peut rendre la micrographie dans l'étude des antifrictions. V. — CONCLUSIONS. La place que nous pouvions donner à celle étude ne rous permettait pas d'examiner le rapport qui existe entre les propriélés mécaniques et la structure d'un certain nombre d’alliages, intéres- sants cependant pour l’industrie, notamment les J. RÉVIL — LA SYNTHÈSE GÉOLOGIQUE DU SYSTÈME ALPIN alliages cuivre-aluminium, que nous avons éludiés en détail (/evue de Métallurgie, août 1905), fer- cuivre, fer-phosphore, cuivre-manganèse, cuivre- phosphore,cuivre-silicium, aluminium-magnésium aluminium-manganèse, ete.': Nous pensons que les exemples que nous avons cités dans la seconde partie de ce travail sont assez frappants pour montrer l'intérêt industriel réel que présente cette nouvelle méthode d'inves- ligalion qu'est ja métallographie microscopique. Elle à rapidement franchi le seuil du laboratoire de recherches ou d'enseignement pour entrer dans. le laboratoire industriel, et l'on peut affirmer qu'elle y rend déjà d'importants services. Il n’est pas douteux que, dans quelques années, la micrographie sera jugée, dans loute usine pro- duisantou utilisant les métaux et les alliages, d'une nécessité aussi absolue que l'analyse chimique ou la détermination des diverses propriétés méca- niques. Elle aura, sur ces dernières méthodes, les avantages considérables d'un coût peuélevéetd'une plus grande rapidité d'exécution, et, si elle ne par- vient pas à les remplacer entièrement, du moins en sera-t-elle le complément nécessaire. Léon Guillet, Docteur ès sciences, Ingénieur des Arts et Manufactures: LA SYNTHÈSE GÉOLOGIQUE DU SYSTÈME ALPIN Les phénomènes de charriage du bord septen- trional des Alpes, de l’Arve à Salzbourg, ainsi que ceux des Alpes delphino-provencales, — phéno- mènes que nous avons étudiés dans un précédent article!, — ont été signalés récemment dans de nombreuses régions faisant partie du système alpin. En 1902*, M. Lugeon élendait à toutes les Alpes suisses la structure en « nappes empilées » constatée par lui dans le Chablais. L'année sui- vante, il appliquait les mêmes conclusions aux chaines carpathiques, où des plis couchés cherchent à couvrir leur avant-pays. « C'est par de grandes vagues successives, écrivait-il, cherchant à se hisser les unes sur les autres, que ce gigantesque mouvement a dû s’accomplir”. » En 1904, le même des XII, 1 J, Réviz : Les Grandes nappes de recouvrement Alpes françaises. Revue générale des Sciences, t. n° 21, p. 1007, 1902. 2 M. Luceox : Les Grandes dislocations et la naissance des Alpes suisses. Æclogæ geologiæ Helvetiæ, &. VII, n° #4, p. 335, 1902. % M. Luceox : Les nappes de recouvrement de la Tatra et | l'origine des Klippes des Carpathes. Bull. Soc. Vaudoise | Se. nat., t. XXXIX, p. 11, 1903. l auteur, avec la collaboration de M. Haug”, démon- trait que, dans les Alpes calcaires, aux environs de Halstatt, il existe quatre nappes superposées, cha=« cune d'elles étant caractérisée par des facies spé ciaux du Trias et du Lias, ainsi que par la locali= sation de certains termes de la série mésozoïques Toute celte région du Salzkammergut est comme hachée par des failles verticales postérieures aux, charriages, et ces accidents masquent souvent la structure fondamentale du pays. Dans une Note présentée à l’Académie des Sciences de Paris, M. Termier* annonçait en 1903 que le massif cristallin des Hohe Tauern, dans le Alpes orientales, — massif long de 85 kilomètres" large de 15 à 18, comprenant le Gros Venediger eb les hautssommets du Zillerlal, — ne vientau jourquen grâce à une déchirure, à une fenétre (celte express ‘ Se reporter au Traité industriel des alliages métalli ques. Dunod et Pinat, éditeurs. 3 E. Hauc et M. Lucrox : Sur l'existence dans le Salzkam= mergut de quatre nappes de charriage superposées. C. Acad. des Sc., t. CXXXIX, p. 896, nov. 1904. 8 P. Tenier : Sur la structure des Hohe Tauern. ©. ft Acad. des Sc., t. CXXXVII, p. 875, nov. 1903. . J. RÉVIL — LA SYNTHÈSE GÉOLOGIQUE DU SYSTÈME ALPIN 645 sion est de M. Suess) ouverte dans un système de « nappes de recouvrement », et que le massif cris- tallin semble être lui-même la carapace d'une nappe inférieure totalement enterrée. L'année suivante’, le même auteur pouvait dé- montrer encore que les Alpes du Tyrol septentrional, au nord de l’axe des Hohe Tauern, sont consti- tuées par un paquet de nappes, et que les régions de l'Orller et du Brenner sont formées par un empilement semblable. Tout récemment (mai 1905), MM. Lugeon et -Argand” ont fait voir que quatre grandes nappes de recouvrement superposées s'étendent, dans les Alpes cristallines de la zone du Piémont, entre Bonneval-sur-Arc (Savoie) et le Simplon, où appa- raissent, en outre, trois nappes plus profondes. Ils -ontannoncé, celte année même*(avril 1906), qu'une grande nappe de recouvrement, plus ou moins compliquée par des digitations ou des nappes secondaires, s’élend sur la Sicile occidentale. M. Kilian (C. 2. des Coll., 1906) a montré que la structure de la Provence s'explique tout naturellement par des phénomènes analogues. Enfin, d’après M. Robert Douvillé*, les chaines subbétiques — qui font partie du régime des plis alpins — joueraient également, entre le bas pays | et le massif cristallin de la Sierra Nevada, un rôle analogue à celui des Préalpes suisses, entrela plaine molassique et les hautes chaines calcaires de Suisse et de Savoie. Le présent article a pour objet d'exposer, comme résumé de ces divers travaux, la synthèse géolo- gique du système alpin. Il Un trait caractéristique de la structure de la chaine alpine est le déplacement horizontal de couches diverses « s’escaladant » les unes les autres vers le bord externe du massif. Ge sont là des faits admis aujourd'hui par la majorité des géologues -eLdevant être considérés comme acquis à lascience*. _ Cela établi, cherchons à distinguer dans les Alpes ce qui est pays de nappes” et ce qui est pays autochtone 4 P. TerRuIER : Sur la continuité des phénomènes tecto- niques entre l'Ortler et les Hohe Tauern. C. R. Acad. Sc., t. CXXXIX, p. 687, octobre 1904. ? M. Lucrox et S. ArGaxn : Sur les grandes nappes de recouvrement de la zone du Piémont. C. R. Acad. Sc., t. CXL, p. 1364, mai 1905. In. : Sur les phénomènes de charriage en Sicile. C. R. Acad. Sc., t. CXLII, 1906. * Rorerr DouviLié : Sur les Préalpes subbétiques au sud du Guadalquivir. C. R. Acad. Se., t. CXXXIX, p. 894, 1904. * MM. Steinmann et Uhlig, longtemps opposés à cette manière de voir, se sont récemment ralliés à cette nouvelle interprétation. ° Rappelons que nous appelons nappe un pli couché qui, dans son déversement, atteint ou dépasse l'horizontale. La Suisse, comme nous l'avons dit, est presque tout entière pays de nappes. Toutes les Hautes- Alpes calcaires qui s’élendent, formant le front de la chaîne, du lac de Thoune au Sentis, sont des montagnes charriées. Aux environs d'Interlaken, M. Douvillé” reconnait trois unilés tecloniques : a) un système inférieur en place, formant une série de dômes de hauteurs inégales (Saint-Beatemberg, Waldegg, Buchholzkopf), souvent découpé par des failles et partiellement effondré; b) un grand pli couché supérieur, charrié du Suä et de structure complexe, paraissant formé de plusieurs plis ou nappes successives, dont les têtes s’échelonnent vers le Nord-Ouest (Rothorn, Morgenberghorn, Dreispilz, Bachfluh); c) une nappe disloquée et laminée intercalée entre les deux systèmes précé- dents. Entre les massifs du Mont-Blanc et du Fins- teraarhorn, M. Lugeon croit pouvoir compter huit nappes superposées. Que resterait-il sur le versant nord des Alpes suisses, se demande-t-il, de plis autochtones? La chaine du Pilate et ses ramifica- tions jusqu'au Sentis, de même que les montagnes à faciès helvétique limitées au Sud par la vallée de Klôntal, le Pragel, sembleraient seules en place. L'ensemble de la plus grande partie des chaines a donc subi un mouvement intense vers l’avant- pays molassique, en exceptant toutefois les anciens massifs hercyniens de la première zone”. La cause première de ces mouvements, conclut le professeur de Lausanne, doit être attribuée à l'effort tangenliel, ayant provoqué la formation, puis la marche vers le Nord, de grandes nappes successives. Dans les Alpes delphino-savoisiennes, sur le bord externe de la chaîne, les plis autochtones ont un grand développement. Si l'on excepte les mon- tagnes du Chablais et le synclinal du Reposoir, où se trouvent les Klippes de Sulens et des Annes, toutes les chaines subalpines sont en place. Les dislocations les plus énergiques sont de simples plis-failles, dont quelques-uns (massif de la Char- treuse, environs de Chambéry) constituent de véri- tables « chevauchements® ». À cette zone, il con- vient de rattacher les massifs crislallins des Aiguilles-Rouges, de Belledonne, de la Mure. Dans 1 Douvizé : Observations géologiques dans les environs d'Interlaken. Bull. Soc. géol. de France, 3° s., t. XXVIII, p- 51, 1906. ? On sait que M. Ch. Lory a divisé les Alpes occiden- tales en 4 zones : Première zone (— 7. du Mont-Blanc); Deuxième zone (— z. des Aiguilles d'Arves); Troisième zone (= z. Houillère); Quatrième zone (— z. du Piémont). 3 Il est intéressant de faire ressortir, écrit M. Kilian, que ce régime coïncide avec l'existence, à l'Est des chaines subel- pines, de massifs cristallins qui auraient opposé à la pro- pagation de la poussée alpine une résistance efficace. (W. Kirax : Les phénomènes de charriage dans les Alpes delphino-provencales. C. R. IXe Congrès géologique inter- national, Vienne, 1904). [ep] re [er] les zones plus internes (environs de Moûtiers en Tarentaise, région du Grand-Galibier), les plis présentent une structure isoclinale imbriquée et sont déversés à l'Ouest. Ces plis sont probablement les racines d'anciennes nappes détruites par l'érosion. En arrière du Mont-Blanc et dans la partie du massif s'étendant de la Tarentaise au Valais, MM. W. Kilian et P. Lory' ont observé la même structure. Ils y ont reconnu deux séries de brèches fort analogues à celles des lambeaux de charriage du bord externe des Alpes du Chablais et de la Suisse. Ils concluent à bon droit que « vraisembla- blement l'origine d’une partie au moins de ces nappes à brèches exotiques doit être cherchée soit dans la zone des racines en question, située entre le Mont-Blanc et la grande bande houillère, plus ou moins métamorphique, qui court du Petit au Grand Saint-Bernard, soit dans le voisinage immé- diat de cette zone ». A l'Est et au Sud de la région isoclinale, on rentre dans un pays de nappes, où l’on reconnait les traces indiscutables de dislocations d'une grande intensité; celle région de nappes comprend les massifs de l'Embrunais, du Brianconnais et de l'Ubaye. À la suite de recherches, poursuivies pen- dant de nombreuses années par MM. Haug et Kilian, ces savants sont arrivés à la conviction que la. région des « Grès de l’'Embrunais », siluée entre le massif du Pelvoux au Nord et celui du Mercan- tour au Sud-Est, « correspond à une partie des Alpes dans laquelle la zone des Aiguilles-d'Arves est charriée sur la zone du Mont-Blanc ». Ces phénomènes de recouvrement sont également dus à l'existence de plusieurs grands plis couchés superposés, formant des intercalations anticlinales dans les puissantes masses de Flysch de la région. Ce Flysch lui-même ne se trouve pas sur le Juras- sique du soubassement en repos normal : il a été amené par un charriage, qui a entrainé dans sa marche de véritables /1mbeaux de poussée. Quant à la zone du Briançonnais, elle serait à son tour charriée sur la zone des Aiguilles d’Arves, et le maximum de charriage se trouverait dans le Brianconnais même”. On avait cru, jusqu'à l’année dernière, que la grande zone cristalline du Mont-Rose-Piémont était pays autochtone. Il n’en est rien; comme je l'ai dit plus haut, les recherches récentes de MM. Lugeon 1 W. Kizrax et P. Lony : Sur l'existence de brèches calcaires et polygéniques dans les montagnes situées au Sud-Est du Mont-Blanc. C. R. Ac. Sc.,t. CXLII, p. 359, février 1906. ? L'exposé de ces faits si intéressants a été communiqué au Congrès de Vienne en 1903 par M. Haug. La Revue générale des Sciences en a publié un magistral compte rendu dans le numéro du 30 décembre 1903. J. RÉVIL — LA SYNTHÈSE GÉOLOGIQUE DU SYSTÈME ALPIN et Argand sont venues démontrer que, dans la partie de cette zone comprise entre les vallées du Tessin et de l'Arc, il existe sep{ nappes superposées plus ou moins digitées et toutes déversées vers l’exté- rieur de l'arc alpin. Le massif de la Dent-Blanche est un lambeau de recouvrement taillé dans la plus élevée de ces nappes. M. Argand a pu y découvrir le pli frontal, et ce fait est d’une grande impor- lance; car il fournit la preuve du transport vers la partie extérieure de la chaine. En outre, le même auteur fait remarquer que la « structure en éven- tail des plis » est manifeste. La participation du substralum à ces replis prouve que la nappe, pen- dant ou après sa mise en place, a élé replissée comme un massif autochtone. On sait que M. Kilian a judicieusement insisté sur ces plis en retour (« Ruckfallung ») et sur leur généralité dans les Alpes franco-italiennes. Dans une Note postérieure‘, M. Argand croit pouvoir établir que la zone d'Ivrée est un synclinal et qu'elle se couche complétement vers le Nord. Cette partie couchée de la zone supporte le lambeau granitique de la « Cima del Lago », avant-coureur des nappes orientales. On peut en déduire, fait-il remarquer, qu'un faisceau de nappes orientales prend racine dans une région plus intérieure que celle d'Ivrée. Ce serait dans la « zone du Strona » que s'enracinerait le prolongement, aujourd'hui disparu, de ces nappes. La structure des Alpes orientales a été magistra- lement élucidée par M. Termier. Ce savant a publié deux Mémoires du plus haut intérêt, qui ont eu un retentissement mérité, et sont rédigés avec une clarté d'exposition peu commune”. Dans le pre- mier, il étudie la tectonique des Hohe Tauern, massif cristallin s'étendant de Sterzing au Katsch- berg, qui est formé par une série complexe de marbres et quartzites phylliteux triasiques et de « schistes lustrés », d'âge mésozoïque, série dési- gnée par les géologues autrichiens sous le nom de « Schieferhülle ». Cet ensemble d'assises laisse affleurer dans cinq fenêtres cinq coupoles granito- gneissiques. Les schistes lustrés* (« Kalkglimmer- schiefer ») s'enfoncent au Nord et au Sud des Hohe Tauern sous des phyllades paléozoïques ou sous de vieux gneiss. Ils ne sont pas en place; ils appar- tiennent à une nappe au-dessous de laquelle s'en trouve une autre dont la partie haute est du Trias. ! E. AnGanp : Sur la tectonique de la zone d'Ivrée et de la zone du Strona. C. R. Ace. Se., t. CXLIT, p. 666, mars 1906. 2 P. Tenwier : Les nappes des Alpes orientales et la synthèse des Alpes. Bull. Soc. géolog. de France, 4 s., t. JII, p. 714, 4904: 1». : Les Alpes entre le Brenner et la Valteline. Bull. Soc. géolog. de France, t. V, p. 209, 1905. 3 Les « schistes lustrés » des Hohe Tauern ont la plus grande analogie, d'après M. Termier, avec ceux des Alpes franco-italiennes. DRE, #2 , J. RÉVIL — LA SYNTHÈSE GÉOLOGIQUE DU SYSTÈME ALPIN 647 Cette dernière comprend une épaisseur très grande de granite gneissique (Zentralgneiss), d'âge proba- blement permo-houiller. | L'axe des Hohe Tauern se prolonge vers le Sud- Quest par une ligne « Sterzing-Bornio », au nord de . Jaquelle les Alpes du Tyrol sont formées de nappes empilées les unes sur les autres, nappes qui ont été plissées après leur empilement. Il y aurait six nappes : les deux dernières concourant avec la quatrième à la constitution des Alpes calcaires du Nord'. Au sud de la ligne « Sterzing-Bornio » s'étend une zone plus ou moins large, formée de plis serrés et multipliés, et qui sont probablement es racines des plis couchés vers le Nord et trans- rmés en nappes. Enfin, cette dernière zone est mitée elle-même au Sud par une faille (faille alpino-dinarique), qui coïncide au nord de Malé avec la faille giudicarienne de M. E. Suess. - De recherches récentes faites par M. Kilian (C. #?. Colborateurs pour 1906), il résulte que les mon- tagnes de la Provence consistent aussi en un em- 4 pilement de plis couchés, à long cheminement, dont les uns sont à « racines externes » et les autres à «racines internes ». L'origine de ces derniers doit être cherchée dans la région de Toulon et des Mau- | res, ou dans la partie interne de la chaine entamée aujourd'hui par l'effondrement tyrrhénien; des plis en retour postérieurs ont pu déterminer des plon- gements S. N. Cet empilement de plis a été affecté | # des ondulations et par d'importantes érosions. — L'ensemble ainsi formé a été recouvert en dis- | om dans les parties déprimées par des dépôts “oligocènes et miocènes. À la suite d’études faites avec M. Argand, M. Maurice L ugeon — aux travaux duquel la géo- logie alpine doit de si grands progrès — a pu nr. une série de faits d'une extrême importance, qui apportent une contribution nouvelle à l'exten- Sion et à la généralité des phénomènes de charriage. Ces auteurs ? ont annoncé que « toutes les masses _ secondaires des Madonies et de la Sicile occidentale, ainsi que celles de l'Archipel des Egades, APPAT- | tions de la Sicile et de la Tunisie seraient moins tiennent à une immense nappe de charriage plus _ ou moins compliquée; elles ne sont que des lam- beaux de recouvrement ou des lames de charriage supportées par l'Eocène moyen et plus ou moins enfoncés dans ce dernier ». D'après nos confrères, la plaine de Palerme, ainsi que la région de l'Orelo, est une fenêtre envahie par les dépôts quaternaires. 1 Ces nappes calcaires vont jusqu'aux portes de Vienne et le hiatus qui les sépare de leur racine atteint près de 100 kilomètres. > M. Luceox et E. ArGano : Sur de grands phénomènes de Charriage en Sicile. C. R. Ac. Se., t. CXLI, p. 966, 23 avril 1906. Ib. et In. : Sur la grande nappe de recouvrement de la Sicile. C. R. Ac. Set CXLII, p. 1001, 30 avril 1906. Dans les environs de cetle ville, on constate l’exis- tence de régions secondaires qui planent ou plongent dans le Tertiaire. Quant au sens de la poussée, la nappe viendrait du Nord; elle se serait déroulée avec un mode spécial, semblable-dans les Alpes à la lentille du Falknis et aux nappes des calcaires de Halstadt. Celte nappe sicilienne s'étendrait entre la mer Tyrrhénienne et la mer Africaine, sur une surface supérieure à 100 kilomètres de longueur. Sa racine au nord de Palerme est dans les eaux de la mer; au sud, son front est inconnu. Diverses considérations et l'examen des cartes géologiques ont amené MM. Lugeon et Argand à conclure que « tout l'ensemble de l’are cristallin de la Calabre doit être considéré comme un arc de charriage ». Cet arc, se prolongeant vers l'Ouest par les Monts Pélorilains, se continuait au nord de la Sicile, et allait peut-être rejoindre les masses cris- tallines du nord de l'Algérie. Ces données nouvelles répondent bien aux vues de l’illustre savant E. Suess, qui — cherchant à défi- nir les lignes directrices du système alpin — indi- quait les chaines de la Sicile ? comme se continuant par celles du nord de l'Afrique, chaines présentant comme elles leur bord externe au Midi et où les plis sont refoulés dans la même direction. Les lignes directrices, concluait l’illustre maitre, affec- tent une disposition tournante toute particulière et | indiquent des poussées dirigées dans le même | sens. Le centre du tourbillon est situé au sud-ouest de Gênes, et la virgation, c'est-à-dire la disposilion en gerbes des divers rameaux, se manifeste par le chevauchement du bord des écailles sur un « Avant- pays » affaissé et fracturé, et grâce à elle une région qui est « Arrière-pays » pour un rameau constilue | l'« Avant-pays » pour le rameau suivant”. sici- Sc.;, 4 M. Luceon et E. ArGawo : La racine de la nappe lienne et l'arc de charriage de la Calabre. C. R. Ac. t. CXLII, p. 107, 14 mai 1906. 2 D'après M. Haug (C. R. Ac. Se., les rela- simples, et la direction des plissements dans le Nord-Est de cette dernière région s’opposerait à un raccordement E.-0. des lignes directrices entre les deux terres voisines. « Si, par la pensée, écrit cet auteur, nous prolongeons ces plissements jusqu'à leur rencontre,nous constatons qu’ils se couperaient sous un angle aigu. » On doit admettre qu'ils décrivent une our à rebroussement, dont l'angle très aigu est ouvert vers le Sud. La bissectrice de l’angle de rebrousse- ment est jalonnée par les iles volcaniques de Pantellaria et de Linosa. D'autre part, les terrains sédimentaires de la Sicile et de 14 mai 1906), | la Tunisie présentent de profondes différences. et ce sont précisément les terrains charriés en Sicile qui manquent en Tunisie. On peut donc supposer que les nappes en recou- vrement n’ont laissé aucune trace dans celte dernière région, et que l'érosion en a fait disparaitre tous les ves- tiges. 3 E. Suess : La face de la Terre (traduction Paris, 1897. Loc. cit., p. 356. française), t. I, J. RÉVIL — LA SYNTHÈSE GÉOLOGIQUE DU SYSTÈME ALPIN Il Le Mémoire de M. Termier, publié sous le titre: Les Nappes orientales el la synthèse des Alpes, se termine par des conclusions vraiment gran- dioses, suggestives el séduisantes entre toutes, mais dont quelques-unes nous paraissent toutefois bien hypothétiques et semblent ne pas devoir s’im- poser absolument par l'observation des faits. Ceux-ci peuvent parfois s'expliquer de facon plus simple et plus en rapport avec ceux qu'on a recon- nus dans d’autres parties de la chaine ‘. M. Termier insiste, en premier lieu, sur les dis- linelions signalées par M. Suess entre les Alpes et les « Dinarides », et fait remarquer que la frentière qui sépare les deux régions est marquée le plus souvent par une faille ou par un système de failles. Ce qui caractérise les Alpes, dit-il, c’est la zone des schistes lustrés, c’est-à-dire des « séries com- préhensives ? » et du mélamorphisme régional, embrassant sous un faciès constant les dépôts d'une longue suite d’âges géologiques; c'est la zone axiale correspondant à la partie médiane du géosynelinal alpin et qui se poursuit sans discontinuité de Gênes au Rhin. D'autre part, si certaines parties de la chaine diffèrent des autres par la prédominance des régions autochtones sur les régions de nappes, c’est qu'ellessontmoins enfoncées, ou tout au moins plus relevées. À partir du Mont-Blanc, ajoute M. Termier, quand on regarde vers l'Est, on voit « s'enfoncer graduellement tous les plis sous des nappes, et toutes les nappes sous des nappes plus hautes ». Pour rendre compte de la poussée, de l’écrase- ment el du laminage, le savant professeur de l'Ecole des Mines conclut à un déplacement super- ficiel, à une {ranslation d'ensemble du pays dina- rique sur le pays alpin; cette poussée aurait joué le rôle de {raineau écraseur. Toutefois, dans le Piémont, entre Turin et Gênes, ce rôle aurait été rempli par un lambeau du pays alpin lui-même. Cette translation aurait été un phénomène brusque el rapide, ayant pu être déterminé par un affaisse- ment préalable de la région alpine. Ces nappes, une fois mises en place, sont «lentement remontées au jour », en se ployant et s'ondulant suivant deux systèmes orlhogonaux. La formalion des nappes, quichez nous n'ont pas dépassé Belledonne, et leur ® Nous empruntons les considérations qui suivent à l'ouvrage que nous avons publié en collaboration avec M. Kilian sous le titre : £tudes géologiques dans les Alpes occidentales. — Contributions à la géologie des chaïnes intérieures des Alpes françaises. Paris, Imprimerie na- tionale, 1904. ? MM. Haug et Franchi ne croient pas que l’'Eocène soit représenté dans la série des schistes lustrés; pour eux, la zone du Piémont aurait été émergée avant le Jurassique supérieur (Réunion de Turin, 1905). En résumé, conclut l'auteur, les Alpes sont un zone faconnée en un vaste géosynclinal, depuis Houiller jusqu'à la fin de l'Eocène, zone refoulée resserrée, écrasée entre les deux bords, p affaissée et finalement laminée par la translation au-dessus, d'un traîneau solide non plissé,inarcha du sud au nord ou du sud-est au nord-ouest. Ce zone, ainsi couverte de nappes et surmontée dé débris du {raineau écraseur, est alors remontée jour inégalement et irrégulièrement. Derrière elle « l’Arrière-pays » (désigné par le terme quelque alpine proprement dite, plissé à son tour*. Cette belle synthèse, qui dépasse de beaucoup lé limites de la région alpine et dont la portée et rait cependant être entièrement acceptée. Cerlai faits comportent une explication quelque peu diffé rente. Comme l'ont établi les travaux des géolog contemporains, les Alpes montrent la trace antétriasiques, anténummulitiques et postéogènes Toutefois, ce n'est que postérieurement à celte der mouvements alpins. Avec M. Kilian *, nous conclurons que ces disl cations peuventse décomposer en plusieurs phases 1° Formation de plis imbriqués et couchés vers l'extérieur de la chaîne, « s'escaladant » (expressi de M. Lugeon) les uns les autres, accompag notamment entre les massifs cristallins du Mers cantour et du Pelvoux, de nombreux charriaq (décrits par MM. Haug, Kilian, Termier) et ayan parfois déterminé, dans leur « Avant-pays », u structure imbriquée et dirigée dans le même sens. Ces plis ont intéressé les Flyseh éocène et oligo=. cène, et, chevauchant eux-mêmes des régions ren fermant dans leurs parties externes des assis miocènes plissées (Diois et Baronnies), sont sairement postérieurs à la première moitié des 4 { ! Pour M. Kilian, les « plis en retour » et autres dislo= cations que M. Termier qualifie de » Dinariques », etqui ont été provoquées par l'effondrement adriatique, sontlu | mème ordre que celles qui, plus à l'O., ont empiété sus zone axiale des Alpes et occasionné le pseudo-éventail | Brianconnais. 1 2 W. Kizran : Sur l'origine de la structure en éventail Alpes francaises. Bull. Soc. géol. de France, 4 s., ts p. 671, 1903. Es W. Kicrax et J. Révic : Etudes géologiques danses Alpes occidentales. Loc. cit., p. 315. ' J. RÉVIL — LA SYNTHÈSE GÉOLOGIQUE DU SYSTÈME ALPIN 649 L 4 | | période néogène. — Ces dislocations, comme, du | reste, les bombements anténummulitiques, ne se sont pas uniquement manifeslés en profondeur | dans les régions intracorticales, mais elles ont atteint la surface du sol; 2° Nouvelle phase de striction, ayant produit le reploiement des plis couchés précédents et des | nappes qui en dérivent. Ces nappes reployées ont sans doute offert, avant que l'érosion en ait fait disparaitre une notable partie, une extension bien plus grande que celle qui est représentée par les Hémoins que nous connaissons aujourd'hui ; 3° Production, dans le flanc oriental des nappes “précédentes, de plissements en retour, déterminés par un affaissement (décompression) des régions …piémontaises dans lesquelles les terrains anté- nhouillers occupent une altitude bien moindre que dans les massifs centraux du Pelvoux, de Belle- “donne, puisqu'ils n'existent guère qu'en profon- | deur. Ces plis en retour se distinguent, ainsi que l'ont . fail remarquer divers observateurs, par l'absence de charriages importants et par leur allure différente - de celle des plis couchés de la première phase, tous . développés vers l'extérieur. Ce n’est qu'à la suite de ces derniers mouve- ments que se serait dessinée la structure en éven- tail asymétrique des Alpes françaises. L'éventail ‘alpin présenterait ainsi, suivant que l’on considère ‘les causes qui ont produit sa portion externe (ou noccidentale pour les Alpes delphino-provencçales) ou les éléments internes (orientaux), une dualité d'origine tout à fait remarquable. Son existence Mn'apparaïtrait plus comme une anomalie dans le système alpin, dont tous les éléments accusent si nettement une poussée dirigée vers l'extérieur de l'arc que décrit notre grande chaine européenne ". TITI Les géologues sont unanimes pour considérer les montagnes comme formées par le resserrement d'anciens géosynclinaux, resserrement ayantamené la production de plis qui, en s'exagérant, ont été .renversés, couchés et parfois charriés sur des élen- dues considérables. Cela admis, quelle cause at- tribuer à des dislocations ayant eu parfois une pa- reille intensité ? Nous avouerons nos préférences pour les théories attribuant le principal rôle aux effondrements de l'écorce, et aux processus différents manifestés par le substratum et les terrains superficiels. Le mou- vement des masses superficielles aurait été cen- : W. Kirrax et J. Révic : Etudes géologiques, etc. Loc. cil., p. 317. trifuge, tandis que celui des masses profondes aurait suivi une direction centripète. La résultante des affaissements se serait le plus souvent traduite par des déplacements de plis sous forme de char- riaqe. D'autre part, nous savons qu'il y a homogénéité dans la constitution géologique du bord externe des Alpes, tandis qu'il y a Létérogénéité dans les contours des massifs limitant la chaine alpine du côté extérieur comme du côté intérieur. Ces massifs, qu'avec M. Suess nous avons appelés, les premiers, « l'Avant-pays » (das Vorland), et, les seconds, « l'Arrière-pays » (das Ruckland), doivent être considérés comme des zones effondrées autour de piliers résistants (Æorsf\, zones que sont venues chevaucher les masses superficielles alpines. Les effondrements du lorland ont été les plus anciens et ont provoqué un appel de plis plus énergiques. tandis que ceux du Ætuckland n'ont intéressé que des lambeaux de chaine de moindre importance. Ce ne serait pas l’Arrière-pays qui aurait refoulé la chaine, mais bien l'Avant-pays qui se serait déplacé davantage en s'affaissant. On s’'expliquerait ainsi comment la chaîne se trouve plus sensiblement plissée et écrasée dans cetle direclion, où a élé pro- voquée une poussée au vide plus intense. L'Arrière- pays ne se serait effondré que plus lard, après la formation de la chaine, dont il aurait entrainé une portion dans la profondeur. Une chaine plissée serait due à l'écrasement des roches sédimentaires siluées entre deux massifs résistants, qui auraient cheminé l’un vers l’autre avec des vitesses différentes, ce qui aurait déter- miné le déversement des plis Lantôt vers l’un, tan- tôt vers l’autre de ces massifs. Nous développons ainsi la théorie formulée dès 1891 par M. Holmquist, en considérant avec lui les chaînes « comme le résultat d'un appel de roches sédimenlaires vers la profondeur de régions effondrées ». Nous croyons done pouvoir conclure que les phé- nomènes de plissement ont élé subordonnés aux mouvements verticaux, que ce sont les effondre- ments qui ont permis aux eaux de se rassembler dans des mers profondes et aux continents de se former. Avec le maître de la géologie alpine’, nous ajouterons que ces événements ne sont pas lermi- nés à l'heure actuelle, et que, les anciennes forces n'ayant pas cessé d'agir, de nouveaux effondre- ments se préparent, permettant de supposer que les changements qui se produirontserontanalogues à ceux qui sont déjà survenus. J. Révil, Vice-président de la Société géologique de France, Président de la Société d'Histoire naturelle de Savoie. 650 LÉON FREDERICQ — REVUE ANNUELLE DE PHYSIOLOGIE REVUE ANNUELLE DE PHYSIOLOGIE I. — QUESTIONS D’INTÉRÊT GÉNÉRAL. $ 1. — Bibliographie. Nous avons signalé, en 1903, la publication, par Ja Royal Society, de Londres, d'un /nternational Cataloque of screntilie Literature, dont la lettre Q -était consacrée à la Physiology (including Phar- macology and experimental Pathology). Le Concilium bibliographicum de Zurich vient d'entreprendre une publication analogue : la Bi- blicgraphia physiologica, qui parait tous les trois mois (depuis 1905) comme supplément au Zentral- blatt für Physiologie, el qui a adopté la classifi- | calion décimale avec les subdivisions préconisées par Charles Richet et la Société de Biologie de Paris. Outre ces listes bibliographiques, le Conci- lium de Zurich met également en vente une /}iblio- graphie physiologique sur fiches. Nous mentionnerons, en outre, parmi les publi- cations pouvant intéresser le physiologiste : 1° Un nouveau périodique, le Piophysikalisches Centralblatt, dont le premier numéro a paru en septembre 1905, et qui complète le Biochemisches Centralblatt (ce dernier en est à sa cinquième année). Le Biophysikalisches Centralblatt a pour but principal de donner des analyses ou /?eferate de tous les travaux de {Physiologie proprement dile, ou qui peuvent intéresser le physiologiste — à l’exclusion, loutefois, des travaux de Chimie phy- siologique, qui sont du ressort du Jiochemisches Centralblatt. La nouvelle publication renferme également des analyses collectives se rapportant à des sujets d'actualité, avec indications bibliogra- phiques copieuses. Enfin, on y trouve des informa- tions concernant les mutations dans le personnel universitaire des laboratoires de Physiologie et de sciences COnnexes ; 2° Parmi les œuvres de longue haleine, la conti- nuation du Dictionnaire de Physiologie de Richet, des Zrgebnisse der Physiologie, d’Asher et Spiro, et l'apparition d'une publication analogue aux Ergebnisse : LEONARD HILL : and PBio-chemistry (1, London, 1906), contenant une série de monographies sur la nutrition, les -fermentations, les sécrétions, lympbe, l'influence de la pression barométrique, les échanges respiratoires, elc., par Hill, B. Moore, Macleod, Beddard et Pembrey; 3° Plusieurs traités généraux : NAGEL: Aandhuch der Physiologie, IN, 1 (Braun- Recent advances in Physiology la formation de la | schweig, Vieweg, 1905). Ce volume IV contient les chapitres suivants : Tschermak : Physiologie du cerveau; Langendorff : Moelle allongée et moelle épinière ; Schultz : Système nerveux sympathique. Eman. Ranz : Geschichte der biologischen Theo= rien. Leipzig, Engelmann, 320 p. Oscar HErTwiG : Allgemeine Biologie. léna, G. Fischer, 648 p. L. KreuL : Pathologische Physiologie, XI-620 p: Leipzig, Vogel, 1904. J. von UExküLc : Leitfaden in das Studium der experimentellen Biologie der Wassertiere. Wies= baden, 130 p., J. F. Bergmann, 1905. Hans PrziBRan : Æinleitung in die experimentelle Morphologie der Tiere, 442 p. Wien, F. Deuticke, 1905. 4 De nombreuses monographies, notamment : N. Zun7z, A. Lozwy, F. Muzrer, W. CAsPARIÉ Hôhenklima und Bergwanderungen in ihrer Wir= kung auf den Mensehen. Berlin, 1906. A. ADAMKIEWICZ : Die wahren Centren der Bewequng und der Akt des Willens. Vienne, 1905: Eute pe Cyox : Les nerfs du cœur, XXXIII-255 p: Paris, Alcan, 1905. Jacques Lors : Studies in general Physiologi 2 vol. in-8° de 782 p. London, 1905. A. Jaquer : Ueber die physiologisehe Wirkun des Hühenklimas. Bâle, 1904. Cu. A. François-Francr : Cours du Coliège d France, de 4880 à 1904, et Travaux du laboratoire, de 1875 à 1904. Paris, O. Doin, 1904. $ 2. — Nécrologie. Parmi les morts de l’année, cilons : G. Meissner, professeur de Physiologie à Güt tingue ; ; Ecxuaror, professeur de Physiologie à Giessen; von Bascn, professeur à l’Université de Vienne; BuRDON-SANDERSON, ancien professeur de Physio- logie à Oxford; | LAULANIÉ, professeur de Physiologie et directeur de l'École vétérinaire de Toulouse ; Jonn B. Mac CaLLum, professeur adjoint de Phy-! siologie à l'University of California, U. S. A; Lours MackALz, ancien professeur de Physiologie! à l'Universityof Georgetown, Washington, U.S. As] Puisauix, assistant au Muséum d'Histoire natu-| relle à Paris; | A. RENÉ, ancien agrégé de Physiologie de la Faculté de Médecine de Nancy; Pauz Scuurrz, professeur extraordinaire de Phy- siologie à l'Université de Berlin; \E [M \ et de Physiologie à Rome. tons aussi quelques anatomistes ou cliniciens dont l’activité scientifique s'est plus ou moins ndue au domaine de la Physiologie : OSENSTEIN, professeur de Clinique interne à ersité de Leyde; . Noranacez, professeur de Clinique médicale à Jniversité de Vienne; Lionez S. BCALE, ancien professeur de Médecine King's College à Londres ; . YoN KOELLIKER, professeur d’Anatomie à versité de Wurtzbourg ; . FLEMMING, professeur d’Anatomie à Kiel; ABge, autrefois directeur des Ateliers Zeiss, venteur du condensateur qui porte son nom. $ 3. — Instituts scientifiques. 1 Institut Marey.— M. le Professeur Kronecker “amété nommé directeur de l'Institut Marey et fCarvallo sous-directeur. Le Comilé s'est com- par l’adjonction de MM. Solvay et Heger. de terminer l'inslallalion d'un grand labora- consacré à l'étude de la physiologie des maux marins, où les physiologistes de tous z00logistes l’étaient jusqu'à présent au Labora- toire de Zoologie de la Stazione zoologica. Ce veau laboratoire de Physiologie, dont la cons- ruction seule a coûté plus de 300.000 francs, ouvre une surface de 1.250 (50 X 25) mètres carrés. t un grand bâtiment rectangulaire, composé rez-de-chaussée surmonté de deux étages; il mprend de nombreuses salles munies de l'outil ele plus perfectionné, lant pour les recherches xivisection que pour celles de Physique et de bimie physiologique. Il est construit sur le pro- longement des laboratoires de Zoologie de la Le nouveau labozatoire sera ouvert au moment oùsimprimeront ces lignes. Les physiologistes uront dorénavant les moyens d'utiliser, pour les herches de Physiologie comparée et générale, la . faune des êtres inférieurs du Golfe de Naples, qui esb d'une richesse incomparable; ils pourront appliquer à cette élude toutes les ressources mo- dernes de l'expérimentation. Grâce à la simplicité de leur organisation, les animaux inférieurs se prêtent, bien mieux que l’homme ou les Vertébrés, 651 à l'étude de la plupart des problèmes les plus importants de la Biologie générale. Aussi les phy- siologistes doivent une reconnaissance parliculière à M. Dohrn, qui les a mis à mème de poursuivre leurs recherches sur le terrain relativement peu exploré et cependant si fécond de la Physiologie comparée. II. — CIRCULATION. $ 1. — Théorie myogène de la pulsation cardiaque. La plupart des physiologiques admetlaient encore il y a quelques années la {héorie neurogène, qui place, avec Volkmann (1844, Heidenhain (1858), von Wittich, et d’autres, le point de départ de chaque pulsalion dans les cellules ganglionnaires intracardiaques, et qui considère également l’ordre de succession des différentes phases de la pulsation cardiaque comme réglé par l’activité de ces centres nerveux. La théorie neurogène établissait volontiers un parallèle entre l’innervation des mouvements res- piratoires et celle du cœur. Le synchronisme ou l’ordre de succession des mouvements des muscles de la respiration, ainsi que le rythme de ces mou- vements, est sous la dépendance d'un centre ner- veux, voisin du fameux nœud vital de Flourens et situé dans la moelle allongée. De ce centre respira- toire partent des impulsions motrices, qui des- cendent le long des nerfs intercostaux, phréniques, etce., pour atteindre les muscles et y provoquer la contraction. On admettait un schéma physiologique anologue pour l'innervation du cœur. Comme le cœur continue à battre alors qu'on l’a extrait du corps, et par conséquent isolé du système nerveux central, on ne pouvait songer à localiser dans ce dernier le primum movens des contractions car- diaques : on était obligé de le loger dans le cœur lui-même, dont la substance est d’ailleurs riche en amas de cellules nerveuses. Ces ganglions nerveux intrinsèques du cœur étaient chargés d'envoyer, par l'intermédiaire de fibres nerveuses, des impulsions motrices atteigaant simultanément toules les fibres musculaires des deux oreillettes, ce qui assurait la simullanéité de leur contraction; puis, après un petit intervalle, ces ganglions envoyaient pareille- ment des impulsions provoquant la contraction simultanée des deux ventricules. Les liens physio- logiques qui assurent le synchronisme des pulsa- tions des deux oreillettes, d'une part, el de celles des ventricules, de l’autre, ainsi que la succession ou l'alternance des pulsations auriculaires et ventri- culaires, ces liens étaient censés de nalure ner- veuse. Les partisans de la théorie neurogène sont fort embarrassés quand on leur demande dans quelle LÉON FREDERICQ — REVUE ANNUELLE DE PHYSIOLOGIE partie du cœur ils placent, chez les Mammifères par exemple, le ou les ganglions automoteurs du cœur. Leurs tentatives de localisation ont jusqu'à présent échoué. KroneckeretSchmeyavaienteru reconnaitre ce centre dans un endroitbienlimité du sillon ventri- culaire antérieur. La lésion du centre de Kronecker abolissait la coordinalion des pulsations et provo- quait l’arythmie du cœur. Malheureusement pour la théorie, l'arythmie cardiaque peut s’observer à la suite de lésions ou d'excitations minimes de n'im- porle quelle partie du cœur ; et il n’est pas établi que la région du centre de Kronecker jouisse, à cet égard, d'un privilège bien marqué. Porter a d’ail- leurs montré que l’on pouvait supprimer l'activité physiologique de la région contenant le centre de Kronecker par ligature artérielle, sans altérer le rythme cardiaque. Les mêmes expériences de liga- ture artérielle ont été par lui répétées successi- vement sur toutes les portions du cœur, et lui ont montré qu'aucune de ces portions n'est indispen- sable à la production de pulsatious rythmées. Le rythme automatique du cœur ne saurait donc être localisé en un endroit déterminé du cœur. Ajoutons que l'on n'a pu découvrir de cellules nerveuses au niveau du centre de Kronecker et que ce dernier à lui-même abandonné l’idée d'y localiser les impul- sions automotrices, pour en faire un simple lieu de passage d'innervations raso-molrices. Parmi les nombreux faits que la théorie neuro- gène explique mal, on peut citer l’inversion du rythme cardiaque que l’on provoque par l'excitation directe des ventricules. Si, pendant une pause du cœur (naturelle ou provoquée par excitation élec- trique), on excile directement les ventricules, on provoque non seulement une contraction muscu- laire, localisée à l'endroit excité, mais une pul- sation cardiaque complète; seulement, c'est une pulsation à rythme renversé; les ventricules battent d'abord, puis les oreilleltes. Ces pulsalions à rythme renversé s'expliquent tout naturellement dans la théorie myogène. À mesure que les faits de ce genre se multiplient, les physiologisies se détachent un à un de la théorie neurogène. Cette théorie n'est plus guère défendue aujour- d'hui que par de Cyon, par Kronecker et ses élèves, par Bethe, el par Carlson. La vogue est actuellement à la /héorie myogène, telle qu’elle a été formulée par Gaskell et Engelmann. De même que le cœur embryonnaire des Vertébrés exécute déjà ses pul- sations à une époque où il ne possède pas encore de cellules nerveuses; de même, dans le cœur de l'adulte, les impulsions motrices, rythmées, qui provoquent les pulsations, naïîtraient également, non dans des ganglions nerveux intracardiaques, mais directement dans les éléments musculaires du cœur. La contraction débutant en un endroit du contraction qui chemine en sens inverse du se | à présenter des systoles associées, l'onde de & cœur, en vertu de l’automatisme du muscle, se pi page ensuile avec rapidité aux endroits vois grâce à la continuité des fibres musculaires. Lie tomalisme est le plus développé au niveau « sinus pour le cœur de grenouille, dans le voisina des veines caves (porlion de l'oreillette droi homologue du sinus) pour le cœur des Mammifères C'est là que débute chaque contraction’: puis & parcourt successivement, à la façon d'une ont les différents segments du cœur. La pulsation à rythme inverse que l'on provoq par excitation des ventricules s'explique natur lement dans cet ordre d'idées. C'est une onde habituel physiologique. La simultanéité de la contraction des deux ore lettes, ainsi que de celle des ventricules, que théorie neurogène devait expliquer, est d’aillet une simple illusion, provenant de la rapidité laquelle l'onde de contraction se propage. réalité, la contraction débute, chez les Mammifèr dans la portion de la paroi de l'oreillette dra comprise entre les origines des veines caves. D@ la contraction s'irradie en tous sens dans la sul tance des parois auriculaires, à la facon d’une ont sans suivre de voies déterminées. Les expérient de Hering et les miennes ont montré que l’on p séparer presque complètement les 2 creillettes Lu de l’autre, par une série de coups de ciseaux, St qu'elles cessent de pulser en même lemps : il suf laisser un pont musculaire de peu détendue entre deux poches musculaires, pour qu'elles continue 2 traction franchissant le pont, de l'oreillelte dre à l'oreillette gauche. La situation du pont assure la communauté de rythme est indifféren le lambeau musculaire qui unit les deux oreillet peut être conservé dans la voûte des oreillettes, dé leur paroi postérieure ou dans leur paroi rieure: les résullats sont les mêmes. La comm naulé de rythme persiste Lant que le pont est intà elle disparait dès qu'on divise le lambeau. Dans cas, les deux oreillettes peuvent continuer à ball mais en présentant un rythme différent. Failt important, c'est l'oreillelte qu'on a laissée ad rente à la cloison du cœur, qui règle à présent rythme des ventricules ". Chez l'anguille, les deux sinus battent en me temps, disait-on ; cette simultanéité de contraël de deux organes éloignés l’un de l'autre sem ne pouvoir s'expliquer que par une intervenb nerveuse. Delchef * a montré qu'ici aussi le S chronisme n’était qu'apparent. Le sinus gauche ! Hewunc : Arch. f. d. ges. Physiol., 1905, t. CNIL, ps Léon FRenERICQ : Arch. intern. Physiol., t. IN. ñ # Deccuer : Arch, intern. Physiol., 1905, t. LH, p.88 LÉON FREDERICQ — REVUE ANNUELLE DE PHYSIOLOGIE 653 remier et sa contraction se transmet par conti- lé de substance au sinus droit. Comme la trans- on se fait avec une grande vitesse, un obser- eur non prévenu peut croire à la simultanéité “deux mouvements. Il faut donc renoncer à la Spulsations des sinus ou des veines qui dé- üchent dans les oreillettes. Ln'est pas difficile de constater pareillement que Synchronisme de la contraction dans la muscu- is les expérimentateurs, Waller, Bayliss et arling, et récemment encore Franz Schlüter, ont nstaté. La pulsation cardiaque est donc une onde de ntraction qui naît dans l'oreillette droite, d'où e sirradie avec une grande rapidité, par conti- ilé de substance, à la paroi des deux oreillettes. Pour passer des oreilletles aux ventricules, cette ide doit traverser un étroit pont musculaire, le sceau auriculo-ventriculaire ou fuisceau de His, nt l'existence constante et l'importance physio- gique ont été mises hors de doute par les cherches concordantes de His, Humblet', Retzer’, äunig”, Erlanger‘, Tawara°, Hering° (contredites ar Kronecker’ et ses élèves). Ce pont constitue le seul lien anatomique entre dmusculature des oreillettes et celle des ventri- les. C’est également le lien physiologique qui ëhe les pulsations ventriculaires à celles des oreil- ettes. J'ai signalé dans ma dernière revue l’ex- érience très démonstrative de la section du faisceau > His par Humblet, section suivie d’allorythmie. La plupart des physiologistes qui ont répété l’ex- rience sont arrivés au même résultat; cilons les vaux tout récents d'Erlanger et de Hering. ring sectionne le faisceau, Erlanger l’écrase au oyen d’une pince spéciale. Lorsque l'expérience éussit, c'est-à-dire quand le faisceau a été réelle- ïent coupé ou écrasé, les oreillettes continuent à jattre d'un rythme accéléré, ricules présentent des pulsations très ralenties, en discordance complèle avec celles des oreillettes. Dr: Arch. 330. Rerzer : Arch. f. Anat., 1904. À BrAuNIG : Arch. f. Physiol., 1904, Suppl. STSS Zentralbl. f. Physiol., 1905, t. XIX, p. 9 et 270. 2 Tawara : Zentralbl. f. Physiol., 1905, t. 5 HERING : Arch. f. d. ges. Physiol., 905, t. CVIIL, p. 267 ; t. CXI, p. 298. .4 LL GERS ANSE ICXT n°8; p.529} intern. Physiol., t. 1, p. 278, et t. I, X!X, 1905, t. CII, F 97: landis que les ven- | nscecas, Les € exlra- HPOIES provoquées RRNLÈRTE | | tation directe des ventricules pendant leur pause, ne sont plus suivies d’extra-systoles auriculaires, et ne donnent donc plus lieu à des pulsations com- plètes à rythme renversé. Dans ce cas aussi, on n’observe plus la pause compensatrice, qui était de règle après une extra-systole provoquée prématu- rément (comme l'avait montré Marey en 1876- 1879), pause compensatrice qui s'explique si natu- rellement dans la théorie myogène. Les expériences d'Adam, sur les effels d'une élé- vation locale de la température des différentes par- ties du cœur, fournissent un nouvel argument en faveur de cette théorie. Adam isole un cœur de chat ou de lapin et y entretient une circulation ar- lificielle de liquide nourricier d'après le procédé de Langendorff. Au moyen d'un appareil spécial tra- versé par un courant d’eau chaude ou d'eau froide, il fait varier successivement la température des différentes portions du cœur, et constale que la seule région du cœur dont l'échauffement ou le refroidissement ait une influence sur le rythme des pulsations est constituée par la portion de l’oreil- lette droite s'étendant entre les origines des veines caves et jusque près de la base de l’auricule. Si l'on échauffe cette région, tout le cœur bat plus vite ; si on la refroidit, le rythme cardiaque se ralentit, tandis que les varialions de température, soit des veines caves elles-mêmes, soit des auricules, de l'oreillette gauche ou des ventricules, restent sans effet sur le rythme, C'est donc dans l'oreillette droile, entre les deux veines caves, que naissent les impulsions motrices qui sont le point de départ des pulsations. On se rappellera que Gaskell et Engelmann avaient signalé un fait analogue pour le cœur de la grenouille. Ici c’est du sinus que partent les pulsations : c'est le sinus qu'il faut échauffer pour accélérer le rythme cardiaque. L'é- lévation de température des autres parties du éœur reste sans effet. Pour expliquer l'intervalle qui sépare la pulsation du ventricule de celle de l'oreillette, lathéorie myo- gène suppose un ralentissement considérable de la vitesse de propagation de l'onde musculaire au niveau du faisceau de His. Tawara vient de donner une base anatomique à cette hypothèse, en consta- tant la structure spéciale embryonnaire du faisceau de His. Le faisceau de His présente une structure analogue à celle des filaments dits de Purkinje, connus depuis longtemps sous l’endocarde des Ru- minanls : il se continue d'ailleurs avec ces fila- ments. IL ne peut donc y avoir de doute sur le fait que Rue pulsation du cœur des Mammifères débule par une contraction musculaire, quiprend naissance 1 Apau: Zentralbl. f. Physiol., 1905, t. XIX, p. 39 65% LÉON FREDERICQ — REVUE ANNUELLE DE PHYSIOLOGIE dans la paroi de l'oreillette droite, entre le point d’abouchement des veines caves, à un endroit où l'on n'a jamais signalé de ganglions nerveux. De là, la contraction musculaire secommunique aux parois des deux oreillettes avec une si grande vitesse que leur pulsation parait simultanée. L'onde de con- traction se propage ensuile avec un retard très ap- préciable aux ventricules, en passant par le petit pont musculaire constituant le faisceau de His. Elle envahit ensuite brusquement les deux ven- tricules. N'oublions pas que les fibres musculaires du cœur sont partout entourées d'un riche réseau de fibres et de fibrilles nerveuses, dont plusieurs his- tologistes, notamment Heymans et Demoor, ont dé- montré l'existence au moyen de la méthode de Golgi. Les partisans de la théorie neurogène pour- raient à la rigueur se rabattre sur ce réseau et ad- mettre, par exemple, que l'onde de contraction se propage, non dans la substance musculaire, mais par l'intermédiaire du réseau nerveux en question. A l'appui de celte manière de voir, on peut invo- quer la vitesse considérable avec laquelle la contrac- tion se propage aux deux parois des oreillettes et qui fait que leur contraction parait isochrone. De même, les ventricules, dans les pulsations normales, sem- blent se contracter dans toutes leurs parties, exacte- ment en même temps. Or,comme on le sait, l'excita- tion se propage beaucoup plus rapidement dans les nerfs que dans les museles. Il suffirait d'admettre que le réseau nerveux n'accompagne pas les museles au niveau du faisceau de His, et que, là, la propagation de l'excitation se fait exclusivement par voie musculaire, pour expliquer l'intervalle qui s'écoule entre la pulsalion auriculaire et celle des ventricules. Dans le même ordre d'idées, la fibrillation et le délire du cœur, caractérisés par la propagation relativement lente d'ondes de contraction mus- culaire, pourraient s'expliquer en admettant une paralysie momentanée de la conductibilité duréseau nerveux intramusculaire, l'excitation ne pouvant dans ce cas se propager qu'à travers la substance musculaire, et cela avec la lenteur propre aux muscles. Si réellement le réseau de fibrilles nerveuses fait défaut au niveau du f His et si le réseau nerveux des deux oreilleltes d'une part, et celui des deux ventricules de l’autre, constituent deux systèmes anatomiques isolés l'un de l’autre, on s'expliquerait, dansl'hypothèseque j'émets, certains faits sur lesquels j'ai appelé l'attention en 1890 : la fibrillation provoquée par l'excitation d'une portion quelconque d'une des deux oreilleltes envahit tou- jours l’ensemble des deux oreillettes, mais ne s'é- Lend pasaux ventricules; pareillement, la fibrillation faisceau de provoquée dans une porlion de ventricule envali les deux ventricules en entier, mais respecte oreillettes. Les deux oreilleltes d'une part, Je deux ventricules de l’autre, constituent donc deu sa complète impuissance. $ 2 — Forme de la pulsation cardiaque‘. Il résulte des recherches de Waroux et de De- Fig. 4. — Schéma représentant les deux formes propres des None du muscle ventriculaire. — bcdef, ligne plein — contraction normale — montrant la contraction début be, suivie de la contracture cdef; — bed'e'f!, li interrompue — contraction brève — correspondant à à alimentation insuffisante du cœur. sente des contractions spontanées ou provoquées, dont les graphiques rappellent ceux de la secousse. simple des muscles du squelette. Leur contractiof se compose dans ce cas d’une période brève d8 raccourcissement (be, fig), à laquelle fait immédia tement suite le relâchement (cd'e'/", fig. 1). Le gra phique représente une colline à sommet plus ou | moins aigu, sans plaleau systolique. Dans les con ditions normales de nutrition, la forme de la con» k traction est tout autre. On observe bien la phase initiale de raccourcissement brusque be, mais elle est suivie d'une phase de contracture éde, Me musele ne se relàchant pas immédiatement. Cette forme de contraction, présentant un plateau cde, correspond à la systole ventriculaire normale. On peut, sur le cœur du chien, obtenir à volonté les graphiques trapéziformes de la forme bedef, où | ceux qui rappellent la secousse simple bed'e'. Les premiers correspondent aux pulsations d’un cœur convenablement nourri, les seconds aux contrat= tions d'un cœur dans lequel la circulation est arrês D 1 TERRE | OUR 1205-1906, t. ILE, p. 385. » 1 Arch. intern. Physiol., LÉON FREDERICQ — REVUE ANNUELLE DE PHYSIOLOGIE 653. tée depuis un certain temps, — par exemple par re des veines caves ou par section des gros vaisseaux artériels. —_ La systole ventriculaire normale correspond donc au graphique trapéziforme hedef. Faut-il, en se basant sur l'analogie extérieure raphique d'un court {étanos de muscle du sque- lette, tenter d'identifier la systole ventriculaire avec un tétanos du muscle cardiaque, comme j'avais “eru pouvoir le faire, en me plaçant sur le terrain de Ja théorie neurogène? La question me parait à présent oiseuse, si je me place au point de vue de “la théorie myogène. La théorie neurogène sup- “posait que les impulsions motrices, naissant dans “les cellules des ganglions automoteurs du cœur, “étaient transmises au muscle cardiaque par des nerfs moteurs comparables à ceux du squelette. Le schéma de l'innervation du muscle cardiaque “étant ainsi censé le même que celui de l'innerva- tion des muscles du squelette, on pouvait discuter “la question de savoir si la contraction cardiaque répondait à une seule excitation émanée des gan- | glions aulo-moteurs (auquel cas elle devait être as- -similée à une secousse simple), ou s'il fallait ad- mettre plusieurs excitations nerveuses pour une seule systole (comme dans la production du {é{anos des muscles du squelette). Si l’on admet, confor- -mément à la théorie myogène, que le primum mo- vens de la pulsation cardiaque réside, non dans les éléments nerveux du cœur, mais dans la fibre musculaire elle-même, on se lrouve dans des con- “ditions très différentes de celles de l’innervation d'une secousse simple ou de celle d’un tétanos d’un muscle du squelette. La théorie myogène doit donc éludier la contraction du muscle cardiaque en elle- même, sans chercher à la faire rentrer de force dans le schéma adopté pour l'innervation des muscles du squelette. On peut donc dire que la contraction du muscle ventriculaire (cœur de chien) se fait suivant un type propre, différent de celui des muscles du squelelle. On peut y distinguer deux parties : d’a- bord une contraction brève, initiale, à laquelle fait suite une contracture plus ou moins oscilla- toire. La contraction initiale peut se montrer seule, la contracture faisant défaut. C’estle cas, notamment, lorsque le muscle ventriculaire est placé arlificiel- lement dans de mauvaises conditions de nutrition, par suite de la suppression de la circulation, ou par Suite de la circulation de sang asphyxique (riche en CO” par exemple). C'est le cas également dansles pulsations ventriculaires abortives, auxquelles ne correspondent pas de pulsations artérielles. Enfin, c’est le cas pour la systole auriculaire normale, dont le tracé représente une contraction brève, sans contracture. $ 3. — Rétablissement des pulsations cardiaques: par les tractions rythmées de la langue. Laborde à montré que les tractions rythmées de la langue sont capables de rappeler à la vie un animal récemment asphyxié : les mouvements res- piratoires et les pulsations cardiaques se ré- tablissent. La mort prématurée du physiologiste français ne lui à pas permis de déterminer le mé- canisme de cette remarquable action des tractions linguales. Philips a comblé cette lacune de nos con- naissances en ce qui concerne la restauration de la fonction cardiaque. Il montre qu'il s’agit d'un réflexe dont il localise la voie centrifuge dans le tronc du pneumogastrique cervical. Le réflexe est empêché par l’atropine*, III. — RESPIRATION. $ 14. — Influence de l'altitude :. La question du mal des montagnes et l'influence des hautes altiludes sur la respiration de l'homme ont été l'objet d'un grand nombre de travaux dans ces dernières années. Je citerai principalement les recherches de Zuntz et de ses collaborateurs ou élèves Schumburg, Læwy, Geppert, Katzenstein, Reach, Frentzel, Caspari et Bornstein. Leurs re- cherches ont été exécutées en partie à Berlin, sous des appareils pneumatiques, en partie en Suisse, à Zermatt, puis au Mont Rose, à la Slation physiolo- gique internationale du Professeur Mosso, en par- tie dans des ascensions en ballon. Un cerläin nombre de queslions controversées peuvent être aujourd'hui considérées comme réso- lues par ces études. A différentes reprises, j'ai mentionné ici les recherches qui démontraient l'augmentation de l’hémogiobine et des globules du sang sous l'influence du séjour aux hautes altitudes Ces recherches donnaient jusqu'à un certain point une explication de l’action bienfaisante du climat de montagne. Elles semblaient expliquer également l'immunité vis-à-vis du mal des montagnes dont jouissent les montagnards ou les personnes accli- matées. Il est établi aujourd'hui que l'augmentation du nombre des globules n’est qu'apparente ou rela- üive. Elle dépend de la transsudation d'une partie du plasma à travers la paroi des capillaires. Le total des globules rouges du corps n'a pas aug- menté; mais, comme le volume du plasma a dimi- nué, il en résulte que le millimètre cube de sang 1 Parrips : Arch. intern. Physiol., 1905, t. IT, p. 286. 2 Orro Counxeln : Physiologie des Alpinismus. £rgebn. d. Physiol., (A), p. 612. LÉON FREDERICQ — REVUE ANNUELLE DE PHYSIOLOGIE montre une proportion exagérée de globules. Il n'est, d'ailleurs, nullement prouvé que ce change- ment du sang doive être rapporté directement à la diminution de pression ou de tension d'oxygène. On constate aussi dans la montagne une aug- mentation marquée de la consommation de loxy- gène, tant chez l'individu au repos que chez l'indi- vidu se livrant au travail musculaire. Comme cette augmentation ne se montre pas en ballon ou sous la cloche pneumatique, il semble bien qu'on ne doive pas la rapporter à la simple diminution de pression ou à l'abaissement de la tension de l'oxy- gène. Georges Küss ‘, opérant à Chamonix et à l'Observatoire Vallot du Mont-Blanc (4.350"), n'avait d'ailleurs pas observé d'augmentation dans la valeur des échanges respiratoires. Quant au malaise connu sous le nom de mal des | | | montagnes, et que Paul Bert attribuait à l’anoxbhe- | mie, c'est-à-dire à la diminution de tension de l'oxygène respiré, il semble bien que les explica- tions mises en avant par les adversaires de la théo- rie de l'anoxhémie sont contredites par l'expé- rience. C'est ainsi que Mosso avait considéré le mal des montagnes comme une espèce d’apnée, due à la diminution de la tension de CO* dans l’air des alvéoles pulmonaires, l’acapnie (absence de fumée, de C0*), comme il avait appelé cet état. La théorie de l’acapnie ne parait plus soutenable et celle de l'anoxhémie reprend le dessus. La dimi- nution de la tension de l'oxygène semble donc tou- jours jouer un rôle important dans la genèse du mal des montagnes, quoiqu'il semble probable que d’autres facteurs interviennent encore. Un dernier phénomène signalé par Mosso ”, c'est l'apparition de la respiration périodique, rappelant | la respiration de Cheyne-Stokes. Elle s’est montrée tant au laboratoire du Mont-Rose que dans les as- censions en ballon. $S 2. — Régulation des mouvements respiratoires. Haldane, Fitzgerald et Priestley” ont fait sur | l'homme de nombreuses expériences sur la com- posilion de l'air alvéolaire : ils ont montré la grande importance que présente la tension de CO° dans cet air. La teneur de CO° est remarquablement constante chez un même sujet, malgré les variations de pression barométrique ou celles de composition chimique de l’air respiré. Ces varialions provoquent des changements dans la mécanique respiratoire, qui arrivent à compenser presque exactement les causes perturbalrices extérieures et ramènent la ! GEORGES KtSS : p. 982. * A. Mosso : Arch. ilal. Biol., 1905, t. XLIIT, p. 81. 3 HaLpANe et PRieSTLEY, FirzGEeraLo et HALDANE : Journ. of Physiol., 4905, t. XXXII. p. 225 et 486. Arch. Physiol. et Pathol. gén., 1905, | | | 2 PE tension de CO* à sa valeur normale moyenne. dans l'air des alvéoles du sujet considéré. CO constitue ainsi le véritable régulateur de la res. piralion. C’est par l'intermédiaire de CO° du sang que l'air des alvéoles agit sur les centres respiraloires pour modifier à chaque instant Ja mécanique respiratoire el l'accommoder aux be soins de l'organisme. Les auteurs se rallient complètement à la théorie qui attribue l'apnée obtenue par ventilation pulmonaire exagérée à une diminution de tension de CO* du sang, et qui ne fait jouer à la tension de l'oxygène qu'un rôle tout à fait secondaire. Il est regrettable que les auteurs anglais, dans un travail exécuté avec toute la perfection lechnique moderne, utilisent encore les unilés anglaises pour les mesures de longueur, alors que les mesures de volumes et de poids sont prises au systèmes métrique. $ 3. — Remplacement de l'azote atmosphérique par l'hydrogène. La vie serait physiologiquement impossible dans. une atmosphère terrestre dans laquelle H rempla=n cerait Az, comme le montre Marcacci dans ses expé=" riences, à cause du calorique spécifique élevé de. l'hydrogène. On y mourrait de froid *. Dans le mélange d’'O et d'H, fait exactement dans" les proportions de l'O et de l'Az de l'air, les en respirent plus activement; mais cette suractivilém plus grande des combustions organiques ne par vient pas à compenser l'augmentation des pertes den chaleur: les animaux se refroidissent et meurent L'indifférence du gaz hydrogène est donc une légende. { { Mie von Linden * étudie la respiration des chry= salides du papillon flambé (Papilio podalirius), et constate que ces chrysalides se comportent comme les parties vertes des végétaux. Pendant la nuit, elles absorbent 0° et produisent CO”; pendant le jour, elles peuvent, au contraire, dans certaines circonstances, absorber (et assimiler?) CO* el exhaler O°. Le fait est tellement étonnant qu'il demande confirmation. RS de à. à Jr S &. — Absorption de CO* et exhaiation d'O° par les chrysalides. $ 5. — Position neutre du poumon vis-à-vis des fibres pulmonaires du pneumogastrique. On connait les célèbres expériences de Breuer= Hering sur l'effet réflexe d'inspiralion que produib l'état d’affaissement du poumon et sur l'effet réflexe. 1 Mancacoi : Arch. ital. Biol., t. LXII, p. 78. ; 2 M. von Linpex : C. R. Soc. Biol., 1905, t. LIX, p: 692; 694, 696. | # | 1 | e L' xpiration provoqué par l'insufflation pulmonaire. Il s'agit dans les deux cas de réflexes ayant pour point de départ l’excitation mécanique des termi- isons intrapulmonaires du vague, par dilatation u resserrement des alvéoles pulmonaires. [shihara‘ a cherché quel est l'état d’affaissement Imonaire dans lequel le vague n’agit point, c'est- tel que la suppression physiologique du e par anélectrotonus (courant constant, une trode négative entre deux électrodes positives) amène ni réflexe d'inspiralion ni réflexe d'expira- Il a constalé que la position neutre du poumon, lans laquelle n'interviennent ni l’action expiratrice lu vague, ni son action inspiratrice, correspond à n volume pulmonaire inférieur à celui de l'expi- lion normale, tranquille, c'est-à-dire à une pres- sion négative de 15 à 30" de mercure. L. Pflücker* avait montré que l’anélectrotonus, ou l'excitation ec trois électrodes, appliqué au vague, y sup- ime la conduction sans amener de phénomènes d'excilation, etéquivaut donc à l'application du froid préconisée autrefois par Gad. 6. — Fibres d'inspiration et d'expiration du vague. Un cerlain nombre de physiologistes n'admettent as l'existence dans le vague des deux espèces de fibres réflexes qui sont censées intervenir dans les “expériences de Breuer-Hering, mais seulement des La électromètre capillaire, les déplacements du mé- lisque indiquent une variation négative, tant à insufflation du poumon qu'à son retrait. Il y a once excitation de certaines fibres nerveuses du vague dans les deux cas, et pas seulement au mo- ment de l'insufflation. - Les auteurs admellent cependant que, dans respiration normale, les fibres d'expiration arrestatrices de l'inspiralion) entrent seules en jeu. 1Y. — MouvEMENTs. des muscles. La pluparl des spécialistes sont à présent d'accord r distinguer au moins deux catégories de fibres erveuses pour l'innervation centrifuge des muscles. : Calégories de fibres nerveuses se termine aux —IsainaRa: Arch. f. d. ges. Physiol., 1905, t. CVI, p. 386. 2 Prcucren : /d., 1905, t. CVI, p. 372. 2 SEemax : Zentralbl. f. Physiol., 1905, t. XIX, p. 304 et Arch. {, d, ges. Physiol., t. GVIIT, p. 426. “—_ REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. TÉ . Fano, Joteyko admettent que l’une de ces | LÉON FREDERICQ — REVUE ANNUELLE DE PHYSIOLOGIE 657 fibrilles contractiles et préside à la secousse ou contraction brève du muscle; la seconde catégorie de fibres nerveuses centrifuges aboutirait au sarco- plasme, ou substance demi-liquide qui entoure les fibrilles contractiles à l'intérieur de l'élément musculaire, et donnerait lieu par son excitation à une forme plus allongée de contraction ou de con- tracture. D'autres auteurs comprennent différemment celte dualité de l’innervation centrifuge des muscles. Mangold' admet que, des deux fibres nerveuses que chaque élément moteur recoit au moins chez les animaux articulés, l’une est motrice proprement dite et l’autre arrestafrice, provoquant par son excilalion le relâchement du muscle. Von Trzecieski* admet, comme Bottazzi, des nerfs présidant aux contractions cloniques des muscles, conduisant à des contractions énergiques brusques, suivies d'un relächement immédiat : ce sont les nerfs moteurs ordinaires, qui sortent de la moelle parlesracines antérieures. Les muscles recevraient, en outre, des nerfs d’innervation (onique, qui quitteraient la moelle par les racines postérieures, et seraient les agents du fonus musculaire ; ils ixe- raient l’état de contraction des muscles etempêche- raient leur relächement lrop brusque. Les deux innervalions seraient mises en jeu dans tous les mouvements que nous exécultons. On sait depuis longtemps que la section des racines postérieures abolit le tonus musculaire : mais on admetlait que c'était la conséquence de la suppression d'inuervations centripèles, devant agir par voie réflexe sur les muscles. D'après von Trze- cieski, il s'agit simplement d'une interruption directe des voies de l’innervation tonique muscu- laire, qui suit les racines postérieures en sens cen- trifuge. Nous nous trouverions devant un nouvel exemple d'exception à la loi de Bell-Magendie, en vertu de laquelle les racines antérieures contiendraient toules les fibres centripètes. $ 2. — Analyse de la courbe de fatigue musculaire. Nous devons à M! Joteyko * une étude très docu- mentée sur la courbe de la fatigue, lelle que la fournit l'ergographe de Mosso. Le sujet exécule une série nombreuse de mouvements énergiques jusqu'à production d'une fatigue intense; il sou- lève toutes les deux secondes un poids de plusieurs kilogrammes au moyen de la flexion du doigt. La hauteur de chaque soulèvement s'inscrit sous 1 Maxcozo : Zentralbl. f. Physiol., 1905, t. XIX, p. 336; Zeits. f. allg. Phyvsiol., 1905, t. NV, p. 135. 2 Von TrzecIEsK1 : Arch. f. Pysiol., 1905, p. 506, 379. 3 Joreyko : Pull. Acad. Sc. Belgique, 5 mai 1904. 14°" 658 forme d'une droite ou ordonnée sur le cylindre enregistreur animé d’un mouvement lent de rota- tion. En reliant les sommets des différentes droites inscrites successivement, on oblient la courbe de latique, qui s'incline graduellement vers l'abscisse. L'auteur croit pouvoir assimiler cette courbe à une parabole du troisième degré. La hauteur de chaque ordonnée (droite correspondant à un effort de soulèvement du poids) serait représentée par la formule : D = H—aû8 + bE— ct, dans laquelle H représente l’ordonnée initiale, maximale; £, le temps écoulé depuis le début de l'expérience; a, b, e, des paramètres ou facteurs qui varient suivant les sujets et les conditions de chaque série d'expériences. La courbe ergographique se trouverait done à chaque instant sous l'influence des trois facteurs à, b, e, L'auteur admet que le facteur positif b, qui tend à élever la courbe suivant le carré du temps (+ DE), doit représenter l’action des centres ner- veux moteurs, qui grandirait au cours du travail ergographique. Les paramètres négatifs à et e sont attribués à des processus qui s’accomplissent dans le musele même et qui ont pour effet de diminuer progressivement le travail utile. La constante négative e, qui tend à abaisser la courbe proportion- nellement au temps, correspondrait à la diminution des réserves de combustible musculaire, tandis que l’autre constante négative a, qui tend à dimi- nuer l'énergie suivant le cube du temps, caractéri- serait la perte de puissance due à l’inloxication locale des déchets de la combustion organique. Cette hypothèse s'appuie sur de nombreuses séries d'expériences, dans lesquelles l'auteur étudie diverses influences (ingestion d'alcool, de sucre, de caféine, anémie du bras, ete.), qui, dans son idée, agissent principalement sur les processus physiolo- giques dont dépendent les valeurs 4, b, ec. On peut ne pas se rallier à quelques-unes des conclusions de l’auteur, notamment à la signification altribuée au facteur D; on n’en doit pas moins louer et encou- rager celle tentative d'étude rigoureuse d'un phé- nomène aussi complexe que la faligue musculaire. \ $ 1. — Propriétés générales des fibres nerveuses. Identité fonctionnelle des différentes catégories des fibres nerveuses. C'est grâce au système nerveux que les diffé- rentes parties du corps sont reliées fonctionnelle- ment, et peuvent réagir pour ainsi dire instantané- ment les unes sur les autres. Les nerfs transmettent vers les centres les excitations émanées du monde extérieur, et qui ont impressionné la surface sen- LÉON FREDERICQ — REVUE ANNUELLE DE PHYSIOLOGIE _indiférents, qui pourraient transmettreles dépêches sible de l'organisme; ils sont également chargé de transporter, des centres vers la périphérie, les. impulsions motrices et autres, qui provoquent dans les organes périphériques les réactions motrice glandulaires, etc. Enfin, c'est également par de fibres nerveuses que les différentes parties de centres nerveux communiquent entre elles. On a fort justement comparé notre système ne veux au réseau télégraphique qui relie entre elles les différentes localités d’un pays. Dans cette com paraison, les nerfs sont les fils conducteurs d télégraphe; les organes terminaux auxquels abou: tissent les conducteurs nerveux, lant du côlé de la périphérie que du côté des centres, représentent. les bureaux télégraphiques d'expédition et de récep= tion des dépêches. : Comme les fils télégraphiques, les nerfs seraient, pour la plupart des physiologistes, des conducteurs (c'est-à-dire l'excitation) dans les deux seus de leur trajet. Gelte doctrine de l'identité du processus nerveux dans les différents nerfs, tant centripètess que centrifuges, à élé remise en question de diffé rents côlés. On a signalé une série de circonstances dans lesquelles les nerfs sensibles, ou les diffés rentes catégories de nerfs centrifuges, ne répon= draient pas de la même façon aux mêmes causes d'excitalion, d'anesthésie, etc. F En voici un exemple récent : On sait que l’applisu cation locale de cocaïne sur un tronc nerveux “1 tilue un moyen d'y supprimer la conduetibilité Or, tout récemment, Dixon‘ a constaté que, dans les! nerfs mixtes des membres, les fibres sensibles sonlM alteintes par la cocaïne bien avant les fibres mo trices. De même, la cocaïne agit sur les fibres cen- | tripètes du pneumogastrique plus tôt que sur les fibres centriluges, et sur les vaso-constlricteurs de préférence aux vaso-dilatateurs. La cocaïne cons titue done un moyen de dissocialion physiologique des fibres nerveuses de dignité différente, conte nues dans un même tronc nerveux. L'étude de l'action comparée du froid sur les troncs nerveux moteurs ou sensibles, de celle du chaud, du contaët des solutions salines, de l’excitant électrique, eles avait élé également invoquée, comme on sai contre la doctrine de l'identité du processus d’exei talion dans les différents conducteurs nerveux. Cependant, Gad et d’autres ont montré que 1 faits précédemment signalés pouvaient à la rigue s'expliquer, sans qu'il fût nécessaire de recou à l'hypothèse d'une différence fonctionnelle fond mentale entre les catégories physiologiques fibres nerveuses, diflérence contredite par la d'autres faits. L E. DrxoN : J. of Physiol., t, XXXII, p. S1, 1906.. LÉON FREDERICQ — REVUE ANNUELLE DE PHYSIOLOGIE Parmi les données récentes qui impliquent la jotion de l'identité ou de la parenté étroite du fonc- onnement des différentes catégories de fibres veuses, il faut citer avant tout les expériences soudure de nerfs différents réalisées par Langley k ses élèves. Langley sectionne, par exemple au pu, le pneumogastrique ainsi que le cordon du nd sympathique ;ilsuture le bout central du pre- r nerf avec le bout périphérique (céphalique) du nd sympathique, et constale au bout d’un cer- | temps que l'excitation du pneumogastrique ppéré produit les effets physiologiques habituels le celle du grand sympathique : dilatation de la bupille, constriclion vasculaire céphalique, ete. Moici une autre expérience due à Erlanger‘: On ctionne le pneumogastrique cervical ainsi qu'une nche voisine du plexus brachial (provenant des et 6° paires cervicales). Le bout central du nerf vical est suturé avec le bout périphérique du neumogastrique. On constate au bout d'un certain mps la régénération de ce bout périphérique, tau point de vue anatomique que physiologique : nsi l'excitation artificielle du bout périphérique ovoque l'arrêt du cœur; de même, ce hout péri- phérique peut servir de voie efférente aux réflexes cardio-modérateurs, à l'excitation 8 consécutifs à dio-inhibitrice normale, exercée par le système veux central. Les fibres appartenant au bout ntral du nerf cervical suturé accomplissent done résent, dans l'organisme, des fonctions aux- « Cependant, Langley et ses élèves n’ont pas réussi d'obtenir la réunion d’un nerf centrifuge avec un rf centripète. 2. — Le neurone et la régénération autogène des nerfs périphériques. … Les discussions ne finiront pas de si tôt entre les partisans et les adversaires de la théorie du neu- k e. L'année qui vient de finir a vu paraitre plu- eurs travaux importants, consacrés à la démoli- ion de la notion du neurone et à la défense de la doctrine des neurofibrilles, parmi lesquels nous rons ceux de F. Hartmann’, E. S. London’, et Mémoires d'Oscar Schultze* sur l’origine pluri- ulaire des nerfs périphériques chez les larves Batraciens ; de Bethe, Raimann, Head et Ham” ErLancer : Amer. J. of Physiol., 1905, t. XII, p. 372. : 2 HaRTMANN : Die Neurofibrillenlehre. Braumüller, 1905. MES Lonvon : Arch. f mikr. Anat., t. LXVIL, III. MA OSKAR SCHULTZE : Arch. f. d, g. Physiol., 1905, t. CNIIT, p.112. à Hean et Ha : J, of Physiol., 1905, t. XXXII, p. 9. 659 sur la régénération autogène des nerfs périphé- riques. E. Lugaro’, Cajal° se prononcent, au con- traire, énergiquement contre la régénération des nerfs périphériques, indépendante du système ner- veux central. Lugaro fait observer que Bethe, Raimann et d’autres, dans leurs expériences de régénération du bout périphérique du sciatique (après section du nerf et arrachement de son bout central, y compris les ganglions spinaux correspondants), n'avaient pas exclu la possibilité d'une pénétration dans le bout périphérique du sciatique de fibres provenant du erural ou de l’obturateur. Lugaro s’est mis à l'abri de cette cause d'erreur, en extirpant chaque fois l’ensemble des nerfs lombo-sacrés, y compris les ganglions spinaux. Dans ce cas, il n’y a jamais le moindre signe de régénération dans les bouts périphériques des nerfs coupés. Cajal affirme avoir constaté directement, par sa nouvelle méthode d'imprégnation au nitrate d'ar- gent, la participalion du moignon central du scia- tique coupé dans la régénération de son bout péri- phérique. Les cylindres d’axes, sectionnés au niveau du bout central, s'allongent en présentant une extrémité renflée en forme d'olive, qui parvient à gagner la périphérie à travers tous les obstacles. Comme je lai dit dans ma revue de l'an dernier, certains faits de régénération, notamment les expé- riences de Braus, consistant à transplanter des moi- gnons de membres chez les larves de Batraciens, semblent démontrer la possibilité d'une formation autogène des nerfs périphériques, indépendamment des cellules du système nerveux central. Ces faits, incompatibles avec la théorie du neurone compris comme unité embryologique, sont en somme, au point de vue physiologique, d'intérêt secondaire. Le neurone pluricellulaire peut rendre en Physiologie les mêmes services, et présenter la même impor- tance, que le neurone unicellulaire. On peut dire que le neurone, cousidéré comme unité physiolo- gique du système nerveux, à jusqu’à présent assez bien résisté aux attaques dont il à été l'objet, sur- tout de la part des histologistes. Les vrais adversaires de la théorie du neurone, avec Bethe et Apathy à leur tête, considèrent le système nerveux comme formé d'un réseau de neu- rofibrilles, passant les unes dans les autres, aussi bien à la périphérie que du côté des centres ner- veux. Les cellules nerveuses ne seraient que des lieux de passage ou d’entre-croisement de ces fibrilles. Leur importance fonctionnelle serait pure- ment nutritive. IL y aurait partout continuité de ces fibrilles, et la notion de l’individualité fonc- er Le Nes à “À . : ht £ Lucaro : Veurol. Centralbl., 1905, t. XXIV, p. 11435. 2 CayAL ; C. R. Soc. Biol., 1905, t. LIX, p. 420 et 422. 660 ionnelle ou anatomique des neurones serait une illusion. On aurait pu faire à la théorie de Bethe et Apalhy, qui ne considère dans le système nerveux qu'un seul élément, la neurofibrille, une objection assez importante. Comment se fait-il que la subs- tance des centres nerveux soit si sensible à la sup- pression de la circulation et aux autres agents vulnérants, alors que les nerfs périphériques, ou la substance blanche, présentent une résistance pour ainsi dire illimitée à ces mêmes aclions nuisibles, si en somme l'élément physiologique actif est le même dans les deux cas ? Les observations de Scheven répondent à cetle objection. Scheven', en effet, a montré que l'anémie aiguë des centres nerveux encéphaliques du chien et du lapin (par injection de paraffine fondue dans les carotides et embolie des artères nourricières du cerveau) supprime aussi bien les fonctions de la substance blanche que celles de la substance grise des hémisphères. Dans ces conditions, on n’observe plus aucun effet moleur par l'excitation électrique de la substance blanche sous-corticale, pratiquée au niveau des centres de Hitzig pour les mouve- ments des membres. Il n’y a donc pas de différence profonde entre la substance grise (cellules ner- veuses) et la substance blanche (fibres nerveuses) des hémisphères cérébraux, au point de vue de la résistance à l’anémie. Cette différence est profonde, au contraire, entre la substance blanche des hémisphères et celle des nerfs périphériques. La même différence s'observe, d'ailleurs, entre les cellules des centres nerveux encéphalo-rachidiens et celles de certains ganglions périphériques, ceux du cœur notamment, comme on.le verra plus loin. $ 3. — Cellules nerveuses. 1. Action élective de la strychnine sur les cel- lules nerveuses sensibles. Action du phénol sur les cellules nerveuses motrices. — J'ai montré, il y a quelques années, que l’anémie aiguë de la moelle épinière lombaire, réalisée par l'occlusion ou la ligature de l'aorte thoracique, constitue chez le chien un procédé de dissociation des fonctions mo- trices et sensibles de la substance grise. Les cellules motrices sont atteintes et paralysées bien avant les cellules sensibles, par les effets de l’anémie. Ba- glioni réalise une dissociation analogue en utilisant les propriétés de la strychnine et du phénol. La strychnine excite d'une façon élective les cellules sensitives des cornes postérieures de la substance grise de la moelle, tandis que le phénol et ses dérivés sont les excilants spécifiques des cellules 1 Scueven : Arch. f. Psychiatr., t. XXXIX, 1904, p. 469. LÉON FREDERICQ — REVUE ANNUEL LE DE PHYSIOLOGIE motrices des cornes antérieures. En répétant ces expériences d'intoxication sur des mollusques céphalopodes, des crustacés, des siponcles, il a pt généraliser les données fournies par l'étude système nerveux des Vertébrés. Chez tous ces ani{ maux, la strychnine constilue un réactif physio= logique des éléments nerveux sensilifs, tandis ue le phénol est l'excitant spécifique des éléments. nerveux moteurs. C'est là un fait d'une port e générale des plus importantes. On peut le rappr cher de l’action élective paralysante que la nicotine exerce, suivant Langley, sur les cellules ganglion: naires du grand sympathique. L 2. Résistance des cellules nerveuses à T anémie, — Une expérience de Danilewsky semble indiqu que certaines cellules nerveuses peuvent survivre pendant de longues heures après la mort de l’anim et la suppression de toute circulation, alors que l& nerfs seuls étaient jusqu'à présent censés présenter cette propriété. ? Cette expérience consiste à soumettre à une cire culation artificielle de sang ou de liquide nutritil un cœur de mammifère extrait du corps plus vingt-quatre heures après la mort de l'animal. Lan: gendorff, Kuliabko et d’autres ont constaté, dans, ces conditions, la restauration des fonctions FA cœur et la reprise de ses pulsations rythmées spons tanées. Danilewsky a essayé avec un plein succès: sur un cœur ressuscilé ainsi de longues heures après | la mort de l'animal, les effels de l'excitation BE 4 ficielle des nerfs d'arrêt, qui sont contenus dans tronc du pneumogastrique : il a obtenu le ralentis- sement ou mème l'arrêt des pulsations cardiaques: On admet, en général, que l’action d'arrêt du pneus | mogastrique s'exerce sur le cœur par l'intermédiaire | de cellules nerveuses ganglionnaires : si celte opie| nion correspond à la réalité, il en résulte que les cellules des ganglions d'arrêt du cœur peuvent supporter pendant vingl-quatre heures au mois | l'arrêt de la circulation et peuvent encore êlre res-| suscitées après ce long laps de temps. D'autres cellules nerveuses, appartenant égale- ment au système sympalhique (ou autonome de Langley), se comportent, au contraire, sous ce rap port,comme les cellules des centres nerveux cérébro- spinaux. Ainsi Tuckelt' a constaté que, si l’on isole au point de vue circulatoire le ganglion cervical. supérieur chez le lapin, les cellules y subissenben quelques heures une dégénérescence histologique des plus marquées, qui est complète au bout d'un petit nombre de jours. Marinesco* constate également des alléralions dé- 1 Tuckerr : d. of Physiol., 1905, t. XXXII, p. 11. 2 Maninesco : Rev. neurol., 1905, t. XII, p. 657. lazone motrice corticale correspondante), combinée vec la section des nerfs périphériques correspon- Cet isolement physiologique, par interruption des connexions nerveuses avec la périphérie et les centres, qui supprime l’activité fonctionnelle de la lule nerveuse, a pour effet une perturbation mplèle de la nutrition de cet élément hislo- $4. — Le système nerveux autonome de Langley ou système nerveux viscéral de Gaskell. Depuis Bichat, les anatomistes et les physiolo- istes opposent le système nerveux grand sympa- thique ou de la vie végétative au système nerveux cérébro-spinal ou de la vie animale. L'objection que l'on peut faire à cette division schématique, c'est qu'un certain nombre de nerfs, appartenant au système nerveux cérébro-spinal, parmi lesquels on peut ciler en première ligne le neumogasirique, se distribuent, comme le grand sympathique, à des organes viscéraux ou à des muscles lisses. : Langley a insisté sur les caractères communs, - anatomiques et physiologiques, que présentent ces nerfs (rameaux de l’oculo-moteur commun, du losso-pharyngien, du pneumogastrique, ete.) avec ceux du grand sympathique. Il a proposé en 1898 de les réunir sous lenom de système ner veux auto- ome et n'a cessé, depuis, d'approfondir cette inté- ressante question. —… Le système nerveux autonome! préside à l'inner- ation centrifuge des muscles lisses de l'œil, du tube digestif, de la rate, des organes génilo-uri- mnaires, des vaisseaux, à celle du cœur et des glandes. Ce système nerveux tirerait son origine de quatre _ portions du système nerveux central : — A. Le mésocéphale innerve, par l'intermédiaire de l'oculo-moteur commun, le sphincter de l'iris et | % muscle ciliaire ; * B. Le bulbe innerve, par l'intermédiaire du facial, du glosso-pharyngien et du pneumogastrique, le Cœur ainsi que les glandes et les muscles lisses de Ja bouche, du nez, du pharynx, des voies respira- hoïres et d’une partie du tube digestif; — Cet D. La moelle épinière, par ses régions dor- . Sale et lombaire supérieure, d'une part (grand svm- pathique), par la région sacrée moyenne. de l’autre, innerve les vaisseaux du corps tout entier, les glandes sudoripares, le dilatateur de l'iris et le ! Pau Scnuzrz : Das sympathische Nervensystem, dans le Handb. d. Physiol., de W. Nagel, 1905, t. IV. LÉON FREDERICQ — REVUE ANNUELLE DE PHYSIOLOGIE 661 muscle orbitaire, les muscleslisses du tube digestif, de la rate et du système urogénital. Partout, le système nerveux autonome a pour point de départ des fibres nerveuses qui émanent du système nerveux central, où elles ont leurs cel- lules d’origine. Ces fibres et ces cellules constituent le premier neurone ou neurone central. Ces fibres, dites préganglionnaires (les fibres précellulaires de Koelliker), se mettent en relation à la périphérie avec des cellules nerveuses ganglionnaires, si- tuées en dehors du système nerveux central, dans des ganglions (ganglions du sympathique ou au- tres). Ces cellules nerveuses constituent le point de départ d'un second neurone ou neurone périplhé- rique : elles émettent des fibres dites post-gang- lionnäires (fibres post-cellulaires de Koelliker), se rendant directement aux organes périphériques innervés par le système nerveux autonome. On peut donc considérer le système nerveux auto- nome comme une émanalion du système nerveux cérébro-spinal, présentant partout cette particula- rité histologique de l'interruption de la voie cen- trifuge par intercalation de cellules nerveuses, cons- tituant un second neurone ou neurone périphé- rique. Cette intercalation se constate par la méthode de la dégénérescence wallérienne, qui, après section des fibres préganglionnaires, ne progresse pas jusqu’à la périphérie et n'envahit jamais le second neurone au niveau duquel elle s’arrète (Gaskell). On peut la vérifier également par l'empoisonne- ment par la nicotine, qui exerce une action élective paralysante sur la cellule du second neurone. Langley‘ a montré, par exemple, que, chez un ani- mal empoisonné par la nicotine, l'excitation des fibres préganglionnaires n’a plus d'action sur la périphérie, puisqu'elle est arrêlée au niveau du ganglion, tandis que la fibre post-ganglionnaire conserve son excitabilité intacte. Le simple badi- geonnage du ganglion par une solution diluée de nicotine produit le même effet de paralysie locale. On remarquera que le schéma de Langley, géné- ralement adopté actuellement, ne mentionne que les nerfs centrifuges du grand sympathique. Les nerfs centripètes y seraient peu importants et man- queraient même dans certaines régions, par exemple dans le grand sympathique cervical. Ces fibres cen- tripètes auraient leur centre trophique dans les ganglions spinaux, suivant Langley. Enfin, ce schéma ne concernerait pas les plexus nerveux de l'intestin, qui constitueraient un système tout à fait à part. 1 Laxccey et MaGnus : J. of Physiol., 1905, €. XXXIHT, p. 34. VI. — ORGANES DES SENS. $ 4. — Caractères communs aux différentes sensations. Certaines particularités, éludiées plus spéciale- ment dans le fonctionnement de l'œil, se retrouvent à des degrés divers dans les autres organes des sens, En ce qui concerne les sensalions de froid et de chaud, Urbantschitsch ‘ élablit l'existence de sen- sationsanaloguesaux images accidentelles visuelles, au contraste simultané et à l'irradiation. Le froid et lechaud montrent, danscertainesdesesexpériences, une opposition analogue à celle des couleurs com- plémentaires. Ainsi une application de froid peut laisser persister une impression de froid, à laquelle succède une impression de chaud (images positive et négative). Une sensation de chaud peut se mon- trer autour d'une impression de froid (contraste simultané). Les phénomènes d'irradiation sont éga- lement très marqués dans ce domaine. De même, le son peut laisser après lui une image accidentelle auditive. Ce son accidentel peut avoir une hauteur un peu différente du son primitif excilateur. On entend parfois simultanément les deux sons (sans qu'il se produise de battements, même s'ils sont très voisins). $ 2. — Quantités minima d'énergie nécessaires pour exciter les différents organes des sens. Zwaardemaker’a cherché à déterminer les minima correspondant au seuil d’excitation des différentes sensations. Il constate que, dans la vision, l'audition et probablement l'olfaclion, l'excitation dépend de la quantité d'énergie mise en jeu; pour les sensa- tions de chaleur, ce ne serail pas la quantité, mais l'intensité de l'énergie qui exciterait; dans l'exei- tation par l'électricité, ce serait la quantité, ou plutôt la différentielle de la quantité prise par rap- port au temps. Zwaardemaker n'ose se prononcer sur la ques- tion de savoir si ces différences, en apparence chao- tiques, tiennent à la nature des choses, ou à notre ignorance momentanée. $S 3. — Vision. 4. La vision en général. — Signalons une mono- graphie : La Vision, par J.-P. Nuel, parue dans la Bibliothèque de Psychologie expérimentale de Tou- louse (0. Doin, Paris). Depuis quelques années, se fait jour de divers côtés une réaction contre ce qu'on appelle les abus | 4 V. Unsanrsomrrscn : Arch. {. d. g. Physiol., 4905, t. CX, p. 437. 2 Z\WAARDEMAKER : £rgebn. d. Physiol., 1905, {. IV, p, 425. LÉON FREDERICQ — REVUE organes des sens. Suivant les partisans de cette tendance ,'on devrait, au moins en Physiologie com parée, proscrire l'emploi de toute notion psycholo- | gique. Puisque nous ne saurons jamais rien de certain au sujet des données éventuelles du sens” intime chez les animaux, il faut éviter de parler des» sensations hypothétiques chez les animaux, et d’ens. chiques) comme les incitateurs des mouvement Les actions les plus diverses des animaux doivent, être envisagées comme étant l'expression de pros, cessus physiologiques. & Ces principes ont été posés par divers auteursÿ ils ont même été mis en pratique à propos de telle ou de telle photo-réaction. Le travail de M. Nu est le premier essai pour envisager à un point de vue exclusivement physiologique toutes les phot réactions des animaux, ou au moins leurs photos réactions principales. Les partisans de la nouvelle tendance se bornent généralement à vouloir appliquer leurs principe aux seuls animaux. Faut-il donc admettre deu physiologies, l’une animale, l'autre humaine, 1 première purement physiologique, la seconde ps chologique, celle-ci voyant, comme on le fait géné ralement, dans les sensations visuelles le but réeh des photo-réceptions, et invoquant, comme incit teur des mouvements visuels, soit des sensalion visuelles, soit des sentiments de plaisir ou d déplaisir, ou encore la volonté, ete. ? | Il suffit d'énoncer cette hypothèse pour la réfuter Si ces principes sont vrais, il faut qu’ils soient ôg lement applicables à l'homme. L M. Nuel croit avoir réussi à envisager à un point de vue exclusivement physiologique la vision humaine de la direction et celle de la distance: La est d'avis qu'il serait possible, bien que très labo= rieux, de traiter de même la vision de la grandeur chez l'homme. Il émet des idées à lui sur la manière | dont le physiologiste doit tenir compte des faits | psychiques dits de vision spectrale. 1 | 9, La vision crépusculaire. — Parmi les innom= brables Notes et Mémoires qui paraissent chaque année sur la physiologie de la vision, nous n@s reliendrons celle fois que ceux qui se rapportent à la vision par les bàtonnets et le rouge rélinien, quis suivant la théorie de Parinaud et de von Kriess correspond à la vision de l'œil adapté pour l'obss | curité, à la vision que l'on pourrait appeler cl'épus= culaire. W. Trendelenburg ‘ constate que l’action des- tructive, exercée par les diflérentes régions du MORE 1 W. TrexoecexBurG : Zeits. f. Psychol. u. Physiol. ds. Sinnesorg., 1905, t&. XXXVIL, p. 1. ‘intensité lumineuse de ces différentes régions, elle qu’elle est percue par l'œil adapté pour l’obs- eurilé. On sait que le maximum lumineux est, dans #e cas, dans le vert (et non dans le jaune, comme pour la réline adaptée à une lumière plus vive). . L'altération du pourpre rétinien paraît donc bien conslituer le processus de photo-réception dans la vision s’exercant à l'obscurité, par l'intermédiaire des bâlonnels. . Piper ‘ est arrivé à des résultats concordants, en étudiant les phénomènes électriques (courants vert, — qui correspond également au maximum de luminosité dans la rétine adaptée à l'obscurité. La courbe qui représente ici l'intensité des courants d'action pour les différentes régions du spectre a la même allure que la courbe de l'intensité avec “laquelle ces différents rayons sont absorbés par le yeux d'oiseaux diurnes (vision par les cônes). Ici, le maximum du courant d'action s'obtient pour le jaune orangé, qui est également la région la plus lumineuse du spectre. — Ces travaux sont donc tout à fait confirmatifs de la théorie qui attribue la vision crépusculaire de l'œil aux bâtonnets et au rouge rétinien, tandis que la vision en pleine lumière correspondrait à la mise en jeu des autres activités rétiniennes. $ 4. — Audition. 3 — Bornons-nous à signaler les inléressants tra- —raux de Bard “sur l'orientalion et l'accommodation auditives et la perception des formes acoustiques; de Robert Yerkes”° sur l'audition chez la grenouille ; de Zwaardemaker ‘ sur l'organe de Corli, de Quix “et Minkema * sur la sensibilité musicale de l'oreille; a Kretschmann * sur la fonction des cavités _ de l'oreille ; de Sternberg ‘, Beyer *, Piper : Arch. f. Physiol., Suppl., 1905, p. 133. Baron : Semaine médic., 1904; Journ. de Physiol. et Pathol. gen., 1904, p. 1051; 1905, p. 282 et 665. > R. YERKES : J, of compar. neurol., 1905, t. XV; Arch. f, —d: g. Physiol., 1905. — * Z\WAARDEMAKER : Re Quix et MIiNkEMA : p. 405. ……" KHETSCHMANN : Arch. f. d. g. Physiol., 1905, t. NII, p. 499. © STENBERG : Arch. f. Physiol., 1905, Suppl., p. 201; “Zeits. f. Psychol. u. Physiol. d. Sinnesorg., 1905, “+ XXXVIII, p. 259. D 2 BEYER : Z. f. Psychol. u. L'XXXV, p. 354. 1 L Arch. f. Physiol., 1905, Suppl., p. 124. Arch. f. Physiol., 4905, Suppl. Physiol. d. Sinnes., 1904, sb à Æ Piper à fait des constatations analogues pour les” 1 Zwaardemaker * sur le goût et l'olfaction; de Alexander et Barany * sur l'appareil des statolithes ; de Radl * sur l'orientation statique et optique ; de Schneider ‘ sur l'orientation du pigeon voyageur. $ 5. — Toucher. 1. Sensibilités profonde, propathique et épicri- tique. — Head, Rivers et Sherren‘ admettent, dans les différentes régions du corps, trois formes de sensibilité réalisées chacune par un appareil sen- soriel périphérique spécial: la sensibilité profonde, la sensibilité propathique el la sensibilité épicri- tique. C'est principalement par l'analyse minutieuse de la réapparition des différentes formes de sensibilité après seclion accidentelle des nerfs sensibles des extrémités, chez un grand nombre de patients humains soignés dans les hôpitaux de Londres, qu'ils ont été conduits à bouleverser complètement les nolions classiques sur les diverses formes des sensibilités cutanée ou profonde. Ils ont également pratiqué sur l’un d'eux la section du nerf médian, afin d'étudier avec plus de soin les effets de celte section. Voici en quoi se dislinguent les trois formes de sensibilité indiquées plus haut : 1° La sensibilité profonde se rapporte à une partie des sensalions classiques de pression et de douleur. C’est la sensibilité obscure, mal localisée, qui persiste après section des nerfs sensibles pro- prement dits d’une région et qui fait que nous perce- vons encore, après celle seclion des nerfs, les dépla- cements du membre et les pressions que l’on exerce sur la peau. Cette forme de la sensibilité s'exerce par des fibres nerveuses qui accompagnent les nerfs moteurs et suivent ensuite le trajet des tendons. Elle est analogue à celle des muscles, des arlicu- lalions et des organes internes. 2 La sensibilité propathique représente une faible partie de la sensibililé thermique : elle nous permet de reconnaître les extrêmes de chaud ou de froid (+ 50° par exemple ou 0°), mais non les températures intermédiaires, comprises entre + 99 et + 40°. Elle correspond également aux sensations ordinaires de douleur, mais n'a rien à voir avec les sensations tactiles proprement dites (pression). La sensibilité propathique est carac- térisée par une localisation défectueuse, une ten- 1 ZWAARDEMAKER : Zeits. {. Psychol.u. Physiol. d. Sinnes., 1905, t. XXXVIII, p. 189. 2 ALexaANDER et BARANY : Zeits. f. Psychol. u. Physiol. d, Sinnes., 1905, t. XXXVII, p. 321 et 414. 5 Rapz : Arch. f. Physiol:, 4905, p. 219. 4 G. H. Sounerner : Zeits. f. Psychol. u. Sinnes., 1905, t. XL, p. 252. 5 Heap, Rivers, SHERREN : Brain, 1905, t. CX, p. 99. Physiol. d, 664 dance à l'irradiation et au fourmillement et par la rapidité de sa réapparilion après section nerveuse. Elle réapparait complètement au bout de 7 à 10 se- maines. La distribution anatomique des fibres propa- thiques nous montre un empièlement manifeste des aires de distribution périphérique des fibres provenant des différents nerfs cutanés voisins. Au niveau des racines spinales, il y a, au contraire, un classement de ces fibres suivant leur provenance cutanée : chaque racine postérieure spinale ne contient que des fibres propathiques provenant d'une seule région de la peau. 3° La sensibilité épicritique nous donne les sen- sations exactes de tempéralure, ou de pression légère (tact proprement dit),avec localisation cor- recte. Cette forme perfectionnée de sensibilité tactile ne reparaît que tardivement après section nerveuse, plusieurs mois après la reslauration de la sensibilité propathique. Au point de vue de la distribution des fibres ner veuses de la sensibilité épicritique, on observe une disposition inverse de celle que nous avons signalée pour la sensibilité propathique: localisation exacte à la périphérie, sans empièlement des aires de distribution cutanée les unes sur les autres. Par contre, cet empiètement se montre plus haut au niveau des racines des nerfs spinaux. La sensibilité épicrilique serait l'apanage exclusif de la surface de la peau et de celle de la langue, tandis que les deux autres formes de sensibilité peuvent appartenir aux organes internes. La sen- sibilité propathique jouerait un rôle important, comme point de départ d'un grand nombre de réflexes à caractère défensif. 2. Pallesthésie et Baresthésie. — Les neuropa- thologistes ont, dans ces dernières années, mis en lumière plusieurs formes de sensibilité qui, sans doute, rentrent dans la sensibilité profonde des auteurs anglais cilés, notamment Ja vibraloire" ou pallesthésie, à laquelle présideraient, TnerreL : Arch, f. Psychiatr., 1905. €. XL, p. #19. LEON FREDERICQ — REVUE ANNUELLE DE PHYSIOLOGI sensibilité suivant Egger et Déjerine, les nerfs du périoste et qui s'adresse spécialement aux vibrations méca= niques. Elle jouerait un rôle important dans la production des réflexes osseux ou tendineux. Dans plusieurs cas pathologiques, on a signalé une dis= sociation centrale de la pallesthésie d'avec la sens sibilité tactile ou celle de la température. { Citons, dans le même ordre d'idées, la bar esthésill de von Strümpell ou sensibilité à une forte et large pression, qui rentrerait aussi dans la sensibilité profonde de Head, Rivers et Sherren. A 3. Voies médullaires de la sensibilité douloureuses — Jusque dans ces dernières années, on avait crus avee Schiff, que la substance grise constitue la voi par laquelle les excitations correspondant à la sens sibilité douloureuse remontent dans la moelle vers les centres de la conscience localisés dans l'écorce cérébrale, tandis que les autres modes de sensi= bilité empruntent dans la moelle la voie de 1 substance blanche des cordons latéraux. Il résulles) de recherches récentes faites de différents côtés, avec des conclusions pleinement concordantes, qu les impressions de douleur et de froid suivent; comme les autres formes de la sensibilité cutanée, la voie des cordons blancs de la moelle, spécialez ment celle du faisceau de Gowers du cordon latéral. Ce qui explique l'erreur de Schiff et d beaucoup de cliniciens, c'est que, pour se rendr dans le cordon latéral, les fibres que suivent les excilations douloureuses traversent la substance grise : il en résulte que les lésions de la substance grise peuvent interrompre la conduction doulou reuse. Quant à la question de l'existence de nerfs e d'appareils nerveux spéciaux pour la douleur, elle est aujourd'hui à peu près unanimement tranchée dans le sens affirmatif!. Léon Fredericq, Protesseur de Physiologie à l'Université de Liège. L l : Joreyxo : Le sens de la douleur. Rapport présenté au 1er Congrès belge de Neurologie et de Psychiatrie, Liége 1905. (Voir la Revue du 15 mars 1906). 1° Sciences mathématiques ant (C.-A.). — Initiation mathématique. —- uvrage étranger à lout programme, dédié aux amis de l'enfance. — 4 vol. in-16, de vVin-167 pages, avec 27 figures dans le texte.(Prix : 2 fr.) Hachette, Paris; Georg et Cie, Genève, 1906. Dans un pelit volume publié il y a deux ans, sous le e de l'Education fondée sur la science (Bibliothèque Philosophie contemporaine), M. Laisant à insisté avec raison sur la nécessité d'adapter l’enseignement cientifique à l'évolution des facultés de l'enfant, et a mis en lumière les idées directrices dont doivent süinspirer tous les éducateurs de l'enfance, les parents aussi bien que les maitres. « C’est par le monde exté- ur qu'il faut apprendre à voir à l'enfant, avant tout, ur lequel il faut lui donner le plus de renseignements ossibles, renseignements qu'il n'aura aucune peine à magasiner, croyez-le bien. C'est à ce monde exté- ur quil faut emprunter les premières notions mathématiques, auxquelles, plus tard, devra succéder ne abstraction, qui est la chose du monde la moins ompliquée, en dépit des préjugés et des apparences. » Dans le présent opuscule, M. Laisant développe ces principes en s’attachant particulièrement à l'initiation thématique. 1] montre comment on peut, à l’aide exemples concrets bien choisis et par une méthode ppropriée aux jeunes intelligences, initier l'enfant ux notions mathématiques, et « cela en l’'amusant au u de le torturer ». Combien de jeunes gens ont été loignés des Mathématiques, par un enseignement sbutant, tandis qu'il eùt été facile d'éveiller en eux ntelligence des faits mathématiques par une initia- n bien comprise, basée sur des exemples concrets! Gest une telle initiation que l’on trouvera dans ce ivre, qui contient, sous une forme à la fois claire et marquablement captivante, un grand nombre de otions mathématiques, depuis la première numération qu'aux notions de Géométrie analytique. Pour don- er une idée du chemin parcouru, reproduisons ici les res de quelques-uns des 65 paragraphes dont se com- ose l'ouvrage : m1. Les bâtons. — 2. De un à dix. — 10. Les chiffres. 14. Nous entrons dans l’Algèbre. — … 22. Nous enons géomètres. — . 25. Divers casse-têtes; nacédoine mathématique. — .. 34 et 35. Les progres- ons. — 36. Les grains de blé sur l'échiquier. — … 46. graphiques; Algèbre sans calcul. — 46. Les deux archeurs. — ... 51. Deux cyclistes pour une bicy- blette. — 52. Voiture insuffisante. — 53. Le chien et les ux voyageurs. — … 62. Do, mi, so]; harmonies géo- détriques. — 63. Un paradoxe : 64—65. — 64. Carrés Magiques. — 65. Discours final. Ces questions constituent un excellent moyen péda- ogique pour faire pénétrer dans l'esprit de l'enfant, ans aucun effort, les premières notions de Mathéma- ques. Il va de soi qu’elles s'étendent sur les divers egrés du premier enseignement; aussi l'ouvrage est-il pas destiné aux élèves, mais aux éducateurs, ns la plus large acception de ce terme. C’est aux mis de l'enfance que M. Laisant dédie ce volume. ais ce n'est pas seulement un ouvrage d'initiation : cest aussi un ouvrage de vulgarisation, qui ramènera ans doute aux Mathématiques beaucoup de ceux qui En avaient été détournés autrefois. H. Feur, Professeur à l'Université de Genève, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 2° Sciences physiques Lehmann (0.), Professeur à l'Ecole technique supé- rieure de Carlsruhe. — Fricks Physikalische Technik (TECHNIQUE PHYSIQUE DE Rick). 7° édition revue et augmentée. Tome I, 2 partie. — 1 vol. de 980 pages avec 1905 figures. Vieweg, Brunswick, 1906. Nous avons signalé dans la Revue la première partie de cet ouvrage, qui traitait des installations générales du Laboratoire et de l'Amphithéâtre de Physique. Avec la seconde partie commence l'étude des appa- reils et des expériences de cours proprement dits, re- latifs à la mécanique des solides et des fluides et à la chaleur. La matière est traitée avec une extrème abon- dance. Cependant, l'ouvrage n’est pas une simple com- pilation, un démarquage des catalogues de construc- teurs : l’auteur ne manque pas, quand il y a lieu, de signaler les avantages et les défauts didactiques ou pratiques de tel ou tel appareil. Les illustrations sont fort nombreuses et très claires. La plupart se suffisent à elles-mêmes : j'entends par là qu'elles peuvent être comprises sans l’aide du texte, si bien que le livre est susceptible de rendre de grands services même à un lecteur qui n'aurait qu'une con- naissance imparfaite de la langue allemande. Je crois trouver dans l’ensemble une tendance qu'il serait, à mon avis, fort profitable de développer dans l’enseignement. C’est de faire appel, chaque fois qu'il est possible, à des appareils pratiques, usuels, plutôt qu'à ces appareils dits de démonstration, qui souvent n'atteignent que fort mal leur but. En France, à ma connaissance, les élèves auxquels s'adressent les professeurs de Physique peuvent se répartir en trois catégories : les bons élèves, capables de s'intéresser réellement à leurs études; c’est l'infime minorité, tant dans les facultés que dans leslycées; les indifférents, uniquement préoccupés d'acquérir par tous les moyens, avouables ou non, un diplôme qui leur assure un privilège social; enfin, au point de vue: spécial qui nous occupe, de bons esprits, possédant un commencement d'instruction mathématique, grâce auquel ils sont persuadés que la Physique est la science des « coups de pouce ». Pour les uns comme pour les autres, il ne peut qu'être avantageux de rattacher l’enseignement de la Physique aux applications pra- tiques, qui souvent constituent la meilleure démons- tration de ses lois. Les bons élèves y prendront intérêt : le professeur aura quelques chances d'éveiller une lueur de curiosité chez les indifférents; les pseudo- mathématiciens se convaincront que les lois de la Physique ne s'appliquent pas seulement à des expé- riences de laboratoire, interprétées avec une bonne volonté suspecte. MARCEL LAMOTTE, Professeur adjoint à l'Université de Clermont-Ferrand. Meyer (R.). — Jahrbuch der Chemie. (RÉPERTOIRE ANNUEL DE CHIMIE. ANNÉE 1904). — 1 vol. in-8& de 590 pages. Vieweq und Sohn, Braunschweig, 1905. Cet excellent recueil, que nous avons eu déjà plu- sieurs fois l’occasion de signaler aux lecteurs de la Revue, comprend les subdivisions suivantes, traitées chacune par un spécialiste : Chimie physique (A. Coehn), Chimie inorganique (A. Werner et P. Pfeiffer), Chimie organique (CG. A. Bischoff), Chimie physiologique (W. Küster), Chimie pharmaceutique (H. Beckurts), Chimie alimentaire (H. Beckurts), Chimie agricole (A. Morgen et W. Zielstorfi), Métallurgie (Th. Fischer), (er) [°7] (en) BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX Combustibles et explosifs (C. Haeussermann), Grande industrie chimique (F. Quincke), Sucres (A. Herzfeld et 0. Schrefeld), Fermentations (M. Delbrück et 0. Mohr), Matières grasses et huiles minérales (G. Lewkowitsch), Goudron et matières colorantes (P. Friedländer), Matières textiles (P. Friedländer), Photographie (J. M. Eder et E. Valenta). Toutes les branches de la Chimie pure et appliquée se trouvent ainsi revisées. On juge par là de l'atilité du Répertoire du Professeur R. Meyer. Pu. A.-GUYE. Professeur à l'Université de Genève. Beltzer (Francis G.), ingénieur-chimiste, — La Grande Industrie tinctoriale. — 1 vol. gr. i1n-8° de 1046 pages, avec 99 fiqures. (Prix : 30 fr.) Dunod et Pinat, éditeurs. Paris, 1906. Personne n'était plus qualifié que M. F. Beltzer pour entreprendre et mener à bien un ouvrage aussi impor- tant et aussi complet que la Grande Industrie tineto- riale. Sa carrière industrielle, ses connaissances pra- tiques, des articles fortement documentés, parus dans le Moniteur scientifique du D' Quesneville, dans la Revue de Chimie pure et appliquée et dans la Revue générale des Matières colorantes, tout, en un mot, le désignait pour une entreprise aussi vaste que celle de ce Traité théorique et pratique de la teinture, qui ren- ferme plus d’un millier de pages. L'ouvrage débute par l'étude de la construction, de l'installation et de l'aménagement des ateliers de tein- ture. La question des eaux et de leur épuration et celles de la production de la vapeur, de l'éclairage et du chauffage des ateliers sont examinées avec soin et dans un esprit tout moderne. Puis, on entre dans le cœur même du sujet avec l'étude des textiles d’origine végétale, en particulier du plus important d'entre eux, le coton. Avant d'arriver à la teinture, l’auteur traite à fond les opérations préliminaires du blanchi- ment et du mercerisage. On sait l'importance de te dernier traitement, qui, en tout état de cause, augmente singulièrement l’affinité de la fibre pour les matières colorantes, et lui donne en plus, s'il est pratiqué sous tension, l'éclat et le brillant de la soie, Nous avons vu avec plaisir que M. Beltzer s'était fait une règle d'établir et de donner non seule- ment les prix de revient de ces deux opérations, mais encore ceux des teintures principales: rouge ture, noir d'aniline, indigo, etc. A une époque, comme la nôtre, où les prix de façon ont baissé de singulière manière, un écart de quelques centimes au kilogramme suffit parfois à condamner et à faire rejeter un pro- cédé; c'est dire l'intérêt qu'il ya à établir rigoureuse- ment les prix de revient. ; La teinture à l’aide des matières colorantes végétales, bien qu'elle ait perdu de son importance depuis l’appa- rition des colorants artificiels, est traitée avec assez de détails pour qu'on se rende compte de ce qu'elle fut au temps de sa splendeur. Au point de vue historique, ce passé ne manque pas d'un intérêt rétrospectif, et c'eùt été grand dommage de passer sous silence, par exemple, la teinture avec la garance ou la teinture avec l'indigo en cuves de fermentation. Avant d'aborder la teinture avec les colorants artifi- ciels, M. Beltzer fait un rapide historique de la décou- verte des principaux d’entre eux, et les classe d'une manière générale en subslantifs et en adjeetifs. Les premiers teignent directement les fibres végétables sans traitement préalable, tandis que les seconds néces- sitent une préparation spéciale des fibres, le mordan- cage. Dans la première classe sont compris les colo- rants directs proprement dits, les colorants azoxyques, azoïques, thiobenzéniques, etc., puis les colorants qu'on peut dénommer d'oxydation, indigo, noir d’ani- line, colorants soufrés, etc. ; Les chapitres les plus importants sont consacrés aux couleurs-diamine, dont le type est le rouge Congo, aux couleurs-diamine diazotables et copulables sur fibre, # la formation directe des couleurs azoïques insolubles aux colorants soufrés, genre noir Vidal et Saint-Denis, noir et bleu immédiats, à l'indigotine artificielle (teins tures à l'hydrosulfite, aux redos, etc.), et au no d'aniline, obtenu soit en plein bain, soit par oxydation: Nous nous bornerons à dire que ces sujets fonda mentaux sont traités sous tous les aspects qu'ils com portent, tant au point de vue de la fixation même matières colorantes que sous le rapport des propriété des qualités et des défauts qu'elles possèdent. ! Les colorants adjectifs se fixent soit au moyen di mordants métalliques, soit au moyen du tanin. fx teinture sur mordants donne les nuances les plus solides à la lumière, aux lessives alcalines, aux acides, etc., et le prototype des couleurs sur mordanis est le rouge turc, dont l’auteur développe les fabrica=« tions, ancienne et moderne, avec une compéten toute spéciale. \ Les colorants qui se fixent au moyen du tanin sont, d’une manière générale, des colorants basiques : fuch sine, violet de Paris, bleu méthylène, auramine, rh: damine, etc., appartenant à diverses familles. Ils fon! l'objet d'une étude approfondie et détaillée. 4 L'auteur examine, en outre, toutes les classes de matières colorantes dont les représentants, s'ils ne s'appliquent pas parfois sur les fibres végétales, tei gnent du moins les fibres animales, laine et soie Chaque type de couleur est délini par son mode d formalion, sa constitution et sa formule chimique. G indications sont fournies avec mesure, et sans entr dans un luxe de considérations théoriques, capabl d'effrayer le simple teinturier, qui, vu la disposition d texte, peut du reste, les négliger et les laisser de côté, L'auteur indique, pour chaque série de colorants et par nuances, les noms commerciaux des principaux d'entre eux, avec l'indication de la fabrique d'où ils proviennent. Ce sont là des renseignements pratiques fort utiles. Il nous reste à constater que les autres fibres végé tales, lin, chanvre, jute, ramie, sont traitées, au poinl de vue du blanchiment et de la leinture, avec autant d'ampleur que le sujet le comporte. Les fibres ani males, laine et soie, font le sujet de deux intéressants chapitres d'une centaine de pages. Enlin, ce que no | appellerons les teintures accessoires, papier et pâte | papier, paille, bois, allumettes, fleurs, etc., ou matières l végétales d'une part, poils et pelleteries, plumes, peaux et cuirs, os, ivoire, œufs, colles, ete., c'est-à-dire 165. matières d'origine animale d'autre part, sont exam nées de facon fort intéressante. Si nous ajoutons que. le texte de l'ouvrage renferme une nombreuse série de, figures, se rapportant aux appareils mécaniques mere tionnés et étudiés, et qu'une table bien faite sert de guide au lecteur, nous aurons à peu près mis en reli les qualités de l'ouvrage de M. Beltzer, qui, comme l'auteur le dit lui-même dans sa Préface, « s'adress aux chefs d'usines, industriels, directeurs, chimiste contremaitres, élèves des Ecoles industrielles, qui veu" lent acquérir, avant leur entrée dans l'industrie, la i somme de connaissances pratiques nécessaires, DOUD, pouvoir diriger de suite les fabrications, élablir JS. prix de revient et apporter les modifications qu'ils jugeront utiles », ns. de shit ne LR ES Den 5 éBnad. ai ph tbe vu dors 1e nets MAURICE PRUD'HOMME, : Aucien élève de l'École Polytechnique” 3° Sciences naturelles Gann (W.T.), Chirurgien du district de Corozæ:.s The Ancient Monuments of Northern Hondu and the adjacent parts of Yucatan and Guates mala. — 1 brochure gr. in-8° de 10 pages amet ligure. Anthropologieal Institute of Great Brita and Ireland, Londres, 1906. | M. Gann, chirurgien du Gouvernement anglais : le Honduras britannique, dont nous avons déjà signalé ici même les travaux sur l'origine précolombienne de a syphilis‘ dans le Nouveau-Monde, a mis à profit ses isirs pour étudier les anciennes civilisations de mérique centrale et les monuments qu'elles ont sés. Tout ce qu'on sait des premiers habitants de ces contrées, c'est qu'ils formaient une branche de Ja rande race Maya Toltèque du Mexique, qui émigra à a fin du x1° siècle au Honduras, en laissant des traces de sa civilisation dans les villes ruinées du Yucatan, du sud du Mexique et du Honduras. Les monuments ces temps anciens qu'on retrouve aujourd'hui sont s temples, des bâtiments entourés de tombes, des èles, des pyramides en pierre, des fortifications et s chambres souterraines ovoides. On y trouve des nes et des outils en pierres diverses, des poteries, mais les objets métalliques manquent complètement, ce qui est difficile à expliquer. . Les Indiens Maya qui habitent aujourd'hui ces con- rées paraissent être les descendants directs des ciennes populations du pays ; la race est peu mé- angée et la langue n’a guère subi d’altérations depuis conquête espagnole. C'est un peuple intelligent et de ûts simples. La civilisation européenne a eu sur lui une influence plutôt fâcheuse, puisque la population est tombée de plusieurs millions à quelques centaines milliers d'invidus. Les causes de cette diminution paraissent avoir été l'introduction de certaines mala- dies épidémiques et de l'alcool et l'établissement d'aventuriers peu recommandables dans la région. L Roux (Cl.), Docteur ès sciences. — Le domaine et la “ vie du Sapin (Abies pectinata DC.), principale- ment dans la région Lyonnaise. Æssar de mono- …_jraphie dendrologique avec tableaux, cartes et dessins. —1 vol.in-8 de 144 pages. Lyon, Association typographique, 1906. Le titre de l'ouvrage semblerait indiquer une mono- graphie du sapin; mais il s’agit d'une étude de géo- graphie botanique moins restreinte : le Hêtre et l'Epicea, par exemple, y figurent en bonne place. - L'auteur a publié déjà une « Etude sur les rapports des plantes avec le sol », qui devait le préparer à des études spéciales de géographie des plantes. Sa méthode, un peu extensive, peut-être, se retrouve ici. Une des planches (pl. IL), relative à la dispersion comparée du pin, du Hêtre et de l'Epicea, nous paraît prêter à quelques petites contestations. Nous croyons qu'il n’est pas possible de laisser la chaine des Vosges en dehors de la zone naturelle de l'Epicea : cette espèce forme des massifs importants jusque dans l'ouest de la chaine des Vosges francaises, etles meilleures raisons militent pour qu'on ne place pas sa limite ouest sur les confins de la Forèt Noire, comme l’adopte M. Roux, après d'autres, très rares d’ailleurs. - Cette critique formulée, nous ajouterons qu'il est inté- ressant de lire les documents accumulés ou créés par Pauteur, qui connait bien les détails des flores de la région lyonnaise pour les avoir explorées lui-même. “Une monographie telle que celle-là soulève, d'ailleurs, des problèmes d'ordre général. Il en est ainsi notam- ment en ce qui concerne la concurrence vitale. La question de la lutte.du hêtre et du sapin pour la con- “quête du terrain y est longuement traitée. Ici, le hêtre est en régression (chaines du Forez et du Pilat) et les …sapinières s'agrandissent naturellement d’année en année, envahissant même les feuillus : dans le Beaujo- S, par exemple, la Forêt de sapins du Fay aurait ublé pendant le xix° siècle. Ailleurs, c’est le hêtre 1 est envahissant au détriment du sapin (forêts de amps, Cantal). Il en est de même dans les Pyrénées : mn à observé depuis deux siècles un recul du hêtre, evant le sapin, dans les sapinières de Quillau (Aude), | | | à : BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 667 ou encore un phénomène inverse (Ariège, Haute- Garonne). Le sapin semble être favorisé par une humi- dité moins forte et par une température moyenne un peu plus élevée. Mais il faut tenir compte de l'in- fluence de l’homme dans bien des cas. Il n'y a plus guère, en France, de forêts absolument sauvages ; aussi est-il bien difficile de déduire des conclusions très posi- tives, relativement à la lutte naturelle et à la concur- rence des arbres. Le sapin rapporte plus, en argent, que le hêtre, et le forestier aide souvent le sapin à faire reculer le hêtre. D’autres fois, comme en Saxe, le sapin perd du terrain devant le hêtre, et c'est uniquement par suite d'un mode très défectueux d'exploitation du sapin. En Europe, dans la région Atlantique, depuis l’Angle- terre, la Hollande, le Danemark, et aussi dans l'Europe sud-orientale, c’est le hêtre qui tend à rester maitre du terrain. On sait d'ailleurs que, depuis deux mille ans, il s’est même substitué totalement au pin sylvestre dans la région Calédonienne et Danoise. Sur toute la bordure atlantique du domaine de l’Abies pectinata, la concur- rence du hêtre semble plus efficace que dans les mon- tagnes de l'Europe centrale. Que conclure? Les forestiers n'admettent pas volontiers la prédominance alternante des essences ligneuses qui sont en lutte sur un terrain donné. Mais ils ne peuvent refuser à l’évolution géo- logique, topographique et climatique d'une région d'exercer une influence inégalement favorable aux essences rivales en présence. Ils admettent très bien que la substitution réelle qui se lit dans les tourbières du nord de l'Europe peut se répéter graduellement à l'époque actuelle. D'autre part, l'expérience démontre que l'évolution des climats locaux subit des vicissitudes, et oscille, avec des amplitudes irrégulières, voisines de sa modalité actuelle. Dès lors, il ne nous semble pas qu'on puisse nier la possibilité d’une sorte d’alternance mal rythmée dans la prédominance momentanée de telle ou telle essence. L'auteur signale de nombreux exemples locaux où le hêtre et le sapin semblent avoir des caractéris- tiques de végétation antagonistes. 1] ne semble pas avoir envisagé le cas où sapin et hêtre sont tous deux simul- tanément en voie de régression ou d'extension. Il semble les considérer presque toujours, en somme, comme deux essences rivales et complémentaires. N'est-ce pas exagérer beaucoup ? M. Roux considère aussi que l'épaisse couche d'humus, venant de la feuillée du hêtre, réalise une condition favorable à l'extension du sapin, qui y trouve un bon terrain propice à ses mycorhizes. Mais, on peut en dire autant du sapin, par rapport au hêtre! On peut se poser, ici, la question de savoir si des mycorhizes spécifiques ne peuvent pas, à la longue, se trouver dans des con- ditions chimiques de milieu défavorables à leur plus grande extension. La croissance des organismes infé- rieurs tels que les champignons est, on le sait, très influencée par la composition chimique du substratum, comme, dans un autre ordre d'idées, une diastase voit son activité rapidement paralysée par les produits de sa propre activité. De même, peut-être, la prédomi- nance alternante ou successive des essences ligneuses pourrait s'expliquer par les modifications du sol sous l'influence prolongée des débris caducs d'une cou- verture forestière prédominante, le sol devenant peu à peu défavorable à certaines mycorhizes. Une espèce végétale en régression pourrait ensuite réenvahir le terrain sous le jeu des mêmes influences, devenues cette fois défavorables aux mycorhizes de l'espèce con- currente. Les déplacements extensifs ou régressifs des espèces végétales, comme aussi leur sociabilité plus ou moins accentuée, semblent devoir bientôt s’expli- quer par les phénomènes, peu connus encore, qui dépendent de la flore mycologique ou mic robiologique qui peuple le sol. C'est l'idée générale qui vient à l'es- prit à la lecture de cet intéressant ouvrage. Epxonp GAIN, Professeur adjoint à la Faculté des Sciences de Nancy. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 4 Sciences médicales Bodin (E.), Professeur de Bactériologie à l Université de Rennes. — Les Conditions de l'infection micro- bienne et l’Immunité. — 1 vol. de l'Encyclopédie scientifique des Aide-Mémoire. {Prix : 2 fr. 50) Masson ét Ci, éditeurs. Paris, 1906. Le livre de M. Bodin est le quatrième d'une série d'ouvrages qu'il a consacrés à l'exposé de la Pathologie microbienne. Dans le premier, il a traité des Champi- gnons parasites de l’homme. Les deux suivants, qui ont une relation plus intime avec le présent, traitent : l'un de la Biologie générale des Bactéries, l’autre des Bac- téries de l'air, de l’eau et du sol. Ils trouvent aujour- d'hui leur complément nécessaire dans l'étude des conditions de l'infection microbienne et de l'immunité. M. Bodin commence pas montrer ce quil faut entendre par maladie microbienne. Ce n’est pas seule- ment l'effet de la pénétration des bactéries pathogènes dans l'organisme, c'est l'expression de la lutte entre l'agent parasitaire et l'économie. De part et d'autre, les conditions de cette lutte sont très complexes : nous sommes encore loin de les connaitre toutes. Considérant d’abord la Bactérie, M. Bodin dit ce qu'est la virulence. Deux caractères définissent la viru- lence : 4° l'aptitude qu'ont les microbes à se développer dans l'organisme, qualité qui est susceptible d'être acquise ou perdue par accoutumance ou adaptation au milieu ; 2° la faculté de sécréter des toxines. Ces toxines sont analogues aux diastases. Elles constituent des poisons d'une extrême violence. Elles sont sécrétées et éliminées par les microbes. Solubles, elles se mêlent aux humeurs de l'organisme. Leur production est sujette à des variations considérables suivant le milieu où elles sont élaborées. D'où une grande variabilité de la virulence, puisqu'elle est soumise à deux ordres de conditions variables elles-mêmes : les unes tenant au microbe même, les autres au milieu. Cette virulence est susceptible d’être atténuée par diverses actions physiques ou chimiques et par le passage du microbe sur un organisme d'une autre espèce, si bien qu'un microbe pathogène pour une espèce déterminée peut ètre rendu de plus en plus virulent pour une espèce qui lui était d’abord indifférente, en même temps qu'il perd sa virulence pour la race ordinaire. La virulence peut, d'autre part, être exaltée en passant par d'autres espèces, soit par la simple accoutumance au milieu, soit par l'association avec d'autres microbes pathogènes ou non. _ Dansla nature, ces diverses conditions sont réalisées, d’où la variabilité extrème des formes possibles d'une même maladie microbienne. Dans l'infection, il faut aussi faire la part de la quan- tité des microbes inoculés. Le mode d'inoculation joue encore un rôle important:on sait que le même microbe, le streptocoque, par exemple, peut, selon le lieu de son effraction, ne déterminer qu'un érysipèle superticiel ou, au contraire, une seplicémie généralisée. Après ces considérations, M. Bodin étudie les défenses naturelles de l'organisme. Il examine d'abord la peau : l'ordonnance de ses cellules qui est vraiment protec- trice; la desquamation continuelle dont ses couches épidermiques superficielles sont le siège et qui débar- rasse mécaniquement le tégument des bactéries qui s'y sont fixées ; la leucocytose et les barrières fibreuses que le tissu conjonctif dresse devant les agents para- silaires. Les muqueuses, où les microbes de tous genres ont si facile accès, réagissent d'une manière analogue, chacune par un mécanisme approprié, toutes par les ressources de la leucoeytose phagocytaire, Dans le tube digestif, les microbes pathogènes éprouvent, en outre, du fait du parasitisme normal de l'appareil, une con- currence vitale qui peut les annihiler. Puis M. Bodin étudie la question si importante de l’immunité. I considère les deux sortes d'immunités : l’immunité naturelle, propriété généralement hérédi- taire, qui fait que tels microbes ne s'accommodent pass à l'organisme considéré, et qui constitue un état réfractaire absolu ; et l'immunité acquise, que certaines circonstances naturelles ou artificielles développent dans un organisme ordinairement sensible à certaines bactéries. û Dans l'immunité naturelle, l'inoculation à l'animal. réfractaire d’une quantité massive de bactéries n’est pas suivie d’une pullulation de ces bactéries. Celles-ci disparaissent. Comment? En subissant un effritement moléculaire semblable à une digestion. M. Bodin expose avec une extrême clarté les différentes phases de cette digestion. Les leucocytes-phagocytes sécrètent un ferment diastasique ayant la propriété de solubi- liser les microbes. L'immunité naturelle dépend done de la phagocytose. Le fait est certain, car on peut, en empêchant artificiellement la phagocytose, réduire à néant l’immunité naturelle. Lorsque l’immunité n'est pas naturelle, elle peut s'acquérir soit par une atteinte préalable dela maladie, soit artiliciellement par les virus-vaccins. Celte vacci- nation, méthode thérapeutique féconde, consiste à conférer une maladie, la plus bénigne, la plus atténuée: possible, pour empêcher l’évolution ultérieure de la maladie spontanée avec tous ses dangers. C'est ce qu'on fait dans la variole, ou contre le charbon ou la rage. En outre, on peut immuniser en vaccinant, non plus avec un virus très atténué, mais avec les toxines extraites de bactéries. Ce sont ces loxines que reçoi= vent les chevaux destinés à fournir le sérum antidiph- térique. Dans toute vaccination, essentiellement, ce qu'on cherche à faire, c’est d’exciter la phagocytose, de déterminer dans les phagocytes la production d’une. diastase digestive appropriée. Or, le leucocyte produit non pas une diastase, mais des diastases : l'une qu'il garde dans son intimité pour parfaire la digestion intracellulaire (on l'appelle alexine ou RAS l’autre (fixateur ou sensibilisatrice) qui a un pouvoir de diffusion facile dans les humeurs et qui communique à ces humeurs une propriété dissolvante, digestive, vis-à= vis des corps microbiens. M. Bodin montre la différence qui existe entre ce pouvoir digestif et, par conséquent, bactéricide des humeurs, qu'elles détiennent du leuco-= cyte, et le pouvoir agglutinant. L'agglutination est une autre propriété que présentent les humeurs des immu nisés, mais qui n'immunise pas elle-même. On voi donc la différence qui existe entre les agglutinines d'une part, et les alexines et fixateurs d'autre part. C'est encore en stimulant la phagocytose que l'injee= tion du sérum des animaux vaccinés peut être préven= tive. Bien plus, certaines substances banales peuvent stimuler une phagocytose favorable, Les microbes agissent beaucoup moins par eux= mèmes que par les toxines qu'ils sécrètent. Or, l'immu=" nité contre un microbe n'est pas nécessairement accompagnée d’immunilé contre ses toxines. C'est encore aux phagocytes que revient ici le rôle initial de défense. Ils empêchent, par la fixation qu'ils leur font subir, qu'elles n'arrivent jusqu'aux centres ner veux qui gardent dans tous les cas leur sensibilité aux toxines. M. Bodin consacre son dernier chapitre à la méthodes | d'Ehrlich. Cette théorie est celle par laquelle le savant allemand tente d'expliquer le mécanisme de l'immuss nité. Elle ne se prête pas à un résumé sommaire. nm | faut, d'ailleurs, la prendre comme une schématisation des phénomènes, destinée à bien faire comprendre les choses, plutôt que comme l'expression de la réalités même. $ On voit, d’après cette analyse très imparfaite, la grandeur du sujet auquel M. Bodin à consacré Son livre. C'est un travail de haute science qu'il a accomplis il l'a écrit avec la modestie, avec la simplicité, avecla clarté qui caractérisent l'esprit scientifique le plus” réel. À D' A. LÉTIENNE. D - _ ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 25 Juin 1906. M. D. Gernez est élu membre titulaire dans la Section de Physique. _ 4° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Em. Picard montre que le problème généralisé de Dirichlet peut être traité ‘Sans introduire d'autre fonction que la fonction clas- sique de Green pour le contour donné. — M. G. Tzit- Zzéica étudie la déformation de certaines surfaces tétraé- drales, qui se réduit à la recherche des surfaces à cour- bure totale constante. — M. G. B. Guccia démontre d'ordre ». — M. Gambier achève l’énumération des “équations différentielles du deuxième ordre et du pre- “mier degré dont l'intégrale générale est uniforme. — M. E. Fournier montre que la vitesse et l'assiette lon- vitudinale des navires peuvent être troublées par l'ac- tion réflexe de l'eau sur le fond. Aïnsile croiseur rapide Jurien de la Gravière doit sentir, à la vitesse de 93 nœuds, l'action réflexe de l’eau sur le fond jusqu'à une profondeur de 60 mètres environ. —M.C.Stoermer a déterminé mathématiquement les trajectoires des cor- “puscules électriques dans l’espace sous l'influence du magnétisme terrestre; ses résultats, appliqués aux “aurores boréales et aux perturbations magnétiques, confirment l'hypothèse de Birkeland. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — MM. P. Curie et A. Laborde “ont déterminé la radio-activité des gaz provenant de Veau d’un grand nombre de sources thermales; la mesure était faite quatre jours après que le gaz eut été “extrait de la source. — M. A. Blondel montre qu'on peut simplifier l'étude des effets de capacité des lignes à courants alternatifs par son mode de représentalion au moyen de deux épures superposées relatives l'une “à la marche à vide et l’autre au fonctionnement en “court-circuit. — M. A. Ponsot a étudié expérimentale- -ment les interférences de la lumière, polarisée ou non, réfléchie sur une surface plane de mercure et se pro- duisant dans l'épaisseur d’une couche transparente de élatino-bromure d'argent, en contact, dans toute son étendue, avec la surface réfléchissante. — M. P. Lam- bert propose un nouveau dispositif pour mettre simul- tanément plusieurs prismes au minimum de déviation. — M. G. A. Hemsalech décrit une méthode simple put l'étude des mouvements des vapeurs métalliques “dans l’étincelle oscillante. — MM. L. Lewin, A. Miethe, et E. Stenger ont photographié les raies d'absorp- “tion des matières colorantes du sang en se servant d'un spectrographe à réseau de Thorp et, comme source lumineuse, de fils de Mg enflammés ou d'une lampe Nernst. — M. C. Chèneveau a constaté que, … quand, dans une dissolution, on a plusieurs corps en présence incapables de réagir chimiquement l’un sur autre, l'influence exercée sur la propagation de la lumière par la solution est sensiblement égale à la “somme des actions exercées par chacun des corps qui la constituent. — M. G. Urbain a observé que, dans le système ternaire chaux-gadoline-europine, lorsque la proportion de gadoline devient de l'ordre du centième, mc choisit, de préférence à la chaux, la gadoline comme diluant, et il se produit alors un spectre de phosphorescence cathodique différent. — M. M. Ber- — thelot montre qu'aucune observalion exacte ne peut ….être mise en avant pour établir, en principe ou en fait, - que les très hautes températures soient susceptibles de donner lieu à un renversement des affinités chimiques, _—en proyoquant la formation directe des combinaisons LE Te t °# ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVA DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER endothermiques par simple échauffement, sans le con- cours simultané des énergies électriques ou chimiques. — M.J.-A. Muller a déterminé la chaleur de formation de l'acide carbonylferrocyanhydrique au moyen de sa chaleur de combustion; elle est bien moins endother- mique que celle de l'acide ferrocyanhydrique. — M. A. Gautier a étudié l’action de la vapeur d’eau au rouge sur les sulfures des métaux. Le sulfure de fer donne Fe‘O:,IFS et H; le sulfure de plomb donne Pb,IFS et SO?, ces deux derniers réagissant pour former H°0 etS; le sulfure de cuivre donne Cu,H et S0O*. Enfin, la vapeur d'eau réagit sur H?S pour donner SO*. Ces réactions expliquent le dégagement des divers produits sulfurés observés dans les éruptions volcaniques. — M. ©. Main- ville étudie les variations d'état éprouvées par le car- bone amorphe lorsque, après l'avoir chauffé lentement, on vient à le refroidir brusquement. — M. ©. Bou- douar, par l’action de HCI sur lessiliciures des fontes, a obtenu des silicones, composés ternaires renfermant Si,0 et H. Ce sont des mélanges d’anhydride silici- formique et d’hydrate silicioxalique en proportions variables. — M. E. Rengade, par l’action de l'oxygène sur le rubidium-ammonium, a obtenu deux peroxydes : Rb?0?, blanc rosé, et Rb?0*, jaune serin; on n'a pas observé la formation de Rb*0*. — MM. F. Osmond et G. Cartaud ont déterminé les caractères cristallogra- phiques distinctifs des trois variétés du fer. Translation parallèle à à, : «, difficile; $, absence; y, facile. Lignes courbes : «, dominantes; 6, exclusives; y, absence. Macles mécaniques; plan de mâcle, «, 2,; &, absence; Y, 2,; plan d’accolement : «, 2,; $, absence, y, a, — M. M. Delépine : Sur le sulfate double d’iridium et de potassium Ir°(S0“)°.3SO*'K° (voir p. 620). — MM. A. Haller et G. Blanc, en condensant l’éther 65-diméthyl- glycidique avec l’éther malonique sodé, ont obtenu la 4-méthyl-2:3-dicarboxéthylpentanolide-#, F. 46°, qui, bouillie avec HCI, fournit quantitativement l'acide téré- bique, F. 1750. Ce dernier, sous l’action de la chaleur, donne d'une part de l’isocaprolactone, de l'autre de l'acide pyrotérébique. — M. Tiffeneau montre que la transformation des a4-glycols aromatiques diffère de celle des iodhydrines correspondantes en ce que l’élimi- nation de H°0 chez les premiers s'effectue à côté du CSH° avec migration phénylique, tandis que chez les iodhy- drines l’oxhydrile voisin de C°H° est laissé intact. — M. J. Bougault, en condensant laldéhyde cinnamique avec le succinate de sodium en présence d'anhydride acétique, a obtenu l'acide cinnaménylparaconique, F. 1459, qui est décomposé par ébullition avec l'eau en formant de l'acide cinnaménylisocrotonique, F. 14129. MM. E. E. Blaise et Houillon, par action de la cha- leur sur le chlorhydrate d'octométhylènediamine, ont obtenu la butylpyrrolidine; cette formation met en évi- dence une migration intéressante, en même temps que le peu de probabilité de l'existence d'une périodicité dans la cyclisation des imines. — MM. Ch. Moureu et I. Lazennec ont préparé des pyrazolones : 1° par l’ac- tion de l'hydrazine ou de la phénylhydrazine sur les alkylpropiolates d’éthyle; 2° par action de l'hydrazine sur les amides acétyléniques; 3° par action de l'hydra- zine sur les éthers acryliques $-oxyalcoylés. — MM. R. Fosse et L. Lesage ont obtenu une série de sels doubles halogénés du xanthyle ou diphénopyryle avec certains métaux. — MM. Ch. Achard et M. Aynaud montrent que l’imprégnation des espaces intercellulaires des tissus par l'argent est due à la présence du NaCl dans ces espaces et à la formation d'un précipité d'AgCI qui noircit à la lumière. — M. A. Mouneyrat : Méthode de recherche du fer dans les tissus vivants (voir p. 529). 670 39 SCIENCES NATURELLES. — MM. Lannelongue, Achard et Gaillard ont essayé sur le cobaye l’action d’un sérum antituberculeux préparé en injectant à l'âne ou au cheval des cultures virulentes. Les cobayes inoculés par le virus tuberculeux et ayant recu le sérum antitu- berculeux ont mieux résisté que les témoins. — M. S$. Arloing montre que la voie digestive s'offre à nous pour produire l'immunisation active, chez les tout jeunes ruminants, à l'aide de bacilles humains ou de bacilles bovins convenablement modifiés. La réaction à la tuberculine et le pouvoir agglutinant révèlent avant tout l'infection tuberculeuse, puisqu'ils existent en l'absence de lésions macroscopiques et mème micro- scopiques certaines. — M. M. Guédras à constalé que souvent les caséines alimentaires renferment des germes tuberculeux et contribuent à transmettre la maladie. — MM. A. Laveran et F. Mesnil ont reconnu qu'en général le sérum d’un animal qui à acquis l'immunité contre un trypanosome se montre actif quand on l’emploie, à dose suffisante, en mélange avec le sang contenant ce trypanosome, inactif quand on fait le même essai avec d’autres trypanosomes. — M. À. Chauveau montre que l’énergie contenue dans le travail mécanique, PA ou 1/2 mv° en puissance, effectué par le moteur musele qui soulève un mobile avec une vitesse uniforme, est empruntée tout entière à l'énergie initiale nécessaire à la création des actions statiques et dynamiques du travail intérieur ou phy- siologique. — M. E. Solvay établit qu'une sustentation donnée peut s'obtenir avec des jets d'énergie quelcon- ques, mais que, pour des jets de même vitesse, il existe nécessairement un rapport de proportionnalité entre l'énergie des jets et la valeur des poids sustentés. — M. M. Stefanik a constaté que la rétine se trouve sensible à toutes les radiations lumineuses que laisse passer le spectroscope à écrans colorés. Ce fait per- mettra l'étude visuelle de la chromosphère et de la couche renversante. — MM. H. Bierry et A. Frouin montrent que le liquide clair qui s'écoule d'une anse isolée de l'intestin représente la sécrétion physiolo- gique. Le suc intestinal contient seulement de la mal- tase; les autres diastases qu'on y rencontre proviennent de la désintégration des cellules épithéliales ou de la diffusion de leur contenu. — MM. Girard et V. Henri ont constaté que le courant d'action et le courant de repos des muscles, cœurs et membranes de tous les animaux marins étudiés par eux sont extrêmement faibles. — MM. L. Le Sourd et Ph. Pagniez décrivent un procédé d'isolement à l’état de pureté des hémato- blastes du sang; il consiste dans une série de centrifu- gations et de soustractions successives réalisées sur du sang oxalaté. — M. A. Gruvel décrit une nouvelle forme de Cirrhipède operculé provenant des Indes; c'est un Pyrgoma pédoneulé, auquel il donne le nom de Pyraopsis Annandalei. — M.Ch. Gravier a constaté que les Virgulaires, à marée basse, s'enfouissent verti- calement dansle sable, le pédoncule en bas, les polypes rétractés; les polypes ne s'épanouissent que dans l'eau de mer. — M. L. Blaringhem montre que la produc- tion des feuilles en cornet est due à des mutilations et que ce caractère devient partiellement héréditaire dans plusieurs lignées. — M. Jean Friedel a reconnu que l'ovaire utilise à la fois les produits de l'assimilation qui lui est propre et les réserves du pédoncule; ces dernières ne peuvent être utilisées qu'à la lumière. — M. P. Becquerel a constaté que, seules, ont conservé leur pouvoir germinatif pendant plus de quatre-vingts ans les graines qui sont protégées par un tégument épais et possèdent des réserves peu oxydables. — M. J. Beauverie a observé la maladie des platanes due au Gnomonia veneta Klebahn dans les pépinières. Pour la combattre, il faut : 1° protéger dès l'hiver les plaies d’élagage; 2° procéder, dès l'apparition des premières feuilles, à la pulvérisation d'une solution anticryptoga- mique. — MM. J. Costantin et J. Gallaud décrivent une Asclépiadée nouvelle de Madagascar produisant du caoutchouc; c’est une liane sarmentense, formant sou- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES vent buisson, qu'ils nomment Kompitsia elastica. = M. F. de Zeltner a trouvé de nombreux gisements d'instruments préhistoriques sur le Sénégal, en amon et en aval de Kaves. Ce sont en général des éclats natu rels adaptés aux usages domestiques par des retouches judicieuses. — M. P. Combe fils montre la prés sence, à l'époque du dépôt des sables d'Auteuil, d’une mer sparnacienne s'étendant jusqu'au Sud de Paris et. dont on retrouve soit le littoral, couvert de lagunes,«. soit des estuaires dans les carrières d'Issy et d’Arcueil, — MM. Ficheur et Doumergue ont reconnu que les schistes et quartzites qui forment la majeure, partie de la falaise du port d'Oran appartiennent au Néocomien.« — M. P. Fritel considère les argiles de Troesnes (Aisné)} comme un prolongement latéral du grès de Belle semblant démontrer la persistance, jusqu'à l'Yprésien supérieur, du régime lagunaire qui prévaut, dans le nord de la France, à l’époque sparnacienne. — M. E: de Martonne présente deux plans en relief du Paringu et du Soarbele (Karpathes méridionales) exécutés d'après des levers topographiques inédits. Séance du 2 Juillet 1906. M. H.-C. Vogel est élu Correspondant de l'Académie dans la Section d’Astronomie. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. S. Carrus étudie les familles de Lamé à trajectoires planes, les plans passant par un point fixe. — M. Ed. Maillet présente ses re cherches sur la classification des irrationnelles, et arrive, entre autres, au théorème suivant: Il existe une infinité de nombres transcendants d'ordre < (3,0), dont la puissance ge (7 entier) est d'ordre (4,0) > (3,0), où # et, sont arbitraires (4 entier > 3,p>0).—M. F. Schüle montre que l'enlèvement de la charge agissant sur une poutre en béton armé provoque des efforts de com= pression dans le béton, mème fissuré, de la zone tendue,« efforts qu'une nouvelle application de la charge doit tout d’abord vaincre. — M. Alliaume à constaté que, l'influence de la tension superficielle sur la propagation: des ondes parallèles à la surface d'une lame liquide est marquée par l'introduction, dans son terme qui dépend de la courbure équatoriale de la surface cylin= drique de l'onde, d’un facteur égal à l'excès de l'unité sur le triple rapport de la tension superficielle au poids spécifique du liquide, multiplié par le carré de l'inverse de l'épaisseur de la lame. 20 SciENCES PHYSIQUES. — M. E.-H. Amagat précise quelques points de ses Notes antérieures sur la discon="\ tinuité des chaleurs spécifiques des fluides. — M. G. Mile lochau décrit un dispositif optique généralisant l'emploi | du télescope de 1 mètre de diamètre de l'Observatoire de Meudon, en reprenant l'image et diminuant l'angle du faisceau définitif. — M. G. Meslin poursuit l'étude des franges localisées dans une lame mince limitée par un réseau; si l’on oblique légèrement le réseau et le plan argenté limitant la lame d'air, les franges appa= raissent par groupes de colorations différentes. — MM. Besson et Rosset ont préparé le chloroazoture de phosphore (PCI#Az} par action de PCI sur AzH*CI. Ce corps est décomposé par l'eau en donnant HCI, AzH° et H*PO*, 11 se dissout dans le peroxyde d'azote à froid; à chaud, ils réagissent pour former, entre autres, un composé (P°05)°A70%. — M. A. Duboin à constaté que l'iodure de mercure est susceptible de cristalliser en toutes proportions avec les iodures de zine et de cad” mium, ce qui constitue un nouveau cas d'isomorphisme intéressant. — M. R. Boulouch montre qu'il n'exislè pas de sulfures de phosphore définis ayant une formule comprise entre PS* et P?S° et, par conséquent, pas de trisulfure de phosphore; P°S5 n'est pas, d'ailleurs nécessairement un composé défini. — M. A. Gautier à étudié l'action de H? S à haute température sur divers oxydes. L'oxyde ferrique donne du sulfure ferreux; H et SO?; l'alumine fournit de l'oxysulfure, H et SO" l'acide carbonique donne COS, H, CO et H°0. — MH Morel Kahn a constaté que le graphite se dissout dans le carbure de calcium en fusion et que le phénomènes | limité seulement par la décomposition du solvant. = MM. F. Osmond et G. Cartaud ont reconnu que la ructure de la martensite est une structure propre au y, bien que le fer n'y soit-plus à l’état 7. Cette struc- e est encore, à échelle réduite, celle des fers météo- ues octaédriques. — M. P. Fournel a mis en évi- nce, par la méthode de la résistance électrique, les ints critiques de transformation A,, A, et A, sur cinq chantillons d’aciers. — M. L. Henry, en faisant réagir la pinacoline CH*MgBr, a obtenu le pentaméthyl- thanol ; avec l'acide cyanhydrique, il obtient le nitrile néthylpseudobutylglycolique ; ces deux réactions con- nent la nature cétonique de la pinacoline (CH*)°C.CO. — MM. L.-J. Simon et G. Chavanne, en conden- le glyoxylate d'éthyle avec l'uréthane, ont obtenu her diuréthaneglyoxylique, F.143. Le glyoxylate hyle se condense aussi avec l'urée pour former lantoate d'éthyle, sur lequel AzH* réagit en donnant lantoine. — M. A. Wadhl, par action du chlorhydrate dhydroxylamine sur le dioxosuccinate d'éthyle, a pré- paré le dioximidosuccinate d’éthyle, qui cristallise sous deux formes, fondant à 196° avec décomposition et nsformables l'une dans l’autre. — M. P. Carré, en itant l'acide o-hydrazobenzoïque par PCF et sapo- ifiant le produit formé, a obtenu l'acide oxy-3-indazyl- enzoïque, F.228°. — M. R. Fosse a observé que les nhydrides d'acides gras réagissent sur le dinaphto- pyranol ou le xanthydrol avec élimination de H°0 et “formation des acides dinaphtopyryl-acétique, F.194, propionique, F.197, elc., ou xanthyl-acétique, F.156°, isovalérique, F.1470-150. — MM. À. Trillat et Sauton : ur un nouveau procédé de dosage de la caséine dans fromage (voir p. 675). — M. P. Fauvel montre que on seulement les purines des Légumineuses sont crétées sous forme d'acide urique, mais encore w'elles semblent déterminer la transformation en acide que d’une partie des purines endogènes, ordinaire- nent sécrétées sous une autre forme. — M. R. Laufer constaté que les hydrates de carbone introduits dans aration alimentaire des diabétiques améliorent lutili- ion de l'azote. — M. A. Hébert a analysé un certain iombre de terres de la Guinée francaise : l'azote total lépasse presque toujours {°/,,, mais elles sont très pauvres en acide phosphorique, en potasse et en chaux. 32 Sciences NATURELLEs. — MM. A. Charrin et Chris- tiani signalent un cas de myxœædème chez une femme, traité d'abord par l'ablation thyroïdienne totale, ivie bientôt d'une accentuation du myxædème. Les teurs ont alors pratiqué, en divers points du tissu Ilulaire sous-cutané, des greffes thyroïdiennes, qui ont rapidement amendé les symptômes de l'affection ét permis l'évolution d’une grossesse normale jusqu'à terme. — MM. Oudin et Verchère ont obtenu d’excel- lents résultats par le radium dans le traitement d'utérus fibromateux et hémorragiques et d'infections gonococ- iques anciennes du col de l'utérus et de l'urètre. — M. Louis Lapicque montre que tous les individus de e noire sont caractérisés par un indice radio-pelvien ès élevé, ce qui confirme l'unité fondamentale de cette race, d'ailleurs entièrement localisée sur le pour- our de l’océan Indien. — M. Et. Rabaud montre que a « tendance à l'anomalie », admise par certains bio- logistes, n'a aucun sens et ne résiste pas à la critique; une anomalie étant donnée, ce que l’on constate, c’est une auto-adaptation de l'organisme monstrueux à ses nouvelles conditions. — M. E. Bataïllon a provoqué la Lsegmentation parthénogénésique sur les œufs de ana usca parle gel et par l’eau distillée. — MM. L.Jammes “et A. Martin ont constaté qu'il suffit d'un milieu peu complexe, faiblement acidulé, porté à une température convenable, pour provoquer, en peu de jours, le déve- loppement entier de l'œuf de l'Ascaris vitulorum. — MM. R. Anthony et H. Neuville ont étudié la faune malacologique des lacs Rodolphe, Stéphanie et Margue- vite, rapportée par M. M. de Rothschild. Les espèces examinées appartiennent essentiellement à la faune “eau douce. — M. A. Popovici-Baznosanu a observé À ê da E : ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 671 trois types d'appareil séminal chez les Helix : l'un avec un diverticulum bien développé, l’autre sans diver- ticulum, le troisième avec diverticulum réduit, pos- sédant les caractères d’un organe rudimentaire, — MM. J. Kunstler et Ch. Gineste ont constaté qu'un ensemble de lignes sombres disposées en sorte de réseau à points nodaux sombres et renflés parcourt la subs- tance interne des Bactériacées, de facon à rappeler des sortes de filaments conjonctifs destinés à maintenir en place les éléments vésiculaires du corps. — M. A. La- croix signale la constance de composition du magma lavique des dernières éruptions du Vésuve; cette lave est une leucotéphrite à olivine peu abondante ou même absente. Les scories appartiennent à un type chimico- minéralogique différent de la lave actuelle, moins riche en alumine et en alcalis, plus riche en magnésie et en chaux. La composition des cendres fines se rapproche plus de celle des scories d'Ottajano que de la lave actuelle. — M. A. de Lapparent communique les con- clusions de la Commission sismologique de la Californie sur le tremblement de terre de San Francisco. Celui-ci est de nature tectonique; il est en relation avec une remarquable ligne de dislocation, passant devant Golden Gate, et qui a rejoué, le 18 avril dernier, sur plus de 300 kilomètres. ACADÉMIE DE MÉDECI Séance du 26 Juin 1906. M. le Président annonce le décès de M. A. Josias, membre de l'Académie. M. Sevestre présente un Rapport sur un travail du D' Rousseau Saint-Philippe relatif à ce qu'il appelle la tuberculophobie, c'est-à-dire la crainte de la conta- gion et l'abandon du malade tuberculeux, et qui serait un peu la faute de la tuberculomanie de certains médecins. — M. Lancereaux montre que l’artério- sclérose généralisée, ou endartérite, n'est qu'exception- nellement suivie d'anévrismes des gros vaisseaux. Les conditions pathogéniques de ces accidents sont des péri-artérites qui gagnent en profondeur et finissent par perforer la membrane élastique des artères. Leurs causes, à part le traumatisme, ont une origine infec- tieuse (tuberculose, syphilis, paludisme). La rupture est le mode de terminaison fatal des anévrismes des gros vaisseaux, à moins de la coagulation spontanée du sang dans la poche anévrismale. Cette coagulation étant rarement spontanée, l'indication formelle est de chercher à la provoquer; c’est à quoi répond la mé- thode des injections de sérum gélatiné, qui est sans aucun danger, à condition que le sérum employé soit parfaitement aseptisé. — M. Boïinet signale trente cas d'accidents survenus à des scaphandriers après des plongées profondes, dont douze mortels, les autres consistant en paralysies permanentes ou passagères. Ces accidents sont dus à la décompression rapide: la lenteur de la décompression doit ètre la base de la prophylaxie. E Séance du 3 Juillet 1906. M. le Président annonce le décès de M.F. Laulanié, Correspondant national. — M. Widal est élu membre titulaire dans la Section d'Hygiène publique, Médecine légale et Police médicale. M. Chauvel présente un Rapport sur un travail du Dr Couteaud relatif à deux observations de chirurgie, l'une d'hypertrophie compensatrice du péroné dans une luxation ancienne du tibia, l’autre de luxation récidivante de l'épaule guérie par arthrotomie. — M. R. Blanchard estime que les accidents imputables à l'appendicite vraie sont d'origine mécanique ou trau- matique; ils reconnaissent pour cause soit un corps étranger inerte, de nature d’ailleurs très variable, soit, beaucoup plus souvent, des agents animés et particu- lièrement des Helminthes (Ascaride, Oxyure, Tricho- céphale), produisant des érosions de la muqueuse. Les accidents inflammatoires, abcès et autres complications de la cæco-appendicite et de la typhlocolite résultent de ce que les déchirures et ulcérations de la muqueuse sont envahies secondairement par des bactéries banales. L'examen microscopique des selles et la découverte des œufs donneront au médecin les indications suffi- santes pour établir le traitement de l'affection. — M. G. Durante lit un Mémoire sur les transformations morphologiques du tube nerveux (neuroblaste segmen- taire). — M. M. Nicloux donne lecture d’un travail sur un procédé de dosage du chloroforme dans le sang et les tissus. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 23 Juin 1906. MM. A. Gilbert et M. Villaret ont constaté que l'op- siurie et l’oligurie constituent deux éléments impor- tants du syndrome d'hypertension portale. — M. Em. Géraudel estime qu'il faut voir dans le bourrelet hépa- tique d'origine mésodermique la matrice du paren- chyme hépatique proprement dit, le diverticule ento- dermique fournissant seulement les voies biliaires. — M. A. Popovici-Baznosanu a reconnu l'existence des vaisseaux sanguins caudaux chez les Ephémérines adultes. — M. Cathoire a trouvé en abondance, dans le sang de plusieurs lézards du sud tunisien (Uromastix acanthinurus), des embryons de filaire. — MM. M. Sa- lomon et A. Paris ont étudié les lésions de la rate chez le lapin dans l'infection tuberculeuse expérimen- tale par injections intracardiaques de bacille de Koch. Elles vont du tubercule typique des corpuscules de Malpighi aux lésions banales de l’inflammation chro- nique. — M. M. Nicloux a reconnu qu'une quantité très faible, mais parfaitement dosable, de chloroforme passe dans l'urine au cours de l’anesthésie. — M. G. Bil- lard montre que les sels biliaires et les savons abaissent la tension superficielle du liquide intestinal et favorisent l'absorption. — MM. C. Nicolle et Cathoire ont constaté que le bacille dysentériforme tunisien s'éloigne des bacilles dysentériques vrais par sa mobilité, l'odeur de ses cultures et la non reproduction de la dysenterie chez le lapin adulte par l’inoculation sous-cutanée de ses cultures. — MM. M. Curtis et J. Salmon ont observé un cas de phocomélie dans lequel l'affection est le résultat non plus d'un arrêt de développement de l'os cartilagineux, mais, au contraire, d'une absence de développement de l'os périostique. — MM. A. Gilbert et P. Lereboullet montrent que, si la grossesse joue un rôle important dans la production du masque pig- mentaire, elle ne suffit pas d'ordinaire; ce n’est que lorsqu'une autre cause survient, entrainant une cho- lémie plus ou moins intense, que le masque apparaît avec toute sa netteté. — Mn L. Lapicque à constaté que la modification de la secousse musculaire produite par l'action de la caféine est d'origine nerveuse. — MM. L. Nathan-Larrier et Tanon ont observé chez un blanc atteint de trypanosomiase un érythème circiné caractéristique; la scarification des éléments érythé- mateux permit de constater la présence de trypano- somes dans les capillaires les plus superficiels. — M. G. Rosenthal recommande les cultures sur milieux à l'hémoplase, qui ont tous les avantages des milieux san- glants sans en avoir les inconvénients. — M. E. Pozerski a observé un parallélisme entre la disparition de l'amy- lase et l'apparition du pouvoir protéolytique dans les sucs pancréatiques activés par les sels de calcium. — MM. J. Bruckner et C. Cristéanu ont observé que les macérations et filtrats de cultures gonococciques et méningococciques précipitent les sérums correspon- dants. — M. C. Delezenne montre qu'il suffit qu'un suc pancréatique contienne au moins 1/30.000 de Ca pour être activé par celui-ci en présence de sels de Mg. — M. A. Mougeot à constaté que le bain carbo-gazeux naturel de Royat provoque, chez l'homme sain, une augmentation d'activité de la nutrition dans le sens d'une meilleure assimilation des albuminoïdes ingérés. — M. F. Villemin a reconnu que la régénération des ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES tubes testiculaires, après destruction par les rayons n'est possible que si cette destruction a été incomplèt c'est-à-dire n'a pas détruit les spermatogonies. Les cellules de Sertoli ne peuvent donner naissance aux éléments de la lignée spermatogénique. ! RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX Séance du 12 Juin 1906. M. Chatenay a étudié les modifications de la bordure épithéliale des lobules hépatiques du foie de l'homme à l'état pathologique. — M. Ch. Pérez signale un cas d’envahissement direct de l'ovaire du Crabe par Je Thelohania mœnadis. — MM. Anglade et Cruchet ont observé une extrême activité du développement névro- glique au niveau de la substance blanche des hémi= sphères cérébraux chez l'enfant âgé de un à deux ans.f — M. R. Brandéis à examiné au point de vue cytolo= gique le liquide des phlyctènes de sphacèle. On trouvef de nombreux polynucléés en pycnose et une diminution suivie d’une disparition deslymphocytes. — MM.J.Gau: trelet et Et. Bernard ont constaté que l’injeclion sous: cutanée de la plupart des couleurs d’aniline produits un amoindrissement de la fonction uréopoiétique, uné diminution de la désassimilation et un léger abaisse= ment de l'activité sécrétoire du rein. — MM. J. Sabrazès et L. Muratet signalent un cas de kyste hydatique du rein rompu dans le bassinet et suivi d'hydatidurie, de pyurie amicrobienne et d'éosinophilie urinaire et sans guine. j SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du k Mai 1906. MM. A. Cotton et H. Mouton : Aimants (ranspa= rents. Propriétés optiques et magnétiques. MM. Cotton et Mouton ont complété l'étude de la biréfringence magnétique (phénomène de Majorana) que présentent certaines solutions colloïdales d'hydroxyde de fer placées dans un champ magnétique et traversées par un rayon lumineux 20rmal aux lignes de force. Ils onts en outre, étudié les phénomènes qu'on observe lorsque la lumière se propage parallèlement au champs M. Cotton indique d’abord rapidement les résultats! qu'a fournis cette étude des liquides : 1° Le pouvoir! rotatoire magnétique de l'hydrox yde ferrique dans cer taines solutions colloïdales est très grand. La valeur de ce pouvoir rotatoire dépend des échantillons, qui, à titre égal, donnent ici encore des résultats très diffé=} rents; 2° Le pouvoir rotatoire propre à la substance ent suspension dans les liquides étudiés n’obéit pas à la loi! de Verdet (proportionnalité au champ magnétique); la courbe qui représente ses variations en fonction du champ rappelle la courbe d'aimantation d'une sub-| stance ferromagnétique; 3° Ce pouvoir rotatoire magnés tique est accompagné d'un dichroïisme circulaire magnétique : les vibrations circulaires qui ont le sens! des courants d'Ampère sont plus affaiblies en traver= sant le liquide que les vibrations de sens opposé. Comme l'avait fait Schmauss pour le phénomène de Majorana, MM. Cotton et Mouton ont fixé le phénomène, de la polarisation rotatoire magnétique. On ajoute pour! cela à une solution colloïdale convenablement choisie! une solution tiède de gélatine ; on abandonne le. mélange homogène dans un champ magnétique jusqu'à} ce qu'il se soit pris en gelée par refroidissement. Cette opération était faite dans une petite cuve à faces para lèles de 4mm,2 d'épaisseur, dont les glaces terminales 1: étaient placées parallèlement aux pièces polaires de l'électro-aimant (champ de 11.800). La solution étant, prise en gelée, on retire la cuve de l’électro-aimantuet l'on trouve qu'elle garde maintenant, en dehors de L tout champ magnétique, mais avec moins d'intensité, { ñ n] les propriétés optiques (pouvoir rotatoire et dichroisme circulaire) que possédait l'hydroxyde ferrique pendant qu'il était dans le champ. L'existence du phénomène! précédent rendait probable que les particules en b À É e pension dans le liquide peuvent garder une aimanta- tion permanente notable. Cette aimantation résiduelle a pu être mise en évidence, elle aussi, par l'expérience. La gelée a donc bien pris les propriétés d’un aimant : c'est un aimant transparent. Cette aimantation rési- duelle est remarquablement stable. Cependant, la sub- Stance n'est pas saturée. — M. P. Villard présente quelques expériences relatives aux rayons cathodiques et magnétocathodiques : 1° Enroulement cathodique @irculaire dans un champ uniforme. Rayons non déviables de J.-J. Thomson; 2° Enroulement composé en zigzag dans un champ non uniforme produit entre deux pôles d'électro-aimants; 3° Rayons magnétoca- thodiques émis par une lame de mica perforée, frappée par des rayons cathodiques et placée dans un champ ntense. L'auteur expose ensuite ses recherches sur la lumière positive. L'hypothèse d’un transport d’élec- tricité par simple convection (corpuscules ou ions posi- tifs ou négatifs) ne paraît pas susceptible d'expliquer Jes faits. Il semble donc qu'on est en présence d’un problème non de Dynamique, mais de Statique, et que k colonne positive est une sorte de conducteur gazeux, une chaine de particules ou molécules pola- risées, tendue entre l'anode et la cathode ; cette manière d'envisager la colonne positive, non comme un ensemble de particules indépendantes, mais comme un objet unique dont les diverses parties sont liées entre elles, parait confirmée par diverses expériences. L'espace obscur de Faraday s'explique très simplement par la présence de la cathode qui supprime la lumière posi- tive dans son voisinage. Comme on doit s'y attendre, cet espace diminue de longueur quand le courant ‘augmente et que le nombre des files de molécules à briser va en augmentant. De même s'explique l’incom- _patibilité absolue de la lumière négative ou des rayons cathodiques avec la lumière positive. Dans une vaste ampoule, la lumière positive, entourée de corpuscules négatifs qui tendent à la détruire, doit constituer un courant d'intensité décroissante de l’anode à l’espace obscur de Faraday ; en cette région, il ne s’annule pas, mais devient un courant de convection, l'électricité étant alors transportée par lesions. Autrement dit, tout Se passe comme pour un fil conducteur plongé dans un électrolyte ; l'intensité décroît le long du fil et l'action d'un champ magnétique peut mettre le faiten évidence. Il en doit être de même pour la lumière positive,et on le vérifie aisément en soumettant cette lumière à un \ champ uniforme. L'assimilation de la lumière positive à un véritable conducteur se trouve encore justifiée \ par l'expérience consistant à produire une décharge \entre une électrode auxiliaire et la colonne positive obtenue entre deux autres électrodes; tout se passe comme si l'on produisait une étincelle entre une élec- Ltrode et un fil parcouru par un courant. Semblable | encore à un conducteur attaché à l’anode, la lumière positive présente une charge positive; elle est attirée » par une cathode. Sa tendance à se centrer sur l’axe ! d'un tube n’est plus alors qu'un effet de la répulsion par les parois. — M. H. Abraham : Galvanomètre à cadre mobile pour courants alternatifs. On peut mesurer des courants alternatifs de l’ordre du centième de micro-ampère avec un galvanomètre à cadre mobile | dont le champ magnétique est créé par un électro- aimant excité par un courant alternatif de même fré- : quence. Pour les mesures très délicates, il peut être bon d’actionner cet électro-aimant au moyen d'un pelit transformateur auxiliaire bien isolé. Séance du 48 Mai 1906. | M: E.-H. Amagat: Discontinuité des chaleurs spé- clfiques à saturation et courbes de Thomson. À propos du réseau des chaleurs spécifiques de l'acide carbo- nique entrepris par lui, il y a quelques années, M. Ama- ga rappelle la formule qu'il a donnée pour caleuler la ifférence des chaleurs spécifiques sous pression cons- \lante quand on passe de l'état liquide à l’état de Vapeur à saturation; un calcul analogue donne, pour REVUE GÉNÉRALE ULES SCIENCES, 1906, ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 673 les chaleurs spécifiques sous volume constant, la re- lation : dp 1e, ES PURE (1) e—e—aT|(u u) 7e d(u—u!) dp du fdp du! {dp' LT role à Noer C).] Il remarque qu'on a adopté jusqu'ici la relation : d?p di? (2) c—c=AT(u—u') et cherche la raison de ce désaccord. Il montre que la relation(2) peut être déduite d'une formule de J. Bertrand qui peut facilement entrainer à confusion. Les relations (1) et (2) deviennent identiques si, aux points où la courbe de saturation est coupée par l’iso- therme, on a les conditions: 5 (= (4) dt dt dt }v (la lettre primée s'appliquant à l’état de vapeur). Au contraire, la forme de l’isotherme, conformément aux idées reçues à propos de l'interprétation des courbes de Thomson, conduit aux relations : ! CAO dt }»7 dt dt }» M. Amagat montre que, partant de là, on arrive en chaque point de la courbe de saturation à une discon- tinuité dans la chaleur spécifique sous volume cons- tant. Les valeurs de e et €’ répondent à la formule (1) et les valeurs de €, et c', à la formule (2). Pour que ces discontinuités disparaissent, il faudrait que les condi- tions (3) soient satisfaites, et l'on voit facilement que, pour qu'il en soit ainsi, il faudrait que, contrairement aux idées recues, la partie rectiligne des isothermes se raccordàt avec les parties extérieures à la courbe de saturation, au lieu de former avec celles-ci des points anguleux. Les coefficients €,, c', sont des quantités de chaleur complexes et non des chaleurs spécifiques nor- males, ainsi que cela résulterait de l'utilisation qui a été faite notamment de la relation (2); s'il en était ainsi, les discontinuités qui précèdent reviendraient à dire que, dans des conditions identiques de température, de volume et de pression, et tout en restant sur l'iso- therme normale, un même liquide ou une même vapeur peutexister sous deux états physiques différents, ce qu'il est difficile de concevoir. La discontinuité disparaitrait en même temps qu'onidentifieraitles relations (1) et (2), en admettant le raccordement des parties de l’isotherme dont il vient d’être question. Dans ce cas, on peutencore concevoir des courbes de Thomson prolongeant l'iso- therme normale et correspondant aux retards des changements d'état; on peut même concevoir cescourbes sous deux formes.et il est possible que ces deux formes correspondent aux deux sens dans lesquels le point figuratif des phénomènes peut se déplacer sur l'iso- therme. — M. A. Hollard a déterminé les conductivi- tés des mélanges de l'acide sulfurique avec un de ses sels, en toutes proportions et à toutes les concentra- tions. Le sel en question a été successivement le sul- fate de soude, le sulfate de magnésie, le sulfate de zinc. le sulfate de cuivre. A 3°/, de SO'H®, la conduc- tivité reste constante quel que soit le sulfate ajouté et quelle qu'en soit la quantité. Pour des concentrations supérieures, la conductivité diminue si l’on ajoute un sulfate quelconque et quelle qu'en soit la quantité ; pour des concentrations inférieures à 3°/0 de SO'H?, la conductivité augmente, au contraire, lorsqu'on ajoute un sulfate quelconque. Ces résultats s'expliquent par la formation d'ions complexes d'hydrogène SO‘H, qui se dissocient en ions SO et H à mesure que la concentration de l'acide sulfurique diminue. Le sulfate d'ammoniaque n’a pasles propriétés des autres sulfates : avec ce sel, la conductivité reste constante pour des concentrations de 8 v/, de SO‘H? environ. — M. Boizard Agt* = = 674 donne lecture de la Note qu'il a présentée à l'Institut le 12 mai sur /a conductibilité du sulfate d'ammoniaque dans les mélanges d'acide sulfurique et d'eau. Le sul- fate d'ammoniaque donne des solutions plus conduc- trices que le solvant quand celui-ci contient en poids de 100 °/, à 950/, et de 2 0/, à 0 0/4 d'acide sulfurique. De 95°/, à 2°/., la solution est moins conductrice. Les résultats obtenus diffèrent pour ce sel de ceux de M. Hollard sur le pourcentage du point de transforma- tion, passage des solutions moins conductrices aux solutions plus conductrices, point qui dépend en outre de la quantité de sulfate dissous. L'auteur à étudié de plus les effets de dilution et de température, et a généralisé le phénomène en indiquant qu'on peut remplacer : 14° le sulfate d'ammoniaque par tous les sulfates, les bisulfates, les acides minéraux ou orga- niques et différents sels; 2° le solvant par les mélanges d’eau et d'acide azotique, ou phosphorique, ou même de soude, mélanges formant des solulions très con- ductrices. Au contraire, l'addition d’un sel à des mélanges mauvais conducteurs (eau et acide acétique ou formique) donne, en général, des solutions beaucoup plus conductrices que le solvant correspondant. De sorte qu'il tire la conclusion suivante: « Dans les mélanges d'acides ou de bases formant avec l'eau des solutions très conductrices, la dissolution d’un sel don- nera une diminution de conductibilité pour des pour- centages convenables du solvant en acide ou en base ». La théorie proposée par M. Hollard, dans le cas parti- culier des sulfates, paraît à M. Boizard acceptable; mais il se réserve d'en indiquer dans la suite une autre qui s’étendra à tous les phénomènes qu'il à observés. — M. Daniel Berthelot rappelle que l'étude des équilibres des sels d'hydrogène en solution aqueuse par la méthode des conductibilités électriques a déjà fait l’objet de travaux étendus (voir p. 575). — M. U. Schoop s'est proposé d'étudier expérimentalement la répartition du courant dans les électrolytes en géné- ral, et sa distribution à la surface des électrodes d'ac- cumulateurs. Il à imaginé pour cela un certain nombre d'expériences d’une réalisation facile et qui s'appliquent tout spécialement à ce genre de recherches. En pre- mier lieu, il s'attache à démontrer pratiquement le fait déjà connu théoriquement, à savoir que, dans un électrolyte traversé par le courant, il y a des lignes de courant non seulement entre les électrodes, mais encore en tous les points du liquide. Son dispositif expérimental consiste essentiellement en deux petites plaquettes de platine ou de plomb spongieux, reliées soit à un galvanomètre, soit à un téléphone. Cet ana- lyseur permet de connaître la direction des lignes équipotentielles et, par suite, deslignes de courant, sans toutefois permettre de mesurer leur intensité. M. Schoop a pu constater ainsi que, dans un récipient de forme quelconque, la portion d'électrolyte non comprise entre les électrodes est cause de perturbations pro- fondes dans la répartition des lignes de courant, et il propose d'appeler cette portion extérieure : shunt élec- trolytique, pour bien montrer son action. Dans un accumulateur, par exemple, le travail inégal des élec- trodes peut être attribué en grande partie au shunt électrolytique constitué par le liquide entourant le faisceau de plaques. Il rappelle que, dans l’électrolyse avec électrodes solubles, et malgré une agitation méca- nique intense qui empêche la formation de couches de liquide de densités différentes, les électrodes sont com- plètement dissoutes à la partie inférieure, alors que la partie supérieure est à peine attaquée. Enfin, M. Schoop termine en montrant comment on peut constater que les plaques d'un accumulateur travaillent inégalement suivant leur place dans l'élément, et comment on peut vérifier la distribution du courant sur les deux faces et en tous les points d'une même plaque. Séance du 1% Juin 1906. M.A. Guébhard, à propos du dispositif de M.U. Schoop, fait remarquer que l'introduction, dans un champ élec- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES trolytique, d'un circuit métallique, surtout à lar extrémités, bien loin de pouvoir servir à explorer champ, ne fait que le perturber profondément, créant un véritable court-circuit entre deux portion rateurs punctiformes pourrait légitimer ce mode d'e ploration, et encore à condition de tenir grand comp des phénomènes de polarisation qu'exagère, dans le dispositif de M. Schoop, l'emploi du plomb spongieuxs. — M. H. Moulin : /telalions entre le volame et le covo= lume. L'auteur déduit de l'équation caractéristique ; qu'il a présentée à la Société de Physique dans Si séance du 17 novembre 1905, les deux règles suivantes 4° Pour une pression p donnée, les coefficients de dils tation vraie du covolume et du volume sont propo à | tionnels; % Pour une température donnée, les coeffi= cients de compressibilité vraie du covolume sont proportionnels. Il en fait ensuite l’application à l'acide. carbonique. — MM. Ch. Fabry et Buisson présentent, leurs recherches sur les mesures de lonqueurs d'onde dans le spectre d'arc du fer, pour l'établissement d'un système de repères spectroscopiques. Chacune des raiës est comparée directement à une même raie fondamen tale; on a pris dans ce but la raie verte du mere donnée par la lampe Cooper-Hewitt, à cause de so grand éclat et de la commodité de cette source; la ra du mercure a été soigneusement comparée, dans ] conditions mêmes des expériences, avec les raies d cadmium. La méthode employée est, en principe, ce qui avait servi autrefois à MM. Pérot et Fabry : di interférences (anneaux à l'infini) sont produites en deux plans parallèles argentés; on mesure le diamèt angulaire du premier anneau visible successivement, avec les deux radiations à comparer. Les numéros, d'ordre de ces anneaux étant, d'autre part, facileme connus, ces mesures suffisent pour déterminer le raÿ port des deux longueurs d'onde. Toutes les mesures. ont été faites par photographie, et la disposition de, l'appareil a dù être adaptée à ce but : au lieu d'analyse la lumière de l'arc au fer avant l'appareil interférentit pour isoler une raie que l'on veut mesurer, comme saient MM. Pérot et Fabry, la lumière est analysée api l'appareil interférentiel. Les mesures actuellem@ faites comprennent presque tout le spectre visible ete commencement de l’ultra-violet, entre les longueurs d'onde 6.500 et 3.600. Dans la région voisine de 5.800; les raies du fer mesurables manquent dans un int valle de 150 angstrôms environ; on a comblé ce lacune en mesurant 4 raies du nickel (arc entre Uge de ce métal). Le nombre total des raies mesurées de 84; chacune a été mesurée plusieurs fois, sur clichés différents. L'écart entre deux mesures isolées atteint rarement le millionième en valeur relative. Quelques-unes de ces raies avaient été mesurées autres fois visuellement par MM. Fabry et Pérot : la concors 4 dance entre les anciennes et nouvelles mesures est presque parfaite. Il restera à mesurer quelques raies W au delà de 6.500, puis à étudier l'ultra-violet au-dessous \ de 3.600; ce dernier travail exigera la substitution du, quartz au verre dans tout l'appareil. — M. G. Gaillard } présente un galvanomètre optique à indications Jume | neuses et pouvant servir à l'enregistrement pholoqgia phique. Get appareil, qui ne diffère en rien du type} ordinaire du galvanomètre, présente toutefois le dispo= | sitif optique suivant: la source lumineuse est portée \ par l'appareil et placée entre les branches de l'aimamtb; | la lumière est amenée dans le haut de la pièce de fer | doux; un prisme à réflexion totale la renvoie intériel = À rement dans l'axe; un diaphragme est placé immé- | diatement au-dessous; enfin, un objectif destiné à | fournir une image de ce dernier se trouve à l'aut extrémité inférieure de la pièce de fer. L'équipage percé à sa partie inférieure et en son centre dun de 2 millimètres à 3 millimètres de diamètre. Surl page et en dessous, est placé d'une façon que l'on L ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 675 “solidaire un petit miroir monté sur un axe horizontal et que l'on peut incliner à volonté, soit à 45° si l’on veut rejeter l’image et l'observer comme d'habitude sur une échelle verticale, soit d’un angle convenable “pour la rejeter sur une graduation horizontale. Ce dis- ur permet ainsi de transformer le galvanomètre en un appareil optique possédant sa source lumineuse et portant lui-même son échelle. Il permet de lire direc- tement les angles et en plus les tangentes, comme avec “Ja méthode ordinaire du miroir. Ce dispositif peut éga- ement s'adapter à tous les appareils de mesures élec- iques ou autres qui ont besoin de garder une grande ensibilité et, d’une facon générale, à tous les appareils dont les indications sont fournies par l’amplification lun déplacement ou se traduisent par la mesure d’un angle. | ! ki | SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE PARIS Séance du 22 Juin 1906. MM. A. Trillat et Sauton exposent la méthode qu'ils ont suivie pour contrôler le procédé de dosage de la atière albuminoïde du lait, insolubilisée par la for- aldéhyde. Ils ont établi: 1° que toute la matière albu- mminoide était séparée ; 2° qu'elle possédait bien la com- position élémentaire de la caséine purifiée d’après le procédé Hammarsten; 3° qu’elle n'avait subi aucune variation de poids. MM. Trillat et Sauton ont appliqué leur méthode au dosage de la caséine non encore ransformée dans le fromage et font ressortir tout l'inté- mrét que l'on peut en tirer, aussi bien pour la déter- “mination de la composition alimentaire des fromages “que pour l'étude dela marche de leur maturation.Après “avoir décrit le mode opératoire du nouveau procédé, les “auteurs expliquent comment ils se sont assurés que, dans “l'application de la méthode, les matières albuminoïdes ayant subi un commencement de dégradation n'étaient “point insolubilisées par l’aldéhyde formique. — M. J. “—Bougault, en effectuant la condensation de l'aldéhyde “cinnamique avec le succinate de sodium en présence “d'anhydride acétique, sur les indications de MM. Fittig met Batt, a obtenu l'acide cinnaménylparaconique, aulieu “de l'acide cinnaménylisocrotonique qu'avaient obtenu “les auteurs précédents. Cette différence de résultats peut s'expliquer par la facilité avec laquelle le premier “acide se transforme en le second; en effet, quelques “instants d'ébullition avec l’eau suffisent pour opérer cette transformation. — M. A. Gautier, étudiant les … réactions élémentaires qui donnent naissance aux phé- “nomènes éruptifs et aux eaux thermales, fait connaître “l'action réciproque de l’oxyde de carbone sur la vapeur “d'eau et de l'hydrogène sur l'acide carbonique. De la “première réaction résulte de l'hydrogène et de l'acide carbonique; de la seconde, de l’eau et de l’oxyde de “carbone. Ces deux réactions sont réversibles et l’équi- libre s'établit dans les deux cas lorsque les volumes d'oxyde de carbone, d'hydrogène, d'acide carbonique et de vapeur d’eau sont dans un tel rapport que la somme des volumes des réducteurs est égale à la “somme des volumes des corps réductibles. En même temps, il montre que, dans la réaction de l’oxyde de carbone sur la vapeur d’eau, il se fait, depuis la tempé- rature de 260° (Maquenne) jusqu'au rouge blanc, un eu d'acide formique. Cet acide a été trouvé dans es gaz volcaniques et dans quelques eaux thermales, — M. Ch. Coffignier fait une communication sur l’action des phénols et du napthalène sur les copals. M. O. Boudouard entretient la Société de ses recherches sur les silicones. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES Séance du 5 Avril 1906. M. L. H. Walter: Sur une méthode pour obtenir des courants continus au moyen d'un détecteur magné- tique du type « auto-restaurateur ». Les détecteurs magnétiques pour la télégraphie sans fil ont donné des résultats satisfaisants pour la réception télépho- nique, mais pourtant ils n'ont pas été capables de fournir des courants continus convenables pour l’em- ploi avec des instruments enregistreurs. L'auteur a créé une nouvelle forme de détecteur magnétique, capable de fournir à la fois des courants continus et alternatifs, les premiers pour l'enregistrement et les derniers pour la réception téléphonique. L'appareil se présente sous forme d'une dynamo différentielle pos- sédant deux armatures identiques sur le mème arbre. Les noyaux de l’armature sont en fils de fer ou d'acier. Les forces électromotrices produites par les deux arma- tures sont opposées l'une à l’autre et s’équilibrent nor- malement, de sorte qu'on ne peut enregistrer aucune différence de potentiel aux balais du commutateur. Les oscillations produites dans la partie aérienne du récepteur, comme résultat des signaux, sont conduites à travers le fil magnétique formant un noyau d'arma- ture, l'obligeant à prendre une induction supérieure et perturbant ainsi l'équilibre ; un courant continu est alors obtenu des balais aussi longtemps que les oscil- lations persistent. Ce courant est utilisé pour action- ner l'instrument enregistreur ou relai. Pour une récep- tion simultanée des signaux du téléphone, le courant alternatif engendré par suite de l’action des oscillations est détourné au moyen d'anneaux à coulisse et de balais, avant qu'il soit commué en courant unidirec- tionnel. — M. R. J. Strutt: Sur la distribution du radium dans la croûte terrestre et sur la chaleur interne de la Terre. 1° On peut facilement déceler du radium dans toutes les roches ignées. En général, les granits contiennent le plus de radium et les roches basiques le moins; 2 Cette distribution du radium est assez uniforme pour permettre de faire une juste esti- mation de la quantité totale dans chaque kilomètre de profondeur de la croûte terrestre ; 3° Le résultat indique que la croûte ne peut pas avoir une profon- deur de beaucoup supérieure à 72 kilomètres, car autre- ment le flux de chaleur serait plus fort qu'on l’a observé. L'intérieur doit consister en une matière totalement différente. Ces résultats concordent entièrement avec la conclusion que le Professeur Milne a tirée d’une élude sur la vitesse de propagation des secousses de tremblements de terre à l'intérieur ; 4° La Lune proba- blement est formée en grande partie de roches et, s’il en est ainsi, sa température interne doit être beau- coup plus grande que celle de la Terre. Ceci explique le grand développement des volcans dans la Lune; 5° Les météorites de fer contiennent peu de radium, si même elles en contiennent. Les météorites rocheuses en contiennentenviron autant que les roches terrestres auxquelles elles ressemblent. Séance du 3 Mai 1906. La Société procède à l'élection annuelle de 15 mem- bres. Sont nommés : MM. Ch. Andrews, G. T. Beïlby, F.F. Blackmann, T. J. l'A. Bromwich, P. H.Cowell, W. Heape, J. H. Jeans, Ch. H. Lees, H. G. Lyons, A. Macallum, J. E. Marsh, P. C. Mitchell, J. Swin- burne, W. A. Harold et A. E. Wright. Sir W. H. White étudie les conditions de stabilité des sous-marius. Il arrive à la conclusion que, dans le dessin de ces navires, les calculs de stabilité doivent être poussés par les architectes navals jusqu'à un point qui n'est pas nécessaire pour les bâtiments de forme ordinaire. Dans les positions plongée et submergée, le point essentiel est de déterminer exactement le poids et la position du centre de gravité, car la stabilité dans toutes les directions à l'état submergé dépend des po- sitions relatives des centres de gravité et de flottaison, et il faut s’en tenir à de faibles hauteurs métacentriques. D'autre part, il est certain qu'une attention égale doit être dirigée sur les conditions de stabilité à fleur d’eau et sur les stades d'immersion entre celui-ci et l’état de plongée. — M. R. Threlfall: Sur une méthode statique de comparaison des densités des gaz. Puisqu'il est si simple de construire un manomètre, indiquant des dif- 676 férences de pression gazeuse de quelques centimètres d'eau, exactes à 1/100-1/1.000 de millimètre, il est possible de déterminer les densités relatives des gaz par une méthode identique à celle employée par Regnault en déterminant la variation de la densité du mercure en fonction de la température. Il est prouvé que, si l’on emploie des colonnes de gaz de 20 mètres de longueur, on peut observer la différence de densité entre l'azote chimique et l'azote atmosphérique. L'auteur à utilisé cette méthode pour la comparaison des densités du gaz à l'eau et de l'air, en employant des colonnes de gaz d'environ 20 mètres de hauteur. Les deux colonnes de gaz et d'air respectivement étaient contenues dans des tuyaux enroulés ensemble et plongés dans l’eau dans un tube de fer extérieur, à travers lequel on faisait passer un courant d'eau. Dans deux expériences sur deux échantillons différents de gaz, on a observé des dif- férences de pression de 0,3458 centimètre et 0,3550 cen- timètre d'eau, respectivement, et on a déterminé les densités du gaz à l’eau exactes à environ 1/5.000 près en fonction de la densité de l'air. On a employé pour ces comparaisons le micromanomètre commercial con- struit par la «Cambridge Scientific Instrument OC? » d’après les plans de l’auteur, et puisqu'il est possible de construire un instrument cinq fois plus sensible et d'utiliser des colonnes de gaz environ deux fois aussi longues sans inconvénient, la méthode peut donner sans difficulté des résultats de densité relative exacts à 1/10.000 près. — MM. A. Schäfer et P. T. Herring : Action des extraits piluitaires sur le rein. Des injec- tions intraveineuses d’un extrait salin de la partie infun- dibulaire du corps pituitaire produisent la dilatation des vaisseaux du rein, accompagnée par une augmentation d'écoulement de l'urine, c’est-à-dire que l'extrait a une action diurétique. Après la première injection, ce résultat est suivi d’une élévation de la pression san- guine et d'une contraction des artères systémiques. Après de nouvelles injections, la diurèse est généra- lement accompagnée non d’une élévation de pression sanguine, mais d'un abaissement. Ce fait prouve que la diurèse est indépendante des effets sur la pression sanguine et amène à supposer qu'il est produit par un constituant spécial de l’extrait. Cette hypothèse est confirmée par le résultat du traitement de l'extrait par certains réactifs, qui tendent à abolir l'élévation de la pression du sang produite après la première injection, mais conservent l'effet diurétique de l'extrait inaltéré. Le constituant diurétique aussi bien que les consti- tuants presseurs et dépresseurs de l'extrait ne sont pas détruits par l’ébullition. Ils dialysent à travers un papier parcheminé. Ils sont insolubles dans l'alcool absolu et l’éther. Des injections intraveineuses des extraits du lobe antérieur ou épithélial du corps pituitaire ne pro- duisent pas de diurèse; ces extraits ne présentent aucune activité physiologique. On peut conclure que la partie infundibulaire de la glande produit une sécrétion interne qui passe dans le sang, et que, à la fois indirec- tement par suite de son action générale sur le système vasculaire, et directement par son action spéciale sur les vaisseaux du rein et l'épithélium du rein, elle aide à provoquer et à régulariser la sécrétion de l'urine; en d’autres mots, la sécrétion interne de la glande est ancillaire aux fonctions rénales. ; SOCIÉTÉ ANGLAISE DES INDUSTRIES CHIMIQUES SECTION DE LONDRES Séance du 7 Mai 1906. . MM. J. A. Goode et F. M. Perkin ontcherché à amé- liorer la méthode de Gutzeit pour la recherche et la détermination de l’arsenic. Pour le dégagement d'hy- drogène, ils font agir le magnésium sur les sels d'am- monium (chlorure), le magnésium étant toujours dé- pourvu d'arsenic.— MM. W.C. Reynolds et R. Suteliffe ont étudié les méthodes de Keller, de Stoeder et de ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES Gordin pour la séparation de la brucine et de la stryeh=… nine, basées sur l'action de l'acide nitrique. Les méthodes de Stoeder et de Gordin donnent des résultats un peu plus exacts que le procédé original de Keller: entre les deux, celle de Gordin doit avoir la préférence, comme plus expéditive. — MM. W. P. Dreaper et, A. Wilson présentent leurs recherches sur l'absorption. de lacide gallique par les colloïdes organiques. E coagulum tannin-gélatine absorbe rapidement l'acide. gallique. L’enlèvement de l'acide gallique est indépen= dant du procédé de précipitation du coagulum tannique Le degré d'absorption de l'acide gallique est fortement, } influencé par la présence d’autres substances : les solu="# tions de sels tendent à augmenter le facteur d’absor 4 tion ; les solutions acides réduisent la proportion d'acide gallique absorbé; l'alcool en quanté suflisante prévient. l'absorption des acides gallique et tannique. L'absorp tion se manifeste aussi avec la gélatine solide, mais à. un degré moindre. L'albumine, employée comme pré= cipitant pour les tannins, se comporte comme la géla= tine. L'albumine précipitée par la chaleur absorbe l'acide gallique aussi rapidement que lorsque la préci= pitation a eu lieu par l'acide tannique en solution aqueuse; les acides et les sels influent sur le degré d'absorption comme dans le cas de la gélatine. La fibre de soie pure (fibroïne) semble posséder les propriétés des autres colloïdes vis-à-vis des acides tannique et gallique; il en est de mème pour la poudre de peau. ACADÉMIE DES SCIENCES D'AMSTERDAM. Séance du 26 Mai 1906. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. D. J. Korteweg pré sente au nom de M. L. E.J.Brouwer : La distribution des vecteurs polydimensionaux. L'auteur SUPPOSE QUE chaque point d'un espace »-dimensional E, porte un système p-dimensional de vecteurs donnés, et prouve plusieurs théorèmes généraux se rapportant à l’inté= grale de ce système donné, étendue à un espace courbe bilatéral quelconque. La première et la seconde déri- vée de cette distribution de vecteurs, la dérivée totale. Le champ de force dans l’espace E,. Le champ des pla- nivecteurs (tourbillons) en E,. Le champ de force enE,: Les considérations de Schering, Fresdorf, Opitz, Kil- ling et Klein se rapportant au potentiel dans l’espace elliptique. Le champ de force en E,. — M. G. van den Sande Bakhuyzen présente au nom de M.J. Stein, S.ldJ.: Observation de l'éclipse totale de Soleil du 30 août 1905 à Tortosa (Espagne). Détermination de la corde com=- mune du Soleil et de la Lune au commencement et à la fin de l’éclipse, de même que des moments précis des quatre contacts. , 29 SCIENCES PHYSIQUES. — M. A. P. N. Franchimont présente au nom de M. F. M. Jaeger : Les éthiers des acides gras de la cholestérine et de la phytostérine et les phases fluides anisotropes des dérivés choles= | téryliques. — M. H. A. Lorentz présente au nom de M. F. M. Jaeger : liecherches sur la conduction ther- mique et électrique des conducteurs cristallisés. Pre= mière communication : La conduction thermique et électrique du bismuth cristallisé et de l’hématite., — M. H. W. Bakhuis Roozeboom présente la thèse de M. H. E. Bocke : « De mengkristallen bij natrium= sulfaat, -molybdaat en-wolframaat » (Les cristaux mixtes de sulfate, molybdate et wolframate de soude). 3° SCIENCES NATURELLES. — M. H. Zwaardemaker pré- sente : 4° la thèse de M. A. Deenik : « Het onderschei- dingsvermogen voor toonintensiteiten » (La faculté de distinction par rapport aux intensités des sons); 2° la thèse de M. D. J. van Reekum : « Quantitatieve onderzoekingen over reflexen » (Recherches quantita= tives des réflexes); 3° la thèse de M. J. Gewin : « De woelbewegingen van het hart » (Les mouvements tours noyants du cœur). P. H. ScHouTe. Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER. Paris. — L, MAR&THEUXx, imprimeur, 1, rue Cassette. han ONU ARTS N° 15 No dé me: à 15 AOUT 1906 DirEcTEUR : Revue générale SÉICRCeS pures et appliquées LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. L. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. $ 1. — Nécrologie - Fritz Schaudinn. — C'est avec une douloureuse stupéfaction que le monde savant a appris la mort du ‘avant zoologiste — ou plus exactement protozoolo- iste — allemand Fritz Schaudinn, survenue à Ham- jourg le 22 juin dernier. On le savait encore jeune, ais beaucoup ont dû être étonnés d'apprendre qu'il n'avait pas trente-cinq ans. … Né le 19 septembre 1871 dans la Prusse orientale, lune famille d’origine lithuanienne, F. Schaudinn ntra en 1890 à l'Université de Berlin, et, après quelques udes de Philologie germanique, qu'il abandonna vite, kse consacra à la Zoologie. En 1893, il abordait l'étude particulière des Protozoaires, dirigé sans doute dans ette voie par son maitre F.-E. Schultze. “Ses travaux de 1894 à 1896 portèrent sur des rotozoaires à vie libre, Foraminifères, Héliozoaires Met Amibes; leur intérêt pour la Biologie générale.en fit Lrès rapidement remarquer l’auteur des zoologistes, | rapprécièrent comme un novateur. Signalons la décou- … xerte de la division nucléaire multiple (inultiple Kern- \ Vermehrung), la démonstration du rôle centrosomique L du corpuscule central des Héliozoaires, et surtout la L Signification — donnée en même temps pardJ.-J. Lister, en Angleterre — du dimorphisme des Foraminifères. L Onse rappelle les discussions auxquelles cette question avait donné lieu et la part prise par leux éminents L savants français, Munier-Chalmas et Schlumberger. Un L remarquable travail sur le Trichosphaerium, paru | en 1899, complète cette série. Les microbiologistes ont appris le nom de Schaudinn | lorsque, en 1897, il publia, en collaboration avec Sied- | lecki, le mémorable travail sur le cycle évolutif des » Goccidies, qui, en établissant, avec une parfaite rigueur : cytologique, les diverses étapes de l’évolution de ces | êtres et entre autres leur reproduction sexuée, mettait \ fin à une longue discussion et fournissait une base | précise pour des recherches comparatives sur l'héma- | Wozoaire du paludisme, dont la nature coccidienne ayait été affirmée dix ans auparavant par Metchnikoff. Trois ans plus tard (1899-1900), en même temps que Schaudinn publiait ses recherches complètes, il était à même, utilisant les travaux récents de Mac Callum, REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Ross, Grassi, Koch, d'établir une comparaison détaillée des deux cycles évolutifs. Dans l’été de 1898, Schaudinn avait, avec F. Rômer, fait une expédition dans l'océan Glacial arctique. Les documents publiés ont prouvé qu'elle avait été fruc- tueuse. Le fascicule des Tardigrades est de la plume de Schaudinn. De 1900 à 1905, au service de l'Office sanitaire alle- mand (Xaiserliches Gesundheïtsamt), Schaudinn pour- suit ses remarquables travaux; il passe trois ans à Rovigno (Istrie), où il peut étudier sur place un certain nombre de Protozoaires pathogènes. Déjà à la suite de son étude sur l'amibe des ascitescan- céreuses, le Leydenia gemmipara, il avait fait une in- cursion dans le domaine du cancer, dont il revint convaincu de la non-existence de Protozoaires para- sites. Il étudie successivement, dans des Mémoires bourrés de faits et d'idées générales, une Coccidie pa- rasite du noyau des cellules intestinales de la taupe; — l'hématozoaire de la fièvre tierce (excellente étude cytologique et biologique, qu'il avait étendue aux autres variétés de l’'Hématozoaire, recherches restées inédites) ; — divers Rhizopodes et, parmi eux, les amibes de l'intestin de l’homme {il distingue des types bien tranchés au point de vue de la structure et du cycle évolutif; l’un seulement doit être incriminé comme l'agent de la dysenterie tropicale); — enfin, en jan- vier 1904, paraît le retentissant Mémoire sur « l’alter- nance de générations et le changement d'hôte chez le Trypanosoma etle Spirochaete».Généralement admises sans discussion et parfois même sans critique par les zoologistes, ses conclusions ont été fortement combat- tues par certains microbiologistes, et l’un des plus qualifiés, Novy, a publié toute une série de faits qui l’'amènent à conclure à l’inexactitude des théories de Schaudinn. Schaudinn reconnaissait lui-même qu'il ne fallait pas généraliser trop vite les faits avancés par lui, etil déclarait (octobre 1905) quil y avait, des Try- panosomes aux Spirochètes, une plus grande distance qu'il ne l'avait pensé d'abord. Mais il n'a pas eu le temps de donner le mémoire détaillé qu'il se proposait de publier, ni de produire tous ses arguments, et ce n’est pas un des moindres sujets de révolte contre sa mort prématurée que de voir ainsi interrompue cette 15 678 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE brillante Jjoute scientifique, non seulement entre savants, mais encore entre méthodes : Schaudinn'ap- portant ses procédés d'investigation zoologique de reconstitution des cycles évolutifs par des successions ininterrompues de stades étudiés dans tous leurs dé- tails cytologiques, — Novy, sa méthode plutôt bacté- riologique des cultures pures et des infections expéri- mentales. C'est certainement de l'alliance raisonnée de ces deux méthodes que sortiront désormais les progrès les plus marqués en Protozoologie. Entre temps (1902), Schaudinn fondait lArchiv für Protistenkunde, qui est maintenant à son septième volume: recueil de premier ordre, auquel il a su, dès le début, donner un caractère international en faisant appel aux protistologistes les plus qualifiés des divers pays. Personnellement, il y a publié deux Mémoires très intéressants sur la structure des Bactéries (noyau diffus, sporulation accompagnée de phénomènes sexuels rudimentaires). Revenu à Berlin et toujours au service de l'Office sanitaire allemand, Schaudinn était appelé à contrôler les idées de Looss sur le mode cutané de pénétration des larves d'Ankylostomes; il put bientôt apporter la première confirmation de la découverte du savant professeur du Caire. La dernière découverte de Schaudinn, celle du spirille de la syphilis, a encore ajouté à sa grande et légitime réputation scientifique, en le montrantcapable d'appliquer à un problème d'ordre plus particulière- ment pratique ses rares qualités d'observation et de coordination scientifique. Il recueillait ainsi le fruit de ses travaux antérieurs et aussi de ses recherches extrêmement délicates, restées incomplètes et inédites, sur le spirille de la fièvre récurrente et son évolution chez la punaise des lits. Schaudinn n'a guère survécu à cette découverte, qui imposait son nom à l'admiration de la foule; cette consécration n'’alla pas, d’ailleurs, sans attaques pas- sionnées ni déchirements pénibles. Attaché depuis quelques mois à l’/nstitut für Schilfs- und Tropenhy- giene de Hambourg, il se proposait d'y poursuivre, en toute tranquillité d'esprit, ses recherches de prédilec- tion, qu'il laisse pour la plupart inachevées. Quelque sort que l'avenir réserve à certains des tra- vaux de Schaudinn, son nom est assuré de rester parmi ceux qui ont ouvert des voies nouvelles à la Biologie. F. Mesnil, Chef de Laboratoire à l'Institut Pasteur. $ 2. — Astronomie Coordonnées lunaires. — On ne peut espérer parvenir à la connaissance exacte de la figure de notre satellite que par les mesures micrométriques des clichés. Pour cette étude, le bel Atlas photographique de l'Ob- servatoire de Paris est appelé à fournir des éléments de premier ordre : le protil de la Lune offre, en effet, des dépressions et des crêtes qui atteignent 1", corres- pondant à une hauteur de 2.000 mètres, et la forme exacte ne pourra résulter que de la réduction complète des mesures micrométriques. La théorie du mouvement de rotation de la Lune accuse, en particulier, sous l'influence de la Terre, l'existence d’une libration réelle : ébauchée par La- grange, Laplace, et Poisson, cette théorie suscita les importants travaux de Wichmann, J. Franz, Tisserand, etc. etc., M. Hayn crut nécessaire de reprendre entière- ment la théorie de la libration; dans un premier Mé- moire, il avait tenu compte d'une quantité de petits termes généralement négligés; en 1898, à l'Observatoire de Leipzig, 1l commença une série de mesures micro- métriques sur des points déterminés de la surface avec cinq points principaux : trois dans le voisinage de l'équateur, et deux près des pôles. Avec quinze points de second ordre, tous les points sont rapportés à l’un d'eux et aux bords de la Lune par différences d’'ascension droite et de déclinaison, d'où trois importants Mémoires de l’auteur concernant les | coordonnées sélénographiques : étude du mouvement. de rotation; discussion des mesures relatives aux points { principaux; discussion correspondante pour les points secondaires. Pour déduire la rotation et les coordon- 4 nées du réseau, en partant des mesures micrométriques, on devra procéder par approximations successives; et comme, vue de la Terre, une oscillation de 220! paraît. réduite à 1!, il suffit d'adopter les lois de Cassini avec la libration apparente, qui serait imperceptiblement corrigée par la libration réelle; les inconnues sont prises avec des valeurs provisoires que vient rectifier la com= paraison entre les résultats fournis, soit par le calcul soit par l'observation directe. 9 Ce sont là de longues et minutieuses recherches qui font honneur à leur auteur et contribuent utilement à la connaissance de notre satellite. L $ 3. — Art de l’Ingénieur ? La production des ateliers de chemins de fer américains. — M. Laurent, ingénieur en chef adjoint du matériel et de la traction au Chemin de fe d'Orléans, vient de publier, dans le numéro de mai d . la Revue générale des Chemins de fer, une Note des. plus intéressantes sur la production des ateliers den chemins de fer en Amérique, note qui renferme, sur l’organisation de ces ateliers, nombre de renseigne ments immédiatement applicables aux ateliers de construction de machines en général. M. G. Richards en à extrait les indications suivantes, qui complèteront, très utilement le récent article publié ici même par M. Sauvage sur les locomotives américaines. | Aux Etats-Unis, comme on le sait, les locomotives ne sont pas, ainsi que bien souvent chez nous, entre- tenues jusqu'à la limite de la décrépitude ; il est rare que l’âge moyen des locomotives y dépasse une dizaine d'années. Le nombre des locomotives immobilisées pour les réparations y atteint, pourtant, comme en France, 15 à 20 °/, de l'effectif total; mais le parcours" annuel moyen des locomotives y est bien plus consi- dérable : de 64.000 et 49.000 kilomètres, par exemple, au Pennsylvania Raïlroad, pour les voyageurs et les marchandises, respectivement, au lieu de 45.000 et 29.000 sur l'Orleans, en 1904. D'autre part, le parcours! moyen entre deux réparations est moindre sur le Penn=\ sylvania, et les durées d’immobilisation, pour cesi réparations, sont moitié moindres, ce qui lient à l'activité de la production des ateliers de réparation, #4 activité due à l'organisation du travail et à la supériorité de l'outillage de ces ateliers. En ce qui concerne l’organisation du travail, il faut faire remarquer : 4° La spécialisation des ouvriers par équipes char gées exclusivement chacune de la réparation de tels ous tels organes des machines. « Cette division du travail et des responsabilités, dit M. Laurent, loin d'être une cause de frottements et de pertes de temps, paraît, au contraire, avec une bonne surveillance, favoriser beau=\ coup la rapidité du travail. Les équipes qui ont à se seconder ou à travailler ensemble sur une même ma chine se poussent mutuellement. » Mais ceci suppose” des ouvriers très intelligents et disciplinés. En outre, «un ouvrier chargé d’un travail n’en est jamais dis trait : on met à sa disposition tous les engins de manu=, tention nécessaires pour qu'il puisse remplir sa tâche d'une facon presque continue, sans être obligé de s’en! distraire pour faire l'office de manœuvre ». | 20 L'accumulation, toutes les fois que le travail s'y prête, d'une grande quantité de main-d'œuvre sur um méme point, par exemple, jusqu'à douze hommes travail=! lant sur un même foyer, sans se gêner, et en exécutant! chacun sa partie; « l'ouvrier le plus actif entraînel “ E. SauvaGe : Les Locomotives américaines. Rev. gén. des Sciences du 15 mai 1906, t. XVII, p. 402. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 679 é dans l’équipe comme l'ouvrier servant une ne-outil puissante est poussé par la machine e ». Ceci suppose évidemment que l'ouvrier moins f ne soit pas le maître des autres. d japprovisionnement de l'ouvrier en matières à aller. Cet approvisionnement est tel que l'ouvrier jamais arrêté par le manque de matières pre- res ; il a toujours à sa disposition un approvision- ent de plusieurs jours, qui le pousse à la produc- Jamais le travail de réparation commencé sur machine n’est arrêté pour attendre une pièce, et ravail est organisé de manière que les diverses arations à faire sur les différentes parties de la ine soient terminées au moment voulu. ce qui concerne la disposition des ateliers en vue production rapide, elle est étudiée avec le plus nd soin, souvent par des ingénieurs spécialistes, ntreprennent, pour un réseau donné, l'étude des eures dispositions à prendre. La principale ques- l'est de grouper les départements de l’ajustage, du age et de la chaudronnerie de manière à simplifier Ctiver leurs rapports et de leur donner les dimen- is relatives nécessaires pour arriver au maximum roduction. L'atelier d’ajustage, notamment, est jurs largement conçu; on lui alloue jusquà mètres carrés de surface par fosse de montage, une moyenne de trois machines réparées par et par fosse (Ateliers d’Altoona). On peut, avec areils espaces, disposer d'un grand nombre de chines-outils, entre lesquelles on peut circuler ment et accomplir rapidement les manœuvres de nutention des pièces. Aux ateliers de Montréal nadian Pacific), la surface de l'atelier d’ajustage 1t 35 mètres carrés par machine-outil, au nombre ateliers sont largement pourvus de ponts roulants riques de 50 à 400 tonnes pour les montages, et areils de manutention de toutes sortes, notam- de palans à air comprimé extrèmement mobiles ùmmodes, et aussi de réseaux de voies de roulage ales et étroites, ces dernières parfois avec leurs entre ceux des voies normales. Mais ce n’est que examen des plans de ces ateliers que l’on peut écier leur organisation; on en trouvera des iples dans le Mémoire de M. Laurent. outillage est remarquable par sa spécialisation et issance. En ce qui concerne la puissance, on n'a hésité à renforcer les machines-outils, les tours mment, pour profiter au maximum possible de entation de débit que permet l'emploi des outils es. La commande des machines-outils par des lamos a singulièrement facilité cette adaptation. ploi des outils pneumatiques rend aussi les plus ds services. Leur usage est universel, au point dans la plupart des ateliers, les canalisations d'air bmprimé sont aussi développées que celles de l'élec- té. Le dépôt d'Altoona, qui assure l'entretien de Dlocomotives, a ses machines pneumatiques ali- ntées par deux compresseurs, d'en tout 17.000 litres minute, et 150 chevaux. Il possède une station tale d'électricité de 800 chevaux. Ceux de Reading, Ur une réparation de #8 machines à la fois, en ont : de 2.000 chevaux. ce qui concerne les voitures et wagons, les che- ns de fer américains pratiquent, encore plus que les locomotives, le mépris des vieilles pataches. y profite largement de la puissance des ateliers au» construire des wagons neufs en série et à très on compte ; la durée des wagons en bois y est infé- ire à quinze ans. L'emploi des wagons avec ossature Mchässis en acier et panneau en bois tend à se géné- liser, avec la même tendance à faire neuf que pour S,Wagons en bois. Les ateliers de réparation et de onstruction de ces voitures et wagons sont établis et Mministrés d’après les mêmes principes que ceux des womotives, et avec le même succès. $ 4. — Physique Une méthode pour mesurer la résistance électrique des arbres vivants. — Dans un récent numéro de la Physikalische Zeitschrift", M. E. Dorn décrit un procédé qu'il vient d'imaginer pour mesurer la résistance électrique des arbres vivants. Il propose d’enfoncer dans le tronc de l'arbre 3 forets de 5 milli- mètres d'épaisseur, à une hauteur de 20 à 40 centi- mètres au-dessus du sol, jusqu'à la profondeur de quelques centimètres, en des points équidistants de sa circonférence, de relier ces forets par un fil de cuivre nu et d'arranger un dispositif analogue à 5-6 mètres au-dessus du premier. Après avoir ensuite lancé un courant d'intensité connue à travers la portion intermédiaire de l'arbre, au moyen d'électrodes non polarisables disposées à 80 centimètres au-dessus du dispositif inférieur et à distance égale au-dessous du dispositif supérieur, M. Dorn mesure la différence de potentiel. Les élec- trodes dont il se sert se composent soit d'un morceau de branche de l'arbre en essai, soit d'argile avec une solution étendue de sel commun, ou d'argile avec une solution saturée de sulfate de zinc et de zinc amalgamé. Tous les instruments de mesure étant disposés sur des disques de paraffine, un électromètre à quadrants et une méthode de compensation ont donné des valeurs sensiblement identiques du potentiel. En intervertissant le courant et en tenant compte de certaines influences perturbatrices, on élimine autant que possible toute source d'erreur. Lorsqu'on répète les mesures à des intervalles rapprochés, en modifiant quelque peu les conditions de l'expérience, on réalise un accord moyen à 1/3 °/, près. On n'observe aucune influence appré- ciable de la résistance en plaçant l'une des électrodes dans le plan horizontal. $ 5. — Chimie Les idées actuelles sur la constitution des albumines et les travaux de P. Schutzen- berger. — Les dernières découvertes de Fischer, de Kossel et de leurs élèves sur la constitution des albu- mines, en montrant que le dédoublement de ces corps conduit à des acides amidés (glycocolle, alanine, phé- nylalanine, acides aspartique, glutamique, pyrrolidine- carbonique, leucine, tyrosine, arginine, lysine, histi- dine, etc.), posaient une question du plus haut intérèt touchant les résultats acquis depuis plus de vingt ans par les belles recherches de Schützenberger. On sait que ce savant a isolé, des produits du dédou- blement barytique des matières protéiques, quelques acides amidés er aussi des corps plus complexes, qu'il avait désignés sous le nom de /eucines, CrH?+1A70r, leucéines, CrH?*—'A70*, glucoprotéines, C'H?*A7?0*, corps vilreux amorphes, toutes substances dont la con- stitution restait inconnue et dont l'existence même était difficile à concilier avec les travaux de l'Ecole allemande. Ce problème vient d’être résolu grâce aux efforts de MM. L. Hugounenq et A. Morel?, de la Faculté de Méde- cine de Lyon. Ces chimistes, qui, depuis plusieurs années, se sont attachés à l'étude des substances albu- minoides et de leurs produits de dédoublement, viennent d’élucider la constitution des matériaux isolés par P. Schützenberger, en montrant que ceux-ci ne sont pas des produits définis, mais bien des mélanges d'acides amidés déjà connus. C'est ainsi que les chimistes lyonnais ont montré dansles /eucines l'existence de: l’alanine (10 °/,), la phé- nylalanine (2,8 °/.), l'acide aspartique (1 °/.), l'acide glutamique (0,8 °/0), la tyrosine (5 °/6). MM. Hugouneng et Morel ont établi que les leu- 1 Physikalische Zeitschrift, n° 10, 1906. 2 HuGounexo et MoreL : C. R. Acad. des Sc., juin 1906. 680 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE céines sont des mélanges de leucine (31 °/;), alanine (21 °/0), tyrosine (0,2 °/,), proline (5,8 °/,), phénylala- nine (19 °/.),acide aspartique (3,9 °/.), acide glutamique (1,9 °/0). Les glucoprotéines leur ont fourni de : l’alanine (43 °/.), la leucine (12 °/4), la proline (0,2 °/.}, la phé- nylalanine (7 °/), l'acide aspartique (5 °/.), l'acide glu- tamique (12 °/,). Le corps vitreux amorphe est un mélange de poly- peptides, dédoublables par les acides en composés amidés plus simples. Les dénominations de leucines, leucéines, glucopro- téines doivent donc disparaître de la science. Ainsi tombe une des difficultés les plus troublantes dans l'étude des matières protéiques. Le désaccord entre les résultats de P. Schützenberger et ceux des chimistes contemporains n’est qu'apparent, les progrès récents de la technique ayant permis à MM. Hugounenq et Morel de résoudre les produits obtenus par P. Schüt- zenberger en un mélange d'acides amidés. En outre, ces travaux montrent que l'hydrolyse des matières protéiques aboutit à des résultats sensible- ment identiques, soit qu'on la poursuive par les alcalis, soit qu'on la réalise par les acides. Entin, les auteurs lyonnais, étudiant les urées com- posées des acides amidés les mieux connus (leucine, : tyrosine), n’ont pas réussi à obtenir par la digestion pancréatique le dédoublement de ces dérivés, à l'inverse de ce qui se passe pour les polypeptides de Fischer, ce qui semblerait prouver, contrairement à l'opinion de P. Schützenberger, que le groupement de l’urée n’a pas, dans la molécule des albumines, l'im- portance qui lui avait été attribuée. $ 6. — Physiologie Les voies de la sensibilité dolorifique et calorifique dans la moelle. — Les études sur la physiologie du système nerveux central ne sont pas poursuivies aujourd'hui comme il conviendrait, par les biologistes. Et pourtant combien de questions, et des plus importantes, qui mériteraient d'être reprises et éclairées par de nouvelles expériences! Telle est, par exemple, la question des voies de la sensibilité dolori- tique et calorilique dans la moelle, question que les classiques expériences de Schiff (1854) et de Brown- Séquard (1866) semblaient avoir définitivement résolue, et à laquelle M. Ed. Bertholet vient de donner une solution tout à fait différente de celle qu'ont proposée ses illustres devanciers!. A la suite de très nombreuses expériences de sec- tions partielles du névraxe, Schiff était arrivé à cette conclusion que la sensibilité dolorifique est transmise dans la moelle par la substance grise : « Je crois pouvoir déduire, dit-il, de mes recherches, que chaque pont de substance grise, dans toute sa hauteur, qui unit encore la partie céphalique à la partie caudale de la moelle, donne, à la suite des exci- tations qui frappent le train postérieur, des réactions sensitiyes encore nettes : cris, tentative de fuite, etc., dans le train antérieur. De profondes lésions de la subs- tance grise affaiblissent et ralentissent la sensation dolorifique dans tout le train postérieur. » A cette théorie de la conduction de la sensibilité dolorifique par la substance grise de la moelle se rat- tachent, à la suite de Schiff, Brown-Séquard, 0. Funke, CL Bernard, Longet, Fredericq et Nuel, Waller, A. Herzen, etc. L. Landois, résumant l'opinion com- mune à tous ces physiologistes, écrit : « La sensibilité à la douleur est transmise par les racines postérieures et par la substance grise. Lorsqu'il n’y a plus de subs- ! Le Névraxe, vol. VII, fase. 3, Louvain, 1906. tance grise, on observe une analgésie dans les partiés: situées au-dessous de la section ». Il y a, à la vérité, quelques notesdiscordantes; mais, comme elles reposent essentiellement sur des donn: es cliniques, qui n'ont pas et ne peuvent pas avoir, dansl4 plupart des cas, toute la rigueur et toute l'exactitude! d'expériences physiologiques, on à coutume de noter ces divergences sans en tenir, en général, grand compl dans les ouvrages de Physiologie. On peut dire que la doctrine de Schiff et de Brown-Séquard est actuelle= ment la seule doctrine classique. } J Les très remarquables observations et expériences faites par M. Ed. Bertholet dans les laboratoires anato-| mique et physiologique de l'Université de Lausanne, et} exposées par lui dans son Mémoire, nous paraissent établir que cette doctrine classique devra être aban- donnée. Les expériences de cet auteur ont été prin palement faites sur le chat, sur lequel les observati de sensibilité sont plus faciles et plus précises que St les autres animaux de laboratoire; elles ont, d’ailleurs Be complétées par quelques autres pratiquées chez chien. Sans entrer dans la description des observations anatomo-histologiques du travail de M. Bertholet, et nous bornant à résumer ses recherches expérimentales nous conclurons avec lui que les impressions de doule et de chaleur ne sont pas transmises à distance dans moelle tout le long de la substance grise; que impressions sont conduites par les cordons latéraux la moelle, et qu'ainsi se trouve renversée la doctrit physiologique classique et justifiée la conception ba sur les observations cliniques qu'avaient défendue Gehuchten, Karl Petren, J. Piltz, ete. M. Bertholet, pour faire cette démonstration, pratique aseptiquement, chez l'animal anesthésié à l’éther, de sections partielles de la moelle dans la région dorsale moyenne. Ces sections sont ou des sections à 1/40 des hémisections, ou des sections aux 3/4. M. Bertholëét expose très clairement la technique très simple permet de les réaliser. Une section à 1/4 intéresse cordon latéral, mais respecte la totalité de la substan grise; une section aux 3/4 intéresse la totalité del substance grise et ne respecte qu'un cordon latér Les observations de sensibilité sont faites lorsq l'animal est remis du choc opératoire, et l'on ne retiét de ces observations que ce qui est définitif et demeure chez l'animal lorsque l'état permanent est réalisé. L'animal étant sacrifié, la région de la moelle au niv de laquelle a été pratiquée la section partielle est s mise à une observation histologique, destinée à bi préciser l'étendue de la section partielle et à déte miner rigoureusement la nature des éléments consér vés intacts et de ceux qui ont été altérés par l'opé= ration. A Les chats (M. Bertholet en rapporte quatre exe) chez lesquels à été pratiquée une section aux 3/4 dela! moelle dorsale, chez lesquels l'examen histologique| démontre que la colonne grise a été totalement sec tionnée, ont tous conservé la sensibilité dolorifiqueset} calorifique dans le train postérieur du corps et des! deux côtés. Par contre, un chat chez lequel, à quelques jours d'intervalle, on avait pratiqué une section aux 3/4 à droiteet, à un niveau différent, une hémisection gauche, ne présentait plus aucune sensibilité doloni-! tique ou calorifique dans le train postérieur (la pre- mière section partielle aux 3/4 ayant respecté cette sensibilité, bien que la colonne grise ait été totalement sechonnée, comme en témoigne l'examen histologique). Ces observations de M. Bertholet n'établissent-el es pas nettement que la sensibilité dolorifique et calorifique est conservée dans le train postérieur du chat alors même que la totalité de la colonne grise de la moelle a! été sectionnée, pourvu que l’un au moins des cordons! latéraux soit intact, tandis que cette sensibilité est} abolie dès que les deux cordons latéraux ont été sec-l tionnés, alors que la colonne grise présente une conti nuité au moins partielle. C'est ce qu'en langage physio- CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 681 logique courant on traduit de la façon suivante : la ‘conductibilité dolorifique et calorifique se transmet {dans la moelle par les cordons latéraux et non par la substance grise. |: Dans un dernier chapitre de son travail, M. Bertholet cherche à établir comment ses devanciers avaient pu Iconelure selon la doctrine classique; il nous semble \que cet examen critique n’est pas aussi approfondi quil eùt pu l'être pour convaincre définitivement tous les physiologistes. Sans doute, les expériences de |M°,Bertholet ont été faites avec un soin minutieux et Isuiyant une excellente technique ; les faits qu'il nous xpose sont acquis. Nous espérons seulement qu'il eviendra prochainement sur la discussion des concep- Jtions de ses devanciers pour la poursuivre à fond et nous permettre de substituer, à la doctrine classique de conductibilité dolorifique et calorifique par la subs- tance grise, la doctrine qu'il lui substitue de la con- ductibilité par les cordons latéraux de la moelle. $ 7. — Sciences médicales a rage et les chiens errants. — M. H. Martel ent d'insister à nouveau sur la nécessité d’un service capture des chiens errants, fonctionnant d'une on continue et avec la plus grande sévérité. En effet, lepuis plusieurs années que la Police municipale à ris fait preuve d’un grand zèle dans cette opération que l'Administration signale tous les cas de rage onstatés à la Police municipale, en vue d'appliquer les glements aussi strictement que possible, on enre- istre une amélioration notable. … Les chiffres qui traduisent l'importance des captures sont des plus nets : 14.457 chiens errants sont capturés en 1901, 14.735 en 1902, 12.438 en 1903, 13.036 en 1904, et 11.148 en 1905. Le nombre des cas de rage observés sur les animaux vivants à la Fourrière tombe à 1 en 1903, et à 0 en 1904 et 1905. Celui des cas observés à Paris seulement décroit progressivement; il était de 1560 en 1903 ; il est de 84 en 1904, de 56 en 1905. Enfin, 502 personnes de Paris ou de la Seine ont été traitées l'hôpital Pasteur en 1898; il n'y en a eu que 200 environ en 1904. Ces résultats méritent d'attirer toute Pattention des Pouvoirs publics. 55 — Géographie et Colonisation ” | Le Soudan égyptien et son nouveau chemin de fer. — Le 27 janvier dernier, lord Cromer à pro- cédé à l'inauguration du chemin de fer qui relie Berber Port-Soudan, en mettant les rives du Nil en commu- Wnication avec le littoral de la mer Rouge. La ligne a june longueur de 532 kilomètres; elle a coûté 35 millions [de francs et a été construite dans des conditions de hrapidité véritablement remarquables : les travaux, commencés en août 1903, ont été terminés en oc- tobre 1905. Ces résultats sont d'autant plus merveil- eux que les difficultés n'étaient pas négligeables sur la majeure partie du trajet, l’eau fait absolument défaut et le pays est complètement dénué de toute Wressource en hommes ou en approvisionnements. Le terminus choisi sur la Mer Rouge, Port-Soudan, se Mrouve un peu au nord de Souakim. C’est une des nom- \breuses petites baies de la côte, que l’on a transformée en port sûr, où les vapeurs pourront en toute saison Mrouver un excellent mouillage à l'abri des tempêtes. Port-Soudan ne tardera pas à commander toute la 1 La Presse Médicale, 30 juin 1906. Mer Rouge et à faire concurrence à Suez. Souakim a été abandonné à cause de sa difficulté d'accès et de l’'insa- lubrité de son climat. Comme plusieurs voies africaines parallèles qui unissent l'intérieur à la côte, la nouvelle ligne ne vaut guère que par ses extrémités; hormis la découverte possible de mines, la région traversée, de caractère désertique, n'est pas susceptible d'alimenter le trafic. Cette voie ne doit donc être considérée que comme le débouché du Soudan égyptien. Du confluent de l’Atbara avec le Nil jusqu’à Alexandrie, il y a plus de 1.900 kilo- mètres; par le nouveau chemin de fer, la distance à la mer est réduite à 500 kilomètres environ. Ces chiffres permettent d'apprécier, au point de vue soudanais, l'importance de l’entreprise, qui, par ailleurs, se pré- sente comme une solution de continuité, créée artifi- ciellement et volontairement entre le Soudan et l'Egypte. Aussi bien, n’est-on pas étonné d'entendre les doléances des journaux égyptiens et de lire des appré- ciations comme celle-ci : « En construisant cette ligne au lieu de relier Assouan à Halfa, les Anglais ont voulu séparer définitivement le Soudan de notre pays. » Le Soudan égyptien, dépeuplé et dévasté par le régime du madhisme, à besoin d'efforts nombreux et intelligents pour renaître au point de vue économique. La construction du chemin de fer de Berber à Port- Soudan ne représente qu’un de ces efforts; d’autres ont été faits ou sont en voie d'exécution. De nombreuses lignes sont projetées : deux d’entre elles rayonneront de Khartoum, l'une s’avançcant dans la plaine de Ghezira, entre le Nil Bleu et le Nil Blanc, l’autre se dirigeant du côté d'El Obéid et du Khordofan. Enfin, pour mieux faire converger vers le Soudan tout le trafic des régions environnantes, le chemin de fer de Wadi-Halfa à la troisième cataracte a été abandonné, tandis qu'un autre était construit d'Abou-Hamed jus- qu'à Méroé. En même temps que le développement des voies ferrées, on pousse activement les travaux d'irrigation desquels dépend l'avenir de l’agriculture. Tandis que les eaux du Nil Blanc sont, en principe, réservées à l'Egypte, ce sont celles du Nil Bleu que l’on veut utiliser pour le Soudan égyptien. Il faut bien remarquer que, là encore, cette dernière région est mieux traitée que l'Egypte, car, tant que l’on n'aura pas régularisé le Nil Blanc, à travers la cuvette marécageuse qui s'étend entre Lado et Fachoda, le Nil Bleu restera le facteur prépondérant des crues du delta. Devant l'impossibilité, pour des raisons politiques, d'établir un barrage sur le lac Tana, l'Administration à eu recours à toute une série de barrages locaux et de réservoirs d’endigue- ment, établis sur le cours inférieur du Nil Bleu. L'agglomération de Khartoum se développe avec une rapidité extraordinaire; lorsque les voies de corimu- nication projetées seront terminées, cette ville sera une capitale vraiment géographique. Deux autres centres voisinent avec la cité officielle et administrative Halfaya, la ville des affaires, située un peu au nord du confluent, sur la rive droite du Nil Blanc, et Omdurman, la ville indigène, l’ancienne capitale du Madhi, qui s'étale sur la rive gauche du même fleuve. Le Soudan égyptien marche rapidement vers son auto- nomie absolue, et l'œuvre de rénovation que les Anglais sont en train de poursuivre marque un effort colonial digne de toute notre attention. Pierre Clerget, Professeur à l'Institut commercial des jeunes filles de Fribourg (Suisse). 682 XXX — BLINDAGES ET PROJECTILES DE RUPTURE BLINDAGES ET PROJECTILES DE RUPTURE PREMIÈRE PARTIE : BLINDAGES I. — COoNSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. On s’est plaint pendant longtemps du désinté- ressement absolu du public français pour les ques- tions maritimes; il semble que ces temps soient passés, à en juger par la part active prise par la presse politique dans les polémiques d'ordre tech- nique soulevées par l'élaboration du nouveau pro- gramme de conslructions navales. Beaucoup de grands quotidiens ont, en effet, largement ouvert leurs colonnes aux nombreux écrivains qui ont pris part à une discussion dont le dernier mot va ètre prononcé par le Parlement. Le moment est done favorable pour passer en revue les progrès récents faits par l'artillerie et la cuirasse. En ce qui concerne le canon, son action offensive est caractérisée par deux facteurs : la qualité de son projectile et la force vive dont est animé celui-ci à l'instant du choc. Mais, tandis que l'étude du premier de ces facteurs est, comme celle des blindages, d'ordre à peu près exclusivement métal- lurgique, celle du second équivaut à une étude d'ensemble de l'artillerie navale moderne, étude que nous n’avons pas l'intention d'aborder quant à présent. Nous bornerons donc notre examen à la question « projectile » proprement dite, et, sans nous préoccuper des moyens par lesquels l’artil- lerie réalise ses grandes vitesses initiales, nous n’en- visagerons que les résultats obtenus au polygone dans les tirs sur plaques et les grands traits de la fabrication du matériel. Ainsi réduite, notre tâche sera, d’ailleurs, encore malaisée, en raison du grand nombre de facteurs qui interviennent dans toute question de ce genre et de la difficulté que l’on éprouve soit à délimiter leur rôle, soit à apprécier leur importance. C'est ce qui explique pourquoi les diverses marines mili- taires paraissent avoir tiré un si mince profit immédiat des lecons de choses données par la guerre russo-japonaise. Au point de vue purement technique et dans le domaine restreint de notre étude, les enseignements en question sont, en effet, à peu près nuls; au surplus, en l'absence de toute documentation précise, ils ne sauraient confirmer ou infirmer en rien les résullats dûment constatés sur les champs de tir. On doit, d’ailleurs, remarquer que, si les résultats obtenus dans l'action diffèrent profondément de ceux qu'escomptent parfois les techniciens, c’est uniquement par suite de la réduc- tion du nombre des atteintes, car il est bien évident que l’action matérielle d'un projectile atteignant un obstacle dans des conditions déterminées reste la même lorsque celles-ci ne varient pas. Or, comme toutes les circonstances d'un impact sur la plaque peuvent, en général, être réalisées au polygone,sil s'ensuit que les résultats observés en ce dern ï endroit pourront nous renseigner valablement sur les effets au but, dans le cas d’un tir de combat. IT. — APERÇU HISTORIQUE. $ 1. — Blindages. Si l'on néglige les batteries flottantes imaginées en 1782 par le chevalier d'Arcon en vue du siège de Gibraltar, et celle que construisit en 1814 Fullon pour la défense de la baie.de New-York, on pe at dire que l'entrée en scène du navire cuirassé remonte qu'au 17 octobre 1854, date à laqueile batteries blindées la Lave, la Tonnante et la Dé tation affirmèrent leur puissance militaire en # duisant au silence les canons de la forteresse le Kinburn, et ce, au prix d'avaries insignifiantes, malgré le grand nombre de boulets qu'elles avai reçus de l'artillerie russe. Les batleries en question n'étant toutefois pas des navires de haute mer, l'ancêtre incontestal de la marine cuirassée est la Gloire, lancée en 1859, dont la conception, due au génie de Dupuy de Lôme, était la résultante directe du mouvemen d'idées auquel avait donné lieu la prise de Kinburn: A ce sujet, il n’est pas sans intérêt de rappeler que la protection de la Gloire était constiluée par un muraille formée de plaques de fer de 120 milli- mètres d'épaisseur à la flottaison et de 110 milli- mètres à hauteur de la batterie, fixées sur"un matelas en bois ayant les épaisseurs correspôn- dantes de 660 millimètres et 600 millimètres. L'usage exclusif du fer comme métal à blindages! subsista pendant une vingtaine d'années, et, pendant toute celte période, l'amélioration de la puissance! défensive du navire consista presque uniquement dans l'augmentation de l'épaisseur des plaques: Dès 1876, l'Italie adoptait cependant un blindage en acier ordinaire pour le Duilio et le Dandolo; mais on peut dire que ce mode de protection cons titua, pendant quelques années, une véritabl exceplion parmi les errements en usage dans les marines mililaires. C'est vers 1880 que l'onwi! apparaître le blindage mixte ou compound, com, posé d'une plaque de fer sur laquelle on ajoutai - une chemise d'acier; la plaque finie, résultant du laminage de l’ébauche ainsi constituée, avait leliers de son épaisseur formé par une couche d'acier. Plus résistante que la plaque en fer de même - épaisseur (20 °/, environ), la plaque en métal mixte -avait le grave inconvénient d'être beaucoup plus fragile, au moins à sa surface, et il arrivait souvent * que le choc du projectile décollait sur une étendue pour la couverte en acier du matelas en fer auquel on avait tenté de la souder par laminage. —_ Le blindage en acier ordinaire était naturelle- , le blindage en compound; mais, par suite de la fra- gilité inhérente à l'emploi de l'acier, une plaque, même de grande surface, pouvait être ruinée par un seul coup, alors que la plaque mixte donnait toujours la protection de son matelas en fer. Les avantages et les inconvénients inhérents à l'emploi de ces deux genres de blindages expliquent done très bien pourquoi la lutte entre l'acier et le métal -compound dura jusqu'à l'apparition de l'acier “spécial, c'est-à-dire jusqu’en 1892. * La grande dureté relative de ce dernier métal - par rapport à celle de l'acier ordinaire (résistance … à la perforation supérieure de 20 °/,) et son manque “ complet de fragilité montrent immédiatement la … nature du progrès réalisé par l'emploi de l'acier spécial. Il était, d'ailleurs, à peine signalé à l'atten- tion du monde maritime qu'il était lui-même suivi ; d'un notable perfectionnement, consistant dans le … durcissement de la face d'impact par la cémentation … de celle-ci (Brevets Harwey, 1893). Extrêmement résistantes à l'obus de rupture ordinaire (résistance à la perforation supérieure de 30 °/.), les plaques harweyées avaient le défaut hr d'être fragiles; le procédé Krupp a corrigé cette —…défectuosité, tout en conservant aux plaques la … grande résistance due à l'emploi de la cémentation. “Enfin, et tout récemment, le procédé Charpy a per- — mis de dorner aux plaques d'épaisseurs inférieures à 100 millimètres les qualités caractéristiques du “métai Krupp, alors que ce dernier procédé était - inapplicable dans ce cas. Il résulte donc de ce qui précède que les blindages en fer et en acier ordinaire ou mixte ne présentent plus aujourd'hui qu'un intérêt purement histo- rique : nous ne nous occuperons, par suite, dans la présente étude, que des blindages en acier spécial ou en acier cémenté, ces derniers étant eux-mêmes fabriqués par l'un des trois procédés Harwey, Krupp et Charpy. $ 2. — Projectiles de rupture. L'évolution du projectile a naturellement suivi celle de la cuirasse. Sur la Gloire et les premiers cuirassés, les projectiles employés n'étaient autres ment un peu plus résistant, à épaisseur égale, que. | XXX — BLINDAGES ET PROJECTILES DE RUPTURE 683 que les boulets sphériques en fer de l’ancienne artillerie lisse (canons de 50), dont le choc, à la distance de 30 mètres, sur les plaques en fer de 12 centimètres constiluant la protection de la Gloire, ne produisait que des empreintes de 85 mil- limètres de profondeur. La mise en service de l'artillerie rayée (canon de 16°", modèle 58-60, et artillerie modèle 64-66), qui comportait, avec des calibres déjà très considérables, l'emploi de projectiles ogivaux en fonte dure pesant plus de deux fois le poids du boulet rond de même calibre, augmenta dans de grandes proportions la puissance offen- sive du projectile, malgré la réduction notable des vitesses initiales qui s’ensuivit. L’apparilion de l'artillerie modèle 1870, dont la caractéris- tique principale était l'emploi d'une ceinture en cuivre pour le forcement du projectile dans les rayures, permit d'ailleurs à l'artillerie navale de réaliser, peu de temps après, une augmentation des vitesses iniliales, qui passèrent de 360 à 430 mètres environ. Néanmoins, et tant que persista l'usage du fer comme métal à blindages, le boulet ogival en fonte dure se maintint en service, en raison de son efficacité certaine. La généralisation de l'emploi de l'acier ordinaire et du métal compound comme métaux à blindages fit ressortir l'insuffisance des projectiles précé- dents; l'artillerie eut alors recours à l'acier ordi- naire forgé, auquel succéda, vers 1881, l'acier au chrome, dont les remarquables propriétés venaient d'être mises en évidence par les travaux de M. Brustlein, le distingué ingénieur des usines d'Unieux. Simultanément, l'artillerie, par l'emploi des poudres prismatiques brunes et la mise en service de l'artillerie en acier, modèle 81, d'une longueur d'âme de 30 calibres, réalisait une nouvelle aug- mentation des vitesses initiales, qui étaient ainsi portées à plus de 600 mètres par seconde. Suffisants dans l'attaque des plaques en acier ordinaire ou spécial, dont ils traversaient sans se rompre des épaisseurs au moins égales à leur calibre, les obus en acier chromé se montrèrent, par contre, très médiocres dans l'attaque des pla- ques cémentées. L'apparition de ces dernières marqua done, pour peu de temps, il est vrai, un triomphe incontestable de la défensive, malgré la grande augmentation des vitesses initiales, corré- lative de l'emploi des poudres sans fumée et de canons appropriés au tir de celles-ci. Avec des vitesses au choc très supérieures à celles qu'exige la perforation des plaques en acier ordinaire de même épaisseur (30 °/, environ en moyenne), le projectile de rupture en acier chromé arrivait bien à perforer les plaques cémen- 68% XXX — BLINDAGES ET PROJECTILES DE RUPTURE lées, mais il se brisait invariablement au choc. L'invention de la coiffe par l'amiral Makaroff, survenue dans les premiers mois de 1894, mil fin à la supériorité éphémère reconquise par le blin- dage. Vitesse à part, la plaque cémentée atta- quée par les obus coiffés se comporte, en effet, à peu près comme la plaque en acier ordinaire atla- quée par des obus de rupture non coiffés. Depuis cette époque, le projectile et la coiffe n'ont subi que des perfectionnements de détail, et l'accroisse- ment considérable de la puissance offensive de l'artillerie survenu dans ces dix dernières années n’est que la résultante presque exclusive de l’aug- menlation ininterrompue des vitesses iniliales. III. — ÉTALONNAGE DES PLAQUES. L'appréciation de la qualité des plaques se fait toujours à l’aide du tir; les essais mécaniques el les analyses effectuées en usine n'ont guère, à ce point de vue, qu'une importance purement docu- mentaire, encore que leur connaissance soit indis- pensable à l'ingénieur métallurgiste chargé de diriger une fabrication de plaques. Plusieurs ten- tatives ont, cependant, été faites en vue de relier les résultats du tir à ceux que fournissent les essais mécaniques ; parmi celles-ci, nous cilerons les tra- vaux du général Moisson. Mais les résultats obtenus, déjà insuffisants dans le cas de plaques homogènes (aciers ordinaire et spécial) qui se laissaient tra- verser sans briser le projectile, se sont trouvés sans valeur dans le cas de l’acier cémenté, par suite de l'action destructrice exercée par la couche durcie sur le projectile. Une formule de ce genre, pour être satisfaisante, devrait en effet, dans ce cas, Lenir compte des constantes mécaniques du métal de l'obus aussi bien que de celles de la plaque; or, comme ces constantes varient de la pointe du projectile à son culot et d'une face à l’autre de la plaque, on s'explique aisément l'impossibilité d'établir a priori une relation quelconque entre ces éléments et les données et résultats des tirs. En France et sur le continent, on définit la résistance d'une plaque par la valeur du rapport existant entre : 4° la vitesse stricte de perforation, V,, de la plaque en question, attaquée sous une incidence donnée par un projectile déterminé, el 29 Ja vitesse stricte de perforation V, d’une plaque en acier ordinaire de même épaisseur, altaquée, sous la même incidence, par un projectile ogival de même poids et de même calibre que ci-dessus. La valeur du rapport en question étant désignée par la lettre p, on à donc, par définition, Vr (1 V6: pour l'acier ordinaire, p— 1. D'autre part, la vitesse V; est celle que donne la formule Jacob de Marre, déduite des résultats d'un grand nombre de tirs effectués à Gàvres. Cette formule est la suivante : ans \/— ET er, où V, désigne la vitesse de perforation (en mètres); :, l'épaisseur de la plaque (en décimètres) ; a, le diamètre maximum du projectile (en décimètres) ; p, le poids du projectile (en kilogrammes). Lorsque la vitesse V du numérateur de (1) repré- sente une vitesse autre que celle de la perforas tion stricte, la valeur du rapport se représente par, } la lettre R et sert à caractériser l’action d'un coups de canon déterminé contre une plaque donnée. Lorsque l'incidence + du tir augmente, l'épais-, seur de la plaque attaquée restant la même, la” | valeur de la vitesse stricte de perforation V4 cor=" respondante augmente également. En France, on. admet, d'après les résultats de tirs très anciens, que cette vitesse V, est reliée à la vitesse de pérfo= ration stricte V,, correspondant à l'incidence nor y male, par la relation : Vp (2) \o= DERICOEC dite loi du cosinus. y Si la loi du cosinus était exacte, on pourrait" | évidemment définir la valeur du ? d'une plaque en | partant d'une vitesse de perforalion stricte obtenue» | dans uu tir effectué sous une incidence quelconques" mais, comme l'exactitude de la relation (2) reste encore à prouver, au moins avec nos projectiles actuels, il sera toujours prudent d'évaluer la résis-\ tance d'une plaque en se donnant la valeur du | coefficient o correspondant à un tir effectué sous | l'incidence normale et avec des projectiles d'un) calibre égal à l'épaisseur de la plaque, certains | auteurs admettant une petite variation de p, corré= | a lative à celle du rapport —. En Angleterre et aux, Etats-Unis, la spécification des qualités de résis- lance d’une plaque se fait en parlant d'un point. de vue un peu différent, et la considération du coefficient 9 est remplacée par celle de la note de | mérite, que l’on définit ainsi qu'il suit! : « La note de mérite (NM) d'une plaque contre ( un coup donné est le rapport entre l'épaisseur de | fer forgé que le coup peut perforer strictement el | l'épaisseur que la plaque doit avoir pour être per- k forée strictement par le coup. » 10 La considération du coefficient R est, de même, | remplacée par celle du facteur de perforation, dont || la définition est donnée ci-après : —_— | 1 Naval Annual. by Lorn Brassey, 1905, chapitre Armour. | 1 | | | « Le facteur de perforation (FP) d’un coup contre une plaque donnée est le rapport entre l'épaisseur de fer forgé que le coup peut strictement perforer | et l'épaisseur de la plaque donnée. » L'épaisseur de fer forgé que le coup peut per- forer strictement est ici donnée par la formule de Tresidder, qui donne des résultats peu différents de | celle établie par Jacob de Marre pour la perfora- tion du fer : 3 | 1 | \r= T2" Eu, P _ En définitive, on compare, dans les deux cas, le métal considéré à un métal étalon : l'acier ordi- | naire en France, le fer en Angleterre. Mais, tandis qu'en France la comparaison porte sur les vitesses, en Angleterre on la fait porter sur les épaisseurs. * Au point de vue théorique, les deux méthodes sont quivalentes, puisque de la valeur de p on peut déduire celle de la note de mérite, et réciproque- ment, au prix, il est vrai, d'un calcul un peu com- iqué. Toutefois, dans la pratique du polygone, il est plus avantageux d'employer les spécifications francaises, celles-ci se rapportant à la vilesse, qui est la seule variable sur laquelle on agisse direc- tement dans un tir. Ayant ainsi défini les caractéristiques dont l’em- . ploi est usuel dans les questions de blindages, nous juvons maintenant aborder l'étude détaillée de | en nous restreignant aux calégories énu- | mérées plus haut. On ne devra, toutefois, jamais perdre de vue que les valeurs de £ ou des notes de mérite n'ont, le plus souvent, qu'une importance | toute relative, étroitement liée à la nature et à la | qualité du projectile dont on se sert pour atla- . quer les plaques. — Une déformation du corps d’obus au choc contre la plaque se traduit, en effet, dans les résultats du “ir, par une augmentation de £ par rapport à la va- Leur de ce mème coefficient, obtenue dans les mêmes . conditions de tir, mais avec des projectiles moins déformables. - Dans cet ordre d'idées, et étant donné que les plaques en acier spécial d'une épaisseur égale au : calibre des projectiles qui les altaquent normale- ment déforment très peu ces derniers, on en conclut que les valeurs de 9 correspondantes représentent bien, dans ce cas, la résistance absolue de la plaque : aux effets du tir. Il n’en est pas de même pour les | plaques cémentées attaquées par les obus non coifés, et nous verrons plus loin les conséquences de ce fait. IV. — ACIER SPÉCIAL. $ 1. — Composition et constantes mécaniques. La connaissance des résultats obtenus par l'addi- tion de nickel à l'acier ordinaire donna l'idée de XXX — BLINDAGES ET PROJECTILES DE RUPTURE 685 corriger le défaut de fragilité des blindages en acier en substituant, à ce dernier métal, un acier à faible teneur en nickel. L'usine du Creusot entra la pre- mière dans cette voie, queconsacrèrent les résultats des tirs effectués en 1890 à Annapolis et à Gâvres. Toutefois, si l'acier au nickelétait moins fragile que l'acier ordinaire, il n'était pas plus résistant; l'usine de Saint-Chamond obtint la première ce dernier ré- sultat par l'addition de chrome. En fait, on appelle aujourd'hui acier spécial un acier non fragile dont la résistance a été augmentée par l'addition d'autres métaux, tels que le nickel, le chrome, etc. A première vue, celte définition semble s'appliquer à beaucoup de Lypes d'aciers; mais, dans la réalité, elle s'applique à une nuance de métal dont les usines ne s'écartent guère et qui est caractérisée par la composition suivante : Lorsqu'on fait varier la teneur en nickel, celle en Cr augmente également; les variations doivent toutefois être limitées, la teneur de 4 °/, de nickel constituant un maximum qui correspond à une teneur en chrome voisine de 1,8 °/. Les constantes mécaniques d'un tel métal, me- surées après trempe et recuit, sont en moyenne les suivantes : Limite élastique - - - : - … . . Charge de rupture . . . - . . . 70 kgs — Allongement correspondant. . . 15 % $ 2. — Description sommaire de l'usinage. L'élaboration du métal se fait au four Martin à sole basique; on constitue le chargement de celui-ci avec des fontes très pures, du fer puddlé ou des rognures de plaques en acier spécial et divers ferros qu'on ajoute après que la décarburation a élé poussée aussi loin que possible. La coulée et le refroidissement des lingots ne pré- sentent aucune particularité. Après refroidisse- ment, on procède à leur décriquage, qui s'effectue à l'aide de machines spéciales. Le chauffage des lin- gots en vue du laminage doit être effectué avec beaucoup de soins pour éviter la production des tapures : il est conduit de manière à élever la tem- pérature de la plaque à 1200”, qui est celle à laquelle s'effectue le laminage. Cette dernière opération à lieu en une ou plusieurs chaudes, suivant la puis- sance de l'outillage; elle est suivie d'un gabariage de dégrossissage. On procède ensuile à la trempe, qui s'exécute à une terapérature variable selon la nuance du métal à tremper; on peut cependant dire qu'elle est généralement comprise entre 850 et 900°. Le liquide de trempe est l’eau, sauf pour les aciers 686 eo BLINDAGES ET PROJECTILES DE RUPTURE riches en chrome, et par conséquent sujets à taper, avec lesquels on emploie la trempe à l'huile. La trempe est suivie d’un recuit à 600° ou 700°; l'opéra- tion terminée, la plaque est refroidie à l'air. La série des opérations en usine se termine par un gabariage de finissage. $S 3. — Résistance au tir. Les plaques en acier spécial de bonne qualité ne sont pas plus fragiles que les anciens blindages en fer doux, mais elles sont beaucoup plus résistantes, et la valeur de » qui leur est afférente peut s'élever jusqu'à 1,25; en moyenne, elle est d'environ 1,13. Ces valeurs de Y sont celles qu'on obtient avec des obus non coiffés; avec des obus coiffés, la valeur de p est, toutes choses égales d'ailleurs, plus élevée, la e obus coiffé e obus non coiffe de la forme de la coiffe du projectile. Ainsi que nous l'avons déjà fait remarquer, les obus de rupture qui altaquent une plaque en acier spécial sous une incidence modérée sont en général retrouvés intacts, qu'ils aient perforé ou non. A l'inverse de ce qui se passe avec les plaques cé- mentées, la profondeur de l'empreinte de l'obus dans l'acier spécial est une fonction continue de la vitesse; mais, à de faibles vitesses, l'obus rebondit en deçà de la plaque. grandeur du rapport dépendant $ 4. — Effets produits par le tir. Les divers caractères de la pénétration de l'obus dans la plaque sont.les suivants : autour de l’em- preinte du projeclile, on observe un gonflement du métal de la plaque (fig. 1), commence à être sensible à environ un calibre et demi du centre de l'impact et dont la hauteur va en crois- sant avec le calibre et la vitesse. Au bord même du trou, le métal se relève sous forme d'une crête circulaire de bavures feuilles recourbées, séparées les par des déchirures. Ces bavures, qui ne prennent, d'ailleurs, naissance qu’à partir de certaines valeurs qui présentant l'aspect de unes des autres de la vitesse, ont, en outre, tendance à ne pas se former ou à s'arracher dans les tirs obliques. Leur production constilue un phénomène d'ordre dyna- mique, car on n'en oblient jamais lorsqu'on essaie de perforer la d'un projectile sous l’action d'une presse hydraulique puissante. plaque par l'enfoncement Les efforts auxquels sont soumises les parties de la plaque avoisinant l'empreinte se traduisent, en outre, généralement par la chute de la pellicule d'oxyde qui recouvre la surface du blindage; cette région est assez souvent nettement délimitée et ilest possible de mesurer exactement le diamètre du halo ainsi formé. D'après M. Weaver, les résultats de tirs exécutés en Amérique, antérieurement à à celte conclusion : 1892, aboutiraient Que le diamètre du halo est, pour l'acier ordinaire, égal à environ trois fois celui du projectile. D'après M. le colonel Vallier, il résul= terait de tirs exéculés à Gâvres sur des plaques en acier du Creusot’ que l'on aurait la relation : D — 3,125 a X 100006(e--a), | où D désigne le diamètre du halo: à, le: calibre du projectile; :, l'épaisseur de la plaque, ces diverses quantilés élant exprimées en millimètres. Le rapport D/a déduit de cette formule a des vs leurs très voisines du chiffre 3 donné par Weaver. Pour l'acier spécial, D/a serait inférieur à 3 et sa raleur augmenterait légèrement avec la vitesse au) choc et avec l'épaisseur. : $ 5. — Emplois de l'acier spécial. " Ainsi que nous le verrons toul à l'heure, l'acier spécial, atlaqué par l’obus coiffé, présente des Fig. 1. — Aspect des effets produits par le tir sur une - plaque en acier spécial. L qualités de résistance à peu près identiques à celles de l'acier cémenté; ce fait, joint à son absence de fragilité et à l'impossibilité d'obtenir des blindages cémentés d'une épaisseur inférieure à 100 mill mètres, limile donc forcément l'emploi de ces der= niers. On doit, en outre, remarquer qu'il est très difficile d'oblenir des plaques cémentées avec les cotes exactes des tracés, par suite des déformations occasionnées par la lrempe et de l'impossibilité pratique de raboter des surfaces qui ne présentent | dans la | plupart des il est donc nécessaire de racheter | les inexactitudes de forme des plaques cémentlées | en les installant sur un matelas en bois dont on, règle l'épaisseur à la demande de la plaque. Pour l'acier spécial est. donc encore très employé, et ses usages découlent | tout naturellement de l'exposé précédent; il cons> titue les blindages œuvres morles, | c'est-à-dire ceux d'épaisseur inférieure à 100 mil= pas des formes géométriques simples ; cas, ces diverses raisons, minces des ! C. R. de l'Acad., 4895, 4er septembre, p. 136. XXX — BLINDAGES ET PROJECTILES DE RUP lURE GST Jimêtres, les blindages de pont, où il s'est substitué - à l'acier extra-doux, les surbaux et les pare-éclats. $S 6. — Production et prix. La production des blindages en acier spécial … dépend étroitement des mises en chantier prévues | par le budget de la Marine, surtout étant donné le - faible tonnage de navires cuirassés étrangers “construits dans les chantiers francais. IL est donc - aisé de calculer le lonnage des blindages de cette … nature produits par les usines françaises, en partant de ce fait que le poids des plaques en acier spécial d'un navire cuirassé représente assez sensiblement le tiers du poids total des blindages de ce navire. . Cinq usines privées fabriquent les plaques en ‘acier spécial : ce sont celles de Saint-Chamond | (Société des Forges et Aciéries de la Marine et d'Homécourt), du Creusot (Schneider et C'°), Rive- -de-Gier (MM. Marrel frères), de Montluçon (Sociélé de Châtillon, Commentry et Neuves-Maisons) et de “Saint-Etienne (Compagnie des Forges et Aciéries “de Saint-Etienne). L'usine de Guérigny, appartenant -à la Marine, vient, en. outre, d'être outillée en vue ‘de la fabrication de blindages. e- Le prix moyen de l'acier spécial est d'environ 2.750 francs la tonne. $ 7. — Conditions de recette. " La marine française recoit tous les blindages en “acier spécial à l'aide d’une épreuve de Lir, excep- tion faite concernant les lots peu importants, dont | la recette est prononcée d'après les essais méca- li niques. Comme les spécifications de ces derniers — sont basées sur les résultats des lots reçus au tir, il s'ensuit que, directement ou indirectement, tous - les blindages en acier spécial sout recus à l’aide - d'une épreuve de tir. Des primes ou des rabais sont prononcés suivant la qualité de la plaque. Le pair correspond à une valeur de b comprise entre [1,07 et 1,20 ; la prime est allouée si l’on a p =>1,20 | et le rabais prononcé si p «71,07. Le lot est rebuté | si le £ est 1,02. Des conditions relatives à la | = fragilité interviennent simultanément avec celles qui concernent la résistance de la plaque. té | La proportion du nombre de primes accordées à | . Le . 9 celui des plaques essayées est relativement consi- | dérable. - NV. — PLAQUES EN ACIER CÉMENTÉ (PROCÉDÉS HARWEY | ET DU CREUSOT). S 1. — Constitution et constantes mécaniques. L'acier cémenté ne diffère en principe de l'acier | spécial que par un durcissement de la face d'impact | obtenu par cémentation. Dans le procédé Harwey, -cette cémentation s'effectue à l’aide d’un cément solide au charbon de bois; dans le procédé dit du Creusot, la cémentation s'opérait à l'aide du gaz d'éclairage. Nous disons s'opérait, car celte grande- usine, de même que presque toutes les autres, a renoncé à fabriquer de l'acier cémenté ordinaire et ne produit plus que de l'acier Krupp. La nuance de l'acier cémenté ordinaire est done en général identique à celle de l'acier spécial, dont nous avons donné plus haut la composilion. Les diverses marines ne spécifient, d'ailleurs, aucunes conditions concernant les essais mécaniques de la partie non cémentée, qui constitue ce qu'on appelle le sommier de la plaque; elles se bornent à exiger des qualités déterminées de résistance au lir. A cet égard, les caractéristiques de la plaque cémentée soni, ainsi que nous l'avons déjà vu, très différentes de celles de l'acier spécial. Tirés contre des plaques de ce dernier métal, les obus coiffés peuvent se gonfler légèrement, mais ils se brisent rarement, el lorsque ce fait a lieu, la fragmentalion s'opère suivant un très petit nombre de morceaux. Au contraire, les obus non coiffés se brisent presque toujours au choc contre ies plaques cémentées et leur fragmentation pro- duit un très grand nombre de morceaux. C'est dans celte différence d'action sur le projectile non cvoiffé que repose loute la supériorité de la plaque cémentée, et elle en est le trait caractéristique. Nous verrons lout à l'heure les conséquences de ce fait. $ 2, — Description sommaire de l’usinage. L'acier cémenté ayant la mème composition que l'acier spécial, les opérations de coulée, de refroi- dissement des lingots et de laminage sont iden- tiques pour les deux genres de blindages. La cémentation qui suit le Jlaminage constitue une première différence essentielle. On sait déjà que celte opération à pour but de carburer énergique- ment une des faces de la plaque, de manière à lui permettre de prendre une trempe énergique et de former ainsi une couche d'une grande dureté, mais fragile et cassante. La carburalion de l'acier spécial doit s'effectuer à une température voisine de 1.100°; il faut, de plus, que le carbone en contact avec la plaque contienne des matières azolées et soit dans un état de division convenable. On réalise ces dernières conditions en employant un mélange en proportions convenables de charbon de bois en poudre et de noir animal. Dans le pro- cédé du Creusot, on carbure la plaque au moyen de gaz d'éclairage, qui agit à l’aide de ses hydrocar- bures. Préalablement à la cémentation, les plaques sont soigneusement désoxydées sur la face à cé- menter, de manière à combustion du carbone au contact de la plaque; on obtient ce éviter la 688 ' XXX — BLINDAGES ET PROJECTILES DE RUPTURE résultat à l’aide d’un rabotage de la face àcémenter. L'opération terminée, les plaques sont placées deux par deux, l'une au-dessous de l’autre, dans un massif en maçonnerie pouvant être rendu élanche à l’air. Ce massif est lui-même placé dans un four et peut être chauffé de Lous côtés. Entre les deux plaques, on dispose le cément (procédé Harwey) ou l’on fait passer un courant de gaz d'éclairage (procédé du Creusot). Le chauffage doit être minutieusement conduit, car une élévation trop brusque de la température désorganiserait le massif de maçonnerie. En gé- néral, on met environ treize jours pour arriver à 1.100°; cette température, une fois alteinte, est maintenue pendant douze jours, et le refroidisse- ment dure de (rois à quatre jours, soit une durée totale de vingt-huit à vingt-neuf jours. Le procédé du Creusot est notablement plus court et ne dure que quinze jours environ. La cémentalion est suivie d’un recuit à 900°; la plaque recuite est refroidie à l'air. On utilise souvent ce recuil pour procéder au gabariage de la plaque. La plaque gabariée est ensuite portée à 850° et trempée à l’eau dans une bâche où elle est soumise sur ses deux faces à l'action de courants d’eau énergiques. La trempe est suivie d'un gaba- riage de finissage, destiné à corriger les déforma- tions de la plaque dues à la trempe. Parmi les progrès récents effectués dans l’oulil- lage mécanique relatif aux blindages, on ,doit mentionner l'usage d’un mode de coupage des plaques particulièrement original’, reposant sur l'emploi d'un disque en acier doux animé d’une grande vitesse périphérique (plus de 100 mètres par seconde) et amené au contact de la plaque à couper dont on règle convenablement l'avance- ment. Bien que ce procédé soit déjà, paraît-il, assez ancien (il daterait de 1823), il vient d'être remis ré- cemment en honneur en Amérique et les résultats obtenus seraient des plus satisfaisants (en France, le Creusot l'emploie pour le sciage des poutrelles). Le disque emplové a environ 2%,45 de diamètre et 20 millimètres de largeur ; il est, comme nous l'avons dit, en acier doux et sa tranche est légère- ment rugueuse. Avec une vitesse circonférencielle de l'ordre de celle indiquée plus haut, on coupe une plaque cémentée de 152 millimètres d'épais- seur, à raison de 5 centimètres par minute. La puissance mécanique absorbée par le fonctionne- ment de l'engin est d'à peu près 250 chevaux. Son inconvénient consiste dans le bruit terri- fiant produit par son fonctionnement et par la gerbe énorme d’étincelles qui l'accompagne. Dans { Voir /ron Age, novembre 190% l'acier dur, les sections sont absolument nettes; il n'en est pas de même dans le coupage des matières molles. L'échauffement du disque serait insigni- fiant, en prenant la précaution de faire baigner dans l’eau froide la partie non agissante du disque. Une des particularités de l'opération consiste dans le fait de l'absence de tout contact apparent entre le disque et le métal à couper. $ 3. — Résistance au tir. Les plaques en acier cémenté ordinaire, de qua- lité moyenne, opposent, à l'altaque par obus non coiffés, une résistance caraclérisée par une valeur de p voisine de 1,35; pour les plaques de très bonne qualité, la valeur de ce même coefficient peut atteindre et mème dépasser 1,5. La perforation « d'une telle plaque, dans ces conditions, exige par suite une dépense d'énergie égale à 2,25 fois celle qui serait nécessaire à la perforation d'une plaque en acier ordinaire de même épaisseur; une com- paraison similaire avec une plaque en fer forgé . ferait ressortir une dépense d'énergie égale à 3,25 fois celle qu'exige la perforation de celle-ci. Dans l’attaque par obus coiffés, la coiffe seule est notablement désagrégée, et, comme le travail. dépensé sur la plaque est sensiblement le même, toutes choses égales d’ailleurs comme dans le cas ] précédent, on obtient alors des valeurs de 9 géné- ralement très inférieures à celles qui résultent de l'attaque de la même plaque par des obus non coifrés du même calibre. On peut se rendre compte de ces fails très simplement: Appelons E la perle de force vive du projectile sur la plaque, dans le cas de la perforation stricte; la formule de Jacob de Marre montre que E est alors proportionnel à D. Soient maintenant e, l'énergie absorbée par la plaque, e, et e celles qui correspondent aux déformalions du projectile etde sa coiffe. Avec les plaques en acier spécial attaquées par des obus non coiffés, la déformation du projec- tile étant négligeable, on aura: (1) E— e,. Si le pro= jectile est coifé, l'attaque de la plaque produira,en outre, la désorganisalion de la coiffe, et la relation précédente deviendra : (2) E — e, +e. Comme e, a la même valeur dans les deux cas, il s'ensuit que la valeur de E fournie par (2) sera supérieure à celle qu'on déduit de (1). La valeur de ? correspondant à l'obus coiffé sera donc supérieure à celle de l'at= laque par obus non coifté. Dans le cas d'une plaque cémentée, les relations correspondant aux deux genres de projectiles sont respectivement : (3) Etc +e, (4 et E—e+e. £ étant visiblement e,, il s'ensuit que le p d'une XXX — BLINDAGES ET PROJECTILES DE RUPTURE 689 plaque cémentée attaquée par des obus coiffés sera, en général, inférieur à la valeur prise par ce même coefficient dans l'attaque par obus non coiffés. Il pourra en différer assez peu si l'obus se brise. Dans le cas de l'attaque d'une plaque cémentée par un obus non coiffé, il pourra se faire qu'une valeur élevée de E résulte surtout de la dureté extrême de la couche cémentée, celle-ci ayant pour effet de pulvériser le projectile et de donner, par suite, une valeur élevée au terme e,. Dans certaines A S 4. — Effets produits par le tir. Les plaques cémentées se comportent au tir d'une manière très différente de celle des plaques en acier spécial, car, au lieu d'observer le gonfle- ment et les bavures dont nous avons signalé l’exis- tence, la couche cémentée se délache du reste de la plaque, sous forme d'écailles dont l'épaisseur varie de 4 à 12 millimètres, et laisse ainsi appa- raître le grain du métal. Le décollement de la Fig. 2. — Zffets produits par le choc d'un obus non coiffé sur une plaque cémentée. — L'ogive du projectile s'est incrustée dans la plaque et laisse voir le sommet de la chambre de l'obus. circonstances, cette valeur pourra même être assez grande pour masquer la petitesse relative du terme e,. Si, maintenant, on attaque une telle plaque avec des obus coiffés, le terme e, disparaissant, la valeur de E donnée par (4) pourra se trouver très infé- rieure à celle que donne (2) dans l'attaque d’une plaque en acier spécial de même épaisseur. - Ainsi une plaque cémentée d'une résistance très grande par rapport à l’obus non coiffé peut se montrer très peu résistante par rapport à l’obus coiffé. Des faits de ce genre ont déjà été observés plusieurs fois. couche dure peut, d’ailleurs, se produire sans que celle-ci se détache. Les écailles se forment au début du choc et avant que le projectile soit brisé, car on retrouve souvent le lestage du projectile projeté sous les parlies décollées, mais encore adhérentes. L'existence de fentes superficielles a pour effet de limiter l'écaillage suivant leurs bords. Un aspect caractéristique de l'impact consiste dans la produc- tion, sur les parlies écaillées, d’une série de petites fissuresrayonnantes (fig. 2), réunies par des réseaux de fissures circulaires, dont l'ensemble a l'appa- rence d’une toile d’araignée. Enfin, la particularité la plus importante de l'attaque des plaques 690 XXX — BLINDAGES ET PROJECTILES DE RUPTURE cémentées par les obus non coiffés réside dans le fait que, lorsque le projectile est animé d'une Fig. 3. — Zffets produits par le choc sur plaque cémentée, Ogive d'un obus non coiffé. Vue montrant l'intérieur de la chambre, vitesse voisine de celle de la perforation stricte, au lieu de produire dans la plaque un trou cylindrique, Fig. 5. — Formation de ménisques tronconiques il entraine avec lui un ménisque tronconique dont —————————————.|" Dans le cas où la vitesse au choc est notablement It inférieure à celle de la perforation stricte, l'ogiveM du projectile reste incrustée dans la plaque, où elle S'épanouit sans que sa pointe se brise (fig. 2); ce , Fig. 4. — Æffets produits par le choc sur plaque cémentée, OUgive d’un obus non coiffé. Vue d'ensemble de l'ogive délormée. phénomène est d'autant plus curieux que le métal qui constilue cette dernière est extrêmement cassant. La coloration (bleue et jaune) des frag- ments de projectile retrouvés témoigne de la tem pérature lrès élevée déterminée par le choc. En à grande base dans l'attaque d'une plaque cémentée par obus non coiffé, même temps que l'ogive s'épanouit dans la plaque, le diamètre de la grande base peut atteindre trois | le culot du projectile tombant au pied de l'obstacle fois celui du projeetile (fig. 5). | prend une forme évasée caractéristique (fig. 6 et 7). | re XXX — BLINDAGES ET PROJECTILES DE RUPTURE Mu jes phénomènes que nous venons @e décrire ont | canon de 240 (obus non coiffés de 144 kilogs), 691 a subi . / | . . . . . ait à l'attaque par obus non coiflés; dans le cas | le tir de trois projectiles animés des vitesses res- de l'attaque par obus Peoïffés, la plaque per- lforée porle un trou pres- que cylindrique à parois non polies et légèrement évasé sur la face R. L'é- caillage est également moins important que ce- Mjuiproduit par les obus non coiftés. On a beaucoup repro- ché à l'acier cémenté Harwey sa fragilité, qui se. manifestait surtout ans l'attaque par les Lobus non coiflés, el c'est Menvue d'éviter ce défaut lqu'ont été imaginés les “procédés Krupp. Il sem- “blépourtant qu'on puisse arriver à cet égard à des MréSullats très salisfai- Lsants avec le procédé Harwey, en modifiant la nuance du métal de la Mpläque, ou le traitement calorifique qui suit la cémentation. Nous n'en < Het À par MM. Marrel frères, de Rive-de-Gier ; c'est ainsi que, dans la séance du 45 janvier 1904, une plaque de 58 millimètres d'é leSremarquables résultats obtenus dans cette voie “ii il YHIX) Fig. 6. — Culot d'un obus non coilfé aprés le Lir de celui-ci sur plaque cémentée. voulons pour preuve que pectives de 626 mètres R — 1,30), 671 mètres R— 1,40) et 672 mètres R—1,40) sans que l'on aitobservé la production d'une seule fente, même superficielle (fig. 8). Ce résultatremarquableest, d’ailleurs, loin d’être ex- ceplionnel. $ 5. — Emploi de l'acier cémenté. Les plaques d'acier cé- menté sont surtout em- plovées pour la constitu- tion des blindages de ceinture et des parlies fixes de lourelles des ca- nons de gros calibres. L'acier cémenté consti- lue également les mas- ques des canons dès que de dépasse 100 millimètres. l'épaisseur ceux-ci S6.— Production et prix. Cette production est, comme celle de l'acier spécial, sous la dépendance à peu près immédiate < spect caractéristique d'un obus non coiffé après le paisseur, altaquée par le choc sur plaque cémentee. T des crédits inscrits au budget de la Marine pour les constructions neuves. En tenant compte des constructions effectuées pour les Gouvernements 692 étrangers, la production totale, depuis 1900, des blindages cémentés de toute nature (Harwey et Krupp) fabriqués en France est d’à peu près 35.000 tonnes. Alors que cinq usines fabriquent les blindages en acier spécial, quatre seulement produisent les plaques cémentées, l’usine de Saint-Etienne ne fabriquant que des blindages en acier spécial. Le prix de l'acier harweyé est d’environ 3 francs le kilog. $ 7. — Conditions de recette. VI. — ACIER CÉMENTÉ KrupP. D'après ce que nous venons de voir, une des caractéristiques de l’attaque des plaques cémentées L'acier Krupp a été étudié en vue de supprimer par les obus la fragilité in= coiffés est de hérenle à cer= fournir pour laines varié= le coefficient DURE Jon «7 Et SAT eon e des valeurs Pole maK. Ca lo voisines de SAME SAN ER 04 1,50; on peut done baser une méthode derecettesur ce fait. D'autre part, si l’on tient compte de l'emploi, aujourd'hui des coiftés toutes marines, pourra général, obus dans les on également asseoir la re- l'acier Har- ! cette sur le wey par unê degré de ré- pig. 8. — Aspect, après le tir, d’une plaque en acier spécial cémenté ordinaire de Plus forte sistance of- bonne qualité. (Usines de MM. Marrel frères.) proportion fert par les de chrome et plaques cémentées au tir des obus coiffés. de nickel. En moyenne, le pourcentage de ces élé= La première méthode de recette est en usage en France et en Angleterre, la seconde est suivie par Etats-Unis. Comme on peut toujours suivre de près les opérations effectuées en usine, notam- ment celles de la cémentation,et que ce qu'il importe en somme de connaitre, c'est la résistance offerte par la plaque lorsqu'elle est placée dans les condi- lions du tir de combat, il semble que la deuxième les méthode soit plus logique que la première. tirs de recette des plaques sont toujours effectués sous l'incidence normale, c'est celle qui est la plus désavantageuse pour la plaque. En France, l'épreuve de recette consiste dans le ir de trois coups, dont le premier est tiré avec R— 1,30. Suivant que la plaque est ou non tra- Les car XXX — BLINDAGES ET PROJECTILES DE D am EE ee EE RUPTURE versée, on tire les deux coups suivants avée R—1,20 ou R—1,40. La prime est accordée lorsque la plaque n'est pas traversée avec R—1,40, ne l'est pas avec R—1,20; lorsque la traversée est oblenue avec cette dernière vitesse, la plaque est ! rebutée. En Angleterre, la plaque doit fournir une note de mérile égale à 2. tés de pla- ques cémen- tées fabri- quées d’après le procédé Harwey. Les procédés de fabrication qui le carac- térisent ont fait l’objet de brevets ache= tés par la plus part des usis nes à blinda ges. Sa compo= sition diffère ments est le suivant : C— 0,300 %, Cr—18%, Ni — 3,8 % de celle de? le rabais lorsqu'elle | La cémentation, qui s'effectue comme dans le pro- | cédé Harwey, ne présente rien de particulier; elle | est suivie non d'un recuit, mais d’une première trempe à l'huile (825°), suivie elle-même d'une, deuxième trempe à l'eau (625°), qui joue le rôle de revenu. Lorsque le travail de forgeage est terminé, Ja | plaque subit une troisième trempe, qui est la carat- | téristique du procédé Krupp. Pour cette trempe, on doit, en effet, réaliser un chauffage inégal des deux | faces, de manière à ce que la face cémentée, étant | portée à une température plus élevée que la seconde | | XXX — BLINDAGES ET PROJECTILES DE RUPTURE 693 face, prenne seule la trempe. Dans ces conditions, le Sommier conservera la structure fibreuse que les ( premiers traitements lui avaient donnée, et la face nentéc prendra la dureté nécessaire au rôle | qu'elle doit jouer. Il résulte de cet exposé qu'il est | indispensable : 1° De déterminer avec précision la | lempérature de transformation du mélal de la | plaque; 2° De régler la différence de température des deux faces de manière à ce que, la face cémentée Létant à une température supérieure à celle du point | de transformation, celle de la face AR lui soit nota- blement inférieure. On conçoit que cette condition soit limitative de l'épaisseur des plaques pouvant | être soumises à ce traitement. Pour réali- | ser celte dif- férence de | ; @:,: ,+2 température, CRELSO- ACIER SPECUALCEMENTE KRUPP { AH CENTURE-L07 | onenfermela plaque dans Du 223 UiN 905 | un massif de Là # matériaux | réfractaires , | reposant sur |la face non | cémentée et | laissant, par l conséquent, lexposée à | Hair la face l cémentée. Le | massif ainsi | constitué est | porté dansun | four etchauf- \fé rapide- | ë = )ment,jusqu à Fig. 9. — Asrçect, après le tir, d'une plaque en acier cémenté Krupp, fabriquée par | ceque la tem- É les Usines du Creusot. pérature de la face cémentée atteigne la valeur voulue. Si le chauffage a été suffisamment rapide et l'épaisseur du massif réfractaire bien réglée, on pourra réaliser des différences de température de 200° entre les deux faces. La dernière trempe se fait par aspersion. Les plaques Krupp de bonne qualité se caracté- misent au tir par une absence de fragilité remar- 1quable. L'écaillage produit (voir fig. 9) est, en géné- ral, plus profond que dans le cas de l'acier cémenté ordinaire ; ceci ne présente,d’ailleurs,qu'un léger in- Convénient, étant donnée la faible probabilité de Ma superposition de deux coups sur le même impact. NII. — ACIER CÉMENTÉ CHARPY. Le procédé Krupp n'est pas applicable à des plaques d'une épaisseur inférieure à 150 milli- REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. mètres; il est, de plus, d'une exécution très délicate. Le procédé imaginé par M. Charpy, l'éminent di- recteur des Usines Saint-Jacques, évite ces deux inconvénients, tout en donnant des plaques d’une qualité égale à celles qu’on obtient par le procédé Krupp. L'idée théorique sur laquelle il repose (bre- vet francais, n° 310.295) est la suivante : On a cherché à obtenir un acier d’une nuance telle que l'addition de carbone due à la cémentation abaisse beaucoup la position de ses points critiques ou de transformation dans l'échelle des tempéra- tures. Avec la plupart des aciers, cet abaissement est, en effet, trop faible pour qu'on puisse le mettre à profit dans l'industrie. Supposons un tel métal réalisé, et chauffons-le à une tempé- rature uni- forme {, in- termédiaire entre celle des points critiques des deux faces ; celle du point critique de la face cémen- tée étant la plus basse, il en résulte que, si l’on trempe la pla- que à cetle température t, la face cé- mentée prendra seule la trempe. La composition du métal Charpy répondant à ce désideratum est notablement différente de celle de l'acier Krupp; sa composition exacte est tenue secrète. Ce métal jouit, en outre, de la propriété remar- quable que le chauffage précédant la trempe (800° environ) donne au sommier la structure fibreuse obtenue par les deux premières trempes du procédé Krupp. Pour obtenir avec ce procédé des plaques minces, on cémente des ébauches de laminage, qu'on lamine ensuite à l'épaisseur voulue ; l'épaisseur de la couche cémentée reste donc proportionnelle à l'épaisseur de la plaque; une telle opération ne serait, d'ailleurs, pas possible avec l'acier cémenté ordinaire, en raison de la fragilité du sommier. 15" 694 XXX — BLINDAGES ET PROJECTILES DE RUPTURE Les essais exécutés avec les plaques minces Charpy ont donné des résultats très satisfaisants, ainsi qu'en témoignent les tableaux ci-après TABLEAU Ï. — Essais exécutés à Montluçon 10 et 11). le 15 août 1903 (fig. ÉPAISSEUR | PROJECTILE | resses | VALEURS de + RÉSULTATS au choc| à la plaque | calibre poids ETS ES 50mm | Gimm|4kil.| 4764 1,392 + 529,3 1,532 La plaque n'a pas ñ 2-7 |élé perforée et ne sue 1,311 |hrésente aucune 408,2 1,371 fente, L'écaillage 525,5 1,539 [ne se produit que 529,6 1,556 |pour les valeurs de 522.6 4.539 IR < 1,5. Ce tail EVA 11526 est une caracléris- FL re [tique des plaques 548,5 1,606 Charpy. ; , TaBLEAU IL. — Essais exécutés à Eskmeals (Polygone de Vickers et Gi°). Fa ÉPAISSEUR VALEURS de RÉSULTATS de R PROJECTILE la plaque calibre! poids Plaque non perforée. pri 120m |20k4: “| La plaque est percée d'un trou inférieur au diamètre du projectile. La surface de la plaque 57mm £ est intacte. 2K73 12cm |20k45 4 | Non perforée. | Perforée. Les résultats sont donc d'autant meilleurs que la plaque est plus mince. Avec les plaques épaisses, les résultats sont équivalents à ceux donnés par les bonnes plaques Krupp. VIII. — BOoUCLIERS D'INFANTERIE. A la question des blindages se rattache naturel- lement celle des boucliers pareballes, qui ont, pour la première fois, fait leur apparition dans l’armée de terre avec le canon de 75, modèle 1897, de l'artillerie française. On sait quelle transforma- tion profonde de la taclique a été occasionnée par la mise en service de ce matériel remarquable; car, aussi bien au point de vue défensif qu'au point de vue offensif, le canon français marque une ère datant de l'apparition des canons eve En fait, grâce au bouclier de la pièce et à l'or nisation judicieuse du caisson d’avant-train, servants sont aujourd'hui à peu près complètemen soustraits à l’action du feu d’une masse d'infanterié atlaquant de front la batterie, même à courte dis: tance. Pour être moins caractérisée que celle de l'infa 1 terie, l'impuissance d’une artillerie adverse nlen est pas moins certaine, car cette dernière ne pe guère espérer éleindre le feu d'une batterie de que par l’action de coups perculants atteignanb directement le matériel. s C'est de celte invulnérabilité presque complète du canon à bouclier qu'est née l’idée d'adjoindream la batterie de 75 une section de canons aulomi tiques, du calibre minimum compalible avec visibilité du nuage de fumée produit par l'éclaté ment du projectile à son point de chute, et donble but unique serait l'attaque des boucliers de l’artik lerie de l'ennemi. Il semble que cette idée mérite qui ont présidé à l'établissement, par les serv techniques, du matériel d'artillerie actuel. Etant donné le bouleversement causé par l’emp rêler à environ 150 mètres la balle des fusils mo» dernes. Il ne suffit d'ailleurs pas d'arrêter la balle: it, fautencore arrêter la gerbe deses éclats, qui, partant parallèlement à la cuirasse, est susceptible d'occa one des blessures graves à la gorge el aux, membres du combaltant. Il est done nécessaire de, doubler la plaque de la cuirasse d'une matière, légère assez molle pour ne pas déformer complè-. tement la balle à son passage et en même temps: assez épaisse el assez résistante pour arrêter ses} éclats. Certains Lissus paraissent remplir complè- tement cet office. n | Une cuirasse élablie sur ces données avaitélé proposée au Gouvernement russe et avait fail l'objet d'essais satisfaisants ; la cessation des hostilités en, Extrème-Orient n'a pas permis d'expérimenterbefli-, cacité de ce dispositif, dont la réussite occasionne: rait probablement une fois de plus une révolutio {1n | fdes spéci- mens en ont été exposés à ILiége dans de stand Ca- tplain Berger, 1sous le nom dlacier NY. 4 Les cons- fantes méca- R— 50 à 55 kil. E— 40 à 45 kil. PA 30 à 25 %. Après trem- pe entre 750 de ne présen- ter aucune Mragilité per- pendiculaire- iment au plan de laminage. Sous l’é- paisseur de 4 millimètres, ‘une plaque ‘de ce mélal larrêle à 150 mètres, et sans produc- tion de fen- tes, la balle du fusil mo- dèle 1886. -| Des résultats t du même or- “ | dre sont mé- me obtenus XXX — BLINDAGES ET PROJECTILES DE RUPTURE 695 idans la tactique et l'armement de l'infanterie. IWacier employé pour la confection de ces cui- drasses provenait surtout des Usines d'Imphy, et et 800°, et sans revenu, les résultats obtenus sont : R — 130 à 140 kil. ; … Letravail du métal est donc extrèmement simple; änoter qu'une de ses propriétés caractéristiques est Sous des épaisseurs Cette question des boucliers d'infanterie semble également préoccuper l'opinion en Angleterre, où Von envisage surtout (ce qui est d'ailleurs ra- Fig. 10. — Aspect, après le tir, d'une plaque en acier cémenté Charpy. Face de tir. E—120 à 125kil.; A—10à8 %. Fig. 11. — Aspect, après le tir, d'une plaque en acier cémenté Charpy. Face arrière. notablement inférieures. tionnel) l'emploi de ces engins dans la guerre de siège. En campagne, les boucliers d'infanterie seraient transportés sur des voitures marchant avec la réserve de munitions. L'acier fa- briqué dans ce but par MM. Cammel! Laird and C?, quienontfail une spéciali- té deleur mai son, salisfait aux condi- tions suivan- Les : à la dis- tance de 20 yards(18"20) et sous l’in- cidence nor- male, une tô- le de 6 milli- mètres d'é- paisseur ar- rête la balle du fusil Mannlicher. Contre la balle du fusil Lee Metford ou Lee Enfield, un effet analogue est obtenu, dans les mêmes conditions de tir, avec une plaque de 4"",8 d'épaisseur. Aux distances de 274,457 et 640 mètres, l'arrêt de la même balle s'ob- tient avec les épaisseurs respectives denses DA sy et {mu 6. Ces ré- sultats sont, à notre avis, nettementin- férieurs à ceux donnés par l'Usine d'Imphy. Enrésumé, la question des boucliers d'infanterie commence seulement à être étudiée, etilne serait pas surpre- nant d'assister à son évolution rapide. Dans un second article, nous trailerons de la question des projectiles de rupture. Chef d'escadron d'Artillerie coloniale. XXX, 696 LES RÉCENTS PROGRÈS DE LA SÉISMOLOGIE Tous ceux qui s'intéressent aux progrès de la Science reconnaissent qu'à l'heure actuelle la Séis- mologie altire l'attention beaucoup plus qu'il y a quelques années seulement. La vieille Séismologiene consistait guère que dans des descriptions isolées des grandes convulsions qui modifient l'apparence de vastes espaces de terrains et qui sont fréquem- ment accompagnées d'épouvantables destructions. Pour la plupart, ces récits sont à peine supérieurs aux narrations qui, dans les temps anciens, exci- taient l'imagination des communautés primitives et donnèrent naissance aux mythes qui ont laissé leurs traces dans la littérature, l’art et la religion. Ce n’est que dans la période qui s'étend de 1840 à 1860 que, grâce au labeur zélé de plusieurs: savants, parmi lesquels Perry et Mallet ontété les plus éminents, l’on arriva à une connaissance générale de la distribution des tremblements de terre dans l’espace et dans le temps. Mallet, dans son travail classique sur le tremblement de terre de Naples de 1859, exécuté sous les auspices de la Société Royale de Londres, montra que de l'étude des ruines d’une ville on peut tirer plusieurs fails d'importance scientifique. Cette étude, avec celles de quelques autres séis- mologistes, donna la première indication que les phénomènes séismiques se prêtent à des recherches systématiques. Mais on fit peu de progrès jus- qu'en 1880, époque où, en grande partie à cause du développement matériel du Japon sur le modèle des civilisations occidentales, la Séismologie com- menca à progresser rapidement et devint une branche distincte des sciences d'observation. Cette année-là fut fondée la Société séismolo- gique du Japon. Les vingt volumes qu'elle a déjà publiés fournissent des renseignements originaux sur la plupart des matières en rapport avec la Séis- mologie. Il La première œuvre accomplie par les pionniers de la nouvelle science fut d'établir des instruments n'indiquant pas simplement que le sol a été plus ou moins violemment secoué, mais donnant des mesures, sous la forme d'amplitudes et de périodes, de toutes les phases des tremblements de terre ordinaires. Des séismomètres de lypes acceptés par tout le monde prirent la place des séismoscopes. Les faits remplacèrent les appréciations. Dans ce qui avait été supposé une succession de mouve- ments de va-et-vient violents, on découvrit éven- tuellement que deux d'entre eux n'ont pas néces- J. MILNE — LES RÉCENTS PROGRÈS DE LA SÉISMOLOGIE sairement eu lieu dans le même azimuth, et dl l'amplitude de ces mouvements, au lieu d'être mestA rable en pouces ou parties de pouce, n’excède pas Lou 2 millimètres. | Par l'emploi des nouveaux instrments, On! démontra que l'étendue et la rapidité du mouve ment enregistré à une station donnée peuvent être | très différentes des quantités correspondantes enr gistrées à une autre station, distante seulement del quelques centaines de mètres. Les expériences faites dans toutes les contrées du monde sujettes) aux séismes avaient montré, depuis longtemps! que les ruines sont fréquemment beaucoup plus grandes dans une partie d’une ville que dans ne! autre; mais le séismographe fournit actuellemenil la mesure de la différence d'intensité des mou ments qui les ont produites. Les ingénieurs et les constructeurs n'ont pas mis longlemps à recon naïtre que la destructivité par tremblement de terre peut être exprimée en unités mécaniques, el ils er ont profité pour édifier des bâtiments résistant aux forces connues. { A l'Université impériale de Tokio, on a cmtal une plate-forme avec laquelle, au moyen d'une machine puissante, on peut reproduire le mouvé! ment d'un tremblement de terre d'intensité variable! Sur cette table, on a essayé de grands modèles en! maçonnerie, en bois ou en mélal, construits po 4 | résister à des accélérations séismiques données Cette table a élé pour les architectes au Ja po qu'un bassin d'essais dans un dock est pour Jes constructeurs de grands navires. Le résultat de ces! recherches a été de modifier et d'étendre les règles et les formules de la construction ordinaire, el actuellement, au Japon, lorsque l’occasion s'en pré sente, de nouveaux types de construction .se fon! jour. Ils ont résisté à de violentes secousses, qu' ont endommagé les types ordinaires situés à proxi! mité. [l en est résullé une réduction des pertes dé vies et de propriélés, et le Gouvernement japonais! stimulé par les résultats de ces expériences, a étt encouragé à étendre son aide aux recherches séis- mologiques. En 1886, une chaire de Séismologie a été élabli( à l'Université impériale, et, depuis 1892, il exist un Comité de recherches séismologiques qui a déj publié soixante-dix volumes in-4°, L'Observatoire météorologique central de Tokit reçoit des enregistrements de 1.500 centres d'obser. vation. De ces tableaux, on déduit qu'au Japon | i U se produit annuellement de 1.000 à 2.000 secoussel différentes. Pour chacune d'elles, on peut “#1 | (4 } rune origine approximative et l'étendue de l'aire blée. miques distincts, au moins. Ainsi les séismologistes sont pourvus de rensei- ments qui leur permettent des recherckes autre- districts différents et que les districts caracté- s par la plus grande fréquence séismique sont es récents de soulèvement ou de dépression. blon prend le Japon dans son entier, le plus ind nombre d'origines de tremblements de terre nique orientale profonde, et, pour une moindre ntilé, dans les synclinaux des vallées profondes. la plus grande fréquence pour les chocs ayant origine au-dessous de l'océan, nous apprend Fr Omori, a lieu en été, tandis que, pour ceux ui ont leur origine sur terre, elle est en hiver. “Dans un district qui a souffert d'une perturba- n extraordinairement accceusée, le nombre des usses secondaires parait être proportionnel à ntensité de l'impulsion initiale; la fréquence des uvements est probablement reliée avec le tas- ment de la matière disloquée; et son rapport au aps peut être représenté par une formule ou par courbe, d’où l’on peut estimer grossièrement : e temps qui s'écoulera jusqu'à ce que le district gne un état stable; 2 le nombre approximatif secousses qui auront lieu pendant le processus assement. 0 d'environ 60. Ces chiffres peuvent être considérés comme l'indice de italité séismique présente de notre planète. efforts mégaséismiques est IT Le développement le plus remarquable de la ismologie moderne ne consiste pas toutefois dans le Service séismique d'une ville ou même d'une contrée, mais dans celui du monde entier. Cette branche de recherches est actuellement en progrès actif. Depuis l’époque du grand tremble- ment de terre de Lisbonne, en 1755, on a reconnu que des perturbations de l'importance de cet évé- nement, quoique non directement reconnaissables Comme tremblements de terre dans des régions J. MILNE — LES RÉCENTS PROGRÈS DE LA SÉISMOLOGIE 697 éloignées de l’origine, ont néanmoins fourni la preuve de commolions en provoquant des oscilla- tions de l’eau dans les lacs et les marais. En vbser- vantet datantles mouvements des bulles de niveaux sensibles, les astronomes ont enregistré des mou- vements pulsaloires du sol non sensibles, qu'ils ont montrés être le résultat de perturbations séis- miques dans des régions très éloignées. Au Japon, ces mouvements non sensibles ont été automali- quement enregistrés depuis 1884. On a reconnu qu'ils avaient leur origine à une grande distance, mais les centres d'où ils émanent n'ont pas été déterminés. Quelques années plus tard, en cher- chant les effets d'une influence gravitationnelle de la Lune, M. E. von Rebeur-Paschwitz trouva sur ses enregistreurs des mouvements anormaux dont il attribua plusieurs à des centres séismiques définis, mais très éloignés. Antérieurement, il est vrai, on avait prévu qu'un grand tremblement de terre ayant lieu dans une partie quelconque du monde pro- duirait des mouvements qui, avec des instruments convenables, seraient enregistrables dans une autre parlie; mais ce n'est qu'après les indications de von Rebeur qu'une attention sérieuse a été dirigée sur ce sujel. Plusieurs instruments ont été construits pour enregistrer ces souffles insensibles de notre Terre; mais il y a encore beaucoup d'incertitude dans l'interprétation de tous leurs enregistrements. A l'heure acluelle, l'Associalion britannique pour l’Avancement des Sciences profite de la coopération de 40 stations bien distribuées à la surface de la Terre, et qui sont toutes pourvues d’enregistreurs analogues. Au Japon, en Ilalie, en Autriche, en Allemagne, en Russie, aux États-Unis et dans d'autres contrées, les mouvements téléséismiques sont aussi observés, mais les types d'instruments employés ne sont pas identiques. A l'état expéri- mental présent des nouvelles recherches, cette diversité peut être avantageuse. Les enregistrements obtenus dans ces différentes stations ont augmenté notre connaissance de la Terre principalement dans deux directions. Nous apprenons davantage sur les changements soudains qui ont lieu dans la croûte superficielle de notre globe, tandis qu'une nouvelle lumière est jetée sur la constitution de son intérieur. Les tremblements de terre de grande importance, qui troublent des aires continentales et s'étendent fréquemment sur le monde entier, sont, dans la plupart des cas, sinon dans tous, accompagnés par des déplacements de grandes messes de matières à l'intérieur de la eroûte terrestre. Quand l'origine des perturbalions se trouve sous une surface ter- restre, des estimalions grossières de la grandeur de ces déplacements de masses ont été faites: elles sont basées sur des faits d'observations tels que la 698 J. MILNE — LES RÉCENTS PROGRÈS DE LA SÉISMOLOGIE longueur mesurable et le rejet d'une faille ou d'une série de failles, le degré de compression dans les vallées, les altérations des hauteurs relatives ou des longueurs des lignes des services trigonomé- triques. D'autres estimations de ces quantilés peuvent être fondées sur la mesure du soulèvement ou de l'affaissement des lignes de côtes. Des ren- seignements sur la grandeur des changements sous-océaniques soudains sont fournis par les ingénieurs des câbles télégraphiques, qui ont cité plusieurs cas où des càbles sous-marins profonds, disposés en lignes parallèles, ont été simultanément rompus, el où les profondeurs primitivement fixées par des sondages ont augmenté considérablement sur des surfaces très étendues. Des tremblements de terre accompagnés d’ondes marines capables d'agiter un océan comme le Pacifique pendant vingt-quatre heures, suggèrent l'idée qu'au-dessous de l'Océan s’est produite une alléralion soudaine du profil du sol océanique. Les observations montrent aussi que de grandes ondes terrestres se propagent de lemps en temps sur toute la surface du globe. Ces commotions à grande portée conduisent à l'hypothèse que leur impulsion originelle doit s'être exercée sur une large région. Harboe a montré qu'à l'intérieur d’une aire méizoséismique des chocs d'intensité variable ont été ressentis en succession rapide en des points très éloignés. Un district parait avoir fléchi non seulement le long d’une ligne de grande faille, mais aussi le long de plusieurs failles seconduires. Oldham estime que le tremblement de terre de l'Assam de 1897 a été accompagné par le déplace- ment en masse de 10.000 milles carrés de terrain le long d’un plan de poussée. Si nous interprétons les observations de temps en relation avec cetle per- turbation à la lumière de l'hypothèse faile par Harboe, on trouve que la cause de cette tension séis- mique a son origine sur une aire de 500.000 milles carrés. Quoiqu'un large bloc de la croûte terrestre puisse être ainsi fracluré, nos connaissances sur la ‘profondeur à laquelle descendent les effets de cette fracture ,sont surtout hypothétiques. D’après les observalions déjà publiées et qui se continuent actuellement à Przibram, il semblerait qu'un séismo- gramme obtenu à une profondeur de 1.150 mètres ne diffère que faiblement de celui qu'on obtient à la surface. Cela est contraire aux observations sur les petits tremblements de terre, qui, quoiquils puissent alarmer les habitants des villes et briser les cheminées, peuvent passer inapercus dans les mines peu profondes. Le fait que les grandes ondu- lations terrestres ont une vitesse arcuelle prati- quement constante d'environ 3 kilomètres par seconde, que la trajectoire traverse des continents, _ches séismologiques. Précédant les larges ondula des fonds océaniques ou des districts dont la struc- À ture géologique varie beaucoup,'suggère l'idée que À la croûte terrestre est déplacée dans son entier ét À que, sous l'influence de sa propre élasticité et dela gravité, elle se comporte de la même façon qu’uné À lame de glace sur une houle océanique. On a sup* posé que le mouvement ondulatoire est dû à l'énergie retenue dans la croûte elle-même, dont l'hétérogénéité est superficielle. Quoi qu'il en soit, 4 nous pouvons nous représenter une croûle fléchis= | sant irrégulièrement, et peut-être à travers toute son épaisseur, jusqu'à ce qu'elle cède son énergie à un milieu qui transmet des mouvements ondula toires avec une vitesse uniforme. Plusieurs hypothèses ont été mises en avant q suggèrent diverses épaisseurs pour l'enveloppe superficielle de notre globe. Nous pouvons ÿ ajouler une autre qui résulle des récentes recher: tions d'une perturbation téléséismique, on constate des tremblements préliminaires. Ceux-ci sont appa: remment propagés à travers la masse du globe que pour des trajectoires qui représentent des ares plus grands que 30°. Pour des cordes passant à enregistrées n’excèdent pas celles qu’on peut pré voir pour des ondes de compression dans uné substance rocheuse. C'est toutefois la profondeuëm| maximum à iaquelle on puisse s'attendre à trouver similaires à celles qu'on voit à la surface de Terre. Au-dessous de cette limite, les matériaux d@ la partie extérieure de nolre planète paraissent se fondre dans un noyau très homogène à haute rigi= dité. Suivant de près la queue des tremblements. préliminaires, mais précédant les grandes ondulas tions, on observe une seconde phase du mouvé ment dont la vitesse cordale, jusqu'à des distances de 120°, est approximativement de 6 kilomètres par seconde. Elle est considérée généralement comme l'affleurement d'ondes de distorsion. Quand elle sera mieux comprise, on peut supposer qu'elle, jouera aussi son rôle en versant une lumière nous. velle sur la physique de la Terre. , III Je vais maintenant considérer les régions dans lesquelles ces accélérations soudaines des changez | ments géologiques se produisent. Elles peuvent être groupées comme suit : 1° régions qui se trouvent | sur la frontière sous-océanique occidentale du tinent américain et sur la frontière orientale u continent asiatique ; 2° régions qui se trouvent uue bande passant des Indes occidentales à malaya, à travers la Méditerranée. En outre, il ste deux régions mineures, l'une suivant la ntière sous-océanique orientale du continent jeain, que j'ai appelée région malgache, et une ion antarctique qui se trouve au sud-ouest de “Nouvelle-Zélande. Le tableau suivant donne le mbre de grands tremblements de terre ou dé- cements de masses qui ont élé observés dans les subdivisions de ces régions depuis 1899. Plusieurs des perturbations comprises dans ce bleau sont connues pour avoir été suivies de J. MILNE — LES RÉCENTS PROGRÈS DE LA SÉISMOLOGIE taines et même de milliers de secousses secon- 699 tout, mais seulement dans les régions à contours analogues. Sommes-nous en présence de sillons ou d'arêtes primitifs qui modifient simplement leurs dimensions sous l'influence continue de la contraction séculaire, ou bien ces manifestations de tensions séismiques représentent-elles des ajus- tements iso-statiques provoqués par la dénudation et la sédimentation ? Ces activités et d'autres peuvent être considérées comme les causes primitives conduisant au déploie- ment d'activités séismiques prolongées. Leur fré- quence, par contre, peut être dominée par des influences qui, à certaines saisons ou époques, causent une augmentation ou une diminution de la tension séismique. TagLeau I. — Répartition des grands tremblements de terre. 1899 1900 1901 Régions de l'Océan Pacifique. : Archipel de l'Inde orientale . . L 7 13 . Côte du Japon. to ion 19 5 5 P Côte de l'Alaska. . . . . . a 14 11 1 AM Amérique centrale. . . . . . . 6 n 4 à. Amérique du Sud occidentale. 9 0 2 Régions de l'Atlantique occidental el nur eurasicnnes. Ë Fi Région alpine des Balkans, du Caucase, de l'Himalaya. . . - 4 2 8 Autres régions. 9District malgache. . . . .. - 9 ä # 0. District antarctique. . . . . . » » » 1902 1903 190% TOTAUX OBSERVATIONS — 14 11 9 75 9 7 14 59 1 3 (n 30 S 6 0 28 3 1 0 16 R 12 19 = FE \ Entre mars 1902 et ) novembre 1903, on a di | “ - ) enregistré 75 grandes | etpetites perturbations. daires. Le district le plus actif est actuellement a: des Indes orientales, qui peut être considéré omme une prolongation à l'Est de la région D cnne. La scène de cette activité est à la l jonction de deux lignes de plissements rocheux qui se rencontrent presque à angles droits. On ne Lait encore s’il faut séparer la région des Antilles ‘et celle de l'Amérique centrale. Si l’on réunit leurs | données comme apparlenant à deux arêtes terres- tres parallèles et relativement rapprochées, les IL mouvements de l'une influencant ceux de l’autre, obtient une région d'activité hypogénique | approchant de celle des mers japonaises. Généra- | lement, ces régions d'instabilité se trouvent le + long des bords des continents ou des plateaux qui s'élèvent soudainement à des hauteurs considé- rables au-dessus des plaines océaniques ou autres. - Actuellement, on peut donc dire que les pertur- bations mégaséismiques ne se produisent pas par- Dans les variations étendues de position et de rapidité de flux des courants océaniques et dans les oscillations mesurées du niveau de la mer qui paraissent saisonnelles dans leur retour, nous voyons des influences qui peuvent donner lieu à une fréquence séismique dans les régions qui possèdent un haut degré de sensibilité séismique. D'autres causes affectant de grandes aires, et aussi peut-être la fréquence des petits chocs ou des secousses secondaires dans les différentes régions séismiques, ont été attribuées par Knott et d'autres aux charges dues à l'accumulation de la neige et aux fluctuations saisonnelles dans la direction des gradients barométriques. Il ne semble pas, toute- fois, que les efforts dus à de telles influences aient une action marquée sur la fréquence de ces mani- festations de tension séismique qui secouent le monde. Les données que nous possédons sur cetle ques- 700 J. MILNE — LES RÉCENTS PROGRÈS DE LA SÉISMOLOGIE tion sont encore trop minimes pour permettre une analyse satisfaisante. Il est néanmoins intéressant de noter la direction vers laquelle elles tendent. Dans les six années finissant en 1904, nous trouvons que 1 grands tremblements de terre sont partis de la côte occidentale de l'Amérique du Nord pendant les mois d'hiver (octobre à mai), et 35 pendant les mois d'été. De la côte orientale d'Asie au nord de l'équateur, les nombres analogues pour les mêmes saisons sont de 49 et 43. Ces nombres additionnés montrent que, pour le Pacifique Nord considéré dans son ensemble, 100 perturbalions se produisent en hiver et 78 en été, tandis que, dans la région de l'Asie centrale ou himalayenne, les nombres corres- pondants sont de 25 et 27. Au-dessous d’un océan, par conséquent, on observe l'indication d'une cer- +030 +d20 +010 0'00 -010 -020 -030, 0*30 -030 020 0:20 00 -010 000 000 +0:10 +0'10 +0°20 +020 +0%0 l L 1 J+0'30 +030 +0:20 +010 0:00 -010 —0°20 —0:30 Fig. 1. — Trajecloire du pôle nord, de 1892 à 1894, suivant Th. Albrecht. — Chaque année est divisée en dixièmes de période de 36,5 jours. Les chiffres indiquent le nombre de grands tremblements de terre ayant eu lieu dans cha- cune de ces divisions, en commencant avec le 3e dixième de 1892. taine fréquence séismique saisonnelle, tandis que sur une surface conlinentale rien n'indique jusqu'à présent une telle fréquence. Si nous prenons une carte montrant la posilion variable du pôle nord terrestre en relation avec sa posilion moyenne (fig. 1), on voit que le mouve- ment séculaire du pôle n’est jamais uniforme. Quoiqu'il puisse à cerlains moments suivre aulour de sa position moyenne une trajectoire approxima- tivement circulaire, à d’autres moments ont lieu des changements relativement prononcés de la direction du mouvement, qui peut même devenir rétrograde. Si l'on marque sur une carte de ce genre les posilions dans le temps des très grands trem- blements de terre, on trouve qu'ils se groupent autour des plis les plus accusés de la trajectoire polaire. Dans une période d'environ treize années (1892- 190%), j'ai trouvé l'enregistrement d'au moins 550 tremblements de terre ayant affecté le globe, les- ! quels peuvent être répartis en trois périodes conti= nues, ayant duré chacune 2/10 d'année ou soixante- treize jours. La première période se présente quand le mouvement du pôle suit une ligne approximati= vement droite ou une courbe de grand rayon; la seconde période, égale, quand il subit une déviation ou suit une trajectoire à court rayon; la troisième quand le mouvement est semblable à celui de la première période. Le nombre des tremblements de terre dans chacune de ces périodes prises dans l’ordre précédent est de 211, 307 et 239, c'est-à-dire que, pendant la période où le changement de direcs k tion du mouvement à été relativement rapide, If l manifestation de la tension séismique a non seule» 4 ment élé marquée, mais elle a été localisée le long. des jonctions des massifs et des plaines er là où nous pensons trouver que l'effet des pertu - bations est maximum. Il est difficile de dire que la. fréquence que nous considérons est en relation, directe avec le changement de direction du mouve ment du pôle; mais il n'est pas invraisemblable que les deux effels proviennent de la même redis= tribution des matériaux superficiels par les courants océaniques et les causes météorologiques en géné” ral. | IV ESS hs 5 Après avoir considéré quelques-uns des phéno= mènes les plus importants qui accompagnent I& naissance d'un tremblement de terre à grandë amplitude, nous pouvons maintenant étudier sa vie et sa disparition. Dans ou près d’une aire épis focale, il arrive occasionnellement que, avant la ces- sation des vibrations qui suivent le premier grand } soulèvement du sol, on observe un second mouve= ment violent. Au Japon, celte répélition a reçu l& nom de Yury Kaishi, ou secousse de retour. C'est 4 peut-être simplement un second fléchissement dans la ligne troublée, mais sa ressemblance avec son précurseur suggère que c’est peut-être la résultant® d'une réflexion prononcée. A la suite de l'impulsion initiale et de l'écho viennent des groupes d'ondulas tions séparés par de courts intervalles de lemps pendant lesquels le mouvement est à peine perce tible. Quoique ces groupes, dans leur ensemble, deviens nent de plus en plus faibles, ils croissent et dimi= nuent en intensité. De temps en temps, il peu avoir des répétilions de groupes qui ont une si litude frappante. Un tremblement de terre à grande amplitude, là où son mouvement est prononcé, donne naissance à des mouvements qui peuvent s'étendre sur trois à quatre heures. Ils se terminent par une série de | pusations durant chacune quelques minutes et ; séparées les unes des autres par des intervalles de | repos approximalivement égaux. Les efforts expi- nts d'un tremblement de terre présentent uelque chose de plus analogue à une réflexion musicale qu'au réarrangement irrégulier et inter- miltent des matériaux disjoints. Si, au lieu d'étudier l'évolution d'un tremblement deterre tel qu'il estenregistré à une station donnée, uelque chose de la manière dont son énergie est ayonnée et dissipée. Un tremblement de terre qui, au voisinage de son origine, a une durée de soixante mouvement avec une durée de quatre à cinq minutes eulement. Du temps que ce mouvement à pris pour traverser la moitié de la circonférence du lobe, on peut déduire que la phase survivante “d'un tel tremblement de lerre est celle des grandes hondulations. Les précurseurs de compression et de “distorsion avec les successeurs rythmiques ne sont lus visibles sur les séismogrammes. — Un autretrait curieux quise relieà l'histoire de ces . survivants antipodaux, c'est qu'ils peuvent passer Ja région quadrantale sans être enregistrés. Ce qui a lieu peut être comparé au passage d'une onde ers le bas d'un estuaire qui s’élargit rapidement et à sa remontée dans un second estuaire semblable. A mi-chemin sur son trajet, l'onde peut n'être pas perceptible; mais, lorsqu'elle converge vers la der- ière partie de sa course, elle peut de nouveau “indiquer son existence sous une forme modifiée. D'autres recherches intéressantes, faites récemment “Surune certaine classe de tremblements de terre, se rapportent à la forme particulière des aires qu'ils ont roublées. Celles-ci sont des ellipses ou des bandes étroites qui partent d’une origine pour aller très loin autour du globe dans une direction particulière. On ‘suppose que, pour cette classe de perturbations, l'impulsion primaire se dirige suivant la ligne de propagation la plus lointaine. secousses secondaires dans son propre district, mais se trouve en relations avec des contre-coups dans des lieux très éloignés. Aucune relalion de ce genre n'a été découverte jusqu'à présent entre les réajustements plus prononcés de la croûte terrestre. * Dans le tableau précédent, on voit que, depuis J. MILNE — LES RÉCENTS PROGRÈS DE LA SÉISMOLOGIE 701 1899, dans la région de l'Alaska, la fréquence séis- mique à visiblement diminué, tandis que dans la région himalayenne elle a augmenté. Toutefois, vu le peu de renseignements utilisables, il est préma- turé de tirer des déductions sur l'alternance pos- sible de la fréquence séismique dans de telles localités. Mais, si, au lieu de confiner notre atten- üon à unerelation entre les tremblements de terre, nous considérons la question de la manifestation de la tension volcanique, on trouve de nombreux exemples qui indiquent une relation étroite entre ces activilés. Ainsi, toutes les éruptions volcaniques connues qui ont eu lieu aux Antilles, et dont la première remonte à 1692, ont été précédées ou accompagnées de près par de grands tremblements de terre dans cette région, mais plus fréquemment par des perlurbations analogues dans les plisse- ments rocheux voisins, particulièrement ceux de la Cordillère. Ce fut notamment le cas en 1902 : le 19 avril de cette année, un tremblement de terre exceptionnellement prononcé dévasta les villes du Guatemala. De petiles secousses locales furent senlies aux Indes occidentales, et le 25 avril on remarqua que de la vapeur s’échappait du cratère de la montagne Pelée à la Martinique. Ces activités augmentèrent jusqu'au 8 mai, où elles se terminè- rent par des explosions terrifiantes, des perturba- tions sous-marines, et la dévastation de vastes por- tions des iles de la Martinique et de Saint-Vincent. La dernière illustration de relations hypogéniques entre ces régions a eu lieu le 31 janvier de cette année. À cette date, un fort tremblement de terre partit de l'embouchure de la rivière Esmeralda en Colombie, des raz de marée inondèrenl la côte, des iles s'enfoncèrent, et un volcan entra en éruplion. Les journaux du 2 février annoncèrent que les câbles entre la Jamaïque et Porto-Rico avaient été inlerrompus, et quelques jours plus tard on signala que de fortes secousses avaient été ressenties dans les îles des Indes occidentales, que six ou sept càbles sous-marins avaient été rompus et que le mont Pelé à la Martinique et la Soufrière à Saint- Vincent avaient repris leur activité. Y Pour conclure, je désire atlirer l'attention sur une classe de phénomènes dont le séismologiste ne peut se désintéresser. À certaines époques, les pen- dules horizontaux peuvent être agités d'une façon continue et irrégulière pendant des heures ou mème des jours. Des mouvements analogues ont souvent été notés avec les balances et d’autres instruments. Ils sont généralement considérés comme des perturbations micro-séismiques. Mais, comme ils varient avecles conditions météorologiques et peu- 702 vent être différents dans des salles voisines, je suis enclin à penser qu'il serait plus exact de regarder ces visiteurs importuns, contre lesquels non seule- ment les séismologisles, mais aussi les astronomes ont à lutter, comme des tremblements de l'air. Quand, par contre, ces mouvements irréguliers sont remplacés par des mouvements qui possèdent des périodes définies lrès différentes de celles de l'instrument enregistreur lui-même et ont en même temps une amplitude régulière, il semble possible de les rattacher à un mouvement pulsatoire actuel de la surface du sol. Outre les tremblements et les pulsations, les enregistrements des pellicules des séismographes montrent presque constamment un faible changement de niveau. Pendant des années, une pile peut subir une inclinaison dans une direc- lion. À côté de ce mouvement général, les instru- ments révèlent l'existence d’ondulations qui indi- quent unedifférence dans la direction du mouvement aux différentes saisons. Superposés à tout cela, on trouve encore des enregistrements de changements de niveau qui peuvent ètre associés avec des varia- tions dans la différence des charges sur les deux côtés d'une stalion d'observation. Quand un pen- dule horizontal oscille vers l’aire des plus grandes pressions atmosphériques, il indique apparem- ment un changement directement ou indirecte- ment relié avec la charge barométrique. La quantilé d'eau dans les puits et celle qui s'écoule des drains et des sources varie avec les fluctualions de la pression atmosphérique. Quand cela a lieu, des opérations souterraines sont révé- lées qui peuvent être suffisantes pour donner nais- sance à des changements du niveau de la surface. Quand une escouade de 76 hommes s'approche jusqu’à 16 ou 20 mètres de l'Observatoire de l'Uni- versilé d'Oxford, on trouve qu'un pendule horizontal à l'intérieur du bâtiment mesure une déviation dans la direction de la charge qui s’avance. L’ob- servation qu'une surface s'enfonce dans la direction d'une charge qu'elle porte peut être modifiée d’une façon inattendue. On a constaté que le plancher en ciment armé d’une, cave située sur la plage à Ryde, s'incline vers la terre, lorsque la marée monte dans le Solent, tandis que la direction anticipée du changement de niveau élait dans le sens contraire. Dans ce cas, l'eau qui s'élève masque selon toute probabilité son propre effet gravilationnel en fai- sant reculer le drainage sub-superliciel, avec ce résultat que l’avant plage est relevée vers le haut. Des changements très marqués de niveau ont lieu en cerlaines stations par temps humide. Dans l'ile de Wight, à Shide, qui est siluée sur le côté d'une vallée creusée à travers un anticlinal de calcaire, quand une forte pluie se produit, les niveaux et les pendules horizontaux indiquent une inclinaison J. MILNE — LES RÉCENTS PROGRÈS DE LA SÉISMOLOGIE [te vers le lit de la vallée; un instrument du côté. opposé de la vallée se comporte d'une facon cor- respondante. | En d’autres termes, si ces mouvements observés. peuvent être considérés comme s'étendant au lits de la vailée, on peut dire qu'avec la pluie la pente de chacun de ses côtés augmente. Pendant le beau temps, la direction du mouvement est renversée. Un mouvement plus régulier se manifeste, en“ outre, par une inclinaison connue sous le nom d'onde diurne. En faisant la même hypothèse sur | l'étendue du mouvement correspondant, on trouve,» mais seulement durant le beau temps, que la direc-" \ tion du mouvement des flancs de cetle vallée, pendant la nuit,est la même que celle que l'on ob= serve pendant le mauvais temps; pendant le jour, elle est analogue à celle qui a lieu pendant le beau temps. On peut considérer la vallée comme s'ou- vrant et se fermant. Des observalions analogues ont élé faites sur les deux flancs d’une vallée qui. a été creusée à travers des alluvions, à Tokio. Le mouvement diurne n'est accusé que dans 18 jours clairs et ensoleillés ; durant les jours sombres,* nuageux où humides, il est faible ou non enregis= trable. Dans une chambre située à 4 mêtres au=" 4 dessous de la surface, excavée dans un sol tendre où les changements de tempéralure sont très faibles, j'ai trouvé que le mouvement diurne était presque aussi accentué qu'aux installations voisines sur la surface, où les variations de température élaient relativement prononcées. Je ne l'ai pas observé dans des excavations faites dans des : { chers à des profondeurs de 16 à 32 mètres. A Bidston, toutefois, dans le nouveau grès rouge, à la profondeur de 6 mètres, on observe de temps en temps des changements de 0",1 à 0/,2. Sur un terrain plat, la varialion est toujours faible. Une influence qui joue probablement un rôle important dans la production de ces mouvements consiste dans la charge et la décharge différen= tielles des aires voisines sous les influences s0= laires. En temps humide, par suite de la perco=M lation sub-superficielle et du drainage latéral, less flanes et le fond d'une vallée où le niveau de l'eaum s'élève portent une plus grande charge que less crêtes qui la bordent. Dans ces conditions, le fond de la vallée s'enfonce et ses flancs se ferment. Pam beau temps, en vertu de l'évaporation et du drai= nage, un mouvement en direction opposée peut s'établir. Le mouvement diurne par beau temps, correspondant à l'ouverture de la vallée, peuttrouverm une explication partielle dans l'enlèvement de la” charge par évaporalion et, plus particulièrement, par transpiration des plantes. Ces aclivités sonb plus prononcées pendant le jour que la nuit, et elles, tendent à réduire la percolation sub-superficielle et G. URBAIN — COMMENT SE POSE LA QUESTION DES TERRES RARES 703 Me drainage vers le fond de la vallée. Le mouve- . ment nocturne rétrograde, relativement faible, peut “être partiellement attribué à une augmentation de la charge de la vallée pendant la nuit, période où la transpiralion et l'évaporation sont remplacées par la condensation superficielle et sub-superfi- “cielle. La transpiration et l'évaporation étant minima la nuit, on peut supposer que la percolation “latérale et le drainage superficiel vers le fond de la vallés sont augmentés; c’est peut-être par suite de “cette action que le volume de leau dans certains juits et que le courant dans certains conduits et rains à été trouvé plus grand pendant la nuit que 4 pendant le jour. Î Une autre activité qui peut produire une aug- “COMMENT SE POSE ACTUELLEMENT : Je dépasserais certainement les limites d'un “article en exposant en détail l’aistoire des terres «rares. Je dois me borner à des généralités, sur un “sujet qui traite cependant du cinquième du total “des éléments chimiques actuellement connus. — Dans l'impossibilité de donner le relief néces- Saire aux différents aspects de la question, j'insis- “ierai davantage sur les parties que j'ai spéciale- ment étudiées et qui me paraissent — peut-être “pour celte raison — présenter le plus d'intérêt. $ I. — LES SÉPARATIONS. L — L'étude monographique de chacune des terres rares est peu avancée, el l’on sait très peu de “chose des différentes terres yttriques. Par contre, l'étude chimique globale du groupe renferme des documents très nombreux, qui s'appliquent à la plupart de ces éléments, très voisins les uns des autres par leurs propriétés chimiques. L'on con- “nait très peu de réactions chimiques distinetives de ceux qui ont pu être isolés jusqu'ici dans un élat suffisant de pureté, et il paraît illusoire de rechercher ces réactions dans les mélanges. Depuis Pépoque à laquelle Mosander parvint à séparer à peu près le cérium, gràce à la stabililé de son peroxyde, par des méthodes qui rappellent celles de l'analyse usuelle, c’est-à-dire depuis plus d'un demi-siècle, l'on n'a guère pu que perfectionner la Séparation de cet élément. Les autres terres se Séparent les unes des aulres par des fractionne- ments au prix d'efforts considérables. Un grand nombre d'auteurs ont tenté, en vain jusqu'ici. de Séparer entre eux ces éléments par des méthodes plus ralionnelles, et un chimiste aussi expérimenté mentation nocturne du flux sub-superficiel de l'eau est l'expansion de l’air dans le sol par la cha- leur lentement descendante du jour précédent, cette expansion forçant l'eau du sol à s'échapper par les voies les plus faciles. \ L'explication que je propose de ces phénomènes peut laisser à désirer : mais les faits restent : tout autour de la face de la Terre, on peut observer des distorsions superficielles diurnes qui varient en grandeur et en direclion. D'autre part, la chute de la pluie est accompagnée de changements mesu- rables dans l'inclinaison de certaines vallées. Ce sont là certainement des phénomènes qui méritent d'être éludiés*. J. Milne, Membre de la Société Royale de Londres. LA QUESTION DES TERRES RARES que l'était Marignac se vit contraint de recourir à la méthode des fractionnements. L'on ne saurait, sans parti pris, tant que la période de défrichement des terres rares ne sera pas close, condamner celte mélhode, à laquelle on doit uniquement tout ce que l'on sait de positif sur ces divers éléments. Depuis le travail de Marignac, la technique des fractionnements s’estsingulièrement perfectionnée, d'abord avec Auer von Welsbach, puis avec Demar- çay, qui, le premier, a obtenu en abondance et avec d'excellents rendements des éléments tels que le samarium et le néodyme, aussi purs, sinon plus, que les éléments usuels qualifiés purs. Quelque surprenant que cela puisse paraître, il n'a été impossible jusqu'ici d’oblenir lachaux dans un état de pureté (nécessaire à certaines recherches spectrales) comparable à celui de l'oxyäe de sama- rium que nous avons préparé, M. Lacombe et moi. Les réactions analytiques séparent généralement les éléments usuels dans un état très relatif de pureté, toujours très inférieur à celui qu’exigent la plupart des recherches spectrales. Pour atteindre le but que je me proposais, j'ai dû me résoudre à fracltionner un sel de chaux, et je me suis adressé au nitrate, considéré comme chi- miquement pur. Alors que les réactifs chimiques n'y décelaient plus aucune impureté, ce sel retenait avec persistance du magnésium, du manganèse el du strontium, décelables au spectroscope. Or, le groupe des oxydes alcalino-terreux, dont le protoxyde de manganèse et la magnésie forment 1 Adresse (Bakerian Leclure) présentée à la Société Royale de Londres. 70% le prolongement naturel, renferme, en somme, peu de termes. Leurs analogies sont cependant suffi- santes pour ne permettre entre eux aucune sépa- ration radicale. Le groupe des mélaux alcalins : potassium, rubidium, cæsium, est exactement dans le même cas. Que serait-ce si ces deux groupes, au lieu de ren- fermer trois ou quatre corps chacun, enrenfermaient quinze? Les séparations ne se feraient même pas par à peu près, puisque l’on ne connait guère, pour les divers éléments de ces groupes, de réactions distinctives basées sur des différences de fonction, permettant des séparations rationnelles, et que l’on ne sait uliliser encore que des différences de solu- bilité. Tel est le cas pour les terres rares. Il est, d'ail- leurs, nécessaire de les obtenir dans un élat de pureté au moins égal à celui des éléments usuels, si l’on veut faire œuvre ulile, interpréter les faits connus et mettre un terme aux légendes dont elles ont été l’objet. IT. — COEXxISTENCE DES DIVERSES TERRES RARES ET DES ÉLÉMENTS RADIO-ACTIFS DANS LES MINÉRAUX. Ces terres forment un groupe compact et sont toujours associées dans la Nature. Aucun minéral ne conlient l’une à l'exclusion des autres. Le tho- rium, l’urane et, d’une manière générale, les corps radio-actifs les accompagnent et ne se trouvent, d’ailleurs, que dans les minéraux qui renferment des lerres rares. Ces éléments se subdivisent en groupe cérique et en groupe yttrique. Les minéraux sont ou bien riches en terres cériques, comme la monazite et la cérite, ou bien riches en terres yttriques, comme le xénotime et la gadolinite. Mais, dans chacun de ces deux groupes, la proportion relative des éléments parait osciller entre des limites étroites. Dans le groupe cérique, le cérium est toujours le plus abon- dant; c’est ensuite le lanthane, puis les constituants de l’ancien didyme, qui sont, en commençant par le plus rare : le samarium, le praséodyme et le néodyme. Le groupe yltrique renferme principale- ment de l'yttrium; le gadolinium est ensuite le plus abondant, puis viennent l’ytterbium et l'er- bium. L'ancien holmium ne s'y trouve qu'en petite quantité, et son constituant prépondérant est le dysprosium. Le terbium, l'europium et le thulium sont rarissimes. Les proportions relatives des terres yttriques sont à ce point constantes que, d'après Nordens- kjold, leur mélange brul, extrait des minéraux les plus divers, accuse un poids atomique moyen de 108 environ, bien que l'échelle des poids atomiques varie de 89 pour l'yttrium à 173 pour l'ylterbium. G. URBAIN — COMMENT SE POSE LA QUESTION DES TERRES RARES III. —— ATOMICITÉ DES TERRES RARES. L'atomicilé des terres rares a fait l’objet de plu- sieurs discussions. Les anciens auteurs écrivaient leurs oxydes MO. Les caractères analytiques des terres rares les placent entre l’alumine et les alca- lino-terreux. Ce sont des bases terreuses, irréduc- tibles, ne précipitant pas par l'hydrogène sulfuré. Le sulfhydrate d'ammoniaque et les alcalis précipi- tent leurs hydroxydes insolubles; leurs oxalates sont pratiquement insolubles. La présence de petites quantités de terres rares avait élé signalée dans plusieurs types de cristaux" naturels qui sont chimiquement des sels de cal- cium : phosphates, fluorures et tungstates de types bien déterminés. Ces arguments justifiaient-ils la notation MO attribuée aux oxydes rares? Mendeleeff ne l’a pas pensé, sans doute, puisqu'il a proposé la notation M°0°, — après une étude théorique de la composition de leurs sels, disent avec lui ses partisans, — uniquement pour les besoins de son système périodique, disent ses adversaires. Peu importe. Ce qui est intéressant, d'adopter la formule qui rend le mieux compte des faits. Depuis longtemps, les exigences de la Chimie et celles de la Physique se sont conciliées en ce qui concerne la molécule. Toutes les propriétés physi- ques des terres rares attestent leur trivalence. Au point de vue chimique, certaines analogies rappro- chent, jusqu’à un certain point, les terres rares des alcalino-terreux; mais que de faits plaident en faveur de leur trivalence, et parmi eux les analo-M gies des terres rares avec le bismuth! Ces analogies furent, dans les recherches que nous avons poursuivies, M. Lacombe et moi, pen-" dant plusieurs années, un guide fécond qui nous a permis de préparer toute une classe de composés inconnus du bismuth et de les uliliser pour séparer quantilativement, bien que péniblement, l’ensemble des terres rares en ses deux groupes, cérique et yllrique, jusque-là mal délimités. Le premier groupe renferme le cérium, le lanthane, le praséo- dyme, le néodyme, le samarium; le second ren- ferme l’europium, le gadolinium, le terbium, le dysprosium, le holmium, l'yttrium, l'erbium, le thu- lium et l'ytterbium. L'ordre où ces terres viennent d'être énumé- rées est celui qui exprime le mieux la place qu'elles occupent les unes par rapport aux autres. C'est l'ordre des propriétés les plus voisines. Quinze sels de bismuth sont identiques aux sels correspondants des Lerres rares; il y en a probablement beaucoup d'autres. La Chimie présente peu d'exemples d'ana- logies aussi marquées. On peut objecter qu'un grand nombre de propriélés chimiques éloignent c'est « D. 4 “te bismuth des terres rares. Ces différences tien- -nent à ce que le bismuth est très peu électro-po- itif, tandis que les terres rares, du moins celles de _ poids atomique faible, le sont énormément. C'est -la même cause qui éloigne le zinc du magnésium, _le plomb du baryum, le thallium du potassium, alors que les analogies de ces couples d'éléments ne sont pas conteslables. Les terres rares s'approchent des alcalino-ter- —… reux comme le plomb divalent se rapproche du … bismuth trivalent. MM. Wyrouboff et Verneuil soutiennent la thèse de la divalence des terres rares; mais, s'ils écri- vent CeO le protoxyde de cérium, ils en triplent volontiers la molécule pour interpréter un grand nombre de propriétés chimiques et expriment ‘ainsi, par un détour ingénieux, une lrivalence qui s'impose. - Ainsi l'atome des chimistes pourrait bien s’iden- — üfier une fois de plus avec celui des physiciens. La plupart des terres rares ne présentent qu’un seul état d'oxydation : M°O°. Trois d’entre elles : «le cérium, le praséodyme et le terbium, ont des “oxydes supérieurs. De ces peroxydes, ceux du cé- … rium seuls sont salifiables. Les sels de l’oxyde cérique CeO° présentent d'é- troites analogies avec les sels de l'oxyde thorique ThO*. Tels sont, en particulier, les nitrates doubles de la série magnésienne décrits par R. J. Meyer. …— L'’analogie des sels de thorium et des sels uraneux - rapproche l'uranium des terres rares. M. Job a « décrit un carbonate percérique dérivant de l'oxyde CeO° qui rappelle singulièrement les carbonates “ d'uranyle qui dérivent de l’oxyde UO°. — De toutes ces analogies, une conséquence remar- quable peut être mise en évidence : les différents … éléments radio-actifs se rapprochent tous des terres rares. Le radium esl un alcalino-terreux; le polonium est voisin du bismutlh. Je viens de parler du thorium et de l'uranium, dont le radio- thorium de Ramsay et Hahn doit se rapprocher beaucoup. Enfin, l'actinium de Debierne est réel- lement une terre rare, qui, d'après quelques expé- riences que nous avons faites en commun, parait se rapprocher davantage du néodyme et du sama- rium que des autres terres. L'on comprend maintenant la raison de la coexis- tence des éléments radio-actifs et des terres rares dans les minéraux, et l’on entrevoit pourquoi les terres rares sont toujours associées dans des rap- ports sensiblement constants, si l’on admet, comme tous les faits de la radio-activité semblent l’éta- blir, que les éléments radio-actifs sont des élé- ments en voie d'évolution. Ils accompagneraient alors les terres rares comme la cause accompagne l'eftet. G. URBAIN — COMMENT SE POSE LA QUESTION DES TERRES RARES 1 Q © IV. — CARACTÈRES ATOMIQUES. Comme pour les mélaux alcalins ou alcalino- terreux, les réactions les plus caractéristiques des diverses terres rares sont leurs réactions spectrales. Elles leur servent de définition. A ce point de vue, les terres cériques sont assez bien connues; mais les terres ytlriques le sont encore très peu. Un grand nombre d’entre elles ne sont encore définies que par quelques bandes d'absorption : tel est le cas du dysprosium, du holmium, du thulium vrai. D’autres, tels que l’yttrium, le gadolinium et l'ytterbium, éléments les plus abondants du groupe, dont les oxydes sont blancs et les sels incolores, ne présentent aucun spectre d'absorp- tion visible, mais leurs spectres d'’étincelle, très caractéristiques, sont bien déterminés. $ 1. — Spectres de ligne. Les spectres de ligne des terres yllriques sont excessivement riches en raies. Depuis les recher- ches déjà anciennes que fit Thalen avec les produits de Clève, la question a été reprise par M. Lecoq de Boisbaudran et par Demarcay, qui ont moins cherché à faire des mesures très précises qu'à distinguer la manière dont certaines raies se com- portent dans les fractionnements. M. Lecoq de Boisbaudran a porté ses recherches sur les spectres visibles. Il provoque l'étincelle à la surface des solutions au moyen d’une bobine d'induction à fil long et fin. En examinant des terres diverses renfermant principalement du samarium, il a observé de belles lignes bleues qui ne peuvent être altribuées à cet élément. Il les a considérées comme caractéristiques d'un élément inconnu qu'il a désigné par la notation Z:. En examinant les terres du groupe holmique, dont le spectre de lignes était totalement inconnu, il a observé de même plusieurs raies qu'il a attri- buées à un élément Z,. Demarcay, dont les recherches sont plus ré- centes, a étudié les spectresultra-violets, qu'il fixait par la photographie. Il provoquait l'étincelle au moyen d’une bobine d'induction à fil gros et court, qui donne des spectres tout différents de ceux de M. Lecoq de Boisbaudran. Il retrouva ainsi l'élé- ment Z- et le désigna d'abord par X, sans doute parce qu'il ne les supposait pas identiques. Il re- présenta ensuite cet élément par È-Z2. Après un travail admirable, qui dura environ cinq années et qui demeurera le modèle du genre, Demarçay parvint à isoler X-Z: dans un grand état de pureté et lui donna le nom d’europium. Dans les terres sombres qui suivent le gadoli- nium, il observa plusieurs lignes nouvelles, qu'il attribua à un élément L' qui pouvait s'identifier 706 G. URBAIN — COMMENT SE POSE LA QUESTION DES TERRES RARES Le avec le terbium. Dans les terres du groupe hol- mique, il distingua de même un élément A, qui pouvait être identique à Z;. Dans les fractions comprises entre le holmium et l'erbium, il distingua deux lignes qui lui pa- raissaient n'appartenir ni à l’un ni à l’autre de ces éléments, mais à une substance inconnue Q. Enfin, entre l’erbine et l'ytterbine, il admit l'existence d'un élément 0, sans avoir indiqué pourquoi il con- sidérait cet élément comme distinet du thulium. MM. Exner et Haschek ont étudié des spectres d'arc. Ils ont examiné des terres du groupe hol- mique de provenances diverses. Le nombre de raies qu'ils ont relevées avec une précision extrême se chiffre par milliers. D'après l'intensité relative de ces raies dans les divers échantillons qu'ils ont examinés, ils les classent en quatre groupes. L'un de ces groupes leur parail caractériser le holmium, sans qu'il soit établi, d'ailleurs, que ces raies appar- tiennent réellement à l'élément absorbant auquel M. Lecoq de Boisbaudran a réservé ce nom; les trois autres groupes caractérisent des éléments X,, X,, X,. Je ne sais au juste jusqu'à quel point ce classement répond à des réalités. X, me paraît renfermer beaucoup de raies du terbium etX, beau- coup de raies du dysprosium, mais j'ai pu cons- tater plusieurs erreurs d'interprétation dans ce classement et je l'estime assez arbitraire. $ 2, — Spectres d'absorption. L'absorption des terres yttriques à élé l'objet d'un grand nombre de recherches; je ne rappel- lerai que les meilleures. D'après la façon dont les bandes se comportent dans les fractionnements, terres comprises entre le gadolinium et l’yttrium, les éléments Z5, dysprosium et holmium vrai. Quelques bandes visibles définissent seulement ces éléments. L'absorption ultra-violetle de l'an- | cien holmium est encore mal connue. Le dernier travail paru sur l'absorption du holmium, travail d'ailleurs très consciencieux, où l’auteur, M. Fors- ling, s'est montré lrès réservé, contient plusieurs erreurs d'interprétation qui proviennent de la présence d'une notable proportion d'erbine dans les terres qu'il a examinées, terres Upsal, soit par Clève, soit par Langlet. L'erbium et le thulium sont encore assez mal définis par | leurs principales bandes d'absorption. Des spectres d'étincelle leur ont élé attribués, en effet; mais ils ont été établis par différence avec des produits très impurs, ce qui rend ces données assez incertaines. $ 3. Les lerres rares présentent un troisième genre de spectres : les spectres de phosphorescence. Ils — Spectres de phosphorescence. préparées à | ont été découverts en 1886 par Sir W. Crookes, qui en poursuit encore acluellement l'étude. Il est diffi= cile d'exposer en quelques mots l'ensemble des recherches de Sir W. Crookes, et de développer les théories qu'elles lui ont suggérées. Sir W. Crookes parait attribuer encore les phosphorescences des terres rares aux masses principales. Celte manière de voir a été vivement critiquée par Marignac et combattue expérimentalément par M. Lecoq de Boisbaudran. Mes propres expériences concordent entièrement avec celles de ce savant. Je me bornerai done à résumer les principes. fondamentaux de cet admirable phénomène, peu familier à la plupart des chimistes. L Exposées dans le vide aux rayons cathodiques certaines substances s'illuminent. Ce dégagement de lumière est la phosphorescence cathodique. La lumière ultra-violette, les différentes radiation k : : < . du tube à vide, ainsi que celles des corps radio aclifs, produisent des effets analogues, ct nou avons observé dans plusieurs cas, M. Perrin et moi, que la lumière émise est indépendante de la naturés de l'excitation physique. | Il suffit donc d'examiner ce qui passe pour les” rayons cathodiques, celles de ces radiations ‘4 donnent les effets les plus aisément observables. Alors que les terres pures ne sont pas phosphoS rescentes, sous l'influence des rayons cathodiques,\ ou le sont très peu, des traces de certaines terres, de l'ordre 1/100.000, suffisent fréquemment pour communiquer à d'autres terres des phosphores“ cences sensibles. Î Un très grand nombre d'auteurs sont d’ accord ! sur ce point et, parmi eux, il faut citer en premièré M. Lecoq de Boisbaudran a distingué, dans les ligne M. Lecoq de Bose ae tel on doit une étude fort étendue et extrèmement documentée Sur ce sujet. Il en résulte que tout système phosphores=" cent est composé de deux parties. La moins abon= dante joue chimiquement le rôle d’excilateur, 1 plus abondante le rôle de diluant. Une série de mélanges phosphorescents dans les= quels la proportion de l’excitaleur varie de 0 °/, à 100 °/, présente loujours un optimum de phospho= rescence. Dans les mélanges solides que j'ai étudiés, l'op= timum était en général obtenu pour des teneurs de la substance excitatrice comprises entre 1/100 eb 1/1.000. 11 dépend beaucoup du degré de calcination du mélange. L'optimum observé avec des terres calcinées à haute température correspond, en gé- néral, à de plus faibles teneurs de l'élément exeis lateur que l’optimum observé ave: des terres cals cinées à température plus basse. La position de l'optimum parait être indépens dante de l'excitation électrique. Quelle que soit la nature du diluant (oxydes, sul= G. URBAIN — COMMENT SE POSE LA QUESTION DES TERRES RARES 70 1 les, chlorures, phosphales, elc.), le spectre de phosphorescence conserve sa physionomie géné- ale. Les spectres de phosphorescence des terres ares se comportent, à ce point de vue, comme les spectres d'absorption des composés solides divers d'un même élément absorbant. Ces spectres, qui diffèrent généralement assez peu les uns des aulres, peuvent donc être considérés comme des propriétés atomiques de l'élément excitaleur. Les différences que l’on observe entre les spectres différents que donne le même élément excitateur dans des diluants divers peuvent être considérées comme des caractéristiques de ces derniers. Lorsque le diluant ne change pas de nature chi- mique par des calcinations effectuées à des tempé- ratures de plus en plus hautes, la position des andes dans le spectre ne change pas; les bandes Spectrales deviennent seulement de moins en moins diffuses à mesure que la calcination à été plus prolongée ou faite à température plus élevée. 4 Dans le cas où le diluant peut, soit se polymériser, soitchanger d'état allotropique sous l'influence de la “chaleur, le spectre observé avec des terres calcinées La basse tempéralure se modifie. La gadoline est dans ce cas et peut donner avec chaque élément exci- “tateur deux spectres distincts de bandes étroites, “suivant quelle a été calcinée vers 1.000° ou vers … 1.600°. Je n'ai pas observé de continuité entre ces spectres. — La généralisation de cet ordre de phénomènes “peut apporter à l'étude des polymères, en Chimie minérale, un précieux moyen d'investigation. “ Le système phosphorescent peut être étudié sous une forme quelconque : oxyde, sulfate, etc... Pour “le diluant, la phosphorescence est une propriété … moléculaire. —._ Les éléments excilateurs de phosphorescence ont généralement des spectres d'absorption. Il n'y a, “entre les spectres d'absorption des terres rares et leurs spectres de phosphorescence, aucune relation connue. Les éléments diluants ne sont pas, en général, absorbants, du moins dans la partie du spectre où la phosphorescence se manifeste. J'ai constaté, en effet, que le gadolinium, qui fonctionne si aisément comme diluant pour les terres excitatrices à phos- phorescences visibles, et qui ne présente dans la partie brillante du spectre aucune bande d’absorp- tion, possède dans l'ultra-violet lointain un beau spectre d'absorption et peut jouer le rôle d'exci- tateur par rapport à la chaux. La phosphorescence due au gadolinium est ultra-violelte et à peine moins réfrangible que son absorption. D'après cela, rien ne s'oppose à ce que les fonc- tions d’excitateur et de diluant soient réciproques. Cela dépend uniquement des proportions relatives. des deux éléments. L'éclat de la phosphorescence n'est sensiblement proportionnel à la teneur en élément excilateur que tant que ce dernier est en très faible quantilé dans le mélange. Si l’on admettait que la phosphorescence est attribuable aux masses principales, ainsi que Sir W. Crookes semble encore l'’admeltre, l'élé- ment phosphorescent s'évanouirait en poursuivant les fractionnements, ce qui n’est guère admissible. V. — ÉLÉMENTS PHOSPHORESCENTS. Ce que l’on observe avec la gadoline ou l'yttria,. qui ne possèdent en propre aucune phosphores- cence visible, est, à ce point de vue, tout à fait caractéristique. L'oxyde de gadolinium n'émet qu'une phospho- rescence ultra-violette; c'est un diluant admirable pour l’europium, qui le précède dans les fraction- nements,et pour le terbium, quile suit. L'europium. et le terbium excitent de belles phosphorescences visibles lorsqu'ils sont suffisamment dilués dans divers milieux. La phosphorescence due à l’euro- pium est rouge; celle du terbium est tantôt verte, tantôt bleue. Aucune méthode ne séparant rigou- reusement l'europium ou le terbium du gadolinium, les oxydes provenant des fractionnements entrepris dans le but d'obtenir le gadolinium pur donnent en lète la phosphorescence rouge de l’europium, en queue la phosphorescence verte du terbium. Les. oxydes de cœur ne sont pas phosphorescents. D'autre part, les oxydes purs d'europium ou de terbium n'émettent également aucune lumière sen- sible dans le lube à vide. Ce sont donc uniquement les fractions intermédiaires, les mélanges, qui émettent les vives phosphorescences. La théorie qui consisterail à admettre que les phosphorescences rouges et vertes ne sont dues ni à l’europium ni au terbium, mais à des éléments phosphorescents particuliers intermédiaires, com- pris entre ces éléments et le gadolinium, n'est pas soutenable, car, en poursuivant les fractionnements de manière à diminuer la proportion des fractions intermédiaires, les poids des terres phosphores- centes se réduisent et tendent vers zéro. La théorie des méta-éléments de Sir W. Croukes n'est plus conforme aux faits. Dans cette manière de voir, le gadolinium, par exemple, serait composé d'atomes distincts donnant tous le même spectre d’élincelle, mais caractérisés par des phosphorescences variées. Le fractionnement serait capable d'échelonner ces méla-éléments. Si l'europium pur ou le terbium pur, qui ont des spectres d'étincelles caractéristiques et tout à fail différents de celui du gadolinium, n'étaient pas. 708 G. URBAIN — COMMENT SE POSE LA QUESTION DES TERRES RARES capables de reproduire ces phénomènes par des mélanges synthétiques, alors que le gadolinium pur est impuissant à donner quoi que ce soil de semblable, la théorie des méta-éléments serait peut-être admissible à titre de théorie provisoire; mais les expériences suivantes démontrent que, dans les fractionnements de gadoline, cet oxyde agit simplement comme diluant, l'europium et le terbium comme excilateurs : 1° De l'europium ou du terbium rigoureusement exempts de gadolinium, mélangés ensuite à des proportions variables de gadoline, reproduisent les phosphorescences observées dans les fractionne- ments; % De l'europium ou du terbium rigoureusement exempts de gadolinium, mélangés à des propor- tions variables de chaux ou d’'alumine pures, donnent des phosphorescences analogues, rouges avec l'europium, vertes ou bleues avec le terbium. Ces expériences, parfaitement démonstratives, sont en parfait accord avec celles que fit M. Lecoq de Boisbaudran sur l'yttria, et qui furent l'objet d'une si longue polémique entre cet expérimenta- teur si clairvoyant et Sir W. Crookes, qui, à la suite d'une série de travaux d'une haute originalité sur l'émission cathodique, soutenait que l'yttria doit ses phosphorescences variées à toute une série de méta-éléments. M. Lecoq de Boisbaudran, au cours de ses admi- rables recherches sur les terres, a découvert que les solutions aqueuses de cerlaines d'entre elles peuvent s'illuminer quand on fait jaillir l'étincelle électrique à leur surface. Il a attribué ces phospho- rescences à des éléments Z4, Zg et Zx. Zx est iden- tique à l'europium actuel. Zg s’observe le mieux avec les terres yltriques sombres et mal définies à celte époque, que l’on désignait du nom de ter- bines. Z. s'observe avec les terres claires du groupe holmique. A la suite de longs et pénibles fraction- nements, qu'il sut eXectuer avec une surprenante exiguité de matières premières, M. Lecoq de Bois- baudran montra que ces terres fluorescentes Zu et Z3, qui ne se distinguent pas des méla-éléments ou éléments phosphorescents de Sir W. Crookes, s'accumulaient de préférence dans des terres de poids atomiques très élevés, voisins et même supé- rieurs à 160, et ne pouvaient, en conséquence, être considérées comme des parties intégrantes de l'yltrium, dont le poids atomique est voisin de 89. Il parvint, en outre, ce qui n'a jamais été refait depuis, à obtenir de l'yttria ne possédant aucune phosphorescence attribuable à une terre rare quel- conque. Par contre, cette yttria présentait une phos- phorescence à spectre continu, que l'auteur a attribuée au bismuth. Ce que j'ai observé dans mes fractionnements | comporte dans les fractionnements, ne pouvait être | définissent encore uniquement l'élément absorbant confirme de tout point l'opinion de M. Lecoq de Boisbaudran sur l'absence de phosphorescence visible de l’yttria. J'ai établi que la phosphores- cence Zg, identique à la phosphorescence Gg del Sir W. Crookes, d'après la manière dont elle se considérée comme caractéristique d’un élément distinct de celui qui, dans les terres yttriques, donne un peroxyde noir, élément dont l'existence, admise il y a soixante ans par Mosander, fut très discutée et mise hors de doute par les travaux de Delafontaine et de Marignac. Cet élément est le ter= bium, que j'ai pu isoler récemment dans un état de purelé qui n'avait pu encore être atleint. 4 Parmi les terres suivantes, j'ai pu isoler une. substance présentant un assez grand nombre de caractères spectraux déjà connus, et dont les sels ont une faible coloration verte, ce qui, dans la. série yttrique, était tout à fait inattendu. Cetten terre, qu'on la suppose simple ou complexe, doi recevoir le nom de dysprosium, nom qui a été donné par M. Lecoq de Boisbaudran à l'un des consti\ tuants de l'ancien holmium considéré comme élé= ment absorbant. J'ai obtenu près de 50 grammes de celle sub=\ stance, que j'ai pu préparer par des fractionne ments divers, et j'ai réalisé, après quatre années | de cristallisations journalières poursuivies dans ce but, une série de 15 fractions consécutives présen=) tant un poids atomique constant (Dy = 162,5) eb des caractères spectraux également constants. Les têtes de mon fractionnement sont souillées d’une trace de terbium; les queues présentent légère | ment les deux bandes visibles rouges et vertes qui | | ! « holmium. Cette terre, considérée comme excitateur des phosphorescence dans des diluants divers, se cons | fond avec l'élément phosphorescent Z; de M. Lecoq, ? de Boisbaudran. Les spectres de phosphorescence, | qu'elle provoque renferment la célèbre bande + citron À — 574, qui fut observée lout au début de ses recherches sur la phosphorescence par Sir W. Crookes dans le plâtre du bassin de Paris et que le savant anglais attribue encore à l’yttriums | Les terres qui viennent ensuite dans mes fractions | nements sont riches en holmium; leurs solutions sont jaune orangé, mais elles contiennent déjà de l'yttrium, alors qu'elles ne renferment plus sensi= 11 blement de dysprosium. Aucune de ces terres & terbium, dysprosium, holmium, n’est phosphoz rescente dans le tube à vide, à moins qu'elle ne | soit mélangée préalablement avec un diluant. L'yttria à sels incolores que j'obtiens ensuite est phosphorescente et présente la bande citron. Les terres qui suivent donnent des solutions G. URBAIN — COMMENT SE POSE LA QUESTION DES TERRES RARES 709 séparer assez facilement ces deux terres. ltria que j'ai obtenue ainsi, à oxyde parfaite- nt blanc et à poids atomique voisin de 89, ne présente aucune trace de la bande citron, mais une osphorescence verte, due à une lrace d'erbium, e je n'ai pu éliminer encore complètement par s méthodes. Par contre, une trace de dyspro- mm fait apparaître la bande citron dans cet yttria. En résumé, d'après ces observations, il n'est pas yttria, ainsi que les terres qui la précèdent et a suivent, n'est pas pratiquement phosphores- ente à l'élat de pureté. J'ai reproduit par synthèse, à partir de mes erres les plus pures, les diverses phosphores- es que j'ai observées dans mes fractionne- nls, et ces mélanges, dont les constituants ont pesés, me permellent d'évaluer, avec une pré- ion suflisante pour les besoins de la pratique, proportions des constituants contenus dans les nges indélerminés que donnent les fraction- ments. Cette méthode d'analyse rappelle la colo- étrie. [Le — EupLot DES SPECTRES DE PHOSPHORESSENCE “COMME RÉACTIONS CARACTÉRISTIQUES D'ÉLÉMENTS. On voit, d'après ce qui précède, la méthode qu'il nvient de suivre, si l'on veut se servir de la phos- phorescence comme guide dans les fractionnements. Lest nécessaire de rechercher eonstamment si cette Opriélé augmente ou diminue par addition d’un uant. Tant qu'elle diminue, c'est que la substance est elativement pauvre en élément excitateur; quand | elle augmente, on peut être certain que la substance que l'on se propose de concentrer s'accumule dans les fractions où s'observe ce phénomène. - Cette méthode est également celle qu'il convient | d'employer pour l'attribution des phosphorescences. | Je l'ai appliquée au cas du gadolinium. 1 y a quelques années, Sir W. Crookes annonca | li découverte d'un nouvel élément : le viclorium. L'élément nouveau était une terre yttrique, moins basique que l'yttria, plus basique que la terbine. Son poids atomique était voisin de 118. IL était caractérisé par un magnifique spectre de phospho- | rescence ultra-violet. _ Cette découverte fut contestée à Munich par REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906, l'École du Professeur Muthmann. Mais, comme les chimistes bavarois ont également nié l'existence de l’europium, qui n'est pas douteuse, celte contes- tation n’était pas très convaincante. Quelque temps après, j'ai confié à Sir W. Crookes quelques-unes des terres que j'avais préparées. Parmi celles-ci se trouvait de la gadoline, dont le savant spectroscopiste anglais étudia en détail le spectre delignes avecles admirables appareils dont il dispose. En examinant cette terre ou son sulfate dans son tube à vide, il y observa un faible spectre de phosphorescence ultra-violet de viclorium, et publia que ce viclorium se trouvait dans ma gado- line comme une légère impureté. Je fis subir alors de nombreux traitements à mes gadolines pour en séparer cette impurelé; mais, après une longue série d'insuccès, j'en vins à me demander si le spectre de phosphorescence ultra- violet n'appartenait pas en propre au gadolinium. Si le victorium élait une impureté légère, son speclre devait s'affaiblir en diluant la gadoline dans une terre telle que la chaux. Si le victorium était le gadolinium lui-même, le spectre ultra-violet devait augmenter d'éclat. C'est ce dernier phénomène que j'ai observé. J'en ai conelu que le vielorium s'iden- tifiait avec le gadolinium. VIT. — PHOSPHORESCENCES MULTIPLES. Une dernière queslion se pose en ce qui concerne les spectres de phosphorescence. Peuvent-ils varier suivant la proportion du diluant? Ilest un cas où la réponse n'est pas douteuse : c'est celui où la substance excilatrice est un mé- lange de plusieurs éléments phosphorescents. En effet, pour une certaine leneur du diluant, l'op- timum sera alteint seulement pour l’un des éléments excitateurs; pour une teneur plus considérable du diluant, l'optimum sera alteint pour le second, alors qu'il sera dépassé pour le premier. Suivant que l’une ou l’autre des phosphorescences prédominera, l'un des deux spectres sera plus brillant que l’autre. Sir W. Crookes, qui a découvert le premier caractère allribuable à l'europium en observant une bande rouge de phosphorescence dans les terres ylitriques, l'a désigné par la nota- tion Sè. Cette bande, visible parmi celles que donnait le samarium dans ses produits, disparaissait par addition d'une proportion suffisante de chaux et augmentail d'éclat par addition d’'yttria. Il lui donna pour celte raison le nom de bande anomale. On voit que celte anomalie peut être aisément interprétée. Des variations spectrales de la phosphorescence, observées dans des fractionnements, ne sauraient donc être la preuve rigoureuse d’une séparation 15 710 G. URBAIN — COMMENT SE POSE LA QUESTION DES TERRES RARES des éléments phosphorescents, puisqu'une simple dilution exalte ou affaiblit certaines phosphores- cences. Il sera donc nécessaire d'établir que ces variations ne peuvent êlre altribuées au phénomène de dilution. Réciproquement, l'étude des varialions de phos- phorescence par dilulion est une méthode de recherche des éléments phosphorescents; mais celte méthode ne peut donner à cel égard que des probabilités, lant qu'il ne sera pas établi en toute rigueur qu'un seul élément ne peut émettre dans un milieu donné qu'un seul spectre de phospho- rescence, quelle que soit la dilution. M. Lecoq de Boisbaudran m'a fait remarquer à cet égard que la dilution pouvait être assimilée à un changement de milieu. Ge savant a montré, dans un très grand nombre de cas, l'influence du changement de milieu sur la variation des phos- phorescences d'un même élément excilateur. S'il était élabli que la dilution peut être assi- milée en toute rigueur à un changement de milieu, la question serait tranchée, et la phosphorescence susceptible de varier par la dilution de l’excilateur devrait être considérée comme un guide suspect dans les fractionnements; c'est précisément là le point qu'il faut élucider par de nouvelles re- cherches. L'europium, dilué dans des proportions crois- santes soit de gadoline, soit de chaux, émet deux systèmes de phosphorescence et se comporte ainsi comme le feraitun mélange de plusieurs éléments. Par contre, M. Lacombe me communique que le samarium pur ne donne rien de semblable quand on fait varier sa dilution dans la chaux et que sa phosphorescence présente constamment le même spectre. Mes propres recherches spectrales sur le terbium ont donné jusqu'iei le même résultat. Bien que la coloralion de la phosphorescence varie du vert franc au bleu vert suivant que la terbine est en forle ou en faible proportion dans la chaux, l'intensité relative des bandes n'est pas très sen- siblement modifiée. VIII. — ÉLÉMENTS D'INTERPRÉTATION. ÉLÉMENTS CHIMIQUES. L'on voit, d'après ce qui précède, combien les caractères des terres yllriques sont variés. Tant que les définitions des divers éléments de ce groupe se rapporleront ainsi à des caractères différents, la question des terres ytlriques demeura obscure et confuse. Il m'a semblé qu'il était néces- saire, après avoir isolé lès diverses lerres connues dans un état de pureté qui, pour la plupart d'entre elles, n'avait pas encore été alteint, d'en étudier systématiquement les divers caractères, afin de donner à ces éléments des définitions précis Ce problème présente des difficultés nombreuses bien souvent, alors que les résullats obten: semblent nets, des faits nouveaux apportent nouvelles incertiludes, et j'ai dû poursuivre renls que des spectres de lignes, d'absorption et de phosphorescence est, sans doute, le problème J plus complexe de la Spectro-chimie. L'on sait q ces spectres n’ont pas du tout la même sensibilit Quelque pures que soientlessubstancesisolées,) arrive fréquemment que des traces des corps voisin provoquent de troublantes incertitudes. La richesse en bandes ou raies de ces divers spectres accroilan difficulté de leur étude; des raies appartenant lion ou de phosphorescence, l'incertitude subsis et l’on ne peut passer outre que si l'étude d spectres de lignes entraine définitivement la cons viction. Il est donc nécessaire de déterminer quels spectres de lignes, d'absorption et de phosphores= cence s'accompagnent avec une suffisante cons lance pour que l’on puisse les attribuer à la même substance. Là est la plus grosse difficulté. Suivant la méthode d'observation spectrale pr conisée, le groupe des terres rares est considé tour à tour comme un groupe d'éléments absa bants (spectres d'absorption), d'éléments phospli rescents (spectres de phosphorescence), d'élémer à spectre de lignes. 4 L'identité, évidemment possible, de ces divers, éléments spectroscopiques est difficile à établir, parce que l’enchevêtrement des spectres apporte | parfois peu de probabilités ou ôte même souvent ( toute certitude. Aussi, à côté des éléments dont l'individualité n'est pas douteuse et dont j'ai donné la liste plus haut, peut-on dresser une assez longue liste d'élé- ments dont l'existence est indiscutable, mais l'indi- ) vidualité problématique. Les auteurs ont généra= lement fait preuve de sagesse en se bornant à les désigner par des symboles provisoires. É que j'appellerai éléments d'interprétation. We tence de quelques-uns est probable, de quelques, autres possible, du plus grand nombre très dou, teuse. On a beaucoup abusé de leur emploi, ee G. URBAIN — COMMENT SE POSE LA QUESTION DES TERRES RARES 7H discrédit, peut-être excessif, où ils sont lombés sans distinction a rejailli pour bien des savants sur ensemble des éléments très rares du groupe. La genèse de ces éléments d'interprétation, toujours très simple, résulle de l’étude comparée des spectres. oute difficulté, coïncidence ou renforcement des bandes, est impulable à un élément inconnu. Sans doute, il ne faut pas perdre de vue que la plupart des éléments dont l'existence est actuelle- ment bien établie ont commencé par être des élé- ments d'interprélalion. Les auteurs ne sauraient être blâmés de les avoir conçus, et une critique sévère n'est légitime que dans le cas où l'expéri- mentation est insuffisante ou défectueuse. Ainsi, parallèlement aux éléments dont l'exis- tence est certaine, se trouvent des éléments dont l'existence est probable et d’autres dont l'existence est seulement plausible et à des degrés très divers. Une élude complète de cette question m'entraine- ait trop loin. Je me bornerai aux conclusions : Parmi les terres rares, certains éléments ont été isolés. Les autres doivent être isolés. L'isolement “est l'argument décisif. Mais l'isolement de terres - Spectroscopiquement pures est rarement possible : les méthodes manquent presque toujours de l'effi- -cacité nécessaire pour l'élimination des dernières “traces des éléments voisins. pi De toutes les propriétés caractéristiques d'un “élément, la plus importante pour le chimiste est le poids atomique. Tout élément a nécessairement un poids atomique constant. Il faut donc s'assurer de Ja constance d'un poids atomique et prolonger les “fractionnements en conséquence. Les terres comprises entre deux séries de termes | poids atomique constant doivent être réduites à un minimum. Si les fractions intermédiaires sont nombreuses, cela peut tenir à l'inefficacité de la # éthode employée ou à la présence de quelque 2 peu abondant. La nécessité de fractionner Idée nouveau ces terres intermédiaires s'impose. Aux lerres de poids atomiques constants corres- pondent des spectres constants. Mais un spectre “de lignes du groupe des terres rares renferme tou- jours un nombre considérable de raies. À moins de disposer d'appareils puissants et d'y consacrer ün temps considérable, il est impossible de faire ne pareille étude. Le chimiste doit se borner à | suivre les raies les plus caractéristiques. Il ne saurait y avoir plus de spectres d'absorption | ou de phosphorescence que de spectres d'étincelle, et chacun d' eux doit correspondre à un palier de | | poids atomique constant. Leur coexistence permet | d'admettre, au moins provisoirement, qu'ils carac- Hérisent un seul et même élément chimique, car il st toujours possible que deux éléments se super- posent exactement, L'étude des fractions intermédiaires a pour but de s'assurer qu'il n'y a pas, entre les divers carac- tères attribués, de symptôme de glissement, indice d’un commencement de séparation. Tout symptôme de ce genre est seulement une probabilité d'’élé- ments nouveaux, car on ne compare plus entre eux des caractères de même genre, mais des spec- tres de nature différente. Si l’on peut observer plus de spectres d’un même genre que l’ensemble des autres caractères n’ac- cuse d'éléments, l'existence d'un élément nouveau devient presque une certitude. Si aucun symptôme de glissement entre les caractères n’a été observé de part et d'autre d'un palier de poids atomique constant, il est nécessaire de s'assurer que la méthode n’a pas été insuffisante pour séparer les constiluants toujours possibles de l'élément provisoirement défini. Dans ce but, il faut fractionner la terre par des méthodes aussi différentes que possible de la pre- mière. Lorsque, après une pareille série d'expé- riences suffisamment prolongées, les divers carac- tères atomiques de la substance n’ont subi aucun glissement, cette substance est, au point de vue expérimental, un élément chimique. Aucune consi- déralion théorique ne saurait prévaloir contre une expérimentalion aussi démonsirative. Cela posé, le tableau suivant suffira pour rendre compte des progrès qui ont élé réalisés récemment dans cette voie. En ce qui concerne les deux spec- tres de phosphorescence de l’europium, de nou- velles recherches sont nécessaires et apportent une restriction aux données suivantes dans ce qu'elles pourraient avoir de trop affirmatif : TagLEau I. —- Caractères de l'élément isolé. | ÉLÉMENTS phospho- rescents .|[Europium .| Zy, Sg. Gadolinium.! Victorium, P. A. ÉLÉMENT ÉLÉMENTS spectre a URBAIN) isolé de lisne absorbants 152 |Europium. .|Z, Gadolinium.|Gadolinium. Terbium . J Fr RE PL M A See NN Xi7 USE À Pre Lg Dysprosiun)KT er farm) | Cet article ne donne sans doute qu'une idée ap- proximative de la question des terres rares; je me suis efforcé surtout d'expliquer comment le pro- blème se pose et comment j'estime qu'il doit être résolu * G. Urbain, Professeur à l'École Alsacienne. 1 Conférence faite au Laboratoire de M. Sorbonne. Haller à la 112 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES 1° Sciences mathématiques Verhandlungen des dritten internationalen Mathe- tiker Kongresses in Heidelberg vom 8 bis 13 Au- qast A904, herausgegeben von dem Sehrillfübrer des Kongresses À. Krazer. — 1 vol. in-8 de To5 pages. B. G. Teubner, éditeur. Leipzig. La Revue a rendu compte, en son temps, du 3° Con- grès international des Mathématiciens, tenu à Heidel- berg du 8 au 13 août 1904. Qu'il nous suffise donc de signaler très brièvement les Mémoires du Congrès pu- bliés par les soins de M.le Professeur Krazer (Carlsruhe). Le volume débute par la chronique des séances et des réunions diverses auxquelles ont pris part 336 mathéma- ticiens se répartissant sur 19 nationalités. En tête de la seconde partie figure le beau discours de M. Künigsber- ger à la mémoire de Jacobi, dont le centenaire avait été fêté par le Congrès. Puis viennent les travaux, au nombre de quatre, présentés en séances générales, et dont voici les litres : 1. Le problème moderne de l'intégration des équa- tions ditlérentielles, par M. Painlevé (Paris) ; 2. Aperçu historique de la théorie mathématique de la toupie, par M. Greenhill (Londres); 3. La Géométrie moderne et ses liens avec l'Analyse, par M. Segre (Turin); 4. Les leçons de Riemann sur la série hypergéomé- trique, par M. Wirtinger (Vienne). Les travaux communiqués dans les séances des six sections sont au nombre de 66 et embrassent près de 600 pages. Ils sont suivis d’un compte rendu de l’expo- sion de livres, de modèles et instruments et des con- férences qui y ont été rattachées. Rappelons que le prochain Congrès aura lieu à Rome au printemps de 1908. Marchis (L.), Professeur-adjoint de Physique à la Faculté des Sciences de Bordeaux. — Thermody- namique. Introduction à l'étude des Machines thermiques. — 1. vol. in-8° de 255 pages. et 20 fig. (Prix:5 fr.) Gratier et Bey, editeurs. Grenoble, 1906. La première partie de ce savant ouvrage, parue il y a un an, et dont nous avons déjà rendu compte dans la /tevue, traitait des principes fondamentaux de la Thermodynamique; les modifications réversibles ou irréversibles des systèmes en général avaient été étu- diées d'une manière complète. Dans ce nouveau volume, l'auteur s'occupe plus particulièrement des transfor- mations réversibles des gaz et des vapeurs, dont la con- naissance est nécessaire pour établir la Théorie des machines thermiques; le sous-titre du livre est donc justifié : c’est une introduction à l'étude des machines thermiques. Les premières pages de l'ouvrage (page 1 à 89) sont consacrées aux gaz, la suite (page 89 à 255) aux vapeurs saturées; la question si importante des vapeurs est traitée, on le voit, avec une grande ampleur, et pourtant il n’est pas fait mention des propriétés des vapeurs sur- chauflées, ni des lois de l'écoulement des vapeurs, dont les ingénieurs se sont tant occupés en ces der- nières années. M. Marchis a, par contre, développé d'une manière très approfondie toutes les propriétés carac- téristiques des vapeurs saturées, ainsi que toutes les transformations isothermiques, adiabatiques, isodyna - miques, à volume constant et à titre constant, d'un mélange homogène de liquide et de vapeur saturée. Un paragraphe spécial est consacré à la courbe-zéro de Weyrauch, qui permet de distinguer les cas où une ET INDEX transformation adiabatique produit une vaporisation de ceux où elle provoque une condensation : cette étude est à signaler parce qu'elle est nouvelle pour la plupar des lecteurs français. De nombreux et très utiles tableaux numériques rapprochent les données qu'il importe d'avoir sous la main, pour résoudre les problèmes que les ingénieu rencontrent dans la pratique; l'usage de ces donnée estindiqué, d’ailleurs, par des exemples choisis et variés: qui complètent la théorie et la font mieux comprendre AIMÉ Wirz, Doyen de la Faculté libre des Science“ n de Lille. Périssé (R.), /ngénieur-agronome. — Le Chauffage des habitations par calorifères. — 1 ro]. in-16 dl l'Encyclopédie scientifique des Aide-mémoire. (Prix 2 fr. 50.) Gauthier- Villars, éditeur. Paris, 1906. Le calorifère fait partie intégrante de l'habitation moderne, dès qu'elle vise à être confortable. Le livre de M.R. Périssé en étudie les divers systèmes, laissant d’ailleurs de côté ceux qui sont appliqués aux édifices publics, hospices, théâtres, hôtels de ville, dans lesquels le service du chauffage se combine ordinairement aveen celui de Ja ventilation. Après avoir défini les conditions générales d'éta blissement d'un calorifère, les pertes de chaleur (p les murs, le sol, le renouvellement de l'air) auxquell il doit suppléer grâce à l'apport d’un calorique toujou nouveau, l'auteur indique et compare les trois grandes classes des calorifères actuellement employés, qui différencient par le véhicule de chaleur utilisé : ai eau, vapeur d'eau. L'air se chaufle dans des appareils simples et peus coûteux, circule dans des conduits faciles à construire et à entretenir, et concourt à la ventilation. Il convient pour les grandes pièces : escaliers, halls, ve-tibules, beaucoup moins pour les chambres à coucher, car une émanation d'oxyde de carbone est à craindre, si Je foyer est en mauvais état. Comme il est desséché pan son contact avec le foyer (si, du moins, on n'a pas pris la peine de le rendre humide par un nes il ne convient pas non plus aux serres et jardins d'hiver Les frottements de l'air contre les conduits sont tels qu'il ne peut se transporter à plus de 12 à 15 mètre du foyer. Comme foyer et conduits sont encombran un calorifère à air chaud ne peut aisément s'installe que pendant la construction même de la maison. L'eau est employée sous pression, à une température voisine de 100°, ou bien à une pression élevée. Dans le premier cas, il en faut beaucoup, circulant dans de conduites d'assez grand diamètre ; dans le second! quantité d'eau et diamètre des tuyaux sont bien plus ètre faite dans une maison déjà construite. Ce installation n'est pas très délicate ; ses organes peure ètre réparés par des ouvriers ordinaires. Les calo fères à eau sont hygiéniques et ont un rayon d’aeli étendu. Mais ils sont fort peu réglables. La grande chaleur latente de vaporisation de l'e 530 calories environ) fait qu'à égalité de températ la vapeur contient beaucoup plus de calorique qu l'eau liquide, et qu'à très basse pression (80 150 grammes par centimètre carré) elle peut b suffisamment chauffer les plus grandes habitatio privées. Les chaudières qui la fournissent tienne peu de place, ses tuyauteries ont de très faibles mètres. Le chauffage est hygiénique et facilement réglable. Par contre, l'installation est coûteuse, parce qu'elle comporte des organes délicats; les réparations ne peuvent être faites que par des ouvriers spéciaux; son entretien demande des soins. La conclusion de M. Périssé est que, dans les grandes villes où se trouve un personnel technique compétent, il faut recourir au chautfage par la vapeur basse pression A la campagne, il est peut être pru- dent de s'arrêter à un système moins délicat. Consi- dérant que presque tous les systèmes actuels de chau- dières, régulateurs, canalisations de vapeur et de retour d'eau se valent, l'architecte chargé d'installer un chauffage par la vapeur à basse pression combinera un Système de surfaces de chauffe en rapport avec le genre de l'habitation, le goût du propriétaire et la température à obtenir : chauffage indirect, par batteries en cave pour le rez-de-chaussée et l'escalier, par “colonne, dans une gaine visitable du côté d'une pièce secondaire, pour les pièces de réception, chauffage devoir être le plus généralement adoptée. Il faut savoir gré à M. R. Périssé d'avoir si clairement fixé les grandes lignes de la question. GÉnarD LAVERGNE, C Ingénienr civil des Mines. 2° Sciences physiques ockels (7.), Professeur de Physique à l'Université d'Heidelberg. — Lehrbuch der Kristalloptik. — 1 vol.in-8° de 520 pages avec 168 figures et 6 planches hors texte. (Prix : 20 fr.) B. G. Teubner, éditeur, … 3, Poststrasse, Leipzig, 1906. Dans ces vingt dernières années, les recherches “théoriques ou expérimentales dans le domaine de lOptique cristalline ont révélé de nouveaux faits importants, en particulier en ce quiconcerne l’absorp- «Lion et le pouvoir rotatoire optique. D'autre part, dans la même période, la théorie électromagnétique de la umière a été mise sous une forme qui permet de luti- iser, dans un traité didactique, pour asseoir les lois de la propagation de la lumière dans les cristaux. Le besoin e faisait donc sentir d'une exposition, au point de vue physique, de nos connaissances actuelles sur ces sujets. C'est la tâche que s’est imposée le Professeur Pockels dans le Traité d'Optique cristalline qu'il présente au- jourd'hui au public. courte introduction, l'auteur aborde l'étude des cristaux parfaitement transparents sans ouvoir rotatoire. Il indique les lois de la propagation e la lumière dans les cristaux à un et à deux axes “opriques, telles qu'elles résultent de l'observation; puis il expose les diverses hypothèses qui ont été faites pour déduire théoriquement ces lois des équations différen- tielles du vecteur lumineux : théorie élastique pure de Fresnel, théorie mécanique élargie de Voigt,théorieélec- … tromagnétique, théorie électronique. Puis il envisage les “applications de ces lois, qui constituent, d’une part, le problème géométrique de la réflexion et de la réfrac- tion : direction des ondes et rayons réfléchis et réfractés, réflexion totale, réfraction par les prismes, d'autre part, le problème physique de la réflexion et - de la réfraction : rapports d'intensité et de polarisation des ondes réfléchies et réfractées, phénomènes d’inter- férence, propriétés des plaques superposées. Vient ensuite l'étude des cristaux doués du pouvoir —… rolatoire; l'auteur en retrace les propriétés fondamen- tales et expose la théorie de la propagation dans ces cristaux et les observations qui la confirment. 4 Les cristaux envisagés dans les deux premières rties étaient parfaitement transparents; il reste à udier les cristaux qui absorbent la lumière. M. Poc- -kels indique la théorie de ces phénomènes, puis les -méthodes de mesure de l'absorption en lumière trans- -mise ; il expose, enfin, les phénomènes qu'on observe en lumière polarisée convergente et ceux de la réflexion sur les cristaux absorbants. La quatrième partie traite des modifications des pro- BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 713 priétés optiques sous les influences extérieures : tem- pérature, déformation élastique, champ électrique et magnétique. Le traité de M. Pockels a sa place marquée entre les ouvrages, d'un caractère plutôt élémentaire, écrits spécialement pour les besoins des minéralogistes, et les œuvres considérables d’un caractère théorique pur, comme celle de Voigt : il sera un guide précieux pour les physiciens et les cristallographes. L- Zsigmondy (Richard). — Zur Erkenntnis der Kol- loïde. — 1 vol. de 185 pages, avec 6 figures dans le texte et 4 planches. Gustav Fischer, éditeur. léna, 1906. Ce livre n’est pas un « Traité des colloïdes », mais avant tout un exposé des recherches personnelles de l’auteur sur l’ultra-microscopie et sur les solutions d’or métallique qu'il pread comme type des colloïdes irré- versibles : certaines parties du livre ont donc la valeur de mémoires originaux et seront lues avec inté- rêt par tous ceux qu'intéresse l'étude des colloïdes. On sait que les solutions d'or diffusent de la lumière. Déjà Faraday attribuait ce phénomène à la présence, dans le liquide, de très petites particules métalliques tenues en suspension, en fausse solution dans l'eau. Zsigmondy inclinait, avec d'autres auteurs, à considérer les solutions métalliques comme « homogènes » et à regarder comme accidentelles les particules dont la diffusion de la lumière rendait l'existence probable, la quantité de lumière diffusée étant sans relation simple avec les autres propriétés des solutions. Or, c fut précisément lui qui, ayant imaginé avec Siedentop un dispositif capable de mettre en évidence individuel- lement les particules ultramicroscopiques, montra qu’elles étaient bien le véritable constituant de la solu- tion. Dans quelques chapitres d'introduction, l'auteur essaie de marquer la limite, bien artificielle d’ailleurs, qui sépare les solutionse olloïdales, d’une part des solu- tions vraies, d'autre part des suspensions grossières; il rappelle les notions relatives aux colloides réver- sibles et irréversibles et il esquisse un résumé rapide de nos connaissances sur les colloïdes, en citant notam- ment d'assez nombreux passages des Mémoires de Th. Graham, auxquels le temps n'a rien enlevé de leur intérêt. L'invention de l'ultra-microscope de Sieden- topf et Zsigmondy, la description de l'appareil, les pro- cédés à employer pour en faire usage et les résultats qu'il a permis d'obtenir occupent une partie impor- tante du livre. Armé de l'appareil ultra-microscopique, l'auteur exa- mine alors les solutions d'or, dont il indique d'abord la préparation. Il montre que les solutions stables con- tiennent des particules dont les dimensions, très varia- bles selon les préparations, ne doivent guère dépasser 80 pu et peuvent s'abaisser jusqu'au voisinage des grandeurs moléculaires. Il étudie les mouvements browniens de ces particules: ses observations semblent s’accorder très bien avec la théorie de ces mouvements exposée par M. Gouy et qu'il ne parait pas avoir con- nue. Les observations faites sur des liquides divers ne montrent aucune relation directe entre la grosseur des particules et leur coloration; mais on peut obtenir dans un liquide, grâce à l'intervention de divers agents, des changements de coloration liés à l’associa- tion de petites particules en un nombre beaucoup moindre de particules plus grosses. Les expériences de coagulation et de filtration montrent surtout le rôle important que peuvent jouer des colloïde-s stables asso- ciées aux hydrosols métalliques instables. Enfin, les recherches personnelles de l’auteur, ainsi que celles d'autres expérimentateurs, permettent d'étendre à d'autres solutions colloïdales les résultats des observa- tions faites avec les solutions d'or. Parallèlement à ces solutions, Zsigmondy à étudié les verres colorés par l'or. La formation des particules colorantes pendant le réchauffement d’un verre inco- ni BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX lore après un premier refroidissement tient à la pré- sence, dans ce verre incolore, de germes « amicrosco- piques », trop petits pour ètre vus. Enfin, Zsigmondy expose rapidement dans quelles conditions les particules des colloides en général se forment, s’'assemblent ou se séparent à nouveau pour former des « sols » ou des « gels » et comment on peut concevoir le mécanisme de ces phénomènes. H. Mouro, Attaché à l'Institut Pasteur, Rocques (X.), Chimiste-Expert des Tribunaux de la Seine, ancien chimiste principal du Laboratoire municipal de Paris. — Les Industries de la con- servation des aliments. — 4 vol. pelit in-8° de 506 pages, avec préfaces de MM. BrouaRpEL et Munrz, membres de l'Institut. Gauthier- Villars, éditeur. Paris, 1906. Les industries qui ont pour objet la conservation des aliments prennent de jour en jour plus de développe- ment et plus d'importance. Leur intérêt économique, leur rôle dans la vie sociale expliquent la multiplication des ateliers de conservation et leur prospérité presque générale. Cette industrie permet, en effet, de pourvoir d'ali- ments sains et utiles des régions déshéritées, de mettre à profit certains aliments qui, de par l'éloignement ou les circonstances, élaient autrefois abandonnés ou perdus; enfin de déterminer, à l'avantage du plus grand nombre,un bienfaisant nivellement des prix des denrées. Une telle industrie, si éminemment utile, est toujours en évolution, en progrès continuels, au courant desquels il est fort difficile de se maintenir; aussi devons nous savoir gré à l’auteur qui veut bien nous faire connaitre ce quise passe dans les usines modernes, si merveilleu- sement organisées et outillées. M. X. Rocques était, par sa position et son savoir, mieux qualifié que tout autre pour écrire un traité de conservation des matières alimentaires; il a composé ce livre en parfaite connaissance d'un sujet qu'il traite tout à l'aise et en maitre. Tout d'abord, l’auteur expose le mécanisme chimique de la décomposition des aliments ; puis, ayant posé le problème, il nous en indique, avec beaucoup d'ordre et de précision, les solu!ions acceptables et pratiques. A propos de la conservation par la chaleur, il nous donne des détails techniques fort curieux sur la dispo- sition etle mode de fermeture des différentes boîtes de conserve; ensuite vient la description des procédés de conservation des viandes, des légumes, des fruits, ete. M. Rocques insiste, avec beaucoup de raison à notre avis, sur les méthodes de conservation par le froid; c’est le froid seul qui nous permet de conserver les aliments tels que la Nature nous les à fournis, sans aucune modification dans le goût ou la composition chimique. En résumé, M. Rocques a fait œuvre bonne et utile; les fabricants ou les industriels, les hommes de science ou les curieux, liront son intéressant ouvrage avec autant de profit que de plaisir. R. Lezé, Professeur à l'Ecole de Grignon. 3° Sciences naturelles Doumer (Paul), député, ancien Gouverneur général de l'Indo-Chine. — L'Indo-Chine française. Souve- nirs.— 1 vol. in-4° de392 payes, avec170 illustrations. (Prix : 10 fr.) Vuibert et Nony, éditeurs. Paris, 1905. La plus grande partie de l'ouvrage de M. Doumer (pp. 1-284) est le récit, émaillé d’anecdotes, des tour- nées accomplies par l'auteur à travers l'Union indo- chinoise, pendant qu'il était gouverneur général (1897- 1902). La forme même de ces chapitres ne se prête guère à une analyse. Et il n’est d’ailleurs pas étonnant qu'ils ne renferment pas grand'chose comme résultats géographiques. L'auteur, dont l'activité fut certes très M grande, avec par moment une nuance de témérité, louable ou assez.inutile, selon le point de vue, ne pou-n vait faire de découvertes; et il n'avait pas le loisit d'observer véritablement. 11 à donné dans ces pages È une esquisse d'ensemble de l'Indo-Chine française, qui se recommande par sa facilité, Sa grande clarté, et qui prendra place à côté des publications très honorables de M. de Lanessan. On peut, au reste, cueillir au passage, dans cette pren mière partie du livre, quelques constatations qui offrent de l'intérêt pour le géographe, parce qu'elles .] relief l'instabilité du sous-sol vaseux, dans le delta cochinchinois (pp. 48-49); l'étude sominaire des rap-« ports qu'il y à, au Tonkin, entre les pluies où brouil=. lards d'hiver et la première des deux récoltes annuelles du delta, celle qu'on obtient pendant le cinquième mois, dans les terres trop inondées l'été (p. 101); enfin la des- cription de certains climats locaux des plateaux inté- 208). M. Doumer établit, d'autre part, que l'expansion des Annamites en Cochinchine est un fait encore d’ac- tualité (p. 63-64), que les habitants du Cambodge ne sont nullement des descendants des anciens Khmers, mais bien des Siamois envahisseurs, tout à fait étran= gers aux souvenirs des vieux monuments d'Angkhon (p. 246), ete. Mais on se demande pourquoi il range les l'œuvre d'organisation politique, économique el SCien tilique de l'Indo-Chine, à laquelle le nom de M. Doumer restera attaché. On a pu discuter et l'on discute encore dans celte œuvre, au point de vue indigène, certains} détails et certaines conceptions partielles (les régies, «M par exemple); mais nul ne conteste que l'essor écono= nique, comme l'expansion de l'Union indo-chinoise voqué, tout décidé et tout commencé. On notera Que, l'action du gouverneur général est devenue possible en Indo-Chine par le rétablissement du résident supérieur du Tonkin (juin 1897), par la création du Conseil SUpé= rieur de l'Union (juillet 1897-août 1898), surtout pal) l'existence d'un budget général (31 juillet 4898), qui a | permis d'avoir les services généraux (1897-1900), et de l'Agriculture et du Commerce, et le Service des Travaux publics. Ce sont ceux que les géographes ont le plus d'intérêt à connaître. La Direction de l'Agriculture sous l'impulsion de MM. Capus et Brenier, s’est peu à peu complétée par les Services géologique, météorologiques forestier, vétérinaire: par le Laboratoire d'analyses, I Commission d'expériences et les jardins d'essai, les on le sait, l'Office colonial indo-chinois, devenu l'ems bryon de l'Office colonial général. Quant au Service des | Travaux publics, c'est lui qui à permis de dresser Je plan rationnel du réseau de chemins de fer décidé pat la loi du 25 décembre 1898, et c'est aussi lui qui présid à la reconnaissance dela Cordillère annamitique (explos ration de Cottes, etc.). Ces institutions témoignent qu'il | \ insistent heureusement sur certains faits déjà connus, ou mème donnent des aperçus nouveaux. Pour prendre les exemples qui m'ont le plus frappé, je citerai d'abord, au point de vue physique, les anecdotes mettant en rieurs (Lang-Bian, Tran-Ninh) et de l'Annam oriental, ces derniers caractérisés par des pluies torrentielles d'hiver (Quang-Binh), et si secs, au contraire, en été {Cam-Ranh), qu'on est obligé d’irriguer (pp. 338, 215, Annamites parmi les Malais (p. 32), et pourquoi il envisage les Muongs, Méos, Thaïs, Khas comme des « variétés de peuples » différentes (p. 212). 4 Le dernier chapitre (p. 284 et Suiv.) est l'exposé A | datent de 1897-1898. Il est donc intéressant de trouver le tableau des considérations et des démarches d’où est sorti l’état de choses actuel, et l'esquisse des résultats provisoires, tracés par celui-là même qui a tout pros commencer les travaux d'utilité commune. Ceux des. services généraux qui ont, par destination même, le plus fait pour la mise en valeur et aussi pour la con naissance du pays sont, sans conteste, la Direction de Musée d'échantillons, le Bureau de statistique ; par lan publication, enfin, du beau Bulletin économique d@ l'Indo-Chine. Sa succursale en France, destinée à sollis citer et à éclairer les colons et les commerçants, étaits aujourd'hui, à la base de la colonisation française lindo-Chine, l'information et la méthode scienti- es : fécond exemple, suivi depuis en Afrique occi- htale; procédé rationnel et seul admissible, dont indigène doit bénéficier autant que la métropole, et suflit à justifier l'œuvre entreprise par la France. L'autre aspect de la colonisation, selon M. Doumer, est u'on peut appeler le point de vue « impérial ». Il pas seulement considéré les pays indo-chinois en eux-mêmes, mais comme destinés à la fois à devenir les ciés économiques de la métropole, et « à prolonger n action » ainsi que son influence en Extrème-Orient p. 310, 346, etc.); le tout en prenant pour eux les incipaux sacrilices d'ordre financier et militaire. est une conception qui a fait ses preuves, ainsi qu'en moigne l’histoire des colonies britanniques, et que itime l’état de la politique et du commerce dans éan Indien et dans les mers de Chine. Les tableaux résumant l'essor commercial pendant gouvernement général de M. Doumer (pp. 149 et suiv.) onduisent, si l'on en admet les chiffres comme tout à exacts, à quelques constatations intéressantes. Le loppement du trafic de l'Indo-Chine française (qui gmenté de 148 °/,, de 1897 à 1901) a surtout profité : x exportations pour la France, qui ont cru de 290 °/, ie, poivre, thé, bois); au cabotage intérieur, en élé- on de 281 °/,; au transit vers la Chine ou de Chine igmentation 251 °/,); aux importations françaises, en dbjets manufacturés, matériel de chemin de fer et den- Salimentaires (augmentation 251 °/,). Le transit et le abotage, ce dernier très actif à cause de la forme me de l’'Indo-Chine et de la difficulté des communi- ions intérieures, offraient en 1901 un total très con- érable eu égard au commerce spécial : 172 millions ranes contre 363 millions seulement. Enfin, dans le mmerce spécial, la France ne serait encore entrée 1901, malgré les progrès accomplis, que pour la lus petite part: 149 millions de francs, dont 100 à importation ; et encore ce dernier chiffre s’explique- bpar l’activité des travaux publics. J. Macmar, Docteur ès lettres, Professeur d'Histoire au Lycée de Bourges. tholomew (J.-G.), F. 14. GS. — Atlas of the World’s Commerce. — Publié en 22 livraisons gr. 1n-4° à 6 pence. G. Newnes, éditeur. Southampton Street, Strand, Londres, 1906. La maison G. Newnes, de Londres, vient d'entre- endre la publication d’un grand Atlas du commerce lu Monde, dû au géographe anglais bien connu, M. J.-G. Bartholomew. Cet Atlas consistera en 136 planches en uleurs, contenant plus de 1.000 cartes et diagrammes, ccompagnées d'un texte descriptif constituant pra- uement un dictionnaire du commerce du monde. Les tes et le texte se combinent pour illustrer la distri- ution des divers produits, les importations et expor- tions des différentes contrées, leurs ressources relles, développées ou non, leurs moyens de com- ünication et de transport, et plusieurs autres aspects du commerce international. Les premières livraisons parues se rapportent à la : production et au commerce du blé, du café, du sucre, 1: ducoton, du thé, du tabac, du vin, du fer, de la laine, | dél'acier, du charbon, de la soie, de l'or, etc. Nous * reviendrons prochainement d'une facon plus détaillée sur cet intéressant ouvrage, qui apparaît comme le plus Marquable qui ait été publié dans ce domaine. ans (G. H.), Surintendant du Département vétéri- ire de la Birmanie. — Traité sur les Eléphants. Leurs soins habituels et leur traitement dans les maladies. — 1 vol. de 342 pages, avec #1 fiqures et planches hors texte, traduit de langlais par + Juzes CLaINE, Consul de France en Birmanie, Schleicher frères et Cie, éditeurs. Paris. La Revue à souvent entretenu ses lecteurs des ser- es rendus par l'Eléphant dans les pays d'Extrème- BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 715 Orient et de ceux qu'il pourrait rendre en Afrique si les coloniaux voulaient s'intéresser à sa cause. Dans certains pays, en effet, cet animal est plus qu'utile, il est indispensable : sa taille et son poids lui permettent de faire sa route à mesure qu'il avance; il sait traverser les rivières et les courants rapides, transporter les hommes et les bagages à travers les marécages et les terres basses ; enfin, et ce n'est pas la moindre de ses qualités, il sait se contenter d'une nourriture facile à lui procurer, mème dans la brousse. Pourtant, il est juste de reconnaître que l'Eléphant ne présente pas la résistance ph\siologique que l’on s'ima- gine volontiers; sans doute, il peut fournir une forte somme de travail, mais dans certaines conditions seu- lement : il doit être l'objet de soins intelligents et ne doit pas être abandonné complètement aux mains des indigènes, souvent disposés à négliger leur besogne; beaucoup d’eau et une nourriture suffisante lui sont nécessaires; enfin, tout surmenage doit lui être évité. C'est pour préciser ces conditions que M. Evaus à écrit ce livre. Pour cela, l'auteur a utilisé une expé- rience acquise pendant un séjour de douze ans en Bir- manie. Dans cette région, les Eléphants peuvent être classés en deux groupes : 1° ceux qui sont employés à l'exploitation des forêts et qui sontles plus nombreux; 2° ceux qui servent pour les voyages et les transports. Les mâles sont plus appréciés pour la première besogne, tandis que les femelles, au pas rapide et court, sont préférées pour la seconde. Cet ouvrage répond d'autant plus à un réel besoin que, comme le dit justement l'auteur, « la science du traitement des maladies des Eléphants est encore dans l'enfance ». Bien peu de vétérinaires, en effet, ont eu l'occasion d'observer longuement ces animaux. Aussi, voulant faire profiter le public de sa longue expérience, l’auteur a-t-il consacré la plus grande partie de son livre à l'étude des maladies, de leurs causes et des moyens de préservation. Il montre que la plupart de -ces maladies sont dues au surmenage et à l'absence de soins hygiéniques; il insiste sur les symptômes et le traitement des maladies (charbon, variole, « surra », fièvre aphteuse, rage, tétanos, rhumatisme, etc.), sur les parasites du tube digestif, du foie et de la peau, sur les piqûres des serpents venimeux et les blessures de tigres, et sur la pathologie des principales fonctions orsaniques. A signaler un chapitre sur les glandes tem- porales, organes placés entre l'œil et l'orifice de l'oreille, et dont le gonflement semble être en rapport avec l'excitation sexuelle; il y aurait là un état comparable à ce qu'on observe chez les cerfs au moment du rut. La première partie de l'ouvrage nous à particulière- ment plu. Elle contient de curieux détails sur les mar- chés d'Eléphants, dans lesquels les prix se sont élevés à cause de la demande de l'industrie forestière; sur l'âge, qu'il est bien difficile de connaître d'une façon précise; sur la taille; sur les signes extérieurs de la santé (balancement de la trompe et de la queue, batte- ment des oreilles, peau douce et presque noire, etc.); sur l’idiosynerasie; sur la reproduction en captivité (une belle photographie publiée hors texte ne laisse d’ailleurs pas de doute sur le mode d'union des sexes et montre que la pudeur de ces bêtes, si chère à Buffon, est toute relative); sur l'allaitement du petit, qui suce avec sa bouche et non avec sa trompe, comme le disent certains auteurs. Dans un chapitre spécial, l'auteur trace les devoirs du cornae. Is sont nombreux, car non seulement le cornac doit ménager les forces de sa bête, mais il doit lui assurer l’eau nécessaire pour boire et se baigner, un fourrage suffisant, un abri confortable pour le repos; il doit aussi journellement laver et examiner toutes les parties du corps. Un bon cornac se fait obéir unique- ment à la parole, qui doit être tranquille et persuasive; mais il n'obtient ce résultat que par une longue expé- rience et par l'observation individuelle. Aussi un bon cornac est-il toujours fier de son éléphant; l'auteur ne nous dit pas si la réciproque existe. 716 La question de l'alimentation tient une large place, avec des conseils sur le pâturage dans la jungle et des menus dans lesquels il est tenu compte de la ration de travail. Des renseignements sont donnés sur les ablu- tions et les baignades; sur le sommeil, bien que ces animaux ne dorment guère : deux ou trois heures chaque nuit leur suffisent; sur le travail, leur charge ne devant pas dépasser 500 kilogrammes; sur la necessité de leur procurer un abri contre le soleil, qu'ils craignent beau- coup, car on les voit souvent se protéger la têle avec des branches et des feuilles ou bien avec le turban de leur cornac qu» ce dernier leur cède généreusement; sur le harnachement et, enfin, sur les châtiments qu'on doit parfois leur infliger, car les Eléphants aussi ont leur double boucle. Ce livre excellent mérite pourtant quelques critiques : nous n'avons pas trouvé, dans la partie traitant de l'anatomie, toute la précision nécessaire en pareille matière. Sans doute, le cas est difficile, car l'anatomie de l'Eléphant n'est pas complètement connue. Toute- fois, la question de la dentition estsuffisamment traitée, et la physiologie de la trompe clairement exposée. On y trouve aussi décrit avec détail le fait suivant, que con- naissent les personnes accoutumées aux éléphants quand ces animaux ont chaud, ils enfoncent leur trompe dans la bouche et retirent de l’eau par aspiration pour, ensuite, s'asperger le corps. Où ce liquide se trouve-t-il? Dans l'estomac ou dans une poche spéciale? C'est une question que les travaux de Steel, de Sterndale et de Sanderson ne résolvent pas d'une façon satisfaisante. Malgré sesimprécisions, difficiles à éviter en un pareil sujet, nous croyons que ce livre, écrit par un praticien consciencieux etayant une grande expérience de l’Elé- phant, rendra de réels services à nos coloniaux d'Ex- trème-Orient et sera lu avec profit par ceux qui s’inté- ressent à cette grosse et sympathique bête. E. Causrier, Professeur de Sciences naturelles au Lycée Condorcet, 4 Sciences médicales Marie (Pierre) et Léri (André). — La Spondylose rhizomélique, 1 Nouvelle Iconographie de la Sal pétrière (danvier-février 1906. — Masson et Ci, éditeurs. Paris, 1906. La spondylose rhizomélique, décrite par M. Pierre Marie en 1898, est une affection caractérisée par une ankylose à peu près complète de la colonne vertébrale (spondylose) et des articulations de la racine des membres -(rhizomélique). Les deux premiers sujets étudiés par M. Pierre Marie, à l'hospice de Bicêtre, présentaient un aspect spécial. J « S'ilest des cas, disait cet auteur, où lerhumatisme déformant détermine une ankylose du rachis, ces cas diffèrent de ceux de spondylose rhizomélique par l'exis- tence de déformations extrêémement prononcées des petites jointures et par une marche différente. La spondylose rhizomélique se distingue non moins nette- ment des autres formes d'ankylose rachidienne, no- tamment de celle dont Bechterew a rapporté plusieurs cas et que j'ai récemment étudiée sous le nom de cyphose hérédo-traumalique. » « Depuis la description de M. Pierre Marie, des cas très nombreux ont été signalés ; on en compte aujour- d'hui des centaines. Mais, en dehors de la clinique, l'étude de la spondylose n'avait guère progressé. On ne meurt pas de cette affection et les autopsies en sont rares; l’étiologie ne fournissait aucune indication. De là, plus d’une confusion. Aussi la plupart des auteurs allemands et bon nombre d'auteurs français soutenaient que la spondylose rhizomélique ne ditiérait pas du rhumatisme chronique; selon eux, elle n'en était qu'une localisation, une variété. | Cependant, une première autopsie, faite en 1899, avait conduit M. A. Léri aux Aypothèses suivantes : & 49 La spondylose rhizomélique est essentiellement une ossilivation du tissu liyjamenteux ; si elle ne se BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX EEE a NO : A. Léri ont eu l’occasion de procéder à une nouvel É manifeste d'ordinaire, en dehors de la colonne verté= brale, que par l'ankylose des articulations de la raci des membres, c'est parce que ces articulations so pourvues d'un renforcement ligamenteux sous la forme d’un bourrelet ou d'un ménisque ; 3 20 L'ossification des ligaments dans l’ankylose d articulations rachidiennes et rhizoméliques ne con titue pas toute la maladie ; il y a, dans la spondylos rhizomélique, une rarefaction du tissu osseux en gé néral; l'hyperossification ne se fait en certains points qu'avec une désossification en d’autres points, et sans. | doute cette hyperossification est secondaire, compen. salrice, peut-être curatrice. # Anatomiquement, on pouvait supposer une raréfaë tion préalable des os, parce que tous les ligaments d la colonne vertébrale étudiée n'étaient pas ossilié Les ossifications qui prédominaient sur la convexi des courbures n'avaient manifestement pas pu produire les déformations, mais elles n'auraient pu être mie placées pour les limiter, si elles avaient dû produi la consolidation d'une colonne vertébrale ramolli ayant tendance à s'affaisser. Mais on n'avait pas de démonstration absolue de fragilité osseuse opposée. Dernièrement, en mai 1905, MM. Pierre Marie et X autopsie de spondylose rhizomélique ; les résultats on! | entièrement confirmé leurs hypothèses antérieures. 4° La spondylose rhizomélique est une ossificalion tout particulièrement localisée aux ligaments, aux bourrelets et aux ménisques. Or, la lésion ankylosante primordiale et capitale relevée au niveau de la hanche a été précisément l'ossification du bourrelet cotyloïdien. Partout ailleurs, les lésions consistent surtout dans l'ossification des ligaments : ligaments surépineux, partie antérieure des disques, ligaments articulaires, ligaments costo-vertébraux et costo-transversaires, ligaments Jaunes. On a constaté, en outre, l'ossilication des ligaments sacro-iliaques, d’une partie des petits ligaments sacro sciatiques, de l'origine des grands ligaments sacro scialiques et des ligaments ilio-fémoraux. Toutes ces. ossifications régulières, lisses ou légèrement rugueuses se font sur place, sans exostose ou hyperostose notable 2 L'ossification nouvelle est accompagnée, et sans doute précédée, d’une rarefaction osseuse. La récente autopsie en a fourni des preuves muls tiples. Comme dans le premier cas, les ossifications rachidiennes portent surtout sur la convexité des cour bures (partie antérieure des disques à la région lombaire, ligament surépineux à la région dorsale, ete et semblent destinées à limiter les déformations. La déviation de la colonne vertébrale dans son ensemble et son léger enfoncement dans le bassin, la minceur du fond de la cavité cotyloïde, l'absence de tissu osseux compact sur la tête du fémur, presque sectionnable at couteau, atteste la friabilité du squelette. Loin même de toute articulation, les os présentent une fragilité remarquable. Ainsi, le fond des deux fosses iliaques est presque aussi transparent que les cavités cotyloides. L’extrémité inférieure du sacrum est amincie, « en dentelle ». Certaines apophyses transverses de la région lom baire se laissent comprimer comme des éponges. Enfin sur les coupes des os longs, le tissu compact est aussi très amoindri. La spondylose rhizomélique est donc une ankylosé compensatrice et représente un processus de guérisoms | Cette affection, dont l'étiologie reste banale, différencie nettement, par ses lésions et sa pathogéni des autres maladies ankylosantes de la colonne verté brale : La spondylose rhizomélique est primitivemen une ostéopathie infectieuse on toxi-inlectieuse, à 16 dance surtout raréliante, Secondairement une ossilicalion ligamenteuse à tendance compensatrice, frénatrice ot euratrice. D' HENRY MEIGE. Ë Séance du 9 Juillet 1906. - 4° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. J. Konig donne une == Cantor dans l'exposition de la Logique synthétique. M. M. Stefanik présente un héliomètre à réflexion dans lequel il a interposé, entre l'objectif et son foyer, ux miroirs inclinés et mobiles l'un par rapport à ulre, qui divisent le faisceau lumineux en produi- sant deux images. — M. G. Millochau a déterminé les longueurs d'onde des raies du spectre solaire infra- rouge en se servant d'un écran rouge et de plaques nmsolées. « 20 ScIENCES PHYSIQUES. — M. C. Stormer détermine les trajectoires des corpuscules électriques dans l’es- ce sous l'influence du magnétisme terrestre, et se rt des résultats pour expliquer les aurores boréales les perturbations magnétiques. — M. P. Villard dis- ute la théorie qui attribue l'aurore boréale à des yons cathodiques émanant du Soleil et montre, en appuyant sur ses propres expériences, que le lieu émission des rayons auroraux est nécessairement rrestre. — M. P.-L. Mercanton déduit de l'étude de Pétat magnétique de quelques vases d'argile cuite de époque préhistorique que l’inclinaison magnétique rrestre était probablement forte et boréale en Suisse aux époques néolithique et du bronze, et en Bavière septentrionale à l'époque de Hallstadt. — M. Devaux- Charbonnel décrit deux procédés pour la mesure de la Capacité et de la self-induction des lignes télégra- phiques. | a capacité des fils aériens est supérieure à la valeur théorique; elle varie avec l’état hygrométrique. La self-induction est en moyenne de 0,006 henry par ki- lomètre pour les courants ordinaires. — MM. L. Lewin, A. Miethe et F. Stenger ont photographié et mesuré ‘en longueurs d'onde les raies d'absorption des matières colorantes du sang. — M. H. Gaudechon a étudié Paction de l’effluve sur le cyanogène pur et sec. Il à œbtenu des produits de condensation solides, bruns et A solubles, enrichis en carbone, avec élimination simul- ‘anée d'azote gazeux. — M. J. Herbette a constaté existence d'une seconde série de mélanges isomorphes du chlorate et du nitrate de potassium répondant à la forme terbinaire du nitrate. — M. de Forcrand a mesuré s chaleurs de dissolution et de formation des chlo- res et des sulfates de rubidium et de césium. Les ‘quatre métaux Na, K, Rb, Cs forment une série où l’affi- ne 1 LEE = = — — - ps See; ment et notablement avec le poids atomique. — M. L. Henry a étudié les quatre alcools secondaires isomères ue l’on peut rattacher à l'octane dichotomique (CH CH.CH:.CH®.CH®.CHE.CH*; on constate que les points d'ébullition de ces alcools vont en s'élevant à mesure que leur composant CH(OH) s'éloigne davantage “dans la molécule de la ramure dichotomique. — M. E. “Chablay a reconnu que les alcools non saturés C*H°0 “donnent avec les métaux-ammoniums des alcoolates; “mais l'hydrogène formé dans cette réaction réagit, soit otalement, soit en- partie, sur une nouvelle molécule lalcool pour donner le carbure éthylénique correspon- dent CH°. — MM. Tiffeneau et Dorlencourt montrent que, pour que les transformations des +-glycols bisecon- ““duires ou secondaires-tertiaires en acélones soient ac- tompagnées de migrations moléculaires, il ne suffit pas -que l'alcool intermédiairement formé possède un radical romatique au voisinage de son oxhydrile; il faut encore que la fonction alcool transitoire ne soit pas ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 747 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER une fonction vinylique. — M. A1lb. Morel à préparé l'urée du glycocolle CO(AzZH.CH?.CO0A)?, F. 166°-1689, etles urées mixtes du glycocolle et de la leucine, F. 183°, puis du glycocolle et de la tyrosine, F. 214. — M. R. Padova, en fai-ant réagir le chlorure de benzophénone sur l’anthranol, a obtenu un corps C**H‘0, ou {C°H°}°C:C (GH}CO, F.195°-197v, qu'il nomme diphénylméthylène- anthraquinone. — M. W. Lubimenko à constaté que, lorsqu'on réussit à faire absorber des sucres fermen- tescibles par une plante supérieure, celle-ci provoque la fermentation alcoolique de ces sucres, mème en présence de l'oxygène; dans ces conditions, la plante supérieure se comporte physiologiquement comme une levure placée dans des conditions aérobies. 3° SCENCES NATURELLES. — M. A. Laveran a reconnu l'existence de trois trypanosomiases distinctes sur des animaux rapportés du Haut-Niger : l’une est due au Tr. Evansi, la seconde au 77. dimorphon; la troisième paraît provoquée par un trypanosome nouveau, que l’auteur nomme Tr. Cazalboui. — MM. G. Roux et L. Lacomme ont observé la disparition momentanée des trypanosomes dans le sang de chiens infectés avec ce protozoaire et ayant reçu. après constatation de la présence du parasite, une émulsion de rate de bœuf. — M.'N. Gréhant montre que, quand un animal res- pire un mélange d'air et d'acide carbonique à 5 °/,, le centre des mouvements respiratoires est plus fortement excité, et il s'établit une lutte de l'organisme contre cet accroissement de CO*, dont l'heureux résultat est la constance de la composilion des gaz du sang. — MM. H. Guillemard et R. Moog montrent que le travail musculaire développé pendant les grandes ascensions n'influe que fort peu sur la nutrition. — M. P. Termier a découvert, dans le Djebel Ouenza, des phénomènes de recouvrement qui lui permettent de conclure que la Tunisie ét probablement une grande partie de l'Algérie constituent un pays de nappes. — M. F. de Montessus de Ballore estime que les tremblements de terre se produisent également en toute saison, la prépondérance signalée en hiver étant attribuable à des conditions physiologiques plus favorables à l'observation. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 10 Juillet 1906. M. Kelsch présente un Rapport sur le projet de décret d'organisation du Service de la vaccination en Algérie. — M. Chauvel présente un Rapport sur un Mémoire du DE. Sulzer relatif au traitement des opa- cités cornéennes par les agents physiques. L'auteur recommande l’électrolyse combinée à la photothérapie (taies de la cornée proprement dites) ou bien la photo- thérapie seule (sclérose de la cornée). Chez les sujets nerveux, la photothérapie peut être remplacée par la radiothérapie. — M. Lancereaux présente une malade traitée pour un anévrisme par les injections de sérum gélatiné et qui paraît complètement guérie. — M. R. Blanchard attire l'attention sur la grave épi- démie de paludisme qui sévit à Madagascar, particu- lièrement dans l'Imérina et à Tananarive. La propaga- tion du fléau, des côtes, où il était autrefois cantonné, vers les hauts plateaux, est due à la construction de la route, puis du chemin de fer de Tamatave à Tananarive et aux grands déplacements de population dont ils ont été la cause. L'auteur demande à l'Académie d'émettre le vœu que soient appliquées, sans nouveau délai, dans toute l’étendue de la colonie de Madagascar et dans ses dépendances, toutes les mesures prophylactiques dont l'efficacité est actuellement indiscutable : comblement 718 ou pétrolage des eaux stagnantes et usage général de toiles métalliques dont le diamètre ne peut être supé- rieur à un millimètre. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 30 Juin 1906. MM. Rieffel el Robinson recommandent, pour in- jecter dans tous leurs détails les fins réseaux et ramiti- cations vasculaires, l'emploi de silicate de potasse liquide, coloré d’une facon convenable, sans addition de craie, d'oxyde de zinc ou d’une poudre quelconque. — M. Ed. Retterer montre que le globule rouge du mammifère adulte et bien portant est l'équivalent d’un noyau cellulaire, car le noyau seul se transforme en hématie anucléée. — MM. AI. Carrel et C. C. Guthrie indiquent une méthode simple, en quatre temps, pour établir une fistule d'Eck : 1° ouverture de l'abdomen et découverte des vaisseaux; 2° hémostase temporaire; 3° anastomose ; 4° ligature de la veine porte et ferme- ture de l'abdomen. — MM. A. Gilbert et M. Villaret montrent que l’'omentopexie, s'adressant à des cas peu avancés, est susceptible d’atténuer sensiblement l'op- siurie dans les affections hépatiques. — MM. C. França et M. Athias ont constaté que le blépharoplaste semble jouer, dans la division par segmentation des trypano- somes, un rôle qui se rapproche de celui du centrosome pendant la division mitotique. — MM. H. Roger et M. Garnier ont reconnu que les extraits du contenu intestinal sont capables d'amener des coagulations sanguines dans le domaine de la veine porte. Mais celles-ci représentent plutôt un moyen de défense qu'une cause de mort. — M. H. Iscovesco à observé que les colloïdes positifs du suc gastrique forment avec les colloïdes négatifs du suc pancréatique un complexe soluble dans un milieu neutre; l’action diastasique du suc pancréatique est ainsi paralysée. — M. Ch. Porcher montre que, dans les conditions normales, le lactose des matières excrémentitielles provient des cellules intestinales desquamées et enrobées mécaniquement daus la masse des produits de déchet non attaqués par les sucs digestifs. — M. G. Rosenthal a pu adapter facilement à la vie aérobie le bacille gracile éthylogène, microbe anaérobie strict de l'estomac. — M. H. Sa- lanque a isolé de l’émulsion d'un fragment du nerf pneumogastrique d’un béri-bérique un micro-orga- nisme pathogène, ayant la forme d'un diplocoque, qui paraît être l'agent de la maladie. — MM. Ch. Dhéré et G.-L. Grimmé ont déterminé la richesse en calcium du névraxe du chien et de l'encéphale du lapin. La teneur est maximum dans l’encéphale du lapin. — MM. A. Mayer et F. Rathery décrivent la structure histologique du rein du Poulpe à l’état normal et au cours des éliminations provoquées. — M. A. Mayer a reconnu qu'après l'ablation des capsules surrénales la piqüre de Claude-Bernard ne provoque pas la glyco- surie. — M. H. Busquet a observé que l'excitation du vague n'arrête plus le cœur de la grenouille intoxiquée par la vératrine. — M. Ch.-A. François-Frank a cons- taté l'existence d'importantes couches de fibres lisses dans la paroi libre et dans les cloisons du poumon de la tortue terrestre et l'absence complète de fibres striées. — M. Ch. Féré signale un nouveau cas d'hypothermie, chez un enfant de sept ans et demi atteint d'idiotie pro- fonde, d’épilepsie surtout vertigineuse et de turbulence. — M. G. Seillière montre que la disparition du xylane chez les lapins nourris avec cette substance doit vrai- semblablement être dépendante de l'action des microbes intestinaux. — M. H. Bierry, par dialyse sur sac de collodion, en présence d’eau distillée, et addition d'élec- trolyte, est parvenu à séparer la maltase et l’'amylase du suc pancréatique de sécrétine. — M. P. Girard a constaté des variations quantitatives de la composition chimique du cerveau en fonction du volume et du coef- ficient de céphalisation. — M. A. Javal estime que la cryoscopie urinaire est une méthode infidèle pour l'étude des maladies du cœur et des reins; au contraire, ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES l'analyse chimique des urines est plus exacte et plus précise. — MM. G. Lion et H. Français montrent que la cytolysine gastrique porte son action presque exclus sivement sur les cellules glandulaires, qui s’altèrents avec rapidité sans que le tissu interstitiel réagisse. = MM. Léopold-Lévi et H. de Rothschild confirment que le corps thyroïde est un régulateur des diastases de défense, l'hypothyroïdie favorisant les auto-infections — MM. Lesné et Dreyfus ont constaté que le pouvoi glycolytique du sang des animaux traités par des injec= tions de glycose ou phloridzinés ne parait pas supérieur à celui des animaux normaux. Séance du 7 Juillet 1906. MM. Laignel-Lavastine et R. Voisin décrivent les lésions des cellules nerveuses de la moelle de lapin dans lintoxication rabique expérimentale : 4° gonfle= ment et déformation sphérique des granulations chro matiques de Nissl; 2° fonte de ces granulations eb vacuolisation du protoplasma ; 3° ouverture des vacuole à l'extérieur et leur envahissement par des cellules névrogliques ou mésodermiques. — M. Laignel-Lavas tine montre que le trajet des nerfs extrinsèques de la vésicule biliaire ne peut être suivi par l'anatomie, à cause de la disparition des troncs nerveux individuels, eb doit être prouvé par la physiologie. — M. Ch.-A: François-Frank à constaté que le poumon de la tortue constitue un organe de choix pour l'étude des fonctions des fibres lisses. — M. Ed. Retterer a reconnu que l& forme et les dimensions des hématies du chat adulte correspondent à celles des hématies des Mammifères: Le prétendu noyau dérive de l'hyaloplasma du noyau originel. L'hématie est anucléée, car elle représente le noyau lui-même transformé. — M. L. Vialleton étudié le développement des fentes branchiales de læ Torpille. — MM. Galesesco et Slatineano ont observé au cours de la récente épidémie de typhus exanthéma= tique de Bucarest, un polymicrobisme très remarquable. dans le sang et les sérosilés des malades; les microbes iso'és ont été un staphylocoque, une bactérie ne pre nant pas le Gram, un pneumocoque et un streptocoque — MM. J.-Ch. Roux et Riva différencient dans les fèces les débris de tissu conjonctif et les fragments de mucus concrétés en membranes par l’action du su gastrique artificiel, qui dissout rapidement les premiers et non les seconds. — M. J.-L. Prévost estime que les tractions rythmées de la langue sont complètemen inefficaces dans le traitement de l’asphyxie si elles sont faites après la période où l'animal revient spontané= ment à la vie, par simple ablation de l'obstacle trachéal® — M. R. Legendre a constaté la présence de neurofi= brilles dans les cellules nerveuses d'Aelix pomatia pat la méthode d'imprégnation des coupes par l'argen réduit par le formol. — M. P. Remlinger a reconn que les méninges du lapin présentent une résistance notable à l'infection; la méningite la plus aiguë est curable chez cet animal grâce, semble-t-il, à l'isolement el au repos le plus absolus. — M. H. Cousin montre que la céphaline renferme deux classes d'acides grase 1° acides liquides de la série linolénique; 2 acides saturés constitués presque exclusivement par l'acide stéarique. — M. L. Fortineau à observé une hyper trophie des productions cornées chez une poule rendu tuberculeuse par inoculation d’un fragment de muselé de la cuisse d’un poulet tuberculeux — MM. Guil | lemet, Rapin, Fortineau et Paton ont trouvé Sepi | fois sur dix de la tuberculine dans le lait des femmes tuberculeuses. — MM. H. Roger et M. Garnier, au cours de l'occlusion expérimentale de l'intestin, Ont constaté que le sang est fréquemment envahi par des microbes anaérobies; dans cinq cas sur six, ils on isolé le même bacille, qui semble appartenir à groupe des Z. aerogenes, cuteritidis et per{rinqens: = MM. L. Lapicque el P. Girard ont déterminé le Ce des diverses parties de l’encéphale chez les Oiseaux. L cerveau est de beaucoup l'organe le plus important; les \ cervelet le suit de très loin, son développement paraiss \ ‘ 4 a: ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 719 lié surtout à certaines aptitudes fonctionnelles. eloppement des lobes optiques paraît tout à fait ndant de celui du cerveau. — MM. Hallion et Lequeux ont observé, sur le nouveau-né et le fætus b n, que seule la moitié supérieure de l'intestin Wfournit de la sécrétine. — M. P. Halbron a provoqué tuberculose pulmonaire expérimentale chez les ayes par inoculation intrapéritonéale d'une émul- de bacilles humains; il a obtenu une survie pro- chez un nombre d'animaux relativement grand. MM. Léopold-Lévi et H. de Rothschild signalent “cas d'urticaire chronique ayant cédé progressive- nt à la médication thyroïdienne et réapparaissant atténué à la période menstruelle. — MM. L. Grim- t et E. Dufau diflérencient l'albumine de la subs- à mucinoïde dans les urines au moyen d'une solu- nsirupeuse d'acide citrique, qui rend nébuleuses les nes à substance mucinoïde, tandis que celles à umine restent claires. — Mie J. Lévy a étudié molyse des globules rouges par l'hydrate de fer dal et par la saponine. L'hémolyse par le mélange Ldeux corps est moins active que par la saponine de et plus active que par le fer seul. Le fer seul est orbé d’abord rapidement, puis plus lentement par lobules; une fois fixé, il n'empêche plus l’action saponine. — MM. Ch. Achard et M. Aynaud trent que, pour que les tissus se laissent imprégner largent, il faut qu'il s'y forme un précipité argen- que, que ce précipité noircisse à la lumière et soit samment épais. 11 importe aussi que les tissus ne t pas trop imbibés d'albumine. — M. Ch. Féré a vé, dans plusieurs cas, des anses dans les lignes aires du talon: ces anses sont plus fréquentes les enfants que chez les adultes. — M. E. Fauré- émiet a étudié l'Ophrydium versatile, qu'il range i les Vaginicolinae. — M. G. Rosenthal indique méthode de transformation progressive des mi- bes aérobies stricts en anaérobies facultatifs. — Iscovesco à constaté que le transsudat péri- onéal physiologique ne contient en grande partie que leScolloïdes positifs. Le liquide péritonéal normal ne eub pas coaguler spontanément, car il lui manque des dbulines négatives pour former un caillot de fibrine. M. H. Iscovesco et A. Matza montrent que les oïdes qu'on trouve à la fin d'une digestion pancréa- ue sont toujours électronégatifs, quel qu'ait été le ne électrique des albuminoïdes initiaux. — M. E. urel a déterminé les doses minima mortelles de allamarine pour quelques Vertébrés et par diffé- es voies. : ee l je RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE Séance du 19 Juin 1906. M. Arthus montre que les accidents séro-ana- bylactiques qu'il a décrits chez le lapin ne résultent vas de l’action du précipité qui se forme dans l’orga- isme de l'animal injecté par suite du conflit de son Fe séro-précipitant et du sérum de cheval. — WA. Billet décrit une forme hémogrégarinienne que end, dès les premières heures de son développement, (A: le parasite de la fièvre quarte et qui l'éloigne nette- (nent du parasite de la fièvre tierce. — Le même auteur à Vérifié la présence de Protozoaires parasites dans le vouton du Nil. — Enfin, M. Billet signale un cas de Len de l'œil avec œdèmes intermittents, éosinophilie mtense et hbémo-microfiliaires. — M. Boinet a déter- niné, par l’action des mêmes poisons artériels, de Vartério-sclérose et de l’athérome. L'athérome expéri- L ental a consisté, tantôt en endartérite scléro-athéro- Mnaleuse, tantôt en mésartérite calcifiante. — M. A. Priot a étudié les corps bruns des Holothuries; ils ren- Erment un pigment de la catégorie des mélanines. — “mème auteur différencie l'Holothuria tubulosa de \HéBoli par la coloration de leur pigment dissous dans alcool, celui de la première n'étant pas fluorescent, (elui de la seconde ayant une fluorescence verte. — Eofin, M. A. Briot a trouvé dans le liquide de la cavité générale et dans le tube digestif des Oursins un Tur- bellarié parasite, le Syndesmis echinorum. — M. Ch. Livon arrive à la conclusion que l'hypophyse du cheval, comme l'hypophyse de l'homme, du chien et du lapin, est un appareil glandulaire, fournissant une sécrétion qui doit se déverser dans le torrent de la circulation. — MM. Alezais et Peyron ont étudié la structure de l'organe parasympathique de Zuckerkandl chez le jeune chien. — M. L. Bordas décrit la morphologie du tube digestif de la larve de l'Anthonone du pommier. RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY Séance du 19 Juin 1906. M. Haushalter signale un cas de nanisme achondro- plasique chez une fillette de dix-neuf mois — M. R. Collin a observé l'histolyse de certains neuroblastes au cours du développement du tube nerveux chez le poulet. — M. L. Mercier a trouvé un organisme à forme levure parasite du tissu adipeux de la Blatte. Il se reproduit par bourgeonnement, qui est très actif dans le sang. — MM. H. Robert et J. Parisot ont constaté une diminu- tion notable des phosphates (surlout acides) excrétés en vingt-quatre heures chez les parkinsoniens présen- tant du tremblement. — M. J. Parisot montre que la scopolamine produit, sur l'appareil neuro-musculaire de la grenouille, une hyperexcitabilité d'origine centrale pouvant aller jusqu'au tétanos, suivie de la perte de la réflectivité médullaire et de la paralysie des appareils terminaux. SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du 45 Juin 1906. M. E.-H. Amagat : Applicalion de la loi des états correspondants aux chaleurs spécifiques. M. Amagat prend le cas de la chaleur spécifique sous pression constante et procède comme il suit : La relation : permet de calculer la variation, à température cons- tante T, de la chaleur spécifique entre les limites de pression p et p,. Si l'on construit une courbe en por- 2 ; dv 2 A tant p en abscisses et AT Te © ordonnées, l'aire com- PTE prise entre l'isotherme ainsi obtenue, l'axe des p et les deux ordonnées correspondant à p et p, sera la varia- tion C — C,. Divisons maintenant l'aire en question en 2 : 1e : Œv : - petites aires élémentaires AT TE Av; les dimensions PTE RE DCR EU» : de ces petites aires seront T° Répétons maintenant une construction analogue pour un autre fluide, suivant avec le premier la loi des états correspondants, sa tem- pérature T! étant correspondante de T, les sommations étant faites entre des pressions p', p', correspondant à petp,, et divisons également l’aire finie en petites aires Je è PE 2 élémentaires telles que AT' PTE Ap', Ap et Ap' étant correspondants; d’après une loi établie par l’auteur, les petites aires élémentaires correspondantes ayant Ë 1 : re lee pour dimensions Le seront égales deux à deux si les formules sont rapportées aux poids moléculaires, etpar suite les aires finies correspondantes seront égales. Si r, et p', sont infingnent petits, nuls à la limite, les fluides seront à l’état de gaz parfaits, les ordonnées correspondantes des isothermes seront nulles; ces iso- thermes convergent done vers l’origine; par suite, les aires comptées depuis l’origine jusqu'à p et} seront égales, c'est-à-dire que les excès des chaleurs spéci- fiques moléculaires sur les valeurs qu'ont ces chaleurs spécifiques moléculaires à l’état de gaz parfait seront 720 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES égaux en des points correspondants; si donc les cha- leurs spécifiques moléculaires à l’état de gaz parfait sont égales pour les deux fluides, les chaleurs spéci- fiques moléculaires en des poirts correspondants quel- conques seront aussi égales. Ce sera le cas, par exemple, de gaz simples biatomiques, et en général de gaz de même complexité moléculaire suivant la loi des états correspondants. — M. A. Leduc rappelle qu'il a énoncé autrefois', comme principe expérimental, le théorème que M. Amagat vient de démontrer : « Pour les gaz qui obéissent à la loi des états correspondants, la capacité calorifique moléculaire, soit à volume constant, soit à pression constante, est la même pour les gaz de même atomicité pris dans des états correspondants. » Admet- tant, en outre, comme deuxième principe (au moins en ce qui concerne les gaz di- et tri-atomiques), que « la capacité calorifique moléculaire à volume constant est proportionnelle au nombre des atomes qui constituent la molécule », utilisant d'ailleurs ses propres détermi- nations, le volume moléculaire et quelques vitesses du son dans les gaz d'après Wüllner, M. Leduc à pu cal- culer un certain nombre de valeurs de C et du rapport y=> pour divers gaz étudiés par divers expérimenta- teurs. Malgré une approximation qui paraît d'ailleurs justifiée, et la difficulté notoire de ces expériences, l'accord est en général satisfaisant. — M. G. Darzens fait remarquer que l'égalité des chaleurs spécifiques à des états correspondants de deux fluides, faisant partie d'un mème groupe, peut se déduire immédia- tement d'un théorème beaucoup plus général, énoncé par lui, il y a déjà plusieurs années (C. R., t. CXXIIL, p. 940). Ce théorème peut s’'énoncer de la manière sui- vante : La variation d’entropie moléculaire entre deux états est la même pour tous les fluides d'un mème groupe lorsqu'on les compare à des états correspon- dants. — M. G. Berlemont : Nouveau tube de Crookes à régulateur automatique. Un des inconvénients de manipulation des tubes à rayons X est le réglage obtenu Jusqu'à présent par des régulateurs différents reposant en général sur le chauffage ; or, cette opération ne donne pas toujours les résultats attendus, soit que l’on chauffe trop, ce qui abaisse l’étincelle dans des proportions qui souvent rendent le tube trop mou, ou bien, le tube étant trop dur, on soit obligé de le chauffer continuel- lement pour le maintenir dans un état à peu près cons- tant, ce qui constitue une manipulation peu pratique et ne donnant pas toujours le résultat voulu. Pour remédier à ces défauts, M. Berlemont à construit un modèle qui permet très simplement le réglage de la facon suivante : si le tube est jugé trop dur, on ouvre le robinet R dont le réservoir contient du coton mouillé ; un courant d'air humide passe daus la cana- lisation et vient au contact de l’anode (celle-ci portée au rouge par le courant); par dissociation de l’eau sous l'action de la chaleur, il se produit de l'hydrogène qui, par osmose, passe au travers de l’anode et régé- nère le tube; il suffit ainsi de quelques minutes pour abaisser l’étincelle équivalente de 2? centimètres ou 3 centimètres; dès que l’on juge le tube à l’état voulu, on referme le robinet R, et il se maintient dans un état presque constant pendant un temps assez long, jusqu'à une demi-heure de marche sans arrêt; le petit volume de gaz qui reste dans la canalisation empêche le tube de durcir. Séance du 6 Juillet 1906. M. H. Poincaré : Réflexions sur la théorie cinétique des. gaz. La théorie cinétique des gaz présente encore de nombreux points obscurs, que les travaux de Gibbs et de Boltzmann n'ont pas encore entièrement éclaireis. Si l’on veut en faciliter l'étude, on peut envisager un problème analogue, mais plus simple: on peut supposer, par exemple, un gaz dont les molécules sontinfiniment M ET LR y * Annales de Chimie et de Physique, Te série, t. XVII, p. 497. petites et, par conséquent, ne se choquent pas et quiest. enfermé dans un vase ayant exactement la forme dlu parallélipipède rectangle. Le calcul peut alors le souvent être poussé jusqu’au bout, et permet de mieux se rendre compte des raisons de certaines contradies tions apparentes. Supposons qu'un gaz étant enfer dans un vase, on approche ou l’on éloigne de ce un corps mobile qui attire ce gaz. Quand le co mobiie sera revenu à sa position initiale, la temp ture du gaz aura augmenté. Le raisonnement de Gibbs montre effectivement qu'il doit toujours en être ai si les mouvements du corps mobile sont assez ler pour que le gaz ait le temps d'atteindre à chaque tant son équilibre. En est-il encore de même quandke mouvements sont rapides et irréguliers? On peut. démontrer en faisant intervenir, au lieu de l’entro grossière qui en est la somme : XP log P, à, étendut des éléments à très petits mais non infiniment petits l'entropie fine qui est l’intégrale-limite de cette som quand ces éléments deviennent infiniment petits. Cl entropie fine, au lieu de diminuer comme l'entrop grossière, est constante; et l'on peut alors modifier raisonnement de Gibbs, de facon qu'il soit applicabl des mouvements quelconques. — M. C. Tiss Détecteurs d'ondes électriques à qaz ionisés: mesure de la force électro-motrice efficace opérée sommet d'une antenne réceptrice attaquée à distan par une antenne accordée donne les valeurs de 4 5 volts à 1 kilomètre. Le calcul que l'on peut faire partant des valeurs obtenues expérimentalement pou les périodes et les amortissements indique quelles amplitudes correspondantes doivent atteindre 6ud 890 volts. On peut mettre, en effet, ces amplitudese évidence par des moyens relativement grossiers.Ml tube à vide (de Geissler), convenablement prépar peut aisément être rendu Juminescent quand on dispose au sommet d’une antenne réceptrice attag à distance. La luminescence s'obtient de même qu on intercale le tube à vide à la place habituelles cohéreur, c'est-à-dire aux bornes des transformateurs de réception (jiggers), dont le principal objet est de trans porter à la base de l'antenne le ventre de tension sommet. La sensibilité du dispositif peut être nota ment accrue si l’on crée dans le tube un champ auxili. en portant, à l'aide d'une batterie de petits élém d’accumulateurs, les électrodes à une différenced potentiel très voisine de la différence de potentiel ere tique de décharge. On réussit à utiliser le phénom à des mesures quantitatives en substituant à l'obs tion de la luminescence celle de la conductibilité« gaz traversé par la déchargs oscillante. A cet effet munit le tube à vide de deux électrodes latérales sites (de large surface), que l’on intercale dans le cuit d'une force électro-motrice continue et d'un vanomètre. Le courant auxiliaire qui passe quand le est ionisé par la décharge est une fonction complex de la différence de potentiel entre les électrodes p cipales. Comme il va en croissant dans le même que l'amplitude, il est néanmoins susceptible de fou des valeurs comparables {ant que les décharges cons vent des formes peu différentes, ainsi que cela a lieue général dans les applications de la télégraphie sans L'effet du dispositif n'est pas tout à fait le mêmes que l’on s’en sert sans champ auxiliaire, ou avec chi sensibilisateur. Dans le premier cas, il se compo comme un autodeécohérent, tandis qu'on peut l'ament dans le deuxième cas, à agir comme une véritable sou pape. L'amortissement de l'oscillation se traduit al par le fait que l’évidation galvanométrique est, grande ou plus petite selon le sens de la première de oscillation. L'effet Edison donne aussi le moyen (comi l'a indiqué tout d'abord M. Fleming) de réaliseeu soupape à gaz ionisé par des courants de haute quence. L'auteur a effectué un certain nombre d? riences avec un dispositif permettant d'utilisen phénomène. Le dispositif est plus sensible et de m tage plus facile que celui du tube à vide. Mais, bien ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 721 ple, il n'a pas donné des résultats aussi com- bles que celui qui a été décrit ci-dessus. Outre se produit d’une expérience à l'autre de notables ons du régime d'émission du filament, il est à ès impossible d'utiliser un régime dans lequel litude du potentiel soit sensiblement proportion- au courant indiqué par le galvanomètre. — Urbain rappelle brièvement ses recherches ieures sur la phosphorescence cathodique (voir ). Puis il étudie plus spécialement la phosphores- des chlorophanes, qui présentent au spectroscope bandes étroites. L'attribution des bandes spectrales faite à l'aide d'une méthode particulière d'analyse ntrôlée par des synthèses partielles et approxima- de fluorines phosphorescentes. 1° Analyse. En atta- nt les fluorines par l'acide sulfurique, on obtient des ates de chaux phosphorescents. Le spectre du sul- de chaux de la chlorophane ne renferme que les andés observées dans le sulfate de chaux dysprosifère. enferme en particulier la bande citron, que sir W. r0okes attribue tantôt à l'yttrium, tantôt à un élément qui est identique au dysprosium. Le sulfate est trans- ensuite en carbonate par digestion avec l'ammo- ue et le carbonate d'ammoniaque. La caleination scarbonates donne l'oxyde. Le spectre de la chaux de chlorophane a présenté nettement les bandes bles suivantes : Élément Dysprosium Dysprosium Dysprosium Terbium Terbinm Terbium faible, diffuse étroite, forte faible, étroite forte, dilfuse très forte, diffuse à 539 forte, diffuse chaux de la fluorine montre, en outre, nettement les ndes suivantes du samarium : . 616 à 613 assez forte 605 moyenne, diffuse moyenne, dilluse Synthèse. Du fluorure de calcium pur a été addi- nné’soit de samarium, soit d'europium, soit de ter- m, soit de dysprosium. Après plusieurs tentatives ns le but de faire cristalliser ces fluorures amorphes, teur s’est borné à les faire fondre par la chaleur. On btient par le refroidissement des masses présentant les parties confusément criställines, qui, examinées le tube à vide, donnent de vives phosphorescences nt les bandes se superposent presque exactement ux diverses bandes que présentent soit la chloro- hane, soit la fluorine de Hermant. La phosphores- ce de ces fluorines doit donc bien être attribuée x terres rares dont la présence a été établie par la éthode d'analyse spectrale précédemment décrite. uteur montre à la Société des spécimens des diverses phorescences cathodiques que donnent les subs- ces naturelles ou artificielles examinées au cours de travail, qu'il se propose de poursuivre : Phosphorescence cathodique de la chlorophane. : Spectre aisément visible. Attribution des bandes faible Samarium forte Dysprosium assez forte, diffuse Dysprosium forte Dysprosium forte, diffuse Dysprosium assez forte Samarium ? faible Samarium assez forte Terbium assez forte Terbium moyenne Terbium très forte Terbium forte Dysprosium Cette étude permettra d'interpréter les phénomènes observés autrefois par M. Becquerel avec certaines fluorines, soit quand on les chauffe, soit quand on les introduit dans le phosphoroscope. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES Séance du 5 Avril 1906 (suite). M. Ch. Bolton a étudié l’action physiologique d'un poison de flèche africaine récemment découvert. Ce poison provenait d'une « maison de médecine », à Ghasi, sur la Gongola, dans la Nigeria du Nord. Le poison choisit le tissu musculaire pour son action, et il n'y à pas de preuve qu'il produise un effet quel- conque sur le système nerveux central ou périphérique. Il paralyse les muscles volontaires et provoque la mort par une action directe sur le tissu musculaire du cœur. Le premier effet du poison, chez le lapin, est de stimuler directement les tuniques musculaires des artérioles, ce qui produit une élévation de la pression artérielle. Cette augmentation de pression excite le centre vague dans la moelle et provoque un ralentissement du rythme du cœur, en même temps qu'une légère chute de la pression sanguine artérielle, L'irritabilité du muscle du cœur est fortement accrue, et bientôt le vague ne peut plus la tenir en échec, de sorte que le rythme du cœur s'accélère et que la pression sanguine s'élève à un niveau plus haut que lorsque l'inhibition du vague est surpassée. Il est, cependant, probable que le principal facteur qui maintient cette haute pression sanguine est la constriction des vaisseaux périphériques. Le rythme du cœur devient plus rapide, des irrégularités apparaissent, et finalement le cœur tombe dans le delrrium cordis et s'arrête en diastole. Lorsque le cœur faiblit, la pression sanguine tombe plus ou moins rapidement, sa chute étant interrompue par des élévations durant lesquelles le cœur se remet temporairement. La chute finale de la pression san- guine est due entièrement à la faiblesse du cœur, les tuniques musculaires des artères étant capables de répondre à la stimulation jusqu'à la fin. Tout effet sur la circulation est secondaire à l'effet sur le système vasculaire. La convulsion finale est également secon- daire et n’est pas due à l’action directe du poison. Chez la grenouille, l'action du poison se manifeste égale- ment sur le tissu musculaire du cœur et les muscles volontaires, en conduisant à une paralysie graduelle. Le poison agit atoniquement sur le tissu musculaire, comme l'acide lactique et les sels de potasse, en dimi- nuant sa conductibilité. Séance du 10 Mai 1906. M. M. W. Travers étudie la loi de distribution dans le cas où l'une des phases d'un Système possède de la rigidité mécanique; ce cas embrasse les phénomènes dits d’occlusion et d'absorption. Les expériences de l’auteur ont porté sur l'absorption des gaz hydrogène et anhydride carbonique par le platine, le palladium et le carbone. Les relations entre la pression et la concen- tration sont représentées par la formule “V/p/x— cons- tante, où p est la pression du gaz correspondant à la concentration x dans la phase solide, et » augmente lorsque la température s’abaisse. La valeur de # dans l'expression générale, à une température donnée, aug- mente avec la complexité moléculaire du gaz ou de la substance en solution. — Mu. W. R. Dunstan et Mouat Jones : Une variété de thorianite de Galle (Ceylan). On à trouvé que des spécimens de thorianite du district de Galle (Ceylan) contiennent de 58,84 °/o à 63,36 °/, de thorite, associée avec 32,7 °/, à 27,9 °/o d'oxyde d'uranium. La thorianite ordinaire du district de Balangoda contient 78.98 +/, de thorite et 13,40 °/o d'oxyde d'uranium. Les auteurs attirent l'attention sur le remplacement réciproque du thorium et de l'uranium dans le minéral; ils concluent que les oxydes des deux 722 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES éléments sont présents en un mélange isomorphe et ne sont pas chimiquement combinés. Séance du 17 Mai 1906. Sir Norman Lockyer et F.-E. Baxandall : Sur quelques étoiles possedant un Spectre particulier. Ce Mémoire traite de quelques étoiles dont le spectre pré- sente certaines particularités qui les différencient des types communs. Les plus importantes de ces étoiles sont a Andromedæ, 0 Aurigae, « Canum Venaticorum, et < Ursae Majoris. Elles sont toutes sur le côté descendant de la courbe de Kensington de la temperature stellaire, les trois premières élant du type markabien et la dernière du type sirien. Il est donné une courte des- cription du spectre de chacune de ces étoiles. Slipher, de l'Observatoire Lowell, a trouvé récemment que « Andromedae est une binaire spectroscopique ayant une période d'environ cent jours. Avant cette découverte, une étude des divers spectres de Kensington de « Andro- medae, pris entre 1900 et 1904, paraissait indiquer de faibles changements dans l'intensité relative, dans la position et dans la définition de quelques lignes des diverses photographies. Cependant, il ne semble pas qu'il y ait quelque régularité dans ces changements, soit dans les lignes elles-mêmes, soit dans la facon dont: elles sont affectées, de sorte qu'il n'a pas été possible d'expliquer leur signification réelle. Il est nécessaire d'obtenir de nouvelles photographies pour prouver si les changements dans le spectre ont un rapport avec la période établie par Slipher. Le spectre de x Androme- dae présente aussi une série de lignes étranges bien marquées, qui ne se produisent dans aucun autre spectre céleste et pour lesquelles l'enregistrement des spectres terrestres ne donne aucune lumière quant à leur origine. 0 Aurigae et 4 Canum Venaticorum possè- dent plusieurs lignes étranges identiques dans les deux spectres, mais entièrement différentes des lignes étranges de « Andromedae. On n'a trouvé aucun équivalent terrestre pour ces lignes stellaires. Dans e Ursae Majoris, les principales déviations du type sirien sont l'affaiblissement des lignes du silicium (groupe 11) et le renforcement des lignes élargies du chrome. —- MM.E.-P. Perman etJ.-H. Davies: Quelques constentes physiques de lammoniac: étude de l'effet du change- ment de température et de pression sur un qaz facile- ment condensable. 4° On a trouvé que la densité de vapeur de l’ammoniac à 0° est de 0,770.85 (masse 4 litre en grammes, à la latitude de 45°); les résultats précédents obtenus par Guye étaient de 0,7708 et par Leduc de 0,7719; 2 Lorsque l’'ammoniac et le récipient en verre sont soigneusement desséchés, ilne se produit aucune absorption appréciable d'ammoniac par le verre, ni aucune condensation d'ammoniac sur la surface du verre; 3° D'après des déterminations de densité à diffé- rentes températures, on déduit que le coefficient d'ex- pansion de l’ammoniac est de 0,003.91% entre 0° et — 20° et 0,003.847 entre 0° et 1000; 4 D'après la déter- mination de Rayleigh sur la compressibilité de l'ammo- niac et d'après la valeur de l’auteur pour la densité, il a été calculé que le poids moléculaire de l’ammoniac est 17,030, et le poids atomique de l'azote de 14,007; 5° Incidemment, la densité de l'air exempt de vapeur d'eau et d'acide carbonique a été évaluée à 1,2920 (latitude 45°); 6° On a découvert que la déviation de la loi de Dalton pour un mélange de volumes d'air et d'ammoniac approximalivement égaux est d'environ 4 0/3 7 Le coefficient de pression de l'ammoniac a été déterminé, la pression étant atmosphérique, à 15°, Entre 0° et — 20°, le coeflicient est 0,004.003, et entre 0° et 980il est 0,003.802. La détermination de la pression de vapeur de l’ammoniac liquide à été répétée à des températures plus basses, en employant de l’ammoniac pur, dans le but d'obtenir une valeur exacte de son point d'ébullition. D'après les résultats, le point d'ébul- lition de l'ammoniac liquide à une pression de 760 mil- Jimètres est de — 339,5 C. Séance du 22 Juin 1906. ‘M. A. A. C. Swinton : Zffet du radium facilitant constaté que, dans un tube à cathode recouverte radium, actionné par un courant continu à 400 volts. radium ne facilite pas la production d’une décharge ut neuse. Si la cathode enduite de radium est chauffée rouge, la production de la décharge lumineuse est, contraire, très lacilitée. La seule présence du rad est donc insuffisante pour produire l'effet; en outre, décharge visible ne peut passer que dans la direct qui fait de l'électrode enduite de radium la cathod le tube agit donc comme soupape unidirectionnel Lorsqu'on emploie des courants alternatifs, on obtenir une décharge visible dans les tubes à cath enduile de radium avec 100 volts de moins envirt aue dans les tubes à électrode ordinaire. — M. T Vaughton : Effet de l'étincelle électrique sur la@ uisme des métaux. L'auteur a constaté que l’étincé électrique a une influence remarquable sur l’actinist de certains métaux, tels que Al, Cd, Zn, Mg, qui pe vent agir sur une plaque photographique. L'altération (augmentation ou diminution) dure plusieurs mois elle est superficielle et peut être détruite en frottant surface du métal avec du papier d'émeri. On pr une plaque du: métal comme électrode négative et unie pointe d'un autre métal comme électrode positive et fait jaillir létincelle entre les deux. Sur les plaq d'Al, Ni, Mg et Sn, les taches produites par l’étine sont plus actives que le reste de la plaque: sur plaques de Zn, Cd, Ph et Bi, les taches ne sont p aussi actives. — M. P. E. Shaw: La tension diélee- trique des pellicules minces de liquide. L'auteur étudié les substances suivantes : huiles d'olive, «dl ricin, de lin, de colza, de fusel, de foie de morue, pied de bœuf, térébenthine, paraflines, huile de tra formateur, etc., par la méthode desslongueurs d'éti celles sous différents voltages. Les meilleurs isolatet sont la paraffine et l'huile de transformateur. — M. H. Eccles : let des oscillations électriques sur fer dans un champ magnétique. L'auteur montre que changement de tension polaire d'une pièce. de f doux placée dans un champ magnétique et soumise l'action d'oscillations électriques est, en chaque poit d'un cycle, toujours tel qu'il déplace le point repré sentatif du diagramme des IH vers la ligne centrale la boucle d'hystérésis. ; SOCIETE DE CHIMIE DE LONDRES Séañce du 21 Juin 1906. MM. F. B. Power et F. Tutin ont déterminé les con stituants de l'huile essentielle des fruits de Pittospor undulatum (huile jaune pâle, D—0,8615; [xl =##l 749,4) : d-pinène (4 °/.); d-limonène (75 °/,); éthers di acides valérique, formique, et autres, en faible qua tité ; sesquiterpène optiquement inactif, Eb. 2630-2604 D —0,910 (15 °/,); acide palmitique; une trace dM phénol non déterminé. — MM. J. T. Hewitt et H. Mitchell ont copulé le chlorure de p-nitrobenzènedia nium avec le {-bromo-2-naphtol en solution alcalini le produit résultant, débarrassé des halogènes, estdle: p-nitrobenzène-azo-6-naphlol. L'atome de Br a dome} été déplacé par le groupe benzénique; cette réaction est générale. — MM. O. Silberrad el R. C. Farmer opt | trouvé, comme produits de décomposition de 100 kilogs | de nitrocellulose gélatinisée conservée pendant vin: | trois semaines à 540-55° dans une atmosphère humide:\ du nitrate et du nitrite d’éthyle, de l'alcool éthyliqu | les acides nitrique et nitreux, de l'ammoniaque;sle acides formique, acélique, butyrique, dihydroxy | tyrique, oxalique, tartrique, isosaccharique et hydroxy-1 pyruvique, et des hydrates de carbone. — MM. O. Sik| berrad et W.S. Simpson ont analysé des boulets et ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 723 b poudre à canon, datant de 1641, trouvés au château Durham. Les boulets sont des sphères contenant ,17 °/, de Ph, un peu de Fe et Ag, et des traces de , As et Sb. La poudre est de la poudre noire, conte- nt du nitrate de potassium, du charbon et du soufre Mdans les proportions employées aujourd'hui pour cette poudre. — M. M. Taylor a étudié l'action du sodium et méthyliodure de magnésium sur l’acétone. Les ré- ltats montrent que l’acétone ne se comporte pas, s-à-vis de ces deux agents, comme de l'alcool isopropé- ÿlique CH*.C(OH) : CH?, et qu'elle ne contient aucun H directement remplacable par Na dans les conditions bservées. — M. G. T. Morgan et M!e F. M. G. Mick- Methwait, par l'étude de l'action de l'acide nitreux sur Mes benzènesulfonylaminobenzylamines AzH°.C‘H'.CH*. \zH.SO2.CSH5, montrent que les diazoimides peuvent l re obtenues avec les composés ortho et méta, mais Mnon avec l'isomère para. — MM. G. T. Morgan et . Clayton ontobtenu avec le s-diméthyl-4:6-diamino- =xylène une dinitrosoamine qui, traitée par le chlorure e p-nitrobenzènediazonium, donne naissance à une etite quantité de composé aminoazoïque AzO?.C°H*.Az?. H(CH*}(AzHCH*E, F.218°. — M. Ph. Blackman in- dique les résultats qu'il a obtenus avec son appareil nodifié pour la détermination des poids atomiques. SOCIÉTÉ ANGLAISE DES INDUSTRIES CHIMIQUES SECTION DE BIRMINGIAM Séance du 26 Avril 1906. - MM. F. E. Lott et C. G. Matthews étudient l'emploi ‘de la levure pressée à la préparation de matières ali- Wmentaires. Celles-ci possèdent, en général, une valeur nutritive supérieure à celle de la plupart des extraits de viande. La levure est également utilisée comme aliment pour les animaux (avec adjonction de grains) et comme grais végétal (avec adjonction de gypse ou de chaux). Séance du 16 Mai 1906. M. W. C. Hancock a fait quelques observations de émpérature pendant la cuisson des briques en argile réfractaire. La température du four reste pendant de longues heures stationnaire à 500°, ce qui indique une bsorption de chaleur due à la déshydratation de l’ar- le. Puis la température monte tranquillement jusqu'à 1000. — M. A.-H. Hiorns a éludié l'influence de cer- ins éléments sur la structure et les propriétés du ivre. Quand la quantité de l'élément (As, Sb, P, Bi Pb) est moindre que 1 °/,, le point de solidification du Cu est abaissé, le plus avec P, le moins avec Ph, ce dernier n'ayant aucune tendance à former un composé Chimique avec Cu; l’affinité chimique entre un élément | Cu abaisse donc le point de solidification en propor- tion de son intensité. Un composé se forme avec 14 °/, P;avec 28,3 °/, d’As et avec 38,5 °/, de Sb. Les com- posés chimiques des métaux étant invariablement des “corps cassants, la présence d'un constituant fragile dans l'alliage tend à diminuer la malléabilité et le rend plus dur en proportion de sa quantité. On n’a trouvé Meun composé chimique permanent de Bi et Cu ; mais, uand le cuivre est lentement refroidi, de faibles glo- les de bismuth se séparent, interrompant la conti- té des cristaux de cuivre et diminuant la malléabi- ins de la masse. Il en est de même pour le plomb, qui minue la {énacité. SECTION DE LONDRES | & Séance du 21 Mai 1906. M. Ph.-A. Guye : Le problème électrochimique de la fixation de l’azotet, £ Séance du 11 Juin 1906. M: R. Robertson a étudié les procédés de purifica- tion et de stabilisation du coton-poudre. Pour l'élimi- nation des impuretés, et l'obtention rapide d’un produit stable, l'ébullition dans l'acide dilué au commencement du processus est supérieure au traitement alcalin. Cette ébullition acide ne doit pas ètre trop abrégée, sinon l'élimination des impuretés en sera rendue difficile. SECTION DE NEW-YORK Séance du 20 Avril 1906. M. A.-H. Sabin communique ses recherches sur l'oxydation de l'huile de lin; il a vérifié le fait que l'oxy- gène qui à passé sur une première couche d'huile a perdu en grande partie le pouvoir d'oxyder une seconde couche d'huile dans un récipient voisin; ce fait est peut-être dû à l'enlèvement de l'ozone. — M. R. W. Moore a fait l'analyse d'un grand nombre d'échantillons de jalaps du commerce; sur 276, 15 seulement conte- naient 11 °/, de résine ou plus; la moyenne de la teneur a été de 5,95 °/,. — Le même auteur a analysé aussi de nombreux échantillons d'assa foetida. 16 °/, seulement contenaient plus de 50 °/, de résine; la teneur moyenne a été de 31,45 °/.. SECTION DU YORKSHIRE Séance du 18 Juin 1906. MM. O. Silberrad, H. A. Phillips et H.J. Merriman décrivent une méthode pour la détermination directe de la nitroglycérine dans la cordite. La cordite est extraite par l'éther et l’extrait éthéré est saponifié par l'éthylate de soude; les produits de saponification sont réduits par le fer et le zinc en solution sodique,et tout l'azote est transformé en ammoniaque, qui est distillée et titrée. * ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES DE COPENHAGUE Mémoires présentés en 1906. M. Adam Paulsen résume ses études sur les récentes théories de l’aurore boréale. Dès 1894 et 1895, l'auteur, ayant démontré que les rayons auroraux possèdent des propriétés analogues aux rayons cathodiques, avait émis l'hypothèse que ce phénomène est produit par une luminescence due à ce que l'atmosphère absorbe des rayons cathodiques qui prennent naissance dans les couches atmosphériques supérieures. Depuis, des séjours faits en Islande et au Groenland lui ont offert une nouvelle occasion d'étudier ces phénomènes. Avant d'exposer ses vues actuelles sur ce sujet, il donne un résumé et une critique des nouvelles théo- ries sur l'aurore polaire qui ont été proposées durant ces dernières années par MM. Birkeland, Arrhénius et Nordmann respectivement. Toutes ces théories s'accor- dent en ce que les rayons auroraux y sont considérés comme une luminescence produite par l'absorption de rayons cathodiques dans l'atmosphère, mais aucune d'elles, comme le fait voir l’auteur, n'explique les caractères généraux des phénomènes sans se heurter à de graves difficultés. Voici l'hypothèse fondamentale qu'à la suite de ses voyages d'exploration l'auteur se croit fondé à formuler : La cause de l'aurore boréale résiderait dans une ionisation et une électrisation né- gative excessives des couches supérieures de l'atmo- sphère au-dessus de la zone de maximum de l'aurore ; cette altération de l'air se renouvellerait chaque jour en commençant aux limites de l'atmosphère. Cette hypothèse permet d'expliquer tous les caractères géné- raux de l'aurore boréale, ainsi que son action sur le champ magnétique. En se basant sur elle et en com- mençant par les phénomènes tels qu'ils se présentent dans les régions arctiques, l'auteur donne une expli- cation satisfaisante de leur mécanisme. — M. A. Leh- mann présente un Mémoire sur les concomitants phy- siologiques des états psychiques. Les modifications des gonctions végétatives accompagnant les émotions ont 2 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES LL. à été observées déjà par les Anciens, d'une façon il est vrai assez vague. Aussi faut-il arriver à des époques beaucoup plus rapprochées de la nôtre pour trouver les premières études scientifiques de ces phénomènes. La conception de Spinoza, qui n'admet pas la possibi- lité d’une influence exercée par les états physiologiques qui caractérisent les émotions, sur l’état psychique concomitant, a été adoptée aussi par Darwin. Ce n'est qu'en 183% et en 1885 qu'une nouvelle théorie des émotions a été émise par W. James et C. Lange. D'après l'hypothèse formulée indépendamment par l'un et l'autre de ces deux savants, l'émotion serait déter- minée par des modifications subies par le corps. L'élément émotif des sensations se réduirait à n'être qu'une résultante de sensations organiques. Dans le but d'acquérir, sur les modifications du corps dont s’'accompagnent les émotions, des notions plus précises que celles qu'on obtient par l'observation clinique, l'auteur, dès 1890, commença des expériences où il enregistrait simultanément la respiration et les chan- gements de volume du bras pendant une série d’émo- tions artificiellement provoquées. Voici les premiers résultats ainsi trouvés : Les excitations agréables dé- terminent une augmentation du volume du bras et de l'amplitude du pouls, tandis que celles qui ont un caractère douloureux produisent un effet inverse. Dans des expériences plus récentes, entreprises avec un dispositif perfectionné, l’auteur vérifie les résultats précédents, tout en les modifiant comme suit : Toute sensation décidément agréable s'accompagne d'une augmentation du volume du bras et d'une pulsation plus ample, le plus souvent aussi d’un ralentissement du pouls; ce dernier phénomène n'est, cependant, pas tout à fait constant. Les excitations franchement désa- gréables, d'autre part, déterminent une diminution du volume du bras aussi bien que de l'amplitude du pouls, et ordinairement une accélération du cœur. L'auteur constate, en outre, qu'il n'y a pas que l'élément émolif qui détermine les réactions physiologiques : Toute sen- sation agréable où pénible qui n’entraiîne pas un effort particulier d'attention est, en effet, accompagnée d'une diminution passagère du volume et d’un ralentissement du pouls. Par contre, tout travail intellectuel, qui excite fortement l'attention sans pour cela s'accompa- gner d'un élément émotif marqué, provoquera, à côté d’une diminution passagère, mais considérable, de volume, une accélération du pouls qui durera aussi longtemps que l'effort psychique. En dernier lieu, l'auteur à étudié la question de savoir si une excitation donnée détermine toujours telle réaction normale, même si l'attention de l'individu est occupée ailleurs ou si la personne en expérience est soit hypnotisée, soit plongée dans une narcose due au protoxyde d'azote. Or, il résulte des expériences de M. Lehmann que, dans le premier et le troisième des cas précités, les réactions font défaut toutes les fois que la sensation n'a pas été perçue. Dans le cas des hypnotisés, la na- ture de la réaction est déterminée exclusivement par la suggestion que subit l'individu. D'une façon géné- rale, on peut dire que les modifications organiques qui accompagnent normalement certains états psychi- ques sont des réflexes des centres supérieurs, déter- minant toujours des processus psycho-physiologiques et ayant tous ceci de commun que c'est le processus central, et non la qualité ni l'intensité de l'excitation, qui détermine la nature du réflexe. Liauteur incline à croire que les modifications de circulation sont uüles à la régulation du sang affloant au cerveau ; elles ser- viraient à régler les échanges organiques d'apri travail accompli par l'organe central. 11 traite ensuite la question d’une mesure des processus psycho-physio- logiques. La loi de Fechner, suivant laquelle l'intensité de la réaction serait fonction de celle de l'excitation, n'avait pas encore élé vériliée, même arproximative- ment, en raison des perturbations dues à lPaction simultanée de plusieurs excilations qu'on était forcé de faire intervenir en même temps que l'excitation | à déterminer, On aurait dû, en effet, tenir compte ! effets de contraste, de succession, etc. Or, c'est« que l’auteur a essayé de faire. Il a confirmé d'abord loi suivant laquelle la diminution relative d'un tra musculaire exécuté en même temps qu'un tray mental d'une difficulté donnée est constante; la fat musculaire éprouvée est sans importance. M. Lehman énonce ensuite l'hypothèse suivante : Toute excitati reçue par une extrémité de nerf périphérique dé mine une dissociation de la substance biogène;i s'établit une différence de concentration, en d'autres termes une force électromotrice, grâce à’ laquelle} processus de dissociation ira se propageant dans nerf conducteur jusqu'à ce qu'il arrive à l'organe cer tral, où se produira également une chute de potentiel provoquant un afflux d'énergie vers le centre en ac vité. D'après la seconde loi de l’énergétique, la quan tité d'énergie transformée, -, dépendra de la dimh nution proportionnelle des différences de potentiel, sorte que nous aurons : SUN DOTÉ en représentant par U le potentiel primitif, et pan celui qui est déterminé par le processus. L'auteur vérif encore les lois d’inhihition et de déblaiement, co tatant partout un accord remarquable entre l’exp rience et les formules théoriques. 11 fait observer q les phénomènes psychiques qui provoquent une in bition étendue sont toujours accompagnés d'un accélération du pouls, tandis qu'à ceux qui fraientA chemin aux autres correspondun pouls moins fréquent D'accord avec M. Berger, il adopte l'opinion suivant laquelle les modifications de circulation qui accome pagnent les divers états psychiques seraient des réa tions utiles qui assurentl'intégrité des centres nerveu en fonction. — M. F. Petersen présente les résultal de ses recherches sur le pouvoir réactif de certain: acides en solution alcoolique. La formation de chloru d'éthyle, à partir de l'acide chlorhydrique en soluti étendue d'alcool éthylique, a lieu à 100 degrés à u vitesse modérée et d'accord avec l'équation déduite dl la loi des effets de masse, pour une réaction du pre mier ordre. Dans l'alcool méthylique, au contraire, Je processus est intermédiaire entre les ordres premi® et second, sans satisfaire aucune des équations cara@ téristiques de ceux-ci. L'addition d'eau diminue dans de fortes proportions la vitesse de réaction dans l'un l'autre de ces deux cas. En déterminant la vitesse den réaction dans l’ethérification des cinq acides gras suË vants : acides acétique, propionique, butyrique, iso butyrique et valérique, dans un grand exces d'alcook, méthylique, on emploie comme catalyseur une addis tion en faible quantité d'acide chlorhydrique. Le pro cessus d'éthérification de ces acides a lieu, dans un grand excès d'alcool éthylique, suivant les lois régis» | sant les réactions du premier ordre, de façon à pers meltre la détermination du rapport des constantes de, réaction de ces cinq acides. Ces constantes sont très différentes les unes des autres ; leur ordre, à une exceps | tion près, est le mème dans les deux alcools. déterminant la décomposition partielle des sels sodium des acides gras par l'acide di-chloracétique solution d'alcool éthylique, on trouve des constantes réaction sensiblement égales pour chacun des cin acides en expérience. Lorsqu'on fait agir une moléeu d'acide di-chloracétique sur une molecule des sels sodium des acides gras en solution éthyl alcooliqu l'on décompose environ 95,4 °/, de l'un quelconque ces cinq sels. ALFRED GRADENWITZ. RE Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER. Paris. — L. MaR&THEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 17e ANNÉE 1 CS N° 16 30 AOÛT 1906 Revue générale ClenCces pures et appliquées Aûresser tout ce qui concerne la LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. rédaction à M. L. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande, | ; DrREcTEUR : :& 1. — Nécrologie Gabriel Oltramare. — La Suisse a perdu, le Davril dernier, l’un de ses savants les plus distingués la personne de M. Gabriel Oltramare, professeur Oltramare était né à Genève le 19 juillet, 1816; il it donc atteint sa quatre-vingt-dixième année, comme mathématicien genevois Simon l’Huillier, l’un de ses décesseurs à l’ancienne Académie. Après avoir passé essivement par le Collège et l'Académie, il partit r Paris, sur le conseil de Sturm. Recu licencié sciences mathématiques en Sorbonne, en 1840, il ne a pas à entrer en relations scientifiques avec les plus Istres mathématiciens français de l'époque, notam- nt avec Cauchy, Poisson et Arago. I] interrompit son r à Paris durant un an, en 4843, pour aller en pte, où il étaitappelé à diriger l'éducation d'Achmet ha, fils d'Abraham Pacha. Rentré à Genève en 1848, Oltramare était nommé, le novembre de la même année, professeur de Mathé- iques supérieures à l’Académie. Il occupa cette aire sans interruption jusqu à la fin du semestre d'été 0. Son enseignement comprenait l'Algèbre, la Géo- métrie analytique, la Géométrie descriptive, le Calcul différentiel et intégral et le Calcul des probabilités. Doué e remarquable énergie, qu'il a du reste conservée jusqu'aux derniers jours de sa vie, il savait intéresser Sauditeurs par un enseignement vivant et une bonne méthode de travail. k 2es travaux de G. Oltramare appartiennent principa- nent aux domaines de la Théorie des nombres, de Algèbre et de l'Analyse. Tous sont empreints d'une rande originalité. Ce sont d’abord des recherches sur leul des résidus publiées dans les Comptes rendus délAcadémie des Sciences de Paris et dans les Mé- molres des Savants étrangers, en 1841. Puis viennent, d 3 à 4856, une série de travaux d'un grand intérêt Sunla Théorie des nombres (J. de Crelle, Mem. de’ Inst. mal» genevois); le plus important est sa « Note sur les relations qui existent entre les formes linéaires et les formes quadratiques des nombres premiers » (J. de Crelle, 1855). Parmi les études d'Algèbre et d'Analyse, Tous nous bornerons à signaler celles qui se rattachent REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE à un calcul imaginé par lui en 1885 et auquel il attachait une grande importance. « Son calcul de généralisation » est basé sur Les propriétés d'une opération symbolique G, qu'il nomme la généralisation. Bien qu'elle ne réponde guère aux exigences de rigueur modernes, cette mé- thode peut, dans certains cas, fournir un précieux auxi- liaire, principalement dans la détermination des inté- grales et dans l'intégration des opérations différentielles Un grand nombre de recherches ont été publiées, entre autres, dans les Comptes rendus de l'Association française pour l'avancement des sciences. Développées et perfectionnées dans la suite, elles ont été réunies sous le titre d’ « Essai sur le calcul de généralisation » (1re édit., Genève, 1893; 2° édition, Paris, 1899). En reconnaissance des services rendus à la Science, Oltramare avait été nommé chevalier de la Légion d'honneur; il était président honoraire de la Section des Sciences naturelles et mathématiques de l’Institut na- tional genevois. H. Fehr, Professeur à l'Université de Genève. $S 2. — Astronomie Un Annuaire astronomique. — Le Comité de Bibliographie et d'Etudes astronomiques de l'Observa- toire royal de Belgique a entrepris de publier une liste des observatoires et des astronomes du monde entier. Une demande, sous forme de questionnaire, accom- pagnée d'un modèle de réponse relatif au Service astro- nomique de l'Observatoire d’Uccle (Belgique), a été adressée à tous les directeurs d'observatoires. La liste comprendra aussi les astronomes libres (pro- fesseurs d'Université, amateurs, etc.), qui ne sont atta- chés à aucun observatoire, mais qui s'occupent active- ment de recherches célestes. Les renseignements parvenus déjà au Comité per- mettront de donner non seulement une liste des obser- vatoires, avec leurs coordonnées géographiques et les nombres du personnel, mais aussi un véritable tableau de l’activité astronomique dans le monde entier, grâce aux indications concernantles instruments dont chaque établissement dispose, les recherches auxquelles il se livre et les travaux qu'il publie. Le Comité lait appel aux directeurs d’observatoires 16 126 auxquels là demande ne serait pas parvenue ou qui n'auraient pas encore envoyé leur réponse, ainsi qu'aux astronomes libres, et les prie d'envoyer les indications mentionnées ou de signaler toute omission, le plus tôt possible, au directeur du Comité: M. le Prof. Dir. P. Stroobant, astronome à l'Observatoire royal de Bel- gique, à Uccle (Belgique). L'agrandissement et la proximité appa- rente de la Lune à l'horizon. — M. Ed. Clapa- rède vient de consacrer, à cette question depuis long- temps discutée, un intéressant travail’ sur lequel nous croyons utile d'attirer l'attention. La dimension des astres, notamment celle de la Lune, paraît plus grande à l'horizon qu'au zénith. Or, à l'horizon, les astres sont plus éloignés d'un rayon ter- restre de l'observateur. La Lune, dont la distance au centre de la Terre est de 60 rayons terrestres, n'est éloignée de l'observateur que de 59 de ces rayons lorsqu'elle brille au zénith. Elle devrait donc y appa- raître plutôt légèrement grossie. Aristote et Ptolémée attribuèrent cet agrandissement à la réfraction par les couches atmosphériques que les rayons doivent traverser lorsqu'ils apparaissent à l'horizon. Si l'on mesure les astres par des moyens purement physiques (mensuration télescopique, pho- tographie), on constate que la dimension ne décroit pas en passant de l'horizon au zénith. La réfraction atmosphérique a, au contraire, pour effet de rapetisser de plusieurs minutes le diamètre vertical de la Lune à l'horizon, qui apparait alors comme elliptique. Gassendi (1642) fit appel à la dilatation pupillaire. Les astres étant moins lumineux à l'horizon, la pupille se dilate davantage, et leur image rétinienne est agrandie. Cette hypothèse n’est pas confirmée par l'Optique. Elle pourrait être exacte, en très petite partie, pour les amétropes forts. Molineux (1687) et, après lui, Helmholtz créent la théorie de la comparaison. La Lune semble plus grosse à l'horizon parce qu'elle apparaît derrière des arbres, des maisons ou des objets terrestres avec lesquels nous la comparons. La Lune étant vue sous le même angle que ces objets, mais située plus loin, nous la considé- rons comme bien plus grande. On peut faire à cette théorie les objections suivantes : la Lune paraît plus grande lorsqu'elle se lève au-dessus de la mer, alors même qu'il ne se trouve là aucun objet de comparaison (Eginitis). L'illusion de grandeur subsiste lorsqu'on regarde la Lune à travers un tube, ce qui l’isole des objets environnants (Le Cat, Euler). A la suite de Alhazen., Viteläon, Malebranche, les auteurs anglais et allemands des xvin® et xix° siècles tirent appel à la forme du ciel. Le ciel n'a pas l'aspect d'une coupole sphérique, mais celui d'une voûte sur- baissée, aplatie, dont le rayon horizontal est beaucoup plus considérable que la hauteur verticale. Cette notion de coupole surbaissée dériverait de l'impression que nous fait le ciel couvert de nuages. Nous croyons la Lune plus éloignée et nous l'estimons, par cela même, plus grande quand elle est à l'horizon. A M. Claparède et à un grand nombre de personnes qu'il interrogea, la Lune paraît plus rapprochée quand elle se lève que quand elle est au zénith. Pour lui, c’est le sentiment que nous avons que les astres à l'horizon, notamment la Lune, sont des objets terrestres, qui donne l'illusion de grandeur à l'horizon. Toutes choses égales d'ailleurs, l'objet terrestre que figure la Lune doit paraître, comme tous les objets terrestres, d'autant plus gros qu'il est localisé plus loin. Mais cela n'explique pas que la Lune paraisse plus grosse lors- qu'elle est « terrestre » que lorsqu'elle est « céleste », puisque précisément l'observation montre qu'on la localise plus près dans le premier cas (à l'horizon). La Lune terrestre parait, en effet, très grande, tout en étant localisée très près. ! Archives de Psychologie, L. V, n°18. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE M. Claparède cherche la solution dans la sphère affective de l'individu : | « Ce qui est terrestre n'a pas seulement pour nou qualité d'être situé à une distance précise et finie, mai aussi, et surtout, d'être immédiatement 1ntéressi pour nous, El je crois que, si les astres situés dans zone terrestre sont surestimés, c'est en grande part parce qu'ils sont dans une zone qui nous intére davantage. » « Ce qui nous intéresse directement, dit Blondel, passe dans cette mince zone (les quelques degn qui s'élèvent directement au-dessus de l'horizon). contraire, Ce qui se passe dans le ciel ne nous inf resse que fort peu. » F Dans une troisième partie de son travail, M. Clape rède montre que les dimensions des objets et des p sonnes qui nous intéressent vivement sont généra ment surestimées. Le proverbe populaire « Il n'y a pas de petits loups » exprime le mème fait psychologiquen que l'observation et les enquêtes confirment. L'action de l'attention, de l’atiitude mentale sur perception des grandeurs a été aussi mise en relief les recherches de Schumann sur les percepti visuelles. Cet auteur a constaté que les parties di figure géométrique qui attirent le plus l'attention son surestimées; de même, les impressions visuelles qui nous frappent d'une manière spéciale. La théorie affeen tive rend compte encore de ce fait, remarqué par plupart des auteurs, que le grossissement de la Lun l'horizon est sujet à de grandes variations suivant jours, les circonstances et les individus. Si l'illusion était due à un facteur physiologique déterminé, comm la plus ou moins grande innervation des muse droits internes suivant la direction du regard, variations seraient inexplicables. D' E. Sulzer, Médecin ophtalmologiste de la fonda Ad. de Rothschild. $ 3. — Météorologie Les variations d'intensité de la pluie. Nous recevons d'un de nos abonnés la lettre suivantes % « Monsieur le Directeur, À « La Note relative aux variations d'intensité dek pluie, parue dans votre numéro du 15 mars 1906, me semble pas donner une explication satisfaisante phénomène. « Les vagues d'air chargé d'eau de Helmholtz, com d’ailleurs les variations de l'état hygrométrique de 1 (attribuées à la chaleur de condensation des gouttes pluie), ne sont, à mon avis, que les manifestations d'un, phénomène plus général, signalé par Vallot dans le Annales de l'Observatoire du Mont-Blanc. « Ainsi que l’indiquent toutes les cartes météorolo-| giques, une dépression barométrique est tou le centre d'un tourbillon, dont le rayon atteint des cen- taines de kilomètres et autour duquel le vent tourne dans un sens déterminé. Comment expliquer qu'en un lieu donné l'air ne soit pas animé d'un mouvem t, sinon uniforme, du moins uniformément varié? Le vent procède par à-coups, par rafales plus ou moins! longues et violentes, par vagues aériennes qui don neraient presque à croire à l'existence d’un mouvem t| vibratoire, si précisément M. Vallot n'avait démontré | ces variations d'intensité proviennent des tourbill secondaires qui naissent dans le grand courant du to billon principal. Ces tourbillons, accompagnés chaeun d'une dépression barométrique et d'un changement de direction du vent (changement pouvant, d'ailleurs, dans certains cas, se traduire par une disparition momeên- tanée ou tout au moins par un affaiblissement marqué), se succèdent à intervalles très courts, mais ne der | cendent souvent pas jusqu'à la surface du sol des) observations faites au Ment-Blanc, 4.400 mètres, aux} Grands-Mulets, 3.200 mètres, et à Chamonix, 1.100 m L tres, en donnent la preuve). Les perturbations qu'ils “engendrent s'y font cependant sentir. « En un mot, un grand cyclone peut être comparé au système solaire, avec ses planètes tournant dans le “courant principal et formant elles-mêmes des centres de otation secondaires pour leurs satellites. “. « Dans un grand cyclone, il y a un bord maniable et n bord dangereux, une portion à vents pluvieux (vents “da Sud et de l'Ouest) et une autre à vents secs (vents du Nord et de l'Est); le même phénomène doit se repro- ‘duire dans les tourbillons secondaires et provoquer des variations d'intensité dans le vent et dans la pluie. » « C'est, du‘ moins à mon avis, la facon la plus simple de l'expliquer. « Veuillez agréer, etc. Dinner, Inspecteur des Eaux et Forêts à Nice. « P. S. — Les observations de Vallot sont, autant qu'il m'en souvient, antérieures à 1902. » $ 4. — Electricité industrielle . Les progrès des lampes à are.— Nous signa- lions récemment, d’après M. Gustave Richard, les progrès si remarquables réalisés dans le domaine des lampes électriques à incandescence; voici également, d’après le même auteur, quelques renseignements sur des progrès des lampes à arc. Ces progrès sont de deux sortes, suivant qu'ils s’ap- pliquent à améliorer l'intensité et le rendement lumi- neux des ares, ou qu'ils s'attachent principalement à la division de cette lumière en petits foyers d'un emploi facile et agréable à l'intérieur des édifices et des salles de réunion. …— On sait que la grande majorité de la lumière de l'arc ëst fournie par l’incandescence du cratère qui se forme au pôle positif et qui, dans les arcs de faible longueur, “est en grande partie voilé par l’électrode négative. On à donc tout intérêt à dévoiler ce cratère, et il semble “qu'il suffise, pour améliorer considérablement ainsi le rendement lumineux de l'arc, d'en éloigner les …charbons, en augmentant de ce qu'exige cet éloigne- “ment le voltage du courant. Mais si, dans un arc à mcharbons verticaux, on dégage bien ainsi le cratère, on en force la lumière à traverser une plus grande épaisseur de la zone bleue et nuageuse de l’arc, qui bsorbe, de cette lumière, une proportion telle que on ne gagne presque rien. Il n'en est plus de même ï l’on dispose les charbons horizontalement. C’est nsi que l’on a pu, d’après M. L. Andrews‘, toutes hoses égales d’ailleurs, obtenir, avec un courant de 90 volts et 9,6 ampères, une surface visible de cratère de 10,6 millimètres carrés avec un arc de 12"m 5 de longueur, au lieu d’un cratère de 5 millimètres carrés eulement, avec un arc de 3,5 de longueur, 10 am- pères et 61 volts. Au delà des 90 volts, on ne gagne plus rien. Ces longs ares horizontaux à haute tension sont des plus avantageux comme rendement lumineux ; mais il est nécessaire d'en assurer la stabilité en mobilisant l'arc par le soufflage d’un champ magné- ue. C'est ce qui a lieu dans la lampe Carbone, qui, Ldans les essais exécutés à propos de l'éclairage de la nouvelle gare de Charing Cross?, a fourni, avec du Lucourant à 0 fr. 20 par kilowatt-heure, de l'éclairage au taux de 0 fr. 10 les 1.000 bougies-heure. — On a aussi augmenté le rendement et l'intensité des grands arcs par l'emploi de charbons à flammes, c'est- ä-dire composés d'un mélange de carbone et de sub- | Stances chimiques diverses, qui augmentent la lumi- nosité de l'arc un peu à la manière de poussières + métalliques projetées dans la flamme d'un bec de , Bunsen. Ces arcs, diversement colorés, généralement d'une teinte rouge, sont très éclairants, percent beau- Coup mieux les brouillards que les arcs au carbone : Engineering. 25 mai, p. 698. | Bull. de la Soc. d'Encouragement, février 1906, p. 271. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE ï Lo En simple, et leur rendement est presque aussi élevé avec les courants alternatifs qu'avec les continus. Mais leur arc est assez instable. En outre, les substances chi- niques de ces charbons émettent des fumées corro- sives, qui empêchent d'un côté l'emploi de ces ares autre part que presque en plein air, et aussi l'emploi de globes fermés pour diminuer la dépense des char- bons. C'est à ces globes fermés que l’on a recours pour la construction des pelites lampes à arc domestiques, qui commencent à se répandre. L'arc de ces lampes est totalement enfermé dans de petits globes blancs, qui absorbent près de 40 °/, de la lumière de l'arc, mais qui, néanmoins, produisent une sensation lumineuse plus grande que celle que procurerait l'arc lui-même à nu. Ces globes sont d'un éclat très vif et très stable, de sorte que ces lampes se répandent rapidement pour l’éclairage des salles, des boutiques, des restau- rants, etc., et mème des ateliers, mais sans pouvoir, il semble, prétendre détrôner la lampe à incandes- cence pour l'éclairage domestique proprement dit, qui exige une lumière aussi douce et diffusée que possible. On sait avec quelle activité se poursuit la lutte entre l'électricité et les manchons au gaz, pour l'éclairage public Ilest très difficile de donner une idée de l'état actuel de cette concurrence, et encore plus de prédire l'issue de la lutte, mais il semble bien que l'avantage final doive appartenir à l'électricité, plus économique et infiniment plus souple, plus à la main que tout autre agent d'éclairage. C'est ainsi que, dans les essais exécutés pour l'éclairage de la nouvelle gare de Charing Cross, en concurrence avec les meilleurs types de becs à gaz sous pression, l'éclairage à arc s'est montré, à puissance lumineuse égale, plus de deux fois moins coûteux que l'éclairage au gaz (à prix égal : 45.000 bou- gies au lieu de 20.000 ‘)}, mais avec du courant au prix de 0 fr. 20 le kilowatt-heure. $ 5. — Chimie Ia synthèse des acides glycocholique et taurocholique. — On n'avait pas réussi jusqu'à pré- sent à opérer la synthèse de ces deux acides par union de leurs deux constituants, l'acide cholalique et le gly- cocolle ou la taurine. MM. Bondi et Müller* ont réalisé cette combinaison sous la direction du Professeur Cur- tius, en mettant à profit les propriétés des azides, éta- blies par ce chimiste. Voici quelle a été la marche des transformations. L'éther cholalique, traité par l'hydrate d'hydrazine, a fourni l'h;drazide : C3H3*0%.COOC2H5 + Az?H'=— C#H0*.CO.AZH.AZH* + CHOH. Ether. Hydrazide. Par l’action de l'acide azoteux, l'hydrazide est trans- formé en azide : C2H:°0%.CO.AzH .AzH°? + AzO®H = CII" 0%.CO. Az + 2 H°0. Hydrazide. Azide. Enfin, en milieu alcalin, l'azide se combine avec le glycocolle ou la taurine pour donner l'acide glycocho- lique ou l'acide taurocholique : C#H50%.CO.A7z: + AzH°,CH?.COOH + 2 NaOH Azide de l'acide Glycocolle. cholalique. — C#H30%,CO0.AzH.CH°.COONa + NaAz° + 2 I°0. Glycocholate de sodium. Azothydrate de sodium. Bien entendu, cette synthèse n'est pas complète, puisque celle de l'acide cholalique reste encore à réa- liser. 1 Engineering, 25 mai, p. 699. . 2 Bono et MuLzer : Zeïtschr. physiol. Chem., t. XLVII, p. 499, 1906. 1 19 2 $S 6. — Agronomie La produetion et la consommation du café. — Si rapide qu'ait été l'accroissement de consomma- tion du café, facilité par la baisse énorme de ce pro- duit, la production semble avoir marché plus vite encore. Et, si nous pouvons recommander pour nos colonies certaines cultures telles que le cotonnier, les arbres à caoutchouc, le cacaoyer, sur lequel nous reviendrons prochainement, il n'en saurait être de mème du caféier à l'heure présente. Le Brésil, qui produit à lui seul plus de la moitié de la récolte mondiale de café, se trouve actuellement fort embarrassé par la dépréciation des prix et l'insuffi- sance des débouchés. Les provinces intéressées viennent d'élaborer un projet, actuellement soumis au Parle- ment fédéral, et renfermant un certain nombre de mesures destinées à conjurer la crise. Il s'agirait d'abord d'empêcher l'exportation des cafés de qualité inférieure et de s'employer à la défense contre les fraudes et les falsifications, de favoriser le développement de Ja con- sommation dans le pays et d'organiser un vaste service de propagande pour multiplier au dehors les débouchés. Ce sont là d'excellentes mesures, qui relèvent, d’ailleurs, bien plus de l'initiative privée que de l’action de l'Etat. Le projet prévoit, de plus, une surtaxe de trois francs par sac de café exporté, alors que l'application de ce droit irait directement à l'encontre de ce que l’on veut obtenir. La situation des planteurs brésiliens est encore plus défavorable que celle de nos vignerons du Midi de la France et de l'Algérie, car nous consommons beaucoup plus de vin que nous n’en exportons, et, dans ce cas, la production présente beaucoup plus de chances de stabilité. Le café, au contraire, — comme la plupart des autres denrées coloniales, — est essentiellement un produit d'exportation, qui doit conquérir des dé- bouchés souvent lointains et ne peut les maintenir que par sa qualité et son bon marché. De là, dans l'agricul- ture coloniale, ces brusques évolutions, dont Ceylan nous offre un remarquable exemple. L'ancienne île de la cannelle et des cardamomes s'est successivement adaptée au café, puis au thé et au caoutchouc. La culture du caféier est délicate. D’après M. H. Le- comte, — qui lui a consacré une excellente monographie, — cet arbre exige une température moyènne de 15 à 25°; il ne résiste pas aux gelées et, sans être aussi sensible que le cacaover à l’ardeur du soleil tropical, il pros- père mieux à l'ombre d’autres arbres. Le caféier pré- fère les régions ventilées, tandis que les bas fonds ne lui conviennent pas; on le trouve entre 600 et 1.200 mètres d'altitude. Les régions à pluies d'été lui sont favorables, mais un climat trop longtemps humide est préjudiciable à la qualité de la graine. Il faut ajouter à ces conditions un sol profond, — 1 mètre parait suffire, — des terres riches en potasse et en acide phosphorique; le calcaire ne semble jouer aucun rôle, mais la présence de l'oxyde de fer est utile. Les travaux agricoles et les soins que nécessite la préparation des graines exigent une main- d'œuvre importante, qui, pour être insuflisante, à amené parfois l'échec de cette culture, notamment à la Nouvelle Calédonie. Depuis le milieu du xix° siècle, tandis que la produc- tion allait en se restreignant d'une facon ininterrompue dans les régions asiatiques, — dont le thé semble l’apa- nage, — elle s'étendait et continue de s'étendre dans les zones tropicales des Amériques. À côté da Brésil, dont nous avons déjà dit l'importance, de notables pro- grès sont sigaalés au Venezuela, dans le Guatemala, le Costa-Rica, le Mexique, à Cuba, Haïti, Porto-Rico. La production africaine est encore très faible, mais elle se développe rapidement dans quelques colonies de la Côte CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE mois en Afrique occidentale française. Pendant la durée occidentale, dans le Libéria, le Congo belge, l'Angola Si, dans ces dernières années, la consommation n'ar rive pas à suivre la production, son accroissement n'en est pas moins rapide, malgré l'emploi de multiples, succédanés et la concurrence du thé. Les pays cons sommateurs sont aussi spécialisés. Si l'Angleterre ses colonies, si la Russie préfèrent le thé, les Etats» Unis, la Hollande, la Belgique, l'Allemagne, la Suis et la France accusent des chiffres beaucoup plus élevé pour le café. Notre consommation approche de 2 kila par habitant et par an. ; Fierre Clerget, Professeur à l'Institut commercial des jeunes fes à Fribourg (Suisse). à S 7. — Zootechnie Les pêcheries du bane d'Arguin. — Le Go UE. vernement général de l'Afrique occidentale vient den s'attacher, pour une période de dix années, M. Gruvels professeur de Zoologie à la Faculté des Sciences de Bordeaux, qui sera chargé d'organiser délinitivement les pêcheries du banc d'Arguin. Aux termes de ce contrat, M. Gruvel doit résider à Paris tout le temps pendant lequel il ne sera pas em mission. Il est tenu annuellement à un séjour de trois de son engagement, il devra s'occuper de toutes Jes questions relatives aux pêcheries, contribuer par des travaux, études, publications et conférences publiques à leur mise en exploitation, et fournir gratuitement tous les renseignements nécessaires. Ë M. Gruvel est également chargé de créer à Paris Office de recherches et d'organisation des pêcheries l'Afrique occidentale française. Cet office comprendra 4° un musée ; 2° une collection de documents de toutes sortes; 3° un laboratoire de recherches appliquées l'industrie des pêcheries. S 8. — Sciences médicales à État sanitaire et habitation du soldat. MM. les Professeurs Lemoine et Simonin (du Val-des Grâce) viennent de publier‘, sur ce sujet, une enquête embrassant une période de cinq années, 1900-1904, portant sur 13% casernes, renfermant un effectif 95.000 hommes; d'après eux, le mode de constructio des casernes n'a qu'une influence de second ordre s l'état sanitaire des troupes. La propagation des affe tions épidémiques et contagieuses dans les régiments semble bien plus être la conséquence du chiffre d l'agglomération militaire, et, d'autre part, subir line, fluence prédominante de l'état sanitaire des villes a milieu desquelles les casernes sont placées. Les fièv éruptives et la diphtérie, par exemple, présentent une” morbidité moins élevée dans les vieilles casernes que dans les neuves, parce que les premières contiennen en moyenne 4 à 500 hommes, tandis que les secondes abritent des groupes de 900 à 1.200 hommes. | mêmes affections sont d'autant plus fréquentes que là } ville de garnison est plus peuplée; de même, la fièm typhoïde est bien en rapport avec l'eau de boisson, @ si la tuberculose pulmonaire est plus observée da les vieilles casernes, c'est que celles-ci sont surtoub} situées au centre des grandes villes. Cette enquê très bien faite, permet de conclure que l'habitation du soldat n’est pas tout, et que le meilleur moyen de cons, server sa santé est encore d'améliorer les condition hygiéniques des populations urbaines au milieu des- quelles il vit. 4 1 Société de Méd. publ. et de Génie sanitaire, 23 mai 4906: | » | XXX — BLINDAGES ET PROJECTILES DE RUPTURE 129 de rupture que nous avons donné au commence- mment de notre premier article!, nous avons vu A : CEE , % £ ilévolution de celui-ci s'effectuer parallèlement à ectile dépendent d'autres facteurs. En faisant I. — CARACTÈRES DU PROJECTILE. S 1. — Métal du projectile. - La qualilé du métal à projectiles dépend non seulement de la nature des blindages que l'obus de upture est destiné à attaquer, mais encore, et dans une assez large mesure, de la nature de épreuve de recette imposée au fournisseur. Les forts subis par le projectile en tir normal et en ir oblique sont, en effet, très différents, car, dans premier cas, le projectile ne subit, du fait de inertie de sa partie arrière, que des efforts de com- ss dirigés suivant son axe, tandis que, dans le second cas, ces efforts, n'étant plus parallèles à ureté générale sera donc à peu près la seule con- tion nécessaire à réaliser pour l'obus éprouvé normalement, tandis que le métal du projectile tiré sous une incidence oblique devra non seulement être dur, mais encore présenter une grande téna- cité, c’est-à-dire avoir de l'allongement en même temps qu'une limite élastique élevée dans sa partie AR, qui est celle qu'intéressent principale- ment les efforts de flexion développés au choc. Cette différence dans les effets du Lir se traduira donc, en général, par une différence de nuance du métal de l'obus, et, tandis que l'acier au chrome et Vacier au tungstène pourront être employés avec Succès dans le cas de projectiles reçus en tir 2 Voir la Revue du 15 juillet 1906. FA abstraction de l'accroissement de puissance du Dans l'apercu historique relatif au projectile | elle du blindage; mais, tandis que les progrès de ! dernier relèvent exclusivement, jusqu'à présent moins, du domaine de la métallurgie, les per- | tionnements apportés successivement au pro- | BLINDAGES ET PROJECTILES DE RUPTURE DEUXIÈME PARTIE : PROJECTILES normal, il pourra être nécessaire d'employer des aciers au chrome-nickel dans le cas du tir oblique. Les obus ainsi constitués devant, d’ailleurs, toujours satisfaire à la condition essentielle d’avoir une ogive très dure, l'opération de la trempe devra être conduite de manière à satisfaire aux deside- rala précédents. Aussi bien pour la nuance du métal employé que pour les détails de la trempe, chaque usine a ses procédés, qu'elle tient généralement secrets. Nous ne pouvons donc que donner fort peu de renseignements à cet égard : on peut cependant dire qu'à une augmentation dela teneur en Cr cor- respond une diminution du carbone ou une aug- mentation correspondante du Ni. Les métaux à projectiles en usage à l'Étranger sont généralement des aciers à forte teneur en chrome; mais certaines usines (Carpenter) em- ploient des aciers au tungstène. A ce sujet, il y a lieu de signaler une différence notable entre les résultats des tirs sur plaques exécutés dans certains pays étrangers (en Angle- terre notamment) et ceux des Lirs similaires effectués en France, les valeurs de o afférentes aux premiers étant, en général, supérieures à celles qu'on oblient dans les seconds. Cette différence peut s'expliquer, soit par une meilleure qualité des plaques étrangères, soit par l’infériorité des pro- jectiles employés dans les tirs en question. Les appréciations formulées (notamment dans le Naval Annual de Brassey) sur des plaques françaises de fabrication courante et les tirs exécutés à l'Étranger sur certaines d’entre elles permettant d’écarter la première de ces suppositions, on peut en conclure à l'infériorité de qualité des projectiles employés. Cette déduclion s’accorderait, en outre, assez bien avec ce que nous savons de l'efficacité vraiment surprenante des blindages mise en évidence par la guerre russo-japonaise. $ 2. — Fabrication des projectiles. Revenons à notre sujet. Quelle que soit la nuance du métal employé, son élaboration a en général lieu au creuset; mais il est probable que les progrès ininterrompus du four électrique et l'excellence des aciers fins obtenus par ce procédé amèneront d'ici peu un bouleversement complet dans la fabrication. L’affinage commencé au four Martin pouvant se terminer au four électrique, il est possible que la fusion au creuset ne présente 730 XXX — BLINDAGES ET PROJECTILES DE RUPTURE plus aucun avantage économique sur les nouveaux procédés. Les opérations du forgeage du lingot et les recuits ne présentent rien de particulier; il n’en est pas de même de la trempe et du revenu, qui doivent être conduits de manière à réaliser les résultats indiqués ci-dessus, en observant la pré- caution essentielle de dégrader convenablement la dureté du bourrelet au culot Les tensions intérieures provenant de la trempe subsistent malgré le recuit et déterminent de temps à autre des ruplures spontanées de l’obus ou tapures. Afin de se prémunir contre la production de lels accidents, on lermine la série des opéralions d'usinage par une immersion brusque du projec- tile froid dans l'eau bouillante; l'exagération des tensions produites par la brusque dilatation de l'obus provoque le plus souvent la rupture des obus sujets à taper, dont on évite ainsi la mise en service. $ 3. — Production et prix. Toutes les usines productrices de blindages fabriquent les projectiles de rupture, ainsi que les usines d'Unieux (Jacob Holtzer et C°), de Firminy (aciéries de Firminy), du Chambon (usines Clau- dinon) el de Pamiers (Société Métallurgique de l'Ariège). La grande réputation des usines françaises pour ce genre de produits leur assure des commandes étrangères en assez grand nombre. Dans ces derniers temps, la Marine francaise a installé des batteries de creusels à la fonderie de Ruelle, dans le but de fabriquer elle-même des pro- jectiles de rupture: la généralisation de l'usage du four électrique, dont l'emploi n'est industriel que dans les pays de montagne disposant de forces hydrauliques économiques, pourrait rendre inutile à brel délai cette installation coûteuse. Le prix unitaire des projectiles de rupture, variable en raison inverse du calibre, est d'environ 3 francs le kilog pour les moyens calibres. IT. — TRACÉ DES PROJECTILES. $ 1. — Conditions générales. Le tracé des obus de rupture est assujetti à certaines conditions. Tout d'abord, il est évident que, pour réduire au minimum les déformations dues aux effets d'inertie développés au choc contre la plaque, il convient de diminuer dans la mesure du possible la masse des régions voisines du culot. La répartilion du métal constituant l’obus doit, en outre, être réglée de manière à obtenir une posi- tion du centre de gravité lelle que celle-ci ne soit pas trop éloignée de la base de l'ogive. En donnant ‘le poids plus élevé du premier; l'inverse a lieux ———— à cette dernière parlie des formes effilées, on dimi= nuerailévidemment, toutes choses égales d’ailleurs” la résistance exercée par l'air sur le projectiles mais on diminuerait en même temps sa résistance au choc. En fait, el par suite du compromis à réaliser entre ces deux condilions, les ogives des projectiles de rupture des diverses artilleries ont sensiblement la même forme. Les poids des obus sont, par contre, très différents, ainsi qu'en témoigne le tableau suivant, relatif au calibre de 505 -obusn coiffé) : y (1 France MAL MR ORNE TR SR TERRE Anpleterre. 1: {et MONO : Allemagne CE EC RE PURE Etats UNIS NE RP PR , La même diversité existe en ce qui concerne les capacités intérieures : ainsi, celle de l'obus… anglais esl inférieure à la capacité du nôtre, malgré pour le projeclile allemand. £ $ 2. — Raisons qui militent en faveur de l'adoption” d’un projectile unique. La faible proportion du poids de la charge explos sive au poids total du projectile de rupture à amené les diverses artilleries à étudier les tracés d’un projectile en acier dit de semi-rupture, moins résistant que l’obus de rupture, mais porteur d'une charge intérieure plus considérable. Cette diversité» de projectiles nous parait peu rationnelle pour les\ raisons suivantes : | 1° Elle complique les approvisionnemerts: 2° Le navire cuirassé est actuellement protégé sum la plus grande partie de ses œuvres mortes par un» blindage d'épaisseur sensiblement égale, depuis lan flottaison jusque dans les hauts du navire. Le buts ayant une constitution uniforme, on ne voil pas dès lors très bien à quoi répond cetle variété des! moyens d'attaque ; ! 3° En tablant même sur l'existence de tôleries! non protégées el sur les faibles différences relas tives qui existent entre les épaisseurs des blindages des diverses parties de la coque, la précision d'un tir de combat, même aux distances moyennes de 4.000) à 4.000 mètres, n'est pas lelle qu'on puisse choisir, avec des probabilités raisonnables d'atteinte, à partie du but qu’on veut attaquer avec un projet= tile déterminé. La recherche d’une telle précision: étant parfaitement illusoire, on doil, par suite, se borner à chercher à atteindre le but tout entier avec un projeclile susceptible de produire des effets destructeurs quel que soit son point d'im= pact ; À 4° Elant donnée la vitesse des navires actuels, les distances du but varient très rapidement} d'autre part, un certain délai sera souvent néces pour la délivrance à une pièce d'un projectile iné, par suite des exigences du service des onte-charges. Il pourra donc arriver qu'on soit bligé de tirer un jectile d’une cer- * nature alors | en avait de- | dé un autre. ur toutes ces sons, les avan- qu'on espère dans le com- at de l'emploi de el ou tel projectile s paraissent ab- lumentillusoires. illerie navale caise parait, Palleurs, partager es vues, et il est robable que l’uni- tion des projec- sera réalisée à bref délai, au moins sur les timents en chantier. Coitffe suédoise. IT. — CoirFres. nvention de la coiffe, due à l’amiral Makaroff, iblieu en 1894; on prétend que cette découverte bfut suggérée par le fait, d'ailleurs très réel, que S obus de rupture, qui se brisaient dans l'attaque une plaque cémentée par la face durcie de celle- traversaient, au contraire, sans se déformer, les mêmes conditions de tir, lorsqu'on prenait face d'impact la face non cémentée. Quoi qu'il soit des idées qui présidèrent à la genèse de te invention, si l’action préservatrice exercée la coiffe sur le projectile est hors de conteste, plication de ce phénomène a, par contre, donné à une controverse qui dure encore. ant d'aborder ce sujet, décrivons d'abord la : ainsi que son nom l'indique, cet organe Ssentiel du projectile de rupture consiste en une hemise en acier d'une nuance moins dure que Île du corps de l’obus, coiffant l'ogive du projec- se terminant soit par une ogive analogue à du projectile, soit, au contraire, par une pointe onique de forme trapue. ucune règle théorique précise ne préside, eurs, au tracé des formes de la coiffe, et, bien m certaines artilleries étrangères paraissent acher une grande importance à la fixation des ments de ce tracé, la diversité même des formes oiffes en service dans les diverses marines XXX — BLINDAGES ET PROJECTILES DE RUPTURE Coiffe russe. Fig. 1. — Diverses formes de coiffes. 731 Quoi qu’il en soit de ces divergences, alors qu’en tir normal le projectile non coiffé se brise toujours au choc contre une plaque cémentée d'épaisseur égale à son calibre, et qu'il n'arrive à la traver- ser qu'avec des valeurs de & au moins égales à 1,50, l'obus coiffé de même calibre per- fore cette même pla- que avec des va- leurs de o générale- ment très inférieu- res et en restant le plus souvent entier. Diverses explica- tions ont été don- nées de ce phéno- mène; pour les uns, le métal de la coiffe lubrifierait en quel- que sorte le trou de passage du projec- tile dans la plaque et empêcherait le contact de l’ogive avec les par- ties dures cémentées, tandis que, pour d'autres, le rôle joué par la coiffe consisterait uniquement dans la désorganisation de la partie cémentée, préala- blement au passage de la pointe de l’obus. Une très curieuse expérience, effectuée tout dernière- ment en Angleterre’, parait devoir enfin fournir la solution de ce problème, posé de- puis plus de dix ans : « Un poincon en acier chromé de la meilleure qualité possible, d'environ 75 millimètres de longueur sur 10 mil- limèêtres de diamè- tre, est maintenu verticalement, sa pointe au contact de la face durcie d'une plaque, au moyen d'un guide cylindrique dans le- quel il peut se mou- voir verticalement. Ce guide oceupe lui- même la parlie cen- trale d'un tube reposant également sur la plaque. En haut de ce tube, et guidé par lui, se trouve un poids cylindrique dont on peut provoquer la chute à diffé Coifle anglaise. 2, — Dispositif pour étudier rôle joué par la coiffe. _ œ 4 Naval Annual, 4905, p. 341. J, Griffin, Portsmouth. [2e 19 rentes hauteurs, à l’aide d’un déclic ou d'un électro- aimant (voir fig. 2). Cet appareil, très simple, permet donc de produire, sur latête du poinçon et parallèle- ment à son axe, un choc dont on peut faire varier l'énergie à volonté. Un grand choc pulvérisera le poinçon; mais, en en réduisant l'intensité d’une façon convenable, on arrivera à le fendre dans les conditions indiquées par le croquis précédent, qui montre la pointe primitive du poincon détachée de celui-ci et transformée en un double cône pincé par le corps du poincon comme un noyau de cerise est tenu entre le pouce et l'index. La plaque n'est pas entamée. « Interposons maintenant, entre la pointe du poincon el la plaque, une coiffe en acier doux d'environ 3 millimètres d'épaisseur et de la dimen- sion d’une pièce de O0 fr. 50, présentant un trou conique à la demande de la pointe du poincon la perforant sur presque toute son épaisseur. « Dans ces conditions, le renouvellement de l'expérience précédente n'endommagera plus le poincon, et la face dure sera entamée comme si elle-même était en métal doux. » D'après lord Brassey, dont on ne peut que par- {ager l'avis, le rôle joué parle disque en acier doux dans l'expérience précédente se réduirait unique- ment à une action de soutien latéral de la pointe; celle-ci étant ou pouvant être rendue plus dure que la plaque cémentée, par suite de l'énergie de la trempe qu’elle est susceptible de prendre en raison de sa forme, et ne pouvant plus se déformer par suile de l'appui procuré par la plaque en acier doux, entamerait alors forcément la couche cémentée. Cette explication très rationnelle rend immédia- tement compte des mauvais résultats fournis par les coiffes dures, car celles-ci, se brisant dans les premiers instants du choc, ne peuvent plus, dès lors, jouer le rôle de soutien latéral de la pointe de l'obus. Si, au contraire, la coiffe agissait par la désagrégation de la couche cémentée, le métal dur devrait donner de meilleurs résultats que l'acier doux ; or, c’est le contraire que l'on observe. Ainsi la coiffe doit être en métal doux: comme, d'autre part, le projectile doit la traverser et la fragmenter, son rôle protecteur n’est possible que grâce à une dépense de travail qu'il importe évi- demment de réduire au minimum. On obtiendra ce dernier résullat en réduisant autant que pos- sible la masse de la coiffe et son épaisseur suivant l'axe ; l'économie de poids ainsi réalisée pouvant être reportée sur le corps de l’obus, le gain de force vive ainsi obtenu peut êlre très appréciable. Au début de l'emploi des obus coiffés, on admet- tait queleur efficacité diminuait rapidementlorsque l'incidence prenait des valeurs notables. On ne sait encore rien de précis à ce sujet. XXX — BLINDAGES ET PROJECT\ LES DE RUPTURE Les modes de fixation des coiffes sur les ogiv sont très variés : lanlôt on a recours à une gorge par adhérence magnétique, mais ce mode de fixa tion a élé abandonné comme n'’offrant pas assez di sécurité au tir; il en a été de même des procéd de fixation au moyen d'une soudure à l’étain. IV. — CONDITIONS DE RECETTE. plaque. recette ont également lieu en tir normal. La Francé est, croyons-nous, le seul pays où les projectiles soient recus en tir oblique. La vitesse au choë nécessaire est déterminée expérimentalement a un obus étalon de la meilleure qualité possible et anglaises. V.— Coup D'ŒIL D'ENSEMRLE SUR LA SITUATION: ACTUELLE. r. 4 Peu d'années après l'apparition des blindages en. fer, la mise en service des boulets ogivaux en fon métal à blindages et les perfectionnements apportés au projectile n'ont pas changé cette situation, eb aujourd'hui comme il y a quarante ans, l'obus de | rupture de bonne qualité peut traverser sans défor- mations notables une plaque d'épaisseur égale à son calibre. Ce point de vue particulier de la fra 4 gilité du projectile est, d’ailleurs, loin de ar riser la situation respective de l'attaque et dela défense du navire; pour établir le bilan exact de celle-ci, on devrait, en outre, tenir compte : « 1° De l'augmentation des vitesses initiales etde | l'accroissement des probabilités d'atteinte du but qui en résulte pour une même distance decombat; 2 De la rapidité beaucoup plus grande du tir;" 3° Du chargement de l’obus en explosif. La prise en considération de ces trois facteurs ne. concernant que la puissance offensive, il faudrait | aussienvisager, au point de vue défensif, l'influence | } + XXX — BLINDAGES ET PROJECTILES DE RUPTURE 133. | exercée par le cuirassement presque complet des hauts du navire et l’organisation cellulaire du caisson blindé, ainsi que la mise en réduit ou sous tourelles de toute l'artillerie de gros et de moyen ealibre. On concoit la difficulté, pour ne pas dire l’im- possibilité, d'apprécier la part afférente à chacun “de ces éléments dans l'établissement du résultat définitif. Les nombreuses comparaisons auxquelles IMon se livre à cet égard sont donc toujours défec- Miueuses, car on néglige encore deux facteurs essen- mtiels, dont il est plus difficile de déterminer l'in- “uence, à savoir, la distance de combat et la vitesse relative du but. En restreignant la généralité de la comparaison, 1 est toutefois possible d'obtenir des résultats inté- mressants. On peut, par exemple, en se plaçant à calculant la distance à laquelle doit être placée l’artillerie de calibre maximum des mêmes navires pour perforer strictement l'épaisseur de cuirasse maximum de chacun d'eux. Le lableau ci-dessous. donne les résultats de ce calcul : MATENUO MN CNE ce 0e . 3 8C0 mètres. RUPREEUR ER RIVE OBS Redoutable 1. 20. 1.000 — MEVASLATION AIN US AU Amiral-Duperré. . . -. . 200 — Amiral-Baudin . . . . . . 1.600 — MANCPRAU ET LE RE LED0DLE— ÉDÉDIUS ES: 0 000 VAUTÉQUIDENT Ye ee 400 EE — IMASSORAN ES UN MIRE LOS 2.400 — Sant LOUIS. 0... 2.900 — SUITE TES NN D 6.600 — République. . . . 1.300 — L'examen des chiffres relatifs à des navires de TABLeAU I. — Comparaisons de la puissance de perforation de l'artillerie de divers navires. | f A | ni DATE BLINDAGE MAXIMUM ARTILLERIE DU CALIBRE MAXIMUM V. || NOM DU NAVIRE du Ny V,. —_ NW : V 4 ur 7e pature poids p l! il lancement nature épaisseur modèle calibre SUTEbuS a obus ( millimètres centimètres kilogs mètres | mètres | HMarengo . . . .| 1869 Fer 200 Modèle 1870 27 Rupture. 216 292 Ë 1,11 { Richelieu. . . .| 1813 — 220 — 27 _ 216 313 1,04 Redoulable . . .| 1876 — 350 [Modèle 1870 m| 27 — 216 133 0,83 Dévastation. . .| 1879 — 380 — 34 — 120 366 0.98 Amiral-Duperré.| 1819 — 550 — 34 — 420 474 0,76 Amiral-Baudin .| 1883 | Acier mixte. 500 |[Modèle1875-19 37 — 560 541 0,95 Marceau . . . .| 1887 — 450 Modèle 1881 34 — 420 535 0,87 MBrennus . . . .| 1891 — 400 Modèle 1887 34 Rupture coitfé. 490 503 1,20 Jauréquiberry. .| 1893 — 450 — 30,5 — 340 DES 1,16 Masséna . . . .| 1895 [Acier spécial. 400 Modèle 1893 30,5 — 340 631 1,01 Saint-Louis. . . 1896 |Acier cémenté 400 — 30,5 — 340 631 1,01 ÉDITER. Là 1899 — 300 [Modèle 1893-96 30,5 — 340 516 1,30 République . 1902 — 280 = 30,5 — 340 491 1,36 “diverses époques, comparer la puissance de perfo- ration de la plus grosse artillerie d'un type de pv déterminé (le cuirassé d’escadre), combattant à une distance bien définie (3.000 mètres), à celle “qu'exigerait le blindage le plus épais du même navire, pour être perforée strictement en tir normal à le même canon. Le résultat de la comparaison + _e NE pr: définie est exprimé par le rapport CUT” ? v désignant la vilesse restante du projectile du ë _ plus gros calibre du navire à la distance considérée et V, la vilesse de perforation stricte du blindage le plus épais de ce même navire par le même pro- jectile (Tableau [). Ÿ, montre que, dans ces dernières années, la puis- sance relative de perforation du canon a augmenté dans des proportions considérables. On peut encore mettre ce fait en évidence d'une autre matière, en L'examen des valeurs prises par le rapport combat modernes du type Æ#épublique fait ressortir l'avantage qu'il y a, pour un cuirassé puissamment armé et protégé, à combattre aux grandes dis- tances. Le Jreadnought, dernièrement lancé en Angle- terre, semble avoir été réalisé en vue de remplir ce but exclusif. Grâce à son épaisse cuirasse (305 milli- mètres d’acier harweyé) et à sa puissante arlillerie (10 canons de 305 tirant un projectile de 385 kilos à la vitesse initiale de 850 mètres), il pourra, en effet, agir efficacement à des distances auxquelles le feu de navires même récents ne pourra exercer une action sérieuse. Son apparition marque une fois de plus une nouvelle évolution dans la tech- nique du bâtiment cuirassé, évolution que devront suivre toutes les marines de guerre. XXX, Chef d'Escadron d'Artillerie coloniale. D' K. SCHREBER — LES MOTEURS A EXPLOSION LES MOTEURS A EXPLOSION ET L'INJECTION DE LIQUIDES VOTATILS" I. — DES AVANTAGES ET DES DÉSAVANTAGES DE L'INJECTION DE L'EAU. L'idée d'injecter de l’eau dans le cylindre d'un moteur au moment de l'explosion du mélange gazeux, dans le but de diminuer la température el d'augmenter la tension finale de ce dernier, est apparue simullanément avec la conception même du principe de lacombustion directe. Déjà, en 1797, John Barber en avait eu l'idée. On ne doit donc pas s'étonner que, quand le mo- teur Lenoir eut montré l'efficacité du principe de la combustion directe, l'idée d'injecter de l’eau dans le-ylindre soit apparue de nouveau. Dans la description que Moigno fait de ce moteur, voiei ce qu'il en dit : « On peut, par l'injection d'une petite quantité d'eau dans le cylindre à chaque change- ment de course du piston, rendre inoffensive la haute tempéralure qui s'y développe. « Au surplus, la tension de la vapeur d’eau for- mée s'ajoute à celle du mélange gazeux, et cette vapeur, après avoir servi de lubrifiant, s'échappe finalement avec l'excédent nuisible de chaleur, » Marinoni, le principal constructeur des moteurs Lenoir, lui aussi, avait eu l'idée de l'injection de l'eau. On lit, en effet, dans la littérature technique du temps : « Marinoni a appliqué avec beaucoup de succès l'injection de l’eau au moteur Lenoir. L'eau injectée se vaporise, augmente et prolonge la ten- sion, sert de lubrifiant, et finalement refroidit le cylindre. Le double emploi de l'eau, à l'intérieur et ? Le moteur à alcool devient de plus en plus à l'ordre du jour. Le nombre très respectable des monographies et des articles consacrés à ce sujet dans les journaux techniques l'atteste déjà suffisamment. La question d'injection d’un liquide refroidisseur est aussi très importante. Il existe des moteurs, récemment construits, où l'injection est considérée comme un des principaux avantages. Nous cite- rons, entre autres, le fameux moteur Banki, le moteur Thornycroft, etc. En effet, les théoriciens, comme les constructeurs, ont mal compris la facon véritable dont le liquide injecté agit. Sans remonter plus haut, dans les ouvrages récents, par exemple, dans le Cours de Mécanique appliquée de Boulvin, dans le petit livre sur les moteurs à gaz et à pétrole de Vermand, dans les descriptions du moteur Banki faites par Güldner, Bertrand, etc., dans le brevet du moteur Thornycroft, on peut lire, dans des termes presque iden- tiques, « que le liquide injecté refroidit le cylindre, augmente la tension de sa vapeur et la tension finale du mélange gazeux »; ces auteurs ne font aucune distinc- tion quant au moment où cette injection est faite, soit pendant l'aspiration, la compression, ou l'explosion. Ils ne se doutent même pas qu'entre autres, il existe un maximum de la quantité de liquide refroidisseur à injecter. Le tra- vail du Professeur Schreber, dont nous donnons ci-après la à l’exlérieur du cylindre, est définitivement consa= cré comme une amélioration sensible el efficaces des grands moleurs. » 4 M. Schwarz, qui a observé et décrit un moteur" Lenoir dans lequel on injectait, à chaque change-n ment de course du piston, un mince filet d’eau, ‘ s'exprime presque textuellement comme ci-dessus. Cependant, dans les descriptions postérieures dun moteur Lenoir, cette injection d’eau n'est plus men tionnée, et il est probable qu'on en avait aban-" donné l'idée. Cette idée a été reprise, depuis lors,s et souvent appliquée par des constructeurs et ingé- nieurs jusqu'au moteur Banki, dont nous parlerons" plus loin. Mais, dans ces tentatives, on constate tou-, jours une méconnaissance profonde des propriétés. des gaz et des vapeurs. | Il est d'abord évident que, si l’eau injectée pou vait servir de lubrifiant, les anciennes machines, qui marchaient à la vapeur très humide, n'auraient eu besoin, à l'intérieur du cylindre, d'aucun lubri- fiant. Or, ce n’est pas le cas. Il en est de mêmes pour les nowvelles machines, qui emploient de la! vapeur salurée. La vapeur d'eau humide ou sur" chauffée ne peut donc servir de lubrifiant. ï L'eau injectée refroidit certainement le cylindre. | Mais alors, pour que le cylindre ne s'échauffe pas il serait plus rationnel de n'y pas produire des combustion. 1} En d’autres termes, le désir de refroidir le cy=" lindre intérieurement est en contradiction com- plète avec le principe de la combustion directe, vun traduction, est, à notre avis, le seul rationnel parmi tous les travaux similaires que nous connaissons sur ces questions, L'auteur y établit, en particulier, une théorie thermo= dynamique d'un moteur à deux temps. à alcool, avecinjections d’eau, construit d'après les principes qu'il énonce dans la première partie de son travail. Cette théorie a pour bases, des données tirées d'expériences faites sur un moteur ä deux temps à alcool, que l'auteur a inventé. L'äuteur n'utilise, dans ces recherches, que le principe 8 la conservation de l'énergie, l'équation générale des gaz pv—B T,quelques conventions sur les chaleurs spécifiques actuellement adoptées presque partout et... son talent. Ces recherches ont l+ caractère de généralités et peuvent, sauf quelques modifications dans les cas spéciaux, être applis, quées à tout moteur à explosion (ou à combustion). Nous n'avons trouvé nulle part un exposé plus. clair, plus élémentaire, et plus plein de réflexions judicieuses, que dans ce travail; et, à notre avis, au moment où la quantité des divers moteurs à explosion et leur importance industrielle augmentent de jour en jour, ces recherches peuvent contris buer, pour une grande part, à élucider la théorie encore obseure des moteurs à gaz. Nous avons donc cru rendrè service aux techniciens francais en traduisant à leur intens,W tion le travail du Professeur Schreber. I. Golmann. D' K. SCHREBER — LES MOTEURS À EXPLOSION 1 ee © ar cette combustion direcle, on obtient une éralure aussi haute que possible du mélange ux et, par suite, une pression aussi forte que ble. Seule, la considération suivante pourrait avoir ue valeur : l'eau se transforme en vapeur, la tension s'ajoute à celle du mélange gazeux. onséquent, l'injection de l’eau augmenterait ntion finale du mélange. elte assertion, qu'on peut encore actuellement rouver dans la littérature des brevets, est basée sur les phénomènes qu'on observe dans les chau- complètement erronée. En effet, soient, à la fin a période d'explosion, p, v,n et T, la pression, ume, le nombre de molécules et la tempéra- absolue. On à alors, entre ces quantités, la élation suivante : L pv =npBT. (1) st une constante, la même pour les gaz et vapeurs surchauffées. Lorsqu'on calcule le mbre total de molécules, il est donc indifférent considérer la nature des composants qui cons- üent le mélange. is, si l’on évapore, dans le même moteur, à un in moment, par exemple pendant l'explosion, e molécule d'eau, on a alors, à la fin de l’ex- on, une pression el une tempéralure diffé- , tandis que le nombre de molécules a aug- ènté d'une unité. La relation (1) devient alors : p'v=(n +1)BT'. (2) Entre T'et T', il existe une relation simple, qui épend de la chaleur de formation de la vapeur au et des chaleurs spécifiques à volume cons- elatives à une molécule du mélange gazeux la vapeur d’eau surchauffée : e, et c’,. Cetle au est empruntée au mélange gazeux. Nous avons donc : DT —T')= + ch(T'— Ti), (3) est la température d'ébullition à la pression rant la valeur de T' de l'équation (3) et divi- ablégalité (2) par l'égalité (1), il vient : Co(T — Ts ] (aco + ch) |" (4) Prenons un exemple numérique (2), et admet- tons pour €, la valeur : €, —4.938 -L0,001474T. Soit T— 2.000! la température de l'explosion et T, = 177 + 273 — 450°, d'où, par conséquent, À— 11.900 et c',— 6.840 + 0,00120 T. Nous avons donc : EVE) 1 = (+3)C ou, approximalivement : 25.300 17.722 u + 11.280)? 34 1—13n +11. nn) (21n+9%3)u J' E-(+ D P n étant un nombre positif, on à p'< p, c'est-à-dire que, loin d'augmenter par l'injection de l’eau, la tension finale diminue au contraire. En d'aulres termes : /a chaleur empruntée au mélange gazeux pour la vaporisation de eau et la surchauffe de la vapeur formée, vu la valeur élevée de la chaleur de vaporisation de l'eau et de la chaleur moléculaire de sa vapeur, diminue la tension finale du mélange gazeux d'une quantilé plus grande que celle qui s'y ajoute par suile de la formation de cette vapeur. Il est évident que ce résultat est indépendant de la température, et, puisque les ordonnées (pression) du diagramme pv sont liées entre elles par une loi, ces ordonnées s’abaissent; partant, la surface de travail, dans un moteur à explosion avec injection d’eau, est plus petite que dans un moteur sans in- jection d'eau. Donc, l'injection d'eau est nuisible. On arriverait aux mêmes conclusions en partant de considérations sur l'entropie. L'injection et la vaporisation de l'eau dans un mélange gazeux chaud est une opération non réversible, qui con- duit à une augmentation de l’entropie totale du système. Une opération où il entre des transforma- tions non réversibles, comparativement à celle où ces dernières n'existent pas, conduit à une dimi- nution du travail produilégale au produit de l'aug- mentation de l’entropie par la lempérature la plus basse qui existe dans la dite transformation. Ces conclusions, qui résultent aussi bien des pro- priétés des gaz et des vapeurs que des lois géné- rales de la Thermodynamique, semblent se trouver en contradiction avec la pratique, et notamment avec les résultats oblenus par le moteur Banki, le- quel doit sa supériorité sur les autres moleurs à benzine précisément à l'injection de l'eau. Évidemment, cette contradiclion n’est qu'appa- rente. Aussi bien ailleurs que dans les moteurs Banki, l'injection de l'eau est nuisible. Mais Banki remédie aux désavantages de cetle injection par la facon spéciale dont il la pratique, de sorte qu'il en résulte, en définitive, un avantage. La théorie et la pratique sont d'accord sur une seule amélioration réellement pralique à apporter 7136 K. SCHREBER — LES MOTEURS A EXPLOSION au moteur à explosion (leur accouplement s'étant trouvé pratiquement irréalisable); elle consiste à comprimer les gaz le plus fortement possible. Maïs, si le refroidissement des parois du cylindre ne se fait pas avec la promptitude nécessaire, la chaleur qui y reste s'ajoute à celle que produit la compres- sion, de telle sorte que, les gaz se trouvant à une température plus élevée que celle qui correspond à leur compression seule, il peut se produire finale- ment une inflammation prématurée des gaz. Il faut donc poursuivre la compression tant que la tempé- rature du mélange resle inférieure à ceile qui cor- respond à son point d'inflammation spontanée. C'est ici que l'injection de l’eau montre son uti- lité, en rendant inoffensive la chaleur de compres- sion. Banki est le seul, parmi les constructeurs de moteurs à injection, qui ait envisagé l'injection de l’eau de cette manière, et c’est pourquoi son mo- teur est le seul, parmi tant de similaires, qui ait donné de bons résultats. Mais Banki n’est pas allé plus loin dans ces considérations théoriques. On tire de l'équation (5) : a 1 S 12 = 1 T5in+2 | nn) 1 l 1 IS RSR (6) 2,625 n + 2,815 ” n(1,15n+1,9) Les deux derniers termes peuvent être négligés : 1 en présence de FT altendu que 7, nombre de mo- lécules du mélange gazeux où l’on injecte une mo- lécule d’eau, est toujours plus grand que 1. Mais ! alors, on voit que le rapport = se rapprochera d'autant plus de 1 que 2 sera plus grand. On peut, d’ailleurs, obtenir la même conclusion en dérivant l'équation (5) par rapport à ». Cette conclusion peut s'exprimer comme suit : Plus grand est le nombre de molécules gazeuses où l'on injecte une molécule d'eau, ou, inversement, plus petite est la quantité d'eau que lon injecte dans un certain nombre de molécules gazeuses, plus petite est aussi la diminution de la pression par suite de cette injection, et, partant, plus grand le travail qagné. Il faut donc, quand on cherche à diminuer la chaleur produite par la compression, injecter le moins possible d'eau. Ce n’est pas le cas dans le moteur Banki. Les gouttelettes d'eau aspirées en même temps que l’air dans le cylindre restent pour la plupart sur les parois du cylindre, tout en se déplaçant avec le piston; de celte façon, elles ne refroidis- sent nullement l’intérieur du cylindre pendant la compression. Elles ne se vaporisent que pendant la période d’explosion, par suite du contact avec les gaz chauds et avec les parois du cylindre se sont aussi échauffées en absorbant une partie de la chaleur produite par l'explosion. Mais alors comme le montre l'égalité (5), il y a abaissemen de la tension du mélange à la fin de l’explosio Seules, les quelques gouttelettes d'eau qui, pen dant l'aspiration, se trouvaient en suspension dans. l'air, ont agi efficacement pendant la compressions leur évaporalion absorbe de la chaleur et détermine ainsi un refroidissement. Ce que nous venons de. dire est démontré par la basse température des ga az d'échappement. Ces derniers ne sont pas seules ment refroidis par le travail qu'ils ont produit et par l’action des parois, mais aussi par l’évapo tion des gouttelettes d'eau qui se trouvaient su celles-ci. | Si l'on veut obtenir, avec une quantité d'eat aussi petite que possible, un refroidissement eflis cace pendant la compression, il faut que l'e s'évapore complètement pendant celte opéralio à une température aussi basse que possible. : L'injection ne doit pas avoir lieu avant que l'ins térieur du cylindre ait atteint la température d’ébuls\ lition du liquide injecté à la pression correspo dante. Si la vitesse d’évaporation des liquides é infiniment grande, on pourrait commencer l'injeæ tion à cet instant même, en déterminant sa quane, tité de telle facon que l'intérieur du cylindre cons serve une température égale à la température d'ébullition du liquide à la pression correspom dante. Nous manquons de données expérimens tales relatives à celte vitesse. Cependant, on pe affirmer qu'elle n'est pas infinie. On peut admett comme première approximation, qu'elle est pros portionnelle à la différence entre la température, d'ébullition du liquide à la pression correspondante et celle qui règne à l'intérieur du cylindre. Cette, différence de température que nécessite la vapori= | sation complète du liquide injecté pendant la pée, riode même de la compression, et qui varie ave, la nature du liquide, est aussi fonction de la vitesse | du piston. IL est évident que la différence de températur nécessaire à cause de la vitesse finie de la vaponi-4 sation des liquides produit une perte de ri] Mais on obtient ainsi la certitude que le liquide injecté s'évapore complètement pendant la com- pression et qu'il ne reste pas, sur les parois du cylindre, des gouttelettes de ce liquide qui, en s'évaporant pendant l'explosion, détermineraient, comme nous l'avons vu plus haut, une perte R | plus grande de travail obtenu. L'injection du liquide doit cesser au moment Où | la compression est arrivée à un point tel qu ‘en R. poursuivant sans injection, la température du mé-| lange gazeux qu'on continue à comprimer el qui, D' K. SCHREBER — LES MOTEURS A EXPLOSION 137 LE conséquent, s'élève, reste inférieure à la lem- rature d’inflammation spontanée du mélange, et que l’irrégu'arilé dans le refroidissement du cylindre et autres causes similaires ne puissent s déterminer l'inflammation. y] faut donc, d'après les lois générales des pro- deuxième avec injection, et la troisième sans jection, adiabatique isentropique. La durée de la première phase dépend de la na- re du liquide injecté, de la vitesse de rotation et, run mceteur donné, est déterminée une fois ur toutes. Au contraire, la durée de la deuxième lphase dépend de la charge. Les mélanges pauvres, i brûlent et s'enflamment difficilement, peuvent e comprimés jusqu'à une température plus éle- e que les mélanges riches et plus facilement in- mmables. La durée de la deuxième élape, rela- vement à celle de la troisième, sera donc plus urte dans le cas des mélanges pauvres que dans cas des mélanges riches. Avec des combustibles uides, on peut obtenir de la sorte des résultats ‘qui, tout en ne différant pas des précédents au “point de vue thécrique, ont une grande importance a point de vue pralique, notamment en ce qui oncerne la construction des moleurs. Ainsi, on “peut employer le combustible lui-même comme li- quide refroidisseur, et, de cette façon, on épargne appareils nécessaires à sa vaporisation. De là, finalement, on peut facilement passer aux moteurs Mrès ingénieux pour diminuer la perte du mélange par l’ouverlure d'échappement. Mais, si le mélange actif n'est introduit que pen- dant la compression, on peut alors aspirer seule- ment l'air; celui-ci chasserait les gaz brülés et S'échapperait en parlie avec ces derniers, ce qui ne présente aucun inconvénient et n'exige qu'une | pompe un peu plus grande. Il ya mieux: le cylin- | dre, de cette facon, ne contiendra aucune trace de | gaz brûlés au commencement de la compression, ‘ais seulement de l'air pur. Une propriété importante dont doivent jouir les liquides employés dans des moteurs à explosion ainsi construils est que leur chaleur de vaporisa- lion soit suffisamment grande pour que la chaleur de compression soit absorbée. Mais beaucoup de liquides, et notamment les produits de la distilla- Lion du pétrole, ne possèdent pas cette propriété. D'autre part, ces derniers n'étant pas miscibles à l'eau, qui possède une forte chaleur de vaporisa- tion, on est obligé de diviser la deuxième phase de la compression en deux parties, de façon que le li- quide injecté et l'eau soient introduits séparément. Il faut que cette séparalion soit faite dans l’espace seul, ou bien dans l’espace et le temps; cela dé- pendra du point d'ébullition du liquide combus- tible et de celui de l’eau. Mais, si le liquide possède une chaleur de vaporisation convenable et qu'il soit miscible à l’eau, on obtient un mélange dont la chaleur de vaporisation est suffisante. Dès lors, on à un moleur à deux temps où n'existe qu'une seule période d'injection pendant la compression. Ce combustible est l'alcool. D'abord, l'alcool possède une chaleur de vapori- salion assez grande par rapport à son poids molé- culaire. Ensuite, étant donnée la facilité avec la- quelle celiquide se mélange avec l’eau, on peut faire varier la valeur de cette chaleur de vaporisation. Un moteur à alcool à deux temps de cette espèce travaillera de la facon suivante: le piston se trou- vant au point mort du côté de l'arbre moteur, les gaz d'échappement sont presque entièrement expul- sés par suite de la pression des gaz à la fin de la détente, pression supérieure à la pression atmo- sphérique. Le restant des gaz sera chassé par l'air frais amené dans le cylindre au moyen d'une pompe spéciale, de telle sorle qu’au sortir du piston il ne reste dans le cylindre que de l’air pur. Par la com- pression, cet air s’échauffe. Quand la température de compression atteint une valeur supérieure à la température de vaporisation de l'alcool à la pres- sion correspondante, la différence est déterminée par la condition que, pendant toute la durée d’in- fection, la température qui règne à l'intérieur du cylindre demeure supérieure à la lempérature d'ébullition du mélange à la pression correspon- dante. On commence alors à injecter de l'alcool, dont la quantité est réglée par un régulateur. On continue ensuite la compression sans injection. On enflamme ensuite le mélange par un moyen appro- prié, et le cycle d'opérations se poursuit comme d'habitude. II. — RECHERCHES THERMODYNAMIQUES SUR UN MO- TEUR A EXPLOSION AVEC INJECTION D'UN LIQUIDE REFROIDISSEUR AU MILIEU DE LA PÉRIODE DE COMPRESSION. Pour donner à nos recherches thermodynami- ques une base concrète, nous commencerons tout de suite par un moteur à deux temps du genre de celui dont il est question plus haut. Les résultats obtenus sont immédiatement applicables au mo- teur à gaz avec refroidissement pendant la com- pression, tandis que leur application aux moteurs 733 à deux temps et à pétrole (ou qui emploient Îles produits de sa distillation) demande quelques changements, étant donné qu'il y faut faire l’injec- tion en deux périodes. Désignons par (1) le commencement de la pre- mière étape et par (2) le commencement de la | deuxième; par (3) celui de la troisième, par (4) celui de l'explosion qui, par hypothèse, est instan- tanée ; par (5) et (6) ceux de la détente et de l’échap- pement; nous admettons que la durée de cette dernière est également infiniment pelile. Ces considérations théoriques laissent de côté l'aspiration et l’échappement dans les moteurs à quatre temps, aussi bien que la durée de l'échap- pement dans les moteurs à deux Lemps. Ensuite, désignons par : v, le volume entre le piston et le fond ducylindre; n, le nombre de molécules contenues dans ce volume ; p, la pression en kg/cm° ; T, la température absolue ; 6, l’entropie à partir de la température de fusion de la glace. Les variables ci-dessus portent l'indice des com- mencements des périodes auxquelles elles se rap- portent. D'après ce que nous avons admis quant à la | durée des périodes d’explosion et d'échappement, nous pouvons déjà écrire : v, = v,, et v, =... Au début de la compression (1), le volume v, contient 7 molécules, qui sont comprimées aux dé- pens de l'énergie cinétique du volant. Par là, l'air s'échauffe, mais si peu que nous pouvons admet- tre que les chaleurs spécifiques à pression cons- lante et à volume constant €, et &,, sont indépen- dantes de la température. En admettant que la compression est adiabati- que, nous pouvons écrire : pv = n,BT pVE— p,vir; 1} Trk—i=Tivik—l; F—6, Je où 4 = c,/e,, rapport des chaleurs spécifiques de | l'air, et B—c,— €, —1,970 cal/kgm'°C. B est une constante commune à tous les gaz. Au point (2), nous avons p,, v,, T, et 6. Pendant la période d'injection, il y a d’abord ab- sorption de chaleur aux dépens de la masse ga- zeuse pour vaporiser le liquide injecté. Ensuite, le nombre de molécules à l'intérieur du cylindre aug- mente. De sorte que cette période de compression diffère essentiellement des compressions habi- tuelles. Pour l’étudier, nous nous servirons des lois fondamentales de la Thermodynamique. Ecrivons le principe de la conservation de l’é- nergie sous la forme habituelle : dQ = dU + pdv. (a) D' K. SCHREBER — LES MOTEURS À EXPLOSION 1 | les chaleurs interne et de vaporisation de lea | ble pendant l'injection : petit que possible relativement à »,, comme nous où dQ est la chaleur empruntée à l'extérieur, 4 la variation de l'énergie interne, pdy le travail terne. formes d'énergie autres que chaleur et travail. S le point de repère pour calculer l'énergie interne U du mélange composé de gaz et de vapeur su chauffée est le point de fusion de la glace, nous aurons : L U= nÿ00(T — Ts) + Dogs — 40 + rot CT TN où 2, et », sont les nombres de molécules des ga des vapeurs, T, —273°,T, la température d'ébu tion du liquide à la pression correspondante, gel e et c’, les chaleurs spécifiques des gaz et de vapeur à volume constant. Posons : }, = 4, — 4, + r,. Nous aurons alors, K que le nombre de molécules du gaz reste invarie AU = (ng0v + Duc) dT + [2e + Co(T — Ts)] dv. La valeur de c’, pour la vapeur d'alcool et d'eäm diffère très peu de e.. De plus, », doit être aussi l'avons montré plus haut. Dès lors, nous pouvons écrire : DgCv + Mclo = y, où 2 est le nombre lotal de molécules. Dans les plications numériques, il faut donner à c, une leur un peu plus grande que celle qui correspond l'air pur. Ensuite, la surchauffe n'est pas forte pendantda période d'injection et, partant, (T —T,) est assez petit pendant que à, a une valeur très élevée. Nous pouvons donc négliger €, (T —T,) vis-à-vis de A4 | Et, vu que », est constant, nous aurons: j | À dny = d(nv + ny) = dn. : Finalement, dU = ncxdT + },dn. | e, est fonction de », €, et à, sont fonctions de D. Mais leur variation pendant cette période de com=. pression est peu sensible. Nous pouvons done ad- mettre qu'ils sont constants. En combinant cette dernière équalion avec ré- | quation générale des gaz, laquelle est ici appli ble à cause de la surchauffe des vapeurs, et avet l'équation (2), nous aurons: 1 dQ — ncviT + Xdn + nBT Te En admettant que l'effet des parois pendant celle période de compression n'existe pas, c'est-à-dire | en posant d4Q = 0, nous aurons : i 1 0 — cat + MT Fa BT—. e © K. SCHREBER — LES MOTEURS A EXPLOSION | C'est là ta seule relation que nous donne le prin- cipe de la conservation de l'énergie entre les trois variables n,vetT. - Pour en obtenir d’autres, nous devons choisir Mmdrons compte pour la construction du moteur; si | Jon se donne la position du piston, y, qui peut e mesurer immédiatement, peut donc être pris ‘comme variable indépendante. D'autre part, T doit | toujours êlre un peu supérieur à T,. Mais cette “dernière augmente quand y diminue, c'est-à-dire Mquand la pression augmente ; posons alors : L ( Da 27 = ä) où a et » sont des constantes à déterminer par le mode de construction du moteur. Dès lors, nous avons : __dn Bad, (co—B\h dv dn dv adr montre Ja COR PRIE en posant: 3e » — B) ee et (y Bhbres 8. ds Par l'intégration, on obtient: 8 Ê r &X » va*e" — const = n,1, 7e 8 b) Si, au lieu de la condilion (8 a), on se donne T onstante, il vient, au lieu de (8 b) : œ = 72 = IE nv l\truire la ligne 2- 3, en RE des équations (8 4) à | (82), pour une valeur donnée de r, les valeurs cor- | dans l’équation des gaz. Pour construire la ligne 2-3 dans le diagramme | entropique, nous devons savoir comment varie Ventropie pendant cette période de la compression. | Donne l’intérieur du cylindre doit être à une tem- _pérature plus haute que celle qui correspond à la température d'ébullilion du liquide injecté, pour -que sa vaporisation ait lieu sans retard, il s'y pro- duit un échange de chaleur à une différence de | | température finie, qui amène une augmentation de l'entropie. Nous déterminerons cetle augmentation par la méthode graphique dont nous nous sommes ! servi dans notre travail intitulé : La valeur mo- trice des qaz combustibles. Soit (fig. 1) A, B, C, D, d, a, la chaleur absorbée par une molécule de vapeur d'eau surchauffée. Aa est la température T, à laquelle la molécule d'eau se trouve à son entrée dans le cylindre. Bb=Cc est la température T, d'ébullilion à la pression corres- Certaines conditions arbitraires dont nous tien- | 139 pondante; DJ est la température T à laquelle la: molécule est portée par la surchauffe. C’est celle de- l'intérieur du cylindre. Cette chaleur est fournie à la molécule par le contenu du cylin- dre. Alors, si B'p! —A'a —Dd, nous aurons : (B'A'a'h') = (ABCDda). Pendant que l’en- tropie de la molé- cule d'eau s'accroît 72 272 d'et. Fig.1.— Diagramme de Ja chaleur de ad, celle du SP absorbée par une molécule d'eaur tenu du cylindre di- surchaufTée. minue au contraire de D'a'. Mais, comme la molécule d'eau, aussitôt qu'elle est vaporisée, appartient au contenu du cylindre, l'entropie totale de ce dernier diminue de ad — b'a'. Si A6 est la variation de l’entropie pendant le trajet (2-3), par suite de l'injection de », molécules, la variation de l’entropie correspondant à l'injec-- tion d'une molécule est : CAYA ôn * Et nous oblenons: Ad ges he ee — ad — bla. oz La chaleur absorbée par une molécule de vapeur- surchauffée peut s'exprimer de la facon suivante: (ABCDda) —= a — Jo + cu(T he Et nous obtenons, vu l’équivalence des surfaces : (A!'B'a'b! de 00 + r + c'u(T — Ts) En — BE T — T D'autre part, nous avons : ad = 6—60+ + k où 6, et 6, sont les entropies de la molécule injec-- tée aux températures T, etT,. Ensuile, nous aurons finalement : AT ER EEPATE Pour résoudre cette intégrale, il faut : 1° Exprimer la température d’ébullition T, du liquide en fonction de la pression à l'aide de la courbe de pression de sa vapeur ; 20 Exprimer la pression en fonction des volume, température et nombre de molécules, à l'aide de l'équation des gaz ; 3° Exprimer la tempéralure et le volume en fonc- tion du nombre de molécules. qu— Yo+ He TT), 740 Finalement, toutes ces quantités se trouveront exprimées en fonction de », nombre de molécules. Mais, même pour les liquides purs, et, à plus forte raison, pour les mélanges de liquides, cette courbe de pression n'existe pas sous forme analytique, et même si l'on employait une formule empirique approximalive, on arriverait à des formules très compliquées. De plus, la variation d'entropie dont il est ici question est relativement faible par rap- port à cette même variation dans les autres pé- riodes du même cycle. On peut, par conséquent, pour arriver à une solution très approchée, rem- placer T el T., par des températures moyennes, et effectuer l'intégration. Désignons la valeur moyenne de la fonction sous le signe d'intégrale par F (T,, T.). Nous aurons alors : AG = F(T,, Te) nv, (8 c) où n,est le nombre des molécules injectées. Les diverses quantités qui entrent dans F (T,, T,) sont, pour l’eau pure, comme dans le cas des moteurs à gaz, celles qui servent de base à la construclion de la figure 1. Et, si l'on emploie l'alcool ou n'importe quel autre liquide, il faut alors, bien entendu, dans F(T,, T.), donner aux diverses quantités des valeurs en conséquence. Pour pouvoir injecter au moyen d’une pompe le liquide dans le cylindre, il faut que la pression y soit supérieure à celle qui règne dans le cylindre; cette différence de pression amène une augmenta- tion de l'entropie. Mais, vu la grande valeur de l'équivalent mécanique de la chaleur et le petit vo- lume du liquide injecté, celte variation de l’entropie est négligeable vis-à-vis des autres variations. La troisième période de la phase de compression est, comme la première, adiabatique-isentropique. Elle est donc caractérisée par les équalions sui- vantes : pv = n3BT (9) prE= pvaks Tré—i= vel; 6 — 6. Il est à remarquer que 2, est plus grand que n de (1) du nombre de molécules injectées et que la valeur de À diffère ici des précédentes, parce que nous nous trouvons maintenant en présence d'un mélange de gaz et de vapeurs surchauflées. La combustion de l'alcool se fait d'après la for- inule suivante : CEHSOH + 30? — 2C0? + 3 H°O + 314.000 cal. (10) Dans cette formule, la molécule d'alcool, aussi bien que les 3 molécules d'eau formées, sont consi- dérées comme se trouvant à l'élat de vapeur. L'al- cool est introduit dans le cylindre à l'état liquide et vaporisé pendant le trajet (2-3), de telle sorte qu'au point (4) il se trouve à l’état de vapeur. La quantité de chaleur H — 311.000 calories correspond D' K. SCHREBER — LES MOTEURS A EXPLOSION LE donc au trajet (4-5). Nous admettons ici, de même que dans notre travail mentionné plus haut, que cette chaleur, provenant de la réaction chimique, peut être considérée comme élant fournie de l'ex- térieur au gaz en question par une opération révers sible. w Par la formule (10), on voit que, les molécules étant supposées à l'état de vapeur, le nombre des molécules après la réaction augmente d'une unité. Au contraire, dans les moteurs à gaz, ce nombre diminue. Pour simplifier les calculs, nous admettrons qi cette augmentation se produit spontanément au point (4). Nous avons ainsi au point (4) , mol cules correspondant à la ligne (2-3) et n, = n, +1 correspondant à la ligne (4-5). C'est pour celte r son que la ligne pointillée qui représente le nomb ; de molécules dans la figure 2 est discontinue ab point y—0;1. M Si la chaleur moléculaire des gaz après l’explo= sion est donnée par la formule a + 2T, nous 4 rONS : H=n, f(a+bT=n (Ti +Te [o+3 FT): # Et la température de l'explosion est donnée 4 (l De n, [- + 3 (Ts HT, I Cette équation quadratique se résout aisée par approximalion. On tire la pression p, de l'équation des gaz en HA posant r,— y, et on a: La variation de l’entropie correspondant à ligue (4-5) se déduit de la définition analylique de l l'entropie : dT — Te où dq est la quantité inlin ment petite de chaleur absorbée par le corps àla température T, et par conséquent : D TT UT Le leg + TT) |. (1 La détente, qui commence au point (5), est adia batique-isentropique. Mais vu la haute température des gaz, il faut tenir compte de la variation de leur | chaleur moléculaire. Par suite, nous aurons : | DR PT) (: L | ELRrT —{'5)\a | «28 | | On trouve de cette façon le point 6 et l'on achève | la construction du diagramme par la ligne perpens | diculaire à l'axe des volumes d'après la condition | r.. Cette dernière construction est basée habi- lement sur l'hypothèse qu'on enlève au mélange volume constant une quantilé de chaleur telle se la pression tombe jusqu'à la pression atmo- hérique. Cette hypothèse n’est pourtant pas issible ici, vu que le nombre de molécules mente d’abord par suite de l'injection corres- ndant à la ligne 2-3, ensuite en vertu de la for- le (10) correspondant à la ligne 4-5. Quant on oïdit les gaz jusqu'à la température ambiante, pression reste notablement supérieure à la pres- atmosphérique, et ce surcroit de pression doit e supprimé. Aussi cette dernière opération est présentée par une droite joignant 6 et 1. Dans le diagramme entropique, nous parlageons ériode d'échappement en deux : 1° refroidisse- ment du mélange gazeux à volume constant jus- là la température ambiante; 2 échappement et xpulsion. À la première partie correspond une variation E—E=ni(a lg T+Te—T). (13) T La deuxième partie amène aussi une diminution entropie, étant donné que la masse du mélange uisé et ramené à l’état correspondant au com- mencement de la compression, de sorte que fina- ment le diagramme entropique se trouve fermé. L L'application des formules données plus haut a été faile pour la construction de deux diagrammes — p et 6—T d'un moteur à deux temps et à cool, avec injection d'alcool pendant la compres- on. Nous avons admis que le cylindre contient au mmencement de la compression, son volume ant v, = 1, 2 — 30,00 molécules d'air à la tem- érature ambiante, qui est égale à 273 + 20 —293°, à la pression atmosphérique égale à p, — 1. Ces olécules d'air subissent une compression adia- bätique-isentropique jusqu’à ce qu'elles occupent un volume v,—0,40; Æ a ici la valeur de 1,401. : Pendant la compression du volume v,—0,40 jus- “qu'au r, — 0,15, on injecte de l'alcool dont le poids | spécifique est égal à 0,83; cet alcool contient pour une molécule d'alcool 0,373 H°0, de facon que, dans * Jes 30,00 molécules d'air, on a injecté 1,373 d'alcool. . Là chaleur moléculaire de vaporisation À, est égale à 12.200. Nous admettons pour la chaleur molé- culaire du mélange d'air et de vapeurs d'alcool et d'eau c,—5,36. La différence €, — c, —B—1,97. À l’aide de ces données, l'équation (8), écrite pour . es points 2 et 3, nous donne une relation entre les | constantes a et qui entrent dans l'équation (8,). En appliquant cette dernière au point 2, on en tire une deuxième relation entre a et , qui, de cette REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. { ‘4 D' K. SCHREBER — LES MOTEURS À EXPLOSION 7 PS facon, sont déterminés; et finalement nous pou- vons déterminer les grandeurs p, n et T, pour toutes les valeurs de ventre v, — 0,40 et 10 19 A l’aide des tables de Zeuner, quand on a déter- miné la pression et la température dans le cylindre, correspondant à la molécule moyenne d'alcool égale à 0,686, on détermine la valeur moyenne de (8.) et, par là, la variation de l’entropie, pendant la durée du trajet 2-3. Entre les points 3 et 4, où — 010 AE 50e ni 31/373;1la compression est adiabatique-isentropique, Au point 4, n,—32,313 et la chaleur spéci- fique moléculaire à volume constant est €, — 4,638 + 0,001.474T ; ces valeurs se conservent sur toute 2. — Diagramme volume-pression d'un moteur à alcool deux temps avec injection d'alcool pendant la com- pression. la ligne d'explosion, d'expansion et sur celle qui ferme le diagramme. On a trouvé dans l'expérience précédente, pour les constantes a et , les valeurs suivantes : 15,98 où a — 0,0656 et 8—0,00471. Tous les résultats obtenus sont consignés dans le tableau I (page 742). À l'aide de ce tableau, on a construit les deux diagrammes (fig. 2 et 3). Dans le diagramme p-v, nous avons, en plus, indiqué le nombre des molé- cules contenues dans le cylindre. Vu qu'il ÿ à une discontinuité vers la fin du trajet 2-3 et le commen- cement de 4-5, nous avons prolongé la courbe re- présentant le nombre des molécules depuis v—0,15 jusquà r—0,125. On réglera en cons - quence l'organe chargé d’injecter le liquide. Les angles que fait la courbe du diagramme p-v aux points 2 et 3 sont imperceplibles; mais, par 16* T42 D' K. SCHREBER — LES MOTEURS À EXPLOSION contre, ils sont très accentués dans le diagramme | doute, représentée par l'aire (4-5-6-1'-X), transfor- entropique. D'ailleurs, le diagramme entropique, | mée en travail. Mais ce travail, même dans les dans notre cas, se distingue d'une façon caracté- ristique de ceux que donnent d'habilude les mo- teurs à gaz proprement dits. D'abord, le diagramme entropique se Lermine par la ligne de température TagcEau 1 — Valeurs calculées des diverses caracté= ristiques d'un moteur à injection d'alcool. imbiante 1' 4. Cette ligne donne l'accroissement de a ni n l’entropie sous l'influence des deux causes sui- Es dr, 8 , RS M Tree < CRE SES ; DE vante Il l'injection d'un liquide pendant le 0 293,0 | 30,00 trajet 2-3; ® Ja variation du nombre des molé- y HS » . , . . . »” PAR ù cules au point 4 en vertu de la réaction chimique. : 338.0 t » 359,6 » Dans les diagrammes enlropiques habiluels des moteurs à explosion, on admet arbitrairement que (] le nombre de molécules ne varie pas. En effet, 0.00 La . . ] l'équation des gaz se rapporlant presque toujours 0,96 EEE e es : ë 2,07 à l'unité de poids, si l'on voulail y lenir compte de 331 la variation du nombre des molécules, on serait AE conduit à des calculs longs el compliqués. Mais, si u 6,0 » » 6,40 6,40 9,38 22,50 37,00 : 50,31 È 62,68 k 14,30 à 85:31 À 95,81 N 103286 N 115,54 À 124,90 K 133,98 E 142,80 159,80 : Fig. 3. — Diagramme entropique d'un moteur à deux temps 160,69 4,975,1 | 32,31 ajalcool avec injection d'alcool pendant la compression. 160,69 | 1.975,1 | 32,37 : ts *e SE 2 AE : » 4. 900,0 » on rejette l'hypothèse de l’invariabilité, qui ne peut » 1.800,0 » être rigoureusement justifiée en aucun cas, les ; 1.600 0 À . » » diagrammes entropiques des autres moteurs à » 1.500,0 | » explosion devraient se terminer aussi par une ligne - 330°0 Le. de température constante. » 4.300, » : 5 + < : » 2! La ligne 2-3, au lieu d'être, comme d'habitude, ù he au 0 n ? parallèle à l'axe des températures, est ici inclinée » k on » . OS . . » » sur cet axe, puisque l'injection est une opération « 1.050,0 | » rréversible et amène, comme l'on sait, un accrois- 160,69 | 1.0:2,0 | 32,37 sement de l’entropie. Cet accroissement de l'en- 160,69 1.042,0 | 32,37 tropie est représenté par le segment 2'-4'; en le FRAET Dear ù 35,1 2, ) comparant au segment #-5', qui donne l’augmen- 122,80 742,0 » . . . 4 Ê 07 0] tation de l’entropie pendant l'explosion, on verra VO HE 5 " . “ . . o? la justification du calcul approximatif que nous se ro » Ë = 5 à 342.0 avons fait en cherchant l'augmentation de l'en- 36,93 2930 32:37 tropie pendant 2-3. Pre 0,00 293,0 | 0,00 Dans les moteurs à explosion et dans la machine à vapeur, le rendement est donné par le rapport : des surfaces exprimant la chaleur transformée en | meilleures conditions théoriques, n'est pas intés travail et la chaleur totale. Notre cas demande | gralement transmis à l'arbre moteur, car ne | pourtant quelques modifications. La chaleur dé- | partie de ce travail est dépensée pendant la com | veloppée par la réaction chimique est, sans aucun | pression. k Pour maints moteurs à explosion, on admet, lhéoriquement du moins, que la compression est une opération réversible et que le travail qu'on y dépense est retrouvé intégralement pendant l'ex- pansion. Dans notre moteur à alcool, une partie de la compression est irréversible; il y a donc une perte de chaleur définitive, laquelle est représentée par l'aire (2-3-4/-2'), où la partie (2-3-X-1) est tout de même transformée en travail et s'ajoute au tra- vail produit par la réaction chimique. En défini- live, le travail est donné par l'aire : 6 XX) (93 4 1) fo 3 x 1) Gr 4) (os = 9) - Le rendement théorique est donc : 56 AA] 2 3 41) ‘4 [4—5—5— 1] Comme le montre le diagramme, l'aire [2-3-4°-2"| est très petite comparativement aux deux autres èt elle peut être ajoutée aux deux termes de la fraction, sans qu'il s'ensuive un changement notable; mais alors le rendement y est donné par : PRE J mel ] TEE EE qui a la forme habituelle. Si l’on évalue ces aires, on à uw — 0,532 et 2, — 0,539, dont la différence entre dans les erreurs pratiquement admissibles. Il est ici à remarquer qu'à la base du calcul de ce rendement se trouve la puissance calorifique de alcool à l'état de vapeur, représentée par l'aire -5'-4']. Pour pouvoir faire des comparaisons des rendements avec d'autres moteurs à alcool, il faut es rapporter à l'alcool liquide, et alors w — 0,553 et y, — 0,561. | La vaporisation de l'alcool, qui, dans d'autres moteurs à alcool, exige un carburateur, ne se fait non plus, dans notre cas, sans dépense de tra- ail et notamment exige une quantité de chaleur représentée par [1-X-4-2"}, mais, par contre, n'exige de carburateur. III. — LE MOTEUR Banki. Les formules établies précédemment vont nous ermettre, entre autres, d'analyser d'une facon ionnelle le moteur Banki. Nous avons dit que Banki a le premier compris a véritable valeur de l'injection de l'eau. Mais, nme cette dernière est admise dans son moteur pendant l'aspiration, il s'y présente des difficultés U point de vue de sa vaporisation. Dans notre oleur, on s'est arrangé de façon que le liquide ecté se vaporise au fur et à mesure de son injec- On, tandis que, dans celui de Banki, des hypo- D' K. SCHREBER — LES MOTEURS A EXPLOSION 743 thèses arbitraires doivent être admises pour pou- voir construire les diagrammes théoriques. Nous nous occuperons du diagramme entropique comme le plus important; le diagramme p-v peut s’en déduire. En me basant sur les expériences de Jonas faites sur un moteur Banki, j'ai trouvé pour le rapport de l’eau et de la benzine la valeur de 4,86 (Güldner donne 4,84. | Pour pouvoir faire la comparaison avec le mo- teur étudié précédemment, nous admettrons qu'au lieu de la benzine une certaine quantité d'alcool, équivalente au point de vue de la chaleur déve- | loppée, est introduite dans le moteur. A la quantité de benzine employée, donnée par les expériences de Jonas, correspond une quantité de chaleur de 10.179 cal./kg. ; comme une molé- cule d'alcool à l'état de vapeur développe 31.100 cal., à une quantité de benzine dépensée pendant une heure correspondrait 0,190 CH'OH, quantilé à laquelle, d’après le rapport donné ci- dessus, il faut ajouter 1,575 molécules d’eau. Il s'ensuit que, pour une molécule d'alcool, 8,290 mo- lécules d'eau sont nécessaires, tandis que, dans notre moteur, il n’en faut que 0,373. Les chaleurs de vaporisalion de deux quantités de benzine et d'alcool, équivalentes quant à la cha- leur de combustion dégagée, sont très différentes et celle de l'alcool est de beaucoup plus grande que celle de la benzine. Pour simplifier les calculs, nous admettrons que la chaleur de vaporisation de la benzine est nulle. Alors, même dans ces condi- tions, dans le moteur Banki, il y a 8,290 molécules qui doivent se vaporiser, landis que 1,373 molé- cules se vaporisent dans notre moteur; par suite, on injecte dans le premier six fois plus d’eau qu'il est nécessaire. Ce surplus d'eau, si l'on admet l'instantanéité de l'explosion, ne se vaporise que pendant l’expan- sion. Admettons qu'ici, comme dans notre cas, il se transforme en vapeur 1,373 molécules. Cette vaporisation se produit pendant loute la période de la compression el sera représentée dans le dia- gramme entropique, non, comme dans notre cas, par une ligne brisée (1-2-3-4), mais par une ligne continue. Mais, comme la position du point (4) est la même dans ces deux diagrammes, et vu le peu d'influence de cette différence sur le diagramme total, nous confondons les deux diagrammes jusqu'au point (5). Quant à la facon dont se fait la vaporisation, pendant l'expansion, des 6,917 molécules restantes qui adhèrent aux parois du cylindre, nous ne pou- vons que faire des hypothèses. Nous allons en admetlre une qui simplifiera les calculs. Soit, dans le moteur Banki, le volume de 744 compression — 0,1 v; le volume d'expansion sera parconséquent— 0,9 v. Nous admettons que, chaque fois que le piston parcourt 0,1 y pendant l'expan- ; 1 : : , sion, j des molécules restantes se vaporise, c'est- à-dire chaque fois 0,679 molécule; nous poursui- vons dès lors nos calculs de la façon suivante : L'expansion des gaz pendant le premier 0,1 y se faitadiabatiquement d'après la formule de Poisson. COUR Pour déterminer la valeur de A qui y entre, . j'estime d'abord approximativement la lempérature que les gaz doivent atteindre à la fin de cette partie d'expansion, et je la prends un peu plus petite pour des raisons qui seront données plus bas. Avec les deux températures, celles du com- mencement et de la fin de cette partie d'expansion, je calcule la température moyenne; à l'aide de Taseau II. — Valeurs calculées des caractéristiques du moteur Banki. a ——— 160,69 176,82 192,08 206,55 220,20 233,14 245,28 256,58 266,99 276,43 0,001474 T 195 95 SET TA tAMr celle-ci, j'obtiens la valeur moyenne de ce, et, par 1 ; suite, la valeur de 4. Le 9 de molécules d'eau | adhérentes aux parois du cylindre se vaporise subitement vers la fin de cette partie d'expansion, à l’aide de la chaleur de vaporisalion de l'eau et de la valeur de €, des gaz que je viens de déterminer je trouve l'abaissement de la température dù à cette vaporisation ; en le soustrayant de la tempé- rature obtenue à l’aide de la formule de Poisson, on obtient la véritable température finale de cette partie d'expansion. C'est précisément à cause de ce refroidissement que la température tirée de la formule de Poisson doit être estimée un peu infé- rieure. Avec celte température finale et à l'aide de la formule (8.), on détermine l'accroissement de l'entropie qui correspond à cette vaporisation, de sorte qu'on connait maintenant les valeurs de Tet de & correspondant à cet endroit de l'expansion. Le caleul se poursuit pareillement pour les autres | parties de l'expansion ; les résultats de ces calculs sont renfermés dans le tableau II. On remarque, dans ce lableau, que la valeur de X ne varie pas aussi vile qu'on devrait S'y attendre D' K. SCHREBER — LES MOTEURS A EX PLOSION aussi la chaleur moléculaire moyenne. É Comme le montre le tableau, la température à lan cas de notre moteur à alcool. On y trouverait peu # être une preuve de la bonne utilisation de la cha= leur dégagée par l'explosion du mélange. Cela n'es À pourtant pas vrai. | En effet, si l'on fait la somme des abaissements de température dus à la vaporisation de 0,768 molé- cule d'eau correspondant à chacune des neuf par= ties de l'expansion, on obtient 347, et, en l'ajoutant à la température finale de l'expansion, on a un@ température finale supérieure à celle qu'on a obtenues dans notre moteur à alcool. L'essai a donné, comme température des gaz d’é chappement, non pas 750° — 273° —477°, mais 1969 La chaleur correspondant à cette différence de température a été enlevée à travers les parois du cylindre par l'eau de circulation extérieure. Si nous admettons 6,670 comme chaleur moléculaire moyenne des gaz pendant l'expansion et 36,218 comme moyenne du nombre de molécules pendant la même période, on obtient alors une perte dem Notre hypothèse est donc pleinement vérifiée. Le concordance, presque parfaite, de ce dernier nombre est due probablement au hasard. La ligne d'expulsion est obtenue en donnant à leurs de T et de & de cette période sont consignées dans le tableau suivant : a T Toû 216,43 650 240,36 550 199,32 450 151,33 350 92,84 293 52,75 Le diagramme entropique de notre moteur et celui de Banki sont superposés dans la figure 4. On y remarque tout de suite que, dans notre moteur, 4 la détente est isentropique, tandis que celle du. moteur Banki donne lieu à une augmentation de l'entropie. 4 Le rendement du moleur Banki est : TN —1)—(2—3— (45541) (1—2—3—4—5 U— » ; Le planimétrage de ces aires donne y = 0,329; 'observation directe a donné uuu, — 0,98 (u, est le rapport du travail indiqué au travail théorique et uw, le rapport du travail utile au travail indiqué); donc uu,, est égal à 0,85. L'étude comparative ci-dessus ne fait que dé- montrer nos conclusions théoriques précédemment établies, à savoir : Plus la quantité d'eau injectée est faible, plus le point (1) se rapproche du point (6), c'est-à-dire plus le diagramme d'un moteur à explosion avec “injection se rapproche du diagramme de notre mo- “teur, le diagramme de ce dernier étant considéré comme terme de comparaison. Si l'on expérimen- tait le moteur Banki avec moins d'eau d'injection que dans l'expérience de Jonas, le rendement irait en augmentant avec cette diminution d'eau, mais FBOGTÉMANE del 220 260 280+ ig. 4. — Diagrammes entropiques du moteur Banki et du moteur Schreber superposés. sans jamais alteindre le rendement de notre mo- teur. s Les considérations théoriques précédentes mon- trent encore pourquoi Banki a toujours échoué en “employant le pétrole et des combustibles analogues, et n'a réussi qu'avec la benzine. La température ‘ébullition du pétrole est très haute, d’où l'obli- gation, avant de l’admettre dans le cylindre, de le “mettre en état vésiculaire, état auquel il est aspiré avec une certaine quantité d'air. Au contact de l'air froid, une certaine partie du pétrole se condense ; “mais les gouttes produites par cette condensation + encore suffisamment petites pour qu'en grande | partie elles restent en suspension dans l'air, un peu “réchauffé par cette condensation, et elles sont de nouveau vaporisées par la chaleur de compression, Liandis qu'une petite partie se condense sur les | parois du cylindre et encrasse ce dernier, comme cela arrive dans tous les moteurs à pétrole. Mais, | si, comme dans le moteur Banki, on aspire encore | de l’eau avec le pétrole et l'air, cette eau non seule- ment accélère la condensation du pétrole, mais, Yu sa lension superficielle plus grande, les goutte- Mlettes d'eau se couvrent d'une pellicule de plus en D' K. SCHREBER — LES MOTEURS A EXPLOSION 745 plus épaisse de pétrole, de sorte qu'il n‘y a en sus- pension dans le cylindre que des grosses gouttes de pétrole et pas de goutteleites d'eau. L'eau in- jectée ne peut alors, vu la pellicule de pétrole dont elle est enveloppée, servir à son but, qui est d'enlever la chaleur de compression, — de sorte que le refroidissement intérieur est peu efficace ; de plus, les gouttes d’eau enveloppées de pétrole adhèrent aux parois, augmentant par là la quan- tité de pétrole déposée précédemment sur les pa- rois; partant, la quantité de pétrole qui s’y con- dense est plus grande que dans les moteurs où l'injection de l’eau n’existe pas. On a vu, par la première partie de celte étude, que, dans un moteur conçu d'après nos principes, un tel état de choses ne peut avoir lieu. Un moteur construit d'après nos principes se distingue du moteur Banki non seulement en ce que son rendement est plus élévé, mais encore en ce qu'il peut marcher avec divers combustibles liquides et gazéiformes. IV. — ConNCLUSIONS. 1° L'injection de l'eau à l’intérieur du cylindre est nuisible ; elle ne devient utile que du moment où cet effet nuisible est non seulement compensé, mais qu'il y a plus d'avantages dus à cette injection que de désavantages ; 2° L'effet qu'on désire obtenir par l'injection de l'eau ne le doit être qu'avec le minimum d'eau possible ; 3° On réalise la seconde condition en n’injectant l'eau qu'au moment où la température à l'intérieur du cylindre, pendant la compression, atteint une valeur supérieure à celle qui correspond au point d'ébullition de l’eau à la pression correspondante ; ainsi, la compression se divise en trois étapes : la première et la troisième étapes sont adiabatiques- isentropiques, et à la deuxième se produit l'injec- tion ; 4° La plus grande partie de l'eau injectée dans le moteur Banki se vaporise pendant l'explosion et agit, comme nous l'avons vu plus haut, d'une façon nuisible ; 5° Le diagramme entropique conserve ses pro- priétés dans son application aux opérations irré- versibles, à la condition d'envisager la chaleur fournie au système, et qui n'y est pas amenée de l'extérieur, — chaleur fournie soit directement, soit par la transformation d’une autre énergie, et notamment de l'énergie mécanique en chaleur, — comme étant obtenue au profit de la valeur motrice de la chaleur fournie de l'extérieur au système. Dr. K. Schreber, Professeur à l'Université de Greifswald. L'ÉLECTROCHIMIE APPLIQUÉE AUX RECHERCHES ET AUX PRÉPARATIONS DE LA CHIMIE ORGANIQUE L'année dernière, M. Muller’ exposait ici même | les propriétés de ces corps bizarres que l’on appelle des pseudo-acides ou des pseudo-bases, et le rôle important que jouent les méthodes physicochi- miques, et plus particulièrement électrochimiques, dans leur étude. Ces méthodes introduisaient la mesure quantitative dans un domaine auquel jus- qu'alors- l'appréciation qualitative s'était à peine appliquée. Je vais chercher à montrer que cet exemple d'utilisation des méthodes électrochimi- ques peut être généralisé et que nombreux sont les services que nous pouvons, au laboratoire de Chi- mie organique, demander à ces méthodes. Ces services sont, d’ailleurs, de deux sortes. Nous pouvons, en effet, demander à l'Electrochimie de nous faciliter l'étude d’un corps ou d’une classe de corps déterminée; mais nous pouvons aussi lui emprunter des procédés de préparation qui, par | leur élégante simplicité, méritent de prendre place à côté des mélhodes ordinaires de synthèse que nous possédons. Nous allons envisager successivement les deux aspects de la question, et, dans une conclusion nécessaire, nous chercherons à déterminer quel développement l'avenir peut apporter à ces mé- thodes. Î. — APPLICATIONS DE NATURE PLUS PARTICULIÈREMENT THÉORIQUE. Pour classer plus facilement ces applications, nous les répartirons en deux groupes, dont l’un comprendra les applications de la mesure des résistances électriques, ou plutôt des conductibi- lités, et dont l’autre comprendra les applications ed la mesure des forces électromotrices. $ 1. — Applications de la mesure d’une résistance électrique. Considérons, par exemple, le système constitué par un acide et un alcool; l'acide possède une résis- tance électrique élevée, mais bien inférieure, ce- pendant, à celle de l'éther qu'il tend à former; la C. MARIE — L'ÉLECTROCHIMIE APPLIQUÉE A LA CHIMIE ORGANIQUE mesure de cetté résistance et de ses variations dans le mélange nous permettra de suivre l’éthéri- fication de cet acide et d'étudier l'influence des divers facteurs, tempéralure, concentralion, ete., sur son éthérification. Ce n'est pas là, d’ailleurs, 1 Revue générale des Sciences, {. XVI, p. 417, 1905. une application nouvelle, car cette méthode fu décrite et utilisée par Négreano dans une thèses soutenue à la Sorbonne en 1889. : Il convient, cependant, de remarquer que de telles recherches, à cause même de la difficulté des mesures et de la complication relative des méthodes nécessaires, ne pouvaient se généralisery aussi le travail de Negreano est-il resté le seul exemple d'application de cette nature. : Les résistances considérables des corps étudiés exigeaient, en effet, une méthode de mesure pré | cise, mais délicate; la méthode des courants alter= natifs de Kohlrausch, qui rachète sa précision rela= tive par sa grande simplicité, ne pouvail, en effet, s'appliquer ici. Pour nous, chimistes, sa précision: Ê est, d'ailleurs, suffisante, et c'est toujours cetle« méthode qui est utilisée dans les laboratoires Nous passerons maintenant à l'examen des services qu'elle est susceptible de nous rendre. Supposons que nous ayons affaire à un acide, et voyons quels renseignements nous fournira mesure de sa résistance électrique ou plutôt d son inverse, la conductibililé. ) Nous délerminons cette conductibilité à diverses. dilutions, qui, en pratique, croissent comme les puissances successives de 2, et nous transformons ces résultats en ce que l’on appelle la conductibilité équivalente de l'acide. Cetle conduclibilité équi valente nous permet ensuite de déterminer las fraction d'acide qui subit la dissociation électro= lylique pour chacune des dilutions étudiées. Celle fraction dissociée nous permet, enfin, de déter= miner pour notre acide sa constante de dissocia= tion K, de laquelle dépendent, en définitive, loutes ses manifestations en tant qu'électrolyte. 4 Mais, avant d'arriver à la valeur de cetle cons= tante de dissociation, nous avons dû, en général, déterminer la conductibilité du sel de sodium de notre acide, et de cette mesure nous pouvons dé= duire ou vérifier sa basicilé. ( Ostwald a montré, en effet, que, si l'on mesure la conductibilité équivalente du sel de soude pour l& dilution 32 et pour la dilution 1.024, la différence A—A,,,—A., divisée par 10, représente la valence de l'acide considéré; c'est un premier résultat intéressant. 4 Revenons maintenant à notre constante de dis= sociation. Sa valeur peut osciller entre des limites considérables : entre, par exemple, 5,14, qui cons | respond à un acide fort (acide dichloracétique) eb | | 0,000.01, qui correspond jà un électrolyte faible, constantes physiques dont toutes les valeurs pos- sibles sont comprises entre des limites considéra- blement plus resserrées. Les différenciations comme les analogies que nous pouvons déduire de la connaissance de la onstante K peuvent être, par suite, plus marquées, rique qui reflète avec le plus de précision les modi- “fications que subit l'équilibre intime d'une molécule «soumise aux réactions diverses de la Chimie orga- nique, aux substitutions, par exemple. Parmi ces substitutions, celles dont l'aclion sera .le plus manifeste seront celles par lesquelles nous -introduisons dans la molécule des atomes ou des “croupements d'atomes dont les propriétés, au point de vue électrique, sont le plus neltement caracté- -risées:; c'est le cas, par exemple, des halogènes et ‘des groupements qui se placent auprès d'eux par leurs propriétés; c'est le cas des groupes nitrés, “des groupes hydroxyles, des groupes sulfo, ete. Mais il convient d'aller plus loin et de constater - avec quelle netteté toutes les modiñcations subies — par une molécule se répercutent sur la valeur de la conslante de dissocialion, qu'il s'agisse de modi- fications comme la fermeture ou l’ouverlure d'une chaine, la formalion ou la disparition de liaisons - multiples, ou de ces modificalions de constitution plus délicates auxquelles correspondent les di- verses isoméries. —. Sur lous ces points, nous n'en sommes, cepen- “dant, encore qu'aux recherches préliminaires; les “concordances comme les contradiclions constatées “nécessileront certainement des transformations profondes dans nos concep'ions sur les relations réelles des atomes constituant une molécule orga- “que la constante de dissocialion jouera un rôle ‘considérable parmi celles des constantes physiques cnrs de nous donner des renseignements | précieux. —_ Au point de vue pratique immédiat, la mesure de » la constante de dissociation permet, dans certains “cas, de déterminer la position d'un radical substi- “ Luant dans une chaine ou dans un noyau, en se « basant sur les variations bien établies que nous fournissent les corps connus; pour les acides biba- siques gras, on peut, de même, classer un acide däns un groupe plutôt que dans un autre suivant la valeur de sa constante, quand les conditions de Synthèse ne permettent pas de certitude sur la constitulion. Supposons, maintenant, que le corps que nous et c'est, en effet, actuellement la donnée numé-" ] nique déterminée, el nous pouvons êlre assurés | C. MARIE — L'ÉLECTROCHIMIE APPLIQUÉE A LA CHIMIE ORGANIQUE 1 = — étudions possède une pseudo-fonction acide ou alcaline; la conductibilité nous permettra de mettre cette pseudo-fonction en évidence par plusieurs moyens : l'un basé sur celte consiatation que la neutralisation du corps étudié n'est pas ins- lantanée, le second sur celle que sa conduectibilité varie avec la température d'une manière anormale, et le troisième sur l'étude de l'hydrolyse de ses combinaisons salines. Pour cette applicalion parli- culière des mesures de conductibilité, je renverrai à l'article déjà signalé de M. Muller. A côlé de ces pseudo-acides et pseudo-bases, nous trouvons une classe de combinaisons remar- quables : les amphotères, qui nous présentent, réu- nies dans une même molécule, la fonction alcaline et la fonction acide; les amino-acides sont les re- présentants les plus nets de cette classe de corps. Des deux fonctions opposées en équilibre dans ces molécules, l’une ou l’autre se manifeste le plus nel- tement, et, pour éludier cette aclion interne, les méthodes de conductibililé sont nécessaires; elles seules nous permettent un classement ralionnel de ces corps el nous donnent, en quelque sorte, une mesure de l’action exercée par l'une des fonctions sur l’autre; elles seules nous permettent ainsi de déterminer ce qui subsiste de la fonction acide dans une série de combinaisons qui comprend tous les termes possibles entre un acide fort comme cerlains amino-sulfonés et un acide aussi affaibli que le glycocolle. Etant donnée l'intervention conslante des amino- acides dans des phénomènes aussi importants que ceux de la teinture et dans les réactions physiolo- giques, il n'est pas sans intérèt de posséder des méthodes qui nous permeltent une analyse vraiment scientifique de leurs propriélés. Les combinaisons basiques de l'oxygène ou du carbone, dont les plus remarquables sont les sels de la diméthy'pyrone et ceux du triphénylméthyle de Gomberg, nous offrent encore un exemple carac- téristique de l'application des mesures de conduc- Libilités à l'étude d’une fonction en Chimie orga- nique. L'étude de la neutralisalion progressive d'un pseudo-acide par une base nous a montré eomment la conductibilité nous permet de suivre une réac- lion dans le sein même du liquide où elle s'ac- complit; nous pouvons en faire de nombreuses applications : nous pouvons, par exemple, étudier les phénomènes de diazotation au moyen des va- riations de conductibilité existant entre le syÿs- ième primitif, constilué par le chlorhydrate de base et l'acide azoteux, et celui auquel nous arrivons après la réaction”. Re ER 1 Scauuanx : Ber., t. XXXIII, p. 527, 1900. 748 C. MARIE — L'ÉLECTROCHIMIE APPLIQUÉE À LA CHIMIE ORGANIQUE Il en est, d’ailleurs, de même de toute réaction dans laquelle l'un des corps subit une modification dans ses propriétés au point de vue de la dissocia- tion électrolytique. Le cas de l'acide borique et des combinaisons qu'il donne avec tous les corps hydroxylés est un exemple caractéristique de ce domaine d'application. Des variations de la con- ductibilité en fonction des concentrations, en fonc- tion des rapports des masses en présence, on peut même déduire la formule de substances dont l'iso- lement est impossible; c'est ainsi que Magnanini' a montré que la mannite et l'acide borique se com- binent vraisemblablement dans le rapport de trois molécules de l’une pour une molécule de l’autre. $ 2. — Application de la mesure d'une force électromotrice. Avec la mesure de la force électromotrice, c’est le facteur énergie qui s'introduit dans nos considé- rations, et dans un domaine qui intéresse particu- lièrement le chimiste organicien; je veux parler des phénomènes de réduction et d'oxydation. Nous ne sommes pas, en effet, sans savoir que tel oxydant est plus énergique que tel autre, que tel corps non réductible par un réducteur déter- miné l'est, au contraire, facilement par un autre réducteur; ce sont là des remarques précieuses dues à une longue pratique, mais ce ne sont que des remarques sans lien entre elles, et sans base théorique. La mesure des forces électromotrices nous apporte à la fois cette base théorique et le lien nécessaire; tout oxydant combiné à un réducteur suivant un dispositif convenable con- stitue, en effet, une pile dans laquelle chacun d'eux conserve son individualité. La force électromotrice de la combinaison est la somme de deux termes caractéristiques : l’un du réducteur, l’autre de l'oxydant employés. Très simplement, nous pou- vons alors classer ces corps en séries, et nous obte- nons ainsi une liste méthodique où les uns et les autres sont rangés par ordre d'énergie croissante. Le tableau ci-joint reproduit les principales de ces valeurs ? : 1= 250 É n LSRE (Solution — en général) J) 19 Réducteurs. Sulfate ferreux + KO. .:. à. : . E>2 Chlorure stanneux + KOH . . . . . .. E = 1%909 SUATE TOC SOU RE 1,758 Acétate chromeux + KOH . . . 1.696 Hydraetiiienderzinc LLC 1.386 Chlorure stanneux + HCI. . . . . . .. AS Arsénite de potassium. . . . .. 1,160 Hypophosphite de sodium . . . . . .. 1.152 Sulfte de Sodium... . . . 1,082 1 Z. 1. phys. Ch.,t. NI, p. 3 BancRorT : Z. f. phys. Bot XIV, p. 226, 1899. Phosphite de sodium. . . . . . . . .. Bisul£te 1e SOU PR EU Acide sulfureux Ces valeurs sont rapportées au même oxydant (Chlore + KCI). 20 Oxydants. Permanganate de K + SOSH?. . . . .. ChIDre PE ROIS RNR ER a lodate de potassium + SO‘H® Brome + KBr Chlôrate SO EECEe ACIUEICDrOMIQUE EP ER te Brome = RO AN EC ARE RAR URE Acide azotique. "74-150 rte Ghlorure ferrique ME ER Re Chloe = KODE RME RER EEE Bichromate de potassium . . . . . . . Ferricyanure de potassium . . . . .. Lode = RTE: ER SRE RNA Ces valeurs sont rapportées au même réducteur, le sulfite de sodium. Le même procédé de mesure nous permet de déterminer l'influence de la température, de la dilution, du milieu sur l'énergie d'un réducteur où d'un oxydant quelconque, de soumettre, en un mot, le phénomène considéré à une étude rationnelle complète. La mesure des forces électromotrices nous permet” encore d’autres déterminations. On sait, en effet, que la différence de potentiel qui se manifeste entre une électrode el une solution est en relation étroites avec la concentration des ions correspondant cetle électrode dans la solution ; inversement, de” déterminer la concentration en ions, c'est-à-dire l'acidité réelle, efficace, de liquides dont d'innom= logiques, en particulier, mélanges complexes den substances minérales et organiques, cette méthode. simple est d’une valeur incontestable. ‘| Dans d’autres cas, c'est la concentration en ions | métalliques que nous avons intérêt à déterminer, W et nous pouvons ainsi, sur des combinaisons con | les sels de mercure de dérivés azotés plus ou moi complexes, déterminer la nature du lien qui reli le métal à la molécule organique : déterminer suis vant l'expression usuelle, si le métal est au carbone. ou à l'azote. Nous retrouvons, enfin, la mesure des forces élec= tromotrices comme complément indispensable des” méthodes d'oxydation ou des réductions électro= lyliques que nous examinerons plus loin. De la valeur de la différence de potentiel qui s'établit entre la solution étudiée et l’électrode dépend, en. : en grande partie, l'intensité de la réaction Cette différence de potentiel varie avec la nature u métal qui constitue l’électrode, avec la compo- on de la solution électrolysée, avec la densité à courant employée, en un mot avec toutes les nées expérimentales; sa mesure domine, par e, toute l'histoire des applications préparatives 'électrolyse des substances organiques que nous mmencerons maintenant. II. — LA PRÉPARATION DES CORPS ORGANIQUES PAR L'ÉLECTROLYSE. Nous diviserons ces applications en deux groupes, ivant que la réaction électrolytique utilisée est recte ou indirecte, c'est-à-dire suivant que le ps organique intéressé prend part où non au . $ 1. — Réactions électrolytiques directes. En pratique, ce sont seulement les acides et leurs que nous avons à considérer ici, et même avec e restriction que les acides aromatiques, en inéral, ou leurs sels, permettent simplement ctrolyse de l’eau, sans donner lieuaux réactions ressanles fournies par les acides gras ; ce sont réactions que nous étudierons seules. L'élec- olyse des acides monobasiques de la série grasse d'ailleurs, été l'objet de nombreuses recherches, t les premières réellement méthodiques sont s à Kolhe (1849) et n’ont été soumises à une sion et à une généralisation sérieuses que uis quelques années par M. Hamonet et par ersen (1900). Ces travaux nous permeltent une d'ensemble de l'électrolyse de ces acides; t données la conductibilité très faible et aussi olubilité des acides eux-mêmes quand leur nombre d’atomes de carbone s'élève un tant soit L ce sont toujours les sels alcalins qui ont été jumis à l'action du courant. e sel C'H”*#ICOONa se scinde par l'électrolyse ions sodium qui se rendent à la cathode, et est à l'anode, sur l’anion (C"H*"#CO0)', que s'ef- uent loutes les réactions, dont les principales ont les suivantes : Électrolvse de l'eau 2 CrH?n + 1COSH —2 (CrH2n + 1000) + H? 2(CrH2r + 1000)! H?0 — 2 CAH?2 + 2CO°H +0 Formation du carbure saturé R—R. me (CnH2r = 1C0 0) — (CH + 1)? + 2 CO? “ Formation de l'éther RCO®R. iv. 2{CnH2r + 1C00 )' — CH?» + 1COOCrH2r +1 CO? ef Formation du carbure non saturé. Y. 2(CnHEn + 1000) —CrH?r + 1COOH + CrHEn + COS. 4 C. MARIE — L'ÉLECTROCHIMIE APPLIQUÉE A LA CHIMIE ORGANIQUE 149 La part prise par chacune de ces réactions dans le phénomène total varie, d'ailleurs, avec l'acide électrolysé, et pour un même acide, avec les con- ditions expérimentales, particulièrement avec la concentration de la solution, la température, la nature de l'électrode et la densité du courant employé. Je ne puis entrer ici dans le détail des résultats obtenus; mais si nous nous placons au point de vue pratique, nous constatons que la réaction plus particulièrement intéressante est la réaction III, qui nous donne le carbure saturé. Déjà employée par Wurtz (1855), qui l'avait appli- quée à la synthèse de radicaux mixtes comme le butyl-caproyle, l'électrolyse constitue une méthode simple et sûre de préparation des carbures supé- rieurs; son efficacité s'étend de l'acide valérique à l'acide stéarique et s'affirme par les rendements obtenus, qui, particulièrement pourlestermessupé- rieurs, atteignent 90 °/, de la théorie. Dans cette méthode de synthèse des carbures saturés, l'anion RCOO!, peu stable sans doute, perd une molécule d'acide carbonique, et le radical R, incapable de subsister libre, se soude à lui-même en donnant le carbure saturé R. R. Si la solution électrolysée est plus complexe, si elle contient d’autres anions sus- ceptibles de se décharger simultanément avec celui de l'acide organique, nous aurons des réactions possibles intéressantes. L'anion étranger peut tout d'abord être celui d'un autre acide gras; le radical R' de cet acide se soudera au radical R du premier pour donner le carbure mixte R.R'. C'est la méthode de Wurtz. Elle donne en même temps les carbures R.R et R'.R!, sans que, jusqu'ici, une étude méthodique nous ait révélé l'influence des conditions expéri- mentales sur les résultats de l’électrolyse. L'anion étranger peut être de nature très diffé- rente; ce peut être, par exemple, l’anion de l’eau, l'oxhydrile OH', et, dans ce cas, ainsi que Hofer et Moest (1904) l'ont montré, on oblient la réaction suivante. Prenons l'acide acétique, ou plutôt l'acé- tate de soude en solution alcaline; nous aurons la réaction ; CHSCOONa — CHSCOO!'+ Na NaOH — OH'+ Na, et la décharge simultanée des ions CH'COO" et OH' donne lieu à la formation d'alcool méthylique par la réaction : CHCOO! + OH — CO? + CHSOH ; les rendements de cette préparation, qui a été étu- diée en détail, atteignent 99 °/, C'est à des réactions anodiques du même ordre que nous devons rapporter toutes les méthodes synthétiques basées sur l'emploi des sels de sodium de mono-éthers d'acides bibasiques. Vs Soumis seul à l’électrolyse, un sel de cette nature donne la réaction suivante : CO?CHS COCHE? ‘ R lie + Na: NCO?Na NCo® puis : CO?CH°\! R — CO?CH* >(n { Et ] + 9C0?. No: R — CO2CH Cette méthode, qui est due à Brown et Walker (1891-1593), constitue quelquefois la seule méthode pratique pour arriver à certains acides bibasiques:; c'est, en particulier, le cas de l'acide adipique. Mais ces réaclions sont délicates, el, pour l'acide adipique, par exemple, elles demandent, ainsi que M. Bouvault l'a montré (1903), des précautions spé-. ciales pour donner les rendements réellement avantageux exigibles d'une méthode de préparation. L'électrolyse de mélanges contenant à la fois le sel alcalin d'un acide gras et d’un mono-éther bibasique permet, par une réaction semblable à la précédente, la synthèse d'’élhers d'acides gras supérieurs. Les équations suivantes rendent comple du mécanisme de cette réaction, due à von Miller et Hofer (1895) ; elles correspondent à la synthèse de l'éther butyrique normal à partir du succinate de sodium et d'éthyle et de l’acélale de soude : CH3CONa— (CH?CO0)' E Na- CHECONa | — CH2CO?C2H5 \! ) + Na: CH2CO? | ( CHÈCO2C2H5 CH?CO* CH#COO) + ( | \ CH?CH® > CH?CO*C:H5 | CHÈCOZC:T Mais ces réactions, curieuses au point de vue théo- rique, ne prennent d'intérêt réel que pour les termes supérieurs, l'éther caproïque par exemple; il est vraisemblable qu'une élude méthodique des conditions expérimentales, ici comme dans le cas de l'acide adipique, amènerait à des résultats beau- coup plus avantageux. Si nous passons maintenant à l'électrolyse des acides gras à fonction alcoolique, nous nous trou- | présence d'acides gras ordinaires peut donnern vons en présence de résullals sans intérêt pra- tique, en général; la stabilité moindre de ces acides permet aux réactions d'oxydalion destruclive de prendre une importance considérable, et c'est seu- lement grâce à un artifice ingénieux, en protégeant l’oxhydrile de l'acide B-oxypropionique groupe amyle, que M. Hamonet une condensation anodique semblable à celles que nous avons signalées plus haut, préparer la diamyline du butane-diol-1 : 4 par un 4 OC: ' ! CS EH Oct": 1 CHE — CH2C 00) 19 CH CH cH°— CH +200? (1901) a pu, par | Pour les acides cétoniques, leur électrolyse"er sance à des célones, ainsi que l’a montré H. Hofe (1900). L'acélate de potasse et le lévulate donnén: ainsi la méthylpropylcétone par la réaction : (CH*.CO0 — 2 CO? + CH°.CO. CHE. CH (CH$.CO.CH?.CH?.C00) En dehors de celte réaction, l'électrolyse de l'acide lévulique seul peut donner, avec 50 4 de rendement, la dicétone cH?. CO. :CHS CH°.0 CH°.CO.CI (oclane-dione-2 : blement de l’anion. Nous passerons mainlenant aux réaclions indi rectes de l’électrolyse; ce sont les plus nombreuses , pour plus de clarté, nous les diviserons en rét tions anodiques et en réactions cathodiques, vant l’électrode intéressée. $ 2. — Réactions électrolytiques indirectes cathodiques. Ce groupe comprend toutes les réduclions élet trolyliques ; nous ne pouvons songer à les pa toutes en revue ; aussi je me contenlerai de signa les faits les plus importants. On peut classer @es réduction. Celle-ci peut, d'ailleurs, prendre les mes auxquelles nous sommes accoutumés, suivanl qu'il s'agit de corps susceplibles de fixer simple ment l'hydrogène, de corps susceptibles de cédende aux deux réactions. A la première catégorie appartiennent les dérimé éthyléniques ; j'ai montré (C. Marie, 1903) l'électrolyse fixe facilement l'hydrogène sur corps el que les acides aconilique, cinnamique cilraconique donnent ainsi les acides saturés cor respondants. L'hydrogénation des bases pyridiq A se que ceux des méthodes usuelles Le donnée expérimentale qui parait ici la plus imp or lante est la différence de potentiel cathode-solution grandeur variable, en particulier, avec la nature di mélal qui constitue l’électrode et dont l'action cal lytique sur l'énergie de la réaction réductricen: peut être mise en doute. 4 Après les dérivés nitrés, ce sont les dérivé oniques ou, plus généralement, les corps conte- ant le groupe CO qui ont été le plus fructueuse- ment étudiés. Les conditions expérimentales avan- euses ont élé surtout délerminées par Tafel, nt les recherches sur les corps difficiles à réduire ont abouti à la création d’une méthode puissante réduction, basée sur l'emploi combiné de solu- ns sulfuriques concentrées et de cathodes en plomb ou en mercure. Avec les acétones, on tombe n général sur les produits ordinaires de réduction; suivant les conditions, c’est l'alcool secondaire ou pinacone que l'on obtient (Elbs et Brand, 1902); vec les oximes, la réduction électrolylique donne, ec des rendements souvent élevés, les amines cor- espondantes (Tafel-Pfefermann, 1902). Appliquée aux amides, la même mélhode conduit également aux amines par la réaction : RCOAZH® + 4H? — RCH°AzH° + H°O (Tafel, 1599), tles imides, subslituées ou non, donnent les pyr- olidines correspondantes. L'isopropylsuccinimide donne ainsi l'isopropylpyrrolidine : 4 CH°CH*, : 42. CH(CH®}* (Tafel-Stern, 1900) 0 a réduction électrolytique peut, de même, itaquer le groupe CO des acides et donner l'alcool correspondant; l'acide benzoïque donne ainsi l’al- 200! benzylique : “CH COOH + 4H — CSHSCHEOH + H°0 (Mettler, 1905). “Quant aux éthers, les éthers benzoïques par emple, ils donnent les éthers-oxydes correspon- nts. Nous avons déjà rencontré un certain nombre exemples de réduction comportant à la fois l’enlè- ment d'oxygène et la fixation d'hydrogène ; nous rencontrerions de plus caractérisliques encore dans la réduction des dérivés nitrés, donnant l'azoï- Mhydrazo par fixation de l'hydrogène sur la double liaison créée ; nous aurions encore des cas ana- Mogues dans la réduclion des corps du groupe Lpurique (Tafel, 1901), qui se prêtent aux deux réactions par les groupes CO et les doubles liaisons 4 contiennent; ure énumération complèle de fes fails nous entrainerait trop loin. | Si nous voulons retirer des exemples donnés une conclusion générale, nous voyons que la réduction | électrolytique permet, à quelques variantes près, ordinaires ; elle permet aussi d'éviter, dans certains cas, l'emploi fastidieux de l’amalgame de sodium, etl’exemple de la réduction de l'acide benzoïque C. MARIE — L'ÉLECTROCHIMIE APPLIQUÉE A LA CHIMIE ORGANIQUE que par élimination successive de l'oxygène, puis | de réaliser les mêmes réactions que les méthodes | nous montre la possibilité de réactions d'un intérêt tout particulier. $ 3. — Réactions anodiques indirectes. Les réactions cathodiques que nous venons de voir n'ont pas la variété de celles que nous pouvons produire à l’anode. Sur une cathode, en effet, les ions susceptibles de réagir se réduisent en pratique aux seuls ions hydrogène ; sur une anode, au con- traire, viennent se décharger les anions les plus divers, OH, Cl’, Br’, l'et tous les anions d'acides minéraux ou organiques. Pour ces derniers, nous avons vu quelles réactions ils sont susceptibles de fournir ; pour les autres, ils donneront lieu à des phénomènes variés dont les plus importants sont les réactions d’oxydation et les fixations d'halo- gènes. Nous examinerons successivement ces réac- tions au point de vue général, car nous ne pouvons entrer dans le détail des résultats obtenus. 1. Oxydation. — Théoriquement, la variété des réactions d'oxfdation est infinie : en pratique, elle se restreint considérablement. Si, en effet, quand nous tentons la réduction d'une substance orga- nique, nous courons un risque, celui-ci n'est que relatif et se résume dans le maintien du s{a{u quo: avec l'oxydation, il n’en est plus de même. La molécule organique se prête trop facilement aux réactions destructrives et l'application des méthodes, s'en trouve singulièrement compliquée. Le facteur principal sur lequel nous devons encore agir ici est la différence de potentiel ano- dique; ce n’est qu'en la maintenaut entre des limites déterminées avec précision que l’on peut empêcher la réaction de dépasser le terme fixé. Nous en avons un exemple caractéristique dans l'oxydation de l'alcool : Dony-Hénault (1900) a montré, en effet, que, par une étude soigneuse des conditions expérimentales, en maintenant le poten- tiel anodique au-dessous d’une valeur parfaitement déterminée, on peut n'oblenir que de l’aldéhyde. Les cas étudiés de celte manière sont encore mal- heureusement rares; parmi eux, il convient de citer l'oxydation des alcools propylique et amy- lique, qui donne, avec des rendements excellents, les acides correspondants (Elbs, Brunner, 1900). Les mêmes procédés de recherche méthodique et précise permettront vraisemblablement d'étendre les résultats obtenus. Les difficultés sont particulièrement considé- rables avec les corps de la série grasse, moins robustes, comme on le sait, que les corps cy- cliques ; ceux-ci doivent à celte stabilité d'avoir été plus particulièrement étudiés. C'est d'ailleurs presque toujours l'oxydation d'une chaine latérale | qui a été réalisée : pour la vanilline, c'est la chaine 752 C. MARIE — L'ÉLECTRGCHIMIE APPLIQUÉE A LA CHIMIE ORGANIQUE propénylique que l’on détruit; pour l'aldéhyde benzoïque (Perkin, 1904), ou l'alcool para-nitro- benzylique (Elbs, 1896), c'est le groupe méthyle du toluène ou du para-nitrotoluène que l'on attaque plus ou moins profondément. On à pu, cependant, pousser l'oxydation plus loin et, dans quelques cas, oxyder le noyau benzé- nique lui-même pour créer des groupes hy- droxyles. C'est le cas, en particulier, de l’anthra- quinone, qui, par l’électrolyse en solution sulfu- rique concentrée, donne presque exclusivement des dioxyanthraquinones (Perkin, 1899). Quant à l'anthraquinone même, on a pu l'obtenir en partant de l'anthracène par une oxydation éner- gique effectuée en présence d'un sel de cérium, : ‘Qui, par ses oxydations et réductions successives, permet la fixation de l'oxygène sur le carbure‘. L'emploi du sulfate de cérium dans cette réaction caractérise un nouveau groupe de réactions d’oxy- dation dans lesquelles on utilise le courant pour pré- parer, dansla solution même quel’on'oxyde, leréactif destiné à l'oxydation. On emploie ainsi tous les oxydes susceptibles de donner des peroxydes peu stables, ou qui, tout au moins. ne demandent qu'à céder leur oxygène au corps organique auquel ils sont mélangés. Les sels de chrome, de manganèse, de coball, en particulier, ont été ainsi expéri- mentés; mais les résultats obtenus, décrits surtout dans des brevets, ne peuvent encore être appréciés avec une certitude suffisante; cependant, si nous pouvons donner notre opinion personnelle sur ce point, nous croyons que, dans cette direction, il Y a des résullats intéressants à obtenir; l'emploi de ces divers réactifs, le choix judicieux de l’anode métallique el l'étude méthodique de toutes les con- ditions expérimentales permettront certainement de maintenir à la hauteur nécessaire le potentiel ano- dique et, par suite, l'oxydation dans les limites pratiquement efficaces. 2. Autres réactions. — Si nous nous tournons maintenant vers les réactions anodiques autres que les oxydations, nous nous trouvons en présence de réactions moins délicates, par lesquelles nous pou- vons introduire les différents halogènes, chlore, brome, iode dans les molécules organiques. C’est à cette catégorie de réactions qu'appartient la prépa- ration classique de l'iodoforme par électrolyse en partant de l'acétone. La préparation du bromo- forme (Muller et Læbe, 1904), des acétones mono- chlorée et monobromée (Richard, Thèse, 190%), montre que, même dans la série grasse, cetle méthode de substitution est fructueuse et d'autant plus digne d'attention que les rendements sont * (D. R. P., 152.063, 1902, Farbwerke). aussi salisfaisants que possible. Dans la série at matique, il en est d’ailleurs de même, ainsi q montrent la préparation déjà ancienne des dérix iodés du thymol (1891), celle des dérivés halogé de la phénolphtaléine (1895) et de la fluorescéit brevelée par la Société chimique des usines Rhône (1899). Il nousresterait encore un grand nombre def intéressants à signaler, soit qu'ils appartienné nettement à l'un des groupes de réactions que n@ avons étudiés, soit qu'ils constituent des faits iso] susceptibles d'une généralisation ultérieure : Je examen ne modifierait en rien les conclusions q nous pouvons tirer des faits actuellement acquis; c'est à l'exposé de ces conclusions que nous pass rons maintenant. IIT. — ConNCLUSIONS GÉNÉRALES. Pour exposer l’état actuel des applications l'Électrochimie aux recherches et aux préparati@ de la Chimie organique, nous avons cru dev@ scinder ce vaste sujet en deux parlies : l'une pl particulièrement théorique, l’autre nettement app quée. En fait, ces deux parties sont liées l'une l’autre d'une manière indissoluble. Cepend pour les conclusions à tirer de cette étude, il co vient de distinguer entre le chimiste plus parti@ lièrement préoccupé de la synthèse de corps nû veaux et celui qu'intéressent plus spécialement relations à découvrir entre la constitution des co} et leurs propriétés physico-chimiques. Pour ce dernier, la connaissance approfondie di méthodes physico-chimiques en général, et méthodes électro-chimiques en particulier, absolument indispensable; c’est d’ailleurs, po ainsi dire, une évidence sur laquelle il est inuti d'insister. - Pour le chimiste synthétique lui-même, € méthodes ne sont pas non plus sans intérêt, ain$i que nous avons pu le constater au cours de cell étude. Les déterminations si simples de condu tibilité lui fournissent facilement des renseign ments précieux, et, pour ce quiestdes méthodes de préparation, elles constituent un ensemble de pre cédés facilement applicables dans un grand nomb de cas. Si elles nécessitent, pour être fructueuse C. MARIE — L'ÉLECTROCHIMIE APPLIQUÉE A LA CHIMIE ORGANIQUE 153 ment d'idées, en un mot. De plus, il est impossible, au point de vue ique, de ne pas reconnaitre qu'un réel progrès it réalisé le jour où le plus grand nombre des dctions d'oxydation, de réduction et même de bslitution pourrait se réaliser électrolytiquement âce à une étude méthodique des condilions expéri- entales nécessaires. Ce que nous savons à l'heure lueile ne nous donne que des raisons de croire à je telle évolution; elle demandera sans doute aucoup de patient travail, mais le temps passé ne aura pas été inutilement, et, même en admeltant les résultats inattendus, germes eux-mêmes de rogrès futurs. euspécial auquel nous nous sommes placé jusqu'ici ns celte étude, nous constatons que l'Électro- imie ne représente qu'une des formes sous les- ielles les théories physico-chimiques pénètrent ès diverses branches de la Chimie. La Chimie iysiologique, la Chimie analytique, la Chimie inérale elle-même s'imprègnent de plus en plus ces Lhéories, et s'assimilent en même temps les éthodes expérimentales correspondantes. Pour la dimie minérale, en particulier, si peu développée Bpoint de vue théorique, tant il est difficile de isir le lien qui relie les divers corps les uns aux tres, les applications expérimentales de l'Elec- Dchimie sont devenues extrêmement nombreuses. mémoires du Zeitschrift für anorganische hemie sont là pour nous montrer l'usage constant ces méthodes, et nous devons reconnaître que lecture de ces publications devient de moins en ins facile pour celui qui ne s’est pas familiarisé avec les théories dont elles sont le développement. C'est là le fâcheux symplôme d'une scission qui se produit entre les méthodes anciennes et ces méthodes relativement récentes; seule, l'introduc- lion raisonnée de ces conceptions dans l’ensei- gnement peut empêcher le fossé de se creuser de jour en jour. Cet enseignement physico-chimique et électro-chimique n'est encore qu'à l'état em- bryonnaire dans la plupart de nos Facultés des Sciences : c'est là un retard regrettable". Nous ne savons, en effet, quel est l'avenir réel réservé à ces théories, qui ne se laissent pas assi- miler sans travail, et il peut être un jour dangereux, mème au point de vue industriel, que les jeunes chimistes formés dans notre enseignement supé- rieur soient dans l'impossibilité de comprendre la production scientifique étrangère dès qu'elle aban- donnera le terrain purement descriptif ou expéri- mental”. C. Marie, Docteur ès sciences, Chargé de l'Enseignement de l'Electrochimie à l'Institut de Chimie appliquée de la Faculté des Sciences de Paris. 1 Déjà en 1897, dans celte Revue (t. VIII, p. 226), et surtout dans une conférence faite à la Société industrielle de l'Est (Actualités Chimiques, t. 11, p. 197), M. Haller, alors directeur de l'Institut chimique de Nancy, étudiant le déve- loppement de l'Enseignement chimique et particulièrement physico-chimique en Allemagne et dans les autres pays, en signalait l'importance au point de vue de la science appli- quée. La création d'un Enseignement de Chimie physique et d'Electrochimie à l'Institut chimique de Nancy fut la con- séquence locale de cette étude; mais, depuis, rien ou presque rien n’a été fait dans cette direction. L'absence d'un certi- ficat de Chimie physique à la Faculté des Sciences de Paris suffit, d’ailleurs, à caractériser les difficultés que rencontre cet enseignement pour obtenir la consécration due à son importance. ? Conférence faite au laboratoire de M. le Professeur Haller le 7 juin 1906. Bibliographie. — (1 n'est pas possible de donner la bibliographie complète des innombrables Mémoires qui se rattachent à l'étude théorique ou appliquée de l'électrolyse des combinaisons organiques. Les renvois cités dans les ouvrages généraux suivants permettront facilement de re- monter aux sources : W. Osrwauo : Lehrbuch der allgemeinen Chemie. Vol. If, re partie, 18935. F. Forster : Zlektrochemie wässerigen Lüsungen, 1905. W. Lôs : Die Elektrochemie der organischen Verbin- dungen, 1905. J. Scamior : Ueber die basischen Eïigenschaften des Sauer- stoffs und Kohlenstoffs, 1904. AuRENs : Æandbuch der Elektrochemie, 2 édition, 1903. H. Danneez : Jahrbuch der Elektrochemie (publié d'abord par Nernst et Borchers depuis 1895 jusqu'en 1901). 1° Sciences mathématiques Weber (H.) et Wellstein (J.). — Encyklopädie der Elementar-Mathematik. ZJome 11. Elementare Geometrie. — { vol. de xu-60% pages. (Prix : 15 fr.) B. G. Teubner, éditeur. Leipzig, 1906. Ceci est le deuxième volume d'une série de trois fort intéressants ouvrages concernant les Mathéma- tiques considérées au point de vue synthétique et péda- gogique. Le premier volume, paru en 1903, traite de l'Arithmétique et de l'Algèbre, le troisième s’occupera des applications; la Géométrie est l'unique objet du présent volume, le plus important des trois. Les auteurs ontavant tout cherché non pas à augmenter le domaine de nos connaissances, mais bien à les préciser, coor- donner et graduer en déterminant leurs origines, en suivant leur évolution et en les soumettant à une sorte d'examen philosophique approfondi. On sait que la critique des principes fondamentaux de la géométrie a été suscitée par le développement relativement récent de la Théorie des Fonctions et de celle des Nombres. Alors ont été mises à jour les con- tradictions entre les deux théories sur l’origine de nos connaissances : l'intuition et l'idéalisation, celle-ci pré- tendant que les fameux axiomes géométriques ne sont ni d'ordre logique, ni d'ordre expérimental, mais ne sont que des définitions déguisées, celle-là au contraire raltachant la Géométrie à une branche de la Physique mathématique procédant avant tout d'expériences. Toute la question roule autour des définitions d'Euclide sur le point, la ligne, la surface, les parallèles et sur le fameux postulat qui a été l’objet de tant de vaines tentatives de démonstration. Les auteurs font remar- quer à ce sujet que ces notions dont Euclide fait pré- céder ses livres sont parfaitement sans emploi dans tout l'édifice géométrique (jusqu'à la Théorie des Fonc- tions), et ils nomment « Géométrie naturelle » celle qui traite des concepts : points, lignes, espaces, parallèles, non comme des êtres de raison, mais comme des êtres matériels dont l'existence nous est suggérée empirique- ment par le monde extérieur. Cette géométrie, qui est celle qu'au fond nous pratiquons, qui considère en par- ticulier le postulatum d'Euclide comme une vérité ini- tiale se fondant sur l'expérience, se trouve justilite plus que largement par ses applications à la vie réelle, et ce n'est jamais que pourraient la suppléer, par exemple, les constructions opposées, logiquement irré- prochables, qui envisagent des espaces à dimensions multiples, à courbures constantes ou variables, telles que les géométries non-euclidiennes. De cette façon, inutile de parler de points qui n'ont aucune dimension, delignes qui n’ont pas d'épaisseur; plus n'est besoin de ce travail d'idéalisation pour dépouiller nos concepts de leur origine sensorielle. Ainsidonce, pour la Géométrie élémentaire tout au moins, peut-on faire la grosse économie de pénibles démons- trations amenées par un respect exagéré de la logique pure et faciliter tout au moins les commençants dans des préliminaires qui doivent s'imposer par leur sim- plicité et leur clarté. Le principal mérite de l'ouvrage réside dans l'établis- sement vraiment scientifique de cette conception de la Géométrie. La deuxième moitié du volume, en effet, ne fait qu'exposer, de facon assez résumée, la Planimé- trie, la Géométrie projective et analytique, la Trigono- métrie et quelques notions de Stéréométrie. Elle se passe de l'appareil théorématique et s'adresse particu- lièrement aux professeurs, aux étudiants, à ceux qui, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX déjà avancés, veulent avoir un coup d'œil d'ensemble, un exposé systématique de leurs connaissances et( liaisons entre les différents domaines de la mathén tique. Evo. DEenous. | Professeur à l'Ecole professionnelle de Genève ; Lebon (Ernest), Membre correspondant de l'Acall mie Royale des Sciences de Lisbonne, Professe de Mathématiques au Lycée Charlemagne. — Pour l'histoire des Hypothèses sur la nature des Tachés du Soleil. — 1 brochure du Congrès internaticn de Philosophie, Genève. La nature des Taches du Soleil a donné lieu à ww certain nombre d'hypothèses, depuis qu'elles furetitl découvertes en 1611, avec les lunettes. C'est l'histoirel de ces hypothèses que présente en raccourci M. Lebor , | dans une courte, mais substantielle brochure dont est inutile de souligner l'intérêt historique. ë 2° Sciences physiques \Weinhold (A.). Physikalische Demonstr! tionen (EXPÉRIENCES POUR LES COURS DE PHYSIQ 4e édition revue et augmentée. — 1 vol. in-8%4 987 pages avec 600 figures et 4 planches hors texte Quand et Händel, éditeurs. Leipzig, 1906. L'ouvrage de M. Weinhold traite un sujet analoguë à celui du livre de M. Lehmann, mais à un autre poin de vue. Il s'adresse non pas aux professeurs des Un versités et des grandes Ecoles, qui disposent de Lab raloires richement outillés, mais à leurs collègué moins favorisés des établissements secondaires. Il convient alors, d'une part, de n'indiquer que expériences faciles à réaliser avec un matériel restre et appropriées au degré d'instruction des auditeu d'autre part, de ne pas imposer aux maîtres la née sité d'un choix entre des formes multiples d'une mème expérience, choix pour lequel ils n'ont pas toujoui les données nécessaires. M. Weinhold à réussi à satisfaire à ces exigences sachant se borner et sachant choisir dans une matièr trop riche. Des données numériques jointes à grand nombre de descriptions, seront d'un grand cours à l'expérimentateur, en lui épargnant leur calcul, sinon diflicile, du moins toujours fastidieux. ] Il est à supposer que cette quatrième édition trou vera le même succès que les précédentes et ce ser} Justice. ManGEL LAMOITE, Professeur adjoint à l'Université de Clermont-Ferrand: Klar (M.). — Traité pratique des emplois chimiquesW du Bois. (Traduit de l'allemand par M. L. GaurmEeR#)4 — À vol. in-8° de 345 pagrs, avec 59 figures. (PM cartonné : 15 fr.) Ch. Bérauger, éditeur. Paris, 1906 La distillation du bois ou sa carbonisation en va clos, en vue de l'obtention de l'acide acétique, l'acide méthylique, de l’acétone et autres produits pris depuis quelques années une importance consid rable. L'industrie des matières colorantes dérivées goudron de houille et la dénaturation de l'alcool éthy- lique consomment une quantité énorme d'esprit bois, tandis que la fabrication des poudres sans fumée exige l'emploi de l'acétone, qui n'était autrefois qu'un produit sans valeur industrielle; la préparation du, vinaigre &e table, la fabrication des acétates, etc: | emploient des quantités considérables d'acide acétique: h De nombreuses autres préparations chimiques, comme la formaldéhyde, le chloroforme et l'iodoforme, 4 | sn] | GE T2 ie osote et le gaïacol, ont également pour points de t les produits résultant de la distillation du bois. goudron de bois et l'essence de térébenthine pré- par distillation des bois résineux sont aussi l’objet e importante fabrication dans certaines contrées rope septentrionale. x es considérations ont engagé M. L. Gautier, le tra- eur et adaptateur bien connu de nombreux ou- iges techniques étrangers, à publier, pour ceux qui essent à cette branche dindustrie, une édition aise du livre éminemment pratique qu'un ingé- allemand, M. Klar, a fait paraître sur ce sujet. ouvrage donne de l’industrie en question une iption aussi complète et aussi claire que possible orique, matières premières, modifications chimi- éprouvées par le bois soumis à la distillation disposition des usines de carbonisation et con- de l'opération, conditions et frais d'établissement. falcul du rendement d'une usine, traitement des duits bruts de la carbonisation, analyse), et les ails techniques qu'il renferme montrent que l'auteur it son œuvre en se basant sur les enseignements longue pratique. traducteur y a ajouté les instructions relatives à i du méthylène d’après les méthodes prescrites à Régie française et un certain nombre de figures pareils. LS erin (G.), Pharmacien-major, Chef du laboratoire Chimie de l'Institut de Recherches de Malzéville. Guide pratique de l’expert-chimiste en denrées alimentaires. — 1 vo/. de 680 pages. (Prix : 12 fr.) Dépôt chez Maloine, Paris, 1906. Au moment où le Parlement vient de voter la loi bles fraudes alimentaires, qui va donner aux tra- de l'expert-chimiste une importance de plus en grande, il est intéressant de signaler cet ouvrage, est très complet. Ée nombre des chimistes qui sont éventuellement elés à formuler un avis sur des denrées alimentaires gmente chaque jour, car l'hygiène alimentaire fait Ssadeptes de plus en plus nombreux; pour tous, il fort utile d’avoir le livre qui énonce clairement les hodes à suivre, avec assez de détails pour que, sans tissage, on puisse, plus ou moins rapidement, ant les cas, effectuer une analyse de denrée. Le ue nous Signalons remplit à coup sûr ce but. teur se défend d’avoir fait un traité d'analyse; D justifie évidemment le laconisme ec lequel est le plus souvent énoncé le principe qui de base à la méthode. Par contre, on y trouve, avec aucoup de détails, des exemples de calculs d'analyse simplifieront beaucoup la tâche de l'analyste. Il aussi se féliciter d'y trouver de nombreux tableaux documents analytiques qu'on devrait parfois cher- “dans un grand nombre d'ouvrage spéciaux, qu'on ju'exceptionnellement sous la main. somme, pour l'analyse chimique de toutes les es, ce livre est absolument suffisant et est parfai- nent à jour. en entendu, un aussi vaste sujet ne saurait être é sans que quelque point permette la critique; us n'en relèverons qu'un d'ordre un peu spécial, qui unte son importance à la nature mème du sujet : la composition typographique, où les fautes ent notablement en nombre la limite permise, int de rendre incompréhensibles certains para- phes, d’ailleurs très intéressants. CH. QUILLARD, Chimiste. 3° Sciences naturelles ureau (F.). — Documents scientifiques de la L on sakharienne, Mission Foureau-Lamy : D'Alger au Congo par le Tchad. » — 1 fort vol. 3-49 de 1210 pages, paru en 3 fascicules, accompagné BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX D © de 30 planches et cartes et de nombreuses gravures dans le texte, et un Atlas de 16 pages. Masson et Cie, éditeurs. Paris, 1903-1906. L'ouvrage considérable que vient de publier sous ce titre M. Fernand Foureau permet d'apprécier combien a été féconde en résultats scientifiques la mémorable Rien qu'il a accomplie de l'Algérie au Congo par le Tchad, à la tête de la Mission Saharienne avec le Cohaindant Lamy, de 1898 à 1900. La Société de Géo- graphie a été bien inspirée en mettant à la disposition de M. Foureau une somme importante, prise sur le legs Renoust des Orgeries, pour ouvrir le Sahara à la France et relier nos possessions africaines du nord et de l’ouest, et nous voyons aujourd'hui que ce voyage n'a pas été moins important au point de vue scientifique qu'au point de vue colonial. Depuis vingt-trois ans que M. Foureau parcourait le Sahara, ses itinéraires for- maient déjà, en 1898, 21.000 kilomètres, dont plus de 9.000 en pays nouveau et dont les deux tiers avaient été levés au 1/100.000° et jalonnés par 500 détermina- tions de latitudes et de longitudes; il avait donc, plus qu'aucun autre, l'expérience et l'éducation sc entéfique qui devaient ui permettre de mener à bien cetle entre- prise difficile. Cette publication contient l'exposé des nombreuses observations de tout genre faites par M. Foureau au cours de son voyage et les études relatives aux Impor- tantes collections que la Mission a rapportées au Muséum d'histoire naturelle, à la Faculté des Sciences et au Musée du Trocadéro. Le premier fascicule, paru dès 1903, donne, après un résumé de la marche de la Mission, les observations astronomiques et météorologiques. Les premières ont été faites séparément par M. Foureau et par le Lieu- tenant de Chambrun. Ainsi que le constate dans son rapport M. Guyou, directeur du Bureau des Longitudes, la plupart des latitudes sont très concordantes. Pour les longitudes, l'accord est moins satisfaisant, comme il fallait s'y attendre; une grosse différence existe à Zinder et la valeur à adopter est celle de M. Foureau, déterminée par une occultation d'étoile. Les observa- tions météorologiques comprennent l'étude des phéno- mènes atmosphériques, les observations psychromé triques et hypsométriques et aussi celles relatives aux altitudes. L'ouvrage s’est continué en 1905 dans le deuxième fascicule, par les études de géographie physique, oro- graphie et hydrographie. Loin d'avoir cette uuiformité désertique qu'on lui a si longtemps prètée, le Sahara présente les aspects les plus variés. Non seulement d: hautes et puissantes dunes coupent ses océans de sable, mais encore il renferme d'importantes formations rocheuses qui déterminent ses montagnes et ses vallées. La description du relief du Sahara que donne M. Foureau est particulièrement significative à cet égard et les photographies dont il l'accompagne sont Saisissantes. L'Erg est un massif énorme de sable fin, tourmenté et accidenté comme un véritable territoire de mon- tagnes, ou les gassis forment des trouées pareilles à des routes. Le Tassili des Azdjer, massif montagneux qui s'étend depuis Amguid et la rive droite de l'Igharghar jusqu'aux environs de Ghât, s'élève jusqu'à un millier de mètres dans la chaine qui domine Aïn El-Hadijad) et que la Mission a suivie. Au Tassili s'accole l'Adrar, région tourmentée qui compte des pics élevés dont plusieurs sont d'anciens volcans. Ce pâté montagneux avait été jusqu'ici mal placé sur les cartes; la Mission en a fait le premier relèvement exact. Elle franchit la ligne de partage des eaux entre les bassins méditer- ranéen et atlantique à la cote 1.374 mètres. Les chaines principales de lAnahef rencontrées sur la ligne de marche de la Mission atteignent jusqu à 1.500 metres. Au delà de la plaine du Tanezrouft ou Tiniri, la Mission aborde une nouvelle région montagneuse, C elle de l'Aïr, dont les confins occidentaux n'avaient pas élé reconnus encore. Les chaînes formées de dents et de pitons dont M. Foureau donne une description détaillée accusent 1 ©t [=] BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX encore des altitudes qui vont jusqu'à 1.400 mètres. Quelques plateaux qui s’'inclinent descendent ensuite vers le lac Tchad. Toutes ces régions portent des traces variées de l'action éclienne à laquelle M. Foureau consacre un chapitre spécial. Quant aux dunes, résultat de l'érosion éolienne, elles ne sont pas mobiles, — les grandes dunes au moins, — mais elles avancent lentement, sous le vent, en ce sens que les sables viennent peu à peu augmenter leur volume et élargir leur base, dans le sens du vent prédominant. De très importants problèmes d'hydrographie se posaient à l'examen de la Mission. En ce qui concerne le bassin méditerranéen de l'Igharghar il a été reconnu que des tributaires supérieurs se jettent dans une grande artère supérieure qui traverse, par une profonde coupure, le Tassili tout entier; la ligne de partage des eaux des bassins méditerranéen et atlantique doit donc être reportée plus au sud. Dépendant du bassin atlan- tique, l'oued Tamanghasset est formé de trois branches que Duveyrier n'avait pu tracer que par renseignement ; la Mission les a reconnues, maix il resterait à établir que le Tamanghasset va bien rejoindre, comme on le suppose, un des dallols de la région de Sokoto pour se diriger ensuite vers le Niger. L'étude du lac Tchad a conduit M. Foureau à recon- naître qu'il ne gagne nullemenl vers le nord et l'ouest, comme l’affirmait Nachtigal, mais qu'il est au contraire envoie de desséchement. Quant à la question de savoir si le Bahr-el-Ghazal, qui traverse le Kanem, est un affluent ou un effluent du Tchad, M. Foureau l’examine, mais déclare que la solution doit en être réservée. La route suivie par la Mission saharienne a été levée en son entier et dessinée chaque jour par M. Foureau à l'échelle de 1/100.000, et le même travail a été fait aussi par quelques-uns des officiers de l’escorte, à tour de rôle, à partir de Aïn El-Hadjadj. La topographie du Sahara et du Soudan s'est ainsi augmentée de 6.995 kilomètres de route dont 1.650 consistent en reconnaissances diverses accomplies par les officiers. Ces travaux, exécutés à la boussole, s'appuient sur 105 positions astronomiques, dont 100 nouvelles, et sur des lectures barométriques faites par M. Foureau trois fois par jour à heure régulière, et en outre à tous les points saillants de l'itinéraire. C'est d'après ces docu- ments que le capitaine Verlet-Hanus a dressé l’atlas de onze planches au 1/400.000° et de cinq planches au 4/100.000°, ces dernières donnant le cours du Chari aux basses eaux entre Fort-Lamy et Fort-Archambault. La description topographique que M. Foureau à donnée de l'itinéraire ajoute encore à la valeur géographique des cartes dressées. De toutes les récoltes scientifiques de la Mission, la plus considérable de beaucoup est celle des matériaux et des observations géologiques. Près de 500 échantil- lons recueillis par M. Foureau ont pris place dans les collections de la Faculté des sciences; Mure a pris soin d'en repérer soigneusement le gisement sur la carte, et il a donné une description géologique de l'itinéraire dans laquelle il a groupé les résultats de ses nombreuses observations. Cette remarquable étude est complétée par les travaux spéciaux de M. L. Gentil, sur la pétrographie, et de M. E. Haug, sur la paléonto- logie, Aucune exploration précédente n'avait apporté à la connaissance de la géologie du Sahara une contri- bution aussi complète, aussi nette et aussi méthodique. M. Foureau avait recueilli, pendant toute la durée du voyage, un grand nombre de spécimens de plantes et de graines, mais les termites, puis les hasards de la voie fluviale, en ont détruit la plus grande part. Deux cent vingt-cinq échantillons sur plus de trois mille ont seuls pu être conservés. Les nombreux voyages saha- riens précédemment accomplis par M. Foureau lui avaient donné heureusement déjà une connaissance de la flore de ces régions qui lui a permis de noter, en cours de route, un grand nombre de plantes, en sorte qu'il a pu donner une liste presque complète des végé- répartition. La Mission n'a pas été mieux favorisée pour. échantillons de zoologie que pour ceux de botaniq Les difficultés éprouvées pour le transport des bag ont entraîné la perte ou l'abandon de presque tou matériel d'histoire naturelle et bien peu de spécimen ont pu être rapportés. Là encore, cependant, M. Foure a pu, par ses observations consciencieuses et les no prises en chemin, relater de très nombreuses partit { larités du plus haut intérêt sur les animaux de tout ordre rencontrés durant le voyage. Les observations relatives à É faune et à la flo offrent d'autant plus d'intérêt qu'elles se rattachent des régions de caractères très divers dont on peut saisi les différences ou les affinités, ainsi que les passag de l’une à l’autre. Enfin M. Foureau a donné une place importante dans. ses préoccupations à l'étude de l'homme. Déjà, dans ses, divers voyages sahariens, il avait recueilli de nombreux. échantillons d'objets des époques préhistoriques et il a. pu, cette fois encore, sans même faire de fouille réunir de nombreux exemplaires qui lui ont permis fixer des idées générales et d'établir des comparaiso Il a remarqué que les flèches taillées des ateliers sab: riens sont très semblables à celles rapportées de Pat gonie. Quant aux dessins des poteries, ils rappelle ceux de poteries anciennes de provenance très loi taine, par exemple de l'Amérique du Nord, mais sont voisins aussi des dessins somalis et danakils. L documents rapportés ont motivé de savantes consid rations de la part de M. Hamy et une étude sur 1 industries de l'âge de pierre sabharien par M. D: Verneau. Une longue et très intéressante esquisse ethnogn phique des pays traversés a été tracée par M. Fourea bien que présentée comme le résumé de notes prise au hasard de la route, elles apportent d'important renseignements sur des populations très diverses Enfin M. Foureau a donné un aperçu sur les transaæ tions qui s'effectuent dans ces régions, mais, com pour la plus grande part elles appartiennent au déser la vie commerciale n’y existe pour ainsi dire p Ayant décrit le pays, M. Foureau se demande qu peut en être l'avenir. Le Sahara, actuellement, produit rien, et il faut l’organiser de la facon la pl économique qu'il sera possible ; peut-être ses roche arides cachent-ils des richesses minières, mais on ne le saura qu'après des prospections sérieuses; l pourrait se prêter à l'élevage de grands troupeaux, Y! compris des autruches. Quant au Soudan, il est sus=\ cepüble de donner un certain rendement par l'élevage: des troupeaux et par les cultures spéciales à la région} le mil et le coton. L'Année psychologique possède un précieux ni lège : elle rajeunit tous les ans. Débarrassée en 1904! d’un pesant appendice bibliographique (qui maintenan est publié à part par les soins de M. Vaschide), elle tend à supprimer, en 1905, l'analyse des travaux de psychologie (qu'on peut trouver dans le Journal de: Psychologie de MM. Pierre Janet et Georges Dumas}: La plus grande partie du volume est donc consacréeà! des mémoires originaux et à des revues annuelles qu sont elles-mêmes des travaux originaux : les articles de! MM. van Gehuchten (anatomie du système nerveux), Fredericq (physiologie du système nerveux), Nuel (phy-! siologie des sensations), Guillain (pathologie du système nerveux), Grasset (l'action motrice bilatérale de chaque, hémisphère cérébral), Lacassagne et Martin {anthro- pologie criminelle), Meillet (quelques phénomènes del linguistique), Malapert (philosophie et morale), Leuba (psychologie religieuse), Bohn (psychologie comparée), | \ Deniker (anthropologie), Simon (études cliniques sur! GUSTAVE REGELSPERGER. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 751 aliénation mentale), donnent au psychologue de pré- es indications sur l’état des sciences qui ont avec ienne d’étroits rapports. ctivité de M. Binet s'est tournée du côté de la chologie pédagogique, et la plupart des Mémoires ginaux sont consacrés à la psychologie et à la péda- e des arriérés et des anormaux. C'est ce qui donne volume de, l'Année sa physionomie spéciale dans llection. M. Binet a trouvé dans l’enseignement naire des collaborateurs nombreux, zélés et de plus us expérimentés; il a pu constater, en contrôlant rs observations, leur exactitude : faitimportant, car vre à la Psychologie des perspectives nouvelles en romettant d'abondantes moissons de documents isables. Les questions étudiées dans ce volume sont ut des questions préliminaires : à quels signes tinguer un arriéré ou un anormal d'un enfant normal? On pourrait croire que les stigmates physiques eigneront à cet égard d'une manière plus objective que les stigmates psychologiques. Pourtant, les méde- ins ne sont pas arrivés à des classifications et à des léfinitions précises de l'idiot, de l'imbécile, du débile, les différentes infériorités intellectuelles. La « méthode médicale » ne donne que des renseignements « indi- cts », qu'il ne faut pas négliger, mais qui sont insuf- nts. Une seconde méthode, la « méthode pédago- que », consiste à faire l'inventaire des connaissances olaires et extra-scolaires d’un enfant. À chaque äge correspond une moyenne de connaissances : celui qui atteint pas cette moyenne est un arriéré, celui qui en st loin est un anormal. Les connaissances en calcul prêtent mieux que d’autres à cette mesure de intelligence : un directeur d'école, M. Vaney, expose une manière intéressante les procédés qu'il emploie r apprécier objectivement l'intelligence de ses èves. Et M. Binet préfère cette évaluation au jugement ubjectif que les maîtres peuvent porter sur les écoliers près l’ensemble de leur vie scolaire. Mais la méthode ue préfère M. Binet, c'est la « méthode psycholo- que », qui consiste à soumettre les sujets à un certain nombre de « tests » gradués. Par exemple, l'expérience uve qu à cinq ans, un enfant normal est capable de nparer la longueur-de deux lignes, d'apprendre à omparer deux poids; il peut « définir » (classer serait Is exact) un objet usuel (il dira : un cheval, c'est une bête », etc.). Si donc un enfant de cinq ans est inca- able de faire ces petites opérations, c'est qu'il est vriéré ou anormal. Et il est possible de graduer les difficultés avec assez de précision pour mesurer le leuré de son « arriération ». L'idiot, dit M. Binet, c'est ètre qui ne dépasse pas le niveau intellectuel de Nenfant de deux ans, qui ne parle pas, qui demeure, r suite, isolé, zdios. L'imbécile, c'est celui qui ne passe pas le niveau intellectuel de l'enfant de cinq ans. Et ainsi de suite. Que faire de ces malheureux? Les institutrices de la Salpétrière décrivent dans ce volume les soins qu'elles eur donnent, les procédés pédagogiques qu'elles em- dient pour essayer de faire l'éducation de ces esprits tardés. Quel est le résultat de leur intelligent dévoue- ent? M. Binet estime qu'il est médiocre. Et la ques- ion se pose de savoir si, pour certains malades, il ne udrait pas mieux renoncer à toute tentative d’amé- ation intellectuelle. a psychologie et la pédagogie des arriérés n’occupent S tout le volume. Notons un article sur /a sensation limage que M. Binet a reproduit dans son livre : 1me et le corps; un article sur Ja science du moignage (qu'il préférerait appeler « science psycho- diciaire »), où, à propos des études de Stern et de 8 Borst, il indique dans quelles directions variées pourrait s'orienter cette science jeune et féconde qu'il contribué à créer; un article sur la mesure de la latique intellectuelle où, confirmant les théories de _Griesbach, M. Binet établit une relation entre la tigue intellectuelle et une sorte d'obnubilation du ens tactile (et aussi de la perception de la douleur); REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. — un article de MM. Bourdon et Dide sur l'état de a sensibilité tactile dans des cas d'hémiplégie organique, où les auteurs recherchent en fonction de quels facteurs varie la stéréognosie (ils semblent prouver que le sens musculaire ne joue pas dans cette opération le rôle qu'on lui a souvent attribué); — un article de M. Hae- melinck sur l’asymétrie du sens qustatif; — enfin une note de M. Féré sur le rôle des conditions somatiques dans l'association des idées. Cette note nous fournira notre conclusion. Le souvenir d'un de ses anciens malades, auquel il ne s'intéresse pas spécialement, envahissant brusquement la con- science de M. Féré, il cherche d’où peut bien sortir ce phénomène mental. Et il trouve la cause dans un phé- nomène physique : au moment où il a signé l'exeat de ce malade, M. Féré avait pris, pour faire une expérience, une pilule d'extrait thébaïque ; il vient de recommencer la mème expérience, de prendre une pilule semblable, il est dans le mème état paysique : rien de surprenant si la même image se présente à sa conscience. Dans cette interprétation, il nous semble qu'on oublie des faits essentiels : tous les faits de conscience qui accom- pagnent l'absorption de la pilule, depuis la perception visuelle, tactile, gustative de cette pilule jusqu'aux images, sensations et émotions qui en résultent. Si au milieu de ce complexus de faits mentaux s'insère un nom de malade, quand le même complexus se repro- duira, à la suite de la perception de la mème pilule, le nom du malade tendra à reparaitre. Ce ne sont pas seulement les états somatiques qui sont les mêmes dans les deux cas, ce sont aussi les états psy- chologiques. Ils ne doivent pas être passés sous silence. Depuis plusieurs années, M. Binet élargit le cadre de son recueil, et le volume de 1905 s'ouvre par cet aveu significatif : nous avons peut-être consacré trop de temps à la psychologie de laboratoire. Depuis plusieurs années, M. Binet joint à la psychologie physiologique la psychologie psychologique ou psychologie tout court. La note de M. Féré, par les critiques qu'elle appelle, prouve que M. Binet n'a pas tort. Expliquer un phéno- mène psychologique par ses seules « conditions soma- tiques », c'est négliger, par une abstraction arbitraire, des éléments nombreux et importants de la réalité. Pauz LaAPiE, Professeur adjoint à l'Université de Bordeaux. 4 Sciences médicales Morache (C: G.), Professeur de Médecine legale à la Faculté de Médecine de Bordeaux. — La Res- ponsabilité, étude de Socio-biologie et de Méde- cine légale. (Prix : 4 fr.) E. Alcan. Paris, 1906. L'idée directrice du livre de M. Morache c'est que la justice ne peut se séparer de l’équité et que celle-ci comporte la notion de la responsabilité. En face d'un acte anti-social on doit donc se demander si l'homme qui l’a commis, comprenait absolument la portée de son action, s'il a pu la juger et l'apprécier dans toutes ses conséquences, s'il n’a pas subi quelque influence mor- bide qui l'a dominé, s’il était conscient et libre. Après avoir donné un aperçu de la facon dont a évo- lué la notion de la responsabilité, M. Morache passe en revue les diverses théories de l'homme criminel. Il étudie ensuite, dans une série de chapitres, les diffé- rents facteurs qui peuvent intervenir dans cette ques- tion de la responsabilité, le milieu et la race, l’alcoo- lisme, l'opium et la morphinomanie, les états mor- bides comme l'hystérie et l'hypnose, la neurasthénie et l'épilepsie, les psychopathies sexuelles, les dégénéres- cences, les obsessions, l’aliénation, etc., etc. Le livre se termine par un chapitre dans lequel il expose les principes qui doivent guider le magistrat et le médecin quand ils ont à établir le degré de respon- sabilité d'un individu ayant commis un acte délictueux. Malgré sa forme concise, c'est un livre des plus in- structif pour tous ceux qui s'intéressent à la Pathologie sociale. R. Rome, Préparateur à la Faculté de Médecine de Paris. 16** 758 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER Û ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 16 Juillet 1906. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M, A. Buhl souligne le caractère arbitraire des développements des solutions, même uniques, des problèmes de la Physique mathé- malique et démontre une propriété nouvelle des séries trigonométriques généralisées : Une série trigonomé- trique généralisée, formée dans un intervalle donné, représente, dans tous les intervalles identiques, la fonction donnée multipliée par des constantes arbi- traires variables d’un intervalle à l’autre. — MM. H. Deslandres et A. Bernard décrivent un photomètre spécial, destiné à la mesure de la lumière circumso- laire, qui a été employé pendant l’éclipse du 30 août 1905 et, depuis lors, à l'Observatoire de Meudon.— MM. W. Ebert et C. Le Morvan ont étudié l'appareil de M. Lippmann, destiné à la mesure photographique des asceusions droites. L'erreur personnelle dans l’évalua- tion du temps n'intervient pas, et deux corrections sont éliminées : les variations de la longueur focale et les déformations produites par l'objectif. — M. H. Re- nan a déterminé rigoureusement deux constantes instrumentales qui interviennent dans certaines obser- vations méridiennes : l’inclinaison du fil horizontal du micromètre par rapport à l'axe de rotation et l’angle du fil vertical avee le plan instrumental. 209 Sciences PHYSIQUES. — MM. Ch. Fabry et H. Buis- son : Mesures de longueurs d'onde dans le spectre du fer pour l'établissement d’un système de repères spec- troscopiques (voir p. 674). — M. W.. Ritz à préparé, au moyen de solutions concentrées d'azotate d'argent et de bromure de zinc ou d'’ammonium, des émulsions dans le collodion qui jouissent d'une grande sensibilité à l'égard des rayons infra-rouges. — M. G. Malfitano a étudié la conductibilité électrique du colloïde hydro- chloroferrique; elle est constituée de deux parties : celle du liquide intermicellaire et celle des micelles. — M.J. Largvier des Bancels à constaté que le mélange de deux colloïdes de signe opposé, en présence de non-électrolytes, donne lieu, en général, à une préci- pitation; müuis quelquefois, la présence d'un non- électrolyte fuit obstacle à la précipitation. Le précipité résultant du mélange de deux colloïdes de signes op- posés en solution aqueuse peut être dissocié par l’ad- dition de certains non-électrolytes. — M. Binet du Jassoneix, par réduction de l'oxyde de molybdène par le bore ou combinaison des deux éléments au four électrique, a obtenu des fontes non carburées, conte- nant Jusqu'à 46 °/, de bore, attaquables par l'acide azotique étendu et dans lesquelles on ne rencontre pas de combinaison cristallisée apparente. — M. M. Berthelot a constaté que les matières radio-ac- tives peuvent, comme l’effluve électrique, déterminer la fixation de l'azote et celle de l'oxygène sur les com- posés organiques. — M. E. Alilaire à déterminé la composition du ferment acétique; les cendres du bacille dégraissé renferment °/, : Si0*, 0,6; Cu, 1.66; Fe*05,10,7; H*PO,47,45; CaO, 10,7; Mg0,8 ; KOH, 18,02; NaOH, 2,87. — M. Kohn-Abrest montre qu'il existe dans les mélanges dits pois de Java de nombreux glu- cosides cyanogénétiques ; ilen a isolé trois, qui donnent respectivement 8,3, 8,6 et 7,3°/, d'acide cyanhydrique. — M. W. Mestrezat indique une méthode de dosage de l'acide malique et de quelques acides fixes dans le jus des fruits, fermenté ou non, Elle est fondée sur ‘insolubilité parfaite, dans l'alcool à 75°, des malates, tartrates et succinates de Ba, alors que les sels de Ba ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES des autres acides organiques fixes restent en solutions, — M.J. Dumont montre que les composés phospho= humiques du sol se forment, soit par l'action absor bante que l'humus exerce à l'égard des phosphates. solubles du sol, soit par la réaction de ces mêmes phosphates sur les humates alcalins. — MM. Ch. Mou- reu et R. Biguard ont recherché le néon dans les g de vingt-deux sources thermales et ont pu le mettre évidence dans toutes. 3° SCIENCES NATURELLES. — MM. A. Imbert et H: Marquès ont observé une pigmentation des cheveux et de la barbe sous l'influence des rayons X ; les cheveux blancs repoussent noirs et les cheveux blonds se foncent nettement. — M. E. Forgeot à reconnu que les ganglions Iymphatiques des Ruminants ne sont pas seulement des centres leucopoiéliques; ils peuve aussi contribuer à la formation des hématies. —= MM. L. Jammes et A. Martin ont étudié le dévelop= pement artificiel de lAscaris vitulorum Goeze. LA réceptivité de l'hôte paraît dépendre, en premier lieus de sa température; la nature des sucs digestifs inters vient ensuite. — M. R. Chudeau a étudié la géologie. de la région de Zinder au Tchad; malgré l'ensables ment presque général du pays, il a reconnu l'existencé d'un plateau cénomanien. — M.E. Gourdon à examiné les roches microlitiques recueillies par l'Expédition Charcot sur la Terre de Graham; elles comprennent des trachy-andésites, des labradorites et des basaltes (limburgose). ‘0 Séance du 23 Juillet 1906. £ M.le Président annonce le décès de M. P. Brouardel; membre de l’Académie, — L'Académie présente à M. Jeu Ministre de l’Instruction publique la liste suivante de, candidats pour le poste de Directeur de l'Observatoir®, de Bordeaux : 1° M. L. Picard; 2° M. H. Bourget. M 1° SCIENGES MATHÉMATIQUES. — M. E. Waelsch indiqué une extension de l'Algèbre vectorielle à l’aide de J@ théorie des formes binaires, avec applications à l& théorie de l’élasticité. — M. M. Petrovitch commus, nique ses recherches sur une classe de séries entières: — M. N. de Zinger indique les raisons pour lesquelles on à adopté la projection de Lagrange dans la reconss truction de la carte de la Russie d'Europe. : 29 SCIENCES PHYSIQUES. — M. L. Bloch à constaté que les ions présents dans l'air puisé au voisinage de l& lampe Nernst n'ont pas tous même mobilité; les mo, bilités moyennes semblent voisines de O0mm,30, = M. Devaux-Charbonnel à étudié, au moyen de l'oscils lographe Blondel, la propagation du courant dans les lignes télégraphiques. La vitesse de transmission est d'autant plus grande que l'on peut attribuer des valeurs. plus faibles à la capacité et à la self-induction. = M. P. Massoulier montre qu'il n'y à jamais propor- tionnalité rigoureuse entre les variations de résistance électrique et de viscosité des solutions électrolytiques;, parce que l'ionisation, dont dépend la conductibilité, est influencée par les variations de composition du dissolvant. — M. A. Chassy à étudié l'influence de l& pression sur la formation de l'ozone par l'action de l'effluve; il y a un passage brusque entre le régime où se produit l'ozone (pression supérieure à 6 centimètres) et le régime où il ne se produit pas (pression inférieure ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 1591: dique du terbium et du dysprosium dilués dans la baux (voir p. 721). — M. J. Danysz fils a étudié la éapparition de l’activité du chlorure de plomb extrait è la pechblende et désactivé par un procédé dù à M: Debierne. Les résultats montrent que ce traitement enlevé au plomb la totalité du radium E et du polo- ium, en lui laissant toutefois du radium D, qui re- jrme du radium E, lequel, en se transformant à son ur, donne du polonium. — M. L. Hackspill, en dis- illant dans le vide l'excès de plomb contenu dans un iliage de plomb et de calcium, a obtenu un composé fini, cristallisé, répondant à la formule Ph#Ca*. — ©. Hônigschmid, en réduisant l'oxyde de zirconium les fluorures doubles de potassium et de zirconium a de titane par voie aluminothermique, a obtenu, en résence d'un grand excès de silicium, les siliciures i2 et ZrS®. — MM. C. Chabrié et F. Levallois, en tant l’outremer ordinaire par l'azotate d'argent en ence d’eau en tube scellé, ont obtenu de l'acide lfurique, du nitrite d'argent, du bioxyde d'azote et l'argent métallique. L’outremer d'argent ne ren- me jamais plus de 38,47 à 38,56 °/, d'Ag. — M. D. Ne- eano a constaté que la résistivité d'une eau minérale tpresque une constante physique, qui peut la caracté- er. Elle diminue par rapport à la température. Elle diffère notablement de celle d'une eau minérale simi- re, fabriquée artificiellement, àla mème température. -M. E. Léger a reconnu que l'hordénine renferme groupement phénolique et un groupement dimé- iylaminique. lle possède vraisemblablement la nstitution OH. CSH*. CH?. CH?. Az (CH*)°. — M. J. Pé- rd, en faisant réagir le bromure de phénylmagné- um sur le diméthylamido-benzoylbenzoate de méthyle, obtenu le paradiméthylamido-triphényloxydihydro- nzofurfurane, F.194°, puis, par réduction de ce nier, le p-diméthylamido-0o-benzhydryltriphénylear- mol, F.145°, qui, traité par l'acide sulfurique, donne diméthyl-amidodiphénylanthracène, F.2980, M. R. Fosse et A. Robyn ont constaté que les radi- x éleciropositifs dinaphtopyryle et xanthyle peuvent facilement se substituer à 1 atome d'H des diverses molécules organiques électronégatives, telles que les éthers 5-cétoniques, les G-dicétones, les éthers malo- nique et cyanacétique. — MM. L. Hugouneng et J. Ga- Hmard ont obtenu, dans l'hydrolyse de l’albumine du blanc d'œuf de poule, de l’arginine, de la lysine et deux omposés qui paraissent être des combinaisons de arginine avec la proline et avec l'acide aspartique. — . Sarda et Caffart ont obtenu des cristaux de ïlorohématine en traitant les taches de sang par une lution de chlore, la pyridine et le suifure d'ammo- um; ce procédé constitue un excellent moyen de diagnostic. — MM. E. Kayser et E. Manceau ont déterminé les substances attaquées par le ferment de le ee des vins et leurs produits de transformation. Le lévulose donne de la mannite, de l'acide lactique ét & l'acide acétique; le glucose, de l'acide lactique et es acides volatils; le saccharose, les produits de ses deux constituants. = 39 SCIENCES NATURELLES. — MM. Ch. Bouchard el Balthazard ont constaté quel'émanation duradium, jectée dans le péritoine des animaux, se répand dans a deuxième heure, sur les capsules surrénales. Au out de 5 à 6 heures, l'organisme ne renferme plus émanation et les tissus ont perdu toute radio-activité. M. P. Marais de Beauchamp a étudié l'appareil “éWrocérébral des Rotifères; c'est, pour lui, un organe D: autrefois commun à tous les Rotifères, mais “égressé ou disparu actuellement dans une bonne partie des genres. — M. L. Blaringhem, par une muti- tion effectuée sur le maïs de Pensylvanie, est arrivé créer une espèce nouvelle, qu'il nomme Zea mays Dr. dont la floraison est terminée bien avant celle l'espèce origine. — M. H. Douvillé montre que les Sulinidés nesont pas des Perforés, comme on l’admet éralement, mais des Imperforés arénacés présen- aus les tissus, mais en se concentrant, surtout à partir | tant une texture particulière du test, que l’on peut désigner comme réticulée ou alvéolaire. — M. J. Gos- selet signale les résullats négatifs de deux sondages profonds entrepris en Picardie pour trouver lé terrain houiller. Si donc le bassin houiller de Lorraine se prolonge vers l'Ouest, il passe au sud du pays de Bray. M. J. Blayac a reconnu, dans le bassin de la Sey- bouse (Algérie), la présence assez fréquente du Gault et du Cénomanien, signalés autrefois par Coquand, et a découvert celle du Vraconnien. — M. Ph. Glangeaud estime à 500.000 litres par jour la quantité de CO* qui se dégage actuellement en Auvergne de divers points du sol; près de deux de ces sources, on a découvert des poches ossifères qui semblent avoir été formées par les cadavres des animaux et des hommes asphyxiés en ces endroits. — M. J. de Schokalsky a étudié la formation de la glace de fond dans le lac Ladoga. Les conditions de température nécessaires semblent ètre : pour l'air, de — 29 à — 12° C., et pour l’eau 09 C. jus- qu'au fond et peut-être un peu moins au fond. ACADÉMIE DE MÉDECINE Seance du 17 Juillet 1906. MM. A. Chauffard, Fernet et F. Raymond présentent respectivement les Rapports sur les concours pour les prix Stanski, Pierre Guzman et Boullard. — L'Aca- démie discute les conclusions de la communication de M. Blanchard sur le paludisme à Madagascar. Séance du 24 Juillet 1906. M. le Président annonce le décès de M. P. Brouardel, membre de l'Académie. L'Académie, considérant que l’endémo-épidémie pa- lustre continue à s'étendre et à s'aggraver à Madagascar, malgré les mesures déjà prises, émet le vœu qu'une Commission soit formée à Tananarive pour rechercher les causes des progrès inquiétants que fait le paludisme et les nouvelles mesures à prendre pour combattre ce fléau. — MM. F. Raymond et H. Benjamin présentent respectivement les Rapports sur les concours pour les prix Lorquet et Monbinne. — M. E. Roux analyse un travail de M. A. Borrel intitulé : Tumeurs cancéreuses et helminthes. L'auteur signale, en particulier, deux cas de rats morts de tumeurs, l’une du rein droit, l’autre du foie, au centre desquelles on trouva des cys- ticerques. Des fragments de la tumeur, inoculés à d’autres rats, ont donné des tumeurs filles volumi- neuses. Il semblerait que le cysticerque apporte avec lui quelque virus encore inconnu. — M. Kermorgant étudie le fonctionnement de l'assistance médicale en Indo-Chine.— MM. Chantemesse et Borrelinsistent de nouveau sur les dangers que fait courir à la santé pu- blique le passage de nombreux émigrants à travers la France. Ils montrent la facilité avec laquelle un émi- grant malade peut traverser la frontière de terre et les périls que font courir à Marseille les émigrants orien- taux qui viennent séjourner dans cette ville. Séance du 31 Jurllet 1906. M. le Président prononce l'éloge funèbre de M. P. Brouardel. L'Académie nomme pour cinq ans M. Kelsch directeur de l’Institut vaccinal supérieur. L'Académie entre en vacances jusqu'au 2? octobre. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 21 Juiilet 1906. M. Aug. Pettit montre que l'hypophyse du Cen- troseymnus cœlolepis se caractérise par la structure manifestement sécrétoire de son parenchyme et l'or- donnancement sinusoïdal des produits de sécrétion. — M. L. Perdrix a constaté que les solutions de formol, au point de vue de la désinfection, ne peuvent guére fournir de méthanal que par évaporation du dissol- vant; l'excès d'eau est donc, pour la stérilisation des germes, plutôt un obstacle qu'un adjuvant. L'exposi- tion dans le méthanal see à 1009 détruit complètement, en quatre minutes au maximum, les spores sèches de B. subtilis et les autres germes qui les accompagnent. Se basant sur ces résultats, l’auteur a construit un appareil stérilisateur permettant la désinfection rapide et à sec des objets solides. — MM. G. Desbouis et J.-P. Langlois ont constaté que l'inhalation de vapeurs d’essences minérales produit rapidement sur le cobaye une polyglobulie sanguine considérable. — MM.J. Can- tacuzène et M. Ciuca montrent que des streptocoques, mème peu virulents, injectés dans l'intestin en quan- tité suffisante, peuvent traverser la paroi intestinale et se localiser, entre autres, dans les poumons, où ils donnent lieu à une broncho-pneumonie à streptocoques. — MM. Ch. Achard et M. Aynaud signalent la facilité avec laquelle les espaces intercellulaires se laissent pénétrer par les substances les plus diverses. — MM. E. Laguesse et Em. Lemoine ont étudié la charpente conjonctive du muscle lisse et confirment l'importance de la substance amorphe dense dans le tissu conjonctif. — M. E. Brumpt est parvenu à infecter divers poissons par des Trypanosomes et Trypanoplasmes en les fai- sant piquer par des Hirudinées gorgées de sang d'ani- maux déjà porteurs de ces parasites. — M. J. Jolly à étudié la phagocytose des noyaux expulsés des hématies des Mammifères. Pour lui, l'expulsion du noyaure pré- sente un des termes de l'évolution du globule rouge nucléé. — M. E. Maurel à constaté que la convalla- marine, aux doses thérapeutiques, est un agent vaso- constricteur et un accélérateur de la circulation. — MM. Slatineano et Galesesco ont examiné le sang des malades atteints de typhus exanthématique à Bucarest et ont observé une augmentation énorme des mono- nucléaires, qui atteint 45°/, à la fin de la maladie. — MM. E. Grynfelt et E. Mestrezat proposent un nou- veau procédé de pigmentation des préparations histo- logiques, consistant à faire agir, sur les coupes plongées dans l'alcool, de l'acide chlorique. — M. H. Busquet a observé aussi chez les Mammifères la disparition du pouvoir cardio-inhibiteur du pneumogastrique sous l'influence de la vératrine. — M. L. Mercier a décou- vert, chez les Talitres, une Microsporidie nouvelle, appartenant au genre Thelohania. — M. P. Fauvel à étudié l’action de quelques agents modifiant l'excrétion de l'acide urique et des purines. — MM. R. Lépine et Boulud ont constaté que le pouvoir glycolytique du sang est énormément augmenté chez les animaux phlo- ridzinés. — M. G. Moussu à observé qu'une culture de tuberculose humaine, mise dans l'organisme d'un animal de l'espèce bovine, conserve sa vitalité pendant un an environ. — M. H. Vincent a reconnu que l'eau est, en général, un milieu peu propice à la conserva- tion du bacille pathogène de la dysenterie; toutefois, le bacille persiste longtemps dans les eaux congelées et à l'obscurité. — M. H. Hérissey a isolé le glucoside cyanhydrique des semences d'Zryobotrya japonica; il est dédoublé par l'émulsine en d-glucose, HCAz et acide benzoïque; c'est donc de l'amygdaline. — MM. A. Frouin et Ch. Porcher montrent que, sous l'influence de la bile, le dédoublement du lactose se fait, dans une certaine mesure, dans la lumière mème du canal intes- tinal. — MM. H. Lamy et À. Mayer ont constaté que, sous l’action de fortes doses de sels-de calcium, le débit de l'urine diminue un peu, par suite d’un ralen- tissement considérable du cours du sang dans le rein ; les faibles doses augmentent, au contraire, un peu le débit et la concentration de l'urine. — MM. G. Caussade et Joltrain montrent que l'épithélium intestinal et peut-être les ferments et sucs digestifs sont capables de neutraliser l’action des toxines du bacille du tétanos. — MM. J. Larguier des Bancels et E. F. Terroine ont reconnu qu'uné macération intestinale, conservée aseptiquement pendant quatre années, manifeste encore au bout de ce temps des propriétés kinasiques très actives. — M. G. Martin a constaté que le Trypano- soma dimorphon joue un rôle important dans les épi- zoolies de la Guinée française. — MM. L. Le Sourd et ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES Ph. Pagniez ont observé que les hématoblastes jouen un rôle capital dans le processus de la rétraction du. caillot. — MM. Ed. Retterer et G. Tilloy ont trouvé”. que les hématies humaines présentent des formes. variées : sphériques, hémisphériques, elliptiques, ai laires, lenticulaires. — MM. B. Weill-Hallé et H. Le- maire ont constaté que l'injection de toxine diphté= rique pratiquée avant la disparition complète du sérur antitoxique dans l'organisme n’entraîne pas la mort, La présence de la précipiline ne parait jouer aucune influence précise sur l'immunité. — MM. M. Doyon et A. Morel ont vérifié que l'acide arsénieux cristallis peut ne pas être absorbé chez le chien par l'intestin. — M. Ch. Féré signale deux cas de portées entièremen noires chez des souris blanches. — M. R. Laufe montre que, si l’on administre à un diabétique arthri tique, pendant une période, une dose de sucre infé= rieure à celle qu'il peut utiliser, la puissance d’utili sation est augmentée dans la période consécutive. — MM. A. Charrin, V. Henri et Monier-Vinard ont cons: taté que, sous l'influence des solutions d'argent col loïdal, le bacille pyocyanique tend à s’allonger et perd sa fonction chromogène. — Ml: P. Cernovodeanu € M. V. Henri montrent que l'argent colloïdal à granule fins exerce sur les microbes une action beaucoup plu forte que l'argent à granules gros. — M. V. Henri & Mie J. Lévy ont observé que, pour certaines propor tions d'hydrate de fer et de saponine, la vitesse initial d'hémolyse est indépendante de la concentration de l'émulsion de globules; ces mélanges produisent done une hémolyse suivant la même loi que les hémolysines — M. A. Netter montre que les préparations actuelles de collargol diffèrent beaucoup de celles qui étaien autrefois livrées par le commerce. — M. Ch. François Frank résume ses recherches sur le mécanisme de 1 respiration chez les Chéloniens. M. Lécaillon est élu membre titulaire de la Société RÉUNION BIULOGIQUE DE BORDEAUX Séance du 3 Juillet 1906. MM. P. Coyne et B. Auché ont préparé un sérun antidysentérique polyvalent par injection au cheval d cultures Shiga-Kruse et de cultures Flexner. Ce sérum s'est montré actif sur le lapin et sur deux enfant atteints de diarrhée. — MM. J. Gautrelet et H. Gra vellat, après avoir injecté de l'hématoxyline à des lapins, sont parvenus à déceler la présence de son chro mogène dans les urines. — MM. J. Kunstler et Ch Gineste donnent la description d'un nouveau spirille le Spirillum periplaneticum, qui se rencontre en abon= dance dans l'intestin du Periplanela americana. =“ Les mêmes auteurs ont constaté que l'orientation attris buée au corps des Opalines est vicieuse; le bord droi est, en réalité, le bord ventral, et le bord gauche, I bord dorsal. — M. A. Le Dantec à étudié le microb du rouge de morue; c'est un bacille de 2 à 15 x, ne poussant pas dans les milieux sursaturés de sel. Il esb accompagné de plusieurs espèces microbiennes, qua paraissent jouer auprès de lui un rôle favorisant. G@ microbe appartient à une nouvelle catégorie, que l'auteur désigne sous le nom de-microbes chloruro= philes, et que l’on trouve dans les océans et les eaux salines naturelles. » | SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES : | Séance du 3 Mai 1906 (fn). , | MM. A. G. R. Foulerton et A. M. Kellas : Actioi | des décharges électriques de haut potentiel et de fré) quence rapide sur les bactéries. Voici les résultats dés expériences des auteurs : 1° Lorsqu'on expose les bacs téries en suspension dans l’eau, dans une atmosphère d'air ordinaire, à l'action des décharges électriques dè | potentiel élevé e£ de fréquence rapide telles que celles | qu'on emploie pour les traitements médicaux, des | quantités suflisantes d'acides nitreux et nitrique urte de quinze minutes, pour stériliser l’émulsion; ction germicide de ces composés à l’état naissant est vorisée dans les circonstances ordinaires : a) par hauffement du milieu dans lequel ils sont en sus- nsion au moyen de rayons caloritiques résultant de la charge; D) par la formation concomitante de sub- nces telles que l'ozone et le peroxyde d'hydrogène, iï, abandonnant rapidement une partie de leur ygène, accélèrent l'interaction des acides nitreux et itrique et l’activité germicide qui en dépend ; 2° Lorsque es bactéries sont exposées à l’action de la décharge “dans une atmosphère d'hydrogène pur, dans des con- tions semblables, il se produit une décomposition de vapeur d'eau nécessairement présente dans l'atmo- hère du tube, avec formation de peroxyde d'hydrogène n quantités suffisantes, après un certain temps, pour xercer une action germicide distincle sur certaines bactéries; 3° Lorsque l'exposition à la décharge a lieu dans des atmosphères d’anhydride carbonique ou d'oxyde de carbone, il peut se former encore une uantité suffisante de peroxyde d'hydrogène pour exercer une action germicide; 4 Lorsqu'on expose les bactéries à la décharge dans une atmosphère d'azote pur, la stérilisation peut être effectuée par l'action des “acides nitreux et nitrique; 5° L'action sur les bactéries des rayons lumineux résultant de la décharge est négli- eable dans les conditions de temps des expériences des auteurs ; 6° Dans tous les cas dans lesquels l'action sermicide fut manifeste, elle parait être due à l’action des substances chimiques formées par la décharge aux dépens, soit de l'atmosphère environnante, soit de l'eau dans laquelle les bactéries sont en suspension; dans aucun cas, les auteurs n’ont obtenu la preuve que, dans ès conditions de temps observées, le courant électrique ou sa décharge ait une influence directe néfaste sur les bactéries, à part la formation de substances chimiques ermicides et l'effet que peuvent exercer les rayons œalorifiques. En considérant l'application des résultats de ces expériences à l'explication des résultats obtenus dans la pratique médicale par l'emploi de décharges de haute fréquence dans le traitement du lupus et autres maladies dans lesquelles il s’est produit une ulcération de la surface, on doit tenir compte des conditions dif- férentes dans lesquelles les bactéries sont exposées à action de la décharge. Dans leurs expériences, les auteurs plongèrent les bactéries dans une colonne d'eau d'environ 3 centimètres de hauteur, mais l'eau était probablement dans un état de trouble moléculaire constant qui tendait à amener les bactéries en contact intime avec les substances chimiques qui entrent en lution pendant l'exposition. Dans les cas de lupus et es diverses sortes d’ulcérations dans lesquelles on emploie en médecine des décharges de haute fréquence, les bactéries sont exposées dans une pellicule de fluide albumineux sur la surface en traitement, ou plongées “plus ou moins profondément dans un tissu granulaire. Lorsque les bactéries sont exposées à la surface, il est lair que l’action germicide des acides nitreux el mitrique formés dans l'air comme résultat de la “décharge s'exerce rapidement et efficacement, et mème orsque les bactéries sont plongées dans un tissu gra- ulaire et à une faible distance de la surface, les auteurs pensent qu'il est possible qu'il se produise une péné- ition du tissu par ces substances à l’état naissant et “actif, favorisée sans doute par l’action de choc de la “décharge. Dans tous les cas, les auteurs se croient jus- “Liliés à déduire de leurs expériences que, dans les con- “litions de temps observées dans l'emploi de ces “décharges, en médecine, le courant électrique lui- “même n'a pas d'influence funeste spéciale ou directe “sur les bactéries présentes, et que, thérapeutiquement, Je traitement par l'emploi de ces décharges dans des conditions données doit être regardé simplement comme un moyen efficace pour l'application intime des germi- ides chimiques provenant de l'atmosphère dans laquelle a décharge a eu lieu. Dans les conditions qui existent ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 761 dans la pratique, les rayons calorifiques résultant de la décharge aident aussi probablement en quelque degré l'action germicide. L'emploi de ces décharges pour les maladies telles que le carcinome et le sarcome, qui ne sont pas dues à des affections bactériennes, n'a pas fait le sujet d'études dans ces recherches: mais les auteurs pensent qu'il est probable que, lorsque la décharge se répand sur la peau intacte, il peut y avoir la même absorption locale des composés nitreux sous l'influence de la décharge, et que ceux-ci peuvent avoir quelque effet sur les cellules situées immédiatement au-dessous de la surface de la peau à laquelle les décharges sont appliquées. Séance du 10 Mai 1906 (suite). MM. W. R. Dunstan, T. A. Henry et S. J. M. Auld ont repris l'étude du glucoside cyanogénétique contenu dans le Lin commun (Linum usitatissimum). Jorissen a extrait de la plante un glucoside qu'il appelle /ina- marine. Les auteurs montrent que cette substance est identique à la phaséolunatine, qu'ils ont retirée anté- rieurement des graines du Phaseolus lunatus. Elle possède les mêmes constantes physiques et donne les mêmes produits d'hydrolyse. Le lin contient, en outre, une assez grande quantité de nitrate de potasse et une enzyme du type de l’émulsine. — Les mêmes auteurs ont déterminé le glucoside cyanogénétique contenu dans le cassava (Manihot Aipi et Manihot utilissima). C'est également la phaséolunatine. La plante contient aussi une enzyme capable de le dédoubler. — M. N. H. Alcock a poursuivi l'étude de l'action des anesthésiques sur les tissus vivants. Les recherches ont porté sur la peau de grenouille et les variations de sa résistanca électrique avant et après chloroformisation. Elles montrent qu'il existe dans les tissus certaines struc- tures agissant comme des membranes semi-perméables, et que le chloroforme inhibe ou détruit ces fonctions. Cette action du chloroforme parait être l’action carac- téristique des anesthésiques sur les tissus vivants. SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES Séance du 5 Juillet 1906. M. G. Barger a isolé du Saponaria officinalis la substance connue sous le nom d'amidon soluble: c’est un glucoside qu'il nomme saponarine. Elle cristallise en aiguilles, F. 2310-232%, de formule C‘H*0.2H°0,. Elle est hydrolysée par les acides en glucose et en deux matières colorantes isomères, la vitexine, déjà connue, et la saponarétine C?#H#07, Ces deux der- nières, bouillies avec KOH, fournissent du phloroglu- cinol et de la p-hydroxyacétophénone. — M. F. Tutin cherche à déterminer la constitution de l'umbellulone C"H"O, cétone isolée de l'essence d'Umbellula Cali- fornica. Cette substance, par une suite d'oxydations, donne de l'acide umbellulonique, C°H#05, F. 102, et de l'acide umbellularique, C8H#0$, F. 1209-1210, D'autre part, par bromuration, puis distillation, on obtient du p-cymène. La formule la plus probable de l’'umbellu- lone parait être : CIE QUE 0) | CHE — CH,CH°) | / CC CH) = CH — M. A. W. Bain, par l'action de C?H°I sur le dérivé disodé de la diacétylacétone, a obtenu : de la diméthyl- diéthylpyrone C“H%O®, EF. 6%°; de la diméthyléthylpy- rone, F. 58°; de la diéthyldiacétylacétone ; un composé isomère de la diméthyléthylpyrone, F. 662-659. Par l’ac- tion de C*H'I, on obtient de la diméthylpropylpyrone et un composé isomère. — M. H. D. Law, par oxydation électrolytique de la benzoïne, a obtenu du benzile, de la benzaldéhyde, de l'acide benzoïque et une substance goudronneuse. La cuminoiïne fournit de l'acide cumique, du cuminol et du goudron. — M. S. Ruheman, en fai- ACADÉVMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES sant réagir l’oxalate d'éthyle sur Facétanilide, a obtenu du xanthoxalanile, corps orange foncé qui cristallise du nitrobenzène ; avec l'acéto-py-toluide, on obtient un corps homologue plus elair et plus soluble; avec l’acéto- :-naphtalide, il se forme un corps jaune soluble dans l'acide acétique glacial. — M. A. G. Perkin, en oxy- dant l'indigotine pure ou commerciale en présence de peu d’air, a obtenu un léger sublimé jaune, F.258°-259°, très peu soluble dans l'alcool, de formule C'*HSO*A7?. Il est décomposé par KOH fort en acide anthranilique. — Le mème auteur montre que la matière colorante jaune généralement présente dans l’indigo de Java, et qui est du camphérol, provient de l'hydrolyse d'un glucoside renfermé dans la plante, Ce glucoside, isolé de l’Zndigofera arrecta, forme des aiguilles incolores, FE. 201°-203°, de formule C?7H%04; l'auteur le nomme camphérytrine. Il est hydrolysé par les acides en cam- phérol et rhamnose. — Mi M. A. Whiteley a préparé l'acide 1 : 3-diphénylbarbiturique, F. 238°, et son dérivé isonitrosé, F.227, Ce dernier, par réduction, donne l'acide 1 :3-diphényl-5-aminobarbiturique, F.195° avec décomposition, qui se condense avec KGAz pour former l'acide 1 : 3-diphényl-L-urique, F. 217%; celui-ci, bouilli avec HCI, se transforme en acide 1 : 3-diphénylurique, qui ne fond pas encore à 3060. — MM. TE. Purdie et C. R. Young, en méthylant complètement, par AgOH et CII, les acétone-et méthyl-rhamnosides, ont obtenu le diméthylacétone-rhamnoside et le triméthylméthyl- rhamnoside, donnant par hydrolyse le di- et le trimé- thylrhamnose respectivement. — MM. Th. Purdie et R. E. Rose, en méthylant l'«méthylarabinoside de Fischer par AgOH et CHI, ont obtenu le triméthyl-x- méthylarabinoside, F. 439-459, donnant par hydrolyse avec HCI le triméthylarabinose, liquide bouillant à 4480-1529 sous 19 millimètres. — M. F. Sproxton à préparé le triacétate d'éthyle en chauffant la lactone triacétique avec l'alcool sec en tube scellé. Les sels de méthyle et d'éthyle de la lactone triacétique sont obtenus par l’action des iodures d'éthyle et de méthyle sur le sel d’Ag de la lactone. — MM. R. H. Pickard et J. Yates ont résolu les acides 1 :2:3 : 4-tétrahydro-1- naphtoïque et 1:2:3:4-tétrahydro-2-naphtoïque en leurs composants opliques par cristallisation fractionnée des sels de /-menthylamine dans l'acétone. — M. N. Menschutkin a étudié la vitesse des changements chimiques chez les dérivés polyméthyléniques. La for- mation d'une chaîne polyméthylénique close aux dépens d'une chaîne saturée ouverte à lieu avec une augmen- tation de vitesse, qui est maximum pour la formation du noyau pentaméthylénique. Les alcools polyméthylé- niques secondaires où le groupe OH est attaché à un C du noyau sont des alcools secondaires typiques, mais à constantes d'éthérilication plus élevées que toutes celles des alcools secondaires connus. — M. E. G. Hill a déterminé l’hydrolyse des sels d'ammonium par l'eau en chassant par un courant d'air AzH° mis en liberté et titrant cette dernière. Les constantes de dissociation, pour les sels d'acides monobasiques, sont inversement proportionnelles aux conductivités moléculaires des acides. — M. J. C. Irvine et Mi° À. M. Moodie mon- trent, par la mesure de la rotation spécifique, qu'en refroidissant des solutions de tétraméthylglucose dans un iodure d'alkyle, il se forme un composé oxonium du sucre et du dissolvant; la forme « est plus réagis- sante que l'isomère £. — M. E. Ormerod, en essayant de préparer de l'acétonedicarboxylate d’éthyle par le procédé de von Pechmann, a obtenu une grande quan- tité d'orcinetricarboxylate d'éthyle, provenant de la condensation du premier sous l'influence d'une trace de chlorure de calcium. — Le même auteur, par l'ac- ton de CS? et KOH sur le nitroformazyle, a obtenu : de la 1-phényl-3-azophényldithiobiazolone, de la 4-phé- nyl-3-azophénylthiobiazolone et du 4-phényl-3-azophé- nyl-2-thioaziéthane. 11 est probable que le nitroforma- zyle est d'abord réduit en formazylmercaptan, sur lequel réagissent ensuite le xanthate et le dithiocarbo- vate de K qui se forment dans la solution. — M. W. M. Colles, en refroidissant à bassé température des solu= tions aqueuses concentrées d'aldéhyde, d'acides for=. mique, acélique, monochloracélique, a obtenu des" hydrates cristallins : CH*.CH(ON }, HC(OH, CIHE,C(OU, CIPCI.C(OH)*. L'acétone ne donne aucun résultat. f SOCIÉTÉ ANGLAISE DES INDUSTRIES CHIMIQUES SECTION DE NEW-YORK Séance du 25 Mai 1906. M. H. A. Metz expose les deux nouveaux procédés de photographie des couleurs dus au D° E. Kænig : la. pinachromie et la pinatypie (voir p. 232). È : Pr Rs DEA SECTION DE NOTTINGHAM $ 1 Séance du 28 Mai 1906. 16 M. J. Golding décrit un nouveau modèle de flaco pour les cultures bactériologiques aérobies ou anaé=n robies. — Le même auteur décrit une modification dus. condensateur de Bousfield pour l'obtention d'eau dis tillée extrêmement pure. SECTION D'ÉCOSSE Séance du 6 Mars 1906. s 2 . , M. J. A. Fleming étudie le chauffage des fours à poteries. Par suite des réactions complexes qui S'y passent, l'analyse chimique seule des combustibles ne peut pas renseigner complètement sur leur valeur; il y a lieu de procéder à des essais de chauffage. Le meilleur essai consiste à chauffer une portion de l'argile à cuire jusqu'à un certain degré de vitrification, ‘ SECTION DE SYPNEY Séance du 9 Mai 1906. M. A. Thighe a déterminé le tantale d'après la mé= thode de Marignac. Il recommande, pour obtenir les: cristaux de K?TaF7, d'ajouter, après la dissolution du mélange des oxydes de Ta et de Nb, une quantité d fluorure acide de potassium égale au double du poid du minerai pris pour l'essai. ACADÉMIE DES SCIENCES DE BERLIN Séance du 10 Mai 1906. M. O. Hertwig présente ses recherches, faites en collaboration avec M. Poll, sur le cancer des souris et sa transmission par transplantation. La tansplantations de petites portions du tissu cancéreux a été faite, entres autres, dans l'intention d'observer les modifications histologiques qui ont lieu d'un jour à l'autre dans le matières conservées. Tandis que le milieu transplantés meurt en général, des files et des nids de cellules can céreuses se conservent dans l'écorce, et c'est au dépens de celles-ci que commence la régénération rapide de la tumeur, sans modification aucune de son type. Parmi les tumeurs primaires examinées par l'aus teur, il y en avait une qui se distinguait par des corn + s | ficalions étendues des portions centrales. ! 7 Le Ê 6 Séance du 17 Mai 1906. i M. E. Warburg adresse un Mémoire sur l’ozonisas lion de l'oxygène et de l'air atmosphérique, mémoire basé sur des recherches faites en collaboration ave M. Leithaeuser. Dans la décharge silencieuse d8 petites sphères métalliques négatives, les expérimens lateurs ont retiré de l'air atmosphérique 30 grammes, d'ozone par kilowatt-heure, d'une concentration de 8 à 9 grammes d'ozone par mètre cube. Les gaz nitreux sont absorbés facilement par la soude diluée en prés sence de l'ozone. La vapeur d'eau diminue la quantité d'ozone formée dans l'air atmosphérique plus fortes ment que dans l'oxygène, et d'autant plus fortemenb ‘ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 7163 ue le gaz est lumineux à des distances plus grandes l'électrode. Séance du 31 Mai 1906. M. W. Helmert adresse un Mémoire sur la grandeur de la Terre. L'auteur avait, dès 1901, déterminé l’apla- issement de là Terre égal à 1:398,3, en se basant sur les résultats des mesures de gravité. L'erreur moyenne du dénominateur de ce chiffre n’est que de 1,1. D'autre part, les recherches de M. Hecker sont venues plus récemment confirmer ce résultat, qui, sans contredit, t bien plus précis que ceux qu'on déduit des triangu- ions. Cependant, ces dernières donneront toujours moyen dont on se servira de préférence pour évaluer grandeur de la Terre. Aussi le Bureau Géodésique nternational, à Potsdam, s'est-il occupé pendant plu- Sieurs années à déterminer cette valeur sur la base de riangulations étendues. La grandeur de la Terre est déterminée par le demi-axe majeur de l’ellipse méri- dienne, c'est-à-dire par le rayon de l'équateur, les mesures de gravité ayant fait voir que la forme mathé- matique de la Terre s'approche beaucoup de celle d'un ellipsoide de rotation aplati. L'auteur discute d'abord les grandes triangulations européennes, d’après les- quelles la valeur trouvée par Bessel pour le demi-axe majeur devrait être majorée d'environ 750 mètres. En ison des grandes anomalies régionales de courbure des méridiens et des parallèles, cette valeur ne pré- nte pas, cependant, la précision à laquelle on devrait attendre. — M. Siruve adresse une communication e M. J. Franz, Professeur à l'Université de Breslau, r la répartition des mers à la surface de la Lune. fauteur y fait voir que les mers forment sur la Lune une ceinture se conformant à un cercle maximum, en évaluant les centres de gravité des différentes nappes marines. ALFRED GRADENWITZ. Séance du 15 Juin 1906. M. U. Behn rend compte d'un nouveau principe dila- tométrique se prêtant aux projections, principe dont application garantit la même sensibilité que la mé- thode du miroir. — MM. E. Gehrcke et O. Reïchen- plaques planes et parallèles dans le spectre continu, lémoire où ils font voir que le spectre cannelé se pro- duit dans le cas de ces plaques pour une différence de marche, c’est-à-dire une épaisseur quelconque, pourvu que le pouvoir résolvant du spectroscope soit suffisant. Pour les plaques en forme de coin, cette qualité de Vappareil spectroscopique est, au contraire, nuisible. es auteurs démontrent que, pour une plaque plane et “un spectroscope donnés, il faut qu'il existe une incli- iaison déterminée des franges d'interférences A par pport à la direction de la fente du spectroscope, pour aquelle les interférences À présentent un optimum. Dans cet optimum, la largeur de la fente est sans nfluence aucune sur la définition des interférences 4. s distributions d'intensité des deux interférences, qui flèrent en général l’une de l’autre, deviennent iden- teurs réussissent à réaliser par l'expérience. — P.Tænzler présente une Note sur les coefficients de ottement interne des mélanges d’argon et d’hélium. e coefficient de l’argon est augmenté par des additions hélium jusqu'à un maximum, qui correspond à en- iron 40 °/, d'hélium et 60 °/, d'argon. Les coefficients de frottement interne des mélanges étudiés par l’auteur xpriment parfaitement par la formule de Sutherland ans l'intervalle de températures 0°-183°, tandis que la rmule de Puluj n’est vraie que d’une facon approxi- alive. Les valeurs des constantes trouvées par l’auteur permettent de calculer avec une approximation remar- able les coefficients de friction interne des mélanges elconques d'argon et d'hélium. — M. N. Thiesen présente quelques remarques théoriques au sujet du travail précédent de M. Tænzler, remarques où il fait ressortir la contradiction apparente qui existe entre la loi établie par lui-même et celle de M. Sutherland, et qu'il apprend à faire disparaître. — MM. F. Kurlbaum et G. Schulze adressent un Mémoire sur les tempéra- tures des flammes non lumineuses, colorées par des sels métalliques. L’un des auteurs ayant étudié, il y a quelque temps, les flammes lumineuses, la question examinée dans le présent travail est relative à la tem- pérature des flammes non lumineuses auxquelles on a communiqué un rayonnement spécilique en y intro- duisant des sels métalliques. Il était intéressant de re- chercher quelle température on obtiendrait pour des flammes pareilles dans l'hypothèse d'un rayonnement de température pur et simple. Les recherches orientées dans cette direction permettraient, en effei, de déciders'il s’agit d’un rayonnement de température pur et simple ou d’un rayonnement dit chimique. La disposition la plus simple qu'on puisse adopter à cet effet consisterait à placer devant le corps noir la flamme en question avec de la vapeur de sodium, à en décomposer le spectre et à observer le renversement des lignes produit en réglant la température. Les auteurs remplacent cepen- dant le corps noir par la lampe Nernst, qui permet de réaliser les températures intermédiaires entre 1300 et 2150°, tout en étant facilement calibrée par compa- raison avec un Corps noir. Le rayonnement « noir » de cette lampe pour les différentes longueurs d'onde est représenté en fonction du courant correspondant. Les mesures faites sur trois flammes différentes font voir que, bien que la source d'énergie essentielle du rayon- nement soit la température de la flamme, il se pro- duit encore une influence chimique, les différents sels donnant des températures différentes pour une même flamme. La température mesurée par la raie d'un sel donné est augmentée par l'addition d'un autre sel à raie d'onde plus courte, l'augmentation de tempéra- ture étant d'autant plus considérable que la diffé- rence des longueurs d'onde est plus grande. Le phéno- mène inverse ne se produit, par contre, jamais. — M. H. Fricke présente quelques remarques au sujet d'une expérience des frères Weber, relative aux oscil- lations transversales de l'air. D'après la théorie de Poisson, les ondes acoustiques entourant un diapason sont des ondes longitudinales, tandis que cette expé- rience ferait croire que l'air, sous l'influence du frot- tement, se met à osciller à l’égal du diapason, c’est- à-dire comme un corps solide et en direction longi- tudinale ou transversale suivant les circonstances. Il s’ensuivrait quil existe une polarisation dans le cas du son comme dans celui de la lumière. Or, cette question est d’une grande importance pour la théorie élastique de la lumière. Le caractère transversal des ondes lumi- neuses, impliquant l'hypothèse d'un éther solide, serait, en effet, en désaccord avec le mouvement des astres, ce pourquoi certains auteurs ont voulu rejeter cette théorie en la remplaçant par la théorie électromagnétique. Par contre, l’auteur est d'avis qu'il n’y a aucune nécessité de décider entre ces deux théories, dont on pourrait admettre l'identité en considérant les phénomènes élec- tromagnétiques comme des tensions et des courants dont l’éther serait le siège. Dans ce cas, il faudrait cependant considérer l’éther comme un gaz à frottement interne, ce qui ne serait pas sans entrainer d'intéres- santes conséquences pour l’Astronomie. L’éther devrait, en effet, prendre part à la rotation de la Terre autour du Soleil, rotation où il ne semble pas exister de frot- tement appréciable. Il résulte de l'énumération de ces faits combien il serait désirable d'étudier les oscilla- tions transversales au sein des gaz, afin de vérifier les vues des frères Weber. Séance du 29 Juin 1906. M. I. Franck étudie la mobilité des porteurs de charge dans les décharges par pointes. On à fait, dans ces derniers temps, de fréquentes recherches sur à ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES mobilité des ions dans les décharges au sein des gaz, recherches dont les résultats concordent, en général, assez bien pour les décharges dépendantes dans diffé- rents ionisateurs. Pour le cas des décharges indépen- dantes, c'est-à-dire pour les décharges par pointes, positives et négatives, il n'existait, au contraire, que des mesures indirectes et relatives à un seul cas, à savoir celles de M. Chattock. Aussi l'auteur examine-t-il ces résultats par une méthode directe, d'autant plus qu'une observation accidentelle avait fait voir la possibilité de réaliser une déviation facile à mesurer du flux d'ions, mème dans un champ intense, sous l’action d'un fort courant d'air perpendiculaire à leur chemin. Les va- leurs trouvées par l’auteur confirment nettement les résultats de M. Chattock. — MM. H. Dember et G. Gehlhoff adressent un Mémoire au sujet de l'in- fluence d’un rayonnement visible sur le gradient catho- dique. On a fait, dans ces dernières années, des expé- riences dans lesquelles la chute cathodique dans un tube à décharge était réduite en exposant une cathode à la lumière ultra-violette. Aussi les auteurs s'atten- daient-ils à constater une influence analogue dans le cas de la lumière visible. La diminution de la chute cathodique qu'ils constatent, en effet, s'accompagne dans tous les cas d’un accroissement sensible de l'in- tensité du courant. Ils font remarquer incidemment que la chute cathodique au sein de l'hydrogène et de l'air est la même sur une plaque de cuivre que sur un fil du même métal. — M. P. Cermak présente une Note sur le point d'équilibre entre l'effet ozoniseur et l'effet antagoniste de la décharge part pointe au sein de l'oxygène. Cet équilibre dépend du caractère de la charge de la pointe, de la pureté de l'oxygène, de l'in- tensité du courant, de la température, de la pression du gaz, ainsi que de la nature et de la forme de la pointe. L'auteur, sur le conseil de M. Warburg, étudie ces différents effets, en tenant compte surtout des aigrettes positives. ALFRED (GRADENWITZ, ACADÉMIE DES SCIENCES DE VIENNE Séance du 25 Mai 1906. 1° SCIENCES PHYSIQUES. — M. L. Pfaundler décrit un nouveau mode de construction des batteries de bou- teilles de Leyde, caractérisé par un dispositif qui per- met le passage de la mise des bouteilles en parallèle à la distribution en cascade. — M. E. Haschek à mesuré les longueurs d'onde des lignes des spectres d'arc et d'étincelle de Ca, Sn et Zn pour différentes densités de vapeur ; ila constaté, en général, des déplacements du maximum d'intensité du côté du rouge. —M,. Th. Hart- wig décrit un nouveau procédé de représentation stéréoscopique, qu'il applique aux formes cristallines de la Minéralogie. — MM. J. HerzigetJ. Pollak pour- suivent leurs recherches sur la brésiline et l’héma- toxyline. Leurs éthers acétylés et éthylés sont optique- ment actifs; mais toutes les autres substances obtenues par oxydation ou réduction sont inactives. — M. D. J. Grgin, par action de la p-tolylhydrazine sur l’aldéhyde isobutyrique, a obtenu une hydrazone qui, par chauf- fage avec ZnCl, se transforme en une nouvelle base indolénique monomoléculaire. Celle-ci, bouillie avec HCI concentré, donne le B-3-Pr-2: 3-triméthylindol. — MM. W. Pauli et A. Frœhlich: Etudes pharmacody- namiques. II. Sur l’action combinée des ions. 29 SCIENCES NATURELLES. — M. F. Siebenrock a étudié les crocodiles et tortues rapportés d'Egypte et du Sou- dan égyptien par M. F. Werner. Il a pu mettre en évi- dence l'importance physiologique de la bullae pter yqo- palatinae chez les crocodiles et déterminer le nombre et le développement des plaques neurales chez le genre Cyclanorbis. — M. R. Wagner décrit la structure du Disepalum anomalum Mook et du genre Pachynema. M. K. Eichler a observé la double fructitication chez. le Tragopogon orientalis. Le tube pollinique pénètre sous le noyau secondaire du sac embryonnaire pouë. décharger seulement là les deux noyaux mâles. Séance du 15 Juin 1906. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Edm. Landau : Sun la relation de quelques nouveaux théorèmes de la. Théorie analytique des nombres. — M.F. Mertons à Sur les unités complexes. — M. J. von Hepperger cherché à déterminer la masse de la comète de Biéla Il arrive à la conclusion que la masse de la comèt de 1729, qui paraît avoir été la plus grosse, était égal à celle de la Terre divisée par 2.400 — M. R. Dau blebsky von Sterneck communique ses recherche sur la forme apparente de la voûte céleste et la gran deur apparente des astres. Pour lui, nos estimation sur la voûte céleste se basent sur certaines « surfac de référence », de forme analogue à celle de la voût céleste, mais situées à une distance bien moindre d l'observateur. L'auteur détermine les dimensions de ces. surfaces de référence. Soient H la hauteur verticale de I& surface au zénith, et R le rayon du cercle suivant lequel elle coupe le plan de l'horizon. On a : pour Îe ciel des étoiles, H—12,2 m.; R—24,4 m.; pour Je Soleil, H=—10,1 m.; R= 25,3 m.; pour le ciel couvert de nuages, H—12,2 m.; R—109,4 m. La Lune est estimée pendant le jour d’après la surface de référence du Soleil et pendant la nuit d’après celle du ciel d'étoiles; au crépuscule, il existe une surface de réfé rence spéciale et variable. 20 SciENCES PHYSIQUES. — MM. S. Meyer et E. vor Schweidler poursuivent leurs recherches sur les sub» stances radio-actives. Le radium E n'est pas un Corps simple.Il se compose de : Ra E,, avec une constante den diminution de moitié de 6 à 6,5 jours, sans rayon nement, et de Ra E, avec une constante de #, 8 jours à rayonnement $. — M. F. Wæchter : Sur la façon dont se comportent les combinaisons radio-actives de l'uranium et du thorium dans l'arc électrique. | MM. J. Herzig et F. Wenzel ont étudié l'action de KOH et CHI sur l’orcine et l'acide orcine-carboniquegs ils ont obtenu : 4° de la £-orcine; 2° l’éther mono méthylique de la G-orcine; 3° la méthylorcine isomèré de la &-orcine; 4° une nouvelle diméthylorcine; 59 Ja tétraméthylorcine; 6° un ester-éther diméthyliq d'un acide méthylorcine-carbonique. — M. G. Neurath,. en condensant le chlorure de l'acide cinnamique ave l'o-crésol en présence d'AICE, ou l'acide cinnamiqueil avec l'o-crésol en présence de ZnCF, a obtenu Ja m-méthyl-p-oxyphénylstyrylcétone. | 30 SCIENCES NATURELLES. — M. E. Mach : Influence des excitations lumineuses variables dans l'espace dans le temps sur la perception visuelle. — M. M.Sas décrit une nouvelle espèce de Procavia trouvée à Go dokoro, sur le Nil Blanc; il la nomme Pr. slatini. = M. K. Mikosch a étudié le mode de formation de la gomme des cerisiers. La membrane n’y prend qu'une faible part et donne le constituant connu sous lé nom, de cérasine. La masse principale de la gomme prent naissance à l'intérieur de cellules parenchymateuses vivantes, produites par le cambium lui-même ou par les rayons de la moelle de l'écorce vivante. La forma tion de la gomme commence dans la région cambiale du jeune bois et marche de là vers le tissu de l'écorce. L. BRUNET. To ER À Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER. A | Paris. — L. MARETHEUXx, imprimeur, 1, rue Cassette. 4 Li à 47e ANNÉE NAT y, 15 SEPTEMBRE 1906 des DIRECTEUR : LOUIS OLIVIER, Docteur ès Revue générale NO HCCS pures el appliquées sciences. Aüresser tout ce qui concerne la rédaction à M. L. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. $ 1. — Astronomie L'aplatissement d'Uranus. — Les mesures imectes de l’aplatissement de cette planète n’ont donné usqu'ici que des résultats très incertains et contradic- dires: d'autre part, l'observation suivie des satellites Ariel et Umbriel, conseillée par M. Struve pour la détermination du mouvement de leurs apsides, permet river à connaître les perturbations séculaires des tellites et d'en déduire, indirectement, une détermi- on de l’aplatissement d'Uranus. Par les mesures directes, M. Barnard fixe à 1/20 en- on la valeur de cet aplatissement. Reprenant et dis- ant les récentes observations des satellites, M. Bergs- nd constate, pour Ariel, un mouvement annuel des ides d'environ 14°,3 : si l'on suppose que la consti- ion physique d'Uranus soit analogue à celle de Saturne, on en déduirait pour l’aplatissement la valeur n; l'hypothèse de l'homogénéité donnerait, au con- ire, 4/50. es déterminations, on le voit, sont fort malaisées et ez incertaines : il y a donc lieu de multiplier les ris en ce qui concerne l'observation des satellites. reste, il n'y a pas à condamuer, pour cela, la thode indirecte : car, dans les mesures directes, tres difficultés surgissent : irradiation, diffraction.…., même avec un oculaire à double image, il n'est pas sé de définir, avec précision, et les diamètres et les latissements. héorie de la réfraction astronomique. — paraissait difficile d'ajouter quelque chose à la héorie de la réfraction astronomique : les recherches désM. Radau, publiées dans les Annales de l'Obser- lvatoire de Paris, ont épuisé le sujet. Mais l'exposé de lelSstravaux ne peut trouver place dans un Cours dMAStronomie, où, cependant, il n'est guère permis de Sébürner à l'étude des réfractions pour les petites dis- lances zénithales et de passer sous silence la réfraction horizontale. En cherchant à tourner cette difficulté, c’est-à-dire à 4 brièvement une théorie suffisamment complète ratiquement exacte de la réfraction astronomique, M. Andoyer a été conduit à quelques développements » REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE nouveaux, qu'il fait connaître dans le Bulletin astro- uomique (t. XXII, p. 404). Ces développements sont très intéressants, et les ap- plications numériques que donne M. Andoyer montrent que sa théorie, très simple, correspond à Ja réalité d'une façon largement suffisante. Il faut savoir gré à M. Andoyer d'avoir exposé aussi élégamment ces re- marques; elles rendront service à tous, aux élèves, qui pourront enfin s'initier à la théorie de la réfraction, autant qu'aux professeurs qui étaient fort embarras pour l’enseigner. $ 2. — Physique La « Sphère magique ».— La contradiction qu'on a cru trouver entre la vision droite que nous donne notre œil et la position renversée des images réti- niennes, contradiction que beaucoup ont voulu résoudre par des raisons d'ordre anatomique, conduit à exa- miner une autre question, bien digne de la discussion scientifique, à savoir celle qui est relative au repère inconscient dont l’œil se sert pour juger de la position des choses par rapport à la verticale, et ce indépen- damment de la position de la tête. N'existerait-il pas quelque fonction sensorielle pour exécuter, à notre insu, un travail analogue à celui du charpentier ou du maçon qui apprécient la direction d’une ligne donnée sur leur fil à plomb ou leur niveau ? Sir Hiram Maxim, bien connu par ses travaux et ses inventions dans le domaine de l’Aérostation, vient de trouver la solution de ce problème, qui l'avait occupé pendant des années. Très fatigué par un voyage en chemin de fer, il remarqua un jour, après avoir fixé une lampe à incandescence électrique, qu'il lui restait, en fermant les yeux, une image distincte du filament : c'est là le phénomène optique bien connu des images résiduelles. Maïs, lorsque après avoir incliné la tête à droite d'environ #5°, il fixa de nouveau la lampe pendant une demi-minute, ramenant ensuite la tète, les yeux clos, dans sa position verticale, il conslata que l'image du filament apparaissait inclinée de 45° en direction opposée. Ayant alors successivement incliné la tête à gauche et fixé la lampe, puis refermé les yeux et ramené la tête dans sa position verticale, il 17 766 vit deux images distinctes du filament, se croisant à angle droit. Cette expérience accidentelle prouva à Sir Maxim que l'organe visuel inconnu au moyen duquel nous apprécions la position droite ou autre des choses est influencé par la gravité d'une facon analogue aux instruments précités du charpentier et du macon. Or, en continuant ces recherches, le savant anglais constata que cet organe subit encore l'action d’autres forces, susceptibles d'influencer les mêmes instruments, notamment celle de la force centrifuge. S'étant placé à la périphérie d'un large récipient cylindrique, dont la rotation autour d'un axe central était assez rapide pour rendre la force centrifuge juste égale à la gravité, il ressentit, en effet, l'impression que les objets, verti- caux en réalité, étaient basculés de 45°, la ligne de. repère de l'œil étant apparemment déplacée de la moitié de l'angle droit. Ce phénomène se passe comme si les deux forces (gravité et force centrifuge) étaient combinées en une résullante intermédiaire. Or, supposons que nous disposions d'une enceinte circulaire spacieuse (d’un diamètre d'environ 9 mètres), et qui tourne autour d'un axe vertical à la vitesse de 1# tours par minute. Les personnes placées au bord extrême de cette enceinte seront, tout comme dans l'expérience précédente, chassées vers le dehors par une poussée exactement égale à la gravité. Un plancher horizontal et plan donnera l'impression d'être basculé vers le haut dé 45°, la personne se croyant placée à son Fig. 1. — Parabolcïde rotatoire. bord inférieur. Si, d'autre part, le parquet était réelle- ment basculé de 45° au-dessus de l'horizontale, il appa- raitrait plan et horizontal sous les pieds de l'observa- teur, le reste du parquet se présentant comme étant retourné vers le haut. La pression des pieds sur le parquet s'accroît du reste de 40 °/, par le concours de la gravité et de la force centrifuge. Comme la force centrifuge et, par là, l'intensité de cet effet décroissent à mesure qu'on approche du centre, on trouve facilement par le calcul la forme à donner au parquet pour réaliser en tous ses points l'égalité de la gravité et de la force centrifuge. C'est, comme on le vérifie sans peine, celle d’un paraboloïde rota- toire (fig. 1). Deux personnes élant placées sur les bords opposés de ce parquet parabolique, chacune aura limpression que, le plancher immédiatement au-dessous de ses pieds étant plan et horizontal, le reste serait retourné vers le haut, tandis que l’autre personne se trouvant au bord opposé lui semble courir en position horizontale sur une surface verticale. La figure 2 représente la forme exacte d'un parquet parabolique de ce genre de 9 mètres de diamètre, tournant à 4# tours par minute. Afin de supprimer le vertige inévitable pendant le séjour dans une plate- forme tournante, on dispose cette dernière à l’intérieur d'une grande sphère (tournant à la même vitesse et dans laquelle on entre soit par le fond, soit par le côté. M. Maxim donne à cette sphère, qu'il désigne sous le nom de Sphère magique, un aspect avenant, en en faisant à l'extérieur une gigantesque mappemonde. La figure 2 représente une section verticale à travers la sphère, avec la plate-forme tournante et le dispositif de mise en rotation. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Les sensations S'ofrant à ceux qui se trouvent dar cette sphère sont étranges et tout à fait remarquable Aussitôt que l'enceinte se met à tourner, la portion dt plancher immédiatement voisine des pieds semblerä, en effet, absolument plane. Lorsqu'on traverse la plal forme en direction diagonale, c'est comme si le ceinte tout entière se mettait à basculer autour di pieds; l'observateur à l'impression d'être infiniment lourd lui-même, le reste étant infiniment léger. Ale qu'il est très facile de marcher le long de la cireo férence, on est poussé de côté aussitôt qu'on tâche traverser la plate-forme rapidement en sens diagona ce n'est quavec une extrème lenteur qu'on pet marcher en ligne droite. Les cyclistes allant dans à direction de rotation de l'appareil ajoutent leur fort centrifuge propre à celle de la plate-forme. Dans ces, circonstances, il peuvent quitter la plate-forme par bolique pour monter au haut des parois intérieures di la sphère ; aux personnes se tenant sur le bord extrè | > | l'& de la plate-forme, ils donneront alors l'illusion descendre de l'autre: côté après avoir monté le I des parois et traversé le plafond. En disposant d miroirs en dessus de la plate-forme, on produit Ml sion que l'intérieur tout entier de la sphère serait, rempli de gens ayant les pieds tournés en dedansætW la tête en dehors. Ce dispositif est, paraît-il, l'un dt appareils d'illusion les plus ingénieux imaginés jusq ce jour. Alfred Gradenwitz. | | $ 3. — Chimie Là L'hydrolyse des acides nueléiques dans l'intestin. — Dans sa dernière « Revue annuelle de, Chimie physiologique », M. Lambling faisait remarquer | que l’on ignore encore si l'action des sucs digestils dépasse, dans le dédoublement des nucléoprotéidesMle stade des acides nucléiques. On sait, à la vérité, pañle travail de Sachs, que les extraits pancréatiques con- tiennent une nurléase qui dédouble l'acide nucléique avec mise en liberté de bases puriques, mais on ignore | si celte diastase existe dans le suc de la glande *, “ Voy. la Revue du 30 avril 1906, p. 377. Cette question à été tranchée récemment par un tra- vail de MM. Abderhalden et Schittenhelm‘. Ni le suc astrique du chien, ni le suc pancréatique inactif, ni afin ce même suc activé par addition d'entérokinase ne dédoublent l'«-thymonucléate de sodium avec mise n liberté de bases puriques. Avec le suc gastrique, ce el se retrouve inaltéré, et ayant conservé notamment Sa propriété de donner des gelées. Avec le suc pancréa- que, cette dernière propriété estsupprimée, et la solu- on, soumise à la dlialyse, laisse passer à travers la embrane des substances qui proviennent vraisembla- ement d'un dédoublementdel’acidenueléique; maison esaisit aucune mise en liberté de bases puriques. Tout iutre est l’action des extraits de glande pancréatique ou d'intestin. Ici l’«-thymonucléate est non seulement fluidifié rapidement, mais encore dédoublé avec pro- duction de bases puriques libres. Il'existe donc, dans la paroi de l'intestin, des diastases pables d'opérer le dédoublement des acides nucléi- ues avec production de corps cristallisables, de même e d'autres agents, pepsine, trypsine, érepsine, assu- nt la désintégration des albumines jusqu'au niveau des polypeptides et des acides aminés, de même encore que les amidons sont dédoublés finalement en hexoses, MIS graisses en acides gras eten glycérine, et sans doute les lécithines en leurs constituants divers, acide glycé- Gphosphorique, acides gras et choline. Ce « broyage ioléculaire » ne paraît pas avoir pour seul but l’absorp- on de ces aliments. La portée physiologique du phé- omène est plus grande, comme l'a montré la /ievue*. est aussi la reconstitution de chaque aliment en un onstituant spécilique de l'organisme considéré, qui se uve préparée et rendue possible par cette démolition éalable. S 4. — Hydrologie La question de l'eau. — M. 1H. Cavaillès attirait récemment l'attention des lecteurs de la Aevue * sur mAssocialion pour l'aménagement des montagnes, qui stest formée à Bordeaux, grâce à l'intelligente initia- live de M. Paul Descombes. C’est une œuvre vraiment nationale, dont nous voudrions souligner le puissant intérèt dans une série de Notes consacrées aux diffé- ents problèmes hydrauliques. L'eau est certainement “une des très grandes richesses naturelles que nous ons à notre disposition, mais c'est encore une hesse méconnue. Il faut aller jusque dans les régions “désertiques pour en comprendre le rôle bienfaisant, Pour saisir, par exemple, l'influence économique, ciale et religieuse qu'elle exerce dans la civilisation arabe. Dans nos pays d'Europe centrale, mieux par- lagés à cet égard, il a fallu les progrès réalisés par la ience des irrigations, en même temps que les espé- “ances engendrées par l’utilisation de la houille blanche ét de la houille verte, pour que nous donnions à cette question de l'eau une partie de l'importance qu'elle | mérite. C'est avec juste raison que le Ministre de l'Agricul- Lure a constitué, auprès de la Direction de l'hydrau- lique et des améliorations agricoles, un Comité détudes scientifiques, en vue des diverses questions relatives à l'hydrologie superficielle et souterraine. Parmi les nouvelles études qui seront entreprises en 1906, on peut relever les suivantes : eaux souterraines ; observations nivométriques dans les régions monta- euses ; mouvements des glaciers des Alpes et des : Pyrénées ; exploilation des marais en vue de la pro- duction des pailles, osiers, jones; etc. On arrivera “insi à obtenir une sorte de recensement des richesses hydrauliques que renferme le sous-sol du territoire | (A: le | À ABDERHALDEN et SCHITTENHELM t XLVII, p. 452, 1906. ; — Voy. la Revue du 15 avril 4906, p. 337. | AH. Cavaiziës : L'économie pastor dans les Pyrénées. Revue gén. des Sc., 1905, t. XVI, p. 111-183. : Zeitschr. physiol. Chem., CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 767 national, en vue de jeter ensuite les bases d'une légis- lation nouvelle permettant d'assurer le bon usage des eaux souterraines. Il est temps d'agir. La Chambre de Commerce d'Or- léans et du Loiret, que cette question préoccupe à bon droit, vient justement, dans un Rapport lu en séance le 6 avril 1906, d'appeler l'attention des Pouvoirs publics sur la nécessité de prendre immédiatement certaines mesures «en vue d'améliorer le service des eaux sur la terre de France ». D’après M. E.-A. Martel, l’'appro- fondissement des vallées actuelles, leur réduction par rapport aux thalwegs tertiaires et quaternaires, la plus grande abondance des précipitations atmosphériques aux anciennes époques, la multiplication des vallées sèches, la diminution des sources, le soutirage de plus en plus actif des ruissellements par les points d'absorp- tion (pertes, abimes, bétoires, embuts, emposieux,.…..) montrent l'appauvrissement hydraulique de la surface de notre Globe. Dans son livre sur la Picardie, et plus récemment encore ‘, M. A. Demangeon à montré, par de multiples observations, l’abaissement du niveau de la nappe aquifère dans les pays de plaine du nord de la France. Mais ce phénomène n'est pas particulier aux régions de la craie : on le constate partout, et M. Charles Rabot signalait encore dernièrement un grand nombre de faits se rapportant à la Beauce et au département de l'Yonne *. M. Gustave Dollfus, qui à recueilli dans la première de ces régions des observations très précises, notamment à Toury et à Neuville-aux-Bois, attribue cet abaissement constant de la nappe hydrostatique à une diminution dans la pluviosité. Les deux phéno- mènes représentés graphiquement offrent, en effet, la mème allure et ils se traduisent, en particulier, par la décapilation des cours d’eau. Dans deux régions du département de l'Yonne, le Pays d'Othe et ure partie des vallées de l'Yonne et de la Cure, M. Couppey de la Forest constate le même desséchement progressif, dont il faut encore chercher les causes dans les facteurs météorologiques. Nous croyons fort juste l'idée émise par M. Charles Rabot, d'après laquelle it faudrait voir, dans cette diminution de la circulation superticielle et dans cette descente des eaux souterraines, l'influence, dans les pays de plaines, du même phénomène qui, dans les mon- tagnes, a déterminé un recul considérable de la glacia- tion. Les variations du régime des sources auraient ainsi un caractère cyclique, du même genre que celui des variations glaciaires, sans que, dans un cas comme dans l’autre, on soit actuellement fixé sur la longueur du cycle. ; A ces causes météorologiques, accentuées encore par l'application de la loi classique de Belgrand, d'après laquelle les pluies d'hiver presque seules profitent aux cours d’eau, il faut ajouter l'influence exercée par la nature de la roche et toute une série de causes arti- ficielles, parmi lesquelles nous citerons d’abord les forages en vue d’usages industriels. D’après M. Deman- geon, à Nauroy (Aisne), depuis que la sucrerie est construite, les puits baissent au moment de la fabri- cation ; à Ilaucourt, près de Vitry-en-Artois, ce sont encore les sucreries qui ont fait descendre de 300 mètres dans leur vallée les eaux du ruisseau. Des observations analogues ont été faites en Angleterre, où l’on constate aussi, en de multiples endroits, l'abaissement du niveau de la nappe phréatique. Enfin, le déboisement à cer- tainement exercé l’action la plus néfaste, en même temps que la forêt constitue dans la question de l'eau le remède le plus efficace. Nous en ferons l’objet d'une prochaine Note. Pierre Clerget, Professeur à l'Institut commercial des jeunes filles de Fribourg (Suisse). { La Géographie, 15 février 1906. 2 Jbid., 15 mai 1906. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $S 5. — Sciences médicales Guérison de l’hémispasme facial par les injections profondes d'alcool. — MM. Abadie et Dupuy-Dutemps ont présenté, devant la Société de Neurologie de Paris, une femme de soixante-six ans, atteinte depuis seize ans d’un hémispasme facial gauche très intense. Cet hémispasme a complètement disparu à la suite d’une injection d'alcool faite dans le nerf facial selon la méthode de Schlæsser. Le spasme, qui avait débuté sans cause appréciable par des contractions rares et intermitentes de l’orbicu- laire des paupières, s'était peu à peu étendu à tous les muscles de la face du côté gauche, suivant la forme classique décrite par M. H. Meige; progressivement, les contractions devinrent plus fréquentes et plus intenses, éveillant parfois la malade pendant son sommeil, s’exa- gérant quand elle parlait ou se livrait à un travail nécessitant une application soutenue de la vue. Elle dut même, peur ce fait, abandonner son métier de cou- turière. Les traitements médicaux les plus variés étaient restés sans effet, et depuis longtemps la malade, quoique profondément affectée par son mal, avait renoncé à se soigner, convaincue de l’inutilité de toute thérapeu- tique. C'est dans ces conditions qu'elle vint consulter pour un traumatisme grave de l’œil droit ayant déterminé une rupture de la coque oculaire. L’organe put être conservé, mais la vision resta très réduite. Comme, d'autre part, l'œil gauche était presque constamment fermé par le spasme palpébral, la malade se trouvait pratiquement dans la situation d’une aveugle. Il devenait d'autant plus nécessaire de faire cesser le spasme. Deux tentatives de traitement par injections d'alcool à la face dans le voisinage des rameaux temporo-facial et cervico-facial ne donnèrent d'autre résultat qu'une diminution passagère des mouvements spasmodiques. Un cas de guérison du blépharospasme présenté par M. Valude à la Société d'Ophtalmologie de Paris (novembre 1905) engagea MM. Abadie et Dupuy- Dutemps à pratiquer une injection d'alcool dans /e tronc méme du facial, à sa sortie du trou stylo-mas- toïdien, en suivant la technique de Schlæsser. Dans ce procédé, l'aiguille de la seringue de Pravaz est piquée en un point situé au sommet de l'angle que forme le bord antérieur de l'apophyse mastoïde et le cartilage du conduit auditif. Celte aiguille est enfoncée perpen- diculairement à une profondeur de 2 centimètres; on la sent buter contre une résistance osseuse; c’est l’apophyse styloïde. La pointe est alors dirigée un peu en arrière et tombe sur le facial mème, à son émer- gence du trou stylo-mastoidien. À ce moment, on pousse lentement une injection de 4 centimètre cube d'alcool rectilié à 80° contenant 1/100 de stovaine. Aussitôl après l'injection, la malade actusa une douleur assez vive, mais de courte durée. Au bout de quelques secondes apparut une paralysie faciale, qui fut complète en quelques minutes, mais qui s'atténua au bout d'un quart d'heure environ, tandis qu’appa- raissaient de nouveau quelques contractions spasmo- diques parcellaires des muscles de la face. Les jours suivants, la paralysie resta assez accusée, sans loutelois gèner la malade ni empêcher une occlu- sion partielle des paupières. Mais le spasme ne se reproduisit pas, sauf quelques contractions rares et partielles, limitées à la commissure labiale et aux pau- pières. Au bout de vingt jours, la paralysie faciale était extrèémement atténuée, Il est intéressant de noter que les quelques secousses convulsives qui existaient encore pendant la première semaine, alors que la paralysie faciale était assez accusée, ont cessé progressivement, au fur et à mesure que celle-ci s'améliorait. On peut constater, deux mois après l'intervention, que la paralysie faciale a complètement disparu et que -la première piqûre, et quelques heures lors de I le spasme est guéri. La malade a repris une vie noë. male et peut travailler à la couture sans inconvénients. Ainsi, une intervention bénigne à mis fin à une affection tenace et désagréable, qui aurait pu persister | indéfiniment et qui, dans le cas particulier, constituait une véritable infirmité. ' Les applications de cette méthode vraiment efficace deviennent de plus en plus fréquentes. MM. Lévy eb Baudouin, qui ont surtout appliqué, en la modifiant, l& méthode de Schlæsser au traitement de la névralgie du trijumeau (vulgairement et improprement appelé tic douloureux de la face), ont eu également l'occasion: d'intervenir dans des cas de spasme de la face. [ls on présenté à la Société de Neurologie de Paris (séance du 3 mai 1906) un homme guéri d’un spasme facial datant de deux ans et demi; deux injections d'alcool au trow stylo-matoïdien avaient amené cet heureux résultat Chaque injection fut suivie d'une paralysie faciales périphérique transitoire, qui dura dix minutes lors den seconde. La guérison du spasme (qui était continue et réveillait même le malade pendant son sommeilh se maintient depuis plusieurs mois. Ces observalions s'ajoutent à celles de Schlæsser, d Valude et d'Ostwalt pour montrer l'efficacité d’un méthode qui trouve son application à la fois dans cet affection si douloureuse qu'est la névralgie du tri jumeaw, et dans le spasme facial qui, bien qu'iudolores est extrêmement désagréable par sa persistance et s& rétivité à tous les traitements médicamenteux. Enfin, ce procédé est inoffensif; dans aucun cas, il nm provoqué d'accident. Le risque d’une piqûre de la caro: tide ou de la jugulaire par la pointe de l'aiguille, e cas d'anomalie anatomique ou de faute de technique. pourrait cependant imposer quelques réserves dans l'emploi de cette méthode; mais ce danger peut êtr évilé en employant l'aiguille à mandrin imaginée pa MM. Lévy et Baudouin. La flore bactérienne de la chair de pois son. — La chair de poisson peut empoisonner, non seulement quand elle est crue, mais encore quand ell est cuite. Les recherches de M. Ulrich le prouvent d'un facon incontestable. Cet expérimentateur à examinés des poissons de mer et surtout des poissons de rivières parfois vivants, mais toujours frais, aussitôt après leur arrivée, puis Je lendemain et quarante-huit heuress plus tard. Cet examen consistait à exciser, avec les précautions d'usage, une parcelle de chair et à l’ense= mencer sur divers milieux de culture liquides eb solides. JI a fait des recherches identiques avec la chaï cuite. Le mode de préparation adopté consistait à laiss ser cuire le poisson pendant une demi-heure à 90° ou pendant une heure à 100°, dans de l'eau additionnées de farine et de beurre. Dans la chair crue, comme dans la chair cuite, il a trouvé surtout deux espèces d@ bactéries, les unes liquéfiant la gélatine et appartenant au genre Proteus, les autres ne la liquéfiant pas et appartenant au genre coli-bacille. A côté de ces deux espèces, il a constaté encore la présence de micros, coques, de sarcines, de bacilles du foin, de quelques anaérobies. Aussi bien dans l’une que dans l’autr@ chair, le nombre des bacilles augmente d’une façon très considérable après le premier jour, si bien que la chair, mème cuite, devient, le deuxième jour, un véritables bouillon de culture. Et ces microbes sont tous virulentss surtout le coli-bacille et le Proteus, puisque le bouillon de poisson injecté à des cobayes, des souris ou des ratsÿ les tue de facon implacable. Donc la cuisson ne détruit pas les microbes de la chair de poisson, et l'habitude de | garder cette chair cuite douze ou vingt heures avant de la consommer est une grande faute d'hygiène. { SAMUEL ULRICH : 1906, t. LIN, p. 176. | Zeitschrift f. Hyg. u. Infektions=Ktes | | PREMIÈRE PARTIE Qui a imaginé le premier la célèbre expérience du Puy-de-Dôme? Est-ce Pascal? Est-ce Descartes? La question a donné lieu, et tout récemment en- core, à de très vifs débats; tantôt les érudits ont paru favorables à Pascal, tantôt ils se sont pronon- cés en faveur de Descartes. A cette question nous sommes tenté, pour notre part, de donner cette réponse : Celui qui a projelé le premier de faire l'expérience du Puy-de-Dôme, c'est le P. Marin Mersenne. « Pour parler plus exactement, l’expérience du “Puy-de-Dôme, très facile à imaginer, a pu êlre “conçue par Pascal, par Descartes, par bien d'autres encore. Mais le premier écrit où elle se trouve pro- posée est un livre du P. Mersenne. Il est donc na- turel d’altribuer à celui-ci la priorité de cette idée. our la lui refuser, il faudrait montrer que le pro- jet de l'expérience du Puy-de-Dôme est, dans son œuvre, un apport étranger, qu'il l'a reçu d'autrui, tout formé. Nous allons voir, au contraire, que ce “projet devait naître spontanément dans l'esprit du “Minime, car il élait la suile nalurelle et comme le “couronnement des recherches que Mersenne pour- suivait depuis longtemps sur la pesanteur de l'air. M. — LES PREMIÈRES TENTATIVES POUR DÉTERMINER LE POIDS SPÉCIFIQUE DE L'AIR. — JÉRÔME CAkDAN. “… Arislote pensait que l'air était pesant; à l'appui «de cette opinion, il citait ‘ une observation étrange, Sans dire, d’ailleurs, s'il l'avait faite lui-même ou “sil la tenait de quelque autre philosophe : Une outre “pèse davantage lorsqu'elle est gonflée d’air que lorsqu'elle est vide. “ En ses commentaires au le Cælo du Stagirite, “Simplicius nous apprend qu'il avait reproduit cette “expérience et que, contrairement au dire d’Aristote, sil avait trouvé même poids à loutre gonflée et à loutre dégonflée; il suppose que le résullat con- ….traire rapporté par le Philosophe s'explique par une cause d'erreur : le souffle qui a gonflé loutre y a introduit de l'humidité, qui en a accru le poids. - Les observations contradictoires d’Arislote et de Simplicius ont provoqué, dans les écoles du Moyen Age, bien des discussions; elles se rattachaient, en effet, à ce problème essentiel, l'un de ceux qui furent le plus vivement débattus parmi les mécani- ciens d'Alexandrie aussi bien que parmi les physi- * Arisrore : De Cælo et Mundo, livre IV, ch. 4. P. DUHEM — LE P. MARIN MERSENNE ET LA PESANTEUR DE L'AIR 169 LE P. MARIN MERSENNE ET LA PESANTEUR DE L'AIR LE P. MERSENNE ET LE POIDS SPÉCIFIQUE DE L'AIR | ciens de la Scolastique : Un élément pèse-t-il ou non lorsqu'il se trouve en son lieu nalurel? Les meilleurs esprits donnaient raison à Simpli- cius contre Aristote; ils expliquaient l'excès de poids de l'outre gonflée soit par l'humidité qu'on y avail introduile, soit par la condensation de l'air qu'elle contenait, condensalion qui le rendait plus pesant que l'air ambiant. Mais il ne parait pas qu'aucun physicien ait eu recours à l'expérience pour démontrer la gravité de l'air et pour en dé- terminer la grandeur. Le premier essai que l’on ait tenté pour compa- rer par expérience la gravilé de l’air à la gravité de l’eau est relativement très moderne ; il a été fait en la seconde moitié du xvi° siècle; il a pour au- teur l'illustre et très étrange médecin, géomètre et astrologue Jérôme Cardan. Pour déterminer le poids spécifique de l'air, Jé- rôme Cardan fait appel à certaines idées d'Aris- tole; de ces idées, bien éloignées de celles qui nous sont familières, il nous faut dire quelques mots. En lout sorps mobile,notre Dynamique moderne a coutume de discerner deux notions, la masse et la force. Il n'en est point de même de la Dyna- mique du Stagirite; nous y trouvons bien une no- tion, celle que désignent le plus souvent les termes de êvveurx et de isxÿs, qui correspond en général à notre notion de force; nous n'y trouvons aucun concept qui ail la moindre analogie avec notre no- tion de masse. Un corps en mouvement” est toujours soumis à deux forces, une puissance et une résistance; faute de résistance, le mouvement ne se ferait pas dans le temps, la puissance amènerait le mobile, en un instant, au but où elle tend. La vitesse du mou- vement croit avec la puissance et diminue, au contraire, lorsque la résistance croit. Fort peu géomètre, Aristote ne conçoit guère la fonclion mathématique que sous la forme de proportionna- lité”; il admet donc certainement cette loi, qu'il formule plus ou moins explicitement : La vitesse du mouvement d'un mobile est proportionnelle à la puissance qui le meut et en raison inverse de la résistance qui lui fait obstacle. Une telle loi est en contradiction avec certaines autres propositions que la Physique péripatéli- 1 Au sujet de cette exposition, voir surtout : ARISTOTE, Physica auscultatio, livre IV, ch. 8. 2 Voir, à ce sujet G. Mrcaaun : Etudes sur la pensée Scien- tilique chez les Grecs et chez les Modernes, pp. 112-117. 710 cienne répute vérités, notamment avec celle-ci : Un corps demeure en repos lorsque la puissance et la résistance qui le sollicitent sont égales entre elles. Cette contradiction si visible devait attirer vivement l'attention des écoles du xiv° siècle et provoquer les Thomas Bradwardin, les Albert de Saxe, les Marsile d’Inghen aux premières attaques contre la Dynamique péripatéticienne. Il ne paraît pas qu'elle ait jamais embarrassé Aristote. En un corps qui tombe, la puissance est repré- sentée par le poids; au sein d’un même milieu, la vitesse de chute est proportionnelle au poids du mobile; cette loi est formellement enseignée au Le Cælo d’Aristote, et aussi en un fragment De gravi et levi, attribué à Euclide, qui a exercé la plus grande influence sur la Mécanique des Écoles de Byzance et d'Alexandrie. La résistance qui s'oppose au mouvement de ce corps est celle du milieu; l'eau résiste plus que l'air ; la résistance croît avec le poids spécifique du milieu que le mobile traverse dans sa chute; ici encore !, Aristote impose à la relation qui lie la résistance à la densité la forme d’une proportion; il admet que la résistance est proportionnelle à la densité du milieu. Les vitesses de chute d’un poids donné qui tombe successivement en divers milieux sont donc en raison inverse des densités de ces milieux, et c’est une des raisons les plus puissantes qui militent contre le vide; un corps pesant y tomberait avec une vitesse infinie. Ce n'est pas ici le lieu d'examiner tout ce qu’une semblable Dynamique a d’inadmissible; dès le Moyen Age, elle était battue en brèche par plus d’un physicien; et cependant bon nombre de mé- caniciens la regardaient encore comme exacte au xvi‘ siècle, voire au xvu° siècle; elle a dirigé les premières tentatives destinées à comparer la den- sité de l’air à la densité de l’eau. Ces premières tentatives ont été effectuées par Cardan en son Opus novum de proporlionibus”*. Ce n'est pas que Cardan accepte sans aucune modification la Dynamique péripatéticienne, telle que nous venons de la retracer; mieux qu’Aristote, il sait combien est complexe l’action que le milieu exerce sur un mobile; mais les énoncés qu'il substi- tue à ceux d’Aristote ne procèdent guère d'une Dy- namique plus exacte. Ainsi sa trente-troisième pro- ! ARISTOTE : Physica auscultatio, livre [V, cb. 8. ? Hieronyur Carpaxt Mediolanensis, civisque Bononiensis, philosophi, medici et mathematici clarissimi, Opus novum de proportionibus numerorum, motuum, ponderum, sonorum, aliarumque rerum mensurendarum, non solum geometrico more stabilitum, sed etiam variis experimentis et obser- valionibus rerum in natura, solerti demonstratione illus- tratum, ad multiplices usus accomodatum, et in V libros digestum... Basileæ. /n fine : Basileæ, ex officina Henricpe- trina, anno Salutis MDLXX, mense Martio. P. DUHEM — LE P. MARIN MERSENNE ET LA PESANTEUR DE L'AIR position ‘ affirme ceci : Lorsque deux mobiles de même figure descendent avec la même vitesse en deux milieux différents, les poids de ces mobiles sont inversement proportionnels non aux densités de ces milieux, comme l'exigerait la Mécanique d'Aristote, mais aux carrés de ces densités. Les propositions que Cardan énonce au sujet de la résistance du milieu au mouvement des projee= tiles ne sont appuyées, cela va sans dire, d'aucurs argument convaincant. Aucune preuve, par exem= ple, n’accompagne sa quatre-vingt-neuvième pro=. position *, celle qui lui permet de comparer la gra= vité de l'air à la gravité de l’eau. | Voici cette proposilion : t « Trouver, par le moyen des poids, le rapporb de la densité de l'eau à la densité de Pair: » | « Cela se peut faire de diverses manières. » V . « En premier lieu, on peut prendre deux sphères de verre identiques entre elles; faire tomber las première dans l'air du haut d'une tour et mesuret la force du coup par l'instrument précédemment décrit; lancer l'autre dans l'eau avec une io égale à celle-là et mesurer en même temps la hau= teur; il y aura même rapport du premier espae au second que de la densité de l'eau à la densités de l'air. » È « On peut aussi lancer la petite sphère au moyens d’un même instrument, d'abord dans l'air, puis… dans l'eau, et former la même proportion. » * « Nous avons vu une machine balistique lancer un petit boulet de pierre, dans l'air, à soixante-dix pieds et, dans l'eau, à un pied et demi. Le rapport cherché serait done de cinquante à l'unité. » 21 Tel est le premier essai que l'on ait tenté pour comparer le poids spécifique de l'air au poids spés cifique de l’eau. x Cet essai va être repris par le P. Mersenne, qui sera sollicité de s'occuper de cette question par les pensées que Jean Rey lui suggérera. II. — Les « Essays » DE JEAN REY. — LA PREMIÈRE CORRESPONDANCE DE JEAN REY ET pu P. MERSENNE- Pourquoi, lorsqu'on calcine de l'étain, le transs forme-t-on en une chaux très blanche dont le poids surpasse notablement celui du métal que om a employé? Cette question, dont la solution devait un jour révolutionner la Chimie, avait été bien sous vent agitée déjà lorsque le Sieur Brun, apothicaire à Sarlat, et fort curieux de Science, la posa de nouveau à son ami Jean Rey, médecin au Bugue en Périgord. Pour y répondre, Jean Rey composa les Essays* qui en ont fait le précurseur de Lavoisier: ‘ Canpaxr Opus novum de proportionibus, p. 21. 2 Carpan Opus novum de proportionibus, p. 82. 3 Essays de JEax Rev, Docteur en Médecine. Sur a | \ RS « Ce surcroît de poids vient de l’air, qui dans le ise a esté espessi, appesanli et rendu aucunement hésif, par la véhémente et longuement continuée chaux (à ce aydant l'agitation fréquente), et tache à ses plus menuës parties : non autrement Que l'air fût une matière pesante, c'était un des tulats essentiels de cette explication. Jean Rey evait donc s'attacher à rendre cette proposition ve de tout doute; el, en fait, il a consacré à cette tâche une bonne partie de ses Æssays. Non pas qu'il ait tenté de déterminer expérimen- talement la gravité de l'air; pour prouver que l'air t pesant, il s'est adressé au raisonnement, et non oint à la balance, plus confiant en celui-là qu'en lle-ci : « le reviens à mes brisées?, et dis que amen des pesanteurs qui se fait à la balance, ère grandement de celuy qui se fait à la raison. ttui-ci n'est usilé que de l'homme judicieux ; uy-là le plus rustaud le practique. » - C'est d'ailleurs en homme judicieux, et nulle- ment en rustaud, que Jean Rey discourt de la ba- mce est si fallacieuse qu'elle ne nous indique ais le juste poids des choses, fors que quand icelle sont confrontées deux pesanteurs de même matière et figure, comme deux boulets de Pautre de fer, que la balance nous montre esgaux, le Le sont pas pourtant : Car le fer pèse plus, de que pèse, selon la raison, l'air qui serait contenu la place que le fer occupe plus que l'or. » On n’imprimait rien, en France ou à l'étranger, uchant la Géométrie, la Mécanique ou la Phy- sique, que le P. Marin Mersenne ne le lüt; sa bouil- lante imagination s'emparait des pensées que la lecture lui avait apportées; les corollaires im- . " les objections à résoudre, les expériences Maire, se présentaient en foule à son esprit ; et, tout aussitôt, de son écriture à peine lisible, ilen composait des lettres qu'il adressait à l’auteur dont il venait de lire l'ouvrage ou à quelque autre sa- “ant; ou bien encore, en un latin barbare, en un Recherche de la cause pour laquelle l'Estain ct le Plomb augmentent de poids quand on les calcine. A Bazas, par Guillaume Millanges, imprimeur ordinaire du Roi. 4630. À Essays de Jean Rey. Essay XVI: Response formelle à la demande, pourquoy l'Estain et le Plomb augmentent de Poids quand on les calcine. ? Essays de Jean Rev. Essay VIIL — Essays de Jean Rey. Essay XV. ce el qu'il manifeste * l’erreur introduite dans | P. DUHEM — LE P. MARIN MERSENNE ET LA PESANTEUR DE L'AIR 171 français déplorable, il consignait ses réflexions en un livre hàtif, plein de fautes d'impression, où les opinions les plus contradictoires se heurtaient pêle- mèle, véritable fouillis de vérités et d'erreurs, image saisissante du désordre où s'agitait l'étrange intelligence du Minime. Mersenne lut donc les Æssays de Jean Rey: il manda à l’auteur les pensées que cette lecture lui avait suggérées ; à quoi Jean Rey répondit et Mer- senne répliqua. Les trois lettres échangées entre l'actif religieux et le médecin du Bugue sont da- tées du 1° septembre 1631, du premier de l'an 1632, et du premier jour d'avril 1632. Elles furent imprimées avec la seconde édition des Æssays de Jean Rey. Ces lettres sont d’un haut intérêt pour l'histoire des Sciences ; on y voit Mersenne proposer à Jean Rey, touchant la nalure de la pesanteur, des opi- nions singulièrement justes, qu'il tenait sans doute de Képler; mais ce ne sont point ces opinions qui doivent ici arrêler notre attention: nous la devons réserver aux propos qu'échangent les deux corres- pondants touchant le vide et la pesanteur de l'air. Le 1° septembre 1631, Mersenne écrit à Jean Rey”: « Quant à ce que vous adioustés, que l'air ne descend point dans un puis ou dans les cavernes que par sa pesanteur, ce n'est pas la vraie cause : car il entre et remplit tout de mesme les trous que l'on faict en haut : par exemple dans les poutres et chevrons des planchers, et l'on vous dira qu'il fait cela par sa légèreté, puisqu'il monte en haut, puisqu'il n'est autre chose qu'une infime multi- tude de petites parcelles qui s'exhalent de la terre et de l'eau, sans lesquelles il n'y auroit que du vuide ; et cette opinion est recuë de plusieurs par- deca. | « Ce n’est pas que ie croye que la fuile du vuide soit la cause efficiente de ce mouvement d'air qui va remplir les trous ; car ie ne crois pas seulement qu'il en soit la cause finale, puisque ce qui n'est point, et ce qui ne peut estre, à mon advis, ne peut estre cause finale. » « Mais j'estime que la cause de ce remplissement d'air tant en haut qu'en bas vient de l'équilibre que la nature reprend : car la terre tirée des ca- vernes se faisant une place dans l'air, elle le chasse et le contraint de descendre au lieu d'où elle a esté tirée : autrement il faudroit que l'air, qui estoit 1 Essays de Jean Rey, docteur en Médecine, Sur la Recherche de la cause pour laquelle l'Estain et le Plomb augmentent de poids quand on les calcine. Nouvelle édition, revue sur l'Exemplaire original, et augmentée sur les Manuscrits de la Bibliothèque du Roi, et des Minimes de Paris, avec des notes, par M. Gobet. A Paris, chez Ruault, libraire, rue de la Harpe. MDCCLXX VII. 2 Essays de JEAN REY, 2 édition, pp. 109-111. 1 1 L£ auparavant dans l'espace que la terre remuée occupe, s'anéantit, ou qu'il occupät le lieu d'un autre air par pénélration, ou qu'il pressät ou poussät un air égal dans les espaces imaginaires, ou qu'il souffrit une perpétuelle condensation, ce qui ne se voit point dans la nature, qui recom- pense tousiours ses défauts par la voye la plus courte et la plus aisée : et tout ce que je vous dis sur ce sujet peut estre demonstré. » La doctrine que Mersenne expose dans celte lettre à Jean Rey est exactement celle qu'à la même époque Descartes développait en son Wonde. On raconte qu'en 1633, lorsqu'il apprit la condam- nation de Galilée, Descartes détruisit cet écrit où, à l'instar du grand géomètre de Pise, il soutenait le mouvement de la terre. Vraisemblablement, ce récit comporte quelque exagéralion ; la crainte des censures de l’Église ne fut pas si puissante chez Descartes qu'elle lui fit jeter au feu ce qu'il avait écrit ; il se contenta de ne le point publier; et Ze Monde, trouvé dans ses manuscrits, put être, après sa mort, livré à l'impression *. Voici, selon cet ouvrage ?, « quel jugement il faut faire du vuide » : « Tous les mouvemens qui se font au Monde, sont en quelque facon circulaires, c'est à dire que, quand un corps quitte sa place, il entre toüjours en celle d'un autre, et celuy-ey en celle d'un autre, et ainsi de suilte jusques au dernier, qui occupe au même instant le lieu délaissé par le premier : en sorte qu'il ne se treuve pas davantage de vuide parmy eux, lorsqu'ils se remuent, que lorsqu'ils sont arrélez. Et remarquez icy qu'il n'est point pour cela nécessaire, que loutes les parties des corps qui se remuent ensemble soient exactement disposées en rond comme un vray cercle, ni même qu'elles soient de pareille grosseur; car ces inéga- liltez peuvent être compensées par d'autres inéga- litez, qui se treuvent en leur vilesse.…… » « Lorsque le vin qui est dans un tonneau, ne coule point par l’ouverture qui est en bas, à cause que le dessus est tout fermé : c'est parler impro- prement que de dire, ainsi qu’on fait d'ordinaire, que cela se fait par crainte du vuide. On sait bien que ce vin n'a point d'esprit, pour craindre quelque chose : et, quand il en auroil, je ne say pour quelle occasion, il pourrait appréhender ce vuide, qui n'est en effet qu'une chimère. Mais il faut dire plü- ! Le Monde de M. Descartes ou le Traité de la Lumière et des autres principaux objets des sens. Avec un Discours du Mouvement local et un autre des Fièvres, composez selon les principes du même Auteur. A Paris, chez Jacques Le Gras, au Palais, dans la Gallerie Prisonniers. MDCLXIV. Descartes : Le Monde. Chap. IV. Quel jugement il faut faire du vuide : Et quelle est la raison pourquoy nos sens n'appercoivent pas certains corps. des car parfois — nous le verrons dans un instant, s'il descendoit, n'en peut treuver d'autre où & mettre en tout le reste de l'Univers, si on ne fa une ouverture au dessus du lonneau, par laquel cet air puisse remonter circulairement en sa place On eût pu objecter à Descartes, el par ses propre du tonneau et y occuper une place égale à cel que le vin écoulé prendrait au dehors. Son expl cation donc ne valait rien; il a dû le reconnaitre il ne s'y est pas tenu. Cette explicalion, en tout cas, est celle-là mêm que son ami Mersenne proposait à Jean Rey. « Au Bugue en Périgort, le premier de l'an 1632 Jean Rey répondait à Mersenne ; et, au sujet de fuite du vide, voici ce qu'il lui disait” : « Maintenant venés-vous aux prinses avec moi quand vous dites qu'on me dira que l'air, qui ren plit les trous faits en haut dans les poutres d? plancher, doibt estre dit leger puisqu'il monté Mais ie leur dirai qu'il faut par la mesme raiso qu'ils dient l’eau estre legere, qui monte dans u batleau par les trous qui se font dans ses planches ou (pour mieux faire quadrer la comparaison) qu monte dans les trous qu'on peut concevoir est faits dans les voutes des cavernes qui sont soul les eaux. Ils ne m'accorderont pas ceci, ni moi eux le reste. Certes, l'un et l'autre remplissagers fait par la pesanteur des parties plus hautes, tar de l'air que de l'eau, qui s'affaissant sur les plu basses, les contraignent de pousser celles qui sor près des trous à les remplir. » « Ce que vous-mesme confirmés sans v pense quand vous dittes que cela vient de l'equilibre qu la nature reprend; ce qui est lrès-veritable, et suis avecques vous iusques-là. Mais il faut pass! outre et demander d’où vient cet équilibre, à qui ie responds que c'est de la pesanteur, car to equilibre la suppose : et qui dit equilibre ne d autre chose qu'une esgalité de poids... » « Qu'on suspende un ais dessus l’eau, touchat iustement sa surface, qu'on le trouë‘tant qua voudra, on ne verra iamais que l'eau y monte” arriverait de mesme de l'air, cet ais étant suspendu en sa supresme surface, et ce d'autant quelk pesanteur de l'un et de l'autre y resiste, et quil n'y à point de corps plus pesans au-dessus, qui s’affaisans les y contraignent. » Les pensées contenues en cette lettre sembler ! Essays de JEAN REY, 2° édition, p. 124. 1 D. k P. DUHEM — LE P. MARIN MERSENNE ET LA PESANTEUR DE L'AIR 0 ii -peut-êlre bien en avance sur celles des contempo- rains de Jean Rey si on les compare aux explica- tions qu'en 1638, Galilée donnait encore de l’ascen- “sion de l'eau dans les pompes. Au voisinage de 1630, cependant, Jean Rey n'était pas le seul physicien qui soupconnât le véritable rôle de la pression engendrée par une atmosphère pesante. - En des entretiens tenus en 1629 avec Gassendi, “un professeur de mathématiques de Dordrecht, “qui fut collaborateur de Descartes, Isaak Beeckman, “exprime à deux reprises des pensées analogues à “celles de Jean Rey : «J'ai montré, dit-il!, que l'air “était grave, qu'il nous pressait de lous côtés d’une manière uniforme, en sorte que nous ne souffrons pas de celte pression, et que cette gravilé est la “cause de ce qu’on nomme la fuile du vide... » Et “encore * : « Explication de la fuite du vide... L'air trepose sur les choses à la manière de l'eau, et il es comprime selon la hauteur du fluide qu'elle “supporte... Les choses se précipitent avec une grande puissance en un lieu vide, à cause de la grande hauteur de l'air qui les surmonte, et du poids qui en résulte. » Plus nettement encore que Jean Rey et que Beeckman, Descartes rendait compte de la cause et des effels de la pression atmosphérique. Le 2 juin 1631, il adressait à un correspondant inconnu, que l’on croit être Reneri, un exposé * de sa doctrine sur le plein universel et sur la forme “yclique de tout mouvement; cet exposé différait peu de celui qu'il insérait au même moment dans son Monde, de celui qu'il devait donner plus tard aux Principia Philosophiæ. Mais les lettres de Descartes sont, bien souvent, plus riches en vues originales, en aperçus géniaux que ses livres; dans labandon d'une correspondance intime, le grand philosophe se laissait aller à des considéralions théoriques qui lui semblaient trop peu achevées pour qu'il les jugeàl dignes de la belle ordonnance des trailés qu'il publiait. Ainsi en est-il de la lettre bqui nous occupe. Elle renferme un passage qui n'a “son analogue ni dans Ze Monde, ni au livre des Principes. Voici ce passage, où Descartes entre- prend d'expliquer à son correspondant pourquoi Mun lube rempli de mercure ne laisse pas écouler le liquide qu'il contient, lors même que l'ouverture en est tournée vers le bas : « Pour resoudre vos difficullez, imaginez l'air weomme de la laine, et l’æther qui est dans ses pores comme des lourbillons de vent qui se meu- 1 Is. BEECKMANN Mathematico-physicarum meditationum, quæstionum, solutionum centuria, 1644; n° 71, p. 45. 2 BEECKMANN : loc. cit., n° 35, p. 13. * Œuvres complètes de Descartes, publiées par Ch. Adam æ€t Paul Tannery; tome I, Correspondance, n° XXXIV, lp: 205. vent cà et là dans celte laine; et pensez que ce vent qui se jouë de tous costez entre les pelits fils de cette laine, empesche qu'ils ne se pressent si fort l'un contre l’autre, comme ils pourraient faire sans cela. Car ils sont tous pesans... » « Or cette pesanteur ne se sent pas communé- ment dans l'air, lorsqu'on le pousse vers le haut; pour ce que si nous en élevons une partie, par exemple celle qui est au point E (fig. 1), vers F, celle qui est en F va circulairement vers GHI et retourne en E; et ainsi sa pesanteur ne se sent point, non plus que seroit celle d'une rouë, si on la faisait tourner, et qu'elle fût parfailement en balance sur son aissieu. Mais dans l'exemple que vous apportez du tuyau DR (fig. 2), fermé par le bout D par où il est attaché au plancher AB, le vif Q A D B 6 P H E R | 0 E Fig. 1. Fig. 2. argent que vous supposez eslre dedans, ne peut descendre tout à la fois, que la laine qui est vers R n’aille vers O, et celle qui est vers O n'aille vers P et vers Q, et qu'ainsi il n’enlève toute cette laine qui est en la ligne OPQ, laquelle prise toute ensemble est fort pesante. Car le luyau estant fermé par le haut, il n’y peut entrer de laine, je veux dire d'air, en la place du vif argent, lorsqu'il descend... » « Et afin que vous ne vous trompiez pas, il ne faut pas croire que ce vif argent ne puisse êlre séparé du plancher par aucune force, mais seule- ment qu'il y faut autant de force qu'il en est besoin pour enlever lout l'air qui est depuis là jusqu'au dessus des nuées. » Ce n'est pas seulement en France et en Hollande que l'on rencontrait des physiciens disposés à prendre la pesanteur de l’air pour cause des effets que l'on attribuait auparavant à l'horreur du vide; cette opinion était admise également par cerlains physiciens Italiens; tel Jean-Baptiste Baliani. Le 26 octobre 1630, Baliani adressait à Galilée une lettre‘ où nous lisons des pensées toutes sem- ! Le Opere di GauLeo Gazirer. Prima edizione completa. Tomo IX, p. 210. Firenze, 1852. 174 P. DUHEM — LE P. MARIN MERSENNE ET LA PESANTEUR DE L'AIR blables à celles que Jean Rey, Beeckman et Des- cartes avaient exposées : « Je ne suis plus de l'opinion vulgaire, selon laquelle il n’y a pas de vide... et, pour tout dire, j'ai commencé de croire que le vide était naturelle- ment possible dans le temps même que j'ai reconnu à l'air un poids sensible; c'est alors que Votre Sei- gneurie m'enseigna dans une de ses lettres le moyen de trouver le poids exact de l’air, bien que je n’aie point réussi jusqu'ici à faire l'expérience. » « Voici done mon opinion : Il n’est pas vrai que le vide répugne à la nature des choses; il est seu- lement vrai qu'il ne se peut produire sans une grande violence, et l’on peut déterminer quelle est celle violence requise pour obtenir le vide. D'ail- leurs, si l'air est pesant, il n'y a entre l'eau et l'air qu'une différence du plus au moins; il vaut donc mieux, pour éclairer ma pensée, que je parle de l'eau, dont le poids est plus sensible; car, ce qui se produit pour l'eau devra se produire aussi pour l'air. » Baliani explique alors que, plongés entièrement dans l’eau, nous en ressentons seulement la pres- sion uniforme, mais non le poids, landis que ce poids nous chargerait si, placés dans l'air, nous portions une colonne d'eau sur notre tèle. Après avoir rappelé cette distinclion, bien connue déjà aux temps de Héron d'Alexandrie, le mécanicien Gênois l'étend à l'air : « J'estime, ajoute-t-il, que plus l'air se trouve élevé au-dessus du sol, plus il est léger; loutefois, je crois son immensité si grande qu'en dépit de la faiblesse de son poids spécifique, si l'on sentait la charge de tout l'air qu'on porte au-dessus de soi, on éprouverait un très grand poids; il ne serait cependant pas infini ; il aurait une valeur déterminée, en sorte qu'au moyen d'une force proportionnée à ce poids, on pourrait le surmonter et produire le vide. » « Si l’on voulait trouver la grandeur de cette force, il faudrait que l'on connût la hauteur de l'atmosphère et le poids spécifique de l’air à une hauteur quelconque au-dessus du sol. Quoi qu'il en soil, je juge que cette valeur est telle que l'on pour- rail produire le vide avec une violence égale à celle que peut produire l'eau dans un canal dont la longueur ne dépasse pas 80 pieds. » Au voisinage de l'an 1630, les mêmes pensées au sujet de la pesanteur de l'air et de la pression atmo- sphérique sont donc agitées, dans les pays les plus divers, par des physiciens qui n'ont point commu- nication entre eux. Ce qu'écrivent Beeckman à Dordrecht, Baliani à Gènes, Descartes à Amsterdam, Jean Rey le conçoit en une minime cilé du Péri- gord. Quiconque a médité l'histoire des sciences connait celle sorte d’altente qui oriente vers une même vérilé les esprits les plus éloignés les uns des autres, cette tension générale qui annonce et prépare une grande découverte; il semble qu'avant de prendre sa forme définitive, aux contours nels et arrêtés, en la raison de celui qu'on saluera dun titre d’inventeur, l'idée soil partout diffusée, vague el indécise, attendant l'heure de son avènement. Le principe de l'expérience de Torricelli, de l'expérience du Puy-de-Dôme, qui en est le com plément naturel, ne transparaïît-il pas, bien visible, au travers des pensées que développent Baliani,, Descartes et Jean Rey? Comme la châtaigne mûre qui, déjà, entr'ouvre sa baugue, el qu'un souffle” suffira à dégager de son épineuse enveloppe, il semble solliciter le hasard heureux qui le feras briller à tous les regards. - Quand un fruit est mûr à ce point, il n'est pas besoin d'un vigoureux effort pour le détacher de l'arbre ; la main d'un enfant suffit à le cueillir. Ne nous étonnons donc point, si la même découverte se trouve faile en même temps par plusieurs inventeurs, par l'homme de génie aussi bien que par l'humble amateur de Science ; ne soyons point surpris que l'expérience du vif argent se réalise à la fois entre les mains de celui que Pascal nomme «le grand Torricelli » et de l'obscur capucin qui a nom Valeriano Magni; ne réputons pas invraisem- blable que le projet de l'expérience du Puy-de- Dôme ait pu être formé simultanément par Des-, cartes, par Blaise Pascal et par le P. Mersenne. Et surtout entre ces inventeurs divers en qui l'idée, arrivée à maturité, s'est incarnée presque au même moment, n'allons pas débattre avec pas- sion des procès de priorité; la graine qui germe a-t-elle plagié la graine qui, une heure plus tôt, germait dans le même champ? III. — LES PREMIÈRES TENTATIVES DU P. MERSENNEM POUR DÉTERMINER LE POIDS SPÉCIFIQUE DE L'AIR. Il ne parait pas que Jean Rey ait, tout d'abord, persuadé le P. Mersenne de son opinion touchant! la pression almosphérique; du moins a-t-il con=" vaineu le Minime que l'air était pesant. « Ce n'est, pas, lui écrit celui-ci! au premier jour d'avril 1632, l'eau du thermometre qui se rarelie quand elles monte comme vous dites : mais c'est l'air qui s'espaississant, la fait monter, et se dilalant par rarefaction, la fait descendre... Ie pense avoim trouvé le moyen de peser l’air et de sçavoir com= bien est plus leger l'argent et les autres corps tant, solides que liquides : mais ie n'ay pas encore la, commodité de pezer à raison des instruments qu'il faut avoir. » 4 Depuis longtemps déjà, Galilée avait instilué un ! Essays de Jean Rev, 2° éd., p. 149. | P. DUHEM — LE P. MARIN MERSENNE ET LA PESANTEUR DE L'AIR -1 1 Qc procédé expérimental propre à déterminer le poids spécifique de l'air el l'avait fait connaître à quelques-uns de ses correspondants. Mersenne, jui ne connaissait point la méthode de Galilée, efforca de son côté à résoudre la solution du même problème. Il le tenta par les voies les plus diverses: de ces voies, beaucoup nous semblent, aujourd'hui, fort mal choisies et bien peu capables de mener au but que l’inlassable religieux souhai- ardemment d'atteindre; celui-ci, cependant, it très logiquement conduit à s'y engager par De ces premières tentatives de Mersenne pour prouver et déterminer la gravité de l'air, nous trouvons l'exposé dans le volumineux ouvrage qui Le premier procédé imaginé par Mersenne ne serait point apte — à supposer qu'il fût réalisé — à terminer le poids spécifique de l'air, mais seule- Mersenne le décrit, au Livre premier de l'Harmonie universelle”, sous ce titre : Proposition XIII. Défer- chaud est plus rare et plus léger que celuy qui est froid; et de combien 1l est plus léger que l'eau. « L'on trouvera, dit Mersenne, la comparaison de deux airs différens, par exemple d'un air froid d'un 'air chaud, si l’on prépare deux grandes boëtles ou caisses de bois fort léger dont l’une Duisse estre fermée et scellée si justement que l'air nen puisse sortir et n'y puisse entrer, et l’autre it toujours ouverte; et que toutes deux soient de mesme poids; car lors que l’on les aura pesées dans un air froid et condensé, comme est celuy de hors à l'hyver, lorsqu'il gèle, et que l’on aura enfermé cet air dans une des boëttes, si on les apporte dans une chambre, dont l'air soit deux ou plusieurs fois plus chaud et conséquemment plus are, et que l'on les pèse derechef, l’on trouvera que celle dans laquelle l'air dense est enfermé & Harmonie universelle contenant la théorie et la pratique la Musique, où est traité de la Nature des Sons, et des Mouvemens, des Consonances, des Dissonances, des Genres, “des Moues, de la Composition, de la Voix, des Chants, et de toutes sortes d'Instrumens Harmoniques. Par F. Marx RSENNE de l'Ordre des Minimes. À Paris, chez Sebastien -Cramoisy, Imprimeur ordinaire du Roy, ruë S. Jacques, aux Cicognes, MDCXXXVI. — Sur ce curieux ouvrage, on trouve une étude très soignée, due à Paulin Richard, dans BRUNET, Manuel du TrMaire et de l'amateur de livres, 5° édi- tion, 1862, p. 1662. 3 Marin MERSENXE : Harmonie universelle. Livre premier : De la nature et des propriétez du son, pp. 29-32. pèsera d'avantage que celle qui est ouverte et dont l'air est égal en rareté à celuy de la chambre. » En même temps qu'il projette cette imprati- cable expérience, Mersenne en indique une autre qu'il est plus aisé de réaliser et qui, depuis lors, a élé maintes fois exécutée sous le nom d'expérience du Laroscope : « L'on peut encore user d'un autre moyen, à scavoir d'une grande pièce de bois qu'il faut mettre en équilibre dans l'air de la chambre [avec un morceau de plombl, car si le morceau de plomb est douze fois moindre que le morceau de bois, et que l’on pèse l'un et l’autre dans l'air de dehors qui soit deux fois plus froid et plus dense, et conséquemment plus pesan!, ces deux poids ne seront plus en équilibre, car le morceau de bois estant douze fois plus gros que celuy de plomb, il pressera et fera lever douze fois d'avantage d'air; et conséquemment il sera d'autant plus léger dans cet air que dans l'autre de toute la pesanteur de l'air esgale en grandeur audit morceau de bois. » D'ailleurs cette ingénieuse expérience a pu être suggérée à Mersenne par la lecture de l'Æssay XV de Jean Rey, essai dont nous avons donné un extrait. Rien ne prouve que Mersenne eûl tenté les expé- riences dont nous lui avons vu tracer le plan; les eût-il exécutées, qu'elles ne lui eussent point fait connaitre le poids spécifique de l'air; or, c'est ce poids spécifique qu'il souhaitait surtout de connaître. C'est ce poids spécifique qu'il pense déterminer au moyen des expériences dont nous allons parler. Ces expériences sont décrites en une partie‘ de l’Harmonie universelle postérieure à celle que nous avons citée tout à l'heure, Au début de cette parlie, nous trouvons une PREMIÈRE OBSERVATION ainsi intitulée : Je la vitesse des corps pesans qui descen dent par leur mouve- ment naturel dans l'air, ou dans l'eau, et de combien l'eau est plus pesante que l'air. De cette obser- vation, nous extrayons le passage suivant : « Je dy done que le corps qui descend en l'air est plus pesant que l'air et que si l’on trouve un corps si peu pesant qu'il descende dans l'air un espace égal dans un temps égal, à l’espace et au temps qu'un autre corps assez pesant descend dans l'eau, la raison de la pesanteur du premier corps sera à la pesanteur de l'air comme celle du 2 corps à la pesanteur de l’eau... » « Or j'ay trouvé un corps qui descend dans l'air aussi lentement que le plomb dans l'eau, car l'un et l’autre descend de quatre pieds dans le temps d'une seconde, et de 12 dans le temps de 2 secondes... » 1 -Marix MERSENNE : Harmonie universelle. Nouvelles obser- vations physiques et mathématiques, pp. 1-3. P. DUHEM — LE P. MARIN MERSENNE ET LA PESANTEUR DE-L’AIR « Ayant pesé le corps À qui descend dans l'air, j'ai trouvé qu'il pèse quatre grains, et qu'il est du moins 162 fois plus léger que la cire de mesme volume et figure; de sorte que si nous supposons que l’eau de mesme grosseur que la cire soit plus pesante d'une 21 partie, il s'ensuit que l'air estant unze fois plus léger que le dit corps A, est plus léger 1870 fois que l’eau, puisque le plomb qni descend en mesme temps et de mesme hauteur dans l’eau, est unze fois plus pesant qu'elle. » Cette déduction repose tout entière sur les prin- cipes de la Dynamique péripatéticienne. Mersenne qui appuie son expérience à ces prin- cipes ne peut ignorer cependant à quelles critiques ils sont en butte; il a lu’ le De proportionibus de Cardan; il sait donc que Cardan n'accepte pas la règle qu'il invoque, qu'à cette règle, le médecin milanais en subslitue une autre, formulée de la sorte : Les poids de deux corps qui descendent avec la même vilesse l’un dans l'air, l’autre dans l’eau, sont dans le même rapport que les carrés des densités de l'air et de l'eau. Il semble, d'ailleurs, que le désir d'écarter l'opinion de Cardan ait dicté au Minime ce corollaire: : « Entre plusieurs objections qui se peuvent pro- poser contre la raison de la pesanteur de ces deux éléments, l'une se peut prendre de leur différente glus, colle et ténacité, qui fait que l’eau ne cède pas aysémenl, encore qu'elle n’ayt peut estre pas tant de résistance et de pesanteur que celle dont nous avons parlé; mais on peut s'imaginer la mesme chose de la ténacité de l'air, qui le rend conlinu et lié ensemble, comme l’eau. » Une autre objection, plus formelle et plus grave que les critiques de Cardan, peut être opposée à la règle de Dynamique qu'Aristote a énoncée et dont Mersenne fail usage. Comment celte règle peut-elle être exacte si des corps de poids spécifiques très différents tombent dans l'air avec des vitesses sen- siblement égales? Or, Mersenne sait qu'il en est ainsi. Dès le 1°" septembre 1631, il écrit° à Jean Rey : « À quoy j'adiouste ce dont vous serés peul estre bien aise d'estre asseuré; car cela va contre l'opi- nion Commune, à Savoir qu'un corps ne va pas plus viste en bas, quoique plus pesant : car un boulet de fer, el une boule de bois descendent de cinquante pieds aussi viste à lerre l’un que l'autre, quoique le boulet peze huict fois davantage la boule estant quasi de mesme volume : et un charbon tombant de vos mains ira aussi viste à lerre, qu'un sem- blable morceau de plomb. » 1 Cet ouvrage est cilé en l'/armonie universelle. A. Trai- tez de la nature des sons et des mouvemens de toutes sortes de corps, p. 124. ® ManiN MERSENNE : Harmonie universelle, loc, cit., p. 7. * Jean Rey : Zssays, 2° édition, p. 111. Celle affirmation avait scandalisé Jean Rey; en | sa réponse à Mersenne, il disait* : nu « Touchent ce que vous dites que l'expérience fait voir. qu'un boulet de fer et une bale de boïs de mesme volume, vont si visle en bas lun que l’autre, quoique le fer peze huit fois plus : et qu'un. de mes mains, vont à terre d'une vistesse egalles bref qu'un corps ne va plus visite en bas, quoique plus pesant. Je desirerois que fussiés à le dire, @ sans double ces experiences ont eslé par vous m experimentées, el vous coniure de les refaire : m exactement et d'un lieu haut, vous engageant m honneur, si par après vous ne changés de langage Mersenne ne changea pas de langage, tant s'en“ faut; dans sa répiique à Jean Rey, il insista de nouveau sur ce qu'il lui avait affirmé dans sa pr mière lettre : « Je remarque donc particulierement que vou tenés pour certain que les pierres descendent par leur pesanteur, consequemment tous les autre corps pesants, mais si vous considérés qu'il s'@ suivroit de-là que plus ils seroient pesants € mesme volume, et plus viste ils descendroient : pa exemple, que la boule de plomb descendroit plu viste douze fois, que celle-là de hestre : a grande : et ladite boule devroit descendre dou fois plus viste, quoiqu'elle descende quasi & mesme tems : à quoy mesme respond vostre raison nement si vous y prenès garde. Veritablement, 184 m'estonne de ce que vous vous déliés de mon expe=\ rience de l’esgalle vistesse d'un boulet de feret d'un boulet de buis : car s’il ne lient qu'à vou faire signer solemnellement plusieurs personnes qualité qui ont veu et fait l'experience avec me ils vous le tesmoigneront authenliquement : et sçab} de science asseurée que si vous laissés ont plomb et du charbon de vos deux mains en mesmey tems de la fenestre d'une haute chambre en bas qu'ils iront aussi viste à terre l'un que l'autre 2e qui arrivera aussi si vous laissez tomber une piece de cent livres et un morceau de la mesme piece d’une seule once : et ie ne me repends point de, vous l'avoir escript parce qu'il est vray : quoique j'estime que si on estoit élevé ce quatre ou cinq lieues haut, qu'il y auroit quelque différence. » Comment Mersenne aurait-il pu oublier en 1636 la vérité qu'il affirmait si forl en 1632, el d'après ses propres expériences? Et, s'il ne l'avait pas oubliée, ! h Jean Rey : Æssays, 2 édition, p. 128. ? Jean Rey : Æssays, 2 édition, p. 14. P. DUHEM — LE P. MARIN MERSENNE ET LA PESANTEUR DE L'AIR 771 comment s'y prenait-il pour la concilier avec la | ègle dont il usait pour déterminer la densité de ir? Assurément, celte contradiction l'a fort embarrassé et ses efforts n'ont pu l'en défaire; car l ne saurait regarder comme une solution ce Corollaire, qu'il joint‘ à sa détermination de la nsité de l'air : | t L'une des plus grandes difficullez qui se vent apporter contre la proportion précédente la pesanteur de l’eau et de l’air, et mesme contre | "moyen que nous avons pratiqué pour la trouver, fondée sur l'égalité des descentes faites en des nps et des espaces egaux, par des corps egaux us sommes capables. » es citations nous montrent la gravilé des con- adictions logiques qui brisaient, en l'esprit de rsenne, l'unité de ses connaissances touchant la pamique ; des propositions fausses, empruntées mettait de s'accommoder de ces disparates, as les trop remarquer, et d'user tour à tour Nallons pas, d'ailleurs, nous scandaliser outre mesure de cet état d'esprit; il eût élé malaisé, à ce | =] œ = — 2 F [= = © gs EE œ | œ La gs ® @ =] = TT eo CT Eh 3 Z: [en œ A ©: a a 1 que. Le système cohérent créé par Aristote et | ses commentateurs, batlu en brèche par une td et là, douteuses encore et hésitantes, mal rmies contre les objections, sans lien les unes ls les autres. C'eût été tâche trop difficile, même Pour le plus puissant esprit, que de deviner dès lorsile plan de la Science future, que de s'attacher | fermement aux seules vérités appelées à former | celte Science, que de rejeter sans pitié toutes les propositions qu'elle devait un jour condamner. valilée est demeuré fort loin de l'accomplissement Tune semblable tâche, et Descartes même, qui en à le plus approché, n’aurait pu formuler une Dyna- nique parfaitement cohérente. ? MariN MERSENNE Harmonie universelle. Nouvelles bbservations physiques et mathématiques, pp. 1-8. Lorsqu'on étudie l'hisloire de la Dynamique en la première moitié du xvur siècle, on croit par- courir une ville qu'un calaclysme récent a ravagée et qui commence à peine à émerger de ses ruines. Parmi des amas de décombres, paraissent d'anciens édifices dont on soupçonne encore l'antique soli- dilé, mais dont les murs crevassés branlent et s'écroulent. Cà et là, s'élèvent des constructions neuves, encore inachevées, premiers germes d'une ville future dont on ne devine ni les avenues, ni les carrefours, dont le plan demeure ignoré du visiteur. C'est seulement au temps de Newton que la nouvelle cilé, entièrement rebâtie, ouvrira ses voies, larges et bien tracées, à celui qui voudra en parcourir les divers quartiers. Quoi qu'il en soit, Mersenne voyait ou, du moins, entrevoyait que sa délerminalion du poids spéci- fique de l’air élait appuyée à des hypothèses peu sûres; il devait souhaiter qu'elle fût contrôlée par une détermination nouvelle, reposant sur d’autres suppositions; de fait, il en citait une seconde '; mais les fondements en étaient aussi peu solides que ceux qui portaient la première : « Cette pesanteur d'air peut estre confirmée par l'observation que j'ay faite de la tardivité des mou- vements des cercles qui se font dans l’eau, lorsqu'on y laisse tomber une pierre, ou qu'on la touche d’un baslon: car tandis que le diamètre des cercles de l'air fait 1380 pieds dans une seconde minute, comme témoigne le son, qui fait 230 toises dans cetle seconde, c'est a dire 1380 pieds, le diamètre des cercles de l’eau ne fait pas neuf pouces, parce que la vitesse du mouvement de l'air est à celle du mouvement de l'eau, comme la pesanteur de l’eau à celle de l'air, c'est a dire 1870 à 1. » Mersenne s'est attaqué avec obstination au pro blème qui consiste à délerminer la densité de l'air; jusqu'ici, les méthodes qu'il a proposées pour le résoudre partent de principes erronés. Il sera mieux inspiré dans les tentalives que nous allons rapporter. IV. — L'HORREUR DU VIDE ET LA DENSITÉ DE L'AIR SELON GALILÉE. Mais avant que Mersenne n'’eût fait imprimer ses nouveaux essais pour déterminer la densité de l'air, Galilée avait publié les siens. C'est en 1638, en effet, que parurent les Discours et démonstrations mathématiques au sujet de deux nouvelles sciences relatives à la Mécanique et aux mouvements locaux”. 1 MariN MERSENNE Harmonie universelle. Nouvelles observations physiques et mathématiques, pp. 3-4. 2 Discorsi e dimostrazioni matematiche intorno a due nuove scienze attenenti alla Meccanica, ed ai movimenti 718 P. DUHEM — LE P. MARIN MERSENNE ET LA PESANTEUR DE L'AIR En la première journée de ces célèbres dialogues, les deux problèmes de l'horreur du vide et de la gravité de l'air étaient longuement traités, sans que d'ailleurs Galilée établit aucun rapprochement entre ces deux questions. Galilée croit à l'horreur du vide {repugnanza al vacuo), mais il ne lui attribue pas une puissance infinie; il la regarde comme une force déterminée et mesurable; il propose même des moyens propres à la mesurer. Il veut prendre un vase exactement rempli d'eau et fermé par un piston de bois; en déterminant le poids dont la traction est capable de séparer les deux surfaces contiguës de l'eau et du piston et de produire entre elles un espace vide, on mesurera la puissance dont est capable cette horreur du vide (/a quantilà della forza del vacuo). D'ailleurs, une expérience toule semblable se trouve déjà réalisée. L'un des trois interlocuteurs, Sagredo, se souvient d'avoir vu une pompe aspi- ranle qui cessait d'élever l’eau d'une citerne lorsque le niveau de cette eau s'abaissait trop; le maitre fontainier, consulté, avait déclaré qu'aucune pompe aspirante, qu'elle fût large ou étroite, ne pouvait faire monter l’eau au-dessus d’une certaine limite; il avait évalué cette limite à un peu plus de dix-huit brasses. L'observation que rapporte Sagredo était, en effet, et depuis fort longlemps, à la connaissance des maitres fontainiers ; en 1615, l’un des plus illustres d'entre eux, Salomon de Caus, parlait de cette limite imposée à la puissance des pompes aspi- rantes comme d’un fait d'expérience vulgaire « L'air, disait-il!, passe à travers l'eau quand il est pressé. L'air comme a esté dit, bouillonnera à travers de l’eau; il y a aussi un pareil accident de la même nalure qui arrive aux pompes simples; c'est quand l’on veut forcer l'eau à monter plus haut que la nature de la machine ne souffre; l’air entrera à travers l'eau, comme sera montré par cy après, aux machines propres pour hausser l’eau avec des pompes. » Salomon de Caus sait, d’ailleurs, que celte hauteur au delà de laquelle une pompe aspirante ne peut élever l’eau est voisine de trente pieds, car avec une machine à deux corps de pompe, il pense l'élever à soixante pieds”, Cette observation, bien connue des ingénieurs hydrauliciens, et que Sagredo vient de rapporter, Galilée l'interprète par la voix de l'interlocuteur locali; di GaziLeo GauLet, Linceo, filosofo e matematico primario del serenissimo Gran duca di Toscana: Leida, Elsevirii, 1638. 1 Les raisons des forces mouvantes avec diverses ma- chines tant utilles que plaisantes aus quelles sont adioimnts plusieurs desseings de grotes et fontaines, par SALOMON 0E Ingénieur et architecte de son Altesse Palatine Élec- torale. À Francfort, en la boutique de Jean Norton, 1615. Théorème IX, p. 5, vo. ? SALOMON DE CAUS : Caus loc. cit., p. 11, v .ciens les plus divers avaient entrevues depui | Salviati : « Si nous pesons le ‘cylindre d'eau que contient un canal quelconque, large ou étroit, haut de dix-huit brasses, nous connailrons la valeur de la résistance au vide. » Galilée admet donc, comme Baliani le lui sug- gérait en 1630, que la violence qu’il faut faire à la Nature pour produire un espace vide a une valeur limitée; pour déierminer celte valeur, il prend une méthode qui semble très conforme aux pensées de Baliani; mais il ne suit pas jusqu'au bout la voie que le physicien gènois lui avait tracée; il ne va pas jusqu'à regarder la pression de l'air pes comme l’explicalion de cette résistance au vide; i demeure fort en arrière des vérités que les physis. plusieurs années. Il sait cependant que l'air est pesant et, dans le même dialogue, il décrit le procédé expérimenta par lequel il s'est efforcé d'en déterminer le poids spécifique. Au col d’un flacon, un doigt de gant est fixé; ce. doigt de gant se rattache à un tuyau qu'intercepte une soupape, et ce tuyau se relie lui-même à un seringue. En manœuvrant la seringue, on peut refouler dans le flacon une certaine quantité d'air On pèse d'abord le flacon plein d’air condensé; om le repèse après avoir ouvert la soupape et laiss échapper l'air que l’on avait refoulé; la perte d poids qui se produit entre la première et la secondi pesée est précisément égale au poids de Fair ainsi refoulé. Cette expérience suffit à démontrer que l’air esb pesant; elle ne suffit pas à en déterminer le poids spécifique. Une légère modification permet d'ats, lteindre ce dernier objet. Après que le premier flacon a été rempli d'air condensé, on sépare la seringue du tuyau qui contient la soupape; à l’aide d'un doigt de gant, om relie ce tuyau à un Second flacon rempli d'eau; un pelit orifice est percé dans la paroi de ce second, flacon et une tige de fer passe par cet orifice. Au moyen de cette tige de fer, on ouvre la soupapes l'air refoulé s'échappe non plus dans l atmosphère; mais dans le flacon plein d'eau; l’eau qu'il chasse, s'écoule par le petit orilice; elle est recueillie et pesée. On connait donc le poids d’un volume d'eau égal au volume d'air refoulé par la seringue. Be poids de ce volume d'air peut, d'ailleurs, élre déterminé comme précédemment, ce qui permet d'évaluer le poids spécifique de l'air. | Galilée ne dit pas en quelles circonstances ila réalisé cette expérience qui semble, tout d'abord," bien délicate, et susceptible d’une bien faible préci- | sion; sur les dimensions des appareils employés, | sur les nombres directement fournis par les pesées, | 1 garde le silence. Il se borne à dire que « l’eau est | P. DUHEM — LE P. MARIN MERSENNE ET LA PESANTEUR DE L'AIR 719 plus grave que l'air non pas seulement dix fois, “comme l'eslimait Aristote, mais quatre cents fois, ainsi que le montre celte expérience ». — Nous savons aujourd'hui que la densité de l'eau est égale, non pas à quatre cents fois, mais à sept ent soixante-treize fois la densité de l'air. Le rapport donné par Galilée est donc fort éloigné d'être vrai; mais on ne pouvait guère espérer mieux “es moyens dont il disposait; une faveur du hasard a pu seule l'empêcher d'’errer davantage. + Les correspondants de Galilée qui tentèrent, sur ses indications, de déterminer le poids spécifique de l'air, ne furent pas tous aussi heureux que lui: Baliani confesse, nous l'avons vu, qu'il ne parvint POUR DÉTERMINER LE POIDS SPÉCIFIQUE DE L'AIR. Mersenne a imaginé un procédé ingénieux, et “que l'on aurait pu rendre précis, pour déterminer jusqu'aux Zssays de Jean Rey. - Jean Rey croit encore, avec une bonne partie de « Soit fait un canal de leton, de grandeur conve- “nable; bien poli au dedans, tout ouvert par l’un des bouls, et fermé par l’autre, fors d’un bien petit “trou au milieu : soit mis dedans un quarreau ou “bouchon, tel que celuy d'une syringue, qui puisse couler par-tout avec aysance et de telle justesse Luqu'il n'eschappe point l'air. Iceluy estant coulé à Ds, soit mis au petit trou et seréement joinet un uyau sortant d'un Æolopyle, ou soufflet philo- Sophie. Cettuy, rempli d'eau, soit mis sur le feu. Adonc l’eau se rarefiant et transmuant en air : sor- ira par le petit trou, et entrant dans le canal, pous- Sera peu-à-peu le bouchon cherchant sa liberté, jusques à tant que toute l’eau soit convertie en air. L'espace du canal et de l'Æolopyle qui en sera “rempli, monstrera l'estenduë que cette matiere aura acquise. » Mersenne sait, ce qu'ignore Jean Rey, que l’eau échauffée se lransforme non point en air, mais en Vapeur d'eau, el que cette vapeur, par le froid, revient à son étal primilif; aussi, en la première lettre qu'il ait écrile au médecin du Bugue, le 1® sep- tembre 1631, lisons-nous ce qui suil*: 1 Jean Rey : Essays, 2e édition, p. 111. « Quant aux Expériences de l'Eolipile dont vous parlés au chapitre VII, je les ay faites; mais c'est une fausse imagination de croire que l'eau qui en sort se lourne en air : elle demeure tousjours eau, qui revient après en sa nature. » Cet éolipyle, dont parlent Jean Rey et le P. Mer- senne, consiste, on le sait, en une sorte de petite cornue métallique, ouverte par un orifice fort étroit. Au moyen de cet instrument, on peut aisément prouver que l'air chaud est moins dense que l'air froid, à l'inverse de ce que soutenait Jean Rey; c'est ce que le Minime lui objecte en la même leltre: « J'adjouste encore que l'Æolipile estant es- chauffé, et tout rouge dans le feu, devroit selon vos principes contenir un air plus espais et plus grossier que quand il est refroidi : et neant moins l'experience convaine que l'air y est fort rare, puis- qu'il tire une grande quantité d’eau, dont il se remplit, jusqu'à ce que le peu d'air qui y estoit, revienne à sa densité ordinaire. » Un rien suffit à transformer cette expérience en un procédé pour déterminer le poids spécifique de l'air, procédé dont Mersenne usera plus tard. Lors donc qu'en une nouvelle lettre à Jean Rey, datée du premier avril 1632, il revient sur cette expé- rience de l’éolipyle et ajoute* : « Je pense avoir trouvé le moyen de peser l'air, et de scavoir com- bien est plus leger l'argent et les autres corps tant solides que liquides : mais je n’ay pas encore la commodité de pezer à raison des instruments qu'il faut avoir », il nous est permis de supposer que le Minime faisait allusion à ce procédé, déjà entrevu par son imaginalion. Nous ne saurions loutefois l’affirmer, car, en ses écrits, nous n'en trouvons aucune mention jusqu'aux approches de l'an 1643. Après avoir laissé passer des années entières sans « visiter » Mersenne par ses lettres, Jean Rey reprend avec lui, le 21 mars 1643, son commerce épistolaire” : « Ce néantmoins vostre dernière m'oblige de faire ce petit effor!, pour vous declarer mon jugement sur le moyen que vous dites avoir de peser l'air, puisque vous le demandés avec asseu- rance que si je l'appreuve, vous n'aurés pas peur que l’on y lreuve à redire. » Nous ne connaissons point la lettre où Mersenne exposait à Jean Rey son « moyen de peser l'air » ; mais Jean Rey en reproduit la description : « Vous pesez une phiole de verre etant froide, vous la chauffez par après sur un rechaul, et la pesant, treuvés qu'elle pese moins, parce qu'il en est sorti de l'air; et afin de treuver quelle quan- ! Jean Rey : Essays, 2e édition, p. 114. ? JEAN Rey : Lssays, 2e édition, p. 149. % JEAN Rey : Essays, 2° édition, p. 166. JEAN Rev: Æssays, 2e édition, p. 167. T80 P. DUHEM — LE P. MARIN MERSENNE ET LA PESANTEUR DE L'AIR lié, vous meltés son tuyau (estant loute chaude) dans l’eau qu’elle succe, jusqu'à ce qu'il en soit aulant rentré comme il en esloit sorli d'air, ce qui vous a monstré que l’eau est plus pesante 255 fois que l'air. » Il suflirait d'apporter au procédé de Mersenne une bien légère modification pour en faire une méthode expérimentale précise. Au lieu de peser l’éolipyle de verre tandis qu'elle est chaude, qu'on en scelle la pointe ; puis, une fois qu’elle estrefroidie, qu'on la pèse, et qu'on en brise la pointe sous l'eau; la manipulation que l'on aura à effectuer sera presque identique à celle qui a été imaginée par J.-B. Dumas pour déterminer les densilés de va- peur; elle pourra certainement faire connaître avec une assez grande exaclilude le poids spéci- fique de l'air. Sous la forme même que Mersenne lui a donnée, le procédé n'est susceptible d'aucune précision: il prête le flanc à bien des criliques; ces critiques ne vont pas tarder à se produire. Descartes, en effel, avait imaginé de son côté que l’on pouvait de la sorte mesurer le poids spé- cifique de l'air; dès le 19 janvier 1642, il mandat! à Mersenne le résultat de son expérience : « Au reste, j'ay esprouvé ces jours un moyen de peser l'air qui m'a reussi; car ayant une pelite fiole de verre, fort legere et soufflée à lampe, de la figure que vous la voyez icy peinte (fig. 3), de la grosseur d'une pelile bale de jeu de paume, et n'ayant qu'une petile ouverture à passer un cheveu, en l’extré- A milé de son bec B, je l’ay pesee dans une balance tres exacte, el estant froide elle pesoit 78 1/2 grains. Apres cela, je l’ay chauf- fée sur des charbons; puis la re- g metant dans la balance dans la Fig. 3. situation qu'elle est icy peinte, c'est-à-dire le bec en bas, j'ay trouvé qu'elle pesoit a peine 78 grains. Puis, plon- geant le bec B dans de l’eau, je l'ay laissé ainsy ra- froidir, et l'air se condensant a mesure qu'elle se refroidissait, il est entré dedans autant d'eau que la chaleur en avoit chassé d'air auparavant. Entio, la pesant avec toute cele eau, j'ay trouvé qu'elle pesoit 72 1/2 grains plus que devant; d'ou je con- clus que l'air, qui en avoit esté chassé par le feu, est a l'eau qui estoit rentrée en sa place comme 1/2 à 72 1/2, ou bien comme un à 145. Mais je me puis estre trompé en cecy, car il est malaysé d'y estre juste; seulement suis-je assuré que le pois de l'air est sensible en cete façon, et j'ay mis icy { Descartes : Œuvres, publiées par Ch. Adam et Paul Tannery, t. III, Correspondance, n° CCLXIIT, p. 483. mon procédé tout au long, affin que, si vous avez la curiosité d’en faire l’espreuve, vous la puissiez faire toute semblable. » Le Minime n'avait assurément pas allendu cette invitation de Descartes pour procéder à ‘des essais: analogues; bien qu'il n'en ait point mandé less résullals à ses correspondants, ce n'est cerlaine= ment pas cette lettre qui lui a suggéré le procédés par lequel il a tenté de peser l'air. Nous en avons“ pour garantis les indications que renfermait déj la lettre adressée à Jean Rey le 1° septembre 16315 D'ailleurs, Mersenne, dont la probité en malièreu de découvertes scientifiques est si grande, qui rend. justice, avec une exaclitude bien rare à son époque, à la priorité de tous les inventeurs, mais particu- lièrement de Descartes, Mersenne, disons-nous, a. toujours donné comme de lui la méthode dont il usait pour déterminer le poids spécifique de l'air! Il répondit donc à la lettre du grand philosopheh en lui décrivant ses propres essais. Pas plus ques la lettre, relative au même objet, que Jean Rey avait recue, cette lettre ne nous a été conservées nous en connaissons seulement l’exislence par les. missives ultérieures de Descartes; nous y pouvons, d'ailleurs, suppléer en partie par ce qu’en dit le | philosophe et aussi par ce que Mersenne inséra, peu de temps après, dans ses Cogilala physico- malhematiea®. Nous voyons, en particulier, que Mer senne employail presque exclusivement, pour ses ! expériences, des éolipyles métalliques, en bronze, en argent, voire même en or. Quant aux ballons de verre à col effilé, il en a également usé; mais | ils lui ont semblé moins propres à donner des résultats exacts; ils étaient, lout d'abord, trop petits; leur volume ne dépassant pas celui d'une, balle de jeu de paume, le poids d'air que l’échauf= fement en chassait était trop faible pour être évalué avec précision; en outre, ils se refroidissaient trop vite. | Descartes écrit à plusieurs reprises au P. Mer senne pour discuter avec lui les causes d'erreur que comporte cette méthode propre à peser l'air; plu=« | sieurs des criliques qu'il formule sont justes ; tou= tefois, le soin avec lequel il reprend, dans les expé= riences du Minime, des défauts qu'il n'avait point remarqués en sa propre expérience, nous fail deviner un léger dépit de s'être laissé devancer. © Dèsle 7 décembre 1642, le Philosophe dit à son correspondant* : : «Je vous remercie de vostre Experience tou= 1 F. Mann MERSENNI Minimi Cogitata physico-mathemas tica in quibus tam naturæ quam artis elfectus admirandi certissimis demonstrationibus explicantur. Parisiis, sump= tibus Antonii Bertier, via Jacobeà. MDCXLIV. De hydraus= licis et pneumaticis phænomentis, Prop. XXIX, p. 140. ? Descartes: Œuvres, publiées par Ch. Adam et Paul |A du den +7 | Tannery, Correspondance, n° CCXC, t. III, p. 601. ® 14 mme 225 à 19, qui est quasy comme 12 à 1.» La mauvaise écriture et le désordre des lettres de Mersenne ont sûrement induit Descartes en nne, la pesanteur de l’eau est à celle de l'air ‘omme 225 à { et non comme 225 à 19. Mersenne, reste, en sa réponse, a dû rétablir l’exact ltat de ses expériences, car Descartes ne reparle s de ce doule. Il est vrai qu'il en soulève d’autres. « Je vous remercie de vosire experience, écrit-il le 4 jan- r 1643, et je veux bien croyre que vous l'avez e fort justement ; mais il y a beaucoup de choses considérer, avant que d'en pouvoir deduire la roportion qui est entre la pesanteur de l’air et de u. Il faudroit peser une lame de cuivre aussy nde que vostre poire, mais qui ne fust point use, et voir si, estant esgalemert chaudes, leur besanteur demeurera égale; car si cela est, l'air ermé dans la poire ne pese rien, au moins qui soit sensible. Et, en effect, je voudrais que vous Meussiez mandé la pesanteur de cete poire ; car ne peut, ce me semble, estre si legere que la ifference d'un grain ou deux s'y puisse remar- pesante; et le principal est que la chaleur de 2 poire, eschauffant aussy tout autour l'air de ors qui l'environne, le rend plus rare, au moyen -quoy elle est plus pesante. Ce que je n'ose tou- es milions, pour pouvoir faire toutes les expe- ences qui seroient necessaires pour descouvrir nature parliculiere de chasque cors; et je ne te point qu'on ne pust venir à de grandes noissances, qui seraient bien plus utiles au blic que toutes les victoires qu'on peut gaigner n faisant la guerre. » Parmi les objections que Descartes adresse à Mersenne, il en est une qui a pu surprendre le Mecteur : Le métal chaud ne serait-il pas plus éger que le métal froid? Il était cependant naturel que legrand philosophe s’y arrêtât, et qu'il la signalât là l'attention de son ami. Elle était courante dans l'enseignement des Écoles depuis le milieu du M DESCARTES: Œuvres, publiées par Ch. Adam et Paul Tannery, Correspondance, n° CCXCIU, t. III, p. 609. 2 Richelieu venait de mourir, le 4 décembre 1642, REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. . Il faut aussy prendre garde, en la chauffant, 181 xiv° siècle. Par l’échauffement, le feu léger s'uni au métal lourd; ainsi se forme un mixte dont la gravité résultante n'est que l'excès du poids du métal sur la légèreté du feu. Cette proposition élait très généralement enseignée; plusieurs s'imagi- naient qu'ils l'avaient vérifiée par l'expérience ; Lel Léonard de Vinci : « Si deux choses de poids égal sont placées sur la balance, dit-il', celle qui sera embrasée sera plus légère que l’autre, qui est froide. » « Tu feras cette épreuve au moyen de deux balles de cuivre attachées aux balances par deux fils de fer; tu mettras l’une des deux au feu que tu atli- seras en soufflant; quand le feu l'aura portée au rouge, tu l'en retireras, afin que le poids ne soit pas soulevé par la vapeur chaude qui monte ; tu verras alors que cette balle, qui avait même poids que l’autre lorsqu'elle étail froide, est devenue plus légère par l'effet de la chaleur. » Les cahiers de Léonard de Vinei sont remplis de projets d'expériences qu'il n’exécutait guère ; Mersenne, au contraire, aimait à soumettre au contrôle des faits ses idées ou celles qu'on lui sug- gérait ; il éprouva donc l'objection que Descartes : lui avait faite, et l'épreuve lui montra que l'objec- tion n'était pas fondée; il manda ce résultat au philosophe, qui l’accueillit avec faveur: : «Mon Reverend Pere, je vous remercie de ce que vous avez encore fait l'experience de peser une lame de cuivre à mon occasion ; puisqu elle ne se-trouve point plus legere, chaude que froide, et qu'une poire de cuivre se trouve plus legere, c'est une marque lres assurée que cela vient de l'air enfermé dans la poire, lequel est pesant, en depit des peripateticiens. » Bien que sauf de cette objection, le procédé par lequel Mersenne détermine la gravité de l'air prête le flanc à bien des critiques ; Descartes en a for- mulé quelques-unes et Jean Rey, qui les aperçoit également, en conclut que ce procédé ne saurait donner de résullats constants : « Je suis asseuré que toutes les fois que vous ferés cette espreuve, vous y treuverés de la diver- sité, et partant demeurerés toujours dans le doute, Car tantost vous chaufferés plus vostre phiole, tantost moins : tantost vous mettrés promptement son tuyau dans l’eau, et tantost vous y apporterés plus de longueur. Ce plus ou moins de chauffage, et ce plus ou moins de promptitude, vous produi- ront sans doule de la diversité. » 1 Les manuscrits de LÉéoNARD DE Vinci, publiés par Ch. Ravaisson-Mollien, ms. A de la Bibliothèque de l'Institut, fol. 56, verso. ? Descartes : Œuvres, publiées par Ch. Adam et Paul Tannery, t. Ill, Correspondance, Art. CCC, p. 655; Descartes à Mersenne, Endegeest, 26 avril 1643. 3 JEAN Rey : Essays, 29 édition, p. 267. ae Cette diversité n’a point manqué, en effet, de se manifester dans les résultats des expériences du Minime. Les essais communiqués à Descartes el à Jean Rey lui avaient montré que l'eau, sous le même volume, est 225 fois plus lourde que l'air. De nouvelles épreuves, répélées «en présence de géomêtres et avec leur aide », sont publiées dans les Cogitatata physico-malhemalica"; elles donnent le nombre 1356 pour rapport entre la densilé de l'eau et la densilé de l'air. Cetle nouvelle évalua- tion de ce rapport plait d’ailleurs à Mersenne, car elle se rapproche de celle qu'il avait obtenue, en l'Harmonie universelle, par la comparaison de la vitesse du son à la vitesse de propagalion des ondes liquides. Mersenne ne se contente pas d'avoir déterminé la densité de l'air dans les conditions normales ; il veut encore se faire une idée des limites entre lesquelles celte densité peut varier, savoir à quel degré l'air peut être condensé ou raréfié?. Son expérience de l’éolipyle lui apprend déjà que l'air peut subir un très haut degré de raréfac- tion ; elle lui montre que la masse d'air qui rem- plissail le volume entier de cet éolipyle incandes- cent n'en occupe plus que la soixante-dixième partie lorsque le vase métallique est refroidi; on peut donc, par la chaleur, dilaler une masse d'air jusqu'à lui faire prendré un volume soixante-dix fois plus grand que celui qui la contenait à froid. Pour apprécier à quel degré l'air se laisse con- denser, Mersenne fait usage du fusil à vent”. Il le pèse d'abord plein d'air à la pression ordi- naire, puis plein d'air comprimé; l'augmentation de poids lui fait connailre le poids de l’air que la compression à forcé d'entrer dans le réservoir du fusil; quant au volume de ce réservoir, il lui est aisé de le jauger. Le Minime nous donne en délail les résultats de l’une de ses expériences. Le réservoir du fusil avait un volume d'un demi-selier, en sorle que l’air qui le remplit à la pression ordinaire devait, selon l'expérience de l’éolipyle, peser au moins quatre 1 KE, Mani Mensexxt Minimi Coyitala physico-mathema- tica. De hydraulicis et pneumaticis phænomenis, Prop. XXXI, p. 447. 2 F. Mani Mensenxt Minimi Cogilata physico-mathema- tica. De hydraulicis et pneumalicis phænomenis, Prop. XXXII, p. 150. 3 KE. Mann: Mensexxt Minimi Cogitala physico-mathema- tica, De hydraulicis et pneumaticis phænomenis, Prop. XXIX, p. 140. P. DUHEM — LE P. MARIN MERSENNE ET LA PESANTEUR DE L'AIR grains. Par suite de la compression, le poids fusil augmentait de 60 grains. On voit done l'air peut êlre condensé jusqu'à occuper un volu quinze fois plus petit que celui qu'il occupe li ment dans l'atmosphère. Des résultats ainsi obtenus par Mersenne, iln est malaisé aujourd'hui de saisir l'importance; p la comprendre pleinement, il nous faut rappel notre mémoire certains points de l’enseignem de l'École. La Physique scolastique profes encore, au commencement du xvit siècle, l'air, dilaté jusqu'à un volume décuple de. volume primitif, se transforme en feu, que « centré jusqu'à devenir dix fois plus dense, il converlit en eau. Nous avons vu un esprit original que celui de Jean Rey, encore imprégné de ces opinions. Les expériences de senne, en montrant que la densilé de l'air varier entre des limites très étendues sans que fluide change de nature, ont grandement « tribué au progrès de la saine Physique. D'ailleurs, beaucoup plus que Galilée, l'expérience, trop sommairement décrite, mn être répétée par personne, beaucoup plus que, cartes, dont l'unique essai n'a connu que la pu cilé restreinte d'une leltre, l'actif et ingéni Minime a contribué à prouver par expérience vérité : l'air est pesant. Pas plus que cell Galilée, sa détermination du poids spécifique l'air n'est susceptible de quelque précision moins a-t-elle l'avantage de donner une idée l'ordre de grandeur de ce poids spécifique: Or, que l'air soil pesant, c'est l’un des post fondamentaux sur lesquels repose l'explication Torricelli va donner de son expérience. Connt l’ordre de grandeur de la densité de l'air, cell nécessaire pour discuter celte explicalion et de son degré de vraisemblance. On doit compter Mersenne au nombre de ceux q frayé la voie à la doctrine de la pression atmos rique; parmi les œuvres qui ont préparé cell trine, la sienne mérile peut-être d'être complé premier rang. x Dans un deuxième article, nous montreroi rôle joué par Mersenne en l'invention de Le rience du Puy-de-Dôme. P. Duhem, Correspondant de l'Instit Protesseur de Physique à l'Université de Borde: P. MAZÉ — LA RESPIRATION DES PLANTES VERTES 183 THÉORIE BIOCHIMIQUE ET D'après M.Maquenne!, deux théories se disputent explication des échanges gazeux de la fonction espiratoire chez les plantés vertes : la théorie iochimique et la théorie de lazymase.M.Maquenne lé cache pas ses préférences pour la première conclut, en conséquence, au rejet de la seconde. bn opinion ; je me contenterai de montrer que le laidoyer de M. Maquenne en faveur de la théorie es acides, et les critiques qu'il adresse à l’action le la zymase considérée comme un phénomène de digestion des sucres réducteurs, laissent intacles, mon avis, les idées que j'ai exposées dans celte Revue; mais, avant de développer cette dernière ssertion, je pense qu'il est utile de définir la ques- ïon et de s'entendre sur les mots. La respiralion des plantes vertes, comme la res- irution de tous les êtres vivants, est la résultante e phénomènes physiques el chimiques, dont on snore, le plus souvent, le mécanisme intime. “On admet, cependant, que les échanges gazeux bnséquence directe de la création et de la destruc- ion organique, c'est-à-dire de la nutrition. Lorsqu on se propose d'étudier les phénomènes à côté particulier de la nutrition : celui qui com- ‘end toutes les transformalions susceptibles d'en- ainer une absorplion d'oxygène ou un dégage- nent d'acide carbonique. ‘On est autorisé aussi, dans l'état actuel de nos onnaissances, à préciser davantage la nature de es phénomènes en les attribuant à des actions iastasiques ; mais l'élimination d'acide carbonique best pas la conséquence nécessaire de la fixalion Doxyzène ; les deux phénomènes peuvent être dépendants l'un de l’autre, comme ils peuvent: bre liés l'un à l’autre par une relation de cause à Het. Le dégagement de gaz carbonique est dû ssez fréquemment à une dislocalion moléculaire, sultant de l’oxydation d’une partie de la molé- Eule et de la réduction de l'autre. Ainsi, d'après cette conception, qui n'est pas euve, on est fondé à dire, avec Claude Bernard, que « la fermentation serait le procédé chimique énéral pour tous les êtres vivants ». «La théorie biochimique ne se distingue pas de & Uhéorie physiologique de Claude Bernard, puis- D Voir la Revue du 15 juillet 4905, t. XVI, p. 594. jue l'on observe chez la cellule vivante sont la | himiques de la respiration, on doit donc envisager | Je n'ai pas la prétention d'essayer de modifier | LA RESPIRATION DES PLANTES VERTES THÉORIE DE LA ZYMASE qu'elle admet que «les deux actes de la fonction respiratoire gardent vis-à-vis l'un de l’autre une certaine indépendance, qui se traduit à l'extérieur par les variations incessantes et souvent considé- 2 (®) : rables du rapport Qi Mais la théorie biochi- mique fait des réserves au sujet du rôle de la zymase : celle-ci n'intervient pas dans les échanges gazeux de la respiration normale: elle apparait seulement dans les fermentalions intracellulaires ; cest une diastase de la vie anaérobie. Cetle opinion n'est pas parlagée par tous les chi- mistes. M. Maquenne ajoute même que certains attribuent à la zymase un rôle prépondérant dans la production de l'acide carbonique de la respira- Uon, si bien que, pour eux, il existe une théorie zymasique de la respiration normale. Il y a, dans cette manière d'envisager la ques- tion, une exagération évidente. La zymase, on le conçoit aisément d'après ce que je viens de dire, contribue à la formation de l'acide carbonique éliminé par la respiralion ; mais la part qui lui revient n’en conslilue qu'une fraction plus ou moins importante; l'autre portion doit être rattachée également à d'autres actions diasta- siques, bien que celles-ci n'aient pas encore été reproduites en dehors de la cellule, à part une ou deux exceptions de peu d'importance. La place que les adversaires de la théorie bio- chimique font à la zymase est donc relativement modeste. J'ai résumé, dans cette Æevue‘, les faits qui mettent son action en évidence dans les échanges gazeux de la respiration normale. Je ne reviendrai donc pas sur cette question. Je me bornerai à examiner les objections que M. Maquenne oppose à mes conclusions. Elles peuvent se résumer de la facon suivante : 1° La fermentation alcoolique est, tout semble le äémontrer, caractéristique de la vie sans air; 2° L'alcool est un produit de déchet parce que la levure n'absorbe pas l'alcool; elle devrait l’assi- miler à l’état libre mieux et plus facilement que le sucre, s'il élait un produit de digestion ; 3° Les exemples comme celui de l'Æurotiopsis sont rares; 4 Si l'alcool est un aliment de la cellule, il doit pouvoir s'y transformer de nouveau en sucre, ce qui constitue un cercle vicieux. £ Voir la Revue du 45 mars 1905, t. XVI, p. 205. L «4 + 184 P. MAZÉ — LA RESPIRATION DES PLANTES VERTES [. —— LA FERMENTATION EST) CARACTÉRISTIQUE que le volume de liquide offert à chaque graine est DE LA VIE SANS AIR. Toutes les fois que les cellules aérobies sont privées d'oxygène, elles dédoublent les sucres réducteurs en alcool et acide carbonique; cette règle est générale; elle ne souffre peut-être d'ex- ception que chez les cellules dépourvues de réserves | hydrocarbonées. Si c'est uniquement l'action de la zymase qui à attiré l'attention dans ces phéno- mènes de fermentations dites intracellulaires, c’est parce qu'on les a interprétés comme une consé- quence de la vie sans air, un résullat pathologique d'une vie anormale; mais cette lransformation n’est pas la seule qui s'opère dans ces condilions : toutes les diastases hydrolysantes des substances hydrocarbonées, comme des matières azolées, agissent dans les mêmes conditions ; la zymase ne fait pas exception à la règle. Les mêmes phénomènes s'observent dans des cotylédons de pois privés de leurs embryons, placés sur des perles de verre, à l'abri des bactéries, dans des conditions d'humidité, de température et d'aé- ration que leur envieraient les plus favorisées des semences que l'on confie au sol. Dans ces cotylédons, les fonclions digestives s'accomplissent done exactement, où à peu près, comme dans les graines qui germent ; mais les pro- duits de la digestion ne sont pas absorbés; ils s'accumulent par conséquent dans les cellules, ou diffusent dans le liquide sous-jacent. On doit s’at- tendre à trouver parmi eux tous les produits qu'une cellule de réserve peut former par voie de digestion ; en ne considérant que les substances hydrocarbonées, on obtiendra donc toute la série des dérivés depuis l’amidon jusqu'au terme le plus simple. Or, ce terme le plus simple, c'est l'alcool, et cet alcool se forme en abondance aussi facile- ment qu à l’abri de l'air, et l’on trouve le gaz car- bonique correspondant en quantité à peine supé- rieure au chilfre théorique. Ce résultat n’arien de surprenant, car, si l’on veut bien se donner la peine de réfléchir, on est bien obligé d'admettre que les graines submergées ne sont pas privées d'air ; l'embryon ne se développe pas, parce que l'oxygène dissous ne lui parvient pas en quantité suffisante pour faire face aux besoins de la consommation; mais les cellules cotylédonaires ne s’accroissent pas, ne se multi- plient pas et ne consomment, par conséquent, que des quantités négligeables d'oxygène; elles ne sont done pas dans des conditions d'anaérobiose ; elles sont placées identiquement dans les mêmes conditions que celles qui ne sont plus en rapport avec la plantule, comme dans l'exemple précédent. Ce rapprochement acquiert d'autant plus de valeur plus considérable; une graine de pois placée dans un litre d'eau ne germe pas si elle n’a pas de contact direct avec l'oxygène libre; mais, si l'em- bryon est très pelit, la graine germe, ce qui prouve bien que les conditions d'anaérobiose sont loin d'être réalisées ; les graines de choux et de colza, par exemple, peuvent germer sous l’eau. La graine de pois n'a pas été, dans ces expé= riences, choisie à dessein: on observera les mêmes résultats chez toutes les graines à embryons volu- mineux. Ù La fermentation alcoolique n'est done pas carat= téristique de la vie sans air. 1 La zymase doit être considérée comme une dias- tase indifférente vis-à-vis de l'oxygène de l'air tout ce que l'on peut dire, c'est qu'elle ne s’accumule pas dans les cellules aérobies tant qu'elles ne sont pas privées d'air, et, en cela, elle suit la loi des autres diastases. L'amylase est abondante dans les tiges, feuilles et gousses de pois; mais, à quelque moment qu'on évalue la richesse de ces organes, en amylase, on en trouve toujours à peu près la, même quantité, peut-être un peu plus le matin ques le soir, en raison de la variation d'intensité des phénomènes d'oxydation; elle ne s'accumule don® pas dans les cellules, et il s'en détruit autant qu'il, s'en forme. Dans les mêmes conäilions, la zymase se montre le plus souvent moins résistante ; voilà toule la différence. : Mais il y a des exceptions frappantes : le mycés= lium d'ÆZurotiopsis est plus riche en zymase pens dant la vie normale que lorsqu'il est privé d'air. On ne peut pas dire, par conséquent, là encore, que lan zymase soit une diastase de la vie anaérobie, et, Si elle existe dans les cellules parfaitement bien aérées, cela veut dire qu'elle y est pour quelque, chose. 4 II. — L'ALCOOL EST UN PRODUIT DE DÉCHET, PARCEl QUE LA LEVURE NE CONSOMME PAS D’ALCOOL. Les levures industrielles produisent des quantités énormes d'alcool, parce que la zymase qu'elles: sécrètent en abondance s'accumule dans les cels lules privées d'air. Si l'on admet que l'alcool conss Lilue un produit de digeslion du sucre, la levure doit l'assimiler à l'état libre, mieux et plus rapides ment que les sucres. | Cet argument repose sur des apparences. Il ya! en effet, levures et levures; c'est un fait qui na pas échappé à ceux qui ont eu l'occasion d'étudier, lant soit peu, la fermentation alcoolique. | La levure industrielle est un produit de la civili-| salion; elle n'a pas été faite pour vivre dans la! cuve du vigneron ou du brasseur; et si l'hommeda (l | un P. MAZÉ — LA RESPIRATION DES PLANTES VERTES 185 L à à cette existence, c'est, comme bien l'on | dans un but intéressé; elle avait certaine- nent, avant d'en venir au point où elle en est, quelques habitudes contraires à son intérêt; il les Jui a fait perdre pour lui en faire acquérir d’autres, plus conformes à ses désirs, car, chaque fois qu'il MHrouve un plaisir ou un profit à lorturer les êtres dont il fait ses auxiliaires, il n’a garde d'y manquer. La levure est devenue, comme D D d'autres gétaux, comme beaucoup d'animaux, sous son uence plusieurs fois séculaire, un être infirme, monstre au point de vue physiologique. Il ne faut pas être surpris de constater que la vure n'absorbe pas d'alcool, au moins en appa- rence; si elle élait soupconnée de commettre de pareils méfaits, on s'en débarrasserait bien vite et on la classerait dans la catégorie de ces levures sauvages dont l'appellation indique assez l'estime \où on les tient. Les levures « domestiques » remplissent, en effet, cerlaines conditions qui, le plus souvent, en ncourir à la production d'une quantité d'alcool aussi élevée que possible. Ce n’est done pas à elles il faut s'adresser pour étudier des fonctions ton s’est attaché à atténuer autant qu'on l’a pu. bien à l'isolement de la mase, parce qu'en les cultivant on fait surtout ne culture de zymase ; mais on perdrait son temps vouloir les faire servir à la démonstration de ssimilation de l'alcool en nature. «II n’en résulte pas que les Saccharomyces soient impropres à celte démonstralion; mais il faut Sadresser de préférence aux levures sauvages, “d'abord parce qu'elles s'y prêtent bien, et ensuite rce qu’elles sont, au point de vue physiologique, es cellules normales. -Ges espèces forment généralement des voiles à la urface des liquides qu'elles ont fait fermenter. € lest une condition indispensable pour obtenir des is probants. L'assimilation de l'alcool n'est possible, en vie aérobie, que chez les cellules qui sont en contact immédiat avec l'air libre. L'expé- brience n'a pas été faite sur des levures; mais elle n'est pas nécessaire; entre les levures sauvages, qui sont des ferments comparables aux levures | domestiques, et qui leur ressemblent aussi en ce quelles consomment difficilement l'alcool libre, et les mycodermes, ferments alcooliques très faibles | ébagents très actifs de combustion de l'alcool, il y à Lout un choix d'intermédiaires. = Ces intermédiaires assimilent l'alcool libre; et cela suffit; mais il ya lieu, cependant, de se deman- der si la levure domestique n'absorbe pas l'alcool à un état quelconque. - Parmi les divers états que présentent les corps, il y en a, en effet, deux qui sont intéressants au | | | ment dans les réactions chimiques: point de vue chimique : l’état libre et l'élat naissant: la différence entre ces deux états se traduit facile- elle se mani- feste aussi, comme on va le voir, dans les transfor- mations qui se produisent dans la cellule. L'alcool existe sous ces deux états. La levure « domestique » pourrait très bien assimiler l'alcool naissant et non l’alcool libre et, tout en paraissant consommer du sucre, n’absorber que de l'alcool. N'est pas sûr, comme le dit Duclaux, de ne pas con- sommer d'alcool celui qui n’en boit pas. Les spores de Sterigmatocyslis nigra, ense- mencées sur du liquide Raulin où le sucre a été remplacé par de l’alcoo]l éthylique, ne germent pas. Si l'on introduit l'alcool sous un voile mycélien adulte, non seulement il est assimilé intégrale- ment, mais le mycélium semble prendre, sous son influence, une recrudescence d'activité, car forme bientôt une nouvelle génération de cellules. Les spores de Citromyces germent sur liquide Raulin alcoolisé et privé de sucre et d'acide tar- trique ; son évolution en présence d'alcool libre; il forme un voile très mince el très fragile, non sporulé: il est incrusté de nombreux cristaux d'oxalate calcium, indice certain d'une végétation gènée. Pour obtenir un développement normal aux dépens de l'alcool, il faut amorcer la culture avec un peu de sucre (quelques millièmes). On voit alors l'alcool dis- paraitre entièrement, en fournissant, bien entendu, un poids de mycélium en rapport avec la quantité d'alcool consommé, comme le fait l'£urotiopsis. I semble ainsi que le sucre possède une valeur nutri- tive supérieure à celle de l'alcool, si l'on ne consi- dère que la facilité avec laquelle ils sont assimilés. Le sucre est l'aliment de la spore ; il a l'avantage de fournir de l'alcool à l'étal naissant, sans avoir l'inconvénient de produire de petites quantités d'aldéhyde, corps très gênant, qui se forme toujours en présence d'alcool libre. Celui-ci convient de préférence à la cellule adulte, parce qu'elle est capable de l'assimiler. Il ne faut pas s'étonner de voir les spores ou les graines tra- duire, au sujet de la nature de leurs aliments, des différences de cet ordre; les mêmes faits s'observent chez les jeunes animaux, qui exigent, on le sait, un aliment spécial, le lait, ou une réserve toute pré- parée, le vitellus. Dans le cas particulier qui nous occupe, ce sont les fonclions oxydantes qui semblent atténuées dans la spore qui germe. Si cette déduction ne semble pas bien démontrée en ce qui concerne alcool, elle sera plus fucile à justifier pour la glycérine. Des spores de Citromyees, ensemencées sur du liquide Raulin addilionné de carbonate de calcium, il se mais le mycélium s'arrête assez vite dans de 786 et de 5 à 30 °/, de glycérine au lieu de sucre, ne germent pas. Si l’on amorce la culture avec une trace de sucre, le développement est immédiat et se fait par la suite, aussi bien qu'en présence de sucre, avec production abondante d'acide citrique, s’il y a de la glycérine en excès. Or, la glycérine est un corps saturé comme l'alcool; elle ne peut être assimilée par les cellules aérobies que par voie d’oxydalion; elle dégage de l'hydro- gène lorsqu'elle fermente à l'abri de l'air. Si la spore ne peut pas l'utiliser, c'est parce qu'elle est incapable de l'oxyder; et voilà pourquoi on a le droit d'appliquer la mème conclusion à l'alcool. Il faut ajouter, en outre, que, si l'on se propose d'établir l’assimilabilité de l'alcool, il faut tenir compte de ces faits. Si la levure domestique ne se montre pas capable d'absorber l'alcool qu'elle a produit, c'est parce que son éducalion a atténué ses propriétés comburantes en la placant au rang des spores de moisissures, et prob ablement encore à un niveau inférieur: et, si l’on veut enfin démon- trer que l'alcool libre est un atiment pour les végé- taux inférieurs comme pour les plantes vertes, il faudra se rappeler que ni les uns ni les autres n'ont été préparés, dans les conditions que leur impose la Nature, à ce genre de démons tralions, el qu'il sera prudent, par conséquent, de cultiver les uns au large contact de l'air, de modérer pour les autres la dose d'alcool, et de s'arranger toujours de façon à offrir ce composé à la plante adulte. IIL. — LEs véGéraAux comue L'EurorTroPsIs ; SONT RARES. Les considérations précédentes permettent de prévoir que les végétaux qui possèdent la faculté d’assimiler l'alcool libre, comme l'£urotiopsis, ne sont pas rares. On les à négligés jusqu'ici parce qu'ils ne présentent aucun intérét, ni théorique ni pratique ; il en est de mme des représentants des autres groupes de champignons cultivables. Cette faculté est la règle chez les Oïdiums, autre genre fort bien représenté, chez les Mucédinées banales telles que les Jucor, Sterigmatocystis, À spergillus, Penicillium, Dematium, Verticillum, ÆEurotiop- sis, elec. En poussant les choses à l'extrême, on pourrait même se demander s'il existe des espèces végétales tout à fait incapables d’assimiler l'alcool. Il ne s’agit donc pas de généraliser une propriété phy- siologique exceptionnelle comme la faculté de nitrifier l'ammoniaque ou de fixer l'azote gazeux; elle il suffit de donner la peine de regarder pour l’observer, et, ce est naturellement générale: se qui est encore plus frappant, c'est qu'elle est géné- rale aussi chez les animaux. P. MAZÉ — LA RESPIRATION DES PLANTES VERTES En ne considérant que les végétaux, on constate, en outre, qu'ils peuvent assimiler l'alcool méthy- lique; les Mucédinées qui appartiennent au genre Penicillium et quelques autres encore jouissent de cette propriété; mais, pour elles, l'alcool méthylique est visiblement un aliment inférieur à l'alcool éthiy= lique. Les essais faits sur le maïs semblaient j tifier la conclusion contraire; des expériences € core inédites m'ont montré qu'en forçant un peu la dose d'alcool méthylique, c'est-à-dire en dépa sant légèrement la concentration de 4 °/,, 4 obtient les mêmes résultals qu'avec l'alcool éth lique, c'est-à-dire la mort plus ou moins rapide végétal. Il se forme, dans les plantes exposées à lumière, de petilesquantilés d'aldéhyde, lorsqu'elle poussent dans des solutions minérales alcoolisées; rapports d'isomérie qu'il présente avec ces der=\ niers. : Il a fallu renoncer ainsi à la perspective séduisan qui consiste à établir expérimentalement que l'a déhyde formique est à l’origine de toute substan organique. Cette hypothèse, si simple et si logique en apparence, n'est pas plus justifiée que la de douzaine d’autres qui prétendent expliquer à leu manière le mécanisme de la synthèse chloroph lienne. IN. SI L'ALCOOL ÉTAIT UN ALIMENT DE LA CELLULE, AL DEVRAIT POUVOIR S'Y TRANSFORMER DE NOUVEAU E SUCRE, CE QUI CONSTITUERAIT UN CERCLE VICIEUX. L'Euroliopsis et beaucoup d’autres Mucédinées gnons, c'est-à-dire des matières azotées, des ma tières hydrocarbonées et des malières grasses, el,! bien entendu, toutes les autres substances de désas-! similation normales ou accidentelles, suivant É conditions dans lesquelles on se place. Les matières grasses se présentent comme des! substances de réserve, car elles se forment surtout | dans les cellules jeunes pendant que l'alcool me excès, se conservent dans les cultures placées, | l'abri de l'oxygène, et disparaissent peu à peu au contact de l'air, quand tout l'alcool de la solution nutritive a été absorbé. 4 Les matières hydrocarbonées cellulosiques appa- raissent, au contraire, ainsi que j'ai déjà eu à sion de le dire, comme des substances de désassi- || milation. D» | L'expression n'est pas heureuse, parce qu'on ne conçoit pas une cellule végétale sans membrane 4 1 L 1 MAZÉ — LA RESPIRATION DES PLANTES VERTES 7187 cellulosique, bien que le fait ne soit pas rare, et surtout parce que les celluloses ont un rôle utile à ljouer ; ce ne sont donc pas, si l'on veut, des subs- tances de désassimilation; elles n'auraient de commun avec celles-ci que l’origine protoplasmique, c’est ce que j'ai voulu indiquer ; la cellule végé- tale forme sa membrane comme l'insecte son Légu- ment, voilà l'idée ; quant au mot, il n’a que lasigni- cation qu'on veut bien lui donner. Mais il ne résulle pas de cette constatation la égation des rapports étroits que les celluloses ésentent avec les amidons ou les sucres solubles. Ceci est une autre question. Il s'agit, pour le moment, de l’origine des substances cellulosiques. Rien ne permet évidemment de les faire dériver de alcool directement ; mais, à défaut de l'alcool, il aut les rapporter aux sucres solubles, ce qui ntraîne la production de sucres aux dépens de lalcool, condition nécessaire pour que ce dernier Soit considéré comme un aliment de la cellule, puisque « les sucres sont des matériaux indis- bpensables à l'élaboration des albuminoïdes et des tissus cellulosiques ». Voilà bien le cercle vi- L:: Mais où et quand a-t-on démontré que le sucre t nécessaire à l'élaboration des albuminoïdes ? jue les celluloses dérivent des sucres par voie de ondensation ? - Les apparences ou les nalomes de constitution nt seules permis de faire ces rapprochements, et, omme ils ne datent pas d'hier, on les présente iujourd'hui comme des axiomes ou, plus exacte- ment, comme des articles de foi. En Biologie, il n'y dpas de vérité absolue, il n'y à que des vérités relatives ; les idées changent à mesure que les faits parlent, et ces derniers ne se prononcent pas pré- | cisément en faveur de la transformation directe | de l'alcool en sucre. — La cellule qui transforme les sucres réducteurs en alcool n'est pas contrainte de parcourir sans htrève ce cercle vicieux qui consisterait à élaborer des hydrates de carbone pour les décomposer et les | reconstituer ensuile avec leurs propres débris. Si | les partisans de la respiration zymasique ont négligé | de fournir sur ce point délicat des renseignements plus détaillés, c'est qu'ils ne les ont pas jugés utiles. Il leur importe peu également que la fer- mentalion alcoolique soit ou ne soit pas un phéno- mène réversible. Voici pourquoi : Le poids de culture recueillie sur une solution minérale nutritive, où l'unique source de earbone est le sucre, n'est jamais supérieur à 50°/, du poids du sucre consommé. Dans les mêmes condi- tions, l'alcool fournit un rendement maximum de 100 °/,. Si l'on admet, par conséquent, que l'alcool ne saurait êlre un aliment de la cellule qu'autant qu'il fait retour au sucre, il doit subir les transfor- mations suivantes : 3 CH6O + 60 — C'H205 + 31120, ce qui signifie que 138 d’alcoo! donnent 180 de sucre ou 90 de plante au maximum, en admettant que cette transformation s'effectue sans perte de carbone. On devrait donc obtenir, en partant de l’alcool, un rendement de ne — 138 plante, résultat contraire à celui qui est fourni par l'expérience. Une simple pesée suffit donc pour rompre notre cercle en apparence si vicieux, el point n'est besoin d'invoquer, en faveur de la production de sucre, la réversibilité possible de la fermentation alcoo- lique ou sa non-réversibililé probable pour expli- quer l'impossibilité chimique d’aboutir au sucre en partant de l'alcool. L'alcool est assimilé en nature; la cellule forme à ses dépens, je le répèle, ses albuminoïdes, ses graisses, ses celluloses, etc., sans élaborer des sucres réducteurs, et, puisqu'il se produit des hydrates de carbone insolubles, il faut bien admettre qu'ils dérivent d'une manière ou d'une autre des matières azolées; ce n'est d’ailleurs pas là un fait isolé dans la science, mais, je le répète aussi, cette déduction, justifiée ou non, ne met pas en jeu les relations de constilution qui existent entre les celluloses et les autres groupes de subs- lances hydrocarbonées. L'expérience nous dit quelque chose de plus : elle prouve que l'alcool ne peut être assimilé en vie aérobie que par voie d'oxydation; comme le premier lerme d'oxydation de l'alcool est l'aldé- hyde et qu'il est facile de caractériser ce corps dans les milieux de culture alcoolisés sur lesquels se développent des Mucédinées, on peut affirmer, sans sortir des limites des conclusions assignées par les faits, que les matières azolées, les matières grasses et les celluloses peuvent se former aux dépens de l'ammoniaque, de l'alcool ou de l'aldé- hyde. Là-dessus on pourra dire tout ce que l'on voudra, à condition de ne pas nier que, dans le milieu de culture, il y avait de l'ammoniaque, de l'alcool, de l'aldéhyde et un végétal vivant pourvu de toutes les substances et des tissus nécessaires à son évolution. Voilà les faits qui militent en faveur du rôle physiologique de la zymase; mais il n'entre pas dans mes idées de vouloir faire partager cetle opinion, parce que toutes les opinions sont libres et il est bon qu'elles s'opposent les unes aux autres. 0,65 en poids de V. — THÉORIE DES ACIDES. Que le sucre soit assimilé en nature ou qu'il soit préalablement dédoublé en alcool et acide carbo- É 7188 P. MAZÉ — LA RESPIRATIGN DES PLANTES VERTES nique comme les faits le démontrent, les phéno- mènes de combustion respiratoire restent les mêmes; dans un cas comme dans l’autre, il n'y aurail pas un acide organique de moins dans la Nature, et probablement pas un de plus. Il est aisé de les faire dériver des sucres soit par le raisonnement, soit par voie d’analogie; il est non moins aisé d'expliquer leur formation en par- lant de l'alcool. Je pourrais done me dispenser d'aborder l'examen des arguments sur lesquels s'appuie la théorie des acides, et d'autant plus qu'une théorie n'a pas besoin d’être juste pour être féconde. Mais il y a des faits d'expérience qui per- meltent d'éprouver l'une et l’autre conceptions. Que les acides végétaux (oxalique, tartlrique, malique, succinique, citrique) dérivent des sucres, rien n’est plus juste. Dans les plantes vertes, tout dérive en apparence des sucres; mais l'expérience nous apprend, d'autre part, que les mêmes acides organiques peuvent être transformés en sucres; ce résultat ne saurait d'ailleurs nous surprendre: une cellule qui fait du sucre en partant de l'acide car- bonique doit aboutir avec facilité au même but en partant des acides organiques. Nous nous trouvons ainsi, une fois de plus, en présence d'un cercle vicieux, qui n'est pas, celui-là, l'apanage des partisans de la théorie de la respi- ralion zymasique. Mais il ne faut pas trop s'ef- frayer de ces mots à effet: en Biologie, tout n'est que cercles vicieux; la vie est un cercle vicieux, que l’'aphorisme de CI. Bernard (la vie, c'est la mort) caractérise d'une manière si frappante, négligeable par rapport à cet autre qui englobe tous les sys- tèmes du monde, et qui se traduit par ce qu'on appelle la conservalion de l'énergie. Pour en revenir aux acides organiques, il ne faut pas oublier qu'il n'existe aucun fait qui prouve qu'ils dérivent directement des sucres; l'expérience montre, au contraire, chaque fois qu'il est possible d'en discerner l’origine, qu'il faut la faire remonter aux malières azotées. Rien n'est plus facile quelquefois que d'en pro- voquer la formation en présence ou en l'absence de sucre; mais il faut toujours compter avec la cellule, dont l'intervention est nécessaire. On sait bien ce qui entre dans une cellule et cequi en sort ; mais il est souvent impossible d'établir un rapport quelconque entre les deux catégories de corps. On sailaussi que les sucres, traités par l'acide azo- tique concentré ou la mousse de platine, donnent naissance à Loute la série des acides végélaux : mais l’analogie avec le travail de la cellule est si loin- taine ! Plus vraisemblable est l’action des oxydases, qui peuvent fixer l'oxygène libre sur quelques corps organiques el dégager du gaz carbonique, ce qui donne l'illusion d'une combustion respiratoires mais on a reproché à juste titre à ces oxydases de n'oxyder que des dérivés aromatiques, qui ne sont, pas des aliments, et de laisser intacts les corps de la série grasse auxquels la cellule emprunte de pré rence le carbone qui lui est nécessaire. Si bien a élé jugée encore insuffisante. Il à fallu introduire un autre facteur, la lumière il plus un intermédiaire, l'hydroquinone, pour obtes= noir, in vitro, une oxydation sensible des sucres. En supprimant la lumière, l'oxydation ne se fail plus el cependant le sucre se consomme aussi bien læ on pourrail d’ailleurs remplacer avantageusement ce système par un autre où entreraient un alcali; tient qu'à obtenir du sucre-oxyde; mais on n'aura | pas démontré pour cela, in vitro, le mécanisme de la combustion respiratoire. Actuellement, on réalise, en dehors de la cellule part aux échanges gazeux qui s’opèrent chez l'être vivant : les plus importantes sont la fermentation alcoolique, et la lransformation de l'alcool en acidem acétique, laquelle suppose aussi très vraisembla=m blement l'intervention d’une aldéhydase, car on observe quelquefois dans les vinaigreries une produclion abondante d'aldéhyde, lorsque la mère de vinaigre fonctionne mal. Mais on n'a pas encore réussi à produire, par des procédés analogues, des acides organiques aux dépens des sucres. T4 L’acide lactique se forme pourtant à la lumière en présence d'une base alcaline ; l'analogie avec la pas évidente. Elle devient encore moins évidente si l'on considère la fermentation lactique dans ses rapports avec la fermentation alcoolique; le suc de levure est acide, ce qui ne l'empêche pas de faires fermenter le sucre in vitro; on ne peut donc pass invoquer, dans ces conditions, l’action favorisantes des bases sur la formation des fonclions acides cela veut dire que la lactacidase agit par ses moyenss propres, dans des conditions qui ne permetlent pass, de supposer un rapport quelconque avec l’action, des alcalis. Il faut en conciure que, si l'on veul raltacher Ja fermentation alcoolique à la théories des acides en s'appuyant sur des faits de ce genres on ne lient aucun compte des résultats expéris mentaux. La formation de l'acide lactique au dépens du sucre en présence des alcalis était connue, depuis longtemps; mais il a fallu obtenir la fers mentation alcoolique de l'acide lactique par lactionn | directe de la cellule avant de conclure à la forma P. MAZÉ — LA RESPIRATION DES PLANTES VERTES 189 tous les atomes de carbone; mais on ne voit pas ce qui en reste pour l'édification de la plantule. | Rien n'est plus légitime que de rapprocher la aleur théorique du quotient respiratoire, déduite celte interprétalion, de celle qui est fournie Lo d'acide gras qui intéresse successivement résultat qu'une simple coïncidence. Les faits prouvent que les matières grasses de serve, dans une graine qui germe, se relrouvent ns la plantule dans une proportion difficile à établir rigoureusement et sous une forme chimi- quement différente. L'analyse montre qu'au cours ces migralions il se forme surlout des substances drocarbonées:; les fonctions hydrocarbures des ides gras deviennent des fonctions alcools: il y done fixation d'oxygène sur les matières grasses : réserve sans dégagement correspondant de gaz arbonique , la valeur du quotient respiratoire qui orrespond à cette transformation est nulle : celle uiest fournie par la plantule est voisine de l'unité, buisque ce quotient respiratoire s'élève graduelle- ment, à mesure que les matières grasses de réserve disparaissent, pour atteindre à peu près l'unité, que la plantule est soumise au régime de l'ali- entalion hydrocarbonée. La résultante de ces bsorptions d'oxygène el dégagements de gaz car- Onique commence par être égale à 0,65 pour croitre graduellement à mesure que l'influence de Joxydation des malières grasses s'atténue. “La transformation progressive des acides gras LT substances analogues à des résines explique | Penrichissement correspondant des réserves oléa- | gineuses en oxygène. _On ne s'explique donc pas bien ce que signifie | cette impossibililé chimique d’une transformation | dont onretrouve tous les éléments dans une graine | envoie de germination, à moins qu'elle ne réside dans l'existence d'une difficulté de méthode non Encore vaincue; mais la Chimie n'a pas dit son dernier mot; il serait prudent de ne pas lui assi- gner des barrières insurmontables après tout ce quelle a fait, et surtout en présence des moyens dont elle dispose. - On peut, jusqu'à un certain point, supposer que l'impossibilité réside dans ce fait que tous les acides gras ne possèdent pas un nombre d’atomes de carbone égal à un multiple de 6. Dans ces con- ditions, il est permis d'admettre l'existence néces- saire de résidus non saccharifiables: mais ces résidus eux-mêmes gênent certainement moins la cellule dans son travail qu'un théoricien dans ses formules; si un résidu ne peut êlre transformé, deux résidus ou même trois se prêtent mieux aux migrations que la cellule est capable de réaliser. Il est bon de ne pas oublier, dans des considéra- tions de celte nature, que les végétaux transfor- ment les acides organiques en sucre, les ferments butyriques, pour ne ciler que ceux-là, produisent des acides et des alcools à quatre atomes de carbone en partant de l'acide lactique et de la glycérine, avec la même facilité que si on leur offrait des sucres; les Phénomènes de digestion peuvent donc êlre aussi des phénomènes de syn- thèse. EL, pour toul dire, rien ne permet d'affirmer que les acides gras sont transformés intégralement en subslances cellulosiques ou autres pourvues de fonctions alcool; mais il suffit qu'il y en ait une partie qui donne naissance à des produits de celte palure, par une voie plus ou moins détournée, pour expliquer tous les faits connus, et, sur ce point, l'expérience est concluante. que NI. — RÉSUMÉ. En résumé, il est facile d'interpréter par le raison- nement tous les faits connus; celte méthode, qui procède par voie d'analogie, ne s’est jamais trouvée dans l'embarras; elle puise dans une assurance qui est loute de surface une force qui peut séduire, mais qui devient illusoire dès qu'on se trouve en présence d'un résultat expérimental. Lorsqu'on se maintient dans les limites des con- clusions assignées par les faits d'observation directe et que l’on renonce à se complaire dans les arguments d’analogie, on est bien obligé de recon- naître que la zymase doit prendre rang parmi les diaslases qui président à la digestion des sucres réducteurs ; et, si l’on se propose d'établir un lien quelconque entre les sucres et les acides organiques végétaux formés par la cellule, tels que les acides succinique, malique, tartrique, citrique, oxalique, on est contraint encore, dans l’élat actuel de nos connaissances, de placer un intermédiaire entre les deux états initial et final, les substances protoplas- miques; je pense qu'il est possible de se confor- mer, en ce point, aux résullats des expériences sans encourir le reproche de vouloir ressusciter « lanti- que notion de substances vivantes » (sans doute la force vitale), à laquelle personne ne songe plus. 790 J.-A. CORDIER — LES MALADIES D'ORIGINE MICROBIENNE DES VINS BLANCS Les substances protoplasmiques ne restent pas indifférentes aux manifestations extérieures qui caractérisent la respiration ; elles sont aussi le d'une nutrition active et, par conséquent, de tions chimiques vulgaires, quoique d'origine dias- lasique, de réductions et de combustions, tous phénomènes qui ne doivent pas relever de l'in- tervention de la force vitale. Les physiologistes et les chimistes comme Pas- siège réac- LES MALADIES MICROBIENNES DES VINS BLANCS D’ORIGINE CHAMPENOISE ‘ Les altérations pathologiques atteignant le li- quide qui résulte de la fermentation alcoolique normale du moût de raisin, tel que nous le recueil- lons au pressoir, sont de deux sortes : ou bien elles résultent du développement, dans le vin ter- miné, d'organismes microbiens, occasionnant par leurs sécrélions diaslasiques un processus fermen- tatif anormal, par production de composés chi- miques nouveaux, ou bien elles sont liées à la pré- sence de certaines substances éminemment actives et aussi d'origine diaslasique, sécrétées anormale- ment par les cellules ordinaires du végélal, ou même par des organismes rencontrés à la surface de ce dernier. Les sécrétions d’origine microbienne ne différant de celles des cellules des végétaux su- périeurs que par le degré d'activité, une étroite analogie d'origine, et aussi d'action, rapproche beaucoup ces deux processus, de prime abord diffé- rents. Dans l’élude présente, nous ne nous occupe- rons que des maladies microbiennes proprement dites”. I. — LE MILIEU ET LA CULTURE. Le moût de raisin et le vin qui en résulte par fermentation alcoolique sont des milieux naturelle- ment acides. Or, l'acidité réalise une sélection, que l’on peut sans crainte qualifier d'immense, dans la légion des espèces microbiennes susceptibles de se développer dans les milieux organiques. Seule, une infime minorité d'espèces est capable de se mul- liplier dans le milieu acide qu'est le vin. Les champignons, au contraire, ont une prédilection { Travail du Goulet. * Dans l'emploi général des antiseptiques, on ne tient pas suffisamment compte de celle considération, qui est de la plus grande importante. Laboraloire œnologique de la Maison G. L teur, Claude Bernard, Duelaux, Mitscherlich et. taient guère à celle nolion, et, tout en considérant, que la respiration est une combustion, n'oubliaien pas que les combustions respiraloires sont des fer= mentations. P. Mazé, dans les vins méridionaux riches en alcool, elle se maintient autour de 5 (évaluée en acide sulfurique), vins blanes de la Champagne. La résistance à l'en: vahissement microbien sera donc maximum dan que nous n'avons que deux espèces microbiennes parfaitement distinctes, qui soient nettement pa thogènes pour ces vins : les coceus de la graisse € les bactéries de la tourne, s’attaquant plus spécias lement aux vins rouges légers, et dont l'impor= tance ne devient vraiment sérieuse qu'en Bou gogne. Les maladies de l’amer, de la mannite, ete., sont plus spéciales aux vins peu acides des régions chaudes. Tel qu'il est posé, le problème de la lutte contre les microbes et leurs effets comporte, de prime abord, pour les vins, un certain nombre de solur tions générales : | " 49 1° L'addition d'antiseptiques, substances qui ne« sont ici destinées qu'à entraver plus ou moins complètement le développement des bactéries du vin. Cette méthode serait toute simple et parfaite. ment indiquée pour la conservalion d'un liquide organique non comestible ; mais les constituants de. notre épithélium stomacal sont des cellules Ni vanles au même tilre que les bactéries, et sont les premiers à- protester contre le contact de ces, agents de mort. La question se complique même. de l'atteinte à la vitalité de la levure, — d'une imporlance capitale, lorsque, comme en Chams, pagne, le vin brut ne cesse d’être considéré comme milieu vivant qu'après la prise de mousse ou fer- J.-A. CORDIER — LES MALADIES D'ORIGINE MICROBIENNE DES VINS BLANCS 131 : mentation seconde. On acclimate, il est vrai, plus . ou moins facilement, les levures à certains antisep- liques ; mais on commence à s'apercevoir que cette pratique, susceptible de rendre les plus grands ser- vices dans certains cas, mais toujours très délicate, n'est pas absolument exempte d'inconvénients Ldans le cours de la manutention. Remarquons “également que certains éléments normaux du vin, Lrenforcés dans leurs proportions relalives, peuvent jouer le rôle d’antiseptiques. On voit donc que, sans être sans doute complètement à rejeter, cette façon de procéder est par trop radicale; nous lui Lemprunterons seulement ce qu'elle peut avoir de | bon; 2° La pasleurisation des moüls ou des vins, méthode très élégante au point de vue théorique, et qui a pu donner d'excellents résultats sur des ma- Mlériaux tels que les produits du Midi, d'une valeur irelativement faible, mais qui, peut-être à tort, a jusqu'ici été rejetée pour les grands vins de la iChampagne. Elle semble incontestablement avoir Mdonné de bons résultats pour les vins rouges, même ide grands crus, dont l'acidité n'est pas grande; | mais une sorte de goût de cuit, ou de confiture, semble se développer avec l'augmentation du litre Macide, en même temps que se restreignent les li- hmites de température à observer pendant l'opéra- no Pour insuffisance d'étude et d’expérimenta- Lion dans cette pratique, nous ne pouvons porter “un jugement certain sur l'emploi de la méthode. “L'initiative d'expériences concluantes, réalisées selon les procédés les plus perfectionnés à ce jour, ne pourrait revenir qu'aux grands négociants. “Ajoutons, enfin, que les vins auraient encore “quelques chances d'encourir de nouvelles conta- Minalions dans les manipulalions, encore nom- breuses, qui devraient suivre la pasteurisation ; 3° L'épuisement du milieu. — Si l'on pouvait empêcher le développement de la bactérie, en la privant autant que possible des éléments essentiels de sa végétabililé, au risque même d’appauvrir lé- gèrement le vin (envisagé seulement ici comme comestible) en éléments nulritifs pour noire éco- nomie elle-même, le problème serait résolu d’une facon infiniment plus élégante que par les méthodes qui viennent d'être examinées, el, ainsi que l'on verra dans la suite, c'est dans celte voie que nous avons porté lous nos eforts. Cette recherche né- cessite non seulement une connaissance appro- fondie de la nutrition des bactéries, de l'art de les culliver, mais encore de la chimie des moûts et des “ins, malheureusement encore dans l'enfance. Sans crainte d'inexactitude, on peut avancer que toutes nos études sur ce point péchent par la base. Nous avons constamment à envisager les transfor- malions d’un liquide dont nous ne connaissons que les principaux constituants, et dont l'arrange- ment chimique n’a encore été l’objet que de süppo- sitions plus ou moins légitimes. Il n'est d’ailleurs pas très étonnant qu'il en soit ainsi: la chimie des milieux biologiques est très délicate, et il suffit, pour s'en convaincre, de considérer les travaux dont un liquide comme l'urine est encore constam- ment l’objet, malgré l'importance et l'ancienneté d'une telle étude. La découverte de nouveaux con- slituants, même normaux, n'y est pas encore ac- tueliement un fait absolument rare. II. — LES CONSTITUANTS AZOTÉS DES VINS. Les bactéries diffèrent des champignons (levures et hyphomycées en général) par une constitution plus rudimentaire encore, à laquelle correspond un mode de nutrilion plus spécial. Tandis que le champignon se contente de quelques éléments acides, de quelques hydrates de carbone dont il relire principalement de la chaleur et de quoi bâtir ses parois cellulaires, avec un minimum d'utilisa- tion des matériaux azolés du substratum, la bactérie, presque réduile à son noyau, porte ses préférences nutrilives sur les matériaux azolés, tels que les peptones, déjà élaborés pour elle par d'autres cellules vivantes à protoplasme plus déve- loppé. C'est justement pour se procurer cette nour- rilure de prédilection, se rapprochant le plus de la constitution chimique de leurs noyaux, que les bactéries déploient la majeure partie de leur éner- gie chimique. On voit donc immédiatement combien est indiquée l'étude des matériaux azotés du vin; c'est de celte connaissance, encore rudimentaire, que doit sortir, à notre avis, la solulion du pro- blème proposé. Si l’on porte à la chaleur le moût filtré au sortir du pressoir, on obtient un coagulum de malière al- buminoïde, albumine végétale que l'on rencontre dans tous les sucs végétaux, et que j'ai estimée au- trefois, comme quantité approchée, à 1 gramme par litre. D'autre part, si l’on additionne ce même moût au sortir du pressoir de 20 à 25 °/, d'alcool pur, et que l’on filtre aussitôt le tout, on s'aperçoit, en conservant-ce moût ainsi sauté, qu'un dépôt ne tarde pas à se produire; recueilli, puis examiné avec soin, on le voit constitué principalement par du sulfate de chaux cristallisé en fer de lance, et par des tartrates, malales et oxalates terreux en moindre proportion. Concentré dans le vide, puis additionné, à nouveau, d'alcool pur, de façon à élever le titre alcoolique vers 65°, un nouveau pré- cipité se forme. Recueilli, puis redissous dans l'eau, il est, cette fois, formé de malières albuminoïdes coagulables par la chaleur. Nos recherches sur cette albumine n'ont pas élé poussées plus loin, la sub- 192 J.-A. CORDIER — LES MALADIES D'ORIGINE MICROBIENNE DES VINS BLANCS stance n'offrant, d’ailleurs, qu'un intérêt relatif et ne différant sans doute point des autres albumines végétales naturelles. En tête des matériaux azotés du moût, nous placerons donc une certaine quantité d'albumine coagulable par la chaleur, l'alcool con- centré, et les réactifs généraux des albuminoïdes, parmi lesquels le tannin en milieu acide. Gêné dans nos réactions par la proportion con- sidérable de matière sucrée des moûts, passons au moût fermenté, c'est-à-dire au vin. La fermen- talion facile du moût stérilisé à l'autoclave, c'est- à-dire privé de sa matière albuminoïde coagulable par la chaleur, montre que, dans son développe- ment, la levure se pourvoit en azole aux dépens d'autres corps azotés, el nous avons remarqué que la proportion de matière albuminoïde coagulable n'est que peu réduite dans le moût devenu vin. Une expérience -direcle de fermentation sur un milieu totalement exempt de matière albuminoïde vraie montre, en outre, la mise en liberté dans le liquide d'une faible proportion de ces albumines précipitables par les réactifs généraux reconnus. À parlir de ces premières investigations, nous voilà obligé, pour nous guider au milieu des ré- sidus de matériaux azotés, d'avoir recours à des dosages directs d'azote sur les vins, et, pour plus de précision el aussi de commodité, sur des liquides concentrés à basse température ‘ Les précipités par les différents réactifs de la ma- tière azotée seront plus complets, d'une séparation plus facile, et obtenus dans le temps minimum; les dosages, contrôlés au laboratoire du Professeur Klob, de Nancy, ont été avec les nôtres d'une remar- 1 Notre eollègue, M. Grandval, a bien voulu se charger de transformer pour nous en extrait évaporé dans le vide, à basse température, 25 litres de vin brut de Champagne, que nous avons choisi ne précipitant plus, ou d'une facon extrêmement faible, par une nouvelle addition de tannin. Le rendement a été de 20 0/5, exactement (dans ce chiffre, nous avons dosé exactement 3 gr. 16 de lévulose résiduel; 5,41 d'acidité exprimée en acide sulfurique et rapportée au litre originel; la crème de tartre est en grande partie préci- pitée). Additionné d'eau distillée, l'extrait nous a fourni un liquide légèrement trouble, C'est une première précipitation de tanno-colle ou de tanno-gélaline, sous la double influence de la concentration et de la disparition de l'alcool: cette précipitation n'est ici que commencée, car nous observons Journellement que (surtout vers le point de saturation ré- ciproque du tannin par la colle) les précipités mettent une grande lenteur à se manifester et à se séparer. Cette solubilité de la matière tanno-albumine dans l'alcool, même dilué, est mise en évidence par ce faib que, si l'on sépare une solution de notre extrait de vin, à 10 0/,. en deux parties, dont la première est additionnée de 12 o 0 d'alcool, le tannin précipite immédiatement la seconde, tandis que quelques heures sont nécessaires pour mani- fester une précipitation dans la première. Nous voyons également que, lorsqu'un vin ne donne plus de précipité apparent par le tannin, il renferme en réalité un excès de colle, ce qui constitue le plus grave des incon- vénients dans l'e Eu ralionnel de ce te substance, cepen- dant si précieuse quable concordance, et nous sommes aulorisé à 4 compter sur leur exactitude absolue. Notre extrait de vin, obtenu ainsi qu'il est indi- qué ci-dessous, renferme exactement 642 milli= grammes d'azote rapporté au litre de liquide originel. Additionné de quelques volumes d’eau distillée, il est séparé en deux portions : la première est précipitée par un excès de lannin, et la seconde. par un excès d'un des meilleurs réactifs généraux des malières albuminoïdes, le réactif iodomereu- rique de Valser. Après une quinzaine de jours, les liquides clairs surnageant sont soumis au dosage. d'azote total, et nous sommes frappé d'une concor- dance parfaite dans tous nos résultats. Les deux réactifs ont fait descendre séparément le pour- centage d'azote exactement à 403 milligrammes, À partir de ce point, aucun réactif général des ma-n tières albuminoïdes n'a d'effet sur notre extrait vinaire. Sous quelle forme chimique se trouvent done ces 403 milligrammes d’azole résiduel? Le liquide, ainsi précipité au maximum, est distillé au moyen de l'appareil de Schlæsing après alcalinisa= lion par la soude : il ne nous a fourni que 47 milli= grammes d'azote provenant des composés ammo- niacaux volalils. L'intervalle entre les deux points 403 et 47 re-m présente donc pour nous des substances azotées..…. inconnues. Peptones vinaires'??? Nous élablis- sons comme conclusion le schéma suivant : Composés Vin traité ammonia- par le tannin Az AZ Az caux AZ ER. + _ A ——— à 642 Influence 403 Inconnu *! de l'alcool et Peptones vi- de la dilution paires ? sur la précipitation tannique Sur ces résultats, des remarques d'un autre ordre peuvent encore être faites : les opéralions concor- dantes ayant amené l'établissement du point 403 par l'emploi de deux réactifs différents prouvent : 1° qu'aucun réaclif ne se montre supérieur au lannin pour la précipitation des malériaux azotés des vins, et nous avons remarqué que l'alcool exerce une action dissolvante analogue sur les pré" cipités albumineux obtenus par les autres réactifs; 2 que les matériaux azotés des vins sont moins. complexes qu'on ne serait tenté de le penser 1 prime abord, puisque, jusqu'au point 403, c'es vraisemblablement la même substance — albuminem végélale — (coagulable par la chaleur, précipitablen par les réactifs généraux) qui constitue la majeure partie de la matière azotée des moûls et des vins: Dans cet intervalle, ä17connu, de notre schéma, * Dont tout ou partie proviendrait sans doute de l'activité & des ferments alcooliques sur le reste des matières azotéess Le J.-A. CORDIER — LES MALADIES D'ORIGINE MICROBIENNE DES VINS BLANCS 193 prennent peut-être place certaines substances plus ou moins mucilagineuses ou visqueuses, que l'on « désignait jusqu'ici sous le nom collectif de glia- …dine, précipitables également par l'alcool, ainsi que peut en témoigner la formation des barres et … des masques dans les bouteiiles de tirage, et sem- — blant aussi être légèrement azolées. —…._ Il semble que la fumure et la culture intensives … modernes, en mettant des engrais très riches en azole à la portée de la plante, aient enrichi les “ moûts en ces matériaux dont nous venons de mon- “trer qu'il convient de se débarrasser le plus pos- “ sible. * { III. — LA BACTÉRIE DE LA GRAISSE. « La maladie de la graisse des vins de Champagne" “reconnait pour cause le développement, dans ce liquide, d'une bactérie en forme de coccus, en “tous points assimilabie aux sarcines par son mode “de segmentation. Empressons-nous, cependant, «d'ajouter que souvent, surtout lorsque le microbe “s'est développé rapidement dans du vin non mous- … seux, on le rencontre sous forme de staphylocoques “ou même de courtes chainettes ; le même fait semble “se produire dans la culture sur les milieux arti- _ ficiels. k. Les faits les plus saillants de l'histoire de cette “bactérie sont relatifs à sa résistance aux milieux acides, où elle végète naturellement, et la propriété de sécréter dans les vins bruts une coque muciia- « sineuse d’un volume énorme par rapport à la bac- …lérie qui l'engendre. Un vin blanc qui « graisse » “devient filant comme de l'huile, claquant dans le flacon qui le conserve à la facon des solutions “d'albumine; il dégage de l'acide carbonique à la “manière des ferments alcooliques *. A présent qu'un certain jour s'est levé sur les remèdes vraiment efficaces à apporter à celte ma- ladie, il est assez rare de pouvoir en observer les effets intensifs sur les vins jeunes; c'est à peine si l'on signale chaque année un certain nombre de cas se rapportant à des vins devenus légèrement filants ; mais, autrefois, il n’était pas rare detrouver des échantillons permettant de tirer du tonneau une véritable corde moulée sur l'orifice de sortie, eb possédant la consistance du frai de grenouille. Le batlage à l'air, sans doute par une sorte de con- -densalion mécanique ou de floculation, était le seul remède mis en pralique. ‘ La morphologie microbienne des vins filants serait différente suivant es pays d'origine. = Foodamentalement, un mucilage est un composé exclu- Sivement hydrocarboné ; il est probable que, dans le cas pré- sent, il est mélangé de quelques matériaux azotés, car cette coque donne asile à de nombreuses bactéries, dont quel- ques-unes sont souvent des bactéries de putréfaction. L'emploi du tannin, attribuable à Francois, de Chàlons, qui à ainsi rendu d’inappréciables ser- vices aux négociaüts champenois, et pour la mé- moire de qui la postérité s’est montrée manifeste- ment ingrate, a été jusqu'ici, au milieu de quantité de formules empiriques, la seule méthode sérieuse et vraiment recommandable. Dans la manutention actuelle, il est rare de voir la coque se développer beaucoup ; aussi la graisse tire-t-elle bien plutôt sa nocivité des dépôts de mauvais aloi qu’elle occasionne dans les bouteilles de tirage, et surtout de son développement lent et interminable jusqu'à former des barres’ malen- contreuses dans des bouteilles limpides déjà dé- gorgées depuis de longs mois. Bien que toujours très onéreux, ce dernier accident occasionne la mise au rebut de vins prêts à être expédiés ; il est en partie réparable par des « remises en cercles », lorsqu'il se manifeste avant l'expédition; mais, se produisant dans les caves des acheteurs étrangers, la manipulalion s'augmente encore, au retour, des frais de transport et de douane. Les récents acci- dents, d'importance considérable, qui se sont pro- duits en Champagne, et que l’on doit rapporter à cet ordre de faits, sont encore présents à toutes les mémoires. Il a suffi des circonstances du voyage, d'une élévation, même légère, permanente ou tran- sitoire, de température, pour déterminer, souvent au bout d'un temps fort long, une nouvelle poussée de la maladie. Dans la manutention elle-même, un transvasement, une légère diminution de pression carbonique, un simple changement de place dans lies caves, ont été parfois le point de départ de développements nocifs. Sous celle forme, c’est-à-dire dans les vins vieux, c'est en culture pure, ou encore mélangée de quelques rares bàtonnets (souvent de la tourne) et sans sa coque, que le coccus de la graisse se pré- sente ; aussi est-ce aux dépôls des bouteilles les plus anciennes qu'il sera possible de se procurer * que nous devrons exclusivement nous adresser pour isoler facilement la bactérie, par la méthode bien connue des ensemencements en surface’, et obtenir d'emblée une culture pure. Il est matérielle- ment impossible, ou en tout cas infiniment moins simple et facile, d'obtenir le même résultat avec la graisse des vins jeunes; car la coque d’un seul mi- crobe est parasitée par des centaines de bätonnets 1 Dépôts linéaires plus ou moins larges, occupant la partie la plus déclive de la bouteille (terme de métier). 2 La bactérie est extrêmement tenace et résistante, et douée d'une longévité énorme; mes échantillons d'étude proviennent de bouteilles ayant une trentaine d'années d'existence. 3 La bactérie est à la fois aérobie et anaérobie, donnant à la longue naissance à un pigment jaune sur les milieux solides au bouillon de peptone classique des laboratoires. 194 J.-A. CORDIER — LES MALADIES D'ORIGINE MICROBIENNE DES VINS BLANCS rendant trop souvent illusoire tout essai de sépa- ration. Une question d'ordre bactériologique se pose au début de notre étude : elle se rapporte à l'origine de la graisse. La graisse des vins vieux est-elle identique à la graisse filante des vins jeunes? Il est certain que la bactérie de la graisse vient du raisin lui-même, dont elle souille probablement el surtout les parties altérées par une cause quel- conque; mais il ressort de la biologie du microbe qu'il faut se montrer infiniment plus sévère vis-à- vis de la vaisselle vinaire qui sert à la fabrication d'année en année, sans subir d’autre désinfection qu'un simple lavage à l'eau. A notre avis, ce sont non seulement les tonneaux, les paniers et réei- pients de toute nature qui recèlent dans leurs interstices les formes de résistance du microbe, spores ou autres, provenant d'un précédent emploi, mais principalement les pressoirs, avec leurs ac- cessoires en bois, qu'il convient d'incriminer. Le problème de la désinfection pratique est assez complexe : tandis que les lonneaux peuvent êlre très facilement et très complèlement stérilisés par le moyen d'un jet quelque peu soutenu de va- peur surchauffée, méthode que nous n'avons cessé de préconiser depuis fort longtemps, les pressoirs, pour lesquels cette façon de procéder devient inap- plicable, devraient être lavés à l'eau bouillante additionnée d’antisepliques énergiques, tels que l'acide sulfurique, le fluorure de sodium, en lais- sant à ces agents un certain temps d'action avant le lavage final à l’eau bouillante. Pour expérimenter le procédé, nous avons cher- ché à l'éprouver sur la bactérie oblenue à l'état de pureté. Nous avons réussi facilement, par la culture pure dans certains milieux artificiels, à reproduire le liquide filant avec la graisse relirée des vins vieux, ce qui nous à permis de conclure à l'identité pourrait, deux avec la graisse des vins jeunes. On ne d'ailleurs, jamais être en présence que de espèces très voisines, si tant est, toutefois, que la bactérie possède une spécificité propre. Il nous faut considérer plutôt des groupes d'espèces, dont les nombreuses bactéries à fonction acélique, butyrique, lactique, les éberthiformes, sont de bons exemples, et deux microbes d'un même groupe ne différant que par des détails tout à fait secondaires. La fonction est done plutôt ici caractéristique de ce que provisoirement nous nommons espèce { M. Laborde, puis MM. Muzé et Pacottet (Annales Inst. Past., 1904) ont caractérisé, comme produits dérivés du fer- ment de la graisse, la mannite fixation d'hydrogène naissant sur le glucose dans les fermentalions réductrices), l'acide lactique, l'acide acétique, l'alcool. MM. Kayser et Manceau C. R. Ac. Se., 49 mars 1906) ont aussi reconnu la forma- tion, par des bactéries retirées de vins filants d'origines diverses, de mannite et d'acide lactique : nous avons nous IV. — LA GRAISSE ET LES MATÉRIAUX AZOTÉS..M En possession de la bactérie isoïée, la graisse cst des plus faciles à cultiver ; elle pousse en quelques. jours, à la Lempéralure de 20°, en bouillon peptoné alcalin, milieu classique des laboratoires, ne contes pant pas d'albumine coagulable; elle végèle aussi très bien dans l'eau de levure, milieu également" sans malériaux albuminoïdes coagulables (Du bourg), et assez pauvre en peplones analogues” à celle du bouillon, mais sans doute assez riche en À matériaux azolés, dont on ne peut ici encore con voir la présence que par exclusions successives La graisse ne trouble jamais le liquide, et donu en sortes de filaments spiralés. 3 La température de 45 à 20° semble être de beau x coup préférable pour son développement à une température plus élevée ; mais la culture se fait" encore très bien vers 10°. Sur milieux solides, gés sion ‘des éléments bactériens n'est pas constante" et semble indiquer l'existence de deux races ; nous : avons entre les mains de la graisse à petits et gros éléments; parfois même, les coceus s'allongent el prennent l'aspect de courts bâtonnels. Ayant porté pendant une demi-heure vers 59! une cullure de graisse sur gélose, el une culture en milieu liquide renfermée dans des tubes capils laires, nous n'avons pu la cultiver à nouveau, ce qui indiquerait que la bactérie n'a pas de spores. dans nos cultures; mais l'examen microscopique de dépôts anciens formés dans les bouteilles, @ où l'on observe facilement des coceus géants, indë querait des formes de résistance, d'ailleurs très probables dans la Nature et la vaisselle vinaire. Si l'on vient à tenter la détermination des carat tères culturaux sur le milieu pour nous le plus intés ressant, c’est-à-dire sur le vin, on s'aperçoit bien vite que l’expérimentation devient lellement diffi- cile qu'il est nécessaire de l'abandonner. En raison | de l'acidité du milieu, qui, même très fortement réduite, se montre encore une entrave considés rable à son développement, en raison également de sa pauvrelé en malériaux azotés assimilables pour elle, la graisse ne pousse qu'avec une len- teur désespéranle, rappelant la lenteur de som développement dans les bouteilles ou les dépôts méme établi (J. A. Connier : La mousse naturelle des vins Plancs. Rev. de Viticulture, At février 1906) que la graisse utilise principalement le lévulose résiduel des vins, et ces auteurs ont confirmé ce résultat dans des expériences récentes (C. R. Acad. Sc., 93 juillet 1906). ont elle est justiciable, mellant souvent jusqu'à es années pour se manifester. Dans ce dernier cas, oint de trouble, mais un léger dépôt pariélal, d'ipparence grasse, remontant en spirales dans un iquide absolument limpide. La coque est peu ou point développée, et le microbe est en sarcines - bien caractéristiques. On peut même ajouler au vin e la peptone, et diminuer l'acidité des deux tiers; il faut encore attendre un mois et plus avant d'ob- lenir le plusléger départ de végétation. La facile végétation dans notre bouillon clas- ique, dans l'eau de levure, fait admirablement essortir la prédilection marquée de la bactérie our les alburines hydrolysées, telles que les eptones dont nous avons parlé dans les généra- ilés ; on serait même appelé à penser que la bac- érie ne fait sa coque mucilagineuse qu'en présence et que le tannin précipite. L'acidilé elle-même, à laquelle le microbe semble résister facilement, “son développement, et, malgré cela, la bactérie se montre d'une ténacité extraordinaire, bien que sa ensibililé et sa délicatesse fassent pressentir qu'il he soit nécessaire que d'un bien léger changement, “bien peu de chose, en somme, pour attenter à sa mitalité. - Nous avons observé que le saccharose et le glu- “ver la fonction mucilagineuse du microbe. Lu. En résumé, nons voyons la graisse susceptible …d'intéresser tous les éléments azotés des vins, “qu'elle ulilise d'une facon encore peu connue, mais en semblant toutefois porter ses préférences sur : p : —… : La liqueur est une dissolution de sucre de canne dans du vin de réserve ; le saccharose y est en grande partie in- “lerverti par les enzymes du vin. ET 1 ce groupe de peptones vinaires mises plus haut en évidence. Dans les vins vieux, la bactérie s'’alimente d’un peu de lévulose résiduel qui constitue son aliment hydrocarboné de prédilection et des quelques rares malériaux azotés dont le tannin n'a pu priver le liquide, suivant le mécanisme que nous metlons en lumière. Est-ce à dire que la lutte contre la graisse restera forcément limilée à l'emploi du lannin, dont nous avons neltement établi le rôle vis-à-vis des matériaux azotés du vin? La méthode si inté- ressante que vient d'inaugurer M. Bourgeois, d'Épernay, en permettant pour la première fois l'introduction de liquides dans les bouteilles sous pression après la prise de mousse, ouvre à ce sujet des horizons tout nouveaux’. Désormais, la graisse seule pourra être combattue, sans que l’on ait rien à craindre pour la seconde fermentation alcoolique que doivent subir les vins mousseux. Nous avons suivi les variations de l'acide phos- phorique dans les moûts el dans les vins terminés. Ces derniers en renferment des traces à peine sen- sibles, qu'il serait impossible d’ailleurs d'éliminer. Cet élément ne paraît donc pas jouer un rôle aussi important dans le développement de la bactérie qu'en ce qui concerne son ulilisalion par les fer- ments alcooliques. Les éléments actuels de la lulte contre la graisse des vins se résument en trois points : 1° Asepsie aussi rigoureuse que possible de la vaisselle vinaire ; 2° Emploi à la vendange de levures acclimatées au lévulose, surlout dans les grandes années, afin de réduire au minimum la proportion de ce sucre résiduel ; 3° Diminution des matériaux azolés, en com- mençant-par l'emploi du lannin, dont l’action peut d'ailleurs être rendue plus complète (Cordier). D' J.-A. Cordier, Directeur du Laboratoire de Microbiologie de la Marne, à Reims. 4 La Revue publiera, dans le numéro du 30 septembre, une Note détaillée au sujet de la méthode de M. Bourgeois. 796 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX . BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET" INDEX 4° Sciences mathématiques Niewenglowski, Docteur en médecine, Chargé du Service médical du P. C. N.— Les Mathématiques et la Médecine. — 1 vol. iu-8 de 70 pages. H. Des- forges, éditeur. Paris, 1906. L'auteur sé rend compte des multiples difficultés qui se présentent lorsqu'on veutsoumettre les phénomènes biologiques au calcul; toutefois, l'application des Mathématiques à la Physique et à la Chimie a fait faire de grands progrès à ces sciences ; peut-être en sera-t-il de même pour ce qui concerne la Physiologie et la Médecine. À priori, l'application des Mathématiques à une science quelconque ne peut que profiter à ses pro- grès; le pire qui puisse arriver, c'est que cette réduc- tion des phénomènes au calcul, cette mise en équation soit inutile. Et, comme cette inutilité ne peut être pré- vue d'avance, on ne saurait condamner nécessairement les essais tentés pour ramener les sciences biologiques à la « Mathématique ». Ces essais devront se faire d'abord sur les phéno- mènes les plus simples : «Evidemment, il faut commen- cer par appliquer les Mathématiques à la cellule avant d'embrasser des sujets plus généraux. » M. Niewenglowski cherche ensuite quelle réponse analytique on peut faire au problème le plus général qui consiste à déterminer de quelle façon un phéno- mène dépend des circonstances environnantes. Une fonction de variables, qui sont elles-mêmes fonctions du temps, peut toujours se mettre sous la forme A—F(1); mais cette solution est illusoire. Pour con- naître la fonction A, il faut connaître sa forme par rapport aux variables x,,x,,...%, dont dépend le phénomène. et connaître la valeur de ces variables à un moment donné, question que seule l'expérience peut résoudre. « Une formule mathématique n'a de sens que quand on doune un moyen de la calculer. » Nous voici donc ramenés à l'expérience. Ce n’est pas à dire qu'il faille renoncer à introduire les Mathématiques en Physiologie et en Pathologie, sous prétexte qu'il sera impossible de connaître exactement les fonctions qu'on aura à considérer. Les calculs ne seront pas plus précis que les expériences; mais à la fonction inconnue que l’on cherche, les expériences permet- tront de substituer une fonction plus simple qui s'en approchera. Le calcul permettra alors de déduire cer- taines propriétés de la nouvelle fonction, et ses valeurs numériques dans des circonstances déterminées ; ces résultats approchés dispenseront de nouvelles expé- riences. L'auteur montre qu'il n'y a pas, au point de vue mécanique, de différences essentielles entre la matière organique et la matière inorganique. Tout ce qu'on a démontré en Mécanique peut s'appliquer à la Phy- siologie. M. Niewenglowski réfute les arguments tirés du mouvement, de l'irritabilité, de la transformation continuelle de la matière vivante et de l'irréversibilité de cette transformation. Il n'y a du reste pas, entre les organismes et les corps bruts, de différences au point de vue chimique : On trouve dans la matière vivante les mêmes corps simples que dans la matière inorganique. Les travaux de Gibbs à Le Chatelier, etc., ont permis d'étudier mathématiquement les équilibres chimiques; il est probable qu'une part égale est, au point de vue chimique, réservée en Physiologie, en Pathologie et en Thérapeutique, à l'application du cal- cul. M. Niewenglowski en donne deux exemples : la formule de M. Victor Henri pour exprimer l’action des | d'un de ces phénomènes peut être immédiatement î ! diastases, et l'application faite par M. Arrhénius, l'action d’une antiloxine sur la toxine correspons dante, du caleul classique de M. Berthelot sur l'éthérifi cation. : M. Niewenglowski pense qu'on peut également ape pliquer à la Physiologie des théories sur l'élasticités Il choisit pour exemple la contraction d'une fibre mus culaire, et il insiste sur la confirmation que l'expérience donne aux résultats du calcul, particulièrement sur cé qu'en appliquant les lois de la Mécanique et de I& Physique à la matière vivante, on pouvait prévoir la production d'électricité qui accompagne le fonctionne=" ment du muscle. La contraction d'une fibre musculaim se fait par pénétration de la substance isotrope dans I& substance anisotrope. Supposant que les couches iso tropes ne transmettent que des mouvements longitudi= naux et étudiant ensuite les mouvements transversau des couches anisotropes, M. Niewenglowski constate qu d'après la nature du mouvement, les couches isotropes tendent à se contracter ou à se dilater latéralement} les couches anisotropes tendent à se dilater transversas lement. Quand un corps se dilate dans un sens, c'esb que les molécules qui le composent s'éloignent les unes des autres dans le sens considéré ; d'où la conclus sion que, dans l’état de contraction musculaire, la substance isotrope pénètre partiellement dans la sub stance anisotrope. Une seconde conclusion est que lan chaleur dégagée est plus forte dans la substance anisotrope que dans la substance isotrope. On a done une sorte de pile de disques dont la température alternes | et le contact de substances à des températures diffé rentes produit une différence de potentiel. Le fonctioiil | nement du muscle est donc accompagné d'un phénos mène électrique. Or, les phénomènes où l'électrici entre en jeu sont réversibles; de même que la contracs, tion musculaire produit un courant, l’électrisation a | muscle provoquera sa contraction. H 4 M. Niewenglowski applique la notion de la tension. superficielle à la forme des amibes et des leucocytess Si la tension superficielle varie, tout se passe comme si la membrane d’enveloppe devenait plus mince em certains points; il se produira vers ces points unê poussée à laquelle la membrane cèdera et un écoules= ment de matière qui déforméra l’amibe et le leucocytes En même temps que déformation, il y aura déplaces ment du centre de gravité, et l'amibe subira un déplas cement. M. Niewenglowski s'est proposé de montrer pa le calcul que la déformation du leucocyte qui se déplace est irrégulière : pour cela, il a étudié le déplacement d'un espace infiniment petit autour d’un point du leus cocyte, et il suppose ce déplacement continu. Il trouve que le déplacement infiniment petit de molécules du leucocyte se compose d'une translation, puis d'unë rotation, enfin d'une déformation élémentaire. Le leucocyte en se déformant ne restera donc pas sems blable à lui-même. M. Niewenglowski montre ensuite qu'il n'est pas impossible de calculer les réactions élas= tiques du leucocyte. 4 L'auteur insiste sur l'importance des analogies mathématiques : il arrive parfois que des éléments ayant des significations concrètes distinctes dans deux phés nomènes distinets jouent des rôles semblables au point de vue mathématique. Tout résultat obtenu dans l'étude, / transporté, avec sa traduction spécialé, dansle deuxièmes Ces considérations d’analogie rendent de réels services | en suggérant tout au moins des recherches dans cer= |, taines directions. Les conclusions de l'auteur sont que, en général, les hénomènes biologiques dépendent d’un trop grand ombre de variables, et les données indispensables à la nise en équation sont trop peu connues pour que l'ap- ation directe des Mathématiques à ces phénomènes se se faire. Mais on peut, grâce aux Mathématiques, re mieux comprendre par certaines analogies le ctère de beaucoup de lois biologiques. En définitive, ense, avec M. H. Poincaré, que l'expérience est la Source unique de la vérité, que seule elle peut nous “ipprendre quelque chose de nouveau et nous donner la rtitude. M. Niewenglowski souhaite en terminant que les élu- nts en médecine aient désormais une culture mathé- tique suffisante pour qu'ils puissent comprendre à signification des lois physiques, et, par suite, avoir s idées justes en Biologie. La brochure qu'il publie est un essai critique très ntéressant; mais elle montre qu'il est à peu près im- possible, actuellement, d'appliquer avec fruit les Mathé- tiques à la Biologie. “En terminant, nous n'oublierons pas de dire que M. Niewenglowski, qui a rendu des services signalés ux sciences photographiques, a mis en relief, dans le livre que nous analysons, l'importance d'une méthode [jui pourra, dans une époque plus ou moins éloignée, ire appliquée avec prolit. E. pe RIBAUCOURT, Docteur ès sciences. 2° Sciences physiques Berthier (A.), /ngénieur. — Les Piles à gaz et les Accumulateurs légers. — 2 vol. 1n-12 de 115 et 456 pages avec 36 figures. H. Desforges, éditeur. — Paris, 1906. L'électricité est un merveilleux agent d'énergie, mais Mlle ne peut jusqu'ici actionner les moteurs, qui ne Mont pas reliés au générateur fixe qui la produit par in système ininterrompu de conducteurs, qu'à la con- dition d’être emmagasinée dans des accumulateurs. us la pression des exigences de l’automobilisme, que es derniers grèvent d’un poids mort considérable, on st efforcé de les alléger; mais les moins lourds le ont encore beaucoup trop, et leur usure est restée fort rapide. - Le générateur électro-chimique serait bien préfé- rable ! Simultanément pile primaire et pile secondaire, il érait régénéré, après fonctionnement, soit par renou- Ilëément de son électrolyte (ou même par simple cir- lation dans le liquide d’un courant gazeux conve- Hable), soit par un courant électrique inverse de celui qui l’a chargé. Mais, si l’on est parvenu à créer des piles susceptibles déètre alimentées par des courants gazeux el si, autre part, on connaît un nombre très considérable déléments pouvant être régénérés par un courant éctrique, aucune des combinaisons essayées n'offre pratiquement les deux propriétés. Le problème n'est certainement pas insoluble et il est de nature à tenter la sagacité des chercheurs. La nnaissance des multiples essais qui ont jusqu'ici été its est indispensable à quiconque veut reprendre la estion, et il faut savoir gré à M. Berthier de nous en présenter un tableau détaillé. L: La première partie de son premier volume est con- sacrée aux piles à gaz (piles à électrodes inertes, piles » au charbon et aux hydrocarbures). La seconde partie | Maite des accumulateurs légers, au plomb seul et au plomb combiné avec un autre métal. … Le second volume étudie les accumulateurs légers Sans plomb, à acides ou salins (au zinc, au magnésium, à l'aluminium, au cuivre, au mercure, au fer), et alca- ins (à cathode soluble ou insoluble). Il parle avec détails de l'accumulateur Edison, constitué, comme on le sait, par un électrolyte alcalin, soude ou mieux Polasse diluée, et deux électrodes, l'une recouverte | d'oxyde de nickel, l'autre d'oxyde de fer. ——…. AEVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906, FL BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 195 Le dernier chapitre est consacré aux accumulateurs légers dans leurs rapports avec l'automobilisme GÉRARD LAVERGNE, Ingénieur eivil des Mines. Parnicke (A., ancien ingénieur en chel de la Fabrique de produits chimiques de Griesheim. — L’Appareïillage mécanique des Industries chi- miques. Adaptation française par M. E. CAMPAGNE, Ingénieur-chimiste. — 4 vol. in-8° de 356 pages avec 298 fig. (Prix : 12 fr. 50.) A. Dunod et E. Pinat, éditeurs. Paris, 1906. Nous avons déjà signalé, ici même, à propos d'un autre ouvrage, l'intérêt qu'il y a pour le chimiste à connaître les appareils industriels qui sont nécessaires pour adapter une méthode de travail, conçue et appli- quée avec les appareils de laboratoire, au traitement de quantités importantes de matières. Les données sur l’appareillage mécanique des industries chimiques sont malheureusement, en France, éparses dans les cata- logues des constructeurs et les articles des revues techniques. L'Allemagne possède, au contraire, une littérature importante sur ce sujet, au premier rang de laquelle se placent l'ouvrage de Parnicke, qui en est à sa troisième édition, et celui, plus récent, de Rauter. A défaut d'une œuvre originale, M. E. Campagne nous donne aujourd'hui la traduction du premier de ces volumes, adaptée au public français par la substitution de nombreux appareils français aux appareils simi- laires d’origine allemande. Le livre traite successive- ment de la production de la force motrice et de son transport, du transport des solides, liquides et gaz, des appareils de broyage, des mélangeurs, des appareils pour la fusion, la lixivation, la dissolution, la concen- tration, des procédés mécaniques pour la séparation des corps, la dessiccation, enfin des appareils de con- trôle et des appareils pour la ventilation et l'élimination des poussières. ous ne doutons pas que la publication de ce volume ne soit vivement appréciée des chimistes français. 3° Sciences naturelles Salone (Emile), Docteur ès lettres, Professeur d'His- toire au lycée Condorcet. — La Colonisation de la Nouvelle-France.— 1 vo/. in-8 de 467 pages. (Prix : 7 fr. 50.) Paris, Guilmoto, éditeur. Siegfried (André). — Le Canada, problèmes poli- tiques contemporains. — À vol. in-18 de 415 pages. (Prix : 4 fr.) Paris, Colin, éditeur. Il convient de rapprocher ces deux nouveaux ou- vrages, qui traitent tous deux de la « Nouvelle-France », encore si mal connue de l’ancienne, et dont le premier pourrait être considéré comme une longue préface his- torique du second. Souhaitons maintenant qu'un livre prochain, nous racontant le premier siècle du Canada, devenu colonie anglaise, vienne combler la lacune que laissent entre eux, de 1763 au début du xx® siècle, ceux de MM. Salone et Siegfried. Négligeant, de parti pris, l'histoire politique déjà traitée par ses prédécesseurs, en anglais et en français, M. Salone étudie particulièrement — et c'est une nou- veauté intéressante — la colonisation de la Nouvelle- France; il a fait état des documents conservés tant au Canada qu'à Paris, les «papiers » ofliciels ayant été par- tagés conformément à deux articles du traité de 1763; ceux qui concernent plus particulièrement l'état des personnes et des biens, actes publics et privés, sont de- meurés au Canada. Certes, la colonie fondée par Champlain sous Henri IV se développe lentement; elle ne comptait pas 70.000 Français après un siècle et demi d'existence, au moment où elle passa aux Anglais; les indigènes avaient tellement diminué en nombre quon pouvait prévoir leur disparition quasi totale; quant aux Européens, le Gouvernement ne s’occupa de peupler le pays que pendant quelques années, au début du règne 17 ak 198 personnel de Louis XIV, sous l'activée impulsion de Talon, qui fut, sans doute, le meilleur intendant de la Nouvelle-France. Heureusement, les familles étaient nombreuses, et si la dispersion des «coureurs de bois » empêcha la constitution de villes considérables, comme celles de la Nouvelle-Angleterre, le Saint-Laurent n’en devint pas moins peu à peu une rue encadrée de do- maines cultivés. Le Canada français, jusqu'au jour de la séparation, a vécu de sa propre substance; ignoré de la métropole, il a dû se défendre, presque aban- donné à lui-même, au moment de la lutte suprême, et sa résistance étonne plus que sa chute finale. On trouvera dans le livre de M. Salone de curieux renseignements statistiques sur la production, les échanges, les budgets du vieux Canada. La guerre iro- quoise terminée, vers la fin du xvu° siècle, la vie des colons fut, aux bords du Saint-Laurent, rustique, mais assez facile; notre auteur n’a pas de peine à démontrer que le «régime féodal » et les «dimes ecclésiastiques » n'eurent jamais rien de tyrannique dans la Nouvelle- France. La difficulté des relations avec l'Europe, par le cours d'un fleuve gelé quatre ou cinq mois par an, explique la lente ascension du mouvement commercial ; en 1724 seulement, le Canada commence à exploiter ses forêts pour l'exportation; à peine envoie-t-il chaque année quelques chargements de grains en France. Mais la race française, presque bloquée sur ces rivages d'Amérique, entourée d'ennemis indigènes, puis euro- péens, s'est fortement attachée au sol; un type de Canadien-français s'est constitué et vit d'une vie déjà intense au moment de la conquête anglaise. Carleton, le second gouverneur anglais de Québec, ne s'y était pas trompé : «Le dénouement inévitable, écrivait-il en 1767, c'est que ce pays devra être à la fin peuplé par la race canadienne ». Comment s'est réalisée, jusqu'au temps présent, la prophétie de Carleton, c'est ce que nous apprend M. André Siegfried. Si la carrière assignée à la race française au Canada s’est peu étendue, dans ces limites du moins, la maitrise des vieux Canadiens est au- jourd'hui décisive. Mais leur fortune dans l'ensemble du Nord-Amérique ne saurait être indéfinie : en donnant à son ouvrage un sous-titre, les Deux races, M. Sieg- fried résume d'un mot le problème qu'il s'est proposé d'étudier. La race française a été fortement faconnée par son clergé, dans un isolement jaloux où elle s'est largement épanouie, et conserve virilement l'usage de la langue et du catholicisme ataviques. La race anglaise, imprégnée de protestantisme, a su comprendre l'utilité qu'il y avait pour elle à ne pas aliéner les sympathies des Français, en face de la puissante Union américaine. Peut-être M. Siegfried attribue-t-il au facteur religieux une importance un peu démesurée; au voisinage des Etats-Unis, le conservalisme catholique des Canadiens français est beaucoup moins rigoureux qu'il y a vingt ans; à maintenir une intransigeance surannée, le clergé français risquerait de voir grandir à ses dépens l'influence des prètres catholiques irlandais, qui sont sans doute pour lui les plus redoutables adversaires ; il a parfaitement aperçu qu'il devait former une jeu- nesse armée pour les lultes modernes, c'est-à-dire largement munie de science et, s'il est vrai que la langue des affaires soit l'anglais, même à Québec, les Canadiens-français ne sont pas les derniers aujourd'hui à savoir make up money, sans rien abdiquer cependant de leurs traditions toujours chères. M. Siegfried a très bien démèlé, en des pages précises et fines, les traits de la complexe influence américaine sur le Canada voisin; il montre un Canada nouveau grandissant à l'ouest des anciennes provinces, dans la prairie et au pied des Montagnes Rocheuses; il fait res- sortir, par l'exemple du premier ministre lui-même, Sir Wilfrid Laurier, comment le respect des principes se concilie, en ces ämes si différentes des nôtres, avec le plus souple des opportunismes diplomatiques et éco- nomiques, La dernière partie du livre, intitulée « Les BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX relations extérieures du Canada », est pleine d’excd lentes observations, très judicieusement ordonné Colonie loyale de l'Angleterre, le Dominion of Cam: est cependant, en fait, une véritable nation; il a repoussé toutes les séductions d'un impérialisme qui aur atteint sa liberté militaire ou douanière ; qu'il se soil ainsi américanisé par les mœurs et que, formé de deux races très différentes, il demeure pourtant fidèlement, lié à l'Angleterre, c'est là, nous dit justement noté auteur, un véritable chef-d'œuvre de la politique ans. glaise. Et c’est pour nous aussi, Français, quelque chos de constater qu'en ce faisceau robuste de deux on nismes, le plus vigoureux peut-être et sûrement le p original est né d’une semence jetée de France. k Henri: Loris, Professeur de Géographie coloniale à la Faculté des Lettres de l'Université de Bordeaux, Le F: si % 4° Sciences médicales Regnard (D'P.), Directeur de l'Institut nationalagr nomique, Membre de l'Académie de Médecine, Portier (D' P.), Répétiteur à l'Institut national aql'O@M nomique. — Hygiène de la ferme. — 1 vol. de l En cyclopédie agricole.(Prix:5 fr.) J.-B. Baillière et fiISM éditeurs. Paris, 1906. 3 Le traité de l'hygiène de la ferme de MM. Regnard @b Portier diffère profondément de tous les traités publiés jusqu'à ce jour sur le mème sujet. « Tous les traités. | d'hygiène rurale qui ont paru jusqu'à ce jour se res | semblent beaucoup, — écrivent ces messieurs en tête de leur préface — : leurs auteurs ont appliqué à la vien aux champs les principes sanitaires de toutes les aut conditions d'existence. Il y est dit que le froid humid est à craindre aussi bien pour les bêtes que pour le gens et que l’eau de boisson doit ètre saine et abon dante. Quand on a ajouté que les salaisons ne valent pas la viande fraiche et qu'il vaut mieux boire du vir que de l’eau-de-vie, on a donné à ses lecteurs des cons seils indiscutablement bons. D’autres ont été plus lo Ils se sont occupés des cimetières, de leur situatio dans les agglomérations rurales, des caplages et des amenées d'eau dans les bourgades, des assainissements de territoires inondés; sortis de l'hygiène banale et per sonnelle, ils ont versé dans l'hygiène administrative Nous avons voulu faire quelque chose d’un peu diffé rent...; nous nous sommes occupés de la prophylaxie des maladies qui peuvent atteindre l'ouvrier rural et les" animaux qui sont ses auxiliaires. Celui qui voudra bien nous lire trouvera ici le résumé de ce que doi connaître un agronome avisé pour maintenir en bon état lui-même, ses gens et son troupeau. » L'ouvrage comprend trois parties d'inégal développe ment : il traite de facon sommaire de l'habitation du fermier: il expose avec quelques développements pr& tiques la question de l'hygiène alimentaire de l'homm vivant aux champs; il s'étend enfin de façon Il détaillée sur l'hygiène générale et les maladies infeë tieuses des animaux domestiques. La première partie traite de la maison rurale, de cette maison qu'il serait si simple d'organiser et d'en tretenir saine et agréable et qui, malheureusement; réalise, à quelques rares exceptions près, le type dun logement insalubre. — « L'intempérance, l'alcoolisme sont des défauts très rares chez les ruraux de notre pays, disent MM. Regnard et Portier, et cependant la tuberculose, la mortalité infantile font de grands ravages, parmi eux; notre conviction est que la cause de cell état de choses réside, pour une très grande part, dans l'insalubrité des habitations. » — Et ils indiquent à grands traits, mais très nettement, ce que doivent êtres pour rendre saine la maison de l'homme des champss son emplacement, son mode de construction, son mobls lier, son aération, son chauffage, son éclairage, ses moyens d'évacuation des immondices. Incidemment, Hs, rappellent quels sont et comment peuvent ètre réalisés les soins de propreté corporelle des habitants de la BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 199 érme et la désinfection des locaux à la suite de mala- ies infectieuses. Tout cela est dit simplement, claire- ent, agréablement, les auteurs ayant su éviter la séche- se d'une simple énumération, comme l'abondance xagérée des détails. La seconde partie traite de l'hygiène de l'alimentation. és auteurs, qui sont admirablement placés à l’Institut tional agronomique pour savoir que l'agronome de s jours est assez instruit pour pouvoir s'engager dans sentiers de la science pure, n'ont pas hésité à pré- nter un magistral exposé de la question physiologique anutrition de l’homme; ils l'ont fait, d’ailleurs, avec compétence, avec la simplicité, avec la netteté les lus remarquables, grâce à leurs connaissances physio- ques, grâce aussi à leur incontestable talent d'expo- on. Successivement ils nous montrent quels sont la ison d'être et le but de la nutrition; — comment les iments sont transformés dans le tube digestif par les liquides buccaux, gastriques, intestinaux et absorbés ins l'intestin grèle, pour aller, entraînés par le sang, burnir aux divers tissus les matériaux de leur recons- tion, de leur fonctionnement, de la constitution de leurs réserves; — quelle est la ration alimentaire nor- ale de l’homme, et par quelles méthodes empiriques a expérimentales on en a déterminé la valeur et les iations qu'elle peut présenter sous l'influence du Climat ou du travail musculaire; — quelle est la com- “position des aliments usuels de l'homme, viande, œufs, lait, beurre, fromages, farines et pain, légumes et uits; — comment on peut, par les divers procédés de érilisation, débarrasser l’eau destinée à la boisson des npuretés et des parasites microbiens ou autres qu'elle eut contenir dans la mare, dans le puits, dans la urce et dans la citerne; — comment, sous quelle me et dans quelles proportions les boissons fer- entées peuvent concourir à l'alimentation de l'homme. s, quittant le {errain purement scientifique, pour border la question de la réalisation pratique, après oir discuté la nature du régime à adopter (carné, étarien ou mixte), ils donnent quelques exemples menus pouvant convenir aux ouvriers agricoles, enus qui, tout en répondant aux conditions essen- Lbielles imposées par la théorie, se distinguent de la lupart des menus présentés par les ouvrages d'hygiène tique, en ce qu'ils sont assez variés pour répondre besoin qu'a l'homme de changer constamment la ture de ses aliments, ï La troisième partie traite de l'hygiène et des maladies afectieuses des animaux domestiques. Dans une sorte bintroduction, MM. Regnard et Portier nous présentent, résumées en 25 pages, les notions fondamentales et assiques sur les bactéries pathogènes, examinant iccessivement leur morphologie, leur physiologie, leurs | + avec les êtres supérieurs chez lesquels elles bpeuvent se développer. Puis ils passent en revue le poulailler, le colombier, et les maladies parasitaires de 1 poule et du pigeon; l'écurie et les maladies du che- LL la bergerie et les maladies parasitaires du mouton; iechenil et les parasites du chien de garde et du chien de berger; la porcherie et les maladies parasitaires du Lporc; les étables et les maladies du bœuf. Dans cette Longue revue, il convient de retenir plus particulière- ent les articles consacrés au choléra des poules, au tétanos et à la morve du cheval, aux horse-pox, cow- | pox et vaccine, à la clavelée du mouton, aux parasites | intestinaux et à la rage du chien, à la ladrerie du pore, à la trychine et au rouget, au charbon bactéridien du bœuf et à l'actinomycose. Et tout cela se lit facilement, sans qu'il soit besoin de connaitre la nomenclature et les expressions très Spéciales. dont trop d'auteurs obscurcissent pour le grand public, instruit mais non spécialisé, leurs exposés étleurs discussions. Dans un dernier chapitre, qu'on ne saurait trop admirer, à mon avis, et dont on ne saurait trop recom- mander la lecture à tous ceux qui veulent acquérir des notions précises, simples et saines sur la question de la tuberculose, que trop d'auteurs ont compliquée comme à plaisir et hérissée d'obstacles, MM. Regnard et Portier nous exposent l'histoire biologique du bacille de Koch, les lésions pathologiques qu'il engendre chez le bœuf, l'unicité des bacilles tuberculeux, le diagnostic de la tuberculose et la tuberculine, l'étiologie et la prophylaxie de la tuberculose, les rapports de la tuberculose de l'homme et des animaux. On trouvera là, réunies dans une cinquantaine de pages, toutes les notions nécessaires et suffisantes que doit connaître à l'heure actuelle tout homme cultivé, par conséquent tout agronome. MAURICE ARTHUS, Professeur à l'Ecole de Médecine de Marseille. 5° Sciences diverses Machat (J.), Agrégé de l'Université, docteur ès lettres. — Documents sur les Etablissements français de l’Afrique occidentale au dix-huitième siècle. — 1 vol. in-8° de 137 pages. Augustin Chal- lamel, éditeur. Paris, 1906. Tous ceux qui se sont intéressés à l'évolution de notre politique coloniale depuis le xvi° siècle savent à quelles difficultés ils se sont heurtés quand il s'est agi pour eux de consulter les documents originaux. La plupart de ces écrits ont disparu, en totalité ou en par- tie : les autres ont été maladroitement éparpillés dans les archives des différents Ministères, voire même dans celles de nos possessions d'outre-mer. Les textes qui se rapportent aux vicissitudes de nos établissements en Afrique occidentale n’ont pas eu un meilleur sort : aussi devons-nous louer sans réserve M. Machat de la sagacité dont il a fait preuve dans les patientes recherches qui font l’objet de son Mémoire. Cet intéressant travail comporte deux parties. Dans la première, il nous représente les Rapports des Agents de la célèbre Compagnie des Indes sur leurs tenta- tives de pénétration dans le Bambouk septentrional, le pays des mines d'or. Toutes ces relations dénotent la même mentalité et les mêmes préoccupations, quelles que soient la classe sociale des auteurs ou leur plus ou moins complète ignorance. Ces récits d'aventuriers, aussi pauvres de science que de scrupules, hantés par le mirage d'un Eldorado africain qui surexcitait les cerveaux des contemporains de Law, ne font que ren- chérir sur les exagérations de leurs devanciers quand ils ne sont pas de féroces réquisitoires contre leurs rivaux. Dans ce fatras, on retrouve cependant quelques données que la géographie moderne a confirmées : mais ces découvertes ne compensent pas les désastres qu'a subis l’avide et cupide Compagnie des Indes sur la « terre du Galam ». Dans la seconde partie, l'auteur exhume des docu- ments inédits sur Gorée et les comptoirs français de l'A. O. F. de 1763 à 1784. La Guerre de Sept ans vient de nous enlever le Sénégal et les établissements du fleuve : le commerce des esclaves et celui de la gomme sont ainsi passés aux mains de nos rivaux. Sur l'ilot de Gorée qui nous reste et où agonise notre empire colonial, les intrigues de la « Compagnie » finissent par « accaparer jusqu aux magasins et aux navires du Roi »! L'heureux coup de main qui nous rend Saint-Louis et la signature du traité de Versailles qui nous restitue le Sénégal n'amé- liorent pas la situation précaire de nos établissements. Après comme avant la tourmente de la Guerre de Sept ans, l'incohérence de nos entreprises, l'ignorance et la fatuité de nos agents, les alternatives d emballe- ment romanesque et de puéril découragement, enfin et surtout les rivalités mesquines de personnes et d’in- térêts annihilent les tentatives les plus généreuses et les espérances les plus légitimes. # Ces erreurs de l’ancien régime sont-elles bien défi- nitivement reléguées dans le passé et notre Jeune empire colonial n'a-t-il rien à redouter de la persistance de leurs causes? Dr MacLAUD. 800 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 30 Juillet 1906. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. H. Renan à Cons- taté que l’inclinaison mutuelle des deux fils mobiles du micromètre d'un cercle méridien n'est pas absolu- ment constante, mais est fonction de la direction donnée à l'axe optique de la lunette. — M. J. Guil- laume communique les observations de la comète Finlay (1906 d) faites à l'équatorial coudé de l'Observa- toire de Lyon. — M. J. de Schokalsky à mesuré la superficie de la Russie d'Asie par zones, en se servant d'une carte établie d'après le sphéroïde de Bessel, et a trouvé 16.085.530 + 1.890 kilomètres carrés. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. G. Lippmann montre que la dispersion prismatique, utilisée dans le spectro- scope, peut servir de principe à un système de photo- graphie directe des couleurs. — Le même auteur montre que, dans la photographie des couleurs, on peut théo- riquement remplacer le miroir de mercure par l'un quelconque des systèmes inventés pour donner-des franges dans l’espace. — M. P. Fournel à constaté que la résistance électrique d’un acier croît d'abord suivant une loi linéaire; puis, à partir d’une tempéra- ture qui dépend de la composition de l’alliage, la courbe se relève et devient parabolique. — M. F. Meyer, en faisant réagir l'ammoniac sec, liquide ou gazeux, sur les composés halo-aureux, à obtenu les corps : Aul.6AZH°, Aul.AzH®, AuBr.2A7H*, AuCI.12A7H*, AuCI.3AzH*. — MM V. Thomas el P. Dupuis, en faisant réagir le chlore liquide sur diverses substances, ont obtenu avec Ï, du trichlorure; avec Br, du mono- et du tri- chlorure; avec Se et Te, des bi- et tétrachlorures; avec SO®, du chlorure de sulfuryle. — M. H. Pélabon a déterminé les courbes de fusibilité des mélanges ob- tenus en fondant l'argent avec $, Se et Te. Ces courbes indiquent l'existence des composés À AsSe et Ag°Te. — M. Arrivant a reconnu que les alliages de manga- nèse et de molybdène contenant moins de 30 °/, de Mo sont constitués par du manganèse libre associé à l'un des constituants Mn°Mo ou Mn‘Mo, que l’on peut isoler par un traitement convenable à l'acide acétique étendu. — M. A. Buisson à constaté que, dans le dosage de l'ammoniaque dans les eaux par le réactif de Nessler, par colorimétrie ou gravimétrie, la réaction n'est pas totale; il s'établit un état d'équilibre entre les divers éléments en présence. — M. J. Duclaux estime qu'en poussant très loin le lavage des précipités colloïidaux on n'arrive jamais à un composé limite contenant une proportion fixe d'impureté; toutefois, l'élimination de limpureté se fait avec une lenteur de plus en plus grande, — MM. G. Bertrand et A. Lanzenberg on! fait la synthèse de la /-idite cristallisée en réduisant la lactone /-gulonique par lamalgame de Na et amorçant la cristallisation par un cristal de sorbiérite ou d-idite. Elle fond à 730,5; [aln—+ 39,5. — MM. J. Galimard, L. Lacomme et À. Morel montrent que la constitution attribuée par M. Lepierre aux produits azotés qu'il emploie pour la culture des microbes est inexacte. Ses prétendues glucoprotéines à sont des mélanges d'acides monoamidés incomplètement débarrassés d’impuretés non cristallisables. — MM. H. Bierry et Giaja ont mis en évidence par divers moyens l'amylase et la maltase du suc pancréatique. Le suc dialysé sur sac de collo- dion en présence d’eau distillée perd tout pouvoir sur l'amidon et le maltose; il suffit d'ajouter un éleetrolyte convenable pour rendre au suc dialysé ses propriétés. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. G. Baudran a isolé du bacille tuberculeux un toxique alcaloïdique cristallisé ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES | Schweidler ont étudié l'absorption du rayonnementæ | qu'il nomme tuberculinine, et qui, traité par le per manganate, se transforme en un produit possédant des propriétés curatives. — M. F. Marceau a conslaté que le mouvement de bascule des valves de certains Acé phales peut tenir à deux causes : 49 à l'amplitude di férente des mouvements des deux bords de ces valves 20 à la non-simultanéité des mouvements de ces deux bords. — M. E. Jourdy estime que le réseau tectonique de la France est bien orthogonal, comme l'avait décou vert Marcel Bertrand; mais il est double pour la cou verture sédimentaire et différent pour le substratum archéen. a Séance du 6 Août 1906. 1° SCIENCES PHYSIQUES. — M. A. Duboin à préparé deux nouveaux iodomercurates, l'un de sodium, 2Nal, Hgl°.4HP0, l'autre de baryum, BaP.Hgl.5H°0. — M. L: Ouvrard, en faisant réagir la vapeur de SnCl' sur dun borate de chaux porté au rouge vif, a obtenu des rhom ses F la nordenskjüldine, découverte par Brügger. — MM. Ex Leduc et M. Pellet ont étudié l'influence de la tempé rature de déshydratation de l’albâtre sur la prise dun plâtre obtenu. La température de 250° parait être:cellem qui donne la prise la plus rapide. — M. J. Lefèvre a constaté qu'en inanition de CO®, mais en sol amidé, une plante verte peut se développer à la lumière et triple son poids sec, sans qu'il y ait dégagement d'oxygène 29 SCIENCES NATURELLES. — M. Roulier à constaté que les rayons X ont une action élective sur l'ovaire em: tant que glande active à rénovation cellulaire intense L'atrophie peut facilement être obtenue chez les ani maux très petits, sans production d'alopécie. Elle esb très difficile à obtenir chez la chienne et vraisembla blement impossible à déterminer chez la femme. — MM. A. Rodet et G. Vallet montrent qu'il paraît légis time d'attribuer les chutes brusques dans le nombre des trypanosomes du sang, chez le chien, à des crises) de trypanolyse intra-vasculaire en rapport avec une propriété trypanolytique du sang. — M. P. Vuillemin estime que le traumatisme n’est qu'ane cause O0CCa=) sionnelle de l'apparition de formes anormales chez les. plantes ; les causes réelles sont complexes. 4 ACADÉMIE DES SCIENCES DE BERLIN « Séance du 4% Juin 1906. 4 M. Ed. Meyer présente un Mémoire sur les Sumériens | et les Sémites en Babylonie. Les monuments les plus. anciens de Babylone font voir que les Sumériens et les Sémites y représentent deux types ethnographiquess bien définis et distincts. Comme, cependant, les Sumés. riens ne se retrouvent qu'au sud du pays, alors que leurs dieux présentent le type sémitique et non pas sumérien, ils doivent avoir emprunté ceux-ci aux Sémites, Il parait donc bien établi que la populations la plus ancienne de Babylone était de race sémitiquen les Sumériens ayant fait invasion en conquérants dam: le sud du pays. Tout en restant sous l'influence sémis tique, cette partie de la population serait de limpors tance la plus grande pour le développement de la ciis lisation babylonienne, surtout par l'écriture, par elles inventée et développée. « ACADÉMIE DES SCIENCES DE VIENNE. Séance du 21 Juin 1906. n | 1° SCIENCES PHYSIQUES. — MM. S. Meyer et E. von r l'aluminium. Le coefficient d'absorption pour des niches absorbantes infiniment minces est le suivant ur les rayonnements « provenant des diverses sub- inces radio-actives : U, 3.100; Po, 1.050; AcB, 900; B, 500; RaC, 400. —-M. K. W. F. Kohlrausch montre expérimentalement la loi de von Schweidler, près laquelle le nombre des particules x émises par substance active n'est pas constant, mais oscille our d'une valeur moyenne, et que la grandeur de écart est proportionnelle à l'inverse de la racine rée du nombre des atomes prenant part à la trans- mation. — M. F. Hauser : Appareil pour copier les iptions phonographiques sur des plaques. — Mi: B. n et M. H. Kittel, en oxydant par le permanga- alcalin la pinacoline dérivant de la pinacone de Ja éthyléthylcétone, ont obtenu un acide C?H*.C(CH°}. :CH°.COO0H, donnant par réduction un oxyacide. Ce épnier, traité par H?SO0', fournit une cétone C?H°. 1H°}>.CO.CH'. — M. V. Grafe a extrait des fleurs de ve une substance qui se laisse dédoubler en deux ières colorantes rouges, l'une soluble dans l'alcool bsolu, l'autre insoluble, mais soluble dans l’eau. La emière possède la formule C'#H#0°; la seconde est slucoside C*H*0%, renfermant un groupe aldéhy- e qui est chromogène. Le sucre de ce glucoside e dextrose. SCIENCES NATURELLES. — M. F. Steindachner com- ique ses observations sur le Liparophis Bedoti et SLachesis monticola, d'après des exemplaires prove- dant du Cambodge et du Tonkin — Puis il décrit un buveau genre et une nouvelle espèce de la famille Murénidés, voisin des Nettastoma, trouvé à Upolu ; nomme Nettastomops barbatula. — M. L. Cognetti Martiis décrit une nouvelle espèce d'Opisthodrilus Brésil, l'O. r'hopalopera. — M. E. Palla présente la des Cypéracées recueillies par l'Expédition bota- e dans le sud du Brésil. — M. F. Vierhapper inue la description de la flore recueillie dans le de l’Arabie et l'ile de Sokotora. — M. C. Doelter ente ses observations sur la dernière éruption du ve. Il a trouvé trois sortes de cendres bien carac- ées : noires, rouge-brun et grises. Il n'a pu mettre vidence ni chlore, ni fluor libres dans les exhalai- , mais seulement des chlorures et des fluorures. + F. Bier a examiné, au point de vue pétrogra- ique, les roches récoltées aux environs d'Aden. Ce des laves basaltiques à olivine et feldspath et des ytes. Séance du 5 Juillet 1906. IP SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. L. von Schrutka : la solution des équations linéaires de quaternions. + Th. Schmiedt : Sur les problèmes cubiques et traitement constructif du complexe d'axes. — J. Holetschek a essayé de déterminer l'époque able de la redécouverte de la comète de Halley à chaine apparition. Pendant l'opposition 1906-1907, ÿ aura pas lieu de chercher la comète à cause de eur énorme des distances r et 4, et encore moins dant celle de 1907-1908. Par contre, on pourra l'at- re avec certitude vers la fin de 1909. En 1910, la imète retrouvera la même clarté qu'au moment de sa couverte, en août 1835, et sera visible à l’œil nu pen- “la seconde moitié de mars. — M. J. Wiesner a até que, pendant une éclipse de Soleil, l'intensité à lumière diffuse du ciel diminue plus fortement celle de la lumière solaire directe. ScrENcEs PHYSIQUES. — M. R. Boernstein a observé, diverses villes de l'Allemagne et à Bucarest, les ëmes variations annuelles de l'amplitude de la varia- M de température semi-diurne, en relation avee la ne annuelle de la pression atmosphérique. Il en esbde même pour plusieurs stations tropicales. — MSP. M. Exner pose les bases d'une théorie des varia- = Synoptiques de la pression atmosphérique. — 1 MSG. Jaeger montre que, si l'on porte une sphère | liquide conductrice sans poids dans un champ élec- " LL 4 n ! 4 er" ACADÉMIES ET SOCIËÈTÉS SAVANTES 801 trostatique homogène, pour des intensités du champ croissant à partir de zéro, la boule prend la forme d’un ellipsoïide de rotation, puis d’un corps de rotation dont la génératrice est identique à une courbe de Cassini. Au delà, le corps s'étire, devient instable et se déchire. — M. J. von Geitler a constaté que le cuivre et le ruolz entre les longueurs d'onde de 400 à 3.600 centi- mètres, le zinc entre 400 et 1.320 centimètres, ne pré- sentent pas d'absorption anormale pour les oscillations hertziennes. Le pouvoir de rayonnement de deux exci- tateurs congruents est en raison inverse des racines carrées des résistances spécifiques des deux métaux quand le décrément de Hertz est faible vis-à-vis de celui de Joule. — M. C. Bruckner : Préparation et analyse de quelques combinaisons complexes du mercure. — M. V. Neustaedter a préparé l’aldéhyde méthyléthyla- cétique par action de l’amide de sodium et de l’éther monochloracétique sur l'éthylméthylcétone, puis de H°S0* sur le produit formé. Traitée à froid par HCI gazeux, cette aldéhyde se convertit en une modifica- tion trimoléculaire. L'aldéhyde se condense, sous l'in- fluence de KOH alcoolique, en un glycol (CH*)(C?H°) CH.CHOH.C(CH®)(C*H5)CH*OH, avec formation d'acide méthyléthylacétique. — MM. A. Franke et M. Kohn ont préparé les &-glycols par action des combinaisons organo-magnésiennes sur les aldols. Ainsi le formiso- butyraldol donne avec 2CH*Mgl le 2:2-diméthylbu- tane-1 :3-diol, avec 2C*H°Mgl le 2:2-diméthylpentane- 1:3-diol, etc. — M. F. Dautwitz, en condensant l'aldéhyde tiglique avec l’acétone, en présence de NaOH, a obtenu le corps CH*.CH : C(CH®).CH : CH.CO.CH?, Eb. 92°-93° sous 12 millimètres. — MM. V. Grafe et L. von Portheim ont cultivé des germes de Phaseolus vulgaris en l'absence de chaux; à la lumière, la crois- sance est activée en présence de sucres, en particulier de lévulose. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. L. von Lorenz décrit deux nouveaux chacals du nord-ouest de l’Afrique : le Canis somalicus et le C. gallaensis. — M. F. Werner a déterminé 59 espèces de poissons qu'il a recueillies dans le Nil, parmi lesquelles une est nouvelle, le SJa- tinia mongallensis. — M. B. Klaptoez décrit un nou- veau Cestode, le Davainea Pintneri, trouvé dans l'Ou- ganda sur le Numida ptilorbyncha. — M. F. Trauth présente ses recherches sur les couches de Gresten dans les Voralpes autrichiennes. Ces couches se rap- prochent, au point de vue pétrographique et faunis- tique, des formations liasiques littorales de Moravie, du Banat et de Rgotina en Serbie. L. BRUNET. ACADÉMIE DES SCIENCES D’AMSTERD AM Séance du 30 Juin 1906. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. D. J. Korteweg pré- sente au nom de M. L. E. J. Brouwer : Le champ de force des espaces non euclidiens à courbures néga- tives. L'auteur s'occupe successivement de l’espace tri- dimensional, du plan et de l'espace »-dimensional hyperboliques. D’après lui, un champ de force arbitraire peut être engendré par ses deux dérivées (système d'aimants et système de tourbillons), se propageant à travers l’espace suivant une fonction de la distance qui disparaît à l'infini, ce qui mène à la notion du potentiel du champ. — M. H. G. van de Sande Bakhuyzen pré- sente au nom de M. A. Pannekoek : l'intensité luimi- neuse des étoiles de type spectral différent. Les trois types de Vogel. La classification de Pickering (Draper Catalogue); ses classes A (étoiles blanches : Sirius), B à raies d'hélium, G (le Soleil et Capella), K (étoiles rouges : Arcturus), M (Betelgeuze), etc. La classification de Miss A. Maury. La publication de Ejnar Hertzsprung: « Zur Strablung der Sterne » (la radiation des étoiles). Le déplacement parallactique comme mesure de la dis- tance moyenne. L'étude de M. J. C. Kapteyn faisant connaître les composantes = et y du mouvement propre des étoiles de Bradley. Les résultats de l’auteur sont 802 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES résumés dans les tableaux suivants (tableaux F et TT), dont le premier s'applique à toutes les étoiles, le second aux éloiles à mouvement propre et parallaxe considé- rables. fl en déduit quelques résultats : La vitesse linéaire moyenne n'est pas la même pour tous les groupes d'étoiles; elle s'accroît avec le stade du déve- loppement des étoiles. Les étoiles K et M admettent à la fois une surface, un volume et une masse plus con- sidérables que les étoiles F et G; au contraire, proba- blement, la densité des étoiles K et M est assez petite. Quand notre connaissance des étoiles doubles spectro- scopiques se sera accrue dans quelques années, ces résultats, encore un peu problématiques, pourront se vase à l’autre; l'exposé est illustré par six planches. Ensuite M. Onnes présente, au nom de M, C. A. Crom- melin : La mesure de températures très basses. Comparaison d’un élément thermique constantan-acié avec le thermomètre à hydrogène. L'auteur remplace la formule : l L \® Her (ii) d'Avenarius par : # l l 2 t 3 { ‘ ] t 5 k ar A (ru) +e(7) +) +1) TagLeau I, — Intensité lumineuse des étoiles ordinaires. SPECTRE VALEUR MOYENNE mn CO ÉTOILE TYPE n EN dé q T, 0 qi n Maury Dr. Cat. m + ——— ——— —————— I— III B e Orionis 33 3,97 01007 O!'O1S 0!007 G''013% IV IV B—A y Orionis 48 4,31 0,011 0,035 0,01# 0,036 VI— VIII A Sirius 93 3,92 0,040 0,0 4 0,038 0.061 IX— XII F Procyon 9% 4,14 ù,089 0,153 0,095 0,136 XIII — XIV G Capella 69 5,08 0,141 0.157 0,160 0,199 XV K Arcturus 101 3,90 0,126 0,119 0,120 0.096 NUE M Betelgeuze 61 3.85 0.049 0,068 0,050 0.061 baser sur une quantité d'observations beaucoup plus | et évalue les coeflicients. — Enfin M. Onnes présent® considérable. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. H. Kamerlingh Onnes présente la communication n° 94 f du Laboratoire phy- sique de Leyde : Méthodes et ressources en usage dans le laboratoire eryogène. X. Sur les moyens pour obtenir des bains de température constante et uniforme à l’aide d'hydrogène liquide. 1. Introduction. 2. Le liquéfacteur à hydrogène pour l'usage continu. 3. Les compresseurs . et les récipients à gaz. 4. Le refroidissement à l’aide d'air liquide. 5. Les moyens de faire fonctionner le TagLEau Il. — Intensité au nom de M. J. Clay : La mesure de températu très basses. X, Le coefficient de dilatation du verre dé Jena et du platine entre 16° et —182, XI. Compa raison des thermomètres à résistance de platine et hydrogène. XIF. Comparaison des thermomètres à résis® tance de platine et d'or, Représentation de la variation de la résistance de l'or par une formule, — M. HM Haga : Sur la polarisation des rayons Rüntgen. R 4905, M. Barkla publia des expériences (Phil. Trans lumineuse des étoiles à fort mouvement propre. Royal Soc. of London, &. CCIV, p. #47), par lesquelles SPECTRE É ÉTOILE TYPE n Maury Dr./Cat. I— TJII B e Orionis 32 IV— V B — A y Orionis 45 VI — VIII A Sirius 87 IX — XII [i Procyon SG XIII — XIV G Capella 59 >. à 4 K Arcturus 1ot XVI— XX M Betelseuze 61 liquéfacteur. 6. Le siphonnement de l'hydrogène liquide et la manière de démontrer l'hydrogène liquide et solide, 7. Transport au cryostat, fermeture du cycle. XI. La purification de l'hydrogène du cycle. XII. Le cryostat particulier pour les températures de — 252 à — 2699, 4, Principe. 2. Description. 3. Remarques sur la manière de mesurer avec le cryostat. XITT. Prépara- tion d'air liquide à l'aide du procédé à cascades. 1. La méthode régénératrice à cascade est propre au but. 2, Le liquéfacteur à air, 3. Améliorations. XIV. Purifi- cation de l'hydrogène à l'aide de la distillation. Pendant la communication, qui fait connaître les résultats importants d'un travail continu de plusieurs années, l’auteur montra à la Section des quantités assez consi- dérables d'hydrogène et d'air liquides, qu'il décanta d'un L pour | croyait avoir démontré la polarisation partielle dés rayons émis par un tube Rüntgen, en accord avec | prédictions de M. Blondlot. Barkla examina les rayons secondaires émis par lab ou par des matières solides comme le papier, l'alte | minium, le cuivre, l’étain, en mesurant la vitesse d8 décharge d'électroscopes chargés: pour les rayonsh secondaires émis par l'air, le papier, l'aluminium} trouvait des actions maximum et minimum en deu directions, perpendiculaires l'une à l’autre et à direction des rayons primaires incidents, dont la diflés rence se montait à 20 °/,. L'auteur s'est occupé deda même question de la manière suivante : la paroi de devant d'une boîte en plomb, portant tube Rôntgen, S, et S, deux plaques épaisses en lait Dans ces expériences Fi io T0 g= 010 2r/q 6005 0014 00033 51 0,8 0,013 0,036 ü,0086 1,1 0,7 0,040 0,063 0,015 2,5 1,3 0,101 0,141 0,034 0,50 1,4 0,182 0,224 0,053 0,20 1,6 0,120 0,096 0,023 154 2,2 0.050 0.061 0,015 ou 1,6 Soit $, (fig. le | ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 803 es sur une poutre de fer, portant au milieu des rtures de 12 millimètres. Soit À un cylindre mélal- e, fixé à S,, dans lequel se meut un tube de cuivre centré B, muni de deux anneaux R,, R, et d'un suverele en ébonite E portant la baguette de charbon C une longueur de 6 centimètres et d'un diamètre de millimètres, terminée en pointe. L'ouverture enS, ouverte par un disque de papier noir; la paroi de ère du cylindre A est formée par un couvercle lique démontable D. Les dimensions ont élé Hgl À. — Appareil pour l'étude de la polarisation des rayons Rüntqen. —S,, paroi d'une boite en plomb: S,, S,, écrans: Ÿ, cylindre métallique: B, tube de cuivre; GC, baguette de harbon: D, couvercle métallique; E, couvercle d'ébonite ; R,, R;, anneaux, {gen transmis par les ouvertures en S,,S,, S, tombe e la surface extérieure de la baguette de charbon a surface intérieure du tube B; ainsi une pellicule tographique fixée contre la surface intérieure de B à l'abri des rayons Rôntgen directs. Cet instrument et de s'assurer que le faisceau de rayons est ial au cylindre B,et, dans ce cas de marche symé- ue, les deux maxima et minima ne se présentent s. Seule une installation asymétrique engendre Seul maximum. Donc l’auteur concluait : 19 Que les Fig. Autre dispositif pour l'étude de la polarisation des ons Rôüntgen. — K, plaque de charbon: G, tube; les autres lettres comme dans la figure 1, ns Rôntgen ne sont polarisés qu'à un degré minime ; Que probablement les deux maxima et minima de a sont dus à une marche asymétrique des rayons. uite, M. Haga répéta les nouvelles expériences de à (Proc. lioyal Soc. of London, série À, t. LXX VIT, ; 1906) avec le même appareil. Les rayons en tombent dans la direction de la flèche P (fig. 2) ne plaque de charbon K de 12 millimètres d'épais- les rayons secondaires émis par cette plaque nt à travers le tube G fixé sur S,, portant au côté de devant une plaque de cuivre avec une ouverture de 5 millimètres. Des écrans en plomb protègent ce tube contre l’action directe des rayons primaires. En trente heures, l’auteur obtint une photographie montrant deux maxima et deux minima très distincts, dont la Fig. 3. — Lignes à trois phases de l'alcoolate de chloral. position par rapport au plan passant par l'axe de l'ins- trument, normal à la plaque de charbon, démontrait qu'ils étaient dus aux rayons tertiaires émis par la sur- face conique de la baguette de charbon. Par cette expé- rience, les résultats obtenus par Barkla à l'aide d'élec- troscopes chargés sont vérifiés par la photographie. De plus, elle démontre en même temps que les vibrations des rayons Rôntgen sont transversales. — M. H. W. LULETS 25 30° 35° 0° Fig. 4. — Lignes à trois phases du chlorhydrate d'aniline. = Bakhuis Roozeboom : Les lignes à trois phases de l'alcoolate de chloral et du chlorhydrate d'aniline. Les résultats communiqués par l’auteur ont été obtenus par M. Léopold. Dans le premier système, la ligne à trois phases présente la forme CED (fig. 3); T et T, sont les maxima de la pression de solutions à surabondance d'alcool ou de chloral, le minimum intermédiaire T, se trouvant à la proximité du point de fusion F. Dans le second (fig. 4), le maximum T correspondant à la sura- bondance de HCI surpasse 300 centimètres. — M. P. van Romburgh : Sur le triformiate de glycéryle. — M. van Romburgh, au nom de M. W. van Dorssen : % 804 Sur quelques matières dérivées du 4:3:5-hexatriène. 3° SCIENCES NATURELLES. — M.J. W. Moll présente, au nom de M®e M. Nieuwenhuis (née von Uexküll Güldenband) : Les consequences nuisibles de l'exeré- tion de sucre de quelques plantes myrmécophiles. Résultats obtenus en 1901 pendant un séjour de huit mois à Buitenzorg (île de Java), portant sur 70 espèces. — Rapport de MM. Weber, Wiud et van der Stok sur une circulaire du Directeur du Musée océanique à Monaco. P. H. Scnoure. ACADÉMIE ROYALE DES LINCEI Séances de Mai, Juin et-Juillet 1906. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. V. Volterra ajoute d'autres observations et d’autres corsidérations mathé- matiques à ses précédents travaux sur les distorsions des solides élastiques. — M. S. Pincherle : Sur la sin- gularité d’une fonction qui dépend de deux fonctions données. — M. E. Pascal transmet ses observations sur les symboles à quatre indices, dits de Riemann, qui ont tant d'importance dans la théorie des formes différentielles quadratiques et dans le calcul différentiel absolu. — M. E. Bortolotti : Sur les transformations qui laissent invariante la fréquence d'ensembles linéaires. — Sur une recherche de limite. — M. M. Pannelli: Sur les invariants d’une variété algébrique à trois dimen- sions, en considération des transformations biration- nelles. — M. E. E. Levi répond à des observations faites par M. Lauricella sur un théorème de Poincaré relatif aux équations de la Physique mathématique. — M. B. Levi reprend son étude des relations entre le comportement des fonctions dérivées et celui de leurs fonctions primitives. — M. H. Lebesgue répond aux objections et aux critiques faites par M. Levi à ses lecons sur l'intégration. — M. N. Nielsen : Sur quelques propriétés nouvelles de fonctions cylindriques. — M. G. Almansi examine si le principe des travaux virtuels, comme condition nécessaire et suffisante pour l'équilibre, ne peut s'appliquer aux systèmes de corps entre les surfaces desquels se produit un frottement. — M. G. Lauricella démontre que la méthode de Fredholm pour la résolution du problème de Dirichlet, et celle aussi donnée par Jui-même pour l'intégration des équations de l'isotropie élastique, convenablement appliquées, peuvent servir dans le cas des champs infinis. 29 SCIENCES PHYSIQUES. — M. A. Righi décrit et ana- lyse quelques cas, en apparence paradoxaux, de la trans- mission d'électricité à travers un gaz. — M. A. Battelli s'occupe, dans deux notes, de la résistance électrique des solénoïdes par effet de courants à haute fréquence. — MM. A. Battelli et L. Magri ont continué leurs recherches sur la décharge oscillatoire dans les fils de fer, lorsque, dans le champ magnétique rapidement alternatif engendré par la décharge, se trouve préci- sément du fer susceptible de se magnétiser. — MM. A. Blanc et O. Angelucci ont réussi à séparer des sels de thorium contenus dans les sédiments de la source thermale d'Echaillon, un élément très actif, le radio- thorium, dont ces sédiments contiennent seulement des traces. — M. L. Tiéri s'occupe encore de la sensibilité du détecteur magnéto-élastique comme révélateur des ondes hertziennes, etil en étudie le cycle d'hystérèse. — M. R. Arnô poursuit ses recherches sur la variation de l'hystérèse des corps magnétiques dans des champs Fer- raris sous l’action de courants continus, interrompus el alternatifs, et d'ondes hertziennes. —- M. A. Artom ré- sume toutes ses découvertes sur un nouveau système de télégraphie sans fil, à l'aide de documents officiels. — M. F. Piola décrit une disposition pour étudier l'hys- térèse magnétique sous l’action de champs magnétiques oscillatoires, etdonne les résultats qu'il à obtenus avec cette disposition. — MM. F. Piola et L. Tiéri étudient les variations magnétiques produites dans le fer par la torsion. — MM. A. Pochettino et G. C. Trabacchi ont préparé des piles spéciales au sélénium, qui pré- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES sentent des anomalies intéressantes pour la lumi anomalies dont les auteurs donnent notice. — M, Kôrner à entrepris de nouvelles recherches sur substances dites aromatiques à six atomes de carbon — M. G. Pellini apporte une contribution à l’étudeu l'isomorphisme entre le tellure et le sélénium. MM. G. Bruni et A. Contardi s'occupent des réactions de double décomposition qui se produisent entre alcools et les éthers composés. — MM. O. Carrasco“t M. Padova s'occupent de la formation et de la décom position du noyau indolique à l'aide de l’action catalh tique du nickel, — M. A. Manuelli expose ses recherches sur l’action du soufre sur les sels métalliques en sol tion aqueuse, qui démontrent qu’il se comporte commen réducteur, — MM. G. Mazzara et A. Borgo étudient l'action du chlorure de sulfuryle sur le pyrazol. = MM. A. Mazzucchelli et G. Barbero s'occupent potentiel électrolytique de quelques peroxydes, et pa ticulièrement de l’eau oxygénée. — MM. A. Angeli G. Marchetti : Sur les azo-oxy-composés. — M. G. 4 Barbieri s'occupe de quelques formes supérieures combinaison de l'argent, et en particulier du peroxyde que l’on obtient par voie électrolytique. — M. G. Ba gellini étudie l’action du chloroforme et de l'hydra sodique sur les phénols en solution dans l’acétone. M. E. Mameli : Sur la méthylènepyrocatéchine ets quelques dérivés. — M. E. Puxeddu : Isomérie dans série des oxy-azo-composés. Sur le 5-azoisoeugénol® M. E. Rimini : Sur les B-nitroiso-apiols. — M. L. Var zetti s'occupe de la décomposition électrolytique de acides organiques bicarboxyliques, et de l'acide ad pique. — M. G. Ponzio décrit une nouvelle méthode pour la préparation des dinitrocarbures primaires.” M. F. Ranfaldi présente une étude cristallographiqu de quelques sels doubles de l'hydrazine. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. P. Vinassa de Rega critique un travail de M. Krause sur la question à l'existence du Culm dans la chaîne principale des Alp Carniques, et reconnait seulement admissible l'exis tence de schistes, arénaires, ete., du Néo-carbonifà fossilifère qui passent sur le Dévonien et le Silurië — M. A. Rosati donne une étude micrographique dt quelques roches de la Ligurie occidentale. — M. F. Zam bonini fait quelques remarques sur la scheelite de Pt versella. — M. E. Repossi donne la description Ad quelques minéraux qu'il a trouvés dans de petites li clases de la masse granitique du mont Avedé, près d Novale. — M. R. Perotti a étudié plusieurs échantill® de terrains italiens où il a trouvé, largement distribué une forme de Nitrosomonas, dontil décrit les caractè — M.E. Pantanelli établit des recherches sur la pra vertase et sur la réversibilité de l'invertase dans Mucor. — M. V. Peglion signale et décrit les méfai de la péronospore du chanvre dans les plantations ce végétal. — M. N. Cerletti décrit les effets des inje tions de suc d'hypophyse sur l'accroissement somatiqu — M. F. Silvestri donne une description détaillée développement d'un hyménoptère parasite, lAg niapsis fuscicollis (Dalm.) Thoms. (Chalcididae). M. C. Foù a repris les expériences de P. Bert sur l'action de l'oxygène et de l'acide carbonique comprimés sil le protoplasma vivant, étudiant l’action de ces gaz, de l'hydrogène, jusqu'à la pression de cinq atm phères, sur le développement des microcrganismes: M. B. Gosio à fait des expériences qui prouvent q est possible d'accumuler dans les citrouilles, à lai d'arrosages convenables, une grande quantité d'arsemié plus de 0,00#1 °/, d'arsenic pur, métallique. Dans un! autre note, M. Gosio décrit ses recherches sur la p priété que possèdent les moisissures de transforme les produits de la série grasse en ceux de la sénie aromatique, et parle des applications pratiques dence phénomène. ErNesro Mancini. Le Directeur-Gérant : Louis Ouivier. f er Paris. — L. MARETHEUXx, imprimeur, 1, rue Cassette. + 17° ANNÉE 30 SEPTEMBRE 1906 are GARE brut iS ne > DIRECTEUR : Revue générale Po Suenc pures et appliquées LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. Aüresser tout ce qui concerne la rédaction à M. L. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. l. $ 1. — Nécrologie « P. Brouardel. — La Science médicale a perdu récemment, en la personne de P. Brouardel, mort à Paris à l’âge de soixante et onze ans, l'un des hommes jui l'ont le mieux servie et le plus honorée. Nous em- pruntons au discours prononcé par M. Guéniot à l'Aca- émie de Médecine, à la suite des obsèques, quelques enseignements sur la vie et les travaux du défunt : Nommé interne des Hôpitaux, le premier de la pro- notion, en 1859, Brouardel accédait d’un seul bond, en 869, aux deux postes tant enviés de Médecin des Hôpi- ux et d'Agrégé de la Faculté de Médecine. Mais il vait pas encore trouvé sa voie. — En 1878, avec sa nomination de Maitre de conférences pratiques à la Morgue, il inaugure et marque le vrai sens de ses destinées. Les circonstances, la Faculté de Médecine et ses amis le pressent de s'engager résolu- nent dans cette direction. Peu de temps après, en M879, la mort de Tardieu lui livre, sans concurrence, la “chaire de Médecine légale. Dès lors, toute son activité bscientifique va se concentrer sur cette branche spé- “ciale de la Médecine, ainsi que sur l'Hygiène, la Méde- Cine publique et la Déontologie. … Son premier soin est de réorganiser la Morgue sur un “plan inédit qui touche à la perfection. Grâce à son in- telligente initiative, grâce à son zèle et à son dévoue- bment, une Ecole pratique de Médecine légale y est “constituée sur des bases si bien comprises que, nulle kpart, il n'existe d'institution comparable. Comme expert devant les tribunaux, Brouardel fait brapidement prévaloir le principe de ne jamais rien affirmer que l'on ne puisse prouver; il montre qu'à cette règle absolue on doit sacrifier toute vue person- nelle ou hypothétique. Pas d'affirmations sans l'appui d'une preuve péremptoire. Les magistrats font à cette pratique le meilleur accueil, et le crédit de l'expert s’en trouve singulièrement fortifié. Les Notes, expertises ou Mémoires qu'il a publiés en matière de Médecine légale ou d'Hygiène publique sont en nombre trop considérable pour trouver toutes place ici. Signalons, dans le premier groupe, des recherches Sur les asphyxies par les gaz, les intoxications par l’ar- senic, le phosphore, le cuivre, etc., les empoisonne- REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE ments criminels et accidentels, la mort et la mort subite, le mariage, l'avortement, les blessures et acci- dents du travail, et, dans le second, des études sur les épidémies de choléra, de variole, de suette, de trichi- nose, etc., des communications sur la protection de l'enfance, le surmenage intellectuel, l'hygiène des ou- vriers employés dans les fabriques d'allumettes, l’as- sainissement des villes, les falsifications des denrées alimentaires, etc. : La Déontologie médicale est aussi une branche de la science professionnelle qui a reçu de Brouardel de pré- cieuses clartés. Le secret médical, la responsabilité mé- dicale, l'exercice de la médecine et le charlatanisme, la profession médicale au commencement du xx° siècle, sont autant de sujets qu'il a su traiter avec une grande autorité. « Mais, pour apprécier l'immense labeur du défunt, il faut aussi le suivre dans les Académies et les nom- breuses Sociétés dont il faisait partie. C'est en dé- cembre 1880 qu'il entra à l’Académie de Médecine et, depuis lors, il en fut toujours un des membres les plus actifs, soit par ses communications et sesrapports, soit par ses travaux dans les Commissions et sa fréquente intervention dans les discussions. Son influence s'exer- cait avec la même autorité au Conseil supérieur d'Hygiène publique, dont il resta le président pendant de longues années, et à la Société de Médecine légale, dont il était l’âme. En février 1892, l'Académie des Sciences lui avait ouvert ses rangs, au titre de membre libre. ; Lors de la discussion du projet de loi sur la santé publique, il en avait soutenu les dispositions devant les Chambres en qualité de commissaire du Gouverne- ment. De nombreuses et importantes Missions, pour étudier et combattre les épidémies, lui furent également con- fiées, et c’est comme délégué de la France qu'il prit une part prépondérante dans les deux Conférences sanitaires internationales de Rome, en 1885, et de Ve- nise, en 1892. Là, s'appuyant sur les découvertes de Pasteur, il obtint que les pratiques de la désinfection, suivant la méthode française, fussent substituées aux antiques rigueurs des quarantaines. A la mort de Béclard, en février 1887, Brouardel lui 18 806 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE avait succédé dans les fonctions de doyen de la Faculté de Médecine. Il s'y montra administrateur habile autant que dévoué. Sa note caractéristique fut la bienveillance el l’affabilité. En toute occasion, il s’efforçca de prévenir les conflits et de favoriser l'union. Aussi sut-il se faire aimer des élèves comme de ses collègues. Pendant près de quinze ans, il s'acquitta allègrement des devoirs de cette charge. Par le haut mérite de sa personnalité et par le rôle prépondérant qu'il a joué dans les choses de sa profes- sion, Brouardel restera, parmi les grandes figures mé- dicales, comme l’une des plus marquantes de notre époque. La Æevue générale des Sciences doit un particulier hommage à sa mémoire : Brouardel avait accepté de faire partie du Comité de Patronage des Croisières que la Revue organise régulièrement depuis dix ans pour faire connaitre à nos compatriotes les pays étrangers. Il s'intéressait passionnément à cette œuvre. C’est sur ses indications qu'ont été prises, à bord d’/le-de-France, les dispositions concernant l'hygiène des passagers. Chaque fois que la Æevue a eu à préparer une croi- sièré à destination d'un pays lointain, c'est à Brouardel qu'elle s'est adressée pour assurer aux touristes le bénéfice des mesures sanitaires les plus efficaces. Il en a été ainsi, notamment, lors du voyage de la Revue gé- nérale des Sciences dans les régions paludéennes du Caucase. $ 2. — Astronomie Classification des étoiles par leur tempé- rature. — Dès 1873, Sir N. Lockyer commençait ses recherches sur la classification des étoiles d’après leur température et, à la suite de la découverte des sources terrestres de lhélium, ces recherches étaient susceptibles de prendre une plus grande extension. Le développement inégal des spectres vers l’ultraviolet servit de base à la classification provisoire proposée en 1902, et les étoiles utilisées furent réparties en 16 groupes : Le spectre simplifié de l'hydrogène corres- pondant aux plus hautes températures, et les spectres de bandes aux plus basses. Cette classilication, d’ail- leurs, acquiert une valeur supplémentaire de ce fait qu'il y à concordance entre ce criterium et celui que l’on peut également choisir, suivant l'ordre dans lequel apparaissent les lignes de certains éléments. L'un des résultats a été combattu par Sir W. Huggins; mais les récentes recherches de Sir N. Lockyer le con- firment dans son opinion primitive, à savoir que les étoiles du type solaire sont moins chaudes que les éloiles blanches. Instabilité du mouvement des comètes. — Depuis l'appparition célèbre de la comète de Lexell, les questions sur la capture des comètes et sur leurs grandes perturbations ont été traitées à différentes reprises par plusieurs savants : c’est ainsi que l’on connait déjà un assez grand nombre de cas où l'orbite d’une comète a été complètement changée par l'attraction de Jupiter. Il semblerait donc que, souvent, le mouvement d’une comète soit instable; mais, d'un autre côté, étant donné le grand nombre des comètes périodiques, on est tenté de croire que, dans certaines conditions, leur mouvement est stable. D'autre part, introduite dans l'Analyse par M. Poin- caré, la théorie des invariants intégraux donne le moyen de traiter d’une manière rigoureuse la question de la stabilité d'une comète qui, ayant une masse inli- niment petite, se meut dans un système de deux corps dont les masses sont arbitraires. C'est ainsi que M. H. von Zeipel aborde la question dans un très intéressant Mémoire ! : il s'agit de recher- ches et de développements très théoriques, dans le détail desquels nous ne saurions entrer ici, mais où ! Bulletin astronomique (t. XXII, p. 449). . cherche à prouver l'existence d'une corrélation entr l'appareil analytique est manié d'une facon élégante et délicate. Se préoccupant de la stabilité des orbites, l'auteur démontre que, si une comète était hyperbolique pour t —=—, il y a les plus grandes probabilités pour. qu'elle le soit encore pour { =<+ x : si le mouvement relatif des deux masses est circulaire, la comète cap= turée finit généralement par être rejetée à l'infini: s’il est elliptique, la mème capture n'est pas stable. M. H. von Zeipel était déjà connu par d'importantes recherches : mais le problème de l’origine des comètes,… extérieures ou non au système solaire, est un des plus controversés à l'heure présente, et l’auteur y apporte une heureuse et fine contribution. S 3. — Physique du Globe Influence du Soleil sur les volcans. Les cr puseules colorés. — Dans l'Osnabrücker Zeitum M. Grigull, astronome à l'Observatoire d'Osnabrüe les manifestations volcaniques et sismiques, d'une part, et le phénomène des taches solaires, d'autre part On peut mettre en parallèle, certainement, les dates" des éruptions volcaniques mémorables ou des (rembles ments de terre violents avec celles des maxima les. plus voisins pour les taches solaires; mais, déjà, pou la terrible catastrophe du Mont Pelé à la Martiniqu aussi bien que pour le tremblement de terre q détruisit Lisbonne en 1755, la corrélation est beaucoul plus lointaine. Puis les études relatives au Soleil son trop récentes, les périodicités sont assez mal définiess. el si l'on veut remonter le cours des événements his toriques, on risque fort d'attribuer à un maximum ur phénomène qui se produisit, précisément, lors d’uns minimum. ] Certainement, la question est à l'ordre du jour, et assez caplivante, de rechercher les relations qui peuvent exister entre l’activité du Soleil et celle même de not globe; mais nous ne pouvons guère songer, à l'heux actuelle, qu'à l'accumulation de documents et à un& comparaison prudente, comme le montrait dernières ment M. Lagrange dans une conférence devant L Société belge d’Astronomie; les conelusions de M. Gri gull, présentement, paraissent pour le moins hasardée: Mais, du moins, les volcans, par la présence dans l'atmosphère de poussières très divisées à l’état solides peuvent transformer d'une manière caractéristique Ie phénomène du crépuscule, déjà si remarquable em, temps ordinaire par son caractère coloré. La théorie de ces phénomènes optiques se rattache intimement à celle de la diffraction et, à l'occasion des crépuscules\ colorés de 1883 (éruption du Krakatoai, le Professeun Kiessling put même parvenir à en opérer la reproducs tion artilicielle; ses observations crépusculaires et Je mémoire de Physique correspondant furent alors cons signés dans un ouvrage remarquable *. M. Arthur Stentzel s’est également attaché, depuis de longues années, à l'étude des crépuscules colorés, et il publie*, à cet égard, des statistiques détaillées, aveon toutes les conditions d'observation, qui constiluent des documents scientifiques précieux et suggestifs. ! $ 4. — Physique Sur la possibilité de remplacer la bous-, sole magnétique par une boussole de rota= tion. — La tendance à s'orienter en direction nord-sud que possède l'axe d'une toupie astreint à se mouvoir | dans un plan horizontal, tendance qui permet som emploi comme « boussole de rotation », a été si nalée ! pour la première fois, en 1853, par Léon Foucault. Les tentatives ultérieurement faites pour réaliser un dispos sitif permettant l'emploi pratique de ce nouveau genre ——_————…—…— 1 KiesszixG : Dammerungs-Untersuchungen, 1888. è ; 2 Voir Vaturwissenschaftliche Wochenschrift et.Bulletin lé de la Société belge d'Astronomie, t. XI, n° 8, 1906. boussole n’ont pas, paraît-il, abouti à un résultat satisfaisant. Par suite des déformations que subit le champ magnétique terrestre sous l'influence du blindage des navires, les marines des différents pays viennent de prendre ce problème, M. O. Martienssen! a été argé par la maison Siemens et Halske d'étudier la construction d'une boussole de rotation, sur la base des remiers essais de ce genre entrepris, il y a environ lix ans, par M. Werner von Siemens. Voici la descrip- ion du modèle employé par l'auteur : La rose de la boussole B flotte (fig. 1), de facon à reposer avec une pression de quelques grammes sur le palier en pierre C, dans le vase À rempli de pétrole. tte rose consiste en un vase imperméable à l'air, à i fond métallique et à globe en verre, dans lequel le corps de rotation E repose par son axe Msurles roues à friction G. Deux électromoteurs F permettent d'im- primer à cet axe une rotation très rapide, le courant étant amené par le palier inférieur et le fond du vase d'une part, et le vase à mercure H de l’autre. La rose de la boussolesup- porte un poids en plomb D disposé en dessous afin de placer le centre de gravité aussi bas que possible. La position de l'axe de rotation est lue d'une part sur le cercle gradué R au fond de la rose, et de l’autre sur un repère du vase extérieur A. Cetappareilcon- sisle donc essen- tiellement en une toupie dont l'axe est maintenu hori- zontal par la force de la gravité et qui esl suscepti- é ble de tourner en ëme temps que son support autour d'un axe sensi- lement vertical, - Après avoir donné la théorie de l'appareil, l'auteur écrit la première série d'expériences, au cours de uelle la force directrice de la rose de boussole s’est yée être très faible. Après avoir augmenté la stabi- e la rose en disposant des paliers aussi à son bout Périeur, il réussit cependant à accroître fortement celte force directrice. Cette dernière peut même être ) vendue considérablement plus grande que celle d’une boussole magnétique. Aussi l’auteur n'hésite-t-il pas à Métlarer qu'une boussole de rotation est bien faite pour remplacer la boussole magnétique. Il est vrai de dire qu'à bord d'un vaisseau les phénomènes, compliqués Par les mouvements propres du bâtiment, sont loin de produit alors des CI : 1 — Boussole de rotalion. — ; vase rempli de pétrole; B, rose de la Hanscole: C, palier en pierre; D; poids; E, corps de rotation: RP, électromoteurs: G, G, roues à friction; H, vase à mercure; J, con- ducteur; L, pivot: R, R, cerele gradué. Présenter la même simplicité: il se perturbations si importantes qu'on ne peut s'attendre àdes indications correctes de la boussole que dans des 0 À Physikalische Zeitschrift, no 15, 1906, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE | | 807 condilions spéciales, à moins qu'on ne choisisse une suspension à la Cardan à axe fixe. Toutes les variations de la vitesse du navire se traduiront, cependant, encore par une déviation par rapport à la verticale, déviation qui, toutefois, restera minime tant que l'accélération du navire se maintiendra constante. Pour réduire autant que possible ces perturbations, il faudrait accroitre dans une grande mesure la durée d'oscillation du gyroscope; mais, dans ces conditions, il devient proba- blement impossible d'employer la boussole pour la commande du timon. $ 5. — Chimie industrielle La machine à inoculer les vins de Cham- pagne de E. Bourgeois. — Une difficulté méca- nique des plus originales vient d'être élégamment résolue dans l'industrie des vins mousseux de la Champagne. Il s'agissait d'introduire, au travers du bouchon, dans les bouteilles ayant pris mousse, c'est- à-dire à une moyenne de 5 à 6 kilogs de pression de gaz carbonique, des liquides tels que : solutions de tannin, alcool, ferments, réactifs divers, ou encore de remplacer tel volume de vin par un égal volume d’un autre vin ou d’un liquide étranger, et cela, sans qu'au- cune déperdition de gaz ni de liquide, même minime, ne vint amener la perte de la bouteille elle-même. La méthode due à M. E. Bourgeois, extrêmement intéres- sante, ouvre à l'œnologie champenoise des horizons abs0- lument nouveaux; c'est la première fois qu'il est permis de toucher au vin après la fermentation en bouteilles [vins sur lattes, suivant l'expression du métier]. Autre- fois, la seconde fermentation terminée, il fallait irré- médiablement en accepter les résultats bons où mau- vais, et l’on récoltait trop souvent le fruit du hasard. Le problème vient d'être résolu avec élégance et simplicité, et l'on peut voir fonctionner l'ingénieuse machine à Epernay, chez l’auteur, qui a consacré à sa réalisation définitive de nombreuses années. Le liège du bouchon, débarrassé sur un point des portions su- perficielles altérées pouvant souiller le liquide, est per- foré par une longue aiguille creuse, par où arrive l'in- Jection sous pression notablement supérieure à celle qui existe à l'intérieur du flacon, et en quantité exacte- ment mesurée (1 à 2 centimètres cubes). Le trou résul- tant de la piqûre est immédiatement obturé par un pelit fausset en bois dur paraffiné qui en assure l’étan- chéité. Depuis de longs mois déjà, des bouteilles ayant subi jusqu’à trois de ces inoculations n’ont pas perdu la moindre trace de liquide. On remarque que les pré- cipités, obtenus ainsi sous pression, sont infiniment plus rapides et plus complets que sous la pression or- dinaire ; les précipités plus ou moins colloïdes et de mauvais aloi (barres, masques), s’attachant opiniâtré- ment aux parois des bouteilles, vont être modifiés avantageusement; le ferment nocif de la graisse des vins est désormais accessible, dans sa manifestation la plus maligne. $ 6. La contaginsité de la scarlatine et sa pro- phylaxie. — Il est classique de dire que la scarlatine est surtout contagieuse à la période de desquamation. M. le D' Boisson, de Lyon, s'élève contre cette manière de voir *. Il a observé, en effet, une épidémie de scarlatine chez les élèves de l'Ecole de Santé militaire: dans 9 cas. l'origine du contage put être établie; sur ce nombre, 6 furent contaminés par un scarlatineux à la période d'invasion, 2 par un sujet à la période d’éruption, 1 seulement par un convalescent. La scarlatine parait donc contagieuse dès le début, et l’on voit l'importance que prend, de ce fait, l’antisepsie rigoureuse du bucco- pharynx, car l’angine est la règle au début de cette Me ©: ! Annales d'Hygiène Publique et de Médecine légale, 1906, BURE — Sciences médicales 808 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE affection : toutefois, il ne faut pas abandonner les mesures qui seules ont été appliquées jusqu'ici, à savoir l'isolement des malades et la désinfection des locaux, qui ont déjà donné de très bons résultats. Crises oculaires et syndrome pseudo-base- dowien dans Fataxie locomotrice. — A la séance du 5 avril de la Société de Neurologie de Paris, M. Lad. Haskovec, de Prague, a communiqué l'histoire d'un homme de trente-sept ans atteint d’une ataxie locomotrice avancée (pied bot tabétique, crises gas- triques, douleurs en ceinture, atrophie du nerf optique, perte des réflexes, hyperestésie des extrémités infé- rieures, inégalité pupillaire, pupilles rigides, etc.), qui présentait, en outre, une exophtalmie bilatérale. Il ra- contait qu'il avait beaucoup souffert dès le commence- ment de sa maladie de crises douloureuses dans l'œil gauche, lesquelles s’'accompagnaient d’un larmoiement intense. M. Haskovec considère les crises oculaires de ce genre comme un symptôme concomitant de l’ataxie locomotrice; ces crises dépendent d’une lésion du sym- pathique, soit dans son trajet périphérique, soit dans son trajet intra-médullaire. Ce cas est surtout intéressant par la présence de symptômes appartenant à la maladie de Basedow au cours d'un tabes confirmé. Cependant, l’auteur ne croit pas qu'il s'agisse ici d’une combinaison de la maladie de Basedow avec le tabes; en effet, on n'observe ni le goitre, ni la tachycardie, ces deux autres termes de la triade symptomatologique du goitre exophtalmique. A son avis, il s'agit seulement d'un syndrome pseudo- basedowien, dépendant d'une lésion sympathique propre au processus pathologique du tabes lui-même. Il croit qu'un certain nombre de cas décrits comme des com- binaisons de la maladie de Basedow avec le tabes ne représentent qu'un syndrome pseudo-basedowien. L'observation de pareils faits a amené l’auteur à une considération d’ordre plus général : il se croit autorisé à distinguer une maladie de Basedow d'origine nerveuse, qu les lésions nerveuses sont primaires, et une autre maladie de Basedow d'origine toxique, où les lésions de la glande thyroïde sont primitives. Il y a lieu de remarquer aussi que beaucoup de syndromes pseudo- basedowiens avec exophtalmie ne sont point compa- rables aux formes frustes de la maladie de Basedow avec tachycardie, mais sans exophtalmie. $ 7. — Géographie et Colonisation Le Réveil économique de la Chine et les chemins de fer. — Le régime de la porte ouverte fut longtemps, en Chine, un mot vide de sens; il devient aujourd'hui, et de plus en plus, une réalité. A chaque soubresaut de ce grand corps amorphe, insurrection populaire ou guerre, la porte s’entr'ouvre davantage, les réformes pénètrent plus avant. Deux Missions impériales viennent d'être envoyées à l’étranger ; les plus hautes situations sont confiées à des fonctionnaires chinois qui ont séjourné en Europe ou aux Etats-Unis; l'armée est de plus en plus équipée et exercée d’après les méthodes modernes; la presse se développe, tandis que la diffusion des nouvelles abat les cloisons étanches d'autrefois; l'éducation, enfin, s'étend et se transforme, témoin, en particulier, le succès de l'Ecole française de Médecine, fondée par le D: Legendre, à Tchen-Tou, capitale du Sé-Tchouen. Dans cette pénétration des idées nouvelles, peut-être aussi n'a-t-on pas suffisamment souligné la part qui revient à l'immigration, étant donné que le Chinois rentre presque loujours dans son pays et souvent après fortune faite. C’est un commerçant-né ; quels que soient ses débuts, il réussit habituellement à évoluer vers le ——_——————— négoce et à en occuper les premières places : Singa= poor, Manille, Bangkok, Saïgon-Cholon, Georgetown, en offrent des milliers d'exemples. Aussi bien, le grand facteur de la rénovation sera-t-il, là encore, — commé chez les peuples endormis du Levant, — le-réseau des voies ferrées. C'est également la grande question du sort de laquelle dépendent l'avenir politique et l'avenir économique du pays. Les immenses richesses minières: ne pourront ètre mises en valeur que par ce moyens Nous ne sommes encore qu'au début. Mieux vaut d’ailleurs ne pas brusquer le développement de cet outillage, si, comme le croient les hommes qui con naissent le mieux la Chine, la réforme doit ètm d'autant plus profitable qu’elle sera plus lentement pro gressive. La première ligne remonte à 1876: ce n'était qu'un court tronçon destiné à relier Schang-haï à l'avant PO de Wousong. Quinze ans plus tard, un ingénieun anglais construisait la ligne de Tien-Tsin à Chan-haï= Kouan, destinée à l'exploitation des houillères de Kaïping, que possédait Li-Hung-Tchang. Cette ligne fui d’abord prolongée de Tien-Tsin à Pékin, puis, apr une très vive lutte d'influence entre l'Angleterre et l&. Russie, de Chan-haï-Kouan à New-Tchang, où elle se. relie au Transmandchourien. En 1896, un syndicat. franco-belge se formait en vue de la construction d'une | ligne de Pékin à Han-Kéou; la concession fut auto risée à la date du 26 juin 1898 et les travaux comme cèrent aussitôt, maisils furent interrompus pendant I révolte des Boxers, puis retardés par les difficulté résultant de l'établissement du pont destiné à franchib le Hoang-ho. Cette ligne n’en a pas moins été inau= gurée le 9 novembre 1905, et, dès les premiers jours}. le trafic s'est rapidement élevé. Le temps est bien passé où les Chinois détruisaient le matériel du petit chemin de fer de Schang-haï à Wousong; ils semblent comprendre aujourd'hui les avantages du nouve moyen de transport: l’évolution est indéniable. Elle n s'arrête pas là, d’ailleurs. Les futurs chemins de fe seront construits par les Chinois eux-mêmes. La ligne ferrée de Han-Kéou à Canton, qui avait été concédées en 1898, à une Société américaine, vient d'être reprise par le Gouvernement chinois, et tous les efforts poss sibles sont faits actuellement pour trouver dans le pays" même les capitaux nécessaires. D'un autre côté, l'Angleterre et la France cherchent à construire des voies de pénétration vers le Se-Tchouen, et le bassin du fleuve Bleu. Mais les facilités sont iné=, gales. Les projets anglais se heurtent à des obstacles, considérables, venant de la configuration du sol, tandis | que le fleuve Rouge constitue, au profit de l'Indos Chine française, la seule voie praticable; notre Tonkin se trouve ainsi, par sa position géographique, la tête de ligne la plus directe pour se rendre au cœur deda Chine. De là, l'importance de la prolongation dela ligne d'Hanoï à Yunnan-Sen d’abord, jusqu'au Se- Tchouen ensuite. Malgré des hésitations de tracé, les travaux continuent. L'importance de l'œuvre à réaliser mérite certainement tous nos efforts. L'Allemagne, n'apporte pas moins d'ardeur à la construction de son chemin de fer de pénétration dans la riche province du Chan-Toung; le rail atteint déjà Tsinan-Fou. | Dans le développement futur du réseau chinois, on ne saurait oublier que l'un des courants commerciaux les plus intenses suit la vallée du Yang-tsé-Kiang; malgré l'excellente navigabilité du fleuve, une Mole, ferrée parallèle drainerait une grande partie du trafic, en empêchant la congestion si fréquente des transports! fluviaux. Pierre Clerget, Professeur à l'Institut commercial des jeunes filles de Fribourg (Suisse). | Dans une première partie‘, nous avons essayé de de montrer l'idée que le P. Mersenne se faisait du poids spécifique de l'air; nous allons maintenant “marquer quelle part il a prise à la célèbre expé- rience du Puy-de-Dôme. I. — LE P. MARIN MERSENNE ET L'EXPÉRIENCE DE TORRICELLI. Ce n'est pas que le P. Marin Mersenne entrevit le moins du monde, avant Torricelli, le rôle qui “devait être attribué à la pression exercée par l'air pesant. * Les vues émises, plusieurs années auparavant, par Jean Rey, par Beeckmann, par Baliani, par orme cyclique de tous les mouvements qui se pro- duisent dans la Nature, lui suffisent à écarter toutes les difficultés, à lever tous les doutes : “_O «Ce qui fait qu'un souflet s'emplit d'air’, mn ]orsqu'on l’'ouvre, c'est qu'en l'ouvrant on chasse l'air du lieu où entre le dessus du souflet qu'on ausse, et que cet air ne trouve aucune place où aller en tout le reste du monde, sinon qu'il entre “au-dedans de ce souflet. Car, ex suppositione, il “autre lieu du monde. » L'écoulement de l’eau dans un siphon s'explique “d’une manière semblable* : pi « Mais si vous demandez comment le mesme “arrive dans un tuyau, il faut seulement considérer | que, n y ayant poinl de vuide, tous les mouvemens | sont circulaires, c'est-à-dire que, si un cors se nn meut, il entre en la place d'un autre, et cestui-cy Len la place d'un autre, et ainsy de suile; en sorte “que le dernier entre en la place du 1”, et qu'il my à tout un cercle de cors qui se meut en mesme lems. Comme quand le tuyau ABC (fig. 1) -est tout plein d'eau des deux costez, il est aysé à n'y a point de vuide pour recevoir cel air en aucun | P. DUHEM — LE P. MARIN MERSENNE ET LA PESANTEUR DE L'AIR 809 LE P. MARIN MERSENNE ET LA PESANTEUR DE L'AIR SECONDE PARTIE : LE P. MERSENNE ET L'EXPÉRIENCE DU PUY-DE-DOME entendre que ceste eau doit descendre par C, en considérant tout le cercle ABCD dont la partie ABC est composée d’eau, et l'autre CDA est composée d'air, et dont toutes les autres parties se meuvent ensemble. Car y ayant plus d’eau en la moilié de ce cercle BCD qu’en l’autre BAD, il doit tourner suyvant l'ordre des lettres ABC, plustot que suyvant l'ordre des BA lettres CBA, au moyen de quoy te. l’eau coule par GC. Car chasque goutle de ceste eau, estant sortie du tuyau, descend tout droit vers E, et il va de l'air en sa place pour parfaire le cercle du mouvement, lequel air va dans la partie du tuyau AB. » Ces idées, Mersenne les accepte entièrement; ce sont celles qu'il expose, lorsqu'en 1644 il veut ex- pliquer' le fonctionnement de la Fig. 4. pompe aspirante selon les prin- cipes de l'« illustris vir » qu'est son ami Descartes. Il ajoute que « celui qui aura bien compris cette doctrine résoudra sans peine bon nombre de pro- blèmes qui sembleraient fort difficiles par ailleurs. » Or, le 11 juin 1644, Evangelista Torricelli écrit à Ricci pour lui conter la curieuse expérience qu'il venait de réaliser avec un tube rempli de vif-argent. Tout de suite, il explique cette expé- rience comme Baliani expliquait l'ascension de l’eau dans une pompe aspirante : « On peut sup- poser que la force qui empêche le vif-argent de tomber, en dépit de sa nature, a son siège à l'inté- rieur du vase, soit qu'elle provienne du vide, soit qu'elle ait pour cause quelque matière extrême- ment raréfiée. Mais je prétends que cette force est extérieure et qu'elle vient du dehors. Sur la sur- face du liquide contenu dans la cuvette pèse une colonne d'air haute de cinquante milles. Ce n'est donc point merveille si le vif-argent... entre dans le tube de verre et s’y élève jusqu'à faire équilibre à la gravité de l'air extérieur qui le pousse. En un vase semblable, mais beaucoup plus long, l’eau montera à peu près à dix-huit brasses; elle s'élè- ! Voir la Revue du 15 septembre 1906, t. XVII, p. 769. ? Descartes : Œuvres, publiées par Ch. Adam et Paul Mannery, t. Ill, Correspondance, n° CCXCII : Descartes à Mersenne, 2 février 1643; p. 613. * Descartes : (Œuvres, publiées par Ch. Adam et Paul Mannery, t. Ill, Correspondance, n° CCXCVI : Descartes à Mersenne, 23 février 1643; p. 632. 1 F. Mari MerseNvs Minimi Cogilala physico-mathe- matica; De hydro-pneumaticis phænomenis, Prop. XXX VII, p. 166. : 2 EvanGeLisTA TorricELLr : Esperienza dell Argento vivo. (Neudrucke von Schriften und Karten über Meteorologie und Erdmagnetismus, herausgegeben von Professor Dr G. Hellmann, n° 7, Berlin, 1897}. 810 vera plus haut que le vif-argent dans le rapport où le vil-argent est plus lourd que l'eau, afin de faire équilibre à la même cause qui pousse égale- ment l’eau et le vif-argent. » En des tubes où la chambre barométrique a des dimensions différentes, le mercure s'élève toujours à la même hauteur; cela montre bien que la force qui le tient suspendu n’a pas son origine à l'inté- rieur du tube; car la chambre barométrique la plus grande contiendrait une plus grande quantité de matière raréfiée, ou bien encore celte matière y alteindrait un plus haut degré de raréfaction; elle devrait donc exercer une plus forte attraclion et soulever davantage le vif-argent. Michel-Ange Ricci ne garda pas pour lui la nou- velle de cette surprenante découverte; il se hàâta de la mander à Mersenne; en cette même année 164%, le Minime fit un voyage en Ilalie; il en profita pour voir Torricelli à Florence et pour se faire montrer l'expérience du vif-argent; à son retour, il s'empressa de la publier auprès de tous les savants français et étrangers avec lesquels il avait com- merce; et bientôt physiciens, géomèlres et philo- sophes ne s'occupèrent plus que de l'expérience d'Italie. 5 | Les hypothèses les plus diverses étaient passion- nément agitées. La chambre baromélrique était- elle vide, de ce vide que l'École péripatéticienne s’accordait unanimement à déclarer impossible? N'élait-elle pas remplie d'éther, de cette matière subtile que Descartes mettait partout? Plus simple- ment, ne renfermait-elle pas de l'air ou des vapeurs d'une extrême raréfaction? De quelle nature était cette force qui tenait le mercure soulevé au-dessus de son niveau naturel? Torricelli et Baliani l'identifiaient à la pression exercée par l'air pesant; mais les disciples fidèles de Galilée y voyaient la répugnance de la Nature pour le vide; Roberval, qui ébauchait un système d'attraction universelle, rapprochail des phéno- mènes capillaires la suspension du vif-argent dans le tube et l’attribuait à une attraction entre ces deux corps; d'autres encore pensaient que la matière raréfiée dont la chambre barométrique était pleine, cherchant à reprendre son volume paturel, entrainait le mercure. Pour se guider au travers d'un semblable dédale, pour éviter toute erreur, pour marcher d'un pas assuré vers la vérité, il faut user des plus minu- tieuses précautions. On cite une foule d'expériences; des unes on affirme qu'elles ont été faites et qu'elles ont donné tel résultat; des autres, on annonce seulement qu'elles réussiront et produiront les effets que l’on en attend. Celles mêmes qui ont été réalisées ne se montrent pas toujours pareilles aux yeux des P. DUHEM — LE P. MARIN MERSENNE ET LA PESANTEUR DE L'AIR divers observateurs. Ces expériences, il importe de les reprendre avec une minutieuse précision; de fixer lrès exactement les conditions qui assurent succès de chacune d'elles, afin qu'il soit loisibleà chacun de la répéter, d'en varier les circonstances! en notant celles qui influent sur le résultat et celles dont les modifications ne le changent pas. ! Ces expériences, chacun se hâle d'en tirer des conséquences, de les invoquer en faveur de la doctrine qu'il admet, de les opposer à l'opinion qu'il combat; et il se trouve parfois qu'un même fait est cité tour à tour pour ou contre une même théorie. Il imporle que chaque observation soit sou mise à une analyse logique très rigoureuse; qu'un départ exact distingue les propositions dont elle prouve l’exaclitude, celles qu’elle condamne, celles enfin à l'égard desquelles elle ne peut rien. Lorsque leurs conséquences ont été de la sorte passées au crible, les expériences déjà faites suffisent pas à assurer le triomphe de l'une des théories en présence en condamnant irrévocables ment toutes les autres; entre deux ou plusieurs de ces théories, il est encore permis d'hésiter. Il fau s'ingénier alors à de nouvelles expériences qu jugent sans appel les procès demeurés pendants ef qui dissipent les derniers doutes. Suivre une pareille méthode, jusqu'au bout el sans défaillance, n’est point chose aisée; il y fau une trempe d'esprit peu commune. Un sens critiq très finement aiguisé est requis de celui qui pré tend avancer par celte voie; mais il ne suffit point; il y faut joindre encore une abnégalion capable d'imposer silence aux soucis de l’amour-propre ; ce celui qui marche avec cette prudence progresse lens tement; tandis qu'il assure chacun de ses pas, i risque de voir un coureur aventureux, mais heureu lui passer devant et atteindre le premier au but où tendent ses efforts. Aussi compterait-on sans peine au cours de l’histoire de ia Science, ceux qui ont sk suivre celte méthode expérimentale rigoureuse. Or, à l’époque qui nous occupe, il est un homme capable d'en accomplir les minulieuses prescrip: tions. Logicien d'une rare vigueur, doué d'un sen crilique qui, peut-être, n’a jamais élé égalé, il es plus capable que qui que ce soit au monde de so mettre une expérience à un rigoureux examen d'en apprécier la portée avec une extrême justessè d'en tenir la conclusion en suspens tant qu'ell n'aura pas été établie par une preuve irréfutable Cet homme, c'est Blaise Pascal. Le problème soulevé par l'expérience d'Italie était bien digne de tenter un tel esprit. Prendre pour points de départ des faits très netle ment constatés; par une déduction aux maillon solidement éprouvés, en conclure la nature de force qui retient le vif-argent dans le tube de To P. DUHEM — LE P. MARIN MERSENNE ET LA PESANTEUR DE L’AIR 811 elli; la nalure de celte force une fois découverte, mtrer comment elle explique sans peine tous les ets attribués à la mystérieuse horreur du vide; enter enfin, dans toute son ampleur, la théorie pesanteur de la masse de l'air, tel est l’objet e Pascal propose, pendant plusieurs années, aux ts de son génie. A l'accomplissement d’une telle œuvre, il procède une méticuleuse prudence, avec un conlinuel i de ne rien affirmer qui puisse encore prêter itpas être grand clerc pour pressentir que l’auteur idées de derrière la tête et que ces idées sont sément celles que Torricelli mandait à Ricci. as plus que Torricelli, Pascal n’admet l'opinion Vait observé que le vif-argent montait à la même ur dans le tube, soit que l'espace vide füt äcune de ses expériences, à reconnaitre qu'un land vide ne produit pas plus d'effet qu'un petit. si l'ascension du vif-argent dans le tube baro- er, Pascal ne recule pas devant des expériences bles et coûteuses. änfin, si la pression de l'air est la véritable raison effets attribués à l'horreur du vide, les lois de lydroslatique veulent qu'un même liquide s'élève d.même hauteur dans un baromètre vertical el DS un baromètre incliné à l'horizon; Pascal met es soins à soumeltre cetle loi à des épreuves issurément, celui qui conçoit et réalise de telles Dériences possède la clé qui en ouvre l’interpré- ion; il sait qu'en la théorie de Torricelli se trouve plication véritable des faits qu'il constate; s'il était Pascal, il donnerait tout aussitôt ces faits bpreuves très certaines de cette théorie. lais le sens critique de Pascal le met en garde aire cette hâtive conclusion; les Nouvelles expé- es touchant le vide tendent toutes à favoriser trine de Torricelli; maisiln'en est ancuae qui mne sans conteste la doctrine de Galilée, ne qu'un disciple du Pisan ne puisse, avec delque effort, revendiquer pour son parti. L'auteur uvelles expériences touchant le vuide faites dans des avec diverses liqueurs, par BLaise Pascar; Paris, Heot, 1647. va donc laisser en suspens ce que la logique n'a point tranché; il exposera ses expériences sans en tirer, sur la nature de la force qui suspend le vif- argent dans le tube barométrique, des conclusions qu'elles ne suffisent pas à justifier. Son altention à ne rien affirmer qui ne soit très exactement prouvé est si grande, qu’il n'aura pas un mot à changer à son écrit lorsque l'expérience du Puy-de- Dôme aura donné gain de cause à la théorie de Torricelli; mais, si l'épreuve s’élait prononcée en faveur de la doctrine de Galilée, Pascal aurait pu conserver l'exposé de ses Nouvelles expériences sans y apporter la moindre modification. On trouverait difficilement un esprit qui fût, plus exactement que celui de Mersenne, le contre- pied de l'esprit de Pascal. Mersenne n’estnullement un logicien: c'est un artiste; il cultive la poésie et s'adonne avec passion à la musique; le sens cri- tique est assurément la faculté qui lui manque le plus ; en revanche, sa curiosité, toujours en éveil, suffit à peine à alimenter une imagination exubé- rante, désordonnée, prompte à l'enthousiasme comme au découragement. Toute découverte le ravit ; si quelque expérience nouvelle lui est signalée, il n'a cesse qu'il n’en soit informé; en hâte, et par des moyens souvent bien grossiers, il tente de la reproduire; il n'y réussit pas toujours; de son succès ou de son échee, il s’empresse de tirer des conclusions, souvent ingé- nieuses, mais auxquelles il serait imprudent de se fier sans examen. Quelles furent les fluctualions d'une pareille intelligence tandis que se discutait la question du vide, on le devine sans peine. Mersenne avait com- merce avec tous ceux qui agilaient celte question; à peine un fait nouveau était-il découvert, que l'inventeur le lui mandait, en y joignant les com- mentaires qu'il se croyait en droit d'y raltacher; le Minime se trouvait ainsi sollicité tour à tour par tous les systèmes explicatifs que les physiciens ébauchaient, trop bien informé pour ne pas aper- cevoir les difficultés auxquelles chacun d'eux se heurtait, mais trop peu perspicace pour discerner la vérité, pour s’y attacher avec fermeté et pour repousser résolument l'erreur. Toutes les tendances qui agitaient alors la Phy- sique entrainaient cet esprit curieux, cette imagi- nation vive, cette raison indécise; et, toutes, elles laissaient leur trace dans le livre étrange qu'il ré- digeait au jour le jour. _ En ce livre, le dernier que le laborieux Minime ait composé!, deux théories se disputent surtout la 1 Novarum observationum physico-mathematicarum F. Marmi Mersexnt Minimi fomus Ill; quibus accessit Arisrancuus Samius De mundi systemate. Parisiis, sumptibus Antonii Bertier, vià Jacobæà, sub signo fortunæ. MDCXLVIE. 812 faveur de l’auteur: l'une est la théorie de la colonne d'air, soutenue par Torricelli; l'autre est l'explica- tion par une force attractive, explication que Ro- berval défend obstinément ; il ne lui semble pas que la première suffise à expliquer tous les phéno- mènes el il croit indispensable le recours à la seconde. En l'absence d'arguments qui puissent, sans réserve, entrainer son adhésion à une doctrine, Mersenne n'imite pas la sage prudence de Pascal ; au lieu de citer simplement les faits sans en tirer des conclusions prématurées, le Minime se complait à montrer comment les diverses expériences se peuvent concilier avec chacune des théories en présence. Il est intéressant de marquer par un exemple à quel point la manière de procéder de Mersenne diffère de celle de Pascal. Un auteur a récemment atlaqué Pascal avec autant d'érudition que de passion, mais, peut-être, sans être suffisamment informé des choses de l'Hydrostatique ; en sa vive polémique, il a écrit ces lignes” : « Vainement cherche-t-on dans ces inventions de Pascal une idée neuve et utile. La seule expé- rience qui paraisse originale est absurde : ou bien il ne l’a pas faite, ou bien il l’a mal faite et mal interprétée. A l’en croire, il aurait pesé, à diverses reprises, une seringue en expérience dans le mer- cure, après avoir fait varier la hauteur de l’espace vide, en tirant le piston, et il aurait toujours trouvé le même poids. Pascal ne croyait donc pas encore à la pesanteur de l'air. » L'expérience incriminée en ces termes est abso- lument exacte; elle apporte à l'expérience de Tor- ricelli un complément de très grande importance ; tous les traités de Physique en donnent l'explica- tion”; elle est le fondement du haromôtre statique imaginé, en 1670, par Samuel Morland pour déter- miner la pression barométrique au moyen d'une pesée, el du baromètre enregistreur composé en 1782 par Magellan. La poussée de l'air, dont Pascal ne parle pas, est, en effet, trop faible pour qu'il y ait lieu d'en lenir compte en de telles cir- conslances. Voicien quels termes, d'une admirable précision, Pascal décrit son observation: : « Une seringue avec un piston parfaitement juste, étant mise dans le vif-argent, en sorte que son ouverture y soit enfoncée pour le moins d’un ! Férix Marurœu : Pascal et l'expérience du Puy-de-Dôme. I. (La Revue de Paris, 13° année, n° 7, Aer avril 1906: p. 578. Cf. : Zbid., p. 587). > V.J. Mourir : Cours de Physique, t. 1, p. 123; Paris, 1883. * BLaise PascaL : Nouvelles expériences touchant le vide. (Œuvres complètes de BLaise PascaL, 6d. Hachette, 1880; t. IUT, p. 5). P. DUHEM — LE P. MARIN MERSENNE ET LA PESANTEUR DE L'AIR trant par l'ouverture de la seringue, monte demeure uni au piston jusqu'à ce qu'il soit él dans la seringue de deux pieds trois pouces; ma pieds trois pouces, sans qu'il y ail encore aucul espace vide en apparence; c'est-à-dire lorsque piston n'a pas encore quitté le vif-argent de la se ringue, mais qu'il est prêt à s’en désunir, si on tire tant soit peu. De sorte que l’espace vide, &r apparence, quoique tous les corps qui l'environnet tendent à le remplir, n'apporte aucun changemet à son poids, et que, quelque différence de grande qu'il y ait entre ces espaces, il n'y en a aucun entre les poids. » Mersenne a fait, sur un tube barométrique, u observation toute semblable ; voici comment ik rapporte‘ : « Tant de remarques viennent à l'esprit au su de ce phénomène que c'est à peine si l'on p@ toutes les mentionner. Considérons, par exempl le mercure qui s'élève à 2 pieds 1/4 ou 2? pieds et qui, selon l'opinion dont nous nous occupons faitéquilibre au cylindre d'air, quelle que soit d'à leurs la hauleur de ce dernier ; pesons-le à balance, tandis que sa base plonge dans le mere de la cuvette. Il semble que ce mercure devrait à sans poids; pourquoi, en effet, la balance en sou tiendrait-elle quoi que ce soit, puisque la colonne, d'air s'acquilte de cet office ? Cependant l’expérien nous a appris qu'il pèse autant à la balance qué ce cylindre d’air n'existait pas ; il semble bien:que cela signifie que le cylindre d'air n’est pas la caus du phénomène en question. » « On peut répondre à cela, il est vrai, qu autre cylindre d'air fait effort sur le sommet du tube et qu'il comprime ce fond avec une f0 précisément égale à celle avec laquelle le pren 4 Novarum observationum physico-mathematica F. Mari Mersenxt Minimi tomus III. Præfatio 1 ad, torem. P. DUHEM — LE P. | cylindre d'air presse et chasse le mercure de la | euvette et, par l'intermédiaire de celui-ci, le mer- | eure contenu dans le tube. Lors donc que le tube Lestsuspendu à la balance, il pèse de tout son poids ; par cette raison, le cylindre d'air suffirait à expli- quer toutes les circonstances qui se présentent dans l'étude du vide. » Les deux manières de procéder sont en présence el leur contraste éclate aux yeux. … Là, le fait est rapporté avec une grande préci- sion; il est tout prêt à servir de fondement à une déduction ou d'épreuve à une théorie ; mais il est «présenté seul el tout nu, sans qu'aucune interpré- lation prémalurée voile et atténue son immédiate | incertitude. Ici, au contraire, le fait n ‘epparaît qu'au travers “d'une discussion où chacune des théories en pré- msence s'efforce hâtivement de le faire parler en sa faveur, de l’opposer à la doctrine adverse. … Certes, la première facon d'’user de l'expérience “est la seule que la logique reconnaisse comme … légitime, la seule où le physicien n'avance rien dont il ne soit assuré. La seconde est audacieuse- ment imprudente ; elle abonde en affirmalions douteuses, elle expose l’auteur à de fréquentsrepen- tirs, et le livre de Mersenne, que ses contradiclions . continuelles rendent confus au point qu'il défie l'analyse, met en évidence les inconvénients d'une - telle méthode, disons mieux, d’une telle absence de méthode. Mais, d'autre part, cette impatiente curiosité, cetle imagination exubérante qui, de la moindre observation, tirent une foule de corollaires, ne sont- elles pas singulièrement aptes à suggérer des expériences nouvelles, À faire germer des inven- tions ? Nous allons voir que Mersenne fut inventeur. II. — LE P. Mari MERSENNE ET L'EXPÉRIENCE bG Puy-pE-DouE. Pendant une grande partie de sa vie d'homme de science, Mersenne s'était efforcé de délerminer la densité de l'air. Lorsqu'il reçut communication de l'expérience de Torricelli, il ne put pas ne pas remarquer les liens qui unissaient l'explication donnée par le grand géomètre italien au problème qui avait si souvent sollicité son atlention. Ces liens, d’ailleurs, étaient nettement mis en évidence par la lettre de Torricelli à Ricei : « Nous vivons, y était-il écrit, plongés au fond d’une mer d'air élémentaire ; par des expériences non dou- teuses, on sait que cet air est pesant, à ce point que l’air le plus grossier, celui qui est voisin de la surface terrestre, pèse environ 400 fois moins que l’eau. Les auteurs qui ont écrit sur les cré- MARIN MERSENNE ET LA PESANTEUR DE L'AIR 813 puscules ont observé que l'air chargé de vapeurs était visible jusqu'à une hauteur de 50 ou 54 milles au-dessus de nous. Mais je ne crois pas que cetle hauteur soit si grande, car je pourrais montrer que l'air opposerait alors au vide une résistance bien plus grande que celle qu'il oppose, bien que l'on puisse répliquer que le poids attribué à l'air par Galilée se doit entendre de cet air inférieur où vivent l'homme et les animaux, tandis qu'au som- met des hautes montagnes, l'air commence à être très pur et à prendre une densité beaucoup moindre que la quatre-centième partie de la densité de l’eau. » Ces réflexions ramenèrent Mersenne à son pro- blème favori : la détermination du poids spécifique de l'air. À l'examen de ce problème, il consacre tout un chapitre de son dernier ouvrage”. Parmi les solulions nouvelles qu'il propose, plu- sieurs sont, il faut bien l'avouer, dénuées de tout sens. Tantôt il oublie, en une de ses pesées, l'in- fluence de la poussée de l'air, qui suffit à rendre illusoire la méthode proposée; lanlôt il confond un vase plein d'air avec un vase vide, confusion où Jean Rey l'avait d’ailleurs induit en une de ses lettres”. D'autres procédés, sont du moins raisonnables, Lel celui-ci: vase de poids connu, on introduise l'air contenu dans une pompe de compression de volume connu; l'augmentation de poids de ce vase délerminera le poids de cet air et, partant, son poids spécifique. Le Minime rapproche lui-même ce procédé de celui que Galilée a décrit. L'expérience de Torricelli elle-même suggère à Mersenne un moyen de déterminer la gravité de l'air; que l’on pèse un tube barométrique dont la chambre est vide, qu'on laisse pénétrer de l'air dans cette chambre et qu'on pèse de nouveau le tube ; on le trouvera plus lourd du poid de l'air introduit. En sa hâte d'imaginer un procédé nou- veau, le Minime oublie que l'introduction de l'air fera baisser la colonne de mercure dans le tube ; sa trop prompte imaginalion ne laisse pas tou- jours à sa raison le temps de distinguer le vrai du peu praticables peul-être, Qu'en un faux. Il ne parait pas, d’ailleurs, que l'actif religieux ait tenté de mettre en pratique aucun de ces nou- veaux moyens de peser l'air ; il s’en est tenu aux déterminalions qu'il avait obtenues autrefois par le procédé de l’éolipyle; peu précises assurément, elles découlaient, du moins, de principes exacts. Son attention se porte maintenant sur la ques- tion à laquelle Torricelli a fait allusion, sur la rela- 1 Novarum observationum physico-mathematicarum F.Ma- rit MERSENNI Minimr tomus III. Caput VI : De aëre ponde- rando; pp. 101-105. 2 JEAN Rey : Essays , 2t édition, p. 169. 814 tion qui existe entre la hauteur à laquelle monte le vif-argent dans le tube barométrique, la hau- teur de l'atmosphère etle poids spécifique de l'air. Des conséquences auxquelles peut conduire celte relation, il donne divers exemples. Se donne-t-on, par exemple, la hauteur baro- métrique et la hauteur de l'atmosphère? On en peut déduire le poids spécifique de l'air. Une hauteur barométrique de trois pieds el une almosphère épaisse d’une lieue de France corres- pondraient à un air 5.000 fois plus léger que le mercure. Si la hauteur du mercure est de 26 pouces, l'air sera 6.921 fois plus léger que le vif-argent. Doubler ce nombre 6.921 revient à attribuer à l’at- mosphère une hauteur de 2 lieues; le quadru- pler équivaut à lui en attribuer une de 4 lieues. « Mais qu'il nous soit permis d'émettre la con- jecture la plus probable. Nous avons montré ailleurs que l'air élait 1.000 fois au moins plus léger que l’eau, tandis que l'eau est environ 14 fois plus légère que le mercure ; l'air estdonc 14.000 fois plus léger que le mercure. Le cylindre d'air qui fait équilibre au vif-argent doit donc être 14.000 fois plus élevé que la colonne de mercure; d’après nos observations, la hauteur de ce cylindre d'air devrait être au moins de 2 lieues"; en d’autres termes, l'air cesserait d’être pesant à 2 lieues de la terre. » Si la hauteur de l'atmosphère pesante ne surpasse guère 2 lieues, et si le poids de l'air est la cause qui tient le vif-argent suspendu dans le tube de Torricelii, il suffira de s'élever de quelques cen- taines de toises au-dessus du niveau du sol pour voir lahauteur barométrique diminuer notablement. Il est presque impossible de faire le calcul qui vient d'être rapporté sans en lirer aussitôt celte conclu- sion, c'est-à-dire sans concevoir le projet de l'ex- périence du Puy-de-Dôme. Aussi Mersenne a-t-il conçu ce projet et l’a-t-il exposé en détail. Cet exposé se trouve dans la première des deux préfaces” qu'il a mises en tête de son dernier ouvrage. La date à laquelle il fut composé nous est par là connue avec une assez grande précision. Le dernier chapitre du livre fut achevé le 8 sep- tembre 1647. La préface dont nous parlons fut écrite après l'achèvement du reste de l'ouvrage: elle débute, en effet, en annoncant qu'elle va com- pléter les errata déjà insérés à la dernière page du livre. La reproduction du privilège est suivie de ces mots : « Peracta est hæc impressio die 4 Octo- bris 1647 ». C'est donc entre ces deux dates, 8 Sep- ! Le texte dit 12 lieues; mais Mersenne a corrigé cette erreur et rétabli 2 lieues dans les Menda qui se trouvent à la fin de l'ouvrage. ? Novarum observationum physico-mathematicarurm F.Ma- RINI MERSENNI Minimi tomus III. Præfatio [ ad lectorem. P. DUHEM — LE P. MARIN MERSENNE ET LA PESANTEUR DE L'AIR sont au moins à 30 toises au-dessus du sol; si la Li tembre 1647 el 1° Octobre 1647, que Mersenne a ré digé le projet de l'expérience célèbre par laquell l'hypothèse de Torricelli allait être à jamais affermie. Ce projet, d'ailleurs, mérite d'être reproduit en entier : « Si le cylindre d’air est la cause du vide con- tenu dans le tube, ou de la suspension du vif-argent, auquel il fait équilibre, il parait que ce cylindre d’air sera plus court, et, partant, que le cylindre de vif-argent sera de moindre hauteur, lorsqu'on ob: servera au sommet d'une tour ou d'une montagne: Par exemple, les fenêtres du dôme de Saint-Pierre hauteur du cylindre d'air élait seulement une lieue de 2.500 toises, ce cylindre serait moindre de la cinquantième partie de sa longueur lorsqu'on obser= verait près des-dites fenêtres au lieu d'observer auprès de la Confession de Saint-Pierre. » « Mais nous avons montré à la page 204 que le cylindre d'air avait au moins deux lieues de hauteurs dès lors, en l'expérience précédente, on en retran= cherait seulement la centième partie, et le cylindre, de mercure, lui aussi, diminuera seulement de la centième partie de sa longueur; une telle diminu-\ tion, qui serait moindre que la cinquantième parties d'un pied ou que le quart d'une ligne, serait à peine sensible. » « Si l’on expérimentait, au contraire, au sommet d'une montagne haule d’une lieue, le cylindre den, mercure ne devrait plus mesurer qu'un pied et un demi-pouce. S'il n’en était pas ainsi, il faudrait em conclure que le cylindre d'air n’est pas l'explication de ce vide; à moins, cependant, que l'on ne prés tende que la surface supérieure de l'air n’est point sphérique, mais qu’elle s'élève plus ou moins selon: la variélé du relief du sol. » « D'ailleurs, si l'atmosphère est terminée par unes sphère ayant mème centre que la Terre, le cylindre de vif-argent doit être plus élevé à Rouen qu'à Paris, et plus élevé à Paris qu'à Dijon ou à Langres: Rouen, en effet, est plus bas que Paris, de toute la, déclivité de la Seine; cette différence de niveau équivaut peut-être à la hauteur des tours de Notre- Dame de Paris ou de cette pyramide que l’on ad- mire à Rouen ; en outre, la déclivité de la Seine est: encore plus grande, en amont de Paris, jusqu'à sas source ; on en peul dire autantdes autres fleuves. » « Que les Nantais mesurent donc la hauteur du cylindre de vif-argent en leur ville, et qu'ils com parent leurs observations à celles des habitants de Nevers ou de Langres. Ici même, nous avons trouvé qu'il n'avait pas loujours la même hauteur; na- guères, bien que le tube plongeàt seulement dans le mercure, nous avons vu, en présence d'illustres personnages, le vif-argent monter jusqu'à 2 pieds | P. DUHEM — LE P. MARIN MERSENNE ET LA PESANTEUR DE L'AIR S15 pouces et 2/3; je puis citer comme témoins de e observation un très noble jeune homme, doué une intelligence très élevée, César d'Estrées; le illustre abbé de Longpont ; et ces hommes cé- es qui se nomment Launoy, Docteur de la Fa- é de Théologie, Descartes et Roberval. Une autre ervalion à donné un cylindre dont la hauteur k voisine de 2 pieds 1/3, soit 2 pieds et 4 pouces; Ls'en fallait seulement d'une ou de deux lignes; elle navait pour témoins le R. P. Vatier, jésuite; les deux sieurs Pascal, géomètres et philosophes émi- , et un grand nombre d’autres personnes. » e Cette circonstance méritait assurément d'être notée ; on devra désormais en tenir comptelorsqu'on >Xpérimentera soit au niveau de la mer, soit en.des lieux très élevés, et que l'on mesurera avec exactitude la hauteur des cylindres de mercure... » « D'ailleurs, j'incline à penser que l’on trouvera partout même hauteur à ces cylindres de mer- üre. Cela pourra provenir de ce que les change- ais d'altitude ne produisent aucun effet percep- ble parce que la hauteur de l'air est trop grande; est ce qui aurait lieu, par exemple, si les limites Jatmosphère se trouvaient au delà de la Lune. là pourra provenir également d’autres causes in- nnues de nous, ou bien encore de ce que la folonne d'air n'est pas la cause du phénomène. et de nouveau nous resterions en présence une énigme. » Nulle part le génie propre de Mersenne ne se drque mieux qu'en ce passage. De l'hypothèse émise par Torricelli, son imagination lui suggère épreuve caractéristique ; mais, tout aussitôt, à sens d’expérimentateur lui fait découvrir les ases d'erreur qui peuvent rendre malaisé l'emploi celte épreuve ; il use volontiers de subtilité pour prévoir les objections auxquelles une théorie prête euflanc; celte subtilité lui fait deviner l’échap- oire qui sauverait l'hypothèse de Torricelli si bérience proposée ne donnait pas les résultats jWannonce cette hypothèse ; il se trouve ainsi que Minime, après avoir clairement désigné la voie -mènerait à la certitude, demeure dans le doute. Ür, ce passage où nous reconnaissons si nettement émarche habituelle de l'esprit de Mersenne, ce ge qui donne une suile si naturelle au sixième itre des Novæ observationes, il s'est rencontré On y a vu la marque indéniable d’une inspira- lon étrangère, de celle de Descartes. est l'opinion qu'a soutenue récemment M. Félix thieu ‘ : Ainsi, dans le courant de Septembre 1647 — S le 8 — Mersenne revient à l'hypothèse de la Feux Marnieu : Pascal et l'expérience du Puy-de-Dôme, 1 baskevue de Paris, 13° année, n° 7; 1e" avril 1906, p. 584 et colonne d'air qu'il avait définitivement repoussée, et il a l’idée d’une expérience nouvelle, l'expérience à des altitudes différentes. Que cette idée soit de lui, il faudrait ne guère le connaître pour le croire; par l'étude de ses papiers, nous sommes certains qu'elle ne lui a été fournie par aucun de ses corres- pondanis; elle ne peut venir que de Pascal ou de Descartes...» « Donc, ce n’est pas Pascal, c’est Descartes qui a retourné l'esprit de Mersenne et lui a suggéré l'idée de faire l'expérience à des altitudes diverses. Les dates conviennent merveilleusement à cette déduction. Descartes est arrivé à Paris au commen- cement de Septembre 1647, nous dit Baillet, reve- nant de Bretagne, où il a passé l'été avec l'abbé Pi- cot, et c'est précisément après le 8 septembre que Mersenne se met à avoir des idées nouvelles. » Pour être assurés que Mersenne a vu Descartes avant de rédiger sa première préface, nous n'avons que faire du témoignage de Baillet; nous avons celui du Minime; ileite Descartes au nombre des témoins de l’une des expériences qu'il rapporte. Que Descartes ait « retourné l'esprit de Mer- senne », que son influence soit la cause pour la- quelle Mersenne «revient à l'hypothèse dela colonne d'air qu'il avait définitivement repoussée », cela nous semble plus douteux. Il ne nous parait pas que le Minime trahisse en sa première préface une opinion bien différente de celle qu'il a professée aux divers chapitres de son livre, de celle qu'il ex- posera en sa seconde préface; fidèle à ses habitudes d'esprit, il retourne en tous sens l'hypothèse de Torricelli, cherchant à en lirer tous les corollaires qui peuvent être soumis au contrôle de l'expérience ; mais nulle part, pas plus en la première préface qu'au cours de l'ouvrage ou de la seconde préface, il ne se déclare formellement en faveur de cette hypo- thèse ; bien plus, au moment où il décrit l'épreuve décisive à laquelle il propose de soumettre cette supposition, il marque clairement qu'il attend de cette épreuve une condamnation plutôt qu'une confirmation de la doctrine de Torricelli. Quant à déclarer le P. Mersenne incapable d'avoir imaginé seul et sans aucune influence étrangère cette épreuve expérimentale, « il faudrait ne le guère connaître » pour oser formuler semblable affirmation. L'idée de l'expérience qui devait se nommer un jourexpérience du Puy-de-Dôme était un corollaire si naturel de l'hypothèse de Torricelli que nul homme intelligent, semble-t-il, ne pouvait prêter quelque attention à cette supposition sans en tirer de suile cette conséquence. En parliculier,. elle élait comme appelée par les calculs que Mersenne | avait donnés au Chapitre VI de ses Noræ obser- vationes. P. DUHEM — LE P. MARIN MERSENNE ET LA PESANTEUR DE L'AIR Celte idée qui s'offrait d'elle-même aux yeux les moins prévenus, comment eût-elle échappé au regard de Mersenne, à ce regard curieux, toujours en éveil, toujours à la recherche des corollaires surprenants auxquels peuvent conduire les diverses théories, des sujets d'expériences qu'elles peuvent fournir ? En déclarant le Minime incapable d’avoir imaginé l'expérience du Puy-de-Dôme, n'oublie-t-on pas que sa perspicacilé a fait ses preuves, qu'elle à signalé à l'attention des savants des problèmes autrement cachés que celui-là ? € Il avoit, dit Pascal ‘, un talent tout particulier pour former de belles questions ; en quoi il n’avoit peut-être pas de semblable: mais encore qu'il n’eût pas un pareil bonheur à les résoudre, el que ce soit proprement en ceci que consiste tout l'honneur, il est vrai néanmoins qu'on lui doit obligation de plu- sieurs belles découvertes, qui peut-être n’auroient jamais été faites, s’il n'y eût excité les savants ». Lorsque Pascal caractérise en ces termes, que l'on sent si justes dans leur précision, le rôle scien- tifique du religieux qui avait été l’ami de son père et le sien, il vient de rappeler comment, dès 1615, Mersenne avait remarqué, le premier, la courbe qu'il nomma roulette el comment il avait sollicité tous les géomètres d'en étudier les propriétés; on sait quelle prodigieuse moisson de découvertes, en Géométrie, en Mécanique, l'étude de la cycloide réservait à ceux qui devaient suivre les suggestions du Minime. C'est encore à Mersenne qu'apparut tout d'abord ce problème, gros de loute la Dynamique du corps solide: Déterminer le pendule simple qui bat dans le même temps qu'un pendule composé donné. Ce problème, il le proposa à Descartes et à Roberval, qui en amorcèrent seulement la solution, mais qui en prirent occasion de se brouiller à mort; il le proposa également au jeune Christiaan Huygens qui FN pour le résoudre, créer l’une des plus belles théories de la Science moderne. «Il y a là, sans contredit, a écrit Paul Tannery?, un desexemplesles plus remarquablesdel'influence exercée par la correspondance du Minime sur le progrès des Sciences au xvr° siècle. » Rappelons encore que la première idée de la presse hydraulique se trouve nettement indiquée dans les écrits de Mersenne, d’où Pascal n'a eu qu'à l'exhumer * 1! Braise PascaL : Histoire de la roulette, trochoïde ou cycloïde, où l'on rapporte par quels degrés on est arrivé à la connoissance de cette ligne. (Œuvres com- plètes de BLaise Pascar, 6d. Hachette, 1880; t. AIT, p. 337.) ? Pauc Tannery : Les autographes de Descartes à la Biblio- thèque Nationale (Bulletin des Sciences Mathématiques, 2e série, t: XV, p.296;1891). % CF. : P. Duuen : Le principe de Pascal, essai historique appelce autrement Eh bien ! cet homme qui a inventé la presse hydraulique, cet homme qui a lancé dans la Science les deux féconds problèmes de la roulette et du funépendule, osera-t-on prétendre qu'il fût incapable de construire ce simple raisonnement} Si la pesanteur de l'air est la cause qui suspendle vif-argent dans le tube de Torricelli, la haute à mercurielle diminuera lorsqu'on s'élèvera ad sus du sol? Soutiendra-t-on que, pour le condui Non pas qu'il faille, par un excès contraire à cel que nous signalons, prétendre que Descartes plus que Pascal, que cette expérience préoccupe depuis longtemps, n'eût déjà formé le projet l'expérience du Puy-de-Dôme; pour concevoir projet, il n'avait pas eu besoin, assurément, bander tous les ressorts de son prodigieux gén Comme Descartes avait concu sans le secours d'a trui l’idée de cette même expérience, il en cond que nul n'avait pu l'imaginer sans son secou son orgueil démesuré avait de ces facons de sonner. Au xvi° et au xvrr° siècle, il élait rare qu'un aus teur citàt le nom de celui à qui il empruntait une idée ; on faisait grand étalage d'érudition, mais on. énumérait seulement les ouvrages auxquels on ne devait rien; les plus grands esprits ne reculaient pas, devant le plagial; ilen est des exemples tristement, célèbres. En ce temps d'improbité scientifique, la figure du P. Mersenne apparaît auréolée de loyauté. Non! seulement l'honnête religieux cite scrupuleusement ceux dont il s'inspire, mais il orne leur nom des épithètes les plus flatteuses et il décerne à leurs ouvrages les éloges les plus enthousiastes. Or, lorsqu'il propose d'éprouver la théorie de Torricelli en observant le baromètre à diverses ali tudes, il ne fait à personne l'honneur de cette idée, il en parle en homme qui la tient pour sienneA défaut d'autres raisons, celle-là ne nous autoriserait-| elle pas à croire que cette pensée a germé sponla- | nément dans l'esprit du Minime? | Lorsque Mersenne a « formé quelque belle ques- | (Revue générale des Sciences, XVIe année, p. 599, 15 juillet! 1905). 1. P. HUET — LES ÉPOQUES DE PONTE DES POISSONS 817 tion », il la signale sans relâche à l'attention des savants, il les presse d'en donner la solution. Aindi en agit-il avec le projet d'expérience qu'il vient de concevoir; il en entretient ses correspondants, il oudrait qu'ils le missent à exécution. - Le 4 janvier 1648, il écrit ‘ à Constantyn Huygens, père du grand géomètre : “« Me diriez-vous bien le lieu le plus haut de nosire terre qui est à mon advis la montagne qui Sera la plus éloignée de la mer, maintenant icy comme Langres est le plus haut lieu de France; parce que les rivières en descendent jusques à Océan. » “ « Hevelius que vous aurez peut estre vû, dans sa belle Selenographie, tient que la plus haute mon- agne de la Lune a une lieue et demie et celle de Terre n'a tout au plus qu'une lieue. Je voudrois que quelqu'un de vos Messieurs qui font là leur voyage fissent mesurer le Pic Tanarife, dont parle Wosephus à Costa pour avoir esté au haut avec eau de vie et vinaigre, pour ayder la respiration, affin e voir s’il a plus d'une lieue de perpendiculaire ur l’orizon? » « Si nous avions icy une telle montagne, jy mon- lLerois avec du vif-argent et des tuyaux pour voir si | le vuide s’y feroit plus grand ou plus petit qu'icy. Ce qui nous feroil decider necessairement pour avoir la raison de ce vuide comme vous verrez “ans mon Livre d'observations. Do après une réponse de Le annee à Mersenne, conservée, avec les autographes du Minime, à la Bibliothèque Nationale’, l'actif religieux avait écrit, le 4 janvier 1648, à Le Tenneur pour lui demander de répéter l'expérience du vif-argent au sommet du Puy-de-Dôme. Nous avons exposé les faits, cité les documents. N'est-il pas temps de tirer la conclusion? Et cette conclusion ne peut-elle pas avec justice se formuler en ces termes : Torricelli avail expliqué la suspension du mer- cure dans le tube du baromètre par la pression qu'exerce l'air pesant. Si cette explication est exacte, la hauteur de la colonne de vif-argent dans le baromètre doit être moindre lorsqu'on transporte l'instrument au sommet d'une montagne que lorsqu'on l'observe au bas de cette même mon- tagne. L'idée de cette expérience de contrôle est si simple qu’elle a pu s'offrir à l'esprit de nombreux physiciens, entre autres de Pascal et de Descartes. Mais le P. Marin Mersenne, qui l'avait imaginée de son côté, en a, le premier, publié le projet et signalé l'importance, dans un livre dont l'impres- sion fut achevée le 1° octobre 1647. C'est seule- ment le 19 septembre 1648 que l'expérience fut faite, à la base et au sommet du Puy-de-Dôme, sur la demande de Pascal, par son beau-frère Perier. P. Duhem, Correspondant de l'Institut, Professeur de Physique théorique à l'Université de Bordeaux. # LES ÉPOQUES DE PONTE DES POISSONS | EN RIVIÈRE ET EN EAU DORMANTE Suivant que l’on observe les poissons vivant dans l'eau courante ou l’eau dormante, on constale des différences notables dans leurs mœurs. J'étu- dierai, dans ce travail, les époques de ponte. Les documents sont présentés dans l’ordre où ils ont été relevés, et chaque espèce ou chaque groupe d'espèces est décrit dans cet ordre, avec l'indication de la température de l’eau nécessaire à la repro- duction de cette espèce ou de ce groupe d'espèces. I. — Eaux À + 14°. Ce groupe ne fournit qu'une seule espèce, la Perche. En eau dormante, ce poisson dépose ses œufs dans les derniers jours de mars, époque à 1 Œuvres complètes de CarisriaaN HuyGess, publiées par la Société Hollandaise des Sciences. T. Ier. Correspondance (1638-1656), no 40, p. 17, laquelle on constate, certaines années, la présence de ses frayères; mais ce n'est en réalité que vers le 10 avril que l’activité de la reproduction se mani- feste ; elle dure tout le mois d'avril et une partie du mois de mai, montrant un ralentissement pen- dant ce mois et prenant fin vers le 10. La durée de la ponte de cette espèce est donc d'environ six semaines, pendant lesquelles on voit, presque chaque jour, apparaître de nouvelles frayères indi- quant que de nouveaux reproducteurs ont etfeclué leur ponte. Presque toutes les espèces de poissons se réunis- sent en bandes plus ou moins nombreuses pour déposer leurs œufs, mais celle qui occupe ici l'at- tention sort de cette règle : elle dépose ses œufs 1 Cf. Fécix MATHIEU : Pascal et l'expérience du Puy-de- Dôme, II (La Revue de Paris, 13° année, p. 189). 818 P. HUET — LES ÉPOQUES DE PONTE DES POISSONS pendant la nuit; c'est une seule femelle qui con- fectionne la fravère. Celle-ci est constituée d'une seule pièce, en forme de sac ouvert aux deux exlré- mités, affectant une longueur et une largeur en rapport avec la taille du reproducteur ; cette lon- gueur varie de 0,50 à 1°,50 et la largeur est pro- portionnée à celle-ci. Les œufs sont réunis par des anneaux, dont le diamètre égale celui d'une alliance, et soudés sans interruption les uns aux autres, d'une facon merveilleuse : chaque anneau comporte neuf œufs. Quant au mâle, ilest plus difficile d'affirmer qu'il est seul roi-en ce domaine el que quelque indiseret ne vient pas, au moins dans quelques cas, apporter son concours dans la fécondation de la frayère déposée par la femelle. L'incubation des œufs s'opère dans de bonnes conditions, malgré la perlurbalion de la tempéra- ture de celte saison qui correspond à l’équinoxe de printemps; si d’autres espèces ne détruisaient pas en grande partie ces frayères, en ne laissant subsister que des parcelles d'une surface à peu près égale à celle d’une pièce de cinq francs en argent, la présence en trop grand nombre de ce poisson deviendrait funeste aux espèces inoflen- sives. La lutte pour l'existence prend donc les devants, afin de ne pas avoir à supporter, dans l'avenir, les poursuites de cette espèce piscivore qui fait une grande consommalion de Cyprinides; cette lutte, du reste, n'aboutt pas complètement, et la Perche conserve toujours, dans l’eau dormante, une domi- nation exagérée sur les autres espèces. | Environ cinq à six jours après la ponle, les yeux de l'embryon apparaissent et, à parlir de ce mo- ment, il s'agite constamment dans l'œuf en se retournant sans cesse jusqu'à ce que, devenu ale- vin, il lraverse la membrane de l'œuf pour prendre sa liberté ; à ce moment, l’alevin emporte avec lui une vésicule ombilicale qui met cinq à six jours pour être résorbée, d’après des observalions que j'ai pu relever sur des sujets éclos en caplivité, dans l’état le plus étroit de stabulation. En rivière, la Perche procède à la ponte aux en- du 15 avril, plutôt après ceite date; les observations à ce sujet présentent les plus grandes difficultés ; seule, la présence des alevins permet de préciser la date de la ponte; virons la période où elle s'effectue ne dure vraisemblablement que très peu de temps. La différence de l'époque de ponte, entre les deux milieux, est ici insensible, la température des deux sortes d'eaux étant la même au début du printemps; en examinant les espèces suivantes, on constatera des différences de plus en plus grandes, à mesure que s'élève la température de l'eau. celle du 11, sont vérifiées tous les ans pour ainsi assauts terrikles du fait des variations de tempéra II. — Eaux 4 +17. Dans ce groupe figurent deux espèces, la Brême et le Gardon, qui, en eau dormante, déposent leurs œufs les 9, 10 ou 11 mai; ces trois dates, surtout dire sans exceplion; elles marquent le début d'une période de ponte qui se prolonge pendant cinq six jours pour la Brême, el dix à douze pour Je Gardon. Fr Les deux espèces sont confondues en bandes nombreuses sur les mêmes herbiers, déposant leurs. œufs, qui restent fixés aux herbes; ceux-ci, au liew d'être soudés ensemble comme chez l'espèce précé= dente, sont isolés : lorsque la ponte est achevée, le coup d'œil que leur masse offre fait songer à Il grêle dont la terre est couverte après une ondée qui a jonché le sol, tellement la quantité d'œufs est considérable. L'incubation varie en durée suivant l’état de l'atmosphère ; si le temps est clair, le sur- lendemain de la ponte on aperçoit les yeux de l'embryon, et, vers le cinquième ou le sixième jour, a lieu l’éclosion; mais la durée ordinaire de l’ine bation est d'environ huit jours. 1 Les œufs déposés en eau dormante subissent d ture auxquelles ce milieu est alors exposé. Trop cons sidérables sont les oscillations diverses et nocturne de la température de l’eau qui sont préjudiciabless à l'incubation; des pertes assez importantes en ni la conséquence : un champignon se développé) alors, envahit l'œuf et détruit l'embryon. Les œufss alteints sont ceux qui occupent les couches supésl rieures des herbiers; les autres, étant à l'abri dun froid pendant la nuilet des rayons directs du soleil pendant le jour, se trouvent protégés et donnent, naissance à un alevin qui s'élance à la recherche de sa nourriture au sortir de l'œuf. En eau courante, le dépôt des œufs est effectué | par ces deux espèces, au plus tôt, le 25 mai, soit quinze jours plus tard que dans le cas précédent; on ne constate plus ici la promiseuité observée en eau dormante : la confusion des reproducteurs de ces” deux espèces n'existe pas et on relève leur présence sur des herbiers assez rapprochés les uns des autres, mais toujours distincts. III. — Eaux 4 + 18°,5, Les deux espèces représentées dans ce groupe sont la Carpe et le Rotengle, qui, en eau dormanté; pondent du 15 au 20 mai. Dans ce milieu, la Carpe pond pendant trois jours, mais l’incubation des œufs est très laborieuse et ne donne souvent que des résultats insignifiants, même nuls. J'ai observé pendant plusieurs années des Carpes d'assez forte le, vivant dans un lac dont l’eau est cependant nouvelée d'une façon permanente; ces poissons saient de 3 à 4 kilogrammes, et à ce poids peu- t être considérés comme des reproducteurs ssants : une seule femelle de ces sujets aurait suffisante, non seulement pour repeupler le lac ns lequel elle vivait, mais encore pour repeupler une rivière sur un espace très élendu. Je n'ai nais vu l’alevinage qui aurait dû suivre les pontes ces Carpes, et il faut attribuer cet état de choses à la température de l'eau, trop chaude le jour, et riout trop froide la nuit. La Carpe pond vingt jours plus tard en rivière, prsque la température est déjà plus assise, et c'est écart qui cause le désordre de l'incubation. r obtenir des alevins, dans ces condilions, l'in- ubation artificielle peut intervenir utilement en isant éclore les œufs, qu'il est utile de récoller nmédiatement après la ponte; il serait possible dinsi de sauver une certaine quantité de ces œufs. En eau dormante, les deux espèces qui occupent bl'attention se livrent à la reproduction pendant e le deuxième groupe, précédemment décrit, se préparer, en rivière, aux mêmes actes ; il y a ne déjà ici une avance d'environ vingt jours, qui L encore s’accentuer sur le groupe suivant, qui Sente de nombreux cas spéciaux relatifs au sé- jour de nos poissons indigènes dans l'eau dor- te. Ce groupe offre encore cette particularité se livrer à la reproduction, en eau dormante, r ainsi dire au même moment que le deuxième upe, et ce fait ne peut pas se produire en rivière, le deuxième groupe a terminé sa ponte lorsque roisième vient pondre à son tour. Celte situation provoquée par la hausse rapide de la tempéra- ire de l’eau dormante au moment où le deuxième upe a commencé sa ponte : ces deux groupes se résentent presque simultanément dans ce cas. En rivière, la Carpe et le Rotengle pondent du au 10 juin, et cette ponte s'effectue, pour la ärpe, en un seul jour, commencant un peu après ever du soleil, prenant toute son intensilé de heures à 10 heures, pour prendre fin avec la Hüeteurs ont déposé et fécondé simultanément les œufs au milieu des herbiers, immédiatement après eur passage qui ne dure que quelques secondes, on voit apparaitre de nombreux petits poissons qui Seprécipitent derrière eux afin de récolter les œufs épars qui n'ont pas adhéré à une herbe; ils se livrent à des ébats multiples pour se disputer cette proie, s'entrechoquant les uns les autres en nageant ebsautant hors de l'eau dans la lutte épique qui accompagne la recherche de cette manne. Ces petits poissons, d'une taille à peu près égale à la longueur de l'index, imposent des lois à plus grande chaleur, vers 11 heures. Lorsque les repro- P. HUET — LES ÉPOQUES DE PONTE DES POISSONS 819 puissants qu'eux en apparence : aucune mesure, aucune force n'est susceptible d'empêcher ce gas- pillage. Le Rolengle est plus méticuleux, et on peut le voir choisir avec un soin jaloux l'endroit où il pourra confier ses œufs, surveillant l'incubation, venant et revenant sans cesse aux endroits où ils sont déposés, exerçant de la sorle une surveillance active sur sa progéniture : les œufs adhèrent aux herbes comme ceux de la Carpe. Il n’est plus possible ici de fixer exactement le temps de l’incubation; les espèces qui ont pondu précédemment, et dont les alevins sont éclos, don- nent lieu à une circulation intense de jeunes pois- sons, qui masque le phénomène à observer. IV. — Eaux a +199 4 220, La ponte de ce groupe est effectuée, en eau dor- mante, du 25 mai au 10 juin, et en eau cou- rante, du 15 juin au 15 juillet. On y compte cinq espèces pour la reproduction en. eau dormante, et six pour la reproduction en eau courante, en dehors des espèces pour lesquelles l'observation fait défaut. En eau dormante, ces espèces sont : le Chevaine, dont la reproduction n'aboutit pas; le Goujon, dont la reproduction n’aboulit pas; l'Ablette com- mune, douteux; la Tanche, dont la reproduction donne des résultats ; la Bouvière, dont la repro- duction donne des résullats. Ces cinq espèces se préparent à la reproduction ; elles se bornent au gesle si les conditions ne sont point favorables. Elles se rassemblent peu de jours après la ponte du troisième groupe, alors qu'en ri- vière leurs rassemblements manifestent des écarts de vingt à quarante jours suivant l'espèce. Les pontes du Chevaine et du Goujon demeurent stériles ; celle de l'Ablette commune est incertaine; enfin, la Tanche produit quelques descendants, ainsi que la Bouvière, dont la multiplicalion est considérable ; la pelite taille de cette dernière, qui n'offre aucune valeur économique, en fait un vasle garde-manger pour les espèces piscivores qui respectent des espèces plus utiles. La Tanche, qui figure dans ce groupe, offre cette parlicularité de se reproduire deux fois en eau dor- mante, pendant la belle saison; elle effectue sa première ponte fin mai ou, au plus tard, les pre- miers jours de juin, et une deuxième à l'époque où elle procède à sa ponte unique en rivière, vers le 45 juilletet au delà; elle a donc eu le lemps, entre les deux dates, de reconstituer un nouvel ovaire. D'autres espèces possèdent également cette faculté de reproduction double, telles que la Bou- vière et le Gardon; mais, pour ce dernier, la chose 820 D' J.-P. LANGLOIS — REVUE ANNUELLE D'HYGIÈNE est d'ordre moins général et ne présente que des cas particuliers sans importance réelle : c'est là une caracléristique des modificalions que l’eau dormante impose aux mœurs des poissons de nos rivières. En eau courante, le Chevaine pond le 20 juin; le Barbeau, le 25 juin; le Goujon, le 10 juillet: l’Ablelte commune, le 10 juillet; la Bouvière, le 10 juillet et la Tanche, le 15 juillet. En rivière, la Tanche dépose ses œufs en plu- sieurs pontes échelonnées à plusieurs jours d'in- tervalle, alors qu'en eau dormante elle la répand en une seule journée; en outre, quelques sujets déposent leurs œufs à une époque très reculée, et celte année, j'ai pu observer une Tanche de riviere, à la date du 28 juillet, qui était en pleine période de ponte. C’est done pendant la saison chaude et des jours longs que l'on peut constater la plus grande activité dans la reproduction des espèces vivant en rivière. TABLeAu |. — Comparaison des pontes. EN EAU COURANTE EN EAU DORMANTE] Perche . 10 avril. 15 avril. Brème-Gardon . 11 mai. 25 mai. Carpe-Rotengle . 20 mai. 10 juin. Chevaine . 25 mai. 20 juin. Barbeau CN Door 25 juin. Ablette commune. . 30 mai. 10 juillet. Goujon. 30 mai. 10 juillet. Tanche. . 30 mai. 15 juillet. Bouvière . . 30 mai. 15 juillet. TagLeau Il. -- Récapitulation numérique des pontes pendant les périodes du printemps et de l'été. & l * 4. EN EAU DORMANTE EN EAU COURANTE Avril. l espèce. 1 espèce. Mai. . 9 espèces. 2 espèces, Juin . . néant. 4 espèces. JOUET NIET EE néant. 4 espèces. } Les lableaux Let Il, ci-dessus, ne mentionnent, pas la deuxième ponte des espèces vivant dans l’eau dormante ; cette disposition en fait donc d simples tableaux comparatifs. Pour être complet, il aurait fallu ajouter, dans le mois de juillet, le nom ou la numération des espèces effectuant une double ponte. Mais jai surlout tenu, dans cel article, à mettre en évidence les différences qui résultent de l'influence du milieu. TagLeau IL. — Époques d'interdiction de la pêche pour une période de deux mois. Ÿ EN EAU DORMANTE EN EAU COURANTE En chiffres ronds : Du 15 avril au 15 juin. Du 15 mai au 15 juillet, En chiffres réels : Du 5 avril au 5 juin. Du 20 mai au 20 juillet. P. Hüet, Ancien préparateur au Muséum national d'Histoire naturelle REVUE ANNUELLE D'HYGIÈNE PREMIÈRE PARTIE : LES MALADIES TRANSMISSIBLES. HYGIÈNE URBAINE La lutte contre les maladies lransmissibles, celles que l'on est en droit d'appeler les maladies évitables, se poursuit avec ardeur ‘dans tous les pays civilisés. Le voile qui nous cache le méca- nisme de l'immunité naturelle ou artificielle se soulève peu à peu. Mais il faut avouer qu'actuelle- ment, pour le spectateur impartial qui ne veut pas se laisser endoctriner par une École exclusive, il il est encore difficile de se faire une idée exacte des processus suivis dans l'organisme vivant pour lutler contre linfection présente ou future. Aussi, dans celle revue d'Hygiène, laissons-nous ce point de vue pour n'envisager que les résultats pra- liques obtenus vis-à-vis d’un certain nombre de maladies contagieuses. À dessein, nous avons limité le passage relatif à la tuberculose à quelques points spéciaux; l'excellent article de M. Romme paru dans le numéro de la /?evue du 30 juin 1906 nous bien dispensait de nous étendre plus longuement sur les mesures prophylactiques proposées. I. — FIÈVRE TYPHOIDE ‘. Les opinions sur le mode de contagion et, par! suile, sur la prophylaxie de la fièvre typhoïde ont, ! Bibliographie : Tazayraca : La lutte contre la fièvre typhoïde en Alle- magne. Revue d'Hygiène, avril 1902. Fieker et Horrmans : Ueber neue Methoden der Nachweïse von Typhusbacillen. Hygienische Rundschau, 1904. { J. Smonix : L'eau de caserne et la fièvre typhoïde. Bul-| letin médical, 1905. Narran-Lannier : Presse médicale, 190%. Bassence-Mannn Meyer : Deut. Med, Wochenschrift, 4905. | Kozce : Veræffentlichungen aus dem Gebiet des Militar-\ sanitætswesen, fase. 28, 1905, Berlin. Î Jos et Grusez : La vaccination antityphoïdique. Revue’ d'Hygiène, mai 1906. | À (l D' J.-P. LANGLOIS — REVUE ANNUELLE D'HYGIÈNE 821 singulièrement varié dans ces dernières années. France, les partisans de la théorie hydrique lominent encore, el, aussitôt qu'une épidémie de vre typhoïde éclate dans une localité, on incri- nine l’eau ; cependant, dans les milieux militaires êmes, il se produit une heureuse réaction et, sans jeter le rôle étiologique incontestable de l’eau Souillée, on se préoccupe de plus en plus des autres Ainsi Simonin, agrégé du Val-de-Grâce, dans une étude sur l’eau des casernes, n'hésite pas à conclure ue la consommalion constante d’eau bactériolo- quement pure-n’éteindra pas la fièvre lyphoïde La campagne menée par Chantemesse sur le rôle es mouches comme agents de propagalion des infectieuses commence à ces idées qui, depuis plusieurs années, avaient été répandues à l'étranger par Nutlall et d'autres. En Allemagne, l'École bactériologiste, avec och, par une réaction certainement excessive, ègue au second plan la contagion par l'eau. tant de ce principe que la longévité du germe iphique en dehors du corps humain est exception- éllement courte, elle pose carrément en principe “que c'est le contact qui est dangereux, qu'il faut aiter une épidémie de fièvre typhoïde comme Eberth ne réside pas seulement dans l’inteslin. eufeld l'a isolé des taches cutanées; Petruschki a ent pendant l’élat aigu, mais longtemps après la période de convalescence. Doenitz rapporte le cas de la femme d'un gendarme qui, six mois après sa étude d’une épidémie violente de dothiénen- Mérie dans un district rural de la Prusse Rhénane, ‘par Frosch, plaide en faveur de la théorie de la contagion directe. L'eau ne pouvait être incriminée ebla morbidité a surtout frappé les femmes et les Ex Suite de la note de la page précédente : | Parauo-BLaxnini : Profilassi specifica del tifo addominale. Annali d'Igiene sperimentale, 1905. ErreoeL : Die Typhusuntersuchungen. Hygienische Rund- schau, 1906. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906, enfants qui se trouvaient en rapports inlimes avec les malades. Les mesures prophylactiques ont été appliquées avec la rigueur allemande. La déclaration obliga- toire prescrite dans le district de Trèves, dès 1900, entrainait une contre-visite médicale par le méde- cin du district. Autant que possible, le malade était transporté immédiatement dans une baraque d'iso- lement Doecker; mais la loi allemande ne permet l'hospitalisalion d'office que pour les cas d'extrême nécessité et après avis de la Commission médicale de la province; si le malade restait chez lui, une plaque noire apposée à la porte de la maison signalait le cas. Le Service sanitaire procédait à une désinfection rigoureuse et renouvelée, avec crésol, lait de chaux et chlorure de chaux ; les convales- cents, les parents ou domestiques étaient soumis à la surveillance sanitaire, c’est-à-dire que, deux fois par semaine, les excreta (fèces et urine) et le sang étaient soumis à un examen bactériologique. Des mesures aussi rigoureusement exécutées amenèrent rapidement l'extinction de l'épidémie. L'observalion de l'épidémie de l’Asile d'aliénés d'Andernach (35 cas sur 500 internés en septembre 1905) estunénouvelle preuve de la contagion directe. La seule cause d'infection fut une vieille femme, employée à l'épluchage des légumes, dont les déjections étaient très riches en bacilles typhiques. Les mesures prophylactiques allemandes ont élé singulièrement favorisées par les progrès apportés dans les procédés pour la recherche du bacille typhique. La méthode de Drigalski-Conradi date de 1902, mais elle a subi successivement de nombreux perfectionnements, et aujourd'hui elle permet de reconnaitre rapidement le bacille d’Eberth dans les selles et dans le sang. L'identification du bacille cultivé sur milieu lactosé et lournesolé se réalise par la réaction agglutinante avec du sérum d'ani- maux immunisés. Koch, comme nous le disons plus haut, appuie ses considérations sur le peu de résistance du bacille typhique dans l’eau et sur la rareté de sa découverte dans les eaux suspectes. La multiplicité même des procédés préconisés pour rechercher ce baeille dans l'eau montre que les bactériologistes sont encore à la recherche d’une méthode sûre pour isoler l’agent incriminé. Depuis que Roth a montré que l'addition de caféine au milieu de culture favorise la vitalité du bacille d'Eberth en arrêtant le développement du colibacille, on a proposé de nombreuses modifications ; c’est ainsi que Ficker, en précipitant l’eau incriminée par le sulfate de fer, en centrifugeant, puis en ensemencant après pullulation en milieu caféiné sur plaques de Dri- galski, affirme pouvoir reconnaitre la présence du bacille quand un seul individu de cette espèce à 18* 822 D' J.-P. LANGLOIS — REVUE ANNUELLE D'HYGIÈNE été mêlé à 50.000 autres germes. Nous ne pouvons rappeler ici les autres procédés publiés dans ces trois dernières années. Nous n'avons pas, dans une revue d'Hygiène, à parler du traitement de la fièvre typhoïde, mais, par contre, les essais de vaccination contre cette redoutable maladie méritent de fixer l'attention. Déjà Chantemesse avait indiqué l’immunisation possible des souris, et, plus récemment, il n’hésita pas à immuniser le personnel de son service de typhiques par des injections préventives. Deux ten- tatives ont été faites dans ces dernières années, par les Anglais, pendant la guerre sud-africaine et, plus récemment, dans leur armée des Indes, et enfin par les Allemands pendant la campagne contre les Herreros. Les Anglais ont utilisé le vaccin de Wright, obtenu en stérilisant par la cha- leur une culture en bouillon de bacilles typhiques ; les Allemands ont surtout employé le procédé de Pfeiffer-Kolle: injections de doses élevées d'une culture sur gélose chauffée à 60°. Citons encore les méthodes de Bassenge-Rimpau : doses faibles de cultures sur gélose; de Wassermann : inoculation de poudre vaccinale; de Neisser-Shiga : injection de culture filtrée. Nos connaissances sur les propriétés du sérum des typhiques en voie de guérison et, par suite, immunisés contre de nouvelles attaques, ont permis de vérifier expérimentalement la valeur des diffé- rentes vaccinations proposées. Les travaux de la Commission allemande de l’Institut des Maladies infectieuses de Berlin, sous la direction de Kolle, ceux de Paladino-Blandini en Italie permettent de juger l'efficacité de ces méthodes. La vaccination doit donner au sérum de l'indi- vidu vacciné un pouvoir bactériolytique et aggluli- nant vis-à-vis du bacille typhique au moins iden- tique à celui du sérum des individus immunisés par une allaque antérieure de fièvre typhoïde, et, d'autre part, elle ne doit pas provoquer de réactions trop intenses. Le procédé Pfeiffer el Kolle, qui est considéré comme le meilleur par la Commission allemande, donne lieu malheureusement à des réactions géné- rales: fièvre, tachycardie, albuminurie souvent inquiétantes. Quant aux résultats pratiques, ils sont encore peu nets. La morbidité typhique dans l’armée anglaise sud-africaine aurait élé réduite de 60 °/, à la suite des vaccinations de Wright: c’est un beau résultat s’il peut être confirmé. Dans l'Afrique allemande, Stendal et Schian estiment que les ino- culations préventives Pfeiffer et Kolle, faites sur 2.000 soldats, ont élé cerlainement pour beaucoup dans la diminution dela morbidité dans les troupes envoyées contre les Herreros. 1 Le corps d'occupation de Tunisie et d'Algérie paie chaque année un lourd tribut à la fièvre typhoïde ; il serait indispensable que notre Service. sanitaire entreprit des essais dans nos postes les. plus dangereux. " IT. — Fièvre JAUNE!. daim Les travaux de la Commission américaine à Cubæ en 1901 ont très nettement établi les conditions épidémiologiques de la fièvre jaune. À Si l'agent pathogène n'a pas encore élé rigou reusement caractérisé, on sait qu'il existe danse sang des individus infectés depuis douze jours qu'il est excessivement petit, puisqu'il traverse les" filtres Berkefeld, qu'il est très fragile, un chauffage de dix minutes à 55° suffisant à rendre le sang” direct de ceux-ci paraissent sans danger. Ces faits ont recu une confirmation complète depuis 4901, par les recherches de Guiteras à la Havane, de Ribas et Lutz au Brésil, des Commissions allemande et fran çaise du Brésil. La note discordante est donnée. par Hebbins King, ancien médecin en chef de l'ar= mée de Cuba, Treille, et surtout Sanarelli, le défen® seur du bacille ictéroïde et l'adversaire déclaré de la théorie culicidienne de Finlay. Le rôle d'un moustique particulier, le Stegomya fasciata, ayant été établi par les travaux cités, était intéressant de savoir si d’autres moustiqu pouvaient être incriminés ; les enquêtes poursuivies" simultanément sur ous les points où sévit la fièvrèm jaune ont démontré que, seul, le Sfegomya devai être mis en cause. Cette observation est des plus importantes, car ce Stegomya présente heureuse=\ ment une extrême sensibilité aux variations ther\ miques. C'est un moustique thermophile qui pullule vers 28°, meurt au delà de 39° et s'engourdit au-dessous de 13°; il suffit même que la tempéra=4 ture nocturne soit inférieure à 22° en moyenne; pour que le redoutable insecte ne puisse plus se développer. Ces observations expliquent comment | pc 1 Bibliographie : De AxbkaoE : Febro Amarella e Mosquito. Rivista de medie cina Rio de Janeiro, 10 avril 1904. CuanreuEssE et Bonez: Fièvre jaune et moustiques. Acads de Médecine, 1905, et 1 vol. de 96 pages, Paris, 1905. Dueuy : Epidémiologie de la fièvre jaune. Æevue d'Hygiène, janvier 1905. CAANTEMESSE La fièvre Hygiène générale, janvier 1906. Fixcay : Rapport sur la fièvre jaune à la Havane, janwier 1906. SaxareLztt : La propagation de la fièvre jaune. Rewue d'Hygiène, mai 1906. | W. Gorcas et F. Fasanpo : Rapports au Congrès de Dis-| bonne, 1906. À Mancnoux et Simonp : Etudes sur la fièvre jaune. Annales | de l'Institut Pasteur, janvier et février 1906. | | jaune à la Nouvelle-Orléans: {M - Chantemesse et Borel, dans une étude générale, font remarquer que le seul port de la France conti- utilisées à Rio-de-Janeiro et à la Nouvelle-Orléans. Les ports du Brésil jouissaient d'une réputation justifiée comme foyers endémiques de la fièvre jaune. Li campagne sanitaire entreprise par le Directeur du Service de santé, Oswaldo Cruz, est donc des plus intéressantes à exposer; grâce à Pappui éclairé et personnel du Président de la République Brésilienne, les crédits ont été large- ment accordés. Une guerre acharnée fut faite aux moustiques, des appareils Clayton versèrent des torrents d'acide sulfureux dans les égouts et dans les maisons suspectes. Une brigade sanitaire de 200 hommes fut mobilisée. Aussitôt un cas Signalé, le malade était transporté à l'hôpital spé- eial, ou, s'ilvoulait rester chez lui, sa chambre était “carnie de volets à loile métallique, des kilogs de poudre de Pyrèthre brûlés ; enfin l'hôpital d'isole- ment de San Sebastiano fut organisé spécialement. [. Loir raconte son étonnement lors de sa visite à et hôpital ; avant de pénétrer dans les salles des va- onu © Vent me een eme en 0 à ee ee UT de + + © D on lui fait revêtir un L mais, par contre, chaque malade est isolé dans un box grillagé où l’on ne pénètre que par une porte | Adouble tambour, de sorte qu'aucun S/egomya ne Mpeut venir en contact avec le malade et se charger du virus. —… Résultats : de 1899 à 1903, on avait compté en > moyenne, dans le mois de janvier, 150 cas à Rio; Lidès l'année 1904, avec les mesures nouvelles, le nombre des cas Llombe à deux, et, depuis cette époque, les chiffres ont été tels, malgré une cer- faine recrudescence en 1905, que la Conférence Sanitaire panaméricaine a pu accepler une modifi- ation profonde dans les règlements qui visaient les navires venant des ports brésiliens. r J.-P. LANGLOIS — REVUE ANNUELLE D'HYGIÈNE 823 L'épidémie de 1905 de la Nouvelle-Orléans est un exemple typique de l'ulilité des mesures prises et du danger des demi-mesures. En juillet 1905, un navire chargé de fruits arrivait du Hon- duras; une faute du Service sanitaire permit le débarquement, etbientôt la colonieilalienne devient un foyer de fièvre jaune. Le Bureau de santé, tout en prenant quelques mesures, cache l'épidémie; mais, le 21 juillet, on relève 100 cas et 21 décès; l'épidémie se montre beaucoup plus violente qu'en 1878. C'est alors que While, le chef du Ser- vice de santé de la Marine, prend la direction de la lutte; les malades sont isolés, les maisons gril- lagées, on brûle 300 tonnes de soufre par jour, on pétrole les eaux stagnantes, et des conférences populaires avec projections sont multipliées dans tous les quarliers, en anglais, francais, allemand, italien, suivant les endroits. Les chiffres suivants suffisent pour montrer l'efficacilé des mesures prises et aussi le danger des atermoiements : 1878 1905 Du 21 juillet au 12 août . . . 550 900 cas. Du 21 septembre au 12octobre. 4.500 41.000 — Pendant toute l'épidémie. . . 40.000 3.000 — Il faut ajouter, pour faire ressortir la différence en faveur de 1905, que la population de la Nouvelle- Orléans a doublé de 1878 à 1905. La théorie culicidienne est cependant vivement atlaquée par Sanarelli, qui, dans son dernier Mémoire, reprenant les observations de Rio-de Janeiro, de la Nouvelle-Orléans, de la Havane, sou- tient que les mesures prophylactiques dirigées contre les S{egomya ne représentent « qu'une énorme quantité de travail et d'argent dépensés en pure perte et une illusion de moins ». La chute de la mortalité, d’après lui, ne s'explique que par les mesures sanitaires générales appliquées dans toutes ces localités et surtout par les « variations » du genre épidémique. Il cite, par exemple, le cas de la ville de Santos, étudié par Catunda, où les mesures d'hygiène générale, sans présenter de caractères particuliers, auraient suffi pour sup- primer la fièvre jaune, les moustiques continuant à pulluler. Opinion absolument en désaccord avec celle de Da Piza, le délégué brésilien à la Conférence internatio- nale de Paris en 1903. Au Congrès de Médecine de Lisbonne, les deux rapporteurs ont soutenu les deux opinions opposées : alors que W. Georges, de Was- hington, admet comme établi le rôle exclusif du moustique, Fajardo, de Rio-de-Janeiro, considère que l’étiologie de la fièvre jaune n'est pas encore rigoureusement établie; toutefois, il ne partage pas toutes les idées de Sanarelli et reconnait l'uti- lité de la lutte entreprise contre les Stegom ya. w+] Lo = D' J.-P. LANGLOIS — REVUE ANNUELLE D'HYGIÈNE III. — TUBERCULOSE". Nous ne pouvons, dans celle revision générale, analyser, passer même succinctement en revue toutes les questions touchant la tuberculose qui ont élé abordées, discutées depuis trois ans, et nous ne citerons que quelques points spéciaux. Le 23 janvier 1906, M. A. Robin, en montrant que toutes les statistiques concernant la tuberculose sont plus que suspectes, amenait l’Académie de Médecine à discuter l'opportunité de la déclaration obligatoire de celte maladie. Mais l’Académie ne se fait pas d'illusion sur l'efficacité de la loi sanitaire de 1902; elle sait que 10°/, à peine des maladies inscrites dans cette loi sont déclarées par le médecin traitant, et M. Hérard, le président du Congrès de la tuberculose de 1905, avec toute l'autorité que lui donnent et son âge et son caractère, n'a pas hésité à affirmer que les conséquences de la déclaration obligatoire de la tuberculose seraient telles pour le médecin, que celui-ci éludera sans cesse la décla- ration transformée en loi... Après de longues dis- cussions, l'Académie s'est contentée de demander la déclaration obligatoire après décès, ce qui ne nous renseignera pas sur la morbidité. Enlin, elle a demandé que l'obligation légale ne vise pas uni- quement le médecin, mais aussi le chef de famille ou de collectivilé. Cette mesure indispensable avait été inscrite dans la loi de 1892; par suite d'une aberration des législateurs, elle avait été suppri- mée dans la loi de 1902, et cette suppression a suffi pour rendre la loi inapplicable, Les mesures législatives visant la déclaration de la tuberculose dans les différents pays sont assez récentes. C'est en 1898 que l'Etat de New-York inscrit l'obligalion dans ses règlements sanitaires ; l’année suivante, même règlement dans certains Etals allemands : Bade, Saxe, Altenburg, Wiesba- den. En 1901, la loi ilalienne vise la tuberculose pulmonaire à tous les degrés. En 1903, la Prusse introduit la déclaration obligatoire après décès ou changement de domicile, mais seulement pour les tuberculoses pulmonaires ou laryngées. La loi norvégienne de 1900 élait beaucoup plus complète, puisqu'en dehors de la déclaration, elle autorisait les Commissions sanitaires à prescrire l'interne- d'office cerlains cas déterminés. Par curieuse, la désinfection n'était pas ment dans une lacune ordonnée. Enfin, en 1905, : déclaration obligaloire; le Danemark vote une loi sur le même sujet désinfection ordonnée par la Commission sanitaire après décès ‘ Bibliographie : Dreyer : La tuberculose en Danemark. Copenhague, 1904. VERHAEGHE : La lutte contre la tuberculose au Danemark. Revue d'Hygiène, août 1905. ou départ; interdiction aux femmes tuberculeuses d'êlre nourrices mercenaires ; mise à la retraite, aveé les deux tiers de leur traitement, de tousles maîtres d'écoles tuberculeux; isolement, sinon obligatoire, au moins très facilité, des tuberculeux. C'est sur: tout dans l'hospitalisation de ces malades que les lois danoises présentent un intérêt tout particulier: A côté des kysthospitaler (hôpitaux maritimes pour les enfants scrofuleux), des kystsanatorier pour les enfants moins gravement atteints, des folksanato= rier pour les tuberculeux susceptibles de guérison, la loi vise les tuberkulosehospital, pour les malades trop gravement pris pour guérir, et les plejehjem, sorte d’asiles pour les tuberculeux qui, sans avoir besoin de soins hospitaliers, sont dans l'impossibis lité de gagner leur vie. L'Etat Fons à tous ces frais dans la propor- tion de 75°/, et la commune complète la somme. « La question de l'unicité de la tuberculose, mise. en doute par Koch au Congrès de Londres de 1904 est restée le grand sujet de controverse. Les Congrès de Berlin, Bruxelles et Paris ont. nécessairement élé préoccupés de ce problème Dans ce dernier Congrès, Kossel de Giessen, Ravæ nel de Philadelphie, Lignières d’Alfort, ontcombattt la Lhéorie unicisle, soutenant l'existence de deu types du bacille tuberculeux, le type humain et le Lype bovin, morphologiquement et biologiqueme distincts, par opposilion aux défenseurs de la 1héon rie uniciste, représentés par Arloing de Lyon, de Jong de Leyde, Lydia Rabinowisch de Berlin. Mais, au point de vue pratique, il est important de nolell que les partisans de la conceplion de Koch ne soub plus aussi exclusifs et qu'ils ne contestent plus, comme le faisait le Maitre à Londres, la transmise sibilité possible de la tuberculose bovine à l'homme: Ce qui reste contesté par l'École de Berlin, c'est la fréquence de cette transmission et la porle d’ens, trée du bacille dans l’économie. A Londres, Koch avait soutenu que l'intestin n’est presque jamais la voie d’inoculation, que la luberculese intestinale est excessivement rare chez le jeune enfant et que la voie respiratoire est la. seule à surveiller. Celle affirmation, qui avait pour conséquence la suppression de toutes les mesures préservatrices contre le lait distribué aux enfants; a soulevé de vives protestations. Les cliniciens ont! apporté contre cette idée des stalistiques probantes® Behring a soutenu que la phtisie pulmonaire à, au contraire, presque toujours pour origine une infec= 4 tion tuberculeuse intestinale acquise en bas age. | Calmette et Guérin ont apporté la démonstra- | 1 lion expérimentale de l'infection intestinale cause {M originelle de la tuberculose pulmonaire, et ils con- l cluent même que, si les poussières peuvent êlre! infectantes, ce n'est pas tant parce qu'elles sont, D' J.-P. LANGLOIS — REVUE ANNUELLE D'HYGIÈNE 825 “aspirées par l'appareil pulmonaire, mais ingérées par l'appareil digestif. Le seul point de divergence vec Behring porte sur l’âge où la contaminalion t plus fréquente. Pour Calmette et Guérin, dulte est plus susceptible que le jeune sujet, la barrière formée par les ganglions lymphatiques étant moins parfaite chez le premier que chez les seconds. Systématiquement, nous laisserons la question des vaccins immunisants contre la tuberculose, malgré le bruit fait sur ces méthodes. Les prépa- ralions de Maragliano, von Behring, Lannelongue, Achard, Rapin et tant d'autres ne sont pas encore entrées dans le domaine pratique. Quant à la lutte Sociale contre la tuberculose, elle continue à soule- “er une série de problèmes. Les sanaloria paraissent “de moins en moins en faveur, el, comme le faisait remarquer le rapporteur belge Beco, on a repré- senté le sanatorium comme le pivot de la lutte anti-tuberculeuse, alors qu'il n'en sera jamais qu'un élément secondaire. D'ailleurs, les dispensaires anti-tuberculeux coûtent encore trop cher quand de Lille, pour jouer un rôle très efficace. Le Con- grès a donné une idée exacte de l'opinion géné- jours la prophylaxie de la tuberculose. La tuber- ulose est avant tout une maladie sociale, qui ne eut être atlaquée que par des modifications dans Pétat social. L'École allemande, avec Bielefeldt, préconise surtout l'assurance ouvrière obligatoire, | | | IV. — CHoLÉRA !. | Le choléra, qui avait sévi en Russie en 1904, M pénétrait en Allemagne le 15 août 1905 par la fron- L\tière russe et gagnait assez rapidement le centre du pays en suivant les voies fluviales. Mais il ne Shigit pas ici du transport par l’eau des fleuves, car le choléra a souvent remonté le courant, et ce sont | Les bateliers qui ont été constamment ‘ce agents de transport. Devant les menaces venant de Russie, lAllemagne avait précisément renforcé sa loi sani- laire de 1900 par de nouvelles mesures législa- » ‘ Bibliographie : CHaNTeuEssE et BoreL : L'épidémie de choléra en Alle- Dre et ses enseignements. Hygiène générale, février 1906. CHANTEMESSE et Boneni: Mouches et choléra, Paris, 1905, Mac LauGuix : United Stades Public health Reports, 1905. tives promulguées le 20 février 1904. Il semble que ce sont ces mesures, appliquées avec la rigueur allemande, qui ont enrayé la marche de l'épidémie et préservé la France. La prophylaxie allemande repose essentielle- ment sur le principe du microbisme latent, si bien exposé par Borel dans son étude du choléra et de la peste en Orient. La loi de 1904 prescrit non seu- lement l'isolement des malades, mais aussi l'isole- ment de tout individu sain en apparence, mais présentant du bacille du choléra dans ses selles. Contre la dissémination, c'est à la prophylaxie individuelle que les Allemands ont eu recours; contre la propagation, la loi comporte une régle- mentalion sévère des voies el moyens de transport, surtout en ce qui concerne la batellerie. En outre, le passage des émigrants à travers l'Empire se fait, suivant l'expression de Chantemesse, en rase clos. Au port d'arrivée ou à la station frontière, l'émi- grant est placé sous la surveillance sanitaire : il est lavé, désinfecté, puis dirigé vers le port d'em- barquement sans qu'il soit perdu de vue un ins- tant par le Service de l’émigration. Si nous compa- rons avec ce qui se passe en France, on est frappé de l'insouciance du Gouvernement. C'est le Profes- seur Chantemesse, inspecteur général de l'Hygiène, qui jette le cri d'alarme. Les lois sur l'émigration datent de 1862. Or, de 70.000, le nombre des émigrants embar- qués en France a passé à 800.000, dont 70.000 venant d'Orient. Tous ces individus, le plus souvent dans desconditionsphysiologiquesmédiocres, transitent, séjournent dans les villes sans être l'objet d'une surveillance sanitaire. C'est seulement au port d'embarquement que le médecin apparait, etencore est-ceuniquement parce que, les Etats-Unis refusant impiloyablement tout sujet suspect, les Compagnies ne veulent pas s'exposer à supporter les frais de retour. Que fait-on des émigrants ainsi refusés par les Compagnies ou tout au moins ajournés? On les envoie dans des hôtels quelconquessans surveil- lance. Une réglementation élablie d’après les don- nées actuelles de la science s'impose nécessaire- ment. V. — PESTE!. Les ravages de la peste dans les Indes, loin de diminuer, s’accroissent d'année en année avec 1 Bibliographie : Hazoaxe et Wap : On the destruction of rats and desin- fection on shipboard. Zeports to the local Government Board, Londres, 1904-1906. Hurer : Centralblatt f. Bakteriologie, novembre 1905. Herzoc : Zur Frage der Pestverbreitung durch Insecten. Zeitsch f. Hygiene, 1905, p. 265. SERNA : El poder desinfectante del Anhidride sulforoso ozonizado. Anales del Dep. de Hygiene. Buenos Ayres, 1905. 826 D' J.-P. LANGLOIS — REVUE ANNUELLE D'HYGIÈNE Li une rapidité effrayante. En 1901, les stalistiques anglaises donnaient une mortalité de 275.000; en 1904, le chiffre des décès atteignait le million, et en 1905, ie chiffre de 1.200.000 a certainement été dépassé. Dans toutes les autres contrées du monde, la peste devient endémique; on la retrouve dans les ports de l'Amérique du Sud, d'Afrique, d'Aus- tralie et même d'Europe; mais, sauf en Asie et en Egypte, il s'agit de cas isolés, ce qui prouve que des mesures sanitaires suffisent, sinon à éteindre les foyers, au moins à les circonscrire. Il faut signaler le fait que, dans la colonie du Cap, bien que l’on ait constaté l'infection des rongeurs, il n'a pas été observé de cas humain depuis dix-huit mois. Le rôle des insectes dans la propagation de toutes les maladies contagieuses devient dominant. Chante- messe et Borel ont insisté sur le rôle des mouches commeagents vecteurs du choléra; Hunter, de Hong- Kong, apporte de nouvelles expériences sur le trans- port du bacille pesteux par les mouches. Non seu- lement les mouches peuvent s'imprégner du bacille pesleux extérieurement, mais encore l'absorber et le transporter dans leurs déjections, le passage dans l'intestin de ces insectes n’altérant pas la vitalité du bacille. Pour Hunter, si les mouches, les blattes sont dangereuses, par contre les insectes suceurs, moustiques, poux, punaises, le seraient peu ou, du moins, ne le seraient que par la dissémination des germes sur les aliments et non par inoculation directe. Herzog, de Manille, croit, au contraire, que les poux peuvenf inoculer la peste. Contre l'importation de la peste par mer, le grand moyen reste la dératisation des navires. La Confé- rence internationale de Paris ayant insisté sur la nécessité de cette mesure, de nombreux procédés ont élé préconisés : l'acide carbonique liquéfié et détendu dans les cales, l'oxyde de carbone préco- nisé par Nocht de Hambourg, l'acide sulfureux oblenu par la combustion directe du soufre dans le navire même, par la combustion dans un four spécial (appareil Clayton), par la détente d'acide sulfureux liquide soit pur, soit après électrisation (appareil Marot), la combinaison de l'acide sulfureux et de l’oxyde de carbone (appareil Gauthier). L’acide carbonique a été abandonné; il était trop onéreux el l'emploi de grandes quantités de bon- bonnes sous forte pression n'élail pas sans danger, ainsi que le prouve l'accident récent arrivé à Paris sur une voiture chargée d'une seule bonbonne; l'oxyde de carbone a provoqué la mortde plusieurs débardeurs à Hambourg. Quant aux différents procédés de sulfuration, la question porte princi- palement sur le prix de revient. Les propriétés nouvelles acquises par l’électrisalion de l’acide sul- fureux sont discutables ; on ne parle plus d'ozoni- sation, la production d'ozone n'ayant pu être dé- montrée, au moins en proportion utile, et il reste à prouver qu'une sulfuration avec de l'acide sulfu= reux liquide lransporlé en bonbonnes: spéciales sera moins coûteuse que la combustion directe du soufre dans un four ad hoc. Les recherches de Hal= dane Wade ont montré que, suivant la nature de la cargaison, la quantité d'acide sulfureux nécessaire pour amener un pourcentage suffisant varie énor= mément, et, par suite, qu'il faut prévoir pour un navire chargé plus de gaz sulfureux que pour un navire vide. | VI. — PALUDISME {. La lutte contre le paludisme, sous l'influence des conceptions nouvelles introduites par Donald Rosss en 1897, a donné des résullats très divers suivants les pays et aussi suivant la rigueur avec laquelle les prescriptions hygiéniques ont été suivies. | En Italie, le pays de choix pour une expériences | de prophylaxie, la méthode mixte a surtout élés suivie : trailement quinique et préservalion IméCa=, nique contre les moustiques. Les lois successives. de 1900, 1902, 1903, 1904 ont permis de mettre à. la portée de tous de la quinine chimique ANS soit qu'elle soit vendue dans les bureaux de tabacs à un prix très minime, soit qu'elle soit même dis tribuée gratuitement par l'État, les communes ou“ les entrepreneurs des travaux publics. Les heures“ de travail dans les pays palustres ont été réglées des, telle sorte que les travailleurs soient rentrés aux heures où les moustiques sont dangereux. Dans l’Agro romano, la morbidité est passée des 17°/,, en 1900, à 1,3°/,, en 1904. Mais c'est princi= palement sur le personnel des Chemins de fer de l'Adriatique que l'expérience a pu être tentée scientifiquement. Ricchi, qui a dirigé celte cams pagne, s’est attaché au double système chimique el mécanique, ce dernier consistant dans le gril lagement des habitations. La morbidité de 1886 à 1905 est tombée de 87 °/, à 33 °/.. En Sicile, Fons tana apporte une stalistique encore plus caractés ristique, parce qu'elle porte sur la même année 1904. Dans les régions où la prophylaxie fut applis quée, la morbidité n’alteignit pas 12 °/,, alors que dans les régions voisines, mais Sans mesures pars ticulières, elle dépassa le chiffre énorme de 274 °/,. Baltesti, qui a entrepris la lutte contre K& } 1 Bibliographie : Laverax : Anopheles et Paludisme à Madagascar. Acad” de Médecine, 1904. Atti della Societa per gli studi della Malaria. Très n0mE | breux et importants mémoires, t. V et VI, Roma, 1904-1905. | Barresrr : Notions pratiques sur la protection des habita= | tions. /tevue d'Hygiène, janvier 1905. BLANCaRD : Les moustiques. 1 vol. in-8°, Paris, 1905: Marorri. BraNcHi La profilassi antimalarica. Giorn: | medico del esercito, 1905. ! l " J.-P. LANGLOIS — REVUE ANNUELLE D'HYGIÈNE Mmalaria en Corse, insiste sur une précaution qui ne parait pas toujours avoir été indiquée : la nécessité or de garnir les cheminées de toiles métal- mliques en même temps que les fenêtres. Quand Bite précaution n'est pas prise, les moustiques J énètrent par les cheminées et ne peuvent plus sortir par les fenêtres grillagées ; ilen résulte que es maisons, mal protégées, sont plus remplies de moustiques que les autres habitations. . En Algérie, malgré les louables efforts de quel- ques médecins de colonisation, la lutle est molle- ment entreprise, et, cependant, les chiffres officiels indiquent pour 1904 près de 100.000 cas, avec plus e 7.000 décès. Or, comme le fait remarquer Lave- ran, les statistiques ne portent pas sur la moitié de a population algérienne, et l’on peut sans exagéra- tion admettre 240.000 cas et 18.000 décès. Dans armée d'Afrique, la morbidité est de 25 °/,, avec ne mortalité heureusement très faible : 47 décès Men 1904. Cette faible mortalité fait honneur à la thérapeutique des médecins militaires, alors que la haute morbidité accuse une insouciance grave des Pouvoirs publics. À Madagascar, la situation est ncore plus désastreuse : des régions comme 'Emyrne centrale, qui, avant l'occupation française, “étaient indemnes du paludisme, sont aujourd'hui ravagées. Les Japonais, qui nous ont donné de si admi- ables exemples des applications de l'hygiène endant une guerre dans un pays plutôtinsalubre, nt également engagé la lutte contre le paludisme, et Kermorgant, dans son étude sur la prophylaxie ‘du paludisme, en cite un exemple typique. Dans lun bataillon de 750 hommes, une compagnie de “115 hommes est organisée scientifiquement contre “les moustiques; les hommes sont tous munis d’une moustiquaire de tête : pas un n'est atteint, alors que le reste du bataillon fournit 235 cas avec 1 décès. La fièvre récurrente ou fièvre à rechutes, qui sévit si violemment dans l'Afrique tropicale et qui est provoquée par le spirille d'Obermeier, ne serait pas transmise par un moustique, mais par un in- secte lignivore, l'Ornithorus larigni, qui rappelle par sa forme la punaise. L'Ornithorus, d'après les "dernières recherches de Koch, poursuivies en 1905- 1906 à Dar es Salam, vit dansles planchers des habi- “ations et il inocule l'homme pendant son sommeil “à l'aide de sa trompe acérée, sa salive est chargée “de spirilles d'Obermeier. La prophylaxie consiste à “détruire par le feu les baraquements infectés et à faire camper les troupes et les colons en pleine brousse. Nous avons vu qu'en Italie on avait utilisé la double prophylaxie ; ces mesures sont d'autant plus _justifiées que ledogme de l’anophèle, agent unique de la malaria, si imprudemment décrété par l'Aca- démie de Médecine, est loin d'être universellement admis. Ainsi Mariotli Bianchi, qui a particulière- ment étudié la lutte contre la malaria dans la gar- pison romaine et dans l’Agro romano, n'hésite pas à déclarer que l'influence tellurique : eau et sol, est encore un facteur que l’on ne saurait négliger. Cioffi, à Salerne, rapporte une épidémie de palu- disme dans une localité (Sala) où les anophèles sont inconnus. De nombreuses observations du même genre ont élé rapportées depuis quelques années et il serait peut-être plus prudent de dire pour la mala- ria, comme pour la fièvre jaune : la preuve qu'Ano- phèles et Stegomya sont les agents exclusifs du contage n’est pas encore faite. VII. — MALADIE DU SOMMEIL‘. La maladie du sommeil, qui jusqu'ici avait paru presque exclusivement localisée aux indigènes africains, peut attaquer aussi dans une proportion inquiétante les blancs; dans l’année 1905 seulement, nous avons pu relever sept observalions sur des Européens, etilest évident aue cette statistique est plus qu'incomplète. Parmi les victimes du trypa- nosome, il faut mentionner le médecin anglais Forties Tulloch, membre de la Commission anglaise pour l'étude de la maladie du sommeil, mort en juin 1905, après une maladie à marche très rapide. La découverte par Castellani du facteur étiologique, le trypanosome, a été confirmée par de nombreux travaux. Et, depuis l'observation de Manson, l’iden- tité du trypanosome de la maladie de Dutton avec celui de la maladie du sommeil a été confirmée par les expériences de Nabarc et de Laveran, montrant que les singes immunisés contre un trypanosome, l'étaient également pour l’autre. Brumpt, dès 1903, émetlait l'hypothèse que le parasite est transporté de l'individu malade à l'individu sain par l'inter- médiaire de la mouche tsé-tsé, Glossina palpalis, hypothèse confirmée par les travaux de Bruce, Nabaro, Dutton, Best. Mais la Glossina palpalis ne parait pas être le seul agent transmetteur; d’autres glossines jouent ég galement le même rôle. Greig, en 1905, a réussi à transmettre aux singes la maladie du sommeil en les faisant piquer par des (r. palli- dipes, longipennis et fusca; Koch incrimine la { Bibliographie : Kocu : On trypanosome diseases. 1904. Laveran : Trypanosomiase chez les blancs. Acad. de 25 avril 1905. The Kent med. Journ., Méd., Bauupr La maladie du Sommeil. Presse médicale, 6 juin 1906. D. Acmar : La maladie du Sommeil. Congrès de Lis- bonne, 1906, 828 D' J.-P. LANGLOIS — REVUE ANNUELLE D'HYGIÈNE G. morsitans, el c’est sur cette dernière qu'il vient d'étudier l’évolulion du parasite. Ces observations, poursuivies dans l'Ouganda, tendent à montrer que l'évolution de ces diptères est heureusement très lente et, par suite, fait espérer que des moyens pro- 2. ylactiques pourront être tentés contre ces agents. La Commission anglaise de l’Ouganda a constaté que les individus atteints présentent dès le début une polyadénite caractéristique; celte observation pourra permettre d'isoler ces sujets. Car, s'il est impossible de songer actuellement à détruire les mouches tsé-tsé dans les vastes territoires africains, on peut, suivant le conseil de Brumpt, chercher à éviter les exodes de la population des centres in- fectés vers les centres sains et faire évacuer les vil- lages contaminés en les transportant dans des ré- gions plus saines, tout en maintenant l'isolement. Un premier essai a été tenté récemment, autour de Loango, par la Société anti-esclavagiste de France; mais, comme la maladie est d'évolution trèslente, — plusieurs années, —il faudra attendre pour consla- ter les résultats. Quant au traitement, il est encore problématique : Laveran préconise une méthode mixte à l’aide de l'acide arsénieux et du trypan- roth; Thomas, de Liverpool, conseille latoxyl. VIIT. — BÉRIBÉRI‘. Le béribéri a fait l’objet de nombreuses obser- valions des médecins coloniaux et japonais. Le polymorphisme de cette affection en rend le dia- gnostie souvent difficile. L'éliologie du béribéri esl'encore très discutée; on a beaucoup incriminé l'alimentation, le riz en en particulier; mais, dans ces derniers lemps, le facteur microbien a été invoqué et, suivant les au- teurs, on a cru reconnaitre comme agent patho- gène soit un bacille (Lacerda, Ogata, Nepveu), soit un coccus (von Ecke, Pekelharing, Musso), un staphylocoque (Hunter), soit un diplocoque (Okada, Kokubo). Tsuzuki, médecin en chef du Service des transports maritimes pendant la guerre russo-japonaise, apporte une étude très documentée sur un nouveau microbe, le Xakkecoccus, qu'il a pu isoler, cultiver et dont il a observé toutes les pro- soil priélés biologiques. Il s’agit d’un diplocoque colo- rable à l’aniline et prenant le Gram. Il résiste une heure à 60°, treize jours dans la glace et huit jours à la dessiccation. Le sérum des individus alteints de béribéri provoque l'aggluti- nation de ses cultures, même en milieu dilué au cinquantième, ce qui permet d'établir le diagnos- ! Bibliographie : H. WaiGur : The Leicester, 1905. Tsuzukr : Der Kakkecoceus, Erreger der Beriberikrankheit. Arch. f. Schilfs und Topen-Hygqiene, juillet 1906. beriberi. British medical Association, tie bactériologique de cette maladie. Sur 106 cas. bien déterminés, Tsuzuki a obtenu 103 résultats. positifs. Il est indispensable, toutefois, d'utiliser une forte Sn du sérum, 1/50, car, avec des di- les urines (27 °/, des cas certains) et dans les fèces… (62 °/,), mais jamais dans le sang. Les cultures du diplocoque donnent des toxines qui, injectées aux animaux, provoquent des accidents cardiaques € paralytiques analogues à ceux qu'on observe cli niquement. IX. $ 1. — L’aération des villes‘. — HYGIÈNE URBAINE. Le démantèlement des fortifications de Paris, en discussion depuis vingt-cinq ans, est sur le point d'être réalisé, partiellement tout au moins, puis= qu'il n’est question que de la partie ouest, comprise entre la Seine et la porte de Saint-Ouen. Cettew question a provoqué chez les hygiénistes un mous vement très justifié d'inquiétude. Les 33 kilomè tres du mur d'enceinte, avec les servitudes mili taires qu'il comporte, forment un ruban de 300 mè= tres de large autour de Paris, et, si l'esthétique laisse souvent à désirer, c'est loujours un espace vide autour de l’agglomération intense de la grande cité. Or, l'État ne veut céder à la Ville les terrains militaires qu'à des conditions tellement onéreuses, plus de 120 millions, que celle dernière, pour ren trer dans ses débours, devra renoncer au projet dem maintenir un large anneau de verdure et lotir les terrains pour permettre des constructions de rap- ; port. La question est d'autant plus grave que Paris est loin d'être une ville privilégiée quant à son système pulmonaire. La surface des jardins a diminué régulièrement { à Paris depuis cent ans. En 1880, les 3.400 hectares de Paris renfermaient près de 400 hectares de jar- dins ; aujourd’hui, les 7.800 n’en contiennent plus que 250. La proportion, qui élait approximative-n ment de un dixième, tombe à un trentième, et le Conseil municipal, par un illogisme trop fréquent dans les assemblées élues, incite les propriélaires à supprimer encore les quelques rares jardins parti-M culiers de Paris en les surtaxant comme terrains de grand luxe. 1 Bibliographie : Hévarp : Sur les espaces libres. Revue d'Hygiène, 1905. M. Leruze : Les fortifications de Paris. Revue d'Hygiène, 1906. G. TnéLar : Paris de demain et la santé publique. Revue d'Hygiène, 1905. Société de médecine publique et de génieM sanitaire. Discussion, 1905-1906. Heror : L'Hygiène des grandes villes. l'avancement des sciences, Cherbourg, 1905. ASS. Îr. pOur} - Hénard, après avoir rappelé que Londres dispose de 1.200 hectares, Berlin de 420, montre que, si l'on juxtapose sur le plan de Paris les plans de Londres riche en verdure à Londres qu'à Paris. C'est pour emédier à ce défaut capital que la Société de Médecine publique, avec Trélat, Letulle et tant “d'autres, réclame un boulevard circulaire de 10 mètres de largeur, coupé tous les deux kilomè- es au moins d'un jardin de 10 hectares; enfin $ 2. — La lutte contre les poussières. Le développement de l’automobilisme a rendu le grandes routes et dans les avenues plus ardu que ja- ais et les hygiénistes ont à se préoccuper de ce nou- veau problème. Depuis 1904, Guglielminetti s’est fait le propagandiste actif du goudronnage des routes, et des essais entrepris par les Ponts et Chaussées depuis 1902, et actuellement encore en cours “d'étude, permettent de se rendre compte des avan tages du procédé. Le Rapport de M. Hétier, inspec- eur général, est favorable. En utilisant un kilo- “gramme de goudron par mètre carré sur une “chaussée en bon état, ce qui revient pour Paris à 3 centimes par mètre carré, les poussières ont été “très diminuées. Au point de vue hygiénique, le problème parait résolu par les recherches bactério- logiques de Cristiani et de Michelis. En recher- chant le nombre des germes vivants au-dessus des routes de Genève, ils ont trouvé, après 110 prises avec l’aéroscope de Cristiani, que le nombre des … germes de l'atmosphère sur les routes ordinaires est plus du double de celui des routes goudron- “nées ou pétrolées. En ce qui concerne les bactéries, È pétrolage parail plus efficace que le goudron- 6 à L 4 D° J.-P. LANGLOIS — REVUE ANNUELLE D'HYGIÈNE 829 nage, surtout pendant la sécheresse; mais, si son emploi est plus facile, plus économique comme premier essai, la durée des effets est beaucoup plus courte qu'avec le goudronnage à chaud. Les ingénieurs, avant d'entreprendre en grand celte transformation des routes, attendent que cer- laines questions soient résolues, qui ne peuvent l'être qu'avec le temps. Quel est l'effet du goudron- nage sur l'usure de l’'empierrement? Comment peut se réparer et s’entretenir une chaussée goudron- née ? $ 3. — La défense sanitaire de Paris‘. L'organisation de la défense sanilaire de Paris a été très attaquée dans ces dernières années ; avec quelques apparences de raison, on a fait remarquer que le Service de l'assainissement est resté dans une routine étonnante, surlout en ce qui concerne le service des désinfections. Contre ces critiques, l'inspecteur général des Services sanilaires de la ville de Paris, A.-J. Marlin, répond dans un Rap- port riche en documents présenté en juillel dernier à l'Académie de Médecine. Les graphiques de la mortalité par les diverses maladies transmissibles montrent une chute progressive et souvent très ra- pide de ces affections depuis 1892. L'année 1905 a particulièrement été favorable, puisque, sauf pour la coqueluche, toutes les maladies dites évitables ont causé un nombre de décès inférieur à celui ob- servé jusqu'ici. La mortalité générale a subi éga- lement une diminution sensible : de 54 °/,, en 1892, elle est tombée à 47°/,, en 1905, et, si l'on tient compte de l'accroissement de la population pari- sienne, on peut déduire que 14 °/,, des vies humai- nes ont été préservées par suite de l'amélioration des Services sanitaires; c'est, du moins, la conclu- sion du Rapport. Si nous nous rapportons à une étude très sérieuse de Lowenthal sur l’état sanitaire comparé de Ber- lin et de Paris, l'optimisme de l'inspecteur général de Paris paraîtra exagéré. Lowenthal élimine dans sa statistique la mortalité des enfants du premier âge, ce qui parait très juste, la mortalité dépendant nécessairement de la natalité, et nous savons qu'en France celte dernière faiblit d'année en année. Or, avec la statistique corrigée, nous trouvons une mortalité par 4.000 habitants de 16,9 à Paris, de 11,5 à Berlin, c'est-à-dire que la mortalité berli- noise est inférieure de 47 °/, à celle de Paris. La 1 Bibliographie : Herr: Le goudronnage des routes. Revue d'Hygiène, 1905. Carisriani et DE Micueis : De l'influence du pétrolage et du goudronnage des routes sur les germes vivants de lat- mosphère. Revue médicale de la Suisse Romande, 1904, t. V. L. Vasseur : La lutte contre la poussière. Ann. d'Hygiène publique, 1906, 1 Bibliographie : A.-J. MarTin : La défense sanitaire de Paris. Académie de Médecine, juillet 1906. LowentuaL : Etat sanitaire comparé des villes de Paris et de Berlin. Revue scientilique, nov. et déc. 1905. Juiccerat : Le casier sanitaire des maisons. Hygiène générale, janvier 1906. 830 phtisie pulmonaire, qui cause 4,3 décès pour 1.000 habitants à Paris, ne donne que 2,2 décès à Berlin. Lowenthal montre que c’est par des arlti- fices de comptabilité que la Ville de Paris arrive à décharger son budget mortuaire de plusieurs mil- liers de décès, el qu’en fait l'état sanitaire de Paris est lamentable quand on le compare à celui des villes allemandes et anglaises. Parmi les me- sures heureuses prises dans ces dernières années, nous devons signaler l'établissement du casier sa- nitaire des maisons. Grâce à l’activité du directeur de ce service, M. Juillerat, on peut connaître dé- sormais les conditions favorables ou désastreuses de chaque habitalion parisienne, et il serait utile que tout locataire, avant de prendre un logement, pût prendre connaissance de la cote de la mai- son, comme un négociant se renseigne au bureau Véritas sur la valeur nautique du bateau qui doit transporter ses marchandises. $ 4. — Destruction des ordures urbaines. Tous les excreta des villes ne passant pas par les égouts, il faut encore songer à débarrasser les agglomérations des ordures ménagères. C'est aux États-Unis que le problème a été jusqu'ici le mieux envisagé. Aussi la Ville de Paris a-l-elle envoyé une Mission en Amérique pour étudier cette question. Les différents procédés utilisés sont désormais de date d'application assez ancienne pour qu'on puisse se rendre compte du coût de chacun d'eux. Les fours anglais Trackeray, utilisés à Montréal et à San Francisco, assurent la destruction des ordures ménagères à raison de 2 francs environ par tonne. Les fours Smith, d'Atlantic City, dépensent près de 8 francs pour le même résultat. La richesse en graisse des ordures américaines, qui s'explique par les habitudes de gaspillage des ménagères américaines, avait fait espérer que l’on pourrait récupérer une partie des frais en recueil- lant ces graisses. Le procédé Merz traite les ordures desséchées par le naphte et la benzine; le procédé Simonin emploie les mêmes dissolvants, mais en agissant sur les ordures humides. Les dépenses sont telles qu'il à fallu renoncer à ces systèmes. A New-York, Philadelphie, Boston, on utilise les digesteurs Arnold, dans lesquels les ordures sont soumises pendant cinq heures à l’action de la va- peur sous pression de cinq atmosphères. La ma- tière solide cuile (tankage), desséchée, est utilisée comme engrais. Les eaux provenant des diges- teurs sont conduiles dans des caves où elles se refroidissent, et la graisse surnageante est re- cueillie ; les eaux sont jetées à la mer. Le système Arnold a été recommandé pour Paris. La Commis- sion fait remarquer que l’eau, qu'on peut rejeter à la mer dans les villes du liltoral, devrait être D: J.-P. LANGLOIS — REVUE ANNUELLE D'HYGIÈNE .le transport des tombereaux, qui viennent, à cers épurée à Paris, et que le prix de revient, qui s'élève } à 12 francs à New-York, serait, par suite, plus | élevé encore en France, le rendement des graisses étant beaucoup plus faible. { | À Paris, on essaie surtout d'utiliser les gadoues comme engrais après trailement mécanique préas lable. Déjà la moitié des arrondissements cu leurs déchets aux usines de Saint-Ouen, de Ro- | mainville et d'Issy, et il ne parait pas que ces établiss sements aient donné lieu à un danger quelconqut pour la santé publique. L'odeur et la poussière sont négligeables; 1 seule gène sérieuse pour le voisinage consiste dan: taines heures, s'entasser devant l'usine. Dans l& nouvelle usine projetée à Gennevilliers, les ordure parisiennes, embarquées au quai de Javel, seraien chargées dans des caisses étanches, transporté par bateaux à l'usine, et les caisses vidées à l’int rieur de l'usine. Enfin, au lieu d'employer les broyeurs Clado etlei broyeurs à mächoires employés jusqu'ici, l'usine, utiliserait des broyeurs à marteaux, qui assurent u broyage parfait et une désodorisation suffisante. Chaque broyeur permet de traiter 25 mètres cubes" de gadoues à l'heure, et les 300 tonnes prévues" seront broyées en six heures par trois appareils, de, sorte que les gadoues pourront être évacuées le jour même de leur arrivée. V7 5. — Purification des eaux d'égout et des eaux résiduaires ‘. Les excreta des grandes aggloméralions ur baines et des centres industriels constituent unes source d'empoisonnement permanent, soit pour les populations qui les fournissent, soit le plus souvent pour les populations voisines; aussi la pus rilication des eaux d'égout et des eaux résiduaires constitue-t-elle un des problèmes les plus intéressw sants de l'Hygiène publique. | L'épandage agricole a soulevé, malgré d’enthou= siastes défenses, des critiques sévères. La surface nécessaire, pour assurer la purification des masses d’eaux que fournit le tout à l'égout d’une grandes ville, n'est pas toujours facile à trouver, et, d'autre part, les terrains au voisinage des grandes villes sont très chers. A la période du début de l'épandage; on avait cru trouver la solution en employant ces terrains grassement fumés pour les cultures ma= “ Bibliographie : | CaLuerTE : L'épuration biologique. Masson, 1906. { Scuoors : Les eaux résiduaires industrielles. Technologie | sanitaire, 1904. | RoLawrs : Epuration biologique des eaux résiduaires: | Revue d'Hygiene, févr. 4905 et févr. 1906. CazwerTE : Valeur comparée de l'épuration hiologique et de l'épandage. Revue d'Hygiène, juin 1906. . | bactériologistes d’alors permettaient de supposer que les légumes cultivés sur ce milieu ne présen- ent aucun danger, même quand ils élaient | mangés Crus. Mais, dès 1900, une réaction se pro- it: les travaux de Rubner (1900), de Flugge (1902), ; Clauditz (1904), en Allemagne; de Wurtz, de Bourges (1904), en France, montrent que le bacille hique résiste dans le sol, que, s’il n’est pas ouvé qu'il pénètre les racines, il adhère à la Surface des plantes sans qu'un lavage ordinaire puisse l'enlever. Devant ces données nouvelles, le Comité d'Hygiène a interdit la culture des légumes “destinés à être mangés crus dans les champs d'épandage. Cette interdiction, amplement justifiée, iminue nécessairement la valeur locative des hamps d'irrigation. Pour les eaux résiduaires, souvent chargées de produits destructeurs de la végétation, le problème prend, dans cerlaines contrées, une acuité intense, omme sur la frontière franco-belge, où des con- lits sanglants ont été évilés avec peine, les popu- ions s'ameutant contre les industriels empoison- uneurs de rivière. En 1895, un chimiste anglais, Dibdin, proposa un procédé nouveau basé sur l'activité destruclive des Le principe essentiel de la méthode était l'utili- sation des agents bactériens, soit aérobies, soil Inaérobies, comme destrucleurs des produits de déchet, d'où son nom de méthode d'épuralion biologique. En fait, le principe est le même que éélui de l'épandage agricole ou de la filtration in- tte différence, toutefois, que, réglant à volonté travail microbien, on oblient un rendement Supérieur dans le temps et surtout dans l'espace. En Allemagne, les expériences tentées, soit avec des eaux d'égout, soit avec des eaux résiduaires industrie, n'ont pas toujours donné les résultats tendus. À Mina, sur le Main, le prix de revient atteint 7 francs par mètre cube et dépassait le rix des eaux traitées par l'alun; au camp du Lech, Mes septic tanks et les lits microbiens ont dû être abandonnés, la formation excessive d'acide (2gr.°/.) Æmpéchant l'action ultérieure des lits bactériens. En France, c'est l'École d'hygiène de Lille, avec Son chef Calmetlte, qui a particulièrement préconisé là méthode de Dibdin. Grâce à une subventiou im- portante de la Caisse nalionale des recherches Scientifiques, CalmetLe a pu, à la station de la Ma- deleine, poursuivre une série d'expériences métho- diques sur l'épuration en grand, non seulement des eaux d'égout, mais aussi d'eaux résiduaires provenant des industries les plus diverses. D' J.-P. LANGLOIS — REVUE ANNUELLE D'HYGIÈNE 831 Le grand mérite du travail de Calmette et de ses élèves est d'avoir fixé scientifiquement les condi- tions particulières qui justifient l'emploi de tel ou tel procédé. Désormais, on.ne sera plus exposé à demander à un procédé des résultats qu'il ne peut donner, et l’on évitera ainsi les expériences coû- teuses, qui ont le grand défaut de jeter le dis- crédit sur une méthode qui n’a pas donné de bons résultats parce qu’en l'espèce elle n'était pas apte à les donner, alors que, dans d’autres cas, elle sera susceptible de rendre les plus grands services. Pour les eaux industrielles chargées de graisses, de matières tinctoriales ou de résidus à réactions alcalines ou acides trop fortes, l'épuration chimique reste la méthode de nécessité. Dans quelques cas, il suffira de diluer les eaux résiduaires avec l'eau de rivière pour pouvoir travailler en lits bactériens. C'est ainsi que Rollants réussit à purifier les eaux des sucreries en les diluant des deux tiers et en faisant passer le mélange dans trois lits de contact. Les eaux d'égout, quand elles ne renferment pas plus de 300 grammes d’azole organique, et 10 gr. de graisse, peuvent être utilisées par l'épuration agricole, à raison de 3 litres d'eau par mètre carré, et le débit pourra atteindre 40 litres dans les ter- rains sablonneux, sans culture, surtout si on laisse séjourner les eaux avant l'épandage dans des fosses septiques où elles abandonneront leurs boues, et où une partie des substances azolées se solubiliseront. Cette application de la fosse septique à l'épan- dage est un premier pas vers l'épuration biolo- gique proprement dite. Cette dernière aura surtout son utilité quand les terrains suburbains feront défaut. En associant les fosses septiques avec les lits bactériens ou les filtres à percolation, on peut obtenir facilement, par mètre carré de surface, une purification de près de 1 mètre cube d'eaux d’égout de moyenne concentration. Quel est le degré de pureté des eaux ainsi trai- tées? Calmette reconnait que ces eaux sont encore souillées légèrement, qu'elles ne sauraient être considérées comme des eaux potables, mais il dénie à l'épuration agricole le pouvoir de rendre une eau hors de soupçon. Dans tous les cas, ces eaux peuvent être déversées au cours d'eau sans que leur apport modifie la composition. Or, la seule chose que l’on est en droit d'exiger légitimement des villes, c'est qu'elles rendent aux rivières des eaux dont le degré de pollution ne soit pas sensi- blement plus élevé que celui des eaux qu'elles leur ont elles-mêmes empruntées. Dans une seconde partie, nous examinerons les questions qui se rapportent à l'Hygiène indus- trielle. D: J.-P. Langlois, Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris. 832 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 1° Sciences mathématiques Rollet de l'Isle, Ingénieur en chef de la Marine. — Observation, étude et prédiction des Marées. — 1 vol. in-8°, publié par le Service hydrographique. Imprimerie natiorale, Paris, 1906. La connaissance des lois du mouvement périodique de la mer est indispensable aux marins, et, parmi eux, ce sont les hydrographes qu'intéresse au premier chef: l'étude des marées. Il n’est pas, en effet, de bonne carte si l'on n'y tient compte de cet élément essentiel de la profondeur d’un chenal; d'autre part, c’est aux hydro- graphes qu'incombe le calcul des tables indiquant par avance les circonstances principales du phénomène. Observation et prédiction : c'est un sujet très vaste, que M. Rollet de l'Isle, chargé d’un cours au Service hydro- graphique, avait à traiter devant ses jeunes collègues. Le résumé de ses leçons que nous apporte ce volume montre que, si la matière était ample, il s’est trouvé un interprète éloquent pour l’exposer. Le succès d'une mission hydrographique dépend en grande partie d’une observation exacte de la hauteur de la mer. Il faut savoir gré à l’auteur d'avoir donné des renseignements très circonstanciés sur l'installation et la lecture des échelles de marée, sur la rédaction et le contrôle de ces observations et sur leur utilisation, chose souvent délicate, car les indications de deux échelles, même voisines, sont discordantes par suite des circonstances différentes de temps et de lieu. Pour les observations prolongées destinées à l'étude du régime particulier d’un port, un instrument enre- gistreur est presque indispensable; le volume contient la description d'un grand nombre de modèles de maré- graphes et nous renseigne sur l'installation et la con- duite de ces appareils. La théorie mathématique est impuissante, on le sait, à édilier de toutes pièces la formule de la marée; il était inutile de l’exposer intégralement dans un cours pra- tique. Il convenait toutefois d'en retenir une partie, traitant des forces perturbatrices de l'équilibre des mers et des principes de Laplace qui font dériver de l'expression de ces forces une formule de la marée dont tousles coefficients sont à déterminer par l'observation, car ils varient d'un port à l’autre suivant une loi in- connue. La méthode consiste essentiellement à décom- poser le mouvement de la mer en une sorte de série, dont chaque terme correspond à un terme analogue provenant de la décomposition parallèle des forces; de là découlent deux genres de déterminations : l’une, proposée par Laplace, revient à la recomposition des termes de la série appuyée sur une hypothèse; l’autre, due à Lord Kelvin, utilise directement les termes eux- mêmes, dont les coefficients sont déterminés par l’ana- lyse harmonique. Le calcul de Laplace, que l'illustre géomètre a lui- même appliqué à la détermination des éléments de la marée de Brest, ne peut guère servir que dans les mers européennes, où le mouvement est principalement semi- diurne ; encore n'est-il d’un usage courant qu'en France. Mais on comprend que, pour l'étude du régime de nos propres côtes, il füt indispensable à M. Rollet de l'Isle de s'étendre assez longuement sur la théorie à laquelle sont empruntées les notions pratiques définissant la marée. Toute cette partie, très originalement traitée, et avec des idées propres à l'auteur, sera précieuse à consulter, autant pour les notions générales touchant la méthode de Laplace que pour les renseignements concernant le régime des marées des principaux ports de la côte France. Mais l’auteur s'est non moins appliqué à l’étud de la méthode due au génie de Lord Kelvin. L'analyse, harmonique est indispensable pour l'étude et la prédie tion des marées beaucoup plus complexes de l’Océ Indien et des mers de Chine où se trouvent nos prin pales colonies; elle est employée au Service hydrogr phique depuis une dizaine d'années pour les prédictio de marées des côtes de Madagascar, de l'Annam et du Tonkin, en utilisant des observations incomplètes ras massées dans les archives du Service. Elle deviendr d'un usage courant quand seront réalisées les installà tions de marégraphes que le Service poursuit avec pets sévérance. En dehors de ces deux grandes études, il en est d'autres non moins intéressantes qui s'y rattachent plus ou moins directement et que l’auteur à entreprises avec un égal succès. Signalons à cet égard les rensel gnements sur les annuaires et les cartes à l'étrange qui seront utilement consultés, ainsi que l'étude de courants, en regrettant que l'étendue restreinte de © article nous empêche de passer en revue toute cell encyclopédie de la marée, très complète et dontle beso se faisait sentir. L'auteur mérite les remerciements d tous ceux qui s'intéressent aux choses de la mer, nous devons une reconnaissance égale au Service hydro graphique pour avoir entrepris cette publication. Pu. Harr, Membre de l'Institut, Mortimer-Mégret (Comte). — Les Perfectionne ments automobiles en 1906. — 1 vol. in-4° oblong de 242 pages illustré. Dunod et Pinat, éditeurs: Paris, 1906. | Nous avons analysé, en 1905, l'ouvrage de M. Mon timer-Mégret, dont la publication est annuelle. Celui de 1906 est conçu sur le mème plan que le précédents et, comme lui, étudie dans une première partie les perfectionnements classifiés par organes, dans u seconde les perfectionnements classiliés par marque On y retrouve l'élégance et l'originalité de style, Je clarté d'exposition, la compétence technique, coutu mières de l'auteur. GÉRARD LAVERGNE, Ingénieur civil des Mines 2° Sciences physiques Orlich (Ernest), Professeur au Physikalisch-Tecle nische Reiehsanstalt à Charlottenburg. — Aufnahme und Analyse von Wechselstromkurven (ENREGISS TREMENT ET ANALYSE DES COURBES DE COURANTS ALTER NatIrs). —1 vol. in-$° de 120 pages avec Ti figures de l'Electrotechnique en monographies séparées. (Pr relié: 5 tr.) F. Vieweg und Sohn, éditeurs. Braun schweig, 1906. . (4 4 Cet ouvrage est le 7° volume de l'excellente collee» ‘ tion: ? Electrotechnique en monographies séparées, dont nous avons déjà entretenu plusieurs fois les lecteurs. de la Ætevue. L'auteur y a rassemblé toutès les més thodes d'enregistrement et d'analyse des couranb alternatifs, sur lesquelles les traités généraux son ordinairement très brefs. L Après une étude sur la représentation mathématique des courants dont la forme des courbes est doñnées | l'auteur aborde l'enregistrement des courbes, qui peut être ponctuel ou continu. Parmi les appareils décrits; l'oudographe d'Hospitalier et les nombreux oscillogra= | phes occupent une place importante. Puis viennent }. les méthodes d'analyse expérimentale et mathéma- ique : méthode de Des Coudres, analyse par résonance, nalyse arithmétique, méthodes de Clifford, de Hous- m et Kennelly, de Fischer-Hinnen. L'ouvrage se rmine par l'étude des analyseurs harmoniques, de- is celui de Lord Kelvin jusqu'à celui, tout récent, Terada. Une bonne bibliographie permet de se porter, pour tous les instruments ou procédés dé- enits, aux sources originales. mette (D' A.), Membre Correspondant de l'Institut et de l'Académie de Médecine, Directeur de l'Institut Pasteur de Lille. — Recherches en collaboration sur l’épuration biologique et chimique des eaux d'égout. — 1 vol. gr. 1n-8° de 194 pages et 39 figures. Prix : 6 fr.) Masson et Cie, éditeurs. Paris, 1906. n hygiène, les Romains sont nos maitres. S'ils se bréoccupaient d'avoir des eaux potables quand ils daient une ville, ils ne se désintéressaient nullement > l'élimination des eaux usées, car, ainsi que Fortin ous l’apprend, ils considéraient les émanations d'eaux égouts comme nuisibles à la vie humaine. Ces notions disparurent avec Rome elle-même, et effort gigantesque que nous essayons de faire faire ëtuellement à l'Hygiène n'est guère que la reprise de tte question au point où les Romains l'avaient lais- e, alors que pendant longtemps nous nous étions ontrés inférieurs à eux. La vie urbaine étant moins intense qu'actuellement, es Romains disposaient de deux moyens pour se ébarrasser de ces eaux usées. Le plus simple consiste envoyer l’eau d'égout à la rivière ou à la mer; mais, s l’état actuel de nos connaissances, nousconsidérons ie ce moyen est dangereux et désagréable pour les pois- sons et les riverains quand le débit de l’eau d'égout est RE —— D Ne ET ge périeur au 5 du débit de la rivière à l’étiage, ou encore quand on ne peut faire l'évacuation dans un Gourant marin s’éloignant rapidement des côtes. Le deuxième moyen consiste à creuser un trou dans & sol, à constituer en un mot un puisard, dans lequel on évacue les eaux usées. On risque ainsi de contaminer li nappe à laquelle plusieurs villes situées à l'aval peuvent s'approvisionner. D'autre part, les puisards colmatent très rapidement par les eaux d'égouts, doù des curages fréquents et dispendieux. La multiplicité de l’activité urbaine actuelle ne per- mettant plus généralement d'employer tel quel l’un ou autre de ces procédés, on s'efforce de traiter au préalable ces eaux pour les débarrasser de la majo- nité des matières organiques facilement fermentescibles, it par un procédé chimique ou artificiel, soit par un océdé naturel ou biologique, c'est-à-dire par l’épan- dage sur le sol ou par les septic-tanks, très usités actuel- lement en Angleterre. Ces eaux ainsi traitées peuvent alors être évacuées par les procédés déjà connus des Romains et que nous ons rappelés plus haut. Chacun de ces procédés a des avantages et des mconvénients. Le but de M. Calmette a surtout été de montrer l'avantage considérable que présentent dans différents cas les procédés biologiques, surtout les ptic-tanks et les lits de contact. Posant comme but de la méthode la solubilisation des matières en “Suspension et la transformation des matières organi- 4 en malières minérales, M. Calmette, avec l’aide e ses dévoués et savants collaborateurs, MM. Buisine, Rolants, Boullanger, Constant et Massol, nous montre lé travail de solubilisation de la fosse septique, là où . fermentation est anaérobie, et le travail de minérali- Sation des lits poreux au milieu desquels règne la fer- mentation aérobie. M. Buisine s’est occupé tout particulièrement des _ procédés chimiques; mais ses longues recherches se Sont arrêtées jusqu'ici à l’action des sels de fer, qu'il avait déjà étudiés il y a quelques années. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 833 Ce livre n’est, en réalité, qu'un long mémoire ren- fermant les résultats d'expériences inédites. Les mé- thodes d'analyses ont été choisies tout particulière- ment, mais on peut faire un reproche aux auteurs de ne pas présenter leurs résultats d’une facon uniforme. C'est là une méthode peu goütée des analystes. Cette petite critique n’enlève rien à la valeur du travail, qui relate les résultats obtenus par le traitement de 500 mè- tres cubes d’eau d’égout par jour. L'installation avait été faite à la Madeleine, près de Lille. Un deuxième volume est annoncé, qui traitera des résultats obtenus en remplaçant les lits de contact par des lits à percolation. La différence entre ces deux procédés est la suivante : Dans le lit de contact, l'eau d'égout reste en contact environ deux heures avec les scories ou les machefers, puis on vide le bassin et on le laisse ainsi pendant quatre heures, après quoi on le remplit de nouveau. Ce procédé est intermittent. Au contraire, dans le procédé à percolation, l'eau est dirigée d'une façon continue et en minces filets à travers les scories et, sauf un arrêt de temps en temps, ce procédé est continu. M. Calmette préconise ce der- nier, mais il ne cite encore aucun chiffre à l'appui pour convaincre. 11 y a un point qu'on a laissé un peu de côté : c'est l'étude systématique des dépôts qui se forment dans la fosse septique et des dégagements gazeux qui s'y produisent. Nous croyons savoir que, dans le deuxième mémoire, cette question sera abordée avec un peu plus de détails. Les résultats trouvés à la Madeleine peuvent-ils ser- vir pour comparer le système du septic-tank avec l'épandage des eaux sur le sol, comme on le fait à Paris? Tel est le grave problème qui se présente et que M. Calmette semble avoir résolu par l’affirmative. Pour notre part, nous croyons qu'on doit se garder de généraliser les résultats obtenus. C’est une question d'espèce, et l'application en grand dans une ville quel- conque doit être précédée d'une expérimentation préa- lable en petit et d'une longue durée. Cela est si vrai qu'en comparant les analyses de M. Calmette avec celles obtenues à l'Observatoire de Montsouris pour les drains de Gennevilliers, on s'aper- çoit très vite que l'épandage donne des résultats bien meilleurs. 11 est vrai de dire que M. Calmette attribue ce résultat aux matières colorantes que contiennent en abondance les eaux de la Madeleine et qui ne sont pas détruites dans ces procédés d'épuration. Par con- séquent, la prudence doit guider les conclusions en pareille matière, et ce ne sont que des essais répétés qui permettront de se faire une idée exacte sur cette question. Ce travail présente sans contredit le grand avantage d'amorcer en France les études d'épuration biologique d'eaux d'égout par les procédés du septic-tank. Beau- coup de villes n'ont pas de terrains pour faire de l’'épandage, et elles sont même réduites à envoyer le tout à la rivière et à la contaminer. Ces études sont donc très urgentes au point de vue de l'hygiène. Espé- rons que les municipalités, les hygisnistes et les ingé- nieurs municipaux n'ignoreront pas ce livre, où ils puiseront des documents pour poursuivre l'application de ces procédés. En outre, on trouve dans ce volume les très im- portants travaux de MM. Boullanger et Massol sur le mécanisme et les ferments de la nitrification. Ils nous présentent de nouveaux faits qui expliquent en partie les obscurités de l’action physiologique de ces mi- crobes. D'autres problèmes scientifiques restent en suspens. A chaque page on peut en soulever : espérons que les études de ce genre se généraliseront en France, car il y a là de quoi glaner à tous les points de vue. F. DIENERT, Docteur ès sciences, Chef du Service de surveillance des Sources de la Ville de Paris. 834 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET-INDEX 3° Sciences naturelles Doilot (Aug.)}, Godbille (P.) et Ramond (G.). — Les grandes plâtrières d'Argenteuil (Seine-et- Oise) : Historique, Genèse et Distribution des formations gypseuses de la région parisienne. — Mémoires de la Société géologique de France, 4e série, t. 1, Mémoire n° 1. La coupe des carrières d'Argenteuil est classique. Chaque année, des groupes de Jeunes géologues vien- nent y apprendre les principes de la Stratigraphie; et, en eflet, on trouverait difficilement une coupe plus nette et plus instructive aux environs immédiats de Paris. D'ailleurs, ce ne sont pas seulement les élèves qui profitent de ces visites; les maîtres eux-mêmes y apprennent chaque fois quelque chose de nouveau, car les carrières se modifient sans cesse. Cette dernière constatation est la raison d’être du Mémoire de MM. Dol- lot, Godbille et Ramond. En comparant leurs coupes avec celles qu'on a publiées antérieurement, on se rendra compte de l'importance de ces modifications. Le fond même de ce travail réside donc dans l’éta- blissement de coupes très détaillées; on en jugera par cette constatation que les auteurs ont réussi à distin- guer 160 couches, comprises entre la fin du Bartonien moyen et les sables de Fontainebleau, chaque couche étant caractérisée par sa nature lithologique, son épais- seur, sa cote, ses fossiles. A côté de ces coupes de détail, d'autres coupes, demi-schématiques, permettent d’embrasser d’un coup d'œil la constitution des buttes d'Orgemont et de Sannois, que montrent, d'autre part, de belles héliogravures. Si les auteurs sont entrés dans les détails les plus minutieux au sujet des plâtrières d'Argenteuil, ils n’ont pas manqué de nous donner, à titre de comparaison, des renseignements généraux sur les autres plâtrières de la région parisienne (Montmartre, Romainville, ete. ); une carte montre, d’ailleurs, l'extension réciproque du gypse et de son équivalent latéral, le travertin de Cham- pigny. La première partie du Mémoire est consacrée à l'histoire des dépôts lagunaires de la région parisienne, suivant les idées exposées par mon regretté maître Munier-Chalmas. Le mode de formation du gypse est rapidement traité, trop rapidement pourrait-on dire; il est regrettable que les auteurs n'aient pas cherché à appliquer ici les nouvelles données de la Chimie phy- sique. Malgré cette critique, le Mémoire de MM. Dollot Godbille et Ramond est un travail très consciencieux que maitres et élèves consulteront avec fruit. L. PERVINQUIÈRE, Chargé de Conférences de Paléontologie à la Sorbonne, Bohn (G.). — Attractions et oscillations des ani- maux marins sous l'influence de la lumière. — 1 vol. in-4° de 108 pages avec figures. Extrait des Mémoires de l'Institut général psychologique. Pa- r1S, 1905. ornons-nous à rappeler l'esprit de ce très intéres- sant travail; nous en avons analysé le contenu ici même, dans notre dernière Revue annuelle de Zoologie (liev. gén. Se., 1906, p. 36-37), en le rapprochant des travaux analogues, tels que ceux de Jennings. M. Bohn occupe une place à part parmi les biologistes francais et apporte beaucoup d'ingéniosité et d'originalité dans l'étude des rapports entre les organismes et le milieu où ils vivent. Sa préoccupation est de chercher un lien aussi immédiat que possible entre les agents physiques ou chimiques extérieurs et les réactions constatées chez les organismes, ou même les formes stables aux- quelles ils sont arrivés. L'observation des réactions des animaux à élé faite, d'une manière générale, avec une tendance psychologique abusive. On est trop porté à les analyser d'après un mécanisme anthropomorphi- que, à placer entre l'agent extérieur et la réaction finale de l'animal des états conscients provoquant actes volontaires. Un physiologiste belge, M Nuel( Vision, Paris, Doin, 1904), protestait naguère vigo reusementet à juste titre contre cette tendance. M.Bohn dans son Mémoire, s'efforce d'y échapper complèté ment, de constater d’abord d'une facon puremer objective les réactions (mouvements) des animaux qu étudie (Littorines) aux agents (lumière, ele.) extérieu d'expliquer leurs variations mêmes par des considér tions purement physico-chimiques, les variations dan l’état d'hydratation des tissus, etc. Il a mis en évidence de la sorte, chez toute une séri d'animaux littoraux de l'Océan, entre autres particulk rités, des oscillations diurnes et bi-mensuelles, sy chrones des marées, etc., persistant quelque temps & s’affaiblissant, après que l'animal a été soustrait à leu rythme. Ces quelques données suffisent à indiquer [@ méthode de l'auteur; sa légitimité et son intérèt mem sont pas discutables. Son application est très difficile d'abord il est très malaisé de saisir toutes les sollicite tions extérieures auxquelles l'animal répond dans chaque cas par une résultante. D'autre part, s'il faub commencer par bannir de nos explications l'interven tion de la psychologie humaine, on n'est pas autorisé a priori à refuser complètement à des animaux, tel que les Mollusques et les Vers, des états conscienl plus ou moins nets et plus ou moins spéciaux, ina cessibles d’ailleurs à notre analyse, mais pouvant inter venir dans les réactions de l'animal pour une pa notable. La considération de quelques états physrol giques, reposant, en dernière analyse, sur l'hydratatiom des tissus ou des considérations analogues, est trè importante; mais suffit-elle à la complexité des phé nomènes”? M. Bohn, au reste, se rend bien compte d ces difficultés. M. CAULLERY, Maître de Conférences à la Faculté des Sciences de Pari 4 Sciences médicales De Fleury (D: Maurice), ancien interne des Hôpitau — Nos Enfants au Collège. — 1 vol. in-12, de w 315 pages (Prix : 3 fr. 50.) Armand Colin, éditeur Paris, 1905. L'idée directrice de ce nouveau livre du D' Maurid de Fleury, c'est que le médecin devrait jouer dans vie du collège un rôle considérable. Ses principes pol tiques interdisent à l’auteur de demander la transfor mation de nos médecins de lycées en véritable fonctionnaires, installés en permanence dans l’établiss sement : ne serait-ce pas cependant la conclusion logique de son ouvrage? A ses yeux, le médecin doïlu collaborer à la construction et à l'aménagement di 1 collège (exiger, par exemple, que chaque élève ait si chambre); il doit assister au lever et prescrire la douche matinale qui stimulera la torpeur des uns et calmer | chez les autres, « les éveils d'adolescence » ; il doit sut veiller la cuisine et varier les menus suivant les tem péraments; il doit régler le nombre et la nature dés exercices de gymnastique: il doit établir et tenima jour la « fiche sanitaire » de chaque élève, et pour cela correspondre avec les familles, faire de nombreuses mensurations, de nombreuses analyses ; il doit ens@ gner l'hygiène, en plusieurs cours adaptés à li variable des collégiens; il doit enfin soigner et guéñ les maladies, non seulement les maladies physiqu mais encore les maladies intellectuelles et morales“ l'inattention qui vient souvent d'une faiblesse nerveuse; la peur qui vient souvent d'une faiblesse musculainé: | On doit reconnaître que toutes ces tâches sont des plus | utiles, et que le médecin devrait être aussi étroile= ment associé à l'administration de nos collèges qu'à l'administration de nos casernes. \ A côté de sa thèse générale, le D' de Fleury, étudiant tour à tour la vie physique, la vie de l'esprit et la vie’ morale des enfants au collège, émet nombre d'idées | intéressantes. Il adresse à l'Université des critiques ont les unes sont, sans doute, justifiées, mais dont les tres sont discutables. I] est vrai que noslycées, dans grandes villes, sont trop grands; il est à désirer n en construise de plus nombreux et de plus étits : l'éducation n'est possible que dans des établis- éments où les maitres peuvent bien connaître leurs ves. Il est vrai que nos lycées manquent d'air et il t regrettable que ceux qui possèdent un parc ne s’en vent pas davantage. Il était vrai jadis, mais il ne érait plus vrai maintenant de dire que les repas sont, our le lycéen, l'heure la plus ennuyeuse de la journée : lepuis quinze ans environ il est permis de causer au ectoire. De même, certaines réformes souhaitées par de Fleury sont accomplies depuis plusieurs années : instituaut la classe d’une heure, qu'il n'aime pas, n a conseillé, comme il le demande, de coupler les lasses consacrées à un même enseignement. Une asso- tion du lycée et de la famille, aualogue à celles qu'il rêve, s’est fondée à Reims depuis quelque temps. L'Uni- ersité ne mérite déjà plus tous les reproches que lui adresse amicalement l’auteur. Acceptera-t-elle toutes les réformes qu'il propose? \eceptera-t-elle l'institution du professeur-adjoint qu'il réconise? Elle pourrait l’accepter en principe. Quel professeur ne consentirait à unir plus étroitement Menseignement « magistral » et la direction du travail l'enfant? Mais, en pratique, la question, telle qu'elle 8 présente en France et en 1906, est fort compliquée. transformation du répétiteur de lycée en profes- eur-adjoint n'a pas été exclusivement dictée par des incipes pédagogiques. Et elle n'aura pas pour résultat fondre l’enseignement et la surveillance. Elle aura dour résultat d'introduire dans les cadres enseignants in personnel de moindre compétence, — celui des anciens répétiteurs, — et de créer, à côté de ces deux ordres réunis, un tiers état chargé de la surveillance es « surveillants d'internat »). C’est cette institution izarre — et non pas celle de M. de Fleury — que poussent. non sans raison, les professeurs de l’en- seignement secondaire. PauL LAPiE, ; Professeur-adjoint à l'Université de Bordeaux. 5° Sciences diverses “affarel (Paul), Doyen honoraire, Professeur à l Uni- versité d'Aix-Marseille, Secrétaire général de l'E x- position coloniale de Marserlle (1906). — Histoire de l'Expansion coloniale de la France, depuis 1870 jusqu'en 1905. — { vol. in-8° de 426 pages, avec croquis. Barlatier, imprimeur-éditeur, Marseille, 1906. Cet ouvrage, comme plusieurs autres publications importantes, dont la Æevue rendra prochainement mpte, témoigne du très louable souci qu'ont eu les rganisateurs de l'Exposition Coloniale de Marseille, è mettre à la portée du public, sous une forme mmode, les éléments nécessaires pour apprécier à un point de vue général l'expansion francaise. L’entre- mise n'était pas sans difficultés, de faire tenir en un eu plus de 400 pages l'histoire résumée du dévelop- ment du second empire colonial français, pendant trente-cinq dernières années. Et il faut savoir gré M: Gaffarel d'avoir su grouper, sans monotonie et ins lacunes regrettables, les faits qui permettent au premier venu de prendre une impression d'ensemble de tous les efforts préliminaires à notre œuvre de “Colonisation à peine commencée encore, en dehors des vieilles possessions. Quoique moins original que le _ volume publié en 1901 par MM. Marcel Dubois et Aug. Terrier, celui-ci ne s'en recommande pas moins, d'ail- leurs, par la sûreté de l'information et l'allure vivante du récit. n La préoccupation dominante de l’auteur a été de faire ressortir, pour chacune de nos possessions nou- elles, l'œuvre des principaux pionniers ofliciels ou | autres, et l'importance relative des expéditions et des | traités. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 839- Ceux qui n'ont pas l'habitude de réfléchir à l’histoire coloniale contemporaine de la France seront frappés de voir, en rapprochant quelques dates, combien est récente la constitution définitive de notre empire. C’est dans les vingt dernières années, et, pour la plu- part, dans les dix dernières, que les possessions fran- caises ont pris tout à fait figure. Quelques-unes sortent à peine depuis hier de la période des acquisitions et des délimitations, et l'on n'a fait qu'en ébaucher la reconnaissance détaillée ainsi que l'inventaire écono- mique. Que l’on pense, pour l'Afrique, aux conven- tions de 1898 et mars 1899 touchant le Sahara et le Soudan ; à l'occupation non encore achevée des oasis, des pays du Tchad, du Haut-Oubanghi; à la conquète détaillée de Madagascar, à laquelle le général Galliéni a été obligé de vouer, de 1896 à 1905; la plupart de ses efforts. En Indo-Chine, nos rapports de voisinage avec le Siam n’ont été fixés qu'en 190:; le haut Tonkin, le Laos et l’'Annam septentrionaux sortent à peine de l'inconnu. C'est en 1900 que le règlement du contesté franco-brésilien, intervenu contrairement à nos pré- tentions, a défini la valeur de la Guyane française. En Océanie enfin, la question des Nouvelles-Hébrides, archipel complémentaire à bien des égards de la Nou- velle-Calédonie, est encore pendante. Or, qui dit soucis, difficultés et frais de conquête, tâtonnements et com- plications d'organisation administrative, sous-entend retard inévitable de connaissance scientifique et de mise en valeur. La France est la nation dont le passé colonial est le- plus glorieux, sinon le plus ancien; mais c'est aussi celle dont les efforts ont dû, par suite du désastre de 1763, s'adresser à la plus grande étendue des pays fermés et arriérés. Il ne faut jamais perdre de vue celte considération, quand on veut apprécier sainement les résultats obtenus. Et comment s'étonner, d'autre part, que la mise en défense de nos colonies ne soit pas encore assurée, pas plus que leurs commu nications rapides avec la Métropole ? Espérons que, l'ère des démarches politiques et militaires étant mainte- nant close, sauf en ce qui regarde le Maroc, nous sau- rons, mieux qu'au xvi® siècle, exploiter et défendre nos acquisitions, si coûteuses à tous égards. Il est au moins un point de ressemblance entre notre histoire coloniale actuelle et celle du passé. Si l'on excepte l'Afrique du Nord et le Sénégal, c'est le manque de vues larges, d'initiative et de hardiesse de la part de l'Etat, et par conséquent la faiblesse et souvent l'incohérence des moyens employés, les à-coups dans le progrès, les gaspillages d'énergie, d'argent et de vies, les reculades. La note est sans doute plus atténuée qu'au temps de Louis XV, parce que l'opinion publique s’est peu à peu formée, et que les circonstances générales de la politique, comme les besoins économiques, contraignent aujourd'hni à l’ac- tion. Mais le livre de M. Gaffarel autorise une fois de plus le rapprochement. Ce n’est souvent pas l'Etat, de nos jours, mais ce sont les individus qui ont donné une impulsion suivie à regrel, réprimée ou enrayée aussitôt; on n'a que l'embarras du choix dans les noms, depuis J. Bonnat, explorateur du pays Achanti, jusqu'à Crevaux et Coudreau, en passant par Laborde et Grandidier, par Lagarde, par Jean Dupuis et par Higsinson. Et quelle peur, toujours, de trop s'engager, de heurter trop directement des rivaux susceptibles et dangereux! Peur justifiable en partie, si l'on songe à notre situation dans l'Europe occidentale depuis 1871, à l’état de nos finances, aux rapports particuliers qui existent chez nous entre le problème colonial et la transformation démocratique du pays M. Gaffarel me permettra-t-il, en finissant, de trouver qu'il à une tendance à l’optimisme en ce qui concerne la valeur et l'avenir de certaines de nos colonies? J'en ai été frappé à propos de la Réunion (p. 296), et sur- tout de Madagascar (p.290). Mais est-ce là un défaut bla noir ivre d’exnositi 9 notable pour un livre d'exposition? F Micmar, Docteur lettres, Professeur d'Historre au Lycée de Bourges. C1 PT ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 13 Août 1906. 1° SCIENCES PHYSIQUES. — M. P. Duhem donne les relations fondamentales auxquelles satisfont les deux chaleurs spécifiques d'un milieu élastique faiblement déformé. — M. Guntz, en chauffant un mélange de BaO avec le dixième de son poids de AI dans le vide vers 12009, a obtenu du premier coup un métal cris- tallisé titrant 98,8 °/, de Ba, qu'une deuxième distil- lation dans le vide donne absolument pur. Il se forme transitoirement un sous oxyde Ba*0, qui se dissocie ensuite. — M. P. Breuil montre que l- cuivre augmente la ténacité et diminue la ductilité de l'acier, mais dans des proportions éminemment variables avec le traite- ment du métal. — M. J. Duclaux estime que la plu- part des phénomènes produits par les diastases ne sont pas dus à la totalité de la substance, même supposée pure : ils peuvent être dus à une fraction seulement, variable selon les conditions de l'expérience. — M. P. Pierron, en faisant réagir les cyanamides aromatiques sur les sels de diazonium, a obtenu les cyanamides des paramidoazoïques, comme C°H5.A7 : Az.CSH*.AzH.CAz. Pour les corps déjà substitués en para, il se forme un diazocyanamidé, qui se décompose aussitôt en cyana- mide, son urée et un paraoxyazobenzène.— MM. J. Ga- limard, L. Lacommeet A. Morel ont réussi à cultiver divers microbes sur des milieux chimiquement définis, constitués par des acides monoamidés ou. des bases hexoniques. 20 SCIENCES NATURELLES. — MM. A. Muntz etL. Faure ont cherché à mesurer le degré de perméabilité des divers sols en déterminant sur place, à l’aide d'un dis- positif approprié, la rapidité avec laquelle l'eau s'in- filtre dans le sol. Les irrigations devraient se baser, pour chaque catégorie de sols, sur la quantité d’eau qui leur est nécessaire. Séance du 20 Août 1906. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. E. Esclangon adresse ses observations de la comète Finlay, faites au grand équatorial de l'Observatoire de Bordeaux. — M. Giaco- bini a déterminé l'orbite définitive de la comète 1905 a; la durée de sa révolution est de 297,15 années. — M. G. Bigourdan communique les sismogrammes enregistrés à l'Observatoire de Paris à la suite du tremblement de terre de Valparaiso du 16 août 1906. Les premiers mou- vements se sont produits dans la nuit du 16 au 17, vers minuit 45; les oscillations les plus fortes ne sont arri- vées que 40 minutes après. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. G. D. Hinrichs montre que, pour les alcools tertiaires, les valeurs des moments d'inertie sont plus petites au commencement de la série, mais croissent plus rapidement avec le prolon- gement de la chaine et bientôt excèdent celles des alcools secondaires. Or, la température d'ébullition est fonction du moment maximum d'inertie; donc ces tempéralures devront suivre l’ordre des moments d'inertie donnés. C'est précisément ce résultat que M.L. Henry a constaté expérimentalement. —MM.E.-E. Blaise et L. Houillon montrent que les réactions entre groupements fonctionnels dans une même molécule ne sont pas une fonction périodique de la position de ces groupernents fonctionnels, {out au moins dans la cycli- sation des diamines. — MM. J. Wolf et A. Fernbach ont constaté que l'empoisd'amidon chauffé sous pression perd sa viscosité sous l'influence de petites quantités de chaux, de magnésie, d'ammoniaque ou de soude; l'alumine n’a aucune influence. | . 3° SCIENCES NATURELLES. — M. A. Giard signale les progrès, aux environs de Paris, d’un Diptère exotique introduit il y a six ans, la Mouche des fruits ou Ceræ titis capitala, qui attaque les pèches. Il menace de produire bientôt des ravagessérieux. —MM.J. Kunstler et Ch. Gineste ont cultivé des Opalines dans de l’eax salée physiologique et même dans de l’eau pure. Leur structure paraît y disparaître en totalité, sans laisse aucune trace apparente. Séance du 27 Août 1906. 1° SciENGES PHYSIQUES. — M. P. Duhem poursuit ses recherches sur les deux chaleurs spécifiques d'un milieu élastique faiblement déformé et donne diverses extem sions de la formule de Reech. — M. M. Gandillot estime qu'on peut reconstituer toute la musique gammes et harmonie, en se basant sur le principe de. la consonance, lequel peut s'exprimer ainsi : Le musik cien aime à assonner les sons dont les hauteurs son en rapports simples. — M. H. Breuil montre que ce. qui caractérise surtout les aciers au cuivre utilisables (jusqu'à 4°/, de Cu), c’est la finesse de leur structures Ces aciers ont d'autant plus de perlite granulo-sorbis tique que la teneur en Cu est plus élevée; cette sorbite donne de l'homogénéité, de la ténacité et de la dureté au métal. — MM. A. Fernbach et J. Wolff ont reconnu que les sels neutres au méthylorange n’ont aucunên influence sur la perte de viscosité des empois chaufTésM sous pression; par contre, les sels alcalins à ce réacti | gènent beaucoup la liquéfaction et il suffit de traces d'alcalis pour l'empêcher. — MM. R. Lépine et Boulud démontrent que l'acide oxalique qui existe normale ment dans l'organisme est l'origine de l’oxyde de ca bone contenu dans le sang normal et surtout dans le sang de certains anémiques. | 20 SciENCES NATURELLES. — M. P. Carnot et Mie CIN Deflandre ont constaté que la rénovation du sang après saignée, paraît ètre provoquée et dirigée pal une substance active, capable de provoquer l'hém poïèse (hemoporétine), qui se trouve dans le sérum @t est détruite à 55°, — M. G. Delacroix décrit une mas ladie de la pomme de terre, fréquente en Allemagne &lM qui semble se répandre en France; elle est due à une bactérie, le Z. phytophuhorus, qui liquéfie rapideme la gélatine. H |] ; | 1 Séance du 3 Septembre 1906. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. G. Rémoundos, montre que la plupart des propriétés fondamentales de la croissance des fonctions uniformes constituent un élément essentiel, sinon caractéristique, de celle des fonctions ayant un nombre fini de branches, dites algébroïdes. — M. F. Sy adresse ses observations dela comète Kopff faites à l'équatorial coudé de l'Observas toire d'Alger. — M. J. Guillaume communique ses | observations de la même comète, faites à l'équatorial coudé de l'Observatoire de Lyon. — MM. A. Claudeëb L Driencourt décrivent un niveau auto-collimateun à horizon de mercure présentant les avantages Suis vants : 4° La précision de l'horizontalité des lignes est presque décuplée; 2° La vérification de cette horizons talité et la lecture de la mire se font simultanément, 3° Les retournements sont supprimés; 4° Dans les pays. de plaine, l'espacement des mires pourra être Sensi= blement augmenté. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. H. Pécheux estime qu'avec M une soudure bien isolée (pour éviter l'oxydation) et avec un refroidissement convenable des fils du couple après la soudure (pour éviter l'effet Thomson), le pyro- | mètre nickel-cuivre, moins coûteux, peut rendre de bons services dans les mesures industrielles. — M. A. de Schulten a constaté que la northuptite 2MgCO*. 2Na°COS.Na*S0“ et la tychite 2MgCO*.2Na°C0* 2NacCl, qui ont une composition semblable et même forme cristalline, sont isomorphes et cristallisent ensemble en proportions quelconques. — M. J. Bougault montre L que la présence d’une liaison éthylénique en position jactonique (y ou yà) ne suffit pas pour permettre la {formation de lactones iodées dans l’action de l'acide mtières amylacées à l’aide de nos connaissances actuelles sur l’état colloïdal. £ “ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE fe Séance du 28 Juillet 1906. — M.le Président annonce le décès de M. P. Brouardel, | membre de la Société. — M. J. Jolly montre que la théorie de la formation liùdes globules rouges dans l'intérieur des cellules vaso- Mformatives doit être rejetée. — M. E. Nicolas décrit Mun nouveau procédé de recherche des composés glycu- “roniques dans l'urine normale, basé sur la formation de furfurol sous l’action de HCI à chaud etsa propriété Mde donner avec l'indoxyle (provenant du dédouble- ment des composés indoxyliques par HCI) un indogé- nide à fluorescence verte. — M, Ch. Porcher montre que le dédoublement d'un bihexose doit toujours S'opérer sur l'urine même avant la défécation, lorsqu'on M. Ch. Féré a constaté que le ménagement de la atigue favorise le travail tant en quantité qu'en qualité, M — M. H. Vincent démontre l’unicité du parasite de la maladie de Madura (Streptothrix Madurae), qui peut joutefois présenter des formes dégénératrices variées. — M. F. Dévé montre que le chien d'abattoir est fréquem- ment sujet à l’'échinococcose et devient une cause de “animaux qu'il approche ou qui vivent dans son intimité. — M. L. Papin a observé une relation étroite entre le développement du revêtement corné de l'épithélium f pharyngo-æsophagien chez le cobaye et celui du stra- um granulosum. — MM. G. Meillière et L. Camus ont “reconnu que la lésion expérimentale du plancher du Le ventricule produit de l'inosurie chez un sujet surali- menté. — MM. A. Calmette, P. Vansteenberghe et “Grysez estiment que le pneumocoque introduit dans le tube digestif peut passer à travers la muqueuse épi- Lthéliale de l'intestin et cheminer avec la lymphe jus- Mqu'aux vaisseaux capillaires du poumon, pour y produire, dans certaines conditions, des foyers de pneumonie “lobaire. — MM. CI. Regaud et J. Blanc montrent que cest de l’extrème sensibilité des spermatogonies aux ayons X que découle la stérilisation immédiate et Ludéfinitive de l’épithélium séminal, — MM.J.-Ch. Roux “et J. Heitz ont observé, dans les racines postérieures | ‘s Mammifères, des fibres à myéline à trajet centri- ge. Elles persistent intactes, quinze jours après la section des racines postérieures, dans le bout radicu- laire attenant à la moelle; elles dégénèrent dans le bout ganglionnaire. — M. E. Brumpt a transmis le Drypanosoma inopinatum à la Grenouille en faisant piquer celle-ci par des sangsues infectées par ce para- Site, Le trypanosome peut aussi s'inoculer directement d'une grenouille à l’autre. — M, Ed. Retterer a cons- taté que les perforations répétées du tégument y créent et y entretiennent un processus irritatif qui aboutit à l'épaississement de la membrane tégumentaire et à la production de végétations. — M. G. Moussu, ayant inoculé des cobayes avec du lait de femmes tuberculeuses, a tuberculisé environ un dixième des animaux traités. — M. Weinberg montre que, si la larve de Gastrophile détermine parfois au point de | l REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES Miient à effectuer celle-ci avec l’azotate mercurique. —: 837 fixation une réaction banale aseptique, elle peut aussi agir Comme un corps étranger septique et donner lieu à une inflammation aiguë ou subaiguë par les microbes qu'elle introduit dans l’épaisseur de la paroïintestinale, — M. Ch.-A. François-Frank à reconnu qu'à chaque inspiration, chez les Oiseaux, la pression tombe paral- lèment dans la trachée, dans le poumon et dans tous les sacs aériens, qu'ils soient situés dans le milieu thoracique, dans l'abdomen ou à la région cervicale. La pression se relève partout à la fois pendant l'expi- ration. —MM. D. Courtade et J.-F.Guyon démontrent de nouveau l’action toni-excitatrice exercée par le grand sympathique sur la couche circulaire de l’intes- tin grèle. — M. E. Couperot a observé une diminution parallèle et suivant le cours de la végétation des pro- portions de nitrates et d'acide cyanhydrique contenues dans le sureau. — M. C. Levaditi a réussi à cultiver le Spirochaete refringens en symbiose avec d'autres bactéries; il forme de courts vibrions ou de longs spirochètes, avec un seul cil terminal, sans membrane ondulante.— Le même auteur a constaté que la balano- posthite érosive de Berdal et Bataille est inoculable au chimpanzé et que les singes cathariniens sont insen- sibles à cette infection. — MM. À. Rodet el Vallet décrivent la maladie expérimentale déterminée chez le rat et le chien par le Trypanosoma Brucei. — MM, À. Rodet et Lagriffoul ont préparé un sérum capable de protéger le cobaye contre l'injection intra-veineuse, vingt heures plus tard, de bacilles typhiques vivants à dose plus que mortelle; cette propriété est une propriété antitoxique. — MM. H. Iscovesco et A. Matza ont constaté que le liquide péricardique contient des albumines positives et négatives et des globulines uniquement positives. [l ne peut coaguler spontanément parce qu'il lui manque des globulines électro-néga- tives. — M, H. Iscovesco a reconnu que les globulines simples de l'organisme subissent par digestion saline un dédoublement en deux globulines de charge élec- trique contraire. — Le même auteur montre que l'ovalbumine n’est pas un colloïde amphotère, mais un complexe formé par une albumine positive et une albumine négative. — MM. V. Henri et H. Iscovesco ont observé qu'une membrane formée par un complexe ayant une charge électrique donnée ne se laisse plus traverser par celui de ses constituants colloïdes qui a une charge électrique semblable à la sienne. — MM.J. Calvé et H. Iscovesco ont constaté que la partie liquide du pus stérile d’'abcès froid ne contient que des colloïdes électro-négatifs. — Mie P. Cernovodeanu et M. V. Henri ont trouvé que les microbes suivants : charbon, colibacille, bacilles d'Eberth, de Koch, de la phléole, staphylocoque doré, ont un signe électrique négatif ; le bacille de Flexner est positif. — M. W. Ga- riaeff a observé que les cellules nerveuses des Cépha- lopodes contiennent une grande quantité de fibrilles; elles possèdent un réseau nerveux périphérique, aux points d'intersection duquel se trouvent des granula- tions. — M. H. Bierry et M®° Gatin-Gruzewska mon- trent que l'injection d'adrénaline chez le lapin décap- sulé provoqua de l'anurie; le chien décapsulé se comporte comme le chien normal. — M. H. Bierry à constaté qu'après injection ou ingestion de chloroforme ayant déterminé des lésions hépatiques, le sucre apparait dans les urines pour des doses de lactose qui, normalement, chez le même animal, ne provoquent pas d'élimination du sucre. — M. G. Seillière a observé que la cellulose du coton, après dissolution dans la liqueur de Schweitzer et reprécipitation, est hydrolysée en grande partie par le suc digestif d'Helix. — MM. Léopold-Lévi et H. de Rothschild estiment que le rhumatisme chronique progressif se développe sur un terrain préparé par un trouble de sécrétion interne ; à la faveur de celui-ci se produisent des auto-infections banales qui mettent en jeu les centres nerveux arti- culaires. — MM. A. Gilbert et M. Herscher ont déter- miné la teneur en bilirubine du sérum sanguin dans l’obstruction chronique du canal cholédoque; elle est 18** 838 de 41/1300 dans l'obstruction par lithiase et de 1/1100 dans l'obstruction par cancer. — M. G. Rosenthal à réalisé l’allobivaccination du cobaye contre le vibrion septique; celte méthode consiste dans l’immunisation ou la vaccination au moyen de la culture en tubes initiale et de repiquages. — MM. H. Labbéet G. Vitry ont constaté que les sulfo-éthers introduits tout formés dans l'intestin ne se retrouvent pas tels dans l'urine. — MM. H. Labbé et L. Furet ont observé qu'au-dessus d’une quantité d'albumine oscillant aux alentour: de 90 à 100 grammes la formation d'acide urique urinaire correspondante n'est plus, chez un sujet normal, proportionnelle à la quantité d’albumine; elle diminue notablement. — M. A. Sartory a étudié une levure nouvelle, le Cryptococcus Bainieri, trouvée sur des feuilles d’ortie. Elle donne des voiles roses sur bouillon pepto-glycériné el sécrète de l'invertine. — M. Gengou a reconnu que la production de sensibilisatrices anti- tuberculeuses ne dépend pas de la race des bacilles injectés. — M. Ch. Dubois a obtenu un ralentissement initial du cours de la lymphe dans le canal thoracique par injection d'une solution hypertonique dans la veine fémorale de chiens préalablement saignés. — M. P. Courmont a observé que le pouvoir chromogène des bacilles acido-résistants est souvent très accusé, surtout en milieux glycérinés. Les bacilles de la tuber- culose peuvent donner des cultures très chromogènes, rouge vif ou jaune d’or. — M. L. Thévenot a constaté que la mannite et le glucose sont favorables à la pro- duction des pigments des bacilles acido-résistants; la pomme de terre et la carotte sont. de bons milieux de culture. — MM. G. Péju et H. Rajat résument leurs recherches sur l’iodure de potassium facteur de poly- morphisme chez les Bactéries. — M. Th. Mironesco à reconnu que les poudres inertes, introduites directe- ment avec la sonde dans l’estomac, ne produisent pas l'anthracose pulmonaire. — M. F. Guéguen décrit un chevalet permettant d'observer au microscope les tubes de culture. — MM. Slatineano el Galesesco ont étudié le liquide céphalo-rachidien dans le typhus exanthématique ; il présente une mononucléose abon- dante, coincidant avec celle du sang. — MM. J. Can- tacuzène et P. Riegler ont constaté que les bacilles morveux tués, inoculés par voie intestinale, donnent lieu à des phénomènes d'intoxication pouvant aller jusqu'à la mort. L'injection de petites doses, par voie stomacale, à intervalles de trois mois, produit une accoutumance à l’intoxication. — MM. M. Villaret et L. Tixier ont observé deux cas de tabès avec poussées de polynucléaires dans le liquide céphalo-rachidien ; mais ces éléments s’altèrent et disparaissent rapide- ment. — MM. Javal et Adler ont reconnu que la te- neur en urée des différentes sérosités, chez un même sujet, sans être identique, est assez voisine. — M. R. Laufer signale un cas de diabète arthritique où l’admi- nistration d'une dose de sucre supérieure à. la quantité susceptible d'être utilisée a abaissé, pour la suite, les limites de lutilisation. SECTION DE NANCY 14 Juillet 1906. MM. P. Simon et L. Spillmann ont éludié les alté- rations du sang dans l’intoxication expérimentale par le chlorate de potasse; ce corps diminue rapidement le nombre des globules rouges et fait extravaser l'hé- moglobine hors des hématies; les lymphocytes et les éosinophiles augmentent de quantité et les mononu- cléaires s'abaissent fortement. — M.$S. Lévy montre que le liséré superficiel des cellules de soutien de la muqueuse olfactive représente l'équivalent d'une gar- uiture cillée — M. R Collin estime que la présence de substance chromatique à l’intérieur du noyau des cellules nerveuses pathologiques, signalée par Lache, doit constituer un phénomène de réparation de la substance chromatophile cytoplasmique. — M. Ch. Soyer décrit un type d'ovocytes ramifiés et à forme Séance du ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES jeune, moins importante, apparaissant aux environs de perforations. hydroïde qu’il a observé chez la Punaise des bois, et il cherche à retracer la façon dont ce type ovocytaire arrive à se réaliser. — M. P. Aime a vu, dans l'ovairé du cheval, se différencier successivement denx glandes. interstitielles : 4° une fœtale très développée, dégéné= rant vers la fin de la vie intra-utérine ; 2° une glande la naissance et persistant jusqu'à l'établissement de lan puberté. — M. L. Bruntz signale la présence d'un organe phagocytaire chez les Polydesmes. — M. AM Weber a observé que l'ébauche cardiaque des Lophon branches présente des phénomènes de torsion très compliqués : renversement normal, puis inversion. M. L. Cuénot montre que la coagulation spontanée du liquide cœlomique des Oursins à le même effet pro tecteur que la coagulation fibrineuse des Arthropodes et des Vertébrés; le caillot ainsi formé au contact des blessures est capable de fermer assez vite les petites SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES Séance du 17 Mai 1906 (fn). M. F. W. Dyson présente le résultat des détermina tions des longueurs d'onde des spectres de la chromos sphère et de la couronne, photographiés au cours des trois expéditions organisées par l'Observatoire royal de Greenwich pour l'étude des éclipses totales du Soleil de 1900, 1904 et 1905. Le Mémoire est purement descriptif et montre en détail les relations entre le spectre chromosphérique et ceux de l’étincelle et de l'arc, sans chercher des causes physiques aux diffé rences et aux ressemblances. — M. W. N Shaw pour suit l'étude de la périodicité apparente dans les récoltesk de blé de l’est de l'Angleterre de 1885 à 1905. La récolte est en relation avec la hauteur de pluie tombée l'automne précédent. Il semble que cette récolte soib soumise à une période de onze ans à six composantes harmoniques. - Séance du 24 Mai 1906. M. J. N. Langley : Sur les terminaisons des nerfs et sur les substances excitables spéciales dans les cel lules. L'auteur indique, dans ses conclusions générales; que son travail établit qu'il y a des raisons de croire que, dans chacun des trois grands types de connexion de la terminaison périphérique d'un nerf efférent ave@ une cellule, un constituant de la substance cellulaire est stimulé ou paralysé par le poison ordinairement considéré comme stimulant ou paralysant les extré= mités des nerts. Des raisons, quoique moins complètes, ont été données pour supposer que ces poisons n'ont. pas d'action spéciale sur les extrémités nerveuses, el que, physiologiquement, la terminaison du nerf n'est) pas essentiellement différente de la fibre nerveuse Dans ce cas, non seulement la fonction de réactions aux nombreux corps chimiques, mais probablement aussi l'aptitude spéciale à la fois des nerfs afférents el, efférents pour la fatigue doivent être transférés des terminaisons nerveuses au même constituant de la cellule. Cette théorie ajoute à la complexité de las, cellule. Elle nécessite la présence, dans celle-ci, d’une ou plusieurs substances (substances réceptives) qui sont capables de recevoir et de transmettre les stimuli, eb capables de paralysie isolée; etaussi d'une ou plusieurs, | substances reliées à la principale fonction de la cellule (contraction ou sécrétion) ou, dans le cas des cellules L'auteur parle de différentes « substances » dans la cellule, avec l'intention d'employer un terme aussi vague que possible. Ces « substances » sont des radis caux de la molécule protoplasmique; actuellement, cependant, il ne pense pas qu'il faille aller plus lom dans la spéculation, en laissant à de nouvelles expé= ds le soin de jeter quelque lumière sur ce pros blème. nerveuses, à la décharge des impulsions nerveuses: | l | ! : ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 839 {, Séance du 31 Mai 1906. ltrolytes amphotères. 1. Les dérivés méthyiés de l'acide para-aminobenzoïque et de la glycine. La constante Nbasique À a été déterminée au moyen de la catalyse |dél'acétate de méthyle, par la méthode de comparaison ‘de Walker et Wood, ou au moyen de la méthode de l'OM. J. Johnston : Les constantes d'affinité des élee- : par les deux auteurs précédents et met en évidence l'influence de la substitution du groupe méthyle dans le groupe AzH° ou COOH. L'examen des tableaux pré- cédents permettra au lecteur de tirer lui-même les conclusions données par l’auteur. Séance du 7 Juin 1906. M. E. Wilson : Effets de l'auto-induction dans un Tasceau |. — Constantes d'’affinité des dérivés méthylés de l'ac. p-aminobenzoïque et de la glycine. ka “1. CH'(AZH?) COOH M CH: (AZH?) COOCHS M CH (AZ7H*) COOC2H5 ,. CH (AZHCHS) COOH - CHA AZHCH)COOCHS. .…. 1,24 X 10 —5 0,92 K10—5 0,94 X 10 —5 env. 10 — 14 Az (CHS)OH 9. CC ; COOCHS CH? (AZHE) COOH. CHE (AZH°) COOCHP. |PoH (AzH CH) COOH CH? (Az[CHS)?) COOH. JL Az (CH) M CH? due COÙ Az(CH)OH | COOC?H$ KalK klK 1 X 40° 5 210 cu ‘ 200 3 2:88 238 DEC LOU .66 Ù 137 — : 173 0,118 X 10° 3,25 269 ns 3,° ; 2176 3,23 X 1011 2.667 — très grand. très gra 28.100 10.750 12,000 = 8,1 X 10 —13 A1 X10—u 9.000 solubilité de Lüwenherz. La constante acidique 4, a été Méterminée au moyen des mesures de conductibilité Ou par la méthode de l'hydrolyse des sels de Shields, Be Tableau 1 donne les résultats de l’auteur (K est la cylindre en fer. Un cylindre en fer de 25,4 centimètres de diamètre est traversé, dans la direction de son axe de figure, par un courant électrique, que l’on amène à être constant. Sous l’action d’une différence de poten- Tagceau II. — Constantes d'affinité des dérivés méthylés des acides o- et m-aminobenzoïques. ka 1,04 X 10 —5 0,46 X 10 —5 ortho L 0,00023 X 10 —5 <10—1 1,63 X 10 —5 0,8 xX 10 —5 0,8 X10—5 AI DOI IDR (© O I ON QE OS ID constante de dissociation de l’eau).— M. A.C.Cumming: | Les constantes d'affinité des électrolytes amphotères. Il: Dérivés méthylés des acides ortho et méta-amino- benzoïques. Le Tableau II donne les résultats obtenus par l'auteur pour les deux acides libres ortho- et méta et leurs huit dérivés isomères des dérivés de l'acide para mentionnés ci-dessus. — M. J. Walker : Les constantes daffinité des électrolytes amphotères. NI. Les amino- acides méthylés, L'auteur discute les résultats obtenus | ka | K 8,6 X 105 3,8 X 105 1,9 X 10° <1 — très srand. 13,5 X 408 13,3 X10—12 très grand. 1.100 3.600 1.000 1.600 6.000 2.800 très grand. 6,6 X 108 6,6 X 10% très grand. Le] tiel suffisamment grande et d’une résistance non in- ductive, le courant total est subitement renversé et maintenu constant; sa propagation vers le centre du cylindre est étudiée à l’aide de bobines exploratrices qui y sont plongées. Les résultats indiquent qu'un cou- rant d'environ 500 ampères prend deux minutes pour devenir uniforme sur toute la section du cylindre. Le délai est causé par les forces électromotlrices opposées, induites dans la masse par le changement des flux LE” 840 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES magnétiques produits par les courants intérieurs aux anneaux successifs. Lorsque le courant total est faible, la f.e. m. induite au centre, par exemple, se produit de suite, puis disparaît. Avec des courants d'environ 300 ampères, un second maximum est développé après environ 80". Pour des courants totaux graduellement croissants, le second maximum a lieu à des intervalles de temps plus courts après le renversement et devient le trait le plus dominant du phénomène. Les résultats obtenus peuvent être appliqués à des cylindres de dia- mètres différents de celui qui a servi à l’'expérimenta- tion, et l’auteur a estimé le temps nécessaire pour faire usage de la section entière d'un fil télégraphique en fer et de rails en acier, tels qu'on les emploie dans la traction par courants alternatifs. — Le Comte de Ber- keley et M. E. G. J. Hartley : Sur les pressions osmotiques de quelques solutions aqueuses concentrées. Les auteurs donnent le résultat des mesures de pres- sions osmotiques des solutions aqueuses de sucre de canne, de dextrose, de galactose et de mannite. On fait agir sur la solütion (qui est séparée du solvant par une membrane semi-perméable) une pression graduel- lement croissante, jusqu'à ce que le solvant, qui passait d'abord dans la solution, renverse sa direction et soit repoussé. La pression, quand il n'y a plus de mouve- ment du solvant, est considérée comme la pression osmotique. Toutefois, par suite de la difficulté de déterminer le point exact auquel aucun mouvement n’a lieu, les expériences sont conduites de façon à per- mettre d'observer la vitesse du mouvement du solvant à la fois quand la pression sur la solution est Juste supérieure et juste inférieure à la pression du point de renversement; de cette vitesse, on déduit la pres- sion osmotique. La série des pressions couvertes par les expériences a été de 12 à 135 atmosphères. Les pressions osmotiques des solutions de sucre de canne mesurées directement et calculées d'après leurs ten- sions de vapeur concordent à moins de 3 °/,. — Sir W. Macewen décrit une série d'expériences montrant le rôle joué par les diverses structures dans la régéné- ration de l'os, chez de jeunes chiens encore à la pé- riode de développement. SOCIÉTÉ ANGLAISE DES INDUSTRIES CHIMIQUES SECTIONS DE BIRMINGHAM ET DE NOTTINGHAM Séance du 26 Avril 1906. MM. F. R. O’Shaughnessy et H. W. Kinnersley communiquent leurs recherches sur la façon dont se comportent les colloïdes dans les eaux d'égouts. Is arrivent aux conclusions suivantes : 1° La quantité de matière colloïdale en solution dans les eaux d'égouts varie beaucoup. L’urine et les matières fécales consti- tuent les principales sources de la matière organique colloïdale; 2° En général, les eaux domestiques con- tiennent plus de matières colloïdales que les eaux rési- duaires industrielles ; 3° L'efficacité des fosses septiques comme moyen de destruction des boues a été sur- estimée; # La résolution per se, c'est-à-dire la décom- position de la boue solide originale dans une fosse sep- tique, a lieu, pour la plus grande partie, après que la matière organique a passé en solution; 5° La quantité de matière colloïidale dissoute est augmentée par l'action septique; 6° Lorsqu'on possède un moyen rapide de se débarrasser des boues sans effet nuisible, le traitement septique est une erreur; 7° Dans le cas des auteurs, la seule raison de continuer le traitemeut septique a été que, par ce moyen, la grande quantité de boues à traiter sur le sol a été privée de son odeur désagréable; 8° La liqueur septique dont tous les solides en suspension ont été enlevés par sédimentation contient toujours de la boue potentielle; 9° La matière qui se sépare par le repos d’un échantillon clair de liqueur septique est insoluble, à odeur très faible, et elle est très stable; 10° L'une des principales fonctions de tout procédé de purification des eaux d'égouts € rifiées est l'enlèvement de la boue potentielle nt | contiennent. Quand la liqueur est versée sur un bo sol, il n’en reste qu'une trace dans l’effluent; il en es de même des effluents des lits bactériens efficaces. SECTION DE LIVERPOOL Séance du 14 Février 1906. | MM. F. G. Donnan et J.T. Barker : La dilatation volume du ciment Portland. Un ciment bien fabri ne doit pas présenter une dilatation en volum maximum plus grande que 1 °/, quand on l’expose. l'essai à l’eau bouillante. La majorité des ciments exa minés ont présenté une dilatation beaucoup moindre La latitude de 12 millimètres de déplacement ({ l'appareil de Le Chatelier), accordée en Angletern pour le ciment aéré pendant vingt-quatre heures, cor respond à la dilatation de 1 °/, en volume. SECTION DE LONDRES + Séance du 11 Juin 1906. -. nt MM. C. Bergtheil et R. V. Briggs ont expérime les diverses méthodes de détermination de l'indigotin dans l'indigo commercial et dans les plantes fournis: sant de l'indigo (méthodes au permanganate et mé thodes de réduction). Les résultats obtenus sont trè concordants pour toutes les méthodes, excepté pou! celle où le chlorure de baryum est utilisé comme pré cipitant, Les méthodes au permanganate sont plu simples et plus rapides que les méthodes gravimé triques ou de réduction; la purilication par le carbo# nate de chaux est essentielle pour les méthodes di réduction. — M. W. A. Davis présente ses recherche sur les carbonates basiques de magnésium. Le carb@ nate acide de Mg en solution à la température ordi naire subit l’hydrolyse avec formation d'un hydroxÿ carbonate Mg (OH)(CO‘H). qui est un vrai carbonaf basique. Le carbonate trihydraté MgCO*.3H°0 est en réalité l'hydroxy-carbonate dihydraté. Les carbonat doubles de magnésium et d'un métal alcalin MgC0 K°CO®.41H°0 où MgCO'.KHCO*.#H°0 sont, en réalité, les sels normaux ou acides du carbonate acide de magnés! sium Mg(CO'K}® ou Mg(CO*K){CO*H). Le dihydralé d'hydroxycarbonate de magnésium est décomposé comme suit par ébullition avec l'eau : Mg(OH)(CO* 2H20 — Mg(OH)(COSH) + 2H°0; Mg(OH)(CO'H) + H°0 Mg(OH)°+ H°O+CO*. Les poudres connues sous nom de carbonates basiques de magnésium sont € tituées par un mélange en proportions variables de Mg(OH)(CO“H).2H20,Mg(OH)(CO"H) et Mg(OH)°. ACADÉMIE DES SCIENCES DE BERLIN Séance du 21 Juin 1906. | M. Engelmann adresse une Note sur la relation causale entre la contractilité et le pouvoir biréfrins gent. L'auteur fait la démonstration d'un nouveau mo} dèle illustrant sa théorie de la contraction musculaire}! modèle où le raccourcissement thermique d'une corde, de violon gonflée est opéré non pas par un échaufles| ment extérieur, mais par des courants d’induction tr& | versant la corde elle-même. C'est ainsi qu'on obtient} facilement des raccourcissements dont la vitesse égale celle des palpitations les plus rapides des muscles! volontaires. Un mème fragment de corde peut, sans ètre détérioré, exécuter des milliers de palpitations se! succédant à une vitesse considérable. Séance du 5 Juillet 1906. M. Branco présente les résultats de ses études sur l'application des rayonsX en Paléontologie; il démontre tous les avantages que présente cette application et tout ce qu'on peut espérer d'elle. A. GRADENWIZ. | |'8 1 ps Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER. | 1 Le Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. | = N°19 15 OCTOBRE 1906 DIRECTEUR : kRevue générale des Sciences pures et appliquées LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. L. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. $ 1. — Astronomie À La recherche des petites planètes.— L'emploi a photographie a beaucoup simplifié la recherche la surveillance ultérieure des nouveaux astéroïdes . de ce fait, la connaissance de l'anneau des petites anètes devait rapidement progresser. Or, il n'en est en, bien que le fait puisse sembler paradoxal : l'étude ë ces astres est, en effet, tombée dans une négligence ative, car bien des astronomes apprécient médio- ment les efforts persévérants et laborieux de ceux üiobservent simplement les petites planètes. La pho- graphie, simplifiant théoriquement, jetait par là ème un certain discrédit sur les observations : et, pendant, il s'en faut que chaque observateur soit butillé pour les recherches photographiques; si mème e petite planète est découverte, elle est assez souvent érdue faute d'éléments suffisants; les premières don- es des observations sont sans précision, et parfois dives ; enfin, un grand nombre de celles que découvre M photographie sont beaucoup trop faibles pour les ïesures visuelles, et personne ne se charge de les pe par le même procédé que celui de la décou- 6. e cette facon, l'anneau s'enrichit certainement assez ite, mais les observateurs font défaut; sans doute, il st pas glorieux de suivre des observations dont la hnique est assez bien établie, mais cependant la me, peuvent arriv: * à paralyser complètement les observateurs déjà très gênés par d'autres données : “echerche d'objets faibles même à des positions assez bien connues, mais dans des régions riches, étoiles de Comparaison impossibles à trouver pratiquement, etc. Len un mot, dans l'état de choses actuel, l'anneau Senrichit d'une facon presque inutile par suite de la |Connaissance beaucoup trop grossière que nous avons individuellement de chaque astre. | Et puisque les observatoires sont rares dans lesquels, systématiquement, on s'efforce de suivre les planètes nouvellement découvertes, il était bon qu'une voix très autorisée, comme celle de M. Palisa, s'élevât pour REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE demander des améliorations‘, Il faudrait, avant tout, des cartes écliptiques, couvrant par exemple 10°; mais, surtout, des cartes petites, maniables, car tout ce que l'on possède à l'heure actuelle est impraticable dans le cas d'observations équatoriales et ne peut constituer qu'un objet de collection et de bibliothèque. Ces cartes, aussi bien, pourraient être obtenues par des procédés sommaires, et devraient être sans quadrillages. En outre de cette réforme vraiment utile, nous aime- rions voir grouper les positions d'étoiles disparues, positions que les observateurs publiaient encore jadis de-ci, de-là : c'est un travail très utile, que peut faire sans beaucoup de peine l'observateur qui suit les petites planètes, et auquel on a également renoncé, la con- sidération qui s'y attachait étant tombée. Espérons que, grâce à M. Palisa, l'attention sera un peu attirée sur ces questions, car on entend souvent les doléances de ceux qui s'intéressent à cette matière, et qui souffrent de son imperfection. Etude de la chromosphère avec un spec- trographe à fente circulaire. — M. Donitch a présenté à l'Académie des Sciences de Saint-Péters- bourg un essai, analysé dans le Bulletin Astronomique, pour l'étude de la chromosphère en dehors des éclipses de Soleil avec un spectrographe à fente circulaire : cette disposition nouvelle fut suggérée à l’outeur par les expériences qu'il fit lors des éclipses totales du 28 mai 1900 et du 17-18 mai 1901. L'image focale du Soleil, produite par un objectif, est projetée par un second sur le plan d’une fente circulaire de 180° d'angle, de manière que le diamètre de la seconde image solaire soit un peu plus petit que celui de la fente. En faisant varier la dimension de l’image solaire, on arrive à détacher du bord un croissant extrèmement mince et allongé. L'étude spectrométrique fait con- naître pour chaque raie la longueur d'onde et l’épais- seur de la couche chromosphérique. On s’est particulièrement attaché aux trois raies H:, H et K, attribuées, la première à l'hydrogène, les deux dernières au calcium. Les épaisseurs correspondantes seraient 1.400 kilomètres, 2.000 kilomètres, 2.000 kilo- 1 Astronomische Nachrichten, n° 3935. 19 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE mètres, valeurs plus faibles que celles qui ont été déduites précédemment des observations d'éclipses. Ce sont là d’intéressants résultats, etil serait désirable, selon le vœu même de M. Donitch, que de pareilles expériences pussent être poursuivies dans une station de montagne. $ 2. — Physique Détermination objective de la fréquence des flammes de Kônig. — Lorsqu'on a fait entrer un gaz, à travers un tube, dans une capsule fermée par une membrane et qu'on le laisse s'échapper à travers Fig. 4. — Dispositif de M. Marbe pour la production de flammes oscillantes. un autre tube, on modifie la vitesse d'écoulement du gaz par les vibrations qu'on communique à la membrane ; aussi la hauteur des flammes allumées à l'embouchure du tube est-elle fonction de ces vibrations mêmes. 1 1 fs \ VW WU) WI Fig, 2. — Enregistrement des oscillations des flammes par des taches de suie. — a, b, e, tambours supportant le papier enregistreur. C’est là le phénomène bien connu des flammes de Kônig. Pour démontrer la présence d'oscillations dans ces flammes, on se sert en général d'un miroir tournant ou de dispositifs stroboscopiques. Ces derniers per- Fig. 3. — Enregistrement fourni par le son d'un diapason (300 vibrations). mettent d'étudier avec plus de détails la forme des flammes oscillantes. Lorsqu'on veut fixer par une image objective la forme et la fréquence de ces vibrations, on les photographie sur une bande de papier se déroulant d'une façon appropriée. On se sert des flammes de Künig pour démontrer la présence et pour étudier le nombre des vibrations acous- tiques. Par contre, ces flammes ne se prêtent point à. l'étude de la forme des oscillations primaires ou de celles de la membrane, è M. K. Marbe! a été conduit, par des recherches appar- tenant au domaine de la Psychologie linguistique, à inscrire les oscillations de ces flammes par un procédé tout à la fois objectif, plus simple et moins coûteux Fig. 4 — Enregistrement fourni par le courant alternatif municipal. que la photographie. Il fait passer à cet effet une bande de papier perpendiculairement au diamètre d’une flamme produisant de la suie; celle-ci laisse alors su le papier des taches de suie correspondant à la forme des oscillations. Un diapason à 300 vibrations était diss posé sur une boîte en bois ouverte d’un côté et pr sentant du côté opposé un trou circulaire sur lequel} capsule de Künig était appliquée, la membrane se tro vant immédiatement au-dessus de l'ouverture (fig. és g. 5. — Image de la voyelle « a ». Fig. 9. — Image de la voyelle « u ». Un rouleau horizontal à bande de papier était disposé à quelques centimètres au-dessus de la pointe dela flamme (fig. 2). D | Tant que, le papier se déroulant à une vitesse Con venable, le diapason se trouvait au repos, on a obtenu une bande simple de couleur grise. Aussitôt que le diapason s’est mis à exécuter des vibrations, l'inscrip+ tion, comme le fait voir la figure 3, a changé de carac-, tère, les pointes des languettes étant orientées SuIVan ! Physikalische Zeitschriit, n° 15, 1906. | la“direction du mouvement du papier. Ces languettes nt, paraît-il, les images d’une partie de l'enveloppe mineuse de la flamme. “L'auteur a réussi à transmettre les vibrations d’une membrane téléphonique à une flamme de Kônig et à enregistrer d'après le procédé qu'on vient de décrire, remplaçant la membrane employée dans la première érience par une membrane téléphonique, mise en Vibrations par le courant alternatif de la Centrale muni- ipale. La figure 4 fait voir les résultats ainsi obtenus. autre part, il évalue la fréquence de ce courant au moyen de deux flammes, reliées respectivement à la membrane du téléphone et au diapason. Or, l'idée se présente spontanément de transmettre |voix humaine à la membrane et de la fixer graphi- ement d'après cette même méthode, la membrane étant, comme d'ordinaire, reliée à un microphone. Les images caractéristiques des voyelles à, e, 1, 0, ou, sont produites dans les figures 5 à 9, où l’on distingue rfaitement les vibrations entières. Le même procédé prête même à l'analyse de mots complets. Le procédé de M. Marbe est, semble-t-il, appelé à onner lieu à d'intéressantes découvertes dans le omaine de l'Acoustique, ainsi que dans celui de la Phonétique. L'auteur étudie en ce moment la cons- ruction d’un appareil qui permettrait d'enregistrer aphiquernent les hauteurs de sons formant un dis- urs suivi. Cet appareil, qui sera combiné à un comp- eur marquant sur le papier les dixièmes de seconde, ra employé pour des recherches statistiques sur la élodie de la parole humaine, recherches dont l'idée rmait le point de départ du présent travail et qui ront d’autaut plus intéressantes qu'on manquait squ'ici d'un moyen de se procurer des inscriptions phonétiques étendues et nombreuses. D'autre part, le nouveau procédése prêtera à des appli- cations d’un ordre purement technique, dans la télégra- | phie transatlantique par exemple, où il remplacera Mivantageusement les galvanomètres à bobines rotatoires et à aiguille («siphon recorder ») par les inscriptions | graphiques des vibrations d'une membrane. | Dans la télégraphie sans fil, on se voit parfois dans nécessité de transmettre les oscillations électriques des membranes téléphoniques et, par là, à l'oreille maine. Or, la combinaison du téléphone à un appa- l construit suivant le principe de M. Marbe per- fettrait la reproduction objective des radiogrammes. La théorie de l’are voltaïque sonore. — Au Weours d’une étude étendue des phénomènes qui se ‘passent dans les arcs voltaiques, M. H. Simon ‘avait fait pi que la caractéristique dynamique des arcs diffère, lans le cas du courant alternatif, de la caractéristique statique relative aux arcs à courant continu, la pre- Mmière présentant des tensions plus basses pour les “ntensités de courants décroissantes que pour les inten- Sités croissantes. Ce phénomène, désigné par l’auteur Sous le nom d’Aystérèse des ares voltaïques, semble Mépendre d'une facon compliquée de la longueur des arcs, de la matière des électrodes, de la nature du gaz ambiant, de l'intensité maxima du courant, de la forme æt de la fréquence du courant alternatif, etc. Or, tous tes phénomènes sont représentés d'une facon très bsatisfaisante par la théorie établie par M. Simon et qui tinterprète d'une manière précise un grand nombre de lcaractères jusqu'ici inexpliqués de l'arc voltaique. Ce mème phénomène de l’hystérèse de l'arc vol- laïque est susceptible d'expliquer les phénomènes | telatifs aux arcs sonores ®. Après avoir déduit les condi- üons électro-dynamiques que doit satisfaire un con- ducteur capable de produire des oscillations non | amorties dans un système oscillatoire disposé en ) parallèle, l'auteur réalise et discute les caractéristiques | Sciences du 30 janvier 1906, p. 59. Physikalische Zeitschrift, n° 13, 1906. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Physikalische Zeitschrift, n° 6, 190. Revue gén. des- 843 dynamiques de l'arc sonore au moyen de l'oscillo- graphe. Par cette même méthode, il étudie la genèse des phénomènes sonores dans leur relation avec les conditions de fonctionnement. Les propriétés phy- siques spéciales de l'arc se trouvent par là élucidées ; certaines complications jusqu'ici incomprises s'inter- prètent également grâce à l'hystérèse de l'arc. La théorie de cette hystérèse, donnée par M. Simon, sert à établir une théorie de l'arc sonore qui rend tous les phénomènes observés de la facon la plus satisfai- sante. Sur la base de cette théorie, l'auteur réussit enfin à réunir les principes sur lesquels il faut se guider pour engendrer, au moyen de l'arc voltaique sonore, des courants alternatifs à haute fréquence. $ 3. — Chimie La fabrication domestique du vinaigre de vin. — On sait que le vinaigre de vin est le plus fin et le plus apprécié par les consommateurs; mais le produit vendu sous ce nom dans le commerce est l'objet de bien des contrefacons. Aussi n'est-il pas rare de voir le public fabriquer lui-mème son vinaigre au moyen de vins de qualité ordinaire. L'acétilication domestique du vin est plus ou moins empirique et donne des produits de qualités variées. Ayant été amené à étudier cette question, mes recherches m'ont conduit à préconiser le procédé suivant, simple, rapide, et qui donne d’excellent vinaigre : On prend un petit bocal en verre, d’une contenance d'environ 2 litres, au fond duquel on dispose un petit lit de copeaux de hêtre de # centimètres de hauteur; on y ajoute un peu d’estragon coupé en morceaux. Puis on arrose le tout avec du vinaigre de bonne qualité, préalablement tiédi, jusqu’à ce que les copeaux baignent complètement. On place le vase dans un placard ou buffet de cuisine à la lumière diffuse ; il devra y rester pendant toute la durée de la fermentation. Après un repos de huit jours, il s’est formé à la surface du liquide un mince voile, constitué par une culture de Mycoderma Aceti. On ajoute alors le quart environ d'un litre de vin bien filtré, en ayant soin de verser ce vin contre les parois pour ne pas briser le voile qui recouvre le liquide. On répète deux fois cette opération à deux jours d'intervalle, puis finalement tous les jours jusqu'à ce que le liquide atteigne le niveau du col du récipient. Au bout de cinq semaines, l’acétification est com- plète ; il faut alors soutirer le vinaigre formé sans trop . tarder, car le Mycoderma Aceti, ne se trouvant plus en présence que de faibles traces d'alcool, pourrait porter son activité sur l'acide acétique lui-même et sur les éthers à odeur aromatique qui lui donnent son bouquet pour les transformer en eau et acide carbonique. On prélève seulement les deux tiers du liquide, que l'on filtre et qui pourront servir pour la consommation courante. Au tiers restant, on ajoute une nouvelle quantité de vin et l’on continue la fermentation comme précédemment. On peut encore perfectionner le dispositif précédent de la façon suivante : On recouvre le bocal d’un cou- vercle en carton percé de trois trous. Le premier donne passage à un entonnoir avec filtre, terminé par un tube de verre plongeant jusqu'au fond du bocal; il permet d'introduire le vin tout filtré sans crainte de briser le voile mycélien. La seconde ouverture donne passage à l'air. Enfin, la troisième est traversée par un tube deux fois coudé, plongeant jusqu'aux deux tiers du vase et formant siphon, qui permet de soulirer le vinaigre sans difficulté une fois l'opération terminée. Emile Leturc, Tigénieur-chimiste. Les maladies microbiennes des vins de Champagne. — Nous recevons de MM. Kayser et Manceau la lettre suivante : « Monsieur le Directeur, « Nous vous serions très obligés de vouloir bien 844 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE insérer quelques rectilications sur certains points qui nous concernent dans l'article de M. Cordier : « Les maladies microbiennes des vins de Champagne », paru dans la Revue générale des Sciences du 15 septembre 1906. « Page 794, M. Cordier signale que MM. Kayser el Manceau ont aussi reconnu la formation, par des bac- téries relirées de vins filants d'origines diverses, de mannite el d'acide lactique. M. Cordier oublie que nous avons en même temps caractérisé ces bactéries comme ferments de la graisse, par ensemencement dans des vins stérilisés qui sont devenus gras, en donnant les. produits connus, ce qui n'avait pas été fait antérieu- rement avec des cultures pures. « M. Cordier ajoute : « Nous avons nous-même établi « (Revue de Viticulture du 1°" février 1906) que la graisse « utilise principalement le lévulose résiduel des vins. » « On établit quelque chose en donnant des chiffres, des résultats d'expérience. L'article de la Revue de Viticulture ne contient rien de semblable. Entre le fait expérimental d'avoir montré que les microbes isolés par nous rendent les vins gras et qu'ils préfèrent le lévulose, et une simple hypothèse, qu'on pourrait, d'ailleurs, à priori, appliquer à tous les ferments de maladie, le choix n'est pas douteux, et nous devons re- vendiquer une priorité bien justifiée par les chiffres que nous avons cités dans les Comptes rendus de l' Aca- démie des Sciences du 23 juillet 1906. La prédominance du lévulose dans le résidu sucré des vins de Champagne a été établie par M. Manceau, auquel on doit, d'ailleurs, les preuves expérimentales de l'existence de ce résidu et la théorie actuelle de la préparation des vins mous- seux. « Page 794, 2e colonne, nous trouvons cette phrase: « Si l’on vient à tenter la détermination des caractères « culturaux sur le milieu pour nous le plus intéressant, « c'est-à-dire sur le vin, on s'aperçoit bien vite que « l’expérimentation devient tellement difficile qu'il est « nécessaire de l'abandonner. » « Cette affirmation nous surprend d'autant plus que notre travail, résumé dans les Comptes rendus de l Aca- démie des Sciences du 23 juillet 1906, avait surtout pour but de préciser les résultats de la culture dans les vins, et, comme les microbes étudiés par nous préfèrent le lévulose dans les vins, il est logique de faire dispa- raitre ce sucre par une levure énergique de lévulose, telle que M. Dubourg nous les a fait connaître il y à une dizaine d'années. i « Cette contradiction, que nous venons de relever, entre les assertions de M. Cordier et les résultats de nos travaux, n'est d'ailleurs point la seule. « Veuillez agréer, ete. « E. Kayser, « Directeur du Laboratoire de fermentation à l'Institut national agronomique. » « E. Manceau, « Docteur ès sciences. » $ 4. — Géologie Analyse des cendres du Vésuve. — Les cendres recueillies le 14 août 1906 à Ottajano par M. Prinz ont été analysées par M. A. Cosyns, qui en donne les principales caractéristiques suivantes : Desséchée complètement, la cendre ne perd, à 110», que 0,31 °/,, composés de 0,28 d’eau et 0,03 d'acide volatil. . Par calcination au rouge, elle perd une certaine quan- tité de gaz réducteurs, puis, au contact de l'air, aug- mente légèrement de poids par suite de l'oxydation des composés de fer au minimum. Elle abandonne à l'eau froide 4,68 °/,, dont la majeure partie est composée de : i Sulfate de calcium, . .. Chlorure de sodium . 0,895 0,761 puis des sulfates de magnésie, alumine, silice, du car- bonate de soude, des chlorures de fer et d'ammo- nium, etc. L'aimant enlève à la cendre environ 4 °/, de fer ma= gnétique, contenant lui-même 2 °/, de TiO? (oxyde de titane). £ : L'analyse chimique globale révèle dans la cendre lavée à l’eau froide : Silice (SiO?) 4310 2 0048 GEI Oxyde’de fer (Fe D NM CO 160 } Chaux (CAO) RER 21 Altueine (AIO) 14,76 Magnésie (MgO) 3,94 SOULE NEA O0) ER EN RE 10 Potassei(R?0)- #20 En 23 Oxyde de manganèse (MnO). 0,02 Oxyde de chrome (Gr°0?) . 0,009 Oxyde de titane (Ti0®) . . . 0,115 ATSeNIC (AS) RER RC ERTACESS PIUOLI(EI) EE PR EE — Bore (Bo) LORS . — ZINC (ZD) ENT = M. A. Cosyns a étudié de nombreux échantillons, pris & des jours différents, et dont la composition est variable dépendant notamment de la situation atmosphérique au moment de l’éruption et peu après celle-ci; mais l'exemple que nous donnons peut constituer un type fréquent, autour duquel oscilleront les autres. $ 5. — Sciences médicales Les ties et le sommeil. — La plupart des auteurs qui ont étudié les tics dans le courant de ces dernières années, Brissaud, Henry Meige et E. Fein del, admettent que les tics cessent pendant le sommeil; ce fait constitue même un caractère différentiel im portant entre le {ie et le spasme qui, lui, peut persiste pendant le sommeil. M. Cruchet (Société de Neurologie de Paris, 1°" mar 1906) admet cependant que certains tics peuvent per sister pendant le sommeil. A l'appui de cette assertion il a rapporté l'histoire de deux petits garcons, l'un âgé de huit ans, l’autre de treize, atteints l’un et l’autre tics multiples. Chez l'un d'eux, le tic prédominant pen: dant la journée était caractérisé par une secousse extrèmement violente et brusque de la tète en ar rière. Or, ce tic persistait durant le sommeil : toutes Iles demi-heures environ, l'enfant reproduit exactement 1e tic qu'il fait dans la journée, le répétant deux ou trois fois de suite, accompagné parfois de haussement des épaules. ' Dans la deuxième observation, l'enfant endormi, les« yeux clos, sans cri, sans cauchemar, se met sur SOn\ séant et, une fois assis, exécute trois ou quatre mouve= ments brusques de la tête en arrière; puis il se rec et continue à dormir. | D'après M. Henry Meige,les « mouvements nerveux» qui produisent des déplacements de l'extrémité céphas lique méritent une attention toute spéciale. Les uns en effet, comme les brusques secousses de hochement si fréquentes chez les jeunes tiqueurs, sont certainement, comparables aux autres tics de l'enfance. D'autres, aus contraire, mouvements de flexion, d'extension ou des! | | clinique un peu particulière. On peut hésiter à les assis miler complètement aux autres ties, surtout lorsqu'on les observe chez de très jeunes sujets. Le pronostic doit être plus réservé dans ces cas que lorsqu'il s’agit d'autre tics. M. H. Meige fait remarquer que précisé= ment les seuls tics dont M. Cruchet ait noté la persis= tance pendant le sommeil sont des mouvements de la tète et du cou. : D'ailleurs, comme l'a fait observer M. Brissaud, le mouvements convulsifs de la tête et du cou ont des caractères spéciaux, dont Duchenne (de Boulogne} | avait été frappé. | rotation plus amples de la tête et du cou, ont une alluré E.L. BOUVIER — L'ARCHIPEL DES ACGRES L’ARCHIPEL L'océan captive par ses merveilles et son influence reposante, mais les terres éloignées ont aussi leur attrait, et c'est avec plaisir qu'on les voit oindre sur l'horizon, après une croisière un peu ongue. Le Prince n'ignore pas ces sentiments très naturels, et il ne néglige rien pour les satisfaire, Sachant d’ailleurs que ces intermèdes donneront in nouvel élan aux recherches océanographiques. Quittons donc le domaine maritime, pour jeter un coup d'œil sur les côtes que nous avons vues de près ou visitées. Voici d’abord le rocher de Gibraltar (fig. 1 et 2), qui se détache comme un sigantesque chäteau-fort à l'entrée du détroit, sur la rive orientale de la baie d'Algésiras, du côté de la Méditerranée, où il des- cend par une pente raide et -ans verdure. La ville fig. 2) s'étage au bord même de la baie, occu- pant presque sans lacunes toute la base inclinée du roc, et traversée par une ande artère sur laquelle ennent s'ouvrir de nom- breuses ruelles en pente. On n'a rien négligé pour rendre quelque peu agréa- ble cet aride séjour : des chênes-verts, des lau- Hers, des nopals, s'élèvent au-dessus de la cité, tous les points où peut subsister un peu de terre gélale; et, dans la ville même, on a ménagé un Jardin public assez vaste, où le défaut d'irrigation semble pas mettre obstacle au développement pins, des faux poivriers, des aloès et de quel- ques arbustes tropicaux. Du détroit, et mieux Lencore de la baie, où la Princesse-Alice est ancrée près du vaste port de guerre, on distingue | très bien les routes en zig-zag qui conduisent à la | crête du rocher; on aperçoit même les canons qui | dominent cette crêle ; et tout l'ensemble, avec ses Voir : « Quelques impressions d'un | naturaliste au cours de la dernière campagne scientifique de S. A. S. le Prince | dé Monaco », dans la Revue des 15 mars, 45 avril et 30 mai 1906, sous la forme d'un gigantesque biseau, presque à pente moins raide du côté de la ville de Gibraltar. pied du rocber derrière la falaise verticale du premier plan. (D'après une photographie DES AÇORES" tunnels à meurtrières creusés au sein de la mon- tagne, ses forts, ses batteries, donne l'impres- sion d'une puissance peu commune, utilisée par un génie persévérant qui ne connait pas les obstacles. Après quatre jours de navigation dans l'Allan- tique, nous passons au large de l'ile Porto-Santo, dont la silhouette hérissée de pics se détache sur l'horizon. Le lendemain, nous sommes au pied même du groupe des Desertas : Chao, la grande Fig. 1. — Le rocher de Gibraltar tel qu'il pur du sud, à l'entrée même du détroit, pie du côté de la Mé iditerrance, — Cette dernière s'échelonne on au de M. le Professeur Joubin.) Déserte et Bugio, trois sommets volcaniques séparés par des chenaux étroits et profonds. Ces ilots apparaissent inhospitaliers et sauvages, mais non sans caractère; les roches polychromes s'y superposent en couches irrégulières, interrompues çà et là par des coulées de cendre, ou recouvertes d'un gazon vert aux endroits quelque peu abrités. Allongée de l’est à l'ouest, la grande Desertas pré- senle à nos yeux sa haute crêle sinueuse et ses flanes abrupts qui la rendent presque inabordable ; les habitants de Madère y vont recueillir de jeunes Puffins, et des lireurs au pied agile relancer la Chèvre sauvage; mais il faut une lémérilé peu or- dinaire pour atteindre la hauteur où se liennent ces animaux. La chasse aux chèvres est particuliè- rement accidentée et émouvante; le Prince s’y livra au cours d'une de ses campagnes antérieures, et il E.-L. BOUVIER — L'ARCHIPEL DES ACÇORES Fig. 2. — Le rocher de Gibraltar et la ville, vus de la baie d'Algésiras, — L'extrémité méridionale du rocher, celle qui touche au détroit, n'est pas SUR dans cette photographie; à gauche, l'étroit ruban de terre basse qui rattache le D'après une photographie de M. le Professeur Joubin.) donnent une terre fertile, mais éminemment propre aux phénomènes d’éro- sion. Ces derniers phéno- mèênesse manifestentavée une intensité extraordi- naire, à cause de la struc= ture de l'ile, qui, sur toute sa longueur (60 kilomè- tres), est séparée en deux versants par une crête montagneuse continue @b fortélevée.Lesflancs dela chaine sont creusés d'ins nombrables ravins, appeés lés currals, qui, étroils et profonds (fig. 3), coms mencent aux sommels pour s'ouvrir dans la mem Trois de ces ravins træ versent la ville de Fun chal, où ils ressemblent tout à fait aux lits de vos lumineux torrents. Le plus remarquable ravin este e rocher à l'Espagne. a pittoresquement décrit ce haut fait cynégétique | Grand Curral, qui commence au Pico Ruivo,l8 dans son beau livre : « La Carrière d'un navi- gateur ». Le chenal qui sépare Bugio de la grande Dé- serte étant franchi, Madère nous apparaît toute verdoyante, et bientôt la Princesse-Alice jette l'ancre dans la baie de Funchal. La ville de ce nom ne compte pas moins de 44.000 habitants ; avec ses routes pavées de petils galets obtus et glissants, elle offre peu de charmes aux piétons, mais elle se prête à merveille au service des qui, ayant des pour attelage, remplacent pittoresquement nos voitures el nos fiacres. Funchal est une station sanilaire et de plaisance, très fréquentée par les Anglais et les Allemands; à l'exception de son carros ou traineaux bœufs Jardin public, orné de magnifiques plantes tropi- Musée d'Histoire naturelle établi au l’aimable P. léproserie ancienne presque dépeuplée, on n'y cales, du Séminaire par Schmitz, et d'une voit rien de très remarquable. Mais elle est en- tourée de florissantes cultures, où d’innombra- bles canaux (appelés /evadas) amènent les eaux de la montagne; et de gracieuses villas lui font cortège, noyées dans une végétation luxuriante jusqu'aux points où, sur la hauteur, commen- cent à se développer les bois d'Eucalyptus et les forêts de Pins. À part un lambeau de terrain tertiaire, l'ile est lotalement volcanique, formée par une asso- ciation de laves, de basaltes et de cendres qui Fig. 3.— La rivière de l'Enfer, au fond d'un curral, à Madère- E.-L. BOUVIER — L’ARCHIPEL DES AÇORES 847 point culminant de l'ile (1.850 mètres), et vient \déboucher dans l'océan, à 10 kilomètres vers louest de Funchal. En dehors des currals, lile est entourée d’une couronne de riches cultures, où dominent la vigne, la canne à sucre, l'igname, la patale et le maïs: puis vient la région des forêts et, au-dessus, celle des päturages. Ges trois zones sont lrès évidentes, et nous pümes les distinguer bien à loisir, quand, au matin du 31 juillet, le yacht leva l'ancre el se dirigea vers le sud-ouest, com- mencant sa longue traite vers la mer des Sar- gasses. réennes sont toutes entièrement volcaniques, à l'exception de Santa Maria, la plus orientale, qui renferme un lambeau de terrain lertiaire exploité pour certaines construclions. J'ai vu à Punta Del- gada des blocs de ce dépôt sédimentaire; c’est une molasse marine, très riche en fossiles, et presque identique à celle qu'on trouve si abondamment en France et en Suisse dans la vallée du Rhône. Peu à peu se découvre le versant méridional de l'ile, avec son chef-lieu Punta Delgada (22.000 habi- tants), qui occupe les bords d'une anse, au pied des petils cônes volcaniques et des contreforts du mas- Après vingt-cinq jours de croisière, ce n'est pas sans plaisir qu'on voit à l'horizon se dessiner une côte. Le 24 août, dans la matinée, le yacht était en vue de Sao Miguel, et nous saluions avec un joyeux empressement la grande île acoréenne. IT Etroite comme Madère, mais un peu plus grande et plus peuplée (119.000 habitants), cette ile s’élend de l’est à l’ouest sur une longueur de 66 kilomètres ; elle présente à chaque extrémité un massif mon- tagneux dont les hauts sommets ont une altitude d'environ 1.100 mètres ; entre ces deux zones ter- minales se trouve une partie relativement basse | où s'élèvent, presque contigus, des cônes volca- | niques très nombreux, les uns intacts, les autres | échancrés à leur pointe. Au surplus, les îles aço- | s | “Ris. 4. — Réception solennelle du Prince de Monaco, au débarcadère de Punta Delgada, en 1904, pour l'inauguration de l'avenue Albert Ier. — Le Prince affectionne les Acores et, depuis des années, en fait l'étude scientifique ; les habitants de Punta Delgada lui ont témoigné leur gratitude en donnant son nom à une belle avenue de leur côte. {Photographie Cervejaria Pereiro. ; sif occidental. Nous passons entre les cuirassés d’une escadre anglaise mouillée en rade, et le yacht jette l'ancre dans le port, qui est spacieux et pro- tégé par une forte digue où l’on observe encore les traces violentes d’un cyclone. Nous pouvons admi- rer maintenant le piltoresque aspect de la ville, dont les maisons peintes en clair s'avancent jus- qu'aux rochers du rivage, ou se perdent au loin sur les flancs verts des collines environnantes. Punta Delgada n'est pas construite en amphithéâtre au pied de hautes montagnes comme Funchal ; mais, si elle occupe un paysage moins grandiose, les abords en sont plussaisissants, à cause des petites falaises littorales qui remplacent la grève caillouteuse de la ville madéraise. Le débarcadère du port (fig. 4) est gracieux, avec son porche et ses maisons en ar- cades ; ailleurs, la ville ne présente rien de re- 843 E.-L. BOUVIER — L'ARCIHIPEL DES ACORES marquable, ses rues ayant beaucoup de ressem- blance avec celles des pelites villes européennes et ses monuments religieux étant construits sur un type quelque peu banal, qu'on rencontre dans toutes les îles açoréennes et à Madère : grand bâliment rectangulaire avec des fenêtres simples et carrées, un fronton limilé par deux arabesques et parfois une tour à quatre faces, sans flèche ter- minale. Les habitants eux-mêmes n'offrent rien de particulier, si ce n’est l'humeur paisible qu'ils tien- nent de leur doux et bumide climat, sicen'estégalement le costume porté encore par bien des femmes (fig. 5) : ample man- teau de laine noir qui enveloppe tout le corps, avec un ca- puchon immense au fond duquel parait perdue et se déta- che clair une figure féminine. La ville ne pos- sède pas encore de jardin public, mais elle a deux jardins particuliers, le jar- din Borges et le jar- din do Canto, où sont réunies et où se développent avec une vigueur incom- parable les plantes arborescentes ancien en de nos pays el celles des climats tropi- caux. Le jardin Bor- de EE 5. — Costume ges est établi à la : CRUE manière pillores- que, avec grottes et rocailles, labyrinthes et vieille tour ; vaste et fort bien entretenu, il renferme une collection de plantes des plus riches. Le jardiu do Canto (Hig.6) se présente sous un aspect plus simple, mais il dépasse en splendeur le précédent par la belle disposition de ses massifs et de ses pe- louses, par le choix plus varié de ses essences femmes de capuche est un pe tropicales. Il est fâcheux qu'aucune indication n'accompagne ces magnifiques spécimens de flore exotique; dans ces jardins, le naturaliste st trouve en présence de végélaux dont il a cer tainement appris l'histoire, et qui sont perdus comine des étrangers parmi la foule des autres. Mais ce qui esl plus fâächeux encore, c'est la des- truction prochaine de ces collections inestimables, réunies à grands frais par des amateurs passionnés de science el de beauté; ces amateurs ont disparu léguant à leurs hé- riliers l'œuvre capi tale d'une vie e lière, mais non ja noble ardeur don: ils rentes les délicieux Eden$ disparaitront san$ doute, rasés et mor-! celés, parce qu'ils! occupent une granà | de place dans la villeet représentent de ce fait un très sé= rieux capital. j Les Acores ont l& rare fortune de pos® séder un homme qui consacre à Le service un esprit élevé et les aptitus des scientifiques 1 plus étendues, jen veux parler du Cou mandantChaves, dit recteur des Stations! météorologiques installées à Sao Mis guel, à Fayal et à Flores. M. Chaves est un enfant des Açores, profondé= ment épris de son pays d'origine, passionné pour. ses richesses et ses beautés, qui lui ont livré sue= cessivement presque lous leurs secrets. J'ai rare= ment un homme aux connaissances plus sûres, plus variées et plus fécondes. Gràce aux relations étroites qui, depuis longtemps, exis= tent entre le Prince de Monaco et M. Chaves, nous ! De Je.) APR Tile Fayal. — À Sao Miguel, la u moins ample. rencontré et par l'admirable développement de ses arbres. | eûmes le très grand avantage de visiter Sao Miguel [w avec ce précieux guide, qui fut pour tous d'une [M amabilité inoubliable et le plus attrayant des coms [M pagnons. Si le lecteur trouve quelque intérêl dans " les pages suivantes, c'est à M. Chaves qu'en revient | tout le mérite. Avant de quitter Punta Delgada, suivons d'abord | On voit là des Ficus à caoutchouc qui dépas- sent en hauteur nos plus beaux chênes, des allées Palmiers belles, des Fou- gères arborescentes, des arbres à fruits des pays chauds et surtout un bois de hauts et puissants Bambous dignes de rivaliser avec ceux des forêts de prodigieusement E.-L. BOUVIER — L'ARCHIPEL DES AÇORES 849 | Big. 6. — Jardin do Canto à Punta Delgada. — Avenue largement ombragée | (D'après une photographie de M. essence arborescente d'origine tropic ale. 4 à Punta Delsada.) »M:Chaves au Musée et à la Stalion météorologique qu'il dirige. Les deux établissements sont conligus el occupent les dépendances conventuelles d'une Léglise de la ville. Dans le Musée sont réunis à peu hprès tous les spécimens de la faune açoréenne, dont beaucoup de grandes pièces parfaitement montées, et plusieurs spécimens d'une rarelé ex- Mrème : des Bécasses et des Cailles albiniques, un Meune Cachalot de 4 mètres el un fœlus de la Inême espèce long de 2 ou 3 décimètres. On sait, ten effet, que les îles de l'archipel sont un centre Mimporlant pour la pêche du Cachalot. Dans l'une es cours est un Jardin botanique peu étendu, {mais singulièrement instructif, une intensité remarquable. Quand M. Chaves ne peu nous accompagner, il nous confie à son gendre, M. Co- gumbreiro, qui nous accueil- lit dès et veilla au ravitaillement du notre entrée en rade yacht en sa qualité de consul monégasque à Punta Delga- da. Dans la famille de M. Cha- ves, l'obligeance et l'amabi- lité sont des vertus nalives, et N. fait bien voir; Cogumbreiro nous le c'est avec lui que nous avons parcouru le jardin Borges, et c’est gräce à lui encore que nous pou- visiter les serres à élablies aux vons par une : Ananas (fig. 7 Travassoz, Ananas (Hg. 7 confins de la ville. Elles sont immenses, ces serres, avec leurs milliers de sujets soigneusement entretenus dans une atmosphère étoulfante : mais le revenu doit en être bon, car la cullure des Ananas prend de jour en jour un plus grand développement dans l'ile, où des vapeurs européens chargent des cargaisons complètes de ce fruit délicieux. Autrefois, les mêmes bateaux emportaient des oranges, que l'on estimait fort pour leur délicatesse ; mais les ma- ladies cryptogamiques ont fait disparaitre presque et depuis lors s'est introduite En certains totalement l'Oranger duns les îles la culture de l'Ananas. points de Sao Miguel, celle culture à une exten- sion considér HE. notamment à Villafranca, où la hparce que consacré exclusive- ment aux plantes originaires ‘des Acores, de beaucoup actuel- Mément les moins nombreuses däns ces iles, qui sont à peu près totalement envahies par des végétaux importés. À la Slation météorologique, Honctionnent de nombreux ap- Wpareils appartenant aux lypes Mes plus perfectionnés; M. Cha- MES nous a démontré que les troubles séismiques sont plutôt rares aux Acores, ce qui n'est Pas sans surprendre, élant don- né que ces iles ont subi au Siècle dernier de violents trem- blements de terre, et que les Phénomènes volcaniques, au- lourd'hui encore, s'y manifes- eut en certains points avec . — Une serre à'Ananas dans l'ile de & Sao Miguel. Photographie Travassoz.) 850 E.-L. BOUVIER — L'ARCHIPEL DES AÇORES v. de ville prend un aspect particulier à cause des serres nombreuses qui l’environnent. III Cabral en L'ile Sao Miguel fut découverte par Fig. £ 1439; six années plus tard, elle était bouleversée par une puissante éruption qui détruisait les hau- | bien macadamisée. Nous traversons d'abord 8. — Un chariot campagnard de l'Île de Sao Miquel. donc partis, avec M. Chaves, pour visiter cette région pittoresque. C'est jour de marché à Punta Delgada, et nous rencontrons de nombreux campagnards (fig. 8) qui porlent leurs provisions à la ville : des pastèques, du maïs, des ignames, des patates, ete.; la plupart sont montés sur des mules, quelques-uns sur des chariots qui filent au trot sur la rou Fig, 9, — Une habitation de campagnards dans l'ile de Sao Miguel; à gauche, épis de maïs groupes en pyramides pour dessiccation. ] la teurs du massif de l’ouest et donnait naissance au cratère de Sete Cidades que l'on observe encore aujourd'hui. Des innombrables curiosités de l'ile, aucune n'est plus attrayante que ce cratère, dont les bords atteignent 500 mètres d'altitude et sont do- minés par les hauts sommets du massif. Nous voici région des cultures, et c'est un plaisir de voir! comme toutes les parties du sol sont utilisées : le maïs domine largement, car il fournit la bouillie eth le pain qui sont la base essentielle de l'alimentation! dans les campagnes ; partout des moulins à ventoù l'on réduit son grain en farine, et dans tous les wil- E.-L. BOUVIER — L'ARCHIPEL DES AÇORES 85t ue. près de chaque maison, de hautes pyramides hoù se dessèchent ses épis (fig. 9). Les champs de ‘patates sont également fort nombreux, car les tu- \bercules de la plante ne servent pas seulement à la inourriture des Acoréens : ils sont aussi recherchés pour la fabrication de l'alcool. Le blé, la pomme \de terre et la plupart des végélaux alimentaires de nos pays sont cultivés aux Acçores, mais sur une échelle plus réduite; dans les villages, on est tout ISurpris de voir l’igname voisiner avec le chou, la ipassiflore et l'oranger avec nos arbres à fruits. Ces derniers, toutefois, sont plutôt rares et ne donnent que des fruits médiocres; le tiède et hu- mide climat des iles semble peu leur convenir et es fait dégé- mérer. Ce qui donne à la région des cultures un aspect lout à fait spécial, : west l'abon- dance des igrands ro - “eaux (Arun- lo donax), que- nouille char- ée d’élégan- Mes feuilles : n les laisse + en Vhaies et,avec “le maïs, ils hservent à la nourriture Mes mulets et des chevaux. qui en sont très friands. Nous sommes arrivés au grand village de Lomba ba Cruz, au pied du cratère, et il faut quitter les Noitures pour faire l'ascension à dos de mulels. “Quelle agréable promenade et combien pitto- resque! Nous suivons la crête d'un des innom- Mbrables ravins qui sillonnent les flancs du cratère, met c'est un délicieux fouillis d'arbres de toutes Sortes : des Mimosas, des Eucalyplus, des Piltos- pora se mêlent aux Pins et aux Chênes, avec des gazons de Sélaginelles qui remplacent nos Mousses, et, sur les flancs humides des rochers, une char- mante Hépatique, la Æhacotheca azorica Bioch. Cette dernière plante appartient à la flore primitive de l'ile, avec un Laurier très répandu sur les hauteurs, le Persea azorica, une Bruyère fréquem- ment arborescente, l'Ærica azorica, et un pelit nombre d'autres espèces. Nous rencontrons ces Fig. 10. — Les deux lacs situés au fond du cratère de Sete Cidades : au fond, le lac bleu. (Vue prise du bord méridional du cratère par M. le De Richard. derniers végélaux sur les flancs du cratère, au- dessus de la région des cultures, en compagnie de nombreux arbustes qui revêtent la montagne d’une sorte de maquis. Sur la crète qui sépare deux ravins, aux points appelés mirador, où l'œil em- brasse la mer et les pentes verdoyantes de l'ile, on voit se détacher parfois la silhouette d'un Rumi- nant paisible qui semble admirer le vaste et splen- dide paysage; dans le maquis, en effet, sont répandus quelques troupeaux qui deviendront bien plus nombreux dans les pàturages non boisés, aux sommets du massif. Il est dix heures du malin; les nuages qui enve- loppent trop souvent les cimes açoréennes ont disparu elun radieux So- leiléclaire le paysage. Nous attei- gnons l’arêle denteléeet presque vive qui forme les bords du cra- tère; et brus- quement, le vaste cirque se découvre (fig. 10), d'u- ne beauté féerique ,d'u- ne splendeur sans égale. C'est un ins- tant inou- bliable. Un peu incliné vers l’ouest, du côté oriental dominé par les hauts pâturages du massif, le pourlour du bassin dessine un cercle im- mense de 16 kilomètres; par une pente raide el admirablement boisée, qui représente une dénivel- lation de 200 mètres, il se rattache au fond du bassin où les habitations du village de Sete Cidades brillent en decà, le lac vert; comme des taches claires parmi les cultures, où deux lacs magnifiques déploient leur brillante nappe entre des rives luxuriantes, où s'élèvent enfin cinq cratères de second ordre, creusés en coupe régulière à la cime et radialement ridés sur les flancs. Avec ces cônes ridés et cupuliformes, l'enceinte volcanique rappelle, à s'y méprendre, les paysages lunaires; mais avec ses lacs, ses bois, ses maisons, ses champs cultivés et la mer qui s'étend au loin, elle se présente à nos yeux comme un site d’une originalité et d'une splendeur inconcevables. E.-L. BOUVIER — L'ARCHIPEL DES AÇORES Nous descendons maintenant la roule sinueuse qui conduit au fond du cratère, et la végétation acoréenne nous apparait dans toute son exubérance. Quelle diversité dans les espèces et quelle vigueur dans la poussée! Les mimosas et les eucalyptus sont encore nombreux, mais ils cèdentla préséance au Cryptomeria japonica, dont le port et la stature rappellent nos sapins, avec une écorce jaune plus délicate, un feuillage moins sombre et une flèche encore plus élancée. Cette conifère importée se déve- loppe à merveille sur toules les hauteurs de l'ile, à côté du pin; son bois laisse à désirer pour les travaux d'intérieur, mais il est résistant et con- vient très bien aux construclions du dehors. La végétation du sous-bois n'est pas moins plantu- reuse, avec ses bruyères, ses gazons de Sélagi- nelles et une magnitique fougère du pays, la Wood- wardia radicans, dont les grandes feuilles, d'un vert délicat, recouvrent les rochers et s'abais- sent en touffes jusqu'au bord du chemin. Mais ici encore, la prédominance est dévolue sans conteste à une plante d'origine étrangère, l'Æedychium Gardnerianum, une musacée tropicale remarquable par ses feuilles longues, simples, et par sa hampe ferlile qui porte un grand épi de fleurs jaunes très élégantes. Celte plante fut introduite aux Açores pour l’ornementation, et il faut croire que ce séjour à su lui plaire, car elle est devenue étrange- ment envahissante, étouffant ses rivales et consti- tuant à elle seule, en beaucoup de poiuts, toule la végélalion du sous-bois. C'élait l'époque de pleine floraison pour la plante, et nous respirions une atmosphère embaumée par cette forêt de gracieux épis qui ressemblent aux Orchidées parleurs corolles et à notre chèvrefeuille par leur odeur. En pré- sence de cetle invasion qui marche à pas rapides, M. Chaves m’en rappelait une autre, non active, mais singulièrement plus funeste dans ses résultats : il y a quelques années, une Orobanche exotique (l'Ürobanche bicolor), remarquable par sa grande lailie et par son coloris, fut introduite dans l'ile, sans doute par inadvertance; le végétal para- site s'acclimata fort bien et, trouvant un hôte à sa convenance dans les moins fèves, prit un développe- La culture des fèves était fort répandue aux Acores et très rémunératrice; au- jourd'hui, on a dû presque l'abandonner, etil faudra ment inconcevable, I bien du temps et une lutte sérieuse contre le para- site avant qu'on puisse la reprendre. Au village de Sete Cidades, nous faisons halte dans une hôtellerie rustique, où les provisions apportées du bord sont comparées à la cuisine acço- réenne ; de cetle dernière nous estimons surtout les beignets à la volaille et le beurre blanc comme neige avec une saveur crémeuse; mais le vin a un goût prononcé qui le rend peu agréable et le thé ne parait guère meilleur. Après ce déjeuner rapide,} Chaves nous présente à l’un de ses compa- trioles, M. Cabral, en villégiature avec.sa famille à Sete Cidades. Et alors commence une promenade que la franche amabilité de M. Cabral rend singu- lièrement attrayante. Il y a deux lacs (fig. 10) au fond du cratère, l’un bleu et l’autre vert, séparés par une! étroite digue; le premier doit le nom qu'on lui donne à sa belle eau limpide, le second aux Algue vertes qui s'y développent en grande abondance tous deux servent de récipient aux précipitations atmosphériques, très copieuses, que les nuag apportent sur les flancs intérieurs du cratère. C'es par une sorte de filtralion dans les roches volca niques sous-jacentes que les eaux des lacs s'éco lent en sources aux niveaux du massif inférieures ment situé; mais il faut croire qu'elles ont peu peu colmalé les fissures de la roche, car les de lacs sortent de leur niveau, ils envahissent 1 terrains bas avoisinants, et déjà entourent certain habitations qu'il faut abandonner. La mena esl permanente ; on se propose d'y remédier, @ creusant un tunnel d'écoulement à travers les parois du cratère; mais la dépense serail consi dérable et l'on peut se demander si jamais le projet sera mis en exécution. Quoi quil en soit, nous træ] versons sur des planches les parties inondées, nous cotoyons des mares toutes couvertes de la blanches floraison des Nymphéas, et nous voici aux bords d& lac bleu, où nous attendent les rameurs et le canot de M. Cabral. Le lac bleu a plus détendue que lac vert et les rives en sont plus variées ; à l'ouest un fouillis de bois, avec les vergers et les champs cultivés qui entourent le village; au nord, les pentes! intérieures du cratère, loules ravinées et couvertesy de maquis; à l'est, les hauts cralères secondaires! séparés par de profondes et pitloresques échansk crures. Le canot nous conduit à l’une de ces der nières, qui débouche au niveau du lac par un vasté( terre-plein ; entourée de pentes hautes elraides, cetlg | vallée n'offre aucun obstacle au ruissellement, êt les eaux y roulent torrentielles à l'époque des | grandes averses. Les vallées de cette sorle reçoi- | vent Je nom de grotla dans le pays, et le terre, plein qui se trouve à leur issue ressemble au cône | de déjection d'un torrent. À Sete Cidades, ce cûne est partout jonché de fragments volcaniques enlevés aux roches avoisinantes : ponces, obSis diennes, basaltes, scories, laves de diverses sortes; | [ c'est l'image de la désolation, au milieu d’un pay- | sage d’une étonnante fraicheur, à côlé même des rives où les arbres poussent avec une vigueur SUE- |. prenante et forment un fourré inextricable. | Mais le canot revient à terre et il faut songer au! retour. Après avoir serré la main de l’aimable M. Cabral, nous reprenons le chemin de Punta Del-| E.-L. BOUVIER — L'ARCHIPEL DES ACÇORES 853 guda, non sans jeter un dernier regard sur l'incom- parable cirque dont nous allons franchir la crèle. | faisant, M. Chaves nous entretient de la aune acoréenne, relativement pauvre et dépourvue animaux venimeux, des lacs de Sete Cidades dont | dédaigne le poisson pour la marée venue de la À Près du village de Relva, notre aimable guide ‘nous conduit à une échancrure de Ja côte où se manifeste, avec une intensité extraordinaire, la ssance érosive des actions éoliennes; en ce nt, la haute falaise présente une échancrure les vents de la mer s'engouürent et tourbillon- nt, rongeant peu à peu les parois volcaniques u consistantes. L'échancrure s'agrandit chaque ic ur et atteint maintenant l'ancienne route ; elle a a forme d'un cône renversé qui s'ouvre par une large ouverture du côté de la mer. IN Sete Cidades, l'activité volcanique parait mo- ntanément éteinte; elle persiste au contraire, avec | intensité puissante, dans le pays de Furnas, jui occupe le fond d’un cratère au centre du massif ntagneux situé à l'est de Punta Delgada. Furnas la région la plus curieuse des Açores, car elle int le pittoresque de Sete Cidades au spectacle posant de ses phénomènes souterrains; aussi lons-nous du désir de la visiter. Et ce désir a satisfait au delà de toutes espérances : le nce doit se rendre à Furnas, où une réception est ménagée par le marquis de Praya; nous ns le rejoindre en suivant la route de Ribeira nde, sur la côte septentrionale de l'ile. Moins s partons remplis de joie, toujours accompa- és de M. Chaves, dont la délicate obligeance est sans limites. Durant plusieurs kilomètres, notre promenade manque un peu de charme, car les rues de la ville se continuent en de longs villages, avec une double série de maisons et de hautes murailles noïirâtres qui servent de clôture aux jardins. C’est linconvénient des villes acoréennes, mais ensuite quelle revanche !: Nous traversons la chaine des petits cônes volcaniques situés entre les deux massifs montagneux, et bientôt, à travers les bois de mimosas, de pins et d'eucalyptus, apparaît la côte septentrionale de l'ile et l'océan bleu qui lu baigne. Sur cetle côte, nous alteignons bientôt |Ribeira Grande, petite ville aux maisons claires et basses, où l’on voit une église de style rocaille, qui ne ressemble en rien aux édifices religieux du pays. Un enfant nous poursuit, faisant appel à notre bourse; et le fait ne laisse pas de nous frapper, car on l'observe rarement aux Acores, où la rareté des touristes s'oppose au développement de la mendicité, qui règne en maitresse à Funchal. C'est également à Ribeira Grande que nous voyons le premier cours d’eau de Sao Miguel; il descend du haut massif qui domine la ville et ne brille guère par la richesse de son débit; mais il sera suivi par plusieurs autres mieux alimentés, qui traversent un ravissant décor de verdure, sur les flancs inclinés du massif. Maintenant l'ascension commence, lente d'abord, plus rapide ensuite, le long d’une roule sinueuse qui nous offre de splendides échappées sur la côte, et des vues grandioses parmi les profonds ravins de la montagne. Des forêts de pins s'étendent jusqu'aux cimes, dominant la zone des cultures qui, dans cette région de l'ile, envahit la région forestière sous forme de défrichements où sont établies des plantations de thé. Bientôt la route nous apparaît bordée par des haies d'hortensias, larges et touffues, absolument impénétrables, et toutes rayonnantes de leurs admirables bouquets bleus. Ainsi, nous allons de surprises en surprises, et celte promenade n'est qu'un long enchante- ment! Nous laissons à droile les montagnes boisées, et voici maintenant la haute lande, d'abord découpée en grandes sections par des haies d'hortensias, puis indiviseet s'élendant de sommets en sommets, semée d'arbustes rabougris et de touffes de bruyères. C'est la région des pâturages, située au pourtour du cratère de Furnas; elle donne l’im- pression d'une immense solitude, avec ses rares maisons de bergers, et ses prairies marécageuses où des Sphaignes, jouant le rôle d'éponges, absor- bent et conservent l'humidité des nuages. Il fait nuit quand nous atteignons le bord supérieur du cratère; côloyant des abimes mal dissimulés dans l'ombre nocturne, un chemin rapide nous conduit à Furnas, dont les lumières brillent au fond du cirque. Le repas du soir terminé, nous faisons une pro- menade autour du village; sur le bord de la route qui conduit à l'établissement de bains, nous ren- controns des sources nombreuses, les unes froides, les autres chaudes, toutes fortement minéralisées et, suivant leur nature, riches en fer ou en soufre. Elles se déversent librement dans le ruisseau ; mais à quoi bon capter ces faibles émissaires quand tout près, derrière une colline adossée aux bains, les caldeiras bouillonnent et rejettent par torrents des eaux également actives? Nous traver- sons le tunnel creusé à travers la colline, et déjà la température s'élève, les émanations sulfureuses se 854 E.-L. BOUVIER — L'ARCHIPEL DES AÇORES font sentir. Encore quelques pas, et nous sommes en plein air, devant les caldeiras furieuses qui font entendre un bruit continu et assourdissant. Sous la lune fréquemment voilée par des nuages, au milieu de roches blanchätres et dénudées qui rayonnent de la chaleur, parmi les émanations de vapeurs qui prennent à la gorge, notre caravane s'avance avec précaution, rendue silencieuse par le terrifiant mystère de ces lieux. Le spectacle est vrai- ment infernal; car, si le feu souterrain ne se mani- feste pas sous la forme de laves coulantes, on le sent tout proche, et on en mesure la puissance : c'est lui qui surchauffe l’eau tumultueuse des caldeiras, c’est lui qui la projette à gros bouillons sous un nuage de va- peur, et c'est au cœur de son activité, dans les pro- fondeurs où il règne, que se sont pro- duites, com- me en un creuset, ces vapeurs mi- néralisées quiattaquent les roches su- perficielles, les calcinent, les pulvéri- sent et les rendent si chaudes qu'il me, où les, est parfois Fig. 11. — Trois caldeiras de Furnas au sommet d'un ravin dont les flanes sont altéres ‘apeurs sOu-| douloureux par les émanations volcaniques. — Dans le fond du ravin, la rivière qui recoit les lèvent à à RATTIE eaux chaudes des caldeiras; au dernier plan, les bords élevés du cratère de Furnas. L d \f appli- (Photographie de M. le Dr Richard.) grand effort quer la main. Nous sommes revenus le lendemain aux caldei- ras ; en plein soleil et vues pour la seconde fois, on les trouve peut-être moins impressionnantes, mais on à l'avantage de pouvoir les examiner de plus près. Elles sont particulièrement nombreuses derrière la colline adossée aux bains, sur un petit plateau inégal dont la longueur n'atteint pas deux kilo- mètres. Dans cetle région, la présence des eaux chaudes souterraines se manifeste à peu près par- tout, jusque sur la route où l’on voit crever des bulles chaudes, jusque dans le lit du torrent où des vapeurs se dégagent entre les pierres. Et çà et là, au nombre d'êne dizaine environ, les caldeiras (fig.11), chaudières tumultueuses,élèvent dans l’at- mosphère leur colonne de vapeur. La première apparait dès la sortie du tunnel; on a dù l’en- tourer d'une muraille circulaire, car elle pro- jette à plusieurs mètres de hauteur son eau bouil- lante. C'est une sorte de geyser à éruption conti- nue, qui dépose sur son pourlour, en forme de croûte, une sorle de silice hydratée, la michélite, très analogue à la geysérite des geysers islandais. Pour recueillir quelques échantillons de ce minéral, nous nous revêtons, M. Chaves et moi, d’un drap soigneusement doublé, qui nous protège contre la pluie de gouttelettes brülantes. À quelques dix mètres de là, surgit une seconde caldeira, la plus ample de toutes, qui envoie de gros bouillons jusqu'à la surface du sol, pour alimenter ensuite la rivière voisine; ses eaux sont projetées par des mouve- ments con- vulsifs, et sur le seuil qui la domi- ne on subit des pit tions brug ques et v RUE laissent pas. d'inquiéten un peu. PI loin, app rait béan sous un brupt der ches, l’ori ce d'un troë sième ab et avec un, bruit infernal, une épaisse colonne de boue gri- sätre; la masse n'atteint pas tout à fait les bords; et retombe lourdement dans le gouffre, envoyant des éclaboussures qui jaillissent de toutes parts: | On utilise cette boue pour préparer des bains, et! les enfants viennent l'enlever sur les parois de là roche, au risque de glisser dans la crevasse brû- lante qui les engloutirait pour toujours. { Les autres caldeiras tiennent plus ou moins des deux premières, les unes jetant leurs bouillons à une certaine hauteur, les autres épanchant a À eaux tumultueuses dès la surface. Elles occupent! le fond d'un petit val où l'activité volcanique sembleatteindre son maximum, des bulles gazeuses! sortant de presque tous les points du sol, et des! sources nombreuses du flanc des rochers. On voit jaillir l'eau froide à quelques pas de l'eau, E.-L. BOUVIER — L'ARCHIPEL DES AÇORES 855 bouillante et des jets sulfureux à côté d’un épan- chement ferrique ; un habitant du pays a trouvé l'en- droit propice pour y construire un petit établisse- ment de bains, etceladonneuneidéedel'indifférence lavec laquelle on considère ici le danger d'un lel voisinage. Mais les caideiras sont-elles réellement menacantes, et ne doit-on pas les considérer plutôt comme des exuloires naturels, qui protègent les Acores contre les éruptions violentes ? D'autres caldeiras sont répandues ailleurs. en ivers points de l'immense cratère; elles forment groupe compact sur les bords du splendide lac ‘de Furnas, et l'on en voit même sur les berges de plantureuse végétation, Furnas est d'une splendeur à nulle autre pareille. Sur les bords du lac, près d'une petite chapelle, la famille Do Canto s’est ménagé un vasie parc, où les essences les plus diverses poussent en pleine liberté et donnent en certains points l'illusion des forêts tropicales; il y a là deux vallées qui sont d’une fraicheur et d’une majesté inoubliables : l'une exclusivement revêtue de la belle Fougère acoréenne ( Woodwardia radi- cans), l’autre de Fougères arborescentes, de Stre- litzia et de Bambous groupés en fortes toufres. Au village même, le pare (fig. 12) du marquis de Praya est une vraie merveille dont on ne se lasse pas larivière d’eau chaude qu'elles alimentent de leurs eaux. Partout elles s'annoncent par leurs bouillon- nements et leurs hautes colonnes de vapeur; par- tout aussi elles sont environnées de terrains où se dépose du soufre et quiémeltent des bulles gazeuses. lOn voit même crever ces dernières fort loin des | Sources, et jusqu'au milieu d’une pièce d'eau, dans Pundes parcs admirables qui sont un des orne- ments du pays. Ces pares sont nombreux et fort bien entretenus, car la petite localité de Furnas est une station bal- néaire très fréquentée,où les riches Acoréens ont fait construire des châteaux et des villas. Au sur- plus, on ne saurait choisir un séjour plus enchanteur etplus grandiose : avec son cratère échancré, aux gorges profondes et irrégulières, avec ses riches forêts où abondent les pins, avec son beau lac et avec ses eaux abondantes qui développent une Fig. 12, — Le parc du marquis de Praya, à Furnas, dans l'ile de Sao Miguel. (Photographie Cervejaria Pereira.) d'admirer la belle ordonnance, la riche floraison et l'extraordinaire variété. C’est dans ce milieu enchanteur que nous pûmes apprécier comme il convient l'hospitalité et les mœurs patriarcales acoréennes. La population du village s'associa au marquis pour accueillir le Prince de Monaco, et les fanfares, les feux d’arti- fice relentirent joyeusement dans le pare, où jeunes et vieux s'étaient donné rendez-vous. Conviés à cette fête, nous primes part à l’allégresse générale, heureux de vivre quelques heures dans ce milieu si cordial, et touchés au fond du cœur par la noble simplicité de notre hôte. Le soir, des voitures nous ramenèrent à Villa- franca, où était venue mouiller la Princesse-Alice ; et le lendemain, nous pûmes explorer longuement le très curieux ilot (fig. 13) situé au large, à quelques | kilomètres de la ville. C’est le cratère émergé d’un 856 E.-L. BOUVIER — L'ARCIIIPEL DES ACÇORES cône volcanique sous-marin, une sorte de vasle coupe rocheuse recouverle de végétation sur sa pente inlérieure, el, en dehors, rongée en lous sens par les intempéries; sa hauteur n’atteint pas 100 mètres aux points les plus élevés, et son pour- tour présente deux profondes échancrures entaillées presque jusqu’au niveau des flots; le centre est occupé par un bassin absolument circulaire où les | eaux pénètrent en suivant un étroit chenal creusé | à main d'homme dans la plus basse des échan- crures, du côté de la ville. Il est pittoresque dans sa solitude, le minuscule cratère, avec ses pentes garnies de vignes et de roseaux, ses flanes creusés de fissures qui le traversent de part en part, son joli port nalurel, les vols de pigeons et d'élourneaux 13. — L'ilot cratériforme de qui viennent chercher asile dans ses crevasses, et comme fond, delà du détroil, blanches de la ville, ses nombreuses ananas, et les hautes montagnes boisées du massif de l’ouest, séparées les unes des autres par des vallées rapides et profondes ! Un peu avant le coucher du soleil, une chasse aux au les maisons serres à pigeons fut décidée, où, en qualilé de simple spec- tateur, je tins compagnie à Son Altesse. La mer élait un peu agitée, de sorte qu'un violent remous secouait notre barque, dans l’étroit espace où il convenait de se tenir à l'affût, c'est-à-dire entre une colonnade séparée dé l'ilotet les hautes falaises fissurées du cratère. Groupés par centaines sur les corniches, des étourneaux semblaient nous consi- dérer narquoisement, landis que des mains, des rames et de la voix nous faisions grand bruit pour chasser les pigeons de leurs refuges. Beaucoup sor- üirent et s’envolèrent au-dessus de nos têtes, mais | Villafianca. — L'entrée du lac circulaire regarde la cité de Villafranca. Photographie Travassoz. ils se lenaient à une grande hauteur et la barque! (! élail furieusement secouée par le remous des flots.b Pourtant, le Prince fit quelques victimes, el cel fut une occasion d'admirer son sang-froid et Jal justesse de son coup d'œil, car il est difficile de chasser dans des conditions plus défavorables, Nous fimes ainsi le Lour de l'ilot, à une faible dis- lance de ses parois rocheuses que nous pûmes examiner à loisir; leurs crevasses innombrables, leurs fissures, leurs corniches saillantes et dé coupées en dentelles retombantes, les font res sembler à de gigantesques ruines; mais ces ruinés sont résistantes et braveront, bien des sièclé encore, les injures du temps; car elles sont pr tégées à leur base par un revêtement continu épais d'Algues calcaires sur lequel n'ont aucuné prise les vagues les plus violentes. La faune del'ilot m'a paru très pauvre : elle come prend d'innombrables Criquets, quelques Locuss | tides, un petil nombre d'autres Insectes, avec deux ou trois espèces d’Araignées, des Cloportes et dés\ Crabes coureurs (Leptograpsus marmoratus) qui grimpentallègrement contre les falaises verticales Quant aux parois mêmes de l'ilot, elles sont constis luées par des laves assez compactes où sont inclus des morceaux de basalte, de trachyte et d'autres roches volcaniques arrachées aux profondeurs à l'époque où se produisit l'éruption. On ne trouve ilol, mais ces roches poreuses doivent abonder dans le massif de Furnas® pendant la nuit, une violente averse tomba sur là montagne, et le lendemain des fragments de | ponce, amenés par les eaux torrentielles, flol- aient en grand nombre à la surface de la mer, pas de ponces dans cel E.-L. BOUVIER — L'ARCHIPEL DES ACORES réunis en longues bandes suivant la direction des courants. ny V L'archipelacoréen (fig.14)s’étenddus.-E. au N.-0. Sur une longueur de 500 kilomètres environ, et il comprend trois groupes d'iles séparées les unes des autres par d'assez grandes distances : au groupe Me plus rapproché de l'Europe appartiennent Santa Maria et Sao Miguel, avec le rocher des Fourmis \{Formigas) et l'écueil voisin des Dollabaretes ; le oupe central comprend cinq îles assez rappro- æhées : Terceira, Graciosa, S. Jorge, Pico et Fayal; le groupe occidental, enfin, se compose de Flores et Wide la petite ile de Corvo. Il n’était pas dans le pro- bWgramme du Prince de visiter toutes ces îles, mais nous pûmes néanmoins jeter un coup d'œil sur plu- WSieurs el parcourir l'archipel tout entier. En quittant Sao Miguel, la Princesse-Alice Sarrêta deux jours à l'ouest de l'île, en vue du Leratère de Sete Cidades qui ressemble à une vaste Coupe inclinée vers l'océan. Puis elle fila vers le nord pour observer l’éclipse et, après une assez longue traversée, atteignit le groupe de l'ouest. Dans la matinée du 1* septembre, Flores et Corvo se dessinèrent à l'horizon et nous traversämes la passe relativement large qui sépare les deux iles. Corvo est un simple cône volcanique, dont le |Sommet se termine par un cratère, à 400 mètres | REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. 3 3 30 29 28 “17 ; Re Re | een) vous 42 Fig. 14. — Itinéraire suivi par la Princesse-Alice dans l'archipel des Açores durant la campagne de 1905. environ au-dessus de l'océan. Cet ilot n'atteint pas 8 kilomètres dans sa plus grande longueur; du côté de l'ouest, il présente des flancs abrupts à peu près eaesaoser à l’est, des falaises plus ou moins hautes lui servent de limite, sauf du côté du détroit, où les pentes s'abaissent jusqu'au niveau de la mer et donnent asile aux rares habitations du pays, qui ne comptent pas plus de 800 âmes. Ce village reçoit tous les trois mois la visite d'un paquebot, mais on n'y débarque pas facilement, et nous dûmes passer outre, bien que la mer fût rela- tivement tranquille. Il fallut nous contenter de la 6 15 /0 Greenwich Form ft Li Maria 3 vue de l'ilot, qui nous parut couvert de prairies jusqu'au sommet, sans végétation arborescente. Nous sûmes, d'ailleurs, que l’ilot se prête fort bien à l'élevage du bétail, et que les bœufs y sont d'une race fort menue, à peu près de la taille d'une médiocre génisse. Durant notre séjour à Punta Delgada, M. Chaves nous avait fait visiter l’étable d'un éleveur qui a réuni quelques types tout à fait curieux de cette race pygméenne. Flores est autrement étendue et bien plus riante. Nous ne vimes que d'assez loin sa côte orientale, qui est richement couverte de bois et de cultures, et où des ruisseaux viennent se déverser dans la mer. Ces émissaires torrentiels recoivent par filtra- tion les eaux des lacs encaissés qui se trouvent au sommet des montagnes; mais ils sont également d'après M. Chaves, par des sortes de 19* alimentés, 855 E.-L. BOUVIER — L'ARCHIPEL DES AÇORES marais élevés, où les Sphaignes poussent en abon- dance et retiennent, dans une cerlaine mesure, l'humidité atmosphérique. J'ai dit qu'on observe quelque chose d'analogue sur les hauteurs de Furnas. De Flores, nous pûmes admirer surtout la côte occidentale et le versant du sud, au cours d'une lente et délicieuse promenade en bateau dont le Prince nous ménagea la surprise. Après être reslés deux jours en vue d'une crique admirable, qui au nord-ouest vient s'ouvrir largement sur la mer, nous suivimes la côte à faible dislance, ne perdant aucun détail de ce pays ravissant, où tout semble fait pour charmer le regard. Du côté de l'ouest, la falaise est peu élevée, mais sauvage, d'ailleurs agré- mentée de riches couleurs, de crevasses et de petites anses presque inabordables ; au-dessus, des vallées aux plis gracieux abritent quelques villages noyés dans de planlureuses cultures, et tout en haut se dé- lachent les hauts pâturages de l'ile, séparés les uns des autres par de larges haies d'hortensias qui des- brisées. Nous sinent des tournons au sud, et alors la falaise à pie s'élève lignes sinueuses ou brusquement à une hauteur de 400 mètres, mon- trant à sa crête l'extrémité de haies d’hortensias. Dans tout autre pays, une semblable région serait aride et lout à fait sauvage; mais nous sommes dans l’ile acoréenne la plus féconde, et sur les flancs abrupts de la roche volcanique, on voit s'élever une puissante végétation, en tous les espaces où la pente moins raide peut supporter un peu de terre végétale; les grands roseaux surgis- sent comme de vertes quenouilles, les lauriers acoréens poussent en buissons, et sur les terrains où l'homme peut aborder on voit des champs d'ignames et de maïs. Nous voici au sud-ouest de Flores, en un point où une large vallée descend des hauts sommets jusqu'au bord de l'océan; là on trouve le petit port de Lagens, et un peu plus loin, sur les revers de la} vallée, quelques grands villages. Mais le jour baisse et nous finissons à regret notre promenade, laissant à droite la ville de Santa-Cruz, dontles feux rouges se perdent bientôt à l'horizon. Deux jours plus tard, nous étions dans le groupe central des Acores, en mer absolument calme, aw milieu du chenal qui sépare Sao Jorge de Fayal eb Pico, les deux iles jumelles. Et sur le ciel splendide} Le à 2 > A Dep se délachait, à demi embrumée d'abord, puis peus peu de plus en plus nette, la montagne de Pico (fig. 15), cône volcanique aux lignes gracieuses qui! s'élève d'un jet à 2,300 mètres au-dessus de la mer} Tout un jour, le yacht évolua au voisinage du pie! charmant et majestueux, dont le cône, idéalement régulier, se termine par un étroit cratère et par une! aiguille. Dans sa moitié supérieure, la montagne est aride, et montre à nu ses roches volcaniques: aux teintes chaudes et variées; à la base, elle se perd dans la végélation açoréenne, parliculièrement dans les vignes, qui sont très nombreuses à Pico, et cultivées entre des murs de lave très rappro-| chés les uns des autres. Les vignes de Pico dons nent un vin médiocre et, comme à Madère, sont} toutes greffées sur américain; à Graciosa, où les » vignes sont également nombreuses, on obtient un! vin riche et de qualité, surtout quand il provient! des plants locaux qui ont échappé à l'invasion, phylloxérique. (40 E.-L. BOUVIER — L’ARCHIPEL DES AÇORES 859 quelques encàblures, déployant sous nos yeux vallons richement cullivés, qui descendent n cratère central absolument circulaire, la Cal- la splendeur de la campagne environnante. Par contre, nous eùmes plaisir à visiter l’anse nal odorante où les baleiniers dissèquent les achalots et en Lirent de l'huile, —un môle qui avoi- sine le port et où les laves, semblables à des sco- les, sont bigarrées de toutes les couleurs, — enfin, ur le détroit, un bassin naturel presque identique d'ilot de Villafranca, mais réduit à l'état de pres- qu'ile. De la plage de Horta, on a une vue admirable Mig. 15) sur la montagne de Pico, encadrée entre deux môles qui limitent l'entrée du port; et, ien que la Caldeira de Fayal s'élève à 1.000 mètres au-dessus de la mer, elle parait très humble vis- dwis de sa majestueuse rivale, qui seule, dans larchipel, a le privilège de se couvrir d’un man- (éau neigeux durant l'hiver. Cette croisière terminée, le yacht revint à Punta elgada pour y prendre du charbon et se préparer au retour. Avant de toucher au port, le Prince fit Melques sondages au pied du cratère de Sete Bidades afin de retrouver le fond où surgit, en 1811, Milot volcanique de Sabrina. Mais les recherches irent vaines; de cette masse rocheuse qui, durant is mois, éleva sur l'océan sa crête haute de +4 mètres, il ne reste aujourd'hui plus rien et l'on ne peut pas même en trouver la base. Au surplus, les fonds voisins de Sete Cidades sont singulièrement accidentés, et c'est là que le Prince découvrit, à bord de l’AHirondelle,une longue £bvaste crevasse sous-marine descendant à 3.500 mè- {rés au centre de profondeurs beaucoup moindres. Dans cette fosse, comme dans tous les bassins de même nature, la tempéralure reste constante de- puis le seuil jusqu'au fond, tandis qu'elle diminue progressivement au sein des abysses ouvertes. ICette règle s'applique à la Méditerranée, qui a la Mempérature du seuil de Gibraltar (11° environ); elle se vérifie également pour la fosse de l'Hiron- delle, dont les eaux marquent 5° depuis les bords jusqu'aux abysses les plus profondes. VI Il nous faut maintenant quitter ces iles enchan- teresses et reprendre le chemin de l'Europe. Après un voyage quelque peu agité, car la mer était mauvaise, nous entrons dans les eaux calmes du golfe de Cadix, et, bien que la côte espagnole soit invisible et située à plus de 100 kilomètres, elle se révèle au large par de fortes et aromatiques senteurs. Le 19 septembre au matin, nous sommes en vue du cap Spartel, dont le phare, entouré de constructions blanches, s'élève au flanc de la mon- tagne marocaine, sur le haut d’un rocher abrupt. Et alors commence une promenade qui n’est pas sans analogie avec celle de Flores. La montagne côlière s'élève d'abord, puis devient irrégulière et s'abaisse ; sur ses contreforts, au sommet d'une falaise, nous voyons les villas de Tanger, puis les maisons de Tanger elles-mêmes, qui s’étagent aux flancs de la montagne mourante et descendent jusqu'aux bords de l’anse sablonneuse qui sert de rade à la ville. Puis les montagnes réapparaissent, plus hautes, plus nombreuses, sous forme de pics ou de dômes, qui se multiplient, se pressent et se suivent comme d'énormes vagues frappées d'im- mobilité; et cela continue ainsi, avec une variété admirable, jusqu'à la ville de Ceuta, où les derniers escarpements viennent s'éteindre, dominés par des tours. De l’autre côté du détroit,en face de Tanger, nous voyons Tarifa, située au bord de la mer, puis les montagnes espagnoles, plus régulières et moins vertes que celles du Maroc, puis enfin la baie d'Algésiras avec le majestueux rocher de Gibraltar. Trois jours plus tard, le yacht longeait la côte orientale de Majorque, nous laissant apercevoir les terrains mamelonnés de l'ile dont les pentes vien- nent doucement mourir sur la côte, la charmante petite ville du Cap Pero, pittoresquement lapie au flanc d’une colline, puis le phare du même nom juché sur une falaise abrupte, et enfin des tours de vigie semblables à celles qui s'élèvent sur la côte espagnole. Nous passons entre Majorque et Mi- norque, et bientôt le yacht pénètre dans le golfe du Lion, où souffle un léger mistral. Le soir arrive et avec lui le mauvais temps; après avoir navigué deux mois sans aucun orage, les éclairs et le ton- nerre nous accueillent au voisinage de Marseille. Il né serait pas prudent de pénétrer dans le port, et nous passons la nuit au mouillage de l’Estaque. Le lendemain, par un temps splendide, nous fou- lions joyeusement les quais de la ville. J'ai parlé de celte campagne en naturaliste, avec le désir de faire partager au lecteur les con- naissances qu'elle m'a permis d'acquérir et les | sentiments qui m'y ont ému. Mais il s'en faut que 860 L. MAQUENNE — L'AMIDON ET SA SACCHARIFICATION DIASTASIQUE | ma narration soit complèle, car le Prince étudie la mer sous tous ses aspects, depuis le fond jusqu’à l'atmosphère qui la domine; et c'est aux hydro- graphes et aux météorologistes qu'il conviendrait d'achever cette histoire : les sondages et les re- levés du fond océanique offrirent le plus grand intérêt, de même que les opérations où des cerfs- volants et des ballons-sondes accouplés fixaient, par des graphiques, les divers états de l’atmo- sphère; mais il faut une compétence toute particu- lière pour exposer, comme il convient, les résultats de ces expériences. Je lermine donc ce récit, | espérant qu'il fera estimer et mieux connaître les! richesses de l'océan, les merveilleuses beautés naturelles des lerres qui nous environnent, et! surtout l’admirable dévouement du Prince del Monaco à la Science. E.-L. Bouvier, Membre de l'Institut, | Professeur au Muséum d'Histoire naturelle. L’AMIDON ET SA SACCHARIFICATION DIASTASIQUE L'amidon est l’un des principes immédiats les plus répandus dans le règne végétal el il est peu de matières dont l'importance biologique nous appa- raisse à la fois aussi évidente et aussi simple. Formé par condensation des sucres proprement dits, ca- pable de reproduire ceux-ci par hydrolyse, inso- luble enfin par nature, l'amidon se trouve en rapport direct, d'une part avec l'assimilation du carbone el la turgescence de la plante adulte, d'autre part avec les fonctions de maturation et de germination chez la plante qui se prépare à l'état de vie ralentie ou celle qui en sort. Le microscope révèle sa présence dans tous les organes chloro- phylliens, où il sert de régulateur aux pressions osmotiques ; l’abondance avec laquelle ils'accumule dans les grains, les racines ou les tubercules permet de l'avoir en quantités aussi considérables qu'on le désire et de s’en servir à une foule d'applications domestiques ou industrielles; bref, l'amidon est pour tous un produit vulgaire dont on pouvait croire l'étude complètement à jour. Et cependant celle-ci en est restée au point où l'ont amenée les expériences déjà anciennes de Nægeli, Meyer, O'Sullivan, Brown, Morris, Héron et d’autres encore. Les faits annoncés dans ces travaux sont devenus classiques, sans même avoir été l'objet d'aucune vérification sérieuse, et c'est sur eux qu'ont été fondées les théories relatives à la strucç- ture moléculaire de l’amidon et à sa saccharification diastasique. 1l suffisait évidemment qu'un seul de ces faits fût reconnu inexact pour que tout l'édifice des théories correspondantes en fût ébranlé : l'ex- périence ayant fait voir qu'ils le sont PECEAUE tous, il n'en reste aujourd'hui plus rien qu'une page d'histoire, une étape dans l’évolution des idées et des méthodes de recherche. I. — COMPOSITION DE L'AMIDON. AMYLOSE ET AMYLOPECTINE. Les anciens auteurs ont donné le nom d’amidin ou amylocellulose à la matière amorphe qui reste à l’état insoluble quand on épuise par l’eau de la | fécule broyée ou qu'on traite par l'amylase en excès un empois quelconque, sans s’astreindre à aucune précaution spéciale ; insaccharifiable et non. colorable par l'iode en son état actuel, celte sub tance avait été considérée comme un hydrate carbone intermédiaire entre les corps amylacés ét les corps cellulosiques, d'où son nom. On s'accoë dait généralement, avec Payen et hero à Ù voir portion à environ 3 °/, du poids total de la mali brute : c'est le nombre que Guérin-Varry avait déjà donné pour son amidin, en 1834. c'est- à- dire une impureté Furl on estimait la in jusqu'ici, parce qu'il est fort pénible de l'obtenir, par les moyens dont nous venons de parler; à époque où nous avons commencé ce travail, on n'en connaissait qu'une propriété intéressante, cell de donner avec la potasse une solution parfait qui, après neutralisation, se colore en bleu par l’iode. H S'il est vrai que l’amylocellulose est une impurelé de l’amidon, la proportion que nous avons indiquée, ci-dessus doit être une constante; or, il n’en est rien, car, d’après nos observations, l'empois se, dissout intégralement dans l'extrait de malt quand il vient d'être préparé et seulement d'une manière, très incomplète quand on l’a laissé vieillir à basse, température. La quantité apparente d'amylocellu, lose qu'il renferme change à chaque instant : c’esbl le phénomène de la rétrogradation, que j'ai fait connaître le premier en 1903 et qui a été le point de départ de toutes nos recherches ultérieures. Dans ce premier travail, nous avons démontré | que l’empois se modifie spontanément et progres-\ sivement en dehors de toute action diastasique Ou! microbienne, avec une vitesse qui dépend de Ja, concentration de l’empois, de la température, du temps et de la réaction du milieu. Le même effet se produit beaucoup plus vite sous l’action d'une dias- tase particulière, l’amylocoagulase de MM. Wolffet, À | | } | L. MAQUENNE — L'AMIDON ET SA SACCHARIFICATION DIASTASIQUE 861 \Fernbach; dans tous les cas, il donne lieu à une augmentation considérable de l'amylocellulose pré- isente, que l'on peut ainsi faire croître à volonté ? depuis 0 jusqu'à 30°/, environ du poids de l'amidon employé. Le résultat est, du reste, indépendant de | Ja nature de celui-ci. | “Dans ces conditions, l'hypothèse d'une impureté tombe d’élle-mème, et la question qui se pose est de savoir quelle est l'origine de celte substance, ‘évidemment plus proche de l'amidon cru que de Jamidon cuit, puisque la diastase est sans action Sur elle. Résulte-t-elle d'une véritable transforma- Hion chimique ou d'une simple insolubilisation de la matière amylacée primitive? L'expérience seule pouvait nous l’apprendre. «La rétrogradation de l'empois fournissant en Quelques jours des quantités considérables d'amy- Mocellulose, son étude devenait relativement facile : Melle a été faite, sur ma demande, par M. E. Roux, mon assistant au Museum d'Histoire naturelle. La propriété que possède l'amylocellulose de se olorer en bleu par l'iode, après qu'on l'a dissoute Mans un alcali, était l'indice d'un retour à l'état M'amidon véritable, retour que faisait déjà prévoir Vexistence d'une limite à la rétrogradation ; M. Roux ‘à montré qu'il s'agit bien là, en effet, d'un phéno- “mène réversible, qui peut s'accomplir, comme la rétrogradation elle-même, en l'absence de tout éaclif chimique. L'amylocellulose, isolée d'un vieil empois par Û Saccharificalion, filtration, lavages et essorage sur Mplaques poreuses, se dissout rapidement dans l’eau, Lxers 150-155°, en donnant une liqueur filtrable, que la diastase attaque comme l'empois frais et qui donne avec l'iode une coloration bleu pur, plus “intense de un quart environ que celle qu'on obtient, toutes choses égales d'ailleurs, avec l'empois ordi- “haire. Par refroidissement, cette liqueur précipite une poudre blanche, ayant l'aspect d'un amidon fin de la famille du riz ou du sarrasin : c'est ce que Mnous avons appelé l'amidon artificiel; on peut en “obtenir aussi, mais avec un rendement très infé- rieur, lorsqu'on traite de la même manière un -empois de fécule concentré. … Impossible à distinguer par le seul examen “microscopique, avec ou sans iode, de cerlains Limidons naturels, l'amidon artificiel se reconnait facilement à ce qu'il est, comme l'amylocellulose d'où il dérive, entièrement soluble dans la potasse : et ne donne jamais d'empois. Après ce résultat, on ne saurait douter que l’amy- \ocellulose puisse reprendre son état primitif d'amidon; mais il reste toujours à savoir si celte réversion est d'ordre physique ou chimique, en d'autres termes si l'amylocellulose est encore ou | n'est plus une véritable matière amylacée. Le pro- 1 8j blème est imporlant à résoudre, car, dans le premier cas, il faudrait considérer l'amylocellulose comme l'un des principes constituants de l’amidon, et nous aurions ainsi une première indication sur la structure moléculaire de ce dernier. Or, on peut effectuer indéfiniment sur l'amidon artificiel la même suile d'opérations qui lui ont donné naissance : l’eau le dissout intégralement à 150° et ses solutions rétrogradent par refroidisse- ment, c'est-à-dire précipitent une poudre blanche qui est encore de l’amidon artificiel. Celui-ci n'est jamais moins soluble que le précédent; il n’est done pas plus condensé, et, comme on ne saurait admettre qu'à ce point de vue l’amidon artificiel se comporte autrement que l'amidon naturel, nous sommes logiquement conduit à admettre que ces deux corps sont en majeure partie constitués par une seule et même matière, l'’amylocellulose. C'est à l'amylocellulose que l'amidon naturel doit sa forme, ainsi que les propriétés de bleuir par l'iode et de n'être attaqué par la diastase qu'à l'état d'empois; en un mot, l’amylocellulose nous apparait comme représentant la matière amylacée pure, con- clusion qui contraste singulièrement avec le rôle d'impureté qu'on lui attribuait autrefois. Il en résulle que son nom n'a plus de raison d'être; nous le remplacerons désormais par celui d’amylose, qui est infiniment plus clair et plus expressif. Plusieurs objections peuvent être failes à cette manière de voir, qu'il importe de réfuler avant d'aller plus loin. Pourquoi, d'abord, l'amidon bleuit-il par l'iode, tandis que l'amylose fraiche- ment extraite d'un empois rétrogradé ne se colore pas au contact de ce réactif? La raison en est que cette substance, comme beaucoup d’autres, ne pos- sède pas les mèmes propriétés à l'état liquide et à l’état solide. L'iode et la diastase n'agissent sur elle qu'à l'état dissous et, s'ils attaquent légèrement l'amidon cru, naturel ou artificiel, c'est uniquement parce que celui-ci renferme de l’amylose à l'état de solution solide, c'est-à-dire sous une forme semblable à celle que nous lui connaissons à l'état de solution parfaite. D'ailleurs, tout porte à croire que l’amylose, telle que nous l'avons définie, n'est pas une simple indi- vidualilé chimique, mais bien un mélange com- plexe de corps homologues, différemment con- densés. Les propriétés d'un pareil mélange étant en rapport avec le nombre et la nature des éléments qui le composent, on s'explique sans peine l'infinie variété des amidons artificiels. Ceux que l'on à déjà décrits sous le nom d'amidons solubles sont formés surtout d'amyloses inférieures, préexistant dans la matière première ou résultant de l'hydro- lyse partielle de leurs homologues au cours de leur préparalion; les nôtres, au contraire, ne renferment 862 L. MAQUENNE — L'AMIDON ET SA SACCHARIFICATION DIASTASIQUE que des amyloses très condensées, par conséquent moins solubles dans l’eau. Tous ces corps paraissent exister simultanément dans l'amidon naturel et y former une sorte de mélange euleclique, plus soluble que ses compo- sants, ce qui explique pourquoi les amyloses de l'empois sont entièrement saccharifiables, même lorsqu'elles n’ont pas été chauffées au delà de 100°. D'après ce que nous venons de dire, un pareil résultat ne peut être obtenu qu'après dissolution complète et, en effet, l'indice de réfraction d'un empois frais quelconque est toujours très voisin de celui d'une solution de dextrine également con- centrée. On peut nous demander aussi pourquoi la rétro- gradation de l’amylose pure est plus rapide que celle de l’empois entier. Pour répondre à cette question, il suffit de faire remarquer que la pre- mière se produit dans un liquide parfaitement homogène et mobile, tandis que la seconde s'effectue au sein d'un mucilage dont la consistance est défa- vorable aux changements d'état. D'après MM. Fern- bach et Wolff, toute circonstance qui tend à rendre l'empois plus fluide hâte sa rétrogradation; il ne nous reste plus alors qu'à faire connaître la cause de cette gélification caractéristique de l’amidon naturel. Il est évident que, l'amidon artificiel ne donnant de mucilage ni avec l’eau bouillante ni avec les alcalis, l'amidon naturel doit emprunter ce carac- tère à une substance autre que l’amylose : en vue de rappeler son aspect muqueux, nous lui avons donné le nom d'amylopectine. Essayons de la définir d'une manière plus complèle et d’abord de préciser son rôle dans la formalion et la rétrogra- dation de l'empois. Nous avons vu plus haut que, sous l’action de l'eau bouillante, l'amylose du grain d’amidon se dissout en totalité : l'empois frais n'est donc autre chose qu’une solution d’amylose épaissie par de l’amylopectine en gelée. Laissons maintenant refroidir le mélange : l'amylose, moins soluble à froid qu'à chaud, va reprendre peu à peu sa forme solide initiale et se précipiter sur l'’amylopecline en suspension dans la masse, comme le ferait un sel quelconque. C'est la rétrogradalion qui se produit; mais, en se solidifiant, l'amylose est devenue inso- luble dans l’amylase, en sorte que, si l'on traite le tout par l'extrait de malt, on n'attaque que l'amylo- pectine et les corps amylacés restés en solution; le résidu est de l’amylose presque pure, qui ne se dissout plus qu'à 150° parce qu'elle ne contient plus que les termes supérieurs de la série. La pré- paration de l’amidon artificiel n’est ensuite qu’une simple purification du produit brut par voie de dis- solution et cristallisation dans l’eau, toute sem- | examiné de plus près cette dernière influence, dont blable à celle de l'inuline qui, d’ailleurs, possède une structure moléculaire du même ordre. Nous n’avons encore réussi par aucun moyen à isoler l'amylopecline de l'empois d'amidon, mais on peut se rendre un compte assez exact de ses propriétés en comparant l’amidon naturel, qui en. renferme, à l'amidon arliliciel, qui n’en contient pass Parmi les différences que l'on constate entre ces deux corps, l’une des plus curieuses est, sans cons tredit, celle qui s’observe quand on les saccharifien l'un et l'autre, dans les mêmes conditions de ten- pérature et de milieu; mais, pour bien en saisir lan cause, il va nous falloir reprendre d'abord l'étude de la saccharificalion diastasique avec plus de prés cision qu'on ne l’a fait jusqu'ici. IT. garder dans les recherches un peu délicates. Loin de rester stationnaire ou de décroilre, l'activité du l'époque de sa préparation, jusqu'à dépasser de 12 à 13 °/, celle qu'il possédait au début. Ce phénomène; insoupçonné jusqu'ici, parait être dû aux actions protéolytiques qui s'exercent dans le malt dégagent peu à peu la diastase de ses combinaisons zymogènes; quelle qu'en soit la cause réelle, il est certainement spontané, el c'est pourquoi nous l'avons appelé autoexcitalion. I se produit à toute tempéralure, mais peut être contrebalancé pa l'action destructive qu'exerce la chaleur sur l’amy lase : aussi est-ce à froid qu'on l'observe le plus facilement. L'auloexcilation produisant les mêmes effe qu'une addilion ménagée d'acide, nous avons alors, Kjeldahl avait laissé l'étude incomplète. Par une suile d'essais systématiques dont le détail nous entrainerait trop loin, nous avons reconnu que; contrairement à ce que l'on admeltait jusqu'ici, I saccharification ne peut se produire qu'en milieu. alealin à l'hélianthine et que l'alcalinité la plus favorable aux moûts est toujours comprise, pour les amidons de pomme de terre, de blé, de maïs, de riz, de pois et de manioc, entre la moitié et les deux tiers de celle du malt employé. Si donc. l'empois est trop alcalin, ce qui est le cas général, on devra, pour obtenir une saccharificalion rapide et un bon rendement en mallose, y ajouter un volume d'acide sulfurique ou d'acide chlorhydrique étendu calculé de manière à laisser au moût l’alca- linité convenable. C'est la règle de la réaction jplima, qui nous a élé d'un précieux secours dans maintes circonstances. Ÿ Remarquons en passant que l'excitation d'un Æxtrait de mall est toujours accompagnée d'une Mondante précipitation de matières albuminoïdes, ce qui prouve que la coagulation n'est pas, ainsi qu'on l’a cru et enseigné, une cause d'affaiblisse- “ment de la diastase. L'excitalion provoquée par un acide ne saurait avoir d’aulre cause qu'un enrichissement simul- ‘tané du liquide en principe actif : l'amylase du alt s'y trouve donc en partie masquée, sous forme probablement de combinaisons zymogènes, sortes “de sels que les acides forts décomposent en met- lant en liberté leur élément électro-négalif. Le poids moléculaire de ces zymogènes élant considé- rable, on s'explique alors sans peine pourquoi il suffit d'un très léger changement d’alcalinilé pour modifier la vitesse de la saccharification. - Les mêmes raisonnements sont applicables à l'excitation spontanée, si l'on admet que, pendant de vieillissement du malt et, par suite, de la protéo- Ayse, il y a production d’amino-acides, dont l’in- fluence aclivante a été signalée par Effront. Dans un autre ordre d'idées, tous les auteurs “classiques admetltent, avec O’Sullivan, Brown, Morris et Héron, que la saccharification tend vers une limite voisine de 80 ou 85 °/,, lorsque la tem- _ reste inférieure à 60°. C'est encore une erreur, d'autant plus étrange quil suffit de faire | | | durer les expériences plus ou moins longtemps pour voir cette prétendue limite varier dans des rapports pour ainsi dire quelconques. Effront avait déjà vu la fécule fournir 96 °/, de maltose en la soumeltant pendant plusieurs jours à l’action du malt, en présence de fluorure d'ammonium; ce + se trouve dépassé de beaucoup et peut atteindre en 24 heures jusqu'à 104 °/,, c'est-à-dire presque le chiffre théorique, quand on fait usage de malt excité; même avec le malt normal, nous “avons vu se produire en quatre jours 102 °/, de maltose dans un empois de fécule simplement aseptisé par quelques gouttes de toluène. IL est “rai que, pendant ce temps, l'énergie du malt s'était notablement accrue par auloexcitation, mais i n'en résulte pas moins que l’amidon est sacchari- fiable en totalité, ce qui, dans son histoire, constitue un fait absolument nouveau. La transformation partielle de l'empois en dextrines inaltaquables par le malt est donc une simple légende, ayant pour origine le désir d'interpréter des expériences inexactes. Si l'on suit la marche de la saccharification d'assez près pour en tracer le graphique, il appa- rait que le phénomène est complexe et s'accomplit en deux phases distinctes, dont les vitesses sont L. MAQUENNE — L'AMIDON ET SA SACCHARIFICATION DIASTASIQUE 863 très différentes. La première, extrèmement rapide, est à peu près terminée après 5 ou 6 heures de chauffe à 50°, tandis que la seconde dure environ jours ; c'est celle-ci que les anciens auteurs avaient méconnue, considérant la saccharification comme ayant atteint sa limite lorsque sa vitesse diminue brusquement. Une pareille modification dans l'allure du phénomène tient sans aucun doute à ce qu'il comporte deux réactions différentes, et, comme ces deux réactions supposent à leur tour l'existence dans l’empois de deux produits égale- ment différents, nous sommes ainsi amenés à con- clure que la phase rapide de la saccharification correspond à l'hydrolyse de l'amylose el sa phase lente à l'hydrolyse de l’'amylopeeline, ou plutôt des dextrines qui se forment au moment de sa disso- lution par le malt. Si cette manière de voir est juste, l’amylose pure doit êlre saccharifiée rapidement, sans production apparente de composés dextriniformes : c'est, en effet, ce qui a lieu. Lorsqu'on traite par l'extrait de mall une solution fraiche d’amidon artificiel, on obtient un moût qui, après 5 minules de chauffe à 50°, renferme déjà 94 °/, de maltose, par rapport au poids de la matière sèche employée; la solution cesse de-se troubler par l'alcool dès qu'elle ne se colore plus par l'iode; enfin, la saccharification est complète après 24 heures, sans qu’il soit besoin d'exciter le malt. On sait que, dans les mêmes cir- constances, l'empois ordinaire donne avec l'alcool un abondant précipité de dextrine, qui disparaît seulement pendant la phase lente de la saccharifi- cation, longlemps après que la liqueur ne bleuit plus par l'iode. Ces faits ne font pas que justifier notre hypo- thèse relative à la composilion de l’amidon naturel; ils nous enseignent encore quelque chose de plus. Si l’on compare la marche de la saccharification de l’empois pendant sa seconde période à l'accrois- sement spontané d'énergie du malt, on trouve que ces deux phénomènes suivent approximalivement la même loi, comme si l'un était la conséquence de l’autre. Dès lors, il n'est pas absurde de supposer que c'est à la faveur de l’auloexcitation du malt que les prétendues dextrines résiduelles arrivent à se transformer peu à peu en maltose; mais, en pareil cas, ces dextrines devraient être inattaqua- bles par les diastases du malt frais et l'enzyme sécrélé par excitation différent de celles-ci, d'où cette conséquence probable que la saccharification totale de l'empois d'amidon exige le concours de trois diastases distinctes : une amylopectinase, qui ne ferait que liquéfier l'amylopectine, une dextri- nase, qui convertirait ces produits liquéfiés en maltose, et enfin une amylase, dont le seul rôle serait de saccharifier l'amylose dissoute. Hätons- 864 L. MAQUENNE — L'AMIDON ET SA SACCHARIFICATION DIASTASIQUE nous de dire que ce n'est là qu'une hypothèse indé- pendante de nos autres conclusions et, par consé- quent, d'importance secondaire pour nous; il faut attendre pour l'admettre ou la rejeter qu'elle ait reçu la sanetion définitive de l'expérience. Il nous est aussi impossible de préciser nelte- ment les rapports entre lesquels l’amylose et l’amy- lopectine sont mélangées dans l’amidon naturel, parce qu'il n'existe pas de méthode permettant de séparer quantitativement ces deux substances: ce- pendant, si l’on remarque que la première phase de la saccharification attaque environ les quatre cinquièmes de l’empois frais, que l'intensité de la coloration que ce même empois prend au contact de l'iode est inférieure d’un cinquième à celle que donne l’amylose, dans les mêmes conditions, si l’on considère enfin que la saccharification de l’'em- pois est, pendant les 24 premières heures, en retard de 12 à 25 °/, sur celle de l’amylose pure, il semble logique d'admettre, comme première approxima- tion, que l'amidon naturel renferme 80 à 85 °/, d'amylose contre 15 à 20 °/, d'amylopectine. Ces proportions ne varient que très peu quand on passe d'une espèce d’amidon à une autre, en sorte que les différences qui s'observent entre celles-ci tiendraient surtout à des impuretés, parmi les- quelles les matières minérales paraissent jouer le principal rôle. C'est à ce pointque nous en sommes arrivé, après quatre ans d'un travail opiniälre, qui pour nous a été une suite ininterrompue de surprises, car pres- que toutes nos observations se trouvent en désac- cord absolu avec les théories el même les expé- riences admises comme fondamentales dans les ouvrages classiques. On estimait avant nous à 3 ou 4 centièmes la proportion d'amylocellulose qui se trouve dans l’amidon naturel; on considérait la production de l'empois comme un caractère spéci- fique de la matière amylacée; on enseignait que la saccharification s'accomplit au mieux dans un liquide neutre, qu'elle s'arrête lorsqu'elle a atteint les quatre cinquièmes environ de la masse totale de l'empois, enfin que l'extrait de malt est un réacuüif d'aclivité constante, tant que les diastases qu'il renferme sont soustrailes à toute cause de destruction. Nous montrons, au contraire, que l'amylocellulose est identique à l'ancienne granu- lose et que l’amidon en renferme au moins 80 °/, de son poids; que la gélification de l'empois est attribuable à une substance particulière, l'amylo- pectine, qu'on peut séparer de l'’amidon sans modi- lier en rien ses autres caractères, morphologiques ou chimiques; que la saccharification n'est pas limilée, qu’elle doit s'accomplir en milieu alcalin, enfin que l'énergie du malt s'accroît spontanément quand il avance én âge. Toutes ces conclusions sont exactement inverses de celles qu'avaient formulées les anciens auteurs; en se fondant sur des expériences fausses ou m: interprétées; nous ne saurions donc plus long= temps tenir compte de celles-ci, non plus que des explicalions qui en ont été données. L'histoire de l'amidon et de sa saccharification diastasique est à refaire entièrement sur les bases nouvelles qué nous venons d'établir et dont quelques-unes ont | été déjà vérifiées par MM. Fernbach et Wolff. IL. — CONCLUSIONS. 1. L'amidon est un mélange d'environ 4 parties d'amylose avec une partie d'amylopectine et quel ques traces d’impuretés, minérales et organiques. L'amylocellulose n'existe pas, en tant que prin-W cipe chimiquement défini. 2. L'amylose ou matière amylacée vraie offre les mêmes apparences et la même forme que l'amidon entier, dont on peut l'extraire au moyen du malt, | après rétrogradation. Elle est entièrement soluble dans l’eau surchauf- fée; elle ne se colore par l'iode et n'est sacchari- fiable qu'à l’état de dissolution, liquide ou solide ; sa saccharificalion s'effectue rapidement, sans pro- duction appréciable de dextrines. 3. L'amylopectine est un principe gélatineux, probablement non colorable par l'iode, qui se gon- fle sans se dissoudre dans l’eau chaude. Le malt la transforme présque instantanément en dextrines, qui ne sont ensuite que très lentement saccha- riliées. 4. L'empois est un mélange d’amylose, à l'état de solution parfaile, et d'amylopectine gélifiée. 5. La rétrogradation de l'empois est due à la préci- pitalion de l’amylose qu'il renferme en dissolution. 6. La saccharificalion de l'empois n'est pas limitée; elle s'accomplit en deux phases distinctes, dont l'une, rapide, correspond à l'hydrolyse de l’amylose, et l'autre, lente, à celle de l'amylopec- line liquéfiée. 7. Le malt est susceptible d’autoexcitation, à la suite probablement d'une protéolyse de ses albu- minoïdes solubles, donnant naissance à des amino- acides. 8. L'excilation provoquée par les acides résulte d'un effet semblable à celui que produit l’autoexci- tation. Pour l'amener à son maximum d'intensité, il faut ajouter aux moûts une quantité d'acide telle que leur alcalinité à l’hélianthine soit comprise entre la moilié et les deux tiers de celle de l'extrait de malt qu'ils renferment. 9. L'influence de l'excitation, naturelle ou artifi- cielle, du malt paraît porter surtout sur l'amylo- | peecline, etinase, et deux diastases saccharifiantes, D' J.-P. LANGLOIS — REVUE ANNUELLE D'HYGIÈNE s différentes : une diastase liquéfiante ou 4my- 865 tion de l'amylopectine. Cette dernière n'existerait en proportion notable que dans les extraits de malt excilés. L. Maquenne, Membre de l'Institut, Professeur au Muséum national d'Histoire naturelle Dans une première partie’, nous avons examiné questions qui se rapportent aux maladies trans- nissibles et à l'hygiène urbaine ; nous allons main- nant passer rapidement en revue quelques points oncernant l'hygiène industrielle. I. —— LÉS MALADIES PROFESSIONNELLES *. 'allenlion est de plus en plus portée sur les questions sociales et, parmi celles-ci, sur l'hygiène es ouvriers employés dans l'industrie. Nous rap- ellerons le projet de loi Brelon sur l'assimilation ès maladies professionnelles aux accidents, projet qui à fait l’objet d'une étude approfondie de la ommission d'Hygiène industrielle au Ministère Commerce, et qui a finalement abouti à un buveau projet de loi d'initiative gouvernementale, sur lequel nous aurons à revenir. En Angleterre, le ministre Gladslone a dépose devant le Parlement un Bill analogue visant les feclions professionnelles. La Suisse avait déjà iscrit ces maladies dans sa loi sur les accidents, k, si l'Allemagne ne prend pas de mesures nou- elles, c'est que sa législation sur l'invalidité uvrière prévoit, d'une façon très large, les secours toutes les victimes de l'industrie. Le projet de loi Breton envisageait toutes les ntoxications industrielles, et, si cette loi avait été ädoplée, on peut affirmer qu'aucune mesure pro- Sement, le Gouvernement à hésité devant les diffi- ultés d'application, et il s’est contenté de déposer à Voir la Aevue du 30 septembre 1906, t. XVII, p. 820. © Bibliographie : Commission d'Hygiène industrielle. Étude technique sur les maladies professionnelles. Paris, 1904. Bulletin de l'Inspection du travail. Nombreux mémoires, 1904-1906. Dessous : Les maladies professionnelles considérées Thèse, Fac. de Médecine de P. LaxGcois : L'assimilation des maladies profession- iehes aux accidents du travail. Rev. du Mois, avril 1906. Moxrr: Sule Infezioni professionale. Congrès de Milan, 1906. hylactique n'aurait été plus efficace; malheureu- | REVUE ANNUELLE D'HYGIÈNE DEUXIÈME PARTIE : HYGIÈNE INDUSTRIELLE un projet qui ne vise que le saturnisme et l'hydrar- gyrisme. Le salurnisme étant la plus étendue de toutes les affections dues à l'industrie, le vote de celte loi serait un progrès considérable. Parmi les dispositions de ce projet, nous devons signaler une disposition très imporlante : c'est la déclara- tion obligatoire des cas de salurnisme et d'hydrar- gyrisme. Nous pensons même, et nous avons déve- loppé celte idée dans rotre Mémoire sur les maladies professionnelles, qu'il serait urgent, en imitant l'Angleterre, de faire voler une première loi qui comporterait la déclaration obligatoire de toutes les maladies professionnelles. Grâce à cette mesure, on pourrait élablir des statistiques sé- rieuses, qui aujourd'hui font totalement défaut, et se rendre compte des conséquences des mesures législatives, mettant à la charge de l’industrie ces maladies; enfin, ces déclarations permettraient immédiatement de connaitre les centres industriels | où des mesures immédiates d'hygiène doivent être prises. En Angleterre, l'applicalion de la loi de 1901, prescrivant la déclaration des maladies profession- nelles et l'examen médical systématique et obliga- toire des ouvriers employés dans les industries dangereuses, a entrainé une diminution de plus de moilié des cas de saturnisme : 614 au lieu de 1.258 en moins de cinq ans. IT. — SATURNISME ‘. Nous venons de voir le résultat obtenu en Angle- terre contre le saturnisme par des mesures géné- rales. En France, la lutte est restée très vive : un certain nombre de règlements visant les industries qui travaillent le plomb ont été promulgués à la suite d'études approfondies de la Commission 1 Bibliographie : A. Gaurier : Le saturnisme à Paris de 1902 à 1905. Conseil d'Hygiène de la Seine, 6 juillet 1906. Trerzce : Rapport au Sénat sur la loi prohibant l'emploi | de la céruse, 1905. 866 D' J.-P. LANGLOIS — REVUE ANNUELLE D'HYGIÈNE d'Hygiène industrielle. La lutte, actuellement, porte sur la prohibition de la céruse. Depuis 1901, une série de circulaires émanées des différents minis- tères interdisent l'emploi de la céruse dans les travaux relevant de ces ministères ; mais le décret de 1901, proscrivant l'emploi général de cette substance, a été déclaré non légal par le Conseil d'État, en 1902. Un projet de loi interdisant la céruse dans les peintures, à l’intérieur des bâti- ments, a élé voté par la Chambre, en juin 1903; mais le Sénal ne l'a pas encore adopté, et le rappor- teur de la Commission sénatoriale, M. Treille, s'est prononcé nettement contre le projet en affirmant que l'inloxication saturnine était le fruit de l'ima- gination des ouvriers et des hygiénistes. Des sta- tistiques recueillies et Lourmentées pour les besoins de la cause tendaient à montrer que le saturnisme des peintres est une fiction. M. A. Gautier, sans nier les dangers du plomb, s'appuyant sur les relevés de l’Assistance publique, évalue le nombre des décès annuels attribuables au saturnisme à 16 pour 3.000 ouvriers. A la suite d’une évolution curieuse, M. A. Gautier peut être considéré aujourd'hui, avec M. Treille, comme l'un des grands défenseurs du plomb. Une de ses argumentalions est certainement originale : « En ouvrant, dans le département de la Seine, un débit nouveau, écrit-il, on fait plus de mal à l'ou- vrier qu'en créant un nouvel atelier de typogra- phie, de plomberie ou de peinture en bäliment bien tenu ». L'enquêle menée par le Syndicat des ouvriers peintres, les statistiques anglaises de Farr, de Legge, les tables autrichiennes de la Caisse des assu- rances, les relevés français de Bertillon, montrent, en réalité, que, s'il y a une légère décroissance dans les cas de saturnisme chez les peintres, la mortalité et la morbidité sont encore bien supérieures, dans celte profession, à celles d’autres presque similaires, mais d’où le plomb est exclu. Les études poursuivies sur l'emploi des sels de zinc permeltent d'affirmer que, dans la grande majorité des cas, des peintures à base de zinc peuvent être substituées à celles à base de plomb. Mais les peintres ne sont pas les seuls à payer un lourd tribut à l'intoxication saturnine, et, dans beaucoup d'industries, si l'on peut muliplier les précautions, il est impossible de songer à la sup- pression du plomb; il est donc important de dé- pister les premières atteintes du mal, et le Congrès de Bruxelles de 1903 avait émis un vœu relatif à de nouvelles recherches pour le diagnostic précoce du salurnisme. Déjà, en 1900, Grawilz avait signalé l'existence, dans le sang des ouvriers travaillant dans le plomb, d'hémalies avec granulations baso- philes; depuis, l'observation a été poursuivie par Jawein, Sabrazes, Bourret, Moritz et, récemment, par Gallet, de Bruxelles. Si les granulations baso- philes peuvent se présenter dans de nombreuses intoxications, il paraît bien, d’après le travail de Gallet, que, dans le saturnisme, elles ont une réelle valeur spécifique, en ce sens qu’elles apparaissent comme le premier symptôme, alors qu'avec le sul= fure de carbone, le mercure, elles sont toujours. associées à des troubles déjà avancés. L'examen du sang permet donc de dépister l’intoxication saturnine latente, et d'écarter l’ouvrier avant que: des lésions irréparables se soient produites. L ‘ IT. — LE PnosPnore. Sur l'initiative du Gouvernement suisse, une Conférence inlernationale s’est réunie, en mai 1905 pour discuter la question de l'interdiction absolu du phosphore blanc dans l'industrie des allu mettes. | Deux opinions se trouvaient en présence : alors, que plusieurs délégués étaient d'avis que la dé fense absolue de l'emploi du phosphore blane | pouvait seule être considérée comme un moyen effis cace pour la protection des ouvriers employés dans les fabriques d'allumetles chimiques, les autres, s basant sur l'expérience acquise dans divers pays” pensaient que, moxennant l'exécution minutieuse» d'une surveillance stricte, la réglementation serai suflisante pour éviter le danger de la nécrose. Si la majorité des ‘États vola, en principe, la prohibition absolue, à dater du 1°” janvier 1911, quatre Puis sances s'abstinrent : l'Angleterre, la Suède, lan Norvège et le Danemark. Il y a toutelois lieu de: remarquer, pour ce dernier pays, que son absten* tion est une simple question de forme, puisque; depuis 1901, l'emploi du phosphore blanc est ins lerdit en Danemark. Quant aux trois autres, leur adhésion deviendra définilive si le Japon, grand exportateur d'allumettes, qui n'avait pas été cons voqué, donne son adhésion avant le 1 décem= bre 1907. La Conférence diplomatique réunie à Berne, au moment même où nous corrigeons ces | épreuves, ne paraît pas devoir aboutir à des résuls tats définitifs, par suile du refus du Japon de sus= pendre la fabrication des allumeltes à phosphore blanc. IV. — L'ANKYLOSTOMIASE * Depuis dix ans, les ravages causés par l’ankylos= tome chez les mineurs de charbon se sont considé-= ‘ Bibliographie : Publications de l'Association internationale pour la pro= tection légale des travailleurs. Berne, 1904-1906 (Importants (l documents). | ? Les zoologistes, s'appuyant sur les décisions du Congrès de Genève établissant les règles de la nomenclature, décla- | |. | { | | D' J.-P. LANGLOIS — REVUE ANNUELLE D'HYGIÈNE 867 rablement étendus. Les bassins houilliers de la Belgique, de la Westphalie ont surtout été conta- minés. En France, le Service des Mines assurait que nos mineurs n'élaient pas alteints, et il a fallu ine campagne énergique des hygiénisles, no- lamment de Breton, pour établir la contamination des mines francaises. Une enquête officielle, or- donnée devant les réclamalions pressantes de la Fédération française des Mineurs, a montré que, si les bassins du Gard, du Tarn élaient indemnes, la moyenne des porteurs de vers dans le bassin de la Loire atteignait 2 °/,; dans le Nord, certaines mines élaient absolument infestées: un puits (fosse La Chaux) donnait l'énorme proportion de 92 °}.. Le grand nombre d'ouvriers belges employés dans cette fosse explique celte proportion. La lulle contre le parasite a été entreprise avec énergie dans tous les pays. Un preinier fait seien- tifique fut acquis : la pénétralion du ver par la beau; on crovait jusqu ici que c'était par ingestion que se faisait l'infection : on incriminait l'eau, les aliments, la pipe dans les mines non grisouleuses, tes objets étant placés sur le sol et se chargeant du parasite. Les observations de Looss, au Congrès de Berne (1904), de Goldmann, de Lambinet, de Her- Mann, de Schaudinn, de Calmette, ont parfaite- ment élabli la pénétration des larves à travers la peau, et leur arrivée jusqu'au cœur et aux intestins. Sans nier la contaminalion possible par la voie buccale, il est certain que c'est surtout à travers la peau humide et excoriée des pieds que se fait l'in- Mfection. Au point de vue prophylactique, la lutte doit être engagée en visant l'assainissement de la mine et lassainissement du personnel. Le premier effort fut d'établir des tinettes mo- biles dans les galeries pour forcer les mineurs à cesser de s’exonérer sur le sol de la mine; même n Allemagne, malgré des instructions sévères, ce rocédé a échoué. La désinfection du sol des lent que le terme d'Ankylostomiase est fautif et doit être mplacé par celui d'Uncinariose. Le parasite incriminé | it dénommé officiellement Uncinaria et non Ankylos- tomum. Bibliographie : mmCALMETTE, FUSTER et BRETON : Mide 240 pages, Masson, 1905. Lu Congrès d'Hygiène de Bruxelles. Discussion importante, 1903. Looss : L'ankylostomiase cutanée. Congrès de Zoologie d: Berne, 1904. Lameixer : Le mode d'infection par les larves d'ankylos- lomes. Ac. de Médecine de Belgique, janvier 1905. Fuster : La lutte contre l'ankylostomiase en Allemagne. Presse médicale, 1905, p. 161. Maxouvrrez : Influence des eaux salées d'infiltration sur les larves d'ankylostomes. Ac. de Médecine, mai 1905. Cazwerre, Faaxcois et BRreTox : Influence du sel marin sur les larves d'ankylostome. Ac. de Médecine, 25 juillet 1905. Coxri Siccarpr : L'ankylostomiase en Italie. Congrès des Maladies du travail. Milan, 1906. L'ankylostomiase. 1 vol. mines, préconisée également en Allemagne, a élé reconnue impossible. Manouvriez, s'appuyant sur ce fait que les mines d'Anzin sont indemnes et que les eaux d'infiltration y sont salées, préconisait l'épandage de seit marin ou des pulvérisations d'eau salée. Les recherches de Calmette, Francois et Breton ont montré que les larves d'ankylostome ne sont détruites que par une concentration de sel trop élevée pour être praticable. La ventilation, l’asséchement amènent certaine- ment la diminulion des cas, mais cet asséchement est souvent impossible. Aussi a-t-on porté toute l'attention sur l'assainissement du personnel. En empêchant le mineur, porteur du ver, de descendre dans la mine, on devait arrêter l'infection, l'anky- lostome ne se reproduisant pas sans passage dans l'hôte humain. Des règlements sévères exigèrent l'examen des mineurs, le contrôle des excréments, et tout mineur porteur d'œufs était retenu à la surface et soumis au traitement spécifique : l’ex- trait de fougères mäles. Malgré une très vive oppo- sition des mineurs, les résullals furent assez nets pour autoriser le maintien du contrôle. A l'heure actuelle, dans les mines de Westphalie, la diminu- tion des cas reconnus a été, en deux ans, de 75 °/.. Dans le bassin minier de Liége, la lulte, dirigée par Lambinet et Malvoz, a donné également de bons résultats. En France, le Parlement a élé saisi d’une proposition de loi par Basly, concue dans un esprit identique. Dans les mines d'Europe, c'est à l'ankylostome duodénal que l'on a affaire; en Amérique, une autre espèce atteint les mineurs, l'Ankylostomum ameri- canum; et cette espèce parait aujourd'hui s'im- planter en Europe, du moins en Italie, par suite du relour d'émigrants italiens revenus surtout du Brésil; la première observation clinique date de 1905. L'ankylostomiase italienne a ceci de particu- lier qu’elle n'est pas localisée aux mineurs, mais qu'elle frappe, surtout dans l’Agro Cremonese, un grand nombre de paysans, et les hygiénistes ita- liens réclament l'intervention de l'Élat contre cette affection. V.— LES ACCIDENTS DU CINARBON DANS L'INDUSTRIE‘. Les inoculations anti-charbonneuses pratiquées sur une large échelle avaient fait disparaître presque complètement cette affection dans les régions fran- çaises les plus infeclées, notamment dans la Beauce ; ! Bibliographie : Lecce : Rapport au Local Government Board sur la sep- ticémie charbonneuse, 1904. Analyse in Bulletin de l’Inspec- tion du travail, 1904. Desray : Le charbon industriel, maladie ou accident pro- fessionnels. Thèse Fac. de Médecine de Paris, 1906. J.-P. LanGLots : Le charbon industriel. Congrès des mala- 868 D: J.-P. LANGLOIS — REVUE ANNUELLE D'HYGIÈNE malheureusement, devant la diminution du danger, les agriculteurs ont cessé de poursuivre les inocu- lations et le charbon agricole tend à reparaitre dans ces contrées. En Angleterre, on constate éga- lement une certaine recrudescence, et en Italie les statistiques de Monti établissent qu'en quinze ans 36.000 cas ont fourni 7.300 décès. Les derniers chiffres cités, ceux de 1904, portent encore sur 3.000 cas et 335 décès. Mais la démonstration est faite que le charbon agricole peul être supprimé, et il suffirait d'appliquer des mesures rigoureuses : déclaration obligatoire des cas, destruction des cadavres et surtout vaccination gratuile ou presque gratuite des bestiaux, pour voir disparaître cette maladie, en Europe tout au moins. Il est plus dif- ficile de songer à la combattre dans les steppes de Sibérie et de Mongolie. Or, ce sont principalement les peaux et crins pro- venant de ces pays qui provoquent les nombreux cas de charbon industriel observés en Europe. Dans un travail récent, Langlois, d'après les slatis- tiques anglaises, les seules réelles puisqu'en France la déclaration obligatoire des cas de charbon n'est pas prévue par la loi, montre que les ouvriers peau- ciers et criniers qui sont alteints par le charbon ont nécessairement contracté cette maladie au cours du travail, puisque les chances de contracter le charbon, étant représentées par 1 pour un habitant de la Grande-Brelagne, sont de 4,325 pour un trieur de laine et de 8,750 pour un crinier. Comme conclu- sion, Langlois demande que le charbon soit assi- milé aux accidents du travail, sans qu'il soit néces- saire d'établir la preuve que l'inoculation a eu lieu au cours du travail, ce qui, dans la majorilé des cas, est pratiquement impossible. Cette opinion à été défendue également avec quelques variantes par Monti, Ascoli et Glibert au Congrès de Mi- lan. Ajoutons que, s'il est pratiquement impossible de désinfecter les peaux charbonneuses, et qu'il faille se contenter de multiplier les mesures hygié- industries qui manipulent ces pro- duits, il n'en est pas de même des crins. Les recherches d’Ascoli, Belfanti, Rossi, dans l'usine Pachetti, de Milan, ont prouvé que, dans la pralique, la stérilisation des crins par la chaleur est pos- sible, et il est probable qu'en combinant le vide et le formol, en peut réaliser une pareille désinfection sans employer les häutes lempéralures, souvent niques dans les nuisibles à certaines catégories de crins. dies du travail. Milan, 4906, et Bulletin de l'Inspection du travail, 1906. Ascozr : Del carbonichio e delle infezioni professionaii. Congrès de Milan, 1906. Rosst : La Desinfezione des crini. Annali d'Igiene sperim., 1906, n° 4. VI. — LE TRAVAIL DANS L'AIR COMPRIMÉ‘. Les travaux dans l'air comprimé sont de plus en. plus importants, et notamment en France la traz versée de la Seine par les différentes voies métro= politaines, la construction de l’avant-port du Havre ont attiré l'attention sur les dangers que présentent ces travaux pour les ouvriers quand la pression dépasse 15 mètres d’eau. Les Pays-Bas, où se pours suivent encore des travaux considérables, onk réglementé très strictement les conditions du tras vail par une loi de 1905. En Autriche et en Allez magne, les instructions formulées par von Schrüt= ter sont suivies dans tous les chantiers. En France; sur le rapport de Langlois, la Commission d'Hygièn industrielle vient de préparer un règlement géné al: enfin, le Congrès des maladies du travail, à lan suite d'un rapport de von Schrütter, de Vienne; Glibert, de Bruxelles, Gilliolti, de Naples, et Lan- glois, de Paris, a décidé de communiquer aux États représentés un vœu qui résume les desiderata mis nima des hygiénistes. Dans les travaux en air COMM primé, les accidents se présentant presque Conss | ie ou à la suite de la RAS nute par diem d' tres Même avec celte durée, les accidents pouvant encore se produire on devra exiger, dans les travaux exécutés sous unê pression supérieure à deux atmosphères, l'établis sement d'une écluse à recompression où les sujels alteints après la sortie du sas seront recoMprimMés" immédiatement. Sur la proposition de von Schrüls ter, la Commission a demandé que, pour les sCass phandriers, quand l'écluse à recompression est impraticable, on puisse disposer d'une réserve, d'oxygène permettant de continuer les inhalations” de ce gaz afin de favoriser le dégagement de l'azote. Enfin, sur la proposition de Langlois, le Congrès at émis le vœu que, pour les travaux à haute pression, les ouvriers soient logés à proximilé du chantier; afin que, si des accidents tardifs se produisent, les secours soient immédiats. ; Nous avons élé étonné de trouver, dans le Rap= pert présenté par Vallin sur le même sujet au Con- seil d'Hygiène de la Seine, la fixation de la durées — | | 1 Bibliographie : Vox Scunoerrer : Der Sauerstolf in der Prophylaxie den Luftdruckerkrankungen. Berlin. 190%. Wazcen : De Caissonwet, Amsterdam, 1905. Ouiven : Maladies caused by the air, Londres, 1906. LaxGLois : Projet de règlementation du tr avail dans l'air comprimé. Rapport à la Commission d'Iygiène industrielle. Hygiène générale et appliquée, juin 1906. Vazun : Rapport au Conseil d'Hygiène de la Seine, avril 1906. D: J.-P. LANGLOIS — REVUE ANNUELLE D'HYGIÈNE + -d'éclusement à cinq minutes par atmosphère. Avec cette vitesse, les embolies gazeuses azolées peuvent encore se produire fréquemment, même quand la pression n'a pas dépassé 15 mètres. … Si les précaulions peuvent être prises pour les ouvriers travaillant dans les caissons, elles sont “beaucoup plus difficiles à suivre chez les scaphan- - driers, et, dans ces deux dernières années, nous “avons pu relever encore dix accidents mortels qui peuvent être altribués soit à une remontée trop apide, soil à une absence de visite médicale avant la descente. Ë VII. — INFLUENCE DE LA VICIATION DE L'AIR SUR LA SANTÉ DES OUVRIERS ‘. De tout temps, les hygiénistes se sont préoccupés d'assigner une limite à la viciation de l'air des ateliers. et tous ont admis que la teneur en acide carbonique pouvait servir d'indication. Le Factory “and Workshop Act de 1901 stipulait que la ventila- tion dans les fabriques devait être telle que la teneur en acide carbonique ne dépassàt jamais …/ 10.000 ; mais,en 1902, une Commission composée “de Haldane, Osborne el Pendock déclarait que cette limite était trop basse: ils craignaient qu'il fût pratiquement impossible d'exiger cette pureté dans tous les endroits où travaillent les ouvriers. Une étude faile sous l'inspiration du Home Office par Williams et Scudder montra qu'avec une instal- “lation convenable, ce taux pouvait être singulière- ment abaissé. En 1903, au Congrès de Bruxelles, Leclerc de Puligny avait demandé pour les filatures de laine “une ventilation intense, et c'est sur la proposition “de Haldane que la teneur maximum fut fixée à 8/10.000. En France, la jurisprudence admet la limite de 9/10.000. C'est en réalité à un chiffre voisin que Poitevin arrive quand il propose à la Commission d'Hygiène industrielle de considérer comme salubre Jatmosphère d'un atelier où, l'unique source d'acide carbonique étant la respiration des ouvriers, la “teneur en acide carbonique ne dépasse pas de 4/10 celle qui existe dans l'air ambiant extérieur. 1 Bibliographie : HaLDanxe, OsBorxe et PExDocx : Report of the departemen- tal Commitee. Londres, 1902. Leccerc ne Puriexx : Les filatures de laine. Congrès d'Hygiène, Bruxelles, 1903. Porrevix : Proportion d'acide carbonique tolérable dans les ateliers. Hygiène générale, mai 1906. Aurorr : Etude des effets du sulfure de carbone. Thèse Fac. de Médecine de Paris, 1906. GaRDeNGH1, ToRRETA, Momo : vail, Milan, 1906. GES : Irrespirable Luft in Schiffsraumen. Arch. f. Schiffs- und Tropen Hygiene, mars 1906. Congrès des maladies du tra- 869 Une ventilation intense est surtout nécessaire quand des vapeurs toxiques peuvent se dégager pendant le travail. Le développement de l’industrie du caoutchouc a multiplié l'emploi du sulfure de carbone; Aitoff et Langlois ont montré que, même avec une ventilation de 18.000 mètres cubes par heure dans une pièce de 643 mètres cubes, on trouve encore une teneur de 25/100 de milligramme de CS° à la hauteur des voies respiratoires. A cette faible dose, le sulfure produit encore des troubles particuliers, surtout des troubles psychiques. Au Congrès des maladies du travail, la question de l'influence des gaz industriels sur la santé des ouvriers à fait l'objet de nombreuses communica- tions. Gardenghi a étudié les modifications des échanges respiratoires dans un milieu renfermant des traces d'oxyde de carbone, d'acide sulfureux ou d'acide sulfhydrique, les gaz qui se rencontrent le plus fréquemment dans les ateliers. La quantité des gaz toxiques était, en moyenne, de 5/10.000. L'oxyde de carbone ne modifie pas, à cette dose, les échanges respiratoires, et l'on constaterait plutôt une légère augmentation de l’acide carbonique, ce qui confir- merait l'opinion de Pokrofsky, Gruber et, avant eux, CI. Bernard, que, dans l’organisme, l'oxyde est transformé en dioxyde. Avec l'hydrogène sulfuré, la diminution de l'acide carbonique est très sensible; l'auteur émet l'hypothèse que cette diminution est surtout une rétention de l’acide carbonique dans les Lissus, les alcalis du sang, saturés par l'acide sulfhydrique, ne pouvant plus se charger d'acide carbonique. L'hy- pothèse est très discutable; les expériences sont de trop courte durée, vingt minutes environ, et l’au- teur lui-même fait remarquer que, si on prolonge la durée, les différences s'atlénuent. Torreta, dans le même ordre d’idées, expose les effets délétères du gaz d'éclairage sur les ouvriers des usines à gaz, effets qu'il attribue principale- ment à l’oxyde de carbone. Pour les ouvriers par- ticulièrement exposés : chercheurs de fuite, dépu- rateurs, il conseille l'emploi du masque de Koning et Giesberg, qui permet de prendre l'air en dehors du milieu toxique. Contre les formes chroniques, le meilleur moyen préventif est la limitation des heures de travail et des repos annuels assez pro- longés. Momo insiste spécialement sur les maladies spé- ciales aux mineurs, et il décrit, sous le terme de maladie de la mine, un empoisonnement dû à l'ac- tion des gaz délétères accumulés dans la mine, soit par les produits de combustion des lampes et des êtres vivants, soit surtout par les gaz dégagés à chaque coup de mine. La maladie des mines peut être aiguë ou chronique. L'exemple le plus net de 870 D: J.-P. LANGLOIS — REVUE ANNUELLE D'HYGIÈNE la maladie aiguë est présenté par le cas des deux ingénieurs frappés à mort le jour mème où l'on établissait la communication entre les deux extré- mités du tunnel du Simplon. La forme chronique est caractérisée par l’anémie et par les troubles nerveux allant jusqu'à l'épilepsie. La prévention repose essentiellement sur une bonne ventilation, qui à un triple effet : enlever les gaz délétères, as- sécher l’air et le rafraichir. A côté de ces intoxicalions, occasionnées par la présence de gaz délétères, il faut citer les accidents produits par l'absence d'oxygène. Chaque année, on signale des accidents d'asphyxie survenus chez des ouvriers déchargeurs ou des matelots à bord des navires. Dans un certain nom- bre de cas, les accidents ont été mortels, bien que les secours aient élé rapidement portés. Quelle peut être la cause de ces asphyxies ? Il est difficile d'admettre le rôle de l'acide carbonique : on sait "que ce gaz est peu toxique et que des animaux peuvent vivre dans un milieu renfermant plus de 20 °/, d'acide carbonique, au moins pendant plu- sieurs heures, si toutefois la proporlion d'oxygène n'est pas lrop anormale. Les recherches entreprises par Giemsa ont montré qu'avec cerlains chargements, tels que le charbon, les tourteaux, le maïs, et même l'eau impure, l'oxygène pouvait disparaitre presque to- talement en une vingtaine de jours. Dans une série de recherches sur les souris pla- cées en milieu pauvre en oxygène, Giemsa arrive à celte conclusion qu'une réduction de l'O à 46 °/, produit déjà un état de malaise, et qu'au dessous de 13 °/, la mort peut survenir rapidement. L'épreuve de la bougie pour vérifier si l'air est respirable est insuffisante ; le mieux serait de pla- cer des cages avec des souris ou des rats dans les cales avant la descente des hommes, comme on est forcé de le faire quand en dératise les navires sus_ pects par le procédé de Nocht à l'oxyde de carbone. Dans tous les cas, une ventilation énergique de toutes les parties closes du navire doit s'imposer avant toute descente; cette observation doit sur- tout s'appliquer au tunnel de l'hélice. Les recherches citées, démontrant l'influence de l'humidité sur l'absorption d'O, aboutissent à cette autre malières fermentes- cibles, aurait utilité à dessécher relativement les cales en placant de la chaux le long des parois du navire. Les caisses de chaux ainsi disposées conclusion : avec les il y absorberaient la vapeur d’eau, et la chaleur pro- duite par l'hydratation de la chaux se perdrait par les parois mêmes en contact avec la masse liquide. La dépense serait récupérée facilement par la pro- k tection donnée aux marchandises. | VII. — INTERDICTION DU TRAVAIL DE NUIT DES FEMMES !. La Conférence de Berne, après avoir examiné l& question du phosphore blanc, a dû aborder un. sujet plus délicat : un projet de réglementation internationale interdisant le travail de nuit des femmes employées dans l’industrie. Tous les hy= giénistes s'accordent pour reconnaitre le dangel que comporle le séjour des femmes à l'usine pendant la nuit, et la plus grande partie des Étal a admis en principe l'interdiction du travail noc= turne ; mais il a été plus difficile de s'entendre sur la durée du repos nocturne. triche, la Hongrie, la France, l'Angleterre, le Luxembourg et la Suisse se prononçaiert pour une durée de douze heures; le Danemark, l'Italie, la Norvège, les Pays-Pas, le Portugal et la Suède de= mandaient onze heures; seule, la Belgique n’admeb que dix heures. Enfin, après de longues délibérasw lions, la délégation belge fut autorisée par son Gouvernement à accepter le chiffre de onze heures et finalement, à l'unanimité des Etats représentés le repos nocturne fut fixé à onze heures, devank toujours comprendre l'intervalle de dix heures dun soir à cinq heures du matin. Il va de soi que cer= taines exceptions sont prévues et que des délais 44 trois et de dix ans sont stipulés pour la mise em vigueur de cette convention dans certaines indus= tries comme les peignages, filatures et “R de sucre. Il est, enfin, licite de faire rentrer dans les con= quêtes de l'hygiène sociale la loi francaise de 1906 sur le repos hebdomadaire. 3 D' J.-P. Langlois, Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris” 1 Publication de l'Association internationale pour la pros lection légale des travailleurs. Berne, 1904-1905. Bulletin de l'Inspection du travail. Paris, 1905, fase. 3-4. “ BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 871 4° Sciences mathématiques sbon (Ernest). — Table de Caractéristiques rela- tives à la base 2.310 des facteurs premiers d'un nombre inférieur à 30.080. — 1 broch. gr. in-8°, 32 p. Paris, Delalain, éditeur, 1906. Cette brochure a pour objet de montrer les principes t de présenter un spécimen d'application d'une éthode, indiquée précédemment par l'auteur dans ux communications : l'une à l'Académie des Sciences, autre à l'Association française pour l'avancement des iences (Congrès de Cherbourg, 1905). Cette dernière Ciété a tenu à encourager M. Lebon dans ses tra- aux arithmétiques par le vote d'une subvention ayant jour objet d'aider à la publication de la brochure dont nous nous occupons ici. Le problème qu'on se propose de résoudre est le Suivant : Un nombre étant donné, reconnaître s'il est Memier ou composé et, dans le second cas, trouver ses facteurs premiers. La table donne la solution, jusqu'à la limite 30.030, ten ne s'occupant que des nombres non divisibles par 3, 5, 7, 11. Pour ceux qui admettent ces facteurs, en let, la question est immédiatement vidée. F Les huit pages de texte qui précèdent la Table elle- “nème permettent facilement d'en comprendre la cons- Fuction et d'en pratiquer l'usage. La théorie en est d'ailleurs fort simple. Le nombre BIO 351 Sant considéré comme base, tout nombre N peuts’écrire 10 K-+LI. Si ce nombre est premier avec 2310, I ne Pourra recevoir que 480 valeurs différentes, et en don- ant à K toutes les valeurs entières 0, 1, 2, on à #80 pro- Bressions arithmétiques renfermant tous les nombres remiers supérieurs à 11. Si un nombre N est divisible ar undiviseur D, on a 2310 K+I—MD;si 4, m, sont MI6S valeurs minima de K et M résolvant cette équation l'on suppose I et D connus, on aK — + nD; donc N Sera ou non multiple de D selon que K— 4 le sera ou ün:; 1 est appelé indicateur, K caractéristique. Dans Table, deux bandes horizontales donnent les indica- leurs et leurs compléments à 2310; une bande verticale donne les diviseurs premiers de 13 à 173, ce qui suffit | pour la limite 30.030. Les caractéristiques se lisent à la contre de la bande verticale correspondant à I et de à bande horizontale correspondant à D. Nous ne pou- ons indiquer les détails de construction; mais il est érmis d'affirmer qu'on arrive en quelques minutes à servir de cette ingénieuse Table, avec les indications les exemples que fournit l’auteur. Cela mérite Jatiention de toutes les personnes curieuses de récherches arithmétiques. Al faut insister sur ce fait qu'il s'agit uniquement ici n spécimen. Pour servir effectivement à des expé- jences arithmétiques, il faudrait pousser les limites ïen plus loin. On a publié des Tables jusqu'à 9 millions. M Lebon croit qu'en faisant usage de ses principes, il Sérait possible d'atteindre jusqu à 900 millions, sans Mépasser une étendue égale à cinq fois celle des Tables âcluelles allant à 9 millions. On voit combien énorme serait l'économie d'espace, Méapitale en ces matières. Le reste serait affaire de Patience, d'autant plus que les calculs pourraient dexécuter mécaniquement. La dépense, aussi, serait sse; mais il s'agirait là d'un véritable monument arithmétique. S'il s'édifie jamais, à M. Lebon reviendra Phonneur d'en avoir jeté les fondations premières. C.-A. Laisanr, Répétiteur et Examirateur d'admission à l'Ecole Polytechnique. BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 2° Sciences physiques XVhetham (William Cecil Dampier). 4, A., F.R.S., Fellow of Trinity College, Cambridge.— The Theory of experimental Electricity.— 1 vol. in-8° de 334 p. avec 123 fig. Cambridge University Press, 1906. Ce nouvel ouvrage de M. Whetham contient, sous une forme concise, un très bon exposé des éléments de la science électrique, au point où elle est arri- vée aujourd'hui; ouvrage destiné aux étudiants d'un degré moyen, conçu dans un esprit élevé; exposé clair, dans lequel les Mathématiques, toutes relativement élémentaires, sont employées seulement à simplifier le langage. L'ordre, pour le début, est à peu près celui qui a été suivi par la plupart de ceux qui ont traité les mêmes. sujets: Electrostatique, magnétisme, courant électrique thermo-électricité, induction. Voilà pour ce qu'on pour- rait appeler l'électricité ancienne, qui occupe à peu près la moitié du volume. Puis, après un court cha- pitre sur les unités, nous entrons dans l'électricité plus moderne, les ondes électromagnétiques, l’électrolyse, la conduction de l'électricité dans les gaz, la radio-acti- vité. Non que, si l'on n'envisage que les titres, ces chapitres de la science électrique soient tous d'inven- tion récente. Mais les nouvelles notions de dissociation ont tellement transformé nos idées sur l’électrolyse, les relations avec la pression osmotique, les propriétés des solutions colloïdales tiennent une telle place dans l’en- semble denosnutionssurles phénomènes électrolytiques que cette branche de l'électricité peut être considérée comme neuve dans ses traits généraux. Il en est de mème, et à un degré encore supérieur, pour le chapitre suivant, dans lequel on a conservé quelques faits depuis un demi-siècle, mais où les idées se sont entièrement reconstituées depuis dix ans. M. Whetham connait bien, en particulier, les aspects modernes de la science électrique. N'est-il point, d'ailleurs, à Cambridge, aux meilleures sources ? L'élec- trolyse et le transport des ions n'ont pas pour lui de secrets, comme il l’a bien montré dans un ouvrage paru il y a quatre ans sous le titre : On Solution, et dans ses Récents développements de la Science. Aussi serail- on mal venu à lui reprocher d'avoir, dans ce nouvel ouvrage, quelques réminiscences de publications qui ont eu un très légitime succès. Ce qu'on pourrait peut- être lui trouver à redire, c'est que, décidément, s'il connaît admirablement la science anglaise, il gagne- rait à se pénétrer davantage de ce qui a été fait hors de la Grande-Bretagne. Des oublis un peu longs à énu- mérer auraient pu être évités, ainsi que des erreurs, généralement de peu d'importance, il est vrai, mais des erreurs tout de même que chacun notera au cou- rant de la lecture : la variation de résistivité du mercure donnée par Matthiessen, et qui est, comme on sait, erronée d'un bon quart de sa valeur; cette indication que l'oscillographe, décrit d'abord par M. Blondel, est, dans sa forme actuelle, l'invention de M. Duddell; enfin la date des premiers travaux de M. et M®° Curie sur les corps radio-actifs, reportée à l'année 1900. Ce sont, dira-t-on, de bien petites erreurs, dans un ouvrage qui contient une foule de bonnes choses. Voyons cepen- dant : On a fait de grands travaux pour la détermination de l’ohm. et l'on se flatte d’être arrivé, après bien des peines, à déterminer l'ohm à deux ou trois dix-millièmes et à construire au cent-millième près les étalons de l'ohm légal, en attendant ceux de l’ohm international, etles physiciens attachent une grande importance à ces BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX résultats. Or, l'emploi du coeflicient de Matthiessen fausserait, en pratique, les résultats de près d'un demi pour cent. Et n'est-il pas injuste de restreindre l'œuvre de M. Blondel au rôle, assurément fort honorable, mais insuffisant, d'ouvrier de la première heure, lorsqu'on saura qu'en France et en Allemagne ses instruments sontencore presque seuls employés? Enfin, pourra-t-on prétendre qu'une erreur de deux ans sur la découverte du radium soit de peu de conséquence, à une époque où la science marche si vite et où les découvertes s'en- chainent à tel point qu'une inversion de quelques mois dans leurs dates respectives en rend la filiation inin- telligible ? Cela dit pour engager M. Whetham à contrôler minutieusement ses sources d'information en vue de la prochaine édition de son livre, il me reste à en carac- tériser encore en quelques mots la méthode. A l'exception de quelques déductions nécessaires, l'énoncé de toute découverte, ou même de ce qu'on peut appeler des théorèmes de Physique, tant ils res- semblent à des productions mathématiques, est appuyé de la description de l'expérience qui y a conduit, avec une indication claire de sa puissance démonstrative. Les appareils indispensables sont décrits sous la forme moderne, car M. Whetham pense très justement qu'à moins de faire systématiquement de l’histoire, il faut, dans la science, substituer et non additionner, élaguer derrière soi autant qu'on agglomère en avant, de manière à ne pas surcharger les études. Le milieu dié- lectrique et le milieu magnétique sont successivement étudiés; on apprend à mesurer le courant électrique par ses effets électromagnétiques, à le produire par les piles ou par les phénomènes thermo-électriques, et c'est à propos de l'induction que l’auteur décrit l'oscil- lographe, ce qui montre son souci de modernisme et son vrai sens pratique. C’est dans ces chapitres déjà anciens qu'il est difficile d'innover lorsqu'on se propose d'enseigner. Dans les questions plus neuves, sur lesquelles M. Whetham est très renseigné, on aurait pu craindre un peu de surcharge. M. Whetham a su s'en garer; il est resté, comme dans ses précédents ouvrages, élégant et clair. CH.-Ep. GUILLAUME, Directeur-adjoint du Bureau international des Poids et Mesures. Walter (D'J.). — Die Erfahrungeneines Betriebs- leiters (LES EXPÉRIENCES D'UN DIRECTEUR D'USINE). 2° édi- tion de l'ouvrage : Aus der Praxis der Anilinfar- benfabrikation (LA PRATIQUE DE LA FABRICATION DES COULEURS D'ANILINE). — À vol. gr. iu-8° de 338 pages avec 116 fig. et 12 planches hors texte. (Prix 26 fr. 25.) M. Jänecke, éditeur. Osterstrasse, Han- nover, 1906. Ce livre, qui traite de la fabrication de quelques matières colorantes organiques, n’est ni un exposé théorique, ni une simple collection de recettes de fabrication : il a pour but de donner les principes fon- damentaux de quelques fabrications spéciales, que l’auteur à approfondis par sa propre expérience; il décrit les dispositifs et la marche des réactions mises en œuvre, avec tous les accessoires et les particularités qui n'ont en général aucune importance pour le savant, mais qui sont d’une grande utilité au praticien. Prenant comme exemple la fabrication de la safra- nine, qu'il a dirigée lui-même pendant de nombreuses années, M. J. Walter envisage successivement toutes les phases de la préparation d'une matière colo- rante : installations nécessaires: appareils mélangeurs, chaudièr à ébullition, manomètres, filtres-presses, monte-jus; précautions à prendre pour assurer le cours normal des réactions; essai de la matière colorante: livre de fabrication et calcul du prix de revient du produit fabriqué. Il termine par quelques indications plus brèves sur la fabrication de la clématine et celle de l'indoine. Cet ouvrage rendra d’inappréciables services, non seulement aux jeunes débutants dans la pratique des matières colorantes organiques, mais encore aux chi mistes dans d'autres branches de l'industrie, car les opérations chimiques simples se répètent partout e nécessitent plus ou moins les mêmes appareils. Le livre de M. Walter a, d'ailleurs, déjà franchi le cap d’unel première édition. Sous sa forme actuelle, il a été incor4 poré à la Bibliothek des Betriebsleiters, publiée p la librairie Jänecke, dont il forme le second volume. Il} constitue le digne pendant du premier volume, récem- ment analysé ici mème, et assure, dès son début, àf cette nouvelle collection, un succès mérité auprès desf chimistes. L. BRUNET. | 3° Sciences naturelles Miramoôn (À. G. Y.), Licencié ès sciences, Dirée-| teur du Boletin mineral y comercial. — Determina-|} ciôn de los Minerales. — 1 vo/. in-8°, de 286 pages. A. Rojas, éditeur. Madrid, 1906. | Les ouvrages traitant de la détermination pratique des minéraux se ressemblent tous plus ou moins, les auteu cherchant à ranger les espèces suivant leurs divers caractères : densité, dureté, éclat, couleur, etat d’agré- gation, etc., et M. A. Y. Miramôn consacre à cé arrangements la première partie de son livre. S tableaux, très complets, comprenant même les espèces récemment décrites, sont relatifs à un grand nom de propriétés, aux associations minéralogiques, à pseudomorphoses, etc., et permettent à celui qui ve déterminer un minéral d’avoir sous les yeux la lis des espèces possédant les propriétés qui ont attiré soi attention. j: Dans la seconde partie de l'ouvrage, les principaux caractères chimiques des divers éléments sont rapide ment énumérés; en outre, des listes indiquent les minéraux dans lesquels se trouvent les divers corp simples. La troisième et dernière partie comprend la déter mination des minéraux d'après la méthode bien connu de de Kobell. | Ce livre, qui ne s'adresse qu'à des personnes ayant des notions suffisantes de Minéralogie pour discerné quelques-uns des caractères utilisés, comble unë lacune dans la littérature scientifique espagnole, et es appelé à rendre de nombreux services. En facilitant détermination des minéraux, il contribuera probable! ment à répandre le goût de la Minéralogie dans un, pays où les gisements sont très nombreux et très variés. PauL GAUBERT, Assistant au Muséum, Perrot (Em.), Docteur ès sciences, Professeur l'Ecole supérieure de Pharmacie de Paris, et Froutt (H.), Dessinateur-géoqgraphe. — Les Matières pr mières usuelles d’origine végétale indigènes € exotiques. — 1 vol. in-8° de k4 pages avec 4 grandes “ 0 pe » DE : « cartes en couleurs. (Prix : 4 fr.) Vigot frères, éd teurs, 23, Place de l Ecole-de-Médecine. Paris, 4906: Ce petit ouvrage se compose de deux parties : 1° une} liste, par ordre alphabétique, des principales matières | premières usuelles d'origine végétale, avec, pour cha= cune, le nom spécifique de l'espèce botanique qui produit, son emploi, sa distribution géographique et, pour les plus importantes d’entre elles, quelques indie \ cations sur le trafic dont elles sont l’objet; 2° un atlas de 4 cartes, représentant l'Europe tempérée et la région méditerranéo-aralo-caspienne, l'Afrique intertropicale, la région indo-sino-malaise et l'Amérique tropicale et | subtropicale, et montrant les lieux d'origine de la plu= part des substances mentionnées dans le texte ; un SyS- tème de division et de numérotation en chiffres et lettres permet, d’ailleurs, de se reporter facilement du texte aux cartes. : Cet opuscule est appelé à rendre service aux étudiants des écoles spéciales de pharmacie, de commerce et. des colonies et, en outre, au public désireux de s’instruire M sur l'origine des denrées d’un usage courant. 4 Sciences médicales Guiart (D' Jules), Dosteur ès Sciences, Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris, Secrétaire général de la Société Zoologique de France, et Grimbert (L.), Docteur ès Sciences, Professeur mmagrégé à l'Ecole supérieure de Pharmacie de Paris, Pharmacien en chef de l'Hôpital Cochin; — Précis de Diagnostic chimique, microscopique et parasi- tologique.— 1 ro. in-18 de 960 pages avec 500 figures. (Prix : 15 fr.) F. R. de Rudeval, éditeur. Paris, 1906. Voici un bon livre. C'est un livre sincère, un livre on d'érudition, mais d'expérience, qui a été longue- ment vécu avant d'être écrit. Le besoin s’en faisait sentir. Non que nous manquions leprécis, de manuels ou d’atlas consacrés à la descrip- | ion des bactéries, à l'analyse des urines, ete., car il test, à l'heure actuelle, guère de chef d’un laboratoire d'hôpital qui ne se croie obligé d'écrire — ou de traduire le sien. Mais, dans beaucoup de ces ouvrages, on emarque, à côté d'excellents chapitres, des points | faibles trahissantla compétence trop limitée des auteurs, la hâte de l'exécution, ou le souci d'érudition plutôt que le simplicité pratique. Cela, au grand dam du lecteur, qui, effaré d'un tel flot montant d'ouvrages au milieu “desquels il ne sait choisir, finira par n'en plus acheter aucun. Tout autre est le Précis de MM. Guiart et Grimbert. “Préparés l’un et l’autre par une profonde documenta- tion dans leurs sciences respectives, par une longue pratique personnelle du laboratoire, par les fonctions de l'enseignement qui leur ont permis d'apprécier, } parmi les innombrables techniques, celles qui s'adaptent ie e mieux aux besoins des débutants et des praticiens non spécialisés, les auteurs ont compris que l'œuvre à “réaliser ne pouvait être le produit d'une seule compé- ence. L'association d’un chimiste et d'un naturaliste mexercés élait nécessaire pour offrir au public un tableau L imple, mais complet, des méthodes de laboratoire sur j lesquelles doit s'appuyer le diagnostic clinique. —…._ Destiné non seulement aux étudiants en médecine et en pharmacie, mais aussi et surtout aux médecins praticiens, de même qu'aux pharmaciens si souvent 1 onsultés en matière chimique ou bactériologique, l'ou- “rage expose d'abord, en deux chapitres aussi clairs | que sobres, tout ce qu'il faut savoir relativement à la échnique bactériologique générale et aux manipula- ions microscopiques. Mais les auteurs se sont bien gardés d'étudier ensuite les diverses bactéries patho- ènes rangées par groupes morphologiques, ou les para- Siles animaux énumérés suivant leurs affinités zoolo- piques, enfin les substances pathologiques d'après leur assilication chimique. Adoptant la méthode topogra- hique, vraiment pratique, ils permettent au praticien qui veut examiner le pus d’un abcès ou le contenu des éces, de recourir immédiatement au chapitre qui lui Convient et de trouver là, condensés en un seul bloc, “ous les renseignements nécessaires. C’est ainsi que le Chapitre Saug lui permettra de faire successivement analyse chimique, la eryoscopie du sérum, l'étude de ses propriétés agglutinantes et bactériolytiques, la spec- Liroscopie et la chromométrie des pigments, la numé- Mration et l'étude cytologique des globules rouges et de Mioutes les variétés de globules blancs normales ou bathologiques, la recherche des parasites de toute espèce, depuis le bacille typhique et l’hématozoaire “du paludisme jusqu'à la Bilharzia et aux Filaires. —… Voici les chapitres ainsi étudiés successivement : Sang, Pus, Liquides pathologiques (sérosités de la plèvre, du péricarde, du péritoine, de la vaginale, des articulations, liquide céphalo-rachidien, liquides des kystes, etc.), Lait, Sécrétion nasale, Poumon, Bouche éb Pharynx, Estomae, Intestin et Foie, Peau, Oreille, il, Organes génitaux, Urine. —… Une telle accumulation de faits ne va peut-être pas s laisser place à quelques imperfections de détail, 4 REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 873 que les auteurs sauront faire disparaître dans une autre édition, prochaine sans doute. C’est avec regret, par exemple, que l'on verra renaître le groupe des nucléo- albuminoïdes, avec une compréhension tout opposée à celle que lui donnent Hammarsten et les auteurs qui s'occupent des phosphoprotéides ; une confusion sur ce sujet pourrait jeter le trouble dans l'importante ques- tion des origines de l'acide urique. De plus, certaines techniques dans le maniement des tubes à réactions, très élégantes entre les mains d’un chimiste exercé comme M. Grimbert, pourraient être moins fidèles lorsqu'il s’agit des débutants. Mais ce sont là critiques légères, et, si je les exprime ici, c’est pour féliciter plus sincèrement les auteurs de cet ouvrage utile, nécessaire même. Car nul esprit ouvert ne saurait méconnaître la nécessité croissante, pour le diagnostic médical, de ces sciences « jadis accessoires, aujourd'hui fondamentales de la Méde- cine ». Je sais bien que l'opinion n'est pas unanime, et qu'une récente campagne nous à donné la surprise et let regret de voir, parmi les contempteurs de la science, des médecins que leur situation ne désignait pas pour ce rôle. Il y aura toujours des réactionnaires; le souvenir de Molière n'est encore qu’estompé dans certaines mémoires médicales, et nous reverrons sans doute des renards comme ceux de La Fontaine, dont l'un ävait la queue coupée, et l'autre décrétait inco- mestibles les raisins inaccessibles, Mais, au moment même où l'enyahissement du charlatanisme oblige les médecins à se défendre et à convoquer un Congrès pour la répression de l'exercice illégal, qu'ils sachent bien que le privilège médical sera d'ordre scientifique, ou qu'il ne sera plus! Souvenons-nous que, depuis la respiration pulmonaire jusqu'au Treponema pallidum, toutes les conquêtes de la Médecine ont été préparées au laboratoire, et que le médecin Laënnec fut glorieux pour avoir fait, un jour, de l'acoustique! MM. Guiart et Grimbert mettent à la portée de tous les raisins du diagnostic scientifique. Leur ouvrage est abondamment illustré par 500 figures d'instruments, de cellules, leucocytes, ete., de bactéries, parasites animaux, eristaux des urines ou des exsudats, spectres de pigments, etc. Il parle done à l'œil, à la facon d'un véritable atlas, d'un atlas qui aurait renoncé sagement au luxe de reproductions trop artistiques et trop coûteuses, pour mettre dans-la plus modeste bibliothèque les documents choisis et reconnus vérita- blement utiles à la diagnose des maladies parasitaires et infectieuses, et des troubles chimiques de la nutri- tion. Dr L. MaizLarp, Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris. 5° Sciences diverses ExposiTrion CoLonrALE DE MARSEILLE 1906. — Voyageurs et explorateurs provençaux, par H, BanRé, 2iblio- thécaire de la Ville; M. CLerc, professeur à la Faculté des Lettres; P, GarrarEeL, professeur à la Faculté des Lettres, G,ne LaGer, docteur en droït; E, PERRIER, président de la Société de Statistique; H, PELLISSIES, docteur en droit; R, TEISSEIRE, secrétaire de la Société de Géographie. —1 vol. gr, in-8° de 341 pages. Barlatier, imprimeur-éditeur. Marseille, 1906, Cet ouvrage est un dictionnaire biographique des Marseillais et Provencaux qui ont pris une part impor- tante à la reconnaissance de nos colonies et des pays étrangers. Il n'est dance pas tout à fait le double du beau livre de M. Masson : Marseille ef l'expansion colo- niale, quoique l’on y retrouve beaucoup des mêmes noms. Il sera d'un usage commode, les voyageurs étant rangés par pays. Mais il va sans dire que plusieurs des personnages mentionnés n'offrent qu'un intérêt local. J. Macuar, Docteur ès lettres, Professeur au Lycée de Bourges. 19** 874 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 10 Septembre 1906. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. M. Brillouin donne les résultats qu'il à obtenus, après corrections, pour les courbures du géoide dans le tunnel du Simplon. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. C. Stœrmer apporte un certain nombre d'expériences nouvelles en faveur de la théorie des aurores boréales de M. Birkeland et qui réfutent les objections que M. Villard y avait adressées. — MM. Ph.-A. Guye et G. Ter-Gazarian ont reconnu qu'un chlorure accompagne toujours le chlorate de po- tasse, avec lequel il paraît constituer une solution solide de composition constante. Il en résulte une source d'erreur dans la détermination du poids atomique de l'argent par la méthode des halogénates. En tenant compte de cette erreur, le poids atomique de l'argent doit être abaissé de 107,93 à 107,89. 3° SciENCES NATURELLES. — M. M. Mirande à observé que la chenille du Botyde de l'ortie se construit un abri en forme de fourreau en repliant une feuille du Ga- leopsis Tetrahit. Sous l'influence des piqûres de l'in- secte, la feuille ne tarde pas à prendre une teinte profonde, d’un rouge violacé, due à la formation d'an- thocyanine dans les cellules du limbe et du paren- chyme. Séance du 17 Septembre 1906. M. le Secrétaire perpétuel annonce la mort de M. L. Boltzmann, Correspondant pour la Section de Méca- nique. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. R. Bourgeois à constaté que la station fondamentale de la triangula- lion de l'Algérie, Colonne Voirol, est le siège d'une forte déviation de la verticale vers le massif du Sahel et qu'il y aurait lieu de la remplacer par un autre point-origine. — M. M. Brillouin estime que le mou- vement du pôle à-la surface de la Terre se compose : 1° d'un petit mouvement périodique de un mois lunaire, d'origine externe; 2° de mouvements produits par des causes internes, agissant quelquelois d'une manière brusque, à des époques très variées ; 3° du mouvement naturel amorti consécutif. Si les modifications internes jouent un tel rôle, l'analyse du mouvement du pôle en série de termes périodiques n'a pas de sens. 20 SGiENCES PHYSIQUES. — M. P. Lebeau à observé que le fluor et le chlore ne s'unissent pas directement. Le chlore liquéfié dissout le fluor, mais le fluor se dégage au point de solidification du chlore. En présence de l'eau, le fluor oxyde le chlore, qu'il transforme complè- tement en acide hypochloreux. — MM. L.-J. Simon et Ch. Mauguin, en saponifiant par KOH alcoolique con- centrée l'éther phénylnaphtoquinoléine-dicarbonique, ont obtenu le biacide correspondant C*H‘#Az(CO*H}, qui, à 218°, se transforme en anhydride avec élimina- tion de H°0. L'action ménagée de KOH sur le diéther donne le monoéther. — M. C. Béis, en faisant réagir les composés organomagnésiens mixtes sur la phényl- phtalimide, à obtenu une série d’oxy-3-isoindolinones. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. P. Carnot et Mile CI. Deflandre ont constaté que le sérum des animaux en pleine crise de rénovation hématique provoque, chez les animaux neufs, une hyperglobulie caractérisée par un gain de 4 à 3 millions d'hématies par millimètre cube. La moelle osseuse est au moins aussi active que le sérum. — M. L. Cazalbou a observé les faits suivants : Deux Glossina palpalis sur sept, capturées sur les bords du Bani, ont infecté des chiens de trypa- nosomiase. Des (rlossina palpalis capturées et à jeun ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES depuis trois jours et demi ont provoqué le développes ment d'une trypanosomiase chez un chat. — M. G. Bi gourdan donne le compte rendu des séances du Congrès international pour l'étude des régions polaires, tenw à Bruxelles en septembre, el qui à abouti à la formation d'uve Commission polaire internationale. ‘6 Séance-du 24 Septembre 1906. 4 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. A. Buhl montre qué les séries trigonométriques généralisées sont suscep= tibles d’être sommées par le procédé de la moyenne arithmétique dû à M. Borel et déjà appliqué à la série de Fourier par M. Fejer. — M. Riceo a constaté quel chromosphère et les protubérances donnent un spectre, continu, qui est renforcé (et plus brillant que celui de la couronne)sur les parties plus vives de la chromosphèr et sur le noyau des protubérances, , 29 SCIENCES PHYSIQUES. — M. F. Dussaud à imagin un nouveau système pour l'amplification des sons. Un membrane reçoit les vibrations d'une source sonore elle oblure le passage d'un jet d'air comprimé. Le son que produit ce dernier en s'échappant répète fidèlement en les amplifiant toutes les vibrations de la source sos nore. — M. L. Teisserenc de Bort à vérilié, au cour de la troisième campagne scientifique de l'Otaria, qu le contre-alizé S. E.-S. W. souffle non seulement entr les tropiques, mais remonte sur l’est de l’Allantiqu jusqu'à la latitude de 30°. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES Séance du 14 Juin 1906. ‘ MM. E.-F. Bashford, J.-A. Murray et W.-H. Bowen" L'analyse expérimentale de la croissance du cancer. L prolifération de la tumeur de Jensen, quand elle s propage dans une grande quantité de souris, n’est pass uniformément progressive, mais présente des fluctua” tions qui peuvent être attribuées avec certitude aux cellules de la tumeur elles-mêmes. Les conditions expée rimentales qui introduisent des irrégularités sont 1° les différences de race des souris employées, pain exemple des souris apprivoisées ou sauvages; 20° les différences d'âge des souris, même de la même race de jeunes animaux sont de beaucoup préférable à des animaux adultes; 3 le point d'implantation de la greffe cellulaire : le tissu subeutané du dos a ét jugé préférable, par exemple, à la cavité péritonéales 4° la dimension de la greffe, qui est importante prins cipalement parce qu'elle modifie le cours apparent de. la croissance; de fortes greffes de plus de 1 gramme; cependant, ont donné de moins bons résultats que dé | plus faibles de 0 gr. O1 à 0 gr. 02, comme Jensen l'& déjà démontré ; 5° le mode d'introduction, qui influe suë le succès des expériences : la transplantation de petits. fragments d'une tumeur inaltérée donne de meilleurs résultats que l'injection d'une suspension de cellules de tumeur dans une solution saline physiologique: Pendant un temps prolongé, les auteurs ont opéré su* une grande échelle la propagation artificielle du cancer par la transplantation de greffes de 0 gr. 01 à 0 gr. 02 d'une tumeur inaltérée dans le tissu subcutané dorsalde jeunes souris apprivoisées âgées de cinq à six semaines: Chaque tumeur était transplantée dans quarante souris ou plus, et les résultats comparés par l'estimation du pourcentage de succès sur le nombre d'animaux demeus rés en vie après dix jours. La méthode adoptée a pour résultat la répartition, dans un grand nombre d'ani- maux, des descendants des cellules vivant aupara- vant dans un seul animal, de sorte qu'après deux ou ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES | transplantations successives, toute la tumeur d'un animal représente la descendance d’une très faible par- tie d'une tumeur précédente et, à la limite, la descen- | dance d'une simple cellule provenant d'une tumeur plus ou moins éloignée. Le pourcentage de succès obtenu | avec une tumeur quelconque est considéré comme indi- uant la fréquence, dans celle-ci, de cellules capables e développement continu, et les résultats à différentes riodes et avec un certain nombre de tumeurs propa- es sont comparés au moyen de records graphiques. es dates de transplantation sont portées en abscisses “tles pourcentages de succès en ordonnées. Plusieurs écords graphiques de ce genre illustrent le mémoire ét indiquent que le pourcentage de succès ne varie pas irrégulièrement, mais que, commençant avec une tumeur qui donne un faible pourcentage, des transplan- tions successives peuvent réussir de mieux en mieux usqu à ce qu'un maximum soit atteint, soit de 60 °/;, 10 °/, ou de 100 °/,. Les transplantations subséquentes ne réussissent pas aussi bien : le pourcentage de succès tombe rapidement soit au premier essai, soit aux sui- Lyants, jusqu'à ce qu'un minimum soit atteint, après quoi le mème processus se répète. Les auteurs concluent que les cellules des tumeurs présentent une activité yelique, et ils supposent que la période de plus faible pourcentage de succès représente une faiblesse des Pouvoirs de prolifération, qui recouvrent leur vigueur orsque les transplantations présentent de nouveau un ourcentage de succès progressivement plus élevé. Un écord graphique de la facon de se comporter d'un and nombre de générations séparées indique un maxi- ïum de succès continuellement élevé entre 70 ‘/, et 0 °/,, dù au développement successif des maxima dans es générations séparées, et l’idée est émise que les Miumeurs sporadiques possèdent une complexité sem- Mblable, de sorte que la croissance peutse produire rapide- Mment en un point, tandis qu’elle disparaît sur un autre point.Une absorption spontanée de tumeurs bien établies test produite en même temps que la chute rapide du “pourcentage de succès, l'incapacité des cellules de s'établir dans de nouveaux animaux coincidant avec la Méessation de croissance et l'extinction chez les animaux dans lesquels elles ont pu se développer pendant un certain temps. Sans préjudice d'autres facteurs, on peut supposer que la plus grande fréquence d'absorption Spontanée dans les tumeurs transplantées est due à leur plus grande homogénéité, résultant de l'interca- lation répétée de ce qui est virtuellement un état uni- ellulaire. Les auteurs comparent l'extinction de cer- faines générations de la tumeur de Jensen avec les ésultats obtenus en transplantant deux autres carci- Ÿ éussi à des animaux normaux, ont donné progressive- ment de plus faibles pourcentages de succès jusqu'à ce qu'on obtienne des résultats négatifs. Les résultats indiquent la nécessité de prendre des précautions en “interprétant les expériences exécutées dans le but de modifier la croissance de tumeurs propagées et d’enre- lgistrer exactement leur évolution précédente comme L'accompagnement nécessaire aux expériences théra- peutiques. ) 4 È +, Séance du 21 Juin 1906. M. G. Quincke : La transition de l'état liquide à Dérat solide et la Structure écumeuse de la matière. Pauteur, poursuivant ses recherches, montre que des phénomènes similaires à ceux qu'on observe dans la «congélation de l’eau se présentent pour tous les corps 1 dans la Nature et concordent avec la structure des : métaux observée par l’auteur et d'autres savants. Les Corps solides ne sont donc jamais homogènes, mais : présentent toujours une structure écumeuse. — M. W. J: S. Lockyer communique ses recherches sur les , Wariations baromelriques de longue durée sur de grandes Surfaces. Il arrive aux résultats suivants : 4° La varia- Won barométrique aux Indes est à peu près l'inverse du cycle de taches solaires de 11 ans, c'est-à-dire que 875 les années de haute pression moyenne sont générale- ment celles à faible aire tachée; 2 La variation aus- tralienne se rattache à la variation aux Indes, avec quelques modifications toutefois; 3° L'intervalle entre les maxima principaux australiens est d'environ 19 ans; 4° L’intervalle entre les maxima principaux sud-américains est aussi de 19 ans environ; 5° La varia- tion sud-américaine n'est pas l'inverse de celle de l'Australie, mais il y a une différence de phase entre les maxima d'environ six années, les maxima austra- liens précédant ceux de l'Amérique du Sud; 6° Il est probable que la variation de 19 années est due à l’action solaire modifiée par quelque cause terrestre; 7 Malgré toutes les recherches, on n'a pu trouver la cause de la modification de la période de 11 ans aux Indes en celle de 19 ans en Australie et dans l’Amé- rique du Sud. — M. A. Campbell présente ses recherches sur les capacités inductives électriques du papier sec et de la cellulose solide. La présence d'humi- dité dans le papier a un effet accusé sur Sa capacite inductive spécifique et une influence considérable sur sa résistance d'isolement. La capacité augmente et la résistance décroit lorsqu'un cable sous papier bien desséché absorbe l'humidité de l'atmosphère. Pour la cellulose desséchée, la capacité ne varie pas beaucoup avec la température, tandis que l'isolement se modifie énormément. — M. P. Phillips : Les vitesses des 1ons dans l'air à différentes températures. L'auteur a cherché à déterminer, à diverses températures, la vitesse, dans un champ électrique, des ions produits par les rayons Rüntgen dans l’air à la pression atmo- sphérique, dans le but de savoir si les masses des ions dépendent en quelque mesure de la température. Voici les vitesses obtenues par l’auteur pour les ions posi- tifs (4,) et négatifs (4,), en centimètres par seconde par volt-centimètre : k e TEMPÉRATURE ABSOLUE 2,00 2.495 4119 C. 1,95 2,40 399 1,85 2,30 353 1,81 2,21 373 1,67 2,195 348 1,60 2.00 333 1,39 4,785 285 0,945 1,23 209 0,235 0,235 94 Si l’on porte ces résultats en courbes, on obtient deux lignes à peu près droites, ce qui montre que les vitesses ioniques sont approximativement proportion- nelles à la température absolue. Des résultats précé- dents, on peut calculer le nombre 2 de molécules dont se compose chaque ion aux diverses températures : n (POSITIF) ñ (NÉGATIF) TEMPÉRATURE ABSOLUE 4,63 4.65 9400 C. 2,12 1,82 209 1,76 1,43 285 4,64 1,34 348 4,52 4,25 A — M. R. J. Strutt poursuit ses recherches sur Ja distribution du radium dans la croûte terrestre par l'étude des dépôts sédimentaires. La teneur moyenne varie de 5,84 X 10 —!? grammes de radium par gramme de substance dans l'oolithe, à 0,25 X 10 — !? grammes dans le calcaire; elle ne diffère pas sensiblement de la teneur moyenne des roches ignées, ce à quoi l’on pouvait s'attendre si l’on admet que les roches sédimentaires doivent leurs matériaux à la désintégration des roches ignées. L'auteur a ensuite examiné un certain nombre de minéraux constituants des roches, et il a constaté que certains minéraux accessoires, comme le zircon, le sphène, la pérofskite et l’apatite, qui se trouvent dans le granite, sont riches en radium; la hornblende, les micas, la tourmaline et les feldspaths sont bien moins riches, et l'on n'a pu en déceler dans le quartz. 876 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES Séance du 28 Juin 1906. M. J. N. Schoolbred a recherché les modifications du régime des marées de la rivière Mersey qui peuvent avoir été introduites par les dragages récents de la barre de la baie de Liverpool. Pour faciliter aux grands navires l'accès du port de Liverpool, on a, depuis 1890, dragué plus de 100 millions de tonnes de sable dans l'estuaire de la Mersey et sur la barre de- vant l'entrée de la baie. L'examen des courbes maré- graphiques continues montre que ces travaux n'ont que peu influencé les conditions des marées dans la basse Mersey, qui affectent le port de Liverpool. En ce qui concerne les régions supérieures de la rivière, près de Warrington, les courbes de marée montrent qu'il reste maintenant dans la rivière, entre les hautes eaux respectives, un corps d'eau considérable, supérieur à celui qui existait avant les dragages, et qui est avan- tageux à la navigation locale. — Sir A. Noble poursuit ses recherches sur les explosifs par l'étude des ballis- tites norvégienne 165 et italienne, qu'il compare aux cordites et à la nitrocellulose précédemment étudiées. Il donne des tableaux complets des caractéristiques de ces explosifs. Puis il indique deux formules donnant la température d'explosion, l’une en divisant la quan- tité de chaleur dégagée par la chaleur spécifique des gaz produits, l’autre au moyen de la pression au moment de l'explosion et de la pression des mêmes gaz à 0° C. Les deux formules donnent des résultats assez concordants pour de fortes densités d’explosif et des pressions élevées, mais la différence va en crois- sant quand la densité et la pression diminuent, sur- tout pour les explosifs qui dégagent beaucoup de CO®. L'auteur explique le fait par une dissociation du CO* qui abaisse la température. SOCIÉTÉ ANGLAISE DES INDUSTRIES CHIMIQUES SECTION DE SYDNEY Séance du 9 Mar 1906. MM. E. A. Mann et R. E. Cowles ont étudié les écorces d'une dizaine d'Eucalyptus de l'Australie occi- dentale au point de vue de leur richesse en tannins. Elle varie de 8,73 à 44,5 °/, dans les extraits; les tan- nins paraissent appartenir au groupe du catéchol plutôt qu'à celui du pyrogallol. Quelques-uns d’entre eux ont donné de bons cuirs de coloration légère. Séance du 19 Juin 1906. M. G. Harker a étudié la fermentation des mélasses de canne et ses rapports avec la détermination des sucres présents. Il conclut que le rendement possible en alcool des mélasses de canne indiqué par l'analyse est beaucoup plus élevé que celui qui peut être obtenu par la fermentation, parce que les résultats analytiques surpassent la quantité de sucres fermentescibles réel- lement présents. Il est probable que les corps qui appa- raissent comme saccharose dans l'analyse (et qui sont invertis par les acides, mais non par l'invertase) sont décomposés par quelque enzyme de la levure dans les premiers stades de la fermentation. SECTION DU YORKSHIRE Séance du 18 Juin 1906. M. W. P. Bloxam a étudié les différentes méthodes d'analyse de l'indigo et recommande la méthode d'iso- lement de l'indigotine à l'état de tétrasulfonate potas- sique. — MM. H. R. Procter et H. G. Bennett décri- vent une nouvelle méthode pour l'examen des huiles de poissons, Elle consiste à déterminer l'absorption du brome en solution de tétrachlorure de carbone, auquel on ajoute, vers la fin de l'opération, de l'alcool absolu. — MM. F. W. Richardson et J. L. Bowen communi- quent leurs recherches sur la détermination des acides minéraux dans le vinaigre. Tous les procédés actuels sont, d'après eux, à rejeter, excepté la méthode origi- nale de Hehner; et encore celle-ci peut-elle, p exemple, ne pas déceler jusqu'à une partie d'acide sulfurique dans 1.540 de vinaigre. Les auteurs décrivent une méthode plus exacte, ACADÉMIE DES SCIENCES DE BERLIN # Séance du 12 Juillet 1906. { M. van’t Hoff continue ses investigations sur les conditions de formation des dépôts salins océaniques. La région d'existence et le dédoublement du borate calco-sodique, le pentaborate tricalcique et la produez=| tion artificielle de la pandermite, font l’objet de a présente communication. Le borate calco-sodique dissociant dans les borates individuels aux environs 85°, sa formation naturelle est limitée à 80°. Par cet scission, les borates de calcium naturels sont form dans des conditions appropriées; aussi l’auteur o tient-il, pour la première fois, la pandermite par voi artificielle, Ë Séance du 26 Juillet 1906. M. Müller-Breslau continue ses expériences photo graphiques pour déterminer les surfaces de glissement des sables soutenus par des murs latéraux. Il examin des murs penchant du côté des sables, la surface d ces derniers tombant depuis le mur suivant l'angle de pente naturel. La pression sur le mur, déterminée d'une facon univoque par la forme de la surface de glissement et la charge de la surface des sables, es comparée avec la pression calculée sur la base d’un surface de glissement plane de Coulomb. — M. Voge présente une communication sur les nébuleuses em tourant £ d'Orion. Les études approfondies des vues prises à l'Observatoire d’Astro-physique, à Potsdam avec un télescope à miroir à très grand rapport d'ou verture, ont fait voir que la configuration remarquabl de ces nébuleuses rend extrêmement probable l'exi tence de nuages cosmiques non lumineux. — M, van Hoff présente un travail dù à M. Behn sur la transfa mation réciproque des monoborates de calcium. BH température de conversion est déterminée au moyens de mesures de la conductibilité et confirmée par mesures dilatométriques. L'auteur trouve incidemment une seconde modification du tétra-hydrate. — M. Fro= benius adresse une note sur la loi d'inertie des formes carrées. La signature d’une forme carrée se calcule en partant de la série de déterminants donnée par Jacobi quand même ces déterminants ne sont pas tous diffé rents de zéro. — M. Koenisberger adresse un Mémoi sur les fondements de la Mécanique. À propos d'u traitement détaillé du mouvement latent et des pro, blèmes incomplets de la mécanique des pondérable l'auteur à cru opportun de présenter les bases d principes amplifiés de la Mécanique d’une façon un peu différente et plus correcte que dans ses communit tions antérieures, dans l'espérance d'arriver par là une exposition plus claire des définitions et des notions fondamentales de la mécanique des pondérables. = M. Warburg présente un travail de M. L. Grunmach, | professeur à Berlin, sur la détermination expérimens| tale de la tension superficielle de l'oxygène et À l'azote liquéfiés, Après avoir démontré que la méthode, des ondes capillaires se prête à une détermination exacte des tensions superficielles des gaz liquétiés x: les températures critiques de ces derniers étant données, W aussi à celle de leur poids moléculaire, l'auteur étend | ses recherches aux deux gaz précités. Les tensions | superlicielles de l'oxygène et de l'azote liquéfiés, à leur température d'ébullition, sont trouvées égales à. 13,074 et 8,514 dyn./cm., respectivement. Leurs poids : moléculaires à l'état liquide étant 41,51 et 37,30 respetz tivement, ces deux gaz, en passant à l'état liquide, éprouvent une association, ALFRED GRADENWITZ. | | | ——— Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER. Paris. — L. MAREKTHEUX, imprimeur, 4, rue Cassette. | | 17 ANNÉE 30 OCTOBRE 1906 Revue générale { 4 des DIRECTEUR : Sciences pures el appliquées Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. L. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande, $ 1. — Mathématiques A propos d’un livre récent. — Parmi ceux qui iment à la fois les enfants et l’arithmétique, la convic- ion est depuis longtemps faite qu'une bonne partie de laversion de beaucoup de jeunes esprits pour le calcul ient surtout à ce que l’enseignemeni en est formaliste et guindé ; que tantôt il fait appel à la mémoire pure, antot à des raisonnements abstraits; et, dans un cas comme dans l'autre, il ne reste dans l'intelligence de _Venfant que des recettes, appliquées avec plus ou moins “de discernement aux problèmes qui lui sont posés. 11 suffit de se renseigner sur les démonstrations “données dans la plupart des classes d'arithmétique pour se convaincre que ce sont, pour la plupart, de véritables ompe-l'œil, par lesquels on ne fait que répéter, sous e forme alambiquée, l'énoncé du théorème que l’on “prétend prouver. Autant vaut, dès lors, l'apprendre “comme un credo. “L'exemple que voici me semble instructif. Un jeune Mélève de sixième me disait un jour : On nous démontre bque, lorsqu'on multiplie les deux termes d’une fraction Mpar un même nombre, on ne change pas la valeur de @fraction; mais je n'ai rien compris à la démonstra- tion. “— Pourriez-vous la répéter ? — Voici : Soit la fraction 3/5; « je multiplie le numé- Mrateur et le dénominateur par #, et j'obtiens la fraction M2/20, qui est égale à 3/5, ce qu'il fallait démontrer ». ème semble qu'on ne fait que dire ce qu'on veut | prouver. de pensai que l'enfant avait mal retenu la démons- ration; je lui demandai son livre; il l'avait répétée ltextuellement. Je la repris dans les termes suivants : = Voici un gâteau que je partage en cinq parties légales (fig. 1); je vous en donne trois : quelle fraction du gâteau avez-vous ? — Les trois cinquièmes. — Bien; et, maintenant, je divise chacune des parts du gâteau en quatre parties égales. Quelle fraction du gâteau formera chacune des nouvelles parties ? — Un vingtième. — Reprenez ce que vous aviez tout à l'heure, et REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE voyez combien vous avez des nouvelles parts de gâteau. — J'en ai douze. — Quelle fraction de gâteau possédez-vous ? — Les douze vingtièmes. — Qui sont égaux. A trois cinquièmes. L'enfant était enchanté d'avoir compris. Le lende- main, le professeur le rappela au tableau. Lorsqu'on multiplie les deux termes d'une frac- | tion, etc. — On ne change pas la valeur de la fraction. Démontrez-le. Je suppose que j'aie un gâteau. Asseyez-vous, vous ne savez rien. Evidemment le professeur n'avait pas compris que la Fig. 1. démonstration du livre était rigoureusement inexis- tante. Maisles élèvesen avaient parfaitement conscience. La vraie méthode, dans l’enseignement des Mathé- matiques très élémentaires, consiste à employer des démonstrations dont les enfants aient le sentiment pro- fond; la logique pure viendra plus tard. C’est ce qu'a réalisé admirablement M. Laisant‘ dans un récent ouvrage dont la evue a déjà parlé, mais sur lequel il me parait utile de revenir. Depuis longtemps, M. Laisant s'occupe de l’enseigne- ment des Mathématiques. Il a commencé par les éche- lons les plus élevés, écritsur l'histoire et la philosophie ‘ Initiation mathématique 1906). (Voir la Revue du 30 juillet 20 878 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE de la science des nombres des ouvrages estimés, et dirige une revue dont le but est de poursuivre sans relâche le perfectionnement des méthodes de son en- seignement. Cette fois, il est descendu tout au bas de l'échelle, intimement persuadé que, si l’on veut former l'esprit, il faut commencer très tôt, avant que d'autres aient eu le temps de le déformer ; et que, si l'on veut gagner des adeptes aux Mathématiques, il ne faut pas commencer par éloigner de leur étude les esprits assez peu dociles pour ne pas suivre pas à pas le maitre du premier enseignement. « C’est à un sauvetage de l'enfance, dit l'auteur dans la préface, que je convie parents — mères de famille surtout — et éducateurs. Depuis la toute première enfance jusqu'au début des études, mettons, par exemple, de quatre à onze ans, il est possible de faire pénétrer dans l'esprit de l'enfant vingt fois plus de choses qu'on ne le fait, en matière mathématique; cela en l’amusant au lieu de le torturer. » Mais ne faut-il pas, de la part des mères, une véri- table vocation mathématique pour se substituer aux instituteurs, pour reprendre les démonstrations incom- plètes, pour chercher, à côté des problèmes de la classe, les questions de l’arithmétique aimable, susceptibles de ramener l'enfant à une étude qui le rebute? Assu- rément, si elle n'a aucun guide. Et c'est précisément pour le lui donner que M. Laisant a rassemblé une foule de problèmes gradués, dont l'enfant cherchera volontiers la solution, parce qu'elle lui semble par avance curieuse, et parce qu'en la poursuivantil suivra un raisonnement humain et non artificiel. « Si vous aimez vos enfants, dit encore M. Laisant, si vous aimez ceux qu'on vous confie, si vous voulez qu'ils deviennent forts et bons, revenez aux principes de ces grands esprits et de ces grands cœurs, qui eurent nom La Chalotais, Frœbel, Pestalozzi. » Nul n'ignore que la méthode de ces grands éducateurs consistait essen- tiellement à faire découvrir la Science. Pestalozzi, par exemple, conduisait ses élèves au milieu d'une vallée, et, lorsqu'ils l'avaient bien examinée, il en faisait exécuter un modèle au moyen d'un tas de sable. De petites pierres figuraient les maisons, des sables de couleur les ruiss-aux ou les routes. Puis, le modèle terminé, on le dessinait en plan, et ainsi on avait fait une première carte. Ensuite, les enfants étaient tout préparés à interpréter celles qu'ils voyaient; et, de plus, ils avaient appris à aimer la Géographie. C'est ainsi que M. Laisant procède pour l’Arithmé- tique. Il la constitue avec des allumettes, une poignée de haricots, qui serviront à faire la numération, puis Faddition et la soustraction. Il atteint les grands nombres par une allumette, un paquet, un fagot, une boite, un ballot, une hotte, etc. Et c’est seulement lorsque toute cette numération est faite de visu, et que les gros paquets d’allumettes ont été remplacés par des jetons de couleur, qu'il en arrive aux chiffres. Aussitôt après, il passe aux représentations géomé- triques. L'addition et la soustraction sont faites sur une droite divisée. Ainsi, par la même méthode visuelle, et qui incor- pore complètement à l'esprit de l'enfant les matières enseignées, on arrive aux carrés et aux cubes des sommes, aux nombres triangulaires (vol des grues), aux nombres carrés. Pour ceux-ci, le graphique montre, de facon évidente, qu'ils sont des sommes de nombres impairs. La perfection de la notation mathématique ressort bien de la considération de quelques nombres énormes, dont l'expression par les puissances est un comble de condensation. Je poursuis un exemple donné par M. Laisant, en posant cette question : Quel espace tiendra, en chiffres de 4 millimètres, le nombre 1010, écrit à la manière ordinaire ? Réponse : si le 4 qui le commence est écrit sur le pôle nord de la Terre, le zéro qui le termine viendra recouvrir le 1, après que les chiffres, mis côte à côte, auront fait le tour de la Terre en passant par le pôle sud. jamais le dépasser. OA, apparaît ainsi comme la somme. Le graphisme, dont M. Laisant fait un usage étendu, ne devrait jamais être séparé de la démonstration arithmétique ou analytique. Je l'ai toujours employé pour ma propre éducation dans les Mathématiques élémentaires, et je m'en suis bien trouvé. Voici, par exemple, comment je suis arrivé, pour la première fois, à comprendre que la somme d'un nombre infini de termes en progression géométrique décroissante à une valeur finie, ce qui m'avait d'abord paru inexpli- cable, bien que j'eusse naturellement admis l'exacti= tude du résultat donné par la formule. Soient (fig. 2) deux droites concourantes A,0, A,0: Tracons deux séries de parallèles A,A,. B,B,, C,C,, A,B,, B,C, …, celles-ci étant les diagonales des trapèzes formés par les premières avec les droites primitives. Les longueurs A,B,, B,C,, C,D,, sont les termes suc= cessifs d’une progression géométrique décroissante. En continuant la figure, on amènera la progression: aussi près qu'on voudra du point O, sans pouvo de la progression d'un nombre infini de termes. Le même graphique, pris dans le sens SU permet de résoudre tout les problèmes d'intérêts coms ] posés. Il montre très clairement comment une somme placée pendant un temps très long croit au delà de toute limite. : Mais ce graphique n’est pas seulement une imas démonstrative, il permet d'établir très simplement les formules connues. Tracons PB, parallèle à la basen Les triangles semblables donnent successivement : M AO _ AA, AA, AS AB, PA AA,—BB AAf ue AA 5,8, : : Or AE est la raison r de la progression. radis 42 Donc : AB, OA, — "2 Er La somme de » termes résulte aussi très simplement} du diagramme ; il suffit de retrancher la somme des! termes à partir du (n +1), Je crois que l'élève possédant bien cette démonstras tion ou toute démonstration graphique d'un théorème arithmétique, Ja retrouvera quand il voudra, parce qu'elle fait l'appel minimum à la mémoire, et s'appuie au maximum sur l'intelligence complète du problème: Et puis, à enseigner ainsi les Mathématiques aux enfants, on recueille parfois des réponses pittoresques. J'ai été charmé, demandant à un bambin de dix ans, de définir la progression arithmétique, de l'entendre! me répondre : « C'est un escalier ». Peut-être n'eut=il| pas eu une bonne note à l'examen; mais il est certain! qu'il avait très bien compris. | Ch.-Ed. Guillaume, Directewr-adjoint du Bureau international des Poids et Mesures. Î | | | | { | $ 2. — Astronomie . La variation des latitudes. — M. Albrecht a tenté de représenter les variations observées dans six stations! par la formule : x cos À + y sin À +2, “qui contient un terme additionnel dont l'existence a été signalée par M. Kimura. Pour expliquer ce terme, on pourrait, avec S. Chandler, invoquer l'influence des parallaxes stellaires; mais il faudrait alors admettre une parallaxe moyenne de 0",13, qui paraît beaucoup “rop grande. Il suffirait aussi de supposer un dépla- ement périodique du centre de gravité du globe sui- vant l'axe polaire, d'environ 3 mètres : mais, si l'on voulait attribuer un pareil déplacement à la fonte des glaces, on trouve qu'il faudrait admettre la fonte annuelle de 3 millions de kilomètres cubes de glace, e qui exigerait une quantité de chaleur bien supérieure celle que nous envoie le Soleil. Il existe peut-être une autre origine de cette oscillation du centre de gravité?; Æn outre, on ne peut écarter dès à présent les erreurs systématiques des réfractions employées. —. M. Bakhuyzen a examiné à ce point de vue, dans les Astronomische Nachrichten, les observations faites à Leyde, avec une lunette zénithale de Wanschaff, de- puis 1899. Les courbes des années 1900, 4901 et 1902 donnent, pour ce terme désigné par z, des valeurs-qui ne ressemblent guère à celles trouvées par M. Albrecht : l'amplitude est plus forte et les phases sont très dilté- entes. Ce résultat contredit déjà l'hypothèse d’une oscillation du centre de gravité, et l'influence d'erreurs instrumentales qui dépendent de la température ne paraît pas davantage démontrée. Reste l'hypothèse de Mlanomalie de la réfraction, causée par une variation annuelle de l'inclinaison des couches d’égale densité, uoique, à vrai dire, la situation et l'installation des Stations internationales paraissent de nature à écarter ette hypothèse. Il faudra sans doute encore beaucoup de recherches délicates et minutieuses pour démèêler Ma vraie cause des variations dont il s’agit ici, lesquelles, e l'oublions pas, s'élèvent seulement à quelques cen- tièmes de seconde”. 4 | | $ 3. — Physique …— Les gradients de température interne des “matières communes. — Les investigations récentes ont fait voir que la radio-activité, loin d'être caracté- istique de quelques substances exceptionnelles, appar- tient à des degrés variables à un grand nombre de matières et de métaux communs; par une généralisa- tion qui parait bien légitime, on est même allé jusqu'à considérer cet ordre de phénomènes comme l'une des propriétés fondamentales de toute matière. D'autre part, on a démontré que la radio-activité de certains composés de radium s'accompagne d’une élé- ation de température se produisant au sein même de la substance. De là à conclure que d'autres corps éga- dément radio-actifs, mais à un degré moindre, présente- aient ce mème phénomène, bien qu'avec une intensité moins grande, il n’y avait évidemment qu'un pas. M. Charles B. Thwing, dans un travail que publie un écent numéro de la Physikalische Zeitschrift, vient \ de démontrer que cette conclusion est très juste, le Meradient de température qui existe au sein des roches met des métaux communs étant d’une grandeur suffi- tHsante pour être décelé et mesuré. — Afin de protéger ses échantillons et sa batterie de kilomètres du cratère, a été couverte d'une couche aussi épaisse de ces produits de projection, l'Observatoire, qui est distant de 2 kilom. 3 seule- ment du sommet du Vésuve, n’a reçu qu'une quan- lité infime de ces mêmes projectiles. La première idée qui vient à l'esprit est d'attribuer cette orien- tation si étroite à l'action du vent; mais il est bien clair qu'un vent, même extrèmement violent, ne . 24. — Une rue d'Ottajano. suffirait pas à expliquer le transport, à une telle distance, d'une si grande quantité de matériaux de grosse dimension. Il est donc impossible d'échap- per à la nécessité d'admettre que ces malériaux ont été lancés, non par une bouche verticale, telle que celle que l'on se plait à considérer d'ordinaire dans un volcan en activité, mais par une ouverture spéciale, convenablement orientée. L'existence de projections très obliques et souvent même presque horizontales au cours d'une éruption volcanique a élé souvent niée. L'histoire ancienne du Vésuve en fournit cependant des exemples, qui ne m'é- ? M. Frank Perret, assistant-bénévole!à l'Observatoire du Vésuve, m'a dit avoir vu, le 7, au soir, un jet oblique dirigé dans la direction du Nord-Est, en même temps que s'élevait du cratère une haute colonne verticale de vapeur et de cendres, MM. Galdieri ont vu, dans la soirée du 6, des projections ayant la même direction. jassani el A. LACROIX — L'ÉRUPTION DU VÉSUVE EN AVRIL 1906 taient malheureusement pas connus, lorsque j'ai cherché à établir la position oblique de la bou- M che qui a donné naissance à la nuée destructrice k de Saint-Pierre, alors que je n’avais pas encore été personnellement témoin de la sortie des nuées ar- dentes qui a permis de régler définitivement celte question. En octobre 1821, en effet, Monticelli et Covelli ont observé! et exploré, à l'intérieur du cratère du Vésuve, une bouche dirigée vers le Sud; ils ont montré comment elle avait fonctionné avec une grande activité, lors du grand paroxysme de l’année suivante. D'après ces géologues, le même. fait s'était déjà produit lors des éruptions de 1813 et de 1820, et ils ont rappelé que Bottis et les P. della Torre avaient, eux aussi, cité des exemples de projections horizontales ou très obliques, lors d'antiques éruptions du même volcan. U faut signaler en particulier les éruptions de 1640, 1737, 1779, dans lesquelles Ottajano a déjà subi de graves dommages, et enfin celle de 1847 (Mercalli). La distribution topographique de la ponce qui couvre Pompéi rend lrès vraisemblable la produc- tion d'un phénomène analogue en l'an 79. 4. Chute de cendres. — Sous le nom de cendres, on désigne lous les produits de projection fins d'un volcan; en réalité, il s’agit là, au point de vue de la genèse, de choses un peu différentes. Dans les projections stromboliennes, les cendres sont des portions menues du magma neuf, rejetées à l'état plus ou moins fluide; ce sont des goutte- lettes contournées de verre, pouvant renfermer des cristaux ; ce sont des scories de dimensions exiguës, brisées et usées par le frottement, dès qu'on les recueille à quelque distance du volcan. Ce type de cendres n’a joué qu'un rôle infime au début. de l'éruption; il ne paraît pas avoir été transporté au loin ; ses dépôts ont été d’ailleurs entièrement recouverts par les produits des explosions vulca- niennes. Les cendres de celles-ci ne sont autre chose que de la poussière de roches solides, brisées par les explosions; elles ont eu, au cours de l'éruption,, une origine et une composition complexes”. La cendre grossière, véritable sable fin, qui, dans la nuit du 4 au à avril, est parvenue jusqu'à Naples, était noirâtre: elle était formée de très menus frag- ments riches en verre et résullait de la démolition du petit cône, édifié dans le cratère; elle était par suite constituée par du magma neuf, rejeté peu avant le paroxysme, sous forme strombolienne. 1'Op-10it: DA2E 3 ? A. Iacrorx : C. R:, t CXLIIT, p: 43. le la caldeira. D'abord mélangée à de gros blocs, à des La composition de semblables cendres n'a donc pas été constante au cours de l’éruption, comme celle des projections stromboliennes. L'analyse sui- ante met en évidence celte dernière proposition : SE re PER RSS EC 48,00 ROM RE RENE Re re 16,10 OU EE RER RE 3,35 HMS CURE RTE 4,90 ME OA A eu 6,53 CRDP M ee hd 11,35 NOR NS NANTES EE ET 3,0% ROC CRE Arts LE 5,26 RO Er de 1,02 RUES Te Re RCE trace. GIE US AE EURES DRE ES 0,49 OST ESC NERO EN 0,25 100,29 Cette composition se rapproche plus de celle des scories d'Ottajano que de celle de la lave actuelle (voir la 2° partie), mais elle ne lui est pas iden- ique, pas plus d'ailleurs qu'à celle des divers ypes pétrographiques de roches anciennes reje- tées par l'éruption ‘. - J'ai eu soin de recueillir l'échantillon analysé sur les bords même du cratère (3 mai), afin d'éliminer les causes d'erreur qui interviennent, “quand on considère les cendres transportées à grande distance du volcan. Au cours de leur * M.E. Casoria, professeur à l'École d'Agriculture de Por- ici, vient de publier l'analyse de la cendre tombée dans {te localité, les 9 et 10 août. a SES EE 48,117 RON AN UE AT: 19,082 A nes 2 7,109 ADSL EN ETES AE LT EME ROME RER 0,418 L 4 TNA" 3,128 Cao 7,949 Na°O 2,528 LETTRES EE 6,403 EU EN LI € 10,852 A EP ne 0,093 Sr0 0,028 99,619 99,552 4 est la cendre grise, b, la cendre rose. Ces nombres se A. LACROIX — L'ÉRUPTION DU VÉSUVE EN AVRIL 1906 897 trajet aérien‘, les cendres subissent, en effet, un classement suivant la grosseur des grains, leur densité, etc., que compliquent encore les variations de la vitesse et de la durée du transport, ainsi que diverses autres causes accessoires. La poussière fine de l’éruption étudiée a, sui- vant les jours, présenté des couleurs différentes, variant du rose au gris-blanc. La teinte rose résulte de l'oxydation du fer des minéraux ferrugineux, et elle peut se produire postérieurement à la chute: c'est ainsi que j'ai suivi à la Montagne Pelée la marche d’une modification de couleur de ce genre; immédiatement après le passage d'une nuée ar- dente, le sol était couvert d'une couche de pous- sière fine, d’un blanc éblouissant ; mais, d’une facon constante, dès le lendemain, cette surface prenait une teinte rose, qui s accentuait très rapidement. Fig. 25. — Aspect neigeux du volcan. Cendres fines modelces par le vent. Quant à la couleur blanche* des cendres vulca- niennes du Vésuve formées par la trituration de roches de couleur foncée, elle s'explique aisément par la lénuité des particules qui la constituaient en parlie. Les flancs du Vésuve, recouverts par celte pous- sière blanche, présentaient un aspect étrange de paysage de neige. Dans les parties hautes dun volcan, cette cendre, très mobile pendant les pre- miers jours qui ont suivi sa chute, était modelée par le vent à la facon des dunes (fig. 14 et 25). Lors- rapprochent beaucoup plus de la composition du magma récent (voir 2° partie) que de celle des cendres que j'ai fait analyser, ce qui s'explique aisément par leurs dates respec- tives : on voit, en outre, qu'une partie du fer est peroxydée. 1 C'est pourquoi j'ai éliminé pour cette étude spéciale les échantillons de cendres tombées à Naples. Ceux des pre- miers jours de l'éruption, que j'ai examinés, m'ont été aimablement communiqués par M. de Lalande, et par M. Caullery. ? Cette coloration a élé assez rapidement modifiée par une autre cause, d'ordre mécanique; quand les pluies sont devenues abondantes, les particules les plus fines ont été entrainées, et la couleur gris noirätre a été produite par le sable grossier subsistant. 898 qu'elle a commencé à se tasser sous l'influence de la pesanteur et sous celle de l'humidité absorbée, l'érosion éolienne a produit un effet différent; la surface, devenue immobile, a été alors abrasée, laissant apparailre des courbes de niveau, bien vi- sibles dans la figure 26. Celte particularité, que je n’ai pas observée à la Martinique, où l'érosion éolienne s'exercait d'une façon très active, est une conséquence de la complexité de la surface, hérissée d'aspérités, des coulées de lave recouvertes par la cendre très tassée, à grain uniforme. L'action de légères pluies, suivant immédiatement la chute de la cendre ou même l'accompagnant, a produit ce granulage, qui a été signalé déjà au cours de plusieurs éruptions du Vésuve (nolam- meut en 1794 et en 1822). Je n'ai guère rencontré que des granules de la grosseur d’un grain de mil Fig. 26. — Cendres fines abrasées par le vent, recouvrant Ja coulée de 1905-1906 au voisinage de l'Observatoire. et n’en ai jamais trouvé de la dimension d'un gros pois, comme ceux qui étaient fréquents aux Antilles et qui abondent dans les lits de cendres recouvrant les ponces de Pompéi. J'ai suivi, au cours de l'éruplion de la Montagne Pelée, les diverses phases de la production de ce phénomène, qui s'est réalisé, non pas sur le trajet même des nuées ardentes, mais dans la région couverte par les cendres de celles-ci entrainées par l’alizé: les conditions les plus favorables y étaient réunies, grâce à la haute température conservée par les cendres longtemps après leur chute; la production de cette structure implique une très grande finesse des cendres et une succession d'averses, insulfi- santes pour les mouiller complètement. On peut faci- lement vérifier à Pompéi la première partie de cette proposition, celle de la nécessité de la finesse de la cendre; dans une couche déterminée, les pisolites se trouvent toujours à la partie supérieure, consti- tuée par les particules les plus fines, tombées les dernières. Quand les précipitations atmosphériques étaient A. LACROIX — L'ÉRUPTION DU VÉSUVE EN AVRIL 1906 extrêmement abondantes, au cours d’une chute de cendre, il se produisait une véritable boue, qui, dans un stade intermédiaire avec le précédent, pouvait même s'agglomérer en petits globules avant d'atteindre le sol. Je n'ai pas été, au Vésuve, le lémoin de ce cas, souvent constaté au cours des. éruptions de la Marlinique, mais M. Mercalli ma dit l'avoir observé. La distribution des cendres a été très irrégulière et en même temps fort capricieuse dans le massif. du Vésuve et sur sa périphérie; elle a été, en effet, ! réglée par le vent. A ce point de vue, il est intéres= sant de voir la différence qui exisle entre un volcan de pays tempéré et ceux des pays tropicaux, tels que les Antilles et l'Amérique centrale; dans ce derniers, en effet, la dissymétrie de la distributiot des cendres est un fait général, mais elle est sou: mise à une loi rigoureuse, due à l'existence des vents constants (alizés). A Naples, l'épaisseur de la cendre a été d'enviro 3 centimètres"; elle a été de 20 centimètres au pied du volcan, à Torre del Greco, c'est-à-dire à peu | ce qui a été observé près de l'Observatoire vésu=. vien, maigré la proximité beaucoup plus grand de celui-ci par rapport au volcan. L'épaisseur a été de 12 centimètres à Portici, de 10 à Résina, et enfi un étroit secteur dont font partie Torre Annun ziata et Pompéi a été presque épargné, sauf les 1 et 15 avril. Celles de ces cendres qui sont parvenues dan les hautes régions de l'atmosphère ont été entrainée à de grandes distances et leur présence a été signa lée, avec plus ou moins de certitude, dans diverses direclions, au delà des frontières de l'Italie. Ces cendres fines mobiles ont contribué à la pro= duction d'un phénomène météorologique intéres=, sant, ou tout au moins l'ont mis en évidence: je veux parler de pelites {rombes qui étaient fréquentes sur les flancs du cône terminal et surtout sur le | bords du cratère. Elles avaient la forme classique: À évasées à leur partie supérieure, elles se termi= naient en bas par un pédoncule grêle touchant le sol. Elles élaient animées d'un mouvement gira= toire très rapide, en même temps que d'un mouve= ment de translation assez lent, Elles m'ont rappelé celles qui ont été observées par Schmidt lors dé l'éruption de Santorin (1866). Ces cendres fines, en recouvrant la végétation ont semblé tout d'abord devoir l'anéantir ; mais les bourgeons de vigne n'étant pas encore éclos, les dégâts ont été beaucoup moindres qu'on ne l'avait supposé. Dès le début de mai, en effet, la campagne est devenue verdoyante. 1 nd id | [ 1 L'effondrement de la toiture du marché de Naples, qui a fait de nombreuses victimes, a été occasionnée par l'ac= cumulation de cette cendre sur des points limités. E. METCHNIKOFF — L'HYGIÈNE DES INTESTINS 899 à ————— D'après les indicalions que m'a fournies M. Caul- lery, la faune flottante (plankton) du golfe de Naples a eu beaucoup à souffrir de cetle chute de cendres “et il en a été de même pour certains animaux de _ fond. Je terminerai par une observation qui peut inté- -resser les paléontologistes, étudiant les organismes “problématiques, tels que les bilobites, que l'on “regarde comme des traces laissées sur le sable par “divers animaux. Au début de l’éruption, alors que la cendre recouvrant le sol etait légère et non “lassée, on voyait s'entre-croiser à sa surface des pistes extrèmement nombreuses et très variées de “forme, dues à de petits serpents, .à des lézards et LU L. e — Dans une élude sur l'hygiène des Lissus, j'ai déve- “oppé celte thèse que les phagocytes en général et les globules blancs en particulier ont la fonction de débarrasser l'organisme des microbes et d'autres parasites qui cherchent à s'introduire dans notre » corps. Dans les cas où ces intrus arrivent à s’y instal- “ler pendant quelque temps, il s'engage une véritable - lutte, qui nécessite l'intervention d'une quantité de — leucocytes. Aussi, dans les maladies infectieuses, le - nombre des leucocytes augmente, et il se produit une leucocytose plus ou moins accusée. Les excep- DS fièvre typhoïde et le paludisme, et encore il s'agit ici d'exceptions plulôt apparentes que réelles. Dans les fièvres palustres, la leucocytose existe; mais elle est passagère et doit être surprise au moment opportun. Dans la fièvre typhoïde, la leucocytose fait défaut pendant la période où les bacilles “typhiques pullulent dans le sang. Dans certaines maladies infectieuses, telles que la pneumonie fibrineuse, le degré de leucocylose sert même souvent pour le pronoslic, car il a été élabli que, plus le nombre des leucocytes est grand, plus le malade a de chances de guérir. Dans les affections chirurgicales, la numération des globules blanes dans le sang donne souvent des indications très précieuses. Ainsi, dans l’appendicite, cette maladie à laquelle nous reviendrons plus loin, la leucocy- tose peut servir pour établir si l'intervention est urgente ou si elle peut être retardée et même com- plètement évitée. % | Lorsqu'en examinant le sang on constate une augmentalion notable de leucocytes, on songe aussitôt à une maladie infectieuse. Mais il y a des tions à cette règle sont très rares, comme dans la | surtout à des coléoptères ; il n'était pas rare de trouver à l'extrémité de l’une de ces pistes un de ces derniers, encore vivant ou enseveli dans la cendre. La surface plane des dallages des ruines de Pompéi, saupoudrée d'une couche de fine pous- sière était particulièrement instructive à cet égard. Dans un deuxième article, j'examinerai les autres phénomènes qui ont caractérisé la dernière érup- tion du Vésuve et je donnerai les conclusions gé- nérales qui se dégagent de mes observations. A. Lacroix, Membre de l'Institut, Professeur de Minéralogie au Muséum d'Ilistoire naturelle. F L'HYGIÈNE DES INTESTINS cas où la leucocytose s'établit pour ainsi dire nor- malement, en dehors des maladies. Telle est la leu- cocytose digestive. Il a été constaté, par un grand nombre d'observateurs, que, chez l'homme ainsi que chez plusieurs autres mammifères, le nombre des globules blancs augmente quelque temps après le repas. Il y a des divergences sur l'interprétation de ce phénomène, mais son existence est admise par lout le monde. Pour plus de précision, on s'est mis à l'étudier chez des animaux par la voie expé- rimeutale. Récemment, MM. Nicolas et Cot! ont publié un travail étendu sur ce sujet. Ils ont établi que, chez le chien, le nombre des globules blancs augmente après le repas, surtout lorsque celui-ci est composé de viande de bœuf crue. Mais il ne faut pas penser pour cela que la leucocytose ne se manifeste qu'après une alimentation carnée. D'après le récent travail de M. Kier’, le lapin accuse une très forte leucocytose digestive, et ceci après avoir mangé exclusivement des aliments végétaux, tels que choux el pain. La plus grande quantité de globules blancs a été observée une heure et demie après le repas. D'où provient cette analogie avec la leucocytose dans les maladies, analogie tellement frappante que l’on ose se demander si la digestion des ali- ments ne serait point aussi une sorte d'infection? Le fait est qu'après les repas, un certain nombre de microbes pénètrent à lravers la paroi intesti- nale et passent dans la circulation. Cette question à été beaucoup débatlue dans tous les sens; mais, à la suite de toutes ces controverses, il ne reste pas de doute que les microbes peuvent pénétrer dans le sang par voie intestinale. Des expériences nom- { Arch. de Med. expér., 1905, p. 164. ? Nordiskt medicinskt Arkiv, 1905, t. XXXVIIT, pp. 99 900 breuses, entreprises sur des animaux divers, — chevaux, chiens, lapins, etc., — ont démontré que certains microbes traversent la paroi intestinale intacte el viennent se loger soit dans les ganglions lymphaliques voisins, soit dans les poumons, la rate et le foie. Les microbes peuvent aussi se retrouver dans !la lymphe et dans le sang. On a souvent mis en doute que la muqueuse intestinale puisse laisser passer les microbes sans être lésée. Pratiquement, celte question ne présente pas une bien grande importance, car, dans les conditions naturelles, la paroi de l'intestin ne trouve que trop souvent l'occasion d'être lésée par les parlies tranchantes et dures des aliments, tels que frag- ments d'os, tissus pierreux de certains fruits, ete. A l'Institut Pasteur, où l'on aune grande expérience de la préparation des sérums thérapeutiques, on a établi, depuis des années, comme règle de ne jamais saigner un cheval après le repas, car, dans ces conditions, le sérum, recueilli avec les plus grandes précaulions d'asepsie, donne néanmoins lieu à un développement microbien. Un animal qui doit être saigné est d'abord soumis au jeûne; alors il fournit un sérum dépourvu de microbes. Il est très probable que les microbes du tube digestif, qui se multiplient abondamment après chaque repas, trouvent à ce moment plus d'occa- sion pour franchir la paroi intestinale qu'à n’im- porte quelle autre période de la journée. La théorie de M. von Behring, qui pense que la source de la tuberculose de l’homme est l'ingestion de bacilles de Koch pendant l'enfance, a donné lieu, dans ces derniers temps, à un grand nombre de travaux sur le passage des microbes dans les organes et le sang par la voie intestinale. Il à été reconnu que, en effet, le tube digestif présente une des plus importantes parmi les portes d'entrée des virus. De même que la meilleure facon de donner la morve à un cheval est de lui faire avaler des bacilles morveux avec les aliments, de même la tuberculose généralisée et même la tuberculose pulmonaire se prennent très facilement par voie intestinale. Récemment, MM. Calmelte et Guérin, ainsi que M. Vallée *, ont communiqué beaucoup de données nouvelles en faveur de cette thèse. Tandis que l'introduction directe des bacilles tuberculeux dans la trachée des veaux n'a été suivie, dans les expériences de Vallée, que de lésions légères, l'absorption des mêmes microbes par la voie diges- tive a amené une forte tuberculose des ganglions bronchiques. Il est évident que la tuberculose pul- monaire peut se développer aux dépens des bacilles avalés avec les aliments, sans que ces microbes ! Ann. de l'Institut Pasteur, 1905, p. 601. ? Jbid., p. 619. E. METCHNIKOFF — L'HYGIÈNE DES INTESTINS | à produisent des lésions visibles sur leur trajet dans le tube digestif. Tous les microbes pathogènes, il est vrai, n'ac- cusent pas une aussi grande facilité d'invasion par la voie intestinale. Ainsi il est très difficile de donner la maladie charbonneuse à des cobayes en leur faisant ingérer le virus. Mais il suffit de la moindre lésion de la paroi intestinale pour que les bacilles avalés passent dans l'organisme et pro- voquent une infection mortelle. Il a été fait beaucoup de recherches dans ces derniers temps pour établir si la paroi intestinale des nouveau-nés et des tout jeunes animaux était plus franchissable aux microbes que l'intestin adulte’. Beaucoup d'expériences ont donné un résultat positif, mais il a été en même temps établi que la muqueuse intestinale des animaux adultes est loin d'être entièrement fermée aux microbes. Dans les recherches de Calmette et Guérin, les chèvres adultes ont même pris plus facilement que les jeunes la tuberculose pulmonaire par l'intestin. Bien qu'il reste encore plusieurs points obscurs dans l'histoire des infections de l'organisme par la voie intestinale, il ne subsiste plus aucun doute sur la très grande importance de cetle porte d'entrée: Il est très probable que, dans beaucoup d'états morbides, que l’on attribue couramment à une intoxication intestinale, il s'agit en vérité d'infec=. tion du sang par des microbes intestinaux, notam= ment par les colibacilles, qui ont pu traverser la, paroi de l'intestin. IT Tout l’ensemble des données accumulées par la science démontre que la paroi intestinale doit être l'objet des plus grands soins hygiéniques. Les récentes acquisitions dans l'étude des maladies infectieuses ont démontré qu'un grand nombre d’entre elles, que l’on attribuait à des miasmes particuliers circulant dans l'atmosphère, ne sont en réalité que des maladies des plaies, occa= sionnées par différents animaux inférieurs. C'est surtout aux savants anglais que la science et l'humanité sont redevables de cette notion fon= damentale. Après les mémorables travaux de Manson sur le rôle des moustiques dans le trans port des filaires, Bruce a démontré que le Nagana est dû au Trypanosome, inoculé par la mouche Tsé-tsé ou Glossina morsitans. Depuis, dans toute une série d'animaux articulés, on a reconnu des intermédiaires dangereux qui transportent sur l'homme et les animaux les virus de la peste humaine, des fièvres palustres, de la fièvre jaune, de la fièvre récurrente, de la maladie du sommeil, 1 Froer : Arch für Hygiene, 4905, L. XLIX. , E. METCHNIKOFF — L'HYGIÈNE DES INTESTINS 901 . de la fièvre du Texas, de la spirillose des poules, etc. $ Le plus souvent, ce sont des Diptères, moustiques et mouches. Dans la peste bubonique, ce sont les puces qui jouent le rôle d'inoculateurs; dans la fièvre récurrente, les punaises et les tiques rem- plissent ces fonctions. En l’espace de quelques années, les Insectes et les Arachnides ont vivement “altiré sur eux l'attention des médecins et des natu- ralistes. Tandis qu'autrefois il n'y avait que quelques amateurs qui s'adonnaient à l'étude détaillée des Diptères et des Arachnides, à présent ces groupes sont devenus la préoccupalion assidue d’une quan- tité de savants. — Ala suite de ces travaux il a été élaboré tout un “système de mesures hygiéniques, souvent très “efficaces. On cherche à détruire et à éviter les “_mousliques, les rats porteurs de puces, etc. La _ mesure hygiénique la plus simple a été recom- “mandée récemment par M. Koch contre la fièvre “récurrente africaine. Il n'y a, d'après lui, qu'à éviter les cabanes peuplées par les tiques, et à ne coucher qu'à une certaine distance de la route des “caravanes pour éviter celte fièvre. Aux maladies des plaies de la peau, occasionnées par tous ces animaux articulés, correspondent les maladies des plaies des inteslins, occasionnées “par les Entozoaires et surtout par les Vers intes- “tinaux. De nombreux faits plaident en faveur de . cette thèse. — Autrefois, on attachait une grande attention à ces parasites, auxquels on attribuait toutes sortes de maladies locales et générales. Dans la thérapeu- tique d'il y a cinquante ou soixante ans, on préco- nisait les cures vermifuges, par lesquelles on pensait guérir beaucoup de troubles intestinaux et même certaines maladies nerveuses. Depuis, on a relégué les vers parasites à un plan très éloigné et on les a . presque oubliés en faveur des microbes, auxquels on à accordé la place prépondérante en Médecine. “On a vu si souvent les vers vivre tranquillement dans les intestins, et leurs hôtes n’en souffrir nulle- à ment, que l'on s’est habitué à les considérer comme à peu près ou absolument inoffensifs. Et cependant Leet optimisme n'est point justifié. Il n'est pas douteux qu'un ver inteslinal peut n'occasionner Laucun trouble de la santé, de même que beaucoup Le moustiques, de puces et de tiques peuvent piquer Mhomme et les animaux sans provoquer chez eux autre chose qu'une démangeaison passagère et anodine. Mais il est douteux que 1 es piqûres des vers intestinaux peuvent occa- Sionner autant de mal que les piqûres des animaux articulés, porteurs de microbes pathogènes. Ce fait Peut être le mieux établi par l'étude de l’appendi- tite, cette maladie à la mode, dont on entend si Souvent parler. non moins | | t Il a été apporté récemment à l'Institut Pasteur l'appendice vermiforme reliré par un chirurgien à un garçon de onze ans. L'opération a été faite pen- dant une crise d'appendicile très violente, des plus caractéristiques, et accompagnée d'une tempéra- Lure très élevée, allant jusqu’à 41°,6. Ainsi que cela arrive encore souvent dans les opérations d'appen- dicite « à chaud », le cas s’est terminé par la mort. L'inspection de l’appendice a révélé une hvpé- rémie assez intense et l'examen microscopique a démontré une forte inflammation de ia muqueuse, dont une partie s'est trouvée ulcérée et renfermait une femelle d’oxyure. L'étude de ce cas, faite par M. Weinberg, a présenté ce point particulièrement intéressant que le parasite était entouré d’une zone inflammatoire, dans laquelle on pouvait distinguer une quantité de globules blancs et un certain nombre de gros bacilles se colorant par la méthode de Gram. L'interprétation du cas n’est pas difficile. Un oxyure, après avoir pénétré dans l’appendice vermiforine, a attaqué la muqueuse et y a inoculé un microbe qui a provoqué une infection mortelle. Le rôle du parasite a été donc tout à fait pareil à celui d'une puce qui inocule le bacille pesteux à un homme et qui le fait mourir. Il y a quelques années déjà, — après que nous avions attiré l'attention des médecins sur le rôle des parasites intestinaux dans l'étiologie de l’ap- pendicite, — M. Girard‘ nous a apporté des coupes histologiques d'un appendice enlevé à une fillette pendant une opéralion de pelvi-péritonite. La maladie n'a pas présenté cliniquement les symp- tômes d'une appendicite, mais s’est montrée plutôt comme une péritonite d'origine génilale. Sur les coupes, colorés par la méthode de Gram, on pouvait observer un Trichocéphale, dont une partie élait enfoncée dans la muqueuse de l’appendice. Autour du ver se trouvait une couche de leucocytes, parmi lesquels on rencontrait une assez grande quantité de bactéries différentes. Les deux exemples que je viens d'analyser ne laissent aucun doute sur le rôle étiologique des vers intestinaux dans l'appendicite. Ces parasites lèsent la paroi intestinale et y inoculent des microbes qui provoquent une réaction inflammatoire. Le nombre de cas d’appendicite dans lesquels on trouve des Entozoaires, notamment des Némalodes, est consi- dérable, à en juger par la littérature du sujet. Il y aura bientôt quarante ans que les chirur- giens ont attiré l’altention sur la présence des vers dans les abcès stercoraux, accompagnés par des douleurs localisées dans la région du cæcum et du côlon ascendant”. Depuis, on à de lemps en 1 Ann. de l'Institut Pasteur, 1901. 2 DesprÈès : Traité du diagnostic des maladies chirurg., 1868, p. 279. 902 E. METCHNIKOFF — L'HYGIÈNE DES INTESTINS temps signalé la présence, dans les appendices enflammés, des Entozoaires, tels que les Trichocé- phales, Oxyures et Ascarides. Mais on considérait ces trouvailles comme quelque chose de purement accidentel, sans importance générale. Le succès d'un assez grand nombre de cures vermifuges chez des personnes alteintes d’appendicite nous à démontré le rôle considérable des Entozoaires dans cette maladie, et c'est pour cela que je me suis décidé, il y a déjà cinq ans', à attirer l'attention des médecins sur ce sujet. Les objections ne se firent pas altendre. On a invoqué le fait que les vers intestinaux peuvent souvent résider dans le tube digestif sans provoquer le moindre trouble, et l'on citait l'affirmation du D' Matignon que les Chi- nois sont porteurs de beaucoup d’entozoaires, sans jamais souffrir d'appendicite. On insistait aussi sur l'absence de parasites dans un grand nombre d'appendices opérés, absence confirmée par des recherches négatives des déjections. Un pareil scepticisme n’a pas lardé à amener des résultats dans la pratique médicale. Sans m'ar- rêter sur plusieurs cas de ma connaissance, je ne citerai qu'un exemple des plus caractéristiques. La femme d’un professeur d'hygiène, médecin et bac- tériologiste des plus distingués, contracte une appendicile avec des symptômes classiques. L’exa- men microscopique des matières fécales ne révèle la présence d'aucun ver intestinal. Le mari croit inutile de faire une cure vermifuge et n'attache pas d'importance au rôle des Entozoaires dans l'étiologie de l'appendicite. La malade a donc été opérée et lout s’est passé de facon à peu près nor- male. Quelque temps après, c'est le mari qui à élé pris de douleur dans la région appendiculaire: et a manifesté des symptômes d'appendicite à répéti- tion. Il s’agit donc ici d’un exemple d’appendicile familiale, comme on en a décrit déjà un certain nombre. Le malade se fait opérer « à froid », après avoir constaté que ses malières fécales ne renfer- ment pas de parasites. Malgré l'habileté du chirur- gien, l'opération a donné lieu à des complications fächeuses qui ont duré plusieurs mois et qui ont beaucoup inquiété le malade. Or, l'examen de l'ap- pendice a démontré la présence d’un oxyure engagé dans la muqueuse. Il est à présumer que, si le ma- vermifuge et s'il avait suivi une hygiène rationnelle, il se serait guéri sans difficulté. Il est très probable que l'appendi- cite de la femme du professeur a eu la même origine et que ce sont les oxyures qui lui ont inoculé les microbes pathogènes. lade avait été soumis à la cure Après mes premières conslalations du rôle des Entozoaires dans l’appendicite, je faisais l'examen 1 Bull. de l'Acad de Méd., 1901, p. 301. microscopique des matières fécales et je ne con- seillais la cure du thymol que dans des cas où jel constatais la présence d'œufs de Tricocéphales et} d’Ascaris. Mais, depuis qu'il à été établi que l’ap- pendicite est souvent occasionnée par des Oxyures!,} qui ne déposent pas d'œufs dans le contenu intesti- nal, il est tout indiqué de prescrire ce trailement dans n'importe quel cas de cette maladie. Aussi, dans un exemple où une dame a souffert d'une forte appendicite et où ses déjections se sont} monirées dépourvues de toutes sortes d'œufs, mais dont le mari a été porteur d'oxyures, la cure avec | du thymol a donné un très bon résultat. Les parasites, après avoir provoqué l'inflammas tion de l'appendice, se retirent souvent de cet organe et ne peuveut plus y être retrouvés après l'opération. Ceci explique certains cas qui sont| considérés comme d'origine non vermineuse, parce qu'on ne trouve ni Entozoaires, ni œufs. L'affirmas tion que les Chinois et certains autres peuples de | races inférieures ne souffrent jamais d'appendicite, malgré la fréquence chez eux de vers intestinaux, doit être acceptée avec beaucoup de scepticisme On sait qu’en Chine les autopsies ne se font que très rarement, de sorte que l'origine des péritonites n peut être facilement établie. Quant aux cas d'ap- pendicite légère, qui sont de beaucoup les plus fréquents, ils doivent se passer en Chine san, qu'on appelle les médecins européens. Mon scepticisme dans cette question s'est beau | coup accru depuis la constatation suivante, faite, dans notre laboratoire sur des Chimpanzés. Sur une cinquantaine de ces anthropoïdes, dont l'aus, topsie a été faite par le D' Weinberg, il à trouvé cinq cas d'appendicite récente ou ancienne. Dans, un cas, notamment”, il s'est agi d'une appendicite | mortelle à marche très brusque, accompagnée de signes des plus caractéristiques. Mais, même shill était établi d'une facon absolument précise que les porteurs d'Entozoaires en Chine sont indemnes} d'appendicite, ce fait s’expliquerait facilement, car k celte maladie nécessite l'intervention des microbes W pathogènes. Or, ceux-ci peuvent ne pas se trouver dans les intestins des Chinois. Il en est de même du rôle des Anophèles dans la propagation du palue\ disme. Pour que les piqüres de ces moustiques occasionnent la fièvre, il est indispensable qu'ils soient contaminés par le parasite malarique. Or; beaucoup d'Anophèles ne le sont pas, et c'est pour cette raison qu'on peut très souvent être piqué par eux sans atlraper la fièvre. : | Il est très probable que le rôle des vers intesti= naux ne se borne pas-à l'inoculation des microbes Bakteriol. 1 V. HALL Centralbl. {ur Referate, 1904, E t. XXXV, p.150: 2 Ann. de l'Institut Pasteur. E. METCHNIKOFF — L'HYGIÈNE DES INTESTINS 903 de l'appendice. M. Guiart' pense qu'ils peuvent transporter aussi dans la muqueuse intestinale des bacilles typhiques et, partant, êlre cause de la fièvre typhoïde. Cette supposilion, très plausible, demande encore à être étudiée de près. Les recherches de M. Weinberg* sur des singes anthropoïdes et sur des singes inférieurs ont dé- montré que ces animaux meurent souvent de sep- ticémie produite par le colibacille, qui, très proba- blement, a été inoculé par des vers intestinaux se “trouvant en grande quantité adhérents à la paroi in- “testinale. Même dans certaines tumeurs, le rôle des -Entozoaires paraît très probable. Il a été observé plusieurs fois que la présence des Pilharzia dans la “vessie de l'homme y occasionne la formalion de “véritables épithéliomes. Plus récemment, M. Borrel* a attiré l’atlention sur la présence, dans le centre de tumeurs de souris, de vers qu'il croit d'origine “intestinale. III L'ensemble des données que je viens de résumer indique qu'il est bien temps d'entreprendre une lutte contre les Entozoaires, analogue à celle que lon poursuit avec tant d'énergie contre les mous- tiques et les autres animaux articulés inoculateurs “de microbes. Il y a cette différence que les mesures contre les vers intestinaux sont plus faciles à exé- cuter et à rendre pratiques. Contre les moustiques qui volent dans l'air, qui surprennent l'homme Mpendant le sommeil et qui piquent à travers les myèlements, la lutte reste souvent inefficace. Pour empêcher les vers intestinaux de pénétrer dans le corps humain, il suffit, dans la très grande majo- \rité des cas, de surveiller les aliments. Il est éton- nant de voir avec quelle fréquence ceux-ci sont souillés par les déjections humaines renfermant des œufs d'Entozoaires. C’est par ces souillures que Sexplique le fait que tant de personnes renferment de ces parasites dans leur tube digestif. J'ai déjà cité l'exemple d'un professeur d'hygiène porteur Ldoxyures. D'autres personnes, vivant dans de . bonnes condilions, atteintes d'helminthiase. Bientôt après ma communicalion à l'Académie de Médecine de Paris sur le rôle des vers intesti- faux dans l'appendicite, j'ai été invité par un chi- rurgien à aller visiter une propriété en province, remarquable par la fréquence de cetle maladie. Dans une même famille, quatre personnes ont subi Vopération, sur lesquelles une a succombé. Non Seulement les membres de la famille, mais aussi beaucoup de domestiques présentaient les symp- NE sont très souvent - eme ! C. R. de la Soc. de Biolog., 1901, p. 307. À Jbid., 1906, vol. LX, p. 446. | à Jbid., 1905, p. 170. tômes d'appendicite, et il avait été remarqué qu'un séjour de plusieurs mois dans la propriété suffisait pour faire éclater la maladie. On incriminait, comme cause d’appendicile, l'eau de la localité, trop riche en calcaire. Après avoir examiné les malières fécales de la plupart des habitants de la propriété en question, j'ai constaté la fréquence de vers intestinaux, Tri+ chocéphales et Ascaris, sans compter les oxyures, dont on ne peut juger d'après l'analyse des déjec- tions. La conclusion était inévitable : la nourrilure que l’on prenait dans cette propriété devait être souvent souillée par des excréments humains. Le luxe avec lequel on vivait dans le château et la propreté irréprochable, en apparence, semblaient contredire cette opinion. Il a fallu une enquête minutieuse pour trouver la clef du problème. Le potager qui fournissait les légumes pour les habi- tants de la propriété était entouré de murs et ne. laissait rien à désirer. Mais le fumier employé pour les planches du potager provenait d’un endroit qui communiquait avec les fosses d'aisance des domes- tiques. Les matières fécales de ceux-ci, dans les- quelles devaient se trouver les Entozoaires et leurs œufs, passaient sur les légumes et de là pénétraient dans le tube digestif. Le temps écoulé entre le dépôt des excréments par les domestiques et le moment de leur consommation par les maitres devait suffire pour l'évolution des embryons de Trichocéphales et d'Ascaris, de sorte qu'il y avait toutes les conditions nécessaires à la contami- nation. Il est bien connu que les déjections humaines renferment non seulement les vers intestinaux et leurs œufs, mais sont aussi la source de microbes infectieux, tels que bacilles typhiques, dysentéri- ques, tuberculeux, vibrions cholériques et autres. Nous n'avons qu'à rappeler l'histoire de la boulan- gère de Strasbourg que nous avons mentionnée ailleurs : celte boulangère, porteuse de bacilles typhiques, contaminait ses employés avec ses matières fécales. Comme exemple de contagion cholérique, nous pouvons citer un cas qui nous a été communiqué par M. Ruffer, d'Alexandrie. Lors de la dernière épidémie de choléra en Égypte, cette maladie a emporté une dame âgée qui souf- frait de troubles intestinaux et qui ne prenait | jamais d'aliments crus. Son unique nourriture consistait en bouillon. Les recherches faites pour expliquer l’origine mystérieuse de la contagion ont démontré que la malade a dû attraper le choléra avec le bouillon préparé par un cuisinier atteint d'une légère diarrhée. Le bouillon, consommé froid pendant la saison chaude, était servi par cel em- ployé, dont les mains étaient souillées par ses déjections, riches en vibrions. Ici, nous avons ur 901 E. METCHNIKOFF — L'HYGIÈNE DES INTESTINS a! "” Î L exemple, choisi parmi un grand nombre de cas analogues, de contamination des maitres par les matières fécales des domestiques. La découverte que des personnes bien portantes renferment souvent dans leur corps des germes infectieux, dangereux pour leur entourage, a amené une perturbation dans les préceptes hygiéniques. Autrefois, on visait surtout les malades, que l'on considérait comme source principale de contagion. On désinfectait leurs lits, leur linge et tout ce qui était en contact avec eux, et l'on ne faisait pas at- tenlion aux gens qui se portent bien. A présent, on cherche à retrouver parmi ces derniers des « por- teurs de bacilles » pour concentrer les mesures hygiéniques sur eux. Dans ce but, on organise des instituts bactériologiques, destinés à examiner les excréta des malades et des personnes saines. Une fois que l'on a trouvé un porteur de microbes pathogènes, on cherche à l'isoler jusqu'à ce qu'il devienne inoffensif et on désinfecte les déjections contagieuses. Dans la pratique, cette méthode se heurte à de grandes difficultés, ainsi que l'a ré- cemment déclaré M. Klinger à Strasbourg. L'idéal de certains savants de transformer tous les cabinets d'aisance en laboratoires bactériologiques ne peut évidemment jamais êlre atteint. Quant à la désin- fection des excréta, qui peuvent quelquefois conte- nir des microbes pathogènes pendant des années, elle est également irréalisable en grand. Il est évident que les mesures hygiéniques, des- linées à empêcher la contamination du tube diges- tif, doivent viser principalement tout ce qui pénètre par la bouche. Les boissons et les aliments doivent subir au moins la cuisson avant d'être consommés. La température de l'ébullilion est insuffisante pour les stériliser; il restera toujours des spores du Bacillus subtilis et quelques autres encore, maisles œufs des parasites et les microbes pathogènes se- ront détruits presque sans exception. C'est un préjugé très répandu que l’eau bouillie a mauvais goût et qu'elle n’est pas bien supportée par l'organisme. Celte opinion est sûrement erronée. Lorsqu'on fait bouillir l’eau dans un récipient bien propre, elle ne prend aucun goût désagréable. Un savant ilalien a fait l'expérience suivante : il a rempli plusieurs verres avec de l'eau bouillie et il a rempli le même nombre d’autres, contenant l’eau de même source, mais sans avoir été bouillie. Les personnes invitées à goûter l’eau n'ont pas pu distinguer les deux catégories, tellement l'eau bouillie diffère de l’eau J'ai fait sur moi-même l'expérience que l'eau bouillie est, sous peu crue. tous les rapports, très bonne et je n’en bois pas d'autre depuis une dizaine d'années. On a soulevé encore plus d'objections au sujet du lait bouilli. On pense qu’il se digère difficilement et que, privé de cerlaines substances diastasiques, il perd beaucoup de ses qualités. Il est cependant | incontestable qu'un très grand nombre de nourris- À sons sont élevés avec du lait bouilli et que, si l'on À prend les soins nécessaires pour tenir propre le | biberon ou la cuiller qui servent à l'enfant, l'éle=# vage amène de très bons résultats. Il arrive parfois { que le lait bouilli provoque des troubles de diges- tion et qu'alors il est utile de le remplacer par du{ lail cru; mais ces cas sont rares et contrebalancés par d'autres où le lait cru estutilement remplacé par du lait bouilli. Il s'est réuni en octobre dernier &4 Paris un Congrès international de la « Goutte de lait », auquel assistaient plusieurs pédiatres des plus compétents. Il y a été communiqué un grand nombre de données qui ne laissent aucun doute sur la valeur de l'alimentation des nourrissons avec du lait bouilli. Lorsque la pasteurisation du lait, c’est-à-dire son chauffage à 65°-70°, se fait convenablement, elle peut avec avanlage remplacer l’ébullition. La cuisson doit êlre étendue aux légumes: Comme ce sont sans doute surtout les salades, les” radis et quelques aulres légumes crus qui trans mettent les Entozoairesetles microbes pathogènes leur surveillance, au point de vue hygiénique, des, vient indispensable. Le lavage de ces légumes, même avec de l’eau bouillie, n'est pas suffisant et iM faut au moins les échauder avec de l’eau bouillante” ou bien les cuire, comme les salades. g Parmi les fruits, ce sont surtout les fraises qui doivent introduire dans le tube digestif des œufs et des germes infectieux. Leur cuisson s'impose donc. Même les cerises, qui cependant poussent sur des arbres, loin du sol, doivent être soigneu=\ sement échaudées ou cuites, parce que les oiseaux qui viennent les piquer les contaminent souvent avec des matériaux conlagieux. | Il est, en général, plus prudent de consommer là | grande majorité des fruits sous forme de compotesw ou de confitures. Quant aux aliments d'origine animale, il n'y en, a que fort peu que l'on mange crus. Le danger desk huîtres à élé souvent signalé et leur rôle dans l'étiologie de certains cas de fièvre typhoïde ne, peut plus être mis en doule. On est aussi suffisamment renseigné sur la pos= sibililé de contracter des Ceslodes avec de la viande de bœuf, de veau et des produits de charcuterie, ainsi qu'avec cerlains poissons d'eau douce insufli | samment cuits, pour que nous n'ayons pas besoin \ d'insister icisur ce sujet. Il arrive encore assez sou- vent que les médecins prescrivent de la viande crue ou saignante à leurs malades, dont l’affaiblis- M sement s'accroît à la suite du développement chez eux des {ænias. Mais ces exemples d'inobservation |" des règles d'hygiène deviennent néanmoins plus rares qu'autrefois. On pense généralement, non seulement dans le publie, mais aussi parmi les médecins, que les | œufs crus ou à la coque constituent un excellent aliment. Mais on oublie que le blanc d'œuf pro- duit dans l'oviducte, au voisinage immédiat du cloaque, contient souvent des microbes et même quelquefois des Entozoaires. Il n’est pas douteux que des crèmes de pâtisserie, qui provoquent par- fois des maladies très graves, doivent leur nocuité au blanc d'œuf cru ou insuffisamment chauffé. Il faut done signaler ce danger et conseiller de ne manger des œufs qu'à l'état suffisamment cuit. - Il est non seulement très utile de ne prendre que là nourriture ayant subi le chauffage à 65°-100° et au-dessus, mais il faut souvent, surtout en temps dépidémies de choléra et d'autres maladies intes- tinales, veiller à ce que les aliments ne soient pas touchés avec des mains suspecles. Dans ce but, on devrait installer des plateaux chauffés avec des limpes à alcool, sur lesquels on poserait les mets avant leur consommation. abord paraitre difficiles à réaliser. Je puis cepen- dant certifier qu'une fois l'habitude prise, elles entrent dans la pratique sans inconvénient. On ënse souvent que les aliments crus sont indispen- Sables à la santé. M. Charrin a publié plusieurs notes, dans lesquelles il cherche à prouver que les läpins nourris avec des aliments stérilisés se dé- veloppent moins biens et meurent plus souvent que IS lapins nourris de la façon habituelle. Sans entrer dans la discussion des arguments de M: Charrin, et même en acceptant les résultats de ses expériences comme intangibles, il ne faut pas perdre de vue qu'ils s'appliquent aux lapins, c'est- ädire à des herbivores qui doivent utiliser la cellu- lose de leur nourriture. Or, la cellulose n’est digé- rée que par des ferments microbiens, qui doivent être moins abondants chez des lapins élevés avec des aliments stériles. Ces résultats ne peuvent Point être étendus à l'homme. “M. Ch. Richet a insisté récemment sur ce fail que les chiens, nourris avec de la viande crue, réparent beaucoup plus vite leurs pertes et résis- lent mieux à la tuberculose que les chiens nourris avec de la viande cuite. Cet argument peut avoir sa Valeur en ce qui concerne l'alimentation del'homme, ebipartant, doit être pris en considération. Il peut arriver aussi que, dans quelques cas, la consom- malion de lait cru présente un réel avantage. En vue de ces faits, il serait utile de donner au public la possibilité de prendre des aliments crus ben même temps exempts de danger. Il y aurait 0) L = - . Les mesures que Je préconise peuvent au premier | ‘lonc lieu d'appliquer, pour l'obtention de lait | E. METCHNIKOFF — L'HYGIÈNE DES INTESTINS 905 aseptique, les procédés préconisés par M. Willem et autres. Seulement, les difficultés que présentent ces méthodes empêcheront d'étendre beaucoup la consommation du lait cru. Quant à la viande de boucherie, l'emploi de celle de mouton, cuite superficiellement et crue à l'in- térieur, suffirait largement à tous les besoins. On pourrait faire pousser des légumes et des fraises dans des conditions hygiéniques satisfai- santes, de façon à permettre leur consommation à l’état cru. Dans ce but, il faudrait surveiller scru- puleusement le sol et les engrais et n’employer pour l’arrosage que de l’eau irréprochable. Parmi les variétés de fraises, celle qui porte le nom de « Capronnier » pourrait rendre des services réels, car la tige est élevée et les fruils ne touchent pas le sol. Elle se distingue aussi par son goût et son parfum particulièrement bons. Dans l'avenir, lorsque l'hygiène pénétrera dans les mœurs, il n'y aura plus besoin d'insister sur la consommation des aliments suffisamment chauffés. Mais, actuellement, il est indispensable, pour les personnes qui veulent suivre les règles d'hygiène, de faire bouillir les boissons et de faire suffisam- ment cuire les aliments solides. Ce n'est que dans ces conditions que l’on évitera la pénétration dans le tube digestif des microbes nuisibles et des para- sites qui leur ouvrent la porte d'entrée. IV Il est impossible de nier que le régime, basé sur les principes que nous avons exposés, assurera l'organisme contre toutes sortes de maladies du tube digestif. Il est mème possible qu'il permette en même temps d'éviter certaines affections, contre lesquelles la science actuelle est presque complète- ment impuissanle. Il est frappant que, tandis que cerlaines maladies infectieuses, telles que la peste humaine et la lèpre, deviennent de plus en plus rares, d’autres, au contraire, sévissent avec plus de fréquence. Parmi celles-ci, il faut citer l’appendicite et le cancer. Ces deux maladies ont encore cet autre point commun quelles s'observent très souvent dans les classes aisées et même riches. N'y aurait- il pas quelque cause commune à ces deux maladies qui expliquerait leur accroissement parallèle ? Nous avons mentionné plus haut quelques faits qui démontrent les rapports entre les Entozoaires et les néoplasies. Les premiers ne seraient-ils pas capables de servir de porte d'entrée aux parasiles supposés des secondes ? Lorsqu'il s'agit de tumeurs malignes, il est impossible de rester le domaine des faits précis, puisqu'il n'y en à pas pour le moment, au moins pour tout ce qui touche dans 906 J. HADAMARD — LA LOGISTIQUE ET LA NOTION DE NOMBRE ENTIER leur étiologie. Mais, lorsqu'on est obligé de recourir aux hypothèses, il est difficile de ne pas envisager la possibilité de leur nature infectieuse. Voyez ces tumeurs des souris qui sont fréquentes dans localités et extrêmement dans d'autres. Peu virulentes au début, elles se ren- forcent au fur et à mesure de leurs passages par l'organisme de ces rongeurs, ainsi que l'a récem- ment démontré M. Ehrlich". Incapables de se déve- lopper comme cancers chez des souris, les variétés certaines rares peu virulentes communiquent une immunité vis-à- vis des variélés plus virulentes. Ces tumeurs se comportent done comme des maladies infeclieuses, ce qui permet de supposer que, bien que réclamant un terrain propice dans l'organisme, elles tirent leur origine de quelque germe venant du dehors. Or, pour être introduils, ces germes peuvent se servir de l'intermédiaire des objets qui passent dans le corps humain sans être désinfectés. Tandis que les tumeurs malignes en général deviennent de plus en plus fréquentes, quelques variélés de cancers s'observent, au contraire, plus rarement qu'autrefois. Ainsi, d'après le témoignage de M. Czerny”, « dans les classes qui soignent la propreté de la peau, le cancer de la peau ne s'’observe que dans des cas Lout à fait exceptionnels et est incontestablement devenu plus rare ». A la suite de cette constatation, M. Czerny préconise la propreté rigoureuse et « peut-êlre aussi l'abandon des aliments crus », comme moyens de préservation contre le cancer. Je souscris d'autant plus volontiers au conseil du célèbre chirurgien allemand que, moi-même, depuis de longues années, je suis le régime de la nourriture cuile, dans l'espoir d'échapper à cette terrible maladie. É On a depuis longtemps déjà arrêté ce principe que, dans l’alimentalion des pelits enfants, il faut éviter de donner des aliments crus. Ce principe est bon à tous les âges et il n'y à pas de raison de l'abandonner pour les adultes et les vieillards. De celte façon, on évite autant que possible la péné- tration dans l'organisme de causes de toutes sortes | de maladies. Mais il existe encore un autre moyen | pour atteindre ce but. Il consiste dans la moditi- cation de notre flore intestinale, en acclimatlant dans notre tube digestif des microbes utiles. Le premier pas dans cette voie a élé, à ce qu'il me semble, atteint au cours de ces dernières années» } Parmi les microbes utiles, une place d'honneur h doit ètre réservée aux bactéries lactiques. Elles produisent l'acide lactique et, partant, empêchent le développement des ferments butyriques et de ci de la putréfaction qui doivent compter parmi no ennemis redoutables. Il a été démontré par louté une série de recherches, sur lesquelles nous n8 pouvons pas nous arrêter ici, que certains fer ments lactiques s’habituent facilement à vivre dans nos intestins, y exerçant une fonction bienfaisante Ils empêchent les putréfactions et dimivuent, pa conséquent, l'excrélion des éthers sulfoconjugués® Ces mêmes ferments contribuent à régulariser les fonctions intestinales et rénales el rendent par là de grands services à l'organisme entier. . On peut consommer les ferments lactiques bien» sélectionnés soit avec du lait, qui devient aigr + sous leur influence, soit sous forme de culture liquide ou desséchée. Plusieurs médecins s'en sers vent déjà pour combattre les troubles intestinaux variés des malades de tous les âges. | Comme les putréfactions inteslinales représen tent une des causes de l'usure générale de l'orgl nisme humain, il a été tout naturel de conseiller le régime que nous venons d'exposer comme ur moyen de la combattre. Ce régime se résume ci peu de mots. Il consiste dans la consommation des aliments privés de souillure par les microbes et les entozoaires et dans l'introduction dans le tubes digestif d'une flore cultivée, où les microbes lac=| tiques jouent un rôle prédominant”. E. Metchnikoff, Sous-directeur de l'Institut Pasteur PME LA LOGISTIQUE ET LA NOTION DE NOMBRE ENTIER La ievue à analysé précédemment" les critiques adressées par M. Poincaré aux logisticiens. Il peut être intéressant de résumer un débat dont la réponse de M. Couturat et la réplique de M. Poincaré (n° 2 et 3 de la Revue de Métaphysique et de Morale) permettent de tirer les conclusions. ! Deutsche medicin. Wochenschr., 1906, 22 mars. * Medicinische Klinik, 4905, nos 47, 20, 22. * Voir la Zicvue du 28 février 1906, t. XVII, p. 461. Si, en effet, on fait abstraction des discussions el des reproches de détail qu'échangent les adver=, saires, ceux-ci sont, au fond, bien près l'un de l'autre. « Vous nous aviez promis telle preuves. dit à plusieurs reprises M. Poincaré, et vous ne la, fournissez point. » — « Il est vrai, répond M. Cou= ‘ Deuxième conférence de Harben, faite à l'Institut Re d'Hygiène à Londres, le 28 Mai 1906. J. HADAMARD — LA LOGISTIQUE ET LA NOTION DE NOMBRE ENTIER 907 rat, que nous n'avons pas fourni ce dont vous mais nous ne nous y étions nullement en- és. » Et, tout d'abord, sont-ils compatibles tre eux ? M. Couturat concède à M. Poincaré, au moins dans la première partie de son article’, qu'il n'a pas donné de preuve à cet égard; mais il croil ‘elle preuxe inutile pour légitimer une définition. Cest ici le mot « définition » lui-même qui aurait besoin d'être défini ; et il conviendrait même, en temps de logique et d'analyse des idées, d’in- oduire ici deux dénomiralions pour deux idées Hérentes. Les vraies définilions sont les définitions nomi- dles, ou leurs équivalentes — qui se ramènent, d'ailleurs, aux premières, comme les logisticiens eux-mêmes l'ont constalé, — savoir les définitions par abstraction et les définitions par postulats, avec Solution de la question d'existence. Cette résolution, dans un sens ou dans l'autre, st nécessaire pour qu'une définition par poslu- ts soit l'équivalent d'une définition nominale. Il existe, d'autre part, des définitions par postu- its dans lesquelles on ne se préoccupe pas d'éta- blir l'existence de l'objet défini. Mais, à notre avis, ‘sont autre chose que les définilions proprement lites, et c'est pour elles que nous proposerions de réer un nouveau mot. Disons, si l'on veut, qu'elles aractérisent — et non pas qu'elles définissent — Es es notions indélinissables. C'est le cas, par exemple, qu'il est impossible de définir à proprement parler, mais qui sont « caractérisés » par un certain Se résigner, pour Ja notion de nombre entier, à “une définition par postulats sans preuve d'exis- lence, ce serail, à notre avis, convenir que cette notion est indéfinissable. nombres entiers, celte base serait, en tout cas, manifestement insuffisante pour fonder l'Arithmé- Mique, ce qui est le but final que l'on a en vue. En Wait, M. Couturat abandonne, un peu plus loin, attitude qu'il a adoptée tout d'abord, et se préoc- Cupe, lui aussi, de la compatibilité des postulats. Comment y aurait-il lieu de démontrer cette Revue de Mét. et de Morale, loc. cit., p. 231. mombre de propriétés, les axiomes fondamen- : compalibilité? Sur ce point ont été émises, des deux côtés, des opinions auxquelles nous ne sous- crivons point. Nous ne croyons point, comme M. Poincaré, qu'il suffise pour cela d’élablir l'absence de contra- diction entre leurs conséquences (Widerspruchs- losigkeit). Cetle opinion est, nous le savons, celle que professent beaucoup de mathématiciens con- lemporains, à l'exemple de M. Hilbert; elle ne nous en parait pas moins sujette à caution. De ce qu'un objel existe, résulte forcément que nos rai- sonnements ne feront jamais apercevoir de contra- dielions entre ses propriétés; mais l'inverse, pour nous (comme pour M. Frege), n’est nullement évi- dent. Par contre, si l’on réduit la question à celle de la« Widerspruchslosigkeit », il faudrait que celle-ci füt établie. Se contenter de la tenir, à priori, et en l'absence de toule démonstration, pour certaine jusqu'à ce qu'une contradiction soit mise en évi- dence, c'est dire qu'on renonce à la solution. Nous ne comprenons pas d'ailleurs pourquoi M. Couturat, si familier d'habitude avec la méthode mathématique, considère des démonstrations de celte espèce comme toujours impossibles, ni com- ment il se refuse à voir dans l'induction complète le véritable moyen de les obtenir. Ce qu'il y a de curieux, c'est qu'ici l’auteur prèche contre son propre saint. Les démonstra- tions de « Widerspruchslosigkeit » pourront, en d'autres circonstances (où l'induction complète n'impliquera pas de pétition de principe), offrir un grand intérêt. Mais elles reposeront nécessaire- ment sur une énumération exacte et complète des procédés logiques mis en œuvre : c’est-à-dire sur la Logistique. Elles offriront une circonstance où l'intervention de cette dernière ou d’une doctrine analogue, au lieu d'être simplement utile, sera rigoureusement indispensable. Mais. nous l’avons dit, les logisticiens ne reven- diquent pas ici, en réalité, le droit d'énoncer des postulats incompatibles. Ils prétendent même pré- senter pour le système des nombres entiers, non plus une définition par poslulats, mais une défini tion nominale :. Malheureusement, celle-ci — toujours au point “Au reste, si l'on prétendait avoir ainsi défini les ! 1 Encore moins pouvons-nous comprendre les objections qu'il oppose {loc. eit., p. 238) à la représentation d'un rai- sonnement par une suite de propositions rangées dans un ordre déterminé. Dans l'exemple qu'il invoque lui-même, il commence par disposer ses propositions en suite linéaire, et le fait qu'il puisse ensuite les disposer autrement ne change rien à cela. En réalité, un raisonnement dont les propositions ne pourraient pas se ranger en suite linéaire s'appellerait, pour nous, comme pour M. Couturat, comme pour tout le monde, un cercle vicieux. 2 Loc. cit., p. 241. 908 J. HADAMARD — LA LOGISTIQUE ET LA NOTION DE NOMBRE ENTIER ee = pre pe LU de vue de l'existence — offre, à son tour, une lacune grave. Elle est ainsi conçue (/hid., p. 243) : « L'ensemble des nombres entiers finis est la classe des x contenus dans toute classe s (classe « récurrente ») qui contient 0 et qui contient n +1, dès qu'elle contient ». » Elle serait légitime si l’on pouvait affirmer l'exis- tence d'uneseule classe récurrente, c'est-à-dire d’une seule classe telle que s. Elle n'aurait aucun sens dans le cas contraire. Or, sur ce point, aucune démonstration n'est fournie. Du moins n’en trouvons-nous aucune dans l'article de M. Coulural. Il ferait œuvre ulile en nous faisant profiter de sa connaissance appro- fondie du sujet pour nous dire si celte démonstra- tion, qui parait fort difficile, a été donnée par M. Russell. Mais, après tout, est-ce bien avec la définition du système des nombres entiers que la difficulté commence ? N'allons pas si loin et prenons la définition du nombre un. Si M. Couturat se défendait seulement d'avoir employé dans cette définilion le mot un, nous lui donnerions gain de cause. Dans les défi- nilions qu'il propose, par exemple dans celle-ci (Lbid., p. 225) : « Un est la classe des classes u non nulles telles que, si x est un u, la classe des u non identiques à x est nulle », il est fondé à dire que tous les un autres que le premier sont pris dans le sens de l’article indéfini (en anglais, 4) et non dans celui du nom de nombre (one). Mais il va plus loin et prétend n'avoir pas mème ainsi introduit d'avance l’idée du nombre un. En est-il sûr? Nous serions peut-être convaincu par les raisonnements métaphysiques qu'il développe dans ce butsi, en lisant cette défi- nilion de un, nous ne songions à la suivante pour le nombre deux : « Deux est la classe des classes u telles que, si x est un v, si y est un u, et que x ne soit pas iden- tique à y, la classe des u non identiques à x et non identiques à y est nulle. » Supposons qu'on soumelte celte seconde défini- lion aux logisticiens (la question de savoir s'ils en ont d'autres à proposer étant, bien entendu, écartée). Qu'en penseront-ils? La récuseront-ils? Ils n'y peuvent songer. Elle est tout aussi conforme que la première aux règles de la Logistique. Nous ne la traduirons pas en sym- boles logistiques, et pour cause; mais nul doute que cette traduction ne soit aisée. Où est alors le crilère qui nous empêcherait de parler de x et de y bien dans le cas actuel et nous le permettrait dans la « Six= y, y = x? » Une telle inter- diction serait la négation même de la Logistique. Mais, si cette définition est reconnue comme vala- proposition : ble, comment soutenir qu'elle n'implique pas l'idé du nombre deux, et la précédente, celle du nombr un? Où réside la différence qui les sépare, si ce” n'est dans le fait qu'il a une lettre d'un côté, deux” de l'autre? Et si les nombres étaient plus grands, comment ferait-on la distinction autrement qu'en comptant ? 7 Que conclure de là? Que c’est l'anglais qui a tort de faire la distine. tion entre a et one, et que, perçue ou non, que l'attention se porte sur elle ou non, l’idée de nombres est dans toutes nos pensées, y compris, sans doute, les symboles fondamentaux de la Logistique? l' Pas même : notre scepticisme suivra ici Montaigne et dépassera la négation. Les phrases précédem= ment cilées supposent-elles l'idée de nombre? Nous n'en savons rien, ni M. Couturat, ni personne. 1 faudrait faire résoudre celte question par un ét capable de raisonner, mais ignorant de l'idée de nombre, ou nous mettre à la place d’un tel tre Comme c'est une opéralion dont nous sommes. incapables et qu'aucun Wells ne saurait tenter (ô. quinousrendra nos souvenirs d'enfants à la mamelle — ou peut-être même de fœtus!), nous Ign0; 0 mème si la question à un sens”. l Que les logisticiens ne prétendent donc pas avoir) défini le nombre entier et qu'ils se contentent des, l'avoir caractérisé, ce qui est bien quelque 4 v. II. — LA VALEUR DE LA LOGISTIQUE. Le reproche grave qu'encourt la Logistique 4 passons sur d’autres qui nous paraissent beaucoup moins sérieux — est qu'elle ne peut pas empêcher les erreurs de raisonnement. « Elle n'a jamais eu lan prétention de rendre ces erreurs complètement” impossibles », répond M. Couturat. « Il suffit qu'elles, aide souvent à les éviter. » LE La réponse paraît faible. Si les règles de la nou. velle logique ne nous garantissent qu'incomplète-" ment l'exactitude du raisonnement, non seulement M. Poincaré est fondé à leur reprocher les entraves, la lourdeur qu'elle y apporte, — à vouloir, selon son expression, que, «si une valeur ne rapporte pas des, gros intérêts, ce soil un placement de père de famille »; — mais même cette demi-garantie peut, | à notre sens, devenir illusoire, voire dangereuse: N’a-t-on pas appris à se méfier des block-systems" trop perfectionnés qui, sans remplacer complèle= ment le soin et la vigilance, les endorment parfois? Dans une circonstance où, précédemment, il y ! avait une erreur à éviter, — nous voulons parler nn Ut Ce NEIL à TO RSR ‘ C'est dire que nous ne sommes pas convaincu par les arguments de M. Kônig, lorsqu'il prétend (C. P. Ac. Ses; 9 juillet 1906) ne pas utiliser la notion de nombre entier dans la démonstration du théorème de Bernstein J. HADAMARD -- LA LOGISTIQUE ET LA NOTION DE NOMBRE ENTIER 909 u paradoxe de Burali-Forli, — les logisliciens ont pas su y échapper. Les mathématiciens non lus, je le sais, même ceux qui ne font pas de Logistique. Soit, mais encore y a-t-il une nuance. LiGes derniers n'avaient pas tout d'abord reconnu le | vice du raisonnement : ils l'ont trouvé aujourd'hui. LM. Poincaré l'explique d’une manière qui, à notre “avis, ne laisse place à aucune obscurité. Il confirme opinion que nous avancions ici même’, à savoir “Que ce défaut est, au fond, le même qui a été si M mis en évidence par M. Richard pour un paradoxe analogue*. C’est, dans les deux cas, un emploi abusif du mot « tous » qui crée un cercle vicieux dans la définition. “ Or, non seulement ce ne sont point les logisti- Mmciens qui, en celle circonstance, ont (trouvé la solu- ion, mais, à l'envi et comme de propos délibéré, ils s'en éloignent. — M. Burali-Forti, revenant à la charge, somme LM. Poincaré, ou d'admettre son raisonnement, ou de le contredire sur l'un ou l’autre de deux points “qu'il désigne à l'exclusion des autres. Inutile “d'ajouter que ces points ne sont pas ceux où réside l'erreur, absolument comme lorsqu'un prestidigi- “leur insiste pour nous faire examiner le chapeau sur lequel il va opérer, on peut être sûr que cet examen est superflu et que le lour de passe-passe est ailleurs. M. Russell, lui, croit devoir démolir édifice même de la Logistique qu'il a construit et modifier ses principes en distinguant entre les “cas où ils sont applicables el ceux où ils sont cen- Msés ne point l'être. Malheureusement, — ou plutôt heureusement, car cela équivaudrail à la mise en “question de tout raisonnement déductif, — ces dis- “inctions, inutiles (comme nous venons de le voir) à l'explication du paradoxe, ne reposent jusqu à Drésent sur aucun fondement solide. Si donc, en cette circonstance, l'erreur iniliale fut humaine, on est en droit de reprocher aux logis- ticiens d'y avoir diaboliquement persévéré. On ‘e peut d'autant plus que la préoccupation de sau- “er leur théorie (au prix, ilest vrai, d'un profond : bouleversement) et de maintenir les prétentions qu'ils fondent sur elle, n’est sans doute pas élran- ! gère à la solution qu'ils ont adoptée. Si, en effet, celle solulion était juste, il faudrait Sacrilier une des prémisses du raisonnement (la nolion de classe, telle que tout le monde la con- {oil}, sacrilice que les logisliciens accepteraient allègrement parce qu'il ne s'imposerait pas uni- quement à eux, et qu'il ruinerait la Logique de leurs adversaires en même temps que la leur | | Revue gén. des Se., t. XVI, p. 211. > {bid., p. 541. — Nous devons ajouter que le paradoxe, Mais non sa solution, nous avait été signalé il y a plusieurs années par M. Guadet. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. propre. De celle prémisse fausse, les conséquences devraient être, d'après eux, regardées comme cor- rectement déduites. Il leur en coûtera sans doute d'accepter la solu- lion véritable, qui fait, au contraire, résider l’er- reur non dans les prémisses, mais dans la déduction elle-même, et cela quoiqu'elle ait été faite d'une manière entièrement conforme aux règles de la Logistique. Il est done vain et même dangereux de considé- rer ces règles comme infaillibles, même lorsqu'elles sont rigoureusement appliquées. Ce ne sont pas elles qui doivent juger le bon sens, mais lui qui doit les juger. C’est lui qui indiquera, par exemple, les modifications à leur apporler en présence du paradoxe de Burali-Forli, modifications dont rien ne permet, d'ailleurs, d'affirmer qu'elles seront les dernières. La Logistique ne sauraiten un mot prétendre, du moins quant à présent, à créer des raisonnements autres ou meilleurs que ceux que l’on peut faire sans elle; — l'application au domaine juridique (sie), parue dans le numéro de juillet de la Revue de Métaphysique et de Morale, n'est pas pour nous faire changer d'opinion. — Qu'elle se coutente d'avoir analysé le raisonnement tel que tout le monde le fait et d'avoir dressé un catalogue de ses opérations. Le rôle est assez beau: c'est celui que, dans un autre domaine, M. Poincaré assigne à la Physique mathématique. Nous nesaurions abandonner l’article de M. Poin- caré saps ajouter que, à la suite de ses remarques sur la légitimité des définitions, il est conduit à revenir sur la démonstration de M. Zermelo rela- tive à l'ordination du continu et à la révoquer en doute à un point de vue autre qu'on ne l'avait fait jusqu'ici. Mais c'est un sujet qui demande à être traité à part. Nous n'en parlerions pas à présent s'il ne nous fournissait un nouvel exemple du genre de services que l'on esten droit d'attendre de la Logistique. F Si, en effet, nous considérions comme démontré que l'ordination du continu est possible, il reste- rait, on le sait, à rechercher si 20us pouvons indi- quer celte ordination. Cette question est-elle réso- luble? a-t-elle mème un sens rigoureux? Oui, sil'on considère comme donné l'ensemble des procédés logiques dont nous disposons el que nous pouvons combiner un nombre fini quelconque de fois. Autrementdit, cette question appartient au domaine propre de la Logistique. Mais, n’en déplaise aux logisticiens, c'est encore l'induction complète qu'il faudrait employer pour sa résolution. J. Hadamard, Protesseur-adjoint à la Sorbonne, Professeur suppléant au Collège de France. 9(** BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX Le Al DS. BIBLIOGRAPHIE ANALYSES 1° Sciences mathématiques Œuvres de Charles Hermite, publiées sous les auspices de l'Académie des Sciences par M. Emile Picard, membre de PInstitut. Tome 1. — À vol. in-8 de 498 pages. (Prix : 18 fr.) Gauthier-Viliars, éditeur. Paris, 1906, La publication des travaux d'Hermite était souhaitée par tous les géomètres : sous les auspices de l’Aca- démie des Sciences, M. Picard s'est empressé de don- ner satisfaction à ce désir. Le premier volume, qui vient de paraître, est illustré d'un curieux portrait d'Hermite à l’âge de vingt-cinq ans; il débute par une très belle Notice reproduisant la lecon inaugurale de M. Picard lorsqu'il succéda à l'illustre maître. Ce volume contient les Mémoires publiés de 1842 à 1858; on y remarque d'abord un travail sur l'impossibilité de la résolution algébrique de l'équation du 5èw degré, qu'Hermite écrivit lorsqu'il était encore élève de mathé- maliques spéciales à Louis-le-Grand, et qui pourrait aisément devenir classique. Ce Mémoire est suivi des travaux du polytechnicien Hermite sur la division des lonetions abéliennes : lettre célèbre à Jacobi (1843), et mémoire inséré au Recueil des Savants étrangers; une seconde lettre à Jacobi (1844), souvent citée, établit les principes de la théorie des fonctions 0. Un Mémoire de généralisation des fonctions abéliennes et quelques travaux sur les fonctions elliptiques terminent cette première partie. On arrive alors aux belles recherches sur la théorie des nombres, en commençant par les quatre célèbres lettres à Jacobi, d'une si grande puissance d'invention: le principe des méthodes est emprunté à la théorie des formes quadratiques à n variables; Hermite y donne une expression du minimum des valeurs de la forme pour des valeurs entières non toutes nulles des variables, à l’aide du diseriminant, et il introduit le principe, si imporlant au point de vue arithmétique, de la réduction continuelle des formes. Puis viennent les Mémoires sur la théorie des formes quadratiques (1853), leur application à la théorie des nombres et aux théorèmes de Sturm et de Cauchy, et enfin le Mémoire sur /es formes binaires, capital pour la recherche des invariants et covariants, et qui contient notamment la célèbre oi de réciprocité. Ce premier volume se termine par le beau Mémoire de 4855 sur la transformation des fonctions abéliennes el, par quelques travaux sur les fonctions elliptiques. Il est à peine besoin de signaler le soin apporté à cette publication, entièrement revue par MM. Picard et Sloulf, et enrichie, en outre, par M. Picard de notes des plus intéressantes. M. LELIEUVRE, Professeur au Lycée el à l'Ecole des Sciences de Rouen Dwelshauvers-Dery (V.), Professeur émérite à l'Université de Liège, Correspondant de l'Institut. — Quelques Antiquités mécaniques de la Bel- gique. — Æxtrait des Actes du Congrès de Liége, section de Mécanique appliquée. Imprimerie Jules Massart, Trooz, 1906. . Le savant professeur de Liége a communiqué aux ingénieurs du Congrès de 1905 une substantielle et très intéressante étude sur la construction mécanique en Belgique, dans laquelle il a réuni de curieux docu- ments, que ce travail sauvera de l'oubli. C’est un hom- mage rendu au talent des constructeurs belges, dont l'esprit d'initiative et l'activité méritent d’être signalés " 4 ’ 4 k € 1 : el donnés comme exemple à leurs collègues de Frances d'Angleterre et d'Allemagne. b : On voyait encore en 1889, à Strépy-Bracquegnies, une machine à feu du type de Newcomen, construite en $ ET INDEX 1806; malgré son grand âge, de quatre-vingt-trois an elle rendait toujours service. À La Louvière marcha une machine analogue, née en 1810, et à Bascoup un autre de 1829 : cette dernière avait une puissance d 40 chevaux, et elle consommait environ 8 kilogs d charbon par cheval-heure effectif. A la fosse de ne. rance fonctionne aussi une machine de Watt, à dou effet, basse pression et condensation, sur laque M. Dwelshauvers a pris de nombreux diagrammes pen dant qu'elle élevait 350 litres d’eau à 122,45 par minute ce vieux serviteur n’a jamais donné de soucis à se maitres : c'est un rare exemple auquel il convient dé rendre hommage. L'auteur de ce Mémoire à recueil | les contrats de construction et les procès-verbaux de, réception du moteur; il nous donne aussi les pre miers règlements de police sur les machines et chau= dières, à vapeur remontant à 1824. % D'intéressants renseignements, fournis en partie pal M. Kraft, nous font connaître les essais d'Ericsson à a | Société Cockerill de Seraing, qui a toujours favorisé les entreprises des hommes de progrès. Mais c’est à lan célèbre machine de Marly que M. Dwelshauvers con sacre le plus de pages : elle est l'œuvre de deux Belges, un charpentier, Renkin Sualem, qualifié d’analphabelos, par un chroniqueur, et un gentilhomme liégeois, Il sieur de Ville, qui lisait, écrivait et négociait pour son" collaborateur illettré, et sut captiver la confiance d& Colbert et du grand roi. M.Dwelshauvers écrit l'histoire de cette fameuse machinerie, d’après Weidler, Belidon Prony, Montgollier, etc. ; il y joint quelques document i inédits qui éclairent plusieurs faits obscurs et q nous signalons tout particulièrement à l'attention di chercheurs. AIMÉ. WITZ, Doyen de la Faculté libre des Sciences de Lille” # 4 2° Sciences physiques À Lockyer (Sir Norman), A/embre de la Société, royale de Londres, Correspondant de lInstitut"den France, — L'Evolution inorganique étudiée par, l'Analyse spectrale. — 1 vol. in-8° de 304 pag et45 figures de la Bibliothèque scientifique internasn Lionale. Félix Alcan, éditeur, 108, boulevard Sunt Germain. Paris, 1906. : Au lendemain des immortelles découvertes de Kirele hoff el Bunsen, la notion : « Un élément, un spectre devint presque un axiome pour les physiciens eb chimistes, el c'est sur cet axiome que resta fond pendant longtemps, l'analyse spectrale aussi bien cé leste que terrestre. @ Mais on avait été trompé par une trop grande unis formité des moyens d'investigation. Les spectres q | l'on avait produits dans des flammes et le spectre dela, couche de renversement du Soleil étaient engendrés | par des corps excités à des températures relativeme peu différentes, et cette raison seule avait été la con ion de leur identité. Mais soit l'observation du spectre | de l'arc ou de l'étincelle chaude, soit celle des raies brillantes de la chromosphère du Soleil, soit surtout l'étude des étoiles blanches ou bleues montra quedla conclusion avait été hâtive, et enseigna qu'un même corps peut donner des spectres différents suivant les circonstances dans lesquelles il devient lumineux: ! La cause première de ces différences pouvait être) cherchée dans des directions diverses. L'hypothèse! 1| 1 | lite « de la cloche » eut de chauds partisans; une même oche, ou un même diapason, frappé différemment, euvent émettre des sons de qualités très diverses, et pendant la source est toujours la même. C'était l'hy- othèse timide, et, par conséquent, celle qu'il conve- ait d'examiner la première. Mais elle devint bientôt nsuffisante. Une autre hypothèse, plus hardie, puisqu'à époque dont je parle on contestait peu l'indépendance es éléments chimiques, et que la notion de dissocia- on était toute nouvelle, devait consister à admettre ue le complexe (molécule où autre construction) qui et la lumière est variable, pour un même corps, nivant l’état dans lequel il est amené, en particulier uivant la température ou les diverses actions exté- eures auxquelles il est soumis. L'existence des deux spectres de l’iode, correspondant x deux densités de ce corps, constatées par Sainte- Jaire Deville et M. Troost, est, depuis longtemps, un juissant argument en faveur de cette dernière hypo- hèse. Mais il fallut de longues et pénibles études pour ui donner corps, et pour permettre le développement, out moderne, de l’idée d'une variabilité dans la cons- itution de la molécule d’un même corps chimique. . Cette idée, Sir Norman Lockyer en poursuit la dé- monstration depuis plus de trente ans, car elle lui vint à l'esprit peu après le début de ses premières recher- hes de spectroscopie, qui datent déjà d'une quaran- haine d'années. Il a beaucoup combattu pour elle, s’est allaché à réfuter de nombreuses objections, a accumulé “un nombre énorme d'expériences, et, finalement, l'a éxposée dans son ensemble en 1900, dans l'ouvrage que nous avons sous les yeux, et que M. E. d'Hooghe vient de traduire. … Mais, dira-t-on, si les spectres varient, que devient l'analyse spectrale des astres? Car c’est bien sur l’iden- Lilé des raies dans les spectres des laboratoires et les ectres des étoiles que l’on fonde la détermination des ments constitutifs de ces dernières; quels que soient es moyens mis à la disposition des chercheurs, -les températures terrestres n’ont jamais atteint celle des breusets géants que nous offre le ciel étoilé. . C'est que, si les spectres se modifient, ils ne le font bas sans suivre certaines règles, que l’on a peu à peu découvertes. Tel spectre terrestre conservera certaines de ses raies, qui se trouveront renforcées dans Îes astres ; ainsi, le fer, auquel Kirchhoff attribuait #60 raies dans la région qu'il avait explorée, n’en montre plus que trois dans la chromosphère solaire, ainsi que l’a trouvé Sir Norman Lockyer, mais ces trois raies sont bien aux endroits précis de trois raies du fer. Puis, les spectres ne sont plus le fouillis inextricable que l’on a cru autrefois : les raies ont une distribution régulière, souvent très difficile à mettre en évidence, mais que la patience des chercheurs a presque partout “mise en lumière. Dès l’année 1869, M. Mascart, à propos de ses études r les spectres ultra-violets, relevait la similitude re- Mlitive des triplets, et émettait l'opinion que cette dis- Mibution régulière des raies d'un mème spectre n'est pas due au hasard. Puis Balmer, cherchant à mettre de Cornu sur le spectre de l'hydrogène, donna le premier type d’une loi numérique simple qui, depuis, d fait fortune dans les mains de spectroscopistes comme MM. Kayser et Runge ou M. Rydberg. La considération de cette formule de Balmer permit une conclusion de à plus haute importance, qui est la suivante : Mise sous e certaine forme, elle reproduit les fréquences des Haies de l'hydrogène lorsque le nombre variable est un ombre pair. Mais M. Kayser découvrit, dans un spectre Stellaire, une série régulière, exactement rendue par a formule de Balmer, avec un argument impair. 1l Hhésila pas à attribuer ce spectre à un hydrogène dif- érent de l'hydrogène terrestre, à un corps encore impliié par l'action d'une température très élevée. Mais l'idée de la distribution régulière des raies a été encore plus féconde. Dès l'année 1890, MM. Runge BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 911 et Paschen montraient que les spectres des métaux alcalins, d'apparence irrégulière, se résolvent en séries qui apparaissent avec évidence lorsqu'on a eu préala- blement le soin de séparer les uns des autres des triplets de raies. On vit alors qu'une série entière peut disparaître d’un spectre et que l'élimination d'un groupe de raies ne se fait pas au hasard, mais est systématique. C'est alors par une marche en avant, pas à pas, marche pénible d’assimilations successives, à laquelle Sir Norman Lockyer eut la plus grande part, que l’on put, dans les spectres des étoiles, identifier aux corps terrestres certains éléments, d'origine évidemment semblable, mais qui, cependant, en différaient par un caractère généralement plus simple. Ce sont ces corps que Sir Norman Lockyer nomme des protométaux. N à pu distinguer ainsi le protocalcium, le protofer, le protomagnésium, etc. Et des considérations en quel- que mesure indépendantes de la simplification, puis surtout des assimilations graduelles permirent d’acqué- rir la conviction que la simplification allait toujours de pair avec l'élévation de la température. Mais d’autres découvertes soulevaient des difficultés : certaines éloiles semblent ne posséder qu'un petit nombre d'éléments, parmi lesquels l'hydrogène et les gaz de la clévéite sont, pour ainsi dire, toujours pré- sents. Fallait-il supposer que ces astres ont été constitués aux dépens de matière répartie dans une région, dans une « paroisse » du ciel, d'où les autres éléments étaient absents, ou du moins où ils étaient très rares? Mais une étude statistique poussée très loin montra que cette hypothèse était encore insuffisante. C'est alors que l’auteur entra au cœur mème de la question, en poussant à ses extrèmes limites la notion de la dissociation. Ce ne sont plus, d'après lui, seule- ment des simplifications de structure des éléments que l'on doit admettre. Il est clair que, si l’iode a été si facilement dissocié, un grand nombre d’autres corps simples peuvent subir le même émiettement à des températures très élevées. Mais cela aussi ne suflit pas. IL faut, pour expliquer la constitution des astres, ad- mettre que l'existence mème des éléments chimiques est liée à une certaine région de température, à laquelle chacun d'eux est spécialement adapté. C'est pour cela qu'il parle d'évolution inorganique, comme d'une sorte de filiation des éléments chimiques, d'une structure extrêmement simple aux températures très élevées, et qui vont en s’agglomérant à mesure que la température s'abaisse. L'hydrogène est apte à vivre à toutes les températures; il en est de mème du constituant du sodium qui donne la raie D. Mais les protométaux se transforment nécessairement lorsque la température baisse, parce qu'ils perdent alors toute stabilité, Puis, lorsque la température s’abaisse encore, on voit apparaître les polymérisations, c’est-à-dire les associa- tions de molécules semblables et complètes. Ces poly- mérisations produisent les spectres cannelés, que l’on observe surtout dans les laboratoires, dans l'étude des métaux très réfractaires, et qui n'ont pas été encore suffisamment simplifiés dans les sources artificielles de chaleur. Les recherches récentes ont fortement appuyé les hy- pothèses de Sir Norman Lockyer; il suffit de rappeler la séparation des gaz en corpuscules identiques, suivant le Professeur J.-J. Thomson, et la différence des rap- 2 € ; je ports — trouvée par M. Preston dans les éléments des 111 triplets étudiés dans le sens du phénomène de Zeeman. C'est ainsi que s'affirme de plus en plus cette évo- lution de la future Chimie vers l'idée que les éléments ne sont qu'un stade intermédiaire, adapté aux tempé- ratures basses ou modérément élevées, ainsi d'ailleurs que les philosophes l'ont toujours cru possible, et que Dumas ou M. Berthelot l'ont conjecturé depuis long- temps. La radio-activité nous a fait toucher du doigt la 912 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX transmutation. L'ouvrage de Sir Norman Lockyer était écrit, ou tout au moins pensé en entier, à l'époque de la découverte du radium, et son édition anglaise avait paru avant que la démonstration de la désagré- gation spontanée des corps radio-actifs eût été faite. Aujourd'hui, il pourrait ajouter, à tous les arguments qu'il invoque, une preuve directe et des plus convain- cantes. Il a eu le grand mérite de trouver, dans le dédale de phénomènes compliqués, un principe qui, aujour- d'hui, est devenu l'évidence même sous la poussée des faits. Mais, même avec les preuves directes qui nous sont venues récemment, l'œuvre de Sir Norman Lockyer reste éminemment utile; d'abord, elle donne une absolue généralité à un phénomène qui serait très exceplionnel, si la radio-activité, telle que nous la connaissons sur la Terre, lui était indissolublement liée. Puis, en montrant que la dissociation est poussée très loin dans les astres, il donne la possibilité de leur attribuer d'énormes réserves d'énergie que j'appellerai volontiers ultra-chi- mique. Et, si cette énergie, qui est, par sa nature, assimilable à celle que dégagent les corps radio-actifs, est comparable en quantité à cette dernière, on peut y voir la source d'une infinie prolongation de la vie des mondes. : Telles sont les idées qui, avec un peu d’extrapolation, se dégagent des admirables études de Sir Norman Loc- kyer, exposées dans un livre dont l'intérêt est si grand que le lecteur passera volontiers sur quelques défauts de clarté que la traduction accentue; la lecture des pré- cédents ouvrages de l’auteur, auxquels il fait de nom- breux renvois, préparerait excellemment à trouver ce nouvel exposé parfaitement limpide. CH.-En. GUILLAUME, Directeur-adjoint au Bureau international des Poids et Mesures. Sieard (L.), chimiste, Chef de la Station de recherches et d'analyses agricoles de Montpellier. — Xtude comparative des méthodes d'analyse des engrais dans les divers pays. — Un fascicule de 81 pages. Coulet et fils, éditeurs. Montpellier, 1906. Il semble, pour toute personne non prévenue, que la détermination d'un élément dans un produit donné doit fournir, partout et toujours, des chiffres iden- tiques et comparables. On a quelque peine à concevoir qu'un chimiste de Paris trouve dans un engrais, par exemple, 4°/, d'acide phosphorique, et qu'un confrère de Berlin annonce une teneur de 4,5 °/,. Une consta- tation de cette nature à quelque chose de surprenant et il peut en résulter des entraves sérieuses dans les transactions, des perturbations fort regrettables au point de vue commercial et économique. La cause initiale de ces divergences se trouve dans les méthodes d'analyse elles-mêmes, qui, non iden- üques dans tous les pays ou non appliquées de la même manière, font conclure à des résultats discordants. M. Sicard à réuni en trois chapitres les procédés analytiques usités, chez les différentes nations, pour les dosages de l'azote, de l'acide phosphorique et de la potasse dans les engrais; il a mis en lumière les res- semblances ou les divergences qu'ils présentent d'un pays à l’autre. C'est un travail de compilation très complet, élaboré el présenté avec soin; les méthodes n'y sont pas entière- ment décrites dans leur technique (un débutant y chercherait en vain le détail des modes opératoires), mais bien dans un sens plus général, plus élevé, avec des vues d'ensemble sur les diverses façons d'opérer exposées Comparalivement et avec clarté. Ce n'est pas un ouvrage d'étude, mais un mémoire plein d'intérêt pour le chimiste. Car il est permis d'espérer que de la variété de ces méthodes naïîtront des travaux d'ana- lyse comparée, dont la science, le commerce et l'agri- culture tireront grand profit. A. ASTRUC, Docteur ès sciences, à l'Ecole de Pharmacie de Montpellier, Professeur agrégé 3° Sciences naturelles Duval (Mathias), Professeur à la Faculté de Médecine” de Paris, membre de l'Académie de Médecine, et, Gley (E.), Professeur agrégé à la Faculté de Méde cine de Paris, membre de l'Académie de Médecine — Traité élémentaire de Physiologie : 9° édition, considérablement modifiée et augmentée, du Cours de Physiologie de Kuss et Duvaz. 1" partie, — 1 vol. in-8 de 482 pages, avec nombreuses figures dans le text (Prix de l'ouvrage entier : 44 fr.) J.-B. Baillière a fils, éditeurs. Paris, 1906. P, A la première page du livre, une pieuse pensée évoque le souvenir d'Emile Küss, du savant qui, lun des pr miers, comprit toute l'importance de la Physiologi cellulaire, du patriote qui fut le dernier maire francai de Strasbourg, et qui, député du Bas-Rhin à l'Assemblé nationale, mourut, à Bordeaux, le jour mème où cette Assemblée « consentait au sacrifice de la nationalité française en Alsace ». Aussi bien ce patronage a-t= porté bonheur à un ouvrage qui, depuis plus de trent ans, estentre les mains des étudiants et qui a contribué à l'éducation physiologique de tant de médecins. Te que le voilà rajeuni et transformé par les soins d& M. Gley, il est assuré de fournir une carrière auss longue et aussi heureuse que celui qu'il est destiné remplacer. Car ce n’est pas, à proprement parler, une édition qui succède à une autre : c’est une refontes complète du Traité que M. Gley a entreprise, et M. Duval, qui lui a laissé toute liberté dans ce travail, savait qu'il ne pouvait s'adresser à un collaborateur mieux informé de toutes les acquisitions récentes de la science A vrai dire, l'ouvrage a été remanié si profondément que, dans la partie publiée jusqu’à présent, il n’a pluss guère de commun avec l’ancien que les qualités d’ex- position qui ont fait le succès des éditions précédente et dont l’auteur des Zssais de philosophie et d'histoir de la Bioloyie n'a pas eu de peine à continuer la tra dition. : Le Traité s'ouvre sur la Physiologie cellulaire, que M. Gley, contrairement à une conception très répandue, a soin de distinguer de la Physiologie générale, dont elle constitue, il est vrai, une des bases, mais qui repose non moins sur l'étude physiologique des organes que, sur celle des cellules et des tissus et qui, par con: séquent, devra être le couronnement logique de l'une et de l’autre. Et l'on voit déjà par cette distinction quel" plan mürement réfléchi a présidé à l'ordonnance des matières. La belle et sûre méthode de l'auteur apparaît, d'ail V1 leurs, Lout aussitôt dans l'exposé des phénomènes phy= sico-chimiques qui caractérisent la vie et l’activité des éléments anatomiques. Dans cette partie, qui occupe environ le quart du livre, sont passés successivement en revue la composition chimique des cellules et les principes constituants du corps humain, les propriétés physiques des cellules (diffusion, filtration, osmose),M leurs propriétés chimiques, auxquelles se rattachent l'étude des ferments, leurs fonctions, c’est-à-dire leurs réactions aux excilants, manifestées et par des échanges de matière, et par des transformations d'énergie (mou k vements, tropismes, production de chaleur, etc.). : Les chapitres sur la composition chimique de l'orga=m nisme, sur la tension osmotique, les méthodes qui servent à la mesurer, l'application de ses lois aux phé=« nomènes physiologiques, sur les ferments et les fermen= tations, sur les fonctionnements cellulaires comptent parmi les meilleurs du livre. Pour présenter ces notions générales avec tant d'exactitude et de clarté, il fallait, non seulement l'esprit de philosophie scientifique d'une physiologiste au courant de l’évolution incessante des! idées, mais aussi le discernement de ce que com | portent, en ces matières, les besoins d'un enseigne=m. ment élémentaire. La deuxième partie du livre est consacrée à la Phy= siologie spéciale : elle ne comprend encore que la BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 913 gestion avec l'étude des aliments et des rations ali- entaires, l'absorption, l'étude analytique du sang et > la lymphe, le mécanisme de leur circulation. Tous és chapitres, indistinctement, sont la mise au point parfaite des questions qui y sont traitées; et leur valeur ést encore rehaussée par les aperçus ‘généraux très fressants qui y sont entremèlés : je citerai en par- @ulier ceux qui concernent les excitants spéciliques es adaptations des sucs digestifs, la fixité du milieu érieur, les conséquences des réactions vaso-motrices, ormation de la lymphe. La précision rigoureuse de l'exposé à permis à l'au- r de réunir une somme de matériaux telle qu'on est ut surpris de les voir tenir dans le cadre restreint igné à un ouvrage de ce genre. L'énoncé des faits sble plus souvent appuyé sur la relation d’une ou de lusieurs expériences fondamentales, soigneusement hoisies, dont M. Gley estencore arrivé à multiplier les xemples, par l'emploi fréquent du petit texte. Mais, malgré le caractère de l'ouvrage, il ne s'est pas érdit la discussion des faits et des doctrines. Il lui paru avec raison qu'un tel Traité ne devait pas être un simple compendium des principaux faits classiques Sur chaque question, mais devait montrer la signifi- ion de ces faits et aussi de quelques-uns de ceux , quoique moins bien établis, apparaissent pourtant ëjà comme importants, et les théories auxquelles ont onduit les uns et les autres, indiquer la valeur de ces ories et surtout les idées générales qui ressortent à l'ensemble des données acquises, bref, devait con- énir une partie critique et doctrinale ». Il ne s'est pas Streint non plus à passer de parti pris « sur les ques- ions vacillantes ou indécises. Il ne faut pas que l’étu- F7 ant incline à considérer comme définitives toutes les notions qui lui sont présentées ». Nous avons cru ne pouvoir mieux faire que de laisser l’auteur lui-même “exposer dans quel esprit son ouvrage est conçu. Il est értain que, grâce à l'application de ces principes, ève, en même temps qu'il s’assimile un riche bagage connaissances solidement établies, est renseigné lement, par un guide sûr et averti, sur le degré d'im- ortance de celles qui ne rentrent pas encore dans ètle catégorie et se formera ainsi une idée plus juste plus exacte d’une science toujours en voie de déve- oppement. Si nous ajoutons encore que le livre est écrit en un Style d'une élégante simplicité, et illustré, partout où il en est besoin, de figures, schémas et tracés instructifs, ous n'exagérerons rien en affirmant qu'il représente unmodèle “dans son genre : aussi ce n'est pas seule- m nent l'étudiant qui trouvera, à le lire, prolit et agré- ént, mais ceux mêmes qui n'ont plus rien à y prendre verront, avec un vif plaisir, les éléments de Science physiologique présentés sous une forme ssi claire et aussi attrayante. E. WERTHEIMER, Professeur de Physiologie à la Faculté de Médecine de Lille. 4 Sciences médicales iurel (D';E.), Médecin principal de réserve de la “Marine, Pr ofesseur à la Faculté de Médecine de —…Loulouse. — Traité de l'Alimentation et de la “Nutrition à l’état normal et pathologique. l'ome 1]: Nos zliments. — 1 vo/. de 365 pages. O. Doin, édi- “eur. Paris, 1906. . Avec les progrès de la Chimie biologique, les ques- ions d'alimentation ont pris un regain d'actualité. On né les étudie plus seulement au point de vue empi- LHique, mais én se fondant sur des données scienti- iques. Le Traité de M. Maurel répond à ces préoccupations. IlSe composera de trois volumes : le premier est con- Sacré à l'étude des aliments; le deuxième traitera des diverses rations à l’état normal; le troisième de l'ali- mentation pendant la maladie. Le premier volume est d'ordre purement scientifique; les deux autres seront essentiellement pratiques. Dans le premier volume, déjà paru, l'auteur étudie les principaux aliments dans leur mode de formation, leur constitution chimique, leur évolution dans l’orga- nisme humain. Il montre comment le végétal constitue les aliments organiques que, par des modifications en sens contraire, l'animal doit minéraliser. Toutes les transformations synthétiques et analytiques qui se passent dans l° organisme végétal, puis dans l'organisme animal, sont exposées en détail, ce qui permettra ultérieurement de suivre de près les étapes successives du travail de la nutrition. Ce premier volume réunit une foule de notions utiles à connaître pour celui qui veut étudier l'alimentation. Son grand intérêt scientifique vient de ce qu'il est écrit avec une connaissance approfondie de la Chimie biologique par un auteur qui, depuis de nombreuses années, consacre son temps à des recherches sur la nutrilion. MarcEL LaBBk, Médecin des Hôpitaux, Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris. 5° Sciences diverses Masson (Paul), Professeur à la Faculté des Lettres et à l'Institut Colonial de Marseille. — Marseille et la Colonisation française. — 1 vol. gr. in-8° de 589 pages, avec cartes, graphiques et photogravures. — Barlatier, imprimeur-éditeur, Marseille. 1906. Cet ouvrage est un monument élevé à la gloire de notre premier port de commerce, un juste tribut de reconnaissance payé à ses armateurs et à ses indus- triels d'autrefois et d'aujourd'hui, pour tant d'actes d'initiative, tant d'efforts tenaces, courageux et sou- vent désintéressés, en vue d'aider à l'expansion fran- çaise. Les travaux bien connus de l’auteur sur l'histoire du trafic de la France dans le Levant et dans les Pays Barbaresques étaient de sûrs garants qu'un tel sujet serait traité avec une documentation ample, sûre et nouvelle. Et, de fait, M. Masson nous a donné un vaste et méthodique répertoire, d'esprit et d'’allure absolu- ment scientifiques, bien différent d’un livre ordinaire d'exposition. Tous ceux qui voudront aborder une étude de détail sur l'histoire commerciale de Marseille, et même sur la colonisation francaise en général, devront d'abord se reporter à cet excellent guide. Les successeurs et émules actuels des hardis pionniers provencaux des siècles passés y recueilleront d'utiles lecons de choses, en y voyant se former et se perpé- tuer les traditions auxquelles ils demeurent, malgré tout, si fortement attachés : de suivre à l'œuvre, dans ces pages, un Georges Roux, un André Brüe, un Jac- ques Rabaud, un Albrand, ou, plus près de nous, un Victor Régis, un Verminck, leur montrera ce que peut, contre les difficultés et les périls de tout genre, contre la mauvaise fortune, contre la concurrence vic- torieuse, contre l'indifférence ou l'hostilité de l'Etat, le dévouement intelligent et obstiné. Les quatre derniers c chapitres(pp. 466 et suiv.) ont un intérèt spécial pour le géographe. L'auteur y étudie la part prise par les négociants marseillais à la mise en valeur agricole de nos possessions, le développement à Marseille des industries qui dépendent du commerce d'importation et d'exportation avec les colonies, l'évo- lution même de ce double commerce, la part toujours grandissante que prend la « métropole coloniale de la France » dans notre mouvement d'expansion. J. Macnar. Docteur ès lettres, Professeur au Lycée de Bourges. CES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 4% Octobre 1906. 10 Sciences PHYSIQUES. — M. C. Stoermer montre que les oscillations élémentaires du magnétisme ter- restre de M. Eschenhagen pourraient être dues à des nuées de corpuscules venant, par exemple, du Soleil et se mouvant le long d’une trajectoire s'approchant d’une trajectoire périodique. — M. G. Arrivaut a isolé des alliages de manganèse et de molybdène trois constituants nouveaux : Mn°Mo, MnMo et MnMo*. Ce sont des poudres métalliques cristallines, gris d'acier, non magnétiques, attaquables par le chlore dès la température ordinaire. — MM. L.-J. Simon el Ch. Mau- guin, par l'action de KOH sur l'éther dihydrophényl- naphtoquinoléinedicarbonique, ont obtenu la phényl- naphtoquinoléine, G®H'Az, F. 188°-189°, et l'acide phé- nylnaphtoquinoléinecarbonique, C*H'*Az.CO°H, F.296°. — M. L. Guignard signale la présence de l'acide cyanhydrique chez une vingtaine de Rosacées nou- velles, de la tribu des Pirées et de celle des Spiréées. Ce sont presque toujours les feuilles qui fournissent la proportion la plus élevée d'HCAy. 20 SCIENCES NATURELLES. — M. A. Giard signale les ravages qu'exercent, dans les cultures de betteraves du Plateau central, les chenilles d’une Pyrale, le Loxostega sticticalis. I serait bon d’arracher aussitôt et de faire consommer par le bétail les betteraves atteintes; les fanes et déchets de betteraves malades doivent être brûlés; enfin, il faut recommander les soins culturaux les plus scrupuleux. — M. G. Odin est parvenu à transformer les spores de Sterigmatocystis versicolor et d' Aspergillus fumigatus en formes-levures stables. Les dernières sont douées de propriétés patho- gènes comme les spores originales. — M. W. Kilian à observé, en Haute-Tarentaise, près de Plan-de-Nette, sous une masse probablement charriée et repliée de schistes lustrés, des plis couchés vers l'Italie, à faciès brianconnais, probablement autochtones. — M. E.-A. Martel montre que, dans les régions dépourvues de terrains réellement filtrants et, par conséquent, de vraies sources, la recherche et l'application d'un effi- cace et définitif procédé de filtrage ou de stérilisation s'imposent absolument comme nécessité sociale et hygiénique. Séance du 8 Octobre 1906. M.le Secrétaire perpétuel annonce la mort de M. E.-G. Sire, Correspondant pour la Section de Mécanique. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. H.-G. Zeuthen pré- sente ses recherches sur le principe de correspondance pour une surface algébrique. — M. J. Janssen signale les travaux exécutés à l'Observatoire du sommet du Mont-Blanc pendant l'été 1906. — MM. Ch. Féry et G. Millochau ont cherché à déterminer l'émission calo- rilique du Soleil au moyen du télescope pyrométrique placé au sommet du Mont-Blanc. Les courbes obtenues concordent avec celle qu'on à construite d’après les nombres donnés par Wilson en 1894. — M. J. Guil- laume communique ses observations du Soleil faites à l'Observatoire de Lyon pendant le premier trimestre de 1906. La surface totale des taches a diminué de plus de moitié sur le précédent trimestre; la surface totale des facules a légèrement augmenté. — M. G. Le Cadet a observé l'éclipse totale de Lune du 4 août 1906 à l'Observatoire central de l’Indo-Chine, à Phu-Lien. Aussitôt après s'est produit un ruban de grains de plus de 100 kilomètres de longueur, accompagné de vio- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES T7 lentes rafales, de pluie et de manifestations électriqu 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. R. Legendre a délermim la teneur en acide carbonique d'un grand nom d'échantillons d'air marin, recueillis au large de côte bretonne, de Concarneau à Saint-Nazaire. chiffres sont très concordants et la moyenne est de 33,5 litres par 100 mètres cubes. -— M. M. Berthelot constaté que des cristaux de quartz améthyste nature décolorés par la chaleur, se recolorent sous l'action des radiations du radium. Le quartz fondu, amorplie Il en est de même pour la fluorine violette naturell avec le cristal ordinaire, Ces phénomènes sont att buables à la réduction par la chaleur, puis à la réoxym ion par induction du radium, des sels de mangax contenus dans ces corps. — M. L. Henry à préparé pinacone succinique (CH*}°.C(0H).(CH°}°.C(OH)(CH°}> pa action de CH°MgBr sur le lévulate d'éthyle. Sous Paction de HCI fumant, elle se transforme en dichlorhydrint F.66°-67, qui se décompose à l'ébullition. D'autre pa l'action de l'acide sulfurique étendu la convertit 8 oxyde de tétraméthylène tétraméthylé symétrique, Eb.116°-117. — MM. R. Lépine et Boulud mon{rent que le sucre virtuel du sang doit être constitué par une combinaison glycosidique ; en effet, sous l’action l'émulsine, qui dédouble plus spécialement les glyeo sides, on trouve une plus grande quantité de glycos dans le sang. — M. A. Boïidin rappelle qu'il a d montré l'année dernière que les phosphales polybà siques liquéfient les empois de fécule et de grains que l'empois fluide ainsi obtenu est sacchariliable pan des Mucédinées. — M. A. Mayer est amené à considéré les globulines comme des complexes insolubles l'albumine pure, analogues à ceux qu'elle forme avec métaux lourds ou des colloïdes positifs, les deux cat gories de substances jouissant des mêmes propriét — M. L. Robin décrit une méthode pour la recherel des falsifications du beurre à l'aide de la graisse de cocer et de l’oléo-margarine. Elle repose sur les différences de solubilité des acides gras de ces substances dans, l'eau et dans l'alcool. ; 3° SCIENCES NATURELLES. — M. E. Roubaud, en basant sur la forme extérieure du deuxième artiele du larse aux membres postérieurs, distingue, dans ler semble de la famille des Simuliides, deux types pri cipaux : les Pro-Simulium et les Æu-Simulium. M M. Ch. Janet a constaté, dans les muscles vibrateurs des ailes des Fourmis, l'existence d'un diaphragme mésonotal et d'un diaphragme métanotal non encore décrits jusqu'ici. — M. A. Gautier, à propos de la not récente de M. Mirande, rappelle qu'il a montré, il longtemps, que les blessures des feuilles de vigne dét minent la formation d'un pigment rouge imitant coloration automnale. — M. W. Lubimenko à constat que, sous l’action d'une faible lumière, les plantules di Pinus pinea transforment le glucose absorbé par elles dans le milieu nutritif, de façon à augmenter leur poids sec dans une grande proportion. À une intensité lune neuse plus forte, l'assimilation des sucres s'affaiblits. mais en même temps commence la décomposition de CO* par l'appareil chlorophyllien. — MM. F. Frech el | C. Renz montrent que le Trias est beaucoup mieux caractérisé en Grèce, par ses caractères paléontolo=, giques, que le Crétacique; il faut vraisemblablement lui rapporter nombre des marbres métamorphiques de ce pays. — M. A. Obrecht transmet quelques informaæ | tions sur le tremblement de terre du Chili du 16 août | 1906. D'après les premières indications du sismographe de l'Observatoire, qui se brisa dans la suite, la majeure ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 915 ie des oscillations horizontales avaient la direction ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 2 Octobre 1906. . le Président annence le décès de M. Léon Pru- membre de l'Académie. . À. Fournier présente quelques observations sur syphilis des femmes honnêtes. Sur 100 femmes lectées de syphilis, on en trouve environ 80 apparte- ant à la catégorie des irrégulières de tous ordres, et appartenant à celle des femmes honnêtes, des femmes ariées. La femme mariée reçoit la syphilis : soit d’un ari syphilitique avant le mariage (environ 70 °/, des cas), soit d'un mari qui a contracté la syphilis depuis bn mariage (30 °/, des cas). En général, la contamina- on se fait au cours de la première année qui suit le lariage, mais elle peut se faire deux, trois, cinq, voire pt et neuf ans plus tard. Plusdes deux tiers des maris ectés ont, en se mariant, une syphilis inférieure à ois ans d'âge. Donc es syphilitiques se marient, en énéral, beaucoup trop tôt, bien avant d'être redevenus noffensifs pour leur femme et leurs enfants. La te en revient : pour une part aux médecins, qui de- ent réclamer, des syphilitiques qui viennent les onsulter en vue du mariage, un stage minimum de Mquatre à cinq années (avec traitement sévère); pour la plus grande part aux malades eux-mêmes, qui par ïtérêt, insouciance ou ignorance, contractent le ma- age quand ils sont encore dangereux. — M. Kelsch ésente quelques réflexions sur la pathogénie et la ophylaxie actuelles du paludisme, Il se demande si mode d'infection par les moustiques porteurs d'hé- hatozoaires est tout. Il cite des exemples d'épidémies foudroyantes, fauchant des soldats terrassiers ou des Golons, épidémies qui parlent en faveur d'un rôle nocif “joué par la terre ou les poussières soulevées. IL fait emarquer, d'autre part, que les nombreux malades, enant des colonies et envoyés en convalescence dans coins les plus divers de la France, ne deviennent amais l'origine de foyers épidémiques, malgré la pré- ence de moustiques en nombre de ces points. Enfin, il rappelle les oscillations de virulence que subit la naladie dans les pays où elle sévit. Il y à donc, semble- il, des causes secondes, telles que l’échauffement de mosphère ambiante et les déplacements de terre, ont il faut tenir un grand compte. Séance du 9 Octobre 1906. M. N. Gréhant présente un Rapport sur un Mémoire de M. M. Nicloux relatif à son procédé de dosage du hloroforme dans le sang et dans les tissus. — M. A. ournier termine ses observations sur la syphilis des lemmes honnétes. Il insiste sur l'existence de contami- hations de la femme par le mari syphilitique en pleine ériode tertiaire à des termes {rès éloignés du mariage jusqu'à neuf ans après). Il y a donc lieu de faire l’édu- ontagion syphilitique tardive. En particulier, tout sujet syphilitique candidat au mariage a l'obligation morale, s'il est fumeur, et surtout grand fumeur, de enoncer au tabac, qui est par excellence un provoca- ur d'accidents buccaux très contagieux. Il y a mal- heureusement lieu de constater que toute femme Contaminée par son mari est condamnée, sauf excep- lions rares, à n'être que très insuffisamment traitée, ë reste par cela mème exposée aux dangers usuels des syphilis mal traitées. … SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES Séance du 31 Mai 1906 (suite). — MM. D. A. Welsh et H. G. Chapmann: Sur la source “principale de la substance précipitable et sur le rôle du Protéide homoloque dans les réactions de précipitine. Conclusions : 41° Le protéide homologue n’est pas » r tation des malades relativement aux dangers de la- entièrement enlevé du fluide surnageant d’une réaction de précipitine quand il est plus que suffisant ou insuf- fisant à neutraliser toute la précipitine présente; 2° La substance qui est éliminée de la solution dérive prin- cipalement de l’anti-sérum; 3° Le caractère d’un anti- sérum dépend de deux facteurs qui sont mutuellement indépendants : a) le contenu précipitable; b) sa préci- pitabilité; # Le contenu précipitable est indiqué par le précipité maximum obtenu d'une quantité donnée d’anti-sérum ; 5° Sa précipitabilité est indiquée par la quantité minimum de protéide homologue qui neutra- lisera complètement la précipitine dans une quantité donnée d'anti-sérum; 6° Le contenu solide d’un anti- sérum de précipitine est plus élevé relativement que celui du sérum naturel. Séance du 14 Juin 1906 (suite). MM. H.-E. Armstrong et E. Ormerod : Æ{udes sur l'action des enzymes. Il. Lipase, On sait que les agents hydrolytiques ordinaires paraissent agir plus rapide- ment sur les termes inférieurs d'une série de sels homologues. Pourquoi done les sels éthérés dérivant des termes inférieurs de la série de l'acide acétique sont-ils moins rapidement hydrolysés par la lipase que ceux des termes supérieurs? Les auteurs sont amenés à conclure que l'hydrolyse d'un sel éthéré par la lipase suppose l'association directe de l'enzyme avec le centre carboxylique, et qu'une telle association peut ètre empêchée par l'hydratation de ce centre : en con- séquence, les sels qui ont le plus d'attraction pour l'eau seront les moins rapidement hydrolysés. Les faits sont généralement d'accord avec cette théorie, la solu- bilité dans l’eau des sels-éthers diminuant lorsque la série progresse ; des sels comme le formiate et l'acétate d'éthyle tendent à former des hydrates en solution. Les différences observées entre les lipases animale et végétale tiennent plus aux variations de leur pouvoir d'émulsion qu'à des particularités inhérentes au lipo- claste. Séance du 24 Juin 1906 (suite). M. S. Young présente ses recherches sur l’opales- cence des fluides près de la température critique. Les expériences analogues de Travers et Usher ont été faites à volume constant, la température étant élevée très lentement. Dans les expériences de l'auteur, la substance était maintenue à la température critique, le volume variant de quantités égales. En voici les résultats : 1° Quand les observations sont faites pen- dant la compression, aucune opalescence n'est visible Jusqu'à ce qu'un volume défini soit atteint; l'opales- cence apparaît alors au fond du tube, c'est-à-dire juste au-dessus du mercure; si l'on comprime davantage, l'opalescence du brouillard devient plus dense ets’étend plus haut dans le tube; près du volume critique, le brouillard est très dense, surtout vers le milieu; si l’on continue à comprimer, le brouillard disparait en bas, mais devient plus dense en haut; la partie claire s'étend vers le haut et le brouillard disparait finalement au sommet du tube. Quand les observations sont faites pendant la détente, les phénomènes sont très analo- gues; toutefois, le brouillard est généralement situé plus bas dans le tube. > Les limites de volume entre lesquelles le brouillard a été visible sont à peu près les mêmes pour les quatre paraffines examinées, soit 1,17 ou 1,18 à 0,87 ou 0,88 (volume critique —1). 3° A des températures légèrement supérieures, le brouillard a été beaucoup moins dense et l'échelle des volumes plus restreinte. Il semble probable que la position de l'opalescence maximum dépend du volume, Séance du 28 Juin 1906 (suite). M. G. H. Hull a étudié l'influence des champs élec- triques sur les lignes spectrales. Toutes les expé- riences ont montré qu'un effet électrique analogue à l'effet Zeeman, s'il existe, est masqué complètement, dans les conditions où l’auteur s’est placé, par un élargissement des lignes spectrales. — M, W, B. Huff à 916 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES « déterminé la déviation électrostatique des rayons à du radio-tellure. Le plan général des expériences consiste à faire passer un faisceau de rayons entre deux plaques chargées, puis à le faire tomber sur une plaque de verre recouverte d'une couche mince de sulfure de zinc du côté qui reçoit la radiation. Une plaque photographique en contact avec l'autre côté de cet écran fluorescent est affectée par les scintillations et marque ainsi la position du faisceau. La déviation trouvée par l’auteur dans son appareil est de 0,66 mm.; elle correspond à une vitesse de la radiation de 1,41 X 10° et à un rapport e/m de 4,3 X 10* en unités élec- tromagnétiques. Ces valeurs sont considérablement moindres qué les quantités correspondantes pour le radium.— M. W. H. Logemanest parvenu à mettre en évidence la production de rayons secondaires par les rayons à du polonium. L'auteur constate d'abord que, dans les conditions ordinaires, c'est-à-dire en l’ab- sence d’un champ électrique ou magnétique, le polo- nium émet une plus grande quantité de rayons néga- tifs à que de rayons positifs «. Sous l'influence d’un champ électrique graduellement croissant, de plus en plus les rayons négatifs à mouvement lentsont arrêtés, et la charge portée par les rayons « devient de plus en plus prédominante. Une différence de potentiel de 10 volts entre un disque de cuivre A recouvert de polonium et un disque B d'aluminium est suffisante pour arrêter complètement les rayons à. Or, la valeur limite du courant positif entre À et B, quand les rayons à sont arrêtés par un champ magnétique, est seulement environ le 1/5 de celle qu'on constate quand on emploie un champ électrique pour arrêter les rayons à. Pour l'auteur, ce fait est inexplicable si l'on n'admet pas que le courant positif de À à B se com- pose de deux parties : 1° un courant de particules x allant de A à B; 2 un courant de particules secon- daires négativement chargées, allant de B à A. Dans le champ magnétique, ce dernier courant de particules négatives est dévié, comme les rayons à émis par le polonium, ce qui explique l’abaissement du courant limite. — M. O. W. Richardson a étudié l’ionisation produite par le platine chaud dans les différents qaz. L'ionisation positive, c'est-à-dire le nombre d'ions positifs produit par 4 cm. carré de surface de platine par seconde, possède une valeur minimum, qui dépend de la température et de la pression, dans la plupart des gaz. L'ionisation positive dans l'oxygène à basse pression (moins de { mm.) est plus forte que dans tous les autres gaz étudiés; jusqu'à 1.000, elle varie comme la racine carrée de la pression; à température plus haute et basse pression, elle varie à peu près comme la pression; à haute pression, et à toutes les tempéra- tures, la variation avec la pression est beaucoup plus lente. La valeur minimum de l'ionisation positive à une pression définie dans tous les gaz paraît être reliée à la température par l'expression 1 i—=A85%e Q/28 où 1 est l’ionisation, 0 la température absolue et A et Q des constantes. L'auteur suppose que l'ionisation posi- tive est causée par le gaz adsorbé par le métal et pro- portionnelle à la quantité adsorbée; il arrive à une formule que l'expérience vérifie. — M. J. A. Harker expose ses recherches sur léchelle thermométrique de Kew et ses rapports avec l'échelle internationale à Lydrogène. Y conclut que : 4° L'écart de l'échelle natu- relle du thermomètre à mercure à récipient en verre de Kew avec l'échelle du thermomètre à hydrogène international est très faible à toutes les températures : 2° Pour des mesures de différences de température sur des intervalles moyens, comme dans la calorimétrie, les résultats obtenus directement ou indirectement au moyen d’un étalon de Kew peuvent être considérés comme équivalents à ceux du thermomètre à hydro- gène sans l'application d'aucune correction. L'auteur donne une table des écarts moyens des deux échelles de températures, en millièmes de degré, entre 0% 100%, pour les thermomètres en verre de Kew, en vert dur français et d'Iéna. — MM. A. Harden et W.J Young : Le ferment alcoolique du suc de levure. Le co-ferment. Des expériences ont été faites st la nature de la substance dialysable, thermostablé, contenue dans le suc de levure, dont dépend la fl mentation du glucose par le suc de levure, et à laque on à donné le nom de co-ferment. Le résidu inactif, obtenu par la filtration du suc de levure à travers tm filtre de gélatine Martin, a été préparé sous forme solid! qui est tout à fait inactive lorsqu'on la dissout dam une solution de glucose, mais est rendue active par l'addition du filtrat ou de jus de levure bouilli. Quan une faible quantité de suc de levure bouilli est add tionnée à une solution de ce résidu inactif dans d glucose à 10 °/,, la fermentation commence et contin pendant une période variable avec la quantité ajoul de suc bouilli. La cessation de la fermentation pat être due à un changement dans le co-fermént, car dition d'une nouvelle quantité produit une répétti du phénomène. — MM. F. W. Mott, W. D. Hallibu ton et A. Edmunds communiquent leurs expérience sur la régénération des nerfs. Dans aucun cas on mn trouvé la moindre preuve d'une auto-régénération. faits observés, rapprochés de ceux qui ont été publi par Cajal, Langley, Anderson, apportent, d'autre pal une grande évidence en faveur de la doctrine walléæ rienne, suivant laquelle les fibres nerveuses nouvel sont des croissances des extrémités centrales des tron nerveux sectionnés. Les faits expérimentaux enregis trés par ceux qui, comme Bethe et Kennedy, professentt l'opinion contraire, sont susceptibles d’une explication aisée, dans le sens de celle de Langley et Anderson: c'est à-dire qu'on se trouve en face de connexions accidems telles et inobservées des segments périphériques avecde système nerveux central au moyen d’autres nerfs coupé pendant l'opération. Si l'on empêche une telle conne xion, la régénération réelle de la structure et la restaut tion des fonctions n'ont jamais lieu. — M. R. C.Pun communique ses recherches sur la détermination dl sexes chez les Hydatines. N montre que ni les modif calions de température ni celles de nutrition n'app@ tent une explication satisfaisante de la proportiom variable de femelles arrénotoques! qui peut se trouve dans différentes cultures d'Hydatines. Il y a, par conti une autre explication de ce phénomène, qui évite” nécessité de recourir aux influences externes. Il possible que certaines femelles possèdent la prop de produire des femelles arrénotoques dans un rappel défini, et d’autres de n'en produire aucune. L'autex arrive, en effet, à la conclusion qu'il existe trois typ différents de femelles thélytoques : 1° les unes qui pro duisent un fort pourcentage de femelles arrénotoqu 2 d'autres qui en produisent un faible pourcentagi 3° d’autres enfin, purement thélytoques, qui ne pre duisent pas d'arrénotoques. — M. W. B. Hemsley pl sente ses études sur un zouvel ordre naturel de plante les Julianiacées. comprend actuellement deux genres Juliania et Orthopteryqium, et cinq espèces. Ce son des buissons ou de petits arbres résinifères, à braneh tordues, décidués et dioïques, à feuilles alternées, san stipules, à fleurs vertes ou d'un jaune verdâtre. fruits, composés, sont de forme samaroïde ; les amande sont orbiculaires, biconvexes, à endocarpe très di Les Juliania sont confinées au Mexique dans les lo litées isolées ; l'Orthopteryqium n'a encore été trou qu'au Pérou, dans la province de Canta. Par leurs, affinités, les Julianiacées se placent entre les es e tte le um 2 dacées et les Cupulifères. .! Qui produisent des mâles par parthénogénèse, par op} 0 | sition aux femelles {hélytoques, qui produisent des femelles | par parthénogenèse. J | Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER. Paris. — L. MAaRETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. _ " + je 17 ANNÉE 15 NOVEMBRE 1906 ES DIRECTEUR : Revue générale Scien pures et appliquées LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. $ 1. — Astronomie « La vision des étoiles. — M. Flammarion a Constaté, depuis longtemps déjà, que les petites étoiles lise distinguent beaucoup mieux quand on ne les fixe il es directement : ce fait est actuellement bien connu. Mais il présente de curieuses exceptions ; l'une des plus intéressantes est relative àlavariable S Céphée. La question est assez complexe, puisqu'elle regarde en mème temps la Physique et la Physiologie : sans doute, Gest au centre de la rétine, sur la tache Jaune, que se fait seulement la vision distincte et que les objets ap- paraissent délinis avec leur maximum de netteté; ependant, cette région, la plus essentielle de notre æil, paraît moins sensible que le reste de Ja rétine quand il s’agit d'apprécier, non plus la forme, mais Péclat — du moins avec la ne blanche. Ainsi les petites étoiles ordinaires disparaissent quand leur Image vient se peindre sur la tache jaune. Le Dr E. Payen a suivi la région de S _Céphée pen- ci ses indications intéressantes mais il est bon de mentionner les curieuses conclusions auxquelles il barvient : 4° Les différentes parties de la rétine ont un maxi- um de sensibilité propre pour des longueurs d'onde ès diverses; tandis que l'ensemble de cet organe est plus sensible à la lumière blanche, la tache jaune, au ontraire, apprécie mieux les radiations rouges — 2issant ainsi à l'inverse de la plaque photographique. 2° La variable S parait tantôt plus, tantôt moins mineuse que ses voisines, suivant les parties de il sur lesquelles son image se projette. On conçoit äinsi très facilement pourquoi il se produit tant de divergences entre les astronomes quand ils comparent entre “elles des étoiles de diverses couleurs au point de photométrique : la divergence existant déjà dans S différentes parties d'une mème rétine, a fortiori puitelle se produire entre des organes et des observa- urs distincts. 3 Notre œil est un instrument plus parfait qu'on ne le pnse généralement : il se prête déjà sans le k L Bulletin de la Société Astronomique (1906, p. 315). + e REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. m1 | Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. L. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE secours d'aucun appareil à des analyses de lumière assez délicates. Ces considérations sont très intéressantes et néces- sitent un grand nombre de bonnes volontés éclairées, car il ne manque pas de points délicats à élucider. Au reste, le D' E. Payen conclut fort heuseusement dans un sens que nous avons bien souvent exposé et pour lequel nous sommes toujours us à combattre, à savoir qu'il ne faut pas renoncer aux observations visuelles, comme on le fait trop on pour s'en re- mettre exclusivement à lé photographie. L'antagonisme qui existe, dans une certaine mesure, entre les pro- priétés de l'œil et celles de l'objectif rend nécessaire le concours des deux organes : ils doivent se compléter, et non sexclure. 2. — Météorologie (V4) Un appareil à enregistrer les orages. — L'un des physiciens russes les plus éminents, M. A. S. Popoff, vient de mourir à Saint-Pétersbourg. Ce savant, comme on le sait, avait, un peu avant les expériences heureuses de M. Marconi, construit un dispositif très puissant de réception pour télégrammes sans fil ; aussi est-ce à lui que revient la priorité de cette invention, à moins qu'on ne veuille voir en M. Branly, qui inv enta le cohéreur, le promoteur de la télégraphie sans fil. Les expériences de M. Popoff sur ce sujet ont découlé d'un indicateur d'orages, imaginé par ce savant et cons- truit par lui sur le toit de l'Ecole Agronomique de la capitale russe. Nous donnons ci après une description de cet ingénieux appareil, d'après un article de M. C. Dee Kubic kit, publié dans le Western Electrician. et appareil consiste essentiellement en un relai et un PT conducteur. Une antenne, fixée au toit et sup- portée par des isolateurs, communique avec une pointe disposée à l'intérieur. Les ondes électriques pénètrent dans le sol, après avoir longé l'antenne etle radio-con- ducteur, rendant ce dernier bon conducteur de l’élec- tricité et permettant à une pile galvanique d'envoyer son courant vers le relai. Bien qu'étant d'une intensité faible, ce courant suffit à actionner le relai, qui, à son ! Western Electrician, 22 septembre 1906. 918 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE tour, ferme un circuit traversé par un fort courant, lequel, en agissant sur un style inscripteur, enregistre l’action des ondes électriques, tout en actionnant une sonnerie électrique. Le marteau de cette dernière, en frappant sur le cohéreur, interrompt le circuit, qui dès lors est prêt à enregistrer un autre train d'ondes. Cet appareil enregistre des décharges atmosphé- riques trop faibles pour être observées directement. Il permet de révéler l'existence d'orages éloignés de 30 milles anglais. $ 3. — Physique Expériences nouvelles sur la balance de torsion. — M. K. Gruhn!, l'inventeur du télautographe, vient de faire certaines expériences fort intéressantes sur la balance de torsion, expériences qui, semble-t-il, mettent en évidence l’exis- tence d'une forme jusqu'ici inconnue de l'énergie. Ces recherches nous paraissent devoir donner lieu à d’im- portantes découvertes en Physique et en Météorolo- gie : Dans un vase cylindrique (fig. 1) est suspendu, par un fil de soie écrue, une baguette en bois a, d'environ 60 mil- limètres de longueur. Ce vase, à fermeture étanche, est installé dans un endroit bien protégé, à la demi-obs- curité, où on l'abandonne à lui-mème jusqu'à ce que le fil prenne une position constante. Lorsqu'on approche du verre un morceau b de métal, de pierre ou de toute autre matière, la baguette est attirée lentement, atteignant sa déviation maxima en deux à trois minu- tes environ. D'au- tre part, après avoir retiré l’ob- jet D, on voit la baguette revenir à sa position ini- tiale, non pas instantanément, mais d’un mouve- ment lent, durant à peu près deux à cinq minutes. Or, ces effets ne sont point dus à l'électricité, com- me onserait tenté de le croire. Comme la force dont ils’agit dans ces phénomènes prend un certain temps à traverser le verre, l’auteur a essayé de réa- liser des effets instantanésen éliminant la pa- roide verre, Il fal- lait, cependant, écarter aussi cer- : tains effets per- turbateurs. C'est que, certains jours, la baguette sem- blait être sujette à des forces directrices variables. Aussi, afin d'éliminer toutes ces influences externes, et pour Fig. 1. — Expérience sur la balance de torsion. —- a, baguette en bois: b, morceau de métal ou de pierre. Fig. 2.— Balance de torsion perfection- née, — c, d, vases concentriques:; e,goupille métallique portant le fil f; g, aile de papier; h, baguette d'alu- minium ; ?, échelle en papier. ! Naturwissenschaftliche Wochenschrift, p. 498, 1906. faire voir l'impossibilité d'une hypothèse électrique, l'auteur à construit le dispositif suivant : Un petit vase € (fig. 2) était disposé au fond d'un autre plus grand d, auquel il était solidement attaché, l'intervalle étant rempli d'eau. Le couvercle du vase e était pourvu d'une goupille métallique e susceptibl de tourner, et portant une aiguille qui permettait d'im primer toute torsion voulue à un fil de platine f trè fin. Au bout de ce fil était attachée une aile de papier rectangulaire g, d'une longueur de 75 millimètres et. d'une largeur de 35 millimètres, imprégnée d’une solu* tion diluée de glycérine et de sel commun. Après avoir. séché, cette aile, en raison de sa faible teneur en humi= dité et en sel, était devenue conductrice de l’électri= cité, comme on le confirmait à l’aide de l'électroscopés Une échelle en papier 7, rendue conductrice de la mème manière, était attachée à l’intérieur du vase e, où ell permettait de lire les déviations de l'aile. Le couverclen du vase intérieur était pourvu d’une ouverture d'en viron 12 millimètres de diamètre, à travers laquelle a pouvait introduire des baguettes de différentes subs tances. Or, dans cet appareil, l'aile de papier restait très sensiblement au repos, sans qu'il y eût de force extérieure appréciable pour l'orienter. Cet appareil. devait, cependant, être éloigné de la fenêtre, car lan lumière produisait une déviation très considérable orientant l'aile dans la direction des rayons du soleil, bien que tout rayonnement calorilique füt absorbé dans l'enveloppe aqueuse. | Or, en introduisant dans ce vase une baguette d’alu= minium de 7,5 millimètres de diamètre, on voit l'aile de papier être attirée immédiatement sans qu'il y ait le moindre retard, la déviation étant de plus de 3004 Après avoir été abandonnée à elle-même pendan quelque temps, l'aile retourne cependant vers sa posis= tion initiale, tout en laissant une déviation d'environ. 10°, Ayant ensuite retiré la baguette, on a répété lex= périence, la baguette étant reliée à l'aiguille par un fil 4, et le système tout entier se trouvant mis à la terre. Comme les phénomènes maintenant constatés étaient exactement les mêmes, il semble qu'on doive écarter toute hypothèse d'un effet électrique. En rem= plaçant l’aile de papier par d’autres substances, on à observé des effets tout analogues, bien que d’une inten= sité dépendant de la matière. Comme, cependant, même avec une aile donnée, l’on constate des différences notables, suivant le jour de l'expérience, l’idée se pré sente à l'esprit que les conditions atmosphériques exercent une influence spécifique, d'autant plus que l'attraction se change mème quelquefois en répulsions Cette hypothèse a été confirmée par des expériences spéciales, démontrant que les phénomènes en questions. ne sont dus ni aux courants atmosphériques, ni à un» effet direct des rayons caloritiques. Les différences de température augmentent, cependant, leur intensité dans le cas d’une attraction aussi bien que dans celui d'une, | répulsion. n | Ces phénomènes sont quelque peu analogues à ceux. | qui se produisent dans le cas du radiomètre des | Crookes, dont le fonctionnement est loin d’être ex= pliqué par l’une quelconque des forces connues. À Pour interpréter les phénomènes observés par lui même et inçcidemment ceux du radiomètre, M. Grubhn émet l'hypothèse que l'atmosphère contiendrait au moins deux fluides différents pénétrant tout, et que sont capables d'exercer les actions précédentes d'une facon analogue à quelque sorte d'électricité à écoule= mentlent, et par rapport auxquels il n'y aurait pas d’isos lateurs ni de conducteurs. Tout en n'étant pas nécess sairement accompagné d’un échange de chaleur, le mouvement de ces fluides impondérables est accéléré par un échange pareil. On pourrait citer, comme offrant certaines analogies avec les faits précédents, les phénos mènes de radio-activité, que M. Gruhn ne veut cepen- dant pas voir confondre avec les premiers. Les influences exercées par les conditions atmosphé- riques sur les phénomènes en question sont tout Spéz CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 919 4 œialement intéressantes, et, comme chaque condition _ «donnée présente quelque effet spécifique, il paraît que ce dispositif pourrait être utilisé pour la prédiction du … temps. M. Grubhn termine en citant une observation faite par le célèbre mathématicien Gauss, et qui n'a jamais - été expliquée d'une facon satisfaisante : Les oscilla- &ions d'une barre magnétique d'un poids de 25 livres, - suspendue par un fil, se trouvaient amorties bien plus rapidement par un beau jour que pendant le mauvais temps. $ 4. — Électricité industrielle Nouvelle méthode de télégraphie sans fil. — Une nouvelle méthode de télégraphie sans fil, per- ‘mettant d'accorder avec une précision inouïe les appa- reils de transmission et de réception, vient d’être ima- -ginée par M. V. Poulsen, l'inventeur bien connu du télégraphone. Dans ce nouveau système, tout appareil -de transmission peut être ajusté pour rendre un nombre quelconque de vibrations électriques (jusqu'à un demi- million par seconde). Les appareils de réception, par- faitement à l'unisson avec l'appareil transmetteur, peuvent seuls enregistrer les télégrammes émanant .de ce dernier. Pour ajuster son appareil, le télégraphiste n'a qu'à consulter une liste indiquant le nombre de vibrations qui correspond à la station de destination. } Suivant une notice récemment parue dans la presse technique scandinave’, M. Poulsen vient d'exposer, avec démonstration expérimentale à l'appui, son nou- veau système devant une réunion d'ingénieurs danois; d'une station érigée dans les environs de Copenhague —… ila expédié des télégrammes à la station d'Esbjerg, en —…._ Jutland, à une distance de 38 milles danois, et a immé- —._ diatement recu de cette seconde station un accusé de réception de ses dépêches. En construisant son appareil, M. Poulsen s'est basé sur le phénomène bien connu de l'arc musical, décou- vert par M. Duddell : Toutes les fois qu'un condensa- teur relié en série à une bobine est disposé en shunt par rapport à un arc électrique, le circuitde la dynamo contenant uneself-induction des oscillations électriques -se produisent dans le circuit formé par l'arc et le shunt. M. Duddell se servait d’un circuit comprenant un con- densateur et une self-induction, d’une faible résistance -ohmique. Dans ce dispositif, l'arc voltaique se trouve, sans action extérieure, rendre un son très distinct et extrêmement clair, dont la hauteur est déterminée par … Ja capacité et la self-induction du circuit. Un son ana- … logue se produit, du reste, dans un circuit ne renfer- . mant qu'une capacité insérée dans le shunt, les con- —…_nexions du condensateur comprenant toujours une certaine self-induction. Dans l'arc musical, on engendre des courants rapide- ment oscillants de 30.000 à 40.000 périodespar seconde. — Or, ce phénomène ne se produit d'ordinaire qu'avec -des courants de faible intensité (1 à 5 ampères), ali- mentant l'arc voltaique. Dans l'invention de Poulsen, on se sert cependant d'arcs voltaiques dans une atmo- sphère d'hydrogène pour produire dans le circuit du condensateur des courants alternatifs de grande inten- j -sité. En employant la self-induction de ce circuit comme l'un des enroulements d’une bobine d'induction, “on peut transmettre le courant alternatif au circuit télégraphique et le faire servir dans ce dernier. Les électrodes consistent respectivement en cuivre et en -charbon de bois; on aspire un hydrure à travers les parois du charbon dans l'arc voltaique où il est vaporisé. L'impulsion produisant les oscillations est due aux variations de la tension de l'arc, qui est toujours plus ou moins instable. Ces phénomènes, M. Poulsen vient -de le constater, sont renforcés lorsque avec un électro- saimant on souffle sur l'arc, qui prend alors une lon- 4 Elektroteknisk Tidsskrift, n° 26, 1906. gueur plus grande et, par là, une résistance plus consi- érable. C'est ainsi que M. Poulsen a réalisé, en partant de courants continus, de fortes oscillations électriques d'une amplitude constante, tandis que les oscillations employées dans la télégraphie sans fil ordinaire ont une amplitude initiale considérable, mais qui va gra- duellement en diminuant. F Les expériences jusqu'ici faites entre les deux sta- tions précitées ont donné des résultats très satisfai- sants ; on espère même pouvoir franchir l'Atlantique ai moyen de ce nouveau système de télégraphie sans fil. OI $ 5. — Chimie Les effets chimiques des rayonnements à ondes courtes sur les corps gazeux.— Lorsqu'on soumet l'oxygène dans un tube ozoneur de Siemens à l’action d'une décharge électrique silencieuse, cet oxygène est converti en ozone jusqu'à une teneur bien définie pour des températures et des pressions données. Comme l'a fait voir M. Warburg, l'effet ozoneur de la décharge se complique, en effet, d'une action antago- niste, déterminant le maximum de la teneur en ozone. Le processus se passant au sein d’un ozoneur ne peut pas s’assimiler à une électrolyse simple, la quantité d'ozone n'étant point donnée par les lois de Faraday. Bien au contraire, il faut, dans la décharge silencieuse, pour former un gramme-équivalent d'ozone, une quan- tité d'électricité de 193 à 1.000 fois plus petite que dans l’electrolyse. M. Warburg est d'avis que la formation d'ozone dans les décharges silencieuses doit être consi- dérée comme un effet pholochimique ou cathodochi- mique. Or, M. Lenard a déjà démontré l'effet ozoneur qu'exercent les rayonnements ultra-violets à ondes courtes. Comme la formation d'ozone produite par les décharges silencieuses s'accompagne toujours d'une luminescence du gaz, comprenant des rayons ultra- violets, il n’y a pas de doute qu'on ne doive tenir compte de l’action ozonisatrice de ces rayonnements comme d’un des facteurs ozoneurs en présence. Sur le conseil de M. Warburg, M. E. Regener ‘ vient de vérifier les effets antagonistes des rayonnements ultra-violets en confirmant par là l'explication de ce savant. Le dispositif dont se sert l’auteur se compose essen- tiellement d’un tube ozoneur en verre de quartz, per- méable aux rayons ultra-violets et scellé à un autre tube plus large, de facon à laisser un intervalle annu- laire. Après avoir pourvu ce tube d'une double armature intérieure et extérieure, on pouvait ozoniser l'oxygène qu'il contenait, au moyen de petites bobines d'induc- tion. Lorsqu'on ôtait les armatures, on pouvait disposer à l'intérieur du tube un exploseur, servant de source de lumière ultra-violette. L'ozonisation a été déterminée par la diminution de volume dont s'accompagne la transformation de l'oxygène en ozone. Voici les prin- cipaux résultats trouvés par l’auteur : Il existe un effet antagoniste des rayons ultra-violets à courte longueur d'onde; on peut déterminer l'état d'équilibre qui s'établit entre cette action antagoniste et l'effet ozoniseur. On constate que ce sont les rayons d'une longueur d'onde inférieure à 200 # qui exercent un effet ozoniseur, tandis que ceux dont la longueur d'onde correspond à l'absorption de l'ozone (aux envi- rons de 257 y\ ont une action antagoniste. Ces phéno- mènes dépendent, d'ailleurs, de la température et de la désozonisation spontanée. Les rayonnements ultra-violets à courte longueur d'onde se trouvent décomposer l’'ammoniaque et l'oxyde et le protoxyde nitriques. D'après les résultats précédents, démontrant un concours entre les effets chimiques de la décharge silencieuse et ceux des rayonnements ultra-violets, 1l t Annalen der Physik, n° 10, 1206. 920 CHRONIQUE ET CORRESPON faut s'attendre, dans d'autres cas où la décharge silen- cieuse exerce des effets chimiques, à ce que les mêmes phénomènes soient produits par la lumière ultra-vio- lette. Or, les effets chimiques en question sont des plus variés, presque tous les gaz ou mélanges de gaz capables d'une réaction chimique .quelconque étant modifiés par leur action. Les maladies microbiennes des vins de Champagne. — Nous recevons de M.J. Cordier Ja lettre suivante : « Monsieur le Directeur, « En réponse aux observations de MM. Kayser et Manceau au sujet de mon article paru dans la Revue générale des Sciences du 15 septembre, je commen- cerai par faire remarquer que les levures de lévulose, à moins qu'on ne les prenne dans les crus du Midi, ce qu'un Champenois n'acceplera jamais, n'existent pas en Champagne, pour la bonne raison que nous n'avons qu'une seule levure vraie. C'est cette levure principale que nous avons cherché à acclimater depuis deux ans au moins au lévulose. La levure brune surajoutée d'Ay, la moins sauvage de noslevures champenoises (car nous nemanquons pas plusici qu'ailleurs de levures sauvages: Torulas, Dematium, etc.), semblant si précieuse pour les tirages à cause de ses qualités agglutinantes, nous laisse constamment au moins un quart de sucre inaltéré et ne saurait convenir seule à la manutention. La bio- logie viticole de notre Champagne est tout à fait diffé- rente de celle des régions du Midi; il faut avoir vécu de nombreuses années en Champagne pour la bien connaitre. Je l'ai montré tout récemment en fournis- sant l'explication du vin de Champagne « naturelle- ment mousseux ». « La question du lévulose résiduel de la fermentation alcoolique doit être seule retenue. Or, en ce qui con- cerne la question de priorité relative au rôle du févulose résiduel dans le développement de la graisse, M. Kayser, dans une lettre qu'il m'écrivait récemment, fait remon- ter, ce qui est d'ailleurs très vraisemblable, à Pasteur la notion de la moindre fermentescibilité du lévulose sur le glucose, et de la présence en majorité du pre- mier de ces sucres dans les résidus de la fermentation alcoolique. Pasteur suivait, comme nous l'avons fait nous-même après lui, les progrès de ses fermentations au polarimètre, et il s'était certainement apercu du changement de sens dans la rotation finale. Un peu avant que celte rotation lévogyre n’atteigne son maxi- mum, on peut déféquer le liquide, l'évaporer dans le vide, et en retirer, comme nous l'avons fait sur un vin de 1895 qui en renfermait encore 12 grammes par litre, 50 grammes environ de lévulose déjà suffisamment pur et facile à caractériser comme tel. Si l'on veut des chiffres, ils sont faciles à se procurer et ne peuvent servir à grand'chose. C'est depuis deux à trois ans que je possède notre levure principale à laquelle il n'a été fourni, sur milieu solide, qu'un peu de lévulose pour son alimentation hydrocarbonée. « À qui revient le mérite dela conception du rôle du lévulose résiduel sur la graisse? Laïssons, comme tou- Jours, ce point à une saine bibliographie; il n'a d'ail- leurs conduit qu'à conseiller des fermentations aussi complètes que possible, point sur lequel, pour de mul- tiples raisons, tout le monde était déjà d'accord. « On me reproche également de ne pas avoir con- tinué mes essais de culture dans le milieu que je recon- nais, d’ailleurs, être le plus intéressant : le vin: ils ne devaient amener que des résultats sans importance. Certes, la graisse aime autant les matériaux azotés appropriés que les autres bactéries, et ce n'est pas dans un liquide aussi pauvre en azote — 33 à 45 centi- grammes par litre —qu'il faut faire des ensemencements — dont il faut attendre au minimum un ou deux mois les résultats — si l’on ne veut point s'endormir dès le premier passage. Si l’on ajoute quelque chose, notam- ment des peptones, alors ce n'est plus du vin: aussi, ce n'est pas avec ce liquide que j'ai réussi à reproduire l'état filant par l'action de la graisse ancienne. Lan microbiologie pathogène nous montre un fait analogue. très démonstratif : ce n'est qu'en présence de certaine matière albuminoïde d'origine humaine que le pneu= mocoque confectionne sa belle capsule; la graisse, elle a besoin surtout d'albumine végétale coagulable:; mais je ne veux point empiéter ici sur des travaux en cours” « Veuillez agréer, etc. « J. Cordier. « Directeur du Laboratoire de Microbiologie de la Marne ms $ 6. — Biologie L'action de lémanation du radium sur le corps humain. — D'intéressantes expériences vien- nent d'être faites par M.S. Loewenthal!' pour déterminer si le corps humain dans une condition, soit saine, soil. morbide, subirait une action constante de la part de petites quantités de l'émanation du radium. Des doses déterminées d'émanation étaient fournies à la personne en expérience par des voies différentes; de l’eau servai de support à l'émanation émise par { gramme de car= bonate de radium-baryum renfermant 0,3 milligramme de bromure de radium. La matière radio-active, enve= loppée de parchemin, était renfermée dans un peti flacon de verre introduit dans un vase plus grand de verre, qui contenait un quart de litre d'eau ordinaire, le flacon étant imperméable à l'air. La quantité absorbée d'émanation était déterminée au moyen d'un électro= scope Elster-Geitel. Des expériences faites sur l’eau renfermant l'émana= tion avaient donné une chute moyenne de potentiel de 1.000 à 1.500 volts par heure et par centimètre cube, suivant la consommation plus ou moins rapide. Des quantités données de ce liquide ont été fournies à la personne en expérience par des voies différentes. Afin de déterminer la dose admissible maxima qui, dans le cas de personnes saines, reste sans action nuisible, l’auteur s'est basé sur le fait que le corps de ceux qui s'adonnent à de fréquentes expériences sur le radium accumule des quantilés considérables d'émanation, qu'on retrouve dans l'air expiré ou dans l'urine de la personne. Les expériences qu'il a faites sur lui-même ont fait voir à M. Loewenthal qu'un minimum de 10.000 unités (= 10 centimètres cubes d'eau à émana- tion) doit être incorporé au corps pour pouvoir être retrouvé de la manière indiquée, l'absorption de ces 10.000 unités correspondant, après une heure, à la sécrétion de 14,2 unités par litre d'urine. L'auteur n'a constaté aucun trouble subjectif ou objectif chez les sujets de ses expériences; des recher= ches étendues à des lapins et à des chats ont donné les: mêmes résullats négatifs. Les faits qu'on constate dans le cas des personne malades sont, au contraire, nettement différents. En vue de trouver la cause des elfets spécifiques que les sources: thermales exercent sur certaines maladies chroniques des articulations, ete., M. Loewenthal a commencé par des expériences sur des personnes affectées de rhuma= tisme des articulations, en ayant soin de se limiter à des sujets chez lesquels une condition stationnaire s'était depuis longtemps établie. Dans chacun des onze cas examinés par l’auteur, 185 douleurs ont augmenté, le jour même de l'expérience, dans les parties autrefois affectées; l'expérience élait faite avec 10.000 unités. Cette réaction constante rap= pelle d'une facon frappante la réaction balnéaire observée, comme on le sait, dans les stations à source thermale, réaction que, à tort ou à raison, on consi=M dère en général comme un signe favorable qui précède la guérison. L'analogie entre les deux réactions devient encore plus frappante quand on ajoute de l’eau à émas nation aux bains indifférents ordinaires. L'émanation, l’auteur le constate, est essentiellement absorbée par la respiralion des poumons. * Physikalische Zeitschrift, n° 16, 1906. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 921 ñ | € D . Ces recherches conduiront, semble-t-il, à une appli- cation plus rationnelle et à un dosage plus parfait des eaux thermales. | $ T. — Sciences médicales La guérison histologique de la méningite … cérébro-spinale". — La méningite cérébro-spinale “peut-elle guérir complètement sans laisser après elle aucune trace, aucune lésion scléreuse ou cicatricielle des méninges? Une observation récente de M. Gaussel démontre qu'il peut en êlre ainsi et que le pronostic “éloigné de cette maladie n'est pas fatalement aussi grave que certains cas malheureux l'ont laissé supposer. - L'observation de M. Gaussel concerne une femme qui fit, en 1903, un premier séjour à l'hôpital pour une méningite cérébro-spinale à méningocoques. Celte malade à parfaitement guéri; pendant un an, son état général a été excellent. Puis elle à commencé à tousser, elle a maigri, ses forces ont diminué, et en huit mois elle à été emportée par la tuberculose pul- monaire. L'autopsie a démontré l'intégrité absolue de son système nerveux. L'examen histologique des fragments d'écorce céré- brale, de moelle, de racines rachidiennes, de méninges, prélevés chez cette femme, à démontré qu'il y avait eu restitulio ad integrum et que le tissu nerveux et ses enveloppes avaient repris leur slructure absolument “normale, ce qui cadrait parfaitement avec l'absence de tout reliquat pathologique à la suite de la méningite —… cérébro-spinale antérieure. Donc, une méningite ne transforme pas forcément l'axe cérébro-spinal en un /ocus minoris resistenliæ ; «elle n'est peut-être pas une cause d'appel nécessaire - pour la localisation sur les centres nerveux d’intoxica- … tions et d'infections ultérieures. $ 8. — Géographie et Colonisation Le programme scientifique de la Mission de délimitation Niger-Tehad (Mission Tilho). _— Une première délimitation de la frontière anglo- « française du Niger au Tchad avait élé faite, de 1902 à 1904, par une Commission anglo-francaise, dirigée, comme on sait, pour la partie française, par le Com- … mandant Moll?. La Commission avait eu à fixer sur le : terrain la limite de la Nigeria et du Soudan telle qu'elle avait été déterminée par la Convention du 14 juin 1898. Mais, au moment où elle venait d'achever ses travaux, intervenait l'accord franco-anglais du 8 avril 1904, qui prévoyait une rectification de cette frontière très désa- vantageuse pour la France. D'après la Convention de 1898, l'unique route qui nous était laissée entre le “Niger et le Tchad se trouvait coupée par de vastes espaces désertiques qui la rendaient impraticable pen- dant les deux tiers de l’année et obligeaient nos con- vois à emprunter le territoire britannique ; le nouveau “tracé, au contraire, établi par une Convention signée à «Londres le 29 mai 1906, nous donne la grande route commerciale du Niger au Tchad, qui part de Say et, par Zinder, aboutit au lac, vers Bosso. C’est pour tracer sur les lieux mêmes les parties de la frontière qui ont été rectifiées que vient d'être envoyée en Afrique une Commission mixte, dans laquelle la délégation francaise est commandée par le Capitaine Milho, qui avait fait partie comme second de la Mission Moll, et la délégation anglaise par le major du génie 0'Shee. Maïs, si l'abornement de la frontière est l’objet essentiel de la Mission francaise, ses travaux ne doivent pas se limiter aux opérations qu'il comporte. La Mis- Sion dont le Capitaine Tilho a la direction a été orga- nisée, en effet, en mission scientifique et a été chargée, EE — ! Revue Neurologique, 30 janvier 1906. * Revue générale des Sciences, 1905, p. 716. indépendamment des travaux de délimitation, de l'étude de nombreuses questions scientifiques du plus haut intérêt et dont quelques-unes présentent des consé- quences praliques immédiates. Nous donnerons un rapide aperçu de ce programme scientilique de la Mission. La frontière et toutes les régions l’avoisinant seront l'objet d'une étude cartographique détaillée, compor- tant tous les itinéraires topographiques possibles, basés Sur un canevas de points astronomiques déter- minés par les méthodes les plus précises de la Géodé- sie de campagne. Ce canevas devra se relier à celui qui a été établi de 1903 à 1905, pour l’ancienne fron- üière, par la première mission de délimitation. Les conditions climatériques du territoire de Zinder seront étudiées d'après les règles posées pour ce genre d'observations par M. Angot, chef du Service de la Météorologie au Bureau central météorologique de France. l La Mission procédera à la mesure des divers élé- ments du magnétisme terrestre depuis la côte du Daho- mey jusqu'au Tehad. Ce travail, qui n'a jamais été entrepris, présentera un intérêt scientifique tout par- ticulier, en raison de la proximité de l'équateur magné- tique, que la Mission coupera sans doute à plusieurs reprises. Il sera exécuté d'après les méthodes préconi- sées par M. Moureaux, directeur de l'Observatoire du Parc Saint-Maur. Les travaux d'’abornement et de cartographie incom- beront plus particulièrement au chef de la Mission, assisté, selon les besoins, des divers officiers qui l’ac- compagnent; les travaux astronomiques, météorolo- tiques et magnétiques seront confiés au lieutenant de vaisseau Audoin, assisté du lieutenant Lauzanne. Pour les études de Géologie et de Minéralogie, la Mission s'est adjoint M. Garde, licencié ès-sciences, préparateur de Géologie et de Minéralogie à l'Univer- sité de Clermont-Ferrand. Les territoires entre le Niger et Zinder n'ont été jusqu'ici l’objet d'aucune étude géo- logique rigoureuse. Les échantillons rapportés par la Mission Moll ne peuvent donner qu'une idée très incomplète de la géologie de la région; mais ils mon- traient déjà tout l'intérêt que cette étude pouvait pré- senter, à condition d’être effectuée par un spécialiste capable de juger sur place des caractères généraux du terrain et de recueillir les échantillons spécifiques de chacun de ses éléments. L'hydrographie du lac Tehad figure parmi les plus importants des sujets d'étude portés au programme de la Mission. Ce ne fut guère qu'à partir de 1901, lorsque la situation devint meilleure autour du Tchad, que l'on put commencer à recueillir des renseignements précis sur son hydrographie, ses iles, ses habitants. Nous rappelons que ce furent le lieutenant-colonel Destenave et les officiers placés sous ses ordres qui entreprirent l'étude du lac Tchad suivant un programe établi sur l'initiative de M. A. Le Chatelier, avec le concours de M. Olivier, directeur de la Revue générale des Sciences". Les travaux hydrographiques du lieute- nant de vaisseau d'Huart et les levés des officiers per- mirent l'établissement d'une carte topographique et bathymétrique qui modifiait déjà considérablement les contours du lac. A son tour, la Mission Moll, qui fit la première déli- ! Lieutenant-colonel Desrexave : Le lac Tchad (Revue generale des Sciences pures et appliquées, 1903, p. 649-662 et 717-527, avec carte hors texte); C. R. : Reconnaissance géographique de la région du Tchad par le lieutenant-colo- nel Destenave et par les officiers placés sous ses ordres (La Géographie, 1er sem. 1903, t. VII, p. 157-161); DESTENAVE : Exploration des iles du Tehad (/bid., p. 421-425 avec carte hors texte); Lieutenant-colonel DEsrexAvE : Deux années de commandement dans la région du Tchad (Revue de Géogra- phie, 2e sem. 1903,t. LIT, p. 4-13); Capitaine J. TrurrERr: Région du Tchad, le Bahr-el-Ghazal et l'archipel Kouri (Rev. de Geogr., 1* sem. 4903, t. LII, p. 481-502, et 2e sem. 1903, t. LIT, p. 14-35, avec cartes hors lexte). 992 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE mitation Niger-Tchad, se trouva amenée, elle aussi, vers le grand lac africain. L'étude du lac Tehad fut de nouveau reprise par le capitaine Tilho, second de la Mission, et par le lieutenant de vaisseau Audoin. Ce sont ces mêmes officiers qui, l’un chef, l’autre membre de la nouvelle Mission de délimitation Niger-Tchad, vont continuer et compléter les études qu'ils ont com- mencées. On à appris que de nouveaux changements se sont produits dans la configuration du lac depuis que la carte en à élé dressée par le capitaine Tilho, donnant son aspect général à la fin d'avril 1904*. Cet officier a pu constater, au cours de sa précédente exploration, que la diminution de la surface liquide du lac se manifeste sur toute son étendue; on avait eru, au contraire, pendant longtemps, que le lac, se desséchant peu à peu vers l’est, allait en progressant sur sa côte occidentale. M. le lieutenant de vaisseau Audoin a dit aussi que l’asséchement est facile à constater dans toutes les parties du Tchad. D'après lui, la nappe d’eau subit une perte réelle de0®,15 environ au cours d’une année de crue moyenne. Il sera intéressant de vérifier si l'assé- chement du lac persiste d'une facon régulière et con- tinue à se manifester sur toutes ses rives, et de faire une étude cartographique des modifications qui ont pu se produire. En même temps, des recherches méthodiques seront faites sur l’ichthyologie du lac Tchad et sur la salinité de ses eaux. Ces recherches seront faites d’après les méthodes préconisées par M. Gruvel, professeur à la Faculté des Sciences de Bordeaux, qui a été récemment chargé de l’organisation des pêcheries de la Côte occi- dentale d'Afrique. Le poisson vit en grande quantité dans les eaux du lac et il entre pour une part impor- tante dans l'alimentation des insulaires et des rive- rains?; il est intéressant d'examiner dans quelle me- sure l'industrie de la pêche peut être développée et contribuer à accroître la richesse du pays. Quant à la salinité des eaux du Tchad, c'est une question qui a été l’objet d'opinions diverses et de débats confus, et il est utile qu'elle soit scientifiquement étudiée. A la Mission du capitaine Tilho est adjoint un mé- decin, le D' Gaillard, des troupes coloniales, qui sera chargé des études médicales et des recherches micro- biologiques. Outre les soins médicaux et les conseils d'hygiène qui seront prodigués aux indigènes sur tout le parcours de la Mission, celle-ci se propose d'apporter une contribution à l'étude de certaines questions médicales actuellement à l’ordre du jour : trypanoso- miase ou maladie du sommeil, filariose, spirillose, syphilis et lèpre de ces pays. De plus, des documents microbiologiques seront rapportés sur les épizooties qui ont décimé, pendant ces temps derniers, presque tous les troupeaux de cette partie de l'Afrique. Les études anthropologiques, ethnographiques et his- Jean Timo: Exploration du lac Tchad (La Géographie, 15 mars 1906, p. 195-214, avec carte hors texte). Voir aussi Auvonx : Notice hydrographique sur le lac Tchad (La Géo- graphie, 28 sem. 1905, t. XII, p. 305-320). * Dr J. PecceGnin : La faune ichthyologique du lae Tchad et du Chari (Bull. du Congrès de Zoologie de Berne, 1904, n° 5, p.17,et Compte rendu du Congrès de Zoologie de Berne, 1904, p. 608). — On trouvera aussi des indications sur les prin- cipaux poissons que pêchent les Kouris, indigènes des archi- pels orientaux du lac, dans l'article précité du capitaine Lruffert (Revue de Géographie, 2e sem., 1903, p. 25). toriques incomberont plus particulièrement au Dr Gail- lard. Des mensurations, des pièces anatomiques, des photographies et des observations de tout genre seront réunies et permettront de donner une étude appro- fondie de toutes les races situées à proximité de la frontière. Le capitaine Tilho complètera aussi les études linguistiques qu'il avait entreprises dès la pré- cédente Mission. Les recherches concernant la Zoologie et la Botanique seront effectuées par M. Garde et le Dr Gaillard. Il sera fait des collections zoologiques diverses, d'insectes no- tamment, et, en particulier, de mouches et de mous- tiques, en vue de l'étude des maladies que ces animaux inoculent. Un herbier sera constitué et il sera entrepris: des études au sujet des plantes industrielles, alimen- taires et médicinales de la région. MM. Garde et Gaillard feront aussi des analyses d’eau, principalement de celles qui sont soupçonnées de véhiculer les germes de certaines maladies propres à l'Afrique, comme la filariose, ainsi que des eaux sulfu- reuses, ferrugineuses, saumâtres, et des eaux des puits” et mares de la région parcourue. La durée des travaux sur le terrain ne dépassera pas treize mois. Partie de Bordeaux le 25 octobre, la Mission française devra rencontrer la Mission anglaise à Ilo vers le 10 décembre. Du 15 décembre 1906 au 15 février 1907, elle compte opérer dans les sultanats du Kebbi et. du Maouri jusqu'aux environs de Matankari; du 15 fé- vrier au 15 mars, dans les sultanats de Konni et de: Sokoto; du 45 mars au 1°" mai, dans ceux de l’Adar, du Gober-Toudou et de Sabo-n'Birni. La Mission pour- suivra ses travaux en mai dans les sultanats du Gober et du Maradi; en juin, dans ceux de Tessaoua et de Katsena; en juillet, août et septembre, dans les sulta- nats de Zinder et de Kano et dans les principautés qui en dépendent; en octobre, dans le Manga, le Bornou septentrional et dans la vallée de la: Komadougou-Yobé.. Enfin, elle consacrera les mois de novembre et de dé- cembre à l'étude du lac Tchad et de ses archipels. Gustave Regelsperger. $ 9.. — Enseignement Bibliothèques universitaires. — Les Rapports sur le fonctionnement des principales bibliothèques universitaires françaises pour l'avant-dernière année scolaire donnent une idée de l’activité de nos jeunes universités. A Paris, la bibliothèque de la Sorbonne a été fré- quentée par 94.176 lecteurs, auxquels ont été commu niqués 314.974 volumes (contre 265.554, l'année précé- dente); quelques salles de lecture spéciales (salle Albert Dumont, etc.) ont recu plus de 15.000 lecteurs et. communiqué plus de 75.000 volumes; la bibliothèque de la Faculté de Médecine a recu 108.540 lecteurs et communiqué 155.450 volumes. A Caen : 18.448 lecteurs, 30.731 volumes commu- niqués, 6.975 prètés. La construction d'une nouvelle: bibliothèque est commencée avec le concours de l'Etat, du département et de la ville. A Grenoble, l'accroissement annuel est de 6.000: volumes, et plus de 16.000 volumes ont été commu niqués. A Toulouse, la bibliothèque possède actuellement 118.500 volumes; elle en communique 97.000 et en prête 18.000, ES +” A. LACROIX — L'ÉRUPTION DU VÉSUVE EN AVRIL 1906 9923 DEUXIÈME PARTIE Dans un premier article’, j'ai décrit les princi- ales caractéristiques de l’éruplion (épanchements de lave et phénomènes explosifs); je vais mainte- ant en étudier les autres manifestations, ainsi que la nature des produits de l'éruption. [. — LES FUMEROLLES. Les éruptions antérieures du Vésuve ont joué un ôle capital dans l’acquisilion des connaissances récises réunies aujourd'hui sur les fumerolles vol- caniques. C'est, en effet, sur ce volcan, ainsi qu'à J'Etna, que Ch. Sainte-Claire Deville et mon regretté aitre, M. Fouqué, ont exécuté la plupart de leurs beaux travaux sur les variations de composition des fumerolles dans le temps et dans l’espace (liaison entre la nature des produits émis par une fumerolle, sa position par rapport au centre éruplif et le temps écoulé depuis le début de l'éruplion). Palmieri a “complété ces données, établies surtout par l'étude des gaz, en précisant la nature des produits solides sublimés dans les divers Lypes de fumerolles. M. Fouqué a montré notamment que la composi- tion chimique d’une fumerolle est essentiellement fonction de sa température, les types de moins en “moins chauds différant surtout les uns des autres “par appauvrissement et non par apparition de pro- “duils nouveaux. à haute lempérature (fumerolles sèches), s'élevant “seulement de la lave coulante, fournissant des -Sublimations blanches de chlorures ailcalins, asso- ciés parfois (au Vésuve) à de l'oxyde de cuivre {Lénorite). Ces fumerolles sont neutres, tant qu'elles “sont réellement sèches; dès que leur température permet l'apparition de la vapeur d’eau, elles de- viennent acides (acide chlorhydrique, puis acide sulfureux) ; leurs sublimations sont alors colorées en jaune, en rouge ou en verdàtre par des chlo- “rures métalliques (surtout ceux de fer, et parfois …chlorures de cuivre, de plomb, de calcium, de ma- gnésium, etc.) et des sulfates. Plus tard, viennent les fumerolles à chlorure d'ammonium (salmiac), puis celles dont les produits gazeux sont riches en hydrogène sulfuré (température voisine de 100°), caractérisées par des dépôts de soufre. C'est ainsi qu'on voit se succéder les fumerolles | Enfin, le type le plus dégradé renferme surtout | de l'acide carbonique et des carbures d'hydrogène ; ? Voir la Revue du 30 octobre 1906, t. XVII, p. 881 etsuiv. L'ÉRUPTION DU VÉSUVE EN AVRIL 1906 LES FUMEROLLES ET LES PRODUITS DE L'ÉRUPTION c'est celui par lequel se termine le phénomène. Il est bien entendu que ces divisions ont été éta- blies quelque peu arbitrairement dans une série continue, et que les produits déposés par une cer- taine calégorie de fumerolles sont fréquemment transformés par les dégagements gazeux des fume- rolles qui suivent. C'est ainsi qu'il semble bien établi, par les recherches de Palmieri, qu'au Vésuve le chlorure de cuivre des fumerolles acides résulte de l'attaque de la ténorite des fumerolles sèches par l'acide chlorhydrique des fumerolles moins chaudes, que l’hématite une fois cristallisée peut être transformée en chlorure de fer, que le sulfate de chaux, fréquent dans les fumerolles inférieures, peut se former aux dépens du chlorure de cal- cium, etc. Enfin, à côté de ces produits réellement sublimés, apportés d'une profondeur plus ou moins grande, s'en trouvent d’autres, résultant de l'attaque sur place des parois des bouches de sortie des fume- rolles par les vapeurs acides. C'est le cas d’un grand nombre de fumerolles à chlorures et à sulfates, dans lesquelles les minéraux se produisent à une tem- pérature bien inférieure à celle qu'exigent les véri- tables sublimations des mêmes espèces. J'ai tou- | jours élé frappé, dans les régions volcaniques que | j'ai visitées, de la fraicheur des laves au contact des famerolles à haute température, alors que les mêmes roches sont profondément altérées dès qu'elles sont touchées par les mêmes vapeurs à une température assez basse pour permettre la conden- sation de la vapeur d'eau. Laissons maintenant de côté ces généralités pour revenir à l'éruption récente. Les circonstances ne m'ont permis de faire aucune récolte de gaz; je me suis contenté d'observer les produits solides des fumerolles. $ 1. — Fumerolles de la lave. Ce qui a été dit plus haut au sujet du rapide arrêt des coulées de lave de l'éruption récente explique | pourquoi je n'ai pu observer aucune fumerolle sèche en activité. Mais j'ai trouvé à Boscolrecase leur trace sous forme de concrétions blanches, verdâtres ou jaunes, servant de support aux cristallisations de chlorure d'ammonium dont il va être question plus loin; il s’agit évidemment là de fumerolles en voie d'évolution. Ces concrétions renfermaient, en outre du salmiac, des proportions importantes de chlorures et de sulfates de potassium et de sodium, 924 avec parfois un peu de fer (d'aluminium, des traces de plomb et de cuivre). Les véritables fumerolles acides, riches en chlo- rure de fer, ne se rencontraient guère que dans les parties hautes de la coulée et, ainsi que je le montrerai plus loin, elles m'ont paru jalonner la place de bouches de sortie, plutôt qu'être émanées | de la lave elle-même. C'est là, d'ailleurs, un fait assez général au Vésuve', sauf dans les puissantes coulées des grands paroxysmes ; aussi, l’hématite, résultant de la réaction à haule température de la vapeur d'eau sur le chlorure de fer, y est-elle rare dans les coulées de ce volcan et fréquente, au con- traire, à leurs bouches de sortie” et dans le cratère. Je n'ai observé ce minéral (en pelits rnomboëdres basés) que dans une seule fissure de la coulée récente près de l'Oratorio. Les fumerolles à température inférieure à 400°, et dont la réaction acide n'était parfois sensible qu'au papier de tournesol, étaient très abondantes dans les parties basses de la grande coulée du 8 avril. Elles fournissaient de magnifiques géodes de cris- taux de chlorure d'ammonium (salmiac), générale- ment incolores, mais quelquefois teintés en jaune par du chlorure de fer ou des produits organiques. Un fait fort intéressant consiste dans la présence du fluor dans ce salmiac *. Il ne s'élevait de ces fumerolles qu'une faible quantité de vapeur d'eau; mais, après chaque pluie, on voyait sen échapper d’abondantes vapeurs, d’origine toute superficielle; c'était la répétition d'un phénomène constant dans les fumerolles de la Martinique. En remontant dans la coulée de Boscotrecase, vers la bouche de Cognoli, là où cependant la tem- péralure n'élait pas plus élevée, ces fumerolles à salmiac devenaient de moins en moins nombreuses, et elles m'ont paru manquer à peu près complète- ment dans les parties hautes. Elles n'étaient, par suite, abondantes que dans la région où la lave, ‘ Il faut excepter, bien entendu, l'hématite, qui se ren- contre parfois dans les blocs charriés par la lave. ? J'ai acheté à un guide de Résina de belles masses ma- melonnées, formées par des lamelles noires ou rouges, et alors translucides, d'hématite, recouvertes par un givre vert d'atacamite et par quelques cristaux de salmiac ferrugineux ; il m'a assuré avoir recueilli ces échantillons en janvier 1906, près d'une bouche de sortie des flancs du cône. 3 M. Max Bauer vient de signaler (Centralblatt für Mi- ner., 1906, p. 926), dans un échantillon de salmiae, l'existence de fluosilicate de sodium. M. Brun, le savant vulcanologiste de Genève, avec lequel j'ai eu le plaisir de faire plusieurs excursions au Vésuve, a bien voulu me communiquer l'analyse suivante qu'il a faite d'un échantillon de salmiac : chlorure d'ammonium 85,02; fluorure d'ammonium 6,12; chlorure d'aluminium avec traces notables de fer et de manganèse) 9,80; acide chlorhydrique 0,09; acide sulfurique 0,15, et traces de plomb et de cuivre; un autre échantillon blanc fibreux contient 4,05 0/, de HCI. A. LACROIX — L' ÉRUPTION DU VÉSUVE EN AVRIL 1906 ayant quitté les coulées anciennes, recouvrait les terrains cultivés ou habités. Aussi, bien qu'une partie de ce chlorure d’ammonium soit d'origine profonde, il paraît bien difficile de ne pas admettre que la lente combustion des matières organiques ensevelies par la lave à joué aussi quelque rôle dans la produelion de ce salmiac. Palmieri a fait une observation analogue, lors des éruptions de 1868 et 1872, et j'ai moi-même montré qu'à la Montagne Pelée, les quelques fumerolles à salmiagn qui y ont été observées s'élevaient des brèches des” nuées ardentes du début de l'éruption, riches en débris organiques et particulièrement en lroncsm d'arbres. Ce qui donne de la valeur à celte hypo-" thèse, c'est que le même minéral formait des F croûles continues le long des murs de plusieurs des maisons de Boscotrecase, ensevelies par la lave et dans lesquelles l'existence de matière organique 4 en voie de combustion n’élail pas douteuse. Quelques jours seulement après l'arrêt de la cou- lée, le Génie militaire a tracé à sa surface un chemin destiné à faire communiquer entre elles les portions du bourg de Boscotrecase qui avaient échappé à la destruction. Ce travail consistait à égaliser la surface de la coulée, à combler ses dépressions; la lave était encore chaude et, par” places, le salmiac cristallisait entre les cailloux de celte route improvisée, bordée de fumerolles plus M actives. C'élait un spectacle peu banal que celui de la foule nombreuse de lerrassiers et de badauds, cireulant ainsi sur celte lave fumante, encore incan- descente à quelques décimètres de la surface. Enfin, j'ai rencontré à Boscolrecase, mais en très faible quantité, des sublimations de soufre ; ce miné- ral formait de petits oclaèdres rhombiques cristal- litiques ou des enduits fondus, à l'orifice des fume- rolles sulfhydriques, dont la température était, par suite, voisine de 100° et tout au plus un peu supé- rieure à 118°. Il serait intéressant de savoir si, depuis lors, ces fumerolles à soufre natif se sont généralisées avec le refroidissement progressif de la lave ou si, au contraire, le phénomène ne s'est pas le plus souvent arrêté aux fumerollesammoniacales. ï À "A N LÉ 4 } $ 2. — Fumerolles des bouches de sortie de la lave | et du cratère. Au voisinage de la Casa Fiorenza et à l’origine des coulées descendues des bouches de 600 mètres, se trouvent, au milieu de la lave, des fissures plus ou moins profondes, encore fort chaudes au moment de mes observations; il s'en élevait de la vapeur d'eau acide (acides chlorhydrique et sulfureux); leurs bords étaient garnis par des chlorures, en | particulier par celui de fer. Il s'agissait évidem- ment là de fumerolles.acides en relation avec la profondeur. A. LACROIX — L'ÉRUPTION DU VÉSUVE EN AVRIL 1906 925 Il en est a fortiori de même pour des fumerolles, beaucoup plus aclives, se trouvant sur les flancs _dù cône, au-dessous de l’échancrure Nord-Est du | ératère. Leur température était en moyenne supé- rieure à 400° ; il était facile d'y allumer du papier. Les vapeurs chlorhydriques et sulfureuses qui s'en dégageaient élaient suffocantes; les enduits de Chlorure étaient beaucoup plus épais que dans le as précédent et il n'était pas possible d'y recon- aitre des minéraux bien individualisés, au milieu “dun mélange déliquescent de chlorures de fer, de “polassium, de magnésium et de calcium, etc.; je 8 gnalerai, en outre, des cristaux de réalgar et, en certains points, des croûtes fondues de réalgar et “de soufre, se trouvant dans les parlies les moins haudes. Enlin, j'ai examiné un grand nombre d'échan- “lillons recueillis en juillet dans la même région du tône ; ce sont des scories recouvertes depelits cubes de galèue, tantôt seuls, tantôt reposant sur de la . “et des lanrelles d'hématite. Ces cubes ont souvent forme de trémies, comme ceux qui sont formés “par sublimation dans les opérations métallurgiques. “C'est la première fois que le sulfure de plomb est observé dans une fumerolle du Vésuve; il a dû y rendre naissance par la réaclion de l'hydrogène Sulfuré sur le chlorure de plomb (connu depuis longtemps dans ce volcan), qui jadis a permis à «Durocher de faire la synthèse de ce minéral. Elle explique la présence de la galène dans les calcaires “métamorphiques de la Somma et de bien d’autres gisements de contact. S'il n'a pas été possible de faire des observalions irectes sur les fumerolles sèches du cratère, par ntre, j'ai rencontré dans les brèches vulca- niennes des documents d’un vif intérêt, car ils ont té arrachés à des parties très profondes du cratère, inaccessibles à l'observation directe. Les roches dont il s'agit, imprégnées de chlorures alcalins, n'ont pas tardé, d'ailleurs, à être profondément déla- “vées, dès que sont survenues des pluies abon- . dantes. La figure 1 représente un énorme bloc, que Mnous avons rencontré au-dessous de la voie du mluniculaire : on y voit à l'œuvre les ouvriers que Jai employés à le débiter à l'aide de quelques L Coups de mine; les fragments, déjà détachés, qui LMlentourent, sont constitués par des géodes de ma- | “gnifiques cristaux incolores et limpides, ou bleuä- tres et opalescents, de chlorure de potassium (sy/- vile), dont les cubes dépassent souvent 2 cenli- mètres d'arête‘. Dans quelques géodes, la sylvite est + * A. Lacroix : Les cristaux de sylvite dés blocs rejetés par la récente éruption du Vésuve. C. A., t. CXLII, p. 1249. recouverte par des cubo-octaèdres de chlorure de sodium : ce bloc est complètement imprégné de ces sels. A. Scacchi a publié jadis le résultat de nombreux essais ou analyses des chlorures alcalins du Vé- suve, recueillis de 1830 à 1872, et montré que le chlorure de sodium pur y est extrêmement rare, qu'il est toujours accompagné de chlorure de potassium et même que ce dernier domine généra- lement. Mais ces minéraux n avaien£ été recueillis jusqu'à ce jour que sous forme d'enduits, de stalac- tites, plus rarement de petits cubes; jamais on n'avait observé de cristaux pouvant approcher, comme laille et perfection, de ceux-ci, qui sont à comparer à ceux de Stassfurth, formés dans des condilions bien différentes, puisqu'ils résultent d’une cristallisalion par voie aqueuse. . — Bloc des projections vulcaniennes ayant fourni de gros cristaux de sylvite. Ce que l’on sait des propriétés de ces deux chlo- rures donnait à penser que les échantillons ana- lysés par Scacchi constituaient de simples mé- langes de crislaux des deux sels, impossibles à distinguer les uns des autres à cause de leur peti- tesse et de leur identité de forme. Mes cristaux vérifient cetle hypothèse : ceux de chlorure de sodium ne renferment pas de potassium ; la sylvite ne contient que 2,66 °/, de chlorure de sodium, y existant sans doule à l'étal d'impureté, car son indice de réfraction est de 1,491 pour la lumière du sodium, c'est-à-dire exactement celui de la syl- vite pure. En outre de ces deux minéraux, je signalerai des cristaux jaune d'or d'un minéral nouveau, pour la description duquel M. Johnsion Lavis' m'a de- vancé de quelques jours : c'est un chlorure de potassium et de manganèse avec un peu de sodium (chloromanganokalite). Il existe, en outre, un peu de chlorure de magnésium, de calcium et des sul- 1 Nature (Londres), 31 mai 1906. 926 A. LACROIX — L'ÉRUPTION DU VÉSUVE EN AVRIL 1906 fates, qui ne peuvent être mis en évidence par l'analyse chimique. Le bloc qui est imprégné par ces sels est une leucotéphrite bulleuse, un peu rubéfiée, dont les éléments conslituants sont tout à fait intacts : il n'est pas douteux que tous ces chlorures, riches en inclusions gazeuses ou vitreuses, ne se soient for- més par vérilable sublimation et non par l'attaque de la roche qui les renferme*. D'après des expériences inédites qu'a bien voulu me communiquer M. Brun, un mélange équimolé- culaire de KCI et de NaCI fond à 660° C. et donne des fumées entre 800 et 850°C. Le NaCI seul ne les fournit qu'à environ 900° C. Il est intéressant de voir une quantité notable de chlorure de manganèse accompagner les chlo- rures alcalins et précéder ainsi la formation de celui de fer. Les énormes dimensions des cristaux qui nous occupent tiennent certainement à ce qu'ils ont été formés à très haute température, lentement et à l'abri des causes variées de perturbation qui agis- sent sur la cristallisation des produits des fume- rolles se formant à l'air libre. En outre de ce bloc, qui a élé rapidement débité par les guides et a fourni, pendant les jours qui ont suivi nos observations, un grand nombre d'échan- tillons, vendus aux visiteurs du volcan, nous avons trouvé d'assez nombreux blocs de brèches, dont les éléments (lapilli anguleux) sont cimentés par les mêmes chlorures possédant une structure sac- charoïde. La proportion des chlorures alcalins, contenus dans les blocs qui viennent d'être décrits, est telle que ceux-ci constitueraient de véritables minerais de ces sels, si l'on pouvait les exploiter dans des gisements en place. Il n'en est pas toujours ainsi; si, en effet, tous les blocs recueillis sur les pentes du cône, de même que les lapilli et les cendres”, renferment aussi des chlorures et sulfates alcalins, ceux-ci y sont géné- ralement invisibles à l'œil nu; mais il suffit de les mouiller et de les sécher pour faire apparaitre à ‘ Au cours d'une excursion que j'ai faite avec M. Brun, nous avons acheté à un guide un échantillon provenant d'un autre bloc et contenant aussi de gros cristaux de syl- vite. M. Brun à bien voulu me communiquer l'analyse sui- vante des sels imprégnant la roche (après élimination des gros cristaux de sylvite) : la partie soluble dans l'eau est de 22 0/, : KC1: 37,39, NaCI : 31,50, AzH!CI : 1,50, MeCI® : 4,25 Fe Mn) CE : 1,99. ? J'ai trouvé aussi des blocs altérés d'une facon profonde par des fumerolles : ils sont riches en cristaux d'hématite, et contiennent des chlorures et des sulfates solubles, au nombre desquels sont ceux de fer, qui manquent dans les blocs dont il est question ici. * M. E. Casoria vient de publier l'analyse suivante des sels extraits de la cendre grise (a) et de la cendre rose (b) tombées les 9 et 10 août à Portici: il interprète de la façon leur surface un givre blanc. Au début de l’éruption, après chaquepluie, la surface des ruisselets boueux présentait la mème particularité. | L'abondance du chlorure de potassium, sa fré- quente prédominance sur celui de sodium, parmi les produits d'un volcan leucitique, ne sont pas pour surprendre ceux, et je suis de ce nombre, qui estiment que tous les produits émanés d’un volcan proviennent essentiellement du magma lui-même, mais il n'est pas superflu d'insisier sur ces faits” qui sont précieux pour la discussion des théories cherchant aux éléments des fumerolles volca= niques une origine extérieure, l'intervention des eaux de la mer, par exemple. On verra dans l’un des paragraphes suivants les différentes transformations minéralogiques subies par quelques-uns des blocs rejetés par les explo= sions vulcaniennes et qui sont le résultat de l’ac= tion des fumerolles profondes; leur étude ne peut, être séparée de celle des laves elles-mêmes. $ 3. — Fumerolles secondaires. On vient de voir que les produits qui s'élèvent. d'une coulée continue de lave sont harmonieuse= ment déterminés en fonction de la température décroissante du magma au cours de son refroidiss sement; ces produits, volatils ou transportables, nes sont autres que ceux, non renouvelés, contenus dans le magma fluide au moment de son épanche= ment. 4 Si une portion limitée de ce magma, au lieus d'être épanchée lentement, est expulsée violem=\ ment du cratère par des projections, elle se refrois dit brusquement et perd en une seule fois tous | ceux de ses produits volatils ou transportables qui ne restent pas emprisonnés dans ses cavités. Mais on peut concevoir des conditions telles que cen refroidissement brusque ne puisse se produire ; dès" lors, le magma, bien que morcelé, se comporte! dans son refroidissement lent, comme la roche continue d’une coulée ou tout au moins suit une, | _- : suivante les résultats (ces nombres sont rapportés à 100 pars ties de cendres) : à b ë NaCl 1,172 4,594 Mgci. . TR ne SU TT AURAS 0,165 MoiCl ERP ER ARTE 0,048 CSD TEASER 02820 0,882 K2S0!. LR RE 2 T3 0,272 NA SO SPP ENEP-e URUNE 0,277 SIO? 1. LRO REG 0,002 2,651 3,240 | Cette proportion de sels solubles est au moins dix fois plus grande que celle que j'ai observée dans les cendres de la Montagne Pelée. On y retrouve aussi une grande quantité de sulfate de chaux. La proportion de sel potassique est beaucoup plus faible que dans les sublimations étudiées plus haut. “Marche parallèle, la nature des produits qu'il peut émaner restant limitée par la température maxi- mum qu'il possédait au moment de sa projection. _ brèches accumulées sur une grande épais- , dans un temps très court, par les nuées 5 de la Montagne Pelée, ont réalisé un imum de ces condilions du refroidissement très Jént pour des porlions d'un magma neuf trans- P brtées à grande distance du point de sortie; elles ient constiluées par des matériaux de toutes dimensions, et souvent très fins, mauvais con- d ss de la chaleur, dans lesquels étaient noyés & gros blocs à haute température. Le dégagement de produits volatils ou transpor- bles, lent et tranquille quand le refroidissement de la brèche était spontané, rapide et violent Jorsqu'il était accéléré par l'intervention des eaux bluviales, déterminait la production de fumerolles, d'abord généralisées sur toute la surface de la jrèche, bientôt localisées sur certains points. J'ai désigné sous le nom de fumerolles secondaires ces fumerolles sans racines profondes. … La production, au cours de l'éruption récente du Vésuve, de brèches, édifiées à sec, m'avait fait espérer qu'il me serait possible de poursuivre mes recherches sur cette question, qui m'avait te ant préoccupé à la Martinique : les résultats ont A F1 Et —— AE VE élé négatifs ; il est aisé d'expliquer pourquoi. Les matériaux, rejetés sur le cône et alimentant les avalanches sèches, 8 mai assez chauds pour rendre, par places, désa- 4 Robe l'ascension des bords du cratère; mais, lle part, je n'ai trouvé la température suffisam- ent élevée pour produire de véritables fumerolles Secondaires ; ces matériaux n'étaient vérilablement ûlants que là où ils recouvraient les fumerolles ë la lave récente ou quelques fissures du cône ; ils étaient réchauflés plutôt que chauds naturelle- ment, et les quelques enduits qu'ils présentaient “doivent être rapportés aux fumerolles sous-jacentes. etle température, relativement peu élevée, des b èches est due à leur origine; on a vu, en effet, Plus haut, que leurs éléments ne sont pas constitués par du magma neuf, mais simplement par des débris du cratère. — Il en eût été sans doute autrement s’il avait été possible de pénétrer jusqu'à la couche constituée par les projections stromboliennes de la nuit du au 8 août, recouvertes par plusieurs mètres de ces produits inerles. A la suite de l’éruption de 1872, Palmieri a observé sur les bords du cratère de véritables fume- rolles secondaires, donnant des chlorures déliques- cents; elles avaient à peu près disparu le 15 juillet, Soit 80 jours après le paroxysme; elles étaient Phomologue de celles que j'ai observées sur les A. LACROIX — L'ÉRUPTION sont restés jusqu'au début : DU VÉSUVE EN AVRIL 1906 © 19 — bords du cratère de la Montagne Pelée (résultat des projections verticales), et qui ont mis environ cinq mois à se refroidir complètement. L'abondance des chlorures alcalins contenus dans les blocs de la brèche de 1906 montre que, si les conditions de température avaient été favo- rables, les fumerolles secondaires en dérivant eussent donné des produits autrement abondants que ceux que j'ai observés à la Martinique. J'ai rencontré dans la description de l'éruption de 1872 par Palmieri une observation intéressante pour l’histoire des fumerolles secondaires. Ce savant a trouvé, sur les bords de la coulée de lave près de Massa, une de ces grosses enclaves si abon- dantes parmi les produits de cette éruption; elle était constituée par un bloc de brèche ancienne, mesurant 5 mètres de diamètre et entouré par une écorce de lave récente; des fumerolles chlorhy- driques s'échappaient des fissures de celle-ci. Pal- mieri, l'ayant fait briser pour vérifier si elle faisait corps avec la lave sous-jacente, constata que la brèche était riche en cristaux d'hématite qui, le surlendemain, avaient été en partie transformés en chlorure de fer par les vapeurs chlorhydriques continuant à se dégager du centre à haute tempé- ralure:; celui-ci, démoli à son tour, fournit une grande quantité de magnifiques cubes de chlorure de calcium, que Scacchi a décrits sous le nom de chlorocalcite. $ 4. — Mofette. La fin des grandes éruptions du Vésuve est géné- ralement signalée par la production d’abondants dégagements d'acide carbonique, de mofette, qui apparaissent beaucoup moins dans le cratère ou dans les fissures supérieures de la montagne que dans les parties basses de celle-ci, c’est-à-dire dans les caves, les puits, les carrières de la région habitée, particulièrement à Pugliano, Résina, Torre del Greco, etc. Elles déterminent parfois la mort d'hommes et sont d'ordinaire désastreuses pour la végétation ambiante. Ces mofette, lrès analogues à celles de la grotte du Chien, dans les Champs Phlégréens, ont été longuement décrites par Breislak à la suite du paroxysme de 1794; elles ont élé souvent éludiées depuis lors, en particulier par Ch. Sainte-Claire Deville et ER M. Fouqué : elles constitueul les fumerolles à basse température. M. Mercalli m'a écrit en juin qu'elles avaient fait leur apparition sur les flancs du Vésuve. à Portici et Résina; mais je n'ai aucun renseignement précis sur ce phénomène, qui n'avait pas commencé au moment où j'étais en Italie. Il faut cependant peut- être y rapporter une observation que M. Malteucci a signalée dans le Bulletin du volcan qu'il télégra- 928 A. LACROIX — L'ÉRUPTION DU VÉSUVE EN AVRIL 1906 phiait à Naples pendant l'éruption; il y a indiqué, à la fin d'avril, que la colonne de vapeurs s'élevant du cratère, ayant été rabatlue un jour vers le Nord- Ouest, l'Observatoire a élé envahi par des gaz asphyxiants, mais dont la nature n'a pas été spé- cifiée. II. — PuÉNOMÈNES DIVERS. $ 1. — Mouvements du sol. Pendant toute la période paroxysmale, de vio- lents mouvements du sol ont ébranléle cône et ont même été parfois ressentis dans les communes vésu- viennes; ils ontété parliculièrement violents dansla nuit du 7au8 avril, et j'y ai fait allusion au cours de l'historique donné plus haut. Les constructions de l'Observatoire et de l'hôtel Cook ont été forte- ment secouées, sans que cependant il en soit résulté aucun dommage. Les télégrammes de M. Matteucsi, affichés à Naples, ont fait mention de l'extrême agilation des appareils séismiques de l'Observatoire pendant toute celte période; ces mouvements ont été en s'atlénuant progressivement jusqu’à la fin d'avril. Aucun renseignement précis n'ayant élé publié Jusqu'à présent sur celle question, je ne l'indique ici que pour mémoire; elle ne pourra être traitée qu'à l’aide des observations recueillies à l'Observa- toire du Vésuve. Il est bien probable que, comme dans le cas des grandes explosions de la Montagne Pelée, les vibralions de l'air, dues aux violentes détonations du cratère, ont joué quelque rôle dans les frémis- sements des murs des habitations. I résulte des observations de M. Baratta' et de M. Mercalli® qu'un soulèvement temporaire de la | côte s'est produit au cours de l’éruption entre Por- tici et Vico Equense; son amplitude a atteint de 30 à 40 centimètres. Les deux marégraphes de Naples n’ont rien enregistré. Il est à regretter qu'aucun instrument de ce genre n'existe sur la côle au pied du Vésuve, là où, au cours de plu- sieurs éruptions antérieures, des phénomènes du | même ordre ont été signalés. $ 2. — Phénomènes électriques. — —— — vatoire dans la nuit du paroxysme, vient de publiert quelques intéressantes observalions préliminaires sur cette question. Il a décrit le spectacle admirable | de ces énormes colonnes, s'élevant du cratère avec un bruil assourdissant, et présentant, surtout dans leur partie moyenne, un véritable treillis d'incessants éclairs, les uns rectilignes, les autres en zig-zag, d'autres enfin, énormes, en forme d'are, se prolongeant du sommet de la Somma à la crê du Vésuve. Il ne semble pas, d'après sa description. qu'il se soit produit ces éclairs’en forme d'étoile seintillantes qui ont été si fréquents dans 1 nuées paroxystrales de la Montagne Pelée* el qui, ont été observés alors jusque dans les nuages. entrainés par le contre-alizé au-dessus de Fort-d France, c'est-à-dire à 25 kilomètres du cratère, Des phénomènes électriques intenses se so répétés au cours de toutes les grandes éruptio du Vésuve, depuis celle de l'an 79, dont Pline a bien décrit* les éclairs, et en particulier 3, 18288 22, celles de 1631, 1727, 1766, 1767*, 14773, 1719, 48 1839, 1861, 1872. Les observations de M. di Paola confirment, & outre, celles de Palmieri, à savoir que le poteati électrique de la cendre qui lombe est loujours négatif, alors que celui de la vapeur d'eau en voie de condensation, qui s'élève, est positif; enfin que la production d'éclairs dans les colonnes de vapeur émises par le cratère implique nécessairement un ascension rapide, c'est-à-dire une grande violence, de l'explosion et une abondance considérable di matériaux solides; c'est pourquoi les phénomènes, électriques cessent avec la période roe: malgré la compacité encore fort grande des nuées” qui se succèdent pendant de longs jours après elle, III. — LES TORRENTS BOUEUX. L'épilogue habituel des éruptions volcaniques consiste dans la production de torrents boueux; les lave d'aqua et les lave di fango du Vésuve sont célèbres; celles des éruptions de 1631, 1639, 1768, 1 Bull. Soc. Naturalist. Napoli, t. XX, 1906. ? Op. cit., p. #14. Dès le 4 avril, et surtout pendant le paroxysme de la nuit du 7 au 8, des manifestalions électriques, d'une extrème intensité, se sont produites dans les colonnes de vapeurs et de matériaux solides pro- ictées par les explosions vulcaniennes; elles ont commencé à décroitre dès le matin du 8, mais sont reslées notables jusqu'au 13. M. G. di Paola, qui se trouvait près de l'Obser- * Rivist. Geogr. ilal., t. XIIL, fase, VI. * Mem. Pontif. Accal. Romana Nuov. Lincei, t. XXIN. * « Ab altero latere nubes atra et horrenda ignei sp | ritus tortis vibratisque discursibus rupta, in longas flame | marum figuras dehiscebat : fulguribus illæ et similes eb majores erant. » (Lib. VI, Litt. XX). Ce passage s'applique, non pas à la colonne s'élevant du cratère, mais au nuage de cendres s’avançant vers Misène, c'est-à-dire à un nuagë analogue à celui qui a apporté la cendre à Naples au cours | de l’éruption récente. “ Hamilton a signalé (Observ. on Mount Vesuvius..s London, 1774, p. 46) les phénomènes électriques intenses de ces éruptions en ces termes : « Besides the lightning, which | perfectly resembled the common forked lightning (éclairs en | zig-zag), there were many weleors, like what are vulgarly | called falling Stars », qui font penser à la production | d'éclairs en étoiles scintillantes du genre de celles de la Montagne Pelée. A. LACROIX — L'ÉRUPTION DU VÉSUVE EN AVRIL 1905 92% 4199, 1794, 1822, ouvent citées. Je me suis préoccupé particulièrement de l'étude de ce phénomène", qui m'avait beaucoup intéressé, s des éruptions des Antilles. L'éruption récente arnissait d’ailleurs des conditions bien détermi- es pour son examen détaillé, à cause de la loca- lisation dans l'espace des produits rejetés par le volcan : couche épaisse de lapilli dans le secteur ord-Est dévaslé le 7-8 avril, brèches à gros élé- tents produites à sec sur le cône et entrainées hensuile sur les pentes par les avalanches, enfin poussière fine sur l'ensemble du volcan, Les débuts du phénomène devaient être surtout téressants à suivre, alors que les lorrents boueux mavaient pas encore atteint et raviné le sous-sol. Le mécanisme de la production des torrents boueux. au cours d'uue éruption, n'est pas com- iqué ; à la suite de pluies tombées sur les hauteurs u volcan, les matériaux incohérents récemment etés, toujours plus ou moins poreux, absorbent 1872 en particulier, ete., ont été âle épaisse, s'avançant avec rapidité vers les gions basses, érodant, entrainant tout sur son tique. C'est là le cas le plus simple, celui qui est réalisé “quand la quantité de pluie n’est pas trop considé- ù le; mais, si elle continue à tomber en abon- dance, au cours de la mise en marche de la lave bboueuse, celle-ci est suivie par une onde plus Miquide, qui la ravine d’abord, puis entame le vieux let, dans lous les cas, va déposer plus ou moins t bin, dans les parlies basses, des sédiments à stra- tification torrentielle. “ Revenons à l'éruption récente; dans la zone du MNord-Est, les matériaux constiluant la lave boueuse étaient, dans la période de mes observations, DA A Lacrorx : C. R.,t. CXLII, p. 1244, 1906. » Le phénomène se produit souvent alors que la pluie a cessé : la lave arrive alors dans les parties basses où le Liemps est beau ; on comprend dès lors pourquoi si souvent, dans l'ignorance de la cause première du phénomène, on ait cru à l'origine cratérienne de certains torrents boueux. Cette origine est évidente dans certains cas, comme au début de l'éruption de la Montagne Pelée et de celle de Saint-Vincent, mais elle implique des conditions assez rarement réalisées et absentes du Vésuve. uniquement conslilués par des lapilli assez bien calibrés, réunis par de la boue fine. J'ai assisté, le 21 avril, à la descente de la pre- mière coulée boueuse dans le lit du torrent d'Otta- jano, en partie remblayé. Une fois desséchée, elle formait un talus noir, se détachant sur le fond blanc de la cendre environnante; elle mesurait 8 mètres de largeur sur 0",75 d'épaisseur à son front; sa surface était couverte par des rides con- centriques, rappelant celles qui caractérisent les coulées de véritable lave, très visqueuse; on dis- tinguait, en outre, des sillons longitudinaux étagés, correspondant aux niveaux successifs du courant. Son aspect, les particularités de sa marche offraient des points de comparaison tout à fait saisissants avec ce que l’on observe dans les coulées de lave: je renvoie les lecteurs que celte question intéresse aux photographies qui sont reproduites dans mon Mémoire de la Sociélé géologique de France, auquel j'ai fait allusion plus haut. A peine celle boue était-elle en voie de dessicca- tion que sa surface se couvrait d’un givre blanc, dù aux chlorures et aux sulfates alcalins qui im- prègnent tous les matériaux de projeclion de l’éruption. Quelques jours plus lard, à la suite de pluies torrentielles persistantes, des torrents boueux plus importants et en même temps plus liquides ont parcouru cette même vallée, inaugurant la phase érosive; ils ont déblayé le lit d'une partie des matériaux récents et déterminé sur leur passage les dégâts habituels : inondalions, ruptures de ponts, charriage de gros blocs arrachés aux construc- tions, etc. Dans la région de la Somma extérieure à la zone dévastée par les lapilli, le sol n’était couvert que par de la poussière fine; celle-ci a été facilement délayée par l’eau, donnant une sorte de vase, à pâte très uniforme, coulant plus facilement que la boue granuleuse dont il vient d'être question plus haut; je l'ai vue, le 28 avril, envahir les environs de Cercola, remplir le rez-de-chaussée des maisons, emporter des pans de mur et laisser localement sur son passage une épaisseur de près de 1 mètre d'une masse noire, non stratifiée, qui, après dessic- cation, avait l'aspect et la consistance! d’un ciment bien pris. Sur les flanes du cône, la nature des matériaux recouvrant le sol a donné un caractère spécial aux torrents boueux, dont la produelion a été grande- ment facilitée par la topographie, les couloirs des avalanches sèches imposant une direction déter- minée à l'écoulement des eaux et les dirigeant 1 Cette prise facile de la cendre fine, sous l'influence de l'eau, était frappante dans les rues de Naples, durant les jours qui ont suivi sa chute, à la suite des arrosages. A. LACROIX — L'ÉRUPTION DU VÉSUVE EN AVRIL 1906 930 nécessairement sur les brèches incohérentes, | ont à débrouiller la stratigraphie des volcans! étalées à leur base. Tant que les pluies ont été peu importantes, elles ont seulement délayé la surface, consolidé la brèche encore en place, l'enrichissant en matériaux de grande taille, par l'entrainement de la pous- sière fine superficielle, constituant enfin les coulées boueuses en miniature que, dans la figure 2 (voir aussi fig. 20, page 894), on voit baver sur les flancs ou dans le fond des couloirs d’avalanches. Tel est le cas qui a été réalisé jusqu'à la fin de mon séjour à Naples; mais bientôt des précipita- tions atmosphériques se sont produites avec une plus grande violence, entraînant tout d'abord la cendre fine superficielle, entamant ensuite d'une façon profonde les brèches dont il vient d'être question, et devenant, par suite, fort dangereuses à ause des malériaux de grande taille transportés, Fig. 2. — Barrancos du cône terminal servant à l'écoulement des eaux pluviales. Le 18 mai', un torrent boueux, qui a commencé à se former sur l'emplacement de la gare inférieure du funiculaire, grossi par un grand nombre de petits affluents issus des coulées de laves anciennes, est descendu sur les pentes de la montagne, ne s'arrêtant qu'au voisinage de Résina, après avoir fait de nombreux ravages matériels et deux vic- times humaines. De mème, le 21 mai, une lave boueuse, issue de l’Atrio del Cavallo, est descendue dans le Fosso della Vetrana, sur la coulée de 1872, et a ravagé San Sebastiano, Cercola, Pollena, en mème temps qu'une autre coulée partait du Colle Umberto et menaçait la route de l'Observatoire. Les phénomènes que j'ai vus à l'œuvre dans la production et des formations chaotiques accumulées à sec par les avalanches et de celles produites à leurs dépens sous l'influence de l’eau, l’analogie de structure que présentent les unes et les autres, après dessiceation et tassement, sont d'un puissant intérét pour les géologues qui l'enchevétrement ‘ 11 Mattino, Napoli, 19 à 24 mai 1906. éteints, tels que ceux d'Auvergne; ils expliquent une fois de plus les difficultés d'interprétation souvent inextricables que l'on rencontre dansi l'étude des brèches et des conglomérats trachytiques et andésitiques. Ils montrent que, s'il est utile del chercher, dans chaque cas particulier, à se rendre compte de leur origine, il est illusoire et inutile d'entreprendre de les distinguer les unes des autres sur une carte géologique, même à grande échelle, tant qu'il s'agit des parties élevées du volcan, bien entendu, car, à la périphérie de celui-ci, les conglomérats d'origine aqueuse vont seuls s'étaler et constituer ainsi une bordure, souvent fort large, aux brèches édifiées à sec. + ei — IV. — LES PRODUITS DE L' ÉRUPTION. t re] V9} 2% Le massif du Vésuve compris dans son ensemb géologique, c'est-à-dire la Somma et le Vésu 7e proprement dit, présente, au point de vue pétrogrés phique, de grandes variations; mais toutes les roches qui le constituent ont un air de fami remarquable: toutes, en effet, sont très polassiques, renferment de la leucite ou ont une compositi virtuelle permettant la production de celle-ci. La constitution pétrographique de la Somma est beaucoup plus complexe que celle du Vésuve, car non seulement elle renferme des roches basiques à} leucite, des leucotéphrites (forme microlitique de} la combinaison leucite et plagioclases), qui tuent ces filons et ces coulées visibles dans les! remparts dominant l'Atrio del Cavallo et la Vallé dell’ Inferno, mais elle contient encore de nom-| breux types de roches blanches ou simplement de couleur claire, dont les blocs ou les ponces forment d'épaisses couches de tufs et de brèches. 4 Le Vésuve, au contraire, à été édifié par une accumulation de scories, de cendres, de coulées et de filons, appartenant uniquement à des leucoté={ phriles, qui présentent d’ailleurs, suivant les érup=4 lions, des variations, malheureusement encorek imparfaitement étudiées. Elles se traduisent exté-} rieurement par divers faciès, dépendant surtout de! l'abondance plus ou moins grande de phénocris-| taux et de la nature du minéral qui prédomine} parmi ceux-ci (leucite, augile, olivine). | Je m'occuperai successivement du magma neuf épanché sous forme de coulées ou rejeté par les explosions (surtout par les stromboliennes), puis ensuite des débris du vieux sol, qui constituent les malériaux prédominants expulsés par les explo- sions vulcaniennes ‘. ‘ A. Lacroix : Les produits laviques de la récente éruption du Vésuve. C. R., t. CXLIII, p. 13. Les analyses contenues dans cette note et reproduites ici ont été faites par M. Pisan/ A. LACROIX — L'ÉRUPTION DU VÉSUVE EN AVRIL 1906 931 (] $ 1. — Le magma neuf. Lu La lave actuelle a une pâte d'un gris noir, dans laquelle se détachent en assez grande quantité des | phénocristaux de leucite et d'augite de quelques } millimètres de diamètre. Il était particulièrementintéressant derechercher si, au cours de l’éruption, il ne s’est pas effectué quelque modification chimique (différenciation ou ndomorphisme au contact des parois) entre les : parties superficielles du magma (projections strom- | boliennes du début du paroxysme) et sa portion Lépanchée en dernier lieu. Les analyses suivantes montrent qu'il ne s'est produit, dans ces conditions, aucune variation systématique et que le magma a conservé une remarquable fixité de composition : des analyses d'échantillons plus nombreux fourni- iraient peut-être des différences plus grandes. Je donne ci-après l'analyse (a) des scories du début “du paroxysme, recueillies près de l'Observatoire - M. Matteucci, auquel je les dois; (b) de la lave du 8 avril, provenant du voisinage du cimetière de orre Annuvuziata; je reproduis, en outre, les Analyses des laves de 1631 (c) et de 1872 (d), dues à M. Washington; elles sont, on le voit, très Vanalogues à celles de la lave récente : a b c d TT - © 47.50 48,28 47,74 47,65 RE 18,59 15,39 18.44 19.28 RE - --:, - 1,52 1,12 2,46 2,63 DFeo : AENESERTE 7.62 1,88 1.68 6,48 : 3,86 3,12 4,80 4,19 DS 9.16 9,20 9,42 9,01 LR DATE 2,84 ,175 2,18 | K°0. 7,05 7,25 64 7,47 . - . - 1,05 1,28 ,37 tr. RE. tr. 0,51 » 0,50 Perte au feu 4.95 0.62 » 0.24 100,32 101 ,09 99,27 100,23 “Cette composition peut être considérée comme “Caractéristique des laves modernes du Vésuve ; elle Mest particulièrement remarquable par la haute éneur en potasse. Ces roches appartiennent au type vésuvose (II.8.2.2) de la classification chi- mico-minéralogique quantitative. Sans insister ici sur cetle question technique, je Mferai remarquer que les roches plus anciennes de la Somma diffèrent en particulier des laves Lpar une valeur plus petite du rapport K°0 : Na°O Au point de vue minéralogique, je me suis tion dans celte lave en comparant entre elles les 1 formes de refroidissement de moins en moins | rapides. Les scories des explosions stromboliennes sont très riches en verre brun : la scorie analysée en a est étirée, fragile, elle s'émiette sous la pression récentes par une quantité moindre de potasse et | » attaché à suivre le développement de la cristallisa- | des doigts; une autre, que je dois à M. Mercalli, qui l’a recueillie à la bouche de 1.200 mètres, est, au contraire, fort résistante. Le caractère de ces scories est de renfermer dans leur verre de gros cristaux d’augite, de leucite, de tilanomagné- tile, ainsi qu'un peu de plagioclase basique (la- brador à bytownite), avec fort peu d’apatite et d'olivine. Il existe peu ou pas de microlites de feldspath, mais beaucoup de pelits microlites d'au- gite à formes nettes. Le magma a été surpris en voie de cristallisation normale et tranquille; son refroidissement a été brusque, sans production de crislaux au cours du rapide trajet aérien. Une forme de consolidation moins rapide s'observe au front et sur les parties scoriacées superficielles des coulées; la roche est encore plus ou moins chargée de verre brun; elle renferme les mêmes phénocristaux que les scories, mais ils paraissent y êlre moins abondants. La biotite n’est pas rare en phénocristaux macroscopiques; on observe, en outre, une grande quantité de micro- lites de leucite, d’augite, de plagioclases, souvent cristallitiques. Quant au type ie plus cristallin, il peut êlre trouvé dans l'intérieur des gros blocs de la surface des coulées brisée par retrait; c'est celui qui conlinue à cristalliser par refroidissement lent. La roche, quoique à grains fins, est presque holocris- talline, par suite de la dévitrification à peu près complète du verre du type précédent et de l'engrais- sement de ses microlites. Le verre mème des inclusions de la leucite est souvent transformé en augite et en litanomagnétite. Je n'ai pas parié jusqu'à présent du péridot, qui existe presque toujours, mais en faible quantité et principalement à l'état microlitique. De ces observations, on peut conclure, entre autres choses, d'une part que les phénocristaux de leucite sont certainement intratelluriques, mais vraisemblablement de cristallisation peu profonde, puisque la lave rapidement épanchée en renferme généralement moins que les scories rejetées du cratère, et, d'autre part, que la période micro- litique de la leucite n'a véritablement commencé que pendant l'épanchement. $S 9 S =. — Les produits des éruptions vulcaniennes. Les plus importants de ces produits sont ceux dont l'accumulation a recouvert le cône et alimenté les avalanches sèches. On a vu plus haut que la poussière fine est le résultat de la trituration des éléments de plus grande taille, je n’y reviendrai donc pas; il est nécessaire, tout d'abord, de dire quelques mots des lapilli projetés sur Ottajano et ses environs, afin de légitimer les conclusions que j'ai exposées plus haut (p. 895). 932 A. LACROIX — L'ÉRUPTION DU VÉSUVE EN AVRIL 1906 4. Lapilli d'Ollajano. — La plus grande partie des lapilli, rejetés dans le secteur Ottajano-San Giuseppe, est conslituée par des scories noires, les unes assez légères, à surface vernissée, les autres plus ternes et plus lourdes, parfois rou- geûtres; elles se distinguent, dès le premier abord, des scories des explosions stromboliennes du début de l'éruption par l'abondance des gros cristaux nets d'’augite, pouvant être facilement détachés, et des lamelles de biotite. L'examen microscopique montre, en outre, en petile quantité, des phéno- cristaux de leucite, de plagioclases, d'apalile et d'olivine. Tous ces minéraux sont disséminés dans une pâte, ne devenant tout à fait transparente qu'en lames extrêmement minces; on y voit alors de petits cristaux de leucite et un lacis d’aiguilles filiformes d'augile et de grains de magaétite. L'analyse chimique de ces scories a fourni les résultats suivants, qui montrent, avec la plus grande netteté, qu'elles appartiennent à un type chimico-minéralogique tout à fait différent (IL. 7.3.3) de la lave actuelle, moins alumineux, moins riche en alcalis, notamment en potasse, plus magnésien et plus calcique, ce qui entraine la diminution des feldspaths et des feldspathoïdes et l’augmentalion de la teneur en minéraux ferromagnésiens : SiO®, 48,10 AIAURS 15.31 Fe°0: . 3,20 Fe . 5,43 Ms0. MN EME FOUTES CADET PME TO TEA NN AIDES Na?O 1.98 K°0 . 4,22 TiO*. 115 12210) 0.12 Perte au feu. 0.87 100,25 L'étude minéralogique etchimique de ces scories vient donc confirmer les conclusions que j'ai exposées plus haut au sujet de leur origine, à savoir qu'elles n'appartiennent pas au magma neuf, mais ont été arrachées au vieux sol et projetées par les explosions vulcaniennes. Ces lapilli sont mélangés de nombreux frag- ments de roches non scoriacées, parmi lesquelles se trouvent tous les types pétrog zraphiques, dont il me reste à m'occuper. 2. Les roches constiluant les brèches édiliées à sec. — Les matériaux rejetés sur les flancs de la montagne présentent un grand intérêt, à un double point de vue; ils permettent, en effet, de faire l'inventaire des roches entrant dans la constitulion du cône du Vésuve et de son soubassement:; ils nous apportent, en outre, des profondeurs inacces- sibles à l'observation directe, des indications pré- cieuses sur les phénomènes métamorphiques qui s'yproduisent au voisinage du magmaincandescent, Ces roches, considérées intrinsèquement, | vent être rapporlées à deux groupes d'importance tout à fait inégale. Les unes sont d'origine volca nique, les autres conslituées par des calcaires où : des roches très cristallines résultant de leur tra formation. Ces dernières sont, proporlionnellemen aux autres, peu abondantes; elles le sont cependan assez pour montrer que les tufs anciens de Somma, auxquels elles ont été arrachées, ont profondément attaqués par les explosions paroxys=w males. Tout en élant très intéressantes intrinsè qui est déjà connu dans les tufs de la Somma : on# retrouve, en particulier, les agrégats holocrist lins, parfois zonés, formés d’augite, de biolite, péridot, d'anorthite, de humboldtilite, de spinelle eux de façons très variées; je signalerai même intéressant bloc à sarcolite. plusieurs formes : Les uns consliluent des roches, à cassureluisante, fissurées par retrait, offrant parft l'aspect de bombes vulcaniennes ; ce sont des fra celées par les explosions récentes et lancées l'extérieur, alors qu'elles étaient entièrement con solidées, mais possédaient une température relabi vement élevée (sans doule acquise). Les aulres sont ou monogènes, ou arrondis, @t formés par la réunion de fragments agglomérés ce sont, dans ce cas, des débris de brèches. Ces. sont des ob mais elles varient à la fo dans leur composilion chimique et minéralogiq (richesse plus ou moins grande en olivine, en le cite, en plagioclases) et dans leur structure. È Dans quelques-unes d’entre elles, il est possib de reconnaitre des types pétrographiques comp - rables à ceux qui sont conaus dans les coulées} historiques du Vésuve. » | Les autres, beaucoup plus crislallines, possédant | une structure doléritique, sont plutôt à comparer | à certains des types qui abondent dans les tufs et les brèches de la Somma et qui ont une même, origine; ce sont des fragments de coulées intrü-. sives ou de filons, ayant cristallisé à une pro- fondeur plus ou moins grande, et par suite dans des conditions différentes de celles des types pré- | cédents. Ces roches sont parfois miarolitiques el renferment alors dans leurs cavités des cristaux 1 A. LACROIX — L'ÉRUPTION DU VMÉSUVE EN AVRIL 1906 933 mets de leurs minéraux constitutifs, auxquels | s'ajoutent fréquemment de la hornblende et de la | biolite. L'étude de ces diverses roches est intéressante en ce qu'elle permet de retracer les variations du L agma de ce massif volcanique et l'influence des ton de refroidissement sur la nature des complexes, me préoccupe depuis de longues années. Les modifications métamorphiques observées es à des actions caloritiques : elles se sont pro- uites aux dépens de blocs charriés par le magma encore fluide ou retombés dans celui-ci après pro- jection; elles peuvent être d'origine récente, s'être effectuées au cours du paroxysme actuel. Les C inéraux fusibles ont fondu, donnant ainsi un erre, qui enveloppe des débris intacts et renferme fréquemment quelques minéraux néogènes. Ces bphénomènes de fusion s’observent aussi bien dans Mes roches volcaniques que dans celles qui résultent du métamorphisme de calcaires‘. Le verre est noir, “sauf dans des roches d'un blanc verdâtre à aspect “ponceux, dans lesquelles des grains anciens de È uartz, des cristaux récents de pyroxène etde wol- Jastonite sont noyés au milieu d'un verre incolore et bulleux; elles correspondent à des grès calcaires métamorphisés, fondus. | Beaucoup plus importantes sont les modifications Mqu il me reste à étudier; elles se sont produiles à ue température inférieure à celle de la fusion du “plus fusible des minéraux constituant la roche “normale. Elles ne sont plus l'œuvre de l’éruption récente comme les précédentes, mais résultent une action antérieure, longuement prolongée; “elles s'observent enfin, soit dans des blocs de lave, Msoit dans ceux de brèches, formés de fragments, de petits lapilli et de cristaux nets plus ou moins soli- Mdement agglomérés entre eux. L'intensité des modifications observées est très Mariable suivant les échantillons. Quand l'attaque a Mété légère, l'aspect macroscopique de la roche n'est point changé; si elle était originellement bulleuse Lou scoriacée, lLoules ses cavités sont tapissées de uminéraux néogènes cristallisés; dans le cas d’une brèche, tous les fragments qui la constituent sont enrobés par un givre des mêmes substances. Mais souvent l'atlaque est plus profonde; par | Suite de corrosion, les cristaux de leucite devien- EE 1 J'ai observé des faits du mme genre dans les blocs holocristallins qui abondaient dans les projections de la dernière éruption (1902) de la Soufrière de Saint-Vincent. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. nent comme autant de petites géodes; puis la trans- formalion gagne de proche en proche : tantôt de grandes cavilés se creusent, tantôt la structure change complètement; de compacte, elle devient uniformément poreuse, très cristalline; de grands cristaux néogènes (particulièrement de microsom- mite) apparaissent souvent, simulant des phéno- cristaux, lächement unis aux minéraux qui les entourent. Il est parfois difficile de distinguer un bloc monogène, offrant ce genre de transformation, d'une brèche polygène suivant le même processus. Le caractère essentiel de toutes ces modifications, quelle que soit leur intensité, réside dans la dispa- rition partielle ou totale de la leucite, qui conserve ses formes géométriques, mais se transforme en sanidine, en sodalite et surtout en microsommite, fréquemment accompagnée de plagioclases ba- siques. Il ne s’agit pas toujours d’une épigénie sur place ; les produits néogènes vont aussi cristalliser en dehors du moule leucilique, et ce sont eux qui prennent des formes netles dans les cavités voi- sines. Ces minéraux incolores, feldspaths et feld- spathoïdes, sont accompagnés de nombreuses autres espèces minérales, offrant aussi de fort beaux cris- taux ; les plus abondantes sont : l'augite, la horn- blende, la biotite, l'hématile, la magnétite, plus rarement le grenat mélanile, le sphène et l'olivine; j'ai observé, en oulre, quelques cas de recristalli- sation de leucite. Ces minéraux ne se groupent pas d'une facon quelconque; ils constituent des associations favo- rites, en relation, d'une part avec la roche aux dépens de laquelle ils se sont produits, et, d'une autre, avec les conditions de leur cristallisation. C'est ainsi, par exemple, que la hornblende brune et la magnétite, souvent associées, paraissent s'être formées en milieu réducteur, landis que l’augite aegyrinique jaune d'or, dont le fer est en partie peroxydé, loujours accompagnée d’abondants cris- taux d'hématite, a certainement cristallisé en milieu oxydant. Ces minéraux ferrugineux ou ferromagnésiens ne sont pas simplement formés en beaux cristaux dans les druses; ils imprègnent aussi la roche, moulant ses éléments normaux; l’augite et l'amphi- bole, quelquefois le mica, peuvent s'orienter géo- métriquement sur le pyroxène ancien. Tel est, en particulier, le cas pour l’augite jaune d'or; dans les blocs renfermant ce minéral en cristaux dru- siques, l'augile ancienne se colore progressivement en jaune et prend les propriétés optiques de l’au- gite aegyrinique. Cette observalion mérite d’être retenue, car elle nous fournit une donnée expéri- mentale précise sur le mécanisme de cette transfor- mation des leucitites du Latium à laquelle a été | donné le nom de sperone. Celle comparaison est 24% 934 A. LACROIX — L'ÉRUPTION DU VÉSUVE EN AVRIL 1906 | encore accentuée par l'existence, dans certains de ces blocs, de cristaux de mélanite, l'un des minéraux caractéristiques du sperone !. Je n'insisterai pas davantage sur le délail de ces phénomènes complexes, dont je poursuis l'étude, me bornant à faire remarquer qu'ils sont d'un intérêt spécial pour les minéralogistes français, car ils jettent un jour très vif sur l'interprétation à donner aux blocs à minéraux, qui, depuis long- temps, ont rendu célèbres certains gisements trachytiques du Mont-Dore. Le mécanisme de ces transformalions métamor- phiques peut êlre établi avec une certaine vraisem- blance; on sait que la période éruptive qui vient de se terminer par l'éruption récente a eu pour principal résultat de combler progressivement le profond cratère, creusé par le paroxysme de 1872. Les fréquents épanchements de lave qui se sont produits sur les flancs du cône du Vésuve, depuis 1875, montrent que le magma fondu a été, pendant toute cette période, en contact intime avec les parois .des canaux souterrains du cône ; il leur a fourni, non seulement de la chaleur, mais encore des émana- tions, dont nous connaissons la nalure et dont les produits ont dû les imbiber, s'exerçant à une tem- péralure supérieure à 500°; on a vu, en effet, plus haut, que les chlorures alcalins secs donnent des vapeurs entre 850 et 900° C. C'est à l'action de ces émanations qu'il y a lieu d'attribuer toutes les transformalions qu nous occupent; celles-ci ont äonc élé produiles particulièrement par les chlo- rures et les sulfates alcalins el surtout par ceux de sodium {celui de potassium restant sans action sur les silicates potassiques), qui imprègnent encore tous les échantillons éludiés; les expériences de Lemberg ont d'ailleurs montré l'influence de ces sels sur la leucite à la température du rouge. Il est frappant de constater la constante substitution de minéraux essentiellement sodiques ou calciques à la leucite, presque exclusivement potassique; les deux minéraux blancs néogènes les plus fréquents dans nos blocs métamorphiques sont, en effet, la sodalite, qui n'est autre chose qu'une néphéline additionnée de chlorure de sodium, et la microsommite, sorte de néphéline sodo-polassique, compliquée par la présence de chlorure et de sulfate de sodium et de calcium. L'intérêt général que présentent ces transforma- lions est donc de montrer avec une netteté parfaite l'influence qu'exercent, dans le métamorphisme de contact, les produits volalils ou transportables, ‘Il est de même à noter que, d'après MM. Sabatini et Viola, la leucite des leucitites du Latium présente fréquem- ment des épigénies en plagioclases de composition variée, qui, par suile, peuvent èlre également expliquées par l'ac- lion de fumerolles. émanés par le magma, et la fixation de certains d'entre eux par la roche transformée. Ces conclu- sions sont celles que j'ai défendues à de nom- breuses reprises, en prenant pour base les modifi- cations de contact des roches de profondeur. Les magmas leucitiques occupent parmi Jes magmas éruptifs une place tout à fait spéciale au point de vue de l'intensité du métamorphisme qu'ils sont susceptibles de déterminer à leur con- ; tact. J'ai montré depuis longtemps, par la considé- ration de leurs enclaves!, que, même lorsqu'ils sont. très basiques, et c’est le cas de celui du Vésuve, ils | È sont, à ce point de vue, à comparer aux magmas trachytiques et granitiques plus qu'à tout autre: les observations récentes, dont je viens d'expose les principaux résultats, renforcent cette manière de voir. Enfin, l'instabilité de la leucite en présence de fumerolles, mème superficielles, fait mieux com- prendre les causes de la rareté de ce minéral dans les roches de profondeur etsa transformalion côns- tante (en orthose ou en orthose et néphéline), dans les quelques roches grenues (syénites à pseudo-leu- cite par exemple) où elle a pu cristalliser, grâce à des conditions spéciales, mais sans pouvoir se maintenir. 1 En terminant, j'insisterai encore sur ce que le rôle joué par le paroxysme récent dans les phéno- mènes que je viens de passer en revue n'a pas été efficient; il a seulement consisté dans la mise à notre portée des documents étudiés. Il est vrai- semblable que tous les grands paroxysmes explosifs de ce volcan ont agi de même; il en existe des preuves pour quelques-uns d’enlre eux : ceux? de 1822, 1839, 1850 et 1872, qui ont fourni, en plus ou moins grande abondance, des blocs iden- tiques ou analogues à ceux de 1906. Ù n. V. — ConNGLUSIONS. en Th Les divers phénomènes qui se sont succédé au cours de l’éruption de 1906 étant connus, il y a lieu de se demander quelle place cette éruption occupe parmi les manifestations antérieures du Vésuve. ? L ! Les enclaves des roches volcaniques, Mäcon, 1903. ? Ces blocs ont été particulièrement abondants en 1872; les formes cristallines des minéraux qu'ils renferment sont bien connues, grâce aux travaux de A. Scacchi (Rendic. R. Accad. Scienz. Napoli, IV, 1872). D'après celui-ci, ces blocs n'ont pas été rejelés par des explosions verticales, comme ceux de 1906 ; ils ont été charriés par la lave, qui s'est épanchée par une ouverture située dans l’Atrio del Cavallo et à la base du cône; ils étaient, par suite, souvent entourés d’une écorce de magma récent, mais avaient certainement la même origine que ceux étudiés dans cette note. Scacchi, qui ne s’est occupé que des cristaux formés dans les druses;, les considérait comme formés par sublimation; on vient de voir qu'il ne s'agit pas là d'une véritable sublimation : ces minéraux se sont formés sur place. A. LACROIX — L'ÉRUPTION DU VÉSUVE EN AVRIL 1906 ee) 2 O4 Cette recherche est facilitée par une intéressante Note, publiée l'an dernier par M. Mercalli, sur la succession des phénomènes éruptifs de ce volcan”. Les observations précises sur les éruptions du Vésuve datent du grand paroxysme de 1631, depuis lequel l'activité a été presque continue; es neuf éruptions, signalées au cours des quinze siècles qui ont suivi l'éruption plinienne, ne nous || fournissent, en effet, à cet égard que des renseigne- _ ments incerlains. | Les éruptions du Vésuve peuvent être divisées “en deux grands groupes : les unes ont été exclusi- “vement explosives, alors que, dans les autres, les Les éruptions exclusivement explosives se pro- duisent, d'ordinaire, après une période plus ou Tagceau 1. — Les périodes d'activité du Vésuve depuis 1712. sions stromboliennes comblent le cratère de l'érup- tion précédente, y édifient un petit cône terminal; le magma fondu monte très haut, se déverse entre ce pelit cône et les bords anciens du cratère, sou- vent même s’épanche sur les pentes externes du grand cône; des fumerolles nouvelles apparaissent en haut de celui-ci, là où une fissure va bientôt se produire. Des explosions meltent ensuite en mietles le petit cône terminal; des secousses du sol ébranlent la montagne, puis les explosions strom- boliennes diminuent ou cessent. Une fissure s'ouvre alors à grande altitude dans le cône, la lave s'en écoule pendant un jour ou deux seulement, puis une bouche nouvelle apparait plus bas. À partir de ce moment, l’éruption peut évoluer de deux facons différentes; dans le cas le plus fré- quent, que l'on peut, avec M. Mercalli, appeler le PÉRIODES D'ACTIVITÉ presque continue Type 1872 a 17 1537 (19-31 Mai T1 ans environ (Novembre) 17 1360 (23 Déc. à Mars 1761 3 ans 17 1767 (15-27 Octobre 2 — (Février) 17 7:9 (3-15 Août 5 — (Août 1783-1 s 179% (15 Juin à 5 Juillet 4 — 1799-1822 1822 (22 Octobre à Nov. 4 — 1S27-1838 1839 (1-4 Janvier 2 ans 7 mois Septembre) 1841-1850 1850 (5-15 Février 4 — environ (Décembre, 1854-1855 (Avril 1855 (1-27 Mai 6 mois (Décembre) 1855-1861 (Septembre ISGL (8-10 Décembre 2 ans environ (Février 1864-186N (Octobre 1868 (45-25 Novembre D — (Décembre) 1870-1872 (Avril 1872 (26-30 Avril 3 ans 1 mois (Décembre) 1875-1906 (Avril 1906 (Avril ? PAROXYSMES PÉRIODES DE REPOS Type 1360 “ün paroxysme strombolien, accompagné de vio- Mlontes détonations: elles se terminent par des mexplosions vulcanienues, plus ou moins violentes, “lançant dans l'espace une grande quantité de “cendres fines. L'éruption de 79, celle de 472, dont les cendres, dit-on, furent transportées jusqu à “Constantinople, celles de 1649 à 1660, de mai, uSeptembre et décembre 1900, de mars-avril 1903, “peuvent être citées comme exemple. … Les éruptions ayant fourni des laves doivent être divisées en deux groupes : le premier correspond äu cas le plus fréquent, dans lequel les laves sor- Llent des flancs du cône (éruptions latérales), dans les autres, le point de sortie est extérieur au cône (éruptions excentriques). Les éruptions latérales débutent presque tou- Jours de la même façon. Tout d’abord, des explo- D Ati del V Congresso geograf. ital. tenuto Napoli 11 aprile 1904. IL. Sez. I. Scientifica, p. 271. type 1895, l'épanchement est tranquille et se pro- longe pendant plusieurs mois. À ses débuts, le cra- tère s'approfondit et il se produit des explosions vulcaniennes; mais, tant que la lave coule, des explosions stromboliennes où mixtes (c'est-à-dire renfermant à la fois du magma fluide et de la lave entièrement consolidée) se succèdent : elles aug- mentent d'intensité dès que l’épanchement cesse ou se ralentit. Les éruptions commencées er octobre 1751, en avril 1766, en août 1834, on mai 1858, en décembre 1881 (à janvier 1882), en juin 1891, en juillet 1895 et en août 1903, peuvent être citées comme appartenant à ce type. Dans le second (tvpe 1872), l'épanchement de lave est violent et rapide : il ne dure qu'un jour ou que quelques jours; le maximum du dynamisme du cratère précède immédiatercent l'épanchement de lave ou lui est contemporain; des phénomènes explosifs se produisent parfois aussi sur la fissure latérale. Sous l'influence du paroxysme explosif, le cratère s’élargit, le sommet du cône s'effondre, et, l’éruption une fois terminée, la montagne, dimi- 936 A. LACROIX — L'ÉRUPTION DU VÉSUVE EN AVRIL 1906 nuée d'altitude, reste creusée d’un cratère large et profond. Telles ont été les éruptions de 1631, 1737, 1767, 1779, 1822, 1839, 1850, 1855, 1868, 1872. Les éruptions excentriques (type 1760), qui sont presque la règle à l'Etna, constituent une rare exception au Vésuve (1760, 1794, 1861). La lave s'épanche alors, non pas des flancs du dôme ter- minal, mais des pentes sud-est de la Somma, à une altitude variant entre 500 et 300 mètres (voir la Carte, p. 884). Le mécanisme de ces éruptions est moins régulier que celui des précédentes ; les mouve- ments du sol précurseurs sont plus extérieurs, des soulèvements locaux sont parfois constatés (1861); il se produit des cônes adventifs; enfin, la durée du prroxysme est intermédiaire entre celle des Lypes de 1895 et de 1872. Les éruptions des types 1872 et 1760 clôturent toujours une période d'activilé plus ou moins longue (explosive ou du type 1895); elles sont tou- jours suivies d'un repos à peu près complet du volcan, repos dont la durée moyenne est de trois à quatre ans‘ (Tableau I, p. 935). Ce rapide exposé ne laisse aucun doute sur le caractère de l’éruption récente : elle réalise le type 1872 et termine la période d'activité presque continue depuis décembre 1875. Elle présente, en effet, les caractéristiques dominantes de ce Lype : épanchement rapide et court de lave parlant du flane du cône, violentes explosions vulcaniennes, décapitant le volcan et creusant une caldeira, ces- sation rapide et complète de l’aclivité; il va être d'un grand intérèt de voir quelle sera la durée du calme actuel. Aucun phénomène nouveau n'a été constalé au cours de celte éruption; l'importance des coulées est comparable à celle de l'éruption de 1872; mais l'intensité des caractères explosifs a été supérieure et la place à côté des paroxysmes de 1779 et de 1822, avec les projections destructrices d'Otlajano- San Giuseppe en plus. Les résultats de l'étude des avalanches sèches, du mécanisme de leur production, de leur action la topographie du cône, des brèches qu'elles sur ont produites, les données sur le métamorphisme dû aux magmas volcaniques fournies par les blocs à minéraux rejetés par les explosions vulca- niennes, constituent, à mon avis, les principales acquisitions dont la science sera redevable à l'éruplion actuelle, ou tout au moins ce sont les questions qui m'ont paru les plus dignes d'être étudiées et sur lesquelles j'ai porté tout mon effort. Il est, en outre, particulièrement suggeslif de voir réunies dans une même éruption et réalisées successivement avec une égale intensité des carac- Le Vésuve a fonctionné téristiques opposées. | | d'abord sous la forme familière aux magmas ba- siques, puis sous celle regardée comme caracté= risant les magmas acides, puisqu'il a fourni des. projections (stromboliennes) de magma incandes- cent et des coulées de lave longues et rapides rap pelant celles des basaltes, et enfin des projections (vulcaniennes) de matériaux entièrement solidifiés,… accumulant des brèches identiques, comme struc ture, à celles des rhyolites, des trachytes et des andésites acides. Il a donc reproduit en quelques Jours l'histoire séculaire de la Montagne Pelée, rap} pelée page S81, apportant ainsi un argument de plus en faveur de l’idée que j'ai exprimée au début dem cet article, à savoir que la forme du dynamisme d'un volcan est essentiellement fonction de l'état physique du magma au moment de l'éruption à il m'est permis de la compléter en disant que l'éruption récente a montré avec quelle aisance la forme du dynamisme change, dès que cette condi- tion essentielle se modifie. En terminant, je ferai remarquer que l'éruption qui vient de finir nous permet d'interpréter d'une façon qui semble définitive le mécanisme de celles qui a anéanti Pompéi en l'an 79. L’élude de son évolution éclaire, en effet, le récit de Pline, alors que celle des matériaux récemment rejelés sur les flancs Nord-Est du volcan fait mieux comprendre comment ont été accumulés ceux qui recouvrent la vieille ville ensevelie. La partie explosive du paroxysme récent est la reproduction de l’éruption plinienne. Celle-ci a débuté par des explosions vulcaniennes (le fameux pin décrit par Pline), débouchant une vieille ouver= ture du volcan ou en ouvrant de nouvelles; elles ont élé suivies de violentes explosions projetant les ponces de Pompéi, mélangées à des débris du vieux sol. L'éruption a été clôturée par de grandes explo= sions vulcaniennes, qui ont déterminé la destlrue= lion d'une partie du sommet de la Somma et accumulé les couches de cendre fine recouvrant les ponces. Le désastre d'Ottajano et de San Giuseppe est donc la répétition, en pelit, de la destruction des, Pompéi ‘, avec cette réserve, toutefois, que Jam tuée, non par des débris anciens, comme les sCo= ries de 1906, mais par du magma neuf. | A. Lacroix, Membre de l'Institut, Professeur de Minéralogie au Muséum d'Histoire naturelle. ! J'aidiseuté plus complètement la question de Pompéi dans un article récent: Pompéi, Saint-Pierre, Ottajanos Rev. Scient., 1906. . | L'invention de M. Auer von Welsbach a précédé “de beaucoup la possibilité de son explication ralion- nelle. La théorie en a été cherchée au travers des phénomènes les plus divers : actions catalytiques, phosphorescence, émissions anormales, etc., et est seulement à la suite des expériences de MM. H. Le Chatelier el O. Boudouard que l’on a possédé a base solide sur laquelle celte théorie pouvait être échafaudée. J'ai exposé ici même‘ l'explication proposée par . Le Chatelier des phénomènes particuliers qui onnent au manchon son immense valeur indus- rielle, et j'ai pu, en m'appuyant sur tout un en- emble de recherches relatives aux lois du rayon- nement, et sans m'écarter sensiblement de son idée directrice, la préciser sur quelques points. C'était out ce qu'on pouvait faire à cette époque. Depuis lors, la question a fait de nouveaux pro- rès, gràce surtout aux travaux d’un physicien à qui l'étude du rayonnement est redevable de con- tributions de premier ordre, M. H. Rubens. Pour- suivant le cours de ses investigations, guidé par “une connaissance approfondie des choses du rayon- nement, et aidé par une technique consommée, M. Le Chatelier; mais, comme ils marquent un “progrès considérable dans notre connaissance de ces délicates questions, ils permettent de formuler ces idées sous une forme beaucoup plus précise que par le passé. C'est ce qui m'engage à donner un complément à mes précédents articles. I — Ceux qui ont eu le privilège d’enlendre M. Rubens | exposer ses nouveaux résultats dans une mémo- Mrable séance de la Société française de Physique ont mpardé, à côté du souvenir d'admirables expériences “ét d’un exposé élégant et clair, celui d’une termi- _ nologie à laquelle les physiciens de langue française Mont peu habitués, et qui, au premier instant, les La déroulés par un peu d'étrangeté. Les mots em- ployés par M. Rubens étaient la transcription litté- rale d'expressions aujourd'hui courantes en Alle- Mmagne, et qui avaient été généralement jugées heureuses, parce qu'elles sont brèves et forment image. Mais la traduction en a montré clairement le défaut : elles sont trop imagées pour rester tou- jours précises. EE _— 2 Voir la Revue, t. XII, p. 358: 1901. CH.-ED. GUILLAUME — LA THÉORIE DES MANCHONS A INCANDESCENCE 937 LA THÉORIE DES MANCHONS A INCANDESCENCE Pour qui n'était pas prévenu, il était, par exem- ple, bien difficile de comprendre le sens exact d'une phrase telle que celle-ci : « Un manchon incandescent, placé dans une enveloppe argentée, devient plus lumineux; les mesures au spectro- photomètre permettent de constater qu'il prend une température noire plus élevée, et qu'en même temps il noircit dans le bleu. » C'est que le mot noir, qui qualifiait nettement à l'origine un certain objet : une surface absorbant toute radiation qui la frappe, a élé tellement détourné de son sens primitif, qu'il a pris le contre-pied de l'acception ordinaire de ce mot. Il est intéressant de rechercher par quelles étapes la terminologie des radiations a passé, dans la langue allemande, pour arriver à être si complè- tement incompréhensible pour les non initiés. Les lois de Kirchhoff nous disent que, lorsqu'un corps noir devient un radiateur, il émet le maxi- num des radiations qu'un corps simplement incan- descent puisse fournir à la même température. Ainsi, de deux surfaces égales, portées à la même température, la plus noire est celle qui fournit le plus de lumière. C'est, assurément, une contradic- tion avec l'acception habituelle des mols ; mais les physiciens l'ont acceptée comme une convention, et comme la limite extrême des concessions que la langue vulgaire puisse faire à la langue technique. Le malheur des concessions, c'est qu'elles s'en- trainent. Le corps noir étant défini, le rayonne- ment noir (Schwarze Slrahlung) s'ensuivait comme une nécessité. Par définition même, le rayonne- ment noir est celui qui émane du corps noir, quelle que soit sa température. Et, lorsqu'on admet que le Soleil se comporte comme un corps noir, on en conclut immédiatement qu'il nous envoie un rayon- nement noir. Voilà bien la grande source de lumière noire. Mais comme, d'autre part, la lumière solaire est, par définition même, de la /umière blanche, « noir » et « blanc » ont exactement le même sens, ce qui est bien fait pour dérouter ceux qui ne possèdent pas la langue sacrée. On dira encore qu'un corps est plus noir qu'un autre; c'est alors que son rayonnement est plus voisin de celui du corps noir. Et, comme il faut s'entendre sur les qualités des diverses couleurs, on sera conduit à dire que tel radiateur est plus noir dans le bleu, par exemple, que tel autre. Cela signifie simplement qu'il est plus lumineux. Il sera tout aussi exact de dire, dans le même vocabulaire, que la radiation jaune du sodium est la plus noire de tout son spectre d'émission. 938 CH.-ED. GUILLAUME — LA THÉORIE DES MANCHONS A INCANDESCENCE Ce n'est pas encore tout; après avoir défini le rayonnement noir, ainsi nommé parce qu'il est le plus lumineux, on en est venu à parler d’une /em- péralure noire, comme étant celle que devrait prendre le corps noir pour rayonner à l'égal de tel corps que l’on considère. Je me garderai de dire que celte terminologie est incompréhensible; il suffit même de la con- naître pour ne guère s'y tromper. Mais pourquoi, sous le prétexte d’être bref, écrire volontairement des contre-sens? Les langues ne sont point encore si pauvres que l'on ne puisse trouver des termes différents pour désigner des concepts opposés. L'engrenage est fatal. L'expression « corps noir » admise, tout le reste suit. C'est donc ici qu'il faut rompre avec une image trop facile. J'ai proposé, pour désigner le même objet, l'ex- pression radiateur intégral: quelques physiciens l'ont acceptée; elle s'explique d'elle-même, et se décompose de manière à permeltre la comparaison; un radiateur peut être plus ou moins intégral, el cela se comprend; toutefois, je préférerais, dans ce dernier cas, une périphrase disant qu'un corps est plus ou moins voisin du radiateur intégral. La radiation ne sera plus noire, mais intégrale. Enfin, pour la lempérature, il n'est nullement nécessaire de conserver le même qualificatif. On emploie depuis longtemps le terme de température équivalente, {rès explicite, et parfaitement correct. Ce préambule est un peu long ; il m'a paru néces- saire pour chercher à arrêter, sur une pente fà- cheuse, une terminologie qu'il ya d'autant plus d’in- térêt à conserver claire que les concepts auxquels elle se rapporte cachent encore quelques obseurités. IT Les qualités rayonnantes d'un corps varient avec sa température. Le cas du quartz amorphe est classique. À la température d'un Bunsen, il est absolument transparent. À celle du chalumeau oxyhydrique, il est éclatant. Dans l'étude du manchon Auer, on observe des effets analogues. Voici la brillante expérience par laquelle M. Rubens le démontre : L'image du cra- tère d’un arc est formée sur un point du manchon froid, puis reprise, et projetée, avec interposition d'une cuve bleue, sur un écran au plalino-cyanure de baryum. Celui-ci émet la belle radiation d'un vert bleuâtre qui le caractérise. On allume le brû- leur de manière à rendre le manchon incandescent. Aussitôt, l'écran perd de son éclat. La raison de ce phénomène, à première vue para- doxal, réside dans le fait que le manchon est, à la température élevée à laquelle il émet lui-même de la lumière, beaucoup moins réfléchissant qu'à froid, surtout dans la région bleue du spectre. Son pouvoir émissif dans le bleu a ainsi considérablement aug= menté. L | M. Rubens a soumis la question du pouvoir. émissif du manchon, el de sa variation avec Jan température, à des vérifications diverses, qui ont porté sur les régions extrèmes du spectre visible Voici une expérience très probanle : 42 Un brüleur À (fig. 1) est placé au centre d'un. 3, 4. On l’observe à l’aide d'un spectrophotomètren dans les condilions suivantes : 1° Le manchon central est seul incandescent; 2° Les manchonS est froid ; 3° Les cinq manchons sont incandescenls Désignons par B l'intensité du rayonneme pereu au photomèlre dans la région bleue du Fig. 1.— Dispositif de M. Rubens pour étudier la variation du pouvoir émissif du manchon.— A, 1,2, 3,4, brüleurs. spectre (À=04,460), par R dans la région rouges (= 04,650). Les éclats mesurés sont, dans les trois cas, les suivants : ÉCLAT DU MANCHO Bleu Roug R B Expérience n° 1 : Emission seule. . . . — n° 2 : Réflexion diffuse. 0,27 B 0,234 — n° 3 : Emission et réflexion. 41,0S B 1,23 ; On voit que, dans le rouge, la lumière diffusée s'ajoute simplement à la lumière émise, en même quantilé qu'à froid. Le pouvoir réfléchissant di manchon n'a done pas élé modifié par l'élévation de sa température. Il n'en est pas de même dans le bleu, où la quan“ tité de lumière réfléchie est tombée de 0,27 B à. 0,08 B. Si l’on supposait le pouvoir réfléchissant égal à l'unité à froid, on serait conduit à admettre, pour la valeur du pouvoir émissif à chaud, 0,27 — 0,08 0,27 est done un minimum. L Une autre expérience a consisté à observer le rayonnement du manchon placé au centre d'une. cloche argentée. Le rayonnement dans le bleu était augmenté de 19 °/,, alors que, dans le rouge, äl était plus que doublé. Or, il est certain que l'en- semble du rayonnement renvoyé sur le manchon | élevait sa température, et il eût suffi d’un écart de 19 degrés pour expliquer l'augmentation de l’émis- | sion bleue sans modification de son pouvoir émissif. Ce écart peut être largement concédé, et on en con- À 1 ».. 2 c'est-à-dire 0,7 environ. Cette valeur | | À | CH.-ED. GUILLAUME — LA THÉORIE DES MANCHONS A INCANDESCENCE … clut que le fait, pour le manchon, d'être placé dans . enceinte réfléchissante, ne rapproche que très … peu son rayonnement bleu de celui du radiateur in- “tégral. Le rouge, au contraire, en est fort éloigné. La détermination de la fempéralure équivalente est indépendante de celle du pouvoir émissif. On «mesure l'émission tolale dans une région donnée … du spectre, et l’on étalonne le photomètre sur un radiateur intégral. La température équivalente est, d'après sa définition, celle du radiateur intégral de même émission totale. M. Rubens a trouvé, dans le bleu, pour un manchon sous verre, une température équivalente 939 étalé jusqu'à 82 par un prisme de fluorine, et jus- qu'à 184 par un prisme de sylvine. La relation connue entre l'indice de réfraction de ces corps et la longueur d'onde permet de ramener les résultats au spectre normal en longueur d'onde. Les nombres trouvés par l'expérience faite sur le manchon incandescent sont d'une interprétation délicate. En effet, au rayonnement du manchon s'ajoute celui du brûleur, sensiblement nul dans le spectre visible, mais intense en certaines régions du spectre infra-rouge, et notamment au niveau des bandes de la vapeur d’eau et de l'acide carbo- nique. Il faut donc retrancher la seconde émission onnement F o di © ao (°] Puissance du ra + ë Le (®] FBogpemANsT del, 8 9 10 11 12 13 14 longueurs d'onde 154 Fig. 2, — Courbes du rayonnement du manchon incandescent. — À, rayonnement total; B, rayonnement du brüleur; C, rayonnement du manchon. comprise entre 1.560° et 1.590°. Dans le rouge, la température équivalente est inférieure de 200 de- grés environ à ces nombres. Ce qui a été dit du pouvoir rayonnant du manchon dans le bleu conduit à admettre la presque égalité de la lempérature vraie et de la température équi- valente pour ce rayonnement. On peut donc adopter comme température vraie du manchon, isolé de l'enceinte argentée, un nombre voisin de 1.560°. III Mais c'est seulement l'élude détaillée du rayon- nement, à l'aide d'un instrument absorbant toute l'énergie, qui peut renseigner complètement sur sa nature. Pour les mesures relatives au manchon, M. Rubens s’est servi de la pile thermo-électrique linéaire, dans l'exploration du spectre d'émission de la première, si l'on veut connaître les propriétés du manchon isolé. Le résultat de cet ensemble d'expériences est représenté dans les trois courbes À, B, C de la figure 2. La comparaison des deux premières courbes montre que, jusqu'à 2, le rayonnement du brüleur n'intervient que très peu dans l'émission totale. Vers 3v., il est déjà prépondérant, et entre 4 et 5wil existe presque seul. Enfin, à partir de 104, ce rayon- nement disparaît, et celui du manchon redevient important. Dans toule la région moyenne, le mé- lange Auer est très transparent ; il laisse passer, en effet, la presque totalité du rayonnement du brû- leur. La connaissance de la température vraie du man- chon, qui est, ainsi que nous l'avons vu, sensible- ment égale à sa température équivalente dans le bleu, permet de comparer direclement son émis- sion à celle du radiateur intégral de même tempé- rature. C'esl cetle dernière que représente la +000 3500 rayonnement Puissance de S 500 è À 100 ù 0 15ge Fig. 3. — Courbes d'émission du manchon Auer (C) et du radiateur intégral de même température (D). courbe D (fig. 3); et c'est de la comparaison des courbes Cet D que résulte l'explication des qualités techniques très remarquables du mélange Auer : émission presque intégrale dans le bleu et le vert, encore considérable dans le rouge, presque nulle dès que l'on sort du spectre visible. Ainsi, le man- chon se refroidit très peu par le rayonnement; il prend aussi bien que possible la température du 10r émissif Pouvoir CNT 77 5x 10e longueurs d'onde È Fig. 4. — Pouvoir émissif du manchon Auer. brûleur, et la rayonne sous forme d'émission en grande partie lumineuse. C'est bien la théorie qu'avait exposée M. Le Chatelier, mais elle est appuyée maintenant sur des données complètes. sur l'axe des abscisses dans la région qui contient le maximum et la presque totalité du rayonnement; normale du manchon. Fe Le pouvoir émissif élevé aux grandes longueurs d'onde est inutile pour l'usage ordinaire du bec | Auer. Mais aussi, il est peu nuisible, puisque l'émis= sion, dans cette région du spectre, n'est, pour le radiateur intégral, qu'une très pelite fraction du rayonnement lotal. En revanche, cette particularité s'est montrée fort utile dans des recherches de science pure. C’est gràce à elle, en effet, que M. Ru- bens a pu, dans ses classiques investigations sur les: grandes longueurs d'onde, employer le manchon comme source, et purifier son rayonnement par une série de réflexions sur des miroirs sélectifs": 14 Il était intéressant, pour des raisons diverses, d'étudier la facon dont se comportent des mélanges: différents de la combinaison adoptée par M. Auer. Un manchon flambé, puis trempé dans l'encre, enfin chauffé dans le brûleur, servit à déterminer les conditions du rayonnement de l'oxyde de fer. Le radiateur ainsi constitué arrivait seulement au rouge clair, à cause de son rayonnement considé- rable dans la région moyenne du spectre, et du refroidissement qui en résultait. Sa lempérature n'atteignait pas 1.100°, et son rayonnement, inap- préciable pour À—04,53, élait, pour À — 04,59, inférieur au trentième de celui du bec Auer. M. Le Chatelier a défini le rôle de l'oxyde de cérium, associé en petite quantité à l’oxyde de: thorium, en disant que la solution solide réciproque de ces deux substances constitue un corps coloré particulier, à grand pouvoir émissif aux faibles: longueurs d'onde. En effet, ni l'oxyde de thorium, ni l'oxyde de cérium ne donnent de bons résultats. Il faut, pour un brûleur économique, un mélange intime de ces deux oxydes, à raison de 1 °/, environ du deuxième. L'origine de cette propriété du mélange d'oxydes réside dans les pouvoirs émissifs respectifs de chacun d'eux. L'étude du spectre d'émission de l'oxyde de thorium a révélé un pouvoir émissifM | J | très faible dans la plus grande partie du spectre. M Seules, les très grandes longueurs d'onde sont favorisées. Le thorium peut ainsi, lorsqu'il est isolé, prendre, dans la flamme, une température EE ——— ! Voir la Ætevue du 15 janvier 1900. mélevée; mais, comme le pouvoir émissif dans le “spectre visible est très faible, son emploi pratique dans l'éclairage ne peut pas en bénéficier. Il en est tout autrement du rayonnement de oxyde de cérium. Le pouvoir émissif de ce der- er n'est très faible en aucun point du spectre; le 12,5 à Gu, il se tient au voisinage de 0,2; mais, deux extrémités du spectre étudié, il se relève onsidérablement; il est égal à 0,93 pour À — 04,59 bà l'unité pour À — 154; pour cetle longueur londe, il est un radiateur intégral. Ainsi, le cérium rayonne beaucoup d'énergie ans le spectre visible. Mais, comme il émet, en lus, beaucoup de radiations de toutes natures, sa empérature s'élève peu lorsqu'il est seul, et son ouvoir éclairant reste faible. Le simple mélange des oxydes ne vaudrait suère mieux que l'un ou l’autre d’entre eux; le hanchon posséderait des qualités moyennes. Avec .°/, de cérium, par exemple, il prendrait sensi- lement la température du manchon de thorium eul, et le cérium rayonnerait, à cette lempérature, roporlionnellement à sa surface. Mais il en est tout autrement dans leur solution “Solide réciproque. Le pouvoir émissif dans la par- du thorium, de telle sorte que le manchon prend ine température élevée; et, d'autre part, dans le omaine des faibles longueurs d'onde, le mélange but entier acquiert le pouvoir émissif du cérium. sont bien, en somme, les propriétés de chacun oxydes que l’on retrouve dans le mélange; elles Les deux années qui viennent de s'écouler n'ont #clatants qui mettent tout à coup à la disposition Ytiques au nickel de MM. Sabatier et Senderens, ou ls méthodes au magnésium de M. Grignard. La oduction scientifique a néanmoins élé très active La mis au jour un grand nombre de travaux inté- “ressants. Pour décrire rapidement ceux qui nous ont le plus frappé, nous suivrons l'ordre suivant : Mous nous occuperons d'abord des méthodes nouvelles permettant d'obtenir des produits se mrättachant aux séries déjà connues ; nous décrirons ensuile les fonctions nouvelles et les composés présentant ces particularités nouvelles ; nous ter- . Minerons par un certain nombre de monographies et de recherches synthétiques. “lie moyenne du spectre reste sensiblement celui | es chimistes une foule de substances jusqu'alors | nabordables, comme l'ont fait les méthodes cata- | L. BOUVEAULT — REVUE ANNUELLE DE CHIMIE ORGANIQUE [ apporté à la Chimie organique de ces progrès | 941 se sont seulement étendues et transportées sur l'ensemble, de manière que toute la masse les possède, pour le plus grand bénéfice de l'usage pratique du mélange. L'idée de M. Le Chatelier reste intacte ; mais les expériences de M. Rubens ont permis de lui donner une plus grande précision. Le thorium est surtout un support, relativement passif s'il est isolé; le cérium vient à point pour lui donner dans le spectre visible des propriétés nouvelles, à la manière d'un sensibilisateur dans une préparation photogra- phique. Depuis la sensationnelle invention de M. Auer von Welsbach, le manchon n'a que peu progressé dans le sens de son pouvoir éclairant. Mais il n'a peut-être pas dit son dernier mot; ainsi que l'in- dique M. Rubens, il reste encore une marge assez large pour s'approcher, dans le spectre visible, du ‘radiateur intégral. Si l’on pouvait élever jusqu'au voisinage de l'unité le pouvoir émissif du mélange dans cette région du spectre sans le modifier ailleurs, on triplerait le rendement du manchon. Ce serait l’origine d'un nouveau et très grand progrès dans l'éclairage. Mais la combinaison qui donnerait ce résultat n'existe pas nécessairement dans la Nature; celle qu'a utilisée M. Auer von Welsbach est déjà des plus remarquables, et c'est peut-être trop demander que de vouloir beaucoup mieux. Ch.-Ed. Guillaume, Directeur-adjoint du Burcau international des Poids et Mesures. REVUE ANNUELLE DE CHIMIE ORGANIQUE I. — MÉTHODES NOUVELLES. $1.— Préparation de l'hydrazine au moyen de l'urée. Une des réaclions qui semblent le mieux connues est celle de l'hypobromile de sodium alcalin sur l'urée, qui sert au dosage de celte dernière. M. Chestakof a montré que la formation caracté- ristique d'azote est due à l'action de l'hypo- chlorite sur de l’hydrazine qui prend préalable- ment naissance. En remplacant l'hypobromite par de l'hypo- chlorite de sodium, refroidissant à 0° et opérant en présence de benzaldéhyde, qui fixe l'hydrazine au fur et à mesure qu'elle prend naissance, il a pu obtenir de la benzaldazine, aisément décompo- sable en sulfate d'hydrazine. Un litre d'urine hu- maine fournit de 30 à 40 grammes de ce sel, ce qui correspond à un rendement de 60 °/, de la théorie. 942 L. BOUVEAULT — REVUE ANNUELLE DE CHIMIE ORGANIQUE L'urée, amide de l'acide carbamique, se trans- forme en hydrazine de la même manière que les amides des autres acides se transforment en amines ‘ AzC] AzH.CO.AzH? + NaOCI—H'O + HAz.CZ "ONa ,AzCI 'C H°A7,.C s'isomiérise en H°Az.A2: Sn. NONa H°Az. Az : + NaOH — H°A7.A7H.CO?Na + NacCl. NONa HPAZ. AZ. COPNa Na OH — COUNa? + H2A7.A7IP. S 2. — Synthèses d'acides bibasiques de la série grasse. En hydrogénant au moyen du sodium et de l'alcool absolu les éthers neutres des acides biba- siques, on obtient non seulement des glycols, mais aussi des lactones. M. Blanc s'est adressé à des acides bibasiques dissymétriques dont les deux carboxvles jouissent d’acidités différentes, en parliculier aux acides 22-diméthylsuccinique et 44-diméthylglutarique. Il a trouvé que, pour la préparation des lactones, il y à avantage à remplacer les éthers-sels par les anhydrides. Cette hydrogénation des anhydrides peut donner à priori deux lactones différentes : () [a] CHE Nco co” Nc ! CHe L | | cnrs CH CE CIH°— C£ Nc NC: suivant que c'est le carboxyle fort, comme dans le premier cas, ou le carboxyle faible qui est réduit. M. Blaise a constaté que la réaction se fait presque exclusivement au profit du corps représenté par la formule I. Ces diverses lactones ont ensuite permis à l’au- teur de réaliser un grand nombre de synthèses d'acides bibasiques se rattachant à la série du camphre ou aux séries voisines. I les oblient en chauffant les lactones avec du cvanure de potassium en tube scellé à 280-300° ou en transformant au préalable ces lactones en éthers d'acides bromés par l'action consécutive du penta- bromure de phosphore et de l'alcool : | Grignard, puis le dérivé organo-magnésien corres (D Br CHE CO + | ph —POBr + CH? COBr | | CH: | ,CH3 | CH—C CH— CS CHs NC Br Bi | m7 COBr | Capo —Hbr + dE 4 COOŒH" | | | ,cHe | cu CHE CL CP CS CIF NC | ‘ Il est intéressant, à propos de cette réaction, de mettre en évidence la grande parenté qui existe entre la réaction Ces éthers d'acides bromés réagissent ensuite à. leur tour sur les malonates et alcoylmalona à sodés en donnant des éthers d'acides tribasiques aisément transformables en acides bibasiques. 4 | S 3. — Synthèse des glycols biprimaires normaux et de leurs dérivés. La méthode d'hydrogénation des éthers-sels dés acides bibasiques ne se prête qu'avec peine l'obtention des glycols correspondant aux aci succinique, glutarique et adipique. M. Hamonet« pu, grâce à des méthodes très ingénieuses, com bler cette lacune. Le 6-chloropropionate d’amyle, traité par l'amyÿ late de sodium, donne le B-amyloxypropionatt d'amyle. Le sel de sodium provenant de la saponi fication de cet éther, soumis à l'électrolyse en pré sence d'une cathode de mercure, est décompos en sodium, qui se dissout dans le mercure, et él un anion qui subit la transformation classique C5H.0.CH°:CHA 2C*H!_.0:CH°:CH2.C0.-0—20C02+ |:% CH“ 0.CH°°CHE L'éther-oxyde diamylique du butanediol-1: est ensuite transformé par l'acide iodhydrique en diiodhydrine, qui, par la méthode de Würtz, fourni le glycol correspondant. Si, au lieu d'acide iodhydrique, on emploie un solution acélique d'acide bromhydrique, on peut préparer l'éther mixte : C°H"O.CH°.CH°.CH°.CH°Br Ce dernier composé est susceptible de se com biner avec le magnésium suivant la méthode d pondant, réagissant sur l'oxyde de méthyle mono chloré CH°CL.O.CH, fournit l'éther-oxyde homo logue supérieur : CHM.0.CIH.CHE.CHE. CIE. MgBr + CICHÉ. OC — MeBr0l + CHO.CHS.CH:.CH®. CHE. CHE. OCHÉ dont la méthode de saponification déjà décrite per met d'extraire le pentane-diol-1 :5 Enfin, en faisant réagir le phénate de sodium sur le chlorure de triméthylène, on peut se proeur le phénoxypropane +-chloré C°H°0.CH°.CH°.CI aisément transformable dans le dérivé iodé corres pondant. Ce produit, dissous dans l’éther anhydr eLlrailé par le sodium en fil, se condense en partie \ suivant l'équation générale : CSH5.0.CHÈ.CH2:CHS 2C‘HS (l c'b,0.cr.cue. dE + .0.CIE.CH°.CHÈ.CI+ Na —2Nacl d'Hoffmann el l’isomérisation de Beckmann. mème transposition moléculaire : Az.Cl On produit là _< muée en —A7z=— œ en opérant, dans le premier cas, en liqueur alcaline; dans le second, en liqueur très fortement acide. L. BOUVEAULT — REVUE ANNUELLE DE CHIMIE ORGANIQUE 943 Cet éther diphénylique de l'hexane-diol-1 :6 est ensuite converti en diiodhydrine, diacétate et enfin en glycol. L'obtention des glycols et de leurs éthers halo- génés a une lrès grande importance, car elle per- met de se procurer les nilriles des acides bibasiques, . dont on peut tirer à volonté, par hydratalion, ces lacides eux-mêmes, par hydrogénation, les dia- Lmines. “— Les résultats de M. Hamonet ont élé très heureu- “sement confirmés par M. von Braun, qui a obtenu “les éthers chlorhydriques des mêmes glycols par “une voie absolument différente. Il a trouvé que la benzoylpipéridine, traitée par le pentachlorure de “phosphore, se dédouble en benzonitrile et dichloro- “penlane-1 :5. CIE $ | 0H CH Az.C0.CI5 + PCI Vox — CH2/ CH°— CHE —POCIE + CH € Naz.C. Cr CHCHPAE NS dl à CH2— CHE CcH< N4z.C. CIE NcH— CH /N d à CIE — CH*CI — CH + Az: C.CHS. L'intérêt particulier de cette méthode est qu'elle * pourra sans doute être étendue aux homologues de la pipéridine. k $ 4. — Préparation d'éthers-oxydes de phénols. … Tandis que l’éthylate de sodium et le bromure … d'éthyle chauffés ensemble donnent aisément du … bromure de sodium et de l'oxyde d'éthyle, le phé- nale de sodium est sans action sur le bromure de phényle. M. Ullmann a trouvé que la réaction donne régulièrement de l’oxyde de phényle si l’on a “ soin d'ajouter aux deux produits chauffés ensemble - une petile quantilé de cuivre réduit pulvérulent. Le rôle du cuivre dans cette curieuse réaction n'a pas élé déterminé; il est vraisemblable qu'il se fait un sel cuivreux, qui se comporte comme dans les si curieuses réactions de Sandmeyer. I. — FonxCTiONS NOUVELLES. $ 1. — Ozonides. En faisant passer de l'oxygène fortement chargé d'ozone dans des composés non saturés fortement refroidis, M. Harries a obtenu la fixation de la molécule d'ozone sur la double liaison : R R R R SPA E0 0 SCC R« R, RM] Le nouveau produit, qu'il nomme ozonide, est, à l'état pur, indistillable et fortement explosible. Si on le prépare en présence d’eau, il se décompose régulièrement au fur et à mesure de sa formation, en donnant de l'eau oxygénée et coupant la molé- cule à l'endroit de la double liaison : R R, N co + co Ê 1 2 H20—JP0 + Les corps non saturés fixent autant de molécules d'ozone qu'ils contiennent de doubles liaisons. M. Harries a employé cette nouvelle méthode à l'étude de la constitution du caoutchouc: il a obtenu ainsi de l’eau oxygénée et de l’aldéhyde lévulique ; il en conclut que le caoutchouc a sans doute pour formule : CH*.C.CH®.CH?.CH | — CURE ] CH°CH2:CHE-G. CH $ 2. —Orthoquinones. En hydrogénant la quinone-dichlorimine, M. Will- staetter a pu préparer la quinone-diimine : CH —CH Gl'AZz:1K C: AzCI + 21° CH — CH/ CH — CH NC: AzH. —2HCI+HAz:C 2 CH— CH Mais il a pu obtenir plus aisément cette curieuse base en oxydant la paraphénylènediamine dissoute dans l’éther anhydreau moyen de l'oxyde d'argent. Le p-amido-phénol, traité de la même manière, a également fourni la quinone-monoimine : CH = CH OH.C£ Ÿ C.AzH° + 0 CH — CH CH = CH ('A7H: CHECK = H°0 + CO L'auteur a eu alors l’idée de soumettre au même réaclif la pyrocatéchine et il a pu obtenir l'o-qui- none, qui jusqu'ici avait été cherchée sans succes : CH— CH CHICEN VcH = co” CH >C.OH + 0 = HO + CH > CO. N cH — C.0H 7 S 3. — Iso-urées. M. Süeglitz et Noble donnent le nom d'iso-urées aux éthers imidés de l'acide carbamique : Ce mode de désignation n'est pas fondé, car on 941 L. BOUVEAULT — REVUE ANNUELLE DE CHIMIE ORGANIQUE n'appelle pas isoamides les éthers imidés de l'acide formique : La méthode qui leur permet d'obtenir ces nou- veaux corps n'en est pas moins intéressante; elle consiste à faire réagir sur les divers alcools à 60-70° le mono-chlorhydrate de cyanamide : AA Az. ’ IA VAE + RON — HPAz. . RCI. Cl OR Is remplacent d'ailleurs le mono-chlorhydrate de cyanamide, difficile à préparer, par un mélange équimoléculaire de cyanamide et de son dichlorhy- drate : AH. HCI H°Az.CŸ : \ EI $ 3. — Sous-oxyde de carbone. MM. Diels et Wolf ont obtenu cette extrèmement curieuse combinaison en traitant les vapeurs de malonale d’éthyle par de l'anhydride phosphorique chauffé à 300°. La décomposition se fait en éthy- lène, eau et sous-oxyde de carbone suivant l'équa- lion : AN N co , COCA 4 9 CH HO Le nouveau corps est un gaz aisément liquéfiable en un liquide bouillant à 7°, émettant des vapeurs extrêmement piquantes elirrilantes pour les divers organes; son odeur rappelle à la fois celle de l'a- croléine et celle de l'essence de moutarde. Abandonné à lui-même à basse température, il se transforme dans l’espace de quelques jours en une subslance amorphe d'un rouge brun, présentant à peu de chose près la même composilion que lui. À 37°, il se dédouble en oxyde de carbone et pro- duils colorés moins riches en oxygène, partielle- ment solubles dans l'eau, ressemblant aux produils obtenus par MM. Brodie et Berthelot dans l’action de l’effluve sur l’oxyde de carbone. La préparalion du nouveau corps est assez délicate. La décomposilion du malonate doit être faite dans le vide; elle exige, pour être complète, un poids 30 fois supérieur d'anhydride phospho- rique, qui doit être réparti dans un grand espace (on y arrive en le mélangeant à du coton de verre). Le malonale qui n'a pas été décomposé et l’eau qui s'est formée sont retenus dans un tube placé dans un mélange réfrigérant, à la suite duquel se trouve un tube placé dans l'air liquide où se liquéfient l'éthylène et le suboxyde de carbone. On les sépare ensuile par la distillation. Le suboxyde de carbone est un produit de déshy- dratation de l'anhydride malonique : co co PATES “= 4 CH? O—H0+C£ , Nco/ N CO car, au contact de l’eau, il se transforme presque immédialement en acide malonique. Il fixe de même, dans l'air liquide, deux molé= cules d'acide chlorbydrique en donnant le chlorure de malonyle : L'ammoniac gazeux et l'aniline, en solulion dans” l'éther anhydre, fournissent aussitôt la malonamiden et la malonanilide. 12 III. — MONOGRAPHIES. SYNTHÈSES DE PRODUITS NATURELS. L i $ 1. — Cyanure d’allyle. Le cyanure d'allyle, qu'on obtient facilement dans l’action du cyanure de potassium sur le bro- mure d’allyle, doit normalement avoir pour consli- tution CH°:CH.CH°.CAz. | On s'accorde cependant généralement à le con- sidérer comme étant le nitrile de l'acide crotonique CH°.CH : CH.CAz, parce que sa saponification fournit de l'acide crotonique, que son oxydation donne de l'acide oxalique et de l'acide acélique, et aussi parce : qu'en déshydratant le nitrile CH*.CH(OH).CH°.CAz M et l'oxime CH°.CH:CH.CH:AZOH, on a obtenu des produits ayant la composition et le point d’ébulli- ion du cyanure d’allyle. M. Lespieau, à la suite de longues et patientes recherches, a montré qu'on devait restiluer au cyanure d’allyle sa constitution normale et le considérer comme le nitrile de l'acide vinylacé- tique. En le traitant par le brome, à très basse tempé- rature, à l'abri de la lumière et de l'humidité, il l'a transformé en un bromure qui à certainement pour conslitution CH°Br.CHBr.CH°.CAz, car ül donne le même amide etle même acide, cristallisés tous les deux, qu'un nitrile synthétique, de consli- tution non douteuse, que M. Lespieau a obtenu en traitant par le bromure de phosphore le produit CH?Br.CH(OH).CH°.CAz de l'action de l'acide cyan- hydrique sur l’épibromhydrine. L'hydrogénation, par l'alcool et la poudre de zinc, de l'acide CH°Br.CHBr.CH°.CO°H, fournit un acide qui à pu êlre identifié avec l’acide vinyla- cétique, dont la constitution se trouve ainsi établie et la synthèse réalisée. En trailant par l'acide cyanhydrique l'épichlor- hydrine, M. Lespieau a obtenu le nitrile, l'acide, JH°.COOCH*, dont l'oxydalion ménagée permet btenir, par voie synthélique et à l’état de pureté faite, l'éther y-chloroacétvlacétique CH°CI CO. SZ. — Travaux sur les sucres. La théorie de la constilution des sucres a été onnée par E. Fischer, qui, aidé de ses élèves, a éalisé la synthèse de la plupart d’entre eux. Il reste cependant un certain nombre de sucres prévus bar la théorie et qui n'ont pas encore élé obtenus. Bun d'entre eux vient d'être découvert par M. G. synthèse et démontrer ainsi sa constitulion. Ce sucre, quil a appelé sorbiérile, a été extrait u jus de sorbier, où il accompagne la sorbite. Il a sorbose ne l’allère pas, tandis qu'elle transforme la sorbite en sorbose. La synthèse a été réalisée par la simple hydrogé- nation du sorbose en liqueur acide; cette réaclion donne, en effet, naissance à un mélange de sorbite èt de sorbiérite, qu'on sépare aussi à l’aide de la “bactérie du sorbose. Cette expérience montre que la sorbite et la sor- sorbite et la mannite avec lelévulose. Elle ne laisse de la sorbiérite, qui se trouve ainsi devoir être iden- ique à l’idite de Fischer, qui n'avait été obtenue par le savant allemand que sous forme de sirop : HER CHE OT CHOH—C—C—C—C—CH*OH Sorbite. homltar onl OH OH H OH H H OH OH CHOH — Le û - e_ b — CH°OH Mannite. of ou k ü RPC | | | CIHOH—C— C—C—CO— CH°OH Lévulose. | | | OH OH H NOR ILE a CHOH—CO—C—C— C— CHOH Sorbose. | Del OH H OH OH H OH H TR ST TR CH°0OH—C—C—C—C—CH?0H Sorbiérite Pan (dite). H OH H OH t “marines par l'acide sulfurique étendu, ont pu en “extraire un sucre de constitution analogue à celle du Bertrand, qui a élé assez heureux pour en faire la | brofité pour les séparer de ce que la bactérie du | biérite ont avec le sorbose le même rapport que la ! donc aucun doute sur la constitution du sorbose et | MM. Muther et Tollens, en traitant certaines algues | rhamnose, mais de structure stéréochimique encore indéterminée, auquel ils ont donné le nom de fucose. A peu près à la même époque, M.Votocek a extrait, desmélasses de betterave un autre sucre, le rhodéose, qui s’est trouvé l'inverse optique du fucose. M. Kiliani, dont les travaux sur la saccharine de Péligot ont été antérieurs à ceux de M. Fischer, dont il a été véritablement le précurseur, a continué ses recherches sur les saccharines qui prennent nais- sance dans l’action de la chaux sur le sucre de lait. Il a pu en extraire trois, la para-saccharine, la métla- et l’iso-saccharine et a déterminé la constitution de chacune d'elles et des substances sucrées qui déri- vent de chacune d'elles par dégradation du carbo- xyle. $ 3. — Amidon. On sait que l’amidon contenu dans les différentes cellules végétales se dissout dans l'eau bouillante en donnant une dissolution mucilagineuse particu- lière qui a reçu le nom d’'empois. Cet empois, traité par l'extrait de malt, est hydrolysé en maltose, dont il fournit une proportion, variable avec l'origine de l'amidon mis en œuvre, qui peut s'élever jusqu’à 80 °/, du poids de ce dernier. L'hydrolyse de l’amidon au moyen des acides minéraux élendus et bouillants le transforme directement en glucose, le mallose étant lui-même hydrolysé en glucose dans ces conditicns. L'empois d’amidon, abandonné à lui- mème à la température ordinaire, se solidifie par- liellement, phénomène que l'on a désigné sous le nom de rétrogradation. MM. Maquenne et Roux ont étudié de très près ce phénomène, etle résultat de leurs recherches a tota- lernent modifié les idées courantes sur la constitu- tion des divers amidons. Le produit solide, isolé de la solution d'empois, se redissoul partiellement dans l'eau, mais bien plus difficilement que l’amidon primitif. Sa solution est bien facilitée quand on chauffe sous pression à des températures variant entre 100 et 150°. Les solu- tions obtenues diffèrent des solutions d’amidon en ce qu’elles sont aisément filtrables, n’ont aucune des propriétés d'un empois el subissent bien plus rapidement que les empois le phénomène de la rétrogradation. Les solutions refroidies brusque- ment laissent déposer immédiatement l’amidon | rétrogradé, sous forme de petits grains ressemblant étonnamment aux grains d’amidon naturel. MM. Maquenne et Roux ont démontré que cel amidon rétrogradé constilue, en réalité, la matière | amylacée à l’état de pureté. Purifiée par des disso- lutions et dépôts successifs, elle se transforme en un produit qui, par le malt, fournit 102 °/, de son poids de maltose, le rendement théorique étant 105,55 ; ils ont nommé ce produit amylose. L'amylose n’est pas un produit homogène ; elle est 946 formée de mélanges en proportions indéterminées | stitué ainsi obtenu, saponifié par la soude, fourni de substances très voisines, toutes polymères d'un même corps, pouvant toutes se dépolymériser en se dissolvant dans l'eau. Cette dissolution daos l'eau est d'autant plus difficile que leur molé- cule est plus complexe. La coloration bleue donnée par l'iode appartient à l'amylose dissoute. L'amidon naturel est formé pour près de 80 °,, de son poids du mélange des diverses amyloses; le reste est un produit mucilagineux, l'amylopec- tine (ou amylomucine), qui ne se colore pas par l'iode, même à l'état liquide, et se dissout dans l'extrait de malt sans donner de maltose. C'est sa présence dans l'amidon qui est cause de l'apparence gélatineuse de l'empois. Sa présence facilite aussi beaucoup la dissolution de l'amylose et retarde sa précipitation, c'est-à-dire la rétrogradation. Tout se passe comme si, dans les grains d'amidon, amy- lose et amylopectine se trouvaient à l'état de solu- lion solide. MM. Maquenne et Roux, en ajoutant de petites quantités d'acides minéraux à l'extrait de malt, ont trouvé que son activité était beaucoup aug- mentée; il agit plus vite et donne avec un amidon déterminé des quantités de maltose plus grandes. Ceci rend vraisemblable, ou que la quantité d'amylomucine est encore inférieure à ce que pensaient les auteurs, ou que l'amylomucine peut, en présence de diastase activée, se dédoubler en donnant de l'amylose. £ L S +. — Matières albuminoïdes. On sait que les albuminoïdes, hydratés par les acides minéraux étendus, donnent naissance à des acides «-aminés, à des acides diaminés, à des acides oxyaminés et à des acides à la fois aminés et sulfurés (cystine). Il reste, en outre, une quantité importante, voisine de 30°/,, de produits non encore déterminés, dans lesquels on soupconne depuis longtemps la présence d'hydrates de carbone. Dans un tout récent travail, M. Langstein a mis en évi- dence la formation de quantités importantes de glu- cose (10 à 15 °/.) à partir de l'ovalbumine et de la sérum-albumine. La synthèse de chacun des produits de dédou- blement de l'albumine a été méthodiquement entre- prise par M. Fischer et ses élèves; l'œuvre est déjà très avancée. Une intéressante méthode découverle par M. Sorensen y rendra certainement de très grands services. Elle consiste à traiter l'éther phtalimidomalonique sodé : C0 } COCA Az.C co” | “CO*C'H5 Na C'H5/ par les combinaisons halogénées RX. L'éther sub- le sel d'un acide tribasique complexe : COONX: cons < > A N coon / que l'ébullilion avec les acides minéraux dilués décompose en acide phtalique, acide carbonique eb acide +-amidé : / COON + CO? C‘H*. . AzH?— CH — COH. | Ncoon R L'intérêt de celte méthode est qu'elle est appli: cable aux dérivés halogénés à fonction complexe C'est ainsi que le ?-chlorobutyronitrile donne nais sance à l'acide «-aminoadipique : H°17.CH.CO*H | CH CH CH COTE que les combinaisons dihalogénées, comme le bro= mure de triméthylène, fournissent à volonté des acides diaminés comme l'ornithine ou des acides oxyaminés. La synthèse d'un acide aminé et sulfuré, l'iso cystine, a été réalisée récemment par M. Gabriel Il a obtenu avec la phtalimide potassée et le bromure de triméthylène la +-bromopropylphtalimide : CE DA CIPGICIBE puis le dérivé alcoolique correspondant, qui, oxydé, se transforme en phtalyl-8-aianine : Co CH D A7. CIF. CH*CO®H. co La 5-alanine, qui en dérive, au contact du cyanale de potassium fournit l'urée correspondante et son produit de déshydratation, le déhydro-uracile : CO®II cu nf Es cu" Nat | —HO0E | J 2 CH co CH C0 AzH AzH L'action du brome transforme ce dernier en um dérivé «-bromé, qui, au contact du sulfocyanure de potassium, devient de l'hydro-uracile 2-sul focyané : co Az: C.S.CH/ “YAzi CHA, Jco È AzH que le chauffage avec l'acide chlorhydrique en vase s dédouble en anhydride carbonique, ammoniac ébisocystéine : Ccoon st AzIF CH? co® ” ÂzHE Enfin, cette dernière au conlact de l’iode donne disulfure correspondant, qui est l'isocystiae : COOH COH N CH.S.S.CH | | H°Az.CH® CH°.AzH°. Quant à lareconstruction de la molécule albumi- bide à l'aide de ses nombreux morceaux, cette che est encore peu avantée. M. E. Fischer espère btenir des corps comparables aux albuminoïdes condensant entre elles diverses molécules acides amidés: il obtient ainsi des produits qu'il ppelle polypeptides. L'état actuel de ses recherches a été récemment bimie organique de la Sorbonne par M. Maillard. à conférence a paru dans la Æevue. $ 5. — Alcaloïdes. à L'étude des alcaloïdes progresse avec lenteur. Nous n'avons pas à noter de progrès récents du té de la cocaïne, dont la synthèse totale seule èsle à faire. Le groupe des alcaloïdes du quinquina fre aux recherches une extrême résistante, à cause nombre et de la complication de leurs isoméries, pnt le mécanisme n'a pas encore été élucidé. Le rogrès est plus net dans la série des bases de bpium, gràce à de beaux travaux de M. Knorr et de . Freund, précisant ce qu'on sait sur laconstitution à la thébaïne, de la morphine et de la codéine et de urs mutuels rapports. Les travaux synthétiques M. Pschorr et de ses élèves sont aussi d'un heu- PUX augure. Le plus important résultat obtenu dans cette exposé avec beaucoup de talent au Laboratoire de | L. BOUVEAULT — REVUE ANNUELLE DE CHIMIE ORGANIQUE voie est la synthèse de la nicoline, réalisée par M. A. Pictet, de Genève, aidé de ses élèves, MM. Crépieux, Rotschy et Court. Ce beau travail a été exposé 12 extenso par son auteur lui-même, |! devant la Société chimique de Paris, le 2 juin 1906. M. Pictet a transformé l'acide nicotianique en £-aminopyridine par la méthode d'Hoffmann, puis cetle base en y-pyridylpyrrol, par distillation avec l'acide mucique. La pyrogénation de ses vapeurs isomérise le y-pyridylpyrrol en le dérivé x corres- pendant, base secondaire, méthylable à l'azote. Cette base méthylée, le v-méthyl-:-pyridvlpyrrol, s'est trouvée identique avec l'isodipyridine de Cahours et Etard (nicotyrine de Pinner et Blau) : CH — CI Az te Az CH NH CH CH cH/ ŸCE CH — CH À | FES a À NE ris: NA SE CH CH SZ Az v-pyridylpyrrol. a-pvridylpyrroi. Az CH eu CH — CH CH Je-ë (a cH AZCA5 -isodipyridine (nicotyrire). La nicotine ne diffère de la nicotyrine que par quatre atomes d'hydrogène en plus, transformant le noyau pyrrol en pyrroliäine. La difficulté était très grande d’hydrogéner le noyau pyrrolique sans toucher au noyau pyridique. M. Pictet ne l'a vaincue qu'avec beaucoup de peine, gràce à des traitements par le brome, suivis de réduction au chlorure slanneux. Il a enfin obtenu la »-méthvyl--pyridylpyrrolidine ou nicotine racémique, qui, dédoublée par le procédé de Ladenburg, lui a donné les leux nicotines énantiomorphes. L. Bouveault, Professeur adjoint à la Sorbonne. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 4° Sciences mathématiques Guichard (C.), Correspondant de lInstitut. — Sur les systèmes triplement indéterminés et sur les systèmes triple-orthogonaux (Collection Seientia). — À vol. in-8°, de 95 pages. (Prix : 2 fr.) Gauthier- Villars, éditeur. Paris, 1906. L'introduction de cet intéressant travail en indique clairement l'objet; M. Guichard s’est d'abord proposé d'étendre aux systèmes triplement indéterminés les méthodes qu'il à créées pour l'étude des systèmes à deux indéterminées, réseaux et congruences (voir di- vers Mémoires de l’auteur aux Annales de l'Ecole Normale supérieure, 1897-98 et 1903); cette extension fait l'objet des quatre premiers chapitres. M. Guichard part des systèmes points : un point M décrit un pareil système, quand ses coordonnees X,, X,..., Xn (eSpace à n dimensions) sont communes à trois équations linéaires aux dérivées partielles de la forme : ax dx MAX du: du; HE du: ant du? les indices À et j étant deux quelconques des nom- bres 1,2,3 et les coeflicients P et Q étant deux fonctions quelconques des trois variables u,,u,,u,. Un système droite est formé par une quelconque des tangentes à un système point; un système plan est décrit par le plan de deux tangentes d'un système point. M. Guichard étudie les propriétés essentielles de ces systèmes et leur étend l'importante loi d'orthogonalité. Mais le but essentiel de l'auteur est l'étude des sys- tèmes triple-orthogonaux dans les espaces d'ordre quelconque (chap. v et vu). M. Guichard indique une série de problèmes qui permettent de former de nou- veaux systèmes triple-orthogonaux. Il considère en particulier : 4° les systèmes triple-orthogonaux qui se correspondent de facon qu'entre les fonctions de Lamé h,,h,, 1, de Punet Îles fonctions 2',,4',, l', de l’autre existent les relations : BOHAUL DIÉAAUSS ha, = h,U, U, ,U,,U, étant respectivement des fonctions deuRUsUsS 20 les systèmes de l’espace à trois dimensions qui sont applicables sur un système de l’espace à six dimensions ; il ramène leur recherche à celle des systèmes orthogo- faux qui se correspondent, de façon que les fx (de M. Darboux) de l'un soient égaux aux fx de l’autre. Ces systèmes comprennent comme cas particulier ceux qui ont été étudiés par Ribeaucour et qui sont tels que toutes les surfaces d'une même famille aient même représentation sphérique de leurs lignes de courbure ; parmi eux se trouvent ceux qu'engendre la translation d'une surface. On voit que l'ouvrage de M. Guichard rassemble systé- maliquement beaucoup de recherches antérieures, et les complète de la facon la plus heureuse. - M. LELIEUVRE, Professeur au Lycéeet à l'Ecole des Sciences de Rouen. Lippmann (G.), Membre de l'Institut. — Thermody- namique./econs professées à ia Faculté des Sciences, rédigées par MM. Maruias et RENAULT; 2e édition, cou- forme à la première. — À vol. in-8° de 251 pages. (Prix : 9 fr.) A. Hermann, éditeur. Paris, 4906. Dans sa préface de 1888, l’auteur déclare que ces leçons ne constituent pas un Traité, mais qu'elles sont une « introduction qui pourra être utile aux jeunes physiciens » : ses espérances n'ont pas été trompées, | contre, il a été trop modeste, car cet ouvrage est bien car il n'existe pas de livre qui expose, mieux que celui-ci, les principes de la Thermodynamique; par un Traité et un Traité excellent et magistral. Il arri à sa seconde édition, sans avoir eu besoin d'être re manié : nombreux seront encore ses lecteurs, en dépit des mauvais caractères usés que l'éditeur a de nouveat employés. L'ouvrage est trop connu pour que nous donnions une analyse complète : rappelons seulement l’ordre des chapitres. Les deux premiers sont consacrés | aux principes de Mayer et de Carnot; vient ensuit leur application aux gaz et aux vapeurs, avec une étudl spéciale des changements d'état. Deux chapitres traiten des phénomènes électriques, deux autres des machines thermiques et des appareils réversibles ét non réver sibles. Tout cela est exposé sobrement, mais avec un lucidité admirable, qui est la caractéristique de savant ouvrage. AIMÉ Wirz, Doyen de la Faculté libre des Sciences de Lille: 2° Sciences physiques Thomson (J.-J), Professeur à l'Université de Cam bridge. — Elektrizitæts-Durchgang in Gasen (LE PASSAGE DE L'ÉLECTRICITÉ A TRAVERS LES Gaz). l'raductio allemande de M. Erich Marx, Privat-docent à l Un versité de Leipzig. — À vol. in-8° de 587 pages avee 487 fig. (Prix : 22 fr. 50.) B. G. Teubner, éditeur Leipzig, 1906. Il y a quelques mois, M. Ch.-Ed. Guillaume analysaits ici mème cette œuvre capitale du savant anglais M. E. Marx l'a rapidement mise à la portée du publie scientifique allemand dans une traduction publié aujourd'hui par la maison Teubner, qui ne négligé aucune occasion de faire connaître à ses compatriotes, dans leur langue maternelle, les œuvres primordiales des mathématiciens et physiciens étrangers. Il ne nous reste qu'à souhaiter l'apparition prochaine d’une tra: duction française de cet ouvrage fondamental pour tous. ceux qui s'intéressent à l'étude des phénomènes élec= triques dans les gaz. Hollard (A.), Docteur ès sciences et Bertiaux (L.), Essayeur du Commerce. — Analyse des métau par électrolyse. Métaux industriels, alliages minerais, produits d'usines. — 1 vol. iu-8 de 180 pages. (Prix : 6 fr.) H. Dunod et E. Pinat, édi teurs. Paris, 1906. M. A. Hollard est l’un des premiers qui aient tenté d'intreduire en France les théories modernes de l’élec= trolyse; il à contribué à les diffuser dans notre pays tant par ses publications personnelles que par sa tra duction du traité classique de Chimie analytique des, W. Ostwald. } Il a pu, en outre, apporter aux procédés d'analyse électrolytique des perfectionnements importants, don une pratique journalière du laboratoire lui démontrails la nécessité, et en indiquer de nouveaux dans un Cer= tain nombre de cas particuliers. + Ce livre se recommande donc à la fois par son carac= tère vécu au point de vue expérimental et par la solide base théorique donnée aux méthodes décrites; il mérite, par suite, d'être bien accueilli par tous ceux qui s'occupent de l'analyse des produits métallur- giques et qui savent la valeur de méthodes soigneu- sement étudiées. C. MARIE, Docteur ès sciences. À ‘ Revue gén. des Sc. du 28 février 1906, t. XVII, p. 198: BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 949 truc (H.), /ngénieur agricole, Préparateur à la « Station œnologique de l'Hérault. — Le Vinaigre. — …— 1 voi. de l'Encyclopédie scientifique des Aide-mé- moire. (Prix:2 fr.) Gauthier- Villars, éditeur. Paris, 1906. « L'industrie de la vinaigrerie est restée assez impor- . fante en France. Cependant, elle y subit une crise Bi: olongée depuis l'invasion des méthodes rapides alle- mandes et la diffusion sur tout le territoire de la DRnncation du vinaigre d'alcool à la suite du régime “fiscal inauguré en 1875. Cette industrie était jadis can- “onnée presque exclusivement dans l’Orléanais et le MNord de la France et la matière première employée était à peu près uniquement le vin. Actuellement, la production du vinaigre d'alcool est décuple de celle du naigre de vin. M. Astruc étudie d'une manière assez succincte, “mais cependant suffisamment complète pour être utile, Ma fabrication du vinaigre au point de vue théorique et au point de vue pratique. Les procédés de fabrication endent actuellement à devenir plus rationnels que ancien procédé orléanais; on s'efforce de placer les ctéries acétiques dans les conditions les plus favo- “liquides alcooliques. La plupart des appareils employés sont basés sur le “principe de l'appareil allemand ou essighilder, dans lequel on fait développer les bactéries à la surface des copeaux. Les perfectionnements tendent à régulariser le contact du liquide à acétifier avec les bactéries, à régler l'arrivée de l'air et à réduire les pertes par éva- Le travail de M. Astruc donne une excellente idée de l’état actuel de cette industrie. X. Rocques, Chimiste-expert des tribunaux de la Seine. 3° Sciences naturelles olfrom (Gustave). — Le Maroc, ce qu'il en faut connaître. — 1 vol. de 298 pages avec 20 gravures, m… publié sous le patronage du Comité du Maroc. Chal- … Jamel, éditeur. Paris, 1906. C’est là un ouvrage de grande vulgarisation : M. G. olfrom s’est proposé de faire connaître au public, en n livre facile à lire, tout ce qu'il est nécessaire qu'un itoyen français qui s'intéresse aux affaires extérieures “de son pays sache sur le Maroc. C'est en même temps un compendium commode dans lequel tous ceux qui, à un titre quelconque, ont à s’occuper du Maroc, com- mercçants, industriels, voyageurs, touristes, professeurs, pourront puiser les premiers renseignements indis- pensables et les éléments d’une étude plus approfondie. Des photogravures bien venues agrémentent cet exposé ët une carte sommaire, très schématisée, sert à fixer les idées du lecteur. … Depuis quelques années, la bibliographie du Maroc Ms est accrue considérablement; sans doute, cet accrois- sement ne correspond pas à une augmentation propor- Llionnelle de nos connaissances scientifiques, mais des documents de haute importance ont cependant été livrés à la publicité : le Comité du Maroc, la Mission “d'études de Tanger, sans parler de nombreux et fruc- Mieux efforts individuels, ont entièrement renouvelé le ùsujet: Fondre ce vaste amas de matériaux en un clair résumé, ne rien omettre d'essentiel tout en restant bref, c'était une tâche difficile et dont M. G. Wolfrom » s'est honorablement tiré. Dans quelques pages sur l'histoire du Maroc, il essaye d'abord de fixer les grandes époques et les principales dates des monotones annales de ce pays; puis vient la description du sol : les grandes chaines atlantiques, celle du Rif sont brièvement décrites et caractéri- Sées d’après les observations des derniers explora- teurs. Suivent quelques notes sur les cours d’eau, puis REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. l'énumération, avec description concise, des princi- pales villes de la côte et de l'intérieur. L'auteur donne ensuite quelques notions sur l’ethnographie et énumère les principaux groupes sociaux du Maroc. Puis viennent à ce propos des détails sur le voyage et l'exploration au Maroc. Le difficile chapitre des « Mœurs et habitudes » est ensuite traité avec la réserve convenable. Sur le makhzen, l'administration, l’organisation de l’armée, M. G. Wolfrom extrait l'essentiel des nombreux travaux parus à ce sujet pendant ces dernières années. Plus de la moitié du livre est consacrée à l’agriculture, à l'énu- mération des produits du sol, à la pêche, aux mines, au commerce : dans toute cette partie, M. G. Wolfrom a su se garder des exagérations auxquelles on nous a accoutumés depuis quelques années. Il a fort bien compris que nos données sur ces différents sujets (sauf sur le commerce) sont encore excessivement vagues et demandent à être sérieusement contrôlées. La région algéro-marocaine fait l'objet d’une étude séparée et à Juste titre : le pays qui est à l’est de la Moulouya a, en effet, une physionomie distincte et, influencé fortement par le voisinage de ce grand centre de civilisation qu'est l'Algérie, il a des caractères sociaux et économiques qui lui sont propres. Un vocabulaire des noms arabes termine l'ouvrage, et un appendice nous donne le compte rendu de la Con- férence d'Algésiras, considérée comme le point de départ d'une ère nouvelle dans l’histoire du Maroc. On ne saurait demander à un ouvrage de vulgarisa- tion de donner de l'inédit; il suffit qu'il résume bien ce qu'on sait, et plus le résumé est court, plus la chose est difficile : l’auteur y a cependant réussi. De mème, les spécialistes auraient tort de reprocher à M. G. Wolfrom quelques inexactitudes de détail qui n’enlèvent rien à la valeur d'ensemble de son travail. C'est donc seule- ment pour ne pas laisser prescrire les droits de la cri- tique que je demande à l’auteur la permission de lui signaler un lapsus : page 40, l'ilot Peregil n'appartient pas à l'Espagne; pages 40, 614, Ifni n'est pas occupé par l'Espagne, et la question de l'identification de Santa- Cruz de Mar Pequeña na jamais, croyons-nous, été officiellement résolue. Enmonn Dourtré, Chargé de Cours à l'Ecole Supérieure des Lettres d'Alger. Brancea (A.), Professeur agrégé à la Faculié de Médecinede Paris. — Précis d'Histologie. — P1blio- thèque du Doctorat en Médecine publiée sous la direction de MM. Gizeerr et Fournier. J.-B. Bail- lière, éditeur. Paris, 1906. Sans déceler l'expérience consommée qu'on trouve dans l'ouvrage analogue et un peu antérieur du Profes- seur Tourneux, ce Précis témoigne des très sérieuses qualités du jeune maître qui l'a entrepris. Il sera certainement très utile aux étudiants, car, tout en res- tant clair et concis, il met à leur disposition un cours d'Histologie absolument complet, où les moindres organes trouvent leur place. Certains chapitres, celui des Epithéliums, celui de la Spermatogénèse, sont tral- tés avec une compétence toute spéciale, puisque l’au- teur en a fait l’objet de travaux personnels très appré- ciés. Tous témoignent d'un réel talent d'exposition. Dans la première partie notamment (Cellule et Tissus), l’auteur a trouvé moyen de condenser sous le plus petit volume les notions essentielles, au point que, dans tel paragraphe (tissu conjonctif en général, par exemple), aucun mot ne pourrait être retranché, et que peu d'entre eux pourraient être mieux choisis. L'œuvre entière a un tour assez original, caractérisé par sa ten- dance à aller droit au but sans aucune digression; elle n'est la copie ou le reflet d'aucune autre. Elle plaira encore aux étudiants, souvent peu curieux de l’histoire de la science, et pressés d'arriver à l’exa- men ou au concours, parce que les théories diverses sur un même sujet ont été le plus souvent sacrifiées, parce que les noms propres ont presque disparu. Cela donne plus d’aisance à l’auteur pour son exposé, et à 21% 950 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX l'élève pour l'étude. Mais peut-être cette manière de faire a-t-elle été poussée un peu loin : la discussion donne de la vie, et l'histologie prend ici l'aspect d’une science à contours arrêtés: ce qu'elle est bien loin d'être à l'heure actuelle. Pourtant, bien qu'attaché aux doctrines classiques, l’auteur n'a pas craint, sur plu- sieurs points, de donner un aperçu de théories nou- velles capables de modifier les conceptions actuelles, en ce qui concerne le Neurone par exemple. C’est à juste raison, nous semble-t-il, que M. Branca a bien mis en relief, d'autre part, les tendances de l'Histologie moderne, qui ne connait plus les limites étroites de la Morphologie pure, et ne veut plus être une simple science d'observation. « Morphologique par les procédés qu'elle met en œuvre, elle est physiolo- gique par le but vers lequel tendent tous ses efforts. Elle aspire à nous faire connaître les raisons des choses, et, pour elle, le comment est le préambule du pourquoi. » D'où la présence ici de toute une série de paragraphes qui sont bien à leur place, sur la physiologie de la cel- lule, les rapports du protoplasme et du noyau, l’évolu- tion et l'histophysiologie des épithéliums, le cycle sécré- toire, etc.; d'où aussi la place réservée partout à l'his- togénèse, qui soulève malheureusement trop de ques- tions encore sur lesquelles l'accord est loin d’être fait. L'ouvrage, bien imprimé, est illustré de nombreuses figures, dont la plupart sont originales et témoignent de la documentation personnelle très riche de l’auteur. C'est de parti pris qu'il a écarté la plupart des sché- mas, qui souvent donnent des idées fausses. Mais cela n'est pourtant pas sans quelques inconvénients. En l'absence d'une figure demi-schématique, le débutant comprendra-{-il bien d'emblée, par exemple, la forme et les rapports un peu spéciaux de la cellule tendineuse ? Enfin, nous ferons encore une critique, qui ne s’adressera pas spécialement à ce livre, mais à la plupart des Traités d'Histologie actuels, petits ou gros, français ou étrangers. L’Anatomie microscopique des organes, si utile surtout, il est vrai, dans le régime de concours à outrance sous lequel nous vivons, s'enri- chit chaque jour de détails dont quelques-uns sont parfois insuffisamment compris ou insuflisamment contrôlés. En revanche, nous voyons avec regret la notion de système, l'Anatomie générale, y tenir de moins en moins de place. Ainsi, voici un traité bien complet; or, nous arrivons au troisième tiers du livre, aux Organes digestifs, sans que le terme muqueuse ait été défini, et c'est dans une simple note au bas de la page que nous trouvons en quelques mots cette défi- nition. Les mots « Séreuse, Membrane séreuse » ne figurent pas même à l’Index alphabétique; le péritoine est, il est vrai, décrit, mais seulement sous sa forme de mésentère, et au chapitre : Tissu lamelleux. N'eût-il pas mieux valu sacrilier quelques détails dans la des- cription des organes, et nous donner dès la première partie une idée d'ensemble du système des muqueuses, du système séreux, et même des systèmes simples comme le conjonctif et l'osseux, qui sont bien présents ici, mais à l’élat fragmentaire ? Mais, nous le répétons, c'est là une tendance moderne assez générale, Cela n'empêchera pas ce livre d'être parmi les meilleurs, d'être bien au courant, et de rendre de précieux services aux étudiants qui en ferontusage. Les plus curieux d’entre eux iront ensuite aux gros Traités; mais ils auront acquis ici, pour commencer, une culture élémentaire déjà très étendue. E. LAGUESSE, Professeur d'Histologie à la Faculté de Médecine de Lille. 4° Sciences médicales Vires (D').) — Professeur agrégé à la Faculté de Me- decine de Montpellier. — L'hérédité de la Tubercu- lose. — 1 vol. de l'Encyclopédie des aide-mémoire. (Prix :2 fr, 50.) Masson et C*°, éditeurs. Paris, 1906. Le lecteur trouvera dans ce petit livre la mise au point, très consciencieusement faite, de la question si complexe de l'hérédité de la tuberculose, et l'étude, très complète au point de vue bibliographique, de tous les faits et théories qui s'y rapportent. Geux-ci sont groupés en trois divisions, suivant qu'ils concernent la transmission héréditaire du bacille de Koch (hérédité tuberculeuse vraie), la transmission du terrain tuber= culisé ou la transmission du terrain simplement in- fecté. î Paraf (G.), Zngénieur des Arts et Manufactures. = Hygiène et sécurité du travail industriel. —, Ouvrage couronné par la Société nationale d'encoura gement au Bien.A vol. in-8 de 632 pages avec 402 fige Ve Ch. Dunod, éditeur, 49, quai des Grands-Auqus: tins, Paris, 1906. Les accidents du travail, les maladies professionnelles, ce sont là des questions vraiment à l’ordre du jour et qui n'ont cessé de préoccuper l'industriel et le législa teur depuis une vingtaine d'années. Cette orientation plus directe des idées humanitaires a coincidé touts, naturellement avec l'application de plus en plus répan= due du machinisme, qui est venu se Joindre aux travaux à la main et forcer leur rendement. ! Pour traiter la question à fond, on ne pouvait se CON tenter de généralités : chaque industrie diverse a ses! engins spéciaux, et présente des inconvénients ou des dangers bien différents. Ici des gaz délétères se dégagent là ce sont des poussières destructives. Dans les mines certaines maladies contagieuses se développent. Souvent l'oxyde de carbone, les hydrocarbures, outre leur noci= vité à l’inhalation, forment avec l'air des mélange détonantset peuvent provoquer de terriblescatastrophes La métallurgie elle-même, où l'on manipule des masses, plus ou moins fortes, liquides ou solides, à des tempés ratures élevées, entraine des risques plus ou moins) nombreux et sérieux, qu'il est essentiel de bien mettre en valeur pour préciser les moyens de préserver ceux qui les courent. Quant aux mécanismes en usage dan 1 toutes les usines ou ateliers, ils dérivent évidemment des mêmessources et se rapportent à peu près toujours aux mêmes organes : chaudières, machines à vapeurs turbines, moteurs à gaz, transmissions, appareils d levage, machines-outils, etc..? Mais là encore on doit différencier les petites industries de celles où l’on mani= pule des pièces lourdes. M. Paraf a bien compris toutes ces distinctions cb s'est attaché particulièrement aux questions technolo= giques. La lecture des différents chapitres où il & résumé les caractéristiques particulières de chaque industrie est des plus instructives pour le spécialiste L'auteur possède, on le voit, son sujet à fond et le trait en connaisseur, avec ordre et méthode. l Aux nombreuses branches de l'arbre industriel sont consacrés des articles spéciaux et complets, ce qui facilite beaucoup les recherches et évite au lecteur la nécessité de faire des rapprochements pour certains, points communs à élucider. | A côté des questions purement techniques et profess sionnelles, devaient figurer quelques notions médicales | indispensables à la compréhension du remède au mal susceptible de se produire. M. Paraf n’a pas manqué de, faire intervenir cet élément d'une façon discrète, il est vrai, mais fort intéressante. Seul, le médecin peut édicter les règles d'une hygiène bien comprise, eb celle-ci est le complément nécessaire des dispositifs, destinés à la préservation des ouvriers. | Enfin, le côté juridique devait être également envis | sagé, puisque le législateur s’est cru forcé d'intervenin pour rendre obligatoires certaines mesures de sauve= | | garde ou d'hygiène. Le volume contient en appendice les lois, décrets et arrêtés promulgués en France, tels que la loi du 2 novembre 1892 régissant le travail des, femmes et des enfants; les lois du 142 juin 1892 et du 11 juillet 1903, indiquant les précautions à prendre pour assurer l'hygiène et la sécurité des travailleurs, ete: L'industriel trouvera commode d’avoir ainsi tous ces documents sous la main. | BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 951 … En résumé, cet ouvrage si documenté est arrivé à son heure: il présente pour le patron un intérèt capital. A une époque où les compagnies d'assurances contre les ceidents ont une tendance à surélever les primes pour pondre aux exigences de la loi, l'application intégrale es mesures de préservation des ouvriers contre les * maladies professionnelles, outre son utilité sociale si évidente, amènera une amélioration sensible dans les Bi: Statistiques qui servent de base à la revision des tarifs. | EuiLe DEMENGE, 2 Ingénieur civil.” 5° Sciences diverses ilhaud (G.), Professeur à l'Université de Montpel- … lier. — Etudes sur la pensée scientifique chez les Grecs et chez les Modernes. — { vo/. in-12 de 5 pages. Société française d'imprimerie et de librairie. Paris, 1906. Cette série d’études philosophico-historiques débute par une remarquable introduction sur l’idée de science, dans laquelle M. Milhaud montre combien il est difficile de définir de facon précise les procédés du savant et d'assigner des limites au seul domaine où son effort doive s'exercer. Comment borner la pensée scientifique, Soit dans ses méthodes, soit dans son objet? 11 faudra ; toujours s'arrêter à une explication incomplète des “choses ; mais, si la perspective de cette limitation néces- “aire faisait écarter certaines recherches du champ de activité intellectuelle de l'Humanité, « on ne voit pas comment il en resterait un seul que l’on consentit à ui laisser ». Toutefois, gardons-nous d'emprunter aux iences positives leurs notions clairement définies, “mais dénuées de signification hors d'elles (infini, po- “tentiel, énergie) et de les appliquer à la solution de problèmes leur restant complètement étrangers. Ne démontrons pas, par exemple, le déterminisme ou, au tontraire, le libre arbitre par le recours aux équations de la Mécanique; n’expliquons pas l'immortalité de Jâme par le principe de Carnot et la notion d'entropie! Les pages suivantes sont consacrées à la Géométrie recque, considérée comme œuvre personnelle du génie hellénique. Dans cette « œuvre sinon éternelle, du moins aussi solide et durable que peut l'être une créa- tion humaine », les Grecs ont marqué fortement leur empreinte, et cependant nombre d'historiens ou de critiques ignorent que les Hellènes furent des initia- urs aussi bien en Mathématiques qu'en Philosophie ou en Sculpture. Ils fondèrent la Géométrie spéculative “et désintéressée ; ils lui donnèrent la forme démonstra- ve et logique, ‘ils la firent idéaliste sans s'éloigner outre mesure der IDHuIon naturelle; enfin, ils la ie Comme le développement normal du fécond héritage qu'ils nous ont légué. Après Euclide, l’érudit professeur de l'Université de ontpellier passe à Platon. 11 étudie les rapports qui ent sa géométrie à sa philosophie et l'influence de June sur l'autre. On assiste ensuite à l'accroissement de la pensée mathématique, consistant surtout en une évolution significative des conc epts fondamentaux. La notion de nombre et de quantité s’élargit par sa fusion Qc l'intuition spatiale et sort du domaine arithmé- hi que et discontinu où l'avaient enserrée les Pythago- ciens pour revêtir un caractère géométrique continu. es méthodes infinitésimales s'élaborent et la considé- “ration du lieu géométrique, défini par une relation caractéristique entre certaines grandeurs, conduit es mathématiciens à manier les fonctions les plus diverses. Le « synthétisme » de Platon est l'écho naturel de cette tendance, tandis qu'Aristote ne connut qu ‘imparfaitement ce grand mouvement, ou du moins & ne le saisit que du dehors, sans se laisser pénétrer “par les éléments nouveaux qu'il apportait à l'esprit ». } | Dans le curieux paragraphe IV, intitulé : Le hasard chez Aristote et chez Cournot, M. Milhaud examine, à propos du hasard et de quelques préoccupations dont il semble inséparable, les ressemblances entre les con- ceptions du philosophe de Stagyre et celles du profond auteur de L’essai Sur les fondements de nos connais- sances. Aristote exclut le fortuit de la science et laisse ainsi subsister deux catégories d'éléments : ceux que le savant enchaine logiquement dans ses spéculations sur la nature et ceux qui échappent à une explication scientifique. Un dualisme semblable se trouve chez Cournot dans la séparation fondamentale de la donnée historique ou fortuite et de l'élément scientilique. Délaissons le chapitre de la raison chez Cournot, et celui des préoccupations scientifiques de Kant, destinés à montrer que les travaux scientifiques du grand phi- losophe pourraient être supprimés « sans que la suite des recherches des savants s'en fût ressentie ». Nous ne saurions insister non plus sur l’article concernant Aug. Comte, dont la philosophie enserre constamment dans des limites assez étroites le domaine de la con- naissance future, car nous voulons réserver les der- nières lignes de cette analyse au parallèle entre /a science grecque et la science moderne qui termine les magistrales études de M. Milhaud. La science ancienne, après avoir brillé d'un vif éclat, ne se manifestait plus que por de vagues lueurs lorsque les Barbares envahirent l'Europe occidentale. Toutefois, elle n'avait pas attendu ces bouleversements politiques pour péricliter, et elle n'avait guère survécu à l’esprit grec, qui, du fait de la conquête macédonienne d’abord, puis de la conquête romaine, se mélangea sans cesse à des éléments de moins en moins propres aux spécu- lations intellectuelles. Ensuite, durant le Moyen-Age, l'intelligence humaine tarde à recouvrer, avec sa liberté d'allure, l'indépendance de jugement et de critique nécessaire à la science moderne, quoique certains auteurs estiment, au contraire, que cette période servit à corriger l'esprit des hommes dans le sens favorable à l'édification de nos conceptions scientiliques actuelles. Pour Auguste Comte effectivement, l’âge du poly- théisme ne pouvait créer la science. La pensé e humaine devait franchir quelques autres étapes (monothéisme, puis état métaphysique) pour qu'elle pit décidément parvenir à l'âge positif ou proprement scientilique. Au Moyen-Age, le régime monothéique,loin de comprimer l'essor scientifique correspondant, l'encourageait très heureusement en le dégageant des immenses entraves que le polythéisme lui présentait. Les spéculations scientifiques ne pouvaient se poursuivre durant l’Anti- quité paienne sans choquer les explications théolo- giques qui s’'étendaient aux moindres détails des phé- nomènes, tandis que le monothéisme, en concentrant l'action surnaturelle, ouvrit enfin à l'esprit scientifique un champ beaucoup plus vaste et plus libre. D'autres penseurs arrivent à la même conclusion en avançant, avec Emile du Bois-Reymond, que les religions mono- théistes sont seules capables de donner à l’homme la notion sérieuse et profonde de la vérité inconnue des Grecs. Enlin, certains écrivains, comme M. E. Egger, veulent que le fidéisme catholique ait déshabitué le cerveau humain d'exigences incompatibles avec la méthode expérimentale. M. Milhaud discute ces assertions et défend les Hel- lènes en connaissance de cause, puisqu il leur a déjà consacré deux excellents volumes : Leçons sur les or1- gines de la science grecque (1893), et Les philosophes- géomètres de la Grèce (1900). Quoi qu'il en soit, cons- tatons que la science brillante de l'Antiquité s'éclipsa pendant de longs siècles et qu’elle dut, pour reprendre sa marche en avant et donner une suite aux immortels travaux des Archimède, des Hippocrate ou des Aristote, attendre le retour des circonstances qui avaient entouré son berceau, c’est-à-dire la résurrection de la raison et de la liberté. JAcQUES Boyer. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 15 Octobre 1906. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. H.-G. Zeuthen poursuit ses recherches sur le principe de correspon- dance pour une surface algébrique. — M. R. Rothe démontre le théorème suivant : Etant donnée une sur- face isothermique, toutes les surfaces associées en proviennent par l'application de la transformation associée ou de la transformation de Christoffel. — M. Fatou montre que la recherche des solutions des équations fonctionnelles simples conduit à introduire des transcendantesuniformes possédant des ensembles parfaits discontinus de singularités ou des coupures non analytiques. — M. Loewy propose une méthode nouvelle et rapide pour la détermination des erreurs de division d'un cercle méridien. 90 ScENCES PHYSIQUES. — M. F. Wallerant est par- venu à déterminer l’enroulement hélicoïdal autour de la bissectrice obtuse des axes optiques dans un grand nombre de corps. Pour cela, il mélange au corps con- sidéré une substance qui, fondue isolément, ne cris- tallise que très difficilement, par suite de surfusion, et il observe les sphérolites obtenus. — M. G.-D. Hin- richs à étudié la mécanique de l'ionisation par solu- tion; il fait de l'hypothèse d’Arrhénius un théorème démontré de la Mécanique moléculaire. — MM. Ch. Moureu et I. Lazennec, en condensant les nitriles acétyléniques R.C : C.GAz avec les amines primaires et secondaires, ont obtenu des nitriles acryliques f-subs- titués $-aminosubstitués R.C (AZHR): CH.CAZz, corps neutres, facilement hydrolysables par les acides avec formation de nitriles B-cétoniques R.CO.CH:.CAz et régénération des amines. — M. Leo Vignon à constaté que les textiles animaux ont des fonctions chimiques acides et basiques; les textiles végétaux sont privés de fonctions basiques et possèdent des fonctions acides faibles comparables à celles des alcools. L'activité chimique, acide ou basique, des textiles augmente avec la dilution de la solution aqueuse. — MM. R. Lépine et Boulud montrent que le sucre du sérum normal ne dialyse pas; mais il dialyse dans beaucoup de cas anormaux, notamment quand le sérum renferme du sucre de nouvelle formation. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. R. Robinson a observé chez l'enfant un troisième canal mandibulaire, com- mencant en arrière de la dernière molaire, dans la région du diastème pulmonaire, par un petit orifice ovalaire et se dirigeant de haut en bas et de dedans en dehors pour s'ouvrir dans le canal dentaire perma- nent à la base de l'épine de Spix. — MM. C. Levaditi el Sauvage ont reconnu que le T'reponema pallidum est capable d'envahir les follicules de Graff et de pénétrer dans l’ovocyte. L'existence d'une infection spirochétienne de cet ovocyte rend bien probable la transmission de la syphilis de la mère au rejeton par l’ovule, en dehors de toute infection par voie placen- taire évoluant pendant la grossesse. Séance du 22 Octobre 1906. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. L. Raffy présente ses recherches sur les surfaces rapportées à leurs lignes de longueur nulle et les surfaces isothermiques de pre- mière classe. — M. R. Rothe poursuit ses études sur les ‘transformations des surfaces isothermiques. — M. Riquier indique les conditions d'intégrabilité com- plète de certains systèmes différentiels. — M. E. Bertin démontre que, dans une houle de la même hauteur ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES qu'un clapotis quelconque, les deux parties du poten tiel, force vive et travail de la pesanteur, doivent être égales entre elles; donc, elles sont égales entre elles dans toutes les houles. — MM. G. Millochau et G. Féry ont déterminé l'émission calorifique du Soleil au moyer de leur pyrhéliomètre à Meudon, Chamonix et au som met du Mont-Blanc. En admettant un pouvoir émissi atmosphérique, la température du Soleil serait di 5.620°. — M. M. Stefanik, par des observations faites Meudon et au sommet du Mont-Blanc, a mis en évidence l'origine tellurique de plusieurs raies de la partié extréme rouge du spectre solaire. 20 ScreNcES PHYSIQUES. — M. G. Claude à amélioré encore le rendement de la liquéfaction de l'air pa détente avec travail extérieur en älimentant en oxy: gène comprimé (au lieu d'air comprimé), à la pression critique, les liquéfacteurs de la liquéfaction compound — MM. A. d'Arsonval et F. Bordas ont imaginé un appareil pour la distillation et la dessiccation dans Je vide des matières altérables, dans lequel on conservé le vide primitif aussi longtemps que dure la distillations pour cela, les vapeurs dégagées sont condensées, au fur et à mesure de leur production, par l'application des basses températures. — M. Ed. Branly présente un appareil de sécurité contre les étincelles accidentelles" dans les effets de télémécanique sans fil. — M. P. Vi lard estime que la lotalité de la nappe de l'aurore boréale est très voisine de la Terre, et que, même. l'équateur magnétique, elle est en decà des limites dé notre atmosphère, ce qui conduit à rejeter l'hypothèse d'une origine solaire des corpuscules. — M. P. Lebeax montre que le composé décrit jusqu'ici sous le nom den chlorure de brome n'existe pas; sa composition con tante correspond à la solubilité du chlore dans le brome à 0°. — M. E. Rengade à préparé du protoxyde de césium bien défini, parfaitement pur et cristallisé, em évaporant sa solution dans un excès de césium. On l'obtient alors sous la forme de cristaux rouge orangé, décomposables à froid par AzH* liquéfié, qui les trans forme en un mélange d’amidure et d'hydrate de césium. — MM. G. Urbain et M. Demenitroux oh déterminé le poids atomique du dysprosium en trans=« formant le sulfate hydraté Dy*(S0*).8H°0 en oxyde Dy°0%, La moyenne des déterminations est de 162,5 (0 — 16). — M. G. Arrivaut, en réduisant par Al de mélanges d'oxydes convenablement choisis de Mn et Tu, à préparé des alliages de ces métaux contenant jusqu'à 60 °/, de Tu; ces corps, traités par les acides. étendus, abandonnent un résidu de Tu pur. — M. En Wallerant à constaté que le propionate de cholesté=| ryle présente le phénomène des enroulements hélicoïi= daux à la fois dans ses cristaux solides et ses cristau liquides. — MM. Ch. Moureu et J. Lazennec, en CON» densant les éthers-sels acétyléniques RC : C.CO*R! avec les amines, ont obtenu des corps non basiques, faciles ment hydrolysables par les acides en donnant l’amine et un éther $-cétonique R.CO.CH?.CO?R'. — M. P. Le moult considère les matières colorantes azoïques, comme des azocarbures sur lesquels seraient fixés dé véritables groupes OH ou AzH°. — M. G. Perrier à | constaté, dans les aliments fumés, la présence de quans | tités appréciables de formol {0,04 à 2,6 mgr. par 400 gr.) M Il y aurait donc lieu de remplacer la prohibition | absolue du formol dans les aliments par la fixation 4 d'une limite maximum. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. Thiroux apporte de ! nouveaux faits en faveur de l'unité du parasite du palu= disme. Il montre que la forme de la fièvre quarte pe ge oh DE 2e Sr me dérive de la forme tropicale et est particulièrement fréquente chez le nègre. — M. F. Vles à constaté que la nage normale du Pecten, bord ventral des valves en avant, est produite par la réaction du courant d'eau ui sort des échancrures cardinales, les duplicatures Lpalléales faisant office de valvules et empêchant toute autre issue du liquide, chassé par l'ocelusion brusque “de la coquille. — M. A. Quidor donne la description u Mesoglicola Delagei, nouveau parasite du Corynae- is viridis, où il vit dans la mésoglée. — M. W. Lubi- menko a constaté que la lumière et la chaleur agissent n général dans le même sens sur l'énergie de décom- osition de CO* par la plante ; et il y a, pour les deux, ne intensité optima au-dessus de laquelle l'énergie similatrice s’affaiblit, La diminution de l'assimilation, au delà de cet optima, est beaucoup plus forte chez les lantes ombrophiles que chez les ombrophobes. — M. Le Renard a étudié l'action des sels de cuivre sur la mcermination du Penieillium.— M. F. Meunier a déter- iné la faune des Dolichopodidae de l'ambre de la “Baltique : elle est paléarctique; elle comprend aussi quelques formes néarctiques, mais il n'y à pas de type “néotropical. Les espèces sont éteintes, mais très voi- …sines des formes récentes. Séance du 29 Octobre 1906. 4° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. L. Bianchi démontre le théorème suivant : Les surfaces gauchesR, R,, appli- cables sur la quadrique Q, sont à leur tour les deux nappes focales d'une congruence rectiligne W. — M. J. Clairin étudie les transformations de quelques équations linéaires aux dérivées partielles du second ordre. — M, E. Traynard à déterminé le système d'in- tégrales de différentielles totales appartenant à une surface hyperelliptique. — M. Loewy poursuit l'exposé de sa nouvelle méthode pour la détermination des erreurs de division d'un cercle méridien. — M. J. Guil- laume communique ses observations du Soleil faites à l'Observatoire de Lyon pendant le deuxième trimestre “de 1906. On a noté deux groupes de taches en plus que “dans le trimestre précédent, mais leur surface totale est légèrement moindre. Les groupes de facules ont “également augmenté en nombre et diminué en sur- face. — M. P. Helbronner a continué la triangulation “céodésique des hautes régions des Alpes francaises nassif Pelvoux-Ecrins). — M. Dautriche expose une “nouvelle méthode de mesure de la vitesse de détona- “tion des explosifs. Un circuit est formé de deux bouts de cordeaux détonants, ayant une vitesse régulière, —amorcés par un manchon au fulminate, et on établit au point de rencontre des détonations des deux cordeaux F un signal. On intercale, dans une des branches, un + formé par un bout de tube rempli de l’explosif à étudier; on détermine ainsi la longueur du cordeau- type qui détonne dans le même temps que le bout de “tube considéré. … 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M. G. Le Bon, à propos des “récentes expériences de MM. Ramsay et Spencer qui confirment son hypothèse de la désintégration de la …matière sous l'influence des rayons lumineux, ajoute que, lorsque l'intensité de la lumière est suffisante pour échauffer les substances soumises à son action, elle agit, en outre, en expulsant une petite quantité “d'éléments radio-actifs, que toutes les substances con- …uennent. — M. E. Estanave a imaginé un écran spé- cial de projection, sur lequel on projette deux images stéréoscopiques, de facon à mettre en coïncidence les points les plus éloignés. Les images des points plus rapprochés ne se superposent pas et présentent un écart horizontal d'autant plus prononcé que les objets qu'elles représentent sont plus voisins de l'observateur. En regardant par transparence sur cet écran à une dis- tance convenable, chaque œil percoit l'une des images à l'exclusion de l’autre et le relief apparaît. — M. Tiffe- neau montre que, dans la fixation de IOH sur les car- bures phényliques. OH se porte de préférence sur le C le plus substitué et le plus voisin du phényle; dans h 1 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES l'élimination de HI, l'OH voisin du phényle reste inat- taqué et il y a migration du phényle; au contraire, quaud OH est loin du phényle, l'élimination de IH tend à former des oxydes d'éthylène. 3° SCIENCES NATURELLES. — MM. H. Guillemard et R. Moog déduisent de leurs observations, faites au sommet du Mont-Blanc, que l'action des grandes alti- tudes sur le sang se traduit toujours par l'hyperglobulie qu'atteste la diminution de la valeur globulaire et qu'accompagne le plus souvent un déplacement des hématies vers la périphérie. — MM. M. Doyon, C1. Gau- tier et N. Kareff : Coagulabililé du sang sus-hépatique (voir p. 954). — M. A. Giard à reconnu que le parasite des betteraves du Plateau central n’est pas un Loxostega, mais bien le Lita ocellatella. Les chenilles de cet insecte se glissent avec facilité entre les fissures les plus étroites et s'échappent de tout récipient qui n'est pas hermétiquement clos. — M. A. Delebecque à étudié les lacs du cirque de Rabuons {Alpes-Maritimes). Ce sont les plus élevés qui ont été sondés sur le territoire français; le plus grand à une profondeur de 54 mètres. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 16 Octobre 1906. MM. E. Hamy, Kermorgant et Duguet présentent respectivement les Rapports sur les concours pour les prix Hugo, Larrey et Marie Chevallier. — M. A. La- veran, en réponse à la récente communication de M. Kelsch, estime qu'aucune des objections faites à la doctrine anophélienne du paludisme n’est irréfutable ; aucun fait ne démontre la nécessité d'admettre, en dehors de la transmission par les Anopheles, un autre mode de propagation du paludisme. Séance du 23 Octobre 1906. MM. P. Reclus et Troisier présentent respectivement les Rapports sur les concours pour les Prix Campbell- Dupierris et Civrieux. — M. A. Adamkiewiez commu- nique les résultats de sa méthode de traitement du can- cer par la cancroïne (oxyhydrate de triméthylvinylam- monium, neutralisé par l'acide citrique etsaturé d'acide phénique). Les cellules cancéreuses sont tuées par la can- croïine et éliminées par l'organisme, comme il arrive aux corps étrangers. Elles sont remplacées par un tissu d'infiltration qui se transforme en tissu conJonctif. — MM. Chantemesse, Marchoux et Haury commu- niquent leurs recherches sur l'épidémie de suette miliaire qui s'est propagée en mai et juin dans les Charentes et les Deux-Sèvres. Elle n’a pas atteint les villes et s’est localisée dans les villages ; elle a présenté partout une certaine période d’incubation et s’est transmise sans l'intermédiaire de malades. Les auteurs émettent l'hypothèse que la suette pourrait être une maladie d'un rat des champs, transmissible à l'homme par les puces. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 13 Octobre 1906. MM. L. Martin et A. Vaudremer montrent que, pour caractériser un microbe tuberculeux, il faut non seulement donner la virulence des bacilles vivants injectés sous la peau ou dans le péritoine, mais encore indiquer le pouvoir toxique de leurs corps dégraissés. — Les mêmes auteurs pensent qu'il est délicat d'opérer des essais de vaccination ou de traitement avec des bacilles de peu de virulence, car on peut croire à des guérisons, alors que, le plus souvent, il existe des ba- cilles embusqués qui peuvent provoquer des poussées de tuberculose secondaire. — M. M. Letulle estime que la pneumonie caséeuse proprement dite est une réaction du parenchyme respiratoire qui relève, au même titre que la tuberculose granulique, d’une origine vasculaire. — MM. Thiroux et Teppaz ont constaté que l’ankylostomiase du chien est une maladie fré- quente au Sénégal; elle paraît due à l'Uncinaria tri- 954 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES gonocephala. — M. M. Caullery à découvert un amo- bien nouveau, parasite des embryons de Peltogaster ceurvatus; il le dénomme Amæba pædophtora. — M. Ch. Féré a analysé le sentiment agréable produit par la vue de formes géométriques simples; les figures les plus agréables à voir sont constituées par des groupes impairs peu nombreux comme 1, 3,5. — M. P. Mulon montre que l'état pâteux du cytoplasma des cellules à lutéine du cobaye et l'osmophilie sont liés à une imprégnation graisseuse, coïncidant avec la pé- riode d'activité du corps jaune de gravidité. — M. C. Mathis à constaté que les écureuils sont très sensibles au nagana expérimental; chez eux, la maladie prend les allures d’une infection aiguë ou subaiguë. — M. Brau à reconnu que le pouvoir bactéricide du sérum à l'égard du bacille pyocyanique va en décrois- sant dans la série suivante : homme, chien, cobaye, cheval, vache, lapin. Le bacille pyocyanique peut être virulent par ingestion. — MM. A. Carrel et C. C. Gu- thrie ont observé que l’anastomose des vaisseaux ré- naux à l'aorte et à la veine cave par la méthode du « patching » permet d'éviter presque sûrement Îles complications cireulatoires qui suivent parfois les anastomoses faites par d'autres méthodes; elle permet d'exécuter facilement et avec sécurité la transplanta- tion du rein. — M. P. Fauvel à reconnu qu'avec une alimentation sans purines l’excrétion des xantho- uriques et de l'acide urique est sensiblement fixe pour un sujet donné et sans aucune proportion avec la quan - tité d'albumine ingérée.— M. H. de Waele, en plaçant sous la peau d'animaux des sacs de cellulose contenant des cultures de bacille typhique, pyocyanique, diphté- rique, ete., a obtenu chez les animaux, par injection des dérivés de cultures homologues in vitro, une réac- tion thermique spécifique absolument comparable à la tuberculine-réaction. — M. R. Turro à constaté que le bacille virgule, le bacille d'Eberth et le colibacille se dissolvent dans la soude diluée; les cobayes auxquels on injecte des doses non mortelles de solution sodique s’immunisent peu à peu. — M. H. Iscovesco à ob- servé qu'un suc gastrique normalement très acide (chien) supporte de très grandes augmentations d’aci- dité avant que son action digestive ne soit enrayée; il n'en est pas de même pour un suc digestif moins acide (porc). M. E. Maurel à reconnu que, contrairement aux prévisions, au moins chez le cobaye et la lapine, les dépenses pendant la grossesse vont en diminuant du commencement à la fin. Séance du 20 Octobre 1906. M. Ch. Féré a observé, chez un homme de soixante sept ans, une augmentation très remarquable de l'agi- lité des doigts sous l'influence de l'exercice. — M. N. Gréhant présente un eudiomètre à eau qui lui a donné dé bons résultats dans la recherche et le dosage de H, CO, CH et C*H*. — M. P. Mulon a constaté que la disparition des corps osmophiles, dans la cellule à lutéine, coïncide avec l'apparition de gouttes grasses de plus en plus volumineuses et pigmentées ; pour lui, le corps jaune de gravidité du cobaye constitue une corticale surrénale temporaire. — MM. C. Nicolle et C. Comte ont trouvé dans le sang d’un lézard tunisien, e Mabuia vittala, une hémogrégarine généralement endoglobulaire, qu'ils décrivent sous le nom d'A. ma- buiæ. — MM. Léopold-Lévi et H. de Rothschild montrent que le corps thyroïde contribue à condi- tionner la chaleur animale, en agissant : 4° sur les échanges interstitiels ; 2° sur la contraction muscu- laire; 3° sur les centres thermiques bulbo-protubéran- tiels. — M. Laignel-Lavastine distingue dans les ganglions solaires, par l'application de la méthode de Cajal, trois variétés de cellules sympathiques : 4° les grandes cellules réticulées ; 2 les petites cellules réti- culées:; 3° les cellules d'aspect fasciculé. — M. E. Maurel à constaté que, chez le cobaye, les quantités d'aliments ingérées par la mère augmentent dès le début de l'allaitement et que cette augmentation ne fait que s'accentuer jusqu'à la fin. — M. L. Alquier à recherché chez quinze chiens la situation et le nombre des parathyroïdes; neuf seulement ont présenté Ja disposition classique ; plusieurs offraient des parathy= roides supplémentaires. — MM. H. Labbé, Lortat- Jacob et Boullaire ont observé que la toxicité d'emblée. des composés iodés est TS deux fois plus | forte que la toxicité graduée. La toxicité des coms posés gras (iodipine et lipiodol) est très faible, mél leur coefficient de diffusibilité est minime. La toxicité des composés volatils est assez élevée. L'iodure, l'iode métalloïdique dans les vasogènes et surtout les coms posés organiques paraissent être les médicaments 4 choix. | Seance du 27 Octobre 1906. M. Ch.-A. François-Frank montre que, pendant l'inspiration, le poumon des oiseaux (type pigeon) est traversé par une masse d'air empruntée à l'atmosphère et non aux sacs externes, lesquels se remplissent at même moment et par le même mécanisme aspiraltifs Pendant l'expiration, la ventilation pulmonaire est à son maximum d'efficacité, l'air provenant de tous les réservoirs aériens étant projeté sous pression, avec un double renforcement initial et terminal, vers le pou mon qui se trouve balayé par un double courant d’airs — MM. C. Nicolle el C. Comte ont trouvé, dans le sang du Varan du désert (Varanus griseus), une nous velle hémogrégarine (4. Borreli), remarquable par son peu d'action sur le globule et le noyau de celui-ci. — MM. M. Doyon, Cl. Gautier el N, Kareff ont reconnu que le sang sus-hépatique, recueilli sur l'animal vivant, pur de tout mélange, en évitant toute lésion du foie, coagule et qu'il s’y forme de la fibrine. — MM. HM Roger et M. Garnier ont recherché les modifications que subit la liquéfaction de l'albumine coagulée quand, dans un suc gastrique artificiel, on fait varier simul= tanément la teneur en pepsine et en acide chlorhy-= drique. Aux doses moyennes d'acide, il faut des doses moyennes de pepsine. Quand la proportion d'acide s'élève ou s'abaisse en dehors des limites physiolo= giques, il faut utiliser un excès de ferment. — M. F: Guéguen, ayant conservé dans une atmosphère humide, pendant une année, des morceaux de bois portant des Xylaires, a assisté à plusieurs reprises, durant cette période, à l'apparition et au développement de nous velles clavules. — MM. Léopold-Lévi et H. de Roth= schild montrent qu'il existe toute une série d'états morbides au cours desquels on rencontre une dimi= nution de chaleur animale et qui sont une manifes=…M tation d'hypothyroidie. — M. Ch. Féré a remarqué, chez plusieurs sujets malades ou normaux, une ten= dance du petit doigt à l’abduction plus ou moins hâtive dans l'extension commune des doigts. — M. O. Goebel (| a constaté que, chez les coqs et les poules, les trypano=i somes, inoculés dans les caroncules, persistent pendant deux à cinquante-cinq jours; par un passage unique par l’organisme de la poule, la virulence des parasites pour le cobaye n’est pas modifiée. — M. G. Billard montre que l'action inhibitrice de l'huile d'olive sur la sécrétion et la résorption stomacales s'explique par sa très faible tension superficielle et son insolubilité dans l'eau, mais n’infirme pas la théorie de Traube. = M. E. Maurel a reconnu que, sous l'influence de l’allain tement, les dépenses de la lapine sont immédiatement augmentées; cette augmentation s'accentue jusqu'au sevrage, — M. G. Rosenthal, en ensemençant un tube de Liborius (à culot de gélatine) avec une culture d’un anaérobie strict liquéfiant, a vu ce dernier se transformer peu à peu, une fois la gélatine entière- ment liquéfiée, en aérobie. — MM. C. Nicolle et Cathoire signalent l'inconstance de la séro-réaction dans la dysenterie et sa faible intensité lorsqu'elle est positive ; de même, les sérums dysentériques expéri= mentaux ont un pouvoir agglutinant toujours faible. — M. A. Lagriffoul a constaté que, pendant la rougeole, il y a, le plus souvent, hyperleucocytose avec polynu- f ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES eléose pendant les périodes d’incubation et d'invasion. | Elle fait place à une hypoleucocytose parfois très marquée, ee mononucléose, pendant la période d'éruption. Dans la rubéole, l'hyperleucocytose de la ériode d'incubation et d’invasion est suivie d'hypo- eucoeytose d'une facon bien moins fréquente que dans Ja rougeole. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES $ Séance du 10 Mai 1906 (fin). Æ MM. F. L. Usher et J. H. Priestley : Le mécanisme de Passimilation du carbone dans les plantes vertes; 19 La décomposition photolytique de l'acide carbonique aqueux peut avoir lieu en présence de chlorophylle, Mindépendamment de l’activité vitale ou enzymique, pourvu que les conditions physiques et chimiques nécessaires soient strictement observées. 2 Les pro- duits de la décomposition sont le formaldéhyde et “l'eau oxygénée, l'acide formique constituant un pro- muit intermédiaire. 3° 11 est possible de reconstruire e processus de photosynthèse en dehors de la plante “verte : a) en ce qui concerne la production de formal- déhyde et d'oxygène par l'introduction d’une enzyme Catalytique convenable dans le système ; ») en ce qui concerne la production d'oxygène et d'amidon par l'introduction, à côté de l'enzyme, de certaines sortes “de protoplasme vivant non chlorophyllien. 4° Les auteurs donnent la preuve expérimentale directe que l'acide formique est un produit de la décomposition hotolytique de l’anhydride carbonique en présence Lun sel d'uranium inorganique. En présence du même _sel, la formaldéhyde n’a pu être isolée et identifiée, mais l'étude des réactions conduit à l'hypothèse qu’elle se forme comme produit transitoire intermédiaire. Séance du 31 Mai 1906 (fin). … MM. A.du Pré Denning el J. H. Watson présentent eurs recherches sur /a viscosité du sang, qui les ont amenés aux conclusions suivantes : 4° La diminution de la viscosité, pour chaque degré d’élévation de la Mn, est moins marquée pour le plasma que pour le sang; 2 Elle est également moindre pour le sang contenant peu de corpuscules par millimètre cube “que pour le sang qui en contient beaucoup; 3° Pour une température el une ouverture capillaire données, une augmentation du nombre des corpuscules cause une augmentation de la viscosité, quoiqu'il y ait lieu _ de remarquer que : a) avec des tubes à ouverture large, un très grand nombre de corpuscules sont nécessaires our produire un effet appréciable, tandis que b) avec de faibles capillaires, une légère augmentation du nombre des corpuscules produit toujours une élévation très marquée de la viscosité; 4° Avec un nombre donné le corpuscules, la vitesse de flux à travers un tube “quelconque de diamètre inférieur à 3 millimètres est, «pour l'intervalle de pressions qui se présente dans les “organismes vivants, à veu près directement propor- …tionnelle à la pression; 5° Une augmentation donnée de “pression exerce un effet accélérateur beaucoup plus rand sur la vitesse du flux à travers des tubes de fin talibre qu'à travers des tubes d'ouverture plus large ; 6° L'influence d'une élévation définie de pression sur Le temps d'écoulement est un peu moindre pour le sang à la température de la fièvre que pour le mème sang à des températures plus basses; 7° L'influence de la pres- Sion est doné plus grande pour un sang contenant un grand nombre de corpuscules que pour un sang qui en contient peu; 8° L'addition de certains réactifs chi- miques diminue la viscosité, tandis que d’autres sub- Slances peuvent l'accroître. Séance du 7 Juin 1906 (suite). MM. J. G. Adami et L. Aschof : Sur les myélines, les corps myéliniques et les cristaux fluides potentiels de lorganisme. En 1854, Virchow a décrit, sous le nom de myélines, une classe de substances voisines chimique- ment du constituant principal de la moelle nerveuse. Depuis lors, on a retrouvé ces corps dans la plupart des organes el ‘dans les conditions physiologiques, patho- logiques et autolytiques. Une propriété très caractéris- tique de la majorité des corps myéliniques, c'est la double réfraction. Par là, ils se rapprochent des cris- taux fluides de Lehmann et Schenck, en particulier de ceux des oléates. Les auteurs arrivent à la conclusion que l'acide oléique est un constituant essentiel de la myéline ; il semble exister au moins deux variétés dif- férentes de myélines : l'une serait constituée principa- lement par de l’oléate de cholestéryle, l'autre par de l'oléate de choline. Communications reçues pendant les vacances. M. J. Walker décrit une méthode pour déterminer les vitesses de saponification. L'auteur se base sur le changement de conductibilité électrique pour suivre les progrès de l’action d'un alcali caustique sur un éther. La conductibilité de la solution originale tombe à environ le tiers de sa valeur quand la saponification a lieu, et la relation entre le changement de conducti- vité et la proportion transformée est presque linéaire, L'auteur décrit un procédé pour simplifier le caleul de la constante de vitesse en choisissant d’une façon ap- propriée la résistance dans le rhéostat. Les lectures peuvent être faites aisément chaque minute, et la méthode est plus simple que la méthode par titration généralement usitée, tout en donnant des résultats aussi exacts. — MM. E. A. Minchin, A. C. H. Gray et F. M. G. Tulloch présentent les premiers résultats de leurs recherches sur la Glossina palpalis dans ses rapports avec le Trypanosoma gambiense et d'autres trypanosomes. Les observations ont porté : 1° sur des mouches nourries dans le laboratoire par piqüre d”° ani- maux infectés par l'inoculation de fluide cérébro-spinal de patients terne de la maladie du sommeil, et présen- tant dans leur sang des trypanosomes à la suite de cette inoculation; 2 sur des mouches capturées dans diverses localités et dans le tube digestif desquelles on constata, par dissection, la présence de certains trypa- nosomes; ceux-ci offrent deux types distincts, qui ont été caractérisés sous les noms de Tr. Grayi et de Tr. Tullochi. Les auteurs ont reconnu que la G. palpalis peut transporter des trypanosomes au moyen de son proboscis d’un animal infecté à un animal sain; quand la mouche a nettoyé son proboscis en percant la peau d'un premier animal sain, elle devient inoffensive pout un second. Les trypanosomes introduits dans le tube digestif de la mouche tsé-tsé par piqûre d’un animal infecté au moyen du 7x. Gambiense s'y développen:* en prenant deux formes distinctes, mâle et femelle, puis disparaissent complètement au bout de 72 à 96 heures; il semble qu'ils meurent naturellement et sont digérés. Enfin, les auteurs ont constaté que les trypanosomes découverts dans les mouches capturées dans l'Ouganda, et désignés par eux sous le nom de Tr. Gray: et Tr. Tullochi, n'ont rien à faire avec la maladie du sommeil et ne sont pas des stades de déve- loppement du Tr. Gambiense. SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES Communications reçues pendant les vacances. M. Al. Rule à préparé de nouveaux dérivés du dicy- clopentadiène : un nitrosobromure ; un dérivé éthoxy- isonitrosé, en traitant le corps précédent par C*H*ONa ; un dérivé oxynitrosé, en traitant le composé pyridique du nitrosochlorure par Ag’0 humide. — M. H. Hens- tock, en nitrant l’éther éthylique du 2-phénanthryle, puis réduisant le dérivé nitré par Sn et HCI, a obtenu un composé aminé qui se laisse diazoter par l'acide nitreux en fournissant le corps C*H°0.C#HS.A7?SO'Na. GH°0. L'éther 3-phénanthrylique réagit de facon ana- logue ; cet éther, traité par Cr0*, donne une phénan- 956 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES thraquinone. — M. C. Smith a préparé le diméthyl-£- naphtylamine-8-sulfonate de potassium KSO*.C!°H°.A7 (CH) par action du sulfate de diméthyle sur l'acide g-naphtylamine-8-sulfonique. Il a également obtenu des diazoamines avec ce même acide et les chlorures de benzène- et de p-toluène-diazonium. — M. H. D. Law, en réduisant électrolytiquement les aldéhydes aromatiques, a obtenu des composés du type de l’hy- drobenzoïne : 2X.CHO + 2H —X.CH(OH).CH(OH).X. — Le même auteur a constaté que la vitesse d'une réac- tion chimique aux électrodes dans une expérience électrolytique peut être représentée par : de/dt=—K(C-C), G et C! étant les concentrations avant et après l'expé- rience. Quand C' est petit, on peut substituer à C l'équivalent de l'hydrogène et l’on a 1/Helog (H/H-2)—K, où H représente l'hydrogène absorbé à un moment quelconque, He l'hydrogène total requis et 2 la quan- üté déjà employée. — MM. R. H. Pickard et W. O. Littlebury ont résolu l’ac-tétrahydro-2-naphtol en ses constituants optiquement actifs par cristallisation fractionnée de sa combinaison avec la Z-menthylearbi- mide. Le d-ac-tétrahydro-2-naphtol à une rotation de +-280,2 dans le chloroforme. — M. S. Ruhemann à observé que les composés que la C-diméthyltétrazoline forme avec CHPI ne sont pas analogues aux substances correspondantes obtenues avec la tétrazoline. D'autre part, la tétrazoline et son dérivé C-méthylé ne donnent pas des produits de condensation similaires avec les aldéhydes. L'auteur en conclut que les premiers sont de la forme : Pr AZA ZA R.CH: C CH. AzH.Az7 — MM. J. Mc Connan et A. W. Titherley ont refait l'étude de la benzoylsalicylamide d2 Gerhardt, tauto- mère avec l’Az-benzoylsalicylamide et la métoxazone cyclique correspondante. Les dérivés acylés de la sali- cylamide sont très labiles et subissent les changements suivants : CO.AZHH 7 SO az CO.AzH.CO.R cos” cn: | ZcH« O.CO.R \o/C-0H OH | k L'O-acétylsalicylamide, F. 138°, se transforme rapi- dement en Az-acétylsalicylamide, F, 147, la métoxa- zone intermédiaire étant trop instable pour exister. Mais l'O-benzoyl-Az-acétylsalicylamide, F. 960, s'iso- mérise facilement en Az-acétyl-2 : 2-phénylhydroxy- benzo-métoxazone, F. 106%; il en est de même de l'O-acétyl-Az-benzoyl-salicylamide, F. 1240, — M. &.T. Morgan et Mie EF. M. G. Micklethwait, en traitant par l'acide nitreux les arylsulfonylmétadiamines R.S0: AZH. X. AzH?°, ont constaté que leurs chlorures de dia- zonium ne donnent pas de diazoimides, mais sont décomposés par l'acétate de sodium en Az et arylsul- fonylaminophénols. — MM. A. Senier el P. C. Austin, en faisant réagir CH?CPE sur l'a-naphtylamine,ontobtenu l'(æ)Az(a).(B)CH(B)-dinaphtacridine, F. 1899, tribolumi- nescente ; l'action de CH?CI® sur la f-naphtylamine donne la(B)Az(6). («)CH{x)-dinaphtacridine, non tribo- luminescente, Avec le chlorure de benzal et l'e-naphty- lamine, on obtient la-phényldinaphtacridine, F, 229: avec la fG-naphtylamine, il se forme la $-phényldi- naphtacridine, F, 3040,5. — MM. J. B. Cohen et H. P. Armes ont éludié la rotation optique des éthers men- thyliquesdes acides 2: 4, 2:6 e13:5-dinitrobenzoïques isomères. Le composé diortho a la plus forte rotation moléculaire : {M}, et le composé diméta la moindre: [MI ——2460. L'autre composé à [Ml =— 4700. — MM.J. B. Cohen et H. D. Dakin ont reconnu que le 2:3: 4: 5-tétrachlorotoluène formé par chloru- ration du 2: #:5-trichloronitrotoluène est identique à celui qu'on obtient par chloruration du 3:4: 5-trichlo- rotoluène. — Mie À. Higson et M. J. H. Thorpe ont =— 6420, constaté que les cyanohydrines des aldéhydes et des cétones réagissent facilement à froid avec le cyano= acélate d’éthyle sodé formant les dérivés sodés des sels dicyanoéthyliques : C*H°CO*. C(CAz)NaH— HO.0 (CAZIRR' — C?HSCO*C(CAZ)Na. C(CAZ)RR'! + H°0. Les sels d’éthyle, mis en liberté par les acides, sont con“ vertis par hydrolyse dans les dérivés correspondants de l'acide succinique. — M. H. H. Robinson à étudié, la gomme du Cochilospermum gossypium. Hydrolysée par l'acide sulfurique dilué, elle donne un acide dibas sique, C“#H#0%!, l'acide gondique, soluble dans l'eau, donnant des sels par addition. Des liqueurs de l'hydro lyse, on extrait, en outre, deux sucres, le xylose et un hexose, probablement le galactose. La gomme origis nale fournit encore 1#°/, d'acide acétlique et un aciden qui donne une gelée avec l’eau, l'acide +-cochlospers minique. — MM. À. E. Dunstan et J. T. Hewitt pensent que, dans le chauffage de la chrysaniline ave® HCI, c'est le groupe AzH° du noyau de l’acridine qui est remplacé par OH, et que le chrysophénol obtenu estune 2-hydroxy-5-p-aminophénylacridine. Cette base donne un dérivé diacétylé, qui est converti par le sul fate de diméthyle en sel d’ammonium quaternaire ; la désacétylation de ce dernier fournit une base qui est peut-être le 2-hydroxy-5-p-aminophényl-10-méthylacrie danol-5. — MM. R. H. Pickard et J. Yates ont observés que le d-A-dihydro-1-naphtoate de sodium est trans formé en solution aqueuse, en présence d'ions OH, en sel de l'acide A. Le pouvoir catalytique des baseses # à peu près proportionnel à leur conductivité élect que. — M. E. L. Rhead propose de déterminer le cuivre par titration avec une solution étalon de tri= chlorure de titane en présence de thiocyanate de KA Les sels cupriques sontréduits et le Cu précipité à l'éta de thiocyanate cuivreux ; la fin de la réaction peu être rendue plus distincte par l'addition d’un sel fer= reux, qui produit une coloration rouge lant qu'il y à un sel cuprique présent. — M. R. Meldola, en traitant les nitro-bromo ou dinitro-alkyloxynaphtalènes par des aminesR.CH?AzH°, a obtenu des a-Az-alkylnaphtyls amines. — M. E. A. Werner, en étudiant l'action dem l'iode sur la thiocarbamide en solution aqueuse, @ obtenu incidemment un iodure de potassium té(ra= thiocarbamidé (CSAz*H*)'KI, en longues aiguilles, F. 1899-1900. ce SOCIÉTÉ ANGLAISE DES INDUSTRIES CHIMIQUES 4 1 SECTION DE LIVERPOOL L | Séance du 10 Octobre 1906. - |! MM. O. Silberrad et R. C. Farmer ont éludié Ja détérioration graduelle de la nitrocellulose pendant Sa conservation. L'examen externe de la poudre donne généralement peu de renseignements sur le degré de modification qu'elle à subie, à moins que celle-ci mem soit très prononcée; dans ce cas, les signes physiques de la détérioration sont: l'odeur de Az0* formé palm décomposition, l'attaque des matériaux qui envelop= pent la poudre, la variation de coloration et d'état physique. Au point de vue chimique, la détérioration est accompagnée: 1° par une perle continue de poids; 29 par une perle d'azote ;.39 par une augmentation de la matière soluble dans l'éther-alcool ; 4° par une aug mentation légère des substances insolubles dans l'acés\ tone ; 5° par une augmentation des matières solubles dans l’eau; 6° par une diminution dans l'essai à la chaleur. La détérioration est accélérée auto-catalyti=s quement par les oxydes el oxy-acides de l'azote pros | duits dans la décomposition. L'humidité et l'élévation de température favorisent beaucoup la détérioration: Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 17 ANNÉE N° 22 30 NOVEMBRE 1906 kRevue générale BS SOenC | pures et appliquées DIRECTEUR : LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. L. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Distinctions scientifiques Les médailles de la Société Royale de Londres. — Le jour où paraîtront ces lignes se tiendra, à Londres, la séance anniversaire annuelle de la Société Royale, dont l'un des grands événements sera, comme toujours, la remise des médailles que cette illustre Compagnie décerne chaque année à des savants éminents. Voici, d’après notre confrère anglais Nature, les titulaires choisis par le Conseil de la Société pour ces hautes récompenses : Médaille Copley : M. E. Metchnikoff, sous-directeur de l'Institut Pasteur de Paris, pour ses importantes recherches dans le domaine de la Zoologie et de la Patho- logie, bien connues de nos lecteurs, auxquels l’auteur les a maintes fois exposées dans ces colonnes; Médaille Rumford : M. H. L. Callendar, dont les tra- vaux expérimentaux sur la chaleur sont connus et appréciés de tous les physiciens; Médailles Royales : M. A. G. Greenhill, pour ses con- tributions à la science mathématique, en particulier en ce qui concerne les fonctions elliptiques et leurs appli- cations, et M. D. H. Scott, pour ses belles découvertes relatives à la structure et aux relations des plantes fossiles ; Médaille Davy : M. R. Fittig, professeur à l'Univer- sité de Strasbourg, pour ses importants travaux de Chimie organique, en particulier sur les lactones et les acides; Médaille Darwin: M. H. de Vries, professeur à l'Uni- versité d'Amsterdam, pour l'importance et la haute Signification de ses recherches expérimentales sur l'hérédité et la variation; Médaille Hughes : Me W. E. Aryton, pour ses études expérimentales sur l'arc électrique et sur les ondula- tions du sable. Faisons remarquer, à propos de cette dernière attri- bution, que c’est la première fois qu'une distinction de la Société Royale est décernée en propre à une femme (la Médaille Davy pour 1903 avait été remise à M. et Me Curie conjointement). Bien que plusieurs des tra- vaux de Mwe Ayrton aient été exécutés dans le labora- toire de son mari, au Collège technique central de Londres, la conception et la réalisation des expériences, REVUZ GÉNÉRI\LE DES SCIENCES, 1906. ainsi que les spéculations théoriques auxquelles les résultats ont servi de base, lui sont personnelles. Les savants anglais ont ainsi voulu reconnaitre officielle- ment la faculté, pour la femme, de concevoir et de poursuivre des recherches scientifiques personnelles. C'est sans doute au mème mobile qu'ont obéi les pro- fesseurs de l'Université de Paris en présentant, et le Mi- nistre de l'Instruction publique en nommant Mr° Curie à la chaire de Physique générale de la Sorbonne. « La conséquence logique de ces deux faits, ajoute Nature, devrait être l’éligibilité des femmes aux grandes sociétés savantes ». De quel côté du détroit viendra l'exemple ? $ 2. — Mathématiques A propos de la Logistique. — Nous recevons de M. J. Richard, professeur au Lycée de Dijon, la lettre suivante : « Monsieur le Rédacteur, « Je fais les réflexions suivantes à propos de l’article de M.Hadamard sur /a Logistique et la notion de nombre entiers: « 4° M. Peano à imaginé une sorte d'Algèbre de la Logique; il l'emploie, comme on emploie l'Algèbre, pour écrire des propositions et les déduire les unes des autres d'après des règles fixes. Il n'a jamais eu, je pourrais le prouver par des citations nombreuses, l’idée de suppléer, par cette Algèbre, aux notions premières de la science, celle de nombre par exemple. Si done d'autres l'ont fait, et ont ainsi détourné de son objet propre le système de notations imaginé par M. Peano, ce dernier n'en est pas responsable. « 2° La notion d'unité est inséparable de celle de classe. On donne d’abord des noms à chaque objet, et logiquement la notion de nom propre précède celle du nom commur. Les objets ont chacun un nom: Pierre, Paul, le Soleil, Véga, Sirius. (Il est certain que le mot Etoile a précédé le mot Sirius, mais je parle de l’ordre logique, non de l’ordre historique). Puis, certains indi- vidus possédant un caractère commun, on leur donne un nom Commun : 1 Voir la Æevue du 30 octobre 1906, t. XVII, p. 906. 22 958 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE « Pierre est un homme, Paul est un homme. Le Soleil est un astre, Véga est un astre, Sirius est un astre. Le mot un apparait ainsi avec l'idée de classe, la classe des hommes, la classe des astres. « C'est là, dira-t-on, l'article indéfini, non un nom de nombre. C'est là une subtilité. Le Soleil, Véga, Sirius sont {rois astres. Trois est bien un nombre. « 3° Une question se pose au sujet de la Logique. Le raisonnement est-il fondé sur l'intuition ou sur des règles? « S'il est fondé sur l'intuition, comment critiquer un raisonnement? L'intuition est personnelle et incom- municable. On ne peut disputer des goûts et des cou- leurs; on ne peut disputer des démonstrations si elles sont intuitives. Vous dites : Le Postulatum d'Euclide n'est pas démontrable. Cela n’a pas de sens; il ne l’est peut-être pas pour vous, il peut l'être pour moi, si j'en ai l'intuition. « S'il est fondé sur des règles, d’où viennent ces règles? Pour sortir de cette difficulté, examinons une démonstration, celle d’un théorème de Géométrie, par exemple. On passe des hypothèses à la conclusion par une série de petits raisonnements, appelés souvent implications, ou inférences. Ils ont la forme suivante : « A est vraie, donc B est vraie, en vertu de tel théorème, ou de tel axiome, ou de telle définition. » Les principes permettant de faire le raisonnement sont donc les théorèmes, les définitions, les axiomes.:Ils font partie de la science étudiée, non d'une science spéciale ap- pelée Logique. La Logique n'a pas de principes; elle étudie les manières dont on raisonne, elle ne les jus- lilie pas. « 4° Je dois dire mon avis concernant le principe d'induction. Il est une sorte d'intuition logique. Avoir l'intuition d’un raisonnenement, c'estse rendre compte de la facon dont il se fait, sans le faire effectivement. Une proposition P est vraie de ur. Si elle est vraie d’un nombre, elle l’est du suivant. Pour la démontrer du nombre 1.000, je dis : « P est vraie de 1, donc P est vraie de 2; P est vraie de 2, donc de 3; P est vraie de 3 donc de #. En continuant ainsi, au bout de 999 im- plications, on arrive à « P est vraie de 999, donc P est vraie de 1.000 ». Je conçois très bien mes 999 infé- rences sans les faire. C'est là ce que je nomme intui- tion logique. « 5° Dans les cours de Philosophie, la Logique est souvent mal enseignée. Elle se partage en: Logique formelle et Méthodologie. Comme type de raisonne- ment en Logique formelle, on cite le sorite du Renard de Montaigne : Près d'un ruisseau gelé, le Renard en- tend un petit bruit. Il se dit ; « Ce qui fait du bruit remue; ce qui remue n'est pas gelé; ce qui n’est pas gelé est liquide; ce qui est liquide ne peut supporter un poids ; donc ce ruisseau ne peut me porter ». Ce raison- nement ne vaut rien. Une locomotive fait du bruit, mème sans remuer; elle remue, sans être liquide, et supporte très bien un fardeau. « Les règles de la Logique formelle n'ont presque rien à voir avec les vrais raisonnements. En ce qui concerne la Méthodologie, elle est forcément vague, les auteurs ne pouvant, cela se conçoit, entrer.dans le détail des méthodes particulières à chaque science. « Il y à cependant, je dois le dire, quelques bons traités faisant exception. « Pour apprendre la Logique, le mieux est d'étudier la Géométrie. « Veuillez agréer, etc. « J. Richard. » Professeur au Lycée de Dijon. à & 3. — Astronomie Distribution des nébuleuses. Dans les Astronomische Nachrichten (n° 3969), M. Easton dis- cute la distribution des nébuleuses par rapport au système galactique. Les recherches, commencées avec l'idée générale- ment admise que, non seulement les nébuleuses ne se trouvent qu'à une certaine distance de la Voie lactée, mais qu'elles paraissent beaucoup plus nombreuses aux pôles galactiques, confirmèrent cette idée pour l’hémi- sphère boréal et la remirent en discussion en ce qui concerne l'hémisphère austral. M. Easton montre que c’est par suite du manque d'observations que l’on a été amené à croire à la rareté des nébuleuses dans l'hémisphère sud, et qu'en fait il n’en est rien. Les nombres suivants montrent que, quoique cela soit vrai pour les faibles nébuleuses, l'inverse se produit pour les brillantes : Zone galactique boréale SUD NORD DE L'ÉQUATEUR DE L'ÉQUATEUR 154 Nébuleuses faibles . . . É 152 71 | _— brillantes, . Ce qui conduit à la conclusion que les nébuleuses de l'hémisphère austral ne sont pas disposées suivant la même loi que celles de l'hémisphère boréal. Double halo. — Le 26 mai 1906, on pouvait aper- cevoir, de l'Observatoire de Besancon, un halo ordinaire entouré d'un halo elliptique tangent au premier aux deux extrémités du diamètre passant par le zénith. L'existence de ce halo fut constatée, à 9h du matin, par M. Poutignat, météorologiste à l'Observatoire ; mais le phénomène n'était encore que partiel : le ciel était voilé de cirro-stratus, le thermomètre marquait +17, et la hauteur barométrique de 742 millimètres dépas- | $ 4. — Physique du Globe | : sait la moyenne de 9 millimètres environ. | Le phénomène fut complet à 108 et M. Paul Brück fit quelques mesures intéressantes sur l'étendue des con- tacts et des arcs séparés : bientôt, à 10h30, le ciel se couvrait d’alto-anumulus et le phénomène disparaissait entièrement. Dans les régions où les deux halos se confondaient, les couleurs avaient une intensité excep- tionnelle, avec la gamme complète et le violet en dehors : il n'y avait pas de coloration, au contraire, dans les zones où le halo elliptique se séparait nette- ment du cercle. $ 5. — Physique Identité des rayons «x issus des corps radio-actifs. — M. E. Rutherford, à qui l'étude des corps radio-actifs est redevable de contributions de premier ordre, vient de soumettre à un nouvel examen la nature des rayons « émis par l'uranium, le radium, le thorium et l'actinium, ainsi que par leurs produits de transformation successifs, en nombre différent pour chacun d’eux, et qui, pour le radium, par exemple, aboutissent au radium F, identique au polonium. La méthode d'investigation employée par M. Ruther- ford consiste dans la détermination de la déviation des rayons par leur passage entre deux plaques très voi- sines, dont la différence de potentiel est de l’ordre de 500 volts. Pour empêcher la décharge, l'appareil est placé en entier dans un vide très parfait. La théorie de l'expérience montre que la mesure des déviations conduit directement à la connaissance de la quantité mv?/e; et, combinant ce résultat avec la valeur, connue par d’autres expériences, de mv/e, on trouve vet e/m. La vitesse des particules « est de l’ordre de 10*cm/sec. La valeur de e/m est pratiquement la même pour tous les rayonnements examinés, ce qui conduit l’auteur à formuler les résultats de ses études dans les termes suivants : « Nous pouvons raisonnablement conclure que les particules « émises par les divers éléments radio-actifs ont la même masse dans tous les cas. « Ce résultat est important, car il montre que l’ura- ce D OR Tee ann | ru mium, le thorium, le radium, l’actinium, qui se com- portent comme des éléments chimiquement distincts, possèdent un commun produit de transformation. La - particule « constitue l’une de ces unités fondamentales «le la matière, au moyen de laquelle les atomes de ces “éléments sont construits. & Si l'on se souvient que, au cours de leur transforma- tion, le radium et le thorium expulsent chacun cinq particules &, l’actinium quatre, l'uranium une, et que, de plus, le radium est, selon toute probabilité, un pro- “duit de transformation de l’uranium, on voit que la “particule « est un constituant fondamental des éléments “radio-actifs. J'ai montré quel rôle important les parti- —cules « jouent dans les phénomènes radio-actifs. En “comparaison, celui des rayons & et y est tout à fait “secondaire. » —_ La valeur de e/m laisse un peu d'incertitude dans “l'interprétation de la nature chimique des rayons &. 4 M. Rutherford donne des raisons de repousser l'hypothèse suivant laquelle ils seraient constitués par de l'hydrogène. La présence constante de l’hélium dans les corps radio-actifs rendrait l'identité avec ce dernier $ gaz plus probable. Mais alors, il faut admettre que, …_ dans les rayons x, les atomes d'hélium possèdent une — charge ionique double. M. Rutherford ne voit pas de mdifficultés à cette hypothèse ; les rayons « sont des — joniseurs excellents, et les particules qui les cons- “tituent peuvent s'ioniser elles-mêmes par le fait des “chocs intenses qu'elles subissent au contact des molé- cules matérielles. —…_ Aces considérations, l’auteur ajoute un calcul de l'âge des minéraux radio-actifs, fondé sur la connais- …— sance de leur vitesse de transformation, et sur la mesure de la quantité d'hélium qu'ils contiennent, et qu'il suppose, à la limite, resté emprisonné en entier, depuis le début de leur décomposition. Il arrive ainsi, pour la fergusonite et pour la thorianite, à l’âge énorme - «le 400 millions d'années, qui dépasse de beaucoup les autres estimations relatives à l’évolution des phéno- mènes terrestres. Une telle évaluation ne serait pas pour déplaire aux biologistes, qui appuient l'évolution organique sur l'idée de très longues périodes. Cependant, on peut se “demander si le calcul de M. Rutherford est suffisam- ment motivé; si, par exemple, l'hélium n'a pas été emmagasiné dans les minéraux aux dépens de matières entièrement décomposées. Dans cette idée, les miné- raux examinés auraient contenu, à des époques très reculées, de bien plus grandes quantités de matières radio-actives qu'aujourd'hui, ce qui diminuerait la - nécessité d'aussi longues périodes pour la production -de l'hélium qu'ils renferment. Ce procédé bien inat- a DER en de im out dir en 0 Des “tendu de calcul des périodes géologiques n'en est pas ! moins très remarquable, et semble mériter un exa- men approfondi. 5 $ 6. — Chimie physique … Surlesrelations entre le pouvoir d'absorp- …_ tion par rapport à l'énergie radiante et la … condition chimique des corps. — Dans une con- “férence qu'il vient de faire‘, M. A. Byk expose les rela- tions qui existent entre le pouvoir d'absorption par rapport à l'énergie radiante et la condition chimique ‘des corps. Suivant les vues avancées par Maxwell, Sellmeier, Helmholtz et Ketteler, les particules ultimes des corps seraient mises en vibration par les impulsions pério- … diques de la lumière incidente; le frottement produit par ce mouvement serait cause de la destruction de _ l'énergie lumineuse, c'est-à-dire de l'absorption de la lumière. La diversité mème des vibrations propres des molécules serait cause de l'absorption sélective des différents corps, c'est-à-dire de leur couleur. Les rap- ports entre l'absorption de la lumière et la condition 4 Voir Zeitschrift für Beleuchtungswesen, n° 21, 1906. | CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE { i 959 moléculaire n’ont pu être établis qu'après avoir élucidé, pour la Chimie organique, la constitution des molécules si compliquées des matières colorantes, et, pour les corps inorganiques, qu'après avoir donné dans le sys- tème périodique une base solide à une étude compa- rative des propriétés physiques des différents éléments. D'après M. Witt, il convient de distinguer dans les mo- lécules des matières colorantes entre les groupes chro- mophores et auxochromes (essentiellement OH et AzH?); la double liaison du carbone semble être caractéristique des premiers. Dans l’infra-rouge, on n'a pas réussi jus- qu'ici à établir de groupes chromophores; d’après M. Zsigmondy, les groupes OH et AzH? sembleraient jouer ici encore le rôle d'auxochromes, et, suivant Drude, l'hydroxyle OH serait caractéristique de l’absorp- tion sélective même dans les vibrations électriques. Dans l'ultra-violet, l'absorption, suivant Hartley, est liée à l'agrégation de trois liaisons doubles formant un anneau, comme dans le noyau du benzène. Quant à Ja nuance de la coloration, à la position de la bande d’ab- sorplion dans le spectre, de récentes recherches ont fait voir l’intensification de la couleur qui s'établit en séries homologues par les substitutions de groupes à poids moléculaires croissants. Tout en étant également liée à la constitution, la couleur dans les composés inorganiques est due, non pas au groupement des atomes, mais aux caractères individuels des éléments, à leur poids atomique et à leur nature électro-positive ou électro-négative. Les spectres d'absorption des va- peurs métalliques incandescentes, identiques, suivant la loi de Kirchhoff, avec les spectres d'émission, font voir une relation bien marquée avec le poids atomique et la position du métal dans le système périodique. Dans la Chimie organique, les accroissements du poids molé- culaire tendent également, toutes choses étant d’ail- leurs égales, à intensifier les teintes. Ces régularités sont si typiques qu'on peut se servir des séries spec- trales, surtout dans le cas d'une décomposition magné- tique, pour déterminer, comme l’a fait M. Runge pour le radium, des corps simples. Pour les composés inorga-. niques, on a constaté cette loi que, dans les combinai- sons binaires des éléments d'une série verticale du système périodique avec un même élément, la couleur augmente d'intensité à mesure que le poids atomique s'accroît. Dans les composés binaires organiques, les ions électrolytiques jouent un rôle important. Chaque ion, en solution diluée, en tant qu'il existe comme tel, possède une absorption caractéristique, entièrement indépendante de la présence d’autres ions. La couleur du composé est déterminée simple- ment par laddition des absorptions respectives des deux ions constitutifs: aussi, dans le cas d’un acide incolore, elle dépend uniquement de la couleur du métal. Ce dernier, il est vrai, ne possède de coloration propre, même en solution entièrement dissociée au point de vue électrolytique, qu'en tant qu'il constitue un ion indépendant de la même valeur. Or, tel n'est pas le cas, par exemple, des sels multicolores du chrome trivalent, dont la couleur est, au contraire, déterminée par des influences constitutives. Une absorption d’un autre genre est déterminée par la conductibilité électrique. La liaison qui existe entre la conductibilité et l'absorption découle immédiate- ment de la théorie électro-magnétique de la lumière, confirmée, pour la région des ondes infra-rouges, par les récentes expériences de MM. Hagen et Rubens. Dans ces cas, la question présente se réduit à celle qui est relative aux rapports entre la conductibilité élec- trique et la constitution chimique. Si la conductibilité est une fonction périodique du poids atomique, il existe, même dans ce cas, une liaison entre l'absorption et la constitution chimique, liaison qui, il est vrai de le dire, est différente, en l'espèce, de celle dont il vient d'être question. Les vues fondamentales de la théorie électromagnétique impliquent une relätion entre l'ab- sorption des corps et le reste de leurs propriétés optiques, telles que la dispersion de l'indice de réfrac- 960 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE tion, la polarisation rotatoire naturelle ou magnétique, propriétés qu'on attribue aux mouvementsdes électrons. En se plaçant à ce point de vue, il conviendra de con- fronter les lois additives bien connues de Landolt- Brühl, par rapport à la réfraction moléculaire des corps incolores, avec les expériences qu'on a faites dans les régions de l'infra-rouge et de l’ultra-violet, au sujet des relations entre l'absorption et la constitution. Ceci est encore vrai de la rotation naturelle du plan de pola- risation. En continuant dans cette voie, on finirait par réduire les relations entre tous les phénomènes optiques et leur composition à des rapports entre l'absorption lumineuse et la constitution chimique. Comme les pro- priétés optiques des corps sont déterminées par les ombres propres des électrons, on pourra s'attendre, à la suite de ces recherches, à d’intéressantes contri- butions à la théorie de la constitution des particules ultimes des milieux étendus. $ 7. — Chimie industrielle L'utilisation des levures usées. — La fabri- cation de la bière laisse, entre autres, comme résidus une grande quantité de levure épuisée, dont les bras- seurs sont souvent embarrassés de tirer profit. Deux techniciens anglais, MM. P. Schidrowitz et F. Kaye, viennent d'étudier cette question‘ et ont été amenés à recommander spécialement deux procédés d'utilisation des levures usées : la distillation destructive et la con- version directe en un engrais sec. La distillation destructive de la levure fournit quatre produits principaux: une liqueur aqueuse contenant surtout de l'ammoniaque, un goudron épais, un grand volume de gaz et une sorte de coke. Les rendements en ces différents produits varient suivant le mode de chauffage : quand la production de liqueur ammonia- cale est faible, celle de goudron est élevée, et vice-versa, Les résultats obtenus avec la levure lavée sont infé- rieurs à ceux que donne la levure non lavée. Quand on opère sur une grande échelle, une cornue à gaz ést préférable à un alambic. Une fournée de levure séchée grossièrement, distillée dans une cornue, a donné: liqueur, 25°/,; goudron, 7,6 °/,; coke, 48,80/,, ces résultats étant calculés sur la levure sèche. La liqueur contient 6°/, d'ammoniaque. Le goudron ressemble au goudron d'os, mais parait supérieur ; soumis à une nou- velle distillation, il fournit 4,8 */, d'ammoniaque et un résidu ressemblant à la poix de stéarine. Les gaz déga- gés sont combustibles et peuvent être employés pour chauffer les cornues; ils contiennent une forte pro- portion d’ammoniaque, — 7,4 kilogs par tonne de levure sèche dans le cas actuel, — qui peut être enle- vée par lavage. La quantité totale d'ammoniaque dans les produits précédents s'est élevée à 26kil.#4 par tonne de levure sèche. Le coke contient d'importantes quan- tités d'azote, de phosphore et de potasse. Les expériences sur la conversion directe de la levure épuisée en engrais ontété faites d'après le procédé de J. L. Baker*, dans lequel le séchage, qui est le pro- blème le plus difficile dans le traitement des levures usées, est facilité par l'addition d'une petite quantité d'acide sulfurique et la neutralisation partielle de ce dernier par adjonction de chaux. La masse devient poreuse el volumineuse, après quoi elle est facilement séchée danis des fours ouverts et moulue. Cent tonnes de levure pressée donnent environ 30 tonnes de pro- duit, contenant 8 à 9°/, d'ammoniaque. Les auteurs ont déterminé les frais de traitement de la levure par ces procédés et les profits qu'on peut en retirer, Etudiant, d'autre part, les quantités disponibles de levure usée dans diverses régions de l'Angleterre, ils arrivent à la conclusion qu'aucun procédé de trai- ‘ Journ. Inst. Brewingq, 1906, t. XII, p. 450-463. ? Brevet anglais n°9 7.921 (1903); J. of the Soc. of Chem. Ind., 1904, p. 333. tement ne sera réalisable sans la coopération étroite de tous les brasseurs. $ 8. — Sciences médicales Recherches nouvelles sur les propriétés désinfectantes de quelques substances. — Deux savants allemands, MM. H. Bechhold et P. Ehr- lich, viennent de se livrer à d’intéressantes expériences sur les rapports entre la constitution chimique et l'action désinfectante de certains corps‘. Leurs rechèrches ont porté sur le phénol, ses dérivés et: quelques substances homologues, et l'action germicide a été étudiée principalement sur le bacille de la diphtérie, mais aussi sur d’autres bactéries pathogènes (colibacille, bacille pyocyanique, typhique, streptos coque et staphylocoque). On a trouvé que l'introduction des halogènes (chloré et brome) dans la molécule du phénol augmente l'action désinfectante de ce dernier : une molécule de monobromophénol a le mème effet sur le bacille de la diphtérie que 500 molécules de phénol. Le pouvoir bactéricide est aussi augmenté par llintroduction de groupes alkylés dans le phénol ou ses dérivés halo= génés, et aussi par l'union de deux résidus phéno= liques, soit directement, soit au moyen de radicaux tels que CH°,CHOH,CHOCH®,CHOC*H5. L'union de deux résidus phénoliques par un groupe CO ou SO, ou l’intro= duction d'un groupe COOH dans la molécule de phénol, a un effet fâcheux sur le pouvoir désinfectant. | D'autre part, un savant anglais, MM. W. Blyth, à cherché à déterminer l'influence qu'exerce la présence ‘ de matière organique, même en faible quantité, sur len pouvoir germicide des désinfectants de la classe du phénol (phénol, crésols, résorcinol, pyrogallol, ete.) 4 Il a constaté que les phénols supérieurs subissent une grande diminution d'efficacité quand ils sont mélangés avec de la graisse, de l’albumine, des fèces ou de l'urine; l'influence est moindre dans le cas du phénol mêmes Rôle des urines typhiques dans la propa-“ gation de la fièvre typhoïde. — Depuis les tra= vaux du Professeur Bouchard, on sait que l'urine des typhiques contient souvent des bacilles d'Eberth (20 à 25 °/, des cas). M. Ch. Lesieur (de Lyon) vient de faire # de nouvelles recherches sur ce sujet et il a trouvé le bacille typhique chez 45 °/, de ses malades. Il a même insisté sur ce qu'il appelle l'éberthurie persistante, c'est-à-dire sur la présence du bacille d'Eberth chez des typhiques convalescents et même guéris. Ce fait donne l'explication pathogénique de cer- taines épidémies d’origine hydrique et rend compte de la dissémination du germe morbide. Il convient donc de pratiquer systématiquement la désinfection de l'urine des typhiques, avant et après son émission, par l'absorption de certains antiseptiques vésicaux (uro= tropine, helmitol), par des lavages vésicaux à base de sublimé ou de permanganate de potasse, enfin par le nettoyage soigneux des baignoires et l'addition aux urines d’une solution de sulfate de cuivre à 50 °/,. Mais il faut encore faire plus, pour préserver les agglomérations de la contagion possible; il faudrait peut-être, suivant les conseils du Professeur Courmont (de Lyon), substituer à l'alimentation en eau de source, dont la surveillance est pour ainsi dire impossible, l'alimentation en eau artificiellement purifiée à l'arrivée et assurer, par la construction d’égouts d'après le système séparatif, le transport et la destruc- tion chimique de toutes les matières nuisibles. Ik semble, en effet, que les champs d'épandage, tels qu'ils sont pratiqués à Paris, ne peuvent être que des foyers de contagion. ‘ Zeïtschr. für physiol. Chem., 1906, t. XLVII, p. 113-1998 2 Analyst, 1906, t. XXXI, -p. 130-455 * Hyg. genér. et appliq., 1906, p. 551. 4 1 L 4 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 961 $.9. — Géographie et Colonisation Le Musée colonial de Haarlem. — Dans une intéressante Notice’, le savant directeur du Musée co- nial de Haarlem, M. le Dr M. Greshoff, vient de mettre en évidence le rôle joué par cet établissement dans éducation coloniale en Hollande. Après avoir rappelé a description détaillée* que la Revue avait donnée de ce Musée, il cite l'étude plus récente de MM. Mugeot et Delmas, chargés de mission du Ministère du Commerce, “en 1902, et celle, plus récente encore, de M. Mercier, sur l'Enseignement colonial élémentaire à l'étranger a Toutes ces descriptions montrent bien le déve- “Joppement progressif de cette institution, fondée en “hir en mème temps que grandissait son rôle dans l'éducation du peuple hollandais. Tout en restant dans son cadre modeste, ce Musée a “su attirer l'attention du public et gagner la confiance des coloniaux. Cela tient sans doute à plusieurs rai- “sons. D'abord à ce que, malgré l'abondance des docu- ments dont elle disposait, la Direction a su éviter “l'encombrement des collections par des objets inutiles, ce dont il faut la féliciter sans réserves. Pas trop d'objets ethnographiques ; juste assez pour apporter un peu de vie dans les collections de produits. L'aspect Fr extérieur des collections y est très soigné : on a voulu Î qu'elles soient claires, agréables à l'œil et faciles à — l'étude. Les différents produits y sont nettement et sys- “tématiquement séparés; cette méthode est, d’ailleurs, facilitée par la disposition du Musée, qui est composé d'une série de salles relativement petites. Il semble, c'est du moins l'opinion du D' Greshoff et je la crois fondée, que ces chambres distinctes et de faibles dimensions stimulent davantage la curiosité du public, retiennent mieux l'attention et permettent plus une étude intime que de vastes salles qu'on inventorie d’un coup d'œil rapide. La Bibliothèque a suivi le développement du Musée: elle est surtout riche en ouvrages d'économie coloniale. monographies sur les cultures et les industries colo- niales. Les études systématiques se font dansune « chambre | | Peu de journaux ; quelques périodiques; denombreuses …00l0gique » et une « chambre botanique ». Mais c’est « surtout grâce à un laboratoire deChimie, fondé en 1878, parfaitement aménagé et cité souvent comme un mo- dèle du genre, que le Musée colonial peut fournir à - l'industrie et au commerce des renseignements exacts. Enfin. le Musée possède à Amsterdam, au Bureau des … renseignements commerciaux, près de la Bourse, une chambre spéciale pour l'exposition de nouveaux produits. Parmi les publications récentes du Musée, citons un Bulletin sur les bois de fer (1898), sur l'indigo (1899), sur les fibres de Java (1904), une monographie sur les tissus indiens (1903), sur l'usage du bétel (1904), un livre commémoratif du naturaliste Rumphius (1902). ; En 1904, il a été écrit 2.181 lettres par le Musée; ce qui montre l’activité des relations de cet établisse- « ment avec les colonies et la métropole. . * De M. Gresnorr : Rôle du Kolonial Museum de Haarlem dans l'éducation coloniale en Hollande. Compte rendu des travaux de la Réunion d'Agronomie coloniale, 1906. * E. Causrier : Les productions coloniales néerlandaises æt le Musée colonial de Haarlem. Revue générale des Sciences, 45 février 1896. | N71, et dont les collections n'ont pas cessé de s’enri-- Nous avons insisté ici sur la propagande coloniale faite dans les écoles hollandaises à l’aide d'albums et de collections. Ajoutons qu'aujourd'ui on trouve dans 700 écoles des Pays-Bas un petit musée colonial com- mencé avec une collection de l'établissement de Haar- lem. On est donc en droit de dire que ce Musée, né de l'initiative privée, mais fortement appuyé par l'Etat et les Sociétés coloniales, à réussi dans son double rôle scientifique et pratique. Il est juste de reconnaitre que ce beau résultat a été atteint grâce surtout à l’activité de son directeur actuel, M.le Dr Greshoff, et à l'habileté de son vénéré prédécesseur, M. von Eden. En terminant sa trop courte Note, M. Greshoff nous invite sur un ton lyrique à visiter le Musée de Huar- lem : « Venez, dit-il, au printemps, quand les tulipes et les jacinthes sont en fleur. Venez en été, quand Landvoort-les-Bains vousoffre un fortifiantrepos. Venez en automne, quand le paysage de la Hollande a sa couleur dorée. Venez même en hiver dans notre Musée, y chercher un reflet de la lumière tropicale. » C’est bien tentant, même pour ceux qui l'ont déjà vu. E. Caustier, Professeur de Sciences naturelles aux Lycées Saint-Louis et Henri IV. $ 10. — Enseignement A la Soroonne le premier cours de Ma: Curie. — C’est le 5 novembre que, pour la pre- mière fois, une femme a professé dans une chaire magistrale de la Sorbonne. On sait que M#° Curie à succédé à son mari dans cette chaire de Physique générale qui avait été créée pour lui et où il na fait que passer. Elle avait partagé les travaux et la gloire de Pierre Curie; aussi la décision du Ministre lui con- fiant cet enseignement fut-elle approuvée de tous. Dans sa première lecon, M Curie a exposé la théorie des zons et traité de la radio-activité. Cette inauguration avait attiré à la Sorbonne une foule nom- breuse, trop nombreuse mème pour l'amphithéâtre de Physique où avait lieu le cours. À cette occasion, un groupe de dames avait voulu offrir à Mwe Curie un « livre d'or » en témoignage de la reconnaissance des femmes de France. Mais M% Curie, dont on connaît la modestie, a refusé ce souvenir, en demandant qu'il fut remis au Vice-Recteur de l'Acadé- mie de Paris. Au Collège de France. — L'assemblée des pro- fesseurs de cet établissement vient de choisir le titu- laire des conférences instituées par la Fondation Claude- Antoine Peccot, en faveur des hautes études mathé- matiques. Ce titulaire, aux termes mêmes de cette fondation, déjà ancienne, ne doit pas être ägé de plus de trente ans. Il a été décidé, sous la réserve de cer- faines conditions d'horaire, que ces conférences se- raient confiées à M. Pierre Boutroux, maitre de Confé- rences à l'Université de Montpellier et fils du philosophe, membre de l’Institut. Depuis la Fondation Peccot, sont passés dans cette chaire de jeunes savants dont les connaissances spé- ciales en Mathématiques avaient été remarquées. Nous citerons parmi eux MM. Baire, Emile Borel, Henri Lebesgue et Servant, dont le cours n’est pas encore terminé. Suivant un arrangement pris par le Collège de France, M. Servant continuera son cours jusqu'à la fin de décembre, et M. Boutroux ouvrira le sien en | janvier. EE" 962 LA PLANETE MARS D'APRES LES TRAVAUX RÉCENTS De toutes les planètes dn système solaire, Mars. ! on peut hautement l'affirmer, est de beaucoup la mieux connue. Ce résultat tient à une double pré- rogative. A part notre satellite et la petite planète Eros, qui, au point de vue physique, semble, en raison de sa pelitesse. inaccessible à nos instruments, Mars est le monde le plus proche de la Terre. A vrai dire. cet avantage paraitra bien illusoire si nous constatons qu'aux oppositions défavorables la pla- nète resle encore à une distance égale à 400 mil- lions de kilomètres en nombre rond; mais. par contre, il arrive que Mars et la Terre peuvent se trouver en même temps dans la partie la plus proche de leurs orbites respectives tous les quinze ou dix-sept ans : la distance peut alors descendre au minimum à 56.400.000 kilomètres. Dansles meil- leures conditions. le disque de la planète sous-tend ua angle de 25", et bien que ce disque ne présente, lors de ces opposilions favorables, qu'une surface 5.000 fois plus petite que celle de la pleine Lune, la quantité de détails que la vision télescopique per- met d'yapercevoir est inimaginable de prime abord. La vraie cause en doit être attribuée à la transpa- rence de l'atmosphère martienne, plus raréfiée que la nôtre. Il est certain que des habitants placés sur Mars seraient beaucoup moins favorisés vis-à-vis de la Terre. M. Langlev. dans une série de recherches bien connues sur l'absorption par l'atmosphère ter- restre des rayons lumineux’. a démontré, en effet, que la surface de notre globe ne recoit que 60 “/, des rayons traversant uormalement les couches atmosphériques. Le sable blanc lui-méme diffuse à peine le quart de ces radiations : soit 14 ou 45 “{, environ. Mais ce nombre. déjà faible. subit encore. en traversant de nouveau l'atmosphère. la même perte qu'en y arrivant la première fois, c'est-à-dire 40°)... 11 suit de là qu'un observateur placé sur Mars, à une opposition favorable, ne recevrait du centre apparent du disque terrestre que 8 à 9*/, desrayons, c'est-à-dire 1/12 seulement de la radiation totale. Malgré sa faible valeur. ce chiffre de 1/12 n'est pas encore l'obscurité. et nous pourrions espérer découvrir les configurations d'une planète dans ces conditions, si une nouvelle cause n'intervenait encore pour dérober à nos veux la surface du sol ; cette cause, ainsi que je l'ai établi autrefois à propos de la planète Vénus, c'est le pouvoir diffusif de l'atmosphère. * Azo. Jour. of Sc.. vol. XXWIIL p. 463. # Ta_ Monerx : La rotation de Vénus. Bull. Soc. Astr. de Fr., août 41x00 L'ABBÉ TH. MOREUX — LA PLANÈTE MARS D'APRÈS LES TRAVAUX RÉCENTS | ans ‘de 1869 à 1899), nous permettent de considérer” En tenant compte de cette absorption, plus © moins grande suivant les portions du disque, nou voyons immédiatement qu'elle est minimum a centre apparent d'une planète, là où le rayon visu a le moins d'atmosphère à traverser, et qu'elle croi constamment à mesure que l'on approche du bord! où elle atteint son maximum. Ceci nous expliqui alors très simplement pourquoi une planète de d'une atmosphère faible et transparente ne laisse plus voir de détails dans ses portions voisines du limbe. “4 Les phénomènes de diffusion produiront un autrë résultat. dont on a rarement tenu compte jusqu'ici et sur lequel nous aurons l’oceasion de revenir dans la suite : ce sont les colorations propres de l'atmo- sphère elle-même. Dans une étude Sur Lorigine du bleu du ciel, M. Sagnac a parfaitement démontré que cette coloration est due à une diffusion séle tive des rayons solaires, se produisant surtout dans les couches atmosphériques les plus élevées : 1 phénomène est donc, pour ainsi dire, fonction de la raréfaction des gaz de l'air. N'est-ce pas le cas ou jamais d'appliquer cette théorie à l'atmosphère raréfiée de notre voisine ? J Nous nous sommes étendus sur ces fails, car, en Astronomie planétaire, on est trop souvent porté les oublier, et l’on arrive ainsi à des interprélalions erronées des détails constatés et dessinés. Une transparence aussi extraordinaire de l’atmo sphère de Mars a permis depuis longtemps de cal culer la durée de rotation de la planète. Cette détermination avant atteint dans ces dernières années une haute précision, il serait vraimen regrettable de la passer sous silence avant d'abor der l'étude physique de la planète. L A la fin du xvi siècle et au commencement du xvur. J. D. Cassini, Maraldi et W. Herschel avaient déjà donné, avec une grande approxima- tion, la durée de rotation de Mars, mais n'avaient probablement pas tenu compte de ce fait que Mars perd en apparence une rotation pendant une révo lution autour du Soleil, de sorte qu’il serait néces saire de reprendre leurs travaux pour y appliquer les corrections ntiles. | Dans les temps modernes, des astronomes comme Kaiser, Proctor, Marth et Backhuyzen sont tombés d'accord sur le chiffre des secondes, et l'incertitude; à partir de 1864, ne portait déjà plus que sur les cenlièmes de seconde. M. Denning, l'habile astro nome de Bristol, a repris cette étude, et ses propres observations. s'étendant sur une période de trente £ n V e s résultats qu'il a publiés comme vraiment dé- nilifs. La période de rotation qu’il a calcuiée‘ tombe ntre la valeur adoptée par Proctor et celle de ackhuyzen, et on peut la fixer à 24°37=22 70. LES PREMIERS TRAVAUX SUR LA PLANÈTE Mars. Il serait difficile de comprendre les travaux de s dernières années si nous les isolions de la ie fort intéressante que cette planète a fait naître lepuis que le fondateur de l'Astronomie physique, ülliam Herschel, entreprit l'étude de Mars. - W. Herschel ne nous a pas laissé de cartes résu- mant l'ensemble de ses observations : il s'attacha out à confirmer certains points acquis, et il it à peine téméraire de soutenir que l'Aréogra- ie naquit avec ses travaux. On admit générale- ent, à la suite de ses études. que Mars offrait des pôles de glace ou de neige, dont les fluctuations, étendue, suivaient les saisons de la planète. es trois grandes lignes de la topographie mar- ienne furent alors soupconnées, el, en 1783, le #rand astronome pouvait écrire ces lignes, dont le sens n a fait que s'affirmer après plus de cent vingt Mans de recherches : « L'analogie entre Mars et la Terre est peut-être de beaucoup la plus grande qui existe dans le sys- ème solaire tout entier « Cette circonstance, ajoute Miss Clerke, à laquelle térèt tout particulier à l'étude des conditions _r siques de notre voisine planétaire extérieure’. ances sur la planète Mars au point de vue physique pouvaient se résumer ainsi : nôtres, quoique deux fois plus longues, en raison de la durée de révolution de la planète (l'inclinaison de l'axe de Mars étant sensiblement égale à celle de laxe terrestre): % Les neiges polaires fondent presque entière- ent pas nécessairement les pôles géographiques du globe martien : 3° Mars offre aussi des taches sombres, bleues xerles, qui paraissent varier en étendue et peut- e en posilion ; 5 4 Les variétés de teintes sont dues à des différences réelles d'un globe formé de terre et M 'Procror : Month. Not, vol. NXIX. p. 37 et 2: | vol. XXXIIL. p. 552 — Bacxacyzes : Observatory. vol. VII, 43. — Dex : Obserratorr. mar IS9 p. 195 et 19. 2 Philesoph. Trans., vol. LAXIV. p. 20. , 2 Afss Crenre : History of Astron during the XIXth century, p. 214. ent pendant les étés de la planète: elles n'oceu-— L'ABBÉ TH. MOREUX — LA PLANÈTE MARS D'APRÈS LES TRAVAUX RÉCENTS 963 d'eau, les parties rougeätres ou jaunes étant de véri- tables continents. les taches et les trainées sombres. des océans ou des détroits. Cette dernière interprétation, plus ou moins erronée, a survécu à toutes les discussions, el. à l'heure actuelle, toute l'Aréographie, ainsi que nous le verrons. emploie des termes en rapport avec | ces idées préconçcues. Avec les travaux de Beer et Madler (1830 à 1841). s'ouvre une ère nouvelle dans la science aréogra- phique *, une sorte de période de transition, période | très intéressante et dont nous aurions tort de ne pas tenir compte. C'est à ces deux astronomes que nous devons le premier essai d'une carte de Mars, | sur laquelle on reconnait, malgré des erreurs iné- vitables. les premiers linéaments de la géographie du globe martien. 2 perfectionnements apportés au télescope par . Herschel et, plus tard, les corrections que | He opticiens firent subir aux objectifs des | lunettes, permirent à l'Astronomie physique de se développer et de prendre une place de plus en plus prépondérante. Au reste, nous voyons entrer dans la lice, à partir des travaux de Beer et Madiler, les plus illustres astronomes. Sir John Herschel, dont les ! dessins de nébuleuses provoquent encore notre admiration, se préoccupa des configurations de Mars, et c'est à lui que nous devons la première | idée d'avoir attribué à la couleur du sol martien empruntons cette belle citation, donne un ! - Dans le premier quart du xx° siècle, les con- | * 4° Les saisons martiennes sont analogues aux : 1 1833. celte coloration rougeätre caractéristique *. Avec le Père Seechi® et M. N. Lockver', nous | commencons à trouver de très bons dessins, dont les détails sont assez nombreux pour imposer k nécessité d'une nomenclature destinée à l'identis- cation. En 1869, l'astronome Proctor” dresse une carie vraiment sérieuse de la planète, d'après les dessins de Dawes: Kaiser, en 1872, résume aussi de la même manière ses propres observations. Enfin, en 1874, Terby° publie, dans son Arés- graphie, un résumé de tous les travaux depuis l'époque de Fontana (1636), qui observait une vingtaine d'années après l'invention de la lunette. Nous passons sous silence bon nombre d'ob- servateurs, qui ious contribuèrent à donner à nos connaissances sur la planète Mars une physiono- : Fragments sur les corps célestes de système solsire Paris, 1510} Beitrage. etc. Weimar (18241): Asiroz. Nachr. 1531 a 1882 ? Serre : Cel. cycle: vol LE pe LES, Lre éd 5 Osserv. de Marte. Mem. de FOsserr. del Coil. Rom. Rome, 1559). 4 Memoirs of the Rev. Astr. Soc. t. XXII p_ 113-190 3 Chart of Mars. London, 169 V. aussi EE: on Astr- a 1872! = Mém. de F Acad. Roy. des Sciencesde Belgique, t NAXIX, ÿ! 964 L'ABBÉ TH. MOREUX — LA PLANÈTE MARS D'APRÈS LES TRAVAUX RÉCENTS h | - mie officielle que nous pouvons résumer ainsi 1° Les grandes configurations de l’Aréographie, tout en restant très identifiables à plusieurs années d'intervalle, présentent des aspects légèrement différents : leurs bords sont soumis à une exten- sion variable comme leur coloration, résultat soupconné déjà à la fin de 1830; 2° Les taches sombres sont regardées comme des mers, hypothèse confirmée, crovait-on, par les recherches spectroscopiques d'Huggins en 1867 et de Vogel en 1873 ; 3° On découvre des bandes plus ou moins étroites reliant les mers et auxquelles on donne le nom de leuves ; 4° Mars devait avoir une météorologie analogue à la nôtre, quoique moins accentuée. Si l'on nous permet de qualifier d'Aéroique-la première période de 1610 à 1830, l'appellation de classique s'appliquerait parfaitement à celle qui s'étend de 1830 à 1877. C'est alors, en effet, qu'après avoir pris une connaissance générale de l'aspect physique de Mars, des géomètres comme MM. Ami- gues!, Hennessy”, Young abordèrent les ques- lions irritantes d'aplatissement polaire, sans pou- voir d’ailleurs arriver à se mettre d'accord. Les mesures plus complètes et plus précises de la parallaxe solaire nous donnèrent une meilleure évaluation de la masse et de la densité de la pla- nèle, mais il restait encore nombre de points obscurs. La période qui suivit immédiatement, tout en augmentant nos connaissances générales, n'était pas faite pour résoudre l'énigme martienne, comme on le disait couramment et ainsi que nous allons le voir. Avec la mémorable opposilion de 1877, nous entrons dans une véritable période roman- tique. II. — MARS D'APRÈS LES TRAVAUX RÉCENTS. Le 5 septembre de l'année 1877, Mars. s’offrit dans les meilleures conditions d'observation, avec un disque de 25" de diamètre. M. Schiaparelli, directeur de l'Observatoire de Milan, en profita pour tenter un repérage trigonométrique des prin- cipales configurations : 62 points furent notés et, dans sa première carte publiée à la fin de 1877", on put voir un grand nombre de détails qui avaient passé complètement inapercus pour les observa- teurs précédents. Les /euves y prennent une exten- sion considérable. M. Schiaparelli imagine alors une nomenclature mythologique, où les. taches ‘ C. R. Ac. des Sc. 1874, t. ], p. 1557. IG NRA PACHAAESASC, ASIS Mt-UIT, p. p. 1419. , # SCHIAPARELLI : Osservazioni aslron. e fisiche sull'asse di rotazione e sulla topogr. d. plan. Marte (Roma, 4878). 590, et 1880, t. 1, sombres prennent décidément ls nom de mers et, où les continents disparaissent pour faire place à. de véritables 7/es plus ou moins grandes, entourées des principaux fleuves. ; Il ya, dans cette première œuvre de Schiaparelli, un travail sérieux et considérable dont on ne sau- rait trop le féliciter. Les fleuves tracés par lui avaient bien une existence réelle et objective, quoi qu'ou en ait dit. El ce qui le prouva immédia-=" tement fut le fait qu'on put les identilier avec less détails observés à différentes époques par divers astronomes, tels que Dawes, Secchi et Holden. MM. Burton et Dreyer les tracèrent aussi indépen- damment, mais partiellement, sur leur cartes. dressée en 1879". dl A cetle même époque, Schiaparelli* les identifia | de nouveau et put repérer 114 points fondamen-" taux. Mais, à partir de ce moment, une évolution s'opère dans les dessins de cet astronome, et cette ÿ évolution est extrêmement importante pour l'avenir de l'Aréographie. Les fleuves s'amincissent et deviennent plus droits : l'auteur les appelle des canaux; dans sa troisième carte, publiée après l'opposition de 1881, presque lous les canaux sont des lignes droites ou des arcs de grands cercles, . dont certains, toujours très étroits, atteignent des longueurs de près de 5.000 kilomètres. | La carte d'ensemble, résumant toutes les obser- vations de 1877 à 1888, est plus typique encore“ : on la croirait construite par un autre dessinateur; elle ne rappelle en rien celle de 1877. Les tracés curvilignes, à part les lignes de littoral, sont l'exception; tout est Liré au cordeau et à l’équerre; on dirait un réseau artificiel enserrant la planète, mieux que ne le font nos lignes de chemin de fer, qui se plient aux exigences d’un terrain modelé par l'érosion ou par les mouvements orogéniques du globe. : Ces réflexions, qu'on se garde de le croire, n'ont pas du tout pour but de dénigrer l’œuvre impor- tante du savant astronome italien. Ce n'est pas le moment de discuter l'objectivité des détails aperçus , par Schiaparelli; mais nous avons en vain cherché une explication de cette évolution tout au moins singulière. ; L'auteur, mieux que personne, serait peut-être à même de la donner. Qu'on n’allègue pas, en la circonstance, une habitude plus grande des obser- valions : ce serait par trop enfantin. Un astronome déjà rompu à la vision télescopique ne perfectionne pas subitement son acuité visuelle; — on a plutôt ' ! Physical observ. of Mars 1879-80, Scientific. Trans. 01 the Roy. Dublin Soc., 1880. « ? SCHIAPARELLI : 2° mémoire sur la planète Mars (Rome, 1881). * L'Astronomie, 1" année, 4882, août, p. 3e mémoire, Rome, 1886. 126. V. aussi L'ABBÉ TH. MOREUX — LA PLANÈTE MARS D'APRÈS LES TRAVAUX RÉCENTS © O4 6 vu le contraire se produire quelquefois. — Mais il peut, sous l'influence d'idées préconcues, changer son mode d'interprétation et, par conséquent, sa facon même de rendre les détails. Quoi qu'il en soit, les résultats des derniers tra- vaux de Schiaparelli laissent loin derrière eux ses premières constatations. — Avec son réseau de traits sombres alignés au cordeau et tracés comme les rues d'une ville amé- ricaine, Mars était de beaucoup la plus intéressante de toutes les planètes; les dernières observations de l'astronome italien, publiées après l'opposition de 1889, en firent le monde le plus étrange qu'on ‘puisse imaginer : _ « En certaines saisons, dit-il, dédoublent ou plutôt se doublent ‘. « A la fin de l'opposition de 1879, Schiaparelli avait déjà observé un cas de ce genre; à l'opposi- tion suivante | (1881-1882), dans l’espace d'un mois, dix-sept exemples analogues se produisirent. — Le mécanisme du phénomène est assez curieux : -En général, une ombre légère se forme sur le canal; quelquefois ce sont des taches blanches -indécises; puis, le jour suivant, « à gauche ou à - droite d'une ligne préexistante, sans que rien ne -soit changé dans le cours et la position de cette ligne, on voit se produire une autre ligne égale et parallèle à la première, à une distance variant généralement de 6° à 12, c'est-à-dire de 350 à 100 kilomètres; il paraît même s'en produire de “plus proches, mais le télescope n'est pas assez } D pour permettre de les distinguer avec cer- litude. Leur teinte paraît être celle d’un brun- roux assez foncé. Le parallélisme est quelquefois d'une exactitude rigoureuse * Ainsi, à la place où la veille on avait apereu “un trait sombre, on constale la présence de “lignes parallèles à 100 ou 200 kilomètres l'une de 4 autre. M. Schiaparelli eite même un cas de dé- “doublement dans lequel les SEE étaient “séparées par un intervalle de 15°, soit 800 kilo- “mètres! …. En 1888, M. -nisme de la géminalion. Il constate que l'une des deux bandes n'a pas toujours conservé l'emplace- “ment du canal primitif : « Il peut arriver que ni l'une ni l’autre des deux formations ne coïncide avec l'ancien canal * » Chose très intéressante à constater, certains canaux se sont toujours montrés rebelles à la gé- mination. Le fait que la gémination fut confirmée dans la ER ne ue. ee Son rte 2 FLAMMARION ? FLAMMARION # Himmel und Erde, nète Mars, p. 448. ces canaux se : La planète Mars, p. 353. : La planète Mars, p. 354. 1888. V. aussi FLammaRIOX : La pla- Schiaparelli revient sur le méca-°? | phénomène un caractère illusoire. suite par différents astronomes parait enlever au Il faut citer, cependant, un cas assez extraordinaire : pendant l'opposition de 1886, alors que MM. Perrotin et Thollon observaient, à Nice, des canaux nettement doubles, M. Schiaparelli, à Milan, persistait à les voir simples. A son observatoire de Flagstaff (Arizona), M. Lowell, aux dernières oppositions, entreprit une étude attentive de la planète. Il était favorisé par une atmosphère excessivement limpide à 2.200 mè- tres d'altitude et observait à l'aide d'une lunette de 0®,61 d'ouverture. Il renchérit, pour ainsi dire, sur les configura- tions géographiques dessinées par Schiaparelli et | couvrit la planète Mars d'un réseau de lignes fines à mailles tellement serrées qu'on dirait le globe martien, construit d'après ses observalions, comme recouvert d'une toile d'araignée. Le nombre des canaux enregistrés à Flagstaff a atteint, ces derniers temps, le chiffre fantastique de 420 *. Ils sont tous rectilignes, et cette tendance se fait sentir jusque sur le tracé des mers Suivant plusieurs observateurs et d'après les travaux de Loweil et Douglass, les canaux ne seraient pas limités aux portions rougeàtres de la surface, mais s'’étendraient indistinctement aux régions sombres. Cette observation, confirmée ces dernières années, est d'une très grande importance, car elle tendrait à prouver que ces régions sombres ne sont pas du tout des masses d’eau. A l'interseclion des canaux, M. Lowell prétend avoir remarqué, à certaines époques, de petites taches rondes, noires, auxquelles il a donné le nom d'oasis. La terminologie adoptée par M. Lowell s d'ailleurs assez bien avec ses idées. Aussi étrange que paraisse la théorie de l'artifi- cialité des canaux, elle a été soutenue par différents astronomes, et M. Lowell la défend avec acharne- ment. Reprenant l'hypothèse émise par Pickering, l'astronome de Flagstaff croit que l'eau ne peut exister facilement à l’étatlibre sur Mars: les régions sombres seraient dues à la végétation; des canaux, creusés par les Martiens pour s'assurer d'un système savamment combiné d'irrigation, nous ne verrions que les bords recouverts d'une végétation dont le développement suivrait les saisons. Il en serait de mème des oasis. Dans son grand ouvrage sur La Planète Mars, M. Lowell développe ses idées sur ce thème général de l'artificialité des canaux, et tout dans son livre converge vers cette unique pensée. ‘accorde 1 Bulletin de la Soc. Astr. de Fr., passim. Consulter les années 1902-1905. MARS D'APRÈS LES TRAVAUX RÉCENTS 966 L'ABBÉ TH. MOREUX — LA PLANÈTE D'ailleurs, d'après lui, l'apparition des canaux est loujours consécutive à la fonte des neiges po- laires, À mesure que l’eau résullant de cette fonte envahit les basses latitudes, les canaux deviennent plus visibles. Il serait trop long de suivre l’auteur dans les développements de cette hypothèse. Nous nous permeltrons simplement de faire remarquer que ses constatations sont souvent en contradiction avec celles d'observateurs (rès sérieux, ce qui affaiblit beaucoup ses conclusivns générales. Nous pouvons retenir de l’ensemble des travaux récents que la coloration des taches sombres montre du vert au printemps et du brun à la fin de l’élé. Les variations saisonnières de tons mili- tent donc en faveur de phénomènes d'ordre ana- logue à notre végétation. On a beaucoup discuté sur l'objectivité des détails martiens. Ceci est très compréhensible de la part d'astronomes ou de physiciens n'ayant jamais observé la planète assidument. En fait, certaines configurations n'ont jamais été mises en doute par les observateurs ayant consacré une partie notable de leurs travaux à l'étude attentive de la planète Mars. Les tachessombres appelées mers, les golfes tels que la Baie du Méridien, les iles telles que Æellas, Japygia, les laches claires, les pôles, etc., sont tellement visibles qu'il serait oiseux de démontrer leur objectivité. Ilen est de même des canaux larges, comme le Boreosyrtis prolongeant la Mer du Sa- blier (Syrtis Major) ou le Lacus Niliacus qui forme une Le abordable à de faibles instruments. Le débat, à l'heure présente, se circonscrit de plus en plus. Existe-t-il sur la planète Mars des canaux fins — ceux qui ont été découverts par Schiapa- relli, ceux que M. Lowell et M. Douglass ont multi- pliés — à la surface des continents? Voilà vérita- blement le nœud de la question et l’objet du litige. Certains astronomes demeurent encore sceptiques à cet égard. Au reste, M. Lowell dit fort bien que la visibilité des détails lient plulôt à une atmosphère calme et à l’acuité visuelle de l'observateur qu'à la puissance l'instrument. Or, d'une part, les astronomes habiles qui, munis de puissantes lu- nettes, ont vu les canaux fins sont très rares: c'est ainsi que M. Millochau, avec le grand réfracteur de Meudon, n'a jamais pu les observer‘; d'autre part, il y aurait là, même de l'avis de M. Lowell, presque une affaire d’équalion personnelle, puisque M. Douglass prétend avoir découvert également des canaux sur les satelliles de Jupiter? Il faudrait donc admettre que, pour certains veux, loute sur- face revêt un caractère de canaliforme : ce serait une 1 CR Ac. desS er -toct 40903: II A Lick Observatory, M. Barnard, visuelle, n'a pas mieux réussi. dont on connait l'acuité disposition physiologique dont il y aurait lieu a tenir compte et de rechercher la cause. On s'est demandé aussi, dans le cas d'une illu- sion invincible, si la surface de Mars n'offrirait pas un grand nombre de taches plus où moins foncées que l'œil relierait involontairement par des lignes régulières. Les expériences célèbres de MM. Maunder et Evans, qui consistaient à faire dessiner à des élèves des disques portant la conti=t guration générale de la planète et qu'on placait & une grande distance, militeraient en faveur dé celte interprétation. Dans la plupart des cas, en effet, les dessinateurs ont relié les golfes ou les amorces des canaux par des lignes fines et droites L'expérience, reprise par M. Flammarion, dirécteur. de l'Observatoire de Juvisy, a donné des résultat identiques ‘ Les astronomes qui voient et dessinent les ca naux sous cette forme, en les multipliant, refusen d'admettre toule analogie entre les aspects de dessins d'objets terrestres el la surface martienne. M. Maunder, à la suite d'une critique acerbe de ses vues par M. Story, a répondu dans un artiel de Xnowledye. Il ne sera pas sans intérêt pour le lecteur d’avoir sous les yeux les passages prinei paux de cette remarquable réponse. « Voyons, dit M. Maunder*, en quel poin précis les vues de M. Lowell diffèrent des miennes Ce n'est pas dans les grandes lignes de la topogra= phie martienne. M. Lowellles voit et les dessine sub stantiellement comme je les voyais et les dessinai en 4877, et comme Beer et Mädler les dessinaient en 1830. Ce n'est pas au point de vue de l'aspect des canaux; j'ai observé et dessiné des canaux dès 1877, et, bien que M. Lowell en ait vuet dessin beaucoup plus que moi, ceux que j'ai vus étaient substantiellement de même caractère que les siens; et, en discutant celle question, j'ai toujours e | grand soin, soit en écrivant, soit en parlant, de! toujours faire remarquer que je ne mettais nulle=M ment en doute ni la fidélité ni l'habileté d'aucun des observateurs de Mars. M. Evans et moi-même avons dit autrefois: « Il ne serait vraiment pass correct d'affirmer que les nombreux observateurss | avant dessiné des canaux sur Mars pendant less, vingt-cinq dernières années aient dessiné ce qu'ils" ne voyaient pas. Au contraire, ils ont reproduit ets S. 1 Dans son grand ouvrage sur la planète Mars, M. Flam= marion, qui se propose d'en donner une seconde édition, & fait un exposé magistral des recherches relatives à la planèté® | Mars depuis l'invention des lunettes; nous avons largements puisé dans ce volume pour l'exposé historique que nousf avons donné, et nous nous permettrons de renvoyer le lecteur que la question intéresse à l'ouvrage cité. è = Les canaux de Mars. Réponse à M. Story, par E. Wat Mauxoen. Anowledge, mai 1904, p. 87 et suiv. L'article auquel l'auteur fait allusion avait élé publié dans la même en mars 1904. revue dessiné fidèlement ce qu'ils voyaient ». Jamais je n'ai ni affirmé ni supposé « que les canaux sont vus comme de très faibles lignes, si faibles que leur existence est douteuse, même pour des expérimen- tateurs habiles ». Je sais le contraire par ma propre expérience. « Nous sommes d'accord sur un autre point. Suis de son avis, qu'il n’est pas possible qu'un réseau réel, aussi géométrique que celui qu'il repré- sente, puisse être le résultat de causes purement physiques. M. Story connait certainement le livre très intéressant que M. Lowell à publié sur Mars en “novembre 1895 et a lu les pages 148-154. - «Mais ici commencent nos divergences d'opinion. M. Lowell attribue ce réseau au travail d’êtres in- “telligents qui ont tracé sur la planète ces « gros- “siers polygones », pour employer l'expression de Schiaparelli. —_ « Ceci est, notons-le, du domaine de l'hypothèse “et non de l'observation; et cette hypothèse im- “plique la supposition que, si Mars était beaucoup plus près de nous ou si nos puissances visuelles “étaient excessivement augmentées, ces grossiers » polygones subsisteraient et ne se résoudraient ja- mais, sous une vision meilleure, en détails que “nous pourrions raisonnablement attribuer aux mseules forces de la Nature. tinaturel peut être dû à l'imperfection de notre vision. Je me base sur des faits bien connus tou- où la théorie de la vision et la structure de l'œil, “et l'œil est notre instrument nécessaire pour l'ob- MServation. Nous n'avons pas droit d’avoir recours à “l'inconnu et à l'artificiel avant d’avoir épuisé les | méthodes connues et naturelles pour expliquer un observés de causes connues; l'hypothèse de . Lowell est une incursion dans le domaine des . fées. » se résumer ainsi : c'est un fait d'expérience que, chant sur fond'brillant doit avoir au moins 34 se- Lcondes de diamètre. Quant à la forme, elle ne peut être reconnue que dans le cas où la tache dépasse notablement cette dimension; autrement l’objet Lnous apparaitra circulaire. S'agit-il de lignes fines? Leur longueur com- pense alors jusqu'à un certain point leur largeur. Si cette dernière est au-dessous d'une seconde, toute la ligne cesse d’être visible ; là encore, pour qu'il y ait perception nette de la forme, il faut que la longueur soit notablement plus grande. La conclusion logique est que, à partir d'une certaine limite, tous les objets, quelle que soit leur M. Lowell est absolument convaincu, et en ceci je | È « Mon hypothèse est toute différente; cet aspect | an “phénomène. Mon hypothèse est basée sur les effets | Le reste de l’argumentalion de M. Maunder peut | Mpour être perçue par l'œil, une lache noire se déta- | L'ABBÉ TH. MOREUX — LA PLANÈTE MARS D'APRÈS LES TRAVAUX RÉCENTS 967 forme réelle, nous apparaitront nécessairement comme des taches rondes ou des lignes fines régu- lières. Il s'agit ici du cas de visibilité à l'œil nu, et l’on doit ajouter qu'aucune éducation ne sera sus- ceptible d'améliorer notre vision, puisque la limite du diamètre apparent est liée à la grandeur des bâtonnets et des cônes de la rétine. En abordant la vision télescopique, le problème devient plus complexe. Chaque instrument a une limite de définition théorique qui, pratiquement, n'est jamais atteinte.Ilest vrai que le principe reste le même, mais nous savons que le grossissement réel diffère beaucoup du grossissement théorique. C'est ainsi qu'un oculaire amplifiant 300 fois ne nous fait jamais voir les détails que nous ne man- querions pas d’apercevoir si l’objet était 300 fois plus rapproché de notre œil. Le raisonnement vaut à fortiori pour des grossissements plus considé- rables, qui, pour cette raison, s’emploient plus rarement. Lors donc que M. Lowell dessine des oasis sous | forme de taches rondes et qu'il représente les canaux par des lignes fines et régulières, si, arguant de sa bonne foi, nous ne contestons pas la subjec- tivité du phénomène, nous avons certainement le droit de douter de son objectivité. Les premiers observateurs de Mars ont aperçu aussi des taches rondes, et, s'ils nous avaient affirmé que ces oasis avaient réellement cette forme, les faits leur inflige- raient aujourd'hui le plus cruel démenti. Depuis Beer et Mädler, les instruments se sont perfection- nés, les corrections de nos instruments sont meil- leures. Or, les soixante oasis de M. Lowell semblent avoir le même caractère que les taches observées par Beer‘ et Mädler. « Si, dans soixante-dix-ans, continue M. Maunder, il s’est produit un développement télescopique égal à celui des soixante-dix dernières années, l'unifor- mité actuelle des oasis de Lowell persistera-t-elle, ou deviendra-t-elle ce qu'est devenue la ressem- blance des taches observées par Beer et Mädler ? Nous n'avons pas même besoin d'attendre soixante- dix ans pour le savoir. Jusqu'à ce moment même, j'ai soigneusement évité toute critique des dessins de n'importe quel observateur de Mars.J'ai souvent répété que je les acceptais comme étant des repré- senlations à la fois fidèles et habiles de ce que voyaient les observateurs. Mais ii est nécessaire de faire remarquer icique l'extrême simplicité de type et des canaux et des oasis, tels que les montre | M. Lowell, n’est pas confirmée par les meilleurs observateurs. Dans le dernier numéro de Xnow- ledge, M. Denning écrivait (p. 61) : «Il y a, en réa- lité, beaucoup de différences dans les taches en 4 Knowledge, même article. 968 L'ABBÉ TH. MOREUX — LA PLANÈTE MARS D'APRÈS LES TRAVAUX RÉCENTS forme de canaux; certaines sont des ombres très larges et diffuses, tandis que d’autres sont des lignes étroites et délicates ». Le Révérend T. E. Phillips, tout dernièrement, a vivement insisté sur le même fait, el je pourrais citer bien d'autres té- moignages. Il est certain que les meilleurs obser- vateurs ne s'accordent pas simplement à dire que les canaux diffèrent très largement dans leurs ca- ractéristiques, mais ils s'accordent aussi absolu- ment dans les caractéristiques qu'ils assignent à des canaux en parliculier. En ce qui concerne les observations de M. Lowell, je ne puis évidemment parler que de celles qu'il a publiées; mais, pour celles-là, il est certain qu'il ne réussit pas à mon- trer celte grande variation de caractère qui existe entre certains canaux sur lesquels la plupart des autres observaleurs s'accordent pleinement. Ceci me semble une preuve certaine (aulant que ses dessins publiés le permettent), non de conditions supérieures et d'habileté très grande du côté de M. Lowell, mais d’une infériorité très marquée sous ces deux points de vue. Qu'il faille attribuer le fait à l'emplacement de son observatoire ou à la per- fection de ses instruments, ou à son habileté per- sonnelle dans l'observation ou plus probablement dans le dessin, peu importe. En dépit de la multi- plicilé de ses observations et de la persévérance — qu'on ne saurait trop louer et trop reconnaitre — avec laquelle il a observé Mars, en saison et hors de saison, le fait reste qu'il n'a pas réussi à enre- gistrer des différences concordant avec ce qu'ont trouvé d'autres observateurs de premier ordre. Il n'a pas réussi surtout à reconnaitre ce que Denning et Schiaparelli avaient reconnu dès 188%, que la plupart des canaux étaient très loin d'être des lignes droites de largeur et de teinte uniformes, mais montraient des gradations de ton évidentes, et des irrégularités occasionnant cà et là des solu- tions de continuité et des condensations. Des mil- liers de dessins de Mars que j'ai examinés, ceux qui correspondent le plus parfaitement aux dessins de Lowell ont été faits par un jeune novice et dans une station idéale sous aucun rapport, en em- ployant une petite lunette qu'il avait construite lui-même. « On à dit, en faveur de la réalité des canaux, qu'on les voyait avec beaucoup de netteté ou très souvent. L'argument est basé sur une ignorance absolue de l'apparition des canaux fictifs observés dans les expériences de M. Evans et les miennes. Je me suis moi-même laissé prendre complètement par un petit dessin sur lequel élaient représentés Syrtis Major et Sinus Sabœus. Ce que je regardais comme le détail de beaucoup le plus important _élait une ligne droite, étroite, intensément noire, correspondant au Phison. Pourtant cette impression étonnamment vive était due en réalité è. l'intégration de deux ou trois faibles lignes, irré- gulières, brisées, recourbées en serpentin, et d'une demi-douzaine de points absolument invisibles. Si j'avais regardé ce dessin un millier de fois, ou si un millier d'autres observateurs l'avaient examiné dans les mêmes conditions de distance, ils n'au- raient vu que ce que j'ai vu : une ligne noire droite aussi nette aue si elle eût élé faite par l'ins- trument d'un graveur. » 1 III. — La GÉMINATION. Celte discussion serrée des vues de M. Lowell semble laisser peu de place à l'examen du fait de la gémination. Alors qu'il nous est difficile de nous” prononcer sur la réalité des canaux fins, comment pourrions-nous aborder les problèmes autrement complexes du dédoublement de ces canaux ? Nous, ne saurions toutefois nous dispenser de dire un mot des hypothèses ayant la prétention d'expliquer ce mystérieux phénomène, car les théories de la gémination ont pris une place prépondérante en ces dernières années dans la littérature aréographique: Laissons de côté celles qui, basées sur l’artifi= cialité, attribuent le dédoublement aux prétendus habitants de la planète, canaux d'irrigation, écluses, digues, ete. C'est le cas de répéter ici les paroles de M. Maunder : « Nous n'avons pas le droit d’avoir recours à l'artificiel et à l'inconnu avant d’avoim. épuisé les méthodes naturelles pour expliquer un. phénomène. » . L'hypothèse qui, dans le monde scientifique sembla jouir au début de la plus grande faveur, est celle qu'a proposé M. Stanislas Meunier. Ellen s'appuie sur une expérience facile à réaliser : Si l’on enveloppe d'une mousseline un globe poli sur lequel on a préalablement tracé des lignes sombres; ces canaux, souscerlainséclairements, apparaissent nettement doubles. Sur Mars, la brume s'étendant | au-dessus des continents remplacerait la mousse=, line. Malheureusement, tout ingénieuse qu'elle soit, cette théorie est en désaccord avec les faits les mieux constatés. C’est le cas de dire, avec le direc= teur de la Section de Mars à la Pritish astrono= mical Association: « S'il y avait deux lignes d'égale intensité (les deux composantes d’un canal double), nous voudrions savoir comment tel expérimens tateur n’en voit qu'une, tandis que tel autre les voit toutes les deux! En 1886, M. Schiaparelli voyait les canaux Euphrates, Orontes, Phison el Jamuna toujours simples, tandis qu'à Nice; MM. Perrotin et Thollon les voyaient neltement doubles”. » | Tu. Moreux : Vues nouvelles sur la planète Mars. Revue des Quest. scientif., octobre 1898. Nous ajouterons qu'en soumeltant cette hypo- thèse au calcul, ce que l'on aurait dû faire tout d'abord, on arrive immédiatement à la conclusion qu'elle est inadmissible. Aux oppositions périhé- liques, par exemples, si l'on adopte la théorie de M. Stanislas Meunier, la ligne parasite formée par limage réfléchie d’un canal devrait se rapprocher dans une même nuit de l'image réelle, l'écartement étant maximum à 0,707 du centre (le rayon de la planète étant 1) pour devenir nul au méridien central et repasser ensuite par les mêmes valeurs. Dans les conditions les plus favorables pour la théorie dont nous parlons, alors que Mars présente une forme gibbeuse, l'écartement des deux lignes he saurait avoir lieu au centre ainsi qu'on a voulu le dire, mais à une distance de sin 21° —0,358. Or, “jamais astronome n'a constaté de pareils faits. —…_ La seconde théorie en date peut se formuler “ainsi : Toute ligne fine apercue à la distance de la | vision non distincte nous apparait double. Il y a là + un problème physiologique intéressant, dont j'ai nent à une imperfection de notre cristallin : elles se produisent nécessairement avec la vision téles- -copique, si l'image d’une ligne fine cesse d'être au point. Or, il parait difficile au premier abord d’ad- metlre que des observateurs habiles ne sachent “pas manier leurs instruments ; mais, d'autre part, Lous ceux qui ont employé de puissantes lunettes savent combien sont fréquentes les varialions de “distance focale dans un intervalle de temps très court. Cela tient aux changements de température et aux courants atmosphériques amenant des variations de l'indice de réfraction de l'air. Dans les lunettes à grandes distances focales, Ja mise au point change à chaque instant. Si donc “une ligne fine apparait très nette à un moment donné, l'instant d’après elle peut se montrer aussi nettement double. + Cette théorie, que j'ai défendue autrefois, me “parait cependant inapplicable au dédoublement des canaux, depuis que j'ai pu observer Mars, d’une “facon assidue. Elle s'accorde peu, d’ailleurs, avec le caractère permanent des géminations, telles que les a décrites Schiaparelli. La plupart du temps, en effet, les canaux s’élar- gissent avant de se dédoubler, et cette forme peut persister plusieurs jours de suite. Puis le milieu “du canal, ainsi que nous l'avons déjà dit, prend une teinte claire, et finalement les deux compo- Santes apparaissent. Plusieurs observateurs, et des plus sérieux, admettent le fait et en donnent l'expli- cation suivante : “ Tu. Moreux : Rev. des Quest. scientif., mème article. ? Report of the Bristish Astr. Association; mars, an- née 1903, p. 89. L'ABBÉ TH. MOREUX — LA PLANÈTE MARS D'APRÈS LES TRAVAUX RÉCENTS donné la solution autrefois". Ces apparences tien- | 969 «La gémination des canaux de Mars, dit le capi- taine Molesworth, semble être réelle, et non illu- soire ; elle est due, à mon avis, et dans presque tous les cas, à l'existence et à la visibilité variable de deux canaux distincts presque parallèles : tantôt un canal, tantôt deux canaux devenant visibles. Ceci expliquerait l’anomalie apparente d'un canal vu simple et double en même temps par deux observateurs. Quand on voit les deux canaux, l'espace entre eux est généralement légèrement ombré, et cette trainée ombrée donne souvert l'impression d’un canal simple, large, diffus, quand on ne voit pas les bords plus sombres. » Enfin, la théorie du contraste expliquerait plus d'un cas. Imaginée pour justifier l'apparition des canaux faibles, elle peut s'appliquer très sûrement à la gémination. Voici en quoi elle consiste : Lorsque deux teintes d'intensité ou de couleur différentes sont juxta- posées, l'œil saisit surtout le lieu de démarcation des deux teintes et nous avons une tendance à tracer la limite commune sous forme de ligne. Cette illusion est tellement naturelle que c’est sur ce principe que repose notre science du dessin. En fait, les lignes n'existent pas dans la Nature, et le peintre, lorsqu'il ne se sert pas du pinceau, est forcé d'interpréter par des traits la forme des objets. Tout le monde a remarqué que, dans les lavis procédant par teintes de plus en plus foncées, le relief n’est jamais obtenu entièrement si le dessin est vu de trop près; les différentes teintes s'exa- gèrent sur leurs bords et donnent lieu à de véri- tables lignes plus foncées aux endroits où com- mence une surface moins sombre. Cetle théorie, qui fut énoncée par Green en 1879, fut confirmée en 1898 par différents astronomes, et entre autres par le Révérend P. H. Kempthorne. A l'opposition de 1900-1901, le capitaine Molesworth, qui avait étudié les canaux à ce point de vue, écrivait ceci! « La conclusion de mes observations est que, dans la grande majorité des cas, les canaux, surtout s'ils sont faibles, ne sont autres que les bords légè- rement plus sombres de surfaces très faiblement teintées. Dans certains cas, on n'aperçoit aucun canal, on distingue seulement le simple contour d'une surface ombrée. Quelquefois le bord du canal est parfaitement net et défini du côté de la surface claire, l’autre bord se dégradant peu à peu dans la portion ombrée. » Si maintenant nous imaginons une large surface sombre sur un point brillant, la même théorie rendra compte d’une double traînée aux deux bords. Bien que cette hypothèse n'ait jamais été explici- tement énoncée, elle nous parait aussi logique que 1 Mème rapport, p. 90. 970 celle dont elle dérive, et nous avons de bonnes raisons de croire qu'une telle disposition sur Mars a donné lieu bien souvent à de prétendus phéno- mènes de dédoublement. La conclusion de tous les travaux que nous venons d’analyser s'impose maintenant avec une inéluctable nécessité. Nous ne savons presque rien de la planète Mars. Si les configurations qui paraissent stables nous sont à peu près connues dans les grandes lignes, nous ne saurions nous prévaloir de leur connais- sance générale pour en inférer leur forme réelle. Mars est trop éloigné et nos instruments trop peu perfectionnés, les causes d'illusion trop nom- breuses pour que nous soyons assurés, lorsque nous avons une carte de Mars sous les yeux, de posséder la topographie véritable de la planète. Aux partisans de l'opinion contraire, je me conten- terai de répondre par un exemple. Personne ne conteste que l’aspect télescopique de la Lune, com- paré à un dessin de notre satellite fait à l'œil nu, change du tout au tout. Un grossissement de 75 fois fait apparaître des détails que rien ne nous autoriserait à soupconner si les lunettes ne ve- natent à notre secours. Or, un pouvoir amplifiant de 75 fois appliqué à la planète Mars nous fourni- rait précisément un disque égal en diamètre à celui de la Lune vue à l'œil nu. Comment qualifier le raisonnement d’un observateur qui prétendrait avoir ainsi une idée adéquate d'une planète vue dans ces conditions? Le même argument subsistera dans toute sa force si nous augmentons de dix fois le pouvoir de nos instruments. Peut-être connai- trons-nous un peu mieux le monde offert à nos regards, mais jamais, tant que nos moyens opli- ques ne recevront d'autres perfectionnements, nous ne pourrons nous flatter d'avoir sous les yeux une carte réelle de la planète. Le résultat serait-il atteint que nous resterions encore devant une mappemonde marlienne dans la situation d’un ingénieur contemplant le plan d'une terre inconnue, assez complet sans doute, mais dont il ignorerait tout jusqu'aux teintes con- ventionnelles. Est-ce à dire qu'il nous faille abandonner la partie? Nous ne le croyons pas, mais nous devons nous attacher de plus en plus aux observations de | détails. Il nous faut réunir de nombreux documents, dessiner sans idées préconçues ce qui s'offre à nos yeux. mais nous bien garder d'objectiver nos im- pressions éminemment subjectives. Les hypothèses nous sont aussi permises, à con- dition toutefois que nous sachions les regarder comme telles. Or, on oublie trop souvent le rôle de l'hypothèse dans la science, et les propriétés qu'elle doit pos- L'ABBÉ TH. MOREUX — LA PLANÈTE MARS D'APRÈS LES TRAVAUX RÉCENTS . mesure que l’obliquité des rayons solaires diminue; séder; en général, elle doit surtout nous servir à coordonner les faits. Du jour où elle cesse d’être en accord avec des phénomènes certainement constatés, son rôle prend fin; nous devons en imaginer une autre. Il faut aussi que l'hypothèse soit vérifiable par l'expérience et l'observation. Cette dernière qualité fait souvent défaut aux hypothèses qualifiées de scientifiques, et nous allons en donner un exemple emprunté au sujet qui nous occupe. Divers astronomes, et des plus illustres, ont pré= tendu que la planète Mars ne présente pas, comme la Terre et la Lune, un relief très accentué. L'éro= sion aurait accompli son œuvre depuis longtemps sur notre voisine, et aucune montagne importante n'accidenterait le sol martien. Or, de ce que per= sonne n'a apercu de traces de montagnes, peut-on. logiquement conelure qu'il n’en existe pas? Raï sonnons par analogie. Le relief de la Lune ne nous” apparait que dans certaines conditions d'éclaires ment faciles à préciser : il est fonction de la hau= teur du Soleil au-dessus de l'horizon lunaire. A les ombres portées disparaissent et, au moment dé la pleine Lune, tout nous paraît nivelé : il ne reste que les teintes différentes du sol. Or, le disque de Mars, lorsqu'il nous présente sa plus grande phase, nous apparaît dans les mêmes conditions que le disque de notre satellite trois jours avant la pleines Lune. Imaginons qu'une atmosphère assez dense nous cache par diffusion les faibles excroissances du terminateur lunaire, et voilà les astronomes,w même armés des plus forts grossissements, réduits. à discuter la question du relief sur la Lune. IV. — La PLANÈTE MARS A LA DERNIÈRE OPPOSITION,. D'APRÈS LES TRAVAUX FAITS A L'OBSERVATOIRE DEN ; BOURGES. 3 $ 1. — Considérations générales. Les personnes n'ayant pas l'habitude des obser= vations se méprennent ordinairement sur la façons dont l’astronome étudie les détails planétaires; om s'imagine aisément, lorsqu'on a sous les yeux un dessin de la planète Mars, que ce monde loin- tain s’est présenté ainsi dans une vision télesco= pique nette et, pour ainsi dire, instantanée. C'est une erreur, bien excusable sans doute, mais contre laquelle je ne saurais trop mettre en garde le lec= teur. Tous nos dessins planétaires ne sont qu'une résultante d'observations et d'impressions succes= sives, ressenties par notre rétine dans un temps plus ou moins long. Un œil, même entrainé, ne | saisit pas d'un seul coup tous les détails visibles. | Certains, sans doute, lui apparaissent si neltement ! de concentrer toute son altention sur les | Dans la série de dessins L'ABBÉ TH. MOREUX — LA PLANÈTE MARS D'APRÈS LES TRAVAUX RÉCENTS 971 que, pour la planète Mars en particulier, l'identifi- cation est le plus souvent facile ; mais, après avoir tracé les grandes lignes, celles pour lesquelles l'hésitation ne saurait exister, l'astronome est obligé ombres légères, sur les lignes qui sont à la limite de la visibilité. Ceci, en outre, ne se fait pas sans diffi- cultés. L'atmosphère est continuellement agitée, nos yeux se fatiguent très vite, si bien qu’un détail, à peine aperçu, disparait aussitôt, et il faut une grande persévérance pour conlinuer le travail dans tes conditions. Parfois, la définilion est tellement mauvaise qu'on aurait lort de se fier aux détails aperçus dans de tels moments. que je présenle aujour- d'hui, j'ai exclu systémalique- ment tous ceux dont la définilion n'était pas par- faite. Dèsles premiè- res études de la planète rendant l'opposition tente, Marsm'est apparu, comme un mon- de sillonné de lraits sombres et droits, mais com- me un nuancé de plus ou moins coloréset foncés. Seules, les ré- non globe Fig. 4. — Vues de la planète tons d'une même région dans les dessins de — En bas, la même région photographiée. étaient assez bien délimitées; quant aux canaux, ils étaient larges, diffus, dégradés sur les bords; leur couleur dominante était le verl-mousse assez foncé. De tels aspects sont impossibles à rendre il faut se servir du pinceau; le flou du pastel rendrait mieux encore nus impressions. Cette vision est loin de m'être particulière; les dessins de Secchi, du Rév. Phillips, de Denning, pour ne citer que quel- ques noms, montrent pour eux, le disque de la planète se présente souvent dans les mêmes conditions ‘ mers très avec le crayon; de Lockver, de Molesworth, que, ! V. ces dessins dans La planète Mars de Flammarion. Au moment où cet article était prêt pour l'impression, le Rév. Philipps a publié, dans le Journ. de la British Astr. Assoc. Mars montrant les différences d'interprétalion Toutefois, à partir de la première semaine du mois de mai, certains canaux on! eu tendance à devenir plus linéaires. On peut comparer, sous ce rapport, les dessins &u 3 avril et du 9 mai. Le Tri- vium Charontis, qui était primilivement une large dégradée vert-foncé, élendu ; étroits et plus nombreux. En juin, là partie sud du Syrtis Major est plus foncée, et les aceusent avec une nettelé admirable. D'une façon générale, le disque de la planète a brillantes et tache est beaucoup moins les canaux qui y aboutissent deviennent délails s’y présenté de larges teintes foncées, et les canaux li- néaires certains ont été l’excep- tion. Cette manière de voir ou d'in- terpréter n’est pas partagée par M. Lowell,et j'ai pensé qu'il y au- rait intérêt à mettre sous les yeux du lecteur deux dessins de la planète, pris à peu près à la même longitude, de agenda et l'un extrait mon sans aucune re- touche, l'autre dü à M. Lowell (fig. 1). Bien que les grandes lignes soientfacilement M. Lowell et de M. l'abbé Moreux. identifiables, il demeure évident que nous ne voyons et ne dessinons de la même facon. Je m'attends à ce que M. Lowell me réponde que, l'instrument de Flagstaff étant très puissant, et l'atmosphère bien meilleure qu'en France, il peut voir ce qui échappe aux autres. Je n'en disconvien- drai pas; mais alors ses dessins, s’ils sont tracés cor- rectement, devraient, vus à une certaine distance, ressembler à ceux des autres observateurs et pré- et sombres que de astronome de loin les teintes claires lunettes senter constalons dans nos Or, nous moyenne puissance. les dessins de ne n° de juillet 1906, p. 347), quelques-uns dé à la dernière opposition. Certains d'entre eux sont tellement ses dessins pris semblables aux miens qu'on les dirait une copie de ceux qui ont été publiés par moi-mème dans cet article et dans le numéro de juillet du Bulletin de la Soc. Astr. de France. 972 montrent jamais rien de semblable, à quelque dis- tance qu'on les regarde : ce sont toujours des lignes fines, doubles parfois, presque toujours droites; les larges demi-tons en sont exclus. L’Acidalium Mare m'a paru d'une forme autrement compliquée que celle dessinée par M. Lowell et n’a jamais été limitée à son angle gauche par deux axes rectan- gulaires. Son instrument, en exagérant certains détails, simplifierait-il les autres ? M. Molesworth est du même avis que moi lors- qu'il écrit ces lignes”: « Quelques rares canaux, très peu nombreux, sont nets et linéaires. Ils sont en grande majorité diffus avec tous les grossisse- ments, même quand on les voit avec une définilion parfaite et dans les circonstances les plus favora- bles. Je ne puis regarder l'aspect délicat en forme de toile d’arai- gnée montré sur les sins de Lowell ren- des- comme dant vraiment l'aspect réel des canaux. » C'est de rappeler, à ce propos, les le cas photographies 1907 17 Avul obtenues au foyer du grand réfracteur de Flagstafr. L'es- sai par M. Lowell n’est pas absolument nouveau. La pre- mière photographie de Mars fut prise par Gould, en 1879, à Cordoba. En 1890, M. W. H. Pickering ob- tint aussi une bonne série au Mont Wilson (Cali- Sur l’un des clichés, la calotte polaire était Fig. 2. tenté fornie). très apparenté, une surface terne l'enlourait: mais, à la place de celte dernière, le lendemain, on apercevait très nettement une surface brillant d'un grand éclat et continuant la calotte polaire enre- gistrée la veille. On en conclut un peu vite, peut- être, qu'une chute de neige avait envahi brusque- ment le territoire adjacent. Quoi qu'il en soit, ces premiers essais étaient de nature à montrer le parti qu'on pouvait tirer à l'avenir d’un procédé qui avait déjà donné de sérieux résultats dans les autres branches de la science astronomique. La question fut reprise à la dernière opposition par M. Lampland, de l'Observatoire de Flagstafr. Sur les clichés directs, le disque de la planète ne sort of the Brit. Astr. Association. juin 1903, p. 89. — Région de la mer Acidalienne (Acrdalium Mare). — Dessins pris: à deux jours d'intervalle. L'ABBÉ TH. MOREUX — LA PLANÈTE MARS D'APRÈS LES TRAVAUX RÉCENTS dépasse pas 2 millimètres en diamètre; c'est bien peu. Mais telles quelles, ces photographies sont intéressantes. Nous avons eu entre les mains des ägrandisse- ments de trois fois environ des clichés directs. On y reconnait de prime abord les configurations générales de la planète : les mers sombres y sont nettement accusées, ainsi que les larges canaux. Quant aux détails faibles, aperçus à l’aide de grands instruments, il ne faut pas songer même à les deviner. C'est pourtant en cela que résiderait tout l'intérêt présenté par les photographies, puisque, à l'heure actuelle, le débat se limite de plus en plusà l'existence réelle des canaux fins. Aussi peu détaillées qu'elles soient, les photogra- phies de M. Lampland ne laissent pas, cependant, de nous donner une précieuse indication. Elles offrent un as- pect se rap- prochant bien plus des des- sins de diffé- rents observa- teurs que de ceux de M. Lo- well. On en pourra juger par la repro- duction aussi exacte que pos- sible que nous donnons de l’une d'elles (v. la fig. 4} Les demi-teintes y sont parfaitement observées; on a la sensation, en les voyant, d'un globe nuanté de tons très différents, et elles ne rappellent enrien les disques plats sur lesquels ont été dessinées des toiles d'araignée, suivant le mot de M. Molesworth® M. Lowell prétend avoir vu un canal double ainsi qu'un lac : Zsmenius Lacus. M. Crommelin, auquel M. Lowell a montré ses clichés, n'y a rien pu dé= couvrir de semblable. N'oublions pas aussi que, de l'aveu de M. Lowell, on a dû employer des plaques à gros grains pour réduire suffisamment le temps de pose. Après cette longue digression, je reviens à mes propres observations. Je laisserai de côté les détails, pour faire ressortir surtout les conclusions géné= rales. $S 2. — Les Mers. Au début de l'opposition, toutes les surfaces appelées mers sont apparues avec une teinte uni forme bleu-vert, à l'exception de deux ou trois qui ont présenté plusieurs fois des tons bleu-violet très caractéristiques, et qui sont dus très proba- ‘(08 OL D Ur 2# 7: Ê LTOTT CA a po \ 207 Tryo atmosphériques terrestre FR aŸ WN2I1V/480r A j ES 5. s JUYW ne NT Me à T'es SV773H PE Pl En é CRE XNOIOJY 2JŒU,[ 2p UISS0G) ‘COGT 0p aomisoddo qjuepuod snôtode Huour (10)0940py op uonmooloud wo) step op orqdsruesg — *€ ‘FN ù a 3 = = = = (5 © LE er CR ÿ72 £ æ. À .= ,A mov d A ESS SODIHIN < Se 8 A NE en RU LT USE En NUE MNT NN AN = s'S RS Nr ne PRE A naar SR = 777777 RS A = 8 (3) ë Es pe S : = M es g = È a = . ea CEE à 5 © à No È EE LRES A = © 2 de — 0}; = sà [æ) RUES E ST et LR Rs <2$ cl : ; DES F4 a + LLT17/ > a Æ EE n À EX }l ere = d & LS 8 T2 ee S n° DE ES À EX T = gg — = 5 ‘a Et el = © a £ 2 = ee se un = ce CL aitu 77 ANUS À 8 Æ LS) 1 é LE 72772 . 6 e TE ce) see en n D D . A | LEE _ [eb] _— a ë n © A un = n © À ce EE d s « < A & 4 © © = [ea] = 42 a semblé varier ert m' 1906. Y IENCES, S L’ABBE TH. MOREUX — LA PLAN e générale bleu REVUE GÉNÉRALE DES La teint avec le diamètre de l'objectif employé; elle avait une tendance à tirer sur le bleu indigo avec les faibles ouvertures. Le bord des mers a toujours || blement à l'atmosphère. Nous reviendrons bientôt sur ce point important. 974 général, car, en étudiant attentivement la surface des mers, on voyait que leur teinte n'était pas la même dans leurs diverses parties, et paraissait obtenue par des touches différentes, variant selon toute une gamme de colorations, allant du bleu- foncé au vert et même au brun-rouge, On aurait dit d'une marquetterie irrégulière et compliquée aux compartiments colorés de façon diverse. La forme de toutes ces surfaces adjacentes m'a constamment échappé. Je suis porté à croire que, dans les grands instruments, cette forme estmieux saisissable ; mais les grossissements employés dans ces occasions atténuent bien certainement les contrastes, et l'œil ne saisit que les limites des tons. C'estprobablement l'explication du réseau compliqué apercu et dessiné par M. Lowell. Le passage du vert au brun-chocolat n'a pas été simullané pour toutes les parties de la planète : il v 25 mai 1905. Fig. 4 a bien une variation saisonnière, mais les change- ments, loin de présenter un caractère systématique, ne sont pas consécutifs à la fonte des neiges polaires et ne s'opèrent pas régulièrement suivant les lati- tudes. J'ai apercu aussi très souvent des trainées blanches dans les mers; l'Ænotria et le Solis Pons en sont de bons exemples. La haie du Meridien (Fastigium Aryn) ne m'a jamais paru aussi four- chue qu'on la représente habituellement; il y avait là un golfe très marqué d’une couleur foncée, où prenaient naissance deux canaux bien visibles. S 3. — Les Canaux et les Lacs. En étudiant la planète Mars au commencement d'avril, j'ai été frappé par ce fait que bien peu de canaux étaient nettement indiqués: il fallait rester l'œil pour apercevoir quelques-uns d’entre eux sous forme de lignes longtemps au lélescope étroites. Le mot canal est d'ailleurs aussi mal choisi que possible, car on l’applique à des objets fort difré- rents d'aspect. Certains canaux pourraient parfai- tement passer pour des mers, tellement est consi- dérable leur étendue en largeur. Ainsi le Ceraunius a occupé pendant plusieurs semaines un espace de 10 degrés en longitude : c'était une tache presque aussi importante, quoique moins foncée, que la Mare Acidalium, et dont les deux bords non parallèles semblaient un peu plus verts que la région médiane. Le Nilokeras oftrit aussi une très grande largeur, se confondant à l’une de ses extrémités avec le Lunæ Lacus. Parfois l’intervahie entre deux canaux aurait pu laisser croire à l’existance d'une véritable mer : c'est ainsi que toute la partie comprise entre [/ranius et Nilus était plus sombre que les continents exté- rieurement adjacents. La seule différence appré- ciable entre les mers et les canaux consisterait plutôt dans leurs bords, qui, toujours nettement délimités pour les mers, sont très estompés dans le 27 Mai — Région de la baie du Méridien à la fin du mois de mai. cas d'un canal. En outre, cet estompage varie con- tinuellement pendant le cours d'une même opposi- üon. Le Trivium Charontis était, au début, une large surface verl-mousse, s'étendant dans toutes les di- reclions et empiélant sur les différents canaux qui y aboutissent. Il fallait même parfois beaucoup de bonne volonté pour suivre la direction d'un canal à travers une région sombre. D'autres canaux, par contre, se détachaient sur un fond brillant rouge- jJaunàtre, semblant être formés de taches alternati- vement grandes et petites, rappelant des nœuds foncés distribués irrégulièrement dans une direc- tion déterminée. Parmi ces derniers, quelques-uns pouvaient à peine être distingués. Toute la région nord de 7haumasia était dans ce cas. A la fin de l'opposilion, beaucoup de canaux, ainsi que je l'ai déjà fait remarquer, avaient acquis une netteté extraordinaire; par contre, certains autres étaient tellement estompés qu'ils avaient presque disparu. Là encore aucune variation systématique suivant | les latitudes. Pendant trois nuits consécutives, l'Z/ysium a pré- L'ABBÉ TH. MOREUX — LA PLANÈTE MARS D'APRÈS LES TRAVAUX RÉCENTS 975 senté un canal (trait sombre) qui n'est marqué sur aucune carte et auquel j'ai donné le nom de Galaxias III. Une autre nuit, j'ai apercu un trait eurviligne irrégulier assez sombre reliant la partie méridionale du Syrtis Major avec le Colæ Palus. Je ne vis rien d'analogue les nuits suivantes. Quant aux canaux doubles, je ne les ai pas apereus durant toute l'opposition. En résumé, les canaux ont revêtu toutes les apparences: se présentant le plus souvent larges et diffus, très estompés sur les bords et sans limites arrêtées; tantôt aussi sous forme de traits bien accusés, nets et linéaires; parfois, enfin, quoique plus rarement, suivant des lignes irrégulières à nodosités. A leurintersection, je n'ai jamais apercu de points sombres — taches rondes et oasis de M. Lowell. La carle que j'ai donnée (fig.3) ne peut rendre avec exactitude les configurations de la planète à un moment donné ; car j'ai été obligé de marquer tous les détails no- tés successive- ment durant quatre-vingt - dix-huit nuits d'observation. Eu un mot, lorsqu'on étudie Mars sans parti pris, sans idée préconçue, on n’est nullement surpris des détails qu'on y remarque. Leur forme, leur couleur, les changements qu'on y constate m'ont paru très naturels, et je m'imagine volontiers que, pour un spectateur placé sur la Lune par exemple, la Terre, abstraction faite de la diffusion atmosphé- rique, se présentlerait sous des formes analogues à celles que nous voyons sur la planète Mars. Evidemment, nous ne savons pas ce que con- tiennent les canaux et les mers de Mars; mais l'hypothèse d'une végétation martienne, appuyée sur le fait certain des variations saisonnières, me parait de nature à satisfaire toutes les exigences. On a parlé de déplacements des lignes de rivage, de lacs nouveaux, de canaux changeant leur cours, etc... Tout ceci peut s’expliquer par une extension variable de la flore suivant les mois, les années, les époques. En supposant l'atmosphère de Mars plus raréfiée que la nôtre, — ce qui parait bien certain, — il demeure évident que l'influence de la radiation 1905.34 Ava Fig. 5. — Région d'Elysium et du Trivium Charontis. — Dessins pris à un mois d'intervalle. solaire sur le sol martien s'y fait plus sentir que chez nous; or, nous savons aujourd'hui à quel point cette radiation est inconstante; ses effets sont done éminemment variables. Pour la Terre, c'est une vérité qui n’a pas besoin de démonstration ; la distribution des pluies sui- vant les époques, les hivers doux ou rigoureux, la chaleur torride de cerlains étés, le nombre des cyclones et des tempêtes, etc., dépendent sûre- ment de l'état du Soleil. À plus forte raison, ces différences seraient-elles plus accusées si notre atmosphère et sa vapeur d’eau abondante n'étaient point là pour régulariser et répartir plus unifor- mément la chaleur reçue. Mars nous paraît donc dans des conditions vrai- ment privilégiées pour refléter les variations so- laires, et il n’est pas étonnant qu'on y observe d'année en an- née de très sé- rieux change- ments dans la répartilion des teintes verdà- tres.Une étude plus attentive de notre voi- sine à ce point de vue parti- culier serait probablement féconde en ré- sultats. Il nefaudrait pas cependant s'exagérer l'importance des variations topogra- phiques. Nous savons depuis longtemps qu'on peut considérer comme fixes les grandes lignes de la géographie martienne. Les changements ne doi- vent porter que sur d'insignifiants détails. Telle année, par exemple, certains canaux se montreront nettement, alors que les années suivantes ils se- ront à peine visibles, et fort difficiles à identifier. A telle opposition, certains dessinateurs noteront que la mer du Sablier est apparue sous une cer- taine forme, s'accordant mal avec celle des années 190$. 9 mai précédentes, ele. Dans ces faits, qui paraissent réels et dont nous ne discuterons pas l’authenticité, on ne tient pas assez compte des variations survenues au cours d'une même opposition. J'ai été à même de cons- tater, en 1905, des variations rapides dans la forme du Syrtis Major et dans le territoire adjacent au Nord. Des dessins faits à un mois de distance (com- parez les dessins du 5 mai avec ceux des 2 et 3 juin) pourraient fort bien passer pour des variations annuelles. Il y aurait donc lieu de regarder les L'ABBÉ TH. MOREUX — LA PLANÈTE 976 = MARS D'APRÈS LES TRAVAUX RÉCENTS choses d'un peu plus près et de voir s’il n’y aurait pas là le fait de variations saisonnières. Il faudrait donc tenir compte des dessins pris pendant toute une opposition et ne pas se contenter de choisir certains d'entre eux comme on a coutume de le faire. 11 faudrait aussi que chaque observateur mullipliât le nombre de ceux-ci afin d'avoir une série bien complète. $ 4. — L'atmosphère de Mars. Nous sommes amené naturellement à parler des conditions dans lesquelles nous devons travailler lorsque nous étudions la planète Mars. On répète généralement depuis près d’un siècle que l'atmosphère martienne est d’une admirable pureté, et cette affirmation. basée sur les dires.de cerlains astronomes, a conduit dans l'étude de a , os LI Mars aux plus déplorables conséquences. Voici | 19 05. l'Juin 190$ -2 Juin jamais manqué de les noter sur mon agenda. J'en citerai trois exemples : A la fin d'avril, les régions entourant le pôle boréal (celui du bas sur les figures) étaient très indislinctes; le phénomène dura plusieurs jours (voir le dessin du 2? mai), el ce n'est que le 5 mai suivant que la planète reprit son aspect antérieur (fig. 7). Le 10 mai, par une très belle nuit, je pus dessiner un grand nombre de détails; même aspect le jour suivant; les 12 et 13 mai, malgré un ciel très pur et une définition parfaite, tout était changé. A part un coin de l'hémisphère austral se détachant très net, tout le reste était flou; la plupart des canaux reslèrent invisibles pendant plusieurs jours. On eût dit que la planète était recouverte d’un verre finement dépoli (fig. 8). Le 18 mai, une teinte blanchâtre envahissait les régions australes, tandis que les régions boréales, Fig. 6. — Région de la mer du Sablier (Syrtis Major) au commencement de juin, montrant l'apparition des canaux fins. comment : Lorsqu'un observateur n’aperçoit que des délails confus sur la planète, l'idée que ce manque de netteté provient de l'atmosphère ter- restre le décourage aussitôt; n'ayant devant les yeux qu'une mauvaise image, il a vite fait de fermer sa coupole et de remettre à un moment plus favo- rable l'inspection du disque informe aperçu dans son équatorial. Il y aurait cependant mieux à faire; une étude attentive le persuaderait que, sept fois sur dix, le manque de nettelé n'est pas attribuable à une mau- vaise définition. Bien souvent, en effet, les bords de la planète sont fort nets, sans oscillations appré- ciables, sans déformation d'aucun genre. Si les | détails du sol martien ne peuvent être facilement | entrevus, cela tient simplement à la présence de brouillards sur Mars. Tout informe qu'il soit, un | dessin pris dans ces conditions est aussi précieux et non moins instructif qu'une vue détaillée de la planète. | Pendant la dernière opposition, j'ai apercu des cas de ce genre à différentes reprises et je n'ai antérieurement voilées, apparaissaient avec une foule de détails; deux jours après, le disque entier disparaissait dans la brume (fig. 9). Ces exemples, que je pourrais mulliplier, four- nissent la preuve certaine que l’atmosphère mar- tienne n'est pas aussi limpide qu’on s'était plu à l'imaginer. Tous les trois ou quatre jours, j'ai cons- taté la présence de brouillards paraissant sur des régions différentes. J'ai pu constater aussi un autre effet bien curieux, qui n'a pas encore été signalé d'une façon aussi complète à ma connaissance : c'est la coloration de certaines régions par la couche atmosphérique. Ces colorations se sont présentées dans les parties voi- sines des pôles. Le 3 avril, une teinte bleu foncé recouvrait la Mare Cimmerium etla Mare Sirenum; la presqu'ile importante /Jesperia, qui sépare ces deux mers, était invisible et disparaissait sous un voile coloré; même teinte moins accentuée près du pôle boréal. Cette coloration bleue, déjà signalée par quelques observateurs, me parut étrange au premier abord : L'ABBÉ TH. MOREUX — LA PLANÈTE MARS D'APRÈS LES TRAVAUX RÉCENTS 977 et je ne m'expliquai pas comment une presqu'ile | mis. 7’haumasia était nettement coupée transver- aussi visible qu'Æesperia pouvait en être affectée | salement par une bande bleu-violet ne cachant au point de disparaitre. Cette leur s'eflaca peu à peu les jourssuivants, mais elle repa- rut le 17 avril cou- dans des con- ditions vrai- ment curieu- ses. Cette fois, elle ne cachait aucun détail des configura- tions de la pla- nète ; elle était foncée, mais le bleu tirait sur l'indigo ets'at- ténuait peu à peu vers la ré- gion de 7hau- masia pour fi- nirpar destons roses affaiblis. Une coloration analogue était encore visible au pôle boréal. Je pensai sé- rieusement que mon ob- jJectif était mal centré, que les variations de température en étaient la cause, et que cescolorations étaient dues à un manque de parallélisme entre l'oculai- re et l'objectif. Vérification faite, le trage était de- cen- meuré parfail et il n'y avait là aucune co- loration attribuable à l'instrument. Dès le lende- main, d'ailleurs, le voile coloré avait disparu et je ne le revis que le 18 mai suivant, mais dans des conditions telles que le doute n'était plus per- . — Bégion de la — Région de la mer du Sablier (Syrtis Major). la brume; à dro:te, vue distinctement. mer «es Sirènes (Mare Sirenum). — A gauche, distinctement : à droite, envahie par un épais brouillard. 1905. 18 INai Fig. 9. — Fégion de la mer Acidalienne (Mare Acidalium). — A gauche, distinctement; à droite, envahie en partie par le brouillard travail de son étude — À gauche, envahie par vue vue | aucun détail, s'étendant sur toute la calotte com- prise entre le pôle austral et le vingt-cin- quième paral- lèle, et affec- tant aussi bien les mers et les iles que les continents (v. le dessin du 1S mai). Orilestinad- missible qu'un ton si unifor- mément pandu soit dû à une même coloration, qui appartiendrait objets ré- à des aussi dispara- que les mers, les iles, les détroits et lescontinents! tes Il est plus in- admissible en- core que tous cesobjets puis- sent varier de tons simulla- nément d'une nuit à l’autre, et cela à par- lir d’un paral- lèle donné. Il faut évidem- ment que la teinte soit due à l'atmosphère de la planète Cette expli cation s’ac corde parfaite- ment avec ce que nous sSa- vons des tein- tes remar- quées dans no- tre propre atmosphère. Je renverrai le lecteur au de M. Sagnac déjà cité contenterai de donner les conclusions sommaires plus haut. Je me L'ABBÉ TH. MOREUX — LA PLANÈTE MARS D'APRÈS LES TRAVAUX RÉCENTS Le bleu du ciel ne dépend pas d'une coloration propre de l'atmosphère; il s'explique par la diffu- sion des radiations solaires sur des particules atmosphériques invisibles au microscope. Ces particules différentes peuvent être /es molé- cules mêmes des gaz de l'air; et le bleu du ciel provient alors et surtout des couches atmosphé- riques les plus élevées. La raréfaction de l'air favorise donc le phéno- mène. 11 y a plus; M. Sagrac a montré, par des expériences très délicates, que l'atmosphère difluse surtout les radiations violettes et ultra-violettes, et, si notre rétine était plus sensible aux radialions de petite longueur d'onde, le ciel nous paraîtrait d'une belle couleur violette. Or, sur la planète Mars, qui nous présente une enveloppe gazeuse très raréfiée, ces tons bleus doivent s’accentuer vers l'extrémité violette du spectre et, en effet, les colorations bleues ont tou- jours été mélangées à’indigo et de violet. Le fait que ces tons bleus sont surtout visibles dans les contrées polaires s'expliquerail assez bien par la considération d'un élat hygrométrique moins ac- centué dans ces régions. $ 5. — La Température de Mars. Aucun Sujet, si ce n’est la gémination, n'a été aussi discuté dans l'Aréographie que la température de la planète. Les éléments de cette étude parais- sent au premier abord très discordants et, de plus, fort difficiles à analyser. Comment concilier, par exemple, la fonte complète des neiges formant les caps polaires de Mars avec ce fait que la chaleur recue du Soleil par l'hémisphère boréal martien est à celle de l'hémisphère lerrestre correspondant dans le rapport de 43 à 100? M. le Colonel du Ligondès a essayé de tourner la difficulté en admettant que, si Mars a une tempéra- ture supérieure à celle de la Terre, eu égard à sa distance au Soleil, le supplément de chaleur doit provenir de couches profondes‘. Nous ne le sui- vrons pas dans le développement des raisons qu'il invoque ; il sera plus utile d'aborder immédiatement la question au point de vue théorique. Nous verrons ensuite si ces conclusions peuvent s'accorder avec notre connaissance des faits dûment enregistrés. Dans une étude récente sur /a Radiation dans le Système solaire*, le Professeur J. H. Poynting a cherché, par l'application de la loi de Stéphan, à se faire une idée des températures des différentes ! Du LiconpÈs : Essai sur la constitution physique de Mars. Bulletin de la Soc. Belge u'Astr., n° 8, 9, 10 et M4 1898). V. aussi : Considérations sur l'état physique de Mars (23 el 30 avril 1898). ? Radiation dans le système solaire. Nature du 20 sept. 1904. planètes. Voici quelques chiffres très instructifs : Vénus aurait une température moyenne de + 85°C. ; la Terre + 27°; Mars — 30°. Enfin, sur la planète Neplune, le froid correspondrait à 219° au- dessous de zéro. Ces nombres paraïtront bien près de la vérité si nous considérons que la température moyenne de la Terre est à 10° près celle que fournit lappli- cation de la loi de la quatrième puissance. Le calcul donne en effet + 27° pour un petit corps noir placé à la distance de la Terre, alors qu'en fait la température moyenne parait être — 17°C. environ. Cette différence provient de ce que la Terre est beaucoup trop grande pour que Ja distribution de la chaleur par conduction joue un rôle sérieux dans l’égalisation des températures en différentes régions. D'autre part, cependant, larota- tion du globe assure une température à peu près uniforme à une latitude donnée et les mouvements de l'atmosphère tendent à distribuer également la chaleur reçue. La Terre doit donc posséder à peu près la température du petit corps noir à la même distance; mais, comme elle réfléchit une fraction de la radiation solaire, sa température moyenne sera forcément un peu supérieure. Nous pouvons raisonner de même par analogie pour la planète Mars, en supposant toutefois, ce qui n'est proba- blement pas, que les conditions de constitution physique du globe martien sont les mêmes que sur. la Terre. Voyons cependant les résultats; nous les discu- terons ensuite. D'après les considérations précé- dentes, il faudrait descendre de 10° environ la tem- pérature calculée, ce qui donnerait pour la tempé- rature moyenne 37° au-dessous de zéro. Etant données les températures extrêmes obser- vées sur la Terre, on peut calculer par analogie les températures sur Mars. Pour l'air, voici les chiffres auxquels nous sommes arrivés. À l'équateur de Mars, la moyenne serait de 23° degrés au-dessous de zéro, tandis que le maximum atteindrait facilement la température de la glace fondante et la dépasserait même de quelques degrés. Aux pôles, le maximum serait voisin de — 56° et la température minima descendrait à plus de 100° au-dessous de zéro. Quant à la chaleur du sol, on sait qu’elle est sou- vent bien supérieure à celle de l'atmosphère avoi- sinante. Dans son expédition versle Pôle nord, Nanssen a constaté qu'un thermomètre exposé au Soleil sur un traineau marquait + 31°,5C., alors que la tem- pérature de l'air était de — 41° C., soit une diffé- rence de 4295. Sur Mars, dans les régions polaires, la tempéra- L 4 G. DE LAMARCODIE — LES ONDES HERTZIENNES ET LA DIRECTION DES BALLONS ture du sol pourrait donc dépasser 5° au-dessus de zéro, ce qui suffirait pour fondre la neige tombée. A l'équateur, le sol peut présenter des tempéra- tures bien supérieures et probablement voisines de —+ 16° C. Ces chiffres, loin d'être exagérés, ne liennent pas compte de la pression atmosphérique, qui pa- rait être trois fois moins forte sur Mars que sur la Terre. La radiation solaire y est donc moins arrêtée - que chez nous, si bien que les températures, pen- dant la Journée doivent être de ce fait plutôt augmentées dans une bonne proportion. Celte raréfaction doit aussi favoriser très éner- - giquement la vaporisation de l'eau contenue sur la planète, et accumuler la chaleur latente; nous touchons là sans doute l'un des points les plus importants de la Météorologie martienne, proba- blement fort différente de la nôtre; grâce à cette - basse pression, l'eau peut à peine rester à l’état liquide. Pendant la journée, elle doit demeurer à l'état de vapeur saturante dans l'atmosphère, ce qui explique la limpidité de celle-ci. Le froid brusque de la nuit, ou même la moindre variation de température, doit amener immédiatement la production de brumes ou de brouillards plus ou moins opaques réfléchissant la lumière blanche. C'est précisément ce que nous observons sur les bords de la planète, c'est-à-dire au soleil levant ou au soleil couchant. Un froid plus rigoureux préci- pite la vapeur d’eau en flocons de neige ou la fait se déposer sous forme de gelée blanche; différentes régions semblent même en être couvertes d’une facon continue; ce sont, sans doute, de hauts pla- eaux. Les neiges polaires elles-mêmes ne sauraient atteindre une forte épaisseur, car la considération | d'un été deux fois plus long que les nôtres ne pourrait expliquer la fonte parfois complète des calottes polaires. Au pôle nord de la Terre, dans l’Inlandsis du Groenland, les sondages faits par Nanssen ont, en 979 effet, montré que les plus fortes journées d'été ne peuvent produire une fusion notable de la couche neigeuse. Dans les régions tempérées ou tropicales de Mars, l’eau saturant l'atmosphère doit, pendant la nuit, se déposer sous forme de rosée très abondante, et c'est probablement la seule manière dont les plan- tes, si elles existent, s’alimentent de cette substance indispensable à la vie organique. Le Soleil ne parvient pas toujours à dissiper les brumes formées la nuit. Nous avons vu combien les brouillards sont abondants sur la planète et quelle étendue ils recouvrent. Cette présence de brumes persistant parfois plusieurs jours pourrait nous fournir une hypothèse plausible de la gémi- nation. Quoi d'étonnant, en effet, à ce que, vers l'automne de la planète, les grandes vallées soient envahies par des brouillards que la radialion so- laire, trop faible alors, serait impuissanie à dissi- per! Ces brumes, accumulées dans les bas-fonds, laisseraient à découvert les flancs plus élevés, dont la végétation n'aurait pas encore entièrement disparu et qui nous apparaitraient comme deux traits grossièrement parallèles. C'est l'explication la plus simple de la gémina- tion, si tantest que ce phénomène existe réellement. De mème, les canaux blancs visibles sur les grandes étendues sombres, improprement appelées mers, n'auraient pas d'autre crigine. Sans vouloir viser à la prétention d'expliquer entièrement ce que l'on est convenu d'appeler « l'énigme martienne », il me semble que ces quel- ques considérations sont de nature à jeter un certain jour sur les faits dûment constatés. Une étude plus attentive de ce monde rapproché, étude que nous devons faire sans parti pris, nous initiera peu à peu, il faut l'espérer, aux secrets qu'il a | cachés jusqu'ici aux générations qui nous ont L'Abbé Th. Moreux, Directeur de l'Observatoire de Bourges. précédés. LES ONDES HERTZIENNES APPLIQUÉES A LA DIRECTION DES BALLONS Au moment où le problème de la direction des ballons provoque tant d'audacieuses tentatives, el où, d'autre part, la télégraphie sans fil, grâce aux patientes recherches des savants, passe de plus en plus du domaine de la lhéorie dans celui des appli- cations pratiques, il est intéressant de se rendre compte combien ces deux questions peuvent, jus- qu'à un certain point, se raltacher l'une à l'autre | par des liens communs. Pendant que la télégraphie sans fil permet aux aéronautes, isolés dans les haules régions de ! l'atmosphère, de communiquer avec la terre, c'est surtout au moyen des aérostats que la télégraphie sans fil est susceptible d'étendre son champ d’action et que les ondes hertziennes peuvent franchir des espaces qui, jusqu alors, avaient élé inaccessibles pour elles. Mais voici qu'un autre problème se pose et qu'on songe à utiliser ces ondes pour la direction des ballons. M. Tesla vient de soulever cette question et cherche à attirer de nouveau l'attention sur cette application si spéciale des vibrations électri- 980 G. DE LAMARCODIE — LES ONDES HERTZIENNES ET LA DIRECTION DES BALLONS hd ques se transmettant librement à travers l’espace. L'idée a paru nouvelle : elle ne l’est pourtant pas, et M. Tesla n’en a pas la primeur. La réalisation de celte idée a été tentée par d’autres et n'est qu'un cas très particulier de l'application des ondes hert- ziennes à la télémécanique. Si, dans cet ordre de conceplions, tout nous parait inédit et tout nous surprend, c'est que jusqu'ici nous avons été habitués à voir l'électricité ne transmettre la force à distance qu'au moyen d'un système plus ou moins compliqué de cäbles et de fils. « Malgré la répétition fréquente des « faits divers » qui rappellent le nouveau mode de communication, il faudra encore quelque temps, écrivait récem- ment M. Branly, pour qu'il nous devienne fami- lier: l'habitude, que notre pensée a prise, de suivre les dépèches sur les câbles suspendus le long des voies ferrées, nous fait trouver étrange la suppres- sion des fils de ligne. Cependant, la télégraphie sans fil aurait pu devancer de beaucoup la télégra- phie ordinaire, car elle procède de l'étincelle élec- trique, et l'étincelle, cette faible réduction .de l'éclair orageux, n'est pas née d'hier. L'étincelle est, en eflet, une matière vibrante d’une nature spéciale, et cette vibration, qui traverse le vide, l'air, l'eau pure, les murs, qui est arrêtée par les écrans métalliques et l’eau salée, se propage dans le milieu environnant avec l'énorme vitesse de la lumière. Mais, il ne suffit pas qu'une vibration voyage dans l’espace et nous rencontre pour qu'elle nous impressionne. Nous servons peut-être de cibles à des vibrations de tout genre, ahurissantes : nous ne les percevons pas, parce que nous n'avons pas pour elles d’organe de sensibilité particulière, comme l'oreille pour le son, l'œil pour la lumière. Il a fallu la découverte, au laboratoire, d'un æ1l électrique pour que les vibrations électriques nous fussent manifestées et utilisées ensuite dans la télé- graphie sans fil. » Nul ne parait mieux autorisé que M. Branly, créateur de cet œil électrique qui est le tube à limaille, pour exposer ainsi les raisons qui ont fait ignorer pendant si longtemps la propagation des ondes hertziennes à travers l'espace. Il a fallu celte découverte du tube à limaille, permettant la mani- pulation des phénomènes de télégraphie et de télé- mécanique sans fil, pour voir aussitôt les Marconi: les Popoff, les Tesla, les Octave Rochefort, les Torrès, etc., et M. Branly lui-même se livrer à cette étude si passionnante de l’action exercée à distance par les ondes électriques. Résoudre le problème de la télémécanique sans fil, c’est résoudre en même temps celui de la direc- tion des ballons par les ondes hertziennes. Pour passer du général au particulier, il n'y a plus qu'un pas à faire. Or, on sait que, dans la télégraphie sans fil, le poste d'arrivée consiste en un cireuit de pile contenant un tube à limaille et un récepteur Morse. L'atiraction de la palelte de contact d’un. électro-aimant, chaque fois que le tube à limaille,. influencé par les ondes herlziennes, laisse passer le courant électrique, n'est-ce pas là une première application de la télémécanique sans fil? Mais, ce n'est pas le seul mouvement qui puisse être ainsi actionné à distance, et les ondes électriques: peuvent produire les actions mécaniques les plus. variées : incandescence de lampes électriques, explosion de mines, lancement de torpilles, sléva- tion de poids, mouvements de leviers ou d'organes quelconques par l'intermédiaire d'électro-aimants. Qui empêche dès lors d'employer ces ondes à diriger de loin le gouvernail d'un ballon et à en faire les précieuses auxiliaires de la navigation aérienne ? i Pour des applications de ce genre, il est néces- saire que l'agent transmetteur puisse agir sur le poste récepteur, sans que la présence d'un opéra- teur v soit nécessaire, et y réaliser successivement, et dans un ordre délerminé, des phénomènes méca- niques différents dans des circuits séparés. Divers: appareils spéciaux ont été construits dans ce but. Ils consistent, par exemple, en un axe distributeur « tournant, entraînant dans son mouvement des- disques conducteurs isolés les uns des autres, M chacun de ces disques commandant l'ouverture ow M la fermeture d'un circuit correspondant à l’un des. effets mécaniques à obtenir : la circonférence du disque est renflée sur un secteur, qui, à chaque- tour de l'axe, appuie pendant un temps plus ow moins long sur une tige à ressort et ferme ainsi le circuit correspondant. Il existe même des dispo- sitifs très ingénieux permettant d'aviser l'agent transmetteur de l'effet qu'il a produit : une sorte- de télégraphe automatique, commençant à fonc- tionner en même temps que le moteur du poste: récepteur, actionné par les ondes hertziennes, pro- voque la production d'’élincelles, qui sont autant. de signaux parvenant au poste de départ et s'y inscrivant sur un récepteur Morse. On comprend l'importance de tels dispositifs au point de vue de: la sûrelé de manœuvres de l'agent transmetteur, agissant souvent à plusieurs centaines de kilo- mètres de distance du poste récepteur. IT L'analogie existant entre la direction d'um aérostat et celle d'un bateau par l'intermédiaire d'un gouvernail donne une nouvelle actualité aux. L 4 G. DE LAMARCODIE — LES ONDES HERTZIENNES ET LA DIRECTION DES BALLONS 981 travaux el expériences faits dans cet ordre d'idées par l'ingénieur Torrès. Dans un Mémoire présenté à l'Académie des Sciences le 3 août 1903, ce savant faisait la des- “criplion délaillée d'appareils de son invention, | appelés /élékines, ayant pour but de commander de loin la manœuvre d'une machine, notamment “d'un gouvernail, et de produire ainsi plusieurs “mouvements diflérents. Le télékine simple sert, à “chaque signal transmis, à faire avancer d'un pas “une aiguille tournant sur un cadran et comman- “dant un servo-moteur électrique. L'aiguille entraine un ou plusieurs balais, glissant sans frottement appréciable sur un disque garni de plots ; sa posi- “tion détermine l'établissement ou l'interruption - des contacts pouvant avoir lieu entre les balais et les plots et règle, par ce fait, la marche du servo- moteur. Le télékine multiple permet de manœuvrer “plusieurs appareils avec un seul transmetteur de télémécanique sans fil, par l'intermédiaire d’un distributeur, qui fait que chaque signal peut agir seulement sur l'appareil auquel il est destiné et non pas sur un autre. Dans son application à la direction des bateaux, M. Torrès faisait agir direc- tement le servo-moteur sur le gouvernail, de façon à orienter le bateau à volonté. Dans sa communi- - cation à l'Académie des Sciences, il faisait ressortir + que la même application pourrait être faite à la direction des ballons et à celle des torpilles sous- marines. D'autre part, un ingénieur francais, M. Lalande, : développait tout récemment l'exposé d'un système - de commande à distance sans fil : « Nous avons - un but, dit-il. Nous voulons commander, au moyen - des ondes électromagnétiques ou hertziennes, un navire spécial, sans personnel à bord, que nous avons appelé engin porte-torpilles sous-marin. Il nous faut, à distance et sans fil, opérer la ma- . nœuvre nécessaire au moment opportun... Notre but n'est pas de transporter la force, mais de l’asservir, de la faire agir au moment voulu, de réglementer la durée comme la puissance de son * action. » L'appareil qui, dans le système Lalande ? «recoit l'ordre envoyé par les ondes, qui le trans- met fidèlement, qui en assure l'exéculion rapide », est un relais multiple pour commandes à distance sans fil, se composant d'un électro-aimant, monté dans le poste de réception à la place du Morse. Cet électro-aimant attire une armature à l'extrémité de laquelle est un style. Lors de l'excitation de l'électro, ce style s'abaisse sur la périphérie d’un plateau en matière isolante, portant sur son pour- tour un certain nombre de contacts régulièrement -espacés ; et c'est par l'intermédiaire de ces contacts que sont commandés les divers mouvements à exécuter par ie poste récepteur. Il est évident que D'OR l'appareil Lalande pourrait tout aussi bien s'appli- quer à la navigation aérienne qu'à la navigation sous-marine. III Dans ces transmissions à distance, les perturba- tions des ondes herlziennes par d'autres postes de télégraphie sans fil présentent évidemment de grandes difficultés, qui sont surtout à redouter en temps de guerre; or, c'est principalement dans un but militaire que l’on pousse les études et les expériences relatives à la direction des ballons. Ces perturbations auraient donc le plus grand inconvénient pour la navigation aérienne. On cher:he à remédier à cela par la syntonisalion, c'est-à-dire en faisant en sorte que le poste d'arrivée ne fonclionne que pour une longueur d'ondes déterminée, celle des ondes émises par le poste expéditeur. Bien qu'on ait fait de grands progrès à ce point de vue, la syntonisation n'a pu être obtenue encore d'une façon rigoureuse. D'ail- leurs, il semble que cette précaulion soit illusoire. Il existe, en effet, des appareils appelés explo- seurs-perturbateurs, où l'on peut faire varier d’une facon continue et arbitraire les éléments de l'ac- cord; el rien de plus simple, ainsi que le fait remarquer notamment M. Branly, que de le faire passer par l'accord spécial aux deux postes en communication, à intervalles assez rapprochés pour rendre impossible la préservation sur laquelle ces postes croyaient pouvoir compter. IV En résumé, ie problème de l’applicalion des ondes hertziennes à la direction des ballons est loin encore d'être résolu d'une facon pratique; mais des recherches très sérieuses sontfaites dans ce but, et si jusqu'ici les appareils destinés à cette commande à distance sont plulôt des appa- reils de laboratoire que des appareils prêts à être mis en œuvre, faut-il en conclure que la question restera toujours sans solution? Des idées beaucoup plus hardies que celle-là ont été réalisées : pour- quoi celle-ci ne le serait-elle pas? Toutes les appli- cations industrielles n'ont-elles pas commencé par des expériences de laboratoire? Les dernières conquêtes du progrès moderne ont donné si souvent tort aux sceptiques el aux pessimisles qu’il nous est permis, croyons-nous, de suivre avec confiance les recherches persévé- rantes d'hommes de valeur mettant leur science au service de l'humanité. G. de Lamarcodie, Ancien élève de l'Ecole Polytechnique, Professeur à l'Ecole d'Électricité et de Mécanique industrielles de Paris. 982 D: A. LÉTIENNE — REVUE ANNUELLE DE MÉDECINE REVUE ANNUELLE DE MÉDECINE I. — PnysioLoGiE Er PATHOLOGIE pu PANCRÉAS. Le tissu du pancréas est formé d'une agglomé- ration de petits grains, dont chacun est un lobule glandulaire. Ces lobules sont constitués par des culs-de-sac en forme de tubes courts ou de petites cavités arrondies, bordés de cellules, destinées à sécréter le suc pancréatique. Examiné au micro- scope, le lobule n'a pas toujours un aspect uniforme. Sur une coupe colorée, on voit des plages claires, composées de cellules plus petites que les cellules sécrétantes et d’une coloration beaucoup plus pâle. Parmi les grosses cellules orientées autour d'une cavilé, il y a des ilots de petites cellules : elles sont disposées en un fin et long tube pelotonné. C'est l'ilot de Langerhans. On n'est pas encore exactement fixé sur le fonc- tionnement et la valeur physiologique et patholo- gique des îlots de Langerhans. Certains conduits excréleurs semblent s'y perdre comme pour en recueillir les produits de sécrétion. Mais la grande majorité des auteurs admettent que leur sécrétion ne se déverse pas dans l'intestin en suivant les ramifi- cations canaliculaires. On pense qu'elle est reprise par les capillaires sanguins et s'épanche directe- ment dans la circulation, constituant ainsi l'exemple précis d’un appareil glandulaire à sécrétion interne. La disposition des cellules de ces ilots, chez certains animaux, comme l'a démontré Laguesse chez la Vipère, est inverse de celle des cellules sécrétantes. Le pôle cellulaire qui porte les grains de sécrétion est tourné vers les capillaires au lieu de regarder vers la lumière de la cavité sécrétante. En outre, Laguesse a récemment établi que les acini glan- dulaires pouvaient, chez l'Homme, se transformer en ilots de Langerhans et qu'inversement ceux-ci pouvaient reformer, reconstruire des cavités sécré- tantes. Curtis, Gellé et Wotzold, en confirmation de ces données, ont vu dans le pancréas de diabétiques de nombreuses formes de passage entre l’acinus et l'ilot de Langerhans. De cette disposition anato- mique, il suit que le pancréas sécrète un suc com- plexe, dont une partie constitue la sécrétion externe et va à l'intestin, et l’autre, la sécrétion interne, passe dans le sang. $ 1. — Seécrétion externe. La sécrétion externe donne le suc pancréatique, dont la présence et les réactions réciproques sur le suc intestinal et sur le chyme gastrique vont par- faire les actes les plus importants de la digestion. Le pouvoir digestif de ce suc est dû à des ferments. Il y a trente ans, on n'en connaissait que trois, qui devaient fragmenter tous les édifices moléculaires que sont susceptibles de contenir les aliments: Leur nombre s’est accru : il augmentera encore Aujourd'hui on connait : 1° la {rypsine (ou mieux prototrypsine\; ® l'amylase; 3 la lipase; 4° une maltase; 5° une Jactase, particulièrement abon- dante chez les chiens nourris au moyen du laits 6° une érepsine, qui scinde les albumoses et les” peptones; T° un /ab-[erment (identique à la trypsinen pour Pavlov). it Tous ces ferments ne se trouvent pas forcément dans le suc pancréalique, ni en valeur constante pour chaque digestion. Certains d’entre eux ne sont, pour ainsi dire, sécrétés qu'électivement, suivant les besoins d'une digestion déterminée et” proportionnellement à la qualité des aliments qui se présentent à la digestion. C’est pourquoi d’autres ferments s'ajouteront encore à cette liste, car nous” ne savons pas du tout quelles sont les ressources dont dispose une cellule pour la production des ferments utiles. Ces ressources peuvent varier suivant les cas et sous des influences diverses La substance vivante s'adapte à un grand nombre” de réactions variées, dont beaucoup ne sont pas encore parvenues dans notre horizon scienlifiques Quand le suc pancréatique vient sourdre à l'ori=n fice du canal de Wirsung, dans l'ampoule de Vater; il n'est pas complèlement propre à loutes ces actions. Il faut qu'il subisse lui-même certaines modifications. C'est ce que Pavlov a montré en" observant le renforcement de la trypsine par l'action du suc intestinal. Il attribue ce renforcement à lan transformation de la prototrypsine élaborée par le : pancréas en trypsine active, qui n'est autre que” l'entérokinase. # L'action de la trypsine porte sur les matières! protéiques. Or, Delezenne et Frouin ont vu que les. suc pancréalique, à son arrivée dans l'intestin, estn dépourvu de pouvoir protéolylique : celui-ci n’est obtenu que par le contact du suc pancréatique avec le suc intestinal. Le pancréas sécrète donc non une trypsine complète, mais une prototrypsine. Il y à donc plus qu'une action de renforcement, comme l'interprétait Pavlov; il y a une action indispensable. qui permet la dissociation des albumioïdes. De même que le suc pancréatique est inactif vis- à-vis des albuminoïdes dans l’entérokinase, de mème le suc intestinal ne contient d'entérokinase que sous l’action du suc pancréatique. Un phéno- mène conjugué est nécessaire pour que les réactions | normales aient lieu. | \ | L 4 ' D:' A. LÉTIENNE — REVUE ANNUELLE DE MÉDECINE L'entérokinase, qui résulte du mélange de la prototrypsine et du suc intestinal, est plus abon- dante au niveau du duodénum et du jéjunum : elle disparait dans l’iléon. Cela explique l'importance toute spéciale qu'on tend aujourd'hui à attribuer aux premières porlions de l'intestin grèle dans la digestion. Pour Delezenne, la kinase serait produite par les leucocytes de la muqueuse intestinale; pour Falloise, par les cellules mêmes de l'épithélium des losités. | mOn voit donc que, sans pancréas, on a un suc intestinal presque inerte et que, sans intestin, on a une secrélion pancréatique inactive, en ce qui ncerne tout au moins la dislocation des maté- riaux protéiques. — La bile semble accroitre le pouvoir lipolytique suc pancréatique. Ce dernier dédouble les zraisses, qui plus tard seront fixées dans le foie : adipolyse du pancréas a pour complément l'adi- pexie du foie. De plus, ce suc est bactéricide et anti-Loxique. _ Son alcalinité a, entre autres effets, de régler louverture intermittente du pylore. On sait que Tarrivée du chyme gastrique acide dans le duodé- sum provoque un réflexe qui détermine la ferme- ture du pylore. C'est ce qu'on appelle le réflexe Acide de Pavlov, qui, poussé à l'extrême dans certains cas pathologiques d'hypersécrétion gastrique, pro- Yoque des spasmes pyloriques si douloureux. Ce hyme acide est neulralisé par le suc pancréatique lcalin : le spasme occlusif du pylore cesse. Une AESe on certaine quantité de chyme nouveau peut donc ‘passer dans le duodénum, et ainsi de suite. … C'est le pneumogastrique qui régit les actes nerveux du pancréas, 2! vaso-dilatateurs, excito- écrétoires ou inhibiteurs. Pavlov a montré que la sécrétion pancréatique est activée par les acides et les graisses, par léther, le chloral, l'alcool, etc., tant par par la voie humorale que par réflexe direct. Delezenne a si- gnalé l'action activante des sels de calcium sur le Suc pancréatique. D'autre part, Bayliss et Starling, Ænriquez et Hallion ont indiqué le rôle important d'une substance sécrétée par les cellules superfi- cielles duodéno-jéjunales, la proto-sécrétine, qu'un contact acide transforme en sécrétine et qui, ré- Sorbée, transmet par la voie sanguine son influence excito-sécrétante au pancréas. Tel que nous le concevons, le suc pancréatique normal, devenu actif au contact du suc intestinal, peut donc agir sur presque toules les malières indispensables à la nutrition qui sont contenues dans le chyme. Recueilli expérimentalementsurl'homme, comme Vont fait Gallenga et Bonamone à la faveur d'une fistule, dans le cas d’un kyste de la tête du pancréas | l'azote alimentaire. Ce dernier fait se 983 opéré et marsupialisé, le suc pancréalique se pré- sente sous l'aspect d'un liquide incolore. Il est limpide à l'émission, mais-se trouble très rapide- ment. Son écoulement semble être constant, du moins dans les conditions de l'observation. Il avait lieu nuit et jour et continuait même pendant les périodes de jeûne auxquelles le malade voulut bien se soumettre. Son cours est néanmoins influencé par les régimes : le maximum de sécrélion est obtenu par une alimentation carnée; le minimum par un régime hydrocarboné. L'ingestion de bicar- bonate de soude diminue sur le champ la sécrétion, mais pour l'augmenter dans les heures suivantes. Les acides, tels que l'acide chlorhydrique, ne l’aug- mentent pas. Ce suc, dont les actions ont été éprouvées 1n vitro, a semblé avoir un pouvoir protéolytique égal au suc du chien et un pouvoir lipolytique beau- coup supérieur à celui-ci. On sait, en outre, d'après les constalalions de Bainbridge, que le suc pancréatique favorise et augmente le passage de la lymphe dans le canal thoracique. Quand le suc pancréatique ne parvient plus dans l'intestin, que se passe-t-il? La ligature des canaux pancréatiques sur le chien nous renseigne à cet égard. Pratiquée par Heger, Zunz et Maver, elle a permis de relrouver dans l'intestin grêle de l'érep- sine, de l’entérokinase et de la sécrétine. L'entéro- kinase est toutefois notablement diminuée (puisque la prototrypsine ne s'écoule plus dans l'intestin). Les animaux maigrissent beaucoup, parfois reprennent du poids, mais le plus souvent subissent un amai- grissement progressif et meurent. Le pancréas s'atrophie, se sclérose et, même quand il ne reste plus que peu d'’acini glandulaires et d'ilots de Langerhans intacts, la glycosurie (sur laquelle nous reviendrons plus loin) ne se produit pas. Mais il suffit, bien que la ligature des canaux excréteurs ait été faile depuis longtemps, d'enlever le pancréas pour déterminer un diabète mortel. Chez l’homme, à l'état morbide, on ne connait encore qu'incomplètement les troubles que provo- que le défaut de suc pancréatique dans l'intestin. Ce qu'on en sait le mieux, c’est la stéatorrhée. Les graisses n'étant plus dédoublées, ni absorbées, on les retrouve dans les selles. L'hypostéatolyse en est la raison, car les graisses non assimilées traversent l'intestin sans être transformées et l'on ne trouve plus dans le résidu qu'une faible quantité d'acides gras. Hallion a bien mis en relief la production de ces phénomènes connexes. En outre, on constate de l’azotorrhée, qui a lieu quand l'azote fécal est supérieur à 5 ou 6 °/, de reconnait encore matériellement à la présence dans les fèces 984 D' A. LÉTIENNE — REVUE ANNUELLE DE MÉDECINE d'albumine non digérée, de fibres musculaires presque intactes et à la présence de peptones. S'il est déjà peu aisé de se rendre un compte exact des effets qu'a la suspension du flux pancréa- tique dans l'intestin, il est plus difficile encore d'évaluer les modifications que provoque une per- turbation de cette sécrétion sous l'influence d’une maladie affectant le parenchyme glandulaire, même eu limitant la question au point de vue intestinal. Aussi les altéralions du pancréas sont-elles com- munément des trouvailles d'autopsie. Les symp- tômes qu'elles produisent sont mal connus et demandent, pour être mis au jour, des investiga- tions que ne comporte pas l'examen clinique — encore fort arriéré, convenons-en — auquel les malades sont habitués à se soumettre. Le plus souvent, les affections du pancréas sont consécutives à la lithiase biliaire, lithiase soit du cholédoque, soit de la vésicule. C'est ce qu'ont montré les 118 observations de Quénu et Duval. Ces auteurs ont remarqué que les pancréatites suppurées correspondent de préférence à la lithiase vésiculaire et les pancréatites hémorragiques aux calculs de l’ampoule de Valer. Cependant, les formes hémorragiques ou nécrotiques, rapidement mor- telles, s'observent en dehors des accidents hépa- tiques. La pancréalite est due à une inflammalion de la glande par les agents pathogènes. Cette infection se fait soit par contiguité, le cholédoque et le canal de Wirsung débouchant dans la même ampoule, soit par infection ascendante d’origine duodénale. Les pancréalites aiguës sont souvent foudroyantes ; les pancréatites chroniques sont séméiologique- ment masquées par le syndrome hépatique et elles ne sont diagnostiquées qu'au cours de l'opération ou de l’autopsie. Le pronostic de ces affections est très sombre dans les formes aiguës. Quénu et Duval ont relevé, sur 20 cas de pancréatites hémorragiques, 20 morts, et, sur 27 cas de pancréatites suppurées, 19 morts et 8 guérisons après laparotomie et drainage du pancréas. 62 cas de pancréatites chroniques ont donné 8 décès. Le seul traitement que l'on puisse faire est la cholécystotomie; et, si la vésicule est lésée ou atrophiée et le canal cystique oblitéré, on pratique la cholécystectomie avec drainage de l'hé- patique et du cholédoque. La concomitance fréquente de la pancréatite et de la lithiase biliaire étant établie, on s'efforce maintenant de différencier les symptômes pancréa- tiques des symptômes hépatiques et biliaires. Desjardins a fait une étude très soigneuse de la localisation des douleurs dans les pancréatites. Il a déterminé leur point d'élection, le point pan- créatique, qui siège sur une ligne oblique allant de l'ombilic à l’aisselle droite, à 5, 6 ou 7 centi- mètres au-dessous de l'ombilic. Chauffard, dans une très intéressante Jecon sur la lithiase du cho- lédoque, a rapporté ses recherches, faites avec Rivet, pour contrôler la détermination du point de Desjardins. Par l'enfoncement de tiges d'acier à divers niveaux de la ligne axillo-ombilicale, il vit que le point silué à 7 et 6 centimètres au-dessus de l’ombilic tombait trop haut et en dehors, était toujours hors du pancréas; à 5 centimètres, deux fois sur dix il se projetait sur la tête du pancréas et quatre fois sur la jonction de la têle de la gland et du COrps. La détermination de Desjardins na donc qu'une précision relative. Chauffard, po Ù tourner la difficulté, considère non plus un point variable le long d'une ligne, mais une région quil: appelle zone pancréaltico-cholédocienne. Elle corres pondrait au trajetintra-pancréatique du cholédoque et serait délimitée, d'une part, par la ligne médiaue xipho-ombilicale, d'autre part, par la bisseclrice de l'angle droit formé par une perpendiculaire élevée sur elle de l’ombilie même. ‘ Selon Chauffard, l'amaigrissement rapide et con= sidérable qui suit la lithiase du cholédoque, et qui, a longtemps servi au diagnostic différentiel dus cancer et de la lithiase, serait dû à la pancréalite qui coexiste fréquemment avec la cholélithiase. En outre, on peut mettre ici à contribution les données de l'analyse de l'urine et des fèces. Les modificas tions urinaires dans ces cas sont encore à l'étude x ï' mais il semble que l'urine, outre une richesse consa tante en acide oxalique, contieadrait un ferment. stéalolytique. La recherche qualitative et quantis" tative des matières grasses du résidu intestinal est beaucoup plus importante, ainsi que nous D. verrons dans la suite de cetle revue. Outre la lithiase biliaire, il y a nombre d'affec= | tions au cours desquelles surviennent des lésions pancréaliques. Toutesles maladies infectieuses sont” susceptibles de se compliquer d'une localisation” pancréatique. Parmi elles, citons une fort curieuse” observation de Lemoine et Lapasset, où l'agent pathogène s'est fixé à la fois sur les glandes sali= vaires, le testicule et le pancréas. Il s'agissait d'un cas d'oreillons qui, le 10° jour, présenta des com=, plicalions testiculaires, puis des douleurs épigass triques avec vomissements, ictère, hémalémèses el se termina dans le collapsus le 16° jour. On trouvæ le pancréas hypertrophié, pesant 190 grammes, très. congestionné, avec une dégénérescence des cellules glandulaires et une diminution notable de l'aire, des ilots de Langerhans. Des nodules infectieux existaient dans le foie et la rate. Un ganglion péripancréatique comprimait le cholédoque et ex= pliquait l'ictère. Auché a signalé aussi chez l'enfant deux cas de L 4 D' A. LÉTIENNE — REVUE ANNUELLE DE MÉDECINE de] Q0 CE pancréatile compliquant les oreillons ; mais, comme ikn'y eut pas heureusement de contrôle anatomique à faire, le diagnostic reste douteux, ne s'appuyant que sur le siège de la douleur et les phénomènes énéraux ; il n'y avait pas de stéatorrhée. Laignel- M a également rapporté une observation de diabète maigre post-ourlien chez une jeune tu- berculeuse. hu Dans la tuberculose, dansla cirrhose du foie et le ncer de l'estomac, Carnot et Ancet ont constalé des lésionsétendues du pancréas et particulièrement une dégénérescence hyaline des ilots de Langer- ans. Ces mêmes auteurs ont mis ep relief l'hyper- trophie langerhansienne dans les cirrhoses alcoo- Miques, soit atrophiques, soit hypertrophiques. Ils int, à ce propos, rapproché le développement anor- hal des îlots, constaté dans les cirrhoses, de l'hy- pertrophie splénique, fréquente dans ces mêmes affections. Les connexions physiologiques et patho- dogiques du foie, du pancréas et de la rate sont “encore fortifiées de ce fait. - Nous n'insistons pas sur les lésions du pancréas dans le diabète ; nous allons les retrouver à l'article Suivant. Mais, dans les maladies chroniques, les Hésions pancréatiques sont signalées de toutes parts. G. Hoppe-Seyler, les étudiant dans l’artério- Sclérose, en a observé la fréquence. Il a remarqué “que les lésions se rencontrent de préférence chez les artério-scléreux qui sont glycosuriques. Elles sont constiluées par une sclérose vasculaire, c'est- “à-dire par un épaississement de la tunique interne, “déterminant un rétrécissement et quelquefois mème une oblitération du vaisseau, et par une sclérose “péri-vasculaire. Il en résulte une sclérose acineuse avec atrophie des cellules du pancréas. Les ilots de Langerhans sont loujours particuliè- rement allérés chez les diabétiques. Leurs cellules | sont désagrégées; elles ont disparu et, dans les cas extrèmes, les ilots sont convertis en une masse de lissu scléreux ou en blocs hyalins. Hoppe-Seyler donne ces lésions comme productrices du diabète. C'est la queue du pancréas qui présente le maxi- umum d'altérations dans l'artério-sclérose. Hoppe- .Seyler fait, d’ailleurs, une distinction entre les pan- créatites de la tête de l’organe, dues à une lithiase, et celles de la queue. Les premières provoqueraient “surtout des modifications des ferments pancréa- tiques et des troubles de la digestion intestinale, tandis que les pancréatites caudales occasionne- raient la glycosurie. Avant d'examiner la sécrétion interne du pan- créas, il importe de signaler un fait singulier, auquel donne lieu la diffusion du suc pancréa- tique dans l'organisme à la suite de déchirures ou de ruptures du pancréas. Les ferments que contient ce suc vont porter leur action sur les tissus de l'économie, mème éloignés dulieu où le traumatisme a produit la lésion. Le tissu graisseux est particu- lièrement altéré par ces ferments. Les nécroses du tissu adipeux ont déjà été remarquées par Balzer en 1882, puis par Fitz, Langerhans el par Chiari. Elles sont l'effet de l’action des ferments protéoly- tique et lipolytique. Il faut, pour qu'elles se produi- sent, que le suc pancréatique puisse sorlir de la glande. Mais, si l'on comprend facilement le méca- nisme pathologique dans ce dernier cas, on a plus de peine à concevoir la production spontanée du phénomène. Or, il arrive que le pancréas se digère lui-même. Ce fait, connu depuis longtemps à l'état cadavérique, peut avoir lieu pendant la vie. Selon Chiari, les diverses causes du processus sont les suivantes : autodigestion tryptique du pancréas au cours des pancréatites aiguës; hémorragies gan- gréneuses, c'est-à-dire infectieuses le plus souvent. Le traitement, il va sans dire, est purement chirur- gical, puisqu'il faut arrêter le cours insolite du suc pancréatique. Récemment, Lenormant et Lecène présentaient à la Société Anatomique une pancréalile hémorra- gique avec sclérose des espaces péricanaliculaires et une nécrose graisseuse disséminée « en taches de bougie » sur l’épiploon. Même nécrose du péri- toine pariétal et de l’épiploon dans un cas de Lilienthal, où une pancréatite post-cholélithia- sique fut opérée et guérie. Cependant ces nécroses ne sont pas le résullat fatal de toute issue du suc pancréatique hors de ses voies normales d'excrétion. Hallion a bien indi- qué que les tissus ne se laissaient pas aussi facile- mentaltaquer par le suc pancréatique. Le péritoine, par exemple, le supporte bien, quand il est normal. Il faut donc un autre facteur, qui est probablement représenté par les agents infectieux. $ 2. — Sécrétion interne. Elle est constituée par les substances que le pan- créas sécrète, qui ne passent point normalement par les conduits excréteurs, qui sont reprises par les capillaires et déversées dans la circulation géné- rale. Ce sont les troubles qui suivent la suppression complète du pancréas qui ont fait entrevoir cetle fonction. On se rappelle que von Mering et Min- kowski ont trouvé que l’ablation totale du pancréas amène une glycosurie plus ou moins rapidement mortelle. Les animaux soumis à cette expérience meurent assez vite, souvent au bout de quelques jours. Wilzel donnait dernièrement comme excep- tionnelle une survie de dix-neuf jours, fait que con- firmèrent Mayer, Widal, Hallion et d'autres expé- rimentateurs. Quelques heures après la dépancréalisation, le sucre s’accumule dans le sang, et une glycosurie abondante apparait. Celte glycémie est accompagnée d'une diminution du glycogène, non seulement dans le foie, mais dans tous les organes qui en contien- nent. La glycogénie ne peut donc plus se produire. Néanmoins, on ne sait au juste comment se forme le sucre dans ces conditions. Le pancréas. par sa sécrétion interne, agit sur la glycolvse. Par des tra- vaux déjà anciens, Lépine a reconnu la présence, à l'état normal. daos le sang d'un ferment destructeur du sucre. ferment glycolytique. Les dernières recherches de Lépine et Barral ont montré que cette action glycolytique s'exerce beaucoup plus sur le sucre des globules que sur le sucre du sérum. Nor- malement. le sérum, selon Lépine et Boulud, ren- ferme environ un tiers de sucre de plus que les glo- bules. mais ceux-ci, susceptibles d'emmagasiner | une très forte proportion de sucre, arrivent à en contenir autant que le sérum. Dans certains cas pathologiques. dans l’intoxication alcoolique aiguë, celte inversion a lieu et la teneur en sucre des glo- bules y dépasse même celle du sérum. En outre, ces auteurs ont récemment constaté que les glo- bules blancs du sang ont, dans la glycolvse, un rûle beaucoup plus actif que les globules rouges. On sait, d'autre part, que ce sont les leucocytes qui sont surtout les producteurs des divers ferments dans le‘sang. En étudiant l'action du pancréas sur la glycolyse, D° A. LÉTIENNE — REVUE ANNUELLE DE MÉDECINE | surrénal et même le diabète thyroïdien. Les mieu Lépine et Boulud ont vu qu’elle se produisait, mais indirectement. C'est ainsi qu'injectant dans la veine jugulaire d’un chien 5 centimètres cubes d'une macération filtrée de quelques grammes de pan- créas de bœuf, broyé avec du sable stérilisé et addi- tionné d'un poids égal d’eau distillée, ils n'ont constaté, à la dixième heure, ni hypoglycémie, ni accentuation du pouvoir glycolytique du sang; mais, celui-ci, à la vingt-quatrième heure, fut con- sidérablement augmenté. Ce même phénomène tardif suit l'excitation des nerfs du pancréas. La macération de pancréas agissant in vitro sur du sang défibriné ne détermine aucune augmenta- tion de la glycolvse. Outre celte influence tardive, mais manifeste, de la sécrétion interne du pancréas sur la glycolyse, il faut probablement considérer d'autres actions d'un ordre différent et encore obscures. Ciaccio et Pizzini ont constaté la variation de la rate pendant | la digestion des albuminoïdes. Y a-t-il là encore un effet plus ou moins direct des ferments pancréa- tiques? On voit, par les notions précédentes, combien cette étude du pancréas a été poursuivie fruc- tueusement en ces dernières années; et nous allons encore en retrouver les progrès à l'article sui- vant. | telles que le diabète hépatique, le diabète nerveu | variables et nombreuses, mais l'essence de la ma la constatation anatomique pour être à peu prés | cerlain de la variélé observée. Il. — DraBÈtTE. Plus on a étudié le diabète, mieux on s’est vaincu quil ne s'agissait pas d'une affection que, bien caractérisée, comme l'est la goutte, pa exemple. Il n'y a qu'une goutte‘, à manifestations, ladie est toujours identique à elle-même. Ces une affection d'un autre genre, mais aussi tranché que la maladie charbonneuse. Pour le diabèlen en est tout autrement. Le syndrome dont les peut être produit par des causes diverses, par de maladies d'organes dont la spécialisation est dif férente. Ces organes agissent évidemment l'intermédiaire du sang, dont ils changent la come position. Il y a des diabètes. C'est la raison d l'extrème diversité des lésions anatomo-patholo= giques observées dans ces maladies. On commence à peine à les distinguer cliniquement les unes des autres. Dans la pupart des cas, il faut attendre Les récents travaux ont envisagé de préférence certaines formes, relativement nouvelles dans Pathologie. Au diabète pancréatique annoncé pa Lancereaux, prouvé par von Mering et Minkowski sont venus s'ajouter le diabète infectieux, le diabète établies de res variétés sont celles qui ont été introduites dans la nosologie par la Physiologie Claude Bernard) et le diabète pancréatique. Le diabète rénal pur est encore soumis à des discuss sions, bien que la glycosurie transitoire d'origine rénale semble pouvoir être réalisée artificiellemes avec la phloridzine, par exemple. L'organisme recoit le sucre par les aliments puis il le transforme, le fixe, le met en réserve l'utilise suivant ses besoins et le transforme encore avant de l'éliminer. Dans certains états, qui cons tituent les diabètes, l'organisme perd tout ou parti de ces propriétés. Il ne peut plus le transforme ni le fixer, sinon d'une facon absolue, ce qui n£ serait pas compatible avec une vie de quelque durée, du moins en partie. Alors que normalement il ne perd rien des matières sucrées qu'il reçoit dans les diabètes, il n'émploie plus ces substances 1 On a voulu. en ces dernières années, comprendre dans goutte divers états pathologiques, souvent artificiels, cara@ térisés par des dépôts dans les tissus de substances saline diverses. phosphatiques et autres. Mais ces états sont tout différents de la goutte : ils n'ont de commun avec elle qu des manifestations grossières. Nous espérons que les pathe logistes réfléchis repousseront ces confusions et ne s'eng& geront pas dans une voie mauvaise, tant au point de vue scientifique que didactique. £ n totalité : il en laisse passer une quantité plus ou } pins grande, qu'on retrouve dans les produits élimination et surtout dans les urines. Et le assage du sucre est d'autant plus abondant que déchéance organique est plus accentuée et, partant, que la maladie est plus grave. Toute cause, quelle qu'elle soit, quel que soit on lieu d'action (4° ventricule, cellule hépatique, ancréas, sucs intestinaux, sang, etc.), qui empé- e le sucre de se transformer pourra déterminer 1 Diabète. Les efforts de la Médecine tendent à réciser le siège de] la lésion, à déterminer ses fets, pour arriver à connaître les causes origi- nelles. Nous avons vu plus haut ce qu'était la glycolyse. étude des modifications des matières sucrées ans le sang, qui, depuis nombre d'années, est objet des travaux de Lépine et Boulud, a été pour- suivie par ces auteurs. Ils ont recherché la for- ration de l'acide glycuronique. Ils ont vu que cet cide existe dans le sang artériel du chien normal en proportion assez forte par rapport à la totalité des matières sucrées. Quand le chien est malade, tte proportion s'abaisse. Le sang artériel en contient toujours plus que le sang veineux. L'acide Vélvcuronique augmente dans le sang veineux défi- briné après un séjour d'une heure à 39°. Cet acide ne | produit ni dans le sérum in vitro, ni dansle sérum idditionné d'eau glucosée : donc les globules du sang sont nécessaires à sa formation. Il suffit, en Véllet, d'additionner l'eau glucosée de sang pour | voir, en quelques minutes, une forte quantité rela- ve d'acide glycuronique ; puis, au bout d'une heure, celle-ci baisse. L'eau lévulosée et le sang en | donnent également. Comme l'acide glycuronique le peut venir du lévulose, il faut qu'il vienne du | #lucose du sang. Mais la proportion de ce dernier est bien inférieure à celle de l'acide glycuronique.. Lépine et Boulud pensent qu'il se forme « aux dépens du glucose formé 12 vitro par le sucre | irtuel, glucoside existant toujours en forte pro- | ortion dans le sang ». ; Les transformations que peuvent subir les sucres ans l'organisme sont cachées par les grandes diffi- zultés qu'on a à suivre leur trace. Dans certaines conditions physiologiques, le glucose se transforme en lactose. Les expériences de Ch. Porcher sont | concluantes à cet égard; elles montrent le rôle e certains organes dans cette transformation. Il pris pour sujets des chèvres pleines ou laitières. Provoquant l'hyperglycémie chez la femelle laitière l'injection de solulions de glucose, il a obtenu de lactosurie, alors qu'à l’état habituel c'est le Jos injecté qu'on retrouve dans l'urine. Cela prouve que la mamelle en activité élabore, aux dépens du glucose normal du sang. un lactose qui ÉC É | € «1 \ D° A. LÉTIENNE — REVUE ANNUELLE DE MÉDECINE 987 passe dans le lait. De même, elle transforme en lactose l'excès de glucose introduit artificiellement. Toutefois, si cet exeès de glucose est trop grand, la mamelle devient insuffisante à tout transformer en lactose. Si la mamelle est malade, elle ne peut accomplir la transformation d'une même quantité qu'à l'état normal. La lactosurie, pendant la lac- tation, est donc la conséquence de toute hyper- glycémie. Porcher à varié les conditions de ces expérimentalions. Avant enlevé les mamelles d’une chèvre préalablement à la fécondation, il vit au moment du part s'établir une forte glucosurie avec hyperglycémie. Si l'on enlève les mamelles des animaux pendant la lactation, une glucosurie con- sidérable (30 à 45 grammes par litre) s'établit dès les premières heures, arrive à son maximum à la 4°-5° heure, puis cesse au bout de 48 heures. Le glucose du sang n'est plus transformé dans les deux cas en lactose, et il passe en abondance dans l'urine. Porcher attribue cette décharge de sucre à une activité hépatique temporaire. On n'est pas encore fixé sur l'origine du sucre | qui, dans les cas de diabète, se répand en si grande quantité dans le sang. Cette origine est complexe. Beaucoup pensent qu'une grande part peut être fournie par les matières albuminoïdes. Cette question a été étudiée par Mobr, qui lui a donné une solution indirecte. Produisant un diabète ex- périmental par dépancréatisation, il fait baisser le sucre au moyen de l'acide benzoïque. Il remarque alors que l'acide hippurique augmente notablement dans l'urine. Comme cet acide résulté de la com- binaison de j'acide benzoïque avec le glycocolle, et que celui-ci est précisément un produit de dédou- blement de l’albumine, il conclut que l'albumine participe à la formation du sucre. Faisons une rapide revue des récents travaux relatifs aux principales variétés de diabètes. S > 1. — Diabète pancréatique. F. Hirschfeld a fait une étude critique des lésions du pancréas. Il considère le diabète pancréatique comme une entité morbide très définie, sur laquelle on a semblé, en ces dernières années, jeter quelque confusion en voulant lui donner une extension exagérée el en admettant la prédominance du pan- créas dans tous les cas de diabète indistinctement. Le diabète d'origine pancréatique est indiscutable. mais Hirschfeld s'élève à juste raison contre l'idée de la constance des lésions pancréatiques dans le diabète. Il signale des lésions du pancréas trouvées à l’autopsie de sujets qui n'ont jamais présenté des symptômes diabétiques. A l'encontre de Lichtheim, il ne croit pas que les coliques éprouvées par les diabétiques soient un signe même de probabilité en faveur d'une altération pancréatique. Pour Hirsch- 988 D' A. LÉTIENNE — REVUE ANNUELLE DE MÉDECINE feld, la lésion du pancréas serait caractérisée par | l'acétonurie et la diacéturie, et surtout par la réten- | tion hydrique un peu spéciale à ces malades. Au | lieu d'éliminer comme normalement l’eau ingérée, | celle-ci serait retenue dans les tissus et y provoque- | rait des œdèmes. Cette rétention hydrique n'appar- tient pas exclusivement au diabète. Elle provoque parfois un tel malaise que le malade redoute de boire. Le diabète pancréatique serait susceptible d'amélioration ou au moins de rémissions. Il se termine aussi trop souvent par le coma. Les troubles gastro-intestinaux avec coliques et les æœdèmes sem- blent à Hirschfeld des arguments favorables à | l’origine pancréatique. Disons que cette discussion n’est guère féconde, parce que les preuves ne sont pas suffisantes et que les æœdèmes peuvent tenir à une aflection cardiaque, chose assez fréquente chez les diabétiques. Curtis et Gellé (de Lille) ont signalé des lésions du pancréas, tant dans le diabète gras que dans le diabète maigre.Chez un jeune homme de vingt ans atleint de diabète maigre avec forte glycosurie (300 à 350 gr.), compliqué de tuberculose pulmo- naire, ils ont trouvé des lésions pancréatiques très accusées. Il y avait une sclérose intraveineuse, émanant des vaisseaux, des canalicules et de la périphérie des lobules. Les îlots de Langerhans étaient diminués dans la proportion de 50 °/,. La sclérose et la dissociation de l'acinus semblent, selon ces auteurs, s'effectuer en deux phases : l’une de pénétration lamellaire amorphe, l’autre de pro- duction fibrillaire. $ 2. — Diabète surrénal. En 1901, F. Blum observa le premier la glÿyco- surie consécutivement à l'injection d'extrait de cap- sules surrénales. Baron, reprenant celte question au laboraloire d’Afanasjeff, a constaté le bien fondé | de l'observation de Blum; mais il vit, entre autres détails, l’action exclusive de l'extrait de la substance corticale des capsules dans la production de la glycosurie, l'extrait de la substance jaune détermi- nant la mort rapide. Il constata que le diabète se produit même après la greffe de fragments surré- naux dans le péritoine, que l'établissement d'une | glycosurie persistante suit l'administration répétée de préparations surrénales et que l'éosinophilie du sang est fréquente. Ces résultats furent confirmés | par d'autres expérimentateurs ; c'estainsi que Velich remarqua que les effets de l'adrénaline sont plus constants quand elle est injectée dans le péri- toine ou dans les veines que sous la peau. Cette glycosurie s'accompagne d'hyperglycémie, contrai- rement au diabète phloridzique, qui s'accompagne | d'hypoglycémie. Pour Velich, l'adrénaline provo- querait la glycosurie par son action sur le foie et | non sur le pancréas. Le diabète pancréatique expé- rimental n’est pas augmenté par l’adrénaline (Bierrv et Gruzewska). Celle-ci diminue la réserve glycogé- } nique du foie (Doyon et Kareff). Velich a vérifié | que l’adrénaline ne produit pas de glycosurie sur J les animaux préalablement privés de foie. Il parait admettre que l’adrénaline ne peut provoquer la # glycosurie chez les animaux dont les tissus sont # rendus pauvres en glycogène par le jeûne, par exemple. | Cette question du diabète surrénal nécessite une 4 étude plus étendue. Pour se convaincre de sa réa= lité, Lépine a fait une enquête clinique : il n'a pu trouver d'argument précis en sa faveur. Les faits. jusqu'ici ne vont ni pour ni contre l'existence d'un diabète surrénal. On peut être glycosurique avecw une tumeur des capsules ou avec une destruction, complète de ces organes. Il est utile de signaler que, suivant une: commu=" nication faite en juillet 1906 à la Société de Biologie par Mayer, le diabète par piqûre du quatrième ven= tricule (selon l’expérience de CI. Bernard) ne se pro= duirait pas si l’on a préalablement enlevé les cap= sules surrénales. | $ 3. — Diabète thyroïdien. Les lésions anatomo-pathologiques du diabète sont extrémement variées. Il n'est pas douteux” qu'on y puisse trouver des altérations de certains“ organes, sans qu'il faille leur attribuer un rôle“ nécessaire dans la genèse de la maladie. Aussi lew diabète thyroïdien est-il le dernier venu dans lan Pathologie. Lorand a relevé l'importance de lan glande thyroïde dans la pathogénie du diabète, mais cet auteur me semble voir présentement un” peu partout l'influence du corps thyroïde : il la trouve dans la lithiase biliaire, dans la maladie dun sommeil, dans le diabète. Néanmoins, Lorand, observant deux cas, — l'un présentant des altérations cirrhotiques des éléments. glandulaires du pancréas et des lésions conjoncetives des îlots de Langerhans avec, un léger diabète; l'autre une cirrhose très étendue du pancréas avec des ilots de Langerhans inlacts sans diabète, = admet la relation entre les lésions langerhan= | siennes et le diabète. Mais il pense que l’altération, | d'une glande retentit sur les autres et provoque» | des lésions de même ordre dans toutes les glandes } vasculaires. C'est une hypothèse très plausible, bien qu'on puisse objecter que ces lésions sont toutes sous la dépendance d'une même cause. Lorand | rapporte à une lésion glandulaire initiale les dia= bètes qui compliquent l'acromégalie, l'hypophyse, le corps thyroïde amenant secondairement des troubles pancréatiques, d’où le diabète. Chez les basedowiens, il n'y aurait de diabétiques que ceux ; D° A. LÉTIENNE — REVUE ANNUELLE DE MÉDECINE 989 “ont le pancréas serait atteint. Il rappelle, à l'appui “de sa thèse, que von Noorden à montré que les préparations thyroïdiennes peuvent produire la “elycosurie ou le diabète. Pour que le corps thyroïde “provoque le diabète, il faut qu'il soit en hyperacti- _vilé, comme cela arrive dans la lactation, les in- “oxications et divers états émotionnels. Le diabète ferait défaut dans l'hypothyroïdisme (myxædème, crétinisme). Lorand fait valoir ces arguments en 4 du rôle du corps thyroïde dans le diabète. Sa thèse a reçu un appui dans la déclaration de Kraus au Congrès de Médecine interne de Munich. Celui- ci avanca que l’ablation du corps thyroïde pro- duisait régulièrement la glycosurie. Bien que le fait ait été immédiatement relevé par Blumenthal, qui affirma n'avoir jamais observé de glycosurie les chèvres thyroïdectomisées, plusieurs observations furent confirmatives. Neusser signala la connexion des affections thyroïdiennes et hépa- tiques, et Friederich Muller rappela les rapports directs du diabète et des affections thyroïdiennes et le parallélisme de leur marche. Il n’est pas impossible qu'un organe quelconque, surtout de ceux qui ont une aussi grande importance sur la composition du sang, puisse, par une dévia- tion de son fonctionnement, amener une glycosurie passagère el même un diabèle permanent. Mais il résulte de ces faits qu'il faut attendre encore avant « de donner au diabète thyroïdien l'importance à laquelle il prétend. $ 4. — Diabète infectieux. Plus fréquemment observées en clinique sont les relations qui existent entre les maladies infectieuses et Je diabète. Marcel Labbé a fait une récente étude - de ces diabètes d'origine infectieuse. Il cite des exemples nombreux de diabètes survenus soit au - cours dune infection (fièvre Lyphoïde, grippe, infections buccales, pneumonie, anthrax), soit au décours d'une maladie, et évoluant parallèlement à l'infection ou dans la convalescence ou même après un cerlain temps. , _ Marcel Labbérapporle deux observations person- nelles. La première est relative à un komme de quarante-cinq ans, obèse, qui eut une angine sans - glycosurie et qui, un mois après, présenta de la polyurie, de la polydipsie, un amaigrissement de 40 kilogrammes et une diminution de l'acuité visuelle. Le taux du sucre était de 83 grammes par litre et l'élimination quotidienne de 415 grammes. Les injeclions de cacodylale de soude, les alcalins et un régime approprié firent disparaitre le sucre en un mois et demi. La guérison s'est maintenue de- puis deux ans. La seconde observation est celle d'une femme REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. de soixante-sept ans, chez laquelle le diabète, con- sécutif à une infection du naso-pharyox, guérit. I faut élaient obèses; le premier pesait 114 kilogs, la femme 90 kilogs. remarquer que ces deux malades Marcel Labbé conclut à un diabète d'origine in- fectieuse et l'explique par les troubles que l'infec- tion apporte dans l'appareil glycolyso-régulateur. Déjà Acbard et Læœper, observant une glycosurie chez un pneumonique, avaient signalé que l’insuf- fisance glycolytique n’est pas exceptionnelle dans les maladies infectieuses. Deléage, reconnaissant la réalité de certains cas de diabète infectieux, tend à les attribuer à une pancréatile ascendante. Mais il s'élève contre la cottagiosité du diabète. Sur 600 diabétiques, dont 510 étaient mariés, il ne trouva que 16 cas de diabète conjugal, ce qui fait 3,13 °/,. Cette propor- Lion est plus élevée que celle donnée par la grande slalistique de Boissonneau, qui ne signale que 1,08 °/, de cas conjugaux, mais beaucoup plus le pourcentage obtenu observateurs, tels que Debove (10 °/ (9,30 °/6), Funaro (7,81 °/ /o)- Au diabète infectieux on peut joindre le diabète basse que par d’autres ), Létienne 0) d'origine syphilitique. Assez souvent, depuis plus de vingt ans, cette modalité a été observée. Le tra- vail de Paris et Dobrovici vient apporter une con- tribution nouvelle. Ces auteurs ont constaté une glycosurie alimentaire de faible intensité, mais constante, chez dejeunes sujetsatteints de syphilis. Le traitement spécifique la faisait disparaitre. Ce fait est à rapprocher de la fréquence de la syphilis dans les antécédents des diabétiques : on la trouve, en effet, environ 30 fois °/,, d'après Lélienne. $ 5. — Diabète nerveux. Les idées de Pavy sur le mécanisme pathogé- | nique du diabète sont toujours bonnes à enregis- trer. Le célèbre auteur anglais attribue un grand role au système nerveux et l'explique par une paralysie vaso-motrice des viscères chylopoiétiques. Celle-ci détermine « un caractère semi-arlériel du sang de la veine porte ». sang dans le foie produit la glycosurie. La para- Or, le passage d'un tel lysie vaso-motrice serait done une des principales | raisons du diabète. Elle-même estl'effet de causes | variées, au premier rang desquelles il faut placer | l'infection et l'intoxication. IL est à présumer que de toutes ces éludes sortira la conception du diabète, symptôme d'une foule d'états pathologiques. Au milieu de toutes ces variétés, il est difficile au médecin de ne pas faire | abstraction d'un diabète essentiel, véritable entité | morbide. Mais les mêmes embarras se son produits jadis pour l'albuminurie. On est cependant par- CELL 990 D' A. LÉTIENNE — REVUE ANNUELLE DE MÉDECINE venu, dans bien des cas, à pouvoir déceler l'affec- tion générale sous le symptôme local. $ 6. — Complications du diabète. Le manque d'uniformité que nous venons de constater dans la pathogénie du diabète, nous le retrouvons dans ses complications. L'ensemble est un mélange disparate d’affections secondaires très différentes de nature. Une seule peut-être semble être la conséquence directe de la maladie, c'est le coma. Et encore la différenciation clinique est-elle relativement peu aisée, car souvent les accidents cérébraux sont dus à des causes complexes, telles celles qu'on observe chez les femmes enceintes frappées d'éclampsie avec ou sans albuminurie, et dont les observations d'Essenson offrent des exemples : Une femme de trente-cinq ans, dont la sixième grossesse était arrivée au terme de neuf mois, présenta des convulsions qui entrainèrent la mort. Il n'y avait pas d'albumine, mais l'urine contenait 35 grammes de sucre par litre. Une autre femme de vingt-huit ans mena sa seconde gros- sesse jusqu'au septième mois, lorsque, avee un appareil fébrile très modéré (38°3), des attaques d'éclampsie l’emportèrent. L'urine ne présentait que des traces d'albumine, quelques cylindres et 15 grammes de sucre par litre. Il est difficile de savoir ici exactement la part du diabète. Un autre cas de Lépine, observé en dehors de la puerpéralité, montre combien il faut de circons- pection avant d'affirmer la réalité d’une cause. Il s'agissait d'une femme de quarante-cinq ans, tom- bée dans le coma, morte en quelques heures, dont l'urine était albumineuse et sucrée : 24 grammes de sucre par litre ; 0 gr. 88 de sucre dans le sang. À l’autopsie, on trouva une méningite cérébro- Spinale suppurée ävec intégrité des oreilles et des cavités de la face. C'est par l'analyse toujours plus minutieuse des symptômes qu'on arrivera à une certaine approxi- mation et à des groupements peut-être temporaires, mais qui, au moins, serviront pour un moment à clarifier les idées. C'est un de ces cadres « d'’at- tente > que Lancereaux a établi pour expliquer la coïncidence de l'albumine et du sucre chez les diabétiques. I1 réfute la théorie de l’albuminurie par irritalion rénale produite par le passage du sucre. Il s'appuie pour cela sur ce que, chez les diabétiques pancréatiques, dont le sucre atteint des taux très élevés, quelquefois 1.000 grammes par jour, l’atbuminurie est exceptionnelle, tandis qu'elle s’observe fréquemment dans les glycosuries modérées. Lancereaux fait trois catégories des con- ditions de l’albuminurie chez le diabétique : 1° Albuminurie produile par une maladie étran- gère, intercurrente, surtout la tubereulose;. 2° Albuminurie par artério-sclérose avec né- phrite scléreuse ; 3° Albuminurie par diabète albumineux, où le taux de l’albumine oscille entre 2 et 4 grammes, maladie durant pendant un temps fort long sans complication, ni variation, et probablement, selon | lui, d’origine nerveuse, bulbaire. Ambard, dans ses recherches sur l’origine rénale de l'hypertension artérielle permanente, apporte un argument à cette conception. Dans le diabète { pancréatique, en effet, il n’a pas observé d'hyper= tension. Dans le diabète dit arthritique, où Potainf avait trouvé une hypertension fréquente et forte, { où Vaquez avait signalé seulement une hyperten= | sion inconstante, Ambard observa l'hypertension” chez les seuls malades à la fois albuminuriques et. diabétiques. Cependant, la condition n'est pas! absolue, car il y a des diabétiques albuminuriques* sans hypertension artérielle manifeste. Les complications nerveuses du diabète ont un mécanisme généralement obscur, sur lequel les. pathologistes ne donnent que des indications” vagues d'imprégnation toxique des tissus nerveux. Le problème est plus embarrassant encore quand il s’agit de paralysies partielles, très localisées, qui semblent comporter l'intégrité des territoires contigus, telles que celles qui frappent parfois les nerfs moteurs des yeux. À propos d’une observa-M} tion de paralysie du nerf moteur oculaire externe (6° paire, qui va au muscle droit externe du globe) à début brusque, accompagnée de diplopie et 1 même de triplopie et de vertige, précédée d'une névralgie douloureuse temporo-orbitaire, Dieulafoy a établi une statistique des paralysies motrices M oculaires chez les diabétiques. Le professeur insiste sur leur bénignité fréquente : neuf fois sur dix, M dit-il, elles guérissent en quelques mois. Il a choisi des cas non entachés de tares anté- rieures, pouvant donner lieu par elles seules à des manifestations oculaires, telles que la syphilis, le tabes, la paralysie générale, les tumeurs ou la tuberculose cérébrale, ete. Il en a réuni cinquante huit observations se décomposant ainsi : trenle- M cinq intéressant la sixième paire, le moteur oculaire externe, et déterminant un strahisme interne uni- latéral; douze intéressant la troisième paire, le moteur oculaire commun (qui va à la plupart des M muscles extérieurs et aussi intérieurs de l'œil); M} cinq frappant la quatrième paire, le pathétique (qui va au grand oblique), et six cas d’ophthalmo- plégie externe complète (où tous les muscles élaient intéressés). Dieulafoy montre que l'apparition de ces para- lysies est indépendante du taux du sucre. Elles surviennent aussi bien chez les diabétiques avec une glycosurie de plusieurs centaines de grammes D' A. LÉTIENNE — REVUE ANNUELLE DE MÉDECINE 991 que chez ceux dont le laux est minime et ne ! dépasse pas de 3 à 20 grammes. } Bien que très souvent bénignes, ces paralysies peuvent non seulement récidiver, mais s'étendre à là face, intéresser les noyaux bulbaires et déter- miner des troubles progressifs et mortels. Dieulafoy réfute l'idée d’une névrite et même d’une localisa- tion de l'intoxication sucrée. Il s'attache à montrer Je rapport qu'ont ces complications avec la pro- duelion de la glycosurie par piqûre du plancher du atrième ventricule, à cause du siège bulbaire des noyaux d'origine des nerfs oculo-moteurs. * dl faut remarquer que ces paralysies oculaires te complicalion doivent se répartir sur un nombre très considérable de malades. Le coma est la plus redoutable complication du diabète. Il fut attribué longtemps à la formation “excessive de l’acétone dans l'organisme. On ne voit opérations sur les diabétiques parce qu'ils pré- ntent une résistance moindre aux infections, et aussi parce que ces malades offrent une fragilité Spéciale : le coma post-opératoire est toujours à craindre, même chez un diabétique soigneusement € es. L'insidiosité de cette complication, le manque de ksignes préalables restreignent beaucoup, suivant uff, les indications opératoires chez de pareils “malades : il voudrait qu'elles fussent limitées aux cas de véritable urgence, d’ « indication vitale ». Karewski aboutit à la méme conclusion, mais, “pour ce dernier, si l'on s'est résolu à l'opération, il faut la faire très largement. Dans le régime prépa- “raloire qu'il importe de faire subir au diabétique avant de l'opérer, Karewski préconise les régimes mixtes plutôt que les régimes exclusifs. En outre, “il recommande de nourrir les opérés le plus vite possible, d'éviter les injections sous-cutanées à cause de la vulnérabilité des tissus et de les mobi- liser très tôt, au besoin de les faire masser. Disons encore que l'acétonurie n’est pas con- stante chez les diabétiques et qu'elle n'existe pas seulement dans le diabète. H. Mauban, qui ne semble pas partisan de l'acétonurie physiologique, assez généralement admise, l’a constatée dans divers états fébriles, au cours de néoplasmes et de troubles gastro-intestinaux. L'acétonurie signale un certain degré d’autophagie. Elle suit la destruc- tion des réserves hydrocarbonées, albuminoïdes ou de graisse, provoquée par le jeûne ou l’inanition. J. Bär et Blum ont recherché comment l'acide B-oxybutyrique se forme, C'est la décomposition des albuminoïdes qui engendre les acides gras, butyrique, caproïque et d’autres produits toxiques. Or, les graisses et les albuminoïdes sont la base de l'alimentation du diabétique : leur exagération peut déterminer l'excès de formation de l'acide 6-oxybutyrique. Bär et Blum font observer que les graisses fournissent une proportion moindre de cet acide et, partant, d’acélone que les albuminoïdes. Avant d'en finir avec l’acélone, mentionnons un fait qui, dans l'avenir, pourrait être étendu et trouver son application dans quelques formes du diabète : la formation de ce corps par certains microorganismes. L. Bréaudat a découvert dans l'eau de Saïgon un microbe chromogène violet, capable de produire de l’acétone aux dépens des matières protéiques : il l'a nommé Pacillus violarius acelonicus. Outre l’acétonémie, les diabétiques ont souvent une certaine quantité de graisse dans le sang. Krause a observé une lipémie marquée dans deux cas de coma diabétique. Les vaisseaux rétiniens avaient une blancheur très spéciale, et cependant le sang, examiné au microscope, ne semblait pas contenir de goutleleltes de graisse. Le nombre des globules rouges élait diminué, celui des leuco- cytes augmenté. La quantité de graisse contenue dans le sang était de 6 à 8 °/,. Ces malades étaient maigres. On trouva une dégénérescence graisseuse de tous les organes. La lipémie est, chez les diabé- tiques, d'un pronostic très sombre. On sait la gravité habituelle du diabète chez l'enfant et sa terminaison fréquente par le coma. On peut également remarquer la facilité avec laquelle les petits enfants font de l'acétonurie et du coma d'origine gastro-intestinale er dehors du diabète. Langstein a fait une élude récente du diabète sucré chez l'enfant. Sur 8 cas soumis à son obser- vation, 5 ont été suivis de mort; dans les 3 autres, le sucre à disparu, soit spontanément, soit après une cure de farine d'avoine, soit après une pneu- monie grave. Le diagnostic est souvent masqué par le défaut de symptômes. Les données étiologiques principales sont le traumatisme et l'hérédité. Au cours des entérites infantiles, c'est surtout le sucre 992 D' A. LÉTIENNE — REVUE ANNUELLE DE MÉDECINE de lait qu'on rencontre dans l'urine. L'ingestion des graisses a une influence considérable sur la pro- duction de l'acétone. En remplaçant le lait ordi- naire par du petit-lait, Langstein put réduire de 16 grammes à 4 grammes l'acide oxybutyrique. La farine d'avoine (250 grammes par jour) a des effets thérapeutiques inconstants, mais plutôt favo- rables. Chez la jeune Femme, le diabète n’est pas toujours aussi grave qu'on l'avait affirmé autrefois. Cer- taines d'entre elles, avec des précautions et un régime approprié, mènent à bien leur grossesse. Des glycosuries intenses sont même susceptibles de disparaitre. Durieux a rapporté un cas où une femme, présentant à sa troisième grossesse 210 grammes de sucre par litre, vit le diabète dis- paraître. Une parlicularité assez curieuse, déjà signalée par Chamberlent, c'est la fréquence des fœtus très gros chez les mères diabétiques. Quel- quefois, ils sont énormes et causent de la dystocie. Anderodias a dernièrement présenté un fœtus mort et macéré, pesant 7 kilogs (4 kilogs est un poids très satisfaisant pour le fœlus normal) et mesurant 0%,70 de longueur. Nous ne pouvons ici, faute de place, citer tous les travaux parus sur le diabète. Nous regrettons de ne pouvoir que mentionner les études slatistiques de W. Croner, de Navarre, les mémoires et consi- déralions thérapeutiques de Laufer, Martinet, Romme, Colley, Grube, Odier, etc. IT. — CoPproLoGIE. Quand on vit la valeur des résultats fournis par l'analyse des urines, on comprit qu'ils devaient être complélés par l'analyse des matières fécales. Mais, pendant longtemps, celte besogne répugna aux observateurs. La technique manquait. Celte année seulement voit apparaitre un travail d’en- semble sur la coprologie clinique. Nous le devons à René Gaullier, qui a réuni dans un précis très clair ce qu'on sait actuellement sur les fèces, les moyens lechniques qui permettent leur examen à divers points de vue et les renseignements diagnos- tiques et thérapeuliques que l'analyse coprolo- gique est d'ores et déjà capable d'apporter. R. Gaullier expose d'abord les variations que peuvent subir les matières fécales. Elles se com- posent de parties venues de l'extérieur, résidus alimentaires el microbes qui les accompagnent, et aussi de matières fournies par l'organisme, soit au niveau des glandes si nombreuses éparpillées le long du tube digestif, soit au niveau des cellules mèmes qui revêtent l'intestin. On comprend com- bien toutes ces matières peuvent être variables. Le rôle de l'alimentation est prédominant dans les questions de la quantité et la qualité des fèces. On sait que le régime carné forme des déchets peu encombrants, tandis que le régime végétarien donne lieu à des évacuations plus abondantes. Le tableau de Rubner, que nous ne pouvons reproduire ici, indique à quelle quantité de fèces correspond approximativement une quantité déterminée d'un aliment donné. Citons quelques exemples ©: 1.415 grammes de viande ne donnent que 64 grammes de fèces; 1.237 grammes de pain blanc en donnent 109 grammes; et la pomme de terre donne pour 3.078 grammes d’aliment, 635 grammes de déchets. L Il faut tenir grand compte des sues et SubslaussS qui viennent de l'intestin. Hermann, isolant une anse intestinale chez le chien, a pu mesurer là quantilé de ces substances. Un tube digestif vide d'aliments produit 39 grammes de matériaux qui se mélangent aux fèces. On sait, d'ailleurs, que la muqueuse intestinale excrèle des produits divers, tels que l'urée, le fer, certains médicaments, elGM Les examens se font suivant des méthodes quen R. Gaultier expose avec détails : repas d'épreuve différenciation des résidus par des matières colo= rantes, examens macroscopique et microscopique, analyses chimique et bactériologique, technique de la recherche de la toxicité. Dans les malières fécales, on trouve des résidus de toute sorte. Ce n'est pas une des parties les moins intéressantes du livre de R. Gaultier que« celle où, figures noires et coloriées à l'appui, il décrit et représente ces résidus : fibres musculaires fibres élastiques, grains d'amidon, cellules végé tales, goutteleltes de graisses, cristaux d'acidés calciques, phosphatiques fragments de charbon, poils, plumes, etc. Les microbes et parasites ont élé l'objet d’uné gras, cristallisations revue soigneuse, ainsi que les résidus provenant des sécrétions. Gaultier a insisté sur les caractères: physiques elchimiques du mucus, des membranes; des débris épithéliaux, des calculs et concrétions sur la recherche qualilalive des ferments, des COrpSM xanthiques, de l'acide urique, de l’urée, des éléM ments minéraux, elc. 4. Toute cette étude mérile d’être suivie de près? $ Je ne puis qu'allirer l'attention sur la seconde par tie de l'ouvrage. C'est un guide pratique des mé * thodes analytiques, d'où dérivent les indice M multiples qu'on peut appliquer avec fruit soit au diagnostie de la maladie, et partant au traitement soit à l'hygiène du malade et de son entourages Remarquons que c'est précisément dans les deux groupes d'affections qui ont été l'objet des deux premiers arlicles de Ja présente revue que les méthodes que R. Gaultier a eu le grand mérite de rendre plus familières aux cliniciens, que la copros: # Lu D' A. LÉTIENNE — REVUE ANNUELLE DE MÉDECINE 993 logie clinique peut rendre les services les plus immédiats. IV. — COQUELUCHE. On a plusieurs fois décrit le microbe de la coqueluche. En 1898, ici même, j'avais exposé les recherches d’Afanassiev (1887), de Rilter (1892), de Diehler et Kourloff (1896), de Czaplewski et Heusel (1897), qui toutes concernaient des microbes différents. Depuis lors, d'autres ont été décrits, sans que leur rôle pathogène spécilique ait été définitivement reconnu. Il y a quelques mois à peine, deux bactériologistes belges, Bordet et Gengou, ont présenté un nouveau microbe de la -coqueluche. Celui-ci est une petile bactérie ovoïde, d’une forme assez constante et d'une faible affinité pour les couleurs. Elle ne semble pas produire de spores. Elle meurt à + 55°. Bordet et Gengou ont pu la cultiver en mélangeant du sang humain défi- briné à un milieu de culture composé de gélose, d'une faible quantité de glycérine et de décoction de pommes de terre. Il convient de bien incorporer le sang au milieu nutritif. Tout d’abord la culture vient mal, mais les cul- tures successives sont beaucoup meilleures et plus productives. Les réensemencements successifs sont positifs en substituant au sang humain dans le milieu nutritif, du sang animal, de lapin par exemple; et même la culture se fait dans des mi- lieux liquides simplement additionnés de sérum. Le microbe se trouve dans les expectorations du coquelucheux, surtout dans les premières quintes qui ramènent du mucus bronchique pur. Plus tard, la flore bactérienne est trop variée pour qu'on puisse réussir les isolements. En outre, il faut faire la recherche sur des sujets très jeunes, sur des enfants de quelques mois n'ayant pas encore été alleints d’affections pulmonaires autres. Bordet et Gengou insistent sur les différences que présente leur microbe avec celui de lin- fluenza de Pfeiffer et avec les autres donnés comme pathogènes de la coqueluche. Le sérum des coque- “lucheux guéris agglutine le microbe de Bordet- Gengou. Cette découverte, présentée en juillet dernier à l'Académie de Médecine de Belgique, est trop ré- cente pour qu'on puisse en établir la critique. Mais la notoriété des deux savants et l'étude métho- dique qu'ils ont faite de cette bactérie méritent de retenir l'attention. On sait combien sont nombreux et généralement inefficaces tous les remèdes vantés contre la co- queluche. Aussi convient-il de signaler le mode de traitement qu'a tout récemment préconisé H. de Rothschild, au cours d’une étude où il montrait les dangers éloignés de la coqueluche et la prédis- position singulière que donne celte maladie à la tuberculose osseuse et articulaire. Frappé de la disparition presque subite des quintes de coqueluche chez un enfant sur lequel il avait pratiqué l’anes- thésie au chloroforme pour réduire une luxalion congénitale de la hanche, il eut l’idée de recourir à ce mode d’anesthésie pour juguler la coqueluche. L'essai porta sur neuf petits malades. Il pro- duisit : deux fois la disparition définitive des quintes; trois fois une atténuation immédiate suivie d'une guérison radicale; quatre fois, la gué- rison ne survint qu'au boul de quinze jours. Ce traitement a été pratiqué sur des enfants n'ayant la coqueluche que depuis huit à dix jours. La narcose ne fut pas poussée jusqu'à l'abolition Lotale de la sensibilité et ne fut prolongée que de cinq à dix miautes. H. de Rothschild, outre l’action sédative de l’anesthésique sur la muqueuse irrilée par l'agent causal ou sur les noyaux bulbaires qui sont le centre des spasmes réflexes, croit que le chloroforme joue un rôle direct, antiseptique et spécifique, sur le germe de la coquelughe. La dé- couverte de Bordet-Gengou pourra être ici utilisée. Mentionnons enfin qu'il y a quelques mois, dans un article paru dans la Presse Médicale (18 août) sur le traitement de la coqueluche par l’arsenie, J. de Nittis annonçait qu'il était parvenu à isoler un coceus encapsulé, à colonies transparentes bleuûtres, auquel il attribuait un rôle décisif dans la pathogénie de la coqueluche. D' A. Létienne. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES 4° Sciences mathématiques James (E.), Professeur de Théorie aux Ecoles d'Hor- Jogerie et de Mécanique de Genève. — Théorie et Pratique de l’Horlogerie, à l'usage des Horlogers et des Elèves d’horlogerie. — 1 vol. de vi-228 pages avec 126 figures. (Prix : 5 fr.) Gauthier- Villars, édi- teur. Paris, 1906. Dans la préface, qu'il faut lire et méditer, l'auteur, après avoir loué sa profession, fait justement remar- quer combien sont étendues les bases sur lesquelles doit s'appuyer l'éducation d'un horloger digne de ce nom : Mathématiques proprement dites, Mécanique, Physique, Astronomie. Un traité complet sur la matière devient done difficile à écrire, puisqu'il devrait grouper, autour de l'art de la mesure du temps, un grand nombre des connaissances humaines. M. James, en horloger consommé, voyant les choses de très haut, évite habilement le danger d’une ency- clopédie. Brièvement, en un style d’une extrème con- cision, il résume toute l'horlogerie en un volume de 228 pages, format in-16. Sous le titre « Eléments de la Mécanique appliqués à l'Horlogerie », après de rapides définitions, il examine successivement toutes les machines, représentées par des croquis sommaires, analyse chacune d'elles et donne la formule que le praticien pourra appliquer en toute sécurité grâce à des exemples nombreux et variés. L'exposé de la Théorie des Engrenages débute par les lois fondamentales; ensuite viennent l'énoncé et la solution complète des problèmes usuels, avec l'énumé- ration et la critique des principaux engrenages ; chaque question est accompagnée de figures et de données numériques. Les Echappements sont classés, selon l'usage, en trois catégories. L'auteur examine surtout ceux que la pratique à adoptés. Il ajoute les règles du tracé et de l'exécution après une courte critique. Des dessins et des tableaux,numériques sont joints à chaque exemple. Les lois du pendule ainsi que les principales appli- cations sont appuyées de nombreux exemples numé- riques avec croquis. Viennent ensuite, très succincte ment exposées, toutes les règles pour établir le régulateur astronomique et le calibre des montres. Une nomenclature des métaux employés en Horlo- gerie avec quelques-unes de leurs propriétés et des notions de Cosmographie complètent l'ouvrage. Le plan de l'auteur ne comporte pas de développe- ments étendus sur chaque question, car il s’est proposé surtout d'écrire un Traité-Memento, dont l'épigraphe pourrait être : « Le temps, c’est de l'argent ». Il est cependant permis de croire que son livre ne serait pas alourdi si, de sa plume alerte, le professeur genevois voulait bien ultérieurement réparer une omission que nous croyons regrettable. À l’artiele compensation, le pendule invar n'est pas mentionné, et les beaux tra- vaux de l’'éminent physicien Ch.-Ed. Guillaume ne sont pas rappelés davantage à propos du balancier. Les résultats acquis sont cependant suffisants pour attirer l'attention de l'horloger le moins moderne. Le lecteur ne manquera pas de souligner partout l'emploi du millimètre comme unité de mesure, mais alors il se demandera pourquoi les calibres restent exprimés en lignes. Quant aux figures, elles seraient parfaites au tableau noir avec les commentaires de l'habile artiste à ses élèves. Le lecteur, privé de ce complément, exigera sans doute qu'une prochaine édition soit mieux illus- trée, dût le prix du volume être augmenté. ET INDEX Tel qu'il est, ce livre honore l'enseignement des Ecoles de Genève, dont il fixe le côté pédagogique si bien compris. Indispensable au praticien, à l'élève stu= dieux, il sera également consulté avec fruit par toute personne s'intéressant à l'horlogerie. A. LeBeur, Directeur de l'Observaloire de Besançon: Bresson (Henri). — La Houille verte (Mise en. valeur des moyennes et basses chutes d’eau en France). Préface de M. pe NANSOUTY. — 1 vol. in-S0,# de 278 pages, avee 126 figures, publié sous les aus pieces du Ministère de l'Agriculture. (Prix : 7 fr. 50.X Dunod et Pinat, éditeurs. Paris, 1906. | Il a été beaucoup parlé de l'utilisation des grandes. chutes d'eau en pays de montagne. Mais qui donc son geait à vulgariser l'emploi, en vue de la production den l'énergie électrique, de ces mille petits cours d’eau qui sont cependant un des éléments de la richesse de notre pays? r( C'est la tâche à laquelle s'est voué M. Bresson. Il a. d’abord prêché d'exemple, il a eu la joie d’être suivi, ets, ce sont les résultats de ces expériences qu'il nous fait“ connaître. Ils servent de base à l'œuvre de vulgarisation qu'entreprend l’auteur : nous souhaitons que son livre soit lu et médité. LR: 4 2° Sciences physiques Gay (Jules), Docteur ès sciences, Professeur honoraire de Physique au Lycée Louis-le-Grand. — Lectures scientifiques. Physique et Chimie. — {1 vol. 1n-12 de 806 pages avec liq. (Prix cartonné: 5 fr.) Hachette et Cie, éditeurs, 79, boulevard Saint-Germain, Paris, 1906. « La Science repose sur les faits; elle est l'œuvre de l'observation et des siècles; elle doit, pour être com- prise, s’étudier à ses sources, et l'exposition en serait incomplète et fausse si le tableau du présent était mis sous nos yeux sans tenir compte des droits et des tra vaux du passé. » Ces paroles de J.-B. Dumas semblent la meilleure introduction aux Lectures scientifiques de M. J. Gay; elles les expliquent et les justifient. Laissant, à d’autres le soin d'écrire l'histoire de la science, lau- teur s’est borné à en marquer les étapes principales, en empruntant aux savants eux-mêmes l'exposition et l'histoire de leurs découvertes. C’est ainsi qu'on trou- vera, à côté d'extraits des Mémoires originaux des grands savants, depuis Newton et Huyghens jusqu'à Pasteur et Berthelot, des études sur la science et les savants signées des noms de Dumas, Biot, Joseph Ber= trand, etc. Les lectures sont groupées dans l’ordre habituellement suivi dans les traités de Physique et de Chimie. Grünwald (F.), /ngénieur. — Manuel de la Fabrica- tion des Accumulateurs. Première édition fran- caise, traduite sur la troisième édition allemande par M. Pauz GRÉGOIRE, ingénieur. — À vol. in-12 de 248 pages et 9% figures. (Prix : 5 fr.) H. Deslorges, éditeur. Paris, 1906. Cet ouvrage est écrit par un ingénieur rompu à la pratique des accumulateurs : c’est dire qu'on peut le consulter et le lire en toute sécurité. Le style et la forme en sont lourds, les détails souvent encombrants, mais on se sent sur un terrain solide, et c'est là l’es- sentiel. La fabrication des accumulateurs occupe la plus grande partie de cet ouvrage, mais tout ce qui touche 2 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 995 à la question des accumulateurs y est également traité réaction aux électrodes, densité du courant, charge ét décharge, emploi des accumulateurs, etc.). Il n’est pas nécessaire, pour aborder la lecture de ce livre, d'être déjà au courant des lois et phénomènes de Pélectrolyse ; l'auteur s’est donné Ja peine d'en fournir une explication sommaire très suffisante, qui permet, | en particulier, de se rendre compte de toutes les réac- | tions secondaires qui se produisent pendant la charge | et la décharge des accumulateurs. | Des développements importants sont donnés aux “matières premières employées dans la fabrication et à Ja mise en œuvre de ces matières (fort intéressants sont, à ce propos, les chiffres indiqués sur les augmen- “tations de volume du plomb par suite de son oxydation et de sa sulfatation). Le maniement et l'entretien des accumulateurs, les conjoncteurs et les disjoncteurs comportent également des développements intéressants. Un appendice donne le texte des règlements allemands concernant la fabrication et l'installation des accumu- lateurs au plomb. La lecture de ces règlements permet de juger avec quelle sévérité s'exerce en Allemagne le contrôle sur l'industrie, en réalité fort dangereuse, des | au plomb. | : Le traducteur, M. Grégoire, a fait œuvre fort utile en permettant aux ingénieurs français de connaître l'industrie des accumulateurs telle qu'elle est pratiquée en Allemagne. A. Hozzarp, Chef du laboratoire central des Usines de la Cie française des métaux. Porcher (Ch.), Professeur à l'Ecole Vétérinaire de Lyon. — De la lactosurie (Monographies cliniques du Dr CriTzManN). — 1 broch. in-8°, Masson, éditeur. | Paris, 1906. Le mode de formation des principes immédiats du lait est une question fort mal connue : l'origine de l’un . de ces éléments, le lactose, a fait, dans ces derniers temps, l'objet d'études importantes de la part de M. Ch. Porcher, qui nous présente aujourd'hui une - monographie de ce sujet. Nul mieux que lui n'était qualifié pour cette œuvre. Après avoir retracé l'histoire chimique du lactose + et étudié les procédés de recherche de ce composé, M. Porcher démontre que l'origine première du sucre - de lait est dans le glycogène hépatique, lequel livre » au sang du glucose ordinaire : ce dernier n'est trans- | formé en lactose qu'au moment précis où s'exerce l'activité de la mamelle, et cette transformation ne se - poursuit qu'autant que la glande continue à fonction- - ner. C'est ainsi que l’ablation des mamelles chez une femelle en pleine lactation provoque en quelques heures l'apparition du pouvoir réducteur des urines, précédemment normales : le sucre qui apparaît après l'opération est du glucose. De mème, si on fait saillir une chèvre privée de ses mamelles, immédiatement après le part, on constate de l'hyperglycémie suivie d'une glycosurie intense. La matière première est toujours le glucose; l'activité de la mamelle est la condition indispensable de la transformation de ce dernier en sucre de lait. M. Porcher étudie ensuite avec beaucoup de soin la lactosurie et la glycosurie ante partum; il montre que ces deux phénomènes sont justiciables de l'explication - que nous venons d'en donner : le sein élimine en pre- mier lieu du glucose, l'activité fonctionnelle du foie s'exagérant tout d'abord ; puis le glucose fait place au sucre de lait quand la mamelle entre à son tour en fonctionnement. L'auteur établit ici avec beaucoup de discernement la délimitation entre l'élimination de ces sucres et le diabète vrai ; il montre aussi, chemin faisant, que la glycosurie ante partum est un signe favorable et permet de prévoir que la femme enceinte sera bonne nourrice. Au cours de la lactation, il existe un état d'équilibre entre le foie et la mamelle : si cet équilibre est rompu, l'un des deux sucres apparait dans l'urine, suivant que l'insuffisance de fonctionnement atteint la mamelle ou le foie. Ainsi, la diminution du nombre des tétées, le se- vrage, les abcès du sein provoquent la lactosurie post partum; ilen est de mème toutes les fois que le lait n’est pas consommé entièrement. Ces faits expliquent bien toutes les particularités, en apparence déconcertantes, que présente la lactosurie durant la lactation, et la fièvre vitulaire, bien connue des vétérinaires, permet à l’auteur de montrer, par des exemples bien choisis, le mécanisme de l’excrétion du glucose ou du sucre de lait qui apparaissent l’un et l’autre au cours de cette affection, suivant que, la sé- crétion mammaire étant arrêtée et la traite suspendue, le lactose passe en petite quantité ou, au contraire, en forte proportion quand la glande a conservé presque toute son activité. Le type à glycosurie intensive serait d'origine bulbaire et apparaïtrait dans l'urine des animaux dont la mamelle ne fonctionne plus. Un chapitre consacré à la lactosurie alimentaire complète cette très intéressante monographie, où M. Porcher apporte la contribution de travaux person- nels remarquables et d'un esprit scientifique aussi précis que bien informé. D: L. HuGouxeno, Professeur à la Faculté de Médecine de Lyon. 3° Sciences naturelles Gonnard (Ferdinand). — Minéralogie des départe- ments du Rhône et de la Loire. Annales de l'Uni- versité de Lyon. Nouvelle serie. I. Science, Médecine, fase. 10, de 122 pages avec 31 fiqures dans le texte. (Prix: 4fr.), À. Rey, Lyon, et J.-B. Baillière, Paris, 1906. La Minéralogie utilise les méthodes des sciences mathématiques, physiques et chimiques ainsi que celles des sciences naturelles; elle s'applique aussi bien aux sels qui sortent des laboratoires des chimistes qu'aux minéraux de la Nature. Elle fournit, par suite, un champ d'études particulièrement vaste à ceux qui la cultivent, en leur permettant de s'orienter dans les directions les plus variées, suivant leurs goûts et leurs aptitudes. Elle ne compte malheureusement que trop peu d'a- deptes en France. Les questions qui se rapportent à l'histoire naturelle iles minéraux sont particulièrement délaissées, malgré leur intérêt intrinsèque et l'importance des conclusions géologiques qu'il est possible de tirer de beaucoup d'entre elles. Dédaignées par les cristallographes phy- siciens, qui ne les connaissent que de fort loin, elles épouvantent beaucoup de naturalistes par la multipli- cité des connaissances exactes qu'implique aujourd'hui la détermination précise d’un minéral. Aussi voit-on peu à peu, pour le grand dommage de la science, les études minéralogiques se localiser de plus en plus dans les laboratoires de quelques grandes villes, et disparaître, sans ètre remplacés, ces curieux de la Nature, jadis si nombreux dans tous les coins de la France, qui s'attachaient à fouiller minutieusement ‘le sol de leur petite patrie, réunissaient avec passion des collections, souvent riches en documents intéres- sants ou même précieux, qu'ils communiquaient libéra- lement aux spécialistes quand ils ne les étudiaient pas eux-mêmes. Si ces savants modestes, éloignés des cadres universi- taires, sont aujourd'hui plus rares que jadis, il en existe cependant encore quelques-uns : M. Ferdinand Gonnard est l’un des plus avertis et des plus convaincus d’entre eux; je n'ai pas oublié le temps où, jeune collégien, j'allais échauffer mon goût naissant pour les minéraux à la flamme de son enthousiasme et de sa science. Excellent cristallographe, habile naturaliste, auteur de travaux estimés sur les minéraux du Massif central et notamment d'une Ainéralogie du Puy-de-Dôme qui a eu deux éditions, M. Gonnard publie aujourd'hui une étude des minéraux du Lyonnais, sous le titre de 1/1- néralogie des départements du Rhône et de la Loire. 996 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX vateur avisé qui a vu ce qu'il décrit, tous les minéraux antérieurement signalés dans cette région et ceux qu'il y à lui-même rencontrés; il énumère leurs formes et indique leurs conditions de gisement. L'étude de quelques espèces est particulièrement complète; je fais allusion à un silicate d’alumine, la dumortiérite, et à une zéolite, l'offrétite, qui ont été découvertes par M. Gonnard; enfin à la calcite de Couzon et à la ches- sylite (ou azurite) de Chessy, dont la richesse en formes cristallines à, depuis plus d'un siècle, rendu célèbres ces deux localités Iyonnaises. Ce petit livre sera consulté avec fruit par tous ceux qui s'intéressent à la minéralogie de la France ; puisse- t-il contribuer à rappeler l'attention des Lyonnais sur la science qui fut en grande faveur chez eux, il y a quelque trente ans! L'Université de Lyon à honoré M. Gonnard et s'est honorée elle-même en acceptant, sur la proposition de M. Offret, professeur à sa Faculté des Sciences, d'in- sérer ce Mémoire dans ses Annales, qui, jusqu'ici, ont surtout publié les travaux de ses maitres et de leurs élèves. C'est là une excellente conception du rôle des Universités provinciales, qui doivent attirer à elles et aider toutes les bonnes volontés dont elles sont en- tourées. A. Lacroix, Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle. Darboux (G.), Stephan (P., Cotte (J.), Van Gaver (F.). — L’Industrie des pêches aux Colo- nies (Exposition coloniale de Marseille, 1906). — 2 vo. grand i5-8° de 261 pages avec 2 planches et 516 pages avec 18 planches. Barlatier, éditeur. Marseille, 1906. Les expositions, pendant qu'elles durent, attirent et instruisent la foule; elles peuvent garder, après avoir fermé leurs portes, un intérèt réel en ayant provoqué une synthèse abondante de documents, inventaire utilisable dans le présent, et tableau rétrospectif pour l'avenir. L'Exposition coloniale de Marseille, qui vient de se clore, laissera une (race des plus honorables. Elle a amené, à Marseille même, la publication d'une sorte d'Encyclopédie coloniale dont font partie les deux volumes que nous analysons ici. Les auteurs, en les composant, ont eu pour objec- tif de rassembler le plus possible de renseignements économiques; ils n’ont pas perdu de vue qu'il s’'agis- sait d'applications de la Science et non de science pure. On pourrait regretter qu'il n'y ait pas dans leur ouvrage plus de documents sur la faune marine de nos possessions coloniales. Mais, à supposer même qu'on eût voulu en accumuler, on eût été, le plus souvent, arrêté par la pénurie des faits précis connus. Il est à souhaiter, comme ils l'indiquent, qu'on comble ces lacunes, que, par exemple, la Mission scientifique per- manente d'Indo-Chine s'adonne à cette tâche pour les eaux françaises d'Extrême-Orient. Au reste, de ces initiatives existent déjà. Le Gouvernement de nos établissements d'Océanie a fait appel, en ces dernières années, au concours d'un naturaliste expérimenté, M. Seurat, qui, en étudiant la biologie des Mollusques perliers dans les lagoons, a recueilli beaucoup de docu- ments fauniques, et le Gouvernement de la Côte Occi- dentale d'Afrique s'est attaché un autre zoologiste, M. Gruvel, pour étudier les problèmes zoologiques connexes de la pèche. Le premier des deux volumes est d'ordre général. Un chapitre d'introduction pose les principales ques- ions, théoriques et pratiques (connaissance de la faune, réglementations, industries annexes de la pêche, engins, colonisation maritime, débouchés), qui se re- trouveront à propos des diverses régions. Puis vient une suite d’études sur les divers groupes zoologiques auxquels appartiennent les principaux produits de la pèche : les Poissons, le plus important de ces groupes, sont traités rapidement, parce que leur étude complète eût nécessité des développements trop considérables et que, d’ailleurs, de nombreux ouvrages existent sur eux. On s'est done contenté de rappeler les principaux problèmes pratiques qui se rattachent à l'industrie de leur pêche (migrations, destruction et protection, pis- ciculture, conservation et transport, fabrication du poisson sec, fumé, salé, etc.). On s'est étendu davan- tage sur des groupes pour lesquels les faits sont moins connus du public et ont été moins coordonnés : tels sont les Mollusques et l'industrie de la nacre et des perles (les recherches biologiques de ces dernières années ont fourni, sur le mécanisme de la production des perles, des renseignements importants, qui pour: ront guider peut-être dans une voie pratique de producs tion) ; tels sont aussi les chapitres sur le Corail et celui sur les Eponges. Le second volume, le plus long, est une succession de monographies surnos diverses colonies. Il est natu rellement difficile de le résumer ici. Chacun de ces chapitres, à côté de données zoologiques essentielles, renferme une étude économique de la main-d'œuvre les conditions de vente des produits, les questions de réglementation, l'emploi des divers engins, les trans- formations qu'on peut désirer ou espérer. Aucun ou- vrage n'offrait réunis tous ces renseignements pour les diverses parties de notre domaine colonial. Les auteurs, rapprochés constamment par leurs fonctions mêmes, ont pu les coordonner avec beaucoup d'unité de vue et de netteté. Leur livre est clair et agréable à lire en même temps que commode à consulter. M. CAULLERY, Maitre de Conférences | à la Faculté des Sciences de Paris. 4° Sciences médicales Lacassagne (A.), Professeur de Médecine légale à la Faculté de Médecine de Lyon. — Précis de Méde- cine légale. — 1 ro/. in-8° de 89 pages avec 112 fi- gares. (Prix : 10 fr.) Masson et C®, éditeurs. Paris, 1906. Faisant partie d’une collection de précis médicaux, le livre de M. Lacassagne s'adresse avant tout au médecin, mais peut-être tout autant au magistrat. On s'en aperçoit en constatant que M. Lacassagne a donné presque le même développement aux questions inté- ressant plus particulièrement le magistrat (identité et identification, responsabilité criminelle et capacité civile, etc.), qu'à celles qui sont du ressort de la médecine légale proprement dite (coups et blessures, morts violentes, avortement criminel, etc.) Il ne saurait du reste en être autrement, étant donnée la collaboration de plus en plus étroite du médecin et du magistrat, collaboration que réclamait déjà Ambroise Paré quand il disait que « les jurisconsultes jugent selon qu'on leur rapporte ». Parmi les nombreuses questions que l'auteur a eu à aborder dans son livre, il en est qui seraient lues avec fruit par tous ceux qui s'intéressent à l'Hygiène sociale et à l’'Anthropologie, auxquelles la Médecine légale touche par plus d'un côté. Je signalerai notamment les pages que M. Lacassagne consacre aux signes de la mort et aux inhumations, à l'identification des récidi- vistes, aux crimes familiaux, à l'infanticide, etc. La plupart de ces questions sont accompagnées d’un his- lorique montrant l'évolution de chacune d'elles à travers les civilisations et les époques qui se sont succédé. On comprend alors que l’auteur ait pu dire que la Médecine légale est une science intimement liée au développe- ment moral de l'homme. Dr R. Roue, Préparateur à la Faculté de Médecine de Paris. The British Guiana Medical Annual for 1905, édité par M. C. P. Kennard. — 1 vol jn-8 de 132 pages avec figures. {Prix : 6 fr. 25.) T'he Argosy Company, éditeur. Demerara, 1906. Ce volume est la réunion des travaux des médecins de la Guyane britannique pendant l'année 1905; il ren- rme plusieurs contributions intéressantes à la Méde- ine tropicale. Signalons, en particulier, le Mémoire de M. J.E. God- frey, chirurgien général de la colonie, sur lankylo- stomiase, qui fait de rapides progrès parmi les émi- ants indiens des plantations de canne à sucre. ‘infection, due à l'A. duodenale, se fait par la crasse dhérant aux mains et aux outils des travailleurs, par la peau, et éventuellement par l’eau de boisson. Des esures énergiques s'imposent pour empêcher la pro- pagation de l'affection : en particulier, le recueille- ent des matières fécales dans des tinettes mobiles et leur enfouissement profond. M. Q. B. de Freitas recom- mande, d'autre part, l'emploi du £-naphtol comme vermifuge dans l'ankylostomiase. Le Rev. J. Aiken et M. E. D. Rowland ont établi une faune préliminaire des moustiques de la Guyane. Ils sont parvenus à identifier 33 espèces, en se basant sur la classification de Theobald. C'est là un travail de grande valeur, étant donné le rôle que jouent plusieurs moustiques dans l étiologie de certaines maladies. Mentionnons encore un Rapport de M. J. Teixeira sur la variole dans la colonie, surtout commune chez les noirs (84, 86 °/, des cas); une communication de M. C. P. Kennard sur l’anémie aigüe, sorte d’anémie de cause encore obscure, et enfin les vues très person- nelles de M. J.E. Ferguson sur la malaria, — dans l’appa- rition de laquelle il attribue une grande importance aux conditions météorologiques, — et qui se rapprochent M. Kelsch à l'Académie de Médecine. 5° Sciences diverses Binet (Alfred), Directeur du Laboratoire de Ps logie à la Sorbonne. — L'âme et le corps. — 1 vol. in-12 de 288 pages. (Prix : 3 fr. 50.) E. Flammarion, éditeur. Paris, 1906. Abandonnant pour un temps les méthodes précises de la Psychologie expérimentale, M. Binet a voulu traiter un problème de Métaphysique : celui des rap- ports de la matière et de l'esprit. Qu'est-ce que la matière? Nous n'en savons rien. Nous ne connaissons d'elle que des sensations. Qu'est- ce que l'esprit? Nous ne le savons pas davantage. Mais, * dans la sensation, nous pouvons distinguer la chose | sentie et « le fait de sentir », l’objet connu et l'acte de » connaissance. Cet acte, c'est l'esprit. La sensation, qui | est « de nature mixte », à la fois phénomène physique ; | | et phénomène psychique, nous permet de saisir le rapport de l'âme et du corps : « toute sensation est un fragment de matière percue par un esprit » (p. 88, . note). L'esprit percoit immédiatement le courant qui . circule dans notre système nerveux, chargé d’apports déposés par les i impressions externes. Et si l’on demande pourquoi nous n'avons pas conscience de percevoir les vibrations cérébrales, M. Binet répond que leur monotonie endort la conscience, tandis que la variété des éléments étrangers charriés par le flot nerveux retient l’attention. Seule la matière possède une vie complète et autonome : certains de ces « fragments » sont percus, et c'est la série discontinue de ces percep- tions qui constitue la vie de l'esprit. Telle est, en résumé, la doctrine de M. Binet. Est-ce bien une théorie métaphysique des rapports de l'âme et du corps? Elle serait très incomplète : on ne nous parle guère de l’action physique de la volonté. C'est plutôt une théorie de la perception extérieure. S'il fallait la classer, ce n’est pas, comme son auteur, de celle d’Aristote, mais de celle d’Epicure, que nous serions tenté de la rapprocher. Sans doute, M. Binet ne dit pas, comme Epicure, que des fantômes, détachés de l'objet, voltigent dans l'espace, traversent nos organes et viennent s'imprimer sur notre cerveau. Mais il dit formellement que la sensation est matérielle, et que « le courant nerveux renferme toutes les propriétés de l’objet, sa couleur, sa forme, sa grandeur, ses mille BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX sur certains points de celles qu’exposait récemment” détails de structure, son poids, ses qualités sonores, étc., cachées » — il est vrai — « par les propriétés de l'organe nerveux dans lequel le courant se propage » (p- 254). Et c’est à la manière d'Epicure qu'il explique les fantaisies de l’imagination. Les hallucinations sont vraies en un sens, Car, maté ‘rielles et venues du dehors, les images ne peuvent pas ne pas correspondre à du réel. Mais l’ordre en est bouleversé. Et c'est ce trouble qui cause l'erreur (p. 88, note). Toutefois, ce nouvel Epicure, quelle que soit la dé- fiance qu'il éprouve à l'égard de l'idéalisme, n'est pas sans avoir subi l'influence de Berkeley et des physiolo- gistes phénoménistes. Il admet que « nous percevons les choses toujours telles qu’elles sont », que « nous percevons toujours des noumènes » (p. 112). Mais il prend évidemment le mot dans un sens inusité, car il proclame en même temps que nous ne saisissons pas les substances (bid., note). Il reproche longuement aux mécanistes leur prétention de pénétrer l'essence de la matière. Si nous comprenons bien sa pensée, il soutient que la connaissance sensible ne défigure pas son objet, mais que cet objet n'est pas le substrat métaphysique des choses. Bien qu'il refuse le titre de phénoméniste, il le mérite. Ce réalisme phénoméniste résout-il le problème de la perception extérieure? Il se contente, à notre avis, de le supposer résolu. Dire d’une part: nous ne con- naissons la matière que par les sensations, et de l’autre : Ja sensation, c'est un fragment de matière perçue par un esprit, c'est dire : nous connaissons la matière par la connaissance de la matière. L'originalité du livre de M. Binet consiste surtout dans une réponse ingénieuse à cette question : si l'esprit percoit la matière cérébrale, d'où vient qu'il ne le sait pas? Mais cette question n'est pas la seule qu'on puisse adresser au réalisme. Pauz LApie, Professeur-adjoint à l'Université de Bordeaux. Deinbhardt (K.) et Schlomann (A.), /2génieurs. — Dictionnaire technologique illustré en six lan- gues : français, italien, espagnol, allemand, anglais, russe. Tome 1 : Les éléments des ma- chines (et les outils les plus usités pour travailler le bois et les métaux), par P. STULPNAGEL. — 1 vol. in-18° de 403 pages avec 823 figures. H. Dunod et E. Pinat, 49, quai des Grands-Auqgustins. Paris, 1906. Voici un dictionnaire conçu sur un tout autre plan que les ouvrages analogues usuels. Au lieu d’y être classés par ordre alphabétique, les différents termes y sont groupés par branches auxquelles ils se rapportent, et, d'autre part, ils sont accompagnés de dessins, for- mules où symboles universellement admis et compris de tous, qui en caractérisent complètement la signifi- cation et la portée. Une table des matières, placée au commencement, indique les diverses divisions de l'ouvrage; une nomenclature alphabétique, placée à la fin, donne en une série unique {ous les termes des cinq langues francaise, allemande, anglaise, italienne et espagnole, cités au cours du volume {avec page de renvoi); les mots russes seuls ont été ordonnés en une série distincte. Cette disposition assure une grande économie de place et permet néanmoins, grâce à la rangée alphabétique unique, de retrouver rapidement un terme quelconque. Tous les mots ont été recueillis directement dans les bureaux et usines des pays cor- respondants, et plusieurs ont été ainsi fixés pour la première fois. Le Dictionnaire comprendra une douzaine de volumes format de poche. Le premier et le seul paru est relatif aux éléments des machines (divisés en vingt-trois sec tions : écrous, clavettes, rivets, arbres, etc.), et aux outils usuels {divisés en ee sections : étaux, tenailles, enclumes, marteaux, etc.). Un appendice est consacré aux termes de dessin. NUE nous sommes servi avec profit de ce petit volume et nous ne doutons pas qu'il ne rende également service à d'autres. LZ 998 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 5 Novembre 1906. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. L. Autonne pré- sente ses recherches sur certains groupes linéaires. — M. A. Korn étudie les potentiels d’un volume atlirant dont la densité satisfait à l'équation de Laplace, — M. Leveau a délerminé les perturbations de Vesta dépendant du produit des masses de Jupiter et de Mars. | 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. L. Besson à observé de nouveau, le 29 octobre, l'arc tangent supérieurement au halo de 46°. Les détails de cette observation con- firvment pleinement la théorie de Bravais. — M. P. Vil- lard montre qu'une cathode en activité émet des rayons qui transportent des charges positives; dans un mélange d'O et d'H, les corpuscules cathodiques pro- voquent de préférence la luminescence de lO; les par- ticules positives n'illuminent, au contraire, que FI, — M. Ed. Branly est parvenu à établir, entre un poste transmetteur et un des postes récepteurs d’une instal- lation de télémécanique sans fil, une correspondance exclusive, indépendante de la syntonisation. — M. K. Wallerant a observé quatre modifications polymor- phiques des cristaux liquides d’oléate d'ammonium. — M. H. Baubigny, à propos des expériences récentes de MM. Bruni et Padoa, réclame un droit de priorité quant à l'étude de l'influence de la tension de IPS sur les solutions salines, neutres ou acides, lors de la formation des sulfures métalliques. — MM. C. Cha- brié et F. Levallois, en attaquant la tantalite par la potasse, ont observé le dégagement de vapeur d’eau et d'hydrogène ; ces gaz sont dus à la réduction de la polasse par le proltoxyde de fer du minéral, qui se transforme en sesquioxyde. — M. W. Oechsner de Coninck à observé que le sélénium qui se sépare par repos du sulfoxyde SeSO* constilue une variété nou- velle, brune, tantôt claire, tantôt foncée, faiblement et lentement soluble dans CS°. — M. A. Haller à constaté que tous les glycérides (corps gras), placés en milieu alcoolique renfermant de petites quantités d'acides, peuvent subir lalcoolyse, avec formation de glycérine et d'éthers-sels de l'alcool et de lacide gras. Cette transformation constitue un moyen très pratique pour la préparation de certains éthers el aussi une nouvelle méthode d'analyse qualitative des matières grasses. — M. P. Freundler montre que le chloral butyrique, obtenu dans la chloruration de la paraldéhyde, ou plutôt son hydrate, se comporte comme une sorte d'acide bibasique, donnant des alcoolates (éthers acides) et des acélals (éthers-sels), — M. Tiffeneau, poursui- vant ses études sur la migration phénylique dans léli- mination de HI des iodhydrines, l'explique par la structure à valences pendantes des composés inter- médiaires formés. — M. J. Lavaux montre que le diméthylanthracène A, lun des trois corps obtenus par lui dans la réaction de CHECE sur le toluène, est le 4:6-diméthylanthracène. — M. L. Hug'ouneng a étudié la elupéovine, albumine qu'il à extraite des œufs du Clupea Harenqus. Elle paraît formée à peu près des mèmes matériaux que la vitelline de l'œuf de poule. — M. Al. Hébert a constaté que les sulfates de Th et de Zr sont nocifs pour la levure de bière, la diastase et lémulsine, aux doses très faibles de 0,5 à 1 gramme par litre; les sulfates de Ce et de La ne paraissent pas avoir d'action sensible sur ces organismes. 39 SCIENCES NATURELLES. —: M. J. Sabrazès a observé, dans le liquide des kystes spermatiques, des macro- phages émanés des parois, qui résorbent en partie les spermatozoïdes immobiles dans le liquide. — M. g. Salmon lire de ses études la conclusion que lés mons- tres ectroméliens représentent des variations squelet= tiques très diverses, dans lesquelles l'arrêt de dévelop= pement vrai ou arrêt de formation n'entre que pou une faible part. — M. 9. Tur rejette dans son ensembles en lant que cause de la polygenèse, la théorie de lan concrescence primitive, comme contraire à tous les faits connus de l’embryologie des monstres composés — M. P. Lesage à constaté que la germination des spores de Penicillium dans un champ électrique est retardée par rapport à celle de spores témoins. — M. À. Lacroix à examiné un minéral, provenant de l'ile de San Thomé, et constitué par du phosphate” d'alumine hydraté, un peu ferrifère, formé aux dépens du trachyte sous-jacent sous l'influence des déjections des oiseaux de mer. — M. Ph. Négris estime que las base du mont Ithôme, en Messénie, est formée de grès ancien et calcaire, et au-dessus de flysch éocène, — M. E. Haug a étudié les dislocations de la bordure du Plateau central, entre La Voulte et Les Vans (Ardèche); elles paraissent dues à un soulèvement épirogénique du Plateau central. — M. C. Renz précise nos con- naissances sur les terrains jurassiques de la Grèce occidentale, — M. E. Jourdy, par la considération du substratum archéen du globe, éclaire le mécanisme des actions géodynamiques. — M. Grand’Eury montre, par l'étude de la flore du boghead d'Autun, que les graines connues sous le nom de Carpolithes variabilis doivent ètre rattachées aux Callipteris conferta et dérivés. Séance du 12 Novembre 1906. 41° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. F. Riesz recherche dans quels cas les méthodes de la théorie des ensembles de points peuvent s'appliquer à la théorie des en- sembles de fonctions. — M. Gambier présente ses recherches sur les équations différentielles du second ordre et du premier degré dont l'intégrale générale est à points critiques fixes. — M. Læœwy poursuit l'exposé de sa méthode pour la détermination des erreurs de divi- sion d'un cercle méridien. — MM. C. Féry et G. Millo- chau, en se basant sur leurs mesures de l'émission calo- rifique du Soleil et en corrigeant les résultats de l'absorption probable due aux atmosphères solaires, arrivent à une valeur de 6.100° pour la température du noyau. — M. M. Stefanik déduit de son étude photo- graphique des raies telluriques dans le spectre infra- rouge du Soleil, observé au sommet du Mont-Blanc, que les groupes À 7.950, 8.200 (Z), 9.150 et probablement 9.000 sont attribuables à la vapeur d'eau. — M. J. Guil- laume communique ses observations du Soleil faites à l'Observatoire de Lyon pendant le troisième trimestre de 1906. Le nombre des groupes de taches a augmenté environ de moitié et leur surface totale d’un tiers. Les groupes de facules ont un peu diminué en nombre et en étendue. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — MM. A. Perot et Laporte ont déterminé exactement la valeur relative des étalons lumineux Carcel, Vernon Harcourt et Hefner; elle peut s'exprimer par les chiffres 4 : 1,004 : 0,0930. — M. M. Guichard à constaté que la solution brune obtenue dans la réduction en liqueur acide de l'acide molyb- dique par le molybdène renferme, non un sel de bioxyde, mais un sel de l’oxyde Mo*0*; on en est con- duit à penser que le bioxyde de molybdène ne donne pas de sels. — M. M. Berthelot, à propos d'expériences récentes, rappelle ses observations déjà anciennes rela- PURE. sommeil sébrandagere À pi ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 999 tives aux équilibres éthérés et aux déplacements réci- proques entre la glycérine et les autres alcools. — | M.P. Lemoult a déterminé les chaleurs de combustion et de formation de quelques amines. Les quatre buty- .Jämines primaires isomères possèdent la même chaleur : de combustion. — M. R. Fosse montre que l'atome d'O . fermant le noyau pyronique de la xanthone paralyse Paction de l'O cétonique sur l'hydroxylamine et la phé- nylhydrazine. Au contraire, l'atome d'O fermant le yau pyranolique du xanthydrol communique à OH groupement carbinol secondaire la faculté d'agir er Phydroxylamine et la semi-carbazine. — M. H. fech, en faisant réagir le chlorure de benzyle p-nitré r l'acétylacétone sodée, a obtenu la di-p-nitrobenzyla- étone, F. 229°, et un corps goudronneux qui, par ydrolyse, fournit la p-nitrophénylbutanone, F. 400-410. 30 SCIENCES NATURELLES. — M. J. Lefèvre propose de compléter, en Physiologie, la notion mécanique pure par l'introduction, dans les calculs d’énergétique ani- Male, d'une nouvelle quantité qu'il appelle l'équivalent “énergétique moteur du travail résistant. — M. Leclerc du Sablon a observé que le Blastophage existe norma- lement sur les Caprifiguiers du Gard, du Vaucluse et de lArdèche. D'autre part, les Caprifiguiers peuvent pro- duire des graines non seulement dans les figues d’au- “tomne, mais encore dans les figues d'hiver. — M. A. Lacroix décrit quelques produits des fumerolles de la récente éruption du Vésuve, en particulier des inéraux arsénifères et plombifères : réalgar, galène (signalée pour la première fois au Vésuve), cotunnite. — M. Deprat signale l’existence en Corse de porphyres mquartzifères alcalins et d'un remarquable gisement “ d'orthose à Partinello, près de Vico. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 30 Octobre 1906. MM. P. Reynier, Yvon et Cadiot présentent res- - pectivement les Rapports sur les concours pour les Prix Bourceret, Nativelle et Saintour. — M. P. Poirier fait remarquer l'ignorance où nous sommes encore de la nature, de l’origine et des causes du cancer et mon- tre le grand intérèt qu'il y aurait à ce qu'en France une institution centralisät et coordonnât les tra- vaux publiés sur le cancer et suscität des initiatives et des travaux nouveaux. Passant au problème particu- lier du cancer de la langue, l’auteur recommande lablation totale et bilatérale des territoires lympha- tiques de l'organe par une opération large et précoce. Cette opération, surtout lorsqu'elle est pratiquée à temps, est relativement peu grave et permet d'obtenir des guérisons. Le cancer de la langue s’observe sur- tout chez les fumeurs et les syphilitiques. — M. Kelsch apporte de nouveaux arguments en faveur de la trans- mission probable du paludisme par des agents autres que les Anophèles. Aïnsi l'infection paludéenne se manifeste à Tomsk (Sibérie) dès le mois de mars et atteint son maximum en avril, par des températures qui ne s'élèvent guère au-dessus de zéro, et par con- séquent sans le concours des moustiques qui font complètement défaut à cette époque de l’année sous ce climat extrême. On peut citer un grand nombre de cas analogues. Séance du 6 Novembre 1906. MM. A. Gilbert, P. Poirier et Chauffard présentent respectivement les Rapports sur les concours pour les Prix Godard, Meynot et Clarens. — M. Kelsch com- munique, au nom de la Commission permanente de vaccine, un Rapport à la suite duquel l'Académie émet le vœu que les listes établies par les soins du Ministère de l'Intérieur embrassent avec exactitude et méthode » tous les actes des vaccinations et revaccinations pu- bliques. En particulier, il faudrait : soumettre d'office aux vaccinations et revaccinations les enfants des | nomades et les nomades eux-mêmes ; recommander rigoureusement l'inscription sur les certificats du résultat positif ou négatif de l'inoculation ; revacciner à l’école les enfants de 6 à 10 ans, si le certificat exigé pour l'admission est négatif ; revacciner de même les enfants de 14 ans avant leur sortie de l’école. — M. Grancher apporte, en son nom et en celui d’une quinzaine de collaborateurs, le résultat des examens de dépistage de la tuberculose ganglio-pulmonaire, chez 4.226 garcons ou filles des écoles de Paris. La moyenne des enfants atteints est d'environ 45 °/ (11,167 °/, à l’école de la rue Blomet, 19,55 °/, à celle de la rue Championnet). Chez le plus grand nombre, la maladie en est à la {re étape ; 3 enfants seulement ont présenté de la tuberculose ouverte et été envoyés à l'hôpital. L’essai de traitement, qui a consisté en un petit repas supplémentaire d’une ou deux cuillerées de poudre de viande et d'autant d'huile de foie de morue, a donné des résultats nuls, ou insuffisants. I] faudrait faire davantage : 1° soit placer les enfants atteints de tuberculose légère et fermée dans des familles de campagne où un traitement hygiéno-diététique leur serait assuré ; 2 soit, ce qui serait préférable, envoyer les enfants à la campagne dans un sanatorium-école, où ils continueraient leurs études sous la surveil- lance étroite d’un médecin. Séance du 13 Novembre 1906. M. E. Bourquelot présente le Rapport sur le con- cours pour le Prix Capuron. — MM. F. Widal et H. Martin signalent deux cas de dysenterie bacillaire mortelle développée à quelques jours de distance chez un père et son enfant qui vivaient tous deux dans des conditions hygiéniques irréprochables. L'origine pro- bable de ce foyer isolé paraît être dans de vieilles étoffes du Japon, pays où la maladie est fréquente, achetées huit jours avant l'apparition de l'affection et avec lesquelles l'enfant avait joué. — M. Berger, à propos de la communication de M. Poirier, insiste sur la gravité de l'opération large pour le cancer de la langue, mais montre qu'elle permet d'obtenir des gué- risons durables. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 3 Novembre 1906. M. L. Camus a constaté, chez le chien, qu'une bonne alimentation favorise la résistance à l’intoxication par l’absinthe et l'alcool. MM. H. Labbé, Lortat-Jacob et Boulaire ont reconnu que liode injecté dans l’or- ganisme sous forme de médicaments iodés a une grande affinité pour le tissu lymphoïde, rate et gan- glions en particulier. — M. de Sinéty estime que les résultats, différents des siens, obtenus par M. Chaboux dans l'étude de la glande de Bartholin, tiennent à ce que ce dernier a étudié des sujets adultes, alors que le premier avait observé des sujets très jeunes. — M. A. Laveran a étudié une tumeur du genou enlevée à une négresse du Sénégal; on y rencontre en abondance un microcoque rose en zooglées, que l’auteur nomme M. Pelletieri. — MM. L.-C. Maillard et A. Ranc montrent que les impuretés du chloroforme dans le dosage de l’indoxyle par la méthode de sulfonation peuvent être la source de graves causes d'erreur. — M. P. Carnot a reconnu que l’hyperglobulie provoquée par l'injection d’hémopoïétine est réelle et qu'elle est comparable, dans sa genèse et ses résultats, à la réno- vation sanguine, intense et immédiate, provoquée par la saignée. — MM. A. Gilbert et P. Lereboullet ont relevé, dans le nassé de nombreux diabétiques, la plu- part des manifestations qui relèvent de la diathèse d'auto-infection. — MM. J. Jolly et A. Vallé ont cons- taté que la plupart des corpuscules endoglobulaires décrits par Schmauch dans le sang du chat, sinon tous, répondent simplement à une altération banale et bien connue, due à la technique employée el aussi à l’alté- rabilité assez grande du sang du chat. — M. A. Mayer 1000 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES | a observé que la mucine et lovalbumine forment un complexe insoluble dans Peau, soluble dans les solu- tions d'électrolytes dilués et coagulable par la chaleur. La mucine et la pepsine donnent un complexe ana- logue. — M. H. Iscovesco à reconnu que le liquide amniotique humain contient deux espèces d’albumines: l'une électronégative et l'autre électropositive, et une seule globuline électronégative. M. A. Lagriffoul montre que la méthode de Jousset (ou inoscopie) rend d’utiles services pour la recherche du bacille de Koch au sein des diverses humeurs de lorganisme. — MM. E. Dalous et G. Serr ont étudié les variations de structure de l’épithélium du tube contourné à l'état normal et au cours de diurèses provoquées. — M. P. Remlinger conclut de ses expériences que, chez le lapin tout au moins, l'anthracose pulmonaire se pro- duit par inhalation et non par injection. —MM. M. Gom- pel et V. Henri ont constaté que l'argent colloïdal électrique à petits grains peut ètre introduit, mème à forte dose, sans produire aucun effet physiologique nuisible sur l'organisme. — M. Laignel-Lavastine a étudié par la méthode de Cajal les neurofibrilles sym- pathiques chez le cobaye, le lapin et le chien; elles sont rigoureusement iptracellulaires. La continuité fibrillaire extra-cellulaire d’Apathy n’est donc pas con- firmée. — M. Basset a reconnu que, chez le lapin, l'anthracose pulmonaire n'est pas d'origine digestive; dans les conditions physiologiques, toutes les pous- sières charbonneuses ingérées sont expulsées avec les fèces. — M. H. Vallée recommande de déshydrater par- faitement les bacilles tuberculeux lorsqu'on se propose de les dégraisser. — M. Ch.-A. François-Frank à ana- lysé graphiquement les mouvements du sternum, des côtes et de l'abdomen chez les oiseaux pendant la res- piration. SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES Séance du 18 Octobre 1906. La Société remet la Médaille Longstaff à M. W. N. Hartley pour ses recherches en Spectrochimie. M. W. N. Hartley a analysé spectroscopiquement une météorite tombée au Pundjab en 1897. Les prin- cipaux constituants de la partie métallique sont Fe, Ni, Co, Cr, avec de petites quantités de Cu, Ag, Pb et Ga; la partie rocheuse est formée surtoutde silicates de.Ca et Mg. — MM. S. Kitchin et W.G. Winterson onl exa- miné un minéral radio-actif trouvé en Norvège à Hit- teroe et Arendal, la malacone. W est constitué par un silicate de zirconium, 3Zr 02.2 SiO®, et dégage par chauf- fage de l'hélium et de l'argon. C'est le premier minéral connu qui dégage de largon; son émanation ne paraît pasidentique à celle du radium. —M. O. Silberrad, en condensant lacide mellitique avec le résorcinol, à obtenu trois séries de produits, qui sont des dérivés mono, di-et tri-xanthydryliques; l'acide pyromellitique forme également des dérivés mono- et di-xanthydry- liques. Bien que ces corps ne paraissent pas avoir des formules du type quinonique, ce sont néanmoins des matières intensément colorées et fortement fluores- centes. — MM. A. W. Crossley et N. Renouf ont constaté qu'il est possible de séparer les acides ax et 88-diméthyl-adipiques en se servant de leur différente solubilité dans l'eau saturée de HCI et dans un mé- lange de chloroforme et de pétrole léger. — Les mèmes auteurs ont reconnu que l'action de KOH al- coolique sur le 3-bromo- 1: 1-diméthylhexahydro- benzène donne un mélange de 4 : {-diméthyl-4? et de 1 : 4-diméthyl-A'-tétrahydrobenzène. — MM. F. H. Lees et F. Tutin, en hydrolysant le bromocodéide par l’eau, ont obtenu un mélange de bases isomères avec la codéine, d'où ils ont isolé, par cristallisations frac- lionnées, une base À, FE. 1459-1450,5, lan — — 2056, et une base B,F.1700-1710, [al ——155°. Cette dernière doit èlre considéréecomme l'isocodéine; la base A serait un mélange moléculaire d'isocodéine et d'unautre isomère plus lévogyre, qui n'a pu encore ètre préparé à l'état pur. Ces isomères sont produits par la racémisation de deux atomes de C asymétriques dans une molécule qui doit nécessairement contenir un 3° système asymé- trique. — MM. W. A. Tilden el D. F. Blyther ont préparé un acide amidodicarboxylique dérivant du pinène et décrivent plusieurs de ses dérivés. — MM. W A. Tilden et F. G.Shepheard, en réduisant le nitroso-n pinène par Na etl'alcool amylique bouillant, ont obtenu principalement la dihydropinylamine, Eb. 1989-1990, qui, sous l’action de l'acide nitreux, se transforme en pinocamphéol. — M. F. S. Sinnatt propose une mé- U thode de détermination des nitrates basée sur la cons version de ceux-ci en acide picrique au moyen de l'acide phénolsulfonique, et l'estimation de l'acidem picrique formé par le trichlorure de titane. — M. H: M. Dawson à constaté l'existence, dans les solutions: ammoniacales de cuivre, d’un composé complexe dis= sociable contenant quatre molécules d'AzH* par atome de cuivre. — MM. A. G. Green et P. F. Crosland ont montré que, dans l’action des alcalis caustiques sur l'acide p-nitrotoluènesulfonique, il se forme d'abord un acide dinitrosostilbènedisulfonique instable et très oxydable AzO. C5H* (SO*H). CH : CH. (SO*H) C'H*. AzO" qui est le point de départ pour la formation des colo= rants stilbéniques. Deux molécules de ce corps se condensent pour donner l'acide dinitroazodistilbène= disulfonique Az0?. (SO$H) C‘H5.CH : CH. CHF (SO*H). Az : Az. (SOSH) C'A5.CH : CH. C'H*(SO“H). Az0°, qui estle jaune- vert de la série; la réduction des deux groupes nitrés, d'abord dans un groupe azoxy, puis dans un groupe azo, donne le jaune-rouge et l'orange. —M. E. A.Wer- ner à obtenu, avec le tétraiodopyrrol C'AZHE, les come, posés d'addition C?Az HEC et C'AZHPCF. Par l'action du CI sur les iodures de sulfonium ou ceux d'ammo= nium tétrasubstitués, il se forme des composés RCI IC, qui sont décomposés par la chaleur en corps RI. ICI plus stables. — M. J. Moir, en mélant des solutions de benzidine et de CrOf, a obtenu le chromate d'un produit d'oxydation de la benzidine de formule C®H5AZ, qui ressemble à la cœrulignone, L'action de CrO$ sur la 3 : 3/-dibromo-5 : 5’-tolidine donne l'homo= logue vert du corps précédent. — Le même auteur à préparé de nouveaux dérivés du diphénol, entre autres ses acides sulfoniques et un dibromodinitrodiphénol, F.237°. — MM. P. C. Ray et P. Neogi, en faisant réa= gir les éthylsulfates sur les nitrites alcalins et alealino- Lerreux, ont obtenu à la fois du nitrite d’éthyle et du nitroéthane. — MM. T. S. Price et D. F. Twiss, en électrolysant une solution aqueuse concentrée de thio= sulfate d’éthyle sodé, ont obtenu à l'anode du disul- fure de diéthyle, ÆEb. 152. Avec le thiosulfate dé benzyle sodé, il se forme le disulfure de dibenzyle, K,70°. — MM. J. N. Pring el R. S. Hutton, en faisant réagir l'hydrogène sur le carbone à haute température, ont observé la formation d'acétylène à partir de 1.700; elle est maximum vers 2.800. — M. O. C. M. Davis, en faisant réagir le sulfure d'azote dissous dans Île chloroforme sec sur certains chlorures métalliques dissous dans le même solvant, à obtenu des composés tels que SnCP. 2Az:S*, SCI. Az'S' et MoCI5. Az'S!. AVEC les chlorures de Tu et de Ti, Il y a d’abord réduction, puis formation des corps TuCI'. Az'S* et TICIS.AZ'S!, — M. J. Moir propose de déterminer comme suit les halogènes : la substance est pesée dans un petit creuset de nickel, puis additionnée d'un peu d'eau et de KOH pure et chauffée ; on ajoute alors un peu de per= manganale en poudre, on évapore à siceité et chauffe au rouge sombre. On dissout dans une solution diluée de bisulfite, neutralise par l'ac de acétique et précipite l'halogène par le nitrate d'Ag. l £ , L. BRUNET. Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER. | | Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 23 15 DÉCEMBRE 1906 DIRECTEUR : Revue générale Soenc pures el appliquées LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. $ 1. — Astronomie Pourquoi la Lune nous paraïit-elle plus Lerosse à l'horizon qu'au zénith? — Un travail récent de M. Claparède vient de remettre cette fameuse question en honneur, et la revue du 30 août dernier à donné un résumé des conclusions auxquelles cet auteur “est arrivé. ; Nous pensons très sincèrement que M. Claparède est loin d'avoir résolu le problème, mais nous sommes de son avis lorsqu'il dit qu'il en faut chercher la solution “dans une question de Psychologie. Dans l’article précité dû à M. le D' Sulzer, l’auteur, “passant très succinclement en revue les différentes hypothèses proposées depuis des siècles pour éclaircir “ce point obscur, parle d'une explication soutenue par plusieurs auteurs, et qui me paraît répondre à toutes les exigences. Il m'a semblé que cette explication est encore la meilleure et qu’elle vaudrait mieux qu'une réfutation en quatre lignes. Rappelons très brièvement aux lecteurs le problème à résoudre : Tout astre parcourant le ciel dans le mou- “ement diurne paraît diminuer de diamètre apparent à “mesure qu'il s'élève au-dessus de l'horizon. Le phéno- mène, très sensible pour le Soleil et la Lune, reste “encore vrai pour les constellations, dont les proportions augmentent notablement du zénith à l'horizon. Dans les circonstances analogues, nous commettons habi- “luellement une erreur grossière, lorsque nous voulons arquer dans le ciel l'endroit où finit l'arc de 45 degrés “compilé de l'horizon au zénith. 4 —… D'où peut provenir cette erreur invincible que tout le monde commet, aussi bien les astronomes habitués aux mesures que les gens du peuple n'ayant aucune notion du diamètre apparent? Avant de résoudre le problème, il faut bien s'entendre sur différents points de nature à éclairer le sujet. L'appréciation de la grosseur d’un objet éloigné est un acte assez complexe, dans lequel entrent une foule d'éléments subjectifs très variables. Interrogez cent personnes sur la grosseur apparente de la Lune, presque toutes vous diront qu'elles la voient rosse comme une assiette, sans préciser davantage. Si on demande des explications, l'interlocuteur ne com- REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. Aûresser tout ce qui concerne la rédaction à M. L. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des rravaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE prendra pas de prime abord. On insiste en posant la question suivante : « Où placez-vous l'assiette? » et l'on voit quelqu'un prenant pour la première fois con- science de la notion du diamètre apparent.Continuez le raisonnement : « La Lune, direz-vous au personnage en question, vous paraît grosse comme une assiette; très bien, mais à quelle distance placez-vous l'assiette? Votre objet sera d'autant moins gros qu'il sera plus éloigné, du moins efi apparence. » Neuf fois sur dix, cette question n'est pas comprise. Pour la plupart des personnes, une assiette vue à 30 centimètres ou à 4 mètres doit avoir la même grosseur, car il entre dans l'appréciation de la grandeur l'élément distance, dont elles tiennent compte inconsciemment. On peut formuler ainsi une règle générale : 1° Montrez à quelqu'un un objet à lui connu placé à une distance facilement appréciable, cet objet sera apprécié comme si l'interlocuteur le mesurait réelle- ment. Exemple : Montrez une cheminée surmontant une maison et demandez de quelle épaisseur parait la cheminée, on vous répondra : 40 ou 50 centimètres; on évalue l'épaisseur réelle de l’objet; 2° Montrez maintenant au même interlocuteur un objet lointain situé à un nombre de kilomètres absolu- ment inconnu de lui et d'une grosseur réelle qu'il ne connait pas, une tour par exemple. Aussitôt et incon- sciemment, il changera son mode d'évaluation : « D'ici, dira-t-il, l'épaisseur de cette tour perdue dans le loin- tain ne parait avoir que quelques centimètres. » Cette erreur est tellement commune qu'elle subsiste chez beaucoup de personnes instruites, même pour les objets de dimensions connues. Demandez à quelqu'un, situé à 15 kilomètres de Paris, de quelle grandeur il voit la tour Eiffel. Il lui viendra rarement à l'idée de vous répondre qu'il la voit s'élever à une hauteur de 300 mètres : « Elle me paraît avoir un ou deux mètres de hauteur », vous dira-t-il. Les aéronautes, dans leurs descriptions de voyages aériens, disent presque toujours que, de la nacelle, on voit les hommes grands comme des fourmis. Dans un même ordre d'idées ne vous souvient-il pas d'avoir lu dans des journaux, même scientifiques, des descriptions de chutes de météores en ces termes : « Ce bolide paraissait avoir 15 centimètres de diamètre »? 99 23 jugeons plus pe- 1002 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Demandez à l’auteur ce qu'il a voulu dire. D'abord, il n'entendra rien à votre question; mais, sil finit par comprendre qu'il faut se donner une distance pour préciser la grandeur d'un objet à l’aide d'une unité de mesure, il adoptera la distance de la vue normale, celle de la vision distincte, par exemple, soit 25 centimètres environ. Eh bien! làencore, il se trompe grossièrement. Il n'arrivera jamais à quelqu'un qui n'est pas habitué à des mesures d'angles de comparer le disque de la pleine Lune à un pain à cacheter placé à la distance de 23 centimètres, et cependant un pain à cacheter dans ces conditions serait encore beaucoup trop large el éclipserait une portion du ciel trente fois plus grande en surface que le disque lunaire au moment où notre satellite est le plus près de la Terre et nous offre un diamètre apparent de 33! 30". Ainsi, dès que la distance n'entre plus en compte, nous sommes complètement déroutés pour apprécier la grosseur d'un objet. Certaines conditions contribuent aussi à nous tromper sur la distance, par conséquent sur la grosseur. Nous en citerons deux seulement, invoquées dans le cas qui nous occupe : les points de repère et lintensité de l'éclairement. A l'horizon, la Lune prend place dans le paysage et nous avons des points de repère ; ceux-ci nous manquent au zénith; nous jugeons l'astre plus rapproché; son diamètre apparent ne variant pas sen- siblementpour notre œil, nous le tit. Telle est la raison souvent in- voquée. Elle nous parait fort incom- plète. L'illusion persiste, en effet, L' Porter as: aussi biensurmer /#% #8 ; Fig en temps calme que dans laplaine, * alors que les points de repère font absolument défaut, surtout la nuit. L'intensité de l'éclairement d'un objet nous ren- |! seigne habituellement sur sa distance approximative. Cela est vrai généralement; mais, dès qu'on en arrive aux applications particulières, on commet de très grosses erreurs. Dans certaines contrées, où l'air est très pur, où les lignes d'horizon sont nettement décou- pées, un individu habitué au climat parisien se trom- | perait étrangement sur la distance et la grosseur des objets éloignés. Les règles du clair-obscur changent suivant les pays et les latitudes. Au moment où un astre se lève, #es rayons nous | arrivent après avoir traversé une couche d'atmosphère | plus épaisse qu'au zénith; son éclat étant diminué, nous devons le voir plus gros. Cette condition, qui entre en ligne de compte bien certainement, n'est cependant pas suffisante, car tout le monde se souvient | d'avoir vu assez souvent le Soleil, par certains jours brumeux d'hiver, nettement découpé sur le fond du ciel: eh bien! même à midi, il ne faisait pas l'effet d'un gros soleil se levant à l'horizon. La raison donnée par M. Claparède ne nous parait pas meilleure, et nous rangeons dans la même caté- corie celle de M. Blondel. L'un etllautre font appel à l'intérêt qu'ont pour nous les objets situés dans la partie | du ciel voisine de l'horizon. Cette théorie, qualifiée d'affective, devrait tout expliquer. Or, voici deux faits qu'elle n’explique pas : Considérez dans nos latitudes ane constellation circumpolaire telle que la Grande Ourse, par exemple. Lorsque les principales étoiles sont disposées à peu près horizontalement, la hauteur moyenne de la constellation est voisine de 45°. Six heures après, elle passe près du zénith et paraît très rapetissée. Ce phénomène, que j'ai souvent fait remar- quer à des personnes s'intéressant fort peu à l’Astro- nomie, est inexplicable dans la théorie affective: Je vois pas comment une constellation à 45° de haute intéresserait le public plus que la même constellatit à 80°. De même, pourquoi un savant habitué à compte les angles est-il toujours tenté de donner une grandeur plus forte à l'arc de 45 degrés s’il le compte de l'horizot au zénith? A Il faut, en effet, chercher l'explication de tous ce phénomènes dans des erreurs de jugement, donc da une théorie psychologique, et celle qui rend compl des différents cas est la théorie de la voûte surbaissée Le Il est incontestable qu'un même objet paraît d tant plus grand que nous le projetons sur un for plus éloigné. Exemple : le soir, regardez le fil inca descent d’une lampe électrique, puis, brusquemen portez les yeux sur un fond éloigné : l’image négati de la lampe pourra occuper toute la facade d’un maison. 2 [] est non moins certain que la voûte du ciel.m nous paraît pas hémisphérique, mais surbaissée. même astre sera donc jugé par nous à des distan différentes : plus éloigné à l'horizon, il devra not paraître plus gros qu'au zénith, son diamètre appare n'ayant pas changé. L'illusion provient uniquement, cette cause : la preuve expérimentale est facile. Do le monde peut la répéter. Regardez le Soleil au mom! où il est très bas à l'horizon, puis tournez la tête rizontalement facon à proje les images né tives rétinien sur un autre po du ciel. Si vor avez soin d'ent tenir ces image en ouvrant et fer mant rapidemer les paupières, "ot RÉEL aurez devant vo Le un ou plusieur disquessolairesd la même grosseur que celui que vous avez regar la couleur seule aura changé. Avant que ces ima négatives aient disparu, inclinez peu à peu la tète arrière de façon à projeter successivement l'image, d disque sur tous les points compris entre l'horizon etl zénith: vous serez frappé de voir le cercle luminek diminuer de diamètre à mesure; vers le zénith, passera par la grandeur minimum el vous représen tera à peu près comme grosseur celle du Soleil v midi en élé. Deux points lumineux près de l'horizon et situés une distance angulaire connue donneraient de mên des images négatives paraissant se rapprocher vers zénith. M. Claparède objectera à ceci que la Lune paral sait, pour les personnes qu'il a interrogées, plus rappae chée à l'horizon qu'au zénith. C'est l'effet d’un doub jugement très explicable. L'horizon parait plus éloigné que le zénith; l'astx projeté occupant la même place, par un jugemet purement réflexe, c'est-à-dire instinctif, nous l’e mons plus gros. Que l’on nous questionne maintenant sur la dista de l'objet. Instantanément nous ferons le raisonnem suivant : Un même objet est d'autant plus gros qi est plus rapproché; donc la Lune à l'horizon doit à plus proche qu'au zénith ét nous ne voyons dans cette manière presque inconsciente de raisonnemen aucune contradiction. Ne Le problème nous semblera donc complètement solu si nous expliquons pourquoi le ciel, l'espace qui est au-dessus de nos têtes, prend l'apparence d'une voûte et, de plus, celle d'une voûte surbaissée. Si l'on y réfléchit un instant, il semble qu'il serail difficile qu'une autre forme convienne mieux ab apparences que nous voyons. & La Terre nous parait toujours plate et les formations CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 1003 es passant au-dessus de nos tètes, emportées vent, semblent, quelques heures plus tard, toucher n. Il en est de mème des étoiles. Le mouvement il ét de la Lune contribue à nous entretenir étle illusion. À la distance où nous sommes, s astres se projettent sur le même fond que tréons de toute pièce. Le ciel, que nous ayons des études d’Astronomie ou que nous soyons ants, tourne d'un seul bloc, et la sphère seule t à ce mouvement. Dans la journée, les nuages ous jugeons peu éloignés sont disposés véritable- ‘en forme de voûte. Le soir, si quelques nuages tent, nous voyons clairement les étoiles situées rière, mais nous n'avons aucune raison, puisque distance nous est inconnue, de ne pas les disposer lèlement à la couche nuageuse. Lorsque, pendant l'atmosphère est limpide et sans nuages, nous ons la voûte du ciel qui recevra, la nuit venue, 5 les étoiles. Il y a là une illusion d'ordre psycho- ue très explicable. La voüte céleste doit donc avoir ème forme que la voûte nuageuse, car nous n'avons ne raison de l’imaginer autrement. @1 admis, nous pouvons remarquer que cette voûte Buse, disposée parallèlement à la surface terrestre, t en réalité sphérique, est plus près de nous au h qu'à l'horizon (fig. 1). lon insiste en disant qu'il est difficile à un obser- F de savoir si les nuages du zénith sont plus le lui que ceux qui bordent l'horizon, par le fait 8 de l'absence de points de repère, nous ferons rquer que ces points de repère ne sont pas néces- absolument. Il est facile de se rendre compte rement de la différence de distance par d’autres rt] S formations nuageuses ne sont pas disposées de la he facon dans les deux cas. drsque le vent, surtout s'il est violent, pousse les tes, le maximum de vitesse à toujours lieu au zé- et, comme il n'y à pas de raison d'imaginer qu'il le plus fort en cet endroit, il devient évident quecela lù au fait que les nuages sont plus rapprochés. Ces üples, qu'on pourrait multiplier, sufliront ample- à nous montrer comment se fait l'acquisition de notion de voüle surbaissée, que les enfants possè- «de très bonne heure. tte explication très simple d'un phénomène remar- depuis longtemps me parait de nature à satisfaire les esprits; elle a l'avantage de s'appliquer à tous et, pour notre part, nous ne chercherons pas la solution d'un problème qui a hanté plus savant et d'un psychologue. L'Abbé Th. Moreux, Directeur de l'Observatoire de Bourges. $ 2. —_ Physique effets élastiques résiduels dans le cristallin. — Les nombreuses recherches imentales ou théoriques faites sur l’élasticité rési- le; depuis la découverte de ce phénomène, sont que exclusivement relatives à l'allure de leffet tune déformation donnée. Les lois ainsi trouvées ésSument par les formules générales établies par & Boltzmann. Cette facon d'envisager les phéno- és ne conduit pas, cependant, à une explication ique satisfaisante de leur essence. MS une thèse inaugurale récemment présentée à la Hé des Sciences de Munich, M. A. Joffé' étudie Bfacon approfondie les effets d'élasticité résiduelle Se produisent dans le quartz cristallin. Cette sub- £,est d'une rigidité presque parfaite; ses limites Slicité et de résistance mécanique coincidant, ES. ses déformations sont élastiques. Sa grande ance mécanique et sa dureté augmentent la pré- Munalen der Physik, n°9 10, 1906. cision qu'il est possible d'atteindre. D'autre part, on obtient le quartz à un grand degré de pureté et sous les dimensions nécessaires; il n'est pas sujet à se fendre facilement. Ses propriétés ayant été, du reste, étudiées avec soin dans toutes les autres directions, le quartz peut ètre considéré comme corps étalon. Voici les principaux résultats trouvés par l’auteur : On ne réussit pas, avec les moyens utilisés pour l'expérience, à démontrer l'existence d'un effet résiduel d'élasticité de flexion. Dans les plaques de quartz déformées sans excitation électrique, l'effet résiduel, dans l'intervalle de une seconde à une heure, après une déformation antérieure de quatre-vingts heures, est inférieur à 0,000.07 de la flèche de flexion, tandis que, dans le verre ordinaire, il atteint plus de 2 °/, de la déformation. La déformation résiduelle accompagnant exclusi- vement la piézo-électricité est une déformation élec- trique secondaire, due à la disparition de la piézo- électricité. L'allure de cet effet résiduel est accélérée par l'exposition aux rayons du radium, aux rayons X, à la lumière ultra-violette, ainsi que par les accrois- sements de la température. Cette influence est d'autaut plus forte que l’action a été continuée pendant plus longtemps avant l'expérience d'élasticité résiduelle. Elle subsiste mème après la cessation de l’action et ne disparait que fort lentement, réduisant en même temps la sensibilité que possède le quartz relativement aux expositions ultérieures. Cette perte de sensibilité est permanente; on n'y remédie par aucun moyen. L'influence d’un rayonnement ou d’un accroissement de la température se traduit, en général, par une aug- mentation de la conductibilité électrique, plus grande suivant la direction de l'axe principal que normalement à ce dernier. Parmi les verres étudiés, le verre 0,102 (GC. Zeiss) se distingue par une élasticité résiduelle tout particuliè- rement petite, seize fois moindre que celle d’une plaque en verre ordinaire. L'élasticité résiduelle n'est point modifiée d'une facon sensible, dans ce dernier cas, par les expositions aux rayons précités. Telles sont, en résumé, les intéressantes observations de M. A. Joffé, qui couduisent à attribuer au quartz une place lout à fait à part parmi les autres substances. $ 3. — Electricité industrielle Locomotive monophasée des chemins de fer suédois. — La caractéristique de cette locomo- tive, qui a été fournie récemment par la Société Wes- tinghouse à l'Etat suédois, c’est le voltage de 18.000 vols au trolley pour lequel l'équipement est prévu. Des con- nexions spéciales permettent, toutefois, d'employer des voltages plus bas, mais de 3.000 volts au moins. Cette haute tension a exigé l'emploi d’un auto-transfor- mateur à refroidissement d'huile. On se propose d’es- sayer diverses tensions pour se rendre compte de la tension la plus favorable dans les conditions de ces chemins de fer. Le contrôle est électropneumatique; il comporte un compresseur actionné par un moteur monophasé, un moteur à air sur le régulateur d'induction et des sou- papes à électros. Les freins pueumatiques et les sableurs à air sont alimentés par le même compresseur. Il y a deux connecteurs à chaque bout de la locomotive, de sorte que deux locomotives peuvent se coupler et se commander par un rhéostat qui se trouve au milieu de la cabine. La locomotive équipée pèse 25 tonnes et porte sur quatre roues motrices de 1.20 millimètres. Il y à deux moteurs de 150 chevaux (25 périodes) engrenant à 18 : 70 avec un essieu chacun. La vitesse prouvée est de 40 milies à l'heure avec 70 tonnes de charge. Les petits appareils de commande se trouvent seuls dans la cabine et l'installation est de nature à présenter toute facilité et toute sécurité pour le conducteur. 100% CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 4. — Chimie lait. — Il y à une grande importance pour les Jai- tiers-nourrisseurs à connaître la composition des laits jouveau procédé d'analyse chimique du qu'ils fournissent au consommateur. Aujourd'hui, la plupart de ces industriels possèdent un petit laboratoire, où ils peuvent faire eux-mêmes l'essai de leurs produits. Malheureusement, si les méthodes d'analyse du lait sont nombreuses, les unes, rapides, donnent souvent des résulats insuffisants, tandis que les autres, longues et minutieuses, demandent un laboratoire bien outillé et un préparateur habile. Frappé de cet état de choses, j'ai essayé de mettre à la portée de toute per- IF à sonne ayant quelques connaisances CO) chimiques un procédé d'analyse BI simple et rapide. Voici, en particu- 1(Q) lier, la méthode que je préconise ( pour le dosage des deux éléments les plus importants du lait : le beurre et la caséine; elle met en œuvre un procédé indiqué antérieu- rement par MM. Trillat et Sauton, au moyen d'un pelit extracteur que j'ai imaginé. Dans une communication faite à l'Académie des Sciences le 26 mars 4906, MM. Trillat et Sauton ont fait connaitre la propriété très intéres- sante que possède l’aldéhyde for- nique d'insolubiliser la matière al- buminoïde du lait, qui précipite à l'état de poudre offrant à l'action des’acides et des alcalis une résis- tance remarquable, qui permet de la purifier par lavages à l'eau sans crainte de la redissoudre partielle- ment. Me basant sur ces indications, j'introduis 40 centimètres cubes de lait dans un vase à précipitation chaude, en ayant toujours soin de laisser glisser le lait contre les pa- rois du vase, puis j'y ajoute 2 vo- lumes d'eau distillée. Je porte à l'ébullition pendant cinq minutes; le liquide est alors additionné de 5 gouttes de formol. On porte de nouveau à l’ébullition trois minutes, on abandonne au repos cinq mi- nutes, puis l'on traite le liquide par 5 centimètres cubes d'alcool à 65° contenant 5 grammes d'acide acé- tique par litre. On agite : la préci- pitalion doit être immédiate; le précipité pulvérulent est recueilli sur un petit filtre à plis taré. On le lave :plusieurs fois à l’eau distillée jusqu'à ce que les eaux de lavage ne donnent plus aucune réaction au papier de tournesol. Puis, quand le filtre s’est complètement égoutté à l'air libre, on arrose le précipité avec 10 centimètres cubes d'alcool à 90°, contenant 0,5 gr. d'acide acétique par litre. Enfin, le filtre est retiré de l’entonnoir avec précaution et introduit dans l'appareil d'épuisement qui séparera les matières grasses entrainées par le précipité. Cet appareil (fig. 1) se compose d'un cylindre en verre de 48 centimètres de longueur sur 3 centimètres de diamètre, fermé à sa partie supérieure d'un bouchon percé d'un trou sur lequel s'adapte un réfrigérant À. La partie inférieure du cylindre est fermée par un bouchon en liège fin percé de deux trous dans le premier passe le tube B, qui va de C en D où il est lécèrerment coudé: le second recoit le tube E, qui va Fe : 1. — Appareil 1 dépuisement pour l'analyse chimique du lait. — À, réfri- gérant ; CBD, tube pour le pas- sage de léther vaporisé; FEG, tube à robinet pour le retour de l'éther con- densé au bal- lon H. de F en G et est muni d'un robinet. Ces deux tube de verre aboutissent dans le ballon H. ‘% Pour mettre l'appareil en marche, je procède façon suivante : J'enlève le réfrigérant placé à la pat supérieure de l'appareil d'épuisement; puis j'introdu le filtre et son contenu à épuiser, en le laissant gl tout doucement contre les parois du cylindre. Je alors 60 centimètres cubes d'éther dans le ballon: {aré à la balance de précision, puis je ferme solidemt toutes les ouvertures de mon appareil. Je mets marche la circulation d'eau du réfrigérant et je ch le ballon à feu nu avec une très petite flamme. LA entre en ébullition et passe par le tube B pour se condenser dans le réfrigérant et tomber goutl goutte sur le filtre qu'il arrose. Pendant que se l'extraction, on tient fermé le robinet du tube Ee De l'ouvre que lorsque l’éther baigne complètemen iltre. Au bout d'une heure, l'opération est terminée filtre est retiré de l'appareil, puis desséché à lé à 100° pendant trois quarts d'heure; on pèse et la férence de poids entre le filtre et son contenu, mi pliée par 40, donnera les matières albuminoïd caséine du lait pour 100 parties du liquide à es D'autre part, on enlève le ballon de l’extracteur, on laisse évaporer l’éther jusqu'à siccité, puis ons pendant trois quarts d'heure à l’étuve à 100°. L'on.pê et la différence de poids entre le ballon conte l'extrait etle ballon taré vide, multipliée par 10, do les matières grasses ou beurre pour 100 parties des J'ai contrôlé par plusieurs méthodes et sur diffé laits cette manière d'opérer et j'ai toujours obten résulats très satisfaisants et d'une très grande e tude. E. Leturc. S 5. — Agronomie Le commerce des céréales en Frances La production des céréales est la branche la) importante, non seulement en France, mais 61 dans la plupart des pays du midi de l'Europem£t que ces graines forment la base de l'alimentation el les races latines, que le climat méditerranéen leur très favorable et que la main-d'œuvre est bean moins chère dans ces régions que dans les pay Nord. Par le fait de la concurrence de la Russie Etats-Unis et de quelques pays neufs comme gentine, l'Australie, le Canada, la monocultur céréales ne semble plus rémunératrice dans lesk de l'Europe occidentale. Mème dans nos départème du Nord, comme l'a fait remarquer M. Deman où cependant les rendements sont les plus & l'agriculteur doit s'appuyer soit sur l'élevage mé dique du bétail, qui fournit du fumier et donng produits d'une vente assurée, soit sur des assolemte scientifiques, dans lesquels entrera, par exemp (Q culture de la betterave, qui laisse la terré bien fi prète à recevoir le blé presque sans frais. C'ESt0l sens que la betterave mérite son nom de plante pon progrès. La France consacre aux céréales une étenduk oscille autour de 45 millions d'hectares el qui sente 28 à 29 0/, de la surface totale du pays moitié de cette surface est occupée par le blé,squisi trouve à l'heure actuelle en légère décroissance: 2 suit le même mouvement, tandis que lavoine avoir notablement augmenté, est actuellement tionnaire: j , Le blé se plait particulièrement dans ces limo a Beauce et de la Picardie qui se continuent à 0 ‘Europe jusqu'aux «terres noires » de la Russie ebql julonnent une des plus anciennes lignes de peus 1 Cf, P.-P, Denéran : La culture du blé en Franops A générale des Sciezzes, 1902, p. 762-775. — MAURICE LAÏ commerce des céréales en France. Fevue économique An nationale, 15 octopre 1905. it. Notre plus grand centre de production comprend fément les riches plaines du Nord et du bassin ien; c'est là aussi que, grâce aux progrès de la nique agricole, à l'introduction des assolements onnels et des engrais complémentaires, grâce à la étion des semences et au choix des espèces, on ibtenu les meilleurs rendements, jusquà une enne de 25 hectolitres par hectare. C'est préci- ent pour les mêmes raisons, et parce que la culture plus scientifique, que les pays de l'Europe sep- Wionale obtiennent des rendements plus élevés que ays du Midi, qui jouissent cependant de conditions elles plus favorables. La différence existe mème e nos départements de situation géographique dif- 660 millions d'hectolitres, vers 1840, la production luelle du blé s'est élevée, en 1905, à 419 millions, de sorte que la France vient actuellement au troisième des grands pays producteurs, après les Etats- et la Russie. Ces deux Etats ont une énorme è de l'accroissement de la consommation nationale. i les autres pays exportateurs, l'inde est caracté- 8 par l'extrème irrégularité de ses récoltes, consé- ice des mauvaises conditions climatiques. L'Aus- ie est un peu dans le même cas. La République sentine et le Canada, même le Chili sont appelés, œontraire, à gagner de l'importance, à mesure que wlonisation atteindra d'excellentes terres inoccupées actuellement consacrées à l'élevage. algré sa grande production, la France demeure èrement importalrice, même pour l'orge et l'avoine. seigle ne donne lieu qu'à un trafic insignifiant, üs lequel nous serions plutôt exportateurs. Depuis 38, nos exportations de blé n'ont jamais dépassé nos bortations. Une bonne partie de ces dernières nous Mournie par l'Algérie et la Tunisie, qui livrent à nos Micants de pâtes alimentaires d'excellents blés durs, hr lesquels nous sommes également tributaires de la ssie. Ba régularisation des prix est toute récente. « Les rs d'une place, écrit M. Maurice Lair, sont régis ins par les circonstances locales que par l’état du mché mondial; six ou sept grands centres font la loi nivers; la moindre fluctuation sur l’un d'eux se dercute sur les autres. Paris, Londres et Liverpool ëndent des nouvelles de New-York, de Chicago, Messa et de Calcutta, et ces marchés, de leur côté, bputent à quel moment précis sera atteint le point Mportation de leurs blés en Europe. Un nivelle- nt des prix s'opère même entre les régions éloignées. Be la rapidité des transports et la baisse des frets, n'est plus aisé que de faire rapidement parvenir …hlés là où la récolte a été mauvaise. En 1885, le msport d'un quintal de blé entre New-York et le re s'élevait à 3 fr. 70; en 1890, il tombait à 2 fr. 55; 1898, à 1 franc. La traversée de l'Atlantique coûte ins cher que le trajet du Havre à Paris. Aussi les érences d’un marché à un autre tiennent-elles ins aux frais de transport qu'à la diversité des lé- lations douanières ou aux variations du change. » Spays qui ont des changes dépréciés, soit par l'emploi papier-monnaie, soit par l'usage exclusif de la mnaie d'argent, bénéficient d'une sorte de prime xporlation de leurs produits; mais ce gain est wrablement compensé par les conséquences désas- uses qui résultent de la mauvaise situation écono- que du pays. Quant au droit d'entrée, il ne s'ajoute intégralement, mais il maintient un écart très Méciable entre le prix du marché protégé et celui marché libre. Entre Londres et Paris, la différence en moyenne de 5 à 6 francs par quintal, alors notre taxe douanière est de 7 francs. Pomme les autres produits agricoles, le blé a subi Mhaisse qui peut être évaluée à 25 °/, pour les vingl Hières années. La cause en est dans le grand déve- CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 1005 loppement de cette culture, encouragé par le fait que 6e D le blé est la céréale qui donne à l'hectare le plus gros produit brut. Cette dépréciation semble heureusement arrêtée. Si elle devait s'accentuer, nous verrions sans doute notre production se restreindre, étant donnée la différence qui existe actuellemententrele prix de revient et le prix de vente. Pierre Clerget, Professeur à l'Ecole supérieure de Commerce de Lyon. $S 6. — Sciences médicales Transmission des maladies infectieuses par les animaux d'appartement. — Le D' H. Letourneur (de la Ferté-Macé) avait publié l'arnée dernière ‘ un excellent travail sur ce sujet. Les DS Rem- linger et Osman-Nouri (de Constantinople) apportent de nouveaux faits. Ils racontent l'histoire d'une famille où la sœur cadette, soigneusement isolée de sa sœur ainée atteinte de scarlatine, fut contaminée par le,chat, qui se faisait caresser tour à tour par chacune d'elles. Aussi les auteurs ont-ils fait quelques expé- riences sur les chats et les chiens, en répandant, à même leurs poils, des cultures pures de différents bacilles ; or, ils ont trouvé que le bacille typhique con- serve sa virulence pendant seize ou dix-sept jours, le bacille de Lôffler pendant quinze à vingt-quatre jours, le bacille pyocyanique environ seize jours, et la bac- téridie charbonneuse au moins pendant deux mois. Il est donc tout à fait important d'empêcher ces animaux d'approcher des malades et de défendre aux enfants de les caresser. $ 7. — Géographie et Colonisation Le Congrès international pour lPétude des régions polaires. — De très nombreuses expédi- tions ont élé dirigées, comme on sait, depuis quelques années, vers les régions polaires arctiques et anlare- tiques. Il y a eu, entre les explorateurs des divers pays, une véritable rivalité de zèle et d’ardeur scientifique ; mais, si chaque expédition a, en ce qui la concerne, apporté une part de contribution, souvent des plus considérables, à l'étude scientifique des régions polaires, on pouvait regretter que ces recherches ne fussent pas dirigées d'un commun accord et suivant un plan d'en- semble. Cette unité de direction, à laquelle il était si désirable de voir se soumettre les expéditions polaires scientifiques, est désormais assurée par les décisions prises au Congrès de Bruxelles, en septembre 1906*. Il est nécessaire de rappeler que le Congrès interna- tional pour l'étude des régions polaires à été tenu à Bruxelles en exécution d'une décision prise, le 28 sep- tembre 1905, en réunion plénière, par le Congrès inter- national d'Expansion économique mondiale, réuni à Mons, qui ne semblait pas, par l’objet même indiqué par son titre, devoir s'intéresser à des régions où l'ac- tivité économique des peuples est si peu appelée à s'exercer. Cependant, à la suite d'une réunion de nombreux explorateurs polaires des plus éminents présents au Congrès de Mons, réunion tenue sous la présidence de M. Cyrille van Overbergh, directeur général de l'Ensei- gnement supérieur du royaume de Belgique, M. Le- cointe, directeur scientifique à l'Observatoire royal de Belgique, fut autorisé à soumettre au Congrès le projet de création d'une Association internationale pour l'étude des régions polaires, ayant pour but d'obtenir un accord international sur diverses questions dis- cutées de la géographie polaire, de tenter un effort général pour atteindre les pôles terrestres, d'organiser ———— 1 Thèse de Paris, 1905. 2 Hvq. gén. et appl., 1906, p. #83. 8 1] faut rappeler que des essais d'internationalisation des études polaires avaient déjà été faits par la Conférence de Gratz en 1875 et celle de Hambourg en 1879. 1006 des expéditions ayant pour objet d'étendre nos con- naissances des régions polaires dans tous les domaines, d'arrêter un programme des travaux scientiliques à exécuter dans les divers pays pendant la durée des expéditions polaires internationales. Le Congrès de Mons émit en conséquence le vœu : 4° de voir jeter les bases de cette Association en 1906, par la convocation préalable d'une assemblée générale des états-majors scientifiques et maritimes des expé- ditions polaires principales entreprises jusqu'à ce jour; 29 «le voir le Gouvernement belge prendre cette imitia- live auprès des Gouvernements des autres pays. C'est pour réaliser ce vœu qu'a été convoqué le Con- grès de Bruxelles. Il à tenu sa première réunion le 7 septembre 1906, sous la présidence de M. Beernaert, ministre d'Etat de Belgique. La composition de l’assem- blée outrepassait les limites prévues par le Congrès de Mons; on n'avait pas appelé seulement les membres des précédentes expéditions polaires, mais on avait demandé aussi aux Académies et aux Sociétés savantes de tous les pays d'envoyer des représentants; en même temps, de nombreuses adhésions privées accrurent aussi le chiffre des participants. Cette Assemblée était trop nombreuse pour entreprendre de discuter les sta- tuts de l'Association qu'il s'agissait de fonder; une Commission spéciale, composée en majorité des explo- rateurs polaires présents, fut chargée de ce soin et ses séances furent les véritables assises du Congrès. MM. Charcot et Rabot y présentèrent, au nom du groupe français', un projet de statuts d’une Commis- sion polaire internationale, analogues à ceux de la CGom- mission internationale de Glaciologie. Ce fut ce projet qui, dans son ensemble et sauf certaines modifications, lut accepté par la Commission, puis par l'Assemblée générale du Congrès. Sous le nom de Commission polaire internationale, c'est un organe permanent qui a été créé. Cette Com- mission à pour objet : 4° d'établir entre les explora- teurs polaires des relations scientifiques plus étroit 2° d'assurer, dans la mesure du possible, la coordina- lion des observations scientifiques des expéditions ; 3° de discuter les résultats scientifiques des expéditions ; 4° de seconder les entreprises qui ont pour objet l'étude des régions polaires pour autant que celles-ci le de- mandent, notamment en indiquant les desiderata scientifiques. La Commission s'interdit de diriger ou de patronner une expédition déterminée. La Commission se compose des représentants de tous les pays dont les nationaux ont dirigé une ou plusieurs expéditions polaires, où participé scientifiquement à une telle expédition, à raison de deux membres effectifs et de deux membres suppléants par pays. La Commis- sion pourra aussi admet{re dans son sein, à la majorité absolue, des représentants de pays ne répondant pas à ces conditions. Les membres effectifs et suppléants sont désignés par les Gouvernements ou les corps sa- vants des pays intéressés, et sont choisis de préférence parmi les explorateurs polaires, en ayant soin que chaque pays Soit représenté, autant que possible, par un explorateur arctique et un explorateur antarctique. Les statuts contiennent ensuite des articles relatifs à la durée des fonctions des membres, au mode de con- vocation, de réunion et de votation, et enfin une dis- position qui est à remarquer : c'est qu'il est strictement ! Le groupe francais se composait de MM. Charcot, Rabot, Joubin, Vélain, délégués du ministre de l'instruction pu- blique: Bertin, Charles Bénard, délégués de la Lique maritime française; Perez, délégué de la Société d'Océanographie: Gourdon, Turquetl, de la Mission antarctique francaise: isourdan, délégué de l'Académie des Sciences; Bergel. ‘délégué de l'Institut océanographique international: prince Roland Bonaparte, délégué de la Société de Géographie de Paris; Angot, délégué du Bureau central météorologique de France. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE interdit à la Commission de s'occuper d'opérations! financières. En dehors de la question de la création d'une Com- mission polaire, qui était le but principal du Congrès, 4 plusieurs sections spéciales avaient été constituées, et4 de leurs délibérations étaient sorties des propositio intéressantes. L En particulier, la Section de Météorologie et de } gnétisme, présidée par M. Angot, à fait adopter par Congrès les vœux suivants : 1° Que des recherche des études soient faites pour construire des enr treurs qui puissent être abandonnés pendant des# riodes plus ou moins longues dans des régions in bitées ; 20 Que les expéditions polaires soient munie d'un matériel de cerfs-volants pour l'étude des coul atmosphériques élevées; 3° Que des observations mé rologiques se fassent partout, dans les régions polai dans le but d'établir des relations avec celles faites concurremment dans les stations fixes: 4° Que De installe des stations permanentes dans les pays vois des pôles, partout où faire se peut, et des stations te poraires, aussi nombreuses que possible, pendant campagnes d'exploration. La Section d'Océanographie a donné son adhésion aux projets d'exploration de M. Charles Bénard d les régions arctiques et de M. Charcot dans les régi antarctiques. Rappelant la proposition de M. Are towski, demandant que les explorateurs visitent l'avenir les secteurs non encore connus', M. Chart® a déclaré que, s'il était seul à se diriger vers le pêl austral, c'est dans la région qu'il a déjà explorée qu se rendra à nouveau, mais que, reconnaissant à Belgique la priorité dans ce secteur, il étudierait un autre région si la Belgique préparait une expéditio dans celui-ci. Le projet d'exploration arctique de M. Charles Bén: offre cette particularité intéressante que l’expéditio serait composée de deux navires. Arrivés au bord d8 la banquise, ils pourront se séparer de 50, 60 80 milles, et tracer ainsi sur le bassin polaire deu lignes de sondages et deux lignes de dragages sous marins; ils constitueront ainsi deux observatoi météorologiques et magnétiques glaciaires flotta reliés entre eux par la télégraphie sans fil®. Le but 4 l'exploration dont M. Bénard à tracé le programme consiste principalement dans la détermination di limites, des formes et des caractères du bassin polaire et dans la recherche des lois qui régissent la mare des grands fleuves marins et aériens à travers la calot polaire, faits desquels dépend, dans une large mesure la météorologie de l'Europe. Gustave Regelsperger. $ 8. — Enseignement A la sortie de l'Ecole Polytechnique. Parmi les 122 élèves sortis de l'Ecole Polytechnique, le 8 octobre dernier, pour entrer à l'Ecole d’applica tion de l’Artillerie et du Génie, à Fontainebleau, ilw avait déjà, dans les premiers jours de novembre, quarante démissionnaires, soit le tiers. L | C'est là un fait qui mérite d'être noté et qu'expliquent de nombreuses raisons dont les principales sont : Jan lenteur de l'avancement dans l’armée, l'insuffisance de la solde des officiers, et surtout le développement € l'industrie moderne qui attire les polytechniciens. 1 Voir aussi : Henxryk ARCrOwskI, Projet d'une explora=| lion systématique des régions polaires (Bruxelles, Vandeé> | rauwera, 1905, in-80). L ? CHARLES BÉNARD : Projet d'expédition océanographique double à travers le bassin polaire aretique (Bruxelles, Vande= rauwera, 1906, in-S0). ÉMILE PERROT — LES PRODUCTIONS DU SOL DE NOS COLONIES 1007 in L'Exposition de Marseille, accueillie par beau- coup avee un sourire sceptique, ignorée volontaire- ment par les autres, boycottée même quelque peu Par la grande presse quotidienne, vient de fermer ses portes, après avoir apporté aux Francais le Senliment exact de la situation actuelle de leur domaine colonial. … Er effet, cette Exposition, qui semblait, d’après les prémisses, vouée à un échec lamentable, est au Contraire un succès sans précédent dans aucun pays, et ce sera la plus belle satisfaction en même temps que la vérilable récompense de ses orga- nisateurs. Tout d'abord, elle juslifia pleinement son titre, car elle fut vraiment coloniale et ne s'’encombra point de ces attractions burlesques plus ou moins exotiques qui semblaient auparavant le complé- ment forcé de toute exhibition de ce genre: En revanche, son organi-ation méthodique el l'accu- mulation énorme des documents de toute nature qu'elle recéla en ont fait une lecon de choses de tous points incomparable. Nous serions tenté, pour ne pas êlre taxé d’exa- géralion méridionale, de mettre une sourdine à ce concert d'éloges si, heureusement, les apprécia- tions flatteuses de nos voisins allemands et anglais ne confirmaient pas entièrement notre manière de voir. L'effort considérable accompli, depuis 1900, dans notre empire tropical apparaît tangible aux Lyeux des esprits les moins prévenus, et les plus sceptiques s’inclineront après la lecture des nom- “breux documents édités à cette occasion, dont quelques-uns ont déjà vu le jour. : L'impression première qui se dégageait d’une vue d'ensemble des divers pavillons était excellente grâce à la méthode et la clarté qui ont présidé à “l'organisation générale; ajoutons que celle-ci n’était pas non plus dépourvue d’une certaine coquelterie. La photographie y joua un rôle prépondérant, et “les reproductions nombreuses, comme les vues Stéréoscopiques, ont été particulièrement goûtées L ? Quelques journaux ont reproduit les paroles de Schwein- furt, le célèbre voyageur allemand; plus récemment, dans Tropenpflanzer, M. Wohltmann dit: « L'Exposition avait pour but de montrer à quel point sont arrivées les colonies francaises et de présenter un tableau de leur développement économique ; ce programme à été brillamment réalisé ». D'autres jugements. quenous avons personnellement recueil- lis de personnalités étrangères compétentes, et non des moindres, sont identiques. LES PRODUCTIONS DU SOL DE NOS COLONIES À L'EXPOSITION COLONIALE DE MARSEILLE des visiteurs, ainsi que des graphiques ingénieux qui permellaient sans effort de se faire une idée aussi rapide qu'exacte des variations économiques subies par chaque colonie au cours de ces dernières années. À signaler aussi des plans en relief et des cartes de grande valeur. Loin de nous la pensée d'essayer de donner ici une étude complète des matériaux exposés ; plu- sieurs numéros de la Æevue n’y sauraient suffire. Nous voulons seulement jeter un coup d'œil sur les différents groupes coloniaux, en notant avec soin nos observations et en nous limitant stricle- ment aux ressources du sol, c'est-à-dire aux pro- duits végétaux et minéraux. JI. — ALGÉRIE,ET TUNISIE. Les produclions de ces deux pays, banlieue véri- table de la France, sont trop bien connues pour nous arrêter longtemps. Les deux exposilions étaient complètement séparées dans deux palais situés de chaque côté de l'allée centrale de l'Expo- silion. L'Algérie avait, en outre, édifié un superbe et intéressant pavillon des forêts, où le liège occupait naturellement la même silualion prépondérante que le vin et les céréales (blé et orge surtout) dans le Palais général. Les autres produits de cueillette intéressants étaient l'olive, le tabac, les plantes odorantes, l'alpha, le crin végétal, le lin, le sorgho, etc. Les exposants particuliers étaient venus en foule, donnant l'impression exacte d’un concours général agricole algérien; el cela formait une opposition frappante avec les expositions des autres colonies, toutes d'un caractère où dominait presque exclusi- vement l'influence officielle. De nombreux minerais étaient également expo- sés, attestant la richesse du sol de certaines régions (minerais de cuivre, de plomb, de zine, de fer); à côté d'eux, on pouvait admirer de très beaux marbres, des onyx, ete. Si nous ne rencontrons pas au pavillon de la Tunisie une telle abondance de vins et de céréales, nous y retrouvons en revanche l'olivier, dont la culture a pris si rapidement un essor des plus brillants (10 millions de pieds, donnant environ 245.000 hectol. d'huile), et, bien que cela sorte un peu de notre cadre, nous voulons signaler la belle 1008 exposition des pêcheries de thon et celle de la production des éponges. La section minière était également très intéres- sante, avec les phosphates naturels, le plâtre, la chaux, les ciments, etc. Une petite salle dans le pavillon de l'Algérie élait réservée au Maroc. Peut-être eût-il mieux valu n’en pas parler; aussi avons-nous hâte de parcourir avec le lecteur nos deux groupes colo- niaux de l'Afrique occidentale et de l'Indo-Chine, qui sont moins connus et chez lesquels le problème de mise en valeur est encore dans toute son acuité primitive. II. — AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE. Les six colonies qui composent notre domaine ouest-africain, d’une superficie quatre fois supé- rieure à celle de la France, sont groupées dans un palais principal du plus gracieux effet extérieur. C'est un grand quadrilatère de 80 mètres de lon- gueur sur 36 mètres de profondeur, dont la mu- raille est crépie en argile rouge et flanquée d'un portique avec auvent saillant. Au-dessus de la porte d'entrée principale s'élève une tour carrée, percée d'une galerie à jour que surmonte une ler- rasse siluée à environ 40 mètres du sol. C'est une reproduction de l'architecture soudanaise, rappe- lant une mosquée de la région du Moyen-Niger. Un court vestibule donne accès à une salle centrale octogonale, qui correspond à la coupole de la tour et qui donne accès à toutes les autres salles d'ex- position. Celle très heureuse disposition permet- tait au visileur, grâce aux renseignements inscrits sur les murs, de se rendre compte immédiatement de la division politique et de l'importance écono- mique de chacun des six gouvernements réunis sous l'autorité du gouverneur général. L'exposition des produits pouvait être comprise de deux manières : 1° faire l'étude complète de chaque produit principal (arachide, caoutchouc, palmes, etc.) et grouper ensuite, sans préoccupation régionale, les produits secondaires ; 2° montrer, pour chaque colonie, les productions caractéris- tiques et reléguer le reste au second plan. Le Commissariat adopta cette deuxième méthode, et il faut l'en féliciter pleinement, car elle répon- dait véritablement à la conception la plus heureuse. Chaque colonie africaine, en effet, est pour ainsi dire caractérisée par une produclion naturelle spé- ciale, qui l'emporte de beaucoup sur les autres et qui constitue la base de son exportation; il élait naturel de lui réserver une place d'honneur. Avant de pénétrer dans chacune des salles, il est nécessaire de dire que la photographie documen- taire, ainsi que les graphiques, planch® murales ÉMILE PERROT — LES PRODUCTIONS DU SOL DE NOS COLONIES el aquarelles, jouaient partout un rôle des plus importants et rendaient la visite de cette exposition attrayante : en s’arrêtant devant les vitrines, … l'œil était sans cesse attiré par des peintures. signées De la Nézière el représentant quelque scène. de la vie économique du pays. Dans la salle réservée au Gouvernement général, nous apprenons, par une disposition ingénieuse ‘,… dans quelle proportion rapide se sont élevées, de- puis dix années, importations et exportations... Seuls, le caoutchouc et l'arachide ont ici une place réservée, montrant encore par l’image les varia= tions que leur production a subies ; rappelons que, 1 pour l’arachide, les fluctuations sont assez sensibles d'année en année, mais, au contraire, que le caout- chouc a produit, en 1904, 21.418.481 francs, en augmentation de 6 millions sur 1900. Deux vitrines de cette salle renferment des F échantillons variés des belles collections de plantes, de bois, recueillis, au cours de ses diverses mis- sions en Afrique, par M. Auguste Chevalier; 1e visiteur aura d'ailleurs l'occasion bien souvent, en" parcourant les diverses salles, de rencontrer d'autres documents de mème source, jetant une nole scien- 4 tifique précise sur les origines des malières pre- mières tirées du règne végétal, dont lulilisation apportera sans doute bientôt de nouvelles res-w sources aux gouvernements locaux. 4. très $ 1. — Sénégal. Chacun sait que la fortune du Sénégal réside dans la production de l'arachide, qui atteignit, en 1903, le chiffre de 34.575.000 francs, et dont le chiffre moyen de vente à l'extérieur oscille entre m 20 et 25 millions, sur une exporlalion totale de 28 à 30 millions. Le caoutchouc, récolté surlout en Casamance, donnait également 4 millions en 1904, production doublée depuis 1900. Conformément à la méthode adoptée, le public pouvait, d'un simple coup d'œil, embrasser tout ce qu'il lui importait de savoir. Sur des gradins élaient disposés tous les divers types commerciaux d'ara-\ chide, avec les produits manufacturés, huiles et tourleau, qu'on en retire. Des dessins coloriés reproduisaient le port de la plante avec ses carac-m tères botaniques, et, à l’aide des peintures murales, on assistait aux diverses phases de la culture, dew la récolte et de l’'embarquement. A coté de l'arachide et du caoutchouc, le Sénégal produit également des céréales et du manioc, dont la majeure partie sert à l'alimentation des indi-" | 1 | | 4 1 Le commerce général était schématisé sur un tableau mural, en 1896, par un fardeau qu'une femme indigène porte sur sa Lèle ; il devenait un peu plus tard une lourde charge pour | un nègre, puis pour un àne, un bœuf, un chameau, ete.; in | atteint en 1904 le chiffre de 130 millions de francs. fé ! EMILE PERROT — LES PRODUCTIONS DU SOL DE NOS COLONIES D 1009 gènes. En première ligne vient le sorgho ou mil, avec de nombreuses variétés présentées en bran- .ches ou décortiquées et accompagnées de maïs el de riz. Le coton n'a pas encore fourni de rendement Ÿ dustriel ; aussi ne lrouve-t-on ici que de simples échantillons du Jardin d'essai de Richard Toll avec itons la soie des Zombax, les fibres du baobab et un cerlain nombre de drogues végétales sans détermination scientifique, utilisées dans la mé- decine indigène. $ 2. — Haut Sénégal-Niger et Mauritanie. Dans l’une des deux vastes salles lalérales se trouvaient groupés, mais bien distincts pour cha- cune d'elles, les objets et produits exposés par ces deux colonies. C'est le caoutchouc de la liane Gohine (Landol- “plis Heudelotii) qui attire l'attention dans la ré- “sion du Soudan : dans une vitrine centrale, on ‘pouvait en admirer les beaux spécimens, accom- “pagnés de bocaux de latex, d'échantillons de la liane et des coagulants utilisés. Les végétaux coagulants remplissaient encore 1 une autre vitrine, sous forme d'échantillons d'her- … bier en bon état. C'est dans cette région du Haut-Sénégal et du Niger que se concentrent les efforts de l’Adminis- tration, aidée de ceux de l'Association cotonnière coloniale, en vue de la culture du coton; aussi n'avait-on pas manqué de placer sous les yeux du publie tous les documents instructifs : échantillons u… nombreux de fibres, graines de cotonnier, huile et tourteau, aquarelles donnant l'apparence de Ja plante et ses caractères, et un tryptique mural ‘représentant la récolte et le marché du coton, ainsi que la fabrication des cotonnades par un lisserand indigène. Ajoutons que, cette année, un certain nombre de lonnes de coton sont arrivées sur nos marchés et qu'il y a lieu d'espérer voir bientôt la culture prendre un essor considérable *. La production alimentaire agricole principale est le riz; puis viennent le petit mil (Penicillaria spicala), le Voandzou ( Voandzeia subterranea), le Fonio (Paspalum longiflorum), le manioc, les pa- lates et aussi quelque peu l'Ousouniling (Coleus rotundifolius), tous consommés sur place. Le Xarité (Butyrospermum Parkii), que nous -retrouverons à la Côle d'Ivoire, au Dahomey, fait Son apparition. L'abondance des matériaux concer- nant cette substance laisse deviner l'espoir que pos- ! Le fama Mademba, de Sansanding, l'un des noirs les plus intelligents de notre colonie, est venu cette année vendre lui-même sa récolte marché du wre. de coton sur le sède notrecolonie africainede la voirdevenir bientôt un grand produit d'exportation. Les indigènes de toute la zone soudanienne, où l'arbre est réparti sporadiquement, font de la matière grasse extraite de la graine un usage constant dans l'alimentalion. Son point de fusion élevé (37° environ) permet son transport à l’état solide sous forme de pains (dont quelques-uns alteignent 10 kilogs), emballés gros- sièrement au moyen de tiges et de feuilles. Des essais faits à Marseille, on peut conclure que le beurre de Karité, après traitement approprié, est susceptible de donner une graisse vérilable- ment alimentaire, même pour les palais européens; l'exhibition dont ce produit fut l’objet dans diverses salles n'était donc pas exagérée. La Maurilanie occupait la seconde moilié de Ja salle, que nous n'avons pas encore entièrement parcourue. Comme la seule matière première d’ex- porlalion du pays est la gomme dile arabique, l'exposition des types commerciaux de gommes élait particulièrement soignée, pleine d'intérêt el rehaussée par les tableaux représentant la récolle, le transport et la vente, accompagnés de dessins coloriés des arbustes rabougris qui les produi- sent. La gomme sera-t-elle loujours le seul produil végétal important de cette région? Une prochaine exposition pourra seule nous renseigner: disons toutefois qu’on espère y tenter la culture du dattier, des blés drus, de l'olivier même! Toutefois, heureusement. la magnifique exposi- tion de M. Gruvel, qui remplissait une large vi- trine, montrait 50 à 60 espèces de poissons comes- tibles pêchés dans la baie du Lévrier. Grâce aux méthodes de conservation, espérons que, si le sable du désert est improductif, la zone maritime litto- rale sera des plus aisées à mettre en valeur, par l'exportation, dans la région, du poisson séché el, en France, des espèces choisies et plus parliculiè- rement des Langoustes. Signalons encore que, au milieu de la très impor- tante collection ethnographique et archéologique du lieutenant Desplagnes, on trouvait divers mi- néraux dont l'étude pourrait être intéressante. Rappelons, toutefois, qu'il existe en Mauritanie des gisements de sel exploités largement par les cara- vanes : ce sont les bassins de Taodeni, au nord de Tombouctou, et de l'Idgel, vers l'Adrar. $ 3. — Guinée. C'est ici que l’on avait réservé au caoutchouc la place d'honneur : en effet, sur un chiffre de 14 mil- lions environ à l'exportation en 1904, il fallait comp- ter près de 11 millions pour cette denrée. L'incision de la liane, la coagulalion du latex, le transport des boules, et les caractères botaniques de la plante 1010 ÉMILE PERROT — LES PRODUCTIONS DU SOL DE NOS COLONIES étaient mis, comme pour les autres grands pro- | de la salle, une maison en réduction au dixième, duits, sous les yeux des spectateurs. Ainsi se trou- vait complétée la superbe collection de ces boules de caoutchouc, maintenant très appréciées, grâce aux efforts de l'Administration pour en éviter l'adultéra- tion par les noirs collecteurs. Le Karité, dont nous avons parlé précédemment, attirait encore l'atten- tion avec ses pains énormes de graisse, et l’on trou- vail également quelques échantillons de palmistes et de sésame. Si la production des noix de palmistes et des amandes de palme parait être l'apanage de la Côte d'Ivoire et surtout du Dahomey, le sésame semble destiné en Guinée à un avenir meilleur, les graines produites étant d'excellente qualité et consommées en quanlilé considérable surle marché européen. C'est aussi surtout de cette région que nous vien.la Kola (Cola vera K. Sch.),et, bien qu'il s'agisse d’un produit secondaire, ilne nous semble pas avoir été représenté d'une manière suffisante. Le copalest également exporté de laGuinée, mais en faible quantité. En exceptant maintenant quelques matières alimentaires, comme le maïs et le riz, les autres produits végétaux exposés consti- tuent plutôt des matériaux d’études. C'est d'abord une collection de bois réunie par M. Pobéguin!, dont l'étude est à faire et la valeur commerciale à déterminer, puis une longue série de plantes tinc- toriales, tannantes ou médicinales, désignées seu- lement sous leur nom indigène, et malheureuse- ment non accompagnées d'échantillons botaniques permettant leur spécification exacte. $ 4. — Côte d'Ivoire et Dahomey. Les expositions de ces deux colonies, comme celles du Haut-Sénégal et de la Mauritanie, occu- paient la même salle latérale symétriquement dis- posée. Bien que lecaoutchouc, extrait ici non seule- ment de lianes (Z. owariensis), mais encore du Funtumia elastica et aussi de Fieus, soit l’article le plus important du commerce extérieur de la Côte d'Ivoire (environ 7 millions), et que les produits du palmier à huile comptent également pour une somme de plus de 3 millions, on avait lenu à mon- trer que c'est le pays de la production forestière et principalement de l'acajou (Xhaya iworensis et autres, Afzelia africana”, ele.), dont la valeur an- nuelle à l'exportalion varie de 500.000 francs à un million et plus. Aussi pouvait-on admirer, au centre ? A l'occasion de l'Exposition, M. Pobéguin vient de publier un livre très utile intitulé : Essai sur Ja flore de la Guinée, qui renferme une grande quantité de documents intéressants. ? Sous le nom d'Acajou, il vient en France un assez grand différentes, les industriels ne voulant connaitre que les bois portant celle dénomination. Il serail bon pourtant de faire cesser celle confusion, car les bois expédiés sont parfois de qualité extrémement variable et, par conséquent, d'utilisation très différente. nombre d'essences entièrement construite avec des matériaux de celte essence, ainsi que divers meubles qui complétaient la lecon de choses murale représentant, à côlé de dessins botaniques, l'abatage, l'équarrissage et le transport des arbres. En dehors de la Kola, comme produit de cueillette et de culture, citons une belle collection de fruits : oranges, goyaves, papayes, barbadines, nèfles du Japon, corossols, etc., et aussi divers échantil- lons de café (café de Libéria et de Rio-Nunez), de cacao, de même que de nombreux lypes de tuber= cules alimentaires, comme les ignames variées, le manioc, les taros (Colocasia). L Une cinquantaine d'espèces de bois d'ébénisterie et de charpente, non déterminés botaniquement, » attestaientde quelle importance sera cette exploita= lion de la grande forêt tropicale le jour où le rail pénétrera suffisamment dans l’intérieur. Quant au Dahomey, son exposition résidait sur- tout dans la monographie du palmier à huile (Zlæis guinensis), dont les produits (palmistes et huile de palme) fournissent à lavente une somme quiatteint annuellement près de 4 millions. Les loiles mu- rales de De la Nézière nous indiquaïent le mode de récolte des fruits et comment les noirs pré- parent l'huile et la lransportent ensuite jusqu’à la côte. Une importante maison de Marseille, grosse consommatrice de palmistes et d'huile de palme, vient de faire construire une presse très simple et extrèmement robuste, qu'elle espère pouvoir mettre entre les mains des indigènes; aussi ces derniers, instruits par nous’, fabrique- ront-ils vraisemblablement sous peu et avec facilité une quantilé beaucoup plus considérable d'huile, dont la vente est toujours assurée. Le Karité est aussi lrès bien représenté et n'at- tend, ici comme ailleurs, que la possibilité d'arri- ver au port d'embarquement à un prix abordable pour la consommation européenne. Parmi les autres produits prenaient place le riz, le sorgho, le gros mil rouge et blane, le petit mil, 5 ou 6 variétés de haricots indigènes, les ara- chides, le ricin, elc., puis divers fruits et tuber- cules alimentaires, parmi lesquels les ignames, le manioc, l'ousounifing, les patates. On ne saurait passer sous silence le maïs, à peine connu il y a trois ans, et dont la production serait actuellement en voie de développement considé- rable, surtout par suite d'échanges avec le Lagos. Rappelons également que le Dahomey exporte aussi une grande quantité de poisson fumé vers les colonies voisines. 1 Il est juste de signaler ici les efforts d'un de nos compa triotes, M. Poisson, qui se consacre depuis de nombreuses années à la mise en valeur de notre colonie du Dahomey. L 4 ÉMILE PERROT — LES PRODUCTIONS DU SOL DE NOS COLONIES 1011 Signalons enfin la présence de quelques échan- tillonsde coton, dont l'examen permet de conclure, comme pour le Haut-Sénégal, que la culture rai- sonnée et productive n attendra sans doute plus qu'un petit nombre d'années. $ 5. — Expositions spéciales. Notre visite à travers les différentes salles de l'Afrique occidentale est à peu près terminée, et la constatation est faile d'un effort considérable. Æoute cette exposition est caractérisée par la mé- thode qui a présidé à son installation et par son caractère officiel; toutefois, il nous reste à parler de quelques collections d'un ordre particulier, comme celle du chemin de fer de Kayes au Niger, qui offrait à la vue du visiteur : 1° une série de bois également désignés sous leurs seuls noms indi- gènes, mais néanmoins accompagnés de quelques renseignements sur leurs qualités physiques et leur utilisation possible: 2° une belle collection de 40 à 50 échantillons des divers lypes de caout- chouc du Sénégal. Le Jardin colonial de Nogent avait contribué seulement par quelques maigres envois de plantes économiques, à l'exposition des matières premières. Deux organismes indépendants avaient égale- ment affirmé leur vitalité: l'Association cotonnière coloniale et la Compagnie française de l'Afrique occidentale. Des efforts de la première, nous avons déjà parlé; aussi son exposition présentait-elle le plus haut intérêt. Chacun pouvait se rendre compte que la réalisa!ion de nos vœux est en bonnes mains, par l'examen de la riche collection des colons afri- cains français qu'elle avait groupée. Quant à la puissante Compagnie de l'Afrique occidentale, son exposition des produits mar- chands était remarquable en lous points. Rappe- lons que, fondée en 1887, elle fit, dès la première année, un trafic de 7 millions, qui en 1904 s'éleva à 29.500.000 francs. Telle était l'exposition de l'Afrique occidentale, sur laquelle il reste, à d'autres points de vue encore, beaucoup de choses à dire, car nous n'avons parlé ni des peaux, ni des plumes, ni des oiseaux, elc. Nous nous ferions, cependant, un reproche de ne pas citer les panneaux décoratifs de L. Abbéma, où le peintre de fleurs nous a fait revivre la flore chaude et colorée des régions tropicales, et qui ajoutaient encore à l'heureux effet de cette exposition, d’un arrangement plein de goût jusque dans les moindres détails. Tout en adressant au Commissariat géné- ral ces compliments mérités, nous émettrons le regret qu'au cours de l'Exposition il n'y ait eu à la disposition du public aucune personnalité tech- nique de la colonie susceptible de renseigner les visiteurs sur les matières premières offertes à leurs yeux : c'est la seule critique juste que nous ayons entendu faire et à laquelle nous nous associons pleinement. WT" CoNco: Notre colonie du Congo avait son pavillon spécial, non loin des dépendances de l'Afrique occidentale; il représentait une maison d'habitation pour Euro- péens, qui doit être, après l'exposition, édifiée de nouveau à Brazzaville pour les services adminis- tratifs. Cette maison abritait un certain nombre de produits de toute nature, mais l'ensemble laissait, dans l'esprit du visiteur, une impression bien différente de celle qu'on ressentait dans les salles que nous venons de décrire. Pourtant les efforts individuels, comme ceux de M. Baudon ou de quel- ques-unes des sociétés concessionnaires, méritent d'être signalés. On sait que de récents décrets ont divisé admi- nistrativement le Congo francais en quatre zones distinctes : le Gabon, le Moyen-Congo, l’Oubanghi- Chari et le Territoire militaire du Tchad; mais rien ne pouvait encore faire pressentir les differences de production de chacune de ces provinces, leur déclaralion d'autonomie étant encore trop proche et leur inventaire économique à peine commencé. Quoi qu'il en soit, on constate de sérieux eflorts en vue de faire sortir notre belle colonie équatoriale africaine de sa silualion d'apparence bien précaire. Rappelons, cependant, que, en 190%, le commerce total s'est élevé à 21 millions, dont plus de 12 mil- lions pour l'exportation. La question du transport revêt peut-être là, plus que partout ailleurs, une acuité particulière, et, si de longues années doivent se passer encore avant la solution du problème de mise en valeur des régions éloignées Oubanghi- Chari et Tchad, les Gouvernements du Gabon et du Moyen-Congo procureront certainement bientôt des ressources suffisantes pour l'établissement d’un chemin de fer économique. L'ivoire [187 tonnes) et le caoutchouc (1.250 ton- nes) restent encore les principales productions; mais les cultures du café (17.349 kilogs exportés en 1904) et surtout celles du cacao laissent con- cevoir les plus belles espérances. La progression dans la production du cacao et la faveur dont jouit cette denrée congolaise sur le marché européen sont des plus encourageantes. On pouvait en voir dans le pavillon quelques trop rares échantillons. Enfin, des renseignements qui nous ont été fournis, il résulte que le Gabon et le Moyen-Congo possèdent des gisements importants en minerais de cuivre, de zinc, de plomb; il est heureusement encourageant d’escompter le rendement minier, si toutefois ne se renouvellent pas les procédés encore 1012 ÉMILE PERROT — LES PRODUCTIONS DU SOL DE NOS COLONIES trop en usage dans le monde financier, qui retardent quelques exploitations sérieuses en jetant le dis- crédit sur l’ensemble. IV. — MADAGASCAR ET ILES VOISINES. La caractéristique de cette Exposilion, condensée à l'extrême dans un seul pavillon, est l'abondance des photographies documentaires, des cartes, des graphiques, elc. La grave faute commise fut, nous semble-t-il, le souci des organisateurs de vouloir faire ressortir les centaines de collaborateurs aux- quels on devait les produits nombreux et souvent intéressants, qui, exposés sans groupement ni méthode suffisante, donnaient au pavillon l'aspect d'un immense bazar. Cela est évidemment très regrettable, car, avec un peu de patience, on finissait par découvrir des quantités de matériaux extrêmement intéressants. L'exposition était pour ainsi dire, comme en Afrique occidentale, presque totalement officielle: mais, chaque district ayant tenu à être signalé, il en résultait le chaos apparent dont nous venons de parler. Toulefois, nous pouvons citer les vitrines de quelques Compagnies : Compagnie lyonnaise et Compagnie marseillaise de Madagascar, Compagnie française de commerce el de navigation, les Établis- sements Gratry et aussi divers particuliers, comme MM. Perrier de la Bathie, Heerscher et d'autres assez nombreux, particulièrement pour les céréales. Parmi les produits dominants, il faut mettre en première ligne le caoutchouc, avec ses types les plus divers suivant ses origines botaniques ou les méthodes de coagulalion, la gomme copal et les textiles qui jouent un rôle important dans le com merce malgache: c'est ainsi que le raphia représente plus de 3.000 tonnes à l'exportation, soit environ deux millions de francs. Récemment, el sous l'impulsion du Jardin colonial de Nogent, l'industrie du chapeau de paille a pris dans ce pays un développement qui mérite d'être encouragé. Bon nombre de chapeaux, imitation de Manille ou de Panama, sont, en effet, fabriqués avec des pailles de Madagascar, et, quand ce commerce ne sera plus aux mains de quelques industriels privi- légiés, nul doute que la consommation ne s'accroisse dans une énorme proportion. Une magnifique collection de bois, accompagnée d'échantillons botaniques et, par conséquent, tout à lait remarquable à tous points de vue, est à signa- ler; leur étude et leur détermination sera des plus aisées, et il est urgent qu'elles soient entreprises au plus {ôt. De même qu'au pavillon forestier indo- chinois, on parait avoir ici compris l'importance de la détermination scientifique des espèces. Les produits alimentaires de Ja colonie sont bien connus. C'est d'abord le riz, dont on pouvait admirer de copieux et remarquables échantillons variés. Or, on sait que Madagascar exportait jadis cette denrée et qu’elle est aujourd'hui tributaire de l'Indo-Chine, grâce, dit-on, surtout à un régime douanier mal compris. L'orge, le maïs, le sorgho, l’avoine noire (cultivée à 1.500 mètres) élaient largement représentés à côté des haricots variés, parmi lesquels le pois du Cap (Phaseolus lunatus), cette espèce à acide eyan- hydrique, alimentaire dans ce pays, à cause de sa teneur extrêmement faible en principe toxique. Les racines luberculeuses de manioc et surtout des variélés ou races nombreuses de Taros (Colocasia Xanthosoma), par leur présence répétée dans chaque groupe local, attestaient de quelle ressource cou- rante elles sont pour l'alimentation. La vanille, puis l’arachide, le ricin, le café, le cacao, témoi- gnent également des essais tentés dans différentes régions. Des quelques minerais accompagnés de vagues renseignements mis à la disposition du publie, il serait encore bien imprudent de parler, et nous préférons terminer en élargissant un peu notre cadre, etsignalant les brillants résultats de la sérici- culture, dont le développement méthodique nous avait déjà antérieurement frappé au Concours géné- ral agricole de 1906: il y a vraiment lieu d'espérer que celte industrie sera bientôt l'une des plus flo- rissantes de la colonie. V. — INDO-CuiInE. Celte exposition occupait 30.000 mètres carrés et constiluail une très originale petite ville, dont il est difficile de donner une idée réelle d'ensemble. C'est d’abord le Pavillon central, où les ser- vices généraux ont entassé pour ainsi dire une masse de documents véritablement étonnante. Par exemple, une magnifique carte du Delta du Mékong” se montre à nos yeux dès l'entrée, ce qui a fait dire avec juste raison au Directeur général, M. Ch. Roux, combien il serait désirable qu'il en exislât une semblable du Delta du Rhône. Mais nous revien- drons bientôt dans ce palais, qui sera, en ce qui concerne notre point de vue spécial, de beaucoup le plus important. A ce pavillon central, on aboutissait par trois ponts de slyle cambodgien et annamite, jetés sur un 1 Cette carte économique est due à M. Brenier, le distingué sous-directeur de l'Agriculture en Indo-Chine, à qui revient la plus large part dans l'organisation de l'exposilion géné- rule des produits. M. Brenier, avec ses deux collaborateurs, MM. Crevost el Haffner, se tint constamment à la disposition des visiteurs pendant toute la durée de l'Exposition, et cela fut particu- lièrement apprécié. PU | ÉMILE PERROT — LES PRODUCTIONS DU SOL DE NOS COLONIES 1013 petit arroyo, et d'un autre côté on avait accès à la | ville indo-chinoise par la porte de l'Annam (imita- | tion de la porte de la ciladelle de Hué), d'où parlait une allée d’éléphants de pierre. Chaque colonie du groupe avait, en outre, une exposition autonome, et chaque pavillon repro- duisait un monument ou un fragment de monu- ment caractéristique du pays. La Cochinchine était abritée dans une belle pagode aux toits recourbés, surmontés de dragons ailés; le pavillon du Cambodge représentait une parlie du célèbre « bayon » d'Angkor-Thom ; celui de l’Annam, la pagode de Confucius, à Hué ; celui du Tonkin était la reconstilution de la pagode de la vieille ville royale de Ki-lua. Enfin, le pavillon du Laos était la reconstitution d'un monument ancien qui sert de bibliothèque à la pagode de Si-Sa-Kêt à Vien-Tiane. Une rue de Hanoï, où travaillaient de vrais artisans, formait un des coins les pius pitto- resques de cetle exposition indo-chinoise, que com- plétaient diverses attractions, telles que le diorama et le théâtre, où l'on put admirer des danseuses cambodgiennes. L'abondance et la diversité des produits du sol, manufacturés ou bruts, élaient telles que les organisateurs furent évidemment très embarrassés pour en établir une classification suffisamment claire et qui fût aisément compréhen- sible. La disposilion que nous venons de décrire aurait sans doute permis, semble-t-il, d'adopter une méthode identique à celle que nous avons louée comme elle le mérite et qui avait donné de si bons résultats en Afrique Occidentale ; malheu- reusement, les délimitations des zones de produc- tion n'ont, en Indc-Chine, rien de comparable, et la diversité dans la nature des matériaux exposés entraina l'adoption d'une méthode toute différente. Tout en cherchant à respecter l'idée géogra- phique, on groupa en hémicycle, dans l'immense salle d’arrière des bâtiments des services généraux, toutes les matières premières, et ce fut pour ainsi dire un inventaire officiel des ressources de la colonie, qui fait le plus grand honneur à la Direc- tion de l'Agricullure qui en fut l'inspiratrice et l'organisatrice. La classification suivie fut celle du catalogue général de l'Exposition, un peu sim- plifiée cependant; mais ce groupement par affinités économiques permettait facilement au visiteur, même pressé, de se faire une idée de Ja nature des matériaux qui pourraient être exploités dans ces belles contrées, où notre pénétration pacifique s'affirme chaque jour davantage. La production forestière joue également un rôle considérable en Indo-Chine; aussi il lui était réservé, comme pour l'Algérie, un pavillon spécial renfermant une remarquable exposition sur laquelle nous aurons à revenir. { Ajoulons enfin, pour terminer cet exposé général, que, si trop fréquemment, dans des exhibitions analogues, on se contente de mettre un nom sur une étiquette, partout ici, les étiquettes, conçues sur un plan identique, portaient, autant que pos- sible, à côté des noms indigènes et scientifiques de la drogue, le lieu de provenance, l'époque de récolle et de vente, l'unité de vente et son prix, l'em- ploi et l'importance de la production. Plus de 5.800 produits furent ainsi étiquelés, et beaucoup d'entre eux, mal connus, sont évidemment dès maintenant l'objet de l'altention des industriels, des commer- cants ou des laboraloires compétents. Jetons un coup d'œil sur la plupart d'entre eux en nous conformant à la classification générale adoptée : les produits miniers, isolés dans une salle spéciale, seront examinés plus tard. NS $ 1. — Denrées alimentaires. À Lout seigneur tout honneur ; commencons par le riz, dont l'importance est accusée par des tableaux, des stalistiques, des dessins et par la place qu'occupent les échantillons. Si les rizières du Tonkin (900.000 hectares) semblent ne plus pouvoir s'étendre beaucoup, il n'en est pas de même en Cochinchine (1.200.000 hectares), où la surface productrice pourrait aisément doubler, ce qui sera nécessaire si notre vieille colonie ne veut pas se laisser enlever par le Siam son second rang parmi les pays exportateurs, la Birmanie restant toujours à la tête. Ici se pose un redoutable problème : quel est done le botaniste, doublé d'un économiste et animé d'une clairvoyance scientifique peu commune, qui voudra entreprendre la redoutable classification des variétés de riz. Dans la Maison de riz de la Cochinchine édifiée à l'Exposition de Marseille, on peut en voir un nombre déjà considérable, et les indigènes en distinguent le chiffre colossal de 350. Un semblable travail n'aurait d'égal que celui qui fut mené à bonne fin, au siècle dernier, par MM. de Vilmorin pour le blé, et, si la Direction de l'Agriculture, intimement unie aux services locaux, arrivait à débrouiller une queslion aussi com- plexe, ce serait son plus beau titre de gloire et son œuvre lui vaudrait les sentiments de reconnais- sance du pays tout entier. Nous savons qu'elle ne s'en désintéresse pas. Avant de quitter le riz et ses nombreuses variétés, signalons un type spécial aux terrains très inondés 1 A l'heure où nous écrivons ‘ces lignes, le Commissariat général de l'Indo-Chine a déjà publié un fascicule de 214 p. in-$ des plus intéressants, intitulé: L'Indo-Chine à TE xposi- tion de Marseille, dont nous recommandons la lecture. C'est un document nécessaire dans la bibliothèque de tout Francais instruit. 101% ÉMILE PERROT — LES PRODUCTIONS DU SOL DE NOS COLONIES des bords du Mékong, et qui présente le curieux | mais la production pourrait être sensiblement phénomène d'adaptation suivant : sa tige s'allonge au fur et à mesure de la montée des eaux; l'on pouvait voir, à l'entrée de l'hémicyele de l'Exposi- tion indo-chinoise, deux grandes gerbes de ce riz, dont l'une dépassait cinq mètres. C’est le riz du grand fleuve, en annamite : Lua-sông-lon. Il en existe une espèce analogue, nous a-t-on dit, sur les bords du Sénégal! Les farines, amidons, pâtes et vermicelles de riz, - de même que l'alcool de riz, accompagnaient cette remarquable exposition, à côté de laquelle on trou- vait d'autres céréales ou légumineuses de bien moindre importance, comme le maïs, les haricots ou doliques (15 variétés) et le Soja hispida, qui sert à faire une sorte de fromage de haricots lrès apprécié des Annamiles”. Les tubercules, racines ou rhizomes alimen- taires sont assez nombreux : parmi eux, la patate joue le principal rôle ; viennent ensuite les ignames et les taros. Le manioc et l’arrow-root sont des articles d'exportation, ne donnant pas lieu à de grandes cultures. Les légumes et fruits de consommation locale étaient également exposés. Cilons : les pousses de bambou (qu'on espère cependant exporter en guise d'asperges), les ananas, les bananes, les litchis secs ou en conserve, les pommes d’acajou, les fruits de carambolier, les corossols, les mangues, le mangouslan, la papaye, elc. Rappelons aussi que les champignons sont très estimés au Tonkin ; nous avons vu quelques-unes de ces espèces locales séchées pour la conscmma- tion, comme on le fait dans certaines régions de la France et en Russie, par exemple. $ 2, — Epices et condiments. La place prépondérante qui revient au riz au milieu des denrées alimentaires appartient ici sans conteste au poivre. De quelques centaines de tonnes il y a vingt ans à peine, son exportation s’est élevée à 5.300 tonnes en 1904; un graphique faisait d’ail- leurs immédiatement saisir au visiteur l’'impor- tance de ce mouvement économique. Vient ensuite la cannelle, dont la sorte d'Annam est à peu près inconnue sur nos marchés”, tandis qu'au contraire elle constitue un gros débouché vers la Chine, où elle est très estimée. De même, ce pays absorbe la pelite quantité de cardamome, de gingembre, de muscade sauvage qu'on y récolte, 1 A. BLocn Fabrication et composition du Teoufou. Bull. Se. Pharm., 1906, t. XII, no S3. p. 138. ? Par rouline commerciale, sans doute, car elle est extré- mement aromalique el, lancée par une de nos grosses mai- sons, il ést vraisemblable qu'elle remplacerait rapidement la cannelle de Chine et peut-être celle de Ceylan. | étendue si la demande était plus considérable. Au voisinage des denrées alimentaires, il faut ranger le thé et le café, et nous avons la satisfac- tion de voir enfin ces cullures en très bonne voie. Après l'énorme tapage fait à l'Exposition de 1900 : aulour des thés de Ceylan’, après les réclames ariées et les efforts considérables dont nous sommes les témoins pour imposer en France ces thés de fabrication anglaise, il était nécessaire que l'Indo-Chine devint à son tour, non seulement son propre fournisseur, mais encore celui de la Métro- pole. Après bien des tätonnements, il semble que l'élan définitif soit donné; malgré une imporlation de Chine de 1.200 à 1.500 tonnes dans notre colonie, les provinces de l’Annam et du Tonkin, qui ont exposé d'excellents produits et qui avaient installé un pavillon de dégustation qui fut constamment très achalandé, exportent plus de 300 tonnes. Ces thés se rapprochent beaucoup de ceux de Chine ; nous croyons pouvoir le constater avec plaisir et souhaiter à nos planteurs de fournir bientôl des sortes égalant les beaux Pekoe chinois; à ce moment, le marché francais leur appartiendra, mais il leur faut pour cela continuer àrester groupés, pour lutter contre leur terrible concurrente qui à sur eux l’avanlage d’un marché déjà acquis. A côté du thé, le café semble également devoir prendre sous peu une place importante, car Îles échantillons exposés nous ont paru d'excellente qualité. C'est le Tonkin qui est le principal expor- tateur : de quelques kilogrammes en 1900, il atteint, en 1904, 140.000 kilogs ; on y cultive le C. arabica, tandis que, au contraire, au Cambodge, c'est le C. liberica. Cette dernière sorte pénètre difficile ment en France, où l’on consomme surtout du café Santos brésilien, souvent de qualité moindre; nos grandes maisons de commerce pourraient seules amener le public à changer sa préférence, et cela pour le plus grand bien de leur pays. Le cacao et la vanille n'existent pour ainsi dire pas en Indo-Chine, et la culture de la canne à sucre est encore insignifiante. S 3. — Textiles. L'exposition de plantes filamenteuses et textiles offrait un réel intérêt. C’est d'abord le coton, prin- cipalement'eultivé au Cambodge, sur les berges du Mékong, dont de grandes étendues restent dispo- nibles jusqu'au Laos. On en cultive de même dans ! A ce propos, nous avouons N'ävoir jamais pu nous expliquer pourquoi, dans une Exposition coloniale francaise, on avait permis l'installation d'un kiosque de dégustation des thés de Ceylan. Etait-ce un des heureux effets de l'en- tente cordiale ? ÉMILE PERROT — LES PRODUCTIONS DU SOL DE NOS COLONIES 1015 le Nord-Annam, dans la province de Thanh-Hoa. Les produits exposés sont de très bonne qualité, préférables, dit-on, aux sortes de l'Inde, qui en importe cependant encore au Tonkin pour plus de - 3 millions de francs. On s'explique assez difficile- ment la lenteur du développementde cetle culture ; toutefois, la Direction de l'Agriculture s'en occupe activement et c'est encore un espoir pour le ren- dement économique futur de notre colonie. En dehors de la ramie et du jule, sur lesquels des études sérieuses sont faites et qui occupaient une bonne place avec de nombreux types, l'Expo- sition de l’Indo-Chine nous montrait une série très nombreuse de plantes filamenteuses dont l'étude est à faire et qui, peut-être un jour, après essai, joueront un rôle important dans l'exportation dela colonie; tels sont : l'A hroma, le chanvre, les Croto- laria, différentes Malvacées appartenant aux genres Hibiscus, Sida, Abutylon, des Sanseviera, etc. Notons que les agaves et les bananiers sont abon- dants et se prêleraient sans doute à une exploita- tion réglée. Des cultures récentes sont tentées qui concernent le chanvre de Manille (Abaca). Laissons de côté le coir ou fibre de la noix de coco, qui ne s'exporte pas encore, pour signaler un chiendent concurren- çcant le Zucalon du Mexique et qui croit sponta- nément sur les plages sableuses du Centre-\Annam, puis le Aapok, le Kimmao où Barometz, le premier, principalement, dont nous avons vu de beaux échantillons, tous pouvant avoir un certain avenir commercial. Bien que beaucoup de ces produits soient encore plus ou moins ignorés et sans grand usage, l'Administration a cru devoir attirer par leur expo- silion l'attention des industriels, et c'est dans ce but aussi que nous avons pu examiner diverses plantes utilisables pour la fabricalion du papier {plusieurs espèces de Japhne, la paille de riz, le müûrier à papier, l'herbe à paillotte, etc.). Dans ce » même groupement, on trouvait encore les matières | premières pour la vannerie et la sparterie : c’étaient d’abord des jones, servant à la fabrication de ces ? nattes dont le Tonkin exporte plus de 5.000 tonnes sur Hong-Kong et qui nous reviennent sous le nom * de nattes de Chine, puis les innombrables rotins | (plus de trente à quarante espèces; exportation, 2.000 tonnes par Hong-Kong, dont seulement - 7.000 kilogs en France); les Palmiers pour cha- - peaux : rôniers, lataniers, elc. | © $ 4. — Matières grasses. Parmi les produits principaux exposés, cilons le Coprah où amande de la noix de coco, dont la con- Sommation va sans cesse grandissant, el, par conséquent, devant faire l'objet de cultures impor- L. tantes : puis le ricin, les arachides, les graines de Kapok, de camélia à huile et d'autres produits mal connus nécessitant une étude sérieuse préli- minaire. Les huiles retirées des fruits d'abrasin (Aleurites cordata) où du bancoulier (A/eurites moluccana) sont extrêmement siccatives et méritent de voir en France leur utilisation atteindre le déve- loppement qu'elle a acquis en Allemagne, car leur exportation sur Hambourg, Londres, New-York, sous le nom de Wood oil of China, est loin d'être négligeable”. Enfin, il existe encore des produits très variés, connus sous le nom de suifs végétaux, dont l'étude est à poursuivre et parmi lesquels, seul, le Stillingia sebifera présente actuellement quelque intérêt, par suite de son exportation en Chine pour la fabricalion des bougies. $ 5. — Résines, Gommes-résines, Matières tannantes et tinctoriales. Dans cette classe, on avait rassemblé une quan- tité énorme de matériaux, dont la plupart mal connus, il est vrai, mais en quantités assez impor- tantes pour fournir les éléments d’une étude sérieuse, botanique et chimique. C'est la première fois que, dans des Expositions de ce genre, il ait été envoyé des matériaux abon- dants, bien classés, qu'il estabsolument nécessaire, d'ailleurs, de soumettre à des laboratoires tech- niques, scientifiques ou industriels, qui diront peut-être à quels usages on pourra les destiner. Parmi les produits qui ont le plus attiré notre attention, je signalerai la belle collection commer ciale du benjoin, dit benjoin de Siam, venant du Laos, la gomme-laque ou stick-lac (produit des pi- qûres du Carteria lacca, insecte hémiptère vivant sur les branches de divers arbres, particulièrement du Cajanus indicus), la gomme-gutte, la laque (latex préparé, fournissant cet enduit brillant appelé laque de Chine), la noix d’Arec, les myrobalans, les galles dites « galles de Chine », l'indigo, le car- thame, la cannelle, ainsi que de nombreuses résines et oléa-résines, telles que les damars et les copals. $ 6. — Caoutchouc. On sait que les caoutchoucs indo-chinois pro- viennent de lianes de la famille des Apocynées, qui appartiennent surtout aux genres Æcdysanthera (Annam et Laos), Parameria (Cochinchine, Cam- bodge), Yylinabaria (Tonkin), et qu'ils sont, sur- tout les derniers, d'excellente qualité. Produits et ‘ L'huile d'abrasin importée en France est, croyons-nous, exporlée à nouveau en Angleterre pour nous revenir sous forme d'huile siccative spéciale. I serait à souhaiter qu'un industriel trouvàt le moyen, et ce doit étre une chose des plus aisées, de faire cette transformation dans no lie pays arbres producteurs élaient représentés par de nombreux spécimens, de même que la gutta du Dichopsis, matière guttoïde utilisable en mélange avec la véritable gutta ; on sait que celle-ci n'existe pas en Indo-Chine et que les essais de culture ont élé jusqu'alors insuffisants ou infructueux. L’Administration se préoccupe, avec juste raison, pour remédier au dépeuplement des lianes caout- choutifères, de plantations d'ÆJevea et de Fieus. Souhaitons que ces essais soient rapidement cou- ronnés de succès el élendus de suite à de vastes régions avant que les productions de Ceyian et des iles Malaises n'apparaissent sur lemarché européen, car onaflirme, en effet, qu'il existe depuis quelques années dans ces îles un nombre énorme déjà d’in- dividus dont la croissance est en bonne voie. $ 7. — Plantes toxiques ou médicinales. On ne connaissait jusqu'alors la matière médi- cale annamite que par de petits fragments de drogues rapportés de-ci de-là par quelques médecins ou pharmaciens de l'armée ou des colonies. Il sem- blait intéressant de pénétrer un peu plus profon- dément dans l'étude des drogues médicinales de l'Indo-Chine, qui a subi l'influence de la vieille médecine chinoise et peut-être, dans le sud, de la médecine malaise"? Nous avions échangé à ce sujel, depuis quelques années, diverses lettres avec la Direction de l’Agri- culture, et MM. Haffner et Crevost ont réuni et exposé, à notre grande satisfaction, une collection de 5 à 600 échantillons (la plupart en quantité suf- fisante pour être éludiés méthodiquement) de produits animaux, minéraux et végétaux, qui sont la base de la médication indigène. Cette abondance de matériaux n'a rien qui doive surprendre, quand on saura que les pharmacopées de l'Inde et la Chine sont les plus riches sous ce rapport et que les formules médicamenteuses les plus simples renferment souvent un nombre élevé de substances différentes. Dans ce même bâliment central, on lrouvait l'exposition du tabac, ce qui malheureusement est loin de signifier que la cullure en soit importante. Au malgré des expériences probantes faites en 1897, les essais furent abandonnés trop tôt; l'Adminisiration est convaincue de la réussite de nouvelles entreprises, contraire , qui pourraient donner d'excellents résultats financiers, car la Métropole importe chaque année pour 25 à 35 millions de francs de labac et ne doit point décourager comme elle l’a fait, par routine -intéressants. sans doute, ces efforts AVOIL sino-annammile, et Hurmenr : La médecine 1906. sujet Em. Perrot in Bull. Thérap., ÉMILE PERROT — LES PRODUCTIONS DU SOL DE NOS COLONIES L'opium, grosse source de revenus pour le Gou- vernement, avait aussi sa place réservée à côté de plantes renfermant des principes stupéfiants pour le poisson et dont l'étude chimique et physiologique est à faire pour la plupart (Cerbera Odollam, diverses Légumineuses ou lianes indéterminées, Les plantes qui entrent dans la composition de différents poisons des flèches, comme l'Upas antiars (Antiaris loxicaria), diverses Strychnées, etc., s'y trouvaient également, et cette exposition spéciales est des plus remarquables, en ne la considérant ques comme document scientifique. $ 8. — Plantes à essence. N2 Très abondantes également en Indo-Chine, elles 3 élaient souvent représentées en quanlilé suffisante, pour permettre une étude préliminaire de celles qui ne sont pas encore acluellement connues Citons : la badiane (//icium verum), qui s'exporle surtout sous forme d'essence (30 à 50.000 kilogs), la citronelle (Andropogon Nardus), le Lemon Grass (And. citratus), la première cultivée au Tonkin dans la région de Lang-Son, les autres spontanées où faisant à peine l’objet de quelques pelites cultures, ce qui étonne vraiment si l’on sait que leur expor-" + lation et leur culture sont considérables à Ceylan. Longue serait la liste des autres plantes à par- fum : l’Alpinia galanga, Vylang-vlang, la camphrée, le frangipanier, le champac, le sambae, le ZLilsea cilriodora, etc. $ 9. Comme l'Algérie, l'Indo-Chine avait, nous l'avons déjà dit, un pavillon forestier, et l’on conçoit aisément la satisfaction inlime de l'Administration d'avoir pu réunir un si grand nombre de matériaux, car il faut songer que le Service forestier est orga- nisé à peine depuis cinq années. Cilons à ce sujel intégralement le passage de la notice du Commis- sariat général : « 650 Lypes de bois, des cinq pays de l'Union” indo-chinoise, y figurent sous la forme de véri- tables troncs ou billes. 160 de ces billes ont été M. Boude (inspecleur-adjoint de 1'° classe des Eaux et Forêts), soil parmi les bois précieux, soil parmi les plus généralement employés pour être présentés comme échantillons. Chaque échantillon est de forme régulière et taillé en sifflet, ce qui permet de voir le bois sous tous ses aspects. « Au-dessus de la bille est la graine, renfermée dans une boite vitrée. À côté, une étiquette ou fiche donne les noms indigène, francais, scientifique, ainsi que tous les renseignemeuts que l’on a pu obtenir. Toujours choisies par au-dessus, un échantillon botanique — Produits forestiers. : À ÉMILE PERROT — LES PRODUCTIONS DU SOL DE NOS COLONIES 1017 « Enfin, le fruit, conservé dans du formol, évupe dans des bocaux une pyramide située au entre du pavillon ». Voilà de quoi faire une étude d'ensemble de loute première valeur, et déterminer avec préci- Sion la nalure botanique de lous les bois encore mal connus. On ne saurait trop louer la méthode scientifique figoureuse qui a présidé à la réunion des maté- faux pour celte très remarquable Exposition. Les bois exploilés sont : les Dau, arbres de la amille des Diptérocarpées (90.000 stères en 1904), è Bang-Lang (Lagerstræmia sp.?), le Sao (Hopea .?), le Ven-Ven (Anisoptera?), le Cachac (Shore: .?), le Sräl ou pois du Cambodge, etc. A joutons que des photographies nombreuses don- haient au visiteur une idée des splendeurs de la orêt tropicale. Ici encore, et comme dans la plupart es autres pavillons, on rencontrait un assez grand hombre d'exposants particuliers, complétant d'une anière heureuse les efforts de l'Administration. Une maison cochinchinoise avait éié édifiée par les notables de la province de Thu-Dau-Mot, et ce hef-d'œuvre, fait avec les bois précieux de la pro- vince, sera, parait-il, transporté au Jardin colonial de Nogent-sur-Marne avec bon nombre de curio- silés de l'Exposition de Marseille, et accessible bientôt au public parisien, qui pourra l'y admirer. $ 10. — Mines. Le Service officiel des Mines et les exposants, Sociétés ou particuliers, avaient groupé leur envois de la facon la plus heureuse, dans la première salle de droite du grand palais de l'Indo-Chine. Deux pyramides construites, l’une avec les divers char- bons et ligniles de l'Annam et du Tonkin, l’autre à l'aide des minerais de Bory-Mieu (Annam), attiraient d'abord l'attention. Des photographies, es plans, des cartes complétaient d'une manière heureuse les renseignements fournis par des bro- hures mises à la disposition du public. Citons ‘pécialement, en dehors des échantillons des Minerais divers du Tonkin el des autres colonies indo-chinoises, les expositions particulières de la Société des mines d'étain de Caobang, de la Sociélé des Ciments de Portland à Haïphong, de la Société francaise des Charbonnages du Tonkin, de la Société des Docks et Houillères de Tourane, Beauverie, ingénieur civil des mines à , etc. $ 11. — Expositions spéciales. 4 A l'Indo-Chine se raltachait le pelit pavillon de Quan-Tcheou-Wan, dans lequel M. Decker avait HEVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. réuni ben nombre d'objets intéressants. Nous cile- rons, parmi ceux qui nous occupent, différentes denrées alimentaires, des champignons séchés et surtout une collection de plantes médiei- nales faisant partie d'une pharmacie chinoise très curieuse. La visite des pavillons spéciaux à chaque groupe colonial indo-chinois ne nous retiendra plus long- temps. Il serait cependant injuste de n'y pas faire pénétrer le lecteur; il y verra l'effort sérieux de divers particuliers en vue de la mise en valeur de notre grande et belle possession asiatique. Dans le pavillon de la Cochinchine, au point de vue spécial auquel nous nous sommes placé, nous n'avons guère à signaler que la belle vitrine de M. J. Berthet, de Saïgon (riz, coton, soie, etc.), et, dans celui du Cambodge, des bois travaillés mer- veilleux, qui sont d’ailleurs partout en Indo-Chine répandus en abondance. Dans le pavillon de l’Annam, MM. Bertrand, Dero- bert, Lejeune et Delignon, Mathey, ete., avaient exposé de nombreux produits, parmi lesquels des thés, des cafés, du caoutchouc, des huiles de bois, du stick lac, elc.: au Laos, il n'y avait guère qu'une remarquable collection d'objets curieux, d'œuvres d'art, mais au Tonkin nous devons nous arrêter pour féliciter grandement le Syndicat des Plan- teurs du Tonkin de sa magnifique exposition. Celle-ci s'adressait également aux commerçants et aux touristes et comprenait d'abord un chalet de dégustation pour les thés et les cafés, puis une superbe exposition globale des produits agricoles et forestiers, réunie par vingt-sept colons et sur- veillée par quatre d’entre eux se tenant tour à tour à la disposition du public. Quelques-uns, comme MM. Lafeuille, Yvoir, Tarlarin, avec les graines oléagineuses, MM. Perrin avec la citronelle, la coca, MM. Maron, Bonnatour, Godard, Reynaud, avec les caoutchoues, les plantes médicinales, les céréales, les textiles, méritentune mention spéciale, qu'il nous faudrait accorder peut-êlre également à tous. Le palmarès de l'Exposilion leur rendra pleinement justice, nous en sommes convaincu, et ils nous pardonneronltde ne pouvoir décrire minu- lieusement chacune de leurs expositions particu- lières, qu'il faudra renouveler à chaque occasion er France pour vulgariser leurs produits. Espérons, en outre, que l'exemple de solidarité donné par eux ne sera pas perdu dans l'avenir pour nosaulres colonies. VI. — ANCIENNES COLONIES ET ILES DU PACIFIQUE. Deux pavillons abrilaient tout le reste de notre empire colonial: Antilles, Guyane, Réunion, Nou- velle-Calédonie, Tahili, ies Nouvelles-Hébrides, ete. 32 23 1018 ÉMILE PERROT — LES PRODUCTIONS DU SOL DE NOS COLONIES Un rapide coup d'œil nous suflira pour passer en revue sans commentaires les quelques produits qui se rapportent à notre sujet. La Réunion, à côté de la vanille el du cacao, nous montrait une collection de végétaux utiles réunis par les soins du Jardin Botanique; on y trouvait aussi une série d'échantillons de bois de diverses essences. À la Nouvelle-Calédonie, du pénitencier de Bourail avaient exposé une col- lection de matières premières végélales, des résines, des bois, des minerais (cobalt, nickel, chrome) et aussi de beaux échantillons de caout- chouc de Banian rouge et blanc. Le café était aussi représenté, à notre avis d'une façon très insuffi- sante; pourtant son commerce oscille autour de 500 tonnes annuellement. La Guyane atlirait surtout l’altenlion sur une production lentement croissante d'or (89 millions de 1896 à 1905, en augmentation de 29 millions sur la période décennale précédente); en revanche, il y avait à peine quelques autres produits, comme ja Balata, le caoutchouc d’Æevea. Qui donc tirera ce pays de sa torpeur, et ne pourrait-on pas, en nous défaisant d’un senlimentalisme exagéré, sinon ridi- eule, utiliser les déportés aux œuvres d’assainisse- ment et de création de voies de pénétration abso- lument indispensables pour l'avenir économique de la colonie? Divers produits des Nouvelles-Hébrides étaient intéressants, el aussi quelques collections de Tahiti. les concessionnaires VII. — CoxcLusroxs. Sans avoir pénétré aussi profondément que nous l’aurions désiré dans les détails, nous venons de passer en revue les malériaux amassés à Marseille dans le but de renseigner le public francais sur la variété des ressources de nos possessions loin- taines ; la question se pose maintenant de savoir si l'effort considérable accompli par quelques-unes d'entre elles sera compensé par des résultats appréciables. Il est évidemment encore très prématuré d'émet- ire à ce sujet une opinion; mais il ressort cepen- dant, de cet examen impartial, des indications sérieuses qui permettent de sortir quelque peu du domaine des hypothèses. Nous avons suivi avec soin toules les manifes- tations auxquelles donna lieu cette Exposition, principalement sous la forme de Congrès scienti- fiques ou commerciaux ; nous nous sommes docu- menté auprès d’un grand nombre de personnalités coloniales ou métropolitaines compétentes; aussi nous permettra-t-on de tirer quelques renseigne- ments des choses vues et des idées échangées. | capital initial englouti et craindrait de se trou Tout d'abord, étail-elle bien nécessaire, celte exhibition, dent la réalisation entraina quelques- unes de nos Colonies dans des frais énormes, que certains prétendent hors de proporlion avec leurs ressources ?:.. | Si la nécessité ne s'en faisait pas sentir, on peut dire que l'utilité n'est pas douteuse, et, pour notre part, nous croyons sincèrement que nos principaux groupes coloniaux ont sagement agi en répondanll ainsi à l'appel de notre grand port méditerranéen, Combien la situalion de ces derniers nous appa- rait, en effet, comme analogue à celle d'une impor- tante industrie récemment créée qui, après un certain nombre d'années d'efforts, verrait | dans l'impossibilité de faire un nouvel appel de capitaux ! La ruine serait imminente, et pourtant ce n 4 qu'une période critique, car quelques subsides sup plémentaires suffiraient pour la mise en valeur de l'outillage économique qu'elle a si péniblement constitué, et il en résulterait la réussite et la for-| tune. Î Laissons de côté les vieilles colonies, jadissi pros- pères, mais que de fausses conceptions politiques ethumanitaires ont amenées à un étatsi précaire; ne parlons ‘pas de l'Afrique du Nord, dont nous sommes à même de nous entretenir plus souvent} et envisageons par exemple ce qui se passe dans notre groupe colonial ouest-africain. Il y a peu d'années encore, chacune des colonies qui le coms posent élait indépendante, et son administration] ignorail sa voisine, avec laquelle elle avail cepen= dant de larges points de contact. Quand on eut ir parti des ressources de la bande littorale, on s'ape cut bien vite qu’il devenait nécessaire de « syndis caliser » leurs intérêts, sous peine de les voir con] damnées à une stagnation qui pourrait devenir! mortelle. Un homme remarquable, en qui le Gouvers} nement français avait mis toute sa confiance, réalisa et créa le Gouvernement général de l'Afriqu…, occidentale, c'est-à-dire un organisme central dont le rôle est de veiller aux intérêts communs, tout en sauvegardant, pour chaque unité du groupe, le prin-| cipe de autonomie RÉ NE re FACE à le commerce général, telles! furent les préoccupations du début. Le pouvoir cen-| tral n’a pas failli à ses devoirs : nos colonies afri- caines de l'Ouest jouissent aujourd'hui de la sécu- rité la plus complète; les mesures d'hygiène et la suppression graduelle du portage, en même Lemps que l'amélioration des conditions économiques de l'existence indigène, donnent déjà des résultats, ÉMILE PERROT — LES PRODUCTIONS DU SOL DE NOS COLONIES 1019 importants, qui se lraduisent par une augmentation | Sensible, en quelques années, du nombre des noirs soumis à notre domination. rs Augmenter le trafic nécessitait l'entreprise d'im- menses travaux, comme l'aménagement des fleuves it des ports et l'amélioration des voies de pénétra- ion vers l'intérieur; c'était la condition sine qua n emprunt de 65 millions en 1903 et le nou- el appel, qui sera entendu par nos Chambres, de gramme. … C'est la ruine, clament encore quelques esprits Chagrins; c'est la prospérité certaine, pourrait-on pondre, si l'on veut bien constater queles récents oncons de voie ferrée ont pu, dès la première anée d'exploitation, réaliser quelques minces néfices, là où les plus optimisles escomptaient des déficits importants. … La fonclion crée l'organe, disent les naturalistes; “ici, l'organe développe la fonction. — Un seul danger continue à menacer l'essor de ce 4 groupe, sur lequel on ne saurait revenir avec trop vie commerciale à une ou deux exploitations lensives ou encore à une culture unique. La Mauritanie produit de la gomme et du sel; le dune exportation unilatérale de palmiste et d'huile de palme (plus de 9 millions de francs sur 12 millions peine d'exportation totale). “ Chaque colonie, à l'abri de sa production spéciale, peut donc développer son outillage économique, Mais il importe que, par tous les moyens, on arrive créer des ressources nouvelles qui puissent la tirer Sur l'article principal du commerce extérieur. L'Exposilion de Marseille vient de révéler ces dangers au grand public; heureusement, elle lui a ‘également permis de constater les efforts accomplis en vue d'y remédier. Il sait maintenant que notre Mauritanie a tout lieu d'espérer la création proche d'un poste de pêcheries, que le Haut-Sénégal a vu Mlémbarras dans le cas où une crise se ferait sentir les essais de l'Administration et de l'Association cotonnière coloniale couronnés de succès, et que le mème espoir de développer la culture du coton serait permis dans le Haut-Dahomey. De même, on nous assure que des millions (!) de pieds de plantes à caoutchouc ont été replantés et que l’on n’est pas prêt de s'arrêter là; enfin, des missions scientifiques et économiques continuent et précisent l'inventaire des ressources du sol. Nous enregistrons avec joie ces travaux de toute nature, qui tendent à doter l'Afrique occidentale de produc- tions nouvelles. Grâce à l'Exposition coloniale, le grand public suivra sans doute les efforts accomplis avecunréelintérêt; ilexigera même qu'on le tienne au courant de la façon la plus précise de la marche des événements. . Au Congo, une organisation analogue à celle de l'A. O. F. vient d'être créée, et il semble qu'on puisse également en attendre les meilleurs résultats ; car le problème de la mise en valeur se pose avec les mêmes redoutables inconnues. L'ivoire et le caoutchouc, exploités d'une manière irraisonnée et intensive, ont vu leur production baisser considé- rablement; mais heureusement les plantations de cacaoyers sont en bonne voie et leurs produits très estimés sur les marchés. D'autre part, il ya lieu d’es- pérer beauccup des riches gisements minéraux que nous annoncent les prospecteurs les plus sérieux. lei encore, la création de chemins de fer s'impose, qui permettront d'amener à la côte, à des prix de revient rémunérateurs, toutes les productions nalu- relles secondaires. On remarquera que nous ne nous oceupons guère de l'importalion; c'est qu'en effet elle est fonction de l'exportation et de l'administration. Faites l'indigène toujours plus heureux et plus riche, amenez les Européens à s'installer nom- breux pour surveiller leurs intérêts, et le chiffre d'importation s’élèvera graduellement pour le plus grand bien des fournisseurs métropolitains. L’Indo-Chine, par la nature même de son expo- silion, est le contraste frappant de sa grande sœur africaine; ici, c'est l'abondance des matériaux, attestant une exubérante fertilité, qui remplace la pénurie des productions due à la pauvreté du sol dans cette dernière. L'avenir économique de l’Indo-Chine réside dans le triage heureux qu'elle saura faire de ses richesses naturelles. Elle doit devenir, par exemple le grenier à riz de l'Extrème-Orient, et concur- rencer, par un établissement judicieux de cultures intensives (thé, caoutchouc, poivre, café, elc.), ses riches voisines de l'Inde et de la Malaisie. Le marché immense de l'Extrême-Orient lui est ouvert; son sous-sol est riche en charbon, ce qui permettra, gräce également au rail, le développement rapide 1020 ÉMILE PERROT — LES PRODUCTIONS DU SOL DE NOS COLONIES des industries minières qui semblent appelées au plus grand avenir. Les forêts des plateaux de l’'Annam et du Laos, principalement, sont peuplées des bois les plus précieux et comptent aussi quantité de lianes à caoutchouc, cette précieuse denrée dont la consom- malion va chaque jour grandissant; mais, comme partout ailleurs, la question du transport reste en première ligne des préoccupations administratives. Il n'est pas jusqu'à Madagascar, malgré sa silua- tion précaire actuelle, dont on ne puisse envisager le relèvement naturel par la culture du riz, par la production de la soie, du caoutchouc, par diverses exploitations minières; mais ici les progrès seront lents : l’ile est immense, sa conquête trop récente, la main-d'œuvre extrêmement réduite à cause de sa faible population; loutefois, le chemin de fer de Tananarive à la côle aidera sans doute énormé- ment à développer son trafic avec l'extérieur. Telles sont les réflexions encourageantes que sug- gère la visite de l'Exposition coloniale, d'après le seul examen des productions variées du sol et du sous-sol; nous ne doutons pas qu’elles puissent être modifiées par des considérations économiques d'ordre plus élevé, mais il nous était impossible d'aborder ces dernières. Il faudrait des volumes pour discuter avec ampleur les données du problème de mise en valeur, car les solutions sont extrêmement différentes avec chaque colonie, et c'est ce qu'oublient certains polémistes aux tendances un peu trop généralisatrices. La main-d'œuvre, entre autres choses, est une des questions les plus ardues que l’on puisse aborder, car on concoit aisément qu'elle ne saurait êlre envisagée dans les mêmes condilions s’il s’agit de peuplades africaines, primilives et disséminées, ou si l'on s'adresse à la région annamite, avec sa population si dense et héritière d’une civilisation séculaire. Aussi nous dirons, pour terminer, que l'Exposi- tion de Marseille et les Congrès dont elle fut le pré- texte, en affirmant la vitalilé de notre empire colo2 la cause de nos possessionsl lointaines le plus signalé des services. Ils ont con-k vaincu un grand nombre de pessimisles de la néces- sité d’un effort puissant de la Métropole‘; ils nous" nial, ont rendu à ont soustraits aux dangers d’un optimisme exa- géré par la sincérilé avec laquelle furent débattuesk les questions les plus variées et les plus complexes: enfin, ils nous ont montré la diversité des ressources que la France pouvait tirer de ses colonies par uné administration forte, instruile, sage et entendue: ' Une admirable collection d'ouvrages, de rap- ports, de calalagues, rédigés par des personnalités compétentes, est à l'impression, et ce ne sera pas l'une des moins belles œuvres de l'exposition, € à celle-là est indestructible. Conservons précieusement celle immense toi mentalion matérielle et lilléraire, et meltons-nous dique et rationnel des productions naturelles étudions ces monceaux de matériaux et, avec a collaboration des industriels, des capilalistes des laboratoires compétents, cherchons en somme à tirer le plus grand profit de cet effort dispen= dieux. 4 Que les questions mesquines d'hommes ou systèmes disparaissent ou soient enfin reléguées: l'arrière-plan; que des méthodes rigoureuses d'administration succèdent aux essais passagers th sion coloniale. Em. Perrot, Ÿ Professeur à l'Ecole supérieure de Pharmacie de Pari; Membre du Jury de l'Exposition de Marseille. "4 1 N'oublions pas que c'est à l'appoint apporté par nof empire colonial (1.500 millions annuellement environ) « la France doit de n'avoir pas à constater une diminuliof dans son commerce général. | ri: CAMILLE VALLAUX — L'ENSEIGNEMENT DANS LES ÉCOLES D'IIYDROGRAPHIE 1021 sil est un lieu commun rebattu, c'est celui qui pe sonstate la décadence de notre marine de com- battu que le premier stigmatise, à ce propos, la mollesse et le manque d'initiative de nos commer- à fait erronée? Est-ce bien le commerce qui, en France, manque à la marine? N'est-ce pas plutôt marine qui manque au commerce? Le mouve- les ports francais, a baissé de 41,4 °/, à 25,6 °/, : le déclin est lent, mais ininterrompu, et il conli- nue. M. Millerand déclare qu'en 1902 noire pa- illon à transporté en poids à peine la moitié de mos exportalions par mer (44,69 °/.), et le quart Mde nos importations (25,38 °/,)'. Donc la ma- Etière, c'est-à-dire le fret, ne manque point à notre “marine de commerce : seulement, elle ne sait pas s'en saisir et l'utiliser. Pourquoi? Queslion com- plexe, qui admet plusieurs réponses, loules égale- ment plausibles. A notre avis, une des causes du mal réside dans l'absence de préparalion des états- majors de la marine marchande au rôle commer- “cial qu’ils doivent jouer. C'est ce que nous allons essayer de montrer par l'examen et la critique des méthodes d'enseignement employées pour eux. — Pour commander un navire de commerce fran- “ais au long cours, il faut justifier du brevet de Capitaine au long cours, ordinaire ou supérieur, “qui comporte deux examens, un de théorie el un d'application. Pour exercer les fonctions de second “Ou de lieutenant, les diplômes d'élève ou d'officier “de la marine marchande suffisent. Pour comman- “der au cabotage, on exige au moins le brevet de “maitre au cabotage, qui comporte un minimum de Meonnaissances nautiques. On ne peut se présenter A: 1 Cet article était écrit et composé lorsque le décret du 41 octobre 1906, par son article premier, a attribué au Ministère du Commerce « les écoles d'hydrographie ou de navigation commerciale, le matériel et le personnel d’ensei- Ænement ». C'est une éclatante justification des idées €xprimées aux paragraphes Il et IT de la présente étude. Le Rapport qui précède le décret, et qui porte la signature de M: Clémenceau, a été rédigé dans le mème esprit que notre article. 2 Board of Trade. Tables showing the progress of Mer- Chant Shipping for the year 1904. tableau n° 7, page 24. à Rapport du # mai 1904, au ministre du Commerce, au nom de la Commission extraparlementaire de la Marine marchande. F L'ENSEIGNEMENT DANS LES ÉCOLES D'HYDROGRAPHIE à ces différents examens qu'en justifiant d'un cer- tain temps de navigation professionnelle, sauf pour l'examen de théorie de capitaine au long cours, auquel tout candidat peut se présenter de plano dès l'äge de dix-sept ans’. IL y a une certaine chinoiserie dans cetle com- plication d'examens, de brevets et de diplômes. Mais n'insistons pas sur ce point. La préparation aux brevels et aux diplômes se fait dans les Écoles d'Hydrographie, qui dépendent du Ministère de la Marine. Disons tout de suite que ces Écoles ne jouissent pas d’un privilège exelusif. On peut se préparer ailleurs. Ainsi, les Chambres de commerce subvenlionnent des écoles libres à Dieppe, à Fécamp, à Saint-Nazaire, à Marseille, à Alger, à Philippeville. De même, personne n'ignore qu'une Section de navigation maritime, créée en vue des mêmes examens, a élé annexée, le 21 sep- tembre 1905, à l’École supérieure de Commerce de Paris. Mais, dans la pratique, l'immense majo- rité des élèves se forme toujours dans les vieilles Écoles d'Hydrographie. Ce sont elles qui nous pré- parent, pour demain,'nos capitaines et nos seconds des navires de commerce. C'est donc à elles qu'il faut nous adresser, pour savoir Où nous en sommes et sur quoi nous pouvons compter. I. — ORGANISATION ET PROGRAMMÉ DE L'ENSEIGNEMENT. Les Écoles d'Hydrographie sont filles de l'inserip- tion maritime. Du jour où l'État francais a mis en tutelle, pour le service de sa flotte, les populations du littoral, il s'est trouvé obligé, par une consé- quence logique, de veiller à tous leurs intérêts. Un des plus pressants parmi ces intérêts consistait dans l'accès facile aux commandements et aux postes subalternes de la navigation de commerce. C'est pourquoi les Écoles d'Hydrographie furent fondées; c'est pourquoi elles furent placées sous la dépendance du Ministère de la Marine; c'est pour- quoi, enfin, on les établit exclusivement sur le liltoral, en nombre suffisant pour éviter aux ins- crits des déplacements trop longs et trop onéreux. Elles sont aujourd'hui au nombre de seize : Dun- kerque, le Havre, Granville, Saint-Malo, Saint- Brieuc, Paimpol, Brest, Lorient, Nantes, Bordeaux, Agde, Marseille, Toulon, Saint-Tropez, Cannes, Baslia. Toutes ces écoles ne s'équivalent pas. Les unes, Le Havre, Saint-Brieuc, Brest, Nantes, Bor- deaux, Agde, Marseille, Toulon, sont ouvertes aux : Décrets du 18 septembre 1893 et du 29 décembre 1901. 1022 CAMILLE VALLAUX — L'ENSEIGNEMENT DANS LES ÉCOLES D'HYDROGRAPHIE candidats aux diplômes d'élève de 1"° et 2° classe de la marine marchande, et au brevet de capitaine au long cours, supérieur ou ordinaire : elles forment une sorte de degré supérieur dans l’enseignement de l'Hydrographie. Les autres sont ouvertes seule- ment aux candidats au diplôme d'élève de 2° classe de la marine marchande, etaux brevets de capitaine au long cours ordinaire et de maitre au cabotage : c’est le degré inférieur. En pratique, cette distinc- tion importe assez peu. Ceux que notre affirmalion étonnera en seront à coup sûr moins surpris, quand ils connaîtront l'organisation et les méthodes adoptées pour l’un et l’autre enseignement. Le premier sujet d'étonnement que nous donnent les Écoles d'Hydrographie, c’est le programme lui- même. Les programmes d'enseignement dans ces Écoles de préparation devraient, semble-t-il, concorder d'une manière exacle avec les programmes des connaissances théoriques exigées pour la conquête des brevets et des diplômes". Or, cette concordance n'existe pas. Par une anomalie dont aucun autre exemple, je crois, ne se trouve dans notre système d'examens et de concours, le programme obliga- toire d'enseignement des Écoles est ridiculement étroit et insuffisant en comparaison des pro- grammes d'examens auxquels il prétend préparer. Pour s’en convaincre, on n'a qu'à comparer les listes suivantes. L'enseignement officiel et obligatoire dans les Écoles d'Hydrographie consiste en cours sur l'A- rithmétique, la Géométrie, la Trigonométrie, la théorie de la navigation, l'usage des instruments nautiques, le calcul des observations. Le brevet ordinaire de théorie de capitaine au long cours comporte des épreuves de composition française, de calculs nautiques, d'Arithmétique, d'Algèbre, de Géométrie, de Trigonométrie, de Cos- mographie, de Navigation, de Mécanique, de ma- chines à vapeur, de Géographie. Le brevet d’appli- cation comporte encore quelques connaissances théoriques, comme la Physique du globe, le droit maritime commercial et la langue anglaise. Dans le brevet supérieur de capitaine au long cours, aux connaissances précédentes viennent s’a- jouter la Physique, la Chimie et l'Histoire. Le diplôme d'élève de la marine marchande comporte les mêmes épreuves que le brevet de ca- pitaine au long cours. On voit donc qu'une bonne moitié des pro- grammes d'examens ne figure pas dans le pro- gramme des Écoles d'Hydrographie. Ni composition française, ni Physique, ni Chimie, ni Histoire, ni ‘ Les candidats acquièrent les connaissances pratiques pendant leurs périodes d'embarquement. Géographie, ni machines à vapeur, ni droit com- mercial, ni langue anglaise ne sont régulièrement | enseignés aux Écoles. Je ne discute pas ici la plus | ou moins grande valeur de ces connaissances pour la formation d'un officier de la marine de com- | merce : je me borne à constater qu'elles figurent | aux programmes d'examens, qu'elles sont exigées, et que les Écoles d'Hydrographie ne les enseisu(is pas. pe Pour être juste, il faut ajouter que de timides efforts sont faits un peu partout, dans les seize, centres, pour parer à celte insuffisance, au dedans etau dehors de l'École. Au dedans de l'École, le professeur fait généra lement, dans la seconde partie de l'aunée scolaire, à partir dé janvier, des cours supplémentaires s ir | certaines questions de manœuvres, sur les cons tructions navales, sur les machines à vapeur, toutes matières qui lui sont assez familières; il donn K mème quelques compositions françaises. 1 Au dehors de l'École se font aussi des confés rences, où des personnes de provenance diverse, plus souvent d'anciens capitaines au long cour essaient de combler les lacunes qui restent. En fait, ce double palliatif est bien insuffisant Le vrai et sérieux enseignement ne comprend guère que les matières indiquées au programme officiel des Écoles. Pour le reste, les candidats se tirent d'affaire comme ils peuvent. Il en résulte que les Écoles d'Hydrographie ne peuvent préparer efficacement, ni le brevet de cas pitaine au long cours, ni le diplôme d'élève de 1 marine marchande. Elles ne préparent bien que les brevets et les diplômes inférieurs. | Comment pourrait-il en être autrement? | D'abord, chaque École n'a qu'un seul professeur Déjà, par la grâce de son programme officiel, ce malheureux est un véritable maitre Jacques du professoral : tantôt cocher, tantôl cuisinier, Je veux dire mathémalicien le matin, astronome le. soir, navigateur le lendemain, il fait plusieurs mé= | tiers. Que serait-ce s'il était encore obligé d’ ensei= gner la Physique, la Chimie, le Droit commercial l'Histoire, l'Anglais, la Géographie? Pour une pas M reille tâche, il faudrait, non un homme ordinaires mais une encyclopédie vivante. Le professeur l d'Hydrographie est un simple mortel : il ne faut pas lui demander tant. C'est ici le lieu de rechercher d’où vient ceb homme, à qui le programme des Écoles demande de savoir tant de choses, ce professeur qui neserail. rien moins qu'un homme universel, s'il enseignait réellement les connaissances qu'on exige de ses élèves aux examens. Les professeurs d'Hydrographie sont recrutés | au concours parmi les officiers de la marine milite | ’ CAMILLE VALLAUX — L'ENSEIGNEMENT DANS LES ÉCOLES D'HYDROGRAPHIE 1093 fire du grade d’enseigne ou de lieutenant de vais- Seau, et parmi les capitaines au long cours; on pose aux seconds des conditions d'âge (trente us. au tre) dont les premiers sont dispen- pour la EE — qui changent de carrière : pie Dir révé d’une vie d' RUES après en avoir essayé s'il y a fait croire à beaucoup de personnes qu'un homme intelligent pue enseigner n ARpOrte quoi à n’im- Mieutenant de vaisseau qui FOR par la gräce ‘un concours, professeur dHsdrbgréple, après avoir dépensé huit ou dix ans de jeunesse et de Morce dans une carrière toute diflérente, est-il bien préparé à son rôle de maitre et d'éducateur ? Est-il bpréparé, notamment, à former des capitaines et “des seconds au commerce, alors qu'il n'a, lui- "mème, d'autres notions sur les besoins du com- merce et sur le rôle commercial des capitaines que celles qu'il a puisées dans son bon sens? Et je fais abstraction pour l'instant des difficullés que lui vaut le nombre exagéré des élèves et des heures “de cours : à ne considérer que son origine ordi- aaire, le professeur d'Hydrographie n'est-il pas mis en présence d'une (âche particulièrement diffi- “ile pour lui? Les difficultés auxquelles se heurtent les profes- Seurs d'Hydrographie sont encore accrues par la provenance et la nature même de leurs élèves. J'ai S au commencement de ce paragraphe, que es Écoles d'Hydrographie ont été créées pour les Minscrits. Ce sont donc, avant tout, des inscrits qui es peuplent : soit de tout jeunes garcons, qui sor- Mont de l’école primaire et qui veulent conquérir le brevet théorique de capitaine au long cours, soit des jeunes gens d’un äge un peu plus avancé, qui Mont déjà navigué et qui conditionnent pour les brevets et pour les diplômes où un temps de uavi- “gation est exigé. Dans les deux cas, ce sont des Mélèves mal préparés à recevoir un enseignement { dequelque valeur, surtoutunenseignement-express où tout le programme imposé est traité en dix mois de scolarité. D'une manière générale, il est permis d'affirmer que la population de nos inscrits ? Conformément au décret du 15 janvier 1877 est une des moins cultivées de France, une de celles où l’enseignement primaire donne les moin- dres résultats, soit par défaut d'une scolarité suffi sante, soit pour toute autre raison. Il suffit, pour s'en convaincre, de parcourir les statistiques de l’enseignement primaire ou de se rendre comple du grand nombre d'illettrés qui arrivent tous les ans à bord des bâtiments de guerre. Ce sont de mauvais élèves d'école primaire que reçoivent les Écoles d'Hydrographie. En outre, les jeunes gens qui travaillent pour les diplômes et pour les brevets d'application ont perdu, dans leurs deux ou trois ans de navigation, le peu d'habitude du travail intellectuel qu'ils pouvaient avoir. Il faudrait beau- coup d'efforts, beaucoup d'habileté, il faudrait sur- tout du temps pour labourer comme il convient ces cerveaux rebelles. Or, si les efforts ne man- quent pas, si l'habileté ne manque pas non plus, le temps, lui, manque tout à fait. II. — CRITIQUES. Par le simple exposé que nous venons de faire des conditions générales et du cadre de l’enseigne- ment dans les Écoles d'Hydrographie, les défauts extérieurs de ce système ressortent déjà d'eux- mêmes. Il nous sera aisé de les grouper dans une vue d'ensemble. Mais on se ferait une idée insuffisante du mal qui en résulte, si l'on se bor- nait à considérer les vices exlérieurs de l’organi- salion sans fouiller jusqu'au cœur même, c'est-à- dire sans analyser les erreurs originelles et fonda- mentales dont l'organisation boiteuse des Écoles n’est que le signe visible. D'abord, la répartition géographique des Écoles est bien singulière. Il eût semblé naturel de les établir uniquement dans de vraies places de com- merce marilime, où les élèves auraient profité de l’inestimable enseignement par les veux et par les faits. Les élèves d'Écoles comme celles du Havre, de Nantes, de Marseille et de Bordeaux, peuvent bénéficier tant qu'ils veulent de cet enseignement, que rien ne remplace. Mais quelle utilité y avait-il à établir ou à laisser subsister des Écoles dans de vieilles villes maritimes aux trois quarts morles comme Agde et Saint-Tropez? Pourquoi une École à Cannes, où ne viennent que des bateaux de plai- sance et point de bateaux de commerce ? Pourquoi des Écoles dans trois ports militaires sur cinq? Pourquoi, en revanche, n’y a-t-il point d'Écoles dans telles de nos grandes places de commerce, actives et prospères, comme Cette et Boulogne? Aucune idée générale n’a guidé cette répartition, qui s’est faite peu à peu, au hasard des routines, des ignorances et des réclamations locales. Je ne reviendrai pas sur le défaut si choquant très 102% CAMILLE VALLAUX — L'ENSEIGNEMENT DANS LES ÉCOLES D'HYDROGRAPHIE du désaccord complet entre le programme des Écoles et les examens de la marine marchande. Mais le professeur unique entraine bien des incon- vénients. Dans les Écoles des centres importants, ce professeur, qui a trop de matières différentes à enseigner à ses élèves, a en même temps trop d'élèves, qui sont eux-mêmes trop différents par läge et par l'avancement intellectuel, et auxquels il fait trop d'heures de cours. À Marseille, dans l'année scolaire 1905-1906, l’École comptait T5 élèves. Les cours, à Marseille comme dans les autres centres, durent normalement 6 et mème 8 heures par jour, au moins dans les derniers mois de scolarité. Il tombe sous le sers que le professeur ne peut, ni faire ses cours, ni corriger les devoirs comme il conviendrail. Les classes des Écoles d'Hydrographie, dans de pareilles conditions, lom- bent au rang de ces écoles primaires encore si nombreuses dans certains départements arriérés comme le Morbihan, le Finistère et les Côtes-du- Nord, où il y a pénurie de locaux et de maîtres et où plusieurs classes comptent 80 élèves et même davantage : ces classes ne sont que des garderies, où la parole du maître est perdue pour les deux liers, au moins, des auditeurs bénévoles. Les petils paysans, élèves des écoles primaires dans les départements bas-brelons, ne protestent point contre ce régime, qui les laisse croupir dans l'ignorance. Mais les élèves des Écoles d'Hydro- graphie, qui ont des examens à passer et une car- rière à faire, ne peuvent s'en accommoder aussi aisément. Ils sont dans l'obligation presque impérieuse de demander à leurs professeurs des lecons supplé- mentaires payantes. Ils sont presque lous forcés de prendre des lecons, les bons élèves comme les mauvais. Ce simple fait, sur lequel je ne veux pas insister outre mesure, suffirait à faire apprécier comme il convient l’organisation de l'enseignement hydrographique. Un enseignement publie, un ensei- gnement d'Æ/at qui impose le cachet à ses élèves se condamne lui-même. Il est inférieur à son rôle; il ne rend aucun des services que l’on allend de lui. Mais tous ces défauts, si graves et si criants qu'ils soient, sont des défauts de surface. Ils pro- cèdent tous d’une même cause profonde, qui seule a pu leur permettre de naître et de se développer sans obstacles. Cette cause, c'est la prépondérance exclusive donnée à la mémoire dans les Écoles d'Hydrographie; c’est la passivité intellectuelle, passée à l’état de pralique invétérée et indéraci- nable chez les élèves de ces Écoles; c'estle manque de culture de la réflexion, le manque de culture de l'esprit d'observation, le manque de culture du jugement. Nous touchons ici au vif de la question. L'ensei- | faire quelque figure pendant un examen de quelques gnement des Écoles d'Hydrographie, qui est excluz sivement scientifique, devrait développer les plus. solides qualités de l'esprit. Par les Mathématiques, les élèves devraient s'habituer à la rigueur du ra sonnement et à l'horreur des à peu près. Par l'usage | des instruments nauliques et par les observa=M tions, ils devraient conquérir celte adaptation de l'œil qui est si nécessaire au marin et qui, par sa GÉRCAEES et par sa Dee atteint la vs l'observation, à la comparaison des phénomènes naturels et des phénomènes humains, qualités que le marin aurait souvent l'occasion de déployer pour le plus grand profit de la marine qui l'emploie ek du commerce qui lui confie ses transports. Compris de cette manière, les programmes des examens dé la marine marchande auraient une valeur de pre mier ordre pour la formation intellectuelle de l’'offfs cier : mais est-ce de cetle manière que les Écoles d'Hydrographie conçoivent et exécutent leur mis sion? Nous n'hésilons pas à répondre que nom nous n'hésilons même pas à dire qu'elles l'ont tou le contraire, et qu'on dépense dans ces Écoles unt somme considérable de travail et d'efforts pou arriver à un résultat tout opposé au résullat désis rable. Les qualités qu'il faut développer chez le marin la réflexion, la raison, l'observation, sont filles du temps. Elles ont besoin, non seulement de germer, mais de mürir assez longtemps dans lesprit avant de donner leurs fruils. Un enseignement scientis fique, comme celui que donnent les Écoles d'Hydro us ne peut.pas: se os Alarigueur | Rs Même avec Hes nee mere x préparées, — ce qui n’est pas le cas pour les Écoles d'Hydrographie, — l’enseignement scientifique doïb se déposer peu à peu dans l'esprit, par couches suc cessives. Tout entassement hâtif de connaissances est sujet à s'écrouler soudain, sans avoir porté les fruits espérés. Sans doule, on peut bourrer les cerveaux de connaissances positives et de résultats mathémaliques qui permetlent aux candidats de à À | ri / | | CAMILLE VALLAUX — L'ENSEIGNEMENT DANS LES ÉCOLES D'HYDROGRAPHIE heures ; mais on n y parviendra que par deux moyens aussi antiscientifiques l'un que l’autre, qui sont l'u- - sageexclusif de la mémoire et l'argument d'autorité. Ce sont précisément ces moyens qui sont en hon- - neur dans les Écoles d'Hydrographie. Il ne peut en être autrement. Prenons, par exemple, l'enseigne- ment de la Géomélrie. Les professeurs d'Hydro- graphie, d'après le témoignage qui m'a été fourni par l’un d'eux, disposent d'environ un mois et demi pour cet enseignement! Il faut, dans ces quarante- cinq jours, voir les huit livres de la Géométrie, à peu près telle qu'on la fait en quatre années dans les classes de lettres des lycées. Dans ces conditions, ilest impossible d'inviter les élèves à réfléchir même sur les principaux théorèmes; il est aussi impos- sible de leur donner des problèmes, qui sont le seul moyen de s'assurer qu'ils ont comprisetqu'ils sont capables d'utiliser ce qu'ils apprennent. On pralique avec eux une sorte de revision hâlive, à toute vitesse, telle qu’elle se fait dans ces odieux établis- sements qui sont la négation même de tout ensei- gnement, les « boîtes à bachot ». Il en est ainsi des autres malières enseignées. Si réduit que soit le programme des Écoles d'Hydrographie par rap- port au programme des examens, il est encore trop élendu par rapport au lemps ridiculement court dont les professeurs disposent. Aussi les élèves — je dis les meilleurs élèves — sont incapables de s'assimilerconvenablementcequ'ils apprennent : il faudrait qu'ils eussent des facultés surhumaines pour le faire. Ils apprennent par cœur, en toute hâte; ils entassent notions sur notions, en compre- nant à moitié, ou même, parfois, en ne comprenant pas du tout. Qu'importe, pourvu qu'ils soient capables, au jour de l'examen, de répéter à la lettre ce qu'ils ont appris! Assurément, ils sont pour la plupart de ceux que l’on déroute, rien qu'en leur changeant les lettres des figures. Le Phare de la Loire a raconté en 1905 l'amu- sante histoire de ce capilaine au iong cours, pourvu du brevet supérieur, qui avait été embarqué comme second sur un transatlantique. À son premier quart de nuit, il fit réveiller plusieurs fois son comman- dant, sous prétexte que la houle menaçait de deve- nir synchrone. Le commandant se hâta de le faire débarquer, et demanda qu'on ne lui donnät plus, à l'avenir, d'officiers aussi savants‘. Nous pouvons terminer nos critiques sur ce trait, dont tout commentaire affaiblirait la portée. III. — RÉFORMES À OPÉRER. Notre exposé et nos criliques pourraient peut- être faire croire à certains de nos lecteurs que nous ! Ce récit a été reproduit dans la Revue générale de Ja Marine marchande, 1°" semestre 1905, pages 593-591. 1025 avons un faible pour l’enseignement surchargé et pour les programmes touffus. Car nous avons plaidé la cause des malières nouvellement introduites dans les examens de la marine marchande et forcé- ment laissées de côté par les Écoles d'Hydrographie mal organisées. Qu'on veuille bien ne pas se méprendre sur ce point. Nous avons demandé la concordance du programme des examens et de celui des Écoles, et nous avons déclaré le pro- gramme des Écoles défectueux : mais nous trouvons pas celui des examens beaucoup meilleur. Nous ne demandons pas un enseignement sur- chargé; nous voudrions, au contraire, un enseigne- ment allégé, et surtout opposé à la vieille routine. Cet antique enseignement hydrographique — vieux comme ce nom d'Aydrographie qu'il porte et qui, appliqué à cet enseignement et à ces Écoles, ne signifie plus rien du tout — doit être modernisé. Il faut le moderniser sans le surcharger. Or, jusqu'ici on l’a surchargé sans le moderniser. C'est au décret du 18 septembre 1893 que remonte la discordance, aujourd’hui si frappante, entre le programme des Écoles el celui des examens. Avant 1893, il n’y avait que deux brevets, celui de capitaine au long cours et celui de maitre au cabotage.-Pour s'y présenter, il fallait avoir vingl- quatre ans d'âge et soixante mois de navigation. L'enseignementne s'adressail donc qu'à deshommes faits, dont les Écoles d'Hydrographie complétaient, par un pelit bagage de notions théoriques, l'instruc- lion professionnelle et pratique déjà fort avancée. Mais on commençait à s'apercevoir, en 1893, qu avec le développement des transports maritimes, l'augmentation du lonnage des bateaux et la com- plicalion nouvelle de l'outillage naval, l'ancien enseignement hydrographique ne suffisait plus. Aussi le décret rendu à cette époque accrut les pro- grammes et élablit le revet théorique de capitaine au long cours, où l'on peul se présenter à l'âge de dix-sept ans, sans aucune condition de navigation. ne On a vu combien ont été médiocres les résultats de ce système, qui superposait à une organisation ancienne des programmes nouveaux trop louffus et rédigés, semble-t-il, avec peu de réflexion. Ajoutons que l’exemplion de deux années de ser- vice mitlaire conférée, depuis le décret de 1893, aux titulaires du brevet théorique de capitaine au long cours, a suffi à allirer dans les cadres de la marine marchande beaucoup de jeunes gens qui n'avaient pas le moindre goût pour la mer ni pour le com- merce maritime. Il faut donc rompre, à la fois, avec l’ancienne tradition etavec les errements nouveaux. La marine de commerce a besoin d'états-majors autrement et mieux préparés. La formule générale de l’enseignement nécessaire 1026 CAMILLE VALLAUX — L'ENSEIGNEMENT DANS LES ÉCOLES D'HYDROGRAPHIE a été donnée en très bons termes par M. Thomson, ministre de la Marine, à l'inauguration de la nou- velle École supérieure pratique de Commerce et d'Industrie de Paris (21 décembre 1905) : « Il est nécessaire, disait M. Thomson, de se pé- nélrer de la complexité du rôle du capitaine à bord du navire. « Sa charge ne se borne pas à diriger la naviga- tion du bâtiment et à faire preuve, à cet effet, des connaissances techniques et pratiques nécessaires. « Le capitaine est à bord le préposé commercial de l’armateur, et il doit faire toutes les opérations utiles pour la réussite de son entreprise. Armé des pouvoirs les plus étendus pour assurer l’arrivée au port de la cargaison qui lui est confiée, il doit done, aux yeux de l'armaleur, posséder des connais- sances économiques, commerciales el juridiques qui doivent le rendre capable de sauvegarder les intérêts considérables qu'il a mandat de servir’. » Malheureusement, ces excellentes paroles ont servi de commentaire à la création de la Section de navigalion marilime annexée à l'École supérieure d'Industrie et de Commerce de Paris. Or, cette création n'a pas résolu le problème. Nous rendons hommage aux intentions de ceux qui ont créé la Section maritime. Nous reconnais- sons qu'ils se sont parfaitement rendu compte du défaut d'instruction première et de préparation de nos marins du commerce. Nous allons même jusqu'à convenir que la Section maritime de l'École de Com- merce pourra déterminer quelques vocations qui, sans elle, couraient risque de s’ignorer toujours. Mais nous ne pensons pas qu'on puisse former loin de la mer tout un état-major de la marine mar- chande. Or, il ne s’agit pas de déterminer quelques vocalions isolées, mais de refondre en entier un corps dont les traditions sont surannées, et dont la formation intellectuelle et professionnelle est insuf- fisante. Nous pensons que la vraie solution consisterait à créer une ou plusieurs Écoles flottantes, où les élèves, recrutés très jeunes, recevraient une instruc- tion à la fois théorique et pratique. Placer la navigation professionnelle avant l’acqui- sition des connaissances théoriques les plus néces- saires, comme nous le faisons en France pour tous nos brevets et diplômes, sauf pour le brevet théo- rique de capilaine au long cours qui ne confère aucun droil immédiat, c'est mettre la charrue devant les bœufs. Sur les Écoles flottantes, il y aurait à la fois mo- dernisation et « venlilalion », si l’on peut dire, des programmes. Les connaissances superflues ou peu utiles ne tarderaient pas à s'éliminer d’elles-mêmes, ! Temps, du 22 décembre 1905. ou bien elles seraient réduites à la portion congrue ; les connaissances utiles se tailleraient leur part légitime. Ces Écoles flottantes existent à l'Etranger. Elles donnent de très bons résullats dans les pays où elles … ont été organisées d'une manière rationnelle, et où aucune routine antérieure ne s’oppose à leur déve- loppement, par exemple en Allemagne. L'École de navigation fondée par le puissant armement brémois, le Norddeutscher Lloyd, pour recruter les officiers de cette compagnie, a déjà fait ses preuves, et il peut être intéressant d'exposer ici en quelques mots son organisation et ses pro- grammes: L'École du Norddeutseher Lloyd est établie sur le quatre-mâls barque Æ/erzogin Sophie Charlotte et sur son annexe /lerzogin Cecilie. Gent jeunes gens y sont recus pour un cours d’études de trois années. Ces jeunes gens doiventavoir moins de dix- huit ans, n'avoir jamais navigué, être en bonne santé et posséder une instruction suffisante. L'ins- truction théorique comprend l'allemand, l'anglais, le français, l'Histoire, la Géographie, les Mathéma- tiques, la Navigation, l’Astronomie, le Droit mari- time. L'enseignement pratique se compose de la manœuvre, de l'application des règles de la navi- gation, des exercices d'arrimage, des divers modes de chargement employés dans les ports, en un mot, « de tout ce qui concerne les intérêts de l'armateur et peut lui donner une compréhension parfaite du commerce international! ». Ainsi le Norddeutscher Lloyd à établi dans son École l'enseignement de l'économie maritime.On chercherait en vain quelque chose de semblable, soit dans les programmes de nos Écoles d'Hydrographie, soit dans ceux de nos brevets et de nos diplômes. Nous souhailerions donc qu'on organisät, pour notre marine de commerce, des Écoles flottantes et naviquant réellement au commerce, aux lieu et place des Écoles d'Hydrographie qui ne sont pas à ré- former, mais à supprimer. Si certaines personnes répoussent cette solution comme trop radicale, nous leur répondrons qu'il est bien plus facile de faire du nouveau que de réformer une routine. Rien n'est plus malaisé que de faire du neuf avec du vieux : les rédacteurs des décrets de 1893 et de 1901 s'en sont bien aperçus. Cependant, si l’on voulait à toute force garder le vieux cadre hydrographique, au moins ne fau- drait-il garder que le cadre, et réformer de fond en comble organisation et programmes. Nous allons exposer brièvement les points prin- cipaux sur lesquels cette réforme devrait porter. ‘ Revue générale de la Marine marchande, 1®* semestre 1 1904, p. 611. . PE... ns D CAMILLE VALLAUX — L'ENSEIGNEMENT DANS LES ÉCOLES D'HYDROGRAPHIE 1027 D'abord, les Écoles d'Hydrographie cesseraient de dépendre du ministère de la Marine, et seraient mises sous l'autorité du ministre du Commerce. Le ministère de la Marine n'est et ne doit être qu'un ministère militaire. Tout organisme de ce ministère qui ne concourt pas directement à la préparation de la guerre maritime est un organisme parasite. La formation intellectuelle el professionnelle des officiers de la marine de commerce ne regarde pas le ministère de la Marine. Ensuite, il faudrait à la fois simplifier, moder- niser et fortilier l'enseignement. Les principaux défauts de l’enseignement actuel, au point de vue purement théorique, peuvent se résumer en quelques mots: trop de Mathématiques; pas assez de sciences d'observation et d'expérience. Et au point de vue pratique : aucune des notions nécessaires qui font du marin l'utile auxiliaire du commerce. C'est une erreur de croire qu'il faille tant de Mathématiques pures pour faire un bon marin. Les rédacteurs des programmes officiels le recon- naissent eux-mêmes, puisqu'ils recommandent de faire porter les examens, en Arithmétique et en Algèbre, surtout sur les applications pratiques et immédiates de ces sciences. Ce n'est pas surtout, c'est uniquement qu'il eùt fallu dire. En réduisant les programmes mathématiques à leur côté pra- tique, sans rien leur faire perdre de leur solidité, on réaliserait une économie de temps et d'effort qui permettrait de fortifier d’autres parties du programme. Ces autres parties sont les sciences d'observa- tion, les langues étrangères, et ce que j'ai appelé tout à l'heure « l'économie marilime ». Pour la formation intellectuelle d'un homme comme le marin, qui est sans cesse en contact avec le monde extérieur et chez qui le coup d'œil et le discernement sont des qualités essentielles, les sciences d'expérience et d'observation, Physique, Chimie, Sciences naturelles, nous paraissent au moins aussi uliles que les Mathématiques. La Phy- sique et la Chimie, qui ont leur part dans les pro- grammes des brevets, n’en ont aucune dans l'en- seignement actuel des Écoles d'Hydrographie. Les Sciences naturelles n’existent nulle part : en fait, elles sont sacrifiées un peu partout, bien à tort, dans nos programmes d'enseignement et de con- cours. Bien entendu, il ne s'agit pas d'exiger une étude approfondie de ces sciences, mais de de- mander simplement les notions nécessaires aujour- d'hui à Lout homme cultivé. Pour les langues étrangères, si négligées, il est maintenant indispensable que les officiers du commerce en sachent au moins deux, l'anglais et l'allemand. Or, l'anglais est peu appris par nos candidats, et l'allemand n'est pas appris du tout. L'économie maritime, qui elle aussi n'existe nulle part à l'heure présente, comprendrait quelques notions d'Économie politique, la Géographie com- merciale, l'étude des lignes de navigation, des ports, des usages divers et des outillages de char- gement et de déchargement, des droits de port et de douane dans les différents pays, l'étude des tarifs d'exportation, des tarifs combinés des voies ferrées et des voies maritimes, de la navigation des « tramps » ou bateaux d’intercourse, des règle- ments sanitaires. Aucune étude n'est plus inté- ressante et plus utile pour le marin du commerce: aucune n'est traitée avec une si méprisante indiffé- rence. — C'est par la pratique, nous dira-t-on, que l'officier de la marine de commerce acquiert ces notions. — Cela revient à dire que, pour devenir officier de la marine de commerce, il n'est pas nécessaire d'apprendre son mélier. Nous soutenons que, si le marin veut savoir son métier, il doit d'abord acquérir les connaissances que nous venons d'énumérer. Ainsi, que l'on supprime radicalement les vieilles Écoles d'Hydrographie, ou qu'on les maintienne en les réformant de fond en comble, la marine mar- chande française n’aura un personnel instruitet apte à accomplir sa mission que si les errements actuels sont abandonnés. Sans avoir dans l'efficacité des méthodes d'enseignement et des programmes une foi exagérée, nous pensons que notre marine repren- drait bien vite de la vie el de l'activité, si elle avait des hommes. Car ce qui lui manque, nous le répé- tons, ce n’est pas le fret, ce sont les hommes capables d'empêcher ce fret d'entrer et de sortir par bateaux étrangers. Nos hommes politiques ont cherché désespérément des remèdes : ils ont fait pleuvoir sur les constructeurs et sur les armateurs de véritables mannes, sous forme de primes à la construction, de primes à la navigation, de com- pensations d'armement; tout cet argent a été dépensé en pure perte, ou à peu près. Ne vaudrait- il pas mieux préparer nos états-majors à com- prendre et à jouer comme il convient leur rôle commercial? Cela coûterait moins cher et produi- rait des résultats meilleurs. Camille Vallaux, Professeur à l'École navale. 102$ ° G. MELANDER — L'ÉLECTRISATION PAR RAYONNEMENT L'ÉLECTRISATION PAR RAYONNEMENT ET L'ÉMISSION D'ONDES RAPIDES PAR LES CORPS A LA TEMPÉRATURE ORDINAIRE J. — L'ÉLECTRISATION DES CORPS PAR LE RAYONNEMENT. LA CHALEUR ET PAR La question de l'électricité atmosphérique date de loin, Franklin ayant fait ses expériences célè- bres en 1751; plusieurs savants ont démontré depuis lors que le champ électrique normal n’exisle pas seulement pendant les orages, mais aussi bien par ciel pur. Les cerfs-volants, dont on se servait pour ces expériences, s'élevaient quel- quelois aux grandes hauteurs, enaccumulant l'élec- tricité des nuages. Mais des mesures plus exactes concernant l'électricité atmosphérique ont été obtenues plus tard en faisant usage des ballons aérostatiques, caplifs ou libres. C’est ainsi qu'on à pu mesurer l'ionisation de l'air aux diverses hau- teurs au-dessus du sol. On a reconnu, par ces expé- riences, que notre atmosphère esl presque conti- nuellement chargée d'électricité, la charge du sol étant en général, par beau temps, négalive, celle de l'air, au contraire, positive. La proportionnalité de l'intensité du rayonne- ment solaire aux phénomènes du magnélisme ter- restre m'a donné l'idée l'influence du rayonnement sur les aimants. J'ai trouvé par ces recherches un aflaiblissement momentané des aimants dû au ravonement. Cet affaiblissement l'affaiblissement des d'étudier semblai ere analogue à aimants causé par l'élévation de la température, mais quelques expériences concernant l'influence de la lumière du magnésium sur les mêmes aimants m'ont fait soupçonner aussi un effel élec- tromagpétique. Il me sembail, cependant, pos- sible que le rayonnement solaire fût même la source indirecte du lerrestre. Ce rayonnement serait peut-être l'origine des cou- rants électriques de la Terre. magnélisme Les expériences décrites ci-après furent entre- prises pour élucider la question de savoir si le rayonnement solaire peut donner naissance à des charges électriques sur les corps exposés au Soleil. Ces expériences furent faites à l’aide d'un électro- mètre à quadrants du type Dolezalek. L'aiguille de cet électromètre est en papier couvert de feuilles d'élain et suspendue à un fil de quartz qu'on à rendu conducteur en ie plongeant dans une solu- lion de-chlorure de magnésium. En faisant usage de fils de quartz suffisamment fins, la sensibilité de cet électromètre peut être augmentée jusqu'à 17 millimètres par millivolt. L'aiguille de l’électromètre élait chargée par une pile à couronne à un potentiel de 89 volts. L'autre électrode de la pile et une paire des quadrants de l'électromètre étaient mises en communicalion avec la terre, c'est-à-dire au potentiel zéro. L'autre paire des quadrants était en communicalion isolée avec le disque d'épreuve. Ce disque, en laiton, élait suspendu tout près de la lunette d'observa- Lion. Les divers corps, exposés au Soleil, furent ap- prochés au-dessous de ce disque et l'on observa la déviation du miroir de l’électromètre. Le signe des charges était déterminé de la manière ordinaire. Les mêmes corps avaient été étudiés de la même manière déjà avant leur exposition au Soleil. On constatait ainsi que, généralement, iis ne possé- daient pas de charges appréciables à l'électro- mètre employé. Un morceau de paraffine ainsi qu’une plaque de gutta-percha paraissaient, cependant, faiblement chargés déjà avant leur exposilion au Soleil, quoique ces corps fussent restés au moins un an dans l'obscurité avant les expériences. Un bàton de cire à cacheter, exposé à la lumière du jour, avait aussi une faible charge négalive avant l'ex- position au Soleil. Les charges d'une plaque d'ébo- nite et d’un bâton de verre n'étaient pas appré- ciables avant l'exposition de ces corps au Soleil. Tous ces corps recevaient, exposés au Soleil, des charges électriques. Le morceau de paraffine, la plaque de gutla-percha et le bàlon de cire à cacheter devenaient si fortement électriques que l'échelle employée ne suffisait pas pour loutes les mesures. Ces charges, ainsi que la charge faible recue par la plaque d'ébonite au Soleil, étaient négatives; mais un bâton de verre, dont une moilié était dépolie, et l'autre laissée naturelle, se char- geait positivement au Soleil, indépendamment de la qualité de la surface. Mes expériences concernant l'influence des rayons solaires sur l'état électrique des métaux ont mis en évidence le fait que c'est une opéralion aussi délicate de charger les bons conducteurs par les rayons du Soleil que de les charger par frotte- ment. Le métal doit être attaché à un isolateur. Mais ilest souvent difficile de distinguer l'effet du métal de celui de l'isolateur. Quelques expériences ’ I G. MELANDER — L'ÉLECTRISATION PAR RAYONNEMENT failes avec des balles de laiton font voir que le | laiton devient chargé négativement sous l'influence de la chaleur. Quelques autres métaux chaufés paraissaient recevoir des charges positives. Géné- ralement, ces charges des mélaux étaient bien faibles en comparaison des charges recues par quelques isolaleurs exposés au Soleil. Je n'ai pas encore fini mes mesures absolues. On voit, cependant, déjà que cet effet des rayons solaires peut servir à mesurer l'énergie de ces rayons. Les rayons qui causent ces charges électriques se trouvent de préférence dans la lumière du Soleil. Ils passent très bien par la vitre ordinaire, mais la plus légère formation de nuages absorbe une quan- tité considérable de ceux ci. J'ai cherché à trouver quelques propriétés radio-actives chez les corps qui deviennent électriques au Soleil, mais ces expé- riences n'ont pas jusqu'ici donné des résultats décisifs. La méthode qui consiste à charger les corps par le frottement est la première expérience électrique connue. On a aussi prétendu que c'est seulement par cette méthode, ou par d’autres opérations mécaniques, qu'on peut donner des charges élec- triques aux corps. Celle question n'est pas cepen- dant élucidée encore. D'une part, plusieurs savants ontrangéies corps dans un ordre tel qu'ils sont positifs quand on les frolte avec ceux qui les sui- vent el négatifs avec ceux qui les précèdent. Les séries trouvées ainsi par diverses personnes s'ac- cordent en général, mais pas en particulier. D'autre part, la thermo-électricité aussi bien que les phé- nomènes pyro-électriques lrouvés chez quelques cristaux font voir que la température a aussi une iufluence sur les charges électriques des corps. Les expériences que je viens de relater parais- sent ainsi prouver que l'énergie rayonnante, aussi bien que les autres formes d'énergie, peut donner naissance à des charges électriques. Des expé- riences ullérieures montreront si lous les corps peuvent se charger au Soleil, et l'on devra spé- cialement étudier quel est le rôle que joue l'air ambiant sur les corps exposés à la lumière. Il semble, en tout cas, bien probable, que les rayons solaires sont la source de la charge électrique de la Terre, et l'on peut se demander si le Soleil nous donne l'électricité de la même manière qu'il nous donne la chaleur. Il. — LES CORPS RAYONNENT-ICS DE LA LUMIÈRE VIOLETIE ET ULTRA-VIOLETTE A LA TEMPÉRATURE ORDINAIRE ? Une question qui se rattache par cerlains côtés à celle que nous venons d'examiner à fait égale- ment le sujet de nos recherches. 1029 Quiconque a passé l'hiver dans les pays du Nord se rappellera sans doute la clarlé des nuits, même lorsque le ciel est tout à fait couvert par d’épais nuages. On peut, à ce sujet, se demander si c'est la lumière réfléchie des étoiles ou une espèce de rayonnement de la couche de neige qui rend les paysages nocturnes couverls de neige tellemen plus clairs que les mêmes paysages avant la chute de la neige. Ces réflexions m'ont conduit, pendant l'hiver 1893-1894, à faire des expériences sur le rayonnc- ment de la neige. Les résultats de ces recherches ne furent cependant pas décisifs. Mais les travaux de MM. Wilson et Allan sur la radio-activité de Ja pluie et de la neige m'ont donné l’idée de refaire mes expériences au printemps de 1904. Une plaque photographique est exposée pendant la nuit dans une caisse spéciale au rayonnement de la neige; elle était cette fois, à sa partie centrale, couverle de plaques séparées de zine, au lieu du carton employé dans mes expériences antérieures, Les épreuves, révélées au bout de six heures envi- ron de pose, montraient alors une impression bien notable. Soupçonnant plusieurs causes d'erreur. j'ai enfin porté la caisse qui renfermait la plaque sensible, sans l’exposer du tout, dans ma poche, tout à fait comme on l'avait portée autrefois à la place d'exposilion. L'épreuve, révélée au bout du même temps, fit voir les mêmes traces, entourant la plaque de zine et neltement limitées aux contours de celle-ci, que j'avais observées sur les épreuves exposées à la neige. Je refis encore ces expériences en évitant toute lumière. dans la chambre obscure, mais le résullal resta le même. Je plaçais maintenant les plaques de divers métaux sur une plaque photographique et laissais la câisse rester dans la chambre obseure pendant six mois. L'épreuve, révélée au bout de ce temps d'action, indiquait d'une manière frappanté que l'action de la plaque de zinc, qui était la plus notable, ne correspondait pas à la longueur du temps de pose. Cette observation me conduisit à étudier l'in- fluence de la température sur l'action exercée sur la plaque photographique par les divers métaux. Dans ce but, j'ai fait faire un couple thermo- électrique en forme de baguette rectangulaire (2,8 X 2,8 mm), dont une moilié était d’antimoine et l'autre de bismuth. Ce couple élait posé sur une plaque photographique enfermée dans une caisse spéciale de fer-blanc, d'où les fils du couple sortaient seulement. On faisait alors passer un courant élec- trique de 5 ampères par le couple (hermo-élec- trique pendant un temps variant, dans les diverses expériences, de vingt-cinq à vingt-sept heures. L'épreuve, révélée au bout de ce temps de pose, 1030 2 G. MELANDER — L'ÉLECTRISATION PAR RAYONNEMENT montrait de larges traces entourant les contours de la surface inférieure du couple et nettement limitées à ces contours. Ces traces élaient beaucoup plus fortes autour de la moitié de bismuth qu'autour de la partie en antimoine. L'action sur la plaque photographique était évi- demment provoquée par les surfaces latérales du couple. Pour étudier la cause de l’inaclivité du bas du couple, je me décidai à faire l'expérience en suspen- dant le couple au-dessus de la plaque à une distance de deux millimètres environ. L'épreuve, révélée au bout de vingt-cinq heures de pose, offrait mainte- nant une tache en forme d'’ellipse allongée. Pour expliquer ces expériences, on doit admettre que l’action des métaux est une fonclion de la tem- pérature. Le couple étant chauffé par le courant, son extrémité inférieure reposait sur la plaque photographique et restait moins chauffée que les autres surfaces libres. En cas de séparation du couple et de la plaque, toutes les surfaces de chaque moitié du couple recevaient la même température et l’action était la même dans chaque direction rec- tangulaire à l'axe du couple. La photographie obtenue offrait ainsi une section de l'ellipsoïde d'action entourant le couple. Déjà convaincu de la nature rayonnante de cetle action des mélaux, je me décidai à refaire mes expé- riences en employant alternativement des plaques orlhochromatiques et des plaques ordinaires, spé- cialement sensibles aux rayons violets et ultra- violets, mais très peu sensibles aux autres rayons du spectre visible. Le temps de pose restant Île même, les épreuves oblenues avec les plaques ordinaires ont toujours montré des impressions beaucoup plus intenses que les épreuves obtenues avec les plaques orthochromatiques. On reconnait, par conséquent, que l’action des métaux sur la plaque photographique, si elle est due au rayon- nement, est provoquée surtout par les rayons violets et ultra-violets, mais pas notablement par les plus longues ondes lumineuses. Mais on à supposé que cette action des métaux sur la plaque photographique était due aux gaz for- més sur leur surface. Pour étudier cette question, je me suis servi de la disposition suivante : Le couple et la plaque sensible étant placés l'un sur l’autre dans une caisse, comme dans mes premières expé- riences, je faisais passer un courant d'air tout le long de la surface du couple. Le couple était pour cela entouré de trois côtés d’un tuyau en carton, dont le quatrième côté élait formé par la plaque photographique même. Un tube qui traverse le couvercle de la caisse et débouche à un bout du tu yau en carton sert à l'entrée de l'air. Un tube égal, à l'autre bout du tuyau en carton, sert à sa sortie. En cas de formalion d'un gaz sur la surface du couple, l'impression produite par ce gaz sur la plaque photographique devrait paraître avancée dans la direction du courant d'air. Mais l'épreuve, ” révélée au bout du même temps de pose que dans mes autres expériences, ne fait voir aucun avance- ment de l'impression dans cette direction. Les con- tours sont, au contraire, aussi nels que sur les autres épreuves. Celte expérience paraît ainsi montrer que l'im- pression produite par les métaux sur les plaques photographiques n'est pas due aux gaz formés sur leur surface. J'ai encore étudié l'influence de l’air ambiant sur l'action des mélaux. Au moyen d'une caisse spé- ciale, où l'on pouvait faire le vide, j'ai pu constater que l'impression de mon couple thermoëélectrique sur la plaque photographique n'était pas sensible- ment changée quand la pression dans la caisse était de 160 millimètres et le temps de pose de vingt-six heures environ. Dans les expériences dont j'ai parlé jusqu'ici, le métal a toujours été chauffé par un courant élec- trique. Mes expériences sur l’activité du zinc porté dans ma poche m'ont cependant conduit à étudier si la seule élévation de la température peut aug- menter à ce point l’action des métaux sur la plaque pholographique. Deux tubes en U, l’un en zinc, l’autre en cuivre, étaient pour cela alternalivement mis dans la caisse, la partie centrale posée sur la plaque photogra- phique. Un courant d'eau provenant d’un réchauf- foir en communication avec la conduite d'eau tra- versail ces tubes pendantles expériences. En réglant le chauffage et le débit de l’eau, on pouvait bien resserrer les limiles de la température du courant d'eau. Quant au tube en zinc, les épreuves révélées au bout de vingt-huit heures de pose montrent des impressions bien intenses, quand la température moyenne du courant d’eau était 42°7 C. Mais. quand cette température était de 7° environ, le mème tube en zinc produisait des impressions nulles au bout du même temps de pose. Le tube en cuivre n’influait pas sur la plaque photographique, quoique la température du courant d’eau fût plus élevée que dans les expériences faites avec le tube en zinc. Ces expériences prouvent bien que ce n’est pas la chaleur rayonnante qui cause l'action des mé- aux sur la plaque photographique, quoique cette action soit une fonction de la température. Les impressions reçues par l'action du couple thermoélectrique antimoine-bismuth sont aussi, comme je l'ai dit déjà, dues à l'élévation de la tem- pérature, l'antimoine et le bismuth étant tous les deux mayvais conducteurs. C’est ce que prouvent G. MELANDER — L'ÉLECTRISATION PAR RAYONNEMENT 1031 … mes expériences tout à fait semblables, mais faites “avec un couple cuivre-zine, dont la résistance étail “ beaucoup moindre. Ce couple n'a pas influé sur la pee photographique dans le temps de pose de vingt-six à vingt-huit heures, quoique le zinc soit actif déjà à température ordinaire, si le temps de pose est suffisant. M. Russell, qui a éludié de préférence l’action des métaux sur la plaque photographique, a donné une explication tout à fait chimique de ce phéno- mène. Il suppose une formalion d'eau oxygénée à la surface des métaux, qui exercerait date observée sur la plaque photographique. On a ce- pendant trouvé que celte action s'effectue plus ou moins facilement à travers divers écrans minces - (papier, celluloïd, gélatine, aluminium, etc.) placés entre le métal et la plaque sensible. On a enfin observé que le phénomène reste le même aussi quand le mélal est entouré d'alcool. | Ces expériences portent déjà à croire que le phé- nomène en question n'est pas d’une nature pure- ment chimique. Les expériences que je viens de relater paraissent prouver que l’action des métaux . sur la plaque photographique est due à un rayon- + nement qui augmente avec la température. Celle action est, selon mes expériences, indépendante de la pression de l'air ambiant et elle est plus forle quand la plaque photographique est spécialement - sensible pour les rayons violels et ultra-violets. On . est ainsi conduit à se demander si les mélaux el peut-être un grand nombre de corps luisent déjà à la température ordinaire, quoique l'absorption dans nos yeux nous empêche de voir cette lumière. On devrait, dans ce cas, admettre que le spectre des divers corps s'étend déjà à la température ordinaire au delà des rayons violets, quoique la partie des À «rayons visibles » même ne soit pas encore per- ceptible. M. Piltschikoff a, le 14 septembre 1905, au Con- grès international pour l’étude de la radiologie et de l'ionisation, présenté une communicalion con- cernant «les rayons Moser ». Il désigne sous ce nom toutes les radiations des mélaux qui influent sur la plaque photographique, en remarquant que Moser, déjà en 1842, avait eu l'idée d’un pareil rayonnement. M. Piltschikoff parle des rayons positifs, qui dé- composent le bromure d'argent, et des rayons né- gatifs, qui reconstituent le bromure d'argent dé- composé par l’action antérieure de la lumière. Il appelle rayons neutres ceux qui sont indifférents par rapport au bromure d'argent, et il range tous les métaux en trois groupes suivant leur faculté d'émettre des radiations positives, négatives ou neutres. Pour expliquer les résultats de ces expé- riences, M. Piltschikoffadmet l'existence de groupes sous-atomiques, c'est-à-dire d'ions lourds avec mouvements lents, se dégageant des surfaces mé- talliques pendant l'oxydation des mélaux et dont l'apparition n'est que l'effet secondaire du processus. Sans nier la possibilité des effets chimiques et des phénomènes admis par M. Piltschikoff comme effets secondaires, on peut cependant trouver une explicalion plus naturelle en admettant que les spectres des divers corps ont, à la température ordinaire, leur maximum d'intensité aux diffé- rentes longueurs d'onde. M. W. de Abney a, en effet, montré que les ondes lumineuses les plus courtes décomposent le bromure d'argent, mais que les rayons calorifiques reconslituent le bro- mure d'argent, décomposé par l'action antérieure de la lumière. On a ainsi, dans chaque spectre, une partie dé- composante et une partie reconslituante. Si ces deux parties sont aussi intenses, le corps doit émettre des rayons « neutres ». Si la partie décom- posante est plus intense, le rayonnement devient positif, mais, en cas contraire, ce rayonnement est négatif. L'idée que les spectres des corps solides aussi à la lempéralure ordinaire ne sont pas limités par une longueur d'onde déterminée dans la partie calorifique, mais s'étendent, l'intensité allant en décroissant, loin au delà des radiations visibles, est bien conforme à la conception moderne de la Phy- sique. On ne trouve pas de limites brusques dans la Nature. Aussi la faculté de voir dans l’obscurité, que nous trouvons chez plusieurs animaux, parait confirmer l'opinion que nous avons exprimée ici, c'est à-dire que les corps émettent de la lumière déjà à des températures beaucoup plus basses que celles auxquelles cette lumière peut exercer une action sur nolre œil défectueux. G. Melander, Privat-docent de Physique à l'Université d'Helsingfors. 1032 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES 1° Sciences mathématiques Poincaré (H.), Membre de l'Institut, Professeur à la Faculté des Sciences de Paris. — Leçons de Mécanique céleste professées à la Sorbonne. Tome 1. —1 vol. gr. in-8° de 367 pages avec figures. (Prix : 142 fe.) Gauthier- Villars, éditeur. Paris. M. Poincaré publiait, il y a quelques années, son grand ouvrage sur les Méthodes nouvelles de la Mécanique céleste. S'attaquant, dans celte œuvre magistrale, à des sujets considérés auparavant comme inaccessibles, l'illustre auteur établissait le manque de convergence des séries de la Mécanique céleste et leur trouvait des propriétés analogues à celle de Stirling. Il arrivait à démontrer l'existence des solutions périodiques du problème des trois corps et celle des solutions asym- ptotiques, qui se rapprochent ou s'éloignent indéfini- ment des premières. L'importance de ces résultats, au point de vue mathé- matique pur et au point de vue des applications, est énorme. Is constituent, dans leur ensemble, une des plus belles conquêtes de la science moderne, et, cepen- dant, de la lecture de l'ouvrage se dégage l'impression que la brèche faite par M. Poincaré dans le rempart de difficultés qui environne le problème des trois corps, n'en à pas sensiblement ébranlé les défenses. Ce pro- blème apparaît comme étant encore beaucoup plus difficile qu'on ne le pensait autrefois, et l'on se rend compte que les moyens analytiques dont on dispose aujourd'hui sont dans l'enfance par rapport à ceux qu'il faudrait posséder pour en obtenir la solution rigoureuse, mème dans les cas les plus simples. Aussi, ne saurait- on trep admirer le génie des fondateurs de la Méca- nique céleste qui sont venus à bout, au point de vue pratique, de ce problème insoluble. Il était donc naturel que M. Poincaré, après avoir bàti pour son propre compte, fit connaître l'œuvre de ses devanciers, inventoriàt les diverses parlies de l’édi- lice qu'ils ont élevé et en consolidât les points faibles. Tel est l'objet du nouveau volume qui a paru récem- ment à la librairie Gauthier-Villars, volume qui con- tient le résumé de leçons faites par l’auteur devant ses auditeurs à la Sorbonne. L'esprit dans lequel il a été conçu est indiqué, comme il suit, dans la préface : « Je prends le problème à ses débuts, en supposant connus seulement les principes de l'Analyse et de la Mécanique, ainsi que les lois de Képler et de Newton. Je n'emprunte aux méthodes nou- velles que leurs résultats essentiels, ceux qui sont sus- ceptibles d'une application immédiate, en m'eflorçant de les rattacher le plus intimement possible à la méthode de la variation des constantes. « D'un autre côté, Tisserand s'est constamment préoc- cupé de reproduire, aussi fidèlement qu'il a pu, la pensée des fondateurs de la Mécanique céleste, et, en effet, son livre nous la rend tout entière sous une forme condensée. Je n'avais pas à refaire ce qu'il avait fait et bien fait. « J'ai été plus droit au but; le chemin suivi par nos devanciers n'a pas toujours été le plus direct; en pareil cas, J'ai coupé au court; je me privais ainsi de tout ce qu'ils avaient vu en route et qui souvent élait plein d'intérêt; mais je n'avais pas à le regretter, puisque Tisserand nous l'avait montré. » En fait, le mode d'exposition suivi dans le livre sort entièrement des sentiers ordinaires. Il abrège considé- rablement la route, et le lecteur, guidé par M. Poincaré, arrive à des connaissances nouvelles, de la plus haute ET INDEX importance, que la facon de procéder d'autrefois n'avait pas permis de mettre en lumière. L'emploi des équations de la Dynamique, sous la forme Hamilton-Jacoby, et les changements canoniques de variables qui laissent inaltérée la forme des équa- tions, jouentun rôle essentiel dans le cours de l'ouvrage: aussi le volume s'ouvre-t-il par un chapitre consacré à ces questions. L'auteur met ensuite le problème des trois corps en équations el définit la fonction perturba- trice, dans diverses hypothèses. Il étudie le mouvement elliptique, après avoir intégré les équations du problème des deux corps, en suivant la voie tracée par Jacoby, laquelle suppose la connaissance d’une intégrale com- plète d'une équation aux dérivées partielles du premier ordre. Le mécanisme de la méthode de la variation des constantes de Lagrange est ensuite dévoilé au lecteur; puis des considérations élégantes de symétrie font connaitre la forme et les propriétés du développement de la fonction perturbatrice. M, Poincaré explique alors comment les équations du mouvement troublé s'intè- grent, par approximations successives, et procède à la classification des termes des développements. En quelques lignes, il fait toucher du doigt les termes auxquels correspondent, soit les inégalités à courte et à longue période, soit les inégalités séculaires. A titre d'application, il établit le théorème de Lagrange sur l'invariabilité des grands axes, qui consiste en ce que les perturbations du premier ordre, par rapport aux masses, de ces éléments ne contiennent pas de termes proportionnels au temps. L'auteur revieut, du reste, plus loin sur ce sujet, à propos du théorème de Poisson qui complète celui de Lagrange. La théorie des perturbations séculaires forme Ja matière d'une grande partie du livre. Considérant d’abord le problème des trois corps restreint, c'est-à- dire le cas où le mouvement képlérien d'une pelite planète est troublé par une grosse planète qui décrit, dans le même plan que la première, une orbite cireu- laire autour du Soleil, M. Poincaré montre que l'in- troduction des termes séculaires, dans les développe- ments,estuniquement due aux procédés d'intégration et qu'il est possible de les faire disparaitre. Il fait ensuite l'étude complète des perturbations séculaires, dans le problème des trois corps, pris dans toute sa généralité, et montre que l’on peut s'en débarrasser, comme dans le cas du problème restreint et par des moyens ana- logues. Ce résultat est d'une très grande importance au point de vue de la stabilité du système solaire. On peut en conclure, notamment, que les excentricités et les ineli- naisons des grosses planètes, qui sont faibles actuelle ment, resteront toujours petites, puisqu'elles sont sou- mises uniquement à de petites oscillations périodiques. C'est un point que Laplace et Lagrange, dans leurs travaux sur ce sujet, étaient loin d’avoir élucidé. Préoccupé d'arriver au but, par la voie la plus courte, M. Poincaré avance, dans son exposition, sans se sou- cier des procédés qu'il faudrait mettre en œuvre pour obtenir effectivement les développements dont il à besoin. A la fin de l'ouvrage seulement, il s'arrête un instant sur les moyens pratiques de former directement ces séries, après en avoir étudié les propriétés par des considérations de symétrie. Il termine en exposant succinctement la méthode de Delaunay, qui offre de srands avantages au point de vue des applications numé- riques et lui sert d'instrument pour faire connaître les particularités du mouvement de la planète Hécube. Ce volume est, avant tout, un livre de théorie pure; à il n'est nullement rédigé en vue des applications. Fort heureusement, M. Poincaré doit compléter ce qu'il à “ si bien commencé, atin de mettre son œuvre à la portée - des calculateurs, pour le plus grand bien de lAstro- nomie. Maurice Hay, Astronome à l'Observatoire de Paris. 2° Sciences physiques Colardeau (E.), Professeur de Physique au Collège Rollin. — Approximations dans les mesures phy- siques et dans les calculs numériques qui s’y rattachent. — 1 vol. in-8° de 373 pages. Vuibert et Nony, éditeurs. Paris, 1906. Le but de l’auteur a été d'abord de montrer com- ment doit ètre conçu lenseignement de la Physique afin de triompher du premier écueil, l'intransigeance des esprits inexpérimentés, déçus de ne plus rencon- rer dans les sciences expérimentales la rigueur 2bsolue à laquelle les a habitués l'éducation mathématique. Il importe de les bien convaincre de l'impossibilité de songer à vivre dans le monde fictif de la rigueur ab- solue. Il faut bien, à chaque instant, se borner, à son insu, à ce que les sens sont capables d'apprécier, et négliger tout ce qui demeure au-dessous de cette limite. Et, à cet égard, les instruments de physique offrent précisément un moyen de reculer, parfois très loin, cette limite d'appréciation. Il convient donc d’ha- bituer les esprits à se rendre constamment un compte exact de l’ordre de grandeur des quantités négligées, et à juger par eux-mêmes quand ces approximations | sont légitimes, quand elles ne troublent en rien l’ac- cord avec ce qui est réellement observable et mesu- - rable. Il faut bien reconnaitre que, pour des raisons diverses, ce souci n'est pas toujours suffisamment accusé dans tous les cours de Physique. Et est-ce bien à l’enseignement seul qu'un reproche de ce genre pourrait être adressé? N'’existe-t-il pas des travaux ori- ginaux quelque peu fautifs au même égard par leur affirmation d'une précision illusoire ? Combien exige- raient impérieusement d'ètre revisés! Plus d'un auteur aurait intérêt à se pénétrer du présent ouvrage, dans lequel M. Colardeau a apporté, avec son sens de physi- cien, son expérience éclairée de l’enseignement. Il connait l'art d'intéresser en n'hésitant pas, lorsque l'occasion s'en présente, à entrer dans certains déve- loppements curieux, bien qu'ils ne semblent pas direc- tement du domaine de la Physique. Il débute naturellement par l'exposé des modes de … calcul les plus rapides. Il rappelle que les opérations abrégées ne conviennent pas seulement pour obtenir | une approximation donnée, mais qu'elles conduisent … également à l'approximation la plus grande qui soit “ compatible avec les données du problème. En ce qui D concerne les logarithmes, presque touiours les tables à 5 décimales sont largement suffisantes et, quand les données ne comportent que trois chiffres exacts, le simple petit tableau des logarithmes à 3 décimales, ou la règle à calcul, suffisent. Après une exposition très simple de la théorie des erreurs (au début de laquelle le conformateur des cha- peliers fournit un exemple curieux), on rencontre, comme applications instructives, les discussions rela- tives à la méthode de Dumas pour les densités de vapeur, et à la formule complète du pendule. C’est d'ailleurs en se servant des travaux récents sur le … pendule et sur la détermination des densités des gaz —… que, d'une part, il expose les conditions auxquelles doivent satisfaire les mesures expérimentales afin d'équilibrer les données numériques au point de vue de l'approximation, et que, d'autre part, il fait ressortir l'avantage de se placer directement dans les conditions indiquées par la théorie, de manière à éviter les cor- rections par voie de calcul. Il passe à l'étude des graphiques et montre leur intérêt multiple. Ils n'apprennent pas seulement à éli- —… miner les erreurs fortuites, à limiter le nombre des REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 1033 expériences nécessaires, et à conduire au meilleur choix de l'équation empirique de la courbe. L’inter- prétation d’un graphique permet encore de généraliser les résultats particuliers : c'est ainsi que M. Amagat a vérifié la loi des états correspondants en réduisant optiquement les réseaux d’isothermes relatifs à diffé- rentes substances, afin de les ramener tous aux unités qui se rapportent à l’état critique, et en les superpo- sant ensuite par projection. Dans l'inscription des phénomènes météorologiques, tels que les variations barométriques ou magnétiques, Îes variations acciden- telles, accusées par les graphiques directs, s’éliminent dans les graphiques de moyennes, et ce sont ces der- niers qui ont permis d'établir l'existence des variations régulières, diurnes ou annuelles. Les graphiques sont encore susceptibles de conduire, d’une manière simple, à la limite d'un phénomène quand l'expérience ne permet pas de pousser jusqu'à cette limite mème. Tel est le cas pour la détermination du coefficient d’abais- sement moléculaire du dissolvant dans la loi de Raoult, ou pour celle de la température et de la densité cri- tiques de l'acide sulfureux (Cailletet et Mathias). D'autre part, la fixation du point critique de l’eau a été obtenue (Cailletet et Colardeau) en déterminant le point commun d’où doit partir une série de courbes de tensions de vapeur relatives à des densités moyennes peu différentes de la densité critique. La dernière partie, d'une très grande importance pratique, est consacrée à l'étude systématique des divers instruments de mesure envisagés au point de vue du degré d’approximation qu'ils sont susceptibles de fournir. Elle débute par des considérations géné- rales relatives à la sensibilité et au réglage d’un appa- reil, à l'élimination des erreurs systématiques : on remarquera, en particulier, la discussion relative aux erreurs d'excentricité et au rôle multiple des effets de parallaxe. L'auteur étudie alors les méthodes clas- siques d'emploi des différents instruments; il en fait la critique en s'appuyant sur les valeurs numériques extraites des travaux les plus réputés, et montre ainsi quelles sont les méthodes qu'il convient de préférer. Cette étude porte successivement sur les mesures de longueur, de masse et de temps, sur les mesures angulaires, les mesures de température, de pression, de dilatations, de densités et de calorimétrie. Enfin viennent les problèmes relatifs aux mesures optiques et à l'étude complète des systèmes optiques. Cette ins- tructive revue met bien en évidence les causes qui limitent l'approximation donnée par les instruments. Elle est susceptible par là de guider utilement au début de recherches nouvelles, en indiquant à l'avance le point spécial auquel on devra s'attacher de préfé- rence pour parvenir à reculer les limites de l'approxi- mation obtenue jusqu'alors. On éprouve le seul regret que l'auteur se soit stricte- ment limité aux questions du programme de Mathé- matiques spéciales. Il nous doit de poursuivre son œuvre, et d'étendre sa critique aux questions d'optique physique ainsi qu'aux mesures électriques. E. Haupié, Professeur à l'Ecole Navale. Lorenz (Richard), Professeur à l'Ecole Polytechnique fédérale de Zurich, et Hostelet (Georges). — Traité pratique d'Electrochimie. — 1 vo/. 1n-8° de 323 pages avec 15 figures. (Prix : 9 fr.) Gauthier- Villars, éditeur. Paris, 1906. M. Hostelet a rendu un grand service au public fran- cais en nous donnant la traduction du Traité d'Electro- chimie de M. Lorenz. Ce livre, en effet, se distingue profondément des ouvrages analogues que nous possé- dons jusqu'à présent et qui ont un caractère plutôt théorique ‘. Ce n’est pas non plus un manuel purement 1 Citons, par exemple, Hozcarn : Théorie des ions et de l électrolyse ; Muzcer: Lois fondamentalesdel' lectrochimie ; Le BLaxc : Traité d'Electrochimie (traduction de Ch. Marie) 923** 1034 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX : expérimental, tel que ceux d'Oettel et d'Elbs. Il unit les qualités essentielles de ces deux sortes d'ouvrages en nous présentant simultanément la théorie des phéno- mènes électrochimiques et les exercices pratiques cor- respondants, dont l'exécution est indispensable à qui désire approfondir les faits souvent très complexes de l’électrolyse. Nous ne voulons pas dire par là que le nouveau livre pourrait remplacer tout à fait les traités théoriques, car l'exposé y est nécessairement assez succinct et ne convient, à notre avis, qu'aux personnes qui possèdent déjà quelque connaissance des lois générales de la Chimie physique et de l’Electrochimie. Cette remarque s'applique principalement aux compléments fort inté- ressants, mais quelque peu abstraits, dus à la plume de M. Hostelet (mécanique chimique, polarisation...). Les chapitresprincipaux sont groupés sous les rubri- ques suivantes, qui donnent une idée de la variété des sujets traités : Lois et notions fondamentales, princei- pales réactions électrochimiques, notions générales de mécanique chimique, dissociation électrolytique des solutions aqueuses, forces électromotrices et tensions de polarisation, analyse électrochimique, production électrochimique des corps. Les exercices pratiques corrélatifs sont au nombre de soixante-cinq; ils comprennent tous les cas suscep- tibles d’intéresser l’électrochimiste. En résumé, le livre de MM. Lorenz et Hostelet ne saurait être trop recommandé aux étudiants qui, avant d'aborder des travaux originaux, veulent avoir une idée précise des problèmes nombreux et suggestifs de l'Electrochimie actuelle. P.-TH. MULLER, Professeur à l'Université de Nancye 3° Sciences naturelles Sampaio (Alfredo da Silva), Directeur du Poste météorologique d'Angra. — Memoria sobre a ilha Terceira. — 1 vol. gr. 1u-8° de 878 pages. Impri- merie Municipale, à Angra, et Librairie Bertrand, rue Garrett, Lisbonne. M. E. Bouvier, en promenant récemment les lecteurs de la Revue à travers l'archipel des Açores ‘, montrait tout l'intérèt que présentent pour le savant ces îles généralement délaissées. Le gros ouvrage que M. Alfredo da Silva Sampaio vient de consacrer à l’une d’entre elles, l'ile de Terceira, nous confirme dans cette idée. L'auteur s'est attaché à faire l'étude complète de cette région, où il a véeu de nombreuses années, et c’est le fruit de longues et patientes investigations, réunies aux données des quelques naturalistes étrangers qui ont visité les Açores, qu'il livre aujourd'hui au public. Dans une première partie, consacrée à la géologie, il admet que Terceira, comme les autresiles acoréennes, a été édifiée par des éruptions volcaniques sous- marines, relativement récentes. On y rencontre trois sortes de terrains éruplifs qui constituent toute l'ile : des trachytes anciens, puis des basaltes plus récents superposés, et enfin une énorme formation trachytique très épaisse qui recouvre le tout. L'auteur termine par une revue des manifestations volcaniques et sismiques pendant la période historique; la dernière remonte à 1867. Les deux parties suivantes sont consacrées à la flore et la faune de l'ile, dont M. Sampaio donne le catalogue complet; il s'est basé, pour la flore, sur les recherches a ses prédécesseurs, Seubert, Drouet, Watson, Godman Treleéase, qu'il a pu complé ter sur plusieurs points; ue la faune, il utilise les indications déjà données par Godman, Drouet, Morelet et le Prince de Monaco. La quatrième partie, intitulée : Topographie, donne la description géographique de l’île: montagnes, côtes, villes et villages avec leurs principaux édifices et leurs institutions, caractères et coutumes des habitants, 1 E. Bouvier dans la Revue du 15 octobre 1906. : L'archipel des Acores, agriculture, commerce et industrie, blique et hygiène générale. Les principales cultures de l'ile sont le blé, le millet, la vigne, les légumes et le lin; elles alimentent un commerce actif d'exportation qui se fait surtout vers l'Angleterre, puis vers le Portugal. Enfin, une dernière partie est consacrée politique de Terceira. Cette belle monographie fait le plus M. da Silva Sampaio. L: instruction pu= > à l'histoire grand honneur à BRUNET. Loeb (Jacques), Professeur de Physiologie à l'Univer-« sité de Californie. — Vorlesungen über die Dyna- mik der Lebenserscheinungen. — 1 vol. in-8° le 324 pages avec 61 fiqur es. (Prix : 12 fr. 50.) Leipzig J. A. Barth, 1906. — Ædition lies The Dyna- mics of living Matter. — 1 vol. in-8° de 233 pages. (Prix: $ 3.) New-York, The Columbia University Press, The Macmillan Company, 1906. & Le présent volume a comme base une série de huit conférences faites à Columbia University au printemps de 1902, et destinées à présenter les recherches de l'auteur sur les forces de la matière vivante et les vues auxquelles il a été amené; mais le livre est plus com- plet et donne une vue générale du champ de la Bio- logie expérimentale; il peut être considéré comme un résumé des Studies in Physiology, analysées dans cette Revue (15 septembre 1905, p. 786). Dans le présent compte rendu, je me suis attaché à donner l'opinion du savant pee sur un certain nombre de sujets intéressants et à l’ordre du jour. Les organismes vivants sont des machines chimiques, formées essentiellement de matières colloïdes, qui pos sèdent la propriété de se développer, de se préserver et de se reproduire automatiquement, ce qui les dilfé- rencie de toutes les machines créées par l'homme. Cependant, rien ne permet de nier la possibilité de fabriquer un jour de la matière vivante; bien entendu, il ne suffira pas de créer de la substance protéique ou | des conformations analogues à des cellules pour résoudre le problème; il faudra que ces créations pos- sèdent la triple propriété caractéristique. La substance des organismes vivants est essentielle- ment colloïdale; les liquéfactions des gels et les coagu- lations des sols jouent probablement un grand rôle dans les manifestations physico-chimiques de la vie; mais la connaissance des substances colloïdes est trop peu avancée pour qu'on en tire un parti bien utile pour la compréhension des phénomènes vitaux. Loeb résume ses travaux bien connus sur la fécondation ; il montre que l'effet fertilisant du spermatozoïde peut être imité en immergeant certains œufs pendant une minute dans de l'eau renfermant une certaine quantité d'un acide. gras, ou pendant une demi-heure dans de leau de mer concentrée, L'hérédité des premiers stades de l’em- bryogénie est exclusivement déterminée par l'œuf (l'œuf d'Oursin fécondé par du sperme d'Astérie se développe toujours en un Pluteus), mais cette prédo- minance de la cellule femelle par rapport à la cellule mâle diminue et s’efface totalement au cours du déve- loppement. Loeb accepte complètement la théorie mendélienne de l'hérédité et la théorie de la mutation de De Vries, et fait ressortir l'harmonie qui existe entre les bases de l’une et de l’autre; chaque caractère individuel d'une espèc e donnée est représenté par un détermi- nant précis dans le plasma germinatif, déterminant qui est sans doute un composé chimique défini; on comprend très bien que la variation ne peut s'opérer que par sauts ou mutations; il ne peut y avoir de pas- sage gradué entre deux mutations d’un même déter- minant, pas plus qu'entre un alcool et son voisin dans une série chimique. Ce qui limite le nombre des espèces produites en nombre par la mutation n'est pas la séleetion naturelle, mais bien l'organisation intime des formes nouvelles, défectueuse où progressive par | : 4 ; BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX : à —— 1035 “rapport au milieu; en d'autres termes, les mutations - se font au hasard, sans direction définie, et leur per- —sistance est purement une affaire de chance. M Le sexe est probablement déterminé dans l'œuf non — écondé ou au plus tard immédiatement après la fécon- dation. La maturité sexuelle est {ôt ou tard suivie de la mort; on ne sait (rop si celle-ci est déterminée automatiquement par les phénomènes qui précèdent, cest-à-dire par la maturation des produits sexuels, comme le développement de l'œuf est déterminé auto- matiquement par l'entrée du spermatozoïde ; le fait que les animaux supérieurs semblent mourir d'infections bactériennes qui suppriment des organes indispen- sables, et que certaines plantes, telles que le Sequoïa, plus indépendantes des bactéries, peuvent atteindre un âge fabuleux, rend incertaine la réponse à cette ques- tion. Toujours est-il que, chez l’Astérie, l'œuf mûr, s'il n'est pas fécondé, meurt rapidement, tandis que l'œuf fécondé continue à vivre; pour cet œuf, la féconda- tion est un acte qui sauve sa vie. Les phénomènes d'auto-régulation des organismes sont dirigés par des mécanismes automatiques, dénommés instincts ou volontés, suivant qu'ils sont ou non conscients; l'analyse des actions instinctives les ramène aux lropismes, c'est-à-dire à l'orientation automatique dans un champ de force, dirigée vers le centre ou s’écartant du centre. Quant à la conscience, Loeb la considère comme la fonction d'un mécanisme défini, qu'il appelle le mécanisme de la mémoire d'association, localisée chez les Vertébrés dans les hémisphères cérébraux; chez les animaux qui possè- | dent le mécanisme de la mémoire d'association, un certain nombre de processus réglés automatiquement (respiration, par exemple) peuvent devenir cons- cients; mais, chez ceux qui ne possèdent pas ce méca- nisme, il ne peut y avoir de conscience d'aucune sorte. Il est possible que le mécanisme de la mémoire d'asso- ciation dépende en partie des propriétés et activités des matières grasses des hémisphères cérébraux, telles que les lipoïdes des cellules nerveuses. Les réponses tropiques des animaux et des plantes sont essentiellement similaires, et peuvent être ramenées à l'effet de forces physico-chimiques, au moins pour l'héliotropisme, le galvanotropisme et le chimiotro- pisme; l'explication est un peu plus difficile en ce qui concerne le géotropisme et le stéréotropisme. La pos- sibilité de provoquer ces réactions par des moyens chimiques, l'apparente inutilité de beaucoup d’entre elles, et le fait que certaines ne peuvent jamais servir dans la nature {galvanotropisme, par exemple), tendent à montrer que les tropismes n'ont pu être acquis par la voie de la sélection naturelle. L. Cuénor, Professeur à la Faculté des Sciences de Nancy, 4 Sciences médicales Duret (D° H.), Ex-Chirurgien des Hôpitaux de Paris, Professeur de Clinique chirurgicale à la Faculté libre de Lille. — Les Tumeurs de l'’Encéphale. — | 1 vol. gr. in-8° de 835 pages avec 297 fig. (Prix : 20 fr.) Alcan, éditeur. Paris, 1906. Il est impossible d'analyser le gros volume que vient de publier M. Duret sur les tumeurs de l’encéphale, On y trouve un nombre considérable de documents sur la séméiologie générale des tumeurs de l’encéphale, sur les manifestations localisées auxquelles elles peu- vent donner lieu, sur leur diagnostic et sur leur trai- tement. Ce dernier chapitre, qui contient l'historique, les indications, les procédés opératoires et les résultats obtenus, repose sur 400 cas de tumeurs opérées, ana- lysés et réunis en tableaux par l’auteur. C'est dire tout l'intérêt que présente, spécialement au point de vue documentaire, cel important travail pour les chirur- giens qui s'intéressent à la chirurgie cérébrale, un peu trop délaissée dans notre pays. 300 figures, rela- tives aux néoplasmes des différentes régions de l'encé- phale, contribuent à rehausser la valeur de ce traité. Dr I. HarTManx, Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris, Chirurgien des hôpitaux. Proust (R.), Professeur agrégé à la Faculté de Méde- cine de Paris. — Traitement de l’'Hypertrophie prostatique par la Prostatectomie. — 1 brochure gr. 1n-8° de l'OEuvre médico-chirurgical, avec 21 figures dans le texte. (Prix : 1 fr. 95.) Masson et Cie, édi- teurs. Paris, 1906. Tous les chirurgiens, et particulièrement les chirur- giens qui s'occupent spécialement des organes génito- urinaires, connaissent les beaux travaux de M. R. Proust sur l'anatomie de la prostate et sur la prostatectomie. M. R. Proust a été un des premiers à préconiser et à vul- gariser cette opération. La valeur de la prostatectomie dans le traitement de l'hypertrophie de la prostate n'est plus discutée aujourd'hui. L’extirpation de la glande est admise maintenant comme le traitement rationnel de l'hypertrophie; elle tend de plus en plus à devenir une méthode d'application courante: on ne se demande plus si l’on peut prostatectomiser, mais quand et comment on doit le faire. ; M. R. Proust résume aujourd'hui en une monographie clinique tout le traitement de l'hypertrophie prosta- tique par la prostatectômie, Il établit nettement, avec nombreuses figures à l'appui, quelles sont les indica- tions de l'opération, comment l'opération doit être conduite suivant qu'on adopte la méthode périnéale ou la méthode transvésicale. La brochure se termine par un parallèle desplusinstructifs entre ces deux méthodes. Dr P. DEsrosses. 5° Sciences diverses ExPosirion COLONIALE DE MARSEILLE. — Les Colonies françaises au début du XX: siècle. Cinq ans de progrès. — T. III. Zndo-Chine, par P. Girsaz; /nde, par P.RorLano ; Nouvelle Calédonie et Etablissements d'Océanie, par H. BarRé; Guyane, par H. PELLISSIER ; Antilles, par R. ne Bévorre; Saint-Pierre et Mique- Jon, par G. DarBoux. — 1 vo. gr. in-$°, de 454 pages. Barlatier, imprimeur-éditeur. Marseille, 1906. Malgré la proximité de l'Exposition Universelle de 1900, qui donna lieu à plusieurs séries de publications coloniales, l'Exposition de Marseille, spécialement des- tinée à mettre en lumière la valeur relative de nos diverses possessions, ne pouvait aller sans des notices d'ensemble consacrées à chacune d'elles. Ces notices forment un bel ouvrage en 3 volumes. En ce qui con- cerne le tome IT, il me paraît avoir été heuseusement conçu, en ce sens qu'à la différence de certaines mono- graphies de 1900, les auteurs ont laissé beaucoup moins de place à la géographie proprement dite età l’histoire qu'aux questions de colonisation et de mise en valeur. Cette constatation s’applique particulièrement à la longue et substantielle notice rédigée sur l'Indo-Chine par M. Girbal, professeur au Lycée et à l'Ecole supé- rieure de Commerce de Marseille : elle est très métho- dique, et ne laisse dans l'ombre aucun des problèmes qui concernent les rapports actuels et possibles des indigènes avec les blancs. J. MAcHAT, Docteur ès lettres, Professeur au Lycée de Bourges, 1036 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 19 Novembre 1906. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. S. Lattès commu- nique ses recherches sur les courbes qui se repro- duisent périodiquement par une transformation (X, Y; X, y, J'). — M. L. Remy démontre que toute surface du quatrième ordre qui admet quatre plans tangents chacun le long d'une droite est hyperelliptique. — M. P. Chofardet adresse ses observations de la comète 1906 g faites à l’équatorial coudé de l'Observatoire de Besançon. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. J. Becquerel donne une théorie des phénomènes magnéto-optiques qu'il a observés dans les cristaux. — M. P. Gaubert a reconnu qu'un cristal de nitrate de plomb contenant du nitrate de baryum, et réciproquement, n’est pas homogène malgré sa transparence et sa limpidité; il est constitué par le groupement de pyramides de composition variable et présente, en somme, la structure dite en sablier. — M. P. Lemoult a déterminé la chaleur de combustion et de formation de quelques composés cycliques azotés. La transformation d’un composé nitré en amine donne lieu aux évélutions thermiques sui- vantes : 0. 2RAZO® RAz—AzR RAz:AZzR RAZH.AzHR 2RAzH° = D. on. 2 69 cal. 18 cal. — 24 cal. — 71 cal, — M. Ch. Moureu et R. Biquard ont fractionné les gaz rares contenus dans les eaux minérales par la méthode au charbon refroidi de Sir J. Dewar. Pour 100 centimètres cubes de gaz naturel brut, ils ont trouvé 0,613 d'He à Eaux-Bonnes, 0,91 à Saint-Honoré, 1,06 à Néris et 5,34 à Maizières. — MM. M. Kaufmann et H. Magne ont constaté que, dans la mamelle en repos complet, la consommation de glucose est sensi- blement la même que dans la tête; dans la mamelle en activité sécrétoire, elle est beaucoup plus forte, ce qui est favorable à la théorie de la transformation du glu- cose en lactose par la mamelle en activité. L 3° SCIENCES NATURELLES. — M. G. Arthaud a reconnu expérimentalement que le rapport VH/», où H est la pression maxima du sang et » le nombre de pulsations, peut servir de mesure aux variations de la masse du sang chez l’homme. — MM. M. Piettre et A. Vila décrivent une technique simple et nouvelle pour l'iso- lement du stroma des globules rouges. — MM. G. Küss et Lobstein ont constaté que l’anthracose pulmonaire physiologique est due à la pénétration directe des pous- sières fines de charbon dans les alvéoles pulmonaires: l'ingestion du noir de fumée ne produit qu'une anthra- cose insignifiante ou nulle. — M. Ch. Fouquet a observé la présence du Spirochaete pallida dans le tes- ticule d’un nouveau-né hérédo-syphilitique. Le spiro- chète peut donc se trouver dans tous les organes. Il y aurait intérêt à soumettre au traitement spécifique tous les enfants issus de parents syphilitiques. — M. R. Minkiewiez à reconnu que tout rayon chromatique a une action spécilique sur les animaux sensibles, mais que l'action de la lumière blanche n’est pas une simple résultante d'un mélange mécanique d'actions de tous les rayons possibles du spectre. — MM. A. Comte et C. Vaney ont observé que l'Anopheles maculipennis est très abondant dans la région lyonnaise (marais des Dombes et de l'Isère) et même dans la ville de Lyon. — M. Grand’Eury altribue un certain nombre d'inflores- cences à graines du Culm et du terrain houiller à des fougères observées dans les mêmes couches, — M. L. de Launay a étudié la Dobroudja bulgare au point de vue hydrologique. La rareté de l'eau superficielle y est due à l'existence de calcaires fissurés qui laissent fuir l’eau en profondeur. Séance du 26 Novembre 1906. 19 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Em. Picard expose ses recherches sur la détermination des intégrales de cerlaines équations aux dérivées partielles par les valeurs des dérivées normales sur un contour. M. J. Clairin étudie les équations aux dérivées par= tielles de second ordre à deux variables indépendantes qui admettent un groupe d'ordre pair de transforma- üions de contact. — M. J. Le Roux montre qu'il existe une relation étroite entre la méthode d'Euler et celle de Lie pour l'intégration des équations différentielles. — M. P. Duhem a recherché l'origine du principe employé en Statique par Torricelli; il se rattache à la doctrine d'Albert de Saxe, à peine moditiée par Copernic. — M. Ch. André montre que la concordance la plus complète entre les heures observées en un même lieu pour le même contact, dans une éclipse totale de Soleil, par deux observateurs différents, ne prouve point que cette heure soit celle du contact réel, Il faut lui ajouter une correction qui dépend de l’obser- vateur et de l'ouverture libre employée. — M. R. Cirera a déterminé les coordonnées du nouvel Observatoire de l'Ebre : 4° au moyen d'observations directes; 2° par différence, relativement à celles de la cathédrale de Tortosa, établies lors de la triangulation exécutée pour la mesure de la méridienne de France. Les résullats obtenus par la première méthode’ montrent que les coordonnées de Tortosa sont entachées d'une petite erreur. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. M. Coste a observé qu'au point de vue de la conductibilité électrique la lumière produit sur le sélénium le mème effet qu'une élévation de température; un échantillon de Se possédant une grande conductibilité résiduelle est insensible à l'action de la lumière. — M. G. Gain, en calcinant la métava- nadate d’ammonium à basse température, puis agilant la poudre formée avec une dissolution de SO° à l'abri de l'air, a obtenu un sulfite 2V°04#.3S0*.10H°0, qui, à l'ébullition, perd SO? et dépose une poudre cristalline d'acide hypovanadique hydraté V?0%.2H°0. — M. G. Urbain à reconnu que la phosphorescence de la chlo= M rophane est due à la présence de traces de terres rares : Sa, Th, Dy, Ga. Il a préparé, au moyen de mélanges de chaux pure et de ces terres rares pures, des fluorures présentant la mème phosphorescence que la chloro- phane, — MM. A. Haller et Youssoufian, par l'alcoo- lyse méthylique du beurre de coco, ont obtenu et isolé par distillation fractionnée les caproate, caprylate, caprate, laurate, myristate, palmitate, stéarale et oléate de méthyle. — M. M. Sommelet, en faisant réagir le cyanure de mercure ou d'argent sur l'éther-oxyde chlorométhyléthylique et ses homologues, a obtenu les éthers-oxydes du nitrile glycolique C*H°0.CH*.CAz et ses homologues. — M. E. Chablay, en faisant réagir le sodammonium sur l'alcool cinnamique à —S0, à obtenu le phénylpropylène, Eb. 165-170, et l'alcool phénylpropylique, Eb. 2360-2370. — M. D. Gauthier, en traitant les éthers-oxydes monochlorés R.0.CH?CI par le cyanure mercurique ou le cyanure cuivreux, à préparé les oxynitriles RO.CH®.CA7.— M. G. Bertrand à isolé des graines de vesce un glucoside cyanhydrique nouveau, la vicianine, cristallisant en aiguilles inca= mr. LA ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 1037 Gres, F.160°, lévogyre, [o]n=——20°,7. — M. N. Gréhant a transformé son eudiomètre à eau en grisou- mètre, en faisant passer plusieurs centaines de fois le ourant, ce qui lui permet de doser avec cel appareil des mélanges de formène ou d'oxyde de carbone et d'air. 30 SCIENCES NATURELLES. — M. G. Marineseo à exa- miné les centres nerveux d'animaux soumis à l'insola- tion et ayant succombé avec une température rectale de 47°. lis présentent tous des lésions profondes des ‘cellules nerveuses de l'axe cérébro-spinal, qui doivent être considérées comme la cause de la mort. — M. Marage a constaté que les poissons n’entendent pas les vibrations des voyelles synthétiques transmises dans l'intérieur de l’eau avec une énergie capable d'impressionner des sourds-muets regardés comme sourds compléts. IL est done peu probable qu'ils entendent la voix humaine ordinaire, les vibrations passant très diflicilement de l'air dans l'eau. — M. A. Polack montre que le pigment jaune de la macula absorbe les radiations très réfrangibles dans la zone où l'acuité visuelle est grande et réduit ainsi sensiblement les effets de la dispersion chromatique de l'œil. — M. N. Vaschide a constaté que la privation de sommeil provoque un abaissement constant et sensible de la température, plus marqué pour la température péri- phérique, moindre pour la température rectale. — M. H. Piéron : Le rôle de l’olfaction dans la reconnais- sance des fourmis (voir plus loin). — M. C. Gerber : Action de l'Zriophyes passerinae sur les feuilles de Giardia hirsuta (voir p.1039). — M.S. Leduc a observé, dans les cellules artificielles qu'il a préparées avec des granules de sulfate de cuivre, des phénomènes de nutri- tion par intussusceptlion, d'organisation et de crois- sance. — MM. L. Mangin et P. Hariot ont observé une maladie de l'Abies pectinata, caractérisée par la coloration rouge d'une partie des feuilles. On. trouve sur les arbres atteints plusieurs variétés de cham- pignons, dont plusieurs nouvelles Bhizosphaera Abietis, Macrophoma Abietis, Menordea Abietis. — … LOS: Pt “ M. W. Lubimerko a reconnu que l'appareil chloro- - phyllien des différentes plantes est adapté aux diverses - intensités lumineuses qui se produisent dans la Nature. La concentration du pigment vert dans les grains de chlorophylle, étant variable, fournit l'un des procédés par lesquels cette adaptation peut s'effectuer. — M. A. Guilliermond a poursuivi l'étude des granulations des Graminées et de leur évolution au cours de la germina- tion; elles jouent un rôle important dans la nutrition de l'embryon. Ce sont probablement des produits de réserve. Lo ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 20 Novembre 1906. MM. N. Gréhant et Ch. Monod présentent respec- tivement les Rapports sur les concours pour les prix Buignet et Chevillon. — MM. Coyne et Cavalié signa- lent dans les infections dentaires, lorsque l'ivoire et surtout la pulpe sont atteints, deux processus réaction- nels: la réaction odontoblastique, caractérisée par la production de dentine, dite secondaire, en regard du terriloire envahi par l'infection, soit dans la cavité pul- paire, soit dans l'épaisseur de l'ivoire, et la réaction odontoclastique, dans laquelle les tissus durs dentaires sont détruits avec une rapidité variable par des élé- ments cellulaires géants, migrateurs, comparables aux ostéoclastes. Ces réactions représentent deux manifes- tations des propriétés vitales de la dent envahie par l'infection; elles font des lésions de l'ivoire une véri- table maladie, que l’auteur appelle dentinite, et dont … les microorganismes sont les agents étiologiques prin- “ cipaux. — M. Cornil propose l'institution d’une Com- mission permanente du cancer au sein de l'Académie. — M. Hallopeau montre que les leucoplasies qui pré- …. cèdent le cancer sont le plus souvent d'origine syphi- litique. Eiles peuvent être prévenues dans une grande mesure par le traitement spécifique. « ) Séance du 27 Novembre 1906. M. E. Roux présente le Rapport sur le concours pour le prix Audiffred. — MM. Kelsch et Tanon ont vérifié que le vieillissement débarrasse rapidement la pulpe vaccinale glycérinée de ses germes adventices. D'ailleurs, les pulpes recueillies dans de bonnes condi- tions sont généralement très pauvres en microbes dès le début; fréquemment, les échantillons sont stériles dès le début. — M. A. Fournier montre que, parmi les sujets affectés de cancer buceal et tout spécialement de cancer lingual, considérable est la fréquence des anté- cédents de syphilis. Le cancerde la langue est presque toujours un cancer de syphilitiques grands fumeurs. La Syphilis n'aboutit que rarement d'une façon directe au cancer; la règle, c'est qu'elle n’y aboutisse que par l'intermédiaire d'une lésion spéciale, la leucoplasie. Il en résulte pour le syphilitique le devoir de chercher à se débarrasser des dangers d'avenir par un traite- ment préventif et surtout en évitant les abus de tabac, SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 410 Novembre 1906. M. Y. Manouélian à observé, dans le protoplasme des cellules nerveuses des ganglions cérébro-spinaux et sympathiques d'animaux atteints de la rage des rues et de la rage à virus fixe, des corpuscules qui se colorent en rouge, identiques à ceux de Negri. — M.J. Beauverie a constaté la présence, dans les réserves des graines, de corpuscules à propriétés métachroma- tiques généralement fort abondants, et dont les glo- boïdes des grains d’aleurone ne sont qu'un cas parti- culier. — MM. H. Iscovesco et Monier-Vinard on! soumis à la dialyse le liquide d’une péritonite tubercu- leuse à forme caséeuse et ont obtenu, aux différents stades de la dialyse, des globulines de signes élec- triques différents. — MM. A. Imbert el L. Gagnière décrivent leur méthode d'enregistrement des soulève- ments ergographiques sur cylindres tournant rapide- ment. — M. G. Marinesco montre que les cellules qu'il appellé apotrophiques prennent une part essentielle à la constitution du névrome et de la cicatrice dans la régénérescence nerveuse. —MM.G.Marinesco et J.Mi- nea ont constaté que, dans le bout central d’un nerf, il se passe des phénomènes de régénérescence très intéressants vingt-quatre heures après la section du nerf. — M. H. Piéron a fait de nouvelles expériences ‘qui démontrent la généralité du fait que les fourmis se reconnaissent à leur odeur propre, l'antenne étant l'organe probable et peut-être exclusif de l'olfaction. — M. V. Gillot a reconnu que l'hématozoaire reste vivant dans les vaisseaux des cadavres des paludiques pendant plus de vingt-quatre heures. - M M.M.Gompelel V.Henri ont recherché par la spectrographie l'argent qui peut se trouver dans le sang etles tissus après l'injection d'argent colloïdal; l'argent colloïdal à petits grains injecté dans une veine persiste dans le sang après vingt-quatre heures; ingéré, il est absorbé en partie et pénètre dans l'organisme. — MM. CI. Regaud et J. Blanc ont constaté que l'apparition de monstruo- sités dans les sperinies à la suite de l'exposition aux rayons X a son origine dans des anomalies de la karyo- kinèse des spermatocystes de deuxième ordre. La cause perturbatrice survit à l'irradiation. — M. J. Jolly à observé quatre espèces de Mammifères (rat, chat, porc, sanglier) où les globules rouges nucléés peuvent per- sister jusqu'à l'époque de la maturité sexuelle et même pendant l’âge adulte. — M. E. Fauré-Frémiet montre que le Nematopoda cylindriea décrit par R. Sand est un Tintinnoïdien déjà connu, le Ÿ. inquilininm. — M. A. Mayer a observé que les albuminoïdes à fonc- tion acide faible forment avec l’ovalbumine des com= plexes colloïidaux insolubles dans l’eau, solubles dans les solutions d'électrolytes dilués, surtout dans les bases ; ces. complexes redissous sont coagulables par la cha leur entre 65° et 72, — M. H. Hérissey à constaté 1038 l'existence de la prulaurasine dans le Cotoneaster microphylla Wall. — M. O. Remeaud a reconnu que beaucoup de plantes de la famille des Renonculacées renferment des glucosides dédoublables par l'émulsine ; la plupart également possèdent un ferment ayant les propriétés de l’'émulsine. — M. G. Patein montre que la sérumglobuline précipitable par neutralisation du sérum sanguin de l’homme est une substance spéciale, contenant S et pas de P, constituée par deux globu- lines différant par leur solubilité dans NaCI. — M. Em. Danjou a constaté la présence, dans le Vi/burnum Tinus L., d'un glucoside qui est dédoublé par lémul- sine en donnant de l'acide valérianique. — MM. Weiïll- Hallé et H. Lemaire ont reconnu qu'un antisérum agissant sur un sérum antitoxique produit un précipité qui semble entrainer une partie plus où moins grande de la substance antitoxique, dont il peut être débar- rassé par un lavage prolongé. — M. F. Vlés a étudié la structure et les affinités du Trypanosoma Balbiani Certes; il paraît n'être ni un Spirille franc, ni un Spi- rochète net. — MM. L. Bernard et Bigart ont observé l'existence de lésions surrénales au cours de lintoxi- cation biliaire, traduisant surtout une certaine exci- tation cellulaire dans l'intoxication aiguë, et l'hypoépi- néphrie dans l’intoxication chronique. M. Nageotte est élu membre titulaire de la Société. Séance du 17 Novembre 1906. MM. L. Bernard et Salomon ont étudié les effets des inoculalions intra-vasculaires de bacilles de Koch associées à la ligature d’un uretère; on peut obtenir des lésions tuberculeuses des deux reins, du rein non ligaturé seulement ou du rein ligaturé seulement. — MM. E. Louise et Moutier ont constaté que le placenta est perméable au mercure administré à la mère sous forme d'injections intra-museulaires de mercure-phé- nyle; les organes des petits sont imprégnés de mercure. — MM. P. Bouin, P. Ancel et F. Villemin ont observé que l'application prolongée des rayons X sur l'ovaire de la lapine à pour résultat de provoquer l’atrophie des ovocytes et des follicules de de Graaf et d'empêcher la formation des corps jaunes; la glande interstitielle reste intacte, — M. CI. Gautier à reconnu que le pigment vert des cocons de Saturnia Yama-Maï est soluble à froid dans l'alcool éthylique ; le spectre de la solution est semblable à celui des chlorophylles alcoo- liques des feuilles de chène. — M. G. Bohn a remarqué que les courbures que présentent, sous l'influence de la lumière, la longue colonne de l'Actinoloba dianthus ne deviennent stables qu'après une série plus ou moins longue de rotations ou d'oscillations. — M. E. Cou- vreur à constaté qu'il y a pendant la nymphose (pro- bablement par voie phagocytaire) destruction des microorganismes normaux du ver. — MM. A. Brisse- moret el R. Combes ont différencié deux phases dans l’action physiologique des glucosides de cyanals 1° une phase d'irritation gastro-intestinale; 2° une phase d'intoxication cyanhydrique vraie. La première se produit seule quand la dose ingérée est faible. — M. C. Gessard à constaté que le sérum d'un lapin ayant reçu de l'extrait de malt sous la peau possède des propriétés antiperoxydasiques et antiamylasiques. — MM. A. Fernbach et J. Wolff ont trouvé que le sérum précédent renferme aussi une anti-amylocoa- gulase. — M. R. Gaultier signale la possibilité d'une sorte de diabète graisseux d'origine pancréatique, caractérisé par la production d'ascites graisseuses. — M. CI. Regaud estime que la rétraction et la fascicula- lion des spermies sont bien des phénomènes réels et actifs, causés par l'attraction et le rapprochement entre les noyaux de Sertoli et les têtes des spermies. — M. H. Piéron signale quelques exceptions et variations dans le processus de reconnaissance olfactive des fourmis; toutefois, l’olfaction semble bien jouer le principal rôle. — MM. V. Henri et A. Mayer exposent un plañ de‘recherches nouvelles sur les colloïdes. — M. A. Mayer à reconnu que, si un colloide ne peut ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES demeurer en suspension ultramicroscopique qu'en pré= sence d’une base faible (ou d'un acide faible), l'addition d’un colloïde positif (ou négatif) ou d’un colloïde qui ne peut demeurer en suspension qu'en présence d'un acide faible (ou d'une base faible) amènera la forma- tion d’un complexe, qui précipitera pour certaines pro- portions des composants. — M. G. Rosenthal montre qu'en employant un tube étroit, on peut cultiver aéro= biquement des microbes dits à tort anaérobies stricts, — MM. E. Bourquelot et E. Danjou ont constaté que le formol, à la dose de 1 °/, et même moindre, empêche toute action de l'émulsine; l’aldéhyde acétique ne. produit le même résultat qu'à la dose de 40 0/,. Séance du 24 Novembre 1906. M. Ch. Dhéré décrit les spectres d'absorption des solutions d'ovalbumine de poule et de sérum-albumine de cheval cristallisées. — étudié les Vorticellides commensales des Insectes aqua: tiques des étangs et mares des environs de Paris. Les commensaux spécifiques d'un insecte donné se retrou- vent en général avec une grande fixité de caractères. — M. F. Moutier a observé l'influence de la saignée séreuse sur la formule sanguine dans la pleurésie tuberculeuse. La quantité et la qualité des leucocytes ne sont pas modifiées d'une facon appréciable; le chiffre des globules rouges augmente plus ou moins vite. — M. A. Gautier estime que, dans les recherches sur les complexes colloïdaux d’albuminoïdes, il faudrait s'astreindre à bien définir chaque fois les composants albumineux ou salins des complexes insolubles formés. — M. P. Carnot a constaté que le sérum san- suin des animaux dont certain organe est en voie de régénération, injecté à un animal neuf, provoque chez celui-ci une hyperplasie ou une prolifération du même organe. — MM. Ch. Achard, R. Demanche et L.Fau- geron ont étudié l'élimination rénale du bleu de méthylène pendant le jour et la nuit. Chez les malades couchés nuit el jour, elle peut être plus forte le jour ou la nuit; chez les sujets qui se lèvent une partie du jour, l'élimination de la nuit l'a constamment emporté sur celle du jour. — M. G. Bohn à observé les mouve- ments de roulement présentés par les Astéries et leur variation sous l'influence de l’éclairement. — M. H. Iscovesco montre que les globulines du sérum, débar- rassées des électrolytes, sont constamment el unique- ment électro-positives. — M. H. Piéron à constaté que les fourmis se reconnaissent bien à l'odeur, mais que la réaction de la fourmi à cette odeur n’est pas régie par un réflexe pur et simple; il y a intervention pos- sible de plusieurs facteurs, dont le plus fréquent est le facteur éthologique d'adaptation au milieu pour la conservation de l'individu et de l'espèce. — MM. Ed, Toulouse et H. Piéron ont recherché comment se comporte le cycle nycthéméral de la température dans les cas d'activité nocturne et de sommeil diurne; il n°y a pas inversion constante. — M. P. Remlinger à reconnu l'absence d'anaphylaxie au cours des injee- tions sous-cutanées de virus rabique et de sérum anti- rabique. — MM. G. Péju et H. Rajat ont constaté que la plupart des bactéries cultivées dans un milieu addi- tionné d'urée présentent un polymorphisme facile et rapide. — M. A. Brissemoret considère comme douces de propriétés purgatives les corps à fonctions chi- miques suivantes : 40 fonction alcool polyvalent; 29 fonction acide acyclique, surtout associée à la fonc- tion alcool; 3° foncüion cétone (quinonique ou quino- noïde); 4° fonction imine quinonique. — MM. A. Gilbert et M. Villaret ont observé l'absence de l’'indé- pendance vasculaire des lobes hépatiques. Au niveau du lobule, dans les injections, les capillaires les plus injectés sont toujours centrés autour du pôle lobulaire opposé à celui d’où venait l'injection. — MM. L. C. Maillard et A. Rance exposent un procédé de purifica- tion du chloroforme en vue des dosages d’indoxyle : agitation-avec H°SO#, puis avec NaOH, puis avec H°0 et distillation. — MM. H. Bierry et Giaja ont constaté M. E. Fauré-Frémiet a. LEE eat Ep ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 1039 # x ue les Mollusques terrestres possèdent une émulsine ét une lactase très actives; le sucre sécrété par l'hépato- pancréas d'Aelix pomatia est capable d'hydrolyser le altose, le saccharose et le raffinose. — M. Giaja à “observé la présence d’émulsine chez un grand nombre de Gastéropodes et de Lamellibranches marins, chez 'Astérie et lOursin; il n'en a pas trouvé chez les Céphalopodes. — MM. M. Gompel et V. Henri ont reconnu que l'argent colloïdal électrique à petits rains, injecté dans une veine, passe très rapidement ans la bile, le suc pancréatique et l'urine, mais non dans le liquide céphalo-rachidien. — M. J. Salmon montre que les rudements squelettiques des ectromé- liens sont les témoins de processus tératogènes variés autres que le simple arrêt de développement. — M. J. Basset à constaté que le carmin ingéré avec les ali- ments par le lapin et le cobaye ne se retrouve pas dans les poumons. — M. M. Nicloux dose l'alcool dans les mélanges de vapeur d'alcool et d'air par circulation dans un barbotteur puissant à eau : l'alcool est arrêté et déterminé ensuite par le bichromate. — MM. Edm. et Et. Sergent ont reconnu que le second hôte de PHaemoproteus (Halteridium) du pigeon est un Hippo- boscide commun sur les pigeons nord-africains et sici- liens, le Lynehia maura. — M. L. Launoy a observé que l'activité des phénomènes de dégénérescence intra-cellulaire, autolytiques, de la cellule hépatique du lapin à jeun est extrèmement ralentie lorsqu'elle s'exerce dans le sérum sanguin du même animal. — MM. Ch. Féré et G. Tixier ont étudié l'élimination du bromure de potassium chez les enfants. RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX Séance du 6 Novembre 1906. MM. J. Sabrazès et P. Husnot ont observé chez - les vieillards et les séniles l'existence d’une hyper- ….trophie des surrénales avec adénomes enkystés mul- —…tiples. — M. Ch. Pérez a conslaté l'existence de - différenciations tendineuses épithéliales chez le Bran- - chellion. — M. J. Sellier a reconnu la présence, dans le suc digestif des Crustacés, d'un agent diastasique présurant analogue à celui du suc gastrique des Ver- -iéhrés. — M. A. Auché a observé que les mouches - peuvent, à l’aide de leurs pattes et de leur trompe, k prendre des bacilles dysentériques non seulement à la surface des cultures pures, mais aussi dans les selles “ysentériques, et, ainsi infectées, transporter à dis- tance les agents pathogènes et les ensemencer sur des milieux de culture. RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE Séance du 20 Novembre 1906. M. P. Stephan a constaté que les grandes cellules à granulations éosinophiles du tissu lymphoïde du Pro- toptère se comportent comme des éléments à sécrétion interne. — M. L. Bordas a étudié l’ampoule rectale des Dytiscides : c'est à la fois un appareil hydrosta- tique, un organe défensif quand l’animal est hors de l’eau et un réceptacle excrémentitiel. — M. C. Gerber a observé l’action de l’Zriophyes passerinae sur les feuilles de Giardia hirsuta. I empèche la formation d'un tomentum et il fait réapparaître les caractères communs avec d’autres espèces du mème genre, que la croissance au bord de la mer avait masqués. — M. A. “Billet présente un nouvel exemplaire de filaire de l'œil, mâle, extrait chez un fonctionnaire du Congo. “ SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES É Séance du 7 Juin 1906 (fin). —… M. G. P.Lenox-Conyngham décrit les observations du pendule faites simultanément aux Observatoires de “…Kew et de Greenwich en 1903. L'appareil employé était le pendule à demi-seconde de von Sterneck. Les valeurs de g observées ont été de 981,200 à Kew et de 981,186 à Greenwich; les valeurs calculées d’après la formule de Helmert seraient respectivement de 981,166 et 981,161. Séance du 1% Juin 1906 (suite). M. H. E. Armstrong expose ses idées sur l’origine des effets osmotiques. Dans tous les liquides, les molé- cules doivent être regardées comme associées à un certain degré. Dans le cas de l'eau, on admet généra- lement que les molécules ne sont pas seulement asso- ciées, mais qu'une force attractive relativement puis- sante s'exerce entre elles. L'effet de l'introduction de molécules neutres (non-électrolytes) dans l’eau liquide doit être de causer la dissociation des complexes molé- culaires à un degré correspondant à la proportion des molécules neutres. Si une substance entre en solution entièrement sous forme de ses molécules fondamen- tales, elle produira son effet normal, pourvu que son effet attractif sur les molécules d’eau soitinappréciable. Les électrolytes — outre la production de l'effet de dissociation — exercent probablement un effet attractif sur les molécules d'eau. Dans l’eau ordinaire, l'état d'équilibre suppose le changement (H°0}" 2 » H°0, où » peut prendre plusieurs valeurs. L'introduction d’une substance quelconque provoque un trouble de l’équi- libre dans la direction (H°0}*—>n H°0. La « pression osmotique » est la mesure du degré dont l'équilibre est troublé par la libération des molécules fondamentales ou monades. Dans cette hypothèse, pour comparer l'effet osmotique des substances, il est essentiel de mesurer leur influence sur une et la même proportion de solvant; l'emploi de « solutions de poids normal » est donc entièrement justifié. — M. R. J. Caldwell : Etude des processus qui se passent dans les solutions. I. /nfluence des sels et des non-électrolytes sur l'action sucroclastique des acides. L'auteur a étudié l'influence de l'addition de certaines substances : lactose, glucose, glycérol, alcool, KCI, AZHiCI, BaCE, CaCP, NaCl, acide acélique, sur la vitesse d'hydrolyse du sucre de canne par une solution aqueuse d'acide chlorhydrique. Toutes ces substances, excepté l'alcool, ont un effet accélé- rateur plus ou moins marqué quand on les emploie en solutions à volume normal ({ gramme-molécule de substance dissous dans l’eau de façon à faire un volume d'un litre); quand on emploie des solutions à poids normal (1 gramme-molécule de substance dissous dans un litre d'eau), le glucose et le lactose paraissent n'avoir pas d'effet, le glycérol et l'alcool retardent la modification, et les autres substances l’accélèrent. L'au- teur explique ces faits d'après les hypothèses d’Arm- strong rapportées ci-dessus. Séance du 21 Juin 1906 (suite), MM. M. W. Travers et F. L. Usher : Sur la façon dont certaines substances se comportent à leur tempé- rature critique. Dans une première série d'expériences sur l’éther et SO?, les auteurs ont trouvé que la tem- pérature de Cagniard-Latour est indépendante des conditions dans lesquelles on opère, contrairement à ce que prétendent Traube, de Heen et d'autres. Dans une seconde série, les auteurs ont étudié le phénomène d’opalescence qui se manifeste dans les liquides pur à leur température critique. Si des quantités variables d'un liquide pur sont chauffées dans des tubes de verre scellés, pourvu que le liquide ne disparaisse pas, nine remplisse complètement le tube avant que la température critique soit atteinte, la surface séparant les deux phases peut s'abaisser et disparaître près du fond du tube, ou rester stationnaire vers le milieu du tube, ou enfin s'élever et s'évanouir vers le sommet. Dans les trois cas, si la température s'élève assez len- tement pour que l'équilibre soit atteint sans ébullition de la phase liquide, le contenu du tube devient opa- lescent à une température légèrement ifférieure à celle où les surfaces disparaissent, l'effet produit étant sem- blable à celui des agents oxydants sur une solution de H°S. Quand la surface s'abaisse, l’opaléscence appa- rait au-dessous; quand elle s'élève, on la voit au- 1040 ACADÈMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES dessus. Dans chaque cas, l’opalescence reste confinée par la surface mobile à l'espace dans lequel elle est apparue et son intensité est inversement proportion- nelle au volume qu'elle oceupe; elle est généralement un peu plus intense près de la surface et, quand celle- ei s'évanouit, elle se diffuse graduellement dans tout le tube. Dans le cas où la surface reste stationnaire, le tube paraît légèrement opalescent dans toute sa longueur. L'effet persiste dans un intervalle fini de température (de 0°,1 au-dessous à 0°,1 au-dessus de la témpérature où les surfaces disparaissent, pour SO*). Les auteurs tirent des indications de Donnan sur les systèmes liquide-vapeur à un composant au voisinage de la température critique la possibilité d'existence de petits agrégats non moléculaires stables, se différen- ciant de la phase liquide et de la phase vapeur. C'est à ces agrégats qu'il faut attribuer le phénomène de l'opalescence. — M. R. G. Durrant communique ses expériences sur la migration ionique dans la diffusion naturelle des acides et des sels. Les résultats obtenus par l’auteur tendent à confirmer la théorie de Nernst et de Planck. Dans les expériences antérieures d'Orme Masson et de Steele, on n'avait obtenu de limites de bandes qu’en employant des accumulateurs. Les expé- riences de l'auteur sur les gelées et ses expériences avec AgAzO® el Ca CE montrent qu'on peut obtenir des bandes très définies sans accumulateurs. Les ions H se meuvent en avant du front de diffusion, tandis que les autres ions produisent leurs divers effets en arrière de ce front. — M. W. A. D. Rudge : L'action du radium et d'autres sels sur la gélatine. L'auteur conclut de ses expériences que le radium n'a pas d'action spécilique sur la gélatine de nature à provoquer la formation de cellules, et que les effets qui ont été observés (par ‘Burke et d’autres) sont dus au baryum (constituant la plus grande partie du sel de radium), lequel agit sur Jes composés sulfurés présents dans la gélatine. SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE DE LONDRES Séance du 26 Octobre 1906. M. W. A. Scoble a étudié Ja résistance et la facon de se comporter des matériaux ductiles sous des tractions combinées. Ses expériences ont porté sur des barreaux de 3/4 de pouce de diamètre, soumis à la flexion ou à la torsion pour reproduire la distribution irrégulière de traction qui s'observe dans la pratique. Le point de rupture à été pris comme critère de la résistance. On a trouvé que le moment de fléchissement critique ‘est plus fort que le couple de rupture à la torsion (2.660 et 2.400 livres respectivement). La formule circulaire M-—T: — VM2-E TE peut être employée, en prenant M? et la résistance à la tension si le couple est faible, ou T- et l'effort de cisaillement torsionnel si le mo- ment fléchissant est faible. — M. J. M. Baldwin présente ses recherches sur la facon dont se comporte le fer sous des forces magnétisantes périodiques faibles. À laide du traceur d'ondes de Lyle, il a déterminé l'induction dans des champs variant périodiquement et descendant jusqu'à de très faibles amplitudes. Voici ses princi- pales conclusions : 4° La perméabilité suit une loi linéaire sur un intervalle considérable de champs faibles, diminuant jusqu'à un mininum d'environ 450 lorsque l'amplitude du champ diminue; 2° Lorsque le champ diminue, la différence de phase entre l'induc- tion et la force magnétisante tend à disparaître; 3° En même temps, les pertes par hystérèse deviennent très faibles; 4° La fréquence, aux faibles valeurs du champ, n'a pratiquement aucune influence sur les résultats. — M. R. W. Wood présente ses photographies de la rota- tion magnétique et des spectres de fluorescence, obtenues avec un spectrographe à trois prismes, un réseau de 42 pouces et un éclaireur monochromatique. Séance du 9 Novembre 1906. M: G. F. C. Searle expose et décrit une série d'appareils pour les travaux pratiques de Physique au laboratoire : diagramme de forces; balance balistiquess mouvement harmonique d'un corps rigide ; détermine tion du rayon de courbure d'un: miroir concave par l'oscillation d'une sphère; comparaison des moments d'inertie; système à deux degrés de liberté; délermi=« nation de l'accélération critique d'un pédomètre; dé termination des racines d'une fonction de Besse d'orde zéro au moyen d'une chaîne vibrante; détermi= nation du module d'Young et de la rigidité d'un fils détermination du coeflicient de restitution, etc. : SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES Séance du 1* Novembre 1906. t MM. W. Barlow et W.-J. Pope développent une théorie atomique qui relie les structures chimiques et cristalline. Les auteurs représentent les atomes l'état combiné par des « sphères d'influence » et re cherchent comment de telles sphères peuvent prendre l'arrangement le plus dense d'une manière symétrique« homogène qui simule exactement des composés cris tallins. Un examen des propriétés géométriques dés assemblages denses de sphères montre que les atomes des éléments doivent être représentés par des sphère d'influence directement proportionnelles en volume à leurs valences fondamentales et qu'un assemblage dense formé de sphères de diamètres appropriés. de facon à représenter un composé particulier, peut être divisé en unités identiques avec la molécule chimique et possède une symétrie et des dimensions compatibles avec celle de la substance cristallisée. Outre la pro: priété géométrique, qui démontre que la valence est une relation de volume, les assemblages denses homo= gènes de sphères possèdent d’autres propriélés qui conduisent à des interprétations physiques simples de la multivalence et de la tautomérie. De même, l'isomé= rie et les liaisons éthylénique-et acétylénique ont des analogues parfaits dans des particularités des assem= blages homogènes de sphères. —:MM. W.-H. Per-« kin jun. et G. Tattersall, en réduisant l'acide m-hy= droxybenzoïque par Na et l'alcool, ont obtenu l'acide hexahydro-m-hydroxybenzoïque, F. 1309-1329, qui est oxydé par l'acide chromique en acide y-cétohexa= hydrobenzoïque, F. 750-760. L'éther éthylique de ce dernier, traité MgCH'I, fournit la lactone de l'acide +-hydroxyhexahydro-m-toluique, Eb. 445° sous 20 mile limètres, que HBr convertit en acide y-bromohexahydroz 2u-toluique. Celui-ci perd HBr sous l’action de la pyris dine en donnant l'acide tétrahydro-m-toluique, Ebs 1420-4440, dont l'éther éthylique est transformé par MgCH5l en A‘t-m-menthénol-8, Eb. 1100-4112 sous 30 millimètres. Enfin, ce dernier, digéré avec le sulfate acide de potassium, perd H°0 et et se transforme en carvestrène : }C(CH:) : CN CH. )CH.G(CH5) : CH°, CHE — CHE/ Eb. 1799-1809, analogue à celui que Baeyer a préparé par distillation du chlorhydrate de vestrylamine. MM. W. H. Perkin jun. et C. Weizmann décrivenb un certain nombre de substances nouvelles dérivées dur catéchol, du pyrogallol et de la benzophénone etalliées, à des matières colorantes naturelles. — MM. EF. W. Kay et W. H. Perkin jun., en chauffant le hutane-afè= tricarboxylate d'éthyle avec Na et acidifiant le pro duit, ont obtenu le cyclopentanone-2: 4-dicarboxylate d'éthyle, qui est hydrolysé par HÉSO® avec dégagement de C0: et formation d'acide cyclopentanone-3-carboXY=M lique, F.65°. Le pentane-ays-tricarboxylate d’éthyle con= duit de la même facon à l'acide cyclohexanone-4-car# boxylique (è-cétohexahydrobenzoïque). — MM. 0. Sil= berrad et R. C. Farmer onl étudié l'hydrolyse de la nitrocellulose, qui est compliquée par la réduction simultanée de l'acide nitrique. L'hydrolyse a lieu avee uxe vitesse minimum quand la concentration des ions H est de 3,7 X 105 et celle des ions OH de 7,8 X 10-°gre ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 1041 équiv. par litre. Dans ces conditions, il est libéré 6 X 10 —5 gr.-équiv. d'acide par litre d'eau et par innée. — M. J. K. Wood à déterminé les constantes cidiques de quelques uréides et dérivés de l'acide irique. Dans les composés contenant le groupe CO.AzH. D.AzH.CO, il y a un renforcement mutuel des deux roupes iminés. — Le mème auteur a mesuré les cons- ntes d'affinité (acide et basique) de la xanthine, de a r-méthylxanthine, des trois diméthylxanthines 1so- es et de la caféine. Les constantes basiques sont à peu ès semblables, tandis que les constantes acidiques arient beaucoup; la paraxanthine et la théophylline sont des acides plus forts que tous les autres membres de la série : ceci doit s'expliquer par une influence stéréochimique exercée par les groupes méthyle el ariable suivant leur position. — MM. W. A. Bone, J. Drugman et G. W. Andrew ont étudié les phéno- nènes qui suivent l'inflammation de mélanges d'éthane bu d'éthylène et d'oxygène, correspondant à C*H° + O* ou 3C*H*+20%. Il se “produit toujours d’abord de la apeur, des aldéhydes, de l'éthylène et de l’acétylène; le arbone est un produit secondaire. Les auteurs sont parvenus à faire exploser les mélanges C°’H° + O0? et C#H'° + 20? à des pressions initiales de 900 millimètres èt au-dessus. — M. J. Holmes a déterminé les den- sités relatives de mélanges de CS* avec les alcools éthy- pue ou »-propylique et de pyridine avec l’eau ou lalcoo! éthylique. Des changements volumétriques se produisant dans ces mélanges, on peut conclure que la sphère d'activité d'une molécule n’est pas une fonc- ion invariable du volume moléculaire. — MM. F.Tutin ét A. C. O. Hann ont préparé l'acide &-glycérylphos- phorique CH?0H.CHOH.CH*0.PO*H® par action de l'acide phosphorique sur la 5-dichlorhydrine et hydrolyse du produit formé. L’acide £-glycérylphosphorique (CH°OH * CH.0.PO*H: s'obtient par hydrolyse de l'acide £-diglycé- rylphosphorique, provenant lui-même de l'action du chlorure de phosphoryle sur l’+-dichlorhydrine. Les “acides glycérophosphoriques naturels et synthétiques ont des mélanges divers des acides + et £.— MM. I. G. 0’ Donoghue et Z. Kahan ont obtenu l'acide thiocar- ; bonique par addition ménagée de thiocarbonate de Ca à HCI concentré froid. C’est une huile rouge, se décom- posant par ébullition en CS, HS et S. Il déplace CO? Mes carbonates et donne des sels métalliques par action “sur les sels des acides faibles. — MM. 1 : Batkerson Î | | | de te ti et den Ée activité SAUHE, M. A. Neville a résolu l'acide trans-A$‘-dihydro- phtalique en ses isomères lévo- et dextrogyres par cris- tallisation fractionnée de son sel acide de strychnine. SOCIÉTÉ ANGLAISE DES INDUSTRIES CHIMIQUES SECTION DE LIVERPOOL Séance du 10 Octobre 1906. M. J. T. Conroy fait une comparaison entre le com- merce des produits chimiques de l'Angleterre et de PAllemagne. Alors que l'exportation des produits chi- niques d'Angleterre en Allemagne s'est abaissée, de 4890 à 1905, de 2.600.000 à 1.200.000 livres sterling (en nombres ronds), l'exportation d'Allemagne en Angle- lerre s'est élevée, pendant la même période, de 2.400.000 “à 3.500.000 livres sterling. De 1885 à 1905, l'exportation totale de produits chimiques de l'Allemagne a passé de 41 millions à 27 millions de livres sterling. SECTION DE LONDRES Séance du 14 Juin 1906. M. B. Blount retrace les progrès accomplis depuis ingt ans par l'industrie des ciments. DEN ES Es ait ACADÉMIE DES SCIENCES DE VIENNE Séance du 12 Juillet 1906. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. H. Tietze : Sur l'analysis situs des multiplicités à plusieurs dimen- sions. — M. F. Hasenhôrl déduit, de l'impossibilité d'un mouvement perpétuel de second ordre, le théo- rème que la température est un diviseur intégrant de la différentielle de la chaleur ajoutée. — M. A. Lampa montre que, si l'on soutient une plaque par trois points et que l’on déplace les points de soutien vers un point, la plaque se meut de telle sorte que son centre de gra- vité se place sur le point de réunion des points de sou- tien. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. V. Conrad à analysé par diverses méthodes les observations de dispersion de l'électricité de l'air faites à Vienne au moyen de l'appareil d'Elster et Geitel, et il a reconnu l'existence d'une période de 26,2 jours. — Le même auteur a mesuré la teneur en ions de l'air au sommet du Säntis pendant l'été 1905. Les variations diurnes des ions positifs et négatifs ne sont pas identiques: les premiers ont un maxima principal à 44 h. du matin et un maximum secondaire à 3 h. du matin, les seconds à 3 b. du matin et 41 h. du matin; les minima princi- paux tombent tous deux à 3 h. du soir. — M. E. Meitner montre que le calcul des formules de Fresnel] donne des résultats en parfait accord avec l'expérience de Lord Rayleigh sur la réflexion à la limite de deux milieux dont le quotient de réfraction relatif est l'unité. — M. A. Klingatsch : Les courbes d'erreur, dans la détermination photographique des points. — M. A. Wassmuth a déterminé la conductibilité d'une série de solutions aqueuses de chlorure et carbonate de sodium dont la composition se rapproche de celle du sérum sanguin. — M. P. von Schrott a cons- taté que le sélénium cristallisé provenant du séléniure de K ne conduit pas le courant et n'est pas sensible à la lumière; c’est la forme fondamentale du Se gris cristallisé, qui est stable à la température ordinaire. Par chauffage, il se convertit en Se métallique, qui con- duit le courant et est le seul sensible à la lumière. Le Se rouge, cristallisé du C$?, tend par chauffage à se transformer en Se mé tallique. — M. O. Hônigschmid a préparé, par aluminothermie ou par d'autres voies, le siliciure de zirconium Zr SF et le siliciure de titane Ti SE. — M. A. Himmelbauer a retiré de la liévrite un acide analogue à l'acide métasilicique ; celle-ci est donc un métasilicate. La datolithe et la gadolinite fournis- sent un acide Si*05H? nouveau, qui a été nommé acide datholithique. — Mie D. Fogy a étudié des pseudo- morphoses de serpentine en olivine, d'où elle à retiré un acide serpentinique Si*0#0$, puis l'écume de mer qui fournit un acide sépiolithique nouveau SFO°H°, et enfin la gymnite qui a donné un acide SFO"H5, — M. F. Becke présente une méthode pour la détermination des feldspaths sodico-potassiques, ayant pour base la projection de l'orientation optique de l’albite, de l’anor- thite et de types mixtes choisis et chimiquement connus. — M. R EUR en chauffant l'oxime du for- PE (C H5}C(CH*OH)CH : AzOH, a obtenu deux substances Lu res : l’une est le nitrile CH*}*C(CH*OH).CA7, donnant par saponification l'acide oxypivalique. — MM. B. Eisler et A. Pollak, en con- densant l’aldéhyde éthoxylacétique avec l'aldéhyde acétique, ont obtenu le corps C*H°0.CH*.CHOH.CH*. CHO, donnant par chauffage avec l’acétate de soude sec l’aldéhyde non saturé C*H0O.CH°.CH : CH.CHO, et oxy- dable par le permanganate en acide y-éthoxyl-6-oxybu- tyrique. — MM. M. Kohn et F. Wenzel ont préparé des combinaisons nitrosées bien cristallisées de la vinyidiacétonamine, de l’isobutyrodiacétonamine et de la benzaldiacétonamine. — M. A. Kaïlan a étudié l'éthérification des acides amidobenzoïques par l'acide chlorhydrique alcoolique et il donne les équations représentant les: phénomènes. — M. R. Wegscheider 1042 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES signale qu'il n'y à pas d'anomalie dans l'éthérilication de l'acide 4-nitrophtalique, comme on lavait cru d'après des essais antérieurs de Goldschmidtaujourd'hui controuvés. — M.G.. Goldschmiedt à étudié l'influence de certains groupes sur l'élimination par H£ bouillant de CHE et CH? liés à l'azote. Le noyau benzénique et le noyau naphtalique diminuent l'adhérence des alkyles ; les substituants négatifs dans le noyau benzénique ont une action accélératrice. — M. H. Meyer, en faisant réagir le diazométhane sur la y-oxyquinaldine, à obtenu l’éther méthylique, F. 62°; tandis que cet éther se comporte normalement dans la détermination du méthoxyle, la +-éthoxyquinaldine, F. 41°, est désal- kylée très lentement. — Le mème auteur à préparé : la diméthylacétacétamide, F, 120-1219; la méthyléthyl- acétacétamide, F. 1230-1424: la diallylmalonamide, F. 20149-202; la méthylbenzylmalonamide, F. 2029- 2030. — M. A. Fürth a préparé un certain nombre d'hydramides; la m-nitrobenzaldéhyde déplace le reste aldéhyde de la plupart des hydramides en donnant la m-lrinitrobenzamide. — M. H. von Lendenfeld, en faisant réagir l’'aldéhyde téréphtalique sur l'acétophé- none en présence de KOH, a obtenu la p-phényl-1-pro- pénone-1-benzaldéhyde, F. 1259, et la phénylène-1 : #- diphényl-1-dipropénone-1, F. 2009-201°. Les autres cétones donnent lieu à des produits de condensation analogues. — M. H. Hepner à préparé un dérivé dinitré de la f-naphtoquinoline, qui est réduit en com- posé diaminé, lequel, oxydé par le: permanganate ou l'acide chromique, fournit un acide quinolinedicar- bonique. — M. L. Lypellowski, en faisant réagir l'acide nitreux sur la lysine, a obtenu deux substances ayant la composition d’un acide aminooxycaproïque. —_ M. R. Weitzenbock a constaté la présence d'isoleu- cine parmi les produits d'hydrolyse primaire de la caséine. — MM. M. Bamberger et A. Landsiedl ont extrait du Seleroderma aurantium et du Sel. vulgare deux corps du genre de la cholestérine, 3° SCIENCES NATURELLES. — M. W. Fritz à constaté que la membrane de Descemet nait, après la formation de l’endothélium de la cornée, comme une séparation cuticulaire; elle ne se continue pas, à sa périphérie, dans le ligament pectiné, mais se termine par un bord net; elle se trouve près de la substance élastique, mais ne lui est pas identique. Le ligament pectiné iridien a une grande variété de structure chez les Mammifères. — M. F. Steindachner a éludié la faune des poissons des îles Samoa et y a trouvé plusieurs genres et espèces nouveaux. — M. Eug. Simon a déterminé les Aranéides rapportés du Soudan égyptien et du nord de l'Ouganda par le Dr J. Werner; il y à trouvé 11 genres et 2 sous- espèces nouveaux. — M. B. Kubart montre que les couches de séparation des feuilles florales sont un tissu parenchymatique, dérivant d'une méristème primaire ; l'acte du détachement a lieu à la suite d’une macéra- tion par les acides organiques, accompagnée de ten- sions de l’épiderme. — M. R. Karzel présente ses recherches sur l'hétérotrophie du bois et de l'écorce chez le Tilia et l'Aesculus. — M. F. von Hôhnel à revisé, en se servant des exemplaires originaux, les 291 formes d'Ascomycètes établies par Feltgen; il ré- sulte de ses recherches que 250 doivent être suppri- mées. — M. F. Nabelek : Sur l'importance systéma- tique de la structure fine de la paroi de l’anthère. Octobre 4906. 19 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. R. Klug à déter- miné l'orbite définitive de la comète 1826 IV. C'est une comète elliptique, d'une durée de révolution de 6.264 années, 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. E. von Schweidler pré- sente ses observations de l'électricité atmosphérique sur le lac d'Ossiach pendant l'été 1906. La dispersion à présenté la marche diurne normale. Il y a à peu près proportionnalité entre la dispersion et la conductibilité. — M.E. Weiss a déterminé par une nouvelle méthode la teneur électrique de la neige et de la pluie, et Pa Séance du A1 comparée à la chute du potentiel mesurée simultané- ment. Les intensités de courant des précipitations sont de l’ordre de grandeur de 10-M amp./cm°?. — M. K. W. F, Kohlrausch à déterminé l'induction radio-active dans l'air par la méthode d'aspiration; elle est de 20% 300 fois plus faible qu'on ne l'avait cru jusqu'à présent, Elle offre la même marche que le nombre des 1ons, dés sorte qu'elle peut être considérée comme la cause dé l'ionisation. — M. W. Fried, en condensant l'éthoxyl& cétaldéhyde par lt potasse, a obtenu un aldol C*H50: CH2.CH(OH).CH(OC?H5),CHO, qui donne par déshydras tation l'aldéhyde 2:4-diéthoxylerotonique C2IFO.CIH CH:C(0CH°).CHO. — M. H. Busch el M'* K. Golden® thal, en déshydratant le formisobutyracétaldol, om obtenu un aldéhyde non saturé (CH*)C(CH*OH).CH : CHE CHO:; le même aldol, traité par la formaldéhyde, se seinde en donnant le glycol (GH*}C(CHOHE. — MR Andreasch à préparé l'acide phénylaminorhodanique et ses produits de condensation avec divers aldéhydes® Il montre, d'autre part, que les aryldithiocarbamates sous l’action du chloroformiate d'éthyle, se décome posent en COS, AzH'CI et isosulfocyanates COrrespone dants. — M. A. Wagner a préparé les acides & et! B-naphtylrhodaniques et leurs produits de condensation aldéhydiques. — M. G. Jenisch à préparé, aux dépens de la méthylphénylhydrazone de l'isopropylphényleé tone, un nouvel indolinol, le Pr-11-méthyl-3 :3-dimé fl thyl-2-phénylindolinol. — M. K. Brunner a obtenu, à u moyen des 0- et p-tolylhydrazides de l'acide isobuty # rique, deux nouvelles indolinones. — M. A. Praxmarer en chauffant la pyrocatéchine avec KHCGU* et la glycé= rine et faisant passer un courant de CO*, à obtenu l'acide pyrocatéchine-0-carbonique. Par le chauffage prolongé de ce dernier avec KHCO* et la glycérine, i se forme de l'acide pyrocatéchine dicarbonique. M. F. von Hemmelmayr adopte pour l'élatérine lan formule C?*H#05, Elle contient deux groupes OH, deux groupes CO et un groupe OH acétylé; l’un des groupes CO appartient probablement à un groupe aldéhy dique. 30 SGENGES NATURELLES. — MM. F. von Hôhnel &l V. Litschauer ont soumis le groupe des Gorticiées à une revision dont ils donnent les résultats. — M. KR Hoernes décrit une nouvelle forme des couches aquis taniennes de Moräutsch en Carniole supérieure, le Melongena Deschmanni, et présente quelques considésn rations sur là distribution géographique des Mélongé= nidés vivants, | Séance du 25 Octobre 1906. 19 SCIENCES PHYSIQUES. — M. E. Lecher montre que si l'on représente par eHv la force qu'un champ magné tique H exerce sur un électron de charge e se mouyant perpendiculairement aux lignes de force avec | vilesse v, on en déduit immédiatement l'inductio dans un conducteur se mouvant contre le champ di force, ainsi que l'action d'un champ magnétique SU un porteur de courant. — M. L. de Ball expose | théorie de la réfraction de Radau sous une forme nou velle et très compréhensible. L'auteur développe, & particulier, l'expression de la réfraction en fonction d la densité et de la température de l'air. — M. P. G Puschl déduit de considérations théoriques la conelus sion que les intensités des rayonnements secondaires de différents éléments sont, en principe, comme le poids équivalents des substances considérées. — M. dé Billitzer a étudié l'action de la lumière sur l’eau dés chlore. La réaction n'est pas absolument proportions nelle à l'intensité et à la durée de l’éclairement, mais se poursuit autocatalytiquement. — MM. P. Gelmo eln W. Suida poursuivent leurs recherches sur les phénos mènes de la teinture des fibres textiles animales. Sous l'influence des acides sulfurique, chlorhydrique et” phosphorique alcooliques, les propriétés basiques de las laine sont saturées, et il se forme probablement des combinaisons salines qui empêchent la teinture par les colorants basiques, mais facilitent celles des colorants À ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 1043 eides. L'acide nitreux mème parait d'abord agir dans le même sens. "20 SCIENCES NATURELLES. — M. J. Schiller à constaté que les fibres de Cocos nucifera, Borassus flabelli- formis, Tillandsia, Attalea funifera, présentent, comme outes les fibres de bois et d'écorce déjà examinées, axe de plus grande élasticité dans la direction longi- fudinale et l'axe de plus faible élasticité dans la direc- on transversale. Séance du 31 Octobre 1906, » SCIENCES NATURELLES. — M. G. Bayer a trouvé, dans le suc de broyage de l'ovaire de Rana esculenta, une Substance à action bactériolytique très énergique contre e bacille de l'anthrax et le vibrion cholérique, qui est détruite à 60°. Elle se compose d’un corps thermolabile ägissant comme un Complément et d'un corps ther- mostable agissant comme un corps immunisant; en tela, elle ressemble à la sérobactériolysine des Ver- tébrés supérieurs. L. BRUNET. ACADÉMIE DES SCIENCES D'AMSTERDAM Séance du 29 Septembre 1906. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. J. de Vries : Com- Dlexes quadratiques de révolution. L'équation générale : AP + ps°) + Bps° + 2Cpape + Dps” _ + Ep + ps) +2F (piPs — Paps) = 0. La surface des singularités se compose de deux qua- driques de révolution à quatre droites isotropes com- munes. Les surfaces axiales, méridiennes et parallèles. as C—0 du complexe symétrique. Cas B=—0, D—0 du complexe tétraédral, etc. — M. D. J. Korteweg pré- ente au nom de M. L. E. J. Brouwer : Le champ de force des espaces non euclidiens à courbure positive {comparez Rev. génér. des Se., & XVNII, p. 801). Ici l'auteur s'occupe successivement du champ sphérique E, “à deux dimensions, de l’espace sphérique E,, de l'es- “pace sphérique polydimensional E, et de l’espace ellip- tique polydimensional G,. — M. J. A. C. Oudemans : Orcultations et éclipses mutuelles des satellites de Jupiter en 1908. Histoire des occultations observées par MM. Ph. Fauth, A. A. Nijland, Stanley Williams. La détermination des plans des orbites des satellites par W. de Sitter. La durée maximale d'une occultation, variant de 33% pour I et III, jusqu'à 4026% pour [IL et IV. Recherches sur l'incertitude de la détermination “les temps synodiques de révolution des satellites. Les “équations appliquées dans la seconde partie des tables Ue Damoiseau. Résultats faisant connaître 72 occulta- tions dans les mois de juin et de juillet 1908. Deux exemples de calcul. — M. H. G. van de Sande Bakhuyzen présente au nom de M. A. Pannekoek : Le rapport ABLEAU |. — Emission des étoiles du type d’'Orion. COULEUR JELASSE) COULEUR NOMBRE | CLASSE NOMBRE 6,67 ©S ©QS US NO NO 19 NO 19 de de De QD US 10 = OR Dans une LE. le spectre et la couleur des étoiles. Communication précédente (ÆRev. génér. Se., des t. XVII, p. 801), l’auteur a remarqué que nous ne savons pas où se trouve, dans la série successive des spectres du type d'Orion et du premier type, la place de la température la plus élevée ou, du moins, celle de l'émission maximale. On peut conclure que cette place correspond à la couleur la plus blanche; des observa- tions spectro-photométriques faisant défaut, l’auteur se sert ici de la méthode des évaluations. Les résultats, se rapportant aux étoiles de la table d'Osthoff, figurant dans le catalogue de spectres de Maury, sont résumés dans le Tableau I. D'après ces résultats, le maximum de l'émission se trouve entre les classes IV et V, ete. 29 SciENCES PHYSIQUES. — M. H. A. Lorentz présente au nom de M. J. J. van Laar : Sur l'allure des lignes spinodales et des lignes de plissemen! pour des mélanges binaires de substances normales. Quatrième commu- nication : Le pli longitudinal (voir Rev. génér. des Sc., t. XVI, p. 664, et 748, t. XVII, p. 160). L'auteur com- mence par une récapitulation des résultats publiés dans les communications précédentes et en deux mémoires insérés dans les Archives du Musée Teyler. Les dif- férentes formes du pli longitudinal sont indiquées par plusieurs figures. — M. J. P. van der Stok présente au nom de M. W. van Bemmelen : Des perturbations magnétiques d'après leur notation à Batavia. En arrangeant les perturbations magnétiques observées à Greenwich, M. Maunder parvient à la conclusion sui- vante : « L'origine de nos perturbations magnétiques, c'est le Soleil. L'action solaire qui les fait naître ne tra- vaille pas également dans toutes les directions, mais suivant des courants étroits bien définis, pas nécessai- rement radiaux. Ces courants dérivent d'aires actives d'extension limitée. Ces aires actives ne sont pas seu- lement les causes de nos perturbations magnétiques, mais aussi les sièges de la formation de taches solaires. » Sollicité par M. Maunder de dresser une table des per- turbations magnétiques observées à l'Observatoire de Batavia (ile de Java), M. van Bemmelen présente une communication provisoire sur ce sujet, vu l'actualité du problème en question. Il s'occupe successivement des principes d'après lesquels la table désirée à été construite, de la distribution de l'heure du commen- cement de la percussion sur la journée, du rapport entre les perturbations et les taches solaires, de la comparaison avec les perturbations à Greenwich, d'une hypothèse sur l'origine des perturbations, etc. — M. A. F. Holleman présente, en son nom et au nom TagLraull.— Constantes physiques des dinitrotoluènes et de leurs dérivés. ISOMÈRES POINTS DE SOLIDIFICATION POIDS SPÉCIFIQUES CA, COOR ou CO0C*4 { Dinitro- re RES Dinitro- RE (en 1) lranes Acides Ethers | | juènes Ethers 3 5803 16303 7100 1,2791 3 92,6 206,8 92,9 1,2935 SORTE 59,3 204,1 88,4 1,2825 L'R2 M8 PME 50,2 479,0 68,8 1,2820 | 1,2859 15 2 EM ET OS 180,9 40,2 1,2860 | 1,2858 1200 REIMS 206, 4 14,1 1,2833 | 14,2923 de M. H. Sirks : Les six acides dinitrobenzoïques 1So- mères. Des séries complètes de dérivés isomères du benzène CSH®A2B ont été rarement étudiées; cependant, pour la connaissance de ces dérivés, un examen Com .paratif de six isomères de ce genre serait très impor- tant. C’est ce qui a engagé les auteurs à examiner les acides dinitrobenzoïques isomères. L'acide dinitroben- zoïique symétrique (nommé 1:3:5, le groupe carbo- nylique étant désigné par 1) fut obtenu par la nitration de l'acide m-nitrobenzoïque; les cinq autres furent préparés par l'oxydation des dinitrotoluènes corres- pondants, soit au moyen de permanganale de potasse 1044 en milieu acide sulfurique, soit par la digestion pro- longée avec l'acide nitrique de densité 1,4 au réfri- gérant à reflux. Pour la préparation des dinitrotoluènes mêmes, les isomères (1:2:3) et (1:2:5) ont été pré- parés d'une manière nouvelle, c'est-à-dire par la distillation fractionnée du produit de nitration du m-nitrotoluène après que la plus grande partie du 1 : 3: 4&-dinitrotoluène (qui en forme l'élément principal) en a été séparée par la cristallisation. Les points de solidification corrigés des dinitrotoluènes, des acides correspondants et de leur éthers, de mème que les poids spécifiques des dinitrotoluénes et des éthers, déterminés à 41° avec le pyknomètre de M. Eykman, sont donnés dans le tableau IT (page 1043). La con- ductibilité électrique des solutions aqueuses diluées des acides fut déterminée de la manière usuelle oH oH NN PAS 1550 y! L 3 A70* ol Az K CH \z N Il à 4 ok p oH Az0%/ NY Az0® A20%7 N 70% 155 1520 aol ous Az0%4 /0H x / AzO® AZ0® Y Y avec H°0 avec H°0 oH oH 172027 NAz0® HO! AZ0® 120% Az0® ëd on K = AZO® ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES TaeLeau III. — Résultats de la nitration des phénols mêta-substitués, 4 Un examen de la littérature ‘montra que cette régulas rité semble se manifester aussi dans plusieurs autres cas et il est probable que les acides les plus forts son éthérifiés le plus lentement. On pourrait expliquer e par la supposition que, dans l'éthérification avec He en solution alcoolique, ce sont les molécules non dis: | sociées qui prennent part à la réaction. — Ensuiti M. Holleman présente en son nom et au nom dl M. J. Huisinga : Sur la nitration des acides phtaliqu et isophtalique. Examen des différents acides mont nitrophtaliques engendrés pendant la nitration. Enfin, M. Holleman présente au nom de M. Blanksma : Nitration des phénols mêta-substitués. Tableau IE fait connaître les points de fusion des co posés inconnus jusqu'à présent, — M. S. Hoogewer présente au nom de M. R. A. Weerman : Action oh ob ; x (] : ATOR 1OCHS OC°H5 AzO®K CI (Br) so \ 1450 oH ou AzO® N A70° Az0%// \ A0! 115 Er] Az0? OCHS OCHS REQEPNRRR AzO® 1109 AzO® 15% avec AzHS avec AzH?C'H5 oH ob L 17027 \A70? p* Naz0® AzU® AzH® C‘HSH Az AZUC‘HS NUE Se AzU® AZzU? avec'le pont de Wheatstone et le téléphone. Les con- stantes de dissociation trouvées sont les suivantes : Acides dinitro- benzoïques . K — 100 & à 25° 12:59 2 l':2:4 2,64 2:4 1:28:6 3.85 8,15 On voit à première vue que les quatre acides substitués dans l’une ou les deux positions ortho ont une con- stante plusieurs fois plus grande que les deux autres. Un examen spécial prouva que la relation trouvée entre la position des groupes et la conductibilité n'est pas modifiée en employant de l'alcool comme dissolvant. Aussi fut déterminée la vitesse d'éthérification des acides suivant la méthode de M. Goldschmidt (Ber., t. XXVIIL, 3218), dans une solution alcoolique d'acide chlorhydrique à des températures différentes. Il en résulta que des six isomères la constante d'éthérifica- tion est la plus petite pour les acides ortho-substitués, dont la constante de dissociation est, au contraire, la lus grande. Comme on le voit par le tableau suivant, es acides dont la constante de dissociation est la plus grande ont une constante d'éthérification plus petite el vice-versa : Acides dinitrobenzoïques Constante Constante de dissoc.a 40° d'éthérification à 40° 0.171 0,033 0.177 ü,02$ 1,35 0.0025 SN 2,16 0,0027 3,20 0,0017 1.6 0,000! Thypochlorite de potasse sur lamide de l'acid cinnamique. Génération d’un dérivé de l’urée : CSHS.CH: CH.AZH CO. C‘H°.CH: CH.CO.AzH” — M. H. W. Bakhuis Roozeboom présente la thèse di M. G. H. Leopold : « Driephasenlyn met minimum d by chloralaethylalcoholaat en zoutzuur aniline » (Lignt de trois phases à pression minimum chez l’alcoolate du chloraléthyle et le chlorhydrate d'aniline). 3° SCcrENCES NATURELLES. — M. A. A. W. Hubrech présente au nom de M. F. Muller : La placentation dl Sciurus Vulgaris. M. C. Winkler présente au nom de M. J. K. A. Wertheim Salomonson : (Quelque: remarques se rapportant à la méthode des cas vrais faux de Fechner. — M. F. A. F. C. Went présente al nom de M. W. Burck : Sur l'influence des nectairess et d'autres tissus saccharifères de la fleur Sur manière d'éclore des bourgeons. — M. C. H. H. Spronck présente au nom de M. C. Eysbroek : Sur les ambü cepteurs d'un sérum antistreptococcique. P. H. ScHouTE. Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER. ‘ Paris. — L. MaRETHEUX, imprimour, 1, rue Cassette. PPS 47e ANNÉE 30 DÉCEMBRE 1906 des Direcrecr : LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. Revue générale Sciences pures et appliquées Aâresser tout ce qui concerne la rédaction à M L. OLIVIER, 22, rue du Général Foy, Paris — La roprodaction #1 la tradaction des œuvres et des travacz publiés dans ls Revue sont complètement interdites en Francs et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège st la Hollande $ 1. — Nécrologie , F.-C. Beiïlstein. — La Chimie organique vient de perdre l'un de ses fondateurs et de ses représentants les plus autorisés ‘en la personne de F. C. Beilstein, décédé à Saint-Pétersbourg le 18 octobre dernier. Né dans cette ville en 1838. il alla étudier à Heidelberg, puis à Goettingue avec Bunsen, et enfin à Paris dans [e Haboratoire de Wurtz. En 1866, il était nommé profes- eur de Chimie à l'Institut Technique de Saint-Péters- bourg, situation qu'il a conservée jusqu'à la fin de sa wie. Les travaux de Beiïlstein et de ses élèves sont consi- dérables. Les plus importants se rapportent aux isomé- es des composés organiques, en particulier dans la série aromatique; ces recherches, poursuivies sans dis- ontinuer de 1864-à 1888, ont contribué à établir soli- dement la loi de l'existence de trois isoméries ortho, méta et para dans la série benzénique. Ensuite Beilstein, aidé de son collaborateur Kurba- of, se tourna vers l'étude des pétroles russes, dont les deux savants découvrirent la constitution et qu'ils rat- achèrent aux pétroles américains, en montrant que les bydrocarbures cycliques qui constituent principale- nent les pétroles russes se retrouvent en faible propor- lion dans les pétroles américains, tandis que les hydro- tarbures saturés à chaines ouvertes qui forment en Brande partie ces derniers se retrouvent en petite quan- ité dans les pétroles du Caucase. Enfin, le nom de Beiïlstein restera attaché à son grand pertoire de Chimie organique, classant et résumant norme quantité de travaux accumulés par cette cience et en indiquant les sources : c'est le Handbueh #r organischen Chemie, qui figure dans toutes les ibliothèques chimiques et dans tous les laboratoires. est déjà parvenu à sa 4° édition, et, avec l'autorisa- on de l'auteur, la Société chimique allemande pour- divra la publication de cette œuvre qui rappellera aux nérations futures la mémoire du grand chimiste russe. $ 2. — Astronomie La couleur des étoiles. — Cette question inté- te en Astronomie est à la portée des amateurs ne REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE possédant que des moyens limités d'observation, et dont les instruments restent souvent inactifs parce qu'ils ne savent à quel travail utile les employer. Cette étude, étant donné son côté pittoresque, est une des plus agréables et des plus passionnantes dans lesquelles on puisse s'engager : aussi bien, pour réussir dans cette voie, il n'est pas nécessaire d'avoir une installa- tion compléte, mais un télescope de taille modérée, réflecteur ou réfracteur, et une bonne vue pour la perception des couleurs — vue qui pourra être large- ment améliorée par l'entrainement. £ Comme la x a dépend de l'estimation de l'œil, 11 est indispensable que l'œil de l'observateur soit normal pour la sensation des couleurs, pour leur vision. Une observation de quelques minutes au spectroscope doit suffire pour déterminer ce point : si toutes les couleurs du spectre sont vues, sans apparence de zones neutres, il y a peu de probabilités pour le cas d’achromatopsie ou de dichromatopsie. Du reste, l'éducation de l'œil peut parfaitement se faire avec de l'entrainement, et c'est une excellente chose, pour plusieurs observateurs, que de travailler ensemble, sur une liste donnée d'étoiles, pour comparer ensuite et discuter leurs 6b- servations et la valeur de l'équation personnelle de chacun. Il est impossible, évidemment, de comparer directement la couleur d'une étoile avec celle d'une lumière artificielle : œil doit ètre entraîné à faire cela mentalement, et il est surprenant de voir avec quelle facilité on y parvient dans la pratique. M. W. S. Franks, de l'Observatoire de Starfield, est très particulièrement compétent en cette matière, tant par ses recherches personnelles que par son expérience comme directeur de la Section pour l'étude de la cou- leur des étoiles de la Société Astronomique de Liverpool et de la British Astronomical Association : il a donné nombreux conseils aux amateurs en des articles du Westwood Olivers, et montré que, en groupant quelque peu les bonnes volontés, il serait aisé d'obtenir des documents précis sur les couleurs des astres jusqu'à la $° srandeur, résultat dont l'importance n'échappera pas. Ces instructions pratiques sont résumées avec précision dans un article du Bulletin de la Société Astronomique de France (4906, p. 410), constituant un exposé très intéressant, et il est à souhaiter qu'elles 24 1046 déterminent quelques initiatives individuelles pour ce but élevé el précis. Orbites des étoiles doubles.— Les nombreuses orbites que l’on a calculées d’après les observations d'étoiles doubles sont de valeur très inégale. Cette dis- tinction n'est pas suffisamment marquée dans les re- cueils ordinairement consultés par les astronomes, tels que l'Annuaire du Bureau des Longitudes. I peut arriver ainsi que, faute d’être avertis, des chercheurs consciencieux consomment beaucoup de temps et d'ef- forts dans des calculs stériles. M. Aïtken à entrepris, en conséquence, une révision générale, comprenant la comparaison des éléments entre eux et avec les obser- valions modernes. Le résultat de cette critique a été la division des orbites publiées en deux classes : la premiè eule, comprenant 53 objets, permet de faire un choix motivé pour les éléments et d'attribuer à ceux-ci une valeur réelle. M. Aïtken explique dans des notes les motifs de sa décision et signale les con les que l’on peut espérer faire passer, dans u, 4 cair prochain, de la seconde classe à la première. . : S Un nouvel appareil pour signaler larrivée des trains dans les gares. — Pour signaler l’arrivée des trains entrant en gare, on se sert souvent de contacts de rails actionnés par le train en marche, contacts affectés du grand désavantage de se détériorer facilement et de pouvoir rester inactifs. L’insécurité qui en résulte dans le service semble devoir être éli- minée par un ingénieux appareil imaginé par M. H. Mi- chel*et dans lequel la fermeture du courant est opérée d'une façon curieuse par le sifflet même de la locomo- tive, les contacts étant disposés latéralement par rap- port à la voie dans une boîte garantie contre les intem- péries. Nous avons signalé récemment’ un phénomène remarquable, découvert par M. Michel, qui se produit toutes les fois qu'ayant disposé un disque léger à l’in- térieur d’un résonnateur acoustique, de facon à pou- voir tourner facilement autour d’un axe, l’on fait rendre le son caractéristique de ce dernier à une source acoustique quelconque. Si le disque est disposé obliquement par rapport à l'axe longitudinal du résonnateur, il se met à tourner à partir du moment de production du son excitateur, jusqu'à ce que ce son cesse ou que la surface du ré- sonnateur se soit placée à angle droit par rapport à l'axe du résonnateur. Les corps doués d’un son caractéristique (membranes, cordes, voire même l'air à l'intérieur des résonnateurs) ne prennent pas seulement part aux oscillations de ces sons caractéristiques, mais, à l’égal de tous les autres corps, se mettent à vibrer, bien qu'avec une intensité moindre, sous: l’action d'un son quelconque. La rotation du disque est, au contraire, un effet spécifique de la note caractéristique du résonnateur. D'autres sons étant produits avec une intensité quel- conque, le disque reste, en effet, au repos, tandis que la note caractéristique du résonnateur produit toujours la rotation de ce dernier, quelque faible que soit son intensité. : Ce phénomène est utilisé dans l'appareil de M. Michel, qui consiste en un résonnateur cylindrique en verre, fermé d’un côté et présentant de l’autre une ouverture que recouvre une membrane. A l’intérieur de ce réson- nateur a été disposé, sur des goupilles, un disque léger portant un bras de levier qui communique par un fil conducteur avec une pile galvanique. La rotation de ce disque est limitée par les branches d'une fourchette 3. — Génie civil “ R. G. Arrken : A catalogue of the orbits of visual binary ars : Lick Observatory Bulletin, n° 84. ? Dingler's Polytechnisches Journal, n° 36, 1906. s | ; loir la Revue du 45 octobre 1905, p. 838. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE disposée à la paroi terminale du résonnateur du côté opposé à la membrane, une force très faible, due à un faible ressort ou à un aimant, appuyant le disque contre l'une des branches de cette fourchette. Dans l’espace couvert par les oscillations du bras de levier attaché au disque se trouve une baguette en pla- tine communiquant avec l'appareil à signaler de la sta" tion, qui, à son tour, est relié à la pile galvanique. Pour renforcer la rotation du disque, on attache un enton- noir acoustique à l'extrémité du résonnateur fermée par la membrane. Ê Or, supposons que le dispositif que nous venons de décrire soit monté sur un support, un mât, etc., dis posé à l'endroit d’où doit partir le signal, latéralement par rapport à la voie, le résonnateur tournant vers cette dernière l'extrémité portant l’entonnoir acoustique Afin de garantir ce dispositif contre les intempéries, on l'entoure d'une boîte munie d'un disque en verre dans la partie tournée vers l’entonnoir. À Les sifflets à vapeur de toutes les locomotives circu=« lant sur la ligne doivent être accordés pour la note caractéristique du résonnateur, à moins qu'on ne pré fère disposer un sifflet spécial. Au moment même où le train passe à l'endroit où se trouve le résonnateur, le mécanicien, averti par un signal optique ou acous: tique, tait agir le sifflet; le disque de l'appareil se met à tourner à l'encontre de la force du ressort ou de l'aimant jusqu'à ce que le bras de levier porté par le disque soit appliqué contre la baguette de platine fermant le circuit et signalant à la station l’arrivée du train qui approche. Aussitôt que le sifflet de la locomotive cesse de fonc- tionner, le disque rotatif, poussé par la force du ressort ou de l’aimant, retourne vers sa position initiale. On a soin de garnir de platine le point de contact du bras de levier afin d'assurer un contact sûr. Remarquons, toutefois, que, si le fonctionnement A l'appareil précédent parait plus sûr, il est sous las dépendance absolue du coup de sifflet donné par le mécanicien; or, les signaux manœuvrés par la main de l’homme sont soumis à des aléa plus grands que les dispositifs mécaniques, et la pratique des compagnies, de chemin de fer à toujours été de substituer de plus en plus les appareils complètement automatiques aux appareils à commande volontaire. $ 4. — Physique Recherches expérimentales sur la consti- tution des aimants permanents. — La question de savoir ce qui reste constant dans un aimant per= manent à fait, pendant ces derniers temps, l'objet de nombreuses études, sans que toutefois les résultats jusqu'ici trouvés concordent entre eux. Tandis ques d’aucuns maintiennent l'hypothèse qu'un aimant pers manent constitue le siège d'un nombre de lignes dem force déterminée, d'autres sont d'avis que c'est sa force magnétomotrice qui est constante. | Dans un récent Mémoire présenté comme thèse Inau=\ gurale à la Faculté des Sciences de Tubingue, ME Kempken‘ confirme le résultat trouvé antérieurement par R.-H. Weber, à savoir que la force magnétomotrices, peut être regardée comme constante avec une précision \ suflisante pour la plupart des applications, lorsqu'une variation de résistance s'accompagne d'une modilicas tion du champ magnétique de moins de 15 2/0. 4 L'auteur s'est servi d'échantillons d'acier à outils, acier à affectant la forme d’une moitié d’anneau, à section Ci culaire et à face polie plane, échantillons qu'on availl trempés dans un feu au charbon de bois. Lorsqu OA augmente ou diminue l’espace qui sépare deux moitiés d'anneau placées en regard l’une de l’autre, on fait varier la résistance magnétique du circuit ainsi Cons i stitué. Le nombre de lignes de force traversant l'inters valle, pour des largeurs différentes de ce dernier, à été —- Annalen der Physik, n° 10, 1906. L CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 1047 mesuré par une méthode balistique, une bobine de fil … étant rapidement éloignée de la région des lignes de force. Voici les principaux résullats trouvés par M. Kempken : Lorsqu'une modification de la résistance d'un circuit magnétique permanent comporte des variations du champ allant jusqu'à 170 °/,, la force magnétomotrice peut être considérée comme constante, les varialions trouvées restant en dessous de 1 °/4. Cette constance de la force magnétomotrice s'ap- plique, selon toute probabilité, aussi aux variations plus grandes de la résistance. s . Dans le cas d'une modification du champ produite par une variation de la résistance, on constate une faible hystérèse. Le flux de force n'est point constant pour les aimants permanents. $S 5. — Sciences médicales Le centre cérébral du langage articulé et le centre de Broea.— La doctrine de la localisa- tion des centres cérébraux est considérée en science comme une des plus belles et des plus grandes décou- vertes dans le.domaine si mystérieux du mécanisme biologique humain. L'année 1871 a fait date, et, depuis, le centre cortical de Broca, ou pied de la troisième cir- convolution cérébrale gauche, est cité continuellement comme le centre du langage articulé. Toute lésion expérimentale ou pathologique de ce centre devrait provoquer sine qua non la cessation de toute possibilité de langage articulé : on devient ainsi aphasique, dépourvu de toute faculté de parler. Or, dans un arücle de la Semaine medicale, intitulé « Revision de la ques- tion de l’aphasie », le Dr Pierre Marie, professeur à la Faculté de Médecine de Paris, vient de soutenir le con- traire, avec des faits importants à l'appui. Il conelut que la troisième circonvolution frontale gauche ne joue aucun rôle spécial dans la fonction du langage articulé. Quiconque connaît la gravité de ce savant, la pondéra- tion clinique de cet éminent neuro-pathologiste, une des gloires de la science médicale française, réfléchira longuement sur la portée de ses précises affirmations. L'aphasie a été l’objet d’unelonguesérie derecherches; toute une littérature médicale existe depuis la décou- verte de Broca. Les doctrines des diverses aphasies ne sont, aux yeux de M. Marie, que des constructions purement théoriques, dont certaines ont comme point de départ des schémas de graphismes tirés de déductions plus ou moins compliquées et logiques, Pour comprendre la position du problème, il « faut faire, écrit M. Marie, abstraction de tout ce que nous avons lu et appris sur les images des mots, sur les aphasies de réception ou de conduction, sur les centres du langage, etc. » Mème Wernicke était parti également d'une idée théorique, quand il localisa la surdité verbale, — c’est-à-dire l'impossibilité d'entendre le lan- gage parlé, alors même qu'on le comprend par l'inter- médiaire de l'écriture, — dans la partie postérieure de la première circonvolution temporale. Ce qui caractérise l'aphasie, selon M. Marie, c'est tout d'abord le fait que, chez tous les malades apha- siques, « 1l existe un trouble plus ou moins prononcé dans la compréhension du langage parlé ». Le degré peut varier, mais le fait est caractéristique. On s'en aperçoit surtout lorsqu'on donne aux malades à exé- cuter des ordres vraiment compliqués. Jusqu'ici on s’est contenté d'un examen sommaire, se réduisant à l'exécution d'expériences relativement simples. Des aphasiques, qui exécutent bien des ordres simples, se troublent, et n'arrivent pas à accomplir intégralement les ordres un peu compliqués; on ne trouvera guère d’aphasique qui en soit capable. Le même acte com- pliqué devient intelligible lorsqu'il est décomposé en actes plus simples. Le fait ne tient donc pas à l'incom- préhension du langage, à la prétendue surdité ver- bale, mais à une incapacité intellectuelle notoire. L'intelligence n'est pas intacte chez les aphasiques; il y à, au contraire, une diminution très notoire dans la capacité intellectuelle en général. L'aphasie pourrait même se définir, selon M. Marie, par « la diminution de l'intelligence ». Les exemples cliniques donnés par M. Marie sont des plus convainquants : Chez ses apha- siques, non seulement le langage était atteint, mais on constatait un déficit considérable intellectuel, marqué surtout dans le« stock des choses apprises par des pro- cédés didactiques ». Ce n'est pas par suite d'un simple trouble du langage que des musiciens aphasiques « voient leurs facultés musicales s'altérer, non seule- ment quand il s'agit de la composition ou de la lecture d'un morceau, mais aussi quand il s’agit de jouer par cœur des morceaux qui leur étaient familiers ». Il y a une cause plus profonde : la déchéance intellectuelle. L'apparence des aphasiques est trompeuse. Ils se conduisent dans la vie commune comme des gens sensés; mais, en vérité, leur cercle d'idéation est assez restreint. Dépourvus de toute initiative, les apha- siques se bornent à l'exécution « des actes les plus simples de l'existence et surtout des actes matériels ». L'exubérance de leur mimique contribue à voiler lap- préciation juste de leur degré intellectuel, mais elle cache « une grande pauvreté réelle ». Si l'on analyse la psychologie de leur mimique, on peut se rendre aisément compte qu'ils ne possèdent que la mimique émotive, c'est-à-dire la somme des instincts et réflexes ancestraux qui se déclanchent automatiquement sans aucune idéation préalable. La mimique convention- nelle, l'expression volontaire en d'autres termes, de même que la mimique descriptive, font presque totale- ment défaut chez les aphasiques. M. P. Marie ne croit pas avoir jamais vu un grand aphasique chercher à faire comprendre, par sa mimique, un événement qui lui serait arrivé : « Je n'en ai jamais vu aucun être ca- pable de faire comprendre par gestes quel était son métier ». La surdité verbale et la doctrine de sa loca- lisation au niveau du pied de la première circonvolu- tion temporale gauche serait fausse ; les aphasiques ont tout simplementune imtelligenceextrèmementaffaiblie. La localisation de l’aphasie de Broca dans le pied de la troisième circonvolution frontale gauche serait inexacte, tout d’abord parce qu'il existe des cas, des individus droitiers, chez lesquels la destruction isolée de cette région n'est pas suivie d’aphasie. Les obser- vations avec des pièces anatomiques à l'appui semblent indiscutables. Il existe, en outre, des cas d'aphasie de Broca qui ne sont pas accompagnés des lésions du pied de la troisième circonvolution frontale gauche. Le nombre de ces cas est assez considérable. MM. P. Marie, Touche, F. Bernheim en avaient déjà publiés. Cette localisation est donc inexacte; le pied de la troisième circonvolution frontale gauche ne joue- rait donc aucun rôle spécial dans la fonction du langage. Le fait que, dans les aphasies de Broca, cette région soit lésée s'explique par le ramollissement cérébral dû à l'oblitération de l'artère sylvienne en amont du point où cette artère donne naissance à la branche d'irrigation de la troisième frontale : fait d’ailleurs banal, puisque l'aphasie la plus caractérisée peut exister sans aucune lésion. Cliniquement, il existe pourtant deux sortes d'apha- sie : aphasie sensorielle (Wernicke) et aphasiede Broca. Selon M. P. Marie, le seul fait qui distingue les deux formes cliniques se réduit à la proposition suivante les aphasiques sensoriels peuvent parler, tandis que, dans l'aphasie de Broca, ils ne le peuvent pas; ils n'ar- ticulent pas {anarthrie). L'aphasie de Broca est donc l'aphasie de Wernicke avec la parole en moins. Ce qui caractérise l'aphasie, ce n'est pas, selon M. P. Marie, le fait de ne pas pouvoir parler, articuler les mots. Le trouble du langage doit être détaché cliniquement et anatomiquement des aspects symptomatologiques des aphasies; d'accord avec M. Pitres, M. Marie considère ces troubles comme étant communs à toutes les para- 1048 lysies pseudo-bulbaires. L'aphasie vraie est constituée par une déchéance mentale particulière et nullement par le fait de pouvoir ou non parler ou articuler des mots. Au point de vue de la localisation, on notera que, sur les troubles d'articulation et de langage (anarthrie), tous les anatomistes sont presque d'accord : le siège serait dans la région et dans le voisinage du noyau lenticulaire ou dans le noyau lui-même, ou dans les régions avoisinantes de la {capsule interne (partie antérieure et genou), soit dans la capsule externe. L'anarthrie peut donc être déterminée par une lésion de cette zone dans l'un des deux hémisphères céré- braux. L'aphasie — puisqu'il n'y en à qu'une — serait localisée, selon M. P. Marie, dans les territoires de Wernicke (gyrus supramerginalis, pli courbe et pieds des deux premières temporales),, qui est considéré aussi par Flechsig comme un centre spécial d’associa- tion. Le psychisme des aphasiques est caractérisé surtout par des troubles de l'association des idées. Il ne faut pas croire qu'on puisse dissocier cette force en centres nombreux spéciaux, centres particuliers à l'audition des mots, à la lecture, ete. L'intensité et la nature des aphasies, selon la loi de P. Marie et Guillain, seraient liées à l'étendue de la lésion de la zone de Wernicke et des fibres qui en proviennent. Dans l'aphasie de Broca, il y aurait, en outre, une anarthrie ou une lésion dans la zone ou le voisinage du noyau lenticulaire, ce qui est un fait acquis. La variété des formes aphasiques et des lésions des noyaux gris des centres cérébraux, donc des régions plus ou moins profondes des hémisphères cérébraux, dépend de la nature et de la forme de l'oblitération et du ramollissement de l'artère sylvienne. L'aphasie est toute autre si l'écorce est intacte ou si les couches sub- jJacentes sont altérées. La nature de la distribution et la topographie des artères nourricières de la sylvienne augmentent sensiblement les coefficients des variations individuelles des lésions et du ramollissement. L'hé- morragie cérébrale peut provoquer, en d'autres termes, l’aphasie, à condition de s'étendre plus ou moins en arrière de la région des noyaux gris centraux (isthme temporo-pariétal) de la substance blanche du lobe. I*hémorragie provoque seulement des troubles d'arti- culation (anarthrie) quand elle est limitée à la région de tes noyaux gris centraux. Telle est cette conception nouvelle de l’aphasie ; elle détruit fondamentalement la doctrine classique et elle pose le problème des localisation cérébrales tout autre- inent que les manuels et les savants nous l’enseignent. Les données de M. Pierre Marie sont basées sur plus de quarante autopsies d'aphasiques et sur examen eli- nique d'une centaine d’aphasiques, champ d'expé- rience immense quand on songe au temps demandé pour mettre au point cette belle documentation. Les physiologistes diraient peut-être à M. Marie que l'aphasie peut être provoquée simplement par*des lésions de l'écorce; mais M. Marie aurait raison de répondre qu'au point de vue anatomo-pathologique, en clinique, il n'est guère moyen d'étudier autre chose que des lésions en foyer. La doctrine de la localisa- ion cérébrale est certainement à refaire, à être remise au point. N. Vaschide. $ 6. — Géographie et Colonisation La Mission scientifique belge Congo-Nil. — Il est aujourd'hui de peu d'intérêt qu'une Mission africaine ait traversé de part en partle Continent noir; son importance se mesure uniquement à l'étendue de ses résultats scientifiques. C'est pour cette considération que nous dirons quelques mots du dernier voyage effectué en Afrique par le Commandant belge Lemaire, du bassin du Congo à celui du Nil; chargé d'une mission politique dans les Territoires à bail, il devait aussi pro- céder à une reconnaissance des pays situés sur son CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE itinéraire. De Banana, il remonta le Congo, puis l'Ouellé,_ passa dans le bassin du Nil et revint par ce fleuve, en août 1905; son voyage avait duré plus de trois années. Conduite par le savant et consciencieux officier qui. avait dirigé, de 1898 à 1900, la belle exploration dw Katanga', cette nouvelle Mission ne pouvait manquer de donner encore de sérieux résultats. On connaît actuellement les résultats des observa- tions astronomiques, magnétiques et altimétriques: faites par le Commandant Lemaire et ses collabo-M été publiée?. On y retrouve les qualités de probité et de soin minutieux dont les travaux du chef de la Mission portent toujours la marque. Les observations ont été effectuées du 5 septembre- 1902 au 14 avril 1905. Pendant ce long laps de temps, — trente et un mois et demi — la Mission établit cent. trente-cinq Léopoldville (position de contrôle), la dernière dans le Bahr-el-Ghazal, à la station des Lophires, sur la rive CE rateurs, et une carte au millionième de l'itinéraire a À Pour la situation de Léopoldville, dont les coordon- nées avaient été une première fois fixées par Delporte et Gillis en 1890, puis par la Mission du Katanga en 1900, et qui le furent de nouveau par la Mission Congo-Nil,. en 1902, le Commandant Lemaire estima devoir prendre une moyenne de ces trois séries de valeurs, ce qui, donna : 4°19/45/ lat. S.; 15°18'25/ long. E. Gr. Tenantt compte de cette valeur de la longitude de Léopoldville, ik modifia en conséquence celles trouvées par Delporte: et Gillis pour les positions en amont de cette ville. Les coordonnées de la station des Lophires furent fixées à : 4°47'58/ lat. N.; 20°55! 35” long. E. Gr. Cette chaine de positions vient se souder avec celle ‘que la Mission du Katanga avait établie, du 4 août 1898- au 2 septembre 1900, et qui avait débuté au sud du: Tanganyika pourse terminer à Léopoldville,etellea,avee- elle, une partie commune, de Léopoldville à Boumba- Slation, sur la rive droite du Congo. Dans cette partie commune, la Mission Congo-Nil refit des points déjà faits par la Mission du Katanga, savoir, à Léopoldville,. puis à Coquilhatville et à Boumba. La Mission Congo-Nil ne s'est pas bornée à fixer un certain nombre de positions astronomiques; elle les & reliées par le relevé détaillé de son itinéraire. Toutefois, cet itinéraire, qui ne compte pas moins de 4.000 kilo= mètres, ne fut établi qu'au moment où la Mission quitta. le fleuve Congo pour entrer dans l'Ilimbiri ou Roubi, son affluent, à Yambinga, en amont de Boumba. Le Com- mandant Lemaire en à dressé la carte au millionième. Fidèle à sa méthode stricte, il n'y a porté que ce qu'il, a vu par lui-même. Il doit établir par la suite un atlas- au 50.000°, sur le même plan que celui observé pour: l'itinéraire de la Mission du Katanga. De l'Iimbiri, qu'il laissa à Bouta, le Commandant Lemaire gagna par lerre, à travers une région de forêts, l'Ouellé à M'Bima. Le trajet se fit par eau jusqu'à Ba- M'Bili (Bomokandi). A partir de ce point, le reste du voyage fut effectué par terre. La Mission franchit la ligne de faïte Congo-Nil par 1.055 mètres d'altitude au point appelé Angourouba, auquel le Commandant Lemaire donna le nom de droite du Ma-Débé. | Terrasse Elisée Reclus et d'où l’on découvre vers l’est M un superbe panorama. Il atteignit les sources du Yé-Yi, affluent du Nil, et explora tout le district montagneux. où cette rivière prend sa source et dont l'expression orographique la plus importante est le massif de Ko- Robé; il reconnut les deux pics Dagaté (1.240 mètres) et Boméro (1.150 mètres). Le Yé-Yi a ses sources par 1.300 mètres d'altitude. En suivant le cours du Yé-Yi, la Mission rencontra, au-delà du poste, aujourd'hui abandonné, de Rafaï,. 1! Revue générale des Sciences, 1901, p. 252. ? Commandant Cu. Lemaike : Mission scientifique Congo= Nil. In-40, 53 pages, carte hors texte. Publication de l'Etats indépendant du Congo. positions astronomiques, la première à U ' l (| 4 hébe de ts min à CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 1049 une série de rapides qui recurent le nom de rapides - Lambermont. Laissant plus bas le bassin de Yé-Yi, la Mission passa à l’ouest dans celui du Jalô, affluent du Bahr-el-Ghazal, qu'elle atteignit au village de M’Volo. Là, se précipitent, au milieu de roches granitiques très dures, des rapides que le Commandant Lemaire appela rapides Strauch. A 30 kilomètres environ au nord .de M Volo, la Mission prit contact avec l'itinéraire Mar- chand. De nombreuses reconnaissances furent entre- prises au Nord de la ligne de faîte Congo-Nil, dans la région située à l'ouest du lälo, et cette région fut jointe par des itinéraires au bassin du Congo. Au mont Ba’ N'Ginzé (altitude : 900 mètres), sur la ligne de faite, l'itinéraire du Commandant Lemaire a bouclé celui de Schweinfurt. Au cours de cette Mission, il n'a pas été construit moins de seize stations avec bâtiments, dépendances, jardins et plantations. La faune et surtout la flore économique ont été particulièrement étudiées. Les feuilles de latlas au 50,000° fourniront, comme l'avait fait le Commandant Lemaire dans son atlas de la Mission du Katanga, de nombreuses notes zoologiques, botani- ques et géologiques. La mission Congo-Nil a rapporté aussi des observations météorologiques de longue durée, faites en trois points de la vallée supérieure du Nil, qui feront l’objet d’une publication ultérieure. Gustave Regelsperger. $ T7. — Enseignement L'Institut Océanographique.— On sait que le Prince de Monaco vient de fonder à Paris un Institut Océanographique où seront étudiées toutes les questions se rattachant à la science de la mer: navigation, pêches, biologie marine, etc. Cet Institut sera construit sur les terrains que l'Université de Paris vient d'acquérir, rue Gay-Lussac, au coin de la rue Saint-Jacques, sur l’em- placement d'un ancien couvent. Cet immeuble, qui sera édifié par M. Nénot, l'architecte de la Sorbonne, com- prendra un vaste amphithéätre, des laboratoires, une bibliothèque, un aquarium qui sera ouvert au public le - dimanche. Dans la lettre que le Prince de Monaco adressait au Ministre de l'Instruction publique pour lui demander que cet établissement scientifique füt reconnu d'utilité publique, il disait : « C’est pour moi une grande satis- faction de reconnaître ainsi l'hospitalité que Paris et la France accordent à tous les travailleurs de la pensée; j'ajoute que je ne limite pas à l'immeuble qui sera bâti à Paris le patrimoine du nouvel Institut; le Musée Océanographique de Monaco, ses laboratoires, ses col- lections, ses aquariums et ses dépendances sont dès à présent la propriété de l'Institut Océanographique, auquel j'ai donné pour son fonctionnement un capital de quatre millions ». Cette libéralité est une des plus considérables qui aient été faites en Europe, puisque au total elle dépasse dix millions. L'enseignement de cet Institut comprendra des cours ét des conférences. Les cours seront faits pour les étudiants; ils seront donc techniques, et comprendront : un cours d'Océano- graphie physique, fait par M. A. Berget, de la Sorbonne; un cours d'Océanographie biologique, fait par M. Joubin, professeur au Muséum d'Histoire naturelle; etun coursde Physiologie marine, confié à M. Portier, directeur adjoint du Laboratoire de Physiologie de la Sorbonne. "Chacun de ces cours comprendra vingt lecons. Les conférences s'adresseront surtout au grand public. Commencées en 1904, elles seront continuées et plutôt étendues. Elles ont lieu le soir et sont faites sur des sujets d'actualité marine par des spécialistes désignés par le Conseil de perfectionnement. Enfin, des conférencesseront faites, à des dates fixées par le Conseil, dans les villes maritimes et dans les centres de pêches, pour initier les pêcheurs aux mé- thodes nouvelles, rationnelles et rémunératrices. Les bâtiments de cet Institut ne seront terminés que dans trois ans; mais, grâce à une décision de M. Liard, recteur de l’Académie de Paris, les cours viennent de commencer à la Sorbonne dans l'amphithéätre de Géologie : quant aux conférences populaires du soir, elles ont lieu dans l’amphithéâtre Descartes. L'inauguration des cours à eu lieu le 5 novembre devant un auditoire des plus choisis et des plus nom- breux. Le Prince de Monaco, qui présidait, a prononcé une allocution dont voici les principaux passages : « L'œuvre à laquelle j'ai consacré le meilleur de mes forces, en lui gagnant le concours d’une foule d'hommes remarquables dans le monde scientifique, parvient aujourd'hui à une date mémorable pour elle : sa place est faite au sein de l’enseignement francais. Et je viens célébrer avec vous le couronnement des efforts par lesquels J'ai voulu combler une lacune dont l’impor- tance grandissait en face des résultats obtenus par mes croisières ou par celles que plusieurs pays avancés multiplient maintenant. « Voici vingt années que je groupe autour de moi, sur mon navire ou dans mes laboratoires, les savants spé- ciaux de l'Océanographie ; quelquefois sept ou huit pays coopèrent ainsi aux succès de mes entreprises. Le résultat de cette association pour le bien de la communauté humaine prouve que le sacrifice des préoccupations étroites nées dans l'ignorance peut donner aux hommes la vraie fraternité, qui efface la séparation artificielle des frontières, de la politique ou des religions, et la véritable égalité qui exige la participation de chaque individu au travail, selon ses facultés, sous l'égide d’une justice absolue. Je songe ‘avec joie que l’Océanographie aura une grande part dans le triomphe de la liberté scientifique pour sous- traire les hommes aux légendes naïves, à la barbarie héréditaire, et pour soumettre la direction de leurs intérêts sociaux à l'influence suprême du mérite et de l'intelligence. » M. Joubin, professeur au Muséum, qui faisait la lecon d'ouverture, a développé ensuite le programme de son enseignement, qui ne sera pas seulement théorique, mais pratique, car une excursion sera organisée sur Les côtes de la Méditerranée. Notons qu'au cours de sa lecon, le professeur à dit au sujet de la pêche : « Toute l'éducation de nos pêcheurs est encore à faire. Dans les temps de disette, lorsqu'ils se plaignent, ils sauraient — s'ils étaient mieux avertis + que ce n'est pas le poisson qui leur fait défaut, mais les notions scienti- fiques rudimentaires qui leur permettraient d'aller le chercher là où il est. » Ajoutons que l'Institut Océanographique est dirigé scientifiquement par un Conseil de perfectionnement et matériellement par un Conseil d'administration. Le Conseil de perfectionnement a pour président le Prince de Monaco; pour vice-présidents, MM. Casimir Perier et le docteur Régnard, membre de l'Académie de Médecine; pour membres, les Professeurs Berget, Joubin et Portier; M. Bouvier, professeur au Muséum et membre de l’Institut; MM. Giard et de Lapparent, de l'Institut, M. Thoulet, professeur à la Faculté des Sciences de Nancy et l'un des plus ardents apôtres de l'Océanographie, MM. les Professeurs Hergesell (de Strasbourg), Chaves (de Lisbonne), Buchanan (d'Edim- bourg), Nansen, etc. Quant au Conseil d'administration, il est présidé par M. Casimir-Perier et comprend M. le docteur Regnard, MM. Liard, Cailletet et Becquerel, de l'Institut, Georges Kohn, banquier, et Louis Mayer, conseiller du Prince de Monaco. Enfin, l'Institut Océanographique a été reconnu d’uti- lité publique et ses statuts approuyés par une décision du Conseil d'Etat du 16 mai 1906. 1030 G. WYROUBOFF — LES THÉORIES SUR LA STRUCTURE DES MILIEUX CRISTALLISÉS LES THÉORIES MODERNES SUR LA STRUCTURE DES MILIEUX CRISTALLISÉS La question de la structure des cristaux est non seulement à l'ordre du jour pour ceux qui s'oc- cupent de Cristallographie; elle intéresse encore au plus haut point les physiciens, auxquels elle ouvre un champ nouveau de recherches en introduisant dans les phénomènes qu'ils étudient un nouvel ordre de considérations. Malheureusement, les physiciens ignorent el dédaignent tout ce qui a trail à l'étude des cristaux; celte branche de savoir leur semble appartenir aux Sciences naturelles, qui n’ont avec leur spécialité aucune espèce de rapport direct. Il suit de là, et je vais essayer de le montrer plus loin, qu'ils sont obligés de recourir à une série d'hypothèses toujours invérifiables, et souvent dénuées de toute vraisemblance, pour expliquer des phénomènes que la conmaissance de la struc- ture cristalline explique sans aucune difficulté. Sans doute, les théories que je vais résumer briè- vement présentent encore des insuffisances et des colés faibles; mais, telles quelles, elles renferment assez de certitudes et sont assez générales et assez fécondes, pour qu'il soit intéressant de les présenter au grand publie scientifique qui s'intéresse aux progrès de nos connaissances sur les propriétés de la matière. Remarquons, tout d’abord, qu'il s’agit ici de milieux cristallisés et non de « cristaux ». Ces deux notions, qu'on confond le plus souvent au grand dommage de la clarté, doivent être dis- tinguées très nettement. Le milieu est la notion générale qui s'applique à une certaine espèce de malière et qu'on peut supposer indéfinie; le cristal est une porlion particulière découpée dans ce milieu suivant certaines lois géométriques. Il est facile de voir, en effet, qu'une même matière cristallisée peut donner, par suile de la variation des conditions extérieures, des cristaux grands ou petits, à faces plus ou moins nombreuses, planes ou courbes. Ces formes si diverses et qu'on est parfois fort embar- rassé d'identifier, même par la mesure des angles, ont cependant, sauf les exceptions que nous exa- minerons plus loin, la même structure intime, comme on peut le démontrer par l'étude des pro- priétés physiques. Ce n'est donc pas la forme exté- rieure, changeante et variable à l'infini, c'est la structure intime qui est la vraie caractéristique d’une substance donnée. Sans doute, il existe une relation très simple entre cette structure et les diverses formes qu'elle peut revêtir, et c'est même la découverte de cette relation qui a permis à la Cristallographie de se constituer à l’état de branche pleinementrationnelle; mais celte relation, si simple soit-elle, n'implique pas la nécessité de confondre deux notions radicalement distinctes, celles de con- tenu et de contenant. C'est de la première seule que nous aurons à nous occuper ici. Mais il nous faut, avant d’aller plus loin, élucider un autre point qui a son importance. Nous aurons à examiner un certain nombre de théories, parmi lesquelles il nous faudra choisir celle qui se rap- proche le plus d’une théorie véritablement scienti- fique. Or, cela n'est possible que si nous nous en- tendons au préalable sur le caractère que doit avoir une théorie scientifique. Cela est d'autant plus indispensable que ce terme s'applique couramment aux choses les plus diverses, tantôt aux spécula- tions purement imaginatives, tantôt à une super- struction d'hypothèses plus ou moins scientifiques, tantôt enfin à des généralisations de faits d’obser- vation. C'est cette dernière signification qui seule est acceptable, à la condition de définir exactement ce que nous entendrons par le mot généralisation. Si nous examinons attentivement toutes les théories scientifiques qui ont été définitivement acquises à la science et sont passées à l'état de vérités positives, nous constaterons sans difficulté qu'elles ont toutes un caractère commun : elles ne sont toutes que des relations découvertes entre un ensemble de faits particuliers et un fait général, sans l'intervention d'aucune hypothèse, et sans. que cette relation soit en contradiction avec aucun phénomène appartenant au même ordre de pro- priétés. Telle est, par exemple, la théorie de la lumière formulée par Fresnel, qui relie tous les phénomènes optiques à l’élasticité, propriété abso- lument générale puisqu'elle est l'origine de toutes. les manifestations d'ordre physique. On pourra donner, comme on l’a fait plus d'une fois, une autre forme aux équations qui expriment cette relation, on pourra définir autrement l'élasticité, la théorie n’en restera pas moins scientifique et éternellement vraie, dans les limites précises pour lesquelles elle a été établie. C'est à ce point de vue que nous allons nous placer. Nous n'accepterons pour valables, parmi les théories de la structure des milieux cristallins, que celles qui auront pour base une propriété plus générale que celles qu’elles sont destinées à expliquer, et qui ne s'appuient que sur des faits d'observation convenablement inter- prélés. l La première en date des théories de la structure interne des cristaux est due à Haüy, l'illustre fon- dateur de la Cristallographie. Contrairement à ce que nous voyons habituellement en pareil cas, ce n'est pas la loi d'observation à laquelle son nom est resté attaché, établissant un rapport simple entre les paramètres des faces d'un cristal, qui a été le point de départ de sa théorie; c'est la théorie, d'ailleurs tout à fait inadmissible, qui l'a conduit à la loi. Elle découlait, il est vrai, directement de la conception théorique ; mais Haüy, qui se préoccupait bien plus — et c'est là le côlé génial de sa tentative — de la physique que de la géométrie des cristaux, ne l’a jamais formulée. C'est Weiss qui en donna l'énoncé, en rejetant en bloc toutes les considéra- tions théoriques auxquelles elle semblait pourtant si intimement liée. En cela, il a eu raison, car la théorie et la loi n'avaient que des liens artificiels ; mais il a eu tort de ne pas chercher une théorie meilleure, de laisser à la loi un caractère purement empirique et de lancer ainsi la Cristallographie dans des considérations exclusivement géométriques,qui > n'ont, certes, pas élé stériles, mais dont la domina- - tion exclusive a beaucoup retardé les progrès de la . physique des corps cristallisés. Je vais rappeler-en quelques mots la théorie de Haüy, qui n'est plus depuis longtemps qu'un sou- » venir historique, car elle a été le premier germe - d'où sont sorties toutes les théories modernes. Elle est fondée sur l'observation d'une curieuse propriété » qui n'appartient qu'aux corps cristallisés : celle de | pouvoir se diviser, de se cliver par le choc suivant | des surfaces rigoureusement planes et de directions » déterminées. Si le cristal possède trois clivages dif- à férents et si nous enlevons successivement des | lames suivant ces trois directions, nous verrons disparaitre toutes les autres faces du cristal et » arriverons finalement à un parallélipipède qui con- | tinuera à se cliver jusqu'à ce qu'on arrive, sinon par les moyens mécaniques, du moins par la pensée, | à un parallélipipède semblable au premier et qu’on ne pourra plus diviser puisqu'il constitue l'unité * physique, la molécule intégrante de Haüy. Inver- “ sement, si à cette première molécule on accole, » parallèlement à ses six faces, d'abord six autres - molécules, puis six rangées, et enfin six tranches de molécules en nombre égal ou en nombre difté- rent, suivant les trois directions, on reconstituera le cristal avec toutes les faces qu'il a pu avoir. La loi des paramètres rationnels découle immédiate- ment de celte conception, puisque les rangées qu'on peut ajouter ou retrancher sont toujours repré- senlées par des nombres entiers. En résumé, pour Haüy, le cristal était composé de G. WYROUBOFF — LES THÉORIES SUR LA STRUCTURE DES MILIEUX CRISTALLISÉS. 1051 molécules physiques à forme polyédrique, mécani- quement indivisibles, juxlaposées suivant leurs faces planes sans laisser entre elles aucun inter- valle. Cette conception, si ingénieuse dans sa sim- plicité, qui avait à sa base un fait d'observation et interprétait sans effort un autre fait d'observation fondamental dans l'étude des formes cristallines, fut unanimement acceptée et parut être le dernier mot de la science. En réalité, c'était là une théorie inacceptable ou, pour mieux dire, ce n'était même pas une théorie, dans le sens que nous avons donné à ce mot. Le clivage, sur lequel s'appuie Haüy, loin d'être une propriété générale de la matière cristallisée, est un fait très exceptionnel; il n'est donc pas permis de le mettre à la base d’une fhéorie de la struclure cristalline. Dans les cristaux dépourvus de clivage, rien ne nous indique ni la forme ni même l'existence d'une molécule intégrante, qu'on admet par une analogie dans ce cas fort peu légi- time, et qu'on détermine au moyen d'hypothèses souvent arbitraires. Mais il y a autre chose encore. Haüy commet la lourde faute d'assimiler le petit polyèdre élémen- taire auquel il arrive par l’action mécanique à la molécule physique. Rien n'est cependant plus dif- férent que ces deux unités, qui constituent le sub- tratum de deux ordres de propriélés essentielle- ment distinctes. Lorsque nous avons fondu un cristal clivable, la molécule intégrante a disparu en même temps que la structure cristalline, sans que la molécule physique soit atteinte, car le corps con- tinue à jouir de toutes les propriétés que nous appelons physiques : il à sa densité, sa dureté, il réfléchit ou réfracte la lumière, il conduit la chaleur. Enfin, — et ce n’est pas la moindre des objections qu'on peut lui faire, — la théorie de Haüy nous ramène à la vieille conception aristotélienne de la continuité de la matière, qui est en contradiction formelle avec l'ensemble de nos connaissances physico-chimiques. Les molécules intégrantes de Haüy, qui sont des polyèdres solides, remplissent en effet l’espace sans lacunes; dès lors, comment les corps peuvent-ils se dilater ou se contracter comme ils le font par l’action de la chaleur ou de la pression? Dans un Mémoire très remarquable paru en 1843, un élève de Haüy, Delafosse, mit très bien en lumière ces insuffisances des idées de son maitre, et tenta de les amender. Pour lui, la molécule inté- grante n’est plus un solide : c'est une maille paral- lélipipédique sur les nœuds de laquelle sont dis- posées huit molécules physiques; le cristal cesse d'être une continuité de petits polyèdres et devient un réseau de points matériels séparés les uns des autres. La division mécanique aboutissait à la 1052 G. WYROUBOFF — LES THÉORIES SUR LA STRUCTURE DES MILIEUX CRISTALLISÉS maille, elle laissait intactes les molécules; c'était là une idée très profonde et très juste. Malheureu- sement, elle restait toujours, comme chez Haüy, intimement liée au clivage, se présentait sous forme d'hypothèse dont on n'apercevait pas la nécessité, car Delafosse n’en avait tiré aucune autre conclu- sion que celles qui découlaient directement de la théorie qu'il combattait. C'est à Bravais qu'appar- tient l'honneur d'avoir fécondé celte idée et de l'avoir fait servir de base à une vérilable théorie de la structure cristalline. IT Esprit profondément philosophique et géomètre excellent, Bravais comprit tout de suite la portée de la conception de Delafosse: mais, au lieu de la raltacher au phénomène tout à fait accidentel du clivage, il chercha à la relier à quelque propriété absolument générale des corps crislallisés. Or, la propriété qui est ici de beaucoup la plus caracté- ristique est l'homogénéité, mais une homogénéité particulière, variable avec la direction. Nos obser- vations les plus précises montrent, en effet, que la forme extérieure aussi bien que les propriétés physiques demeurent les mêmes suivant une direc- tion donnée, mais changent sitôt que nous consi- dérons une direction voisine. On a fait à cela deux objections spécieuses. On a dit que l'homogénéité peut n'être qu'apparente et résulter de l’imperfection de nos moyens d'observa- tion; mais c’est là une remarque qui peut s'adresser à tous les faits sans exception. La surface des phé- nomènes lumineux n’est peut-être un ellipsoïde que parce que nos mesures ne sont pas assez précises; les proportions des combinaisons chimiques ne seraient peut-être pas définies si nous étions plus sûrs de nos procédés analytiques. Les généralisa- tions scientifiques ne peuvent et ne doivent pas dépasser l'exactitude des faits observés sous peine de tomber dans la pire des métaphysiques. La seconde objection a une apparence plus sérieuse. Il est certain qu'il existe des corps manifestement inhomogènes, même dans une direction donnée et qui sont cependant incontestablement cristallisés. On peut répondre à cela qu'il est très heureux que Bravais ne les ait pas connus, ou, plus exactement, qu'ils aient été fort rares de son temps: il se serait perdu dans le dédale des complicalions, au lieu de trouver la règle très simple qui permet aujourd'hui de les interpréter. C’est le propre des grandes con- ceplions scientifiques de s'arrêter au principal et d’élaguer les détails secondaires, sauf à les faire rentrer plus tard dans la loi commune. En tout cas, la théorie, telle que l’a présentée Bravais, ne s'applique qu'aux cristaux homogènes; nous pourrons essayer de la modifier, de la com- pléter, mais nous n'avons aucun droit de l'étendre, telle quelle, aux corps qui sont dépourvus de celte homogénéité. Voilà donc un premier point acquis. Il existe des corps cristallisés dans lesquels les propriétés sont identiques suivant toutes les directions parallèles à une direction donnée et varient suivant les autres directions, qui sont, comme on dit, homogènes et anisotropes en même temps. Pour faire servir ce fait d'observation à l'interprétation de la structure, il nous faut en chercher la cause intime sans recourir à aucune autre notion que celle qui est à la base de toute la Physique, la notion de la discontinuité de la matière. Puisque tous les corps matériels sont constitués par des molécules identiques entre elles et séparées par des intervalles, il n'y a pas deux manières d'interpréter l’'homogénéité et l’aniso- lropie : dans la première, les molécules sont à des distances égales; dans la seconde, à des distances différentes. La substance cristalline est donc formée de telle sorte que les molécules y sont équidistantes dans chaque direction donnée; mais la distance qui les sépare est différente si nous considérons une autre direction. Pour ne pas prêter à l'équi- voqueæt ne pas préjuger de la nature de ces molé- cules, remplacons-les par des points qui représen- teront leur centre de gravité. Si maintenant, à partir d'un point donné, nous prenons trois direc- tions telles qu'il n'existe entre elles aucun point, et si, par chacun des points situés sur chacune des trois directions, nous menons des parallèles aux deux autres directions, nous construirons un réseau parallélipipédique dont les points occuperont les nœuds. Cette construction, qui est, en somme, celle de Delafosse, n’est pas le résultat d'une hypothèse, comme on l’a prétendu plus d’une fois : elle n’est que la représentation géométrique de ces trois faits fondamentaux la discontinuité de la matière, l'homogénéité d'une certaine classe de corps cris- tallisés et leur constante anisotropie. Nous nous trouvons ainsi, pour la première fois, en présence d'une véritable {héorie de la structure cristalline; elle s'appuie sur des propriétés infini- ment plus générales que celle qu'il s’agit d’inter- préter sans faire inlervenir aucune considération étrangère. De celte théorie, que nous appellerons réticulaire, découle immédiatement, comme dans le cas des molécules intégrantes de Haüy ou des mailles de Delafosse, la loi de la rationalité des paramètres el, par conséquent, la loi de symétrie, qui n’en est qu'un autre énoncé et qui, convena- blement interprétée, permet de déduire l'ensemble de tous les polyèdres cristallins possibles. C'est ici le lieu de faire une remarque historique qui a son intérêt. Les cristallographes allemands, G. WYROUBOFF — LES THÉORIES SUR LA STRUCTURE DES MILIEUX CRISTALLISÉS 1053 tout en reconnaissant l'importance et l'indépen- dance de l'œuvre de Bravais, réclament la priorité pour leur compatriote Hessel, qui, vingt ans aupara- vant, avait trouvé les trente-deux classes possibles - de cristaux auxquelles Bravais était arrivé. Il y a là un malentendu qu'il importe de dissiper, sans qu'il - soil besoin pour cela d'amoindrir le très grand mérite du géomètre allemand. Il est parfaitement - exact que c'est à Hessel — dont l’œuvre étais si peu connue et si bien oubliée qu'elle n'a été décou- verte qu'il y a une quinzaine d'années — que revient l'honneur d'avoir tiré de la loi de Haüy loutes les conséquences qu'elle comporte. Sous ce rapport, Bravais n’a donc fait qu'imiter, sans s’en douter, l'œuvre de Hessel, comme l’a imitée Ga- dolin qui, vingt ans plus tard, arriva au même résullat sans connaïlre les travaux de ses deux prédécesseurs. Mais Bravais a fait plus, et c'est en cela que con- siste son originalité. Il a donné une base scien- tifique à la loi de Haüy en la déduisant directement de la structure réticulaire, expression géométrique de sa définition de l'homogénéité de la malière anisotrope et discontinue. La loi de Haüy, abstrac- tion faite de la conception théorique inacceptable sur laquelle il l'avait appuyée, était restée jusque- | à à l'état purement empirique, et son exactitude n'était nullement certaine. Nos mesures les meil- leures ne conduisent que très accidentellement à des nombres rationnels, et il nous est impossible de de savoir si c’est la loi qui est insuffisante ou nos données expérimentales qui manquent de pré- cision. La théorie réticulaire, dans laquelle les faces et les arêles ne sont que des plans ou des rangées du réseau, nous montre avec une enlière évidence que les rapports entre les paramètres de ces faces et de ces arêtes ne peuvent être que des nombres entiers. La loi de Haüy devient ainsi une Joi aussi certaine et aussi exacte que n'importe quelle loi de la Physique. Il ne faut pas oublier, comme on le fait trop souvent, que les cristaux sont des polyèdres et en même temps des corps solides ; que, dès lors, leur étude comporte deux problèmes, importants tous les deux, mais de nature essentiellement distincte : un problème de Géométrie et un problème de Phy- sique moléculaire, l'examen de la forme extérieure et l'examen de la structure intime. On peut, dans ses recherches personnelles, s'en tehir de préfé- reuce à l'un ou à l'autre côté de la question; mais il importe de ne pas perdre de vue qu'elle a une double face et qu'une théorie vraiment scientifique doit l'embrasser dans son entier. Hessel, le premier, a résolu le problème géomé- trique. Bravais, le premier, a donné une solution du problème physique. La solution de Hessel esi définitive et indiscutable, puisque deux autres méthodes tout à fait indépendantes ont abouti au même résultat; peut-on en dire autant de la solu- tion de Bravais, qui se rapporte à un ordre de faits infiniment plus complexes? C'est là une question qui mérite d'être examinée. Si l'on accepte son point de départ, — sa définition de l'homogénéité anisotrope, — il est facile de se convaincre que ses raisonnements sont irréprochables et, par consé- quent, la théorie réticulaire hors de toute contes- talion. Et pourtant cette théorie esten contradiction formelle avec des faits d'observalion qu'il est impossible de nier; il doit donc y avoir quelque part une insuffisance qu'il faut rechercher. La structure réticulaire, si simple et si naturelle qu’elle paraisse, implique deux conditions particu- lières indispensabies. Dans un réseau, chaque nœud d’une rangée donnée, qui est représenté conventionnellement par un point, mais qui est occupé en réalité par un corps matériel, est amené en coïncidence avec les autres nœuds par un simple mouvement de translalion de grandeur toujours égale, d’où il suit immédiatement que toules les molécules sont disposées parallèlement. En second lieu, les corps occupant les nœuds du réseau doivent posséder dans chaque cas une cer- taine symétrie particulière, car, s’il n'en était pas ainsi, ils devraient toujours se disperser sur un même réseau, ce qui revient à dire que tous les cristaux devraient êlre identiques. Or, il existe des cristaux de structure en apparence très régulière et dans lesquels, cependant, la première condition n'est certainement pas réalisée; leurs propriétés physiques montrent clairement que les molécules, quoique régulièrement disposées, ne sont pas parallèles entre elles. Tels sont les cristaux doués du pouvoir rotatoire, le quartz par exemple. On peut, ilest vrai, amender la théorie de Bra- vais, comme jadis Delafosse avait amendé la théorie de Haüy, et la mettre ainsi en harmonie avec les faits observés. C’est ce que Mallard a essayé de faire avec beaucoup de succès. Il a admis que, dans certains cas, il pouvait y avoir, au lieu d’un réseau unique, 2 réseaux ayant tourné l'un par rapport à l'autre z fois autour d'un axe d'ordre 2. Une pareille distribution ne peut exister que si le réseau est extrêmement voisin d'un réseau à symétrie supérieure, que si le parallélogranime qui repré- sente la maille plane est à peu de chose près de 120° ou 90°, la symétrie supérieure ne comportant que des axes d'ordre 3, 4 et 6 en vertu de la loi de la rationalité des paramètres. Une semblable inter- prétation suffit, en effet, pour faire rentrer dans la règle tous les corps qui paraissent en contradiction avec la théorie si simple et si ingénieuse de Bra- vais; mais elle lui porte en même temps une grave 105% atteinte. Sa base fondamentale — la conception de l'homogénéité — est ébranlée, car, dans les corps construits suivant l’idée de Mallard, les molécules de positions identiques ne sont plus équidistantes. Ces corps sont encore réguliers, ils ne sont plus homogènes dans le sens que Bravais donnait à ce mot. La théorie perdait ainsi son principal mérite: elle ne s'appliquait plus qu'à des structures parti- culières, et il devenait nécessaire de chercher une conception plus générale. III Trois esprits éminents se sont occupés de ce problème, qui, cette fois, paraît définitivement résolu : M. Sohncke, puis, quelques années plus tard, et presque simultanément, M. Fedorow* et M. Schünfliess. C'est ce dernier surtout qui, dans une œuvre magistrale, a présenté avec le plus de clarté les résultats acquis. Nous avons vu que Bra- vais supposait la matière cristallisée constituée par des molécules toutes identiques entre elles et douées de symétrie. Celte supposition est parfai- tement légitime ; mais, il faut bien le reconnaitre, elle ne représente qu'une part de la vérité. Puis- qu'elles possèdent des éléments de symétrie, il faut que ces molécules soient un assemblage de molécules plus simples qui n'ont plus besoin d'être douées de symétrie, mais sont astreintes à la con- dition d’être toutes identiques entre elles. Ces molécules plus simples sont, ou du moins peuvent être encore, des unités complexes. En effet, consi- dérés d'une façon générale, tous les corps, qu’ils soient cristallisés ou amorphes, sont des composés chimiques renfermant plusieurs éléments et, par conséquent, plusieurs atomes de grandeur et de propriétés différentes. En disséquant ainsi la molécule de Bravais, qui est son unité de construction, on arrive à des unités réellement irréductibles physiquement aussi bien que chimiquement, et à une conception de l'homogénéité anisotrope aussi générale qu’il est possible de l'imaginer. Les corps cristallisés sont constitués par des éléments absolument indivi- sibles, hétérogènes par leur nature même, n'ayant aucune symétrie, pouvant avoir dans l'espace une position quelconque et qui ne sont soumis qu'à cette condition : qu'autour de chacun d'eux les autres éléments soient disposés de la même manière. La notion d'omogénéité est remplacée ainsi par la notion de régularité de distribution, et le problème, débarrassé de loutes conditions physiques restric- 1 Les auteurs allemands éerivent von Fedorow. La parti- cule vor, l'équivalent du de français, ne s'applique en Russie qu'aux noms d'origine germanique; elle n'a absolu- ment aucun sens dans les noms d'origine russe. G. WYROUBOFF — LES THÉORIES SUR LA STRUCTURE DES MILIEUX CRISTALLISÉS tives, devient un problème de Géomélrie pure, celui de la recherche de toutes les posilions pos- sibles d'un système de points indéfini et régulier ou, si l'on veut, de tous les mouvements néces- saires pour amener en coïncidence un système de points avec un autre système de points du milieu, sous la condition qu'il n'y ait pas d'autres axes de symétrie que ceux d'ordre 2, 3, 4et 6, seuls com- patibles avec l’existence des rapports rationnels entre les paramètres. Nous avons vu que, dans le réseau de Bravais, dans lequel toutes les molécules sont idenliques, parallèlement placées et douées de symétrie, cha- cune d'elles était amenée en coïncidence avec sa - voisine par un simple mouvement de translation, la symétrie du réseau étant déterminée par la symétrie de la molécule. Il en est tout autrement ici, puisque nous avons affaire à des éléments sans. aucune symétrie et d'une manière générale hété- rogènes; on peut même se demander comment il sera possible de construire un corps symétrique avec des matériaux aussi disparates. La symétrie exige, en effet, que les matériaux disposés autour d’axes, de plans ou de centres soient rigoureuse- ment semblables. La question se ramène ainsi à la constitution d'une unité toujours identique à elle-même, quel que soit le nombre d'éléments distincts qui entrent dans la composition du milieu. Sa solution ne pré- sente aucune difficulté : il suffit de former une portion telle qu'elle renferme un de chacun des éléments distincts que le milieu renferme. L'espace supposé indéfini se trouvera partagé ainsi en frac- tions identiques, puisque, par définition, la matière dans les corps cristallisés se trouve disposée iden- tiquement autour de chaque point arbitrairement choisi. À ces domaines très neltement définis géométriquement par celte double propriété d'être de constitution hétérogène absolument quelconque et de n’être astreints à aucune condition de symé- trie, M. Federow a donné le nom de s/éréoèdres et M. Schônfliess de domaine fondamental. Une fois en possession de cette unité aussi simple et aussi générale que possible, puisqu'elle existe nécessairement dans tous les corps sans exception, nous n'avons plus qu'à la soumettre à tous les mouvements caractéristiques d'une symé- trie donnée, rotation, translation, réflexion sur un plan, ou combinaison de ces divers mouvements, pour constituer non un polyèdre, mais une por- tion de l’espace, de structure plus compliquée, renfermant comme parties constiluantes un certain nombre de domaines fondamentaux et douée de symétrie. M.Schünfliess lui donne le nom de domaine complexe et M. Fedorow de parallèloèdre. Le mi- lieu se trouve ainsi partagé en domaines de struc- à d -G. WYROUBOFF — LES THÉORIES SUR LA STRUCTURE DES MILIEUX CRISTALLISÉS 1055 ture plus ou moins compliquée, mais tous iden- iques entre eux et également distribués dans l’es- pace. On voit tout de suite que ces domaines sont identiques par l'ensemble de leurs propriétés aux molécules de Bravais, et il suffit de leur faire subir un nombre indéfini de fois des mouvements de “translation dans trois directions non parallèles our reconstituer la structure réticulaire. 11 suit de ià que les deux théories, malgré la ifférence de leur point de départ, se déduisent mmédiatement l'une de l’autre, la théorie nouvelle “n'étant que le prolongement de la théorie de Bra- vais. En analysant, en disséquant les parties constituantes du réseau, en leur enlevant un à un eurs éléments de symétrie, on arrive aux domaines fondamentaux de Schünfliess, et ces domaines, EE oupés de facon à acquérir la symétrie, nous “ramènent par synthèse au réseau de Bravais. Re- marquons aussi que la théorie nouvelle, pas plus “que la théorie réticulaire, ne fait appel à aucune hypothèse; elle place, elle aussi, à sa base, la no- “tion de la discontinuité de la matière, la notion de “l'homogénéité (qu’elle définit à sa manière) et la “loi de symétrie qui découle de la loi de Haüy. Entre les deux théories, il n'y a qu'une différence essentielle : la facon de concevoir l'homogénéité, * plus large et plus compréhensive dans la théorie . nouvelle. A ces deux théories, on a opposé une objection au nom de la Philosophie expérimentale. On a dit - qu'elles ne valaient que par la loi d'observation qui est à leur base, que celte base seule était vraie et que tout le reste devait être rejeté, comme une inutile superfétation. Il est facile de montrer que * celte objection n'est pas valable. La loi d'observa- | tion nw'introduit dans la théorie qu'une condition restrictive, elle n’en change pas la nature. Suppo- | * sons un instant que la loi de Haüy soit reconnue * comme inexacte et que des axes quinaires, par exemple, soient possibles. Les domaines fonda- mentaux et les domaines complexes n’en existeront pas moins: mais, pour passer des premiers aux » seconds, il faudra une série d’autres mouvements que ceux dont nous nous contentons aujourd'hui. - De même, si l'on se place au point de vue de la … théorie réticulaire, la molécule de Bravais et son “ réseau n'en subsisteront pas moins, mais il faudra leur attribuer une symétrie plus compliquée que - celle qui résulte de la rationalité des rapports des paramètres. Il y a donc dans les deux théories quelque chose de plus que la loi de Haüy, quelque chose qui sert de support à cette loi et qui lui donne le caractère de certitude que l'observation seule, si exacte qu'on la suppose, ne saurait jamais donner. Elle n'est plus une généralisation de faits isolés plus ou moins exacts: elle devient une nécessité découlant directement d’autres faits infiniment plus généraux et dont la constatation comporte des erreurs infini- ment moindres. On peut, sans doute, donner à l'objection une autre forme el se demander si ces considérations théoriques, qui apportent un point d'appui à la loi de Haüy, peuvent servir à autre chose qu'à inter- préter ce que celte loi interprète trés suffisamment, car ce n'est que dans ce cas qu'elles pourraient avoir pour nous une réelle utilité. C'est ce point, d'une importance capitale, que je vais examiner maintenant. IV Avant d'aborder ce côté de la question, il nous faut connaître la signification physique précise des différents éléments de construction dont se servent les deux théories. Bravais, Sohncke et Schünfliess se sont contentés de considérer des points figurant des centres de gravité, sans se préoccuper de la nature des corpuscules dont ces centres élaient la représentation. Ils ne pouvaient et ne devaient pas procéder autrement, car leurs théories sont pure- ment géométriques, et la Géométrie ne peut aboutir à des résultats valables qu'à la condition d'opérer sur des valeurs parement abstraites, débarrassées de toutes les conditions physiques qui en compli- quent la nature. Mais les déductions exclusivement géométriques, si grand que soit leur degré de cer- titude, ne sauraient nous suffire dans l'étude des cristaux qui sont des corps essentiellementconcrets, doués de très multiples propriétés. Il s'agit donc, avant tout, de savoir si les unités déduites mathé- matiquement correspondent aux unités auxquelles l'étude des phénomènes si variés observés dans les corps inorganisés nous à amenés. À quoi nous servirait, en effet, la rigueur des déductions si elle ne nous donnait un moyen d'in- terpréter rationnellement des faits connus, el de prévoir des faits nouveaux? Prenons la théorie nouvelle, puisqu'elle est la plus générale et que la théorie de Bravais, ainsi que je viens de le dire, s'en déduit sans difficulté. Et d'abord qu'est-ce que le domaine fondamental, que Schônfliess laisse complètement indéterminé, et dont la constitution n'est soumise ni à la loi de symétrie, ni même à la notion générale de la régu- larité de distribution de la malière dans un Corps homogène? Sa propriété la plus caractéristique esl de contenir un des élements divers en quantité el en qualité dont un corps donné esl composé; Or, cette diversité est une notion purement chimique, sur laquelle la Physique n'a aucune prise. C'est la Chimie qui fixe le poids et la nalure de ces élé- ments et, par la loi des proportions définies, déter- 1056 G. WYROUBOFF — LES THÉORIES SUR LA STRUCTURE DES MILIEUX CRISTALLISÉS mine leurs rapports dans chaque cas particulier. 1 suit de là que le contenu des domaines fonda- mentaux, auquel M. Wallerant a donné le nom de particules fondamentales, correspond exactement à ce que nous appelons les molécules chimiques, c'est-à-dire à des associations d’atomes ou de groupes d'atomes hétérogènes, et par cela même incapables de former des assemblages doués de symétrie. Leur structure intime ne nous regarde pas. elc'’est affaire aux chimistes de les arranger comme ils l’entendent. Nous les prenons toutes faites, et nous nous en servons comme de matériaux nous permettant de construire les domaines ou les particules (Walle- rant) complexes, qui seules intéressent la structure cristalline, dont le principal caractère est l'homo- généilé, c'est-à-dire la présence d'éléments consti- tutifs identiques entre eux. La particule complexe devient ainsi le synonyme du terme un peu vague de molécule physique, qui n'est en somme que la dernière limite de la divisibilité de la matière par les agents purement physiques. Il conviendrait mieux, à mon sens, de lui donner le nom de particule cristalline, car c’est elle qui intervient directement dans ja structure du milieu cristallin. On pourrait objecter sans doute que ce nom à une signification spéciale, qu'il existe des corps amorphes, et que ces corps possèdent, tout comme les corps cristallisés, des molécules physi- ques. Mais rien ne nous démontre que les molécules qui entrent dans la constitution des corps amorphes soient différentes de celles qui forment les cristaux ; tout concourt, au contraire, à faire admettre que les différences essentielles qui existent entre les deux élats de la matière tiennent non à la qualité des molécules, mais à leur distribution dans l'espace. Le verre, qui est un type classique de substance amorphe, ne cristallise-t-il pas dès qu'on le ramol- lit par la chaleur et qu'on le refroidit lentement? Une solution concentrée rapidement évaporée ne donne-t-elle pas souvent un vernis, alors qu'elle dépose de beaux cristaux lorsque l'évaporation a été lente? Après avoir donné leur vraie signification aux éléments constitutifs du cristal, qui dans les théo- ries de struclure ne sont que des représentations géométriques, il nous faut préciser la notion du réseau. Il est le résultat de deux sortes d'actions qu'il faut distinguer soigneusement : action de direction et action de cohésion. Il faut, en effet, pour qu'un réseau puisse exister, que les parti- cules cristallines s'orientent parallèlement à leurs éléments dé symétrie, et qu'elles soient en équi- libre entre elles en vertu de leurs attractions mu- tuelles. Sans cette double condition, aucun cristal n’est possible, car un cristal est caractérisé par l'existence de plans qui le limitent, et ces plans ne sont possibles que si la structure est réticulaire. Ces points fixés, nous pouvons examiner rapide- ment quelques-unes des multiples applications des théories de la structure aux faits observés. La première de ces applications a une importance particulière, car elle tient à tout un chapitre de la Chimie, fort à la mode aujourd’hui et auquel on à donné le nom de Stéréochimie. On y considère la molécule tantôt comme symétrique, tantôt comme dissymétrique, et on en déduit les propriétés phy= siques qu'elle peut avoir. Nous avons vu que la particule fondamentale — l'équivalent de la molé: cule chimique — ne peut avoir de symétrie, ou, du moins, si elle en possède une, cette symétrie n'intervient à aucun degré dans les conditions dé structure du milieu cristallin. Que les atomes. soient disposés d'une facon ou d'une autre dans l'intérieur d’une molécule, cela n'ajoute ou n retranche rien aux éléments de symétrie de l’édi= fice, qui seuls règlent les propriétés physiques dépendant de la symétrie. Du reste, l'indigence | des conceplions géométriques de la Stéréochimien suffit à montrer toule son inanité. Elle place des | centres de symétrie dans des polyèdres qui, comme le tétraèdre, n'en ont point, et elle n’admet. que des plans de symétrie, oubliant que ces plans entrainent l'existence d’axes qui rendent illusoire le pénible échafaudage de ses constructions. | Une seconde application est non moins intéres= sante, car il s’agit d’une propriété jadis exception nelle, aujourd’hui reconnue très générale, celle dum polymorphisme. Dans le langage courant, c'est le changement de forme sans changement de com- position chimique, définition bien vague tant qu'on ne connait ni l’origine de la forme, ni l'influence de la composition, et'qui devient très claire lors- qu'on la traduit dans la langue précise de la nou velle théorie de la structure. La particule fonda- mentale est restée la même; seule, la molécule complexe, la particule cristalline a changé den structure, entrainant nécessairement le change-= ment de réseau dont elle occupe les nœuds. Ainsi s'établit d'une facon très simple, du moins en théorie, la distinction entre l’isomérie, qui se passe dans l'intérieur de la particule fondamentale, et le changement de forme, qui n’atleint que la par- ticule cristalline. Dans le même ordre d'idées, nous trouvons une interprétation rationnelle des corps pseudo-symé=# triques, ces édifices curieux si bien éludiés par Mallard, et dans lesquels l'enveloppe cristalline extérieure ne correspond plus aux propriétés in- ternes : ces cubes biréfringents, ces rhomboëdres biaxes. Ce sont là des assemblages de plusieurs réseaux identiques, mais différemment orientés, produisant ainsi des milieux qui ne sont plus |. G. WYROUBOFF — LES THÉORIES SUR LA STRUCTURE DES MILIEUX CRISTALLISÉS 1057 —— homogènes dans le sens de Bravais, mais qui le sont au sens de la nouvelle théorie. Ce qui le prouve, c'est que, dans le plus grand nombre des cas, les propriétés physiques de ces assemblages sont infiniment variables, comme sont variables les proportions des diverses orientations du réseau, malgré l'apparente conformité de la forme exté- rieure. - On voit ainsi que, sous une même enveloppe, il | exister trois milieux différents : un milieu “homogène dans le sens étroit du mot, un milieu nhomogène régulier et enfin un milieu tout à fait étérogène ; cela montre une fois de plus combien étude du milieu est plus importante à tous les points de vue que l'étude de la forme cristalline. Mais c'est dans l'interprétation de l'isomor- “phisme que la -théorie nouvelle devient particu- “lièrement utile. Dans la théorie de Bravais, cette “persistance de la forme, par conséquent du réseau, “malgré le changement de composition chimique, “est absolument inexplicable. Si l’on admet avec Mallard que chaque espèce de molécule chimique “à son réseau propre et que ces réseaux se superpo- ‘sent ou se juxtaposent, on arrive à une double contradiction. La molécule chimique, qui n’a aucune symétrie, ne peut constituer un réseau dont les nœuds, nous l’avons vu, doivent être des corps symétriques, et un milieu formé par cette succession de réseaux ne serait plus un milieu homogène dans | le sens que Bravais donnait à ce mot, car, dans “ chaque direction, il y aurait des distances variables “entre molécules différentes. Il-faut donc de loute nécessité que le mélange isomorphe se fasse dans un domaine où nulle symétrie n’est exigée, c’est-à- dire dans le domaine fondamental de Schôünfliess. Nous avons supposé, il est vrai, que ce domaine ne renferme qu'une molécule chimique, mais rien “une nous empêche, comme M. Wallerant l'a fait remarquer avec juste raison, d'admettre l'existence simultanée de plusieurs molécules, à la condition expresse qu'elles soient distribuées de facon à n'engendrer aucun élément de symétrie. Tout s'ex- plique ainsi sans difficulté, tout rentre dans l’ordre, et nous reconstituons un milieu homogène aniso- trope malgré la proportion quelconque qui peut exister entre les corps mélangés. Il est, enfin, un dernier point resté jusqu'ici fort obscur, presque mystérieux, sur lequel la nouvelle théorie jette quelque lumière. La notion du réseau caractéristique de la structure cristalline suppose l'existence d'un corps rigide, puisque la forme et les dimensions de la maille parallélipipédique demeu- rent fixes, sauf les légères modifications que peuvent | leur faire subir les efforts mécaniques ou l'action de la chaleur. Or, il existe incontestablement des cris- laux mous et même des cristaux liquides. Les idées de cristallinité et de fluidité sont si contradictoires qu'il ne semble pas possible de les concilier et de leur appliquer une même théorie. Une remarque à laquelle j'ai fait allusion tout à l'heure va nous permettre de tourner la difficulté. J'ai dit plus haut que le réseau est le résultat de deux actions simultanées sur la particule cristalline. Mais, d'une manière générale, comme M. Wallerant l'a fait observer, ces actions ne sont pas nécessaire ment concomilantes : elles ont chacune leurs con- ditions spéciales et leurs lois particulières. Si c'est. la cohésion seule qui intervient, nous aurons un corps solide amorphe; si c'est l'orientation qui se manifeste exclusivement, nous aurons un corps ani- sotrope et en même temps plus ou moins liquide. Ce ne sera pas sans doute un cristal dans le sens que nous attachons à ce mot: il n'aura pas de faces, puisqu'il ne possède pas de réseau il n'obéira plus à la loi de Haüy; mais ce sera cependant un édifice qui aura sinon toutes, du moins quelques-unes des propriétés du cristal, celles qui dépendent de la symétrie des particules cristallines et de leur orien- lation régulière. Ici se place une question capitale pour la Physique moléculaire et à laquelle, dans l’état présent de nos connaissances, nous ne pouvons donner aucune réponse générale. Quelles sont, parmi les propriétés physiques, les propriétés optiques, qui sont le mieux étudiées par exemple, celles qui appartiennent en propre à la molécule chimique, à la particule cris- talline etenfin au réseau? Tout ce que nous pouvons dire avec certitude, c'est que nos idées actuelles sont inexactes, en quelques cas particuliers du moins. C'est ainsi que nous avons admis sans conteste que la biréfringence dépendait des propriétés des parti- cules et du réseau, et cette conception se trouve à la base de toutes nos théories et de toutes nos hypo- thèses. Les cristaux liquides nous montrent avec une entière évidence que le réseau ne joue aucun rôle dans le phénomène, car, lorsque ces cristaux se solidifient à une cerlaine température, lorsqu'ils acquièrent par conséquent une structure réticulaire, leur biréfringence ne change pas. D'autres problèmes plus embarrassants encore se dressent devant nous, qui démontrent que, si la structure géométrique des milieux cristallisés peut être considérée comme parachevée, nos connais- sances de la structure physique sont encore bien incomplètes. À quelles propriétés particulières les corps optiquement biaxes, comme le sulfate de magnésie, doivent-ils leur pouvoir rotatoire? Que sont au juste les figures de corrosion produites par l’action rapide d'un solvant sur les faces d’un cris- tal? On s’est contenté jusqu'ici de rattacher tous ces phénomènes à la présence ou à l'absence d’une certaine symétrie de la forme extérieure; mais, outre 4058 G. WYROUBOFF — LES THÉORIES SUR LA STRUCTURE DES MILIEUX CRISTALLISÉS qu'on serait bien en peine de trouver à ces coïnci- dences une raison théorique quelconque, la coïnei- dence elle-même n'est nullement constante. On connaît un grand nombre de corps doués de pou- voir rolatoire qui ne possèdent jamais de faces pla- gièdres, et des figures de corrosion dissymétriques dans des substances qui, comme le sulfate de nickel quadratique, ont toutes les apparences de la plus parfaite symétrie. Il faut donc aller chercher plus profondément, dans les conditions de structure, la cause de ces faits si singuliers. Je dois ajouter, pour terminer ce très rapide exa- men des applications possibles, que la théorie com- porte d’autres conséquences plus éloignées, plus indirectes, mais non moins intéressantes. Puisque la particule complexe ou particule cristalline repré- sente l'unité physique, propre à tous les corps amorphes ou cristallisés, aucune opération pure- ment physique ne peut la modifier, à moins de modifier en même temps les particules fondamen- tales dont elle se compose. Il suit de là que, lorsque nous fondons, nous dissolvons ou vaporisons sans décomposition un corps amorphe ou cristallisé, nous ne faisons que détruire la cohésion ou le réseau et mettre en liberté les particules cristallines. Si une décomposition se produit, si, par exemple, nous chauffons le bisulfate de potasse au-delà de sa température de fusion, si nous dissolvons dans l’eau du nitrate neutre de bismuth, si nous évapo- rons à très haute température le soufre ou l'iode, la particule fondamentale caractéristique de la sub- stance est désorganisée, une autre particule fonda- mentale se reforme, el produit une autre particule cristalline qui, suivant les circonstances, se dépose ou ne se dépose pas sur un réseau. Cette conclusion, qui ressort directement de la théorie de la structure, nous montre dans quelle im- passe opèrent les hypothèses de ce qu'on a appelé, un peu pompeusement peut-être, la « Physico-chi- mie ». On y admet sans hésitation cet inconcevable miracle de la destruction du réseau, de la particule et de la molécule chimique elle-même, par le simple contact de l’eau; on y cherche, sans s'inquiéter un instant de ce qu'est un cristal, des rapports directs entre la composition et la forme cristalline, entre la notion purement chimique de poids atomique et la conception exclusivement géométrique de symé- trie. Si les chimistes et surtout les physiciens con- naissaient mieux les travaux des cristallographes, etsi les cristallographes se préoccupaient davan- tage de préciser et de propager les vérités qu'ils ont acquises, tant d'efforts ne seraient pas perdus à la solution d’insolubles problèmes. Ils aperce- vraient neltement les limites entre lesquelles leurs hypothèses peuvent semouvoir sans devenir in vrai- semblables, et apprécieraient mieux la différence si profonde qui existe entre les phénoménes phy- siques et les phénomènes'chimiques. Sans doute, les théories modernes n'abordent qu'un des côtés de la question. Elles supposent les éléments constitutifs du cristal à l’état de repos, ce qui certainement n'est pas exact, mais ce qui est parfaitement légilime, car les mouvements qui peuvent exister, vibrations ou rotations, se pro: duisent autour d'un point que nous considérons comme fixe. C'esl tout ce que nous pouvons faire présentement. À l'avenir d'aborder et de résoudre. la dynamique des unités qui composent le milieu crislallisé. Y D. Dans cet article, que quelques-uns trouveront i peut-être trop long, et que j'ai eu beaucoup de peine à faire si court, j'ai résumé l’état actuel de la ques tion de la structure cristalline, montré sa fécon-" dité et répondu en même temps, je le crois dun moins, aux objections qui ont été présentées plus. d’une fois, et notamment en ces derniers temps, pars un savant des plus distingués, connu par de très intéressants travaux. Dans une série de Mémoires et dans un volume important, M.G. Friedel s'élève, au nom des traditions de la Cristallographie fran= caise, contre ce qu'il appelle les « hypothèses 3 d'outre-Rhin. À son avis, il nous faut revenir à Haüy, nous en tenir à sa loi d'observation,et n’ac= cepter les théories de structure que comme des tentatives très intéressantes sans doute, mais en sommeillusoires et stériles. Au point de vue auquel il se place, celui de l’étude des formes même com- plexes, comme les macles, les assemblages, les. groupements de cristaux, il a peut-être raison,et la loi de Haüy suffit amplement‘. Mais c'est alors la Cristallographie, tout entière ainsi entendue, qui ne suffit plus à ceux qui veulent se rendre comptes, des propriétés physiques qu'on observe directe ment ou indirectement dans les milieux matériels doués de symétrie. M. G. Friedel se trompe, à mon avis, dans l'interprétation historique de l’œuvre de Haüy; sa loi, comme loi d'observation, était, de son temps surtout, inexacte; elle n’'empruntait son de ‘ caractère de certitude, qui a rendu possible la Cris= tallographie géométrique, que parce qu'elle était le résullal d'une théorie de structure, inacceplable, il est vrai,dans son énoncé, mais très juste dans son idée première. ! Quoique, même dans cet ordre d'idées, quelques-unes des conceptions de M. G. Friedel ne me paraissent pas acceptables. C'est ainsi que sa définition du erislal exclut la possibilité des cristaux mous ou liquides et que sa loi, rajeunie de Haüy et de Bravais, sur la fréquence des faces est, dans un très grand nombre de cas, en contradiction for- melle avec les faits observés. 4 — PIERRE CLERGET — LA MISE EN VALEUR ET L'UTILISATION ÉCONOMIQUE DU RHIN 1059 L'illustre fondateur de la Cristallographie était, du reste, si bien de cet avis qu'il n'a jamais for- mulé sa loi et qu'il a consacré deux gros volumes à l'exposilion et au développement de sa théorie. La loi de la rationalité des paramètres, en tant que loi empirique, a donné depuis longtemps tout ce qu'elle pouvait donner; ce qu'on en pourra lirer encore apparliendra désormais à la catégorie des exercices géométriques sans portée cristallogra- phique, comme les axes ternaires irrationnels de M. G. Friedel”'. Nous connaissons assez les formes crislallines pour prévoir avec cerlitude loutes celles qu'on pourra jamais rencontrer dans la Nature; nous commençons seulement à connaitre la structure du milieu, auquel ces formes servent d’enveloppe et dont elles sont une des manifestations. C’est de ce côté que doivent maintenant se porter tous les efforts. C'est là qu'est la véritable tradilion de l'Ecole française, à laquelle l'Ecole allemande ne s'est ralliée que dans le dernier quart du siècle qui vient de finir. Il est vrai qu'elle a largement regagné le temps perdu, en donnant une théorie de la structure cristalline qui peut être considérée comme définitive au point de vue géométrique, mais à laquelle il reste à donner toute sa significa- tion physique. Ne tombons pas dans l'erreur qui a si longtemps empêché les progrès de la Cristallographie en Alle- magne; ne nous perdons pas dans les abstractions mathématiques; ne considérons plus le cristal comme une combinaison de plans, mais comme un corps qui, même en l'absence de faces, possède des propriétés très variées et très caractéristiques. Cherchons en un mot à déduire toutes les consé- quences possibles, non plus d’une loi empirique, mais d'une théorie de la structure, et appliquons ces conséquences à l'interprétation des faits obser- vés, dont la plupart restent à l’état d’indéchiffrables énigmes. Ce n’est qu'ainsi que nous pourrons con- tinuer utilement l'œuvre si féconde de Haüy, de Delafosse, de Bravais, de Mallard,et contribuer aux progrès de nos connaissances de la matière en général et de a matière cristallisée en particulier. G. Wyrouboff, Professeur au Collège de France. LA MISE EN VALEUR ET L'UTILISATION ECONOMIQUE DU RHIN Le régime hydrographique du Rhin est soumis à des conditions climatiques et topographiques fa- vorables : l'eau de fonte des glaciers alimente le fleuve pendant l'été, les pluies des Vosges et de la Forêt Noire remplissent cet office en hiver. Enfin, de Strasbourg à Rolterdam, sur une distance de 700 kilomètres, le fleuve n'a plus que 144 mètres à descendre. Cependant, la faible pente facilitait l'encombre- ment du lit par les graviers, tandis que l'insuffi- sance de profondeur en nécessitait le creusement. On connaît la méthode employée : les graviers retenus au passage par des épis plongeant en tra- vers du fleuve, et le courant resserré au milieu du * L'existence de ces axes, leur compatibilité avec la loi de Haüy, et leur incompatibilité avec la structure réticulaire, ont été du reste reconnues depuis longtemps par Gadolin (1871) et surtout par Hecht, qui, dans une série de Notes parues en 1892, 93 et 94 (AN. J. f. M. u. G.), en a donné une démonstration irréfutable. Mais Hecht en a tiré très judi- cieusement une conclusion exactement contraire à celle qu'en tire aujourd'hui M. G. Friedél. Puisque la loi de Haüy est une loi d'observation, et puisque d'autre part l'observa- tion nous montre que les axes irrationnels n'existent pas, il s'en suit que les cristaux sont bien des corps homogènes à structure réticulaire. chenal pour l’approfondir. Aujourd'hui, la régula- risation est complète et durable. Les travaux ont été entrepris par l'État allemand, dont le rôle s’est d’ailleurs borné là. Du grand développement industriel de la Prusse rhénane et de la Westphalie, nous ne retiendrons ici que la part qui revient au fleuve, dans son rôle d’auxiliaire et même de créateur d'activité écono- mique. Le premier fait intéressant, c'est la concentra- tion du commerce fluvial dans un petit nombre de grandes places, fortement oulillées et ayant pris rang aujourd'hui, par leur tonnage, parmi lés pre- miers ports du monde. L'agglomération Ruhrort- Duisbourg, avec ses 14 millions de tonnes, laisse bien loin derrière elle le tonnage de Hambourg. Dans l'excellent ouvrage qu'il a consacré aux Fleuves, canaux et chemins de fer‘, M. Paul Léon distingue trois catégories de ports rhénans. Rubrort et Duisbourg forment à eux seuls un premier 1 1 vol. in-16, Paris. Colin, 1903. Des 1060 PIERRE CLERGET — LA MISE EN VALEUR ET L'UTILISATION ÉCONOMIQUE DU RHIN groupe : ils exportent la houille et approvisionnent la Westphalie en bois, minerais, céréales. Viennent ensuite les ports urbains, qui s’échelonnent de l'embouchure de la Ruhr à celle du Main : Dussel- dorf, Cologne, en sont les Lypes. Ce sont enfin les ports de transbordement : à mesure que la correc- tion du fleuve se poursuit toujours plus haut vers l'amont, nous voyons Strasbourg en train de sup- planter Mannheim, et Bâle s'efforcer de devenir à son tour le port terminus rhénan”. Grâce à leur petit nombre, ces ports possèdent un oulillage remarquable, au caractère plutôt maritime que fluvial. En étendue, les bassins de Duisbourg-Rubrort (113 ha) contiennent près de deux fois ceux d'Anvers; les surfaces d’eau de Mannheim-Ludwigshafen (278 ha) couvriraient deux fois celles de Rotterdam (123 ha) et dépassent de beaucoup celles de Marseille (150 ha). A Rubhrort, des grues mobiles circulent sur des ponts jetés en avant des rives et distribuent dans les magasins ou dans les wagons 35 tonnes de minerai par heure. Des culbuteurs renversent dans les bateaux des wagons houillers de 15 tonnes et des voitures à fond mobile versent instanlané- ment une charge de 40 lonnes. Tandis qu'avec l’ancien outillage, le chargement de 10 tonnes se faisait en 4 h. 40 minutes et coûtait deux marks, il dure aujourd'hui 5 minutes et coûte 25 pfennigs, et chaque culbuteur verse 1.800 lonnes par jour. L'histoire de la création de ces ports ne manque pas non plus d'enseignement. Nous avons dit que l'Etat allemand s'était chargé de la correction du fleuve ; son initiative ne s'est pas étendue plus loin. Les Administralions municipales elles Sociétés privées ont fait le reste. Le port de Duisbourg, qui a coûté 12 millions de marks, donne annuelle- ment 1.240.000 marks de recettes à la ville. Celui de Rubrort a élé construit avec le produit des péages et, dès lors, ses receltes ont suffi pour les frais d'entretien, les travaux d’agrandissement et même de conservation du chenal de la Rubr. Strasbourg a créé son port avec ses propres res- sources, il en est de même de Rotterdam ; celui de Mannheim est dû, en partie, à des initiatives pri- vées, telles que celle de la Société de produits chimiques Rheinau, qui a fait construire pour sa seule part trois bassins de 36 ha. Cet état d'esprit des villes allemandes à été très bien rendu par M. P. Léon : « Dirigées par des magistrals qui sont des administrateurs de carrière, — plus semblables à nos préfels qu'à nos maires, — les villes de ce type tendent à absorber toutes les entreprises 1 Cf. Tu. Zosrisr : La navigalion sur le Rhin supérieur, in Schweizerisches Kaufmännisches Centralblatt (Zürich) des 3, 10 et 11 mars 1906. — P. CLerGer : La navigation sur le Haut-Rhin, in Ja Géographie, 15 novembre 1905. 1 d'utilité publique. À Dusseldorf, le gaz et l'électri= cité, les tramways, les bains, les concerts appar- tiennent à la ville, pour le plus grand bénéfice des finances communales et des intérêts publics. On parle de municipaliser les annonces, les pharma- cies, l'approvisionnement en lait et en viande, les habitations à bon marché. L'aménagement des ports a été une des faces de cette politique muni- cipale, en vue d'assurer à ces grands marchés de consommation locale les incomparables avantages du transport par eau. » Comme l'outillage des ports, le matériel de transport a un caraclère beaucoup plus maritime que fluvial. La capacité a très vite augmenté, en même temps k que le mouillage du fleuve : les chalands de bois de 300 à 600 tonneaux ont été remplacés par des ba- teaux en fer de 1.000 à 1.200 tonneaux. Les trans- porteurs de minerai ont jusqu'à 100 mètres de lon- gueur et jaugent de 2.000 à 2.300 tonneaux. Un convoi de quatre chalands remorqués équivaut à la cargaison d’un fort navire de mer ou à 400 vagons de marchandises, à charge complète. C'est douze à quinze fois plus que n'en peuvent porter nos plus grandes péniches. A côté de cette batellerie fluviale déjà puis- sante, mais qui nécessite un transbordement à Rotterdam, on emploie, depuis 1888, de légers navires de mer (Seedampfer), — correspondant à la grande vitesse des voies ferrées, — destinés sur- tout aux marchandises capables de supporter les frais d’un transport rapide, tandis que, pour les produits lourds et de faible valeur, on utilise les allèges marines (Seeleichter), que l'on peut remor- quer à la fois sur les canaux ou les fleuves et sur les mers. Ces barques pontées, qui jaugent de 500 à 1.000 tonneaux et tiennent à la fois du navire et du chaland, sont employées depuis un demi-siècle entre Marseille et le Rhône, mais c'est en Allemagne qu'elles ont élé récemment le plus perfectionnées. Cette batellerie spéciale permet ainsi de prolonger la navigation maritime jusqu'à l'intérieur du con- tinent, et les expéditions peuvent se faire par con- naissement direct à destination de tous les ports rhénans jusqu'à Mannheim. Toutes ces facilités accordées aux transporis ont puissamment contribué à l'accroissement de trafic du fleuve, qui atteint aujourd'hui 30 millions de tonnes et a quinluplé en vingt ans. Ce chiffre est égal à celui de tous les fleuves et canaux de France. Le mouvement à la remonte est trois fois plus grand qu'à la descente. C’est dire que le trafic est surtout formé d’arrivages : d’une part, les houilles westpha- liennes qui vont jusqu’en Alsace et en Suisse, et s'y répandront de plus en plus si les projets bälois con- cernant l'amélioration du Rhip se réalisent; d'autre RRE CLERGET — LA MISE EN VALEUR ET L'UTILISATION ÉCONOMIQUE DU RHIN 1061 art, les produits les plus variés, bois, pétrole, dearées alimentaires, destinés à l'approvisionne- ent des villes riveraines qui sont surtout des entres commerciaux. Une évolution intéressante est en train de se pro- uire. La facilité d'obtenir à bon compte la houille urer du fret de retour et principalement de la rosse marchandise, seule capable de rendre les départs fréquents et les services réguliers, ont amené la création d'usines nouvelles, de véritables ‘banlieues industrielles qui soudent deux villes rap- rochées ou essaiment sur la rive opposée du fleuve, ‘en face de la cité commerciale. On prévoit déjà la réunion de Ruhrort et de Duisbourg et leur prolon- gement sur les bords du fleuve, tandis que, sur la rive gauche, en face des grandes villes de la rive opposée, s'allonge un long cordon d'usines qui va de Deutz à Mülheim. Par là, le Rhin a été non pas seulement un auxiliaire, mais un créateur d'activité industrielle, et son influence s’esl exercée jusqu'à ‘des villes non riveraines, comme Crefeld ou Karls- æruhe, qui se sont reliées au fleuve par des canaux -de jonction. Ce magnifique effort, qui a provoqué l’établisse- ? ment de ports plus puissants que nos plus grandes places maritimes, la transformation de vieilles cités … commerciales en grandes villes modernes, avec des ! faubourgs industriels, cet effort qui a fait de Rot- « terdam un des plus grands ports du continent, se traduit par quelques chiffres suggestifs : de 1870 à 4900, la population de Dusseldorf a passé de 68.000 habitants à 213.000; celle de Cologne, de 129.000 à 372.000; celle de Frankfort de 127.000 à 229.000. II On ne saurait parler du Rhin sans évoquer le sou- venir du fleuve jumeau, qui s'alimente au même socle montagneux, mais dont les destinées économiques -sont infiniment moins brillantes. Pourtant, depuis “1878, on a exécuté dansle lit du Rhône d'importants Mravaux. La batellerie dispose aujourd’hui d'un #nouillage de 1*,40 pendant trois cent cinquante . 1 Le récent rapport de notre consul à Dusseldorf (15 no- wembre 1906, n° 565) renferme des renseignements très pré- cis concernant la navigation sur le Rhin. Crefeld a inauguré le 6 juillet dernier un nouveau port, qui n'a pas coûté moins de 11 millions de marks. Dusseldorf vient de voter 6 millions et demi pour l'agrandissement du sien. Cologne construit également un nouveau port sur la rive droite à Deutz, et, pour s'étendre elle-mème le long du fleuve, elle a racheté à «l'Etat ses anciennes fortifications La flotte du Rhin devient, elle aussi, de plus en plus importante. Elle se compose actuellement de 9.470 bateaux de remorque, d'un tonnage global de 3.434.518 tonnes, et de 4-236 vapeurs représentant une force motrice de 264.691 che- Waux. Comparé à celui de 1904, le tonnage a augmenté de 251 °/, et la force des vapeurs de 7,1 0/5. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. t les matières premières, la nécessité de se pro- jours, au lieu de deux cent onze jours, et d'un mouillage supérieur à 2 mètres pendant deux cent soixante et un jours, au lieu de quatre-vingt-seize‘. Sans doute, le régime climatique et le régime topo- graphique du Rhône ne valent pas ceux dont jouit le Rhin, surtout avant Mannheim, mais aussi quelle différence dans la conception de l’entreprise ! Comme matériel et outillage de navigation, le Rhône est resté à peu près ce qu'il était il y a qua- rante ans. Tout le long du fleuve, il n'y a que de simples escales, des quais de chargement très rudi- menlaires et pas de bassins. Les transbordements se font le plus souvent d’une manière tout à fait primitive. De telle sorte que l'on peut dire que, comme outillage, presque tout est à créer ou à trans- former”. Enfin, au lieu d'aboutir à Marseille, le Rhône, comme on l’a dit justement, « continue à courir vers le sud pour tomber dans le vide ». Aussi bien, à côté des 30 millions de tonnes du Rhin, ne pouvons-nous enregistrer que 700.000 tonnes, chiffre insignifiant pour un instrument commercial de cette valeur. D'autre part, Marseille, privée de voies fluviales d'accès, perd une grande partie des avantages de sa merveilleuse situation. Si Fon veut que notre grand port méditerranéen conserve sa supériorité sur Gênes, désavantageusement serrée contre la mer par les Apennins, qu'il récupère les pertes que lui font subir les percements successifs des Alpes, qu'il vive enfin de l'intensité de Rotterdam, Anvers, Hambourg, il faut qu'imitant les initiatives hardies des riverains du Rhin, nous mettions Marseille en communication avec un Rhône encore amélioré en son état actuel et pourvu enfin d'un outillage moderne et perfectionné”. Nous contribuerons du même coup à accroitre dans une large mesure l’activité industrielle de la vallée du Rhône, et nous ferons de Lyon un grand port fluvial à l'instar de Cologne ou de Mannheim. Pierre Clerget, Professeur à l'Ecole supérieure de Commerte de Lyon. { L. Larrirte : L'expansion économique de la France par l'amélioration et le développement de ses moyens de trans- port. 4 br., Paris, 1904. 2 Ca. Lenraéric : Le Rhône. Histoire d'un fleuve, t. If, Paris, 1892. 3 L'exécution du canal de Marseille au Rhône a été auto- risée par la loi du 24 décembre 1903. Les travaux ont éte inaugurés officiellement au mois de septembre 1906. Ce canal servira non seulement à étendre le champ d'action du port de Marseille, mais il permettra en même temps la mise en valeur de toute la région traversée, et les bords de l'étang de Berre, en particulier, pourront former une immense ban- lieue industrielle. # Cf : Les excellentes études de M. René Tavernier, ingé- nieur en chef des Ponts et Chaussées, parues dans le Bulle- tin de l'Office des Transports, de Lyon, et particulièrement son travail : Les transports à Lyon. Extrait de Lyon en 1906. Lyon. Rey, 1906. 2 ed 1062 E. LAGUESSE _— REVUE ANNUELLE D'ANATOMIE \ REVUE ANNUELLE D’ANATOMIE I. — LES NOUVEAUX LIVRES D'ANATOMIE, Depuis trois ans, à part le 7raité d'Histologie de Prenant et Bouin, et la Revue générale d'Histo- logie de Renaut et Regaud, dont nous avions l’oc- casion de parler au passage, nous n'avons pas signalé dans cette revue les nouveaux traités d'Anatomie. Dans cette période de trois années, ils n’ont pourtant pas manqué, et nous ne pou- vons les énumérer tous. Bornons-nous à citer : l'Atlas et les éléments d'Anatomie topographique d'Oscar Schulze, les Zléments d'Anatomie de So- botta et son Atlas, trois livres parus en 1903, à Munich, traduits depuis en français, et dont les figures sont exécutées avec un soin tout particu- lier. Ajoutons-y encore l'Atlas d'Analomie topo- graphique de l'homme de Bardeleben et Hæckel (léna, 1904), le Traité d'Anatomie topographique de Testut et Jacob (Paris, 1904), l'Anatomie des membres de Dujarier (Paris, 1904), le Traité de Krause (Leipzig, 1905), les Précis de dissection d'Ancel (Paris, 1906), et de Poirier et Baumgartner (Paris, 1906). En Histologie, signalons le Précis de Branca, illustré de nombreuses figures originales (Paris, 1906). Gaupp a donné une nouvelle édition de l'Anatomie de la grenouille d'Ecker et Wieders- heim, si utile dans les laboratoires d'Anatomie et Physiologie (1904). En Anatomie comparée, nous trouvons encore une 6° édition refondue de l’Ana- tomie des Vertébrés de Wiedersheim, un Atlas de T Anatomie du cheval de Schmalz (Berlin, 1905), la 5° édition du 7raité de Chauveau, Arloing et Lesbre (Paris, 1904). L'Histologie comparée d'Oppel s'est enrichie d'une 5° partie, due à Studnicka, sur les organes pariétaux (œil pinéal, épiphyse), et d'une 6° partie, due à Oppel lui-même, sur les organes de la respiration. Mentionnons encore le Lexique des noms anatomiques de Triepel (Wiesbaden, 1906). En Embryologie, il faudrait citer Reese (/ntroduc- tion. , New-York, 1904), le nouveau Précis d'Oscar Hertwig traduit par Julin (1905), l'Œuf humain de Potocki et Branca, etc... II. — LES TECINIQUES ANATOMIQUES. — LES RAYONS DE RONTGEN EN ANATOMIE. Von Bardeleben vient de publier sous ce titre’ une courte notice où ii résume assez heureusement 1 Vox BARDELEBEN : Deutsche medicin. L XXXL p. 67%, 1905. Wochenschrilt, Les services rendus jusqu'ici par les rayons X aux” anatomistes. C'est d'abord, bien entendu, dans” l'étude du squelette, dont la plus grande partien peut être observée dansses moindres détails sur le vivant, cequiestloin d’être inutile en Anatomie topo: graphique. On en a retiré, en outre, de grands avan- ages dans l'étude de l'architecture des os et de ses variations, de la mécanique des articulations (main, pied, genou), des doigts supplémentairess ou formés d’un nombre anormal de segments. En dehors du squelette, on a pu observer le cœur et Jes gros vaisseaux, elles physiologistes n’y ont pass | moins gagné que les anatomistes, qui pouvaient préciser les rapports sur le vivant. Même observa-M tion pour le diaphragme; on considérait, il y à quelques années, son centre phrénique comme à peu près fixe: la radioscopie a permis de montrer que ses déplacements, et par suite ceux du cœur, peuvent être beaucoup plus’considérables qu'on ne le pen- P sait. Les changements de forme et de position de l'estomac en ses divers états de réplétion ont pu être étudiés. Les poumons eux-mêmes projettent une ombre plus ou moins marquée, selon qu'ils sont à l’état d'inspiration ou d'expiration. La position de l'uretère a pu être vérifiée pendant la vie: Les processus d'ossification du larynx, normaux à partir d'un certain âge, deviennent faciles à déceler. La radiographie, d’ailleurs, est devenue la méthode d'élection pour l'étude du développement du sque- lette. Elle permet de vérifier la présence ou l'ab-n sence d'anomalies des gros vaisseaux, la modifica- tion de leurs rapports, avant une opération. L'Ana= tomie comparée et l'Anthropologie s'en sont encore peu servies, mais son secours, pourtant, est loin d'être à dédaigner dans ces branches. Remarquons qu'il ne s'agit jusqu'ici que de l'homme et des animaux vivants, dans l'organisme desquels la radiographie (aidée de la radioscopie) nous permet pour ainsi dire de pénétrer sans lésion. On connait, en outre, tout le parti qu'on peul en tirer: comme adjuvant des méthodes de dissection, pour l'étude des vaisseaux particulièrement. Slieda! montre qu'elle est supérieure aux méthodes de dis=" section et de macération pour mettre en relief les os sésamoïdes : elle met en évidence la pré-ence de six de ces organes aux cinq articulations des orteils, etnotamment un os sésamoïde tibial non encore si- gnalé au 4° orteil. Aussi ne s'étonnera-t-on pas de l'apparition de 240 MER, RG ET ES RREr SE PETER 1 Sriepa : Beiträge zur klin. Chirurgie, & XLI, 1905, Slam D E. LAGUESSE — REVUE ANNUELLE D'ANATOMIE + deux nouveaux Atlas de Radiographie, l'un de -Grashey', l'autre de Sommer*. Waldeyer” énumère encore d’autres ouvrages", dans une plus vaste revue sur l'ensemble des techniques anatomiques, revue qu'il est impossible “de résumer ici, mais que L'on consultera avec le plus grand intérèt. III. — ORGANES DE LA CIRCULATION. $ 1. — Les artères du membre supérieur. - Il ya trois ans, nous parlions ici même de l'inté- -ressant travail de Ml: Bertha de Wriese sur les ‘artères des membres, et nous rappelions, d’après “elle et d’après les travaux antérieurs d’Anatomie comparée, comment on trouve dans l’ontogénèse et dans la phylogénèse l'explication de dispositions assez fréquentes, qualifiées d'anormales, et qui ne sont, en somme, que des retours à un type primitif. Gœæppert* apporte aujourd'hui à cette étude une inléressante addition en ce qui concerne le membre supérieur. En examinant la série des Mammifères, il élablil que c'est assez rarement que l’on trouve les régions postérieure et radiale du bras irriguées par une humérale profonde typique, née de la partie supérieure de l’humérale et accompagnant le nerf radial, pour se terminer peu au-dessus du coude. Une telle artère n'atteint son développe- | ment complet que chez le Cheval, chez quelques singes du Nouveau-Monde ; chez les Catarrhiniens et chez l'Homme, c’est encore pourtant la disposi- tion la plus fréquente. Mais le territoire de l'hu- mérale profonde ainsi compris est le plus souvent plus ou moins largement accaparé par des branches * de l’axillaire, et notamment par un forl rameau descendant de la circonflexe postérieure. Chez l'Echidné, comme j'a déjà montré Hochstetter, l'humérale s'atrophie, et c'est ce rameau qui, gräce à son anastomose terminale avec une branche as- cendante d'une collatérale radiale inférieure (Trans- versa cubiti, de Gœppert), amène le sang aux deux vaisseaux principaux de l’avant-bras, qui sont ici, comme chez beaucoup d'animaux, la radiale et l'interosseuse. Il y a là une voie collatérale pré- cieuse, encore existante chez l'homme, bien que peu marquée, mais qui peut servir au rétablisse- { R. GRASBEY : Atlas typischer Rôntgenbilder von nor- malen Menschen ausgewählt und erklärt nach chirurgisch- praktischen Gesichtspunkte. Munich, 1905. ? A. SoMMER : Anatomischer Atlas in Rüntgenbildern. Wurtzbourg, 1906. stereoskopischen 3 Wazveyer : Anatomische Technik. Ergebnisse der Ana- | tomie, 1. XIV, Wiesbaden, 1905. # En premier lieu : Archiv und Atlas der normalen und pathol. Anatomie in typischen Rüntgenbildern, de ALBErs- Scnôxererc. Hamburg. > GogpPerT : Morphologisches Jahrbuch, t. XXXIII, 1905, P. 535. 1063 ment de la circulalion dans certains cas, comme elle sert, en effet, chez l'Echidné après atrophie de l'humérale. Sur la cause de cette atrophie, Gæppert n'est pas d'accord avec Erik Muller, qui la recher- chait uniquement dans des dispositions ontogéné- tiques très primilives, tandis que l'auteur allemand la voit dans une modification de la musculature, dans un déplacement d'insertions qui eûl obligé l'humérale normale à un parcours en zigzag. Le débat s’élargit dans le travail d'Erik Muller‘ auquel nous faisons allusion, et dans une Revue générale de Gœppert* lui-même, tous deux con- sacrés aux artères du membre supérieur en général. Erik Muller étudie très complètement ces vais- seaux chez l'Homme et chez les autres Mammifères, et il reprend notamment les recherches de Bertha de Wriese, c’est-à-dire l’étude des variations par le développement. Pourvu d'un bon matériel (9 em- bryons humains de différentes tailles), mieux con- servé que celui du précédent auteur, et portant sur des stades plus jeunes, s’aidant de reconstructions plastiques, il arrive à des résultats analogues, mais encore plus parfaits. Sur l'embryon de 5 millimètres, alors que le membre est encore à l'élat de courte paletle, sans ébauche de squelette ni de segments, il voit l'ébauche du plexus brachial sous forme de plaque; un troncule venant de l'aorte la traverse et se termine au delà en un réseau capillaire serré, dans l'axe du membre. Les plus gros troncs arté- riels futurs se reconnaissent déjà par places à un commencement d'épaississement de leur paroi. Sur les embryons de 8 à 11,7 millimètres, ces disposi- tions se précisent. Les branches du plexus brachial commencent à s’écarter, formant d'abord deux trones,un dorsal et un ventral, et les trajets artériels, toujours sous la forme primitive de réseaux capil- laires, s'accolent généralement à eux. Le tronc venu de l'aorte (artère axillaire) se divise d’abord en trois branches (plexus artériel axillaire) pour traverser le plexus brachial, et se reconstitue au delà. La majeure partie du réseau primitif axial se trouve ainsi derrière le nerf ventral, et représente la voie artérielle principale, c'est-à dire, pour l'ins- tant, et pour longtemps encore, l'artère humérale continuée par l'artère interosseuse. Un réseau moins important persiste provisoirement au côté antérieur du nerf ventral, et pourra, s'il continue à se déve- lopper dans l’une ou l’autre de ses branches, donner les variétés connues d’artère humérale antérieure ou superficielle. En continuité avec lui, et par une | anastomose avec la voie artérielle principale, se | développe l'artère du médian (tronc important { Erik MULLER : 1903 et 1904. ? GOFPPERT : den, 1905. Anatomische Hefte, t. XXII et XXVII, Ergebnisse der Anatomie, t. XIV, Wiesba- 106% E. LAGUESSE — REVUE ANNUELLE D’ANATOMIE chez l'embryon), tandis que vers le même niveau se détache, en arrière de la voie principale, l’artère radiale’. Ces deux dernières formations, moins développées et plus tardives, apparaissent aussi sous forme de réseaux capillaires. Par la suite, un certain nombre de ces branches s’atrophient; leur persistance peut donner naissance à telle ou telle anomalie. Les résultats définitifs concordent, en somme, avec ceux de Bertha de Wriese. Comme cet auteur, Erik Muller voit les principales voies arté- rielles apparaître sous forme de réseaux et le long des nerfs. Mais celte dernière condition est loin d'être aussi constante que ne le croyait la jeune anatomiste belge, et de valeur secondaire; ainsi, pour E. Muller, le réseau capillaire d'où émane la radiale se développe sans rapports avec le nerf du même nom. Si les artères, dit l’auteur suédois, apparaissent d'abord sous forme de réseaux, cela ne signifie aucunement que le réseau est une forme primilive au point de vue phylogénétique; et, en effet, ce n’est que rarement, et dans des conditions tout à fait particulières (Bradypus par exemple), que certaines artères persistent en partie jusque chez l'adulte sous la forme de réseaux admirables. S'il y a réseau capillaire chez l'embryon, c'est la fonction qui l'exige, car les premiers vaisseaux sont essentiellement des vaisseaux nutritifs pour les tissus qu'ils traversent. C'est secondairement seu- lement, quand les membres s'allongent, que de plus larges voies d'accès sont nécessaires pour apporter le sang jusqu'aux extrémités, et c'est sous l'influence de la pression sanguine que cer- taines branches du réseau se dilatent et deviennent des artères, tandis que d’autres restent sans impor- tance ou disparaissent. Bien que ces voies suivent de préférence les nerfs, le voisinage de ceux-ci n'influe en rien sur leur développement, puisque plusieurs d'entre elles apparaissent et évoluent loin de tout tronc nerveux. Il faut plutôt dire que les trajets, que les tunnels dans lesquels passent, le plus souvent côte à côte. vaisseaux et nerfs sont déterminés par la forme, la situation, les insertions des organes voisins. Les grands courants artériels se développent sur le réseau primitif là où ils trou- vent la place nécessaire et la meilleure voie : c’est le plus souvent celle que suit déjà le nerf (mais ce peut en être une autre), et, comme le passage se rétrécit de plus en plus sous la poussée des organes voisins, artères et nerfs ont grand chance de se rapprocher, de plus en plus. Les réseaux capillaires accompagnant les nerfs en voie de développement ne sont pas fatalement destinés à devenir des troncs 1 La cuk tale, sous son état primitif, est également secon- daire, e4 a moins d'importance encore. Pour le développe- ment ultérieur, revoir notre analyse du travail de B. de Wriese. artériels de quelque importance, et peuvent très bien demeurer réseaux nutritifs du nerf. Gœæppert, dans sa revue, analyse avec soin les {ra- vaux antérieurs, y compris ceux dont nous venons de parler, y ajoute des observations personnelles, et arrive aux principales conclusions suivantes : Les variétés artérielles étudiées sont de significa= tion et de valeur très différentes, et l’on peut les répartir en trois groupes. Dans le premier, il faut ranger un grand nombre d'anomaliés dues exclu sivement à des processus ontogénétiques locaux, et sans aucune importance phylogénétique. C'est sans doute dans cette catégorie qu'il faut ranger, sinon l’'anomalie étudiée plus haut par Gœppert chez l'Echidné, du moins l’atrophie de l'humérale dans ce cas. Dans un second groupe sont les variétés où l’atavisme joue un rôle, soit que persistent excep- tionnellement certains états ancestraux et primi- tifs qui normalement se modifieraient au cours du développement, soit que s'élargissent certaines voies destinées normalement à rester secondaires: Une froisième catégorie est formée par les vais= seaux qui se montrent ou disparaissent soudain chez un individu d’une espèce où les choses se passent tout autrement dans la règle. C’est quelque chose de tout à fait nouveau, mais qui ne laisse pas pourtant que d'être préparé par de légers chan-, gements, sans importance apparente. Telle est l'apparition d’un nouveau tronc collatéral aux côtés d'une humérale traversant un /oramen supraëon- dyloideum. Ce défilé sus-épitrochléeñ causant un certain obstacle au cours du sang, les branches nées du tronc huméral au-dessus et au-dessous de cet obstacle augmentent de volume et élargissent leurs anastomoses pour suppléer ce tronc. $ 2. — La métamérie des artères de la peau. Grosser‘ étudie la disposition métamérique des artères de la peau au niveau du tronc. Il montre qu'elle est beaucoup moins régulière que ne faisait croire la description antérieure de Manchot (1889), | et que, en ce qui concerne les lésions de la peau d'origine vasculaire, il faut y attribuer une impor- tance bien moins considérable qu'à la disposition métamérique des nerfs. Une bonne planche accom- pagne ce travail, dans lequel l’auteur renvoie encore à une revue d'ensemble intéressante qu'il a fait pa- raître antérieurement sur la métamérie de la peau*. $ 3. — Une nouvelle espèce de vaisseaux : les sinusoïdes. Entre les extrémités artérielles et les origines ! OTro GROSSER p. 555. 2 Centralblatt {ür d. rurgie. t. VII, 1904. : Morphol. Jabrbuch, 1. XXXIII, 1905, Grenzgebiete d. Medicin und Chi- E. LAGUESSE — REVUE ANNUELLE D'ANATOMIE 1065 des veines, on ne décrivait jusqu'ici qu'une seule espèce de vaisseaux, les vaisseaux capillaires. Sedgwick Minot' propose, au contraire, de distin- puer dans ces petits vaisseaux simples, à paroi uniquement endothéliale, deux types bien diffé- rents : : les vrais s_capillair es, et ce qu'il appellera des sinusoides, à cause de leur ressemblance avec de véritables sinus sanguins. Les sinusoïdes diffè- nt des capillaires par les caractères suivants : s sont relalivement larges et irréguliers, et com- ‘muniquent largement entre eux ; intimement adhé- rents aux éléments de l'organe qu'ils irriguent, et énéralement sans interposition de tissu con- onctif, ils n’ont pas de forme propre comparable “au tube régulier que constilue le capillaire, mais ls épousent celles des espaces existant entre les cordons épithéliaux pleins ou creux du parenchyme de l'organe, sur lesquels ils se moulent. Les noyaux de leur paroi sont plus écartés les uns des “autres; leurs cellules ont tendance à se fusionner “en un ‘syncytium. Enfin, ils auraient une origine | “embry onnaire différente; au lieu de naître par des pointes d'accroissement à l'extrémilé d’autres … capillaires, ou par des cellules vaso-formatives, ils se développeraient par la croissance et la pénétra- tion réciproque de la paroi des veinules et du parenchyme propre de l'organe. Leur morphologie spéciale doit correspondre à une fonction spéciale. * Minot éludie ces vaisseaux chez l'embryon surtout, où ils abondent, dans le pronéphros, le corps de Wolf, le foie, le cœur, les capsules surrénales, les glandes parathyroïdes, carotidienne et coccy- - gienne. De bonnes figures montrent les caractères des sinusoïdes, très marqués surtout dans les deux - premiers organes, où les tubes du rein semblent, . en effet, flotter dans un vaste sinus sanguin à paroi - simplement endothéliale, dont les replis pénètrent * entre eux et épousent tous leurs contours. L'auteur | américain convient qu'au cours du développement - l'importance de cette sorte de vaisseaux va décrois- sant rapidement. Le rein permanent n'a plus que de véritables capillaires; dans le foie, les sinusoïdes se transforment rapidement en vaisseaux capilli- » formes; dans le cœur, après formation de l'artère » coronaire, ils sont bientôt remplacés par des capil- | laires. Ces phénomènes de régression, à mesure - que se perfectionne l’organe, semblent indiquer que D ces vaisseaux représentent un type de cireulation - inférieur au point de vue physiologique. Pourtant, ils persistent dans certains organes de l'adulte, et Minot en donne un bon exemple dans la substance médullaire de la surrénale (Rat). Récemment, Lydia De Witt a cru pouvoir aussi du: D D * Sepewick Minor : On a hitherto unrecognised form of blood circulation. Proceedings of the Boston Society of natural History, t. XXIX, n° 10, p. 185. | ranger parmi les sinusoïdes les vaisseaux des ilols de Langerhans, dans le pancréas‘.Il est bien évident, en effet,queles premiers vaisseaux des îlots se com- portent ainsi, chez les embryons des Reptiles par exemple; mais, chez l'adulte, nous croyons pouvoir dire qu’iln’y a plus qu'unelégère tendance à la dispo- sition sinusoïdale, tendance moins marquée encore partout où apparait netlement l’acinus interverli, c'est-à-dire partout où le vaisseau a une individualité propre, bien marquée, et devient un centre autour duquel se disposent les éléments sécréteurs. D'une facon générale, il serait bon aussi, nous semble-t-il, de ne pas mettre les sinusoïdes sur le même rang que les capillaires, comme le fait Minot, mais de les considérer comme une simple variété très intéres- sante de ces vaisseaux. $ 4. — Premier développement des vaisseaux lymphatiques. Florence Sabin a montré (voir notre Revue de 1903) que les vaisseaux lymphatiques naissent bien (comme l'avait pressenti Ranvier) du système veineux, et a mis en évidence quatre diverlicules primitifs parlant des deux veines cardinales infé- rieures, les deux premiers au niveau de leur réu- nion avec les cardinales supérieures, les deux autres au delà de la région rénale. Frédéric T. Lewis? prétend aujourd'hui modifier et com- pliquer cette descriplion. D’après lui, chez le lapin, le système lymphatique apparaîtrait le long de la veine jugulaire interne aux dépens, non pas d'un seul, mais de plusieurs diverticules sacci- formes consécutifs, qui se détacheraiïent complète- ment de ce vaisseau pour resler, pendant un court espace de temps, absolument clos et indépendants, et deviendraient coalescents entre eux pour former un sac allongé unique. C’est secondairement seule- ment que celui-ci entrerait de nouveau en contact avec la veine plus en arrière, au point d'abouche- ment de celle-ci dans la sous-clavière, et acquer- rait son ouverture définitive. Non seulement deux autres diverticules se formeraient dans la région postérieure du corps, correspondant à ceux de Sabin, mais tout le long des veines azygos, mam- maire externe, mésaraïques, etc., se détacheraient plus tard de nombreux diverticules analogues, un moment séparés sous forme de sacs clos, et fu- sionnés secondairement en un tout conlinu. Ce ne serait donc plus une quadruple origine du système lymphatique, mais une origine diffuse, pour ainsi dire, le long de la plupart des gros troncs veineux. Lewis donne des figures d'ensemble non seule- 1 LyorA DE Wrrr: Association of American Anatomists, in American Journal of Anatomy, vol. IV, 1905. T. Lewis : American Journal of Anatomy, 1905. 2 Frederic vol. V, p. 9%, 1066 E. LAGUESSE — REVUE ANNUELLE D'ANATOMIE ment chez le Lapin, mais chez le Porc et chez le Chat. Le parallélisme établi par Sabin entre les quatre diverticules primitifs ét les quatre cœurs lymphatiques des Amphibiens serait donc forte- ment compromis; la poussée des principaux troncs lymphaliques aux dépens du système veineux, le développement ultérieur des fins vaisseaux du centre à la périphérie seraient, au contraire, con- firmés. C'est là un mode de développement curieux, mais un peu étrange, et qui satisfait moins l'esprit au premier abord que la description de Sabin. Il sera bon que cés délicates recherches soient reprises par d'autres observateurs. IV.— ORGANES DE LA DIGESTION. $ 1. — Forme et développement des villosités intestinales. Fusari! a montré que, chez le fœtus humain, les villosités qui s'étendent aussi bien dans le gros intestin que dans l'intestin grêle subissent une régression vers la fin de la vie utérine et dispa- raissent. Il s’en reforme de nouvelles générations, mais exclusivement dans l'intestin grêle. Après que les premières villosités sont développées, le siège de la prolifération se localise exclusivement dans l’épithélium qui revêt le fond des infundibula. Par des divisions répétées, il s’y forme de nouveaux infundibula, el par suite de nouvelles crêtes et de nouvelles villosités. La forme même des villosités adultes n’est pas aussi simple et aussi indifférente qu'on le croirait. tout d'abord. Fusari observe que, chez l’homme, elle varie dans les différents segments de l’intes- tin. À l'extrémité inférieure de l’iléon, elles sont coniques ou filiformes, plus ou moins aplaties ; plus haut, elles tendent vers la forme triangulaire ou lamellaire. Dans la partie supérieure du jéju- num, elles commencent, de plus, à s'unir à la base par leurs bords, par groupes de deux, trois ou davantage, et forment ainsi des sortes de peignes. Ces peignes s'unissent à leur tour entre eux en réseau, et alteignent leur maximum de hauteur dans la première partie du duodénum. Fusari fait ces recherches en examinant surtout la muqueuse de face, à l’aide du microscope binoculaire.Il étu- die enfin d’autres Mammifères, etne peut retrouver, chez le Macaque, les villosités ramifiées signalées pa Rawitz. À la suite de ce travail, Bujard* (de Genève, élève d'Éternod) a eu l'idée de chercher si les diverses formes observées chez les différentes ! Fusari : Archives italiennes de Biologie, t. XLII, p. 63 et p.208 (1904). 3E. Busarn : Bibliographie anatomique, &. XIV, 1905, p. 236, et C. R. de l'Associat. des Analomistes, 1905 et 1906. | | espèces ne seraient pas en rapport avec le régime. alimentaire. Après avoirexaminé un certain nombre d'espèces de Mammifères (lapin, cobaye, rat, sou ris, marmotte, mouton, chat), et en tenant compte des variations d'ordre secondaire qui existent. entre les divers segments intestinaux, il croit pous voir conclure en faveur de son hypothèse. Che les herbivores et les frugivores, ce sont les villo- sités foliacées ou les crêtes qui dominent; che les omnivores, ce sont les villosités foliacées ; chez" les carnivores, les villosités digitiformes. L'intes® lin grêle étant particulièrement court ici, de longss appendices cylindroïdes seraient nécessaires à l'absorption. Enfin, fait important, chez le jeune, pendant la période d'allaitement où le régime est le même pour ces différentes espèces, la forme des villositées est la même aussi : elles sont toutes digis tiformes. Les Oiseaux carnivores, opposés aux gras nivores et aux omnivores, montrent des disposis tions analogues à celles des Mammifères. $ 2. — Vaisseaux et nerfs du pancréas. Pensa' vient de donner une monographie très complète sur ce sujet, non pas sur les troncs d’ori gine vasculaire et nerveux, mais sur la fine dis tribution de leurs ramifications. Il aexaminé trente: quatre espèces prises dans divers groupes d& Vertébrés, fait de nombreuses injections, et son Mémoire est accompagné de nombreuses planches qui le rendent très précieux. En ce qui concerne les vaisseaux, il s’est attaché particulièrement à leur mode de distribution dans les îlots de Langerhans, qui est une des principales particularités dans la vascularisation de la glande* H confirme les descriptions antérieures en ce qui concerne l'abondance et la largeur de ces capillaires et décrit leurs dispositions spéciales chez un cer” tain nombre d'espèces. « Bien qu'il présente des caractères spéciaux, conclut-il, le réseau des ilots est la continuation du réseau vasculaire du resté du pancréas. Dans la règle, ce sont des vaisseaux capillaires qui pénètrent dans leur intérieur » Pourtant, il a pu observer dans certains gros ilot la pénétration d'artérioles et la sortie de veinules« Les nerfs des ilots n'avaient encore été étudié que dans une simple Note, chez le Rat blane, pa Gentes*. Cetauteur avait pu pourtant se convainer qu'ils forment un fin réseau, encore plus riche ques celui du parenchyme exocrine. Pensa confirme et. généralise à tous les groupes de Vertébrés. Il exisb un plexus péri-insulaire el un plexus intra-insu laire à fines fibres variqueuses. Ils reçoivent leurs” | rameaux d'origine du plexus périvasculaire et du ? 1 PENSA Internationale Monatsschrift {ur Anatomie t. XXII, p. 90, 1905. 2 Gentes : C. R. de la Soc. de Biologie, 1902, p. 202: o E. LAGUESSE — REVUE ANNUELLE D'ANATOMIE | _plexus péri-acineux. Le second forme un lacis serré . autour des vaisseaux, mais pénètre aussi dans les ) | cordons épithéliaux pleins, entre les cellules. D'ail- leurs, d'après Pensa, dans le parenchyme exocrine lui-même, le plexus dit péri-acineux serait en par- tie intra-épithélial. La richesse toute particulière desilots en nerfs, « vraiment impressionnante » . chez l'Anguille, est encore une preuve en faveur de 4 leur importance fonctionnelle". V. — SYSTÈME NERVEUX ET ORGANES DES SENS. $ 1. — La musculature de l'iris. Nous avons déjà eu l’occasion de parler plusieurs fois, dans des revues antérieures (1901, 1904), de -cette musculature, de structure un peu spéciale et d'origine ectodermique. Grynfellt*, l’auteur qui a le plus fait pour élucider la question, l’étudie aujour- d'hui chez les Amphibiens, où l'existence d’un dila- tateur de la pupille est plus ou moins formellement niée, et celle du sphincter lui-même contestée. Il y retrouve pourtant ces deux muscles, toujours en rapports étroits de contiguité et de parenté avec l'épithélium, mais avec quelques particularités -eurieuses. Le sphincter est formé de cellules fusi- formes, essentiellement constituées de protoplasme granuleux et bourrées de pigment, avec seulement ‘une très mince écorce périphérique de fibrilles -contractiles lisses. Ce sont donc des myoblastes incomplets. De plus, si, chez les Mammifères et les Oiseaux, ces éléments musculaires se séparent bientôt, au cours du développement, de l’épithélium de l'iris dont ils tirent leur origine, chez les Amphi- biens, les plus internes d'entre eux restent pendant toute la vie inclus à l’état épars en plein épithé- linm, el ne cessent, par conséquent, de faire partie du bord de la cupule optique. Le dilatateur de la pupille est représenté, comme chez les Mammifères, par une formation myo-épithéliale, c’est-à-dire par une couche très mince de fibrilles contractiles développées dans la profondeur même du feuillet antérieur de l’épithélium pigmenté de l'iris. $ 2. — Les terminaisons ou expansions nerveuses de la peau. Depuis quelques années, de nombreuses recher- ches, faites surtout à l’aide du chlorure d'or et du bleu de méthylène, ont mis en évidence une foule de faits nouveaux sur la morphologie des lerminai- sons nerveuses sensibles, et particulièrement des terminaisons cutanées; de nouvelles formes ont été ! Pour plus de détails sur ce sujet et sur la structure du pancréas en général, nous renvoyons à notre double fasci- cule Pancréas de la Revue géncrale d'Histologie de Renaut et Regaud, 1905-1906. 2 GRYNFELLT: Association des Anatomistes, 1906, et Biblio- graphie anatomique, t. XV, 1906, p. 177. 1067 découvertes, la structure des anciennes autrement comprise. Parmi les auteurs qui ont le plus con- tribué récemment à ces progrès, nous citerons Ruffini ‘et Dogiel *, puis Crevatin *, Sfameni , Leon- towitsch *, Retzius”. Une revue critique d'ensemble manquait encore : Ruffini vient de nous la donner (1905); c'est elle qui va nous servir de guide. D'une façon générale, les expansions nerveuses * de la peau de l’homme (tissu conjonctif sous- cutané compris) sont beaucoup plus abondantes qu'on ne l'a cru d'abord, et l’on peut distinguer trois niveaux superposés où elles abondent : le premier est le tissu conjonctif sous-cutané (panni- cule adipeux surtout), le second est la partie super- ficielle du derme (régions papillaire et sous-papil- laire), le troisième le corps muqueux de Malpighi de l’épiderme. La couche profonde du derme ou couche réticulaire, c'est-à-dire sa couche fonda- mentale au point de vue de la résistance, est, au contraire, complètement dépourvue de terminaisons pour Ruffini. Dogiel y place un certain nombre de petites terminaisons arboriformes. En mettant à part cette couche, il y a, dans les trois autres ni- veaux, une telle abondance d’expansions nerveuses que l’on peut véritablement parler de trois nappes sensibles superposées. La plus développée (par le nombre des fibres et des corpuscules clos ou des expansions libres) est, au niveau des régions les plus sensibles (pulpe des doigts), la couche super- ficielle du derme, avec ses papilles, On distinguait autrefois celles-ci en papilles vasculaires et papilles tactiles. Cette distinction n'a plus raison d'êlre : toutes les papilles contiennent à la fois des vais- seaux et des nerfs, comme l’a montré Ruffini lui- même. Les expansions nerveuses de la peau sont de deux sortes : les unes closes ou corpuscules, les autres libres ou ouvertes, c’est-à-dire absolument dépourvues d'enveloppes. Les formes nouvelles de 1 Angelo Rureini ; Nombreux travaux de 1891 à 1905 en Anpuario di Univ. di Bologna. — Mem. del Accad. dei Lincei. — Monitore zoologico. — Ricerch. nel Laborat. di Anat. d. R. Univ. di Roma. — Atti del R. Accad. dei Fisiocritici in Siena. — Résumés en : Les expansions ner- veuses de la peau chez l'homme... in Æevue générale d'His- tologie de Renaut et Regaud, t. I, fase. 3, 1905. 2 Docrez : Archiv für mik. Anat., t. XLI et XLIV. — Internation. Monatsschrift für Anat., t. IX. — Zeitschrift für wiss. Zool., t. LXXV, 1903. 8 CREVATIN : Accad. d. Se. di Bologna, 1899 et 1900. # S. SFAMENI : Men. de R. Accad. de Torino (1900). — Arch. di Fisiologia, 1904. 5 LEONTOWITSCH : t. XVIII, 1901. Internationale Monatssch. f. Anat., 8 Rerzius : Biolog. Untersuchungen, N.F., t. VIII, 1898. 7 Rurrinr préfère ce mot à celui de terminaison, parce qu'il ne préjuge rien en ce qui concerne les relalions entre elles des fibres nerveuses, a:tuellement en discussion, et parce que, d'autre part, l'analyse fait disparaitre de plus en plus les renflements vraiment terminaux. 1068 E. LAGUESSE — REVUE ANNUELLE D'ANATOMIE corpuscules sont les corpuscules ou organes de Ruflini et les corpuscules de Golgi-Mazzoni. Parmi les expansions libres nouvelles, citons le réseau -amyélinique sous-papillaire, les floccules papil- laires, les expansions en anses entortillées, les pelotons libres, les réticules périvasculaires. Les corpuscules ou organes de Ruffini ont été découverts par cet auteur en 1891, et étudiés en détail depuis par lui-même, par Sfameni, Crevatin et Dogiel. Ils siègent dans le pannicule adipeux sous-cutané, et de préférence vers la superficie, « nichés » dans l'épaisseur des sepfa conjonctifs interposés entre les lobules adipeux. Généralement fusiformes, ils possèdent une capsule lamelleuse, expansion de la gaine de Henle; mais ses lamelles sont si peu abondantes {4 à 5),si minces et si étroi- tement accolées, que cette capsule est difficile à voir el niée par Dogiel. La capsule est remplie par un tissu de soutien ou fuseau de soutien, constitué de tissu conjonctif fibrillaire avec nombreuses fibres élastiques, qui s'échappent en éventail à l’extré- mité; les cellules abondent aussi. Le corpuseule est abordé, généralement en des points quelcon- ques, par plusieurs grosses fibres à myéline pro- venant de la division d'une seule. A l'entrée, cha- cune subit un dernier étranglement (étranglement préterminal), perd sa myéline et sa gaine de Schwann ; son cylindre-axe se divise en d'innom- brables rameaux gréles, tortueux, enchevêtrés et anaslomosés, qui se répandent dans toute l'épais- seur du fuseau de soutien en formant un réseau inextricable et continu, couvert de grosses varico- sités épineuses de tailles très variées. C'est une des expansions les plus riches que l'on connaisse. Dogiel et Crevatin ont décrit des variétés ou modalités différentes dérivées de celles-ci, sous le nom d’arbuscules où terminaisons arboriformes (Dogiel), ou sous celui de plaques nerveuses cuta- nées et d’entrelacs nerveux (Crevatin). Ruffini y voit de simples variations sans grande importance. Pourtant, dans certaines formes, il reconnait que l'expansion se complique et se ramasse encore davantage, tandis que la capsule et le lissu de sou- tien ont tendance à disparaitre. Ruffini a désigné sous le nom de corpuscules de Golgi-Mazzoni d'autres petits organes découverts par Golgi dans ke périmysium, étudiés surtout par | Mazzoni, et qu'il a retrouvés lui-même dans le tissu conjonctif sous-cutané. Il montre que c’est une variété de corpuscules de Pacini, à gaine la- melleuse bien nelte, mais très petits, microsco- piques, globuleux ou piriformes, caractérisés sur- tout par leur massue centrale, elle-même arrondie et très grosse relativement au volume total, et par leur fibre nerveuse centrale, qui, au lieu de rester unique et peu divisée, s'épanouit en un grand nombre de ramifications, gagnant par un trajets tortueux, mais sans s'empelotonner, le pôle upposé à celui d'entrée. Celles-ci sont pourvues, en outre, d'un très grand nombre de varicosités, générale-… ment très grosses, épineuses ou anguleuses, les épines étant souvent reliées de l’une à l’autre par des filaments très grêles. L Les formes bien connues depuis longtemps, cor- pusceules de Pacini et de Meissner, ont été soumises à une analyse plus minutieuse, et sur bien des points les anciennes données ont été modifiées ou attaquées. Pour tous ces organes, d'une facon générale, on a d'abord été tenté d'augmenter con- sidérablement le nombre des formes et des variétés. Ruffini montre qu'il faut se garder de cette ten dance. La variabilité de forme et de taille est. infinie, et échappe à toute classification; de plus, outre des variétés différentes, on trouve, en cher-. chant quelque peu, toute une série d'intermédiaires. L'auteur italien accepte ou donne donc très peu de noms nouveaux : celui de corpuscules de Golgi- Mazzoni, dont nous venons de parler, celui de corpuscules de Dogiel pour certains corpuscules de- Meissner, dont la fibre s'échappe à l'extrémité pour. aller constituer une expansion libre remplissant tout le sommet de la papille. En second lieu, on a successivement mis en évi— dence, dans tous ces corpuscules,une seconde expan- sion périphérique toute parliculière, décrite en 1895: par Timofeew dans les corpuscules de Pacini, et: qu'on appelle pour cette raison : appareil nerveux de Timofeew. Cette expansion est fournie par une- ou plusieurs fibres bien plus grêles que la prinei- pale, {généralement amyéliniques ou pourvues de- très peu de myéline, qui peuvent aborder le corpus- cule soit aux côtés de la principale (e. de Pacini),. soit en un point quelconque (c. de Meissner).-Elles- se résolvent en une expansion formée de filaments. minces et assez finement variqueux, anastomosés, qui entoure généralement le tissu de soutien ou la massue centrale sans y pénétrer, ou en n'y en- voyant que peu de rameaux. Celte expansion parait généralement rester indépendante de la grosse expansion centrale, mais on ne saurait l'affirmer ; pourtant, il arrive très fréquemment que l’une seulement des deux soit imprégnée; elles le sont rarement toutes deux ensemble. On tend à ratta- cher cette expansion grêle périphérique au grand: sympathique. Il y a quelque chose d’analogue jusque dans les corpuscules de Ruffini. En troisième lieu, Ruffini affirme partout, dans- les corpuscules clos, l'existence d'une capsule lamel- laire plus ou moins nette, en continuité avec la gaine de Henle. Dans les gros corpuscules de Meissner, elle tendrait seulement à se réduire, remplacée en majeure partie par une condensation diffuse du . E. LAGUESSE — REVUE ANNUELLE D'ANATOMIE 1069: tissu conjonctif environnant qui formerait une seconde enveloppe. En quatrième lieu, si la forme de l'expansion nerveuse reste ce qu'elle était dans les organes de Pacini, fibre simple axiale (rarement multiple) avec un renflement terminal, elle se modifie assez pro- fondément à l'analyse dans les organes de Meissner, comme l’ont montré d'abord Dogiel et Ruffini. On sait que, d'après la description classique, l’expan- sion serait. formée de disques tactiles terminaux empilés, plus ou moins analogues chacun au disque unique des corpuscules de Grandry du bec des oiseaux, et séparés par des cellules de soutien en coussinet comparables aux deux cellules en cous- sinet des mêmes corpuscules. Or, si l’on examine, après coloration bien complète, les petits et rares corpuscules de Meissner composés d’un seul lobe (corpuscules monolobaires), on s'aperçoit que la dis- position est tout autre. La fibre, après avoir traversé la capsule, se résout en une arborisation en peloton réticulaire, c'est-à-dire qu’elle forme un cordon continu, tortueux, assez ramifié, mais dont les branches s'anastomosent par des filaments grêles, sans aucune terminaison libre. Cette expansion en réseau porle un très grand nombre de varicosités qui en représentent les points nodaux. On trouve, dans les corpuscules composés, des lobes plus ou moins indépendants qui présentent la même dispo- sition. Dans les corpuscules composés à lobes serrés, au contraire, « la fibre commence à décrire une large série d'enroulements hélico-spiraux », qui forment comme la trame plus grossière de l'expansion, et qui masquent les autres détails : d'où la persistance de l'impression de disques empilés tournant en spirale. Mais, si l'on écrase légèrement le corpus- cule, de façon à faire glisser l’un sur l’autre les tours de spire, et à les voir de trois quarts et non plus de profil, on retrouve la même disposition que dans les corpuscules monolobaires, c’est-à-dire une expan- sion en peloton réticulaire. En pratiquant des coupes transversales du corpuscule, Ruffini arrive encore au même résultat, et montre combien fut erronée la conception de Merkel, qui placçait à la périphérie ses renflements terminaux : l'expansion, très riche, traverse, en effet, de son réseau pelotonné toute l'épaisseur du tissu de soutien central. L'auteur italien en conclut que les corpuscules monolobaires représentent la forme primilive; c'est en se rap- prochant que les divers lobes des corpuscules composés se sont tassés selon l’axe, et que l’expan- sion comprimée a pris la disposition hélico-spirale et l’aspect de disques superposés. Il faudrait donc abandonner complètement le schéma qui rattache les corpuscules de Meissner aux corpuscules de Grandry. Ceux-ci, d’ailleurs, représentent une forme d'expansion très spécialisée, localisée dans certains organes bien déterminés (bec, langue), dans un groupe zoologique hautement spécialisé lui aussi; et il est infiniment peu probable qu'au point de vue phylogénétique ils puissent représenter une forme primitive dont dériveraient les corpuscules de Meissner. On ne peut que souscrire à la plupart de ces conclusions. Il reste encore une question bien controversée, celle du tissu de soutien, amas granuleux ou massue centrale, qu'on retrouve dans toules les formes de corpuscules dont nous venons de parler, et qui sert de soutien à l'expansion nerveuse. Dans la théorie classique, on décrivait ce tissu comme une masse protoplasmique granuleuse parsemée de nombreux noyaux, et d'aueuns lui altribuaient la signification d'une cellule nerveuse. Dogiel, par sa méthode de coloration au bleu de méthylène, ne met en évi- dence qu'une masse homogène sans noyaux : il n'admet donc point de tissu de soutien, mais une cavité remplie de lymphe interstitielle. Mais l'exis- tence des noyaux est trop certaine, après emploi de toutes les autres méthodes, pour que cette théorie puisse triompher. Sfameni, d'autre part, reprend la conception de Merkel, à savoir que, dans la plu- part des terminaisons libres ou corpusculaires, chaque fibre nerveuse se continuerait à l'extrémité avec une véritable cellule nerveuse tactile (les cel- lules claires périphériques des corpuscules de Meissner par exemple). Il rajeunit cette théorie, et la généralise à tous les corpuseules clos : tous les noyaux que l'on aperçoit dans le tissu de soutien appartiendraient à de tels éléments. Mais c’est là unc hypothèse qui est loin d'être démontrée, car les cellules de soutien ne se colorent ou ne s'im- prègnent généralement pas comme les fibres ner- veuses, et l’on n’a jamais pu montrer bien nette- ment leur continuité avec ces dernières. Ruffini propose une autre explication, très applicable à tout le moins aux corpuscules qui portent son nom, où la présence de fibres élastiques dans le tissu de soutien serait de toute évidence. Pour lui, ce tissu n’est autre chose que du tissu conjonctif fibrillaire riche eu cellules, et parfois riche en fibres élas- tiques. Ce serait l'expansion d’une gaine spéciale, qu'il décrit à la fibre nerveuse sensible, entre la gaine de Schwann et la gaine de Henle,sous le nom de gaine subsidiaire. Ü croit même pouvoir établir cette loi que, «en règle générale, dans tous les or- ganes nerveux périphériques, le lissu sur lequel s'appuie l'expansion nerveuse est une dépendance du tissu même dans lequel l'organe est situé ». C'est là une conception très intéressante, et qui mérite d'être prise en sérieuse considération. Pourtant, il faut reconnaitre que Ruffini la généralise peut-être un peu vite à tous les corpuscules, sans donner par- tout des preuves suffisantes. Enfin, s'il s'agit bien 1070 E. LAGUESSE — REVUE ANNUELLE D’ANATOMIE de tissu conjonctif, il semble que ce tissu ne soit pas partout nettement fibrillaire, et qu'il présente des modifications, des modalités spéciales qu'il sera bon d'étudier en détail. Jusqu'à présent, l’at- tention, comme cela était bien naturel, s'est beau- coup plus portée sur l'expansion nerveuse elle- même et sur les moyens de la mettre en évidence, que sur les parties accessoires, et il sera nécessaire de revenir à celles-ci. Les expansions libres, comme nous l'avons déjà indiqué, se trouvent dans les couches papillaire et sous-papillaire du derme, que nous pourrons rap- procher plus que ne le fait Ruffini, la première n'étant en somme qu'un accident de surface de la seconde, avec multiplication considérable du nom- bre et de la variété des expansions. En premier lieu, il faut placer ici le réseau amyélinique sous- papillaire de Ruffini, dénommé par lui, étudié ensuite par Sfameni, Crevatin, Dogiel. Il est formé de fibres à myéline, qui, partant du plexus nerveux superficiel (intradermique), se dirigent très obli- quement vers la surface, perdentleur myéline, et se résolvent en un réseau à mailles larges et irrégu- lières, où viennent se perdre plus loin sans cesse de nouvelles fibres, réseau doué d’une étendue con- sidérable, aussi vaste que la peau elle-même. De là des rameaux pénètrent dans les papilles pour former une partie des floccules papillaires, ou des expansions en anses entortillées qui décrivent une série de volutes tortueuses autour de l’anse ca- pillaire qu'eiles coiffent parfois en capuchon, ou des pelotons libres (pelotons nerveux non encapsulés de Dogiel, ou corbeilles nerveuses de Crevatin}, ou enfin des réticules péri-vasculaires enserrant les capillaires, et probablement plutôt vasaux que sen- sitifs. Toutes ces modalités d’expansions libres peuvent être, croyons-nous, considérées comme des portions spécialisées et plus hautement différen- ciées du réseau amyélinique superficiel avec lequel elles communiquent largement. Mais, si une partie de ces fibres libres des papilles provient du réseau amyélinique, une autre monte directement du plexus superficiel et ne perd sa myéline qu'au voi- sinage de l'expansion. On sait que, dans l'épiderme même, on trouve encore deux sortes de terminaisons nerveuses : les terminaisons libres et les terminaisons hédéri- formes. Les premières forment le réseau de Lan- gerhans, qui chemine entre les cellules du corps muqueux de Malpighi, et vient se terminer par de petits boutons immédiatement au-dessous du stralum granulosum, qu'il ne pénètre pas. Contrai- rement à ce qu’on croyait, Dogiel a montré que la plupart de ses fibres d’origine proviennent des papilles mêmes, ou, plus exactement, des fibres libres des papilles. La signification des points nodaux triangulaires qui existent sur ce réseau, connus sous le nom de cellules de Langerhans, et considérés par cet auteur comme de véritables cel- lules nerveuses, par Ranvier comme des leucocytes, reste toujours douteuse. Retzius, Ruffini en font des cellules conjonctives étoilées de soutien péné- trant avec les fibres nerveuses. Les expansions hédérilormes ont conservé la place qui leur avait été assignée : elles rampent dans les crêtes épithé- liales qui s'enfoncent entre les bases des papilles, et s'épanouissent entre les cellules des assises pro- fondes du corps muqueux de Malpighi à la façon d’un rameau de lierre. Mais, ici encore, il a fallu modifier l’idée classique. Chacun des ménisques tactiles terminaux (Merkel), que l’on croyait taillé d'une seule pièce en forme de coupe, autour de l'hémisphère inférieur d’une cellule épithéliale te globuleuse, se décompose, en effet, comme l'a montré Dogiel, en un entrelacs de ramuscules très fins et variqueux, formant une véritable corbeille : ce sont les paniers intra-épithéliaux de Dogiel. IL est bon de remarquer pourtant que les fibrilles en restent reliées par une substance inter-fibrillaire. M Les divers paniers sont unis entre eux par des anastomoses. Les auteurs dont nous venons de parler ont surtout étudié les régions particulièrement tactiles de la peau, la paume de la main, la pulpe des doigts. L'étude des autres régions réservait des surprises. À peine, en effet, ce lableau d'ensemble était-il établi, qu'un autre auteur, Pinkus”, trouvait chez l'homme un nouvel appareil sensitif cutané, qui ne parait pas moins important au point de vue de sa fonction actuelle qu'au point de vue phylo- génétique : c'est le disque du poil ou disque juxta- pileux (Haarscheibe). Presque dans toutes les régions de la peau, chez l’homme, on trouve ces disques annexés, sinon à tous les poils, du moins à un grand nombre de ces petits organes. Ce sont de petites élevures en forme de macarons, larges de 1/2 à 1 millimètre, à surface lisse, bien marquées chez certains sujets seulement, plus chez l'homme que chez la femme, et particulièrement bien chez les Européens un peu pigmentés (bras, ventre, nuque), où ils se détachent en clair parce que le pigment fait presque complètement défaut à leur niveau. Ils siègent contre le poil même, dans l'angle aigu (sinus) qu'il forme avec la surface libre de la peau, et par conséquent aussi dans l'espace sous-lendu profondément par le muscle horripilateur. Ils sont constitués par une petite élevure du derme, porteuse elle-même de papilles peu marquées, nettement cernée à la périphérie et comme étranglée à sa base par un sillon assez { Pnkus : Archiv für mik. Anatomie, t. LXV, 1905, p. 121. ge Penn De de RL profond où s'enfonce une saillie annulaire oblique- ment pénétrante du corps muqueux de Malpighi, pour former une sorte de rempart marginal (Rand- wall). Dans le territoire ainsi limité, l'épiderme lui-même est épaissi et densifié dans toutes ses couches, et son assise inférieure est constituée de cellules prismatiques particulièrement élevées. Un faisceau de quatre à six grosses fibres à myéline, après avoir fourni aux gaines du poil, aborde obli- quement le milieu du disque, et se divise en un grand nombre de rameaux, formant un entrelace- ment qui apparaît d'autant plus riche que le terri- toire voisin est relativement pauvre en nerfs. Les expansions terminales sont en partie dermiques, et nous paraissent, d'après la description un peu confuse de l'auteur, pouvoir être considérées comme des modalités du plexus am yélinique super- ficiel, — en partie intra-épithéliales. Pinkus retrouve ces disques sous des formes un peu différentes chez des Mammifères de tous ordres, et il est amené à les rapprocher des faches tactiles (Tastflecken) des Reptiles et des Amphi- biens, qui sont annexées à un point fixe de l'écaille des premiers. Jusque chez l’homme, il trouve, de l’autre côté du poil, dans l'angle obtus qu'il forme avec la surface cutanée, un petit champ lisse, net- tement limilé, qu’il se croit autorisé à considérer comme un rudiment d'écaille, et qui est une véri- table écaille chez certains Mammifères. C'est d'ailleurs chez les Mammifères inférieurs (Mono- trèmes) que les disques sont le plus développés. Ils doivent donc représenter une disposition ancestrale. Mais c’est le territoire du poil tout entier (Haar- bezirk), conslitué par l’écaille d’un côté, le disque de l’autre, qui correspondrait à l’écaille des Rep- tiles. Le poil lui-même n'aurait pas d’homologue dans l’écaille des Reptiles, serait une acquisition secondaire, et la papille du poil ne serait pas com- parable à celle de l’écaille. VI. — ORGANES DE L'EXCRÉTION. — LES NOUVELLES RECHERCHES SUR LE TUBE URINIFÈRE OU URINAIRE. Bien que la question reste encore largement ouverte, les années qui viennent de s'écouler nous ont apporté sur le tube urinifère ou urinaire‘, sur sa structure, sur le mode de fonctionnemeni de la cellule rénale, toute une série de recherches qui éclairent d'un jour nouveau l'hislologie et l'histo- physiologie du rein. Nous allons les passer rapi- dement en revue. 1. Développement. — Quelques mots d'abord sur ? Plusieurs auteurs, partisans de l'activité sécrétoire des épithéliums du tube, préfèrent cette dernière expression à celle de tube urinifère, qui semble indiquer un rôle passif. E. LAGUESSE — REVUE ANNUELLE D'ANATOMIE 1071 la question controversée du développement. On sait que les auteurs se partagent en deux groupes. Les uns font dériver l'ensemble des tubes urini- fères, dans toute leur longueur, du bourgeon épi- thélial de l’uretère, diverticule lui-même de la portion inférieure du canal de Wolf, et qui méri- terait ainsi le nom de bourgeon du rein. Les autres (depuis Kupffer, 1865, Balfour, 1876, etc.) assignent aux formations canaliculaires qui constituent le rein permanent une double origine : les canaux col- lecteurs seuls (tubes droits ou de Bellini, ete.) naïîtraient du bourgeon de l'uretère et représen- teraient les extrémités, d'abord closes en cæcums, de ses ramifications secondaires ; le reste du tube urinaire se conslituerait sur place aux dépens d'une masse de tissu embryonnaire d’abord indis- tincte du mésenchyme primitif (tissu métanéphro- génétique), et s'ouvrirait secondairement dans ces tubes collecteurs. Bien que cette dernière théorie soit la plus complexe et la moins séduisante, elle a chaque jour gagné du terrain dans ces dernières années, grâce particulièrement aux travaux de Emery, de Riede, de Chiewitz, de Ribbert (1889), de Herring (1900), de Haug (1903), de Keibel (1903), de Félix (1904). Elle semble recevoir sa consécra- tion définitive avec Schreiner (1902)', Stœrke (1904)* et Huber (1905)°. Lies deux derniers apportent des documents nouveaux, en ce sens qu'ils ont largement employé la méthode des reconslitutions plastiques en cire après coupe en série (Born). Le travail de Huber, notamment, qui est le dernier en date, est illustré d'assez nom- breuses figures dessinées d'après ces reconstruc- tions, chez le chat, le lapin et l'homme, pour ne guère laisser de doutes sur l’origine et le mode d'évolution du tube urinifère. Cet auteur montre l'ampoule terminale de chacun des tubes collecteurs coiffée d'un chapeau de tissu embryonnaire plus dense, formé par la zone interne du tissu métané- phrogénétique. La paroi distale de l’ampoule pri- maire s'aplatit et se divise en deux bourgeons latéraux ; l'extrémité de chacun d'eux se dilate en une ampoule secondaire, destinée à subir plusieurs divisions successives analogues. Le chapeau de tissu métanéphrogénétique s’est également divisé par étirement, chaque bourgeon (bientôt ampoule secondaire) en emportant une calotte. La portion proximale de cette calotte, qui est comme pendue au-dessous de l’ampoule secondaire, s’ordonne en un bourgeon de mieux en mieux limité, qui se sépare du reste, et dont les éléments se disposent 1 SCHREINER : Zeitschrift für wiss. Zool., t. LXXI, 1902. ? SroerkE : Anatomische Hefte, 1904. 3 C. Huser : On the development and shape of uriniferous tubules.… American Journal of Anatomy, vol. IV, 1905. Supplément, p. 1. 1072 E. LAGUESSE -— REVUE ANNUELLE D'ANATOMIE en deux rangées bien régulières de cellules épithé- liales, entre lesquelles apparait une fine lumière : : c'est la vésicule rénale d'Emery, déjà bien vue par cet observaleur et plusieurs des suivants. Son indépendance, disent Stœrke et Huber, estalors de toule évidence. Secondairement, elle prend la forme d'une $S qui serait pendue à l'ampoule termi- nale par son crochet supérieur, et bientôt elle s'y ouvre à plein canal. La formation en S est l’origine de tout le tube urinifère proprement dit (c'est-à-dire canal collec- teur exclu). Son crochet inférieur s'élargit et s’aplatit en forme de cuiller. C’est dans cette cuiller que se glisse secondairement le peloton vasculaire pour former le glomérule. Puis, la formation en $, ne cessant de croître, perd sa forme première en se recourbant en de nouvelles circonvolutions, de façon à constituer bientôt un véritable peloton, de plus en plus serré et de plus en plus complexe, dont l'une des anses se dirige vers le hile du rein pour former l'anse de Henle. Comme l'a déjà montré Golgi (1889), l'allongement porte presque exclusivement sur la moitié inférieure de l’S, immé- diatement en avant du glomérule ; et un point qui représentait à peu près le milieu du jambage supé- rieur reste toujours (jusque chez l'adulte) au con- tact ou presque au contact de la capsule gloméru- laire. Dans ses reconstructions, Huber suit pas à pas cet allongement et cette différenciation. Il peut ainsi donner du tube adulte (homme) un schéma beaucoup plus exact que les précédents. Chaque tube urinifère ne cesse de former un peloton dis- tinct des voisins, el dont le glomérule occupe la partie inféro-externe (relativement à l'axe du tube collecteur); l’anse de Henle y est directement appendue; le segment intermédiaire (Schaltstück) sort du milieu du peloton. Des recherches d’embryologie comparée dues principalement à Brauer' et à Schreiner?, et résu- mées dans une bonne revue d'ensemble de Walter Félix®, donnent en quelque sorte l'explication phy- logénétique de la dualité d'origine des tubes du rein permanent. On sait que, chez les Vertébrés supérieurs, il existe de chaque côté de la ligne médiane une masse très allongée de tissu embryon- paire qu'on eut appelé autrefois le blastème rénal, qu'on nomme aujourd'hui le lissu néphrogène ou néphrogénétique. Aux dépens de cette masse s'in- dividualisent successivement, d'avant en arrière, les tubes du corps de Wolf ou rein primitif (méso- 1 BrauER : Zool. Jahrb., t. XVI, 1902. ? SCHREINER : Zeitschr. fur wiss. Zool., t. LXXI, 1902. # W. Feux : Entwicklungsgeschichte der Excretionssy- stems (1888 à 1904), in Ærgebnisse der Anatomie, t. XII, 190% (Litt.-1903), p. 592. — Ce travail donne surtout, en outre, un exposé très complet du développement et de l'évolution du Pronéphros dans la série des Vertébrés. + néphros), puis ceux du rein permanent {méta- néphros). Or, jusque dans ie mésonéphros, on a pu trouver par places un système collecteur se déve- loppant indépendamment des tubes urinaires pro- prement dits. Ainsi, chez l'Aypogeophis (Amphi- bien apode), Brauer montré qu'au niveau de cha- que segment mélamérique du corps se forment, au sein du tissu néphrogène, plusieurs générations successives de canalicules du corps de Wolf. Les primaires viennent se mettre directement en rap- port avec le canal de Wolf. Mais les secondaires restent un certain temps borgnes, et pour chacun d'eux se développe un diverticule creux du canal de Wolf, qui vient s’aboucher avec lui à son extré- mité. Ces diverticules sont, par conséquent, des sortes d’uretères du rein primitif. Schreiner dé- crit un processus analogue chez les Oiseaux. Chez les Mammifères, la faculté qu'a le tissu néphro- gène d’engendrer des canalicules secondaires se limite aux derniers segments, et c'est par consé- quent dans ceux-là seuls que nous voyons se for- mer des uretères, c'est-à-dire des diverlicules laté- raux provenant du canal de Wolf. Mais, comme le tissu néphrogène des derniers segments est exclu= sivement mélanéphrogénétique, c'est-à-dire exclu- sivement réservé à l'édification du métanéphros ou rein permanent, les uretères se limitent aussi au territoire de ce rein, de telle façon qu'il n'existe pas, chez les Mammifères, d’uretères se rendant au rein primitif, mais seulement un uretère du rein définitif. 2. Structure du tube urinaire. — La structure du tube chez l'adulte a fait l’objet de nombreux travaux, parmi lesquels nous citerons tout d’abord ceux de Sauer', Renaut”, Disse*, Regaud et Poli- card’, Benda°, Rathery°, Tribondeau’, Joseph”, Retterer”, Policard et Mawas”. De tous ces travaux, comme des recherches anté- 1 SAUER : Archiv für mik. Anal., t. XLVI, 4895, et t. LUI, 1899. ? Renaur : Traité d'Hislologie, 1899, et Bulletin Acad. Médecine, Paris, 1903. % Disse : Harnorgane, in Æ/andbuch der Anatomie de K. von Bardeleben, 1902. * Recaup et Poricann,: Recherches sur la structure du rein de quelques Ophidiens. Arch. d'Anat. microse., t. VI, 1903. — Etude sur le tube urinaire de la Lamproie. C. R. de l'As- sociation des Anatomistes. Montpellier, 1902. ® Bexpa : Mitochondria des Nierenepithels. Verhandl. der Anat. Gesellsch., Heidelberg, 1903. 5 Raraery : Le tube contourné du rein. Thèse méd. Paris, 1905, et Arch. de path. ext. 7 TrisoxoEau : Plusieurs notes à la Soc. de Biol. Paris) et à la Soc. Linéenne (Bordeaux), sur le rein des Ophidiens et des Chéloniens, 1901 à 4904. “ Josern : Zentralkôrper der Nierenzelle. Verhandil. der anal. Gesell. Genf., 1905. ” ® RETTERER : C. R. de la Soc. de Biol., 1906, et Associat. des Anat., 1906. 10 PoricarD et Mawas : Associat, des Anat., 1906. | | . 1 , ] | À E. LAGUESSE — REVUE ANNUELLE D'ANATOMIE 1073 rieures, il résulte d'abord que le tube urinaire, malgré ses variations, présente un certain nombre de caractères communs chez la majeure partie des Vertébrés des différentes classes. Ainsi, c'est tout à fait exceptionnellement que Huot signale lab- sence des glomérules de Malpighi dans le rein des Poissons Lophobranches. A peu près partout, comme le fait remarquer Vignon* dans une revue antérieure, on trouve un segment sécréteur à bor- dure en brosse faisamt plus ou moins immédiate- ment suile au glomérule, et, au delà, une partie rétrécie à épithélium différent, qui, chez les Oiseaux et les Mammifères seulement, forme une véritable anse de Henle. On voit souvent réapparaître ensuite un nouveau segment large et plus ou moins con- tourné. Chez quelques animaux, pourtant, on peuttrouver des parties surajoutées. Une des plus curieuses est, chez les Ophidiens, le segment, si renflé chez le mâle, plus mince chez la femelle, bien décrit déjà par Tribondeau et même antérieurement, mais dont Regaud et Policard ont les premiers montré la différence de structure dans les deux sexes, et | qu'ils appellent pour cette raison le segment sexuel. Il a chez le mâle une sécrétion particulière, granu- leuse {cellules géantes de R. Heidenbain), proba- blement utilisée dans les fonctions génitales (par les spermatozoïdes dans le cloaque). On se rappelle que Mæbius a décrit en 1885, dans le rein de l'épi- noche,une modification sexuelle analogue liée à la nidification. De même, Borcea* montre que, chez les Sélaciens, la partie antérieure du rein sécrète un liquide blanchâtre qui serait nourricier pour les spermatozoïdes. D’autres parties du tube peuvent être ciliées. On en connait depuis longtemps chez les Amphibiens. Renaut, Tribondeau les ont observées chez les Cyclostomes, chez les Ophidiens. Mais c'est surtout | Regaud et Policard qui les ont récemment étudiées avec soin dans ces deux groupes. Chez la lamproie, le segment cilié est rétréei et fait suite au glomé- rule; chez les Ophidiens, outre un segment cilié inilial analogue au collet, on retrouve un deuxième groupe ciliaire à l'origine du segment grèle, sans compter des éléments disséminés épars entre ces deux points. Chez tous ces animaux, il s’agit de longs cils composés ou flammes vibratiles, qui, chez les Ophidiens particulièrement, se continuent au loin en spirale dans la lumière et dans le sens du cou- rant. Sur le pôle libre de la cellule existe une zone circulaire bien limitée, comme sablée de corpus- cules basaux, de chacun desquels part un miuce filament ciliaire. Ces filaments restent soudés entre 4 Huor : Ann. des Se. nat. Zool., 1902 et Thèse sciences. ? Vicxox : Année Biologique, t. IL, 1897, p. 281. 3 Borcea : C. R. Acad. Sciences, Paris, 1904. eux et se rassemblent en cône d'émergence, puis en une longue, étroite et épaisse lanière, qui repré- sente le cil composé. Les auteurs lyonnais ont pu vérifier sur les tubes fraîchement dissociés le mou- vement hélicoïdal régulier et synchrone de ces cils, qui « dessinent une hélice mouvante d’une admi- rable régularité ». Ils créent un courant bien net s'éloignant du glomérule, ef aidant évidemment à la propulsion de l'urine. Chez la lamproie, dont le tube urinaire est aplati à ce niveau, les cils com- posés s’accolent à leur tour en un large faisceau vibratile, ne formant qu'une seule et large lame vibrante transversale. Sur le glomérule de Malphighi, nous n'apprenons presque rien de nouveau, si ce n'est son absence, plus haut signalée, dans un groupe limité (Lopho- branches, d’après Huot), ou encore la présence de glomérules doubles, bifides, fréquents d'après Beer‘ dans le rein humain. Tribondeau, Regaud et Poli- card confirment, en ce qui concerne les Ophidiens, l'existence dans le glomérule d’une masse conjonc- tive centrale, à la surface de laquelle ur seul capil- laire décrit ses flexuosités, recouvert par un revéle- ment syneylial d'aspect tout différent, dont le proto- plasme et les noyaux s'amassent de préférence dans les sillons*. Le tube contourné nous arrêtera davantage: c’est là que sont les problèmes les plus intéressants à résoudre, c'est là que s’est surtout porté l'effort des observateurs. Signalons d'abord au passage le travail de Rühle (1897)°, qui, reprenant une opinion antérieure de Mall(1891), montre que la membrane propre de ce tube est essentiellement formée d'un réseau de fines fibrilles. Pour ces deux auteurs, ce n'est donc pas une véritable membrana propria, mais seulement la dernière assise fibrillaire du tissu interstitiel. Il est permis de trouver, avec Disse, qu'ils vont un peu trop loin, puisque cette couche résiste à la macération dans les acides minéraux forts, qui détruisent le tissu interstitiel, et, avec Vignon, qu'ils n'ont pas prouvé l'absence d'une substance cimentante amorphe entre les fibrilles. 3. Cellule rénale. Les stries basales. — Mais arrivons à l’épithélium. Tous les auteurs sont d'accord sur sa fragilité et la difficulté de bien le fixer : aussi les divergences commencent-elles dès qu'il s’agit d'interpréter les dispositions que mon- 1 Bger : Zeitschrift für Heilkunde, t. XXIV, 1903. 2 Les auteurs lyonnais ne prononcent pas ici le mot épi- thélium. De même que Disse, nous croyons qu'on ne peut guère douter que le mince revêtement du glomérule ne soit d'origine épithéliale, si l'on se rappelle que cet épithélium existe chez le fœtus et va s'amincissant de plus en plus. Entre cette couche et le syncytium endothélial vasculaire, Regaud et Policard, contrairement à Tribondeau, mettent en évidence une basale. 3 Rouge : Archiv für Anatomie, 1891. trent les préparalions. Les deux plus caractéris- tiques sont: — d’une part, les s{ries parallèles de la base, considérées par R. Heidenhain comme des bâtonnets parce qu'il a pu les isoler sous cette forme dans certaines conditions; — d’autre part, la fine striation de la surface libre décrite par Tornier sous le nom de bordure en brosse. Rappelons d’abord qu’on a cru pouvoir expli- quer il y a quelque temps d'une façon très simple l'existence de la première de ces particularités. Hortolès (1881), Hedinger (1888), avaient montré, par l'imprégnation au nitrate d'argent, que les bases des cellules du tube contourné, vues de face par l’extérieur, sont, à la facon de l’endothélium des lymphatiques, découpées en pièces de jeu de patience s'engrenant réciproquement. Bühm et Davidoff, dans leur Æistologie (1895), montrèrent que les saillies basales se continuent sous forme de crêtes jusqu'à une assez grande hauteur sur les parois latérales‘de la cellule. Landauer (1895) mit très nettement en évidence ces crêtes ou plissements latéraux par la méthode d’imprégnation double de Ramon y Cajal, et il en conclut que les stries paral- lèles de la base ne correspondent pas à une struc- ture spéciale du protoplasme, mais ne sont que l'expression optique de ces crêtes latérales. C'était une solution élégante du problème, mais une solu- tion trop simple. Comme le dit Benda, cette dispo- sition fait comprendre pourquoi normalement les cellules rénales ne montrent pas de limites et paraissent à première vue fusionnées en un syncy- tium, tandis que ces limiles apparaissent nette- ment dans certains cas pathologiques, quand les cellules yonflent et se désengrènent'; mais elle . n'explique pas la présence des bâtonnets isolés. qu'obtient Heidenhain par la macération. Von Ebner, dans le 7railé d'Histologie de Kælliker (1899), trouve également les assertions de Landauer mal fondées. Il existe donc bien une structure inlra- protoplasmique correspondant à la striation. Mais quelle estcette structure ? D'après Rothstein (1891), Sauer, Disse, Théohari, il n'exislerait pas de bà- tonnets, mais seulement des files de granulalions, disposées sur les filaments d’un fin réticulum protoplasmique à mailles allongées dans le sens de l’axe cellulaire. Rathery se rallie à cette théorie ; en effet, dit-il, les granulations augmentent de volume dans certaines lésions ou se dissolvent : on voit alors disparaître Fapparence en bätonnets. Il admet le réseau, mais lui atlribue une moindre importance : il n'apparait bien dans certains élé- ments que parce que les granulations ont été mal fixées ou détruites. Sauer admet que les stries se 1 Et mème, dans ce cas, elles peuvent encore continuer à montrer une striation nette. ? Tnéonan : Thèse, Paris, 1900. E. LAGUESSE — REVUE ANNUELLE D'ANATOMIE continuent, moins marquées, dans la zone supra- nucléaire; pour Rathery comme pour Disse et d'autres, on n’y trouve plus que des granulations non sériées. La sériation et, par suite, la striation n'existent pas chez les Ophidiens (Regaud et Po- licard). Benda, pourtant, proclame de nouveau l’existence de véritables bätonnets parallèles traversant presque toute la hauteur de la cellule, sauf le som- met, chez les Mammifères. Sa méthode spéciale les met en relief avec une grande netteté. Ce ne sont pas des chaînes de grains (ou, selon sa terminologie, des milochondries): mais la phxlogénèse et l’onto- génèse montrent qu’ils ont pourtant passé par ce stade. En effet, chez les Amphibiens, les filaments existent aussi dans le tube contourné, mais ils ne s'étendent que jusque vers le pôle apical du noyau, et sont constitués chacun par une file de très fins granules. Il en est de même chez l'embryon de souris. Un fait curieux, c'est que, chez les Amphibiens, ce n'est pas dans le tube contourné, mais dans le segment suivant, que les bâtonnets sont au maxi- mum de développement et traversent la cellule de la base au sommet. Policard et Mawas trouvent la même disposition chezles Téléostéens. Pour Benda, files de grains et bâtonnets jouent un rôle essen- tiel dans la cellule rénale. Les premières mitochon- dries qu'il a décrites, dans le filament spiral des spermatozoïdes en voie de formation, semblaient se rattacher à ure fonction motrice; aussi Benda émet-il la même hypothèse pour les bâtornets du rein. D'après lui, ils seraient contractiles, rappro- cheraient le sommet de la ‘cellule de sa base, et exprimeraient ainsi dans la lumière les produits de sécrétion liquides accumulés dans la cellule. A leur relàchement correspondrait le gonflement, le maximum de hauteur de l'élément, et l'étroitesse de la lumière. Mais on sait, d'autre part, que, depuis quelques années, on a étudié dans un grand nombre de glandes (notamment dans les salivaires et le pan- créas) des filaments de même aspect, qu'on a nommés ergastoplasmiques, et dont le rôle dans l'élaboration des produits de sécrétion paraît évi- dent. Il fallait s'attendre à ce que quelque auteur étendit cette conception aux bâtonnets rénaux. C'est, en effet, ce qui est arrivé : Policard ‘revientsur l'étude de ces formations, chez le rat blanc notam- ment. Il y voit des filaments continus, qui ont la structure, les réactions et les variations sécrétoires de l’ergastoplasme, et auxquels il n'y a pas lieu de donner un autre nom ni d'assigner un autre rôle. Il arrive aux mêmes conclusions avec Mawas en ‘ Poricarn : C. R. de la Soc. de Biologie, 1905. Deux communications. d | os. A ah a dt To D E. LAGUESSE — REVUE ANNUELLE D'ANATOMIE 1075 étudiant le rein des Téléostéens”. Avec Regaud, il avait déjà observé, par places, des chaïnetles de grains très fins dans la cellule rénale des Ophi- diens, bien que celle-ci ne montre ni des stries nettes, ni une disposition en files de ses grosses “ granulations. Le rapprochement fait par Policard s'imposait évidemment; pourtant, il importe de faire encore quelques réserves en ce qui concerne la cellule rénale, qui élabore peu de substances nouvelles, el dont le mécanisme de sécrétion est - encore, en somme, bien peu connu. Il y aura pro- bablement aussi à faire une distinction entre les - très fines granulalions mitochondriales, ou ergas- - toplasmiques, et les granulations plus grossières, qui peuvent être sériées, elles aussi, du fait de l’archilecture générale de l’élément, et qui peu- vent ou dériver des premières, ou en rester indé- pendantes. 4. La bordure en brosse. — Il vaut peut-être mieux l'appeler, avec Regaud et Policard, bordure striée (ou cuticule striée), car il n’est aucunement prouvé que les bätonnets qui la constituent ne sont pas reliés entre eux par une substance amorphe intermédiaire. C'est aussi un objet de vives contro- verses. D'aucuns, tel Disse, n'en veulent pas en- tendre parler. Pour cet auteur, le sommet (ou cou- pole de la cellule : Zellkuppe), c’est-à-dire presque toute la zone supra-nucléaire, a une constitution spéciale, et change considérablement d'aspect avec les divers stades de la sécrétion. Tantôt il devient absolument clair, quand il est gonflé de liquide, tantôt il apparaît plus ou moins grossièrement strié : l'apparence de bordure en brosse, très incons- tante, ne serail qu'un des aspects qu'il revêt au cours de ses transformations, et après fixation par certains réactifs; la prétendue bordure feraitpartie intégrante du protoplasme, dont elle ne se distinguerait pas à d’aulres moments; ses stries ne seraient que des trabécules de « spongioplasme », orientées et sépa- rées par un « hyaloplasme » liquide. La plupart des autres auteurs sont loin de par- tager cette conception, et trouvent une bordure en brosse, inconslante pour beaucoup ou discontinue, mais superposée au corps cellulaire à son pôle libre, et bien distincte de lui. Sauer, dont le travail est déjà ancien (1895), arrive à une conception tout à fail opposée à celle de Disse, et voit dans la bordure en brosse une différenciation absolument constante et d'une importance fonctionnelle capi- tale. Il mouire que les autres descriptions tiennent à de mauvaises fixations. La plupart des fixants considérés ailleurs comme Il est pourtant singulier qu'ici des formations ergasto- plasmiques soient développées au maximum non dans le tube contourné, mais dans le segment suivant. excellents (le mélange de Flemming par exemple) ne valent rien pour la cellule rénale, qui gonfle, se vacuolise et éclate en disloquant sa bordure en brosse avec la plus grande facilité. Un seul liquide lui a donné d'excellents résultats, et en l'employant avec de grandes précautions : c'est l'alcool acé- tique au chloroforme de Carnoy, dit encore liquide de Van Gehuchten ou de Gilson (ses élèves). Renaut proclame également l'importance de la bordure striée, dans laquelle il voit la membrane dialysante par excellence. Regaud et Policard la voient haute et constante chezlalamproie, sauf dans les tubes épuisés etsénes- cents. Avec Tribondeau, ils la retrouvent bien plus mince, mais constante aussi (en période de sécré- tion tout au moins), quoique susceptible de cer- taines variations, chez les Ophidiens. Elle est d'ailleurs plus facile à fixer chez les Vertébrés inférieurs. Mais c’est surtout Rathery qui a repris chez les Mammifères, dans un travail très soigné, la thèse de Sauer. Comme lui, il se sert uniquement du liquide de Carnoy modifié; il ne fixe que du rein vivant, par petits fragments, pris autant que possible sur l'organe encore en place. Il montre, fait confirmé d’ailleurs par Policard et Garnier, que dix minutes après la mort la bordure com- mence à s'altérer, qu'au bout de deux heures, et à plus forte raison au bout de vingt-quatre, elle est généralement disloquée ou floue, souvent complè- tement disparue, que la plupart des réactifs gonflent la cellule et la font éclater, abrasant souvent toute la zone supra-nucléaire. Au contraire, la bordure serait très résistante aux lésions patho- logiques, et se retrouverait, après bonne fixation, même sur des épithéliums très allérés par la maladie. Ce sont là des indications précieuses pour l'anatomie pathologique du rein, à laquelle Rathery cherche surtout à donner une base solide. Sur le rein vivant ou absolument frais, chez l'Homme comme chez le Chien, le Lapin, le Cobaye, et après fixation appropriée, coloration par l'hématoxyline au fer et la fuchsine acide, il trouve la bordure en brosse continue et dans tous les tubes contournés sans aucune exception (ainsi que daos la branche ascendante de l'anse de Henle). Elle est partout formée de petits bâtonnets ténus, pressés, mais cependant bien distincts, vivement colorés par la fuchsine acide. Chaque bàtonnet serait implanté sur un granule, comme l'a vu Nicolas dans le corps de Wolf. (Regaud et Poli- card, Joseph, croient pouvoir, au contraire, rejeter l'existence des grains basaux.) Une solution de sel D RAR Te 4. [ee RE BR. de la Soc. de Biologie, dé- 1 PoricarD et GARNIER : C. cembre 1905. 4076 E. LAGUESSE — REVUE ANNUELLE D'ANATOMIE marin à 42,5 °/,, (point cryoscopique A ——0°,78), | l'hématoxyline au fer et les couleurs d'aniline” maintenue à l’éluve à 37°, conserverait une demi- heure à une heure la cellule rénale vivante, avec sa structure et sa bordure striée intacte; mais le moindre écart au-dessus ou au-dessous de ce degré de concentration amènerait immédiatement sa mort et sa dislocation. Ce n’est pas une action toxique, mais une action osmotique (oud'osmonocivité), qui explique la mauvaise fixation de la cellule par les liquides non isotoniques, etsa facile altération après lamort:c'estun élément excessivement sensible aux moindres variations de concentration des liquides ambiants. La bordure striée existe déjà chez les embryons de lapin de deux centimètres et demi, bien avant l'apparition des stries basales. Nous verrons dans un instant l'importance de ces cons- tatations pour l'examen des théories de la sécré- tion. 5. Grains de ségrégation. — Tribondeau a découvert, dans la cellule du tube contourné des Ophidiens, une autre particularité très intéres- sante : c’est la présence, dans la moilié supérieure de la cellule, d’un grand nombre d'assez gros grains de sécrétion (ou grains de ségrégation de Renaut et Regaud), qu'il appelle les grains uri- naires. Il signala leurs variations fonctionnelles dans les différents tubes. Regaud et Policard ont confirmé l'existence de ces grains chez les mêmes animaux. Dans une dissociation du tube frais, ces grains leur appa- raissent sphériques, parfois jaune-verdâtres, le plus souvent incolores, difficiles à voir. Mais, si l'on ajoute à la solution physiologique de sel une petite quantité de rouge neutre, on les voit, dans la cellule encore vivante, accaparer et accumuler cette couleur au point de se colorer vivement en rouge, le protoplasme reslant incolore. On peut alors aisément suivre leurs variations, conslater que, dans certains tubes, ils sont fins et peu nom- breux (c'est évidemment leur premier stade), que dans d’autres ils sont gros, abondants, serrés l'un contre l’autre, et remplissent tout le sommet de la cellule. Comme l'ont montré Himmel'et Plato sur d’autres objets, ce ne serait pas le grain lui-même qui se colorerait,car — mis complètement en liberté, il pälit de suite, — c'est le liquide vacuolaire qui l’imbibe et l'entoure, c’est le protoplasme voisin ‘. Les mélanges de Bouin et de Lenhossek permettent de fixer ces grains; ils prennent alors vivement * On a émis diverses théories pour expliquer ce fait. Ne pourrait-on l'interpréter comme révélant simplement l'exis- tence, autour de chaque corpuscule, de phénomènes d'oxy- dation intenses, trahissant ici l'élaboration de l'acide hippu- rique? On sait que la moindre trace d'acide (et l’eau oxygénée également : Regaud) fait virer au rouge vif une solution étendue de rouge neutre. Quelques-uns, vraisemblablement moins murs, restent plus päles. On peut dire, en résumé, que chaque tube contourné traverse tour à tour un certain nombre de stades fonctionnels au cours desquels il se charge de grains d'abord petits, qui grossissent, murissent et finalement disparaissent. Chez les Mammifères, on a trouvé des grains ana- logues, mais plus rares, plus petits, et épars dans toute la région supra-nucléaire. Arnold (19092) * les met en évidence (souris) en faisant dans le tissu sous-cutané des injections de rouge neutre qui est éliminé par le rein, ou en dissociant à même dans ce liquide. Rathery, dans les pièces fixées, ne peut retrouver chez les Mammifères ces grains, qu'il colore pourtant facilement chez la grenouille. Ils ne paraissent donc pas avoir la même impor- tance, ou, tout au moins, ils sont ou bien plus éphémères, ou bien moins distincts du proto- plasme. : On a trouvé encore d'autres enclaves dans la cellule rénale. Parfois, ce sont des gouttelettes de graisse, mais, plus souvent encore, des gouttelettes de corps voisins des graisses (cholestérines, léci- thines, ou combinaisons mal déterminées d’albu- minoïdes et de graisses). Gurwitsch (1902)° ren- contre chez la grenouille un grand nombre de ces vacuoles lipoïdes (accompagnées souvent de va- cuoles salines) et leur fait jouer, comme nous allons le voir, un rôle considérable. Regaud et Policard les retrouvent nombreuses chez les Ophidiens, sous forme de vésicules mamelonnées, à contours irréguliers, colorables (après fixation) par l'héma- toxyline cuprique de Weigert, ou par l'hématoxy- line ferrique. Mais elles semblent avoir peu d'im- portance chez les Mammifères, où elles sont petites et inconstantes; les vacuoles aqueuses y sont plus fréquentes. 6. Corpuscule central et cil. — Zimmermann * (1898) a trouvé dans la cellule rénale du lapin, comme en beaucoup d'autres éléments épithéliaux, un corpuscule central voisin de lasurface, sous forme de diplosome. L'un des deux grains, plus périphé- rique, porterait un mince cil central extrêmement délicat, continué intérieurement par une racine. Disse (1902) fait la même observation chez le Rat et le Chien. Joseph (1905) confirme. Chez certains animaux (torpille), le diplosome se dédoublerait. Ce serait là une tendance de la cellule à cil central à passer à l’état de cellule ciliée ordiraire. Ratta- chant, comme beaucoup d'auteurs, les corpuscules Anatomischer Anzeiger, L. XXI, 1902, p. #17. Archiv fur die gesamt. Physiologie, t. XCI, 1 ARNOLD : 2? GURWITSCH : 1902;*p. 71. 3 ZiMMERMANN : Azrchiv für mik. Anat., {. LUI, 1898. E. LAGUESSE — REVUE ANNUELLE D'ANATOMIE 1077 “basaux à la présence de cils mobiles, il se refuse à en voir un à la base de chacun des bälonnets de la … bordure striée : la présence du diplosome et du cil à excelurait la possibilité de leur existence. f 1. Mécanisme de la sécrétion. — Armé de toutes … ces données, a-t-on pu arriver à des résultats nouveaux touchant la fonction du tube contourné? Chaque auteur croit y parvenir de son côté, mais les résultats sont encore bien peu concordants. D'abord, l’ancienne théorie (encore soutenue par Sobieranski, 1895), qui attribue au tube contourné non pas un rôle de sécrétion, mais un rôle de résorption (il reprendrait dans le sérum sanguin filtré en nature par le glomérule l’albumine et divers autres matériaux), est de plus en plus abandonnée. Lindemann ‘ à institué l'expérience suivante : Sur des chiens vivants, il lie l’uretère et remplit d'huile d'olive le bassinet. S'il y avait résorption d'une y parlie de l'urine dans son passage à travers le rein, dit-il, il y aurait ascension de l'huile dans les tubes excréteurs; or, jamais il n’a pu conslaler sa péné- — tration dans le parenchyme rénal. Il ÿ aurait quelques objections à faire à cette expérience. La fonclion sécrétrice du tube conlourné (car d'autres parties peuvent résorber) est encore plus nettement démontrée par les dispositions structurales récem- ment mises en évidence, et notamment par l'exis- tence nette, chez certains Vertébrés tout au moins, des grains el vacuoles de sécrétion. Elle est démontrée aussi par le rejet à ce niveau des . matières colorantes injectées. Mais comment se ‘ fait cette sécrétion? Ici recommencent les divergences. Nous avons - déjà vu l'opinion de Disse, qui ne tient aucun - compte de l'existence de la bordure en brosse, ; puisqu'il n’y voit qu'une simple apparence. Mais la À plupartdes auteurs, admettant l'existence fréquente, sinon conslante, de celte bordure, lui font jouer un rôle. Leurs observations se rapprochent presque toutes, plus ou moins, de celles de Nicolas sur le « corps de Wolf (1891) el de van Gehuchten (1890- “ 1593) sur l'intestin moyen de la P{ychoptera con- L taminata. Comme ces auteurs, ils voient, au moment : de la sécrétion, des boules d'aspect sarcodique + écarter les bätonnets de la bordure et venir perler 1 à la surface, puis se détacher : c'est une sorte - de filtration. La conception de Disse (1892-1902) “ nest, en somme, qu'une variante de cette théorie, “ variante dans laquelle la bordure en brosse n’a … plus d'existence à part. C'est la théorie vésicu- « Jlaire. Tous les auteurs qui l'admettent, et c’est encore l'opinion classique, considèrent comme 1 | 1 Linogmans: Ziegler's Beiträge zur pathol. Anat.,t. XXX VII, mn 1904, REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. produit de sécrétion les boules, ou vacuoles, qui remplissent la lumière sur leurs préparations, et qui sont généralement serrées l’une contre l’autre au point de donner l'impression d'une substance réticulée. Tout autre pourtant est la conceplion de Renaut et de ses élèves (Hortolès dès 1881, Regaud et Policard), qui considèrent ces boules comme de véritables boules sarcodiques traduisant une alté- ration et le plus souvent une mauvaise fixation de la cellule. Tout autre est aussi la conception de Sauer, et celle de Rathery qui refait et complète ses expériences. Pour ces deux derniers, pour Renaut, Regaud et Policard, la bordure ou cuticule striée est la membrane dialysante essentielle pour la compréhension de la sécrétion, qu'il y ait ou non échange moléculaire, comme l'admet Koranyi (1894)". Pour Sauer et Rathery, elle existe, comme nous l'avons déjà vu, sur tous les tubes, à tous les staäes de la sécrétion normale, et est continue et absolument invariable. Seule, dit Rathery, la lar- geur de la lumière indique les variations excré- toires. Au minimum de la sécrétion, la coupe trans- versale du tube montre unelumière étroite, stellaire, des cellules très hautes; au maximum, la lumière est large et les cellules basses. Il vaut mieux dire, croyons-nous, que le premier aspect traduit la période de charge ou de début de la sécrétion, le second la période finale et l’épuisement qui la suit immédialement. La bordure striée, pour Rathery, est non seulement une membrane dialysante très sensible et vivante, mais aussi un moyen de pro- tection contre l'osmonocivilé possible du liquide contenu dans la lumière. Cette lumière serait tou- jours, après une bonne fixation, absolument libre de produits figurés. Normalement, le liquide qui y coule, venu du glomérule, est une solution saline de tension osmotique constante, et telle qu'elle ne puisse à aucun degré être osmonocive pour la cel- lule. Si l’on augmente dans une forte proportion et de façon prolongée l'apport des chlorures, la con- centration de l'urine dans le tube augmente et produit des lésions rénales et l’albuminurie; si l'épithélium a été antérieurement lésé, les moindres variations dans les chlorures feront apparaître cette albuminurie. Regaud et Policard exprimaient déjà des idées analogues, mais moins développées, sur les pro- cessus osmotiques au niveau de la bordure en brosse. Une de leurs observalions montre, en outre, ‘ D'après Koranvi, il y aurait, au niveau du tube con- tourné, échange équimoléculaire entre le chlorure de sodium éliminé par le glomérule et les molécules organiques sorties du sang par l'entremise de l’épithélium du tube. Regaud et Policard font observer qu'un tel échange ne peut avoir lieu dans les diverticules (voir plus loin). 1078 l'indépendance relative du glomérule et du tube contourné: c’est la constatation de l'existence chez la lamproie (et les Téléostéens : Mawas), chez les Ophidiens, de diverticules des tubes contournés, ayant la même structure que ces tubes, mais dans lesquels le courant venu du glomérule ne peul passer. Toutes les théories qui exigent la dépen- dance étroite de ces deux parties du tube urinifère (et en premier lieu celle de la résorption) reçoivent de ce fait une profonde atteinte. Nous devons encore mentionner la théorie de Gurwitsch”. Le botaniste Overton (1897)° a décou- vert que les cellules vivantes ne se laissent péné- trer que par les substances solubles dans les corps lipoïdes, et, pour l'expliquer, il admet qu’elles pos- sèdent à leur surface une mince couche de proto- plasme imprégné de lipoïdes. Gurwitsch essaie d'appliquer ces données à la cellule rénale. Ilrecon- nait qu'elle fait exception, puisqu'elle se laisse pénélrer par des corps insolubles dans les lipoïdes (bleu d’aniline, rouge Congo, acide urique, etc.). Non seulement elle les laisse pénétrer, mais il est facile de vérifier qu'elle les accumule en grande quantité. Il admet donc que la couche protectrice imprégnée de lipoïdes fait défaut ici; mais, en revanche, les vacuoles à contenu lipoïde joueraient un grand rôle. Ce seraient des organites plus ou moins permanents de la cellule, destinés précisé- ment à dissoudre en quantité considérable et à accumuler les substances à éliminer, qui peu à peu passeraient dans la lumière, où Gurwitsch croit avoir vu parfois ces vacuoles s'ouvrir. Pour- tant, Regaud et Policard n’ont jamais pu faire absorber aux vacuoles lipoïdes le rouge neutre que les grains de ségrégation prennent avec tant d'in- tensité. Ils admettent donc l'accumulation à un haut degré de concentration des matières à élimi- ver, dans des vacuoles à contenu liquide ou pâteux, et particulièrement dans celles contenant les grains de ségrégation ; mais ils se refusent à localiser ce pouvoir dans les vacuoles qu'ils ont eux-mêmes décrites comme lipoïdes. Entre les vacuoles à haute tension osmotique et le liquide de la lumière s’éta- blirait, pour finir, un courant exosmotique réglé par la bordure striée dialysante. Peu importerait que celte bordure disparût ou fût modifiée à certains stades, pourvu qu'elle fût présente au moment où son intervention comme dialyseur est nécessaire. Ainsi remaniée, la théorie des accumulateurs est trés séduisante; mais il y aura sans doute des additions et des changements à introduire dans les descriptions de Gurwitsch, et même dans la loi ? Guawirscu : Archiv f. die gesamt. Physiologie, t. XCI, p. 71, 1902. ? OvERTON : Prinagsheim t. XXXIV, 1899. dahresber, 1. wiss. Botanik, E. LAGUESSE — REVUE ANNUELLE D’ANATOMIE d'Overton. Comme le fait remarquer ailleurs Poli- card (Thèse), il n'est pas prouvé que ce soient les mêmes vacuoles que Gurwitsch a vues à deux stades différents à la base et au sommet de la cellule. Il y à là toute une série d’observalions très intéres- santes à reprendre et surtout à étendre. Ces recherches se relient à celles que l’on a faites depuis longtemps pour trouver le lieu exact d'éli- mination des principes essentiels de l'urine. On sait que ces recherches remontent à R. Heiden- hain (1874), qui eut l'idée de faire éliminer par le rein du carmin d'indigo injecté dans le sang, de le précipiter en place pendant son éliminalion par une fixation appropriée, et de lui faire marquer ainsi, par un précipité bleu, le chemin qu'il avait … parcouru. Il montra, par ce moyen, que l’élimina-… tion a lieu par les cellules épithéliales du tube contourné, et non par le glomérule. Policard' donne une bonne revue d’ensemble de toutes les expériences du même genre qui ont élé faites depuis avec d'autres substances colorantes (rouge neutre, bleu de toluidine, bleu de méthylène, etc.). Il montre qu'avec de légères variantes les faits observés confirment en somme les données de Heidenhain. Biberfeld* arrive aux mêmes résultats en expéri- mentant avec des sels colorés on incolores, même insolubles, pourvu qu'ils ne soient pas toxiques. Mais peut-on conclure du mode d'élimination de ces substances étrangères à celui des conslituants normaux de l'urine? Sans être identiques, répondent ces auteurs, les phénomènes cellulaires de l’élimi- nation ne peuvent être que très voisins. Pourtant, il serait bon de prendre sur le fait ces constiluants normaux dans leur sortie. C’est ce qu'on a réussi à faire récemment. Anten (1901)° fait circuler dans le rein de chiens vivants une solution ammoniacale de chlorure d’argent, qui ne précipite ni les chlo- rures, ni les phosphates, ni l'albumine, mais qui précipite l'acide urique et ses sels à l’état d'urate d'argent. Il entraîne, par une injection de solution physiologique de sel, l'argent non utilisé, fixe le rein par l'alcool, réduit l’urate d'argent par expo- : sition des coupes à la lumière, et y trouve les tubes contournés et les branches ascendantes de l’anse de Henle bourrés de fines granulations noires d'argent réduit, tandis que les glomérules n'en contiennent point. Sans connaître ces résul- tats, Courmont et André‘ ont eu l’idée analogue de déceler «les diverses substances du groupe purique » par le nitrate d'argent en lavant longuement les ! Poricarp: Thèse Lyon, 1903. * Biserrezo : Archives de Pflüger, 1905, et Habilitations- schrift, Breslau, 1904. 3 ANTEN : Archives internat. de Pharmacodynamie, 1901. * Courmonr et ANDKé : Soc. médic. des hôpitaux de Lyon; 1904. mm © © E. LAGUESSE — REVUE ANNUELLE D'ANATOMIE 1079 coupes pour les déchlorurer avant de les argenter. Ils ontobtenu les mêmes résultats, sauf qu'ils aper- coivent aussi des grains d'argent réduit dans la branche descendante. Regaud' fait ressortir l’im- portance de ces expériences. Dans les préparations des auteurs français, il a pu vérifier que, chez la grenouille, les grains d'argent réduit, assez gros et abondants, correspondent comme situation aux vacuoles à albuminoïdes et à cristalloïdes (région supra-nucléaire), qui doivent, les unes et les autres, servir de support à la substance révélée, et non aux vacuoles lipoïdes. Chez le chien, où les enclaves sont peu développées, les grains sont plus fins et disséminés. Peut être est-ce parce que la substance à éliminer reste en combinaison avec la substance vivante pour ne s'en séparer qu'au moment de l'excrélion. Les grains sont inégalement abon- dants dans les divers tubes, ce qui correspond bien à l'alternance fonctionnelle déjà signalée (Regaud). Enfin, il nous reste à parler, pour en finir avec le mécanisme de la sécrétion, de la théorie toute récente de Retterer . Contrairement à tous les auteurs précédents, Relterer admet que « l’épithé- lium rénal nait, s'accroitet meurt comme celui d’une glande sébacée. À mesure que le sang amène an rein les matériaux étrangers ou les déchets, la cellule rénale s’en imprègne, et, pendant qu’elle vieillit et tombe en deliquium, elle les entraine au dehors. On peut expliquer de cette facon que le rein devienne « un organe d’équilibration ou de dépuralion, sans qu'il soit nécessaire de recourir à des hypothèses non vérifiables, telles que la fil- tration, la dialyse, la contraction des bâtonnels ou l'échange moléculaire ». Ces conclusions sont ba- sées sur des expériences, faites sur des cobayes, 1 REGAUD : des hôpitaux. ; = ReTtEeRER : C. R. de la Soc. de Biol., 4906, et Associa. tion des Anatomistes, Bordeaux, 1906. Lyon médical, 20 novembre 1904, et Soc. méd. maintenus en état d’anurie ou de polyurie, suivant qu'ils étaient au régime sec ou au régime humide, et soumis à des injections sous-cutanées de chlo- rure de sodium, d'urée ou de bleu de méthylène. À certains moments, on observerait plusieurs cou- ches de noyaux dans les tubes, et les cellules les plus centrales se détruiraient; leur fonctionnement serait donc holocrine. A la façon de Disse, Retterer considère la bordure en brosse comme une forma- tion temporaire, et représentant uniquement la por- tion superficielle du protoplasme à certains stades. On pourrait la faire apparaître à volonté dans cer- tains réactifs. Des conclusions aussi éloignées de celles de la plupart des autres auteurs appellent évi- demment une vérification minutieuse avant d'être admises, de même que les critiques adressées par Retterer aux autres théories demandent à être examinées avec soin. Nous n'avons pas parlé du noyau de la cellule rénale au cours de cet exposé, parce que son rôle éventuel dans la sécrétion est encore très douteux et peu étudié. D’après Tribondeau, pourtant, parmi les cellules des tubes contournés, les unes ont un gros nucléole central, les autres en manquent; mais on le retrouverait alors en plein protoplasme, où il se métamorphoserait en « grains urinaires », c'est-à-dire en grains de sécrétion. Regaud et Policard croient qu'il s'agit d'un simple entraine- ment par le rasoir. Ils ont bien trouvé parfois des corpuscules chromatoïdes au voisinage du noyau, mais d'une façon très inconstante; ils nient abso- lument leur fragmentation en grains de ségréga- tion; pour eux, la participation du noyau à la sécrélion n’est pas rigoureusement démontrée ici, et, dans tous les cas, elle ne saurait être qu'in- directe. E. Laguesse, Professeur d'Histologie à la Faculté de Médecine de Lille. 1080 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES 4° Sciences mathématiques Patou (J.), Agrégé des Sciences mathématiques, Pro- fesseur au Lycee de Tunis.— Petit Traité mathéma- tique et pratique des opérations commerciales et financières. I. Aritkmétique commerciale. Il. Elé- ments d’Algèbre financière. — 2 vol. (Prix :9fr. 50.) Vurbert et Nony, éditeurs. r'aris. Les Mathématiques commerciales et financières occu- pent une très modeste place dans la littérature scienti- fique française. A peine effleurées dans l’enseignement secondaire, elles sont ignorées à la Faculté; seules, les Ecoles de Commerce, écloses malheureusement pour abuser de la loi militaire, leur avaient fait un accueil honorable. Nous sortirions des limites d'un compte rendu et du sujet lui-même si nous essayions d'expliquer ces ano- malies. Il est cependant nécessaire d'en dire quelques mots. Au Lycée, les questions d'annuités sont abordées sans entrain; elles sont très redoutées au Baccalauréat. A la Faculté, sauf dans le voisinage des Ecoles de Com- merce, rien n'amène, malgré la liberté des programmes, les professeurs de Mathématiques à excursionner dans le domaine financier. Cette défaveur est-elle la suite d’une vieille légende classant les opérations financières parmi les plus difficiles, ou bien croit-on que les appli- cations mathématiques soient moins aptes à révéler un Cauchy en herbe que les éternelles discussions du tri- nôme ? La première opinion pouvait se soutenir avec les anciens ouvrages, d’une lecture souvent ardue, pour ne pas dire davantage; mais aujourd'hui maîtres et élèves n'ont que l'embarras du choix avec MM. Brasilier, Marie et les deux volumes que M. Patou consacre à exposer les problèmes financiers sous la forme la plus classique et la plus attrayante, Les derniers programmes, et surtout les commen- taires quiles accompagnent, font Justice de cette croyance erronée que les applications déforment le cerveau dun futur mathématicien. Et cependant notre enseignement national glorifie surtout ceux qui jonglent habilement avec les belles formules, et l'avenir n’est assuré qu'à de rares privilégiés parmi les détenteurs de parchemins bien étrangers souvent aux conditions réelles de la vie. Ne voit-on pas fréquemment le licencié, aussi bien que le bachelier, supplanté par l'auditeur studieux d’un cours commercial ou le simple commis de banque laborieux, tandis que le commerçant, l'industriel ignorent les lois de l'amortissement, et les hommes publics celles des assurances dont ils font cependant la base d’un nouveau système social? C'est un signe des temps que de voir un agrégé de l'Université, professeur émérite, traiter d'une plume alerte et vivante des questions vitales à notre époque de luttes économiques. Le volume I est consacré à l'Arithmétique commer- ciale. Après l'exposé rapide, mais complet, des méthodes de calculs abrégés et approchés, l'auteur développe le système métrique, la théorie des grandeurs proportion- nelles et aborde les questions commerciales proprement dites : Intérêt et Escompte, Comptes courants, Valeurs mobilières avec les opérations de Bourse, et termine avec le change et l'arbitrage, Chaque question, bien posée etbien définie, est suivie d'un exemple numérique. En outre, 300 problèmes fort bien choisis envisagent tous les cas possibles. Malgré leurs avantages évidents, les méthodes de ET INDEX calculs abrégés sont peu appliquées; elles sont même très peu connues. Celui qui les étudiera dans ce pre- mier volume sera aussi surpris que charmé de leur simplicité et de leur facile assimilation. Les opérations de bourse sont exposées avec une clarté et des détails si suggestifs que l’on doit sans peine passer de la théorie à la pratique. Le tome IT, Eléments d'Algèbre financière, est écrit avec le mème soin que le précédent. La partie algé- brique sert de base aux théories de l'intérêt composé, des rentes, annuités, etc. ; elle est traitée complètement, mais sans superfluités. L'idée fondamentale à bien saisir ou, si l’on peut s'exprimer ainsi, la clef d'assimilation de toutes les questions financières est la notion de la valeur actuelle d'un capital payable à une échéance quelconque. Une définition claire, des répélitions nombreuses et faites à propos précisent cette notion, et le lecteur suit sans peine l'auteur dans l'établissement de toutes les formules d'échéance commune, de rentes, d’annuités, de placement et d'amortissement, réputées cependant difficiles. Un exemple numérique très explicite com- plète chaque question; toutes celles que l’on peut ren- contrer dans la pratique sont résumées ensuite sous forme de problèmes très bien gradués. La théorie des assurances, qui apparaît à beaucoup comme un peu énigmatique, repose sur le calcul des probabilités. Le sujet est délicat; habilement présenté, il est accessible à tous. L'auteur examine toutes les hypothèses qu'il utilisera dans la théorie des jeux de hasard et des assurances; elles ne sont pas toutes indispensables dans une première étude, mais le pro- fesseur et l'étudiant lui-même sauront aisément faire les coupures nécessaires. À la théorie des assurances, M. Patou joint les conventions usuelles adoptées par les Compagnies. Au prix d'un effort minime, chacun peut juger et discuter le tarif qui lui est présenté. Ce résul- lat est extrèmement important, à notre avis. L'un de, soucis les plus vifs de l’homme moderne est, en effets de mettre sa famille à l'abri de la nécessité, si la mort vient brusquement le surprendre. Les assurances, avec leurs multiples combinaisons, lui offrent toujours une solution acceptable, s’il sait choisir. Avec la Caisse nationale des Retraites, l'Etat a fait la plus belle application du principe des assurances. Malheureusement, elle est peu connue, malgré la vogue des idées mutualistes et sociales. A tous ceux qui désirent avec sincérité protéger efficacement le travail leur contre les embarras d'argent et les misères de la vieillesse, nous conseillons la lecture de cette partie si bien documentée de l'ouvrage de M. Patou. Depuis longtemps, les principaux problèmes financiers se résolvent rapidement à l’aide de Tables, dont les plus répandues sont celles de Violeine et Péreire et les plus récentes de M. Vintejoux. M. Patou a terminé son deu- xième volume par le résumé des Tables les plus pra- tiques, calculs d'intérêts et tables de mortalité anciennes et nouvelles. Elles se prêtent à toutes les applications usuelles. Cet ouvrage a sa place marquée dans les Ecoles techniques, les établissements financiers et sur la table du philantrope. Il s'imposera de lui-même à l'Univer- sité. A. LEBEUF, Directeur de l'Observatoire de Besançon. Serret (J.-A.). — Lehrbuch der Differential und Integral rechnung, {ome 1. Treisiènre édition alle- mande par G. Scuerrers. — 1 vol, in-8° de 62% pages, (Prix : 16 fr. 25). B.-G, Teubner, Leipzig, 1906. | | BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 1081 2° Sciences physiques Marchis (L.), Professeur-adjoint de Physique à la Faculté des Sciences de Bordeaux. — Production et utilisation du Froid. Avecune Préface de MM. E. Macaouin et L. NERDEUX. —1 vol. gr. in-4° de 586 pages avec 403 figures. (Prix broché : 37 fr. 50.) H. Dunod etE. Pinat, éditeurs, 49, quai des Grands-Augustins. Paris, 1906. Depuis plusieurs années, M. Marchis s’est attaché à l'étude des applications industrielles de la Physique, et en particulier de l'industrie frigorifique. En 1904-1905, il faisait de cette dernière le sujet du cours qu'il pro- fesse à la Faculté des Sciences de Bordeaux, et ses lecons, autographiées, furent présentées naguère à nos lecteurs par M. E. Mathias'. Le magnifique ouvrage qu'il publie aujourd'hui est le développement de ces lecons, mises à la portée du monde industriel et enrichies d’une foule de renseignements empruntés aux travaux des spécialistes et des praticiens de tous les pays. Nous ne reviendrons pas sur le plan général de l’ou- vrage, qui est resté à peu près le même que celui des Leçons sur le Froid industriel : étude des machines destinées à produire le froid, et utilisation du froid, en particulier pour la conservation des substances ali- mentaires. Nous nous contenterons d'insister, avec les auteurs de la Préface, MM. Malaquin et Nerdeux, sur le rôle important que cette œuvre est appelée à jouer au moment où l'industrie frigorifique commence à préoccuper à juste titre le monde agricole et com- mercial. Autrefois, le marché des denrées alimentaires était presque exclusivement national; la nature même, essentiellement périssable, de ses produits et son incom- patibilité avec les transports à grande distance le pré- servaient de la concurrence étrangère. Aujourd'hui, la mise en pratique des procédés scientifiques modernes révolutionne cet état de choses, et l'existence des trans- ports frigorifiques permet aux produits de l'Amérique du Sud et de l'Australie de venir concurrencer sur les marchés européens ceux de nos pays. D'autre part, l'application du froid est en train de modifier l'évolu- tion de certaines industries (laiterie, fromagerie, hor- ticulture, boucherie, charcuterie, etc.). A tous ceux que ce mouvement préoccupe ou touche dans leurs intérêts et qui désirent se documenter sur l'industrie frigorifique et les services qu'elle peut rendre, on ne saurait mieux faire que recommander la lecture de l'ouvrage de M. Marchis. L. B. Etard (A.), Examinateur à l'Ecole Polytechnique, Professeur à l'Ecole de Physique et de Chimie, Chef de Laboratoire à lInstitut Pasteur. — La Biochimie et les Chlorophylles. — 1 vo/. in-8° de 224 pages, avec figures. Masson et Ci°, éditeurs. Paris, 1906. ; En raison de la complexité de ses études, la Biolo- gie a besoin, plus peut-être que toute autre science, du concours incessant de ses aînées: aussi la voyons- nous se subdiviser en Biochimie, Biophysique et Biody- nantique, autant de spécialités qui, chacune dans sa sphère, concentrent leurs efforts sur le même objet. L'union de toutes ces branches n'est sans doute pas absolument parfaite; on reproche souvent aux biochi- mistes de n'être pas assez physiologistes, à ceux-ci de ne pas assez tenir compte des indications ou des ana- logies que leur fournissent leurs coassociés: mesquines querelles qui ne sauraient influencer les progrès de la science ; en ce qui concerne la Biologie végétale, nous en avons comme preuve les conquêtes qui chaque jour viennent élargir son domaine. Depuis seulement trente-cinq ans que je m'intéresse à ces questions, les travaux de Wiesner, de Pfeffer, de ‘ Revue gén. des Sciences du 15 janvier 1906, €. XVII, p- 46. Timiriazeff, de Fischer et d'autres, sans compter les bactériologistes, sont venus résoudre d'une façon qu'on peut croire définitive les délicats problèmes de la transpiration, de la turgescence et de la nutrition chez les plantes ; ce sont autant de voies tracées dans le vaste champ de la Biologie générale, qui en font mieux ressortir les ombres et définissent plus nettement les questions qu'il faut mettre à l'étude. Celles-ci sont sur- tout d'ordre physico-chimique, puisque la vie est une suite de transformations de la matière, effectuées en l'absence de tout état d'équilibre; c’est ce qui nous autorise à élever quelque peu la voix dans le concert qui nous réunit aux physiologistes. Le temps n'est plus où un Pasteur ou un Claude Bernard pouvaient faire d’immortelles découvertes avec le seul secours des éléments de Chimie et de Physique qu'on possédait alors; aujourd'hui, il faut compléter ces éléments par les notions plus modernes de l’osmose, de la stéréochimie, de la catalyse, des solutions solides ou colloïdales, des absorptions d’éner- gie de toute espèce, calorifique, lumineuse ou extra- spectrale. Et, à ce point de vue, la Biologie végétale nous apparaît plus complexe que la Biologie animale, car, à l'étude des fonctions destructives des plantes, com- munes à tous les êtres vivants, elle doit joindre celle de leurs fonctions créatrices, incontestablement plus importantes que les autres, puisque ce sont elles qui aceumulent et nous livrent la meilleure partie de l'énergie solaire. Comment et sous quelle forme celle-ci agit-elle ? L'expérience montre qu'elle détermine dans la cellule verte la transformation de l'acide carbonique aérien en hydrates de carbone. C'est là une réaction grande- ment endothermique à froid, qui, par conséquent, ne peut s'effectuer que sous l'influence d’une radiation émanant de sources à température plus élevée que la combustion du sucre ; c'est pour cela que la lumière seule est efficace dans ce grand phénomène naturel et que la chaleur obscure reste sans effet sur l’assimila- tion chlorophyllienne. Mais, alors, quel est le rôle des matières colorantes de la feuille et pourquoi montrent- elles un spectre de bandes ? M. Etard se préoccupe de cette question; pour lui, chaque radiation lumineuse exerce une action spéci- lique sur le protoplasma et, certaines lui étant nui- sibles, au moins à certaines époques de la végétation, le rôle des pigments de la feuille serait d'atténuer celles-ci en même temps que d'absorber l'énergie des autres. La première de ces fonctions lui semble dévo- lue au carottène, qui arrête complètement la partie la plus réfrangible du spectre, la seconde aux chloro- phylles (phylloglaucines). C'est, comme on le voit, une combinaison du sys- tème Pringsheim avec le système Timiriazeff; mais que devient, en pareille occurrence, l'énergie des rayons absorbés par le carottène et la dernière bande de la chlorophylle, celle qui recouvre le bleu et le violet? Est-elle simplement dispersée ou est-elle dégradée, ramenée à une longeur d'onde plus grande et, partant, plus favorable ? On ne sait; mais, en tout cas, l'exis- tence de semblables écrans devient pour nous la preuve que notre soleil, de même que l'arc voltaique, est trop chaud pour la végétation qu'il anime : conclusion au moins rassurante pour l'avenir de celle-ci et de nos descendants. M. Etard appelle en même temps l'attention sur ce fait que le sang et la bile présentent aussi un spectre de bandes, bien que ces humeurs circulent à l'ombre des organes et ne tirent, par suite, aucun bénéfice de leur coloration. C'est là ce qui avait autrefois fait rap- procher le grain de chlorophylle du globule sanguin ; une nouvelle analogie bien curieuse entre ces deux pigments ressort des travaux de Marchlewski, qui à transformé la phyllotaonine en acide hématique, sorte d'acide maléique bisubstitué qui ne diffère en rien du composé que fournit l'hémoglobine dans les mêmes circonstances. 1082 .. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX Pour M. Etard, ces bandes sont peut-être la manifes- tation extérieure des lacunes ou liaisons multiples qui existent dans la molécule des matières colorantes complexes; on connaît, d’ailleurs, depuis longtemps déjà une propriété optique de ces lacunes : celle d'ac- croître proportionnellement à leur nombre l'indice de réfraction des corps qui en possèdent ou qu'on déna- ture artificiellement. Reprenant ensuite l'argument favori des physiolo- gistes, M. Etard critique la théorie de Baeyer et lui objecte qu'une substance aussi rare chez les plantes et aussi vénéneuse que l’aldéhyde formique ne saurait ètre considérée comme la plastide élémentaire de leurs principes immédiats. Cependant, Priestley et Usher n'’ont-ils pas démontré que, en l’absence de diastases, les feuilles d’ÆZ/odea se chargent d'aldéhyde méthylique au soleil? Bouilhac n’a-til pas établi que le formol libre peut servir d’aliment aux plantes? N'’est-il pas certain que les polypeptides sont des dé- rivés ammoniacaux, alors que, chez la plupart des es- pèces végétales, on ne trouve que des traces d’ammo- niaque ? L'acide carbonique lui-même n'est-il pas pour la cellule un poison comparable au formol, puisqu'on voit une plante dépérir dans une atmosphère qui ne contient que 5 à 6 °/, de gaz carbonique et, par consé- quent, ne lui en apporte, par voie de dissolution, qu'un dix-millième environ de son poids ? Toutes les opinions peuvent, en pareil cas, se soutenir ; mais je crois, pour ma part, que, dans l'impossibilité où nous sommes de faire entre elles un choix exclusif, le mieux est de choisir momentanément la plus simple; il y a quelque chance pour qu’elle soit aussi la plus juste, car ici l'adaptation, l’accoutumance et la lutte pour la vie jouent un rôle de premier ordre, dont une partie au moins à dû être consacrée à l'amélioration de l'antique mécanisme vital. Ecartant done l'aldéhyde formique du eyele de la photosynthèse, M. Etard admet que l'hydrate carbo- nique se fixe sur une lacune de quelque principe pré- existant (lequel?), à la manière des halogènes ou des ions de l’eau: il en résulte un acide-alcool à liaisons incorrectes, par conséquent instable, qui perd aussitôt une molécule d'oxygène et reproduit dans le nouveau corps une lacune semblable à celle qui lui a donné naissance. Le résultat final estun allongement progres- sif de la chaîne, qui s'enrichit, chaque fois, de CH°0, comme dans la théorie de l’aldolisation de Baeyer, mais sans production préalable de formol toxique. Au cours de cette discussion M. Etard, insiste tout : particulièrement sur la pluralité des chlorophylles, déjà admise par M. A. Gautier, et sur leur dépendance probable de l'hydrocarbure carottène. Tout porte à croire, en effet, que ces pigments forment un certain nombre de familles naturelles à noyau commun, mais différenciées, comme celles des albuminoïdes, par le nombre et la qualité des éléments annexés à ce noyau; c'est là l’origine des écueils auxquels on se heurte quand on cherche à isoler ces corps, et il suffit de se rappeler combien il est difficile de séparer les uns des autres les acides gras au voisinage de C?* pour prévoir l'impossibilité absolue de la préparation d'une chlorophylle unique et pure, par l'une quelconque de nos méthodes actuelles. M. Etard à extrait un grand nombre de ces pigments de différentes espèces végétales, en s’entourant des plus minutieuses précautions; il termine son ouvrage enindiquantla marche qu'il asuivie dans ces recherches et les résultats numériques qu'il a obtenus. Il est remar- quable que certaines cires incolores et certaines chlo- rophylles analysées par l'auteur ne renferment respec- tivement que 2°/, d'oxygène et 0,1°/, d'azote ; c'est la preuve d’une sorte de continuité entre les hydrocar- bures proprement dits et les chlorophylles riches, y compris leurs produits de dédoublement, phyllocya- nine et phyllotaonine, qui contiennent jusqu'à 8 et près de 13°/, d'azote. La Chlorophyllane, qui, d'après A. Gautier, Hoppe- Seyler et Rogalsky, renferme 4 à 5 centièmes de cet élément, n’est pour M. Etard qu'une cire teinte par de la chlorophylle ; enfin, cette dernière renfermerait dans sa molécule une grande quantité d'acides gras, par- fois 90°/,, qu'on peuten extraire par distillation sèche. La conclusion qu'imposent ces faits et les idées qu'à leur occasion remue M. Etard, c'est que les chloro- phylles sont des principes infiniment variables, dont le nombre est peut-être, comme celui des albuminoïdes possibles, supérieur à celui des gouttes d’eau que con- tient l'Océan: faible encouragement pour ceux qui désireraient en connaître autre chose que le style architectural. L. MAQUENNE, Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle. 3° Sciences naturelles Kilian (W.), Professeur à la Faculté des Sciences de l'Université de Grenoble, Collaborateur principal au Service de la Carte géologique de France, et Révil (J.), Président de la Societé d'Histoire natu- relle de Savoie, Collaborateur au Service de la Carte géologique de France. — Etudes géologiques dans les Alpes occidentales. Contributions à la géo- logie des chaînes intérieures des Alpes françaises (Mémoires pour servir à l'explication de la Carte géologique détaillée de la France). — Tome 1 : Des- cription orographique et géologique de quelques parties de la Tarentaise, de la Maurienne et du Briançonnais septentrional. — 1 vol. in-4° de x1-627 pages, 8 planches en héliogravure, 4 cartes en couleurs et 110 figures dans le texte. Paris, Im- primerie nationale. L'un des auteurs à déjà donné ici même, dans un excellent article sur « la synthèse géologique du sys- tème alpin » (Hevue du 30 juillet 1906), les principales conclusions de cet ouvrage considérable, qui, lorsque sa publication sera achevée, constituera certainemen la plus importante contribution à l'étude géologique des Alpes françaises qui ait paru depuis la « Descrip- tion géologique du Dauphiné » de Charles Lory. En attendant l'apparition du second volume, il importe de donner au lecteur une idée du plan et de l'esprit général de l'ouvrage, sans entrer dans des détails que ne comporte pas une analyse critique. Le premier volume comprend six chapitres, qui por- tent les titres suivants : I. Description géographique de la région. Il. Description géologique détaillée. HI. Tectonique. IV. Gisements miniers et minéraux; matériaux ex- ploitables; sources thermales ; industries diverses. V. Bibliographies géographique, topographique et géologique de la région. VI. Historique. Le second volume comprendra une description des terrains qui prennent part à la constitution géolo- gique des zones intra-alpines francaises ; une histoire géologique de la zone du Brianconnais:; un apercu historique sur les théories orogéniques ; un chapitre sur la structure des Alpes en général et des Alpes françaises en particulier. ; Comme on le voit, la portée générale du second volume dépassera beaucoup celle d’une monographie régionale. Tous les géologues en attendent avec impa- tience la publication, qui sera un véritable événement scientifique, étant donnée la grande notoriété que se sont acquise les auteurs en matière de géologie alpine. Le plan de l'ouvrage, tel que nous venons de le ré- sumer, donne lieu cependant à certaines critiques que les auteurs nous pardonneront de formuler ici, car elles ne s'adressent qu'à la forme et non à la valeur scientifique de l'œuvre. La plupart des lecteurs seront certainement frappés de voir la description géologique détaillée et le cha- pitre relatif à la tectonique placés avant la description LT BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 1083 des terrains. C'est là, qu'on nous permette cette expres- sion triviale, placer la charrue devant les bœufs. Com- ment, en effet, peut-on décrire utilement les déforma- tions qu'a subies une partie de la surface terrestre sous l'action des mouvements orogéniques, si l’on n'a pas fait connaître auparavant les terrains dont se compose la région, les matériaux qui constituent les couches disloquées ! Il est encore plus illogique d'étudier les gisements miniers avant la stratigraphie, alors que les roches encaissantes ne peuvent être supposées connues. La description géologique détaillée, ainsi présentée en dehors de son cadre naturel, donne par trop l'im- pression de notes de carnet plus ou moins déve- loppées. La matière est exposée sans idée directrice, sans autre fil conducteur que les relations géogra- phiques. De même, on regrette que les auteurs n'in- diquent nulle part l'échelle des coupes si remarquables qui accompagnent cette description. Le chapitre relatif à la tectonique est, par contre, une excellente synthèse, dont la valeur est encore augmentée par le schéma des dislocations qui l'accom- pagnent. Mais, là encore, on aurait désiré avoir sous les yeux des coupes à l'échelle, orientées de manière à ce que leur juxtaposition évoque immédiatement dans l'œil du lecteur la structure d'ensemble de la région. Les bibliographies et l'historique, qui occupent plus du tiers du volume, sont un précieux complément de l'ouvrage; mais on ne voit vraiment pas pour quelle raison les auteurs n'ont pas placé en tête ces deux chapitres, au lieu de les intercaler entre la partie tec- tonique et la partie stratigraphique. La bibliographie géographique et topographique se maintient dans les limites de la région spécialement étudiée et ne com- prend pas les notes innombrables d'alpinisme pure- ment sportif. La bibliographie géologique déborde, par contre, souvent sur toute la chaîne des Alpes, mentionnant des ouvrages qui n'ont aucunement trait à la région, et cependant elle ne constitue pas une bibliographie complète des Alpes françaises. Elle ne comprend pas moins de 988 numéros. L'historique, qui termine le premier volume, est une des parties les plus attrayantes de l'ouvrage, car, « plus peut-être qu'aucune autre, la partie des Alpes qui fait l'objet de ce mémoire a joué un rôle considérable dans le développement de la géologie alpine, et notamment dans la première période de l'histoire des conmais- sances qui touchent à la structure des régions monta- sneuses. Peu de régions, autant qu'elle, ont donné lieu à d'aussi nombreuses publications géologiques, et des discussions retentissantes en ont rendu certaines loca- lités (Petit-Cœur, Encombres, etc.) à jamais clas- siques ». D’autres publications plus récentes ont eu un retentissement non moins grand : ce sont celles où les auteurs du présent ouvrage prenaient date pour leurs belles découvertes stratigraphiques dans la Taren- taise, dans la Maurienne et dans le Brianconnais. Elles appartiennent à une période qui commence à la mort de Charles Lory et à la date où M. Kiliaa éfait appelé à succéder à cet illustre géologue dans la chaire de l'Université de Grenoble. Les auteurs exposent leurs propres recherches avec une modestie qui leur fait honneur; mais ils mettent en pleine lumière, dans leur historique, le rôle joué, dans le développement de nos connaissances sur la chaîne des Alpes et sur les mou- vements orogéniques, par l'Ecole française tectonique, dont le chef incontesté est M. Marcel Bertrand. Cette situation prépondérante, des livres tels que celui de MM. Kilian et Révil contribueront dans une large mesure à la maintenir. Mais, dès à présent, il est peut-être bon de formuler des appréhensions pour l'avenir. Les travaux de tectonique en pays de montagne n'ont toute leur valeur que lorsqu'ils sont accompagnés de levés géologiques détaillés. En Suisse, en Italie, en Bavière, en Autriche, les géologues alpins ont à leur disposition des cartes topographiqnes à courbes de niveau au 1/50.000 ou mème au 1/25.000. En France, nous sommes réduits à nous servir du 4/80.000 ou à des amplifications de cette carte avec tous ses défauts, toutes ses erreurs! C'est malheureusement sur une pareille base qu'est dressée la carte géologique des envi- rons de Moutiers, insérée dans l'ouvrage de MM. Kilian et Révil. Il est grandement temps que cette lacune dans l'outillage scientifique de la France soit comblée. EmiLe Hauc, Professeur à la Faculté des Sciences de l'Université de Paris. Landouzy (L.), Professeur à la Faculté de Médecine de Paris, Labbé (Henri et Marcel), Chefs de Labo- ratoire de la Clinique médicale de Laënnec. — En- quête sur l'alimentation d’une centaine d'ouvriers et d'employés parisiens. — 1 rochure in-8°, de T2 pages. Masson et Cie, éditeurs. Paris, 1906. C’est une œuvre du plus haut intérêt, en même temps qu'une bonne œuvre, que celle que MM. Landouzy, Henri et Marcel Labbé ont entreprise. Grâce aux ressources que leur offrait la clientèle hospitalière et la consulta- tion gratuite, ils ont pu soumettre à une enquête détaillée et approfondie l'alimentation de l’ouvrier pari- sien et celle du petit employé. Comme le dit le sous-titre de leur brochure, ils montrent que cette alimentation est irraisonnée, insuflisante, insalubre, dispendieuse, alors qu'elle pourraitêtre rationnelle, suffisante, salubre, économique. Dans le maigre budget de l’ouvrier, les dépenses alimentaires figurent pour 48 °/, chez l'homme, 49 °/, chez la femme, soit tout près de la moitié du salaire. Mais, dans ce total, que de dépenses inutiles et surtout nuisibles! Ainsi, les boissons alcooliques repré- sentent, chez la femme, 10 °/,, chez l'homme un peu plus de 25 °/, du salaire; les salades, cornichons, cru- dités de toutes sortes grèvent plus lourdement qu'on ne serait porté à le croire le budget de l’ouvrière et l'empêchent de se nourrir solidement! Adoptant les coefficients d'Attwater et s'éclairant des travaux d'Armand Gautier, les auteurs établissent les types d'une alimentation rationnelle pour les diverses catégories d'ouvriers : ouvriers exécutant des travaux de force ou des travaux modérés, employés sédentaires, ouvriers ordinaires. En présence du régime alimentaire défectueux, ils dressent le tableau de ce que devrait et pourrait être une nourriture à la fois plus saine, plus substantielle et moins coûteuse. Dans la seconde partie de leur travail, les auteurs passent en revue divers menus qui permettraient de réaliser aisément ce régime solide, salubre et écono- mique. Ils insistent à bon droit sur la grande valeur du sucre, sur son potentiel énergétique élevé, sur le bon marché relatif de cette précieuse substance, sur la nécessité d'en répandre l'emploi. Le travail se termine par une série de graphiques indiquant le nombre des calories fournies à l'orga- nisme par un poids égal des principaux aliments usuels, le prix de ces calories, les proportions d’albu- mine, de graisse, d'hydrocarbonés contenus dans ces mêmes aliments, leur prix de revient, etc. La supé- riorité de quelques matières alimentaires, telles que : la pomme de terre, le lard, le saindoux, le poisson fumé, apparaît manifeste; elle appuie l’assertion des auteurs touchant l'abus de la viande dans l’alimenta- tion, lé faible taux de son potentiel énergétique, son excessive cherté. C'est bien un travail d'hygiène sociale que celui de MM. Landouzy, Henri et Marcel Labbé; on y trouve toutes les données pratiques dont devrait s'inspirer, dans les milieux ouvriers, une alimentation bien com- prise, où la santé et l'économie trouveraient leur compte. Il faut souhaiter que ces idées se répandent parmi les intéressés et que les médecins aident à cette diffusion par une active propagande. D' L. HUGOUNENOQ, Professeur à la Faculté de Médecine de Lyon. 1084 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 4 Sciences médicales Zimmern (A.), ancien interne des Hôpitaux. — Élé- ments d’Electrothérapie clinique. Préface de M. BERGONIÉ. — 1 vol. de 393 pages. Masson et Ci, éditeurs. Paris, 1906. M. Zimmern a écrit un traité d'Electrothérapie sur un plan qui lui est bien personnel; c'est que ce traité est le résultat de bien des années déjà de pratique et de réflexions. L'auteur, en effet, n'en est pas à ses débuts, et ceux qui s’occupent de questions d'électricité médicale connaissent depuis longtemps ses travaux, en particulier sur l'électricité gynécologique. Il a toujours mené de front laclinique et l'expérimentation, suivant en cela la voie à la fois la plus ardue et la plus féconde. Mais, pour un traité d'Électrothérapie, il y avait une autre difficulté à résoudre, et non des moin- dres : c'était l'exposé de la partie physique de la question. L'auteur, par son origine purement médicale, pouvait sembler peu autorisé en cette matière ; la lecture de l'ouvrage ne tarde pas à lever ce doute, car la partie physique y est traitée sobrement, comme il convient, mais avec un développement suffisant et une clarté parfaite. Citons en première ligne, à ce point de vue, le chapitre qui est consacré à l’électrolyse, et dont l'exposition était particulièrement délicate; l’auteur y a expliqué avec toute la limpidité et la concision que doivent exiger les médecins, les théories modernes de cette grande branche de l'électricité, qui apportent un jour si lumineux sur les applications médicales. L'ouvrage est d’ailleurs conçu à un point de vue purement pratique. En suivant à la lettre les prescrip- tions qui y sont indiquées, un médecin pourra obtenir des résultats thérapeutiques excellents, et cela sans avoir besoin d'installation coûteuse. L'auteur aeu pour but essentiel de montrer ce que l'on peut faire avec une pile de quelques éléments, un chariot de Dubois- Reymondet les instruments de mesure les plus simples. Il ne s’est d’ailleurs pas borné à cela et il a traité de tous les sujets à l'ordre du jour; tous ceux qui s'occu- pent d'électricité médicale à un titre quelconque auront donc intérêt à lire son livre; mais ce qui le caractérise plus spécialement, c'est précisément d’avoir réuni en un corps de doctrine ce que la pratique courante peut, avec des frais modérés, retirer de l'électrothérapie moderne. Dr Axpré Broca, Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris. 5° Sciences diverses Haumant (E.). — La Russie au XVIII® siècle. — 1 vol. in-8° de 286 pages avec nombreuses illustra- tions dans le texte. May, éditeur, Paris. M. Haumant s'est proposé de nous donner un livre de large vulgarisation. A cet effet, il a voulu faire tenir dans le cadre restreint qui lui était assigné des renseigne- ments d'ordre élémentaire aussi variés que possible. A cet égard, La Russie au XVIII siècle est un livre très complet, et qu'on lira, non seulement avec plaisir, mais avec profit. Après une introduction historique, l’auteur nous montre d'abord ce qu'il appelle l’européanisation de la Russie, c'est-à-dire la pénétration de la culture européenne dans l'Empire, encore grossier, de Pierre le Grand. Nous voyons là le rôle joué par ces innom- brables étrangers venus de leur plein gré en quête d'aventures, où appelés par les souverains. Sans doute, un grand nombre d’entre eux songent surtout à leur prolit personnel, mais d’autres, tels que l'Ecossais Gordon, pour ne citer que celui-là, prennent très au sérieux leur rôle de conseiller. L'influence personnelle de Pierre le Grand et de Catherine achève de donner à une partie du pays l'impulsion nécessaire pour la mettre à même de comprendre et d'utiliser les con- quêtes de la civilisation européenne. Nous voyons ensuite le gouvernement de la Russie au xvi° siècle présenté dans une série de chapitres sur l'Administration, l'Armée, les Finances et Ja Pol tique étrangère. ; M. Haumant fait voir avec beaucoup de clarté la. nécessité de la centralisation administrative qui fut l’œuvre de Pierre le Grand et qui aboutit à la création: d'une série d’administrations ou Collèges. Il montre aussi comment cette création hâtive et artificielle fut retouchée, et améliorée, surtout au point de vue de l'organisation provinciale, par l'infatigable et hardie Catherine IL. Par malheur, «le Gouvernement a beau multiplier le contrôle et les règlements, changer le personnel, faire appel à l'opinion publique : après. chaque tentative de réforme, on revient à la mème antienne de la persistance des abus ». ; L'armée, en dépit des succès qu'elle obtient au xvut® siècle, se présente dans un état lamentable, sur lequel tranche la coûteuse tenue des régiments de la garde, dont la grande affaire est de montrer de beaux hommes et de beaux uniformes. C'est que, dans l'armée, autant et plus que dans les autres adminis- trations, on vole à tous les grades et sur toutes les. fournitures. ñ Les finances n'ont pas meilleure fortune. Toutes les expéditions coûtent cher et les armements doivent être payés aux étrangers qui les fournissent. Catherine I se décide bien à créer du papier-monnaie en 1768; mais, peu à peu, elle se laisse entrainer sur la pente: des émissions non couvertes par l’encaisse métallique, de sorte que les prix augmentent dans la mesure où baissent les assignats. En somme, à la fin du xvin: siècle, en dépit des lourds impôts et de l'accroissement de la population, le Trésor était vide et le crédit du pays à peu près nul. Le chapitre qui suit est relatif aux conquêtes du siècle. Nous y voyons la Russie parvenue, à la fin du xvie siècle, avec le troisième partage de la Pologne, aux limites de sa zone d'extension « facile ». Désor- … mais, sauf des territoires relativement peu étendus qui complèteront sa frontière de l'Ouest et du Nord et agrandiront celle du Sud-Ouest, elle ne fera plus de progrès que vers l'Orient asiatique. La troisième partie : La Nation, nous offre en rac- courci un tableau de la société russe. D'une part les paysans, les serfs, maltraités, souvent fugitifs et orga- nisés en bandes de brigands. D'autre part, les nobles, souvent très pauvres et surchargés d'obligations, mais formant le réseau constitutif de l'immense pays, auquel il fournissent des administraleurs et des officiers. Puis le clergé, auquel Pierre le Grand fit sentir sa rude main, neus apparaît avec son mélange de haute intel- ligence et de grossière brutalité. La grave question qui le préoccupe est celle des sectes, surtout celle de la grande secte des Vieux Croyants, qui, née au xvie siècle, s'organise au début du siècle suivant. Après avoir montré le peu d'importance sociale des groupements urbains et de la classe très conservatrice des marchands, l’auteur donne enfin un bref tableau de la médiocre littérature de cette période de for- mation. Telestcelivre, que liront avec plaisir et fruit tous ceux qui désireront trouver réunis desrenseignements, un peu rapides peut-être, mais bien groupés, sur ce xvin® siècle russe, barbare et grossier, mais dans lequel apparais- sent les deux plus grands noms de l'histoire politique de la Russie : Pierre le Grand et Catherine II. On trouvera peut-être que M. Haumant abuse un peu des mots étrangers russes, et que la lecture de. certaines pages devient par là assez déconcertante pour des lecteurs non familiers avec la langue russe. Quant à l'orthographe des mots russes, elle est délibéré- ment phonétique, et M. Haumant écrit : Fone-Vizine; il semble qu'il eût dù écrire pour être logique : Vo- rondzof et non Voronzof. On ne comprend pas non plus très bien pourquoi il transcrit le mot Xlyst (fouet) sous la forme XAlouist, alors que, partout ail- leurs, il a, logiquement, transcrit le signe yéry par l'y traditionnel (Ex. : Filippovtsy). F. DE N. Es ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 1085 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES a DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 3 Décembre 1906. L'Académie présente à M. le Ministre de l'Instruc- tion publique la liste suivante de candidats pour le poste d’astronome titulaire vacant à l'Observatoire de Paris : 1° M. H. Renan; 2° M. E. Fabry. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Edm. Maiïllet pré- sente ses recherches sur certains nombres transcen- dants. — M. L. Raffy expose quelques remarques sur la recherche des surfaces isothermiques. — M. A. Hur- witz démontre le théorème suivant: Les points cri- tiques à distance finie de la fonction z— g{s), inverse de la fonction s—f{(z), sont les points s— f{z, ) ets — Lim. {{2). — M. P. Cousin présente ses recherches sur les fonctions périodiques. — M. Loewy poursuit l'ex- posé de sa méthode rapide pour la détermination des erreurs de division d’un cercle méridien. — M. E. Es- clangon adresse ses observations de la comète 1906 p, faites au grand équatorial de l'Observatoire de Bor- deaux. — MM. Rambaud et Sy communiquent leurs observations des comètesThiele et Metcalf (1906 g et L), faites à l'équatorial coudé de l'Observatoire d'Alger. — M. J. Guillaume envoie ses observations de la comète Metcalf (1906 2), faites à l'équatorial coudé de l'Observatoire de Lyon. 2° ScieNCES PHYSIQUES. — M. V. Crémieu déduit de ses expériences que, dans un champ gravifique très convergent, un corps plongé dans un liquide paraît soumis à quelque chose de plus que la différence entre la poussée hydrostatique et l'attraction newtonienne. — M. J. Becquerel donne une explication théorique des phénomènes magnéto-optiques présentés dans un cristal. — M. M. Moulin montre que les sels de radium peuvent remplacer l'écoulement d'eau, comme égali- seurs de potentiel, dans les installations fixes. Les mêches au nitrate de plomb donnent aussi de bons résultats, surtout dans le vent. — M. A. Korn décrit un appareil servant à compenser l'inertie du sélénium. -— Me Baudeuf à constaté qu'on peut charger posi- tivement une plaque métallique isolée, placée dans un champ électrique de direction convenable, en la soumettant aux radiations ultra-violettes. — M. M. Yegounow a étudié la diffusion des solutions de sul- fate de cuivre dans la gélatine ; elle suit rigoureuse- ment la loi de Stephan. — M. Binet du Jassoneix, en réduisant l’oxyde de chrome par le bore au four élec- trique dans des creusets de magnésie, a obtenu des fontes attaquables par HF, HCI et H?SO*, qui contiennent de 5 à 17°/, de bore combiné. Au-dessus de cette teneur, le bore existe dans ces fontes à l’état de borure de chrome BCr. — MM. G. Bertrand et M. Javillier décrivent une méthode très sensible de recherche du zinc, basée sur la précipitation du zincate de calcium en solution ammoniacale ; elle permet de déceler jus- qu'à un cinq-millionième de métal. — M. P. Lemoult a constaté que les carbylamines sont, à partir de leurs éléments, des composés fortement endothermiques et à tendances explosives. L’acide cyanhydrique doit ètre considéré comme une carbylamine. — MM. L. J. Si- mon et G. Chavanne ont obtenu, à partir du glyo- xylate d’éthyle : sa phénylhydrazone, F. 131°; son oxime, F. 35°, et sa semicarbazone, F. 228°, dont la saponification fournit les dérivés correspondants de l'acide glyoxylique. — M. V. Auger, en éthérifiant l'acide arsénieux par les alcools et éliminant l’eau au fur et à mesure de sa formation, a obtenu les éthers arsénieux purs: arsénite de propyle, As (OC*H7}, Eb. 217; arsénite de butyle normal, Eb. 263; arsénite d'isobutyle, Eb. 2420, — M. P. Freundler a constaté que l'acide benzène-azo-0-benzoïque se transforme à froid, sous l'influence de SOCE ou de PCF, en dérivé C-oxyindazylique chloré en 4 dans le noyau aromatique. Les isomères méta et para fournissent, au contraire, des-chlorures d'acides normaux. — M, Ch. Schmitt, en condensant l’éther oxalacétique avec l'éther cyana- cétique en présence de pipéridine, a obtenu le cyano- propènetricarboxylate d'éthyle, F. 757. — M. R. Fosse a reconnu que les carbinols aromatiques secondaires R:CHOH se condensent facilement avec l'acide malo- nique pour donner, après élimination de CO? et H°0, des acides propioniques bisubstitués en 8, R :CH.CH?. CO*H. — M. E. Léger a constaté que l'hordénine est la para-oxyphényléthyldiméthylamine OH.C°H*.CH?.CH:.Az (GH5}. 3° SCIENCES NATORELLES. — M. A. Laveran signale le départ pour le Congo français d'une Mission organisée par la Société de Géographie à l'effet d'y étudier la maladie du sommeil. — MM. A. Calmette, P. Van- steenberghe et Grysez estiment qu'à côté de l'anthra- cose d’origine respiratoire et purement mécanique, dont ils n'ont jamais songé à nier l'existence, il faut admettre la réalité de l’anthracose physiologique d'ori- gine intestinale. — M. H. Guilleminot, en triant les phases des courants de haute fréquence au moyen de ses spirales, a obtenu des effets d’effluvation, utilisables en médecine etcomparables à ceux des machines élec- trostatiques. — M. A. Guépin montre que la prophy- laxie du cancer glandulaire de la prostate doit consis- ter dans la suppression de toutes les causes de stagnation des sécrétions dans les glandes et dans le combat, par des moyens appropriés, contre l'hypersé- crétion prostatique. — M. R. Minckiewicz esquisse le rôle des phénomènes chromotropiques dans l'étude des problèmes biologiques et psycho-physiologiques. — M. M. Letulle et M!° Pompilian décrivent la cham- bre respiratoire calorimétrique qu'ils ont installée dans le Laboratoire de Physiologie pathologique de l'Hôpital Boucicaut et qui permet de faire simultanément la mesure des échanges respiratoires et de la chaleur dégagée par l’homme pendant une très longue durée. — M. Y. Delage a constaté qu'en ajoutant au liquide hypertonique banal à NaC], alcalinisé légèrement, 1 à 1,5 centimètre cube d’une solution normale de NiCE, on augmente considérablement son efficacité comme agent parthénogénétique. — M. Ch. Gravier a reconnu l'existence de formations coralliennes à l'ile de San- Thomé (golfe de Guinée). — M. C. Houard a étudié les modifications histologiques apportées aux fleurs du Teucrium Chamaedrys et du T. montanum par des larves de Copium : épaississement de la paroi des corolles, formation de tissus nourriciers utiles aux cécidozoaires, castration parasitaire, etc. — M. J. Beauverie poursuit l'étude de l’évolution des corpus- cules métachromatiques des graines (globoïdes) pen- dant la germination. — M. W. Tichomirow a observé que les inclusions des fruits des Diospyros Lotus, D. Kaki, D. virginiana, incolores pendant la vie, prennent au contact de l'air une coloration rouge, sous lin- fluence de l'oxydase qu'elles renferment; leur subs- tance tannoïde contient un phénol. — M.F. Zambonini a observé, comme M. Lacroix, la galène parmi les minéraux produits par les fumerolles de la dernière éruption du Vésuve. — M. J. Chautard a’constaté la présence, dans la presqu'ile du Cap Vert, de deux séries de roches volcaniques : l’une, antérieure à l'Eo- cène moyen, formée de trachytes acides et de basaltes 1086 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES et limburgites basiques; l'autre, postérieure, formée de basaltes. Séance du 10 Décembre 1906. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. F. Bernstein dé- montre le théorème d'équivalence de la théorie des ensembles sans faire usage du principe d’induction complète. — M. Er. Schmidt présente ses recherches sur la puissance des systèmes orthogonaux de fonc- tions continues. — M. L. Fejer adresse quelques con- sidérations sur le calcul des limites. — M. Rivereau étudie une classe d'équations différentielles réducti- bles aux équations linéaires. — M. P. Duhem montre que la lecture du Traité des proportions d'Albert de Saxe à suggéré à Léonard de Vinci une part très con- sidérable de ses opinions scientifiques. 90 SCIENCES PHYSIQUES. — M. J. Becquerel à mis en évidence, dans les cristaux de xénotime, l'existence si- multanée d'électrons négatifs et positifs pour lesquels le rapport de la charge à la masse peut atteindre 4,4 X 108, valeur de six à dix fois supérieure à celle qui correspond aux corpuscules cathodiques. — M. H. Guilleminot montre que, grâce au triage des phases de l’effluvation de haute fréquence, on peut produire dans l'organisme des effets moteurs analogues à ceux des courants employés en médecine sous le nom de courants de Morton. — MM. Chavassieu et A. Morel: Sur une réaction colorée des sucres réducteurs (voir p.1087). — M. Pastureau, en faisant agir Br sur le super- oxyde de la méthyléthylcétone, préparé par action de H°0? sur la cétone en milieu acide, a obtenu une mé- thyléthylcétone tétrabromée CH*Br.CO.CH°.CBr*, F.500. — M. Balland a effectué plus de 600 dosages de phos- phore dans les divers aliments, et il en donne les prin- cipaux résultats. — MM. R. Lépine et Boulud ont ob- servé, consécutivement à l'injection dans la jugulaire de divers extraits d'organes et de sang asphyxique, en l'absence d'hyperglycémie, une glycosurie, d’ailleurs légère et transitoire. — M. G. Bertrand et M! L. Riv- kind ont constaté que la plupart des Légumineuses renferment une diastase (émulsine) capable d'hydro- lyser la vicianine ; mais ce glucoside ne se trouve que dans le genre Vicia, à l'exception de l'espèce Vicia narbonensis. — M. G. André à étudié la composition des sues végétaux extraits des racines sous diverses pressions; elle est relativement constante, Toutefois, la concentration des sues diminue lorsque la pression augmente. : 3° ScrENCES NATURELLES. — MM. J. Bergonié et L. Tribondeau recommandent d'éviter de produire des karyokinèses atypiques dans les applications radiothé- rapiques ; à ce point de vue, il faut préférer les doses rares et massives aux doses faibles et répétées. — M. G. Bonnier montre que la division du travail est poussée à l'extrême dans la collectivité des abeilles. Dans des circonstances déterminées, les butineuses, non seulement d'une même ruche, mais provenant de diverses ruches et comprenant des Mellifères sauvages, peuvent se distribuer sans lutte sur les plantes melli- fères, Elles arrivent ainsi, dans l’ensemble, à récolter pour le mieux et dans le moins de temps possible les substances nécessaires à toutes les colonies d’abeilles d'une même région. — M. Ed. Chatton crée un ordre nouveau de Dinoflagellés parasites, celui des Blastodi- nides, représenté en particulier par le Blastodinium Pruvoti, caractérisés par leur reproduction par segmen- tation périodique d'une cellule-mère, donnant nais- sance à des générations successives de spores. — M. M.-A. Hérubel a observé, sur un Sipuneulus nudus, une tumeur musculaire, présentant trois processus de dégénérescence : phagocytose directe, phagocytose après modification ou lycocytose, résorplion par voie chimique. — M. G.. Vert présente quelques considé- rations nouvelles sur l’origine et la transformation du pollen. — M. P. Becquerel à constaté que la lumière active beaucoup les phénomènes d’oxydation dans les graines à l’état de vie ralentie. Les téguments ont une importance capitale dans l'absorption de l'oxygène et le dégagement d'acide carbonique. — M. Ph. Négris à reconnu que les conglomérats de la Messénie ne sont” ni recouverts par les calcaires lithographiques ni ne les recouvrent, mais leur sont adossés. Ils sont proba= M blement contemporains des conglomérats des Météores et se sont déposés pendant l'Oligocène. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 4 Décembre 1906. M. Chauvel présente un rapport sur un travail du D' Boigey, relatif à la cécité dans la race arabe. Sur 18.780 indigènes de l'Algérie examinés par l’auteur, 1.891 (soit 40 °/.) présentent cette infirmité, dont 877 atteints de cécité binoculaire et 4.014 simplement borgnes. Les femmes sont atteintes en nombre égal aux hommes. Les origines principales de la cécité chez les Arabes sont : la malpropreté, les mouches, la ré- verbération solaire et la poussière sableuse, l'usage abusif du koheul. — M. Albert Robin expose ses vues sur le traitement de la pneumonie, basées sur l'étude des échanges généraux et respiratoires. Au moment de la défervescence de la pneumonie, il se produit des décharges d’urée et d'acide urique qui précèdent sou- vent la chute de la température, en même temps qu'augmente le coefficient d'utilisation de l'azote. Ces phénomènes, loin de coincider avec une augmentation parallèle des échanges respiratoires, marchent de pair avec une diminution de ceux-ci; ils n'exigent donc pas la consommation d’une plus grande quantité d'oxygène. La crise pneumonique spontanée à donc pour l'une de ses conditions immédiates, sinon pour cause, non des actes d’oxydation directe, mais bien des actes d'hydratation oxydo-réductrice qui expriment le mode réactionnel de défense de l'organisme à len- contre de lagression pneumococcique. Les ferments métalliques qui augmentent l'azote total, l'urée, acide urique, tout en diminuant la consommation d'oxygène, agissent donc dans le même sens que l'effort curatbur spontané de la nature dans la pneumonie; ils peuvent servir à le provoquer ou à l’accroître. Le traitement de la pneumonie par les ferments métalliques réclame toutefois des adjuvants qui sont : la saignée suivant les cas, puis le calomel à doses fractionnées, l'alcool à doses modérées, la quinine à petites doses, qu'on asso- cie au pyramidon, enfin le vésicatoire à partir du cinquième jour. Sur 53 cas traités par cette méthode, dont 26 très graves, la mortalité n’a été que de 6 cas, soit 11,32 °/,. — M. A. Laveran répond aux critiques formulées par M. Kelsch contre la théorie anophé- lienne du paludisme. Séance du 41 Décembre 1906. Séance publique annuelle. M. Motet lit le Rapport général sur les prix décernés par l’Académie en 1906. — M. Jaccoud, secrétaire perpétuel, prononce l'éloge de Nocard. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Seance du 1* Décembre 1906. MM. J. Livon et Pénaud ont observé un malade porteur d’une filaire adulte, du genre dit Loa, mani- festant sa présence par des œædèmes fugaces, une ‘osinophilie marquée et la présence permanente de microfilaires dans le sang, l'urine et lasalive. — M. E. Couvreur a constaté que, dans la coagulation du lait, apparaissent des acid-albuminoiïides; comme le lab, des microbes tels que le colibacille, le ferment lactique, les microbes de la présure, déterminent la coagulation avec formation de protéoses, parfois même de pep- tones. — M. E. Fauré-Frémiet a reconnu que le mouvement est la seule condition nécessaire que les Opercularia demandent à leur hôte. — M. Saggio à observé que la castration chez le lapin adulte ne pro- | duit pas de modifications morphologiques du squelette, td à Re CE ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 1087 ni de variations dans les échanges phosphorés, tandis que, chez le lapin jeune, elle provoque un accroisse- ent notable du système osseux et une rétention hosphorée manifeste. — M. F. Moutier montre que, ans la pleuro-tuberculose primitive, il y a une leuco- cytose variable, en général positive, mais modérée, vec lymphocytose et surtout mononucléose, puis anémie assez marquée. — MM. L.-C. Maillard et A. Ranc estiment que le dosage de l’indoxyle urinaire par la méthode de sulfonation permet d'atteindre une précision à 1°/, près. — MM. Ed. Toulouse et H. Pié- ron ont déterminé le cycle nycthéméral de tempéra- ture de sept veilleuses de nuit; chez trois, il y a eu inversion des maxima et des minima, et chez quatre cette inversion ne’s'est pas produite. — M. M. Doyon à constaté que le nitrite d'’amyle détermine le relàche- ment des muscles bronchiques. — MM. H. Rajat et G.. Péju montrent qu'il est possible de reconnaître, grâce à l'examen des formes morphologiques du parasite du muguet dans le liquide de Raulin, la variété clinique d'affection à laquelle on à affaire et, par là, le traite- ment à employer. — M. G. Stodel a observé que l'émul- sine injectée dans une veine passe dans le suc pancréa- tique et dans la bile. — M. L. Martin a reconnu que le bacille de Ruediger-Hamilton n'est pas un bacille pseudo-diphtérique ; donc les échecs de la sérothérapie antidiphtérique contre ce microbe n'entachent en rien la valeur de la méthode. — M. G. Bohn a constaté que les Actinies ont la faculté, par l'orientation diverse de leurs tentacules vis-à-vis de la lumière, de régler en quelque sorte l'assimilation de l'acide carbonique due “ à une Algue associée. — MM. Lesné et Dreyfus mon- trent que, pour provoquer un diabète intense et mortel par pancréatectomie chez le chien, il est nécessaire que l’extirpation du pancréas soit totale. —M.E. Mau- rel a observé que, pendant la première partie de sa grossesse, la cobaye absorbe une quantité de substances albuminoïdes sensiblement supérieure à ses besoins; c'est à leurs dépens qu'elle constitue surtout les fœtus. — M. H. Iscovesco à constaté que le sérum sanguin contient un pigment électronégatif. — M. A. Mayer montre que les nucléines et les nucléo-albumines régénérées sont des complexes colloïdaux. Séance du 8 Décembre 1906. M. Ch. Richet montre que, chez les lepins, herbi- vores, un régime alterné de cinq jours de jeüne et de » cinq jours d'alimentation ne peut être, sauf exception, * maintenu plus d'un mois et demi sans entrainer la mort de l'animal. — MM. A. Calmette, P. Vansteen- berghe et Grysez : Sur l’anthracose pulmonaire phy- siologique d'origine intestinale (voir p. 1085). — M. C. Mathis a obtenu de bons résultats dans la culture des *irypanosomes sur milieu de Novy-Mac Neal préalable- « ment chauffé. — M. E. Pinoy présente un nouvel ap- “pareil de microphotographie permettant d'obtenir, mème à de forts grossissements, une image donnant l'idée de la structure d'un objet présentant une cer- “taine épaisseur. — M. E. Vidal à constaté que, sous “l'influence d'injections cytolytiques anti-cancéreuses, “le sujet néoplasique produit progressivement une subs- tance empêchante sauvegardant la cellule épithéliale. “Cette substance siège principalement dans le sang. — M. J. Beauverie étudie l'évolution de la protéine des “cristalloïdes et du noyau dans les graines au cours de “la germination. — MM. Ed. Toulouse et H. Piéron ont observé que, dans le passage du cycle nycthéméral nor- mal de température au cycle inverti chez deux veil- “leuses de nuit, le déplacement du maximum s'est fait “dans un Cas par avance progressive, dans l'autre par “retard progressif. — M.M. Weinberg et M! J. Soeves “ont reconnu que le canal intestinal des Helminthes contient des microbes empruntés à la flore intestinale de l'animal habité par ces parasites; mais leur nombre est insignifiant comparé au nombre des microbes qu'on trouve à la surface même du parasite. Ce sont ces der- miers surtout qui sont inoculés par les Helminthes } $ quand ils perforent la muqueuse intestinale. — MM. L. Le Sourd et Ph. Pagniez ont provoqué, in vitro et in vivo, l'irrétractilité du caillot sanguin par action di- recte sur les hématoblastes, au moyen d'un sérum anti- hématoblastique. — M. J. Gaillard a constaté que l'éosinophilie sanguine est un phénomène fréquent dans la maladie de Recklinghausen, transmissible héré- ditairement. — MM. H. Rajat et G. Péju ont trouvé un tænia vivant dans un œuf de poule; il est probable que l'infection s’est faite par voie ascendante à partir du eloaque en remontant l’oviducte. — MM. C. Leva- diti et Y. Manouélian ont reconnu que le spirille de la « tick-feyer » ne prolifère que dans le système vas- culaire et ne pénètre nullement dans le protoplasma des cellules nobles. — M. H. Iscovesco a vérilié que le sérum sanguin contient bien deux sérumalbumines : une positive qui se transporte vers le pôle négatif et une négative qui se transporte vers le pôle positif et s'y coagule. — MM. E. Wertheimer et Ch. Dubois ont pratiqué la suture du bout central du lingual avec le bout périphérique de l'hypoglosse ; il s'est produit une inversion de la fonction de l'hypoglosse, qui de vaso-constricteur est devenu vaso-dilatateur. — M. G. Bohn montre le danger des idées finalistes dans l'étude des mouvements provoqués par la lumière. — M. Al. Carrel a constaté que des vaisseaux, transplantés après avoir séjourné plusieurs jours à la glacière, peuvent jouer le rôle d’artères, au moins pendant quelques se- maines. — MM. E. Beaujard et V. Henri ont observé une agglutination des hématies par une solution d'albu- mine d'œuf chez les animaux préparés par injection intra-péritonéale de cette albumine. — M. J. de Rey- Païilhade montre que l'hydrogène spécial du philo- thion est oxydé par l'oxydase artificielle de M. Trillat. — MM. Cerné et F. Dévé signalent un cas de kyste hydatique du foie réduit sans drainage, qui a été suivi d'une pneumatose kystique post-opératoire. — M. M. Nicloux indique le principe d'une méthode de dosage de petites quantités d’éther pur en solution aqueuse ou sulfurique ; elle est basée sur l'oxydation par le bichro- mate et le changement de teinte qui se produit à la fin de Ja réaction. — M. E. Maurel estime que les fœtus de la cobaye doivent probablement être formés avec des albuminoïdes qui ont fait partie constitutive de la mère. — MM. Chavassieu et A. Morel ont observé qu'en mélangeant une solution aqueuse d’un sucre réducteur à une solution alcoolique de métadinitro- benzène en présence d’alcali, on obtient une colora- tion violette extrêmement intense. Cette réaction peut servir à caractériser les sucres réducteurs, en particulier le lévulose. — M. E. Fauré-Frémiet à constaté qu'il n’existe pas de condition nuisible au dé- veloppement d'un Opercularia donné sur un insecte qui n'est pas son hôte spécifique, mais il ne semble pas exister non plus de conditions favorables à ce dévelop- pement. — MM. J. Thiroloix et G. Rosenthal ont ob- servé une hypertoxicité du sérum et une hypotoxicité des urines dans un cas de coma diabétique. — MM. Léo- pold-Lévi et H. de Rothschild mettent en garde contre les dangers d’une opothérapie thyroïdienne poussée trop loin, qui peut changer complètement cer- tains tempéraments. — M. P. Emile-Weil a constaté, dans les états hémorragipares, des troubles de coagu- lation du sang (retard plus ou moins notable, rétrac- tion minime). — M. R. Dubois, à propos du travail de M. François-Franck sur le fonctionnement des sacs aériens des Oiseaux, rappelle qu'un travail sur ce sujet, fait dans son laboratoire par M. Soum en 1896, avait déjà conduit en partie à des conclusions analogues. — M. J. Villard maintient, contrairement aux aftirma- tions de M. CI. Gautier, que la matière verte du cocon d'Yama-Maï est distincte de la chlorophylle. — MM. E. Brissaud et Bauer exposent leur méthode d'étude des voies de la circulation veineuse intra-hépatique à l'aide des injections de masses gélatineuses colorées; cette technique leur a permis de démontrer l'inanité de l'indépendance des lobules. 1088 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY Séance du 22 Novembre 1906. M. L. Bruntz a reconnu que les « Frontaldrüsex » des Caprellides sont des organes globuligènes. — M. L. Cuénot montre que les Eolidiens empruntent leurs nématocystes aux Cœlentérés dont ils se nourrissent. — MM. P. Jacques et L. Hoche ont étudié deux tumeurs de la base de la langue, qui leur ont paru être d'origine séro-muqueuse, SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du 16 Novembre 1906. MM. A. Cotton et H. Mouton : Le phénomène (de Majorana dañs les champs intenses. D'après Majorana, la biréfringence magnétique varie proportionnellement au carré du champ : cette loi a été admise par plusieurs physiciens qui ont cherché à donner une théorie du phénomène. Les expériences de Majorana, comme le remarquait l’auteur lui-même, ne permettaient cepen- dant pas de vérifier avec précision l'exactitude de la loi en question; car le liquide avec lequel il opérait (fer Bravais ancien) lui donnait toujours d'une facon plus ou moins marquée une 2nversion (changement du signe de la biréfringence pour une certaine valeur du champ), qui venait compliquer dans les champs faibles la loi du phénomène. MM. Cotton et Mouton, qui ont réussi à retirer du fer Bravais un liquide présentant une forte biréfringence négative sans inversion, ont recherché sur ce corps si la loi de Majorana est exacte ou non. Dans des champs faibles (allant jusqu'à 13.000 unités par exemple), la courbe représentant la biréfringence en fonction du champ a bien un aspect parabolique : cependant, le rapport de la biréfringence au carré du champ décroit légèrement d'une façon systématique. Il était donc tout indiqué de poursuivre l'étude du phé- nomène dans des champs plus intenses. Ces expériences ont été faites au Laboratoire de Physique du Polytech- nicum de Zürich avec l’aide obligeante de M. Weiss. Celui-ci vient de faire construire un gros électro-aimant qu'il décrira prochainement et qui se prêtait particu- lièrement à des recherches de cette nature. Des champs dont l'intensité n'a pas dépassé 35.000 unités (où les cuves servant à l'examen des liquides pouvaient se placer sans qu'on ait àles modifier) ont suffi pour mon- trer que la loi de Majorana n'est pas exacte. La courbe représentant les variations de la biréfringence du même liquide ne peut être assimilée à une parabole que dans les champs faibles; elle présente un point d’inflexion à partir duquel la biréfringence croît beaucoup plus len- tement avec le champ. La courbe représentant la biré- fringence en fonction des carrés des champs est une courbe très régulière, très nettement concave vers l’axe des champs. Cette loi de variation de la biréfringence en fonction du champ est à rapprocher de celle qu'ont observée MM. Cotton et Mouton avec d'autres liquides, donnant des courbes à saturation. Elle pouvait être prévue d'après l'explication qu'ils ont adoptée des phénomènes de biréfringence magnétique, fondée sur l'orientation des particules par le champ, la biréfrin- gence ne pouvant dépasser la valeur limite qui cor- respond à l'orientation exacte de toutes les particules. Quant au phénomène de l'inversion que présentent certains liquides, il s'explique très simplement, ainsi que ses variations avec la température, par le mé- lange dans le liquide de deux sortes de particules, les unes à forte biréfringence négative, les autres à faible biréfringence positive avec une loi de variation différente. Les premières, plus petites, subsistent seules dans les couches supérieures du liquide lorsqu'on l'a abandonné pendant longtemps au repos, et l'on peut ainsi les isoler. — M. J. Hadamard, étudiant les pro- blèmes aux limites dans la théorie des équations aux dérivées partielles, montre que le problème de Cauchy est bien posé pour les équations du type hyperbolique, mais qu'il ne l’est pas pour les équations du type ellip- tique. — M. Marage : Qualités acoustiques de certaines. salles pour la voix parlée. On sait combien il est diffi=" cile de prévoir les propriétés acoustiques d’une salle; les déboires nombreux qu'ont éprouvés les architectes en sontune preuve; nous en avons en France plusieurs exemples assez récents. Le problème est assez com- de vibrations : 1° l'onde primaire qui vient directement de la source; 2° des ondes diffusées en nombre infini qui sont renvoyées par les parois: elles produisent le son de résonance ; 3° des ondes réfléchies régulièrement, par les parois: elles donnent naissance à des échos dis- tincts. Pour qu'une salle soit bonne au point de vues acoustique, il faut qu'il n'y ait pas d’écho et que le son de résonance soit assez court pour renforcer le son qui l'a produit et ne pas empiéter sur le son suivant. M. Marage étudie le son de résonance en employant la sirène à voyelles qu'il a présentée en 1900 à la Société de Physique. Il substitue ainsi, à la voix naturelle, une vibration synthétique dont il peut déterminer exacte- ment la hauteur, l'intensité et le timbre. Ses expériences ont porté sur six salles différentes : quatre à la Sor- bonne, celle de l’Académie de Médecine et celle du Tro- cadéro. Suivant que le son de résonance dure plus ou. moins longtemps, l’'acoustique de la salle est mauvaise ou bonne. Les meilleurs amphithéâtres sont ceux de la Sorbonne : leur son de résonance dure au plus 0,9 se- conde pour tous les sons. L'Académie de Médecine pré- sente un phénomène tout particulier : en effet, les ten- tures que l’on a mises ont tellement amorti le son de résonance, qui était trop grand au moment de l’inau- guration, que celui-ci ne dure plus que 0,4 seconde. On arrive ainsi à déterminer les conditions dans lesquelles doit se placer un orateur pour se faire comprendre dans une salle dont l’acoustique est défectueuse. Par exemple, au Trocadéro, l’orateur doit parler très len- tement en espaçant bien les mots; il ne doit jamais. forcer la voix, et, pour se faire entendre aux #.500 audi- teurs, il ne doit pas parler plus fort que s’il se trouvait dans l’amphithéâtre de Physique de la Sorbonne, qui contient 250 auditeurs et jauge 800 mètres cubes, au lieu des 63.000 mètres cubes que jauge la salle du Trocadéro. Séance du T Décembre 1906. M. Georges Claude présente un appareil de labora- toire permettant de dépasser facilement et rapidement le vide de Crookes dans des récipients de grande capa- cité. Cet appareil est basé sur l'absorption des gaz par le charbon aux températures de l'air liquide. Il est constitué par un bloc métallique dans lequel sont creusées deux chambres dont une paroi est formée par une membrane métallique étanche et flexible. Suivant que ces membranes sont appliquées ou non par deux vis manœuvrables à la main, elles obturent d'une façon parfaitement étanche ou laissent libres des orilices, dont l'un met en relation l’une des chambres, par l’in=" termédiaire d'un caoutchouc à vide, avec une pompe mécanique auxiliaire permettant d'opérer un vide de quelques millimètres et dont l'autre relie la seconde chambre avec le récipient à charbon plongé en permaz nence dans l'air liquide. L'enceinte à vider, mastiquée à la cire Golaz sur un ajutage spécial, est en relation permanente par cet ajutage avec les deux chambres dont il vient d'être parlé, de sorte que, par la manœuvre successive des robinets, il est possible de faire dans l'ampoule un vide approximatif avec la pompe et de parfaire ce vide à l’aide du charbon. L'action est ex= trèmement rapide. Une seule charge de charbon et d'air liquide permet de faire une vingtaine d'expé- riences successives, et le charbon est régénérable par simple réchauffement dans le vide partiel fourni par la pompe. L'appareil est très peu encombrant et entiè- rement métallique. — M. Désiré Korda décrit le sys= tème de télégraphie rapide Pollak-Virag.M est constitué ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 1089 par un appareil de télégraphie rapide, écrivant directe- ment, comme à la main, les lettres ordinaires de lal- phabet. Il diffère en mème temps par sa puissance in- comparable, permettant la transmission dé 40.000 mots composés de plus de 250.000 lettres à l'heure, décu- plant ainsi l'efficacité de l'appareil Baudot, qui jusqu'ici tenait la tête avec 5.000 mots à l'heure en face des 1.000 mots du célèbre appareil Hughes et des modestes 400 mots de l'appareil classique de Morse. Pour obtenir de telles vitesses, il fallait un transmetteur à rotation rapide, où la main humaine devait se borner unique- ment au rôle de préparation et de mise en marche, ainsi qu'un récepteur presque sans inertie, pouvant suivre la rapidité de la transmission. Pour le premier, les inventeurs ont eu recours à un moteur électrique qui meten rotation rapide un tambour métallique sur lequel se déroule une bande de papier portant le texte du télégramme sous forme d’un système de trous per- forés au moyen d'un instrument auxiliaire, le perfora- teur, complètement indépendant de l'apparerl. L'aspect de ces perforations de grands et petits diamètres, qui se suivent sur la bande de papier, rappelle vaguement celui des signes de Morse. La bande de papier est serrée par un rouleau contre un tambour métallique. Ce dernier est composé de six bagues juxtaposées, isolées électriquement l'une de l’autre. Chaque bague est reliée métalliquement aux bornes correspondantes d’une batterie d'accumulateurs ou de piles sèches, dé- terminant, ainsi pour chaque bague, une autre différence de potentiel. Contre le ruban en papier sont serrés des balais métalliques au nombre de deux fois trois, c’est- à-dire un par bague, et dont trois sont reliés en paral- lèle. Lorsque le balai, passant sur la bague correspon- dante du rouleau par-dessus le ruban de papier, arrive sur une perforation de celui-ci, la batterie envoie par ce balai, pendant le court instant du passage de ce der- nier sur le trou, un courant dans la ligne. De cette facon, on peut transmetire environ 400 émissions de courant à la seconde, tandis que, par les procédés de télégraphie ordinaires, on n'arrive à en transmettre que 5 ou 6 tout au plus. Le récepteur, la partie la plus ingénieuse de l'invention, utilise ces émissions de cou- rant en les faisant agir sur les membranes de deux télé- phones {, et {, et, par leur intermédiaire, sur un miroir qui, en réfléchissant les rayons d’une lampe à incan- descence, projelte un tache lumineuse sur une bande de papier sensible. Comme le miroir repose sur un point fixe, l'une des membranes téléphoniques lui im- prime un mouvement vertical, tandis que l’autre le met en mouvement horizontal. Par la combinaison de ces mouvements, le faisceau lumineux réfléchi écrit dans la chambre noire le texte du télégramme en caractères latins sur le papier photographique. Le développement de ce dernier se fait automatiquement dans un bain fixateur enfermé dans une partie spéciale de l'appareil, d'où le ruban insensibilisé, d'une largeur de 10 cm., sort complètement achevé, prêt à être livré au destina- taire. — M. A. Pérot rend compte à la Société des expé- riences faites récemment au Laboratoire d'Essais du Conservatoire et au Laboratoire central d'Electricité en vue de fixer les valeurs comparatives des trois étalons à flamme : Carcel, Hefner et Vernon-Harcourt. Les résultats obtenus, dans des conditions atmosphériques très différentes au point de vue de l’état hygromé- trique, semblent montrer qu'il y a lieu d'appliquer à la lampe Carcel un coefficient de variation pour 100 égal à 0,006 X », n étant le nombre de litres de vapeur d’eau par mètre cube d'air sec. Ce coefficient est inter- médiaire entre celui de la lampe Hefner et celui de l'étalon Vernon-Harcourt. Si l'on fait cette correction en ramenant la Carcel au taux de 10! de vapeur d’eau, l'Hefner à 8,8 et la Vernon-Harcourt à 10!, on a : VALEUR DES ÉTALONS Carcel. Hetner. Veruon-Harcourt. Enéarceletes cuire: 204 0,0930 1,00% En Hefner. Re < 10,75 1 10,74 En Vernon-Harcourt, ; . 0,996 0,0931 1 En terminant, M. Pérot fait ressortir l'intérèt très grand qu'il y aurait à avoir un étalon autre que les étalons électriques qui soit indépendant des conditions atmosphériques, dont les variations sont des plus gênantes pour l'emploi précis des étalons à flamme. SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE PARIS Séance du 9 Novembre 1906. MM. Ch. Moureu et I. Lazennec ont observé que les nitriles acétyléniques R.C : C.CAz s'unissent quantitati- vement aux amines primaires el secondaires en don- nant des composés d'addition de formule générale R.C(AZR'R/!) : CH. CAz. Par hydrolyse, ces substances se dédoublent nettement en amine régénérée et nitrile B-cétonique correspondant R.CO.CH*.CA7. Les auteurs ont étendu cette nouvelle méthode d'hydratation de la liaison acétylénique aux éthers-sels R.C : C.CO?R', qui fournissent ainsi, sans difficulté et avec d'excellents rendements, les éthers B-cétoniques R.CO.CH?.CO?R". — M. P. Freundler, en chlorant la paraldéhyde, a observé, comme MM. Pinner et Claisen, une condensation de l'aldéhyde chloracétique avec l’aldéhyde acétique inal- térée, formant de l’aldéhyde &-chlorocrotonique, qui fixe ensuite CE pour donner ‘du chloral butyrique CH:.CHCI.CCE.CHO. On peut toutefois limiter la réaction de façon à obtenir une certaine quantité d'aldéhyde chloracétique, qui peut ètre transformée en chloracé- tal. L'auteur n’a pas obtenu avec le chloral butyrique et les amides les combinaisons isomères signalées par M. Schiff. Il a réussi à acétaliser ce chloral en saturant sa solution alcoolique par HCI gazeux. — M. Tiffeneau expose ses vues sur le mécanisme de la réaction migra- trice : R (Ar).C(OH). CHI. R'—R.CO.CH(Ar). R'+ HI. L'élimination de HI a lieu directement sur le groupe CHI, créant ainsi un système intermédiaire R(Ar). C(OH).C.R', dont l'instabilité est due à la présence d’un carbone à deux valences pendantes (libres). Le passage à la forme stable nécessite, non seulement la migration de l'H oxhydrylique, mais encore celle du radical car- boné voisin, qui est généralement un phényle, mais peut aussi ne pas l'être. D'autres exemples de transposi- tion peuvent s'expliquer par la mise en liberté de deux valences sur un même atome de G ou d’Az. — M. E. Léger a poursuivi l'étude de l'hordénine, alcaloïde qu'il a retiré des touraillons d'orge et qu'il a reconnu être une oxyphényléthyldiméthylamine. M. G.O0. Goebel a cru pouvoir placer l'OH phénolique en para. L'auteur pense qu'il serait plutôt en ortho, à cause de la colo- ration violette que prend la solution de sulfate d'hor- dénine avec Fe?Clf et à cause de la production d'hydro- coumarone dans l'application de la réaction d'Hof- mann à l'hordénine. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES Séance du 14 Juin 1906 (suite). MM. P. T. Herring et S. Simpson, étudiant les relations des cellules du foie avec les vaisseaux san- quins et les lymphatiques, sont arrivés aux conclu- sions suivantes : 1° Les cellules du foie sont traver- sées par des canaux anastomosés, fins qui peuvent être remplis par une injection en masse dans les vaisseaux sanguins. Ces canaux recoivent indubitablement du plasma du sang. Chez le chien, des corpuscules san- guins rouges ont été aperçus occasionnellement dans les cellules hépatiques, et des cristaux qui ressemblent beaucoup à l'hémoglobine se trouvent fréquemment à l'intérieur du noyau de la cellule. II doit done exister une connexion intime entre le sang des vaisseaux san- guins intra-lobulaires et les cellules du foie; 2° Les lymphatiques du foie (chien, chat) sont confinés au tissu connectif visible de la capsule de Glisson et à l'adventitia des veines hépatiques. Les vaisseaux lyÿm- shatiques accompagnent l'artère hépatique et ses Étanettes. en formant des réseaux autour de ces vais- 1090 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES seaux aussi bien qu'autour des branches de la veine portale et des conduits biliaires. Il n'y à pas de lym- phatiques dans les lobules. Les Iymphatiques périvas- culaires décrits par Me Gillavry n'existent pas. Les lymphatiques portaux et hépatiques quittent l'organe à (ou près de) la fissure portale ; 3° L'endothélium qui borde les espaces sanguins intralobulaires (sinusoides dans le sens de Minot) est incomplet et livre passage à la fois à un fluide et à de fines particules solides qui se rendent dans les cellules du foie. Les cellules endo- théliales sont de deux sortes, grandes et petites. Les grandes cellules (cellules de Kupffer) sont phagocy- tiques et se projettent souvent dans les espaces san- guins ; 4° Le caractère concentré de la lymphe du foie s'explique par la nature incomplète de l'endothélium bordant les vaisseaux sanguinsintra-lobulaires, laquelle permetau plasma de passer directementdansles cellules du foie. Il est possible que les cellules du lobule forment un syncytium, ce qui permet à la lymphe de passer de cellule à cellule. Elle passe probablement à la périphé- rie des lobules dans les interstices du tissu connectif qui se trouve entre les lobules ;: là, elle entre dans les lymphatiques. Toutes les conditions qui tendent à aug- menter l’activité des cellules hépatiques doivent, par conséquent, tendre à augmenter le flux de la lymphe. Séance du 28 Juin 1906 (suite). Sir N. Lockyer présente les résultats des observa- tions de l’éclipse totale de Soleil du 30 août 4905 faites à Palma par la Mission envoyée par l'Observatoire de Physique solaire. — Sir W. Croôkes à photographié le spectre ultra-violet de l'ytterbium. Son ytterbine provenait de M. G. Urbain et contenait encore des traces de thuline. L'étude du spectre a montré qu’elle renfermait aussi des traces de Cu et Ca. L'auteur donne le tableau de toutes les lignes de l’ytterbium observées. — M. J. W. Gifford a mesuré les 2ndices de réfraction de l'eau et de l'eau de mer, ceux de la première pour 26 longueurs d'onde, ceux de la seconde pour 12 lon- gueurs d'onde, à une température moyenne de 1%. L'erreur probable ne dépasse dans aucun cas 0,000.025 etestsouvent moindre. L'indice de l’eau pour la ligne D, réduit à 20° C. au moyen d'un coefficient de tempéra- ture, est de 1,333.032; Dufet, dans son « Recueil de données numériques », a indiqué 1,333.03. — M. W.J. Russell à étudié l’action des plantes sur une plaque photographique dans l'obscurité. Il a reconnu que, non seulement le bois, mais encore les feuilles, les graines, les racines, les bulbes et, en fait, à peu d’exceptions près, toutes les substances végétales sont capables d'agir sur la plaque photographique lorsqu'elles sont placées au contact où à proximité. Les corps les plus importants auxquels cette propriété fait défaut sont : l’amidon, la cellulose, la gomme, le sucre, la moelle et le pollen. Pour obtenir cette action, il faut que la sub- stance employée soit assez sèche; le temps d'exposition peut varier de quelques minutes à dix-huit heures. L'auteur suppose que la substance active est le peroxyde d'hydrogène. Si l'on prend, en effet, un cotylédon de pois, il est presque sans action; mais, à mesure que la radicule et la plumule se développent et que, suivant Usher et Priestley, il se forme davantage de formal- déhyde et de peroxyde d'hydrogène (premiers produits de la croissance), la jeune plante devient de plus en plus active. — M. E.H. Embley présente ses recherches pharmacologiques sur le chlorure d'éthyle. Chez le chien, des quantités de chlorure d’éthyle supérieures à 9 °/, dans l'air respiré exercent un effet paralytique sur le muscle du cœur analogue à celui que produit le chloroforme à la concentration de 1/19. Le système vaso-moteur central est d'abord stimulé et le mécanisme périphérique des artérioles est paralysé. L'effet para- lytique local est plus important que la stimulation cen- trale, de sorte que la somme de ces facteurs opposés est une relaxation. Le résultat est semblable à celui que produit le chloroforme, mais jamais si profond; il nécessite une plus forte concentration de la vapeur de chlorure d’éthyle. L'effet sur le système vague est une stimulation ; pour une haute concentration, le cœur estv aussitôt arrêté par inhibition du vague. Mais, commen l'excitabilité spontanée du muscle cardiaque n’est pas sérieusement affaiblie, le cœur se remet de l'inhibition. du vague, et dans aucun cas la mort n'est survenue pour cette cause. Pour produire le même effet inhibitoire avec le chloroforme, il faut que la concentration dans l'air respiré soit seulement le 1/4, C’est dans cette dif= férence d'action des deux anesthésiques que gît la sécurité relative du chlorure d’éthyle : le système vague n'est pas autant déprimé par l'administration prolongée du chlorure d’éthyle que par celle du chloroforme. Comme pour le chloroforme, la respiration dans la. narcose par le chlorure d’éthyle dépend du maintien de la pression sanguine. La cause de la chute de cette dernière, avec le chlorure d’éthyle, réside surtout dans l'inhibition du vague, tandis que pour le chloroformen c’est la paralysie cardiaque qui complète l’inhibition. Une proportion de 5 à 7 °/, de vapeur de chlorure d'éthyle dans Fair paraît être la limite de sécurité vis-à-vis de la syncope pour les chiens en cas d’admi- nistration prolongée et continue. Ces conclusions paraissent s'appliquer à lhomme. SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE DE LONDRES Séance du 23 Novembre 1906. M. J. A. Fleming: Sur la radiation électrique des antennes coudées. L'auteur décrit une série d'expé- riences faites avec des antennes radiantes formées de fils courbés de diverses façons et qui ont la propriété de rayonner les ondulations électriques plus fortement. dans certaines directions. Le récepteur est constitué par un détecteur à oscillations thermo-électrique con- tenu dans un tube à vide ; il est inséré entre une pla- que de terre et une antenne réceptrice verticale de 20 pieds de hauteur en fil de cuivre double. Les lectures des courants dans l'antenne réceptrice sont mises sous forme de courbes polaires correspondant aux diverses directions de lextrémité libre du transmetteur. Ces courbes indiquent un minimum de radiation corres- pondant à une direction de l'extrémité libre du trans- metteur faisant un angle de 70° à 759 avec la ligne joi- gnant les points de mise à la terre du transmetteur et du récepteur. Les résultats concordent avec la théorie du phénomène déjà donnée par l’auteur (voir p. 578.). — M. C. Chree à étudié les rapports entre la fréquence des taches solaires et celle des aurores polaires. Les documents pour les taches solaires sont extraits des tables de Wolf et Wolfer; pour les aurores, ils sont empruntés aux publications de Schræteretde Lovering. L'auteur constate que la variation annuelle de la fré- quence aurorale est plus prononcée dans les années où il y à peu de taches solaires que dans les années où il y en à beaucoup. Un phénomène analogue a déjà été décrit par l’auteur pour les tempêtes magnétiques à Greenwich. — M. R. S. Willows présente ses recher- ches sur la résistance électrique des alliages. D'après Lord Rayleigh, quand un courant traverse un alliage, il produit une série d'effets Peltier à la jonction des métaux dissemblables et, par conséquent, une série de forces contre-électromotrices; comme ces effets sont proportionnels au courant, ils ne peuvent être distin- gués d’une résistance dans les conditions ordinaires. L'auteur a cherché à mettre le fait en évidence en mesurant la résistance d’un alliage avec des courants directs et alternatifs; au moment du renversement de ce dernier, la f. c. é. m. augmentera la f. 6. m. exté- rieure ef plus de courant passera : la résistance sera apparemment réduite. Or, l'auteur n'a pu déceler de fausse résistance. SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES Séance du 15 Novembre 1906. M. F.E. E. Lamplough a constaté que, lorsqu'une réaction chimique ayant lieu en solution aboutit à la FE : ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 1091 _ formation d'une substance gazeuse à la température ordinaire, le solvant se sursature de gaz jusqu'à en contenir cent fois la quantité normale; ces solutions dégagent graduellement du gaz, mais on peut chasser totalement l'excès en trente secondes par agitation rapide. Dans ce dernier cas, la vitesse du dégagement gazeux peut fournir une bonne méthode d'étude de la réaction. Ainsi, l'auteur a reconnu que la décomposi- tion du chlorure de diazobenzène est monomoléculaire, celle du nitrite d'ammonium presque quadrimolécu- laire. — MM. E. F. J. Atkinson et J. F. Thorpe, en condensant le cyanure de benzyle avec son dérivé sodé, ont obtenu le G-imino-#cyano-«y-diphénylpropane, qui est converti par l'acide sulfurique en 1 : 3-diamino-2- phénylnaphtalène. Le cyanure de benzyle se combine aussi avec le cyanoacétate d’éthyle sodé pour former le B-imino-a-cyano-y-phénylbutyrate d’éthyle, qui est transformé par l'acide sulfurique en 1 : 3-diaminonaph- talène-2-carboxylate d’éthyle; l'acide correspondant perd CO* au-dessus de son point de fusion pour donner le 4 : 3-diaminonaphtalène. — MM. F. B. Dehn et J. F. Thorpe ontétudié l’'anhydride de l'acide phényl- succinique et concluent qu'il n’en existe qu'une seule forme, fondant à 53°-54°. La prétendue autre forme fondant à 150° doit être constituée par l'acide impur. — MM. A. Harden et W.J. Young ont observé qu'une addition d'arséniate de soude produit une accélération de la fermentation du glucose par le suc de levure analogue à celle que cause le phosphate de soude; toutefois, cette accélération continue pendant long- temps sans changement et l’arséniate reste précipitable par le mélange magnésien, à l'inverse du phosphate. — M. S. Ruhemann, en traitant par KOH le xanthoxa- lanile,a obtenu de l'acide oxalique et de l'acide dianil- aconitique, F.499°-2000. Le xanthoxalo-m-xylidile donne l'acide di-m-xylidilaconitique, F.1969-197, — M. À. Lapworth, en hydrolysant par les acides miné- raux la cyanohydrine de la cyano-dihydrocarvone, à obtenu l'acide 2-méthyl-5-isopropényl- A°-tétrahydro- isophtalique, et, par réduction, les acides 2-méthyl- 5-isopropénylhexahydroisophtaliques isomères. MM. R. W. L. Clarke et A. Lapworth, en faisant réagir KCAz sur ia pulégone, ont obtenu un composé C!H!7 047 qui est transformé en acide menthonecar- boxylique; ce dernier fournit une lactone, qui sous l’action de AzH* régénère le composé primitif. — MM. P. F. Frankland et D. F. Twiss ont préparé les -et iso-propylamides, l’allylamide, les u- et iso-butyl- amides et la 2-heptylamide de l'acide tartrique,et me- suré leur rotation optique. Elle augmente jusqu'à la z-heptylamide, tout en étant très inférieure à celle des amides aromatiques. — MM. P. F. Frankland et E. Done ont préparé la méthylamide, l’'éthylamide, l'iso- propylamide, l’allylamide, l'isobutylamide et la n-hep- tylamide de l’acide /-malique et mesuré leur rotation optique. En solution pyridique, les amides normales ont presque la même rotation moléculaire. SOCIÉTÉ ANGLAISE DES INDUSTRIES CHIMIQUES SECTIONS DE BIRMINGHAM ET DU MIDLAND Séance du 1 Novembre 1906. M. J. H. Stansbie a étudié l'influence de petites quantités d'éléments dans le cuivre sur ses réactions avecTacide nitrique. L'introduction de faibles quantités d'éléments étrangers dans le cuivre pur a une influence marquée sur le caractère des réactions entre le métal et l'acide; c'est le cas surtout pour l’arsenic et l’anti- moine. La proportion d'impureté qui donne l'effet maximum est celle qui, en combinaison avec le cuivre, donne la solution solide la plus parfaite du composé dans l'excès de cuivre. Le bismuth, qui ne parait pas former avec le cuivre un composé stable à la tempéra- ture ordinaire, semble exercer une influence propor- tionnelle à la quantité présente dans l’alliage. Lorsque le volume atomique de l'impureté croit, son effet décroit. L'effet des impuretés consiste dans une modi- fication des gaz nitreux dégagés par la réaction et dans la formation de nitrate d’ammonium. SECTION DE SYDNEY Séance du 21 Août 1906. M. E. A. Mann a étudiéle Xanthorrhaea pressii, végétal très connu en Australie occidentale sous le nom de « grass tree », dans le but d’en trouver une utilisation pratique. Il a constaté que le noyau intérieur de la tige de la plante renferme plus de 50 °/, d'hydrates de car- bone, lesquels peuvent être mis facilement en fermen- tation et constitueraient une nouvelle source d'alcool. SECTION DU YORKSHIRE Séance du 29 Octobre 1906. M. H. W. Bransom expose la question de l’amélio- ration des canaux et de la navigation intérieure en Grande-Bretagne. SECTION DE LONDRES Séance du 3 Novembre 1906. MM. E. A. Mann et C. E. Stacy communiquent le résultat de leurs recherches sur le procédé Allen-Mar- quardt pour la détermination des alcools supérieurs. lo Pour obtenir une oxydation complète de l'alcool amylique et recouvrer l'acide valérique, la méthode au flacon de pression est préférable à l'emploi de conden- seurs à reflux. 2 Des pertes sérieuses d'acide valérique se produisent dans le séchage des sels de Ba pour la détermination du poids combiné de l'acide. 3° A des températures supérieures à 45°, la solubilité de l'alcool éthylique dans CCI: et la formation subséquente d'acide acétique pendant l'oxydation rendent impossible le calcul des alcools supérieurs d'après la titration seule; cette solubilité augmente avec la température. 4° La titration pour les acides minéraux n'est pas nécessaire et introduit des erreurs. 5° Des résultats exacts peuvent être obtenus en observant les points suivants : a) agita- tion à 45° C. ou moins; b) oxydation dans des flacons de pression; c) détermination des alcools supérieurs par titration directe seule, toute l'acidité étant calculée en acide valérique. SECTION DE NEWCASTLE Séance du 8 Novembre 1906. M. F. G. Trobridge a déterminé et mesuré les gaz occlus dans le charbon provenant de la mine de Birtley (Durham) et dans la poussière de charbon déga- gée pendant le traitement de ce charbon. Ces gaz sont : O0, CO*, Az, quelquefois CO, et des paraffines C"H°*+ (gaz des marais surtout); le rapport de l'O à l'Az est plus grand que dans l'air, ce qui montre que le charbon absorbe de préférence l'oxygène. SECTION D'ÉCOSSE Séance du 9 Novembre 1906. M. Th. Ewan présente ses recherches sur la fabrica- tion du bromure de eyanogène. Ce corps est employé dans le traitement de certains minerais d’or très réfrac- taires, sur lesquels le cyanure de potassium n'a pas d'action. On le prépare actuellement par l'action de l'acide sulfurique sur un mélange de bromure, de bro- mate et de cyanure de potassium : 2 NaBr + NaBrO* — 3 NaCAz— 3 H*S0: — 3 BrCAz + 3 Na’S0! + 3 H°0. L'auteur a étudié le mécanisme de la réaction par des mesures physico-chimiques. Il résulte de ses recherches que la réaction fondamentale a bien lieu entre les acides bromhydrique, bromique et cyan- hydrique, suivant l'équation: 2 HBr + HBr 0° + 3 HCAz — 3 CAz Br+3 H°0; il n'y a pas de réaction secon- daire importante. Si l'on remplace l'acide sulfurique 1092 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES € par HCI, la marche de la réaction est beaucoup plus rapide, par suite de la plus forte dissociation de HCI et de la plus forte concentration en ions H. — M. Ch. T. Fawsitt a étudié la relation entre la pression de solu- tion et la condition de la surface des métaux. C'est un fait connu que l’état de la surface d’un métal influe sur sa vitesse de dissolution par un acide. L'auteur déter- mine cet effet de surface en mesurant le potentiel élec- trolytique du métal par rapport à une solution d'un de ses propres sels dans l’eau. Il constate ainsi que la pression de solution d'une surface métallique cristal- line ou douce n'est pas aussi grande que pour une surface amorphe ou dure. D'autre part, un métal trempé a une pression de solution plus grande que le mème métal recuit. SOCIÉTÉ ALLEMANDE DE PHYSIQUE Séance du 19 Octobre 1906. MM. W. J. Müller et J. Koenigsberger rendent compte des mesures optiques et électriques qu'ils viennent de faire sur la couche-limite entre les métaux et les électrolytes, afin de résoudre le problème relatif à l'existence d’une membrane d'oxyde sur les métaux passifs. Pour déterminer et comparer les pouvoirs de réflexion, les auteurs se servent d’un microphotomètre d'une susceptibilité et d'une précision remarquables. Ils mesurent les potentiels pour des charges différentes, et, s'il y a lieu, aussi les tensions de polarisation par rap- port à une électrode normale bien définie. Voici les principaux résultats donnés par ces recherches : On constate par le procédé optique la présence de couches d'oxyde cohérentes d'une épaisseur moléculaire. Les couches non cohérentes influencent le pouvoir de réflexion d'un miroir métallique, même pour des quantités qui, à l'état de couches, correspondraient aux limites inférieures des diamètres moléculaires. Le PhO? forme une couche d'oxyde cohérente, tandis que les métaux (Ag, Zn, Cu) sont précipités à l'état de couches non cohérentes. En ajustant une plaque de platine pour le potentiel du cuivre dans une solution de sulfate de cuivre saturée de sel cuivreux, l'on ne détermine aucune modification optique; c’est dire qu'il ne s’agit point de la formation d’un alliage. Le palladium, au sein de l’acide sulfurique étendu, est attaqué en donnant lieu à la formation d'un oxyde brun; la polarisation anodique s'oppose à cette action. La formation d’un alliage avec l'hydrogène ne se vérifie pas par voie optique avec la certitude voulue. Les polarisations anodique et cathodique (développement de O et de H) déterminent sur les miroirs de nickel une détérioration égale du pouvoir réflecteur, détério- ration qui disparaît rapidement sans action extérieure. Le chrome passif, en solution de KI, présente un pou- voir de réflexion supérieur à celui qu'il possède à l'état actif. Les miroirs de chrome exempts de polari- sation électrique se recouvrent, au sein d'une solution de ce sel, d’une couche peu réfléchissante et qu'on ne fait disparaître que difficilement. Les miroirs d’alumi- nium, dans le cas d'une polarisation anodique, se recouvrent immédiatement d’une couche d’hydroxyde durable et peu réfléchissante. — MM. E. Gehrcke el O. Reichenheim présentent une note résumant leurs recherches sur les rayons dits anodiques. Tandis que la cathode des tubes de Geissler, donne naissance, aux rayons cathodiques, l'anode n'exerce en général qu'une influence minime sur les phénomènes dont s'accom- pagne le passage du courant à travers le tube. Cependant, il n'en existe pas moins un parallélisme entre l'anode et la cathode. Rappelons à ce propos l’effluve anodique et la discontinuité de potentiel désignée sous le nom de chute anodique. Aussi, dans des circonstances appropriées, l'anode pourrait-elle également devenir le siège d'un rayonnement, émettant des ions positivement chargés. Les auteurs ont réussi à déterminer les conditions expé- rimentales dans lesquelles cette supposition se confirme. L'hypothèse autrefois énoncée que les rayons-canal pro- viendraient de l'anode s'est trouvée inexacte ; mais les expériences exécutées par les auteurs font voir que des rayons pouvant être appelés anodiques émanent d’une anode de sel chauffé. ALFRED GRADENWITZ. ACADÉMIE DES SCIENCES DE VIENNE Séance du 8 Novembre 1906. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. F. Mertens expose ses recherches sur la représentation par des fonctions thêta des symboles de Legendre dans la théorie des restes. biquadratiques, cubiques et bicubiques. — M.J. Holetschek signale quelques cas de comètes dont la longueur de queue a étéextraordinairement grande ; ce fait s’est produit lorsque la Terre s’est trouvée près du plan de la trajectoire de la comète. On l'explique très facilement : les particules de la queue se trouvent dispersées surtoutdans le plan de la trajectoire ; lorsque la Terre se trouve près de ce plan, un observateur placé à sa surface aperçoit les particules resserrées et projetées sur une zone étroite du ciel : Ja queue devient plus claire et même ses parties les moins claires, invi- sibles dans d’autres positions, sont alors perceptibles, ce qui fait qu'elle paraît agrandie. 20 ScIENCES PHYSIQUES. — M. F. Henrich a constaté la présence d'hélium dans les gaz des eaux thermales de Wiesbaden ; il a également mesuré la radio-activité de ces eaux. — M. F. Russ communique ses recher- ches sur la combustion de l'air dans les flammes d’arcs électriques. Il a réalisé un dispositif se rapprochant autant que possible des conditions théoriques et il a déterminé les conditions de l'équilibre de formation de l'oxydule d'azote. L'addition d'oxygène à l'air pro- duitune élévation de la tension et de l'effet à employer. On peut obtenir avec des ares fixes un rendement qui n'avait été atteint jusqu'à présent par la technique qu'avec le soufflage de la flamme de l'arc. Séance du 16 Novembre 1906. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. A. Léon : Sur l'équilibre élastique de corps de rotation tournant régulièrement dont les directions de tension principale sont les directions des coordonnées. —M. Th.Scheimp- flug expose ses procédés de photogrammétrie en ballon. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. J. Hann a étudié la va- riation diurne de la température dans la zone africaine etaméricaine des tropiques. Dans toutes ces régions (excepté sur les montagnes), le minimum de tempéra- ture est le même et a lieu vers 5 h. 1/2 du matin; le maximum est plus variable (de midi à 3 heures suivant les endroits). — M. H. Meyer à préparé quelques amides d'acides malonique et acétatétique substitués : la diéthylacétamide, F. 1220-1230, la’ méthylpropylacé- tacétamide, F.1259, etc. — MM. M. Picha, R. Doht et S. Weisl ont préparé l’éther y-chloracétacétique par action de l'amalgame d'Al sur le monochloracétate d'éthyle. — M. R. Kremann a constaté que l'enlève- ment d'un groupe alkyle des dialkylsulfates par l'eau est beaucoup plus rapide que celui du second; les ions H n’accélèrent pas cette réaction. — Le mème au- teur à observé qu'en traitant les dialkylsulfates par un alcool absolu un groupe alkyle est assez rapidement enlevé, avec formation d’alkylsulfate acide et de l’éther correspondant; l'enlèvement du deuxième alkyle est très lent, — Enfin, le même auteur montre encore que l'aniline et l'o-chloronitrobenzène forment des solutions ordinaires, sans combinaison. Ce dernier corps et ses isomètres constituent une exception à la règle de Car- nelley et Thomson. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. R. von Wettstein COmM- munique quelques considérations sur la géographie des plantes méditerranéennes. L. BRUNET. Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER. ———…—" Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME XVI DE LA REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES PURES ET APPLIQUÉES (DU 15 JANVIER AU 30 DÉCEMBRE 1906) I. — CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Astronomie et Géodésie. d'Orion. Parallaxe annuelle de [a Nova de Persée . ; orandetactedquSolel 4 00170 0 A propos du spectrohéliographe. . . . . . . . . . . Le nombre des étoiles Vitesses radiales La base géodésique du Simplon. : . : « : : . . . . Les chocs en Mécanique céleste. . . . . . . . . . . EL ERREUR TRE ER Différence de longitude Paris-Greenwich. . . . . . . GET EN ES EE ONE Lectures sur une lunette méridienne à deux cercles. Variabilité de 68 u Hercule Les occultations d'étoiles par la Lune Barallaretd'éfoile fMante. 0. 0... 2 LL . . : Movement propre du Soleil. ... 5: . . + Déqmsette Printemps 2 -. 0. 4 + FaTÉEOrOlagie SsUC Mars 0. 2. Le collimateur de l’Amiral Fleuriais. . . . . . . . : Coordonnées lunaires. Un Annuaire astronomique aplatissement'AUTANUS M...) 20... Vi Théorie de la réfraction astronomique. . . . . . . . Classification des étoiles par leur température. . . . Instabilité du mouvement des comètes La recherche des petites planètes . . . . . . . . . . Etude de la chromosphère avec un spectrographe à CENÉERCITON ALERTE DM es à ss 1e MM Nslondes GIDIIeS TETE EN AN OEM Distribution des nébuleuses. . . . . . . . . . . . . Bércoulenridessétoiles : 120. le er: Late Botanique et Agronomie. CcerGet (P.). — La production et la consommation du CR RS eye © ue SCO M oc EN Chimie. Corner (J.). — Les maladies microbiennes des vins REVITE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. 27 1001 KAyser (E.). — Les maladies microbiennes des vins de Champagne ENT NOMME LR Ne LE Lerurc (Emile). — La fabrication domestique du vi- A RM Le ARE RE ve an ones MNeVpee U RE E — Nouveau procédé d'analyse chimique du lait. . . Manceau (E.). — Les maladies microbienues des vins COGNAC 25 Surra (C.). — Une nouvelle pile électrique, le dyné- lECTO DRE NET EE MONA INT OA RME SUTIRICYSLINUNEN ER EE io et SOU ER LORAE Nouvelles recherches de Photométrie photographique. SUN OPINElODUN EEE RER NA ET EE Un nouveau procédé de fixation de l'azote atmosphé- UTC ET NOT MRC IPUE RE RENE NT ES RE Recherches sur la luminescence chimique . . . . . . Unnouveltoxydetduienrbhone EME EU A propos de la fixation de l'azote atmosphérique . . Le VIe Congrès international de Chimie appliquée à RAC ot eloir eieUe ie et eun loose END LOUP Un générateur d'acétylène par voie sèche La production de l'hélium aux dépens du bromure du HET u er er MN ME, DUR MR REA LAN TR EME NT L'explosion des mélanges de gaz d'éclairage et d'air. Les colorations des pierres précieuses sous l’action du radium. L'application du sucre aux besoins de l'industrie. . . Un nouveau papier photographique aux sels d'argent développable par simple immersion dans l'eau. . Une source de perte dans la fabrication du sucre. . . La présence d’alcool dans le pain. . . ... . . . . . La combustion spontanée du charbon et les moyens de la prévenir dans les entrepôts . . . . . . . . Faconstifutionsde l'adrénaline 2.0". Les idées actuelles sur la constitution des albumines et les travaux de P. Schutzenberger. . . . . . . La synthèse des acides glycocholique et taurocholique. L'hydrolyse des acides nucléiques dans l'intestin. . . La machine à inoculer les vins de Champagne de PABOUTREDIS EE CU RE ce Actions anti-catalytiques de l'eau . . . . . . . . . . Les effets chimiques des rayonnements à ondes courtes SURLES CORPS AZEUX LR CR A DE Sur les relations entre le pouvoir d'absorption par rapport à l'énergie radiante et la condition chi- mique des corps 5 L'utilisation des levures usées. . . . . . . . . . . . Distinctions et solennités scientifiques. Distinction à un savant francais Les médailles de la Société Royale de Londres. . . Electricité industrielle. GraneNwirz (Alfred). — Un dispositif pour la direc- tion à distance des vaisseaux et des ballons . . . — Nouveau four électrique pour la détermination des points de fusion des matières réfractaires . . Les emplois domestiques de l'électricité . . . . . . ‘: L'Usine électrique de 100.000 chevaux de Saint-Denis. 2" 29 109 957 1094 Concours d'applications du petit moteur électrique. . Phénomène remarquable observé dans les bureaux téléphoniques centraux EE TT La traction électrique sur le chemin de fer du Sim- lon re A one on des lumières Nernst et Auer. . . . La production de la lumière rouge dans les lampes à vapeur de mercure . . Les nouvelles lampes à incandescence. . . . . . . . Lesiprogresédes lampes 4 arc "OU ne Nouvelle méthode de télégraphie sans fil Locomotive monophasée des chemins de fer suédois. Enseignement, Universités et Sociétés. Causrier (E.). — L'enseignement pédagogique à l'Uni- versitéide PATIS RC LT ie ice CavaLiER (J.). — La formation des chimistes-experts. LesesGue (H.). — La question des professeurs adjoints. Personnel universitaire . . . . . . 1, 213, 441, 585, AMIBCOlEIPolyIeChnIQUuE AR RCE CEE : Bourses commerciales de séjour à l'étranger. . . . . L'Assemblée générale de l’Université de Paris . . . . ASsociationides Anatomistes. PER Ne Conserlde l'Université de Paris en La Caisse des recherches scientifiques. . . . . . . . Le diplôme d’études supérieures de sciences. . . . . MUDIVErS LITE PACS EM SE NE EI MuséumidEuetoirenaturele EC le ET A'eddémie de Metz et CE CNE te L'enseignement de la Physique dans les lycées. . . . Bibliothéques universitaires "MES... A la Sorbonne; le premier cours de Mme Curie. . . . AulCollégeide Frances tt. ie le A la sortie de l'Ecole Polytechnique. . . . . ... . . institut Océanosraphiques CE ER Génie civil. Les nouveaux navires à turbines de la Compagnie CUTATAA EE TN ee OU Lei cute Prix de revient des installations hydrauliques. . . . L'allumage des mines au moyen des ondes acous- tiques L'usure et le remplacement des rails de tramways. . Locomotive à vapeur surchäuffée des chemins de fer PTUSSIED SE CN EN AE Re Le La distribution à domicile du froid artificiel. . . . . La transmission des signaux sur mer en temps de brourllard NM ER Us TER lt. Le nouveau paquebot de la Compagnie transatlan- tique La Provence et l'accroissement des dimen- sions des navires de commerce . . . . . . . . . Un procédé simple pour le desséchement de l'air des HAUTS LOURD ER ASE NE EE RE PR La production des ateliers de chemins de fer améri- cains. Un nouvel appareil pour signaler l'arrivée des trains dans les gares Géographie et Colonisation. Causrier (E.). — Conférence de M. A. Chevalier sur L'OUEST A fric AAC Te NO Er CEE — Le Musée colonial de Haarlem. . . . . . . . .. CLERGET (P.). — Le canal de Panama . . : . . . . — Le développement de l'Afrique occidentale fran- CAISET Pete ee EU TT EU La colonisation de l'Ouest canadien . . . . . . . Palquestion duNcAOUChOUC A EEE ecommerce marocain Me Le prochain percement des Alpes bernoises. . . Le Soudan égyptien et son nouveau chemin de RS ST A MON RER ne lol EC — Le réveil économique de la Chine et les chemins NOR EL 9 0 CM RU CE Get REGELSPERGER (G.). — Le programme scientifique de la Mission de délimitation Niger-Tchad (Mission MUDO) LAPS. 7 RER — Le Congrès international pour l'étude des régions POlAITE RENE ER à à LR NIET — La Mission scientifique belge Congo-Nil . . . . . Exploration hydrographique des côtes du Maroc. . . Le Service géographique de l'Afrique occidentale fran- CRISE ER NET AMENER 0 6 2.) NN ERENS - 261 961 114 164 212 308 352 440 628 681 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES Les puits artésiens dans le Sud algérien. . . . . . . L'Exposition internationale de la Nouvelle-Zélande. . Le service de l'Agriculture dans les colonies. . . . . La sardine au Maroc Une Station arctique scientifique au Groenland. . . . Les relations commerciales entre Tombouctou et DUMAS nr lan seen ee ec CT Une Mission scientifique à San-Thomé. . . . . . 1.0 Géologie et Paléontologie. CLERGET (PIERRE). — Les glaciers de la Savoie . . . . —Larquestionide L'eau 1e SCIE LERICHE RUES — Les Galeries nationales du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique L'inventaire géologique de l'Afrique occidentale fran- caise Mathématiques. GUILLAUME (Ch.-Ed.). — A propos d'un livre récent. . RicarD (J.). — A propos de la Logistique. . . . . . La logistique et l'induction complète. La notion de correspondance. Le principe de la théorie des ensembles . . . . . . . Météorologie et Physique du Globe. Dinver. — Les variations d'intensité de la pluie. . . La région la plus pluvieuse de l'Europe . . . . . . . Etude te phénomènes de marée dans la mer du NOr ee É O R E Variations d'intensité de la pluie . . . . à | Observations relatives à la durée des éclairs. . . . . LAPPTÉVISLON TU EMPS EC e EE R CE Perturbations magnétiques et taches solaires . . . . Marche annuelle de la température . . . . . . . . . msSolafionen SUISSE RE TETE Da hauteuridesllafmosphére "RC Influence du Soleil sur les volcans. Les crépuscnles COIOTÉS SENS AN ON NERO Un appareil à enregistrer les orages . . . . . . . . Double /h&lO ee EME RE Nécrologie. ABeLous\(J.-E.).—#F. Laulanié. 1. FERR(H)=tGabrielNOltTamare MESsNré (F2) =Eritz/SChaudion "nn NoRDMANN (A.). — Raphaël Bischoffsheim . . . . . . PierreMépnin: nie Me Se ONE EIERE CAP hISA NX ET EN ESC NE PEN Pierce NOUTIE Ce RE ET RC ET CR TT R: KiietsCh! 2225 2e NN CE ES B:-Brouardel. "28 re UNE ES FACMBeLlS TENTE EN EN NRC ER Physique. BourGoix (P.). — La température de combustion de la cordite et la température de fusion du carbone. Granexwrrz (Alfred). — Une lampe de projection nou- VOTE RO ECM CEE D AO EE os où © 6 0 — Les phénomènes de la vie apparente chez les cris- CAUXEMOUSE NN RC CEE SOC AE CLONE 0 — La Sphere MaRIQUE D EE EC Gramowr (A. de). — Un spectroscope binoculaire à ré- EE RS Ado In à do ao à 20 GurzLaunE (Ch.-Ed.). — Dilatation et température de fUSion 2: fu ten M ee CM CRE EEE MercabieR (E.). — A propos des bases physiques de la AUSIGUE REC CC EC CN ER EE LES TEYONS IN ENR ET EN EE EEE La mécanique des ares voltaïques. . . . . . . . . . La photographie à grande distance . . . . . . . . . La perte de vitesseet d'énergie qu'éprouvent les projec- tiles à leur passage à travers l’eau . . . . . . . Blanctou In COIOrE RE ET Un nouveau procédé photographique d'enregistrement des indications des instruments de physique. . . Les équations d'état dans leurs rapports avec la Ther- MOdYNAMIQUE NE CE Sur la nature de la pression osmotique ST ADR EYES RTE me Pme à 1m TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 1095 Le pouvoir inducteur spécifique des métaux . . . . 438 | La glace à rafraîchir . . . . . . . : . . . . . . . . 352 Uneétude expérimentale desétincelles de condensateurs 534 | La rage et les chiens errants . . . . . . . . . . . . 681 L'électricité de contact des alliages . . . . . . . . . 534 | Etat sanitaire et habitation du soldat . . . . . . . . 128 Pa radio-activité de la neige. . . + . . . . . . . . . 582 | Guérison del’hémispasme facial parles injections pro- Une méthode pour mesurer la résistance électrique fonde tal DE RM fe UM Ce 768 HESSATOPESEVIVADIS Eee Miele ise set ec U 619 | La flore bactérienne de la chair de poisson. . . . . . 168 « Sur la possibilité de remplacer la boussole magnéti- La contagiosité de la scarlatine et sa prophylaxie . . 807 ; que par une boussole de rotation. . . . . . . . 806 | Crises oculaires et syndrome pseudo-basedowien dans Détermination objective de la fréquence des flammes de TOGO EN RANE Ne 808 ROUE ET ER EE RES NE EE. 2 842 |MLes tics et le sommeil... . . . . . . . . . . SL OUR EE La théorie de l'arc voltaïque sonore. . . . . . . . . 843 | La répartition de la tuberculose dans les maisons de Les gradients de température interne des matières com- Parisipendané annee t90 ee CU 8s0 NE SENS NE ARNO I RASE 819 | Alcoolisme des parents et anomalies de développe- L'effet photo-électrique du sélénium. . . . . . . . . 879 IMENÉUESRENTER LS NEA UEN U- -N-UeRee- £80 Expériences nouvelles sur la balance de torsion. . . 918 | La guérison histologique de la méningite cérébro- Identité des rayons & issus des corps radio-actifs . . 958 Sal RP En. neo ine 921 Les effets élastiques résiduels dans le quartzeristallin. 1003 | Recherches nouvelles sur les propriétés désinfectantes Recherches expérimentales sur la constitution des dequelques'substances-2em. 0). . à 960 aimants permanents . . . . . . . NME 1045 | Rôle des urines typhiques dans la propagation de la HÉVIG EVDRONERES ER RE EE EME ER 960 , 4 Transmission des maladies infectieuses par les ani- Sciences médicales. Maux d'appartement tte. 1005 GRADENWITZ (A.). — Quelques nouvelles applications Zoologie, Anatomie et Physiologie. de l'ozone à la stérilisation des eaux potables et industrielles. . . . . Re a tomes 242 NET RE 288 AIPTAnnée biologique PEN NN Mn 61 VascaipE (N.). — Le centre cérébral du langage articulé Le poisson conservé par le froid. ... . . . . . . . . 61 cblercenireldeRBTOLA TEE UN Eure 1047 | Sur le diabète expérimental - + . : . + «© . : . - 61 Crises convulsives et lésions parathyroïdiennes . . . Effets du radium sur l'organisme . . . . . . . . . . 113 L'émigration des campagnes vers les villes et la La carte de la Tsé-tsé en Afrique. . . . . . . . . . . 261 TRES AMIE COTE EE EE 113 | L'élevage de l'Autruche en Afrique occidentale. . . . 307 Le lait des vaches tuberculeuses . . . . . . . . . . 164 | Un nouveau périodique : les Annales de Biologie La tuberculose et les influences professionnelles . . . 164 TACUSLTE PRE RER RE EEE --U LE MAD Les différents insectes transmetteurs de la peste . . . 212 | Les moules et les huîtres en Algérie. . . . . . . . . 336 Danger du lait bouilli de vaches tuberculeuses . . . . 261 | L'expression des émotions . . . . . . . . . . . .. 628 Le sou antidysentérique. . … - . - . =. . . « 261 | Les voies de la sensibilité dolorifique et calorifique La mort subite familiale des jeunes enfants . . . . . 308 dans lamoelle mt eee DA EME EE 6$0 LEE NUE NN RARE 308 | Les pêcheries du banc d'Arguin. . .. . . . . . CHE ES Manière de rendre les miues de houille réfractaires à L'action de l'émanation du radium sur le corps hu- TAN VIOSÉQRUIAS ER EE LT LE PE RP EDR 352 NE ME On ects M EE OL ER ONE 920 II. — ARTICLES ORIGINAUX ji 3 cie. — 2e partie : Tissus, échanges nutritifs, sang, urine. 376 FORO RE MeorDIoe Ro E de). — L'or dans le monde et son extrac- Muixe (J.). — Les récents progrès de la Séismo- tion. 1r° partie : Economie et répartition de la IE à RE RE HE ENTRE RER RTE 696 production aurifère. . - - - CERN Se 05 DR EN OS ai Moreux (Abbé Th.). — Revue annuelle d'Astronomie . 271 — 2° partie : Géologie et extraction industrielle. ZT — La planète Mars d’après les travaux récents . . . 962 | Maizue (A.). — Revue annuelle de Chimie minérale . 191 Norpmanx (Charles). — Le champ électrique de l'atmo- MaizuarD (Dr L.-C.). — Les Peptides. Introduction à : ANTON ARS RSR RE 449 la synthèse des matières protéiques. . . . . . . 11: Maouexxe (L.).— L'amidon et sa saccharification dias- TaSIQue CT SRE VENE LE Fe he ME or Pa LS S60 Botanique et Agronomie. Marie (C.). — L'Electrochimie appliquée à la Chimie OPEN CMNELC 0 ce PARLE EEE 716 ConDieR (J.-A.) — Les maladies d'origine micro- Maé (P.).— La respiration des plantes vertes. Théorie hienne® desivinS blancs: HAT eme. SE biochimique et théorie de la zymase . . . . . . 183 Dysowski (J.). — La production légumière moderne. 453 | NoecrinG (E.). — La formation de dérivés indazoliques Mae (P.). — La respiration des plantes vertes : Théo- au moyen d'amines aromatiques orthométhylées. 414 rie biochimique et théorie de la zymase . . . . . 183 | Seyewrrz (A.). — Les récents progrès de la Photo- Penror (Em.). — Les produits du sol de nos colonies Aie ane Laon oO Oo RO RESTE 229 à l'Exposition coloniale de Marseille. . . . . . . 1007 | Ureaix (G.). — Comment se pose actuellement la ques- Vurcreuix (Paul). — Le problème de l'origine des tiontdes terres Tares MANS En Ml tete 103 ÉCRIRE SERRE TRE AE RES PP EE . 9214 WERNER (A.). — Les phénomènes d'isomérie en Chimie inorganique. . . . . . ne lee es ec -ie 238 Chimie. Enseignement. BouveauLr (L.). — Revue annuelle de Chimie orga- DUO RE UE el = elec neue 941 | Turpan (A. — Les réformes de l'enseignement ConpiEer (J.-A.). — Les maladies microbiennes des SHORTCUTS EN dt ct & 166 vins blancs STE Lo ME ET MSIE ee 190 VazLaux (Camille). — L'énseignement dans les Ecoles Guizcer (Léon). — L'état actuel de la Métallographie DÉC ERROR ETRT . : 1021 microscopique. 1e partie : Technique de la mé- ÉATORL APTE. , EN re Voie 586 - , SE = 2 pRRne : Utilisation industrielle de la métallo- Géographie et Colonisation. PODIUM et à see its te ele 630 Guye (Philippe-A.). — La fixation de l'azote et l'Elec- Bouvier (E.-L.). — L'archipel des Acores. . . . . . . 845 M RCOCD LIEU. es Re 28 CLerGer (P.) — La mise en valeur et l’utilisation KLING (A.). — La viscosité dans ses rapports avec la économique du Rhin . . . - . .- . . . . . . . . 1059 CONSUENLION CIMIQUE EN... ... UE EN 271 Cureau (Ad.).— Essai sur la Psychologie de l'Européen LaweLixG (E.). — Revue annuelle de Chimie physiolo- aux pays chauds. {re partie : Facteurs généraux. 52 gique. 1'e partie : Matières protéiques, aliments, — 2e partie : Facteurs individuels . . . . . . À 10 DASLASES UIRESHON EU 722 0. ee TU 326 | Lors (Gaston). — L'évolution de la Tunisie . . 139 1096 Perror (Em.). — Les produits du sol de nos colonies à l'Exposition coloniale de Marseille. . . . . . . Taouert (J.).— La circulation océanique. . . . . . . Géologie, Minéralogie et Paléontologie. Drexent (E.). — Hydrologie souterraine et eaux po- 1) CR LE Le ROUEN RS ET ES CNRS Lacroix (A.). — L'éruption du Vésuve en avril 1906. ire parlie : Les épanchements de lave et les phéno- MmenesiexplOBIS EN NE NE ER CIC — Les fumerolles et les produits de l'éruption . . . Lauxay (L. de). — L'or dans le monde et son extrac- tion. 4e partie : Economie et répartition de la DrOdUCHONMALUIIÈre EM IS. CRETE NE — 2e partie : Géologie et extraction industrielle . . Réviz (J.). — La syothèse géologique du système BIDIN Re. ce nc nrane ee CE IEC Wyrousorr (G.). — Les théories modernes sur la structure des milieux cristallisés. . . . . . . . . Mathématiques. Hanamanp (J.). — La Logistique et la notion de nombrerentien cr RE Ne RENTE Micuaun (G.). — Descartes et la Géométrie analytique. Mécanique et Génie civil. BLocumanx (R.). — La protection des navires de guerre contre les mines et les torpilles. . . . . . . . . . CroNEAU (A.). — Quelques réflexions sur la marine . GuizzauME (Ch.-Ed.).— Le colonel Charles Renard.Sa vie, SONMŒUVTÉ RE RU CN MT se De done ien- ie del sie LOSTARIE RENE AT CN CO — 2e partie : Utilisation industrielle de la métallo- QUAD RICE ES NC NU Cent LamarcobiE (G. de). — Les ondes hertziennes et la dITeCUORIAES DA lIONS ESSENCE MEN RENTE NN Sauvace (Ed.). — Les locomotives américaines . . . Scareser (K.). — Les moteurs à explosion et l'injec- tontde HAUITeSVOla IS EE CPE PEN EEE XXX. — Blindages et projectiles de rupture. 1re partie: NE EE MN don in to Ge ENS PESDartieMPDOIEC ILES ER ST ET Nécrologie. ‘GuizLAuNE (Ch.-Ed.). — Le colonel Charles Renard. Sa NICE SON ŒUNTO LS CA ICE ETS PE PTE Physiologie. Freperico (Léon). — Revue annuelle de Physiologie . Guérourr (Georges). — La notion d'espace et les con- ditions physiologiques nécessaires à sa formation CEE EST om dt à ie Si eaho 0 Joreyko (Mille J.). — Une théorie toxique de la dou- NV LE 5 SO Sr au ei Re emo Don Physique. Bouasse (Il). — Les gammes musicales au point de MUPIOeSAPRYSICIENS PER CR Re Cocstet (E.). — Les récents progrès de la photogra- DiendestConteurs PER E ETRE-- ne Donex (P.). — L'hystérésis magnétique. 1r° partie : L'aimantalion dans un champ qui varie très len- USED 22 EEE an une Ne ls EC — 2° partie : L'aimantation dans un champ qui varie LADIHOMEN PEER AE Er CT 1007 321 310 586 630 979 102 73% 682 129 17 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES Dune (P.). — Le P. Marin Mersenne et la pesanteur de l'air. 1re partie : Le P. Mersenne et le poids SDÉCIRQUE JENLAIT. PA CCC TE He — 2% partie : Le P. Mersenne et l'expérience du Puy-de- DOME EEE CR IC EE GuiLLaunE (Ch.-Ed.). — La théorie des manchons à 1DCANUESGEDCE Se RE EC CC RCE KLNG (A.). — La viscosité dans ses rapports avec la CONSHEUTONNORIMIQUE EME RENE ER MeLanper (G.). — L'électrisation par rayonnement et l'émission d'ondes rapides par les corps à la tem- péralure Ot0naire UN NET CRE Norpuanx (Charles). — Le champ électrique de l'at- MOSPUErE CES ele COUR RCE CIRE Sciences médicales. Diexerr (F.). — Hydrologie souterraine et eaux po- TADIES NE MENT EEE RENTRER RICE Joreyko (Me J.\. — Une théorie toxique de la dou- CAR CT MEET PE RE TEST ET Age le Zoologie et Anatomie. Bouvier (E.). — Les Vertébrés de surface . . . . . . — La faune pélagique .des Invertébrés. La mer des SaATEBSSES ELISA M AUNE EN EN CRT CE — La faune bathypélagique et la faune des grands fONTSE CAMES ET SCORE CauLLerY (M.). — Revue annuelle de Zoologie. 1't par- tie : Philosophie zoologique. Cytologie générale . — 2e partie : Morphogénie générale. Zoologie spé- CIS le LR MEME EN EN NO EC CCR Hugr (P.). — Les époques de ponte des poissons en rivière et en eau dormante . . . . . . . . . . . LAGuesse (E.). — Revue annuelle d’Anatomie. . . . . LorseL (Gustave). — Revue annuelle d'Embryologie. . MEsxiz (F.). — Revue annuelle de Zoologie. 1re par- tie. Philosophie zoologique. Cytologie générale. . — 2e partie : Morphogénie géuérale. Zoologie spé- ciale 4 SRE TENTE NEA CTE PCREE Revues annuelles. BouveauLt (L.). — Revue annuelle de Chimie orga- DIQUE RME Ur TR CE IC CRE CauLzzerY (M.). — Revue annuelle de Zoologie. 1re par- tie : Philosophie zoologique. Cytologie générale . — 2e paye : Morphogénie générale. Zoologie spé- cialer ASE RS CE PAPETERIE RER Freperico (Léon). — Revue annuelle de Physiologie . LAGUESSE (A.). — Revue annuelle d'Anatomie. . . . . LamBLiNG (E.). — Revue annuelle de Chimie physiolo- gique. {re partie : Matières protéiques, aliments, diastases, "digestion 1e: 1 CNE Mr. — 2e partie : Tissus, échanges nutritifs, sang, urine. LaxGLors (J.-P.). — Revue annuelle d'Hygiène. 1'e par- tie : Les maladies transmissibles. Hygiène urbaine. — 2e partie : Hygiène industrielle . . . . . . . . . LérienNE |A.) — Revue annuelle de Médecine . . . . Loisez (Gustave). — Revue annuelle d'Embryologie . Maine (M.-A.). — Revue annuelle de Chimie minérale. MEsxi (F.). — Revue annuelle de Zoologie. 1"e par- lie : Philosophie zoologique. Cytologie générale . — 2e partie: Morphologie générale. Zoologie spéciale. Moreux (Abbé Th.). — Revue annuelle d'Astronomie. TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES III. — BIBLIOGRAPHIE 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES Mathématiques. Gnozcer. — Remboursement des emprunts à long terme . . Gueixer. — Einleitung in die Funktionentheorie. Ile NANTES DR SE SO GuicaarD (C.). — Sur les systèmes triplement indéter- minës et sur les systèmes triple-orthogonaux . . GurscsE (D: O.). — Mathewatische Ubungsaufgaben . Hgreter {L.). — Lehrbuch der analytischen Geometrie. MIRE (CD:): — OEnyres Le. NS ee |: Husson (Ed. — Recherches des intégrables algé- briques dans le mouvement d'un solide pesant AÉONS UMIPOID NE ne der hetetleleente KoraLer (C.). — Lehrbuch der analytischen Geometrie. KoexiGSBERGER (Léo). — Carl Gustav Jacob Jacobi . . KrRazer (A.). — Verhandlungen des dritten internatio- nalen Mathematiker Kongresses. . . . . . . . . MAGUERREY— OEUVIES EN M-U.U- -1-U-- - eee- LaisanT (C.-A.). — Initiation mathématique . . . . . Lerox (E.). — Table des caractéristiques relatives à la base 2.310 des facteurs prewiers d'un nombre in- Hécion ce UE che ne e NestLe. — Lehrbuch der praktischen Geometrie. . . N1EWENGLOwWSkI. — Les Mathématiques et la Médecine. 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HiznegranossoN (Hil'ebrand). — Les bases de la Mé- téorologie dynamique; historique, état de nos CONNAISSANCES NN NES AN EM MU LE Lerox (Ernest). — Pour l'histoire des hypothèses sur la nature des taches du Soleil . . : : . . . . . . Porxcaré (H.). — Lecons de Mécanique céleste pro- JESSCes aa Sorbonne NME RE LC EL. Rorzer pe L'IsLe. — Observation, étude et prédiction GES: RE RE EE nc Orne TeIssERENC DE Borr (Léon). — Les bases de la Météo- rologie dynamique; historique, état de nos con- naissances Thermodynamique, Mécanique générale et Mécanique appliquée. Bressox (Henri). — La houille verte (mise en valeur des moyenves et basses chutes d’eau en France) . Duuex (P.) — Les sources des théories physiques; les origines de la Statique Dwersaauvers-DEryx (W.).— Note sur la théorie expé- rimentale de la machine à vapeur. ... . . . . . — Quelques antiquités mécaniques de la Belgique . 1097 Gooprica (W.-F.). — Refuse disposal and power pro- AUCHON ENS UE thee n EAT s nD NT Ne 474 James (E.). — Théorie et pratique de l'Horlogerie, à l'usage des horlogers et des élèves d’'horlogerie. . 994 LaxEssax (J.-L. de). — Les enseignements maritimes de la guerre russo-japonaise. . . . . . . . . . . 291 Marcuis (L.}. — Thermodynamique. Introduction à l'étude des machines thermiques. . . . . . . . . 712 Micuortre (F.). — Guide pratique pour la conduite et l'entretien - des automobiles à pétrole et. élec- DROLE eo conte, 6080 No) ORPROICENRERRE 94 — Etude théorique et pratique de l'incendie. Ses causes, sa prévention, son extinetion. ... . . . 42% Mornimer-Mécrer (Comte). — Les perfectionnements automobiles en 1906. ---0.07: 5.0 à. 832 Musis (Alfreld). — Bau der Dampfturbinen. . . . . . 519 Périssé (R.). — Le chauffage des nabitations par calo- IRSLE NS ponte 40 UIO LOS Oo DOME LE MEET 712 Rooter (H.).— Automobiles, vapeur, pétrole, électri- ER nee le be RON En MERE OR ES 611 Vivaz (Léon). — Manuel pratique de Cinématique na- vale et maritime n-n-re HOME e. er -e 94 WickERSHEIMER (E.). — Les principes de la Mécanique 46 2° SCIENCES PHYSIQUES Physique. AgraHAu (Henri). — Les quantités élémentaires d'Elec- tricité, ions, électrons, corpuscules. . . . . . . 424 ARMAGNaT (H.). — La bobine d'induction. . . . . . . 158 Bazy (E.-C.-C.). — Spectroscopy. - . :. - - . : - . 46 Beniscare (G.). — Die asynchronen Drehstrommoto- TER AT ee rt UM l= Rae te 355 Cawozsox (0.-D.). — Traité de Physique. Tome I. In- troduction. Mécanique. Méthodes et instruments de mesure. Tome II. Emission et absorption de l'énergie rayonnante. Vitesse de propagation. Ré- flexioneh réfraction 0 = ce ere 245 Corarpeau (E.). — Approximations dans les mesures physiques et dans les calculs numériques qui s'y rattachentieree- pce CN MN E de 1033 ErrreL (G.). — Etudes pratiques de Météorologie et observations comparées des stations de Beaulieu, Sèvres et Vacquey pour l'année 1903. . . . . . . 149 Gay (Jules). — Lectures scieutifiques. Physique et Chimie NT EN RENE Le 994 GéRaro (Eric). — Lecons sur l'Electricité. . . . . - . 338 GuiLLauMe (Jacques). — Notions d’Electricité. Son uti- lisation dans l’industrie. . . . . . . . ._. . . . 474 Hacensacn (A.). — Atlas des spectres d'émission des Éléments RE Cote Es en 1292 Konrkausca (F.). — Lehrbuch der praktischen Physik. 424 Konex (H.). — Atlas des spectres d'émission des élé- NO OEM + AO SEEN NE OO CROP ONCE 292 LanGEviN (Paul). — Les quantités élémentaires d'élec- tricité, ions, électrons, corpuseules. . . . . . . 424 LenMann (0.). — Fricks Physikalische Technik. . . - 663 Lockver (Sir Norman). — L'évolution inorganique étu- diée par l'analyse spectrale. . . . . . . . . .- . . 910 Marcus (L.). — Lecons sur le froid industriel. . . . 46 — Production et utilisation du froid. . . . . .-. . 1081 Mazorro (Domenico). — La télégraphie sans fil. . . . 94 NouGuser (A.). — Précis de la théorie du Magnétisme et de l'Electricité à l'usage des ingénieurs et des candidats aux écoles et iastituts électrotech- OST 10 eo te ELA ADO OMC NTI ETATS 385 Orcicu (Ernest). — Aufnahme und Analyse von Wech- SEISITOMENEVEN- - - loe, - 832 PocreLs (F.). — Lehrbuch der Kristalloptik. . . . . 713 Roner (J.). — Résistance, Induction et Capacité. . - 95 THomson (J.-J.). — Conduction of Electricity through HIS & à ect Cote CAO DEMAIN 198 — Le passage de l'électricité à travers les gaz. . . . 948 Tissor (Camille). — Etude de la résonance des SyS- tèmes d'antennes. . . . . . . . . + . - 0 Wexuozn (A.). — Physikalische Demonstrationen. . 154 Waeraam (W.-C.-D.). — The recent developement CS LENS physical science. . . . . . . . - RON 520 — [he theory of exprimental Electricity.. . . . - - a LE ZewLer (J.). — Die elektrischen Bogenlampen. . . . 1098 Chimie. AsrruG (H.). — Le Vinaigre. . BarraL (E.). — Précis d'analyse chimique quantitative. BeLrzer (Francis G.). — La grande industrie tincto- Dale Bervuer (A.). — Les piles à gaz et les accumulateurs TO COR NOMME ES NE Oo MEME TENUE PRONONET ONE Berrraux (L.). — Analyse des métaux par électrolyse. Métaux industriels, alliages, minerais, produits AUSIDES SR MUR MRC rate eee CazmertE (A. — Recherches en collaboration sur l'épuration biologique et chimique des eaux d'épout che ee de te nelle PAGCÉ ONE Were CnaBeié (C.). — Traité de Chimie appliquée. . . . . . : Danxeez (H.). — Jahrbuch der Electrochemie für 1902 M TE A M ENS PPS ETS EM EIRE ENE O Drrre (Alfred). — Etude générale des sels. 1'e partie: Sels HDINalTeS eee oc Cocher Erarp (A.). — La Biochimie et les chlorophylles. . . Forest (M.). — L'art de l'essayeur. . . . . . . . . . Frirsca (J.). — Fabrication de la margarine et des graisses alimentaires... M0. "5. — Fabrication et raffinage des huiles végétales. . . 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Turerry (M. de). — Introduction à l'étude de la Chi- Trucuor (P.).— Les petits métaux : Titane, Tungstène, MOLYD ADO re Crete ANR MEN Wazter (d.). — Die Erfahrungen eines Betriebslei- ters, 2e édition: Aus der Praxis der Anilinfarben- FabrIL a TON PERSO RC Ne Zsicmonpy (Richard). — Zur Erkennt{niss der Kolloïde. 3° SCIENCES NATURELLES Géographie, Géologie, Paléontologie. BanTHOLOMEW (J.-G.). — Atlas of the Worlds Com- NRC CE te de M Te Boletin de la Sociedad Geografica de Lima. . . . . . Daxicorr (E. de). — Le district de Yalta. . . . . . . DEuéraAIN (Henri). — L'expansion des Boers au 0e CU) El) haha au M: 0 102 NM ON DozLor (Aug.). — Les grandes plâtrières d'Argenteuil (Seine-et-Oise): Historique, genèse et distribution des formations gypseuses de la région parisienne. TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES EEE SE CN NE RES SUN NE 22e 2 rm I Douer (Paul). — L'Indo-Chine francaise. Souvenirs. Du BourG pe Bozas. — Mission scientifique du Bourg de Bozas. De la mer Rouge à l'Atlantique à tra- vers l'Afriquettropicales- MINE Ferry (Commandt Edmond).— La France en Afrique. Foureau (F.). — Documents scientifiques de la Mis- sion saharienne. (Mission Foureau-Lamy) : D'Alger auCongorpanle Tchad ENT CENTRE EURE Fraser (Malcolm A. C.). — Western Australian Year- book fon 19001903 RER CEE . GarFaAREL (Paul). — Histoire de l'expansion coloniale de la France, depuis 1870 jusqu’en 1905 Gopgicce (P.). — Les grandes plâtrières d'Argenteuil (Seine-et-Oise) : Historique, genèse et distribution des formations gypseuses de la région parisienne. GonxarD (Ferdinand). — Minéralogie des départe- ments du Rhône et de la Loire Kician (W.). — Etudes géologiques dans les Alpes occidentales. Contribution à la géologie des chai- nes intérieures des Alpes françaises. . . . . . . LapparenT (A. de). — Traité de Géologie. . . . . . . Lauxay (L. de). — La Science géologique. Ses mé- thodes, ses résultats, ses problèmes, son histoire. 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Excursion à Palmyre par HOMSÉ SE CAE NE NN RIRE Wozrrom (Gustave). — Le Maroc, ce qu'il en faut CONNTAÎLTE EE Lo EN nd oi D Botanique et Agronomie. Bonix (E.). — Les bactéries de l'air, de l'eau et du sol. Duproxp (Dr R.). — Recherches sur la mobilité et les organes moteurs des bactéries. . . Frouin (H.). — Les matières premières usuelles d'ori- gine végétale indigènes et exotiques. . . . . . . GRANDEAU (L.). — L'agriculture et les institutions agri- coles du monde au commencement du xx® siècle. Hrrier. — Plantes industrielles . . . . . . . . . . . Kayser (E.). — Microbiologie agricole. . . . . . . . Méune (Jules). — Le retour à la terre et la surpro- duchionaindustrielle ES EE SCC ER Perrot (Em.) — Les matières premières usuelles d'origine végétale indigènes et exotiques. . . . . Prerrer (W.) — Physiologie végétale. Etude des échanges de substanceet d'énergie dans la plante. Roux (CI.). — Le domaine et la vie du sapin (Abies pectinata D. C.), principalement dans la région 2 UITYONNaISE CR EC ee CES : Stone (Herbert). — The timbers of commerce and their identitication . . . . . BRU PART nue BE Zoologie, Anatomie et Physiologie de l’homme et des animaux. Biérrix (Eugène). — Développement de la sole. Intro- duction à l'étude de la pisciculture marine. . . . Biner (Alfred). — L'Année psychologique . . . . . . Boux (G.). — Attractions et oscillations des animaux marins sous l'influence de la lumière . . . . . . BRANCA (A.). — Précis d'Histologie. . . . . . . . . . Corte (J.). — L'industrie des pêches aux colonies . . Dargoux (G.). — L'industrie des pêches aux colonies. Drzewina (Mile SE — Contribution à l'étude du tissu lymphoïde des Ichthyopsidés. . . . . . . . Duvaz (M.). — Traité élémentaire de Physiologie. . Evaws (G.-H.).— Traité sur les éléphants. Leurs soins habituels et leur traitement dans les maladies. . TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES Fagre-DOMERGUE. — Développement de la sole. Intro- duction à l'étude de la pisciculture marine. Forez (A. — La question sexuelle exposée aux AA SIGULUVÉS ET EME Eire past Le Gaver (F.). — L'industrie des pêches aux colonies . . GzLey (E.). — Traité élémentaire de Physiologie. . . . Javaz (E.).— Physiologie de la lecture et de l'écriture. Krerrer (Abbé J.-J.) — Monographie des Cynipides d'Europe et d'Algérie Lasgé (H. et M.). — Enquête sur l'alimentation d'une centaine d'ouvriers et employés parisiens . . . . Laxvouzy (L.). — Enquête sur l'alimentation d'une centaine d'ouvriers et employés parisiens . . Lors (Jacques). — Vorlesungen über die Dynamik der Lebenserscheinungen .. .: . . . ... . . . ..… Mosso (A.). — Travaux du Laboratoire scientifique international du Mont-Rose. . . . . . . . . . . SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE DE FRANCE. — Manuel des re- cherches préhistoriques, . . . . . . . . . . .. StEPHAN (P.). — L'industrie des pêches aux colonies . 4° SCIENCES MÉDICALES Chirurgie, Gynécologie, Ophtalmologie. CaLor (F.). — Technique du traitement de la luxation congénitale de la hanche . . . . . . . . . . . . CouLowe (R-):— L'œil'artificiel. le Durer (H.). — Les tumeurs de l'encéphale. . . . . . . Proust (R.). — Traitement de l'hypertrophie prosta- tique par la prostatectomie Médecine, Hygiène, Microbiologie médicale. AcHarD. — Manuel des maladies des reins et des cap- sules surrénales BErGouiGNAN (P.). — Les cardiopathies artérielles et (Rieuse DENIS NE I ete Boni (E.). — Les conditions de l'infection micro- Dienne et immune CIE Boucnacourt (Dr L.). — Hygiène de la grossesse et puériculture "intra-utérine. "vtr. CASTAIGNE. — Manuel des maladies des reins et des CÉPSUIESISURTEN ALES eee ee eue Moule Degove. — Manuel des maladies des reins et des cap- SUISSE ÉNAlES EE ee eee Dorter (Ch.). — Hygiène alimentaire. . . . . . . as Fceury (Maurice de). — Nos enfants au collège. . . GaziprE (V.). — L'hérédité des stigmates de dégéné- rescence et les familles souveraines . . . . . . . GRIMBERT (L.). — Précis de diagnostic chimique, ‘mi- croscopique et parasitologique EM ES DURS DEEE Gurarr (Jules). — Précis de diagnostic chimique, mi- croscopique et parasitologique KexwarD (C.-P.). — The British Guiana medical Annual RO OR EL ee ce aie e LACassaGxE (A.\. — Précis de Médecine légale . . . Lacowe (L.). — A1 épuration des eaux par les filtres à SRE MÉCANISME. US UN. Le DaxTEC (Félix). — Introduction à la Pathologie gé- DÉS à à 0 10 6 ONE NM ET MNEER 2 Léri (André). — La spondylose rhizomélique. s Leroy (Eugène-Bernard). — Le langage. Essai sur la psychologie normale et pathologique de cette RONCLOT RER dE CT Neue dt Maxsox (Sir Patrick). — Lectures on tropical diseases. Marie (Pierre). — La spondylose rhizomélique. . . . MaureL (E.). — Traité de l'alimentation et de la nu- trition à l’état normal et pathologique. Tome I. DE HITOTGNUR NE PERRET MEGA Ses mener cie ete ee MoracuE (G.). — La responsabilité, étude de socio-bio- logie et de médecine légale NIEWENGLOWSKI. — Les Mathématiques et la Méde- Portier (P.). — Hygiène de la ferme. . . . . . . .. Poucaer (G.). — L'iode et les iodiques. . . . . . . . REGNARD (P.). — Hygiène de la ferme . . . . . . . . Roques DE Fursac (J.). — Les écrits et les dessins dans les maladies nerveuses et mentales (Essai clinique ASS ARR RUES ARE Roucer (d.). — Hygiène alimentaire . . . . . . . .. SÉRIEUX (Paul). — L'assistance des aliénés en France, en Allemagne, en Italie et en Suisse. . . . . . . TERRIEN (Eugène). — Précis d'alimentation des jeunes enfants (état normal, état pathologique) . . TuiRoux (A.). — Diagnostic et séméiologie des mala- GES GER à 3 5 0 MARIE TE Vires. — L'hérédité de la tuberculose . . . . . . . . Wurrz (R.).— Diagnostic et séméiologie des maladies UOTE EE. 0 LE M ER OU Yvox (P.). — Du compte-gouttes normal et de ses ap- plications dans la pratique pharmaceutique . . . 5° SCIENCES DIVERSES Biner (Alfred). — L'âme et le corps . . . . . . . . . EXPOSITION COLONIALE DE MARSEILLE 1906. — Voyageurs et explorateurs provençaux . . . . . . . . . . . — Les Colonies françaises au début du xx° siècle. Cngians Ti DrOoprÉS El AE RC 0e DenarDr (K.)..— Dictionnaire technologique illustré en six langues : francais, italien, espagnol, alle- mand, anglais, russe. ‘Tome 1 : Les éléments des minces dde Ne ue ML CARE os à Hazpex (Ch. Ab der). — Etudes de littérature cana- dienneifranC AISNE RTS ns rimes octets Masson (P.). — Marseille et la colonisation francaise . Meyer (M. Wilhelm). — Die Naturkräfte. Ein Weltbild der physikalischen und chemischen Erschei- Dunaen There dell 10 EM enrur rs le Micmaun | (G.). — Etudes sur la pensée scientifique chez les Grecs et chez les Modernes. . . . . . . . . . Naxsoury (Max de). — Actualités scientifiques . . . . PoixcaRÉ (H.). — La valeur de la Science . . . . . . SaLons (Emile). — La colonisation de la Nouvelle- OUT ANG PENEMONT ONE ENS CU CT EME ETTS ScuLomaAnx (A). — Dictionnaire technologique illustré en six langues: français, italien, espagnol, alle- mand, auglais, russe. Tome Ier. Les éléments des Ma Chine sn EN nel ei IE: jo SIEGFRIED (André). — Le Canada, problèmes politiques contemporains Thèses pour le Doctorat présentées aux Univer- sités françaises (1905-1906), et analysées dans la Revue en 1906. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES Hussox (Ed.). — Recherches des intégrales algébriques dans le mouvement d'un solide pesaut autour d'un POINT AXE NAN ARR R RER A AU 2° SCIENCES PHYSIQUES Physique et Chimie. Tissot (C.). — Etude de la résonance des systèmes Fntuine 3° SCIENCES NATURELLES DaxiLorr (E.). — Le district de Yalta (Crimée) Drzewina (Mie Anna). — Contribution à l'étude ‘du tissu lymphoïde des Ichthyopsidés DuProxp (Dr R.). — Recherches sur la mobilité et les organes moteurs des bactéries. . . . . . . . . . 291 1100 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES Séances des TE A CL RL TE A A A ET SEE SAS ETS SNS INTS | Séances des OR TT TR IV —— ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET Académie des Sciences de Paris. œ 11 18 26 décembre DEL HER janvier 1906 - =: ne . res nie so. ue a sa EN à CR nr Ve ee Ne Académie de Médecine. 12 décembre 1905 19 janvier 4906 . . . . . . . . février Se Ont LOT mars TR A A VS avril =, Re Séances des Séances des DEN TA TE DER NT LL AE TS ANT Séances des (NISIRINIMIAIA DE L'ÉTRANGER juillet octobre novembre décembre — Société de Biologie. 9 décembre 1905 16 30 1 28 13 20 21 3 Jer février juillet octobre novembre décembre RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX décembre 4905... Janvier A9 06 CCE PÉVIEL Li", STE mars OS 5 ta avril = EM mai Cl 0 juin CCE juillet — sole novembre — chats Séances des Séances des où Séances des LE Le ES TEA Séances des AAA NAME Séance du Séances des ALLER 1 AT TT AT TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 1101 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY 12 "décembrendi0s se. 2. . 102 CP ES CL CRRE EN E 156 13 HAN ON, DERERRR PNELE 345 12 mars Re un La 528 8 mai NE te Mo ere 528 19 juin Et ONE EI A 719 A1 juillet = RENE TRARE 838 DAMRONEINETE 2.20. Lolo 1088 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE A0Maécenmpre AIUSME EN N UE 102 POPRNTEYLIELE 190 SL e N. 298 20 mars Vie Me ngrines 392 24 avril AR AE 529 15 mai PT) PAROLES 529 19 juin LME NA: eh 719 DUPTOVEMDrE MARS IT Merle 1039 Société française de Physique. AodéceMhre AIR CL 52 AJ Janvier AIDE PS 157 2 fEVTIER = en EU 205 16 — A A AO ETC 251 2 mars A RSS te, des 299 16 = Ne Me NU 392 6 avril PE EE AE 619 4 mai An ee ee 672 18 — ne 073 4er juin MER SE er Ü7% 15 —_ re A TRE 719 net at. 1 0. 720 ABENOVEMErE LS TM 1088 Tordécembre 2h 1; 1 7 50h. 1088 Société chimique de Paris. ss décembre A5 0. 53 24 — EN OR Eee 102 LT AT ER RATO EE EEE ES 206 26 _ RENE NE RCE LOU 206 9 février RE NT y 251 23 — RS LI Us 299 9 mars ML RM PR PE 393 93 = LPS ONE RAE 429 27 avril No PP ENrATS Ca 529 11 mai ee EN RR 529 25 — AT MESSE Et 575 8 juin RP EL 10 620 22 — NE NN Ce 675 HSTOVEMDTE, — 5 2: Je 1089 SECTION DE NANCY MARIENTICL LUN IC Ad. Cu :252 Société Royale de Londres. 16 novembre 1905 . . . . 54, 102, 206 23 — Rd 2 2 103, 157 30 = Ed Es due ui 206 1 décembre — 206, 300, 345, 393 14 — Vi ts 209 J00, 346 18 janvier ‘1906 . . . 394, 419, 620 25 — = AA NOR RON 430 jer février — 432, 419, 529 8. _— PC 480 15 — = Re SR ROC e 480 22 — HAE À Les 2,0 530 4er mars NE A A ele tie 516 8 _ AL SRE ER 516 15 — TT US 517 22 — ME DES Co Le A 29 _— PR 620 5 avril TR PRE 675, 7121 3 mai DEAR Cr Re 675, 7160 10 Z = 121, 761, 955 17 — APN SE 122, 838 2% — SR EL. LR 838 31 = = 839, 915, 955 1 juin PE Pr ER 839, 1039 14 — — 874, 915, 1039 Séances des 21 juin 41906 . . . 815, 91%, 1039 — 28 = MER 876, 915 Communications reçues pendant les vacances. . . . . 955 Société de Physique de Londres. Séances des 2H Rianvier AI0B NE 0e 207 _ 9 février — 300 — 23 —_ MT CRE Re de Ne 346 — 9 mars = 1 220 028. Me Te 394 — 23 — Et NN Ne CURE 432 — 27 avril EE #81 — 11 mai — 530 _ 25 — RME ER PAL 578 — 8 juin _ 621 —_ 22 — PES ALTER 122 _— DEAN OCIODTE UN: Ca NS 1040 — DAnOvVEMDEEM— 0. 2". . à 1040 — 23 — es RC OO ar 1090 Société de Chimie de Londres. Séances des 16 novembre 1905 . . . . . 54 _ HAUÉCEMETE me DER . 5. : Le, 10% 24 — TA. RÉTRNEC" 158 — 18: janvier1#4906 .5%. - …. : 254 Aer février TT SRE Per 301 45 — TA Do a on elète 346 — 4er mars M: ONCRERCRTE" 394 — 15 he 8 A; TOR 433 — bi] RE a de er ide 433 — 5 avril — NAT VARIE AE 481 _ 3 mai AP 7 2e 4 530 — 17 _— LE NET RAR 518 = 7 juin Et PACE 621 — 21 — Er PNR CE 122 = RU RULIG ER ER NE 0 Lt 761 Communications recues pendant les vacances, . . . . 955 — ABÉNOCIODIE ME LM 0 5 1000 — AESRTOVEMDTEN—- NUS 0 D: 1040 — 15 — AP ae 1090 Société anglaise des Industries chimiques. SECTION DE BIRMINGHAM Séances des 26 octobre 1905 . . . . 54 — A£bCdécembren— Le 159 — ARTE AIDE CRC 395, 622 — 15 mars — > 498 — 27 — TRE Pot 21:919 = 26 avril — ee AE 123, 840 — 16 mai Ne À «4 123 = LEATOVEMPLE— ON à 1091 SECTION CANADIENNE Séances des AIN OCLOPr EM ATON ER 0e 301 — 6 avril AIO MRC ES . à 531 — 10 mai — ÉCART RE 622 SECTION D'ÉCOSSE Séances des 6 ATOS AIO, 162 — 27 _ A CONCEPT 583, 519 — Anmovembre EE Que 1091 SECTION DE LIVERPOOL Séances des TOMATE CA ADBES EU - 341 — 14 TOPIC NT ET . + 840 — 14 mars ee fe à @ 133 _ AU OCIODrE NN à 956, 1041 SECTION DE LONDRES Séances des Sdécembre 4905 . ., + +: - …, 105 — SAUVE AIG - : . 7 . - ee 255 — 5 février — 3 : 341 — 5 mars — RING 0 90) — 2 avril VA MENT #34, 482 — L' TE NE AP Er EL 676 _— 21 — NS AE dr 1 PT UILS — 11 juin _ 123, 840, 1041 _— 3 novembre — . .... . 1091 4162 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES SECTION DE MANCHESTER Séances des 3 novembre 1905 A MAdéCeMDre RE CE UE — DOM ANNIELAIUGE MEN 255, — 6 avril SR ARE CAE Tia SECTION DE NEWCASTLE Séances des 9MnovemDre AIDES EAN Aiplévriern ae 906e 0 ne CRE — Snovembré 1:77. ue SECTION DE NEW-YORK Séances des 24 novembre 1905 . . . 106, 207, — A9M#anvie MUIGNER TEEN AE RE — 29 MAÉ VOIEL NT TNT AR _— 20 avril RE NS see — 25 mai RO lee Re alfet SECTION DE NOTTINGHAM Séances des 29 novembre 1905 . . . …. 106, — 24MSjANvIe M AlIOGEREREE RL. 255, — 28: rofévrien = AMAR LAN AU _— 28 mars EH IEC PMU _— 26 avril RARES CE. nés US — 28 mai PMR ES DEN NE MAR SECTION DE LA NOUVELLE-ANGLETERRE Séances des Aer Mdécembre 4905... 0 —_ DOTE VCLET SE LOG PS TR 2 mars Phi Fe MO UÉS ven Rare de 6 avril A He: (alnS: Eee im Ve SECTION DE SYDNEY Séances des 13. seplembre 1905-00" "Nu — 9 mai ANDGAE EME 162, —_ 19 juin RO DAME RS — 21 août PIRATES SECTION DU YORKSHIRE Séances des Génovembre MID ERREUR _— 2OMMÉVTIEL MOD EN REE EU 19 mars = Mr te ar a _ D A nt NU, 193, — 29; Hoctonre AREA Es T ETERE Académie des Sciences de Berlin. Séances des DLL CORTE LRO OT 16 novembre 1905 30 — — Tédécembre.-— Ti MITA 2 — SNieDous AUTRE A4 janvier MAO06 FE etre 18 — DAS LE M NL ERÉ 4er ÉVITE AE ren Me LT 8 — ht Rte 15 — ET Pl TT PE TVE 8 mars EME rare ne 15 — PAU IE 22 — SLT T ES 5 BUTIL DU us or Lo Ve 26 — AU or As 10 mai is NAME 17 — A OEM T ATEN 31 — nat Le De DU d 1% juin Tao Hd oo 44 21 — ni eee CS 5 juillet RU NT 12 D MN RUR ot 26 _ — Société allemande de Physique. PRE ne $ ë a Séances des 20 # 12 janvier 4916 : : ! : : : — 26 — = Ps 0 PRIOR — 9 février" = CRE RER — 23 — ee TNT EAU — 9 mars —J'ésuté Get idie — 23 — MT AT EE PSE ER — 4 mai AT ST Æ 15 juin RM POUE VA — 29 _ TE ET M RE | e _ 19 MoCtODrE M ETAPE Académie des Sciences de Vienne. Séances des Snovembre MISE ERE 7 — 16 — Sn PA PR CR _ 23 _ RE SAT TES — 1, ;déCeMPreN—- NAN — 43 — ES eee MOTOR — 21 — = 0 f 4, ED QUOTE -- AE 2 Co D TRS EN NE Le EL sl = EE ARR Pa 129, — 18 — NES J'EN — A6T >, - févriers MADIS EU NU ER = 8 — EM SERA — 15 — ET Lo — 22 — OLA AU IOUTOR — 8 mars nt D OU be E 99 Fe si RMS à Ce _ 5 avril TPE TR IS LA RE — 26 — = 0 IN ES TRE. FCWE — 10 mai ES. DS HET ue _ 17 — AR AS ATP — 25 — EE EC — 45 juin = É, 15 0202 AURA UE — 21 — DA on AT LR €: 5 juillet SA, EUE LE UE me — 12 — = ANS PNR MERE Ad: “octobre "Eee en — 25 — ATEN RENE — 31 — AE ET Académie des Sciences d'Amsterdam. Séances des 25 novembre 1905 EME — 30 décembre Re EME — 2 janvier 490021 PEER — 24 février MEME RUN — 31 mars NUS, ONE — 28 avril RP A re — 26 mai SOS ANT TAN — 30 juin RE Lee — 29SePIEMDrE MEN CN CNT TRE Académie Royale Séances de novembre AO0b IE "EE TR — décembre = "#4 2 Re — janvier toA906 NS RTE — février fers PEUR _— mars er Pie te TE — avril ESS MTS — mai = tie CNE — juin MAGIE A MSN — juillet” = TEE octobre 1905 17 novembre Aer décembre — 8 novembre Académie royale des Sciences de Copenhague. Mémoires présentés en 1906 (2 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME XVII DE LA REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES PURES ET APPLIQUÉES* A ABERRATION. — À propos de la détermination de la constante de l'aberration. . . : . . . . . . . . ABsORPTION. — Sur les relations entre le pouvoir d'absorption par rapport à l'énergie radiante et la condition chimique des corps. . . . . . . . . . ACADÉMIE. — Académie de Metz . . . . . . . . . . . AGCUMULATEURS. — Les piles à gaz et les accumulateurs RE EE NT OO GET e CE ce Ne ce — Manuel de la fabrication des accumulateurs . . . ACÉTYLÈNE. Un générateur d'acétylène par voie — Maaouel pratique de l'éclairage au gaz acétylène. Ace. — Sur la détermination de l'acide borique seul ou en présence d'acide phosphorique . . . . . . — Sur l'absorption de l'acide gallique par les col- lo ESTOr Pan QUES M Eee ere La pAynuese des acides glycocholique et taurocho- liq L’ 'hydroly se des acides nucléiques dans l'intestin. Les six acides dinitro-benzoïques isomères . . . Sur la nitration des acides phtalique et isophta- lique Acores. — L'Archipel des Acores. . . . . . ACOUSTIQUE. — Qualités acoustiques de certaines salles pour la voie parlée. . . . AcTuaLIrÉs. — Actualités scientifiques . . . . . . . . ADKÉNALINE. — La constitution de l'adrénaline . . . . AFRIQUE. — Le Service géographique de l'Afrique occi- DENAIOArANCRSE MP MAMIE NC EIRE. Le développement de l'Afrique occidentale. . . . Conférence de M. A. Chevalier sur l'Ouest africain. BarErance on -AÎrTIQues MSN NS ZE ne ue L'élevage de l’autruche en Afrique occidentale. . Mission scientifique du Bourg de Bozas. De la mer Rouge à l'Atlantique à travers l'Afrique tropi- L'iuventaire géologique de l'Afrique occidentale ÉCATORIS CS RSR TE NAS ne de le de to iséerre — Documents sur les établissements français de l'Afrique occidentale au xvirre siècle. . . . . . . AGRICULTURE. — L'agriculture et les institutions agri- coles du monde au commencement du xxe siècle. ArmantTs. — Emploi de la fonte trempée à la cons- traction des aimants permanents . . . . . . — Aimants transparents. Propriétés magnétiques . — Recherches expérimentales sur la constitution des aimants permanents. . . . . . . . . . . .. AIMANTATION. — L'hystérésis magnétique. {re partie : L'aimantation dans un champ qui varie très len- LME C8 5 ORPI ON CEE EE — 2e partie : L'aimantation dans un champ qui varie PADILONTENR ER en Ne eu AE ae t ce Air. — Sur la liquéfaction de l'air et ses applications. — Le P. Mersenne et la pesanteur de l'air. {re partie : Le P. Mersenne et le poids spécifique de l'air. — 2e partie : Le P. Mersenne et l'expérience du Puy- de-DOmME eee 2 RAR ENS ENT ALsvuines. — Les idées actuelles sur la constitution des albumines et les travaux de P. Schutzen- berger 4 Les chiffres gras reportent aux articles originaux. ALcooL. — La présence d'alcool dans le pain. . . . . — Recherche sur le procédé Allen-Marquardt pour la détermination des alcools supérieurs ALCOOLISME. — Alcoolisme des parents et anomalies de développement des enfants. . . . . . . . . . ALGÈBRE. — L'Algèbre de la Logique. . . . . RTE ALGÉRIE. — Les puits artésiens dans le sud algérien. — Les moules et les huîtres en Algérie. . . . . . . ALIÉNÉS. — L'assistance des aliénés en France, en Allemagne; en Italie et en Suisse. . . : . . . . Aurmenrs. — Les industries de la conservation des ADMENERN ES EE CT NN 7 0. ALIMENTATION. — Précis d'alimentation des jeunes enfants (état normal, état pathologique). . . . . — Traité de l'alimentation et de la nutrition à l'état normal et pathologique. Tome I. Nos aliments. . — Enquête sur l'alimentation d’une centaine d'ou vriers et employés parisiens. . . . . . . . . . . ALLIAGE. — Sur l'alliage magnétique de Heusler (manganèse- aluminium- -cuivre) . . — L'électricité de contact des ENTER RER — Sur la résistance électrique des alliages. . . . . ALees. — Le prochain percement des Alpes bernoises. — La synthèse géologique du système alpin . . . — Etudes géolugiques dans les Alpes occidentales. Contribution à la géologie des chaines intérieures HESPAIDES TANGO ES EN EN ER AMR SH MIeMETCL IE TCONPS 21e M el ee. Le Amioon. — L'’amidon et sa saccharification diasta- SAUCE En Me ere M Re EEE AMINES. — La formation de dérivés indazoliques au moyen d'amines aromatiques orthométhylées. AMMonrac. — Méthode de traitement des liqueurs ammoniacales des usines à gaz . . . . . . . . . — Quelques constantes physiques de l'ammoniac ; étude de l'effet du changement de température et de pression sur un gaz facilement condensable. AMPHIBIES. — PRENDRE de synapsis chez les Am- phibies . NCA SN Eee 2 Aie ANALYSE CHIMIQUE. — ‘ Précis d' analyse chimique quan- MODES ONE le Loto one MOINE SEE ANALYSE SPECTRALE. — L'évolution inorganique étudiée par l'analyse spectrale ANATOMIE. — Revue annuelle d'Anatomie. . . . . . . ; ANESTHÉSIQUES. — Action des TUE sur les ISSUSVIVAT IS EE Mere ele 120; ANILINE. — Les expériences d'un directeur d'usine. La pratique de la fabrication des couleurs d'aniline. ANKYLOSTOMIASE. — Manière de rendre les mines de houille réfractaires à l'ankylostomiase. Anneau. — Les anueaux de Newton formés Par : ré- flexion métallique. . . . . . a. ve ANNÉE. — L'Année biologique . . — L'Année psychologique . . . . ANNUAIRE. — Un annuaire astronomique . 3 ANTENNES. — Ordre de grandeur des forces électromo- trices mises en jeu dans les antennes réceptrices. — Etude de la résonance des systèmes d'antennes. . 110% ANTENNES. — Note sur la théorie des antennes direc- trices ou des oscillateurs hertziens non symétriques. — Sur la radiation électrique des antennes coudées. APPAREILLAGE. — L'appareillage mécanique des indus- LHESICHINIQUES PEN EN ET : APPAREILS. — Les appareils employés dans la tech- DIQUELCRENIQUE ME EC SM ON EN 520 — Série d'appareils pour les travaux pratiques de Physique au Laboratoire APPROXIMATIONS. — Approximations dans les mesures physiques et dans les calculs numériques qui s'y rattachent - RTS ARAUCARIÉES. — Les Araucariées récentes et éteintes. boneldanséles plantes PRE NC — Le mécanisme de l'assimilation du carbone dans les plantes vertes; la décomposition photolytique delanhydride carbonique EEE Ne ASSOCIATION. — Association des Anatomistes. . . . . ASTRONOMIE. — La méthode des hauteurs égales en Astronomie depOSITOn EC EE CE — Revue annuelle d'Astronomie. . . . . »: . . ATAXIE. — Crises oculaires et syndrome pseudo-base- dowien dans l'ataxie locomotrice . . . . . . . . ArLas. — Atlas of the world's commerce . . . . . . ATMOSPHÈRE. — Le champ électrique de l'atmosphère. — La hauteur de l'atmosphère. . . . . . . . . .. AUPRQUE — Western australian Yearbook for 1900- DOS EL Te MO een er GT TS 2e ee Hs ous AUTO-INDuCrION. — Effets de l'auto-induction dans un Cylindreren fer ee Nr Re AUTOMOBILE. — Guide pratique pour la conduite et l'entretien des Automobiles à pétrole et élec- ÉTIQUES RME eme lae diei tee eee eue Eh — Automobiles. Vapeur, pétrole, électricité. . . . . — Les perfectionnements automobiles en 1906 . . . AUTRUCHE. — L'élevage de l'Autruche en Afrique occi- déntale. AMENER PE elEE AzoTE. — La fixation de l'azote et l'Électrochimie . . — Un nouveau procédé de fixation de l'azote atmo- SPDÉNIQUE Pen NS NE UNE EURE — La distillation isothermique de l'azote et de l'oxy- gène et de l’argon et de l'oxygène. . . . . . . . — A propos de la fixation de l'azote atmosphérique. BacILLUS LACTIS. — Action chimique du Bacillus lactis séfenes (d'Escherich) sur le glucose et le man- QUO RS RE Re DC LC ne ele BAGTÉRIES. — Les bactéries de l'air, de l'eau et du sol. — Recherches sur la mobilité et les organes moteurs DéSMDACLÉME RS Bee etsies CE Dee EE — Causes de la réaction de Vosges et de Proskauer POURICENAIHESIDACLÉTIÉS ER — Action des décharges électriques de haut poten- tiel et de fréquence rapide sur les bactéries . . . — La flore bactérienne de la chair de poisson . . . BALANCE. — Expériences nouvelles sur la balance de — Les ondes hertziennes et la direction des ballons. BANDE. — Sur les bandes d'absorption et d'émission dans les corps gazeux. . . . . . 198: Baromèrke. — Les courbes de fréquence des observa- DOLSIPATOMEÉLIqUES NE CN ARR PIRE — Sur les variations barométriques de longue durée SUTIUE ÉTANUESISUTIACES MEN) Ni Base. — La base géodésique du Simplon. . . . . . . Biocnmie. — La Biochimie et les chlorophylles . . . BioLOGIE. — Un nouveau périodique : les « Annales detBiologiellaeustreh Ne PEER BLANC BANC CUINCOIOTE BLASTOMÈRES. — Sur l'existence de communications celluläires entre les blastomères. . . . . . . .. BuiNnAGes. — Blindages et projectiles de rupture : Aparbe-Blindire RER TE Ur TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES Les phénomènes d'isomérie en Chimie organique. 5 — Introduction à l'étude de la Chimie BLINDAGES. — 22 partie : Projectiles. . . 229 Bogine. — La bobine d'induction . . . . . . . . . . 150 Borrs. — L'expansion des Boers au xixe siècle. . . . 5171 Bois. — Les bois de commerce et leur identification . 294 — Traité pratique des emplois chimiques du bois . 754 Bourses. — Bourses commerciales de séjour à l'étran- à CR Re AU RER OEM on roc à Ë BoussoLe. — Sur la possibilité de remplacer la bous- sole magnétique par une boussole de rotation. . 806 C Caré. — La production et la consommation du café. 728 Cusse. — La Caisse des recherches scientifiques 483 Cazcuz. — Die Anfangsgründe der Differential-und IntepralreCHnuD EME EE MR EC CETTE 424 — Vorlesungen über Differential-und Integralrech- ne 1 606 0 OP OT OO LOL PDO IT COX LC DE à © — Lehrbuch der Dif'erential-und Integral-rechnung. 1080 CaLorirèRes. — Le chauffage des habitations par calo- MILLES ES CR RE -SC ICE 142 Canapa. — La colonisation de l'Ouest canadien. . . . 308 — Le Canada, problèmes politiques contemporains. 797 CANAL. — Le canal de Panama. +. .".". 114 — Le canal de Suez SE EME GR of et to cc 212 Cancer. — Recherches sur les mitoses hétérotypiques dans Mel CAnCeR EE RENE CE CAE — Aualyse expérimentale de la croissance du cancer. 874 Caourcnouc. — La question du caoutchouc . . . . . 352 Capacité. — Résistance, inductance et capacité. . . . 95 — Sur les capacités inductives électriques du papier sec.et de la cellulose solide." "2" 815 CanBoxaTes. — Sur les carbonates basiques de magné- SU CRC EE 840 Car8one. — La température de combustion de la cur- dite et la température de fusion du carbone. . . 258 Un pouvelioxyde dUNCarDOnE EEE EE CR 260 Carpioparaie. — Les cardiopathies artérielles et la CURE 'PIVIAN EE 91 CarroGrapaie. — Un nouveau dispositif cartographique. 211 CaraLases. —*Les catalases du sang. . . . . . . . . 160 Carazyse. — Actions anticatalytiques de l'eau. . . . 880 Céciré. — La cécité dans la race arabe . . . . . . . 1086 CENDRES. — Analyse des cendres du Vésuve. . . . . 844 CÉRÉALES. — Sur la fonction de la silice dans la nutri- tion des Céréales ER re CR CE 529 — Le commerce des céréales en France. . . . . . . 1004 Cuareur. — Une déduction géométrique simple des relations reliant entre elles les quantités observées et cherchées figurant dans la méthode de déter- mination de la conduction de la chaleur par les CHIS AUX Te ER de CUS se. + +. 436 — Discontinuité des chaleurs spécifiques à satura- tion et courbes de Thomson. . . . . . . . Ce OT — Application de la loi des élats correspondants aux chaleurs SPÉCIfIQUES. NO Ms ON) Cnaur. — Le champ électrique de l'atmosphère. . . 442 — Influence des champs électriques sur les lignes spectrales Fe CU CC ce His res DIS — Le champ de force des espaces non euclidiens à COUTBUTE POS NIVEAU ee 1043 Cuansons. — Etude systématique des charbons miné- raux d'origine végétale 2 340 — La combustion spontanée du charbon et les moyens de la prévenir dans les entrepôts . . . . 583 CuaurrAce. — Le chauffage des habitations par calo- 5 FITÈTES de 2 leds de: MI CU DT CCR 2 Cuemins DE Fer. — La production des ateliers de che- mins de fer américains . . . . . . . . . pont à LOT — Le Soudan égyptien et son nouveau chemin de fer. 681 — Le réveil économique de la Chine et les chemins dé fers DR detre EC Re 808 — Locomotive monophasée des chemins de fer sué- 4 UOIS Line ME Me ee eee ne NIUE ER ES Cnrexs. — La rage et les chiens errants. . . . . . . 681 Cine. — Revue annuelle de Chimie minérale. . . . 191 — Traité de Chimie appliquée . . . . . DAC ner PE — Le Vis Congrès international de Chimie appliquée ROME EC SRE M pe 0 260 — Nouveau précis de Chimie. Chimie générale. Ana- pre LCR EE A MORON Qf t oto 6 € r 92 _ Rue) annuelle de Chimie physiologique. 1° par- tie : Matières protéiques. Aliments. Diastases, digestion Ne 2 PAROI CH O1 0 . . 326 — 2e partie : Tissus, échanges nutritifs, sang, urine. 376 3» 510 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES 1105 Came. — Répertoire annuel de Chimie. Année 1904. 665 Crises. — Crises convulsives et lésions RÉPAEReE — Revue annuelle de Chimie organique . . . . . . 941 diennes. 6 Cumistes. — La formation des chimistes- -experts. . 583 CRISTAL. — Sur la propagation de la ‘lumière dans un Caine. — Le réveil économique de Ja Chine et les che- cristal biaxial autour d'un centre de vibration. 304 mins Je fer..." : 808 — Les phénomènes de vie ARPRIQERE chez les cris- CuLOROFORME. — Sur certaines “propriétés physiques taux mous . . po EEE 526 et chimiques des solutions de chloroforme et ; — Lehrbuch der Krystalloptik . : 713 d'autres anesthésiques. 103 — Les théories modernes sur la structure des milieux CurorornyLue. — La Biochimie et les chlorophylles. 1081 cristallisés . ; 50 Cnocs. — Les chocs en Mécanique céleste . 397 | Cuivre. — Influence de petites ‘quantités d'éléments CRROMOSOMES. — Existence de formes permanentes dans le cuivre sur ses réactions avec l'acide parmi les chromosomes de la première division nitrique, -..2- za 1091 maiotique chez certains animaux . . . 620 | Cure. — Les cardiopathies artérielles et la cure d'Evian. 97 CurowosphèRe. — Etude de la chromosphère avec un CyaNoOGÈNE.— La fabrication du bromure de cyanogène. 1091 spectrographe à fente circulaire . c S41 CYMOMÈTRE. — Adaptation du cymomètre à lecture Cimenr. — La dilatation en volume du ciment Portland. 840 directe à la délinéation des courbes de résonance. 433 CinévaTiQuE. — Manuel PrAtIque de RÉMeRnE Us navale Cyxirines. — Monographie des C Hnirs & EURE et et maritime . SON ns 94 d'Algérie . ROME Courèce. — Nos enfants au Collège ACC CE 834 | Cvsrintkte. — Sur la cystinurie. Foro 3 — Au Collège de France. . . 961 CozcimaTeur. — Le collimateur de l'Amiral Fleuriais. 626 Cozzrsioxs. — Les risques de collisions entre corps D célestes : 209 Cozroïnes. — Sur la filtration des cristalloïdes et des DÉCHARGE. — Effet du radium facilitant la décharge colloïdes à travers la gélatine. . . 432 électrique visible dans le vide. 7122 — Sur l'absorption de l'acide gallique par les col- DÉGÉNÉRESCENCE. — L'hérédité des stigmates ‘de dégé- loïdes organiques D re tn 010 nérescence et les familles souveraines. 49 — Zur Erkenutniss der Kolloïde.. : : 713 | Dexrées. — Guide pratique de l'expert-chimiste ‘en — Recherches sur la façon dont se comportent les | denrées alimentaires . 755 colloïdes dans les eaux d'égouts. . . . S40 | Dexsités. — Sur une méthode statique de comparaison Cozonies. — Les produits du sol de nos colonies à | des densités des gaz. . : . 6175 l'Exposition coloniale de Marseille. ; 400% | Dexrs. — Relation entre les formules dentaires des — Exposition coloniale de Marseille. Les colonies Primates platyrrhiniens et katarrhiniens. 436 francaises au début du xx° siècle. Cinq ans de DÉPÔTS QUATERNAIRES. — Les pierres des Ardennes progrès. . . 04035 dans les dépôts quaternaires des AS Bas, au CoLomsariox. — La colonisation de la Nouvelle-France. 197 nord du Rhin. . . 108 — Marseille et la colonisation française . . . . . . 913 | DÉSINFECTION. — Recherches nouvelles sur les” pro- Comwsusrion. — La combustion spontanée du charbon priétés désinfectantes de qurlques substances . 960 et les moyens de la prévenir dans les entrepôts. 583 | DessécHemenT. — Un prorédé simple pour le dessé- CouèTE. — Recherches sur l'orbite de la comète pério- | chement de l'air des hauts-fourneaux . 626 dique de Holines et sur les perturbations de son DérTecTEURS. — Détecteurs d'ondes ÉIÉREHAUES à gaz mouvement elliptique. . . . . Nr ue PU JUS ionisés. - TEL 720 — Instabilité du mouvement des comètes . . $06 | Drasère. — Sur le diabète expérimental . 4 61 Commerce. — Atlas of the World’'s commerce . . 715 | DraGnosric. — Précis de diagnostic chimique, micro= Cowpuexes. — Un groupe de complexes dont la surface scopique et parasitologique . : 8173 singulière se compose d'une surface réglée et d’un DICTIONNAIRE. Dictionnaire technologique illustré certain nombre de DANSE Etape en six langues : français, italien, espagnol, alle- — Complexes quadratiques de révolution. : : : . : 1043 mand, anglais, russe. Tome I. Les éléments des ComPTE-GOUTTES. — Du compte-gouttes normal et ‘de machines. 997 ses applications dans la pratique pharmaceutique. 572 | DIiÉLECTRIQUES. — Sur les diélectriques liquides. 251 CoxpucrimiLiTÉ. — La conductibilité électrique de solu- DirrrACTION. — Solution de certains problèmes de tions diluées d'acide sulfurique . . . . 103 diffraction à l’arde d'une intégration de contour. 621 — La conductibilité du sulfate d'ammoniaque ‘dans DirFusion. — Expériences sur la migration ionique les mélanges d'acide sulfurique et d'au. . . 674 dans la diffusion naturelle «les acides et des sels. 1040 CoxpucriviTé. — Sur la conductivité électrique unila- Dicarariox. — Dilatation et température de fusion. 111 térale sur les surfaces humides . . 432 | Dircome. — Le diplôme d'études supérieures de sciences 537 Concrès. — Le VIe Congrès international de Chimie Disni-criox. — Distinction à un s+vant francais. 109 appliquée à Rome. . 260 | Douceur. — Une thévrie toxique de la douleur. 240 — Le Congrès international pour ‘l'étude des régions DournixE. — Chingements microscopiques dans le sys- polaires . . 4005 tème nerveux dans un cas de dourine ou mal de ComucaAisoN. — Etude biométrique de la conjugaison coit chronique, et comparaison de ceux-ci avec chez les Paramæcium. . 393 les altérations observées dans la maladie du CoNSTANTES. — Quelques constantes physiques de l'am- SOUDE SN RENE ME ee de ED on 0 moniac ; étude de l'effet du changement de tempé- rature et de pression sur un gaz facilement con- d-nsable . ENS 722 E Coorponxées. — Coordonnées lunaires. 618 Corpi1Ee. — La température de combustion de la cor- Eaux. — L'épuration des eaux par les filtres à sable dite et la température de fusion du carbone . 258 dits américains. ve 294 Coprs. — L'action de l'émanation du radium sur le — Hydrologie souterraine et eaux potables = 603 Coups Um ain NE EU Un 020 — La question de l'eau . 767 — L'âme et le corps. 997 — Recherches en collaboration sur l'épuration biolo- Coucue-LiMITE. — Mesures se la couche-limite entre g'que et chimique des eaux d égouts. 833 les m-taux et les électrolytes. . . 4092 — Recherches sur la facon dont se comportent les CouLeurs. — Les récents progrès de la ‘photographie colloïdes dans les eaux d'égouts . . 840 des couleurs . 599 | Ecmnus rscuuenrus. — Effets des alcalis, des acides et Counanrs. — Sur les courants terrestres produits par des sels alcilins et acides sur la croissance et la les entreprises de traction électrique . 394 division cellulaire des œufs fertilisés de l’Echi- — Sur une méthode pour obtenir des courants con- nus eSculentus . . 104 tinus au moyen d'un détecteur magnétique du — L'arrét ou la modification de développement des type « auto-restaurateur ». 75 œufs du Pleuronectes platessa et de l'Echinus — Enregistrement et analyse des courbes de cou- esculentus qui se produisent sous l'effet des rants alternatifs. 832 acides, des alcalis et de certains indicateurs. 104 Course. — Les équations pluckériennes ‘d'un point ECLAIRAGE. — Manuel pratique de l'éclairige au gaz cyclique d'une courbe gauche . 55 acétylène . - 425 — Quelques propriétés de faisceaux de courbes Ecrairs.— Observations relatives à la durée deséclairs 258 planes alzébriques . . 483 Ecrrrse. — Eclipse totale de Soleil du 30 août 1905 . 59 Covozuue. — Relations entre le volume etle covolume. 614 | Ecosr.— A l'Ecole polytechnique. . Ne 7 1106 1 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES Ecoue. — A la sortie de l'Ecole polytechnique. . . . 1006 ; — L'enseignewent dans les Ecoles d’'Hydrographie . 1024 Ecorce. — Recherches sur l'écorce cérébrale des MammierES ME R RR RE .- 253 Ecrirs. — Les écrits et les dessins dans les maladies nerveuses et mentales (essai clinique). . . . . . 388$ Ecrirure.— Physiologie de la lecture et de l'écriture 612 Erasriciré. — Les elets élastiques résiduels daus le Quart Cris A ln PRE RCE Re 1003 Ececreiciré. — Les emplois domestiques de l'électricité 112 — Conduction of electricity through gases. . . . . 198 —"Lecons Sur l'ElectriQté "7 2770. 328 — Précis de la théorie du magnétisme et de l’élec- | | | | aux écoles et iustituts électrotechniques. . . . . 385 — Passage de l'électricité à travers des couches de RASE co Eee mt RO e 392 — Les quantités élémentaires d'Electricité : ions, électrons COrpuscules EE 424 | — Notions d'Electricité. Son utilisation dans l'in- LUE 7 CARS RE ER TS E 474 — The theory of experimental Electricity . . . . . 87! — Le passage de l'électricité à travers les gaz. . . . 948 EcecrRoCHImIE. — La fixation de l'azote et l'Electro- GUN R RER LR RE ME ec 2s — Jahrbuch der Electrochemie für 1902 and 1903 . . 150 — L'Electrochimie appliquée aux recherches et aux préparations de la Chimie organique . . . . . . 716 — Traité pratique d'Electrochimie. . . . . . . . . 1033 EcecrroLytes. — Boîte pour la mesure de la résistance des ÉIeCrOI VIE ER EE CNE ER NE 619 — Répartition du courant dans les électrolytes en RATS RS ES UE qu nes 674 — Le: coustantes d'affinité des électrolytes ampho- tères. I. Les dérivés méthylés de l'acide para- aminohenzoïque et de la glycine . . . . . . . . 839 — 11. Dérivés méthylés des acides ortho et méta- AMMANERADQUES EN ER IL SRE 839 — lil. Les amino-acides méthylés . . . . . . . . . 82 Ececrrox. — Remarques par rapport à la dynamique derlélectron EC a PER RP RNENEreS 56 ELECTROTRÉRAPIE. — Eléments d'Electrothérapie cli- EL CPR MR CE Nr mes 1084 ELéPaaxts. — Traité sur les éléphants. Leurs soins habituels et leur traitement dans les maladies. . 715 EMBRYOLOGIE. — Revue annuelle d'Embryologie . . . 456 EwiGraTiox. — L'émigration des campagnes vers les villes et la tuberculose. . . . . .- . . . recent) EuoTions. — L'expression des émotions . : . . . . . 628 Euprunts. — Remboursement des emprunts à long Por NO Cl de MO Mode Cet enr 149 ExGrais. — Etude comparative des méthodes d'ana- lyse des engrais dans les divers pays . . . . . . 912 ENREGISTREMENT. — Ün nouveau procédé photagra- phique d'enregistrement des indications des ins- ; trente de physique ARTE EE 351 ENSEIGNEMENT. — L'enseignement pédagogique de PORVErRSÉE de Paris EN AC EN MEC 62 — Les réformes de l'Enseignement supérieur . . . . 466 — L'enseignement dans les Ecoles d'Hydrographie.41024 — L'enseignement de la Physique dans les Lycées . 629 Exsemeces. — Les principes de la Théorie des en- EU CU EP UT RE M gere 209 Exzyurs. — Etudes sur l’action des enzymes. . . . . 945 EPuRATION — Recherches en collaboration sur l’épu- ration biologique et chimique des eaux d'égout . 833 EQcuATION. — Sur la pression interne des fluides et l'équation" de Clausus 2e) RE PETER 205 — Les équations d'état dans leurs rapports avec la Thermodynamique-e EE PU, ET 351 EquiLreres. — Les équilibres occultes dans les sec- tions (p, x) au-dessous du point eutectique . . . 160 — Les équilibres hétérogènes étudiés d'après la répledes phases EEE NE Aer PAU 386 Equxoxe. — L'équinoxe de printemps . . . . . . . 625 Espace. — La notion d'espace et les conditions phy- siologiques nécessaires à sa formation dans l'es- DEEE ER EST RER REA 129 — Le champ de force des espaces nou euclidiens à CONCDNrES MÉCALUVES. NN: AN MEN ANUS s01 Essarxeur. — L'Art de l’essayeur . . . - - _ - . . . 611 Ernyre. — Recherches pharmacologiques sur le chlo- ture d'ÉLBYIC RENAN. 2 2 CN 1090 ErixcELLES. — Une étude expérimentale des étincelles de conHensafenrS UE E : - 2-1 IE 534 — Effet-de l'étincelle électrique sur l'actinisme des IMÉEAULS- TS USE) NOR. 2 COS QE 122 Etoire. — L'étoile 50 Ophiucus . . . . . . . . . un | dans quelques cercles mégalithiques anglais. . . .— Sur quelques étoiles possédant un spectre parti- CS SN NE NE ER — L'intensité lumiveuse des étoiles de type spectral Méérent in. ten UE SR CERN — Classification des étoiles par leur température —="Rgfmaion des étoiles: . 2. - . FARMER : — Rapport entre le spectre et la couleur des étoiles — La couleur des étoiles. . . . . . . . . . ER ES — Orbites des étoiles doubles. . . . . . . . . . —- Evozuriox. — L'évolution iuorganique étudiée par l'analyse spectrale Te ER Excirarioxs. — Intensité des excitations de réflexes LES SENS CR S ExrerT. — Guide pratique de l’expert-chimiste en denrées alimentaires CAP ENTRER 5 Execosions. — Recherches sur la pression des explo- SIONSS EE le 2 Ra EE — Res des mélanges de gaz d'éclairage et LE ne Sr Ci te ee SR RENE re Exposiriox. — L'Exposition internationale de la Nou- velle-Zélande. CRE RE ET ER ne - — Les produits du sol de nos colonies à l'Exposition coloniale de Marseille. . . . . . . . . . LE r « Exrrants.— Action des extraits pituitaires sur le rein, F FARINE. — Recherches sur la viscosité de la farine et du pain et les moyens de la prévenir. . . . . . 434 Fauxe. — La faune pélagique des Invertébrés. La mer | des Sargasses et sa faune... - "1. 3354 — La faune bathypélagique et la faune des grands b fonds: 7, Re ere el EEE . 490 Fer. — Les propriétés physiques et chimiques du fer- CAFDONYIE. EVE LU TT M RER RE 103 — Sur la surtension dans le fer par traction et com- DrESSIOn RE ER 431 — Sur la facon dont se comporte le fer sous des , forces magnétisantes périodiques faibles. . . . . 1040 FERME. — Hygiène de la ferme, . . . © - . - . - 198 FERMENT. — Le ferment alcoolique du jus de levure. 480 — Le ferment alcoolique du suc de levure. Le co- CON MON CE SE LUE EN 5 RE à 916 FIBRINGLOBULINE. — Sur la fibringlobuline. . . . . . 61 Fièvre. — Rôle des urines typhiques dans !a propa- gation de la fièvre typhoide. . . . . . . . . . . 960 FiLTRATION. — Sur la filtration des cristalloïdes et des colloïdes à travers la gélatine. . . . . . ._. 432 FirtRes. — L'épuration des eaux par les filtres à sable ‘dits anrénCanmsS CNE NE CRE 294 FLauMmEs. — Détermination objective de la fréquence des flammes /de Ko PR ER ET 842 FLuives. — Sur la pression interne des fluides et l’équa'ion de Clausius... - . . . . . . . ENCAIAU — Facteurs qui déterminent la production du fluide ANÉrAOGIRre. 4 EE 394 — Sur la résistance des fluides. . . . . . . . . . . 621 Foie. — Relations des cellules du foie avec les vais- seaux sanguins et les lymphatiques. . . . . . . 089 Foxcrioxs. — Sur le quotient de deux fonctions con- sécutives den Besse ETS RE 160 FONDERIE. — La fonderie moderne. . . . . . . . . . 426 Foxte. — Emploi de la fonte trempée à la construc- tion des aimants permanents. . . . . . . . . . 207 Forces. — Les forces de la Nature.. . . . . . . . . 152 Four. — Nouveau four électrique pour la détermina- tion des points de fusion des matières réfractaires. 627 France. — Histoire de l'expansion coloniale de la France depuis 1870 jusqu'en 1905. . . . . . . . 835 | Frorv. — Lecons sur le froid industriel. . . . . . . 46 — Le poisson conservé par le froid. . . . . . . . . 61 — La distribution à domicile du froid artificiel. . . 485 — Production et utilisation du froid.. . . . .. . . 4051 Fusiox. — Dilatation et température de fusion. . . . 411 — Nouveau four électrique pour la détermination des points de fusion des matières réfractaires. . G GaLvaxomÈTRE. — Sur les points morts d'une aiguille de galvanomètre pour des courants fugilifs.. . . 917 1043 1045 1046 616 530 ‘ Æ GALVANOMÈTRE. — Galvanomètre à cadre mobile pour COTE MEN CSA PC EE — Un galvanomètre optique à indications lumineuses . et pouvant servir à l'enregistrement photogra- DETTE ED NORTON Te REP ET GALVANOTROPISME. — Sur [a nature de l'irritabilité gal- vanotropique des racines. . . . . . . . . . . . Gaumes. — Les gammes musicales au point de vue LEE NET EE ONE RO RME IE GASTROTOXINE. — Sur la spécificité et l’action in vitro LT PAS OL A LE he on Gaz. — Sur les bandes d'absorption et d'émission HenRIeS CON PRIEUL Hu te 1e. — Conduction of electricity through gases. . . . . — Pa:sage de l'électricité à travers des conches de LUTTE Es MORE RECENT See _— LE ne ag des mélanges de gaz d'éclairage et RE eee lele ee ml dei ee» — Le passage de l'électricité à travers les gaz. . . « pres — Boletin de la Sociedad Geografica de RL PT NEO JU oud GÉoLOGIE. — La science cop Ses méthodes, ses résultats. ses problèmes, son histoire. . . . — Traité de Géologie. . . . . . . ee — L'inventaire géologique de l'Afrique occidentale : RE in de ol 2e — La synthèse géologique du systéme alpin.. . . — Etudes géologiques dans les Alpes occidentales. . GÉOMÉTRIE. — Descartes et la Géométrie analytique. . — Lehrbuch der praktischen Geometrie. . . . . . — Lebrbuch der analytischen Geometrie. . . . . . — Anfangsgränie der darstellenden Geometrie für Gymnasien . . . . . nndeleret sleter dote pate PRRRIR IG GPOMeEE Se Le NE — (Œuvres de Laguerre, tome II. Géométrie. . . . — Encyklopädie der Elementar-Mathematik, tomell. Pieter) Geometre ne GLacr. — Sur la densité de la glace et sa chaleur de LEE GE, Encre EN R TM MR reT — sa le mouvement d'un fil métallique à travers la RE RO AS EE ie —_nipisre à rolraleir ee GLacir. — Les glaciers de la Savoie.. . . . . . > GLaxDes. — Recherche expérimentale des facteurs qui déterminent la croissance et l'activité des c'andles Riaimares., GLossra. — Sur la Glossina palpalis dans ses rap- ports avec le Trypanosoma gambiense et d'autres RER LT EE re EE MN EE PT EE GLucosine. — Etude du glucoside cyanogénétique contenu dans le Lin commun. . . . . . . . .. — Le glucoside cyanogénétique contenu dans le A EU ne mes Graisse. — Fabrication de lamargarive etdes graisses DÉTENTE EE RON Re NT ANSE ER EEE GROENLAND. — Une station arctique scientifique au ENT ARE pe ECS DER RER EE Grossesse. — Hygiène de la grossesse et puériculture RES LEE TEE PE nee me me NO > ue — Recherches sur le groupe simple d'ordre Re ee 2 Ve co di EN lle She Guerre. — Les enseignements maritimes de la Guerre LES ER RE SRE RER EE RE EE — — The British Guiana Medical annual for Te lohe) autel ne (Are age > te etes H Dre Hal EE ns LL Haxcae. — Technique du traitement de la luxation - congénitale de la hanche. . - - . . . . . . . .. Hacrax. — A travers le Haurän et chez les Druses. Excursion à Palmyre par Homs. . . . . . . Hacteues. — La méthode des hauteurs égales en As- ETROnC HE M HARON, - - 10 Me Je Hacrs-FousNEAUx. — Un procédé simple pour le des- séchement de l'air des hauts-fourneaux. . . . . Hérzicu. — La production de l'hélium aux dépens du Dnaure dE... OSEO — Facon dont se comportent l'argon et l'hélinm à baute température vis-à-vis de divers éléments. HÉMATNE. — Sur l'hématine cristallisée. . . . . . . HémsPasue. — Guérison de l'hémispasme facial par les injections profondes d'alcool. . . . . . . .. Héuozyse. — Sur le rapport entre l'hémolyse et la phagocytose des celules rouges du sang. . . . . HEpatowoxas. — Recherches sur le développement de TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES l'Hepatomonas du Kala-Azar et de la fiévre cachec- tique aux dépens des corps de Leishrwan-Donovan. HenCuLe. — La structure de l’amas d'Hercule . . . . — Variabilité de 68 w Hercule. . . . . . . . : . . | Hérévoité. — L'hérédité des stigmates de dégénéres- cence et les familles souveraines. . . . . . . . . HEXATRIENE. — Le carbure d'hydrogéne le plus simple à deux systèmes conjugués de liaisons doubles, le 1 : 3 : 5-hexatriène. . . . . . . . . . HistoLocie. — Précis d'Histologie. . . . . . . . . . HorLocertE. — Théorie et pratique de l'horlogerie, à l'usage des horlogers et des élèves d'horlogerie. . | Hocrzce. — La houille verte (mise en valeur des moyennes et basses chutes d'eau en France) . . | Huces. — Fabricationet raffinage des huiles végétales . Huirres. — Les moules et les huitres en Algérie . . Huwaria. — Développement de l'ascocarpe de l'Huma- RO AN EEE PRE LE ns 51 = de, Hyvarixes. — Détermination des sexes chez les Hyda- Re rie ie ea 7 HYDROGÈNE. — La combinaison de l'oxygène et de l'hydrogène au contact des surfaces chaudes . . HyvrocRargie. — L'enseignement dans les Ecoles D'Or AE EN RME fl ee 1024 Ebernr res — Hydrologie souterraine et eaux po- PDP RE CU LR ER ta de ce Hycrëxe. — Hygiène alimentaire . .-. . . . . . . . vienne derta erme ns ET ut hrs) me — Revue anouelle d'Hygiéne. 1°: partie : Les mala- dies transmissibles. Hygiène urbaine. . . . . . . — 2e partie : Hygiène injustrielle . . . . . . . . . — L'Hygiène des intestins. - . ..- - - - - . - . - — Hygiène et sécurité du travail industriel. . . . . HyeerTroPHIE. — Traitement 4e l'hypertrophie pros- tatique par la prostatectomie. . . . . . . . . . Hysrérésis. — L'hystérésis magaétique. {°= partie : L'aimantation dans un champ qui varie irès len- RÉEL 2 de mm tie Dani 0 EN À = — 2e parlie : L'aimantation dans un champ qui varie raédement 8 ne Cia EE) se S Ln Icarayopsipés. — Contribution à l'étude du tissu lym- phoïde des Ichthyopsidés . . - . . . . . - . . . Imaces. — Observations sur les images des micros- copes et télescopes. - - - . … - - .. . - . - Iuvoxité. — Les conditions de l'infection microbienne eÉlnmunte CELA EE on - Iscexpe. — Etude théorique et pratique de l'incendie. Ses causes, sa prévention, son extinction. . . . Ixcozore. — Blanc ou Incolore . . . . . - - . . . . Ixpazoc. — La formation de dérivés indazoliques au moyen d'amines aromatiques orthométhylées . . Ix0160. — Méthodes de détermination de l'indigotine dans l'mdigo commercial et dans les plantes fonrmssantéie Emdpon 2 - Isno-Cairxe. — L'Indo-Chine française. Souvenirs . . Ixpucraxce. — Résistance, inductance et capacité . . Ixvccriox. — La Logistique et l'induction complète. La notion de Correspondauce . . . - . . - . . . ExbvsTRIE. — La grande industrie tinctoriale. . . - . — L'appareillage mécanique des industries chi- FRE EN Re mere =. she | Ixrecriox. — Les conditions de l'infection micro- bieune et limounité . . Issecres. — Les différents insectes transmetteurs de mur nm le Issozariox. — L'insolation eu Suisse. . . . . . . . . IssTazLaTiox. — Prix de revient des installations ER TE ES NE DORE Issrrror. — L'Institut Océanographique . . . - - . . IxtécRares. — Recherche des intégrales algébriques dans le monvement d'un solide pesant autour domine RE Ml emneie pce à Ixresnis. — L'hydrolyse des acides nucléiques dans RER RE ETS. - = © — L'Hygiène des intestins . . . . . . - - - - - . . lose. — L'Iode et les iodiques . . . - . . - . hi S loxisaniox. — lonisation produite par le platine chaud dans les différents gaz. . - - - . - - . - THE loxs. — Le passage des ions dans l'ar trique — La mesure exacte des vitesses des — Recherches sur les vitess ESSOR San EE - - "mes Pots — Sur la dimension des ions et ses rapports avec les propriétés physiques des solutions aqueuses. — Sur les piles BOL ATARES punis par l'action de la lumière 1108 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES Ioxs. — Les vitesses des ions dans l'air à différentes Lumière. — Attractions et oscillations des animaux températures : 4... 22. Rue un 875 marins sous l'influence de la lumière. . . . . . IRRADIATION. — Sur l'irradiation photographique . 619 | LuminescENCE. — Recherches sur la luminescence Isomérie. — Les phénomènes d'isomérie en Chimie : CHINQUES ER ER EE PORTE IDOTPFaMQUE MN ee Ci R- LCIC 538 | Lune. — Les occultations d'étoiles par la Lune . , . — L'agrindissement et la proximité apparente de la Lune AA OTIZON.,.N: NON J — Pourquoi la Lune nous paraît-elle plus grosse à l'horizon qu'au Z6mtR7/ 25677. FC Ô Jaroix. — Le Jardin botanique de la Ville de Paris , 535 | Lunerre. — Lectures sur une lunette méridienne à Jurranracées. — Nouvel ordre naturel de plantes, les deux cercles Ta SR ee SRI JULIA CEE SNS EE M EN CL CT 916 | Luxarrox. — Technique du traitement de la luxation Juuexrs. — Sur les descendants des juments marrons congénitale de la hanche . . PU SANE EE EE CV LEE 304 | Lycées. — L'enseignement de la Physique dans les Jurrrer. — Sur les plans des orbites des satellites de LYCÉES RENE NRC ERREUR ESS JUPITEE RSR NAN LIEN ES. AIT ES ER 436 — Occultations et éclipses mutuelles des satellites détJupitenien 1908 CRE 1043 M MaGxérisME. — Vitesse définie de propagation du ma- [ gnétisme-dansAle fer... COM — Précis de la théorie du magnétisme et de l'élec- LaBoraroiRe. — Travaux du Laboratoire scientifique iricité à l'usage des ingénieurs et des candidats international du Mont-Rose ... . . . . . . . . . 48 aux écoles et instituts électrotechniques. . . . . — Méthodes et ressources eu usage dans le Labora- — Sur la façon dont se comporte le fer sous des toire cryogène.fde Leyde... -2",0"#.#.-00 00 802 forces magnélisantes périodiques faibles. . . . LacrosuriE. — De la lactosurie . . . . . . . . . . . 995 — Des perturbations magnétiques d’après leur anno- Larr. — Danger du lait bouilli de vaches tubercu- tation a Batavias 25 200: ANT ENNRNEe Jeuses M er SUR ee MONET ARS 261 | Mazanres. — Diagnostic et séméiologie des maladies — Nouveau-procédé d'analyse chimique du lait. 100% tropicales EAN NN EN EN ICE Lames. — Sur les franges de réflexion des lames — Les écrits et les dessins dans les maladies ner- arpentéess 2 che Rice ei PETER 299 veuses et mentales (essai clinique). . . . . . . . Lampe. — Une lampe de projection nouvelle SE LE: 2 — Lectures on tropical diseases . . . . . . . . . . — Les lampes électriques 8-arc "tn ne 385 — Transmission des maladies infectieuses par les — La production de la lumière rouge dans les lampes animaux d'appartement. 1. NM ENNEMI Sivapeutiie Mercure EN TUE RUE 439 | Mancnoxs. — La théorie des manchons à incandes- — Les nouvelles lampes 4 INCADAeSCENCE. M MN. D30 (ENORME EE Pa on aU oo 4 no © à — Lampe à arc automatique. . . . . . . . . . . . 518 | Marée. — Etude des phénomènes de marée dans la — Les progrés des lampes à arc. . . . . . . . 127 JM ÉTSUNOrA ENT RE EU CR Re LanGace. — Le Langage. Essai sur la psychologie nor- — Observation, étude et prédiction des marées . male et pathologique de cette fonction. . . . . . 202 — Modifications du régime des marées de la rivière — Le centre cérébral du langage articulé et le centre AS ACT MAILS EE D Pr lei q Mans Lo de BTOCA PI NES NN ae Eee ti 1047 | ManGaRiINE. — Fabrication de la margarine et des LariTupes. — La variation des latitudes . . . . . . . 879 eraissesialimentairesett M Ce Lecture. — Physiologie de la lecture et de l'écriture. 612 | MARINE. — Quelques réflexions sur la marine . . . . — Lectures scientifiques. Physique et Chimie . . . 994 | Maroc. — La sardine au Maroc . . . . . . . . . . . LéGume. — La production légumière moderne. 45: ALEICOMUMETCEMNATOCNENE ME -- EU - Levures. — Le problème de l'origine des levures. . . 244 — Mission dans le Maroc occidental. . . . . . . . . — Le ferment alcoolique du jus de levure . . . 480 — Le Maroc, ce qu'il en faut connaitre. . . . . . . — Le ferment alcoolique du suc de levure. Le co- Mars. — La météorologie sur Mars. . . . . . . . . . ferment er RO MERS CAMERA RS EN RS EST TRE 916 — La planète Mars d’après les travaux récents . . . — L'utilisation des levures usées . 2... | 960 MauseiLce. — Marseille et la colonisation francaise. LiGxes. — Recherches sur les lignes de Talbot. 346 MATHÉMATIQUES. — Mathematische Ubungsaufgaben. : — Allure des lignes de fusion de compositions dis- — Histoire des Mathématiques. . . . . . : . . . . sociées partiellement dans la phase fluide, pour des — Initiation mathématique. . . . . . . . . . . . . propurtions quelconques des produits de disso- — Verhandiungen des dritten internationalen Mathe- CHATONS US EU CT 348 maker iKONpTESSeS PR CR Cr — Sur l'allure des lignes spinodales et des lignes de — Les Mathématiques et la Médecine. . . plissement pour des mélanges binaires de subs- MamièÈke. — Les matières premières usuelles d’origine tanceSSDONMALES EP ER EE CRC CE 1045 végétale indigènes et exotiques . . . . . . . . . Liquéracrion. — Sur la liquéfaction de l'air et ses — La transition de l'état liquide à l'état solide et la ADDHCATIONS ee -- U-E 52 structure écumeuse de la matière . . . . . . . . Lrrrérarure. — Littérature canadienne francaise. 98 | Mécanique. — Les principes de la Mécanique . . LivRE. — A propos d'un livre récent . . . . . . . . 877 — Quelques antiquités mécaniques de la Belgique. Locomorive. — Locomotive à vapeur surchauflée des — Lecons de Mécanique céleste professées à la Sor- chemins de fer {prossiens ee CU 306 bonne: ON SEEN IRC RES Re — Les locomotives américaines . . . . . . . . . 402 | Méoecine. — Les Mathématiques et la Médecine . . . — Locomotive monophasée des chemins de fer — Revue annuelle de Médecine . . . : +. . SUÉDOIS en rs Pearl fe CU NC 1003 Précis deiMédECne El ER LocrouE. — L'Algèbre de la Logique. . . .:. . . . . 198 | MéniNGiTE. — La guérison histologique de la méningite LOGISTIQUE. — La Logistique et l'induction complète. CÉTÉDIO=SPIRALE Le NP EN TR Ce La notion de Correspondance . . . . . . . . . . 161 | Mercire — La production de la lumière rouge dans — La Logistique et la notion de nombre entier . . 906 les lampes à vapeur de mercure. . . . . . . . . —"Aproposide la Logistique .""""wmmrTue 957 | Mesure: — Une machine de mesure électrique pour Lor. — Application de “li loi des états correspondants les étalons de longueur à bouts . . . . . . . . . AUX CHAlEUTS ISPÉCIIQUES NE 719 | Méraiuocraenre. — L'état actuel de la Métallographie — La loi de distribution dans le cas où l'une des microscopique. dre partie : Technique de la Métal- phases d’un système possède de la rigidité méca- JogTphie SEC IE PORN ARC ER RER MODE PLIS OST ET Rd et E 0-0 721 — 2e partie : Utilisation industrielle de la Métallo- Loncrrupe, — Différence de longitude Paris- Greenwich. 398 EDApE ANA NES EN EE IE REERNERRe LoNGuEURS D'oNve. — Mesures 1e longueurs d'onde Méraux.— Le pouvoir inducteur spécifique des métaux dans le sp-ctre d'arc du fer, pour l'établissement — Analyse des métaux par électrolyse. Métaux indus- d'un système de repères spectroscopiques. 67% triels, alliages, minerais, produits d'usines. . . Lumière. — Sur la propagation de la lumière dans un Méraux-aumontum. — La nature des metaux-ammonium. cristal biaxial autour d'un centre de vibration. 304 ICONE 0 CREER CE NOR — Une combinaisn des lumières Nernst et Auer. 399 | Méréonococie. — Etudes pratiques de Météorologie et observations comparées des stations de Beaulieu, Sèvres et Vacquey pour l'année 1903. . . . . . . » TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES 1109 MéréoroLoGtE. — Hidrometeorologia castellana, segun los datos recogidos en el Colegio de PP. Augustinos [0 de Valladolid desde 1892 al 1903. . . . . . . . . 519 — Les bases de la Météorologie dynamique: histo- OccuLratioxs. — Les occultations d'étoiles par la rique, état de nos connaissances. . . . . . . . . 611 PETER ER EM Re M El Ne 533 - Mérnone. — La méthode de Bier. . . . . . . . . . . 308 | OcÉax. — La circulation océanique . . . . . . . . . 321 Microges. — Les maladies microbiennes des vins OcÉaxoGRaPriE. — L'Institut océanographique 0112 blancs d’origine champenoise . . . . . . . . . . SON OEIL. —JL'æilrartificiel, : 5. . 0 CNT 341 MrcroëioLoGre. — Microbiologie agricole. . . . . . . 151 | OEur. — Effets des alcalis, des acides et des sels Micrariox. — Expériences sur la migration ionique alcalins et acides sur {a croissance et la division dans la diffusion naturelle des acides et des sels. 1040 cellulaire des œufs fertilisés de l'£Echinus eseu- | Mixe. — La protection des navires de guerre contre TERRE EE EN ES RENNES 104 Jesimimes etlestorpiles EL ue so — L'arrêt ou la modification de développement de allumage des mines au moyen des ondes acous- œufs du Pleuronectes platessa et de l'Echinus A ee 0 tolé SRE EN EC Se 163 esculentus qui se produisent sous l'effet des acides, RALOGIE. — * Minéralogie des départements du des alcalis et de certains indicateurs . . . . . . 104 NOR ERelREUire, MP EE - 995 | OEuvres. — OEuvres de Charles Hermite. . . . . 910 Mrvéraux. — Déterminacion de los minerales . . . . S12 | Oxpes. — Sur les méthodes par lesquelles l'émission Mission. — Une Mission scientifique à San-Thomé. . 629 d'ondes électriques peut être en grande partie — Documents scientifiques de la Mission saharienne. confinée à certaines directions et par lesquelles la Mission Foureau-Lamy. D’Alger au Congo par le réceptivité d'un récepteur peut être restreinte aux MR NE 0e 755 oscillations électriques émanant de certaines di- — Le programme scientifique de la Mission de déli- TOCHONS Se ee ce + 518 mitation Niger-Tchad (Mission Tilho) . . . . . . 921 — Les ondes hertziennes et la direction des ballons. 939 — La Mission Scientifique belge Congo-Nil . . . . . 1048 | OPALESCENCE. — Sur l'opalescence des fluides près de Muroses. — Recherches sur les mitoses hétérotypiques lasteMpéRAULE CUtIQUE ER ET RENE 915 FE TOI CAGANES DÉLAI NON EN RPM. LS 158 | OpÉraTIons. — Petit Traité mathématique des opéra- Moecze. — Les voies de la sensibilité dolorifique et tions commerciales et financières . . . . . . . . 1980 calorifique dans la moelle. . . . . . . . . . . . 680 | Opsoxiques. — Spécifieité des substances opsoniques MozyBoëxe. — Les petits métaux: Titane, Tungstène, danse SÉTUINSENCUME Ce CEE NU NU. »16 MONBHNES ES PNR UE EU NON RE EE 921 | Orrique. — Lehrbuch der Kristalloptik. 713 Monr-Rose.— Travaux du Laboratoire scientifique in- OR == \Bindusirerde l'O ERA EN AE 386 ternational du Mont-Rose. . . . . .°. . . . . . 48 industrie Annie NP ER RE 475 Moxuwents. — The ancient monuments of Northern — L'or dans le monde et son extraction. {re partie: Honduras and the adjacent parts of Yucatan and Economie et répartition de la production aurifère. 501 Frronié D 'NEt MR E OREENREEEONE 666 — 2e partie: Géologie et extraction industrielle . . . 547% Mort. — La mort subite familiale des jeunes enfants. 308 | OraGes. — Un appareil à enregistrer les orages . . . 917 Moteur. — Concours d'application du petit moteur Orgrre. — Sur les plans des orbites des satellites de ARNO TOMENENEL E SUP ECS CP EME CIE 259 JUPUEL RS PRE RE ROMANE 436 — Les moteurs asynchrones à courant tournant . . 385 — Les orbites des étoiles doubles:.-.:.-.:.:. . . . 1045 — Sur la chaleur spécifique, le flux de chaleur et OrbuREs. — Le traitement des ordures ménagères et d'autres phénomènes du fluide en travail dans le laproduchonuenlénersie ET IEPTERENTN- 474 cylindre des moteurs à combustion interne . . . 511 | OrRGanisue. — Effets du radium sur l'organisme. 13 — Les moteurs à explosion et l'injection de liquides OsciLLATIONs. — Effet des oscillations électriques s sur DOIREUIS CENT EN EI NET 731 le fer dans un champ magnétique. 122 Moues. — Les moules et les huîtres en Algérie . . . 536 | Osmose. — Origine des effets osmotiques. : . . . . . 1039 Mouvements. — Sur deux appareils destinés à l'étude (Voir aussi Pression) graphique de la composition des mouvements vi- OxYGèxE. — La combinaison de l'oxygèneet de l'hydro- bratoires de mème direction ou de directions rec- gène au contact des surfaces chaudes . . . . . . 207 LINE DE OR RM ONE EME 619 — Distillation isothermique de l'azote et del'oxygène Musée. — Les Galeries nationales du Musée royal d'His- etidel'arson ehdelloxyreneleARClER Rte 207 toire naturelle de Belgique. .:. . . . . . . . . . 3 | OzoNe. — Quelques nouvelles applications de l ozone — Le Musée colonial de Haarlem: : : : . . . : .. 961 à la stérilisation des eaux potables et industrielles. 488 Muséux. — Muséum d'histoire naturelle . . . . . . . 585 ” Musique. — A propos des bases physiques de la mu- RENDEZ 307 P Murariox. — Sur les plantes offrant à l'état actuel le F : caractère de races intermédiaires dans le sens de Paix. — La présence d’alcool dans le pain. . . . . . 539 laïthéoriende mniaton MEL ne 436 | Paouesor. — Le nouveau paquebot de la Compagnie Myécixes. — Sur les myélines, les corps mycoRIQue transatlantique « la Provence » et l'accroissement et les cristaux fluides potentiels. . . . . = 955 des dimensions des navires de commerce . . . . 582 ParaLLAxE. Parallaxe annuelle de la Nova de Persée . 409 — Sur la parallaxe des nébuleuses. . . . . . . . . 348 N ParamæcIuM. — Etude biométrique de la ERDUenTeon chez les Paramæcium . . . . - -.-. : 393 Navire. — Les nouveaux navires à turbines de la Com- ParnéLiEe. — Double parhélie . . . . . . . . 437 PACE IOUDEE NE PE AU EU le en 2 | ParnoLoGr. — Introduction à la pathologie générale 427 — La protection des navires de guerre contre les Pècue. — L'industrie des pêches aux Colonies 996 HAN ELMESIÉOTDILER ENCRES NE S6 | Pècuertes. — Les pêcheries du banc d'Arguin 1725 NéBuLeuse. — Photographies monochromatiques de la Peccicures. — Observations sur les pellic ules de savon MÉHELSeONON Ne PP EEE RE LE 512: NOIRE EUSEISES MN ne 431 — La parallaxe des nébuleuses. . . . . . . . . . . 348 — La tension diélectrique des pellicules miuces de — Distribution des nébuleuses . . . . . . . . . . . 958 GORE 0 oué nb 000 0 0e RENE ON EMONE 122 Nerrs. — Sur la distribution des chlorures dans les PENDULE. — Obervations d'un pendule faites simulta- cellules et les fibres nerveuses. . . . . . . . . . 253 nément aux Observatoires de Kew et de Green- — Sur les terminaisons des nerfs et sur les substances ONCE R RE EE RO 1039 excitables spéciales dans les cellules nerveuses. . 838 | Pensée. — Etudes sur la pensée scientifique chez les — Répénéralrontdes/nerfs®:. 0. 916 Grecs et chez les Modernes . . . S54 Nickez. — Détermination quantitative de petites quan- Pertipes. — Les Peptides. Introduction à la : sy nthèse tités de nickel dans les substances organiques. 432 deSAMRÉTESMPrOtÉIQUES ES MM +... - 1. - 415 Nicer. — Le programme scientifique de la Mission de PERCEMENT. — Le prochain percement des Alpes ber- délimitation Niger-Tehad (Mission Tilho). . . . . 921 HOSP SR N- CC RE UC e ses rer sie 628 NITROCELLULOSE. — La détérioration graduelle de la Persée. — Parallaxe annuelle de la Nova de Persée. 109 nitrocellulose pendant sa conservation. . . . . . 956 | PErRTUR8ATIONS. — Perturbations magnétiques et taches Nougre. — Table de caractéristiques relatives à la CRT RS EE dc . 398 base 2.310 des facteurs premiers d'un nombre Pesre. — Les différents insectes transmetteurs de la Res Ce BNRIENS OR CNRS CNE LOC 871 RES mn Mo Bo RE 212 — La Logistique et la notion de nombre entier . . . 906 | Paénozs. — Nitration des phénols méta-substitués 1044 | REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1906. 1110 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES PHÉNOuÈNE. — Le phénomène de Majorana dans les Pnessions. — Sur la pression de vapeur en équilibre GhAMPSANLENSES ES ENTRE CCE 108 avec des substances retenant des quantités varia- PHoseHORESCENCE. — La phosphorescence, propriété bles HbMIAItE EN NME CN RE are atomique etMmoléculaire RER 205 — Influence de l’augmentation de la pression baro- Paorocamie.— Les récents progrès de la Photochimie. 229 rmétriquelsurihommel te CRT EEE Puorocrapnies. — Photographies monochromatiques — La pression osmotique de solutions de non-élec- de TAMNÉDUlELDEES ATOME PIECE ENS 57 trolytes, en rapport avec les déviations des lois — La photographie à grande distance. . . . . . . . ait des va parfaits 0 PME CEE CRIER — Un nouveau papier photographique aux sels d'ar- — Sur les pressions osmotiques de quelques solu- gent développable par simple immersion dans tions aqueuses/concentrées 0.0 Re OR LE NT A Male felieiee 487 | Proresseurs. — La question des professeurs adjoints. — Les récents progrès de la photographie des cou- ProyecriLE. — La perte de vitesse et {d'énergie qu'é- IGN ae 5 aol Tomate 599 prouvent les projectiles à leur passage à travers — Action des plantes sur une plaque photographique L'eatien n. PRME EEE LI APE ED AE Ces dd Amon ENS VENT 1090 — Blindages et projectiles de rupture. {re partie : : PaoromérriE. — Nouvelles recherches de photométrie Blindases SAME RME Che DODLOCTATOUTUEER ER NN RENÉE EE TER 60 2e partie AProjeCLIOS ERP RE OR — Le phénomène de couleur dans la photométrie. . 518 | Paoyecrion. — Une lampe de projection nouvelle . . PayLcoxena. — Le phylloxera dans une vigne tuni- Prosrarecromie. — Traitement de l'hypertrophie pros- SIP EN PAS CR ee TT UD Re 536 tatique par la prostactectomie. . . . . . . . . . PaysioLoGiEe. — Physiologie végétale Etude des PRoOTOPLASMA. — La constitution chimique du proto- échanges de substance et d'énergie dans la plante. 340 plasma montrée par le cours de la désintégration — Revue annuelle de Physiologie . . . . . . . . . 65 JESTISSUS EN EEE EE EE CRE — Traité élémentaire de Physiologie. . . . . . . . 912 | PsycaoLocre. — Essai sur la psychologie de l'Européen Puysioue. — Traité de Physique. Tome I : Introduc- aux pays chauds. 1"e partie : Facteurs généraux . tion. Mécanique. Méthodes et instruments de 2 MEacteurs 1nALIVITUElS EME ENT EE CE : mesure. T. II : Emission et absorption de l’éner- PrérinospermEes. — Sur les microsporanges des Pté- gie rayonnante. Vitesse de propagation.Réflexion HdOSPERMES EME LC CIRE ARR COTÉRTBQHONENNENERPNES SENEN ANTE NE SR 245 | Puéricucrure. — Hygiène de la grossesse et puéri- — Lehrbuch der praktischen Physik . . . . . . . . 424 culfureintra-utérines HR NC — The recent development of physical Science. . . 520 | Purrs. — Les puits artésiens dans le Sud algérien. . . — L'enseignement de la Physique dans les lycées . 629 — Expériences pour les cours de Physique. . . . . 754 — Série d'appareils pour les travaux pratiques de Q Physique ‘au Laboratoire: . . ln... 1040 Pierres. — Les colorations des pierres précieuses sous QuapriQues. — Sur une série particulière de qua- Ka CHonNURTa UMR MEET PU RCNUI MTREEE 400 driques à huit points et huit plans tangents com- Pire. — Une nouvelle pile électrique, le dynélectron. 211 enter NE NON lie M EP oc lost — Sur les piles galvaniques produites par l’action de Quarrz. — Les effets élastiques résiduels dans le ÉNMaR bon voue NU eo LoNoL UNS sua Né 431 quartzeristalin MSC ONCE — Les piles à gaz etles accumulateurs légers. . . . 797 PLanères. — La recherche des petites planètes. . . . 841 — La planète Mars d’après les travaux récents . . . 962 R PLANTES. — Plantes industrielles. . . . . : . . . . . 426 . — Mécanisme de l'assimilation du carbone dans les Racines. — Sur la nature de l’irritabilité galvanotro- DIantes: er CRAN RE EE 419 pique des lacines. {#0 cu NN ECC — La respiration des plantes vertes. Théorie biochi- RapraTIoN. — Sur la radiation de la couronne et du mique et théorie de la zymase. . . . . . . . . . 783 disque solaire. en Cr NC CE TER RER — Le mécanisme de l'assimilation du carbone dans rois dela radiation PER CPEE les plantes vertes : la décomposition photolytique — La polarisation dans la radialion Rôüntgen secon- del'anhydndetcarbonique AMC NN IAE 955 dairermenct een etait Ne ON CUITE PLaQuE. — Expériences sur une plaque d'acier vibrante. 621 Rapro-acrirs — Identité des rayons « issus des corps PLASMOTRÉRAPIE. — La plasmothérapie . . . . . . . 154 radio=actiis: st Moment API EUR PLarriènes.—Les grandes plâtrières d'Argenteuil (Seine- Ranruw. — Effets du radium sur l'organisme. . . . . et-Oise) : Historique, genèse et distribution des — Sur le spectre de la radiation lumineuse spon- formations gypseuses de la région parisienne . . 834 fanée dutradium MEN EE lee PLur. — La région la plus pluvieuse de l'Europe . . 58 — La production de l'hélium aux dépens du bromure — Variations d'intensité de La pluie. . . . . . . . 211, 726 dectadiumi-s8 0 ONE ENTER AC RCE PNEUMONIE. — Le traitement de la pneumonie. . . . 1086 — Les colorations des pierres précieuses sous l'ac- Poison. — Action physiologique d'un poison de flèche tiontduiradium MC EC TO africaine récemment découvert . . . . . . . . . 121 — Effet des hautes températures sur l'émanation du Porssox. — Le poisson conservé par le froid . . 61 radiuras MCE RSC ner CARE — La flore bactérienne de la chair de poisson. . . . 768 — Sur Ja distribution du radium dans la croûte ter- — Les époques de ponte des poissons en rivière et restre et sur la chaleur interne de la Terre. . . . EDICA OCEAN CESR RE M Ce S1% — Effet du radium facilitant la décharge électrique PoLcaines. — Le Congrès international pour l'étude des visible (dans le vide. "MN NS TÉPIONSIPOIREERS EN NE RE CE CE 1005 — Sur la distribution du radium dans la croûte ter- PoLakisATION. — La polarisation dans la radiation restre tite ler ER CROIRE RŒnfPenESECONTAITE NN CNP EEE ANNEE 480 — L'action de l'émanation du radium sur le corps — Sur la polarisation des rayons Rœntgen. . . . . 802 bamann st ie RICE ove Ponte. — Les époques de ponte des poissons en rivière — L'action du radium et d’autres sels sur la gélatine. etr'en eau /dormantesanese MALE OS Aer S1% | Race. — La rage et les chiens errants . . . . . sl PotENTIEL. — Sur les observations de potentiel atmos- Rares. — La décomposition magnétique des raies du phérique faites à Kew pendant les jours de beau spectre et l'intensité du champ. . . . . . . . . temps de 1898 à 1904 ea a sa tac ee APE 577 Rarzs. — L'usure et le remplacement des rails de tram- Pouvoir Noucreur. — Le pouvoir inducteur spécifique WAVS EU 2 MN EN R Re sc USINE des métaux RE a ee Drop too de 438 | Ravons. — Sur le rendement en rayons X du tube de Précierruixe. — Sur la sourèe principale de la sub- Crookes suivant les conditions de son excitation. stance précipitable et sur le rôle du protéide homo- "Les tra vonsiN ts Let se SR MERE ONAReRE logue dans les réactions de précipitine . . . . 915 — Sur la polarisation des rayons Rôntgen . . . . . PRÉHISTORIQUE. — Manuel des recherches préhistori- — Déviation électrostatique des rayon & du radio- QUOS ENTERREMENT EE es 523 tellure's 2 M ER ME CNE Met e Pressioxs. — La détermination des pressions osmoti- — Production de rayons secondaires par les ques des solutions par la mesure de leurs pres- rayons a du polonium : >: -. . «ms sions de vapeur . . EG tes LT le RANGER 206 — Identité des rayons æ& issus des corps radio- — Sur la nature de la pression osmotique . ... . . 3JS aCHISE are tn M DOC CCR TEE — Relation entre la pression osmotique etla tension — Sur les rayons dits anodiques. . . . + - . - - - de vapeur dans une solution concentrée . . . 431 RavownemenT. — Une nouvelle méthode pour déter- ë à miner la loi selon laquelle le rayonnement du disque solaire diminue du centre au bord. . . . RaAvYoNNEMENT.« — Les effets chimiques des rayonue- ments à ondes courtes sur les corps gazeux. . . . — L'électrisation par rayonnement et l'émission d'ondes rapides par les corps à la température DNUANAITES SR EMA INN ESS she eu ne Cas RéacTIox. — Causes de la réaction de Vosges et Pros- kauer pour certaines bacléries. . . . . . . . . - — Sur la nature de la réaction de précipitation. . . RÉFLExION. — Déduction des équations fondamentales de la réflexion métallique dans la théorie de CANCHYS A EME RL — La réflexion métallique et l'influence de la couche de transition Rérracriox, — La double réfraction artificielle due à la distribution æolotropique . . . . . . — Théorie de la réfraction astronomique. . . . . . — Indices de réfraction de l'eau et.de l'eau de mer. RÉGÉNÉRATION. — Un cas de régénération très curieux chez un ver polychète du genre Potamilla. . . . Rens. — Manuel des maladies des reins et des cap- sules surrénales — Action des extraits pituitaires sur le rein. . . . . RéSEAUx. — Nouveaux moulages de réseaux de Row- laud RÉSISTANCE. — Résistance, inductance et capacité. — Boîte pour la mesure de la résistance des élec- CNE PET EE ÉTONEES LEA. 0. CURRENT, DVRRE CET ea GES — Sur la résistance des fluides . . . . . . . . . . — Une méthode pour mesurer la résistance élec- UROUE ILES AT RRESVIVAN ISIN LE UM ENS — La résistance et la facon de se comporter des ma- tériaux ductiles sous des tractions combinées . . Résoxanxce. — Etude de la résonance des systèmes d'antennes RESPIRATION. — La respiration des plantes vertes. Théorie biochimique et théorie de la zymase. . . RESPONSABILITÉ. — La responsabilité. Etude de socio- biologie et de médecine légale. . . . . . . . . . Revue. — Revue annuelle de Zoologie. 1° partie : Phi- losophie zoologique. Cytologie générale 2e partie : Morphogénie générale. Zoologie spé- CARTON LP. MEME CCR Revue annuelle de Chimie physiologique. 1r° par- tie : Matières protéiques, aliments, diastases, CIRE SON ERP ete REINE NPA NS Ad — 2° partie : Tissus, échanges nutritifs, sang, TOUTE St on de AMOR TL — Revue annuelle d'Embryologie . . . . . . . . . — Revue annuelle de Physiologie . . . . . . . . . — Revue annuelle d'Hygiène. 1'e partie : Les mala- dies transmissibles. Hygiène urbaine. . . . . . . — 2e/partie : Hygiène industrielle .… > 21.1: — Revue annuelle de Chimie organique. . . . . . . — Revue annuelle de Médecine. . . . . . . . . . . — Revue annuelle d'Anatomie. . . . . . ‘ Ra. — La mise en valeur et l’utilisation économique OUR UT PA Eee SPP IR ER EE et: Rivières pu Sup. — Les rivières du Sud et le Fouta- Diallon. Géographie physique et civilisations in- DIDÉRE SR AU NE NE RE PTT re ie TE. Russie. — La Russie au xvue siècle. . . . . . . . . S SACCHARIFICATION. — L'amidon et sa saccharification CASLAPIQUE EAU PROS RE TEEN ER. RENE SANG. — Les catalases du sang . . 5 . . . : . . . — Sur le rapport entre l'hémolyse et la phagocytose des cellules rouges! du sang. #50 PEN ENNE Sur iNScosTeU Sans VMS Mer Sax-Taoué. — Une Mission scientifique à San-Thomé. Sapin. — Le domaine et la vie du Sapin (Abies pec- tinata D. C.), principalement dans la région lyon- D'AISE ee PIE ec 0e Cle ROME POrE SAPONIFICATION. — Méthode pour déterminer les vitesses de saponification RARE El in Suoudiole SARDINE- — "La sardine auuMaroc en 745 © LU SarGasses. — La faune pélagique des Invertébrés. La mer des Sargasses el sa faune. . . . . . . . . . SATELLITES. — Sur la figure et la stabilité d’un satel- CS b os RE PRES ER RE TT — Occultations et éclipses mutuelles des satellites de Jupiter en 1908 1028 s3 191 23% Ss60 160 577 955 629 667 955 401 354 480 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES SAvoIE. — Les glaciers de la Savoie. . . . . . . .. Savox. — Observations sur les pellicules de savon HOMO PP OTISESS, UT RER e UN Nr SE SCARLATINE. — La contagiosité de la scarlatine et sa PRAIRIE CE TONNES ENSERE PR es en nE Le SCIENCE. — La valeur de la Science . . , . . . . . SÉISMOLOGIE. — Les progrès récents de la Séismologie 211, SÉLÉNIUM. — L'effet photo-électrique du sélénium . . SeLs. — Etude générale des sels. {re partie : Sels bi- naires SORT SAN EN Er de Cm s dans ne te eo — Sur les propriétés d'un sérum antityphoïde obtenu HERO TASER EME EE NES SERVICE. — Le Service de l'Agriculture dans les colo- MERE à LOS ET SONNERIE : Pere — Sur la détermination des sexes chez les Hyda- MEET QUES D ON TS TON M EN PAPE ST EEE SEXUELLE. — La question sexuelle exposée aux adultes Li ICS MRC UE EN ET TP RNNERRT RTE SIGNAUX. — La transmission des signaux sur mer en tempside brouillard EME 2. Le 2 SiLice. — Sur la fonction de la silice dans la nutri- LLON)AESNCÉTERlES ES Ur Re TT ee re Ce SIMPLON. — La base géodésique du Simplon . . . . . — La traction électrique sur le chemin de fer du SN Se SI Sie OO NES SOCIÉTÉ — Les médailles de la Suciété Royale de Londres 2431-42 HER ED nc cale pe SOLDAT, — Etat sanitaire et habitation du soldat. . . SOLE. — Développement de la sole. Introduction à l'étude de la pisciculture marine. . . . . . . . . SozeiL. — Eclipse totale de Soleil du 30 août 1905 . . — Sur la radiation de la couronne et du disque SORTE Ces fon cl AE Je NE Por —Uaierandelt#che du Sole AE RENTE — Mouvement propre du Soleil . ... : ... . . . . — Pour l'histoire des hypothèses sur la nature des taches/duiSGle Es ANAL ET" — Influence du Soleil sur les volcans. Les crépus- QUICEBTNNTAONT RON APRES SONT EE Sozuriox. — La conductibilité électrique de solutions diluées d'acide sulfurique — Sur certaines des solutions ropriétés physiques ‘et chimiques e chloroforme et d'autres anesthé- CRDEUL "UE ml CN en re Der motte — Relation entre la pression osmotique et la ten- sion de vapeur dans une solution concentrée Sur la dimension des ions et ses rapports avec les propriétés physiques des solutions aqueuses . . . La pression osmotique des solutions de non-élec- trolytes en rapport avec les déviations des lois des CAZANAEIHILSN EE ENS CRIE Mt se — Sur les pressions osmotiques de quelques solu- tions aqueuses concentrées . . . . . . . . . . . — Etude des processus qui se passent dans les solu- tions. I. Influence des sels et des non-électrolytes sur l’action sucroclastique des acides . . . . . . SommerL. — Les tics et le sommeil. . ... . . . . . . SORBONNE. — A la Sorbonne; le premier cours de CT CRE TAN ER NE ONCE Soupax. — Le Soudan égyptien et son nouveau che- MINE TEEN A Ten CUS ls nivet lots Soupares. — Construction et emploi de soupapes oscil- lantes pour rectifier les courants électriques de hadtelfréquencet 2er DSL ie «8 Eté Sous-MARINs. — Les conditions de stabilité des sous- OS SEAL EME NE TC NOR RTE SPECTRE. — Sur le spectre de la radiation lumineuse spontanée du radium Ge — Atlas des spectres d'émission des éléments . . . — Sur quelques étoiles possédant un spectre parti- HET at 220 UE RE MERE — PDéterminations des longueurs d'onde des spec- tres de la chromosphère et de la couronne. . . . SPECTROGRAPBE. — Etude de la chromosphère avec un spectrographe à fente circulaire. . . . . . . Fe SPECTROHÉLIOGRAPHE. — À propos du spectrohélio- CHENE CSN 6 ÉRPREMOIEN N TM E NETEREE SPECTRO-RÉFRACTOMÈTRE. — Le spectro-réfractomèêtre à HEIN ES or NOR ROME ISERE . TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES 4142 Specrroscope. — Un spectroscope hinoculaire à ré- TT UM EE Te S io did Goo ea à SPECTROSCOPIE. — Spectroscopy . . . . . . . . . . . SpnÈRe. — Ja sphère magique. . . . . . . . . . . . SPUNDYLOSE. — La spondylose rhizomélique . . . . . Srarique. — Les sources des théories physiques : les oxgines dela SIAtIQUEM NP NET STÉRILISATION. — Quelques nouvelles applications de l'ozone à la stérilisation des eaux potables et in- AUSÉTIELES EN EE ER EE Srovaine. — Les propriétés pharmacodynamiques et thérapeutiques de la stovaine . . . . . . . . . . Sucre. — L'application du sucre aux besoins de l'in- HERO ES oo emo Mio bite bic — Une source de perte dans la fabrication du sucre. SurrAcE. — Sur une surface gauche tordue du sixième ordre et du genre zéro dans l’espace qua- AIMERIONS — Contribution à la connaissance de la surface de Vanier Wen ee ele elec SurRéNALES. — Manuel des maladies des reins et des CAPSUIESESUTRENAIES EE RES CE SyNaPsis. — Phénomène de synapsis chez les Am- DINDIES NE REE RE CE CCC Sypniis. — Sur la syphilis des femmes honnêtes . . SYSTÈMES. — Sur les systèmes triplement indéter- minés et sur les systèmes triple-orthogonaux . . T Tacue. — La grande tache du Soleil — La périodicité des taches solaires — Perturbations magnétiques et taches solaires. — Pour l'histoire des hypothèses sur la nature des FACHESITUAS OI EEE EN CT TecaniQue. — Technique physique de Frick . . . . . TeLéGraraie. — La télégraphie sans fil. . . . . . . . — Nouvelle méthode toi télégraphie sans fil. . . . . — Le système de télégraphie rapide Pollak-Virag TÉLÉPHONE. — Phénomène remarquable observé Fe les bureaux téléphoniques centraux . . . . . . . TéLéproniE. — Recherche expérimentale sur la possi- bilité de la téléphonie double à l'aide de sons DISCONHNUS-M ne EE TEMPÉRATURE. — Marche annuelle de la température . — La mesure de températures très basses . . . . . — Les gradients de température interne des ma- tiéres COMMUNES TENTE CT CCE — Sur l'opalescence des fluides près de la teMRErS ÉUTEICDQUE ER CC ee — Sur la facon dont certaines substances se com- portent à leur température critique . . . . . . . Teups. — La prévision du temps. . . . . . . . . - . TENSION. — La tension diélectrique des pellicules MINCE 0e JIQUILE es-tu Terceira. — Memoria sobre a ilha Terceira . . . . . Terre. — Le retour à la terre et la surproduction in- CHE MONO, So Or TN etc — Comment se pose actuellement la question des LeITES TATES RC Re ei TaéorEe. — Introduction à la théorie des fonctions CEparte) EE EN CR EEE — Réflexions sur la théorie cinétique des gaz ... . TaermoDyNamIQuE. — Les équations d'état dans leurs rapports avec la Thermodynamique — Thermodynamique. Introduction à l'étude des ma- chinestthermiques M EEE PP ENINERE — Thermodynamique TuermomérriE. — Recherches sur l'échelle thermomé- trique de Kew et ses rapports avec l'échelle inter- nationale à hydrogène . . Tuorranire. — Une variété de thorianite de Galle (GEYIAN) MP EN RE RE CAEN Dre ie a M RO OS EC TR ES — Mestheseble sommell nm MEN EN LE CE Tissu. — Contribution à l'étude du tissu lymphoïde ABS ICHUVO POESIE Tixaxe. — Les petits métaux : Titane, Tungstène, MOolvbdene CRE Le Topas. — Rapport sur la psychologie et la sociologie des Todas et d'autres tribus indiennes. . . . . . Towsoucrou. — Les relations commerciales entre FombouetouretUTURIS EE. CREME Torerce. — La protection des navires de guerre contre les mines etles-torpiiles..=. + « 0.7 Tracriox. — La traction sSRQUe sur le chemin de fer du Simplon. 0 Trains. — Nouvel appareil pour signaler l'arrivée des trains dans les rares Mere TRE 1046 Tramways. — L'usure et le remplacement des rails deNÉTAMWAYS MN UE NACRE CCC EE 251 TRYPANOSOMA. — Sur la Glossina palpalis dans ses rapports avec le Trypanosoma gambiense et d'autresitryYD&00SOMES MR EE NE ET ER 955 Tsé-rsÉ. — La carte de la Tsé-tsé en Afrique. 261 Tuse. — Sur le rendement en rayons X du tube de Crookes suivant les conditions de son excitation 53 — Nouveau tube de Crookes à régulateur automa- (LORS MOD En EN AUR DEMO © 0 140 0 720 TugerCuULOSE. — L'émigration des campagnes vers les villestetla tuberculose EE ET EEE 113 — Possibilité de déterminer la présence ou l'absence d'une infection tuberculeuse d’après l'examen du sang et des fluides tissulaires d'un malade . . . 158 — Le lait des vaches tuberculeuses . . . . . . . . 164 — La tuberculose et les influences professionnelles. 164 — Danger du lait bouilli de vaches tuberculeuses. 261 — Le bilan de la tuberculose au Congrès de 1905. 561 — La répartition de la tuberculose dans les maisons de Paris pendant l’année 1905. . . . . . . . . - 880 — L'hérédité de la tuberculose. . . . . . . 950 Tumeurs. — Recherches sur la cytologie des tumeurs MAIRES 4 NE ME A EN A NC TRE 345 — Les tumeurs de Hencéphale EEE CE 1035 TuxGsrÈNE. — Les petits métaux : Titane, Tungstène, MOIVDTÈNC CEE RENE REER E CNEE 521 Tums. — Les relations commerciales entre Tombouc- VOICE SEEN RÉ S roic 0 ONE OP ee LP Tunisie. — L'évolution de la Tunisie. . . . . . . . . 139 TurBixes. — Les nouveaux navires à turbines de la CompasnielCunar dE EE 2 — Bautder Dampfiurbinen-We CN EEE c 519 U Université. — Personnel universitaire, 7, 213, 441,585, 880 — L'enseignement pédagogique à l'Université de PATIS EN MNT TIR OC CR CEE 62 — L'Assemblée générale de l'Université de Paris. . 213 — Conseil de l’Üniversité de Paris. . . . . . . . . 441 ALUniversitéde PatiS RE 537 — Bibliothèques HOIVETS ALES EEE 922 Uranus. — L'aplatissement d'Uranus . . . . . . . . 765 Unines. — Rôle des urines typhiques dans la propa- gation de la fièvre typhoïde. . . . . . . . . 960 Usiné. — L'usine électrique de 100.000 chevaux ‘de SALES EEE RE TE 259 — Les expériences d'un directeur d'usine. La pratique de la fabrication des couleurs d'aniline. . . . . . S12 « V VaIssEAUx. — Un dispositif pour la direction à à distance des vaisseaux et des ballons . . . . * . . . . 351 VaNADIOM = Le Van adiUM EE CE 95 Vecreurs. — La distribution des vecteurs polydimen- SION QUXEN EE EN 616 VéGérATION. — Etudes chimiques sur la végétation. 571 Vertésrés. — Les vertébrés de surface. 263 VÉSUVE. — Anälyse des cendres du Vésuve . . . . . 844 — L'éruption du Vésuve en avril 1906. 4re partie : Les épanchements de lave et les phénomènes EXDIOSUS ER EC CE ss1 — 2e partie : Les fumerolles et les produits de l’érup- HO eee PT RE ER ETES VisrariONs. — Les vibrations latérales des barreaux soumis à des forces dans la direction de leur axe. 481 Vie. — Vorlesungen über die Dyuamik der Lebens- erscheinüngen RE oo DER Din) D à © 103% VinaiGre. — La fabrication domestique du vinaigre CEE PRESS ON DE D NO 0 fe 0 60 SE 843 —" Levinaicre et ENT EE CEE 949 Vixs. — Les maladies microbiennes des vins blancs d’origine champenoise. . . . . . . . . 7190, 843, 920 — La machine à inoculer les vins de Champagne de ECABOUTCÉOIS EE EE 807 Viscosiré. — La viscosité dans ses rapports avec la | Constitution ChiMIQUEER CRE 271 — Recherches sur la viscosité de la farine et du pain et les moyens de la prévenir »... - . +. 434 — Sur le coefficient de traction visqueuse et son rap- port avec le coefficient de viscosité . . . . . . . 530 — Sur la viscosité du sang. 955 DICO CC De TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES 1113 Virtesses. — Vitesses radiales . . . . . . . . . . . . 350 Y Vozcass. — Influence du Soleil sur les volcans. Les cré- : Le di DUSCUIES COTES EU EN TS CU 06 MAT EDerdistrictide Val ee CMS NON 246 Voxaceurs. — Voyageurs et explorateurs provençaux. 873 | Yrrergium. — Le spectre ultra-violet de l'ytterbium. . 1090 w Z ZooLociEe. — Revue annuelle de Zoologie. 1re partie : WELWITSCHIA. — Quelques observations sur les Wel- Philosophie zoologique. Cytologie générale. . . . 34 witschia mirabilis . . . . . J'én MDP En Din h le) — 2e partie : Morphogénie générale. Zoologie spéciale. 83 TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS A Abelous (J.-E.), 51, 102, 204, 344, 345, 625. Abraham (H.), 157, 478, 673. Achalme (P.), 574, 618. Achard (Ch.), 102, 34, 669, 670, 719, 760, 1038. Adam (Paul), 251. Adami (J.-G.), 954. Adamkiewiez (A.), 953. Adler, 527, 618, 838. Agamennone (G.), 208. Ahlum (C.-C.), 341. Aimé (P.), 838. Alberti (L.), 580. Albert-Lévy, 154. Albert-Weil (E.), 521. Alcock (H.-N.), 253, 761. Alexander (J.), 301. Alexandreseu (C.), 5175. Alezais, 392, 529, 719. Alilaire (E.), 758. Alliaume, 670. Almansi (G.), 804. Alquier (L.), 101, 954. Amagat (E.-H.), 157, 205, 245, 248, 525, 616, 670, 673, 719. Amar (J.), 389, 428. Amet (P.), 156. Ammann (L.), 514. Amos (A.), 254. Ancel (P.), 155, 203, 1038. Andouard (P.), 156, 298. André (Ch.), 1036. André (D.), 296. André (G.), 153, 155, 428, 1086. Andreasch (R.), 1042. Andrew (G.-W.), 433, 1041. Angel (A.), 346. Angeli (A.), 55, 208, 804. Angelico (F.), 55 Angelucci (O.), 804. Anglade, 672. Ans (d'), 622. Anthony (R.), 203, 671. Apfelbeck (V.), 435. Argand (E.), 296, 524. Arloing (S.), 617, 670. Armagnat (H.), 150, 619. Armaignac, 101, 455. Armaingaud, 618. Armand-Delille (P.), 52. Armes (H.-P.), 395, 956. Armit (H.-W.), 432. Armstrong ( nl 2p: ), 945, Arno (R.), 804. Arnold (G.), 620. Arrhenius (S.), 484. Arrivant, su Arrivaut ( Arsonval | A 4’), ! Arthaud (G.) , 573, Arthus (M.), 5 342, 390, 429, 4 = 19 1039. , 914, 952. D24, 952. 1036. 29/49/1199; 1 Les noms imprimés en caractères gras sont ceux des auteurs des articles orig inaux. Les chiffres gras reportent à ces ar- ticles Artom (A Arzela (C.), 531. Aschoff (L Astruc (H.), Athias (M in 718. Atkinson (E.-F.-J.), Aubertin (Ch.), 298. Aubineau (E.), 52. Aubry (E.), 156. Auché (A.), 1039. Auché (B.), 760. Audebert, 521. Auer von Welsbach, 580. Auger (V.), 525, 514, 1085. Auld (S.-J.-M.), 255, 761. Auric, 100. Austin (P.-C.), 956. Autonne (Léon), 519, 513, 611, 998. Auvwers, 255. Ayoaud (M.), 669, 719, 760. Ayrignac (J.), 390, 391, 525. 158, 1091. Backman (L.), 101. Baeyer (O0. von), 255. Bagard (P.), 253, _524. Bailey (G.-H.), 5 Bailhache (G.), 06. Baïllaud (B.), 296. Bailly (Edm.), 342. Bain (A.-W.), MG Bain (J.-W.), 622. Bakhuyzen (H.-G. 160 Balbiano (L.), 55. Baldwin GA ), 207, 1040. Ball (L. de), 1042. Balland, NE Balsing, 102. Balthazard (V.), 250, 390, 759. Baly (E.-C.-C.), 46, 301, 433, 530, 578. Bamberger (M.), 1042. Banachiewitz (T.), 296. Barber (M.), 532. Barbero (G.), 804. Barbieri (G.-A.), 804. Barbieri (N.-A.), 389. Barbieri (U.), 55. Bard (L.), 51, 52. Bargellini (G.), 208, 532, 804. Barger (G.), 54, 301, 761. Barker AE 840. Barker de NV), 482. Barkla (C.-G.), 346, 480. Barlow (W. ), 1040. Barral (E.), 41. Barret (G.), 575, Barriol (A.), 149. Barthe (L.), 102. Bartholomew (J.-G.), 715. Bashford (E.-F.), 158, 874. Basset (J.), 1000, 1039. Bataillon (E.), 616, 671. Bateson (W.), 300. Battelli (A.), 531, 804. Battelli (F.), 50. 154, 298, 526, 575. Batten (J.- W.), 622. Baubigny (H.), 99, 297, 389, 429, 998. Baudeuf (Mme), 1085 van de Sande), 108, Baudran (G.), 342, 800. Bauer (D 1087. Bauer (E.), 430, 478. Bauer (H.), 343. Baumhauer, 434. Bausenwein (E.), 107. Baxandall (F.-E.), 722. Bayer (G.), 1043. Baylac (J.), 250, 575. Bayliss (J.-S.), 157. Beaujard (E.), 1087. Beauverie (J.), 428, 610, 1087. Becke (F.), 256, 1041. Beck von Mannagetta (G.), 159, Becquerel (I.), 248. 1037, 1085, Becquerel (J.), 389, 428, 525, 1036, 1C85, M 1086. Becquerel (P.), 390, 670, 1086. Béhal (A.), 206, 300. Behn (U.), 163, 876. Beilby (G.-T.), 675. Béis (is 874. Belot (Em.), 153. Beltzer (Francis-G.), 666. Bemmelen (W. van), 1043. Benischke (G.), 385. Benjamin (H.), 759. Benndorff (H.), 435, 624. Bennett (H.-G.), 395, 876. Berger (Dr), 999. Berger (E.), 50, 53, 156, 393. Bergeron (J.), 617. Berget (A.), 525. Bergonié U) 528, 613, 1086. nee) P:), 297: Bergtheil (C:) 840. Berkeley {Comte de), 206, 840. Berlemont (| Gi 573, 720. Bernard (A.), 758. Bernard (Et.), 672. Bernard bte 1038. Bernard (N.), 100. Bernstein (F.), 1086. Bernstein (S.), 296. Berthelot (D.), 299, 575, 674. Berthelot (M.), 99, 203, 204, 617, 669, 758, 914, 998. Berthier } 197. Bertiaux (L.), 948. Bertin (E.), ÿs2. Bertrand (G.), 99, 206, 254, 1085, 1086. Bertrand (L.), 51 Bertrand (P.), 617. Besson, 342, 670. Besson (L.), 998. Bianchi (L.), 296, 955. Biegon von Czudnochowski (W.), 580. Bienaymé (A.-F.-A.), 296. Bier (F.), S01. Biernacki, 299. Bierry (H.), 344, 521, 515, 718, 800, 837, 1038. Biétrix (Eugène), 387. Bigart, 1038. Bigourdan (G.), Biguard (R.), 758. Billard ( A }, 618, 672, 954. Billet ( 344 529, 719, 1039. tr (J.), de Binet (A.), 756, 997. 206, 296, 800, 1036, 619, 670, 57, 343, 498, 836, 874. TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS Binet du Jassonneix, 206, 300, 616, 158, 1085. Biquard (R.), 1036. Bischoffsheim (R-), 525. Blaauw (A.-A.), 348. “ Blackman (Ph.), 158, 123. - Blackman (V -H) , 346. Blackmanon (F. F. MIT Blaise (E.-E.), 155 949, 252, 253, 024, 669, 836. Blanc (A.), 804. Blanc (G.), 50, 203, 4178, 924, Blanc (G.-A. je RELES Blanc (J.), 837, 103%. Blanchard (R. ), 204, 671, T11. Blanco (P.-Antonio), 519. Blanksma (J.-J.), 304, 1044. Blaringhem (L.), 670, 159. Blayac (J.), 759. Bloch (A.-M.), sue Bloch (L.), 298, 7 Bloch (de Lyon), ou Blochmann (R., 80 à 85. Blondel (A.), 418, 669. 529, 669. Blount (B.), 1041. Bloxam (W.-P.), S16 Blum (G.), 390. Blyther (D. -F.), 1000. Bochet RE . 418. Bochet { G 478. Bocke (H 616. ee He -B.-A.) Bocquet, 948. Bodin (E.), 247, 668. Bodroux (F.), 203, 248. Boernstein | (R.), S01. Boggio (T.), 343. Bohm (R.), 1041. Bohn (G.), 52, 100, 345, 391, 83%, 105$, 1087. Boidin (A.), 914. Boigey (Dr), 1086. Boinet, 671, 719. Bois (D.), 50. Boizard (G.), 524, 613. Bolk ( IL, 436. Bolton (Ch.) 529121 Boltzmann (5 JE sur. Bone (W.-A.), 207, 433, 1041 Bongiovanni (A. , 55. Bonnet (A.), 203. Bonnet (Ed.), 428. Bonnier (G.), 50, 1086. Bonnier (Pole 156, 203. Rose 0255: Bordas (F.), 342, 513, 616, 952. Bordas tn : 298; see 5240 719, 1039. Borel (F.), “101, 249 Borgo (A), 804. Borland {W.-D.), 395. Borrel (A.), 156, 204, 345, 159. Bortolotti (E.), BGE, Bosc (F.-J.). 297, 391, 526. 527. Bouasse (H.. 17% à 191. Bouchacourt (L.. 152. Bouchard (Ch.). 390. 7:9. Boudouard (A.), 206. Boudouard (0. © 669. 675. Bougault J1. 297, 393. 669, 675, 831. Bouin (P.). 155, 203, 1038. Boulaire, 999. Boulanger (A.), 46, 50, 245, 28, Boulanger (Em.). 155 Boulloire, 954. Boulouch (R.)., 418. 610. Boulud. 155, 250, 515, 160, 836, 914, 952, 1086. Bounhiol (J. Ga Bouquet (E.). Bouquet de la er 153. Bourg de Bozas, ae Ronreenis | (R.), Bourget (H). En, 7 158. Bourgoin P.) 259. Bourlet C. 616. Bourquelot (Em. Bousfield (W.-R. Boussac (I), 158. 291. ei " ds 999, 1038. | Bouveault (L.), 207, 524, | Brown (A.-J.), Boussinesq (J.), 296, 342 Boutroux (P.). 296. Bouty (E.), 392, 514, 616. 9AA à 947%. 263 à 271, 119, 490 à Bouvier (E. -L.), 100, 343, 354 à 362, 389, 500, 8145 à AR Bowack (D.-A.), Bowen (J.-L.) 816. Bowen (W.-H.), 874. Bowman (J.-H.), 301. Bowman (R.-S.), 255. Boyer (Jacques), 338, 951. Boys (M.-C.-V.), 206. Branca (A.), 949. Branco, 840. Brandeis (R.) Branly (Ed. 2, Bransom (H- _W. h Brau, 343, 954. Braun (Mile B.), Bréal (E.), ee Bréaudat (L.), 514. Bresson ({ (Henri), 994. Breton (M. ), 249,342. Breuil (P.) 617, 836. Brezina (Mie P), 396. Bricard-Ducourneau, 479. Bridré (J.), te Briggs (R. y. Brillouin (Marcel). ‘293, 428, 814. Brindeau ( A.), 204, 250. 801. Briot (A.), 529, n (E.), 1087. Brissemoret (A.), 1038. Brizi (N.), 532. Broca (André), 203, Brocq- Dar 573. Broek (E. van den), 524. Bromwich (T.-J. l'A.) Brouardel (P.), 158, Brouwer Dee): 104. 301. 155, 204, 300, 3), 248, 513, 616, 108%. 159, ‘837. 676, 801, 1043. Brown (J.-L.), Brown (H.-T.), 433. Brückner (C.), 107, Bruckner (J.), 528, Brückner (K.), 159. Brumpt (E.), 204, 618, 160, 837. Brunel (L.), 99. Brunet (Louis). 532, 580, 1413, 1034, 1043. Brunhes (B.), 248, Brunhes (J.), 574. Bruni (G.), 55, 804. Brunner (K.), 1042. Brunon, 249. Brunswic-Le-Bihan, 204. 134, 801. 575, 618, 619, 672. 106, 108, 396, 164, 601, 520, 611. 135, 872, 1 Fi, 1000, Bruntz (L.). 345, 528, 838, 1088. Budin (P.), 617. Buhl (A.), 478, 758, 8174. Buisson (A.), 800. Buisson (H.). 389. 428, 674, 158. Bulloch (W.), 576. Buozl (L. à 396. Burck (W.), 436, 1044. | Burdon- Sanderson (Sir John), 203. Burgess (C.-H.), 301. Burnet Et.) 208, 250, 345, 526. Burnham E. —F.), 395. Burnside (W.), 430. Busch (H.), 1042. Busquet (H.), T8, 760. [#3 Cadiot, 999. Caffart, 159. Caldwell (R.-J.), 1039. Callenilar (H.-L.), 301. Calmette (A.), 249, 342, 525, 616, 837, 1085, 1087. Calot (F.), 241. Calvé (J.), 831. 1115 Cambier, 525. Campbell (A.). 207, 518, 815. Camus (J.), 101. Camus (L.), 153, 155, 156, 20%, 250, 479, 831, 999. Cane (J.-C.), 159. Cantacuzène (J.), Capellini (G.). 208. Capitan (L.\, 249. Carathéodory (C.), 99. Cardot (J.), 249 Carison (A.-J.), 250. Carnot (P.), 156, 521,528, 836, 874, 999, 1038. Carpini (C.), Carrasco (0. 391, 760, 838. 201. 208, S04. (A), s1, 101, 298, 344, 345 * 526, 618, 718, 934, 1087. Carrus {S.), 610. Cartaud | G.), 669, 671. Cartier (P.), 618. Caspari W.-A.), 105. Cassie (W.), 301. Castaigne (5. , 205, 341. Castellana | (V.), 208. Castemuovo (G. ), 531: Castex (A.), 344. Cathoire. 296, 298, 619, 712, 954. Caullery (M. , 31 à 45,52, S3 à 93, 297, 834, 934, 996. Caussade (G.), 760. Caustier (E.), 63, 262, Cavalié, 52, 528, 1037. Cavalier (.). 428, 585. Cayeux (L.), 249, 343, 428. Cazalbou (L.) ), 814. Cazes (E.), 133. Cépéde (C.), 100, 101, 204. Cerletti (N.), 804. Cermak (P.), 764. Cerné, 1087. Cernoyodeanu (Mie P.), 391, 528, 160, 831. Cesari (L.), 298. Chablay (E.), 153, 717, 1036. Chabrié (C.), 246, 159, 998. Chadwick {L.), 255. Chadwick (S.), 105. Chaine (J.), 52, 102. Chambrelent, 390. Champtassain (de), 344. 391, 116, 961. Chantemesse (A.), 104, 249, 759, 953. Chapman (N.- _L.), 105, 255, 301. Chapmann (H.-G.), 915. Chappellier (A.), 297. Charabot | (Eue’ 389. Charrin Ray. £8, 296, 297, 278, 389, 617, 671, 160. Chassagny, 619. Chassevant {A.) , )28- Chassy (A.), 158. Chatenay, 672. Chattaway (F.-D.), 104, 254, 301. Chatton (Ed.), LES Chaudier (3), 154. Chauffard (A.), 101, 759, 999. Chauwet, 203. Chautard (J.), 1085. Chauveau (A.), 99, 478, 525, 610. Chauvel. 155, 671, 717, Chauvenet, 99. Chavanne (G.), 429, 671, Chavassieu, 1086, 1087. Checchia-Rispoli (G.), 55. Chella (S.), 208. Chéneveau (C.). Chéreau (F.), sr. Chevalier (M.), 342, 428. Chevallier (A.), 153, 155. Chevrel (F.), DR Chikashige (M.), Chiray (M.), 205. Chistoni {C.), 208, 531. Chofardet | (P.) ), 1056. Chollet, Re Chree (C.) 10$6. 1085. 92, 669, , 4090. 1116 TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS Chrétien (P.), 343, 616, 617. Christiani, 671. Chubb (G.-C.), 394. Chudeau (R.), 155, 156, 296, 758. Chuit, 102. Chwolson (0.-D.), 245. Ciaccio (C.), 31 156, 297, 391, 526. \ Cingolani (M.), 208. Cirera (le P. R.), 99, 479, 1036. Ciuca (A.), 619. Ciuca (M. ), 760. Ciusa (R. JP 55. Clairin (J.), 99, 428, 953, 1036. Clarke (L.), 433. Clarke (R.-W.-L.), 1091. Claude (A.), 836. Claude (G.), 52, 428, 616, 952, 1088. Clausmann, 296. Claussmann (P.), 430. Clay (J.), 802. Clayton (A.), 723. Clerget (P.), 114, 163, 295, 309, 353, 401, 441, 629, 681, 798, 767, 808, 1005, 1059 à 1061. Clerici (E.), 208. Clerk (D.), 571. Clough (G.-W.\, 482. Coates (J.-E.), 579. Coffignier (Ch.), 635. Cognetti de Martiis (L.), 804. Cohen (J.-B.), 158, 395, 956. Cohen (M.). 56. Cohendy (M.), 298, 390, 391. 528 Colardeau (E.), 150, 510, 1033. Colin (Ed.-El.), 525, 573. Colin (Léon), 297. Colles (W.-M.), 762. Collet (L.-W.). 4178. Collin (R.), 102, 156, Collins (S.-H.), 622. Colomba (L.), 532. Colson (Alb.), 50, 24$, Combe (P. fils), 670. Combes (R.), 1038. Comte (A.), 1036. Comte (C.), 526, 954. Conduché, 300. Conor, 618. Conrad (V.), 1041. Conroy (J.-T.), 1041. Contardi (A.), 804. Cooke (W.-T.), 431. CODE (W.-R.), 301. Copaux (H.) , 102, 299. Cordier (J.-A), 390 à 395, 920. Cordier (V. von), 624 Cornet (J.), 345. Cornil, 1037. Corset, 102. Costantin (J.), 670. Coste (M.), 1036. Cotte (J.), 996. Cotton (A.), 154, aoi 299, 672, 1088. Coulomb (R.), 341 Couperot (E.), 837: Coupin (H.), 101, 390. Courmont (P.), 838. Fonriaes (D.), -298, 345, 831. Courtet (H.), : Cousin (H.), Le Cousin (P.), 1085. Coustet E.), 599 à 603. Couteaud, 479, 671. Coutière (H.), 390. Couturat (L.), 198. Couvreur (E.), 1038, 1086. Cowell (P.-H.), 675. Cowles (R.-E.), 876. Coyne (P.), 59, 328, 760, 1037. Craw (J.-A.), 4: Crawley (C.-W.-S.), 346 Crémieu (V.), 1085. Crendiroupoulo (M.), 156, 250. Crichton (D.-C.), 621. Cristeanu (C.), 528, 575, 618, 619, 672. Croft { W.-B.), 481. Crommelin (C.-A.), 802. Croneau (A.), 310 à 321. 598, 719, 838. 251, 620. Crookes (S.-I.), 459, Crookes(Sir William), 248, 1090. Crosland (P.-F.), 1000. Crossley (A.-\WV.), 158, 433, 579, 1000. Cruchet, 672. Cuénot (6 ), 389. Cuénot (L.), 452, 341, 838, 1035, 1088. Bacon -C.), 839. Cureau (Ad.), 362 à 376, AA 4. Curie (Mme &.), 203. Curie (P.). 429, 669. Curtel, 249. Curtis (F.), 618. Curtis (M.), 526, 672. Czuber (E.), 474. 410 à D Dakin (H.-D.), 956. Dale . G.), 621. Dons (E.), 1000. Dangeard (P.), 342. Daniloff (E. de je 246. Danjou (Em.), 156, 1038 Dauneel (H.), 150. Danysz (J. fils), 759. Darboux (G.), 51, 996. Daremberg (G.), 648. Darwin (FE), 206. Darwin (Sir G. H.), 480. Darzens (G.), 155, 343, 720. Daublebsky von Sterneck (R.), 108, 764. Dautriche, 953. Dautwitz (F.), S01. Davies (H.), 621, 722. Davis (0. Ch. M.), 54, 482, 1000. Davis (W. A.), S41. Dawson (H. M.), 1000. Debaios (E.), 526. Debierne (A.), 157, 296. Debove, 341. Deenik (A.), 676. Defant (Alb.), 532. s Deflandre (Mile CI.), 836, 874. Dehalu, 153. Dehn (F.-B.), 4091. Deinhardt (K), 997. Delacroix (G.), 836. Delage (Y.), 100, 1085. Delamare (G.), 298. Delanoë (M.), 526. Delanoë (R.), 526. Déléarde (A.), 525. Delebecque (A.), 953. Delépine Le ), 50, 53, 342, 430, 620, 669. Delezenne (C.), 154, 156, 250, 672. Delezenne (G J 51. Demanche (R.), 1038. Dember (H.), 764. Demenge (Emile), 425, 951. Demenitroux (M.), 952, Demole (E.), 617. Demolis (Ed.), 94, 149, 385, 424, 754. Demoussy (E.), 429. Denham (H. G.), 105. Denier, 343. Deniker (J.), 523. Denison (R. B.), 103, 621. Dépéret (Ch.), 342, 389. Deprat, 100, 154, 999. Desbouis (G. ), 160. Desfosses (P.), 152, 247, 1035. Desgrez (A.), 206, 390, 391, 525, 617. Deslandres (H.), 389, 390, 418, 158. Devaux- -Charbonnel, 499, 524, 717, 758. Dévé (F.), 618, 837, 1087. Dewar (Sir UE 103. Dhéré (Ch.), 102, 618, 718, 1038. Dibdin (W d. h 483. Diener (C.). 532. Dieulafoy, 525. Dines (W.-H.), 393. Dinner, 721. Dionneau (R.), 153. Ditte (Alfred), 475. Divers (Ed.), 54, 104. Dixon (A. E.), 579. Dixon (I. B.), 347, 433. Doelter (C.). 532, 801. Doht (R.), 159, 396, 1092. Doll, 149. Dollot (Aug.), 834. Donau (J.), 107. Done (E.), 1091. Donnan (F. G.), 840. Dopter (Ch.), 51, 249, 295, 298, 344. Dor (L.), 101. Dorlencourt, 713. Dorssen (W. van), 56, 803. Dorsten (W. van), 160. Doumer (Paul), 714, Doumergue, 670. Doutté (Ed.), 294, 949. Douvillé (H.), 359. Doyon (M.), 51, 204, 390, 391, 525, 526, 5217, 528, 160, 953, 954, 1087. Dreaper (W. P.);-39£, 676: Dreyfus, 718, 1087. Driencourt (L.), 836. Drugmann (J.), 434, 621, 1041. Drygalski (E. von), 623. Drzewina (Mlle A.), 20%, 340. Dubard (M.), 524. Duboin (A.), 50, 156, 248, 297, 670, S00. Dubois (Ch.), 391, 838, 1087. Dubois (R.), 1087. Duboscq (O.), 297, 573, 618. Dubreuil (G.), 102, 156. Ducceschi (V.), 532. Duclaux (J.), 800, 836. Duddell (W.), 530. Dufau (E.), 719. Duguet, 953. Duhem (P.), O9 à 817, 836, 1036, 1080. Dulac (H.), 296. Dumont (J.), 204, 758. Dunlop (H.), 579. Dunstan, 54. Dunstan (A. E.), 395, 433, 956. Dunstan (W. R.), 721, 761. Dupond (R.), 476. Dupuis (P.), 800. Durand-Gréville (E.), 150. Durante (G.), 5172. Duret (H.), 1035. Durrant (R. G.), 54, 1040. Dussaud (F.), 874. Duval (H.), 203. Duval (Mathias), 912. : Dwelshauvers-Dery (V.), 385, 910, Dybowski (J.), 453 à 456. Dyke (G. B.), 433. Dyson (F. W.), 538. E Eberhard (G.), 622. Eberhardt (Ph.), 248. Ebert (W.), 758. Ebner (von), 624. Eccles (W.-H.), 722. Edmunds {A.), 916. Eginitis (D.), 203. Ehlers, 574. Ehrenfest (P.), 106. Ehrenfest (Mile T.), 435. Eichler (K.), 764. Eiffel (G.), 149. Eisler (B.), 1041. Elder (H.-M.), 301. Elschnig (A.), 532. Embleton (Mile A.-L.), 620. Embley (E.-H.), 1090. Emile-Weil (P.\, 1087. Engelmann, 840. Engels (P.), 530. Enklaar (C.-J.), 304. Eredia (F.), 531. 498, 616,. S à 17, 64 à 23, 203, 24%, 248, 296, 342, 389, 469 à 82, TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS 1117 Esclangon (E.), 296, 342, 836, 1085. Esmein (Ch.), 527, 528, 575. Esposito (M.), 254. Esquirol (J.), 389. Estanave (E.), 953. Etard (A.), 1081. Evans (G.-H.), 715. Ewan (Th.), 1091. Ewart (J.), 157. Evwios (A.-J.), 54, 301. Exner (F.-M.), S01. Exuer (S.), 106, 624. Eysbroek (C.), 1044. F Fabre (P.), 617. Fabre-Domergue, 387, 513. Fabry (Ch.), 389, 674, 758. Fabry (Eug.), 429, 1085. Faldiug (F.-J.), 482. Falkner (E.-B.), 158. Farmer (J.-B.), 345. Farmer (R.-C.), 122, 956, 1040. Fatou (P.\, 296, 389, 952. Faugeron (L.), 1038. . \ Faure iL.), 836. Fauré-Frémiet (E.), 51, 100, 101, 298, 344,527,575, 119,1037,1038, 1086, 1087. Fauvel (P.), 250, 574, 617, 671, 160, 954. Favrel (G.), 252. Fawsitt (Ch.-T.), 1092. Fehr (H.), 665, 725. Feilmann (E.), 106. Fejer (L.), 296, 1086. Feliciani (C.), 208. Féré (Ch.), 51, 101, 455, 204, 298, 344, 345, 391, 525, 526, 575, 618, 718, 719, 760, 837, 954, 1039. Fernbach (A.), 203, 573, 836, 1038. Fernet, 759. Ferré, 102. Ferry, 293. Féry (Ch.), 392, 914, 998. Féry (G.), 952. Ficheur, 670. Ficker (F. von), 580. Fiessinger (N.), 528. Finger (E.), 107, 435. Fischer (E.-M.), 622. Fischer (K.-T.), 106. Fleming (J.-A.),301, 432, 578, 162, 1090. Fleurent (E.), 154. Fleury (Maurice de), 51, 834. Foà (Mile A.), 55. Foà (C.), 804. Fogy (Mit: D.), 1041. Forcrand (de), 574, 616, 717. Ford (J.-S.), 105. Ford (S.-0.), 254. Foregger (R. von), 395. Forel (A.), 571. Forest (M.), 611. Forgeot (E.), 158. Forster (M.-A.), 301, 395, 433. Fortineau (L.), 718. Fosse (R.), 669, 671, 159, 999, 1085. Foster {E.-H.), 482. Foster (G.-W.-A.), 531. Fouard (E.), 389, 525. Foulerton (A.-G.-R.), 760. Fouquet (Ch.), 1036. Foureau (K.), 755. Fournel (P.), 671, 800. Fournier, 102. Fournier (A.), 915, 1037. Fournier (E.), 669. Franca (C.), 118. Francais (H.), 5 Franchet (L.), 50, 99. Francis (F.-E.), 54, 158. Franck (1.), 363. Francois (M.), 573. Francois-Franck (Ch.-A.), 527, 575, TIS, 160, 837, 954, 1000. Franke (A.), 801. Frankl (E.), 580. Frankland (P.-F.), 1091. Franz (J.), 163. Fraser (Malcolm A.-C.), 386. Frazer (Mile H.-C.-[.), 346. Frech (F.), 914. Frederieq (Léon), 650 à 664. Fredey (L.), 296. Fredholm (I.), 296. Frei (W.), 391. Frenkel, 300, 344. Freundler (P.), 204, 206, 251, 525, 998, 1085, 1089. Frew (J.), 254. Fricke (H.), 763. Fried (W.). 1042. Friedberg (W.), 435. Friedel (G.), 418. Friedel (Jean), 524, 670. Friend (J.-A.-N.), 621. Fritel (P.), 670. Fritsch (J.), 340, 425. Fritz (W.), 1042. Frobenins, 347, 816. Froehlich (A.), 764. Froin (G.), 51, 101,156, 204, 345. Frouin (A.), 619, 670, 160, 872. Fuchs (C.), 252. Furet (L.), 838. Fürth (A.), 1042. G Gaffarel (Paul), 835. Gagnière (L.), 1037. Gailfe, 248. Gaillard (Dr J.), 670, 1087. Gaillard (G.), 6174. Gain (Edmond), 97, 294, 661. Gain (G.), 1036. Gair (C.-J.-D.), 105. Galesesco, 718, 160, 838. Galimard (J.), 159, 800, 836. Galippe (V.), 49. Gallardo (A.), 155. Gallaud (L.), 50. Gallaud (J.), 610. Gallo (G.), 208. Gambier, 203, 616, 669, 998. Gandillot (M.), 836. Ganguli (A.-C.), 104. Ganu (W.-T.), 666. Gardon (V.), 526. Gariaeff (W.), 831. Garnier (L.), 345. Garnier (M.), 101, 250, 526, 718, 954. Garrelon (L.), 401, 102. Garrett (F.-C.), 106. Garry (H.-S.), 434. Gastine (G.), 513. Gatin-Gruzewska (Mme Z.),525, 575, 837, Gaubert (P.), 155, 429, 872, 1036. Gaudechon (H.), 717. Gandry (A.), 647. Gault (H.), 249, 252. Gaultier (R.), 1038. Gauthier (C1.), 204, 298. Gauthier (D.), 1036. Gautier (Armand), 51, 100, 206, 249, 296, 343, 430, 617, 669, 670, 675, 914, 1038. Gautier (C.), 298, 390, 391, 953,954, 4038. Gautrelet (J.), 52, 342, 392, 528, 672, 760. Gaver (van), 996. Gay (Jules), 994. Gehlhoff (G.), 164. Gehrcke (E.), 255, 163, 1092. Geiger (H.), 623. Geikie (Sir A.), 206. Geitel (H.), 348. Geitler (J. von), 801. Gelumo (P.), 396, 1042. Gengou, 838. Gentes, 102. Gentil (L.), 297, 390. Gérard (Eric), 338. Géraudel (E.), 102, 672. Gerber (C.), 492, 1037, 1039. Gernez {D.), 616, 669. Gessard (C.), 342, 345, 1038. Geyer (G.), 435. Giacobini, 50, 836. Giaja, 344, 527, 515, 619, 800, 1038, 1039. Giambelli (G. Z.), 207. Gianfranceschi (G.), 55. Giard (A.), 836, 914, 953. Giford (J.-W.), 1090. Gilbert (A.), 156, 298, 345, 391, 526, 527, 528, 515, 618, 672, 118, 837, 999, 1035. Gilis, 51. Gillot (V.), 1037. Giltay (J.-W.), 436, 483, Gineste (Ch.), 203, 527, 671, 160, 836. Giran (H.), 248. Girard (J.), 52. Girard (P.), 515, 670, 718. Glangeaud (Ph.), 96, 154, 155, 297, 342, 159. Gley (E.), 419, 912. Gmeiner, 611. Godbille (P.), 834. Godchot (M.), 50, 296, 342, 573. Gœæbel (0.), 954. Goldenthal (Mlle K.), 1042. Golding (J.), 106, 762. Goldsehmidt, 155. Goldschmiedt (G.), 1042. Gompel (M.), 528, 1000, 4037, 1039. Gonnard (F.), 995. Goode (J.-A.), 676. Goodrich {W.-F.), 474. Goold (J.), 621. Gorini (C.), 532. Gosio (B.). 804. Gosselet (J.), 159. Gouin (A.), 156, 298. Goupil, 297. Gouraud (F.-X.), 102. Gourdon (E.), 50, 758. Gouré de Villemontée, 251. Goursat (E.), 153, 389. Goy (Ad.), 525. Gradenwitz (Alfred), 3, 106, 112, 256, 302, 347, 348, 352, 396, 434, 489, 622, 62%, 627, 628, 124, 163, 764, 165, 840, 876, 1092. Grafe (V.), 801. Gramont (A. de), 46, 292, 486. Grancher, 999. È Grandeau (L.), 96. Granderye (L.-M.), 386. Grand'Eury, 100, 998, 1036. Grandidier (G.), 342. Graux (L.), 154, 248. Gravellat (H.), 52, 392, 760. Gravier (Ch.), 248, 514, 670, 1085. Gray (A.), 451. Gray (A.-C.-H.), 955. Gray (Th.), 483. Green (A.-G.), 531, 1000. Greenhill (A.-G.), 431. Greenwood (M.), 481. Gréhant (N.), 51, 297, 345, 525, 117, 915, 954, 1031. Grgin (D.-J.), 164. Grimbert (L.), 230, 119, 873. Grimmé (G.-L.), 618, 718. Gross (F.), 345. Grossmann (H.), 595. Grossmann (J.), 483. Grunberger (E.), 107. Grund (A.), 435. Grunmach (L.), 876. Grüvwald (F.), 994. Gruvel (A.}, 610. Grynfelt (E.), 760. Grysez, 837, 1085, 1087. Guccia (G.-B.), 574, 669. Guébhard (A.), 251, 619, 674. Guédras (M.), 670. Guéguen (F.), 298, 528, 838, 954. Guende (Mile B.), 617. 1 Guéniot, 51. Guépin (A.), 429, 1085. Guerbet, 204, 298, 344. Guérin (C.), 525, 616. Guérin (P.), 153. 1118 Guéroult (Gorges), 129 à 433. Guglielminetti, 100. Guiart (Jules), 873. Guichard (C.), 100, 203, 478, 948. Guichard (M.), 998. Guignard (L, 99, 297, 914. Guillaume (Ch. -Ed.), 57 à 29, 111, 159, 199, 521, 615, 81, 818, 912, 93% à 941. Guillaume (J.), 99, 100, 343, 474, 800, 836, 914, Guillemard (H.), 100, 717, Guillemet, 718. Guilleminot (H.). 1085, 1086. Guillemot (L.). 526. Guillet (L.), 475,586 à 598, 6414. Guilliermond (A.), 1037. Guillon (J.-M.), 616. Guinchant (J.), 343. Guntz, 99, 248, 836. Guthrie (C.-C.), 51, 391, 526, 618, 718, 954. Guthrie (J.-M.), 105. Gutsche (0.), 94. Gutton (C.), 154. Guye (C.-E.), 95, 390, 425. Guye (Philippe-A.), 8 à 34, 151,26, 386, 666, 123, 814. Guyon (E.), 616. Guyon (F.), 298, 837. Guyot (Ev.), 429. Guyou (E.), 524. 903, 248, 296, 953, 998, 1085. 953. 630 à 59, 498) 574, Haager (J.), 396. Haaland, 156. Haas (P.), 254, 347, 433. Haberlandt (G..), #32, Hackford (J. pie Hackspill (L.), 133, 789. Hadamard ( 153, 906 à 909, 1088. Haga (H.), 802. Haga (T.), 301. Hagenbach (A.), 292. Haïd (R.), 532. Halbron (P.), 250, es Halden (Ch. ESRENES Hall (A.-D.), 254, Je 529. Haller (A.), 904, 343, 430, 998, 1036. Halliburton (W.-D.), 916. Hallion, 719. Hallopeau. 1037. Halluin (M. d'}, 391, 526. Hamburger (H.-J.), 156, 484. Hamonet (J.-L.), 99, 154. Hamy (E.), 953. Hamy (Maurice), 299, 1033. Hancock (W.-C.), 1723. Handlirsch (A.), 107. Hann (A.-C.-0.), 341, Haon (J.), 1092. Hanriot, 51. Hantzsch (A.), 105. Harden (A.), 432; 479, Hariot (P.), 155, 1037. Harker (G.), 876. Harker (J.-A.), 394%, 916. Harold (W.-A.), 675. Hart (W.-B.), 579. Hartley (E.-G.-J.), 206, Hartley (H.), 346. Hartley (W.-N.), 1000. Hartmann (H.), 1035. Hartwig (Th.), 764. Haschek (E.), 764. Hasenhôrl (F.), 1041. Haton de la Goupillière, Hatt (Ph.), 24S, 832. Haudié (E.), 1033. Haug (E.), 343, 524, Haumant (E.), 1084. Haury, 953. 418, 616, 669, 10#1. 180, 916, 1091, 840. 524, 525, 998, 1083. Hauser (F.), 801. Haushalter (P.), 345, 719. Havelock (T.-H.), 430, Hawes (F.-B.-0.), 346. Hawthorne (J.), 433. Heape (W.), 675. . Hébert (A.), 206, 671, Heckel (Ed.), 100. Hedley (E.-P.), 482. Hédon (E.), 575 Hetiter (L.), 385. Heiïm (A.), 296. Heitz (J.), 527, 837. Helbronner (P.), 203, Helmert (W.), 363. Hemmelmayr (F. von), 159, 1042. Hemsalech (G.-A.), 99, 669. Hemsley (W.-B.), 916. Henderson (E.-E.), 394. Henderson (G.-G.), 579. Henri (V.), 52, 153, 344, 394, 515, 619, 6170, 760, 837, 1000, 1038, 1039, 1087. Henrich (.), 1092. Henry (A.), 344, 761. Henry (Ch.), 343. 998. 953. Henry (Louis), 154, 296, 418, 524, 671 747, 914. Henstock (H.), 955. Hepner (H.), 1042. Hepp (M.), 52. Hepperger (J. von), 764 Herbette (J.), 717, 758 Hergesell (H.), 616. Hérissey (H. ), 455, 760, 41037. Hermite [oh }, 569. Hérouard (E.), 574. Herring (P. 2m), 676, 1089. Herrent (E.); 106. Herrmann (K.), 256, Herscher (M.), 345, 526, 837. Hertwig (O.), 762. Hérubel (M.-A.), 342, 1086. Hervieux (Ch.), 391, 525. Herzig (J.), 164. Hess (A.), 106. Hess (F.), 580. Hesse (E.), 343. Hewitt (J.-E.), 105. Hewitt (J. EN 158, 254, 395, 722, 956: Hicks (W.-L.), 482. Hiekel (R.), 256. Higson (Ml: A.), 956. Hildebrandsson (Hildebrand), 611. Hill (A.-E.), 433. Hill (E.-G.), 762. Hill (Léonard), 48 Hillebrand (Mme $.), 624. Hills (J.-S.), 579. Himmelbauer (A.), 1041, Hinrichs {G.-D.), 573, 836, Hiorns (A.-H:), 159, 723. Hitier, 426. Hoche (L.), 102, 1088. Hoek (P.-P.-C.), 304. Hoernes (Ph.), 624. Hoernes (R.), 1042, Hoff (J.-H. van't), 256, 341, Hofmann (R. von), 108. Hôühnel (F. von), 532, 1042. Holetschek (J.), 801, 1092. Hollard (Auguste), 95, 529, 673, 948, 995. Holleman (A.-F.), 108, 304, 1043, 1044 Holmes (J.), 1041. Holmes (W.-E.), 106. Holmgren (E.), 203. Hôünigschmid (0.), 159, 4041. Horne (W.-D.), 301. Hostelet (G.), 1033. Houard (C,), 617, 1085. Houillon (L.), 253, 669, 836. Howard (B. ee ), 405: Howard (D.), 255. Huber (P.- . 478. Huchard, 479. Hudson (0.-F.), 622. 952: 622, 876. 154, 159, 526, 528, 1037, 386, 4175, 521, 203, 580, l TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS Huet, 52. Huet (P.), S1% à S20. Huff RUE 915. | Huggins (Mme), 253. \ Huggins (Sir William), 253. ; Hugot (C.), 99. D - Hugounenq (L.), 100, 154, 389, GI 159, 995, 998, 1085. ; Huisinga (J .), 1044 A Hull (G.-H.), 915. Humbert (G.), 296. Hurst (C.-C.), 394. Hurwitz (A.), 1085. Husnot(P.), 616, 1039 ç Husson EE de ), 291: Hutton (R.-S.), 1000. j | Ë Imbert (A.), 616, 758, 1037. PARLE de 344, 529. d Inglis (J.-K.-H.), 207, 347, 579. Irvine (J.-C.), 482, 621, 162. : Isaac (Mie EL), 954. Iscovesco (H.), 249, 250, 298, 344, 343,4 391, 527, 598, 515, 618, 118, 119, 837, 954. 1000, 1037, 1038, 1087. | Itallie (L. van), 156, 160. | | J | Jaccoud, 51, 1086. Jackson (C.-L.), 433. Jackson (H.), 621. Jacobesco (N.), 203. Jacobson (G.), 102. Jacques, 102. Jacques (P.), 1088. Jaeger (F.-M.), 108, 436, 483, 676. Jaeger (G.), de James (E.) Jammes (L. Fr Éd 671, 158. 9! NE Janet (C.), 524, 914. Janssen (J.), 573, 914. Januschke (H.), 624. Jardry, 389, 617. Jaubert (G.-F.), 99, 389. Jaumann (G.), 107, 435. Javal (A.), 527, 618, 718, 838. Javal (E.), 612, Javillier (M.), 1085. Jeandelize (P.), 156. Jeans (J.-H.), 102, 675. Jellinek (S.j, 624. Jenisch (G.), 1042. Job (A.), 617., Johnston (J.), S39. Jolles (A.), 107. Jolly (J.), 31, 760, 837, 999, 1037. Joltrain, 760. 292. Jones (H.-0. Joseph (A.-F. ), ARLON Josias (A.), 51, 297, 671. Josué (0.), 298. 39158510: Joteyko (M!!° 1), 240 à 243. Joubin (L.), 616. Jouguet, 390, 478. Joukowsky (E.), 429. Jourdy (E.), 800, S98. Jousset (A.), 618. Jowett (H.-A. ee }, 347. Juhel-Rénoy (J.), 342. Julius (W.-H.), Set 18%. Julius Me 303. Jumelle (H.), 100, 428. Jungfleisch (B.) : 296, 342, 513. Jurie (A.), 249 Kaas (C.), 532. Kahan (Z.), 1041. = Kaïlan (A.), 580, 1041. - Kapteyn (J. =G. ), 348. Kapteyn (W.) 160, 302. Kareff (N.), 54, 525, 526, 527, 528, 953, H 954. | Karzel (R.), 1042. Kaufmauon (J.), 525. Kaufmann (N.), 1036. Kaufmann (W:). 207. Kay FE -W. <}: 394, 1040. Kayaloff (Ml), 528. ÈXE ( 5 1041. Kayser (E.), 151, 343, 844. Keith (R. Eh 571. Kellas (A.-M.), 760. Kelsch, 101, 155, 525, 117, 159, 915, 999, 1037. Kempe (A.-B.), 206. Kennard (C.-P.), 996. Kenyon (J ), 301. Kermorgant, 249, 390, 759, 953. Kidston | R.), 954 Kieffer (abbé J.-J.), 151. Kilian ( W.), 202, 203, 204, 297, 914, 1082. 0. Kinnersley (H.-W.), 84 Kirpal (A.), 435. Kitchin | EE 1000. Kittel (H.), 801. Klaptocz (B.), 159, 801. Klar (M.), 154. Klein, 255. 395, 622. Kling (A.),, 271 à 2277. Klingatsch (A.), 1041. Klug (L.), 107. Klug (R.), 1042. Knoll (H.), 435. Kæbler {C.), 385. Koehler (R.), 153, 296. Kænigsberger (J. ÿ 1092. Koenigsberger (Léo), 46, 302, 876. Koepel (A), 623. Koh! (F.), 107. Kohlbrugge (J.-H.-F.), Kohlrausch (F.), 424, He ot, 1042. Kohn (G.), 106. Kohn (M.), S01, 1041. Kohn-Abrest (E.), 297, 758. Kônig (J.), 711. Konschegg (A.), 434. Korda (D.), 1088. Korn (A.), 154, 203, 296, 998, 1085. Korner (G.), S04. Kovessi (F.), 617. Kowalski (J. de), 478. Kraser (A. à 712. Krasser (F.) Kraus (R.) Krebs (A) He Kreis (A.), 580. Kremann (R.), 108, 624, 1092. Kren (Q.), 101. Kreutz (S.), 434. Kubart, 396. Kubart (B.), 1042. Kuckuch, 521. Kuiper (Taco), 532. Kunstler (J.), 102, 203, 250, 392, 527, 528, 671, 160, 836. Kurlbaum (F.), 163. Küss (G.), 1036. L Laan (F.-H. van der), 108. Laar (J.-J. van), 160, 348, 483, 1043. Labbé (H.), 526, 835, 954%, 999, 1083. Labbé (L.), 429. Labbé (M.), 49, 241, 295, 388, 913, 1083. Laborde (A.), 669. Lacassagne (A.), 514, 996. Lache (1. G.) 101, 102, 298, 391. Laçomme | L.), 994, TT $00, 836. Lacroix (A.). 50, 100, 343, 429, 419, 514, 671, ss1 à 899. 923 a 936, 996, 998, 999. Ladenburg (A.), 206. Ladenburg (E.), 623. TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS 1119 Ladenburg (F.), 341. Lagriffoul (A.), 52, 837, 954, 1000. Laguesse (E.), 388, 160, 450, 4062 à 4079. Laignel-Lavastine, 250, 718, 954, 1000. Lainé (E.), 249, 514. Laisant (CG.-A.) , 198, 569, 665, 871, Lallemand (Ch.), ET Laloue (G.\, 389. Lamarcodie (G. de), 939 à 981. Lambert (M.), 51, 297. Lawbert (P.), 669. Lambling (E.), 326 à 337, 376 à 384. Lamothe (de), 524. Lamotte (Marcel), 665, 754. Lampa (A. ), 1041. FEMIoeR F.-E.-E.), 1090. Lamy (H.), 154, 156, 391, 528, 515, 160. Lancereaux, 155! 671, T1. Landau (E.), 396, 164. Landolt, 256. Landouzy (L.),,34%, 1083. Landrieu (Ph.), 297. Landsiedl (A.), 1042. Landsteiner (K.), 107, 435. Lane-Claypon (Mie J.-E.), 576. Lanessan (J.-L. de), 291. Lang (V. von), 435. Lang (W.R.), So Langley (J.-N.), 838. Langley (S.-P.), 429. Langlois (J.-P.), 52, 101, 102, 160, S20 a S32, 865 à 870. Lannelongue, 670. Lanzeuberg (A.), S00. Lapicque (Mme L.), 575, 618, 672. Lapicque (L.), 515, 618, 671, 718. Lapie (Paul), 751, 835, 997. Laporte, 998. Lapparent (A. de), 199, 671. Lapworth (A.), 54, 622, 1091. Lara, 155, 249. Larguier des Bancels (J.), Larmor (J.), 206. Lattés (S.), 1036. Lauber (H.), 532. Laue (M.), 623. Laufer (R.), 611, 760, S38. Laulanié (F.), 671. Launay (L. de), 96, 547 à 5614, 1036. Launoy (L.), 1039. Laur (Fr.), 617. Laurent (O.), 204. Lauricella (G.), 531, 804. Laurie (D.-N.), 621. Laussedat (A.), 248, 616. Lavaux (J.), 998. Laveran (A.). 100, 344 953, 999, 1085. 1086. Lavergne (Gérard), 94, 424, 611, 713, 758, 160. 501 à 513, , 224, 610, 717, 191, 832. Law (H.-D.), 761, 956. Lazennec ([.), 1%4, 203, 249, 429, 669, 952, 1089. Lazennec (J.\, 428, 952. Lazzarini (G.), 208. Leach (F.-P.), 531. Lebeau (P.), 50, 154, 393, 874, 952. Lebesgue (H.), 309, 804. Lebeuf (A.), 994. 1080. Lebon (E.), 531, 154, 871. Le Bon (G.}, 953. Lebrun, 250. Le Cadet (G.), 914. Lécaillon (A.), 344, 527, 760. Le Chatelier (H.), 157. Lecher (E.), 107, 396, 1042. Leclec du Sablon, 389, 999, Lecomte (H.), 389. Lecoq de Boisbaudran, 154. Le Couppey de Je Horse 51. Le Dantec (A.) Le Dantec | FA 427. Leduc (A.), 100, a 157, 1 Leduc (E.), 800. Leduc (S.), 156, 12 >. 1037. Lee (G.-W.), 418. Lees (Ch.-H.), 615, Lees (F.-H.), 1000. Lefébure (P.), 343. Lefebvre (Ch.), 345. Lefèvre (J.), 50, 203, 298, 390, 527, S00, 999. Epéenilre (R.), 99, 101, 298, 344, T8, 14 Léger (E.),.153, 251, 300, 158, 1085, 1089. Léger (n);2297; 349, 343, 024, 513, 618, Lehmann (AU) 123. Lehmann (E.), 347, 693. Lehmann (0O.), 623, 665. Leicester (J.), 301. Leithaeuser, 762. Lelieuvre (M.), 910, 948. Lemaire (H.), 391, 760, 1038, Lemoine (Dr), 525. Lemoine (Em.) |, 160. Lemoine (G.-H.), 526. Lemoine (Paul), 521. Le Morvan (C. ) $ Lemoult (P.), 99,573, 952,-999, 1085. Lendenfeld (H. von), 1042. Lenoble ( E.) 52 Lenox-Conyngham (G.-P.), 1039. Leon (A.}, 396, me Leopold (G. se Léopold-Lévi, 954, 1087. Lépine (R.), 155, 250, 575, 160, 836, 914, 952, 1086. Le Play, 296. Lequeux, 719. Lerch (F. von), 107, 435. Lerch (M.), 100, 616. Lereboullet (P.), 528, 515 Le Renard, 953. Léri (André), 716. . Leriche (Maurice), 6. Leriche (R.), 343, 429. Le Rossignol (R.), 255, 433, 621, Leroux (H.), 5173. Le Roux (J.), 1036. Lery (G.), 429, 616. Lesage (L.), 669. Lesage (P.), 998. Léser (G.), 50. Lesieur (Ch.), 344. Lesné, 718, NUE Le Sourd (L.), 670, Lespieau, Fe Le Sueur (H.-R.), 104. Létienne (A.), ©5, 341, 668, 982 à 993. Letulle (M.), 527, 953, 1085. Leturc (E.), 843, 1004. Levaditi (C.), 156, 204, 250, 524, 526, 831, 952, 1087. Levallois (F.), 759, 998. Levat (David), 415. Leveau, 998. Leven (G.), 515. 1036, js Ps. 8, 718, 719, 837, ; 672, 999. 160, 1087. Levi (B.). 531. 804. Levi (E. E.) ), 804. Levi (G.), # He 28 D Lévi (L.), : Levi- Civita (T. JE Levi-Malvano \ 1197 Lévy (Mie J.), 719, 760. Lévy (L.-A.), 158, 616. Lévy (R.-J.). 428. Lévy (S.), 838. Lewin (L.), 669, 71 Lewis W. -H.), 254. Lezé (R.), 714. Lilienfeld (J.-E.), 623. Linden (Mie M. von), 99, 101. Lindet (L.), 206 Linossier (G.), 526 Linsbauer (K.), Lion (G.), 526, 718. Liouville (R.), 524. Lippmann (A.), 391, 515, 618. Lippmann (G.), 153, 800, 948, Litschauer (V.), 1042. 1. 4120 Littlebury (W.-0.), 104, 394, 956. Liverseege (J.-H.), 159. Livon (Ch.), 102, 719. Livon (J.), 1086. Lloyd (T.-H.), 483. Lobstein, 1036. Lockyer (Sir N.), 620, 122, 910, 1090. Lockyer (W.-J.-S.), 875. Loeb (J.), 1034. Lœwy, 418, 952, 953, 998, Logeman (W.-H.), 916. Loisel (G.), 51, 250, 456 à 475. Lomax (£.-L.), 106. Longo (B.), 532. 1085. Lop, 51. Lorand (/ no NUE Lorentz (H.-A.), Es a Lorentz IL. Ron 9, 435, 801. Lorentz (Richard), US Lorié (J.), 436, 484. Lorin (Henri), 198. Lortat-Jacob (L.), Lortet, 390. Lory (P.), 204. Loth (Gaston), 139 à 148. Lott (F.-E.), 123. Louis (H.), 105. Louise (E.), 528, 1038. Lowell (P.), 206. Lowry (Th.-M.), En 391, 954, 999. Lubimenko (W.), 617 ir, 914, 953, 1037. Lucien (M.), 102. Lugeon (M.), 429, 478, 524. Lugol (P.), 157. Luizet (M.), 248. Lumière (Auguste), 134 à 439, 151, 391. Lumière (Louis), 484 à 439, 151, 391. Lyle, 207. Lyons (H. CU QI Lypellowski {L.), 1042. M Macallum (A.-B.), 253, 675. Mac Candliat (D.), 395. Mac Connan (J.), ‘056. Macewen (W.), 840 MES (Allan), : 316. Mach (E.). 764. Machat (F.), 522. Machat (J.), 387, 475, 571, 715, 799, 835, 813, 913, 1035. Mache (H.), 107. Mackenzie (Al.), 347, 482. Maclaud, 4117, 199. .Maclaurin (R.-C.), 102, 430. Magini (R.), 208, 531. Magne (H.), 1036. Magnus, 256. Magri (G.), 208. Magri (L.), 804. Magson (T.-H.), 579 Maige, 153. Mailhe (A.), 617. Maillard (L.-C.), 445 à 4129, 248 598, 529, 813, 999, 1038, 1087. Maillet (Ed.), 248, 390, 524. 610, Mainville (0.), 669. Maire (M.), 155, 252. Maisonnave (J.), 101. Majewski, 204. Makower (W. À 32. Malassez (L. ), 50 ), 389, 429. Malfitano (Ce )h j Mallié (H.), 3 Mameli (E.), 55, Manca (G.), 344 Manceau (E.), 297, 343, Mancini (Ernesto), 55, Mandoul {H.), 249, 345. Maugin (L.}, 1037. Mann (E.-A.), 105, 876, 1091. Manning (R.-J.), 531. AY9A à 497, 238, 297, 1085. 208, 804. 159, 844. 208, 532, 804. Manouélian (Y.), 456, Mansion (J.), 249, 250, Manson (Sir Patrick), 613. Mantel (P.), 390. Manuelli (A.), S04. Manville (O.), 573. Maquenne (L.), 151, 154, 860 à 865, 1082. Marage, 428, 1037, 1088. Marais de Beauchamp (P.), 759. Marceau (F.), 345, 514, 800. March (F.), 204. Marchand (L.), 344. Marchetti (G.), 804. Marchis (L.), 46, 712, 1081. Marchoux, 953. Marcolongo (R.), Marconi (G.), Se Marenzeller (E. von), 396, 434. Marie (A.), 52. Marie (C.), 475, 246 à 253, 948. Marie (Pierre), 525, 716. Marinesco (G.), 525, 618, 1037. Marino (F. 250. Marmu (N.), 481. 250, 1037, 1087. 524, 511, 617, Marquès (H i. 758. Marquis (R.), 343. Mersen (E.-G. }, 530. Marsh (J.-E.), 54, 6175. A.). 621. Marshall ( r), 52 Martel (E.- AU , 297, 524, 617, 914. Martelli (A.), 5 Martens, 255. Martin (A.), 158. Martin (A.-J.), 525, 671. Martin (G.), 156, 526, 760. Martin (H.), 999. Martin (K.), 348. Martin (L.), 953, 1087. Martinet (A.), 523, 572. Martonne (E. de), 670. Mascart (E.), 154. Mason (J.-E.), 105, 574. Masson (P.), 913. Ma conher (PANIOS Mathias (E) sn 296. Mathix (C.), 9 1087. MoHEcRR Gi) ) 624. Metenon (C.), 99, 153, 203, 248, 478, 573. Matthews (C.-G.), 723. Matza (A.), 250, 719, 837. Maubant (E.), 100, 203. Mauguin (Ch.), ST4, 914. Maurain (Ch.), 99, 428. Maurel (E.), 391, 526, 527, 528, 515, 719, 760, 913, 954, 1087. Mauricheau-Beaupré (P.), Mauté, 51. Mauthner (J.), 435, 532. Mayer (André), 154, 156, 345, 391, 528, 515,718, 760, 914, 999, 1037,1038, 1087. Mayet, 100. Mazé (P.), 247, 283 à 290. Mazelle (Ed.), 256. Mazzara (G.), 804. Mazzucchelli (A.), 804. Mech (H.), 999. Medinger (P.), 256. Mees (Ch.-E.-K.), 482. Mégnin (P.), 101. Meige (H.), 98, 202, Eu . 116. \'eillère (G.), 249, 837 Meissner (F.), 624. Meitner (E.), 1041. Meitner (Mie L.), 435. Melander (G.), 1028 à 10314. Meldola (R.), 433, 621, 956. Méline (Jules), 295. Mendeléeff (D.-J.), 206. Menschutkin (N.), 762. Menten (M.-L.), 253. Mercadier (E.), 307. Mercanton (P.-L.), 717. Mercier (L.), 345, 528, 7 Merlin (E.), 153. Mermet, 429 154, 513. 19, 760. TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS Merriman (H.-J.), 723. Merriman (R.-W.), 54. Mertens (Fr.), 106, 256, 347, Meslin (G.), È0, 418, 670. Mesnil (F.), 34 à 45, 83 à 93, 427, 526, 670, 6178. Messel (R.), 433. Mestrezat (E.), 760. Mestrezat (W.), 158. Metalnikoff (S.), 345. Metchnikoff (E.), 419, S99 là 906. Metz (H.-A.), 762. Meunier (E.), 953. * Meunier (S.), 390, 429. Meurice (J.), 514 à 548. Meyer (Ed.), 800. Meyer (F.), 800. Meyer (H.), 107, 435, 1042, 1092. Meyer (M. Wilhelm), 152. Meyer (R.), 665. Meyer (S.), 396, 580, 764, S00. Michel-Lévy, 343. Michotte (K.), 94, 424. Micklethwait (Mlle F.-M.-G.), 158, 531, 123,0956: Middel (P.), 348. Miers (H.-A.), 254. Miethe (A.), 669, 717. Mikosch (K_), 764. Milhaud (G.), 33 à 80, 951. Millar (E.-Th.), 104. Miller (N.-H.-J.), 481. Millochau (G.), 389, 390, TANT, 944, 952, 998: Millosevich (E.), 55, 207, 531 Millosevich (F.), 532. Milne (J.), 571, 696 à 203. Minchin (E.-A.), 955. Minckiewicz (R.), 1085. Minea (J.), 619, 1037. Minguin (J.), 616. . Minkiewiez (R.), 1036. Minunni (G.), 55, 208. Mioni (G.), 297. Miramon (A.-G.-Y.), 872. Mirande (M), 874. MHroneaeS (Th.), 838. Mitchell (H.-V.), 105, 458, 122. Mitchell (P.-C.), 675. Mobius, 396. Moderni (P.), 532. Moir (J.), 159, 482, 622, 1000. Moissan (H.), 50, 154, 206, 248, 343, 580 Moitessier (J.), 298. Molisch (H.), 624. Mollard (J.), 616. Molliard (M.), 100. Monaco (Al. de), 342 Mongour (Ch.), 250. Monier-Vinard, 760, 1037. Monier-Williams (G.-W.), 255. Monod (Ch.), 1037. Montemartini (L.), 208. Montessus de Ballore (F.), 717. Monti (V.), 208, 532. Monziols (R.), 101. Moodie (Mlle A.-M.), 762. Moody (G.), 481. Moog (R. | 100, 717, 953. Moore (B. 103, 104. Moore (J. D. -S. ), 345, 620. Moore (R.-W.), 723. Morache (Cr G.), 757. Moreau (G.), 99, 248. Morel (A.), 51, 100, 204, 298, 390, 391, 525, 526, 527, 528, 617, 1117, 760, 800, 836, 1086, 1087. Morel Kahn (H.), 670.7 7% #4 Moreux (Abbé Th.), 22% à 290, 962 à 929, 1003. Lei 1 Morgan (G.-T.), 158, 255, 530, 723, 956. Morison (C.-G.-T.), 52 Moroff (Th.), 342. Morrow (J.), 481. Mortimer- -Mégret HG), 832. Moscoso (F.-E.), 57 Mosso (A.), 48, ST4. Motais, 390. 164, 1092. 129, 617, 670, Mulon (P.), TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS Motet (A.), 51, 525, 1086. Mott (F.-W.), 916. Mott (H.-W.), 571. Motz, 204. Mouat Jones, 721. Mougeot (A.), 5217, 672. Moulin (H.), 674. Moulin (M. P 1085. Mouneyrat (A.), 429, 4178, 527, 529, 669. Moureaux (Th.), 153. Moureu (Ch.), 53, 100, 154, 203, 206, 248, 498, 4929, 525, 576, 669, 758, 952, 1036, 1089. Moussu (G. k 160, 837. Moutier (A.), 293. Moutier (F.), 528, 103$, 1087. Mouton (H. L 154,156, 250,672, 714, 1088. Mozotto (Domenico), 94. Muir (J.), 431. Muller (F.), 1044. Muller (J.-A.), 669. Muller (P.-Th.), 252, 624, 1034. Muller (W.-J.), 1092. Muller-Breslau, 876. 54,391, 954. Muntz (A.), 249, 574, 836. Muratet (L.), 528, 616, 672. Murmann (E.), 532. Murray (J.-A.), 158, 874. Musil (Alfred), 519. Muskens (L.-J.-J.), 160. N Nabelek (F.), 1042. Le ds, 344, 526, 527, 1038. Nalepa (A.), 107. Nance (J.-T.), 519. Nansouty (Max de), 570. Nasini (R.), 532. Nattan-Larrier (L.), Neesen (F.), 302. Nègre (L.), 102. Negreano (D.), 759. - Négris (ER 154, 203, 998, 10$6. Neogi (P.), 1000. Nepper, 156, 298. Nernst (W.), 580. Nersst (W.), 623. Nestle, 149. Nestler (A), 435. Netter (A.), 250, 760. Neurath (G.), 764. Neustaedter (V.). 801. Neuville (H.), 342, 671. Neville (A.), 54, 104, 347. 14041. Niclot, 101. Nicloux (M.), 154, 156, 203, 204, 250, 297, 298, 300, 526, 672, 915, 10392 1087. Nicloux (N.), 432, 619. Nicolardot (P.), 95, 393. Nicolas (E.), 204, 837. Nicolas (J.), 391. Nicolle (Ch.), 204, 297, 298, 526, 649, 672, 954. Nielsen (N.), 207, 804. Niessl (G. von), 107. Nieuwenhuis (Mme M.), 804. Niewenglowski, 796. Niven (Sir W. D.), 620. Noble (Sir A.), 876. Noc (F.), 573. Nodon (A.), 50. Noé (G.), 208. Noelting (E.), Nogier, 339. Nordmann (Ch.), 453, 581. Norman (G.-M.), 159. Nouguier (A RTE Nyland ( (A.-A.), 56. 101, 204, 250, 672. 102, 444 à 423. 100, 342, 442 à 0 Obermayer (F.), 256. “Obrecht (A.,, 914 1421 Ocagne (M. d'), 478, 616. Oddo (G.), 208. Odin (G.), 914. O'Donoghue (J.-G.), 1041. Oechsner de Coninck (W.), 99, 296, 998. Ofner (R.), 107. Olivier (Louis), 47, 612. Ollivier (H.), 300, 574. Onnes (H.-K.), 802. Orcharson (3. -Q.), 158. Orlando (L.), 531. Orlich (Ernest), 832. Ormerod (E.), 762, 915. Ornstein (L. S.), 304. O'Shaughnessy (F.-R.), S40. O'Shaughnessy (J.-R.), 433. Osmond (F.), 669, 671. Ottolenghi (D.), 208. Oudemans (J.-A.-C.) Oudin, 671. Ouvrard (L.), 50, 203, 800. , 1043. P Pacaut :M.), 248, 249, 298, 345. Pacinotti-(A.), 208. Pacottet (P.), 249, 296. Padé (H.), 50. Padoa (M.), 55, 532. Padova (M.), S04. Padova (R.), 717. Pagniez (bh.), 101, 670, 760, 1087. Palla (E.), 801. Panichi (U.), 208. Pannekoek (A.), 801, 1043. bPannelli (M.), 804. Pantanelli (E.), 532, 804. Papin (L.), 837. Paraf (G.), 950. Paris (A.), 672. Pariset, 156, 250, 391. Parisot (J.), 719. Parnicke (A.), 797. Parona (C.), 532. Pascal (E.), 804. Pastureau, 406. Patein (G.), 250, Paton, 718. Patou (J.), 1080. Patouillard (N.), 155, Patterson (T.-S.), 254, 4041. Pauksch (J.), 435. Paul (M.), 252. Paulet (V.), 429. Pauli (W.), 764. Paulsen (Adam), 723. Pavanini (G.), 531. Peano (G.), 207. 298, 344, 526, 1038. Pearl (Raymond). 393. Pearson (H.-H.-W.), 158. Pécaud, 156. Pécheux (H.), Pécoul (A. ) 1 154. Peglion (V.), 55, 20 Péju (G.), 297, 344, 1038. 1087. Pélabon (H.), 154, 525, 800. Pellat (H.), 50, 616. Pellerin (G.), 755. Pellet (M.), S00. Pellini (G.), 804. Pelourde (F.), 342. Pelseneer (P.), 343. Pénaud, 1086. Pérard (J.), 759. Perdrix (L.), 759. Pérez (Ch.), 528, 672, 1039. Perissé (R.), 712. Perkin (A.-G.), 301, 482, 531, 762. Perkin (F. -M.). 676. Perkin (W.-H. sen.), 481. Perkin (W.-H. jun.), 54, 105, 394, 433, 482, 530, 531, 621, 1040. Perman (E.-P.), 722. Pérot (A.), 296, 616, 998, 1089. Perotti (R.). 208, 532, 804. Perret (A.-H.), 51. 297, 836. 8, 804. 391, 527, 618, 838, Perrier (G.), 952. Perrier de la Bathie (H.), 428. Perrot (Em.), 340, 872, 41007 à 1020. Perroy (Th.), 618. Perry (F.), 405. Perry (J.), 300. tetes (L.), 834. Petavel (J.-E.), 2 Petersen (EF. ), 124 Petit (H.), 101. Petit (P.), 99, 206, 342. Petitjean (G.), 51, 156. Petresco (G.-Z.), 101. Petri (L.), 208; 532. Petrovitch (M.), 758. Pettit (A.), 52, 759. Peyron, 719. Pfaundler (L.), 764. Pfeffer (W.), 340. Philip (J.-Ch.), 54. Philipp (H.), 395. Phillipps (H.-A.), 723. Phillips (P.), 875. Pbisalix (C.), 345. Pic (A.), 156. Picard (Em.), 428, 669, 910, 1036. Picard ( (L.), 158. Picha (M.), 1092. Pick EP), 256 Pick (G.), 107. . Fe (R. H.), 54, 104, 301, 394, 762, PiCque, 429. Picton (N.), 433. Pieri (G.). 55, 208. Piéron (H.), 1037, Pierron (P.), 836. Piettre (M.), 50, 428, 573, 620, 1036. Pilleux, 205. Piltschikoff (N.), 616. Pinard (A.), 390. Pincherle (S.), 804. Pinoy (E.), 1087. Piola (F.), 804. Pi y Suner (A.), 156. Pizon (Ant.), 249. Pizzetti (P.), 207. Plancher (G.), 208. Planck (M.), 622, 623. Platten (F.), 579. Plemel)j (J.), 624. Plumier (L.), 250. Pochettino ‘ee PAT Pockels (F.), 713. Pohl (R.), 956, 302. Poincaré (H.), 99, 569, 613, 720, Poirier (P.), 999. Polack (A.), 1037. Poll, 762. Pollak (A.), 1041. Pollak (J.), 107, 764. Pomeranz (C.), 532. Pompilian (Miie), 1085. Poncet (Ant.), 343, 429. Ponsot (A.), 669. Ponzio (G.), 804. Poole (Mile B.), 431. Pope (W.-J.), 482, 1040. Popovici-Baznosanu (A.), 204, 671, 672 Popper (R.), 435. Porcher (GR. 102, 391, 718, 1760, 837, 995: Porter (H.), 105. Portheim (L. R. von), 159, 801. Portier (P.), 250, 524, 198. Postma (O.), 304. Pouchet (G.), 51, 523. Pousson, 390. Power (F.-B.), 7122 Poyoting (J. “H.), 206. 1038, 1087. 531, 804. 1032. Pozerski (E.), 154, 156, 250, 672. Praetorius (A.), 580. Praxmarer (A.), 1042 Pré Denning (A. Preiss (J.), 5 Prenant (A.), 572. Prévost (J.-L.), 102, 718. Prey (Ad.), 624 1122 Price (Th.-S.), 105, 1000. Prideaux (E.-B.-R.), 254. Priestley Ÿ -H.), 419, 955: Pring (d.-N.), 1000. Probst (M 1), 159. Proca (G.), 618. Procter (H.-R.), 106, 395, 876. Proust (R.), 1035. Prud'homme (M.), Prunier (Léon), 915. Przibram (K.), 107, 396. Puccianti (L.), 55. Pulle (A.-A.), 304. Punnett (R.-C.), 300, 916. . Purdie (Th.), 162. Puschl (P.-C.), 1042. Pusseuot, 616. Puxeddu (E.), 804. 09, 666. Q Quennessen (L.), 616, 620. Quidor (A.), 100, 155, 249, 953. Quillard (Ch.), 755. Quincke (G.), 815. Quiry, 204. Rabaté (E.), 421. Rabaud (Et.), 671. Radcliffe (L. G.), 347. Raffy (L.), 952, 1085. Raiïlliet (A.), 344. Rajat (H.), 250, 297, 34% 391, 838, 1038, 1087. Rambaud, 248, 1085. Ramond (G.), 834. Ramond (L.), 51. Ramsay (Sir W.), 433. Ramsbottom (J. Sas 105, 255. Ranc (A.), 999, 1038, 1087. Ranfaldi (F.), 804. Ranse (de), 344. Rapin, TS. Raspillaire (E.), 340. Rathery (F.), 391, 528, 585, 718. Raulin (Jules), 571. Rauter (Gustave), 199. Ravaut, 250. Raveau (C.), 299. Ray (P.-C.), 104, 301, 1000. Raybaud (A.), 392. Rayleigh (Lord), 206, 620. Raymond (F.), 759. Rebel (H.), 435. Récamier (D.), 52. Reclus (P.), 953. Reekum (D.-I.-A. van), 436, 6176. Regaud (CL), 837, 1027, 1038. Regelsperg ser (Gustave), 426, 756, 922, 1006, 1049. Regnard (P.), 798. Reichenheim (O.), 763, 1092. Reid (S.-T.), 158. Reina (V.), Es Remeaud (0.), 1038. Remlinger (P.), 52, 101, 391, 718, 1000, 1038. Rémoundos (G.), 836. Remy (Louis), 248, 389, 1036. 527, 618, 527, 619, Renan (Henri), 2, 248, 158, 800, 1085. Renaut (J.), 102, 156, 343. Renaux (J.), 100. Rengade (E.), 525, 669, 952. Renier (A.), 343. Rénon (L.), 391. Renou (J.), 401. Renouf N.), 158, 1000. Renz (C.), 914, 9ù8. Repossi (E.), 804. Retterer (Ed.), 401, 155, 156, 344, 345, 390, 391, 526, 618, 718, 760, 837. Révil (J.), 247, 644 à 649, 1082. Révilliod (J.), 154. Reynier (P.), 618, 999. Reynolds (J.-E.), 54, 254, Reynolds (W.-C. ) 676. Rey- Pailhade (L e), 52, 4087. Rhead (E.-L,), 956. Ribadeau- Dumas, 101. Ribaucourt (E. de), 197 Ribaut (H.), 344, 45. Ricci (G.), 55. Riccioli (G.), 208. Ricco, 874. Rich (Mile E.-M.), 531. Richard (J.), 524, 958. Richard-Chauvin, 479. Richards (A.-H.), 106. Richardson (F.-W.), 876. Richardson (0.-W.), 916. Richardson (Mlle H.), 390. Riche (A.), 611. Richet (Ch.), 296, 344, 525, 618, 1087. Richon (L.), 156. Richter (0.), 256, 396. Rielfel, 718. Riegler (P.), 838. Riesz (F.), 998. Rieux, 52, 344. Righi (A.), 206, 804. Rimini (E.), 804. Riquier, 952. Ritz (W.), 758. Riva (A.), 101, 156, 298, 345, 391, 526, 618, 718. Re 1086. Rivers (W.-H. R.), 300. Rivière (G .), 390. Rivière (P.), 528. Rivkind (Mile L.), 1086. Roaf (E.), 103, 104. Robert (H.), 719. Robert (Mlle T.), 298, 526. Robertson (P.-W.), 433. Robertson (R.), 723. Robin (Alb.), 155, 1086, Robin (L.), 914. Robine (R.), 425. Robinson, 718. Robinson \H.-H.), 956. Robinson (R.), 105, 621, Robyn (A.), 759. Rochard, 344. Rocques (X.), 340, 426, 714, 949. Rodano (G. SA 208. Rodet (A.), 52, 526, 513, 800, 831. Rodet (J.), 95. . Rodier (H.), 611. Rodinis (0.), 108. Rodriguez (L.), 515. Rœderer, 248. Roger (H.), 101, 298, 391 Rogers (A.), 207. Rogers (L.), 346. Rogerson (H.), 433, 579. Rohan-Chabot (J. de), 154. Rollet de l'Isle, 832. Rollett (Mile O.), 434. Romburgh (P. van), 56, 160, 803. Romme (R., 564 à 5658, 757, 996. Ronchèse (A.), 250, 345. Roozeboom (H.-W. Bakhuis), 803. Roques (L.), 250. Roques de Fursac (J.), 388. Rosati (A.). 804. Rose (R.-E.), 482, 762. Rosenhein (W.), 395. Rosenthal (G.), 527, 528, 718, 719, 838. 954, Rossard (F.), 100. Rosset, 342, 670. Rostaine (P.), 298, Rotch (L.), 428. Rothe (R.), 952. Rothschild (H. de), 527. 719, 837, 954, 1087. Rothschild (M. de), 50, 342, Rotter (G.), 254. Roubaud (E.), 515, 617, 914. Rouché (E.), 569. Rouget (J.), 295. 952. , 026, 118, 954. 56, 386, 518, 648,672, 103$, 1087. 515, 618, 718, TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS Roulier, 800. Roullet (Lucien), 98. Rouse Ball (W.-W.), 338. Rousseau Saint-Philippe, 525, 671. Roux (Cl.), 667. Roux (Em.). 616, 759. Roux (Eug.), 153, 154, 419, 524, C17, 1037. Roux (G.), 717. Roux (J.-Ch.), 837. Roy (Ch.-S.), 254. Royle (J.-J.), 579. Rozet (CI.), 428. Rubens (H.), 519, 580. Rudge PRE EN 1040. Rufer (A.), 156, 250. Ruhemann (S.), 54, 433, 531, 1091. Rule (Al.), 955. Russ (F.), 1092. Russell (A.), 530. Russell (w. “a ), 1090. Rynberk (G. van), 55, 208. 345, 391, 526, 618, 718, 161, 956, Sabatier (P.), 248, 297, 617. . Sabin (A.-H.), 723. Sabrazès (J.), 102, 528, 616, 672, 998, 1039. Sacquépée (E.), 51, 52, 344 Saggio, 1086. Sagnac (G.), 99. Sakorraphos (M.), 298. Salaoque (H.), 718. Salet (P.), 50, 248. Salmon (J.), 526, 672, 998, 1039. Salomon (M.), 672, 1038. Salone (Emile), 797. Samec (Max.), 106. Sampaio (Alfredo da Silva), 1034. Sand (H.-J.-S.), 301. Sande Bakhuyzen (H.-G. van), 55. Sanders (J.-Mc.-C.), 531, 622. Sani (G.), 208. Sarda, 759. Sargenton-Galichon (Mme A.), 612. Sartory (A.), 391, 528, 838. Sassi (M.), 764. Saunders (E.-R.), 300. Sauton, 389, 671, 675. Sauvage (D°), 952, Sauvage (Ed.), 402 à 410. Sauve (Ant 99; 531: Schäfer (A 1616. SD (Th.), 1092. Schell (A.), 532. Schiller (J.), 1043. Schimetschek (L.), 107. Schlesinger (L.), 418. Schloesing (Th.), 204. Schlomann (A°),-997. Schlômilch (0.\, 338. Schmidt (Er.), 1086. Schmiedt (Th.), 804. Schmitt (Ch.), 1085. J Schokalsky (J. de), 759, S00, Schoolbred (J.-N.), 876. Schoop (U.), 674. Schottky, 302. Schoute (P.-H.), 55, 108, 160, 304, 348, 390, 436, 484, 676, 804, 1044. Schreber (K.), 334 à 745. Schrôder (R.). 424. Schrott (P. von), 1041. Schrutka (L. von), 801. Schüle (F.), 670. Schulten (A. Li 831. Schultze (F , 302. Schulze (G. \s nu Schur (J.), 302, 341. Schuster (A.), 206, 300, Schütte (F.), 424. Schwarz, 622. Schweidier (E. von), 107, 896, 580, 164, 800, 1042. TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS Scoble (W.-A.), 1040. Scott (Aï.), 159, 433. Scezawinska (Mlle W.), 526. Searle (C.-F.-C.), 1040. Seguin, 525. Seillière (G.), 50, 718, 837. Seligman (R) ), 405. Sellier (J.), Es pair 250, 1039. Sencert (L.), 3 Senier (A.), th Sérégé (H.), 528. Sergent | Edm.) ), 250, 1039. Sergent (Et. 250: 1039. Sérieux (Paul), 476. Serr (G.), 1000. Serret (A.-J.), 1080. Seurat (G.), 389. Seux (Edm.), 153, 389. Séverin (E.), 5174. Sevestre, 671. Seward (A.-C.), 254. Seyewetz (A.), 229 à 239, 479. Shaw (P.-E.), 431, 722. Shaw (W.-N.), 838. Shearer (C. à: ee Shepherd (F , 621, 1000. Sheppard (S. ) Là SL 482, Sberrington Ch.-s. , 206, 481. Sicard re A.); 250. Sicard (L.), 912. Siebenrock (P.), 764. Siegfried (A.), 797. Silberrad (0.), 254, 347, 722, 1000, 1040. Silvestri (F.), 55, 804. Simon (Eug.), 1042. Simon (L.-G }, 52. Simon (L.-J.), 47, 389, 671, 814, 914, 1085. Simon (P.), 345, 528, 838. Simouin, 525. Simonsen (J.-L.), 54, 531. Simpson (W.-S.), 122, 1089. Sinéty (de), 999. Sinnatt (F.-S.), 105, 1000. Sire (E.-G.), 914. Sirks (H.), 1043. 123, 956, 428, 429, 430, * Sissingh (R.), 56 Sisson (H.-A.), 158. Sitter (W. de), 436. Skrabal (A.), 532. Skraup (Zd.-H.), 62%. Slatineano (A.), 391, Slator (A.), 158. Slomnssco (N.) Small (F.-H.), 4 Smart ! B y) ÉTA 341. Smedley (Mlie I.), 621. Smieciuszewski (B.), 580. Smiles (S.), 255, 433, 621. Smith (C.), 212, 956. 718, 160, 838. , 09, Smith ‘Mile E.), 347. Smith (J.-K.), 433. Smith M.), 301. Smithelis (A), 433. Smits (A.), 160, 483. Soeves (Mie J.), 1087. Solvay (E.), 527, 610. Sommelet (M.), 1.036. Soulié (A.), 51, 102, 204, 344, 345. Soulié {H ), 526. Soyer (Ch.), 838. Spens (W.), 431. Spillmann (L.), 345, 528, S38. Sproxton (F.). 762. Stacy (C.-E.), 1091. Stallard (G }, 481. Stansbie (J.-H.), 159, 1094. Stansfield (H.), 431. Stask (J.), 622. Starting (E.-H.), 394, 576. Steele (B.-D.), 103, 621. Stefanik (M.), 390, 429, 418, 670, 717, 952. 998. Stefano (G. Di), 532. Stein (J.), 616. Steindachner (F.), S01, 1042, Steindler (Ml!e O0.) , 434. Stekloff (W.), 50, 99, 153. Stenger (E.), 669. Stenger (F. ) TATE Stephan (P.), 392, 529, 996, 1039. Stephens (F.-G.- CL 621. 1 Stern (Mile L.), 50, 102, 154, 526. Steven (A.-B.), 482. Stewart (A.-W.), 301, 433, 530. Stibitz (K.), 256. Stodel (G.), 1087. Stoermer (C.), 669, 874, 914. Stok (J.-P. van der), 159, 484. Stolper (L.), 406. Stolz, 611. Stone (Herbert), 294. Stormer (C.), 117. Strahl (H.), 436, Struthers (ES de J.-K.), 54., - Strutt (R.-J.), 675, 875. Stuchetz (J.), 624. SES .), 106. Stumpf, 302. Sudborough (J.-J.), 433. Suida (W.), 396, 1042. Sulzer (E.), 341, 717, 726. Sutcliffe (R.), 676. Swiuburne (J.), 301, Swinton (A.-A. SET (R. ), Sy (F.), 248, 343, 836, 1085. Szilard (B.), 573. Taber (H.), 429. Tacconi (E.), 208. Taenzler (P.), 763. Tanon, 6172, 1037. Tanret (G.), 611. Taramelli (T.). 55 Tarry (G.), 389. Tattersall (G.), 1040. Taylor (M.), 123. Teglio (E.), 531. Teisserenc de Bort (1), Teissier (P.), 52, 527, 528, 515. Teppaz, 953. Ter-Gazarian (G.), S14. Termier (P.), 418. AA: Terrien (Eugène), 241. Terroine (E.-F.), 760. l Thaon (P.), 250. Thévenin (Arm.), 1900. . Thévenot (L.), 83. Thierry (E.), 618. Thierry (Maurice de), 510. Thiesen (N.), 763. Thighe (A) 762. Thiroloix (J 7 Thiroux E Thomas (A.), 528. Thomas (Ml: M.-B.), 254 Thomas (N.-G.), 346. Thomas (P.), 619. Thomas (V.), 390, 800. Thompson (S.-P.), 301. Thomson Q. -J. 198, 948. Thomson | \ ) RATE Thorpe (J.-F.), 158, 435, Thorpe (J.-H.), 956. Thorpe (Th. “E.), 395. Thoulet {J1.), 155, 324 à 325, 343. Threlfall (R.), 675. Tichomirow (W.), 1085. Tieri (L.), 55, 531, 804. Tietze (H.), 1041. Tiffeneau, 669, 717, 953, 998, 1088. Tikhoff (G.), 100. Tilden (W.-A.), 621, Tilloy (G.), 526, 160. Tiukler (Cbh.-K.), 531. Tison (A.), 155. Tissier (H.), 298. Tissot an mi 457, 343, 570, 120, Tissot (J.) , 155, 204, 249, 250. 519, 1091. 1000. 428, 611, 874. *: Titherley (A.-W.), 105, 482, 956. Tixier (G.), 204, 618, 1039, Tixier (L.), 52, 391, 838. Tomann (G.), 296. Tommasi (D.), 155. Touanne (de la), 157. Touchard, 101. Toujan (G.), 51, 102, 204, 344, 345. Toulouse (Ed.), 1038, 1087. Touplain, 342, 513, 616. Trabacchi (G.-C.), 804. Trannoy (R.), 418, 573. Trauth (F.), S01. Travers (M.-W.), 531, 121, 1039. Traynard (E.), 953. Trémolières (F.), 526, 618. Trépied (Ch.), ss Tribondeau (L.), 52, 1086. Tribot (J.), 428. Trillat ES CEE 298, 389, 393, 671, 6175. Trobridge (F.-G.), 1091. Troisier, 953. Trolard, 618. Troost, ae Trotman | -R.), 255. do (E.), 52, 250, 342. Trouillet, 249. Trouton (F.-T.), 431, 432, 530. Truchot (P.), 521. Tschermak (G.), 434. Tuck (W.-B.), 578 Tuffer, 51. Tulloch (F.-M.-G.), 576, 955. Tur (J.), 998. Turchini (S.), 53, 248, 573. Turner (Th. j; 54. Turpain (A.), 466 à Turro (R.), 34%, 954. Tutin (E.), 122, 761, 1000, 1041. Tutton (| (AE. -H.). 621. Twiss (D.-F.), 1000, 1091. Tzitzéica (G:)4 616, 669. 17277, 393. Ulpiani (C.), 208. Urbaïn (G.), 154, 205, 389, 429, 529, 203 à 7114, 1321, 758, 952, 1056. Usher (F.-L.), 419, 955, 4039. V Vahlen (K.-Th.}), 519. Vaillant (L.), 526. Vaillant (P.), 153. Vaillard VAE }, 249. Vallaux (| 1071 à 102%. Vallé (A.), da) Vallée (H.), 524, 575, 618, 1000. Vallet (G.), se A0; 513, 800 831. V anosss (de), Vaney { €), 296, 1036. Vansteenberghe P.), 837, 1085. Vanzetti (L.), 804. Vaquez (H.), 575. Variot, 203. Vaschide (N.), 573, 1037, 1048. Vaudremer ( A FCHEr 122. Vaughton (T.- ae Vayssière | Re 343. Veillon, AS Veley Ÿ.-H.), 482. Verchère, 671. Verneuil (A.), 206. Vernon (H.-M.), 480. Verschaffelt (J.-E.) us ee W.-A.), ÿ Vert (G.). 1086. Vtt H.), 108, 159. Viala (P.), 249, 296. Vialeton JL 718. Vidal (E.), 1087. Vidal (Léon), nr 390. Vieille (P. £ 24. Vierhapper F. , 801. Vigier (P.), 24 8, 249, 298, 345. TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS | 4124 Vignon.(L.), 154, 297, 616, 952. Watson (H.-J.), 395. Wirtinger (W.), 107. Vigouroux (Em.), 153, 342, 428, 429,513, | Watson (J.-H.), 955. Withley (E.). 104. 514. Watson ( W.), 391. Witt (R.), 624. Vila (A.), 50, 428, 620, 1036. Watteville (C. de), 203, 524. Witz (Aimé), 519, 712, 910, 948. Villamil (R. de), 621. Weber (A.), 156, 838. Woltf (J.), 50, 573, 836, 1038. # Villard (J.), 1087. Weber (H.), 754. Woltf (von), 255. Villard (P.), 343, 616, 673, 717, 952, 998. | Weerman (R.-A.), 1044 Wolfrom (Gueuehs 949. Villaret (M.), : 52! 298, 527, 718, ‘838, 1038. Wegscheider (R.), I 580, 1041. Wood (J.- Fa 255. Villatte, 343. Weill-Hallé (B.), 760, 1038. Wood (J.-K.), 481, 1041 : Villemin (F.), 343, RCE Weinberg (M.). : 344, 526, 521, 528, 837, | Wood Re 2) 1040. Vinassa de Regnyÿ (P.) 1087. Woods (J.-R.), 105. L Vincent (H.), 31, 401, Se 298, 344, | Weinhold (A.), 154 Wootton | W. =.) 953. s 416, 613, 768, 831. Weisl (S.), 1092. Wren (H.), 482 Viola (C.), 207. Weiss (Edm.), 396, 616, 1042. Wright (A.), 55. - Violle (J-), 99. Weiss (G.), 52. Wright (A. Æ. j 158, 675. Vires (V.), 950. Weiss (P.), 617. Wurtz (R3, 295. Vitry (G.). 391, 526, 838. Weitzenbôck | (R.), 1042. Wynue (W. P.), 4353. Vlès (F.), 953, 1038. Weizmann | (Ch.), 158, 1040. Wyrouboff (G.), 1050 à 14039. Vogel (H.-C.), 434, 670, 876. Weldon (W.-F.-R.), 394. | Voghera (M.), 55, 532. Wellstein (J.), 154. £ Voisin (R.), 718. »* | Welsh (D.-A.), 915. Y Volterra (V.), 342, 804. Went (F.-A.-F.-C.) 348. 483, 1042. Vries (J. de), 202, 244 à 229.58 Vuillemin (Paul), W Waals fils (J. D. van der), 56. Wachsmuth (R.), 5S0. Waechter (F.), 364. Waele (H. de), 954. Waelsch (E.). 580, 758. Wagner (A.), 1042. Waguer (R.), 624, 764. Wagstaffe (E.-A.), 255. Wahl (A.), 671. Wabhl (B.), 396. Waldeyer, 256, 302. Walker (A.-J.), 341. Walker (C.-E.), 345. Walker (J.), 346, 481, 839, 955. Walker (N.), 254. Wallerant (F.), 153, 154, Wallich (V.), 204. Walpole LE -S.), #19. Walter (J.), 872. Walter (L. ÆHNNE TS. Warburg (E.), 7162. Wartenberg (H. von), Wassmuth (A.), 434, 1041. Watkins (E.-J.), 434. Watson (A.-T.), 394. Watson (E.-R.), 105. Watson (G.-A.), 253. 155, 52, 00. 998. 380, 622, 623. PARIS. Wenzel (F.), 164, 1041. Werner (A.), 5358 à 546. Werner (E.-A.), 956, 1000. Werner (F.), S01. Wertheim Salomonson (J. K. A.). 10 Wertheimer (E.) nu 101, 913, 1087. Western (G. Te Wettstein (R. Ne or, 1092. Wheeler (R.. V.), 207. Whetham (CD), 103, 520, S71. White (Sir W. H: ON Whitehead (A N.), ca Whiteley (Mie NI A. Wichwan (A.), 108. Wickersheimer (E.), #6. Widal.(F.), 250, 298, 526, 999. Wiebe (H.-F.), 50. Wiesner (J.), 435, 801. Wiki (B.), 618. Wildeman (E. de), 524. Wilderman (M.), 431. Wilke (W.), 106. Wilkens, 255. Williams (W.-S.), 434. Willott (F.-J.), 105. Willows (R.-S.), 1090. Wilson (Al.), 304, GTG. Wilson (E.), 839. Wilson (H.-A.), 394, 578. Wilson (J.), 105. Wilterdink (J.-H.), 56. Winterson (W.-G.), 1000. Wintrebert (P.), 100, 101, 156, — L. MARETHEUX, IMPRIMEUR, 44. 204, 205. Yates (J.), 162, 956. Yégounow (M ), 429, 1085. Yersin (A.), pis Young (C. R.), 7 (CARE je. . 480, 916, 1091. EU 156. Youssoufian, 1036. Yule (G. U.), 206. Yvon (P.). 419, 512, 999. Z Zahlbruckner (A.), 396. Zambonini (F.), 532, 804, 1085. Zangger, 52. Zanietowski, 156. Zeeman (P.), 483. Zeïdler (J.), 385. Zellner (J.), 435. Zeltner (F. de), 670. Zemplen (G.), 153. ! Zeuthen (H. G.), 914, 952 Zikes (H.), 396. Zimmern (A.), 4084. Zinger (N. de), 758. Zoretti (L.), 389. Zortmaun (1. H.), 158. Zsigmondy (Richard), 713. Zwaardemaker (H.), 436. Zwiers (H. J.), 302. 1, RUE CASSETTE + * > Venere N = * _—— - — cast … ns RARE mi nue et) A LS Ven D LE Mr dd Et tune CUS RL 4 eu < A oo A EN er D rm DR A 7 ir Ve EE pre . = mn ai ” x rene pe né ca ne y - * D eo ST me —- = TE SES == MST ete ass es « RS rt Vo un en rm ee né, miTT Re PS me > : en Sp _ ne en Sn RÉ RE en se SE ” te — = ne = 2 ai. ns = . == Ge, TE pr qe RS TS pee > ne ns | 2 né om re ae à See Son os d = Caadr S ne sr TS — me, IL Etes ent _ = a Dates Em 2 ST re à Te er = D np DS = eo : ns re Le SEE ire MIT … & CR Rene. A _ v a al” CT 5 re, ve à Le Re NE mettent EE 7 … TS —. = _ er ee en en UE ne Ve _ SRE = Se TE DS mg RP > ne ne S le nee er Une Dés Sansa eee es = un ne ane va. ED te : : _ * Ge IR ne = RE D CE TT re é … à S < = d : = ms ë reg nnaanns mea nea cs . . X ne à ns bee Le men qe Ep PES pr Pr © er rm a E ee rares ne Dr 0 . ES a ne Re En De ee re Dante car Pa ce Les En _ ttes tete rentes ns . 2 RP tt eV Te Er 2 ee cr te TE CRE DE PE TS ET re Or D PE eg ve mn ve “ SR Enr erE EPS SP ae _— Den open ER Ver, Contient e et es PT me … % Ro TS mt en re Lars . ne ee SE aie nee ee ns En Se or me So rt pate ee re Eee gr me pré _ nee pot Dent AP Phoque matt ne ne Re teen TR AR Eden drone ter las ee UE OM master Er 2 Re imnptteté re GS EE Pr re tr mpert sr Prue), ee LTD GE en PS ar ETS nn eng eu eng = Loblarte és ar em ms, nel a où - nr LE Le ES RE a EE eee ne : : : £ S TT I SN nn SP = one ram LEE) SR Tests _ TISeT pSetorve : Feet ce > ES er ae Ryan te ete = RTS RS TRES ES ET TT ER TE ER TE EE ee " mp es D = er aurais ET =. . nr nn ons Re otre re ne PT re Re ST te ee a tee , ere pe ne or mme re see ee er mme rames =" os, en rpperarmsns pe ser " , = St se % RS ere pe nn en , - . r- , es = = = : 7 = = x x = :